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r
L.^
ENCYCLOPEDIE
MÉTHODIQUE,
OU
PAR ORDRE DES MATIÈRES:
PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES,
DE SAVANS ET D'ARTISTES;
Précidét ^u/z Vocabulaire univerfel, fervant de Table pour tout
t Ouvrage ; ornée des Portraits de MM. Djderot &
J>* Alem B ERT , premiers Editeurs de /'Encyclopédie.
Il ~ H.
ENCYCLOPEDIE
MÉTHODIQUE,
ARTS
E T
MÉTIERS MÉCANIQUES,
DÉDIÉS •ET PRÉSENTÉS
A Monsieur LE NOIR, Conseiller d'État,
ANCIEN Lieutenant général i>e Police, &c.
TOME CINQUIEME.
A PARIS,
Chez PanckOUCKE, Libraire, hôtel de TIiou, rue des Poitevins-;
A Liège,
Chez Plomteux, Imprimeur des États.
M. D C C. L X X X V I I I.
Avec Approbation, et Privilège du Roi-
MERCURE» ( Son emploi dans les Ans. )
i
l-j E mnturt , autrement le vif-argtnt , eft une
iaUhîiZt métallique , d'un blanc éclatant, abfolu-
mSBi fembUble à celui de largent. Il cft habituel-
IcBieni rtiinîc. C*eft , après Torfit la platine , la fubf-
laflce la plus peiânte.
NiTair, ni Tcau, ne paroiflent point faire d*ira-
cjîion fenfible fur k mercure, il n'eft pas plus
table de rouille que les métaux parfaits. Il le
t , ou de\ ient convexe à fa furface. Il cft d*une
diviûbilitè prod^icufe , ôt fe partage en globules
parfaitement fpht^riques- Il n'a ni faveur, ni odeur, Il
cft liquide , & cependant il ne mouille point les
doigts lorfqu on les trempe dedans.
S fa furface fe ternit quelquefois , c'efl à caufe
de It pouOiére ou de rhumiditè de Tair ; mais on
débarraïTe aiicment le mercure de ces matières
étrangères , en le faifant paffer à travers d'une toile
neuve & ferrée » & le faifant chauffer. Ainfi puri-
fié , il reprend fa âuidité & fa grande mobilité.
Le mercure expofé à une chaleur qui excède
c^lle de Teau bouilbinte , fe diffipe en vapeurs corn-
ue tous les corps volatils , mais sans fe détruire.
On sVft aHuré par différentes expériences les plus
iQtheDtiqties , qu'il ne faut au mercure qu'un degré
de froid lufBfant , pour le rendre folide 6t malléa-
ble comme les autres métaux. On parvint même
en décembre 1759 , par un très-grand froid , à Saint
PétcTsbourg , à hger le mercure , & à Tétcndre Se
a rapl^tlr ious le marteau.
On a reconnu dans ce métal des propriétés ef-
fentielïes , qui l'ont fait employer avec fuccés dans
diffcrcotes préparations prefcrites par la médecine ,
ou employées par la chirurgie. Le mercure eft anfTi
d un grand ufage dans les arts « & c'eA ce qui nous
amorife a en parler dans ce didîonnaire.
Le mercure ne peut contraéler aucune union
avec les fubAances terreufes, ni avec les terres des
métaux , ni avec le fer ; mais il s'allie très-bien
avec Tor , l'argent , le plomb , Tétain , le cuivre ,
le iLnc» le régule d'antimoine. Il fe combine très*
facdcment avec le fouffire, %l forme dans cette
combinaifon , foit naturelle , foit artificielle, une
fubflance d'un rouge plus ou moins vif , que Ton
nomme cmnabre.
Les alliages du mercure avec les métaux portent
k nom d'*imal^éimcs ; ils font la plupart d'un ufage
inoftant. Les amalgames d*or èi (l'argent fervent
à k damrt , à Vjrgenturc » & pour l'extraflion de
ces deux métaux parfaits de leur mine. L'amalga*
roc de Targent fert pour l'arbre de Diane ; celui
d'étaim , pour Tctaroage des glaces , 3cc,
Le mercure , à caule de fa grande raréfaé^ion ,
eft aitOî employé trés-utilement dans la conftruc-
lion da baromètre & du thermomètre , ainfi qu'il
fiût.
Ans 4f Mitïtn. Tome V. Parth L
Pour faire un baromètre » on remplit de mercure
un tuyau de verre , fermé hermétiquement par fa
partie fupérieure , ayant fon diamètre d'environ
un dixième de pouce , ôc fa longueur au moins de
trente-un. On remplit ce tuyau de manière qu^l
ne refle point à' m mêlé avec le mercure , 8c qu'au-
cun autre corpufcule ne s'attache aux parois du
tuyau.
Pour y réuffir , on peut fe fervir d'un enton-
noir de verre , terminé par un tuyau capillaire , 6c
remplir le tube par le moyen de cet entonnoir.
On peut encore chaffer les bulles d'air par deux
autres méthodes j la plus ordinaire ^ de remplir
de vif-argent tout le tube , à la réferve d*un pouce
environ qu*on lailTc plein d'air ; on bouche avec
le doigt Torlfice du tuyau ; on le renvcrfe « & en
faifant promener la bulle , on lui fait entraîner avec
elle toutes les petites bulles imperceptibles ; après
quoi, on achève de remplir le tube.
L'autre méthode confifle à faire chauffer un tube ,
prefque plein, fur un brafier couvert de cendres;
on le tourne continuellement ; & la chaleur rare'
fiant les petites bulles d'air , les fait fortir par l'o-
rifice.
Quand on a ainfi rempli le tuyau jufqiraubord ,
on bouche exaéiement , avec le doigt , fon orifice »
enforte qu'il ne puiiTe s'introduire d'air entre le
doigt 8c le mercure. Enfin , on plonge le tuyau
dans un vaifTeau plein de mercure ^ de façon ce-
pendant que le tuyau ne touche pas Le fond du
A la dïftance de vingt-huit pouces de la furface
du mercure , font attachées deux bandes divifèes
en trois pouces , dL ces pouces font fubdivifés
en un certain nombre de plus petites parties ; en-
fin , on applique le tuyau fur une planche de bois ,
pour empêcher qu'il ne fe brife : on laiflc dé*
couvert le vaifleau oii le tuyau eft plonge , ou ,
fi l'on veut , on le couvre , afin qu'il n'y entre
poïiit de pouflière ; Sf. le baromètre eft achevé.
Au lieu de plonger le tuyau dans un vaifleau ,
on fe contente fouvcnt d'en recourber rextrcmité ,
de forte que le tuyau a deux branches verticales ,
dont Tune eft beaucoup plus petite que l'autre ,
8c fe termine par une efpèce d'entonnoir foft large
qui fe trouve rempli de mercure , fur la furface
duquel ratmofphère preffe » & fait monter ou def-
cendre le mercure du tuyau , d'une manière d au-
tant plus fenfible , que la vanatïon du poids de
l'atmofphère eft plus grande î c'eft le baromètre fim-
pic ou ordinaire.
Quant au thcrmomUre ^ comparez celui d'cfprit
de vin , avec un thermomètre de mercure : yo\xs les
trouverez peu difcordans , aflcx cependant pour
faire remarquer, à certaines diftancet, comme de
2 MER
dix en dix degrés > que les accrolflemens de cha-
leur, qui font marqués fur le thermomètre de mer-
cure , par des degrés égaux , le font fur le thermo-
mètre d*eiprit de vin , par des degrés qui vont en
croiflant. D'ailleurs » le mercure , depuis fa congé-
lation jufqu'à fon ébullition , fouffre 488 degrés de
chaleur , fans qu'il en foit plus raréfié que l'efprit
de vin confidéré fou^ un nombre de degrés quatre
fois moins grand.
D'après ces réfultats , vous conclurez facile-
ment que la raréfaAion du mercure s'accorde mieux
avec la chaleur , que la raréfadhon de l'efprit de
Tîn.
En comparant de la même manière le mercure
avec toute autre liqueur , on lui trouvera le même
avantage.
Il faut cependant convenir que le mercure a
quelques propriétés qui nuifent un peu à la régu-
larité de fa marche. Il eft pefant , & fon poids ne
loi permet pas de monter au terme de la chaleur
dont il eft affeôé. Soit un thermomètre de mercu-
re, qui ait 25 ou 30 pouces de longueur ; tenez
ce thermomètre dans une fituation à peu près ho-
rizontale , & marquez le point où la liqueur fe fera
arrêtée ; relevez le thermomètre , & tenez-le dans
une fituation verticale ; vous verrez que la liqueur
defcendra d'autant plus que la boule fera plus
{;rofle , relativement au diamètre du tuyau , & que
a liqueur fera plus élevée au deflus de la boule*
Cet abaiflement de mercure , qui peut aller à deux
lignes , à trois lignes , &c. eA certainement l'effet
de la pefanteur. £ft-ce le poids du cylindre de
mercure qui , comprimant le mercure contenu
dans la boule , le réduit à un plus petit efpace }
ou , ce qui eft plus vraifemblable , eft-ce le poids
de ce cylindre qui > agiflant fur les parois inté-
rieures de la boule , en écarte les parties , et en
augmente la capacité ? C'eft ce qu'il importe peu
de décider ici. On dira feulement que le défaut
n'eft pas. fenfible dans un petit thermomètre , &
qu'on le corrigera dans un grand , en tenant le
tube incliné.
Le mercure a un autre défaut relatif au thermo-
mètre ; c'eft de s'attacher quelquefois à la furface
du verre , & d'y dépofer des molécules qui , dimi-
nuant le volume de la liqueur , dérangent nécef-
fairement la graduation. (Je défaut que l'on attri-
bue mal à propos aux impuretés du mercure , ne
vient guère que de l'humidité. On y remédiera
à coup fur , en chargeant le thermomètre félon la
méthode fuivante.
Je fiippofe un tube capillaire, garni à l'une de
fes ^trémités , d'une boule convenable , félon la
foi^e ordinaiix:. Je fouffle à l'autre extrémité une
bouteille ouverte , communicante , & recourbée
en-haut , comme la boule des baromètres. Cette
bouteille ne doit pas relier , elle doit feulement
fervir à charger le thermomètre. Je l'appellerai
rifervoir , pour marquer fon ufage , & la diftinguer
de la vraie boule eflentielle au thermomètre. Ce
MER
réfervoir doit être grand ; il doit avoir au moins
quatre fois plus de capacité que la boule. C'eft
dans ce réfervoir que je verfe le mercure, pour
le faire monter de là dans la boule du thermo-
mètre.
Après avoir préparé un brafier de la longueur
du tube & avoir attaché au deffous de la bou-
teille un fil-de-fer , je couche le tube fur le bra-
fier , & je fais bouillir le mercure contenu dans
le réfervoir. Pendant ce temps , j'ai l'attention de
modérer l'ardeur du brafier , de manière que le
verre ne s'y échauffe pas au point de l'amollir.
Quand le mercure a bien bouilli , je prends le
fil- de-fer , &, par fon moyen , je lève le tube de
defilus le brafier y tenant la boule en haut , & le
réfervoir en bas. Alors le tube fe refroidit , il fe
fait un vuide dans la boule , & l'air extérieur pref-
fant fur le mercure du réfervoir , le force de
monter.
Quand le mercure cefTe de monter dans la bou-
le , je reporte le tube fur le brafier , & je le laifle
en cette difpofition , jufqu'à ce que le mercure
bouille avec force dans la boule & dans le réfer-
voir. Alors je relève le tube , ainfi tiue j'ai déjà
fait > $c je laifle monter le mercure dans la boule ,
qui , par cette féconde opération , fe trouve ordi-
nairement remplie. Je ne m'en tiens pas là : je
f>orte encore mon tube fur le brafier , & j'anime
e feu , jufqu'à volatilifer le mercure , & le faire
pafier en vapeurs, de la boule dans le réfervoir,
avec un fifflement femblable à celui d'un éolipyle.
Quand il ne refte plus dans la boule qu'à peu
près uii tiers du mercure , je relève le tube , &
alors le mercure de la boule efl forcé , par les
vapeurs , à defcendre dans le réfervoir. Il re-
monte enfuite dans la boule , & la remplit entiè-
rement.
Cette troifième opération ne fuffit pas ordinai-
rement. Je la répète autant de fois que je le juge
néceftaire pour difEper parfaitement l'humidité,
& enlever , par le frottement du mercure bouil-
lant , les faletés adhérentes aux parois intérieures
du tuyau.
J enime que le mercure a aflez bouilli , lorfque
paffant en vapeurs de la boule dans le réfervoir ,
il laifle appercevoir une lueur éleârique , & qu'en
remontant du réfervoir dans la boule , il ne fe di-
vife point , & ne jette aucun bouillon.
Quand le thermomètre eft chargé , la bouteille
qui a fervi de réfervoir , devient inutile : je l'en-
lève ; en obfervant de laiffer le tube plein de mer-
cure , afin que l'air extérieur ne puifte y péné-
trer y & y dépofer de l'humidité. Je tiens le tube
ainfi rempli jufqu'au moment oîi je veux le
.fceller ; alors je prends les précautions fui-
vantes.
Je porte à la lampe l'extrémité du tube , & je
la réduis en un filet très-mince , que je laiffe ou-
vert ; puis je plonge doucement le thermomètre
dans de Teau bouillante ; ou plutôt , de peur que
I
MER
Il nrè&ftion trop fabite du mercure ne caiïe la
boole » )c plooee le thermomètre dans de Veau
froide , que je fais enfuite échauffer par degrés ,
jufqua ce qu'elle bouille. La chaleur de i'eau fait
form en iHcrniométre le vif-argent fuperflu : j*ai
fur une table un réchaud plein de charbons ar-
deos , 6c une lampe allumée , pofée à une diflance
CQnv^enable.
Quand le mercure cefle de couler, je retire le
thermomètre de Teau bouillante « & j'en prérente
ta boule à la chaleur du réchaud , afin d'en faire
fonir encore uti peu de vif argent. Je le retire en-
fuite , & pendant que le mercure coule encore ,
je porte rextrémitè capillaire du tuyau à la flam-
me de U lampe. Cette extrémité tond au^itôt ,
& le thermomètre fe trouve fermé hermétique-
ment » fans que Tair extérieur ait pu y pénétrer.
Il arrive quelquefois qu'on fait forttr trop de
vif-argent ou que le tube eft trop court relatif
fument à la groiTeur de la boule , ai qu'en con-
fiquence on ne peut marquer le terme de la glace.
Pour prévenir cet inconvénient , U feroit bon d ef-
fayer les tubes avant de prendre toutes les peines
dont on vient de parler.
Ce fetoit de commencer par les remplir de mer-
cure à la manière ordinaire , de les plonger en-
f ûte dans la glace pilée & daus l'eau bouillante.
On verroit , par ce moyen , fi le tube feroit afîez
long pour porter à ces deux termes, & à quelle
hauteur on pourroit tes axer*
Quant à la graduation du thermomètre, elle
fuppofe la connoi^ance au moins d'un terme fîxe
de chaleur ou de froid , par lequel on puifTe corn-
mencer k compter les degrés. La nature en offre
deux trés-aifés à prendre ; celui de la glace qui
commence à fondre y & celui de Veau bouillante.
Ces deux termes font affez conflans ; cependant on
a remarqué que la chaleur de Teau bouillante va-
rioit UD peu , félon les difTèrentes prenons de Tair
environnant ; que l'eau bouillante étoit plus chau-
de , lorfque le baromètre étoit à vingt-huit pouces,
qoe lorfquil étoit à vingt-fept > & que la différence
«oit à peu près d'un demi-degré » félon le ther-
momètre de Réaumur. Mais on pourroit convenir
de prendre le terme de l'eau bouillante , lorfque
le baromètre eft à vingt-fept pouces & demi ; alors
ce terme fc trouveroit toujours le même.
La glace a auffi fes variations. Si on la prend
im une forte gelée j elle eft beaucoup plus
^tde que celle qui commence à fondre. Il faut la
tnnfporter dans un lieu tempéré, pour avoir ce
point de chaleur qu'on dit être fixe. Mats la glace
caipofee à un air chaud , en reçoit à chaque inf-
ime un nouveau degré de chaleur ^ jufqu*à ce
^s'étant amollie, puis réfolue en eau , elle ait
pris U température oie l'air environnant.
Dans cette communication fucceiTive de chaleur p
COttmenf trouver un point lixe ? Il faut au moins
iBifiâart d*heure , à un petit thermomètre de mer-
MER
3
cure, pour prendre le froid de la glace : ne peut-
il pas arriver , pendant ce temps , que la glace de-
vienne un peu moins froide y ou que Tair logé en-
tre les petits glaçons , devienne un peu plus
chaud ? Réglez les thermomètres à la glace pilée
pendant l'hiver ; remettez ces thermomètres dans
de la glace pilée pendant l'été ; vous trouverez
que la glace , pendant Tété , ne fera pas defcen-
dre la liqueur au point ou elle l'avoit fait defcendre
pendant i hiver. Si , pendant l'hiver vous avez pris
le terme de la glace à une température de quinze
ou vingt degrés , la diâfércncc fera d'environ un
degré.
Fdlfifiçation du mercun.
Le mercure , comme on vient de le voir ,
étant d'un grand ufage pour la fabrication des ba-
romètres & thermomètres , Se pour diverfes ex-
périences de pbyfique , il eft effentiel de recon-
noitre celui qui efl falfitiè dans le commerce , ôc
de favoir la manière dont on le falftfie, pour s'en
préferver.
On altère cette fubfîance métallique , fuivant
la remarque de M. Baume, avec du plomb par
rincermède du bismuth. Les fabicateurs tunt fondre
enfemble, dans une marmite de fer, partie égale
de plomb Ôc de bifmuth ; ils y ajoutent du mer-
cure jufqu'à concurrence de moitié du poids de
la maflTe totale , St remuent le mélange , jufqu'à
ce qu'il foit refroidi ; il en réfukc un amalgame
fluide, qui ne prend point de confiflance à l'air,
& qui peut pafTer prefque entièrement à travers
les pores d'une peau de chamois , comme feroit
le mercure coulant. Cet amalgame laiffe néanmoins
échapper une certaine quantité de bifmuth , qui
vient nager , au bout d'un certain temps , à la
fur fa ce du mercure , fous la forme d'une pouiTière
grife-cendrée ; mais le plomb y refte toujours cou-
lant.
Ce mercure falfrfié cfl facile à reconnottre. t'*. En
ce qu'il eft fpécifiquem^t moins pefant que Je
mercure ordinaire.
2°* Lorfqu'on le fait couler doucement fur une
afTiette de faïence , dans un vafe de verre à fond
plat , il laifTe après lui une légère poufTière métal-
lique , qui lui fait faire la queue , c'ell-àdire, que
chaque goutte de ce mercure a une efpèce de
petit pédicule , au lieu d'être parfaitement ronde,
3". Enfin , en mettant un peu de ce mercure
dans une petite cuiller de fer , & le faifant cliauf-
fer, le mercure fe diilipe , & les matières mé-
talliques qui lui étoient unies , reflem au fond de
la cuiller.
Purification du mercure^
Le mercure qui eA dans le commerce , fe trouve
ordinairement allez pur pour l'ufâge qu'on en fait
en phyfique» Il fufhc de le faire pafTer une fois ou
A ij
A
4 MER
deux au travers d'un linge fin & blanc de leffi-
ye , ou par une peau de chamois paffée à
rhuUe.
Pour avoir le mercure plus pur > on peut le la-
ver, en Renfermant dans une bouteille de verre
avec de Teau bien nette. On Tagite pendant quel-
ques minutes , & Ton renouvelle Teau ^uiquà ce
qu'elle ne fe charge plus d'aucune faletè.
Le mercure ainfi lavé dans deux ou trois eaux ,
fe féche en paflant plufieurs fois par un linge fin ,
& pour achever de lui enlever le peu d*humidit^
qu*il pourroit avoir gardé , on le chauffe dans une
capfuie de verre , de grès ou de porcelaine , fur
un bain de fabje , en lui donnant un degré de cha-
leur au deflbus de celui qui Ëitt bouillir reau
Le meraire étant bien lavé & féché., on peut
encore réprouver en le faifant couler en petite
quantité fur une affiette de fiuence ou dé porce-
laine bien nette. S'il contient quelque chofe de
gras , & fnrface n*aura pas le brillant qu'elle doit
avoir ; s*il eft mêlé avec du plomb , ou quelque au-
tre matière métallique , fa fluidité fera altérée ,
il ne coulera pas avec la même liberté , & laiffera
des traces noirâtres fur les endroits où il aura
paffé.
MER
Quand le mercure a ces défauts , il faut , pour
Ten débarrafler , recourir à la diftillation de la ma-
nière fuivante.
On met la quantité de mercure qu'on veut pu-
rifier y dans une petite cornue de verre , avec un
égal poids de limaille de fer bien net , & qui n'ait
encore comraâé aucune rouille.
On place cette cornue , qui ne doit être emplie
gu*à moitié ou aux deux tiers » fur un bain de
iable , dans un fourneau de réverbère , en lui te-
nant le bec fort incliné. On y adapte un récipient
plein d'eau claire , de manière que le bec y tombe ,
à un travers de doiet près.
Il faut chauffer d abord par un feu doux , que
l'on augmente par degrés , jufqu'au point de faire
un peu rougir le ventre de la cornue.
Par ce moyen on fait paffer tout le mercure en
vapeurs , qui fe convertirent en gouttes dans l'eau ,
& qui fe réuniffent au fond du récipient. La dif-
tillation étant finie , & les vaiffoiux refroidis , on
décahtera la plus grande partie de l'eau , en-
fuite on sèche le mercure comme il a été dit ci-
deffus.
Il faut avoir foin , dans l'emploi du mercure ,
qu'il ne touche aucun métal , si ce n'eft du fer , avec
lequel il ne contraâe aucune union.
MÉTAL BLANC. ( An du )
I E métal blanc , dont il s'agit ici , cA principa-
d*ufage pour les inflruinens de catoptrique,
Void b manière de le compofer fuivant Vm~
£cadoi3 donnée par M. Tabbé Nollet dans fon
sn des cipcricnces.
II n*y a point d'étain abfolument pur dans le
commerce, mais on en peut avoir qui contienne
peu d*alliage , tel qnc Tétain pUné , ou celui qu on
▼end en petits pains , & qui s*appelle étain en
p€iuw chaptéiux»
On met cet éuin en grenailles» en le faifant
baàm dans un creufet , & en le coulant à tra-
rtn un balai de bouleau qu*on tient au dcfl'us
d'une terrioc remplie d'eau.
On prend de cet éuin en grenailles le plus pur
ftt^on puifle avoir. - * ï8 onces.
Du cuivre de rofcue 40 onces.
Et de rarfenic blanc. . # . . , 16 onces.
On réduit le cuivre de rofecte en petites lames ,
afin quHt (e fonde plus aifément.
Oo péfe Tarfenic , Se Ton en fait trois portions
égales 9 qu*il faut envelopper féparèment dans du
Enfujieon fe munît d'une petite cuiller ou d^un
crochet de fer aplati par le bout , avec lequel
on pulITe remuer Le métal fondu , & Fécumer ;
ea obtervant de n'y plonger jamais cet infïrumcni»'
a moins qu^il n^ait été chauffé auparavant jufqu'à
rougir.
Lorfque tout eft préparé , on met le creufet dans
k fourneau de fufion fous un large manteau de
cheminée^ ou dans un endroit ouvert j mais non
cxpofè au vent; on le laiffe d'abord s'échaulFer à
petit feu y puis à un plus grand ^ jufqu'à ce qu'il
loir rouge ; & après M|ftùir examiné , û Von voit
qull foit bien entier , en y met le cuivre ik on
le bk fendre*
Dans le cuivre fondu on verfe Tétai n qu'on
aura fait fondre féparèment; on remue ces deux
métaux enfemble avec la baguette ou crochet de
fer rouge.
On écume le mélange de ces deux métaux > &
Ton y jette le premier paquet d'arfenic , ayant foin
de couvrir aimuàt le creufet : quelques inftans
après on met le fécond paquet , on couvre le creu*
fet ; & peu de temps après on y jette le troifiéme
paquet.
Le creufet ayant encore reflé couvert pendant
quelques momens , il faut le découvrir , remuer le
métal avec la baguette de fer, & le couler dans
le moule.
Quand on a commencé à mettre de Tarfenic
dans le creufet il faut bien fe garantir de la vapeur ^
qui s'en exhale ; elle eA très-dangereufe , 6t même
mortelle. C'eû pourquoi on a confeillé de faire
cette fonte fous un large manteau de cheminée.
Si on le fait ailleurs , il faut fe tenir au deflus du
courant dVir , & retenir fon haleine dans les inf-
tans oii Ton eu obligé de porter k vifage au deffus
du fourneau.
Si les pièces qu'on fait avec ce métal cotiipofé
font petites ; fur- tout fi Ton en a un ceruin nombre
à faire , on doit auparavant préparer les moules
en cuivre & les tenir un peu chauds pour recevoir
le métal en fufion : car quand il fe refroidit trop
promptement, fa dcnfité ne refte point égale dans
toute répailTeur* Les fuperficies font alors plus
ferrées , & quand elles font enlevées par le travail >
la furface du miroir fe trouve pleine de petits
trous.
Il faut au0i avoir Tattention de ne point couler
ïe métal trop chaud dans des moules froids , parce
que le métal devient caflant & fujet à fe brifer*
M E U L I E R. ( Art du )
Lj'aiit do meuVur confifte à tailler des meules
dans les rochers , ou à ajufter des quartiers de
pierre pour en faire des meules* Cet art eft devenu
précieux depuis rinveniion des moulins.
Les anciens écraToient les grains entre deui
caillouJE , comme le font encore les nègres de l*A-
mèrique; ils imaginèrent enluite de petites meules,
n'ayant que lo pouces de diamètre , qu ils faifoient
aller à force de bras ; ils employoient à cette
znanciuvre des efclaves oa des prifonniers de
guerre.
Enfin on parvint à conftruire des machines oii
les meules turent mifes en mouvement , foit par
des chevaux , (bit par la feule force du vent ou
de Teau.
On fe Tort ordinairement pour faire de grandes
meules de moulins, de la pierre meulière, qui eft
r^împlie de trous & d'inégalités.
Cependant, pour les meules , on peut fe fervir
aufîi de pierres de différentes efpéces , pourvu
qu'elles aient la dureté & U rudefle néceffaire pour
mordre fur les grains & les brifer.
Dans les pays ou le /çt.j/ii> eft commun, on en
fait de bonnes meules* Dans d'autres cantons on
emploie un grès compare & à gros grains,
A Bordeaux on fait ufage d*une pierre à fufd
qui fc trouve du c5té des Pyrénées, & qu'on
tait defcendre par la Garonne fur des radeaux ou
trains. Mais comme cette efpèce de pierre à fufil
ne peut fournir que des quartiers, quand le meu-
licr veut en former une meule de fix pieds ou de
fix pieds & demi de diamètre , il commence à en
parer les côtés deftinès à former les joints ; pour
quoi il a un marteau pointu par les deux bouts ,
ic très- bien acéré.
Lorfqu^'d a préparé tous les quartiers qu*il lui
faut pour former la circonférence de fa meule ,
il les adapte à une pierre dure , taillée quarrément ,
ayant dans (ox\ centre un trou qu'on appelle rail
d€ la meule, Ccft dans ce trou qu on place Taxe
qui doit faire tourner la meule.
Ces pierres étant difpofécs comme il convient ,
on les joint cnfemblc avec du plâtre ; & afin
qu'elles ne puiffcnt pas fc féparer par leur mou-
vemcnt circulaire , on les revêt de deux ou trois
cercles de fer aifez forts pour xéùCtcr aux coups
de maillet que l'on donne fur les coins de bois ,
dont Toffice cft de ferrer davantage la meule
entre les cerceaux de fer qui Tenvironnent.
Les meuUs en ufagc aux environs de Paris font
de pierres qui viennent de Houlbcc, prés de Pacy
en Normandie, ou de la Fcrtè fous Jouarrc. On
tire ces pierres de la carrière , en meules toutes
formées.
Cette pierre cft de la nature du caillou ; elle cft
opaque, très -dure, & remplie de petits trous.
Elle fe trouve par grands bloc, dans la carrière.
Quand on en veut taire une mtïulc , on commence
par cerner un bloc, auquel on donne le diamètre
convenable ; puis on en détermine 1 cpaitTeur en
la dépouillant de la terre qui Tenvironne.
On forme enfuitc à coups de cifeaux une en-
taille tout autour de la pierre arrondie j on fait
entrer dans cette entaille des coins de bois de
chêne ou de bois blanc bien fec ; on remplit le
creux avec de l'eau , qui faifant gonfler les coins
de bois forcent la meule à fendre horizontalement,
fie à fe détacher du bloc , malgré l'étendue de fon
adhéfion au banc de pierre. '
On continue les mêmes procédés pour obtenir
d*autres meules d'un grand bloc de pierre.
Le meulter peut aurïî fe fervir avec avantage
de U méthode fui vante. Il fait dans le rocher une
entaille circulaire de deux pouces environ de lar-
geur , & de trois pouces de profondeur , dans
un diamètre de plus de fix pieds & demi : on
enfonce dans cette entaille des coins de fer, garnb
fur chicune de leur faces, de morceaux de bois ,
^6c on frappe fur ces coins jufqu'a ce que les
meules fe détachent.
Quand ta meule eft détachée , on continue de
h travailler dans la carrière même , en ôrant tout
ce quelle pourroit avoir d'irrégulier. Il y a des
carrières oii , pour en tirer des meules, on cft
obligé de creufer des puits qui ont quarante pieds
de profondeur & même plus.
Les meuUs des miroitia^ lunettîers font faites
d'un grés propre à arr<inaiT la circonférence des
verres de lunettes & autres ouvrages d'optique*
Ces meules fe tirent communément de la Lorraine,
Les taillandiers & les couteliers emploient au(H
des meules de pierre ; ils appellent meules les
plus petites i celles au deflus fe nomment meuUaux
♦u aillards ; les meuUnUs viennent enfuite. Les
meulitrds font les plus grandes meuîes,
La meule des diamantaires eft toute de fer.
Celle des charrons efl de pierre, montée fur un
chaffis ; die eft mue par une barre de fer faite
en manivelle ; ils s'en fervent pour donner le fil
& le tranchant à leurs outih*
La meule des cloutiers d'épingle eft d'un actcr
trempé, montée fur deux tampons « & mife en
mouvement par une grande roue de bois tournée
par toute la force d'un homme. Cette meule eft
M E U
à quelque diflance vis-à vis de îa meule
' ^ celle-ci C& ouverte des deux côtés , &
|facée au deffus d*un chaHis de planches d*ou pend
B& Terre pour garantir Touvrier des parcelles de
ter ctAzmmés que la meule déuche des clous
y'oa y affine.
la. meule des épinglicrs eft de fer , jSi taîllandée
fefes fiiFËLCes eQ dents plus ou moins vives , félon
fdtge auquel on remploie quand on s*en sert
fm fèbaucliage. Il faut que ces meules foient
fi1ra0cltaDtes & plus douces quand ii faut faire
Aage.
Ce qa*aa nomme /mules de fondeur de cloches ,
M E u
font des maflifs de maçonnerie pour y affujettir
un piquet de bois , fur lequel tourne comme fur
un pivot une des branches du compas de conf-
truftîon , fer\'ant à former le moule d'une cloche.
Nous n'enîrerons pas dans de plus grands détails
fur toutes les différentes meules employées dans
les arts', d*autant quon en fait mention dans la
defcription de chacun des arts en particulier aux-
quels ces meules appartiennent. 11 fuffit ici d'avoir
lait connoitre les procédés fort fimpks dont le
meulier fe (tn pour conftruire ou détacher dans
la carrière les meules de pierre.
VOCABULAIRE,
IjIeulard^ meule d'un grand diamètre,
MEtJLikR0Ei meule d'un diamètre moyen.
Miule; bioc de pierre, d'acier ou de fer, taillé
€11 rond , & d^une épailTeur plus ou moins grande ,
kmm à broyer , à moudre ou à aiguifcr les
corps durs.
Meuleau ; meule d'un petit diamètre.
CEiL DE LA MEULE ; on nomme ainfi le trou
pratique au centre d'une meule pour y placer l'axe
qui doit la faire tourner.
ŒïLLARD ; c'eft xinç meule d'une grandeur
moyenne.
MEUNIER. ( Art du )
l_j E mtûnUr cft GCÏuî qui exerce Tart de réduire
le graio en forinc , & de U féparer du (on.
L'art de réduire le grain en poudre êft très-an*
den ', on Ignore à qui Toa doit cette invention ii
utile : on iatt feulement que les Egyptiens favoient
faire le paîn avant aucune des nations contempo-
raines ; qu-i cet art patTa de chez eux chez les
Grecs , éi que ceux-ci le traiifmirent aux Ro-
mains. L'art du meunier fuivit nécessairement la
même route , Ô£ même il précéda de tort loin
celui du boulanger ; car on ufa longtemps de
gruaux & de farine avant que d'en favoir faire
du pain.
on ne s'avifa pas d* abord de concalTer le grain"
pour en faire ufage ; on fe comgjua de le fé-
parer de fa pellicule , ou de ^n eiïvtloppe ,
comme on fait pour manger des noix , des aman-
des, 8cc. ; pour cet effet, on le faifoit torréfier,
ainsi que les Sauvages le pratiquent encore aujour-
d'hui. On le concaiTa enfutte Se on en fit des
cfpéces de gruaux , fembbbles à ceux que nous
faiibns encore avec Tavoine,
En pilant davantage les grains dans des mor-
tiers , on les rèdtiifit en une efpéce de poudre ,
3u*on nomma fan m , du mot far , qui eft le nom
'une forte de bled dont on fe fcrvoit le plys , &
quon préparolt ainfi le plus communément •
On peneâionna dans la fuite les moyens de
convertir les grains en farine. Il paroi t par un
paffage d'Homère» qu'on a été dans Tufage d*é-
crafer le grain avec des rouleaux fur des pierres
taillées en tables, au lieu de le faire dans des
mortiers avec des pilons ; ce qui vralfemblable-
ment conduifit à le broyer entre deux meuLcs ,
dont on fait tourner ta fupèrieure sur Tinférieure.
Le rravail de moudre atn^ le grain étolc fort
pénible i c'étoft ordinairement remplordes efclavcs,
ik même on y faisoît servir des criminels, comme
on en fait fervir aâuellemcnt, dans quelques états ,
aui gïlcrcs.
On n'a fu , à proprement parler , réduire le
grain en farine , que -îoriqu'on a fu le moudre par
je moyen des meule* couchées Tune fur l'autre »
dont on faifoIt tourner à force de bras la fupé-
rieute fur Tinférieure.
Dans les premiers temps la m?ulc fupèrieure
n'étoit que de bois , 8c elle ét->tt armée avec des
cfpéces de têtes de clous de fer : dans la fuite
on les a prifes toutes les deux de pierre j elles n'é-
toicnt alors que d'un pied k un pied & demi de
diamètre : mais on trouva bientôt le moyen i\z
mouvoir ces machines autrement qu'à force de
bras , & avec moins de peine ; cela donna
à augmenter le diamètre de ces meules : on
fit tourner par des chevaux & par des ânes; c'cft
pourquoi on lit dans les auteurs latins « mola ju-
ment ans ^ mola ajinina*
On ne tarda pas à imaginer d'employer la force
de Teau courante pour mouvoir des meules plus
grandes encore que celles qu* on faifolt tourner par
âcs animaux; enfulte on a appris à se servir pour
cela non-fculem^nt de l'eau, mais auflî du vent.
On muhiplia alnfi les moyens de moudre les
grains : les peflors ( c^étoit ainfi que l'on nommoit
en gaulois ceux qui tiroient la farine du grain ,
du \^i\n pijhrcs ) qui étoient les fariniers , conti-
mencërent à les moudre fans les monder ; &
pour féparer la plus fine farine de h grolTc&
du fon ^ fe fervirent de gros linges clairs , qu oa
nomme des canevas ; ils inventèrent en même
temps des tamis qu'on avoit fait en Egypte avec
des filets d'écorce d'arbre i en Afie , avec des
fils de foie^ en Europe , avec du crin de cheval;
dans la fuite avec des fils de poil de chèvre , &
avec des foies de cochon , d'où cft venu le nom
de /dj , que Ton donne à une efcéce de tamis.
L'ufage du pain , étant devena général par-tout
oiï l'on avoit du grain , augmenta cxtraordinaire-
ment la confommafion de la î:kT\nt & l'emploi
des moulins ; c'eft pourquoi on multiplia les mou*
lins à eau et à vent. '
Tout cela ne fe fit point fans que la moutnrc
des grains ne fe perfeaionnât : on ajufta aux
moulins des bluicaux pour tamifer la farine à
mefurc que le» meules moulent le grain : on cefla
prefque de tamifer à la main > comme on avoit ceffé
de moudre à bras ; et comme il en coûtoit moins
de moudre dans les moulins à eiu ou à vent ,
qu'à moudre chez fol à bras , ou par des ani-
maux , on fe mit dans Tufagc de moudre fou
grain dans ces grands moulins, qui devinrent pu-
blics , moyennant une rétribution.
D'après Texpofé ci-deffus , on vcit qu'il fiiui
que le grain lubilfe bien des changemcns avant^
que d'être transformé en pain : on doit nécef-
laircmcnt commencer par le réduire en farine. Pour
convertir le grain en farine , & pour féparer la
farine du fon , on cft obligé d'employer plus de
moyens , & d y mettre plus d'intelligence qu*oii
ne croit : c cft l*art du meunier.
Ls moût un en géncraL
On n'Imagincroii pas , fi rexpériencc ne l'ap-
prenoit tons les jours , que le broiement feul «
parti
M E U
*
porté i ua cemîn point , peut changer jufqu'aux
^■aHtès des chofcs qu'on pulvérife.
La^ dtviTion tend à la décompofirion , & taut
fe dèfMt par elle '. on peut dire autïï q'je tout
khlt par fon moyen , piiitque la divifion précéd:;
flèccflâiremem ta combinai fon par laquelle tout fe
wmpofc & fe forme ; U divifion eft un principe
lie franfmutation.
La diviftbiUté par la mouture peut aller juf-
ça'aïur parties fpécifiques , intégrantes des grains
eo Emne ; c'eft pourquoi il faut favoir qu'il eft un
fcnoe, dans la mouture comme dans tout , au-delà
duquel on ne doit pas aller; autrement on dé-
co«poferoit en que-que forte le eraîn ; au lieu
qu'il faut feulement le réduire fuffifamment en
poudre » fans en détruire la qualité.
Poor raottdre te grain » on le fait tomber de la
atime du moulin , par Taugct , entre les meules ;
ce qui s'en détache d*abord par le froifTcmcnt ,
C& la première peau du bled qui fait le gros fon,
La partie blanche intérieure du grain eii réduite
en far*ae en même temps que fon écorce efl di-
▼îlcc en fon : la farine Si le fon enfemble tom-
kcot p^ Tanche dans le bluteau & dans la huche.
Ck^Lx des grains pour moudre*
Pour connoître la nature des farines , & pour
fivoir quelles qualités de pain on en peut faire, il
h^t connoirrc aulTi la nature des grains qui ks
fomïâScau La différence des grains influe effen*
ticlknieat fur la qualité de U farine , & par une
&iiç fiécdTaire, fur celle du pain; c'eft pourquui
H Ta du choix à fi»ire du grain à moudre.
Tous le* grains ne font pas propres à faire du
bon pain ; Sl même le* meilleurs , comme le riz &
FaToLne , n y font pas tous bons ; tout le monde con-
BOit la boilté du riz & du gmau d'avoine : autant
iU font bons ik profitables mangés cuits , foit dans
de l'eau , foit dans du bouillon , autant iJs font
inauTab en pain : on peut f^irc du pain tfavoine ,
MiAi non p s du pain de riz.
Le froment ert en général le meilleur des grains
rir faire i^u pain ; ceft celui dont la pâte lève
mieux. U faut le choifir fec , dur &: pefant :
dUis le bîé pèf^ , plus il a de farine ; plus cetie
farine boit d'eap , & plus il en réfultc de pain ,
& mcill^^ur en eft le pain.
Lcau dans laquelle on a fait bouillir du froment ,
eft moins fujette à s'aigrir que c»^lle dans laquelle
on auroit fiit bouilâr quel:ju*ua des autres grains :
c'eft pourquoi Teau panée faite avec du pain de*
fixMDcot eit meilleure que celle qui ell préparée
, Jvec tcut autre pain.
\ On lire par la coâion plus de gélatineux du
I fionent que des autres grains , fi on les fait cuire
de ncéme dans de Ve^u ; &i ce gélatineux eft la
psanîe oourriffante du grain ; d'où Ton doit natu*
rellenient conclure que le froment eft le plus nour-
fifiaoi de tous les grains , comme il ell le plus
'■""' ï a éûre de bon pain ; ce qui cependant ne
Àru & MitUrs. Tome P\ Partît L
M EU 9
peut fe dire quVn général ; car tous les grains ont
des qualités plus différentes dans un pay. que
d.ins un autre ; différentes encore félon 1 :s diverfes
efpc:es de chaque forte de grains par rapport au
pays ; d*oii eft venue la variété étonnante des sen-
tim-^ns des auteurs qui ont écrit dans dts climats
différens far les propriétés des mém^s grains.
L'orge HU contraire eft en général le moins nour-
rîffant ; c*eft pourquoi les anciens avoient raifo»
d employer Torge pour tout aliment dans les ma-
laaies aiguës
Les gros blés ne font pas à préférer aux petits ,
(i ce vkcù à ceux qui font minces , & alongès : les
meilleurs fromens font les petits , ramaffés &
prefque ronis. Les boulangers & les fariniers difem
en proverbe : gros bli , peth pain*
On nomme hU glacé une efpéce de petit blé
dur & pffant , qui a une qouleur grife, tenant de
celle t!u verre* Le blé glacé a peu de fon ; ce
grain donne par la mouture beaucoup de farine;
' au contraire , les blés gras ^ longs & jaunes font
légers , ils donnent moins de farine âc beaucoup
de fon; ceft pourquoi on les nomme auffi tUs
fonneux. On nonim-; aussi hic fonneux un froment
long , mince & defféché , ce qui provient de ce
que quand ce grain étoit en lait , il a été faifi par
1 ardeur du foleil ^ ce qui fait qu d a moins de corp^
& plus d'ccorce,
£a Brie , le meilleur froment eft gris « glacé &
plein- Cette efpéce de blé vient fur-tout des terreins
pierreux ^ que les laboure Jrs et les marchands
notnment groaéuux y & le blé qui en provient eft
nommé hie de grouetie. On préfère ce blé , & il
eft plus cher que ne le font les blés de terres
fort js , parce que le produit du blé de grouette eft
niiiiUeur, k proportion de la mefure fie du poids.
Les grains , comme les vins, font diffcrens félon
les divers climats & félon les terroirs qui les ont
produits* Les fromens des p^ys chauds valent
mieux que ceux des pays froide. Les blés qui
viennent de fordî humidt^s ne valent pas ceux qui
viennent de phines élevées.
Il faut diffinguer ici le froment d'hiver & le
froment d*été. Le dernier n eft pas aufti facile à
préparer que rautre. Tout dépend de la m^^niêrc
de moudre & des précautions q je Ton prend ^avînt
avant que de Tenvoyer au moulin.
Si le grain eft blanc , c'eft une marque qu'il a
moins d'écnrce & qu'il donnera plus de tarinc.
Ce grain blanc eft une efpéce patticuliè e , fort
eftimée en Siléfie ^où on le féme prcférabkment k
tout autre.
Pour juger de la bonté du froment, on examine
s*il foniîe lorfqu*on le fait fauter dans Id main. Si,
en fermant U main qui le c mi nt , il s'cchappc
çromptement, Si prefque t nalemem , & fi en en-
fonçant le bras dans le fac de blé on peut \c , orter
au tond ; dans ces cas on peut juger que b Med
eft bon.
Le meilleur froment, félon Pline, Lxviij, c, xjày,
fi
lo M E U
cft celui qui eft de couleur d*or , & qui , caffé fous
les dents , conferve cette couleur dans fou intérieur.
Le plus mauvais eft ceUii oij Von aperçoit au
contraire plus de bbnc y larfqu*on Ta ainfi caiTè,
Ou n*a point en France de ces blés jaunes en
dedans ^ ce font les meilleurs pour faire !es pâtes ,
les vermicelles, les lazagnes éc les macaronis.
1^; Djj3s le chuix qit*on fait du grain pour moudre ,
on doit préférer le vieux au nouveau* On a même
préicndu quM n*eA pas à propos de moudre les
i crains dans Tannée de leur récolte , et qu'il faut
cur donner le temps de fe bonifier.
On feiîi dire en général qu'il faut que le blé
sût au moins palTé Thiver avant que de l*employcr;
roîfqu'tl a palfé Tannée , il cft plus fec, il a moins
de fon , il cft plus nourrilTant.
On ne peut tirer autant de farine des grains nou-
veaux que des vieux , parce que les blés nouveaux
font moins fecs & moins parfaits. Les blés vieux
donnent au mrins un xo'^, de farine p'us que n'en
donnent les noirveaux; il y a même des années où
ce défaut fiit perdre jufou'à un tiers de farine.
La totalité du grain eft en plus grande quantité
aufTifôt après la récolte, au commencement de
fon ^nnéc , qu à la iin ; la maiTe ptrd de fon vo>
iume & de fon poids , parce que le grain en
vicilîitTant perd de fon humide: m^is les mêmes
xncfurcs de ce même gr*iin péfent moins au com-
mencement de Tannée qu'à la fin ; ce blé étant
fec, produit plus de farine» Se la farine en cft de
meilleure qualité.
Pour ce qui cft des orges * il y a prcfque tou-
jours un qu:irt de perte à les employer nouveaux,
A qualité égale » le vieux grain donne de meil-
leure farine que ne fait le bled nouveau , & il
n'eA pas échauffant; je dis ï qualité égale, par
rapport au terroir , à la température de Tannée ,
au climat « &c. Il n'eft pas douteux que du grain ,
quoique vieux , mais provenant d*un fonds & d*un
pays froid , & dans une année humide , ne vaut
pa» un grain d^une année chaude & fèche, d'une
pUine élevée ^ & d'un terrcin pierreux « quand
même ce grain fcroit nouveau.
Cette obfervatron fur la qualité des grains qui
font meilleurs lorfiju'ils font vieux , eft encore plus
*lrtttitt1re à Tuivrc pour le fcigle que pour les
autres grains, parce que le feigle a quelque chofe
de plus mauvais que le froment , quand il n'a
pis retTué,
' Il ne faut cependant pas , poiir avoir de belle
*Êirinc , & pour faire de bon pain , que les grains
foicnt trop vicyx : tout demande une certaine
maturilé , avant bquelle les chofes ne font point
parfaites ; mais il cft à propos de lâcher de les
prendre dans cet état de ptrfcâion , parce qu'en
vicilliffant tout s'affoiblit & fe détériore j les bonnes
Jualltés du grain diminuent après un ccnain t-emp*; ,
f enfin fc perdent entièrement : au rcftç , cela dé-
pend teaucoiip des magaûns dans Icfqueis le gr:iîn
A iià terril II peut être coofcrvé fon long-temps
M E u
fans rien perdre de (k qualité , dans des lieux où
il eft prèiervé des variations de Tair & d'autres
accîdens fâcheux.
La plupart des blés de France font dans leur
pcrfeûion la 2'. ou la 3*. année ; après ce temps ,
ils ne profitent plus. Ils dégénèrent même plus ou
moins promptement , félon le terroir & félon I2
température de Tannée où ils font venus. Il en
cû y à cet égard , des grains comme des vins ; il
y en a qui font vieux à la féconde année » au lieu
que d'autres ne le font qu'à la fixièrae»
On a vu en 1764 Texpérience d'un vieux blé de
Chevreufe dans le Hurepolx , qui avoit été gardé &
conferve foigneufement huit ans : on ne put en faire
de bon pain , comme on en fait ordinairement danf
ce pays avec le même froment pris les premières
années : il fallut , pour employer ce vieux grain ,
quoique bien conditionné , k mêler avec la moitié,
& même les deux tiers de blé nouveau-
Le froment fe conferve beaucoup mieux dans
fon épi aue battu. Pline , L xviii. C. Xiv. dit
d'après Varon , que le blé peut fe conferver JO
ans dans (on épi. On conçoit que le blé fe per*
feâ tonne encore mi ux dans Té pi , que lorfqu'U
eft battu ; on ne devroit le battre que la féconde
année , fi ce n'eft pour la paille , qui efl meilleure U
première année , même dès trois ou quatre mois
après la moïlTon,
En^n f il eft un terme au '^ delà duquel le blé
perd à vieillir; ce terme eft différent félon la
qualité du blé , & félon la façon dont il a été
conferve. Ceft un inconvénient & un des plus
grands qu il y ait , par rapport aux magafins de
blé : ce qui engage le gouvernement à en procurer
la confommation pour le renouveler.
AJfonlmcnt & rtu lange des grains a moudn.
Pour avoir du bon pain , on emploie des blés
mêlés , dont on fait Taffortimcnt & le mélange
avant que de les moudre. Les particuliers font plus
dans cette obligation que ne l: font les meuniers ^
parce qu'on n'eft pas dans le cas , pour une maifon
particulière » de faire moudre les grains féparé-
ment , & d'en mêler enfuitc les farines; cependant
lorfqu'on a une bonne forte de blé , il faut le
mêler» dans Tefpérance de le rendre. meilleur*
Il eft certain qu'en général il y a à gagner à
connoître les rapports des grains les uns aux au-
tres , leurs affinités fit leurs contrariétés. Dans
diffèrens effais , en les roclant enfemble , on peut
trouver par diverfcs proportions à en faire le pain
de meilleur goût , & quelquefois même en plus
Ï'rande quantité, parce que les fir.aes de ces dif-
érens fromens , pourront par ce mébnge , prendre
plus d'eau & dair en les pétrilTant , ou parce
que la pâte en lèvera mieux.
Pour bien moudre à profit, il ne faut pas que
le grain foie eiceftivcment fec ni humide : lorf-
qu'on moud du blé trop fec , une partie de foo
écorce qui doit faire k fon ^ fe met en poudre fine p
¥
I
M E U
Ile &il partie de la f-aine en paflant avec elle par
tr bltiieau ; d'ailleurs il fe difTipe plus de folle fa*
fine de ce blé fcc en le moulant.
Quand au contraire le blé cil humide, il ne fe
hrote pas bien , & il donne une farine molle ,
Btoffière j qui einpâte les meules , qui graifTe le
Uateau , qui fe blute mal , & qui ne fe garde pas.
On remédie à tous ces inconvéniens en mêlant
enfemble des blés différons en fécherefle , pour
eue Tun corrige Fautre : par exemple , pour mou-
ore du blé gris ou glacé » qui eft dur , il eA bon
de le mêler avec du blé jaune, tendre & moins
fec , parce que cela retient la farine du blé gris.
n fe Uit plus de difTtpation en moulant un blé lec ,
^^eo moulant un blé tendre ; on eft obligé de
moudre plus fort un blé dur , qu un blé tendre.
Lorfque le blé n'eft pas d'une année trés-fèclic ,
ît fe moud mieux , la meule le met plus aifément
en farine ; & le grain fe moulant plus facilement ,
ii fit met moins de fon en poudre » qui altère la blan-
cheur de la farine ; d'aiikurs la chaleur de la meule ,
CQ iBoulant fort le grain , dimmue encore la blan-
àiear de la farine ; c'eÔ ce que Ton nomme en
leraie de Tan i rougir la farlnt,
Lorfqu^mTant la mouture , on mêle enfemble
diffirei» grains pour mieux moudre » & pour avoir
de oieîtleure farine , il ne faut faire ce mélange que
lorfqu on eft totit prêt à les moudre, parce qu*ils fe
giteroieni , G on les gardoit enfemble ; par exemple ,
sa blé nouveau avec du vieux* Il faut auffi ne
pas tarder à en employer la farine , parce qu'elle
ne pourroît fe conterver , elle fermenteroit*
F réparation du èU pour moudre.
Il a*eft pas néceflaire de recommander de net-
toyer le gnin avant que de le donner à moudre ,
pour le fèparer de la pouiHère ou du mauvais
griîa étranger , & de toute ordure. Il y en a qui
miC aiaâl dans Tufage de iaver le froment , dans
ki pays où Ton a coutume de battre les grains
dehors 9 fur la terre , & oii Ton ne fait pas vanner ,
ai cribler auffi bien qu autour de Paris ; ils font
enfuite (echer au foleit ce grain lavé , avant que
de le moudre*
Dans les climats chauds , oii les blés font excef-
fiTanent fccs, on eft obligé de les humeéler avec
im peu d^eau , quelques heures avant que de les
noodre , pour que V'écorce s'en détache mieux »
tt «lue U farine en foit plus blanche*
M* Duhamel, dans (on fupplément à la con-
{errsnon des grains, dit que pour procurer au
ptaLa fait de blé étuvé une blanchetir égale à
celle du pain fait avec du blé non étuvé , & pour
iioùnuer le déchet du moulage, il n'y a qu'à jeter
cinq livres d'eau fur cent livres de blé , 24 heures
avant que de donner à moudre. Pline dit auifi
ça*il £aat arrofer le grain , du moins Torge , avec
u oittîéaie d^eau , avant que de le moudre^
Le produit du blé ainfi mouillé tû plus grand
ùnnc , & non point en pain , parce que cela
M E u I,
n a fait que gonfler un peu le giiùn, La farine ert
ell plus blanche , paVcc que le ion s'en eft dérsché
plus aifément, & il s'en met nuins en poudre ;
mais cette farine nxR pas bonne a garder , elle
fïcrd promptemcnt de fa qualité , & elle eft dans
c cas de la farine d'un grain d'une année humide,
que ne fe blute pas bien. Le blé qui a été mouillé ,
a perdu par Teau ce prtacipe fptritueux, qui dans le
grain germé j donne à Teau , pour faire la bicre , la
qualité fermentante. Ceft pourquoi la patc faite avec
de ta farine de blé qui a été mouillé , ne lève pas.
Si Ton a mouillé le grain de beaucoup dVau ,
& ft on Ta gardé mouillé plus de douze ou quinze
heures, par un temps chaud, non-feulcmcnt le fon
s'amollit , mais encore la farine du contour du
grain s'attendrit, 6c elle colle le fon, qui devient
ainfi plus difficile à détacher : de cette façon on a
moins de farine du blé trop mouillé , & le déchet
en eft plus grand , comme quand au contraire le
blé eft irop fcc. En toutes chofes les extrémités
fe reffembleni ; il faut les éviter.
Des différentes moulures»
La fcience du meunier confifte à favoîr tîrer
d'une certaine quantité de grains le plus qu'il eft
pofTible de bonne farine propre à ta nutrition. Pour
atteindre ce but , on a imaginé différentes manières
de moudre , dont nous allons parler maintenant.
De toutes les moutures aucune n'étant auflj
partaite que la Saxonne , qui d'ailleurs eft encore 1
d'ufage dans d'autres parties de l'Allemagne , noua
nous nous contenterons de donner une idée fuc-
cinfte de quelques autres qui font fuivies en France ;
après cela nous exporerons plus au long celle
qui paffe pour la meilleure.
On dillingue ordinairement différentes mou-
turcs; favoir, U méridionale & la fepientrhnale.
Celle-ci eft de deux efpèces ; Fune eft nommée
mouture en greffe , Tautre mouture econùmhpie ou
mouture par économie. Ce qui diftingue la première
de la féconde, c'eft que dans celle-là on moud le
grain en une fois, & que dans celk-cî on le moud
plufieurs fois.
On diftingue encore dans ce pays-là, la mou*
iurt en groffc proprement dite , de la mouture en
groffe de payfan , ou mouture rufl'ique.
La- mouture en groffe diffère de la mouture
ruftique , en ce que pour la mouture ruffique
on n'emploie qu'un bluteau , & que dans la mou-
ture en groffe proprement dite , on en emploie
plufieurs , & de différentes groffeurs.
Dans la mouture ruftique il n'y a qu'un feul
bluteau , attaché obliquement au moulage , où îl
reçoit par Tanche ce qui tombe des meules qui
moulent le grain.
Ce bluteau eR compofé d'une étaminc de laine ,
qui eft plus large au bout fupérieur où eft Tanche,
& plus étroite à Tautre extrémité. Il y a deux
cordes parallèles auxquelles ce bluteau eft attaché
dans fa longueur , qui eft d'environ huit pieds.
B t j
la M E U
A la grande eitfèmtié fupéneurc dn bluteau » |
îl J a en travers un bacon, par Uquel le bluteau
tient à ce moulage.
A rext:émité inférieure font deujt petites cordes
!|ui le tiennent attaché en dehors où tombe le
on i il y a deux attaches de cuir pour le fufpen-
dre dans fa longueur
La faiine la plus fine ou la plus blanche pafle
au travers de la partie fupérieure du bluteau, La
farine la plus groffe & la plus bife eil tamifée par
le rcAe du blutoir dans Tautre extrémité , ^ai efl
Tinférieure-
Le fon eft jeté hors du bluteau par Tonvcrture
inférieure.
Ce fon » qui contient encore de la grofle farine /
eft ce qu'on nomtne fon ^as, -
On di flingue en deux parties la farine qui a pa/Té
par le bluteau , & qui eft tombée dans la huche.
Il y a la première farine , faifant les deux tiers
de la totalité, qu'on nomme dans la mouture ruf-
tique la fietir de farint ou la première farine*
L'autre tiers ell la féconde farine ou le his-hUnç,
Ordinairement on mèlc ces deux farines ^ on les
prend enfemble,
La mouture rufllque eft de trois fortes ; favoir ,
la mouture pour le pauvre , celle pour le bourgeois , &
celle pour U riche. Ce qui distingue ces différentes
moutures , c'eft la différence groffeur des bluteaux.
Lorfqu'il eft affez gros pour laiiTer paffer le gruau
& la groffe farine avec la fine » il s*échappe beau-
couD de fon avec; c'eft la mouture pour le pauvre.
Quand au contraire le bluteau eft affez fin pour
retenir tout le fon & ne laiffer paffer que la fine
fleur de la farine , c'eft la mouture pour le riche :
mais le gruau & beaucoup de farine i eftent avec
ce fon.
Pour U mouture du bourgeois , le blutoir n*eft pas
fi fin que celui pour la mouture du riche , ni fi gros
3ue celui de la mouture du pauvre ; de forte que
ans cette mouture il paffe du fon avec de la farine ,
& il refle de la farine avec le fon.
On voit d'abord en quoi toutes ces moutures
pèchent , & particulièrement les deux dernières ;
c^cft qu*ïl rcrfe beaucoup de farine dans le fon.
Quant à la mouture du pauvre^ le fon contient
encore du gruau, mais moins que les aui:es.
DVilleurs il vaudroit mieux fc fervir d'un blutoir
moins gros , & ne pas laiffer paffer tant de fon
avec la farine ; il faudroil en tirer le gruau & le
remoudre , ce qui , avec la première farine , feroit
un paio beaucoup meilleur que dVH celui que Ton
prépare avec la farine faite pour U mouture or-
dinaire du pauvre*
La mouture en grojfe proprement dite , i été la
première , & elle eft encore la plus ordinaire.
Après avoir moulu le grain au moulin» on alloit
dan;^ les maifons féparer le fon de ta farine , par
des fas ou des tamis de groffcurs différentes i &
aujourd'hui cVft par des bluteaux de diverfes
fioUres , & en bien plus grand nombre.
M E u
Au refte ^ ft les bluteaux dont on fe fert em
France étoient faits comme ceux d'Allemagne , il
ne feroit pas néceffaire d'en employer autant dam
cete opération.
Ce font des cerceaux qui forment le blutoir;
il eft parfaitement cylindrique ; ôt comme il eft
mis en mouvement par une manivelle attachée à
Taxe, la farine eft pouftée vers la circonférence
par ce mouvement circulaire : par-là même elle
paffe bien davantage au-cravers du blutoir que félon
la tnéthode allemande , oîi le blutoir reffcmble i
un fac , attache au moulin dans une poficion un
peu inclinée.
Les blutoirs dont on fe fert en France font donc
défe^ueux , en ce que le fon fort plus facilement
avec la farine que par les autres blutoirs à Tallc*
mande.
Four bluter dans la mouture en grojfe proprement
dite on emploie ordinairement quatre bluteaux ^
chacuns delq^uel eft compofé de plufieurs étaminef
de diverfes groffeurs
La première farine dite de blé ^ ^hfecçndefarint
de blé, paffent par le premier des bluteaux.
La farine dite bis blanc eft tamifce par le fécond.
Le blé concaffé qui n'eu pas réduit en farine
affez fine , eft ce qu'on nomme du gruau dans
la mouture feptentrionale chez les meuniers &
chez les boulangers; ailleurs, c'eft-à-dirc > chex
les marchands , chez les vermiceîiers , & chez les
amateurs des pâtes, ce gruau purifié eit connu fous
le nom de femoule.
Par le troifième bluteau , qui eft compofé de
trois étamines différentes , paffent d'abord le gruau
blanc f enfuîteie gruau gris ^ & enfin le gruau bUm
Le quatrième blutoir , qui eft beaucoup plus
gros que tous les autres , fèpare les recoupettes &
les recoupes du gros fon » qui eft le fon fec , le
fon maigre.
Les gruaux qu'on fépare , & qu'on reprend , foît
pour les employer tels quMs font, foit pour les
rem ou dre , lonc ce qu'on nomme reprifes.
Ce qui refte des moutures après la farine , eft
ce qu*on nomme les iffues ; les ions , les recoupes
6c les recoupettes font les iffues de la mouture du
grain.
Dans la mouture en groffe proprement dite ,
on repaffe les gruaux par des fas t on en a ordi-
nairement deux de groffeurs diffemblables pour
paffer les dîfférens gruaux , qu^on fépare , par ce
moyen , d'une efpèce de rccoupcftc.
Ce n'eft pas feulement pour diftiaguer les (a*
rines & les gruaux » c eft pour les féparer entiè-
rement des Ions , ce qui ne s'exécuteroit point
auffi parfaittfment fi cela ne fe faifoit pas eh plu*
fieurs temps , par parties » dans divers bluteaux»
en féparant d^abord les farines , puis les gruau^ ,
eu6n les recoupettes & les recoupes.
La mouture économique ou par économie , cfl
moderne ; elle f ft moins en ufage que la mouture*
en-groffe«
À
)
*
M E U
La BatiruFe èconointque fe pratique plus aux
environs tic Paris ; fit la mouture ru (tique , par la-
foeik on blute auffi au moulin , fe pratique plus
îans le fond des provinces.
On oe fubdtviie pas la momure économique ; îl
my a potot plufieurs fortes de cette mouture ; mais
ii y a plufieurs façons de U pratiquer , qu'il faut
di&irguer.
D y a deux bluteaux dans la mouture écono-
BÎque. Par le premier de ces bluieauat paffe la
|remîére farine, dite vulgairement y^rwe de bU ^
pocT la diAinguer de la farine de gruau remoulu ,
([u*«n n'a que par la mouture économique. On
nomme auifi cette fiirine du premier bluteau , du
HêKi€ Emplemenr*
Le refle du grain moulu , qui e(V le fon gras ,
fon par le bout inférieur de ce premier bluteau ,
& rentre par le bout fupérieur du fécond bluteau ,
placé fous le premier*
Le fécond bluteau eft plus lâche que le pre-
laicr : il a le même mouvement. Ce mouvement
efl celui fcéme du moulin , auquel ils font atta-
chés l'un fit l'autre.
On nomme dodinage ce fécond bluteau de la
aouture économique : il eft toujours plus gros
fitr le premier bluteau. Le dodin^ge efl ordinai-
rement de trois, fouvant de quatre , & dans quel-
ques moulins , de cinq groffeurs différentes. Le
gruau fin , qiii eft le gruau blanc , paffe par la
première partie du dodînaee ; le eniau gris tombe
de la féconde ; le gruau bis de la troifième ; la
recoupctte de la quatrième , & la recoupe de la
cinquième partie ; enfin le gros fon fort dehors
par Textrémité de ce bluteau.
On ne connoît en Allemagne , ni ce fécond blu-
teau , ni cette manière de moudre. En Saxe les
ineuniers n'ont qu*un blutoir de h mcme fînefie
four chaque forte de mouture. Mais ils ont un
lutoir pour le froment & un autre pour le feigle.
Celui dont ils fe fervent pour le bourgeois eA
plus fin que celui du boulanger* Ils rcmoulcnt plus
vmrftm que les François , le froment jufqu'à fjx
& neuf lois. Ainfi la farine ei\ également fine ,
qt:oîqu*clîe ne foit pas toujours de la même blan-
cheur , ce qui n'a pas Heu avec les blutoirs à la
Frinçoîfe.
Eq pluileurs endroits de TAtlemagne on a des
bhiieaax coropofés de quatre pièces de différentes
^oe^Tes , & la huche dans laquelle tombe ta farine
a autant de divîfions que le bluteau* On voit clai-
rement par-là que les blutoirs plus groifiers biffent
paffcr de la farine groffière , qui doit être re moulue.
Ccfl ce que les François ne peuvent pas faire auffi
fouvent que les Allemands, à caufe du poids
èDorae de leurs meules » qui échauffent trop le
grain*
0 y a des meuniers qui ne prennent le dodi-
aage que de trois > même feulement de deux
podcuis » & qui ne remoulent qu'une fois ou
fiexuu
M E u
n
Il y en 1 qui, après avoir tiré ainfi tous lés
gruaux féparément , les remélent & les font te-
moudre enfemblc , ce qui en général n'efl pas
une mauvaife pratique.
La plupart des boulangers font remoudre le
gruau k part ; il y en a même qui tirent un fé-
cond gruau du premier en le remoulant , comme
on tire ce premier en moulant le grain,
La farine qu on tire du premier gruau » cft
nommée première féirlne de gruau , ou farine de
bourgeois , ou communément du Blanc bourgeois^
11 eft des meuniers qui remoulent jutqu*à fept
fois : on remood , fur- tout dans les années de
difette , les recoupettes , & même les recoupes ,
pour qu'étant mifes ainû en farine , elles fe pé-
iriffent plus aifément ; on les mêle aufli avec une
partie d'autre farine , pour en faire de meilleur
pain.
La bonté de la farine 8t du gruau dépend beau-
coup de ta façon de moudre le grain : la farine
ei\ différente félon que Ton a moulu plus haut
ou plus bas , plus vite ou plus lentement : en
général , il vaut mieux moudre plus haut , parce
qu'on perd ainfi moins de farine* Cîpendant en
moulant bas & doucement , la farine en eft meil-
leure. Mais auffi quand on moud lenrcment»
il y 3 plus de folle farine pour le meunier. Il eft en
général un milieu à garder en cela , comme dans
tout.
Dans la mouture économique ^ il faut commencer
par mettre la mcuîe plus haut que dans la mou-
turc en groffe ^ pour faire d*abord la première
farine de blé > avec le gruau &t le fon,
Enfuite on tient» pour remoudre le gruau, la
meule plus bas môme que dans la mouture en
groffe; alors le moulin va plus vite» parce que
le f^ruau eft plus aifé à moudre que le grain.
£n moulant haut, on fait plus de gruau , parce
qu ainfi l'on concaffe ; au lieu qu'en moulant
h2% ^ on fait plus de -farine, parce que Ton écrafe
plus le grain.
On moud rond , quand on ne moud ni trop
haut ni trop bas, ni trop vite j ni trop lentement.
Ators^ on ne fait pas tant de gruau que fi on^
mouloit bas & lentement.
Il y en a qui , par moudre rond , entendent
moudre vite ; mais ce n'eft pas la façon la plus
ordinaire de s'exprimer pour dire moudre vite, ^^^
Il ne fuffit pas , pour avoir beaucoup de farine ^
& pour Tavoir bonne , de la paffe r par phi fleurs
hluteaux ; il faut auffi en faire la mouture à plu-
fleurs reprifes ; car fi on moud le grain en une
feule fois , de façon qu^on le réduHe tout en
farine , c'eft - à - dire , fi on approche affez les
meules » ^ fi on fait aller le moulin aftez fort
pour qu'il ne fe faffe point de gruau, on moud auffi.
en même temps du fon , qui paffe avec la farinç'
par le bluteau , même le plus fin r la farine méléè-
de ce fon pulvérifè eft moins blanche; 8c elle
prend auffi de la chaleur uvcc Todeur & le go&t
<.L M E U
d<îi meuks » par la viteiTe & par la force du
ffiouUge.
On eft donc obligé d'approcher moins les meules
en moulant k blc ; ce qui fait du gruau , qu*il
faut remoudre pour le réduire en une farine
qui foit plus facile & pîuî propre à être mife
en pâte pour en faire du pain.
Ce que Ton nomms U frtmiht farine dt hil^
eft la partie la plus tendre , la plus douce du
grain; elle vieni plus de riniéneur du blé lorf-
qu ïl eft fec.
Le fécond gruau , qui eft moins blanc par la
féconde écorce du blé , qui y eft attachée , &
par un peu de germe , auquel il eft mêlé , vient
encore moins du centre du grain , que le premier
gruau^ que le gruau blanc, qui ne participe plus
à Técorcc du grain , & qui en eft comme Ta*
mande.
C'eft ce qui fait auc le fccond gruau donne le
flcura^< , lorfqu on le remoud ; c*cft encore la
raifon pour laquelle ce fccond gruau bpit plus
d'eau , qu tl a plus de goût & qu il eft préféré
par les pàûftiers.
Le fleuraje ou le remoulage eft donc le fon du
gruau ; c*eft une t(Tue de la mouture du gruau ,
comme le fon ordinaire Tefl du grain.
On a été long-temps avant de favoir tirer le
gruau du fon gras. Autrefois le fon gras ne fcrvoit
qu'a faire de l'amidon & à en ertgraifler des
bcftiaux. Enfuîic un elTaya de faire du pain avec
fa groifc farine qu on avoir taché de fèparer de ce
fon ; mais le tamis qui croît alTez gros pour laiftcr
Eafter le gruau , laiHoit paflcr en mimt temps
eaucoup de fon.
D'ailleurs ^ indépendamment de ce fon dans
lequel fe trouve mêlé le gruau , il y en a encore
qui eft attaché à une grande partie du gruau ,
ce qui fait le gruau bis : & on ne peut fèparer
ce fon qu*en moulant le gruau , comme on a moulu
le grain , ce qu'on nomme rcngrener.
C'eft à Senîis qu'on a commencé à fèparer le
gruau t & à le remoudre avec fuccés « il y a en-
viron un fiècle i ce fut un des ancêtres des Pi^eauts,
^uL font encore de bons & riches meuniers à
cnlis, & qu'on peut regarder en France, comme
on regardoit les Pifons en Italie. Cette mêtliodc
de fèparer le gruau & de le remoudre fijt portée
dans le voiûnage de cette ville , à Bcaumont Sl
à Charobli , par des garçons meuniers fortis de
Senlii.
Il Y eut dans les commencemens des meuniers
qui nrcnt remoudre le fon gras , tel qull eft , pour
CCI avoir la farine y mais n'ayant point encore Tart
de bluter comme on la perfeâionné depuis » cette
farine étoit toujours groftiére & mêlée de (on^
Quelques boulangers, au lieu de faire remoudre
& de tamifer le fon gras , le mirent tremper avec
de Teau dans des tincs « pour , par ce moyen »
en &tûr le plus gros & le plus léger foa , qui
Atfnageoit.
s
M E u
Eftfuice ils prenoient le gruiu amolli ^ & apréi
avoir délayé les levains , ils le pétriiToient en y
ajoutant de la farine, & ils en faifoient du pain.
Le pain provenant du gruau ainfi trempé chei
quelques boulangers» ou tamifé & remoulu par
d'autres , écoit le pain du gruau qu on nommoit
vulgairement U gruau*
On fait encore aducllement de ce pain de gruau
en Bretagne ; on le nomme aujourd'hui pain
mouJf*nit*
C'étoit le pain le plus gros & le plus bis ; mais
malgré le préjugé , & la mauvaife fabrication
de ce pain , il n étoit pas le plus mauvais ^u*il
y eût , parce que le gruau qu'il contenoit lui don-
noit du goût*
Néanmoins c'é toit pré vtriquer , que de faire dit
pain avec du gruau : on s*en cachoit , & on it'o-
loit y travailler que de nuit. Ce fut pendant la
mauvaife année de 1709 » que cette fraude eut
lieu plus que jamais.
Dans la fuite l'indigence particulière fit cont!*'
nuer ce que la difette publique avott occafionné :
la néceffité perpétua Texpérience. Rien n*eft plus
propre à inftruire , que rcipérience & la néceffité.
On profita encore plus de ces recherches quel-
ques années après , dans la difette fuivante , qui
fut en 1725 : on perfedionna beaucoup alors ces
connoiftanccs par les efforts nouveaux qu'on fit
cette année-là.
La plupart des boulangers & des meuniers ^
qui vendoicnt leur fon pour faire de l'amidon , ou
pour nourrir les beftiaux » difoient que rcmoudrc
du fon gras » c'étoît vouloir faire de la iàrine
avec du fon ; faire manger aux hommes ce qui
ne devoir fervir de nourriture qu'aux bêtes ; enfin ^
que c'étoit tirer d*un fac deux moutures ; ce qui
pourtant ne doit s'entendre que des meuniers
qui recevant de Targent pour moudre , prennent
encore de la farine.
Quelques marchands de fon , du nombre dcf-
quels a été M. Maliffet , s'aviférent de fèparer le
gruau des fans qu'ils achetoîent , 8t ils fc mirent
dans l'ufage de le faire remoudre pour le revendre
eu farine. Ils étoient d'autant plus encouragés à
ce travail , qu*il leur reftoit encore à peu-prés la
même mefure de fon après en avoir retiré le
gruau ; ce qui leur faifoit un profit affuré , parce
que , quoique le fon gras fe vende plus cher que
le gros fon , que le um maigre , on ne le vencf
jamais à proportion du gniau qu'on en peut tirer,
fur- tout parce qu'on l'achète à U mefure & ooa
au poids.
Les marchands qui font ce commerce de fon ,
qui en tirent le gruau ; & qui font remoudre ce
gruau , font nommés grena'dUurs : c'eft ordinaire-
ment dans les moulins- à-vent qu'ils font remoudre
leurs gruaux , dont ils revendent la farine aus
boulangers 9 fouvent à ceux même de qui ils ont
acheté le gruau ou le fon gras.
I
M E U
Li plupart des meuniers & des boulangers ap-
pfcaint dans U faite que les marchands de (on
prràioîcm beaucoup fur le gruau qu'ils retiroîent
de leur ion ^ fc mirent depuis à bluter & à re-
tîter euir*in^m» le Ton du gruau , pour le vendre
tti potir remployer,
Oo a ainfi tenté bien des moyens diffèrens avant
Jétre parvenu à tirer le gruau pur du fon gras ,
& à le rcinoudre. Ces navaux ont été diamant
plus utiles , que le gruau donne en Je retnoulant ,
h plus belle & la meilleure fcrine : elle efl plus
fabAantielte & plus féche que la première fanne
mimt qu'on tire du blé : elle boit plus , & par
confi^Bem elle fait une plus grande quantité de
paÎA.
A PaHs & aux environs » les meuniers 8c les
boulargers favcnttous préfentement tirer le gruau
du foa y & ta plupart le font remoudre.
Plus loin que dix a douLc lieues de la capitale ,
Us boolangers qui favent faire ou tirer les gruaux
fbi (on gras, les vendent aux grenailleurs ; cn6n
30<de)à de cette difVance de Paris, non-feulement
00 n'.:ft pas dans Tufige de remoudre les gruaux ,
IBÛ ofi ne fait pas même les tirer du fou gras ;
HQ fie moud qu a la grofTe ruflique.
Enfin on peut dire en général qu'on moui &
qu'oa btute d'autant plus mal, on lire d*autanc
moins de farine- lies grains , qu'on eft plus éloi-
!pé de la capitale : dans les campagnes qui nca
ont pas voilincs , les fons reftent chargés d*une
partie farineufe ft confidérable , qu'on boulanger
iMminé Marin , qui ert allé s*établir, il y a quel-
Îesaoïtèes, à Nangis, qui n'eft qu'à douie lieues
Paris, n'achetoit ni grain ni farine pour faire
du pain ; il achetoit feulement du fon gras , dont
ildroîile gruau, qu'il faifoit remoudre pour en
Un du pain ; & ce boulanger de Nangis eut la
riptttation de faire le meilleur pain d'.i pays-
Oeû donc à jufte titre que k méthode de fè-
parer le gruau du fon, & de le remoudre, cft
AOmoaee mauturc économique , puifqu'ellc ménage
plus de farine , & qu elle la donne meilleure ,
poiirvy qu''on ne remoule pas trop de fois.
D'après ce qui vient d'être dit , on peut diflin-
guer trois claflcs de meuniers ; la première cA de
ceux qui ne favent moudre qu'en ^tojfe rnpqne.
La fccooie , de ceux qui favent mouitre &
rcmoodre , mais qui ne favent point faire TalTor-
tixaent des farines.
La troiijéme, de ceux qui non-feulement font
dans Tufage de moudre ik de remoudre , mais
^ enopre favent faire un^bon mélange des farines*
Soivanc la mouture méridionale , on moud le blé
preaaèérement , & on le blute enfuite à part, Cttte
nourtire eft pratiquée dans quelques pays mért*
dtonaux , où lart de la meunerie s'efl plutôt pcr-
(pâîonnê par la façon de bluter que par celle de
Afffés que le grain eft moulu , on hiCCc paiTer
fod^puB temps avant que de procéder au blutage ;
M E u
ï^
(le cette façon , on retire de la rame ( c'eft le
nom que Ton donne à la farine & au fon qui ne
font point fcparés ) plus de farine, & de meil-
leure qualité»
Au fortir du moulin la f2.me eft chaude , c'eft
pourquoi on la lailTe refroidir ; mais elle com-
mence bientôt à fermenter d*elle-mème , & pour
que la chaleur ne foit pas plus forte au milieu
du tas qu au dehors , on a foin de remuer la rame
de temps en temps.
Quand cette fermentaiion a cefTé , & que la
rame n'eft plus chaude, on examine ù elle eft
en ctat d être blutée j pour cet effet , on en met
une poignée fur iinç palette, & on la fait fauter
en Tair : ft la farine retombe la première fur U
palcne , & que le fon paroilTc être fins farine ,
on peut alors la bluter.
Pour tirer les farines de la rame , on la fait
parter par un bluteau qui eft de trois groffeurs
différentes qui fe fuivent.
La farine qui tombe la première par la partie
la plus une du bhiteau , eft la farine du minot ,
qu'on envoie en Amérique.
Celle qui pafte par la partie du blutoir qui
eft moins fine que la première , fe nomme firme
fimple i c'eft pour le bourgeois ou pour le bou-
langer.
Enfin la troifièmc farine , qui eft la plus groffe ^
eft celle que Ton non: me le ^réfiUon , dont le
pauvre fait fon pain»
Le fon fort par le bout du bluteau , il eft en-
core mêlé avec une groffe farine que Ton nomme
rep.i *Jt , parce que Ton repafTe cette farine par
un blutoir qui la fépare du fon.
Dt la mouture Saxonne pour U froments
La manière de moudre le froment pour les
boulangers eft celle-ci : avant que et le conduire
au moulin , on le nettoie , c'eft à-dire , on le
vanne , afin qu*il n*y rcfte aucune femence étran*
gère , après quoi on le lave : fi le grain eft plus fcc
qu humide, on n'en humcâe que la moitié. Voici
comment on procède à c^tte dernière opération.
Un boiffeau de Drefdc eft partagé en deux
portions égales : on en met la moitié dans un
tonneau , & on verfe deflTus de l'eau bien pure p
que Ton agite fortement avec une pelle ou avec
les mains , pour détacher toute la pouffière qui
pourroit erre adhérente au grain , enforte que le
froment refte entièrement net. On laiffe écouler
l'eau , & Ton jette fur le grain mouillé rautre
moitié du boiffeau , qui a été vannée encore une
fois. On mèlc bien ces deux parties Tune avec
l'autre , afin que celle qui eft mouillée hume^le
Tautre. On couvre le froment avec des facs , &
on le laiffe repofer ainfi pendant vingt -quatre
heures*
Si le grain eft plus fec qu*humide on en lave
les trois quarts , 6c on y mêle Tautre quart encore
fcc , après Tavoir nettoyé avec le plus grand foin.
i6
M EU
Si le graîn étoît excelllvemcnt foc, on Iivcro't
le botiTca^ tout entier, 6c on le bifleroit couvert
pendant un jour.
^uand le froment cJi trop fec lorfqu'on le
rnçt fur le moulin, non feule m *; m U farine s'en
va en poufllère, mais elle eft moins blanche fie
récôrce ne fe fèpare pas fi bien.
Pour favoir fi le nit^Unge de froment eft affez
hun^eÂé, les boulangers plongent la main dan$ le
fac; ii s y attache beaucoup ùe grain lorf^u'il efl
aâez humide ; s'il ne s*cn attache que peu ou
point , c^eft une marque que le grain eA encore
trop feci dans ce cas, on y remet de Icau , on
agite de nouveau le grain , après quoi on laiffe
écouler Teau*
Afin que cet écoulement puiffe fc faire plus
exaSement , les boulangers ont une caifTe faîte
exprés , que Ton nomme à Leîpfick , la fcknct 8c
dans d'autres lieux de Saxe rkumefîoln
Cette machine porte un fond de fil-de fer, &
fur les cotés on y adapte deux perches pour ta
iranfporter plus commodément d'un lieu à un
autre : elle ci^ aiïez grande pour contenir à Taife
un boiiTeau de Drefde.
Lorfqu'#n a fait écouler Peau du tonneau dans
lequel on lave le grain , on pofe la caifle ou l'hu-
mcft^>ir prés du tonneau : on jette le grain ; &
quand il e{l bien ègoutté » on y mêle la portion
qu'on a réfcrvéc sechc.
Après avoir laiiTc repofer le grain aflcz long-
temps pour que l humidité fe répande également
par tout j on le met fur le moulin. On ne prend
pas pour cela un feul botiïeau à la f.>is , on
engrené dans les grands moulins jufqu'à fix ou
même fcpt boifleaux. Communément on en livre
vingt- huit boifieaux pour quatre moutures.
Cette mèthoie eft devenue néccfiaire à caufe
de la grande confommation qu'en font les bou-
langers ; car la farine de ce grain humeftè ne fc
conferve pas long-temps ; il faut remployer im-
médiatement après*
D ailleurs les boulangers font bien aifes que
Von repique les meules avant que d'engrener pour
eux, Lorfque les meules font émouffées , elles
écrafent le grain plutôt que lic le cafler , enibrte
qu'il n'cft point moulu comme il faut.
Après que les meules ont été repiquées , on
engrène du fon , pour enlever les petites parti-
cules de pierre qui ie détachent aux premiers
tours , après le r'hëbiUemenr,
On continue à remoudre du fon , jufqu^à ce
qu'on le rciïorte aufli net qu'on Ta mis fur le
moulin : alors on jette fur le moulin les fept boîf-
feaui deilînés pour le premier tour.
Si le iromeot a quetque défaut » fur*touc s'il
eft attaqué de k nielle , on met un bluttau exprés ^
fait de fi! dc-fcr , ou de quelqu'ctoffe groltière.
Ceux de fil*de-fer font les meilleurs , iU élèvent
tellement la meule, que le grain paflç le plus
fouvent tout entier»
M E u
Le frottement fait tomber la pointe des graînt
Le* falctés » qui font abfolument noires lorfque
le grain cfi fort attaqué de cette maUdic , ym-
bent dans la huche à travers le bluteiu » tandis
que le froment fort par Touverture du blutoir.
Op arpellc le grain ainfi préparé » du fromem
é pointé,
Lorfqu'ileA tout pafle, on le raflemblc, on ôte
le blutcau de fil -de -fer, on enlève citaâcment
toutes les faletés , & Ton met fur le moulin un
bluteau p!us clair.
Si le froment eft bien pur & fens aucun dé-
faut , Topèration que Ton vient de décrire devient
inutile.
Après cette préparation , on remet fur le mouUn
U froment é pointe y & on le fait égruger. On le
paiTc enfuite dans un crible exprès tau de fil-de-
fer ou de biton , que Ton nomme dans le pays
crïhU a gruau.
Le fon qui refte dans le crible eft mis de côté ;
on l'appelle /o/i igmgi ; ce qui pafte au travers du
crible eft le ^ruau*
Après que tout le froment a été égrugé , on
met pour la première fois le gruau fur le mou-
lin ♦ & on remoud : on tire de la huche la fartttC
qui porte le nom de farine égrug^e.
Quant au gruau qui tombe par rcxtrèm'tè du
blutoir , on le fait paflTer par un tamis plus Eâ a
que le précédent. Le gruau qui refte dans le tamis
s*appellc du fon époinié ; on le mçi de côté ,
comme on a fait pour le fon égrugi. Toutes cet
opérations fe nomment la pr^^miirc pjjfée.
On remet après cela pour la féconde fois- le
gruau qui a paiTè au moulin , pour en tirer la
Urine ; c'eft la meilleure efpéce, à qui Ton donne
le nom de première farine de gruau.
Quand le gruau a paCté pour la féconde fois au
mouUn , c'cft ce qu*on appelle la fécond* p*ijpie ; OU
tire de nouveau la farrnc de la huche, & on remet
le gruau pour la troifième fo.s. Si la farine qui
en fort eft encore fine , on la mêle avec la bianciie ,
& cette paffée fc nomme h trûifième pajffee pour
la fine farine. Cela ne peut avoir lieu que quand
le blé eft bon Ôt farineux ; s'il a beaucoup d*é-
corce , la farine qui fort à cette troifième paflee
n eft pas affex blanche pour être mêlée avec U
fine farine.
Qn mêle enfemble toutes ces diftïrcntes fortes
de farines ; & l'on juge fans peine de reïcellentc
qualité du pain compofè des farines de la prc*
mière ou des deux premières paffécs.
On reprend les gruaux épointés dont nous avons
parlé plus haut , que Von mêle avec le gruau quj
a paué pour la troifième fois fur le moulin ; oa
fait pafler ce mélange encore deux ou trois fois »
6t Ion en tire de trois fortes de farines , qui font
une féconde farine de gruau. Le gruau qui refte
après toutes ces opérations fc nommt fon de cruatu
Après avoir tiré du gruau tout ce qu il eft
pofliblc , on fait paffcr deux ou avémc trois fok
¥
I
M E U
; on prend en fenabie le produit de
trois paiTécs ; on les moud , & on
eà retire une boanc farine moyenne , que Ton
fliêie avec la féconde farine de gruau , dont nous
ftDons de parler*
Où peut encore faire pafler le ibri deux & trois
(ûn$ , ou même davantage , pour en tirer de la
kffdiUt , qui eft une farine noire.
Suivant cette méthode, on retire d*un boiffeau
àttromctïî douze mefures de farine blanche » trois
Oii même quatre mefures de farine moyenne >
îînc oo deux mefures de bifaille. Chaque mefurc
de farine blanche péfe jufquà fcpt livres trois
«pins; la bifatUe un peu moins , & le fon quatre
Brres & demie jufqu'i cinq livres, fuivant qu'on
la reptfle avec plus ou moins d'exaâitude èc de
Du feigU*
Oa commence par le nettoyer foîgneufement ,
enfoite on îliumeàe avec de Teau au point qu*il
s'aftacbe aux doigts Iorfqu*on y met la main : on
le laj^e dans les fa es vtngt^uatre heures & plus
Srès cette préparation ; au bout de ce temps il
:jprct à être moulu:
Si Ton veut faire un pain blanc de la première
qualité, on commence par Tépointer, comme on
a pu ]e Toir ci-dedus , où nous avons rapporté
la mmére de moudre le froment.
Lorfque Ton a pris toutes ces précautions , oo
ère la tarine de la huche, on met au moulin un
Uitteau très-6ji , après quoi on jette dans la trémie
b £iftne égrugée , & on la moud régulièrement
LorfquVlle a paHe pour la féconde fois par le
floolla ^ on emporte la farine» blanche qui eA def-
tbèc à faire le pain le plus blanc. On ôte alors
le blmeau fin , & on en fubAitue un ordinaire ,
ctâ n*efl pas de la même £neffe. On remet la
urine i{uatre , cinq fois ou même davantage ,
fittraot Tufage qu on en veut faire , & on la fait
Ia, farine qu*on tire de ces quatre paâ'ées eft
m^tè enfemble pour en faire du pain de ménage ,,
ou de gros pains que Ton porte au marché.
La tarine qu on a tirée de la féconde pafTéc
donne un pain plus blanc , mais qui titÙ. pas û
htm iiue lorfqu'on moud toute la provifion à la
fitis , 8t qu'on mêle toutes les paiTées.
De cène manière on tire toute la farine d*un
botfleaii de feigle ; il ne reAe que neuf ou dix livres
de ton t fouvent même il n'y en a que fîx ou
fepc livres. Le déchet fur chaque boîHeau , à caufe
iù U ^fine qui s'en va en pouffiére , eft d'en-
viron cifiq livres.
Qoam au droit du meunier , il y a une diffé-
rtxice qu^il faut remarquer. Si des particuliers qui
flc fom pas boulangers de profeflion font moudre
éa EfaÎQ , on en retient la feizième partie pour
k marc du mmnier.
Potir le$ antres droits du moulin , le boulanger
^m & Mdntru Tom F. Part, L
^jM E U ^17
donne , fur^ ving-huit boifTeaux de froment » un
tonneau de f6n qui contient a peu prés deux
boiHcaux de Drefde; il en délivre tout autant pour
le feigle.
Le premier garçon du moulin retire de chaque
boiiïeau de grain qui vient au moulin , utie grofchc
d'étrennes^ & fi te propriétaire du grain ne moud
pas lui-même, on donne encore une grofche par
boiiïeau pour le travail de toutes les opérations
que nous venons de décrire.
Manière de moudre â Wlmmherg.
La table fuivante montre exactement les divers
procédés établis dans cette ville , lorfqu'on veut
moudre du froment. Il fera facile de les com-
prendre , après la defcription détaillée que nows
avons donnée ci-defltis de la manière de moudre
à Leipfick & en d'autres Lieux de la ^axe.
Passées
OK ENCRi»!
Il passe
DANS
LEBLUTEAU
Il sort
PAU L*EXTlltMITÉ
DO BLUTEAU
L
Froment.
Farine
ëpointtfep
Ble ép ointe ,
que Ton passe au
tamis ; et il reste
dans le crible du
son époinîé , ou
iVcorcedup;rain.
IL
Froment
épointé.
Farine
égrugée.
Bléegrugéjon
le tamise ;lcson|
de çruau demeu-
re dans le tarais,
et le gruau en
sort.
in.
Gruau,
Farine de
^ruaujaplus
fine farine.
Gruau.
IV.
Gruau.
Farine
blanche
ordinaire.
Son de gruau.
V,
Son de gruau
auquel on
ajoute le son
de ^ruau
du u". T^*
Farine
moyenne.
Fin son.
VI.
Fin sou.
Farine noire.
Farine gros-
sière ou bi'
saille.
Gros son.
Obfervez que la farine épointèe du n*. L fe
joint à la blfaillc du ^^ IV. U froment pur &
de bonne qualité n'a pas befoin d*ètre épointé.
La première & la féconde paffée du gruau fe
prennent toujours enfemble , & donnent de la
farine blanche ordinaire.
La farine moyenne eft pafTée deux fois< Souvent
même la farine noire ou bifaille fc met auffi deux
C
i8
M E U
fois fur le moulin ; quelques-uns h joignent à la
farine de fctgle.
Le gruau eft de dilTérentes qualités » mais on
ne lui donne pas des noms différcns^
Il y a deux fortes de fon de gruau , n^ Il &
IV. On les remet au moulin avec le n\ V,
Toute U mouture paffcpar le même bluteau;
par conféquent toute la farine eft également fine ,
quoiqu'elle ne foit pas de la même blancheur.
On ne connoît à Wiciemberg que deux fortes
de farine de feigle \ favoir , la farine proprement
dite , que Ton patfe jufqu*à cinq fois ; & la bifailU ,
que Ton tire de la fixiéme & dernière paffée,
On fait pafler le feigle fix fois » & le froment
jufqu*à huit.
Li produit des meut uns*
En général le produit des moutures en farine , eft
les trois quarts du poids du grain ; & Taurre quart
eft en fon & en déchet ; cela varie toutefois félon
la bonté & fclon Tordoonance drs moulins , félon
le favoir-faire des meuniers , & félon les différentes
méthodes de moudre , qui font beaucoup plus
qu'on ne le croit encore à la quantité & à la qua-
lité des Cannes, Il y a une djflfèrence étonnante
du produit de la mouture ruAique aux produits
des autres moutures, tant de la mouture écono-
mique que de la mouture en groiTe proprement
dite , & de la mouture méridionale.
Il y a des moulins qui d*un fetier de blé, pe-
fant 240 livres , ne rendent par la moulure ruf-
tique , que 80 à 90 livres de farine , & 1^50 à
j6o livres de fon. Les meuniers les moins mal-
appris tirent de cette quantité de blé par la mou-
ture ruftique, au plus 120 livres de farine , & le
refte en fon , â moins qu'ils ne fe fervent d*un
gros blutoir comme pour le pauvre.
Au lieu que par la mouture économique on
peut tirer de la même quantité de grain, c'e/là-
dire, de 240 livres de blé, jufquà i8ç livres de
farine , & ^o livres de fon : favoir , huit boiileaux
de première farine dire de blé ^ quatre boiâfeaux de
premier gruau , ou gruau blanc , deux boifleaux
de fécond gruau ou gruau gris« ëc un bolfTeau de
gruau bis ; plus, deux boiileaux de recoupcttes Si
2c recoupes , fix hoiffeaux de eros fon , & enfin
un boiiïeau de re moulage ou iteurage.
Le produit de la mouture méridionale eft à
peu-près le même que celui de là mouture éco-
nomique : d'un fetier de blé pcfart J40 libres on
lire ordinairement par la mouture méridionale
i8o livres de '{arme & ^o livres de fon.
Le produit eft plus grand de la mouture éco-
nomique que de toute autre mouture : ^e dis le
produit » & en mefurc & en poids , de farine & de
gruau» mais fur-tout en meuire, parce que la di-
vifion augmente le volume des corps fol ides qu*oa
divifc ; Of la mouture économique divxfe plus les
grains que ne font les* autres moutures.
La qiiantiié ou le poids même de li faitne eft
M E u
augmenté par la mouture économique , parce qu'y
moulant plus , on moud du fon même , qui aug*
mente la quantité & le poids de la farine oii it
eft entré , quoique la mouture économique pro-
duife plus d'évaporatian 8t de déchet que ne font
les autres moutures.
La mouture donne du volume au grain Se au
gruau. Vingt -cinq boîfleaux de gruau donnent
trente-dcux boiffeaux de farine en le remoulant.
Le grain & le gruau occupent plus de place lort
qu ils font moutus que lorfqu'ils font entiers ; &
après avoir été tanciifés ils occupent plus de place
encore que lorfqu'ils ne font que moulus.
Parallèle dis dijférenies moutures.
Il eft fi difficile de fe mettre au fait de toutes
les pratiques des différentes moutures, que ceux
qui en font profcftion, les farinïersSc les meuniers
même, ont peine à comprendre les méthodes de
moudre des autres , celles qulls ne font point dans
Tufage de pratiquer dans leurs moulins.
En général, on & plus travaillé à perfectionner
la mouture feptentrionale que la méridionale ; mais
la méthode de moudre eft plus fimple dans la
méridionale que dans la feptentrionalet
On emploie de plus grandes meute > pour la mou-
ture feptentrionale que pour la méridionale ; maîf
les pierres des meules pour la mouture feptentrio-
nale font plus graveleufes que celles delà mouture
méridionale, qui font plus dure*.
On ne pique pas régulièrement en rayons les
meules , pour la mouture miéridionale , comme,
on fait pour la feptentrionale aux environs d9
Paris*
L'avantage de la méthode d*at tacher les blurcaux
au moulin , comme on fait dans la mouture ruftique
6l dans l'économique, pour bluter la farine & fe
fon en même temps qu'on moud le grain, c'eil
d'épargner le tems ôila main-d'œuvre , &de don-
ner aux bluteaux un mouvement plus égal que
lorfquon blute à la main hors du moulin, commo-
on fait dans la mouture méridionale & dans la
mouture en groffe proprement dite.
Blutera la main : c^cft tourner le blutoir rfvec anc
manivelle dans un appartement deftlné à cet ufagc-
II y a. dans la mouture économique & dans la
ruftique y la difficulté d'accorder le blutage avec
le moulage : il faut, pour que cda réuftide , que
îc blutcau foit proportionné à la force du moulin:
il faut que le premier bïuteau & le dodinagc fotent
bien placés, & que leurs mouvemens répondent
au mouvement de la meule j cc^ qui demande de
Tcxpérience & de radreffe.
D'ailleurs la farine ne fe blute pas fi bien ctarrt
chaude , que fi elle avait eu le temps de fe refroidir
avant qu'on la pafTe, parce que tout a plus de
volume »c'eft- à -dire, cil plus g^os, étant chaud
que froid.
La farine fort toujours chaude d'entre les meules^
de quelque façon qu'ion moule ; c*cft une dtt
â
F *^
M EU
M E U
»9
»
«bafo oii le iBo *re le plus ThabUetè du meunier ,
flie fie moudre de Lqon quÛ faife la farine
moim chaude ; plus les meules travaillent h farine,
fis elles réchauffent, & plus elles en altèrent
qualité ^ en révaporajnt pat le mouvemenc &
pat b diviûon.
Je le répète » plus on moud , plus on fait la
fartoe chaude» plus on fait de déchet & d*éva-
^Oration ; & il faut favoir que la farine qui a été
eduiifTée par les meules prend moins d'eau ; elle
ril fan propre goût, oc elle prend Todeur de
pierre des meules qui fent échauffées eîles-
aièixies par le frottement; de forte qu'une partie
delà qualité de la farine, la plus fubcile & la
ineiQcure , fe diiEpe û Von moud trop. L'expérience
journalière nous Tapprend : on mange quelque-
fotl du pain qui , quoique blanc, bien fait & bien
oift, a peu de goût; ce qui vient de ce qwe la
bnise en a été ainfi évaporée.
En un mot , ù Ton remoyd trop > on fait tort
k la qualité , non • feulement par le fon qu'on y
mclc en le moulant fin comme la farine, mais
luffi parce quen moulant trop, on décompofe
la farine , & on en évapore Tefprit , qui en fait
h melUeore aualhé*
La bonté oc la farine qui dépend de celle du
puati qui y eft mêlé , eft plus confervée par la
ttocifiire en grofle; mais la qualité de la farine
qm dépend de la fineffe, eft plus grande par la
Bouture économique, qui moud plus.
PUîs on fait de gruaux, ou plus on les remoud,
pics il fe fait de diilîpatîon; d'ailleurs cela eft
plus long , plus pénible , & occupe plus un mou-
lin; au lieu qu'en fe fervanr d un bluteau plus
gros , on ne fait qu une ou deux fortes de gruaux,
& ainfi on ne remoud qu*une ou deux fois.
On eft plus long-teros à moudre par écono-
mie qu*en groffe; mais on eft plus long-tems k
Uoter en groffe que par économie , où Ton blu-
te en même temps qu'on moud.
11 eft vrai qu'en blutant au moulin en môme
leaps qu'on moud , on épargne le temps qu on
Jiieon>ît à bluter hors le moulin après Ja mou-
tire ; mais le blutage ne peut fe faire auffi bien
fit par un auiïi grand nombre de bluteaujç au
soûlin qac dans >jne blutcrie, comme on fait
par la itioumre en groffe proprement dite.
S'il en coûte plus dans la mouture en groffe^
parce qu'on y blute à la main , il en coûte plus
suffi pour la mouture économique , parce que l'on
y met plus de temps & de travail ; il faut payer
SB nouHn pour la mouture économique au moins
tta tiers de plus que pour la mouture en groffe
proprement dite.
Le moulin ne va pas fi long -temps dans la
mouture en groffe, que dans la mouture éco-
ooϔqae; mais il va plus fort dans la mouture
co f^offe que dans la mouture économique.
Efl général , on travaille plus proprement dans
h9 Provinces méridionales ; on y eft fuigneux
de recevoir les différences urines dans des cafcs
diftinguées & mieux fermées : on évente moins
les farines par la moulure méridionale. Il eft vrai
3UC Je pays étant plus chaud , on a plus befoin
e cette attention,
Paur réfumer ce qui vient d'être dit des mou-
tures, on doit obferver que les produits de la
mouture économique & de la méridionale fur-
paffent celui de la mouture en groffe propre-
ment dite, quoique cette mouture approche bien
des deux autres par la quantité, & qu'elle foie
trés-fupérieure à la mouture ruflîque par la blu-
terie , au moyen de laquelle la mouture en groffe»
comme la mouture méridionale , tire toute la fa-
rine & les gruaux du fon; ce qu'on ne fait point
par la mouture ruftiquc » qui n*a qu'un bluteau ,
qui blute auffitôt après qu'on a moulu , ou en
moulant.
La mouture économique ne fait pas tort aux
riches, parce qu'elle leur procure du pain plus
à leur goût, qui efl fait du gruau remouUi;
mais cette mouture en fait au public , pour le-
quel il ferait bon, après avoir féparélefon du gruau
& de la farine ^ & après avoir rcmoulu le gruau ^
de recombiner les farines &les gruaux différem-
ment, félonies différentes qualités des grains,
par rapport au terroir & au climat , & feloa
les diverfes fortes de pain , qu'on a à faire.
La mouture en groffe proprement dite eft plus
favorable au public que n'eft la mouture économi-
que t parce que ta mouture en groffe fournit plus de
farine bife que de blanche, & qu'au contraire la
mouture économique tire plus de farine blanche
que de bife.
On peut dire en général , que la mouture éco-
nomique eft plus profitable pour les boulangers
& pour les marchands de farine, que pour les
acheteurs : en tout le vendeur prohte plus que
l'acheteur par la mouture économique ; & encore
une fois elle eft auffi plus avantageufe aux riches
qu'aux pauvres , parce qu'elle fait confommer la
meilleure partie du grain par les riches , dont elle
ne fait pas la principale nourriture , comme elle
fait celle des pauvres.
La mouture économique donne un pain plus
blanc que celui de la mouture en groffe, parce
qu'elle dlvife plus la farine, ce qui la blanchit ;
mais le pain qui réfultc de la mouture en groffe
a plus de ^oût. A juger de la bonté du pain par
les yeux, on aimera mieux celui qui vient de
la mouture économique, parce qu'il eft plus blanc.
Mais à en juger par le goût & par la quantité^
fï l'on aime ce qu'on nomme pain' de -ménage ^
on prèiercra le pain de la mouture en groffe
au pain de la mouture économique.
La, mouture méridionale réunit deux avan-
tages ; l'un de donner une farine plus blanche
encore que celle de la mouture économique , parce
que la farine delà mouture méridionale ell mieux
purgée de fon : Vautre avatuage, c'eft d'avoir
C ij
lo M E U
coni«rvi la qualité de la farine, comme on fait dans
la moumre en greffe proprement dite , parce que
ta farine a été moins échauffée & moins évaporée
par les meules que dans la mouture économique.
Le pain qui réfulte de la mouture méridionale
cft aulTi blanc que celui de la mouture économi-
que , parce que la farine en eft auffi divifée.
Enfin , U perfeélion qu'on a mifc à moudre
& à bluter, peut augmenter Tabondance d'envi-
ron un tiers. Ceux qui favent bien moudre,
bien bluter, & bien pétrir, peuvent faire amant
de pain avec deux fetiers de blé , qu'on en
faifoit avunt le fiècîe préfem avec trois fetiers,
parce qifon fait tirer aujourd'hui plus de farine
du grain , & plus de paîn de la farine.
D<s moulins en gtnéraL
Le mouUn cft un inAniment dcftinè à îa pré-
paration du premier & du plus nécefTaîre des
aljmens. Il y a bien delà différence entre piler
fimpleraent le grain dans un mortier , comme Ton
faifoit autrefois , ou le moudre & bluter , com-
me on le fait aujourd'hui. Pour comprendre l'art
du meunier, il faut favoir ce que c'cfl qu'un
moulin , & connaître en général le mècanifmc
de cette machine, qui cfl très - compofée.
Les parties principales d'un moulin, font i',
U trémie, La trémie proprement dkc â tumendo ,
cft, correâemcnt parlant, ce que Ton nomme
VauM^ qui a du mouvement par celui des meu-
les .Aiais ce que Ton nomme aujourd'hui la trémie
eft une efpéce d*auge carrée faite en entonnoir ,
dans laquelle on verle le grain à moudre , & dont
Foy verture inférieure donne dans un auget , par
lequel le grain tombe de la trémie entre les meu-
les pour être réduit en farine.
a ° Les meules , qui font pofées horizontalement
l*unc fur Tautre , dont la fupérieure tourne fur
rinférieure. Celle de defTous cft immobile ; il nV
a que celle de deifus qui foit en mouvement , &.
qu'on peut élever ou atterrer» c'efl-i-dirc , abaif-
fcr fclon le befoin.
On nomme mcuU ^ifante la meule de defTous,
& Ton appelle meule courante la meule de deffus.
La meule gifame eft environnée d'un cercle
d*ais, vers lequel la meule courante envoie le
grain moulu , à mefure qu'elle le pulvcrife , &
il eft déterminé par ctxit prefllon & par le mou-
vement circulaire de la meule fupérieure du cen-
tre où il eft reçu, vers le bord de Tinférieure,
auquel cft une ouverture par laquelle forient
la wrine & le fon cnfemblc.
Si ce qui environne & renferme les meules
n'était pas rond, i) s'amafîerait dans les coins,
de la farine qui ponrroit étfé un profit illégitime
du meunier.
Cela arriveroit auffi , fi ce qui cirvironne les
•icules étoit trop éloigné- ( Le règlement publié
CQ Saïc, Tan ijôS, ordonne que \ç cercU m
M E u
fera éiûigné des meules que de deux poucei ^ ce
qui a été adopté dans rordonnnnce de police de
Magdcbourg en 1688, dans le rêglemcut des
meuniers de Bavière & ailleurs. )
Le même inconvénient arrivera, fi les aïs (lUi
font ce cercle pour contenir la farine, fantfenclus
ou troués ailleurs que vis-à-vis Tauget par lequel
eJle tombe dans la huche, oîi on U ramafTe
pour le proprlitaire , qui ne profite pas de ce
qui s'eft répandu par ailleurs.
Ce que l'on nomme vulgairement le haflîan^
ou le battant^ efl agité parle même mouvement
Êar lequel tourne la meule de deffus : le battant fait
attre l'auget , qui par ce mouvement reçoit de la
trémie le grain, & le laiffe tomber entre les meules.
Il y a au moulin une fon net te , à laquelle
cft attachée une petite corde, qui lie par Vautre
bout un poids , que fon met fur le grain ,
dans la trémie , de forte que ce poids baifTe peu à
f>eu comme le grain à mefure qu'il fe moud ;& ainfi,
orfqu'il n'y a prefque plus de grain dans la trémie »
le poids tirant la corde, fait fonner la petite cloche,
qui avertit îe garde* moulin.
Les meules font différentes dans les différens
moulins, par leur grandeur, par la nature des
pierres dont elles font compofees, par les diver-
fes façons dont elles font montées, oc félon qu'el*
les ont été. travaillées, c'cft-à-dire, qu'elles ont
été piquées , battues ou r^ habillée s ^ qui font iâ
termes fynonymes.
Dans les provinces orientales du royaume, on
fe ferr, pour la mouture méridionale , de meules
f^lus petites que celles qui font en ufage dans
es provinces du Nord pour la mouture feptcn»
trionaîe , ou les meules ont ordinairement depuis
fix pieds deux pouces jufqu'à fut pieds quatre
pouces de diamètre; au lieu que les meules pour
la mouture méridionale n'ont que cinq pîeds
tout*an-p1us.
Les meules dont on fe fert dans les provinces
méridionales tiennent plus de la nature des pier-
res i fufil j & font compofees de plus petits morceau*
que ne le font celles des provinces du Nord, qui
quelquefois font d'une feule pierre , quoique plus
grandes que celles de la mouture méridionale.
Les meules de la mouture feptentrionale font plus
fujettes à être çravcleufcs que celles de la mou-
turc méridionale.
On nomme moulage Taftion du moulin , parti-
culièrement celle des meules qui peuvent travail-^
1er difTéremment, Le moul^ige dépend, & de la
nature, & de h pofuion, & du mouvement des
meules dans le moulin.
On peut regarder comme une règle générale , que
pour taire un bon moulage , il faut que la meule
gifunte ne foit pas fi ardente que la courante*
Une meule plus ardente cft une meule plus
coupante par les inégalités qu'elle a natureUemcmt
& par celles qu'on a faites en la piquant. Les
meules de moulin font plus ardentes à proportion
^
M E U
S dont elles font compofées font dures ,
^ leïoti cu'ily a plus ou moins long-temps qu'elles
a'ûor éie rebatracf.
Les pierres de meulière blonde, oeil de per-
dra , icmt de leur nature plus ardeotes » elles
Ùtm plus trouées & plus coupantes : elles font
propres à faire tes meules courante^. La pierre
dont U meule gifante eu compofce > eft commu-
oéoiem d'un grain bleu 8c blanc.
Dans tous les moulins en général ^ il faut , pour
Uta faire ^ que la meule de deiTus foit d*une meil-
leure qualité que celle de deflbus.
U y a à prendre garde quHl ne faut pas que
les ncules aient des éraillnres ou des trous grands
& trop profonds, qui ren fer m croient trop de grain
CDoer ian» le moudre,
iorfiju^on a à remédier à cet inconvénient , on
lemplat en partie ces trous avec une pâte com--
foCèç de farine de feiglé, & d*une diffolution
époifle 8c nouvelle de chaux; de forte que cette
paie foutienne les grains dans les enfoncemens
des meules à portée des orifice» tranchans qui
les palvérifenr.
Les meuniers allemands font cette pâte avec
da firomage maigre, qui fe durcit comme de
b pierre lorfqu*on y mêle de la farine de feigle.
Dans les lieux oii it ne fe trouve point de
pieme à meule , on fait une forme de bois que
Ion remplît de pierres» On y vetfe enfuîte un
ornent propre à les unir eniemble. Quand il
cft durci , on ôte la forme & on coupe la pierre
GOUUBe on la veut avoir- Mais ce ciment eft fi
cher» ijue les meules coûtent le triple de ce qu^elles
auroieof coûté fans cela.
Pow bien moudre , il faut que les meules ne
bicmt fit ardentes ni douces : dans cet état elles
ècrafem le grain en le cafTant , elles font la farine
plm loogue^ & elles développent le foo en le
décoopani moins : le fon fait ainfi par des meu-
fa qui ne font ni trop ardentes ni trop polies»
parob au microfcope être frifé comme des ou-
bli» « & il y refte moins de farine attachée,
Lorfque les meules font trop unies , qu*elles
Oiit bcToin d^ètre rebattues , elles font un foo
plat 8c moins vidé de farine : ces meuîes écra-
feof ie grain plutôt <^u elles ne le ca/Tcnt,
Si au contraire le fon eft fait par des meu-
les trop ardentes , il eft haché , & plus blanc par
b &rine qui y eft attachée : les meules arden-
tes coupent le grain plutôt qu'elles ne le caf-
^ieiK & qu*elles ne le pulvénfent en farine.
BLcf obfirrvations qui font relatives à la difterence
^Mes meules , font plus fenfiblcs dans le fon que
|Hda»s U farine même qu^eiles produifent.
~ n faut que l'ardeur des meules fort encore
froportsoonée à ta force des moulins ou elles font
atmiéei «laquelle force dépend de la conftruôton
éei nuMilins fit de laftion de ce qui les fait mou-
voir, qui le plus fouvem eft une eau courante.
Les neufliers difent que lorfque Us deux
M E U
2T
meules font de même ardeur, h raeiilc cou-
rante tourne en approchant ; au lieu que quand
elles ne font pas de même ardeur , lorfque la
meule courante eft , comme eile doit être, plus
ardente que la meule gifante, elle tourne en
allégeant,
(Juand la meule allège , c'eft qu'elle eft C
bien montée, fi bien équilibrée, que le moindre
mouvement ou la moindre réfiftance plus d'un côté
que de Tautre , la fait un peu lever de* ce côté un
inftant, & elle fe remet auffitôt de niveau; c'eft
figne que le moulage va bien.
Les meules ne prennent de poli, c'eft -à-dire,
le raboteux de leur furface, leur âpreté , ne
s'adoucifTent , ou les tranchans des orifices de
leurs trous ne s'émouff^nt , que parce que ces
inégalités s'aplaniffent en fe mettant en pou-
dre fine par le frottement de l'une contre l'au-
tre i c'eft ce qui fait le gravier Sl Todeur de
meule qu'on trouve quelquetois dans la farine faite
par des meules neuves ou nouvellement r'habillées.
, On requiert dans le meunier TadreiTe de faire
de bons r'habiUages des meules , qui ne foienr
pas trop enfoncés j ni trop inégaux. Il y a en
général deux manières de re battre les meules
de moulin : en France, c'eft ou à coups perdus ,
fdonFufage des provinces ; ou en rayons , comme
on fait aux environs de la capitale.
On r'habilie à coups perdus, c'efl- à-dire , k
coups irréguliers, en donnant des coups avec une
cfpéce de marteau tait exprés fur les endroits
les plus unis de la meule, pour y faire des
inégalités tranchantes.
Pour rebattre les meules en rayons du centre
à la circonférence , on laiflTc des intervalles réguliers
d'environ deux pouces , fi la meule eft naturel-
lement ardente, c'eft-à-dire, inégale; û au con-
traire elle eft plus unie , il faut faire les inter-
valles des rayons la moitié moins grands ; c eft
ce qu on doit régler aufli félon ks grains qu'on eft
dans Tufage de moudre.
On efl ordinairement deux mois fansrMubiller
les meules dun moulin; quelquefois on neft que
fix femaines ; fou vent aufti on eft trois mois : enfin
on eft plus ou moins de temps , félon la natiu-e des
meules, & félon Temploi du moulin.
Un bon moulin moud ordinairement fit re-
moud,'c'eft-à- dire > moud par économie, i8 à
20 fetiers en 24 heures; & il moud en grofte
un tiers de plus, c'eft-à-dire, 30 fetiers : il
peut aller à trois mujds,à 36 fetiers, en hiver;
mais il iroît trop vite & trop fort , s'il mouloit
quatre muids par jour, fur-tout en été; il cchauf-
feroit la farine; car un des plus grands încon-
vénîens de la mouture , c*eft d'échauffer la fari-
ne par le frottement , qui joint à la preftion
de la meule, qui eft de trois à quatre mille
pefant , fait fortir l'huile du grain , & le décompofe.
Lorfqu'un moulin ne moud qu'un muîd en 24
•.heures , il ne mo\id pas aftcz : il y en a cepen-
22 M E U
dant qui tray^illent f\ mal , qu*ils n'en débitent
que fix fedcrs. Ceb dépend beaucoup de la
deittérité du meunier , qui par {4, manceuvre
avantage ou dcfavantage fon moulin. La meule
courante doit parcourir ^0 à 60 tours par tninuce.
Un mouîifî va plus ou moins fort , moud
plus ou moins rond , félon, qu'il a plus ou
moins d'eau ou de veni. Il ne faut pas qu*il
aille trop fort ni trop foiblement , pour faire une
bonne mouture ; plus on moud fort , plus il fe
fait d'évaporation j d'ailleurs , comme nous IV
vons déjà dit, quand le moulin va trop fort,
la farine qu'il fait eft groffe & moins blanche;
c'efl ce que les meuniers appellent rougir la
farine. Cela arrive fur- tout i'orf qu'on remoud trop
fouvent.
On peut dire en général que le défaut le
plus ordinaire des meuniers qui moulent mal ,
c'efl de faire aller le moulin trop fort* La farine
faite trop fortement par des meules tenues baf-
fes & qui vont vîte^ boit moins d*eau & a
moins de goût, eft moins nourriffante & moins
faioe , parce qu'elle a perdu fon huile fit fon
volaiiL
Il eft à obfcr\'cr qu'un moulin qui moud
par économie , moud un tiers moins de grain
3ue lorfqu il ne remoud point ; & il moud
'autant moins de grain , qu'il en remoud plus
de gruaux » parce qu'il faut du temps pour
rcmoudrc , fur-tout fi on remoud plufieurs (oh.
Les meules font différemment montées dans
les diiférens modins , félon les différentes métho-
des qu'on a de moudre : on monte autrement
les meules dans les moulins oii Von remoud,
que dans ceux où Ton ne remoud point »
ëc encore autrement lorfquc l'on veut moudre
pour faire du pain de munition , que lorfqu'on
moud pour enfuite fèparer le fon de la farine.
Quand la meule eft tenue baffe, & que le moulin
ne va pas trop fort , il ne fe fait prefque pas
de fon ; c'eft ce qui fe pratique pour le pain
de munition.
On con<y'oit aifément que Taflion & les effets
de ces meules font différens félon qu'on les
approche , & félon qu^on les fait aller plus ou
moins fort : d'approcher les meules dans Li mou-
ture fimple, n ^quivaudroit pas à la remouture,
parce que lorfque le grain efl bien fec, le fon
paffc en poudre avec la farine. Lorfqu'au con-
traire le grain n'eft pas fcç, il fe met un peu
en pâte , 61 les meules s'engraiffcnt lorfque ion
moud fort & bas*
3 Ml y a dans tous les moulins des provinces
du Nord de la France une partie principale ,
qui cft un bluteauqui reçoit à un de fcs bouts, par
une anche ce que les meules ont moulu , & qui
rend par un autre bout le fon féparc de la farine.
Pour la mouture économique, on joint k ce
premier blutoir, qui cfl de b mouture ruflique^
M E u
un fécond bluteau , plus lâche que le premier ;
& qui en reçoit le ton gras.
Ce fon cft tamifé par ce fécond blutoir, cjui en
tire les gruaux féparémcnt, & qui rejette le
gros fon, le fon fec qui fort par Tcxtrémité
inférieure: ce fécond bluteau eft le dodinage.
Dans les moulins où Ton ne remoud point»
oli Ion ne moud que pour le farinier ou pour
le boulanger > qui blutent chez eux , comme tout
le monde fait dans les provinces méridionales,
il n'y a aucun bluteau au moulin; le produit
du moulage fe porte dans les bluteries, ou U
eft tamifé chez chaque particulier.
4''. Enfîn, il ne faut pas omettre la huche du
moulin, qui eft une erpècc de coffre oii tom*
be le grain moulu à mefure qu'il fort d'entre
les meules, ou qui reçoit la farine & les gruaux
qui paffent au travers des bluteaux , & qui font
retenus par les bandes de toile.
Ordinairement les huches des moulins font de
fept pieds ; il y en a de huit pieds de longueur ,
fur trois pieds & demi de largeur.
Il y a trois différentes fortes de moulins à .
diftinguer , par les diverfes méthodes de moudre
qu'on y pratique. Il y a, i ", les moulins qui
ne moulent qu'en groffe i ils font en plus grand
nombre que les autres.
2". Les moult QS qui ne moulent que les gruaux ;
ce font la plupart des moulins à vent autour de
Paris.
} °, Enfin, ceux qui moulent & le grain & le
gruau ^ c'eft- à -dire, qui moulent & remoulent ,
dans lefquels cft étabUe la moulure économique.
Il y a aduellemeni dans le reffort du Châtelet
de Paris , environ quatre mille moulins , dont trois
mille font des moulins à eau , & mille moulins à
vent»
Les moulins à eau valent mieux en général
que les moulins à vent , parce que le cours de
Teau efl plus égal que celui du vent, qui eft
fujet à aller pariecouues, ce qui caufc de Vint-
galitc dans le moulage. Cependant on fe fett
ordinairement plus des moulins à vent pour
re moudre les gruaux , que des moulins à eau.
Il eft utile d'avoir des moulins à vent poîir
les cas de féchereffe & de gelée : il eft indirpco-
fable d'en avoir dans les pays où il n'y a point
d'eau.
Les moulins à vent tirent leur origine des
pays orientaux où il y a peu de rivières i TuCi-
ge de ces moulins fut apporté en France au
retour des croifades , vers le milieu du onzième
Cécle.
Outre les moulins à vent & les moulins à
eau , il eft néccffaire que le gouvernement pour-
voie auffi à ce qu'il y ait toujours dans le»
villes des moulins qu'on puiffe faire aller à bras
ou par des animaux, oour prévenir la famine
qui peut arriver par cics fécbereffcs , . par des
inondations & par des gelées extraordinaires.
M E U
Cette prévoyance eft néccffaire dans d'autres cas
encore , comme dans ceux d*iniemiption de toute
eoniBiraîtation y pour contagion , âicc.
En 1741 , M* le contrôleur général des finan-
ce! propoja à U ville de Paris d'avoir des moulins
i bras, & il y fut réfolu de s'en pourvoir; on
viCDOzt d*en feniir la grande utilité par Hnonda-
Mil éc 1740 & par la longue gelée de 1741. Cela
a^a p9S été exécuté» parce que la guerre furvînt*
Dépôts U paix, on n'y penfe plus, parce qu'on
1 réparé les autres maux de la guerre , & parce
<jtic l^omme ne connoit le bien que lorfqu'il fent
knaL
Moulin a hras pour moudre U Fromem*
Ce mouUn a été inventé par Samuel & Samp-
t» Freeth de Birmingham.
n eft compofê d'une manivelle» laquelle fait
nioovoir un cylindre dans deux forts crampons de
fer, qui tiennent au poteau qui porte le moulin»
A fautre extrémité de Taxe eft une roue, &
ï Foulroît de la manivelle , une roue ou cou-
teau qui fait mouvoir une autre roue, laquelle
tiecic au rouleau, qui Te m^t dans une boite.
Cette boite eft fermée aux deux eitrémités
par deux plaques de cuivre*
A rextrémitè de Tune, eft une vis qui porte
U» le centre da rouleau , & qui fcn à accélérer
Oit à ralentir fon mouvement.
ILe rotUeau, de même que la botte dans la-
fMiie il tourne , vont en appetiiTant , & font gar-
I m de dents, dont la groiïeur diminue en ap*
I prodiaot do centre. Elles broient le grain plus
on moifts fin, félon qu^on lâche ou qu'on ferre
récroc.
Un homme fuffit pour faire agir ce moulLn,
& b fâritie fort , fans avoir eu le temps de s'é-
duoSer, par Tauget de la trémie.
En 1574, il fut défendu de donner ni de
prendre plus de fcpt fous fix deniers pour la
Moomre de chaque fetier de bled ; mais aujour-
Am, depuis 1705 , on donne ordinairement
éÊm les environs de la Capitale , 20 fols , &
ai Province, & pour les Hôpitaux, 10 fols
aux meuniers pour moudre un fetier de bled;
^Air quoi il y a moitié pour la voiture. Il y a
Btoe ordonnance du Roi de 1703 , qui faiUm
Hdcfeiife à tous feigneurs d^obliger les muni-
■ lÂocciaires de faire moudre z leurs mouîins,
^ défend en même temps à fous n&eunîcrs, même
éê ttomalne , d'exiger plus grand droit que
idoi de quatre pour cent , avec inioné^tion de
icadre P^ds de farine ⣠fon , pour poids de
Ueily oc d*aller prendre le grain, & reporter
h Ëirine & te fon.
Le poids des farines , oii Ton pèfe tout le bkd
foi en porté au moulin & toute la farine qu^on
en rapporte , eft une excellente précaution que
b police doit prendre. L'ufage en eft fort an-
ciâi ea ÂUemagneî il ea eft fait mention dans
M E u
23
un règlement de Police de Saxe-Welmar de Tan
1589- En 1719» Gûdfroi Parco dans fon corn-
pendium œc(?Aam/iC , propofa de pefer le grain que
l'on fait moudre, & Tannée fuivante Tufage en
fut introduit dans tout le Brandebourg. Mais
il y a bien des pays où cela nVft point connu*
En général , pour le commerce du grain , il
faudroit avoir égard au poids, pîuiot qu'à la
niefure ; quelqu'un en a très - bien démontré la
nécefticé dans le magafin de Hanovre , de
1767, p. 1250. Il eft facile de s*en convaincre,
(i l'on daigne y réfléchir avec foin.
Cependant le prix doit changer , parce qu'il
y a une variation de la valeur de Targent Se
du prix des grains; mais il n^appartlent jamais
au meunier que le fciziéme pour droit de
mouture , & ce fcixième eft eflîmé félon la va-
leur afîuelle des grains.
Les particuliers ont coutume de payer au
moulin en fubflance , c'eft-à*dire, en grain ou
en farine; mais c*eft un mauvais ufage; il vau-
dront mieux payer en argent les' meuniers , &
les obliger à rendre en total ce quils ont reçu
poids pour poids » au déchet près de la mouture.
Comme on a défenfla aux mefureiirs de fe
faire payer autrement qu'en argent, & de prendre
du grain pou rieur paiement, il dcvroit être défendu^
de même aux meuniers de fe faire payer autrement
qu'en argent. 11 y a déjà long-rems qye Ton connoît
Tabus où Ton eft fur cela , puifque par Arrêts du
parlement des 1 1 Février & aS Mars 1719, la cour
ordonna que dorénavant les moutures feroient
payées aux meuniers en argent , & non en blé.
Obftrvaûom^
Il ne fera pas inutile de faire mention de quel-
ques défauts qui fe rencontrent dans les moitlins ,
& qui ont particulièrement lieu dans ceux que Ton
a en France : ils nui font beaucoup à la mouture »
tant à regard de la qualité de la farine que Toii
obtient , que de la quantité.
Il faut obferver de ne pas prendre des meules
courantes trop pefantes ; car la farine. qui fort de
telles meules , eft confidérablement échauffée par
le frottement qu'occafionne leur trop grand poids»
C'cft le défaut des meules que Ton a en France
& dans bien d^autres endroits ; elles ont fix pieds
de dis mètre & quelquefois davantage , & elles^
pcfent de trente à quarante quintaux ; celles de
^axe , au contraire , n'ont que trois pieds & demi
de diamètre ^ & elles ne pèfent guère plus de neuf
à dix quintaux.
Aulh trouve- 1- on que ces meules , qnl font
jufqu à foixante tours par minute , ècbauflent fi
fort la farine , qu'elle ne peut pas fe bluter com-
me il faut à mefure qu'on moud. C'eft pourquoi
on confelllc d'abandonner Tufage de bluter aiB
moulin, & de îaiffer refioidir b farine, po«r la
biuxcc enfiiise. D'ailleurs ,, on ei^ploîc daui içtfùr
24
E U
ques pays un fi grand nombre de blutoirs » que
les moulins ne peuvent pas les faire mouvair fans
inconvénient.
Mais il y a un moyen d'éviter toutes ces dif-
ficultés ; c'eft d adopter la mouture laatonne , &
de chercher pour cela à la bien connoitre. La fa-
rine ne s'échauffe point avec les moulins que Ton
a en Saxe. Pour empêcher qu'elle ne fe blute par-
faitement à mefure qu'on moud , elle entre im-
médiatement dans le blutoir en fortant de deflbus
les meules ; au lieu que dans quelques moulins ,
elle pafle dans un canal pour y aller ; ce qui Té-
chaulfe plus facilement.
En Saxe , Ton n*a point cette multitude de blu-
toirs ; Ton n*en a qu'un pour chaque forte de
mouture , favoir , un pour le froment , & un au*
tre pour le feigle.
Cleluî dont on fe fert pour le bourgeois efl plus
fin que celui pour le boulanger. Mais comme on
Ta vu précédemment » on repaie plus fouvent en
Saxe la farine au moulin , en forte qu'elle eft
toute également fine, quoiqu'elle ne foit pas toute
de la même blancheur.
Tout cela ne peut pas fe pratiquer dans les
moulins dont les meules colorantes font fi pefantes ,
parce que la farine s'échaufferoit à un tel point ,
u on la faifoit paifer auffi fouvent au moulin ,
qu'elle en feroit altérée*
On nomme mcuU ardente celle qui eft plus mor-
dante par les Inégalités qu'elle a naturellement « 6c
par celles qu'on a faites en la piquant. Et on dit
en France que pour faire une bonne mouture , il
faut que la meule courante foit plus ardente que
U pfante.
Ce n'efl pas la même chofe pour tes meules
d'Allemagne. Les deux meules doivent être éga-
lement ardentes ^ on dit alors qutUcs tournent en-
fcmhte. Cette différence vient de la nature des
pierres, celles de France dc\'enani plus pefantes
& plus faciles à échauffer lorfqu'elles font trop
ardentes.
C'eft fans doute pour cette raifon que Ton pré-
fére dans ce pays-là , pour avoir de belle farine ,
de fe fcrvir d*un moulin qui a moulu pendant fept
ou huit jours après avoir eufes meules r*habillées,
c'eft-à dire , piquées nouvellement , plutôt que
d'un autre qui n*a fervi que fort peu de temps.
Ceft le contraire en Saxe , oii l'on r'habille les
meules toutes les vingt-quatre heures , fi l'on moud
de fuite.
Il paroic , après cela , bien étrange de voir qu'on
les biffe en France quelquefois deux ou trois mois
avant que d'y toucher. Ces meules émouffées ,
avjec le poids confid érable qu'elles ont , doivent
fléceffairement échauffer fortement la farine. Auiïï
Ton dit en Saxe qu'une meule émouffée hmU ,
& qu'une meule nouvellement piquée moud
frais*
Eji Allemagne, un mouUn qui a fuffifamment
^eau , 6c dont U meule courante n'efi point trop
M E u
ufée , peut moudre dix-huit feriers de Dresde en
vingt-quatre heures. En France, il en moud dans
le m^mc temps , dix- huit à vingt fetiers de Paris
par économie , & un tiers de plus fi c eft en gros.
Mais on ne peut guère faire ici de comparaison ;
car la mouture faxonne eu encore bien différente
de la mouture économique*
La quantité de farine qu'un moulin fournit dans
un temps déterminé , dépend beaucoup de fa conf-
truâion. Pour en donner une idée , nous entre-
rons dans un petit détail.
Il faut oblerver que la meule courante a un
double mouvement : elle tourne fur fon axe , &
elle s'élève & fe baiiTe perpendiculairement. Ce
dernier mouvement , qui pourroit être appelé
trcmhlûjit , cft produit par le mouvement du palier
qui porte la lanterne , le frein & la meule elle-
même
Lorfque le palier eft tellement coigné par d^-
fous , qu'il ne peut plus fe plier , la meule cou-
rante ne s'spproche & ne s'éloigne plus alternati-
vement de la meule gifante , & le moulin ne don*
ne pas de la farine , mais du bkd égrugé* La juûe
proportion du palier contribue beaucoup à fournir
dans un temps donné , la plus grande quantité
poiTible de farine. Peu de meuniers faifilTent cette
différence, & ceux qui la connoiffent en font un
myftère. Si le palier eft trop fort » il donne pcm
de ferine , tout comme s'il étoit trop foible.
Pour trouver la jufte proportion , il faut faire
des effais jufqu'à ce quon ait attrapé le point.
On a obfervé qu*un moulin bien fait dans cette
partie , moud trois fetiers de plus en vingt-qua-
tre heures.
Un 4iabile meunier faxon entend parfaitemeitt
toutes ces chofes ; non feulement il fait r habiller
fes meules , mais il eft encore en état de conf-
truire le moulin , ou tout au moins de réparer
beaucoup de chofes qui, par un frottement con-
fidérable , font bientôt ufées.
Il feroit à fouhaiter que quelque habile meunier
de ce pays-là voulut donner au public un traire
de la conftruôion des moulins; car quoiqu'on en
trouve de bonnes defcriptions dans les ouvrages
allemands fur la conftu^ion des moulins , cepen-
dant il faut convenir qu'il n'y a point de traité
complet.
La biuterie.
Comme l'on fe propofe par la mouture de rè*
duire tout le grain en farine & en fon , on cher-
che de même par la bluterie k féparcr toute U £i^
rine du fon.
On peut dire que plus la partie farineufe du
grain eft féparée de (on écorce , qui fait le fon ,
& que plus elle eft épurée aufiî du germe , qui
compofe en partie les recoupettes « plus elle eft
blanche. Cefl pourquoi ce qu om tire de plus blanc
des grains » eft la première farine de gruau & Ta-
midon.
M E U
la £irîne d'amidon cfl encore pîu^ blanche que
tâk de gruiii * comme U première farine de gruau
cA plos blanche que la première de bkd , parce
qm la farine d'iinidon tiï encore plus épurée de
fiMiquû n'cA le gruau , comme la première farine '
it graatt cA plui purgée de fon que la première
£uiiie de bled : en rédutûnt le gruau blanc en
&niie« on aen tire aucun fon. Si ce gruau éroic
pvr^ il ne pourroîr y avoir que quelques filets im*
pcrccpttb'es , provenant des pellicules qui renfer-
nenr les globules de farine dans le grain.
Pour le gruau gris, îl donne du fon lorfqu'on
le ftoioud , parce que c^cA ce fon qui le rend
gris. Le gruau bis a encore plus de fon que le
fpA ; il contient plus du germe , qui en altère
infi la blancheur » non la qualité.
Par le moyen d'une bluterie bien entendue ,
on purge toute la farine du fon , & on en fêpare
les gruaux , qu*on peut enfuite pétrir pour en
turt du pain pour le baurg;:ois , qui e{% ce qu'on
tiommc pain Je ménage ; ce pain bl&*blanc , qui
ni^liz ainfi de ta mouture-en-groffe proprement
dne , a meilleur goût que le pain blanc qui e(t
k produit tic la mouture économique, parce que
k furine n*a pas perdu , par trop de moutures ,
(m goût naturel,
j^infi la mouture en groffc proprement dite , qui
traTaiile autant par les blutaux que par les meu-
les , oa pas les înconyénîens non plus de la mou-
lure rtmic|ue , qui ne f:: fervant pas bien des
inciiks , ni alTez des bluteaux , met dans le cas
d'employer à nourrir des befliaux ou à faire de
TaiDidoa , ce qui peut fervir à nourrir mieux les
hommes.
La blaterlc ne fefait nulle part aulE bien quen
France , pas même dans les pays où Ton fait re-
jnaudre ; on n'y fait pas bien nettoyer les gruaux
tvcc les blutoirs.
Pendant qu*on a perfeftionné les moyens de
woudre les grains , on a appris aufli à en bluter
la Êirine: on sert fervi d'abord pour cela de ces
loilcs claires qu*on nomrne canevas ^ & on a em-
ployé auffi des tamis de crin : on a encore fait
pour cet ufage des efpéces de cribles avec des
peaux apprêtées & trouées* On a nommé fas di-
vers tamis , du nom faa , foie ^ p^rce qu'on en
a fait autrefois avec des foies de cochon & de
&iigUer.
On a fabriqué depuis des étamtnes plus 6nes
ai Uioc , en poil de chèvre ôt en foie.
Enfin on a Imaginé de donner à toutes ces diffé-
mmes efpéces d'étamines 8c de toiîes à tamifer
BOe forme cylindrique , Si Ton en fait ce qu'on
somme Hutoir ou hîu*eau » qui eft coiopofc d'un
arbfi tournant , de fuf^ aux , de cercles » de bâtons ,
dTttoe baguette , d*une manivelle , d'une trémie
& d'un auge t.
On fait des bluteaux de deux à trois pieds de
Aaaétre, qui font compofés de plufieu.s échantil-
loo», cVfl à-dire , qui ont dans leur longueur plu-
Ans & Métiers. Tome K Pâme L
U K M
'-')
fieurs lés ou largeurs d'étamin^ & de canevas,
placés de façon que ce qui f^lt la largeur des
étamtnes compofc ta longueur des blutoirs ; ils
ont depuis cinq pieds jufqu'à neuf de longueur,
0(i attache des cordes ou des baguettes dans
ces bluteaux , pour aider à agiter & à féparer les
farines &le fon , qui fe mettent en pelottes ; d'ail-
leurs ces cordes foutiennent auiïi les blutoirs ;
il ne faut pas quHh foîent lourds ôc matériels ; iU
ne fauroicnt être trop leiies.
Il faut les bien monter , & leur donner environ
un pouce de pente par pied , fuivanc la longueur
de la huche. On donne au tluteau » dans une
huche de huit pieds , huit pouces de pente.
Les étamines à bluteau portent ordmasrement
un tiers de largeur; il y a de ces étamines qui n'ont
qu'un quart , 6l elles font de vingt aunes à la
pièce.
Les étamines font de diÔerentcs fine/Tes ; on
les défigne ordinairement depuis le n'^. ii , juf-
qu'au n^ 44 , c'eft-à-dire , elles ont depuis 1 1 juf-
qu'à 44 fils dans chaque portée ; & elles ont douze
à quinze portées*
Ces portées font les bouts des fils doiu eft corn-
pofée l'éramine , & qui font raflemblés en petits
paquets , qu'on peut voir aii bout de chaque pièce
d'étamine*
On conçoit aifément que moins les étamines
ont de fils dans la même largeur , moins les bïo-
toirs font fins , parce que les Intervalles des fils
font d'autant plus grands , qu il y a moins de fils de
même grofïeur dans la même étendue. Ces étamines
font faites de laine ûnCs
Le bluteau pour le blanc & pour le blanc bour-
geois eft ordinairement du n° 38, c'eil à-dire , que
ce bluteau efl aujourd'hui compofé de 38 fils; ce
qui cependant eft fujet à varier.
Les étamine*» de foie portent un quart & demï en
largeur ^ & environ un pouce de plus » ce qui fait
un pied cinq pouces ; il y en a de cinq fortes
différentes en fineffe.
Ordinairement les meuniers fe fervent de tamîi
de laine de mouton , & les boulangers emploient
des tamis de foie Se des quintins.
Les bluteaux de foie font employés pour les
farines les plus fines » pour les farines de gruau. Où
fe fert aujourd'hui de blutoirs de foie ^ beaucoup
plus qu'on ne faifoit autrefois ; les bluteaux de foie
durent plus long-temps que les autres ; c'eft ce qui
fait qulls coûtent moins > quoique le premier achat
en foit plus cher.
Les étamines à bluteau en bine fc fabriquent à
Rheims 'y on y en fait aufti de foie ; m^is les
tamis
Pjris.
de foie fe font plus communément à
Pour ce qui eft des canevas , îl y en a d'un quart
& demi j d'une demi-aune , de deux tiers tk de' trois
quarts.
Le quintïn eft une efpèce de canevas ; c'eft une
toile apprêtée & bleue , qui a une demi-aune moins
un fcizièine. Lcf quînci ns font aînfi nommés du
pays où on lei fabrique , qui ell en Bretagne. Il y
a des quindns de différentes grolfeurs , depuis le
n^ 18 jufqu'au n<*. 10*
C*cA fur-tout en imaginant de nouveaux blutoirs
pour ftparer plus parfaitement la farine St le grtiau
du fon , qu'on a pcrfeélionnè Fan de moudre le
erain ôt de remoudre le gruau. On employa d*a-
bord des blutcau% différens en grofTeur les uns des
autres , puis on inventa des bluteaux de plufieurs
grofTeurs chacun.
On emploie encore plus de blutoirs dans ta
mouture feptentrîonale que dans ta méridionale*
On ne fe ftri que de deux bluteaux dans la mou-
ture méridionale» par le premier defqucU on tire ,
comme je Tai déjà dît » la farine de mlnot ; puis
ta farine qu'on nomme le /îmvle ; enfin le gréllllon.
Par le fécond bluicau , on fepare feulement la re-
paie du fon*
Pour bien bluter, il faut un mouvement réglé
Sl proportionné ; il faut que le grain moulu tom-
be par une trémie , & il faut avoir foin de ren-
tre tenir pleine pour qu'elle fournîlTe à Tauget à
mefure q*i*il le vide *, or Taugct fe vide par le
itiéme mouvement par lequel on fait mouvoir le
btuti^au tournant ; c*eft pourquoi la trémie eft
entretenue par une poche qui reçoit d'un tas
dans un grenier, par un trou au plancher, la fa-
rine & le fon y qui , confondus enfemble , tom-
bent fans interruption &L plus également. Il faut
environ une heure de temps pour bluter un fetier
de farine de cette façon.
Quand au contraire on rcngrène , foit à la cor-
beille , foit à la pelle , il ne faut pas Le faire de
façon que cela tombe tout à-coup dans le blutoir ,
ce qui Tengorgeroit , ou du moins cela troit iné-
galement. Il faut que cela tombe fucceflîvement
Se continuellement ^ de forte que le bluteau foit
toujours garni proportionnellement dans toute fa
longueur , pour qu*il ne fe trouve pas être plein
dans fon commencement , & vide dans fon ex-
trémité.
Pour concevoir l*ordre avec lequel s'exécute une
bhucrie bien entendue , il faut fe figurer la difpo-
fiiton des btuteaux.
On fait tomber par une trémie , dans le premier
de ces blutoirs , le grain moulu , tel quil eft forti
d'entre les meules en farine & en fon confondus
enfemble , ce que Ton nomme h ramt dans la mou-
ture méridionale.
On tourne par une manivelle ce bluteau fur fon
aie. Le fon & la farine étant agités par ce mou-
vement dans le blutoir , ta plus fine farine p^fle
au travers : c'eft ce qu'on nomme ia farine dt iUd ,
& U féconde farine paffe dans une autre partie.
Ce qui n*a peint paffc au travers de ce premier
bluteau cA le fon gris , qui conitem du gruau &
de la farine.
Ce fon gras fort par Textrémité du premier Ma»
toir , & il entre ou il rengrène dans un autre blu-
teau moins fin ; c'cA par ce fécond bluteau que
paiTe la farine qu'on nomme bh- blanc , qui tA
compofée de farine &L d'un peu de. fon converti
en farine,
Dans quelques blineries , les premières étamî-
nés du premier bluteau font plus grofTes que ne
le font les étamines fui vantes , quoique ce foit la
farine la plus fine qui pa0e la première par ces
groffes étamines , & que h farine la plus gro/Tç ,
qui eA la bife » pafle enfuite par les étamines qui
iont plus fines : ce qui arrive parce que la farine
étant en plus grande quantité dans la première
partie du bluteau, elle paffe par fa fineflc la pre-
mière , encore plus aifément que celle qui eft moins
fine avec laq^iielle elle eft.
Tonte la bne farine ne paiïeroit pas affez tôt , il
s'en poneroit avec la farine bife dans la fuite du
bluteau , s'il étoit fin dans fon commencement. La
farine qui eft plus groflTe paffe enfuite par le refte
du blureau qui eft plus fin , parce que cette fa-
rine eft la moins groffe de ce qui refte à paffér.
Dans le fcond blutoir , qui eft pour le bis-blanc ^
rétamine la plus fine eft toujours placée la pre-
mière , 8t la groffe la dernière , parce que le fc^
cond bluteau étant moins plein que le premier ^
les farines fe féparent plus librement des gruaux
& du fon. Mais dans run & dans l'autre de ces
bluteaux , dans tous , la farine la plus fine paffe
toulours U première.
Ce qui refte après le bis-blanc « c'eftà-dîre, ce
dont le bis-blanc a été féparé dans le fécond bluteau ,
eft le fon mêlé encore avec un peu de farine & avec
le gruau.
On met ce qui eft fortî par rextréraîiè du Ce»
cond bluteau après avoir bluté le bis-blanc , dans
un troifième blutpir'', dont b première étamine
eft encore affez fine , & eft cfeftinée à tamifer
ce qui eft refté de farine » pour U remettre avec
le bis- blanc.
Ce bluteau eft plus gros que le fécond par trois
étamines qui font graduellement plus grolies Tune
que l'autre , pour taiffer paffer le gruau blanc » le
gruau gris & le gruau bis.
Ce qui refte de ces gruaux contient avec le foit
quelque chofe de farineux encore , dont on le ft*
pare par un quatrième blutoir beaucoup plus gros
aue les autres , qui eft compoféf de canevas de
ifférentes groffeurs , par lef^uets on féparc les
recoupettes & les recoupes du fon maigre , qui efl
le gros fon , ou fon fec.
On repaffe encore les gruaux par des fas entre
les bras : on a ordinairement deux f^s de groffeurs
différentes pour paffer les différens gnuux , qu'on
féj3are , par ce moyen , d'une efptce de recoii-
petcc.
Les inconvemîens d'une Wuterîe font qu*aii y
emploie des ouvriers & du temps , ce qui n'ar
»
»
w loriqo'on blute par le mouvcmcBt du
!a , & encore les hommes font fujcts à tout-
' taègalèfnent les blutoirs ; maïs d'un autre côté ,
l)ioi4ÔTinitç eft contraire , lorfque le bluteau s'en-
goac. Dans la mouture ruftique, & pir Tècono-
fiique, la farine fe trouve blutée fans main-d'œu-
fTC, par le mouvement même du moulin : le pre-
mier bluteau fèpare les fonnes , & le dodinage
Attngue les gruaux. Le bluteau & le dodinage
«oclfcè» au moulage font comme une bluierie au
IBOtlI|I}« ^
Il y a de la difficulté de proportîomjcr la grof-
tctu des bluteaui à la force des moulins ; car plus
uti motiHn moud fort & vite , plus il faut que le
blutoir débite à proportion , & il faut par confé-
queot qu'il foit un peu plus gros , parce qu'il eft
itkeffûrc qn*il laifle paiTer vire la farine, puifqu'il
s'en préfente plus dans le même temps fi les meu-
ics vont vite, & fi elles moulent promptement :
im mouHo qui cflSeure bien , fouffre un blu-
teau plus gros , fans que la farine en foit plus
bife.
Dam Torigtoe de la mouture économique , les
Uiiteaiix dont on fe fervoit pour tirer la première
fanae de bled étoîent bien plus gros qu*ils ne font
asjottnfhui ; & par un petit dodinage, on tiroit
fettleiiiein en petit le gruau bis qu'on remoubit ,
& mime on ne favoit cela alors qu'à Senlis , à
BeauDonc & à Chambli. Eofuite on a perfc6Honnè
cette pratique , & on Ta fuivie ailleurs , comme
a Pomoîfe,
Mali il paroît que c'eft à Melun que Ton a
commencé à bien bluter & à bien afl*Drttr les fa-
fines , comme c'eft à Senlis qu'on a commencé
è (avotr remoudre. Je veux dire qu'il y a appa-
teocc que c'eft à Melun que la mouture- engrofîe
proprement dite a pris fon origine, on du moins
foe c*cfl dans cette ville qu elle s'eft pcrfeftion-
née , comme c'eft à Senlis que la mouture
écooomjtpje a pris naiflance & s'eft perfec-
lîoiioéc* I
Il faut des bluteaui plus ou moins fins , non-
feolement félon la force du moulin , mais encore
fieioo b CcchcreiTc du grain , & même félon la
£ûfo]3 8c la température de l'air : lorfque le bié
€& kc ^ il faut des blutoirs déliés j & au con-
traire pour des blés tendres , il les faut plus ronds ,
c'eil4-dire , plus gros ; en un mot , il faut des
bltitoirs plus fins dans un temps fec , que dans un
temps humide*
Tout confidéfè , on fera bien d'abandonner Tu-
Cigc de bluter* au moulin à mefure qu'on moud »
parce qu'on ne peut bien bluter une farine tant
Sï'dïc eft chaude, comme elle l'ell toujours au
^ rrir des meules. On eft obligé d'abandonner
lavamage qu^on en tirerolt par rapport à la main-
f ttinrre & au temps ^ parce que le défavantage
«a cfl plus grand par la perte de la farine.
n ne faut pas craindre dans ce cas d'avoir à em-
ployer les hommes y parce que c'eft un moyen de
leur faire gagner leur vie ; contme il ne faut pas
craindre d'employer des machines au lieu d'hom-
mes , lorfqu'on le peut , parce que le bien public »
par lequel doit être réglé le bien particulier, fe
trouve dans l'un & dans Tauti;^.
Jamais la bluterie ne peut bien fe foirfe dans
le moulin , quand même on laiflcroît refroidir la
farine avant de ta bluter « ce qui demande plus
d'un jour » pujfqu'une farine n'eft reccvable qu'a-
près ^4 heures qu'elle a été moulue , à caufe
de cet inconvénient de la chaleur > qui eft, très-
forte par une meule qui pèfe environ 3700 livres ,
& qui fait plus de foixante tours en une minute.
Le même mouvemtïnt du moulin ne peut , fans
inconvéniens , faire mouvoir le grand nombre de
blutoirs qu'il eft néce flaire d'employer pour bien
blutçr les farines , les gruaux , les recoupeties fie
les recoupes ^ ce grand nombre de bluteaux & de
fas qu'il faut employer , formeroit dans le mou-
lin un embarras qui rend la chofe impraticable.
D'ailleurs » de bluter au moulin donne occafion
de faire tort à ceux pour qui on moud & pour
qui Ton blute ; il eft bien plus fimple & plus fôr
de rendre tout enfemble au poids , que par parties
divifées.
Il faut néceflairement une bluterie hors le mou-
lin ; & pour s'y épargner la main-d'œuvre , il
faudrolt fe fervlr d'un tôurne-blutcau , compofé
comme un tourne-broche,
La farim en général»
Tout le monde fait qu'on entend ordinairement
par firine une efpèce de poudre nourrllTante, qui
eft plus ou moins fine & blanche. Sa dénomina-
tion vient du mot fir , qui étoit le nom d'un îro*
ment qui fut le premier qu'on imagina de réduire
en poudre , pour s'en servir dans le temps qu'on
mangeait encore les grains entiers , mondés ou
concaffés en gruaux.
On ne doit pas compter au nombre des farines
alimentaires , ce que quelques auteurs nomment
farines minérales:, ce qui n'cft qu'une efpéce de
marne en poudre fine qui fe trouve dans quelques
endroits de l'Allemagne à la furface de la terre
6c dans les fentes des montagnes.
Comme il n'eft pas de farine minérale propre-
ment dite , on conçoit qu'on ne doit pas , à Fexem-
pie de quelques auteurs , nommer farine animaU
la poudre de poiflbns fecs , dont viveitt certains
peuples , après l'avoir mêlée avec de Técorce de
pins.
Pour ce qui eft de la farine d'os , dont quelques
hiftoriens font entendre qu'on fit du pain dans le
temps du fiégc de Paris en 1590, on peut dire
feulement que les aftiègés furent réduits à une
telle difette , que quelques-uns cherchèrent de la
nourriture dans les os mêmes éc^ morts , & vou-
i lurent en faire dn pain après les avoir réduits en
\ poudre; mais ce tui une tentative de défefpèrés:
Dij
28
M E U
oo n*a pu trouver dans les os d'hommes morts
de maladie ou de mlfère pour la. plupart , un
aliment propre à nourrir les vivans.
Les farines vé|ètalc5 font les feules dont on faffe
Aiî pain proprement dit ; les farines des grains font
en général les meilleures fie les plus en ufage, du
moins en Europe.
La partie farineufe des végétaux rèfidc dans dif-
férentes parties des plantes , félon les différentes
plantes. On tire les farines , ou des grains » com-
me du froment , du feigle , de Tépeautre , de Toige ,
de Tavoine , du millet , du farrazin , du mats & du
riz ; ou de certains fruits , comme de ceux de Tar-
bre-à-paia , comme des châtaignes dc des faînes ;
ou des troncs de quelques* arbres , comme des
palmiers, dont il y a un grand nombre d'efpèces
différentes qui contiennent une moelle farineufe ,
d'où vient le Sagou*
On peut tirer aufli des farines de plufieurs
fortes de racines , comme de celles de magnoc ,
de Tjruca , du falep , des pommes de terre , &c.
Des différentes farines.
On peut tirer du même grain divcrfes ferînes
pour la mouture ; le même blé donnera dans un
moulin de la farine revêche , & par un autre
moulin , une bonne forme ordinaire ; enfin > la
farine feri dlfTéreute par le même moulin j félon
qu*il fera mené.
i-€s différences de ces farines ne font pas feu-
lement en blancheur & en fineffe , mais aufld en
confiflancc & en propriétés particulières. Les fa-
rines font différentes encore félon les années,
iefon les territoires » les climats , & les diverfes
efpèces de blé.
On nomme différemment les diverfes sortes de
farines , félon les différens pays & félon les diffé-
rentes méthodes par lefquelles elles ont été moulues
& blutées* On peut dire en général , qu'aujour-
d'hui , fie fur-tout dans les environs de la capitale,
il y a quatre fortes de farines ; favoir ( félon la
mouture en groffe proprement dite), i"*, La pre-
mière farine , qui eft le blanc, l^ La féconde fa-
rine, qui eft îi his'hUnc, 3*" La troLfiéme farine,
qu'on nomme première de gruau, 4**. £nfixi , la
quairième, qui efl le gruau bis.
Dans la mouture économique » on nomme ta
première farine , farine de blé ; la féconde , fui-
vant Tordre de la fabrication par la mouture , eft
la premièfe de gruau, La troifiéme eft la féconde
farine de gruau; fie la quatrième eft la dernière
farine des gruaux*
Dans la mouture méridionale » la première fa-
rine eft la farine de mtnot* La fecon Je farine eft
celle qu'on nomme du fimple. La troifiéme ^d' le
gréfiUon , & la quatrième eft U rip,ijfc,
t>ans la mouture en grofle proprement dite , il
y 2 des farines en gruaux, & dans la mouture
méridionale , il y a des farines en gréfillon fie en
te|)affe«
M E u
Pour la mouture ruftlque , ou Ton ne fait pai
remoudre , 8e ou Ton blute mal , il n*y a ordi-
nairement qu*une farine i le refte fort avec le fon.
Les recoupettcs fie les recoupes font à^ cfpéces
de firlnes, qu'on nomme aufli petites farines ; il y
en a qui , au lieu de compter les recoupettes fit les
recoupes au nombre des farines , les mettent au
contraire au nombre des fons.
On diflingue aufft les diverfes &rines fous les
noms , r. de fieur de farine ; **• de farine blanche ^
j""- de farine bifeP
Il y a donc farine blanche, bis -blanc, gruau
blanc , gros gruau ou gruau gris , recoupettes >
recoupes , ^ eniîn le fan ou bran.
Lorfque le bluteau au moulin eft de deux
fincffcs , la farine de blé eft de deux fortes : la
Eremiére eft la fine fleur de farine , qui eft la plus
lanche ; la féconde eft un peu bifc , elle n*eft
pas A douce au toucher , fie eUe fait le paîn bis-
blanc ; fa quantité eft ordinairement le double de
celle de la âeur de farine.
La fine fleur de farine eft toujours la plus belle,
mais elle diffère félon les différentes fortes de-
mouture : dans la mouture méridionale , la fleur
de farine eft la farine de minot ; dans la mouture
économique , la fleur de farine eft la féconde farine ,
qui eft la première de gruau ; fit dans la mouture ei»
groffe» la fleur de farine eft toujours la première.
Il faut favoir que dans toutes les moutures ce
qu'on nomme U blanc eft la première farine ; on
nomme blanc-bourgeois la farine du premier gruau »
qui eft un produit de la mouture économique : la
première farine de blé, le blanc ^ n'eft pas plus
fin que le blanc-boureeois , que la première fa-
rine de gruau; maisie blanc eft plus doux aa
toucher , ^ le blanc bourgeois a plus de corps.
La bifaiUe eft la dernière farine; elle eft com-
poféc (ur-tout du germe du grain ^ d un peu
de fon , moulus ^ môles avec un peu de farine.
La bifaille a de la qualité , clic eft bonne par le
peu de farine qu elle contient , ^ par le germe
qui y eft en farine; mais la bifaille eft mauvaife
par le fon qui y eft en poudre îm^^
' Le bis de la farine , vient ou de la meule , qui ,
étant trop ardente, a mis du fon en farine; ou
du bluteau , qui , étant çros , a laiffc paffer du
fon fin avec de la farine. Il y a cependant des fa-
rines bien épurées de fon qui font bifes. Les farines
peuvent être bifes par d'autres caufes; favoir, ou
parce que le grain dont elles font fortîes étoit
naturellement moins blanc intérieurenfient; ou , g<
qui arrive fouvent, elles font bifes, parce qull
y a dans ces farines un peu de germe moulu, &
elles en font meilleures,
La farine piquée eft différente de la bife : la
farine piquée eft comme tachée, par des parties
de foo ancz groffières qui relèvent la blancheur
de la farine ; ce défaut vient du bluteau , qui eft
troué ou éraillé*
*
M E U
La fimoe btfe eft de momdre qualhÀ que la
ktinc piqi^ce : le fon n*eft pas en aulfi grande
quactîtè , quoique plus gros , dans U farina pi-
quée, que dans la farine bife. La farine piquée
ne peut Tenir que ûa bluteau qui étoit trop gros
dam quelqu'une de fcs parties , qui n'étoit pas
è|al , qui ècoit ufè ou troué f au lieu que les
aines bifes viennent Ôc du blmeau & de la meule ,
nats fur tout de la meule, lorfqu'on moud trop
foft 8i trop de fob-
H cft encore d'autres farines qui portent diffé-
rcQs m>ins félon les diverfes qualités dont elles
iooi dou^e; : il y a farints crcufcs ou molles , fa-
rtMês dures ou gmauUufes , & farines rcvêches.
Lès urines que quelques-uns nomment creufes ^
iom des fimnes molles 6l légères , comme font les
premières farines de blé » iur-tout celles des gros
blés tendres.
Les farines gruauleufes & dures font des farines
lie gruaux , ou de blés fecs , gris ou glacés. Ces
Êirines ne font pas fi douces au toucher; elles
ont plus de poids & plus de corps,
Les fariaes rcvèches font des farines qui ne font
pas à Tordinalre , & qui , en général , font plus
oifidles à traiter par quelque qualité que ce foît.
Ufe trouve des farines rcvêcnes dans les efpéces des
Ixiûncs firmes , & dans les efpéces des mauvaifes,
L lires farines font fouvent celles qui font
çlui ^. i à traiter; il y a encore de mauvaifes
tai-ines difficiles à traiter, qu'on nomme revêches.
Une farine revêchc cft plus difficile à travailler ,
ï pétrir & â cuire ; elle demande en la pétri flant
idas de levain , & il le faut plus }eune , fi elle
cft de l'efpéce des mauvaifes urines : pour les
bûoses farines , lorfqu*el!es font revéches , elles
demandent plus de travail pour les bien pétrir ^
& plus d*apprét«
U y a au£ éts blés rcvèches » comme font ceux
des cetfcs nouvellement marnées ; les farines de
ces blés font revéches auflî : une farine de blé
reviche vaut mieux en général , qu'une farine
de blé de foible qualité.
D faut traiter les farines revéches di^eremment
(àxm ce qui les rend revéches , comme nous Tex*
|lqi»erom dans la fuite. Toute farine revêche doit
être traitée autrement qu'on ne travaille les bonnes
farines ordinaires ; mais il y a telle farine revêche
fin d^oiaTKle de Tcau plus chaude ; Tautre a befoin
^'cUe foit plus froide qu'on ne remploie ordi-
nrêmem ; il faut aux unes le four moins chaud ;
mr la plupart il le faut plus chaud j ce qu'ils appel-
rat le fctir chauffé plus roi Je*
Quoiqu'on entende le plus fouvent par farine
nvicke une bonne farine qu'il faut traiter extraor-
éiltûremem » cependant les meilleures farines font
ceBesqui ne foot ni trop faciles » ni trop difficiles à
fnvaîUer ; en un mot , il eft de bonnes farines qui
i^ {ipai point revéches « même les meilleures.
Au rerte » les défavaniages de la farine revêche >
ODt vkrmca: de ù. dureté 8c de fa force , font
M E u
29
bien compenfts par l'avantage qu*ils procnrenr
de faire de bon pain t la croûte du pain de fa-
rine revêche a moms de couleur , quelque chaud
qu'ait été le four , mais le pain en eft meilleur
au goût,
La farine des blés de B^auce eft fujette à être
revêche. Se fon gruau aufii. Il y en a qui croient
que U farine de Picardie ell encore plus revêche
que celle de Beauce : ce n'eft pas qu'elle f^it
meilleure ; elle eft revêche par une autre caufe ,
qui la rend encore plus extraordinaire h mettre
en oeuvre. Les farines de Mc;lun , du Soiiîonnois
& de riile-de- France, paftent pour être moins
fujettes à être revéches.
Le choix de la farine*
Pour faire choix de la farine , il faut favoir
diflingucr la bonne de la mauvaife , & conjïoîtrc
en quoi conûJle fa bonté , ce qui demande une
grande expérience.
Les farines font bonnes ou mauvaifes , & par la
qualité du grain dont ont les a tirées, & par la
façon dont elles ont été moulues ; en général ,
une bonne fatine ed celle qui a été faite d'un bon
grain , & qui a été tirée par une bonne mouture*
La farine d'un grain qui eft venu d'une terre
fumée ne vaut pas celle d'un grain de terre non
fumée ; celle d*un grain provenant d'une terre oit
l'on a vidé des latrines , fait un pain qui ne lève
pas bien 6c qui fent mauvais, Ceit ce qui a donné
lieu à une ordonnance 4^ police, du 13 décem-
bre 1698 , qui défend de fumer les terres à blé
avec des maûéres de la voirie , ni avec les vi*
d anges des foftes de latrines ; mais il elt permb
d*empIoyer ces matières à fumer les terres pour
l'avoine & pour Tefcourgeon ; & il eft défendu
de fe fcrvir des grains des environs de Paris k
d'autres ufages qu'à enfemencer les terres & à
nourrir des beftiaux.
Tous îcs meuniers & boulangers , aiurcs que
ceux de Paris , ne connoiffent pas encore la farine
de gruau ; mais tous ceux qui la connoiffent ^
conviennent que c'eft la meilleure des farines. Les
Pâtiftiers , qui ont coutume d'employer pour les
fiièces de four la plus belle farine , de même que
es boulangers pour faire les petits pains mollets ^
préfèrent celle du gmau à la plus ûm fatine
ordinaîrei,
Quand on ne moutoit que par Ta mouture ruf*
tique , avant qu'on fût bien bluter comme on
fait aujourd'hui dans la mouture en groifc pro-
prcmeiîE dite, 8c dans la mouture méridionale,
ce gruau confondu avec le (on , ne fervoit qu'a
faire de l'amidon, ou à nourrir des beftiaiix, fur-
tout avant que Ton fût remoudre comme l'on fait
à préfent dans la mouture économique..
M y a 50 à 60 ans , quand en fu& mieux bîitter ^
& qu'on commença à remoudre le gf uau , on «t'en
ÎO
M E U
e&imolt point encore h forine autant qu'on reftîme
k préfcnt ; au contraire , on re^ardoit la farine de
gruau comme une marchandUe de contrebaiide ;
on la défignott alors (bus le nom de farine de
Champdgnt , qui eil une expreffion de mépris dans
le commerce.
Autrefois les farîniers avoîent peine à engager
les boulangers à prendre de la farine de gruau ,
& ils la vendoient meilleur marché que l'autre.
Aujourd'hui ils n'en ont pas pour les demandeurs,
& ils la vendent plus cher. La convention la plus
ordinaire des bons boulangers de Paris avec les
marchands de farine » c'eft de leur livrer le tiers
en farine de gruau, avec les deux tiers en farine de
blé » & les boulangers qui ne font prefque que
du pain mollet , ont leur marche fait pour
avoir la moitié en blanc-bourgeois , qui eft la fa-
fine de premier gruau , 8c Tautre moitié en blanc ,
qui cft la première hnnc de blé.
On tire du eruau plus de farine à proportion ,
& une plus belle farine , que du grain ; parce que
le gruau a moins de fon ou d*écorcc que le grain ;
le grau blanc n^en a même pas.
La farine de gruau eft plus légère que la pre-
mière farine de blé , quoique le gruau foit plus
Iicfant. Le gruau pèfe environ feize livres le boif-
leau ) & la farine de blé , douze livres & demi a
treize livres ; pour la farine de gruau , elle ne
pèfe qu'onze à douze livres le boiifeaUt
Il faut prendre garde dans le choix qu'on fait
de la farine , qu elle ne foii point mêlée de fable ,
ce qui feroîi un pain graveleux & mauvais , quand
bien même la Cirine icrolt bonne d'ailleurs.
Ceux des boulangers qui , malgré la défenfe
de 1658, mettoient de \^ farine de Champagne,
c'cft-à-dirc y du gruau dans leur farine , s*en ca-
choient, même de leurs compagnons. Cependant
ayant obfcrvè que le pain n'en étoit pas plus
mauvais, que même il en ètoit meilleur ^ rem-
ploi du gruau devint plus commun.
Enfuite on ne s*en cacha plus» Tufage en devint
général à Paris r Tinflinâ des ouvriers, foutenu de
Texpérience , établit fouvent dans les arts des
règles générales qui dérogent quelquefois aux ré-
glemens particuliers. On ne peut mieux faire alors
que d'adopter ces règles générales dii5tées par
rexpéricnce.
Elle avoir appris que le gruau n*eft point d'une
mauvaife qualité , comme on Tavoit cru long-
temps. Le mimftère public ordonna même en
1740 , que le gruau feroit pris avec la farine or-
dinaire , & il prefcrivït Tufage d'un bluteau qui
Uiilbir paAer le gruau avec la farine, & qui ne
rejetoit que le ion le plus gros ; c'eft ce qu*on
nomma ie bluteau it ordonnance.
On fut obligé , dans cette année de difette ,
de vifer à l'abondance , & cela fit un bon pain
qui tenoit de celui qu'on nomme pain de ménage ,
parce que pour Us ménages on fe fert au moulin
d'un bluteau plus gros que celui qu'on met pour
M E u
le riche ; ce qui fait pour le bourgeois un paia
moins blanc « par un peu de fon qu'il contient;
mais ce pain cil fort bon, par le gruau , qui en faif
une partie conUdérable.
Pour le choix qu'on fait des farines, il efl bon
de favoir que les meilleures font celles qui font
d'un blanc-jaune-citron clair ; la farine purement
blanche n'eft pas fi bonne. 11 faut que la farine
tire fur le Jaune-citron ; c'eft fouvent la couleur
?[ue lui donne le germe , qui fait bien dans la
arîne.
Naturellement chaque meunier fait valoir fa
farine, & chaque boulanger vante celle qu'il a
coutume d'employer. Les meilleures farines des
environs de Taris font aujourd'hui celles de Ver-
failles , de Senlis , de Goneffe , de Pontoife & d<f
Melun. Selon quelques-uns, les meilleures farines
de Paris font celles qui viennent de Beauce , du
Hurepoix & de Provins.
En général , les excellentes farines font ordinai-
rement celles qui prennent plus d'eau j cependant >
quoique ce foit une bonne qualité dans les farines
que de con^iimcj: plus d'eau , on fait que les fa-
rines blanches qui en général font préférées atui
bifcs t boivent moins d'eau que les bifes.
Mais on peut dire que les farines blanches
comparées entre elles , & les farines bifes com-
parées aux bifes , celles qui prennent plus d'eau
font dans leur efpèce les meilleures, comme la
farine de gruau qui eft le blanc- bourgeois , com-
parée à la première farine de blé , qui eft 1^
blanc » eft la meilleure & boit plus d'eau.
Si l'on pèfe un quarteron de chacune des
quatre farines j favoir , de farine de blé » de pre-
mière de gruau , de féconde de gruau , & de bis-
blanc , & fi Ton en fait féparèment de la pâte ,
on verra que la première boira moins d'eau que
la féconde , la féconde moins que la troifiémc ,
la iroiftème moins que la quatrième , & qu'elles
fourniront une moindre quantité de pain , luivant
la même proportion.
La première farine de blé reçoit ordinairement
dix onces & demie d'eau par livre de farine , fi 00
les travaille bien enfemble ; celle du premier
gruau en confomme environ onze onces ; les fa-
rines des autres gruaux en boivent encore pltis ;
ce qui varie félon qu'on pétrit plus ou moins ,
& qu'on veut faire de la pâte plus ou moins
ferme, & du pain plus ou moins mollet.
Les mauvaifes farines , comme font celles des
blés qui ont été mouillés , font une pâte qui
mollit & qui colle aux doigts avec lefquels on
la touche , au lieu que U bonne {aidne fait une
pâte qui s'affermit.
Les farines des années & des climats chauds
boivent beaucoup plus d'eau que les autres.
En général , on doit plus eftimer une farine
qui prend plus d'eau & qui fermente plus, aue
celle qui en prend moins & fermente moins. Lof
M E U
firîfles bt&s lèvent plus d'elles-mêmes que les
wiflcs blanches » & ellis font plus de pain ; treize
Ihrres de ferine bis- blanc font vingt -deux livres
4e pain bis-blanc*
Vus farines bafes par le Ton » ne boivent pas plus
«oc les urines blanches i au contraire, U faut en
aire la pâte plus ferme : elle ne demande pas à
arc baffînèe » & il faut moins tarder à la faire
cuire ; mats les farines bifes par le gruau gris
& parle germe, boivent plus que les blanches»
f9r€c qtie le eruau boit plus que b farine.
Il y a des farines qui donnent le patn plus ou
mota» bon , à raifon de ce que le levain leur
ciMrfient plus ou moins. Il n'y a que l'expérience
i|iû pciâfe faire connoitre celles à qui les acides
coQvicfment davantage , ou conviennent moins.
r[ V épreuve de la farine*
Poar aflbrer le choix iVune farine , il fatît en
bire des efîais , & favoir réprouver > parce que
«dk farine donne plus âc de meilleur pain qu'une
«Qtre ; ce qull fumt de connoitre pour choifir la
&nne dam on a befoÎQ » quoique la connoiffance
de U nature même des fermes y fut utile au{î1.
La manière ordinaire des boulangers pour con-
sobre û une farine eit bonne, c*eA dVn prendre
\ me paignée qu'ils ferrent dans la main : H la
iiriiie rmc en une efpèce de pelocte , ils Icfli-
■Kst meilleure que celle qui fort de la miin plus
aftment entre les doigts. La farine de gruau ,
par exemple » y refle plus que la farine de blé^
La hrîne efl naturellement fi peu mobile lorf-
qu'elle eil prcfféc, que la manière ordinaire dans
le commerce , pour examiner de la farine , c*efl
de crerer le Tac qui la contient : la farine ne
s'échappe pas par te trou qu'on a fait au fac
potzr en tirer.
Les marchands examinent encore la couleur de
h lidne , âc au taâ la douceur , en traînant le
pooee ftir la farine foutenue du doigt index : ils
Tculefit la trouver douce , cependant matérielle ,
ce qa*ik nomment gruauUafc Celle qui efl Jouce
te nolle t ils l'appellent creufe , & elle ell d'une
•ulrté Inférieure. Il faut que le grain de la farine
im ^n aux yeux , & fec au toucher.
Ccâ aulli par le goût qu'il faut juger les &-
noei : celles qui ont le plus de faveur » font en
(céaérai les meilleures. Il m*a femhléque la farine
de pMzu a plus de goûr , qu elle eit plus falée
qoe la première de blé. Le (el naturel étant par-
«niHèremcnt effentiet à la bonne qualîto de la
£wtne » il cH à propos de la juger par le goûi, qui
ffem fur-tout du fel.
Le goût des farinas bifes vient beaucoup du
|eiine » qui eft un peu fucré. La dernière brine
a plus de goût que les premières , parce qu'il entre
^m de germe dans la dernière farine que dans
ItÊ atirres. Or , le germe eft la partie du blc qui
z le pins de g^ùt ; c'cft pourquoi auflî cette der-
oJéfc farine donne on pain moins blanc , mais qui
M E u 51
eH plus fuave ; c^eft fur- tout ce qui fait le goût dti
pain de ménage.
L'odeur delà farine efl auffi à confidérer pour
juger de fa bonté* La farine de chaque efpèce de
grain a fon odeur particulière. La farine de feigle
a plus d'odeur que celle du froment , d'orge ou
d'avoine : l'odeur de la farine de feigle lient de
celle de la violette'.
Pour mieux connoitre la farine , pour mieuie
TefTayer , on a coutume d'en faire un peu de
pâte avec de Teau. Dans cet état « on la goûte
mieux, on voit plus diftinôement Ci elle eft pi-
quée ^ on voit mieux fa couleur , on fent mieux
auffi quelle odeur elle a , que fi elle étoit fèche
en farine. Une bonne farine donne une pâte qui
a une bonne odeur , au lieu que la pâte des fa-
rines de grains gâtés ou qui font venus dans de&
terrestres-fumées, a uae mauvaife odeur.
On trouve que la farine eft bonne, file grain
de la pâte eA blanc , tirant fur le jaune , & non
pas fur le brun.
On reconnoît aufll que la farine eft bonne iorf-
que la pâte qu*on en a fait durcit ^ parce que
c'cft figne que la farine boit plus d'eau , 8c qu elle
peut fournir plus de pain. Une mauvaife farine
donne une pâté qui , laiiïee quelque temps , pa-
roit s'amollir au lieu de durcir : il faut audî que
la pâte n'en foit pas friable ou trop caftante ; il
faut, lorfqu 'on la tire en falongeant , qu'elle ne
ne fe caffe pas en foibrijfant^ pour fe fervir de Tex-
preftion des boulangers.
La pâte de la première farine de blé eft plus
longue que celle de la farine de gniau , mais elle
eft moins dure, & elle foibltt plus ; elle s'af-
fermit moins en Talongeant , que ne fait la pâte
de la farine de gruau ; ce qui vient vraifcmbla-
blement de ce que la première farine de blé con-
tient plus de la partie qui fait l'amidon , & de
ce que la farine de gruau contient plus de celle
qui eft la partie collante qui fe trouve dans la
décompofition de la farine.
Mathiole dit des farines : « La meilleure eft
n celle qui n'eft pas trop moulue , ne fraîche
ïï moulue , ne trop gardée auftl ; car la farine par
» trop moulue fait le pain comme s'il étoit de
« fon : celle qui eft trop fraîche retient encore
n quelque chofe de la meule. Si elle eft trop
» grirdée , fera gâtée , ou par poudre , ou par
w moifift"ure , ou fera artifanéc , ou aura quelque
n mauvaife fentcur.» Comm. fur Diofcoride ^ L ill,
C. LXXVIII.
De U confervaûon des firmes,
La farine efl une poudre très-fufceptiblc de fer-
mentation. Les farines font fujettes ï s'echanffer
& à fe gâter, fur-tout en été, lorfque l'air eft
humide, 6c dans des temps d'orage. Ceft dans
les mois de mai & de juin que les farines fe
gâtent le pluîî. Il fe fait en elles un travail plus
intime , plus interne dans les mois de mars 6c
32
M E U
d'a\nl; mais le travail externe par Taîr s*y wS
les deux mois fui vans , & les gâte davantage.
Pour conferver h farine il faut la garder fur
un plancher de bois; elle ne fe confervc pas auiïî
bien fur les carreauY que fur les planches i il faut
môme avoir attt:ntion qu'elle ne touche point les
murs , parce que , futvant Pline , la chaux ç(ï con-
traire à la confcrvation de U farine. 11 ne faut
pas que le plancher du grenier où i*on garde la
farine foit fur une étable un à portée d'un fumier :
on a Texpérience d*nn blé qui avoit été gardé dans
une chambre fur une bergerie; ce blé, qui étoit très-
beau & qui paroifToit bon j ayant été moulu en fa-
fine , & la farine pétrie à Tordinaire , la pâte ne leva
point I & fit du pain qui n'étoit pas mangeable,
La farine de blé germé ne fe conferve pas ;
& convertie en pàtc , elle ne lève pas mieux que
celle d*une farine de blé qui a été ferré fur une
bergerie , ou à portée des fumiers , ou iofcdé par
un mauvais air.
On a remarqué à Paris que les fournées de pain
faites par les boulangers du faubourg St. Jacques,
où Ton avoit fait en même temps une viaange
qui avoit infcâé ce quartier, manquèrent cntic-
icment. Le pain étoit plat & maffif.
Cette obfervatïon eft utile à faire pour la police
d'une grande ville. Les boulangers avertis à temps
par les gadouards , changeroient Theure de la
préparation des levains, que cette odeur fait man-
quer , au préjudice du public 6c du particulier.
La farine peut s'échauffer elle-même & fe gâter.
Quand, on veut favoir fi une farine ne s'échauffe
point , il f^ut y enfoncer la main ; Ôc G Von fent
qu'elle a dans le milieu du monceau plus de cha-
leur y ou fi elle eA moins fraîche en dedans qu'en
dehors , il faut la remuer avec la pelle oc la
changer de place. On dit que les farines dont la
pâte lève promptement s'échauffent auffi plus
promptcmeni à proportion.
Il ne faut point enfachcr la farine toute chaude
au fonir des meules > il faut la laîffer refroidir
auparavant « pour la conferver : à la rigueur» une
farine n'eft reccvable que vingt -quatre heures
après av^r éié moulue ; il faut lui laiffer exhaler
un air chaud & humide que le poids & la rapi-
dité de la meule ont cauié.
On a dit qu'il ne falloit pas employer les blés
trop nouveaux ; les blés donnent lo , iî à 15
livres de farine de plus par fetiçr , mefure de
Paris , s*ils ont été confervés jufqu'à la fin de
Tannée , ayant fait alors tout leur effet , avant de
les moudre. Or , comme le grain doit avoir un
an poiîr être plus propre à faire de la farine en
? général , Im farine doit avoir un mois p^ur en
abriquer du pain ou pour en faire de la bouillie ou
de lapàtifferie : la farine «avant ce temps, a encore,
ilifent les farinicrs , l'odeur de la meule ; elle a
moins de corps , elle ne produit point la même
jyuaotjté f ni U mime qualité de pain.
^^_^ M E u
TatîtTaroîr que les far* nés de vieux blé n*ont
pas befoin d*érre gardées • long-ttmp^ pour faire
leur effet , comme en ont befoin celtes des blè$
nouveaux qui n'ont pas fait leur effet.
La farine en vieilliffan^ fe dcfféche & diminue
de poids ; mih cite fournit cependant plus de
pain , parce qu'elle boit plus d'eau. La farine qui
eft employée chaude foriant du moulin, boit moins
en la pétriffant , elle lève moins en pâte , fit cette
pâte donne de mauvais pain : il faut, avant que
d'employer la farine , la laiffer refroidir Si h
garder quelque temps.
Mais il y a des farines qui viennent de fi
mauvais blés , comme pour avoir été mouiîlès ,
qu'on eff obligé de les employer auffitôt apréi
qu^elles ont été moulues ; car à peine peuvent-elles
attendre le temps de fe refroidir après la mouture.
Ces farines ^ par la peine qu'on prendrolt de les
remuer ou de les fécher par le feu , pourroient fe
conferver tout au plus quinze jours.
Les f4rines des blés moins mauvais peuvent,
par ces foins , fe garder un mois. On peut auffi,
avec ces attentions , conferver deux mois les fatines
de blés communs*
Les férines des bons blés, & fur-tout les farines
de gruaux, fe confcrvcrant , avec la moitié moins
de travail , quatre mois ; & les farines de blés
d'une qualité fupérieure , comme for.t ceux des
années feches , qui font durs , gris ou glacés & |
pefans , qui ont fait leur effet & qui font venus )
de terreins pierreux , peuvent fe garier huit mois,
même Tannée entière , en confervant ces farines 1
féchement.
On a l'expérience de farines de vieux blés qui
avoient été deux mois & demi dans des facs,>
en pile fans s'échauffer ^ & qui avoient été mou-
lues fix femaines avant qu'on les mit ainfi.
On peut même dire iqu'une farine qui a fait fon
effet , c'eft-4 dire , qui a paffé le temps pendant
lequel elle perd non-feulement la chaleur & ro-|
dcur de la meule, mais encore une certaine hu-l
miditè fuperflue, n'a plus befoîn d'être travaillée;!
elle ne fe gare plus, fi elle eft naturellement d'une!
bonne qualité , & bien épurée de fon , & fi cal
la ferre bien, comme celle qu'on met en minoc'
pour paffcr la mer. Il cfl indifpenfable , P^^ur que
la farine de minot foit bonne à fa dcrtinstion ^
qu'elle ait fait fon effet avant de Tenfcrmcr dans
les minots.
Au contraire , fi cic n'cft pas exaôement ren-
fermée, les vers s'y mettent. Elle change de coii^
leur 6c ell.' fe perf^lle , fi lorfqu'on l'a renfermée,'
elle n'étoit pas fèche , ou h elle na point é»*
préfervée de rhumidité*
Il eft dr fait que la farine provenante des hU
nouveaux, faite en feptembrc , fe conferve juM
qu'au mois de mars (uivant dans les grenjcr»|
fans s'échauffer , même pendant les plus gratides
chaleurs : elle ne commence à fermenter qu'au
printemps , plus ou moins , fuivant la féchcrcfle
M E U
des Wéi dont on Ta tirée : plus le blé eft fçç
& rhivcr froid , moins la farine fermente.
la fart ne qui vient des blés vieux d*iin an , fe
coorerve beaucoup mieux , le blé étant reffiiyé ,
fotc dans fa paille » foit au grenier ; elle ne fer-
■ente un peu qu'au bout de fix mois , vers les
^mms de juiUet & août , quand même Thlver auroit
àcédoux & Tété d une grande chaleur. Il y a même
des aanèes où les farines de blés vieux ne fer-
inemeot point dans la première année de la mou-
mrt » & encore moins dans les fui vantes. On peut
iflfirer de-Ià que les blés dont il ell queflion étant
- de trois ou quatre ans , la farine qui en proviendra
Courra fe confcrver relativement à Tancienneté du
le ; il efl même conAant qu^ine farine qui a été
un an fans fermenter , ne fera jamais d'effet »
ccfl-^îre, ne fermentera point, mais elle dépérira
da« ta fuite , comme tout dépérit par le temps.
Lorfque les farines font bifes de fon , lorf-
qo^elles n'ont pas été bien blutées ( ou parce
ifue le blé étant trop fec , ou les meules du
0ouHn trop approchées , on a moulu du fon avec
la &rine ) « alors ces urines bifes fe gardent moins
^ les blanches*
D y a apparence que la farine s'a0îne d'abord
en la gardant j non-feulement le fon fe détache
■LÎeiuc de la farine après un certain temps , mais
suffi la farine s'iiffine pendant ce temps-là; c'eft
eo &t£int fon effet qu'elle s'affine. Elle s'affine
mfi en (àîiant fon effet , fans être mêlée avec
le foo ; mais je crois qu'elle fait plutôt (on effet
étant jointe au fon , que lorfqu'clle en e{l féparée*
Peut-être perd-elle un peu de fa qualité étant
mêlée avec le gros fon , c'eft pourquoi on pourroit
tirer la première farine de blé, comme dans la mou-
ture rïjftique , & garder pendant quelque temps
k fon gras avant d'en tirer les gruaux , qui sV
kiDolUroient pegdant ce terops^là.
La confervation des fat i nés cd proportionnée
à la quantité d'eau quelles peuvent boire plus les
Boes que les autres.
Eo général , les farines qui fe confervent le
■lieux (ont la plupart celles qui boivent plus d'eau ,
aoo-feutentent parce qu'elles font plus fèches ,
nais encore parce qu'elles font plus fubAantîelles ,
<m parce qu'elles font mieux moulues. Les farines
1c$ plus féches à la main ne font pas toujours ,
COiBinie le grain , les plus féches en elles-mêmes j
ces Cirines ne font pas toujours celles qui prennent
|lfais d*cau ; cooiîdérations qu'il faut avoir par
rapport au pain qui eft plus ou moins bon ^ &
dont U quantité cfi différente , félon que les farines
bm plus ou moins féches , & plus ou moins
Ibbftaxnieltes » ou félon qu'elles boiveni plus ou
ï soins dTeau,
I Les fimnes s'échauffent d'autant moins , qu'elles
prennent plus d'eau ; 6c elles boivent d'autant plus
ifean , qu'elles font plus bifes. La première farine
de blé s'échauffe plus que ta première de gruau.
La première farine fermente ordinairement un
ArtJ & Mùiiri, Tom* V. PanU /,
M E U
35
mois avant la féconde , la féconde quinze jours
avant la troifièmc , la troifiéme trois fem^iines
avant ta quatrième , & la quatrième un mois avant
les recoupes,
Confen'dilon des grains & des farines en facs
ifcUs , avec la conjlruélion d'un p'tnicr à cet
c^tt ; extrait de la méthode de confcrver cei
crains , par M* Parhïïintibr,
Eclairé par le vice de toutes les méthodes de
conferver les grains 6c les fariaes , M. Broc a
pris le parti de les renfermer dans des facs ifolés «
exaftement fermas , & de les garder ainfi juf-
qu'au moment de leur emploi; mais s'ils pro-
viennent d'une récolte pluvieufe & froide, qu'il
régne t^es chaleurs vives accompagnées d'orages ,
on déplace les facs & on les retourne cul fur
gueule.
Ce moyen fimple qui affurc , à fi peu de frais ,
la confervation des grains & des farines , cft
exempt de tout danger , pare à tous les Incon-
vcniens , & procure tous les avantages qu'où
defire ; l'air ne pouvant pénétrer dans des maffes
de blés 8c de farines répandues en tas ou en cou-
ches , circule librement autour du fac , diminue
& entretient au- dedans une fraîcheur falutaire :
ainfi , on évite par- là les déchets ocçaConnés ,
foit par les animaux,, foit par les manœuvres du
grenier , & on efl à l'abri de mille autres acci-
dcns qui détériorent la denrée , renchériffent fon
prix & diminuent nos reffources.
Les épreuves faites devant M. Duverney ,
alors intendant de l'Ecole militaire aux Invalides,
devant M. Tillet , de l'Académie des Sciences ,
devant les députés des Etats du Languedoc , &c.
prouvent femcacité d'un moyen au0I fimple ,
ioYiàh fur une longue pratique , fif qui eft fms
réplique. On tïouvera ci-après le détail de tous
tes avantages qui en réfuhent.
Du grenier. En obfervant que ce ne font pas*
les grains qui manquent dans le royaume , mai»
les greniers propres à les ferrer , & les moyens
efficaces pour en affurer la confervation pendant
un certain temps » fans préjudicier à leur qualité
fpécifique; on a droit dètre furpris que les an-
ciens, qui fe font tant fignalés à l'égard de la
confiruétion des greniers publics ^ n'aient pas
tranfmis à la pofléritè des notions auffi claires
& auffi exaâes que celles que nous poffédons
aujourd'hui, Aufli qu'arrive-t-il ? C'eft que les blés
récoltés dans le meilleur état , fe détériorent in-
fenfiblcment en coûtant du temps, des foins &
des dépenfes en pure perte. J'ai beaucoup vu
de greniers ; j*avoue en même temps n'en avoir
pas rencontré un feul qui femble av«ir été écî-
tiné pour remplir cet objet ; parce que , en conf-
truifant un édmce, on a toujours cru que le grenier
de voit être le faîte du bâtiment , fans trop foncer '
à U nature de la denrée qu'on deroit y dépokr, '
34
M E U
Je vais m'y arrêter un moment , en cas que par
la fiiî:e on foit tenté de former de grands éta-
bliflemens de greniers*
De la conjîruHion du grcnUr, Les greniers ordi-
naires font des efpèces de galeries au-deffous de
la toiture , avec des fenêtres & des portes mat
djAribuées & trop grandes ; enfone que pendant
l*é:é il y régne une clialeur ctouftanre , les înfeôes
fc multiplient de toutes parts, & comme le comble
leur fcrt de retraite , il cft extrêmement difficile
de les détruire entière mem.
Si Ton étoît déterminé à conflruire exprès un
magafin à blé & à farine , îl feroit d'abord né-
cenaîre que le fol fur lequel feroit élevé le bâti-
tùQnx , ne fut pas humide , Se que U charpente fût
de bois coupé dans la bonne Gifon , parce, que
cehîi qui eft trop verd eft fujet à produire des
infeAes » qui s*attachent aux poteaux , £c fe com-
muniquent'enfuite au grenier i la charpente vieille
a le m«lme inconvénient.
Il faudroit encore que le toît fût revêtu intérieu-
rement de païUafTons , afin d^empccher Tair chaud ^
humide de pénétrer à travers j qu'il fût plafonné ;
oue les murs n'eufTent aucune crevaffe , aucune
tente capable de receler les infeftes » & de favori-
fer leur ponte ; il eft bon fur-tout qu il n'y ait pas
fous le grenier , d'écuries , d'étables , aucunes
matières végétales ou animales en putréfaâton.
Le grenier devroit , félon le précepte de Colu-
mefU , être garni de fenêtres petites , 6c rrés-mul*
tioUces du côté du nord, parce que cet afpeéè
eft froid fit fec ; il fuffiroit feulement qu*il y eût
aux deux extrémités oppofées , une ouverture qui
produiroit Icffet du ventilateur : on adapteroit
aux fenêtres une double croifée , dont l'une en
chiflîs feroit extérieure , & Tautre en vitrage re-
vêtu de coutil , qu'on ouvriroit & fermeroit al-
lemativcmem félon le temps & les opérations du
grenier.
On devroit préférer de plaochétcr le grenier »
parce que le carreau le dégrade aifémcnt , &
revient à la longue plus cher que le bois; mé-
nager entre le plancher & le loi un intervalle
pour établir fous les facs de petites trappes qu*on
ouvriroit d'efpaces en efpace , ce qui ifoleroit de
toutes parts les facs ^ & produiroit en même temps
que les ventoufes un courant d'a'.r frais , et em-
pêcheroit qu'en aucun temps on ne fût obligé
douvrir & de déplacer les facs.
EntrttUn du grmUn Si l'emplacement & la
bonne conilruâion des endroits où Ton met en
dépôt hs provifions influent fur la durée de leur
garde» on ne peut non plus fc difpenfer de con-
venir que les foin^ (ju'on apporte à la bonne te-
nue du magafin , o'ajouteroient encore aux effets
dcf autres moyens qu on y emploie ordinairement*
n faudroit » avec d^s balais , nettoyer de temps
eo temps les murs , afin d'enlever li poufliére
q^ y adhère, alnfi que les papillons qui ont befoin
pour i*accouplcr d être fixés &L en repos ; brofler
M E u
fou vent les facs, 8e ne laiifer fur le phnchcr au-
cunes ordures qui puiffent exhaler de l'odeur ;
enfin il faudroit intercepter les rayons du foleil
dans les temps chauds , & produire dans le grenier
la plus grande obfcurité.
Un grenier fitué , conflruit& entretenu fuivant
ces principes , feroit propre , non- feulement à la
conlervation des grains, mais encore à celle des
farines , qui ne fe détériorent fouvent que par Tio-
fluence du local; ce qui donneroit à la méthode
que nous avons propofée , les avantages qu'il eft
poilible de dcfircr. Terminons ce mémoire par les
expofer,
DtJ avantages de la méthode des facs ifolcs.
Cette méthode de conferver les grains & léi
farines , réunit plufieurs avantages que je crois
devoir préfenter ici fous le point de vue le plus
rapproché , afin qu'on pui^e les comparer aux in«
convéniens'des autres pratiques ufitées,
i''. On peut placer dans le même endroit les
grains , ainfi que les farines de différentes qualités,
provenant de deux récoltes , fans confufion ni
mélange.
a". Un fcul grenier , quelle que foit fa conf-
truiflion , fuffit pour ferrer le blé & la farine.
3*. Les fermiers feront à portée de conferver
les produits de leurs moiiïons d une année à Tau-
tre , fans danger , fans frais » fans quitter leur
champ un jour favorable aux labours , aux enfè-
mencemcns , à la récolte*
4°. Les particuliers étroitement logés , auront
la faailté de conferver , à peu de frais , leur pro-
vtfion dans tous les endroits de la maifon , fans
courir aucuns rifques de la part du locaL
5°. Il eft poffible d'entrer à chaque inft^nt
dans le grenier , fans que Taftion d'y marcher
gâte les grains & les farines.
6**, On a la facilité de %ifitcr les facs quand
l'on veut, de les examiner , de les déplacer 8c de
les remuer , fans occafionner de déchet.
7**. Toutes les réparations tjue le grenier exige ,
peuvent fe faire fans être obligé d'en retirer les
grains 6c les farines , fans que ceux-ci en fouflfrent*
8", On peut ouvrir ou fermer le grenier , le
rfettoyer, fans craindre d'introduire dans les fa-
rines des ordures & de l'humidité » qiû en accé-
lèrent le dépériffement.
9**, Les grains bien fecs & parfaitement nettoyés ^
la farine douée de toutes tes propriétés » ne de-
mandent plus ni foins ni dépcnles ; ils n'éprou
vent aucun déchet ; enfin , on peut prefquc le
oublier-
lo'^. Le grain étant bien criblé & parfaîtement
ntt » ne fe charge plus d'aucune poufiière : oo
peut l'envoyer au marché ou au moulin , iins
aucune nouvelle opération préalable»
11^. Les farines étant marquées & inimèrotécf]
0» voit tout d^un coup le grain d*oû eUes pro
I
I
ment , k pays & rannée de Ta récolte , le nom du
marchand qui les i vendues , U date de la mou-
ture & Tachât.
II*'. Si les rats & les fourîs percent un fac ,
3s ne poufTom s'y retrancher long -temps fans
Itrc aperçus ; s'ils parviennent à établir leur do-
micile daiis le grenier , les chats leur feront la
diaâe avec plus de facilité : on pourra daiOeurs
fc fcrrir , pour les exterminer , de tous les moyens
connus , (ins auains danger pour la denrée.
15^ Ces animaux ne pourront plus dépofer
leurs ftcrêtions dans les grains & les farines ,
ni leur coromuniauer cette odeur & ce goût dé-
fagrèable , qu'il eft fouvent très-difficile dVnéantir
entâérement.
î4*- Toutes ces ordures oui tombent du plan-
dicf t & qui faliflTent la fuperhcie du tas de farine,
^ dépoferont fur les facs, & on les nettoiera de
de temps en temps,
15*» L'énorme déchet occafionné dans les grains
& lés farines , foit par les infcfles , folt par la
fier meiitat ion , foit par le remuage , tous les ac-
odeoi qui en diminuent la qualité & le prix «
iiErofit anéantis par ce moyen.
i6*. Les grains & les farines renfermés ne ré-
pandront plus au loin une odeur qui allèche les
înfeâes ; cette odeur » qu'on peut comparer à Tef-
pît reâeur , fera autant de gagné pour la faveur
^hiblc du pain.
17**- En fuppofant qu'il foit poflTible aux pa-
pïUons qui voltigent en automne au déclin du
pocr, aux fenêtres du grenier, dy pénétrer, ils
ne pourront pas dépoter leur pcAerité dans le
pixn & dans ta farine.
* I8^ Un grain gâté peut agir à la manière des
kraÎDs fj^tet la corruption dans des maflcs ou
tl cft dimcile d'arrêter fes effets , tandis que dans
ce cas il n'y auroit qu'un fac à féparer oc à tra-
vaiUer.
19*, Si un fac placé au fond d'un bateau , ou
itié un certain temps près du mur , a déjà con-
tn&k par rhumidité une difpofmon à fe moifir ,
00 penc l'éloigner des autres facs , le remplacer ou
remployer , tans que la totalité puifle en recevoir
de dommage.
ao*. Le nombre des facs pouvant fe compter
par rangées , & le vide qu'un feul occafionné roi t
aevenant trés-fcnfible , on s apercevroît à Tinf-
ta4if du tort qui fe feroit au grenier*
il*. Comme il eft inconteAablement démontré
que les farines fe bonifient à la longue , on pour-
Toît en avoir en avance au deflus de la confom-
BUtioti , fans courir aucuns rifques*
la*. On pourra profiter du temps favorable aux
iBOutures, faire des amas de farines, Sl fe pré-
caimoruier fur-tout contre ces difettes inOantanées
qae fait naître , au feîn même de Tabondance ,
le chommage des moulins.
M E u
a}**. Dans un jour chaud & orageux il ne fera
pas néceffaire de vider un fac pour s*afiurer fi la
farine du milieu & du fond eft aufiî fraîche que
celle de la fuperficie ; on faura btentdt , à la fa-
veur d'une fonde , ce qui s'y pafle.
14**. S'il eft néceffaire de déplacer les facs , de
les remuer fens deffus deffous , ce qui n'arrivera
que fort rarement , cette opération ne fera pas
auffi préjudiciable à la fanté des ouvriers , comme
celle du rcmuage à Taîr libre , qui fait avaler ,
par les voies de la trachée 8c de la déglutition ,
une pouffiére ténue , sèche & abforbante.
aç'\ Quand il s'agira de faire des mélanges
de farine provenante de blé nouveau ou vieux ,
de blé fec ou humide , de blé revêche ou tendre ^
il fuffira de déterminer la quantité de facs à vider.
a6'\ On peut en un clin d'oeil , vérifier Téut
du magafio , & fe rendre compte à volonté de
la recette , de la confommanon & de ce qui refte
au bout du mois , du quartier ou de l'année.
27°, Les grains & les farines fe trouvant en
petites maffes , ils ne peuvent jamais fe nuire par
leurs qualités différentes : les facs ifolès doivent
être confidérés comme autant de petits greniers
renfermés dans un grand.
a8^ Ceux qui auront la direéUon des magafins,
n'auront plus de prétexte pour compter des frais
d'entretien & de déchet qui vont fouvent à dcût'
pour cent.
29". La méthode dont il s'agit , peut êtr^
adoptée dans tous les climats , dans tous les payi*
8c par les citoyens de tous les ordres,
30", Enfin, c'eft le feul moyen de mettre en
réierve , & fans fi'ais , le fuperfiu des bonnes
années , pour fubvenir aux befoins prcflTans que les
maovaifes occafionnent.
Moyen pour faire fuir Us mues de la farina
On confeille de mettre dans les tas de farine
des verges ou rameaux d'érable dépouillés de
feuilles. Après une demi journée de ce mélange,
on prétend que les mites abandonneront les fa-
rines , ne pouvant fupporter l'odeur de férable.
La priparamn ou le mélange des farines.
Nous avons fait voir que fouvent il étoit bon
de mêler enfcmble différens blés avant de les
moudre en farine \ mais il y a un bien plus grand
avantage à mélanger les farines avant de les em-
ployer, foit en bouillie , foit en pain. Pour faire de
bon pain , il faut des blés mêlés , fur-tout à Paris ,
moins à Verfailles oii l'on a du bon blé de Beauce.
Il faut le mélange de diverfes farines pour faire
de bon pain; la diverfité des farines vient, comme
il a été expliqué , ou de la mouture qui eft dif-
férente , est qui tire du même grain différentes
farines , ou de la drverfiTé des grains dont elles
ont été tirées, ou de leur ancienneté.
Pline favoit qu'en mêlant deux fortes de blés
Eli
mm
396
M £ U
enfemble , il arrive fouvent qu'on fait plus de pain
que chacun nen produtroîr fèparément , oc il
apporte pour citemplc , /. xviii , c, vu , que les
blés de Cypre & d'Alexandrie n en donnent pas
plus de vingt livres chacun au boiiTeau ; qu'outre
cela le blè de Cypre eft bnin , & produit du
pain noir ; mais que fi on le mêle avec celui
d'Alexandrie , qui le donne trés-bhnc , ils font
enfemble du pain blanc > & quM$ en donnent
ving-cinq livres par boiiTeau* Pline ajoute que le
froment de la Thèbatde , mèlè avec un autre ^
en rend ving-fix Uvres.
On ne veut cependant pas conclure de ces
expériences , oue le mélange des grains avant de
les moudre, & la combijaaifon des farines avant
de les pétrir , produtfent toujours une augmenta-
tion en pain ; on ne peut en être certain qu'après
avoir fait TeiTai des grains 6l de& farines qu'on
doit employer.
CeA une bonne méthode que de faire fépa-
rêment toutes les farines ; mais il efl bon après
cela de les combiner enlemble avant de les em-
ployer. Toutes les farines d'un même grain fem-
blcnt avoir été faites pour être enfemble ; elles
font analogues les unes aux autres , & fe prêtent
mutuellement*
Les trois premières farines mêlées enfemble
font de très-bon & de très- beau pain* La qua*
rrième farine en fait auiTi de bon ( mais d'une
2 u alite inférieure ) » en la mêlant avec la troi-
éme ou avec la première.
Il y a des boulangers qui , après avoir bluté ,
remêlent enfemble les farines , les gruaux , les
recoupettes « & même les recoupes , & qui les
combinent pour en compofer les diverfcs fortes de
pain qu'ils ont coutume de vendre. Ils font re-
moudre feulement le premier gruau pour faire le
pain mollet. Ils fe fervent tie la première farine de
blé pour faire le pain blanc , &L ils mêlent les au-
tres farines & gruaux pour en foire le pain bis-
blanc» mais il eft mieux de remoudre les gruaux »
& de fe fervir de plus de bluteaux.
Ils emploient les farines une quinzaine de jours
après qu'elles ont étés moulues ; ils n'cmploiertt
que des blés qui ont fait leur effet : le plus fou-
vent , à Paris , ils mêlent enfemble des blés de
Brie & de Beauce.
Le plus grand art des marchands de farine n*eft
pas feulement de connoitrc les différente» farines
ce leurs qualités, mais auOî de les combiner fuivant
les différentes proportions relativement à ces di-
verfcs qualités, pour en faire ce qu'on nomme un<
konnc mut\hind'ife. C'cft de ceitc habileté à com-
biner les différentes firincs ♦ après les avoir mou*
.ucs & blutées à profit, que dépend la richcffe
des boulangers & des fariniers , parce que , pour
faire de bon pain « U faut le compofer de toutes
les farines qu'on tire du mêm^ grain , qui , par la
mouture Se le blutage , donne quatre fortes de
li^rincs plus parfaites its unes que les autres.
M E u
Le mélange de farines , qui eft fi néceffaire pour
faire de bon pain, fe trouve dans la mouture pour
le bourgeois; c'eft pourquoi le pain de ménage
a le meilleur goût en général : mais ce mélange
ne fe fait ni û bien ^ ni fi à profit , que quand on
a féparé d'abord les farines du fon» avant de les
mêler»
La plupart des boulangers de Paris achètent de<
meuniers les farines toutes mélangées différem-
ment , pour en faire les diverfes fortes de pains
qui font en ufage dans cette ville.
Il faut que les farines aient non - feulement
perdu la chaleur & Fodeur des meules , mais en-
core qu'elles aient produit leur effet avant d'en
faire le mélange , à moins que ces farines ne
viennent des blés qui , avant de Ici moudre , _
avoient h'\i leur effet. ^H
Il faut auffi combiner ce mélange des &rines dani^^|
le grenier , & non pas dans le pétrin » pour plus
grande commodité.
On ne doit mêler enfemble des farines bien
différentes , que lorqu'on efl fur le point de les
employer , comme lorfqu'on eft obligé de mêler
de nouvelles farines avec des vieilles , des farines
de blés nouveaux avec des farines de vieux blés ,
qui fc gâteroient enfemble.
On (e fert , félon les différens pays où l'on eft,
de diverfes farines mcîées enfemble ; mais il en
faut toujours au moins deux , comme celles de
Seixlis & de Fontoife. D'autres mêlent celles de
Rambouillet, qui font bonnes & qui font le paia
jaune , avec des farines de Picardie , qui ne font
pas fi bonnes. Il y en a qui emploient les farines
de Pomoife 6£. de Beauce enfemble.
On fait de très-bon pain avec le gruau gris ^
ui efl le fécond gruau « mêlé avec la première
arine de blé , qui eft la plus blanche : & pour
taire un bon pain bis» on doit mêler trois par-
ties de la première farine de blé avec huit de U
quatrième farine.
Les farines de Melun » du Soiffonnois, de rifle
de France * font douces : elles font bien propres
à être mêlées avec celles des blés de Beauce, qui
font revêches : ceux à\x Vexin François, entre
Rouen & Magni font plus revêches encore.
11 y a des farines qui étoient réputées autre-
fols les meilleures , & qui ne font plus aujourd'hui
regardées que comme médiocres , parce qu'on
a depuis perfcdionné ailleurs b mouture , fc
blutage & rafforriment des farines , & peut-
être aulfr parce que le choix des blés , & le
mélange des farines ne fe fait plus fi bien, dans
les lieux qui ont perdu leur renommée pour la
bonne farine.
Ce n'eft pas feulement pour faire le pain, qu'il
efl à propos d'affortir différentes farines; il eft
bon auffi de le faire pour bien préparer les bouil-
lies. Les Romains , qui étoient de grands mangeurs
de bouillies, & qui par conféqucnt s'y connoif-
foient, avoient coutume de la compofer avec par-
i
I
M E U
ûç$ égftks de fanne d*orge & de celle de fromem ;
Bs jr Jnèloieat lulH de celle de fève.
Le$ Grecs mêloient fur vingt livres d'orge,
troLi livres de graine de lin , demi - livre de co-
riandre &L deux oncei de fcl j & fuivant Galicn ,
do AîUct.
Li Son^
Comme Ton peut diftinguer quatre forres de
hnnts eo gênerai tirées du même grain , il eft
fo&blc auffi d*en féparer trois fons différens ;
OToîj-j t% le fon commun, a*, le remoulage
on âeorage , 3 ^, les recoupes.
Le fon Ordinaire eft pour la plus grande partie
h prejfuère écorce du blé, & il eft fouvent
loMir à de la farine : lorfqu'il eft dans cet état ,
00 le namme fon gras; Se lorfqu'au contraire il
et bieii fcparé de la farine , on le nomme gras
fan^ enfin ftc^ ou bran. Le fon gras eft ce qui
fort après la première farine de blé par la mou-
ture ruftxque. Le gros Ton ou fonfec a été féparé des
6uiaes & des gruaux, foit par la mouture-en*
grofle proprement dite , foit par la mouture éco-
iM>iiiique, Ibît par la mouture méridionale.
Le fécond fon eft compofé , pour la plus grande
pirtie , de la féconde écorce du grain, qui eft
comme une fine pelure d'oignon; c*eft pourquoi
il eft moins jaune que le premier fon. Ce fécond
foo eft le produit de la mouture économique,
reftanc des gruaux qu^on nomme reprifa , parce
qu^on les reprend pour les remoudre i c'eft pourquoi
00 nomme aufTi ce fécond fon , nmoitUge ; on le
nomme encore ficurag^ ^ parce quon s'en fert
pour fleurer le delTous des pains, en les mettant
dans les pannetons, dans les plateaux, & dans
le* ficbiles; c'eft aufli du fleurage qu'il faut jeter
im la pelle avant d'y mettre le pain pour ÎVn-
biinser.
Le trcifiéme fon eft nommé rtcoupc ; ils appel-
lemen Brcu^nc furfas , ce qu'on nomme recoupes
ailleurs ; c*cft le fon féparé du gruau Si des recou-
penes par le blutoir» Ce fon eft le moins jaune,
a eft plus blanchâtre, parce quil eft compofé
de ^îne , du germe du grain , & d'un peu de
fcs écorces.
Les fons font plus ou moins jaunes, comme
iei £uines font plus ou moins blanches, La farine
C2Dfliiea( toufours plus ou moins de fon, & le (en
p'us ou moins de farine ; la farine eft d'autant
plus bifc, qu'elle contient plus de fon, & le fon
t(î d'aoïane plus blanchâtre , qu'ii contient plus
et brine, foit que cette farine y foit at.achée,
OB qu'elle y foit funpîemcnt mêlée. Lcirfqu*on
icpftfle pluiieurs fois les recoupes, il ne refte
fît U balle, 4ut eA pur fon.
Un blé qui a pîus d'écorce & qui Ta plus
épaifle, donr>e plus de fon par la monture; c*eft
ce qu*on nomme hlé fonnettx 6t hîé bouffi ; plus
» hkk eft fonneux , plus il eft léger 1, de lorte
M E u
??
que moins un blé pcfe, plus il donne de fon à
proportion , & moins il produit de farine.
Non-feulement les blés donnent d'autant plus
de fon, qu'ils font plus légers; mais aufli ils le
donnent d'autant plus mauvais ; les fons des blés
de aïo livres le fetier ne fe confervent que
huit jours, ceux de 130 livres fe confervent
quinze jours. Ceux de 240 livres, un mois; &
ceux de %\o livres, deux mois. Il faut avoir
foin de remuer les fons plus fouvent que les
farines : il faut les remuer tous les deux ou trois
jours.
Les vieux blés font moins (onnQMX que les
nouveaux; ies fons des blés nouveaux font plus
pcfans que les fons des vieux blés , parce que
les f*ns des vieux blés font plus fecs , & parce
qu^îls tiennent ï moins de farine , qui eft plus
pefante que le fon.
On tire ordinairement par !a mouture écono-
mique de la boiffeaux de blé , neuf boiffeaux de
fon i favoir , fix boiffeaux de gros fon , un boil-
feau de remoulage, & deuït boiffeaux de recoupes-
Suivant la gradation du produit en fon par les
blés de différens poids , le fetier de blé pefant 210
livres , rend foixante-dix livres de fon des trois
fortes : le blé pefant deux - cents * vingt livres ,
donne 67 à 68 livres de fon : le blé de 23 a
livres , en donne 65 livres : le blé de 24a
livres donne 62 à 63 livres de fon; &. le bled
de 250 livres n'en donne que 60 livres. Quand
on moud bien , & que Ton blute bien , ces quanti-
tés relatives de fon, font encore moindres. Les
blés des pays chauds, qui péfent jufqu'à 17a
livres le ictier, ne donnent que 35 à 40 livres
de fon. Le blé d'Andaloufie donne un fon d'une
fi nèfle extraordinaire : ce fon ne péfe que trois
livres le boifTcau , au lieu que le fon des blés
de France pèf* quatre livres le boiffeau.
D faut que Iw fon ne pèfe que quatre livres
le boiffcau ; s'il péfe davantage» c'eft ^ ou qu'il
a été mal mcfuré, ou qu'on Ta mal moulu &
mal bluté ; iorfqu'il pèfe plus de 3 livres &
demie à quatre livres , on eft certain qu'il y
eft refté de la farine , comme cela arrive toujours
par la mouture ruftique, qui donne un fon gras^
pefant ordinairement fept livres le boiffeau ; favoir >
le double du fon fec , produit ou p.ir la mouture en
gro/Fe proprement dite, ou par la mouture éco-
nomique , ou par la mouture méridionale. C'eft-
à-dire, chacjue boiffeau de fon gras de la mou-
ture ruftiquc contrent environ trois livres 8c demie
de farine & de gruau , qui feroîent environ cinq
livres de pain; & de irèsbon pain, parce que
c'eft la meilleure farine du grain qu'on biffe
alnfi dans le fon gras f^r la mouture ruilique..
Le gros fon doit être bien évidé & tortillé^
comme des oublies ou des gauffres , ce qui dé-
note un bon moulin, & ce ion fe mefure bien.
Plus le fon proprement dit eft léger, moins
il contient de farine, moins il eft haché & moins
38
M E U
tl cA dur ; on nomme fon dur^ un fon auquel
il tient plus de farine, & dans lequel il y a du
gruau ; ce qui le rend moins doux & moins mollet
dans la irïain.
La mouture ru/tique donne plus de Ton pour
le poids que n^en donnent les autres moutures^
maïs elle n'en donne pas plus à la mefurc ,
parce qu'en général U mouture donne du volume
au graîn & au fon.
Le Ton acquiert plus de yolpmepar la divifion;
cependant C on continuolt à le divifcr , il revien-
droit à avoir moins de volume* Le (oa a beau-
coup de volume , fur- tout le gros fon ; mais ce
fon remoulu , en devenant plus fin , perd de fon
volume & reprend plus de poids : on conçoit
pourquoi il faut une mefure moindre pour con-
tenir un corps, s'il e(l en poudre, que s'il tCcd
que concaffè. Plus le fon cft fin, plus W eft périt*
plus II pé£e : le fac de gros fon péfe 155 livres ;
le fac de remoulage péfe %^\ livres; Hl le fac
de recoupe péfe 28 5 livres, le plus fouvent. Le
petit fon eft plus pefant que le gros fon, comme
le gruau eA plus pcfant que la farine«
Les économes prétendent que le fon remoulu
eft pïus nourriflant que celui qui ne Ta pas été.
Le ion pénètre & amolli par Teau dans laquelle
on Ta mis tremper, devient encore plus nour-
rllTant pour les oeftisux.
Ces économes difent au(Iî que le gros fon eft
pour les chevaux ; que les autres fons fe mettent
trop en pâte. Selon eux, les vaches mâchent
mieux que les chevaux le remoulage ou fleurage;
mats ils prétendent que les vaches ne mangent
pas fi bien les recoupes que les cochons; & ils
trouvent que les recoupes conviennent mieux au^i
pour engraiftcr les vobiUes, Les connoiffances
les plus utiles ne font pas celles qui plaîfent le
plus; mais on ne doit pas les négliger
Les recoupes prennent plus d'eau que la farine:
une livre de 16' onces de ce petit fon , boit 13
onces d'eau. Les recoupes fe lient bien en pâtons,
6c elles engraiilbnt parfaitement les volailles.
Le prix des fons n*eft pas proportionné à leur
poids: Je fécond fonfçVenJ plus cher que le premier,
& le troiftëme plus cher que le fécond , i la mefure;
mak par rapport à leurs poids réciproques, le
Î premier fon , le gros fon , le vend plus cher que
e fécond , & le iccond plus cher que le troifiéme.
tl y a, dçs fons gras qui péfent 60 livres de
plus (lar fetier le^ uns que les autres; ces 60
livres d*eïcédent font 60 livres de farioes, qui
font plus de 80 livres de pain cuit. Le fetier de
fon, oui, à la vérité, cft de 25 boifleaux« qui
péfe 00 livres de plus qu*un autre, n*eft pas
vendu plus dans Texafte proportion , parce qu'on
le vend à la mefure , ^ non au poids.
Le fon le plus pcfant eft celui de la mouture
rufttque , & les fons les moins pcfans viennent de
la mouturc-en groffc proprement dite, de la mou-
M E u
ture économique , & de la mouture méridionale. .
Les farines mêlées de fon fin, boivent pltis
d'eau, & font par conféquent plus de pain* Le
fon réduit en parties extrêmement fines eft plui
homogène à la tarlne avec laquelle il eft confondu,
aue ne Icft le gros fon : on Tapperçoit moin*
dans le pain à U vue & au goût, lorfqu'il eft
bien divifc» Il y a des fons qui , par leur nature ,
pourroicnt entrer dans la compofition du pain fans
le bifer , lui donnant feulement une couleur
blonde; tels font les fons provenans des blés de
Flandre & d*Andaloufie.
On fait que dans tous les temps & dans tous
les pays on a fait le pain de munition avec la
farine & le fon enfemble; ce qui fait de bon
pain , s'il eft bien prépare.
Le fon cil ordinairement moins fec que la &•
rine , ce qui cependant n*efl pas conftant; il y
a des années où le grain eft moins fec imériett-
renient qu'extérieurement , félon que la tempé-
rature de IVir a ctc plus ou moins féche depuis
le temps de la fleur du blé.
Le gros fon fe gâte plus promptement que
ne font les petits fons & les farineit M. Ma-
liflet m*a rapporté qu il a fait l'expérience que le
gros fon s'échauffe , c'eft - ï * dire , fe corrompt
plus promptement que ne fait le fleurage; ot
que les recoupes fe cot rompent moins que Ici
farines , ôt que le gros fon peut s'échauffer juf-
3u'à prendre feu. tl eft vrai qu'on a moins foin
e remuer le fon aue la faiine; & au contraire, le
fon auroit befoin d être plus fouvent remué que la
farine ; il m'a dit aufli c|ue le fon de feigle fe garde
mieux que le fon de froment. Il croit que plus le
fon eft menu , que plus il eft divifé, moins il fer-
mente. Le fleurage s'échauffe moins que la farine ;
c*cft pourquoi les farines qui font bifes par le petit
fon , par le ûeurage, fe gâtent moins que les farines
blanches.
Je crois que le fon aide beaucoup à la fermen-
tation de la farine , l'orfqu'il eft mêlé avec elle :
naturellement le gros fon fermente plus que U
farine, & lorfqu'il eft mêlé, il la fait plus fer-
menter, & il la ferait gâter, fi Ton n'avoit foin
de les remuer.
Il n arrivait autrefois à Paris , dans les marchés
& fur les ports , que du blé ou des farines
qui n'avoient point été blutées, qui étoient telles
quelles étoient fonies d'entre les meules avec
tout leur fon : ce n'eft que depuis î6^o, qu'on
a commencé d'amener dans cette ville de la
farine blutée. On prétendoît autrefois que U
farine féparée du fon étoit plus facile à fe cor-
rompre, & à fe gâter fur les chemins & dam
les marchés.
Le fon eft la partie da froment la plus huileufe;
la partie collante de la farine eft , après le fod ,
ce qu'il y a de plus huileux dans le blé , âê
elle eii aufti la plus fufceptible de fermentation 8c
de pourriture, parce quelle contient moins de
M E U
fcl; U y a plus de ici à proportion dans le fon,
que dans la partie collance de la farine.
Ce& pour cette raifon que b fermentation
ifat fon avec U fariae rend la farine meilleure,
flMHOS rcvèchc, La fermemaiion de la rame donne
■ne qualité à la farine pour être plus propre à faire
ic boa pain , pour diiToudre le coilam de la fa-
nne, H faut joindre du falin au collint pour le
rendre gélitineux , pour le rendre nourriflanc* Les
farifMrs de\*iennent plus falèes dans la mouture
jnéridionale , où on les garde avant de les bluter.
Les fans de feigle, d'orge ^'avoine ik de far-
raaiji, font moins bons que celui de Moment,
dans une proportion encore plus grande que les
farines de Icigle , d'orge , d'avoine , & de farrazln
pie m
M E U
39
I
Du déchet.
moruvemcnt eft le principe de tout déchet;
moaTcment des meules de moulin & celui
des bluteaux « font celui dont il s*agit ici.
La diifipation efl plus grande dans un moulin neuf,
dont les meules font nouvellement r'habillées,
c'cû-i-dtre, rabattues, parce qu'il faut que les
ftotis ks pics profonds des meules ^e remplif-
fcftt d'abord*
Le déchet eft moindre dans un moulin qui eft
cA train de bien aller y & dont les meules n^ont
pas befoin d'être repiquées; car quand elles en
mm befoui, on eft obligé de moudre plus près
8c plus fort , ce qui fait aufti de la dîÔlpation.
Il faut encore obferver que le déchet de ce que
Ton donne à moudre , vient moins de la diflipation
delà farine par le mouvement du moulin , que des
rUques qtû arrivent prefque toujours par défaut
d'attention & de prècifion ; il eft bien difficile,
loriqu'on moud pour plufieurs particuliers^ , de
fiToir au îufte ce qu'il y en a pour chacun : il
hm que le garde-moulin qui le régie foit préfent ,
âc prêt à mettre dans la trémie le grain qui doit
fooEèder à celui qu'on moud; il laut qu'il foit
tou^oufs c%îÛ & prêt à en recevoir féparément
le produit , a6n de rendre à chacun la farine &
fe too qui lui appartiennent,
Il'doîi commencer par connoitre ce qui peut
ètrt fcflé dans les meules , pour les arrêter à
la prochaine mouture dans le même état; il faut
qiid prenne garde qu'il ne foit refté de la farine,
n du grain , dans les autres panies du moulage.
Il n'y a guère plus de déchet par la mouture
CB grand que par celle qui fe fait en petit ; quel-
mefois même il n'y a prefque pas de déchet ,
Fcn^qu^on moud beaucoup &tout de fuite , comme
9m iih pour les fariniers & pour les boulangers :
alors on peur favoir précifi-ment ctr qu'il y a de
déxhct , ou plutôt on fait qu*il n*y en a prefque
pas» à proportion de la quaiititè de grain qu'on
1 iBoula : on cftime ordiiiairemem le déchet à
éswt lÏTres par iac*
Par une ordonnance de police de 1438 , il fut
enjoint aux meuniers de rendre en farine & en
fon le même poids que celui du grain quils
avoient re^u , à deux livres près par feticr : ce
qui fm confirmé Tannée fuivante par une ordonnan-
ce de Charles VII; & en IÇ77, Henri 111 donna
un règlement par lequel il orionnoit que Us Juges
ou ojficurs de police ajfembleront Us meuniers &
boulangers , pour avîfer quel poids & mefure devra
rendre la mouture pour U bU ou autres crains*
La mouture ruftique eft celle par laquelle il
fe fait le moins de déchet, parce qu'on n'y moud
qu'une fois , & qu'on y blute par un feul bluteau.
Le déchet n'y eit que d'une ou de deux livres. On
accorde aux meuniers dans les provinces, deux
livres' de déchet par fetier de 230 à 260 livres.
Le déchet au moulin eft plus confidérable par
la mouture économique, parce qu'il y a plus de
travail dans cette mouture , ce qui fèche la farine*
La farine s'échaufte, s'évapore, & perd de fon
humidité par le mouvement entre les meules , qui
en même temps la rendent plus graffe extérieure-
ment en exprimant Fhuile du grain.
Le déchet n eft pas feulement proportionné au
nombre des moutures , il Tell encore à la forte
de mouture. La mouture en grofle, où Ton ne
remoud point , diifipe plus, proportion gardée,
que la mouture économique , parce qu'en général
la meule va plus fort dans la mouture en groffe ,
que dans la mouture économique.
D'ailleurs, dans la mouture en grolTe propre-
ment dite, il fe fait à- peu -prés autant de diftîpa-
tion par les bluteaux que par les meules.
Le déchet par la mouture méridionale efl moin-
dre , parce qu'on y moud moins que par la mou-
turc économique , & moins fort que par la mou-
ture en grofte proprement dite. On difiipe moins
aufti par les bluteaux dans la mouture méridio-
nale ; mais il s'y fait une ditîipation qui n'a pas
heu dans les autres moutures, qui vient de ce
qu'on eft obligé de remuer de temps en temps la
rame, pour qu'elle ne fe gâte pas dans le long
efpace de temps pendant lequel on la garde, pour
qu'elle faffe Ion eftet avant de la bluter y & afin
d'en féparcr les farines , le gréfillon êi la repafle»
Il fe fait ilu déchet en blutant les farines, les
gruaux & les fons, ce que nous avons rapporté
dans le chapitre de la bluterie* Il y a déchet en
pétriffant la farine ; il y a déchet de la pâte en
cuifant le pain , & il y a encore déchet du pain
en fe refroidi liant.
Des poids 6- me fur e des blés & de la farine*
i
En général , le poids eft toujours quelque chofe
de plus certain que la mefure, pour tout, par-
ticrliérement pour la boulangerie; parce que le
pain étant vendu au poids, il y a une propor-
tion plus exaéle entre le poids du pain ik celuî
40
M E U
de la farine , que fi Ton prend la urine k U mcfure;
puifqu'il y a telle farine dont le boiffeau pèfc
plus que le botûTeau d*une autre farine, non feule-
ment parce que la farine eft plus ou moins féche,
mais auflt parce quelle eft plus ou moins fub-
flantietle : or la tarins qui eft fèche 8c qui eft
plus pefante, eft la meilleure, parce quelle a plus
de corpç» parce qu'elle fait plus de pain , & parce
qu'elle le fournit ordinairement meilleurl De mcme^
plusleblèeftpefant» à mefures égales, meilleur il
eft; plus il donne de farine, meilleure elle e(li&
plus elle boit d'eau , plus elle donne de pain.
Plus les pays font policés, plus le commerce
s'y fait au poids, & moins il fe fait à la me-
fure. A la Chine, prcfque tout fe vend au poids :
on a toujours fu qu'il étoit plus fur de commercer
au poids qu'à la mcfure* 11 avoit été ordonné
autrefois aux meuniers de recevoir le grain au
poids, & de rendre auûî la farine & le fon au
Î>oid$. Par les Ordonnancei du Roi concernant
es munitions des vivres, il eft enjoint aux entre-
preneurl ,fourmffeur5&commi{ïiûnnaires , dt livrer
Uur bU fur U balance , pour y être ptfù en leur
préftnce,
La mefure eft fi peu certaine, que, félon To-
pinion commune , elle eft plus forte au marché»
qu^au grenier , parce qu'on n'a pas au marché p
comme au grenier , la commodité & Tefpace con-
venables pour mefurer exaftement ; ce qui va au
détriment du vendeur, qui ordinairement a moins
d'ufageS: d'adreffe que n'en a l'acheteur, qui eft
le plus fouvent un marchand ou un fadeur.
La température de Tair fait au poids & à la
mefure : Thumidiié augmente en général le poids
de la marchandife, 6c la fécherefte le diminue;
mais ce qui fugmente encore plus rinccrtitude
fur la quantité réelle des grains^ des farines,
& des Ions, pris à la mefure, c'eft la manière
de mefurer , qui avec l'apparence d'être la même ,
eft cependant très diiFé rente , félon l'adrefte des
perfonnes qui mefureni.
Le mefurage eft la fource principale du profit
des regratiers, c'eft-à-dire, des revendeurs* Il
faut favotr que la quantité du grain , de la farine
& du fon, mefurcs à la pelle ou avec la main,
cfi plus grande que lorfqu'on fait tomber dou*
cernent du fac dans la mefure; c'eft ce qui fatt
ou il emre beaucoup moins de fon dans le boiiTeau
il on le place au bout du blureau pour recevoir
le fon à mefure qu'il en fort.
Un blé remué remplit plus la mefure qu'un
blé qui ne l'a pas été, parce que l'air, dans un
tas de blé amaUé depuis long-temps, efl refoulé
par le poids des grains dont l'air occupe les in-
terftices.
L'humidité qui fe fait dans le monceau de
blé pendant qu'il fait fon effet , ou quand il
s^échaiifTe, mouillant les parties d'air contenues
dans les imervalles des grains, en 6fe le reftbrt;
M E U
elles réfiftent moins au poids du grain, elles
s'affiifTent, elles fe condenUnt, & elles occupent
moins de place; jufqu'à ce quon les relève, &
qu'on les féche en rerouant le bled ^ & en re-»
nou vêlant Pair, qui reprend fon reffort en fâ-
chant en liberté*
Dés 1350, le roi Jean avoît donné une or-
donnance pour rétabliiTement d'un poids public «
connu aujourd'hui fous le nom de poids-du-roi ,
ou poïds-îe-rol : la guerte empêcha que ce fage
établiffcment n'eût lieu* Il fut encore ordonné
en t4j8 & en 1439^ mai«» les troubles qu'apporte
toujours la guerre, s'oppofcrent chaque fois au
bon ordre qu'un objet ii utile dcmandolt. Cela
eut befoin d'être encore renouvelé en 154^ •
en 1630, 1639 & 1667. Entîn en 1760 le gou-
vernement a de nouveau été obligé d'en ordonner
le rctabliffement à Paris,
On doit faire obferver îci qu'il y a cependant
un inconvénient d'acheter la farine au poids, qui
eft qu*on peut tromper plus alfêment fur la qualité
de cette marchanaifc en la vendant au poids «
que lorfqu'on la livre à la mefure ; la farine eft
renfermée dans des facs lorfqu'on la pcfe, & on
l'expofe à la vue quand on la mefure.
Les anciens fe fcrvoient de liquides pour ex-
primer la contiiîence de leurs mefures, même de
celles qui ne fervoient qu'à mefurer les chofcs (o*
lîdes ; le poids des fluides eft plus certain que
celui des chofes dures , les parties des fluides
ayant plus d'égllités & s'arrangeant mieux dans
la mefure ; cependant il y a encore de rmégalité
dans les fluides ; c'eft pourquoi le poids cil plus
certain que la mefure , pour tout.
Il y a des inconvéniens dans tout, il 6iuf
éviter les plus grands ; or, ceux d'acheter la farine
à la meuire font plus grands encore que ceux
de la recevoir au poids , parce que le poids eft
toujours plus iûfle que la mefure*
On fait que le boift'eau eft Je 16 litrons; le
minot de froment , de trois boiffeaux ; la mine , de
deux minots ou de fix boiffeaux ; le fetier, de
quatre minots, de deux mines, de douze boif-
Ceaux ; &: le muid » de douze fetiers.
Le fetier de farine eft comme le fetier de blé ,
de douze boifleaux ; mais le dernier boift'eau du
fetier fe mefure comble.
Le fetier d'avoine eft de 14 boifleaux, & le
minot de ftx.
Le fetier de fon eft encore plus grand ; il
eft de vingt-cinq boifleaux.
Le fac de farine eft de 315 livres , & on pafle
cinq livres pour le déchet du fac. Vn fac de
farine étoit autrefois le produit de plus de deux
fetiers de blé ; aujourd'hui on fait tirer de deux
fetiers de blé plus de 370 livres de farine.
Le muid de bon blé pèfe 4800 livres , le
fetier 140 livres , la mine lao livres, le minot
60 livres, le boiffeau ao livres, 8c le litron 10
onces , ou une livre & un quarteron*
Ordinairement
ï
f
M E U
Oniiaairement le poids du bolflTcau de blé
fraoïent eft de 20 à 11 livres» celui de ta farine
tft de la il 15 livres^ celui du gruau de 16 à
17 ttrrcs y Sl celui du gros fon de trois Uvrcs &
liîeatie à quatre livres.
Dam le commerce fur mer, il y a «ne mefure
doQC on ne fait pomt ufage dans te trafic de terre
pour les grains : on compte Cur mer par tonneaux ,
OQiPBie ToQ compte fur terre par fetiers : fui van t
rordoomnce de i68r » Le tonneau d^: mer eft
cfiiné peicr» dans toute U France en genéraU
éevx nulle livres ; il contient quarame*deux pieds
citbew
Le tonnean de froment eft différent dans les
£ir£rexts ports de mer : le tonneau de Nantes
CQmeet dix fericrs, & il péfe 2150 livres; au
fieuqtie cetui de Rennes ne pefe que 21 ao livres
de bîc ordioairemcni.
Le grain, par la dividon qui sVn fait en le
moulant, occupe plus de place que toffqu'il £toit
esirtcr* On conçoit aifcmcnt que le volume du
%rzm augmente par la mouture qui le divife;
flxaîs il eu étonnant que ce foit du tiers « mcme
éa double : un fetier de douze boiifeaux de blé
donne j après qu*il e(l moulu, dii- huit bolffeaiix,
lant en iârine qu'en gruau âc en fon confondus
enfemble.
El li«on les fëpare par les blutoirs, le volume
en Cera encore plus |rand« Après avoir remoulu
le gru^Q & bluté la farine « on a quinze ou feize
boilTeaux de farine, & huit ou neuf boiffcaux
de fon; le tout faifant mefure prefque double dâ
celle du grain qu'on a mis au moulm.
On a encore un exemple de cette augmentation
du %'alume dans la mouture économique : fi Ton
remoud 25 bolifeiux de gruau gris^ on aura 31
hoUSaux de farine & 3 boilleaux de fon fin, qui
eft te âeurage.
Tranfpori des Farine s >
Voiei un moyen employé avec fuccès pour
le tranfpon des farines fur mer, ou dans des
y loimatnf,
^a mec la urine dans un grand tonneau par llfs
3e dnq on ûx poucefi d*épaiiTeur; on les (erre &
on tes réduit en maiTe par le moyen d*un grand
faiùa de bois.
Le tonneau étant atnfi rempli de divers lits
de farine, on le ftrme avec un couvercle qui
predc fortement la firine, & on l'enduit extérieu-
rtneni de goudron. Lair ne peut plus pénétrer
dioi le tonneau*
On peut mettre cette farine à la cave fans re-
ûo ' ' iimidiié. On prétend qu'elle fe cotifer-
Vl . très long*tems,
L«ir^u'on en veut taire ufagc , on coupe avec
fin i-ic €tm farine qui cil en maiTe i on Tccrafe ,
oii la paâe au tamis, ^Ba quelle fc délaie bien
daoi Vc^u , & on en fait dexcelknr pain.
jlns & Métiers. Tome K Ptirtie L
M E u
41
Ce procédé a été longnems regardé comme
le meilleur. Cependant, comme la farine du blé
n'eft point par elle-même parfaitement féche, tk
quelle relient toujours un peu d^bumidîré, il
n'arrive que trop fouvent que ceU<? qu^aji embar-
que , foit pour le fervice des vaiffeaux , Toit pour
les colonies , s'altère confidérablement pendant îe
voyage, quelquefois même au point de n'être p^us
propre à en faire du pain. M. Duhamel a paré
à cet inconvénient , en appliquant à ia farine la mé-
thode qu il a donnée pour la confervation du blé ,
par le moyen de la deflication dans une étuve.
Trois parties de farine provenant du même
blé ont été embarquées fur un vaiâeau qui les
a tranfportécs en Amérique & rapportées ecfiiire
en France. .
L'une n'avoit reçu d'autre préparation que
celle quon a coutume de lui donner pour le
tranfport par mer; elle s'eft trouvée entièrement
gâtée,
Vnz autre avoit été faite avec du blé fécîié
par la méthode de M. Duhamel; elle étoit infi-
niment moins altérée.
La troifiéme, qui avoit été féchèe à 1 eruve avant
détre mife dans les barriques, étoit dans Tctat le
plus parfait.
Ces différences fi effeniietles prouvent quec'eft
rhumidité naturelle de la farine qui contribue prin-
cipalement ï fa dégradation dans Iss voyages par
mer, puifquc de trois parties de la mkmt farine
embarquées dans le même vaifleau & dans le
même lien du vaifTeau, celle qui n'avoit reçu au-
cune deiliccation s'c/l abfolument gâtée ; celle
qui avoit été tirée du blé defTéchè s'cft beau-
coup mieux comportée j ôt celle enfin qui avoît
été {i^chéc elle-même dans Tétuve de M. Duha-
mel n'a reçu aucune efpéce d'altération.
Des dijprentes efpects de moulins , leur conjliiution
& leur produit.
Il y a des moulins qui font mus par les c:iux,
& d'aurres qui le font par Pair; ce qui conAttue
deuxefpéces principales de moulins , les moulin*
à eau , & les moulins à venr*
Moulins â eau*
On les diflingue en moulins de pied ferme , &
moulins fur Liteau,
Les moulins de pied ferme font ainfi nommés
pîirce qu'ils font bâtis folideraenT fur !e bord dc$
rivitres. Il y en a de q^iatre fortes; favoîr ;
i**. Les moulins en dc£ous , dont la rone à aubes
tourne dans une reillère , courfier ou courant
d*eau , qui la prend par fîefTcus.
2°* Les moulins en dijfis , dont la roue k pots
ou augets reçoit Teau en deHirs par un condiMt
au canal, lorfquVlle a îifil:: de chute & pas afl-z
de volume poujr faire tourner en deAbus«
F
42
M E U
5^ Lia mauiins pendans placés fous les ponts
^es nvièrei navigables , & dont k roue à aubes
f'éléve ou s*abaiiTe fuivant la hauteur de Teau.
4". l^j moulins à cuvttu. Comme ils ne font
connus «dit M* Bucquet, que dans nos Provinces
méridiofifles où Ton en fait ufage , je vais en don-
ner une idée,
L*arbre tournant de ce moulin eft vertical ,
fon bout fupérieur eft armé d'un fer d*environ
deux pouces en quarrc qui porte la meule courante
horizontalement ; vers le bas il pone une roue
horizontale d'environ trois pieds de diamètre.
L*cxiréniitè inférieure de cet arbre fe termine par
un pivot de fer tournant fur une crapaudînc d'acier
fixée fur un palier au bas de la cuvette, La roue
de ces moulins eft à aubes inclinées ; elle eft en-
fermée dans une cuvette ou tonneau en maçonnerie
fans fond , auquel aboutit un courGer aufll en
maçonnerie , d'environ un pied de diamètre plus
ou moins y félon la force de l'eau qui entre avec
précipitation & obliquement par ce courficr dans
ia cuvette , où , ne trouvant pas pour fortir d'ou-
verture auHt grande que celle par laquelle elle
eft entrée , elle fe gor>^e 8t forme dans cette
cuvette un rourbill m qui force la roue de tourner
avec elle; en même t^ms elle s'échappe par les
intervalles que les aubes ont entre elles ; elle fort
par le fond de la cuvette, & s'écoule par le côté
a aval , où Ton a ménagé une pente.
Ces moulins ont des défauts dont je parleras
en faifant la defcription du gros de (qî & de
l'anille , & à l'article qui traite des défauts des
moulins ordinaires à cuvette , &c.
Pour me renfermer dans le programme de l'aca-
démie , je ne décrirai que les moulins en deftbns
& en deftus, dont la conftru^iion eft la même,
avec U feule différence ci-devant énoncée. Ils font
de tous les moulins ceux qui font le meilleur fer-
vice & le plus continuel.
Les moulins de pied ferme ont fur tous les
autres un grand avantage , c'eft de pouvoir établir
dans leur partie fupérteure des magafins dans lef-
quels on peut à peu de frais manœuvrer les
Î;rains , les rafraîchir , cribler & nettoyer avant de
es moudre. Je vais d'abord en décrire les diffé-
rentes parties.
Pefçrfpt'ton dt iou*ts lès pièces et un Moulin éc^-
nomi^uc ^ d* après U Mémoirt imprimé de M, de
Ls roue. Dans une grande partie des provinces de
France on cil dans Tufaee d'employer des roues de
dix à do. «e pieds de (fiamétre, &des rouets qui
n'ont qu'environ quatre pieds de diamètre j cette
difproporiion dans la hauteur de ta roue défavan-
lagc le moulin.
Lorfque le lieu le permet, il faut donner à la
roue un plus grand diamètre ; il eft plus avan-
tageux priLir la force de Tc^u & pour celle du
moulin dont U roue eft le kvïer. Plus un levier f
M E u
eft long , plus il opère de force. Aiiifi , lorfque
Feau eft aftez forte , il faut donner à la roue un
diamètre dedix-fcpc pieds quatre pouces ou environ
jufqu'à l'extrémité des aubes , fur vingt à vingr-
quatrc pouces d'aubage ; c*eft-à-dire , de la largeur
de la reillère ou du courfier ; & la roue doit
avoir vingt • quatre aubes d'environ deux pieds
de largeur chacune.
Si au contraire il y a peu d'eau » ou ipie fa
chute ne foit pas aflez forte , Taubage & le fond
du glacis ne doit avoir que douze à quinze pouces
de largeur ^ le diamètre de la roue ne fera que d*en-»
viron treize pieds ai demi ; on y pourra mettre
trente aubes au lieu de vingt-quatre : il cfteHenriel
qu'elles foicnt d'une bonne longueur, telle que celle
de dix- huit à vingt- quatre pouces , afin d'éviter
le retlux de l'eau , & que le ceintre de la roue ne
touche point j ou très-peu , ï leau : fi on met toit
un plus grand nombre d'aubes , Feau pajotteroit
dans leurs intervalles , ce qui augment'^roit la
réfiilance de la roue, & rctarderoit le mouvement
du moulin: en général, plus Tcau eft forte , &
moins il faut d'aubes.
Lorfque la chute d'eiu d*un moulin en deflbus
efl foible , quoiqu'il y en ait beaucoup , il eft
effintitl de tenir h roue & les aubes fort larges^
c'cft-à-dire , d'environ trois à quatre pieds , &
la reillère à proportion ; alors le volume d'eau
fupplée à la chute, & accélère le mouvement de
la roue.
Les aubes. L'aube doit être faire de boîs
dorme ; c'eft une petite planche attachée aux
coyatix fur le ccintre ou jantes de la roue.
Les aubes font les bras du levier; elles font
aux moulins à eau ce que les ailes font aux
moulins à vent ; elles doivent être placées droites
fur U roue , Ôt non inclinées ; leur inclinaifon
feroit pajotter l'eau , 6c retardefoit le mouvement
de la roue.
Une roue dont le nombre d'aubes eft double >
tourac plus vite que celle dont le nombre d*aubes
efl fimple ; il faut qu'elles foient difpofées de
façon que deux aubes fuient dans Teau pendant
que celle d'avant y entre , & que celle d'après en
ion; en tout quatre aubes agiflTantes à-la-fois ,
une qui entre da/is l'eau , deux qui font dans l'eau ,
& la quatrième qui en fort,
Let coyaux font deux petites pièces de bois
entaillées fur ta roue.
J es auges. A l'égard des moulins en deffus, ti
faut que l'ouverture des auges au pots de la rotie
foit pioportionnée à la fo'-cc & à la q^janritè de
Tcau. Lorfque les pots ne font pas affez ouverts,
Teau rejaillit , fort de la roue , <k nuit k fcn
mouvement, qui doit tou ours être leftc A Tégard
de leur nombre , il faut fuivre les mêmes règles
que pour les aubes*
Larbre tournant eft l'axe de h roue & du rouet
qui font en dedans du moulin : cet arbre eft
le centre du mouvement du moulin ; ainft 11 doit
M E Û
erre proponlonni à fa force & k celle de toutes
Jeu pièces fur Icfquelles 11 agît ; il doit avoir environ
tçuc à vingt pouces de gros en quarré.
Ltr tùuriUans & Us plumarts. Les tourillons *
qui font les bouts de fer dont les extrémités
de l'arbre tournant font armées , doivent être
dans (on plein milieu ; ils font fupportés par des
plnmns de fonte ou de cuivre «qui doivent leur
lervir de chevet pour les faire tourner plus gai
& avec moins de frottement. La forme ordinaire
de ces touriUons eft dèfavantageufe pour les petits
moulins fur - tout , en ce qu'elle occafionne un
froctemenc qu'il eft eiîentîel de diminuer Ces tou-
fîHoiis ont ordnairement Cix à huit pouces de cour»
& pOftent fur des plumarts de fix à huit pouces de
longueur. Lorfque ces plumarts font de ter ou de
cuivre « le frottement eft encore confidèrable ^ mais
lorfqulls font de bois, comme dans la plupart des
moulins , alors le frottement efl bien plus
idérable , & retarde beaucoup le jeu du
lia.
Pour remédier k ces inconvéniens , il fau droit
qtie les tourillons furent moins gros , moins
bugs » & qu'ils fuffent terminés par une boule
d*acier qui portcroît fur des plumarts de cuivre
îocrxidés furie clievrcfier qui les tieodroit en équi-
libre ; ces rouriltons nauroient ainfi pas plus
d*ttn pouce de frottement , & les petits moulins
fur tout y gagneroient beaucoup.
Le rûu<:t eA une roue à dents ou aluchons ,
adaptée fur Tarbre tournant dans ia cave du
nouEn , pour engtener dans les fufeaux de
h lanterne. Ses dents , aluchons ou chevilles ,
feot de petites pièces de bois taillées , fott quar-
rcment , fort en plan incliné. Le diamètre du
rouet doit être proportionné à celui de la roue :
ainii , en fuppofant le diamètre de la roue de
dtx^fepi pieds quatre pouces , tel qu'il eft indiqué
ei-devant , celui du rouet doit être de huit pieds ,
e*etl*i-dire , toujours un peu moins de la moitié
du diamètre de la roue. Quand on tut donne la
noltiè }ufte du diamètre de la roue» cela diminue
la force du levier ou de la roue , & ratemit fou
mouvement.
Si ïe moUiin a beaucoup d'eau , le rouet doit
avotr quarante- huit dents à fix pouces de pas ou
dlntervalle Tune de l'autre ; il eft né ce flaire que.
ces dents aient une ligne de peme par pouce ,
&iivant Tépaiffeur du rouet » c*eftrà-dire que , fi le
ceiatre , la bande , le parement , ou le chanteau ,
( tennes fynonymes ) a fix ou huit pouces de large »
h, tient aura ftx à huit lignes de pente» afin que
les fafeaux de la lanterne quittent plus facilement
les dents du rouet ; il eft plus avantageux de
d(Uifier cette pente aux lumières ou trous que Ton
ùâx dans le chanteau du rouet pour y enfoncer
les dents » que fur la tète des dents mômes ;
cependant «»a donne quelquefois cette pente aux
M E U
4)
deots plutôt qu'à leurs alvéoles , parce que cela
eft plus facile.
Si le moulin a peu d'eau , le rouet doit avoir
jufqu'à ^6 & môme 60 chevilles* En général , fi
feau eft forte « le pas du rouet doit être long &
par conféquent avoir moins de chevilles ; & fi
reau eft foibïe , fon pas doit être plus court , il
doit avoir plus de chevilles.
Les tmhrâfurts du rouet font des pièces de
bois qui fe croifeot pour foutcnir la circonférence
du rouet ; elles doivent être fortes à proportion
de fa groffeur,
La idntrrnc eft un pignon à jour fait en forme
de lanterne , compofé de deux tourtes ou pièces
de bois rondes autour defquelles font les (ufeaux
dans lef(|uels engrènent les dents du rouet. Cette
lanterne eft fixée fur ïe gros fer qui traverfe les
meules dans leur point de centre , Qc qui fup-
porte Qc fait tourner la meule courante.
Diaprés les proportions du rouet ci -devant
indiquées , la lanterne doit avoir dix - huit à
dix- neuf pouces de diamètre , avec huit fufeaux
de même pas absolument que les dents du rouet,
Lorfque le moulin a beaucoup d'eau, & qu'il
va fort , on peut mettre jufcju'à dix &mème douze
fufeaux à la lanterne , & toujours de même pas
que les dents du rouet ; le moulin fera plus doux,
la meule tournera plus rondement , elle s' u fera
moins , la mouture fe fera mieux , & ce qu'on
perdra en vîtefte , on le gagnera par la qualité
de la mouture , & par un plus long fcrvice du
mouHn.
Les proportions entre la roue » le rouet , la
lanterne & la meule courante , doivent être telles
que 40 ou 48 dents do rouet & huit fiifeaux de
la lanterne opèrent cinq ou fix tours de la lanterne
fit de la meule contre un tour de la roue. D'après
cette règle , on doit préférer le nombre pair des
dents du rouet & des fufeaux de la lanterne au
nombre impair.
Il y a deux manières de faire la lanterne ,
favoir , à fufeaux droits , & à fufeaux inclinés..
Celle à fufeaux inclines fe nomme lanterne â fc
On fait aulfi les tufeaux en bois ou en fer :
ceux de fer durent pluslong^tems , & sVfent moins
que ceux de bois i mais ceux-ci ont le mouvement
plus doux, & ceux de bois de gayac fur - tout
font préférables , parce que le frottement en eft
plus doux 6c plus folide.
Les dents du rouet & les fufeaux de la lanterne
ayant la même inclinaifon , le choc plein qu'ils
fe donnent en tournant eft auffi vif que des coups
de maillet ; & fi les fufeaux font de fer» ce choc
caufe au rouet un ébranlement qui occafionne fou
écanement , à moins qu'il ne foit ètréfillonné ou
foutenu par derrière avec des pièces de boîs
qu*on nomme étrifiîlons , qui prennent dans le
milieu des deux embrâfures , un bout à la roue
& lautre au rouer. Ce choc , faifant te même
Fij
^
M E U
«ffet fur Tarbre tournant & fur le gros fer , le$
fiit vaciller, leur lait faire des hcurtcmens, des
foubrcfauts, fait bourdonner ta meule» ÔC ia nnou-
lure eft inégale & groirière, fcr-toui lorfque la
Toue a beaucoup de viiefTe,
L^ dcrangem m n'eft pas C confidcrabîe !orf*
Ïue la chute de le courant d*eau font fuibles ,
tqtic les fuCeaux font de boisj mais la lanterne
à fcreine eft toujours fu jette à fe déranger de
fïas, lorfqu'on dcfcend le fef, ou que Ton cale
0 chevrejl^r, c'eA-à-dirc, la pièce de bois qui
lui fcrt de chevet, & fur laquelle pofc Taxe
ou le grand arbre du mouUn. Ainft il faut pré-
férer les lanternes à fufeaux & de bois , qu on peut
étréfillonner lorCqu'ils dardent un peu, c'eft-à-
dire qu'on ctaîe ces fwfcaux par de petits étrcfil-
lons qu'on place horiiontalement , & quon fait
entrer de force entre chaque fufeau.
Le palier eft une pièce de boW d'environ un
pied carré fur neuf pieds de longueur entre fes
deux appuis, 6c dont les deux bouts, tailles en
dos de carpe, pofent fur deux pièces de bois
qu*on no/nmc braie!. Cette forme de dos de
c.irpe eft nécelTaire pour alléger U meule plus
droite.
Le paKer fcrvam à porterie gros fer fur lequel
la lanterne & la meule courante font arrêtées > il
eft évident que la force doit être proportionnée
à lapefanteurdcs meules &à la force du moulin*
Les deux brjUs^ qui fupportent le palier, font
deux pièces de bois chacune de fa pouces en quarré >
pofées en travers Auhèfroi^diin lequel elles enirejit
par une rainure à coulillc-
Le hé frai eft conipofé de quatre piliers de pierre
ou de bois debout, qui fouticnncnt la charpente
du moulin , ou l'étage des meules.
La tnmpure eil une pièce de bois de cinq à ftx
pouces de gros & d'environ neuf pieds de long, qui
Éait Veffet d'une bafcule ou d'un levier; il fert à
hauH'cr 8c bailTer le palier à volonté. La trempure
craverfe fous le pUncher des meules , & reçoit dans
Tun de fes bouts une pièce de fer debout, qu'on
nomme ipèede U tnmpurx^ qui paffe à travers d une
des braies, A Tautrc bout de fa trempure eft attachée
une corde qui va s'arrêter à cr^té de la huche , &
Îju'on chugc d*un poids par le moyen duquel on
oulére cette trempure, Quind on tire ce poids ,
on fouîève Ij braie qui porterie palier, 6c l'on
écarte ainfi plus ou moîn> la meule courante*
On m'a propofè, il y a Umg-ttms , d'empluycr
pour Talléi^cmejit de la meule une efpèce décrie
fous te palier, au droit de la pointe de fer : je n'en
tî point aç^prouvé Tufage, i". parce que ce cric
eft plus coûteux que U trempure^ i''. parce que
fufat^e de la trempure eft phis facile pour le garde-
moulin', 3". parce que le garile-moulin doit con-
duire à la foii & fans fonir de place , les trois
f0uvfrftattx du moulïn ^ favoir , V anche ^ le haït-
tléSc \sitf empare; il doit avoir une main à l'anche,
pour tâicr U mouiure & en juger la qualité î il
M E u
doit tenir de Tautre main le bail- blé & la corde 13
1,1 trempure; le bail bic, pour donner plus ou moins
de blé dans la meule, félon le broiement qui Von
veut taire , & là trempure pour allégef ou appro-
cher, c'ell-à-dire hauffcr ou baîiîer la meule , (cîoa
que la modture l'exige; 4^, c'eft que le gardc-
lîioulin ne pourroit pas gouverner fi facilement
ce cric avec l'anche oc le bail-bW.
• Le gros -fer. La meule courante eft fupportée
par un arbre de fer, ou gros fer, dont le bout
lupérieur fe nommç papillon ; la partie au-deftbu$
du papillon fe nomme /** fufée ; le bout inférieur
de cet arbre fe nomme le pivot ^ & la parue qui
eft entre U fuféc & le pivot fe nomme U cotfs
de V arbre*
Le papillon entre dans Vanille ^ & porte la
mcuîe courante. ^
Dans un moulin d'une force ordinaire » le corpi
de Tarbrc de fer doit avoir environ trois pouces
de largeur fur un pOiîce 6l demi d'épaifreur , depuis
la fu(ec jufqu'au commencement du pivot.
Le pivot du gros fer porte fur une efpècc de
p3S de métal qu*on nomme crapaudtnt ; il cil
eftentid que cette crapaudine foit dans le plein
mitieu du palier, afin que la pointe du gros fer
foit bien droite & au niveau du mdii?u de farbrc
tournant.
La fuféc du gros fer doit être ronde, elle doit
avoir environ ux à huit pouces de long fur dix
pouces & demi de circonférence, toujours fuivant
la force du moulin : il faut lui donner environ
deux lignes de plus dans le haut que dans le baf,^
Si cette augm;fntation du haut de la î\i{cc étoic
plus fenfible , elle allégeroit trop la meule , U
feroit bourdonner, & en môme tcms cela pour-
roit fiirc grenery c'eft-à-dire, faire paffer le grain
entre les bottes Se la fufée , pour venir tomber
fe perdre fur la lanterne* Si l'eau eft foible, oa^
fera ta fufée plus petite, le moulin en tournera
plus leftement.
On di (lingue dans le papillon les plats & les
houtî ; les phts font les côtés les plus larges, 6c
les bouts (ont les côtés les plus étroits.
Le papillon doit avoir deux pouces de large
par en bas fur les plats, revenant à deux poucis
m/ms un quart par le haut , 6c un pouce âc demi
par en bas fur les bouts, venant à un pouce âc
un qu ait vers le haut. De cette manière, l'anille
ne porte pas fur les épautemens ou rebords de la
fufée , 8c la meule fe dreiïe facilemcnr, Lorfquc,
par le frorcment , la fufée s'ufc plus d'un côté
que de l'autre & qu'il fe forme vers le haut, des
îhrts ou retords , ces rebords portent fur les
boitillons, font échauffer le fer, & gênent pour
.ipprocher la meule ; le moyen d*y reméiier çÛ
de faire porter le fer à la forge, de faire bien
arrondir la fufce , bien limer Hi adoucir les inS
galités. & de remeftre le i^r dans le plein (Sibi:;a
de la meule gi faute.
J
I
t
M £ U
hht & Us hoitdlofu fenrcnt à contenir la
fisfie dans Tœilhird du gU« ; la hoiî€ eft une
cfpéce de noyau ou de moyeu rojid de bois d'orme,
le milieu , ou Ton place deux panneau n
de bois de cormier^ allant de boni:
ca b^iii , de 3 à 4 pouces en carré fur 6 à y
pouces de longueur, pour contenir la fufcc. On
t^ dsos Tufajc de faire une boîte ronde; mais
fai obfervé qu'en la faifant quarrée ^ dans la
longueur des deux tiers de rèpalireur de la meule j
& le.reA^ rond, la boite durolt dix fois plus, &
o*ifoit pas fi fujette à deffèrer le fer. Les deux
bchîUons font contrebandes par deux autres mor*
ceaux de bais pofès en fens contraires ou de pUt
cûolaî, qui fe ïïomxntnx ftiux boU.Uons; ils fervent
â ioutcnir les boitillons ai le bourrage de chanvre
& de gniffe , dont on garnit la fufèc du gros-
fer. On peut employer, pour faire la boite, un
Ik>o vieux moyeu de charrette» parce qu'ayant fait
€(>n effet , il n'efl plus fi fujet à travailler que
le bois nruf qui, en fe gonflant, pourroit faire
£rf}(L*e la meuk. Pour éviter cet effort de la boîte,
il bmt encore avoir la précaution de la fréter ,
cVll-â*dirc , de la cercler de fer bien cxaâcment.
L'é^n i V eft une pièce de fer ayant la forme de
deux C adoffès ^iC , au milieu de laquelle cfl un
vrou carré qu on Domme Toeil de Tanille , & dans
lequel entre le bout du papillon.
L^ajikJlc eft incruflèe & fcelièe avec du plâtre ou
plomb « dans le milieu de la partie intérieure de
la meule courante; fa grandeur 6^ fa forme doivent
être '- roporrionnè^ à la grandeur & épailleur de la
ie » & à la grandeur de l'œiliard ou trou de la
iculc.
On diftingue , dans Tamlle , le corps & les
àrms i le corps eti la partie du milieu, & qui a
cla^ns ioQ ;uâe miiteu un trou quarré. La longueur
^rps de Tamlle doit être d'environ quinze
|KMice%* non compris les bras, qui doivent avoir
la même longueur au plus. SMs et oient plus longs ,
la Aïeule ne fe manierott pas û bien ; ils emp^<
chcroient de drcifer la meule j & û^tn pefer les
boiits avec tacillté,
Jhtfftr U meuU , c'eft la charger du côté
Mpoie à celui qui bai (Te. Pcftr la metiU , c'eft
cfeercher ion équilibre en appuyant fur les quatre
pipiofs » pour voir û elle ne pèfe pas plus d'un càté
fl» de Taatre.
L'aiiîlle, dans toutes fes parties, doit avoir en-
irtFon deux ponces & demi d'épi iiTeur, fur environ
cmq pouces 6c demi de large.
Les qMotr^ plpfs. Pour drctTer les meules con-
^venabcinenf , on fe fert de quatre petits coins
fcr, qu^on n<^mme pipes. Ils doivent avoir
■ nn trois lignes d'épailleur fur deux pouces
r , être p!us minces en bas qu*en hiut ;
ûc iciî à coups de miffe entre le papillon
& ev?r ou r^baifter la meule du
t^'i. . ^ bouts qui Texigent, La largeur
M E U
45
de ces coins doit être moindre que celle d^i
papillon, afin de pouvoir les ferrer au befoin.
Depuis quelques années on a trouvé une manié rt
plus commode de Greffer le fer de la meule fans
donner aucun coup de mafle^ ôc par le moyen
de vis placées ainfi qu il fuit-
La crapjndine eft encadrée dans une boite qu'on
nomme paéktte ; cette boîte eft dans un chàfhs de
cuivre ou de fer à travers duquel paftent deux vis de
preiVion de chaque côté fur h longueur, 6c une
autre à chaque bout fur la largeur , pour faire
couler la poèlette; ces vis fe ferrent avec dzi clçfs.
Cette machine épargne beaucoup de main d'œuvrc,
diminue le ch^mmsg^ du moulin , & minage la
crr.paudine.
Pjr économie , on fait faire la crapaudlne à
trois pas; quand elle n'en a q»*un, quatre vis
fuffilent ftir fa longueur. Il arrive quelquefois
qu^ [a pointe du fer filiie , ou fait du bruit en
tournant, & qu*alors la meule s'allège ou fe fou-
lé ve toute feule fans y toucher; en voici la raifon :
quand l'acier eft dans le feu , il fe gonfle & s'a-
ionge ; de même Tacier de la pointe du gros-fer
s'éthaiiftc & fegonileen tournant j& occafionne
le foulcvement de b meule». mais cela ne dure
pas long'tems , parce que l'acier s'ufe, & la meule
fe rapproche toute feule. En pareil cas, lorfqu'on
voit que le ftr s'échautfc trop, il faut arrêter le
moulin, vider le pas, c'eft- à -dire, ôtcr l'huile
?[ui s'y eft encraffée , & le rafraîchir avec de feau
roide; cela durcit Tacler du pas & de b pointe,
cnfjiic on les effuie , & Ton y remet de la
nouvelle huile d olive.
11 convient que la pointe du fer folt en pointe
d*oeuf , plus ou moins Une félon la force du mou-
lin & la pefanteurde la meule; car, dans un mou-
Isn foible, {\ la pointe du fer eft grofte , elle le
dcfavanfage* Pour remédier à l'inconvénient de
réchauôcment de cette pointe , de fon fiftkmeuc
Si du foulcvement de la meuie ^ on a imaginé de
faire faire le pas ou la crapaudine d un métal com-
pofée de cuivre , d'ét^iin fin & de régule d*anti-
moine fondus cnfemble ; ces cri^paudines durent
beaucoup plus iong-temps , ÔL pour les ménager
encore , on a foin , chaque fois qu'on fait recharger
d'acier la pointé du gros-fer , de le faire tourner
pendant huit jours fur une crapaudine d'acier pour
le polir, l'adoucir, afin que Ion frottement fur le
pas métalUque foit enfuttç plus doux. Quoique cette
crapaudine de métal foit meilleure, on fe fert en-
core généralement de celle d'acier.
Les mentes. Il y a dans un moulin deux meules
placées horizontalement Tune fur l'aiître ; la meule
inférieure eft à demeure , & fe noinmîr la mcn/e
^finte ou le gîte. La meule fupérîeure eft mobile
Ôc tourne fur Tautre ; on la nomme par cette raifoor
la meule courante» • -*
Il faut beaucoup de connoi flan ces riiéoriqucs fit
pratiques pour bien chotiir les meules*
^
46
M E U
-En général , ellci font n»édiocres lorfqu elles
font rougcitrcs , noirâtres & 2 grands trous , &
elles font bonnes lorfqu*eUes Jbnt à petits trous
& bien perfiUêes ; on en trouve de femblablcs à
Qerac , Nerac & Bergerac. Il y a auffi dans ces
provinces une autre efpèce de pierrre dont on
fait des meules plus tranchantes , & qui fervent
k moudre enfenime le feigle , le mats ou blé de
Turquie , les pois & les Fèves, dont les pauvres
font leur pain dans ces provinces^ Ces meules
font Cl tranchantes t qu'elles ne donnent que quinze
à Vingt livres de ion par quintal de ^rain.
Les meules de la Fertè lous Jouare ^ en Brîe ,
font les meilleures pour U mouture des blés
feptentrionaux , elles développent mieux le fon au
broiement; il y a encore d'aflfez bonnes carrières
de pierres à faire des meules à Montmirail &
fur les frontières de la Champagne , mais elles
ne font pas fi bonnes que celles de la Fcrié fous
Jouare.
Il y a une autre catriêre meulière ï Oulbec
en Normandie ; la pierre en cft trop tendre ,
elle fait la farine molle & lourde ; cependant ,
étant bien choifies , ces meules feroient un bon
moulage pour les bics étuvés & trésfecs* JVi
vu employer les meilleures mtulcs d^Oulbec en
gîte avec une meule courante de la Ferté fous
Jou«re ; elles faifoient un très-bon moulage.
La meule gifanre doit erre d'un grain blanc-
bleu foncé > plein & doux ; elle doit cire moins
ardente ou moins tranchante que la meule cou-
rante, pour en foutenir l'effort.
Une meule ardente c& une meule coupante par
fes inégalités naturelles , & par ceîlef qu'on y a
faites en la piquant. Les menhs font plus ardentes
à proportion que la pierre dont elles font compo-
fées cft plus dure , & qu il faut les rebattre ,
repiquer ou rliabiller moins fouvent. Ced la quan-
titc & la petitcfledes trous qui rendent une meule
bien ardente. Ces petits trous , en terme de meu-
nerie ^ fe nomment évàllurts ; amfi une meule
bien éveillée cft une meule bien ardente» Une meule
à petits trous > s'éclate moins & prend mieux fon
marteau.
Pour les meules ardentes , il faut préférer les
pierres meulières blondes , œil de perdrix , un peu
tranfparcntes , femécs de petites parties bleues &
blanches & tic petits trous » parce qu'elles font plus
ferries & plus approchantes de la nature du
caillou.
Comme les meules d'un graîn égal font très-
rares , & que la plupart fe trouvent mêlées de
veines dures & tendres^ de grands Ôt petits trous,
on eft obligé de travailler ces meules , qui après
ce travail ne font pas toujours fans défauts. Les
iabrîcans de meules en compofent de plufteurs mor*
ccaux femblablcs , qu*tU choifiitcnt , appareillent ,
lient & mjftiquerit cpfcmblc avec du plâtre- Ces
meules font cxccllcnies U rfqu'cîles ont été compo-
fées avec foiii ; mais le plâtre employé pour les maf-
M E u
tiquer , retenant beaucoup d*eau , ces meules font
plus long temps à fécher » & j'en parlerai cncot% à
rarticle du féchement des meules.
Lorfque les deux meules font également arden-
tes , cela défavantage le moulin; il tourne en ap-
prochant , au lieu de tourner en allégeant , ce qui
rougit la farine & les gruaux par les particules de
fon qui s*y mêlent : on confomme le grtin en
recoupes.
Les deux meules doivent être abfolumem de
même diamètre ; autrement la plus large feroit ufée
par le frottement de la plus étroite , ce qui lui fe-
roit prendre des lèvres , faillies ou rebords , qui em-
pècheroicnt la farine de s'échapper d*entr'ellt?$ à
fur & mefurc du broiement, l'échai^fferoient &
la rendroient fableufe.
Des meules de fix pieds deux #11 trois pouces
de diamètre^ fur douze à quinze pouces d*épaiffcur,
pour la meule courante , & de quinze à dix-huit
pouces pour la meule gifantc, font d'une bonne
proportion pour un moulin qui doit moudre quînxe
à vingt fetiers par jour ; mais au defTous de quinie
fetters , elles doivent être plus petites & moms
lourdes , ainfi que toutes les autres pièces du mou*
lin 3 dont la force doit être proportionnée à celle
de la chuic & du courant d'eau*
Lorfque Ton a fait choix de bonnes meules , il
faut les préparer , les faire féchcr , ks piquer, les
monter , toutes opérations dont je traiterai lorf-
que j'aurai fait la dcfcription des autres pièces du
moulin.
Lts 4trchurts, Lorfque les meules font bien mon*
tées , on pofe les archures autour dVltes. Les archii^
rcs font une efpèce de coffre ou de caiffc tonde qui
environne les meule?.
Lis couverçaux. Les planches avec lefquelles en
couvre & ferme cette caiiïe j fe nomment les
couven\iux ; elles doivent être bien jointes &
bien clofcs , pour empêcher révaporation de la
farine.
Lis trémionj , porii-trémhns & [rayon. Au deffus
des archures , on place les trémicns ouchevronsqui
fouiiennent la trémie & les poru-trémions ou fup-
ports des trémions,au milieu defquels cft X^frayan^
qui doit être dans le milieu de roeillard. Le frayoti
cft une cfpéce de pignon incrufté dans le bas au
corps de ranille» & qui frotte contre Ciiuga poar
faire tomterlc blé.
Vixu^ct eft une boue longue , inclinée, & placée
fous la pointe de la trémie , pour recevoir le blé
& le conduire dans rœillard ; il doit être bien
fufpcndu , fans toucher au cul de la trémie, pour
qu'il puitTe bien fe régler à prendre également lo
blé ou le gruau quand on le remoud.
La trémie eft un entonnoir quarré de boîf ,^
dans lequel on verfe le grain ou le gruau It
doit être placé bien dirc^ement fur l'auget. Faute
de cette précaution on rifquc de faire aller le
moulin à drux airs , c'eftàdire, plus ou moini
fort , ce qui fait battre le frayon plus ou moins
M E U
bn contre lauget. Cela arrive quand le moulin
Dteod plus DU moins de blé alcernattvemem.
yotùjjoc le garde-moulin entend que le moulin
ri i deux airs , il élève ou bailTe Tauget par le
Muyea de deux ficelles, dont Tune fe nomme le
kÊÎl'êù , pour donner plus de blé fi le moulin
1^ trop vite » ou pour en diminuer la chute , fi le
HKMilfQ va lentement , afin d*alléger les meules ;
uaàs , daas cous les cas , il aura grand f®in que
Taugec ae donne pas fou bled alternativement Ôc
par kcouffc.
Le moalîn va auffi è deux airs quand ta meule
courante a des lourds ou des queux par lefquelles
eUe déborde , ou bien quand la roue qui prend
l'eau cil inégale & qu'elle pafle plus vite dans
un reiDp5 que dans un autre , ou que le tourillon
nVA pas dans le plein mijieu de Tarbre tournant ,
ou qu'il cft trop lâche , ce qui donne des fecouffes ,
et fmk aller le moulin à deux airs , à quoi on
tenèdie par les moyens que je dirai k T article de
Ja flMMiture des meules*
Il £iut eofuite placer Tanche convenablemenr.
ifmmcke cfi un conduit de bois ou de ftr-blanc
^oforoiL' de languette, qui fert à conduire le blé
moulu dans le bluteau. Il faut que Tanche foît
bien en pente , pour que la farine tombe facilement
rfajQf le bluteau , & qu'elle ne remonte point dans
les meules , ce qui les engraiflcroit & échaufferoit
le moulin.
Voe meule s*engraifre ou prend crappe quand
la &rioe, fuffifamment a(Enèe » paiTe pluùeurs fois
for U meule gifante 6c s'y arrête , ce qui fait
que la farine qui vient après gliflTe defîus fans rcce-
TOir la Éiç>n* Lorfque les meules font engraiflfées ,
dks donnent la plus mauvaife mouture « le grain
^dk qu*ap!ais, le fon n'efl point écuré , la farine
eft graffc & fe corrompt facilement , elle fait peu
4e pain , & il cA mauvais,
La hucki, A coté & p!us bas que les meules eft
une huche de fept à huit pieds de longueur & de
nthS à quatre pieds de large , dans laquelle eft un
h bluteau à trois grands lés ou à quatre petits lés d'é-
^ tuaiiie , façonnés en forme de fac,dont louverturc
cA coufue par un bout fur le cerceau qui joint au
irtMi de la bûche» par où fort le fon ^ qui tombe dans
Tanche, bquelle conduit dans ledodinage ou dans
h btutene cylindrique placce dans la pariie infé-
rieure de la même huche.
Dans le haut de cette huche, on place un p*i-
kmmur fup porté par des accouples de fer , de cui^
▼re » ou m^me de corde , qui tiennent à la huche &
IB palonnicr.
Le paîonnicr efl un morceau de boîs blanc bien
fec & bien léger « d^environ quatre pouces de tar
E; H fert à foutenir la corde du M .teau » qu'il
déborder aux deux bouts , tant h. caufe des
aeeoitples qui le foudennent par des cordons ,,
^'à caufe des paffemcjis qui font le tour du
ftloBJiler,
M E u
47
Lii pêff^mtns font la partie duc#rdeau qui fou<
tient le bluteau j> renforcé d'une longe de <uir de
Hongrie qui doit aller le long du bluttau & fou-
tenir les attaches de cuir qui tiennent à la ba-
guette. La dernière attache du bluteau doit être
au bout de la baguette , & Tautre à environ quinze
pouces de dlftancc; il eft à propoj que^ la longe
de cuir ait dép fervi , afin qu^ayam £;iit fon effet ,
elle s'alonge moins.
Il faut réduire le palomiier à un pouce d'épaifTeur
entre les deux paffemens ; il fera plus léger, Ôt le
btuteau tamifera mieux ; il fufHt qu'il ait de la force
aux accouples {k fous les paftemen;.
Il ne faut pas mettre de paftemens de Tautre coté
des attaches , à moins^ que ce ne foit un moulin
très-fort; car quand le bluteau eft fermé d'un paf-
fcment des deux côtés , il ne commence fouvent k
bluter qu'aux attaches.
Les bluttaux. 11 y en a qui préfèrent les bluteau x
à quatre petits lés & deux palonniers à châftls , en
ce qu'étant bien ouverts , Us doivent mieux bluter;
mais ces blutcaux font tjés-îourds pour des moulins
de moyenne force. Le poids de deux palonniers à
chiiTis furcharge trop , & un blutage ne fauroit être
trop lefte. Quoiqu*il n y ait qu'un paflemenf , on ne
doit pas craindre que te bluteau fe déchire , s'il eft
bien monté.
La pente qu'on donne au bluteau doit être d'en-
viron un pouce par pied , c'eft à-dlre qu'une huche
de huit pieds doit avoir huit pouces de pente. Si
cependant le moulin va irès-forij on peut donner
quelques pouces de pente de plus au bluteau , afin
qu il ne îc charge pas tant , tk qu'il débite à mefure
que les meules travaillenL £n conféqiience auffi
la grofteur du bluteau doit être proportionnée à la
force du moulin*
Quand le moulin moud fort & vite, le bluteau
doit être un peu plus gros , afin qu'il laiiTc pafTer
vite ta farine. Un moulin qui afiîeure bien, fouffre
un bluteau plus gros » fans que la farine en foit pour
cela plus bife, La qualité & la BneiFe des bluteaux
doit aufti varier, fuivaat la fcchcrelTe des blés , fui-
van t la p:qure dts meules , & fuivant qu*un blu-
teau.eft bien ou mal mont^.
Pour les blés fccs , il faut des bliueaux plus
fins , il en faut de plus ronds quand ils font
tendres»
Des meules piquées convenablement , bien
dreffées & bien montées , peuvent fouftrir un
bluteau plus rond , fans pour cela faire rougir la
farine.
On peut faire bluter également un bluteau de
deux échani liions plus fins Tun que Tautre , avec le
même blé & force égale de moulin; cela dépend
de la bonne monture des bluteaux.
V et aminé ou étoffe de laîne à deux étaîns ,
dont on fait les bluteaux , fe fabrique fur- tout à
Rhcims & en Auvergne ; elle porte un tiers ou
un quart de large. Il y en a douze échantillons
déterminés pour les bluteaux : ces échantillons
48
M E U
vont en itigmentant de fincffc dcpuî* k num^lro
U jufquau numéro 41 , c*cft à-dirc qu'elle a
depuis onze jiifq j'à quannce-deux fils dans cluque
ponce. Les derniers numéros font les plus fins ,
parce que plus il y a de 6ls dans une portée « plus
les intervalles entr'eux font étroits. On prend ces
dcrnkrs numéros pour les bluteaux fupérieurs qui
tamiient U fleur de farine , & Ton emploie depuis
le numéro n jufquau numéro 18 pour le dodi-
nage ou bluteau qui doit tamifer les gruaux &
recoupes.
Depuis pUifieurs années j les fabricans d'éta-
mine à Rhcims en ont changé les numéros, de
manière que les meuniers ne pouvant aller choi-
fir celles dont ils ont bcfoio ^ font fon embarraffés
pour fe les procurer par lettres ; ce qui caufe des
erreurs & des pênes fréquentes , qui nauront
plus lieu , lorfque les infpeâeurs du commt^rce &
des minufa^lures voudront bien préférer rintérêt
public.
Quelques meuniers ont cflayc de fubtlituer des
bliireaux cylindriques de foie à ceux de laine ;
mais il s'en faut bien que le produit en farines
blanches foit auHî avantageux , t^nc pour la qua-
lité que pour U quantité. Après le rcmoulage
des gruaux » qui , en grattant & frottant conti*
nuetlement la foie , facilitent le padâge de la
fleur , ces bluteaux font engraiOTés » & ne tami*
fent plus ou très- peu » en comparaifon de ceux
d'étaroine.
On a fait dans un moulin répreuve de deux
bluteaux dans le premier étage d'une huche debout
de fept piCvis de large fur fept à huit de long , un ba-
billard à mont-Vtûu^ & l'autre avaUnt-Veau , à côté
de rarbre-tournanr. U y a auffi deux anches qui,
à raide d'une couliiïc adaptée à h pièce d'enchevê-
trure , dirîgcrt la farine pour Ja faire tomber égale-
ment dans les deux blutciux.
Le fvîcortd bluteau cil & doit être plus fin que
le premier , attentiu que la première anche du coré
de la poufiee de la m^ule , eft celle oii eil la
coolilTe ^ & par où la fl^ur tombe toujours la
premières Par le moyen de cettû couUffe ^on charg*
le fécond bluteau tant ^ fi peu qu'on veut ; il
faut tenir ces bluteaux à trois les bien ouverts ,
avec des palonnlers larges , £c ainli quil eft dit ci-
devant»
Avant cet arrangement, la huche de ce moulin
ètoii de travers, au liru d'être en long % de forte
que n étant pas poiKble d'approcher le babillard
prè^ les tounUons, à caufe d'un mur qui en em-
pérhoit, il failoit retirer beaucoup de blé au mou-
lin pour faire bluter le bluteau , ce qui rougtiToit la
farine j £c ce moulin ne pouvoir moudre alors que
37 fetiers en 14 heures » au Ucu qua depuis qu'il
cft monté de cette nouvelle façon ^ il peut mt»udre
rjrtnv la bonne eau jufqu'a j{ âc 60 ieiiers , 6c U
1. 1 ne eft meilleure.
i\ rèful'c de cette obfcrvatian , que pour opérer
tm pareil changemcm dans un gnotjUa » il faut
M E u
qu^îl aille fort , & que les meules folent bien ardeft*
tes à proportion , pour bien affleurer & ècurer lei
fons^ & cela parce qu'il faut augmenter le débit du
bluteau à proportion de la force du moulin ; ton*
tefois , je le répète , la farine d'un moulin écono*
mique , qui moud aç à 40 fetiers , eft de meilleure
qualité que celle d'un moulin qui en débite juf-
qu'à 60.
Lt Jodina^e, Uétage fupérieur de la huche eft
pour les bluteaux fins deftlnés à tirer la première
farine du blé ; on place dans Tétage inférieur de
U huche un dodiiiags ou bluteau lâche « d'une éta-
mine plus ouverte^ & de deux ou trois grofleur»!
pour fèparer les gru^iux & les recoupes*
Ce codinage peut être fait & monté commt
le grand bluteau , à l'exception que ta lumière de
la baguette ne doit pcÀfic être à plomb à celle de
la batte ; mais elle doi^érc percée un peu en équer-
re , fui vaut la lumière de la batte , c'eft-à-dire , v^
nant de la croire , afin de donner au bout de lt
baguette une plus grande diftance de fon moteur «
ce qui donne plus de mouvement au doJinage , &C
le fait mieux tamifer.
Si le grand babillard eft, comme on Ta dit» i
mont-Teau, celui du dodinage doit être ava-
lant - Beau , parce qu'il faut les pofer en (but
contraires.
Blkune cylindrique. Dans tous les cas , foie
qu'on ait une huche debout ou de plat , on doit
préiérer une blutene cylindrique à un dodinage ,
fui -tout fi Ton vife au blanc 6l à l'exaâe diviiioii
des matières. Cette blutcrie fe met en mouve-
ment, comme on Ta dit ci-devant, par une la»-
terne emmanchée à rcxtrcmité de l'arbre tour»
nant , 6l engrenant dans les dents d'un petit bé*
rilToH pofé près les tourillons dudit arbre tour-
nant, ou bien on fupj^lée la lanterne & le hériitoa
par deux poulies unies par un pignon engrenstot
dans les dents du grantl rouet, oc par des pou*
lies de renvoi , ainfî qu il eft dit à l'anicle des
bluteaux.
Avec cette bluterie, on a toujours un gi
lus parfait qu'avec un dodinnge ; mats il faut
ien prendre garde que la bluterie ne fe gomme
ou ne s'cngrallfe par des gruaux trop mous ; ce
qui arrive encore lorfque le bluieau fupérieur ne
blute pas fuffifamment^ ou blute mal » parce qu*a-
lors il tombe dans la bluterie cylindrique de I9
farine de blû « ou de la fi:;ur avec les gruaux ,
ce qui gomme la foie.
Pour parvenir à faire bien bluter un moulin ,
il faut que le pivot du babillard foit placé fur le
cbevrefier du dedans ou à côté , Se le plus prêt
pofttble, à fix ou huit pouces des tourillons de
l'arbre tournant.
Premier BabUlard, Le babillard eft une pièce
de bots pofàc perpendiculairement , & qui fe
en bas fur un pivot, & en haut dans un eallec
de fer ou de bois dur attaché an béfrot ; il eft
percé en haut d'iine lumière ou trou quarre»
t
M E U
Mf OÙ paffe la baguette ou chgnc attachée ail
Uiiteau.
5i h moulin eft cn-deiTous avec une hache
d^out , il faut mettre le babillard k fnGot-leau;
fi c eft un moulin cn-deiTous , il faut placer le
habillard avaknt-rcau ; enfin , fi la huche eft de
*plat an ïicu dèrre debout, le babillard doit être
à iBom*reaa , le mouvement en eft bien plus
éous.
Lts crmifiis; il faut donner au babillard une
«r»^; cette croîféeeft faite d'une tourte ou rond
de bois d*omie , d'^cnvrron a* pouces de dla-
WÊbMC , ayant trois bras égaux , & a diftance
^gak , de huit à dix pouces de long , en obfer-
vaai de percer dans le milieu la lumière ou le
trou par où doit paffcr le fer du moulin. Par cet
smagemeot , le blutage fera régulier & doux.
Je dis qu'il eft préférable de ne donner que
trois bras à U croilée, parce que, lorfqull y en
i quatre , & que le moulin va fort , les coups
j VO^ frcquens caHem fouvent le blutcau, qui n'a
pas k temps de bien tamife^ fur-tout quand le
aottlin paffc vingt à trente tetiers.
On peut faire la croifce de trois morceaux de
JUMC «le roue , elle fera moin'ï fujette à fe fendre
fae fi elle n*étoii que d*une feule pièce ; on la
«ooiblideTa par le moyen de trois boulons de fer,
it deux à trois pouces de tour, retenus chacun
pif un bon écrou , & qui prenne depuis raiTiéte
<lu deifous de la lanterne jufque deffus les bras
i: la croifée. Pour donner à cette croiféc plus de
toidite » an applique deflus une èquerre de fer
fiVa arrête avec des écrous; cette croifée rend
k Biauvement plus égal, plus doux, 8t ménage
darastsge le blureau. En effet , à chaque coup
de koterae » la croifée heurte trois fois contre la
ktie , ce qui tait remuer trois fois le babillard ,
b baguette & par conféqueni le bluteau ; &
comme il faut que ce blutcau aille & vienne ,
jleft évident que, lorfque le moulin va vite, le
Uoeeau na pas le temps de revenir, & la farine
m (e remue pas bien.
Béîu 6^ Sdguetu; pour monter la katu & la
èêputf dans une îufte proportion , il faut ap-
puyer la baguette d'un côté contre la huche, &
fBrfitrer la batte contre la croifée , de façon
^11 y ait à - peu • prés deux pouces de dis-
tance au bout de ta batte au bout de la croifée ;
eo biffe alors revenir le babillard de manière
rla batte prenne de quatre à cinq pouces
le bras de la croiféc, 8c Ton eft fur alors que
b haeuette doit remuer la bluterie dans une jufie
Tîieâe, âc qu'elle ne peut toucher contre la huche
en tottffunt, ce qu*il faut éviter avec foin.
Il faut que la force de la batte foit propor-
tJaooÀe à celle du moulin , & même qu'elle ne
fiait pis û forte, parce que cette partie doit erre
. Sg^oad Babillard; on ajoute un fécond babU-
tmé auprès du premier , quand on fe fert d^uti
Ans & MàUrs^ Tt^me K Pêrtu L
M E u
49
dodlnage eu bluteau lâche , pour tamlfer les
gruaux , en obfervant que , fi le grand babilhri
qui donne la fecoufle au bluteau fupérieur , eft à
mont-reau , à côté de Tarbre tournant , il faut
que celui du dodinage foit avalaot-Vcau ; fi au
contraire le grand eft avalant-Peau , Tautre doit
être à mont-l'eau. Mais je confeille de préférer
au dodinage une petite bluterie cylindrique qu*on
fait tourner par le moyen d*une petite lanterne
de vingt à vingt- deux pouces de diamètre, avec»
futvant la force du moulin , huit à douze fufeatix
qui s*engfènent dans les dents d'un petit hériflbn
de vingt-quatre à vingt-cinq chevilles, pofé au-
tour de Tarbre tournant, près les tourillons du
dedans.
Si le bâtiment du moulin a un étage dcftiné au
nettoyage des grains j on pourroit monter un petit
hériflon pareil à celui ci-deffus à l'autre bout de
Tarbre tournant ^ en dehors j cet hériffon, avec
une lanterne adaptée, fcroit mouvoir les cribles
dans lé grenier.
Cette dernière méthode du blutage eft tris-
bonne lorfque la huche eft debout , ceft-à*dire,
lorfque les blutcaox font fur k même ligne que
Tarbre du moulin; mais fi la huche eft de plat,
ou pofée en fens contraire de F arbre du moulin,
de manière qu'elle le coupe à angle droit, alors
on pourra faire engrener une p-ute lanterne on
un petit hériffon dans les dents du grand rouet;
cette lanterne fera tourner à Fautrc bont une
pouUc qui , par le moyen d*unc corde , ira prendre
Tautre poulie adaptée à Tarbre de la bhitsrie cj"
îindrlque, pour lui communiquer le même mou-*
vement.
Prix commun des Machines d'an Moulut écona*
mlq^iic.
On ne peut point déterminer le prix de la conP»
nir^on de la cage & des hâtimcns d un moulin
à eau de pied-ferme; cela dépend de la grandeur
plus ou moins confidérable de ces bâtimens , du
prix de la main-d'œuvre , phis chère dans un pays
que dans un autre , ainfi que des prix du bots ,
du fer, &c,
La roue & fon arbre tournant peuvent coûrcr
260 à 300 livres , fuivant la hauteur de la roue ,
la groftcur de Tarbre & les fers qu'on y
met, ci 300L
Le rouet & la lanterne environ 200 à
2Ç0 Uv< fuivant la hauteur du rouet, U
qualité des bois, son boulonnement, les
ferrures de la lanterne, &c. cl. . • . îj©
Le béfroi peut être en maçonnerie,
Le palier, les deux braies & la treiflpure
peuvetit coûter 50 à 60 liv* ci • . . .
60
610U
50 M E U
Ci-contre, 6iol.
Le gros fer , Tanille , le pas ou la cra-
f^audine , environ i )o à 200 liy. iuivant
eiir force, ci 200
Le châifis à dreffer les meoles 9 avec fes
vis , châffis de fer , poélette de. cuivre &
crapaudine métallique; le tout environ 60
à 80 liv. ci 80
Les deux meules , de bonne qualité &
bien mifes en moulage, coûtent 800 1. à
1000 liv. ci 1000
Les cercles des meules, couvercles, fre-
inions, porte-trémions, trémie, auget &
frayon , environ aoo liv. ci ... . 200
La huche & fa bluterie de deflbus, ou
dodinage , environ 90 à 100 liv. ci . . 100
Les bluteaux, de 15 à 24 liv. pièce , fui-
vant leur fineffe; ci 48
Le babillard nud 1 5 liv. , & ferré 3oliv. ci. 30
En y joignant les machines néceÂaires
pour cribler & nettoyer les grains , il fau-
dra une lanterne qui prenne dans le rouet,
un petit arbre de couche , poulies , cordages ,
ventilateur , un cylindre d'environ douze
pieds de long fur deux & demi de gros,
garni de feuilles de fer blanc piqué ; un
crible d'Allemagne, un crible des Chartreux ;
toutes ces machines peuvent coûter de 300
à 800 liv. fuivant leur qualité, ci . . . 800
Total des prix f environ . •. . • 3068 L
Précis des Opérations qui doivent précéder la
conftruâion d'un Moulin à eau de pied ferme.
Avant de conftruire un moulin h eau de pied
ferme fur le bord d'une rivière, il faut niveler
l'eau qu'on veut employer à le faire mouvoir , ?S\n
de voir à quelle hauteur on pourra faire gonfler
cette eau à l'aide d'une éclufe , d'une digue ou
d'une chauffée.
D'après ce nivellement , on jugera du lieu oîi
l'on doit placer le moulin & où la chute d'eau
fera plus convenable au propriétaire, fans nuire à
fes voifms.
n faut niveler , mefurer l'eau , plutôt en été
qu'en hiver ; mais il faut connoître auflî l'état de
cette eau dans les faifons pîuvieufes.
En mefurant le produit de l'eau, il faut la con-
traindre à ne s'écouter que par un endroit , afin
de voir combien il en paffe de pieds cubes dans
une minute, un quart d'heure, &c.
En tout état des chofes, à côté de l'éclufe qui
doit foutenir Teau dcftinée à faire tourner la
roue du moulin, il faut faire un déchargeoir, &
même deux, s'il eft be foin , pour faciliter l'écou-
lement du fuperflu de l'eau , fur-tout dans les
tems de crues , & pour éviter de noyer les ter-
reins voiûns.
M E u
Quand on connoit la quai^tité d'eau dont on
peut difpofer , la hauteur de fa chute & fon poids «
il faut voir fi la dépenfe qui s'en fera par un
pertuis de largeur égale à la fuperficie d'une des
aubes ou auges de Ta roue , ne Fexcédera pas.
Quand l'eau n'eft pas abondante , on peut en
augmenter la force en faifant le pertuis plus étroit ;
alors l'eau étant plus ferrée , Ion cours eil plus
roi de ^ il a plus de viteffe & de force.
Lorfqiîe l'eau n'eA pas aiTez abondante pour
faire tourner la roue par-dcffous , fi fa chute le
permet , on conduit l'eau audeffus de la roue
par une auge inclinée , dont l'entrée fe ferme
avec une vanne de même largeur que l'aube de
la roue.
Le col de cygne au faut du moulin doit être
fait en chanfrein d'environ trois pouces ; l'eair
tombera plus roide fur les aubes que fi le faut
étoit droit.
Entre la vanne & la roue il ne doit y avoir
que le mofns d'intervalle poifible, afin que l'eau
en fortant du pertuj^ , frappe les aubes & foit
toute employée à faire tourner la roue, fans qu'ils
s'en perde.
La vanne-mouloir aura de vingt à trente pouces
de large , iuivant la force de Teau ; car s'il y a
peu d'eau , la vanne doit être plus étroite , &
plus large au contraire s'il y en a beaucoup.
A la fuite de la vanne-mouloir , fera conduit
un glacis , une reillière ou courfier en bonne
pierre dure plate & en chaux vive , le fond &
les côtés de même.
Il faut conduire la reillière depuis le bas de
la roue jufqu'à vingt-quatre à trente pieds de
longueur au-cfeflbus, & même plus, s'il fe peut,
& lui donner une pente d'environ un pouce &
demi par toife , pour faciliter & précipiter le cours
de l'eau , afin qu'elle fuie des aubes fans faire
aucun obftacle.
Au lieu de faire cette confirudion ^n dalles de
pierres , on peut la faire en madriers de bois ;
mais alors elle dure moins.
Il faut que le courfier aille en s'élargi^Tant vers
fes deux extrémités > pour faciliter l'entrée & la
fortie de l'eau.
Il ne faut donner entre les bords de l'aube &
le coffre du courfier, que le jeu néceffaire pour le
mouvement de la roue , afin que toute l'eau foit
un-quement employée à la faire tourner.
Il faut qu^ï les aubes de la roue ne fotent qu'en
nombre fuififant, & qu'elles foient difiribuées de
manière qu'elles ne fe nuifcnt point , qu'elles ne
fe rejettent point l'eau les unes fur les autres
cela empêcheroit la roue de recevoir toute la
force du courant de l'eau , & retarderoit fon mou-
vement.
La viteffe de la roue & de la meule tournante
eft toujours en raifon, i". de la puilTmcc mo-
trice, ou do la force de la chute & du<ouranr
d'eau qui les fait tourner ; a°. de la bonne dî£^
» ajuflage & propordais des aubes ou
^\ de la rèftHaoce de la meule par fon
Pf^àsi 4\ de fou équilibre fur fon pivor ; 5^ de
U rèCitUace du grain par fa dureté; 6\ de h
reûilance qu'occafionnent par leur frottement
toutes les parties du moulin qui concourent à
moudre Je grain.
En général , la puiffance doit être plus forte
Se b rcfiftance, afin t!e lajiincre : ainfi la roue,
I arbre tournant, les tiMlMl 6c toutes les autres
C'éces du moulin , doiv^Htre proportionnées à
pyiffance ou à la C^F^de Teau qui doit les
6îre igîr.
J'ai vu dcuf moulins k côté l'un de l'autre, ils
avQàefir la même chute d'eau i Tun étoit d'une
moCâm^uc légère, fes meules n'avoient que cinq
|HL ' \ pouces de diamètre & (\x pouces
d'<-x > l'autre, qu'on nommoit le grand mou-
lift « «;£oi£ d'une mécanique plus forte, fes meules
avoicnc fix pieds quatre pouces de diamètre &
fijt poaces d'épaiiTeur ; la qualité des meules des
deux moulins étoit à-peu-près la même; cepen-
dant le grand moulin faifoit un tiers moins d'ou-
TOge que l'autre.
Four faciliter reAîinarion de la quantité de
(erîeis de grain que peut moudre en 14 heures
on moulin économique bien dreiTé , dont toutes
les pièces font en bon état , & dont on connoit
iatorce motrice, ou la quantité de pouces cubes
deau qvii le fait mouvoir, je vais faire connoître
la quantité de grain qu ont moulu > dans un tems
donné, deux moulins économiques, l'un en def-
fus, rautrc en de^bus, bien conditionnés, & b
quantité de pouces cubes dVau qui ont produit
<ctie mouture. Cette dcfcrîption fera peut-être
plus irftuélive pour les Meùmers que les favans
calculs âi:% hydraulifles ; d'ailleurs je ne puis tk
œ veux dire que ce que je fais.
Mottlin ayant l'eau en dcjfous*-
Sonavint-bec ou glacis porte 55 pieds de long
fur fix de large à fon entrée , revenant à 17 pouces
a la vannc-mouloin
La vanne mouloir a pareillement 17 pouces
Jouvenure , & dix pouces d'eau de hauteur près
la vanne.
La reilliére ou le courfier , à la difla^ce de 18
pouces de la vanne mouloir, porte 1^ pouces dix
iTgocs de large, fcpt pieds de long, & le furplus ,
qui cft de 14 pieds de long , fe termine à fon
embouchure à 50 pouces de largeur; enfin cette
rcîtliére a 4 pouces de pente fur fa longueur.
Le faut ou la chute a'eau de ce moulin efl
de $ pieds 4 pouces , depuis l'aplomb de Farbre
IBomant jufquà l'entrée du col de cygne.
L*arbre tournant a 17 pouces de gros ou en
€xnc,
La roue , y compris fon aubage , a 14 pieds
de diamètre; fâvoir^ lo pieds & demi de ceintre>
I 8c 5 pieds 8c demi d'aibage; ccpendint les aubei
n'ont que at pouces de long ; mais elles font
répétées deux lois fur la fuperficie de la roue.
Le rouet a 6 pieds 6 pouces & quelquei» lignes
de diamètre , 6 pottces 6 lignes d'épaiffeur , &
44 dents ou chevilles , dout chacune a 5 pouces
4 lignes de pas ou de diftance de lune à rautre*
La lanterne a 8 fufeaux de même pas que les
dents du rouet,
La meule courante a 6 pieds j pouces de dia-
mètre , fur II pouces aépaifleur. Toutes les
f>teces 8c ferrures de ce moulin font de la mcil-
eure conflruÛion.
Ce moulin , ayant dix pouces d'eau de hauteur
à la vannc-mouloir , fournit 170 pouces cubes à
la roue ; ces 170 pouces d'eau ont moulu 120 li-
vres de blé , poids net, en ^S minutes , ce qui
fait 12 feiiers & 99 livres de blé en 14 heures;
le fetier pefant 140 livres.
Ce produit n'eft pas le même depuîs le com-
mencement de r'habillagc des meul-s jufqu'i ce
qu'elles foient ufées. Ce produit eft cehii du mi-
lieu du r*habillage ; car les premiers jours , la
meule, étant plus coupante, moud plus de bled,
& fur la fin dti rhabillage, la meule, étant liffe,
moud moin».
Il faut encore faire attention que ce produit eft
aufli celui d'un blc qui neil ni trop fec , ni trop
mou; car l'un & lautre influe fur la qualité &c
quantité de la farine.
J*obfcrve encore que ce calcul eft appliqué à
la mouture fur blé leulement , dont le fon ne
pèfe qu environ cinq livres le boiffeau, mcfure
de Paris , ainft qu'il fe pratique ou doit fe pra-
tiquer dans la mouture économique; car fi l'on
entend mouture économique finie, le calcul doit
comprendre auffi le plus ou moins de fine/Te des
blutcaux. Si Ton emploie des bluteaux trèsfins,
St qu'on faiTe moudre cinq ou ftx fois les gruaux,
cela alonge la mouture, & ne fait pas toujours
la meilleure farine ; elle eft trop dilatée , elle
perd fon goût de fruit , elle fe conft^rve plu«
difficilement , 8c le pain en eft moins bon : ainfî
je ne calcule que fur la mouiurc à blé , le re-
moulage des gruaux étant arbitraire.
Autrefois on comptoit la mouture fur blé
comme les deux tiers de louvrage fait ; mais de-
puis que le luxe emploie des bluteaux plus fins ,
la mouture fur blé n'efl gtïère que k moitié de
fouvrage , 8c Touvragc en eft moins bon , par
les ralfons que je viens de dire.
Moulins en dcjfus,
L'avant'bec de ce moulin 335 pîeds de l^ng
fur 13 pieds à fon entrée, & ^ pieds 6 pouces à
fon embouchure ; il y a 3 pieds d'eau de hautené
à rentrée, 6c i pied près la vanne-mouloir ;
I 7 pouces à la diftance d'un pied de la vanne,
I & 4 povccs ajj milieu de Taiig^.
G î]
53
La ranne-mouloir a 17 pouces d'ouverture ,
iinC que Tauge qui fc réduit à %6 pouces à (on
embouchure.
L'auge a 13 jpîcds de long ^ & a pouces 6 lignes
8e pente fur ia longueur.
La roue a 9 pieds de haut, 3 pieds 6 pouces
de large hors d'ceuvre ; chaque coté , y compris
la doublure , a trois pouces d'épaiiîeur fur un
pied de hauteur^ cette roue efl chargée de 30 pots
ft cuîs-de-hotte , ayant chacun 17 pouces de haut ,
& 5 pouces de large, d'entrée oc de fond.
L^arbre tournant a 15 pouces de gros.
Le rouet a 6 pieds 8 pouces de diamètre ^ 7
pouces d'épaiffieur, 44 chevilles , & j pouces 5 pe-
tites lignes de pas.
La lanterne a 9 (ufcaux dfi même pas.
La meule couraote a 6 pieds 3 pouces de dîa*
mètre , & 1 3 pouces d'épaiâeur.
La vanne-mouloir fournit à la roue 117 pouces
cubes d'eau , qui ont moulu 120 livres de blé
en 23 minutes , Sl donne par conféquent , en
a^ heures, une mouture de 31 fetiers, & 64 li-
vres de blé de bonne qualité.
robfen'c que Tavani^bec de ce moul-n ncft
point un glacis ordinaire, mais fculementun pont
qui précède la vanne « dont le fouliard ou les
pierres d'aiTife font à plus de trois pieds au dcf-
fous de la vanne , en forte que l'eau ne prend
fa rapidité qu'en fortant de ladite vanne & dans
Tauge. Toutes les pièces Se ferrures de ce moulm
font d ailkms de la meilleure conilruâion.
Préparation des MeuUs^
Avant d'employer les meules « il faut les tra-
vailler ainfi qu'il fuit.
l". Il faut les placer fur un plancher bien égal,
& qui n'ait point de pente ; 2'\ les niveler ;
3**. les bien dreflTer des qunçre faces ; 4^ en dé-
terminer Se marquer le jufle milieu, en mettant
«ne petite planche au milieu de Toeillard, avec
un bâton debout , bien droit , d'environ trois ou
quatre pouces de circonférence , ayant un petit
tourillon dans le bas , afin de pouvoir tourner
dans le milieu de la planche poféc dans l'œillardi
5'. !c bâton fera aulli aCTiijctti dans le haut du
plancher avec us tourillon , afin de pouvoir tour-
lîcr (ans fc dérarger ni qui 1 ter le centre.
6". On attachera enfuite au bâton une règle
de ta moitié de la longueur de ta meule gifante ;
le bout de la régie fera d'environ fix lignes plus
bas fur la feuillure qu'à recillard , ce qui ta rendra
convexe.
7'*. Pour la meule cour;inte , le hom de la règle
aura au contraire huit lignes de plus haut , ce
qui la rendra concave.
On peut également fc fervir d'une régie qui
auroit tout te diamètre de la meule « & qui fcroit
coavcxc d'un côté, & concave de l'autre.
E U __
8*. On fait tourner la règle à mefure qu'on
bat la meule à blanc; c'efl-à-dire , fans faire de
rayons i on rend ainfi les meules convexes ou
concaves » avec toute la jufteffe poÛiblb.
9"*. En deux riblages ou tours de menle 6r
blé, les meules, étant montées , fc trouveront^
bien frayées , adoucies & en état d'être rayon*
nées félon les règles données ci-après ^ mais avant
de monter les meul^ttwuves , il faut les fécher ,
& , pour cela » voiqHknne il faut s'y prendre,
Scchemintais Meules.
Avant de monter les meiks , il faut les laLiTcr
ficher Ôc mûrir à Tair & à l'abri des injures dtij
temps , pendant fix mots 8c méoie plus ; cette pré^^
caution eft eiTe nticîle ; elles travaillent mieux» U
farine çfl plus fèchc. Les meules neuves , cm*
pioyées avant d être parfaitement fèchcs , s'eii'J
graiifent, font une mauvaife mouture, une mau4
vaife farine, & plus mauvaife encore lorfque kd
grains font humides.
La plupart des Meuniers n'achetant des meules
que pour les employer auffitùt , ait ne pouvant
point attendre leur féchement naturel , Je vais
expliquer les moyens de les deffécher en huit
jours. Il faut,
1°, Que fes meules foîenc battues à la règle,
que l'une foit convexe Se l'autre concave , ainft .
qu'il eft dit ci- devant.
%'\ Placer & fceller la meule gifante dans les
enchevêtrures.
y. Placer fur cette meule, à diftances égales,
quatre rouleaux de bois d'environ iç pouces de
haut , fur lefquels on pofera la meule courante.
4**. Placer, entre chique rouleau, des terrines
ou grands plats de braile amortie d'abord , en-
fuite moins amortie, enfuite un peu ardente, Bl
enfin plus ardente, mais qui ne jettent jamais ni
flamme , ni fumée.
y. Ne point laiffer refroidir les meules, entre-
tenir leur fcchement par une chaleur douce &
coniinuelle, qui les pénètre itifenfiblcmcnt, &
éviter une trop grande chaleur, qui les feroic
éclater.
&\ Couvrir les places qui fe trouvent entre tes
rouleaux Se les terrines , de morceaux de vieille
étoffe dd laine ou de loiîr, pour boire Thumi*
diié des meules.
7^ Changer fouvent de place les rouleaux &
les terrines , afin que les meules féchcnt égale-
ment par tout,
8*»- Changer les étoffes au V tôt qu'elles font
Inirniics, ne point les laiffer fécher fur tes meules,
& les remplacer par d'autres qui foient fèches.
o", Lortque les meules ne rendent plus d'eau,
•l tauî les entourer avec de groATe toile, ou des
facs de coutil , èi laiiïer les oeillards des meules
ouverts , pour fervir de vcntoufc , & attirer Vhu*
l midltà plus promptcmcnr.
I
»
M E U
Jt>\ Quand les meules ne rende at plus aucune
hnniîdîté, & 24 beares après, ob peuc les pi*
fuer & ray^nner-
II*'. Ennn, je le répète, il faut avoir attention
lie D*échattiffer les meules que peu- à- peu , éviter
cne chaleur fubîte , y entretenir toujours une
chjîeitr douce qui les pcnérre & les deflféche
petit à petit ; il faut bien éponger Teau qu'elles
fcodcfit à fur à mefurc qu'elles tuent ; changer
les étoffes dés qu elles font mouillées » les rcm-
pÎKCr Dar d^autres qui foient féches , changer de
place les rouleaux 8c les plats de braife aulli
iTCTetît au*il efl nêcefTaire.
Ce fèchetncnt cft plus long pour les meules
campoiècs d*échaniillons appareillés Se mailiqués
cnfemble , parce quelles confervcnt beaucoup
iTIiBinJditè , & qu'elles en j-rem^nt encore dans
les icirn humides & de dégel ; ainfi leur féche-
flieac doit être fait avec plus d*attention , 8c e(l
abrolument néce^atre avant de tes employer à
U rootittire. Qu'on ne dife pas que les meules
fe fechcnt à force de sèvhauffer en toiiriîant,
es trsvailUnt; car, i**. les meules étant humides,
U première mruture les engraifîe ; cette mouture
cfl iTun moîiidre produit, tant au moulin q'j^u
pétrin , & le pain qui en provient eft mauvais,
2*. La chaleur que produit la mouture , concentre
Ilitimidtté des meules au heu de Tévaporer, &
cette humidité reûbrt dans le repos du moulin,
& renouvelle TengraiiTage des meules.
Pour entendre ce qui fuit , il faut fa voir qu'on
diAir.gue dans les meules quatre faces , favoir
^eux plats Se deux bouts. Des deux pUts ^ Tun
fc nomme plat à mont -i' eau ^ & Tauire avalant
Des dctix bouts , l'un fe nomme le haut fur
Fsockc i & l'autre le bout fur Ja roue.
Le pUi a mont-rtati en le câté de la meule
00 Tune des fleurs de Tanille eft pofée , & qui
regarde te coté d'où vient Veau*
Le pLt avalane-tcsu eft le côté oppofé qui
reprdc l'eau qui fuir*
Xc bout du côté où la farine tombe dans le
Mneati, tfe nomme le bout* fur tancht. Le bout
M|M»fi, qui cil du côté de la roue du moulin,
f appelle le hcut fur la roue ou fur la tempane;
on nemine tcmpa/it le inur du moulin qui t:û du
CDCé de la roue.
Les marques qu*on fait fur Tanille & le papillon»
toat néceilaires pour ne pas changer les aires ,
ccft-à-dire , pour rcconnoîire la poluion qui con*
Tient à la meule courante quand on. la remanie.
AioA, ïorfqu'on dit qu'une nieule doit être bien
bordée de niveau fur fes quatre faces , cela figmfie
Ee la feuillure ou la partie qui avoifine les bords
tt erre plus pleine que Tentre-pied 6f le coeur*
On diiungue le plat de ta meule en trois par-
tics^ on nomme feuillure les fix premiers pouces de
h iargrur de la m jule prés du bord.
Dc-U à un pied en avant vers le cœur , cette
M E u
53
largeur d*un pied fe nomme Vcutn-pied de la
meule, & le relte, jtifqu'à Toeil ou trou de la
metile , fe nomme le c^zur.
Le cœur de la meule concafle le blé.
L'entre-pied le raffine & forme le gruau,
La feuillure ^ lorfqu'elle eft bien bordée de niveau,
alonge la farine, & détache le fon.
De la m*tnière de rayonner & rhabiller Us Meules^
Pour bien piquer, rayonner & r*habiller le*
meules, il faut au meunier autant de raifoonement
qne d'expérience. Excepté dans Paris & dans fes
environs , on a !a mauvaife méthode de piquer
les meules à coups perdus. On en verra ailleurs
les défavantages. Voici comment doit fe faire cette
opération.
Les habiles meuniers piquent leurs meules en
rayons de douze k quinze lignes de larg? au bord
de la feuillure» & allant loujoiA-s en diminuant
vers le centre à quelques pouces de Tanillc. Ces
rayons font communément h deux pouces de dif-
tance Tun de Tautre. Au furplus, la force des
rayons dépend de la qualité des meules, de celle
des faifons, du plus ou moins de fécherefte des
grains , & de leurs différens mélanges dans la
mouture.
Si la meule eft ardente, le rayon peut avoir la
largeur ci-deiTus indiquée ; maisUl faut le réduire
à dix ou douze lignes » û la meule efl pleine 8ç
peu remplie de trous.
Le meunier doit proportionner I0 r'habillage à
Tardeur de les meules » à la force de fon moulin,
& à la qualité des grains à moudre i il aura foin
I que la feuillure foit bien garnie & quVlle ait du
corps, parce que cette partie fouflfre les coups
delà trempure,& fatigue le plus.
Lorsqu'on repique au r'habille les meules , il
faut faire enforie que les rayons ne faffent qu'ef*
fleurer la r'habilhire; c'est-à-dire, que les rayons
doivent èttc plus élevés au-deftus du plan de la
meule; car s'ils rcxcédoieni , il en rcfiilteroit un
bourdonnement capable d'écliauffer les meules;
elles agiroient en approchant, au lieu d'allcger,
& feroient un fon fin qui fe mèleroit avtc la
farine.
L'épaifteur d'une feuille de papier fuffit pour une
bonne r'habillure ; quand elle cil trop ouverte,
ceft-à-dirc, quand rouril eft trop marqué Cur la
nieule à côté du rayon , elle fait la farine m&ins
douce.
Pour le moulafi;e plein & ferré, qui ne convient
qu^atix moulins foi blés , le r'habillage au cœur 6c
k Tentre-pied feulement doit être plus foncé.
Dans une année pluvieufc , lorfque les grains
font humides , il convient de tenir les rayons
moins larges que poyr les blés fecs , le fon s'écure
mieux.
Il faut auftî un r'habillage diftérent pour les
feî^les , mitteiîs , &c. , que pour le froment ,
54
M E U
ainfi qu'on le verra aux articles de la mouture
des blés humtdes « des bids trèsfecs , & dc$
menus grains.
Tout ce que jVt obfervé jurqu'icl fur le rayon-
nement des meules i ne regirdc que les maulins
de moyenne force, dsns lefquels on moud» en
Î.4 heures, depuis 10 jufqua 30 & 35 feticrs fur
blé; c'eft-à-dire, fans remoudre les gruaux; car
pour les moulins qui vont très-fort, 6c dans
Icfquels on moud de 30 à 50 fetiers & plus, en
24 heures , il faut que tes rayons aient depuis
deux pouces & demi jufquà trois pouces & demi
de diflance Vnn de Tauire, & proportionnellement
à l'augmentation de la force du moulin. Il faut
en mcmc temps bien ouvrir la cœur & rentre-
pied pour faciliter rentrée du b!é dans les meules ,
&pour éviter que la farine s'cchauffe.
On r'habille les meules plus avantageufemem &
plus commodément avec des marteaux à fix pannes
ou denrs, dont -la tète a environ 18 à ao lignes
de long fur 15 de large; avec ce marteau^ un
homme fait autant d'ouvrage que trois. Avec le
côté de ce marteau qui n a qu une pomte , on
taille les rayons & les parties dures de la meule.
Cette r'habillure n'éclate point la pierre; elle eft
plus douce & fupéricure à toute autre, fur- tout
pour les meules ircs-ardentes ; car, pour celles
qui le font médiocrement, les marteaux firaples
6: ordinaires fojs préférables, ils font kr'habîlture
plus nette.
* Quoique la piqûre des meules en rayons foit
recommandée comme la meilleure, cependant il
y a des meules molles , telles que celles dont on
ïc fert en Périgord , en Poitou & autres Provinces ,
qu'il vaut mieux r'habiller à coups perdus, psrce
qec les rayons fur ces pierres molles, ne faifant
qu'aplatir feulement le blé, la farina fart graffe,
& le fon refte chargé de farine, à moins qu'on
ne faffe des rayons très-fins, & à un pouce de
diflance l'un de l'autre; & quoique ce r'habillage
donne quatre fois plus d'ouvrage qu'un autre, je
le préfère.
Il faut obfervcr que les meules molles, piquées
à coups perdus, ne peuvent moudre que le h\è
leulement, & qu'il iaut abfolumem des rayons
pour moudre les gruaux & pour en enlcvtr la
pellicule; fans quoi la farine efl grofle, molîc ,
compacte , mal évidée , fuivant les expériences qui
en ont été faites en Périgord & en Poitou*
Les meules ordinaires, qui ont depuis cinq
jufqu'à fcpt pieds de diamètre, fur douze, quirze
& dix- huit pouces d'cpainTcur, durent environ
trente-cinq à quarante ans- Cette durée des meules
dépend toutefois de leur dureté , de la manière
dont elles ont été montées , r'habillées & foignées,
de la manière de moudre plus ou moins gros;
enfin, de la force des moulins, de la qualité des
Î;rains &L de rintclligcncc des meuniers* Lorfque
es meules ont tourné long-temps, 6c que Itur
épaiiTeur eft coAÛdérabicmeat diminuée 1 on les
M E U
taille de nouveau, pour leur donner une furfacc
oppofée à celle qu'elles avotcm; & les faire fervir
de meules gifantcs encore pluficurs années.
Ces détails prouvent combien il cft elTcntiel de
favoir r'habiller & rayonner les meules à propos,
& cet art cft prcfque inconnu*
Ces détails, toutefois, n^ concernent que la
monture ,ï blanc , qu'on nomme auflî mouture des
riches; mais comme un meunier doit favoir prati-
quer toutes fortes de moutures , & travailler pour
les pauvres encore mieux que pour les riches,
j'indiquerai aux articles des différentes efpéces
de moutures , les diôerens r habillages qui leur
conviennent.
On a confeillé de piquer les meules en rond«
en commençmt le premier cercle à ToeJUard , Ctt
continuant jufqu'à rcxtrémitéde la feuillure , Ôc ta
lai/Tant entre chaque cercle une diflance égale.
Je n'approuve point ce r'habillage pour la mou
ture économique , âf. je doute que ceux qui l'onf
confeillé en connoilleiu bien les procédés & les
réfultats.
Ma critique cft fondée fur ce que, par cette
rhabillure , les produits du blé rcJlcroient dans
les meules plus long-temps que par le r'habillage
en rayons du centre à la circonférence, & s'y
échaufFeroient.
Ce r'habillagc pourroît cependant être bon à
quelque chofe ; mais ce ncd point ici le lieu d'
parler.
Mouture des hUuUs,
Avant de monter la meule gifante, il faut bien
drefler l'arbre tournant, c'eft-à-dire , mettre les
tourillons vis-à-vis l'un de l'autre.
Mettre la roue bien juflc dans la reilliére an
faut de l'eau.
Pofer h meule gifante bien jufte fur le béfrou
Jeter un niveau lurles quatre faces , & on autre
niveau par le milieu de Tceillard, qui tombe ju/le
au milieu de l'arbre tournant, c'eft-à-dirc » entre
les deux tourillons.
Prendre garde que la meule gifante ne foit
enfoncée dans les énchevôtrurcs ; ce qui feroii
rougir la farine.
Monter la boite & les boitillons qui doivent
contenir la fufée dans l'œillard à\\ gîte : prendrc^
garde que la boite foit bien droite dans le milieu
de la meule gifante.
Après avoir monté les boîte 8c boitiltont, &
mis la fufée dans le plein milieu de Tanille de la
mcul; courante , on drelle le rouet, et Ton enai<r
quelques tours pour faire engrener les dents biei
également dans la lanterne. Il faut faire enfortd
que le rouet paiTe bien, & qu'il embraffc juflefon
(ufcau ; fans cela il cahottroit ; ce cahotera
feroit pencher la meule, et feroit un fon dur.
On s'occupe cnfuite de la meule courautf ^
la fuppofant piquée & rayonnée fclon îcv principe*
ci'dcvaot expliqués; on la pèfc, on U ài^Hc d«
M E U
iihrran; tn U pelkm, on examine ft elle a ia
hardi ^ c cft*2*dtre , A elle pèfe plus d'un coté que
de Fantrc ; parce qu clk peut être plus compare
duo €ÛC€ que de Tautre» ou p;irce qu'elle peut
irotr inrèrieurement de grands trous qui emp^-
91 régalitè du poids,
lourds ûccafionncm beaucoup d'inconvé-
l^, la pente qui fait ufer les meules plus
fun côte que de Taurre; 2*". ils font ctr;ingl€r la
fsiCc do haut eo bas» c'eil-à-dire, qu'ils lufent
plus d*un côté que de Tautre par un plus grand
frotîcinent , ce qui produit dans le bas de la fofée
des lippes , lèvres ou rebords , qui font foulever ,
botxrdoiiDer 6t grener la meule en abngcani Si
les lippes ou lèvres fe trouvent dans le haut de la
fîtftc» elles portent fur les boitillons, elles échauf-
tcnt le fer & gcneni rapprochement des meule«*
Ponr connoitre les lourds, on met la meule
cc" r un pointa), pour la contre-pefer,
i :/ eA un morceau de fer en forme de
pain-dc-lccrc , qu'on met à la place du fer fur les
ogitillons, & r^ui (ait le chandelier à la place de
b liafée. On mtt enfuite dans l'œil de lanille un
morceau de fer concave , en chandelier, qu'on y
affiaîettic. On y fait entrer de force un petit mor-
ceau de bots bien dur , dans lequel on fait un
trou avec une tarière pour y faire entrer le bout
do poîmai ; alors on mec la meule fur le pointai ,
& on le fait tourner, pourvoir de quel côté font
les lourds.
Qoand on a remarqué les lourds, on y coule
ûu plomb fondu ou du plâtre fur la partie la plus
légère, fufquà ce quelle foit égale en poids à
Tautre partie.
Oa abat les lippes que les lourds ont pu for-
mer fur ta fufée quand les meules ont déjà tourné ,
car quand elles font neuve?, il n'y a point de lippes ,
Ik quand la fufée eft bien arrondie, on la place
flans k plein milieu de la meule gîtante. Se on
' £ak cisrrcT le papillon dans le irou quarré de Tanille
Âiée à ta meule courante ; enfin , on fait faire
• quelques tours à la meule pour vérifier s'il n'y a
plus de lourds.
U faut que ta meule gifante foit bien bordée
fie niveau fur les quatre faces > c'eft-à-dirc, qu'elle
foit égale par les bord%.
Quelques meuniers font dans Tufage , en bor-
dant les meules, de ménager deux lignes de pente
£iT Tanche, pour faciliter la chute de la farine;
jsais cette pente doit être prefque infenfible , & il
cfi mieux de bien border les meules de niveau.
- Le bord de la meule gifantc doit être plus
haut cfue les enchevêtrures , ou les pièces de bois
oii la fouriennent, dans lefquelles elle cA enca*
drce & aifujcttie avec de la maçonnerie dans ks
angles.
Il hvt que la meule gifantc foit houdïmkre^
c'eft-à-dirc, convexe de trois ou quatre lignes au
c^ur, en allant toujours en diminuant , & venant
à rien à la an de Tentrepied*
ME u
55
La meule courante doit au contraire être fia-
niire y c'elt-à- dire, concave proportionnellement k
la convexité de la meule gifante 6c dans la même
étendue ; & pour que cela faflfe plus d'effet , il faut
que la meule courante foit un peu plus concave
que la gifante n'eft convexe, afin de donner au
grain la facilité d entrer dans les meules, & qu'elles
puident bien prendre le blé ègaletnenr.
Pour mettre \^ meule courante en bon mou*
hge, il eft effentiel de bien mettre ranille dans
k plein milieu de la meule; fans cela elle cahote-
ro:t & feroit la queue, c'eft-à-dire, qu'elle débor*
deroit d'un côté.
La meule courante, pour bien opérer, doitêtr^
pofée bien droite, excepté lorfque le moulin ert
en*deflus ; alors le fer doit avoir un peu de pente
avalant-Teau. Il faut au contraire que la pente du
fer foit à jnont-Feau lorfque le moulin eft en-
deffous. Cette pente du fer n'cft utile que pour
foutenir k poids de l'eau lorfque les chevilles du
rouet prennent les fufeaux delà lanterne, & qu'il
s'agit de metrre le moulin en mouvement ; car
chaque coup de rouet contre la lanterne, frappant
le fer par en-bas, redrefle fa pointe par en-haut,
& par conféqutnt la meule dans le fens oppcfé
oii le rouet frappe le fer. Il faut en même temps
avoir attention que cette înclinaifon du fer fott
proportionnée à la force du mouvement du mou-
lin , c'eft-à-dire, qu'il faat incliner le fer de huit
à dix lignes pour un moulin de moyenne force ou
qui moud t^ àij feiiers en vingt-quatre heures,
èc en fuppofant que le rouet & la lanterne mar-
chent bien , car (i leur marche eft gênée, la pente
doit être un peu plus lourde. En général, pour un
moulin qui marcfie très-bien , le fer doit avoir
moins de pente , attendu qu'il ne fait point de
faut,
La plupart des meuniers, fous prétexte d'em-
pêcher leur moulin de s'échauffer, ouvrent trop
leurs meules & rc leur font commencer à prendre
blé que vers la fin de Tentra-pied , ou le grain
coule entier fans avoir été caffé; enconféquence,
la feuillure trouve à travailler tout-a-la- fois gruau,
fon ^ farine, 8c le tout fe fait mal.
Si dans les meules il n'y avoit que ta feuillure
ni dut travailler, il feroit Inutile de leur donner
IX pieds deux ou trois pouces de diamèrrc.
La meule doit faire à la fois trois opérations
de monture; en fortant des bras de l'anille &
îi quelques pouces plus loin , la meule doit com-
mencer à cafTer le blé^ c'eft l'ouvrage du cœur;
enftiitc le blé fe raffine à Tcntre-pied, qui fair le
gruau; enfin, il tombe à la feuillure, qui ne fait
plus qu'écurer , roukr le fon & faire la fleur-
Lorfque chaque partie de la meuk fait ainfi fon
ouvrage, un moulin va t ujours en allégeant t il
faut cependant obferver, i"*, qu'un moulin qui va
très-fort doit être un peu plus ouvert â: en pro*
portion de fa force, afin d'empêcher qu'il s'échauffe:
a^ que fi le moulin eA très-fort^ & les metil«l
2
5^ ME U
trés-irdentes ^ il eft à propos qu'elles comnieiicent
à caffer le blé un peu plus loin de Fanille que
dans un moulage plein , fur-tout lorfque Ton veut
ftire des farines très-blanches ; par ce moyen , le
blé n*eil pas tant haché» ni le gruau rougi» ni
la farine piquée de fon,
La meule courante , en tournant» fait deux
niouvemtns à la fois : en tournant fur fon pivot ,
elle hadTe 6i bailTe alternativement, parce que le
Î>alier fur lequel porte ion pivot ert éiaftiquc Se fait
'effet du reiîbrt; il fléchit & fait fléchir la meule
lorfqu'elle écrafe le blé, il fe relève 6c relève h
meule lorfque le blé eft écrafé ; en mtmc temps la
vîceffe de la meule agite fortement Tair , qui chaffe
la farine hors des meules.
Lorfque la meule courante eft un peu trop ar*
dente, on peut en diminuer Tardeur en garniffant
les trous avec un maflic de chaux vive & Je farine
de feigle délayées cnfemble; le moulin affleurera
mieux , c*efl-à-dire, fera une farine plus alongée »
plus douce au toucher, La farine courte cù. celle
qui eit dure au tadt ; on réprouve encore plus sû-
rement en en faifant un peu de pâte avec de l'eau
dans le creux de la main ; û la pâte $*étend aifé-
roent » la farine eft bien alongée ; fi elle fe cafle
& fe défunit facilement , alors la farine eft courte.
Toute farine alongée fait toujours blanc ; la fa-
rine courte fait rouge, Se ne fe conferve point;
fon oeil rouge vient des particules de Ton qui s y
font mêlées.
Pour faire une bonne mouture , il faut mt
chaque coup de meule enlève Técorcc du blé,
fans y laiffer de farine.
La mouture fera à fon plus haut point de per-
feftion, A Ton parvient à ne faire pour un grain
de blé qu'une feule écaille de fon écorce, fans y
laiffer aucune farine.
Les meules des petits mouJins , & fur>tout les
meules gifantes, ne doivent pas être ù ardentes
que celles des grands moulins, parce que ces meules
n'ayant point leur mouture, c'cft-à-dire , venant
à manquer de blé, font fujettes à grogner ù elles
font ardentes j elles hachent le fon , & il tache
Ifl farine.
Du nettoyage des Grdins»
Le nettoyage des grains , qui doit précéder
Iciar mouture , s*opère par quatre efpéces de
cribles, favoir, le crible norm.ind , le crible cy-
lindrique , le crible aUemand 3l le tarare ou ven-
tilateur.
Le meunier économe qui fabrique des farines
pour fon compte ou pour les vendre, doit faire
ufage de ces cribles , fi fon blé n*eft pas nettoyé;
mais , pour économifer la main-d'œuvre , il faut
que le même moteur qui fait tourner les meules,
faffe auffi tourner & mouvoir ces cribles , & pour
CCI effet ^ il faut que Con mouUn ait un étage uipé'
rieur dans lequel ces cribles foient placés.
M É u
Si je recommande cette pratique aux meunlert
qui fabriquent pour leur compte, ce n*eft pas que
ceux des moulins banaux ne doivent fuivre égale-
ment ces confeils ; mais ils croient avoir plus d'in-
térêt à hâter le moulage , qui , bien ou mal fait ,
leur eft également payé ; au lieu que les fabricaos
& marchands de farine femcnt l'intcrèt qu ils ont
à les perfeâlonner.
Dans le commerce on diftingue trois qualités
de blé, favoir^ blé de U tiie^ hU dU miluu ^ &
blé de la dernière qualité*
Les deux premiers cribles divifent le blé en ces
trois qualités.
En fuppofant donc qu*on ait acheté ou récolté
du blé taîe, voici comment on le nettoiera*
On fait d'abord ufaze du crible normand. Il eft
de forme ronde j le tond eft une peau percée de
trous plus petits qit un grain de beau froment.
Pour en faciliter Vufage , on le fufpend avec
à%\\x ficelles attachées aux extrémités de foa
diamètre.
Ce crible ne conferve que le gros grain» &
laiffe aller le plus petit , j^fi que les mauvaifes
graines. Ainfi , le tas formé par ce crible ne fert
qu à faire de petites farines bifcs de dernière qua-
lité, dont les cultivateurs fe nourriffcnt, tant Ils
font pauvres, & dont ils nourriront leurs volailles
lorfqu'îls pourront , félon le vœu d*Henri IV, avoir
•la poule au pot.
Vn autre avantage de Tufage de ce crible , c'cll
que le coup de poignet fait venir du bord au-
deffus du bon blé, la paille, les boufes , le blé
mort, Tergot & la cloque , c'eft-à-dire, Tenveloppe
du blé charbonnè, dont la pouffière fétide nuiroic
à la qualité des farines & à la falubriié du paLo ^
& par conféquent à la fantc,
Lorfque le coup de poignet a raffemblé toutes
ces falctés au-deffus du bon grain, parce qu'elles
font plus légères que lui, on les enlevé à la maio.
Le marchand de farine & le boulanger, qui
achètent le blé tout nettoyé, peuvent fe paffer de
ce crible , & les cri Mes fuivans peuvent leur fuffire.
Après cette opération, on verfe le grain qui n*a
pu paffer par le crible normand , dans un crible
d^Aliemagne.
Ce crible efl compofé d*une trémie dans laquelle
on verfe le grain, qui fe répand petit à petit en
nappe fur un plan incliné d'environ 45 degrés^
formé de lîls d'archal ranges parallèlement âc affes
près les uns des autres pour que les meilleurs
grains ne puiffenc pas paiTer au travers. Les mau-
vais grains tombent fur un cuir tendu à trois
pouces de diftance fous le crible, & fe rendeot
dans une chaudière que Ton place deffous.
En fuite le grain eft vcrfé dans un bluteau cy*
Undrique. Ce(l un grand cyUndre de i ou 3 pieds
de diamètre, garni alternativement de feuilles de
tôle piauées comme une râpe à fucre , âc de fils
d'archal, pofccs parallèlement pour laiffer paffer
les Immondices & les graines plus menues que le
fromem
M E U
fn>mtnu II cft plos avantageux de piquer les feuilles
lie fer-blacK: une ligne d'un côte & une de Tautre ,
afio qu'elles rapcni des deux côtés. Oa verfe
le grain dans une trémie, doii il coule dans ce
cyliodrc pofe en pente qu'on fait tourner avec
noe «UtiiveUe* Dans le trajet du cylindre, le blé
ell gratté par les râpes , la pouflîére & les petits
grains fortem pir les grilles de fild'archal, & le
k»lé forr clair & propre par rextrcmicé du cy-
Endrc, & tombe dans la trémie d'un tarare.
3** Le tarare oy ventilateur cft un inftrument
tr^'ingcnicux. Pour s*eji faire une idée claire ,
qa*Oci (c figure un homme faifant tourner avec la
mucyeUe une roue dentée en hériffon, laquelle
cogrèpc dans la lanterne qui eft placée au-dciTus,
&<|us fait tourner très-vîie les ailes & la petite
roue co<hée qui , par le ievier , fait tremoufler le
crible fupéheur. Un autre homme verfe dans la
trènûe, du froment, qui coule peu-à-peu furie
crible fupérieur, un peu incliné vers Tavant. Ce
crible, eu trèmouiTant continueUement , tamife le
grain en forme de pluie; il traverfe, en tombant ,
»n tourbillon de vent occafionné par les ailes ,
& tombe fur un plan incliné , où il y a un fécond
crible qui fcpare le gros grain du périt.
Pour mieux faire connoitre cet inftrumenr ,
nous ajouterons ce qui fuit. On met le froment
daiu la trémie , il en fort par une petite ouver-
nirc à couîiiTe; au Cortir de la trémie, le grain
fc répand fur un premier crible , fait en maitic
de laiton , alTw'z large pour que le bon grain puiffe
y paiTcr. Ce crible fe hauffe 6: fe bailTe à volonté
pir le moyen de la roue dentée ; il reçoit un
nouvement de trémoutlemtm par un levier brifé ,
auqael il eft attaché, & dont le bout inférieur,
jppuyè fur le^ coches ou dentures de la roue , eft
raarbrè à Textrémîté de Teftleti , qu'on fait tourner
avec U maaivcllc.
Le trèmouïïement fait couler le grain peu- à-peu ;
les corps étrangers , trop gros pour paiîer au travers
des mailles , tombent par une extrémité en forme
de nappe, fur un plan incliné , qui les jette dehors.
Ce qiu a pafTé par le crible fupérieur , tombe en
farme de pluie îur un autre plan incliné, d'environ
45 dégrés, où le grain trouve une autre grille ou
treitlis de ni d'archal, dont les miilles font un
ra plus étroites que celles du premier, afin que
petit grain pulfie tomber Cous la caifïe, tandis
qtie le plus gros Çc répand derrière le crible.
Sur un d*.$ c^tés de la caiflTe eft un^ manivelle
El fait lourner une roue dentée , laquelle engrène
as une lanterne ûxéc Car rcftieu , faifant mouvoir
à foo extrémité la petite roue cocliée qui imprime
le r-«fiiioiiiï;rmcnt aux cribles. Le grand c^Hcu,
q -* très- vite au moyen de la lanterne,
\ ' S ailes, formées de planches minces,
i; a tournant un vent confidérable, qui
t ixicla poufttère , la paille Scies corps
qui fe irou\'ent dans le grain.
Quelques meuniers fupptiment le crible d*Atle-
Ans & Mttltrj. Tome K Parût L
M E u
57
magne & le bkueau cylindrique, & fe contentent
du ventilateur.
Le criblage & nettoyage du grain en augmen-
teroit la valeur , sM devoit è:re fait à main d'hommes ;
mais on peut f^ire mouvoir ces cribles par la
même force motrice qui fait tourner la roue du
moulin §c en même temps , en forte que le même
moteur nettoie le grain , le moud , Ôi blute à
la fois la farine, ainfi qu'on le verrti ci-aprés.
Pour ces effets , on adapte à rextémiié d*un
arbre de couche ou horizontal , d'environ trois à
quatre pouces de gros, faifant un angle droit avec
le grand arbre tournant du moulin , une petite
lanterne de dix-huit à vingt pouces de diamètre,
plus ou moins , fui vaut la force du moulin , afin
que les fufeaux de cette lanterne , prenant les
dents du rouet , faffcnt tourner Tarbre de couche,
dans lequel font emmanchées trois poulies dans
lefquelles on paffe des cordes fans fin qui cor-
refpondent aux poulies des cribles & des bluteaux*
Ces poulies peuvent fe prendre dans une môme
tourte de bois d'orme, quand la bluterie à fon
gras eft direftement fous le tarare; lorfqu'elle
n'y eft pas, on place fa poulie furTarbrede couche,
au droit de lad te bluterie, avec des poulies de
renvoi. Les poulies de Tarbre de couche doivent
être , autant qu'il eft poffible , dircftemcnt au
deftbus des poulies adaptées aux autres machines
qu'elles doivent mettre en mouvement ; car , fi
ces poulies ne pou voient pas être placées direfte-
ment les unes fous les autres, il faudrolt abfo-
lument (e fervîr de poulies de renvoi, pour re-
gagner la perpendiculaire , ce qui eft très-facile.
La poulie d'en - bas du tarare peut avoir trente
pouces de diamètre , & celle qui eft emmanchée
dans le tourillon de l'arbre tournant du tarare, doit
avoir doute pouces de diamètre ; celle de l'arbre
de couche , dellinée à faire mouvoir le cylindre de
fer-blanc, doit avoir vingt-quatre pouces de diamè-
tre, & celle emmanchée dans le bout de l'arbre
tournant dudit cylindre de fer -blanc, vingt-huit
pouces. On peut faite cette dernière poulie d'une
tourte plus épailTe, afin d'y ménager une féconde
poulie de renvoi j qui ira faire tourner le grand
crible de fer pofé en fens contraire de celui de
fcr*blanc.
La poulie qui fait tourner la bluterie , doit
avoir ^^ pouces de diamètre, & celle qui fera
emmanchée dans le bout de l'arbre tournant de
ladite bluterie, doit avoir 26 pouces de diamètre*
Tous ces diamètres & mefures peuvent varier
fclon la force &: la différence des moulins, des
machines &t des mouvcmcns ; mais ce qu'il eft
cffentiel d'obferver , c'eft que la grandeur de»
poulies doit être calculée fuivant la force dcS
moulins , & que les cribles & bluteaUx cylin-
driques doivent faire 25 à 30 tours par minute-
Si les cribles cylindriques vent trop tort ou trop
I doucement, ils criblent mal.
' H
58
M E U
Le tarare doît faire Bo ï loo toun par minute :
s'il va plus vite» U chafle le bon blè avec les
cri bl lires ^ %i\ va plus doucement , îl ne nettoie pas
bien le blé*
En général, fi le moiivemeot eft trop rapide,
!l faut tenir les poulies plus grandes en haut, ou
diminuer celles du basj cela ralentira le mouve-
ment. Si le mouvement au contraire eft trop leot ,
on diminue la poulie d'en-haut, eu l'on en metrra
de plus grandes en-bas. Les poulies doivent être
faites en pattes d'écrevifl*e; c*efl-à-dire que la
rainure doit être large cl*entrèc, & aller toujours
en diminuant f afin uue les cordes ferrent mieux
& tournent plus facilement.
Il faudroi^ auiîi n'employer que des cordes qui
euffem dè>à fcrvi ; elles font moins dures 6l
tournent plus rondtmenu
Les cordes fe raccourcirent dans les temps hu-
mides , & s'alongent dans les temps fecs. Pour
remédier àcesinconvèniens* on met au bout d'une
corde une paue de cuir de Hongrie , & une longe
de nijme cuir à l'autre bout; par ce moyen» on
allonge ou raccourcit les cordes fuivantle temps.
Si Je tarare ne tourne point afTcz vite, on
raccourcit les cordes; s'il va trop vite, on les
ralonge.
Cet arrangement eft préférable, fans compa*
raifon , aux rouages 8c aux petits hènnbns qu'on
pourroit employer dans ces cas , parce que les
f jouîtes coûtent bien moins « durent plus^ & font
aciles à faire, à conduire & entretenir, au lieu
qu^il faut un habile charpentier mécanicien pour
exécuter un hériffon , qui eft fujet à fe déranger^
plus difficile à conduire , & parce qu'enfin , avec
àùs cordes & des poulies qui coûtent environ
48 liv, , on fait autant d*ouvrage qu'avec des
hérifTons qui coûtent vingt à trente louis.
Telle eft en général la méthode du nettoyage
des grains, fi négligé par les iabou retirs, excepté ceux
de la Brie, de la Beauce, de Tlfle de France &
de la Picardie.
Voyons maintenant les procédés du blutage ,
puifqu'ils fe Uent avec ceux du nettoyage des
grains.
Pfùccdis du Blutait,
Que les grains foient parfaitement nettoyés, que
les meules foient de bonne qualité , qu'elles foient
bien rayonnées , bien montées , bien drefécs , que
leur mouvement folt régulier , cela ne fuffit point ;
U faut que le blutage foit aufTi parfait ; c'eftluiquî
donne à la mouture économique le degré de per-
fcftion qui la diftingue de toute autre mouture^
11 y a déjà un grand nombre de moulins éco-
nomiques , mais la plupart pèchent par le blutag^c,
dont Kart eft encore généralement inconnu. Tà^
chons d'en parler d'une manière inftnjflivc.
Il ne faut pas que le blutage commande le
moulin en allant trop vite ou trop lentement. Il
faut que les bluteaux tamtfent la même quantité
M E U
de farine que les meules en font. Si le bluteau
ne tamifc pas- aufti vire que te moulin moud, U
faut relever Tauget de la trémie, pour empêcher
qu il ne tombe tant de blé dans les meules; alors
les meules n^ayant plus une nourriture fuâfifantc,
ou manquant de blé^ le fon fe broie très- fin, fe
mêle à la Éarine, la rougit, La rend hife & mauvaife.
Si au contraire le bluteau tamife plus vite que
le moulin ne fournit, il tamife trop fec« & lame
pa^Ter du fon avec la fleur.
Il eft donc trés<efîentiel que les bluteaux répon*
dent à la finefle de leur étamine & à la force du
moulin; il eft très-eftentiel que les bluteaux &
les meules foient d'un accord parfait.
En général, pour le blutage, il faut examiner:
i"*. Si le babillard du bluteau fupérieur n'cft
éloigné du tourillon de Tarbre tournant que de
6 , 8 à 10 pouces au plus,
2"", Si la bluterie déchiroît les bluteaux, ou s'ils
biutoient trop fort, il faudroit débrayer la boiic
ou la baguette , pour ralentir & diminuer leurs
coups. fl
DthrayerSc remhayer , c'efl ferrer plus ou moins 1
la barre fur la croifée, ou ferrer la baguette plus
ou moins près de la huche du côté de ta crotfce.
£n général , plus on blute & plus on fait de
farine blanche; mais pour bluter, il faut que les
gruaux foient fermes; autrement ils s'engraiiTent,
au lieu que les blutcries otent aifément les rougeurs.
La bluterie ett encore d'une grande milité lort
ou il y a des recoupes qui font dures , ce qui eft
fouvcnt occafionné par une r'habillure trop foncée »
ou par la nature du blé.
Le plus sûr moyen pour avoir du blanc*, eft de
faftcr les gruaux gris , pour en ôter les rougeurs
avant de les moudre; quand ces rougeurs ont été
féparées, on peut enfutte dans le moulage appro-
cher les meules tant qu'QU veut, pour atteindre
les petits gruaux qui ont échappé aux premières
moutures*
Le premier lés de la bluterie &it en dernier
travail un gruau clair & an, qu*on peut mêler
en fécond.
I^ fécond lés fait un fécond gruau, qui eft bon
pour le pain bis- blanc, & une partie du refle
pour le bis. Au lieu qu'avec le dodinage îes gruaux
reftans du rcmoulage font bien plus rouges , 6c oc
peuvent plus être employés qu en bis.
Lorfqu'on veut remoudre les recoupes en em-
ployant un dodinage, on eft obligé d'approcher Je
moulin , ce qui le fatigue beaucoup & rougir
la i^irine qui provient de ces recoupes , au hea
quQ par le moyen d'une bluterie , le moulin va
toujours en allégeant , fans que Ton remette tes
rougeurs fous la meule, ce qui fait la farine d^
recoupes bien plus claire.
On trouve encore par le remoulage, au premier
lés de la bluterie, de petits gruaux bons à mettre
en bis-bianc, & le refle en bis, ce qui avantage
beaucoup un moulin^ parce que rien d*cA perdu »
M E U
k <pi*otf ne remoud que ce qtiî eft bon à remou-
dre. II cft vrai que cette méthode occafionne des
ér^pom%on%i maïs on en eft amplement dcdom-
flOgé par la qualité & quantité des farines. D'aiU
bars, il ne feut pas perdre de vue qu'on n*cntcnd
patler ici que d*un moulin à bbnc; car pour un
flUMiUn à his ou à bis-blanc , le dodinage luffit « &
ûo peut tirer par Ton ufage la eotallté des farines.
Lorfcju'on fe fert d'un dodinage , les gruaux , &
fiir*tout les fecoDdi, font fouvcnt mélès de rou-
geurs que la bluterie fépare exa^ement; & quand
oo fait remoudre ces gruaux , qui font durs & petits ,
on cft obligé d'approcher le» meules pour pou-
voir les remoudre , & l'on rougit la f.irine en pul-
TènCim les rougeurs que le dodinage a mêlées
lUx gruaux bis , ce qu'on évite avec la bluterie,
Sitis rejeter le dodinage , on eft affuré par Tcx-
péricnce, que la bluterie fait les gruaux plus clairs.
Quelques meuniers fe fervent d'abord du dodi-
nage pour dégrailTer les fonsgras, & cnfuited'uno
Uuterie^ & cette manière de travailler eft très-
boooe.
I*aî bUrné précédemment la méthode de ceux
qui prèfèrcfit les bluteaux de foie à ceux d'étamino ;
mais il s*«gidfoit alors du bluteau fupéri^^ur qui ,
dans tous les cas, doit être de laine, parce qu'il
cô deftiné à ramifer la fleur de farine de blé,
qui gommeroît la foie. Ici au contraire il ne s*agit
que du bluteau inférieur pour les gruaux & re-
coupes, dont le bluteau fupérieur a ôté la fine
Aeiir de farine, gralTe par elle-même, & qui a
bcibln d'une forte fecouflfe pour être bien blutée,
ao lieu que la bluterie cylindrique fulEt pour les
gruaux fecs & les fons durs.
IXaiUeiirs les foies , quintlns ou canevas des
cylindres à gruaux, doivent être plus ouverts que
ceux qu'on cmploieroit à ramifer la farine de blé,
&, par cela même, ils font moins fujets à s'en-
graifler.
Ceax quionrun emplacement affcz grand, feront
bien de taiiïer fermenter le fon gras avant de le
païïier auic bluteries du magafm d'en-haut, qui
ibnt mtfes en mouvement par les poulies dont j'ai
parié ci-devant; &, fi remplacement le permet,
00 fera bien d*avoir deux bluteries au-deflus l'une
de Taiirre; le gruau fe fépare mieux, & le fon
fAù plus fec.
La thèone 8t la pratique que je viens de dé-
crire, conviennent à tous les meuniers, & ils ne
peuvetit faire une bonne mouture fan s les pratiquer;
jBÛs les points capitaux, qui diAinguent b mou-
are économique de toute autre, confiflent en
liots opérations effentlelles ; favoir ; i **, à bien
Mttoyerles grains avant de les moudre ; i *'.à broyer
les grsin% convenablement ; 3 ^. à bien féparer ,
parles dtffércns bluteaux, les farines des fons,
recoapes 6l gruaux, pont pouvoir remoudre ces
derniers ftparément Se a-propos, ainfi que je l'ai
A^à dky & qu*on le verra dans le chapitre fuivant.
M E U
59
Développement des procédèt de U mouture économique ,
d'après U mémoire de Af. Suqutt*
Le premier procédé confiile à cribler Se nettoyer
le blé avant quil tombe dans U trémie des
meules.
Le fécond , à le moudre de manière qu'il ne puifle
ni s'échautfer, ni contraâcr aucune mauvaife qvia-
lité, ni fouflPrir trop d'évaporation &.dc déchet.
Le troifième , à bluter en même temps que les
meules travaillent, pour féparer les diverles qualités
de farines & de gruaux.
Le quatrième , à remoudre les différens gruaux
pour en tirer de nouvelles farines.
la première opération du nettoyage des blés fc
fait en tranfportant les facs au fécond étage du
moulin, ou font les cribles. Deux ouvriers, Fun
en-bas , l'autre en-haut , font tout ce fervicc. L'un ,
avec une brouette, mène les facs jufqa'au pied
du mur du moulin, & deffous la croifée du gre-
nier par où le fac doit entrer ^ le fac arrivé , il
l'attache au crochet du cable qui doit l'enlever,
AufTuôt l'ouvrier qui eft cn^haut, en tirant une
corde, fait engrener dans un rouet la lanterne
d'un treuil qui monte fur le champ le fac attaché
au cable; lorfqu'il cfl arrivé à la croifée du gre-
nier, l'ouvrier lâche la corde pour dèfcrgrener la
lanterne ; il détache le fac , & le vide dans h
grenier.
Le blé cft criblé deux fois; la première, dans
le crible normand à la main, & le réfidu de cette
criblure forme la dernière q taltté du hU\ La féconde
fois, dans le grand crible cylindrique, qui nettoie
encore le grain, & le fépare en fesdeux autres
qualités, Tune dite tête du hlé^ & Tautre bli du
milieu, Çnfuite il coule à travers le plancher par un
conduit, dans la trémie du tarare , où il eft éventé
par les ailes du ventilateur , qui le nettoie en chaf-
fant la poufliére , les pailles, la cloque, les grains
légers ou rongés par les infcâcs, <k fépare, pAr
fes grilles, la plupart des grains étrangers. Enfin
il tombe pur & net dans la trémie des meules.
Le nettoy;^ge des grains peut fe Lire à peu de
frais, ainfi que je l'ai dit ci-devant, & doit fo
faire au moulin, s'il n'a pas été fait au greiiier
ni dans la grange.
ta féconde opération confilte a moudre le grain
fans échauffer la farine.
Les meules entre lefqudlcs le blé eft introduit,
font piquées en rayons réguliers; elles font dref-
fées felon la méthode ci-devant pr^fcrire pour les
mettre en bon moulage ; ces meules bien m -nt;e$
& bien dreftées, vont toujours en allégeant. L:ur
piqûre , plus fine que celle des meules ordinaires ,
fabrique mieux la farine , fans couper le grain ,
ni hscher le fon. A quelques pouces de Vanille ^
le blé commence à être concaftc ; au milieu de l'en-
trépied , fe font les gruaux ; enfin la fuuiUute aiBeure
la farine , & ècurc le fon.
H I)
6o
M E U
Comme on doit remoudre les différens gniaux ,
on n'eft point forcé de ferrer ni de rapprocher
les meules , comme dans la méthode ordinaire où
Ton veut tirer tout le produit par une ieulc mou-
ture. Ici au contraire le premier moulage eli fort
gai , la farine qu'il produit n'eft point échauffée ,
Hl conferve toute fa qualité.
Par la troijîèmc opération , on tamifela farine , &
Ton fépare les gruaux en même temps que Ton
moud , en accordant le blutage avec le moulage ,
fuivant les principes expliqués ci-devant , afin que
le bluteau ne débite ni plus ni moins que les meules.
La farine, mêlée avec fes gruaux, fon & re-
coupes , tombe , au fortir des meules , par Tanche
dans le premier bluteau placé dans la partie fu-
périeure de la hucKe. Le bluteau reçoit fon mou-
vement de la batte , qui , en frappant liir !es bras de
la croifée placée fur la lanterne, fait agir le babil-
lard & la baguette attachée au bluteau.
La farine qui paife par le bluteau, tombe dans
la liijche; elle eft d'une grande finefle, & a toute
la pcr/eâion ; on la nomme farine de blé , parce
qu elle cA produite par la mouture fur le blé ,
ce qui la diliingue de \z farine de gruau; elle va
à peu près à la moitié du produit. Le refle du gruau
moulu fe nomme le fon gras ; il fort par le bout
inférieur du premier bluteau, & tombe, par un
conduit, dans un fécond nommé dttdinage^ qui
efl plus gros & plus lâche que le précédent; il
efl ordinairement compofé de diflférentes groffours
d'étamine ou canevas , qui divifent fa longueur en
trois parties égales.
Dans le moulin entièrement monté félon la
méthode économique, au lieu d'un dodinace,on
emploie une bluterie cjriindrique , qui efl préférable,
en ce qu'elle fait un plus beau gruau que ce dodi-
nage. Cette bluterie s'emploie de même , & par
Préférence , pour bluter les fons gras , aiufi que je
ai dit ci-devant; elle efl garnie par tiers de foie
ronde, d'un quintin & d'un canevas. Cette blute-
rie tourne par le moyen d'un hérifTon dont les
dents s'engrènent dans les fufcaux de la petite
lanterne qui termine l'axe de la bluterie cylindri-
que, ou par des poulies.
U doit fortir trois gruaux des diviflons du blu-
teau inférieur, foit dodinage, foit bluterie cylin-
drique ; la première efl le gruau blanc qui fe trouve
à la tête du bluteau; la deuxième, le gruau gris
qui fe prend dans le milieu, & la troifiême, les
recoupes à l'extrémité du bluteau.
La quatrième opération confifle. à remqudre les
diflférens gruaux pour en tirer de nouvelles farines.
Après que les blnteaux ont féparé toutes les
Sualités , & que le meunier a mis à part la farine
e blé, il rengrène les gruaux blancs trois fois
féparément des autres efpèces de gruaux, & tou-
jours de la même façon; mais en ne faifànt commu-
nément ufage dans tout le refle des opérations que
du premier bluteau. »
t
M E u
Je dis communément^ parce que les râeunierf
^ t vifent à une grande qualité de blancheur , laif-
'ent encore pafler à chaque opération les gruaux
à travers les bluteries cylindriques ou le dodinage ,
pour en extraire les rougeurs ou les parties de Ion
qui s y trouvent , d'où il refulte que la féconde
& la troifième farine de gruau font bien plus claires.
Le premier rengrenage du gruau donne une farine
fupérieure en qualité à la farine de blé ; on nomme
ceite farine de premier gruau, blanc bourgeois^
pour la diflinguer de la farine de blé , qu'on nomme
le blanc y ce blanc n'efl pas plus fin que le blanc
bourgeois , mais celui-ci a plus de corps & de faveur.
Le fécond rengrenage du refiant du premier gruau
produit une farine d'une qualité un peu inférieure à
la précédente , & le troifième rengrenage donne
une farine encore au defTous, mais fans mélange
de fon , pirce que le gruau blanc n'en a point.
Le gruau gris fe rengrène féparement, & fe moud
légèrement , pour en extraire, par un tour de blute-
rie , les rougeurs ; de manière que la tête de cette
bluterie peut rentrer avec le gruau blanc fous les
meules.
Enfin le refle du gruau gris, après avoir été
repalfé fous la meule, donne une farine bife, mais
purgée de fon , par l'attention qu'on a de moudre
les gruaux gris légèrement la première fois, &
d'en extraire le fon par la bluterie.
Les farines de blé des premiers & féconds
gruaux, mêlées enfemble, forment le pain blanc
de quatre livres , quon vend à Paris.
Les recoupes fe rengrènent de même fépare-
ment une feule fois y 8l produifent une farine bife
égale à-peu- près à la deuxième qualité du grumu
gris 9 & toujours fans mélange de fon. Comme
il tombe, à chaque opération du blutage, de
gros gruaux qui ont échappé à la meule, on les
ramaSe encore pour les remoudre , c'efl ce qu'on
nomme remoulage de gruaux. Il réfulte de la mou-
ture des derniers gruaux , un petit fon qu'on
nomme fleurage.
Pendant ces différens moulages , il faut être
attentif à fixer l'affiette des meules , à en diriger
les mouvemens avec égaUté , à les faire approcher
plus ou moins , afin d'empêcher , dans tous les
cas, que la farine ne foit courte & échaufFéé,
& pour qu'elle foit au contraire fratche , alongèe»
& qu'elle produife un gros fon doux.
Pendant le premier moulage fur blé , il fiiut
avoir foin de tenir la meule courantcun peu
haute ; c'efl-à-du-e , de ne pas la feffSr beau-
coup , afin d'enlever la pellicule du grain , & de
faire de plus beaux gruaux ; il faut au contraire
tenir les meules plus ferrées lors de la mouture
des gruaux, vu que les parties font plus petites
& plus dures. Cependant les meules bien r'ha*
billées demandent fouvent à alléger un quart*
d'heure après avoir pris fleur»
r
I
I
Kieéfktdsmn du changemens fttccefflfs ^u éprouve
/<• klé pour donner fcj divers produits par la
momttrt économique*
En fopporajit un moulin à eau de pied-ferme ^
tfkni des greniers au-dcffus pour le nettoyage
des grains ^ le blé , après avoir été enlevé en
hc cUns Tètage fupérieur, y ell criblé & féparé
€û fcs trois qu;tlités de téu de hU ^ hU du mi-
Ù£M , & àU de U dernière cLJfc , par le crible
normand , fie le grand crible cylindrique ; de-là
il cil verfc:
!•. Dans U trémie du tarare ou ventilateur , qui
en eoléve la poufTière & ta balle; d où il tombe,
^•. Dans le crible d'Allemagne incliné > au bas
duquel eft un émoteux ; de-là ,
5*. Dans la trémie é&% meules, qui le verfe par
fasiget agite par le Trayon.
4*. Dans rœidard ou trou de la meule Courante,
4 travcfs les bras de ranille; d*ou il coule,
5*'. Sut le cœur de U meule gifame, où il fe
6*- Enfuite dans Tentrepied des meules, où il
s*2ftfie & le forme en gruau; de-là,
7*, Dans la feuillure des meules où le gruau
l'^afflesre par l*écurage des fons , & fe convertit
ta 6iiîne ; de>lâ,
8*- Dans Tanche où la mouture entière eft
chaâ^e par le mouvement circulaire des meules ;
4e-là,
9^, Dans te bluteau fupérieur de la huche qui
lèpare la farine de blé du fon gras ; la farine
lOinlic dans la huche , 6c le fon gras ,
to^. Dans le dod nage ou dans la bluterie cy-
Imdrîqiie, qui diflingue le fon gras & fcs trois
gmaox 6c recoupes*
II**. Et enfin au bout du bluteau inférieur, par
<Hi fon le fon maigre bien évidé de farine-
Quand on a retiré ces divers produits du
piaiii , on met à part la farine de blé ou le
bbnc tiré par le bluteau fupèrieur; enfuite on
iffClld le gruau blanc pour le faire repayer fous
les fsieoles, & le produit de ce premier gruau
tâk le même chemin que le produit du ble ; il
dûiïne » par le bluteau fupèrieur » une première
&noc bien fupérieure à la première larine de
Ué ; oc b nomme première farine de gruau.
^ Ce qui n'a pas paffè k travers le bluteau fupé-
ricoT fiî remet encore fous la meule pour le re*
moudre une féconde fois , & Ion obtient la fe-
oos^ Êirine de gruau , qui eft un peu moins
Uaiiche que la précédente.
Le réiîda de cette féconde farine de gruau fe
tcp^c une troifième fois fous la meule , lorf-
^'on veut tirer la plus grande quantité de blanc;
«lis ordî oairement ce réfidu fe mêle avec le
pvau gris , ce qui forme une troifième farine de
vaoBL moïm blanche encore que la féconde.
On psflc une féconde fois fous ia meule le
M E u 6ï
réfidu du gruau gris, pour avoir une quatrième
farine qui eft bife, & Ion y mêîe encore le pro-
duit des gruaux bis 6t des recoupettes , qti*on re-
moud une feule fois.
Il refte , à la fin de toutes ces opérations , un
petit fon qu'on nomme fleurage ou remoulage
de gruaux , qui eft bon pour empâter la volaille.
Réfultat des Produits de la Mouture éconùmi^ue.
En exécutant tous les procédés de la mouture
économique , ainfi que je viens de les décrire,
uo fetier de bon blé , pefant 240 livres , mcfurc
de Paris , doit donner communément en totalité
de farines tant bifes que blanches ,
ci 175 à iSoliv*
En fon, recoupes Sciffues, environ! . , 55
En déchet ) , ^ a 6
Poids égal à celui du blé 240 liv.
Si la bluterie fupérieure fépare bien les iffues
du premier bluteau en trois gruaux , recoupcttts
& recoupes, alors ces differens produits moment
en détail, favoir:
En fleur ou farine de blé. . . • 100 ^
Eo farine de premier gruau, ) * 4^ f
En farine de fécond gurau , i^envir. 20 y ^^o Uy,
Enfarinedetrojfiéme gruau, ) , io f
En farine de remoulage de gruaux \
& recou pertes, . » , . .• 10/
En fon de différentes efpèces. . . îï ) 60
En déchet , . 5 r
Poids égal à celui du blé, ci • . , , 240 liv.
Par le remoulage de toutes ces fortes de qua-
lités, on fait ordinairement quatre efpèces de
farine , favoir :
i**, La farine de blé ou le blanc,
2**. La farine de rengrenage de premier gruau,
nommée blanc bourgeois.
3 "* La farine de fécond grusu , que Ton mélc
fou vent avec le blanc bourgeois, quand le meu-
nier a eu afTez d'adreiTe pour moudre légèrement
le gros gruau , & pour en fé parer les rougeurs*
4^* La farine bife qui réfulte du mélange des
farines des derniers gruaux , n^moulages de recou-
pettes.
Lts fons reftans fe trouvent auffi de trois
efpèces, favoir, le gros fon, les recoupes & k
petit fon ou fleurage.
Il y a beaucoup de variations fur les déchets ,
fur*tout fi les farines ont été tranfportées de ç ,
10, 15 ou 20 lieues, par la chaleur, qui, avec
les fecouflfes de la voiture , contribue beaucoup
aux déchets : fou vent auffi Terreur vient de Tinexac-
ritude de la pefée , 8c du retard après la mou cure*
On fent aiiiment que les produits de la mou-
62
M EU
turc économique ne peuvent pas être toujours
uniformes, unt en farine qu*en fon. Les diffé-
rentes £iÇons de moudre & remoudre , Thabileté
du meunier, la bonté des meules & du moulin «
le jeu & la perfeâion de fes différentes pièces ,
les différentes qualités des grains plus ou moins
fecs, plus ou moins pefans 9 vieux, &c. , ap-
portent toujours des différences confidérables dans
les produits; on va, par cette raifon, examiner
encore les divers produits de la mouture écono-
mique , eu égard aux trois différentes claffes ou
qualités de blé qu'on difiingue dans le com-
merce > en fe bornant pour chacune au terme
moyen de comparaifon*
Tableau de comparai/on des divers produits des
trois différentes qualités de blé pan la mouture
économique*
I" Classe. Il* Classe. IIP Classe.
Blé de la tête.
PoiHs du «tier , ann^e
comm. 240 Hv.
175 à 180
SS
bk 6
Produit en
farine.
Produit en
SCO.
Dcchet.
Produit
celui du
blé.
Blé marchand.
Poids du «tier, année
comm. a3o liv.
Produit en
farine.
Produit en
son.
Déchet.
Pioluit
celui du
i65 à 170
65
5â 6
^ blé.
23o
Blé commun.
Poids do Kticr , année
comm. 320 Uv.
Produit en
farine. iS5 à 160
Produit en
Co
7
Détbet
Produit
celui da
blé.
55 &
5à
Tableau de comparai/on du produit de la mouture
économique avec celui de la mouture ordinaire ou
ruftique.
Un quintal de blé froment de la deuxième
claffe , moulu à la manière ordinaire , & la même
quantité de loo livres du même blé , moulu fuivant
la méthode économique , ont rendu en farine ,
pMT U mouture ordtnMln ou ni/tique.
Farine à faire do pain liv. onc. gr.
blanc. 58 i3
Farine i pain bis-
blanc. 7 3
Farine k pain bia. o
Gro» loa. 3i 7 4
Total. "97 f
Déchet. a 8
Total égal aa poids — —
du ble. 100
Par la mouturt i€onowùqu«.
Farine fine et à gruau
blanc.
Farine à pain bit-
hlanc.
(truaux 1^9 et bis.
(;ros et i)etit son.
Total.
Déchet
Total égal au poids
■ blé.
Uv. onc. gr.
55 i
o
23
97"
10
du 1
M E U
Tableau de comparaifon des produits de yii Ihrêt
de blé froment des Provinces méridionales»
Par la mouturt k la projft.
Farine & faire du p»in
blanc.
Farine à pain bis-
blanc.
Farine «1 pain bis.
Gros son.
Total.
Déchet.
Total égal au poida
du blé.
\w.
(me.
119
3
17a
3
118
U
97
607
4
>4
12
5sa
Par U mouture iconomiqwtm
Farine fine et gniaa
blanc.
Farine à pain bis-
blanc.
Farine bise.
Gros et petit son.
Total.
Déchet.
l'oral égal au poida
du blc.
liv. OBCI
345 m
0
ca
10
99
la
609
A
la
8
ftu
Tableau de comparaifon des produits de $60 livru
de blé froment feptentrionai.
Par U mouture à la grojpt.
Farine fine i pain bir liv.
blanc. as
Farine à pain bis-blanc. iSi
Toul.
onc.
8
a4a 9
Par U mouture ieonomlfmtt
liv. eue.
87 6
vji xS
Tableau de comparaifon des produits , en farine ,
d'un quintal dejeigle de deuxième qualité.
■Far U wtomtÊTt rtÊfique,
Farine
Son.
Total.
DedMt.
Total égal au ix>ids
d«èâé.
Hr. onc. gf.
53 i3 4
44 3
99
i5
Par la monture isonomique.
Fsrioe.
Son.
Total.
IJtrhct.
i o;j1 rgal au poids
du blé.
liv. onc. gr.
71 3 4
_»' 4
^9-7 4
3 12
100
Il y a cette différence entre la mouture à la
groffe & la mouture ruftique , que les moulins où
1 on pratique la mouture à la groffe , n'ont point
de bluteau , enforte qu'on rapporte chez foi la fa*-
rine mêlée avec les ions & gruaux ; au lieu que
les moulins oii fe pratique fa mouture ruAique,
ont une huche au-deffous des meules , avec ua
bluteau d*éramine. Si cette étamine eft affez groffe
pour laiffer paffer le gruau & la groffe farine avec
beaucoup cle fon, on l'appelle la mouture des
pauvres,' fi le bluteau, moins gros, fépare le
ion , les recoupes & rccoupettes , on la nomme
mouture des bourgeois ; enfin , f\ Tétamine eft affex
fine pour ne laiffer paffer que la fleur de farine 9
on l'appelle mouture des riches.
On a cherché à rendre la mouture économique
encore plus profitable au peuple , & Ton eft par«
venu à en porter les produits, en toute farine ^
à 190 & même 194 livres, en faifant paffer les
fons gras par une bluterie cylindrique, au lieu
d'un dodinaee , & au lieu d'en remoudre toute
la maffe entemble ; en remoulant deux fois les
deux premiers gruaux blancs ; en repaffant ibus
la meule tout à la fois le gruau gris, la recon-
pette , les recoupes & les fons , & en employant
des bluteaux un peu plus ronds ; enfin en mêlant
enfemble toutes ces tannes ^ on en a fait un ex-
cellent pain de ménage , qui , à la blancheur
prés, a été trouvé de bon goût, trés-falubre,
très-nourriflant , & préférable à tout autre pour la
nourriture du peuple.
J'obferverai encore qu'il y a une grande diffé-
rence entre le produit du blé nouveau , & celui
du blé qui a paffé Tannée, qui a rcffué, & qui
a été foigneufement travaille dans le grenier.
En général » les grains rafHnem tellement par
la manipulation & la vieilleffe , qu*au bout de fix
mois» ao muids ou %q fetiers de blé fe réduifent
M E U
I enTiroii 19 ; miis le produit en failne cR plus
confidérahle. Au bout de Tannée , les 10 muids
fc trouvent environ à 19 &dcmi; le produit en
^ne augmente en proportion.
En 17^8 ^ deux fetiers de blé de U féconde
qualité ont été moulus à la tin de Tannée de la
tccolre^ & ont produit en farine, ci . 311 iiv.
Deux fetiers de la même récolte &
de la même qualité » qui avoicnt été
iBOulus étant nouveaux , n'avoienc pro-
doit que, d «..*....• 306 lîv.
Différence . * . ij liv.
ff9€édis & Réfuttats de U Moutun iconomlque
des hléé humides^
Les procédés ordinaires de la mouture écono-
Btque ne conviennent que pour les blés o\îne
ftchereffc ordinaire , tels que ceux du nord & de
b plupart des provinces de France.
La mouture des blés humides exige jdes pro-
cédés différens : celle des blés étuvés & celle des
fcl£s méridionaux en exigent d'autres encore que
je décrirai fucccfiivemenr.
Dans les années 1744» 1771 > 1779 ^ ^781»
les rècoltirs des grains ont été humides ^ les blés
& farines fe font échauffés , on en a perdu pour
éei fommes îmmenfeSy faute de favoir les moudre
& manoeuvrer.
Dans la plupart de nos provinces on ne fait
i£&ge que de la mouture à U grofle, & Ton ù'a
icpaia du peuple avec des gruaux qui n*ont point
Clé remoulus.' Ces groffes farines n*étant point
-attcz dilatées j ne prennent point affez d*eau au
I pérria , font de mauvais pain , &i en font un quin-
xiémc environ de moins que la farine fuffifamment
d.Urêc & de bonne qualité.
Lorfque les blés humides ne font pas féchés,
comme je le dirai à l'article des blés étuvés, la
mooture s'en fait mal ^ les meutes s'engratHent^
les farines redent humides, s*échauffent, les fons
refienf gras ôc fe corrompent , les farines qui y
fifte&t attachées font une perte confidérabte , ol
ton évitera tous ces inconvénicns cû procédant
lififi qu*'i\ (mu
!•• Il faut que les meules foient r'habiUées ou
imquécs un peu plus profondément ; cela s'ap-
pâte, en terme de meunerie, nettoyer un peu
fias les rayons des meuks, ou les faire de 3 dv
4 liglies moins larges que pour la mouture or-
vmire«
^•, Le blé Humide doit être moulu un peu
md, de manière que le boiffeaii de fon, me-
tmt de Paris « qu'il produira, pèfe environ 7 a
8 &vref , au lieu de 5 livres environ qu'il pèfe
Otdînaireinenr.
3\ U réfulte de cette mouture un peu ronde,
«se U brine cil plus féche & de meilleure con-
ienmaon , elle fait plus de pain & il eA mei!-
feof t ks gruaux font plus lecs » les meules ne
M E U
63
s'cngraiffent point, les remoulages & recoupes
des gruaux moulus chacun féparémcnt font plus
aifés à remoudre.
4**, On moud les fons & recoupes avec un do-
dinage & une bluterie, pour en tirer les parties
féparément, Se ne remoudre que ce qui eft en-
core chargé de farine. Le fon étant bien écuré par
un broiement propre à cette mouture, ne fe cor-
rompra point i la farine n^ayant point été en-
grain ée dans les meules, s'échauffera moins dans
les facs , & Ton tirera de ces blés humides le
meilleur parti poffible.
5**. La mouture que je confcille efl un peu plus
longue, mais pas tant qu*on fe Timagine , parce que
les meules ne s'engraiffant point, il n'y a point
de temps à perdre pour les dcgraiffer, comme
à la mouture ordinaire , & la mouture s*en fait
plus vite.
Le meunier rejettera peut-être cette mouture
fous prétexte qu'elle eft trop longue , & le bou-
langer fous prétexte qu elle donne plus de farine
bife , & que trouvant plus de bénéfice à vendre
du pain molîet que du pain de ménage» il pré-
fère de ne tirer qu'une moindre quantité de fa-
rine blanche , fâchant bien fe dédommager fur
les riches de la perte qu'il fait au préjudice des
pauvres. Je vais tâcher de leur prouver leur erreur
par le calcul des bénéfices qui réfultent des pro-
cédés que je confcille*
On fuppofe que par la mouture ordinaire ils
puilTent tirer du fetier de blé humide 155 livres
de farine blanche & 12 à 15 livres de farine bife.
1''. Les 155 livres de farine blanche étant
molle & terne fe vendront moins que la bonne
farine»
a'\ Je n*aurai par mes procédés que 140 à 14J
livres de farine blanche; mais j'aurai 30 à 35 liv.
de farine tant bis-bJanc que bife , & toutes ces
farines étant mêlées enfemble, feront vendues au
moins zo à 30 fols par quintal plus que la farine
blanche & molle,
3*", Je tirerai au moins dix à quinze livres de
toutes farines de plus qu en ne hïfiun que de U
farine blanche,
4"". Ma farine fe confervera plus long-temps,
le pain en fera meilleur , j'en ferai une plus
grande quantité, & mon fon bien écuré fe cor-
rompra moins.
Si Ton a voit fait ufage de cette mouture dans
les années humides , & notamment pour la ré-
colte de J782, que de bié 8i de farine gâtés ne
îeuiTent point été de combien d'épidémies popu-
laires on fe feroit préfervél que d'hommes &
tie richeffes on ciit épargnés !
Mouture icQfiomîque des hlis éiuvJs,
La mouture des blés humides feroit plus avan-
tageufe, s*ils éioiem préalablement bien féchêi
dans les étuves.
64
M E U
La mcuture des blés étuvès demande une at- 1
tention particulière. Autant qu'il eft pofllble , il '
faut avoir d^ meules trés-douces, à caufe de la
fécherefTe du grain ; il faut faire des rayons fort
larges, afin que .Je blé ne (bit point haché en le
moulant. Si les meules ne' font pas auffi douces
qu'on pouroit le défirer , il faut y faire des
rayons de vingt à vingt- quatre lignes de largeur
fur la feuillure , & de trois pouces de diAance ,
au moins.
Il faut une r*habillure très-douce , & avoir foin
de bien garnir les trous des meules avec le maflic
de farine, de fcigle & de chaux vive*, afin que
Ton puiffe faire un gros fon.
Il faut aufTi tenir les meules ouvertes de ma-
nière qu'elles ne puiffent moudre que huit à dix
pouces , afin que le blé fe concafle moins &
taffc le fon plus gros.
Il ftut en outre avoir foin de fe fervîr de blu-
teaux très-âns> parce qu'en ^général les blés fecs
l'exigenf.
Ces bluteaux fins donneront une bonne quan-
tité de gruaux, & des farines très-fines oc de
bonne qualité; en remoulant les gruaux jufqu'à
quatre fois» on eft fur de tirer tout le produit
poi&ble , & de l'avoir de bonne qualité.
Ces procédés ne font confeillés, ainfi que tous
les autres , que d'après les épreuves qui en ont
été faites avec foin.
Mouture écor.omiquc des blés méridionaux.
Les l^lés d'Italie, d'Afiîaue ou de Barbarie, &
• même des provinces méridionales de la France^
exigent d'autres procédés en raifon de leur grande
féchcrcfie & dureté.
Il y a quarante ans, on ne favolt point affleurer
ces blés par la meule , & pour les moudre on
étoit obligé d'en attendrir Técorce en les humec-
tant. C'cto.t une mauvaife opération ; car la fa-
rine des blés qui ont pris de l'eau avant la mou-
ture, en prend moins au pétrin; d'ailleurs cet^e
eau fait fermenter les grains^ & leur fait perdre leur
goût.
Voici comment il faut moudre ces blés.
Difpofcz les meules comme pour la mouture
des blés étvués ; ne les r'habillez que de deux
rayons l'un ; le rayon r'habillé concafle le grain >
l'autre fait la fleur , & la feuillure nettoie le fon ;
la farine en fera longue & point gr^uleufe , comme
dans la mouture ordinaire.
Les blés de Barbarie étant encore plus durs
que ceux d'Italie , il faut un r'habillage plus doux »
il fer:i de deux rayons l'un, ainfi qu'il eft dit ci%
defifus , mais à la meule courante feulement.
Lr.ilïïz le cœur des moules & l'entre-pied bien
ouvctt*^; les meules ne moulant qu'environ un
pied, il faut les bien garnir de pâte de feigle
& de chaux vive , fi Ton veut avoir une farine
longue.
M E u
Les blés du midi font ordinairement la fariae
jaune > mais elle le fera moins par les procédés
que je confeille ; elle fera bien dilatée , (ans l'être
trop , elle fera plus de pain , il fera meilleur &
plus blanc , le gruau fera fec & le fon doux. Les
moulins d'une rotation un peu forte affleurent
mieux le blé de cette efpèce, dilatent mieux leur
farine , & en nettoient mieux le fon que les mou-
lins foibles»
Mouture économique des feigles , orges , méteils , &c*
Tout ce qu'on a dit jufqu'ici fur la moutnre
économique, ne concerne que les fromens; à l'é-
gard des menus grains , les procédés & les réfut
tats en font un peu différens.
Commç il y a plus d'un cinquième du royauine
qui ne vit que de feigle , il eft eflendel de faire
connoître la mouture de ce grain , qui par {à
forme mince & alongée perd bien plus que le fit>-
ment par la mouture ordinaire.
Pour la bonne mouture des feigles , il faut :
i^*. Tenir les rayons des meules plus prés les
uns des autres & plus petits que pour moudre le
froment ; le moulage affleurera mieux , fera plus
doux, produira plus de farine & un petit fou
mieux évidé.
2"*. On commence par moudre fans dodinage*
3''. Après le premier broiement, on en Êiitua
fécond de la totalité des fons & des gruaux « &
l'on ne fait aller le dodinage ou la bluterie que
cette féconde fois , pour en tirer tous les gruaux
& recoupes^
4"*. On remoud ces gruaux & recoupes féparé*
ment deux fob, afin de les tirer à fec. La ndlba
effentielle des différens procédés de cette mou-
ture des feigles , c'eft que leur écorce ou fon ^
tient mieux à la farine que celle du froment. Un
premier broiement fuffit pour détacher le fon du
froment, au lieu que celui du feigle refte ton-
jours chargé de farine ; c'eft pourquoi il faut le '
faire repaffer fous la meule , avec les recoupes
& gruaux.
Dans les provinces où l'on fait ufage de It
mouture ruftique , elle caufe une très - grande
perte dans la mouture des feigles , ainfi qu'on le
voit par le troifième tableau de comparaifoo d»
devant ; la farine en eft compofée , pour la nm-
^Ptxre partie , de gruaux entiers & de recoupes
qui ne prennent pas l'eau au pétrin, ne lèvent
point , empêchent le bouffemenc de la pâte & la
bonne fiibrication du pain , qui par fa mauvaife
qualité , eft préjudiciable k la fanté des citoyens
les plus utiles. Enfin , en employant les gros S(
petits gruaux en nature 9 il y a un douzième ou
quinzième de perte fur la quantité Jans la fabrication
du pain. Ainfi ceux qui font ufage de la mou*
ture ruftique , devroient au moins remoudre toute
la quantité de fons & gruaux une ou deux fois , &
bien alonger la farine.
Quant
M E U
Qttanr a la mouture à la groffc » comme on
ne L^j^T^ p^s les ions au moulin , on ne peut
pas le* ùiTC rêmoudrc , St la perte qu elle fait
fur les fcî^es eft inévitable & beaucoup plus con-
itisrabie,
Pu^rque b mouture des feigles doit être dîffé-
rcnic de celle dei» fromens , que le r'Kabîllage êi
U rajonnemem des meules doivent varier eu rai-
(on des diHcren^ei forme» 6c qualités des grains;
îl eu êvidexu que les mélanges de feigles & de
fromeûc, connus fous le nom de méuïl^ méléard,
ÊUiU^ ctf/^^eaa^ cû£egutly &€* font toujours d'une
acuîur e dé f • v an t ag . u fe.
Le t^efavantagc eit icnfible , fi Yon rèâéchtt d^une
^rt qo à chaque broiemerif des parties de fto>
meut» fott entiers» foit en gruauic , i^adreife du
neumer co Jiftc dans Tare dVnlevcr légèrement la
seliiculc ejtértcure; d'autre part» que dans le
Idgle , le fon étant pkjs adhérent à la farine qui
cA giralTCf il faut un Drôlement plus fort & plus
fcrré pour Tcn détacher.
U e& doMC intéreffant de faire moudre les
leigles & les fromens chacun féparément; fans
ceb t les diâPérences en forme & qualité de ce%
deujt cfpêces de grains, font que l'un ell broyé &
loche lotis la meule ^ tandis que Tautre e{l à
peioe coDcaflé ; ce qui produit une perce conG-
dérahle dans les moulins ordinaires & même dan^
la moutiire économique « quoique moins grande
dans celle-ci, parce qu'elle tamife & rcmoud les
gruaux à plufieurs reprifes* La mouture écono-
«û|tie des orges demande auffi des attentions par-
ôculières; il fauE bien fe girder de remoudre la
lota^Iifé des fons« comme dans celle des feigles ,
parce que la paille de Torge pafTeroit dans le
bticeao & feroit préjudiciable à la confcrvation
des farines & à la bonté du pam , excepté lorf-
me les orges font trés-humtdes. Il faut nécef-
lairement mettre un dodînage ou un bluteau ,
pour en tirer la paille ; enfuitc on fait remoudre
detnc fois les gruaux bis ^ blancs » en ayant foin
lie 1^ bien aineurer. Puis on remoud les recoupes
«lie feule fois 6c fort légèrement , en n'approthint
Uf meules que très-peu , a6n qii^en repaCTant toute
la mafîe au dodinage ou à la bluteriei on puifTe
eocare en tirer les petits gruaux qui pourroient
s'y rrottver.
Pour la motiture des blocailles , farrafin ou b!é
aoîr & des avoines , il faut fuivre les mêmes
pocèdès que pour celle des orges.
O^ji^hns contre U m^uturt économiques &
Rtpon/a,
On a critiqué la mouture économique , & on
lui a reproché de faire une farine chaude qui fe
Uiee mal, d^occaftonner beaucoup d'évaporation
ft de déchet , & que fon attirail de blutcrie gè-
mmt le moulin*
lUponfes. Le premier reproche ne convient
Ans & Métiers. Tome V, Partit I,
M E u
65
p^int à la mouture économique , qui Ta f oujonrs
en allégeant » mais bien à la mouture brute ordt*
naire , qui broie fouvent ma! le gram, qui moud
en approchant « qui brùie la farine» & fépare mal
le fon.
Le fécond reproche edaulfi mal fondé, & con-
vient particulièrement à la mouture à la groffe^
parce qu'outre U perte des recoupes fit gruaux ,
il y a bien plus de déchet dans les bluteries qui
fe font hors du moulin , comme il fc pratique pour
cctie mouture»
Le troifieme reproche eft auiîi mal fondé,
puifi^ue tout ce prétendu attirail de blutcrie eft
renfermé dans une feule huche de fept à huit
purds d^ longueur.
Pour nous , nous reprochons avec la plus exafte
vérité à toutes les moutures ordinaires» ds con-
fommer e« pure perte un quart, un fixéme, un
buinéme, un dixième de grains de plus qu'elles
ne le devroient , ce que (*ai prouvé par mes
tableaux de comparaifon , Si cela fuflic pour prou-
ver rutilité de la mouture économique ^ & de la
connoïiTance de fes différens procédés, félon les
différantes qualités des grains,
Réjhrmes a faire aux Mêulins ordinaires , i ceux
À cuvette^ & aux Moulins pendans^
Pour exécuter a peu de frais la mouture écono-
mique dans les moulins ordinaires , il efl nécef-
faire d'y faire quelques cbaogemens.
Si Ton peut élever un étage au-deHus des
meules , on y placera au moins un crible nor-
mand, un c/ible de fer-blanc piqué & un tarare^
& Ion fera mouvoir les deux derniers par le
même moteur des meules.
SU eft impo0ible de pratiquer cet étage fupé-
rieur au- de (Tus de la trémie des meules, il faudra
apporter les grains au moulin bien n.:ctoyés ; fans
cela on ne peut faire de bonne farine.
Pour la mouture du blé , il faut que les meules
foient piquées , non à coups perdus j mais en éven-
tail ou rayons compafTis du centre à la circon-
férence.
Il faut ajouter fous les meules une huche é\*
vifée fur fa largeur en deux parties. Dans la
partie fupérieurc de la huche , on placera un
bluteau d'une feule ctaminc, pour tirer toute la
farine de blé. Dans la partie inférieure de la
huche il faut mettre une blutetie cylindrique^
garnie de trois différentes étoffes , la première
de foie, la féconde de quintin^ & la'troifiéme
de canevas, ou un dodinage,
Ces blute aux feront également mis en mouve-
ment par le même moteur des meules.
Tel eft le mécanifme à ajouter aux moulins
ordinaires à eau & de pied ferme , pour y pra-
tiquer la mouture économique , après en avoir
réfûrjné les défauts dont je vais parler,
Ceft eiïcntie lie ment dans les proportions Ac
66
M E U
dans la fliantuiie de Tarbre & de Tanille, que
confiltent les plu§ grands dcfauts de la plupart
des moulins ordinaires & de ceux à cuvette.
Dans la plupart de» moulins ordinaires, ratiille
porte fyr les épaulemens de la fufèe , parce
a De Tune & Tauirc font mal faites. 11 réfulte
c CCS vices de conliruftion , qu il n'efl pas pof-
(ible de bien dreflcr ia menle , qu'elle penche
plus d'un cuté qiM de l'autre, qu'elle cahotce en
tournaot , Ik que le broiement 4\i blé fe fait
mal.
Il y a quarante ans que le fieur Rouleau , Meu-
nier à Siiint Denis, Vhomme le plus inftruit alors
en méckntque de moulina , réforma ces défauts
de conllruAion en perfcÔionnant les quatre petits
coini ds f«r, qu'on ntjmme pipes ^ dont il com-
bina la forme avec celle de Tanille & du papil-
lon , tellement qu'il vint à bout d'ajuiVer fes
meules de manière que la meule courante , en
repos ou en mouvement, refte toujours mieux en
équilibre fur fon pivot , qu'elle rCy étoit an para-
Viim ; il fit part de cette reforme à ceux de fes
confrères qu'il connoitToît ; on en ût ufage dans
plafieurs moulins. Mais cette réforme eft encore
inconnue dans une grande panle du royaume, où
les meules font encore cahotrantes Si montées à
Fancienne mode ; ainfi il eft eff-ntiel de faire con-
noître les moyens de corriger ces défauts, 8c de
étciXi.T les meules de manière qu'elles exécutent
facilement ta meilleure mouture. C'eft ce que j'ai
tâchi de faire en faifant connoitre les défauts des
plumars & des tourillons , lorfque j'en ai fait la
defcrîprîon à leurs articles , & en donnant les
fmportionc exa^s de touîes les parties de l'arbre ,
du fer, de Tanille, de la crapaudine, & de toutes
les pièces qui concourent avec elles aux effets dé-
lires. Je vais maintenant faire conookre les défauts
des moulins à cuvette.
Dcfuttts des Moulins â cuvetie*
Les meules de ces moulins ont ordînaîrement
de 4 i 5 pieds de duraéire , fur 8 à to pouces
d"ê aiiTeur; eilcs font ordinairement mal piquées
& mal dreffce». On ne pratique dans ces mou-
lins que la mouture à la groife ; ils font p!us
fyjcts qi:e les autres a chommer dam les temps
de fàchcreïTe , parce qu'il leur faut plus d'eau 3t
de rapulité pour les faire tourner, à proportion
de l'QU!Vf?ee qu'ils font* Pour en dieifer les
flNDlcs, , we, comme dans la plupart des
«oulir.s •' , de coins de bois, au lieu de
pipe§ de ftir ; aulfi ces meules ont-elles tmijours
de la penrc , & font des farines irés-échauflRèes.
Pour remédier aux dcfriuts de conftruâion Si
de mouture de ces -moulins, il faut, i^. em-
ployer un arbre debout d'une force convenable ,
ceii*i^-dire d'environ 8 à lO pouces de gros ou
en quarré,
i'. Que cet arbre foit placé bictr perpcndicu*
tatremem ûit fa crapaudine.
M E u
3*. Que fort bout d'en haut» de U grofleitr
dVnviron deux pouces en quarré, foit contenu
par une traverfe de t>ois, & dans un chapeao
de boi5. M
4". Que ce chapeau ou trou de bois, fujet & |
s'ufer par le frottement, foit garni d*un boitUloa
de fer aifez large pour qu'on puiffc le garnir ett«
dedans de bourre & de graiifc , pour adoucir
le mouvement, & pour pouvoir y inférer des
pipes ou petits coins de fer^ pour contenir 8c
drelTer les meules.
5^ u faut ajouter à Tarbre debout un rouet
de couche du diamètre poiïible , pour ne pas gê-
ner le beffroi des meules.
6*». Ajouter encore à l'arbre tournant , une laa»
terne avec huit fu féaux qui foient bien de pat
avec les dents du rouet.
7**. Que les meules foienrbten placées au droit
de ia cuvette avabnt Teau.
S"*. Que l'anîlle & les ferrures foîent condi*
lionnèes ainfi qu'il eft dit k l'article de l anillc.
9"*. Que le mouvement du bloteau par la crût*
fée fur la lanterne, fuit régulier.
10"- Que le petit crible à cylindre placé fous
la huche, au lieu du dodinage, prenne fon mou*
vem^ïnt pa^^ des poulies de renvoi > & faffe eir-
virou 15 à 30 tours par minute^ ainû que Ici
autres moulins.
Après avoir réformé les défauts de ces mou»
lins , & pour y pratiquer le criblage des erains ,
la mouture & la blucerie des gruaux , il uut :
i^ Un hérlffon qui prenne dans le rouet de
couche qui fait tourner la meule , avtc un treaU
de couche , tenant d'un bout dans l'hériffod ,
Tautre bout k tourillon de fer tenant foit au
mur, foit dans un poteau debout.
2*. II faut emmancher au treuil les poulies né*
ceffaires pour foire tourner un ventilateur , un
crible cylijrdri:;ue, une blurerie à fon, & toutes
les machines neceffaires à ta perfeftion de U
mouture.
3^ Enfin il ftiut, atnft que je iVi dit aux wf*
ticles de criblage Si blutage , que le mouvement
de rotation de ces machines foit régulier 8c par*
faitement d'accord entfclles.
Moulins fur bateau* * 1
Quant aux moulins pen dans & fur bateau , te
criblage & le blutage peuvent s'y exécuter pat
des poulies de renvoi ou par un petit rouage qui
reçoit foa mouvement du tnhtn^ moteur des iiicU'
les ; Si le meunier intelligent y peut pratiquer
très-bien la mouture économique , ainfi qu*OQ
peut s*en convaincre par quelques-uns de ces
moulins qui font fur la Seine : cependant on
préférera toujours les moulins de pied -ferme.
iVl B. Nous le répétons : tout cet article des wojr-
lim à cau^ fi intéreilant à confervcr dans le dèuèf
général des fcience^ & des arts » eft tiré de I eji^
M E U
traité de M. Céfar BLicqiier , auteur de plu-
bons ouTrages fur les grains Si les £iriacs.
MûuUnj À vent*
La mécanique des moulins à vent a beaucoup
it rapport, pour la canflruâîon intèneure» avec
«Ik des moulins à eau ; mats la puIflTance étant
«a antre élément , il a fallu une autre mécanique
pour en profiter,
Toote la charpente du moulin à vent eft fou-
ttutic par une uès-forte pièce de bois qui la tra-
ftiic en partie , & autour de laquelle ou peut la
feîrc tourner à volonté pour préfenter les ailes au
Tcut , félon que h cours en vient d'un côté ou
if wi antre.
A ta queue du moulin cA attachée une longue
I pièce de boîs , faîfant Teffet d'un très-long levier ,
f a côté de laquelle eft placée réchclle qui fert à
monter au moulin.
Le meunier pouiTe cette longue pièce de bois,
on ta tire à Tair^e d*un tourniquet , ce diiî fuffit
poor mettre t*arbfe des ailes dans la aireâioii
éa vent.
Dans rintéricur du mouHn , on rencontre au
premier étage la pièce de bois fur laquelle tourne
le moulin : fur le devant eA li huche pofé<^ fous
les meules pour recevoir la farine.
Dans le fccond étage , on trouve le coffre aux
menles , la iTéraie Si Ta lanterne au bas du rouet.
Dans le troifiéme eft Parbre des ailes , le rouet »
k cerceau qui embrafle le rouet pour le lâcher
00 pour l'arrêter , & un engin à tirer le blé , qui
nçoîi fon mouvement du rouet.
Totitc La beauté de Tinvention de cette efpéce
de moulin confifle, i''. dans le parf^iît cquihbre de
la maiTe du moulin , qui fe foutient & joue en
Tair lur un fimple pivot.
i". Dans la difpofition des ailes pour recevoir
le vem-
3*. Dans le rapport de la force mouvante avec
réftÉiance des meules & des froitemens.
Afin que la charpente du moulin fût dans un
pifiâjt équilibre autour de fon pivot ^ on n'a point
' fUcè ce pivot au milieu , mais beaucoup plus en
irricre qu'en devant , parce que Ténormc levier
[ it$ ailes & le poids des meules aoroit tout en-
^mîoè par devant.
Les qaatre grandes ailes du moulin font placées
6JI arbre , autour duquel, dans Vintéricur du
[^■oelin, cû attaché un rouet qui fait mouvoir la
^luttroe à laquelle eft attaché Taxe de fer qui
set ta meule en jeu.
Les ailes du moulin préfentent à volonté plus
m mmns de furface au vent, fclon qu'on étend
kl voiles. Toute la libené du vol des ailes dé-^
pend de Tinclina îfon à Thoriion de Taxe de larbre
qm Ici fouticot , Si de rinclinaifon de la furface
éc§ aikf fur cet axef
La preuve en eft démonflfAtlve : la plupart des
M E u
vents > au lien de rouler fur une ligne parallèle à
rhorizon » font un angle avec Thorizon : on s*cn
aflure, û, lorfque le vent eft un peu yi£^ on
prèfente la main au vent en la tenant d'aplomb »
ou pofée perpendiculairement : on éprouve alors
que rimpreirton du vent n^efl pas auffi forte quVlIc
peut Tétre ; mais fi , en continuant à la tenir bien
ouverte « on en incline le dehors en arriére , on
éprouve une impreSon beaucoup plus forte ,
parce qu'alors le dedans de la main eftexaâemene
oppofé à la direélion du vent.
Telle eft la rai fon fort fimple de la pofition
des ailes ; l'axe qui les porte étant incliné à Tho-
rizon j fe trouve dans la direfllon du vent, Se
oppofe la furface des ailes à cette direÔlon.
Cette incUnaifon de Taxe ne fuffit point : fi les
ailes du moulin étoient toutes quatre placées à
angle droit fur l'axe , l'effort du vent qui agiroit
fur les ailes fe détruiroit lui-même : mais li des
deux ailes oppofèes Qc parallèles à rhori^on^ lune
détourne fa furface de quelques degrés de 1 angle
droit, en regardant h terre « ëc l'autre en rwgar*
dant le ciel ^ le vent en heurtant contre la fur-
face qui Vincline vers la terre , la fait monter, &
fe gU^am de même contre la furface de Taile
oppofée qu'il trouve inclinée en fens conirai^e ,
il la difpofe à ëefcendre : une aftion aide Tautre*
Si les di^ùfi ailes oppofèes & pUcées de cette ma-
nière, commencent à ébranler la meule , les deux
autres difpofées de même produifcnt un effet
double.
Tel eft Tartifice fort fimple &l en même temps
très- beau, du jeu des meules , de l'équilibre de
la charpente , . & du vol des ailes du moulin à
vent»
Quoique ces moulins de différentes efpèces
procurent à la focièié des avantages confid érable s,
ils n'en font pas moins fujcis à des inconvéniens
infurmontables , qui arrêtent ordinairement leur
travail , Si qui Cùm inféparabtes desélémens dont
les forces font employées à îes faire mouvoir ,
& qui les rédutfent fou vent à Tinaftion.
Perfoone n'ignore que les moulms à tau font
expofés à chommer une grande partie de l'année ^ à
caufe des inondations , ou du défaut d'une tau
futfifame , occafionné par la féchereiTe ; quelque*
fois , même dans les hivers , grand nombre de ces
moulins font brifés par les glaces.
Les moulins à vent chomment ordinairement
pendant un tiers de l'année» pour ne pas avoir
affez de vent , ou pour être renverfés par la vio-
lence des vents impétueux & des ouragans ; ce
qui occafionné des réparations toujours fort lon-
gues, & fufpend néceflTairement leur travail Com-
bien de funeftes expériences ont prouvé la vérité
de ces faits, & ont foovent mis les habitans des
lieux voifins au point de manquer de farine ?
Pour obviera ces inconvéniens, le fieur Antoine
Macary , micankien privilégié de Sa MajeAé, &
I ij
68
M E U
autorlfé d*uii arrit du confeil d*état du Roi»
du 14 arril 1770 y propofa au public une nou-
velle conftruâion de moulins » qui , pour être
mis en mouvement « n'auroient befoin ni du fe-
cours des e^ ux , ni de celui des vents , dont le
fervice continuel feroit à Tabri de toute inter-
ruption y en quelque temps que ce fût } qui , ayant
toujours un mouvement uniforme , donneroient
dans tou$ les temps une farine égale > & telle
Î|ue ]es autres moulins ne peuvent jamais la
ournir , à caufe de Finègalité naturelle & de la
variation dans la force de l'eau & du vent qui
les fait mouvoir.
Les moulins oue le (leur Macary s^eft propofè
d*exècuter non-leulement aux environs de la ca-
pitale y pour quelle ne puiiTe jamais manquer de
farine néceflaire à fa lubfiflance , mais encore
dans différens endroits du royaume , & notam-
ment dans les villes de guerre > font fi expéditifs ,
& deviendroient fi utiles dans Tëvènement d*un
iiége , quM a été démontré aux commiiTaires de
l'académie des fciences , qu'un feul de ces mou-
lins peut , dans une année de travail , fournir aflez
de tarine pour nourrir plus de foixante mille
hommes , & qu'il a été reconnu par des experts ,
charpentiers de moulins ^ &des meuliers » que ces
moulins furpaflent par leur vltefle pour la mou-
ture y tous les moulins qu'ils ont faits ou vus juf-
qu'à préfent , en ce qu'on y a fupprimé les trois
quarts du frottement des moulias ordinaires ;
Îue dans leur conflruâion tout porte fur pivot,
c qu'il n'y a point d'arbre couché. En confé-
quence de quoi les fufdits experts ont efiimé que
tr<Ms chevaux peuvent faire tourner deux meulesr,
que chaque meule peut faire facilement & con-
tinuellement cinquante à foixante fetiers de fa-
rine toutes les vingt- quatre heures.
•
Description des Planches de TArt du
Meunier ^ tome III des Gravures^
PLANCHE PREMIER?;.
Mouûn à eau*
La vignette repréfente l'élévation d'un moulin
vu en dehors. A , arc tournant. B , roue du de-
hors. C » aubes & coyaux. I> , homme qui lève
la vanne. E , pont de j^ierre. F , logement du
meunier. G , corde fervant à monter les facs.
Bar de la planckt.
Fig. I , plan des meules qui rendent Ta farine
rouge , le ion lourd & mal écuré; ce qui provient
de la manv^ife qualité des meules , de la manière
de les r'habiUer & de Tirrégutarité des rayons»
ME U
Fîff. 1 , plan des meules à moudre par économie;
* A , meule courante»
Bf l'anille ou place de la cleC^fg.u
B , l'anille fcellée fur la meule , fg. 2.
C , meule eifante.
Dy plfce ou l'on met la boite» fg. 1.
D , boîte & boitillons , fig, 2.
E y coupe de la meule'courante avec les engra-*
vures de Tanille. F , fe. # •
La même garnie de l'anille , fig, 2.
G , coupe de la meule gifante , avec la place
de la boite. H ^ fig. /.
La même garnie de fa boite , Boitillon & faux
boîtillon , fig. 2.
PLANCHE IL
Coupe du moulin fur la largeuri
A y pont de bois.
B , vaofie de décharge.
C9 pont de pierre qui con^^uit à la vanoe
mouloire.
D 9 entrée principale»
E y efcalier pour monter au premier étage*
F y rouet avec chevilles.
G , arbre tournant.
H , tourillon.
I , hérifTon & chevilles.
K, lanterne à fufeaux pour faire tourner Isi
petite bluterie.
L y lanterne à faire tourner la meule.
M , croifée.
N,fer,
0, palier.
P F, les deux braies.
Q , lanterne à faire monter les /acs ,
S , arbre de couche portant une lanterne & de^
poulies , fervant à faire tourner les bluteries 6c
tarare des éuges fupérieurs.
T, meule gifante.
V y meule courante» . .
X, enchevêtrure,
Y, aniile.
Z, archures & couvercles qui entourent &
couvrent les meules.
& & , trémions & porte- trèmions*
1 , auget.
1 , trémie,
3 , crible de fîl de fer , ou crlbîe d'Allemagne^
4 , moulintt pour lever la meule,
5 , bluterie à fon gras.
6 , augst de !a bluterie.
7 , trémie de la mtime bhiferie.
S y tarare fervant à nettoyer le blé.
9 , ailes du tarare,
iP, poulie.
1 1 , corde à faire tourner le <arare,
12 > trémie 6c auget.
M E U
1) ; incfac qot conduit le blë du tarare dans le
bioieau de icfhhnc,
14 , bimeau de fer-blanc à paffer le blé.
15 , poulie & corde fervant à (aire tourner le
nèrne bluteau.
16 s ouvrier qtu jette du blé dans la trémie*
17 , bafcule k monter les facs*
iS , garouenne de dehors pour stonter les facs*
19 , c#rde à pareil ufage.
ao» garouenne du dedans.
SI , rouleau à faciliter le cable.
aij ouvrier qui engrène le cable.
2) , autre qui verf« du blé dans le tarare.
PLANCHE IIL
Coupe du moulin fur la lonpteuri
A , ouvrier qui avance ou recule le chevrefCen
B , chcvrefBer du dehors»
C, ckaife qui porte Tarbre tournant*
D , arbre tournant.
E, lourillon*
F, maflif fervant à porter la chaife. ^
G » roue à vanne,
H H « aubes. ^
I I « coyaux«
K , niveau de Tcau qui fait tourner la grande
I#, rottet, cmbrafurcs & chevilles.
M , cherreffier du dedans.
N , hètiSon fervant à faire tourner U bluterie
de deflbus*
O, palier.
P f kncerne à monter le blé.
Q , les deux braies.
R , beffroi.
5 * batte & croîfée,
T , lanterne.
y , babillard.
X , baguette pour remuer le bluteau qui tamifc
la £irine.
Y f bafcule pour engrener la ladternè qui fait
tourner la bluterie du deHous.
Z, bluteau fupérieur.
6 , partie fupérieure de la huche, où tombe la
&rine lorfqu'ellc fc tamife.
s , accouples du blucesu.
h , bluiene cylinfirique tournante.
t ^ anche qui conduit les ilTues d^ns la bluterie
Ab deiVous.
d J ^^€^ d fférens gruaux.
# y Unrerne à faire tourner la bluterie du dciîous.
ff chaife du dedans.
g y poutre & corde à faire monter le blé.
à^ cofde à monter les facs.
i , anche des tneulcs » ou conduite de la farine
dans le bintcau*
k^ cordages & poulies faifanc tourner les blu-
lerKTS au 4çSm.
M E u
l » trcmpure pour approcher les meules*
M , meule gifante.
n , meule courante., vue en coupe«
0 , enchevêtrure.
p ) anilte.
q , frayon.
r, archures.
//, trémions & porte-trcmions.
t , poulie & corde fervant à élever ou baîfler
Vauget.
u^ auget.
X , trémie.
y , crible de fer.
l » moulinet , cable & vindeane z élever la meule
pour r'habiller.
/ , bluterie à fon gras.
2 , auget.
y , trémie*
4 , fonnette avec une corde pour avertir lorf*
qu'il n y a plus de blé dans la trémie.
f , tarrare fervant à nettoyer le blé.
6 » ailes du tarare.
7 , trémie du tarare
8 , auget du tarare,
^ , bluteau de f<;r-bîanc pour cribler le blé.
*o , ouvrier qui renverfe un fac de fon gras
dans une trémie.
f* , deffous de Tefcalier. ^
12 , bafcule à faire monteMes fac$#
f? > garouennc à tirer les facs.
14, ouvrier qui engrène le cable pour faire
monter les facs»
If , corde a monter les fccs,
16 , palier de Tcfcilier.
i/ p ouvrier qui ramaffe le fon.
PLANCHE IV.
Nouvdli crapaud tn^ (errant à porter h plvQt 9iâ
U pomte de fiu
La ftp * donne le plan de la tfapaudîtte*
A, crapaudine ou pas qui porte ta pointe du (et*
B , botte ou poëlettc , dans laquelle efl enfermée
la crapaudinÇi
C , chatîis de cuivre , k travers duquel pafFenf
les vis de preffion,
D D , vis depreflî#n pour faitfl couler la poë*
letrc du coté néceffaire pour dreffer les meules.
E E , boulon pour arrêter le châiTis fur le palier*
F F , grofle pièce de bois ou palier , fur lequel
fe pofe la crapaudine.
fc » plaque de lôle » ou Je fer-blaoc battu , pouf
faciliter la poélette à couler avec plus d'aifance.
H , quirré ponÔué qui défigne le pïan du fcf*
Il efl à obferver que lorfque les crapaudines^ n'oiK
qu^'un feizl pas , quatre vis fuififenf.
Les f^, a & j ^ rcprèfenient difïérenie4 cle&
pour ferrer plu* ou moins les vis dd preflioH*
fis* 4 9 principale mécanique du Utouliiif
M E U
A , coupe ic h intule courante
fi « coupe de la meule gifantg.
C , anille ou d^ 4i U ^leul^ cpumiite;
D , papilloa du gros fer.
E , fuièc,
F , pointe du fer.
G , boicc & boîtUIon,
H , faui-boiùUon de tùlf*
1 9 frayoo à remuer T^ugcc.
K , trémie où 1 on met le blé.
L , auget qui conduit le blé dans TgiiUard de
U meule.
M , corde du baille-blé » (errant à élever plus
ou moins Tauget.
N t anche qui conduit la farine dans 1^ bluteau
mouvant.
O , lanterne k fufeaux pour faire tourner U
meule*
P , baguette povr fecouer le bluteau.
Q , croifée pour faire mouvoir le babillard*
R f le pas ou crapaudiue pour poner U pivot
ou la pointe du fer*
S j palier & les deux braiet ,
T, arbre tournant.
U , rouet ^ embraCures &c chevilles.
V y hcri^on & chevilles , pour faire tourner la
laatcrne 8 , qui elt au deiTus<
X y tourillon. ^
Y , plumard de cum-e pour porter le tourillon*
Z y chevreffier ou chaiie de Tarbre tournant*
& , babillard»
t , batte.
2 1 baguette ou cligne»
f , bluteau mouvant.
4 « accouples du bluteau.
f » huche où tombe la farine lorfqu'elle fe tamîfe,
â » petite porte à couUfle , pour tirer la farine
hors cle la huche,
7 y bluterie tournaiHe pour tamifer les différens
gruaux.
S , lanterne de la bluterie à gruaux.
p , baicule pour engrener la lanterne dans The*
rifloa « à dciTein de faire tourner la bluterie.
10 , épée de la trempiu-c, pour élever plus ou
moins la meule courante par le moyen d'une
bafcule 1 1 , & de fon contrepoids ii.
tj « beffroi , pour porter le plancher des meules.
i4 , pied droit ou pilier en pierre.
PL4NCHE y.
Dljpnns dcfails & outtîu
f^^i- ' » orgueil « ou crémaillère qui fcrt d*appui
à la pince pour lever U meule.
F»g. a, ftayon,
Fi^. 7 , coin de levée qui f«n à caler U meule
à mefure quoa la lève.
//^. 4 t une des chevilles du rouet»
fêf. S I coupe de U boite.
M E u
Ftg. 6^ le gros fer. 4 , papilloa. ^, fnfée. e, fof '
d^ pointe du fer. e , pas ou crapaudLne*
Fig. 7 , Êifeau de la lanterne.
^^i* ^ M P^^ de la boite.
Fig, g , rouleau fervant à monter ou defcendre
la meule i mefure qu'on U lève.
Fig. 10 « pipe ou petit coin de fer fervant è
ferrfr 1^ meule courante.
Fig, tt , pUn de ranille.
Flg. îz , marteau fervant à piquer les meules* ^
Fig, tj , maffe de fer fervaot à frapper fur
pipoîr,
^^§' '4 f plumard de cuivre fervant fous
tourillons.
Flg. 4/ , de l*arbrc tournant.
Flg. i6 , tourillon.
Fig. ly y petits coins de fer pour drefler la meu
Fig. tS , plan de la crapaudine.
Fig, tp , marteau à grain d'orge , fervant
engraver ranille,
/'i^. 20 , marteau à i^habiller les meules.
Ffg. 2t , pince pour lever la meule.
Fig, 22 , 5j j pipoir qui fert à ferrer les pîp
ou petits coins.
Ohftrvatïons fur Us moulins i €4U*
Il y a pîufieurs fortes de moulins â eau ^ Mon
les lieux où ils font placés , & le plus ou moini
d abondance d'eau pour les faire mouvoir , & le
plus ou moins de vîteffe d^ cette eau.
Celui repréfemé pL l , eft fuppofc conftniît
fur une rivière navigable , à la partie d*aval
d'une arche de pont*, ou entre deux piliers de
maçonnerie ^ ou enfin entre deux paUes , comme
font placées les machines hydrauliques du pont
N. D. à Paris.
Sur les pieds droits de maçonnerie ou fur les
chaperons des palées , on conftruit un plancher de
poutres, foUves & madriers : ce madrier eft percé
defix ouvertures, par cinq defquelles defcendent
de longues pièces de bois, fervant de chaine affez
longue pour atteindre depuis le plancher jufqu'à
la uirface des plus ba^es eaur.
Ces chaînes, dont quatre fufpcttdent le cbâffis
qui porte la grands roue à aubes , 6£ la cînqLiéfie
qui fufpcnd la vanne , avec laquelle on ferme le
couifier, font percées de trois quarrés fur deux
rangées parallèles , diftans Tun de Tautre de fi»
pouces environ t ceA dans ces trous que Ton f.ît
entrer les verroux , qui fixent le chjkflîs à unt_
hauteur convenable , pour que les aubes inférieure
foient plongées dans Teau , 8t reçoivent par coti^
fèquent rimprcffion du couram , premier moteur
de toute la machine.
On élève le chafîis & la ^nne par le raovefl
des crics, comme à la machine du pont N. D. #
pu avec des vérins , qui l'ont de fortes vis de bcni
de charpcnteric* Le* cris ou les vérins font pUcétf
fur le plancher du premier étage , ai les vetroufl
pofent fur letirs femelles*
M E U
La gfiBde roue » cooipofôe 4e plurieuri aflfem'*
( de chirpcntc, porte les aubes de trois
«le hauteur , fur environ quinze pieds de
cur ; & auiTi un rauct dont les aluchons ^
i nombre de faixame » engrènent dans les fufeaux
de h grande bnf^rne , qui (ont au nombre de feize.
L'arbre vertical de cette lanterne porte par fon
pWot Inférieur fur uT^ palier garni aune crapau-
dific; & pv fa partie fupérieore traverfe le moyeu
de U roue horizontale qui engrène dans la lanterne
des meules*
La partie inférieure du moyeu de la roue ho-
itioatale efl arrondie , de roule entre deux moifes
qui ferment la fuiéme ouverture qui eft au
pbnclier.
Les meules & les archures oa tonneaux qui les
leafami^m , font placées fur an fort afTembUgc de
dorpevtie de 4 pteds d'élévation , fur 6 ou 7 en
5[uarré , formant une csge à jour , dont la face
îipéneure fermée par des madriers de trois pouces
d'épais , pofèes fur des carrelés ou folives de dx
pcmœs de gros, eft le plancher des meules.
Le hèfiiTon entre dans le vide de cette cage par
une des faces latérales , pour engrener avec les
bfeaux de la bnrefne enarbrée fur Taxe ou fer
de la metilc roulante. Ce fer, porte par fon pivot
iflftrkur ùït le palier , qui e(l garni d'une cra-
paudine.
Le palier, dont les deux extrémités font termi*
nées en tenons, eA emmortoifé dans les deux
bnks, dont les mortoifes font plus longues qiie
les tenons n*ont de largeur , & où ils font fixés
par des coins ou cîefs. On fait ainfi cet aflembtage
poof pouvo'u- , avec facilité , redifier lengrenage
de rtiérifTon avec la lanterne , en rapprochant ou
TéloigDaDl autant qu*il eft nécelTaire.
Les deux hr^es font mobiles dans de longues raî-
mires pratiquées aux faces intérieures oppofées des
poteaux corniers, où elles abourilTent. Ces quatre
iNDceanx corniers font aiîemblés par leur bout in-
térieur dans les femelles ou patins , qui font eux-
nêmes alTemblés à mi - bois , & ils font affermis
du3s la iîruation verticale par huit liens aifemblès à
leioiis & mortoifes ^ embrevés dans les poteaux
& dam les patins.
Les poteaux corniers font aulli reliés enfemble
dei» à deux par des chapeaux » dont la longueur
dt pcrpendîcutatre à la ligne qui joint enfemble
la ecotrcs de Thériffi^n & de la lanterne. Les cha-
peaax font joints par deux entretoifes Si les folî-
▼ei cpii compofenr le fond du plancher des meules.
Do côté oppolé à rhériflbn, fe trouve la huciie
dii» laquelle tombe la ^rine mêlée au fon; car
k motilifi n*a pas de blutoir.
S on vouloir y en adapter un , il faudroit placer
fe treuil vcnical du blutoir près d'un des angles
de la cage , & le blutoir paifcroit fous le plan-
cfaer ries meules pour aller rencontrer quelques-
m» des fufeaux de la lanterne , prolongés au cleffus
dTiiiie des tourtes qui la compofem^ le reûe du
M E u
7»
blutoir fcroît difnofé comme il a été dit , en par»
lant du blutoir du moulin à renu
La trémie & Vauget difpofès , par rapport aux
meules , de la même manière que dans le mouîîn
à vem» font fupportés par le plancher fupérieur,
auquel on monte par un efcalier pratiqué dans un
des angles du bitiment. Ce plaocher ell percé d*unc
ouverture , dans laquelle eft placée la trémie. Il
y a aulTi une autre ouventfte que Ton ferme avec
une trappe , par laquelle & au moyen d'un engin
ou treuil 5 mu par rhériffon liorizontal , on par-
vient à monter les fa es de blé non moulu au
(econd étage , pout être verfé dans la trémie,
JLes moulins conflruits fur des bateaux ne dif-
férent de ceux-ci qu'en ce que la roue à aubes
eft double , c*eft-à-drre qu'il y ert a deux , une à
chaque botJt de Tarbre honiootal qui traverfe le
bateau : cet arbre a deux colliers » garnis d'allu-
melles, qui roulent fur deux femefics fixes fur
les plats* bords du bateau ^ il porte un hérîflon
dont les dents engrènent dans une lanterne fixée
fur un autre arbre horizontal & parallèle au pre-
mier. Cet arbre porte un rouet dont les dents
conduifent la lanterne dc^ meules ; il y a un frein
autour de ce rouer, dont les extrémités font atta-
chées auifi bien que la bafcute qui le roîdit , à la
cage de charpente qui foutient les meules* Le refte
comm: dans celui que nous venons de décrire.
Il y a des moulins à eau d*une autre conftruc-
tion pîos fimpie que la précédente ; mais ils ne
peuvent être établis que dans les lieux où on a
une cîmte d*eau de quatre ou cina pieds de hau-
teur au moins. Ayant donc conftruit en bonne
maçonnerie la cage du moulin & le contre-mur ,
qui » avec une des faces du bâtiment , forme le
canal ou courfter , dans lequel la roue à aubes
doit être placée & dans lequel Teau doit couler ;
ce courfier eft fermé par une vanne que Ton ouvre
quand on veut laifler tourner le moulin. Il y a aufli
dans le canal fupérieur une autre vanne que celle
qui répond au courfier , par laquelle on peut vider
le canal , & un déchargeoir pour laîffer écouler
feau fuperfluc.
La roue à aubes de 15 ou 18 pieds de dia-
mètre , eft compofée de deux cercles de char-
pente affemblés parallèlement fur Taxe horizontal
qui traverfe le courfier Sur la circonférence de
cette roue formée de planches, font fixés perpen-
diculairement les aubes au nombre de leiie ou
vingt ; le même axe porte un rouet de neuf pieds
de diamètre , placé dans, la cave du moulin : ce
même rotiet, qui a 48 aluchons « mène une lan*
terne de 9 ou 10 fufeaux , fixés fur l'arbre de fer
de la meule fupérieure : le pivot inférieur de cet
arbre de fer tourne dans une crapaudinc pofée fur
un palier ; k palier eft fupponé par une braie
qui cÛ elle- même fufpendue , au moyeft d'une
épée de fer , à une trempure dans Tétage fupérieur ,
dont la corde va fe fixer quelque part auprès de
la huche : le bout fupèrieur du fer j moins gros
72
M E U
qae le relie, cotre dans le iro« quirrè de TX,
ou anille de fer fceUèe à U partie inférieure de U
meule fupérieure. Le rede de ces mouLifis cd km*
bbble à ceux décrits ci-tlefTus.
Lorfque Teau dedinée k faire tourner un moulin
n*e^ p^s abondante, & que U chute a bâsiucoup
de hauteur , on la conduit au delfus de la roue
par une bufe ou canal de bois , dont lentrée fe
fenîic avec une vanne quand on veut arrêter
le moulin. La circonférence des pntcs de la roue
eft couverte de planches » & forme un cylicidre
ou tambour , dont la furface fert de fond à un
grand nombre d^auges conipofées de planches
btéraks qui font tout le tour de la roue, 6c^de
planches tranfverfales comme des aubes , i^ts
înclinées du côt»^ de la bufe y par où Teau vient.
L*eau venant à to nber au haut de la roue dans
les auges qu'on appelle pots , Ton choc & fon
poids la font tourner , 6l par conféquent le reAe
du moulin comme celui ci-dcffus.
Maïs fi Vciu a beaucoup de cliute, & qu'elle
foit en quantité fuiUfante, qn peut conAruire un
moulin avec encore moins de frais » comme ceux ,
par exemple, conflruits en Provence Si en Dau-
phiné ; ils n'ont qu'une feule roue horizontale de
u% ou fept pieds de diamètre & dont les aubes
font taitcs eu cuillers , pour mieux recevoir le choc
de Peau qui coule dans une bufe, tuyau ou canal,
d*un pied environ d ouverture , dirigée à la con-
cavité des cuillers, Uaxe de cette roue, fur le-
quel la meule eft aufU fixée , terminé en bas par
un pivot , roule fur une crapaudine placée fur un
fommier , dont une des extrémités pofe fur un
fcuii dans la cave du moulin ; Tautre extrémité
du même fommier pofe fur une braie , ou eft
fufpcndue par une épée à une trcmpure , par le
moyen de laquelle on approche ou on éîoigne la
meule tournante de la meule gifante- On arrête
ces fortes de moulins en interceptant le cours de
Teau par le moyen d*uae vanne ou d*un clapet
k bafcule , que Ton peut mettre en mouvement
de dedans le bâtiment mcme du moulin. L'eau
étant arrêtée ou obligée de prendre un autre cours ,
le moulin ceilera de tourner ; quant à celle qui
vient frapper les cuillers ou aubes de la roue qui
ef) dans la cave du moulin , elle s'écoule par une
ouverture pratiquée à une des murailles de cette
cave.
Ou trouve au Bafacle , à Touloufe , des
moulins de cette efpèce , qui font ce qu*tl y a de
mieux imaginé Si de plus Cmple jufqu'à préfcnt.
It y a aux moulins du Bafacle fi^izc meutes de
front, placées dans un même bâtiment en travers
de la nviére ; tic comme elles font toutes mues
de même par la force du courant , il fuffira d'ex-
pf^quer ce qui convient à deux ou trois de ces
jnp les.
On a conflruit pluficurs piles de maçonnerie ,
qui fervent de pieds «droits à des arcades de trois
à ttoti ^ieds &L demi de largeur t qui divîfent le
M E tri
canal en fetze canaux dilFéreas : lés avaat &
arriére* becs des plies font éloignés Tua de lautrc
de cinq &. demi environ.
Ces arcades fon: ùrmées du cdtè tfamonc i
par des vannes qui delct^ndent daos les couliilcs,
6c qu^on lève quand on veut laiiTer touroer Ic
mouiin.
Le toirfier va en retrlcilTant jufqu'à Tendroit
ou il aboutit à U cirto^iRr^fuce d'un cylindre ota
tonneau de maçoofi^iie fans tond, «ans lequel
cil placée une roue horizontale, dor«t iaxe ver*
tical concentrique à ce cylindre , porte la meule
fupérieurt. L'eau rtrtenuedcriièrela vanne, paflûiOt
pat le perttiis qu'elle laitle ouvert lotfqu'ellc èft
levée , entre avec précipitation dans le courfier di-
rigé obliquement, fuivant la tangente au cylindre ,
& ne trouvant point pour fortir une ouverture auA
grande que celle par laquelle elle eft emrée, gonfle
6l s^'introduit avec plus de force dans le cylindre i
en formant un tourbillon , elle contraint la roue
horizontale qui y elt , de tourner avec elle.
L'eau , après avoir fait plufteirrs tours , fit frappé
les aubcs de la roue , s'jchappe par le vide que
ces mêmes aubes laiifent entre elles , fort par le
trou du cylindre, & s'écoule du côté d'aval, oit
on a ménagé une pente.
L*e(Iîeu , ou arbre de la roue , laquelle a ftx>if
pieds âç diamètre, eA terminé par un pivot tour*
nant fur une crapaudine fixée lur un paUer : ce
palier repofe par une de fes extrémités fur un fcuil,
où il elt encaflré de quelques pouces ; Taucre
extrémité de ce palier efl iufpendue par un po*
teau ou épée de bois , boulonnée à une braie qui
eft elle - même fufpendue par un autre poteau »
ou épée retenue fur le plaacher par un boulon
qui la tnvi^r(e , ou fur une trempure. Toutes ces
pièces fervent , comme dans les autres moultm ,
à élever ou à baitfer la meule fupéricurep
La roue k aubes intérieures , de trois pieds de
diamètre , eA d'une feule pièce de bois de dix
pouces d'épailTcur : cette pièce de bots efl un M
tronçon de gros arbre , que Ton garnit en haut & ■
en bas d'une frctte ou bande de fer , pour fcn»*
pêcher de fendre : on y taille les aubes, que Toa
incline à Taxe d'environ cinquante-quatre degrés ,
ou pour le mieux , Tindinaifon doit être telle que
la diagonale du parallélogramme fait fur les direc*
tions horizontales circulaires de l'eau , & fur fa direc-
tion verticale, y foit perpendiculaire , les c5tés da
parallélogramme étant proportionnels aux virefTes*
Enfin , on a inventé aans ces derniers tempe
d'employer le flux & le refiu« de la mer , à filtre
tourner les moulins^ invention très- heureufe , &
très-utile , attribuée à un nommé Perfe , maître
charpentier k Dunkerque; il faut pour cela avoir
un heu bas , d'une étendue Tufliunte pour con*
tenir aflez d'eau : on ferme la communication de
ce lieu à la mer par une chaufllàe , dans le tra*
vers de laquelle on pratique trois canaux paraU
lélcs : celui du milieu fert de courfier à U roue ;
un
»
»
M E U
ti des deux lutres qui cotiimunic[ttCnt à h mer ,
& ([ue nous appellerons canal de flot ^ communique
pirdeux branches aux deux extrémircs du courficr.
Le troîdéme canal, appelé canal de juftnt^ corn-
Btmtquc à un b^Ufin ou rèfcrvoir , & 31101 aux
deux extrénihés du courGcr par deux branches*
Le coarilcr cA fêparé des canaux par deux vannes
placées dans les branche* decommumcation. Après
qce le flux efl oionté d*une quantité Tuffifante , on
mirre la Tanne du canal de flot qui communique au
tomùtT du curé par ou l'eau doit y entrer , 6c on
fenne la féconde Ju même canal ; on ouvre auOl
ceUe du canal de jufant , qui communique à ]a i
fiwtic du courûcT, & on ferme rautre du même
cim). En cet état , Tètang étant fuppofc vide ,
rcasi de la mer à marée montante , entrera par
le caôml de flot , & paiTera dans le courficr fous
U#oae quelle fera mouvoir, & du courfier entrera
danf récang; ce qui fera tourner le moulin pendant
cmriron quatre des fix heures que dure le flot.
On ouvrira alors toutes les autres vannes ,
sfia que pendant les deux heures qui reflcnt à
écouler jufqu à la pleine mer , Teau puiiTe entrer
c» abondance dans Tétang, & quelle foit au
naveaitde la pleine mer ; on fermera enfuitc toutes
les Tannes pour retenir Wzu , ]ufqu'*i ce que le
jti£uiî, ou reflux; ayant fait baîiïer les eaux cMa
Hier pendant deux heures , au deflbus du niveau de
celles contenues dans Tétang , on puiiTe ouvrir la
Tanne du canal de jufant, qui communique à ren-
trée du courfier , & auffi celle qui communique
delà fonic du même courfier au canal de flot.
Les deux autres vannes demeurant fermées ,
Teau de Tètang paiTant dans le courtier , fera tour-
ner la roue du même fens qu'auparavant , avec
eue VîteiTe proportionnelle à b chute que les
A0irens niveaux de l'eau contenue dans fctarg
& \a mer , pourront lui procurer , 6c le moulin
toortiera jufqu'à la baffe mer , fi ieaii contenue
dans Vctane eil fuflifante , ou feulement jufqu'à
ce qu^elle lott épuifée.
Une heure environ avant la baffe mer, on
OQTrîra toiJtes les vannes pour laiffer écouler en-
ment toute Teau de fêtang à la mer, ou du
__ zs qu'elle fe mette de niveau aux plus baffes
?itx où le jufant puiffi les abaiffer : on refermera
alors toutes les vannes, que Ton biffera fermées
fÉb\uk ce que Je tlot ayant affez élevé les eaux Je
Il mer pour leur procurer une chute fuflifaDte daps
rètang » on rouvrira celle du canal de flot, qui
communique à l'entrée du couifier^ ^ celle du
canal de jufant , qui communique à la fortie du
màmc courfier , les deux autres demeurant fermées ;
fie le moulin tournera comme au pn rivant , & du
sième fcns, foit de flot ou de jufanr.
Ceft là , fans doute , ce que rinventeur s'efl
fnufatt ; on peut fim];lifîer encore cette in-
Ten6an» ainft que nous allons l'expliquer ; mais
alors le maulin tournera pendant le Ont , d^iin cer-
citii tcifs » 8c pendant le jiifant , dans le fens
dns & Méturu Tome K Farm h
M E U
73
oppofé ; ce qui n'entraîne aucun Inconvénient ,
étant facile de difpofer les engrenages des roues
& des lanrernes pour cela : ce qui même ne peut
que tendre à leur c:>nferv;ition. Il y aura donc un
feul canal en travers de la chauffée de l'étang.
Ce canal fera fermé par deux vannes , une du
côté de la mer, qui fera nommée vanne de, flot,
& une autre du côté de Tétang , appelée vanne de
jufant, qui fermeront de part El d'autre U courGer.
Les deux parties du canal , hors les vannes , com-
muniqueront cnfemble par une branche qui fera
fermée auiB par une vanne. L'étang étant fuppofè
vido, b mer biffe, & toutes les vannes fermées»
excepté celle de jufant , on attendra que le flot
foit affez monté , pour que la différence des ni-
veaux de la mer & de 1 étang foit fuffifante afin
que la chute des eaux pulffe faire tourner le
moulin : on ouvrira alors la vanne de flot du
courfier , celle de la branche de communication
demeurant fermée ; & Feau de b mer psffmt
fous b roue dans le courfier , b fera tourner
prefque jufqu'au temps de b pleine mer. Quel-
que temps auparavant , on ouvrira b vanne
qui fermoit b branche de communication des
deux parties du canal, pour que l'eau de fétang
puiiTe fe mettre de niveau aux plus hautes eaux
du flot : on les y retiendra alors en fermant cette
vanne & celle de jufant , jufqu'à ce que le reflux
ait abaiffé les eaux de b mer d'une quantité fufH*
fan te pour procurer à celles de Férang affez de
chute dans le courfier ; alors on ouvrira b vanne de
jufant , & feaii de l'étang s'é coulant dans le courfier
à la mer, fera tourner b roue du mouîin en fens
contraire. Quelque temps avant b baffe mer, on
ouvrira b %'annc de b branche de communication ,
afin de biffer écouler entièrement à la mer l'eau
PI eft contenue dans l'étang ; 6t à l'inflant oij le
ot fuivant recommence , on b refermera & celle
du flot, jufqu'à ce que fa hauteur au-deffus de b
furface de l'étang puiffe procurer affez de chute
pour faire tourner b roue dans fa première di-
rection; on ouvrira alors la vanne de flot pour
recommencer b même opération , & faire provi-
sion d'eau dans Téiang pour fufflre à faire tourner
le luûulin pendant le temps du reflux fuivant.
PLT^NCHE VI, Vn,Vm, IX, X.
Vue extérieure d'un moulin à vent , pL VL
Coupe vienicale du moulin fur fa longueur,
pL fIL
Coupe verticale du moulin fur fa brgeur* Se
engin à tirer au vent , pi. ri IL
Fig* t2 , treuil-
Ftg. ij , chaperon.
ft^, 64 t jambes.
Ftg, 60 y efficu- f*
K , poteau debout.
1 , liens,
^^i^ ^% 3^ femelles.
Fi^\ Cj , roues.
3:
74
M E U
Ftg* ^9 > pîcinr.
Vue peripeâîvc de rîntérieur d*uii jnouliii »
fL IX
PLANCHE IX.
A, SolJes, pL yil\ nu, IX.
B , attaches , fL idim,
C » liens f pL Uewim
4 , chatfes , pL idem*
ï , cherrons de pied , pL VIL Vllt
6^ traites, pL VU, VIII, IX.
7 , c<»uillards , pL idfm.
8 , doubleaux , pi idem,
9 , poteaux corniers , pL idem m
10 , fou pentes , p/. idem»
i 1 , cnir^toifes , pL idem.
D , queue , pL VII , IX,
■ E , limoti de la montée , pL VIL
14, bras du chevalet, pL idtm,
F, chevalet, pL idtm,
15 , ffipport de la momie » pL idem*
169 emr«coîfe, pL idem.
17 , chaperon , pL idem.
1 8 , lien du roriîgnol , pL tdem^
19 , poteau d'angle, pi, idem,
ao , appui du taux pont , pL Fil , IX.
ai , lieu fous la fablîére de la galerie j pi, VII,
2a , planchers, /?^. VII, VIII ^ IX.
a) , panncrtes , pL idem*
14 , guettes , pL idem,
15 , poteaux de rempliflage , pL idim,
a 6 , ibmmler , pî. idem,
27, faux fommicr, pL l'II , /X
aS , poteau du faux lomœier, pi* W/, /X
^9 , pallier , pi. VIL
30 , ibuche. a , petit fer & chevilles du blu-
ioif, pi, VIL
5 1 , poteau de la braic , />/. VII , VIIL
j2 , btaie , pi. idem^
53 , bafcule du frein , pL W/, VÎIÏ , IX.
34 , épèe de b baicule de frein , pi. VII, VIIL
35 , petite poulie du frein , pi, /X
36, plancher des meules compofe de quatre
quartcll<ps , pi, PII , IX,
37 f la huche fif le blutoir, pî, idem,
38 , ancb;, //. VIL
*\^ , montre du fccond étage , pî* VII , IX*
40 , colliers , pi, idem,
41 , pannes meulières, pi, f'JI , l^II ^ IX,
4a , cntretoife , pi, VIL
43 , poteau de croifée de la galerie , pi, idem,
44 » tubUére d*apput, /, fablicre du haut de la
galerie , pt* VII , IX,
45 , îabliére du bas de la ealcrîe , pi^ idem,
46 , hautes pannes, pi, vfl^ Vltl ^ IX,
47 , colliers 5 pi, idem,
48 , jeu , pi. tdem,
49, palier de gros fer. b, gros fer, pi, VII ^ IX,
50 , marbre (m lcf|ucl pofe le colkt de Tarbre
tournant, pi. VII ^ IX*
M E u
jî , pailler du petit collet , pî* idem,
52, iemelle du petit collet, pi, idem*
^j, pallier de heurtoir, pi, idem,
54 , heurtoir, pi, idem,
55 , lutons, pL VU, VIII, IX*
k6 , arbre tournant , pi, VII , IX*
H, rouet,/?/. VII, VJII , X.
j7, chameaux,/?/. VIIL
58 , paremens, pi, idem,
59 , gouflets , pL idem,
6t, embrsflTures, pi. idem,
K , lanterne, pL VII, VIII , IX*
6a , tourtes , pi. VIL
65, frein, pi, VII, VIII, IX,
66 , archurcs , pî, idem,
67 , trcmpurcs , pi. idem,
68, dos-d'ane, W. VIII, IX.
L, M , N , O, les ailes, pL Vil . f7//, IX,
70 , épée de fer , pi, IX*
71 , trémions, pL VII ^ VIIL
71 , trémie , pi. idem*
73 I auget , pLldem,
74 , clef des palien , pU VIL
75 , jambes de force, pL l^II , IX*
76, cnrrait , pL VII ^ IX,
77, poinçon, pi, VII ^ IlU , /X
78, liens, pi. Vif, IX*
79 , faite , pL idem,
80 , chevrons du comble , pL idem,
81 , planches fur lefquclles pofent les bardeaux^'
pl, VI,
82 , bardeaux , pL îdcm*
83 , aix à couteau , pi, idem*
84, volans, 2>A VI , VIL
85 , antes , pl VIIL
86 , cotrets , pi, idtm*
87 , lattes , pi* idem,
h, g, q , abre de Tengin cour monter îc Hé
dan^ le moulin, h , hériiTon, f, levier fur lequel
repofe le collet de Taibre. /, m ^ Uy autre levier
fur lequel repofe le premier, m, k^ barre d«
fer par laquelle le levier efl fufpendu, ^, tam-
bour ou oévidoir , fur lequel paiic la corde fans
fin , appeUe la vindcntif. u , p , ccrdc par laf;ufcl!c
on gouverne cette m;icbinc. q , i* , corde deftinéc
à monter les facs dans le moulin, fig* a , ^^
PLANCHE X.
Détails généraux cQneernant les mottlins s vnu
6^ a edu*
Ft^. f , vue perfpcflîve de la cage de charpente
qui foutient les meules des moulins à eau ', des
meules ^ archures de la trémie , Ê:c.
f\ anche par laquelle la farine tombe dans II
huche , cotée 38 dans les planches précède nte»..
d , fcf .
C D, au^et.
CE, C B , cordes pour donner plus ou moiot
U blé.
^
M E U
Il , corde qui fufpend le morceau de boU qui
r&it fonner la fonnettc.
A, la foDoettc,
2,6, corde par laquelle le morceau de bois tire
la fonnette.
4 , |iûne de la trémie , furpendue par uœ corde
m poim 3.
66, les archures,
G , extrémités de U trempure.
Fig* 2 , les mêmes objets yus de profil.
C D , ranger.
^6, les archurcs,
H G , la trempure,
70 . épce. I
L M , la braie,
N, la lanterne. ^
Fiê, j , coupe des meules & du boScillon* a » le
bcitSloo.
Ftg. 4, la cage dit blutoir du moulin à veut
en pcrfpeâive.
A B » chaude du blutoir.
C , entonnoir de la chauffe.
X , aufre ouverture dans laquelle on conduit
k manche de Tanche quand on ne veut pas bîuter.
E D , portes par lefquelles on retire la farirse.
Fi§> /» la chauiïe en perfpeftivc , les treuils par
lefqoels elle efl tendue , & les bât#ns qui la mu-
«nt en mouvement.
A B , la chaufle,
C, l'entonnoir-
O P , cordes qui paiTent dam les fourreaux de
h chaufle.
a b , c d , petits treuils par le moyen desquels
#a tend !a chauffe.
F H , la baguette.
F G , attaches cfui reçoivent la baguette.
K L , bâtons.
M N, arbre vert i cal,
Fif^ 6^ plan de la chauffe* Les lettres comme
la bgure précédente.
Fig. ? , le gros fer 8t fa lanterne : oft le foppafe
rompa en b , afin de rapporer les extrémités.
Ft^. 8 , Tanille.
^^$* P> le petit fer. a , la t#urte dont les fufeaux
rencumrent 1 extrémité K du bâton K L , /g. /,
Ftg. io , fer d'un moulin keau.
Ditmh panïculiirs de la mécaniqîte du moulin
à vent.
Les i^titeî qui tournent fuivaflt Tordre des lettres
L» M » N , O » /?/, n'//, oat huit pieds de large i
e^lcs font coinpofées de deux volans { 84 p 8^ ) ,
qui ont chacun quarante pieds, fut do^^ze à treize
pouces de gros , fie qui palfent au travers de la tète
de Tarbre tournant, où on les arrête avec des coins,
Auï quatre bouts des deux vobnSj on sffem-
blc, avec des frettes de fer, les anus ( 85 ) , qui
om %i pieds de long » y compris les joints fur les
iraJâiis, qui font de 7 à S pouces.
M E u
75
Pour fjire ces anres » on prend du bols fec , qui
ait 21 pieds de long, & 10 pouces de gros : on
le refend en deux, ce qui fait deux antes.
Les Utus (87, pL FUI) ont huit pieds de
long fur deux pouces de gros, & font au nnmbre
de 29 à chaque aile, La diflance des unes aux
autres c(ï d*un pied; la première c(i éloignée du
centre de Tarbre de 4 pieds 6 pouces.
Chaque aile a 54 pieds de 'long.
On met k chaque aile quatre côtras (86) pour
entretenir les lattes > ils ont chacun 1 ^ pieds de
long , deux pouces de large , & i pouce d'épaif*
km. Les volans font perpendiculaires à Taxe , &
rinclînaîfon du plan de chaque aileeflde 54"". ou &**
li faut lao aunes de toile pour hahdUr un mou-
tin : cette toile e(l un gros coutil, qui a la largeur
de la mokié d*une des ailes*
Au. Jtuxième étage , le rouet H , eft fait de quatre
pièces de bois ( 57 , pL flîl ) , qu'on appelle
chameaux , de 9 pieds de long , 26 pouces de
large , fit 5 pouces d'épais , affemblès quarrément ,
& dont le bord extérieur eA circulaire.
Quand les chameaux n'ont pas 26 pouces de
large» on y met des goufTets ( 59 ) , qui font
quatre pièces de bois triangulaires, qu*on aifemble
avec les chanteaux dans Tes quatres angles qu il
fait ; ce qui rend le dedans du rouet oélogone.
On applique fur la partie du rouet qui regarde
la lanterne K, quatre ou cinq panmens (58),
qui font de même circonférence que les chameaux ^
& qui font tout le tour de la roue \ ils n*ont que
la moitié de la largeur des chanteaux , 6c ont 4
pouces d épais i ils y font ftxés avec lo boulons
de fer à tête 6^ à vis.
Les chanteaux fe font ordinairement de bois
d'ormt.
Le rouet a neuf pîeds de diamètre de dehors
en dehors , & a fur fon bord 48 ailuchons de bois
de cornier , néflcer , ou altfierj d'environ i j pouces
de long , y compris les queues , fur 3 à 4 pouces
de gros : ils font plantés perpendiculairement fur
le plan du rouet , car le moyen de leur queue
qtiarrée qui traverfe tes chanteaux %l les parc-
mens. La queue ell etle-méme retenue par uû€
cheville qui la traverfe.
Le frein ( 65 , pL FUI) , eft un morceau de
bois d'orme de 32 pieds de long , 6 pouces
de large , t ^ d'épais , apphqué dans toute la
circon^rence : Il eA Yià par un de fet bouts à
une des hautes pannes ( 46 , pL VîU ) , par
le moyen du harJeau , qui eil une corde attachée
au bout du frein par un boulon de fer qui le tra-
verfe, & enfuiie s'unit à une des hatites pannes*
Par Fautre bout il efl attaché à rextrémitc d'une
pièce de bois ( 34 > f^- ^^^^ ) , affez mince,
appelée Tèpée de la b a feule du frein , qui pa^Tç
dans la chambre de deflus , oii Tautre bout entre
dans une mortoife , dans laquelle il eA immobile
fur un boulon de fer.
Cette monoîfe eft faite dans une pièce de bois
K ij
75 M E U
( 3î , pL P71) , de 15 pieds de ïorg fur 8 pouces
de b;<nîciir fit 4 pcuccs d'épaifTeur , appelée la
b;ifcule du frein , dont urr des bouts entre Jans
une mortolfe faite dans on des poteaux cormtrs »
où il eft immobile fur un boulon de fer qui eft
le point d^apput du levier éloigné de U mor-
tcne, où entre Tèpèe de deux pieds, •
L'arbre tournant ( 56, pL ^77.), a 18 pi^ds
de long fur lo pouces de gros : il porte les
vohns & le rouet. On y prit»que deux grandes
mortoîfcs, dans lefquellrs entrent les deux pièces
( 61 , pL VU!) , appelées cmbrajur^s , qui font
la croifée du rouet.
Ces pièces» om 9 pieds de long, 11 pouces de
large et 5 pouces d'è[>ai(Teur. Le refte du %^ide
de ces mortoifes eft rempli avec des coins de 9
poucc5 de long , fur 3 à 6 pouces de gros.
L'a'^brc tournant a deux coll;;t5 ; celui dVn*haut
eft éloigne du flanc du rouet d'un dt mi- pied , 8t a
19 pouces de diamètre; il cli garni de 16 Lllumclles,
qui (cm des blindes de fer attachées fuivant la lon-
gueur , & eiicaHrées de toute leur épaiiTcur dans
e bois.
Tl pôfe fur un morceau de marbre ( 50 , ;:A PIII)
de 15 pouces en qu»rré > de 9 pouces d'épnis ,
attaché jp.ir une agraffe de fer fur une pièce de
bois ( 4Ô ) , de 1 5 pouces de gros , appelée, le/Vw ,
& emmortoiféc dans les hautes pannes ,' au milieu
de laquelle ij eft pis ce.
Ou m.t ordinairement une frettc de lien de fer
CTïtre le collet fii le rouet.
Il y a à chaque c^té du colbt de Tarbre une
pièce de bois ( 5 f , ;?/. /7/) , appelée luon » de 3
pieds de long fur 4 i 6 pouces de gro5 , emmor-
tolfée par un bout dans le jeu , & par Tautrc dans
un petit entrait qui eil au de(7us ; elle fcrt a
maintenir Tarbre, & empêche qu'il ne forte de
dj^us le marbre où il eft pofé.
Environ 8 pieds loin du plan du rouet, on fait
à l'arbre tournant le collet d*cn-bis de 7 à 8
pouces de gros, & de i] pouces de long, garni
de quatre allumclles de fer, & pofam moîtié
dans une concavité faire au palier du petit coller.
Ce paUer (51,/?/ ^7/) a 11 pieds de long fur
douze pouces de gros , 6c eft emmortoifé dan<; les
hautes panne*. On applique fur ce palier, à Ten-
droit où on pofe le collet , une femelle (çi) de
% pieds de long fur Cx pouces d'épaiffcur, tk 11
Îïouccs de largo, avec unc^concavltè pour y loger
'aurre ifloitiè du collet de l'arbre,
Environ à 14 pouces loin du palier du petit
col!ct, en cft un autre (53 , pL FIT) qu'on nomme
le paiuT Je heurtoir ^ de même lorgueur & grof-
feur que le premier , & cmmortoifè dans les hautes
pannes : on Tappetls ainfi, parce qu*il porte dans
fon milieu une femelle enchàfîèc en queue d*a-
ronde , à he^utlle iU fiié le heurtoir (54 , pi. Fil)
fait de ntflicr , de 4 pouces de gms , fur 6 à 7
p>uces de lon^. C*cft c omrc ce heurtoir que vient
i*;vppiiy.T k Loui de i*ibrc icuroant , coupé per-
M E U
pcndiculairement , & garni d'une plaque de, fer*
Il but remarquer que Tarbrc tournant cft iô»
clinè à rhoriion vers le moulin d'un angle dVn-
viron 10". Cette incliuaifon fait que les aiies prciïf*
nent mi^ux le vent.
Il faut encore obferver que les deux paliers
dont nous venons de parler, & celui du gros fcr^
peuvent s'avancer ou reculer quand on veut ,
parce que ks mortaîfcs dans lefquelîes entrent
leurs tenons , font fort longues : on les remplit
d*un côté ou d'autre de morceaux de bois appelés
cié/s , auftl épais que les tenons, 8t dune lorgueur
convenable.
La lanterne (K , p/. fH!) efl compofée de dcii«
pièces circulaires (6z) , appelées tourtes^ dont la
fupérieure a vingt-deux pouces de diamètre , 8c
inférieure 5a pouces , fur 4 pouces chacune d'é-
paiffeur. Elles lont percées chacune de dix trous,
pour y iiincre les dix fufeijux , qui ont 15 à i6
pouces de long, répaiffîur des tourtes comprifc,
fur a 7 pouces de diamètre.
On m:^t dans la lanterne un morceau de bois
qu'on appelle tourteau^ qiîi entretient les tourtes,
au vioyeji de quatre boulons de fer qui paflctit
au travers de ces quatre pièces, & font arrêtes
par deflTus avec dc!. clavettes,
11 faut que le milieu de la lamcrne foit placé
djns la ligne à- plomb qui paiïe par le centre de
larbre tournant.
Le gros f*:r {h.pLVIÏ) terminé en fourchette ,
de j pouces fur quaire ponces de gros, & 7
pieds de long , pafîe au travers des tourtes & dy
tourteau, qui y font arrêtés ferme; il eft perpen-
diculaire à Taxe de Tarbre tournant , & le meut
par le bout fupé rieur dans la pièce (49, pL P^H)
qu on appelle U palitr du ^ros jer^ qui a un pied de
gros, & s'emmortolfe dans les hautes pannes , &
par le bout inférieur eft terminé en fourchette.
Il prend Vx de fer ou anillc (//^ S, pi, X) , qui
eft fcellé dans la partie de de^Tous de la meule
fupérieure , laquelle eft percé* d'un trou afles
grand au milieu.
Cet X a un trou carré au milieu , dans lequel
entre un des bouts de petit fer (**. /^' p , f /. JST ) >
qui palTe au travers de ta meule inférieure , fie
pofe (ûT une crapaudine.
On voir, par ce moy^n, que la meule fupé-
rieure eft foutenue en lair iur le petit fer, &
qu'elle tourne îorfque le gros (cr tourne.
On appelle h/rc ou boîtdlon le morceau de
bois au travers duquel puiTe le petu fer C**»/^^* P»
pL X) , & qui reoipUc te trou de lu tncule iiifè*
rieure.
La trémie (jiy pi ^7/.), dont les dlmenfiont
font arbifVaires, a ordinairement qvjatre pieds en
f'Il) dans lequel donne f,* pointe au fomriiti.
L*auBçt(CD,/^. i,/'/. jr),3 3Ïîçdsde long.
M E U
15 pouces de lar^c par le haut, & 9 pence» pir
; le bas , qui efl Tcadroit ou 11 couche le grov fer a^
Ifg. id. ^ qui eA carré; ce qui fait que lotfqu'il
tourne Y il donne des fccoafîes à l'auger qui pen-
che Ters le gros fer , & par ce moyen fait tomber
tle blé d'entre Its meules» ou U ell enfuitc écrafé.
Mais comme on a befoin quelquefois de faire
toaiber plus ou moîns de blé enif i^ les meules,
on a trouvé l'invention de le faire fort airémenr»
Ily aaa bout de faugei deux petites cordes (CB,
C t , fig. t * 1»/. X) , qi\'i y (ont attachées , à qui
ptiTcnt de telle manière fur des morceaux de bois ^
que de U huche où elles vont aboutir, lorfqu'on les
orc, Tuoe CE ferre le^jout de Tauget contre le
eros fer « & lui fait donner des fecou^fes plus
fones , on t'appelle le hailU-bU; l'autre C B , au
contraire , s'éloigne du gros fer , & fait donner
des fecoulTes rnoins fones. On les arrête toutes
dcoji à côté de ta trémie au point oîi Ton veut*
On avoiï encore befoin de fa voir quand il n'y
avoît p!tJ5 guère éc blé dans la trémie, fans être
obligé d'y regarder; ce qu'on auroit pu oublier,
bi ce qui pourroit caijfer la perte (lu moulin , à
caiife que les meules lournant fans rien entre elles,
pourroîent fiiire feu , âc le communiquer au
mouUn. f
On a donc pendu une petite fonnette A , jî"^, / ,
fl, X^ à quelque endroit du moulin le plus com-
mode pour qu'elle fut entendue , à laquelle on
a attaché une petite coide ( 6 , a , p/. Id,) qui vient
s'itrêter à un petit morceau de oois 2, appliqué
eomre le fer du côté de la trémie, & auquel on
1 attaché une petite corde 2^1, qui entre par un
trou dans la trémie, à un pied environ du bas.
U y a au bout de cette corde un gueniUon ou
lifige qui y efl attaché* Il faut remarquer que la
corde qui vient de la fonnette jufqu'au morceau
it bois , n'cft point lâche.
Cela étant alnfi difpofé, quand on met le blé
dans la trémie , & qu'il efl à U hauteur du trou
par où pafle la corde , on la tire & on l'engage
daas le blé , ce qui élève le morceau de bois 2 ,
qui ne touche plus au gros fef ; mais quand la
trémie s'eft vidée jufqu'à ce point où eit le chiffon »
en même temps que le gueniUon échappe , le
morceau de bois retombe contre le gros ter, qui
lui donne des fecou^Tes, & fait, par ce moyen,
fenner la petite fonnette.
la cheville \ porte alors fur le petit morceau
de bois y le fait tourner fur lui même, & panant
Oie la corde a» 6, qui répond à la fonnette,
Ati deiTus & tout au travers des meules, font
pbcès les trtimiofjs {ji ^ pi, FIL) qui portent h
trémie ; fis ont chac»m 7 pieds de long , fur 4
pouces 3e gros; ils font foutenus à chaque bout
par un affemblage compufé de deux monrans de
trct* pieds de haut, fur 1 8t 3 pouces de gros ,
aiTîinb'cf dans une des folives du plancher, &
Junc travcrfe de deux pieds de long , fur 2 à 6
fooces de gros.
M E 1/
77
L;s fur faces oppofées des deux meules entre
lefquelles le blé ell moulu, ne font point planes.
La farfice de la meule ir.fcrieure tfl convexe , &
celle de la fupérieure cA concave* comme le fait
voir la /^. y , pL X L'une & l'autre de forme
conique , mais ues-pi;u éUvées, puifque les meules
ayant 6 pieds de diamètre , la mtuic de defTou»*
qu'on appelle gjfdntc ^ na guère que 9 lignes de
relief, est celle de delTm un pouce de creux j ainfi ,
les deux meules vont en s'approchant de plus e»
plus Tune de l'autre vers leur circonférence.
Cette plus grande diflance qui fe trouve au
centre, efl ce qui facilite au blé qui tombe de la
trémie , de s'infmucr Jufque fur les deux tiers du
rayon des meules, Ôc c'cft où il commence i fe
rompre , rintervalle des meules n'étant, en cet
endroit, que de deux tiers ou de trois quarts de
Tépai^eur d'un grain de blé*
On augmente ou on diminue cet intervalle fe-,
Ion que l'on veut que la farine foit plus ou moins
grofle, en baiffant ou en élevant la trempure.
La meule tournante a afîez de vîtefie (i elle fait
50 ou (iO tours par minute; une plus grande vi-
teile échauffe trop la farine.
Les meules ordinaires ont depuis ç jufqu'ii ypiedf
de diamètre , fur 12 , 1 5 , ou lè pouces depaiiïeur,
& peuvent pefer depuis 30CO à 4500*
Si celle de 450D fait 5) tours par minute, elle
peut moudre en 24 heures 120 fctiers de hit , du
poids de 75 livres chacun , quand la meule
efl nouvellement piquée , & qu elle eft de bonne
qualité ; rexpérience faifsnt voir que les plus dures
& les plus fpongieufes font préférables aux autres.
Voyez le jirofil des meules {ftg> J y P^* -^)»
On enferme les meules avec les ankurts ( 66 ,
fg. 2y pL X); c'eH une mcnuiferie de 2 pieds de
haut fur 20 pieds de pourtour environ ; cela dépend
de la grandeur des meules , qui ont environ 6 pieds
de diàmèire ; eKe fe démonte en trois pariivS
quand on veut reb^tTe les meuîes ; elle cii taite
de 6 toîfcs 4 pieds de courbes, qui ont 3 pouces
de gros : on comprend dans ces 6 loiles 4 pieds ,
les cintres dans lefquels il y a uns rainure pour
y loger les trente doives ou panneaux qui font
le pourtour des meules ; ces courbes for^t entre-
tenues par neuf travcrfes de 24*'poàiccs de loiig ,
fur 2 & 3 pouces de gros.
On met fur les archures les coKvercçdux , qui
font quatre planches d'un pouce d'épais , dont 2
font devant , ik deux derrière , 8t qui fervent à
enfermer les mcuUs.
Au defTus des ?,rchuref , & derrière la trémie ,
eft la tnmpLfe ( 6y , pL yill ) , qui ei\ une pièce
de bois ae 9 pieds de long , fur 6^4 pouc;s de
gros, dans un des bcuîs é< iaquelie , favoir , celui
qtii cft derrière la trémie, entre l'épie de fcr
^ 70 , pL ïdi m,)
A 6 pouces de loin de cet endroit tft le por,
teau deboiri (68, pt, iJim"), qui porte le cos-
d'àtie fur lequel porte U trempure.
78
M E U
A Vautre bout cft attachée une corde qui paffc
an travers du plancher , & va s'arrêter à côte de
la huchiî , ou bien eft chargée d'un poids.
Un peu au deflus de la trempure , eft une grande
gouttière de bois qui fort hors du moulin , pour
ëgoutter les eaux de la pluie, qui pourroient couler
]8 long de larbre tournant , 6c tomber fur les
meules.
Au premier étage, derrière, & à fix pouces
î#in de rattache (B , pL IX) , qui a 3 toifes de
long fur 24 pouces de eros , ÔL autour de laquelle
tourne le moulin , cft le poteau du faui fooimier
( fis* ^8) de 6 pouces de long , ti pouces de
Hfge t ôc G X pouces d^épaifleur, cmmortoifé par
un bout dans le taux fommier ( 26 ) qui a 11 pieds
de long fur 6 & 7 pouces de gros , & qui fouiicni
ïê plancher drîs meules , & par Tautre dans un dou-
blcau» qui efi une tics pièces qui forment le plan-
cher du premier érage.
Dans ce poteau , environ à ) pieds du faux fom-
mier > eft cmmortôifé par un bout à tenons & mor-
toife double ♦ fans être chevillé, le palier 30 du petit
fer {pLVlI).
Ce palier a 6 pieds de long fur 6 pouces de gros ,
8t pane par Tauirc boui fur la braie 32 ( />/. idem ) ,
laquelle a 6 pieds de long fur 6 pouces de gros ,
& qui eft emmortoifée par urt bout dans fon poteau
3 I , qui a 7 pieds de haut , fur 8 à 9 pouces de gros.
La braîe par Vautre bout eft foutcnue par Tépée
de fer ( ";o, pL l'IIf. ) qui paffc au travers.
Cette àpét a $ pieds 7 de long , 3 pouces de
hree , un demi-pouce d'épais.
Le p ilier eft guidé du côté de la braic par une cou-
liiïe verticale , pratiquée dans le poteau cie rempbge,
qui fait partie du pan de bois derrière b braie'
Un tenon pratiqué à Textrémité du palier entre
dans cette couiiflc , où il peut fe mouvoir verti-
calement.
Au milieu du palier du petit fer eft la fouche
( 30 , pL VII ) , qui cft un morceau de bois de
Ij pouces de diaraèt e , fur 6 pouces d'épab^ au
iniheu de laquelle e(l te pas ou la crapaudine ,
dans laquelle tourne le bout iaférieur du petit fer.
L'épéc qui > comme nous avons dit , entre par
le bout fupérieur dans la trempure, tic par Tirtf^-
rieur dans le bout de )a braîe , fert de planche.
Cette ouverture circulaire a le même diamètre
ifue la chau(re qu*on y fait paffer toute entière j
& dont rcxtrèmiié , garnie de peau & d'un cerceau ,
eft retenue par ce cerceau qui forme un bourlet
d'un diamètre plus grand que celui de l'ouvertiRC ;
en étend enfui te la chauffe en long dans la lon-
ftcur de la huche , obfervant de taire entrer la
tgoctte dans les boucles {f G ^ fi^, s, pL X)
ou attaches deflinées à la retenir.
On accroche les quatre extrémités des deux lon-^
gués barres du châlfii aux lanières des treuils qui
^o^vent les recevoir , êc qu*on aura lâchés pour
ccne opération , on fait cnfuite entrer l'entonnoir
déO^ le trou pratlqaé k h furf^çe fapérieure de
M E u
la cage , qui répond à Tanche , où cet entonnoir
eft retenu par le bourlet dont il eft garni.
On dirige Tanche dans cet entonnoir, ou le
manche qui lui fert de prolongement « atin que U
farine qui fort par-!à d entre les meuks , entre
dans la chauffe du blutoir.
On accroche aufft aux chevilles les deux longues
cordes ( O P") qui côtoient dans des fourreaux
la longueur de la chauffe , & on loidit cc9
cordes à difcrétiôn , en faifanr tourner plus ou
moins les petits treuils qui tirent le châlTis , &
dont les étoiles font retenues par les cliquets qui
leur répondent : en cet état le blutoir en monté*
Il y a une tourte (a^fig, ç , pL X) de 2a
pouces de diamètre, frétée d*une bande de fer,
oui cft fixée fur le petit fer des meules au deffus
de la fouche , 6c au deffous des cartelles qiu
foutiennent le plancher des meules.
Cette tourte eft traverfée par quatre chevilles
de bois de cornîer oualizier, comme les fu féaux
de la lanterne » ou les alluchons du rouer ; à ces
chevilles répond rcxtrémité K d'un bâton K L«
fê* $ » p^* X j fixée par des coins dans un arbre
Ou treuil vertical M N , placé du côté de la baf-
cule du frein , dont les pivots roulent « favoir « celui
d en-bas fur une crapaudine fixée fur le fécond
doubleau du plancher inférieur , ou fur une fe-
melle , dont les extrémités portent fur le premier
& le fécond doubleau. Le tourillon fupérieur du
même axe roule dans un collet pratiqué à une àc%
faces d'une des cartelles qoi foutiennent les meules*
Le même treuil pone , comme nous avons dit,
lin autre bâton appelé bdguatt ( F G , fig* / , ,
pL X) ^ qui entre dans la cage du blutoir , & va
paffer dans les attaches qui l^nt coufues fur uno
des longues cordes.
La tourte ( a , fg, ç ^ pi X) ^ qui tourne avec
la meule fupérieure , éloigne horizontalemenr
quatre fois à chaque révolution Textrémité K du
baron qui lui répond » ce oui fait tourner un peu le
treuil vertical , Ôt par conséquent la baguette qui y
ed fixée. Cette baguette tire donc la chauffe norî*
zonfalement jufcfua ce que la cheville qui répond
au bâton fupérieur , venant a échapper » Taâion
élaftique des longues cordes qui ont été tendues
hors de la dire^ion reâiligne que la bande par
le petit treuil leur a donnée, ramène la bagucrc^
dans le fcns oppofé ; ce qui fera retourner le
treuil & le bâton en fens contraire » jufqu'à ce
que celui-ci foît arrêté par une des chevilles de
la tourte a , c^ui « en tournant » fe préfente à
lui , & fur laquelle il tombe avec une force pro*
portionnée â la tenfion des longues cordes*
Ces ofciliations horizontales , répétées quatre
fois K chaque tour de meule, font que la tarioe
mêlée au Ion , qui eft entrée par Tentonnoir de la
chauffe , eft promenée en long & en large dans
la chauffe , & qu'elle paffc au travers comme au
travers d*un tamis ^ Si tombe dans la huche.
Le fon beaucoup plus gros , ne pouvant y
M E U
falcr , efl promené en long & en large dans la
ckmffie ; en long » parce que U longueur de la
dtu^ eft inclinée à Thoriion , & fort enfin par
Fouvcrture annulaire où eft le cerceau , & Ce ré-
paad fur le plancher ou dans les facs deflinés à
le recevoir.
On garnit de peau de mouton les extrémités de
là chautTe , parce que les parties fléchies un grand
noobre de lois en fcni contraire , feroient bientôt
xûmpyes , fi elles étoicnt feulement d'éramine.
CiJimme ce failemecK continuel élève cotnme en
T9fmu lei parties Ui plo^ lincs do la i'arine , on a
fita de clore la cage du blutoir « foit avec des
plsochef pour le deiîus , ou avec des toiki epai^Ies
pour te tour d*? cette cage»
Même on met un morceau de toile devant
roinrenure par laquelle fort le fon , pour empêcher
de ce côté la pêne de la folle farine : ce loorceau
de tOile eft feulement attadié par fa partie fopè-
notre , & pend comme un tablier dtvant Tau*
vcnure de la cIuufTe , par laquelle le fon s'échappe.
Ce (bnc les chutes du bâton fur les chevilles
«jui cadrent le bruit que Ton entend dans les
lûoolms » lorfqu'on laifl'e agir le blutoir : car lorf-
OHM oc veut pas féparer le fon de la farine , on
ui%eiid r«fet du blutoir , en éloignant le levier
des dirvîlle$ par le moyen dïine peûie corde que
Ton attache à quelque partie du moulin; on fait
iiiffi pailer le manche de Tanche dans une autre
anwcnure (X, Jîf, 4 , pi. X) , au haut de la
cage de U huche , que celle qui répond à la chauiTe
élu blutoir, & la farine mêlée avec le fon eft
tecue dans la huche.
Pour i*en retirer , il y a vers les extrémités de la
boche des ouvertures (D E, ^/, îd,) pratiquées dans
U face anrêxicure, 6c fermées par des planches
mobiles dans les couliflTes que Ton pouffe d'un
côré ou d'autre pour ouvrir ou fermer ; c'efî par
ces ouvertures que Ton retire la farine , que
ron met dans des facs pour la tranfporter ou Ton
jtî^c à propos.
La huc/ii repréfentée en grand ,/^. 4, pi X^
<pti reçoit la farine , eft de menuifcric. Les plan-
ches qui to font b fermeture ont un pouce d épais:
les quatre pieds & les huit traverfes font des
pUncfics de deia pouces d'épais , qui funt refendues.
On appelle Tanche, fîg, 1 , pL A\ h conduite
par laquelle la farine tombe dans la huche ou dans
le blutoir , par le moyen de la trernpurc , qui eit un
levier à lever la meule fupérieure ; ce qui fait
voudre plus gros ou plus menu , parce que le
petit fer fouitunt h meule fupérieure*
Le petit fer pofe fur Ton palii^r, qui pofe fur
h braie, il fera levé fi on tire la cords: qui ert
anicbéc au bout de U trempure.
Le hlatoir eft une chautTe prefque cylindrique
( A B , f^, 4 f S ^ ^ y P^- ^) d'étamine plus ou
moins tîne , d'environ 8 pieds de longueur, qui eft
placée ciî long dans la cage , au deiFus de la huche.
Cette chaufle , compoféc de trois ou quatre lés
M E u
79
d'étamine , eft terminée par le bou* B , par un
cerceau d'environ 18 pouces de diamètre; 6c de
raurrc bont A , par un châffis quadra'ngulaire ,
d'environ 8 pieds de lon^ fur 7 à 8 pouces de
large.
Ce châftîs & U cerceau font bordés de peau
de mouton , longue du c6té du cerceau d'environ
3 pouces , 6t à laquelle l'étamine efl réunie psr
une couture double. Du côté du cltânis , qui elt
lui-même f#rmé par une pièce de pareille peau ,
clouée avec rivet furie bols, eft auft"i une (^m-
btabk bande de peau , mais plus Urgc, fur la cir>
confér&nce de laquelle la chaufte eft également
arrêtée par tKie double couture.
Œtte bande de peau eft percée à la partie fupé-
rieure , d'une ouverture circulaire d'environ \
pouce* de diamètre, à laquelle on ajuHe un en-
tonnoir ( C , fg, S > p^* ^) f ^^*^^ *J^ pc^tj de
naoutofi, ^ tertniné par un bourlet d*un pouctf
ou un pouce & demi de grolT':;ur-
Ce bourlei fert à retenir ^entonnoir a Touvcr-
turc pratiquée à la face fiipérieure de la cage du
blutoir , comme on voit , jig, 4. Cette ouverture
répond à Tanche par laquelle la farine , mêlée au
fon , fort de dedans les archures q^i renferment
les meules.
Le long de U chauffe & de chaque côté, depmi
le milieu des traverfes verticales du châftis jus-
qu'aux extrémités du diamètre horiionttl du cer-
ceiîi qui termine la chauffe , s'étendent deux cordes
( O P , /^*, f , tf , />/• ^ ) , de 7 à 8 lignes de dia-
raétre, qui fom renfermées dans des fourreaux de
peau de mouton , coufus fur la longueur de U
chauft*e , fui vaut les lifiéres de l'étamine. Ces
cardes font arrêtées par un nœud fur les traverfes
du châflis , Se de Tauire bout fur quelques cht-
villes , près de Touverture latérale , à laquelle le
cerceau de la chaufTe ell ajullé.
Sur le milieu de la chiuile , & fur le fourreau
qui renferme la plus proiTe de ces cordes dent on
a parlé, on coud , à 8 eu 10 pouces de diftance
Tune de Taturej deux attaches ( F G , f^\ S -> ^ t
pL if ) , ou boucles de cuir de cheval , du lîe peiu
d'anguille , dont rouvert ure fok alTcz grande pour
recevoir !*extrémjté d'un baron qu'on appelle ôj-
pietu y d'un demi -pouce environ de groflTeur : ce
bâton eft fixe par fon antre extrémité dans une
mortoife pratiqi^ce à Tarbrc vertical M N , qui
fait agir le blutoir.
Jî y a du coté de la cage qiû répond au chiKi^
de îa chaufie , deux petits treuils {a h ^ c ti ^ Jt\^ ^ ,
pi X) horizontaux , d'un pouce ÔL demi de gros ,
doni les collets font arrêtés dans des entailles pra-
tiquées aux faces extérieures des deux poteaux
co nicrs de la face latérale de la cage du blutoir ,
& où ces collets font retenus par de petites fe-
melles qui les recouvrent. Ces deux treuils portent
chacun à leur extrémité une roue de 4 ou ^ poiicc^
de diamètre , dentée en rocher, que Ton appelle
<f;s>î/<r, h. chacune defqucHes répond un c!iqit;fr , 4k
M E U
par leur moyen an fixe ces petits treuils ùxi l'on
vciu.
Chacune des quatre extrémirés des longues
barres du châfTis de la chauffe , & qui excède au
delà du travers d'environ un demi- pouce , eft
arrondie en façon de poulie. C'eft fur ces efpéces
de poulies que Ton fait paffer des cordelettes ou
d^s lanières de peau d^anguUle ou de cuir , dont
une des extrémités eft accrochée à une entre- toife
fixée aux montans de la cage , & l'autre extrémité
ed attachée à un des petîs treuils ^ favoir , les deux
fupéneures , aui répondent aux extrémités de la
longue barre fupérieure au treuil fupérieur (a b),
& les deux autres au treuil inférieur ( c d , fig* S ,
Pour monter la chauffe du blutoir dan^la cage,
on fait premièrement paffer de dehors en dedans ,
le chàms, par l'ouverture circulaire pratiquée dans
une des faces latérales de la huche fermée en cet
endroit.
Tout ce que Ton vient d'expliquer ne regarde
que la machine du moulin*
De la maçonntrlc qui foutUnt la cage du moulin*
On t>âtit ci|-culairement un mur de moellons,
d'environ urv demt-pied d'épaiffeur fur ti pieds
de haut : Tcfpacc en dedans oeuvre qu'il renferme ,
cfl de 21 pieds de diamètre. On divife cette cir*
conférence en quatre parties égales, & en bâtiffint le
mur ^ on bâtit auffi quatre gros piliers de pierres de
même hauteur que le mur , mais faillans en dedans
hors du mur , d'environ ) pieds fur z pieds de
On met à Téquerre fur ces quatre piliers élevés de
m^me hauteur , & dreffés de niveau deux à deux ;
favoir, ceux qui font diamétralement oppofès ,
les folles {AfpL IX ) » de 4 tojfes de long fur
iç à 16 pouces de gros, fur le milieu desquels
eft encadrée fattache B ,
fur deux pieds de gros ,
tourne le moulin.
Aux quatre b^uts des folles , dans la face
fupérieure , on fait deux mortoifes cmbrevèes
Tune après l'autre; on en fait aufli deux. Tune
au deffus de l'autre , dans chaque fjcc de l'attache
qui eft quarrée ; & dans ces mortoifes font emmor-
foifés huit liens (CC, pL iJem)^ dont les quatre
f^pé^jeurs ont la pieds de longueur fur 15 à 16
pouces de gros; oc les quatre inférieurs, 9 pieds
de long fur 1 2 pouces de gros ; ils tiennent rat-
tache bien ferme & bien à plomb.
Sur ces liens, jufte autour de Tattache qui eA
arrondie à 16 ou 20 pans , eft un affemblage
quat ré de quatre pièces de bois (yî^. 4 , pL Vîfl) ,
appelle il chaîfe , de 5 pieds de long fur 11 pouces
de gros : cet alTcmhîage eft à tenons et mortoifes
douoles ; mais îcv ferions fortent affcj pour y mettre
deux groffcs chevilles quarrées* La partie fupérieure
de la chaifc cfl airondie cylindriqucm^ent fur Tépaif-
fçur , dVnviron 4 ou ^ pouces^
ut a 3 toifes de long
autour de laquelle
M E u
Sur la chaife font pofôes parallèlement les traites
(Jî^, 6 t d, pi, VIL ), de 3 toifes de long fur
j 5 à 16 pouces de gros , éloignées Tune de Taurre
eu diamèrre de Tattache ; dans les deux trattes
font affemblés d'équerre à tenons & mortoifes ,
les deux couillards (/^. 7 , 7 ^pL idem) ^ de trots;
pieds de long , y compris les tenons , fur quinze
à 16 pouces de gros.
Cela fait avec les trattes un quatre qui renferme
l'attache.
On pofe fur les trattes les huit doubleaux {fig.8 ^
pL VU) ou fûlives, chacun de ïi pieds de long
fur 7 & 8 pouces de gros , aui font le plancher
du premier étag«k» & fur les doubleaux on y mec
des plandies d'un pouce d'épais , qui font le
plancher.
Les quatre poteaux cornîers {fîg. p , pL idem )
font les quatre poteaux qui font les angles de
la cage, & qui en font la hauteur; ils ont 19
pieds 6l demi de long fur 10 à 1 1 pouces de gros.
Dans les bouts de ces poteaux ^ qui font plus
bas que les trattes, s'affemblent trois petites fou*
pentes {jîg, 10, pL idem ) de 15 pieds de long
pour les deux , qui font la longuetir du moulin «
6c de il pieds pour celle qui en fait la largeur
du côté des ailes ; elles font garnies chacune de
3 potelcts , ou entretoîfes (11 pL idem ) de 3
pieds de long , affemblés d'un bout dans les
foupentes , & de Tautre dans les panncttes. Pour
ceux qui font dans la longueur du moulin , & pour
ceux qui font dans fa largeur, ils font affemblèi
dans le dernier doubleau vers les ailes.
Tant les foupentcs que les pocelets , ont j à 4
pouces de gros.
lï y a une quatrième foupcnte {e , pL idem )
de II pieds de long fur 8 à to pouces de gros ,
emmortoifée dans les deux poteaux cornîers qui
font vers la queue du moulin » Se qui fert à U
porter , parce qu'elle eft pofée dtffus , & de phi»
parce qu il y a un boulon de fer qui eft arrêté »
par une groffc tête qull a , dans le premier dou*
blcau , en allant de derrière en devant , & qui
paffe au travers de la quetae 6l de fa foupcnte ^
& eft arrêté par deffous avec une clavette.
La queue ( D D , /?/. idem ) a 38 pieds de long
fur I ç pouces de gros par le bout , qui efl a(-
femblé diins le couiiîard où elle eft attachée ; cUc
va un peu en diminuant par l'autre bout , au-
quel tient une corde avec laquelle on met le mou-
lin au vent.
Des deux côtés de la queue font les limonf
{E ^ pi, id<m) de la momêe , de la longueur dont
il eft befoin pour aller depuis Iç rcz-de- chauffée
jufque dans le moulin , fur la pouces de large &
ç d épais i ils font pofés de champ, & font affem-
blés dans les deux bouts dt:s traites; on les t«iUe
par dents de 10 pouces de hauteur , depuis le haot^
|ufqu*en-bas , pour y placer les marches ^ qui oni
fix pieds de long & un pouce d'épais,
Vert
^IMI
M E U
Vers le milieu de la queue , tû un aflembla^e
«ic diarpeme (F^ pL idem ) apelé ckevdUt ^ qui
fisn à cmretenlr li montée avec la queue : U efl
cootpolc de deux bras ( 14,/»/* idem ) de 8 pieds
rfc lâog ruf 4 8c 6 pouces de grès » appliqués aux
^cnx côtes de la queue d^une cntrêtolle (i6)
aflcmblèe à tenons 6l mortoifes embrevée dans
les bris , & pofée fur la queue ; elle a de long
Il liTgeiir de U queue en cet endroir , fur 3
& (fu^rre pouces de gros au delTus de rcntretoife.
Sur le bouts des bras eft afTemblé le ch3pcron
17 , de 2 pieds de lorg fur 4 & 6 pouces de gros*
Dans les bout inférieurs des bras e^ a/Tenibié
le fo?port 15 de la montée , qui a 6 pieds de
lonjg kir 4 & 6 pouces de gros ; & pour le mieux
Tcikr arec les bras , il y a des étriers de fer qui
reodsrsâcm par deflbus , & qui font attachés fur
là llflS,
Sur le bouc des trattes au haut de la montée ,
eft placé le faux poni , de trois pieds &. demi de
large » fur 8 pieds de long \ les planches qui en
font le plancher ont un pouce d'épais ; elles por-
teoT par un bout fur les trattes , & de Tautre fur
tmc pnite fabliére de 3 pieds 4 pouces environ
de loiigueuf » fur ^ & 6 pouces de gros , aflem-
fc ée dans Je poteau cornier, & foutenue par defTous
arec on lien de 4 pieds de long fur/ 864 pouces de
gn» p cmmortoitc dans la fabliére , & dans le bout
<la poteau cornier.
Dans les bouts des fablières , tant de celle qui
porte le faux pont , que de celle qui porte la galerie,
m& afliemblè le poteau d'angle (19,/?/. iirm ) du
&IUC pont, de huit pieds de long fur quatre pouces
de gros; dans ce poteau & dans le poteau cornier
ellaâremblérappui(io)dufaux pont^ de trois pieds
de long fur quatre 6l trois pouces de gros*
II y a une petite guette qui ed afTcmblee dans cet
^ppuî & dans la petite fabliére qui eft deiïous ;
elle 1 rrob pieds quatre pouces de long , fur quatre
8c trois pouces de gros : il y a encore à l'entrée du
£atar pont , un autre poteau égal & parallèle au po-
teau d^angle^ avec un appui qui les )aînt^
Sur les extrémités des doubleaux font pofées les
paaisetxes ( 23 ) , de quinze pieds de long fur fept à
Duk pouces de gros , aiïemblécs à tenons de mortoi-
feSt cmbrevèes dans les poteaux corniers.
Le pan de bois au pourtour du premier étage , eft
eosnpofé de quatorze euettes ( 14, pL idem) de
hait pteds de long; de (ept poteaux de remplage, y
compris ceux d'huifferie de fept pieds de long, Si du
Itmeau de la porte » fur quatre & neuf pouces de
gros# tant les uns que les autres.
L^ guettes & les poteaux qui font dans les lon^
lues faces du moulin font alTemblés dans les pan-
nettes & dans les pannes meulières ( 41 , pL idem);
& celles & ceux qui font dans la largeur du moulin ^
iboe ilTefiiblés dans te premier & dernier doiibleau ,
&dins les colliers (40).
Sfirleboutde Taitache eft pofé le fommîer(i6),
ée dotue pieds de long fur vingt - quatre pouces
Aru & Miiiirs* Tomi V. Fanit L
M E u
81
dcg os,dans lequel entre fon mamelon :c'eft fur
le fommicr que le moulin tourne » & que porte
une partie de fa pefanietir ; ccll ce qui fait qn'on
le garnit d'une plaque de cuivre à Tendroit où U
pofe fur rattache.
Derrière & paral'èlement au fommicr, à Cx pou-
ces loin, e/l placé le faux fommier {jfrg, 2j , pL
VI!) y de douze pieds de long fur fix à fept pouces
de gros; il cfl cmmortoifè dans deux poteaux qui
font au pourtour du premier étaîçe \ il foutient les
bouts des quatre cat telles 36, de Ux pieds de long ,
fept pouc.s de large, 6i fix pouces d'épais , qui fou-
tiennent les meules.
La montée qui va du premier étage au fccond ,
eft compofée de deux limons (39 , pL idem ) de neuf
pieds de long fur quatre & fix pouces de gros; de
dix marche* faites de planches de deux pieds &
demi de long fur un pouce d*épais.
Explication des pUcts qui font au fécond fi» au dernier
étage.
Au defllis du pan de bois du ^*^ étage, font
aflemblés, dans les poteaux corniers, les deux
colliers {fg. 40 , pL VU) de douze pieds de long ,
fur le devant, 1 autre derrière le moulin: celui du
côté des volans porte les bouts des cartel les fur lef-
quelles les meules repofent ; celui qui eft du côré de
la montée porte les fept folives ( /;% 22 , pL idem )
de dix pieds de long fur cinq 6c fept pouces de
gros, qui compofentle plancher du fécond étage;
elles font affemblées d'un bout dans le fommier
qu'elles afl^urem en deffus ; & de Tautrc bout»
après avoir pafTé fur le cellier , elles ont trois pieds
de faillie pour former la galerie. Sur les folives
font atTachées des planches d*un pouce d'épais,
qui forment^ plancher.
Ce plancnfr a deux ouvertures, Tune par la-
quelle on monte du premier étage au fécond , 8c
Tautre par laquelle on tire le blé.
Immédiatement au deïTusdu plancher du fécond
éta^e, le long des côtés du moulin, font aiïcm*
blécs à tenons & mortoifcs embrevées dans les
poteaux corniers j les pannes meulières (^fg^t^
pL Fil) de quinze pieds de long fur neuf & dix-
hutt pouces de gros ; elles font pofées de champ
fur les deux bouts du fommîen
Prés les pannes meulières, du coié des volans,
eft une entretoile { Jig* 42, pL VU) de douze
pieds de long fur fept à huit pouces de gros, fer-
vant de fabhére ; elle eft emmortoifée dans les
poteaux corniers.
Le pan de bois au pourtour de cet étage, eft
compofé de douze gue.tes {fig. 24, pL idem^ ) de
fept pieds & demi de long fur quatre & fix pouces
de gros , & trois poteaux de remplage ; il eft aflem-
blé pour les côtés dans les pannes meulières
& dans les hautes pannes (46), & pour le côté
du volant dans rentretoife (41 ) ât le collier fupé-
rieur (47). qui eft au dcftous du jeu.
Uo des poteaux ; favoir , celui qui eft du côté
82
M E
des valant , a fept pieds & demi de loflg , fur quatre
& ûx pouces de gros ; les deux autres ( 25 ) à boila-
ges parle Kaut , ont la mcxne longueur , fur huit à
Heut pouces de gros.
Le pan de bois , dans la face de la galerie , cû
coni pofé de trois fabliéres , dont la première (4 5 ) , efV
à la hauteur du plancher , & pôle Lr rextrèmiié en
faillie des folives; la féconde (44) fert d'appui aux
croifécs de la galerie ; 8c la iroiftème (/) , qui cft à
la hauteur des hautes pannes, s'aiTcmble en en-
taille avec elles. Ces trois fabliéres ont chacune
douze pieds de long fur crois & quatre pouces de
gros pour les deux inférieures , & quatre fur fiji
pour celle qui cft à la hauteur des hautes pannes.
Elles font emmortoifces dans deux poteaux (43 )
de neuf pieds de long fur cinq & ù% pouces de
gros, qui fcr%*cnt de poteaux corniers \ la galerie ;
ils (ont affemblés par le bout d'en- haut, dans le
bout dts hautes pannes «& par le bout d^en-bas,
dans deux .petites fabliéres de trois pieds 6c demi
de long , fur quatre &: fix pouces de gros , qui font
k la hauteur du platicher , & qui tiennent à tenons
& mortoifes dans les gros poteaux corniers» Elles
foutieonent les ailes de la galerie , ôc ont un lien
par-delTous qui a quatre pieds de long fur fept &
quatre pouces de gros.
Dans les petites fabliéres & dans le bout des
hautes pannes, font affemblées deux guettes» une
de chaque côté; elles ont neuf pieds de long fur
quatre pouces de gros; elles^ fom ks côtés de la
galerie.
■ Outre les trois fabliéres de la face de ia galerie,
il y a encore cinq potclcis» dont 1 qui tont les
fenêtres, ont 5 pieds 6c demi de long, & font
éloignés les uns des autres de 1 pieds; les deux autres,
qui font sou^ les milieux des fenêtres > ont 3 pieds 6c
demi de lon^. Il y a encore quatre gueoJks, dont deux
qui ont 5 pieds 8c demi de long , font afferablées
dans les fabliéres d'appui ,.& à la hauteur des hautes
rrînnes; les deux autres ont 3 pieds & demi de long ,
Ci. font aHemblées dans la face inférieure de la fa-
blière d'appui & dans celle qui pofe fur le plancher :
toutes ces pièces ont trois fur quatJ e pouces cie gro^.
Les deux hautes pannes (y/^^, 46, même pL ),qui
fervent d'entablement, ont trois toifci de lorg Cur
»4 pouces de gros. C'cfl dans ces deux pièces que
font affcmbUes , dan> les fa ces btéralcs intérieures ,
les trois p^hcrs Scie jeu ; & dans les t,4C«5 inférieu-
res , les quatres poteaux corniers.
Il y a encore, fous les quatres hautes pannes,
l'un devant, Tautre derrière, deux coHïçrs(/f^\
47 , pL idem ) de i ^ pieds de long fur 8 a 9 pouces
de gros, qui font afftmblés dans les potejux cor-
niers. Celui qui eft du côte de \à galerie , cft fout enu
par deux liens de 3 pieds de long fur 6 & 7
pouces de gros : une des fermes du comble pofe
deiTiXs*
Explication 4u comhh*
Le C0mklt eft compoic de trol» fermes. Li pru-
M Et;
mîè?e, en commençant du c&té des ailes; iioft-
fur le jeu , & eft compofée de deux arbalétriers ( figm
75 ,;»/. IX) de 9 pieds de long à- peu-près ; d'un
entrait de 5 pieds de long, & d'un poinçon {fig*
7)» de 3 a 4 pieds; le tout fur4 & 6pcucesdcgf os*
La féconde , qui cft au milieu du moulin , pofe
fur les hautes pannes k l'endroit où les poteaux de
rem plage (25) (ont em mortoifes dans les hautes pan-
nes. Ces poteaux ont un boifage par le haut, pour
mieux foutenir les hautes pannes.
La ferme eft compofée de àcn% arbalétriers , d'un
demi-entrait (76), & d'un poinçon qui a un liei
(78) de chaque côté , qui s'cmmorioifc dans le faîic
(79)*
La troifiéme ferme pofe fur le collier , & eft com*
poféc de deux arbalétriers, d'un poinçon & de
deux cntraits ; le poinçon a un lien qui prend ut»
peu au de (Tus de rentrait , Se va foutenir le chevroiv
de la croupe, qui eft au de^Tus de la galerie : il
y a encore, à cette croupe, deux empanons qui
ont 5 à 4 pouces de gros , auffi bien que le chevron.
de croupe. Il y a lui fake , dont la longueur eft
de iç pieds, far 7 & 5 ponces de gros, & fcize
chevrons { f'if. 80, pi. IX) de 11 pieds de long
fur 3 Û£ 4 pouces de gros.
îi faut pour retendue de la couverture ,111 toifesr
de planches appliquées fur les chevrons; elles fer-
vent de lattes pour attacher les bardeaux, quionù
10 pouces de long & 3 pouces de large : ils font
pofes en pnreau ordinaire de 4 pouces;^ il en faui
4500 pour toute la couverture.
Il faut auffi pour le houff^àge, fermeture ou dô*
tu re du moulin , 1 27 ais à couteau ;favoir» t6de 15
pieds de long, 48 de 18 pieds, 58 de ta PJ^ds*
6i 5 de 3 pieds pour le devant du faux pont. Tous-
ces ais ont dix pouces de larg::, 9 lignes d'é-
paiiTeur par le dos, & 3 P^^r le lailUnt.
Explication de Ctn^in à tirer îè hU*
L'on monte le blé dans le fécond étage du mouli#
parle moyen d'une machine placée àzns les fermes*
du comblt^, & dont voici la defcripiion. Cette ma»
chine eft compofée dun grand arbre Çftli^hgqpl,
F//) d'environ 6 pouces de diamètre, oc dont l^
longueur e& depuis le plan des dents du rouet» îuf*
qu^à la croupe dn moulin.
Cet arbre porte en /^, du ct^tè du rouet ^ un péril
hériflbn qu'on appelle la machine ^ d'environ a piedt.
de diamètre, & dont les dcrts peuvent engr^iner
intérieurement dans celles du rouet , lorfquVn fou-
lève le collet fur lequel pofe le tourillon de cet axe,.
ce qui fe fait par la mécanique fulvante.
Le cotlct de Taxe eil porrê par une pièce
bois / ( même pL \ mobile par une de fes extrémité
fur un boulon tfe fer qui traverfe , & un des che-
vrons du comble^ dans lequel on a pratiqué une
mo toife, ce qui fait un le\ ier du fécond genre.
L'exiréml'è de ce levier ctl portée parcelle d'uii
autre levier /m n , du |:femier genre , dont le point
â'appui m. eil une petite barre de kt m k Ciilaot^
<
M E U
îdTct iTune chiSnc par laquelle U eft fufpendu i
^elqucs-uns des cnevrens du comble ; Tautre
cxtrèmUé de ce fécond levier , eft armée d'une corde
B^, OUI deicend à portée de la main; âc que Ton
pcwt mer à un crochet , pour laifTer tourner la ma-
cbine tant qu^on en a befoin,
L*mue extrémité ^ de Tarbrc eft mobile fur un
tout de chevron cmmortoifé dans le chevron de la
croupe , & un des em panons ; ta pirtîe ^ (76) de
cet arbre, compriCe depuis cette extrémité, julqu a
Tcfidroît cil il iraverfe la Éermure de croupe , fert de
treuil fur lequel s*enroule la corde q G r, à Texiré-
tuitè de laquelle eft artachce une S de fer* par le
moyen de liquclle fie de la corde qui pâlie par
Tav : de cetïc S , on faifit le lac de blé que
Tq^ lônicr dans le mouhn.
Cette corde païïe fur un rouleau mobile par un
bautdxns un des arbalétriers de la ferme de croupe»
Se, éc Tautre dans ta fablière de ta galerie, qui
eft a la hauteur des hautes pannes ; ce rouleau ren-
yoic U corde , ^ fait qu*elle defcend à plomb du
cenire de l'ouvert are de ta galerie,
St}r lemème arbre, entre la fermure de croupe &
celle du milieu du moulin» eft un tambour (g), com-
pmCè de différentes lattes qui traverfent Farbre de
rbrmetit » avec d'autres qui leur fervent d'entre-
toifes, comme une efpcce de grand dévidoir, fur
laquelle la corde fans fin appelée v/;7ic/i;7f, fait plu-
fictirs tours : cette corde defcend , fi on veut , aulîi
bien que celle du levier, dans le 'premier étage,
la TÎndenne par deux trous, ik celle de la bafcule
par un feulement, afin de pouvoir manœuvrer
cette macHine , foit du premier ou du fcconi étage.
Lors d-onc que Ton veut monter un fac dans le
iBoalin ôc par le moyen du vent , on cire la corde
m p , fie la bafcule de ThéritTon , ce qui le fouléve
& mer fes dents en prifeavec celles du rouet qui
le ^t alors tourner; & le treuil pratiqué à Ta titre
extrémité de Tarbre, fur lequel la corde à laquelle
le fac eft fufpendu, s'enroule pend^int cette opé-
radon , la vindcnne ou corde fans fin s'enroule
é*tin c6té fur le tambour, & fe déroule de Tayrre,
co forte qu'il y a toujours le même nombre de tours
fur le tambour Si en nombre fulHlant pour que
cette carde ne puifle pas glifler.
Veut- on cefferde monter le fac? il n'y a qu*à
lâcher la corde de la bafcule , 8c le poids de Thé-
fiflcm & de fes agréts 1 te faifant aufTjtut defcendre^
dégagera fes dents de celles du rouet, il cefTera
de tourner : mais il faut alors faifir ta vindenoe,
faits quc^i le poids du blé contenu dans le fac feroit
profnptemem rétrograder l'arbre de Thèriflon, ce
qib feroit dcfccndre le fac avec rapidité.
On peut aufB monter le blé dans le moulin,
^Boiqu^îl ne fafte point de vent : il ne fauf pour cela
oiie manoeuvrer Tarbre par le moyen de la vin-
étnsm^ obfervant que les dents de ThériiTon ne
lb«eDt pas en prife avec les dents du rouer.
On te fert de la mèmQ machine pour defccndre
l 11 ^âoe au bas du moulin.
M E u 83
Dr tcngrin ou cabtfian à virer 4ir vinK
Venpn à virer au vent eft compofé d'un ereufl
(/ig, 1%^ pi, FIJI) de 3 pieds de haut fur 7 pouces
de diamérre » & dont U tête eft garnie d'une frette
de fer, pour Tempéchcr d*écUier lorfqu'on met le
levier dans Vocil pour le tourner; d'un chaperon
(M' ï 3) * tie 1 pieds de long fur 4 pouces de gros,
dans lequel font affemblèes par le haut, les jambes
(^fig* 64) , qui ont 2 pieds de long fur 3 & 4 pouces
de gros : elles font aulfi afTcmblées par le bas , dans
Telueu Çfig. 60) , qui a à chacune de fes extré-
mités une roue ( fi^» 63 )- d'un pied de diamètre
fur 3 pouces d'ép;âs , pour pouvoir le mener plus .
faciement où Ton veut.
Dans cet eflicu eft afleniblée la femelle {fig> 1 ) ,
dans un trou de laquelle tourne le pivot d*en - bas
du treuil; celle d'en haut (^J/g. 3), eft de deur
pièces , pourembrafler le cohei du treuil : elles font
entrenues par le poteau du bout Çjig» K) ,qui eft
lui-même arrêté dans la femelle par deux Uens{/^, i).
Ce poicau a 2 pieds & demi de haut fur 4 a ç
pouces de gros; les liens ont 4 pouces de gros
fur 1 pied & demi de longueur. On amarre cet
engin par une corde à un des poteaux {fig. 69) ^
dont il y en a douze femblablcs fichés en terre dans
la circonférence que rextrémité de la queue décrit
fur le terrain.
Au lieu de poteaux de boisson en met ordinaire*
ment de pierre.
Il y a des moulins à vent conflruits dans une
tour de pierre, & dont la conftrndion ne difTére
de ceux ci , qu'en ce que cVft feulement le comble
qui tourne pour mettre les ailes au vent.
Dans ces moulins, IV/rbre tournant, le rouet &
le frein fuivent le comble; 8c les meules, la lanterne
qui les fait tourner ,font placées au centrede la tour.
Le comble entier & la queue qui y eft afîemblée ,
font portés par des roulettes , qui roulent dans une
rainure circulaire, pratiquée à une fepielie qui re-
couvre la maçonnerie de la tour.
A\B\ On a profité dans b rédaflion & la defcrîptîon
des procédés de Fart du meunier , non-feulement
des obfervations de Tancienne encyclopédie, mais
encore des traités fa vans de MM, Malouin , Du-
hamel , Kucquct Si d^autres habiles Economiftes,
Nous ajouterons à tour ce qui a été dit ci-
deiîus un nouvel arrêt du Parlement de Paris,
concernant les mcunkrs de Civray , lequel con-
tient des détails de l'art , & des difpofitions de
Police qu*il eft aulTi important qu'intérciTant de
connoitre.
Arrêt de U cour de P^irhment , du fi pi Août mil
fept cent quatrC'vingt-fepr»
Vu par la Cour la Requête préfentée par le pro-
cureur-général du Roi , contenant que le treize
Juillet de la préfente année mil fept cent quatre-
vingt- fept, il a été rendu, par les ofliciers de la
' fèûéchauftTéc de Civray , une ordanoance qui
L ij
84
M E U
oblige les meunrers à prendre le blé au poWs, &
k renjre le mcme poids en farine, à U dèduâion
du droît de inauture qui leur cft accordé & fixe
par ladite ordonnance ; que fe» difporition& étant
c informes à plufieurs règlement de Police rendus
en pareille mittére , Si homologues par arrêt de
ta Cour, le procureur- général du Roi croit de-
voir lui propofer de procurer à cette ordonnance
fa pleine & entière exécution : A ces caufes ,
requéroit le procureur- général du Roi qu'il plût
à la Cour ordonner que ladite ordonnance du treize
Juillet mil fept cent quatrc-vingt-fept, fera homo-
loguée, pour être exécutée félon fa forme & te-
neur ; enjoindre à tous huilTieri 6i fergens d'af-
fifter les commilTaires de Police lorfqu'ils en fe-
ront requis , 8c aux cavaliers de nnaréchauffèe de
prêter main-fone, cn cas de befoin, pour Texé-
cution de ladite ordonnance y ordonner que Tarrêi
à intervenir, enfcmble ladite ordonnance , feront
imprimtîs , publiés âc affichés par^tout oii befoin
fera, & notimmcnt dans la ville, faux bourgs &
b:inlieue deCivray^ ainfi que dans les bourgs 6c
villages ûtués dans Tétendue du refTort de la Ce-
nédiauiïée de ladite ville. Ladite requête (Ignée
du procureur-général du Roi.
Suit la teneur de ladite ordonnance.
O'Jjfi/idnce de mejjteurj Us off.cUrs du ftige royal
di U finéiàuuffce de Civray , concernant Us meu-
niers , & portant que ioiis particuliers pourront
txig;<r quïls prennent U bU au poids ^ & rendent
• U farine au même poids , fous U dèduâion d'un
fei^ième pour droit de mouture lorfquds iront cher-
cher Us ^raifts & retourneront la farine , ou d*un
trenîc-deaxume lorfque ce feront Us particuliers
eux-mêmes qui leur porteront U LU & iront cher-
cher Uur farbic.
Du 1) Juillet 1787.
A manjleur le Lieutenant- Général de la fin échauffée
6' fiége royal de Civray,
Vous remontre le procureur du Roi, que par
les articles XXXVI & XXXVll d. noire coutu.rie,
le droit di moutage que peuvent orendte les ineu>
niers a été fixé de manière qu'ils doivent rendre
du boî^Tv'au de blé ras un bo.lT.au comble de fa-
rine, ik *Ic deux boinTcaux Tun de Udite farine
une foi* empli, caché St prcflé avec les deux
mains mifes en croix , & derechef comblé , &
pour faire kfdiies mcfurcs , le boiflcau doit avoir
de parfond le tiers de fon large & loutre , plus
doit feulement retenir le meumcr qui doit dail-
Icurs tenir fon moulin à point lond.
Mais la perception de ce droit eft , pour ainfi
dire, devenue imprjiicablc dans cette h>rmc : il
faudrôit que le meunier , en retournant la farine
ch« les particuliers, portât avec lui un boilTeau
ifcrcieroni que ceux-ci en euiîint un chez eux,
*.c qui Tcroit gênant & difpcndicux , de forte eue
. M E U-
la difficulté de fe confortner à noire loi mumcjpate ^
a rendu arbitraire la perception des meuniers. Et
cet arbitraire va quelquefois jufqw'à la quator-
zième, douzième, dixième même partie du boif-
feau. Heureux encore quand le farinicr & les Vi-
lets du meunier ne prennent pas pour eux UQ6
nouvelle portion lorfque leur maître a pris b
Tienne*
Le feuî moyen de remédier à ces abus dont le
public fe plaint avec tant d'amertume , étoit, ainfi
qu'on le pratique dans la maic;ure partie des autres
provinces, de forcer les meuniers à pefcr le blé,
& à rendre un égal poids de farine, fous la dè-
duâion de ta portion qui leur revenoit légltlinî-
ment pour leur droit de moutage. D^érens cfTais
faits iur ce qui refloit au meunier d*aprés le me-
furage fait fuivant les difpofulons de notre cou-
tume , avoient démontré que ce refiant éioît aa
plus d'un dix-feptième ou dix-huitième de ceqult
a voit reçu, & a déterminé à fixer ce droit à un
feizième ; il réfulte de-là que les meuniers du
Poitou & de quelques provinces voifines où cç
droit eA fixé par le texte des coutumes ï la fei-
zième partie , font plus favorablement traités que
ceux de quelques autres villes, 6l notamment
ceux|dc Bayonne ,OLi le meunier n'a que la dix*
ïïuinèmc partie , & ceux de Valence , où par arrêt
du fix Septembre mil fept cent foixantc-feizc^leilf
dtoit a été fixé à la vingr-quatrièmc.
CeA par de pareils mottis que le Parlement s*eft
déterminé à rendre commun par fon arrêt da
vingt-un Août mil fept c^nt quarant^-neuf,ea fa-
veur des hahitans de Chàtellcrault , le règlement
de Police de la ville d'Angoulême , homologué
par arrêt de la Cour du vui^t-quatrc Mai mil lepc
cent vingt-quatre.
L'article LXXXIl de ce règlement porte que totu
les meuniers feront tenus*, lorfqulls remettront U
farine ou la retourneront, de la mefurer , ou 1
faute de ce , les maiires fi: maîrretTes , fervitcuri
ou fervantes » auxquels ladite farine aura été re*
mife , feront crus à leur ferment de ce qui fe fera
moins trouvé de ladite farine , fi mieux n'almctït
lefdits meuniers prendre le blé au poids & rendie
la farine au txitmt poids, fur lequel fera déduit
une feizième partie, à quoi revient le droit de
mouture y & pourront les particuliers obliger lef-
dits meuniers de prendre leur blé au poids âr
rendre la farine à la fufdlte réducTion . le tout à
peine de cinquante livres d'amende contre les
meuniers contre venans ; leur eft pareillement dé»
fendu de mettre dans la farine aucun fable , pierre
ou auire chofc , ni de tremper la farine pour h
rendre plus pcfante à peine de cent livres dTar
mcnde 6i de punition corporelle.
Les difpofitions de ce règlement, déjà approu
vées par la Cour, font trop fagcs, trop mifc^ au
public, pour ne devoir pas être exécuLées daoi
toutes lïs fénéchaufTées du reffort ; c*cA donc
pour faire jouir les habitans de celle de Civray
MED
de l aTiûtage qu'elles ont procuré ailleurs , que
këk procureur du Roi requiert que :
Ce condàttè , Monfieur , il vous platfe lui
êoancr liîc du contenu en la préfente ; dire que
ks anîcics XXXV 1 Se XXXVII de U coutume de
cette provtQ<:e feront exécutés ; enjoindre en
conlequence t tous tes meuniers de cette Cènç'
duutïâe dz s'y conformer i ordonner néa^nmoins
aitfdits meuniers, fous le bon platfir de la Cour,
de prendre le blé au poids » Icrfque les panicu-
liers qui le leur donneront voudront l'exiger , &
de rendre U farine au même poids » fur lequel
(m déduit une feiziéme partie , pour le droit de
mouitue , torfque lefdits meuniers iront, fuivanc
ramde XXXV de notre coutume , quérir le blé
& rootinieront les farines , & ce conformément
à l'articic LXXXII du règlement d*Angouléme„
reodu commun pour Châtelierauk par arrêt de la
Cour du vingt-un Août "mil fept cent quarante-
Eicuf , lequel article fera également exécuté dans
Vètesdue de cette ienéchauilée dans tout fon con-
fçmi ; & une trente-deuxième partie feulement
lorfqu*OQ leur portera les grains fie qu'on repren-
dra cliex eux les farines ; leur faire dêfenies de
po^evoir un plus fort droit , à peine de cin-
quante livres d'amende pour la première contra-
vention, & d'être pourfuivis extraordinaircment
ca cas de récidive ; enjoindre aux otHciers des
prévôtés royales d'Aunay,Chizé, Melle fii Uffon,
& à ceux des Hautes- Juftices de cette fén échauffée ,
de icnir la main, chacun en ce qui les concerne,
à rcjcècutioa de votre ordonnance a intervenir»
qm fera imprimée , tue, publiée & affichée aux
portes des égiifes & des moulins fitués dans
ràrendue de bdite fénécKau(rée ; ordonner au fur-
lus qu'expédition de ladite ordonnance fera préa-
Mement envoyée à monfeigneur le procureur-
^ lèral • pour qu'il daigne y donner fon agré-
wtzm & la foire homologuer par la Cour.
Si^né y Lelong, procureur du Roi.
Soit communiqué à la chambre. A Civray , le
fixe Juillet mil (ept cent quatre- vingt fept. Signe ^
IDIN t>% BeLABKE,
Vu par la chambre la remontrance du procu-
ir du Rot, ftgnée Lelong, ordonnons que les
idcs XXXV 1 ck XXX Vil de ta coutume de cette
fovixicc feront eiécutés félon leur £ofmQ & te-
dans toute l'étendue de notre reflbrt ; en-
en conféquence à tous meuniers ou gens
•oulîn, foit à titre de propriété, foit 1
dfe ftrmc , de s'y conformer ; leur faifons
iCti% de percevoir autres & plus grands droiLs
moutage que ceux qui y font hxés ; & cc-
--r, pour la plus grande f.icHité du public,
on% que Tariicle LXXXII du règlement
pour la ftnéchauiTce d*Angoulémc , homo-
i pau- Tiirrct de UCour du vingt-quatre Mai mil
^Cè^ vin^t-quairc, Ôt rendu commun à
Uàv - ic Ch;itcUeraut par autre arrct delà
M EU
85
plus
Cour du vingt-un Août mil fept cent quarante-
neuf, fera (ious le bon plaifir de noiïeigneurs du
Parkment , qui feront fuppliés de vouloir homo-
loguer notre préfcnc règlement ) exécuté dans
toute rétendue de notre reflbrt ; qu'en confé-
quence il fera libre à tous particuliers de pefer
leur blé avant de le confier aux meuniers, & d'exi-
ger defJits meuniers le même poids en farine ,
fous la retenue cependant de la feiziéme partie
dudit blé au poids de fariue pour te droit de mou-
tage, lorfque lefdits meuniers iront quérir le blé
ÔL rendre la farine cheî lefdits particuliers; de
la trente deuxième panie feulement lorfque lef-
dits particuliers tranf porteront eux-mêmes leur
blé au moulin & iront y chercher leur farine ;
faifons, en ce cas, défenles auxdits meuniers ou
gens tenant moulin, de percevoir autre 6f plus
tort droit que celui fixé par Tarticle LXXXII du-
dit règlement d'Angoulcme , & de mêler dans la
farine, fable, pierres ou autre corps pefant , ou
de la tremper d'eau pour en augmenter le poids,
fous peine de cinquante livres d'amende pour la
première contravention , & de peine corporelle
en cas de récidive; & pour donner plus dVurhen-
licité au prèfent règlement, ordonnons qu'il fera
imprimé, k & publié l'audience tenant; qu'af-
fiches en feront faites par-tout où befoin fera,
iSc que copies colbtïonnées en feront envoyées
aux prévôtés royales & juftices rciïortiiTantes de
ce fiége , pour y être exécuté feion fa forme 6c
teneur. Donné &L fait à la chambre du Confeil du
Palais-Royal de la fénéchauffèc de Civray, le
treize Juillet mil fept cent quatre-vingt-l'ept, Ainfi
figné en ïa minute des préfentes . Pontenier de
LA GiRAHDiERE, confeiller du Roi. Sureau de
LA MiRAUDE, confeiller, Laubier de Grand-
PIEF, lieutenant-général de Police, & Fradih
deBelabre, lieutenant général. Scellé 4 Civray
le treize Juillet mil fept cent quatre-vingts fept.
Pra R^'t, Signé , DE LA Farre, Au-dejfous eft écrit :
Collationné, Jigné Bkiakde, grcf!ier,' avec pa-
raphe.
Oui le rapport de M*. Adrien^Louis Lefebvre ,
confciller : Tout confidéré.
La Cour a homologué & homologue ladite
ordonnance du treize Juillet mil fepî cent quatre-
vingt- fept , pour erre exécutée félon fa forme Sc
teneur; enjoint à tous huifîiers & fcrgens d'af-
fifter les commîflTaires de Police, lorfqii*ils en fe-
ront requis, & aux cavaliers de maréchauiïée de
prêter main-forte , en cas de befoin , pour rexécu-
tion de ladite ordonnance ; ordonne que le prè-
fent arrêt , enfemble hdite ordonnance , feront
imprimas « publiés & alEchès par tout où befoin
fera, & notamment dans la ville, faubourgs &
banlieue de Civray , ainfi que dans les bourg; &
villages fitués dans létendue du reflbrt de k fé-
néchauiîée de ladite ville, F;*it en Parlement îe
fept Août mi! fept cent quatre- vingt-fept.
M^E U
M E U
VOCABULAIRE de l'An du Meunier,
jTVccOUPLESv nom que Ton donne aux fupports
qui fervent à attacher le palonnier du blute^u
contre la tête de la huche. On les fait en fer
dans les grands moulins; d'acier de Hongtic dans
ies moyens» &. feulement de cordes dans les pe-
tîis. Les meilleures accouples font de (^r. On les
forme avec deux petites plaques d'une èpaidcur
convenable percée de trous en échiquiers. Au
bout de chaque plaque pend un fort anneau de fer
pour accrocher les accouples aux deux extrémités
du palonier.
AiLts ; ce font quatre leviers compofés de
deux volans qui paflcnt au travers de l'arbre
tournant du moulin, avec des lattes qui reçoi-
vent les toiles contre lefquellcs le vent vient
frapper.
Ailes de Tarare; ce font des planches fort
minces qui partent de Taxe du tarare, & fe ter-
minent à fa circonférence.
AlLER â deux airs ; cela fe dit d*un moulin
qui va plus ou moins fort, & qui prend plus
ou moins de b!è aliernacivement.
Alluchons; pointes ou chevilles qui font
plantées perpendiculairement fur le plan du rouet
d*un moulin à vent.
On nomme auffi alluchons les dents d'un hérif-
fon , lefquelles falfilTeiit les fanaux d'une lan-
icrne,
AiLUMELLEs; ce font dans un moulin à vent
deux bandes de fer encadrées dans TépaiiTeur
du bois du rouet.
Amont; terme dont on fe fert pour exprimer
le côté par où Teau arrive au moulin.
Anche , ou eouttîere des archures ; c*eft un
petit canal en rorme de gouttière » pofè fur un
plan incliné, fous une ouverture fjîte dans les
archures, prefque à la hauteur du dcilus de b
meule gifante, à Tcndroit où le bluteau en ap-
proche le plus, pour que le grain moulu, en for-
tant d'entre les meutes , puifle tomber dedans.
Pour cet effet, on amène ce canal jufqu'au def-
fus de la gueulctte de la manche du bluteau,
Anchi ;,c'eft auffi , dans un moulin, un conduit
de bois ou de fer blanc par lequel la ^ine tombe
dans la huche ou dans le blutoir.
Amiixe ; c'eA une pièce de kr ayant la forme
de deuxC adoifés (3C), au milieu de laquelle e(l
un trou csrré qu'on nomme Tœil de ranllle, LV
nille c£l incmftée & fcelïée avec du pîarrc ou du
plomb dans le milieu de la partie intérieure de
la meule courante^
Antes ; longues pièces de bois qui font par-
les des ailes dun moulin à vent.
ArbR£ tournant ; c efl Taxe de la roue & du
rouet qui font en-dedans du moulin. Cet af^
bre eft le centre du mouvement du monlîn«
On Tarme de cercles de fer vers fes ejfirémiiés ,
pour le fortifier, & on place ;\ chacun de fes bouts
dans leur centre un tourillon de fer* Comme A
cft couché horizontaicmcnt , c'<ill fur ces touril-
lons qu'il fe meut.
Archures; c'ell dans un ttK)u1in une menuî-
fcrie de deux pieds de haut fur lo pieds de pour*
lour environ , qui enferme les deux meules. Ccc
alTemblage de fortes planches çû pofé fur le châifis
qui foutient les meules. Il empêche que la farine
Si les gruaux provenant du grain moulu ne A
perdent. Oa alTemble les archures de manière
qu'on puiiTc les démonter facilement lorfqu^oa
veut travailler aux meules.
AssoRTiMD<îT du grain. Les meuniers qui mou-
lent pour leur compte, achètent diverfes fortes
de froment, & les mêlent enfcmble dans les pro-
portions que leur expérience Ôc leur habileté leur
ont fait apprécier. Par raffonimcnt bien entenda
des blés , non-feulement on fait de meilleure fa-
rine, mais même on en retire davantage.
Attaches du bluteau; ce font de petits ailf
neaux de cuir fortement coufus à la bordure du
bluteau, & qui fervent à y afTujettir la baguette*
On en met deux, au plus trois i chaque bluteau.
Atterrer Us meules ; c'eft lailTer moins de
vide entre elîes, en approchant davantage la meule
courante de la gifante. H faut plus a f terrer let
meules pour repaifer les gruaux , que pour mon*
dre le grain.
Aval ou avalant ; ce terme fignifie le côeè
par où Teau s^échappe du moulin.
AvAKT- PLANCHER ; ceft U nom qu'on donne
à un faux plancher établi par dcilus la huche p
quand celui du beffroi tCcd pas aiTc£ grand paur
pouvoir faire le fervicc des meules.
AtJBES d'un moulin à eau ; ce font des pat*
lettes de bois inclinées & anachies à la roue dm
moulin.
Auge ; conduite de bois qui reçoit Teau de 1a
reillcre. Elle cft ouverte par fon extrémité , pour
que Teau qui s'en échappe, tombe dans les godets
de la roue. On tient rextrémîté par où Teaiu
tombe fur la roue, plus ferrée, afin de lui don-
ner plus de force dans fa chute ; fi lauge a un
pied de large à Tendroit où elle joint la reillere^
on la réduit à 6 , 7 ou 8 pouces , à celui où Teaia
fe jette dans les godets. On fait tomber ordi*
nairement cette eau dans le goder qui cor refpond à
U perpendiculaire qui feroii abaiffée de la circ«infe-
rence de la roue, à celle de Tarbre avalant l'cati.
Avcet; Taugety appelé dans quelques en*
M E tJ
lroil$ f^àhoi , cft une petite trémie fermée en Jef-
Ibes, mais ouverte d'un côté, qu'on pofc au def-
ibos de la grande trémie ; Touverture de FaiTget
fe place prés de Toeiilard des meules, où le grain
lOftbe par petite quantité, dans une proportion
féglée par le mouvement de trépidation que Tauget
feçcnt, au moyen du frayon : & pour que le
frzyovk puifTe le feire mouvoir , on prolonge un
^lles cÀtès de l*auget joignant Ton ouverture.
H Ceite faillie que le frayon aneint en tournant,
s*appelle Lg main de Vaugct^
AuGET dt ur^Tc ; il fe place fous la trémie
dit tarare , & en reçoit le grain , qu'il reverfe
liir les ailés du tarare.
Axi 4t la Unurnc ; c*eft Teflieu de fer qui
trairerfe la lanterne & les «neules.
Bajiixard ; on appelle amfi un petit arbre
^pofi verticalement, & terminé par deux pivots,
^Haot celui d*cn-bas joue fur le petit palier , près
Hfe^roitnllofi du dedans du grand arbre, & celui
Hd*CA-tiaQt eft reçu dans un collet fixé à une des
foliée» du plancher du beffroi. On y adapte deuit
Bras» dont Tun répondant à la cioifée de la bn-
teme , s^appelle hatie , & l'autre , qui tient au
Uoteau , s*appelle baguette,
Daos beaucoup de moulins, le babtllnrd fe
place en dehors du beffroi. Alors on fait jouer
le pîvaff ct*en-bas dans un morceau de hois , joint
à teiioas & mortoif^is, au dehors de la foie du bcf-
fmif & celui d'en-haur, dans une bourdonniére
tenninée en queue d aronde , tk. chevillée dans
U pièce d cmpoutrerie du dehors du beffroi. Le
babiUard ainfi placé, étant plus reculé, la ba-
Ette entre plus aifémeni dan^ la huche pour
r le bhiteau , 8c il n'eft pas befoin d'établir
un retii palier.
Babillard du dodinage ; il fe place fur le
Et palier, ordinairement à mont-Teau : mais
qœ le babillard du premier blutage u{ï placé
pr aèceffité à mont-Teau, on pofe celui du do-
lhifl|i STalant-reau. Le babillard du dodinage
k pbce auiTi fouvent en dehors du beffroi , &
«pcr<:quemmcnt, fouvent fur le petit palier,
Baouetti ; cVff le bras du babillard qui tient
M bltticau « Si qui lui imprime le mouvement
ÇK le bahtlUrd reçoit de la batte. On attache
ordiDairement la baguette à feize ou dix-huit
fkHkcti du pafunnkr.
BaGUITTE d< dodinagt ; c'èft celle attachée au
Ustesu • qui porte ce nom , & par laquelle tt efl
aô en ntoavemenr.
Bailxi: BLÉ; c'tâ une petite tringle de bois,
dotiée d*iia bout à un des trémillons, fli arrêtée
ie Uatstre, dans les hoches ou dents d'une cré*
Kiiliére de bois , clouée fur le trémillon oppofé ;
là <m attache à la main de Tanget , une lanière
4c i va fe terminer fur un petit moulin,
d' -hors de renchevètrure ou châffis des
ncui^i , près Tanche, & on fsit paffer cette la-
tier» par deffus le baiUe- blé ^ fur lequel oe U
M E U îy
roîdîr. Tout étant ainfi difpofé , le moulin mis
en mouvement, le frayon, en frappant la main
du baiOe-bié, fait remuer Taugct, 8c tomber le
grain quil contient dans l'oeil lard de la meule
courante. Le meunier régie la quantiié qui en
doit tomber à chatjue fecoulTe que donne le trayon
à Tauget , en potant à des hoches différentes de
la crémaillère, le bout du baille-blé. S'il amène
le baille-blé vers Tocillard, alors il relève Tauget,
& il verfe peu de grain* S*il ramène au contraire
fon bout vers la feuillure Je la meule, U baiffe
Tauget , qui verfe alors plus de grain.
Bascule de U trempure ; c'eil une pièce de bois
formant levier , qui en placée audeffus du beffroi.
Bastïan ; quelquels meuniers appeUeni ainfi
le frayon , qui cA un morceau de bois taillé quarré-
mant, faifant chapeau furie papillon du gros fer.
Batte; c'efl le bras du babillard du premier
bluteau j qui reçoit fon mouvement de la croifée
pofée deffus ou deffous la lanterne. Le bruit que
fait cette batte , a fait donner le nom de babil-
lard à Tarbre d où elle part. Dans les moulins qui
expédient beaucoup , on donne trois bras feule-
ment à la croifée. Dans ceux qui ont moins de
viteffe, on lui en donne quatre, cinq, & même
jnfqu'à fix. Un meunier inûruit fait toujours ré-*
gler les proportions de la batte & de la croifée ,
& fent toute Timportance de cette difpofmon^
pour opérer un bon blutage.
Batte du dodinage; c'eft celle do babillard,
dont le jeu donne le mouvement à ce blutage;
elle frappe fur une croifée placée ordinairemenr
fous La lanterne, du gros fer. Quand on peut foire
frapper la batte du dodinage fur la même croifée
que celle qui krt à la batte du premier bluteau^
oc la. épargne une croifée, dégage le moulin, &
vaut bien mieux, C'cft de la difpofition de la
huche que cet artangemem dépend ptincipale^-
ment.
Beffroi; c'efl un affemblage de charpente,,
compofè de pieds droits & de pièces d'enchevê-
trure , qui fou tient le meuîage»
filSAiLLE ; c*eft la dernière des farines ; on la
nomme ainfi à caufe de fon d«;faut de blancheur,.'
& parce que le pain qu'on en fait efl bîs< La bi-
faillc fait un bon pain St de bon g'^ût , quand c'cft:
du germe du blé, qu'elle tirej^nncipalement fa
couleur. Mais h bifaille ne donne qu'un pain bis
Se de mauvais gont , lorfque la farine eftbife, foit
parce que les meules trop ardentes ont échauffé li
farine , & pulverifé le fon , foit p^r )a raauvaife
qualité du grain dont Viaterieiir eff attaqué.
BîS-BLANCi ce font les deuxièmes 6t troifîèmey
farines tirées du froment. On les nomme ainfi,»
parce qu elles font moins blanches que h fleur oiv
première farine , & qiiïl s'y trouve quelques pe-
tites parties de fon puWérifè par les meules , &
qui paffent au travers du bluteau , avec la fa-
nue, Le bis-blanc e A- moins fui que la prenaièr^-
88
farine, mais il a plus de goût, à caufe des por-
tions du germe cju il contient.
BtscuiT ^ nom des galettes de pain, dont chacune
pêfe dix-htiît onces, poids de marc. Elles fervent
à la nourriti^rc des équipages à la mer , ou des
troupes dans les fié^es & dans les marches lon-
gues. Pour faire le bifcuit , on n'emploie que la
fleur de farine. On y met, pour la pétrir, la moitié
moins d'eau que pour faire le pain ordinaire.
Comme on tient le bifctiît deux beures au moini
au four , toute Teau s*évapore , & en outre, près
d'un vingtième du poids de ta farine, ou piutAt
rhumide propre qu'elle contient. On a foin de
piquer les galettes avant de les mettre au four,
pour qu'elles ne fc fendent & ne fe bourfouffient
point; ce qui les feroit caiïer, & nuiroit à leur
confervation. Le travail du bifcuit cft plus con-
fidérable que celui du pain, par la diâiculté de
le pétrir , 6c par le foin & le temps qiren de-
mande la cuiCTon. Quand le bifcuit eft bien fait,
ÔL gardé dans un heu lec , il fe conferve aifc-
ment un an, fans s'altérer, ni fe moifir. Mais en
vicilliflant, îl perd beaucoup de fon goût.
On fait plus cuire le bilcuit deftiné pour les
campagnes de mer , que celui qu'on donne aux
troupes de terre , par la raifon que celui de mer
a befoln de fe conterver plus long-temps. Le bif-
cuit en pâte doit pefcr 24 onces, ann quêtant
cuit, il puiHe en rendre dix- huit,
Blai^c ou U Hdnc ; c'ed la première farine ou
U fleur.
Blakc-bourgiois ; c cft la farine qu'on tire
du premier gruau.
Blé ; mot générique , qui défignc tous les
grains propres à faire du pain.
Ble bouffi ; on nomme ainfi les fromens qui
font gros , jaunes & légers , & qui rendent
au moulage beaucoup de fon. La farine en eft
moins abondante & moins bonne.
Blé tf'ruvtf ; c'eft à dire , celui qu*on a paffc
à Tétuve pour k fécher , ô; pouvoir mieux le
conferver. Il rend moins de fleur de farine:
mais étant moulu économiquement, il rend plus
de farine que le blc ordinaire : cette farine prend
lufll plus d'eau.
Ble gUcé ; c*eft un froment dont le grain eft
court, & la peau mince, approchant plus de la
couleur grifc gue de la jaune : il efl lourd , rend
beaucoiip de farine 8c peu de fon. Les fromens
qui fe iémtm en mars , & dans les terres pier-
ff^ufcs, dite"i grouettes, produifent beaucoup de
grains de ce genre. Ce» celui qui eft le plus
recherché par les Meuniers & les Boulangers.
Blé nvcche ; e'cft un blé dur à moudre,
& dont la farine demande plus de travail pour
prendre Teau & fe bien boulanger. Il fait de
meilleur pain que les blés gras & boufBs. Les
terres nouvellement marnées , & les grouettes
font celles qui co rendent le plus* Ce terme
s'étend au froment » au fcigle & à l'orge.
Blés fonnsux ; ce terme s'applique k tfm%
les grains dont on fait de la farine ik du pain.
Il défigne 1:5 grains fecs & alongès qui ont *«é
faifis ou havis par 1 ardeur du foleil, lorfijuc le
grain étot en lait, & qui n'ont point pri% de
nourriture ou du moins très-peu. Ils fe tîouvciît
communérnsnt au fommjt d^ épis. Les bièi
verféi en rendent aufTi beaucou»^. Oi^ les appelle
foniKux , parce cjirils produifent 6cauccUi> de fon,
fit (on peu de farine.
Blé de ^rouctus ; bon fromînt, qui eft gfîs ,
glacé & plein. Ccft un fromint qui fc récolte
dans les terres pierreufes dites groaettts,
BLUTE/iU OU blutoir ; il fert À féparer la fa-
rine des fons & gruaux* Pour en tirer cet avan-
tage , on le compofe d'une forte étaminc de
laine , alTez claire pour donner paflagc i U (a-
rioe, & trop ferrée pour le permettte aux fous
& gruaux.
Le bluteau a la forme d'un fac \ on coud une
petite manche dans fa partie fupéricurc , qui eft
terminée par un cercle de trois à dix pouces de
diamètre. Ceft par cette manche qu'entre le
grain moulu. L'extrémité inférieure du bluteatt
reRe ouverte , au moyen d'un cercle de bois de
8 à la pouces, 8c même d'un plus grand dia-
mètre, Qu'on y adapte, & qu'on couvre, en y
aflujettiflant les bouts de l'étamine. On étend
au contraire ï plat rextrémité fupcrieurc du b\u*
teau, & on y attache un rouleau de bois nomme
palonnier. Pour rendre le bluteau folide , on en
renforce non feulement toutes les coutures,
mais on foutient de plus fes côtés & la panie
qui cft ouverte , par des bordures de fangle.
Le bluteau fe place dans la huche, fur un
plan incliné d'un pouce par pied de fa longueur,
qui eft de ^ à 8 pieds : pour cet effet, on attache
vers le fommet de la tète de la huche, le pa-
lonnier du bluteau avec des accouples de fer,
de cuir ou de cordes ; & enfuitc on étend te
btuteau , Ton fait fortir le cercle qui le termine
& forme fa gueulette, par le pertuis ou trou
pratiqué pour le recevoir , dans la cloifon au
pied de la huche, où il eft fortement afluiettJ*
Le bluteau étant ainfi tendu dans la huche &
incliné de la tête au pied, on attache le bout de
la baguette du babillard, à un de fes côtés, avec
des courroies de cuir , coufues au bluteau pour
le recevoir, à 16 ou 18 pouces du palonnier:
on fait fortir auffi par le deflus de la huche, l'oft*
fice ou gueulette de la manche , dont on a parlé
cî-dc<Tus : on l'y affujcttit , de manière qu'il
réponde cxaélement à l'extrémité de l'anche*
Mettant enfuite le moulio en mouvement , le
grain moulu tombe dans la manche du bluteau,
& pénètre par fon poids , dans rintéricur, La
baguette attachée au bluteau , lui donne «1
même temps, un mouvement de trépidation tré9>
vif, par la communication de celui quelle reçoit
dy jeu du babillard ; alors la farine travcrfc en
poudlére
^
M E U
pâniCere très-fine , par rètaminc du bluteau:
MM contraire , les Tons 6c gruaux &*am.i0ant en-
iêmblc, dcfcendent en fulvant le plan de fon
îadinalfan ^ & ayant gagné i*oriËce ou gueu*
Isac qut tient au pîed de la huche , ils fortent ôl
OMibem daa» un lac placé au deffous pour les
meroîr.
Blutcâu dt dodlndg€ ; il a à peu près la
flième forme que celui de la huche fupèricure ;
mats comme il eft deftiné à féjparer les gruaux ,
& à en rejeter le fon , on le tait premièrement
d^ètam^ne plus claire que celle du bluteau fypè-
pieur. Secondement y on le forme avec deux èta-
mines différences, compofant la moitié {upérieure
d^tttie ètamine plus douce que la moitié inférieure.
Par cette précaution , on parvient à féparer les
gpaux. Les plus fins iraverfent la partie fupé-
[re, & tombent dans la portion de la huche
qui en approche la tête, tandis que les plus gros
tombent dans la partie de la huche qui en avoi-
ùxm le pied. Pour que ces gruaux ne fe mêlent
ru on &it au deflTous du bluteau, au milieu de
bûche V une petite cloafon de voliche. A Té-
gard du gros fon , comme le bluteau eft com-
poiè V dans fes deux parties , d'étamines afTez
écoles pour ne lui pas donner paiTage , il cft re-
jeté par le mouvement & la pente du bluteau ,
ton de la huche , & tombe dans un fac ou
€imer difpofé pour le recevoir à fa fortie de
rorifice ou gueulette inférieure.
Bluteau cylindrique; on le nomme ainfi, à
çiaiic de fa forme ; on en fait ufage dans les
g<nods moulins. La conftruâion de fa mouture
ou carcaffe, reifemble beaucoup à celle du crible
cytifidrique ; on ta couvre de canevas ou d'éta-
Pline de foie , divifée çn trois parties de di-
vines denfltés , dont les lés fe joignent fuccef-
fivefnént, de manière que Tétamine la plus fer-
rée fait placée vers la tête du bluteau, celle
qot Teft moins enfuite > & que la plus claire le
fcrmine. On pratique trois divifions fur le fol du
plsnctier de la huche» qui contient ce bluteau,
MOT tenir les gruaux qu'il tamife fé parés. Les
RMH , recoupes & recoupettes qu'il rejette , font
veÇQSy à ^n extrémité « dans un fac ou cuvier
placé au deCTous. Pour faciliter ce rejet « on le
tient, lorfqu'il travaille, fur un plan incliné,
nais ua peu moins que les autres bluteaux, & on
biffe foo extrémité inférieure ouverte* On donne
a Ge« blureaux , depuis 7 jufqu à to pieds de
longuetir & 1 pieds de diamètre, peu plus, peu
M E u
B9
rar
" CUÎ (
I
IHj3S plufieurs moulins, on les emploie pour
ropéraiion du dodinage * qui alors partage les
puatut en trois claiïes ; au lieu que dans les do-
faaftes ordin^res , on ne les divife qu'en deux
ptmcars^
Bluter à la main ; c*eA tourner le blutoir
avec une manivelle dans un appartement deviné
i cet oïage.
jim & MhUrSn Tome K Part. /.
Boite dt ta meuU ; efpece de moyeu creufé
dans fon centre ; qui fe place au milieu du gîte
ou meule gifante. On y adapte di^ux panneaux
de bois nommés hoînllons , allant de bout en
bout , de 3 à 4 pouces de gros , far 6 à 7 de
long. Ces panneaux font contrebandes par deux
autres morceaux pofés en fens contraire, dit de
plat en plat, nommés faux boudbns ; ils fervent
i foutcnir les boitillons , & complètent le bour-
rage qui empêcha la m^ule de grener, c'eft-à-
aire, que le grjin ne paiTe- au travers de rϔU
lard, èi ne fe perde. La boîte doit être de bon
bois d'orme ; on peut la faire avec un vieux
moyeu de charrette.
^^ISSEAU ; mefure en ufage pour les grains
& ^^«"ines; il varie dans fa grandeur, fuivant les
lieux.
Le boifTeau de Paris a 8 pouces a lignes & de-
mie de haut» fur 10 pouces de diamètre ou de
largeur. H contient 16 litrons.
Boitillons ; ce font deux petits panneaux qui
fervent a bourrer ou remplir la boîte du gke*
Bord d'une mcuU ; c'eft fa circonférence ex-
térieure.
Bordure ou janus du rouet. Comme tout le
moulage s^ opère par le mouvement du rouet;
pour lurmonter la réfifkance qu'il a à vaincre, il
faut que cette pièce foit trés-IoUde, Afin de forti-
fier les chanteaux qui en compofent la circonfe^
rence , on pofe defltis des jantes qui y font forte-
ment chevillées ; en outre, les chevilles ou allu-
chons qui les traverfent , ainft que les chanteaux ^
contribuent encore à la foUdité de cet aiïem-
blage ; au moyen de quoi , on fe contente de
faire joindre bout à bout les jantes Tune contre
Tautre. On donne à ces jantes, depuis 7 jufqu*à
9^10 pouces de larg<:ur , fur 3 à 4 pouces d'é-
pai fleur.
BouDiKiERE (fffc«/f) ; c'eft !a meule gifante con*
vexe de trois ou quatre lignes au cœur, en allant
toujours en diminuant.
Bourrage; on ie fert de ce mot pour dé-
figner les pièces qui rempliflent Toeillard de la
meule gifanie , de manière qu'il n*y relie plus
que le vide néceffatre , pour le jeu du gros (^
qui y paHe. Le bourrage ef^ compofè de la boite ,
des boitillons & faux boitillons.
Bourdokniere; c'eft un fupport de bois at*
taché à une poutre ou folive du plancher de ta
falle du moulin. On en pofe plufieurs dans un
moulin.
Bout fur Tanche ; c'cft le bout de la m;ule
du coté où la farine tombe dans le bluteau.
Bout fur la roue ; c'eft le bout de la meule
qui eft du coté de la roue du moulin.
Bouts du papillon du gros fer ; ce font les
deux côtés par lefqueb il touche à Tanille : on
les oriente comme les bouts de la meule cou-
^ rante » parallèlemeat au grand arbre.
M
5K>
M E U
Bran ; nom que les Meuniers de quelques can*
tons donnent au gros fon > lorfqu'ii eft bien fec
& bien purgé de farine & de gruau.
Branle , hafcule ou trtmvure ; pièce de bois
formant levier , placée au defliis du beffroi , pa-
rallèlement à la braie de trempure. L'épèe ou
fer de la trempure y tient yers fon extrémité,
du côté de la tampane. A l'extrémité . oppofée ,
cft un cordage qui fert , en pefànt defflus , ou le
lâchant, à mouvoir la branle ou bafcule, & à
faire lever ou baifler répée de trempure, quon
fixe au point defîré, en arrêtant ce cordage fur
une cheville frappée fur le montant ou pilier du
beffroi y répondant. La branle faifant 1 effet du
levier, on Tappelle par cette raifou, en beaucoup
d'endroits ,. bafculc.
Braye ; ce font deux traverfes* de charpente
{^lacées dans le bas des piliers du beffroi , parai-
élément au grand arbre. Tune âmont, 1 autre
avalant Teau ; elles foutiennent le palier.. Celle
d*aval eff la plus effentielk , parce quelle reçoit
du côté de la tampane , Tépée de trempure , qui
fert à rapprocher ou atterrer les meules. Les braies
peuvent s'élever du côté de l'intérieur du moulin,
au moyen de grandes mortaifes. en lumière, pra-
tiquées dans les piliers du beffroi, oii leurs tenons
entrent fiins y être chevillés. Leur autre extré-
mité eft placée dans d^autres mortaifes creufées dans
les piliers eppofés , joignant la tampane.
En chaffant deffous les braies des coins plus
bu moins fortement, on fait aller avec plus ou
moins d'ardeur les meules ; la manière dont ces
coins font chaffés, augmentant ou diminuant la
réfiftance que Teau de la roue a à vaincre pour
faire mouvoir les virans & travaîUanf . On par-
vient même par ce moyen à forcer l'eau à paf-
fer par deffus la roue t,. Ouïs pouvoir la faire
tourner.
Brouette; les brouettes des moulins n*bnt
pas la forme des brouettes ordinaires ; leur roue
eft fort baffe , & leur corps reffemble à. une ci-
vière, dont les bords & les bras feroient fort
cambrés. Elles fervent à tranfporter les facs d'un
côté à l'autre des falles du moulin.
Cage ^ on entend par ce mot, le corp» entier
des bâtimens d*un moulin , & plus particulière-
ment le lieu oii eA placé le beffroi , & tout ce
qui a rapport au mécanifme du moulin. Il eft
effemiel , en conftruifant un moulin ,. de don-
ner à la (aile du moulage , la grandeur & la hau-
teur convenable , pour que le fervice ne foit
point gêné dans aucune' partie..
Canevas ; toile claire dont on fe fert pour
faire des. bluteaux; on ne l'emploie plus que
Eour les bluteaux ronds ou cylindriques. Les
luteaux de la première huche , & ceux du do-
dinage ,. fe compofeot presque généralement d'éta-
sijne de laine.
Cases.;, ce font les fé£^ratk)ns qu'on fiit dans
M E u
les huches, pour empêcher le mélange des (^
rines & des divers eruaux.
Cerces ; nom quxm donne aux archures ; c'eft-
à-dire, à la menuiferie qui entoure les deux meules..
Cerces de meules ; on appelle ainfi un fort
cerceau de bois , ou un grand cercle de fer ^
dont on entoure la meule courante quand elle cft
compofée de plufieurs morceaux : cela fe fait
pour en mieux foutenir l'affemblage , & em-
pêcher qu'en tournant, aucuns carreaux ou pièces
ne s'écartent.
Chable ; c'eft une groffe corde ou hauffiére
compofée de plufieurs torons : l'une de fes extré-
mités eft arrêtée & folidement fixée fur l'arbre
du treuil d'en-haut de la falle du moulin ; l'autre.
s'attache à la meule, lorfqu'on veut Tôter de fa
place ;- en virant fur le treuil , & faifant tourner
fon arbre ou axe, ce chable s'fenvcloppe autour».
enlevé la meule, & facilite le moyen de la pofer
& renverfer où on veut.
Chaîne de bluteau cylindrique ; on le fait mou-^
voir plutôt au moyen d'une chaîne de fer, que-
par une corde , fur-tout lorfqu'il reçoit fon ac-
tioji par un rouet de ^poulie , placé fur le grand
arbre du moulin,, entré la tampane & le rouet:,
cette chaîne, qui effuie.ua frottement auquel une
corde, ne réfifteroii pas, s[élève en panant fur
plufieurs poulies de renvoi du bas du moulin, à
^endroit où le bluteau cylindrique eft placé , &
fait marcher la poulie adaptée à fon tampon.
Chaise; c'eft dans un moulin un anembla|e'
quarré de quatre pièces de bois , dont la parue
fupérieure eft arrondie cylindriquement pour foo-
tenir la cage d'un moulin.
Chaises ; ce font des traverfes ou tringles de
bois appliqiiées en dehors fur le plafond de b
roue , oc clouées aux embrafures : elles fervent
à renforcer l'affemblage de, la. circonférence de
la roue.
Chaise d'arbre/,, c'èft une pièce de b*îs qu*oit
place deffous l«is chevetfiers ; il n'y en a pas
fous tous les grands arbres : l'on n*en met que
Idrfque cela devient néceffaire ,. pour élever da-
vantage l'arbre ,. & donner un jeu plus libre à.
la roue.
' Chante AUX de rouet ; ce font quatre efpèces
de jantes qui en compofentla circonférence : on
les He à plat-joint, en formant des empatemens
pratiqués à demi - épaiffeur du bois , auxquels
on donne 15 à 18 pouce», fuivant que la circon-
férence plus ou moins grande du rouet le permet;
pour mieux foutenir les chanteaux , & les lier
dans les angles qu'ils forment , eu fe joignant à
leur extrémité concentrique , on fortifie cette
jonftion de gouffets emmanchés par leurs tenons «
dans des mortaifes pratiquées dans Tépaiffeur des
chanteaux & bien chevillés : on donne aux chan-
teaux le plus de largeur qu'on peut, fuivant que-
le bois qu'on a à employer a d'équarriffagc , &:
M E a
ncîw depuis i8 jufqu*à 12 pDUCc§ » fur
^ liiTeur de 3 à 4 pouces.
Crafiau oa chapeau de chtvafitr ; cVft un
motçcëu de bois amovible, avec lequel on couvre
le Ottli^u du chevetfier, où pofe le tourillon de
rarisfe de la roue : on y fait une entaille en
daiit<-cerde , pour qull ne touche point au lou-
hllocL
Chaperon de Jîache ; les Charpentiers , pour
fOlfarccr rafiemblage de leur charpente, ont foin
^tie les pièces qui arcboutent ou portent fur celles
qui ont des flaches, foient entaillées de manière
que reniai Uure couvre la iiache. Cette entaillure
s'appelle chaperon.
Chaferon defrdyon ; c*cft le deffus du frayon ,
tfoii fon une cheville ou dent, qui fait mouvoir
le haîUe-ble.
CsAPiROK de trmii ; c'eftun morceau de bois
creufê exprès, pour pouvoir en couvrir les tou-
HD««s, dans Tcndroit oii ils portent, fans nuire
à îctiT jeu.
Châssis ; alTemblage de quatre pièces d'en-
cbevètrure placées fur le plancher du beffroi : on
Efc d'aplomb fur ce châiFis la meule gifante , &
archures qui entourent les deux meules.
Chaussée; c'eft dans un moulin à vent, une
é%éce de fac que Ton couche dans la huche,
Chzvalet; c'eft dans un moulin un afTem-
Wage de charpente qui fert à entretenir la mon-
tée arec la queue.
CHtVETSïER ; ce font des pièces de bois pla-
cées horizontaleraent aux deux extrémités du
gFUMl arbre , fur lefquelles pofent fes tourillons ;
#11 y &h , pour les recevoir , une entaille en
demt-cercle , où Ton met de la grailfe ou du
vieux oing, pour que les tourillons n éprouvent
pmnt de réfmancc en tournant.
CHr\*rrsiER Ju dedans ; eft Celui qui reçoit le
toitfillon de Tarbre placé dans la faile du moulin,
fous fon beffroi.
Crevetsier du dehors ; eft celui qui reçoit le
lourillon de Tarbre en dehors du moulin, & qui
cA pofè comme un linteau fur la contreft.arpe
de la courftère* Il efl ordinairement le plus fort,
& on lui donne plus de longueur qu'à celui du
dedaiis,
Cheviixes de rou€t ; les chevilles ou dents du
louct font placées fur fa face intérieure , & s en-
grenant dans les fufeaux de la lanterne , elles la
font tourner : on les fait de pommier ou autre
bois dur.
Chommer; terme qui fignifie que le moulin
travaille pa^s, faute d ouvrage, ou à caule de
'qnes réparations qui font à y faire.
JEL dt hotte ; eft le norti qu'on donne au fond
éo godet , dont la forme reffeinble affez à celle
iTiine hane* Ce ciel eft formé par une tringle
de bois clouée fur le plafond ou doublage des
«ellules , fur lequel les deux jantillcs s'appuîeni
& W terminent.
M E U
91
Ciseau à tranchant par U hûut ; propre à cou-
per le bois & la pierre î on en tient plufieurs
dans un moulin , le meunier étant dans le cas
d'en avoir fouvcnt befoin.
Ciseau â pipes / c'eft un cifeau à froid, doiK
on fe fert pour chafler les pipes ou les lever.
Clef de meule ; c eft la même ch^fe que IV
nilîe ; ce dernier terme eft le plus ufité.
Clés ; c'eft dans un moulin les morceaux de
bois que Ton fait entrer dans des mortoifes te-
nant aux pièces du rouet.
Cloisons de godeu ; ce font de petites plan-
ches qui fervent à les former, & qui font placées
dans les rainures ou couliffes que Ton pratique
dans les jantilles pour les. recevoir. La clollOR
fait la féparation de chaque godet.
Cœur de la meule; c'eft fon centre. Il com-
mence à Tentrepied , & finît à r»ilbrd. Le grai«
commence à s'écrafer au cœur de la meule.
Coin de hraie ; ce font des coins de bois
qu'on chalTe deffiis ou deffous les braies, pour
faire mieux prendre aux meules leur aplomb.
Coins à foulever ou à foutenir ; ce font des
coins de bois ; i! y en a toujours une couple au
moins dans chaque moulin, de groffeur diffé-
rente , qu on pkce entre les meules , lorfqu on
veut lever , & fur-tout replacer la meule cou-
rante , pour fe mieux gouverner dans cette opé-
ration , ^ foutenir cette meule lorfqu elle porte
à faux.
Collet; c'eft un morceau de bois rond oit
quarré, percé dans fon milieu pour recevoir un
pivot , & qu'il puiffe y jouer. Quand les pièce»
à pivot ne fout pas d'un grands poids , ou n'ont
p3S dans leur mouvement une forte réfiftanee
à vaincre , on fdic tourner leur pivot dans UR
collet.
Collet du hahllUrd; il s'attache à une folivt
du plancher du beffroi , pour rccevo'ur le pivot
d*en-haut du babillard.
Conservation du hU ; pour conferver le
grain ^ on le met en tas dans des greniers; l'on
a foin qu'il ne foit pas expofé à rhumidîté; on
le remue fréquemment , & on y renouvelle fou-
vent Tair,
Conservation des farines ; pour confcrTCf
la farine , il faut la garder fur un plancher de
bois ; avoir attention qu'elle ne touche point le
mur , & n'approche rien qui puilTe lui donner
de l'odeur ou en exciter la fermentation. Quané
on veut voir îi la farine s'échauffe, il faut cnfon-
cer la main dedans j fi elle a plus de chaleur
dans riniérieur du monceau qu'au deffus , il con-
vient alors de la remuer. Le temps où la farine
fermente le plus, eft en mai & en juin.
Contrescarpe de la courficre ; c'eft le mur
de dehors de la courfière du moulin, qui fait
face à la tampane.
Corde du taille -hU,
baiffer l'auget , & par -
elle fert k élever on
confèquent à lui faire
M ij
9»
M E U
verfer plus ou moins de graîo dans roeîlîaf d : on
(e (en également d*une lanière de cuir pour
régler le mouvement de Tauget,
CordeS de poulies de renvoi & autres ; elles font
proportionnées à b gorge du rouet de la poulte;
ceft par leur moyen que s^éxécutent tous les
mouvemens qu'on fe procure par les poulies. Il
faut étudier dans chaque moulin leur pafTagc,
pour concevoir le fecours qu'on en tire.
Corde de tarare ; c'cfl celle qui le fait mou-
voir»
Corde de trempure ; on Tattache à rcxtrémiié
de la branle ou rrempure , du côté oppofé à
Fépée ; elle fert à mouvoir la branle & à pefer
deïTus.
CoTRETS; morceau:! de bois qui font partie
des ailes d'un mo lin à vent« & qui font deAinés
à entretenir les lattes*
Courtier! î c'efl refpace oîi la roue au mou-
lin tourne ; fon fonds cfl en plan incliné , afin
q\ie Te au ne s y arrête pas,
CouvERSEAUX ; cc font des planches minces,
dont on forme un couvercle aux meules ; ces
planches s'affemblent de façon qu'on puiife les
lever ou abattre facilement , pour viûter les meu-
les & faire le fcrvice du moulin i on laiiTc au
milieu une ouvenure , afin que le frayon puiffc
jouer, & le grain tomber entre les mtules,
COYAUX ; ce font deux petites pièces de bois
entailiéss fur la roue*
Crapaudine ; cette pièce , qui doit être d'un
acier excellent , fe place au milieu de la poilette
fur le palier, elle reçoit le pivot du fer de h lan-
terne appelé, £ros fer; il y tourne fur un des
ronds qui y font creufés en forme de fe^flion
fpliérlque, & devinés à le recev< tr. On pratique
ordinairement trois de ces ronds appelés p^s^
dans chaque crapaudine, pour quelle puifTe fer-
vir plus long-temps ; on place à voloûtc , fur ce-
lui qu'on veut, le pivot du gros fer, lorfqu'on
a relevé la meule courante &c quon peut le
remuer.
Crappe (meule qui prend); c^cft une meule
qui s'engratlfe & qui arrête trop la farine.
Crémaillère; c'eft une petite pièce de bois
de chcne ou de pommier , taillée en gradins,
qu*on place entre les n-.eules, lorfqu*on lève ou
rabat la meuîe courante ; elle fert principalement
à appuyer le levier qu'on emploie pour U fou-
lever , ou la remuer , lorfqu 'on veut lui faire
prendre fon aplomb.
CuEMAiLLËnE de hdilU'hié ; c'cft une petite
tringle de bois clouée fur un des trémions, qui
a des dents ou hoches comme une crémaillère or-
dinaire ; on fait porter le baille-blé fur Tune de
Tes hoches , & on Karréte au point convenable
pour faire verfcr fuffifa.mmcnt de grain par Tau-
gct dans laillard de la meute courante.
Crible ; on a dans tous tes moulins des cribles
M E u
ordînaîrc' , pour pouvoir retirer les priticlpalcf
ordures du grain.
Crible cylindrique ; on lui donne fept à huit
pieds de longueur fur deux pieds quelques pou-
ces de dianiétre ; fa circonférence cft formée
de planches de fer-blanc , percées comme une
paffoire de batterie de cmfîne. On le place dans
un chaiTis fur un plan incliné , comme les blu-
teaux dans la huche ; les deux cercles qui tcr^
minent ce crible , reftent ouverts , 6c iormem
deux orifices égaux.
Au centre du cylindre on place un axe, qui
cft contre-tenu de diftance en diftance, par quatre
rayons qui fe croifent en allant fe terminer à la
circonférence : on met , dans le chafïïs qui reçoit
ce crible , une traverfe fur laquelle repofe Tex-
trémité fupérieure de Taxe ; on fait fortir au con-
traire du châifis Textrémiié inférieure, & repofer
le bout inférieur de Taxe fur une traverfe, fou-
tenue par des fupports en faillie en dehors du
chàflis , & placés h la demande de rinclinaifoit
qu'on donne au crible : enfuirc on pofe à fon
lommet une trémie, pour y verfer le grain ; fous
la trémie on ajufle un auget dont le bec eatfc
dans rintérieur du crible , & y verfe le graia
qull a reçu de la trémie.
Pour (aire mouvoir le crible, on adapte une
manivelle à Teitrémitè fupérieure de raxe , fie
lorsqu'elle cft vivement tournée , le crible en le
motivant rejette toute la pouftière , les corpi
étrangers & les mauvais grains, par les trous
des planches de fer-blanc , formant fa circonfe-
rencc ; êi le bon grain tombe & fe ramaffe en
tas en dehors du chalTis , deffous U traverfe in-
férieure.
Chible à pied & trémie ; c'eft un grand crible 1
à grille de fil d'archal, monté fur un chàiris à ^
pied. Ce crible auquel on donne depuis fix juf-
qu'à ftpt pieds de long, fur deux pieds à deu»
pieds Ôi demi de large, efl placé fur un plan
incliné de trois à quatre pouces par pied* Il reçoit
le grain qu*on verfe deffus par une grande tré-
mie placée à fon fommet ; le gram roule fur fon
trcilhge , & tombe au pied du crible ; les or-
dures traverfcnt le treillage : les plus légères fe
perdent en route; les plus groffes fe ralîemblent
dans un petit cuviér ou baquet placé fous le trcil*
lage , dans le bas , vers fon extrémité.
Croisse; c*eft une pièce de bois dur qui a la
forme d*une étoile: on la place deffus ou dciTous
la lanterne , Se elle* fait autant de tours qu clic.
Cette pièce reçoit dans fes angles rentrans ou
bras , la batte du babillard , èc lui donne fou
mouvement.
Croisée de dadindge ; c'eft celle fur laquetl*
s*engraine la batte de ce blutage. La huche du
dodinage étant au deffous de celle du premier
blutai;e , il s*enfyit que la place naturelle de la
croifie du dodinage doit être fous la lantcme
du gros fer.
i
M E U
Crouc d€ Si* André ; ce font des pièces de
charpente qui ie croifem, & qu'on place en de-
dans d*yo atTemblage pour le coûcre-îbutcnLr tnté-
icrieurcmenr.
DifiRAYER & rtmhtaycr ; c'cft ferrer plus ou
nittiîs U barre fur U croifée , ou ferrer la ba-
gnrtce plus ou moins prés de la huche du côte
rie U croifèe.
Dec H ET des crains par U mouture ; on eflime
ordixiaiieoient ce déchet dans la mouture com-
mune ou ruûique, à deux livres par fetier de
Paris; elle ne dois jamais paûfer trois livres; le
dccbet cô plus confidèrable dans la mouture ico-
aomîqoe , parce que le grain étant repaiîé plu-
iseuTS fois fous la meule , il y a plus d'évapora*
fioiL PUis le mouvement de la meute efl vif,
plus le déchet eA confidèrable ; car en échauf-
om h, farine , elle di{Hpe une partie du volatil
& de L*humide qu'elle renferme- On eftime le
dècjict par la mouture économique de cinq à fept
livres par fetier ; mais on regagne cette perte
avec ufure, par le furcroît de tarine qu'elle pro-
cure« On comprend dans les déchets dont on
parle ^ celui qm provient du blutage ; car le mou-
Temenc des bluteaux occaftonne auÂî une perte.
Qoand les meules font nouvellement rebattues ,
lotiqu'eUes font ardentes & fort rapprochées ou
xtrerrées, te déchet efl plus confidèrable. Il faut
encore obferver que le déchet eft plus fort fur les
l)Us bien fecs » que fur les blés nouveaux ; la
cioalité des blés influe auOt fur le déchet , &
il y dj à cet égards fouvent une di^erence de
é/^ux ou trois livres entre ceux d'une rècolfe &
cemc d'une autre*
DâvEiisoiR; c*eft une ouverture que Ton pra-
tique à un des côtés de la reiUere , & que Ton
» terme avec un empalement qui fe lève pour laif-
lêr échapper Tcau , lorfqu'on ne veut pas qu'elle
anive fur U roue du moulin. Dans beaucoup de
«nooUns, la petite vanne ou empalement qui fert
à Jenner le dcverfoir, fert auflî à arrêter la com-
VMiiiîcaiion de Teau à Tauge du moulin. Pour
cela on ne fait que la lever d'une place, pour
la pofer dans Tautre.
DoDlNAGE» c'eft l'appareil d*un fécond blu-
leifi qu'on place fous le premier , & qui fert à
Icparer les gruaux du gros fon.
DouBLXAUX ; efpèce de foUves fervant à for-
mer le plancher d*un moclin à vent.
Dji£5srR la meule; c'cft la charger du côté
mofé à celui qui baiffe.
Èmb RASSURES de Id grande roue ; c'eft Taffem-
Uage de deux raies de cette roue. Les raies de
la grande roue d*un moulin font toujours placées
par couples parallèlement l'une & l'autre , dans
de» monoifes pratiquées dans l'arbre. La diftance
de ces morroifes eli fixée par la largeur du pla*
feod de U roue* Chaque couple de raies allant
le leraiîfler fur les jantilles au point où defcend
le fivet t cootretienneni » foutiennent & embraf-
M E u
93
fent le plafond & les jantilles ; c'efi ce qui leur
a fait donner le nom dVmbrafTures.
£mbrassure de la fignolle ; on entend par ce
mot^ deux raies parallèles qui tiennent à une
même traverfe , fit qui embniïent conféqucm-
ment fon ceintre, formé par fes traverfes : il y a
donc autant d'ambraiTures qu'il y a de rraverfes»
£mbrassur£$ du fouet ; ce font les quatre
rayons placés dans des lumières pratiquées au
grand arbre, & qui abouti iïent à la circonfcrencr
du routt quMs coupent à angle droit. On les ap-
pelle embrajfures , par imitation du même terme
dont on fe fert pour exprimer les raies de U
grande roue; cependant, n'étant point doubles»
elles n'embraffent rien. On fait paff^rr les cmbraf-
fures derrière on en dehors de la bordure du
rouet, en l'entaillant & le réduifant à mi-bois
ou à peu près, jufqu'â ce qu'elles foient parve-
nue^ à l'extrémité de la circonférence du rouet,
où elles font encaftrées en queue d arondc ; on
les attache à la bordure avec des chevilles de bois
ou de fer.
Empalement; c'eft une petite vanne. On fait,
vis-à-vis d'un petit courant ou foible retenue d*eau
ou on veut arrêter ou fixer , avec une planche
fouvent très-petite, ce qu'on fait avec une vanne
vis-à-vis d'une maffe plus confidèrable ; & c'cft
cette planche ou petite vanne > qu'on appelle em-
palement*
Empoutrerie i ce font les deux poutres qui
foutiennent le plancher du beffroi; elles forment
chapeau fur les piliers; on y taille en deflbus des
mortoifes pour en recevoir les t^înons.
Engin ; c'eft une machine pl-cée dans le comble
d*un moulin, deftinée à monter le blé.
Engin â virer au vent ; c*eft un treuil dont on
fe fert pour faire tourner un moulin.
Engrainir ; c'eft verfer du grain dans la tré-
mie pour donner de Vouvragc au mouïio.
EntrepiEO d'aune meule ; c'eft la partie qui joint
la feuillure concentrîquement ëi qui fe termine au
coeur t les gruaux fe forment dans cetîe partie,
Fpée de irempure i c'eft une barre de fer pofée
verticalement en haut dans la branle , & par bas
dans la braie d'aval, à leurs extrémités vers ta
tampane : elle fert , par le mouvement qu'on lui
donne avec la corde de trempure, à foulever eu
abaiffer la meule fupérieure ou courante , & â lui
faire prendre mieux fon aplomb.
Épie de la ha feule du frein ; c'eft dans un
moulin à vent une pièce de bois de 1 5 pieds de
long fur % pouces de hauteur & 4 pouces d't-
paiiTeur , dont un des bouts entre dans une mor-
toife faite dans un des poteaux corniers.
ÉPREUVE de la farine ; on juge de la qualité
de la farine, à la couleur, â Todorat & au goût;
plus elle eft blanche ,* plus elle cft eftimée. Ce-
pendant les farines de gruaux , qui font moins
blanches, font de meilleur pain & qui a plus de
goût. Il faut que la farine a ait aucune odeur
94
M E U
qui indique «lu'ellc foit échauffée ou qu*el!c ait
ioufferi de l numiditi , ni qu'elle laiffe aucun
muvais goût en en mettant un peu dans la bouche,
ET A MINE à Uuuau ; ce font des étoffes claires,
de laine ^ de poil de chèvre ou de foie > fabriquées
exprés pour former les bluteaux.
Les étamiiics pour les bluceaux de la première
huche, ou bluteaux à blanc ou fleur de farine,
font de laine , & portent de largeur depuis un
quart, jufqu'à une demi-aune de Paris : on choi-
fir pour ces bluteaux , les plus ferrées , c'efl-à-
clire , celles qsi contiennent les plus de fils dans
une même portée & ordinairement 36 à 44I
Les èumines des bluteaux de dodinage font
beaucoup plus claires. Ces étamines fe tirent,
pour la plus grande partie « des fabriques de
khcims : on le fert peu d*étamines de poil de
chèvre; Tufage de celles de foie cil plus com-
mun ; on les emploie principalement pour les
fcluteaux ronds. Ces dernières étamines font beau-
coup plus larges , & fe fabriquent à Paris.
Étoile ; c'eft dans un moulin une petite roue
de 4 ou 5 pouces de diamètre dentée en rochet.
ÉVEtLLURE ; on appelle ainfi les petits trous ou
pores remarquables des meules , qui les rendent
plus mordantes»
ExiLLON ; c'eft une pièce de bois mobile à
volonté, qu*on arc-boute fur le palier du moulin
d'un bout, & de Tautre fur un pilier du beffroi
placé exprès pour le recevoir» vis-à-vis Fextré-
mité du palier; enfuite on chaffe à demande un
coin entre ce poteau 8c Texillon, & par ce moyen,
on fait porter un peu plus amont ou aval le gros
fer, autant qu'il efl befoin pour bien orienter les
meules & fixer leur aplomb. Souvent dans les
moulins mal aménages , ce pilier manque au
beffroi ; alors on met * pour y fuppléer , une
planche contre le mur de goutte, & on fait por-
ter un des bouts de Texillon deffus» & on chaffe
un coin entre la planche & le bout de Texillon ,
pour exécuter la manœuvre dont on vient de
parler.
Farine ; c'cft îa poudre nourrlffante qui forme
rintérieur des grains, & qu'on parvient à retirer,
cû la détachant & fé parant par le moulage & le
blutage de leurs écorces appelées fon.
Farine alongèc ; c'eft la meilleure; on appelle
ainfi U farine, dont la pâte s'alongc étant tirée
dans tous les fcns fans fe brifer.
Farine dt gruaux eu des premiers ^uaux ;
c'eft celle qu'on appelle dans la mouture écono-
mique fecûJtdt farine , & qui provient des pre-
miers gruaux repaffés fous la meule : elle eft
moins blanche que la tleur, parce qu'elle efl mê-
lée avec la farine du germe ou celle qui l'ap-
proche ; miis elle a plu^ de goût , elle prend
audl plu5 d'eau que la fleur ou première farine,
& en leçoit fufqu*â onze onces par livre poids
de maxc.
FARINE de m'mm ; c*eft le nom adopté dans
M E u
nos provinces méndîonales , pour exprimer h
plus belle farine : c eft la Heur de farine qui fc
tire de grains choifis ; elle doit être douce & bien
alongée. Les farines de minot de Nérac & de
Moiïfac font celles qui ont le plus de répu-
tation.
Farine piquée; on appelle ainfî celle ou Yen.
remarque des taches ; c'eft un défaut qui la dé-
prîfe. Si ces taches font noires , elles indiquent
qu'elle efl échauffée , qu elle eft mauvaife ou ail
moins quelle a fouffert. Si elles ne font que
grifcs ou jaunâtres ^ elles indiquent qu'elle a été
mal blutée , que les bluteaux ont latffé paffer dit
fon qu! s'y eft mêlé.
Farines nvûhes ^ ce font des farines plus dik
6ciles à traiter, par quelle qualité que ce foit*
V AKi'SB JtmpU ; on appelle ainfi la farine qui
cff moins âne que celle dite de minot.
Faux hoùiiUns ; ce font deux morceaux de botf
pofés en fens contraires ou de plat en plat qtu
ferrent à foutenir les boitillons & le bourrage
de chanvre fie de graiffe dont on garnît la fufée
du gros fer.
Faux-pont; c'eft dans un moulin la partie
qui eà au haut de la montée , & qui a ) pieds
& demi de large fur 8 pieds de long.
Fer (le gros) c*eft l'arbre de fer qui fupporte
la meule courante.
Feuillure d*une meule ; c*eft la partie de la
meule qtJi joint concentriquement la bordure.
Les gruaux étant pouffes de Tentrepied dan»
cette partie , par le mouvement de rotation &
la force centrifuge, s'y convertiffent en fleur de
farine*
FlacHE figntfie U vide qui fe trouve dsns Fi^
quarrijfage J*une p'ùce de charpente^ Un arbre
n'eft jamais d'une groffeur égale ,. ni parfaitement
droit; pour perdre moins fur la longueur & la
groff«ur des pièces qu'on en tire , on ne les
équarrit pas exaéïement : les vides qui empè*
client qu'elles ne faffent des parallélipîpèdes par-
faits , s'appellent flaches.
Flanihr^ {meule) ; c'eft la meule courante
qu'on rend concave proportionnellement à la con-
vexité de la meule gtfante, & dans la même
étendue.
Fléau de baguette de hluteau & ^ dod)nAp ;
lorfque dans un moulin» les huches de blutage,
au lieu d'être orientées dans le fens de Tarbre,
ont au contraire leurs tètes & leurs pieds amom
& avalant l'eau , il faut néceffalrement employer
deux morceaux de bois pour communiquer aux
bluteaux le mouvement qu'ils doivent recevoir
des babillards \ la tringle qui engrène dans ta
crotfèe, retient le nom de batte, celle qui joint
la baguette , & qui fait alors angle droit avec
elle , prend le nom de fléau. Pour que le fleaitl
puiffe imprimer à la baguette le mouvement
qu*il reçoit du jeu du babillard, on y doue foi»
tement , comme à un fléau à battre le blé ,
M E U
double de cuir, qui faifit rcxtrémîic de
^ k IkigtictTe vers la tète de la huche.
Fliur // farincy ou fieur ; ceft ta farine que
^ nodmt le premier moulage » qui e(l la plus
i nflcfae , & la plus une ; elle ne fait pas cepen-
éwt le pato qui a le plus de goût , parce que le
tpnas du graia s^ècrafe rarement au premier mou-
bgpv & que c>ft fa farine que rend le germe,
fBÎ doQne le plus de faveur au pain, quoiqu'elle
ne (oil pas ù blanche que la fieur qui fore du
€ùtf% d&a grain. Li bonne fleur de farine de
bûOÈcnt prend dix onces & demie d'eau par
lm«.
FuiXRiiaE^ cefl une iffue de la mouture du
gruïu » on poVir mieux dire le fon du gruau*
Fraton; c'eft un morceau de bois dur, taillé
^liarrictent , faifant chaptau fur le papillon du
gros fer< On fortifie les angles du frayon par
des targeues de fer ; il fert à donner le raouve-
laenf ncceffaire à Tauget , afin que le grain
vuïCk tomber dani rœinard ; pour cet effets on
ic i^lace de minière qu'en tournant ^ fes angles
frappent U main de Tauget J le frayon coiffe le
fros (er, 8c pofe fur ranille, il eft affu^etri de
«aotére quM ne vacille point , mais quVn puiiïe
i«A tcnlerer facilement quand on veut.
Frein i morceau de bois de 31 pieds de long,
6 pouces de large, & ^ depaitfeur, qui s'ajuile
avec le rouet du moulin à vent.
FaETOS ; ce font de fons cercles de fer, dont
an axme les deux emrèmitès du grand aibre,
pour les fortifier & empêcher qu'elles ne fe fen-
«fexif ; on en met ordinairement trois dans la par-
r tie de Tarbre en dehors de la roue , & deux
\ leulemem a Texu émûé donnant dans riniérieur
du moulin.
FrxttES Je la lanterne ; on donne ce nom à
tun fon cercle de fer, qui entoure la circonfé-
i mce de chaque tourteau , pour en foutenir laf*
> feiiéilage.
Fuseaux de U Unurne ; ce font des bâtons
fonds , de bois dur , ordinairement de pommier
00 de poirier, placés dans la circonférence de la
laïuerae , contre-tenus par les deux tourteaux,
où ils fonc afTemblcs ; les chevilles du rouet s'y
csigrènctit , & font par ce moyen tourner la
koremc^
Fusée du gros ftr; c'eft la partie du gros fer
^ traverie la meule gifante.
Gaï ; terme en ufage pour exprimer le mouvc-
muTéi du oiouîin ; on dît, par exemple: Ce mon-
fea va g»ù ; cela fignîfie qu'il va bien , ^ que fa
BeaJc fotirne vite. Obtenir un mouvemcfit plus
pk » cela veut dire , parvenir à faire tourner la
jDeole plus vite.
Garouennb^ nom qu'on a donné à une pièce
d« bois« au bout de laquelle efl une grande mor*
ttstlic qui fcrr de moune à un rouet de poulie,
fiif kqucl païïe la corde employée à monier les
iu9^ dans le moulin ^ ou j^ les defcendre.
M E u
95
GarOUEKNî du dedans ; c'eft celle qui fert à
monter ou dcfcendre les facs dans Tinférieur de
la cage du moulin, d'une chambre à une autre;
on la place de manière que la corde de fa poulie
à laquelle le croc pour faifir les facs eft attaché,
pafle dans le centre des trapes par lefquelles ils
iloivent être enlevés ou dcfcendre.
Garouenke du dehors ; c'eft celle qui fen pour
monter les facs du dehors de la c.ige du moulin
dans les greniers ou chambres ; on la place de
manière qu'elle ait une faillie fufhfantc en dehors
du bâtiment , en même temps qu'on lie folide-
mcnt fon extrémité oppofée à la charpente du faitfr
du bâtiment « au de^ïts des linteaux de la fe-
nêtre ou ouverture par laquelle on reçoit oa
defcend les facs,
GiT£ ou U Ghe ; façon abn'gce de défigner la
meule gifante, fort en ufage parmi les meuniers.^
Godets ow pots '^ ce font, dans les moulina
à eau , des cellules pratiquées entre les deux^
cours des jantilles, La proportion à Ickir donnci^
neft pas indiiféreate Pluûeurs mécaniciens pen-
fent qu'on doit en fixer ta profondeur aux deu^r
quinzièmes du diamètre de la roue , & que la
diftance de leur féparation doit être' d*un dixième
de ce diamètre. Leur plan efl excentrique , £c
coupe obliquement les jantes de la roue. On forme
ces godets au moyen d'une planche qiii s'emboîte
dans des rainures creufées dans répaitîeur des jan-
tilles ; les qualkcs eflentielîes des godets font,
qu'ils fe rempli iTent fans perte d*eau , 8c qu'ils
foient totalement vuides, lorfquils font parvenu»
au bas de la courtière.
Gousset ; on donne ce rom k de petites
pièces de charpente, cintnèes, ou faifant angle
droit, qui ont deux tenons à leurs extrémités,
reçus dans les morioifes de deux pièces de char-
pente différentes. On place les gouffets au-def-
fous de la jonâion des grandes pièces qui s'unif»-
fent par tenons 6c moriOifes , pdiir fortifier cette
jonélion,
Grenailleurs ; nom qu'on donne au3f mar-
chands qui font un cojnmerce de fon gras dont
ils tirent le gruau, qu*iïs font enfyite remoudre.
Grener ; terme dont fe fervent les meuniers
pour défigner que le bourrage de la mcyle gi-
fante ell mal fait , & qu'il paffe ou fe perd du
grain au travers de (on œtllard,
GKBSlLLO^f ; c*eA le nom qu'on donne à la
troifiéme farine, dans la mouture des pays irtcri-
dianaux de la France.
Gresillon/ti ; terme en ufage dans les pays
méridionaux du Royaume, pour expritri^r le mé*^
lange de la farine hmple, qui elt dans les mou-
tures de ces cantons la féconde, avec le gréfil-
Ion, qui efl la troifième.
Gros /cr; fort effieu de (çr, qui travcrfe îa
lanterne & les meules ; fa partie inférieure ,- qui'
cÛ bien acérée , fe termine en pivot t< pofe vit-
une cragaudinc enchâilée dans le palier; i paffo^
9^
M E U
dans le centre de la lanterne par ^eux orifices
garnis de fer , pratiquée au mitteu des tourteaux «
où il efl afîiijttti , fans avoir aucun jeu, afin qu*U
Toit forcé de tourner avec elle. Il traverfe en-
iuite la meule inférieure ou te gîte , par une ou-
verture ronde apptiée œilUrd > formée à fon
centre. On place une boite dans l'œlliard, qui
empêche avec {on bourrage ^ le gros fer de fe
deverfer & le blé de fe perdre. La meule fu»
pcrieure eft percée ainfi que la première, mais
ion aîliârd eit difpofé en deuous pour rece-
voir une rofette de fer acérée, terminée par des
branches à crampons , qu'on appelle nille ou
anille. On pofe Tanille fur le papillon du gros
fer , comme une roue de voiture dans fon eflieu :
& pour que Tanille & la meute qu'elle faifit^
tournent avec le fer dont elles reçoivent leur
mouvement » on chafle entre le papillon du gros
fer & Tanilte , des peiits coins de fer qu*oa
appelle pipes ; ils fervent à les aflujettir & fer-
rtr de façon qu'ils puiiTent bien tourner en-
femblc , (k mettre la meute de deffus , ou cou-
rante , en bon moulage , quand elle cit bien
emboitce dans lanille. L'extrémité fupérieure du
papillon , qui efl auflî celte du gros fer , fe ter-
mine en pointe arrondie , & n^excéde TanlUe que
d*un demi pouce.
Les parties principales du gros fer font , fon
fùvot, fon fût, qui efl qmrré 6c qui traverfe la
antcrne, fa fufée qui e(l ronde, &£ qui piffe au
travers de la meule gifante, & fon papillon qui
tA aplati & reçoit 1 anille*
Gruaux ; ce font les portions de grains con-
c ailés & brifcs par les meules , qui forte nt par
Tanche , fans avoir été réduits en farine. On les
repalTe au moulin : comme ils ont moins de*
I laideur que le grain « on a foin de rapprocher
es meules pour quHls foient bien broyés. Cette
opération n'exigeant pas autant de force que le
premier moulage du gratn » elle fe fiit plus vite.
Il ne faut pour repaiTer les gruaux , que les deux
tiers du temps qu'on emploieront pour moudre une
jnefure égale de grain.
Gruaux his ; ces gruaux font féparés par le
bluteau cylindrique. Comme on pratique trois
réparations dans fa huche « on les diflingue en
première, féconde & troifiéme qualités. On tes
appelle gruau bis , parce que la farine qu^ils pro-
duifent eft bife » ces gruaux contenant les parties
les plus dures du germe, & prefque toute la fé-
conde écorce du froment ; la farine qui en pro-
vient a bon goût , quoiqu'elle foit inférieure :
elle prend plus d'eau que toutes les autres.
Gruaux fins ; ce font les plus petits & les
plui blancs. Ils font féparés par l'opération du
flodînagc, & paflcnt par la partie la plus ferrée
du fécond bluteau ; ils tombent dans la fèparation
qui leur cil marquée vers la tcte de U huche,
ëc font tormés par la partie la plus ferme du
grain « qui enveloppe le germe*
M E u
GHUAUX gris , ou féconds Gruaux ; ce font les
plus gros> qui palTam à l'opération du dodînage,
par ta partie la plus claire du fécond bluteau,
tombent dans la fèparation qui leur eft affignée vetf
le pied de la huche. Us font compofés de la por*
tion ta plus proche de fécorce du grain & d^
quelques parties du germe.
GuEULETTE \ 00 appelle ainfi les orifices é^
la manche 6c de rextrémité inférieure du bluteati.
Habiller un moulin ; c'efl en garnir les aîkf
avec environ iio aunes de toile.
Hardzau ; corde attachée au bout du freui
d*un moulin à vent,
HÉRISSON ; c'ed une roue dentelée fur (à cir-
conférence , comme on en voit dans les tourne-
broches & les horloges. On fait tes hériffons de
différentes grandeurs , fuivant le fervice au quel ils
font deftinés ; leur plus grande différence avec
les rouets, eft que les chevilles de ces dernières
roues font placées dans répailTeur dts. jantes,
fur leur plat : les uns & les autres fervent égale*
ment à mukiplier le mouvement par Tcngrène-
ment de leurs chevilles & dents dans les fureaux
des lanternes.
Heurtoir ; cVft dans un moulin une pléee
de bois contre laquelle s*appuie le bout de Tarbrç
tournant coupé perpendiculairement Si garni d'une
plaoue de fer.
Huche ; on déft^ne par ce mot « une caîflb
ou coffre oblong, toutenu fur quatre piliers ou
pieds droits, dans lequel on place le bluieail*
La huche fe pofe près les meules & on la tjeor
fermée, pour que la farine ne fe perde pas; on
perce une ouverture dans fon deffus pour faire
fortir la manche du bluteau, de manière que le
produit total de la mouture puiffe tomber dedans;
te bluteau fe terminant à rextrémité de la huche,
on fait une ouverture dans la planche qui ferme
fon pied , pour v adapter la gueulette du bluteau «
6c que les ions &, gruaux puiffent tomber dans %
fac qu'on attache fous cette ouverture ; un di
côtés de la huche ne fe ferme que par un ri«
deau ou par des planches brifées qui fe meuvent
dans des coulJflTcs , afin de pouvoir, en levant le
rideau, ou tirant ces planches, ramaffer la farine
qui tombe dans la huche, en paffant au travers
de rétamine qui forme le bluteau. On oricoie
tes huches de deui manières , fuivant l'crpaca
qu^on a : fi ta cage du moulin cft grande , un
place la tète de la huche prés les archures » & on
oriente fes câtés amont & aval l'eau , cVfl l&
meilleure manière. Si lefpace manque , on oriente
la huche en fens contraire, la tète amont & le
pied aval.
Huche de dodinage \ elle fe place foos
du premier bluteau , en fens contraire , c'cfl-à«
dire, que fa tête doit répondre au pied dr
huche fupérieure ; on fait excéder la tête dr
huche du dodinage de quelques pouces le |
de la huche du premier bluteau * abn que les k
M E U
«aux f^e rejetcc le bluteau t!c h première
il tomber iians Torifice de U munthc
£ dodinage. On fait, dans lous les
, dans la huche du dodinivge, une
%iT ,1 milieu, defTous le biuîcau , ronr
qoc i« gr«aux fins tamifës dans la partie itipé-
Iticvre de ce blutcau , rcftant fôpatés des pUis
|n», ttavcrfent fa partie luférieuri, qui cil ta i te
iTêc tifie étjimîne plus claire.
ÎAjfTiLLt ; on appelle Jantîlles , les plinc:he$
^ Âmnetir les côiis de la circonférence d*une
fOiie à pot.
Jfv; on appelle ainfi dans un moulin à vent,
uûc pièce de bois qui cfi etnmortoifée djii:s les
hiutes pannes des ait es.
/oc ou i /û^ ; terme dont on fe fert , pour
«priflîeT que le moulin ne va pas : OTeitrc le
mouhn à joc, c*eft rarrèrer,
Issujrs i OD donne ce nom à ce qui refle des
«Otitiires après la farine.
LArrtRXE; pignon à jour fait en forme de
UDieme* Elle cA compofée de deujt plafonds
cgaa^c, appelés tourttaux ^ percés de trous à des
dtibncei égales dans leurs ctr confér ences , pour
recevoir ks fufcaux , placés verticalement , &
r fixent la diilance entre le plafond d*en-bas
cdui d*en-haut, qui couvrent horizontalement
€«s fnfcAux : au centre de chaque tourteau « efl
oce o^verrorc garnie de fer; elle fert à y faire
païïer le groi 1er qui traverfc les meules , &
€oiiimumque â celle de deflîjs le mouvement
qoe U laiïterne reçoit du rouet,
^m LAKT£K^£ de hluierh ; c'cft une lanterne qui
^■engrené diins un bénlTon adapté exprès fur le
^■Mod arbre pour en faifir les fufeaux & ta faire
^^^P^ier ; par ce moyen , avec des chaines ou
cordages , fit des poulies de renvoi qui corref-
Enécnx à cette lanterne , on fait mouvoir des
îierics rondes & autres , qu'on place dans les
dtajnbres des grands raoulitis ; quelquefois on fait
iBotnair auili la bluterie du dodinage par une
laDternc qui engrène dans un hériiTon.
Ij^yTEAKE À monter h kUd ; on l'établit de ma-
; .. -u elle puiffe engrener horizontalement dans
î i fon axe eS prolongé comme Tarbre
îrcoil : on y attache une corde qui répond
les poulies de renvoi à la cliambrc ou gre*
ol Te le blé ou la farine.
00 prs: . . ^iïîs les planchers pour
^ooncr pilUge aux facs enlevés par cette méca-
nique; & lorfqu^on veut lui donner du mouve-
ment , 00 fait engrener tes fufeaux de la tan-
terne rîan^. |es chevilles du rouet; alors la corde
^ fac qti*on veut enlever, fe roulant
de U lanterne , en un inûant le fac
cft uns le lieu oîi il doit être placé : on
1 iDin o arracher au fac une petite corde , qu^un
bMrme tient dans la faite d'où part le fac : elle
W Tpier fon mouvement de manière
fi- vhc point aux bords des trappe^,
Ni E u
& qifil y paffe fans difficulté i un autre homme
le reçoit au lieu ciu il cfl apporté , & le range
pendant qu'il cfl encore foutcciu en l'air au lieu
ou il doit reftcr , au moyen de ce quon lâche
la corde qui le fouticnt , fuivant fa demande.
Quand le fjc eft arrivé à la hauteur dcfirée » ta
lanterne cft repoufl^e du rouet , par unti mècha-
nique fimpîe , & elle reprend fa place de repos«
Lorfqu'on peut faire cet établiiTcment dans un
moulin, on y fupprime le travail pour monter les
facs faits à l'ordinaire, qui demande beaucoup
plus de temps & de mains d hommes.
Lanterne de tarare \ c'eft une lanterne mue'
par le rouet ou par un héri^bn , qui par fon jeu
commande fon mouvement au tarare.
Lattes ; morceaux de bois de traverfe dans le*
ailes d'un moulin , pour recevoir les toiles contre \
lefquelles frappe le vent.
Litron ; le litron , mefure de Paris , efl la fei^
ziéme partie du boi^Teau.
Lourd deî meules ; on entend par lourds, le*1
parties les plus dcnfes d'une meule , qui coofé* 1
quemment ayant plus de pefanteur , rompent 1
TéquiUbre du tout. Pour remédier à ce défaut ,
qui nuit eiTenticUemcnt au moulage, parce qu'il I
empêche de mettre facilement d^aplomb la meuloJ
courante, on coule du plomb fur les parties Ic^J
plus légères de la meule , atin de rétablir Tè^j
quilibre, -J
Lumière j c'eA une ouverture taitc dans une]
pièce de charpente qui U perce de part en partîj
ce qui la dillingue de ta mortolfe qui n'a qu'une]
protondeur pénétrant feulement une partie de 1^
pièce. '
LuON ; c*eft dans un moulin à vent une piéc^
de bois de trois de long fur 4a 6 pouces de grossi
laquelle eft emmortoifee par un bout dans uni
autre pièce de bols près du rouet*
Machiner c'eA le nom qu'on donne à u^l
petit héri{ron de fer d'environ % pieds de dia^^J
mètre, & dont les dents engrènent dans cellet 1
du rouet , pour enlever le blé dans le comble disl
mouUn.
Main de Fauget ; c'eft le côté de Tauget ava.-^
lant'feau « qui cil prolongé pour que le frayoal
en tournant puifle le frapper.
Manc^ de bluteau; oa adapte aux bluteauÉ
placés dans tes huches , une petite manche dani
fa panic fupérieure * à peu ite di ftance du pa^
ionnier , qui fert à rece%"oir les grains moulti
à la fortie de l'anche des meutes.
Marteaux ordinaires ; on en tient toujour
3 ou 4 de grolTeurs différentes dans un nijuling^
pour le fervice qu'exige perpétuelkmjnt les di^
verfes manoeuvres & ouvrages à y faire.
Marteau à retattre j c'eu celui qui fert à _
quer 8t rayonner les meules ; fa tère efl mincij
5c fon plat afHié. On en a toujours deux o4
trois dans ttn moulin j un peu diSérens en pro-
partions*
f 8 M E U
Masse; c'cft un des outils néceffalres à un
sieuntcr : elle (en i cbaiTer les coins de braies »
ceux qu*on infcre entre les meules , lorfqu'on
veut lever ta meule courante , & à plufieurs
imres gros ouvrages,
MÉCANISME du moulin éï tan ; pour le conce-
voir il faut faire plufteurs obfervations»
i*. Cette mackinc hydraulique reçoit fon mou-
vemcnt de leau qui arrive fur h roue , remplit
ies godets âc la fait tourner.
i". L'arbre qui fert d*elTieu à cette roue, eft
auAi Taie du rouet. Le rouet fait donc autant de
tours que la roue.
)*. Le rouet étant garni de dents ou chevilles
qui engrènent dans les fufcaux de la lanierne,
cette lanterne fait beaucoup plus de cours que le
rouet V parce qu'elle a peu de fufeaux « tandis
3ue le rouet a un grand nombre de chevilles.
Linft , quoique le nombre des cJievilles du rouet
%L cetui des fufeaux de la lanterne ne foirât pas
réglés dans tous les moulins dans une proportion
femblable, pour prendre un exemple fur des rap-
ports des plus oréin aires , fi le rouet a 56 che-
villes & la lanterne 8 fufcaux , la lanterne fera
7 tours contre le rouet un.
4'. Le gros fer formant Taxe de Is» lanterne, &
étant placé de manière quil pivote fur le pa-
lier , il s*enfuit qu'il fait autant de tours que la
lanterne.
5°, Le gros fer étant coiffé de lanlllc » & Ta-
DÎlle faifiliaiit la meule courante « il eft clair que
cette mcuie fait autant de tours que le gros f^r.
De ces obfervacions il rérultc, que d'un coté
la meule courante^ le gros fer & la lanterne mis
en mouvement font un nombre de tours égaux ,
& que dun autre, le rouet du moulin fait autant
de tours que la roue. Si Ton prend donc un
temps donné, par exemple une minute, & que
dans cet efpace la roue du moulin fa^e 8 tours,
fi le rouet a 56 chevilles, la lanterne 8 fufcauf ,
comme on Ta fuppofé ci-dciTus , là meule cou-
rante fera 7 fois 8 tours ou 56 tours dans une
«linute, ce qui eA un bon mouvement. Si la roue
fait 9 tours dans une minute, alors la meule cou-
rame tournera plus giiement , & fera 7 tours de
plus dans une minute, ou au total 6^ : enfin,
it la roue ^it 10 tours par minme ^ la meule
couMnte en fera 70 j ce qui efl un mouvement
rrèï-gaî , & qu'on ne doit p.is paffer , car alors
ie mouvement dcsiendrou trop vif 3i la farine
s'éch lufferoit en fe formant. Les meilleurs meu-
niers penfent que lorfqu'on a obtenu pour la
meule courante 60 tours par minute , on ne doit
pas chercher à parvenir au-delà : maisauni, Ç\ on
tombe aiT'deffous , le moulage en fe ralentiilant
devient pauvre « tes fons relient gras , & le grain
s'aplatit plutôt qu'il ne fe pulvérife : enfin, au-
de^otis de fo tours, un mouitn n'cA propre qu'à
la mouture cniumtine.
i^prés avoir expliqué la manière dont U meule
M E u
courante , qui tourne perpétuellement (iir la meul
giffante , reçoit fon mouvement , & à quel poîaf
U convient de le fixer, il faut donner une idé^
de ce qui a rapport au débit des meules « c'cA-à*
dire , à la quantité de grain qu'un mouUn peut
moudre dans un temps quelconaue, comme par
exemple 14 heures. Cela dépencant de pluGcurs
caufes, il eft néceflatre de voir travailler un m^u
lin pour l'apprécier. Il y a des moulins qui mou«-
lent un fetier en un jour « & d'autres qui en
moulent jufqu à 40. En général le bon débit
d'un moulin , dépend de la quantité d^eau qui y
arrive , de la hauteur de la chute , de la per-
feftion de fon mècanifme & de la manière dont
il eft conduit. Un mécanicien bon géomètre voit
& calcule tous les réfultats ciu il peut attendre de
ce que lui préfente le local d'un emplacement
où on le charge de conAruire un moulin : &
d'après les avantages & les défavaniages qu'il t
reconnus, il proportionne toutes les parties & les
pièces qui entrent dans cette conllruâion, U iia
s'agit point ici d'entrer dans aucun calcul mathé*
manque , mais de donner ft:ulement des idées des
points fur lefquels on peut fe régler.
Lorfque l'eau abonde dans un moulin ,& qtiVUe
a une iorte chute , on y fixe d'abord le mouve*
ment 9u degré de viteue qu'exige un bon moi»*
lage. Comme on y peut faire agir une force capable
de furmonter les ràfiAances , on y emploie di
meules plus épaiffes & plus fortes, qui poir
recevoir plus de grain, peuvent auâî le mo
fans perdre rien de Tadivité de leur mouve*
ment. Linclinaifon plus ou moins grande qu'on
peut donner à Tauget en le fufpendant, & Je
mouvement plus ou moins vif qu'il peut recevoir
du frayon , fervent à régler ce qu'il faut verier
de^rain fur les meules.
Si l'eau eft trop forte dans un mouHti t k
Mécanicien qui le conftruit remédie à ce d^
faut , en multipliant les fufeaux de la lanten]< ,
& les porunt au nombre de to , la & même
plus , ou en donnant moins de diamètre «u
rouet , ou en efpaçant tes pas de fes cbcvilt^
un peu plus largement.
Si l'eau n'eft pas abondante dans un nioulta .
le mécanicien conftruâeur cherche à regagner
de la vitefte en donnant à fa roue le plus grand
diamètre qu'il lui eft poffible.en tenant coiïd-
quemment fon rouet plus grand» en ferratit da-
vantage les pat de fes chevilles, en dimimiaiic
les fufeaux de la lanterne, & les rédulfant à 7
ou à 6; en employant dts meules plus mînccf
& d'un poids moindre. Miis fi tous ces foitu
produifent des avantages, ils ne compenfcot ja-
mais celui de l'abondance de Teau. Ainfi li
meilleure opération quand l'eau eft coune, efl de
la retenir sll eft poftible pendant un temps,
pour en avoir une quantité fuffifante , aân qiM
lorfqu'on la donne , le moulin travaille bien :
il y a alors un gain fciïiiblc , foti pour b qualité
(
\
fcb fânne , foir pour la quintîté qu'on en p«ue
wrç* l! Tarn beaucoup mieux ne faire travailler
■0 Dioulin que 12 , 15 ou t$ heures par Jour, &
fini mjf che bien » que de le (aire travailler per-
péfacJeitieni» éc quHl marche mat
L*h4hUef6 du meunier oti du garde-moulin,
cwmibue beaucoup au plus grand débit 8t au
fcw moulage du grain , foit par fes foins à ce
|iic les meules foicm bien d*aplomb« rapprochées
miTcaahleinent Tune de l'autre , bien piquées
8t em^jonxiées » que tous les virans 8c travail-
M$ joocm aifement, & marchent comme ils le
wirem^ foit en remédiant à propos aux plus
pttilft încoiTvéntens , & à tout ce qui peut Uirc
fi3ÎfTcdes réfîflances; enfin» il donne perpétuelle-
wcai atix meules une quantité de grain propor-
tioeaeUc à leur mouvement Sl 4 leur force.
MfviES ; les œ^ules font des tronçons cylin-
M 1?^ *^ piûire dure , grifc » rougeânre ou
wQcHe, de d à tS pouces d'épai/Teur, & de
fipicdt i 6 pieds 6 pouces de diamètre ; leur
oSœ cÛ de brifer le grain fit de détacher la fa-
ffac de fes fons & enveloppes. Les meules de
pcrre grifcs & rougeâires font les meilleures ,
91SS elles font communément plus ardentes que
C^tt de pierre blanche; ces dernières font plus
*wces & font en général de la farine plus
«anche, rmh elles débitent moins.
Chaque moulin a deux meules égales en dia-
•^n^ » pofées bien de niveau , & placées de ma-
Sue leur aie mathématique toit eiadement
I même ligne verticale, ^inférieure fe
Bùmts^e b gijf4nu ou le pte , parce qu'elle eft
«Bobile ; la fupérieure , oui pivote for le papil-
loii du gros fer au moyen de fanille , fe nomme la
€9mrsnit , & reçoit Ion mouvement du jeu de
la Unrerne & du rouet j la première a fa furface
lupéficurc relevée en cône droit de quatre lignes
a» cœur; on la nomme pour cela boudinière :
■«ourante au contraire efl concave, & même elle
•oit avoir un peu plus de creux que la boudinière
n^a de CliUie, pour permettre le paflâge au grain:
^Qaque meule a quatre parties diflînéics» le
wnJ , la feuillure , l'cntre-pied ut le cœur. Le
•Ofd eft U dreonférence cxtérietu-e de la meule.
La fimniare efl à 6 pouces en de- là, en allant vers
i« centre^ L'entre-pied vient enfuite ; & enfin le
«car qnî eft la partie voifine de rœillard. La
neale commence à écrafer le grain vers le cœur;
le gruau fe forme à Tentre-pied ; la farine s'af-
fc«re 8c fe fait à la feuillure & jufqu au bord.
Le produit total de la mouture eft emporté cn-
fitetc par b force centrifuge dans Torifice prati-
«pé aux archures au droit de la anche , & fc dé-
gorge par cette ouverture.
Les meules s'orientent comme le papillon du
pof fer ; elle* ont leurs bouts & leur^ plats
comme lui. Quand on les met en moulage , on
tA(€Tt^ de placer les plats du papillon parallèle*
raent à la roue, & les bouts parallèlement à fan
arbre, en bordant bi«n de niveau, ccft-à-dire,
en mettant bien de niveau les bords de la meule
courante.
Ce piquage & rayonnement des meules fe fait
en menant du cœur vqts les bords des rayons :
ces rayons doivent avoir 15 lignes de largeur à
Textrémité de la feuillure, & être fèparés dans
cette partie de deux pouces à deux pouces &
demi entre eux. Ils doivent avoir aurtl une faillie
de répai^eur d*une feuille de papier. Quand on
moud des menus grains plats , il faut faire les
rayons de 9 à 10 lignes, & les efpacer de t8 à
ao lignes, cVft-â dire^ les rapprocher ^ les rauU
tiplier dav;inrage.
Les meules d'une feule pièce étant rares , on
trouve dans beaucoup de moulins des meules
compofées de pluûeurs carreaux joints enfemble ;
mais ces fortes de meules ne font jamais d*auflf
bonne farine que celles qui ne font que d*une
feule pièce* La pierre dont on forme les meules
étant une efpèce de meulière , elle eA fujetce à
avoir des petits trous ou pores ; on les appelle
éveillures : quand elles font trop fortes , on les
remplit avec un maftic compoft de farine de
feigle & de chaux.
La meule courante s*ufe plus vite que la gîf-
fante ; une bonne meule courante dure dans un
moulin , travaillant bien , 25 ans, & la gifTante 50.
£n donnant ci-de(lus les proportions ordinaires
des meules, on na entendu parler que de celles
des moulins des provinces feptentrionales : elles
font en général plus petites dans les provinces
méridionales ; on ne leur y donne guère que
4 pieds à 4 pieds Ôt demi de diamètre, mais on
leur donne plus d epaiflfeur.
MiULEs ardcnus ; ce font celles qui font fort
coupantes , & plutôt encore par les inégalités
naturelles de la pierre t ^ue par U manière dont
elles font rebattues.
Meule houdimcrt \ nom qu'on donne à la meule
giiTante , parce que fa furface de deflîis efi un
peu convexe.
Meule courante \ c'eft le nom cpi^on donne à
la meule de deiTus , qui ed la feule qui tourne.
Meule fldntcrt ; nom qu'on donne à la meule
courante , parce que fa furface inférieure , qui
joue & tourne fur la meule giflante , eft laa peu
concave.
Meule gîjfdnte ou giu ; c'eft le nom qu'on
donne à celle de deffous ; elle repofe de^us um
châ0is placé fur le plancher du beA:oî ; on l'ap-
pelle §îjfdni€ , parce qu'elle eft fixée à demeure »
8l ne tourne point.
Meteil; c'eft un mélange de froment & de
feigle. On fème beaucoup de métell dans les fer-
mes , & les petits habitans en fèment quantité
dans leur champs » quorqu'en général le feigle
mùriffe un peu plus tôt que le froment , & qu*oa
Ibit alors forcé de les récolter enfemble; le mi«
Nii
100 M E U
teil eft pour Tordinaire réfervé pour la nourriture
du cultivateur.
Mesurage; fi on a établi des règles pour
fixer les mefures , il n*y en a point de certaines
pour le mefurage. La manière de le faire, ojïèrc
une grande didérence dans le poids , fur-tout
Eour ÏQS grains & farines. Un marchand & un
ourgeois , étant dans le cas d'acheter des objets
confidérables , pour éviter d*étre trompés , doivent
faire tous leurs marchés au poids ; par-là ils fe
(garantiront des tricheries & tours d*adrefles, fur
efquels les revendeurs & regratiers fondent leurs
plus grands profits. Mais il eft bon qu'ils fafl'ent
mcfurer auiïï, parce que dans l'opération du me-
furage , on eft plus à portée de bien examiner la
qualité de ce qu'on achète.
Meunier ; c'efi l'homme qui conduit un mou-
lin, ou comme propriétaire ou comme fermier.
Dans les grandes villes & leurs environs , on les
paie communément en argent. L'abondance des
moutures fait qu'en général le prix y eft moins
cher que dans les cantons peu peuplés. A Paris
& aux environs , on paie depuis 1 5 fols jufqu'à
20 f. pour la mouture fimple d'un fetier, & 30 fols
pour la mouture économique. Dans les provinces
& dans les pleines campagnes , on paie en grain ,
& le meunier prend depuis la douzième jufqu'à
la ving»-quatrieme panie du grain pour ion fa-
laire , avant de vider le fac tic d'engrener , fui-
vant la variété des ufaee^ des lieux.
Mine ; mefure de Paris , c*eft la moitié d'un
fetier , pour la farine comme pour le grain.
MiNOT ; efpéce de farine.
Minot; mefure de Paris > il eft de trois boif-
feaux pour le froment , le feigle , l'orge » la fa-
rine & pour tous les grains en eénéral , excepté
l'avoine , dont le minot eft de 6 ooifteaux.
Minute ; c'eft un petit hériftbn. On place fou-
vent à la tète de la huche en dehors un rouleau
de bois , fiir lequel on arrête les attaches du blu-
teau , & on fait fervir un des bouts de ce rou-
leau d*axe à une minute : alors ce petit hériftbn
s'emploie, en le montant ou lâchant de quelques
crans , à tendre & roidir le bluteau au point con-
venable pour qu'il blute bien. On fe fert encore
de minutes pour beaucoup d'autres opérations
dans un moulin » lorfqu'elles n'exigent pas une
grande force.
Moudre gras ; lorfque les meules font fati-
guées, & que le rayonnement eft ufé* elles apla-
tirent le grain au lieu de le réduire en pouf-
fière ou fleur de farine ; c'eft ce qui annonce
qu'elles ont befoin d'être rebattues , & ce qu'on
apnelle moudre gras.
Moudre rond; c'eft un moyen moulage. Lorf-
que la meule courante ne tourne ni trop vite , ni
trop lentement, qu'il n'eft pas nécefl^ire de trop
rapprocher les meules ni de les trop élever lune
de l'autre pour qu'elles aillent aifément« on dit
que le moulin moud rondement.
M E u
Moulage; ce mot a trois fens principaux.
1°. On s'en fert pour défigner l'aftion des meules;
2**. ce que cette aâion produit; c'eft-à-dire, qu'on
défigne fouvent par ce mot le grain broyé , dans
l'état oïl il fe trouve lorfqu'il fort de deftous la
meule; 3**. l'enfemble des parties du moulin , qui
agiffent & fervent à produire le moulage.
Moulage pour pain de munition ; il doit être
fait , les meules fort rapprochées ou atterrées , à
caufe qu'on ne retranche point le fon dans le
pain de munition , & qu'on cherche à le pulvc-
rifer autant qu'il eft poilible ; au lieu que dans
les autres moutures , on tend à Tenlever légère-
ment de deflus le grain > fans qu'il retienne de
fubftance farineufe.
Par une Ordonnance du aa mars 1776, la ra-
tion du foldat, toujours fixée à 14 onces de pain»
devoit être compof^^e de moitié ri ornent & moitié
feigle , dont la farine feroit blutée à raifon de
Textraftion de 20 livres de fon fur 200 livres de
grain : mais depuis le premier 'janvier 1779» le
miniftère a fait fufpendre l'exécution de cette or-
donnance , & on a fourni aux troupes le pain de
munition fur le pied de trois quarts de fromenc
& un quart de feigle , fans aucune extraâioo
de fon.
Les gens les plus inflruits , qui ont le mteuit
étudié cette matière , & qu'aucun intérêt pant^
culier ne domine , penfent que la vraie nroportién
feroit de ne mettre que deux tiers cle fromenc
contre un tiers de leigle, félon Tancien ufag^
avant 1776, & d'extraire du grain un dixième
de gros fon ; cela formeroit un pain très-faîa
pour les troupes , & ne feroit pas une différence
fenfible dans ta dépenfe. Le fon ne nourrit point;
ainfi il eft jufte de le fouftraire. Si on met trop de
feigle dans le pain , comme moitié , il fermente
promptement , & l'acide de ce grain le fait moi—
fir, en été fur-tout. Une fone proportion de fro-
ment , jointe à Textraâlon du gros fon , renchè-
riroit trop la ration. La mixtion de deux tiers
froment èc d'un tiers feigle, avec l'cxtraSion d'un
dixième de fon , lève toutes ces difficultés ,
& procure un pain falubre à-peu-près au même
prix , la différence d*une ration à l'autre n'èianc
pas d'un vingtième.
Quant à la fabrication du pain de munidon^
fur un fac de farine pefant 200 livres , on mec
115 liv. d'eau, & on fait 90 pams de munition «
formant chacun deux rations , & pefant tr<ns li-
vres , ou enfemble 270 livres.
MouuN ; c'eft une forte machine qui, opé-
rant un grand travail , épargne la main d^eeuvre
dans beaucoup d*arts ; il y en a de bien des
efpèces différentes ; mais relativement à U pré-
paration des grains , ils fe réduifent à quatre
fortes • les moulins à eau dont Tufege eft
très -ancien en France; les moulins à vent»
dont l'ufage n'eft connu en Europe que d^
pois les croUadeSy & qui ont été inventés eA
M E U
A£e ; les moulins à chevaux ou bœufs f qui Tant
Ici motns en ufage , fur-tout en Europe v 6t les
moulins à brai auxciucls on n'a g;uére recours
cj^ue dans les cis de ncceiTué , parce qu'un homme
iriTailIanc bien ne peuc pas moudre plus de 15 li-
vres de arment en une heure de temps.
Les motiltm à eau reçoivent leur mouvement
f un courant d'eau , qui paiTe deHbus la roue» ou
atwc dcffus , ce qui les divife en deux efpéceç,
Lorfque la rooe plonge dans un courant qui
piâe au-deffous du moulin ^ on la fait marcher
au moven d'aubes qui y font adaptés i c eft et
cjtti a nit appeler cette ibrte de moulin, moulins
M dah ou mouims tn-deffous. Si Tcau arrive au-
dcâbs de la roue du moulin , on la reçoit dans
ies celtules^ ou godets formans des efpéces de
rs pratiqués dans h circonférence de la roue,
qui fc rcmpUifant , la font tourner. On ap-
pelle ce^ moulins par cette raifon ^ mouims à pots
m . ■ ■^. •-.
s b^n^ux ; ce font ceux qui appar-
deii(>cnt a un Seigneur par droit de Ton fief, &
^ fous fes vaiTaux font obligés de faire moudre
leurs grains , fous utie redevance fixée par k^
tiircs.
MouUNS d€S environs de Paris. A 10 lieues à
b ronjc de Paris , fur une furf^ce contenant en-
viron 500 lieues quarrées , on compte 500 à 550
moulins à eau ^ dont on ellime la mouture à
dou^e cent mille ft tiers. Il y a au moins au-
tant de moulins à vent, dont la mouture n*efl
diimée qu'au tiers ; ainfi cette quantité de mou-
Ubi ne peut pas fournir aux befoins du pays, &
* ceux des Tilles de Paris , de Verfailles & des
|ue$ villes de cet arrondiflement ; aufli ap-
WiC't-on à Paris des farines de plus loin. Cette
ol>fervanon devroit exciter beaucoup de meu-
i^«TS Se de propriétaires de moulins* qui fe bor-
flenr à la mouture ruftique , à entreprendre Ja
mouxure économique dans leurs meilleurs mou-
lins , iBn de faire de belles farines pour la capi-
uïè & les villes qui TavoiAnent, ce qui leur le-
loit d'un plus grand profit.
Mouiltr â pots ; c*eft un moulin dont la grande
roue reçoit Teau par en-haut : c*eft ce qui le fait
ajppeler auffi moulin en-dejfus* On n'établit ces
iarics de moulins que dans les lieux où Teau
câ peu abondante , mais oîi Ton difpofe d'une
pande chute. La force de la chute de Teau con-
w^c beaucoup a la vitefle du mouvement de la
tooc On a obfcrvè dans un moulin dont la
diiiic ètoit de 16 pieds , qu'il ne dépenfoit que
fe bcfs de Teau d'un moulin de 8 pieds de
ckote , pour moudre une quantité égale de
V ; ^; Içs meuniers attentifs ont foin d*en
«^ urs dans leur moulin de préparée &
%^ t^^e, pour boucher tous les petits trous
& . rcs par kfquds Teau fervant à leur
M E u loi
traviU peut fe perdre, ioxt dans la retUere, fuit
dans Tauge ^ foit dans les godets de la roue,
tenant toutes les jonctions de pierres ou de plan-
ches bien calfeutrées comme ks coutures du bor*
dage d*un bateau*
Mouture à U grojfc ; c'cft celle qui fe pra-
tique dans les moulins où il n'y a point de blu-
tcau. Le grain rnoulu s'emporte daus les mailon:*
des boulangers ou des boûre^oîs l comme il fort
de deffous la meule, & c'en chez eux que fc fait
le blutage. Cette forte de mouture crt fort en
ufage dans nos provinces mcridionali's & dans
plufieurs autres cantons. Aux environs de Go-
neflei il y a beaucoup de moulins où on moud
à la grofle pour les boulangers de ce lieu.
Mouture mcrïdtonjîc ; c*eft celle où Ton moud
le blé premièrement» & où on le blute enfuite a
part.
Mouture feptentrtonAU ; c'eft celle oi» on fc
fert de meules beaucoup plus grandes que dans
la mouture méridionale.
Mouture pour h bourgeois ; c*eft lorfque le
blutoir n*eft pas fi fin que celui pour la mouturo
du riche, ni fi gros que celui de la mouture du
pauvre, en forte qii^tlpafle du fon avec la farine.
Mouture pour U riche ; c'eft lorf]ue le blu-
teau eft affez fin pour ne laiffer pafler que la
fine tleur de la farine.
Mouture pour U pauvre ; c'eft lorfque le blu*
teau eft affez gros pour laiffer paflTer le gruau fit
h ^rolTe farine avec partie du fon,
MovTV Vit économique ^ cette mouture eft h
plus profitable de toutes. On parvient, au moyen
des diffère n$ blutages qu'on y emploie , à fépa-
rer parfaitement les fons des gruaux ; & en rC"
paffant à la meule tous les gruaux que rendent
ces divers blutages , on tire beaucoup davan-
tage de farine ; on la tient divifce fuivant fes
qualités.
Un fetîer de fi-orocnt pefaat 240 livres poids
de marc, moulu économiquement, doit rendre
i8ç livres de farine & ^o livres de fon; fa-
voir, 8 boifTcaux ou 100 livres de fleur ou
première farine , 4 boilTeaux ou 48 livres de
farina de premier g'Uau ou gruau blanc i deux
boiffeaux ou 2^ livres de farine de fécond
gruau ou gruau gris, & un boifTeau ou la li-
vres de farine de gruau bis; 6 boiiTeaut de gros
fon , pefant 24 livres ; un boiffeau de remou-
l.ige ou fécond fon , pefanr 7 livres ; 2 boiffeaux
de recoupes & rccoupettes, pefant 19 livres. Si
on additionne toutes ces pefées , on trouvera un
déchet de 5 livres occafionné par le travail du
moulage, du remoulage ^ def bluteaux.
Il n'y a guère plus d*un fiéc!e que la mou-
ture économique eft devenue en ufage ; elle a
trouvé ^ m;ilgré fon utilité , de roppofition dans
fon établiiVemcnt , comme il arrive d ord maire
pour toutes les idées nouvelles. Il faut un temps
pour furmonier Terreur & détruire ks préjugés*
to2 M E U
On appelloit par dèrifion, fdnrn dt Champapit^
les farioes provenant des gruaux» 8c il éroit dé*
fendu aux bouUngers de ks employer. La mou-
turc économique a enfin pris le detrus fur toutes
les autres ; elle s'eA fort multipliée & perfedion*
n^e depuis quelques années.
Mouture mflïque ou de payfan ; elle ne dif-
fère de la mouture en groiTc , que parce que le
moulin fdit travailler un blutcau commun , où le
grain moulu eft tamifè en fortant des meules.
Cette mouture eft fi imparfaite, que d'un fctier
pefant 240 livres , elle ne rend que depuis 80
jufqu'à 110 liv. de farine; tom le rcflc palîc en
fan ou recoupes.
MuiD de grain; \\ eft compofé de ii fctiers.
Le miiid de froment doit pefer au moins aSoo Uv.
(SiLLARD ; c'eft l'ouverture qui eft au centre
des meules ; celui de la meule giflante eft rempli
par la boite Se les boitillons; mais celui de ia
meule courante refte ouvert des deux côtés de
l'anille , pour que le grain fort;»ni de Taugct,
tombe dedans» & puiilc arriver entre les deux
meules*
Orge ; L'orge eft plus légère que le firoraent :
le fetler» mefure de Paris, ne pcfe que ziî à
%\% livres; elle rend beaucoup de fon. Pir la
mouture ruftique, on n'en tire que 70 à 75 livres
de farine du fetier, fie par la mouture ècono*
otioue 110 à i]0 tivtes.
Orgueil ou tremaUllae; outil fcrvant d'appui
t la pince pour lever la meule,
Pajotage; on entend par ce mot, la fubver-
fion des jantilles de la grande roue dans Tcau ,
au fond de la courfière , foit par le défaut de
pente fuflifante à cette courfiére ou au canal qui
reçoit (t% eaux» ce qui occaftonnc un refoule-
ment. Le pajotage eft fort nuifible au mouvement
d'un moulin » parce qu'il oppofe une force qui
agit en fens contraire à celle de Icau qui fort
de l'auge & qui remplit les godets* La roue eft
donc obligée de vaincre cette réfiftance , ce qui
retarde d'autant fon fflouvcment.
Palier ; c'eft, dans un moulin, une pièce de
bois, d'un demi-pied de largeur & cinq pouces
d'épaiileur» fur neuf pieds de longueur, entre fes
deux appuis, & dont tes deux bouts ^ tailles en dos
de carpe , portent fur deux pièces de bois qu'on
nomme braies. Le palier fe plie fit devient élas-
tique fous te poids de la meule > de b lanterne
&: de Taxe du itt qu'il fupporte.
Palier de heurtoir ; pièce de bois cmmortot-
fêe dans les hautes pannes , ayant dans fon mi-
lieu une femelle à laquelle eft fixé le heurtoir-
Palonniee ; c'cft un rouleau de bois reffcm-
blant au palonnier d'une voiture, qu'on «itache à
Tcxtrémitè fupéricure du bluteau , & qui fert ,
au moyen des accouples , à le contenir ferme*
ment vers la tète de la huche.
Pankeaux ; pièces de menulfcric qni font le
pourtour des meules.
M E u
Papillon du gros fer ; on appelle ainfi la par-
tie du fer qui paft*e dans l'anille ; on iminclt le
gros fer dans cette partie , en rapUiiffant , paur
qu'tl s'ajufte mieux dans ranille.
Paremens; morceaux de bois qu'on ajufte
avec les chanteaux pour fermer le rouet du mou-
lin à vent.
Pas ; c'eft la diflance qui fe trouve entre cha-
que cheville du rouer. On donne au plus grand
5 pouces Se au plus petit au moins 4* On rèele
proportionnément de même la diflance des lu-
féaux de la lanterne , pour que l'engrenage fe
faffc facilement fans fecouffe ni foubrcfaut.
Pas de crapdudine ; ce font plaficurs petits creur
placés dans la crapaudine. Le meunier fait poncr
le pivot du gros fer, tantôt dans un pas. taiH
tôt dans un autre , fuivanc qu'il fe fatigue ou
s'ufc : cela fait que la crapaudine fert plus long»
temps , fans quon foit forcé de la démonter oc
reforger,
Passemens ; ce font de petits cordages ou
cordons qui- fervent k mieux afTujenir & contre*
tenir les orifices de la manche & du pied du
blmeiu , afin qu'ils ne vacillent po nt ftc que le
blutage fe faïTe bien* On les bride plus ou moins
pour trouver la meilleure pofition poftîble du
bluteau & en faciliter le travail. La plus grande
partie des meuniers les fuppriment , & trouvent
moyen d'aflfujettir leurs bluteaux fans y fmadre
des paftcmens.
Pertuis; ancien terme qui figmfie une ou«r^
tîire , un orifice ; on Ta confervé dans le lan*
gage des arts. Le pertuis d*une vanne d*un em*
paiement, eft l'ouverture par laquelle Teau s'é«
chappe.
Peser la meule ; c'eft chercher fon équilibre
en apuyant fur les quatre points » pour voir fi elle
ne péfe pas plus d'un côté que de l'autre.
Petit cLiMe ; c'cft celui du treuil qui fert ^
monter les facs.
Petit palier ; on a donné ce nom à une (b*
live placée parallèlement au grand palier , qui
fert à foutenir le pivot inférieur du babillard.
Petit treuil ou treuil d^en-has ; on Tappelfe
aufti moulinet. Il eft armé de quatre barres; oti
y fait aboutir un des bouts de là vindenne qu'on
vire deftus pour faire tourner le grand treuil • Le
petit treuil fe place ordinairement horizontale-
ment , en faifant porter un des tourillons de fon
arbre dans le mur de goutte avalant-l'eau de U
falle du moulin ; on foutient l'autre bout par un
pilier ou pied droit fcellé dans U foie de cette
falle.
Pied de U huche ; c*eft la partie où aboutir To-
rifice du bluteau , pa.r lequel il fe décharge des
fons & gruaux.
Pince ; on a toujours befoîn dans un moullfl
d'une forte pince ; elle fert dans les manœuviit
à foulever les meules &
vrages.
aux autres groi o««
M E U
Ams ^ ce font de petits coins de fer qae Ton
cUfe entre Tanille & les plats du papiUoa, pour
les fuer eafembk.
PiPOift ; ouril fcrvant à ferrer les pîpes ou
poits coin» de U meule d'un moulin à eau»
Piquage 6^ rayonnantm ; il fe fait en rebae-
tant les mstiies* Four cet effet, on conduit « du
Cistir de U meule à rcztrémitè de ia feuillure,
des nyons qui s'èbrgilTent en oroportion égale,
es gignaat la ctrcontèrence. Oo ne les creufe
qvc de rêpaUTeur d'une fone feuille de papier;
Ittkmeot qu*ll y ait alternativement un rayon
creojc & on plat formé par la fuperiïcie de la
meule y quon laiffe intaae* On ne donne aux
K riyocii creux que la moitié de la largeur qu on
H^ Uiâe 2UX rayons plats* Une meule bien repiquée
^^^p rebaltue , expédie davantage « c*eft-à-dire ,
^^Vl^dJe moud plus de grain dans le même efpace
« temps « fajis que la roue tourne plus vite; on
CD a fait rexpérieûce dans des moulins ou on a
trouvé que cela alioit à plus de moitié en fus,
qoifHi l ouvrage ètoit bien fait. Lorsqu'un mou-
bn va fort gaiement , il faut repiquer les meules
HKis les 1 5 jours ou toutes les trois femaines.
Plafond ou éouhiagt de la roue; c*eft \\n af-
fembUgc de planches de chêne, fur lefquelles on
«loue ou cheville les jantilles. Le plafond déter-
nioe ia brgeur ou épaiiïeur de la roue à por ;
4M la régie fur Tabondance de Teau qui arrive
fm b roue ; c'eft fur le plafond que le ciel des
aiigets eA cloué.
Plats de U m^uU ; on entend par cette ex-
prefioo les étvtx extrémités du diamètre de la
m&ï\€, pris dans la même direâion que les plats
do ptpiUon du gros fer*
Plat J mom Veau; on appelle aînfi dans un
■Mmltii à eau 9 le côté de la meule où lune des
icm% de l'anilk eft pofée , & qui regarde le côté
é*mi vie m Teau.
Plat araUni Peau ; c'cft le côté oppofé qui re-
garde Fcau qui (mt.
Pi-ATS du ifapithn du gros fer ; ce font les co-
lis I« plus larges de la partie où il eA aminci*
On oriente les plats du papillon parallèlement à
la roue du moulin » avant de mettre la meule
cotisante ea moulage.
Plumauts; ce font des pièces de fonte de
citivre ou de bois, fcrvant de chevet aux touril-
lont qui arment les extrémités de Farbre tour-
oajic d'un moulin,
PoiLrrrEi on appelle ainfi une boite de fer
cnclritUe & clouée dans le palier , au milieu de
laquelle eft placée la crapaudine , fur laquelle
tourne le pivot du gros fer.
PoîHTî ou pivot du gros fer ; c'eft fon extré-
mâîé inférieure qu'on acéré fortement, & qu'on
termine en pointe , pour qu'il puifîe rouler fa-
cà!çQiefit dans le pas de la erapaudiae placée fur
te paStr.
M E U
103
Porte-Tremïllon ; ce font deux iravçrfes qui
paflTent d'un des trémillons à l'autre , & fur lef-
qucls ils font cloués; i's fervent à les élever, à
les contretenir , & forment avec eux une éfpéce
de chaiTis , au miUeu duquel on place la trémie*
Poteau d'exUhn ; on place les poteaux d'exil-
lon à mont & avalant du beffroi , vis-à-vis les
extrémités du palier : leurs tenons font reçus haut
& bas dans des mortoifes taillées dans les tra-
verfes du beffroi ; ils fervent à arc-bouter Texillon,
Poteaux corniers ,* on appelle ainfi les poteaux
qui font aux angles de la cage d'un moulin; ils
ont 19 pieds de long fur 10 à 11 pouces de gros.
Poulie de renvoi ; il y en a beaucoup de pla-
cées dans un grani moulin, fuivant les différentes
mécaniques qu*on établit fur fon rouage. Ceft
Thabiletè du meunier ou du mécanicien qu
emploie à l'aménagement de fon moulin , qu
décide le lieu où il les faut fixer pour produire
un bon effet.
Poulie de renvoi du treuil à monter iet facs ;
c'cft une poulie attachée au plancher de la cage
du moulin, à quelque diftance de ce tteuil, iur
le rouet de laquelle paffe une corde qui tient au
fac de fariae ou de grain qu'on a élevé en Taîr,
au moyen de quoi» on le fnt arriver dans l'en-
droit ou on % eut le d^pofer , en halant deffus
cette corde ou la lâchant-
Poutrelle; on donne ce nom à une foltve
plus ou moins forte, fcellèe dans les murs dV
mont &i d'aval du moulin , qui fert à foutenir
un des bouts de l'arbre du treuil d'en haut.
Prespiratïqk ; c'efl la pénétration de l'eau
dans les terres qui l'avoifincnt. On fait un quai »
un mur dont les pierres font liées à chaux &
ciment, ou un courroi de glaife^pour retenir l'eau
d'un canal , ou d'un courant d'eau , & empêcher
qu'elle ne fe perde par la? prefptration*
Produit du froment en vain ; on eflime en
général ce produit à- peu- près égal au poids du
grain , parce que l'eau qui s'incorpore dans le
pain à la fabrication , rem jj la ce le fon qu'on fé-
Earc & diilrait dans la mouture par le blutage.
e produit, quand les farines prennent bien Teau,
excède même le poids du grain d'un feiziàme ou
un diX'huiiième par ta mouture économique* Un
feticr de blé < mefure de Paris » doit rendre
185 livres de farine : on met les deux cinquièmes
d'eau pour le moins en fus du |roids d^ la farine
en fabriquant le pain. Il s'évapore dans la cuif»
fon la moitié de l'eau employée pour pétrir;
donc, avec 185 livres de farine^ on doit f^ire au
moins 246 livres de p< in. Par ce calcul il fe
trouve 6 livrer de pain d'excédant fur le poids
ordinaire du fetier» qui cft de 140 livres..
QuEKOUtLLE c'eft la même chofe que la ba-
guette du blute^u ; ce mat efl peu en ufage.
Quêter mouture ; dins beaucoup de cantons»
& fur-tout da ^s les vil âges éloignes des gr;.nr!e$
villes, ks meuniers qui août point de moulins
104
M E U
banaux , font en iifagc de courir les villages &
habitations avec des bètes de fomme, pour de-
mander aux habitans leurs grains, dont ils leur
rapportent cnfuite la farine ; c*eft ce qu'on ap-
pelle quêter mouture.
QuiNTiN ; efpèce de canevas apprêté en cou-
leur bleue ; il porte le nom de la ville de Bre-
tagne oii il s*en fabrique le plus. Il a une demi-
aune de large ou à-psu-prés> & fert principale-
ment pour les bluteaux ronds » & fur-tout ceux
de dodinage.
Rame; c*e(l le terme dont on fe fert dans les
provinces méridionales du royaume, pour dé-
iigner le grain moulu , fortant de deflbus la
meule. Dans ces pays on n'eil point dans Tufage
d'adapter des bluteaux aux moulins; le blutage
fe fsHt chez le bourgeois ou chez le boulanger.
On met la rame en tas ; on la laifle fermenter &
fe refroidir ; on ne la blute que 5 ou 6 femaincs
après qu'elle eft fortie des meules. Cet ufagc,
imité dans les provinces fcptentrionales , feroit
dangereux à caufe de la grande humidité & de
la différence de température.
Rebattre ley meules ; c'eft les repiquer, pour
qu'elles puiflent moudre le grain plus facilement.
Recoupe ou petit fon ; c'eft le fon qui pro-
vient des gruaux appelés bis ou gros gruaux ,
lorfqu'ils ont été repaffés fous la meule ou re-
blutés au bluteau cylindrique. Nous difons reblu-
tés , car beaucoup de meuniers ne portent pas
leur travail & leur économie jufqu'à remoudre
les gruaux bis. La recoupe pèfe 6 , 7 & jufqu'à
8 livres le boiffeau, fuivant la qualité du blé.
Recoupette ; on a donné ce nom au fon que
rejette le bluteau cylindrique , & à celui qui
provient des gruaux que fon blutage produit.
C'eft le plus mince de tous les fons , ce qui fans
doute a déterminé à fe fervir d'un diminutif pour
le défigner.
Reillere; conduite de pierres ou de bois;
par oii l'eau eft amenée fur la roue d'un moulin
a pots.
KEMOULAGE ; c'eft le fécond fon qui eft com-
pofé principalement de la féconde écorce du blé.
Il provient des gruaux blancs , autrement appe-
lés gruaux fins ; on le confond & mêle fouvent
avec les recoupes , mais ce n'cA pas une écono-
mie. Le remoulage mis à part, pèfe 7 à 9 livres
le boiffeau , mefure de Paris. Comme il y refte
un peu de farine , ce que fa couleur blanche an-
nonce , on l'achète par préférence pour engraiffer
les volailles.
Ren'GRENER; c'eft remoudre le gruau, comme
on a moulu le grain.
Repassage des fons & gruaux ; dans les pe-
tits moulins où l'on ne moud que pour les gens
de campagne & le petit peuple, & oii l'on moud
peu de froment , mais beaucoup de grains me-
l^s, feiglc, orge & autres efpèces, on n opère
bas anm éconon^iquemcnt que dans les grands
M E u
moulips , qui fourniiTent la farine de froment
aux villes & préparent celle qui fait le plus beav
pain. Le plus fouvent on ne fe fert que d'un feul
bluteau dans les petits moulins, & il n'y a point
de dodinage. Comme il s'enfuivroit qu'on per^
droit une quantité confidérable de farine , fi on
ne repaflbit pas fous la meule les fons & gruaiir
qui proviennent du premier blutage , tous les pc*
tits meuniers attentits à leur intérêt , ont ce foin ,
pour conferver leurs pratiques & diminuer la orè-
vention fur leur infidélité. Pour faire ce repaifage
ils altèrent un peu les meules , mais ils ne char*
gént point le bluteau.
Repasse ; on nomme ainft une grofle farine .
que Ton rçpafle par un blutoir, pour la fcparer
du fon.
Reprises ; les meuniers fe fervent de ce ternie
pour exprimer les fons & gruaux qui reftent après
ta première mouture dn grain , quand on a tiré
au bluteau la fleur ou la première farine.
Rhabiller des meules ; c'eft les rebattre & les
mettre en état de fervice.
Rivet (/^,) ou les rivets ; ce font des planches,
de bois dur qui ont à-peu-près la moitié de U
largeur des jantilles , & qu'on y cloue par defliis
pour les confolider , en les. pofant à fleur de la
circonférence extérieure de la roue , & les failanc
aboutir fur le bout des embrafurcs.
Roue ou la roiie à pot; eft la grande roue
placée à l'extérieur du moulin, laquelle reçoit
l'eau de la reillere ; elle a pour eflicu l'arbre da
moulin , pour raies fes embraflTures , pour jantes
les jantilles foutenues* de leur rivet & plafond.
Rouet; c'eft le nom ou*on donne à une grande
roue dentée, adaptée à l'arbre de la roue a pot,
& placée dans l'intérieur du moulin parallèlement
à celle-ci. Ces dents ou chevilles font perpendi-
culaires au ceintre de fes jantes , & elles font
efpacées comme les fufeaux de la lameme qu*elles
engrènent, pour imprimer le mouvement à la
meule courante , dont l'axe eft commun avec
celui de la lanterne. Le rouet doit avoir à-pea-
près la moitié du diamètre de la roue à pot.
Rovet de bluteau cylindrique ; il eft fimple
cornme celui d'une poulie ; on le place ordinaire-
ment entre le grand rouet & le mur de tampane :
on lui donne le diamètre qui lui eft néceflUre
pour que le bluteau ait un bon mouvement; il
eft formé avec des planches de chêne de deux
ou trois pouces d'épaifleur , bien afliirées fur le
grand arbre qui lui fert d'axe ou de moyeu : on
creufe une gorge fur toute la circonférence de ce
rouet , où l'on place la chaîne du bluteau lorf-
J[u'oi) veut le faire travailler, . Cette chaîne pai^
ant en même temps fur la gorge du rouet prati-
qué dans le tampon de l'axe du bluteau , (k ce
dernier rouet ayant un diamètre très-petit en
comparaifon de celui établi fur le grand arbre 9
il fait mouvoir très-vite le bluteau , parce que
fes révolutions font bieft plus courtes.
{iQULSAy.
ROCGUL U forint ; quand le mouvement des
flcakl cft trop vtf, elles rougiflent U farine
fifrikt font » foit piTce qu'elles pulvèrifent le ton
Cfe grand mouvement de ta meule courante,
parce qu'elles échauffent la farine ; c'eft un
ftmA défaut qull faut éviter dans la mouture.
RoirtEAU i/ex mtides ; cef^ un rouleiu de bois
fdkmiÀixa à un boulet ramé , qu*on pade entre
kimeaks, loifqu'on lève ou rabat la meule cou-
SaBOT ; mot en nfage , principalement dans
Pfts proirinces méridionales , & dont on fe fert
anlieii de celui d'auget.
Sac i /!>/? ; c cft un fac qu'on attache à Tex-
frèmicé de la huche » & qui reçoit tout ce que le
Uoie^ti rejette* ^
Sac de forint ; il doit contenir , fuivant le poids
aihtîs à U halle de Paris, 310 livres de farine»
ftpefer 32c livres : on psffe ^ livres pour la tare
éï lac Cependant Tuiage fait qu'on accorde
15 Imes pour le fac dans les ventes qui fe font
aiir lull^ ^ le fac de farine devant contenir
34 botflcaux , pefant 13 livres poids de marc.
Sa$; c*eft à proprement parler un tarais de
iok de cochon ou de fanglier ; ce terme « qui efl
aoden , ne s'emploie plus par les ouwiers qui
l'tfi fervetit» que rynooymement à celui de tamis.
Seigle; il péfe fouveni plus que le fromem,
rarement moins. Un fctier de bon fcjgîe , mefiire
de Paris « ne rend par la mouture rnOîque que
no à 130 livres de farine, Ôc par la mouture
ècôi&Omique 180 à 185 Uyres, Sa farine doit
avoir , lort'qu^il cft bien cîioiil , une odeur agréa-
ble de violette ; il la perd ^en partie par h mou^
nur économique » qui difiîpe par le repaiTage ou
ranouljge la fubftance la plus volatile du grain.
SsLLETTE ; chaûis de menue charpente qyi fert
à a0u)ettir le liaui du frayon.
5mER , mtfurt de Paris ; efl de 1 1 boiiïcaux
pCMir la farine âc tous les grains de mémo , ex-
cepté l'avoine , dont le fetier eft de 14 hoiffeaux*
Le Teticr de fon fe livre à la mefure de 25 boif-
femz , camme la farine.
Sigkolle; efpèce de dévidoir confttuit fur
Taxe oa arbre du grand treuil » pour que la vin-
aine avec laquelle on le fait mouvoir » puiiTc i^*en-
vcloppcr défîtes. Pour cet effet on monic fur une
des excrétnités de Farbre dî ce treuil quatre raies
qu'on allure fermement dans les muftaifes à
\ pieds p!us ou moins ; on en place de même
4 sirtres par^lièlement aux premicres ; cnfuite on
lœich^ d'une raie à l'autre 4 traverfe^ iur leur
ntièoiitc fupérieMre^ & fa ccrde, diic vlotaine»
f enroule ou fe dévide deffus ces traverfc,^. Dans
beaucoup de moulins, fur-toiit lorfoue les meules
iom giraitdes ik épaiffes» on fonine la (ignolle
ntr des ircs-houtans qui vont d une traverfe à
ritnrc ^ 6c même par des jantes qui enveloppent
ki nies*
Aru if MàUrs^ Tome K PartU h
Soles <fi* heffroi; ce font deux poutres parai*
ïèles à celles dites empoucreries , qui foutiennent
par en<-bts Taffemblage du beffïoi ; on y pratique
des mortaifcs pour recevoir les tenons des piliers.
Sommier; pièce de bois de 12 pieds de long
fur 34 pouces de gros , fur lequel le moulin
tourne.
Son ; le fon eft la peau du grain ; il eft fé^
paré parfaitement par le dodinage ; on le met ,
après cette opération , à part dans le moulin* Le
grain eft mal moulu lorsqu'il refte au fon quel-
ques parties de farine» Par Texamen du fon fortant
du bluceau , on voit fi le grain eft moulu gras^
& fi les meules ont befoin d'être rebattues.
Son s^ras ; terme adopté pour défigner le fdn
qui retient beaucoup de farine par le mauvais
moulage y ce qui arrive principalement , lorfque
le grain s*applatit plutôt qoll ne fe broie entre
les meules. Les blés humides rendent aulfi du
fon gras , fans que cela provienne du mauvais
état des meules y mais de fon humidité qui em*
pèche la farine de fe pulvérifer.
Son lourd; c'eft le terme dont les meuniers
fe fervent pour défigner celui dont la pefameur
provient plutôt dp Tépaiffeur de Técorce du grain «
que de la quantité de âirine qu^il retient.
Son maigre ; quand , par Topéraiion d''un bon
moulage , la première peau du blé a été enlevée
fans qu*il y foit rcfts de farine , on diftingiie ce
fon par le nom de fon maigre; il eft féparé en-
fuite des farines & gruaux par le travail des blu-
teaux. Si ce fon eft long ou roulé en petites
feuilles comme des copeaux, c*eft une marque
d'une excellente mouture.
Son de menu grain ; les fons du feigle , de
Torgc, de ravoine , font fort înfériturs en qua-
lité à ceux du froment ; & celui du farafin eft
moins bon encore. Comme la valeur de ces fons
eft foible, on ne les partage pas en cbffes ou
efpèces , ainfi que ceux du froment.
Sonnette; on établit toujours une fonneuc
près le moulage , pour avertir le garde-moulin
d*cngraincr, s'il s'endort, ou s'il néglige de re-
garder à temps fi le graia mis dans la trémie
finit d'être mcu!u* Pour qu'elle ne fonne que
lorfqu'tl cft convenable d*engralncr , on enfonce
la corde qui y rtpond» dans le grain , de manière
qu'elle ne s'échappe & ne redevient tendue, que
quand il n'y a plus de grain qui la eouvre.
Comme ceiti corde lient à Tauget ou au baille-
blé, & à un tourniquet atr:iché fur la trémie, le
frayon lui donne un mouvement fuffifant pour
faire tinter contimidlcment la fon nette.
On a une féconde fonnette dans les moulins où
Ton eft en ufage d'aller quêter mouture , que le
! garçon qui va en chercher dans les villages »
. ion ne devant les portes de chaque habitant*
Souche ; c'eft, dans un moulin , un morceau
de bois de 15 pouces de diamètre fur 6 pouces
I d'épais, placé au milieu du palier dv paît fcfi
io6
M EU
lyant daoi foa milieu un pis ou la crapafKdSné J
dans laquelle tourne le bout inférieur du petit fer.
Tambour de tarare ; c'eft un tronçon cylin-
drique & creux comme la caide d'un tambour,
& ouvert des deux bouts > qui forme la boite
de cette machine. Les ailes du tarare jouent au
mi ieu de ce tambour.
Tamis; on s'en fervoit, avant qu'on eût in-
venté Ks b'iitcaux , pour fcparer les farines &
gruaux eu Ton. Il y en avoit de diverfes efpéces,
de crin, de toile dite canevas, même de peau
apprêtée & piquée comme les cribles.
Tampane ; c'cfl lo pignon de la cage du mou-
lin, que le g'..nd atbre iraverfe, & qui forme un
des côtés de la courfièrc , où la roue du moulin
tourne.
Tampon; c'eft un morceau de bois ronJ, ou
chipeau, appliqué au fommec de Taxe d'un blu-
teau ou d'un crib!e cylindrique & d'un tarare :
on y pratique uje gorge pour lui faire faire
l'eiFet d'un rouet , & pouvoir par ce moyen faire
tourner ces machines.
Tarare; efpéce di ventilateur à ailes, d'un
bois Icger & fort mince , qui e(l renfermé dans
\\\\ tambour ouvert dos deux bouts ; il fert à
nctoycr le grain : on le meut, ou à bras« au
moyen d'une manivelle qu'on p^ace à l'extrcmité
fupérieure de fon axe , ou on lui imprime du
mouvement par quelque mécantime adapté aux
virans & travaillans du moulin.
Souvent il fe meut au moyen d'une petite lan-
terne placée hoiizontaemcnt au-defTous du pa-
lier , dont les fufeaux engrènent dans Ls che-
villes du rouet à mefure qu'elles arrivent à l'extré-
mité de fon diamètre horizontal ; fur l'arbre de
cette lanterne efl une poulie qui reçoit fnr fon
rouet une corde , laquelle répond à une autre
poulie tenant à l'axe du tarare , & qui le fait
tourner.
Dans d'autres moulins, on pofe une grande
poulie horizontalement fur la tète du frayon ;
«lie répond par des cordes à d'autres poulies de
renvoi , dont une tient à l'axe ou au tampon du
tarare , qui, par leur jeu , eft mis plus Amplement
& tout auifi vivement en mouvement q«e par
une lanterne.
Au-deflus du tarare on place une trémie , où fe
verfe le grain à vanner & nétoyer ; & fous cette
trémie , on ajufte un auget qui reçoit le grain de
la trémie & le reverfe fur les ailes du tarare près
fon axe. Quelquefois on fupprime cet auget;
mais alors l'oritice de la trémie doit être plus
étroit.
TÈTE de la hkche ; c'eft la partie où font at-
tachés le palonnier & le fommet du bluteau.
Terres propres à nourrir ; les peuples qui s'en
fervent pour leur fubfiftance , les ont prefque tou-
jours employées dans des compofiîions d'alimens ,
Î)lut6t qu'en nourriture fimple. Tel étoit chc»
es anciens l'alicat tel eft le fromage de csichouj
MEU
les nids d^hiroadelle à la Chine, & les ttrTt% hifh
laires dont font ufage les Mogols , les Perfansj
les Turcs & les Tartares, Mais comme cet article
a peu de rapport à ceux que nous traitons ici,*
il luftit d'obferver qu« ces terres ont befoin d'être
moulues , bien préparées & purgées de toutes les
parties qui ne font pas nourrilfantes , de même
qu'on extrait les fons des grains.
On trouve de ces terres en beaucoup d'en*
droits , en Europe , aux environs du Véfuve, aux
environs de Lisbonne, où elles font appelées terres
deBucfaros. Suivant les relations des voyageurs,
on en trouve en Egypte , aux environs du Cap<^.
Verd , en Guinée 6i plufteurs autres endroits de
l'Afrique. L'Afie en produit encore davantage»
fur tout ^Arménie , le Bengale & la Chine : en-
fin en plufiours lieux de la Terre- ferme de VAsnkr
rique on en a découvert. Dans tous ces p^ys,
les peuples qui les habitent en font ufage comme
d'une nourriture animale. Les phyficiens & plti-
fieurs fa vans penfent que ces terres ne font que
le produit des volcans; ce qu'il y a de certain ,
c'eft qu'on en renconire plus comntunément dans,
leur voifinage.
Tirasses; ce font de petites plaques de fer
percéej de trous qu'on attache au palonier da
bluteau, qui, traverfant la cloifon de la tête de la'
huche, fortcnt en dehors. On les arrête en plaçant *
une cheville de fer dans un de leurs trous : elles
fervent à roidîr le bluteau ou à le lâcher au point
où on le dcCre.
Toiles des ailes cTun moulin à vept ; c'eft UA
gros coutil qui a la largeur de la moitié d'une
des ailes.
Tourillons ; ce font deux fortes chevilles de
fer enfoncées dans le cœur de l'arbre du moulin
à chacune de fes extrémités, limées, arrondies
& polies dans l'extrémité faillante : on fait porter
le grand arbre fur fes deux tourillons. Pour qu'it
puifie tourner facilement , ils doivent être bien
exaélcment fixés au centre de l'arbre, & le mettre
dans un parfait équilibre.
Tourillons du treuil d'en - haut ; dans les
grands moulins, où les meules font larges & forr
pefaotes, ces tourillons font de fer acéré & poli
comme ceux de l'arbre du moulin. Mais dans les
petits moulins on les forme dans le corps du bois,
de l'arbre du treuil , en arrondiffant ces extrémi*»
tés comme on fait celles de l'eftîeu de bois d'une
charrette ou d'un tomberepu.
Tourniquet defonnctte; on l'attache de façon
qu'avec la corde qui y tient, il puiflc tourner
par le mouvement que lui communique le frayon ,
& qu'en faifant fonner la fonnette , il réveille l'at-*
tention du garde- moul'm , & l'avertiffe qu'il eft
temps d'engrainer.
Tourteaux; nom que l'on donne au plafond
d'en-bas d'une lanterne & à celui qui en forme
le deffus : on fait ceux de la lanterne des meules
de morceaux de boid de chêne bien aâembltjs fie
f
I
I
M E U
M de 4 pdtices (k même plus , pour donrter
« de force à cette lanterne.
Tourtes; on donne dans un mouUn ce nom
^'or deux pièces circulaires de la lanterne qui font
éefl'nccs a recevoir les fufeaux.
TâATTEs ; ce font deux pièces de bois qui font
pvtàc de la chaife fervant à fupponcr la cage d'un
moalifl.
Trav£rses iTtmpôutrcric ; ce font des pièces
is charpente placées dans le fens de Tarbre du
«oulin , qui font Taffemblage des pièces d'empou-
açrie, iclquelles en reçoivent les lenonç.
JBAvrRSEs Je fii^nclU i ce font des barres ou
tnngles de bois pofées parallèlement à Tarbre oir
cflku du treuil fur rcxtrémité des raics^ & qui
iV rt;une raie à Tautre,
SES de foUs ; pièces de charpente pla-
■;-' & avabm l'eau du moulin, formant
**'• ,' de U foie du beffroi, leurs tenons
^*^', «^MS «lans des mortaifcs ouvertes vers
resctrètnitè des d?ux foies-
Trémie; c'eft une auge dont les bafes font
<îuarrées, & qui a k forme d'une pyramide trou-
ve & renverfèe. Sa bafe iufèrijure torme une
ouverture étroite par hquelle le grain tombe dans
l'auget pîacé dciT^us. Il efl tiVcniiul que la trè-
Wac foir toujours bien fufpendue au-deffus des
meules.
TremïI Je tjrare ; on la place au-dcHus du
tirarc, fii Ton y verfc le gra'in qu'il doit nétcycr.
Tr£Milloîss; ce font deux iraverfes ou bar-
res de bois pofèes parailèlcm,;nt amont & ava-
tant Teau , qui fervent à foutenir la trémie du
iROuttn.
Trempvri (U)i pièce de bois de cinq à fix
pouces de gros 6t d*envlron neuf pieds de long,
S' fait l'effet d*une bafcule ou d'un levier. Il
i hauffer & baiiTer k volonté le palier d'un
inotilîa.
Treutl fervant â lever les mcuUs ; on Tappeile
auiTi grand ueuil ; il eft poié horizontalt;ment
dam le haut de la cage du moulin : on fait ordi-
sakcmcnt entrer un des bouts de fon arbre ôc
fan tourillon dans le mur de tampane ; on établît
l'autre bout & fon tourillon fur une poutrelle
iceiJée dans les nturs de goûte de la cage du
iMouîin.
Treuil fervant à enlever les facs ; la con-
Bfoâion en eft arbitraire. Ordinarrement & dans
Itt petits moulins fur-[0ut , fou arbre fert de
illoyeu à une roue dont Its jantes f Jin foute-
ancs de <îuatre raies formant entr'elles des angles
droits. Sur rextèrieur des «antes ou de h cir-
Cpoliérence de la roue, on cloue 15 ou 16 pieds de
E U
107
b"c^es, quî fefvcnt k contenir une corde lâche,
fur laquelle on péfe pour fa-rc tourner cette
roue. Pur fon mouvement le chtble fe ronle au*
tour de Tarlire d'j treuil , 5l ci.*êvc alori le f*;c à
la hiutenr défirée ; enfuite on le condtir , au
moyen d'une cotde qui y c^ attachée 6c qui
pafle par une poulie de renvoi , foit fur le plan-
cher du beffroi , folt en telle autre place que Toa
veut-
Un des bouts de l'arbre de ce treuil eft reçu
dans un des murs de la Cëg^ du m nilln , ^ Tantre
bout eft foutenu par une potence de fer qui eft
attachée au plancher, ou par uii.fu|>pon de bois
qu^on appelle Bourdannièn*
Vaxne; c'eft une planche ou TaffeinM-g^ de
plufieurs planches, qu*on fait ruouvoir à volonté
dans une cjuliiic ou rainure, 64 qui barrant xia
courant dVau , fert à rarrêièr totalement ou en
partie.
Vann'E de décharge ; elle fert à fermer le pcr-
tuls du dèverfoir , alin que toute Teau aille aa
moulin.
Vanne moulo'r; on la pofe à r^rrivéc de Teau ;
à Tenirée de la reillere, & on la lè^/e plus ou
moins, fuivant la quantité d'eau qu'on veut don-
ner au moulin.
Verrins ; font de fortes vis de bois de char-
penterie.
ViNDENNE ; c'eft une corde groH'e ati plus
comme le tiers du chaWe. Elle eft fixée Se ar-
rêtée d'un bout folid^iUcini fur L\ fic'oîle : après
avoir fait faire plufieurs tours à ( ' liir
la fignolle , on arrê^t: fon autre exit. . ,. .ur un
tourniquet ou petit cabcftin; on force t*nfuiîe,
en virant , la vinJonne de fe rouler ou dévidLT fur
l'axe du p itt Càbeftr.n : en même temp^ le ch Me
fe roule fur l'arbre du grand treuil , 6c enîé^'c ta
meule à Uquelle il eft attaché* On conçoii Énciîe-
ment que cet appareil nnî'tlp'ie ks forces &
donne le moyen , avec le fcc^^urs de pvu d'hom-
mes , de foalever & tranfpurter même une
meule.
VoLANs; ce font de longues pièces de bois
qui font partie des ailes d'un moulin à vent.
Usine ; terme géviéiique par lequel on ddfigne
nor-fculement la cag - du inonlin, m4is aujVj le
log,nicnr du meunier, les gnnicrs à blè ou fa-
rine, les écuries,' crab'es, 'a cour, en un mdt
tous les bâimens qui dcpei^dent du moulin.
Ce tcimc ei\ fort ^^ncicn d^ns notre largue, &
s'empîo.e pour exprimer l'en eu»!: le des Iiàrlmcns
qui ct-)mpoft:m tou»- forie d'éraLliffemens domcf-
tiques, oC d'ateliers de maïuii. clitrC:» i)^
(O Ce Vocabulaire est extrait en grande partie du Mattutl des Muaiins a ^otf iiiyunic en 17^61
.t^'^
Oif
]VI I E Lt (Art de la récolte et de la confection du)
J-i E miel cft un fuc fucré que les abeîlîes recueil-
lent fur les fleurs des plantes , & que i on lire des
gâteaux de cire qui font dans leur ruche.
Les abeilles entrent dans les fleurs pour y pom-
per, par le moyen de leur trompe, une liqueur
niiellée qui cR dans des glandes, & des rèfervoirs
pbcci au fond de la fleur, ou qui eft épanchée fur
dificrentes autres parties ayant tranfpiré au trav*ers
des membranes des cellules qui la renfcrmoicm.
La trompe de rabetlie ayant donc ramaffé les
gouttelettes de miel , les conduit à la bouche où
H y a une langue qui fait pafTer ce miel dans Vœ-
fophage. Cette partie s*étfnd dans les abeiUes &
dans les mouches en gèncraî, depuis la bouche juf-
qu au bout du corfelct , & aboutit à feAomac qui
cil placé dans le corps près du corfelet.
Dans les abeilles il y a encore un fécond eflo-
mac plus loin. Laifque le premier efl vuide, il ne
forme aucun rcnflcmem ; il reflemble à un fil blanc
& délie : mais lorfquM eft bien rempli de miel »
lia la figure d*une vcilic oblongue.Ses parois font
fi minces , que la couleur de la liqueur qu'elles
4;ontîennent paroit à travers.
Ce premier eAomac eft féparè du fécond par
un étranglement. Ceft dans le fécond eflomac &
jdans lesintefllns que fe trouve la cira brute. Il n'y
a jamais qne du miel dans le premiei^
Il faut qu une abeille p.ircoure fuccefTivement
pluûcurt fleurs avant de fe remplir de miel; enfuite
elle revient a la ruche , & cherche un alvéok dans
lequel elle puifle fe dégorger.
Elle fe place fur le bord de Talvéole ; elle fait
entrer fa tcte dedans, 8c y verfe par la bouche
le miel qui eft dans reflomac» & qui en fort à
IVide des contrarions de cette partie.
Il y a lieu de croire quM nen fort pas tel qu'il
y cft entré i mais qu il ell digéré & épailTi par une
coAion.
Les abeilles fuirent ordinairement un ceria'n
ordre en remp'i^ani de miel les alvéoles. Elles com-
mencent par ceux qui font à la partie fupérieure des
gâteaux du defl'us » lorfqu'il y a pludcurs rangs de
giteaujc.
Pour qu'un alvéole foit plein de xniel^ilfautque
pluficurs abeilles viennent y verfer celui qu^elles
ont recueilli 6l préparé.
A quelque degré que Talvéole foit rempli , on
voit toujours que la dernière couche de miel efl
différente du reftc. E le fcmblc être ce que la crè-
me cA fur te lait ; elle efl plus épaiiTe que le refle. Il
y a lieu de croire qu'elle efl nite d^un miel qui a
S lus de confiiiance que le miel des autres couches ^
i lOQtns de dirpofulon a couler.
Toutes lef abeiUes qui apportent du miel dans U
ruche , ne le verfent pas dans un alvcole ; il y en
a qui le donnent à manger aux travailleufes qui foiu
occupées au dedans de la ruche , & qui , fans cette
rencontre ^iroient en prendre dans des alvéoles ; car
il y a des aJvéoles remplis de miel , & ouvetts pour
la c^^nfommation joumaliére.
Toutes les abeilles de la ruche s'en nourriffcnt
dans les temps ouïes fleurs manquent^ & mcme
dans le temps des fleurs lorfque le froid ou la pluie
empêchent les abeilles de f# mettre en campagne.
Les autres alvéoles remplis de miel font ferméi
par un cercle de cire qui empêche qu'il ne s'évapore,
6i qu'il ne devienne dur & graine avant la fin de
rhiver. ■
Le miel que les anciens eflimoient le plus , écoie I
celui du montHimeiteen Attique j après celui-U,ils
rechcrchoicnt le miel des Cyclades, 8c celui de Si-
cile , connu fous nom de mid du mont Hyhla^
Le bon miel doit être doux & en mtmc temps
un peu piquant; il doit être odoriférant, jaunâtre,
non liquidCi mais glutineux & ferme, & fi vifqueux,
que lorfqu'on le touche du doigt , il s'y attache & le
fuit.
Le meilleur miel de France eA celui du Langue-
doc, du Dauphinè & de Narbonne; ce dernier efl
trèb-blanCf âc préférable pour la table & la médecine.
Le miel des autres provinces ett jaune. Celui de
Champagne eft d'une couleur jaune dorée, d'une
odeur gracieufe, d*une conûftance ferme & graflfe :
jL doit éire nouveau.
Le miel de Normandie efl d*unc couleur rougeâ-
trc ; fon odeur efl peu agréable ; il a le goût de cire.
Aureite, lesdinéremes qualités du miel vienncm
moins de la température du climat, que de U façon
de le récolter it de le manœuvrer.
On appelle mul vierge ^ le miel blanc qui a êlé
tiré des ruches fans feu.
On donne auflTi ce nom au mî^l cju^on recueille
des jeunes abeilles. 11 cfl de couleur jaune tirant fur
le blanc.
D£ LA CONFECTION DU MIEL.
On ramafl'e ordinairement dans le diocèfc de Nar-
bonne & dans le Rouflillon, une fois chaque aïK
née, & quelquefois deux, quand Tannée efl Ck
vorablc*
La première récolte fe fait vers le commene»*
ment cfu mois de mai; & la féconde dans le moii
de fcptembre.
Le miel du printemps efl toujours lephis beaa,
le plus blanc , & le meilleur. Celm de feptembre
efi touiours roux.
M I E
Le deçfè do beauté & les autres qualités dépen-
dent de ï ann^ Un printemps doui, donnant l>eau*
coup de âeurs & de rofées, eft le plus favorable
potu- le rendre parfait.
Pour ramaiïer » on ôte le couvercle de la ruche,
wrété fur les montans avec deux clous , de façon
à renlever aifément , & recouvert d'une pierre plate,
ïdlc qu'elle puiffe défendre la ruche contre b pluie.
Ou tiche en mcme-temps d'introduire de la fumée
psf-là, en fouffiant conftam ment fur des matières
ïJJomées & propres à reiciter. On contraint ainfi
Us abeilles , attachées à élever ou remplir les eà-
teaoji , de defcendre vers le bas de la ruche quon
ircut leur conferver.
Des qu'on juge avoir rempli cet objet, on châtre
ivecufl fer tranchant leur nouveau travail ; on Ten-
Uve & on le dépofe de fuite dans des vafes qu'on re-
coiiirfc de manière à empêcher que les abeilles
puîtTeat y reprendre de ce qu'elles viennent de per-
dre, & les préferver en même-temps de leur perte,
oîi les entraîne leur inûtiabilité naturelle , en les
exciiafit à s'enfoncer dans le volume perdu pour elles.
Les vafes pleins» on les porte là où le miel
doit être féparé des rayons entremêlés , & l'on
Mpcnd dans ces endroits un» deux, &c. paniers,
Cfl forme de cône tronqué, ouverts par la grande
hafe, ayant deux anfes diamétralement oppofées ,
dans teiquelles on piflc un bâton , par où Ton fuf-
pàid chaque panier dans un grand vafe de terre ,
m les hotàs duquel les deux bouts du bâton repo-
fcnt, & dans lequel le panier doit être au large.
On remplît enluire le panier du mieî fit des rayons
CUtreméUs , qu'on prend foin de brifer à mefure. Il
décottle à travers tous les vides du panier Je miel
Ei , tombant dans le fond du vafe , en fort en filant
m uo autre vafe mis au de/Tous pour le recevoir.
Cetïe pratique n'eft pas fans de grands incoji-
V^tetts.
Le premier & le plus grand de tous, vient de ce
qu'on oe peut , quelque foin qu'on fe donne , cha{rer
louies les abeilles hors des gâteaux qu'on veut
cfaiirer : tl yen refte toujours beaucoup ^ malgré
b Aimée qu'y chaife en foufflani un homme qui
lient à la main des matières propres à en fournir ^
tu forte que celui qui châtre , tue, malgré lui , une
Ertie des opiniâtres avec fon fer tranchant , & noie
» autres dans le vafe où il dépofe le mieL
UeneApeude celles-ci qui fe fauve nt , malgré
fcun mouvemcns pour fe dégager du gouffre où e5es
fv ' luties* Enfin, elles fuccombent après de
k àins efforts.
11 en t il pourtant pirmi elles qui , peu enfoncées ,
pounoient fs dégager; mais, foit avidité, foit défaut
de conduite, la plupart s*embourbent plus fort. En-
fin, mêlées &c comme pétries par ceîix'qûi rempîif-
&m les paniers , elles périfTent; Le miel en reçoit
ap^xaremment un goût défavantaeeux, augmenté
Fit le couvain , quand il y en a, ielon la durée de
ècoitlemenr.
Un autre inconvénient vient de rijidiflerenee
TH/L I E
109
qu'on a de mettre , fans didinflton , dans les vafes
tout le miel à mefure qu'on le tire des ruches #
quoique les gâteaux foicnt de différentes nuances
du blanc au roux, certains tirant même fut le noir.
On fcroit bien de faire choix de ces divers gâ-
teaux , & de mettre chaque qualité à part pour le
faire couler féparémenc, ou bien , mêlant tout, pour
aller plus vite en befogne (car les abeilles tâchent
de regagner remplacement qu'elles ont quitté par
la force de la ^imiée ) ^ il faut féparcr fans délai , diâ
vafe où tout aura été confondu, le beau de celtù
qui ne l'efl pas.
On pourrojt en mémetcmps occuper des gens à
fauver du naufrage les abeilles qui femblent s'y
précipiter, en tirant avec leurs doigts ces pauvre»
animaux , qui , en les mettant en lieu fec , fe déga-
geront en marchant^ du mteldont elles fe font en«
duites, & s'envoleront.
Cette voie , quoique utile , ne peut que diminuer
foibîement la perte , parce que , malgré nos empref-
femens , on ne fauroit fouiller dans les vafes fans
engloutir de plus fort celles qu'on voudra fauver.
Tour cela nous montre le défaut de ropératioii
de lever le miel , en ce qu il n'y a pas affcz de fu-
mée pour chaffer tous ces animaux*
Le fouffîe de Tbomme ne ful^t pas contre les
opiniâtres au moyen de la fumée, lîfaudroit donc
tâcher d'en augmenter le volume. C'cftàquoi Ton
parviendra par rexpètîieut fuivani.
Employons un foufflet qui, par fon afpiration ,
reçoive dans fa capacité la fumée qu'on excitera
dehors , & qui , par fa compreOion , la chaïTe dans k
ruche.
Il s'agit donc d'un moyen pour introduire la fu*
mée du foufflet , à quoi me paroît très-propre un
petit poêle, fembbble 3 ceux de nos appanemens,
ayant comme eux un tuyau defHné a porter la fu-
mée , dont le bout d*en-haut s'cmboitâr dans !*ou-
verturedu panneau où fera la foupr:pi du UmiRct,
On mettra enfuife fur la grille quelque petite
braife recouverte de quelque matière propre à fu-
mer, comm
btsuf, &c.
mer, comme font le plantes vertes, la âeme de
e pr<
, la
Après quoi ,faifant afpirer le foufflet, 8c lou ver-
tu re du poêle ouverte, la fumée s*excitera & mon-
tera par le tuyau, dans le foufflet qu'on fuppofe
arrêté fixement au fourneau fur trois bras de fer en
trépied affet; hauts, afin que le canon du foufflet
porte la fumée à fa defli nation*
Ce qm exige que le couvercle de la ruche fojt
percé dans fon milieu d'un trou rond, & propre à
recevoir exaélement le bout du canon , qui, à caufe
de cela , doit être coudé.
L'opération faite , on pourra retirer le canon de ce
trou , qu'on bouchera pour remettre de fuite le cou*
vercle à fa place.
Au moyen d'un pareil foufflet, on pourra porter
autant & fi peu de fiimèa qu'on voudra dans la
ruche , ôt par la force de la comprefiHon , forcer les
abeilles à le retrancher vers le fond, ou d'eu fortir.
iio MIE
On peuî commencer cette fumigation avant que
d*ouvnr la ruche , & lu continuer à Vaife pendant que
Ton enlèvera le niiol, fans embrirrafler Topera tcur.
On aura ainfi le temps dechoifir à (on aife les gâteaux,
d'en réparer les différentes couleurs , 6l par deffus-
tout, de fauverla vie à un grand nombre d'abeilles.
Il doit piroitre fmgulier que les gâteaux étant
élevés ordinairement en mcme-temps dans une ru-
che, foient fi différemment nuancés, quoique ce
Ibientles mêmes matières & les mêmes ouvrières qui
• es ont formés ; ne peut-on pas attribuer en panic ces
diflirentes couleurs aux diflférens volumes des ^«i-
tcaux que laiflc Thomme qui lève le miel, félon qu il
Vcntcn J , & relativement à la conftuution de Tannée ?
Il tranche profondément quand les ruches font
pleines , jufqu*à la croix faire de deux barons tou-
fomh mife au milieu de la ruche, & traverfant les
qui-rreais.
L'expérience a fait voir qu'il ne faut jamais s'en-
foncer plus bas, & fouvent moins, parce que la
féchcrcflTo du printemps eft ordinaire en ce climat ;
par où Ton voit quilcft des années où Ton- retranche
des morceaux des vieux gâteaux qu'on avoit eu
raifon d'épargner Tannée précédente.
Ce long il'jour leur donne une couleur jaune. Ce
qui le prouve , font les gâteaux fous la croix , qu'on
ne détruit pas; ils font roux de plus en plus, jiifqu'à
devenir prefque noirs à mefure qu'ils vieilliuent.
J'ai remarqué d'ailleurs que le miel des effaims eft
toujours le plus blanc ; ce qui confirme de plus en
plus que les différentes couleurs des gâteaux dans la
même ruche viennent de leurs différents âges.
Il y a apparence que le miel de Tautomne étant
toujours roux, comraôe, indépendamment de la
qualité des fleurs, cette couleur par le chaui de
lété, qui agit fur les gâteaux que les abeilles fe
font empreflécs d'élever d'abord après qu'on leur a
enlevé le miel du printemps.
Cela nous conduit à confeillcr de plus fort de
lever le miel à reprifes , en commençant toujours par
les ruches qui ont donné les premiers effaims , afin
d'éviter fon féjour trop long dans les gâteaux , où
il contr^âe par-là une couleur moins belle , & un
goût moins agréable.
Lorfqu'il ne découle plus du miel de nos vafes ,
nous croyons Tavoir tout tiré , & Ton porte ce que
contiennent les paniers dans une chaudière pour eii
faire là cire.
Il eft pourtant certain que cet entaiTement des
gâteaux qui ont été lacérés , malgré les grands vides
qu'ils laKfent entre eux dans les paniers , n'ont pu
luffirc pour laifler écouler tout le miel de Tentre-
deux : de forte que ce qui y refte fe perd dans les
eaux dans lefquelles on tait tondre la cire.
On le gagn.roit fans doute par des lotions avec
de Teau , qui , mêlées avec celle où les gens qui
font le miel lavent leurs mains , produiroient enfem-
Me une eau emmiellée, qu'il faudroit réduire enfuite
à une certaine confiftance par Taôion du feu, afin
qu'elle fc confcrvât pour leryir de nourriture aux
abeilles pendant Thiver.
M I E
On pôut encore extraire ce miel par etpretRonl
en mettant dans un fac de toile claire, à diverfes re-
prifes & partie par partie, ce qui eft dans les
paniers , pour le faire preft'cr.
Le peu qui en découlera fera roux, & c'e la der-
nière qualité. Ort peut en extraire un plus grand
volume, & Tavoir bien moins roux,fi Ton donne
des pafTages libres à ce miel , afin qu il coule vue ,
& afin qu il refte moins de temps mêlé avec la ma-
tière qui compofe les gâteaux.
Je voudrois,à cette fin,qu'on fe fervît d'une caifte
plus grande, mais femblable à celles de ces grandes
râpes quarrées longues avec lefquelles on râpe le
tabac , & qu'on mit à la place du chaftTis mobile qiii
porte la feuille de tôle ou de fer-blanc , un chaftîs
en boisa haut bord, avec des fils de fer arrangés
entre eux fur le fond à la place de la grille de tôle ,
comme ils le font aux cribles avec trémie pour le
blé , fur lefquels dépofent le réfidu des gâteaux en
couche mince.
On verroit découler defTous dans la caiflTe le miel
entremêlé , d'où il s'écouleroit en inclinant la ma-
chine dans un vafe mis au deffous. Ce même crible»
ou plufîeurs enfemble , feroit favorable pour hâter
l'écoulement de tout le miel.
Il en réfulteroit fans doute plus de beauté en
diminuant la durée du mélange avec la matière des
gâteaux. S'il paftbit plus de parties de cire par ce
crible , mêlées avec le miel , qu'il n'en paffe par la
méthode ordinaire, on auroit la même rciieurce'
qu'on a en celle-ci, d'écumer et de faire filtrer les
écumes , en les remettant fur les parties qui refter
ront fur le crible.
Il nous refte à confeiller un autre épurement da
miel que j'ai vu faite à uneperfonne à qui j'en avois
envoyé un baril.
Quoiqu'il fût beau , elle voulut Tavoir encore plus
beau , & le filtra au moyen d'une toile de canevas. Il
en devint en effet bien plus beau ; le canevas arrêta
des patries mêlées de pluficurs couleurs , qui n'a-
voient pu s'en féparer fans cela.
Ce que j'en ai vu, m'a déterminé de faire à l'ave-
nir quelque chofe de femblable. Tai fait faire
deux chauffes d'hipocrat de canevas , dont l'ouver-
ture de chaulfe eii un cercle de bois d'environ quatre
pouces de diamètre , autour duquel j'ai attaché cha-
cune ayant environ un pied de longueur.
J'ai attaché auffi fur le cercle une anfede ruban de
fil, pr.r lequel je veux fufpendre cette chauffe *u cou
du vafe où loge le panier , & par où coule le miel
qui en fort. En paflant dans cette chauffe , il y dépo-
fera les falctcs 6c les écumes , qu'on videra à me-
fure qu'elles s'y entafleront , ou dans les paniers
ou dans les cribles que je propofe , ou dans unj autre
chauffe , tandis que le miel épuré tombera dans le
vafe au-deffous.
Article de Al. B ART H ES le père , de la focUté royal^
1 desfcie/ices de Montpellier.
MIROITIER. ( Art du )
HT
1^ E miroitier eft celui qui Eût ou qui vend des
miroirs.
Le miroir eft un corps dont la furface repré-
ièiKe , par réflexion , les images des objets qu'on
met au-deTaot.
Miroir , dans un fens moins étendu , fignifie
une g^ce de verre fort unie , & étamée par-der-
rière , reprëfentant les objets qui y font offerts.
Miroir encatoptrique iîgniâe un corps poli qui
se donne point paifage aux rayons de lumière ,
& qui par confèquent les réfléchit.
La fcience des miroirs eft fondée fur les prin-
dpes généraux fuivans. i^. La lumière fe réfléchit
fur un miroir , de façon que Tangle dUncidence
eft égal à Tangle de réflexion.
i\ Il tombe fur un même point du miroir, des
r&yons qui partent de chaque point de Tobjet
radieux , & qui fe réfléchiflent , & par confèquent
piûfque les rayons qui partent de différens points
d'un même objet & qui tombent fur un même
point du miroir , ne peuvent fe réfléchir en arriére
▼ers un même point ; il s'enfuit dc-là que les rayons
emroyés par différens points de Tobjet, fe lépa-
leioat de nouveau après la réflexion , de façon
que la fituation de chacun des points où il par-
Tiendra , pourra indiquer ceux dont ils font partis.
De-là vient que les rayons réfléchis par les
air«irs représentent les objets à la vue : il s'en-
lini encore que les corps dont la furface efl ra-
boteufe & inégale , doivent réfléchir la lumière ,
de bçoa que les rayons qui partent de différens
points fe mêlent confufément les uns avec les
autres.
Les miroirs peuvent être diftingués en miroirs
plans , concaves , convexes , cylindriques , co-
niques 9 paraboliques , elliptiques , miroirs à
rouei , &c.
Les miroirs plans font ceux dont la furface eflr
plane : on les appelle ordinairement miroirs ,
tout coure ; nous allons principalement nous en
occuper , ayant parlé des autres dans Tart du
îvu.tcr opticien , tome 4 de ce diâionnaire des arts
& métiers 9 p. 256.
Les premiers miroirs artiflciels furent de métal.
Cceroa en attribue l'invention au premier Efcukpe.
Une preuve plus inconteliable de leur a;>nquité ,
^cft l'endroit de l'Exode , chap. xxxviii , où il
efl dit qu*on fondit les miroirs des fcmm.s qui
fervoier.t à l'entrée du tabernacle , iJc qu on en
ft un baifin d'airain avec fa baie.
Ouirc l*airaia on employa Tétain & le fer
bruni ; on en flt dépuis qui étoient mêlés d'ai-
rain & d'étain. Ceux qui fe fabriquoient à Brindes
paffèrent long-temps pour les meilleurs de cette
dernière efpèce \ mais on donna cnfiiitc la pré-
lérence à ceux qui étoient faits d\irg:i t ; & ce
fut Praxitelle , différent du célèbre lculp:e jr de
ce nom , qui les inventa ; il étoit contemporain
de Pompée le Grand.
Le luxe ne négligea pas d'embellir les miroirs ;
il y prodigua l'or , 1 argent , les pierreries , ai enfin
des bijoux d'uu grand prix. Sonéque dit qu'on
en voyoit dont la valeur furpaffoit la dot que le
Sénat avoit affignée des deniers publics -à la fille .
de Cn. Scipion.
On ornoit de miroirs les murs desappartemcns ;
on en incrufloit les plats ou les baffuis dans
lefquels on fervoit les viandes fur la i.ible ; on
en revètoit les taffes & les gobelets , qui multi-
plioient ainfi les images des convives.
II paroît que la forme des miroirs anciens ctoit
ronde ou ovale. Vitruve dît que les murs dwS
chambres étoient ornés de miroirs & d'.<baques ,
qui faifoient un mélange alternatif de iii^uies
rondes , & de figures quarrées. Ce qui nous
refte des miroirs des anci.ns prouve la mêrue choie.
En 1647 o" découvrit à Nimègu*î uîi tombjau,
où fe trouva entr'autrcs meubks un miroir d'à ;ier
ou de fer pur, de forme orbiculaire , dont le dli-
mètre étoir de cinq pouces romains : le rcvx.rs
en étoit concave '^: couvert de Lui'-les d art^cnt ,
avec quelques ornemcns.
Quoique ie métal fût longtemps h fei:le mi-
fière employée pour les miroirs , il eft pou»tï.'t
inconteftable que le verre a éié loiuiu dans les rcr> psi
les plus reculés. Le hafaicl rît découvrir ccrte \ d.îh-
rable matière, environ mille ans avant réj.o([.ie
chrétienne
Phne dit que des marchands de nirre , qui tra*
verfoient la Phcmcie , s'étant arbores fur le bo-d
du fleuve Relus , & ayant vou u L'ijcq cuire Xvwrs-
viandes, nii»enr, au dotant de;. ierre, des rr.urctw.x,
de nurc p-^ur foutcnir leur vsfc , èi que c* nii^c,
méJé iîvec It; r;ibie, ayant été «^mbr^fé par îc ^c. y
fc fondit, & forma ur}t; liqn.iir c* irt: ... rr p^ ..-
rente , qui fe fi^ca , & d^.nra L prem èr. >. .
la façon du ve-rr.
U elt d'aurant plus éo niint qu- !.. - -
n'aient pas connu «'r-- u- re; d i •-- '*•
à confervcr la rc» rcf r- j.ioi d..- «^
quant Vî:X.\v\ d^rnicie ï-> {. :
d" la dlcouvertc Uu v.r .
i fort loin»
112 MIE
Queis beaux ouvrages ne fit-on pas avec cette
matière I Quelle magnificence que celle du théâtre
de M, Scaurus, dont le fécond étage étoit entière-
ment incrufté de verre î Quoi de plus fuperbe ,
fuivant le récit de St. Clément d'Alexandrie , que
ces colonnes de verre , d'une grandeur & d'une
grofleur extraordinaires » qui ornoient le temple
de Tifte d'Aradus !
Il n\(ï pas moins farprenant que les anciens
connoiffant i'ufage du cridalt plus propre encore que
le verre à êire employé dans la fabrication des mi-
roirs , ils ne s'en loient pas fervi pourcet objet.
Nous ignorons le temps oii les anciens commen-
cèrent à Faire des miroirs de verre. Nous favons
feulement que ce fut des verreries de Sidon que
Sortirent les premiers miroirs de cette matière :
on y trvaiilott très-bien le verre , & on en faifoit
de très-beaux ouvrages , qu'on poli/Toît au tour ,
avec des figures & des ornemens de plat & de
îclicf , comme on auroit pu fabe fur des vafes d*or
& d'argent.
Les anciens avoient encore connu une forte de
miroir, qui étoitd'un verre que Pline appelle vhmm
Qbjtdianum^àu. nom d'Obfidius qui Ta voit découvert
en Ethiopie ; mais on ne peut lui donner qu*îm-
proprement le nom de verre. La matière qu*on y
employoit étoit notre comme le jais » & ne ren-
doit que des repréfentations fort imparfaites.
Il ne faut pas confondre Us miroirs des anciens
tvec la pierre fpéculaire : cette pierre étoit d'une
nature toute diftérente ^ & employée à un tout
autre ufage : on ne lui donnoît le nom àc fpc-
ctiUrïs qu'à caufe de fa tranfparcnce ; c'étoit une
forte de pierre blanche & tranfparente , qui fe
coupoit par feuilles, mais qui ne réfifloit point au
feu. Ceci doit la faire diftinguer du talc, qui en a
bien la blancheur & la tranfparence, maïs qui réfifte
à la violence des flammes.
On doit rapporter au temps de Scnèque l'origine
de Tufage des pierres fpéculaires ; fon témoignage
Îr eft formel. Les Romains s'en fervoient à garnir
eurs ienétres , comme nous nous fetvons du
verre ; fur*tout dans les falles à manger pendant
rhiver , pour fe garantir des pluies & des orages
et la faîion : Us s'en fervoient auiTi pour les li-
tières des dames « comme nous mettons des gtaces
à nos carroffes j il les empluyoicnt encore pour
les ruches, afin d'y pouvoir confidérer ringénicux
ttxvall des abeilles.
L'uCige des pierres fpéculaires étoit fî général ,
^u'il y avoit des ouvriers dont la profeftion n'a-
voit d'autre objet que celui de \ci travailler, &
de les mettre en pi ace.
Outre U pierre appelée fpéculaire , les anciens en
connoiffoiein une antre appclîée phcupth^ qui ne ce-
doitpas4 h premii^rccntranfparenccronlatiroitdc
UCappidocc; dic hon blanc!)C ât avoit la dureté
du marbre. L'uf^gc en comment^a du temps de
Néron ; il s'en fervit pour conAruirc le temple de
U F«»rtuae , rcufcrmcc dans i'cnccinte immezife
M r E
de ee rîche palais qu'il appela U maifan dorée*
Ces pierres répandoient une lumière éclatante dan*
rintérieur du temple : il fembloit, félon Torpref*
fion de Pline, que le jour y étoit plutôt renfermé
qu'introduit , tanquam inclufâ luce , nân tranftruJJ'J*
Nous n'avons pas de preuves que la pierre
fpéculaire ait été employée pour les m'trairj ; mai*
1 hifloire nous apprend ciue Domitien , dévoré
d'inquiétudes , & agité de frayeurs, avoit fait gar i&r
de carreaux de pierre pheugiu les murs ce lis
portiques , pour appercevoir , lorfqu il s'y proiBC-
noit , tout ce qui fe faifoit derrière lui , &. iç
prémunir contre les dangers dont fa me
menacée.
Etamagt.
L'étamage des miroirs ou des glaces , confifte 1
appliquer un amalgame d*étain & de mercure fur
une de leurs furfoccs ; ce qui les rend infiniment j
plus propres à refléchir les rayons de lumière,!
& par conféquent à repréfenter, d'une maniéni,
très-vive & très-nette , les images des objets. \
Cette propriété de i'étamage des glaces eft tondcc
fur ce que les fubflances métalliques , étant les
corps les plus opaques de la nature , laiiïcnt paiTer
à travers leur fubftance infiniment moins de rayons
de lumière , &L par conféquent en réfléchiflcnt
beaucoup davantage que toute autre matière.
Pour éiamer les glaces , ce qui s'appelle le»
mettre au tain , on les pofe fur des tables dans
une fituation horizontale, parfaitement de niveau ,
après avoir nétoyé très-exaftement la furface fu-
péricure qui doit recevoir le tain ; ou mieux
encore , l'on a pour éramer une pierre bien drûtte
8c bien unie , entourée d'un cadre de bois , qol^
préfente autour des trois côtés de la pierre m^
petite rigole percée à deux des coins. ^fll
Cette efpèce de table eil tellement difpl^B
fur les pieds qui la foutiennent , qu'on petite
volonté la metrre de niveau , ou lui donner d«
la pente du côté ou font les trous. ^
On couvre la furface de la glace de feuilto*
d'étaîn , qui font aufTi minces que du papier, âc
qui doivent être très nettes , & ne pas fon
moindre pli.
On verfe par-olcfrus une quantité de mi
fuffifante pour couvrir le tout cxaûcmeni ;
frotte légèrement avec une patte de lièvre*
l'y laiffe fejourncr affei long-temps pour qu'il $'a«
malgame parfaitement avec les feuilles d'aaisi|
qui devient très-brillant.
Alors on donne un petit degré d'inclinaifon I
la glace , pour faire écouler doucement le incrcurq
furabondant r on augmente peu h peu cette îikIs^
naifon à mefure gue le mercure s écoule; cn&n,
on parvient à poier la glace verticale m cm , Si an
la lailfe s'égouter entièrement dans cette d*rmèr4
fituation.
Quflqucfoismêînconch''- " ne»,
ou de plaques de plomb qu> v dQ
iu
MI R
ter 9 en fnetnnt une pièce de ftanelie ou de ferge
CQOcU gUcc Se CCS poids; opération aéceffàkepour
me U gUce l'applique plus immècltatement à la
raulle 4*êcaîii , oc que le mercure (upctÛM en
Éi¥^^ plus de facilité ; c cft pour cette dcr-
rmîTon que Ton penche la table lorfque la
efl chargée. Le mercure fuperflu coule dans
;ole y £k te décharge » par les rrous qui y font
|aès , dans des baiTins de bois.
LoHqu'on tuge Tétamage aflez parfait & foUde ,
on décikarge la glace & on la pofe fur des cgout-
rotrs de bois , dont on rend la pente plus ou moins
rapide , à volonté , & fur lefqutls elle achève de
perdre le mercure fuperflu qui pourroit lui refter»
Par cette manoeuvre , il ne rcfte de mercure que
la ponîofi qui s*eil véritahlement amalgamée avec
la CDtiche d*étain , qui devient alors trés-bnllanre.
Comme cet amalgame a un contaâ parfait avec
1a furface de la glice» atrendu que cette furface efl
txe^poue , cet enduit métaiVique y adhère à raifon
de ce coma^l exaâ , & la partie amalgamée du
iBercure ne s'écoule point , parce qu'elle eiî
j retenue par fadhèrence qu*cile a contraftée avec
■ rétaln.
B 1] fuSît d'environ deux onces de vif argent pour
comrrtr trois pieds de glace.
La réuiGte de cette opération dépend beaucoup
îk la netteté de la furtace de la glace ; car il
efl certain que la moindre ordure, les parcelles
it poii^iêre interpolées entre Tamalgame & la
ibrUce de la glace, empécheroient abfolument
Fidliéreac^ de concaâ entre ces deux corps.
Comme les matières vitrifiées , telles que le font
leigLces^ ne peuvent point s*unir intimement avec
Jcs fuHIances métalliques , il s'en f;iut beaucoup que
l'adhérence de rétamage des glaces foit auifi forte
^ celle de Tadhérence de métaux fur mèteaux ^
idkciu'clU fe trouve dans Tétama^e du cuivre Si
da fer ; dans ce dernier cas il y a diffolution , pé-
nétration » union intime de Tétain avec la furface du
inétal ètamé; dans celui des glaces , au contraire ,
il n'y a que Tadhérence de Ample cootad ou do
îvxta*pofition exaâe » qui peut avoir lieu entre les
corp^ quelconques , quoique de nature hétérogène
par ^application immédiate & juAe de leurs furbces
pobes. \n(ii le tain des glaces eil-il fort fujet à s'enle-
Tcr:ilfaut»siron veut le conferver , qu'il foit à
l'abri de rhumidlté& des frottemeos» même les plus
lég^en* Ce A par cette raifon qu'il cÛ rrès-eOeniiel «
Iûnqu*on met tes glaces au tain , de ne faire écouler
le merotre fur abondant que fort doucement , 8i
fion lentemeni ; autrement cette matière feroit
cipaMe d'enirainer avec elle prefque tout Téta-
BBft p€r fon feul poids.
Kunckel , dans les remarques fur 1 art de la
▼trrerîe, dit que pour étamer des hulcs ou dts
tùmeUi€4 dt verre , il faut ,
m\ Fondre dans un creufec un quart-d^once
f ccaiii ài autant de piumb.
Ans fr MéttiTs* Tomt V» Partit L
M I R
113
1". Y joindre cnfuite demi-once de blfmudi,
5^ Retirez le creufet du feu ; & lorfque la ma-
tière fera prefque froide , vous y verferez peu à
peu une once de vif argenr«
4"* Vous ferez un peu chauffer la boule de
verre, qui doit être bien nette ^ bien fèche , &
vous y inférerez > par le moyen d'un entonnoir,
Tamalgame ci - defflis , bien doucement , en cm*
péchant qu'il ne s'écarte du fond de la bouteille ;
car s'il tomboit avec force fur du verre froid , il
le ferait éclater*
ç*". Enfuite vous roulerez la bouteille dans vos
mains » afin que Tamalgame étamc » & s'éiende
également par- tout.
Si la matière fe grumeloit ^ on chaufferoit un
peu la bouteille pour rendre cette matière liquide.
Si Tama^gamc cft trop liqui.e , on pourra y
ajouter , en même proportion, du bifm.th, du
plomb 6c de fétain.
6 '. On verfe dans un vafe Tamalgame qui eft
inutile.
* Dlfferens iumagts*
Voîcî quelques procédés que la pTiyfique expé-
rimentaie ne permet pas d'omettre » en traitant
de l'art tiu miroitier.
Quoique ces procédés foient fimples, & d'une
exécution facile , les ouvriers » fur^tout ceux des
provinces , qui ne manient que des gbces planes,
s'y trouveroient arrêtés. L'amateur empreffé de
jouir , fera volontiers leur guide, &l*Eacyclopédic
doit le mettre fur la voie.
1*. De rétamage d* tint glace dans fa concavité.
Prenez du plâtre bien recuit & bien pulvérifc ,
partez fur toute ta furface creufe du verre une
légère couche d'huile. Formez avec le plâtre dé-
trempé f un moule exaâ , en appuyant fur chaque
point de la concavité. Pour épaiffir le moule ,
rechargez-le de matière , & que fon diamètre ne
furpa^e pas celui de la glace.
Vous Tenlèverez lorfqu'il fera fec; maïs comme
le verre pourroit n'être point parfaitement régu-
lier » ne féparez pas le verre du plâtre , qu'au-
paravant vous nayez tracé fur tous deux une
ligne de retrouve.
La concavité de la glace imprimera néceffaire^
ment au moule une figure convexe : on applique
fur cette convexité une feuille d'étatn coupée cir-
çulairement, Se dans des*dimenfions qui l'excédent;
pour la fixer invariablement , on en replie les
bords autour du plâtre ; quelques boulettes de
cire les y attachent fuffifamment.
Que cette feuille foit étendue avec foin : ta moin-
dre crifpatlon produiroit une tache , & gâteroit
l'ouvrage. Preuez donc uniformément fa furface ;
rétain tendre ^ duétiîe s'emboutira fans con-
tracter de dcfcftuofités.
Ce petit arrangement fini , placez de niTcau
114
M I R
fur un fac plein At (ablt , & bien fermé , le
côté bombé de la glace ; en pefanr fur fes exué-
mités oppofces , VtSort des dolgrs Tenfoncera
malçré la toile , & lui donnera plus d^afliette ;
vericz alors dans la concavité , que je fuppofe
eiïuyce , une portion de mercure qui la comble
entiéremenr.
Reprenez le moule chargé de Tétain , & le
plongez dans le même fluide : quand la feuille
en fera bien avivée, faites- la rentrer, à Taide du
moule , dans le creux de la glace : que cette
rentrée s'opère par un mouvement oblique , plutôt
que vertical ; que l'étain , pour mieux dire , re-
poufle le mercure & gliffe fur le verre , tant que
les centres fe rencontrent. En raffemblant les lignes
dont nous avons parlé , le rapprochement ne doit
laiffer abfolument aucun vide.
Il ne refte qu'à renverfer tout à-ia-fois le moule ,
la glace & le fac , mais fans les féparer : un fup-
port y haut de quatre à cinqf pouces , recevra le
deffus du moule , qui , par ce renverfement ,
occupera le bas. Le poids du fable, auquel il efl
aifé d'ajouter encore , continuera de preffer la
feuille contre la glace : il expulfera les bulles d'air,
& forcera le fuperflu du mercure à s*égoutte.* : au
bout de quelques heures , l'étain fera confoUdé ;
vous pourrei enlever le fac & retirer le moule ;
mais longez que la feuille eft adhérente au plâtre ;
dégagez fa circonférence, que vous retrancherez
enfuite comme inutile.
a®. Df l'étama^e d'une glace fur fa convexité.
Cette opération s'éloigne peu de la précédente.
Difpofez le moule d'après le verre ; fa furface
deviendra concave. Etendez dans l'enfoncement
la feuille d'étain , & ne lui laifTez ni rides ni
bouffiîTures; couvrez la de mercure, & poufTez-
y la glace en appuyant toujours , jufqu'à ce qu'elle
parvienne au milieu ; la majeure partie du mer-
cure s'épanchera : mais ce n'eft point âffez ; il
faut , comme précédemment , renverfer tout en-
femble , & le moule & le verre ; pofer le verre
fur le fnpport, dont le diamètre doit être moindre,
& charger le moule du fac rempli de fable. Ici
le fupport eft en contaA avec la glace ; garniiTez
fon lommet d'un tampon , ou de laine ou de
coton , & vous préviendrez toute rupture.
Pour étamer fur fa convexité une glace dont le
diamètre iroit à trente ou quarante pouces, le
travail eft différent. On confh-uit , foit en fer , foit
en bois , un cadre circulaire , double au moins de
la glace , & fupporté par trois montans ou pieds.
On tire d'une toile épaifTe un morceau qu'on dé-
coupe fur le cadre un peu plus en petit : on fortifie
par un cordon les bords de la toue , & contre le
cordon on perce des aillets : on peut enfuite , avec
un bon lacet , tendre à fon gré la toile dans le
cercle. La tenfion ne doit cependant pas être ou-
trée , fur-tout il la courbure du verre eft forte.
M I R
Cet' appareil placé horizontalement, il ne s*agit
que de coucher fa feuille d'étain fuf la toile, d'à*
vivcr de mercure le métal , & d'afTeoir la glace :
fon poids & les poids additionnels afTaifteront ré-
gulièrement la toile ; & le verre , de toute part,
touchera Tétain noyé de mercure.
L'art du lunettier-opticien enfeigne la manière
dont on rend convexe ou concave les verres plans,
au moyen des baf&ns & des fphères qui les ufeilL
par le frottement. Le procédé uu'on met en œuvre
pour les courber en les amolliflant au feu , mérite
d'être connu : je Texpoferai dans un article par-
ticulier. Voyez ci-après : verre au fourneau ( Art
d'a/noUir le ).
}^« De rétamage d'un globe dans fon intêruuTm
Ces globes figuroicnt autrefois dans nos apparu
temens ; leur préparation étoit même un fecret.
M. Southwel la publia le premier , de la manière
fuivante, en l'imprimant dans les tranfaâions phi«
lofophiques , N^ 245.
Le mélange dont il fe fert eft coppofé de mer-
cure & de marcaftite d'argent , trois onces de
chaque; d'étain & de plomb , une demi -once
de chaque : on jette fur ces deux dernières matières
la marcaffite , 6l enfuite le mercure ; on les mêle
& on les remue bien enfemble fur le feu : mais
avant que d y mettre le mercure, il faut les retirer
de defius le feu & attendre qu'eUes foient prefque
refroidies.
Pour en faire ufage , le verre doit être bien
chaud & bien fec. L opération réufTiroit pourtant
fur un verre froid , quoiqu'elle fe fit avec beau-
coup plus de iuccès fur un verre chaud.
La méthode que je trace , di£férente pour les
dofes , réuffit mieux encore.
Faites fondre une once d'étain & aunnt do
plomb dans une cuiller de fer : à ces métaux
fondus, vous joindrez une once de bifmuthconcafiré ;
le bifmuth fe liquéfiera prefque aufiîtôt. Quand
le mélange ne fera plus que tiède , ajoutez-y deux
onces de mercure exempt de toute humidité , il
nétovez les faletés qui s'élèveront à la furfiice.
Chauffez modérément le globe : qu'il ibie
très-fec en dedans , & qu'il ne recèle aucun corps
étranger.
Les globes dont eft queftion portent, comme
les bouteilles , un goulot alongé. Amenez-en l'en-
trée fous le bec de la cuiller : verfez-y le mélange
à petite quantité : fa fluidité , qu'on entretiendra
par une chaleur continue , permettra de le pro*
mener dans l'intérieur, & tous les points qu'il
parcourra fuccefCvement , fe trouveront étamés.
L'introduâion en verfant , fuppofe au goulot
une ouverture de plufieurs lignes : fi cette ouver-
ture étoit capillaire , on chauffcroit davantage le
vaifTeau : en plongeant fon orifice dans la cuiller »
la preftlon feule de l'atmofphère fera monter le
mélange.
M I R
Cet éttm^ge n^efl point à comparer k celui des
fbces ; mab U flruâure du vafe n'admet pas
alternat: ve,
*{ Article d€ M.BLASdVART DE SePTPOS*
TÀiSls ^ gcntiihùmmt d< CArdrcJls^ )
Okf€rvsthns cùnurnant ran 6* U commerce d^
mirouur,
les miroitiers ne font point les cadres des mi-
roirs» tl$ les achectent de certa.in$ ouvriers qui ne
■ ccupenc qu a ce genre de travail , dont la plu-
t à Paris habitent le faubourg Saint- Antoine,
monter un miroir , on pofe la glace dans
eo la f^ifant entrer par derrière dans
lillures qui lui font de(linées ; fi elle eft trop
ite, on la cale tout autour avec de petits mor-
CcTu.T de bois ou de papier : on applique enfuiie
des bandes de flanelle , larges d*un pouce environ ,
totii autaur de la gUce , 6i deux en travers.
. On met deïïus cette flanelle une planche bien
ice » âf on 6xe le tout avec des pointes de fer.
eUces du plus grand volume, telles tfue
foiii ccUei des cheminées, fe montent dtifèrem-
ment : on les place fur un panjuie . qui eft une
eriôde planche traverfèe de dirfèrentes bandes de
bois : oa garnit ces bandes de flanelle ; on y pofe
111 glace t fit on najuile le cadre qu'après ,coyp ,
iTW des vis à tête dorée.
On donne divers noms aux miroirs fuîvant les
endroits ou ils fe placent dans les appât temens »
tu fuivant leur uiage*
Les irumtaiix font de grands miroirs plus hauts
^ larges , qui fe mettent pour Tordinaire entre
les aoifees , d*o[i ils ont pris leur nom , cet efpace
qid i«^pare Les croîfées sappeiant un trumeau eo
lÉfiBc dTarchite^ure.
t de cheminées font celles qui fe pla-
i €tr, Jus des tablettes des cheminées dans
M ta appartemerc.
I Les places qui confervent le nom de miroirs ,
H ùxtt celles defiinées à être placées au-deflTus des
H râflimodcs ou tables des appartemens.
■ Afitrcfoti on ornoit ces miroirs de beaux cha-
HpLteiax , de riches bordures de bronze , ou de
HgUcei divcrfemem taillées ; aujourdliui on fe con-
Hieete ordinairement de les encadrer dïins des
Hiniigtes de bois doré , ornées de moulures ou de
"fcolprurcs.
Les mîrç'trf de tûUctte font des miroirs de
moy indeur,plus hauts que larges : les plus
jrar - . edent guère dixhuit ou vingt pouces.
Entia , les miroirs dt poche font de très * petits
wmÎTi 9 le plus fouvent de figure ovale , enfer-
més dms des boites d*or , d'argent , d'ccaillc de
«kmjcs, ou de chagrin , diverfement enrichies de pi*
«tûresde tètes de clous d'or^ ou même de pierreries.
t*- -' ;re éfoit autrefois fcuîe en poffeffton
.ik r des glaces courbées ; mais depuis
^li i'dt cfabli à Paris , avec un privilège du
* , une manuiaâure de miroirs co/uaves ^ on
M ÏR 'fiç
y courte des glaces de toute grandeur , pour
les pendules en cartel & autres meubles qui ont
befoin de verres concaves ou convexes. Cette
manufa^re prend de jour en jour plus de faveur.
Les glaces qui en fortent font déjà plus recher-
chées que celles d*Angleterre.
Les miroirs fphérîques y reçoivent un tain par-
ticulier j qui eu celui qui lui convient le mieux.
On eft prefque dans rimpoJTibilité de fiire des
lentilles de verre d'une certaine grandeur & d'une
certaine épaiffeur, & rarement font-elles aflTer
égnles pour laifier pafler également par -tout les
rayons de lumière » ce qui ne donne pas h ces
lentilles toute la force poflible pour réunir les
rayons folaires en un feul point » & y produire
ce feb fupérieur à tous nos feux techniques» On
fait dans cette manufafture des lentilles de verre
très-grandes , & dont rèpaifleurefl remplie dVau
diftillée ; ce qui les fait nommer loupes d'cdu.
Suivant rexpérience qui en fut faite devant le
Roi , une de ces loupes , cxpofée au foleil , fit
couler des gouttes de fer fondu d'une barre de
fer de la groffeur du bras , dans Tefpace de deux ,
fécondes.
On a imaginé dans cette manufcfture de faire
des luflres de glaces courbées, dans lefquels un
petit nombre de bougies font Teffet d'une très-
grandc quantité , par les refle^lions multipliées. De
pîus, les bougies y étant àfabri du vent, ne font
point fujettes à couler , Se jettent dans les a/Tem-
blées, même au milieu d'un courant d*alr , le plus
grand éclat polTible.
Les compagnies des glaces » du grand & petit
volume , établies par les lettres -patentes de
Louis XIV , prétendirent » avant & après leur
réunion , être en droit de mettre leurs glaces au
tain , de les faire monter en miroirs , & de les
vendre , ainfi que leurs glaces , en blanc , à qui-
conque voudroit en acheter ; mais elles furent
déboutées de leurs prétentions par un arrêt en
forme de règlement , que les maîtres miroitiers
obtinrent le 31 décembre ijiô*
Par cet arrêt , il eft défendu à la compignie
des glaces , & à fes commis , fous peine de quinze
cents livres d'amende , & d'èirc révoqués de leur
commiilion, de vendre à d'autres qu'à des miroitiers
les glaces de leur fabrique , ni de tes faire mettre
au tain , à Texception de celles deftinécs pour les
maîfons royales de Sa Majefté , ou pour être
envoyées à fétranger.
Par le tarif de 1664, l^s miroirs d'ébènc &
d'autres bois avec leurs glaces , enrichis ou non
enrichis d'or , d'argent & de cuivre doré ,
pay oient en France ks droits d'entrée , ï raifon
de cinq pour cent de leur valeur; mais depuis,
par la déclaration du Roi , en forme de nouveau
tarif, du 18 avril 1667, les droits furent réglés
fur le pied de la grandeur des glaces; favoir:
Celles de 30 pouces & au deffus , . . 25 liv*
Celles de 20 à 30 pouces « • ij liv*
P ij
.1x6
M I R
Celles de 14 jusqu'à 20 pouces . • • 2 a Im
Et celles de douze pouces & au-deflbus,
U douzaine 9 liv.
Ce règlement pour les droits d*entrée des gla-
ces de miroirs , n*eut lui-même lieu que îufqu'en
1672, qu'il fut défendu par arrêt du Confeil du
Roi du 6 septembre , de faire entrer dans le
royaume aucunes glaces à miroirs étrangères pen-
dant les vingt années du privilège de la com-
pagnie des glaces , fous peine de confifcation , &
de trois mille livres d'amende contre les contre -
venans.
Enfin , par l'article 7 du titre 8 de l'ordonnance
de 1687, les glaces de miroirs de toutes fortes
furent mifes au nombre des marchandifes de con-
trebande , dont l'entrée eft défendue dans le
royaume.
Les bois de miroirs fans enrichi flement , ne
paient d'entrée que fur le pied de mercerie,
c'eft-à-dire, xo livres du cent pefant, conformé-
ment à l'arrêt du 3 juillet 1692.
A l'égard des droits de fonie , n'ayant point été
dérogé à cet égard au tarif de 1664, par celui
de 1667, ils fe paient toujours; fa voir, pour les
miroirs avec leurs glaces , fix pour cent de leur
eflimation , & trois livres comme mercerie , le
cent pefant « pour les miroirs communs , à moins
qu'ils ne foient deftinés & déc'arés pour les pays
étrangers, auquel cas ils ne paient que 2 livres,
conformément à l'arrêt du 3 Juillet 1692.
Les entrepreneurs de la manufaâure des glaces
de France, ont un Mn/ contenant toutes les lar-
Seurs & hauteurs des glaces qu'ils font fabriquer^
L le prix qu'ils les vendent.
MÉMOIRE (iir la conflruCtion dts miroirs à rifle ftian ,
qui rC offrent qu'une feule image bien nette & par-
Jaitement terminée , par Af. /*. proftffeur de ma-
ihimatiques^ &c^
Nevton , après avoir découvert , au moyen du
prifme , que les rayons de lumière dans leur
tranfméation au travers du verre, ne fui voient
pas la même route après en être fortis , crut
qu'on ne pouvoit point efpèrer de perfeâionner
les téltfcopes dioptriques: car, pour avoir une
image bien diflinâe & bien terminée, il faudrolt
3ue tous les rayons qui partent d'un même point
e l'objet, pulfent après leur traverfée dans îe
verre, fe réunir bien exaâement au même point
qu'on appelle foyer : or c'eft ce qui n'arrive
point, car les rayons qui tombent le plus près
de U lentille, fe réunirent plus loin que ceux
qui tombent plus loin de cet axe. D'un autre côté,
ces rayons fe décompofant dans la traverfée du
verre , les rayons violets fe réunifient plus tôt que
les autres ; c'eA-à-dire que leur foyer eft plus
près de la lentille, & que le foyer des rayons
rouges en eft plus éloigné. Les rayons des auties
couleurs ayant leur foyer entre ces deux pre-
M IR
mîers ; fuîvant le degré de leur tk(nS&otk i C6
même auteur a trouvé par le calcul, quererreor
caufée par la réfraâion , eft infiniinent plus grande
que celle qui provient de la fphéricité, enfinte
que quand on emploieroit des lentilles parabo*»
liques ou de toute autre courbure, & quonpauv
viendroit enfin à détruire , ou totalement corriger
Terreur de fphéricité , on n'en feroit pas fenfirae«
ment plus avancé, tant qu'on ne pourra efpérer
de corriger l'erreur provenante de la réfraoton.
Ces réflexions le portèrent à recourir au mirmr
de reflet , oii il n'y a que l'erreur de fphéricité »
qui eft incomparablement moindre que celle de
la réfraâion.
Si, d'après les obfervations du célèbre EuUri
& les travaux de Dollond, on eft parvenu à &ire
des télefcopes dioptriques, connus fous le nom
de lunettes acromaiiques , on a d'abord trop
efpéré , & le défu* ardent de voir la dioptrique
perfeôionnée , a fait illufion à nos meilleurs au«^
teurs. Les travaux opiniâtres des meilleurs arS
tift^s , & les formules algébriques des Smith p
Clairautj d*Alembert ^ Euler ^ Bofcovich^ &c. ont
fait voir à la longue , que le fuccès n'eft pas celui
3u'on attendoir. Le favant Bofcovich a démontré 9
'après une foule d'expériences ingénieufemenr
faites avec le vitromètre , inftrument de foa
invention , auquel il a appliqué un héliofiat^
pour ne rien précipiter dans (es opérations, &
en bien examiner l'eflet à loifir, que les rayons
folaires ne peuvent s'unir après la traverfée da
vitromètre , ou prifme , compofé de deux diffé*
rentes fubAances diaphanes, que deux à deux»
U augure qu'on pourroit en réunir trois avec trois
fubftances diaphanes de diflièrentes forces réfrac*
tives ; c'eft ce qui n'a pas encore été tenté , qne
je fâche. Les expériences que j'ai faites à ce fujer^
me portent à le croire. Un excellent obieâif, ope
j'appelle acromatique , pour me conformer à l*u*
fage , compofë de trois matières dift'éremment ré*
frangU^les, fait un effet fupcrisur. Malheureufe-
ment le foyer eft trop court, n'étant que de deux
pieds ; mais ceci eft un ouvrage à part, & n*ap*
partient pas au fujet que )'envifage aduellemenc.
Quoi qu*il en foit , les objeâifs acromaiiques »
tels (ju'ils ont paru jufqu'ici , font rarement bons ^
& font très-chérs, foit à raifon de la difiiculré
au^on trouve à les conftruire, foit à raifon de
1 extrême rareté du bon flint-glafs : d'un autre
côté les télefcopes catoptriques que l'on a fubiH-
rués aux dioptriques , pour évirer le grand incoo*
vénient des rcfraâions, ont auifi un défavantage
marqué, outre Qu'ils font difllciles à conftruire,
& par-là trés-difpendieux ; les miroirs métalli-
ques , compofés ordinairement de rofete ou cuivre
rouge avec une certaine quantité d^écain, de une
& de bismuth , font très-fuiets à fe ternir ; l'aîr^
rhumidite & la brume de U mer en minent la
fuperficie , au point qu'ils ne peuvent plus fervitt
qu'à la fonte»
M I R
Oo erpirok, Il n'y a pas encore long- temps,
qaua noaVQiu métal quon a lantôt appelé or-
fliîijiff^ à caufc de fa couleur jaune tk de fon poids ,
^ntfit ^r^€nt*piéUifu , à caufe de (on infériorité à
ror vén:>blc » qroiqu*U en ait la couleur 8c fcn-
mcm la p-*fanteur; on etpéroit , dts je , que
nètal , qu'on dit incorrupiibîe , ou du moins
r moins corruptible des mètnux connus, lervi-
roit i faire d*ci£cc!lens miroirs catoptrîques. Mais
d'aprcs ks expériences faites à Paris fur cette
mxnère , on a reconnu qu*il ne peut être mis en
ùsAon tans y ajourer d autres métaux , ce qui
iormcroit tou ours une compofition » qui par*là
même annonce très*probablement une décompo-
^Âtioa par les caufes ordinaires* D'ailleurs les
H'vues politiques de rEfpagne ont fermé les mines
Vde ce nouveau métal , & nous privent des avan-
f tigc^ qu'on auroit peut-être tirés de fa préteo-
doj ptibilité*
L - - js points de fait, il paroî t réfuUer qu'on
tcm^fê^ca raln de (aire des miroirs de télcfcope avec
do mttii quelconque f^ul ou combiné avec d*au-
ffFS, hns avoir à craindre les mêmes inconvéniens
qw ceux que nous remarquons dans les miroirs en
uÙM* Les tentatives qu'ont faites tes grands génies
de dernier Aèclc Se de celui-ci , font décourageantes.
K<wrcn , rebuté de toutes ces difficultés, fit des
1rs de verre d'une concavité & d'une con-
ité igiles» leurs deux furfaces ètint par ce
iVléles, la partie concave expoléc aux
ny icm fenfiblement parallèles, de voit les
ni?C4Ui»leff en un point que Ton favoit devoir être
uqiiarr du diamètre de courbure, tant que le feg-
»ent fphérique cft d'un petit nombre de degrés ; la
pfikuppofée étant convexe d'un même rayon de
courbure & bien étamée , devoir renvoyer aulfi les
rayons au quart du diamètre de courbure. Cjs deux
foyers ne dévoie n^ccpendant pas coïncider au mime
point, à cauf<^ de TepaiiTeur du miroir. Apres les
cxpéfîences faites on s'apperçut qu'effeitiveoit^ntces
dcujc foyers étoient difFérens ; que celui de la furface
Cûocive étoit plus éloigné, & celui de la furi^ice
et; s proche du miroir ; ce qui devoit caufer
anv 1 »n dans rimage. On auroit pu réparer
cette mcprite^ en donnant un peu plus de longueur
«tt diamètre de fphéricité de la partie convexe du
miTOtr; & cette idée fe préfenta peut-être d'abord;
QUts ce qui fit pourfuivre le projet, c'cA qu'on
«i^nfa la rttleâion des rayons par la furfacc anté-
Ôenre ; on c^mptnit que cette réfleâion n'étoit pref-
Sfien en compar^ifon de celle produite par la
ICC ct^mèe : il arriva pourtant que Tefftt decette
rèâedion mi^prift*c trot bloit confidèrablcmeot Tef-
ht de Paurre , & que Newton lui-même n'en fut pss
fjiHfît^,
1 ' nfcovic h, '^a*;s fa quatrième differtatîon,
iir Vienne en Aytriche en 1767, donne une
ar-iiode de cnrcéï.on, au moyeu de laquelle il
CfOii qu*oa pourroit employer le verre commun,
(0II11ILC on emploie te métÀU Rapportons fcs pto*
M î R 117
près expreHions : Nunc quldtm foU mctallîca
jpc:ulii funt in ufu, quis tamen ingt/is /ube/iî m*
commodum, ex eo quûd nimis facile nitorcm illum
iimittant » qui <fi nimium nectffarius ad habcndam imii-
ginis cUritatim. J'itrea hoc quidcm incomtnodum non
habcnni , 6* in i^fis , cum habcutur pto vU'idïorc ima-
gi/ie duplex rc/rafiio vnzîcr tejîtHionem ^ haèetur In-
commodum divirfa refranpbUuaàs , ut duplicis imagî-
nis, pratererrorcmf^ufajphenca, & crajjttadinctnvitn^
qua duo funt communiai eiiam Untïbus dloptricorum
icUjcopiomm, Verùm fi ht Ipfi errons ad trutinam
rcvûcentur^ ac eorum imapncs cakulo definiantur,
videri poterit , quid pnflari dtbeat , ut coniganture
quantum fieri potefl. Operd geomeiria & calculi
vtdendum quid in to ^cnert obtint ri pojjit* Mulîà
enim diutius perdurarcnt ejufmodi teUfzopta^ obfcr^
vationibus idonca ; n<c us que a de à ab kumido aère
ipfis timendum effet per noHem uti nunc meialUcis
tïmere cogimur.
Cet auteur , après avoir déduit de la théorie des
formules compliquées dans lefquelles négligeant
plufieurs petites quantités, il tire, au moyen du cal-
cul différentiel, lethioré me fuivanr ; tn fpeculisvJtreis
ad corrigendum errorem dtverfet refrangibilitatis pro
radiis axi proximis débet alura fuperficits tjfc cava ,
altéra convexa ^ fecundm fupertii.ui radiiu ejfelongior
radio prima \ crajfitudmis vtt/u
L'expérience a cependant démontré qu*onne peut
l^arvenir à corriger les erreurs caufées par la double
réfraélion de la lumière; favoir, la première, dans
la traverfée de la lumière jufqu'à rétamage; la
féconde , pour fortlr du verre après la r*;tleéàion faite
pir la furface ètamèc; ce qui peut venir en partie
des défauts qui fe trouvent dans le verre, C'eil ce
qu'éprouva Newton, & ce qui Tobligca à recourir
au miroir de métal.
Les miroirs de meta! réfléchîtTent une lumière i-
peu-prês égale à celte que réfléchiroit un miroir de
verre étamé ror, celle-ci eft à-peu-prés triple de
celle que réfièchiroit la furface antérieure de ce
même verre. Pour s'en convaincre, il n*y a qu'à
préf::nter une bougie allumée devant une glace,
à la diilance ii*cnviron 18 à 2^ pouces, & fe
placer de l'autre côté de la g! a ce ; à une dif-
tance de la glace un peu moindre , on apercevra
deux lumières trè^-diftinfes qui paru^fent erre der-
rière la gLice* La plus foible des deux lumières, 8c
b plus proche de la glice,eft celle caufée p-ir li ré-
flcîâion de la furface antérieure decette mèmeg^^ice;
b lumière la plus éloignée , dont réclat paroit fen-
fiblement triple, e(^ caulée par La réfledlion de U
furface CJamée.
Or, M, hoigner a fait voir par expérience que
la lumière rtfî jcbie par la furface d'une lentille de
verre t u\fl que la quaranticoie p:iitîc de cclk qui
rraverfe le verre de ia Icntilie. Hureuf ment les
miroirs métalliques n'étant affectas qi,e ■ eî erreur
de fpbéncité , qui eft in*;omp.irablemeDt plus petiu:
que celle de taréfradi^ir. fupporreiit une ouvci tune
quarante fois plus grande, puif^^ue^ comme o/oiis
ii8
M I R
l'apprend ia géométrie , les furfaces font entre-elles
comme les quarrés des diamètres ^ qui font ici les
lignes homologues. Or, un objeéÛf dioptique ordi-
naire de trois pieds fupporte à peine une ouverture
d\in pouce» tandis qu*un télescope à réfleéiion de
même foyer, peut uipporter une ouverture de fix
pouces & trois lignes : leurs furfaces font donc
entr elles comme l'unité eft à quarante, à très - peu
près.
D'où il eA facile de conclure qu'un miroir de
verre dont on n'emploieroit que la furface concave
feule , en fupprimant la furface étamée , ne fourni-
Toit à fon foyer que le tiers de la lumière que four-
nit un miroir métallique de même dimenfion. Par
conféquent on ne pourroit y employer qu'un ocu-
laire aun plus lon^ foyer, & fous la même lon-
gueur fon effet feroit triple ; mais auffi , fur mer, on
n'a pas befoin d'un téleUope qui groffifle confidéra-
blement. Les plus grands vaiiïeaux difparoiflent aux
yeux du fpeâateur avant d'être à quatre lieues du
rivage, i **. Il ne faut pas qu'un télescope foit d'une
grande longueur pour apercevoir les fateliites de
Jupiter, dont les éclipfes peuvent déterminer les
longitudes, a**. Sur terre ,les agronomes peuvent en
avoir aifément & à peu de frais , de telle longueur
qu'il leur plaira , fuivant la nature des obfervations
qu*ils auront à faire. U fufEroit , pour l'odinaire , d'en
avoir de fix pieds. 3^. Ces miroirs auroient de plus
un avantage , qui compenferoît d'une part une ps^-
tie de ce qu'ils perdent de l'autre; car on peut don-
ner au verre qu'on travaille dans des baf&ns exaâs &
faits au tour une fphéricité beaucoup plus exaâe que
celle des miroirs de métal. Les plus habiles fondeurs
conviennent qu'un métal fondu, jeté dans le moule,
fe retire en fe refroidiflant, & ne fe retire pas égale-
ment, fur-tout quand rèpaifTeur n'efl pas égale par-
tout. Or les miroirs métalliques ayant une rois pris
la forme du moule, ne peuvent plus qu'être polis.
On ne fauroit remédier au défaut de parfaite fphé-
ricité fans les remettre à la fonte : de* là vient que
l'erreur inévitable de la fphéricité devient par cet
inconvénient double & quelquefois triple de celle
d'un miroir concave de verre.
D'après cette confidération , & de cette théorie
pratique, j'ai conilruit deux miroirs concaves de
verre, l'un de dix -neuf pouces de foyer, l'autre
de quarante- fix ; & au lieu d'étamer la furface poflé-
ricurc , comme avott fait infruâueufement New-
ton & plufieurs autres , je n'ai fait que lui ôter fon
poli pour rendre fa réfleâlon nulle; c'eft-à-dire,
qu'en lui donnant une courbure convexe arbitraire ,
je l'ai Amplement mife en état d'être polie, ou, com-
me parlent les ouvriers , je lui ai fimplcment donné
le clernier doucis. Plaçant enfuite ce miroir per-
pendiculairement fur le bout d'une longue règle ,
& dans l'axe de ce miroir, à une diflancc convena-
ble, un petit miroir plan étamé, incliné à cet axe
de quarante - cinq degrés , fuivant la méthode de
Newton , j'ai vu avec plaifir que l'efFct eftle même
que celui des télefcopes i miroir de métal. 11 m'a
M I R
femblé que la diflinâion étoit plus marqu ée. Mais
comme le jugement dépend d'un coup-d'œil, \c
crains de me faite illufion; & l'expérieDce, avec
la confrontation , apprendra mieux ce qu'il enfimr
croire.
Je ne doute point qu'en plaçant, au lieu de ce
miroir plan , un miroir concave de verre d'un (oytr
beaucoup plus court , & fuivant les propornons
ordinaires, à la manière de Gregori,quieft la fer-
me qu'on leur donne aâuellemen», le célefcope M
réuflifle tout auffi bien.
Il eft facile de voir que cette efpèce de mirair
peut également fervir à la chambre d'ombre, flt
pour réi9échir la lumière du foleil dans les miiâùf'
copes folaires , en lui donnant la forme qu'on deùrt^
plan ou fphérique, pourvu qu'on aitle foin de rendra
nulle la réflexion de la furface poftérieure en loi
donnant un fin poli. Comme je ne propofe poiàc
ici une nouvelle compofition de matière à faire de»
miroirs, ni un procédé nouveau de les polir, il
feroit inutile d'en parler. On verra fans peine , qu'en
faifant faire au verre lafonâion de métal , c'eft-à«
dire , en n'employant qu'une feule furface , toiite
forte de verre, môme de rebut pour tout antre
ufage , e A également bon pour les miroirs , lés verres
filandreux , gélatineux, ceux qui ont des âries, des
bulles » &c. ; car ces défauts , très-grands quand il dft *
queftion de réfraâion , deviennent nuls quand il'
n'y a qu'une fimple réfleâion. Ainfi ces miroirs an*
ront 1 avantage des miroirs métalliques, (ans en
avoir les inconvéniens. Us feront légers, peu dit
pendieux, durables, quoique plus fragiles, facilei
à être remplacés dans la même monture en cas d*ao-
cidenr.
L'avantage dont on vient de parler, n'empèchn
pas qu'on ne continue à faire des recherches fur la
compofition du flintglafs ; cette féconde découverto
feroit toujours très-précieufe ,»parce qu'avec lès
meilleurs télefcopes de métal ou de verre, onefl
long-temps à pointer, principalement fur mer; au
lieu qu'avec les télefcopes dioptriques acromatiques»
quoique moins parfaits , on découvre l'objet avec
plus d'aifance & de promptitude. Ceux qui ont
voyagé fur mer nous diroient que le mouvement
du vaifleau, provenant du roulis & du tangage»
augmente la première difficulté , & fe Êiit moins
fentir dans les télefcopes dioptriques acromatiquea»
Crlfiaux de Montre.
Les criflaux anglois font préfentement imités
par les François de façon à ne laifTer rien à
défirer.
Les verres de montre formoîent fcals une branche
de commerce confidérable , dont TAnglcterre étoit
en pofTefTion , & qu*on eftimc à environ un mil*
lion par année.
M. Alard^ horloger, s'efl livré à ce genre d'in*
duftrie avec autant de zèle que de fuccès ; Ce%
criAaux ne le cèdent pas aux plus beaux criflaus
M I R
h toùnnc inglois. Il a fu dreffer des ouvriers
& tut iTcnercr en concurrence avec les étran-
len^ & <ic former par la iulte des êtabU(Teniens
ca^ no5 provioces , où la main-d'œuvre, moins
chxre qu'a Paris , rendra la concurrence des crif-
UQi de montre françoîs difficile & même impof-
Sbîe t "- tn
M r>ii à M. ÂUrJ la matière première,
«a c rait , & c*eft la manufa^ure royale
itc S, s en Lorraine oui le lui fournit.
Vo4€4 quelques détails relatifs à Tart de fabrî-
Jes crtflatu de montre.
ûit qoc la matière première confifte en
voies creufes de criflal parfait ^ ces boules
iittm erre parfaitement fphériques ; leur vo-
^Ipme cfl proportionné i la grandeur des criftaux.
Un criital dVne grande furface , fur tout s'il
M iflati , exige une boule d*un grand diamètre,
cbqîie boule fournit plufieurs crilUux, Telle efl
il ttamérc de les féparer.
Cmq ou Ax tuyaux de pipe font placés dans
tn pcrit fourneau , au milieu de charbons allu-
a»^ Une femme prend une boule de la main
Lndie, pofe à la furface lui modèle; à Taidc
Pïon tuyau de pipe qu'elle retire du feu tout
n^ge, elle fmît éclater circulât rem en i le criAai
lie détache; elle reporte fon mo^iéle plus loin,
& rè|»«te la même opération Jufqu'à ce que la
ttcilàè do la boule folt diviiee en autant de
[fdUtu de montre qu elle a dû en détacher.
Uoc autre femme pixnd des cifeaux , coupe
I te» bords irrèeuliers du criûal qui s'égrife & yole
I a Mn£E4re fous le coup des cifeaux.
Les cnAaux portés à Tattlier , on les aiTujettlt
^f du mailic, par la partie concave , fur une
^ifec (uf>e petite bobine en bois); on ébauche
1ê liifeaD du bord ; au moyen de la pierre ponce
I & i Faide du tour , on leur donne une parfaite
[éjîibé dam la crTConférence.
EfiÊn on tes détache de de^us la poupée, oti
lenîéve le maAic, on les polit à deux divers po-
Ifiggîn, & le criiial eft fabriqué.
Ht dts MlroitUn * Lmutticrs • optkUns.
La communauté des miroitiers e^ compofée de
Icdk des bimblotiers» & de celle des doreurs
er cuir.
Par cette union, les miroitiers ont la qualité de
iiroiûcTs-lunettiers-bimblotiers , doreurs fur cuir,
enjoliveurs , de la ville , faubourgs ,
^ revoté de Paris.
^fiù%l par TEdit du ij Août 1776, il font
^miionauté avee les tapilîiers , & les frippiers
meubles & uAenfiles.
V% oTï* qt?3tre jurés, dont Téle^ion de dieux fe
ri n née ^ enforte qu'ils rsflent chacun
Ll._ de fuite en charge , gouvernent la
ipaticè, donnent les chef-d'ceuvres^ rcçoi-
Ics inaiaes , & font les vifites , dans lef-
M I R
119
quelles , lorfqull fe fait quelque faSfii , Us font
obligés d'en ratre le ri^pport dans les vingt-quatre
heures.
Nul ne peut vendre miroirs, lunettes ou bira-
blots, s'il n'eft maître, & s*il n'a fait chef d*Œuvre
de l'un de ces trois, auquel tous font tenus, à
la réfcrve des fiU de maîtres , qui ne doivent que
fimple expérience, m^is qui font néanmoins obU-
gés de payer les droits du Roi & des jurés.
Chaque maître ne peut obliger qu'un fcul apprenti
à la fois : il eft toutefois permis d'en prendre un
fécond la dernière année du premier,
Uapprentiflage eft de cinq années entières &
confècutives , après lesquelles Tapprenti peutafpirer
à maitrife, & demander chef-d'œuvre, qu'on lui
donne fuivant la^^artie du métier qu'il a choifie
6c qu*il a apprife.
Les compagnons, mcm^ ceux qui fontaprentîs
de Paris, ne peuvent travailler pour eux, mais
feulement pour les maîtres ; & les maîtres ne
peuvent non plus leur donner d'ouvrage à faira
en chambre , ni autre part qu'en leur boutique.
Les veuves ont droit de tenir boutique ou-
verte , & d y faire travailler par des compagnons
6t apprentis.
Les ouvrages permis aux maîtres de la com-
munauté, à Texclufton de tous autres, font des
miroirs d*acier & de tous autres métaux; comme
auiïï des miroirs dt verre , de criftal & de
cnftalljn, avec leurs montures, bordures, cou-
vertures , 6c crirlchiffemens ; des boutons pareille-
ment de verre & de crift^'l ; des lunettes & des
béûcles de toute* fortes, montées en cuivre, corno
6c écaille de tortue , les unes & les autres de
criftal de roche, de criftalîn ou de fimple verre;
enfin tout ce qu'on peut appeler ouvrage de bim-
bloterie d'étain mêlé d'aloi, comme boutons , fon-
nettes, annelets, aiguilles 6c autres petits jouets-
d'cnfans, qu'ils nomment leur ménage & leur
chapelle^ même des ilacons d'étain fervantà mettre
vin Se eau , cuillers , falieres & autres légères
bagatelles d'étain de petit poids, & à la charge
que les falieres entre autres ne feront hautes que
d*un demi-doigt , & ne pourront pefer qu'une
livre & demi la douzaine.
Les jurés font obligés de faire la vifite des ou-
vrages apportés par les marchrinds forains, & de
vaquer au lotiftage de ces jnarchandifes & matières
propres au métier, arrivant dans la ville de Paris-
Four cette raifan, ils font déchargés pendant les
deux années de leur jurande, du foin des boues &
lanternes.
Les découvertes d'optique 8c d'aftronomie ont
beaucoup augmenté les ouvrages des maîtres mi-
roitiers- lunetiiers, à caufe delà taille des verres,
& de la fabrique des miroirs de métal , dont les
aftronomes 6c les opticiens ont befoin, les uns pour
leurs expériences 6i les autres pour leurs obferva-
tions céleftes; c'eft pourquoi ils ont pris la qua-
lité de mTohUrs-luncttUrs-ëpticUns.
I20 M I R
Outre les verres oculaires & ob)eâtfs qui fe
trouvent dans leurs boutiqpies, comme lunettes
fimples, télefcopes ou lunettes de longue vue»
les binocles, les lorgnettes, les mlcroicopes &
autres femblables qu*ils vendent tout montés , il
ont aufiî fournis de cylindres , de cônes , de
pyramides polygones , de boîtes à defllner , de lan-
ternes magiques j de miroirs ardens , foit de mé-
tal ou de verre, de prifmes , de loupes, de verres
à facettes , enfin de tout ce que Tart a pu inven-
ter de curieux & d'utile dans Toptiquo.
Les outils , inArumens & machines dont fe fer-
vent les maîtres miroitiers -lunettiers- opticiens,
font le tour, les baffins de cuivre, de fer ou de
métal compofés ; les molettes , le rondeau de
fonte ou de fer forgé , le compas ordinaire , le
compas coupant , le gravoir , le poliflbir , les
Iphéres ou boules , divers moules de bois pour
raire les tubes ; enfin la meule de grés doux.
Les matières qu'ils emploient pour travailler
leurs verres , les adoucir & les polir, font le grés ,
l'émeri , la potée d*éuin , le tripoli ,' le leutre
& le papier.
E-xplication des Planches de VAn du
Miroitier-metteur au Tain. Tome III
des Gravures.
PLANCHE PREMIÈRE.
Le haut de cette planche repréfente un atelier
où plufieurs ouvriers mettent aes g*aces au tain.
\jn en a occupé à déeraifler le tain , un en ^,
à verfer le vif-argent (ur la feuille d'étain ; un
en c, à pofer la glace fur la même feuille d'é-
tain , d'autres en d, à pofer les glaces fur Té-
Sputtoir ; un autre en c , à ranger des glaces mi-
es & à mettre au tain au fond de Tattelier.
En /, eft une uble oii font plufieurs glaces
chargées que Ton vient de mettre au tain. A Top-
pofite en ^, eft un égouttoir où font pofées les
glaces. Sur le devant en A , eA une trémie à fé-
parer le vif-argent des ordures.
La fig. I , au bas de la planche , repréfente une
des tables fervant à mettre les glaces au tain;
tf, étain couvert de vif-argent; ^, feuille de pa-
pier; c, glace mife au tain; i, glace chargée.
i e , &c. pierres & boulets fervant à charger; //,
le châffis de la table; gg^ les pieds.
fîf. 2, vue de rintérieur de la table, a a, le
chams; hb^ les traverfes; ce, le fond.
PLANCHE IL
Fîg. I , table de pierre.
Fiff. 2 , boulon fervant k mettre la table en équi-
libre; tf, la tète; *, la tige; c, la vis; i,récrou.
M I R
Fig. s i tréteau de la table ; aa^les plec
traverfe.
Fig. 4, tafleau; 4, le trou du boulon;
pattes.
Fig. /, boulet de fonte.
Fig. 6 , billot ; tf <x , les frettes.
Fig. 7 , pierres à charger.
Fig. 8^ brofie; tf , la brofle; ^, le ma
^^- 9 1 febile à queue ; ii , la febile
queue.
Fig. 10 , febile à vif- argent.
Fig. Il , fupport de la (ebile à vif-arg<
Fig. 12, égouttoir fimple; tf,régouttoir
cordages.
Fig. 1^, égouttoir compofé; ^rii , les égc
bh^ &c. les montans du chaflls; ce, &c.
verfes du chaflls; dd, &c. les boulons
de fupports.
Fi0. 14, dégraiflbir.
Fig. //, trémie à fèparer le vif-argent
dures; « , la trémie; bbj le fupport; c, I
PLANCHE II L
Flgnetu.
Fig. I , ouvriers qui équarriffent une (
une pierre.
Fig. 2 y ouvriers qui nétoient une feuille
Fig. ^ , miroitiers qui mettent une g
tain.
^jf« 4 9 gl^cc que l'on pofe contre le n
la laifler égoutter.
Fig. s% pierres & boulets pour chai
glaces.
Bas d€ la Planche.
Fig. I , N^. 1. grande table ou pierre
PLANCHE IV.
Fig. 2 , coupe de la table.
^^i' 3 9 pî^ds qui ponent toute la table
Fig. 4 , glace avec feuille d'étain.
^'^- S 9 teuille d'étain.
Fig. 6, billot à foutenir la table, lo:
eft penchée.
Fig. 7 , pierre à charger les glaces.
Fie. 8 , lambeau de chapeau pour déci
fiîuille d'étain.
Fig* 9 > febile de bob pour mettre te vi
Fig. 10 j boulet à charger les glaces.
^^g* "9 grandeur des glaces.
PLANCHE V.
Fig. 12 y table pour dégraiflcr les glac
un tapis de fianelle.
Fig. ijy coupes de la table, N'. la.
Fig. 14, chilien.
Fi^. //, fac rempli de cendres, qui fe
toyer les glaces.
M I R
fw, id, plaiicbe à porter les glaces ea yUk.
1^. fT, cUie pour couvrir les glaces,
iif, iif p4[âcr ictrznt à èumer*
PLANCHE VL
iç^ couloir fervant k> ègoutter les gUces«
/ïf. jo, g- a ce convexe.
/"». Mi » moue de plaire pour étamer les glaces
nbccs»
2j , mor-^cAu de flanelle Tervant à couvrir
pour Its ch:i'ger.
^ijf. 2|^ couloi p ui^ les petites glaces.
Fàg, juf , ég uf«'ir pour le vif* argent,
'"/• ^/» au rc cgouiosr à pendre au mur.
/^. ^ , pUtioe de fonce Servant à bomber les
PLANCHE VIL
f^ jf , Diamant.
«; aS, équerre.
f^ a^ , pinnier à mettre les boulets,
^* jo, boulet.
fj^. ;i , rabot.
J*^. ^a , couiEo à pofer les glaces.
% 17 , fcie.
M I R 111
Ftg. 34 I Vilebrequin.
Fïg. jf, règle ployante.
^^' J*^» rondeau fervant à aiguifer les glacer
par les bords.
Ftg. 17 » tonneau fervant à porter le tondeau-
^f^' t^ » morceau de boîs couveit de bufle.
Fig* ^p , émeri pour polir les glaces.
fïg^. 40, morceau de glace à broyer rémerî.
Fign 4/, fer du vilebrequin.
PLANCHE VIIL
Flg. 41 y gouge ou fermoir*
^^^' 4y» marteau.
ffg. 44, vis.
^'g* 4S * pointe,
Fig, 46 > tour ne- vis,
Fig. 47 , pinces.
Fig. 48 , autres pinces nécdTaires.
Fig. 4P, grattoir pour ôtcr le vif argent de
defliis les vieilles glaces_,
^'^* S^ » poinçon.
^'^- /' » gt^îge ronde.
F/^, j2, patte- de-liévre.
Fig, fj , broflfe pour nètoycr rétiîji*
Fig, 54» couteau.
Fig. fs % pi^^flfc-
VOCABULAIRE.
Avri'AOI ; c*eft la première façon que le mt-
nifiOT éoftfie à la feuille d'ètaln : pour cet effet
isrvad lioc pelottc de ferge, il s'en fert pour
«uever, delà fébillef du vif- argent ; il en frotte
kiwalle d*ctain légèrement & fans ta charger;
lcbr^*cfi frottant il a rends la feuille brillante,
dk di avivée.
BATTtVft é^éutn ; c'cfl Touvrier qui , chez les
ftiroiti^r^f étend fur un marbre Tétain » qui doit
eue a^ltquè en feuille très mince derrrière les
llMes.
Cit4JtGtR U gUc€ ; c'eft, chc^ les mimtiers ,
fbecr des poids fur la furface d*une glace nou-
vdenieni mife an tain, pour en faire écouler le
viF-ifient fuperilu , & occaiîonner par- tout un
tamJSt de parties , foit de la petite couche de
fîf-irg^fii contre la glace ^ foit de la feuille mince
€éaAn contre cette couche » en conftqaence du-
I fMl fiOBt y demeure appliqué.
Crtstaux Je montres ; verres demi fphériques
I fie Ton place fur les cadrans de montres.
H Culot; tn termt d^ miroitier ^ figoifie une ef-
■•kc dWcabdk fans fond, fur laquelle on pofe
Hk fibbilie dans laquelle on conferve le vif argent
rpoor mettre les glaces au tain. Il eil p'acê au
coui de b table à ctamer, où aboutiiTenc les pe*
Ans & Méùers. Tamt K Ptirnt L
ttts canaux par lefquels s^écoule le vif-argent
lorfqoe la glace a été pofée dcHiis.
DÉBRUTlR ou dcbwunr ; en termes de miroitier^
c'ell commencer à dégrolîîr les glaces de mi-
roirs.
DebRUTissement i fignifie ïan d'adoucir ou
de polir jufqu'â un certain point la furface d*un
corps folide 9 & fur-iout les glaces, mtioirs, &c.
Suivant la nouvelle mèihode de faire de gran-
des glaces en les jettant , pour ainfi dire , en
moule, àpcu-près de la rnèmc manière que Ton
jette le plomb & d'autres métaux , leur furface de-
meurant inégale &: r^boteufe, elles ont befoin
d'être débruties èi polies.
Pour cet effet , la p èce de glace fe met hori-
zontalement fur une pierre en forme de labl», tk.
on la fcelle en plâtre ou en maftic afin de Ta/Tu-
rer davantage, & airelle ne branle & ne fe dé-
(►lacc point par rcffort de l'ouvrier , ou de la
machine dont il fe fett pour la dcbrurir. Oa met
autour une forte bordure de bois qui foutienc la
glace, & qui eA d'un pouce ou ckux plus haut
qu'elle. Le fond ou la bafe de la machine avee
laquelle on dêbiurit » eft «ne glace brute qui
a environ la moitié des dimenhans de l'autre:
on y attache une planche avec du cim;rnt : on
charge cetre planche d*tm poidï nécc flaire pour
faciliter k ffOicement ^ & on lui donne du mou-
122 M I R
vement par le moyen d'ane roue; cette roue i
<jui a vM moins 5 ou 6 pouces de diamètre , eft
hiîc d'un bois fort dur 6c fort Ug^r t elle cft ma-
nice par deux ouvriers qui font pbccs Tun vis-à-
vis de Tautre , & qui la poiilTcnt & îa tirent al-
fc^rii^îLivemcnt » de forte cependant quMs la font
tourner quelquefois en rond faivar* que l'opêra-
tn}a le demande : par ces moyens U y a une st-
rriiion confiante & rècipToque ent/c ks deux
gLccs , laquelle cA facilitée encore par Tcau &
le fabie que Ton y emploie. A msfurc que lou*
vrage s^avance on fe fcrt de faL^le plus menu,
enfin on prend de la poudre d'cmcri.
1! n'eft pas neceffaire d'ajouter que la petite
gînce fupéricurc venant k fe polir à mcfure p*r
l'atfr' tîon , on doit en prendre de ten--pî en temps
îine autre plus brute ; mais il f.iut ol) fer ver que
Ton ne dêbrufit ainfi par le moulin que les pltfs
îgrandes pièces de glace; car pour ce qui cft des
yièces de la moyenne ài de la petite efpéce , on les
travaille à la main, &C pour cet clïct on arraclie
nux coins de la planche qui couvre la glace fu-
péricirre , quatre anfes .dà bois qn^ les ouvriers
empoignent pour lui ilonner les mouvcmcns ne-
ccHaires.
Dressoir ou fer à drtjftr^ termt cV mirohUr,
C'eft un inftrument de ter en Forme de demi-
cercle, de huit ou dix pouces de large dans fon
erand diaiTiètrc , de quatre à cinq lignes d'cp^^if-
icur, uni & fort p(»U du côiè de la icélion» dont
les ouvriers qui mettent les glaces au tain fe fer-
vent pour àtendte & drcfltr fur la pierre de Hais
il feuille d'ètain qu*iU difpofent à recevoir le vif-
«fj^iiat,
Egout* urmc de miroUhr* L*$ ouvriers qui
intiîcnt les glaces au tain , appellent de la forte
une grande t.ble de bois fans chaiEs , fur laquelle
ils mettent la glace vingt-quatre heures après
qu'elle a <Ltè écamée, pour en faire égoutter le
vif- argent,
C;:tie table» poportionnéc aux glaces du plus
grsind volume, a des crochets de fer à chaque
encoignure, qui fcrvt:nt à Tèlevcr & à la lenir
fufpcndue di^gcnalemcnt , c'eô-à-dirc en pen-
chant autant 6c fi peu qu'il cft oéccffaire pour l c-
conlcmcut de ce mifu^rah
Pour que ctt écoulement fe farte f^ins que îe
tatn » encore trais & coîTime liquide , ne puiiTe
fe rider ni &*écaiHcr, on clçve ions les jours l'un
des bouf« de la table d'un demi-pîcd, ou envt-
tôfi , en Tatiachiint par le moy^n de les crochets
aiu noeuds des cordes qui font pendues au plan-
cher, directement au-de£^us de chaque angle de
Egoutter une glacê; urme de^mlrùbnr: c'eft
en fîire K * ' on a mis de Tr« p
fur îa fcii c m l'éi^mc. On
f ■' ' -.;;us tcmp5. Prcm»<?re-
il,,., L. I . i. ic viceju d'i;ti€ aii^ fuc
M I R
le vif-argent , & qu*on l'a arrêtée avee les bon*
lets de canon» ce que Ton fait en retirant un peu
les coins qui tiennent la pierre de liais de niveaii
fur rétîbli. En fécond iicu» vingî*quatre heure*
après quVUv a été étamée, en Tôtant de defTus 11
pierre , & la portant fur la table de Tég^ut,
EtameR dts miroirs ; c'eft y étendre tur le der-
rière une compofuion qui s*y attache bien étroite-
ment, ôc qui Cert à rèrtéchir Timige des objets.
La couche que Ton applique ainfi fur le der-
rérc d*un miroir , s'appelle feuiiU ; elle fe fait
ordinairement de vif-argent , mêlé avec d'autre*
ingrédlens-
Feuilli ; en arme de miroitier ^ c'eft une couche
d'étain, de vif-argent, &c. que Ion appîii^uc far
le derrière d'un miroir, afin qu'il ré^lécht^ les
rayons de Imnière avec plus d*abondancc.
pLANffLESj on appelle /?*i/if//tfj parmi les ou-
vriers qui mettent les gbces au tain , tes pièces
d'étoffe de laine, mollettes & peu ferrées , à trâ-
vers defquelles fe filtre le vif- argent flui coule
de deflous une glice «itamée. Eîles fervent à pu-
rifier ce minerai éc<^ ordures qu'il a cbntraftêcf
pendant le peu de temps qu'il a refté fur la teuille
d'erain. On les appelle y/j^f/Z^j , parce qu^elles
font allez fondent de cette efpèce détofFc -, aînfi
elles portent toujours ce nom , de quclqu'ctofie
qu'on fe ferve.
On nomme aufli flAindle , l'étoffe qu'on met
fur la gUce avant dt h charger de plomb ou de
boulets de canon , quoiqu'on y emploie auffi
d'autrei ètotfcs, comme du molleton, de ta '
vèche & de la ferge.
Glace de chcmtme ; celle qu'on place au-d(
de la tablette d'une cheminée dans ua appar
temcnt.
Loupes d'eau; ce font des lentilles de Terre
trét-gr^ndes, & dom PêpaiiTeur eft remplie d*ea«
dillilléj.
Lustrer unegiacc ; c'eft la rechercher avec le
luftroirj après qu'on l'a entièrement .polie. '
LusTROlR ; on appelle ainfi dans les manu*
fa^ures de gb.ce , une petite règle de bois don»
blèe de chapea J , de trois pouces de long , fur
un pouce 6: demi de large, dont ont le fert
pour rechcrchsT les gbces après qu elles ont éiè
poîies , & pour enlever Ijs taches qui ont échappé
au poliiïuir. Cet inûrum^ntife nomme au.fi mo-
U ne.
Maebre ; on appelle ainfi parmi les ouvriers
qui préparent les feuilles pour mettre les glaces
au tain, un bloc de marhre fur lequel on allonge
& on applatîc fous le marteau les tables d^étaia
que Ton veut réduire en feuilles.
Miroir; c'cfl xant glace de verre éraméc^ rc-
préfentant les objets qui y font cfferts.
On donne proprement le nom de miroirs atiir
glaces qui repoftînt au-de(îus d'une commode on
d'une tdble dans un r^ppartcment.
M I R
MlIOlRS de pûthe ; petits miroirs , le plus fou-
veot de figure ovale , enfermés dans des boites
for, ii*irgent» d'ècaîllc de tortue, de chagria, &c.
Miroir Ji toiUiu v c*eA un mrroir de mo*
renne graadeur, plus haut que large» fervant à
la DoJletre , & paur cet effci attaché à une table»
QO porté fur un pied.
Miroitirie; profeffion de miroitier > ou com-
oerce des miroirs.
MoLETTfR une glace; c'eft Tadoucir ou U po-
lir arec le luAroir» qu on nomme awiTi molette.
Papijer ; terme de mirohter ; c*eft une longue
bflde as papier (on y compofée de plufieurs mor-
ceiizx collés enfembic , dont la largeur n eil guères
fpÊC de fept ou huit pouces » âc la longueur pro-
ponîoaaée au volume des glaces qu'on veut éta-
user, enforte néanmoins qu'elles les padent de
huk ou dix pouces de chaque côté. Ce p-^pî^r
fen à couvrir le bord de devant de U feuille
^'étain après qu'elle a été chargée dj vif-argent,
aSa dTy pofer la glace , & qu'en la gUlTaiit la
fcnille ne puLiTe être endommagée.
Parquet de glace ; c'eil une grande planche
ttïverfcc de différentes bandes de bois , pour y
pofer une gjace d*un grand volume.
Plombs i charger ; Ton appelle plombs parmi
k» ouvrim-s qui mettent les glaces au tain , des
plaques de pîomb longues dun pied, larges de
MQà fix pouces^ & de trois à quatre Irgnes d*é-
pltlleur, avec une polgnie de fer par-deiius pour
kf prendre & manier commodément.
Ces plombs fervent à charger la glace quand
dk a été placée fur le vif-argent, après, néan-
moins avoir pris la précaution de la couvrir de
mrécfae ou de molleton , de crainte qu ils ne la
nyeni ou ne la gâtent. Quelques-uns mettent
d» boulets de canons pofés dans des efpéces de
ttiles de bois , à la place des phmhs ; mais les
bons ouvriers ne fe fervent de Douleis que pour
arrêter les glaces , & non pour les charger,
RajiOT Çdiamant i ) ; le diamant à ratot eA un
Snfirument dont fe fervent les miroitiers pour
c^airir leurs glaces , & les vitriers, pour cou-
M I R
12}^
pcr les verres épais , comme ceUii qu on nomme
verr^ de Lorraine» On TappeUé dîamunt , parce que
vérîtablement la principale pièce confifte en une
pièce de diamant fin.
Sa BILLE ; les ouvriers qui mettent îes glaces au
tain , fe fervent de diveries fortes de fibtlles ; les
unes très-grandes, & au moins d'un pied ou dix-
huit pouces de diamètre j les autres petites & lé-
gères, qui n'ont que quatre ou cinq pouces; ce
font proprement des fébùUs à main : c*eil dans
les grandes que Ton conferve le vif- argent, ou
qu'on le reçoit , !orfqu*il s'écoule de deffous la'
glace qu'on a mife an teint. Les fcbilUs k main
fervent^ à puifer le vif-argent dans les grandes Z^
billes^ pour en charger U %iitle d'éiain quand
elle eft avivée. -
Table i/<ri miroluers ;U% miroitiers qni mafctit
les glaces au tain , nomment pareUlcmcnt /ai/r,
une efpèce de long & large établi de bois de
chêne, foutenu dun fort chaflis auflî de bois,
fur lequel eft pofée en bafcule la pierre de lia^s
oii Ton met les glaces au tain.
Tain ; fçuilîe ou lame d'éiain^ fort mince i
qu'on applique derrière la glace *d'nn miroîf j
pour y fixer la repréfentation des objets*
Tain (mettre une glace au) ; c'eft mettre une
lame ou feuille d'étiiin derrière la glace, 6l appli-
quer enfultc du vif-argent deffus , au moyeu de
quoi Ton volt les objets dans la glace de miroir.
Tarif. La compagnie des glaces établie à Pjris,
a fon tarifa qui contient toutes les larf^eufs Se
hauteurs des glaces qu elle fait fabriquer , &
le prix qu*elle Tes vend, ce qui eft d'une grande
commodité pour les bourgeois & pour les ib'^-
roitïers.
Trumeau ; on donne ce nom à un grand mi-
roir plus haut que large , de Aîné à erre placé
entre les ccoifées d*un appartement.
Valet ; les mlroh'urs appellent ainfi ce mon-
ceau de bois qui eft attaché derrière un nnroi-r
de toilette , & qui fcrt à le fomenir quand or
le pofe fur la table.
îJ^I^
Q >
1.24
MIROIRS DE MÉTAL,
( Art de construire les )
1-jes glices om fur Icf iriiroirs d€ métal plu-
£eurs avantages uKonreftables. Leur travail coure
rnolns : elles ttttédijfitni plus vivement les ob-
jets : leur furf^ce ne craint rien du co«itaâ de
Tair.
Le métal , au contraiic , perd aifément le poli
qu'il a reçu. Il néceflîre des foins perpèmeû ; 8c
ces foins m^mes , à H longue ^ Tufent 6i le de-
truifent.
Cependant pour les expériences où la préctfion
eft de rigueur: 5*il s'agit» par exemple , d'exami-
ner les proprtéiés de la lumière, le métal fert
bien mieux robfervatenr; les glaces, telles minces
qu'elles foicnt , froduîfent une double réflexion j
Hmage des objets eft rendue par les deux fur-
faces* Le métai eft exempt de cet inconvénienL
L*optique d'ailleurs ne formeroit avec le verre
aucun de ces miroirs pnfmatiques , pyramidaux
ik nurrc^, dont les curieux embellîlîent leurs ca-
binet?. Jamais des morceaux de glaces rapprochés »
réunis à bifeau , ne compoferoiem un enfemblc
parfait. Les bords, privés d*étain & trop épais,
dégradefcient toujours les tableaux; le métal, à
cet égard» ne hilic rien à defircr.
Si le cryftal d*une eau claire & tranqniîle fut
te premier miroir offert à Tbomme par la- nature,
il faut avouer qu*en Timitant » lart a finguliérc-
mrnr fttrpaffé le modèle; les plaques de métal,
hs glaces étamées , en reprtS^fcmant bien plus
iîtlélcmcnt tout ce qtii s'y peint , ont encore
tranfporté dans nos appartemcns des effets en-
chanteurs , & qui ne frappoient guères que des
yeux niftiques & gro (Tiers. Le philofophe le plus
tévère fc déride aujourd'hui dans la demeure d un
homme opulent, lorfqu'entouré de glaces pla-
cées avec intqlligence , il apperçoit prefqu à tra-
vers les murs , des batîmens , de fupcrbcs jar-
dins^ des perlpc£tives immenfes; il pardonne au
Une fcs profuuons .• il ne peut qu'admirer. f^a> r^
fakhé NolUt ^ wmc V ^ de f<s Itçons de phyjîque.
Quoique le verre ait été connu dès la plus
haute antiquité , Us métaux furent longtemps
l'unique mr.nèrc eniploycc pour les miroirs* Ci-
cêron en fait remonter l'u^ge aux fiécks fabu-
leux; un monument plus refpcélable attcftc mieux
encore leur extrême ancienneté. Le baïfin que
Moffc p!a<5a dans le parvis du tabernacle » fut
conflruît des miroîrs dont fe dépouillèrent les
^mmes qui veiUoient à la porte, Cumfpeculu^ âtc^
exoJ* chap^ j8.
Il paroi t que Taîrain feul entra d'abord darw
leur compofition ; chaque art a fon enfance. Ce
métal a d*ailleurs été découvert avant toiis Ici
autres*
Depuis , on mèia Tétain k l'airain , & c*éîoit
un grand pas vers la pcrfeftioo. Ceux qrte fe-
briquoit Brindes * en Italie , paffoient pour fu-
péri eu rs-
Sur la fin de la république Romaine , époque
oii le fa fie avoit banni toute idée de fimpUcité,
on les fit en argent; mais cette matière, trop
molle quand elle eft pure, ne dut fatisfaire que
t'oAcntaiion. Ce fut, fuivant Plîne , un Praxi-
téles qui les mit en vogue. Sous Wcron , Vor &
les pierreries leur fervoientd'acceffolres 8c d'orne*
mens. On en voyoit , au rappcn de Séncque , dont
la valeur furpaflbit la dot que reçut du fén»t la
fille d'un des Scipions-
Tcl eft le peu que Thifloire nous a trattsmis fiir
les miroirs des anciens, j'entends les miroirs en
mhn\. Quant à ceux en verre , rorigtne en cÛ
ignorée. On fiit feulement qu ils font nicn poftè-
rieinrs aux autres* & l'opinion commune eft 4^
îes premiers d entr'eux fortirent ûe^ attcliers «
Sidon , ville renommée jadis par fes manufaâurei
& par rUabikté de fes artiftes en tout genre.
Les Indiens de Caravaro & de Catiba , dat»
le nouveau monde, porroient au cou des miroirs
d*or; leur païi n'étoit point avare de Cîite ma-
tière. Au commencement du lé^'.fiécle, les £f-
pagnols en rapportèrent en Europe» Ces petits
ouvrages étoient auili précieux par leur fini que
par le métal qu'on y confacroit.
L*induftric des anciens Péruviens employoit au
lieu des métaux , certaines pierres tirucs des ce--
virons de Quito. Ces pierres étoient la piUïn^ct
Bl rinça. Toutes deux, fous leurs mains a tiroiies,
fe fiçonnoient en miroirs phncs ou courbes.
Dom Antoine d'Ulloa dit en avoir vu un dincat
dont le diamètre avoir i8 pouces. Il éfolt concave
fur une fice, & travaillé comme il atircit pu Tètrc
h IVide des inftrumens & des principes dj no*
artiftes. Le Cabinet du Roi en renferme an autre
j de gallinace, trouvé dans une Gu^qne^ ou tom*
I
j
M I R
liMi « fur b AOOtBgne de Picheocba , les dtiin
cAiès fofif coinreiiss ; mais le peli fe reAcnt du
IcMig Ce^om fpi'tl a £Éîi dans la terre* Foyc^ H<r-
Heprcoocite mÎTOtn de faèeal, 6c paSbns aux
procèdci 4es nodemes.
Tai dk phis baut que le mélange de rèrain
a'vec raîrain étoit on grand acheminement à la
pcffeâson ; OD coorïpofc tu effet d'aflcz bons mi*
nws, en alliant rimplement te cuivre jaime de
BMfcafié» à l'ètajji yie les Anglois nomment Ihktin*
Ces deux clpèces s^uniiTcnt complotiemcnt , Ôc ne
GPturaâem dans Le moule ni fentes ni foutHu-
!€•* La même union n'auroit pas lieu entre d*âu^
tMft dpcces indii^inâc^menr» & les ouTrters ne
l^§flOfC3» point* Ajoutaos que le mîxee aâuel ac-
qoeira d'autant plus de blancheur & de dureté,
^w le bltiktin y abondera davantage* On n'ou-
tfei%]KMmantpasla mcfure; le cuivre doit toujours
damipfT , a^jcrement la lime n'auroit aucune prtfe
fiir r^iavrs^ ; il feroit en outre trop c a (Tant,
Le cuivre tiré des grandes pièces de monnoîe
frappe en Suède , ëc mêlé avec Tétairr de
i , produit pour les miroirs xxvi ensemble
i«p meilleur encore que le pécedent* I!
dÊk ptu» blanc, 6c fc polit plus rcgiiliéremcnt;
maàm oes vatiètès exigent d'autres proportions.
L*è«o ki ne peut entrer da^s Talliage au plus
qw po«»r un quart.
n eft e<Tentiel de ne point haiarder le mélange
d*ctaim diffêrens: par exemple, celui dcMalaciftt
leblokcbi ne s'âtiieroîetst jamais. La pièce qui en
lètiiifrnii feroif remplie d aspérités tk de vuîdes :
iHiflriire df épreuves conrècutivcs ont con6rmc ee
^se j'avance, Voytr Mufchtniroeck , chap, 21,
Le ce ébrc abbîNolkt, toujours îMé qu2nd il
croycHt pouvoir étendre les connoliTances pliyfi-
^ S'occupa de la perfcdion des miroirs en
L II imagina divers effais cour rencontrer un
^e qui ne lai/Târ rien à ddîrer. Ses tentatives
le contemcrcnt point , ik les ouvriers de la
s » livras au» m a mes recherches , ne furent
gpaii«$ p'< us heureux* L-^s Anglois cependant pof-
fciiôîene le vèriiable fecret. Un de leurs unitles
'^»r 'amies , Edouart Scarht > e^celloit dans ta
OPOi^oûtîoa de ces inflrumcns. Le phyficien
êmiMSàis , par h voie du do^^eur Dèfggullers»
«Étilir la recette anglotfe. Sa fupértoritè fur les
ufèréilfrrrT e(l inconteilable.
Prend en cuivre rofetce , , , . 10 panies.
e» étato plané o
ea arfenic blanc 8
On sppelle d^ns le commerce cuivre rcfette^
1 qui a foute nu plulteurs fois le feu, qui c(i
r 'TAcwx wv:'sé de toutes fufcftances hétérogènes,
; L . vr- îc r.lus net ôt te pUîs pur,
L igue aifèment pnr fa légé-
f^. s de Critcs , fa pefjnieur
Cpécîti^iue eti -■ Icau pluviale comm^ 731
isda 100. f^\' - -.1 coniiëBi plus de plomb.
I R
I2î
8c fera d*amam moins propre à Tusage dont îl
s'agit.
Quant à farfemc > oofairqu^tl en est de dcui
fortes : te rouge, ïe jatme, le noir & le blanc*
Le dernier eft le feuî qull foille employer,
La fonte de ces matières exige quelques prépa-
rations.
i''. Le cuivre doit être réduit en petites lame»
Il entrera pïus facilement en fuiîon,
à", L'étairr doit être mis en gri/ialiUé^ Pour
cela , faites le fondre & couler à travers un ba-
lai de bouleau; qu'en tombant , il foit reçu daas
un vafe rempli d'eau froide,
Pcfez alors Fétain, le cuivre & rarfenic For-
mez de Tarfenic trois portions égales, Ôt les ea-
vcioppez dans autant de cornets de papier.
Lés chofes étant ainfi difpcfées, %'oos placerez
le creufët daas le fourneau* En commençam ,
modérez le feu. Vous Taugmenterez cnfuire juf-
qu*^ ce que le creufct foit rouge. SM ti>uticnt
cette épreuve fans éclater , jetez y U cuivre &
Vy hilîez fondre; menez également, nuis ^pa-
rémeut , Tétain en fafion , 6t verfcz^le dans le
GUivrc* Remuez les deux métaux avec une cuiller
de fer , 6c nettoyez récume qui s'clevcra fur leur
furfece. Ré[>andc7. alors dans la fufion le premier
paquet d' arfenic , & couvrez pr#mptemciit le
creufet* Au bout d'un inllant, répandez -y le
fécond , puis le rroifième , ea obfervant chaque
fois de recouvar le cri^uf^rt au plutôt.
Après quelques momens , le couvert peur cfrc
i^té. On mêle de nouveau lia matière ^ qui fe trouve
en état d'éire coulée.
On n'oubliera jamais de chauffer 6r de faîie
même rougir la cuiller avant de toucher avec cite
un métal en iufion ; cette précaution ne peut pa^
être négligée fans rifque d^ac^idens. Il eir encore
important de ne point s'expofer à la vnpciir du
métal , fur-tout quaod Tarfenic y eft joir.t. Oh
n opérera donc autour du crcufer, qu'en f. maf-
quint les narines Se la bottche. Le fourneau d'îiil-
leurs fera établi ions un large manteau de che-
minée , ou dans un courrint d'air audeffus du-
quel on fe tiendra»
Larticle du fondeur en fable, tome 3 , pnge 18
de cette Encyclopédie, fes renvois à d'auircs ar-
ticles, & les gravures correfpondamcs en feignent
tout ce qui concerne le fourneau» l'apprêt des
moules j Ôt le verft du métal*
L'abbé Nollet voudroit que, pour les pluies
pièces , «n comp-^fat les raouîes en cuivre: i tl eft
certain que l'objet en fortiroit infiniment plus net^
& que fa denfité feroit bien plus égile. Mais et-
moyen cfl frayeu», & j*ai l'expénenee que Teo:-
ploi du plâtre réuflit prefqu'cgakminif, Queliue
paVti qu'on prenne , on aura foin que les moules
foiem chauds , & que le métal ne le foit pa^
rrop. Sans cette double attcniion , ks fuptrficics
* dcvkndtoient plus ferrées que rintérieur, fit lorf-
[26
M I R
que i*ounl le» auroic ennmces , elles fe trouve*
Toîent criblées de petits trous. Il pourroic mènie
arriver ce qui arrive aux Urmes Lifavtqucs qui
éclatent auflî^6t que leur furface eft rompue, yoyt:^
larmes batavlques dans te diâlonnalrc de phyfiquc ,
6* Fan dis expériences ^ par PahU Noilet, Tom, »,
Si le moule s'exécute en table , on formera
les modèles avec les corps les moins poreux. On
prèfirera donc le bois dur au bois tendre , & Va-
tain ou le plomb au bois* Le poliiïage à&i pièces
en ira beaucoup plus vite*
La matière des miroirs, quoiquVigre & difficile
à travailler, ne réfifte pourtant pas à la lime. Oa
évitera feulement d'en emploi er de trop âpres:
elles déchireroient le métal au lieu de Tègaler.
En les menant fur diffèrens fens, en faifant fuc-
céder celles qui font plus douces a celles qui le
font moins , on parvient à emporter les plus
grands traits* Pour conferver les figures, on ap-
pliquera fouvent un calibre aux endroits fur lef-
?(uels on agit. L'ouvrage une fois déerofli , on le
rottera avec du grès pû^ 6f mouillé deau,*à Taîde
de moleties de plomb accommodées à fa furfàce.
Le grés qu'on renouvelle quand il ceffe de mor-
dre , répare en partie les filions qu*a laiflTès la
lime. On lave la molette & le miroir, & Ton
remplace le grés par de la ponce broyée qu'ion
change aulTi de temps en temps. Ces moyens fuc-
Ctffife adouciffent les fuperficie*. Bientôt il ne refte
plus qu*à les frotter avec du charbon tendre ôt
oui ne raie point , enfuie avec le buffle ou le feutre
& de la potce rouge hume^ftée d'eau. Pour der-
nièrc opéraûon on fera ufage de la pou: d'étaln
à fcc.
Si la pièce finie atrrapoit quelques taches, on
les enlcvcroit avec une sranche de liège chargée
d'une peu d'huib 6c de tnpoU réduit en poucire*
7'oVf^ it même volume de Vart des expériences.
Toutes les fols que la forme des miroirs per-
mettra de les travailler au tour , cetre voie fera
la plus expéditive : l'ariiAe n'en cherchera point
d^fiutre. Dcfire-ton, par exemple, de ces demt-
cylindres de mtu\ auxquels on préfente des figu-
res deflinccs irrégulièrement fur un carton , ik
qui Us réflêchificnt fous des contours agréables
èc naturels? Le mieux cïl de couler le cylindre
en entier, Le mouvement du tour accélérera le
poliffagc» &, pour autre avantage encore, en
partageant la pi}ce parallèlement à fon a,\e, on
aura deux miroirs au lieu d'i^n feul.
Je m'arrêtcrois volontiers à décrire la méthode
de tracer les carrons dont je parle. Mais ces pro-
cèdes ^pp^ttienncnt aux didionu^îres de mathé-
matique & é<: Dhyfiqiïe. l'oyez dans ces parties de
r£nçy:lopedU ht. mois anamorphofe & miroirs,
éinfi q:ic iessfLtftMs fui fervent â Cklairciffemcnt
du texte.
Si k tour eonvîetit à polir les cylindres, il
ccnvicnt agilement pour les fur faces coniques &
pour les miroirs concaves 8c convexes. On pic*
M I R
fume bien que h rotation e/l k ménager « de mtmm
que la preifion du burin , & que la règle ou le
pairon doit fou vent être portée fur le métal,
La dépcnfe 6c les embarras de la fonte ont fait
imaginer, du moins pour les miroir9^ardens ^ des
moyens fimples & qui les mettent à la portée de
tout le monde. J'ai vu de ces miroirs formés de
lam^s de paille appliquées avec un collage & û
artirtement jointes , que Tceil à peine pouvoir Cû-
fir les points de féparation. La chaleur que rcn-
voyoit le brillant de la paille étoit aflez vive pour
allumer de la poudre à canon«
Les mém^s inilrumens , compofés de carton
ou de plâtre doré, produifent de plus grands ef-
fets. Ils ne font pas difpendieux & durent des an*
nées, quand on les garantit, de la pouiTiére 6c
princtpaîement de rhumiditè.
Pour les conilryire , on dilpofe avant tout un
moule circulaire, foit en bois, foit en pierre. En
fuppofant qu'on adopte le bois, & qa*on veuille
donner au miroir un diamètre de quinze pouces,
il cft prcrqu'impoflible que le moule , qui de-
mande autant , fo i d'une feule pièce. Au refte
il importe peu qu'il foit de pktftcurs morceaux ^
fi leur jouâion eft exai5le & fol î de: En employant
une bonne coUe & des chevilles , en barrant l'at
fcmblage en deiibus, il acquerra toute la con-
fiilance dont il a bclbiû. Trois pouces fuffi^icj
pour fon épaiOeur au miUeu; quant au bois,
plus convenable e(l le bois tendre & fans nœuds ^
tel que le tilleul & l'aune.
Dans cet état, le moule imparfait ne prèfente
qu'une efpèce de meule, l'our l'achever, on ren-
dra convexe la furface ou ne fe trouvent point
les barres, La hache & le cifeau commenceront
Tèbauche ; le tour fcrott trop lent, il ne fcrvîra
qu'à hmr. Je n'obfcrverai pas que la conduite
régulière de l'ouvrage exige indifpenfablement oa
caUbrc bien fah, 6c que l'on coufultera fréquem-
ment. Pour un miroir de quinze pouces, lechan-
crure du calibre fera tracée par un r;;yon de dcu
pieds àL demi. La fig, 19, pL i*'% du lunetUi
donne, en périt, une idée du moule encore bru
la fig, 10 le reprcfcnte achevé.
A i'cg.ird du pourtour , ou bord extérieur du
monle, que j'appellerai la tranche^ il doit être
laillé parallclcmcnt à l'axe, & foigné comme le
reHc. On lui confcrvera d^ailleurs tout ce que U
courbe lui aura laide d'épaiffcu^ Des trois pouces»
cette courbe n'en enlèvera pas plus d'un.
Si Ton étoit à portée de certaines carrières qui
fourniiT^nt une pierre connue d^ns b picardie 6l
dans bien d^autres endroits , fous le nom de pierrt
bUtncht ou modlon^ il faudroit Tadopter de pré-
férence au bois. Cette pierre eft tendre U (b
tourne parfaitement. J'en conferve une fur !•->
qu;;lle j'ai fait un de cas miroirs ardens : fon tra-
vail entier oc m'a pas pns trois quarts-d'hrurc.
De quelque matière que foit le moule , vous
le poferc£ 4 plat , & vous enfoncerez verticale*
H-
y
M I R
mtnt dans (an milieu une broche de fer, ronde
6c ioa^ue de y pouces, dont la moitié pourtant
(ieincurera failUnte en tleflus.
Enduiiei toute la convexité du moule & ù
tranche, d*une couche de favon blanc , èpaiJTc
û*unc dtoii-lrgne. Recouvrez cet enduit de pa-
pier vulgairement appelé papier Je foie , coupe
cucul^trcroent d'un feul morceau s'il eft polTiblc,
4k que d'avance vous aurez imbibé d'eau. Tachez
de ne laîtTer aucuns plis , 6i rabattez fon pour-
tour fur La tranche du moule, en l'y rendant ad*
lièrent par un paiFement qui fera trois ou quatre
révolutions* Ce qui excMera le bas de la tranche
€Û à fupprimer.
ïl oc fera pas inutile de doubler cette efpèce de
revêtement; on appliquera donc (encore à leau)
une féconde feuille du môme pap;er fur la pre-
rniere , ài le paflFenicnt qu'on détachera fera
remis fur cette teuillc nouvelle.
Pour obliger le papier a joindre également par-
VPUta reavertez le moule fur une grofife toile,
fendue mollement dans un cerceau, La toile qui
Cchira. pretTera chaque point de la convexité-
Quand les feuilles feront féchces , rticrurnez le
moule, & palTcz fur la petite broche de (cr Tex-
uèmiié d'une rcj;,/t- a centre ^ aHez pliante pour fe
prêter à la cotjrbiire du moule. Divifez le moule ,
ou plutôt le papier qui le cache, en ï6 parties;
portez la règle fur chacun des traits , Ô: i^ms la
•'^^S^*' *΀ fon pivot, lirez au crayon 16 lignes
ailaiu du centre à h clrconférv^nce . Cette cpéra-
ô<>n , camme on le voit , formera feize triangles
pareils. Etendez fur l'un d'eux une pièce de feutre
qui le recouvre entièrement tk fans vuide. Re-
placez la lègle fur cet ajouté, 6c tracez-y deux
nouvel les lignes qui correfpond^nt fidèlement aux
deux qui fe trouvent par dcffaus. Que le feutre en
«ifrc excède le diamètre de h pierre ou du bois,
d'une couple de pouces. En retranchant au feutre
tout ce qui dépalle les traces, vous aurez un pa-
TTOii diaprés lequel vous découperez régulièrement
des dcmi'fufedux qui , cumulés & collés les uns fur
les autres avec des feuilles de gros papier in-
ttnnédîaires, compoferont la charpente du miroir.
Le feuire eft fuicepttble d'être amhouii^ 6c dans
le cal préfent teftc propriété n*e(l pas indifférente.
Son app'ication fur une fuperBcie bombée, fera
bien plus prècîfe. ,
Le5 demi -fu féaux s'exécutent en carton. On choî-
fira le plus comïn»jn ; il prendra mieux la co!le
qoc celui qui eft spprctà , fur-tout s'il cft mince
& aejtible.
Vous découperez une ccnta^n^ de ces demi*
Ibfcaux. Le psiror. guidera rinOrument : ils feront
tous uniformes. Eu quadruplant le carton avant
de faire agir le couteau , vous abrégi^rez la he-
r^Roe« Si J'on craint que le pairon ne remue foas
nifliain, <^n te \\%c invariableincnta en le çhar-
gmif d'une ^ p!omb.
Atcc cUi. il, quelques fèuiiîcs de pa-
M I R
ivj
pier d*embalUge , & de la colle de farine claire
Ôc bien cJdite , on peut commencer le miroir*
Pour début , on retire le paflTemcnt d^autout
de la tranche , ti Ton étend fur le papier une
légère couche de colle. On en enduit auffi feiz^
dcmi-fufcaux , qu'on arrange foigneufement fur le
moule, chacun dans un çles triangles marqués au
crayon.
Le carton obéira mieux fi, lorr:ïiril efl encollé,
on le laifle repofec quelques minutes avant de
rappliquer.
Le plus difficile eft Tétente exafte des i6polntcs :
un peu de patience en vient a l^ut. Ces pointes
une fois placées, on enfile aumiôt fur Taxe une
rondelle de canon de 5 pouces de diamètre,
qu'on fait dcfcendre fur clits, & qui, pénétrée
de ccille, les arrête immuablement. La bafe dci
fufeaux fe replie fur la tranche, ÔC le pafTement
Ty contient. Pour empêcher ks rides, on entaille
cette bafe avec des cif;;aux,
La rondelle dont je viens de parler , ajoutant
Ton épaiffeur à Tépaiffeur de la première couche
en carton , les fufeaux de la fcconde couche
doivent cire tronqués à leur fommet. \5t\ com-
pas ouvert de 2 pouces Sidemje, à compter de
r extrémité de ces fommets , marquera ce qu*U
faut fouflraire.
Ces nouveaux fufeaux , bîert encollés, feront
pofès fur Us préccdens de façon qt;e leurs bords
tombent fur le plein des autrci. De cctie liaifun
dépend la folidué de l ouvrage. On ne rabaitra
la bafe fur la tranche qirapre> avoir encore de-
taché le pafftmenl, & de iiite on en ceindra la
couche récente.
Quoique le carton dont nous avons fait choix
folt aiTez mou , le plus fÙr eft cependant de l'entre-
' mêler de papier. On en étendra donc uriC feuille
fur les deux épaiileurs qui viennent d*ctre arran-
gées. Les jjJis ne feront jamais allez ions pour
tirer à conféquence. Il fera d atlleurs aifé de les
adoucir, fi le papier eft pénètre de colle à fond-
La circo^féence do papier fe rabat comme
celle du carton. On rentourc de la Uliére , ^
cette troifième mlfe achève la première couche.
On laiiïe fecher le tout r.aturellcment , mais
dins le cerceau, le mouh rcnvcrfé ; ^ pour ob-
vier a ce que la convexité n'attache , on fau-
ppudre la toi'e d'une poignée de fouine. La lifiére ,
fi le papier perçoit, p^ur oit également fe trou*
ver pri(c* L'embarras de Tenlevcr ne fera pas le
même i on la voit, il eft plus facile d'y tra-
vailler»
La conduite d'une couchs enfeîgne à former
les couches fubféquemes. On redivife en i(* la
fiirface ieclièe ; on remplît ks triangles de dcmU
fufeaux entiers : un cercle de carton afTujétti:
leurs pointes; on tronque les fufeaux du fécond
Isf ; les bafes font repliées fur la tranche, Ût.
coaipricnées par le paiTem^nr; enân une feuille de
)28
M I B
grand papkr recouvre les joints, & le snmile efl
remis en prelTep
Cinq ou Cix de cef couches donneront au mi-
roir une èpailTeur rufnfante. Quand il iera com-
plettcment fcc , on Tupprimera les deux tiers ou
environ de la portion repliée fur la tranche du
moule. La largeur dc'dcuK pouces étoit ndcef-
faite pour majirifçr le carfon ; mais une fois dom-
pte £k^ fèché , cette grande largeur n*ai plus d'ob*
)eî. On la réduit cTo ne à fcpt on huit lignes ^
c*eft tout ce quM faut pouf contenir le miroir
dans un cercle de cuivre ^ qui » en lui fcrvajit de
ftipport , Tempèchera encore de fe tourmenter.
Un hontrufqulrf^ armé d*une petite lame aiguë,
au lieu de pointe, fépare la bande avec netteté*
En fr;ippant feulement du plat de la main
fur la conveiïitè du carton, il quitte prefqu'auflTi-
tôt le moule. On détache la feuille de papier qui
tou choit au favon , & le doreur fur bois dore &
Irunit rintérieur. Les procédés de cet artiûe font
décrits ci-devant, tome i , page 150 & fuivamcs,
jy renvoie le kâcur.
On exécute beaucoup plus promptemeni d*au-
très miroirs ardens , en fubilituant le plâtre au
carton , & bientôt on verra que la promptitude
de Texécuiion n*eft pas le feul avantage qui mi-
lite en faveur du pldtrc.
Pour les former, procurer- vous un cercle de
fer-blanc, d*un diamètre un peu moindre que celui
du moule, & de 18 lignes de largeur. Faites river
de diftance en diAance , fur fon pourtour, fept
à huit clous, de manière que les pointes payant
en dedans , préfemeiït des portions de rayons.
Qu'au dehors il n'y ait que les tivures.
M I R
Couvrez le laoule de deux on trois feuiUci de
papier a€oupli par un moment d'ionmeriîon daai
l'eau tiède; applaniiTez les rides. Le papier étant
fec, vous fcnduirez d'huile de lin, que vous Uif-
fercz auffi féchcr. Placez le cercle fur cet appa-
reil , qu il s'y applique avec juflclTe; 6c de crainte
qu'il ne gliiTe , aiïurez-le par quatre petits crochets
de fer qui faifiront le bord fupèricur, 6c que vous
recourberez en defîbus du moule , en Les obli-
geant à tirer.
Il û'cfl plus queâton que de remplir le cerde
avec du plâtre râblé ^ cuit à propos, & qui n*ait
point été éventé. On le détrempe de forte qu*il
ne foit ni trop clair ni trop épais ; on le verfe^ Ôc,
fioitr mieux raiTaiiTcr , on promène long temps
a truelle fur toute fa fuperfecie. ^ffyei ÎV/ ifi
expcr, tome y ,
Quand il fera pris, on enlèvera les crochets.
Si la mafle abandonnera le papier; les clous qtti
fe trouvent fccllés dans Tiniérieur , retiendront
le cercle à perpétuité* Le rcfte eft du refTort du
doreur,
Plufieurs raifons doivent déterminet à préféi«r
le p'âtrc au carton. L'expérience a prouvé que les
miroirs ardens produifent de plus grands effets
lotfquils font froids , que lorfqu'ils font échauf-
fés. Or le plâtre s'échauffe beaucoup plus lente-
ment que le carton. Il eft d*aiUeurs moins poreux ;
à tous égards ; il ahforbe donc moins de rayotH
folaires. S*il eft vrai , comme l'avance Mufchen-
brocck , que les meilleurs miroirs renvoient à
peine b moitié des rayons incidens , rien de cette
moitié du moins tie doit être facriâée volon-
tairement.
VO C A B U L A I R E.
/\. IRA IN ; ce nom que nous appliquons fpéctale-
ment â la compofition des flarues, des cloches^ &:c*,
lie fignifioit autrefois que le cuivre.
AMBOUTin ; c'eft imprimer à des pièces planes
un enfoncement, en les frappant fur une forme
concave avec un marteau arrondi.
BrscAU ; deux h mes de verre font réunies à
bifeau quand les bords qui fe tranchent ont au-
par3vaTït été coupés en talus.
Buffle , pris ici pour la peau de Tanimal dn
mêtne nom. Cette peau paifée à Thuile conferve
beaucoup de fouplcHe & fert à polir.
Caubre; le calibre qui règle la convexité du
moule ou de pierre ou de bols , d^nt j Vi parlé ,
n*cft rien autre chofc quune planche mince,
longue de vingt pouces, large de trois, & dé-
coupée for la Urgcur d*aprss un trait de compas
ouvert à deux pieds & demi.
Demi-fuseau ; la planche i'**. fig- 4» 5 & ^»
tome 2 dfs gravures (an de coaftrutre les globes)
repréfente des demi-fufeaux joints enfemble. Il
n'efl queftion que de les fuppofcr fép^trés*
Feutre ; le bord d'un vieux chapeau fourjui
tout le feutre dont on a bcfoin ici.
Grès ; le grè> qu'on emploie pour digroffir
le métal , doit être mis en poudre. Il faut cbotfir
le plus tendre. Une meule de coutelier hors d^
fervice , cf) excellente a cet ufage.
Miroirs. Je nVi point parlé, dans Tarticle,
de ces grands miroirs ardens qu*on coodruit ca
réunîffant les unes à cc^té des autres , de Cms
qu'il y paroifle, plufieurs plaques de cuivre jaune^
attachées far une force de charpente folidc 8c de
forme concave. Ces infltumens , quand le poli
répond â leur étendue , produifent des effets tur*
prcnans : ils m*£toient échappés, Je les rappelle
aâuellement, & le peu que j'en dis fuffira pour
en donner une idée. On a porté le diamètre do
ces miroirs jufqu'à 11 pieds.
Modèle* On appelle modèle, en foadcnc»
la]
3
M I R
h repréfentadon exade de la pièce qii*on veut
couler. Pour une boule , le moaèle fera pareîlle-
nient une boule; une poire» pour une poire, &c.
MoLSTTE. Les molettes dont il -eft parlé plus
hauty reffemblent affez à reTpèce de cône dont les
peintres font ufage pour broyer leurs couleurs ;
nais ici la bafe feule eft en plomb ; le refie en bois.
Moule ; portion de cylindre épais de trois
pouces à fon centre , plan en deflbus , convexe
en deffus, la convexité réglée d'après Téchan*
cmre du calibre*
Patron. Ce qui conduit la figure de Touvrage*
Ponce. Pierre grife , poreufe & tellement lé-
gère qtt*elle flotte fur Fean. On en trouve com-
munément fur les bords de la méditerranée, en
Sicile, vers le mont Véfuve, &c., & en général
dans le Yoifinage des volcans.
PotÎe JtttMn ; la chaux de ce métal. On doit
choifir la plus fine , la plus blanche , & la laver
cacore avant de la mettre en œuvre.
M I R
129
Potée rouge; réfiJu qui fe trouve dans les
cornues après la diflillation de Teau forte.
Rable : on dit du plâtre qu'il cû rabU, quand
on Fa nétoyé du charbon dont il s*eft chargé
dans le four.
Rondelle; morceau de carton découpé cîr-
culairement , percé dans fon centre , qu*on en-
file fur Taxe du moule , & qui , bien enduit de
colle , retient les demi-fufeaux.
Tranche ; nom introduit dans cet article pour
exprimer le contour du moule, ou la partie par
rallèle à fon axe.
Tripoli ; efpèce de bois foflile , fuivant M^
Garidel. D'autres regardent le tripoli comme une
terre. Celui qui ne renferme point de fable , qui
eft tendre & facile à pulvérUer , mérite la pré<
férence.
Trusquin ; cet outil eft repréfenté fig. 7 & 8;
pi. 1 3 du menuifier en bâtimens. La petite lame
eft mife en la place de la pointe B de ces figures*
{Article de Af. Blanqvart de Sept-Fontjines ^ GcntUhomfnc de VArdrifis. )
Ans et Métiers'. Tome V. Punit /;
130
MONNOYAGE. (Art du)
o u
DE LA FABRICATION DES MONNOIES
ET DES MÉDAILLES.
J-iA monnole efl le Agne reprefemstif de la
valeur des choies qui entrent dans k commerce.
Lorfque les échanges en nature furent devenues
impraticables par la multiplication des hommes
&îa divcrfitè de leurs befoins ; lorfquc d'ailleurs
il fut impoflTible de conferver les chofes échan-
gées, fur-tout celles fujettes à s'altérer & à fc
corrompre , il fallut bien chercher mnc matière
facile à tranfporter, peu volumîneufe, d'une garde
aiféc, incorruptible, utile à di€érens ufages de
la vie, & qui pût être à U fois le figne & le
gaee des chofes commercées.
Les métaux ayant ces propriétés» furent adop-
tés , dès Torigine des grandes fociétés , par tou-
tes les nations clviUiées , parce qu^îls s'ufcnt
peu par le fervîce, & quoR peut les diyifejr com-
modément en petites pièces.
On donna la préférence à For & à Targent , à
caufe de leur prix Se de leur qualité , qui étant
fupérieurs aux autres métaux, exigent un vo-
lume moins confidérable , pour garantir la va-
leur des chofes qu'ils repréfentcnt.
L*écriture-fai nte fait mention de mîllc pièces
d'argent qu'Abimelcch donna à Sara ; de quatre
cents ficles d*argent qu* Abraham donna au poids
aux enfans d'Ephron; & de cent pièces d*argent
marquées d'un agneau, que Jacob donna aux en-
fans d'Hemor : ce qui prouve affez Tantiquiié
de Tufage de la monnoie d*argent.
Cependant ces métaux précieux pouvant être
altérés par différentes proportions d'alliage, il a
paru convenable & même néccffaire que chaque
pièce de monnoie fût accompagnée d'une marque
authentique de fon titre & de fon poids.
La première marque des monnoics étoit com-
poféc de points ; mais comme autrefois les plus
grandes richeffes confiftoicnt en bcftiaux , le
commerce s*en falfoit principalement par échan-
ges , & à la p^ace des points qui déftgnoient la
valeur des oiéces d'argent, on imprima fur h
monnoie la figure ou la tête de plufieurs fortes d'a-
nimaux. Ceft pourquoi on la no mm^ p€CUfua^ du
mot f€€tis y qui ftgniâe bétaiU
Dans la fuite, le commerce s*étant étendu , le
légiflateur crut devoir mettre fon empreinte fur
chaque pièce de monnoie, comme un figne ccr*
tain de fa valeur , & pour Tem pécher d'être al-
térée ou falfifiée. Ces pièces ainfi marquées ont
été nommées monnoie, moncta^ du mot latin mo*
ncre^ qui fïgnifie avertir; parce que le fouverain
avertit du titre & du poids de chaque pièce de
monnoie*
Il faut obferver que le caraftère de la fouve»
raineté imprime fur chaque monnoie, en défigm
bien , comma on vient de le dire» le poids et
le titre , mais il ne détermine point fa valeur in*
trinfèque,
La monnoie royale ou Farifis , étoit autre*
fois en France plus forte d'un quart que la mon-
noie t0urrtoifej ce qui rendoit le commerce des
efpéces plus difHcile , & ce qui étoit caufe que
dans les vieux titres on Aipoloit en quelles ef-
péces les rentes feroient payables.
L'autorité publique peut bien donner à ttne
pièce de quelque métal que ce foit^ le nom qu'il
lui plaira , & permettre le cours de cette pièce à
tin certain prix , mais elle ne pe«t forcer les
fujcts à donner telle quantité de marcha ndifês
pour telle pièce.
Il faut en conclure que rechange efl toujottrt
en raifon de la valeur intrinféque de la mon*
noie y & jamais fuivant la valeur que le Priaee
a jugé à propos de lui fixer.
La dénomination de la monnoie fut d'abord
relative à fon poids, c'eft-à-dire, que ce qui sap-
peloit une Lvre pefoit une Uvre. Les m;:taifx
ayant enfuite changé de prix fuivant leur plus
ou moins d'abondance , on a confervé bs mêmes
dénominations eu variant le poids des pièces.
Les mon noies d'or & d'argent font prefque
toujours alliées avec une certaine quantité de
cuivre; ainfi il faut diOingucr dans ces monnoîes
deux efpéces de valeur, la valeur réelle 6^ U
valeur n-méraire.
La valeur réelle efl la quantité d'or ou d'argent
pur qui fe trouve dans chaque ef|)éce de p éwcs d«
MON
iOBQole , c*cft fur ce pied que les nations évi-
Iluem les monnoies qu'elles re<^olvent en échange,
Eîîcs ne comotent pour rien le cuivre qui fea d'al-
liage, 6c n'citiment l'or 6c Targent des monnoies
que comme matière, fuivant le prii que CCi nié-
taox précieux ont dans le commerce»
L-i valeur numéraire eil celle qu il plaît au fou
rcrain de donner à telle pièce de monnoie y &
CCKC valeur arbitraire doit s'écarter très-peu de
^ la valeur intrinsèque.
H Les ûjjets d'un état commercent entre eux fur
~ la raleuf numéraire, fit avec les étrangers fur la
vakur réelle des monnoies. D*où il fuit que la na-
tion qui met plus d alliage » qu une autre dans fes
monoûtes, perd auili davantage dans fes échanges.
Rica oVft donc fi pernicieux au commerce d'un
■ pays , qu'une monooie qui eft au-deflbus du
tixre des moanoîes des peuples avec lefquels il
trafique.
CTcô un axiome en politique qull ne faut pas
toucher aux monnoies.
Cependant , lorfqu'il furvîent des variations dans
la valeur de For Ik de Targent, foit par Tabon-
dacice ou par Ja rareté de ces métaux, il efl alors
dt la prudence du fouverain de diminuer ou
rd'aogflif mer la valeur numéraire des cfpéces , afin
^ maintenir la juile proportion qu*il doit tou-
jour% y avoir entre le prix de Tor & de Targent
fOfS ca lingot , & le prix de ces métaix monnoyés.
Ea Europe on emploie pour la fabrique de la
Mk&onolc l'or, Targcnt & le cuivre.
^^^K^ ces trois métaux , il n'y a que le cuivre
^HV dont on fait en France les gros fols , les
Hpiéccs de deux liards » les liards oc les deniers.
^te mètal^ fen encore à faire Talliage des pièces
cTor ÔL d'argeoL
Le mélange d^une grande quantité de cuivre
& d'uoe petite quantité d*argent, forme l'alliage
Bou*oa nomme le hillun ; il iert à la fabrique des
^^îéces de ûx liards ^ de deux fols.
Oq a foin d'y mettre des proportions d'argent
refpc<ftives à la quantité de cuivre ; de manière
que les pièces qu'on en forme approchent beau-
coup de la valeur qu'on leur donne.
On eft convenu de certaines mefures idéales
potv nommer & apprécier la qualité ou la pureté
de For & de Targent.
L'«T fe qualifie par le nambrc des karats ou
dei parties qu'il tient de fin. Il n'y a que 24 ka-
fMâ pcnif exprimer tous fes degrés de pureté;
aiaG Vor à 24 karats el^ Tor le plus fin. Chaque
kjfat fc divife en demi karat , en quart, en hui-
mne, en feizième, en trente- deuxième de karat,
L'argent fe qualifie par le nombre de deniers
on de parties qu'il tient de fia : on ne compte
^ dtittzfi deniers ; ainfi l'argent à douze de-
mtn cft Targent le plus fin.
Chaque denier le divife en vingt - quatre
paiof *, de fime que Targent à onze deniers
MON i^i'
vingt-trois grains, fcroit extrêmement fin, ne te-
nant qu'un grain d'alliage.
La chofe la plus elfeniielle pour un maître ou
direC:teur des monnoies, ell de connoitre les pro-
cédés par lefquels on peut s'alTurer de Taffinagc
de Tor 6c de Targent, & de favoir faire les al-
liages de ces métaux dans la proportion conve-
nable. Il eft donc important d'entrer dans quel-
ques détails fur Tart de les purifier, & fur lei
moyens d'en reconnoitre le titre ou le degré de
pureté, avant de palTer aux opérations du mon-
noyage.
De Vaffindge*
n y a différens moyens , dit M. Macquer dans
fon did, de chymle , d'affiner les métaux par-
faits indeAruftibles, tels que Tor &: l'argent. Ces
moyens font tous fondés fur les propriétés de
ces métaux, 8t prentiem différens noms fuivant
leurs efpèces; ainfi , par exemple, l'or ayant k
propriété que nVnt par les autres métaux, m l'ar*
gent même, dt réftlier à Taélion du foufre , de
Tantimoine, de l'acide nitreux, de Tacide marin ,
ces fubllances deviennent des agens propres à
purifier lor de l'alliage de toute autre fubflance
métaftique, & par conféquent à raffintr.
Pareillement l'argent ayant Li propriété que
n'ont pas les métaux imparfaits de réfilier à l'ac-
tion du nitre, ou peut l'affiner par le moyen de
ce fel.
Mais on a affeSé particulièrement le nom d^af-
fîfiMgc à la purification de l'or & de Targcnt par
le moyen du plomb dans la coupelle i & ce
moyen étant le plus ufiié, c'eA à celui-là que
nous devons nous arrêter.
L'affinage de lor 6c de l'argent par le plomb
dans la coupelle, fe fait parla deftrudiion, la vi*
tnfication & la fcorification de tout ce que cej
métaux contiennent de fubftances métallique»
étrangères & dcûruélibles.
Comme il n'y a que les métaux parfa'its qui pul/
fent réfifter à l'avion combinée de Tatr 8c du feu
fans fe brûler, fans perdre leur principe îniîam-
mable , leur forme ^ leurs propriétés métalli-
ques , & fans fe changer en matières terreufes
ou vitrifiées, qui ne peuvent plus refter unîe«
avec les fubflances dans l'état métallique* OH
pourroit à la rigueur, par l'aOton du feuSt leçon-
cours de l'air, purifier l'or & l'argent de T^lliagc
de tout métal imparfait \ il ne s'agiroit pour"
cela que détenir ces métaux au feu, jufqu'à ce
que tout leur alliage fut entièrement détruit;
mais cette purification feroit très • difpcn dieu fe*
à caufc de la grande conforamation des nirttièrefi
combuûibles, & d'ailleurs d'une longueur infinie.
Cet affinage de Tor & de l'argent par la fimplc
a<Siion du feu , la feule néanmoins qu'on coi nût
dans l'ancien temps , ét*.nt prefqu impraticable ,
on a cherché 8t trouvé un moyen beaucoup
Rij
132
MON
plus court & plus avantageux pour parrenîr ffu
même but.
Ce moyen confifte à ajouter à Tor & à Tar-
dent allié une certaine quantité de plomb , &
d'expofer enfuite ce mélange à l'aâion du feu.
Le plomb eft un des métaux qui perd le plus
prômptemcnt & le plus facilement aflez de fon
principe inflammable pour cefler d'être dans Tétat
métallique ; mais en même- temps ce métal a la
propriéti remarquable de retenir, malgré Taôion
du feu , affez de ce même principe inflammable
pour (t fondre aifément en une matière vitrifiée
Ôt très-vitrifiante qu'on nomme Utkarge.
Cela pofé , le plomb qu'on ajoute à l'or & à
l'argent qu'on veut affiner , ou qui fe trouve na-
turellement mêlé avec ces métaux, produit pour
leur affinage les avantages fuivans:
i^. En augmentant la proportion des métaux
imparfaits^ il empêche que leurs parties ne folent
au li bien recouvertes & défendues par celle des
métaux parfaits.
2^ En s'unifTant à ces métaux imparfaits ,. il les
fait participer à la propriété qu'il a lui-même de
perdre la plus grande partie de fon principe in-
flammable avec une très-grande facilité.
3*". Enfin, en vertu de la propriété vitrefcente
& fondante , qui s'exerce avec toute fa force fur les
parties calcinées & naturellement réfraâaires des
autres métaux^ il facilite & accélère infiniment
la fonte, la fcorification & la féparation de ces
mêmes métaux : tels font en général les avan-
tages que procure le plomb dans l'affinage de
l'or & de l'argent.
A mefure que le plomb dans cette opération
ie fcoriiie , & (ctrifie avec lui les métaux imparfaits,
il fe fépare de la mafTe métallique avec laquelle
il ne peut plus fèfler uni. Il vient nager à la
furface , parce qu'ayant perdu une partie de fon
phl^giflique, il a perdu auffi une partie de fa
pelanteur métallique; enfin il s'y vitrifie.
Ces matières vitrifiées & fondues s'accumule-
roier.t de plus en plus à la furface du métal à
mefure que l'opération avanceroit; elles garan-
tiroiîint par conféquent cette furface du contaâ
de l'air, abfolumcnt néceflaire pour la fcorifica-
tion du refte , & arrêteroient ainfi l'opération , qui
ne finiroit jamais , fi l'on n'avoit trouvé moyen
de lui donner un écoulement.
On lui procure cet écoulement ou par la na-
ture même du vaifTeau dans lequel la mafTe mé-
tallique eA contenue, 8l qui étant poreux , abforbe
& imbibe la matière fcorifiée à mefure qu'elle fe
forme, ou par une échancnire pratiquée à fon
bord , & qui laiffe couler cette même matière.
Le vaifTeau dans lequel on fait l'affinage tû
plat & évafé , afin que la matière qu'il contient pré-
îentc à Tair la plus granje furface poffible. Cette
forme le faîtrcnembler à une coupe i & lui a fait
donner le nom de coupelle
A i'cjard du four ou fourneau, il doit être en
M O'N
•
forme de voûte , afin que la chaleur fe porte fur la
furface du métal pendant tout le temps de l'affinage.
Il fe forme perpétuellement à la furface du
métal , une efpéce de croûte o« peau obfcure ;
mais dans le moment oii tout ce qu'il y a de
métaux imparfaits efl détruit, & où par confé-
quent la fcorification cefTe, la furface des métaux
parfaits fe découvre, fe nétoie, & paroit beau-
coup plus brillante; cela forme une efpèce d'é-
clair, qu'on nomme efFeftivement éclair ^ fa^gf^'
ration , corrufcation ; c'eft à cette marque qu*on
reconnoit que le métal efi affiné.
" Si l'opération efl conduite de manière que le
métal n'éprouve que le jufte degré de chaleur.
nécefTaire pour le tenir fondu avant qu'il foîc
fin , on obferve qu'il fe fige fubitement dans le
moment de Téclair, parce qu'il faut moins do
chaleur pour tenir en fufion l'or ou l'argent alliés
de plomb, que lorfqu'ils font purs.
M. Paerner, chimifte allemand, prétend que lorf-*
que l'or & l'argent font alliés de fer, l'affinago
par le plomb feul ne peut les en débarraffer cooi'
plettemenc , mais qu'on réuf&t en ajoutant dtf
bifmuth. ^ ,
L'affinage fe'^faît en petit ou en grand :. cesdeuz
opérations font fondées fur les il ^ mes principes
généraux dont ont vient de parler ; & fe font
à-peu-près de même , quoiqu'il y ait quelques di£>
férences dans les manipulations.
Mais l'affinage en grand fe faifant à la fuite
des opérations par Icfquelles on a tiré l'argent
de fa mine, nous ne devons pas nous y arrêter;
& pour ne pas nous écarter de notre objet , nous
allons expoier , toujours d'après M. Macquèr»
la manière del faire Vejfai de l'or & de l'argent ;
cet ejfai n'étant lui-même qu'un affinage très*
exaâ , & fait avec toute l'attention poffible »
comme il le faut dans les monnoies.
Ejfai du titre de l'argerU.
La méthode ufitée pour déterminer le degré
de pureté de l'argent, qu'on appelle fon titre ^
confifle à mêler cet argent avec une quantité de
plomb proportionnée à la quantité de métaux im-
parfaits avec lefquels ou foupçonne qu'il eft allié ;
à pafTer enfuite ce mélange à la coupelle , & à.
pefer après cela le bouton d'argent fin qui refte.
La perte que cet argent fait par la coupellatîon »
fait connoître la quantité de métaux imparfaits
dont il étoit allié , & par conféquent à quel iUre
il étoit*
On voit par-là que l'efTai de l'argent n'eft autre
chofe que l'affinage de ce métal par la coupel*
lation.
La feule différence qu'il y ait entre ces deux
opérations, c'efl que, quand on coupelle de l'ar-
genr uniquement pour l'affiner , ordinairement on
connolt fon titre ; l'on y mêle la quantité de
plomb convenable, & on le pafTc à la coupelle.
MON
i33
I
être affiijcttl à avoir les attentions conve-
mtblcs pour s\^trurer de ton déchet pendant IV
péraijo- ru que dans ïcihï il eil abfolu-
n>«oi 0 - dVmpIoyer tous les moyens pof-
fibk» pour saûitter, avec la deraiëre exactitude,
éc la pcne que fut l'argent par b coupellation,
La première de ces opérations , ou le ftuiple
affinage de rargeot , fe fait en grand dans Tex-
ploitatioo des tntnes d'argent, ou dans Les mon-
noies, où Ton a fouvent une grande quantité d'ar-
gent à affiner,
La féconde ne fe fait jamais qu'en petit, parce
^uc les frais font moindres , & qa*il cft d'ail-
leurs plus facile d'opérer avec toutes les attén-
uons 6c toute rexaûitudc requîfe:>. C'eA de cette
opération qu'il s'agit à prcfcnt : voici comment
elle ie fait.
Ofl fuppofe d*abord nue la maffe ou le lingot
d'argent dont on veut taire reiTai , eft compofe
de douze parties par toi te me tu égales , quel q^ue
foit d'ailleurs le poids ablblu de ce lingot; 6c ces
I douze patries s'appellent les deniers.
Si ie kngot d'argent eA d'une once » chacun de
«es detiiefs fera un douzième d*once ; s'il cil
4 un marCj chacun de ces deniers fera un Jou-
2irme de marc; s'il eft de lo marcs, chacun de
CCS denieri fera un douzième de lo marcs , &c.
Par la môme raifon, fi ia maffe d'argent eft
exempte de tout alliage & abfolument pure,
^ct argent fe nomme de Cargmt â ta deniers ;
^ elle contient un douzième de fon poids d'al-
liage , on dit que cet argent eft à onze deniers ;
iî cUe comietit deu^i douzièmes ou im fixlème
cTaiiisge , l'argent n'efl qu'à dix deniers ; & ces
dçfûers ou parties d'argent pur s'appellent de-
mien Je fin.
Il cil à propos d'obfervcr au fujet de ces de-
mhrs^ que les cfl^ayeurs nomment aulTi denier un
fmds de24gniins réels, c'eft-à-dlre, le tiers d'un
r^s , qu'on nomme en médecine un fcrupuU.
f^ut prendre garde d« confondre ce denier
poids réel , avec le denier de fin, qui n'ef! qu'un
poids idéal ou proportionnel , ce qui p^ut arri»
ver d'autant plus facilement , que , pour plus
rndc ptécifion, le denier de fin fe divife comme
denier réel en 24 crains. Mais les grains du
émxT «le fio font fictifs Se proportionnels de
néme que ce denier , & f e nomment grains
(Un lingot d'irgent fin ou à 11 deniers > con-
"^ d€mc a88 grains d^ lin» Si ce lingot con-
Tvr d'-tlliflge, on dir qu'il eft à 11 deniers
1^ gr:iias ; s*il cornent 7^^ ou ~ d'alliage , Tar-
|cct «VU qu^ OHM déni» '^ ^2 crauis; s'il contient
Tfy cru 7^ d'.illi ce , il ïicK qu'à 11 deniers
10 grains ,6; ['uitc. Enfin le grain de
Su a auifi fc5 . à 1 ordinaire ^, ^ de
gnin, ^c*
Il faut fa voir encore que , comme les' effaîs
pour le titre de Targeat fe font toujours en pe-
tit, les eiïayeurs ne prennent qu'une petite por-
tion d'un lingot pour le foumettre à l'épreuve;
6c Tufage eft, du moins en France, d'en prendre
un demi-gros ou 36 grains réels* En confèquence
le plus fort poids qu ils ayent pour pefer l'argent
pour les effais, eft d'un demi-gros ou de 36 grains
réels. Cs poids répond ii 12 deniers de fin. Ce
poids eli fubdivifè en un nombre fuffifant d'au*
très poids plus petits, lcfc|uels répondent par
confèquent à diiiFérentes frayions des deniers &
des grains de fin : ainfi le poidt de 18 grains
réels, qui eft la moiiiè du précédent, répond à
6 deniers de fin : celui de trois grains répond à
un denier ou à 14 grains de fin : celui d*un grain
& demi, toujours poids réel, répond à ii grains
de fin : & ainfi de fuite, jufqu'à ^ de g'-ain
réel , qui répond à J de grain de fin , lequel
quart de grain de fin , nVft que ^ d'une maffe
de 12 deniers. Ce poids réel d'effai pour l'argent,
avec fes divifions , fe nomme femelle ou poids
de femelU pour l'argent , parce qu'il y en a un
autre pout Tor , que l'on nomme p^ids de fe-
melle pour Vor,
On fcnt bien que des poids fi petits , ainfi que
les balances deftlnées à les pefer, & qu'on nomme
hdlances d'effai , doivent être de la plus grande
jurtcil.'. Ces balances font fort petites, lufpen-
dues & enfermées dans une boete vitrée, laon
feulement pour les garantir de la poufliére, mais
encore pour empêcher que le mouvement de Tair
ne les agite, 6c n'en trouble l'opération quand on
s*en fen.
Lorfqu'il eft queftton de faire reffai d^une
mafie ou d'un lingot d'argent , Tufage eft de faire
cet effai double ; pour cela , on en coupe deux
demi marcs fic^tifs, qui peuvent être chacun de
36 grains réels ou égaux su principal poids de
femelle* Ces deux portions d'areént doivent être
pefées avec la pîus grande exiélitude, & avoir
été prifes l'une en delTus , & Tautre en defibus
de la malTe ou du lingot.
Ceux qui font accoutumés à ces fortes de tra-
vaux, connoiffent, prefque aufimple coup-d'oeit,
â quel titre eft l'argent, ou peuvens fe fervir de
la pierre de touche pour le connoîire à peu-prés;
& cela règle b quantité de plomb qu'on doit
employer pour refiai , cette quantité devant être
en général proportionnée à celle de Talliage de
Tardent*
Cependant, il n'y a rten de déterminé au jufte
fur cette proportion du plomb avec celle de Tal-
liage; les auteurs qui ont traité de cette matière
varient entre-eux : ceux qui demandent la plus
grande quantité de plomb, fe fondent fur ce qu'on
eft plus fur par là de détruire tout Talliage die
l'argent ; ceux qui en prtfcrivent la plus petirg
quantité, afiTurent que cela eft nécenairc , par la
raifon que le plomb emporte ton fours un peu de
fin. Les efTaycurs eux-mêmes ont chacun leur
pratique particuiière , à laquelle ils font attachés.
MON
Les mimArcs ccUirés, dans les départemens
defquels font ces objets , fenunt tous les incon-
vénicns qui doivent rélultcr de pareilles inccr-
citucJcs , ont pris les mefures les plus fages pour
les faire cefTer.
Trois chtmiftcs de racadémie des fdences,
MM, Hellot, Tilict &^acquer, ont été nom-
més pour condater tout ce qui a rapport aux
eiîats d'or & d'argent , par des expériences an-
ihenciquesj faites fous les yeux de Thomme d'éfat
qui avoit ce département » & en prèfence des
maeiilrats de ta cour des monnoies.
Il a été conAatê par ces recherches , que le
plomb fait toujours entrer un peu d^argcnt dans
là coupelle ; &t le règlemcnc qui cft intervenu , a
û%è que :
Pour de Tareent d'affinage , il faut deux par-
ties de plomb fur une dVgent.
Pour de Targent de vaiiîtllc à lï deniers
Il grains, quatre parties.
Pour de Targent à 1 1 deniers & au-deâbus ,
Cix parties.
Pour celui à lo deniers & au-denbus , huit
parties*
Pour celui ï o deniers, û\x parties.
Pour celui à o deniers, douze parties.
Pour celui à 7 deniers , quatorze parties.
EnHn , pour celui à 6 deniers & au-deflbus,
feize parties de plomb.
On choifit deux coupelles égales de grandeur
& de poids ; Tufage cA de prendre des coupelles
qui fèfcnt autant que le plomb qu*on emploie
dans Teflai, parce qu'on a obfervé que ce font
celles qui peuvent boire toute la Litharge qui fe
forme penciant Topération,
On tes place l'une à coté de Tautre » fous la
mouflie , dans un fourneau d'eflai : on allume le
fourneau» on fait rougir les coupelles , & on les
tient rouges pendant une bonne demi - heure
avant d'y nen mettre.
Cette précaution cft ncceifaîre pour les sécher
& calciner parfaitement . attendu que fi elles
contCQoient quelques parties d*humldttè ou de
matière inflammable, cela occaftonneroit du bouil-
lonnement & de reffervefcence dans l*eflai.
Quand les coupelles font rouges k blanc » on
met dans chacune d'elles ta quantité de plomb
qu'on a dctermioéc : on tianne chaud ^ ce qui fe
fait en admettant beaucoup d'air par le cendrier,
dont on ouvre les portes pour cet effet, jufqu'à
ce que le plomb , qui e^ bientôt fondu , foit
rouge, fumant & agité d*un mouvement qu'on
appelle cïrcuUnort^ ik bien découvert, c'eR-à-
dire, que fa furface foit unie & affez nette*
On met alors dans chaque coupelle l'argent
réduit en petites lames , afin qull fe fonde plus
promptcment, en continuant à donner chaud , %l
même en augmentant la chaleur, parle moyen de
charbons ardcns qu'on place à Tentrée de la raouffle r
#n fûittient cette chaleur juûju'à ce que l'argent
I
MON
I foit tntfi dans U plomk ^ c'c(l*i-dire, bien fondii j
6c parfaitement mêlé avec ce métal ; quand Tcfoi
cA bien circulant ^ ou diminue la chaleur, en atant
en tout ou en partie les charbons qui font à ren-
trée de la moufflc , & fermant plus ou moins Us
portes du fourneau.
On doit gouverner la chaleur de manière que
les effais aient une furface fcnfiblement convexe,
& parotfTent ardens dans les coupelles, qui alors
font moins rouges j que la fumée qui sVn éiève
monte prcfque jufqu'à la voûte de la moufflc;
quil fe faite coniinueltement une ondulation en
tous fens à la furface des eiTais, ce qui s'appelle
circuler ; que leur milieu foit Jiffe , & qu'ils
foient entourés d*un petit cercle de litharge qui
s'imbibe cominuellement dans Us coupelles.
On foutîent les effais en cet état iuf^'à U ^
fin de l'opération , c'eil-à-dire , jufqu à ce que ■
le plomb & l'alliage de fin qui fe fige alors » ^
n étant plus recouverte d'une pellicule de titharge,
foit êtL'w^nwt tout-d'un-coup vive , brillante &
d'un beau luifant , ce qui s'appelle l'éclair; ât 0
l'opération a été bien conduite , les deux e^ats
doivent faire leur éclair en même-temps , ou i
trcs-peu d'intervalle l'un de l'autre.
Lorfque l'argent a été bien a^îné, on voit \m*
médiatement après l'éclair , la furface du bouton
toute couverte de couleurs d'iris , qui ondulent
& s'entre-croifent avec beaucoup de rapidité, 8|
alors le bouton fe fige.
La conduite du feu cft un article efTentiel dans
tes ciTais; il eft important qu'il n'y ait ni trop^
ni trop peu de chaleur, parce que s il y a trop de
chaleur , le plomb fe fcorifie & paiTe dans la cou-
pelle fi promptement , qu'il n'a pas le temps de
fcorifier & d'emporter avec lui t ou t^ l'alliage de
l'argent.
Vil n'y a pas affez de chaleur, la litharge $'a»
malTe à la furface, & ne pénètre point li cou-
pelle : les effayeurs difent qu'alors l'eflai çft aouj^
ou noyé.
Dans ce cas Teflai n'avance pas, parce que ta
tiiharge recouvrant la furface du métal , la ga-
rantit du contaô de Tair* qui eft abfolumcm né-
ceffaire pour la calcination des métaux.
On rcconnoit qu'un effai a trop chaud , lorf-
que la furface du métal fondu eft extrémemenr
convexe, qu'il eft agité par une circulation trés-
fortc ; que la coupelle eft fi ardente , qu'on ne
peut dillinguer tes couleurs que la litharge lut
donne en U pénétrant; enfin, lorfque la fumée
qui s'élève de dcffus Teflai , va jufqu'à la vofuo
de la mouflle, ou qu'on ne Tapperçoit point du
tout : ce qui arrive, non parce qu'il n'y en a
plus alors , mais parce qu'elle eft fi rouge fii ft
ardente, ainfi que tout l'intérieur de U mouffle»
qu'on ne peut ta diftinguer.
On doit diminuer dans ce cas ta chaleur eo
fermant le cendrier; quelques ciTayeurs mettcM
ifa
MON
amoBf des coupelles de petits morceaux
obloiigs Sl froids d'argille cuite , qu*U$ appellent
S 30 contraire Je métal fondu a une furface
afipbnc & très- peu fphérique par rapport à fa
mmc^ me la coupelle paroifle fombre, que la
bnée oe TeiTal ne faife que ramper à fa fur-
£ice , que ta circulation foît trés-foibîe, que ks
fcoiies qui paroitTcni comme des gomtes bril-
lâmes n'aient qu'un mouvement lent & ne i'im-
^bent point éèm ta coupelle , on peut èirc af-
^"^^ qiw la chaleur eft trop foible, à plus forte
oûe le métal fe fige au ù congèle ^ comme
estent les cflayeiirs. On doit alors laugmcnter
co ourruit le cendrier , en plaçant de gros char-
bons ardens à l'entrée de la mouffie » ou même
en metuot de pareils charbons en travers fur les
coupelles ; mais il vaut encore beaucoup mieux ,
coflune le remarque fort bien M. Ptjcrnsr ^ éviter
de tomber dans ce dernier iRconvénioBt, en don-
nant plufdc une chaleur trop forte que trop foibîe ,
parce que Texcés de chaleur ne préjudicie point
il feiifibtcffîent à reifai.
On commence pM ^donner chauJ aufTitôtquc le
plomb di dans les coupelles , parce qu'il les re-
^mUt , 6c qu'il cil^néceffaire qu'il fe fonde prompte-
meiit, fie même que la chaux qui fe forme à fa
ȣmhcc aufliiot qu'il eft fondu , fe fonde elle-
mUme & fe convertiffc en litharge, parce que
cette chaux étant beaucoup moins fufible que le
plôinb^ dcvlendroit fort difficile à fondre, û elle
s'aAmlTolr en une certaine quantité,
Loffqu*on a mis largent dans le plomb décou-
vert , il faut donner encore plus chaud ^ non-
leoleiiiem parce que cet argent refroidit beau-
coap, mijs encore parce quil eft bien moins fu-
fiblc que le plomb ; & comme on doit produire
totis ces effets le plus promptement qu'il efl pof-
libie , an eA dans le cas de donner plus de cha-
leur tiu*jl n*en faut « & cVIl par cette raifoo
quet iorfque Targent cft intrê dans U plomb , on
d^Kuig ffvU pour remettre les elTais au degré de
cfaaleur convenable.
Pendant toute cette opération , la chaleur doit
aller tottjours en augmentant par degrés |ufqu'à
la fin « tant parce que le mélange métallique de-
TÎeot diamant moins fufible, que la quantité de
plomb diminue davantage ^ que parce que plus
k proporîien d'argent devient grande , par rap-
pcn à celle du plomb, & plus ce dernier métal,
nratin par le premier, devient difficile à fcori-
feet. On fait tnionc « p^r cette raifon , que les
c&t9 aient ut% chaud dans k temps de leur
Quand Topératton eft achevée , on ' lalfle en-
rôle les coupelles au même degré de chaleur,
' Ht quelques momens , pour donner le temps
dernières portions de fitharge de s'imbiber
enrier , anendu que » s'U en reftoit un peu
(mb kn boiuons de fin , ils y ferolent adhcrens*
MON
135
Après cela on ceffe le feu , on fait refroidir
les coupelles par degrés » jufqu'à ce que les bou-
tons de fin foient figés entièrement, fur-tout s^ils
font un peu gros , parce que s'ils fe refroidirent
trop promptement , leur furface extérieure ve-
nant à fe hger & à prendre de la retraite, avaat
que la partie intérieure fût dans le même état,
comprimeroit fortement cette dernière , qui s'é-
chapperoit avec effort , formeroit des végétations
& même des jets , en crevant ta partie exté*
rieure figée.
Cet inconvénient s'appelle écartement ou végé-
tation de hontons^ On doit Té virer avec grand foin
d2ns les cflais v parce que quelquefois il s'élance
de petites parties d'argent hois de la coupelle*
Enfin, quand on crt affiiré que les boutons d'ef-
fai font bien figés jufques dans leur intérieur,
on les foulève avec un petit outil de fer , pour
les détacher de la coupelle, lorfqu'ils font en-
core trcs-chauds , parce qu'alors ils s'en détachent
facilement; au lieu-que quand tout eft refroidi,
il arrive fouvent qu'ils adhérent à la coupelle,
de manière qu'ils en emportent avec eux de pe-
ntes parties , ce qui oblige de les nétoycr par-
faitement avec la grat:c-hjfe.
Il ne s*agii plus après cela que de pefer bien
cxaftemcnt ces boutons à la balance d'eflaij la
quantité dont ils auront diminué par la coupel-
lation , indiquera au juAe le titre de la maH'e oa
du lingot d'argent effayé»
Il uut obfcrver que comme il tî*y a prefquc
point de plomb qui ne contienne naturellement
de l'argent, & qu'après la coupellation cet ar-
gent du plomb fe trouve coiïfondu avec le hou»
ton du hn , dont d augmente le poids , il ck
trcs-efTenticl de connoitre, avant que d'employer
du plomb dans des effais, la quantité d'argent
quM contient naturellement, pour la défalquer
du poids du bouton d'eHai.
Pour cela, les effayeurs paflknt une certaine
quantité de leur plomb tout f.ul à la coupelle,
pèfent avec exaaitude le petit bouton d^ tin
qu'ils laiflent : ou bien on peut mettre dans une
troîfiéme coupelle du même plomb qu'on em-
ploie dans les effais , & en poids égal k celui qui
entre dans un effai ; & après l'opération , lorf-
qu'il s'dgit de pefer, ou met du côté da poids
le petit bouton de fin lailTé par ie plomb feul:
on rappelle Je témoin , cela évite des calculs.
Pour éviter ces petits embarras, les eflayeu:s
fe procurent ordinairement du plomb qui ne coti-
lient poifit d'argent, tel qu'efl , à ce qu'on aflurc,
celui de Willach, enCarinthie, qui efl recherché
par les effayeurs à caufe de cela.
On remarquera en fécond lieu, qu'il paiTe tou-
jours une certaine quantité de fin dans le:i cou*
pelles , alnfi qu'on Ta remarqué depuis long-
temps dans les affinages en grand, ÔL que la
même chofe a lieu aufli dans les effais ou épreuves
en petit ; que cette quantité peut varier , fuivant
t36
MON
la matière Sl la forme des coupelles : objets qui
ont été déterminés avec U plus grande pricifion
dans le travail dont on a parlé ci-deiïus, &
que M. Tillet a fulvis encore depuis avec une
cxiftinide fcropuleufe , comme on peut le voir
dans les mémoires de Tacadèmie , année 176}
& 17(59-
La coupellation qu'on vient de décrire , eft
exaâement la même pour les enfaîs par Icfquels
on dÀtefmine le produit d'une mine a argent , ou
d*une mine tenant argent. Mais comme il n'eA pas
rare que ces mines contiennent aufli de Por , quel-
quefois même en quantité aiTez conftdérable, il eA
à propos , lortqu on fait ces fortes d effais , de
faire enfuite le départ des boutons de iîn qu^bn a
obtenus* On peut être aiTuré d'avance que Tar-
gent effayé eil fort riche en or, quand les bou*
tons de fin ont un petit œil jaunâtre.
Effai du t'un d^ ton
Le poids fiftif pour déterminer le tkre de ^ox^
& le poids de femelle pour Teffai de ce métal,
font différens de ceux de Targent : une ma^e
quelconque , ou un lingot d'or fuppofé parfaite-
ment pur, ou ne contenir aucune partie d alliage,
fe divife idéalement en 14 parties , qu*on nomme
karàti : cet or pur eft par confcqucnt de Tor à
24 karats. S'il contient un vingt-quatrième de
fon poids d'alliage , il n'eft qu'à 23 karat* ; s'il
en contient deux vingt-quairiémes ou un dou-
zième, il n*eA qu'à 22 karats, & ainâ de fuite.
On voit par \k que le karat de l'or n'eft qu*un
poids relatif & proportionnel ; en forte que le
poids réel du karat varie fuivant le poids total
de la maffe d'or qu'on examine. Si cette maflTe
d or eft d'un marc , le poids réel du karat fera
un vingt quatrième de huit onces , ou 2 gros
2 deniers, à 24 grains le denier ; fi la maife d'or
eft d'une once , fon karat pefera réellement un
vin^t-quatriéme d*once , ou 24 grains ; fi elle
n'eft que d'un denier ou de 24 grains, le poids
réel de foQ kirat fera d'un grain , & ainfi de
fuite.
Pour plus grande précifion , le karat de Tor
fe divife en 32 parties, qui n'ont pas d'autre nom
que des trcnu-dcuxièmi dt karats : ces trente-
déuxicmcs font des poids proportionnels & rela-
tifs , comme le karat dont ils font les diviftons;
ainfi jT de karat d'or cft jj de t; ou rg-f d'une
«laflc d'or quelconque > 6t de l'or qui ne con-
tient que yji d'^liage, s'appelle de for h n.} ka-
rats Y7 ; de l'or qui ne contient que tîT ^" TïT
rf'ailtagc» s'appelle de Tor à i] karats j^p m
ainfi de fuite.
En france , le poids réel ou de femelle qui eft
ordonné pour l'or , eft de 24 grains , poids de
émnrc. Ce poids repréfcnte par confcquent , ou
pUitAt réalife les 24 karats; chaque karat dé-
laient pr là uo gru'in réel ; diaquc treme*dey
MON
xiême de karat devient un trente-deuxième ém
grain , &c.
On tolère cependi|pt que les enTayeurf ne pren*
nent que 11 grains, & mèms 6 grains pour leur
poids de femelle ; mais la juflefe & la fenCbt-'
ïité de leurs balances doivent erre bien grarnlci
pour des poids aufli petits que ceux dcî Ir^iflioni
d'un poids principal de femelle, quiefl lui-même
fi petit,
Lorfqu*îl eft queftion de faire Teffaî d^nne
marte ou d'un lingot d'or, on en coupe ou on
en doit couper 24 grains, qu'on pëfe exaélement*
On pèfe d'une autre part, 72 grains d'argent
fin : on pafle ces deux métaux enfemble à la
coupelle, en employant à-pei;-près dix fois plii^
de plomb qu'il n'y a d'or»
On conduit cette coupellation , précifément
comme celle pour l'effai du titre de l'argent, fi
ce n'eft qu'on chauffe un peu plus vivement fur
la lin.
Lorfque rcffai eft prêt à faire fon éclair, Tor
fe trouve après cela débarrafTé de tout autre tl;
liace que de l'argent.
Si on eft curieux de voir combien il contenoit
de cuivre ou autre alliage deftruÔible à la cou-
pelle, on pèfe exaftcment le bouton de fin qui
reftc ; la diminution qui fe trouve fur la fomme
du poids de Tor 6c de l'argent , donne la quaA*
tité de cet alliage.
Apres cela , on applatit ce bouton de fin fur
le tas d'acier , en le faifant recuire .à mcfurç
qu'iiyécrouit, de peur qu'il ne fende.
On le réduit par ce moyen en une petite tainv
qu'on roule enfuite en forme de cornet , puis on
en fait le départ par l'eau forte.
La diminution qui fe trouve fur le poids de
l'or , après le départ , fait connoître la quantité
d'alliage que cet or contenoit.
L'eifaî du titre de l'or fe fait donc par deiut
opérations , dont la première , qui eft une coupel*
lation , lut cniève tout ce qu'il contient de mé-
taux imparfaits; & la féconde , qui eft le départ,
en féparc tout ce qu'il contient d'argent.
II y a une autre opération , qui eft la purificft»
tion de l'or par l'antimoine , laquelle eft une
efpèce de départ fec.
On fépare, par cette feule opération, en même-
temps les métaux imparftits & l'argent alliés avec
lor; mais cette purification r'eft pas ftifccptible
d'une aifcz • hon pour pouvoir fervir
à TeiTai ou i Jition du titre de Yor*
fgrmaHi/ï jvrc Uf^itia on r.'^^r^'if , gant à la fi»
jugemfni de <t
mis en fonte une certaine
^ qu'elles fe trouvent rè-
' P' * ' gouiic que l'aft
jm viiaj.
On
MON
Ofl foutient» pendant le temps que dure fan
opératioa , Iç degré de chaleur nècefTaire pour
eiifrercnir la matière dans le mcme état {uiqu'à
ce 00*11 au donné fon rapport.
Ce rapport détermine à ajouter du fin ou de
TiUiaee , fi la matière efl a un titre au-deHus ou
ao-deubus de celui que doivent avoir les efpèces;
B eQe fe trouve au titre , on la coule dans les
moules à ce deflinés.
Quand la fonte cfl réduite en iamcs^ Teffayeuf
en Uit un nouvel cffai ; & s'il en réfulte qu'elle
ne fc trouve pns au liîre fiié par la loi , il en
donne avis aux juges -gardes, qui la font refondre
ea leur ptéfencc , ëi y font ajouter la quantiié de
&i oèce^Taire pour la porter au titre.
C^tc nouvelle fonte étant coulée, Teflayeur
en lîit un nouvel effai & en donne fon rapport ;
s*îl cfl favorable , on envoie les lames ay lami-
nair pour les y dègroiTir ; on les fait recuire en
fuite, apr^ quoi on les fait repaffer de nouveau
au Uaiinoir , afin de les ré juirc à Tépaiffeur
que doivent avoir les efpèces que Ton fe pro-
pofe de fabriquer.
Ces tames ainfi réduites , on les pafTe au cou-
p9êr ^ où elles font coupées en flans de la gran-
i <kitr & ï peu -prés de la pefameur desdites
^efpèces.
On livre cnfuîte ces flans aux ajufleurs^ qui vé-
fievif exa^ement leur poids. Ils mettent au rebut
qui fe trouvent trop foi blés , & réduifent
"avec U lime ceux qui font trop forts*
Ces flans ainfi ajuftés paffent de leurs mains
dans celles de leur prévôt ou de fon lieutenant,
qui les Têrîfie encore pièce par pièce.
Ces mêmes flans tubiffent, après tajuflage ^
un nouveau recuit ; ils paJTent enuiite au blanchi-
€tii , & delÀ à la marque fur trAnche , après quoi
I font livrés aux monnoyeurs.
Dès que Fon commence à monnoyer , tcjfdycur
cft a%"crti de venir prendre fa ptuilU , afin d'en
faire TelTai \ il doit la prendre au hafard.
Cette peuille repréfcnte par fon iitre , celui de
^Moces les pièces qui compofent la hrtvc dont elle
B&jt partie*
^Ê L*cflaycîir fait Teffai de cette peuille, & s'il
^pa trouve au titre, toute la brève eA réputée
^^dsTH l'j " ; il en prévient les juges-gardes ,
iL Ton - ^ de monnoyer.
S*îl arrive aue la peuille fe trouve hors des
mnédes, & lur Favis que TeiTayeur en donne
I iBX iuges-gardes, ils U font refondre, & y font
iincrtL^r îe fin i]ui manque.
brtvt eft monnoyée, c*eft- à-dire,
«uj iL^ ^iwccs qui la compofent ont reçu l'em-
'■im» *l^i poinçon î d'effigie & d'écufTbn ,. les
j U p* aux ju^cs'gSrJes , qui vé-
•* » ces pièces Tune après
•ut celles qu*ils trouvent
ou trop fortes.
é*ra ff ^, Partie /,
MON
157
Cette vérification faite, les juges«gardes dref*
fent un procès-verbal de délivrance, par lequel
ils annoncent la quantité de pièces qu'ils délivrent
au dire^eur , la nature de ces pièces , leur poids ,
6c le titre auquel Teffayeur les a rapportées avant
de faire la délivrance d'une brève au dire^eur;
les juges-gardes en retiennent un certain nombre
de pièces , qui a été fixé par un arrêt de la cour
des monnoies, du 22 août 1750 , dans les propor-*
tions fuivantes , favoir :
Pour Vor ; fur une délivrance qui n'excède pas
400 pièces, deux pièces ; fur celle qui eicède
400 & n'excède pas 600 pièces , irois mèces ,■ fuf
celle qui excède 600 & n'excède pas 800 pièces,
quatre pièces ; & ainfi à proportion , fi les déli-
vr^-rKcs font plus fortes.
Pour Purgent ; une pièce fur une délivrance qui
n'excède pas ço marcs ; deux pièces fur celle qui
excède 50 , & n'excède pas 100 marcs ; trou
pièces fur celle qui excède 100 & n'excède pas
1 yo marcs ; & ainfi à proportion , fi les délivrances
font plus fortes.
Sur chaque délivrance de demi-écus, qui n*ex-»
cédera pas 50 marcs, deux pièces ; fur celle qui
excédera ço & n'excédera pas loo marcs, quatre
pièces ; & ^fi à proportion.
Quant aux cinquièmes , dixièmes Si vingtièmes
d'écus , l'arrêt ordonne qu'il fera retenu cinq
pièces des premiers , dix des féconds , 6c vingt des
trcifièmes, par chaque délivrance qui n'excédera
f)as 50 marcs ; & ainfi à propoi tion , fi les dé-
ivrances font plus fortes; & à l'égard du hillon^
il doit être retenu fix pièces de vingt-quatre de-
niers ^ fur chaque délivrance qui n'excédera pas
50 marcs , & ainfi à proportion , fi les délivrances
font plus fortes.
Toutes ces pièces font mîfes à part , & après
avoir été étiquetées, on les enferme dans une
boîte, pour fervir au jugement du travail; c'e/l
ce que Ton nommî deniers de botte ^ ou denien
emboîtés.
Le procès-verbal de délivrance doit être fignè
des deux juges-gardes , du direfteur, do contré-
leur-contre- garde & de reiTayeur» & f>orté far
un regiâre à ce defliné.
Lorfque l'eflayeur eft appelé fNiBr figner ce
procès-verbal , il apporte la peoBle , Il l'enve-
loppe en préfence des juges-ginles dam un p^
pier qu'il cacheté , & fur lefoel 3 écm cette 1^
mule : du . ^ , tj P''^ dtmm kmm
de . * . . louis ou écÊs it m m • P^f^^ * - --
marcs au titre de , , ^ , & îi f^m»
Cette peuille ell
coffre fermant à trob defr, fw^
entre les matos des j^ps-f^^do^ k 4
Tautre, & refiE^cori
Les denien 4fe "
à la cour des 1
très efpèces et \
mèncMBÊeft
38
MON
huon (c*cft ce que Ton nomme des dtnîcrs fu-
rans) ^ afin de procéder fur les lanes comme fur
îes autres» au jugement du rravaif.
On commence par ^ire la vénficaûoti du poids ,
Cjx pcfant un marc de pièces de cll^quâ eCpécCf
prîfes au hafard , d'ahord lur tes deniers de boite »
éc enfuite (ur les deniers courans; on compare le
poids reconnu par la peféc, à celui que les juges-
gardes ont annoDçè par le rcgiftre des déli-
vrances.
Ces peftcs fe font par le greffier en chef de la
Cour, en préfence, tant du cojifciller quelle a
com.nis au jugement de la boice que du procu-
reur gciîè*al.
Si les oflSciers de la mrnnoie ou ces cfpéces
onr été fabriquées , fe trouvent à Paris , il leur
cil permis d'aflifter à cette vérification , la cour y
fait mbmc appeler les officiers de la monnoie de
Paris, Jorf|u'il cft queflion de leur boîte.
Le* dîreâeurs ét^nt tenus de fabriquer droit de
ffoJf^ iî leurs eCpéccs font jugées fnibles djuis
les rcntédcs, la cour les condamne à refluer au
Roi le moniant de ce falbhs^e fur tout leur tra-
vail de Tannée ; eile ètabUt ce foiblage en com-
parant , foit le poids qui rèfulte de la pefèc
qu'elle a fait faire , foit celui qui fd porté par
le régi (Ire des délivrances ^ avec celui auquel
le dirt.ftcur a dû travailler : elle prend toujours
pour bafe le plus foible de ces trois poids.
Si le iravjil efl jugé hor* des remèdes , U di-
fcfteur cfl condamné a reftttuer au Roi le mon-
tant de tout le foihU^i , & à payer folidaîrement
avec les juges-gardes^ une amende telle quil plaît
à ia cour de Ki Axer*
La véiification du titre des deniers de boite ^ &
des deniers couans, fe fait conjointement par
Teflayeurgcnérwl des monnoics , 6l Teffayeur
pari>culier oe la tnonnoie de Paris*
Lorfqii'il eft quet'^ion d'y procéder, le confeil-
1er qui a été commis au jugement de la boiie^
fe tranfporte au griffe de la cour , ii y prend
au hafard tel nombre qu'il \eut de dtnurs dt
boite & de dtmers courans; m.is il ne hcut pas
en prendre moins de deux de chaque efpèce : il
fait couper , de chacune des pièces qu'il a choi-
fiev » un petit morceau que Ton nomme prife
dfJfAt ; il enferme enfuite chacune de ces pièces
d^ns un cornée particulier qu'il numérote , il en-
veloppe particulièrcmcm chaque prijc ScJfM dans
un cornet particulier, auque) il donne un numéro
correfpondant à celui que p< rtc le cornet de la
pièce qui Ta fournie; tous ces prèj)ar;4tif. fc font
avec les précautions néccÛTaires pour empêcher que
les cflayeurs ne devinent le r^m de la monnoie
lont ils vont vér;fier le travaiL Les chofes ainfi
iifpofécs, le coflimilTairc de la cour leur remet les
>rifes d'eâ!ai fur Icfquelles Us doivent opérer; ils
n conrtaient le titre en fa préfervce oc en font
;ur rapport, dont on rédige enfuite un procès-
MON
verbal; M. le procureur général efl prSr^m
toutes ces opérations.
Si le ture a été rapporté échari dans les ne*
mèdes , le dire^eur eft condamné à reftituer au
Roi le montant de cette écharfaté ; s'il efl trouvé
èchars liors des remèdes, la cour le condamae
non- feulement à reflituer le montant de Téchar-
feté , mais encore à payer une amende, qui»
conformément i Tédii de feptembre 1778, ne
peut être moindre du double du montant de la
reDitution. L'ciTaycur cù aulG condamné en une
amende arbitraire.
Dans ce dernier cas , la cour ordonne tou joQfi
une féconde vérification , que Ton nomme rcprifi
d^Jfai ; on y procède avec les mêmes formalités
qu'à la première , & en préfence du diredeur Sc
de rcflayeur , ou eux duemcnt appelés, en vertu
d*unc aÔlgnatlon qui leur eft donnée à la requête
du procureur-général.
Si par le réfultat de cette rcprife d'effaî , les
deniers reviennent dans les remèdes de loi , on
n a aucun égard aux premiers rapports , & Tè*
chiirfeté du travail efl arrêtée , comme pour k*
ccharfetès dans les remèdes.
Si les rapports des féconds cflaîs fe trauvear
plus hauts ou plus bas que les premiers , & tc-
pcndant toujours hors des remèdes , Técharfeté
de tout !e travail eft arrêtée, conformément à
Tarr* 10 de la déclaration du 10 mars 1774, fur
le pied du titre de la pièce la plus écharfe , ca
préférant néanmoins le titre le plus haut auquel
elle a été rapportée, foit par le premier edâi»,
foit par le fécond.
L'article 9 de Tédit de feptembre 1778 , auîo-
rife TeiTayeur à demander qu*il lui foït permis de
faire ;»pporter fes peuillcs pour être effayèes,
fous les yeux de la cour, & le décharge de IV
mende fi elles fe trouvent dans les remèdes, (i)
Il efl temps de mirqucr toutes les circonl-
tances qui doivent être obrcrvécs d-ins le caurs
de la fabrication des efpéces, tant par les maîtres
des monnoics & les commis aux régies , que par
ks officiers des monnoies, alnfi qu'ils y font ooU-
gés par les ordonnances.
Ce Je de i année 1566, veut que les matUrts
d'or & d'argcni iful feront portées dans Ut mon-
nuits ^ y foient converties en efplccs aux coins &
armes du Roi,
M.iis cftmme ces matières font ordinairement
de diffàrcns titres, les miitres ou commis en
font Talliage fur le pied du ture des efpéces à
fabriquer, • ^*
On péfe à cet cflFn les matières d'or Apart^
ment, félon leur qualité & la différence de loir
titre , 6t on tait un calcul exaâ des trente*
deuxièmes, qui font au deflns du titre dts i-fpécei
il fabriquer, & des treatc deuxièmes qui fom au*
(t) Extrait Àt Pélutaméik 4ts M^nnoitM^
_ je "•
I
I
I
I
MON
dettotis du mcme tar^ ; enforte que le plus
in< rnèlésenfemble,'ne foient ni au-defTus ni
du litre des erpèccs, mais autant juftes
i-L .wOt èire.
"e^ird des matières d'argent» on les pèfe
ÛDirèment félon leur qualité & la diffé-
rence de leur titre, & on fait un calcul exaâ
des grains de hn qui font au-deiïiis du titre des
xfpéocs k fabriquer » & des grairfs de un qui
foQ! au-deiTous du même titre » afin que te plus
& ïe tnoias alliés enfemble , ne foient ni au-deffus
m au-ddTous du titre des efpéccs, mats autant
lloRts quVs peuvent être.
Quand les matières ont été altîèes, on les fond
dans les creufcts de fer ou de terre , que Ton met
dam des fourneaux de briques ^ qui font bâtis
contre le mur fous de grands manteaux de che-
minées : ces fourneaux font â vent ou à foufflei.
Ce qu'on appelle creufei de terre, n'eft autre
ttiole qu*v/i vaijfeau en manière de pyramide , ou de
cent ratverfi , qui eft fait de terre glaife & de pots
di j^ès pi Us 6* tamifès , & qui efl prapre à fondre
far^ r argent & autres métaux,
Qoant au creufet de fer, c'eft un vaijfeau en
manurf de petit feau fant anfe , qui ej} de fer
fi^r^é » 6* qui efi propre â fondre les métaux â la
réfcTyre de Cor » parce qiiil s*y aifriroh,
II y a des crcufets de terre qui tiennent juf-
tfa*M trois â quatre cents marcs j mais on ne fc
Icrt djns les monnoies que de ceux de cent marcs
pour fondre Tor , quoiqu^on en ait une plus
randc quantîic, afin que fi le creufet fe caiTe
y ait moins de perte ; on obferv^e même de
n'eo mettre que 95 marcs au plus dans un creu-
(ci de 100 marcs ; parce que Tor pétille beaucoup
l0rfi|u*il eft au plus haut degré de chaleur , &
que le fondeur en pourroit répandre en le rejy-
rant du feu pour le jeter en lames , joint à cela
que Ton y brafle bien mieux Tor quand il cA en
bai a.
L*or fc fond ordinairement dans un creufet de
lerrc bien recuit , doublé d'un autre pour plus
grande fureté. Ce creufet fe met dans un four-
neau creux ^ dont le feu, excité par un foufflet ,
apÎT puiiTamment ; on remplit le fourneau de
mtbon > & le feu y étant, on ne difcontirue
point de fouiBer, que Tor ne foit fondu & aflez
Ûuldc pour le jeter en lames.
On appelle or en bain ^ For entièrement fondu;
8c quancl il eft prêt à fondre , on dit de [or en
pdie. On dit de même de fargent en bain ou de
Pjrgwnt tn pâte*
raur Targent on fc fert ordî-nairement de four-
neaux à vent, pour lesquels il n*y a point de
foufflccs.
On emploie à prèfent dans toutes les mon-
tmics de france , des creufets de fer pour fondre
Tardent & Ton y trouve mieux fon compte*
La première fois qu'on fe fert d'un creufet de
fe* il ponc 4 à 5 marcs de déchet plus qu'à
M O N
n
le plus & rordînaîre, parce qu'une partie de l'argent s'tm-
*" ' bibe dans les porcs du ter, d'où on le retire
comme on verra ci-après.
Ce que Ton entend par hraffer ^ c'eft bien re-
muer les matières en bain , ahn qu'elles puîfTent
être également fines par-tout ; mais on obferve
de ne brader l'or en bain qu'avec une manière
de canne de terre cuite appelée hrajfoir » parce
<\u^ ft elle étoit de fer , cela aigriroit [*or ; &
même on fait bien chauffer cette canne, car autre-
ment lor pétilleroit & s*écarteroit. A Tégard de
Targent on fe fert d*un brajfoir de fer , ou une
cuiller percée comme une pafToire, parce qu'il n*y
a pas d'inconvénient , mais on les fait chautîcr
pour les raifons que je viens de marquer.
Les creufets de fer font ordinairement plus
grands que ceux de terre. Il y en a qai tien-
nent jufqu à quatorze à quinîe cents marcs ; ) en
ai même vu dans la monnoie de Paris , qui te-
noient ;urqu'à 1700 marcs & plus, & qui y ont
fervi long-temps; mais on obferve dy mettre
toujours un peu moins d'argent que ce qu'ils en
peuvent tenir , afin de mieux bratfer i'argent en
bain , 6: que fi leffayeur trouve que le titre en
foit ou plus haut ou plus bas que celui d js efpéccs
à fabriquer , on y puiffc remettre ou du fin ou
de Talliage , jufqu'à ce que Kargent en bain foit
au titre qu'il doit être pour être jeté en lïmes;
& pour en juger, on en retire un petit morceau,
qu'on appelle puttt^ afin d'en faire refTai.
Quart au billon ou au cuivre, comme il s'en
fait ordinairement un grand travail, la fonte fe
prarique autrement que celle de l'argent.
Elle fe fait à la cajfe^ avec un grand foufflet difpofé
de la même manière que ceux des maréchaux
A rendroit ou eil le feu vis-^à-visTcmbouchure.
du tuyau du fouiBet , on pratique en terre graffe
un creux rond comme le cul d'une jatte , conte-
nant mîile à douze cents xfiarcs ou davantage fi
Ton veut.
On met dans ce creux , qu'on appelle la caffc^
une partie de cuivre ou billon que Ton veut
fondre avec la quantité d'argent requife , puis
on le couvre de charbon ; Ô£ pour en pouvoir
mettre davantage, on place defTus une cage de fer
ouverte par le haut , & qui joint en demi cercle
contre le mur du fourneau.
On remplit cette Ciige de fer de charbon juf-
qu'au faire , & à meftire qu il s'affaifie , on jette
d'autre charbon par-defîus* Le foufflet marche tou-
jours pendant cette fonte.
Au bout de deux heures ou environ , route
la matière étant fondue & bien bradée , on fait
ceffer le foufflet , on ôte la cage , & on en
prend des cueillerées qu'on verfe promptcmcnt
dans îes chaflls ; mais cette fonte à la caffe caufc
plus de déchet que les autres.
En général & quelques précautions qu'on puiiP
prendre, il fe trouve toujours du déchet fur tout'*
S K
140
MON
fortes de fonte de matières d*or , d'argent & de
billon.
Quand un creufet de fer qui a fervi à la
fonce de l'argent, n'eft plus en état de fervir,
on le met , le fond en haut , fur les barreaux
d'un fourneau à vent , & on fatt grand feu » afin
de faire fondre l'argent, qui eA attaché au creu-
fet , ce que Ton appelle faire rejfuer le creufet ;
après quoi on le retire tout rouge du feu, & on
fexfoUe à coups de marteau , c'eft-à-dire, que l'on
en fait tomber la fuperâcie en feuilles , que Ton
pile enfuite pour en faire les lavures, ann d'en
recirer jufqu'aux moindres parties d'argent.
Il relie à remarquer au fujet des creufets de
terre , que quand ils font achevés , le potier les
laiffe fécher k l'air , afin de leur donner une
première cniflbn.
Quand on vent s'en fervir , on les met dans
un fourneau , qu'on emplit de charbon. A me-
fure que le charbon s'allume, le creufet s*échauffe
& fe recuit ; & on examine s'il n*y a point de
fente ou de rayure ; quand il eft au plus haut
degré de chaleur , alors il paroit fort blanc , &
on y jette des matières , ce qu'on appelle : char-
ger le creufet de matières ; on dit de même char-
ger le fourneau de charbon , quand on y en jette.
Il faut maintenant examiner ce que Ton entend
par fourneaux à foufflet ou à vent.
Les fourneaux à foufflet ont pour bafe un
foyer , dont la furface eft plate , où il y a une
ouverture appelée ventoufe.
Il y a auffi une ouverture à fleur du foyer pour
pafler le tuyau du foufflet ; & & environ demi
pied au-demis , une grille de fer plat en forme de
croix , pofèe de manière qu'on la peut mettre &
ôter facilement.
Ces fourneaux font garnis de terre de creufet
en dedans ; & à l'endroit où on met les creufets ,
ils ont «huit à neuf pouces de diamé:re ou en
quarré, environ deux pouces d*efpace autour du
creufet , & quatre à cinq au-deiïus pourrie cou-
vrir de charbon.
Lorfqu'on veut fondre des matières dans ces
fourneaux ï foufflet » o\\ pof; une petite pla-
tine de fer forgé fur la grille , environ de la
grandeur du creufet; on met un creufet de terre
fur cette platine ; on charge le creufet de ma-
tières; on le. couvre d'un couvercle de fer ou de
terre , où il y a un bouton pour le lever & le re-
mettre plus racilement , & on charge le fourneau
de charbon.
Quand le creufet eft recuit & bien chaud , on
bouche la vencoufe du foyer avec un morceau
de terre proportionné à l'ouverture » on le luce
bien, afin que le venc du foufflet aihfi renfermé,
rende le feu plus violent ; on charge alors le
fourneau de charbon rond , parce que celui-là
pétille moins , ainfi les creulets de terre font
plus en (urecé ; on mft un couvercle de fer
forgé fur le fourneau , afin que le vent ainfi ren-
MON
fermé chaff: davantage. On connoit par expé-
rience que le vent qui circule dans le foyer, ren-
voie toute la poumére & la cendre vers le haut
du fourneau.
Quant aux fourneaux à vent, ik ont un foyer
par bas , qui eft creux en manière de coupeUe ,
&uneventoufe au-devant: il ya àla hauteur de
la ventoufe une erille de barreaux de fer quarrés*
fort près les uns des autres , qui entrent demi-pied
de chaque côté dans le corps du fourneau , & qui
fcnr pofés fur leur arrête , afin que la pouffiére
du charbon n'y refte pas , & que le charbon tombe
plus facilement dans le foyer à mefure qu*il fe
confume : il y a aui& une échanclure par le haor,
pour charger le creufet de matières , & le four*
neau de charbon', & même pour retirer le creu-
fet plus commodément du fourneau.
Quand on veut fondre des matières dans ces
fourneaux à vent , on met un creufet de fer ou
de terre fur la grille ; on charge le creufet de
matières &le fourneau de charbon, puis on couvre
le creufet d*un couvercle de terre de creufet ou
de fer forgé , où il y a un bouton pour le lever
& h remettre plus facilement.
On couvre auffi le fourneau , d'un dôme ap*
pelé chape , en deux parties égales , qui font de
fer forge ou de terre de creufet , au haut du^*
quel il y a une ouverture d'environ cinq à fix
pouces de diamètre ; il y a encore à la partie dn
devant ^e la chape deux petites ouvertures pour
la retirer avec des tenailles crochues par le bout»
lorfqu'on veut charger le creufet de matières»
ou le fourneau de charbon, ou retirer le creufist
du fourneau»
Il eft à observer que les creufets de terre
font bien plus en fureté dans les fourneaux à
vent que dans ceux qui font à foufflet, & néan«
moins on eA obligé de fondre Tor dans des four-
neaux à foufflet, parce qu'il a befoin d'une cha-
leur plus forte éc plus violente. A l'égard de l'ar^
]gent , on le fond dans des fourneaux à vent »
dont la ventoufe fait à peu-près le même effet
que le foufflet.
Il faut obferver que quand on a chargé le creu*
fet, foit de matières d'or ou d'argent, on les laifle
fondre jufqu'à ce qu'elles foient en bain; alors
on charge le creu(et de nouvelles matières , oa
charge pareillement le fourneau de charbon.
Quand ces métaux font en bain , . on charge le
creufet de nouvelles matières , & le fourneau de
charbon.
On réitère ainfi les mêmes chofes, jufqu'à ce
qu'il y en ait fuffifamment pour remplir à peu-
près le creufet de matières en bain. La raifon en
eft que les matières qui empliflent d'abord le
creulet, tiennent bien moins de place quand elles
font en bain , & que les matières en bain échauf-
fent celles dont on charge le creufet , enforte
qu'elles contribuent beaucoup à les fondre.
MON
Tanilis que les matières fondent dans les creu-
(et% 0 on prépare des moules pour les jeter en
lunes*
Ces moules font de deuit pièces de buis , dont
chaciiae efl en manière de cadre appelé chaHis ,
ée deux pieds de long fur un & demi de large ,
ayant des quatre côiés un rebord élevé d'un
boa poace , i la réferve d*un endroit à Tun des
hom% de k longueur , ou il y a une petite ou-
▼ertxiTe appelée le jti du moule , pour reeevoir
les mari ères fondues.
B y a deux planches pour chaque moule » tin
lien de bots en forme de petit cadre appelé
firfr , 8l des coins de bois pour enfoncer entre
la ferre 6l les planches^ afin de tenir le moule en
ètat^ oa le prépare ainfi qu'il fuit.
^^^On a du fable à mouler i on fait fécher ce
^^Hk datïs un vaiHeau de cuivre appelé boiûl-
^^Br, pour en chafler la plus grande humidité^
parce que la grande firaicheur feroit pétiller Tor
& Fargent dans le moule « cnforte que les lames
devîcndroîent creufes & venteufes , & par confé-
meni inotiles. On cil auffi obligé de mcler du
laMe l:'^ iveau avec le vieux pour le rafraichir^
Bl nie une d*y jefcr un peu d*eau chaque fois que
Ton démoule, pour rhumci5ler& lui donner ainll
phis de Vraifon, parce qtie fans cela les lames de*
^iricodroient toutes fablées.
On pofc lune des planches du moule fur la
L caifle oïl cft le fable ; on met l'un des chaffis
Hfbr b pbnche , & on pofe des lames à diAances
Vêj^es fur U longueur de la planche en dedans
Cc% bme5, appelées modifier, font de cuivre,
loitgues d'environ quinze pouces , & à pcu-près
de l'^paiiZeur des ef^ èces à fabriquer ; on en met
huit pour faire des lames de louis d'or» dix pour
les acmi-louis d'or , cinq pour les grands écus
d*argenf , fut pour les demi-ccus« & huit pour
%C3 quarts d*ècus ; on couvre ces modèles de
fraie , on en emplit le châjris , on le foule avec
les poing% , on le bat enfuiie avec une bntte'de
bots , & on !e ratiiTe par-deiTus , enforte que la
plaochc puuTc tenir le fdble également par- tout.
Qastna on a pofé la planche fur le fable, on
metoume le châffis » afin que îa plajiche qui
ètoit d'abord dedous , fe trouve au -défais ; on
lé^e ccne planche , & on découvre ainfi les
ttfldèles qui ont fait leurs empreintes dans le
Oa pofe après cela Tautre chaHiSî on les em-
Mte enfembl^ par le moyen des chevilles qui
ftmt fur répuiffeur de l'un, & des trous qui font
dam répaiffeur de Tautre à Tendroit des che-
viUei; on emplit ce fécond cha(ris de fable, on
Mb le fable avec les poings , on le bat avec la
hmt de bois , & on le ratiife bien , a^n que la
|l^che qu*on doit mettre par dcffus puifTe tenir
k Cible également par -tout.
On ouvre après^cela: les cbaiEs, & on dé-
MON
141
couvre ainfi les modèles, qui ont fait leur em-
preinte dans le fable du premier chaffis ; on re-
tire ces modèles adroitement ; & comme les ar-
rêtes des modèles iont adoucies d'un coté, on les
lève facilement fans que les empreintes en foient
endommagées; quand elles ont été levées, on
jette de la farine aux endroits des empreintes , pour
faire enforte que les matières d'or ou d'argent ne
s attachent pas au fable ; on ne fe fert pas pour
cela de farine ordinaire , parce qu'elle » y eu pas
propre, msis on emploie de celle qu'on appelle
fûlU farine , ou bien du pouffter de charbon paiTè
au f^mis ou dans un nouer de toile.
On rejoint enfuiie les deux chilllî , de forte
qu'ils fc trouvent entre les deux planches ; on
met la ferre par-deffus, & on enfonce des coins,
de bois entre h ferre & les planches pour tenir
le moule en éc:it; alors on le pofe à terre fur
l'un des bouts de fa longueur, de manière qtîô
le jet qui eft à l'autre bout foit en évidence:
quand les matières d'argent en baîn ont ét6 bien
bralïees , ou prend une Cuilkr dont le mancha
de fix pouces de Ions; , e(l de bois par le bout , 8c
dont le cuilleron cft de fer d'un bon* demi pied
de diamètre, il prÊfquc autant de profondeur;
on fait rougir ce cuilleron ; on fe fert de la cuil-
ler pour retirer les matières d'argent du creu-
fet , on les jette par le goulot qui efl au cuille-
ron dans \q jet du moule, & en coulant, l'argent
remplit les creux des empreintes des modèles,
dont il prend la figure ; c'eft ce qu'on appelle
jeter en lamts.
A regard des matières d or en bain , on ne
les retire pas avec une cuiller comme Targent ,
mais on retire le creufet du fourneau avc<; (Il h
tenailles en niaoièrc de croiflTant par le bout,
pour mieux embraifer Si ferrer le creufet ; on
les verfe par \e jtt du moule, & en coulant elle^
remplifTent les creux des empreintes des modèles
dont elles prennent b figure , ce qui s'appelle
auffi jeter en Limes,
Sur quoi il eJl à remarquer que Tort jeîte lor
en lames quand il eft en bain , parce que !e creu-
fet de terre ne pouroît pas fou tenir h violence
du feu pendant près de deux heures qu*il f^ni
employer pour taire Teffai requis par Tordon-
nancc de Tan i^ii : «afin que fi Tor fe trouve
« plus haut ou plus bas que le titre des cfpèces
« à fabriquer, il foit refondu avec de lor plus
te fin ou de l 'alliage, m
Mais il n*en efl pas de même des madères dV-^
gent; on ne les jette pas en lames aufiïtôt qu'elles
font fondues , parce qu'on les fond dans des creu*
fets de fer; Ik comme ces fortes de creufets peu-
vent foute nir la violence du feu pendant le
temps qu'il faut employer à faire TeiT]! requis
par la même ordonnance de Tan 1511 , & même
pendant plufieurs jours s'il ètoit nécefTairc , Tef-^
fayeur tire du creufet quelques gouttes des ma*
tiercs eo bain pour tm faire efTaif. comme U fera^
142
MON
dit dans U fuite : & cela s^appelle faire Vtjfal
en bam*
Cela fc pratique ainfi pour s'exempter de re-
fondre les lames qu'on auroit faites , fi Targent
fe frouvoit au-dciïus ou au*delTous du titre des
cfpéces à fabriquer , parce qa'on n'a qu*à Jeter
de l'argeni plus An , ou de Talliage dans k creu-
fct ; pour mettre la fonte au titre qu'elle doit
ècrc.
Lorfque Targent s*eft trouvé au titre, on le
jette auflî-iôi en lames, comme otï vient de le
marquer*
Les maTiéres de cutvre en bain fe jettent auffi
en lames de la même manière que celles d'or &
d'argent.
Quand les matières on été aînfi jVtèss en
lames, on les retire des moules, on les èbarbe^
& on les broiTe exaif^cment*
Comme les lames , fait d'or , foit d*argent ,
foît de cuivre, font toujours plus cpaifles que les
efpèces à fabriquer, on les paffe entre deux rou-
leaux d*3cier en forme de cylindres , environ de
deux pouces d'épaitTeur &de quatre de diamètre,
qui font fort ferrés fur leur epàiiteur, enclavés
par le milieu dans des branches de fer quarrées »
À tournées par les roues d un moulin, que des
chevaux font aller , & toutes ces pièces en^
femble compofent ce qu'on appelle Umimir.
Quand on veut étendre les lames d'or , on les
fait recuire dans une efpèce de fourneau dont
râtrç eft de carreaux ou de briques , ayant huit à
neuf pouces au-deffus des barreaux de fer en
manière de grille , qui font pofés fur leur arrête*
On fait un feu de bois fous la grille ; on jette
les lames deiïus ; on les couvre de braife , & on
les lai/Te en cet état jufqu à ce qu elles foient af-
fez recuites : alors on les retire du fourneau &
on les jette dans un baquet plein d*eau commune,
parce que cela les adoucit, eafone qu'elles s'é-
tendent plus facilement.
On les pafle après cela entre les rouleaux. Les
roues du moulin font tourner ces rouleaux j &
les lames s'étendent ainfi en paffant*
On les repaiTe encore entre les rouleaux Juf-
qu'à ce qu'elles foient à peu-prés de répaiifeur
des efpèces a fabriquer j on ferre à cet effet les
rouleaux plus ou moîns^ par le moyen des écrouj
& des vis qui fervent à cela»
On en ufe de même pour étendre les lames
d^argent ; mais on fe fert d*autres pareils lami-
noirs ; on les paiTe d'abord avant de les re-
cuire, ce qu'<sn appelle pdjfif en hUnc ; après
quoi on les fait recuire comme celles d'or, mais
on les laiffe refroidir fans les jeter dans l'eau,
parce que cela les aigrir oit de manière qu'elles
n; pourroient plus s'étendre facilement, & pour-
roienc mtmc fc cafTcr en païïant entre les rou-
leaux.
Quand elles font refroidies , on les paffe entre
les rouleaux , jufqu'à ce qu'elles foient à peu-
MON
prés de répalfleur des efpèces à fabriquer , & eu
état d'être coupées en flans : on fe fert à cet effet
de vis & d'écrous pour ferrer les roubaux,
comme on vient de Tobfcrver,
Quant aux lames de cuivre , on en ufc de
même que pour celles .'art^enr.
Lorfquelcs lames, foit d'or, foit d'argent, fmi
de cuivre , font à peu-prés de Tcpaiffeur des efpèces
à fabqquer, on en coupe des morceaux avec des
inftnimens de fer, en manière d'emporté > pièces
appelés coupQirs ; ces morceaux font de la gran-
deur, de Lépaideur, de la rondeur,* âc à peu-
près du poids des efpèces à fabriquer , & font tou-
jours nommés fi^tns , jufqu'à ce que leffigtc du
Roi y ait été empreinte.
Ces flans font mis entre les mains du prévâr
des ouvriers ajufteurs, pour les faire ipùer ; U
maître de la monnoic doit faire mention fur fon
regiftre du nom de celui qui s'en eft chargé flc
du poids des rtans , le prévôt en doit auiTi faire
mention fur fon regiftre ^ ainfi qu'Us y font obli*
gés par fordonnancc de if^4.
Le prévôt diflribue enfuiie les flans aux ou*
v^riers à^ aux laillerefTes pour les ajufter au poids
des efpèces; ils fe fervent de certains poids ap-
pelés dtnerjitx pour les pefer , 6c de limes en
manière de râpes > avec des cannelures par angles
entrans & fortans , appelées tjcovcnnes , pour
limer les plus pefants jutqu à ce qu'ils foient con-
formes aux dcncraux , & ils reoutent ceux qui
font trop foibles*
Les flans ainfi ajuftés , font remis par le pré-
vôt entre les mains du maître, enfcmble ceui
qui ont été rebutés comme foi b les 6cl es limaillety
le tout poids pour poids , comme il s'en é^ •»
chargé , ce qui s'appelle rendrt la brève.
Le maître paye dans la fuite à ce prévôt deii:*
fois pour marc d'or , & un fol pour marc d'«r-
gent, fur le pied de ce qui eft paffé de net en
délivrance , pour être diflribué à ceux qui on
ajuAé la brève , à proportion de leur travail.
Ce terme de brève efi en ufage dans les mon*
noies , pour marquer le poids des flans que le
maître donne au prévôt des ouvriers pour ajufter.
Ou aux mon noyé urs pour monnoyer ; par exemple ,
60 , 80 dii 100 marcs, & parce que le prévôt &
le maître font obligés à'cn faire un bref êiat fur
leurs régi ftrcs, fui va nt l'ordonnance de l'an i|77.
C'eft delà que Ton prétend qu'eff venu ce temie
de brève.
On porte les flaiîs qui ont été ajullés dans tm
lieu appelé le blanchiment , pour donner U coii*
leur aux flans d'or, & blanchir les flans d*ar*
gent ; il faut examiner les circonftances qu'on y
obferve.
On fait recuire les flans , foit d or , foit d'ar*
gent, dans un fourneau d'environ quatre pieds en
quarré , dont Tâtre eft de barreaux de fer eo mi*
nière de grille j on y met une poèlc quarrèe
& fans manche , dont le foffi eft de fer batm
M O iv
Ûè ftr de lôle , & les bords font d*un fer
épats ; on jette environ xo marcs de flans
é^m cette poêle ; on fait un e u de bois en ma-
•uîére de réverbère pour les recuire , 6c on les
y laiflie jufqu^à ce qu*ils foient vlÛ'cz recuits.
Quaacl les flans font en cet état , on retire
U poêle du fourneau avec de grofiTes tenailles
crochues par le bout i on verfe les flans dans
ua crible de cuivre rquge , où on les laiiTe
refroidir; 6c quand ils font froids on les jette
daos un autre vaiiTeau de cuivre appelé l'autl-
l^ir • rempli de même que le premier , où on
k» hit bouillir pour achever de les nètoyer juf-
qu*à ce qu'ils loient devenus taut*à-faît blancs,
,€C qu*on appelle donner U bômliïmrç.
Oo met fur un cuvier le crible de cuivre , &
Oft vcffc l'eau & les flans du bouilloir dans le
uJÀe^ de manière que Teau coule dans le cu-
vier, & les flans demeurent dans le crible ; on
îecte du Cablon commun (at les flans \ on les
frotte avec des torchons , & on jette plufieurs
fcatut d'eau » jurqu'à ce qu'ils foient bien nets.
Oa mec après cela le crible fur un trépied,
(bus lequel on fiît un f;u de braife pour fécher
les flans , & on les frotte avec des torchons
fsiwik ce qu*il$ foient bien fecs, & qu*iU ne
Uiiieot plus de tache au linge ^ c*e^ ce qu'on
Ciie donner la couUur aux flans d'or ^ & hian-
^ ' ici fians dargenu
Q^iaDt aux tlaus de cuivre, on en ufe de la
incitie manière que je viens de le marquer.
Autrefois Tonfàifûtt recuire les flans d'or d'une
nuotére différente de celle que l'on pratique
iuiourd*hui ; on ne Te fervoit pas pour cela de
la même poèle que pour les flans d'argent , mats
iTune autre qui éîoii de fer de tôle , de f»gure
dune grande coquille d'un pied & demi de dia-
nètre, ayant un manche de bois de cinq pieds
t long, au bout duquel par où on le prenoit,
i y avoir une pièce de plomb, & à Tautre bout
nx où il icnoit à la poêle , il y avoit une autre
espèce de coquille plus petite que ta poêle, qui
fck^'oît perpendiculairement fur cette dernière.
On mcttcit les flans d'or dans cette poeie mê-
léi avec des charbons ardens , & on vannoit le
iDtif eii faif , jufqu'à ce que les flans fufl^'ent fort
rouges & alTcz recuits; la coquille qui s'élevoit
m bout du manche fur la poêle, cmpêchoît qu'il
ne tombât des flans , ou des charbons fur les
aialns de celui qui vannoit , 6c le pîomb fervoit
de <ontreûoids pour les vanner plus facilement ;
& quand les flans étoient aflfez recuits, on cefl'oU
de les vanner.
Cctc^t là toute la différence qu'il y a volt pour
(une recuire les flans d'or, car à cela près on
"^'^'^ r< oit es autres circonftances qui fe pratiquent
ird'hui*
Oa s'cfl fcrvi d'une autre manitte pour donner
heoulcur aui flans d'or, & blanchir ceux dar-
|nit : quand ils étoient aUtz recuits» ou les je*
MON
H3
toît, favoir, les flans d'or, dans un grand vaif*
feau plein d'eau commune , oii il y avoit huit
onces d'eau forte pour ch^ique feau d'eau , & les
flans d'aigcnt dans un autre grand vaifleau plein
dVau commune , où il n'y avoit que fix onces
d'eau forte par feau d'eau. On appeloit cette ma-
nière tirtpoUy parce qu*ellc attiroit au dehors ce
qu'il y avoit de plus vif dans les ûzns; mais
comme cela coiuoit beaucoup phis que la ma-
nière dont on fe fert aujourd'hui , & que l'eau
forte diminuoit le poids des iins d*argenc , on a
ceiTé de s'en fervir.
Quand les flans d'argent on été blanchis, &
les flans d'or mis en couleur , l'ordonnance da
mois d'odobre 1690 veut i^utls foient livrés par
nombre & par poids â Ventrepitniur de la machine
â marquer fur la tranche , 6» qud sUn charge fur
le regiflre du commis^ & fur celui qud thndra ^ qui
feront cotés & paraphés par les juges-gardes^
Il faut examiner la manière de marquer les
flans d'or Ôt d'argent fur la tranche*
On fe fert d'une machine dont les principales
pièces font deux lames d'acier , épaifles d'envi*
ron une ligne , la moitié de la légende ou du
cordonnet ell gravée fur répalflêur de Tune des
lames, & l'autre mostié fur Tépatffeur de rautre,
& ces deux lames font droites , quoi que les
flans qui en font marqués foient ronds.
Quand on veut marquer un flan , on le met
entre les kmes , de te'le manière que les deux
lames étant chacune à plat^ fur une pbque de
cuivTe , qui ell attachée à une table de bois fort
épais , & le flan étant mis aulfi à pKit fur la
même plaque , la tranche du fl-n touche de
chaque côté les deux lames par leur épaiffeur;
l\ine de ces lamts efl ferme par le moyen
de plufieurs vis , & l'autre coule par le moyen
cFune roue dentée ou à pignon , qui engraine
dan& les dénis qui font fur la furface de la lame :
certe lame coûtante fait tourner le flan , qui fe
marque en tournant , de manière que quand 11 a
fait le tour, il fe trouve marqué fur la tranche.
Il faut obferver qu'on ne peut marquer que
les écus & les demi- é eus de la légende Domine
falvum fac rcgem , parce que leur volume peut
porter des lettres fur la tranche^ mais le volume
ûcs autres efpéces » tant d*or que d'argent, ne
peut porter qu'un cordoni^et fur ta tranche.
Cette machine eft fi faci'e qu'un feul homme
peut marquer vingt mille fl^ns en un jour : elle^
eft de rinvention du fîeur Caftaing, ingénieur du
Roi , qui a commencé à s'en fervir à Paris au
mois de mai 1685- On en a envoyé enfuîre dans
les autres mon noies ^ & Sa Majelié a accordé k
rinventeur de cette machine un (ù\ pour marc
d'or, & fix deniers pour marc d'argent» qui feront
marqués fur les tranches, aux conditions portées par
Tarrèt du Coofeil du 27 oâobre i6%6.
Quand les flans , tant d'or que d'argent , one
été marqués fur la tranche , l'ordonnance du mois
144
M O
d*oâobre 169O poitc : ^ue les ouvriers monn&yeurs
feront umu de Us aller prendre dans la chambre
des ftiachines ou Us s'en chargeront^ tant fur le re*
giflre f(W tiendra V entrepreneur ^ que fur celui qu*ils
tiendront de leur part , lefqucls regiflres feront coth
O paraphés par Us commiffairts ou juges-gardes ,
& fignes à chaque Uv raifort , tant des monnoyeurs
que de V entrepreneur de la marque fur la tranche^
qui en ce fatfant en demeurera bien & valablement
décharge ; de f quels regtflres ledit entrepreneur four-
nira au commis À la régie à la fin de chaque jour-
née un extrait figné & certifié de lui. Ce qui s'ap-
pelle donner la brève ^ comme il a été dit des
ouvriers ajitfteurs.
On monnoie les flans, tant d*or que d'argent,
avec un balancier^ auquel les quarrés à monnoyer,
(vulgairement appelés coins) font airachés.
Ctlui de l'effigie eft en detfous du balancier ^
dnns une boîte quarrée garnie de vis 8c d'é-
crous, pour le ferrer & tenir en état ; & IVutre
en deÂTus dans une pareille boite, auffi garnie de
vis & d*écrous, pour retenir le quarri à mon-
noyer*
On pofe le flan fur le qnarré d'effigie^ on
tourne à Tin fiant la barre du balancier , qui fait
tourner ta vis qui y eil enclavée ; la vis entre
dans récrou qui eit au corps du balancier ^ &
la barre fait ainfi tourner la vis avec tant de
force , que pouflant l'autre quarré fur celui de
reffigie, le flan, violemment preflTé des deux quar-
rés i en reçoit les empreintes dun feul coup en
un moment* Quand ce flan cd ainfi monnoyé,
00 rappelle : denUr de monnoyage.
Fabrication des monnaies au marteau*
La manière de fabriquer les efpéces au mar-
teau « a ècé en ufage en france jufqu'en tjj},
que Henri II ordonna « par èdit du mois de juil-
let de la même année : « qu'il feroit fabriqué
u des teflons avec le moulin dans fon palais à
u Paris I) » ce qui fut exécuté au mois de mars
fuîvant ; & cette nouvelle fabrique fut établie au
bout du jardin des étuves^ à l'endroit où font à
prèfent les galeries du louvre.
Mais cette nouvelle fabrication ne fut pis
long' temps pratiquée, parce que Henri III dé-
fendit par édit du mois de feptembre 1585» « de
•c ne fe fervir de la fabrication au moulin » que
i< pour toutes fortes de médailles antiques & mo-
u dernes» pièces de plaifir & jetons» fans qu'il
■r pût être fabriqué avec les engins au moulin , au-
« cunes cf^ èces d*or, d*argent ou de billon ayant
M cours , fi ce n*éioit du trés-cxprès commande-
« ment & permifllon du Roi , ou de l'ordonnance
u de la cour des monnoies , fous les peines de
<t droit. « Ainfi on fut obligé de reprendre Tu-
fage du marteau.
Cependant la fabrication au moulin fut ré*
lablie par Louis Xll| , par édit du mois de
MON
décembre 1639 ; ^ ce pour empêcher que Us efpèceM
ne fuffent rognées on altérées^ & pour les rendre
beaucoup plus parfaites quelles ne VétoUni datts
Us monnoies ordinaires.
Cet édit fut conflrmé par déclaration du 50
mars 1640^ « par laquelle le même Roi ordonna
« qu'il feroit fabrique des louis d or en la moo*
« noie du moulin établi au château du Louvze »
u & qu'il n en feroit fabriqué au marteau dan»
« les monnoies » que lorfque les ouvriers en pour-
ri roient battre en la môme pertcélion qu'elles
« fe faifoient au moulin. »
Enfin cette ancienne manière de fabriquer avec
le marteau , a été fupprimée par édit du mois de
mars 164^ : te par lequel fa majeflé défend aux
u ouvriers & autres officiers des monnoies de
«* travailler , ou faire travailler , convertir ou fa-
« briquer aucune monnoie , de quelque qualité
<* qu'elle puiflc être, ailleurs ni autrement que
« par la voie du moulin , fous la conduite &
M direftion de la cour , & ce pour rendre toutes
ti les monnoies conformes , & pour éviter tous
*i les abus qui s'étoient commis jufqu'alors pcn-
•« dant la fabrication au marteau, n
Il eft temps maintenant d'examiner ce qui fc
pratiquoit dans les monnoies , lorfqu'on y fabri*
quoit les efpéces avec le marteau.
On allioit les matières d or ou d'ai^ent, on
les fondoit , on les jstoit en lames , oc on ea
faifoit des effais comme il fc pratique aujourd'hui*
On faifoit après cela recuire les lames , & 00
les étendoit fur l'enclume, ce qui t'appeloît
battre la chaude.
Quand les lames étoîent étendues à peu-près
de répaifleur des efpéces à fabriquer, le prévôt
ou le lieutenant des ouvriers s'en chargeoit, &
les diftribuoit aux ouvriers pour les couper en
morceaux à peu-près de la grandeur des eipèces,
ce qu^on appeloît couper carreaux»
On faifoit après cela recuire les carreaux; on
les étendoit avec un marteau appelé flatmri
puis on en coupoit les pointes avec des cifoires,
ce qui s'appcloit adjupcr carreaux , & on les
reudoit ainfi du poids jufle qu'ils dévoient être,
en les pefant avec les deneraux à mefure qu'on
en coupoit , ce qu'on appeloît approcher csr*
rtaux* On rabattoit enfuite les pointes des car-
reaux pour les arrondir , ce qu'on appeloit «'-
chauffer carreaux ; on les pinçoit pour cela avec
des tenailles nommées efianques , que l'on cott-
choit fur l'enclume , de manière qu'en donnant
quelques coups d'un marteau nommé rechauffoïr ^
fur la tranche des carreaux , on en rabattoit \e%
pointes 6c on les adouciiToit^ de forte qu'ils fc '
trouvoicnt du volume des efpéces » ce qu'on ap*
peloit fiattir.
Quand les carreaux avoient été fiastts » alorf
on les nommoit flans ; le prévôt qui s'écoit chargé
des lames , rendoit les flans & les cifaillcs potoi
pour poids comme il s'en étoit chargé » ce qitt
s*appelou
/^
MON
t*ippelott rendre U Brève » & îc maître payoît
k ce prévôt les droits ordinaires ^ pour être diftri-
bois à ceux qui avoient ajuflc la brève.
Après cela on portoit les flans au blanchiment,
pooT donner la couleur aux flans d*or, & blan-
chir ceux d'argent.
Quand les Jf*i/is ctoîem en ^tat d'être mon-
ftoyés» le prévôt des monnoyeurs s'en chargeoit
par poids ik par compte, & les diflrlbuoit 1
ccujt qui les dévoient monnoyen
On fc fervoit pour cela de deux poinçons ap-
pelés com^^ qui étoient de groffeur proportionnée
aux efpeces , dont l'un étoit appelé piU , &
l'atiire troujfeau.
La fiU étoit longue de fept à huit pouces*
lyais un rtbord appelé tdîon v^t% le milieu , &
irae qtieue en forme de gros clou carré , pour
Il ficher & enfoncer juCqu'au talon dans un bil-
lot appelé cepeau par les anciennes ordonnan-
ces» qat étoit vers le bout du banc du mon-
oorcur.
If y aroit fur ces deux £oms les empreintes
des efpèces gravées en creux ; favoir , récuiTon
for H plU , & la croix ou i*effigie du Roi fur le
imrffiau , âe on s'en fervoit à mon noyer ainfi
qu'il fuit:
On etifonçoit la pile à plomb dïins te cepeau;
ûo pofoir le fian fur la pile ,- on raettoit le rrûtif-
fu\» fur le flin , & on le preffoit ainfi d'une
Biia entre h pile & le troujeau^ à Tendroii des
trapretnies; on donnoit de l'autre msin trais ou
qi£itre coups de marteau en manière de petit
maiMet de \tt fur le îroujfeau , & le flan étoit
tinfi monnoyé des deux côtés.
On retiroit après cela le flan monnoyé; & s'il
y avoit quelques endroits qui ne fuffent pas bien
©îrqués , on le remcttoit entre la pil<î 6t le
trotîlTcau , ce qu on appelolt rengrtner , $c on
dâonoit quelques coups du même marteau fur
h tfoulTeau jufqu à ce qu'il fût monnoyé dans fa
pcrfcftton.
On prétend que ces termes de pile Si de ir&uf-
ftau viennent, favoir, celui de pde^ de ce qu'elle
éioit fous le trouffeau fur lequel on frappoit;
8c celui de troujfeau , parce qu'on le tenoît &
iroulToit de la main.
Quand les efpèces avoicnt été aififi monnoyécs ,
le piévôt qui 5*étoit chargé de la brève les fai-
fojt porter dans la chambre des délivr.inces , &
fci^ remcttoit entre les mains des juges-gardes, >
<|tit s*cn chargeoient fur le regillre : le maître payoît
à ce prévôt les droits ordinaires, & après cela
^' juges-gardes 6c l'eiïayeur obfervoienr les
^mes circonllances d'ufage pour les délîvranceSi
Ce qu'on appelle nngrèncr ^ c'cft remettre les
tfpéccs entre les carrés, & faire rentrer îe gre-
nttis & autres empreintes des efpéces dan'> le
|rcnetb & empreintes des carrés. Quand |çs em-
preintes des efpeces rentrent jufie dans celles
des carrés , & qu'elles ne varient en aucune
Arif ^ Métiers, Tome K Punit* L
MON
145
façon , on peut s'afTurer que ce font les mêmes
fur lefqnelles elles ont été monnoyées ; mais qOand
elles varient ce ne font pas les mêmes, C'cft
aînfi que Ton rentré noît autrefois les efpèces
fur le troujfeau. & la pile ; fie que Ton rentrent
aujourd'hui for les carrés celles où il y a quel*
'ques défe^uorités : c'eft pourquoi les ordonna ncef
veulent que les carrés qui ont fervi à monnoyer
les efpèces , foient confervés par les fuges-g;rdes ,
jufqu à ce qu'elles aient été jugées detinitivementp
après quoi ils doivent être difformes , & les juges-
gardes en peuvent difpofer fuivanc les mêmes
ordonnances.
On appelle aurti ren^cner ^ quand on frappe
le poinçon d'effigie fur une matrice pour y mar-
quer l'empreinte de reffiçie en creux , ou quand
on frappe des poinçons iur cette matrice pour y
marquer Teffigie en relief» ou enfin quand on frappe
ces poinçons fur les carrés à monnoyer pour y
marquer Telfigie en creux ^ car fi l'ouvrier qut
donne les coups de marteau, ne f«it pas chaque
fois îe rengrénement , il arrive que les etiigles
fe trouvent doublées , ce qui s'appelle trefficr.
On doit pratiquer de même le rengrcnement ,
quand on frappe les poinçons de croix , ou d'é-
cuiTon ou de légende fur une matrice , pour j
marquer en creux les empreintes de ces poinçons ;
ou quand on frappe des poinçon» fur cette ma--
trice pour les marquer d«'S empreintes en relief;
ou quand on frappe ces mêmes poinçons fur les
carrés à monnoyer pour y marquer les empreintes
en creux.
Enfin, on pratique le rengrénement quand il
s'agit d'un faux poinçon, dont on a marqué des
ouvrages d^or on d'argent; les experts nommés
rengrinent le poinçon dont il s'agit fur la table
de cuivre ou le véritable poinçon a été inculqué,
6c quand il ne rengréne pas jufte, ils déclarent
que le poinçon en queflion cû faux, & que les
empreintes qui en ont été faites fur les ouviag^s
font pareillement fauffes.
Mormoyage au Laminoir & au Balancier,
Toutes les efpèces deFrance ont été fabriquées,
comme on Ta déjà obfervé, au marteau» juîqu'au
règne d'Henri 11» que les inconvéniens ê^ ce
moonoyage firent penfer à lui en fubRituer tin
meîtleur.
Un mcnuîûer, nommé Aubry Olivier, inventa
pour lors l'art de monnoyer au moulin ; fie ce
fut Guillaume deMarilîac, général des motinoies,
qui le produifit à la cour , oii tout le monde ad-
mira la beauté des eflais qui! fit.
Le Roi lui permit rétabliflement de ce mon-
noyage par fes lettres-patentes du 3 mars i^n*
lelquelles portent : w nous avons pourvu Aubry
a Olivier de l'office de maître & conduSeur des
u engins de la monnoie au moulin, 71
1^6
MON
Aubry Olivier s*^iïocla Jean Rondel & Etkime
de Laulne , les plus habiles graveurs du temps ,
qui firent les poinçons & les carrés.
Cette monnoie fut la plus belle qu*on eût en-
core vue j mais parce que la dcpenfe excédoit
de beaucoup celle de la monnoie au marteau ,
il arriva qu'en 1585 , Henri III défendit de fairç
k ravenir de U monnoie ^u moulin, ôc les ma-
chines d* Aubry Olivier ne ferv^irent plus qu'à frap-
per des médailles, des jetons, & autres pièces
de ce genre.
Nicolas Briot tâcha, en 1616 & en 1623, de
faire recevoir à la monnoie Tufage d'une nou-
relle machine très-propre au monnoyage , qu'il
difoii avoir inventée j mais n'ayant pu la faire
goûter dans ce royaume , il fc rendit en Angle-
terre, où on Tapprouva peu de temps après»
Les machines d'Aubry Olivier ayant paiTé da
mains de fes héritiers dans celles de Warin ,
celui-ci les perfectionna, de façon qu'il n'y eut
plus rien de comparable pour la force, la vitefTe
& la facilité avec lesquelles on y frappoit toutes
fortes de pièces, qui y reccvoient rempreint^;
d un feul coup , au lieu qu'auparavant on ne
pouvoit les marquer que par fept ou huit coups ,
dont l'un gâtoit bien fouvent Teoipreinte des
autres.
Des avantages fi fenfibles, firent qu'en 1640
on commença à Paris à ne plus fe fervir que
du balancier & des autres machines néceïTaires
pour monnoycr au moulin ; & jufqu'au mois de
mars 1645 * ^^ fupprima entièrement en France
l*ufage du monnoya^t au marteau.
Pour lors Warin-tfut nommé maître & dîrefteur-
gènéral des monnoies dans le royaume , & nos
cfpèces devinrent ft belles & fi parfaites , qu'elles
ont été admirées de toutes les nations policées,
A cette invention on en a ajouté une autre,
qui eft celle de marquer au cordon fur la tranche
des efpeces d'or êc d'argent, en même- temps
qu'on marque la pile, La machine fervant à cet
ufjge a été inventée par le fieur Giftaing , in-
génieur du Roi : on commença à remployer en
1685.
Pour le monnoyage au laminoir & au balan-
cier ^ il faut les poinçons des matrices ou des
carrés avec lesquels on puiffe imprimer fur les
Rans , c'efl-i-dire, fur. les morceaux de métal
difpofés k recevoir l'effigie du prince , & les autres
marques & légendes qui carààeriCent les efpèces,*
& qui règlent leur poids & leur prix.
Les monnoyeurs ne fabriquent point d*cfpèccs
d*or & d'argent fans alliage , & mettent toujours
du cuivre avec ces deux métaux. Les raifons de
ces coutumes font la rareté de ces métaux , la
néceffité de les rendre plus durs par le mélange
de quelque corps étranger, 6c en outre, par ce
moyen, d'éviter les dépenfes de la fubricaiion, qui
fc doivent prendre fur Ici cfpéces fabriquées.
MON
li y a deux fortes d'alliage qui fe font dans la
fiibrique des monnoies : l'un , quand on emploie
des matières d*or St d'argent qui n'ont point en-
core fervi pour le monnoyage ;& l'autre, lorfqoe
l'on fond enfemble divcrfes fortes d'efpècçs oa
de lingots de différents titres , pour en faire une
nouvelle monnoie,
Levaluaiion, ou plutôt la proportion de l'ai-
liage avec le fin, cft facile dans le premier cas;
mais elle a plus de difficulté dans le f«cond» Tous
les auteurs qui ont traité des monnoies , ont donné
des tables pour faire cette réduétion ; & les cal-
culs donnent aufTi des méthodes & formules d'al*
liage dont on peut fe fervîr.
Voici une méthode que Ton fuît affex com-
munément , quand on veut faire un alliage oti
plutôt l évaluation de TalUage pour ajouter ou
diminuer ce qui manque au titre i on dreiTc un
bordereau des matières quon veut fondre, con-
tenant leurs qualités, leurs poids & leurs titres;
on partage cnfulte ce bordereau en deux autres »
dont l'un comprend toutes les matières qui font
au-deffus du titre auquel fc doit faire la fonte,
& l'autre , toutes celles qui font au deffous.
Ayant calculé chaque bordereau féparément>
on voit, par le calcul des premières, ce que les
matières rones de titre ont au-deffus du titre or-
donné ; & par le calcul du fécond , ce que les
matière foibles ont audeffous ; enforte que les
deux réfuhats étant comparés, on fait prêcifè*
ment par une fouftradUon, combien il faut ajou-
ter ou de fin ou d'alltage pour réduire toutes les
matières au titre réglé pour la nouvelle fonte,
A l'égard de la fonte , fi c'eft de la monnaie
d'or , elle fe fait dans les creufeis de terre , de
peur que l'or ne s*aigri(Tej mais d ceft de Tar-
gcnt , du billon ou du cuivre , on fe fer t du crcii*
(et de fer fondu , en manière de petits féaux
fans anfci » ou de caffes.
Deux fortes de fourneaux font propres pour I2
fonte des monnoies i ceux à vent & ceux à
foufflct.
Quand Tor , l'argent , ou les autres métaux
font en bain, c'cft-à-dire, entièrement fondus »
on les braflfe avec des cannes ou braffoirs de terre
cuite, appelés quilles^ pour l'or, & de fer, pour
largent , billon & cuivre.
En cet état on les coule dans les moules ou
châiBs pour faire les lames ; ce qui fc fait de la
môme manière que les fondeurs en fable, tant
pour les mafTifs, crue pour la manière de cor-
royer la terre Ôf d y arranger les modèles.
Les modèles des monnoies font des lames de
bois élevées de relief fur \^ planche gravit ^ loneue
d'environ quinze pouces , & à peu-prés de Vè-
paiffeur des cfpèces à fabriquer.
Les moules pour l*or & l'argent en ont coin-
munément fept pour le tour des louis , écus , Se
dix pour les dem't*louis & petites pièces d'argcat
•a de blU«» : on en fait à proportion pour le
cmrrc.
la feule dîfercnce quM y a entre U maDiére
tîe jeter Tor en bme» & celle dont on fe fert
Cuir les autres métaux » c'eft que l'argent , bil-
n CNi ctûvre fc tirtnt des creufets avec de
grandes ctiiUers k long manche , pour les verfer
pif le Jet du moule ; & que pour Tor on fe fert
de tenatUei à croiifant, faites comme celles da
fcfldettrs , avec lefquelles on porte aufli , comme
eux , le creufet tout plein d'or en bain pour en
leinplLr le moule.
K Monnayage au laminoir.
,es lames ayant été retirées des moules , les
ics baveufes en font emportées avec une ferpe ,
que Ton appelle éhdrhtr ; on les gratte Se
lie avec la gratte-brofle ; enfuite on les paffe
plufieurs fois au laminoir, pour les applatlr^ &
tbccd&vement par diiTérens laminoirs ^ pour les
riduife à la jufte épaifTeur qu'elles doivent avoir:
cet haes font defiinées à faire des Hans.
n liot obfcrver que les lames d'or font re-
i&îtes avant de paiTer au laminoir.
Pour les recuire , on les met fur un fourneau
de rcctthe ; on les fait pretque rougir ; enfuite
cales jette dans Teau pour les adoucir, faire
qu'elles détendent plus facilement , & empêcher
que leur aigreur ne les falTe caffcr au dégroffi,
ce qui arrive néanmoins quelquefois, malgré cette
précaution.
Quant aux lames d'argent » elles paffcnt en
blïflc » étant recuites , au degrolTiement pour la
première fois ; enfuite on les recuit , on les Ulfte
refroidir d'elles-mêmes & fans les metn'c à Teau,
de crainte que , par un effet contraire à Tor^ la
matière ne s^algriffe. On tes recuit trois ou quatre
fois» & on les paflTe fept ou huit au Lminmr,
la^tfÇ lei planches 7, 8 6c 9, qui repréfentcnt
les isminoirj , à la fin du tome 3 des gravures , art
du v^nnoyage.
.'Les lames, foit d*or , foit d'argent, foît de
CtiTre, ayant été réduites autant qu'il eft poffible
i répaifTeur des efpéces à fabriquer , on les
ooBpe avec la machine appelée cûupoir , qui eft
f^ite d'acier bien acre , en forme d 'emporte-
pièce , dont le dtamétre eu proportionné à la
pièce qu'on veut frapper* ^
Le morccju de mêlai emporté par cet inflru-
ment eA appelé fian , & ne prend le nom de
Mnjtoie* qu'après que Teffigie du Roi y a été
empreinte.
Le coupoir eft compofè du coupoir dont on
vient de parler ; d'un arbre de fer , dont le haut
efl I vis » & au bas duquel eft attaché le cou-
poir ; d'aune manivelle pour faire tourner l'arbre;
€ im écrou oh s'engraîne la partie de rarbre qui
eft 4 vis; de deux platines à travers defquelîes
Tarbre paffc perpendiculairement; & au-deflbus
du coiipolr eft une troifièmc plaiînc taillée en
creux»
Par le milieu du diamètre dti flan qu'on veut
couper fur la platine en creux, on appliqué la vis ,
baiiïant le debout du coupoir par le moyen de
la manivelle.
L^emporte-pièce coupe à Tendrolt où elle porte
à faux.
Les flans coupés , on les livre aux ouvriers
ajufteurs & taifiereffcs , pour les rendre aux
poids dinérsux ^ qui font des poids étalonnés,
fur lefqueîs doivent être réglée* les monnoics ,
chacune félon fon ef|i'èce.
Si les flans font trop légers » on les ctfaille;
s'ils font trop forts ^ on les lime avec une écouenne,
qui eft une forte de lime.
Les ajufteuts & les taîllerefles répondent de
leurs travaux.
Après que les flans ont été ajuités ^ on les
porte à l'attelier du Manchiment , c'eft-à-dire , ait
lieu où Fon donne la couleur aux flans d'or, &
l'on blanchît ceux d'argent ; ce qui s'exécute c«
les faifant recuire dans un fourneau, lorfqu'ils
ont été tirés & refroidis , en leur donnant la
bouillitoire.
Donner la hiiUIitoire aux flans , c'eft les faire
bouillir fucce04vement dans deux vailTeaux de
cuivre appelés houiUùïn ^ avec de Teau , du fel
commun 6c du tartre de Montpellier ou gravellc;
& lorfqu^ils ont été bien épurés avec du fablon ,
& bien lavés avec de l'eau commune, tes faire
fécher fur un feu de braife qu'on met dcHous ua
crible de cuivre où on les a placés au fortir àt%
boui Hoirs, * '
Le Hanchtment des flans fe falfoit autrefois
bien différemment; & même l'ancienne manière
s*eft encore confcrvée parmi pi uiicurs orfèvres eu
ouvriers qui emploient l'or oC l'argent pour blajl*
chir , & donner cquleur à ces métaux.
Avant Tannée 1685 , les flans qui avoient reçu
la bouillitoire étoient immédiatement portés au
balancier , pour y être frappés 8c y recevoir les
deux empreintes de Vejjigie 8c de Vécujfo/t ; mais
depuis ce temps , en conféquence de l'ordon-
naoce de 1690» on les marque auparavant d'une
légende ou d'un cordonnet fur k tranche , afii^
d*eropàchcr par cette nouveîlc marque , la rognure
des cfpèces, qui eft une des manières dont les
faux moanoyeurs altèrent les monnoies,
La machine pour marquer les flans fur la
tranche, quoique fi m pie, eft très- ingénieufe. Elle
confifte en deux lames d'acier faites en forme de
rêgîe èpaifle dVnviron une ligne, fur lefquellcs
font gravées les légendes ou les cordonnets,
moitié fur l'une» moitié fur l'autre; Tune de ce*
lames efl immobile , & fortement attachée av«c
des vis fur une plaque de cuivre , qui l'eft elle-
même à une table fort épaifle.
L'autre lame eft mobile» 8c coule fur la plaque
Tij
148
MON
ée cuivre ; pat le moyen d'une manivelle et ^
d'une roue de fer à pignon, dont les dents sVn-
gfénent Mledans la denture qui eil fur la fuper-
£de de Ta bme coulante.
Le flan placé horizanialement entre ces deux
lames , cft entraîné par le mouvement de celle
qui eft mobile , enforte que îorfquM a décrit un
dcmi-ccrcle , il fe trouve entièrement marqué.
Cette machine eft fi commode , qu'un fcul
homme peut marquer aoooo flans en un jour»
Ce fut, comme on Ta dit, Caflaing, ingénieur, qui la
trouva : elle ftit,commeon conçoit facilcmcm^ reçue
avec applaudin'emcnt; on en fit ufage en 16S5 t ^
l'ordonnance en fut rendue cinq ans après, Ceft
ici Tendroit de rendre jufticc à Caftaing. Les An-
glois prétendent avoir eu la marque fur tranche
avant Caftaing.
Voici la preuve qu'ils en donnent, Olivier Crom-
vel, en 1658, fit frapper des pièces appelées cou-
tonnes fit demi-couronnes, qui font marquées fur
tranche. Mais long -temps avant Cromwd on
9V0Ît marqué fur tranche avec des viroles.
Cette opération fe faifoit en mettant le flan
dans une virole juftc qui cxcédoit de hauteur;
fie en frappant deflus plufteurs, coups de ba) m-
cier » la matière s'étendoit, & reccvoit rcmpreîntc
des itttrcs qui ctoient gravées fUr la virole.
Lorfque les flans font marqués fur tranche ,
on ks achève au balancier» dont on peut voir
la figure dans ks planches du monnoyage ,
tome ) des gravures. Oft upe invention de la
fin du feizième ficelé.
Le Balancier efi une machine avec Uqyelle
^n fait fur les flaDS le$ ^mpceinces qu ils doivent
porter, fdon la volonté du prmce^
Cette machine eft compofée d'un corps ou
-afbre ordinairement de bronze & toujours d'une
feule pièce. Les deux montans s*appellenty«;?îr//r^.
La partie fupérieuce qui ferme la baie ou ouver*
turc, fe nomme It fommier ^ clic doit avoir en-
viron un pied d'épaiiTeur.
La panic inférieure de la baie cft de même fer-
mée par un focle fondu avec le re/b, enforte
que les jumdUs , le fommitr & le fade , ne for-
ment qu'un tout ; ce qut donne au corps plui de
folldité & de force que fi les pièces étoicm af-
femblées.
Le fodc a vers fes extrémités latérales deux
émincnccs qui fervert à Taffermlr dans le plan-
cher de raitclier , au moyen d un châffis de char-
pente qiii remoure ; ce chAffis de charpente, dont
les cotés font prolongés, eft fortement fceîlé dans
le plancher, fous lequel efl un maflif de maçon-
nerie qui fouticm toute la machine.
La baiî eft traverfée horizontalement par deux
moifes ou planchers ordinairement fondus de ta
même pièce que le corps. Ces deux moifts font
pcrfées chacune d'un irou cairé dans lequel palTe
fa bolic.
MON
Les trous des moifes doivent répofldre \ celui
qui eft au fommier , qui eft fait en écrou à deux
ou trois filets ; cet écrou fe fait en fondant le
corps fur la vis qui doit y entrer , 6r qu*on cn«-
fume dans la foute pour que le métal ne f*y at-
tache point.
Cette vis a une partie cylindrique qui pafiTe
dans le corps de la boite , & y eft retenue par
une clavette qui traverfe la boîte, & dont Tex-
trémité cft reçue dans une rainure pratiquée fur
la furface de la partie cylindrique. Ceft le même
méchanifme qu'à la prcffe d'imprimerie.
Si la boîie n*eft point traverfée par une cla-
vette qui la retienne au cylindre qu*clle reçoit ,
elle eft repoufféc par quatre reflbrts fixés fur la
moifc fupéricurc d'un bout, & appuyant de Tautre
contre clés éminences réfervécs à la partie fupé*
rîeure de chaque côté de la boîte, enforte qu'elle
efl toujours rcpouffée en haut , & obligée de liiivr^
la vis à mefqre qu'elle s*éloigne.
Ce fécond méchanirme paroit défeftueux ; parce
que Taflion du balancier^ quand il prefte, eft di-
minuée de la quantité de l'a^^ion des petits ref*
forts employés pour relever la boîte.
La partie fupétieurc de la vis eft carrée, &
reçoit le grand levier ou la barre ^ qui eft de fer
ainil que la vis.
Cette barre a à fes entremîtes des «boules de
plomb, dont lejdiamètre eft d'environ un pied»
plus ou moins, félon ks cfpèccs à monnoyer:
car on a ordinairement autant de haUncien que
de différentes monnoies, quoiqu'on pût les mon-
noyer toutes avec le niéme* ^
Les extrcmiiés du levier, après ayoir iraverft
les boules de plomb, font terminées par des aa-
neaux mobiles autour d*un boulon vertical.
On attache à ces anneaux autant de cordes 011
courroies de cuir nattées en rond , qu'il y a d*Oïi-
vriers qui doivent fcr\*ir la machine.
La panic inférieure de la boîte cft crcafe. Elle
reçoit une des matrices ou coins qui porte Tem-
prcinie d'un des côtés de la pièce de monnoie.
Cette matrica eft retenue dans la boite avec
des vis; Tautre matrice eft aflfujettie dans ui&t
autre boite auifi avec des vis.
On pofc cette boite fur le focle ou cas de la
baici QL qu^on ne foit pas étonné qu*tlle ne Mt
que pcféc y Taélion de la vis étant toujours per^
pcndicubire, Ôc 1c poids de la matrice aftemblée
avec la bt>ïtc , iréscc^nfidcrable , il n'y a aucune
* raifon pour que cet affjmblage fe déplace.
Devant le ba'ancier eft une profondeur dam
laquelle le moanoyeur place fes jambes , afin
d'être aftis au niveau du focle , & de pouvoir
placer cf>mmodcmcnt le flan fur la mairicc.
Tout étant dans cet état, en forte que l'axe
de U vis , celui des boites foient dans une mém«
ligne perpendiculaire au plan du focle , fi on
conçoit que des hommes foient appliqués aux cor-
duos dont les extrémités du levier io«t girnicf »
I
MON
ti 4fBLi\$ tîreiits en forte que la vis tôurnt du
mém€ (cn% dont elle entre dans fon ècrou ; U
matrice dont la boîte fupérieure cft armée s'ap-
firodytn de Taiitre ; & fi on place uu ôan fur
cfUe-ci , U fe trouvera pris & preiTé entre les
«kin matrices d'une force conGderable » puif-
^*cUe équivaudra à t'aétlon de dix à douze
bdfllflies appliqués à Textrèmité d*ufi levier très-
long, 6c chargé par fes bouts de deux poids très-
lourds.
Apcés que le ûin eft marqué » deux hommes
firent m eiu des cordons dans un fens oppofé,
& font remonter la vif*
Le ifionnoycur faîfit cet înRint pour chaffer le
ISan marqué de dcffus la matrice , & y en re-
loeiire un autres. 11 doit (aire cette manœuvre
arec adrcflc & promptitude; s'il lui arrîvoit de
n'être pas à temps, il laifleroit le flan fur la ma-
frice , 6t ce flan recevroit un fécond coup de ba-
laoder.
Les flans ont été graiffés d'huile avant que
é'étrc mb fur la matrice.
Les flans étant marqués des trOls empreintes,
de Vt^gU , de tccujfon 8t de la trandic , de-
Ttennent monnoies, ou» comme on parle en terme
fie monnoles, deniers de monnayage ; maïs ils n^ont
cours ou après la délivrance, fit lorfque la cour
a dacme permiiËon aux dircâeurs des monnoies
de les eapofer en public.
Seipifuriage 6» hrajfage*
Ceft ainfi qu on nommoît le profit que le prince
prend fur les matières, tant comme feigneur^ que
pcnir les fabriquer en mon noie. Ces droits mon-
tent peul'èire en Francs à trois pour cent de la
Talcuri félon cette fupputaiion, celui* qui porte
des matières à Tliôtel de la monnoie pelant cent
onces , & du racme titre que les efpèces , reçoit
quatre- vingt-dix- fept onces fabriquées. L'Angle-
terre oc prend aucun profit de fc'tgneuridge ni de
hr^ffagi fur la monnoie; la fabrique efl défrayée
par lètai, & c'eft une excellente vue politique.
Le droit de fei^ntunage éïoit non* feulement
ÎAcannu aux anciens , mais même , fous tes Ro'
naios , on ne prenoit pas fur les monnoies les
frais de fabrication, comme la plupart des princes
fom aujourd'hui; Tétat les payoit au particulier
f^ portott tme livre d'or nn à la monnoie; on
Inî rendoit 7a fols d'or fin , qui pcfoient une
livre : ainfi Tor & l'argent en maffe ou convertis
ca monnoie , étolent de m^mc valeur.
Il cil difficile d*tndiquer quand nos Rois ont
comoiencé à lever le droit de feigneuriage fur
leurs monnoies , ou » pour mieux dire , fur leurs
fumets. Nûus n'avons rien fur cela de plus ancien
qu'un: crdonnaitce de Pépin : du moini ii y a
apparence que les Rois de la première race en
avotcînt joui , parce qu'il n'eft pas vraifemblable
que Pépia eut ofè, dans le commencement de fon
MON
149
règne , impoCer un nouveau tribut fur les françoii
qut venoient de lui donner la couronne.
Dans tout ce qui nous reftc d'ordonnances des
Rois de la féconde race pour les monnoies , il
n'y eft fait aucune mention de ce droit ; cepen-
dant la donation que Louis le débonnaire fit à
St. Mcdard de Soillons, du pouvoir de battre
monnoie, montre que Ton en tiroit quelque pro-
fit, puif^u'il dit qu'il leur accorde ce droit pour
être employé au fervicc qui fe faifoit chei eux
en rhonncur de St. Scbaltien ; mais ce droit,
qui cft quelquefois appelé monctapum^ eft très-
bien prouvé dans un bail que Phi lippe- Augdlc
fit l'an 1 201 , de la monnoie de tournai : nos
hahebimus terùam panem mon et agit quod indl txïct^
Tachons à préfent de découvrir en quoi con*
fiftoit ce droit, du moins fous quelques régiies.
Depuis Pépin, qui prenoit la vingt-deuxième
partie de douze onces, nous ne favons point ce
?|uc fes fucceffeurs jufqu'à St. Louis , prirent
ur les monnoies pour le droit de feigncuriagt
Se pour les frais de la fabrication. Il eft difficile
de dire à quoi fe montoit l'un & l'autre j car
cela a fort varié dans tous les règnes , mkmc
fous ceux où les monnoies n'ont point été af<
foiblies, & oii elles ont été bien réglées.
Cependant ce que Sx, Louis leva fur les mon*
noies , nous peut fcrvir en quelque façon de
règle , puifque toutes les fois qu elles tombèrent
dans le défordre fous fes fuccefTeurs, ce qui ar-
riva fouvent, les peuples demandèrent toujours
qu'on les remit au même état quelles étoient dtt
temps de Sr. Louis,
Ce fage prince avoit fixé le prix du marc d'ar-
gent à <î4 fols 7 deniers tournois, & il le faifoit
valoir ^8 fols étant converti en monnoie ; de
foTtc qu'il prenoit fur chaque marc d'argent, tant
pour fon droit de fcigncunage que de hraffage^
ou frais de la fabrication , 3 fols 5 deniers , c*eft-à-
dîre, quatre gros d'argent, ou la fixième partie
du marc. On prenoit aulTi à proportion un droit
de feigne urUgc for les monnoies d'or, M. Leblanc
a donné des tables à la fin de chique régne
qui confiaient ce que les fucccfleurs de St. Louis
ont Icvéj tant fur les monnoies d'argent que fur
celles d'or.
Nos Rois fe font quelquefois déparris de ce
droit de feïgneufiagi , retenant fcylement quelque
chofe pour la fabrication ; c'eA ainfi que fe con-
duifit Philippe de Valois , au commencement de
fon régne. Toutes fortes de perfonnes , dit-il^
porteront le tiers de kur vai/Telle d'argent à la
monnoie ... & feront payées , fans que nous y
prenions nul profit , mais feulement ce que la
montioie coûtera i fabriquer. Il parok, par un^
autre ordonnance du roi Jean, qu'il fit la mime
chofe fur la fin de fon règne. Il y eil dit en
parlant des monnoies qu'il venoit de faire fabri*
quer^ qu*eîles a voient été mifcs à fi convenable
& jude prix^ que lui Roi n'y prenoit aucun pr<K
iço
MON
fit, lequel îl pouvait prendre, s'il lut plaifeît >
mais vouloit au'îl demeurât au peuple» Louis XIII
& Louis XIV ont fuivi une ou deux fois cette
méthode.
Il convient de remarquer que ce que nos an-
ciens rois prenoient fur la fabrication de leurs
monnoies , étoit un des principaux revenus de leur
domaine r ce qui a duré jusqu'à Charles VIL
Auflfit lorfque le bcfoin de Tétat le demandoit,
le Roi non-feulement augmeotoit ce droit , & le-
voit de plus gronfes fommes fur la fabrication
des monnoies , mais par une politique bien mat-
entendue, il les afTotbliffott , c'eft-à-dire, en di-
minuoit la bonté : c*cft ce que nous apprend un
plaidoyer fait en Tan 1504^ par le procureur du
roi Philippe-lc-Bel, contre le comte de Nevers,
qui avoît aSbIbti fa monnoie : » abaiffier &
« amenutfter )a monnoie , dit le procureur-géné-
« rai , eft privilège cfpéctal au Roi » de fon droit
« royal, fi que à lui appartient & non à autre;
« 8c encore en un feul cas , c'eft à favoir en
« néccIFité , & lors non pour le convertir en fon
il profit efpécial , mais en la défenfc d*un com-
« mun, »
Sotts la trotfième race , dès que les Rois man-
quoient d*argent , ils affoibUffoient leurs mon-
noies , pour fubvenir k leurs befoins ou à ceux
de Tétat, nV ayant encore ni aides, ni tailles*
Charles VI; dans une de fes ordonnances , dé-
clare qu'il eft obligé d*affoiblir fes monnoies, pour
réfifter à fon adverfatre d*Angiecerre , & obvier
à fa damnabic entreprifc , attendu , ajoute-il , que
de prèfcnt nous n*avons aucun autre revenu de
notre domaine , dont nous nous puiffions aider.
Les grandes guerres que les fucceffeurs de
St. Louis eurent à foutenir contre les Anglois ,
les obltgirenc fou vent de pratiquer ce dangereux
moyen pour avoir de Targent* Charles VU, dans
la prcflfante néceflité de fes affarres , pouâfa laf-
foibliiTcment fi loin, & leva un Ci gros droit fur
les monnoies, qu'il retenoit les trois-quans d*un
marc d*argent pour fon droit de feignturiage & de
^f*^ff*^S^ > iï prcnoit encore une plus groife traite
fur le marc d*or.
M, Leblanc dit avoîr lu dans un ftianufcrit de
ce temps- là , que le peuple fe reiTou venant de
rincommodité oc des dommages infinis qu'il avoir
reçus de Tafimbliffement des monnoies , & du fré-
cpicnt changement du prix du marc d or & d'ar-
gent , pria le Roi de quitter ce droit , confcntant
qu'il impofât les tailles & les aides : ce qui leur
fut accordé; le Roi fe réferva feulement un droit
rfc fcigmun^e îort petit, qui fut deftiné au paie-
inent des officiers de la monnoie, & aux frais de
la fabrication.
Un ancien regtftre des monnoies , qui paroit
avoir été fait fous le règne de Charles VIlï, dit
que : onques puis , qu€ le roi mût hs taïlUs des
pojjcfftons^ CabonddtKi des monnoies ne lui.chdlttt
fku On voit pmrlù que rimpofiuon fixe des
MON
tailles & des aides fut fubOituée à la place d^ita
tribut infiniment plu« incommode que n*étoieiic
alors ces deux nouvelles impofitîons.
Oh appelle furachat la remife q^ic des parti-
culiers favent le procurer du bcné6cc que tait le
Roi fur la monnoie , ou de partie de ce béné-
fice fur une quantité de marcs quMs fe char-
gent de faire venir de l'étranger. Traçons, d'après
r auteur des confidêrjtioni fur les finances « les
idè*^s faines qu'il faut avoir fur une pareille opé»
ration.
Nul homme, dit-Il, au fait des principes poU-
dques de lad mi tiift ration, ne doute qu'il ne fott
avantageux de payer au commerce les matières
au*il apporte, fuivant la valeur entière, c'eft-à*
dire , de rendre poids pour poids , titre pour
titre; car Ci le prince retient un bénéfice fur it
monnoie , il délivre en monnoie une moindre
quantité de grains pefant de métal pur, pour une
plus grande qui lui efl apportée. Ainu , il efi
évident qu'une telle retenue cft une impofiûoB
fur le commerce avec les étrangers ; or, le com-
merce avec les étrangers eft la Icule voie de faârt
entrer Targent dans le royaume : d*où il eft atfè
de conclure que toute remife générale des droîti
du prince fur ta fabrication de la monnoie , eft
un encouragement accordé à la culture & ans
manufaâures; puifque le négociant eA en état^ ^
au moyen de cette remife , ou de payer mieux
la marchandife qu'il exporte , ou de procurer à
l'état une exportation plus abondante , en faifant
meilleur marché aux étrangers : unique moyen de
fe procurer la préférence des ventes, & dés-lors
du travail.
Cette police occafionne encore des entrepôts
de matières pour le compte des autres natiotu:
or, tout entrepôt eft utile à celui qui entrepofi^
On fe contente ici de pofer ces principes évideni ,
qui fuffifcnt pour détruire les fopliifmcs que peu-
vent fuggérer fur ce fujet de petites vues io-
térefTées*
Dans ces matières, il n'efl qu'un intérêt à coii*
ûdérçr, c*eft celui des hommes qui produifcor ,
c'eft adiré, du cultivateur , du manufaâurier, de
Tarmateur ; mais lorfque Tétat n'efl pas dans une
fituaiîon qui lui permette de faire cette gratifict*
tioa entière au commerce, il eft dangereux ooll
l'accorde à des particuliers qui s'offrent de taire
venir de grandes fommes dans le royaume : pré-
texte ridicule aux yeux de ceux qui font quelque
ufnge de leur efprit.
Nous ne pouvons recevoir de l'argent que ptr
la folde du commerce , lorfqu'il rend les étran-
gers nos débiteurs.
Si nous en recevons d'eux qu'ils ne nées
doivent pas , il ell clair que nous devenons Ictirf
débiteurs : ainfi ils auront plus Je Icttrcs-dc*
cl^nge fur nous que nous nen aurons fur eux;
MON
par coafèqyenc le change fera contre nous , le
commerce total du loyaume recevra moins de
rdeur de ie$ denrées , qu il ne devoh en recc-
▼oir, Qc fa dette à Tctranger lui coûtera plus
cher î acquitter.
Pour &îre ccffer cette perte, il n'y auroit qu'un
feni moyen, cVd de folder cette dette, en en-
voyam des marchandifes , ou en envoyant des
efpèces.
Si rétranger n*a pas befoin de nos marchan-
dîfiss, oa bien cites y relieront invendues, ce
^ oe le rendra pas notre débiteur ; ou bien
clk& y feront vendues à perte , ce qui t(ï tou-
por% âcheiix.
Si rbranger a beOtn de nos marchandifes , il
cft clair qu'il les adroit également achetées,
foand mètne nous n^aurions pas commencé par
fjgfloQ argent ; U eA ég;alcment évident qu ayant
fcs avant d'avoir livré , nous aurons payé
de cet argent par le change ; & dés-
lof» non denrées ne nous autant pas rapporté ce
qu^eliîs nous auroicni valu « fi nous ne nous
étions pas rendus débiteurs de Tétranger par des
tfitrjiàjis de matière.
Si tious faifons fortir notre dette en nature
pov faire ceiTer le défavantagc du change , iî eft
dair que Tentrèe de cet argent n*aura été d*au-
awe utiltiè à Tétat , & qu'elle aur<i noublé le
coors du commerce général pour favorifer un
pamcuUer. Tel fera toujours l'effet de toute Im-
portation forcée de Targent dans les mônnoieî;.
Concluoiis qu'il ne doit entrer que par les béné-
fices du commerce avec les étrangers , & non
pair les emprunts du commerce a l'étranger.
Eofin , dans le cas où Tètranger fe trouvcroît
notre débiteur , il ell fenfible que tout ftirazhdt
cft un privilège accordé à un particulier pour
&ijç fon commerce avec plus d^avamage que les
attires ; ce qui renverfe toute égalité , toute con-
currence*
En effet, ce particulier pouvant, au moyen du
bcfièficedu furackat^ payer les maréres plusch^r
qfne les autres, on le rend maître du cours du
change , & c cft pofuivem-nt lever à fon profit
un impât fur la totalité du commerce national,
confequemment fur la culture, les manufaflures
6c la naTigarion. Voilà au jufle le fruit de ces
Ibftes d'opérations , où les propofans ibnt leurs
efforts pour ne fiirc envifager aux miniflres qu'une
grande tntrodu^ion d'argent , & une grâce par-
ûctttiére qui ne coûte rien au prince.
On leur cache que le commerce perd réelle-
mem tout ce qu ils gagnent, & bien au-delà. Et
peut* on <iire férieulement qu'il n'en coûte rien
au p«ince quand tous fes fujets perdent , 6i qu'un
fiMiiK>p<^eur s'enrichit?
Qm il nous foit permis d'ajouter à ce qui vient
d'èrrc dit fur le fur achat & fur les droits de
ij^c & de irajfa^c , les excellentes obfer-
^ jj^ ii> pubUées en novembre 1787, par M. D, P,
MON
, i5i
C. D. M. fur 1 augmentation progreHive du prix
des matières d'or ti d*argent depuis le premier
janvier 1716.
Cet écrit lumineux doit être configné d^ni
cette Encyclopédie métkodique , avec d'autant phis
de raifon qu'il contient la véritable doftrine fur
la refonte des mon noies , & qu'il met en évi-
dence les grands intérêts du prince & de Têtat
dans une matière fi délicate, où Ion a tant varié
de fcntimens & commis tant d*crreurs défas-
rreufes.
Obfervatlons fur U DicUraiion du jo oHobre ijSf ,
& ritugmcntaùon progrtfftvt du prix des mu titres
d'or & d'argent ^ dcpu's le prermer janvier IJ26*
Les dépenfcs, & les dettes immenfes' fous le
poids delquciles la Fance gcmiiToit à la fin du
régne de Louis XIV, £k pendant la minorité de
Louis XV , forcèrent le gouvernement à em-
ployer , pour fe procurer des fonds , tous les
moyens qui fembîoient lui offrir quelques ref-
fources : le furhaufliîment des monnoics fut un de
ceux auxquels on eut plus fréquemment recour-î.
On multiplia les rctonics & les reformations
d'cfpéces \ ik fouvcnt on vit piroître, dans l'cf-
pace de quinze jours, deux arrciî qtii ailignoicnt
à la mém3 monnoic une valeur diffère na% Ces
variations furent principalement fenûbïes pendant
le cours de radminifliation de M, Lav,
Les révolutions produites par le fyftéme, por-
tèrent jufques à 196} livres 11 f. B den. le prix
du marc d'or, & à ito liv. 18 f, 2 den. ce'ui du
marc d'argent. On oufcrvoit alors , dans la fixa-
tion du prix de ces matières , Ij proportion
d'un k ly
La refonte générale , commencée en {anvier
1716, fut la dernière opération de cette nature,
du régne de Louis XV ; les difpofitions de l'édit
qui l'ordonna , ont fervi de règlement pour la
fabrication des efpèces d'or & d'argent, depuis
cette époque jufqii*au ^ooftobre 1785.
Ces diipofitions portoient que les louis f€*
roient fabriqués au titre de 22 karats, au remède
^^ ï7* C*^^ remède fur porté à ^7, par une décla-
ration du 1 1 février de la même année , ) & à
la taille de trente au marc , »u remède de 15
grains par marc ; & les écus au titre de 11 de-
niers, au remède de 7^ ^^ grains, & à la taille
de 8 ,^0 ^ti tnarc , au remède de 36 grains par
marc, ce qui avolt établi entre les valeurs in*
trinféques de ces efpèces (confidérées comme
matières) le rapport d'un à 14^^-
Ce rapport eu fondé fur la fuppofition que les
louis font fabriqués à 21 karats vingt-un trente-
deuxièmes , & les écus à dix deniers vingt-un
vingt- quatrièmes, & que les direÛcurs emploient
neuf grains du remède de poids dans la fabrica-
tion d'un marc de louis , & dix-huit grains de ce
même remède dans celle d*un marc d'écus ; d ou
il réftiltc qu^in marc de louis coatient 4149
152 MON
grains d'or fin, & le marc d'éciis 41 58 graîns
d*areent fin.
Cet èdit ordonna que les nouveaux louîs au-
rolem cours pour 10 liv., & les écus pour 5 liv.
Il fixa en mênie-temps le prix du marc d'or fin
à 561 liv. 5 C 5 den. » & celui du marc d'argent
fin à 38 liv. 17 fols.
Ces difpofitions établirent entre les valeurs nu-
méraires des efpèces d'or & d'argent , la propor-
tion d^un à Mfrl, & celle d'un à Utttt^ «"^re
le prix des manéres fervant à leur fabrication*
La converfion de ces matières en cfpéces pro-
duifit , d'après ces bafes , 93 liv* 8 f. de feigneu-
fiagc par marC de louis, & 5 Uv. 1 5 f . i den, par
marc d*ècus.
On publia, le 4 février 1726 , un nouveau tarif,
qui réduificle prix de l'or fin à 5361iv. 14C 6den.,
ik celui de l'argent fin , 337 liv. i C 9 den. ; il
en rèfulta un changement dans la proportion éta-
blît entre les valeurs de ces métaux , qui fe
trouva fi^téc à un marc d'or pour 14!?^ marcs
d*argent.
Les valeurs numéraires des efpèces d*or & d'ar-
gent , 6c les proportions établies entre-eUes par
ledit du moi* de janvier précédent, n'éprouvè-
rent aueun cliangcment ; mais le feigneuriags (c
trouva porté à 11; liv. o 3 den, par marc de
louis , 5t à 7 liv. 7 C 9 den. par marc d*écus.
Un nouveau taiif , publié le 17 mai de la
même année, éleva le prix du marc d*or fin à
69J liv. 9 f. I é^n* , & celui du marc d*argent
fin k 48 liv. , ce qui ètabUt entre les valeurs de
CCS métaux la proportion d*un à 14-77^^.
On ordonna qu*à l'avenir les louis auroient
cours pour 24 liv. , Se les écus pour 6 liv. ; le
rapport entre les valeurs numéraires de ces tf-
pèces fe trouva ûxà ^ par ces difpofitions, dans
la proportion d'un à i4f|f. Il n'a point éprouvé
de variations depuis cette époque jufqu'au
joo^obre 1785.
Ces changemens réduifirent le fclçncurîage fur
For , à 91 liv. 16 f. 7 den., & celui lur l'argent à
\ liv, t4 f, 10 den.
Le prix des matières fut encore augmenté par
un nouveau tarif, publié le tS juin de cette
même année , qui porta le prix de Tor fin à
740 liv. 9 f. I den, , & celui de l'argent fin à ç 1 liv.
jf. 3don. , ce qui établit la proportion d^un à
î4T7rj'v <^""^ ï^* valeurs de ces métaux*
Le kigncuriag; fe trouva réduit à 51 liv. 4 C
7 den, fur les clpèces d'or, & à 1 liv, 17^4 den,
fur celles d'argent.
Les droits des changeurs furent fixés, par un
arrêt du 4 novembre 1727, à trois deniers fOur
livre, pour ceux de ces oflîciers qui , dcmcurans
hors d?s viSles ou étoiciU établis les hôtels des
monnoies , n'en étoicnt pas éloignés de plus de
dix UeuCfï', & à 4 deniers pour tous ceux qui
éietent domiciliés à dix lieues Sfau-dcl^; le
Roi fc charge^ du paiement de ces droits, au
MON
moyen de quoi les particuliers qu! portoient tu
change des efpèces ou matières, en recevoieot
la valeur entière fans aucune retenue.
Un autre arrêt, publié le 10 feptembre 17^9»
ordonna que tous ceux qui vcrferoient des efpèces
ou matières aux hôtels des monnoies « joulroienrp
comme les changeurs , d'une remife de quatre
deniers pour livre en fus du prix porté par le
tarif.
Ces difpofitions produifirent une augmencatioo
de 1 1 Uv, 6 f. 9 den, par marc d*or tin , & d«
17 f, par marc d'argent : le prix du premier de
ces métaux fe trouva conféquemment élevé à
75a liv, iç f, 10 den. le m;u'C , Ôc celui de l'ar-
gent à çiliv. o, 3 den. , ce qui établit entre ieurï
valeurs la proportion d'un à 14 jViî^» le fcigncu-
riage fe trouva réduit à 40 liv. 11 I, 11 den* ûir
les efpèces d'or, & à a Uv, i f. 11 deo. fiir
celles d'argent.
On ordonna, par un édit du mois d'oâobre
1783 , une fabrication de f<»J5, de 24 deniers^
ou 2 fols au titre de deux deniers i-* au remède
de i*;, & à la taille de 112 pièces au marc, au
remède de 1 2 pièces par marc.
Si Ton a employé la totaUté du remède iê
loi, & moitié ffulcment du remède de poidf^
& fi Ton n'a pas payé la remife de quatre de-
niers pour liv. fur le prix de l'argent qui a fervî
à la fabrication de ces efpèces, elles ont dû pro-
duire un fol quatre deniers de feigneuriage par
marc; Taugmcntation du prix des matières ne
pcrmettroit pas de continuer aujourd'hui cette fa-
brication fur le même pied, fans y perdre.
Un arrêt du Confeil , du premier août pricè*
dent , avoit fixé à 18 deniers la valeur nu-
méraire de toutes les anciennes efpèces de
billon,
La remife accordée par l'arrêt du 20 feptcmbrt
1729, tant aux changeurs, qu'aux parciculiers
qui veribient des efpèces & matières aux hôtels
des monnoies , fox doublée par un arrêt du
*5 août t7î5 , qui la fixa à 8 deniers pour livre;
cette augmentation porta le prix du marc d'or fin
à 765 liv, 2 f. 7 den., & celui du marc d'argent
fin à 52 liv- 17 f. 3 den. ; elle rcdutfit le feigneu-
riage à 28 liv. 19 C 6 den. fur Tor, & a 1 liv,
6 L 6 den. fur rargcnt ; elle établit enfin cntf^
les valeurs de ces métaux la propottion d^uA
L*or au litre des louiî (21 k-|î)
fe vendoii dans le comtncrcc, en
janvier 175 s» ^"^'^^^ \^ publica-
lion de ce dernier ai lèt, , • . 6S9 I, t C 4 d.
On le payoit aux hôtels des
monnoies depuis raugmentation
de 4 deniers pour livre , établie
par arrêt du 20 feptembre 1729, ^78 1$
6
DtjfértA€ê\
I
Le prrx de ces mcmes ma-
tières fc trouvai élevé en janvier
«7î«»i
Oo^les payolt à cette époque
hatcls des mon noies, en eié-
de IVrét du 15 août 17^5.
Difennct tn plus.
Le commerce paya depuis ce
dernier j arrêt ^ ,
Il payoït auparavant* .
D'tffirmct tn plus.
Le marc d'argent au titre des
fcus (lodeo. fi), fe vendoit
dans le commerce en janyier
'7^ï : , .
On te payoit aux hôtels des
Aocjiotes à cette même époque.
Différence en plus. , ,
Le prix de ces matières fe
Ifwv^ élevé en janvier 1756, à
On les pavoii au change à
cette même époque , en exécu-
i»û de rarrèt du 25 août 175 y.
Différence en plus, . .
Le commerce paya depuis ce
dernier arrêt.
n payoit auparavant. . , .
Différence en plus, , .
694 19 o
690 8 o
■ 4
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;694
689
19
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47 a 9
o 17 3
48 10 o
47 ïS a
021 10
4810 o
48 o D
O 10 o
On permit, par une déclaration du 7 oftobrc
r7î5, ^ *^*" marchands, banquiers & négocians ^
4e faire librement & fans aucune reAriftion , le
«dHiBcrcc des efpéces étrangères & des matières
€or fie d argent. Avant cette époque , les orfé^
VTCS n a voient pas même la liberté d'acheter les
■Mcres à un prix plus haut que celui qui étoit
iié par le tarif; cette loi avoit été annoncée
par un arrêt du 10 juin précédent, qui en adop-
tant les motifs & les difpofuions d*un autre arrêt
fendo fous le miniftère de M. Colbert, le 10 fep-
«««J^'C 1663» avoit provifoiremcnt aifranchi ce
*Oinjnerce de tout ce qui pouvoit en gôncr les
opérations , fie caffé en conféquence un jugement
du ^oèral-provtncial de Touloufe , portant con-
yiftoo de quelques monnoies d'Efpagne f^ifies
fe tu particulier, pour eaufe de contravention
Oit anciens règlement prohibitifs.
Àm 6^ Mmers* tome K Pan, L
Peu de temps après la publication de rarrêt
du a; août 1755 > '^ bancfuiers de la cour, fit
plufieurs particuliers , obtinrent , fous prétexte
de la néceiBté d augmenter le numéraire, des
remifes confidérables fur le prix des matières fie
des efpèces d'or & dargent étrangères qu'ils fe-
roient vcrfer dans les monnoies ; les mefurcs
qu*ils prirent pour acaparer ces matières^ afin de
s^aiTurer la joutH'ance des remifes, ou furachats,
qui leur avoient été accordés, en firent fucccffive^
ment augmenter le prix , enforte que Vor au
titre des louis , qui , àommc on Fa vu ci-devant ,
ne fe vendoit dans le commerce , en janvier 17^^
que* . 694 L 1 9 f. o dm
Se trouva porté enjanvicr 17Î9,
à 708 ly ^
Différence en plus.
ij 6 s
Et l'argent qui ne valoit dans
te commerce, en janvier 1756,
que* ........'*. 48
Se trouva porté en janvier 1759 ,
à • . • , *^ ,. . . . -^ 49
10 o
10
Différence en plui*
0 o
La difette de numéraire ayant déterminé le
Roi il faire porter fa vaiiîelle à la monnoie, plu-
ficurs de fes fujets s'emprefTèr'ent de fuivre fou
exemple ; on publia en conféquence , le 26 oQobre
17^9, des lettres-patentes, par Icfquelles Sa Ma-
jefté voulant rendre aux propriétaires de ces
vai (Telles les droits de contrôle qu*ils avoèent
payés, lorfqu'tls en avoient fait Tacquifition, &
les faire jouir de la remife de fon droit de feigreu-
riage , ordonna que ces matières feroient reçues
aux changes des hôtels des monnoies fur le pied
de 86 ï liv. 7 L le marc d or fin : & de 59 iiv. 5 C
loden. 77 le marc d'argent fin ; on obferva pour
la fixation de ces prix la proportion d'un à
*4 14IÎ10'
Les efpèces que Ton fabriqua avec les matières
f)rovenante5 de ces vaiffelks, revinrent, favoir,
es louis à 1^ liv, j8 f 6 den. \~, & les écus à
6 îiv, 10 f. Il den.*;; le taux commun de la
f>erte produite par la ttifférencc qui exiftoit entre
a valeur pour laquelle ces efpéces étoient livrées
au public , fiï le prix des matières employées à
leur fabrication , fut de 8 f pour cent.
La totalité des vaiiTelles portées aux hôtels des
monnoies , s*étant élevée à environ 14 millions,
la converfion de cette fommc en efpéces exigea
conféquemment un facnfice de 1,010,000 Uv, Et
comme il fallut payer comptant aux propriétaires
de ces vai^Tf lies le quart de leur valeur , il ne
relia à la difpofition du trcfor roya! que les
trois autres quarts. Le prit de ces iS mîllioof
V
^^
^
154
MON
coûta donc à Vent 2^010,000 liv.» ou 11 ^ pour
ce t en fos de rimAét ordinaire,
Piufieurs confidérations relatives , taiu il la
comptabilité du tréforier général & des dircâenrs
particuliers des monnaies , qu'atut chaiigemens
furvenus depuis 1726, dans le titre des eipèces
étrangères portées fur le tarif, ayant fait recon-
noitre la nécelîîté d^en rédiger un nouveau , on
s^occupa d'abord des moyens de fe procurer Ici
monnoîes qui dévoient y être comprifcs, afin
d'en canftater le titre par de nouveaux effais :
les ambaffadeurs du Roi dans les cours étran-
gères furent chargés de raflfemblct ces efpèccs,
& ils les firent paffer fucceiTivcment à Tadmi-
niilration pendant le cours des années 1766, &
1767.
On crut devoir confulter en mcme-temps toutes
lei chambres de cgmiperce du royaume , fur le
prix qa*it conv^noit d'aflîgncr aux matières ; on
leur aJreffa en conféqueooe un jnémoirç dans le-
quel on expofa : «que leBoî^ en adoptant le prin*
« cipe inaltérable de la Aabiiué du titre & de la
« valeur numéraire des cfpcces d*or & d'argent
« frappées à fon coin , avoît eu la fatisfadion de
« reconnoître qu'U ne pouvoir cmbralTer de me-
« fures plus emcaces pour aïïurer la fonune Je
*< fes fujcts ik Ja profpérité de fon érat ; que
<« Sa Majefté, également pârfuadée que Tupe' 6c
<* l'autre font intimement U^es aux encourage^
•4 mens du commerce , avoit fucccfli vc ment di-
«4 minué fon droit de feigncuriage fur les mon-
M noies, à mefure que les circoniUnces Tavoient
** permis; que c'étoit dans cet efprii que Sa Ma-
«< ifAé avoit accordé en i?>w i« 8 deniers
«t pour livré for le> ' qui fcroient
* apportées de lén dj fes mon*
« noies ^ en fus du pux du uni\^y
On leur annonçât ci^fuitc que ces 8 den. fe-
rotent ajoutes aux priit de Tancten tarif, avec un
accTOiflcraent qui Icroit pris fur les bénéfices de
Sa Majeflé; quen conféquence b baie de ces
nouvelles fijtations fcroit , quant à Targem, que
U matière au titre de 10 defltêfs 1% grains, fc-
roit payée au change 4^^ liv, 4 fols 8 den. au Heu
de 43 liv, 1 fol »o den. ^ & on finiiToît par leur
demander fi on pouvoit, fans inconvci^ienr» por-
ter Je prix de la matière d'or au titre de 2t ka-
rats '1, à 709 liv. au lieu de «591 liv* 1 fol* 3 de-
niers i ce qui éleveroit un peu U proportion.
Cette ftianlére de confuUçr n*étoit p^ut*étre|>as
ccHe qu'il auroit fallu préférer ; il fcmbîe qu*il
eût été plus convenable d'entrer dans mjèlqncs
éirails, tant fur raugmcntatîon progremvc du
Îjrisi des matières depiiU le î8 juin I72<7, que
ur les caufcs qui l'avoient provoquée j & de-
mander s'il éioit à propos de comprendre dans Iç
prix qu'on alîoit leur affigncr par ie nouveau ta-
rif, fes $ den. po^r livre établis par / anrct du
i^ août 17U I que d'ahfionccr qne Ton étotr dè-
M O N
terpîjné , non feulement à rendre permanente
raUgmentatioii qui en étoit réfultée , mais même
à y ajouter , principalement en ce qui concernoit
le prix des matières d*or/
Le réfultat des rèponfcs de ces chambres ée
commerce , & de Tavis de rafTemblée de leurs
députés à Paris, fut qu'il ne paroiffoît pas y
avoir d'inconvénient à' porter à 709 liv. le prix
de la matière d'or au litre de 21 karats 54 > niais
celles de Lyon & de Bayonne oblervèrent qu*il
feroit convenable de porter en même-temps le
prix des piaftres à 48 liv* 9 fols , parce que fi Von
augmentoit la valeur de Tor fans toucher à celle
de Targent* le changement que ces difpofitions
opércroient dans la proportion que Ton avoit
précédemment adoptée , pourroit diminuer Vim»
poi^tation des piaOres , que Ton dcvoit au con*
traire chercher à rendre plus abondante, ptiif-
quVlle alîmenroit à b fois les monnoies^ l'ocfè^
vrcrie^ & un grand nombre de manufaSures.
Ces avis furent adoptas : la matière d'or aa
titre de ai kafatsy^, fut en confèquence évaluée
par le nouveau tarif à 709 liv. le marc « & les
piaflres (fur le pied de 10 den» ai grains) à
4S liv- 9 fols*
Le prit du marc d'or fin fe trouva éfevé p:
ces drt'pofuions à 784 liv, 1 1 fois 1 1 den. * J
celui du marc d'argent fin ^ 53 liv. 9 fols 2. den*,
ce qui établit entre les valeurs de ces métaux ^
la proportion d'un à 14 rêiio*
Le titre de chacune des cfpécei comprifes iâm
le tarjf, fut fixé diaprés les ciVais qui en a voient
été faits fous les yeux des commiifaires nommes
par le Roi ; on obferva néanmoins de laiiTcr fur
CCS titres, une cenaine marge aux dire^cms qri
leur otàt tout prétexte de former des récU fTf ci-
tions, où de demander des indemnités, s'il artî-
voit que , dans le nombre des cfpèces & ma*
tières qu'ils recevroient au change , il s'en trou*
vât quelques-unes d'un titre un peu foible.
L'arrêt du i j feptembre 1771 , auquel ce non*
vciu tarif fut annexé, autorifa leS dirt -
les changeurs à retenir les frais d'affiua,
cfpèces oc matières qui leur ferorent appor
dont le titre fe rrouverôit au-deffous de ic
21 grains, quant a l'argent, & de ai karats ][
pour l'or* Il défendit, en conféquence , aux di-
reâeurs d'employer aucuns frais d^aflfinages dans
leurs comptes.
Cette défcnfc cm pour objet de pourvoir a ce
que ces officiers ne puiïent fe pcrincttre d'cnre-
gtClrer des efpèccs & matières h haut titre, fous
des noms fuppofés, et comme matières b^"
pour s'autorifet ï faire payer au Roi dc%
nages qui nauroicnt pas eu lieu.
On fixa , par Tarrét ^u a6 décembre fc a
même année, les droits des changeurs; ils furert
autorîfes à s'en faire payer par Tes propriétaires
des matières , au moyen de quoi la comptabilité
MON
é» dtreâetirs fc trouva débarraffée de ces droits ,
comjne elle renoit de Tètre des frais d'affinages ,
par TarTet du 15 feptembre précèdent.
L*2ugmcn ration du pnx des matières, rendue
piermaoeof e par le nouv^eau tarif , réduisît , à
compcer du premier Janvier 177^, le feigneuriage
fur les efpèces d'or à 1 1 li v, 7 1*. 1 1 den. , ^ à i ç fols
4deo. celui fur les efpèces d'argent.
Le cominerce ayant repris fon aftivité ordt-
Datre après la paîjt de 176) , rimportation des ma-»
^étcs ètoit devenue plus abondance ; elles étaient
en confèquence moins chères en 1771 qu'en
1759; & il y a lieu de croire que leur prix fe-
wm hêiSt tiavamage , fi celui que l'on adopta
paf le tarif, n'avoir pas rendu cette diminution
tnpoffible , & forcé ^ au contraire , le commerce
à le poner à une nouvelle augmentation.
liv. fols, den*
L'or an titre des louis fe ven-
doit dans le commerce « en jan-
vier 1771 , (avant la publication
du nouveau tarif) ..... 7O0L 17 C 3 d.
On le payoit à cette époque
au change , conformément à Tar- '
... 690 8
MON
tSS
Diffénnce in pluu
10
Le prît de ces mêmes matières
fe trouva élevé en janvier 1773 ,
li£) an après rètabliiTement du
mouvcau tarifa à 70S 11
On les payoit à cette même
époque au change , conformé-
à ce ta^if. 707 19
m
Différence en plus» . .
paya depuis le
commerce
tarif* . , ,
Il payoit auparavant. . . .
Diffcrenct en fltu, . ,
Le marc d'argent , au titre des
écus, fe vendoir dans le com-
jBcrce, en janvier 1771, (avant
^la publication du nouveau tarif).
On le payoit alors au chaOge,
Ly compris les 8 den. pour liv.)
4S
47
Différence en plus*
Le prix de ce^ matières fe
trouva élevé en janvier 1773 ,
tto an après rétabUflement du
nouveau tarif, à * ... »
On les payoit alors au change.
Différence en plùs^ • .
9
î6
3
tî
6
708
J06
12
'7
3
7
14
9
16 10
Le commerce i>aya depuis le liv, fols* den.
tarif. , , . 49 ç
U payoit auparavant. , • . 48 15
Différence en plus
10
Quoique d'après les précautions que Ton vc-
noit de prendre pour la fixation du prix des ma-
tières employées dans le nouveau tarif, il y eut
lieu de préfumer que radmini/lration n'adopte-
roit aucune mefure tendante à en provoquer
laugm-ntanon ; & quoiqu'après neuf années de
paix, il fût moins nccelTaire que dans toute autre
circonftance d'encourager Timponanon des ef-
pèces d^or & d'argent étrangères , le banquier de
la coar obtint, par décifion du 12 avril 1772»
un furachat de 9liv. par marc d'or^ & de 10 fols
par marc d'argent, qu'il fcroit verfer aux hôtels
des monnoies.
Ce furachat, qui eut lieu depuis le ï^ avril
177a jufqu'au premier mai 1775, produifit aux
conceOîonnaires 927,967 liv.
M. Turgot crut devoir fupprimer tous les fura-
chats accordés , tant aux banquiers de la cour,
?[u a différens particuliers , & leur fubflituer un
u rachat général , en faveur du commerce , de
4 iiv, 7 fols par marc dW , & dé 6 fols par marc
d'argent. Le Roi approuva cet arrangement , par
une décifion du mois de février 1775 1 Se on en
donna auiïi-tut avis à toutes les chambres du
commerce»
Les motifs que Pon fit valoir dans le mémoire
qui fut -mis fous les yeux de Sa Majcflé , étoient
" que les furachats particuliers engageoient ceux
« qui les obtenôîéht , à payer les piaftres plus
« qu'elles ne valoient dans le commerce, d*oi]
« il réfultoit que ces efpèces , qui ne dévoient
« être que le prix des marchandifes ou denrées,
« devcûoient elles-mêmes une marcha ndife payée
« plus chère eiî .raifon de la. remife que le Roi
»t accotdoii; qu'en , faifant jouir le commerce eiî
<c général d'une porrion de celle que les feuk
« banquiers de la cour avoleni obtenue cidct
« vant , on procurcroii aux nêgocians qui reti-
re roient, par la balance du commerce, des ma-
« tières d'or 8c d'argent , les mêmes prix , en les
« portant k h mon noie , qu'ils en trou voient
<c dans le commerce, il n'y auroit pas lieu de
il craindre qu'on en fit uo objet de commerce
a qui put préiudicier à celui des marchandifes
}> & denrées."
Puifque cè^miniftre étoit perfuadé que l'effet
ordinaire des facrifices que le gouvernement fai-
foit pour fe rapprocher du prix auquel les ma^
lières fe vendoient dans le commerce, étoit d'en
provoquer l' augmentation , comment ne s*ap-
perçut-il pas qu'une remife générale auroît , à
cet égard, les mêmes înconvéniens que les rc-
mifes particulières ? Celles-ci, confidérces comme
privilège exclufif , lui parurent fans doute oppo-
Vij
i56
MON
fies à Tes principes ^ maïs ètoittl néceiTdre de
leur fub/Utuer une remife générale?
Cette mefure pouvoit être utile slux négocîans
qui reccvoîent de Tetra ngcr des matières d'or 6c
d'argent, en échange de leurs exportations, mais
elle éeoit contraire aux intérêts des maniifaâares
& des artiftes qui emploient ces matières » en ce
qu*elle tendoit à en fontenir ou à en élever te
prix. Si elle excltoit d'ailleurs ces nègocians à
provoquer raugmestatiou du prix de ces matières
dans l'étranger, par une exportation qui excédât
la foîde de leurs échanges , cUe étoit également
contraire aux intérêts de Tétac & du commerce ^
parce que tout ce qui élève la valeur des mètiux
que la France reçoit en retour de fcs denréjs Si
marchandiCes , diminue néce^airem^nt celle de
ces produâions de foo fol & de fon Iniuflrie.
Ce fu rachat s;èiéral commença d*avoîr !ieu
le premier mai 1775. Oii obferva dans la ftxarion
la proportion d'un à 14^; il réduifit à 7 liv. o,
it d ti. le feigicuri^ge fur les efpèces d'or, &
à ^(y\ s 4 den. celui fur les efpéces d'argent.
L*or, au litre des louis , fe
vendoit dins le coihmercc, en
janvier 1773 * • 7081, 11 f»
On le payoït au change ï cette
même époque • 707 19 6
D'Jfércnct tn plus.
11
ht prix de ces matières <e
trouva éLvi en jmvier 1778, à ji%
On te payoit alors auk hôtets
dei mon noies, eu égard au fura*
chat général, • • . . « « 712
13 10
6 6
Dijfirence en plus.
Le commerce payoit avant ce
furachat général 708 it
11 paya depuis 713. t^
10
Différend en plus*
10
Le marc dVgenr, au titre des
écus, fe vendoit dans le com-
merce en janvier 1775* . . * 49 5 o
On le payoit alors au change. 48 ^
mffiretue en plus* • *
\6
Le marc de ces mêmes ma-
ficres fe vendoit dans le com-
merce en janvier' 1778. . . . ^o 2
On le p^yoit aux hôtels des
monnoies à cette époque , eu
égard au furacliat général* * . 48 15
Diffirence en plus.
MON
Le commerce payoit avant ce
furachat général 49 f
Il paya depuis 50 a
Diffinnce en plus*
«7
M. Necker fe fit rendre compte des m^t fs qui
avoient porte M. Turgot à accorder ce furachat
généra! ; & comme ils ne lui parurent pas fon-
dés , il prit les ordres du Roi p >ur le faire cef-
fer : il écrivit » en conféf lenco , le %% janvier
1778 , à tous les directeurs des monnoies pouf
les informer, « que les m^irères d*or & dVgent
« étant devenues rares, Ôt leur prix étant mante
a à un dé^îc dont le commerce fe pUignoit avec
« r«iifun » Sa M jeOé avoit penfé qu'il n'y avoit
« point de jiide motif pour continuer de les payer
« au-deJrus du prix du tarif» & que fou înten*
M (ion étoit, quà compter du premier mars « ils
" ceffan*ent de ks p yer au-dciTus de ce prix.i»
La fiippreCon du (iirachat général rétablit Sa
Majcilé dans U jouiltince entière de fon droit
de fetgne^riage ^ révénement jufVifîa bientôt la
fag Ile 'e cetve mefurè ; eîle influa d'une ma-
nière ai flî L fiblc que prompte fur le prix dei
matières : deux mois étoient k peine expirés,
que ce prix fe trouva retombé au même taux
ou il étoit en janvier 177 j ; «1 éprouva des
augmentations aftez confidérables depuis le com-
mencement des hodilités entre la France & TAn-
gleterre, jufqu'au moment où Tf/pigne prit parc
i la guerre; mais, à compter de cette époque |
il d minua progrefHvement, en forte qu*à la fift
de la première année de la paii, il avoit déjà
repris fon niveau,
tes nouveaui firrachafs que l'on accorda en
1784, firent augmenter le prix de ces matières
avec une telle rapidité, que le mire d*or, au
titre des louis , qui ne fe vendoit en décembre
1783, que 708 liv. iifoK, (mê^ie prix qu*ea
janvier 1773 & mai 1778), le trouva, le prc*
mier janvier 1785 , porté à. 740 Uv- 5 fols. Cette
augmentation de 3 1 liv, 13 fols par marc s*eft
fou tenue jufqu'au moment où la publication da
tarif annexé à la déclaration du trente oôobrc,
en la rendant permanente , y a fait une addi-
tion de 7 liv. 8 fols 7 den. ; les matières à cê
titre étant évaluées par ce tarifa 747 liv, ijfoU
7 den*
Il a été ordonné » par cetre décTararton , que
routes les efpèces d'or fabriquées depuis 1716»
feroient refondues ; que Ton tabriqueroît de non
veaux louis a la taille de 32 au marc ^ qui ad
roicnt cours , comme les anciens, pour 14 liv.^
quoiqu'ils leur fuffent inférieurs en poids ; qull
ne Tcroit fait aucun changement k leur titre ; que
les mêmes remèdes dt poids 5t de loi, qui avoient
été prefcrits pour la fabrication des anciens louif «
feroient obfervés ; qu i Tavenir le marc d*or 6si
feroit payé aux hôtels des monnoies 8a8 Uv*
MON
It fols; & que comme le prix du marc d*argent
fin fcfteron fixé à 53 liv, 9 fols a den. , confor-
nèfoenc au tarif au 15 fcptembrc 1771 , un marc
iTor éqiiivaudroit 215 marcs &dcmi d'argent.
Le feigneuriage fur les cfpèces d*or s'clt élevé
par cçi cliangcmens de valeur & de proponion,
ï 19 Uv. 17 fols 10 den, par marc » dédu^on
hke du fypptément de droics accordé aux oft-
dcTs pir Védit du mois de novembre 1785.
On Tuppcfe dans cette évaluation du feigneu-
rtage, que les nouveaux louis font fabriqués su
titre de ai karats fj-, valant au prix du tarif
747T1V, 15 fols 7 den. le marc, & non 750 Uv,,
prix auqttel les anciens louis ont été, 6c font en-
core payés au change.
Le piéambule de la déclaration annonce que
les principaux motifs qui ont donné lieu à la re-
tome de ces cfpèces , & à la conf«,ftion d'un
nouveau tarif» font :
%\ Que Tor cft augmenté dajjs le commerce
4epiâi plufieurs années.
a*. Que la proportion t^u marc d'or au m^rc
d*argenf étant retiée la mcme en France , nc(k
vhtf relative aujourd'hui à celle qui a été fuccef
nvcment adoptée en d'autres pays*
j*. Que les monnoies d'or ont aôuellement,
cûflimL- métal , une valeur fupérieure à celle que
leur dénomination exprime, & fuivant laquelle
Qtt les échange contre les monnoies d*argenr.
Chacun de ces motifs mérite un examen partî-
colter; leur difcuflîon fera connohre robjet &
foiiiité du compte que Ton vient de rendre Jes
tirffs publiés depuis 1726, & des effets qu'ils
Ottt produits*
PREMIER MOTIF DE LA DÉCLARATION.
Câ motif p^ne fut rjupnmtaûon du prix de for
dsns'U càmmirce ^ depuis queî^uts années.
On a pu fe convaincre, p»rlts détails qui pré-
cèdcm, qu*à Tépoque du 30 odobre 178c, Ter
li*4iOÎi pomt augmenté depuis plufieurs années ,
nfttft feulement depuis le premier pnvier 1784 «
& que cette augmentation étoii TeiTet des fur-
acàats accordes par le gouvernement.
L'or & iWgent font , pour Torfévrerie & pour
un grand nomhre de manufactures , des matières
Bfemtéres, qiî'il \t\\T impoite d*obtenir au plus
bi$ prÎK poflible, afîn de fe mettre à poitée de
irendre leiirs oirsrragcs concurremment avec les
anifles et les fab^'icans étrangers , qui emploient
ces mêmes manières : elles ne font point une pro-
lloâion du fol de la France , elle les reçoit en
édiat^ge des prodoits de îrtr\ agriculture & de fon
snduftTÎe ; aînfi fon intérêt doit ta porter à
l'abAcoir de toute opération qui tende à en
•ttgateutCT la valeur, parce que plus elle Téléve,
«•^ifK clb re^.t de ces matières en paiement
de Ces denrées & marchandifes.
MON
xSy
La conduite que Tadminirtration a tenue, prin-
cipalement depuis Vannce 1750, jufqu'à ravcne*
ment de M. Neckcr au minttlére, ^ depuis la
6n de l'année 1783 jufqu*à ce jour, a ctô di*
reflemcnt contraire à ces principes ; à in^fure
que le commerce mettoit un plus haut prix aux
matières » Tadminiitratlon élevoit celui du tarif ,
en prenant ifiujourb pour prétexte la nécc0ité de
fe rapprocher des prix du commerce, fans con-
fidérer que rimpoffibiiiié de foutenir, i prix égal,
la conçut rcnce avec les direéteurs des monnoies*
met cuntinuellement les aniftes Se les manufac-
tures dans T'hli galion de payer les matières à
un crix au-dcifus de celui qui eft fixé par le
tarit , pour en obtenir la préférence. Ce qui s*eft
paiTé à cet éeard depuis le mois de fcptenibre,
qui a précédé inimédiatemcnc la refonte des
efpèces d*or, jufqu'à ce jour, eft une démon-
flration de cette vérité.
Le marc d'or au titre des loiiîs,
fe vendoit dans le commerce en
ftptjmbre 1785. .* , , . - 740 !• 5 f , od.
La déclaration du 30 oAobrc
fuivant, a fixé le prix de ces
mêmes matières à , * . < - 747 13 7
Elles fe font vendues dans le
commerce en janvier 17S7. * . 7^0 i 11
Le nouveau tarit, en rendant permanente une
augmentation qui n*étoit qu'accidentelle, a donc
forcé le commerce de p^yer le* marc d*or à ce
titre, en janvier 1787, 9 liv, 16 (ois 11 deti, de
plus qu'en fepcembre 17^5 , & 41 liv, 9 fols
II den, de plus qu^en |an%'ier 1784, époque à
laquelle on a vu qu il ne fe vendoit que 708 liv*
Il fols.
Si on fe reporte aux années 17^5 & 1771*
on verra que les 8 deniers |.our livre accordés
dtns la première de ces années, & le tarif pu-
blié dans le cours de la féconde , ont produit
les mêmes effets ; ^ ils fe rcprodulroient encore
aujourdliui, fï » parce que le prix ^u carnmercc
s*éléve au*dciïus de celui du tarif, on augmen-
toit ce dernier ; de pareiUes opérations, répétées
chaque année, doubleroient, dans Te fp a ce d'un
fiécle , le prix des matières.
L'augmentation fubhe de ce prix a vraifembh-
blement été provoquée par des caufes étraûgères
au commerce; on a vu qu'à l'cpoque^du premier
janvier 1784, ces matières étoicnt retombées au
même prix qu*en janvier 1773 : raccroiiïemeot
de la confom.nation en objets de luxe , ou k
diminution de Tim^ onation , n'a pas pu pro-
duire , dans le cuurt efpace d'une antjéc , des
ttlets aûTez prompts, afT^z fenfibîes, pour don-
ner lieu à une augmc' rrtion de 31 lîv. 13 fols
par marc d or ; elle n*a donc eu réellement pour
principe que Texponation extraordinaire de ces
matières, excitée par la révolution qu'ont occa-
fionnée dat.s le cours des changes, les achats
de piailres faits par ordre & pour le compte du
jo8
MON
touvcrnemcnt , qm^ en 1784, fe (ont élevés à
4 millionî*
CctTC fomme étant beaucoup fupérîeurc à celle
que TEfpagne devoir à la Franc(; , cette dernière
puiiTance n*a pu s*approprier la portion de ces
cfpéces, qui otcédoit le montant de fa créance,
qu'en devenant débitrice de cet excédant envers
ks autres nations avec leCquelks rEfpagne a des
liaifons de commerce.
Le change fur la Francs a baîffé , par cette
raîfon , chez ces différentes nations i & comme
dans cette pofition il y avoit^ par exemple, une
économie d'environ un demi pour cent à en-
voyer des efpéces ou matières d'or à Londres,
pour acquitter les dettes que Ton y avoit con-
traâées , au lieu de faire tirer une lettre de
change fur cette ville, on a du préférer le pre-
mier parti.
Le change de Paris fur Londres étoit dans les
premiers jours de janvier 1784, à 31 ^^ deniers
îlerlings pour un écu de trois livres.
Le François qui devoit i cette époque cent
guinées, ou (ce qui eft la même chofe) 105 li-
vres fterlings, payoit au change ci-delfus indi-
qué 1404 liv; 15 f. 5 den. tournois, pour fc pro-
curer une lettre de change de 105 liv, fterlings
fur Londres , & s'acquitter conféqucmment des
100 guinées dont il ctoit débiteur.
L'or au titre.de 11 karnts fc vcndoit, à cette
même époque , à Londres fur le pied de y liv,
18 fols fterlings Ton ce , poids de Troy , qui
équivaut à ^85 grains — , ou (ce qui eft la
même chofe) à une once 9 grains -^ du poids
de marc de France.
Au moyen de quoi il auroit faîlu y porter
aj onces d*or à ce titre, pour acquitter !cs 10 j liv.
fterlings que Ton devoit,
Alml ces 27 onces (poids de Troy), équi-
valent à 3 marcs 3 onces 3 gros aj grains du
poids de marc de France.
.Trois marcs 5 onces 3 gros 29 grains d'or,
au tîire de %% karats , coutoient alors à Paris
2468 Uv, 5 fois 7 dcn, à raîfon de 720 liv- le
marc ; il y avoit conféqucmment une économie
de 6} îiv, 10 fols a den. ^ à préférer de payer
les 100 guinées, ou Ï05 livres fterlings, en let-
tres de change , au lieu d'exporter de For*
A l'époque du premier janvier 1785 , le change
fe trouvoii bai (Té au préjudice de la France ; il
étoit alors ftxé a 19 ,*^ deniers fterlings pour un
écu de 3 livres.
liv, fols, den*
Pour fe procurer une lettre
de change de loç liv. fterlings
fur Londres ^ il falloit payer
d'après ce cours ^59^ ^ ^^
Si on préféroît de ^''acquitter
en faifant paftcr dans cette ville
MON
3 marcs 3 onces 3 gros 59 grains liv. fols, den*
d'or, à 12 karats , qui y avoit -
la même valeur qu'en 17841
cette quantité de matières cou-
toit à raifon de 75a liv. le marc,
prix d'alors 2577 19
Il y avoit donc, à prendre
ce dernier parti, une économie
de ta liv. 3 fols 3 den., faifant
à'peu-près un demi pour cent.
Cl,
la
La lettre de change coûtoît,
au cours qui avoit lieu le pre-
mier janvier 1785 1590 2
Elle ne coûtoit au cours du
premier janvier 1784, que. - ^4^4 tç
Dijprence en plus » au pré-
judice de la France. . . . -
10
185
2468 ç ^1
109 14
24C8 5
zéii ;
143 »9 8'
En janvier 1784 , 3 marcs
j onces 3 gros 29 grains d'or^
a 22 karats , coutoient. . . •
Cette même quantité de ma-
tières fe vendoit dans le com-
merce, en janvier 1785, . #
Différence en plus* ♦ • .
En janvier 1784 , 3 marcs
3 onces 3 gros 29 grains d'or,
a 22 karats , coûroient, . . ,
Cette quantité d'or au même
titre , fc vendoit dans le com-
merce, en janvier 1787, à rai-
fon de 762 liv. le marc, • ,
Différence en plus* . • »
Ainfi les ftirachats avoîent produit dans le
cours de Tannée 1784 , une augmentation de
quatre & demi pour cent fur le prix de Vor^
laquelle a été portée à fix pour cent , par Teffu
de la dèclararion du jo oftobre 178J.
L'inutilité des facnfices que fait le gouverne*
ment pour augmenter le numéraire, en accor-
dant des encouragemens & des rcmifes confidé-
rabîcs il quelques particuliers qui f# chargent de
faire vcrler des matières aux hôtels des moo-
noies, a été démontrée par M. Necker, dans fou
compte rendu, avec autant d'évidence que de pré-
cîHon ; on va effayer de prouver que cette ma*
nièrc de favorifcr rimportation des matières»
produit des effets dircftcment oppofés aux vucf
de radminifliaiion,
Lesiînanciers^ que le gouvernement avoU char*
gés d'alimenter la fabrication des efpéces en 1784»
ont fait verfer dans les monnuies 84 mUUofls
pendaot le cours de cette année*
MON
On foppore qu'à Tépoque du premier janvier i
de cette même année , r£lpagne le trouvoît dans I
la nècdBtè de payer, à valoir fur ce qu'elle de-
roit à la FriDce ëi à T Angleterre , une fomme
de fix millions de pi Rôles » (valeur rcpréfema-
ihrc des 84 millions dont îl s'agit) & quelle fe
pioooibit de la partager également entre ces deux
Le change de Londres (ur Cadix étoît à cette
èpoqce à 341 deniers ilerltngs pour une piallre
de huii rèaux ( le quan de la pillole ) ; fi TEipagne
eût rtbiis à TAnglererre 3 millions de pîftoks
Là ce COUTS, elle ne fe feroit acquittée que de
[1,706,150 1. flerlings.
Le change de Paris fur Cadix ètoit à cette
m^me époque a 13 liv. 10 fois pour une piflole;
fi rE/p^gne avoit remis à la France 3 millions de
ifUtolcs à ce cours, elle ne fe fcroit acquittée
[que de 40*500 ,000 liv,
La France s*étam emparée de la totalité des
fix tnlUtons depîfloles, eil devenue débitrice de
la moiùè de cette fomm^t qui appanenolt aux
Angfois; & comme le cours du change s'établit
fOii|(mrs au préjudice du dchiteur, le change de
Pteii fttr Cadix s'eft élevé i 14 liv, 8 f , tandis
qat celui de Paris fur Londres , qui étoit à
31-5^ den, flerilngs pour im écu, au premier jan-
▼ier«<i784V eft tombé à 29 t^-
Dam cette pofuion les trois millions de piflolcs
xeveoans à la France , lui ont été livres , au
coicrs de 14 liv, 8 foîs, pour 43,200,000 liv. , au
Eetl de 40,500*000 1. ; elle a conféquemment perdu
par cette révolution du change 2,700,000 liv.
En lut remettant pour même
râleur les 3 millions de piflolcs
2UÎ appancnotent à rAneleteirc,
c en payant cette puiftance en
lettres de change iur Paris , au
coftrs de 19 ^^^d. flerl. pour un
ècu t l'Efpagne s'efl acquittée
CiïTcrs eîla de 1,75 1,150 liv. fler-
Ijfl^ au-lieu de 1,706,250 1, Mer-
tîjDg^. Ainû elle a gagné par cette
opérmûoo 45,000 liv. Acrlings,
qoe la France a payées au cours
illdi<|a6 ci-deflus, valant. . . j, 110,000
Total de la perte fur les
$4 miîllons. ..•*.•» 3,8io>ooo
Ce qui revient à 4^ pour cent*
D rcfuîie de différens états d'importation &
d'exportation qui ont été mis fous les yeux du
puiemenf d*AngIeterre , que les denrées Si mar-
citandifes que ce royaume rccevoit de la France,
wwwBl !e nouveau traité de commerce, formoient
^umeUcment un objet d'environ trois millions
de livres tournois, & que la valeur de celles
que l'Angleterre vcrfoit en France, fc*élevoit à
360^000 liv. ilcrhngs.
MON
109
Ces marchandîfes fe payent de pan & d'autre
en lettres de change , au cours qui a lieu , fott
à Tépoque ou ces lettres font tirées , foit à celle
de la lïvraifon des mirchandifes ; ainfi ^ lorfque
le change eft bas , c'eit-à-dire , lorfque TAngle-
terre donne moins de deniers llertings pour un
écu , la France re<;ott moins, & elle paye plus,
Ôl, vice verfj ^ lorfque le change eft haut, elle
reçoit plus , 6c paye moins*
En fuppofmt que TAngleterre dût à la France^
pour fes tournitures de l*année 1784, une fommc
de trois millions de livres tournois , fi elle Teût
payée au change de 31 f^ den. licrlings pour un
é^u , qui étoit le cours du premier janvier de
cette année, elle auroit été forcée de débour-
fer. * 130,9891, II f. 8 d.flerL
Ayant payé au change
de 00-^ , elle n*a dé-
bourse que, • • . . 111,614 ïï 8
Différence au préju-
dice de la France, . , 9,375 LJlerL
Valant au change
de 30 11^ , terme
moy«n desdeux prix
ci-deiTus , 213,656
liv, 5f, tournois, ci, , $22,6;61, 5f.
La France ayant
reçu de F Angle-
terre , pendant le
cours de cette même
année, pour 360,
000 liv. A, de mar-
chandîfes, n'auroît
eu à débourfer pour
«"acquitter de cette
fomme, au change
de 3 ! ,\ , dcn* iîerL
pour un écu , que, • 8,144,000!.
Ayant été forcée de
payer cette fomme
au change de 2917,
il lui a fallu dcbour-
fer. , . 8,880,000
Différence à fon
préjudice 636,0001. ci. 636)000
Perte fur les 84
millions. (Voy, col
ci-contre) ..... 3,810^000
Total de Ts per-
çu de la perte pro-
duite par les fu-
rackats en Tannée
1784-
4,668,656 5
On a verfé dans les monnoies, pendant le
cours des années 1785 & 1786, cent quatre miU
lions en matières d'argent j & comme on a em-
i6o
MON
ployé, pour fc procurer ces mitîéres, les mêmes
mcfures qu'en 17IB4 , elles ont vraifemblablc-
mcnt eu les mêmes inconvàniens.
On peut, d'après cette fiippofitioiit évaluer ii
5,780,240 L 15 f. 3 d* le pré;udice qu'elles ont
porté à Tctat 6l au commerce : cette fomme
jointe à celle de 4,668,656 liv. 5 fols , élève à
10,448,897 liv. 2 den. , b perte totale 6c la di-
minutian du numéraire , produites par les fur-
achats pendant le cours de ces trois années.
Cette évaluation ne paroitra pas exagérée , fi
Ton conftdère que le change lut rEfpagnc eft^
augmenté de 8 iols par piftole, depuis le premier'
janvier' 1785.
Ces opérations ayant înâaé fur le cours du
change de la Fiance avec toutes les places de
commerce de PEurope , de la même manière , fit
à-peu-prés dans la même proportion que fur celui
de Paris avec Londres , le tableau de la perte pro-
duite par cette baiiTe générale du change , tant fur
la rentrée de la valeur des marchandifes eiportèes
par les négocia ns François , que fur le paiement
de celles importées dans te royaume par les né-
gocians étrangers, feroit effrayant, U Ton pou-
voir en calculer exaâement les rcfultats,
La France n*étant que l'entrepôt des matières
qui excédent la balance de (on commerce avec
TEfpagne, la convcrilon de cet eitcédant en mon-
noies au coin du Roi en retarde Texportation ,
mais elle ne peut rempèclier : les trois millions
de pi fioles appartcn-ns aux Anglois, ont augmenré
pendant quelques inftans fon numéraire ^ m^is
citte augmentation n'a été que fiftive , fie le rc-
fulîat de l'opération qui Ta provoquée , a été de
faire perdre réellement fit fans reGource, au com*
merce fit à Tétat, 4,668,656 liv. 5 fols : ainfi les
lUffurcs qui tendoieni à augmenter le numéraire»
ont produit un effet abfolumcnt contraire. Il reftc
à dtmontrer quelles ont été les caufes de Tex-
fortation des tfpéces d'or, fit du haut prix au-
quel ces matières fe font élevées.
On a vu qu'en prenant pour fon compte les
trois millions de pi fioles qui appartenoicnt à TAn-
gicrrr^e, la France s'eft impofée Tobligation de
payer à Ci^ttc màmc puiifance 1,751,2^0 livres
Ucrlings fOur !c compte de TEfpagnc.
Si au lieu d'acquitter cette fomme par la voie
des lettres de change , on a préféré d'envoyer
de^ efpécef ou rmtières d'or à Londres » il a
fallu y porter 449,0)8 onces de ces matières
au titre ae ai karars , valant , 4 raifon de 3 liv«
iSfoIsllerUngsToncc, i»7j t^i^aliv» Ces449,0}8
onces fit demie (poids de Troy) repréfemetit
i6i,7i4»94^ g^'^ins , ou $7,014 marcs 7 onces
c gros un denier 14 grains du poids de marc de
France. *
En payim en lettres de change au cours de «97^1
MON
ces î ,7Ç 1 ,150 livres ftcrl. ,
on auroit débourfé. , * 4},ZO(>,QOO L
En payant avec ^7,014
marcs 7 onces 5 gros 1 d.
14 grains d'or, à '^52 liv.
le marc (prix d'alors) il
n'a fallu dàbourfcr que* • 41,87;,150U f^ C 81I,
Différence en faveur du
paiement en or 314,749 4 4
Ce qui fait à-peu-près } pour cent.
Il paroit prouvé par ces détails , que rau£iiito-
tation du prix de Tor, et l'exportation ok C9§
matières , que Ton a préfentées comme étant les
principaux motifs qui rendoîent la refonte né-
ceffaire , ont été provoquées par les mefures que
Ton a prifes pour accaparer les piaflres ; et que
ces mefures , loin d'augmenter le numéraire , ont
concouru à fa diminution ; elles ont encore eu
l'inconvénient de priver le Roi de fon droit de
feîgneuriage , & d ajouter aux dépenfes du tréfoe
royal, p^r les commiUions que les financiers
chargés de l'approvifionnement des monnoieSy
fe font fait accorder.
On ne peut qu'être étonné de voir les adm-
nidrateurs fans cefTe aux prifes avec le comttierct
pour lui enlever une matière première , qui ali-
mente fon induftrie, fixer aujourd'hui, par un
tarif, le prix de cette matière > et foudoyer le
lendemain des particuliers pour s*en emparer « ca
la portant à un plus haut prix.
Il y a tout lieu de croire que les matières fê*
roicnt encore au prix où elles étotent après Tar*
rèt du iç août 1755 ^ fi radminiftration nVn e&f
pas provoaué l'augmentation ; ce pnx aiu'orr pu
éprouver des révolutions dans quelques circon^
fiances , comme cela eft arrivé pendant la der^
nièrc guerre , mais il eut enfuke repris fon ni-
veau. Cette préfomption eft fondée fur l'exemple
de ce qui s'est paffé en Angleterre : Toncc dof
en lingot , qui s'y vendoir en Janvier 17 Jt,
I liv* t7 fols 10 deniers fierh, s^efl vendue €m
janvier 1787, 3 liv, 17 fols 6 den.; ainfi fainfis
que pendant le cours de ces 36 années le prti de
lor a éprouvé en France une augmentation de
68 liv. 13 fols par marc, (8 liv, 11 iols par once),
il a éprouvé en Angleterre une diminution de
4 deniers fterlîngs par once (environ 8 foU de
France*)
Il y a eu , comme en France , quelques dr-
conAances où ce prix s'efl élevé de manière
que l'once i'eft vendue 4 liv. 2 ibis fierlings , ee
qui fait à-peu- près 5 fols fterlings d'augmenutioB
(6 liv. de France ) ; mais les caufes de ces rérp*
liuions ayant cette, le prix des matièret 1 repm
fon cours ordinaire.
U eil donc confiant que fi, comme en Angle^
terre , le gouvernement ne s'étoit pas ingéré de
faire faire le commerce de ce» matières par hm
Banquier!
I
MON
i»q\iî«r$ e!e la cour, & quelques autres finan-
k'/s, 6c $M ne leur eût pas accordé des encou-
^ DiCQS pour les exciter à en faire verfer une
gF^ttd^ quantité aux b(^»tels de> monnoi^s, il
ic fc fcfOït pis trouvé dans le cas de fe plaindre
de l'dugrti^matton de Uur prix.
11 n*c4t pas moin> évid-ïnt que c'eft la baîiîe du
duxïi5e au préjudice de la France , produite par
les Qpj atiacts de ces concclTionnaircs de fura-
:' ;i3i a provoqué rexportation de ces mêmes
, puifque ces inconvîniens provenoient
du t^u. de radmtniftration , elle pou voie eni-
cr» pour y remédier» un moyen dont Tex-
ce lui ga^antisfoit le fuccés ; ce moyen,
î avait èié miiqué un mois avant la [ ubli-
caiiao de la déclaration du jooâobre 178 f, étoît
en fon pouvoir; il ne s'agiiToit que Je faire cef
fe les achats de matières pour le compte du gou-
temstnciu. Si d'abandonner le commerce à lui-
Ea prenant, au contraire, le parti de rendre
permanente, par un nouveau tarif, Taugmenta-
tà«a moflientanée du prix de ces matières , on en
» poYOqué une j&lus confidèrable , puifque, de-
ffWI la pubitcatîon de ce tarif, elles fe vendent
OMS le commerce un pour cent au^defTus du prix
Sttqiicl cette loi les a fixées*
L'or Se Targent n'étant point des produélions
du (bl de la France , ainfi qu'on Ta défa obfe rvé ,
& ces matières éu-nt la rcpréfentation de toutes
le» proi^uâtons de Tagriculture , des arts 6c des
fltaadââures ; plus la France reçoit de ces mé-
taux en échange de fe$ denrées à: marchandifes,
pftts rjlle ajoute à la matTe de ks richefTes; fie
eamùic elle reçoit moins de ces matières, en rai-
tan du haut prix qu'elle y met , toutes les me-
fcres qui tendent à augmenter ce prix, font con-
tnjrcs à fes inrércts.
Oo a vu que fi Tadminiflratton ne fe (^t pas
M^ée dti commerce des matières en Tannée 1704,
Wi ilègocians du royaume auroient reçu pour
^,f 00,000 liv, trois millions de pi fioles, que Tef-
£a des furachapts qu'elle a accordés , les a forcés
de recevoir pour 45,100,000 liv,
L'oT & l'argent étant d'ailleurs des matières
preniîcres pour les orfèvres , & pour un grand
BOfliliTe d'autres artiftes &i de manufaâures, toutes
les opérations qui élèvent le prix de ces métaux
au dclTus de celui qui eft établi dans les états voi-
fini , redtjifem les anirtes françois à rahernative
de ne pouvoir vendre en concurrence avec Té*
fnn^er , ou de facrifier au prix de la matière
vue portion de celui de la façon , qui f^iit partie
dit pfx)dudtQns de l'indu ftrie nationale*
M. Colbert , contraint parles circonflances,
d*avoir recours à de nouveaux impôts , & vou-
bfit modérer les progrès du luxe, qui, en ab-
fcrbant une quantité confidérable de matières d*or
& d'argcin, dîminuoit la fabrication des efpéces
Ans & Miturs* Tom, V» taru l
MON
161
dans un moment où Tètat en avoît on prefTane
befoîn, n'imagina point d*a>jem.:nter îe prix de
ces métaux; il préféra d'immoler fur les ouvrages
auxquels ils étoient employés , un droit qui mît
le luxe des confrmi moteurs à contribution , ians
priver Tartifte de la matière première qui alimen-
toit ion travail.
Des vues auffi fages portèrent, fans doute,
ce gtand Miniftre à fupprimer, en 1679, ^^ droit
de fcigncuriage; il penfa que la remif^ toiale de
ce drjii coniribueroit plus ctBcacement à la ren-
trée des efpè.cs nationales qui étoient paiTées chez
rérranger, que Taugmcntation du prix des ma-
tières : ces mwfurcs eurent le plus grand fuccès,
fit Ton continua d'en hlre iifage jufqu'en 1686,
quoique Ton eût annoncé qu'elles n^auroisnt lieu
que pendant trois mois , & quoique la France
pleurât leur auteur depuis trois ans.
La poflérité aura peine à fe pertuader que dans
le moment même ou M. Neckcr venoit de qua-
lifier authentique mcm de grande ignord/ice toute
mefure forcée, tendante à augmenter le numé-
raire , & de prouver , par le f*iit , qne la ceiïa-
tion de pareilles mefures éioit Tunique moyert
de faire bai^îer le prix des matières , on fe foii
porté à accorder de nouveaux furachacs.
Cefl une vieille erreur, de croire que Tadraî-
niftration foit iniérel^ee à empéhjr rexporraîion
des efpèces ou matières d*or & d'argent j cette
exportation n* p_uc erre provoquée qje par Tin^
térèt ou la njcciTiîè : fi la balance du commerce
de la France avec rétanger, eft en faveur de
ce dernier, il faut que la France folde cette ba-
lance avec des efpèces ; tous les moyens prohi-
bitifs ne peuvent empêcher la fortie de ctlks qui
font néceifaires au paiement de cette foldc.
Si quelque fpéculation utile dérermine le françois
à porter d^s efj>è:es ch:z Téfan^er, elLs lui
rentreront avec bénéfice; et comm^ ces bér-éfices
font la véritable fource de Tau j; m entai ion du nu-
méraire & de la richiffe nationale , loin de s'op-
pofer à l'exportation des obj.ts, foIt efi-è^ts ou
mirchandifes , qui les produileiit , on doit au
contrai-^e la favoifer.
Le chevalier Whiworth, don: Touvrage, tra-
duit en françois , a été im.^rimè au louvre e«
1777, évalue à 96,016.915 U 12 f. 9 den. fler-
lîngs, la quantité d"t.f^è:cs cxpittèvS de l'Angle-
terre pendant Tefpace de 77 ans , ce qui j;orte
Tannée comm me de ces exportations à 1,147.2)1!.
izC loden-î' fterlings , (environ 30 ml .'lions de
Livres tournoi^J. Le cnmmjrce de ce royit me,
loin d'en fouffrir, s*êft ace ù confi ér*b!emînc,
parce que fans doute elles ont été diiermin!:es
par dts fpéculation. u iîes à la nation.
Les matières d'or & d'a-gent feroient- elles donc
f
MON
culement ptrmifc , elle cft encouragée par la re-
tnife des deux tiers des droits de marque &
contrôle , conformément aux difpofitions de Tar-
fêt du premier mars 1733.
Cette faveur a vraifemblabïeraent eu pour objet
de faciliter la vente des ouvrages de fabrique na-
tionale chez rétranger, où Ton ne paye pas les
mêmes droits , afin de mettre fou luxe à contri-
bution.
y auroit'il donc plus d'inconvénient à per-
mettre la fortie des elpèces, lorfqu^il efl reconnu
iïu*elle eit utile , & qu'elle contribue même à
1 augmentation de la richeffe de Tétat, foit qu*elle
foit dêtermioée par des achats de marchandifes
<>u matières premières » Icfquelles étant manufac-
tuiéss dans le royaume, lont enfuite exportées
avec bcntfice à l'étranger, foit qu'elle (oit cxci-
tie par Tintentlc^^ de faire haulfer le prix du
charge en faveur de la France , ou dVm pécher
qu'il ne bailfe à ion préjudice; foit enfin qu'elle
ait pour objet de s'acquitter avec avantage , ou
d'éviter de le faire avec perte.
La véritable minfion d'un banquier de la Cour
devroit être de veiller fans ce ffe fur ie cours du
change, & d'en maintenir la balance, fmon en
faveur du négociant françols, au moins dans un
équilibre qui lui aHurât l'entière rentrée du pro-
duit de fcs exportations.
On a' vu, au contraire, que toutes les opéra-
tions des perfonnes qui ont , ou rempli cette
place, ou été chargées d'en faire le fervice, ont
influé fur le cours du change d'une manière in-
finiment onéreufe au commerce.
II réfultc de ces obfervations , que Taugmcn-
tation du prix de l'or dans le commerce, étoit
accidentelle & très-récente, & qu'elle ne pou-
voit pas être un motif, ni même un prétexte pour
augmenter encore ce prix , ôt ordonner la re-
fonte des efpèces.
SECOND MOTIF
DE LA DÉCLARATION.
Ci motif confifii tn €€ qui « la proportion du, marc
m d*or AU marc d'argtnt , étant refiée la même en
u Franci ^ nefl plus nUtivi à celle qui a été
•« fuccejfïvemem adoptée in d'' autre J pays, m
On a vu cî-devant que cette proportion a été
déterminée & lôgéremcnt élevée en faveur de
l'or, par le larîf du i^ fcptcmbre 1771 ; elle n'a,
depuis cette épo^^ue, éprouvé aucun change! ment,
& les rappons établis, foit entre les espèces d'or
& d'argent , conftdérées comme marièrcs , foit
entre les v alcurs ^our lefquctles ces efpèces étoi^ïnt
adm fes d^ ns la circulation , ont été conflamment
hs mêmes depui*» le 17 mai 1716 , jufqu'au
MON
moment où la déclaration du }0 odobrc 17!^
a été publiée. ^
L'Angleterre, la Hollande , l'Efpagne, le P<w- '
tugal , les pays-bas Autrichiens , les Cercles de
l'Empire , la Suiffe , la Savoie , les réj)ubUq«^
de Gènes & de Vcnife , le grand-duchc de Tbf-
cane, les états du Pape, & les royaumes de «a-
pies &L de Sicile , obfervoient à cette dernière
époque les proportions qu'ils avoieni adoptées
avant que la France eût élevé un peu la ficon«
par le tarif de 1771.
On a cru que TETpagne avoît fait quelqtre
changement de cette nature en l'année *779î
mais il fuffit de lire la pragmatique qui a fait
naître cette opiaion , pour fe convaincre que
la proportion d^un à 16, rétablie par cette ordon-
nance, cxiftoit en 1737, Philippe v ayant, à cette
époque, augmenté la valeur numéraire des ef-
pèces d'argent , fans toucher à celle des cfpécei
d'or , il en étoit réfulté un dérangement dans U
proponion , auquel Charles lll a cru devoir re-
médier , en remettant les chofes fur le m^me
pied où elles étoient antérieurement.
L'article Vil de l'ordonnance de 175^» portant
règlement pour la fabrication des cfpéces dans les
Indes Efpagnoîes, ordonne que le marc d'or à izkd''
rats^ vaudra autant tjue 16 marcs d'argent a $t de-
men ; & l'article XV 11 veut que l'or» taille izm
un marc d'or 68 écus , valant 1088 réaux , 6c
dans un marc d argent 8 piaftres 6t demie, ayant
cours pour 68 réaux ; ce qui établit la propomoiT
d*un à 16*
Cette ordonnance eft rappelée dans la pragma-
tique du at mars 1786, dont les difpoûtion\ con-
courent égajcment à prouver que TEfpagne na
point fait d*iL ovation en 1779 , c imme on la pré-
tendu , 8d qu'elle a feulement fait ce(ler celle am
étoit réfultée d'une ordonnance de Philippe V .
laquelle n'étoit plus eiécutèc dans les Indes E^
pagnoks , depuis Tannée ryço.
On a coniequemment eu tort d'avancer que
les états voifins de la France avoient chance
leurs proportions , & 6!^n conclure qu clic fe
trouvoit forcée de fuivre leur exemple en chan-
geant auflî la fienne ; comment prouveroit-oil
d'ailleurs que celle d'un à 16 , que l'Efi ;»gnc a
reprifc & dont elîe ne s'étoit écirtéc «|oe
depuis 1737, jufqucn 1750, a eu, pour l«
France, plus d inconvénient, pofténcurcmem %
cette dernière époque , qu'elle n'en ayoit av«
17^7 , temps où elle obfervoit , à une légère dili-
férence près , la même proportion qu'en 1785 ?
Quand on fe rappelle les précautions que le
gouvernement crut devoir prendre en 177» 1 po^
fixer le prix des matières, & s'affurcr s'il conve-
noit, ou non, de f^tre un léger changement à la
proportion qui étgit obCervée depuis 1716 ; qitc
cil ' * '^ ^" "* "***
toutes les chambres de commerce du roy^u
furent confuhées fur cette importante qucûion;
qu'en pareille circonftance on tint la même ton-
MON
4mtt en i6oi fit 1641 ; que HcnrMe-Grand vou-
luï que iioa>fc4ilenieQt Von prit l'avis des prind-
pikf villes de Ton ro^^aume » mai^ même que Tes
AailKifladetirs en cont'érafiTeni avec les Souverains
«après defqoels ils réûdoîent ; on ne peut qu'être
étinmè » quVn 1785 , fur U foi d*un de ces fai-
iâtfS de fM-Ojets qui affiègent continuclkment les
Mbduoibrês des Minières, & qui, n*ayant fou-
vcof liicune teinture des principes de l'admî-
fiiAraiioQ» font toujours prêts à facrifier les inté-
fin de Tétat & du commerce ^ au defir d'obtenir
rihpies eratificaiîons , ou de faire leur fortune
celle de leurs proxénètes , on fe foit porté k
tkver d*ta feiLièrae cette proportion » & à déro-
ga^ ao plan de ilabilité que l*on ayoit adopté de-
pub Il refonte de 17^6.
On n'examinera point ici quelle eft la propor-
ibo qui convient le mieux à ïa France; cette
fltftioa , déjà traitée par différeos auteurs , exige-
toit de trop grands détails : ce que l'oïi peut dire
de fifais propre à fubju^ucr Tôpinion en taveur de
Tincienae proportion « c'eft qu'elle étoit à-peu-
pés Je terme moyen de celles qu'obfcrvoient les
Utam ttzii de TEurope ; que d'ailleurs elle étoit
coofomc au voeu du commerce» & qu'en cette
laciére, fon vœu, comme fon intérêt, doit rem-
porter fur toute autre confidération ; mais il ne
ten pas inutile de s'arrêter un moment à examî-
Kr louf fes différens rapports , le changement
opère par les difpolicions de la déclaration dont il
fa^t*
Elle annonce que Ton a fixé la proportion à
IÇ marcs ^ d'argent pour un marc d'or, & ce-
I rendant ce rapport n'exitte que dans le prix que
c tarif aiTtgne à ces matières. Les rapports éta-
kb, tant entre le marc de louis Si le marc d'é-
Qis, conftdèrés comme matières, qu'entre les
iRilcun pour lefquelles ces cfpèces font admifcs
dans la circulation , différent entt'eux ; Tun ex-
cède la proportion adoptée, tandis que «autre
lai cil inférieur.
Oti a fuppofé dans tout le cours de cci obfer-
vmaos, !•. que les louis font fabriqués au titre
de ar karats fx , & que les direfteuis emploient
ka deux cinquièmes, ou 9 grains du remède de
poéds par marc de ces efpéces ; %'\ que les écus font
^briqués au titre de 10 den. ^, & que les di-
ftâevrs emptoient la moitié , au 18 Erains du
amédc de poids dans la fabrication de chaque
■arc de ces cfpèces.
Dans cette hypothèfe , un marc dVfpéces d'or
■ooirelles , compofé de j a louis g contient 4 1 49
grauif d'or fin, qui, divifés par 31, donnent
■19 Ij gnins de ce métal par chaque louis.
(On entend p^r or fin, i'or ii 14 karats; un
Wat équivaut à 8 den. de poids. )
Uo «arc d'cfpèces d'argent , compofé de S ^
écB» de 6 liv. » contient 4 f 58 grains d'argent fin,
Idfads divifés par 8 ^ donnent 50Q || grains
de €€ métal par ècti de 6 liv.
MON
165
(On entend par argent fin ^ l'argent à iidcn^j
un den. de fin équivaut à 16 den. de poids.)
Un marc de nouvelles efpéces d'or a cours
pour 768 liv. valeur de ji louis; ces 768 équi-
valent à ïîS écui de 6 liv. > qui contiennent
64,123 Jy grains d'argent fin; ainfi le rapport
entre ces efpéces « confidérées comme m a ri ères ,
Le prix de lor, au titre des louis (iï ka-
rats j{) eft fixé par le nouveau tarif à 747 liv.
f 3 fols 7 den. ; celui de Targent , au titre A^%
écus ( 10 den. JJ ) , étant refié fixé à 48 liv, p fols »
la proportion exiilame entre ces prix , efl d'un
Le marc de louis a cours pour 768 lîv. , & le
marc d'ccus pour 49 livi 1 6 fols : le rapport entre
ces valeurs eft d'un à i^^*
Le prix de 75a lîv. auquel les anciens louif
ont été admis au change, eft avec la valeur nu«
méraire d'un marc d'écus ^ dans la proportion
dVnàtç^.
Il réfulte de ces calculs , que la nouvelle pro-*
portion, dont réiabliflemînt a fervi de prétexte
pour ordonner ta refonte , n'a été obfervèe que
dans la fixation des prix de l'or & de l'argent
fin ; elle ne Teft dans aucun des autres rap-
ports , pas même dans celui de la valeur numé-
raire d'un marc de louis comparée k celle de
quînie marcs & demi d'ècus , ceux-ci ayant cours
pour 771 liv, 28 fols, & les 3a louis pour
768 liv.
Le prix de 750 liv- auquel les anciens îoiùs
font encore admis au change , & celui de 741 liv.
10 fols , qui doit avoir heu par la faite , ne s'ac-
cordent avec auam titre , diaprés les évaluations
portées fur le tarif, Li fixation du premier de
ces prix peut avoir eu pour objet de perfuader au
public qu'il panicîpoit au bénéfice de la refonte »
en faîfant produire aux anciens louis quelques
fols de plus que leur valeur num *raire ; mais la
féconde fixation ne peut être confidérée qite
comme un épouvantail ridicule qui annonce, ou
rigîiorance des rédadcurs du tarif, ou leur
grande confiance dans celle du public ; comment
ont-ils pu fe perfuadcr qu'on apporteroit au
change pour 742 liv. rofols, un marc de louis
qui, étant convertis en lingot?^ & fu ppofés feu-
lement au titre de ai karats -jx» y feroient payés,
fur le pied du tarif, à raifon de 746 liv. 11 fcls
6 deniers le marc }
Le prix de l'argent dans le commerce s'étant
élevé à- peu- prés dans la même m^fure que le
prix de l'or , parce que les furachats ont pro-
duit fur le premier de ces métaux le même elfei
•que le tarifa produit fur l'autre, la proportion qui
exiftc entre leurs prix eft encore loin de celle
que la déclaration a fixée , quoique Vqi fe vende
dans le commerce à un prix au-dciTjs de celui
qui eft ponè par le tarif. Cette propornon , qui
I étoit en 1783 , d'un marc d'or pour ' 4 T^}h ^^^
Xij
i6^
MON
d'argent» étoit , en janvier 1787, d*uo marc
d'or pour 14 7j-*-|y marcs d'argem, 1
Les avantages que Ton fait condfler dans ce
changement de proportion, fonr, 1 "". de rétablir le
rapport des monnoies d'or aux monnoies d'argent ,
dans la mefure qu'exige celle qui a lieu chez les
autres nations ; a"- de Caire difparoître Tintêrét
de les exporter ; 3". de pourvoir à ce que l'appât
du gain n*excite plus la temacion de ks fondre^
4''. d'empêcher les fujeis du Roi d être IcCéi dans
Féchinge de ces métaux. '
Quelques tes oxions fufiront pour démontrer
que ces avantages n'ont pas plus de foilditè, que
les bafes de 1 opération à laquelle oa les at-
tribue. *
1*» Il vient d*ètr« prouvé que dans rinter\*altc
des 14 années qui fe iQnt écculces depuis la pu*
blication du tarit' de ^77^% jufquà CwUc de la
déclaration du 30 oâot>re 1785, les étrangers
n'ont point tlungé les rapports établis entre
leurs monnaies d*or & d'argent ; au moyen de
quoi les mcfures étoicnt les mornes en 178c qu'en
1771, & n'eKÎgeoteni de la part de la France
Quand il i^rolt vrai , au fiirplus , que TEipagne
eût changé ces rapports » feroit-ce une rail'>n de
l'imiter r Cette (.ui/ance eli , ainfi que le Portu-
gal y dans une pofition abiblumvnt différente de
celle des autres états ; 1 or 6i l'argent font des
produdions de fon fol, dont elle peut éicver ou
réduire la valeur , foit en rai fon des quantités
plus ou moins grandes de ces matières que fcs
mines lui rendent chaque année , foit eu égard
à la confommation plus ou moins considérable
qui s'en fait en Europe.
L'intérêt des nattons, qui, comme la France,
échangent leurs denrées & marchandifes contre
ces métaux , eft de fe défendre contre toute aug-
mentation de leur valeur , & non de la provo*
qucr. Si l'Efpagne a quelque motif pour retenir
tm de ces métaux par prét^rence à l'autre, elle
augmentera le prix de celui qu^çlle voudra gar-
der, & l'on con^joi! aifcment que plus elle $V
percevra que l'étranger le recherche, àt (At des
efforts pour le lui enlever , pius elle a;oute/a à
cette première augmentation.
a**. Le nouveau tanf n'a point fait difparojrre
rintèrct d'exporter les efpéces. De tous les moyens
dVmpècher cette exportation, U plus e6icnce fe-
roii de fair^î pencher, dans toutes les parues du
monde, la balance du commerce en fjvcur de la
France i mais , en la fuppo^ant parvenue à ce
degré de prorpj:.ii, ce ne leroit pis encore une
raifon dé:erm'ri;inic pour contrarier cette expor-
tation ; elle pourroit être provoquée par des 1*^-
culations utiles, 6t dant» c; c»s il t-itî:;ioltj ainfi
qu'on Ta déjà obfcrvéi la favotifer au lieu de s'y
€>pDofcr.
La France nVfl pas dans cette heirrcufe pofi-
tion vis à' vis de l'Angleterre; ù à l'cpoque où
MON
le chevalier de Whirworth a publié fon ^urrage^
la balance pcnchoit en faveur de cette dernière
puiffance , elle doit y pencher d'une manière
beaucoup plus fenfibU, depuis que la Compagnie
des Indes de France tû forcée d'acheter de U
Compagnie Angloife la majeure partie des inar*
chandifcs du Bengale & de la côte de Coroman*
ÛA y néceifàires à fes a^oriimens : rcxportatioii
des efpéces devient indifpcnlable dans ces Cîr*
confiances.
On a pris l'Angleterre pour exemple , préffi-
rablemem aux autres états, parce qu'il femble»
par le terme de la nouvelle proportion, que Ton
a principalement cherché à (c rapprochei' d« ccUe
qui eft obfervée dans ce royaume depuis près
de deux fièclcs. On pourroit demander quelle
nécefTité il y avoit de s*occuper de ce rapproche-
ment aujourd'hui* plutôt quen 1716. <*
Deux motifs principaux peuvent avoir" déter**
miné rAngleterrc à donner plus de valeur à Tors
l'un, qu'elle a moins befoiR dcfpéces d'argent,
parce que les billets de la banque forment une
maffe trés^confidèrable de valeurs admifes dans
la circulation , qui lui tiennent lieu de numè*
taire ; l'autre eft fondé Air fes relations de com*^
merce avec le Portugal.
Ce royaume étant moins riche en argent qu en
or, il étoit de l'intérêt de 1* Angleterre de mettre
un plus haut prix à ce dernier métal ^ pour s'af^,
furer b préférence de la fourniture des denrées
& mar chandifcs donc le Portugal a befoin pour
fa confommation & l'approviaonnement de fes
colonies j fourniture qui, fmvant M. le cheva«
lier Whitworth , forme pour l'jVngleterre un ob-
jet d'exportation annuelle d'environ trente nûl-
lions de livres tournois.
Ce furent des confidérations de cette nature
qui , lors de la rédaâion du tarif de 177» » por-
tèrent, les chambres du commerce de Lyon ëc
de Bayonne à infifler pour qu'on ne diminuât
pas la valeur de l'argent, en élevant la propor*
lion en faveur de Vor , dans la crainte que ce
changement ne portât préjudice au commet ce de
la France avec l'Efpagne, qui eft plus riche cfi
argent qu'en or, 6l n'interceptât rimponatii(MI
des piaAres.
La France n'a p^ifit de change établi avec
Portugal ; c'eft Ordinairement rAn|;leîcrre qirr
lolde ce que ce royaume doit à la France r plut
cette puidance élève la valeur de l'or, plus elle
met l'Angleterre à portée de lui payer avec avan-
tage les dettes des Portugais ; ainfi l'augmenta^
tion du prix de l'or, & la proportion nouvelle'
ment adoptée, font, fous ces rrpfvirts, conmifes
aux intérêts de l'état, en ce qu'elles tendent h dl*
minuer la maile du produit des échanges que les
négociai ns françoîs f^nc afec le Portugal.
La f icilitè du tranfporr #es erpèces d'or , les
rend d aUleurs plus néceiTau'es & plus commodes
MON
_ Pierre qu'aux états qui font fur le continent.
Le changement de proportion ne peut pas em-
pêcher rcxponacion d«?s efpèces qui font déclinées
iu paiemcnc de la fomme de la balance du corn-
OCfce de k France avec f Angleterre , mais il
■a le négociant ô-ançois dans ie cas de ne pou*
roir s^acquitter avec des efpèces d*or de la nou-
fcUc fabrication , fans éprouver une perte confi-
dérahïe*
Oo a TU que ces nouveaux louis ne contien-
nettt que 119 14 grains d'or fin; les anciens en
coaieaoîeiit 138 -jÇ. Le Roi peut bien ordonner à
ta fujecs de recevoir les nouvelles efpéces pour ia
aèine valeur que les anciennes; mais réirangcr^
3 ai o*évalue les roonnoies de France qu en raifon
c feor titre & de leur poids , fans avoir égard
à leur valeur numéraire , ne peut être contraint
de recevoir 1293^ grains d'or, pour la même va-
leur que 1 38 j|> grains de ce même met ah
L'of au tkre des louis (ai karats y[) fe ven-
dotr à Londres, en janvier J787, j liv- T6fols,
5 dcn. fterlings Tonce , ( poids de Troy ) Tar-
geat, au titre des éçus (ioden*||,) fe vendait
à b même cpoquc 61 7 den. flerling ronce, même
poids, laquelle équivaut à ^85 ^grains du poids
de marc de France.
On a vu ci-devant que le marc des nouvelles
c(&eces d'or de France eft compofe de 31 louis,,
kiquels ont cours pour 14 liv. ; ainfi un marc
de ces efpèces équivaut à 768 liv. , ou à 1 18 écus
de 6 liv*
Efl fuppofant que les dircfteurs des mon noies
tyent employé les f du remède de poids dans h
fabrication de chaque marc de louis » & moitié
de ce même remède dans celle de chaque marc
d*^us, on louis doit pefer 14357 grains, âf un
écu » ^53 1^ grains : ainfi, 4599 grains d*or ,
au titre de ai karats f-^j font aiimis dans la cir-
cnUtion potir la même valeur que 70,785 JJ grains
fargent, au titre de joden* f^.
Dam cette hypothèfe, en portant à Lon-
dre* laS ccus de 6 liv. contenant 70,78 c ^
grains de matière à ip den. f^- » on s*acquïttoit
de. 1* f. d. Aerl.
?.•-.. 31 0
Ea y portant, au contraire,
|i lauis nouveaux contenant
4599 grains de matière à îi
kârats y* » ^ équivalant en
France ^ux 1 28 ècus de 6 liv. »
ou ne s*acquîttOkt que de. * . ^9 19 o
Il y avoit conieijuemiiient. 1 i o
de bénéfice fur 768 iiv. de France , à préFcrer
de payer cette fomme en argents Ces 21 fols
ftetltng , au change de 29 ^ qui avoit cours
ikirSf valoient 3^ liv. i6fols îo den.; au moyen
quoi, quatre écus de 6 liv. produii'oieni 16 fols
'ea* ~{ de plus qu*un louis. Il résulte de ce
Ip que & le changement opéré par la décla-
MON
161
ration empêche Texportatlon des efpèces d*ur^ il
provoque celle des efpèces d argent qui font plus
utiles à la France , en ce que rien ne peut les
fuppléer dans la circulation, excepté les billets
de ia caifle d'efcompte , qui ne font admis en
paiement qu'à Paris : la diminution d'un de-
nier l fterling par once (3 fols 6 den. de France )
que Le prix des matières d'argent a éprouvé en
Angleterre , depuis un an , prouve que tel eu
réellement Tcffet de cette opération*
L'exportation des efpèces d'argent a, fous un
autre ra.port , offert des avantages beaucoup
plus confidérables aux étrangers; ceux qui, an-
téi'ieurement au 30 oÔobre 1785, avoient reçu
un marc d'anciens louis pour 1 20 écus de 61iv«,
6c qui Tont apporté aux hôtels des monnoies
poftèrieurement à cette époque , y ont reçu en
échange j 15 écus; iU ont conféqaemment gagné
5 écus , ou 4 pour cent par cette opération ; 6c
s'ils fe font permis d^ fabriquer 31 louis nouveaux
avec les 30 anciens , ce bénéfice s'eft élevé à
8 écus de 6 livres , ou 6 j pour cent.
L'Anglois qui apporte aujour-
d*hui un marc de guinées au
change, y reçoit en paiement. ii6^écusde61iy.
Il n'en recevoir , avant la
déclaration du 3 o£l':)bre 178c,
que. ï^97
Différence en fa faveiir, &
au préjudice de la malle du
numéraire de La France. . . <f écus de fi liv.
Faifant un peu plus de 5 f p* î*
Il eil donc démon tri , par tout ce qui précède,
que le changement de propordon n*a Ciit i^i/pa-
roif-t rintérJt if exporter iei efpèces d'or , qu'en
provoquant l'exportation des elpéces d'argent, &
que cette exportation s'eft faite d*uns manière à
la fois ruincufe pour la France, & deftruétive de
fon numéraire*
3''. Le plus fur wioyen dVmpêcher les aniftes
qui emploient les mutéres d'or & d'argent, de
h>ndre les efpèces , efl de s'abilïnir de toute opé-
rjtion qui tende à faire augmenter le prix de ces
matières.
Il eft certain que dans Tétat aftue!, un ^rfôvrc
ne préférera pas de fondre un marc de louis, qui
lui coûte 76» liv., tandis qu'il peut fe procurer
dans le commerce un marc de matières au même
titre, qui ne lui coijiera que 750 Uv. i fol 1 1 den.;
mais le haut prix auquel les financiers, chargés de
la fourniture des piaflrcs, les emportées, offrant
aux arti/les quelque bénéâce à fondre les écus
par préférence aux piaftres , il y a lieu d» croire
qu'ils prennent ce parti , d'oîi il réfulte que les
mefures que le gouvernement emploie pour cor»
ftrver les efpèces d'or , & celles qui ont pour
objet l'augmentation du numéraire , eoncourent
enfemble pour faire exporter & fondre les efpèces
d'argent.
i66
MON
C*eft , au fur{>lu5 , encore une vieille erreur
de vouloir s*oppnfer à cette fonte, d'autant qifil
eft prefqu'impoiîlble de 1 empêcher, lorfque Vin-
térét des artîAes b comniancle.
Le Iqxc ne confomme pas toutes les matières
qui entrent annuellement en France par l'effet de
la balance du commerce , lorfque les minuf^c*
tures font pourvues de la portion de ces matières
dont elles ont beibin y Texcèdant (c porte aux
hôrels des m^nnotes.
Si les artîâes fondent mille marcs d^efpéceSf
ils prendront mille marcs de matières de moins
ùxt la portion qui leur cft deftinée ; celle des
monnoies fe trouvera conféquemment augmentée
de ces mille marcs , & le Roi y gagnera une
augmentation de produit de fon droit de {ci-
gneuriase*
Si f dans une autre hypothèfc • Torfévre fc
détermine à fondre les efpèces , parce qu'il ne
peur p3S fe procurer d'autres matières , il efl en*
core de Tintèrêt du Roi de ne pas s'y oppofer,
parce que la convcrfion de ces efpèces en ou-
vrages , fournit à la fubfiftance de cet artifte &
des ouvriers qu'il emploie ^ elle le met en êcai
de payer les impofittons; elle donne lieu k une
perception de droits de contrôle ; elle contribue
même à Taugmcntation du numéraire , il ces ou-
vrages font pour Tetra nger, parce que le produit
de Ta vente fait rentrer à* ta- fois la valeur de la
matière & le prix de la façon , qui , comme on
Fa déjà obfervé, cÙ. une des fources de h richefle
nationale.
S'il arrtvok enfin que la défenfe de fondre les
efpèces » jointe à la rareté ou à la cherté des
matières , mît l'arti/te fraoçois dans rimpolTibilité
de fatisfaire aux demandes d'un grand nombre de
confommatcurs , pour qui les ouvrages de l'or-
fèvrerie font devenus d'une néceiTité abfolue, &
les forçât de s'en pourvoir chez l'étranger , Tex-
portation des efpèces deflinèes au paiement de
ces ouvrages n*abforb croit- elle pas une portion
de numéraire plus confidèrable que celle que cet
artifte auroit fondue, s^il en eût eu la permiflîon,
puifqu^il faudroit ajouter à la valeur de la ma*
liére le prix de la façon ?
Cette défenfe produiront donc, fous ces rap-
ports , des effets dlredement oppofés à fon ob-
jet ; elle auroit de plus rinconvènient de faire
valoir l'mdufirie étrangère au préjudice de celle
de la nation.
4». On a pu fc convaincre, par tout ce qui
vient d'*:trc cxpofé » que le changement de pro-
portion Vktmftche pAs que Us paniculicrs nt foient
iéfés dans i échange des métaux qui fe fait avec
Téfranger. Pour juger s'ils le font dans l'échange
des anciens louis avec les nouveaux » il faut fe
tappelcr qu^un marc d'or converti en efpèces,
contient 4149 grains de matières au titre de 34 ka-
rttf. Ces 4149 eralns divifcs par )0 (ancienne
divifian du nivc des luJis ), donuent f}8 ^grains
MON
d'or pur pour chaque louis de l'ancienne fabri-
cation.
On a vu ci -devant que chaque louis de U
nouvelle fabrication ne contient que 119 !-, grains
de matières au mtmQ titre. Le marc des anciens
louis ayant été admis au change pour y%o Uv,
& payé en nouvelles efpèces, chaque marc de
ces anciens louis a été payé avec |i louis ^ de
la nouvelle fabrication; on n'a conféquemment
reçu que 4051 J grains d'or en échange de 4 r 49,
ce qui fait 97 J grains d'or fin de perte par marc,
lefquels valent, au prix du dernier tarif , 17 livres
j fols y deniers.
Si le public a porté lU change 800,000 marct
d'anciens louis, valant fi^ cens millions, ( à rat-
fon de 750 liv. le niarc)» fa pêne s'efi éitvét à^
TROISIÈME MOTIF
DE LA DÉCLARATION,
Ce motif cûnffle en ce que « Us montioUs d'or cm
« aBuelUment , comme mitai , une valeur fupé-
a rieure à celU que Uur dénomination exprime»
u & fuivam laquelU on Us échange comre /e«j
u monnoies d^ argent, n
On a dit ci-devant que l'or au rirre des loyîs
fe vcndoit en feptembre 1781 , 740 liv, | C le
marc : trente de ces efpèces , repréfentant un
marc» équivaloient, à cette époque, à 73 ^ liv, 8 fols
8 den. , en fuppofant que depuis leur fabrica-
tion elles n'euflent perdu chacune qu'un grain
de leur poids ; la valeur intrinféque de chaque
louis eicédoit conféquemment de lof. 3den. ^5,
celle que fa dénomination eiprimoit , & pour
laquelle on l'échangeoit contre les monnoies
d'argent-
Cet excédant provcnoit de l'augmentation du, ,
prix des matières i & comme cette augmentatroi||
étoit , ainfi qu'on Ta démontré ci-devant , reffer
des mefurcs prifes par le gouvernement, pour
faire vcrfer aux hôtels des monnoies une plvi
grande quantité de ces matières , la ceflation de
ces mefurcs étoit tout à -la -fois le moyen le
moins fujct à inconvénient, le plus efficace, &
k plus prompt que l'on pût employer pour ré-
tablir rèquilibre entre la valeur intrinféque & U
valeur numéraire des efpèces : l'exemple du pafTè
Tindiquoit , & lexpénence en garaniiiToît le
fuccès*
La fupprefTion des furachats auroit indubita-
blement fait retember le prix des matières à
708 liv. 11 fols , ainfi que cela étoit arrivé au
mois de mai 1778 , peu de temps après que
M. Nccker eut fait fupprimer le futacnat génè-
rai accordé pat M, Turgot»
I
p
»
»
MON
Comme»! a-t-on pu préférer à un moyen auflt
(agt y le pkn'î « non- feulement de renoncer , en
ïïtioniàiu les efpéces d'or, & en altérant leur
poids , au fydcme de flabilivé dont on avoit re*
coono ft authemiquement les avantages en 177^1
nais encore d'augmenttr le feigneunage, oc de
fiaer, par un nouveau tarif, à 747 liv. 13 fols
y den., le prix du marc de ces matières, ced à*
dire, à un pour cent au*deiTus de celui fur le-
quel OQ ctabri(roit ta ncceiTité de ta refonte ?
Comment parvicndroit-on à prouver qu\inc
iQglDenution provenant du fait du gouverne-
mCM , ea néceiuiolt une plus confidérable de ia
piff ?
Eu vaîn diroît on , pour judifîer une opéra-
liaQ auifi inconftquente » que la première aug-
meBtatian en ayant déterminé une plus forte de
la part du commerce « radminiAration fe trou-
▼oit forcée d'élever encore le prix quelle avoit
ad<ypcét potir fe rapproclier de celui du corn-
icerce; il a été démontré que tous tes facriâces
que 6it Je gouvernement pour parvenir à ce but,
font inutiles» 6t produifeni des effets auffi oppo-
fts à Tes ^nies , que contraires aux intérêts de
féxat Ôc du commerce*
Dut'On dViUeurs admettre la prétendue nécef*
fité de ce rapprocWcment , ce qui en excède le
terme dans ta nouvelle 6)cation » ne pourroit être
îuâiâé par aucun motif.
Ce ncft pas, au furplus» la première fois que
les efpèces d*or fe font trouvées avoir , comme
métal, une valeur fupéricure à celle que leur
tf^ioitilnation eiprimoit.
Le marc d'or , au titre des louis , fe vendoit ,
en arril 1780» 7)4 Uv. 6 fols it den.;^ en fup-
pofanr que chaque louis neût perdu qu'un grain
de fon poids, la valeur intrinféque de 30 de ces
elfèces, représentant un marc, étoit, d'après ce
prix , de 719 liv. j i fols 4 den. , quoïcju'elles
n euiîent cours que pour 710 liv. La valeur de
chaque louis coofidéré comme métal, excédoit
coniéquemment de 6 fols 4 den, ;| fa valeur nu-
mé faire,
Li livre d*or au titre des gui nées , fe vendoit
a Londres 48 liv. i-J fols fterlings k la 6n de
Vannée 1782, quoique 447 de ces efpéces, com-
po&Ri une livre, n*eufl*ent cours que pour 46 liv,
14 fovs 6 den* flerUngs,
Il y avoit entre ces deux valeurs une diffé-
rence de ^BfoK 6dcn. fteriings, repréfcntani (au
chaogc de 30 deniers fterling* pour un écn) 46 liv.
4f* tournois, enforte que ta valeur inirinféque
d'une guinée excédoit de 20 fcls 9 deniers celle
pour laquelle cette monnoie avott cours.
Le prix des matières éprouve fouvcnt de pa-
reilles révolutions, fur-tout en temps de guerre;
jnais elles n*ant lamais ^lorté le gouverotmeni
.ângbts k s'écarier du pl.n de tl^.bilité qu'il fuit
lair^nabtement , parce que rexpéricnce Va con-
MON
167
I vaincu quelles ceflent ordinairement avec \m
caufes qui les ont produites.
Les repféfentaîions que Von fit à M* Necker
en 1780, fur ce que la vakur intrinféque de»
louis eicédoit alors leur valeur numéraire , ne le
déterminèrent point à propofcr au Roi d'ordonnor
la refonte de ces cfpèces , Ôt d'en altérer le titre
ou le poids; il penfa que raugmcniation du pri*
des matières, d'où provcnoit cet excédent, cdrc
roit avec les circon (lances qui y avoient donné
lieu , Si révénement a pleinement juflific fon opi»
nion, pulfque, dès la fin de Tannée de la figna-
ture de la paix , ces maiières étoient retombées
au prix auquel elles fe veodoient en janvier 1773 •
elles fcToient vraifemblablement encore à ce prix,
pcMt-ètre même au-deflous, ainfi que cela eu ar*
rivé en Angleterre , fi radminiflration n'avoit fait
aucune opération qui en eût provoqué Taugmen-
tatioo.
Il réfultc de ces obfervations , que la diffé-
rence qui exlftoit en feptcmbre 178J , entre la va-
leur des cfpèces d'or , confidérées comme métal ,
& celle que leur dénomination exprimoit, ne
pouvoii pas être un motif, ni fervir de prétexte
pour en ordonner la refonte , même dans le cas
ou Taugmentation du prix des matières , d'oii
provenoit cette différence, auroit eu des caufes
étrangères à radminillration,
RÉFLEXIONS GÉNÉRALES.
Lorfque les hommes font convenus d'échanger
une certaine mefure de blé contre une quantité
déterminée d*or ou d'argent , ils ont recon&u la
nécefTité de divîfer ces métaux en différentes por-
tions, qui les rendiffent propres à ces échanges;
5*étant aperçus enfuite qu'ils pourroicnt être trom>
pés fur le titre de ces matières , par les alliages
dont elles étoient fufceptibks , ils ont penfé que
le feul moyen d'obvier à cet inconvénient, fe*
roit de remettre entre des mains pures & définté-
reffées » le foin de faire faire cette divifion , &
d'imprimer fur chaque portion de métal une mar-
que qui en indiquât te poids , en même temps
qu elle en garanti roit le titre.
C'e^ de la confiance du peuple, de leur juflice
& de leur dèfintéreffement, que les fouverains
tiennent originairement le droit excfufif de faire
fabriquer les efpèces & de les faire frapper à leur
coin r cette prérogative eff, fous ces rapports,
un des plus nobltfs attributs de ta fouveraioeté.
Il étoit convenable, fans doute, que les frais
de cette fabrication fuffent payés par le tréfor
public , parce qu'il n*eûc pas été juffe que ]e«
dépenfes d'une manipulation dont futilité cony-
mune étoit le principal objet , fuffeni à la charge
de celui k qui elle étoit confiée , ni ^ celle du
ptop ri Claire des matières.
Ces confidératums portèrent les Romïtins a or*
donner que les monnoies feroicnt fabriquées aux
i68
MON
dépens de la république , & que l'on rcndroît çn
coitfèqucncc aux propriétaires des matières d'or
& d'argent, une quantité de ces mênfes matières
convcrtlei en cfpèces, égale en titre & en poids
à cclîc qu'ils auToic nt livrée.
Les Anglois ont adopté cet ufage depuis Tan-
née 166-", & ce fut peut-être à leur cxcmpk »
cpic M. Colbert tit ordonner, par une déclaration
du iS mars 16-9^ que ceux qui verferoicnt des
matières ou des clpèces dor & d'argent aux hô-
tels des monnoi<is , y recevroient , en efpèces
nouvelles, h même quantité de fin qu'ils aurojcnt
apportée, fans éprouver aucune retenue > même
pour les fr^is de fabrication*
Il piroît , par un capituiaire Ai Tannée -çç,
que U fabricaiion dv^s moonoies êtoit pareillement
fratuite fous les régnes des premiers rois de
rance.
Pépin, auteur de ce capltulaire, fut le premier
de ces monarques qui autorifa les mai rcs de s
fnonnoies à retenir a leur prodt une portion des
matières quils c.inveriiroi;fnt en efpècwS ; cette
retenue , dont Tobjci fut de les indemniler tics
frjis dî fabr cation , Se que Ton qualifia de droit
de hrajf ge, fit vra.femblablement naître la tema-
lion de s en permettre une autre au profit dn
fouvcrain , à laquelle en donna, par cette raifon,
le nom de droit de ftigneuriage.
Cette dernière a été la (ource des altérations
fréquentes du titre Sc du poids des er|.è:es, &
des changemens plus frèquens encore de leur
Taleur numéraire. Les fouverains fe font accou-
tumas à regarder la f.ibricarion des monnoîcs
comme un droit utile dont ils pouvoient tirer
parti dans leurs befoini> & ils en ont n(h avec
plus ou moins de ciiconfpection , en riifon des
ci rcon fiances plus ou moms e mbarr alla n:es dans
L-fquellcs ils le font trouvés.
L^s rt^gnes de Philijjpc de Valois, de Jean II &
de Charles VI, font ceux qui offrent les exemple»
les plus frappans de Tabus que Ton a f^iit de ce
droit; mais, au milieu même de ces dèfordres,
on rendoit hommage aUJi^rais principes : Thifloire
nous apprend que les fouverains qui s'en font le
plus écartés ne s'y portoicni qu'à regret ; que fé—
duits par nilufion des re Sources que leur prèfcn-
toient le furhaufTement de la valeur des elpèces,
ou Tahcration de leur titre & de leur poids, ils
ne cédoient à Fimpulfion de la nécellité âf du be*
foin , qu'en promettant aux peuples de rétablir
Tordre, 8t de faire fabriquer de bonne monnoic
au Ittôt que les circonflances le leur perm^ttroient.
Les difpofuions des îoix que ces fouverains
étoient obligés de rendre pour déterminer de
quelle manière fe fcroient , au milieu de ces
variations continuelles , les paiemens des rentes
& des engagcmens à termes , prouvent qu'ils
étoient conviiincus que la valeur des efpèces con-
fiée uniquement dans leur titre & leur poids.
L'aUéiatiou de ceue valeur a «xcité dans tous
3:
MON
les temps les plus vives réclamations de U part
de la nation» eu égard aux inc mvéniens qui en
réfultcnt : elle a fouvent fait des facrifiwcs pour
s*cn garantir.
On kvoir en Normandie, dans le trciz fctn^
fiècle , un impôt auquel on avoir donné le nooi
de droit j£ monid^e , parce que cette province
n'a voit contrafki Vobli);ation de le py^«/ » *|uc
pour fe redimer de U perte qtielîe fouj^rott p^ U
changement des m^mno'us. Louis X renouvela en
confèquence, par fes lettres du ai juillet i^tç,
connues fous le nom de féconde charte stt% iV r-
mands , rengagement que lui iit fes prèdéccffcurf
avùient pris de ne donner cours dans Cette pro»
vince, qu'aux cf^^ècis t|ui fcroient f;ibriquées &11Z
litre 6c poids d^ celles qie Ton avoit frappètt
fous le règne de St. Louis fon bifaieul.
Rien n'eli d'ailleurs plu^ îllufotre que le b£^
néfice provenant de Tabus du droit de fcignea^
riag*,
5i le Roi eiigeoit , par exemple , que Tes fu*
)ets rapportatTent aux hâtels des monnoies tous
les écus de 6 liv. , Si y reçuifent en échange
d'autres écus de mêmes forme 6i poids, auiqueli
il auroit alligné la même valeur numéraire , nuit
ui ne contundroient réellement que la moitii
u (in employé à la fabrication des anciens ècuf ^
cet échange lui produiront fans doute uo bè*
néfice de cent pour cent ; m-ys * attendu que !e
prix de toutes les denrées & marchandifes s élève
ordinairement en rai fon du furhauâTement des
monnoies, ou de raUèratîon de leur titre & de
leur poids, 6c que , foit par elle-même, foit par
les ofEcier^ de fa maifon , 6c par fes troupes ^
Sa M-ijefté confomme une três*grande quantité
de ces objets, il réfulterott de rélévanon de leur
prix une augmentation de dépenfe, qui, jointe
à la néceifité d'augmenter le traitement ÔL U
folde des officiers & des troupes , abforberott
une grande partie de ce béncBce ^ 8c comme Sa
Majcdé ne pourrroit fe difpenfer d'admettre ces
nouvelles efpèces en paiement des impôts , pour
la même valeur pour laquelle elle les auroit dé*
livrées , elle rccevroit pour 6 liv. ce qui ne ¥au*
droit réellement que 3 liv. , au moyen de quoi
elle fe trouveroit , en dernière analyfe , intrtnfé*
quemmcnt moins riche quelle ne Téiolt avant
d^avoir fait ufage de cette rcffotucc*
Cet effet de raffaibliiTcmcm des monnoies Se
du furhaufl'em'nt de leur valeur numèriùre, étoU
connu dés le quatorzième fiècle : il en ell fait
mention dans les ordonnances des 2Ç novembre
1356, 27 mars 13Ç9, 6c 5 décembre 1360.
Cefl le defir d'augmenter les produits du drok
de feigneuriage, qui, en portant fadmi ni Aratiott
à faire des ettbrts continuels pour fe rapprocher
du prix auquel les matières fe vendoient dao *
le commerce , afin d en f-iire verfcr une pî ji
grande quantité aux bôiels des monnoies* a f/ro*
I
MON
raegmentation ïrès-confidérable que le prix
^«e» matières a éprouvée depuis 60 ans,
C*cil à ce même mot f qu'il faut attribuer
WQici les loix prohibitives concernant l'exporta-
liofï t le commerce & la fonte des efpéces &
aadèrcs d*or & d'argent.
Ccil pour s'approprier une portion on la
totalité de ce droit , que îcs banquiers ont
&tt accroire à radminiftration qu'il (croit utile
Pelle les autorifai à accaparer une grande quan-
de ces roatièrcs pour les taire verfer dans les
ûs des monnoies, parce que cela augmente»
le numéraire.
Tout accaparement de cette nature , fait au
Tîûai ou par les ngens du gouvernement, eft un
Rooopole 5 de même que toute extenfion du droit
de feigr^unage eil un impôt déguifé.
Les hôtels des monnoies ne devroient être
ftfts que pour y recevoir les matières que le
^îîc y apporterott volontairement, les fondre»
allier au titre convenu , & leur donner la
(orme 6c Te m p rein te néçeiTaircs pour les rendre
propre* à l'ufage auquel elles font conficrccs.
LoHîjue la fabrication des cipèces fera régie
fiprès ces principes, on ne retondra les mon-
floi«» qpc quand les empreintes quelles portent
feront effacées ; cette retonte ne privera plus le
public d'une portion de fa propriété, puifqu*on
«li rendra poids pour poids, titre pour titre; cet
àteoge rccjproquemeiic gratuit de poids & de
Wc^ ne taiitera pUis de prétexte à ces furachats ,
iil ï ces accaparemens fi funeftes au commerce
& au m^nufââures.
Le gouvernement ne s'inquiétera plus de la dif-
fircfîce que l'auementarion du prix des m:itières
icra oaitrc entre la valeur intrinléque des efpéces,
et leur valeur numéraire ; cette augmentation ne
filera fon attention que relativement à fiiifluencc
qu'elle pourroit avoir fur Timportation de ces
matières; & comme elle diminue néceflairement
en raifon de Taugmentation de leur valeur, cetic
corfidération le portera à employer tous les
moyens qui feront en fon pouvoir pour en ar-
rêter les proerés , loin de les favori fer , ainfi
qu'on n*a ceffe de le faire depuis la refome gé-
nérale de 1716»
La fabrication des efpéces n'influera plus fur
le cours du change, tant parce que les bafes de
ccue feimcation feront certaines & immmbJes,
que prîTce qu'elle n'ajoutera rien à la maffe des
crèatiGes de l'étranger fur la France , au moyen
lie ce qu'on ne portera aux bôteis dts monnoies,
qoe te» matières provenant ds la balance du com-
négodam qui , dans l'état aâuel , garde
t^-eni pendant quelques mois, ks matières qiùl
a reiçttcs en échange de fes exportations , au lieu
I «!e les ptiner à la monnoïc , foir parce que le prix
^lio tarif loi parole rrop bas , foit pntc^ qu'il pré-
voit ime oceaiion de les pUcL^r avec plus d*avau-
A-'$ 4> NUùf-u T'jmc r. Partie L
I Il |gP I
tttge , n*héfifcra plus do ks fiiire convenir en ef-
pèce; , parce que cette convcrfion, qui n*cxig"ra
de fi part aucun facritîce , le mettra en état de
profiter de toutes les circonftances qui s offriront
pour ks employer utilement , foit comme ma-
tières, foit comme ef[.èces*
Ces mtftires contribueront plus efficacement à
l'augmentation du numéraire., que toutes celles
dont on a fait uûge jufqu'à préfent , & elles
n'auron: pas les mêmes inconvéniens.
L'exemple des Romains, la profpérité du com-
merce des Anglois , gL les heureux effets que
produifirent les difpofttions de la déclaration du
18 mars 1 679 , en exécution de laquelle les mon*
noies furent adminîftrées d'après ces principes,
pendant, fix années > fort autant de garans de
cette aifertîon.
On ne peut, au furplu», fe drflimulcr que
Tappât du gain n'ait été & ne foit encore la
fource des défordres qui fe font introduits dans
la fabrication des monnoies : la (uppreiTion de
cet appât eft donc, de tous les moyers que la
raifon & l'expérience peuvent ftig^érer , celui
qui paroit le plus propre à tétablir Tordre dans
cette partie fi importante de radminificaiion.
Ce moyen exigera uns doute quelques fa-
crificcs ; mais attendu que les furachats ncfor-
bent, depuiî quelques annc;;s , la totalité des
produits du feigrteuriage , ces facritices fe rédui-
ront aux frais de fabrication , dont la dépenfe
annuelle n'excédera pas 40^,000 iiv, , y camprts
Tencretien des machines 6l udcnfiles appartenans
au Roi , & les réparations d^s liôtels des monnoies*
Cette dcpenfe parcitra bien peu conféqucnte ,
Cl on la compare aux avantages qui en réfulte-
ront, 6c fur-tout à la perte de plufieurs mîliions
que font éprouver annuellement au commerce,
les moyens aulTi dcfdfireux qu'impolitiques que
l'on emploie aujourd'hui pour augmenter le nu-
métaire»
Les principes qui portèrent autrefois la nation
à meure les fiais de la fabrication des monnoies
au oombte des dépenlcs auxquelles le tréfor pu-
blic feroit chargé de pourvoir, loin d'être affoi-
blis par une dérogation dont l'origine remonte au
buitlème fiécle , tirent une nouvelle force des
abus que cette dérogation a produits.
Le retour à ces anciens principes fera te ut-à-
la-fois un muniiment de b fageflé ^c de la bien-
fsifance de Sa Majcfl^, & l'une des époques les
plus intéreffantes de fon régne.
Refumons ks notions générales concernant
\q^ monnoies*
On nomme monnoie rccîU ou cfiSUvc toutes
les efpéces d'or, d'argent, de bilîon, de cuivre
& d'autres matières, qui ont cours dans îe com-
merce, S: qui cxifient réellement , tels que font
les lou!S, les guinées» lès écus. Us rid'.sda^is.
les piadrcs, les fequins» ksducits^ ks roupies »
les abailiSy &c.
La monnoie^ htuiginmrc ou ^e compte y eft celle qui
D*a lamais exîAé j ou du moins qui n'exiRe plus en
eipèces réelles^ mais qui a été inveotée ou retenue
pour faciliter les comptes en les dreilant toujours
ûiT un prix fixe & invariable.
La monnote de compte peut être compofêe de
CâBiaîn uQwbt» d^efi-cccs qui changent dam leurs
fubilanccs, mais qui lom tes mcmes dans leur
qualité. Par exemple, cinquante livres font corn-
pofées de cinquante pièces appelas livres ^ qui
ne font point réelles, mats qui peuvent être payées
en diverfes efpèccs eéeâives, comme en piè:es
d'or, en ècus d'argent, en monnoks de biUon*
On doit conftdérer plufieurs qualités dans les
monnoies réelles : les unes, qui fontcorannc eiïen-
tielles fit intrînféques aux efpèces ; lavoir , la
«utière Ql La forme j les autres, feulement arbi-
iraires & en quelque ibrte accidentelles , mais qui
ne laliTent pas d être féparables , comme le yo-
lume, la figure, le nom, le greneiis, la légende,
le milléfime, le différent, le point fecret de le
lieu de fabrication.
La qualité la plus efTenticlïe de la raonnoie eft
la mjtùrc. En Europe, on ny emploie que Tor,
Targcnt & le cuivre. De ces trois mét;.ux il n'y a
plus que le cuivre qu'on y emploie pur ; les
autres s'allient tnftmble, l'or avec l'argent & le
cuivre , Si l'argent feulement avec le cuivre.
C'eil (ie Valliage de ces deux derniers mcraux
que fe compofe cette matière ou ce métal qu*ôn
appelle tUlon,
tes degrés de bonté de l'or Si de l'argent mon-
noyés , s'elilment tL s'cjtpriment différemment.
Pour Tor, on fe fert du terme de karats^ & pour
Targent de celui de dtnicrs,
Plufîeurs raifons fembleni avoir engagea ne pas
travailler les monnoies fur le fin » 6: à fe fcrvir
d'alliage ; entr'autres, le mélange naturel des mé-
taux, la dépenfe qu'il faudroit faire pour les af-
finer, la nécefrité de les rendre plus durs, pour
empêcher que le fret ne les d uni nue , ta larcté
de l'or & de l'argent dans certains pays , & la
proportion qu'il eft ncceffairc d'établir entre les
monnoies des différentes nations.
L'autre chofe effentieUe à la monnoie, après la
nuttièrt , efl ce que les nionnoycurs appellent la
forme ^ qui confirtc au poids de refpécc , en la
taille, au remède de poids^, en l'tmprellion qu'elle
porte , & en la valeur qu'on lui donne.
Par le poîds , on entend la pefantcur que le Sou-
verain a fixée pour chaque efpéce; ce qui fert, en
les comparant, à reconnottre cellot qui font alré-
fées , ou même les bonnes d*avec celles qui font
fauffes ou founées.
La fatlit crt la quantité des cfpèces que le
Prince ordonne qui foient faites^ d'un marc d'or,
d argent ou de cuivre»
li remède de poids eft la permiffion qui cfl ac-
cordée aux maîtres des monnoies de pouvoir tenir
le marc d'efpéces plus foible d'une certaine quan*
tité de forains que le poids jufle,ce qui s'appelle
foièlage,
VimpreJJion^ qu'on nomme auffi ima^t , eft Teni-
preinte que reçoit chaque morceau de métal, U
marque qui lui donne cours dans le public ^ qui
le hiit devenir denier de monnoyage, en un mot,
qui le fait pièce de monnoie \ marque fans la*
quelle il ne fcroit qu'un fimple morceau d'or,
d'argent ou de cuivre , qui peut être bien em-
ployé à divers ouvrages , ou vendu pour une
autre marchandife , mais non pas être reçu fur
le pied de ceux qui portent cette impreffi#a or*
donnée par le Souverain.
La vaitur de la monnoie^ c'eft le pied fur le-
quel les efpéces font reçues dans le commerce p
pied différent de leur prix intrinféaue , à caufe
qu'outre la valeur de ta matière , les droits du
Prince qu'on z^^cWc fti^neuriage^ & les frais de
fabrication , qu*on nomme hrajfage^ y doivent 4trc
ajoutés.
A l'égard des qualités moins effentlelles, le vu*
iume de la monnaie n'eft autre chofe que la
grandeur ÔL VépaiiTeur de chaque pièce.
La fimre, c'ed la forme extérieure que la mon-
noie offre à la vue : ronde en France; irrégu-
lière Ôt à plufîcurs angles en Efpa gne i quarrée
en quelques lieux des Indes ; prcfque fphérique
dai}S d'autres , ou de la forme d'une petite na-
vette en plufieurs.
Le nom de la monnoie lui vient tantôt de ce
que repfélcDte Tempreinie , comme les mouons ,
les angttou ; tantôt du nom du Prince , comme les
Loiiisl les Phdippcs^ ks Htnns ; quelquefois de
leur valeur, comme les quarts J^icus^ les pièces
de dou^e fols ^ 6t d'autres fois du lieu où les ef-
péces lont frappées, comme jadis les Farifts SC
les Tournois,
Le grenetis eft un petit cordon fait en forme
de graui , qui règne autour de la pièce , ÔC qui
enkrme les légendes des deux cotés. Outre Torw
ncment que les pièces en reçoivent « il rend
plu-* difficile l'altération cos monnoies qui fe hh
par la rognure. On a dcputs ajouté les légendes
ou les cordonnets fur la tranche, qui achèvent
de rendre cette forte d'altération impoffibîc.
La légende eft l'infcription qui eft gravée d'un
C'*té autour de l'effigie, &de l'autre autour de Tè-
cuffon, ou qui quelquefois remplit tout un dei
cotés d'une pièce de monnoie. Un vient de dire
qu'il y a une troifième légende qui fe met fur
la tranche.
La légende de Tcffigie contient le nom & les
qualités du Prince qui y eft repréfenté. Les autres
font fouvcm compofées de quelque paffagc de
récriture fatnte, on de quelques mots, comme
ceux des dcvifcj , ou mime du prix de la pièce.
On ne p^rle que de ce qui fc pratique prélcme-
uient en Europe.
MON
Le mUiéfime marque Vznîïéc que chaque pièce
I été frappée. Depuis l'ordonnance de Henri 0, de
1Ç49, clic ie met dans ce royaume en chiffres
Arabes du côté de lecuiTon : auparavant on ne
c<MiDOtffoît guère îe temps du monnoyage que
pr le oofli du prince , ou par celui des moné-
Le di0crcnt cû une petite marque que les tail-
lettre particuliers & les tnaître^ des moniioies choi-
ûScnt k leur fantaifte , comme un ibleil » une
tùk , une cioile , un croiiïant. Elle ne peut être
changée que par Tordre de la cour des mon noies
ou des juges-gardes. £lle fe change nècefîaire-
sient à U mort des tailleurs &. des maîtres , ou
quand il y ai de nouveaux juges-gardes ou ef-
liyeun.
Le point ftCTtt étoit autrefois un point qui n*é-
teît connu aue des officiers de chaque hôtel des
nuMiDOÎes. Il fe mettoit fous quelque lettre des
léttodcs pour indiquer le lieu des fabriques.
Le point fecret de Paris fe plaçoit fur le der-
jrier É de Benediâum ; & celui de Rouen Ibus
k ^ du même mot.
Ce poim n'eft plus d'ufage ; on fe contente
pifeatcmeaf de la lettre de lalpbabet romain,
me les ordonnances de nos Rois ont attribuée à
diaque ville de ce royaume ou il fe fabrique
des monmoies.
Enân» les monooies réelles peuvent itxt fauf-
f€$ , Gérées , fourréts , foihUs.
La fiujfe mùnnou erf celle qui n'eft pas fabri-
quée avec les métaux ordonnés par le Souvc-
raîii , comme feroient des louis d*or de cuivre
iouk ; des louis d'argent d'étain , couverts de
quelques feuilles de fin.
La monnoït iiUèrè^ eft celle qui n'eft point faite
au titre & du poids portés par les ordonnances,
ou qui ayant été fabriquée de bonne qualité, a
été dimtfujée de fon poids en la rognant^ en la
Innam fur la tranche , ou en enlevant quelque
partie de U fuperficie avec de l'eau régale, ii
c*eft de Tor ; ou avec de Tcau forte , fi c eu de
Tarigcnt,
u Monnoit fourrée eft celle qui tient le milieu,
pour aînii dire , entre la faujfc monno'u & la mon*
mu ait crée. Elle eft faite d'un morceau de fer,
de coiTre, ou de quelqu'autre mèral , que le faux-
aM>mioyeur couvre des deux côtés de lames dW
m d'argent, fuivam l'cfpéce qull veut contrefaire ,
& qull fbude proprement & avec julleffe autour
de la tranche.
Le taux ftan le frappe comme les véritables 1 &
peut même recevoir la légende & le cordonnet
de U traochc. On peut découvrir la faulTeté de
ces fortes de pièces par la couleur , par le poids ,
ou par le volume, qui eft toujours plus épais ou
pbii étendu que dans les bonnes ef^èces.
On doit au U fe déiicr de certaines pièces telles
me des liards , ou des pièces de deux liards
Hancliies avec de l'arienic , & que Ion fait paf- 1
MON
171
fet pour des pièces de douze fols ou de vingt-
quatre fols ufées.
Le moyen de les reconnoître eft à la qualité
du fou, & à répreuve du feu» qui volatilife à
l'inflantrarfenic; celui-ci, en s'évaporant, répand
une odeur d'ail , & la pièce de cuivre revient
à fon premier état.
La momiQu fmblc eft celle où il y a beaucoup
dalliage*
La monnoie kUncke eft celle d'argent.
La montmt mire , ou monnaie grijé ^ eft celle de
billon.
Ohfervations à fain dans U cours d'une fahricmon
de monnoit.
Le dirc^eur doit avoir foin , avant toutes cho*
fes, que tous les ateliers, uftenfiles & outiîs foient
en bon état ; ne prendre pour ouvriers & ma-
nœuvres que des gens dont la fidélité lui foit
connue.
Quand il délivre des matières au fondeur, il
doit être préfent à la fonte d'icelles , & lorf-
cju'etles font en bains , en foire faire un effai par
1 ciîayeor général prépofc de la cour pour cet efter»
alla que ii la matière efTayée eft rapportée par
leffayeur au-dc(fus ou au-deflTous du titre, on y
puifte ajouter le cuivre ou le fin que rcflayeur
aura jugé à propos qu'on y mette , pour que les
efpèces foient au titre de Tordonnance.
Il faut que le dirtiôeur prenne garde que les
matières que Ton met dans le creutet ne Templif-
fent pas , pour plufieurs raîfons \ la première , afin
qu'il y ait de la place pour joindre le fin ou Tal-
Hage fixé par le rapport de FeiT^iyeur; la fcconde,
afin qut le creulet étant trop rempli ^ & la
matière venant à pétiller, ne s'écarte en fortanc
du creefer, ce qui occafionne des déchets & des
trais pour les récupérer par le moyen des lavures.
Quand Teftayeur a trouvé la matière au titre,
on la jette en lames i le fondeur fe fert d*une
grande cuiller dont le manche ell très -relevé,
6l fait exprès pour pouvoir prendre la matière
fans en verfer en la coulant dans des châifis faits
exprès. Cette matière coule dans les vides qu elle
trouve dans Tépaiffeur 6t largeur à-peu- près des
efpèces à fabriquer.
Après quoi il a foin de ramafTer les gouttes
qui font tombées , de même que celles qui om
demeuré fur le bord des châiîis , & les met à
part pour conftater le poids des matières qu'il a
reçues du direfïeur ; & dans la fuite on les con*
ft>nd avec les ébarbures» rognures, cifailles, li-
mailles & lavures; & tout ce qui eft de rebur»
comme les lames crevées pour avoir été mal re-
cuites, fians mal coupés^ mal ajullés , ou pièces
mal monnoyées.
Quand le fondeur fait qu a-peu près les lames
font refroidies dans les ».hâflis, on U^ démonte,
oa en lève les lames» Ton jeitc au rebut celles
Y X
L
MM
172
MON
qui font dèff Ôtîcufcs ; on fépare les autres ; on
les recuit pour les faire psiTcr entre deux cylin-
dres, qui roulent l'un fur Taurre, par le moyen
du rengrcnage de plufisurs roues que l'eau ou
des chevaux font tourner. Cet atelier (e nomme
motilin»
Il fout faire recuire les lames autant de fois
que Ton veut les faire pafTer entre le« cylindres;
bi. chaque fois on eft obligé de rapprocher les
cylindres , sfin que le vide qui fe trouve enrre
^CHx , <<: trouvant plus petit , jprefle davantage
la Irmc & raminciffe en y paflant. L*on conti-
nue de cette hqon juTquii ce que l*on voie
qu'elles font de Tèpaifleur des efjièccs à fabriquer;
ap>^? quoi on les coupe par le moyen d*un outil
qui fe nomme emporu-pixce*
On pofe un bout de la lame fur k bas de cet
©util , ou il y a un rebord en rond qui eft tran-
chant; enfuite Touvrier, qui tient la lame de la
main gauche, tourne de la droite une manivelle
en foim^ de demi-baîancier , qui tombant fur la
lame, Voupc, par le moyen de fon tranchant, le
volume de la lame qui fe trouve appuyé far le
tranchant du bas; le flan tombe dans un baquet
mis dcflTous exprès pour le recevoir*
On conîinue ainfi fufqu'au bout de la lame,
& chaque flan laiffe un vide dans cette lame;
cnforte qu*il ne refte plus que les extrémités ou
fcords de la largeur de la lame que Ton nomme
cif-iilles. Tant que les cfpèces ne font pas mon-
noyées , on les nomme toujours fians ; il ne refte
plus à cette lame que les extrémités» 6c é\in
bout à l'autre on ne voit que des trous de la
groffcur du flan qui en eft forti.
On porte enfuite les flans à rajuftoir, qui efi
un atelier où on les ajufte , c'eft-à-dire , qu'on
les rend tous du même poids : on m^t au rebut
ceux qui fe trouvent trop légers. A Teffet de
quoi chique ouvrier de cet atelier eft a (fis de-
vant une efpèce de grand comptoir, ayant de-
vant lui un trébucher, & le poids que l'efpèce doit
])efer : il les pèfc'donc les unes après les autres;
& quand il en trouve une trop pcfante , il la
frotte fur une Visni î:irge Si ptate que Ton nomme
tfcoticnnc : il péfe fon flanc de temps en temps
crainte de le rendre trop léger; quand, il Ta rendu
de poids , il le remet avec les autres ajiiflés.
Il a foin ds conferver la limaille pour U rendre
avec les flans ajuflés, parce quil faut quil rende
le même poids qu'il a reçu.
Quand cela eit flni, on portt les fliins d.ins
ratcher du blanchiment pour les blanchir, fi les
flans font dVgent ou de billon , & les mettre
en couleur s'ils font d*or.
De-îà on les porte au balancier pour les mon-
ncycr, cVft-à dire, \es mirqtjcr de remprcinte
qu'elles doivent recevoir , après cmoi on les nomme
efpèccs rtionnoyè-is. •
Le monnoycur le s porte an bureau, rïîi fe trouvent
pour locs le dircfleur, îe jugc-gardc & reflTjyenrî
MON
le dîreâeur péfe ce que lui apporte le monnoyèur,
pour favoir s'il rend le même poids qu*il a reçu;
aprèj quoi le juge-garde prend une de ces efpéces
au ha Tard , la yé(< pour favoir ft elle a le poids
quVile doit avoir; il en pëfc après cela un marc
pour voir s'il y entre la quantité d'cfpèccs portée
par Tordonnaiice : il prend une féconde fois une
pièce dans le nombre, il la coupe en quatre, en
donnt deux parties à TeCayeur, Tune pour en
faire leffai de fuite , & favoir fi la fabrication
efl au titre : TeiTayeur garde l'autre partie. A l'é-
gard des deux autres parties du reflant de ta
pièce, le juge-garde en prend une, & le dircôeur
Tautre, Ces panies de pièces coupées fe nom*
ment peuilUs.
Si leffayeur a trouvé cette efpèce au titre, 00
pafle ces efpéces en délivrance ; on àrtK^ un pro»
ces- verbal de cetrc fabrication, dans lequel il doit
être fait mention du titre, poids 6: taille des-
dites e(péces , de Tefligie regardant à droite ou à
gauche, de l'écliffon, de ce qu'il porte, de la lé-
jiçende , du millèfime, du grcnetis, de la tranche^
û l'efpèce en eii marquée, de la lettre on marque
qui dénote la monnoic nii elle a été fabriquée,
de celle du diredeur & deTefTayeur, du remède
de poids ârd'atoi que le dire^eur a pris, & donc
il cft obligé de tenir compte au Souverain.
On infère auflî dans le procès- verbal la pièce
que le juge-garde prend de rechef pour être enfer-
mée dans une boire cachetée de fon cachet, de
celui du direfteur & effayeur : cette pièce fe nomme
denier de boite ; elle fert pour juilifier la con»
duitc des oflTiciers de cette monnoic, en cas que
quelques faux-monnoyenrs ayent contrefait Se al*
téré le titre & le poids des efpéces portées dans et
pfocès-vcrbal , qui doit erre fignè du juge-garde^
de TefTayeur 6l du dircfteur, & même du inon-
noyeur.
Après toutes ce> formilités obfervées, elles font
cenlées avoir cours ; & le dircdeur peut s'ea
fcrvir pour faire les paiemens aux officiers & on»
vriers de la monnoie , aux marchands qui loi
apportent des matières, âf à tous autres.
On eft obligé .de garder ces deniers de boîte
par les ordonnances de 1^43, I5Ï4» '^86, con-
çues en ces termes :
ï? A la fin de chaque année, on envoyera À
t» la m'annote de Paris les deniers de boites dci
w cfpèces qui auront été fabriquées dans rarsnêe«
n pour être procédé au jugement d'iceux pat
» notre cour de monroies de Paris. « •
Il faut obrcrver qu'il faut un fourneau panicu*
lier pour Tor; la raifon eft que fi on le fondoît
dans le même ^\\t celui de l'argent , les carreaux
ou briques feroicnr chargés de grenailles d'or ^
d'argent , en forte que les matièrej refleroteot
confondues 64 mêlées dans les lavurcs, & on Qe
\ts rcnreroit qu'avec plus de fiais,
pour les lavurei ^ on a un cuvier de bols, au
fond duquel il y a une pierre en forme de cy^
■ M O N
Endre , embrafféé ^u deflus par deux barres de
fer en CTOÎx ; un homme fait tourner cette pierre
pir Le moyen d*unc manivelle femblable à ceUe
des m* uiins à café*
Lorsque les carreaux des fourneaux , les vieux
creuf^ts , les balayures ont été bien piles & ré-
iluits en terre, elle fe nomme terre de îavure;
on en.pr.nd donc une quantité, obfervant de
hîiTcr de la place cnrr'élle & le cylindre, pour
y mettre Teau & le vif-argent» cnforte que le
cylindre puiflTe toucher le mercure. Uouvrier
rourne [ufqu^à ce qu'il fente qirîl tourne diffi-
dllemenr* Alors il discontinue , il tire la broche
qui bouche un trou qui efl au bas du cuvier, il
lalŒe couler Teau, après quoi il lève le cylindre,
& irotive un bien plus gros volume de mercure
que celui qu'il y avoit mis , parce que tandis
qult coiurnoit , il agi toit les terres & le mercure
qui empâtoit toutes les parties d*argent qu*il ren*
coniroir.
On tire cette pâte brillante , on ta met dans
de la peau pour la pre^Tcr & en faire fortir le
loercure au travers. Il ne refle dans cette peau
que les parties d'argent» contenant cependant en-
core quelque peu de mercure qu il eft aifé de faire
V éraporcr»
I On recharge le cuvler du même mercure pour
achever de retirer ce qui peut encore être dans
la terre du cuvier.
Quand on s'aperçoit que le mercure ne prend
plus rien 5 on ôte les terres du cuvîcr, on y en
met d*aut'cs , & Ton continue jufqu'à ce que
toutes les terres ayent paiTé par le cuvier.
Il refle ordinairement quelques petites panîes
fargent dans les terres qui ont été lavées; maïs
à oioini d*ètre {ur qu'elles tiennent plus que les
frais, on les abandonne.
Le même mercure peut toujoun fer\'ir ; &
quand il cil trop chargé, Toiivricr le connoît par
. la peine. qo*il a de tourner h manivelle 3 alors
K nie paiTe comme on Ta dit plus haut,
W Les tables fuivantes lionn-^nt la connoiiïknce
des monnoîes qui ont cours dans les quatre par-
»fies du monde : elles préfentent à-!a-fois les noms
des cfpèces , les lieux où elles ont cours , leur
poids , leur titre & leur valeur en argent de
France, avec des obfervations relatives aux ar-
ùcies qui méritent une explication phis étendue.
Les poids 6c les titres rapportés , ont été établis
&con{latés, foit par des eflais authentiques, foit
par des eiTais paniculiers , faits avec toute la
précifion dont cet art cft fufceptible ; & leur va-
icMT en argent de France eft annoncée fur les
prÎK fixés, moins par leur valeur intrinféque ,
que par la volonté des Souverains, ou par Fufage.
Ceft d'après TeiTai fur la qualiîé des monnaies
étrangère», par M. Macé de Richebourg, ancien
înfpecteur de MM. les élèves de Fécole royale mi-
litaire, qu'on rapporte le poids, le titre 6i la va-
leur de quelques monnoîes étrangères avec la
MON
»73
quantité de grains de fm qu'elles contiennent en
maf ière pure , c^cil-à-dirc , clég^igées de tout alliage.
Enfin la valeur des anciennes monnoies de
France annoncée , cft celle que Von en donne
aux hôtels des monnoies , ûxé^ par les tarifs ar-
rêtés en la cour des monnoies.
Tahhs des Monnoies courantes dans Us quatre par-
ties du monde .' €ontenant leurs noms g Us (ieum oà
elles ont cours , leurs poids , leur titre & leur
VtUeur , avec des Obfervattons ; rédigées , en lyé^ ,
par M, Akert de Hafinghen , conftïllir commif^
faire en la Cour des Monnoies de Paris.
Monnoies D'on*
Noms
des
Efpeces.
Lieux
où elles
ont cours.
Poids.
Titre.
Valeur
en argent
de France
gros i gr.
k<ir.
31.
tiv. fol. d.
Albenus»
jEnFland*
I 24
31
la
14 II 7
Auguile
.Saxe
3 55
ai
13
38 6 9
AuguAe ,
tèré.
Saxe
I7 56^
iS
8
13 8 8
Bezant ^
Eizance
. .
î4
. , ,
Carolin ^
Francfort
a 19
18
16
14 6 y
Carolin
Çarolin
Carolin
Anfpach
Bade- '-
Doitrlaçh
Bavière
2 39ï
»i 3
18
iS
Vs
6
8
Mf
21 8 %
ta 9 j
33 19 U
Carolin
Cologne
*T
18
16
23 '3 »
Carolin
Fulde
* 3ïi
»8
8
ï3 ï ï
Carolin
Hcffe
ai
18
1(5
13 13 3
Caroiin
Heffed'Ar
^k
iS
31
23 17 3
Carolin
Heflfe-Caf
37 I
18
16,
»3 i^ 9
Carolin
Montfort
î 33
18
4
" 'î 9
Carolin
Palatinat
ai li
18
10
î3 13 î
Carolin
Wirtemb.
'^
.8
.0
13 8 î
OBSERVATIONS,
* VAlhertus efl reçu aux hôtels des monnoies
fur le pied de 6G^ livres le marc.
^ Bc^ant. On n'cfl pas d'accord fur fa valeur;
cette efpéce a eu cours en France fous la troi-
fiéme race de nos Rois.
î Carolin. Cctfe cfpèce eft fixée à Francfort à
9 florijis 41 creutiers, argent de change , pour le
paiement des leîttes. Elle cÛ â la taille de 24 au
miirc, poids de marc de Cologne,
174
MON
tiomt
de« 1
Efpéces.
Lieux
oii <^lles
ont cours ^
Poids.
Titre.
VAtEUR
en argent
de France
^rQs
îr-
Kar. 3 a
lir, fol d*
Caftilbn^
Efpagiw
• *
• .
....
0 10 0
Clvifcs '
France
» 1
i M
a*
i S
Charles
Brunfwlc
» î
•ï
al 34 1
19 t 0
Chérif
Egypte
. •
. '
6 17 5
Copec
Mofcovie
.. .
• '4
if 18
I 19 8
Cnizadè ^
Portugal
. .
. tS
ai aS
1 t6 10
Denier 4
d*or
à rAigneî
France
I 0 î
»4
0 ï3t 6
Den.dor^
aux flcui^ï
de lys.
France
1 p JO
-4 a
100
Douba»
France
1 -
:^9
aa 1
la
DoubL,7
France
4
i8
sa 1
48
Ducat »
Wirtem.
1
i »9
2} 16
ïo 17
Ducat
Saxe
_
r *9
2J 16
10 17
Ducat
Ducat
Ducat
Mayence
Hanovre
Gcorgtil.
Suède 1
J
J
_
1
\ a8
r »9
aj 16
13 16
10 13 8
10 10 j
10 17
Ducat
Hollande
'
: 39
n 14
10 19 4
OBSERVATIONS.
> CéifltlUn* Lecaftillan vautenEfpagne t4réaux
& 6 quartos. C*eA atillî un poids qyi répond à ce
qu'on nomme un poids dor.
* Chj'tfts, Ancienne monnoie fabriquée d'abord
fous le régne delHiilippe-lç-Bet , à la taille de 70
au marc» en 1308 ;& en 1346, fous Philippe de
Valois» à la taitle de 52 : elles valurent alors 20
fols.
i Cru^aJc, Fabriquée en 1734.
4 Denier d'or. Fabriqué fous S. Louis*
î Denier ^or aux fieurs de lys. Fabriqué fou$
le régne du roi Jean.
^ Double hcnri. Cette efpéce a été fabriquée
fous le règne d*Henri IIL
7 DouhU Ivuu. Fabriqué en exécution de Tédit
du mois de janVier 1716*
^ Ducats* Les titres de ces ducats ont été cor-
ftatés par des eâais authentiques*
MON
MonnoUs d'ikr^
Noms
des
Efpéces.
Ducaton
Ecus k h
Couron. *
Fanos '■
Eleurs i
de lys
d'or.
Florins 4
Florins s
Lieux
où elle»
ont cours.
Poids. Ti tre.
Danetn,
Danem.
Hcffdar.
Hambour
Bohême
Francfort
Italie
Hongrie
Pruffe
Palatin*
Hollande
France
Auilndes
France 1
Bourgog.
Allemag*
& Metz
gros
JO
Valeur
en aj-getit
de France
la
î4
«4
fa
IQ
OBSERVATIONS.
• £f«x À U touronnt. Fabriqués à la taille de
45 en 1339 « ^ 1^ t^tHe de 60 en 1384, & à h
taille df 64 en 1418.
^ Fanou Les fa nos d*or ne font pas tOQS tu du <
même poids , ni du même titre , ce qui fait une
grande différence pour leur valeur* Il en faut 10
des plus forts pour Técu de France de 60 fols. La
plus foibles pèTent environ 7 grains; Tor en eft
fi bai qu*îl en faut ai pour reçu; ceux-là fe £1*
bfiquent à Azem : les fanos du Pégu tiennent le
milieu ; ils font du nntme poids, que ceim d'A-
zem , Tor en étant à plus haut titre ; ils vaiem
4 fols tournoie.
Il y a encore des fanos d'or qui ont coins à
Pondichcry, & qui valent environ 6 fols. Ib
font faits à*peu-prés comme la moitié d*un pots,
6l ne font pas plus gros.
ï fleurs de lys d'or. Cette monnoie a été fahri-
quée fous Charles V, en 1365*
4 florins. Anciens Borins qui font très*raf«&
f florins. On en trouve à i $ karats ^ & même
à i) karats.
MON
Noms
des
ETpéces.
Ll£UX
où elles
ont cours.
Poids.
Titre.
Valeur
en argent
de France
gros i gr.
kar.
î*
Uv.foLd.
Rdoubk
Hanovre
» î ^4
i8
M
16 î
Floria
Hanovre
ia8
i8
34
8 3 6
Franc "
d*or fin
France
I I
34
I
Fraacsà^
cheval
France
il.
'4
I
Frèdcn ^
9erlin
li t8
21
24
19 9 4
Fr.f756^
Berlin
li i8
M
IX
'} 15 5
Goitsch.^
Chine
OBSERVATIONS.
> Fr^nc iTaf fin. Cette monnoîe a été fabvîquie
eft 13 60.
' Francs à chtvaL Fabriqués en ftvri^r I4a3t
à la tatUe de 80 au marc. Reçus aux hôtels des
nofiooies pour 531 Itv. 2 fols 8 deniers le marc,
i Fridtrus. Cette motinoic a cours dans toute
Il PruiTe pour dnq ècuf d'Allemagne.
4 Ftidénc% 1756. Ces efpèces, appelées auffi
n^xvciles piJlûUs, font alicrèes.
t Goltfckuf, Efpèce de monnoîe , ou petit Im-
got tfof qui eft regardé comme marchandife pla-
int que comme erpèce courante* Les Hollandois
loi ont donné le mot ou nfim de goifjlhut^ qui
eit leur tdngue fignilîe hattau d'ar^ parce que le
pltfikiu en a la figure; les autres nat^ms Tap-
pdicoi pain iTor. Il péfe ordinairement 3 a onces,
ce qui istt 1691 Uv. 2 fols 6 den. fur le pied de
84liv. 16 fols loden. ^ fooce, à 678 Uv-.ij fols
le narc é'or à xa karacs.
Comme dans toute b Chine & le Tunquîn il
ne fe bac aucune monnote d'or ni d'argent, on y
cc^ape ces deux mttaux en morceau^ de différens
potds^ Ceux d*argcnt s'appellent ttnh , ceux d'or
km (e gcltjchut : ils fervent dans les gros paie-
aens» lorfquc les ucij 6l les monnoi^s de cuivre
se ûiftfent pas.
Le* lapoDois ent aaffi dciî golf fchuts qui ne font
que d*ièrg,?nri il y en a de divers poîjs, & par
conféquent de diverfes valeurs.
MO N
»75
Nom*
des
Efpéccs>
Lieux
ou elles
ont coin s.
Guinée ^
de 1753
valant ai
fchelins
Pièces de*
% Gutnées
^ Guinée î
H, d'or 4
Hongre ï
Jacobus *
Léopold^
de 1701
de 36^ au
marc.
Angleter,
Agnleter.
France
Hongrie
Angletcr.
Xxïrraîne
Poids. ; Titre.
gfO:» - gr.
a ij
CB mati j-
rc pure
Angleter. lo^ij |ai 30
it 14
Valeur
en argent
de France
hv. ibl d.
14 18 Sï
Il 14 iSài^L
OBSERVATIONS,
* Dans la proportion de 720 livres pour 41 ^ç
TTY grains en matière pnrc , ladite gui née conte-
nant 143^1^ en matière pure, La valeur de la
guinée eft tixée en Anejctcrre à 2:1 fchelins ou
ibis flerliigs , par aéle du parlement.
* La guinèe au ticre de 21 karats^» à la tatîle de
44 7 à la livre, poids de Troycs, pefant 129 grains
H de ce poids , & 1^7 grains poids de marc de
France, vaut argent de France 21 liv. f 8 fols i den*
en fuppofant le change i 33,
La guinèe» telle que celle de Jacques II, en
1684, au titre de 22 karats & de 44 pièces 7 à
la livre de 12 oncîs dV-i n^leterre , devoit pefcr
1^5 grains || de nos grains. Le louis de France
de pareille loi & de 30 au marc, péfe 153 grains
I en partant un remède de poids de -^ de pièces
aux giiinées, & de i\ grain» de France au louis
d'or, avec égalité de tiire, la guinée & ïe louis
formeront également la mcme valeur; auffi dans
phifieurs villes le long de la mer, on les échange
fans difficulté.
' Ptice dt cinq guïni€s. Elle contient 713 ^| en
matière pure.
3 { Guinée, Contient 67 gr. ^-^ de grains do fiïi
en matière pure.
4 Htnrïs d'or* Fabriqués fous le règne de Henri IL
T Honore, L*hongre vaut iniriofèquemcnt quatre
florins d'Empire.
^ Jacùbus, Il valoït environ le prix de la guinée
fous le règne de Jacques premier,
7 Léopold. Ils font reçus aux bCtcb des mon-
ij6
MON
MonnoUs tTor*
Noms
des
Efpéces.
Lieux
où elles
ont cours*
U«n d^or
Lys dVr ï
Louis ^
d'or
Louis
nicux an-
térieurs à
17OJ,
Louis de
37 '- au m
Louis au
Soleil.
Louis de
a 5 au m.
Louis de'
Noailks
Louis ou
Piftole
Louis oii
Piftoïc
Moeda-
dovio
Marabo- ^
tin
Marave- î
dis
France
France
France
Poids. Titre.
Valeur
en argent
de France
gros - gr,
^ 37
France i |a8 ai K ^9 •
t i 17
14
18 «a^
II 20
ti 21
11 11
II
OBSERVATIONS.
noies fur le pjtd de 678 liv, 15 fols le marc,
rui^;:ni le Urif de 1726*
* Lyt d*Qr, Ils ont «è tabriqués en Janvier 1*^0,
^ Lùu'u d*ûr. Les touis l'ont à la taille de 30 au
marc, au remède de fin de j\ par marc,& ku re-
mède de pO!d§ de i f grains par marc,
* Aux tiuiels des monnoics.
§ Aux ht^tt!b dci monnoieç*
5 Mitdadovio, Cette monncie vaut Spatr.ca* ou
pièces de 8, & 15 vintins.
^' Miifjbotin, Ancit nnc monnoie qui a eu cours
en France , principalement dans les villes voifines
des r , pour i^ iiv. 6 fol**
^ - 1. A nciennti monnaie qui a eu cours
depuis titïo jtilqià'cn 1213.
M ON
MontiùiiS dW*
Noms
Lieux
Valeur
des
EfpêGes.
où elles
ont cours.
Poids,
TtTRE.
en argent
de France
gros i gr.
karat 3i
Ilv. IbL d.
Mario- '
nete
Lorraine
in
16 1
Maf.d'or^
France
• • • *
21
1
Maures
Surate
. 4 • . '
18 16
M
Maxe
Allemag.
if'îi
18 8
lï »î
i Maxe
Allcmag.
1 Uo
iS
8 4 1^
Médian î
Merîgal 4
Tremeuit
enBarbar
i
Milleray^ Portugal
"fl
OBSERVATIONS.
On entend aujourdliui par maravédis» une pe-
tite monnoie de cuivre qui a cours en Espagne»
& qui vaut un peu plus d'un denier de France/'
Les Efpagnols Te fervent de maravédis dan«
leurs comptes foit de commerce, foit de finance 9 &
le divitent en 4 canados, La taxe des livres eft mar-
quée à h première p^ge à 5 ou 600 maraTédîs,^
dont il faut 170, monnoie d'Efpagne, pour faire
une liv. de France ; 34 ^out une réalc de veîlon ;
375 pour le ducat; 511 pour la piaflre courante*-
Le maravédis eft encore une monnoie de compte
en Efpagne, où chaque maravédis vaut 3 den. de
Frïince.
' Mamnçte^ Ancienne monnoie qui nV plus
cours*
^ Majfe d'or. Ancienne monnoie fabriquée en
1285, qui n'a plus cou?s,
• Aux hoteïs des monnoîes.
î Madtan. Il faut 50 afprcs pour faire un mé-
dian, deux médians font un dian, qu'on nomme
autrement zian : ces deux cfpéccs font fabriquées
par les monncyeurs du dey d'A'igcr, dont ellet
porteru le nom avec quelques lettres Arabes*
4 Mirlg^iL Ëfpéce de monnoie d'or qui a cotsrs
à Scfaî*' & dans le royaume de Monomotap«,
Elle péfe un peu plus que la piOole d'Efpagne.
î MiLUray, Du poids de 2 grain^i 12 karats f^
Il vaut un peu plus que b piftole d*Efp;igne, malf
il n y a point de cours , ti. (c reçoit en France
aux hôtels des monnoies fur le pied de 678 livres
15 fols le marc à aïkarats f:-
Les miilcrays k la petite croix font proprement
des demi miilcrays, du poids feulement de 2 de-
niers 17 grains i mais d'un demî-karat a plus haiit
litre qwe \t\ autres. Ceft k-^*;u-près la d*jmî*
l>illalc «i*Efpagne.
te
tNobîes
iURûfe
Kobles 9
Heori
Oabang '
Pagodes"
Japon
Indes On
O B S E R V A T LO N S.
Le roiUeray efl auÏÏî une des monnoîei de
compte du Portug^iK En ce feos on entend tou-
jours le milleray à la petite croix, c'eft- à-dire,
çliT. lo fols.
* Motda, Mot Portugais qui fignîfie monnoic»
On entend ordinairement par ce mot la crolzade
«Tof , qui vaut 4000 réitz j & environ Ji Itv. 10 fols
eo argent de France.
* NohUs à la rofe. Cette monnoîe fut fabriquée
TO» l'an î354, fous le règne d'Edouard Ilî, Elle
n'a prefque plus de cours à préfent.
K NokU htnrL Voyez le didionnaire des mon-
BOÎcs. Les nobles à la rofe & les nobles henri
font reçus aui hôtels des monnoies à 732 îiv.
14 fols 9 deniers le marc, non compris les 8 de-
niers pour livre.
^ Or. Un million d'or. Ceft un million d*écus
à j livres pièce , autrement trois millions de livres,
f Or foi. On fe fert quelquefois de ce terme .j
pour évaluer & calculer les monnoies de France
dsm les remifes qu'on en fait pour les pays
étrangers, ce qui triple la fomme que Ton remet,
Atali, quand on dit avoir 450 livres i 5 fols 6 de-
Mrs d'or fol à remettre à hmJktxàAm à 86 de-
flicfs de gms par écu , cela fignifie qu'on 1 i j ^ i
livres 6 fols 6 deniers rournois, la livre d*or va-
liBî 5 Uv, fimples , le loi d'or 3 fols , fit îe den.
d'or 5 denhrs.
* Oiiifan;^, Cette monnoîe efl très grande, & a
la figure <fune femelle de foulier. Elle vaut 10
' cmipans-, & on Tévaluc à 100 ri^dalles d'HoI-
[ hait : In looooubanjs font 45CCotaeli» d'argent.
Papdes, Cette monnoie efl d'une forme
& du poids à-p^u-près des demi-pifloles
fpagne, mais à beaucoup plus bas titre * on
Arts & MctUrs* Tome V, Wtrût, L
Quart de
Piflole
OBSERVATIONS.
s'en fert aux mines de diamans pour le paiement
de cette marchandife.
' Pavilhn, Ancienne monnoîe fabriquée ea
13 J9, à la taille de 4$ au aâ&rc*
^ FTtcti ou iisèonincs. Ces pièces font fixées à
6400 rèitz.
^ PJ!i}!e d*ûr. Cette piflole eft fixée , par édit
du roi d'Efpagne de Fannée 1757, à 40 réiux de
pïatte , pefant 1 gros ^ 17 grains , poids de marc
d'Efpagnc.
* Pîpoli double. D'après la valeur jntrînféque
du marc d'or, monnoie de France, ayant cours
pfiur 710 Iiv* contenant 41 j 5 -J-^ grains de poids
en matière pure.
4 P^jliiU. Cette pîflole, fabriquée fous le règne
de Ferdinand & d'ifa belle , contient 117 |^ grains
de poids François en matière pnrc.
^ Quart de pifloU. Cette cfpèce , à Te fEgie & aux
armes fans toifon ^ nouveau coin , contient 29
^^ graius du poids François en matière pure- ,
17»
MON
Mannoies (Tor.
Noms
des
Ef[.éce<.
LlEUpC
oïl elles
^m cours.
Poids.
Titre.
Valeur
en argent
de France
gros \ gr.
kar. 32
lïv. foi. d.
Piftole '
Efpagne
fi 19
a2
lO 3 4
Piftolcs ■
Efpagne
PiA.d'orî
Savoie
^ î 1
ai i
28 S 7
Portug, 4
Portugal
9
23 i
Quadr. \
Pérou
7
21 ib
79 ^ 7
Quinzaîn;
dor *
France
• ' ■
^4
'5
OBSERVATIONS.
• Pïflolc. Contenant ïi6 ^— grains du poids
François en matière pure.
^ PijhUs, Les pifloles d*or anciennes légères,
& les piltoks d'Eipagne , font reçues dans les
hôtels des monnoies de France au prix de 678 liv.
15C le mire, auquel tl faut .ijouter 22 livres 16
foh 6 deniers pour Taugm-ntation de hutt iemers
par livre, accordée par arrêt du 25 août 175$*
Les î- idoles neuves du Pérou pour 6^'' y livres
3 fols 7 den, & 22 liv. 4 fols 9 deoters d'augmen-
tation.
Les pifloles d'Italie pour 66^ liv. ^ fols & 22
livres 3 fols 6 den. pour ladite augmentation.
i PïfloU if or. Elle eft fixée en Savoie à 24 li-
vres , 6c febriquée en exécution de Tédit ^u roi
de S^ifdai^ne, du 15 février 1755, ^" "*^^ ^^
21 k.irar< ^, à la taille de 25 au marc }, du poids
de 180 grain» potd> de Turin, 6l de t8i gr^uns
poids de marc de France.
4 Porn/gdïjej, Ces efpèces avotent cours en
France fous le règne de Louis XIIL Elles ne fc
reçoivent plus qu'au marc dans les hôtels des
monnoies, fur le pird d^ 732 liv. 2 f. 9 den. îc
niarc, non compris \:s 8 dcn. pour livre. Nota*
Il y a quatre fortes de monnnie d'or qui le fa-
briquent tk qui ont cours en Portuj^aL La pre
nnêre efpèce eft du plus fin or du ducat, &
vaut ioooo réitz.
La ''i pomœda ou double pîiloie v^ui 4000 réitz.
Li mœJa ou pi (loi* en vaut 2000.
£t U { riigeJa ou ^ p ftoîe çn v.ti t looo,
f Quadruple. Cooic-ant 456 7*-|| de grains du
poids FrarçoiS en mat ère ptirc.
* Qufnidifjj d'or. Cette efpèce a été fabriquée
en Ï719 à 24 kar-ifS, au remède dt ^ d k^rat,
à la I dit le <Il û; ^ , >u remède de ^ de pièces
au marc. Us ngat point eu de coun»
MON
Monnoïts d*0r.
Noms
Lieux
Valeur
des
Efpèces.
où elles
OUI cou r^.
Poids.
Titre.
en are;ent
de France
gros i gr.
kar. 32
liv. fols d*
Reines '
d'or
France
3 -.
13
a
Ride ^
Flandres
i M
'3
1
Rider
Hollande
^i 7
is
I39 4^
Rôfi nob
hollande
....
1
RDupie
MogolScc
, 2I M
14
38 >S
Roooni 4
Tofcanc
î ^ '61
ij î8
33 M I
Rubie ï
A!g.r ,
ongo &
Labes.
....
J
Ruyder *
Hollande
>i S
z%
î? 4f
StEtiennt
Ponugal
. i 18
ai 38
*
S, Tho-
mé 7
Portugal
î ï7
Ȕ
10 ij 0
Sal.d'or^
France
I I
»4
I î 0
OBSERVATIONS.
» Reines d'or. Ces espèces ont éti fabriquée»
fous le régne de Blan^be de Ciftillv' , mère de
Louis VIL
* JliJe, On nomme k pr^fcnt ces cfpéc^s Phi-
lippe ou Plnlippus : elles n*ont plus cours.
5 Rofe noble. Cette efpèce a cours en H >Hande
pour ] 1 florins. Il y a des rofcs nobles deD oe-
marck qui valent 34 marcs Danches ou Danois*
* Roupie, En comptant Tonce à S] liv. 7 fols
Il den. ik le marc à 667 liv. 3 fo's 7 den. commt
les piftoles du Pérou. Lts roupies d'or font fi
rares qu'on n'en voit prcfque plus, ^oyc^ roupies
d'argent.
4 Koponu Fixée à Lîvourne à 40 liv, bontie
monnoie, fkifant 6 pia/lres 19 fols l denier de
huit réaux^ du poids de 213 grains poids ài Lî-
vourne, & 186 grains 7 poi :s de marc de France*
î Rubie, La rubie vaut 35 afprcs.
'^ Ruyder. Fixée à 14 florins» argent counuifj
valant 13 florins 6 fols argent de banque» do
poids de 206 azémes, poids d'Hollande, & tSS
grains poids de France.
* Anx hôtels des monnoîe» 674 liv. 17 f, 10 dcn»
le marc.
y Sd'mt thome. Suivant le change.
^ Salut d*or* Ancienne monnotc du roi Ciur<
les VI.
^
MON
Monnaies (Ton
Noms
des
Efpéces,
Schcrcfy=
Scbérifs
ou SuUa-
mxis '
Sequij) 4
ScfUfO î
Lieux
ou cites
ontcours.
Egypte
Pcrfe
An Caire
RomcFlo
rencc &c,
A Gènes
Poids.
groi î gr,
T i9f
TlTR£
Valeur
en argent
(îeFrfTnce
kar* 33, liv. loK d.
5 à 6 Hv
î II 4 8
OBSERVATIONS.
» S4,kirajy^ Ancienns monnoîc de la valeur de
fancien ccu de France.
- Schertfy, Le fcherefy vaut en Perfe % h-
nns, k raifon d^ 8 réaux d'Efpagne le lario. Les
Eurapéens nomment les fcherefys des fc raphias
ifor.
5 Sçhérifs &a fttltanîns. Cette efpèce fe fabrique
au Caire , de la poudre d or apportée d'Egypte
par les Abylîi ns,
* Sfqui/!. Il y en a de différons titres & de diffé-
rente valeur qui fe fabriquent à Rome , a Florence,
aVcnife, â Gènes, à Turin , dans les états de la
reine dTïongrie Se dans ceux du Grand Seigneur.
La valeur de ces fequins diffère dans prefque
tootes ies villes ^^^y^ oh iU' ont cours.
Les fequins de Turquie & d'Allemagne valent
j moins que le Vénitien, Aux Indes orientales le
lequlo Vénitien eft à plus haut prix, il s y prend
pour 4 roupies 6 peffas; le fequin de Turquie
feulement pour 4 roupies.
Au Caire, le fcqiiin Vénitien vaut dans le com-
merce fufqu'à 100 meîdins , à i fol 6 den. de
France le meidin. Le divan cependam ne k prend
que pour 85.
^A ConAantlnople, il vaut environ 6 liv, ou il
i'appcllc plus ordinairement , a'mfi que dans towtc
la Turquie» fchérif ou fuUanin.
^ Sufmn, Il trft fixé , par édit du mois de jan-
vier 1755, à ij liv. 10 f. hors banque. Il eft du
^îds de 76 grains poids de Gènes , & de 65 grains
1 poids de marc de France.
A Livourne, le fequin de Florence de 5 deniers
15 grains^ ou de 71 grains , vaut 13 livres 6 foîs
8 deniers bonne monnoie , ou % pialtres &. 6 Joîs
4 deniers*
A Rome, le fequin de jufle poids vaut 13 livres
bûnoe monnoie.
A Palcrme & à Meffine , le fequin de Vcnifc
mit t6 ÛorîJis.
^H
^
MON
179
Monnaies d^or.
Noms
des
Efjjèces,
Lieux
où elles
ont cours.
PoiD S,
Titre.
Valeur
en argent
de France
kjr. 3a
Uv. foL d.
Séraphin *
Pcrfe
Souve-
rain-
Pays-bai
I 31
51
16 8 9
OBSERVAT I O N S.
Celui de FKirerce 2^ torins.
A N.iples, le fequin deVenilo vaut ^6 carlins ^*
i.x\m de Florence 26.
Celui de Rome ^5.
A Venife & à Berg:ime, le fequin de Vcnife vaut
22 livres courantes , & celui de Florence 3i livres
10 fo's.
Les fequins de Rome , d'Hongrie & d*Hollande
valent 21 livres,
A Rome, Le fsqutn de Rome vaut 2 écus &
% bayocques , ou 205 bajocs ; les autres y ont
peu de cours.
A Boulogne , te fequin de Rome vaut 1 0 livres
banco, fie 10 livres 5 fols hors Jsanco.
A Milan, celui de Venife 10 liv. 5 fols banco,
& 10 Hv. îo fols hors banco.
A Miîan, celui de Florence à Ii fleur de lys
to livres 5 fols banco, & 10 livres TO fols hors
banco.
A Milan, le fequin de Venife cil fixé à 14 liv*
îo fols; mais on le change de 14 liv. 17 fols a
14 livres 19 fols.
A Florence, le fequin de France eft fixé à 14 liv.
10 fols. On le change de 14 livres 14 fols à 14 li-
vres ij fols.
En Savoie, le même fequin à 14 livres 7 fols
6 den. & fe change de 14 liv. 10 fols à 14 liv.
12 fok.
En Hongrie ,314 livres 1 5 fols , & fe change de
14 liv. 6 fols à 14 liv. 7 fols.
A Vienne, le fequin d'Hongrie a cours pour
5 florins 13 creutzers.
En Hollande pour 4 florias 10 creutzers,
A Turin, le fequin du pays du poids de 1 de-
niers 17 grains, vaut 9 liv. iç fols.
Celui de Gènes du même poids 9 liv. 9 for*,
D'Holiande idem , 9 liv. 6 fois 8 deniers.
De Florence idem , 9 liv. 9 fols 4 deniers.
D'Hongrie , 9 hv. 7 fols 8 deniers.
De Venife idem, 9 liv- 9 fols 8 deniers,
» Séraphin. Voyez fcharifi..
^ Souveraîn, Cette monnoie ell fixée, par édît
de la reine, du î9feptembre 1749, à 7 florins
13 fols de change, & à 8 florins 18 fols { c^urans,
à la taille de 44^5 4u marc pends de Troies, Sc
104 grains poid» de marc de Friuce.
i8o
MON
Mon no ta d*or.
Noms
des
Efoé '• «.
Lieux
<iû elles
Souvc-
raidi *
\ Souvcr,
Sulunin ^
Tcla 3
ZUOI 4
P.i)rs>bas
Autrich.
Poids, Titke
Valeur
en argent
:;*«; France
OBSERVATIONS,
» Souvtrams. Ils valent 31 liv. 14 fols 10 rfcnîcrs
aux hôtels des monnoîes, compris les 8 den, pour
livre»
* SuUaniru Cette efpéce, qui a cours dans tous
les états dti Grand Seigneur , cft la fcuîe cfpéce
d'or qui fe frappe à fv>n coia : on le nomme uh^-
rif ou fequin,
î TeU. Efpèce d? monnoie, ou pîurôt de mé-
daille d'or qui fu frappe à ravènement de chaque
rui de Perfe à la courosne^ pour être diftribuée
au peuple.
Lts tel as font du poids & du titre de« ducats
d'of d'Allemagne , & (c romment auffi fcheralîiî,
c'eft-à-dire , nobles, lU n'ont aucun cours dans le
commerce.
4 Ziam, Monnoic d'or q-ji vaut i^o afpres.
MoNSôtEs d'argent et de billos.
Noms
d.-s
Ef kci'^.
Lieux
ontcottis
Poids.
TiTRI,
Valeur
<:n argent
Je Fr^uce
S «» i b'-
d<n.
%'-
liv. fol d.
AbafTy '
EnPcffc
î »
8
30 '
18 4
Abra »
Pologne
1 "
6
10
3 6
Abulicsb'
Au Clirc
ÎTÏ7 8
20
3 4 1
OBSERVATIONS.
■ VAhaffy vaut cn P.-rfe 1 mimamoudls ou 4
chayèf.
* V/^bra a cours à Conflantinople , & y cft
reçu fur îc pied du quart de i'afri;lani ou daïfcr
d*HoUande.
> VÀkukuh on daller vaiii au C^ire jj & 58
mètdini , Ih raifon de 18 Ms de France le roei-
din , ou Je 3 »fpres monnoîe dç Turquie,
MON
MonnQÎts iPétr^<nt & de bdhn*
Noms
des
Efpéces.
Lieux
ouctEes
ont cours.
T€Ûy ou
B.iiy <»
Bezorch*'
tUScn "^
Blamui^i
Mofcovic
'Amadab,
Turquie
Turquie
Siani
Rome
\lîcmag.
Allemag,
AUemag.
Ormtis
Cologne
Flandres
Poids. Titre.
Valeur
en arg«:nc
de France
gros \ gr. den, gr. Uv. loi. d.
4 8
12
4?
î
6f
5Î
-1
4
6 6
OBSERVATIONS-
' Âltln, Monnoîe de compte,
* Arch^ Monnoic de compie ; il faut 4 arebs
pour un couron, Tqui vaut 100 îacks ; le U^\
vaut 100.000 roupies.
> AJpns. Billon; il en faut 120 environ pour
Técu de France.
4 Auhe* Biilon ; c'ert la plus petite monnoîe qui
ait couri dans les états du Grand-Seigneur.
î Baai. Le baat cft appelé tical en Chine, oil
il a aulTi Ci>tirs.
^ Ba'wque. Mon noie de cuivre* On donne à
Rome &d3ns tout Tétat Eccltfiaftiquc lobatoquci
pour v\a jule» qui vaut environ 5 fols de France.
7 Biît^, Billon. Cette petite moncoie vaut 4
crcut^ers. Voyez creurzcrs.
* ffatien, Billon. Les ii^ batxeri valent un ftcM
rin de rtmpire, ce qui revii;;nt à environ j liv»
I 5 fols de France.
^ Bjiio, Billon. Cette efpéce a différentes em-
preintes » fcbn les difTérents états où elle a cours»
'* Bîijîy ou hejfy. Argent billon. C'eft une an-
cienne petite monnoîe qui n*a plus cours,
<« Biiûrch. Monnoîe d'étain allayèc,
** BUffttt* Cette monnoie vaut 4 albus,
*î BUmuifer, Ancimne monr.oic des Pays-Bâf*
MON
M O N
181
Mjar.ê}€S d'Argent ù dt h'dlon.
Noms
des
Efpéces.
Ilinck
Blancs
Bliakil i
Barc
Burbas
LiEUX
Otl tilcS
ont cOiirs.
Poids.
Titre.
Hollande
France
M^roc
Berne
Bologne
Alger
ire
CaboU tf>. Gènes
CaragroL'^V
t
Carbequi'jTtfflèi
OrUii 9 Naples
CaroHne'* Suéde
Carolus*' France
den. gr.
Valeur
en argent
de France
MonnùUs d'argent & dû k'dlcn.
Uv. fol* d*
I 6
10
10 %}
10 18
4
1 17
2 18 S
3 4
7
10
OBSERVATIONS.
» Slm^-^. Monnole fiélive en uGge dans les
comptes d Hollande, ou il vam 6 duytes.
^ BUncs* Ancienne monnoie qui n'a plus de
coarî.
î BlanktL Monnoie d'argent de billon.
^ S&lo^nin'u Monnoie de cuivre qui tient lieu
de fou ; chaque boîognini vaut 4 qnattni. L'écu
deBokgnc 85 boiogninif dont les 11 font i bîa-
na, ⣠Ls 6 une boiognina.
f Surbéu. Les 12 burbas valent i afpre. Il y
en a lie même à Tunis.
* Campner d^kalUr, Cette tnonnoic vaut z9 flu*
fers d'Hollande.
7 Caragrou.h. Le car^igrouch a cours à Conjftan-
ibiople pour 116 af^:;re<.
• Cjri>c4fuf. Il vaut 7 chaoury,
9 Carlin. Petite monnoie d'argent , quî a cours
à N^plts & en Sicile ; il vam tin peu moins de
^foU de France. II en faut 9 pour faire un 6cu
de 60 foi*.
•• Cirùlifif, Otte monnoie n*a ni effigie, ni cor-
don, 1)1 marque iur tranche, mais feulement pour
légende : Si De us pro nobïs ^ quls contra ?
'* Cirotus* Vuycz le Vocabulaire t\~^^tè$.
Noms
L ï £ u X
Valeur
des
Efpéccs.
oii elles
ont cours.
POÎJJS,
Titre.
en argent
de France
gros i gr.
den» gr.
iiv. fol. d.
Cish '
Tonquin
Cavalots ^
France
- , . .
6
Cavaîlo ^
Piiinorit
* . . ■
i ai
Caiiris ou
Coris +
Bengale
& Sidm
Caxa î
luxlndci
Cayai ^
Vuîtïiid^i
Chaoury?
Tefflè>
....
. . - .
î 6
< hiyè ,
Scihgaa
Ciiay '^
P.ffc
....
• ♦ » *
4 7
Clièda ?
A LUI Indes
Chéda
0,40
, . . .
• . . .
....
> -;
Chéda
ruiid
....
....
....
7
Chouftac.
Pologne
....
....
8
OBSERVATIONS.
* Capi, Mjnnole de cuivre dont la va leur va-
rie fuivant la quantité qui fe trouve dans le com*
merce. 1000 cafh lom environ 5 livres tournoiç,
^ Cavalots, Celte monnoie a été fabriquée fous
le règne de Louis XII*
^ Cavallû, Les premiers cavallos furent frappés
en P émont en 16' 6.
4 Cmms ou cons. Petites coquilles qu'on pêche
auï ifl.s Maldives, qui fervent de menue mon-
noie à Bengale. Il fatjt 1400 caris pour faire une
rou^;ie.
1 Caxa* Cette monnoie , fabriquée à ChcincHcr,
ville de la Chine, n'a cours que depuis 1590:
ce n*eft qu'un m^Jange de plomb &L d'écume de
cuivre.
^ Cûyas, Petite monnoie de cuivre qui a cours
dans les Indes , & qyi vaut \ d'un denier tournois.
7 Chaoary, 2chaourys valent un ufaltonj 10 car-
beqitis ou afpres de cuivre valent i chaoury ; &
\Q chaourys { ainart que la piaftre.
^ Chuyc ou chûy\ Il faut a chayés pour un ma-
mamoudî , 4 pour un abaïTy , & 200 pour le
toman , monnoie de compte qtti vaut 50 aba0îs.
^ Chida^ çhéJa oâo^one ^ chéda rond. On donne
80 coris ou coquilles des M;iklives pour un de ces
chèdaa.
1
l82
MON
MON
Monnoïts d* argent & dt hîlhn.
Noms
Erpécei.
titux
ou elles
ont cours
Poids,
Titre.
Valeu.i
en argent
de France-
on.gr.Tg:
deii. graL
Itv. fol. d.
Cockien
Japon
....
. . , .
8
Commafc
Molia
. > . .
....
î *
Conpan
Indes Or.
....
....
9 î
Conadez
Cochîn
....
. . . ,
7
Copec '
Môfcovic
8
10 la
16
Couronne
ou
Crooton '
Angleter,
7 60
Il 1
î «5 '
Couronne
Dancma.
4 i 14
10
î 6 S
Crâzi *
Tofcane
. » , .
....
4
Creuzer **
Croche î
Bafle
....
» . . *
1?
Crohol ^
Berne
Crolfadc-
Portugal
3 Î9
10 19
1 19
Croizat ^
Gènes
i 1 4
11 9
8 î 0
Croon
iîmjjle '
Copenha-
gue
....
....
1 4 H
OBSERVATIONS.
* Copec, Ce copec eft de forme ovale.
^ Couronne OU cracjfort. Les demis à proportion.
Les 4 couronnes ou crooton , ou ècu d'Angle-
terre du poids d*une once^ font toujours une livre
flerling , qui revient à a} liv, 3 fols 8 dcn, argent
de France.
^ Cra^L C'eft une petite monnoîe du duché de
Tofcane,
4 Creuser, Voyez Icrcutzer.
f Crocht^ Peïite monnoie de bîllon , qui a cours
dans les i] Cantont.
* CrohoL Monnoie de compte qui vaut 2j
hnfches.
7 Croi/Iî</f. Lacroifadc cft fixée à 480 réitz , pe-
fant 193 grains, poids de marc de Portugal.
* Croisât. Cette efpéce a été fixée » par èdit de
janvier 1755, a 9 liv, 10 fols hors banque , du
po ds de 8|7 grains poids de Gènes*
9 Croon ftmpUn A Copenhague 4 marci Danois ,
& 4 fchchii|$. .
Monnoks d'argent ^ d4 tiliûft.
Noms
Lieux
Valiur
des
où elles
Poids.
Titre.
en argent
Efpéccs.
ont cour».
de France
gios i gr.
den. grai.
liv. fol. d.
Croon
double '
Copen-
hague
....
1 . , . .
6 8 ir^
Croon »
quadrup.-
Copcn-
kagtie
....
....
Il 16 4
Croonc ^
Croutac 4
Dantzick.
1
Crovn ^
Angleten
7 i 3Î
II
< î 7
Cruys
Dalder^
Konis-
berg
8 15
7 I la
Cruzade^
Portugal
3 i 3^
10 19
3 la
Chrîftine
Suède
. • . .
. . j .
14 tî
Daller
Gsrmaniq
Alîemi-
7 i S
11 6
1 9 î
Daller «
Hollande
7 6
8 20
3 4 i
Daller
Bafle &
S. Gai
|7 1 ^
id
*'É
Danck
Perfe
^dedra.
....
1
Déaîder
Hollande
7 i ^V
„ ,
3 . ■
Déaider
Banco
Ham-
bourg.
....
3 11
Dealder
Ham-
Courant
bourg
3 jï
OBSERVATIONS.
' Croon double, 8 mires Danois & 8 fcheUngs
à Copenhague.
- Croon qiuidrupîe^ 17 marcs Danois à Copen-
hague,
J Croone. Monnoie de compte dans le canton
de Berne.
4 Croutac. Le croutac a aufTi cours à Riga « à
Konifberg, & autres villes du nord» où il vaut
la moitié d'un dantzick hors banque.
s Crown. Le crown eil fixé à 5 fchelins ou fols
fterling » ou 60 deniers fterlings , à la taille de
12^ à la livre » poids de Troycs , pefant 464 If
de ce poids.
^ Cruys daider. Cette monnoie a cours en Prafle;
à Dantzick, & à Riga particulièrement.
7 Cru^ade. Fabriquée en 1750.
^ Daller, V. le vocabulaire.
Deruf
Tournois^
OBSERVATIONS.
» DmUr. Monnoie de cofnpte dont la valeur
cA pir-tout différente.
* DifiUr tournois. Le dcnUr tournois eft la 12*
panie d'uo Toi tournois , qui efl la io"" de Técu V
tu fone que ie Toi tournois eft compofé de îi de-
niers tournois, la livre àc 140 deniers tournois,
& réca de 720 de ces deniers.
ï Denier ParlJIî, Monnoîe imaginaire d'un quart
en fus plus forte que ie denier tournois; i a de-
niers parifis font une livre parifis, 6t la livre pa-
rifts eft de 15 fols tournois.
Dtnkr fitrl'mg. Le denier flerling eft Ja la*
partie d*un fol llerling» %i le fol ilerling fdir ^
de ta livre iicrling. Il faut 240 deniers flerlirgs
pour faire une livre flerling*
^ Denier de gros* Mi)nrîore de compte en ufage
enHoliande, en Flandres & Brabant. ii^ien, de
gros font un fol de gros. La livre de gros efl
compofee de 240 deniers de gros.
4 D^dingue, 4 derlingncs font l'écu de France
de 60 fols.
î Dimph. Le dimf li vaut 18 kreutzers d'Allemagne.
^ Dïniirbefly. Monnoie de compte pour tenir
les liv.es, qui vaut 10 deniers fimples.
7 Double y on 24 afpres.
^ Doudou. Monnoie de cuivre. Il en faut 14
pour le f-inon d'or des mêmes lieux, qui y re-
vietît à 6 fols \t France.
5» DauT^ln, Bil'on fabriqué fous le règne de
François L
i*" Dreytrs, BiUon.
^' Dubbelne. Petite monnoie d'argent , qui vaut
2 flnyers ou fols d'Hollande.
^H^^l^
i84 MON
Monnaies d'ar^cm & de bithn*
Noms
des
Efpéceî.
Ducaton
Ducaton
Ducaton^
Dutte ou
Duyte 4
D;-tgcn
Ecu ^
Lieux
ou elles
OntCOUfS,
Poids, Titre
Hollande
à Livour.
à Milan
Piémont
à Venifc
Pays-Bas
Autrich,
Liège
Hollande
Danema.
France
Valeur
en argent
de France
7rï$iT ï»
OBSERVATIONS.
• Ducatons, Tous ces ducatons font à*peu-près
du même poids & au même titre. Ils péfent pres-
que tous 1 once 24 grains, & font au titre de 11
deniers.
^ Ducaton. Cette efpèce a été fabriquée & fixée,
par édit de la reine de Hongrie, du i9feptembre
1749 , à 3 florins, argent de change, & a 3 florins -j
argent courant, à la taille dey -^ au marc, poids
dcTroycsj pefant 696 as 1^ de ce poids » & 626
grains poids de marc de France.
i Ducaton, Nota, Ces ducaions fonr ceux de
Milan, de Venîfe , de Florence, de Savoye , des
terres de l'EgUfe ^ de Lucques & de Parme*
Comme ils péfcnt trois deniers plus que Técu de
60 fols , & qu'ils font à un lit rc plus haut , ils fe
prennent pour quelques fols de plus.
On nomme aufli du:aTon$ en Hollande, les pièces
de trois florins, dont il y a de deux fcrtcs, les
anciennes, qui valent 60 fols mcnnole du pays,
& les nouvelles, c'cfl-à*dire, celles frappées pen-
dant la guerre qui fuivit la ligue d'Auiboiirg, qui
ne valent que 60 C , le foi fur le pied de 1 5 deniers
monnoie de France.
4 Vutte, Petite monnoie de cuivre. Htiit duttes
ou duytcs font le fol commun d*Amfterdam, ou
Auyerc , & trois font le denier de gros.
^ Ecu, L'écii de 6 liv. eft au titre de 11 de-
niers de fin, au remède de 3 grains, à ta raille
de j^^ au marc, & au remède de poids de 36
grains par marc. Les cinquièmes & d.xièines font
Monnoîes d^argtm & de hlllon.
Noms
des
Efpèces,
Lieux
où elles
ontcour^*
Poids.
TlTRÏ,
Valeur
en argent
de France
on.gr. ig:
Jcn.
g-ai.
liv.
foJ. d.
Deml-Ecu
France
3Î^5ll
it
S
Cinquiè-
me d'Ecu
Dixième
d'Ecu
France
France
Il 3tV
it
II
i
4
Vingtiè-
me d'Ecu
France
^-r«î
II
4
Ecu
Hanovre
7 ^S
10
M J
10
Ecu
Hambour
7Î 9
10
M
14 •
Ecu
Bavière
7 ^S
9
11
1 6
Ecu
Radsbon.
7 2-î
9
^3
3 «
Ecu
Bareiih
3i ^
8
i9i
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Danema.
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Ecu gros.
Ecu gros.
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Savoie
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10
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Efcalln ^
Hollande
.... !..
• ■
7 6
OBSERVATIONS.
au même titre & ait même remède c^wt les écu^.
Les dixièmes a la taille de 83 pièces, & les uns
& les autres au remède de poids de 41 grains ^
Les vingtièmes font a la taille de 166 pièces au
marc ^ 6c au remède de poids de 83 grains,
L*écu de France, ayrremcnt nommé Técu bUoc
d*argent 9 vaut ordinaircmeni 60 fols, c*efl à ce
prix que fe réduifent dans les comptes toutes k»
autres monnoies d*or S; d^argent,
* Ecu. Cet écu, ^ la taille de 7 au marc,
fixé à 6 livres argent do pays.
* Efcalln. Pciiie inonnoic d'argent.
l
t
M O N
Mûrma'us émargent fr de biîlonl
185
Noms
des
Kfpcces.
Efterlîn ^
Fanos *
Fardos *
Fartm eu
Fardin ^
Fayole î
Felours ^
Fefim ^
Lib ux
où elles
ont cours.
Angleter»
Auxlades
Baotim *
Angïeter.
Japon
Maroc
Naumb.
Poids.
TlTR£.
gros ï gr,
kar. 31
Valeur
en argent
de France
OBSERVATIONS.
» EJlerUn, Cette nionnoie a eu cours en France
{vendant que les rois d'Angleterre y pofTédoicnc
quelques provinces.
= F^mûs, Cette monnoie a cours principalement
le long de ta cote de Coromandel , depuis le Cap
de Cotnorin jufque vers le Bengale* EUe a cours
aufifi dans Fille de Ceylan j m^^is il ne s*y en fa-
brique pas.
Les ranos dVgcnt ne valent pas tout à fait
18 den, de France ; il en faut 20 pour le pardo^
monnoie que les Portugais font fabriquer à Goa,
& qui y a cours pour 27 fols-
^ Fardos» Le fardos efl auiïî une monnoie de
compte.
4 Fortin ou fardin. Petîïe monnoie de cuivre
qui vaut environ 3 deniers de France. Il y en a
de quadruples^ de doubles & de fimples. 4 fartîns
Émples font un peny , ou denier d'Angleterre , qui
vaut environ % fols de France,
' Fdyoît. Monnoie de compte. On évalue le
Byote tantôt fur le pied de la piftole de France,
c'eft-à'dire, à 10 livres, tantôt à izliv, tofols;
petir-être cette différence vient* elle de ce que la
première cvaluattoa eft faite fur la livre de France
qui vaut ao fols, ^ b deuxième fur la livre ou
florin d^HoUande, qui vaut 3 liv. % fols 9 de-
nier?.
* Filours, Monnoie de cuivre, efpèce de gros
doable , dont il faut huit pour faite un blan-
quille, menue monnoie d'argent de la même ville,
qui vaut 1 fols 6 deniers de France,
7 Fenin, Monnnie de compte en yfage pour te-
nir les livres ; c*cft aufli une efpèce courante de
cuivre : l'un & Tautre fenin vaut a deniers ^ de
France ; Il en faut î a pour le gros , & 14 gros
pour la rixdale, prifc fur le pied de Véfu de
yraoce de 60 foist
MonnoUs d'argent & dt hdhn*
Noms
des
Efpèces.
Lieux
ou elles
ont COU! s»
Poids.
TtTRE»
Valeur
en argent
de France
FJett ^
FlettMarc
Danche ^
Danema*
Danema.
gfos h S''-
tien. gr.
uv. foi. d.
î6
OBSERVATIONS.
' Fktt, Le flect ou fletchc daller vaut 4 marcks
ou 64 fchellings Danois.
^ Fhn marc Danche, Ou 16 fchellings Danois ,
ou % fchellings lubs.
Fhnn* Monnoie réelle & courante, ou mon-
noie imaginaire de compte. Les négocians & ban-
quiers d*Hollande & de piufieurs villes d'Alle-
magne & dltalie , fe fervent de florins pour
tenir leurs livres 6c dreffer Icuj-s comptes. Ces
florins font de différentes valeurs, & ont diverfes
divifions.
En Hollande, le florin décompte ou courant
eft de 40 deniers de gros , & ù divife en patars
& en penins.
Le florin de banque vaut 4 à 5 pour cent plus
que le florin courant : on rellime 41 à 43 fols de
France.
A Strasbourg, il eft de 13 fols, & fe divife en
cruys &c en penins mrinnoie d* Al face.
A Lille» Liège, M^ftreicht, le florin çii de iq
fols ou patars, & vaut î^ fols de France. A Emb-
den le florin vaut 28 fois de France.
Le florin d'Allemagne eft de 60 kreutzers ou i ç
batx» ou 30 albus. Se vaut ^o fols de France,
Le florin de Brabant eil deux tiers moins fort,
& ne pèfe que 20 albus, ou 1 liv. 13 fols 4 de^
nicrs de France.
Le florin de Dmtzlck & de Konisbcrg eft de
30 grofch. Le grofch de 18 penins. Trois florins
font la rlxUale , le florin vaut 17 fols de Francc-
Le florin de Breflaw eft de 10 fil vers gros.
Le florin de Genève vaut ii fols de Genève j
il en faut 10^ pour un écii de 3 Uv* qui en font
5 de France.
Le florin de SuiATe vaut 4 bat^ ou ï6 kreurzers.
Le florin de Coire vaut x6 fols 8 den, de Berne^
Le florin de Bafle de j6 kreutzers, 3 1 fols j de
Berne.
L* florin de Zurzach de 60 kreutz-rs, 33 fols
4 den. de Berne,
Le florin de S* Gai, t liv, 15 fols 3 den. de
Berne.
Le 4!oan de compte de Piémont ou de Savoie
eft de 12 fols monnoie de ce pays, ce qui fait
^ florin i ou 18 fols 4c Genève.
Aa
i86 M O
Af, nn nés iT argent O it hdlon*
Noms
ci es
Efpècc^, <
Lieux
oii elles
^ntcoiïr«.
Poids.
Titre.
Valeur
en argent
de France
^ros ~ gr
Jea.
grai.
liv. fol. 1!.
Florin (Ji
1603 i
Gènes
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France
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II
5 li lO
OBSERVATIONS.
» /7«>r//i 1/^ i<yo2 6» (/^ i^o_y. Les pièces de 5 flo-
Tini d Hollande s'appellent ducaions, mais valent
plus qii« le duc: ion ordinaire.
* Fiorin. Ce florin eft de 60 kreutzers,
' foiU, M^nnoie de cuivre. On la nomme ayiTi
bulbe on bulba. 8 folles font le mclden.
4 Francs. Cette monnoie a été fabriquée en
1$7^ , fous le règne de H^nri IIL
' Francefcani. Le francefconi eft fijié à 6 liv.
13 fols 4 den. bonne monnoie, fuivant la façon
d'èvalnerà Livourne, ce qui fait une piaftre 3 (b!s
tden. de 8 réaux, du poids de ^59 grains , poids
de Livourne , & de j t6 grains poids de marc de
France.
G*jth. Monnoie d'argent du royaume de Com*
boya dans les Indes Orientales : elle f èfc un mas
cinq condorins Chinois. Le titre de cette mon-
ooïc» autrefois de 80 tocques, eft defceoJft à 60
lec^^ues.
GjTtjéU. Monnoie d'alliage de cuivre & d'étatn
Îfiîi fc fabrique à Pégiî ; il eft libre à chricun J'en
aire che2 foi» en payant les droits du roi : la va-
leur nen eft point fixe; ils valent ordinairemem
î à 3 fols de France.
GarL Monnoie de compte en uf^ge dans plu-
ficurs endroits des Indes Orientales , particulière-
ment dans les états du Mogol : un gari de rou^
pies vaut environ 4000 roupies,
Qj^ma OJ ^^{jv.î. Monnoie des Indes Orien-
tales ; c*eft une des roupies qui ont cours dans le
Mogol, fur-tout à Amadabaih, oii elle vaut 50
fols monnoie de France.
Gduza. Monnoie de cuivre & d*étain qui a
cours dans le royaume de Pégu ; on n'en a pas
d*autres, malgré Ton mauvais alloi , pour payer
lor, Targvm èi autrei marchandifes précitufes,
Gj^f, Perfc. Monnoie de cuivre, . . 6 den.
On la confond quelquefois avec le kabefque.
Grâce, Monnoie de bilton qui fe fabrique & qui
a cours à Florence &. dans tous les états du Grand-
Duc, Elle vaut cinq quatrins, ou i fi)I j, Oa
n'en donne prefque pis d^ns les grands paie-
iîi:ns, m.its feulement dans le négoce journatier
des denicCi & menues marchandifes.
Grain, Mjlthe, Il y en a de différcns paids
& valeur, comme de 15 , de 10 & de 5 grains,
Grevcn. Mofcovie, C'eft la même monnoie que
la grive ou le grif , valant 10 fols.
Grçs, Petite monnoie de bll^on tenant quelque
peu d*arj;cnt , qui avoit cours en Franche-Comté
avant que cette province eût été réunie à la cou-
ronne de France,
Gros ou grjf^he* Monnoie en irfige dans plu-
fieurs viUcs iCAlîemagnc, dont la valeur varie
fuivant les lieux.
A Berlin , la rivdale ou écu à la croix vaut
24 bons gros ou 30 gros ordinaires; c'eft fur ce
gros que s'évaluent toutes les monnoies qui fe fa-
briquent dans cette ville. Il y a des pièces de
2 gios , de 1 gros & de 7 gros.
A Brèm-% la rixdale vaut 3 marcs ou 71 grost
le marc valant 24 gros ; ainft le gros vaut envi-
ron I fol de France, & le marc 14 fols.
A Brcflaw en Siléfie , il faut 30 filvers gros pour
faire la rixdale de 9okremzers; le gros de 3 krcut-
zers vaut environ 1 fols 6 deniers de France.
A D^ntzick ai à Konisberg, la rixdile vaut 3 flo-
rins ou 90 gros. Le florin vaut 30 gros, le groi
18 pcnins : 84 gros polonois font une rixdale de
Francfort.
A Hambourg. Le marc lubs vaut 16 fols lubs,
le fol lubs vaut a deniers de gros^ la lîv* de gros
20 fols : 3 marcs font la rifdale.
A Leipfick 24 gros font k rixdale « ce qui re-
vient à environ 3 fols de France le gros*
A Naumbourg & à Vcnife , le gros vaut jj
foldi banco ou 32 piccioU.
A Vienne en Aurriche, 30 gros font la rixdale
de 90 krcutzcrs, ainfi le gros vaut 3 kreutxers ou
M.kel-
bourg.
France
Gros'
Gros, vie*
Gras, piè
ce d'un gr
Gros d
JlgfOÎ
Gros i€ 8
hoas gros
GfoSLOiir'
nais '
GnMenou ...
L
O B S £ R V A T I O N i.
ifols 6 deniers ds France, le fol de banque vaut
Il gîo ou -^ dtjcâï de banqae.
Le ducat de banque ou de change vaut 24 gros
ou iî4foldi ou mirchetû, ou 6 liv* 4piccioli, le
gros étant de 5 ^ foldi.
La livre de biinqu^i vaut 140 gros ou lo ducats
de banque» qui font 11 ducais courans ; ainfi îe
F roi de Venife vaut environ 2 fols 6 deniers tle
rance.
* Gros, On nomme une livre de gros une
forte de mon noie de compte ou imaginaire dont
CD fe fert en Hollande, en Fiandre, & âjm le
Btabant i b livre de gros vaut plus ou moins
. fui Tant les lieux oîi elle cû en ufage : elle aug-
incnrc ou diminue de valeur à proportion que Te
change hauiTe ou baifTe.
Le gros ou denier de gros vaut 8 penins.
* Gros tournùis* Fabriqués fous le règne de
Saint-Louis.
* Gulden ou touîde, Monnoie d'argent de la
valeur de 6okreutzers, évaluée à environ 50 fols
de France»
U y- a en Flandres des gulden qui ne valent
«pie 14 fols de France. Il y a à Amilerdsm deux
fortes de monnoies d'argent , à qui on a donné
le nom de gulden; l'un fimplement giiHen, qui
cH le florin, l'autre goulte gulden, qui ert le flo-
rin d'or, quoiqu'il ne ibit que d'argent, & même
d^afli-z bas titre, qui vaut un florin huit foîs.
Half'RixJj.,.U<n Copenhague. Cdl la demie
riidalc, qui vaut 3 marcs Danois ou 1 Uv. lofois
de Fn&ce«
Hdlf-Rix marc Danois, D vaut 8 fchcUingS ou
fluyvers Danois, 10 fols argent de France-
Ha^ûfr denarie* Perfe. Il vaut 10 mamoudls,
Voyei mamoudis*
Hdltr, Cologne. Le heller vaut î dcr.T^. 8 bél-
iers font Talhus, U tautySaibtls pour la rijtdak de
çfO kreuizcis,
HoUr, Allemagne. Petite monnoie de cuivre
qui vaut i <Jeni,r de France,
Jafimske. Mofcovie. Les Mofcovitcs nomment
ainfi les rixdales ou écus blancs d'Allcnragne ; les
premières de ces efpéces furent frappées en i J 19 ,
dans la ville de Jochimflil en iiohème,
JcrunfrQihen^ Turquie. Monnoie du Grand-Sei-
gneur , qui a cours étïi fcs états pour un demi
duc. if,
A/f. Italie* Monn':^ie de bitlon , qui vaut en^
viroiî 5 fols* Les Italiens comptent par tefïons ,
écus ik Jules. La p:lio'e d^Erp^gne vau: à Rome
ji iules, & Técu de France 10 fuks ou environ.
KcbefquL P^rfe. Le kabcfqiii vaut enPtrfe 9 den»
it en faut 10 pour le chayé*
KaragrQche. Confîaniinopîe. On nomme ai^fi
à Conitantlnople le rixdaler d'Alltmagne. Le; ki-
r:»groche ell reçu fur le pied de Técu de Fiance
dt 60 fols, c*cii à-rlire , pour 80 afpres de hoA
aloi, & pour ixo de maL-vals.
* Hontes dater. Cette monnoie d'argent a cours
fur les frontières de France, où cUc vaut 50 fols
du pays.
* Ou 10 fols du pays.
Aa %
MON
MonnçUs Xargtnt fr di bilhn*
Noms
des
Efpèces.
Lieux
oii elles
ontcours.
jros z %^' A^^* S»'^!' liv. iôL d»
Kreutzer
ou Creut
zer »
Kreutzer
ou pièce
de 6
Krcutzers
Pièce de
iiKreut-
Z€t$*
Licre ou
Acre ,
Lack,
Leeth ou
Mlemag,
Wirtcm-
berg
Bade-
Daurlach
Surate
LiÇ&llL VU
Lccque *[
Pon>s. TïTRl,
Valiur
en argent
de France
i ï? 4 10
î3î 6 lï
4 7
MON
MonnoUs d*argini & de b'tllon:
OBSERVATIONS.
» Kr^utur ou cuuticr. Aîonnoie de cuivre qui
lert aufTi de monnoie de compte.
Le krcuizer vaut 8 penins ou lo deniers tour*
nois. It faut 8S kreutz?rs d'Ausboarg, % de Ny-
remberg, &i 90 de Francfott pour faire Tècu d'Al-
lemagne, qui vaut 3 livres ly fols à 4 livres en
France* Quand on tient les livres en dallers ou
rixdales, le datler vaut 90 kreutzers : fi c'eA cm
nxdales , on edime la rixdale fur le pied de 90
kreuuers.
^ Liicrt ou acn , l>icq , hcth OU hcque, Mon-
noie de compte de Surate & des autres états du
Mogol , qui vaut iqo,ooo. \3n lacre de roupies
vaut î 00,000 roupies, ce qui fair en livres (1er-
Rngi 1 ri^8 livres , en donnant à la roupiî la va-
leur de 1 fols 3 deniers aulTi fterlings i c'eft à -peu-
prés ce quon appelle une tonne d'or en Hollande ^
éc un million en France, non pour la valeur,
mais pour Tufage qu'on en fait en France,
Larïn. Efpéce de monnoie de compte dans tout
1 Orient, où elîe eft auffi monnoie réelle, Tune
& Tautre pour ii (o\s de France, quoique la va-
leur intrioftqae du larin , efpèce courante , ne
foit qiie de 11 fols 3 deniers, à caufc de 9 de-
niers retenus par les princes Arabes pom- le droit
de inonnoyagc.
Le larin e/l d'arj'cnt à lO deniers 13 grains; fa
âgure cfl un SI rond de la longueur d'un travers
de potice» de la grofTcur du tuyau d'une plume
i écrire , plié en deux » & un peu plus aplati pour ]
icccToir iempr:tuts: de ourJ^jucscAraderei» AraJbes i
Noms
des
Efpéces,
Liiux
ou elles
ont cours J
Poids.
Titre.
VALEVa
en argent
de France
gros { gr.
den, grai
liv. fol. cL
Lcwedaar
dcrs*
Hollande
....
....
' 'fl
lîard^
France
17|
V
OBSERVATIONS.
ou Perfans qui lui tiennent lieu de coin du prince*
Les larins que font fabriquer les émirs « font
marqués à leur coin * on donne pour le larin de*
puis 105 jufqu'à io8 bafarucos , petite monnoie
des Indes.
Larin, En Perfe. Les larins font reçus fur le
pied de 1 chayes f » ce qui revient à leur valeur
inirinféque de 1 1 fols 3 deniers : 8 larins font uir
hor ou or, & ID hors font un toman de Pcrfe>
qui vaut 45 à 46 livres.
Larrts, Aux Indes. Cinq larrés font la pîaftre»
Z*/ttr«. vAngleterre. il vaut 20 fols de France*
Il a été fabriqué en 161 9.
L(am> En Chine, Morceau d argent qui fe prend
au poids , ëc qui fert de monnoie courante , qus
les Portugais appellent itlie ou taeL
Lèche, Amérique. On nomme aîn^ dans le mon-
noyage de rAmértque, & principalement au Mexi*
que, une efpèce de vernis de lie qu*on donne aux
piafircs qui s*y fabriquent. Ce vernis fait préfé-
rer les piailres colonnes aux Mexicaines , a caufe
du déchet qu*il hiite à la fonte de prés d*un pour
cent.
Lèondale. Turquie. Quoique les léondales ne
foient guère diflércntcs des rixdales ou écus
d Hollande pour la forme « le prix n'en eft pas G
fort. L'écii valant depuis 48 jufqu'à 50 aipres »
6 la léoniile feulement 40.
LéonJaie. Pour les diflinguer, on appelle Técii
d'Hollande caragroch , & les léondales ftmplc-
mcm gfoch , dont on voit beaucoup fur les fron-
tières de Ruffi^, parce que tout le commerce dé
Vaîachie & de CnnHantinoplc qui pafTc par les
provinces d'entre le Nieftcr & le Danube , ne k
fait prcfqu'en léondales.
LiopoÙn Monnoie de Lorraine , du poids de
7 gros çi grains, au titre de 2 deniers ai grattti.
Les léopoldi ne font plus reçus quaux h6tcli
é%s monnoies à 34 livres la ms^c,
* "Le^f'cdadUers, Monnoie d**rg(;nt f;àbriquce
pour le commerce de Smirne»
^ Liard de cuivre. Les liarJs font de 80 sa
marc, au remède de 4 pièces.
Les liard s de Lorraine font profcrits par airTt&
des 2.7 juillei 1738 & 27 mars 1719-
• li/. A ncienne raonnoieTeçyeaAuellementaux
lotds des monnotes à 3 5 liv. 8 fois 4 dsn. le marc.
* Lh'rc tournois, La livre tonrnoiS cft compo-
ftc de oo fols touriïois, & chaque fol de 12 dtn,
auHî tournois*
La livre Parifis efl de lo fols Parifis , & le fol
Pari&s de 1 X den. Parlfis , chaque fol Parifis valant
jf deniers tournois; en forte qaune livre Parifu
rase 2^ fols tournois.
Lï livre de compte numéraire ell compofée de
îo fols, Ô£ chaque fol de 11 d. la îiv. de France.
ïiBt à Amfterdam 9 f communs & 5 fenins-
Anvers 9 f. communs & 6 fcnîns.
Ausbourg 11 kreuners 6c 2 fenins,
Avignon 1 livre comme en France*
Ba^'îe 2X krcutzers.
Bergame 40 fols de change.
Berlin 6 bons gros.
Brcflaw 21 kreutzers & 6 fenins.
Cadix 4 réaux de veîlon,
Conftantmople 40 afpres.
Cracovîe 22 gros Polonois & 6 fcnlns^
Copenhague 1 5 fchellingsDanoîs & 6 fenini,.
Dantzlck 22 gros Polonois & 6 fenins.
Drcfde 6 fylvers gros.
Florence y fols & 1 1 de ^ rs d'or,
Francfort 22 krcurzers &t 6 fenins.
Gènes 24 fois & S deniers couransr
Genève 26 fols ■; petite monnoie.
Hambourg 9 fols lubs de banque.
Konisberg 22 gros Polonois & 6 fenins.
Lcipfick 6 fylvers gros,
Lisbonne 166 rés Ôi |,
Lvournc 3 fols & i r deniers d'or.
A Londres 1 1 deniers llerling*.
Madrid 4 réaujt de vslloii,
Mefiîne 4$grainf.
Milan 96 fols 3 deniers courans.
Naples 14 grains,
Nuremberg 21 kreutzers & % fefiln§.>
Palerme 4^ grains.
Péier&bourg 19 copecks.
Rome 19 bayocques 61 i quatrini,
Siokholm 24 fluyvcrs de cutvrt.
Turin 18 fols & 2 deniers.
Vakcce ç fols &: 8 deniers-
Varfovie 11 florins {,
Vcnîfe 2 livres.
Vienne 22 kreutzers 8c 2 fenins,
lulfs. On nomme fols lubs à Hambourg 8c en
plufteurs villes d'Allemagne , une monnoie de
compte , dont 48 fols lubs de banque font envi-
ron f Vivres monnoie de France, Quand on tienc
les livres par rixdales , marcs , fols & deniers lubs ,
la rixdale vaut 48 lubs, la dalle 32, le marc 16,
& le fol 12 deniers lubf* Voyez marc lubîS.
Lyang, En Chine vaut une pièce & ^ de 8^
réaux.
Macouu* Monnoie de compte en ufage parmt
les Nègres en quelques endroits de la c5ie d'A-
frique, Si principalement fur la côte d'Angole.
La macoute v^t ïo fols : il en faut 10 pouf
le cent; autre forte de monncie de compte fii
ufage parmi ce[te nation.
A Malimbo & à Cabindo, à environ 30 lieue«
plus loin fur la même cûte d'Angole ^ on compte
par pièce.
MizéJ'm, Egypte, Du poids de 3 d'en. 6 grains ^
valant 18 à 11 deniers argent de France, tuivant
le change.
Maille. France* Monnoie iroaginaire ou de
compte , eflimée la moitié du denier tournois , ou
fa 24' partie d'un fol 10 13 mois. La maille fe fub-
divîfe en a pkes, & chaque pire en 2 femi-pites.
* Uvres d'argents Fabriquées en 1719 , à la
taille de 65 rT% au remède de 6 grains de fin , &
de fj de pièce pour le poids , & reijues à préfcnr
aux hôtels des monnoies à 36 livres 6 fols 4 dé-
mets !e marc.
^ Livre jhrfmg, La livre Aerliflg d'Angleterre,
que Ton ncmme auflî pundt, Sl quelquefois pièce ,
vaut 20 fols ilerlings ou oofchellings. Le fol ïler-
ling Talant iî deniers flerlings ou 12 penios» &
le denier flerïing ou penin eflimé ij deniers j tour-'
nois> la liv, fterling au pair à 48 Uvres le marc
d'argent, monnoie de France, vaut 23 liv. 14 fols-
1 écn. à4t;liv. 1 6 fois le marc, 14 liv. ii f. laden-
3 Louis d'argent , ou ici* Blaiic y fabriqué ^i*
1641 5c en 1720.
190
MON
Mamoudi, Perle 8c aux Ind^s Orientales. Le
mamoudt Perfaa eft de la forme Si à-peu -prés de la
frandéur quéioient les louis de cinq fols de
rancc ; il vaut 2 chaycs ou fchacs. Il faut 2 mi-
moudis pour faire Tabaliy , & 100 pour faire le
icmjn , la plus forte monnoie de Perfe.
La valeur des mamoudis ou mamedis des Iiîdes
ncù pas Bxc ; dans le royaume de Guzarate , le
mamoudi vaut 12 fols, dont il faut J pour Técu
de France, ou la réalc de 8 d^Kfpape. Les petits
mamoudis valent à proportion , c eit- a-dire » 6 fols
dans le Guzarate^ 6c plus ou moins au Bengale »
fulvant que le mamoudi hauffe ou baiflc de valeur.
Mar<:, AUemigne, Suédî:. Anciennement il fe
dlvifoîi eu S parties.
Ceil encore une monnoie de cuivre de Suède»
qui vaut environ 1 foh 6 6c(\. de France ; en forte
que le pair de Tècu de France de 60 fols tA de
34 marcs.
Atarc iiits. Hambourg. Monnoie de compte,
qui revient à une livre tournois de France, La
riidale d'Hambourg, femblable à Tècu de France
de 6d fols, cft ccmpofee de trois marcs lubs,
chaque marc lubs de 16 fols lubs ; en forte que
la rixdafe ett de 48 lubs.
C*eft encore une monnoie de Dancmarck qui
vaut 16 fchellings Danoi*! ou 8 lubs. Il faut it
marcs Danois pour le ducat : on le nomme quel-
quefois marC'Ianfch. Le fcheldal ell un double
marc lubs , qui vaut la moitié en fus du marc
lubs.
Ma-tengros, Brunsfwick. Monnoie de compte
fcrvant à tenir les livres & les écritures : il fe
divife en 8 penins ; il en faut 36 pour U rix-
Mayon^ en Siamois feling, Siam. Le m ay on eft
la quatrième partie du tical , qui vaut 3 liv. 4 fols
6 den. monnoie de France , fur le pied de 6 liv.
10 fols l'once d'argent , en forte que le mayon
cii de t6 (oh 1 den. de la même monnoie,
MéJin* Turquie, Au(Ti monnoie d'argent qui
vaut 3 afpres de Turquie oa 18 deniers monnoie
de France.
Méidin ou Mmdîn, Egypte. Petite monnoie d'ar-
gent : on donne 8 forles ou bulbas pour un méi-
din; 33 raàidins font la piaftrcj fulvant le cours
qu'elle a en Egypte,
Monaco, Mourgues. Monnoie d'argent frap-
pée aux armes du prince de Monaco*
Mùnnoie Je Suc Je. Sorte de cuivre très-doux^
très- malléable , qui vient de Suéde, où il fcrt de
monnoie ; elle eft en petites planches ou pièces
carrées • épai(Tc de trots écus , du poids de cinq
livres { , ù marquée aux 4 coins du poinçon de
Suéde , oii elle a cours pour une riitdalc.
Monfyue» Alger. Monnoie de compte ; il y a
le fimplc & le double, qui valent 20 fols, & 10
fols de France.
Moroedie. Pcrfe. Monnoie d'argent ; il en faut
7 peur faire l*écu d'Hollande.
MON
Miiskofike. Mofcovîe. Il vaut le quart du copec,
Na^ara. Turin. Petite monnoie d'argent taillée
en carré.
Ni:Jle, France. Petite monnoie de bj!lon dont
on fe fcrvoit encore en France vers le 17* fiécîc^
qui vJoit 15 deniers,
OîfûU, France. Ancienne petite monnoie ea
or, en argent 6c en cuivre, dont ta valeur étoU
différente.
Ochavo ou OSiavo, Ef^agne. Monnoie de cui-
vre i loftavo vaut 2 maravedis de vellon : il cû
faut 17 pour une réale de veilo:i ; il y a des oâa-
vos de 4 Se de 8 maravedis, qu'on appelle ordi-
nairement les uns des quartos,& les autres dou-
bles quartos.
On^e, Sicile, Monnoie de compte pour éva-
luer les clungcs à Melfine & à Pilerme, fie pour
tenir les écritures & livr:s de commère:; loncc
y vaut 30 tarins ou 60 carlini, ou 600 gains;
le tarin vaut 20 ^r/mi , & 1^ grain 6 ptcdolis»
Oon Djnjis. D ncmirck, Mo.moie dat^gem
qui vaut i marc :■ Danos, ai environ aj f^ls de
Fiance,
Fadan. MogoL Le padan vaut 100 courons
.^e roupies» le couron vaut ïoo la;ks, le Uck
100,000 roupies , 6c la roupie eft évaluée à } fob
lournois,
P^^odcs, Aux Indes. Mon?:oic d*argent qut a
f our marque la figure d'une idole Lidienne,
Cette monnoie eft à dtfFérens titres & à diâférens
prix; U$ moindres valeat 8 tangas , ce qui vaut
environ 7 fols 6 deniers tournois. Voyez pagode
d or.
Para , parât ou paraji. Il vaut 18 fols de France;
Lts 36 péfent prefqu'autant que la piaftre d'Ef-
pagne.
Fardao. Portugal, Le pardao vaut environ 300
rays ou 20 fanos d'argent.
Pardaos, Efpagne, On nomme alafi les réaies
ou pièces de huit : elles ont un certain prix ûmc
au-deûfous duc^^.l elles ne baiifent jamais. Bfl
Pardos. Afrique, Efpéce de monnoie d'argeoV
Parîjis, France. En terme de compte , c*eft
l'addition de la quatrième partie de la fom^tie au
total de !a fomme, ainfi le Parifis de 16 fols eft
4 fo's, & 4 fols Parifis font ç fols, &c.
P.irpaivU, Milan, Il vaut 1 8 deniers de France, ^
ParplroU. Chambéry, Au titre de 2 deniers.
Patac. Avignon, Il vaut environ a den. de
France,
Pantca. Portugal. Les Portugais nomment aitiC ,
la pi^iftrc d*Efpagne ou pièce de huit. Le pataca
vaut 750 rèis , &c.
Pjtagon, Flandres. II vaut 60 foU de France,
Patard, F.andres. Il vaut 3 deniers monnoie <
de compte en Hollande,
(*uha. Aux Indes. H vaut 6 deniers de France,
On donne 50 ou 60 corîs ou coquilles des Mat-
divrs pour le pécha, ou 40 à 4^ amindcs.
Pemn onpenning. Hollande^ Monnoie de compte.
MON
M<mnûiu £ argent 6* ds biHan*
Nqms
des
Efpéccs.
Piaflre •
Kaflrc
vienne ,
w 1745 *
Pia0rc
vieille
{ P.aflre
forte , de
1728.
Lieux
où elles
ont cours.
Efpagne
Efpagne
Mexique
Poids,
3 i 1
Titre.
Valeur
en argent
de France
den. grai,
10 20
iiv. fol. d,
5 811^
10 10 j 8 8
10 11 ) 8 6
10 22 2 14 10
OBSERVATIONS,
Les comptes fe font dans les livres par florins ,
(bis & p«noings en François dans les Provinces-
TJmcs ; 6t en Hollandots par gulJcn , fluyvcrs
&:pcnDÎng^, ou par ponden , fcliellingen 61 gioo-
tto à U manière Flamande, c'eft-à-dire, en ar-
feat de gros > par livres, fols & deniers. Une
ne Flamande nommée paud^ vaut 6 florins ou 30
fallrs. Un fol de gros ou fchelling fait 6 fols
ou fitiyvers & 12 deniers de grosj le denier va-
hnt U moiiîe d'un fol ou 8 pennings. Le fol
d'Hollande, nommé lluyver, vaut i6penntnsou
8 duttes , qu'on prononce deutcs ; deux duites
font un liard , nommé en HoUandois oorrie ou
4 penningç, Atnfi iipennings font } liirds, ou
Ici l d'un fo), La duite ell la plus petite mon-
aotecouramej le penning la plus petite monnoie
ût compte.
Ptnny, Angleterre. Cefl le denier flerling, Se
h plus petite monnoie d'argent d'Angleterre , qui
tsm 6 pennins ou deniers fteilings- La pièce de
Il pennys fe nomme fchelling.
Ptfo, Lfpagne, loooo péfos valent i ioo ducits.
Fartmene, Allemagne. Il faut 6 petremeoes pour
fure % M% d Allemagne,
* PUJÎre, Fixée par édit de 1717 à 8 réaux
10 quiftos de plate, pefani 540 grains, poids
ûz marc d'Efpagne.
Les pîaJ!res qui fom portées aux hôtels des
iiûanoks , font de celles dites neuves du Mexi-
fjoe, dont le tirre ell r.xé par nnét du îi mai
ïy^T» ^ ïO den. 20 grains, & font reçues auxdits
Utels lîir le pied de 46 livres 11 fols le marc,
• Piapr< due pt ru vienne , fihnq'iée en 174s t
f Ums % fols 8 deniers j^tH , d'après la valeur
wm^^fèque du marc d'argent monnoyé en France,
ajram cours potir 49 lîv, 16 fols, & contenant
^*7Î H grains de poids en matière pure.
M O N
kîotmoiis émargent & de bilïon.
191
Noms
Lieux
V^ALEUR
des
Efpéces,
oii elles
ont cours*
Poids.
Titre.
en argent
de France
l'os \
-g''
dcii.
grai.
iiv. fol. d.
Piaftre
vieilîs,
dite du
Pérou •
|Pérou
7
! 10
'^^ï
î 8 ir
Piaflre
aux djux
g'obes de
1743 '
• ' • *
7
5
10
21
S 9 7
Piaflre
d t^ quar-
rc long >
Nouveau
Mexique
^ i
30
10
21
î 8
Pa'îre
vieille 4
Pérou
7
6
10
ai
S 9 9
Picoli ^
Sicile 1
Pièces ^
Piémont
12'
3
\ %
Pièces 7
Piémont
11
a
6
I 9
Pièces
SâV( ye
1 -
a
S
2
25
3
Pièces s
Géncs
5
22
4
Pièces ^
Gèaes
5
ï
M
6
P-èccs
préfence.
Aix la
Chapelle
- 1
ïi
6
2)
.16 J
Pièces
d'un Stu
ber.
Comîé dt,
ta Marck
1
a
1
1
I^
I tt
Pièces
Pologie
3-1
4
4
I rO
OBSERVATIONS,
• Pïapre vieille^ dite du pérou. Contient 456
grains du poids François en matière pure,
^ Piaflre aux deux globes de 1748. Contient 459
grains en matière pure.
^ Pia(lrt dite quarré Ln^. Contient 453 grains
du poids Français.
4 Piaflre vieille. Contient 460 grains du poids
François.
î PicolL Monnoie de compte : il faut 6 picolis
pour le grain.
^ Pikes* Fabriquées en 1629 & 1630,
7 Pièces. Fabriquées en 1640 ou 1642.
^ Pièces* D*aLtr.s au titre de 3 deniers 8 grains,
^ Piki^^ D'autres à ^ deniers 6 grains.
éMé
19^ MON
Monnoics d'argent & de hillotû
Noms
des
Efpèces.
Lieux
où elles
ont cours.
Pièces
d'un Stu-
ber'
Pièces
xl'un Stu-
bcr»
Pièces
d*un Stu-
ber
Pièces
vieilles
d'un Stu-
ber
Pièces de
a Stubers
Pièces de
s Stubers
Pièces de
3 Stubers?
Pièces de
3 Stubers •»
Pièces de
4 Stubers
Pièces de
Philippe
IV î
pièces de
Phiiipj«
fiergues
&Julier^
Bergues
ScJuliers
Cologne
Clève^
Diatorff
Cologne
Cologne
Cologne
Brande-
bourg
Efpagne
Efyagne
Poids.
gros i gr.
den. grai<
1 20
i 9
Î5
i *
i 3*
I 1%
7 a»
33
Titre.
x6
lO
10
lO
Valeur
en argent
de France
liv.foLd.
I iP
lO
II
6 5
S "
8 3
5 8 5
6 14 X
MON
Monnoiet d'argent & dt tUlon:
Noms
des
Efpèces.
Lieux
où elles
ont cours.
Poids.
Titre.
VAUim
en argent
deFnMce
gros i gr.
den. grai.
Uv.foLd.
Pièces de
Çbarl.11»
Efpagne
4 4
Il
j S lO
Piftot *
Malthe
• • • .
• • . f
S
Piftole 3
France
• • • •
....
!•
Pitc4
Pitisf
Plapper «
France
Me de
Java
Baûe
• • • •
• • . •
«
Pplding.7
Mofcovie
Polduras
ou Pol-
trachs
Mefcovie
x6
2 ao
1»
Poluskc 8
Mofcovie
Pound 9
Angleter.
Pouny »•
Mogol
Quadrin**
Rome
Quart
dtcu »>
France
* i I
II
«5
OBSERVATIONS.
' Pièces d^un ftuher. Fabriquées eo 17)6^
* Pièces d'un ftuber. Fabriquées en 1738.
} Pièces de } fiuherSf Fabriquées en 1720.
.4 Pièces de ^ ftuber s. Fabriquéçs en 175p.
^ Pièces de Philippe ITj Contenant 453 gros
1^ grains du poids François en matière pure.
^ Pièces de Philippe IV. Fabriquées en 1630 ,
I TcAftie ^ ^vif um^ fupportéçs j^r des lâofis.
OBSEÏIVATIONS.
« Pièces de Charles IJ. Fabriquées en 167a,
* Piflor. Petite monnoie.
) Piftole. Monno}e de compte. Voyez aux mon*
noies d*or.
'4 Pite. Monnoie imaginaire, le quart fpn dé^
nier tournois , ou la moitié d*une maille ou obole*
s Pitis. Monnoie , moitié plomb & moitié
écume de cuivre. On nomme cette monnoie 00x4
en Cbiqois , dont les 200 valent 1 fol 6 denieri
dç France
^ Plapper. 6 ratzes en SuiiTe.
7 Poldinguf. Il faut 20Q poldingues pour tm%
un rouble.
^ Poluskc. Petite monnoie d*^rgent qui vmt I4
mpitié du copeç.
9 Pound, Synonyme avec pièce & livre fieiv
Ung. Voyez livre nerlipg.
■^ Pouny, Monnoie de compte qui vam^ofaor
ris ; il faut 3 S pouny s pour faire la roupie d^
Madras.
" Quadrin, Ceft le denier Romain » dont i)
hut 50 pour le jule. 50 quadrins de Flandres
font le jule.
}^ Quan fiçUf F^riqué ep i^8o.
S
p
MON
™ hi^nnùUs d'argent & de bdhn.
KOMS
des
Bpéces.
Lieux
où elles
OUI cours.
Poids.
Titre.
Valeur
en argent
de Franco
gros i gr.
dco, graî.
liv.fotd.
Quarto* ,
ECpagne
Qtûïo »
Florence
. , , *
.... '
1 13 4
Ratzc <
SuKTe
Réale&
Rèaujt*
Efpagne
RèlUK
d«Bi
Efpagne
7 91
11 6
MON
Monnaies d'argent & de hilhm'.
m
OBSERVATIONS.
* Quarto» Mociaole de cuivre qui a cours pour
4 ffliraTcdîs.
* QsiU^i, Monnole du pays*
^ Rai^e. Monnoie de billon.
* fUale 6^ réaux» La 8' partie de la piaflre cou-
lante; il y a des réaux de 8 » de 4 j de x & dc^
{ réaux* Le) réaux de 8 font les ptailres, de 4
la ^, de a le ^ , 6t le i le 7!^ de la pîaAre.
î Réaux de 8* Cw*ux fabriqués dans le royaume
d'Aragon en t6i 1 , ne pèfent que 7 gros 9 grains ,
att titre de lO deniers 22 grains.
Les féaux au moulin, de 1610, pèfent 7 gros
iieraius, au litre de to deniers 11 grains.
<5e$ efpèces ne font plus reçues en France aux
botels des mon noies que fur le pied de 46 Hv.
ly fols le marc
Hid de vellon, Efpagne. Monnoie de compte
cOBiine en France la livre. Il faut iç réaux de
vefl<m pour faire la piaftre de pi ara ou d'argent ;
en forte qu'en fuppofant la piaftre à 60 fols de
France, le réal de vellon ne vaut que j fols de
h^ même monnoie,
Rfu, Portugal. Petite monnoîe de cuivre cou-
rame & de compte. Il faut 750 réis pour ia
pîaftre , & la piftole à proportion , les 100 réis
éç Bréfil falfant la livre de 30 fols de France.
RipfcL Riga. La rixdaîe fe divife en ij ri-
^IclHp & le florin de Pologne en 5.
RixdjUi, Ailemague, Flandres, Poîo^ne , Di-
fi£ixiar€k , Suéde, SuiflTe & Genève. Il y a la
risdale réelle & la rixdale de compte. Li réelle
tfi ce qu'on appelle ccu de P Empire : elle vaut
r^ kreutzers, Si cft évaluée à 5 livres Sfolsiour-
n'\ ; celle d Hollande à 5 liv. 12 fols 9 den. ;
Cîlk d*Hambourg à 5 liv. 12 fols, & celle de Da-
nemarck à ; livres 13 fols.
La rixdale de compte a fes divlûons relative-
cpt au pays oii Ton s'en fert.
Ans & Méîhrs. Terne K Partie L
Noms
des
Efpcces,
Ll£UX
oii elles
ont cours.
Poids.
Titre.
Valeur
en irgent
de France
gros.
igr*
deiî. grai.
tiv. loi. d.
Rixdaldcr
Hollande
7
xo
ro 8
S 6 î
Rixdaler
Couronne
Dane-
marck
, 7
6
9 lî
4 19 9
Rixdaler
Lubeck
7
10
8 20
4 9 î
Rîxmarc ^
Danema*
Rixoorth^
Danema.
,
Rîzé *
Ronftiq. 4
Stokolm
OBSERVATIONS.
A Amfterdam » elle fe divîfecn 50 fols communs
ou too deniers de gros.
A Anvers, en 48 patars.
A Ausbourg» les ico rixdales imaginaires font
comptées en tout temps pour 117 rixdales argent
courant, qui font 190 fijrlns courons ^
A Bade, en 50 fols on 108 kreutzers,
A Berlin, en 14 bon gros.
A Breflaw, en 25 bons gros ou 30 filvers gros.
A Bruxelles , en 4S pat.<rs.
A Cologne , en 78 alhus.
A Copenhague, en 6 ma^cs Danois.
A Dantzick & à Kœ nsber^ , en 90 gros ou 3
florins.
A Francfort, en 90 kreufzîrs,
A Hambourg , en 3 marc-Iubs , ou 48 lubs, ou
96 deniers gros.
A L^ipfick, en 14 bons gros,
A Nuremberg, en 90 kreuTzeri, ou en }0 fchel.
A Riga , en 90 gros ou î % marcs.
A Vienne en Auîrichc , en 90 kreutzers.
Aux Indes, les rixdales doivent être du poids
de 77 vols chacune; fur ce pied on donne 214
roupies pour 100 rixdales de Flandres, & 216 ^
pour celles d'Allemigne , de Suéde & de Pologne.
^ Rixrnarc, lo fcbellings Danois ou lofchellîngi
laps.
^ Rixoorth, 24 fchcl!ings Danois ou le quart de
la rixdale, cVft-àdîre, environ 15 fols de France,
5 R:^é, Efpéce de monnoie de compte ; on
donne le nom de TÎzé à un fac de i ^000 ducats ,
comme on à\x une tonne d*or en Hollande , un
million en France.
4 Rûnjlii^ue, Monnoie de cuivre : les 8 ronlît-
ques valent 2 fols 6. den. de France. Il faut 20
ronftiques pour k petite Cbriftine d*argeni ; &
3 pour ie fol de Suéde,
Bb
194 MON
Monnoïes df argent & de HllotC
Noms
des
Efpéces.
Rouble Y
Roup •
Roupie ^
Lieux
où elles
ont cours.
Ruflle
Pologne
Mogol&c
Poids.
gros. -• gr.
i8
TiTRI,
Jen. grai.
10 ao
IX 15J
Valeur
en argent
de France
liv. fol. d.
M
2 iienv.
OBSERVATIONS.
En monnoie de compte ^ les 8 rouftiques font
le marc , & 4 marcs le déaider.
Rouble. Le rouble fe divife en loo copecs,
& le copec en 2 mocofques.
'- Roup. Cette monnoie a aufli cours à Erze-
rum en Arménie.
) Roupie. Voyei aux monnoies d*or»
Ruble» Mofcovie» une rixdale l.
Santa, lile de Java. Monnoie de compte com-
pofée de aoo caxas , monnoie du pay$ , enfilés
enfemble avec un cordon de paille : le fanta ne
vaut qu*un fol de France.
Sapctou. Ifle de Java. Monnoie de compte qui
contient cinq fantas.
ScheldaL Danemarck. Le icheldal vaut 32 fols
lubs , ou les f d*uae rixdale.
Schelongs. Pologne. Monnoie de cuivre valant
) deniers tournois.
Schélings. Angleterre. Valant 10 deniers 21
grains. Il en faut 20 pour la livre flerling. Le
Ichelling d*Angleterre eft la 20' partie de la livre
fterling, & vaut environ 22 fois 6 deniers de
France.
Les 20 foheUins valent 24a deniers ilerlin».
Le croon ou écu d'Angleterre vaut j fchellings
ou 60 deniers flerlings.
L'écu de France de 60 fols vaut 2 Tchellings j ,
ou 32 deniers fterlings.
Les 5 fchellings -^ en font environ 3 ti'Hollande.
Les ichellings^ d Hollande 9 qu'on nomme aufTi
cfcalins , valent 1 2 deniers de gros ou 6 fols
communs ; ceux d'Allemagne à-peu-prés 7 fols
6 den. de France , & ceux de Flandres environ
6 fols. Les fchellings Danois font de cuivre » &
valent un peu plus de 2 liards de France.
Le fcheÛing lubs vaut 2 fchellings Danois ; au-
deffous du fcnelling Danois eft le foffin danche,
qui vaut environ un liard ou 3 deniers.
Schuite d'argent, Japon. Monnoie de compte
fur laquelle on cftime les paiemens dans le com-
merce : les 200 fchuites vûlcnt 500 liv. monnoie
d^Hollande.
Semi'Pite. France. La huitième partie d*un dé-
nier tournois , ou le quart de la maille & obole»
ou la moitié d*une pitc
MON
SUver gros. Breflavr. Il en faue )0 ponr la nm\
dalle.
Six blancs. France. Monnoie de bîUon qui %'
eu cours en 1656 pour 2 fols 6 deniers, fiippii-j
mée par lettres- patentes du 19 novembre 1657*
Sol ou fou 9 pïcces de 2 fols. France. An titie
de 2 den. 12 grains, valant deux fols, £ibriquée&
en 1738 , au remède de 4 grains , à la taille de
112 pièces au marc, 4 pièces de remède» fans
recours de la pièce au marc & des 7 fols de
même titre, à la taille de 334 au marc^ au rcr
mède de 8 pièces.
SoL France. Monnoie de compte. Il y a eir
France 2 fols de compte , le fol tournois 8c le
fol Parifis.
Le fol tournois fe divifo en 12 deniers : om
s*en fert dans le commerce, dans les changes ft
dans les comptes.
Le fol Parifis eil d*un quart plus fort que Té
fol tournois, & vaut 15 deniers : 20 fols Parifis
font une livre Parifis, qui vaut 35 fols tournois.
En Angleterre, le fol ou fchelling flerling eft de
12 deniers : il en faut 20 pour la livre nerling»
& 21 pour la euinée.
A Anvers , Te fol de gros vaut xa deniers 4^
gros , & le denier un demi patard.
A B«ile^ le fol efi de 12 deniersii
A Bergame , idem.
A Bremen, le fol vaut s gros f: il faut 34gra»
pour le marc lubs.
A Copenhague, le fol lubs vaut 2 fchellings Dai^
nois , & le marc Danois efl con>pofi de 8" lubs.
En Hollande, le fol commun eft de 16 pennia»
ou de 2 deniers de gros ; le fol de gros eft de
1 2 deniers de gros , ou de 6 fols communs.
A Livourne , il y a trois fortes de fols de compte^
qui fe divifent également par 12 deniers; favoir',
le fol, dont il faut 20 pour la piàflre de 8 rèaux,Ie
fol de la livre bonne monnoie , & le fol de la.
livre monnoie longue.
A Gènes , le foV eil de ta deniers ; il y a le fbt
de la livre hors banco , & le fol de la livre-
banco.
A Genève, il y a deux fortes de*fols de compte;,
favoir , les fols dont les 12 font le florin ', le pre*
mler fe divife par 12 deniers, le fécond gar deiur
pièces de deux quarts.
A Hambourg y il y a le fol lubs qui vaut ic
deiiîcrs lubs , ou 2 deniers de gros , &. le fol de
gros valant 12: deniers de gros ou dlubs.
A Lille, le fol de gros ou Tefcalin vaut 11 de*
nicrs de gros ou 6 patards.
A Milan , deuv fortes de fols, qui fe dîvifont
par 12 deniers, le fol courant, le fol de chanfe
ou impérial. Il faut 25a fols courans pour fair^
106 fols de change.
A Novi , le fol d'or marc , qui fe divife par
12 den. L'écu d'or marc fe divife en 20 de ce»
fols.
A Turin, le fol cfl de 12 deniers-
\
MON
A Venlfe, le fol ée gros banco » tuxi Ce dWiCc
pir t» denien ; il faut to de ces lois pour la
UTfC de gros banco, compofée de lo ducats
counns. Le denier courant eft compofè de 114
^£ûh coitraos « ou marchettî,
H S^mf^t» Siam. La fompaye eft la moitié du
Bfbs^ig, inenoe monnoie du même pays ; on donne
His ^ %y caches de Siam pour tine 1 ompaye , ou
Hpoo corn» coquilles des Maldives, qui iervcnc de
Hpiooiiore dans prefquc toutes les Indes Orientales.
K Les caches font des efpéces de doubles de cui-
?TC, plus pcfants du tiers que les doubles» ou
% Uards de France.
La fofiipaye Te divife en deux payes « chaque
paye en z clains , toutes deux monnoies de
coopte,
SimtUs. Ormus en Afie. Petite monnoîe qui
400 beforclis , environ 10 fols de France.
^ Sttriing^ En Angleterre, Les ncgocians Anglois
Utimcnt leurs livres, par livres, fols & deniers
fterlings , en mettant la livre fterlîng pour 10 li-
trts communes , le fol fterling pour 10 fols , &
k dcmer fterling pour 10 deniers.
Smyv€% HoUande. Sol commun qui vaut 16
jeuiiii^,
Ta(L Chine, Il n*y a point à la Chine de
son^ole d'argent marquée au coin du prince ; on
k (tn dans la diAribution de ce métal de trois
pids dtff^èrens , qui font le lael , le mas & le
Tad* Chine. Chaque tael d'argent pèfe envi-
ton HOC once % gros poids de marc de France ,
te peut valoir aulTi environ 6 livres lO fols de
Frincc.
Les Japonois ont auflî leur tael qui leur fert
de monnoie de compte, dont les 50 valent en-
fifon 60 fols tournois,
T>imling. Siam, Les Siamois appellent aînfi
cette cfpece de monnoie fit de poids que les Chî-
Bot» appelleni tad.
Le tiel de Siam eft de la moitié plus foible que
le fiel de la Chine, cnforte-que k cati Siamois
ce vaut que 8 racls Chinois , & qu'il faut 20
lacis Siamois pour le cati Chinois.
A Siim, le tamling ou tael fe fubdivlfe en 4
ticili otî baa* , le ricil en 4 mayons ou felings ,
le laayon en 1 fouang«> , chaque fouang en 2
fempaycs, la fômpaye en 1 payes, Ôi la paye en
9 dams» monnote de compte, qui, comme poids,
pcfc 11 grains de riz, en forte que le tamling ou
net cfl de 768 grains.
Têngji. Indes Orientales, Monnoie de compté
dt bon & de mauvais aloi. Si on donne 4 tan-
te de bon aloi pour xm pardao féraphin , il en
hm 5 quand on eflime le pardao en tangas de
junv^îs aloi. Le canga de bon aloi eft d'un cîn-
ipième plu^ ion qut; celui de mauvais aloi. Le
wm eft évalue 5 deniers de France,
D fao! 4 vintins de bon aloi pour un tanga
4c baa aloî ^ & 1 ; bons b^racos pq^ir un bon
1 MON
195
Monnoki d^argent & de hiUon»
Efpéces
Lieux
où elles
ont cours.
Poids.
Titre.
Valeur
en argent
de France
gros ^ gr.
den. grai.
liv. fol. d.
Tical «
Siam
î ^} 1
10 20
1 10
Timpf
Pologne
f 35
6 4
tl II
Timpf
Pruffe
i 1
{ 20
'* 4
OBSERVATIONS.
vîntîn. Le bon baracos pris fur le pied du réis
de Portugal, c eft-à-dire, d'un denier de France:
3 baracos de mauvais aloi ne font que 2 réis.
Tarin, Naples , Sicile & Malte , monnoie de
compte. A Naples , le tarin vaut 1 carolins , &
cinq tarins font le ducat dd regno. Le tarin peut
être évalué environ 16 fols tournois.
Sicile* En Sicile l'once eft compofée de 30 ta-
rins, & le tarin de 20 grains ; ce tarin ne vaut
qu'environ 8 fols tournois.
Malte. Le tarin fe divife par 16 ; il en faut
12 pour faire l'ècu de Malte. Ce tarin vaut en-
viron 4 fols tournois.
* TtCiiL On donne 10 caches de Siam pour un
lîcal, Le cache eft une efpèce de gros double de
cuivre.
Timpfin. Kœmsberg & D.inïzick. Monnoîe de
compte. Le timpfen ou florin Polonois vaut 30
gros Polonois ; il faut 3 tîmpfens pour la rixdale.
Timpf-Gulden, Damzick , Riga & Koenisberg.
Cette monnoie vaut 30 gros de ces trois villes:
c'eft proprement k florin.
Timmin, Ifle de Chio. Petite monnoie d'argent
qui vaut % fols de France*
Tôcque. Chine. Manière d'évaluer le titre de
TargenL L'argent le plus fin eft de 100 tocques ;
le plus bas eft de 80 : au-deflbus il ne fe reçoit
plus dans le commerce.
L'argent de France ne fe reçoit à la Chine que
fur le pied de 9c tocques, même 93 ; a'tnfi fur
100 onces d*argcnt en efpéces, il y a 7 onccf
de déchet pour l'alliage.
C*eft aufti une monnoie de compte en quel-
ques endroits des côtes d'Afrique , où les coris
font reçus dans la traite des Nègres : une tocqu9
eft compofée de 40 cotis,
Tybofe, Indes Orientales. Efpcce de roupie
des états du grand Mogol , qui vaut le double de
la roupie gazana , qui vaut 30 fols de France,
Veilon, Êfpagne. Mot Efpagno! » qui , en terme
de monnoie, irgnifie ce quon appelle en France
bUlon^ & pour diflinguer quelques monnoies de
compte. Ainfi on dit un ducat , un réal, un ma-
ravedis de velîon , par oppofirion à ceux que
l'on nomûiç de plate ou d'argent. La difFérence
Bb a
^
i<)6 MON
de la monnoie plate à celle de velloo » eu près
de moitié ; loo réaux de plate en font i88 —de
vellon i & xoo r^aux de vcUon 5 } réaux -j- vie plate
vieille.
Fintin, Portugal & aux Indes Orientales. Pe-
tite monnoie de billon qui vaut 20 réis.
. Ufalton, Géorgie. Valant ii fols de France.
2 chaouris font nn ufalton.
Zaejies, Perfe. Petite monnoie d*argent ; c'eft
le 7 mamoudi.
Zianift, Amadabatb. Le zlangi eft du nombre
des roupies , & vaut 20 pour cent plus que celles
qu'on appelle ga^aHa» Le ziangi revient à envi-
ron 36 fols de France.
Zimbi. Afrique. Hfpèce de coquillage qui tient
lieu de menue monnoie dans quelques lieux de la
cite d'Afrique « fur-tout à Angole & dans le
royaume de Congo. 2coo zimbis reviennent à ce
que les Nègres appellent une macoute , qui n*eft
pas une monnoie réelle ; il n'y en a point dans
toute cette partie de l'Afrique , mais une façon
d*eilimer ce qu'on vend & ce qu'on achète.
Zu^a, Monnoie des Juifs du poids d'une dragme ,
qui valoit le quart du ûcle.
Ohfervatîons fur les monnotes d'or & ^argent
de Portugal.
L*or de Portugal en Lisbonines & MîUeraîs» elt
reçu dans les hôtels des monnoies au titre de 22
karats , & eft payé 678 liv. 1 5 fols , à quoi on
ajoute les 8 deniers pour livre , montstnt à 22 li-
vres 12 fols 6 deniers , ce qui fait au total 701
liv. 7 fols 6 den.
Les efpèces qui ont cours en Portugal font » en
or y les pièces de cinq monnoies , fabriquées en
17 27 9 du poids de i once 6 gros , au titre de
22 karats « contenant 926 grains ^\^\ de grains
du poids François , en matière pure « & valent
160 livres 11 fo-s 2 deniers T?7fTT d'après la va-
leur intrinféque du marc d'or monnoyè en France ,
ayant cours pour 720 livres , & contenant 4155 ~
grains de poids en matière pure.
Depuis la loi donnée par don Jean V ^ en 1732,
en ne fabrique plus en Portugal aucune monnoie
dont la valeur néceiTaire excède 48.0 réls ; c'eft
pourquoi les pièces de cinq-monnoies font deve-
nues fort rare» y & encore plus celles de huit-
monnoie» qu'on fabriquoit anciennement.
Les cruzades de 1734 , au titre de 21 karats ^ ^
contenant 16 grains ^~ den. du poids François en
jnaticie pure , valent 2 liv. 16 fols 10 den. d aprèi
la même valeur Intrinféque , &c.
Les pièces de 128^0 rèis de 1732 , au titre de
12 karats , contenant 494 -^^ ^ains du poids
François j valent 85 livres 11 lois 11 deniers
^l^frl d'après la même valeur.
Les pièces d'or de 1723 , au titre de aa ka-
rats, contecam 55 grains du poids François en
matière pure , valent g liv. 10 fols 6 deniers d'a-
près la mcme valeur»
MON
En argent. Les teflons de 1702 , au titre de
10 deniers ^ contenant 60 grains ^~} grains da
poids François en matière pure , v<iient 14 fols
6 den. -I^Hh d'après la valeur intrinféque du
marc d'argent monnoyè en France » ayant cours
pour 49 liv. 16 fols » & contenant 4175 ^ grains
de poids en matière pure.
h'\ cruzade neuve de 1750 , au titre de lO de*
niers -^ , contenant 255 gr<ïirs du poids François ,
vaut 3 livres 11 deniers ifrlfr» d après la même
valeur , &c.
Les monnoies que don JofephLafait frapper»
font les pièces d'or de 4 oftaves » qui ont coûis
pour 6400 réis.
De 2 oâaves , pour 3100 réis*
De I oâave , pour 1600.
De \ oâave , pour 8co.
Et la cruzade neuve qui a cours pour 480.
L;;:s pièces d'argent appelées demi-tefton ,. onr
cours pour 50 réis.
Monnoie de 3 vintems , pour (.0 réls.
Teflon , pour 100 réls.
De 6 vintems pour 120 réis.
De 12 vintems pour 240.
La cruzade neuve pour 480 , comme la pi&e*
d'or nommée de même cruzade neuve.
§'
Proportion dt Vor avic l'argent.
Pour juger de la proportion de l'or avec Eaw-
'ent pour les matières monnoyées en Portug^ ^
U faut obferver que la pièce de 12800 réis, du
poids réel de {39 grains » au titre de 2a karats r
contenant réellement 494 ~i du poids François
en matière pure , a cours numérairement en Por*
tu^l pour 12800 réis.
Dans la même proportion , un marc d'or pur^
ou 4608 grains du poids François en maôére
pure , devroii avoir cours en Portugal pour
"9377 f;H «"^s.
D3 même le poids réel du teflon au titre de
10 deniers ~ étr.nt de 68 grains , & contenant
réellement 60 ^^ grains du poids François ea
matière pure , a cours numérairement en Portu*
gai pomr ioq réis.
Dans la même proportion, 4608 grains du poids
François en matière pure , ou un marc d*argenc
pur , auroit cours en Portugal pour 7564 —7.
D où il eft aisé de conclure que la proportioa
réfuhante de ces valeurs numéraires en Portugsl
entre Tor & largent , eft de 1 5 f |^ marcs d'ar-
gent pour un marc d'or.
Les parités réfultantes des valeurs intrtnféqucs
pour le change entre la France & le Portugal ,
Ibnty favoir :
Pour l'or , le^ d'un louis deyroit pcfcr 17-;^^
grains en matière pure. 448 réis en matière d*or
compofent Its mêmes 17 rièh ^" matière pnro»
Pour Targent , te ^ écu de France contient
251 —44 en matière pure. 412 réis en matière
d'argent compofent 252 j^ en matière pure-
MON
On voit par ce calcul que la différence de ces
S filés pour le change , provient de celle qui
_ iCMc dans h proponioo de Tor à Targenc dans
les àctix états.
Si en Portugal cette proportion cft de 15 ^^
iftafcs d^argent pour un marc d'or , elle eft en
FraïKC de 14 ^t^t «i«cs d'argent pour un marc
i'ot : donc ces deux proponions dlft'érent en>
ïf'c\\ç% de S ^ un peu plus pour 100 , & la même
diffcrencc Te rencontre entre les deux paritcs
pour le change , qui font :
Sur ks matières d'or à 448 \^ réîs pourunécu.
Sur les inatiéres d*argem à 412 T^Hfi ''^** P^"^
un ècu de 60 fols.
Depuis U loi donnée le 4 août i<S88 , pour
faugmenution des erpèces d'or 6i d'irgenc ,
cjïfi a lue la valctir du marc d'or au titre de 12
karats à ^éooDrêis , & celle de Tor travaillé , au
tnre de to karats 1 grains , à 89600 réis , celle
dit irarc d'argent monnoyé au titre de 1 1 deniers
à €o30 rêi$ * Ci: celle de l argent travaillé , au titre
4e 13 deniers 6 grains à 5600 rèis y U valeur des
«ocnotcs n'a plus varié , & eti encore la mcme
: 1 hiû en Portugal.
. On trouvera dans les divifions de TEncy-
c^jfiûie méthodique, tUfférens autres articles rc-
hfin aux mon noies , qu*il ne nous appartient pas
de difcuter dans ce didionnaire des arts-
Aîofi dans le tome VI du di^lionnaire de jurîs-
ptudetice, on rapporte les lois Ôc Us difpofiiions
éti ordonnances de nos Rois concernant les mon •
, & ks cours & jurirdu^tions des monnoies*
à>iii> le tome 111 du dictionnaire du commerce ,
I verra les tableaux expofitifs du cours des chan-
, & de la valeur des monnoies de toutes les
BSfior^s commençantes.
]v le diftionnaire de rhiAoire,on fera con-
-% monnoies anciennes , & les variations ar-
* compofitlon Se dans leur valeur»
jnnaire des finances ^ tome lll , on
êm^ de» vuts d'un homme d'état fur les mon-
jiolcs conftdèrées comme fhifant partie des teve-
am ûu Souverain.
£c ainfi des autres branches du tr^iirè général
da Bionooies.
Reglhmens.
n n'y a en France qu'un graveur général , qui
fecl lî drr it dz faire les originaux des poinçons
L ik matrices de toutes les nK>nnoies
€1 lift travailler» Il fut créé en 1547, &
ioti titre fi rciîdence dans la ville de Paris y pour
fere cùmm^ au centre de toits its hôtels des n^on-
«Hês du ruyaume « afin que les tailleurs particti^
MON
*f7
\k
m fdvoîr à qui ils doivent s'atlreiTer
jumis de poinçons d'effigie & de jna-
nt aux ordonnances de 1549 &
^ à peine de privation & de fuf-
. - 'Q état, leur eu fournir U quantité
dont ils ont befoin , aBn qu*ils ne chomment pas
après lui, Scies marqtier de fon différent^ ou de
fa marque, & an millèfime de Tanne,; en laqucib
il les a taillés.
Il lui eft défendu , fous peine de punition cor-
porelle , d'en djhvrer aucun qu*en plein bureau
de la cour des monnoies , & il lui cfi ordanné
d*en faire enreglftrer I3 délivrance au greffe de la
monnoie , & d'en prendre afte.
Quand on veut faire ouvrer & travaiihr une
monnaie , le graveur général fait des poinçons
d'cfRgie & matrices de carrés : il les délivre au
greffier delà cour des monnoies, lequel en dreffe
uu procès- verbal , en charge fon regiftre , fie les
ayant mis dans une boîte cachetée é^ armes dir
Roi , en charge le mer!;-gcr , & renvoie aux juges-
gardes de la monnoie , qui Payant reçue bien con-
diiionnce & cachetée , en font procès-verbal , 6c
rouvrent en préfence du graveur paniculier de
la monnoie , auquel à fiiiilant ils délivrent tes
poinçons d^elHgie & matrices dont il fe charge.
Chaque graveur particulier des monnoies ne
peut tailler & giaver les carres que dans U
monnoie ou il eft attaché par office , & fur tes
poinçons du gravt;ur général.
Chaque carre doit être bien poil & bien gravé ^
les lettres de la légende bien aflîfes, & les d'ifè-
nns des villes , des maîtres & du tailleur parti-
culier bien apparcns ; il doit y mettre encore
un autre différent particulier , qu'il déclare aux
gardes pour en tenir rcgiflrc.
11 ne peut point , fous peine de faux , chntiger la
forme établie de graver les carrés , & e(l oblige
de délivrer aux gardes les fers qu il fait , de
prendre afte de leur délivrance , d'être préfent
lorfque les gardes les remettent aux monnnyeurs ,
& de figner l'acte de rcmife pour la confervation
de fon droit de ferrage , qui eft de feize deniers
par marc d'or ik de huit par marc d'argent ; à la
cliarge par lui de fournir tous les fers nècelïaires
pour monnoyer les efpèces*
Les mon no y ers ne font qu*un iéul corps avec
les ouvriers ; mais ils font divifés en deux com-
pagnies , qui ont chacune leur prévôt & leur
lieuienant avec un greflier commun.
Le prèvot des moniioyers , ou fon lieutenant ^
doit recevoir du maître, au poiis & au compta,»
les flans prépares pour ctre t-appés , pour les
diftribuer aux monnoyers des balanciers, reftant
chargé des pertes & déchets tant q^e Touvragc
re0e en fes mains.
Les monnoyers & les ouvriers jouiflem de plu^
ficurs prlviléges-
Les monnoies anciennes, défeâueufes, étran-
gères, hors de cours, doivent être portées aux
hôtels des monnoies par les chof^-^surs , qui font
des officiers autorifés pour les recevoir dans les
différentes villes du royaume , ô: en donner à
ceux qui les Icnr portent une valeur prèlcrite eo
efpèces courantes^
s^B
MON
Il y a des <hangeur$ en titre d'office > 8c d*au*
ires qui font fimpkment commis par la cour des
fiionnoies.
Les offices de changeurs, après avoir été établis
& fupprlmés plufieurs fois & à dtfférem ncm-
brcs pour les principales villes du royaume,
furent fixés à trois cents par ledit de juin 1696,
régiflré à la cour d€S nioimois le 30 des marnes
mois & anj mais des trois cents charges créées
par cet édit , il n'en fut levé que cent foixante
& fcize , & les cent vingt-quatre reOantes furent
fupprimées par autre édit du mois de feptembre
1705.
Les commiffions des changeurs fe délivrent par
!a cour des monnoies , qui , fous le bon plaîfir
du Roi , commet tels particuliers qu'elle juge à
propos pour fajre le change dans les villes &
gros bourgs oîi cela lui paroit néceflairc.
Ces changeurs par commiffion jouirent durant
leur exercice des mêmes privilèges que les chan-
geurs en titre ; 8c les droits , tonÔions & obli-
gations des uns 8c des autres ont été fixés par le
règlement général du 7 janvier 1716.
Par ce règlement, tiré det arrêts & régîemens
du confeil & de la cour de monnoies , en date
des 8 miii 1679, '4 ^ ^^ février, 10 & ai mai
1690, 14 décembre 1693» 21 novembre 1701, &
14 oàobre 1711 , la cour a ordonné que les
changeurs en titic ou commis aux changes éta-
blis dans les villes du royaume, auront leurs bu-
reaux dans les lieux publics çlcs villes où ils fe-
ront établit. Si fur rue. Si qu'ils les tiendront
ouverts tous les jours non fériés, en été depuis
fix heures du matin iufqu*à huit heures du foir;
en hiver depuis fept heures jufqu'à fix.
Qu*ils auront fur leurs bureaux de bonnes ba-
lances avec le poids de marc , & les diminutions
étalonnées fur le poids original de France.
Qu'ils auront aufli dans leurs bureaux le tarif
& évaluation des eTpèces , vaiiïclles 8c matières
d'or & d'argent, 8c des cifoires> taffcaux , coins
6c marteiiux propres à cifailler les mauvaifes ef-
péces*
Qu'ils feront tenus de recevoir toutes les ma-
tières , ouvrages , vaitTcllesSc efpèccsd'or ou d'ar-
gent , tant décriées , légères , faufles Se dèfec-
tucufes , que les anciennes non réformées , 8c
d'en payer comptant la valeur Ôc le prix, fuivant
le dit prif, à la déduéïion de leur falaire, avec
défenfc d'en payer U valeur en billets.
Qu*ils feront tenus de cifailler toutes les ef-
pèces décriées, légères, défcAueufes & faufTes,
& de difformer les ouvrages 8c vaiflTelles d or 8£
d'argent , en prcfencc de ceux Se de celles qui
les leur apportent, à peine de confifcation fur
eux desdites eTpèces ôt yaiiTellcs non cifaillécs
ni diffbrmées, 6c d*aincndc arbitraire.
Qu'ils auront un rcgiftre coté & paraphé dans
toutes les feuilles par le premier des prcfidens ou
coaleillcri d« U cour trouvé fur les licuit , ou
MON
Juges-gardes des monnoies, 8c en leur abfencc
par le plus prochain juge royal des lieux , fans
frais, dans lequel ils écriront la quahté, U quin*
tité 8c le poids des efpèces, vaiflelles 8c matières
qui leur feront apportées , avec les noms fit dé*
meures de ceux qui les apporteront , & le prix
qu'ils en auront payé.
Qu'ils feront tenus d'envoyer de mois en mois ,
ou plus tôt, s'il fe peut, 8c s'ils en font requis,
les matières , vaifTetles 8c efpèces aux bureaux des
changes des plus prochaines monnoies ouvertes,
ou la valeur leur en fera rendue comptant, 8c
dont ils feront mention fur leurs regiftres , en*
femble de la qualité, quantité Si poids d'icclles*
Il leur efi fait dèfenfes de divertir lesdites mon-*
noies, de les vendre à aucuns orfèvres, ni d'a-
voir aucune fociétè de commerce avec eux, ni
autres perfonncs travaillant en or &l argent.
Comme auiTi d'avoir aucuns fourneaux dans
leurs maifons ni ailleurs, propres à fondre &
faire effai.
Il eit pareillement fait dèfenfes à tousorfèvrci^
joailliers, affineurs , batteurs 8c tireurs d*or &
d'argent , de faire change en quelque forte &
manière que ce foit, & à toutes autres perfonnes
de le faire fans lettres de Sa Majefté, vèritiècs en
la cour des monnoies, 8c fans au préalable y avoir
prêté le ferment, à peine d'être punis çommt
bilionneurs.
Il y a deux cours des monnoies , favoir, à Parti
8c à Lyon , 8c en outre des chambres des mon*
noies établies à Meu , Dole 8c Pau» La cour det
monnoies connoît , privativement à toute autre »
de tous les abus , malverfarions 8c conteflationt
nées au fujet des privilèges &L ftatuts des maî-
tres ^ officiers des monnoies , changeurs , affi-
neurs , départeurs, batteurs & tireurs d'or 8c
d*argent, mineurs , orfèvres , joailliers, lapidaires
graveurs fur acier, fondeurs âc mouleurs en fable,
balanciers, dllillateurs d*€au-de-vie Se d eau-
forte, chimîfles, horlogers, & tous marcbanif
vendant or & argent.
pyçpilCÀTtON fuivU du planches du Monn^yjtgf^
PLANCHE h
Le haut de cette planche repréfente un ate*
lier ou plufteurs ouvriers font employés à dUTé*
rentes chofes ; les uns en d , à mouler , un autfV
en ^ , à pclottcr ; un autre en c, à faire fondre
Tor dans le fourneau.
Cet atelier eft gar^i d'enclumes d y de ctfoîrs #^
d'établis à peloticr /, de table ^, pour ajufter tcf
flans, 8c de toutes chofes néccltitirci à la foittv
de ror.
B^s de Li planche*
Ftg, /j étdhU à pclottcrî h, la table ^ fiB| ^
pieds.
MON
Fig. s, ujfc^u à pclotter; A^ la tète; E, la
Fi^. 7f tnclumc i A, U têtcj B, Tcmpattc-
mcm; C. k bilîor.
/7^. 4 , grt^Jfc mj£e OU marteau i pelottcr; AA,
Ici tètes acérées ; B , le manche.
Ftg, f , pfif^f ^ajf^ ou marteau à pclottcîi AA,
les lires recrées ; fi , le manche.
Fip 6 « ^iStie ; A , la batte j B , le manche.
F^, 7» r^clair ; A, le racloir; B, le manche,
fj^. ^ » /j<//e â remuer U fihle ; A , la pelle ;
B, le Buinche*
Ft^* 9, fetne èjtte; A^ b batte; B, le manche.
Ftf, »a , ca:£e au [Me ; A , le fable.
%• »'• Pf^^ i A, le plateau d*en-haut; B, le
fhitia oiODile ; CC , les vis ; DD , les écrouji»
PLANCHE IL
ft£, f » planche à moule.
Fig. A » contre planche à moule.
Fif, jy chaffis du moule.
Fig. 4 , contre-chaHis du moule.
àlg. f 6^ 6 ^ modèles de lames.
^^' 7 » plufieurs moules montés et ferrés avec
'-^nçdans de fom chalTis; AA, les moules; BB,
cfeiiTis ; ce, &c. les coins.
'", fort chatTis fervant de preffe.
; & iQ t ferres ou coins de bois,
fif* ii^ Tclévationi ri Je plan ^ 13, la coupe
da fourneau à fondre Vor ; A , le manteau de la
cheBiinèe ; B, le jambage ; C, le dedus du four-
WKi ; DD » &c. les couvertures du fourneau ;
EL, U cheminée du fourneau; F, le fourneau;
C,le ddTous du fourneau; H» la porte du four-
DOO.
^T- Ht ff ^ f^ f rifonniers crochus & pointus;
A, ks tjfonmers; BBB, les manches.
PLANCHE II L
Fti*ft pincettes; A, la tête; BBJes branches.
ffîy racloir; A, le racloir; B, le manche.
i" . ?» tenailles droites; AA, les mords; BB»
iihcs*
- ^^•'X, tenailles crochues ; AA, les mords »
^ , icf branches.
^' * f^ , tenailles à creuléts ; AA , les oKïrds ;
t branches.
* -. LciJTTiôlr; A, récumoir; B, le manche.
— , j L ! .,r ; A , la cuiller ; B, le manche.
^if^p^ pelle à cendre ; A^ ta pelle ; B , le
%»ro^ pelle à charbon ^ A, la pelle; B, le
%• 'If carreau échancré ; A A , les échsn-
CWrcs.
^^' 1, carread quatre-
^^n îj , creufet ; A , le cceufet ; B , le coo-
MON
199
Fig\ >4 ; creufet fans couvercle.
Ftg, ist ferpc; A, le taillant acéré; B, le dos;
C» le manche.
Ft^, tâ^ broffes dures.
Fig* /7, broffes molles ou vcrgettcs.
Fig. tS , cuiller ovale à décharger*
Fig. /^, table à ajufier les flans; A, la table;
BB , les pieds; C, la traverfe.
Fig, 20^ manne à contenir les lames.
Fig, ar, cifoir; AA, les mords; BB, les bra.11*
ches ; C, le billot.
Fig.ii^ main; A, la main; B, le manche.
PLANCHEIV.
Le haut de cette planche repréfente un fourneaa
à foufiîet pour fondre Tor ; *î , eil un ouvrier qui
découvre le creufet; h, le fourneau ; ^ , la che-
minée ; d^ le foufflet; le refte de Tatelier eft
femé de différens outils propres à la fonte de
Tor.
Fig. f, rélévation géoraetraîc; /^. a, le plan;
& /^' Ji 1^ coupe du fourneau à fouiBet pour
fondre Tor ; AA , la tablette du fourneau; BB ,
le fourneau ; CC , les portes du cendrier; D , U
cheminée ; E, le foufflet ; F, la braubire dk>
foufflet; G, le tuyau de foufflet-
Fig* 4, creufet,
f^i- S» carreau.
PLANCHE V,
Le haut de cette planche reoréfcnte un fout"
fieau à fondre Taisent; a, en un ouvrier qui
tire la cendre pour donner de Tair au fourneau;
bb , font les fourneaux; r, eft la cheminée ; le
refie de Tatelier eft femé d outils propres 4 U
fonte de Targent.
Bas de la planche.
Flg, r, chappc de devant ; AA ^ trous pour
fenlever; B, ventoufe,
Fig, 3, chappe de derrière; AA, trous pour
fenlever,
Fig. j , couvercle de la bouche du fourneau ;;
A, la main.
/;^. 4, creufet pour Targenr; A, le creufet^
B, le couvercle; C, la main du couvercle.
Fig* f, Héau à enlever les chappes; A, la pO'
tence; R, le point d'appui du levier; C, le le-
vier; D, le crochet double,
Fig, d, pelle à cendre; A, la peJIe; B, le
jnanche.
Fig. 7 , pince à enlever les creufets.
Fig, S , houlette ; A , la houlette ; B , le
manche.
Ftg, p, tifonnier crocbu; A, le rifonoier; B,
le manche*
Fîg. 10 y tifonnier poimu; A y le tlfonaler; B,
k maiiche.'
loo MON
Fig. Il , pinces ; A A , les tiges ; B » la tètél
PLANCHE VL
Fig. I , rèlévation perfpeâive , & la/g. 2 , Vt-
lévation intérieure d'un tourneau à fondfre le bil-
lon & le cuivre ; AA , le fourneau ; B « le raar-
che-pied ; C , la ventoufe ; DD , les couliffeaux
de la ventoufe ; £ , la porte du cendrier ; F , la
bouche du four ; GG , les coulifleaux de la
bouche ; H , le couvercle de la bouche ; II , les
mains ; K , la grille du fourneau ; L , Tendroit
où fe fait la fonte ; M > mafle de n>éul*
PLANCHE VIL
Le haut de cette planche reprèfente le manège
des laminoirs; A> le rouet; BB^ les lanternes;
ce , les leviers.
Le bas de cette planche reprèfente le plan de
différens laminoirs montés fur leur charpente ;
A , le déeroffi ; BB , les laminoirs ; CC , les lan-
tcraes ; L)D , le rpuet.
PLANCHE VIIL
Fîg. I , élévation çéométrale ; & /?^. 1 , éléva-
tion latérale des laminoirs montés uir leur char-
pente ; A » le dégroffi ; B , le laminoir ; C , le
rouet ; DD , les lanternes ; E^ les petites roues ;
FF , &c. la charpente.
PLANCHE IX.
Fig. I , laminoir dégroffi monté ; A , la platine
fupérieure ; B, la platine inférieure ; CC, les
platines latérales ; DD , les cylindres ; E , les
couffinets ; FF , les vis,
Fig, 2 , contre-cylindre du laminoir ; A A , les
tourillons ; B , le auarré.
Fig. j , cylindre du laminoir ; AA » les touril-
lons ; B , le quarré.
^^S' 4 ^ S 9 pignons du laminoir ; AA , les
dents , BB , les trous quarrés.
Fig. 6 & 7 ^ couffinets du laminoir ; AA , les
languettes.
Fifi^. 8 , platine fupérieure du laminoir ; A , la
lumière ; BB , les rainures ; CC , &c. les n\ox-
toifcs.
Fig, 9 , platine inférieure du laminoir ; A A , les
rainures ; dB , les tenons.
Fip. 10 & Il 9 platines latérales du laminoir ;
A A , &c. les pattes ; £B, les mpnoites ; CC, les
tenons ; DP , les trous des vis.
Fig. /2 , vis du laminoir ; A , la tète ; B , la
tige taraudée,
Fig. /^, laminoir monté ; A, la platine fupé-
rieuic ; B, la platine inférieure ; (JC, les pla-
tanes latérales ; DD, les cylindres j £E, les çouf-
finw ;F, les Y^f
MON
^if* 14 f platine fupérieure du laminoir , A
les tenons ; BB , les trous des vis.
^^S' '/ > planne inférieure ; A A , les tenon
Fif. 16 , boite quarrée.
Ftg, 17 , contre-cylindre ; AA , les touriU
Fig. 18 ^ cylindre; A A , les tourillons ;B
quarré.
Fig. ig & fo, pignons ; AA, les dents; B
trous quarrés.
Fig. 21 & 22 j platines latérales ; A A , les pat
Bfi , les mortoifes ; CC , les iumièrei.
PLANCHE X.
Le haut de cette planche reprèfente l'atelic
le fourneau à recuire Tor ; n , eft le fournei
b , la cheminée ; ce , un petit mur en brique
la grille du fourneau ; e, le cendrier du fourm
/, des lames ; f , un baquet ; h , une fcbi:
i , une paire de pinces ; k , une pelle de fer
un râteau.
Sas de la planche»
Fi. I , tenailles droites ; AA , les mords ; ]
les branches,
Fig. 2 , tenailles crochues ; AA , les mor
BB, les branches.
Fig. j , tifonnier crochu ; A , le crochet ; I
manche.
Fig. 4 , tifonnier pointu ; A, la pointe ; B
manche.
Fig. s, pinces ; AA, les branches ; B , la
Fig. 6 , pelle de bois ; A , la pelle; B , le man
^'ig'7 . pelle de fer ; A, la pelle;B, le mai:
Fig. 8, chenet ; AA , les pieds.
Fig. p, bouilloire ; AA , les anfes.
PLANCHE XL
Le haut de cette planche reprèfente Tatelit
le fourneau à recuire l'argent & le billon ; a
le fourneau ; ^, la cheminée ; ccc , de petits 1
en briques ; dd , grilles du fourneau ; ee , les
dres ; /, lames ; g , une S ; A , un tifonn
i , une ferpe ; A: , du bois.
Sas de la planche.
Fig. I , ferpe ; A , la ferpe ; B , le manclu
Fig. 2 , ferpette ; A , la (erpette ; B , le mai
Fig. 3 , maillet ; A, la tête ; B , le manch<
Fig. 4 , chenet ; AA , les pieds.
Fig. y , tifonnier pointu ; A , la pointe ; ï
manche.
Fig. 6 , tifonnier crochu ; A , le crochet ;
manche.
Fig. 7, pince.
Fig. 8 , p-llc à charbon ; A , la pelle ; i
manche.
Fig. ç , pinces ; AA , les branches ; B , la
Fig. iQ , main ; A, Tanf^
MON
PLANCHE XIL
Ft§. f , coupoir; A, le balancier à contre-poids;
B, lavis; C» le crampon da touret; D, la tige
de conduite ; E, rcmportc-piècc ; F, le fupport;
GC» les conduits; H, b pc]*çoire; I, la Doîte;
Il rètibli ; L , la manne aux flans.
Fi^,^&j^ conduits; A/V, les trous de con-
Joite; BB, les tiges; CC , les pattes pour les
fig, 4, clous à vis des conduits; A, la tête;
fi Ja vb à écrou.
Fi^, y, balancier fimple; A, la clef; BB, les
coudes; C^ la main.
F:. 6^ Tupport; A, le trou à vis; B, le coude;
C, U tige; DD, les pattes.
Ftt, 7 & B, vis en bois à tètes à chapeau, pour
iTTttcf le coupoir fur Técabli ; AA , les têtes ;
BB« les vis*
Fii*9% vis; A, la lete; B, la vis à Alct quatre ;
C, le touret,
Fig.fê, tige de conduite; AA, les rainures;
B« ta tige; C, ta mortoîie.
/i^. #1, emporte-pièce; A, le tenon; B, le
fbw^on acéré.
fi§. '1, crampon de touret; A, les mortoifes,
Ft^, 'il beulon du crampon; A, la tète; B, la
Bimtoifi ; C , la clavette,
%. t4 & iSt petites boîtes de t&le pour le
tonrct.
*■, perçolre; À, le trou acéré-
» la boite de la perçoire; A, la boîte;
B, )cs partes.
fii. 1$ & ip, vis; AA, les têtes; BB, les tiges.
PLANCHE XIII,
Le haut de cette planche reprèfente rêlévatîon
fiffpeftivc du fourneau pour 1'^ bUnchtment;
M , le fourneau ; B , la porte du cendrier ;
CCp les Ycntoufcs ; D, la bouche; E, la fou-
F, la café aux tbns ; G reprèfente un
L ; H, un râble; I, la porte de la bouche
leao; K, un creufet de fer; L, pluGeurs
.de terre.
Le bas de cette planche reprèfente la coupe du
sine fourneau ; A A , le fourneau ; B , la porte
étt cendrier; C» le cendrier; D> la grille du
fotirncau; E> la café aux flans; F, la voûte du
Wncau ; GG repréfentent deux crochets de
H, pelle; I, cuiller ; K, un bouillolr
e; L, un mortier & fon pilon ^ M^ un
îiiiLt, N, un marteau.
PLANCHE XIV.
EtU Hanc de cette planche reprèfente un autre
Plraeia pour le blanchiment; AA, les four-
*iût; BB , les portes des cendriers ; C , la di£-
Mon 201
minèe ; D « "opiacés > tlfonnlers & autres uflen-
files.
Bas de la planche,
Fig. I , Manne de fer à faire chauffer les flans.
Fig. 2 , bouilloir (ur fon trépied ; A , le boiiil-
loir; BB, les anfes; CGC, les fupporis du iré*
pied; D, Tenire-toife; E, le cercle fupérieur,
Fi^. y 6* 4 , crochets de cuivre à remuer les
flans; AA, les crochets; BB , les manches.
Fij^, ; , tenailles ; AA , les mords ; BB , les
branches*
Fig. 6^ radoîr de cuivre ; A , le racloir ; B , le
manche.
Fig. ^ & 8 1 poulains ; AA , les crochets.
Fig, ç » pelle de cuivre à charbon ; A , la
pelle ; B , le manche.
Fi^^ iQ , crible; A, le crible; BB, les anfes*
PLANCHE XV.
Le haut de cette planche reprèfente le balan-
cier des monnoies, mu en A & en B » par des
hommes ; celui en C eft occupé à faire mar-
quer les flans; DD, le balancier; E, la clef du
balancier ; GG , les cordages ; FF , les contre-
poids du balancier; H, la ptelle; I, la vis;
K, la tige de conduite; L, le cr m^on ; MM^
les platines de conduite; N, la matrice de X ffi-
gte ; O, la matrice de TécutTon ; P, la mnnne
aux flans non marqués ; Q , la manne aux flani
marqués»
Sds de U planche»
Ftg.t, vis; A> la tète; B, la vis à filet cpiarré;
C , le touret,
Fig. 2y lige de conduite; AA, les rainures;
B, la tige; C, la boite; DD, l^s trous des vis*
Fig. j & 4, platines de conduite; 4A> ^^
trous quarrés* , /
Fîg' S f petites boîtes de tôle pour le'touret.
Fig, 5, boîte pour la matrice de récufFon;
AA» les trous pour les vi"^*
Fig* 7, platine qui fe pofe fur la mr^trice de
récuflbn pendant la marque; A, le trou quarré.
Flg. 8t matrice d'effigie; A, la tète acérée oîi
efl feffigie.
Fig, ç , matrice d'écuffon ; A , la tête acérée
oii efl récuffon.
Fig* 10 f crampon boulonné; A, le crampon;
B , le boulon ; C , la clavette.
Fig, tt, preffe; A, Tècrou ; BB, les branches
C, le fupport; DD, les trous pour Tarrétcr fur
le billot,
PLANCHE XV^.
Le haut de cette planche reprèfente ta machine
à marquer la tranche des mon noies ; a, reprèfente
un ouvrier a marquer fur tranche ; ^ , la ma-
Cc
îoa MON
chine à marquer; ce, la table; </» la nanne aux
fflonnoies ; c , plufieurs mannes aux flans.
Bas de la planche*
Fig. I & 2^'châAs de la machine; AA, les
Tommiers; BB» lesmontans; CC, les mortoifes;
DD, les trous des tourillons ; £E, &c., les arc-
koutans à patte.
Fig. ^y entre-toîfe du^châf&s ; AA, les tenons
chevillés.
Fig. 4 ^ S9 crampons à pattes ; AA, &c., les
pattes.
Fig. 6s roue demie; A, l'arbre; BB, les tou-
rillons; C» la roue; D, la croifêe de la roue.
Fig, 7, manivelle; A, la clef ;B, le manche*
Fig. S & p, arrêts des tringles à marquer.
Fig. 90 y II & 12, différentes tringles d'acier pro-
pres à marquer la tranche des monnoies.
Fig, îjy crémaillère; AA, les dents.
P^S* '49 platine; A, le trou par oii paflem les
vonnoies.
PLANCHE XVIL
Le haut de cette planche repréfente un ate-
lier où fe font les lavures : plufieurs ouvriers (ont
occupés, les uns en ii , à tourner les manivelles;
d'autres en ^^ , à piler les ordures & mâchefers
daas des mortiers.
Sas de la planche,
Fig. I , pilon & fon mouvement; A, le pilon;
B, la corde; C, la perche; D, le point d'ap-
pui.
Fig. 2, mortier.
Fig. j , baquet à fidre les lavures ; A , la barre
foutenam le tourniquet.
Fig. 4s manivelle; A, la clef; 3 9 le manche.
Fig* Sf Arbre de tourniquet; A« la tête; B, la
ttge; C, la vis à écrou.
MON
Fig. 6, croix de chevalier de bols; A» le tn
du milieu ; BB , les trous pour rattacher.
Fig. 7, croix de chevalier de fer; A , Iç tr<
du milieu ; BBB , les trous pour l'atucher.
Fig. S y fond de tourniquet.
Fig. g y main de enivre; A, l'anfcb
Fig. 10 f auge de bois.
PLANCHE XVI IL
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
i&
p & lOj croizade d'argent de Portugal
écu d'argent de France.
4 y louis d'or de France.
6 y piaftre d'argent d'Efpagne*
* 8 y piftole d'or d'Efpagne.
Fig. Il & i2y pièce d'or de^Portugal.
Fif* 13 ^ 149 crown d'argent d'Angleterre.
Fig. If &16, guinée d*or d*Ang|leterrc.
PLANCHE XIX.
§ & 2, rixdalle d'argent d'Hollande.
S & 4y ruydgr d'or d'Hollande.
S ^ ày ducaton d'argent des Pays-Bas*
7 &8y fouverain d'or des Pavs-Bas.
ç & lOy rixdalle d'argent d'Allemagne..
Il 6^ 12 y ducaton d'or d'Hambourg.
'i ^ '4 f icu d'argent de France de Lov
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
XIV.
Fig. is & lây carolin d'or d'Allemagne.
PLANCHE XX.
Ftg. I & 2, francefconi d'argent de Tolcane.
^'i' 3^49 rouponi d'or de Tofcane.
Fig. s & 6y croizat d'argent de Gènes.
Fig, 7 & 8 y fequîn d'or de Gènes.
Fig. p& lOy demi-écu d'argent de Savoie»
Fig. Il & 12 y piflole de Savoie.
Fig, 13 & i4y pataeon d'argent de Genève»
Fig. If & idy piftole d'or ùe Gentve.
20^
DES MÉDAILLES.
\Jh Domme médailUs des pièces de jnéul en
Ibfmc de monnoie^ à deux faces ou deux cot^s,
im chacune defquelles font ordinairement impri-
més un type & une légende. L'un des côtés s ap-
©dlc li f^ce * parce qu'orjînatremc nt on y voit
L tête de celui pour qui b pièce a été frappée ,
ou fon nom , qui quelquefoiji tient lieu de tète.
Le fécond côté s*appe lie le revers de la tnédailie,
parce qu*îl eA oppolè à celui qu'on nomme la face.
On appelle ch^mp de la médaille , la fuperfîcie
fUcc& polie de chacun é^s deux côtés ^ oy il n'y
1 rien de grave, & qui fert de fond aux types.
Les typis ne font autre cliofe que les fujcts que
U gravure préfente aux yeux» comme feroient
une divinité» un homme, une femme, une ba-
taille » un trophée , une ville , &c.
Les letrres qu*on voit fur le champ d'une nfié*
faille fe nomment infcrlption ; celles du contour
t'appellent lè^tndt ; c«llcs de \txcrptt retiennent
k même nom de légende , & Ton dit la lîgcndt
ù rcxcrpte.
Oq appelle exergue cette petite place qui, au
bas d'une médaille j e(l féparée du relie du champ
par une ligne tirée direélement d'un bord à l'autre.
Les points qui font fur le champ de la médaille
et qui forment un cercle fur l'extrémité du con^
tm^ s'appellent le grmttis de la pièce*
La légende principale cft ordinairement placée
en dedans de ce grmeth ; elle y forme fouverit
un demi cercle , & quelquefois un cercle entier
ouprefque entier.
Le contour ou plutôt la tranche de la pièce qui
en montre Tépaifleur de dehors , eft quelquefois
chargé fur cène épaifleur de figures ou de lettres.
Ca Jigures font une efpéce de type, & ces let-
ws (ont une légende que Ton nomme typt &
y^tnde du C0ntour ou de la tranche.
Lef médailles fopt ou antifucf ou modernes»
Les antiques font celles qui ont été frappées
jafjju'au fixiéme ou feptiéme fiècle : on en com-
^(c les cabinets ordinaires. Il y en a de grecques
& de latines. Les mé lailles ont plufieurs noms
piT rapport aux diflerens peuples qui les ont fait
frapper. Les mèdoiUes grecques proprement dites ,
font celles qui ont été frappées chez les Grecs:
on appelle aulFi médailles grecques, CtUcs qui ont
^è imbriquées par les Romains & par tes Latins
avec des légendes grecques en tout ou en partie.
Long-temps avant la fondation de Rome , les
^Oii fit les villes grecques frappoicnt de très-belles
iionûoics de tous les trois métaux, c*efl-à-dire.
d'or , d'argent 8c de bronze , & ils le faifotent avec
tant d'art, que dans Téiat le plus floriiTant de la
République ^ de TEmpire » on a eu bien de la
peine à les égaler.
On en peut juger par les médallhns grecs qui
nous reftent. Il y en a des rois 6c des villes;
ceux des villes font les plus anciens , mais ils ne
font pas toujours les plus beaux ni les plus pré«
cieux. Dans ce qui eft des figures, les médail-
lons grecs ont un dcûin , une force 8c une dé»
licatelfe qui va jufqu'à exprimer les moindres
mufcles 6c les veines mêmes. Ces médaillons fur-
paiTeat infinimeni les médailles Romaines.
Entre les médailles latines (ainfi nommées à
caufe qu'elles ont été frappées chez les peuples
Litins Si en langue laritie) , les confuldlres fort
conflamment les plus ancienne^ , puifque du temps
des rois qui ont régné dans Rome» l*on ne favoit
encore ce que c'étoit que de battre monnoie , fur-
tout en or fit en argent. On appelle ainfi celles
qui ont été frappées du temps de la république
ou par les confuls , par leurs ordres , ou pir
des officiers monétaires de leurs familles , qui
cherchoient à confacrer & à perpétuer par ces
monumens leurs noms avec les aÔions de leurs
ancêtres.
Les médailles fe divlfent encore en médailles
des rois 6c en médailles impériales.
On appelle médadUs des r&is ^ celles fur- tout
qu on a fabriquées dans la Grèce ,en Thonneur dei
rots ^m en ont gouverné les différens états : telles
font les médailles des rois dt Syrie ,, appelées feîeu-
cides i celles des rois d'Egypte, appelées /? fa//*
maïdes ; celles des rois Parthes , appelées arfa-
cides , &c.
Les impirïaks font celles qui ont été frappées
ions les empereurs & par leurs ordres.
Il y a aulTi des médailles hébraïques, puni-
ques, famaritaines, phéniciennes, gothiques» ger-
maniques, arabefques, françoifes, aînfi nommées
parce qu'elles ont été frappées par cesditférens
pt;yples, & quelles ont leurs légendes formées
de ces différentes langues.
Le prix des médailles ne fe confîdére pas par
la matière , puifquc fou vent une même médaille
frappée fur Tor fera commune» & fera tiès-rare
& trés-eAiraée en bronze ou en argent.
Par exemple, un Othon latin de grand-l^ron^c i/jl
point de prix, au lieu qy*un Othon d'or ne vaut
que trois ou quatre pifloles au^delTus de (on
poidi , tk le joitm^ Othoa d'argent ne vaut que
Ce %
^^^iBSi^ta
i^-U
204
MON
quarante ou cinquante fols au-delà de ce qu^il
pefe, fi ce n'eft qu'il eût qjelque revers qui
en augmentât le prix. Si même il arrivoit que
Ton recouvrât des premières monnoies dont les
hommes fe font fervis , qui n'étoient que de cuir
battu , comme celles que le roi Numi diftribua
au peuple Romain » & que Thiftoire nomme affes
fcoruos , Ton n'épargneroit rien pour en mettre à
la tête d*un cabinet.
Il y a des médailles d'or fin , toujours plus
pur QL d'un plus bel œil que le nôtre; d'autres
d'or mêlé plus pâîe , & d'un aloi plus bas , qui
eut cours dés le temps d'Alexandre dévére ; d'au-
tres enfin d'or notablement plus altéré, tel que
nous le voyons dans certaines Gothiques.
L'or des anciennes médailles grecques eft extrê-
mement pur ; on en peut juger par celles de Phi-
lippe de Macédoine & d'Alexandre le Grand , qui
vont, félon Patin, à 23 karats & 16 grains.
Les Romains ne commencèrent à fe fervir de
monnoies d'or que Tan 546 de Rome; par con-
féquent, fi I'oai trouvoit l'un des rois de Rome
ou des premiers confuls frappé for Tor , il fau-
droi* en conclure que c'cil ime faufTe médaille.
L'ufage des médailles d*argent commença l'an
de Romf 484 ; l'on en trouve beaucoup plus que
d'or, mais l'argent n'en eft pas bien fin. Les eu
rieux ont remarqué par les fontes , que les Ro-
mains ont toujours battu les médailles d*or fur le
fin , & que celles d'argent ont toujours été fi^p-
pées à un titre plus bas que nos monnoies.
Il y a des médailles de pur billon qui n'ont
prefque point d'argent.
Il s'en voit qui ne font quefaucées^ c'eft-àdire,
battues fur le feul cuivre , & argentées cnfuite.
Eufin il y en a ât fourrées, qui n'ont qu'une pe-
tite feuille d'argent fur le cuivre, mais battues
enfemble fort adroitement , & qui ne fo connoif-
fcnt qu'à la coupure. C'eR une efpèce de fauffe
jnonnoie qui commença dès le triumvirat d'Au-
gufte.
Tout le cuivre, dans la diftir.ftion des fuites dont
les cabinets font composés , porte le nom de bronze.
On voit pluficurs médailles de cu*>i*e rouge
dès le temps d'Augnfte, particulièrement parmi
ce qu'on appelle le moyen bronze.
On en voit aufli de cuivre jaune dès les mêmes
temps , parmi le grand bronze , comme parmi le
moyen.
Il s'en trouve de vrai bronze , dont l'œil eft in-
comj^^arablement plus beau.
On en voit quelques-unes qui paflcnt pour
iuivre Je Corinthcy qui eft un alliage d'or & d'argent
avec une plus grande quantité de cuivre; on l'ap-
pelle ainfi, parce qu'on a prétendu qu'à la prife de
Corinthe, le feu y ayant été nus, & la ville aban-
donnée au pillage, les diiïérens métaux fondus,
enfemble, forn.è.-ent un alliage fortuit qui a gar-
dé le nom de cette ville faccaece, & qui donne
aux mëdailUs la même beauté & le aéme prix
MON
que les vafes de G>rinthe ont touiours eu parmi
les vafes de bronze.
L'on trouve des médailles de plomb , la plu-
part modernes & de nulle valeur. Les antiquaires
ne croient pas même quM nous refte des mé-
dailles de plomb antiques.
On trouve dans quelques cabinets des cuivres
dorés , qui font des médailles gâtées par des cu-
rieux qui ne favoient pas le prix des chofes»
femblables à ceux qui eftiment la perfonne par
l'habit , & l'honnête homme par la fortune*
Ces difFérens métaux ne forment dans les cabi^
nets que trois fortes de différentes fuites. Celle
d'or, qui eft la moins nombreufe, n'excédant guère
mille ou douze cent dans les im|:ériales. Celte
d'argent, beaucoup plus nombreufe ouifqu'elle peut
pafler 3000 des feules impéclales. <!^elle de bronze
qui va beaucoup plus loin , puifqu'en y compre-
nant les trois différentes grandeurs, elle peut
aller au-delà de fix à fept mille. Je ne compte que
les impériales , car fi l'on vouloit y comprendre
celles des rois & des villes , on iroit beaucoup
plus loin.
On appelle médaillons celles qui n'étoient point
monnoies courantes , & que l'on frappoit comme
des monumens publics, pour répandre parmi 4e
peuple, dans les cérémonies des jeux ou des
triomphes > ou pour donner aux ambaffadeurs &
aux princes étrangers. Ces pièces étoi-^nt nom-
mées par les Romains , miJJîlU , & les Ita iens les
appellent aujourd'hui medaglioni ^ nom que nous
avons emprunté d'eux pour marquer Ls médailles
d'une grandeur extraordinaire. Il en eft une efpéce
que l'on appelle contoiim'uues ^ du mot Italien qui
marque la manière dont ils font frappés , favoir,
avec une certaine enfonçure tout autour , qui
laiffc un rond des deux côtés, & avec des figures
qui n'ont prefque point de relief, en comparaifon
des vrais médaillons. On croit que c*eft un ou-
vrage né en Grèce : on s'en fcrvoit principale-
ment pour honorer la mémoire des grands
hommes, & de ceux qui avoient remporté le prix
aux jeux publics.
Il femble que les anciens aycnt voulu faire de
leurs médailles des im îgcs & des emblèmes , les
unes pour le peuple & les efprirs groffiers ; les
autres pour l«;s gens d'un ordre fupérieur & pour
les efprits dé;icats; des imijcs pour prefenter
aux yeux le portrait des princes ; des emblèmes
pour reprefenter à l'efprit leurs vertus & leurs
grandes avions.
Moyens dt dé. ouvrir les filjîfications des Médailles»
Il y a des médailles qui étant rares fe pzient
fort cher , ce qui a donné l'idée de les falfifior ;
& cet art coupable a été poi.ffé fi loin , que les
curieux de médailles ne lauroient trop avoir de
connoiffances pour fe mettre à l'abri de routes les
fupercberies que l'on fait en ce genre.
MON
On a TU en Italie un Padouaii 8c un Parme-
ÙLù, cilébres artlftes, former des coins & frapper
des midailles qu'ils 6ûfoient' pafler pour des an-
DqDCS. 1!% ont même frappé des médailles qui
B*oat jamais ezliU : telles font celles de Priam»
d^Eoée, deCicéron, de Virgile, 8c d'autres per-
fomiages iUuflres.
Uia autre artifice eft de mouler des médailles
aitiques, de les jeter en fable , enfuite de les ré-
parer fi adroitement, qu'elles paroiflent frappées;
nais on peut les reconnoitre à leur poids, qui
et toujours moindre; car le métal fondu fe raré-
fie, itt lieu que celui qui eft battu fe condenfe.
Lorfque la médaille a été jetée en moule , il
reSeordinùrement la marque du jet, qu*il e(f dif-
fidie de bien effacer avec la lime, quelque foin
fw Ton y apporte.
Les grains de fable occafionnent auffi de petites
ofiHiçures auxquelles on peut les reconnoitre;
nb ceux qui contrefont ont auffi quelquefois
recours à une induftrie qui mafque ces défauts.
Ds appliquent fur la médaille un vernis obfcur qui
reoiplu tous les petits creux ; mais lors qu'outre
cck ils panrlenoent encore à polir le champ avec
k baril , la tromperie devient plus difficile à re-
coanoitre ; mais avec un peu d'habitude , en pi-
font le vernis, on reconnoit qu'il eft moins dur
4K le venus antique, qui s'cft formé de lui-même
lur les médailles jiar le fé;our qu'elles ont fait
dans les terrains ou on les a trouvées.
Eoiin, lorfqu'on a le toucher délicat, on re-
coonoic ces faufles médailles au fimple taâ, parce
cpicle métal en eft doux, poli , au lieu que celui
des antiques a quelque chofe de plus fort & de
phu rude. Il y a des connoi^Teurs qui , à la fimple
iofpeâion, diflinguent les médailles contrefaites,
parce qu'ils n'y retrouvent ni la fierté, ni la fû-
retè, ni la pureté du deflin de l'antique.
On emploie auflî plufieurs ftratagêmes pour
'•oner un grand prix à une médaille. Les uns
efccent un revers pour y en fubftituer un autre ,
comme on a vu, par exemple, un Tite mis au
tvers d'un Vefpalien ; un Otac lie au revers de
^ppe. D'autres , pour que rien ne paroiiTe ré-
faré, coupent deux médailles, & avec un cer-
t^ maflic collent k la tête de Tune le revers de
l'antre, |»our faire des médailles uniques, & qui
Bayent jamais été vues : on a même Tadreife
de réparer fi bien les bords , qu'au coup-d'œil
^ plus fins y font trompés. On reconnoit cette
'opcrcherie par la différence qui fe trouve im
^quablement dans les traits d'une tête antique
* d'un revers moderne ; mais fi le revers eft
antique, & fimplement appliqué , on le découvre
^Q fondant les bords de la médaille, qui ne peu-
▼•nt être fi parfaitement unis , que Ton n'aper-
Ç^Jve quelques traits de la jonftion : tel étoit un
^^rrés auquel on avoit attaché un Lucile pour en
^re un: midalUe rare, fans avoir pris garde
MON
205
Sue le Lucile étoit de cuivre jaune , & le Verres
e cuivre rouge.
Une des fineffes auiçquelles on a encore re-
cours, eft de mettre fur les médailles moulées
un vernis qui puifTe donner lieu de les faire pren-
dre pour des antiques. Pour cet effet les uns
frottent leurs médailles avec du fel ammoniac
fondu dans du vinaigre; d'autres les frottent avec
du papier brûlé; quelques-uns les metiem en
terre , pour leur faire prendre un vernis , ou du
moins une efpèce de rouille qui en impofe ; mais
on n'a pas la patience de les laiffer affez long-
temps en terre pour qu'elles puiffent avoir
cette belle rouille qu'on eftime plus que le plu&
beau métal ; au refte , le vernis moderne fe re-
connoit facilement , parce qu'il eft tendre , fe
pique atfément ; au lieu que le vernis antique
eft dur comme le métal même.
Il n'eft fone de ftratagême auquel on n'ait eu
recours. On change quelquefois les lettres des
légendes, lorfqu'il y en a peu, & Ton fait paffer
ainû une médaille affez commune pour une mé-
daille fort rare.
On a auffi l'adreffe de réparer des médailles
antiques , enforte que d'ufées , d'effacées , & quel-
quefois d'éclatées qu'elles étoient dans queiques
endroits , on les fait revivre en enlevant la
rouille au burin, rellufcitant les figures qui ne
paroiffent prefque plus , mettant fur les endroits
mangés & détruits de la médaille , une efpèce
de raaftic qui s'y incorpore, qu'on taille enfuiie
proprement avec le burin : on recouvre le tout
d'un vernis; & d'une médaille rare, mais qui
étoit toute maltraitée , on en fait un morceau
que les curieux achètent fort cher. On peut re-
connoitre la fraude, en fondant la médaille avec
un burin : lés endroits réparés font bien plus
tendres que le rcfte.
Le moyen le plus certain pour fe précautionner
contre toutes les fourberies des brocanreurs , c'eit
de s'attacher à la connoiffance de l'antique , qui
comprend le métal , la gravure des coins , & le
poinçonnement des caraâéres.
Manière de tirer Vempreinte des Mcdaillesm.
Puifqu'il s'agit de médailles , on fera bien aife
de trouver ici la manière d'en tirer exadement
l'empreinte fur du papier.
On commence d'abord par faire une empreinte
la plus nette qu'il eft poifible fur de la cire à ca-
cheter ; on ôte exaâement toute la cire qui dé-
borde la médaille , foit avec des cifeaux , foit
avec la pointe d'un cinif.
Lorfque cette empreinte eft bien-^ite, on prend
au bout d'un pinceau très- délié de l'encre dont
fe fervent les imprimeurs en tailU-douce , & on
en met avec adreffe dans toutes les lettres & dans
tous les creux qui formoient le relief de la mé-
daille. G>mme il n'eft pas poffible de le faire avec
2o6
MON
affcz d'cxaftitude pour ne pas mettre un peu de
noir fur les parties élerées , on prend un petit
linge, que l'on aiTujettit bien ferme au bout du
doigt, & en le partant légl rement fur la médaille ,
on la nettoie aiiez exa&cment prur qu il ne refte
plus de noir que dans les lettres U les autres
creux de la mcdaille.|Pour achever de nettoyer
bien parfiiitsment la médaille, on paffe fon doijt^t
légèrement fur du blanc bien doux , comme du
blanc d'Efpagne , & on frotte avec ce doigt la
médaille légèrement.
Lorfqu'elle eft ainfi nettoyée, on tient tout prêts
quelques morceaux de papier plus grands que
la médaille, quon a trempés dans Tcau afin de
les rendre fufceptibles de prendre rimpreffion,
ayant foin cependant qu'ils ne foient qu humides ,
fans être trop mouillés. On applique ua de ces
papiers fur 1 empreinte, & derrière le papier on
met trois ou quatre morceaux de flanelle de la
même grandeur , oui , en cédant légèrement , fera
entrer le papier dans tous les creux de la mé-
daille , & produira l'empreinte. On prend deux
petites plaques de fer bien unies, & alfez épaifles
pour n être point fufceptibles de fe courber ; on
met la médaille de cire recouverte du papier Ik
de la flanelle, entre ces deux plaoues de fer, que
Ton place dans une petite prefle à main. On
ferre les deux vis, on les force même un peu
avec un coup de marteau , & lorfqu'on ouvre
la prdTe, on voit l'empreinte de la médaille
rendue exaâement fur le papier; s'il y avoit
quelque trait qui fiit un peu manqué , on peut
le réparer aifemcm , lorfque le papier eft fec , en
fe fervant d'un pinceau trempé dans de Tencre
de la Chine.
Ce que nous avons rapporté de la fabrication
des monnoies, eft également applicable à celle
des médailles.
Il fut établi auflî en France une monnoic des mé-
dailles ^ par Henri H, vers l'an i^S^» ^^^ ^*
maifon des éiuvcs , fituée à l'extrémité de l'ile
du palais , fur le terrain qui fert aujourd'hui
nent à la rue de H^ '
Dauphine.
d'emplacement à la rue de Harlay, & à la place
L'invention d'Aubin Olivier , dont nous avons
parlé I pour fubftituer le balancier au marteau
dans la fabrication des monnoies , fut également
employée pour les médailles ; & même en 1 585 ,
cette machine fut réfcrvée fpédalement pour frap-
per les jetons & médailles.
ElU fut transférée «u Louvre fous Louis XIII.
Varin , célèbre graveur, la peri'câicnna ; & ce
MON
nouvel atelier prit dès-lors le nom de monno'u
des médailles.
Par édit du mois de juin 1696 , Louis XIT
créa pour cette monnoic des médailles , en titre
d'office, un dircâeur 6t un contrôleur -garde;
mais ces offices ont été réunis par un arrêt du
Coufeil du 3 novembre fuivanr.
L'office à\£ayeur créé par l'èdit de 1553, fut
auffi réuni à celui de la monnoie de Paris, par
des lettres-patentes du mois dj mal 1663.
U eft défendu , par l'article 27 de Fédit de
1696 , de fabriquer ou fsiire fabriquer aucuns
jetons, médailles, ou pièces de plaifir d^or»
d'argent , ou autres métaux , ailleurs qu'en U
monnoie des médailles^ à peine de confifcatioa
des outib & mat ères , & de mille livres d'amende
contre les contrevenans.
L^ordonnance fixe le titre des médailles & je*
tons d'or à vingt- deux karats ; celui des jetons
& médailles d'argent à onze deniers de grains.
Le titre des médailles de bronze varie félon
leur diamètre.
Ceft Teflayeur de la monnoie qui doit vérifier
le titre des médailles d'or & d'argent, & leur
travail eit jugé par la cour des monnoies , avec
les mêmes formalités que celui de la fabrîcatk»
des efpèces.
Tout ce qui fait la différence emre le flion-
noyage des efpèces & celui des médailles an Imi«
lancier, c'eft que la monnoie n'ayant pas nu
grand relief fe marque d'un feul coup, & qno
pour les médailles il faut les reneréner & tirer
plufieurs fois la barre avant qu'elles aûem pris
toute l'empreinte ; outre que us médailles dont
le relisf eft trop fort fe moulent toujours (ans
table, & ne font que fe rengréner au balancier,
& quelquefois (i difficilement qu'il faut îufqn'à
douze on quinze volées de fléau pour les achever.
Ou coanoit qu'une médaiUe eft fuffifiimnienc
marquée , lorfqu en la touchant avec^la main dans
le carré d'écufion , elle porte également de .tons
côtés & ne remue pas. Les médailles d'or fe
payent à la monnoie des médailles 824 liv. le
marc , & les jetons d'or ronds 808 liv.
Les médailles & jetons d'argent à Paris le
1>ayent 73 liv. & les jetons ronds {7 liv. ij C
e marc.
Le prix des médailles de bronze n'eft pas fixé.
Il s'eftime fuivant leur diamètre.
Ceux qui veulent faire frapper des jetons ou
médailles , doivent payer les carrés au gravent
fuivant fon travail.
•^IKi^
VOCABULAIRE
DE UART DU MONNOYAGE
DES
MONNOIES ET DES MÉDAILLES.
I
/irrtSJCEi c'cft Tart de purifier les métaux,
comme i'or Se l'argent, par le teu , parle moyen du
plnmb dans la coupelle , ou par quelque autre expè-
aient « en les déDarraHant de leur alliage.
Agsii , «on noie d'or fin qui fiit fabriquée en
1116 , fous Saint- Louis , Roi de France ; elle éioii
eacore Dominée denier d'or , & étoii à la taille de
)9 j au otarc , pefant trots den. cinq grains trébu-
îiiaSy valant ii fols 6 den. tournois; maïs il faut
rtmarqucr que ces fols étoient d'argent fin , 6t qu'ils
pcfotent prefque autant que Tagnel ; de forte que
URt nsonnoie reprèfentoit 6 liv. 5 ibis S dcn. , k
njfon de nj liv. le marc d'argent ; elle prit fon
nom de fa marque, & fut nommée agntlk caufe
de U figure d^un mouton ou agnel , comme on
ptrloit en ce temps-là, qui étoit rcprèfemée fur
l'un de ses c&iès : le marc d'argent mounoyé au
titre de 1 1 den. 12 grains , ne valoit alors que 58
fob, & celui de Tor j,G Uv. 19 fols 6 den,, ce
quî rendait la proportion entre ces deux métaux
i\xi ircuième ou environ.
ÂcsEL ou AcNtiZT , monnoic d*or, Fn 1 3 1 5 ,
fotis le régne de Louis Hutin » on fit des agncis
ou agnelets d*or fin à la taille ÛQ ^^^ ^ ce qui faifoit
rcrcnir le marc <i*or monnoie , à \o liv. 3 fols 4
éta, , l'argent à 1 1 den. ta grains , ne valant pen-
dant Taonée que 58 fols, c'eft-à-dire, ç8 gros le
nwfc , valant 1 1 den. pièce , le tout d'argent ; ainfi
fiinclcr reprèfentoit 8 Itv. a 17 liv. le marc , &
la proponion environ vingtième.
AcsELET , monnoie d or fous Charles le Bel.
£a t}2i , le mkiYxt, agnel fubriHoit encore à la taille
«fc \^ \ au marc , valant 59 liv. 3 fols 4 den. ;
iBAis le marc d'argent augmenta , & par rapport à
k taille j & par rappen au prix , car les gros tour-
Bois furent taillés à ^9 ^ au marc , comme les
agnelets, & valurent 15 den. au lieu de \i , ce
^i fit revenir le marc d'argent à 3 liv. t4'foIs ;
en forte que la proportion changea encore , & fur
coviron feiziéme.
Ajustage y aâion de mettre chaque pièce de
Bonnoie au poids qu'elle doit avoir.
AJUSTER Carreaux \ c'eft ajuftcr les morceaux
ée bmes d*or ou d'argent devines à faire des ef*
péces au poids jufte quelles doivent avoir.
Ajusteur \ c*eft dans la fRbriqie des monnoies,
celui qui vérifie le poids des pièces 6t métal , met-
tant au rebut celles qui font trop foibles , ou ré-
duifant avec la lime celles qui font trop fortes.
Les ofRciers ajufleurs ont, fuivant les règïemcns,
1 fols par marc d'or, Ô£ i fol par marc d';irgenr.
Alsertus , monnoie d'or frappée en Flandre
pendant le gouvernement d'Albert, archiduc d'Au-
triche; il étoit au litre de il karas J, à la taille
de 48 au marc ^ pefant 4 den. : il fut évalué en
1641 à 6 liv. to fols.
Aluaqe ( i /j monnaie ) eft un mélange dt
dîfférens métaux dont 00 forme un mixte de telle
nature & de tôl prix que Ton veut. Dans le mon*
noyage , l'alliage eft prefcrit par les ordonnances;
mais Ton aliérc les métaux avec tant de précau-
tion , que par ce} mélange l'or & rargeni ne font
que peu éloignés de leur pureté.
L'alUitgec/t nêce^alre pour la confcrvation des
cfpéces i il donne au métal nionnoyé aiTei de du-
reté ; it empêche que les frais ne diminuent le poids
des efpéces ; il aijgmenie le volume & remplit les
dépenfes de fabrication.
Les ordonnances ayant prefcrit le titre de Tal-
lii2ge , on ne peut fe difpenfer , fi le titre général
de la matière fondue eft trop bas , d'y mettre du
fin i fi au contraire le titre eft trop haut , de le
diminuer par une matière inférieure, telle que le
cuivre.
Amattr, en terme de monnoie ^ eft l'opération
de blanchir les B^ns , ^n forte que le métal en foit
mat 8t non poli. En cet état oji marque le flan au
balancier, d'où il fort ayant les fonds polis & les
reliefs mats.
La caufe de ces deux cfFcts cfl que la gravure
des carrés eft feulement adoucie, au lieu que les
faces font parfaitement polies. La grande prefïion
que le flan fouffre entre les carrés , fait qu'il en
prend joCqu^'aux moindres traits. Les parties polies
des carrés doivent rendre polies celles du flan qui
leur correfpondent ; au lieu que celles qui font
gravées & feulement adoucies , par conféqucnt
encore remplies de pores qui font impcrcepriblcs
chacun en particulier j mais dont le grand nom-
bre fait que ces parties poreufes ne font point lui-
*^klKi
208
MON
iantes » laiiTent fur le flan autant de petits points
en relief qu'elles ont de pores. C'eft ce qu'on ap-
pelle le mat.
Le blanchiment pour Targent & la couleur pour
Tor qui rendent les Hans mats dans toute leur éten-
due y font des préparations indifpenfables pour
avoir de belle monnoie > & que Tavidité des en-
trepreneurs leur fait négliger , quoiqu'ils foient
payés pour les faire.
AsGE , monnoie d'or fabriquée fous le règne
de Philippe de Valois , le 7 février 1340 : elle étoit
d'or fin à la taille de 3>f3" ^^^^ > valant 3 liv.
1 5 fols. Elle étoit ainfi nommée à caufe de la fi-
fure d'un ange , qui étoit repréfentèefur uncôté :
ange repréfentoit environ 11 liv. 5 fols 3 den.
de notre monnoie à 17 liv. le marc.
Il y avoit auflî des demi-anges à la taille de 67
\ au marc , valant 37 liv. 6 den. qui repréfentoient
5 liv. 12 fols 4 den. •^; le marc d'or monnoyé étoit
à 125 liv. 5 fols» & l'argent à 11 d. 12 grains à 7
liv. , ainfi la proportion d'ut-huitiéme.
Ance^ autre monnoie d'or fin à la taille de 38
j fabriquée en 1341 , fous Philippe de Valois , va-
lant 3 liv. 15 fols, & à 27 liv. le marc 11 liv.
5 fols 3 den.
Ange ^ monnoie d'or de Philippe de Flandre ,
au titre de 23 karats 8 grains , pelant 98 grains ,
valant environ 10 liv.
Auge , autre monnoie d'or fabriquée fous Phi-
"" lippe le Hardi, au titre de 23 karats ~ pefant 94
grains.
AsGEiOT t monnoie d*or frappée en France du
temps de Henri VI, Roi d'Angleterre. Ce fat vers
la èa du règne de Charles Vl , & dans le com-
mencement du règne de Charles VII , que les An-
glois s'ètant rendus maiires de Paris , nrent fabri-
quer des angelots ; ils avoient dans l'empreinte
d'effigie, un faint-Michel tenant une épée d'une
nain , & de l'autre un écu chargé de trois fieurs
de lys avec un ferpent fous les pieds. Leblanc fixe
les angelots à l'année 1422 , au titre de fin à la
taille de 105 au marc valant 15 fols.
Angelot , monnoie d'or de Balembourg , au
titre de ti karats, peûint environ 84 grains, va-
lant 7 liv. 5 fols à 27 liv. le marc.
Angeiot , monnoie d'or du comte de Berge ,
au titre de 18 karats , 5 grains, pefant 60 grains,
valant 4 liv. 17 à 27 liv. le marc.
Angelots. Il y a eu des angelots d'argent ,
que les Anglois , maîtres de Paris fur la fin du régne
de Charles . & dans le commencement de celui
de Charles VII > y firent fabriquer ; ils àvoient un
ange , & portoient les écuflbns de France & d'An-
gleterre , Henri VI fc qualifiant alors Roi de ces
deux royaumes ; ils valoient dans ce temps-là 1 5
fols de France.
Angevins , monnoies d'argent qui avoient cours
fous Saint-Louis ; ils valoient la îlhoitié d'un man-
çois, évalué à 15 den. tournois de ce temps-là,
7 tournois -^ pour l'angevin.
MON
Angnel , monnoie de l'abbefle de Thor , av
titre de 22 karats , valant environ 5 liv. 18 fob
à 27 liv. le marc.
Antiques ( médailles ). On nomme médailla
antiques celles qui ont été frappées «iufqu'am
fixiéme ou feptième fiècle.
Aprocher carreaux \ c'eft, fuivant une an-
cienne façon de parler , réduire au poids convena-
ble les morceanx de lames d'or & d'argent deffinés
à faire des ef[;èce5.
As ou Aes , monnoie de cuivre. Henri III eft
le premier des Rois de France qui ait fait fidm*
quer des monnoies de cuivre pur.
Ce fut en 1575 que ce prince ordonna qu'il
feiroit fabriqué de doubles den. tournois , & des
den. tournois firaples de cuivre fin, les premien
à la taille de 78 au marc, valant % den., & lei
den. à 156 au marc, valant un den., faifant re-
venir le marc à ix fols.
Depuis 1575 juk{u'en i689,tln'y apointeude
changement ni d'augmentation fur la monnoie,
étant iiïxh^y en 1641 comme en 1689 , à 27 fols ;
mais comme la livre de 12 onces des Romains,
qui faifoit le poids , ne repréfentoit que 10 oncei
f de notre poids de marc, la valeur de l'as n'é*
toit que de 17 fols 4 den., à 27 liv. le marc.
L'as avoit fes diminutions, qui étoient le femis,
le quadrans , le triens , le (extans, le dextaos,
1q drodans , le bex , le feptuns , le quincnnif
l'uncia.
Baie : nom qu'on donne à l'ouverture du ba-
lancier.
Bain, On dit que l'or ou l'argent eft en bahi ,'
lorfque le feu a mis ces métaux en état de flui-
dité. C'eft alors qu'on les remue ou qu'on les
brafie avec une efpéce de quille faite de terre à
creufet & cuite.
Bajojre ; c'eft une monnoie ou médaille d'ar-
gent, qui a une empreinte de deux tètes en pro-
fil , dont l'une avance fur l'autre , comme on en
voit de Louis le Bègue & de Catloman fon fils ,
qui firent mettre leur monogramme fur leurs mon-
noies , & de Henri IV & de Marie de Médicis:il
y en a qui croient qu'on dit hajoire au lieu de bs*
foire , à caufe que les deux têtes femblent fe bai-
fer. On ne connoit ni le poids , ni le titre » ni la
valeur des bajoires.
Balances d'essai ; ce font de petites balances
qui doivent être d'une grande juftefle pour pefer
l'eflai de l'or & de l'argent. .
Balancier , machine inventée au commence-
ment du XVIle. fiécle , avec laquelle on fait fur
les flam les empreintes qu'ils doivent porter, fo
Ion la volonté du Prince.
Î?AT1È^ fort-' de mirteau dont on faifoit ufage
aurrcfois dans les monnoies.
Battre la en au de , ce qui fignifioit autrefois
dans les moiinoies étendre les lames d'or ou d'ar-
gent fur reriClumc.
Beza\t , monnoie d'or qui avoit cours fous
Louis
MON
l4«iiiVIl 6c fausPhiUppc-Aiigjiilg, entre Tan 1187
Bc itoî ; ii pcfoit environ un di>uble ducat , c*eA-
héa^' , ç dcn. 10 grains au rître de ai karats;
lott* PhiUjjpe le Hardi le bezant d or fut taxé par
rràf du parlement de la pemecote, en 1283, à
Jûh tournois ; le marc d*argent alors ne valoit
fols» A la cérémonie du facre de nos rois ,
':>it à Toffrande un pain , un haril d'argent
pmi de vtn , & treize bezants d or ; le bezant d'or
nu plus de 10 liv, 10 fols à 27 livres )c marc.
BlL£OQU£T ^ à U monnoh , cA un morceau
i.c Ctr en forme d*ovale trés-alongé, au milieu
duquel eft un cercle en creux de la grandeur du
â*ii que Top veut ajuftcr , & au centre eft un
prtii trou pour rcpouflcr le û^n en dehors , lorf-
que îe âan fc trouve trop attaché au bilboqua.
h là fccilc de concevoir le relie de cet inftru*
w^tnty qui n'a rien que de très-fimple.
U )r a autour d'une longue table une quantité
ic hlk»fu€ij où les taillereffes & les ajuflcurs
SoMt les flans.
BiuOk; cVft une monnole de cuivre, dans
blueUe U entre ur.e très-petite quaniiïé d'argent.
On appelle auffi ùlllon les efpéccs decrisïes,
■uni le cours eft défendu*
ItLLONAGEj eA k Citme de furachat des ma-
6i dVrgcnt monnoyées , foit pour les
hors de royaume y foit pour les chan-
nature,
LONNEUH; on nomme alnfi celui qui, fans
giflé, furaclète les iriaiiéres d'or ou d'iàrgent,
Vou prononcent des peines contre \c blllonneur,
Ijlancs- Les premiers blancs d*argent que Ton
û en France , font ceux qui furent fabriqués
le roi Jean , le 17 mai 1351 ; ils éioient à la
de 144 au marc, à 4 deniers ii grains de
tii, valant 6 deniers Panfis , le m^rc d'argent
i6Uv, lîfols.
Lî 24 novembre 13 54 , il y en eut d*iutres nom-
bUnc^ t la couronne , à la raille de 80 au
•ïax, il ) deniers 8 grains de loi , valant ç de-
itn tOiirnoîs le marc à 4 liv. 4 fols.
Lt 17 imilet 1355 5 il y en n eu d'autres à la
totminne 6l à la queue, à la taille de 72 au marc,
I 3 deniers 9 grains de loi, valant 15 deniers
RMimoîs^ le marc à 10 Uv.
Le 5 janvier 1556, il y en a eu d'autre*^ à ta
porotine, à la raille de c^6 au marc, à 8 deniers
r loi» vaUot 10 deniers.
Le 16 dudit mois, d^autrcs à la fleur de lys,
U taille de 60 au marc, à 4 deniers de loi,
m 8 deniers.
L^ 08 novembre , d*autres nommes gros blancs ,
! 80 ati marc, a 4 deniers de loi , valant 11
rtier», âc le marc à 7 liv. 8 foU.
Le 30 août 1358, d'autres à la couronne de
5 ^ au marc , à 4 deniers de loi , valant 1 1 de-
rrS , & le marc à 6 liv* I 5 fols.
Le 5 juin t)59i il y eut d*autres blancs aux
fleurs de ly^ de 70 au marc, à 3 deniers i%
Arit & AJldtun, Tamt K Partie^ L
MON
209
gTîIns de loi, valant 15 deniers, & le marc a
9 liv.
Le 17 novembre 1 3 S9 , d*aiu;cs nommés blancs
à Ictoilc, de 4^ «u marc, à 4 deniers de loi, va-
lait 2 fols 6 deniers, & le msrc d'argent 11 liv-
Il fur, le 11 mars, a 102 liv- ik le 13 dudit mois
réduit a 1 1 )iv.
Et enfin , quantité daiures blancs fabriqués
fous dlfférens tit.cs , noms & vakurs , jufques
en 13^7.
Blanc ; petite monnoic de cuWre , qui ayoit
::utrefois cours en France fur le pied de 5 deniers
tournois,
Lc$ pièces de 3 blancs ont commencé fous le
règne de Charles VI, le 17 février 14T9 : elles
étoi^nt à deux deniers de loi, à la taiîtc de 168
au maïc; il en a éiè frappé des doubles en divers
autres temps; mais d.puis Tan 1670, elles n'ont
plus été une monnoie courante , mais feulement
comme une monnoic de compie, & Ton dit en-
core dans pluficurs endroits du royaume pour
fignincr i ç deniers , & 6 blancs pour 2 fols 6 den,
BLA^XHîM£KT ; à la monno'u , c*eft une pré-
paration que l'on donne aux flans pour qu'ils
aycnt de Téclac ôc du brillant au for tir du ba-
lancier.
Le b!anclument fe faifoit autrefois à leau forte;
mais ce procédé, outre quil alcéroit un peu les
efpéces , ètoit plus coûteux que celui qu'on fuit
à préfcnt*
Les flans que Ton veut blanchir fc mettent
dans une cfpèce de poêle fur un fourneau de ré-
verbère. Les flans ayant été ainû chauffés , on
les laifle refroidir, puis on les met bouillir fuc--
ceiHvement dans d*autres poêles acpt^lèes bouii^
loircs , dans lefquellés il y a de Teau « du fel
commun , & du tartre de Montpellier ou gra-
vellc i & lorfqu*iis ont été efforés de cette pre-
mière eau dans un crible de cuivre, on y jette du
fablon 6£ de leau fraîche, enfuite on les e/Tuie.,
Blanchir (m /wo^fntjyjj^i); l'argent fe blanchit
en le faifant bouillir dans de Teau lorte , mêlée
avec de Teau commune , ou feulement de leau
oîi on a fait diffoudre de Talun, Les ouvriers en
médailles & en monnoie , Sablonnent tous les
flans , & les frottent dans un crible de fer pour
en otcr les barbes.
EouiLLiTOia£ ; {donner la) en terme de mon-
noyeur , c*eA juter les flans â la boudhtrc , les
y nettoyer , 6c f^îre bouillir dans un liquide pré-
paré , fufqu'à ce quMs foient devenus blancs.
Bouilloire, j la monnoU ; vaiffeau de cui-
vre, en forme de poêle plate à la miin, dans
lequel il y a de leau bouillante avtc du fel
commun 6c du tartre de Montpellier gravelé, où
Toti jette les fians , qu'on a laiffé refroidir dans
un crible de cuivre rouge après quMs ont été
recuits* On les fait bouillir dans ce Vàifîeau pour
les décrafleri enfuite on les jette dans une autre
bouilÎMÏrc^ remplie de même que la première, où
D d
1
tio MON
on les fait bouillir une féconde fois pour ache-
ver de les nettoyer,
PouRGEOis jori , élok une otonnoie d*argent
qui fut fabriquée le 20 janvier 1510, fus le
régne de Phllippe-ie-Bcl ; ils étoient k la taiîle
de 1S9 au marc , à 6 deniers de loi , valant 2
deniers Parifrs, & le marc d*argent fii 3 liv. 7 fols
6 deniers : il y avoit au {fi des demis bourgeois
forts, qui valoient itn denier.
Bouton ; c'eft le rêfidu ou la pciîte partie
d'or ou d argent fin qu*on retire aprè^ l'affinage.
Brassage; droit que le roi accorde aux di-
re^eurs de la monnoie fur chaque marc d'or,
d'argent 6: de billon mis en œuvre & fabri-
qué : ce droit cft de cinq lois pour Tor & pour
l'argent , & de dix fols pour le billon.
Autrefois le direfteur (que Ton appeloit maître)
prcnoit trois livres par m.tïc d*or, & dix-huit fols
par marc d'argent^ dont b moitié étoit employée
au déchet de fonte, charbon , frais, &c., fie l'autre
moitié au paiement des ouvriers.
Brasser i'or ou rarj^cnt ; c'eft bien remuer
ces matières lorsqu'elles font en fufion » afin qu ellei
piîifTent être fines par-tour.
Brassoïr ; c'eft le nom d'une efpèce de petit
bâton en terre cuiîe, dont on fe fcrt pour bral-
fcr ou remuer Tt r qui eu en fufion.
Oii peut bra/Tcr l'argent en bain avec un hraf-
piir de f^r*
Bai:vE, terme de monnoyeur ; c'eû la qum-
tiié d«-* marcs ou d'efpeces délivrées , provenant
d'une feule fonte.
De trente marcs d or , il doit revenir neuf-
cents louis ; or la délivrance des neuf cents louis
cA une brève.
On appelle auffi brcve une certaine quantité de
fla^s ^ que le dirt<^*ur de la monnoie délivre aux
aju(leurâ & aux monnoyeurs pour être travaillée.
Bronze ; ou appelle ainfi le cuivre dont les
;médaîllc$ font compofécs.
Mcyen bronze ^ c'eil le cuivre rouge.
Carot.u ; monnoie de billon, qui (m fabriquée
fous le régne de Charles VllI, fous le nom de
grjnd'blanc au K couronné^ qui étoît alors la
première leKre du nom du rot « 6t c'eft à caufe
de ccU que cette monnoie fiit nommée Karolu
ou Carolu : elle avoir cours pour 10 deniei^ tour-
nois. Depuis fort décri fous Louis Xïî , eiîe fc
convertit, fi on peut parler ainfi, en monnoie de
compte, Au)^iurd'hui , pour exprimer ro deniers,
on ie feri encore parmi te peuple du terme ds
Carok?.
Carré; morceau d'acier fait en forme de de-
dans lequel on a gravé en creux ce qui doit
être en relief dans la pièce de monnoie.
Quand les carrés (ont btco trempés , Ton y
frappe, fi Ton veut* dc< poinçons, de même que
Ton frappe des carrés avec les poinçons. Ces
dermers carrés alors s'appîllcni matricti^
Cassi; c'eft un creux rond fait en i^rrc
MON
grafTe fous un fourneau , 8c qui fert de crcufcr
pour la fonte du b'dlon ou du cuivre dans le*
mon noies.
Ca VA LOT ; monnoie d'argent , tenant 6 deniers
de loi , tabnquée à Milan , fous le régne de
Louis Xt , pendant le féjour que ce prince y fir
en 1499 ; cette monnoie fut nommée ainû à
caufe que &mt Second y étoit repréfcnté à
cheval.
Cepeau ; c'eft le nom que l'on donnott autre^
fois dans les monnoies , à un billot (ur lequel
on attachoic une efpéce de poinçon appelé la piU»
Chaise ou indiere^ comme on parloir autre-
fois ; monnoie d or fabriquée fous Pliilippc-!e*
Bel, 6c qu'on appela éàt\% la fuite des royaux
d*or. Ces chaifes ou cadières ainfi nommées*
parce que le roi y étoit aflSs d*un côté fur une
chaife, n'étoient qu'à aakarats, & pefotem s de-
niers douze grains trébuchans , c'eft à-peu-prês
la valeur du bezant d'or; on les nomma enfiiitc
maffes , à caufe que le roi y étoit reprélentc
d*un côté tenant unemilfe d'une main. Par or-
donnance de Philippe- le-BeU du 16 avril MoS,
Se par une autre du 18 janvier 1309, I2 cniifc
ou cadièrc fut évaluée à 25 fols : elle vaudroit, à
17 livres le marc d'argent, to livres 10 fob ou
environ.
Champ de la médailte ; c*eft la fuperficie çlate
& poUc de chacun des deux côtés , oij H n'y »
rien de gravé , fit qui fert de fond aux types.
Chape ; c'eft la couverture en forme de dî^me
qui fe place fur un fourneau à vent.
Charger U crcufet ; c'eft y mettre des tru-
tiéres d'or ou d'argent pour en faire la fufiof!*
Circulant , ou en circulation ; nom par to^
quel on dèfigne ragîtation du plomb dans fa COtt-
pelle , brfque ce métal eft dans une fufiort par-
faîte.
Cisaille» ; on nomme ainfi dans les mon*
noie» , I06 extrémités ou bords des lames de mé-
tal d'or ou d'argent, dont on a tiré les (îan*
pour en faire des pièces de monnoies.
CisoiR ; forts cifeaux pour couper le métaL
Coins i morceaux d'acier où loat gravés Ict
empreintes àt% monnoie*.
Congeler (fe) \ les eiTaycurs difeni que le mé-
tal fe con^Ue dans la coupelle, loffqa'il s'y âge
faute d'une chaleur aiTez grande.
CounoNNET; c'eft une marque de monnoie
que l'on met fur la tranche des pièces d'or &
des petites pièces d'argent.
CoNTOURNiATEs \ médaillons^frappcs avec uni
certaine enfonçure tout autour , qui laiffe cri
rond des deux côtés , & avec des figures qui
n'ont prcfque point de relief,
CoRONNAT*; monnoie de bîllon que Louis XII
fit fabriquer vers l'an 1511.
Coupellation ; c'eft l'aftion de patificr Tor 6c
Targont en les fondant avec le plomb à b c^u^
MON
GoiTPSLLE ; cVft un valiTeau en forme de couçe
apluie » dans lequel on fait l'affinage de Vor &
de t*argem, par le moyen du plomb qu'on y
Jcon^e.
Couper carreaux ; c'étoit autrefois, dans le
^°g*g^ des monnoyeurs, couper les lames d'or
«►« dargem eu morceaux de la grandeur des
cfpcces.
CouPoiR (i Id monnaie); c eft un ioftruroent
de fer acéré , quî fert à emporter des lames de
siètal les flans deftinés à faire des monnoies,
CouROîfNE ; monnoie d*or fin de France. La
fremîére efpèce de ce nom eft du 7 février 1339:
elle étoit à la taille de 45 au marc, valant 40 fols
d'argent a 5 l<v. le marc, ce qui fait revenir le
marc d'or fin à 90 Uv. Cette monnoie peut être
évaluée à 10 Uv. 10 fols, à raifon de 27 liv. k
oirc.
Creuset de ttm pour la fonte des métauir;
c'cft un vaiiTeau de la forme d'un cône ren-
mft, qui cil fait de terre glaife & de pots de
£« piles & tamifés, &t qui eft propre pour la
rafion de Tor» de largent fit autres métaux.
Creuset d€ fer; c'eft un vaiflcau de fer forgé,
de la forme d'un petit feau fans anfes. Il eft
propre à la fufion des métaux , à la referve de
IW, parce qu^il s'y aigriroit.
Croix ; on donnoit ce nom au côté des mon-
noies qui porte à préfent Tempreinte de Tefligie
^? f®\» ^ *î^i *voit autrefois une croix. L'autre
coté s'appcloit pïiu
Cuiller ; dans le monnoyage on fe fert d*une
cniller pour tirer le métal en fufion du four-
neau , & le jeter en moule. Cette cuiller eft de
fer, longue de fix à fept pieds. On ne remploie
Jjuc pour Targcnt & le bilion , parce qu'on verfe
ior dans le moule avec le creuf^t même.
Ct7iVRE de Corïnthe , dont pltifkiirs médailïes
lOtit compofèes. Ceft un métal dans lequel il
entre un alliage de cuivre, d'or & d argent.
Culot ; ceft le petit bouton d or ou d'argent
«fl qui refulte de l'affinage.
Daeldir , de Marguerite & Lotliairc de Bour-
bon; monnoie d'argent frappée en 1614, au titre
de 9 deniers, valant environ 1 liv* 14 fols, à
27 liv. le marc d argent de France.
Dardenne; monnoie de cuivre qui fe fabrique
à Aix, & qui a cours en Provence pour 6 de-
niers : ce font les mêmes pièces de deux liards
qu'on febrîqua à la Rochelle en Tannée 1709.
Déchet ; c*eft la perte qui fe trouve fur l'or
& for l'argent qui ont été fondus & convertis
en tfpéces.
Décriée {monnoîe)\ c'cfl une monnoie qu'il
eft défendu de recevoir dans la circulation ; ce
qui arrive % l'égard des anciennes espèces qui
ecïïent d'avoir cours lorfqu'il y a eu une refonte
générdîe.
D£F£ri;ht (i Id monnoU)^ eft une marque que
M ON 2U
[ chatfue dîrefteur met far fa monnoie , pour rc-
connoître les cfpèces de fa fabrication,
II y a trois efpèces de défércns ; celui de la
monnoie , qui eft ordinairement une lettre qui
fe place au bas de réciifTon ; celui du direéleur »
qui fe place au bas de l'effigie , Ôc celui du gra-
veur, qui fe met avant le miîléfime.
Le déférent des monnoies eft conftant en France,
mais celui du dircÔeur & du graveur font ar-
bitraires.
Les déférens des hètels des monnoies de France
font :
A.
Paris.
Q, Perpignan»
B.
Rouen,
R, Orléanf.
C,
Caen«
S , Reims.
D,
Lj^on.
Tours.
T, Nantes,
E,
V, Troyes.
F,
Angers.
X, Âmieni.
G,
Poitiers.
Y , Bourges,
H,
la Rochelle.
Z, Grenoble.
I.
Limoges.
&, Aix.
K.
Bordeaux.
AAjMetx.
L,
Bayonne,
BB, Strasbourg,
M.
Touloufe.
CC,Befinçon.
N,
Montpellier*
W, Lille,
0,
Rom.
9, Rennes.
P,
Dijon,
Ui,€Vâchet Pau
Dégrossir {à h monnaie); lorfque le métal
a été fondu en lames , on le recuit , enfutte on
le fait pafiTer à travers le premier bminoir, dont
les deux rouleaux ou cylindres font mus par
des axes de fer paffant à travers les roues den-
tées , & font fufceptibles par ce moyen d'une
plus grande aôion : rcfpîice des cylindres étant
plus conftdérable au laminoir qu'aux autres , il
ne f-Jït que commencer à unir & préparer la lame
à acquérir l'épaiffeur de l'efpèwe pour laquelle
elle eft deflinée, Ceft ce qu'on appelle U di-
Délivrance {fén une); c'eft donner la pcr-
miiîïon d'expoler les monnoies en public, ce
que les officiers ne font qu^après les avoir bien
examinées. Les juges- gardes répondent de k yuf-
tefte du poids , les effayeurs de la bonté du
tiire; en conféquencc on dreflTe un afte de cette
délivrance que l'on fournit au directeur , qu'il
emploie dans les comptes qu'il reod,^
Un prend des efpèces de chaque hrtve ou fonte,
pour faire les efl'aîs néceftaires & pour aftiircr
la bonté du litre. Le refte de ces efpèces eft con-
fervè. On le rend 4U direéleur avec les boutons
d'eft"aîs j lorfque la coijr des monnoies a )ugé k
travail.
Demî-ances; monnoie d*or fabriquée en 134O1
à ta taille de 67^ au mire, valant 75 fols : ils
vaudroient, à 17 liv. le marc, 20 liv. 3 fols oït
environ.
Demi-ÉCU; fol de François I, en 1475, au
Dd £
212 MON
litre de ij karats i » pefant un dciiîcr 7 grains
& demi , valant environ j liv,
D£M1*£CU d*or â la couronne , dc Tannée
IJ16, pefant un denier fept grains, évalué à
environ ç Uv. à 27 Uv, le marc.
Demi-ECU y^/; mnnnoie d'or qui fut fabri-
quée fous Charlc VllI, en 1483, à la taille de
140 au m^rc, vjlant 18 fois, 6c à27liv* le majc
jo fols.
DtMi-icv fol ; monnole d*or qui avoir cours
fous Louis XllI, en 1641 , pour 42 fols 6 de-
niers : elle éiuit à la karats , & pefoit un de-
nier fept gr.iins & demi : c'étoit la moitié de
Técu fol qui a fervi long- temps de monnoie de
compte.
Demi-ECU v*W/, à ijkarats, pefant 36 grains,
évalué à environ 41 foU à 27 liv. le marc.
Demi HENRI d*or ; monnoie de Henri II, de
Tannée 1549, ^ 21 kaiats , pefant 12 den, 14^
grains, évalué à ç liv. 4 fols 8 dçn. à 27 liv. le
marc.
DEMI-.ECU d*or , fabriqué en 1546, fous le
règne de François T , à 23 karats 7 Se à U taille
de 143 f au marc.
On fabriqua aufli à la monnoie de Paris j des
doubles éciis d'or , qu'on nomma benris : ils
avoiem d'un côté la tête du roi couronnée, &
de Tautre en forme de croix quatre H» couronnées,
dans les angles une fleur de lys, 6l pour légende,
donec toium impUat orbcm , qui étoît la dcvife du
roi ; au baut de la croix un folci! , qui ètoit la
marque des écus d*or introduits par Louis XI.
Demi-écu d'or , fabriqué fous Henri II , en
Tannée i;46, à 21 karats^ à la taille de 71^
au marc.
Demî-ecu de Louis XllI; monnoie d'argent
de la fabrication de 1641, peûnt 512 grains,
vahnt 3 liv. à 27 liv. le marc.
Demi icv â* argent , de Henri II , roi de Na-
varre.
Demi-franc d^argent^ de Henri IV, du. poîtls
de ^deniers 12 grains i, valant environ 1% fols.
Demi-gros de nejle ; monnoie d^argent frap-
pée fous Hep'-i II, valant 5 denier?.
Demi-quart- d'ECU ; monnoie d'argent de
Henri III, en 1578.
Demi-royal; monnoie d'or fin, fabriquée le
1^ février 1325, fous Charks-le Bel, k la taille
dc 1 16 au marc , valant 1 2 fols 6 deniers.
DiMiTESTON; monnoie d'argent de Henri 0,
roi dc Navifre, de 1578.
Demi-teston de dombes ; monnoie d'nrgcnt
de Louis de Montefpan , de 1 574 , pcfam 3 de-
niers 15 grains.
Denevaux (^ ta. monnùe^^ forte de poids éta-
lonnés, dont les ajufleurs & les taillcrcfTcs font
obligés de fe fervir pour ajufter les flans au poids
prcfcril par l'ordonnance. Les juges-gardes dcivcnt
%JX\ employer les poids daievaux f our peter les
MON
efpèces nouvellement monnoyées , avant cTeii
faire la délivrance.
Denier ; nom d'une petite monooie de cuivre,
dont h valeur numéiaire eA la douzième pantc
d'un fou.
Deniers ; nom dont on fe fcrt pour défigner
les différens degrés de pureté de rar|enr. Un
argent à douze deniers efi le plus fin & le plus
pur* Chaque denier fe fubdivife en vingt-quatre
grains.
Deniers de fin t on nomme ainfi les parties
d*argent pur qui reiient après fon aiHnage.
Deniers de boite, deniers emboîtés ; on nomme
ainfi dans les hôteU des monnoies les pièces de
nouvelle fabrique qu'on enferme dans une botte
pour ^rvir enfuite au jugement du travail des
monnoyeurs*
Deniers couram ; ce font les pièces de mon*
noie qui font en circulation dans le commerce»
& dont quelques-unes prifes fans choix, doivent
fervir de comparaifon avec les pièces nouveU
lement fabriquées*
Deniers de monnayage; ce font les flans d*or
ou d'arg£nt qui ont reçu les empreintes & les
marques de la monnoie.
Deniers â Vécu. En 13 j6, le premier février,
Philippe de V^alois fit fabriquer celte monnoie,
qut étoit d'or ûu k la taille de 54 au marc, va*
lant 20 fols.
Denier d'or à Véçu^ fabrique fous Phlîippc-
ÎS'Bel, le 23 août 1348, qui avcii cours poitr
î6 fois, à la taille de 54 au marc.
On fuivoit encore en ce temps là Tufaec des
derniers empereurs Romains pour la taille des
monnoies d'or , car chacun de ces deniers d'or
à f4 au marc, pefoit 8f grains un tiers, d'où
il réfulte que 54 étoient à 8 onces, comme 7^
ètoient à la livre Romaine de 12 onces R^miU
nés, qui n'en repréfentent que 10 f poids de
marc.
Denier ; monnoie d'argent indituce par Charlc>
magne.
Après le mort de Pepln, qui avoir fait tailler
22 pièces d:ms une livre d'argent, Charleraagne,
fon fils, n*en fit plus tailler que 20, qu'il nomma
fols , éf éin% un de ces fols 12 pièces qu'il
nomma deniers , enforte qu'il y avoit dans ta
livre de ce temps là 240 deniers réeh & de
poidf.
Cette livre étoit la livre Romaine de 12 onces,
mais l'once étoit moins forte d'un 9*. que notre
poids de marc, enforee que les 12 onces étoient
réduites à 10 onces f, ôc ne pefoient que 6144
grains, lefqucls dlvifés par 24a deniers dont U
livre étoit compofée , faifoient pcfer le denier
2; grains f, qui, à raifon de 27 liv. le marc d'ar-
gent , repréfentoii trois fols julles.
Denier Purifts ; monnoie d*argenf, qtii • éré
& efl encore aujourM^hiri la douzième partie d*ufi
fol PariiiSi ainii nommé à caufc qu'U^tott fabci*
MON
Îïè à Paris, Sekxn qiielques-uns il fiit fabriqué
us le règne de Philippe- le -Bel, en 13 1 5 ; il ètoit
a 4 deniers 11 grains de loi» à la taille (ic i2f au
mire, avait cours pour un denier Pan fis , &
èroic ptm haut d'un quart en fus que le denier
nimaots. Dans les droits de ramirauté de Hor-
dt;ttix , qui fe perçoivent au profil de Tamiral,
il cft fait mention des cinq fols Parifis , qui fe
comptent encore prèfentement pour 6 fols } d»-
nitrs tournois*
DsNiElt tùurnùii ; nionnoie d'argent , fabri-
quée fous le règne de Louis Hmin, en 1314, à
la taille de 920 au marc, tenant de fm 3 deniers
îS grains ; il y a eu enfui te des deniers tour-
nots de cuivre pur, qui ont aâuelteaient cours
dans plufieufs provinces du royaume,
D£i<ii£R ; tnonnoic de cuivre. Les premiers de-
niers de cuivre qui ont paru en France , furent
fabriqués en 1575 , fous Henri lll ; ainfi que les
doubles deniers tournois , les deniers étoient à
h îLlle de 156 au marc, ce qui faifoie revenir
le tnarc de cuivre monnoyè à 13 fols. Jufqu' alors
on ne s'êtoit point fervi en France de monnole de
cuivre pur ; mais le bîllon manquant pour f^lre
éç^ doubles 5c des deniers, on tat obligé de fe
(mrif 6e cuivre pour fabriquer ces pentes mon-
ooies, ce qu'on a pratiqué depuis jufqu'en 16S9,
Denier ; mon noie de compte dont on fe fert
en France. Le denier de compte ainfi que le réel,
8c détruis ifDagin3ire> doit fon inilituiion à Charle-
magne : oc fut ce prince qui ût tailler dans une
Hvrc Romaine de iî onces d'argent, ao pièces
qui furent nommées fols, 81 d'un de ces iols on
k ta deniers, ces deniers étoient .ilors réeîs &
de poids^ mais par fucceffion de temps, ils font
^enus numéraires ou de compte , enforte
qu'un denier ne vaut que la 240' partie d'une
Inrre de %o fols de France , en quelque temps
que ce foit , & à quelque prix que foît le marc
dargenr,
DOMIKE féilvum fac regcm ; c'èft la légende
!ue l'on imprime fur la tranche des gros et pe-
ts ècus dVrgent.
DOMKER chaud; cxpreiTion dciTayeur, pour dire
qu'il faut rendre le feu vif autoLr de la cou-
pelle pour accélérer la fufion du métal.
QaNNIii froid ; c'eft diminuer la trop grande
iftivitié de la chaleur,
DouBLf*LOUîs; monnoie d*ar qui vaut deux
fois le poids & la valeur des louis d or fïmples.
La déclaration du roi ^ qui ordonne la fabrica-
woti des premiers louis d*or qu'il y ait eu en
France, cft du 3 avril 1640; cette monnoie étoît
lu titfe de iz karats de fin à la taille de 36^^ au
tnarc, valant dix livres; ainû ks doubles-louis
éroient à la taille de 18^ au marc, ^ valoient
par conféquentîoliv.; Lt marc d*or fin étoit alors
'• 'SiUv, 10 fols, & celui d argent 3 a^ iiv,
t'i fut cnfuiîe fabriquj d'autr*îs louis dor &
«oubks^louis toujours au même titre, mais de
MON
•5
II
dlflfércns poLda ^ valeur, Eit 1709, au mois
d'avril , temps auquel on a commencé de chan-
ger le poids & la valeur des louis, il en fut fa-
briqué à la taiUo de 3a au marc « valant 16 liv.
10 fols; & au mois de mai enluivant, on en or-
donna d'autres à la taille de 30 au marc, valant
10 liv. Au mois de novembre 1716, ou fabriqua
de nouveaux louts d'or à la taille de 20 au
marc, valant 30 liv. Au mois de mai 1718»
d'autres à la taille de a 5 au marc, valant 36 liv.
Au mois de décembre 1719, on ordonna la fabri-
cation des quinz^iins d*or , au tifre de ^4 karats
à la taille de 65-^ au marc, valant 15 liv, * oa
les appclûit Noailles , parce que ce duc, qui étoit
en 175^ maréchal de France, fut nommé direc-
reur- général des finances.
Au mois* d'août 1723 , on fabriqua encore des
louis d'or appelés communément chevaliers ,
à caufe d'une croix de S. Louis dont ils étoient
marqués : ils étoient au titre de 22 karats à la
taille de 37 \ au marc , valant 27 Uv. Les derniers
ÇT}fin font du mois de janvier 1726 , à la taille
de 30 au marc , valant 2 liv. Au mois de mai
fuivant, ils furent portés à 24 liv. pièce , faifant
revenir le marc à 720 liv. ce qui dure encore au-
jourd'hui 19 mit 1754.
Doubles ecus ; monnoie d*or , fabriquée fous
Henri II, en 1546, qui furent eofuite appelé*;
henris r ils croient au titre de 23 karats \ de re-
mède à la taille de 36;^ au marc, valant 4 liv*
10 fols.
Doubles henris; monnoie dor du poids de
% deniers 17 grains, ils furent évalués à 11 liv,
4 fols en 1641 , les demis & quarts à proportion.
Double reao de Bourgogne ; monnoie d*ar-
gent fabriquée en Flandre en 14S9, au titre de
onze deniers deux grains, pefant 118 grains, va-
lant 13 fois 10 deniers.
Double parisi3 ; monnoie de billon, qui fut
fabriquée en France fous le règne de Philippe de
Vnlois, en 1)46 ; ils étoient à 3 deniers 18 grains
de loi , à la taille de 1 80 au marc , valant 2 de-
niers , & le marc 30 fols.
Double TOURNOIS ; mownoie de bllion, fa-
briquée fous Philippe de Valois, en i}47, à 3
deniers 18 grains à la taille de 183^ au marc^
valant 2 deniers.
Double TOURNOLs; monnoie de cuivre. On
i\t en i Ç75 , comme on Ta dit ci*devaot > des dou-
bles deniers ik des deniers tournois de cuivre hn ,
les doubles tournois i la taille de 78 au marc,
& valoient 2 deniers ; ils ont encore cours dans
les provinces.
DouZAiNS, Les premiers douzains de billon
que Ton connoit, furent fabriqués en 1541» fous
le règne de François I : ils étoient à 3 deniers
16 grains de loi, à la taille de 917 au marc, va-
brt 12 deniers; il en fut encore fabriqué fous le
règne pollérieurà diôerens titres, poidsÔc valeurs;
(avoir :
214
MON
Soin Henri n» i {471 à 3 deniert 16 grains , à
la uille de <^t {,
Sous le même, ifço, ^ 93 i*
Sotis Charles IX, 1551, 3 deniers 11 grains ,
à tai.
Sous Henri m, 1575, 3 dcn, lOî.
Sous Henri IV,
Sous Louis Xni, tous ces douzalns furent en-
duire appelés fols, Voyii(^ fols^
Droit de poids ^ une pièce de monnoie a le
irott †poids , lorfquellç cft du poids prefcrit par
îes ordonnances,
DuCat aux deux tètes, de Henri II de Na-
varre , en Tan 1 577 , au ntre de 13 karats 6 grains,
Ebarber (4/4 monnoïi^i c'elt couper ou unir
à-çeu-près les lames brutes, après qu'elles font
refroidies fie forties des mouks. On fc fert de
ferpes pour emparter les parties qui bavent le
long des lames lors de la fonte.
ECARTEMENT dc houton ; c'cft lorfquc le bou-
fon Je métal, djns TcHai à la coupelle, n*ayant
pas eu aiTcz de chaleur, s'écarte & fe fond*
ECHARS {à la monnoie) '^ ce terme fe du de
Taloi d'une pièce au-deflbus du titre prefcrit p^r
les ordonnance^. Une monnoie cft en échars lorf-
xju'elle efl au-deflbus du d^gré de fin qu'elle dc-
vroit avoir.
ECKARSETÉ; terme de monnoyeur. Toute pièce
de monnoie qui cA au-defTous du titre prefcrit
pir les Ordonnances, abftra^ton faite du remède
de loi, ell dite échéirfaie*
Les ordonnances font formelles contre les cchar-
fctcs i le directeur qui en cft convaincu eft con-
damné à reflîfutton Icrfqu'ellcs font légères ; mais
& V4chdrf€tc eft trop loin du remède, elle ex-
pofe à des punitions plus rigoureufcs»
Echarseter; c*cft tromper 8c le roi & Tétat.
Eclair, fulguration^ ou corufcat'wn ; ç*eft ta
marque brillante à laquelle on reconnolt que Tor
ou Targent mis en fufion dans la coupelle avec le
plomb, font purifiés & délivrés de leur alliage.
EcouENNE ; c'eft une lime ou ripe avec des
cannelures par angles entrans & fortans. Cet
outil ferc, i la monnoie^ aux ajuAeurs & aux
utllercfies pour diminuer le flan quand il efl trop
fort de poids.
Ecu D*OR à la couronne* La première mon-
ooîe qui a porté en France ce nom , fut fabri-
quée en ti79 , fous Philippe le Hardi : cet écu étoit
au rltre de ^3 karats i, valant dix fols Parifts. Il y
evoit encore des écus d'or en France en 1641,
qui avoient cours pour 5 liv. j fols,
Ecu. En 1339, fous le régne de Philippe dc
Valois, les écus d'or étoicnt à 14 karats de fin
à la taille dc 54 au marc, pefant 89 grains ~va-
Uat vingt fols,
Ecu D*aR au fole'îL En 13^4^ fous le règne
de Charles VI, il y eut des ccus d'or qui Furent
ainfi nommés : ils étoiem à aj kirats de £n à la
MON
taille de 60 au marc « valant 21 fols piicc de 0e
temp Aï,
Ecu d'or au porC'épi ; ainfi nommé à caufc
qu*il y avoit fur un des côtes la figure d*un porc»
épi. Il fut fabriqué fous Louis Xtl, en 149?» **•
titre de 13 karats à la taille de 70 au marc : il va-
loit 36 (o\^ 3 deniers en monnoie de ce temps là.
Ect; D*OR à la faUmandn ; ainfi nommé à
cr-ifc de lempreinte , qui étoit dun côté anc fa-
hmandre ; il fut f-briquè en iÇ39f à ^3 karats
de fin , à la taille de 71 1 au marc , valant 45 fols
de ce temps-Ja,
Ecu D or; monnoie fabriquée fous Charles IX ,
par le prince de Condé, oii il prenoit la qualîii
de premier roi chrétien.
Il y a eu encore d'autres ccus d or en France t
fous différens noms , titres , poids & valeur.
Les derniers font du mois de décembre iô39«
fous le règne dc Louis XIV, à 13 karats*^, à II
taille dc 60^ au marc, valant 6 Uv, L'écu vieil
du poids de 3 deniers, avoit encore cours en 1641
pour ce prix, les demis & quarts à proportion.
Ecu fjl ; monnoie d'or, qui avoit cours co
France fous Louis XIII, pefant a dcn. 15 grains
trébuchans,
Ecu de maréchal dc France , au titre de s 1 ka*
rats 9 grains, pefant 63 grains*
Ecu de Cambrai ; au titre de xo karats 1 grain ,
pefant 61 grains.
Ecu de Bouillon ou Sedan; au titre de 19 ka*
rats 8 grains , pefant 60 grains.
Ecu , efl une monnoie d*argent dont la pre-
mière fabrication fut ordonnée en Tannée 1641 ,
fous le régne de Louis XUÏ , fous le nom dc
louis d'argent : ils étoient à la taille de 87^ an
marc, à II deniers de fin, valant 60 fols , les
demis & quarts à proportion.
Il y a eu depuis d'autres écus d^ar^ent ; ccuk
de la fabrication de 1709 , étoicni dc 8 au marc ,
valant 4 liv.
Au mois de mai 1718 , il fut fabriqué d'autres
écus à la taille de 10 au m:uc.
Au mois de feptembre 1714, il en fut enccKre
fabriqué d^autres , à la ïaiUe de loj au marc,
valant 4 liv,
Enûn, les kcm réels qui ont cours à préfeot,
(feptembre 1734) . font de la fabricationjdu mob
de janvier 17^6, à la t^iille de 8 ,V au marc,
valant 5 liv.; mais qui fureni portés, par arrêt
du 26 mai 1726, à 6 liv., ce qui fait revenir le
marc d'argent monnoyé à 49 liv. 16 fols î c'cH
le prix aftuel de la monnoie courante,
Ecu; monnoie de compte en France, qui rc»
préfente 3 HvrfS ou 60 f.'ls , à quelque prijt que
foit le marc d'argent ; ccft fur cet écu , qui» en
1641 , étoit dc b* 77 au marc, qu'on fe régie pour
les changes étrangers : on reçoit powr f* valeur
une quantité indéterminée de dei*"rs dc groi
d'Amflerdam,de deniers (lerling deLondrr*, 8tc.
fcloa que le prix du marc d atgent de France
MON
at plus ou moins de livras numéraires » &
fdun que le cours du change efl haut ou bas:
i î? \tv. le marc, il rouloit entre 96 & 100 de*
niers de gros ^ &c,
EcussON { J la monn&iej ; c^cft le revers ou
le côté oppofé à celui d*cmgie.
En France, les louis, écus, Ôtc, ont pour êcuf-
ffft les armes de France. On appelotc autre-
fcti pili ce côté.
Sar Técuffon on trouve le millélîme & la
nirqtie du graveur; & au-dcflbus de récuffon, la
marque de l'hôtel ou la monnoie a été fabriquée*
Effigie (J la monn0Îe)i c'eft le côté de U
pièce de monnoie où l'on voit gravée en relief
lim<^ge du prince régnant.
Autrefois on ne mcttoit Tcffigie du ptince
^ aux médailles, ou autrt^s pièces frappées confé-
«{uemment à quelque bataille gagnée , province
cnnquile, ou aux événemens remarquables, at*
Biflce , fête , &c.
Sur la monnoie de cours pour le commerce,
il y avoit une croix : c'cd de là que ce coté étoic
appelé croLw
Emporte- PIECE; outil acéré pour couper les
iDorc^aux de métal propres à taire des pièces
de monnoie.
Exfolier; c*eft, lorfan'un vieux creufet de
(tf qui a fcrvt à la fufion de Targent , a été tiré
tout rouge du feu, le frapper k coups de mar-
teau» pour faire tomber la fnperficie en fcuilUs^
Qu'on pile en fui te pour en former les lavures,
dont on tire les particules d'argent.
Entre dans U plomb (argent); on fe fert de
cette expreûion pour dèfigner que l'argent eil
bien fondu & fuffiramment mL\h avec le [loinb*
Essais, Lobj^t des eiTais eft de conn:,îirc la
quantité de fin contenue dans une maile quel-
conqtse d'or ou d'argent, en détruifant tout Tal-
liai^e d'une portion donnée de ces métaux.
Nous avons rapporté ci- devant ce qu'un des
flis habiles chimiAes a écrit fur la manière de pro-
céder aux eiïais d'or & d'argent ; mais nous
devons encore citer ici C5 que l'ancienne Ency*
dcpcdie enfeignc relativement aux effais de Tor
6t de Targ^ni dans les monnoits.
On a cru iufqu'à pr^fent que Tufage de faire
des ejfjh iTéirrînt à la coupelle, ne rcmomoît pas
lu-delà du rè^ne de Ftançois L
Cette opinion ert fondée fur des lettres de ce
toi (du 1 février t^»^), rapponces parConf^^ns,
lefquelles enjoignent aux otiiciers de la chambre
écs monco.es àz faire faire les eflais à ia cou-
pelle; mais on trouve àins le recueil des ordon-
B2Qces des rcis de ta troiftème race, tome VI,
page ^87 , une o*-donnance de Charles V, du
mois de février 1378, qui prouve que dts ce
temps-là , les elîay;îur5 dos monnoiçî de Paris
btloient jâurs e£^is à b coupelle.
Pciir piû^édcr à un t^.û a argent , on cou^e
ttoe petite portion du iingpt ou de Fouvr-ig^ dont
MON
215
on veut conroître le titre , & on en conftùie U
poids en la pefant avec la fcmelU* On mcît ct>
fuitc dans une coupelle placée au fourneau , un
petit morceau de plomb , qui doit éire propor-
tionné au poids & à la qualité de la pornon
d'argent.
Cette proportion eft déterminée par TariicL^ %
des lettres-patentes du 5 décembre 1763 , conçu
en ces termes : « Les dofes de plomb qui feront
a employées aux ditTcrens effais, referont fixées
« dins les proportions fuivantes , fans qu'aucun
« cfTayeur puiiTc s'en écarter à peine ât $00 l\-
« vrex d'éimende ; favoir, pour l'argent d'affinage,
« il fera employé deux parties de plomb pur, on
« le double du poids iieiiiné à Teuai ; pour l'ar-
VI gent à 11 deniers 12 grains, titre prefcrit pour
<i la vaiiTelîe plate , quatre parties de plomb ;
u pour l'argent à 1 1 deniers & au deiTous , dx par-
(t ties de plomb; pour l'argent à 10 dcjvicrs ik
« au-deffous, huit parties de plomb; pour Targenc
« à 9 deniers & au-dcffous , dix parties de plomb;
« peur l'argent à 8 deniers & au-deflbus , douze
« parties de plomb ; pour l'argent à 7 deniers
« 6c au-deffous, quatorze parties de plomb; 6i
a pour l'argent à 6 deniers & au-deilous , feize
« parties de pIoniKn
Lorfque le plomb eft fonda & bien découvert,
on y met le petit morceau d'argent , qui enrre
bientôt après en fuuon.
Ces deux matières ainfi mêlées , circulcin
dans la coupelle jufqu a ce que tout le plomb
foit abforhé ou évaporé , & qu'il ait entraîné
avec lui la totalité de l'alliage qne conrencit
l'argent, ce que Ton reconnoit lorfque le bouton
d'argent a rendu parfaitement les couleurs de
l'arc- en-ci cl ou de Topaîe , & qu'il cil d'une
forme bien convexe.
Peu de temps après qtie le bouton s 'efl fixé
au fond de la coupelle , on la ruire du fourneau ;
on laifle refroidir le bouton ; après quoi on le
gratte-bcrfTe en deflbus, & on le pèfc ; la dii%-
rence qui fe trouve entre fon noirveau poids 6c
celui qu'il rcpréfentoit avant l'opération, déter-
mine le titre de l'argent que Ion s'efl prd^ol';»
d*ciTayer en indiquant la portion d'alliage quil
contenoi^. 1^
La préparation pour l'cjfdl de ior eft la méfr.c
que pour l'efiai de l'argent, à cette différence frcs^
que Ton ajoute poiir refîai de l'or une quantité dar-
gent pur, proporiionnce au titre auquel on pr::-
fume que tioit être la matière que Ton fe pro*
poie d cûayer : plus l'or efl bas , moins on era-
ploie d'argent fin; quand il eft, par exemple, à
2 2 karats, on met deux parties ^ d'argent fur une
d'or , & ainfi tic fiiîtep
On fait pafler ces matières à U coupeJïe,
comm*: dans l'ciral de l'argent ; qu.mcj le boucc^ti
efl retiré de la coupelle 6i refroidi , o;j le bat
fur une enclume nommée uis ; on le p^iJfe en-
fuite au bmîaoir pifqu'à ce qifU iok réduit en
2i6 MON'
Isme erés-nirtice, aprcs quoi on le fait recotr^ &
ou le roule en fou état de lame ♦ pour lui don-
ner à-peu-prés la forme d'un cornet, nom qu'il
confcive juftfu'à la fin de ropéracion«
On met ce cornet dans un mat ras , cfpèce de
boiireille ou fiole à lonÇ col» dans laquelle on
veifc à-îa-fois de l'eau forte affaiblie avec de
l'eau commune bien pure ; cet affniblitTemsnt
doit être proportionné au degré de concentration
de Tciu-fortc que Ton emploie.
On expofc ce matras à un feu douit ; on laiiTc
Teau forte en èbuUition, jufqu*» ce quM ne s*è*
lèvre plus du cornet dVlTai que quelques ûltis^
On retire cnfuite cette eau forte affoiblie pour y
en fiibftituçr d'autre qui neXctl pas, & on cxpoic
de nouveau le matras à un feu doux ; on Vy
laiffe jufqu'à ce qu il ne s'élève plus de fon fond
que des globules de la grofTeur d'un pois ; ilurs
on en retire l'eau forte , di on la remplace par
de Tcau commune.
On retire le cornet de dedans le matras en b
renverfant dans un pciit creufet (dont on a foin
de faire egoutrer Teau ) , C-c qui fert eofuite à tiirc
recuire le cornet*
Lorfque Ton s'aperçoit qu*il eft bien rouge,
on le retire & on le laiffe refroidir , après quoi
on le pèfe* La différence qui fe trouve entre fon
nouveau poids & celui qu il reprcfentoit avant
ï'opcration , détermine le titre de Tor que Ton
s'eh propofé d'cflaycr, en indiquant la portion
d'alliage qu'il contenoit.
Tous les cjjay^ms font obligés de fc pourvoir
au dépôt établi à la cour des monnoics, en exé-
cution ézs> lettres -pâte mes du prenii^^r août 1779,
di-s agçns & fubAances ncccflaircs à leurs opé-
rations.
Il leur eft ordonné par rarrét du confcil ûi\
30 août 172} , de marquer de leur poinçon les
lingcts d'or ât d'argent qtii leur font [lortés pour
en foire rcfTai , dam Tinilant même oij ils leur
fyixi remis ; de tenir un régi Arc exad de leur
poids, de leur titre, & dis noms, qualités & de-
meures des propriétaires \ d'infcuîper fur chaque
linfiOt le numéro fous lequel il aura été enre-
glllré, & le titre auquel il a été rapporté : û le
pro(;rié|sire d*un lingot défire qu'il en foit fait
plulicurs effais, TeAfi^yeur cft tenu de i'cnregiftrer
fous un numéro diâcrcnt , autant de fois qu*ii
reiTîiic, & d'mfcnlper ces uumcros fur le lingot.
EssAVEUii; officier de monnoie qui fait Te^ai
& rcconnoît le titre des métaux que Ton veut
employer ou qui ont été fabriquée
CVll fur le rapport de ViJ\iycur général des
tnonnoies de France , & fur celui de Ï^Jfaytur
particulier de Paris, que la cour jugc fi les pièces
tabriquccs font au titre prefcrtt ; & fur le rap-
port au cas d'écharfeté^ on procède à coodam*
nation*
EsTAHQUis ; ancien nom d'une cCpèce de
tenailles avec kfqueUes on couchoic fur renclume
MON
\t% morceaux ^^ mcnl qu'on voulolt fiiçoofier
pour en faire des cii-éccs.
Esterling; monnoie d'argent qui avoir coun
fous Philippe 'le-Eel : ils étoient à la taille de 160
au marc , valant 4 deniers.
Estoc & ligne (i U monnoU)* Les enfans
& petits enfans des monnoyeurs , laillereiîcs,
ouvriers » ^ix^n de ceux qui ont été reçus &
qui ont prêté ferment , font dits être d'ejloc d»
lime de monnoyage \ les aines ont le droit
d être rtçus , en cas de mort ou de réfignaiion »
à la place de leurs pères ou mèrei, félon le fexc
& la place. Les cadets ne peuvent avoir ce droit;
mais on les reçoit dans des places inférieures^
6t ils avancent félon les événemens , les occa-
fions 6c kur hatwLté.
Etalon (^iJi); c'eft le poids original dc-
pofé au grette de la cour des monnoics , fur le-
quel on duit aj'jlier tou% les autres poids.
Etouffe ou noyé {ejfii) ; c*cft lorfque dam
un eflit d'or ou d'argent » le plomb n'ayant
point allez de chilcar, la Itthargc s'amaile à Im
furface de la coupelle, &t ne la pénétre point.
Exergue d*une médaille ; ce/t la petite pbc«
qui, au bas d'une médaille, ell féparée du refk
du champ par une ligne tirée dîre^enient d'un
burd à Tautre.
Face ; c'eft le côté d*une médaille ou il y a
la tète au le nom de celui pour qui la pièce
a été frappée.
Fanon ou fanot ; pièce d'or extraordinaire-
ment petite dont la valeur ïï'çA guère que de fis
fols de France. Ces fanons font faits a- peu-prés
comme la moitié d'un pois & pas plus gros* Ils
ont cours à Pondicbéry , principalement dam les
comptoirs des François.
Fausse monaoie ; c'eft la raonnnic qui n*eft
pas fabriquée avec les métaux ordonnés par le
fo uverain , comme feroicnt à^% huis d'or do cuivre
doré.
Faux monnoyeur; c'eft l'homme cotip«l4£ qui
altère les monnoies , & en diminue 1 le
poids 6c la valeur, folt en les rognsï i-n
y iritroduifant des matières c
Fer (i U monnoie) ; ce te:
équilibre du métal au poids io
comme une once d'or tenant ^hi
avec le talon , les deux plai
point.
FfRRACE {Jro'u dtyv Ai^^
leurs particuliers dev
nir les fers ncccfT;»ir
ce droit» ordûr
de 16 deo. pa:
marc d'arg
FllRTOV
par PI
doiveni '...-i
avoir des bab
ou an poids 1
MON
Figure dt h monnoU; c'eft fa forme extérieure
qui eô ronde en France* irrèguliere 6i à plufieurs
angles en Efpagne , carrée dans quelques endroits
des Indes « &c.
FtK ; ce terme exprime la pureté des métaux :
un or fin^ un argent />r, c'efl de Tor ou de lar-
gcm fans alliage.
Flan (J /j monnoU). Le métal ayant été fondi:
en lames ,& paffé par les laminoirs ; avec un in-
finiment appelé coupoir ou emporte- pUc€^ on coupe
de ta lame un morceau rond comme une pièce
vcîe au palet, d*une grandeur & d'une ëpaiiTeur
conféquence à Temprerme que doit recevoir cette
efpéce de palet , qu^on appelle /j/ï, pour deve-
mr une monnoîe.
Ce /jjT ou pièce unie , avant de paffer au ba-
laficicr, eft donnée aux sjuîlcurs pour la rendre
du poids qu'elle doit avoir; enfuite on la recuit,
on la fait Lomllîr dans un âuide préparé, &c» ;
eisAn, elle continue d*étre appelée }fj/i jufqu'à ce
E'on y ait empreint l'effigie , les armes , légendes
franches ou cordonnet.
Flattir i c*étoit« fuiv^nt une ancienne eipref-
fioa, ajuftcr les morceaux de lames d'or ou d'ar-
gent au volume, à ta g'^andeur &: au poids que
deroîeni avoir les efpèjcs,
Flattoir; nom d'un marteau employé autre-
fois dans les moniioics pour étendre les morceaux
lie lames dor ou d'argent deftinés à faire des
dpéces.
Fl£VR de lys ; monnoie Jor fin , qui fut fa-
briquée en France au mois d'août 13^1 , fous le
règnt du roî Jean. £Ue étoic à la taille de ^o au
marc , & valoir 40 fols j en fonc que le marc
d'or monnoyé valoit 100 liv.
Il fut encore fabriqué ût^ fleurs de lys d'or fin
le ç mai if^j, fous le rcgne de Charles V : ils
èfoîeni à la laiUe de 64 au marc , & vaîoient
ao fols pièce.
Florîk (ton Cette monnoie a été connue en
France des Tan 10^7 ; î'hifloire de Normandie en
fait mention : eî^e rapporte que le duc de Nor-
mandie donna à celui qui lui vint dire de la part
de Herald d»; fortir d'Angleterre, un courtier,
ooe robe & 4 florins d'or.
Dans les premiers temps , on appeloit égale-
ifïCRt flrmns , !e denier d'or à Tagnel , à Técu ,
_àla fli^ïir de lys, à la miffj, &c.
"^' On dit que le roi Jean fit faire des florins d'or
Bs à Tagnel , & défendit le cours de tout autre
Bf>rify.
FLOntV fcorgts ; monnoie d'or fabriquée k
Orîcans, par lordre da Philippe de Valois : on
leur donna cours au mois de février 1340; le
roi éfoh rcpréfenté fur cette monnoie ious la
6: St. Georges lerraflani un dragon, ce
«il , t le roi d'Angleterre.
Flobin d'or^ fabriqué fous Louis-le-Dé!- n*
raiTc : il cft à préfuiner que c'eft le même que
ic fol d'or.
A'U & Miikrs. Tom, /'. Part, /.
M O N
si-
Florin d*or de Lorraine ^ au liire de i7kira >.
Florin d'or du cardinal de Lorraine ^ qu'il u
fait frapper à Verdun en Tan 1611, au tiîre de
iG Icarats 8 grains.
Florin d'or du duc de Bouillon , frappé à
Sedan en 1614, au titre de 16 karais 8 grains-
Florin d'or de Befançon , au litre de 18 ka-
rats z gra*ns , valant environ 3 liv. 18 fob , à
27 liv. le marc.
Foiblage; c'tft dans le monnoyage un poids
trop foible j c'eft aufll la permiiTion que le roi
accorde au direûeur de Ces monn'^i^s ,de pouvoir
tenir le marc de fes efpèces d'une, certaine quan-
tité de grains plus foible que le poids*
Le foiblage de poids eft de quinze grains par
marc d'or, dont un quart eft trois grains trois
quarts, que le direfleur a pour le retourner ou
pour le joutr.
L'argent a trente-fix grains j dont le quart cft neuf
grains , & pour le billon quatre pièces.
Forme des monnoie s ; c'cft ce qui confiftc au
poids à^ Tefpèce , en la tdllc , au remède de
poids, en l'impreflion qu'elle porte» & en la va-
leur qu'on lus donne.
Fosse (/.i ) ; c'eft au bas du balancier une pro-
fondeur où (c tient afils le monnoyeur qui doit
mettre les flans entre les carrés , ou les en reti*
rcr quand ils font niarqués.
Fournaise, ancien terme de monnoyjge,
étoit Tend roi t oij les ouvriers s'affembloient pour
battre les carreaux fur le tas ou enclume pour
flatir & réchauffer bs tlins.
Fourneau à fouffiet ; c'eft un fourneau qui a
une ouverture à fleur du foyer, p-ir laquelle il
reçoit le vent d'un foufili^t pour animer le feu.
Fourneau à vent i c'eft un fourneau qui reçoit
l'air ou le vent par une ventoufc pratiquée au
devant du foyer.
FouRREES {médailles)^ celles qui n'ont qu'une
petite feuille d'argent fur le cuivre, mais battus
enf:mL!e avec adrefle.
Fhanc d'or , monnoie d'or fin» Cette mon-
noie ïsM commencée vers la fin du régne du roi
Jern, Tan 1360, loifqu'il fut reve.iu d'Anglct.rre:
elle p;.fr/it un gros un gniin , ti valtit ao fais
ou une livre : elle reç réfente environ 7 liv. à
27 liv. le marc.
La ranç^in que le roi Iq:^^ pnya au roi d'An-
gleterre, montait, fuivani l'ordonnance du 5 .é-
tembie 1360, à trois millions d'écos d'or, dont
les deux faîfjient la noble à la rof^ , monnoie
d'or :iyant cours alors en Angleterre , pefjrt
6 dcn. à 25 ki»rafS'J, c« qui fait monter cette
rançon à la fomme ùc I7.3'^»2,500 liv. de h mon-
noie à 27 liv, le marc ; & à 49 Iî^- ï6 fols , ptiac
afluel du m.irc , à ceile de )^,i3'S3000 lîv.
Il ne s'cft jamais vu fous aucun règne, tant
de dîfTércntes S'atiaiions fur l'argent , que fons
celui du roi Je*n ; on en pourra juger par celles
qui arnverînt dans fefpace d'un an ou €,tvl-
ii8 MON
roa ; car k 28 mai 13^9» le prix du marc ètok
à iiL
le \ jutn, it fut porté., à . • • 9
le 9 ]\n\ïct i . *.'..♦. la
k }t dadit à 16
k li o^obre a 39 8 f.
k 17 novembre à • * ... 11
k 5 décembre à 15
k 19 dudit à . 10 9
k }t dudit à ....*** 1) M 6d.
k a jartvkr 1360 à 34 11 6
k 11 dudit i -34 9 ^
k 17 l^vrkr à 13 17 6
k 7 nnn à 77 16
l«r ai duJlt à 10^
k ] I dudie il fur remis à . « . 1 1
Franc d*or; moanak fabri<]yée k lofcptem-
brc 1364 , fous Charks V : iU éîoient k la taille
rfe 63 au marc, valant ao fols pièce.
Franc à cheval , fabriqué fous Lcms le-Mâk,
comte de Fian^rcs , à aj karats S^ B;r.iins, pe-
fant 71 gr*iitis ; ce tut j/endant k 14* llèckren
1641 it$ furi;nt évalués à f llv. f^fol^.
Franc J pitd , du poids de a dcmers lo grains;
fabnqiié fous Louis -k-MAk^ pendant k M*
fiéck : en 1641 ils furent évLluès à ^ liv. 15 fols.
Franc i monnoie dVgcnt qui fut fabriquée
fous Henri III, k 31 mM 157^. Ls franc èioit à
10 deniers 10 grains y^ de rrain^ de fin, à la tailk
de 17^ au iRirc , Ôc valoit îO fols : il fu^ftltoit
encore fous Louis XlII, en 1636 , Si valoit a7 fols.
Il y avoir des francs à pied 6l des francs à che-
val , frappés fous le roi Jean; ils étoient ainfi
marqués j k caufe que k roi y étoit reprcfcnté
fur les uns à cheval , & fur les autres à pied.
Franc; monncie dV§cnt qui fut fabriquée
(bus Henri II , roi de N.varri? , du poidiv de 1 1
deniers 1 grain : ils valoienr, en 1641, 28 f.«is,
Us demis & quarts à proportion.
Franc; monnoie de compte, dont on fe fer*
«n France , & qui cft de la même valeur de b
livre, c'e!i-à-dirc, ao fc-h : aufTi dit-on ég:iîe'
ment aO francs ou zo livres , mille francs ou
mille livres, &c. Le terme de fr^nc doit fon inlli-
tution à Henri III, qui ordonna, le dernier mai
1575 , qu'on fabriqiieroU à l^ place des t:(lons,
iks francs d'argent de ao fols la pièce : ils étoient
à 10 denkrs d argent fin, a grains de remède
fie 17 pièces ^ au marc, pef^nt chacun 11 deniers
wn graia trébuchant. Comme cet:e mat>iére de
compter par frsncs fnb{tAoit encore en 1636, on
s*cn fert aujourd'hui aîTez communément dans
k convcrfaîion, mais non dans ks écritures, ni
dans les comptes.
Fray ; on nomme ainfi !a perte que ks efpéces
éprouvent par k frottement dans la circulation.
Une pièce de monnoie a frayt , lorfquc par le
frottement elle a perdu de fou poids , U par con*
féquent de fa valeur.
MON
Frilampe, frçUndc ou fdUndê; Von nomme
ainfi en Anjou , province de France , une naon-
noie de billon qu'on appelle ailleurs fol, ou fou
marqué : k febmpe vaut la à 15 denkrs de
France.
Goutte ; nom que Ton donne à b petite por-
tion de métal d*or ou d'argent en fufion , que
Ion retire du creiifct pour reffai.
Graîvs du fin ; on nomme ïinfi ks parties
d'un denier û^ fin de l'argent qui a été puri-
fié , ou ks p#ities d*un karat d'or pur.
Grand-blanc; monnoie d'argent qui fut fai*
briquée fous Charles VU, en 14^3; il ^t'^'it ^
9 deniers de Li , à la tjille de 96 au mire, &
valçlt I ç dertiers : k marc d'argent fin étoit aJori
k 7 liv. I o fols.
Gratte-bosse ; outil de fer ou d'acier, avec
lequel on ncioie les boutons d'cifai , dont on en*
lève les parties étrangères & adhérentes,
Gkenetis; c'ert un petit cordon fait en forme
de grains , qui ri^gne tout autour d'une pièce de
monnoie, & qui enferme les légendes des deujt
c6îé«.
GacNETis d'une médaille ; ce font des potnts
fur k champ de la médaille, & qui forment ua
cercle fur rentrémité du contour.
Croche; petite monnoie de billon , qui vaut
% deniers de France : il en faut 90 pour iiiire iVc«
de 60 fols , pair de riidak.
Gros* royal; monnoîc d'or frappée fo»«
Philippe-le Bel, en 119s i »* ^^^"^^ **' "^ ^" • ^
pefoii un gros & demi 33 graiiw , val.tnt ao foU
Parifi*^. On croit que c'elt'la même efpcce que
le denier d'or à la chalfe , dont il cfi parle dans^
une ordonnance du 8 janvier, & qui, dans uimï
autre de l'an 1304, eft nommé royal d'or à la
ch;sife«
Gros ; monnoie d'argent de France , qui fiit
fabriquée en 135^, fous k roi Jean : kgrosètoit
à 6 deniers de loi, à la tailk de 80 au marc, 6c
valoit un fol ou la deniers; le marc oVgeoc
étoit alors à 7 liv. S fols.
Gros-blakc; autre monr^oie dargcrt , fabri-
quée fous k roi Jean, en 1356, à 4 deniers de
loi, à la tii'le de ^o .111 marc, valant ta deniers*
Gros tournois; monnaie d^-r^ient fabriquée
en iia5, fous Sr. Louis, à 11 deniers la gr-ini
de tin , k la t^ilk de 58 au marc , k mate dVgenc
étoit alors 4^4 fols.
Gros TOURNOIS à fo ; monnok d'an^etit qai
eut di^érens prix fous le rétine du roi^ Jean ; k
peuple le fit valoir depuis 1311 jufquea i>ïB,
depuis la deniers jufqu'â ao ; mais par une or-
donnance de 1330, il fut remis à 12 deoiers.
Gros- tournois hîancs ; monnoie d'argettt;
fabriquée fous k roi Jean, en ^î'' ^ ^ deniers
8 grains de loi, à la taille de 87^ au marc, v«*
la-4 8 deniers.
Gros â U ccuranne ; monnoie d'argent fabri-
quée fou* Philit>pc de Valois , à 10 denien %é
MON
gfjiflf , à la taille de 96 au marc^ valant 10 de-
Gaos à ta fîenr de lys ; monnaie d'argent
Êbriquce fous Philippe de Vabis , à 6 dentcrs
de loi , à la taîik de 84 r-u marc , valant ! ç àcn,
Gf:os p'SriJîs ; monnoie chargent n:b:iqucc
€11 ij)6 » à Tt deniers 13 grains de loi, à la
iii!*C de 4$ nu marc, valant i% deniers.
Gros ^i/r/7(?*/; monnoie d'argent de Philippe
fAtfice , Comte de Flandres , à. peu prés com-
me le gros-tcurnois d'argent de St, Louis,
Gros Je Ij^rnùpe ; monnoie d'argent fiappée
fous Henri II , valant 6 deniers.
Hardi ; monnoie de cuivre frappée en Guienne
foiis Louis XI > valant ) denien,
H£NRl d*ùr , ( mmnoU de France ) nom d'une
fettc fTornoie ri*rir , cin commença & finit foui
H'-nri ïl. Ce nrm d homme ap»pliquè à i:ne mon-
noie ne doiî pas fiîtprendre ; car il n'y a rien de
fi ftéi{pent th.^ les Grecs , les Romaifis & les
«très pet pies , que l^s monnoies qu'on appjlott
<iu nom du prince dont 'îîles portoient rini<j|;c ,
fèmoin les P)>i lippes , de Fh lippe de Macédoine ,
irs Dariqucs, de Darius de Méde , 6c une in.%
nitè d'autres.
Le poids & le titre des i^fzri^ étoîcnt à virgr-
trois karars an quart de remède ; il y en avou
foîxanie- fept au marc : chaque pièce pefoit deux
deniers vin«t grains rrétitchans , & par confcqut^nt
quatre prarns plus rue Us écu^ d'or : cette mon-
ôme vajojt dans fon commencement cinquante
TO " on fit ania de^ demi - Hcnris qui va soient
▼ingt-cnq fols , St ces doubles ^.,.r;j,qui en va-
loicrt cent. Toutes ces efpéces furent frappées au
balancier, dont rinvenrinn étoit a'ors nouvelle.
Les premiers reprérenioient d^un côté Henri arir^
Sl couronné de lauriers * & de Tautrc portoient
une H couronnée ; les derniers avoient fur leur
teren une kmme armée , repriïentant la France
a.Tife fur des trophées d*armes : elle tenoit de h
main droite nne vifinire, & pour légende Galîîa
fftimo prbscipi ; ce qui eft une imitation dVoe
inédifile deTrajan,Ô£ ce fut h fiaîterie d'un par-
ticolier qui l'imagina ; mais le peuple, que ce mo-
narque accabla d'impôts durant fon régne ^ étoit
bien éloigné de la confacrer ; cependant Je Jiafard
fit que pmais les monnoies n'avoient été Ci bel-
les , ù tien faites Ôt fi bien monnoyées qi^'elles
le furent fous ce prince , à caufe du ba'ancter
qu'on inventa pour les marquer. On fit bâtir en
iÇ^o.au bout du jardin des ctuves, une maifon
pour y employer Cîîite nouvelle machine : cette
mai fon , qu'on ncmmala monnok ^ fut enfin éta-
blie en ÏÏ53 ; ^'^^ ^* ^'^'"» ^^^ réglemcns pour
fa police ec pour fes officiers.
JçT du moule ; c'eft la petite ouverture pra-
Hqoce au moule pour réunir les matières fondues
d'cr ou d'argent qu'on veut jeter en lames.
Jetée en Umu ^ c^eft verfer les matières fon-
dues d'or ou Jargent dans des moules préparés
pour faire dei lames.
Image, en terme de monnoie , eft, de même
qu;; rimpreffion , la marque qui donne à un mor-
ceau de métal le fignc & le caraficre d*une pièce
de monnoie.
Impression, en terme de monnoie » e^ l'^ni-
preinte que reçoit chaque morceau de m^tal ,
âc la mnrque qui lui donne cours dans le pu*
blic comme monnoie.
Inscription d'une méJallh ; ce font les lettres
gravées Ctir le chjr:p d'une médaille.
Instruments. Les cHayeurs ou ceux qui font
des effars d'or & d*srger.t â la coupelb » ni>mmint
i/tprumczs des morceaux oblor^* & froids d*-r-
gile cttire, qu'ils mettent autour de la coupelle ,
poivr en tempérer la chaleur quand elle cil irop
ardente.
Jaquemart ; c'cfl une ef^^èce de reffbrr en
forme de msn yeile , charç-^e di plomb p^^r 1^
bout qui tient à la vis du baîa'icitr, & qi^ fnt
a le relever quand ta pière e(ï marqua.
JOANNis , monncic d*c>r de France , frappée f lUS
le rè^ne du Roi J^an ,en '344, aii tiire dt; ij kx-
rir:i îj g-ains , ptf.int 95 g-^ains • elle viuciroit a 27
U le m,irc , environ 9 1. de France: en ne fait
p.is U ratfon potir laquelle cette monnoie a été
nommée Joannes ; il ell à p'-éfumcr qu'elle a été
nommée ainfi k ciufe du nom du Roi Jean.
Juge - garde des monnaies ; c'eft un jyge qui
veille fur tout le travail des mon«oies.
Jumelles ; on nomme ainfi k$ deux mon-
tans du corps du balancier.
Karats , ne m par !equel on diAingue les degrés
de pu-etè de Tor : 110 or à vingt- quatre karats
fcroit le plus parfait.
Karolu , autrement appela bi.inc , monnoie
(!'ar|;cnt de 1 liarlcs VIÎÏ , valant 10 deniers tour-
nois : c'ie étoit ainfi nommie à caufe que fon
nom y étoit gravé.
Lames ( «i la monn^l: ) ; ce font des bandes mîn-
CCS de métal , foitd or , d'argent ou de biilon , for-
mées & jetées en moule d'une épaiiïcur confé-
querte à Tefpécc de monnoie que Ton veut fa-
briquer,
L^s tamts , avant de pafTcr ao conp'^ir , foRt
ébarbées , dégrojics , recuites & hminées.
.Laminoir ( J/^ mannoie) c'efiun ifjft.ument
qui a pour objet de réduire les lames au forrir
des moules à une épaifTeur convenable à la mon-
noie que Ton veut fabriquer.
LavuRE , c'efl le réfidu des matières qui
ont fervi à la fufion de Ter & de Tardent.
LavURES ( ttrre de );cc font ks carreaux des
fouriïeaux , les vieux crewfets , les balayures du
cendrier & de i'atîlier qui font plîés & réduits en
icrre,pour en tirer les particules d'or ou d'argent
qui y font mcïées.
Llgendi i 'c'eft dans la monn#ie Tinfcription
Ec a
220 MON
gravée d'un côté autour de Teffigle , & deTautre
autour de récufTon , & même fur la tranclic.
LÉGENDE (Tune médaille ; c'eft rînfcrîption gra-
vée au contour d'une médaille.
Liard; monnoie encuivfe,ayant"cours aôuel-
lement en France pour j deniers : il y en a en
France de plufieurs fortes , les uns de cuivre , les
autres avec quelque mélange de fin , d'autres
de cuivre pur.
Les premiers furent frappés 'en 16^4 , en con-
féqucnce de la déclaration de Louis XIV > du pre-
mier Juillet de ladite année.
Ils furent appelés dans la légende d'écuiïon ,
liards de France , pour les diftinguer des féconds
dont on a parlé , & qui font de didérentcs fabri-
cations , comme de Chambéry , de Dombss , d'O-
J-arge , d'Avignon , dont les premiers tiennent de
fin I denier 10 grains , & les autres 3 grains
lie Moins : il ne s en fabrique plus , & ceux qui
reftent encore n'ont cours que dans le Lyonnois
& dans le Dauphiné. Les liards de France font
de cuivre pur fans aucun mélange de fin , à la
taille de 64 pièces au marc , au remède de 4 piè-
ces , le fort portant le double.
En 1709 , il fut auffi fabriqiré des pièces de 2
Jiards dans les monnoics d'Aix , Bordeaux , de
Montpellier , de la Rochelle & de Nantes , à
la taille de 40 au marc , valant 6 deniers prèce.
En 1710 , il fut encore fabriqué des pièces de
quatre, de deux& d'un li»rd , qu'on appelle en-
core aujourd'hui de gros Law , ( ceux de 4
liards ) parce que ce fut M. Lav qui les fit
fabriquer.
Lion , heaume de Louis le mâle , Comte de
Fhndres,à a} karats 8 \ grains , pefant 100
crains , valant environ 8 1. 15 f. Cette monnoie
cft du 14*. fiecle.
LiTHARGE ; c'eft du plomb calciné , & réduit
par le feu dans un état de vitrification.
Livre ; monnoie d'argent fabriquée en 1720
en France , à 12 grains de fin , à la taille de 6;
fols-;V 21" marc.
Livre , monnoie de compte dont on fe fert
généralement en France pour tenir les livres :
pendant long-tems la livre de compte a été une
monnoie réelle & de poids.
Charlemagae eft le premier qui l'inflitua : elle
ètoit compoiée de 20 fols réels d'argent , le fol
compofè de 12 deniers d'argent réels /en forte
que dans ce temps là comme à préfent , la livre
ètoit compofée de 240 deniers, mais qui, par
fucceflîon^à caufe des augmentations arrivées fur
le marc d'argent , de réels qu'ils étoient , font de-
venus , ainfi que le fol & la livre ^ une' monnoie
de compte en ufage par toute la France.
Loi ; ce terme dans les monnoies eft fouven
employé pour défigner le titre des efpèces d'or
bi d'argent.
LovPES ; ce font les briques & carreaux des
M Oîî
vieux fourncau.T , qui ont krvi à la fonte de Tor
& de l'argent. Ces loupes fe broient 8c fe concaflTcnt
pour en tirer , par le moyen du moulin aux lavurcs.
les particules de ces métaux qui peuvent s*y tut
attachées.
Louis d*or; du ccmte de Flandres, à 23 ka-
rats-^l^, pefant 7S grains, fabriqué dans le 14*
fiècle.
Louis d'or de France. Les premiers Louis d'or
qui ont é^é fabrivjucs en France , font du 3 avril
1640, fous Louis XIII : Ils étoient à 22 karats,
à la taille de 36^ au marc, ex valoient lo liv. à
27 liv. le marc; c'étoit au/Ti le prix de la piftole,
?[ui a eu cours aufH en France pendant un temps
ur le pied des louis. Ce fat le célèbre Vsrain ,
le plus habile graveur qui ait jamais paru, .qui.
fit les poinçons & les coins pour marquer les
louis.
En l'année 1693 , il en fut encore fabriqué des
mêmes poids & titre, & valurent 13 liv.
En l'année 1700, pareille fabrication de louis
d'or des mêmes poids & titre , valant 1 2 liv. 1 5 fols.
En 1701 , idem.
Au mois 'd'avril 1709, il fut fabriqué des louîs
d'or à 22 karats y à la taille de 32 au marc, va-
lant 16 liv.
Au mois de mai 17C9, il fut fabriqué de nou-
veaux louis d'or à 22 karats , à la taille de 30
au marc , valant 20 liv.
Au mois de novembre 1715, autre fabrication
à 22 karats, à la taille de 20 au marc. Cti louis
ont été appelés Noailles , à caufe que M. le Duc
de ce nom étoit direfteur dss finances.
Au mois de mai 171S , autre fabrication de
louis au même titre , mais à la taille de 25 au
marc, valant 36 liv.
Au mois dV.out 1723 , autre fabrication de louîs
au même titre, & à la taille de 377 au marc,
valant 27 liv. : ils furent appelés chevaliers, à
caufe d'une croix de Saint-Louis dont ils étoient
marqués d'un côté.
Enfin, au mois de janvier 1726, il fut encore
fabriqué des louis d'or a 22 karats, à la taille
de 30 au marc, valant 20 liv. Par arrêt du 26
mai fuiv^nt, ils furent portés à 24 liv. : ce font
les mêmes qui ont cours préfentement , 17 juin
1754, pour ce prix.
Lbu
ibuis d'argent ; monnoie fabriquée fuivanc
l'édit de novembre 1641 , à la taille de 877 au
marc , au titre de 11 deniers de fin , valant Co
fols de France.
Louis; monnoie d'argent fabriquée en 1720,'
à II den. de fin , à la taille de 30 au marc, va-
lant 3 liv.; c'étoit le tiers des écus de dix au
marc.
Louis de s fo^^y petites efpèces d'argent, qui
d'abord n'ont été fabriquées qu'en Frandè, raa.s
qui dans la fuite le furent en plufieurs endroits
du royaume.
Les louis de 5 fols étoient une diminution de
M O
reçu ic ÔD foÎ5 r ils en falfoient la 12* partie;
U Ëibncadon en fut ordonnée par le même édit
qtji onJôona celle des Inuis d'or & d'argent.
Le feu roî Louis XIV > par fa déclaration de
ifr.o, îear donna cours pour 5 fols 6 deniers , Se
en ordonna une nouvelle fabrication fur ce pied ,
au ritre fit du poids à proportion des ècus de
|l fols ^ frappés en confcqucnce de l cJit du mois
I décembre 16S9,
Cette petite mon noie d*srgent , dont le com-
merce a f.iit un fi grand bnnt dans toutes les
écKcIIcs du levant, VL*rs le milieu du fièclc, s'y
appeioic par les Turcs des timlninai ; Tempreinre
C0 étoit fi belle & fi nette, qu'aulfitut que les
srovençaux y en curent portés , les Turcs ne vou-
lutem plus d autres efpéces des marchands : Ten-
tètement paiTa aux femmes , & bientôt toutes
leurs coctiurcs & leurs habits en furent brodés.
Les François, profitant de leur fortune, fai-
fotem prendre d'abord ces timinlnas pour 10 fols,
ce qui ctoii cent pour cent de gain , enfuite ils
baiCTérent à 7 fols 6 deniers , & enfin en 1670 ils
&renc décriés,
L avidité des marchands Européens, (car les
HoUandois, les Génois, ÔC quelques autres na-
tkms chrétiennes avoient part à ce commerce
aulH bien que les François,) fut caufe de ce
dccTÎ : non conte ns du gain immenfe tju'îls fai-
fotent en donnant de bonnes efpéces , ils s*avi-
ftrcm de les altérer; & la mauvaife fol aufTi
bien que la témérité allèrent fi loin, quon porta
dans le levant des louis de 5 fols qui ri'étolent
qite de cuivre argenté.
Orarjgc^ Avignon, Monaco, Florence & plu-
fieors villes & châteaux de Tétat de Gènes, fu-
rent les lieux où cette fau^e marchandife fe fa-
briqua les dernières 13 années que dura cet în-
joAç commerce.
Pour remédier à ce diforlre, & pour empêcher
du moins que les François continuaiTent dy avoir
Cart , le parlement de Provence donna un arrêt,
5 ai décembre 1667, qui dèfendoit de faire le
négoce du lev.^nt aunement qu'avec les mo.i-
rtoirs de France, d'Efpgne , de Dombes ; &
d'aller à l'avenir, fous peine de la vie » char*
ger aucuns louis de ^ fo!sà Géncs, àLivourne,
OC autres lieux de cette côte.
Ce fut moin'î toutefois ce févère mais jufte
arrête, qui arrêta le cours de cette monnoie, que
le décri que Ton en fit bientôt après dans Tem-
pîrc Turc, & des avanies certainement bien mé-
rirècs que ce malheureux commerce attira à ceux
^tii le voulurent continuer. De cette fau/Tc mon-
roic , s'enfuivit la perte totale de la compagnie
Gcnoife qui en avoît fait fabriquer plus qu^aucunc
aofrep
LoirvisîEKS ; monnote d^argent qui , fuivant
Ducange, fe fabriquoit k Laoa : on n'en dit pas
plus ic temps que la valeur ^ le titre & le
poids.
MON 221
Lys iTor ; monnoie d'or fabriquée en 1665 ,
fous !e règne de Louis XIV : les lys d'or étoient
à 23 karats ^, à la taille de 60 au marc» valant
7 liv, à 17 Uv. le marc.
Lys ; monnoie d'argent fabriquée en France
en 1655, à II deniers ii grains de loi, à la
taille de 30 x au marc, valant 20 fols pièce.
Maille ; monnoie de cuivre fabriquée en
France : elle a eu cours pendant long-temps pour
la moitié d*uii denier , enfuite on oe s'en e(l
plus fervî.
Mansois ; monnoie d*argent qui avoît cours
fous Saint'Louis pour deux angevins, dont 15 fai-
foient le tournois.
Marobotin ; monnoie d'or fin. En iiiî»
Raimond Archambawd , comte de Touloufe,
donna annuellement au roi Philippe - A uguAe ,
pour avoir fa protedion , marcjm duri oholorum
marabùùnorum Ugidmorufn. On croit que le maro*
hotin pouvoit être une monnoie d'or de ces évéque$
qui, longtemps, ont joui du droit d'en faire bat-
tre, 6iqui, félon Thcrdulfe , évéque d'Orléans,
étoit marquée avec des caractères arabes : ils pè-
foient en 1113 , 76 grains dor ; ils eurent cours
en 1336 dans plufieurs provinces de France.
Maravedis ; monnoie d'or qui avoit cours
en France en 1210 : il pefoit 84 grains*
Masse ; monnoie d'or fabriquée fous Phi-
lîppe-lêBsl en 1310, à 21 karats, à la taille
de 347 au marc, valant 30 fols : elle étoit aiiifi
nommée à caufe que le roi y étoit repréfcnté
d'un côté tenant une maflc,
Marque : on entend par marque fur îa mon-
noie l'image ou l'effigie du prince ; c'eft cette
mj'ijue qui lui donne cours dans le commerce* Les
direClwUrs & graveurs des monnoies mettent fur
les monnoies chacun une m^ir^i/ 1' particulière qu'ils
choifilTcnt à leur eré. Quand ces officiers font
reçus, ils font obligés de déclarer, par un aéle
en bonne forme ^ de quelle marque ils prétendent
fe fervir ; il s'en tient regtdre, & ils ne peuvent
la changer fans permifBon.
Mahqu^r la mo/tnoic ^ c*eft y mettre la mar-
que OLi empreinte du prince, foit fon e<îîgi«t,
ou telle autre marque qui lui donne cours dans
le commerce»
On marque auffi les efpéces fur la tranche , &
Ton a inventé pour cette opération une machine
auffi fimple qu"*ingénïeufe , qui confifte en deux
lames d^acicr faites en forme de règles, épaides
environ d'une ligne , fur lefquellcs font gravés
ou les légendes ou les cordonnets ^ moitié fur
l'une & moitié fur l'autre. Une de ces lames eft
immobile, & fortement attachée avec des vis fur
une plaque de cuivre , qui Tell elle même à une
table ou établi de bois fort épais : Tautre lame
efl mobile, & coule fur la plaque de cuivre par
le moyen d'une manivelle & d une roue , ou de
pignon de fer dont les dencs s*engra ncnt dans
2C2 M O
d autres e^éces de dents qui font fur la fdpcf-
ncic de h lame cov*lante.
Le Û^n placé horizoniiilciiient entre ces deux
lames , cA en tramé par le mouvement de celle
qui eA mobile , enTorce que lotTqu*jl a fait un
demi tour, il fc frouvc entièrement marqué. Cette
machine cil (i f iciîe , qu'un feul homme peut mar-
quer vingt mille fUns en un jnnr.
Masse ; cfpècc de marteau dont on fe fervoît
autrefois dans les monnoics
Matùrz dcf monnoUs ; c cft ce qui fait la bafe
& la valeur réelle des monnoics d'or » d^argcnt ,
de ccivre-
MATli-RE en auvre ; c*efl Tor ou l'argent mon-
Dôyès ou convertis en t\'phcc$.
MATikRE hors otuvn ; c*eft lor ou Targcnt non
roocnoyé.
Matrices, -i Id mùnnoU ; ce font des mor-
ccauï d acier bi-în trempés ^ gravés en creux
avec les ifors efpèccs de poinçons.
Les milîrices font hautes de quatre à cinq pou-
ces, carrées & rondes par te haut avec des en-
tailies ane;jlaircs.
It n*y a quune matrice, appelée la primitive^
de chique espèce poiîr touits'les monnoics du
royaume; C'ell le graveur goncral qui la con-
ferve , 8c c'eft de cette matrice qu'émanent les
carrés que Ton envoie & dont on fe fert dans
routes les monncies du royaume.
Matrice d'e^l^e ; c'cft le carré d acier trempé
far lequel fe trouve Tt^mprcinte de Teffi^Ie. Ccft
fur ce carré que Ton happe les goinçons.
MÉDAILLE; c'ctl une pièce de métal en forme
de n%onnoie , à deux fac^îs ou deux caftes , fur
chacune defqnellcs font ordinairement imprimés
lin tvpe & une légende.
NÏ^D AILLES {monnùlcd*or')j c'eft le lieu où Ton
frappe les méditiles*
MÈOAILLOFS i ce font de grandes mé^failles,
que l'on frappoit comme des monumens pnblics
de quelque grind événement*
Melgorïens ; monnoîe d'argent qui avoit
cours en France cn 1 177. On trouve dans ïe
pérc Anfclmc qu'en ladite année, Roger, Vi-
comte deBenicrs, engagea des muifs d'orge, qui!
protïiit tous Us ans par droits d'alberge des ha-
bitans de la ville de Malvcrus , à Rcger de Dt:r-
fort , à fa temroc & à fes enfans , pour 2^000
fols melgoriens.
Mflgorois \ monnore d'argert fabriquée à
Narbonne, fous Emery deNarbonne, & la corn-
teflc de Mahault fa mérc. Il paroît, par la do-
nation qu'iU firent le 7* jour avant les calendes
de mai 1 1 1 1 , a Jean & k fa femme Hermengarde
& % tous leurs enfans, de la monnoie de Nar-
bonne, que les donataires ont donné aux dona-
teurs 600 fols melgoroîs 8c 100 fols narbornois,
pf>ur préfidcr à Jamais ladite monnoie fans cn
taire aticun devoir feigneurial à perfonne , fi ce
n'cft de la puiffancc , & qu'ils ayent i ftirc &
MON
faflTem une livre d'argent chaque femalne , tint
qu'on y battra monnoie; al cft encore dit d;\a^ un
capîrulaire de cette ville, de l'an laop, qu'on céda
une terre à la charge de ]00o fob tnelgorois de
cens annuel.
Millésime, On nrmme ainfi les chiffres aribcs
qui marquent fur le^ pièces de monnofîs fin-
née où elks ont été frappées. Cet ufagc n*3 lien
en France que depuis l ordonnance de H^nrî H,
de 15^9.
Monétaire; nom donné anciennement au h*
fcricateur de monnaie?.
On a donné ariffi ce nom à des pcrfonncf char-
gées de la furintendance de* monnoics.
Monkoie ; pièce de métal marquée att COtfl
d'un prince ou «l'un état fouvcrain pour fcrvir an
commerce.
Monnoie aUirie; c'eft celle qui n'cft point fake
au titre 8c du poids portés par ks ordonna nccs^
ou celle qui ayartt été fabriquée de bonne q-ia-
lité, a été diminuée de fmi poids cn la rogrunr,
cn la limant, ou en enlevant quelque partie de
la fuperficie.
Monnoîe hLin:h ; nom que Ton donne aux
petites pièces dargenr.
Monnoie n^irc , ou monnoie jri/c- ; c'cû U
monnoie de hiUon,
Mosv OiE foiùU ; celle où il y a beaucoup
d'alliage.
Monnoîe fom; celle où il y a trés-pcu d'al-
liaee.
MoifyoïE fcurréf^ e(l celte qu'un faujr mon-
noyeur fait d un métal de vil prix , comme dtt
fer , du cuivre , de l'étain , 61 qu'il couvre des
deux côtés de lames d'or ou d'argent, fuiv:&nt
l'cfpéce qu*il veut contrefaire.
Monnote df hilton : on entend par là des
cfpèces d*argent qu'on a altérées par le mclange
du cuivre.
Il y a deux fortes de monnoics de ydlon : \*anù
eft appelée monnôu et haut bïUon , 8c comprend
les efpcces qui font depuis dix deniers de loi
jufqu'à cinq; l'autre fe nomme monnoîe de h44
hdbn^ à laquelle on rapporte toutes les eipèc^
qui font au-defTous de fut deniers de loi.
Il cft douteux qu'en France on fc fait {^vê^
de monnoie de hitîon fous la première 8c fout bi
féconde race; mais vers le commencement de U
troifième race, avant Saint- Louis > on trouve quel»
ques deniers dargent bas ; 8c depiâ^ St. biaj'f
on ne trouve plus que des deniers de bas btlloiu
Les blancs, les doutains, les llards, Xc% dou-
bles, les deniers, les mailics, les pires, font att«
tant de monnoics de hUUn dont on s'cft fcrvi dmni
ce royaume fous la troifième race.
Monnoyage , à la monnaie ; lie» où cfl placé
le balancier, & conféquçmment où Von tnar({tie
les flius.
Il y a dans Thutcl des monnoics de Pari'» inl
m,
MON
i^-KÙcur éa mc^.noy^p : ce font les juge -gardes
^1 oof cctfc înipcèiôn danS les provinces»
La chambre du monnoydge c(i le lieu où les
ôfficien tn^^nnoyeurs s*afîemblcnt, Toit pour leurs
*% ^ ou aiîtrct chofes de cette nature.
h\ Êiiif ^ ancien terme de monnotc, lieu
ma arêtier qù Too donnoic à la monnoie Ton em-
preimiv
Moîf KOYEUfi , terme de monnole ; c'eft le nom
S*Ofi dociiie aux bas ouvriers qui travaillent à la
ricadoa des monnoies.
Nul ne peut être reçu monnoyeur , s*ll n'eft
S^Axic & de ligne de monnoyeur*
Le» «oniioyeurs reçoivent du dlreéleur les ef-
pècçs ou au poids , cm au compte. Leurs fonc-
tions font d arranger les carrés tous le balancier ,
6c d'y placer les flans ptMir y être frappés ou
I moiicoy&i : leur droit eit le même que celui des
II ^mâeuri.
H Moules pour jeter en lames les matières d^or
V & d'argenf ; ce font des erpéces de petits chaiFis
■ dans lefqueU on met du lable & des lames de
cmi're appelées me de Us , qui font ïes empreintes
des place* que doivent occuper les lames d'or ou
dargent.
^l0UUN ; c'eft l'atelier ou cft éfabli le Umi-
oair ^ compofc de àtu\ cylindres qui roulent Fun
(ut iautre par le moyen du renjjrenage de pUi-
fieurs roues que Teau ou des chevaux font tciirner.
AlouTONS d'or ; monnoie d*oT qui fut fabri-
quée en 1354, fous le règne du roi Jean : ils
ètotert d'cr rin à la taille de 51 au marc, valant
x\ fob pièce; en 1356 ils valurent 30 IcU , &
ptils réc'uiis à aç fols en 1357. Il en fut fait de
demis à 104 au marc, valant la fols 6 deniers:
ils furent enfuiie diminués de leur liire , & rè-
émits à 23 , à 22 , à 10 & à 19 karats.
MoUTOKS d'or a la grande tut ne & a la pc-
tiu Uine ; monnoie d'or qui a été fort célèbre ,
noo-feulement en France, mats même dans les
antres états. Les princes vcifins de ïa France, à
riinttatton de nos rois , firent aufTi faire dts mou-
mus d'or; ils étotent ainfi nommés à caufc d'un
looutoo qui y étoit rcpréfenté d'un c5ié. Phi*
lîpp«4eBely Louis-Huttin , Phdippe-ïe-Long, &
CKarks-le-Bcl , à l'exemple d-e St. Louis, firent
forger des agncls d'or , qui prirent dans la fuite
le nom de mouron d'or : ils pcfoient 3 deniers
% grains trébuchans , & valoient 10 fols , en
1310, C>us Philîppe-le-BcL
Naktois à Véiu ; monnoie d'argent qui avoit
cours fous St. Louis , conjointement avec celle
nommée angevin ^ favoir i\ aantois ou angevins
pour I2den. tournois.
N£5L£; petite monnoie dé billon, dont on fe
fervott encore en France vers le militu de 17'''
fiécle ; elle vaioit 15 é^n*', il y avoit auiTi des
doubles Dcsles qui avoient cours pour 6 blancs
ou 30 den. ; les uns 8c les autres furent décriés,
& ae furent plu» re^us que par douxaio.
»
M O K
On leur aToit donné le nom de nc<le , i càuf*
de la tour de neile , oii s*en étoit fait la t<il>ri#;t-
«ion : cette tour éroit vers le faubourg St, Ger--
main, où Ton a bâti depuis \q collège Mazari:*,
vulgairement appelé collège des quatre narions^
vis* à- vis l'ancienne tour du Louvre.
NiQUET ; monnoie qui avott cours fous ChaF-
les V , & que Montrekt croit être les doubles
tournois, à ti deniers ii grains de loi, à la
taille de 48 au marc, valant 15 deniers*
Nom des monnaies : elles tirent leur nom tan-
tôt de ce que repréfente l'empreinte, comme les
moutons j les angelots ; tantôt du nom duprmce,
comme les louis , les phiitppes ; quelquefois de
leur valeur, comme les pièces de douze fols, de
vingt quatre fols ; d*autres fois du lieu ou \^%
efpèces ont été frappées, comme les panjis ^ tes
tournois*
Obole ; monnoie d*or. 11 y avoït des obole»
d'or fous St* Louis, en 1229; «n 135c, elles
avoient encore cours pour 5 fol*.
OBOtE, Il y avoit autrefois en France des oboles
d'argent; Tobole tierce fut fabriquée au mois de
novembre 1310. Il eft dît dansPouiain, page 191
(c que le roi fit forger miMe oboles liet^es du poiiîs
(c d'un derier % grains trébuchans pièce, a 12
« deniers d^argent le roi , chargées fur chacun
« marc d^œuvre , de 27 detdites oboles tierces.
« L'obole valoir la moitié d'un gros tournoTS. »
Obole. li y a eu autrefois en France des oboles
d'argeiK & de cuivre, qiu ètoîcnt des monnObC%
courantes de di^erfes valeurs, fuivant le métal Ôi
le poids, dans ks 16 & 17' fiècles. L'obole de
cuivre y avoit encore cours fous le nom de
maille, & vaioit la moiri: d'un denier tournois,
qui étoït une efpéce de cuivre réel : on ne s'en
fert plus préfemement,
Cbole; monnoie de comme, autrefois en ufage
en France. L'obole étoit en 1 année 1310 une mon-
noie réelle d'argent , qui v;iloit la moitié du
gros tournois , valant ta deniers , ainfi c'étoit
6 deniers pour la valeur de lobole, qui vaudroit
4 fois 8 deniers à a? liv. le marc ; mais enfuirc
cette monnoie devint numéraire ou de compte ,
& â préfcnt die eft abolie.
Pagode; monnoie dor rut a cours en quel-
ques royaumes Si états des Indes Orientales. La
compagnie des Indes de France en fait frapper
à Pondichéry : elles ont pour empreinte, au lieu
d'une idole, une tleur de lys; les pagodes d'or
de Pondichéry , que la compagnie des Indes a
fait effayer à la monnoie en 1735, ^^^^ ^ ^^ ^^~
rats Y^ , pefant :; gros 17 grains , vabnt S liv,
9 fol* à 49 hv. 16 fols le m-irc.
Pakisis , monnoie d'or. Le parifrs d'or com-
mença à être frappé au mois d'o^obre 1329, fous
Philippe , & il ne dura que jufqu'au premier fé-
vrier 1336. Cette monnoie éroit nouvelle, & oa
n^avoit point encore vu en France d efpèce d'or
qui ponat ce nom là. Elle fut aiiiTi sosamée^ à
234
MON
caufe qu*elle vzloit une livre parifis ou lO fols
parifis, qui étoient d'argent fin à la taUle de 33f
au marc.
Parisis ou gros parifis ; monnole d'argent qui
fut fabriquée en 1330, fous Philippe de Valois:
il étoit à II deniers 12 grains de fin , à la taille
de 48 au marc^ valant 12 deniers parifis.
Parisis ; monnole de compte , & autrefois
monnoie de billon réelle & fort en ufage.
Le parifis étoit à 4 den. 12 grains de loi, à la
taille de 221 au marc, valant un denier parifis.
Ils fe fabriquoient à Paris en 1315 > fous Louis-
Huttin , tandis que le denier tournois fe fabri-
quoit à Tours.
Les parifis étoient d*un quart plus forts que les
tournois.
Passer en bUnc ; c'eft faire pafler entre les
rouleaux du laminoir les lames d'argent avant
qu'elles foient recuites.
Pavillon ; monnoie d*or fin , fabriquée en
1339, fous le régne de Philippe de Valois, à la
taille de 48 au marc, valant 3o fols.
PcLOTTER ; ancien terme du monnoyage ; c'efl
étendre & façonner fous le marteau les morceaux
de métal deftinés à faire des pièces de monnoies.
Pâte ( or ou argent en ) ; c'cfl lorfque ces mé-
taux font prêts d'entrer en fufion.
Petit- BLANC ; monnoie d'argent oui fut fa-
briquée en France fous le règne de Charles VI ,
en 14)4 : elle tenoit 4 deniers à la taille de 128
au marc , valant alors 5 deniers pièce.
Petit mouton; monnoie d'or fin, fabriquée
en 1357» fous le roi Jean : ils étoient à la taille
de 104 au marc, valant 12 fols 6 deniers.
Pejtit ROYAL , monnoie d'or fin , fabriquée en
1305, fous- Philippe-le-Bel , à la taille de 70 au
marc ,. valant 1 3 fols 9 den.
Petit tournois ; monnoie d'argent fabriquée
en 1295 » f^"* Philippe-le-Bcl : ils étoient à 9 de-
niers 1 2 grains de fin , à la taille de 1 16 au marc ,
valant 6 denfërs.
Peuilles, terme de monnoyeur : on nomme
ainfi des parties d'efpèces coupées d'or, d'argent,
ou de bîilon , ou même des efpèces réfcrvées
|)Dur les eflais
Après la délivrance de chnque b:hvc , les juge-
gardes des monnoies prennent un certain nombre
de pièces qu'ils font enayer pour confia ter le titre
de la fonte. Ces efpèces ainfi eflayées prennent
le nom de peuilles : on les envoie au receveur
des boites, qui garde ces peuilles jufqu'au juge-
ment du tr.ivail que prononce la cour des mon-
noies , enfuitc on les remet au dircSeur.
11 y a quatre difFérens efTais pour chaque fonte.
Le premier fe fait lorfque la matière eil en bain,
pow'r favolr fi elle eft au titre prclcrit, & pour
çn aJurcr le direîlcur.
(.c fécond pour la (urefë des juge-gardes qui
MON
font la délivrance : c*eft de cet eflu que pro*
viennent les peuilles.
Le rroifième efl fait par la cour des' monnoicf
fur ces mêmes peu'dles , & anffi fur cpielqiiet
piécesprîfes au hafard , pour èdûrer la condiiite
des officiers, & voir fi les direâeurs, contrôleurs
& juge-gardes ne font point d*intelligi6ace pour
délivrer des efpèces au-deflbus du titre» & en-
fin conflater les peuilles de titre.
Pharamond; monnoie d*argenr, ou médaille
en ufage fous le règne de ce roi , dont Im tête
chevelue étoit à-peu-prés femblable à celle cpii
eft repréfentée fous le cachet deChildcricI» cette
tête étoit ornée d'une couronne à pointes avec
cette infcription , Pharamondis ; au revers il Y
avoit un cheval libre avec ce mot au-deflbos»
equitas.
Pièce d'argent de 5 fols de France» de 1641 »
d'un denier 18 grains & demi.
PiEDS-FORTs; pièces d'or oud*argent, fervant
de patron & de modèle de la monnoie qui doit
avoir cours. Ces pieds-forts renferment toute h*
perfeâion du poias & de la loi , fans rien parti-
ciper du remède de poids ni du remède de Im'
permis par les ordonnances.
Chaque pied-fort étoit le quadruple de chaque
efpèce de la monnoie ayant cours.
Par ordonnance du roi Jean, de iJ5î , les offi-
ciers de la cour des monnoies jouiûent du droit
d'avoir des pieds-forts à chaque changement &
nouveau pied.
Pile , terme de monnoyage ; la matrice ou le
coin fur lequel étoient empreintes les armes ou
autres allégories.
Cette façon de monnoyer a fouvent changé
par les inconvcniens ou les mauvaifes empreintes
qu'elle pro Juifoit ; quoi qu'il en foit , voyez le
premier procédé , le plus ancien & le plus im-
parfait.
Cette pile ou coin étoit fortement attaché &
enfoncé dans un gros billot de bois , appelé par
les anciennes ordonnances cepeau.
L'on pofoit fur la pile le flan ; & le troufleàtt
que l'on appliquoit fur le fian en oppofition à la
pile , frappoir , & le flan étoit monnoyè.
Les Hoilandois monnoyent avec la pile, mais
avec des corroflions qui toutes font bien impar-
faites, étant comparées à la marque du balancier.
Ce mot pile exprime encore le côté des armes
d'une monnoie ; ql le revers fur lequel eft l'effigie
du prince, eft appelé croix ^ p^rce que dans les
anciennes monnoies, au lieu d*eflij»ie, on mcitoit
une croix : c'eft d^-là qu'émane le jeu de croix
ou pile. Sur Tétymologic de ce mot, Scalijjrer Ci
quelques autres ont rapporté des chofcs aflcz peu
intéreffantes, peut-être même inutiles.
PiSTOLE ou doublon ; monnoie d'or du même
poids & titre qu'étoicnt nos louis d'or de France
de la fabrication de 1640, c'eft- à-dire , à 22 ka-
rats, à la taille de 36^ au marc, pefanr chacun
MON
itô grains ou ç deniers 6 crains , valant fous cette
mtmc èDOcpie lo liv. de France.
Lj pinoic a plufieurs augmentations & diml-
nar^ons , entre autres les quadruples ou pièces
de quatre plftoles, & les doubles & demi piAoles.
PiSTOLE de LoTraine , du duc Charles, du poids
de too grains , valant 8 liv.
Pile; monnoie de compte qui a eu cours en
France: c'étoit le quart d'un denier tournois, ou
la moitié d'une maille ou obole; Toboîe faifoit
aacrefois la moitié dun denier j & la pougeoiïe
valoir la moitié de Tobole.
Plakches, à la monnoie. On fe fcrt A^ pUnches
pour tenir les moules : on en pkce une fur le
noaie & Tautre deHbus. Elles font de la gran-
de«r des châfTis ^ & on les ferre avec la preiTe k
moitié & le coin.
U y a auiîi à la monnoie ce que Ton appelle
danckts gravées ; il y a affcz communément
fm barres fur la planche gravée. Ces barres de
micf n'ont point de largeur déterminée , leur
proportion étant conféquente du métal que Ton
]Ctte en moule.
Poids, terme de monnoie; c'eft Fépreuvc de
la bonté des efpëces de monnoie.
Ces poids font ordinairement de cuivre, de
pbmb ou de fer-
U n y a guère de nation , pour peu qu elle
Ibit policée, qui n*ait pris des précautions pour en
empêcher la fatfifîcation. La plus iûre de ces pré-
cautions, eft ce qu'on appelle communément /V-
ulonnagc, c'eA-i-dlre» la vérification & la marque
des poids par des officiers publics fur un poids
toatnce &ê original, qu*on appelle étalon, dépofé
dafis un lieu fur pour y avoir recours quand on
ca a besoin.
En France , le polds-étaîon fe garde dans le ca-
binet de ta cour des monnoies.
Poids originaux ; ce font û^s, poids de cuivre
avec leurs boîtes de même métal, affez propre-
ment travaillés , 8c quele roi Jean , qui régnoit en
1)50, fit faire. On les a mis en dépôt à la cour
des monnoies à Paris , 6^ on s'en fert en cas de
tiéceffitê pour régler tous les autres poids.
Poids des monnoies ; c'eft la pefanteur que le
Souverain a fixée pour chaque efpéce*
PoiyçONS , a la monnoie ; inilrumens fur lef-
quels on a gravé en relief les différentes figures,
effigies, armes, infcriptions , lettres, &c, qui
doivent être dans les carrés ou matrices avec Icf-
qucls les 6ans font frappés ou marques.
Les monnoyeurs ont trois fortes de poinçons;
les premiers contiennent en entier & en relief
rc(%;e; les féconds, qui font plus petits, con-
tiennent chacun une partie des armes, comme
une ileur de lys , la couronne , la branche de lau-
riers , &c. ; & la troifième efpéce de poinçons con-
fier, f les lettres, chiffres, défère n s ou marques , &c.
Cefl par Taffemblage de toutes c£s empreintes
qua la matrice cil formée,
Mu & Métiers, Tom. K Paru L
•M'O'N
22;
Point fecra ; c'étoit anciennement un point
particulier, qui n^étoit conwa que des officiers de
chaque hôtel des monnoies. Il fe mettoit fous
quelque lettre des légendes pour indiquer le lieu
des fabriques. Ce point n'eu plus dulage aujour-
d hui. On fe contente préfentement de la lettre
de lalphaber romain, que les ordonnances de nos
rois ont attribuée à chaque ville de ce royaume.
Poitevine, que Ton nomme auffi pougeoife,
éîoit une monnoie réelle fous Saint-Louis ; la
pougeoife valoît la moitié d^une obole , ou le
quart d'un denier : elie devint dans la fuite une
monnoie de compte.
Pontoise; monnoie d'argent, qui fut fabriquée
à Pontoife, & qui portoit le nom de cette ville.
Dès Tan 1064, le roi Philippe I, s*acquittant
d'un vœu qu'il avoir fait à Saint-Jofle, offrit à Tau-
tel 30 fols de la monnoie pontoife.
PouGEOlSE-PETiTE, OU poitevine. On fe fervoît
déjà de cette raonnoie fous Saint-Louis ; il paroft
par une ordonnance, que PhiUppe de Valois en fit
fabriquer ; cette monnoie , qui ne valoit que le quart
d'un denier, & Tobole, qui n'en valoit que la
moitié , ètoient abfolument néceffaires lorfque les
deniers étoient forts ; mais depuis qu'on vint a
en diminuer la bonté , on ne fit plus des oboîes
& des pougeoifes, parce que ces efpèces auroient
été de nulle valeur: préfcntemcm', 1735, les plut
petites monnoies font les deniers.
Presse, à la monnoie ; inflrument dont on fe
fervoit dans la marque des monnoies, auquel on
a fubftitué le balancier ; cependant il y a d^s
hfjtcls de monnoies où le graveur s'en iert pour
rimprefîion des carrés ou matrices.
L'arbre de icr foutient, pourétre mis en mouve-
ment un demi-fléau , au bout duquel eft un anneau
deiliné à recevoir des cordages ; l'arbre enfuîte
eA féparé par des platines : au-defTus de la pre-
mière étûit le jacquemart , enfuîte la vis à rete-
nir les csrrès , le report à détacher les efpèces ,
le tout appuyé fur fon billot avec l'efcale & la
Presse â moule ^ à la monnoie , eft un cadre
de boiîi entre lequel on met les deux raoîtiés du
moule, que Ton ferre enfui te avec des coins pour
empêcher qu*eUes ne fe défuniiTcnt.
Prise d'ejfai ; c'eft dans le monnoyage le pe-
tit rnorceau de métal que Tothcier des monnoies
fait couper de quelques pièces nouvellement fa-
briquées, de d'autres pièces de même valeur qui
ont cours , pour juger de leur titre j & fi elles font
de bon alloï*
Provins ; monnoie frappée en la ville de
Provins : elle devint enfuite numéraire ou de
compte; il en ^e A parlé dans les titres du tom-
mencement & du milieu de la '^ '. race^
Quadruple d'or; monnoie frappée fousHeri'
ri m, en 1575 ; elle étoit :i 13 karats -J, à ta
taille de 71 7 nu marc; il reprefentoît précîfé-
ment lu poids dos d^di-piOoles & de« detm-
F i
226
MON
k>uU de 1641 « qui n'étoicnt qu*a ;6^ au mire.
Quadruples à€$ louh J'0r,fatnquès en 1640,
fous Louis Xltl , à 2a kara»« du poids de dix de-
niers I % grains trebuchams , valiat 10 liv*
Cette efpèce nVft p^s la même chofe dans les
hôtels des monnoics 6c dans le public ; dans les
jnonnoieSy ce n'cfi que les doubles louis, c'efl-à-
dire, lOliv., fur le pied de tolir* le louis d'or;
mais dans le public c'eft 40 liv. , Air la môme
évaluation du louis : cette différence vient de ce
que, lorfrtue Louis XIU ordonna, en 1640» U fa-
brication aeslouis, ce même louis que, depuis «
le public s*accoutuma à appeler demi- louis , ne
fut que de f Uv.» le double de 10 liv», kl le
quadrupla de 20 Ut*
Sur le pied de î4liv, que le louis d'or fimpîe
vaut prcicn tentent en France» le quadruple fe-
foii de 96 liv. dans le commerce; mais il ne
â*en eA point f«ibriqué lors de la tabricïition de
1726, non plus que des doubles : il y en a eu
au contraire de demis ^ qui valent laltv. ; depuis
1734 , on a fabriqué ècs doubles loub qui va*
lent 4^ liv.
Quart d'écu *A>r ; monnote fabriquée fous le
régne de Henri II , à i] karats f , à la caille de
84} au marc.
Quart- D*ÉCU; monnoie d'argent, fabriquée
fous Henri III, ptfant % deniers 18 crains ^.
Quart d'ecu d'êrgtnt; monnoic de Henri m,
en 1Î7J.
Ouart D'tcu; autre monnoîe d'argent, fabri-
qiée fous Henri III ^ en 1578; iU étoient à il
diQijrs de fin, à ta taille de 25 { au marc» âf
va tint t^ fols en 1641
Ou art d'ECU ; monnoie d'argent , de Henri II
de Navarre, du poids de 7 deniers la grains itè-
bucbaos, pour ta lois -en 1641.
QuiNstAiK ; monnoie d"or , t Jsriquée en France
en 1719, à la tdilte de 6577 au marc» au titre
de 14 karats, valant 15 liv,
Racloir; outil d acier pour ooir la furface
du métal.
Raymundis; mormoted argent, ainii noramée
de R;]vroond, comte de Provence.
En iantièe 1228, ii fur f<it on bail parP,^vèque
d*Alby, pour la fabrication des raymundi* , qui
ètoient de petits deniers dans ù monnoie d'Alby,
fur le pied des monnotes du rm , moyennant
)0 liv. «le ladite monnoie , qu'il promit de
payer pour h &bncaiion de chaque mille f^y-
ntvndîs*
Reaux </< Hfnri t^; monnoie d*argent, à f t
deniers a gf-ins » pefant 6) grains ^ > valant en-
viron 4 fois *{ deniers.
RtCfiAUi»s£R c^TTtmiM; €*ctoir, fuivaoî une ait-
ciennc ^ , arrondir les mofceauir de lames
dW r>ti dciUnes à taire des efpccef*
Richaus^oir; nc>m aociea d'une efpéce de
fmrteau ^ avec Icqud oti fiiçoiiiKkit tes morceamt
t<n ou di*arg€iit defltnè» à uire îles cfpèces.
MON
Recuire carreaux^ terme d'ancien monnoytge;
c*ètoit mettre les carreaux au feu pour en rendre
le métal plus facile & plus doux i travailler*
Recuit ; ce terme le dit des métaux.
Les monnoycurs difent qu'un flan a été ati Jir-
cuii p quand oa Ta mis au fourneau qui fert à
recuire les efpèces avant qu'on les frappe.
Les ordonnances veulent que les ouvriers met*
tent les flans & carreaux au rccu'a ^ k toutes les
façons qu'ils donnent à l'ouvrage*
Recuiteuks; ternie de monnoycur , ouvriert
des mo g noies, qui ont foin de recuire les ibos:
ce font proprement les apprentis. On leur donne
ce nom , parce que c'eft ordinairement la fonâiott
des nouveaux ouvriers , & comm^ leur appfco*
tirage en fait de monnoyage , de faire le iveiilt
des lames & des flans,
RÉFORMER ies tfptcis ; c'eft leur donner «ne
autre empreinte que celle àts monnotes que
Ton veut cbanger.
Rhine ; monnoic d*or, fabriquée en ijia,
fous le régne de Philippe-le-Bel , à la taille de
517 au marc» On croit que Philippe le-B cl ne î^t
pas le premier qui 6t fabriquer les reines d'or,,
mais bien Je roi de Navarre & la reinî Jeanne
fa femme, qui étoit reine de fon dief, & que
la monnoie qu'on faifoit dans ce royaume, ètok
marquée à leurs coins : il n'eft point parle de
leur litre» mais on le fuppofe à 3) karais f-
Rim^de dt toi ou d*aUoi (i U monmii^ , ^
une pcrmiflion que le roi accorde aux dircdettrm
de (c% mcnnoies, fur la bont<; intérieure des efr
pcces d*or & d'argent, en les tenant de irés-
peu de chofe moins que les ordonnances le prêt
cri vent : comme les louis doivent être de la ka-
rats par remède de loi, le direâeur peut les fabri-
quer k ai karaté fî; lècu, au lieu de 1» deniers,
le palTe à 10 deniers la gratfts.
RsMkDE de poids (â h monnoU) ^ eft unepcr-
milFion que le roi accorde aux d^reéleoTi de fei
monnoies , fur h poids réel des efpéees lors dc«
comptes à la cour- Comme il ed trés^i Sicile,
quelque précaution que Ton prenne, que les «f»
péces d'or fit d'argent, qui doivent être chacittie
d'un poids égal, ^ d'une certa'oîe parrie de mzrc,
foitnt taillées fi juftcs chacune dans leur p^i ^
quil ne $y rencontre quelques parries de $nm
plus ou moins dans un marc, on a introduit tn»
remède de p:>ids à Tinflar de celui de loi»
REMhjE {chMmiUer U) ; c'cft approdier iré*-
près à\i remède de loi & de poids.
RiNGRÉi^iMFirr ; ce terme ftgnifioit àtOMm
hôtels des monnoies, dans le temps qa'oof oi-
ffiit encore le monnoyage au maitcau, ^^1^^
tion du monooyeur ,qui remcttoitle Ban tVÊSt m
pile & le trouffcau, c'eft-à dire , ewre Icj »"
rés d'effigie & d'èculTon , afin que s\l n'i*^
pas été bien marqué du premier coup ik ^
teau , 00 put en achever plus par^iceseot »€••
preiote par un fécond coup*
O N
A regard d« m<idiillcs , ccMiime elles font à\in
%f^ad relid*» il iauî fouveni en faire le rengrànc-
ment^ & les recuire à chaque fois qu*on l'a rc-
tcoiBfnencè : fi le relief clt excciljf « on cft obligé
' d'en recommencer le rengrénemeni jufqtrà quinie
& feize fois, & à chaque fois limer la matière
qoi déborde au-delà de la circonférence.
Rengkéner; c'cft, fulvant une ancienne ex-
predion , remettre les efpéces qui n'étoient pas
bien marquées 9 entre les deux coins ou poinçons
appelés h piU bc le troujfcau.
mNGatNER , ou faire le rengréncment ^ c'eft
encore vcnfier les traits d'un poinçon qu'on foup-
^onne de (aux, en les comparant & les ajuAant
avec les traits de la véritable empreinte.
Reprise d'tj^^ii; c*eft une féconde vérification
da titre des pièces monnoyées.
Ressuer , fain nffuer un crtuftt dt fer ; c'eft
lorfqu'un creufet de fer qui a iervi à la fiîfion
de l'argent, eil uft, le mettre, le fond en haut ,
^u^ les barreaux d'un fourneau à vent, où Ton
Éttt uo grand feu » afin de faire fondre l'argent
qiiî c0 attaché au creufet*
BfVERs d€ U méJailU; c*eft le côte oppofè à
celui qu'on nomme fjce^
Royal-double j monnoie dor fin, fabriquée
fa» Charlcs-le-Hel , en 1315 , à la taille de ^8
in marc, valant 25 fols.
Royaux; monnoie d'or fin^ fabriquée fous
Chîrlcs V, en 1364» à la tailîe de 6j au mure,
niant ao fols.
Royauxd'or; fabriqués fous Charles VII,
tu 1419, en 1431 & en 143a; ils étoicnt
tttffi d*oc an , à la taille de 64 au marc , valant
R0YAUX-D*OR, de Charles V,à ij karats^du
poids de deux deniers 10 grains uébucliaots ,
niant, en 1641 , ^ Uv, 12 fols.
^ALUT; monnoie d'or, fabriquée fous Charles
VI, en 1411 : ils ètoient d'or fin, à la taille de
É) au marc, valant 2^ fols; ils furent ainft nom-
«ïès à caufe que d'un cô:é la falutatxon angé-
iiquc y éioit repréfentée : les demi-faiuts va-
rient à proportion.
M ^ Pendant que Henri VI , rot d'Angleterre, pof-
■ feJa Paris , il fit faire aulli des falut^ d'or fin,
p* irais au plus haut titre qu'aucun de fes voifins,
P citimant par ce moyen aliéner ramidé des Fran-
çois fit de Charles VII , qui en même lemps avoir
ttt contraiiit d'empirer grandement fa monnoie,
« que Henri VI ne fit point pendant qu il fut
- ^iitre de Paris.
■ Saluts ; monnoie d'or de Charles , comte de
rfovcncc èi roi de Sicile , frère de Saint-Louis ,
âbrlqtiés en Tannée 1 115^ , fuivant les titres de
<«iemp$*Ià, rapportés par Leblanc, qui eurent
«turs en France pendant le régne de Saint- Louis.
Saucées {médailles) ; ce font des médailles
fcatues ft^r le feul cuivre , 6c argentées enfuite,
îitlGJiTEURJAGE & trafagc ; c'cft ainfi qu'oa
O N
nomme le profit que le prince prèltve fur les
matières, tant comme feigaeur, que pour les fa-
briquer en mon noies.
Semelle , ou poids de femelle ; pour Tor ou
l'argent , on nomme ainfi le poids réel d elTai de
ces métaux.
Semi-pite ; c'eft la plus petite monnoie de
compte dont on s eft fervi en France ; elle iai-
foit la S" partie d'un denier tournois, ou le quart
de la maille ou obole, ou la moitié d'une pite.
Serre ; on donne ce nom à une efpèce de
petit cadre qui s'enchâiïe dans les moules oit
Ion jette en lames les matières fondues d or ou
dargent.
Serres ; coins de bois ou de fer pour aiTer-
mir les châffis.
Sizain j monnoie d'argent de Frinc*, pendant
les régnes de Louis XI, Charles VUÏ, Louis XIU
& Friinçois L On fit à la place de blincs 6c
demi-blancs ,-dcs fizains qui étoicnt des demi
fols; ils étoient à 4 deniei-s i% grains de loi, à
la taille de 86 au marc, valant il deniers; ceci
peut pafler pour monnoie de fcUîon.
Socle; ccH ce qui ferme li panie inférieure
de la baie ou ouverture du balancier.
Sol d*or. On s'cfl fervi en France, pendant U
premère race de nos rois, de fols, de demi-foU,
oc de tiers de fols ; ces monnoies étoient en
ufage chez les Romains , dés le Grand Can^antin,
Se il y a apparence que les François, qui s'em-
fïarèrent de h Gatile, imitèrent les Romains dans
a fabrication de leurs monnoies : la conformité
qu'il y a pour le poids encre ces fols , ces demi-
fols ai ces tiers de fols , & ceux des empereurs
Romains qui ont régné vers le déclin de l'em-
pire, ne permet pas d*cn douter : leur fol d'or
& le natre peioient également 85 grains y, le demi
& le tiers à proportion. Il paroit, par plufieors
paflâges de la loi falique, que le fol dor 6c%
François valoit 40 deniers ; mais ces deniers
étoient d'argent fin , & pefoient environ xi grains ,
fuivant la même loi, ou (uWznt Leblanc ^ qui en a
fait rèvaîuation. Cependant on obfcrvera ici que
le denier d\irgent devoit pefer îç grains}, &
cela fondé fur ce principe, que la livre Romaine
dont les François fe font fervi après les Ro-
mains, étant compofée de li onces, & ne reprè-
Tentant que 10 onces f de notre poids de marc ,
il s'cnfaît que fi un marc de notre poids péfe
4'>o8 crains 10 onces f , à quoi la livre Romaine
eli léJuite, ii doit pefer 6144 pains ; or, en
divifant 6144 par 140 deniers , dont la livre de
10 onces y étoit compofée, il refulte que le dc->
nier de voit pefer 25 grains ].
Le fol valoit donc 40 deniers, le demi-fol ag,
& le tiers de fol ijjs^^ vaudroit, à %j liv. le
marc, 8 liv. 5 fols de noir^ monnoie, le demi-
fol Si le tiers de fol à proportion. Ces trois fortes
d'cfpéces avoient ordinairement fur un de leurs
côtés , U lètc ou le bufte de queîqu'uii de nos
Ff ij
lii
MON
rois , à rimîtation de celle des empereurs ; & de
Taiure une croix , avec le nom du lieu où la pièce
avoit été (Mte,
5ôi!s la féconde race^ons'efl encore fervi de
fols d'or ; mah ils pcfoient 132 grains, & tfa-
volent cours que pour 40 deniers.
Pendant le commencement de la première race,
ou s*en fervit encore ; mais on ne fait ni le poids ,
ni la valeur r on croit que ce pouvoit être le
flc^rin d'or ou le franc d'or.
Sol j monnoic d'or. Lorfque les François s'éta-
bllreit dans les Gaules , les Romains tailloient
71 fols dans une livre d'or, c*efl-à-(iire, que 72
ibis d*or pefoienc une livre , & chaque fol 96
grains , puîfquM y en avoit 6 à l'once ; mais ces
onces n'éroient pas égales à celles de notre poids
de marc , elles étoient plus foibîes d*iin neuvième \
de forte que les ii onces Romaines dont !a
livre étoii compofée, n'en pefoient que 10 & f
des nôtres, comme on vient de le dire, ik par
conféqnent cette même livre de la onces réduite
à 10 onces 1 , ne compofoii que 6144 grains,
kfquels divifés par 72 , faifoient revenir le fol
d*or à 85 grains ^ , ce qui fert de preuve que le
denier d'argent devoit pefer aj grains }, comme
on Ta dit ci-deffus^ au lieu de 11 ou environ*
Sol morlas ; monnoie d^'argent. On lit dans
le 7* tome de Thiftoire chronologique du P. An-
felme , page 109, que Sanclie fi du nom, vi-
comte de la Barth , feieneur d'Aure , fonda en
lîjf, dans Vabbays de Bonnefons, un annlvcr*
iiire pour lut Si pour fes parens , moyennant fit
feptîers de froment , trois charges de vin & 30
fois morlas.
Sol parisis ; cette monnoîe d'argent étoit en
lifagedés Tan 1060; c*éiolt la ao"' partie de la
livre : elle portoit ce nom étant fabriquée à Paris*
Sol tournois ; monnoie d'argent avant Se
vers la fin du règne de Philippe i : il y avoit
des fob tournois ainfi nommés, étant frappés à
Tours,
Sol 9 ou fou ; ancienne mon noie de bîllon.
Nous avons aâueltemeni en France de plu-
fieurs fortes de fols de billon fabriqués fous dtâ'é-
ren^ régnes.
On en volt qui ont été fabriqués fous le règne
de Henri lïl, en Tannée 1^77; ils font marqués
d'un côté d'un éculTon couronné entre deux hH,
& de i*au?re d*une croix & d'une couronne dans
chaque angle. Us étoient alors nommés douzains,
parce quMs valoient la deniers rils valent aôuelle-
ment, 175^ , a fols.
Ceux du cardinal de Bourbon, de l'année 1 593 ,
portent d'un cfjtô un écuiïon couronné entre deux
ce, tk de l'autre une croix avec deux fleurs de
lys à deux dts quatre angles, & deux couronnes
au % deux angles : ils étoient auifi appelés douzains ^
& ils valent pareillement % fols.
Ceux de Henri IV, de l'année 1602 , font mar-
qués d*UD chih d'un ècufTon couronné entre deux
M ON
HH,& de l'autre, de la même croîx de ceux de
Henri III & du cardinal de Bourbon : ils s'ap»
peloient douzains , & valoient a fols.
Ceux de Louis XIII, de Tannée 1618, font
marqués de même , excepté deux LL au Heii
de deux HH : ils étoîenc encore appelés dou*
zains , & paflent auîourd*hui pour % fols.
Ceux de Louis XIV, de 1658, étoient mar-
qués , d'un côté , d'un écuiïon couronnent ntrc deux
LL couronnées , Sl de l'autre de U même croix
ci-dcffus avec une fleur de lys à chaque angle:
il y en avoit de doubles & de fimples , au titre
de deux deniers la grslns , à la taille de 66 au
marc, les doubles de ï]i, les fimples & les pre*^
miers valant 30 deniers, & les derniers i\.
Il yen eut d'autres, de Tannée 1693 , marqués
d'un côté d'un écufTon couronné , & de l'autre
de quatre LL doubles couronnées, qui forment
une croix, avec une fleur de lys à chaque angle.
Les derniers font de Tannée 171a; ils eurent
d'abord cours , les doubles pour 30 deniers , &
les fimples pour 1; deniers^ ils font msrquès
d'un côté de LL couronnées, Si de Tautre d'unç
croix fleur-delifée; ils pafTent auffi les uns pour
2 fols , les autres pour un.
Sommier ; on appelle aînfi la partie fupéncurc
qui ferme la baie ou ouverture du balancier.
Sou , que Ton écrit communément fol , cft
tantôt une mon noie courante & réelle , & tantôt
une mon noie imaginaire & de compte.
Le fol d^à-prefent, qui fert de monnoîe cou-
rante, efl une petite efpèce faite de billon, c'cft-
à-dire, de cuivre tenant un peu d'argent, igatf
plus ou moins , fuivant les lieux & les temps oia
il a été fabriqué.
Sou ou fols iVargent ; monnoîe d'argent, dont
on fe fervoit fous la première race de nos rois;
ils étoient réels Si cfTeâifsi & pefoient 34 j grains*
Surachat; on nomme ainfi la remlfe que
des particuliers exigent du bénéfice que fait le
roi fur la monnoïc, ou de partie de ce bénéfice
fur une quantité de marcs d'or ou d'argent qu'ils
fe chargent de faire venir de Tétranger.
Taille ; terme de monnoîe , par lequel on
entend la quantité des efpèccs que le pnncc or-
donne qui foicnt faites d'un marc d'or . d'argent
ou de enivre.
Ainfi les louis d*or font à !a taU*c de trente au
marc ; les écus de fix livres font à la taille de
huit Si trois dixièmes au marc.
Taîlleresses , à la monnoîe ^ font les femmes
ou fiîîes de monnoyeurs, qui nettoient > a)u fient
les flans au poids que l'ordonnance prcfcrit : elles
répondent de leur ouvrage , & les flans qu'elles
ont trop diminués font rebutés Si ci failles.
Le» taillereffes ajurtent les pièces avec une
écouane, après avoir placé le flan au hdhoqitt.
On leur a donné le nom de taillerefles à\n% te
temps que Ton fabriquoii les efpéces au mtncati
MON
qii*cl1» tailloient alors les carnaux. ( Les
iDrioics anciennes ètoient carrées),
Taixxiur GÉ:>'LRAL dis mon/ioUs ; cVft celuî
t qui U ap{»aritent feul de graver & tailler les
pCMDçons & mamces fur Icfquels les taUUun
particuliers frappent 6l gravent les carrés aiii
tloireat fervir i U fabrique àcs cfpêces dans les
h^'ls des tnonnoîes» oU^ foivant leur office, ils
fooT aiudiés.
Talon ; c'cft le rcberd d'un coin ou poinçon
nonuné la /«i/r, dont on faifolt autrefois ufage
daos les monnoies.
Tasseau ; ouiîl de fer fixé dans une en-
ddine, dont on fc fervoU autrefois pour façonner
deffus y les morceaux de métal dedînés à faire des
pièces de moonoie.
Témoin (/^) \ les eflayeurs appellent aînfi le
petit bouton d'argent qui a été tiré de la même
çuaittité de plomb que celle employée dans IV
pèratjon de la coupelle.
Tenailles des monnoyeurs ; fortes de pinces
à CTOiiTant, avec kfquclles ils prennent les crcu-
fets hors du fourneau , pour vcrfer dans les
laoules Tor fondu qu*ils connennenr.
Teston ; ancienne monnois d'areent , qui fe
fabrîqaofc en France 6c dans pluheurs autres
états , mais qui n'a plus cours dans le royaume
& peu dans les pays étrangers , excepté en Italie ,
oii il eft également mannoie courante & mon-
ooic de compte.
Lorfqu'on fabriqua les teftons en 1513, fous
LoQii XII , ib ne valoienr que 10 fols ; ils étoient
à U taiUe de 157 au marc , tenant 11 deniers
8 g^îos de loi* l<s augmentèrent en fuite à pro-
ponioa du prix du mrrrc d*argent ; 6c lorfqu*ils
<W»t cefle d*avoir cours en France , ils croient
montés à 10 fols 6 dcn. , c^eft-à-dire, à-peu-prés
au tiers de l'écu de Co fols ; ils étoient ainfi nom-
més, à caufc de la léte qu'ils ^ortoient pour em-
preinte d'effigie,
Testok ; monnoie d'argent, de Françnîs I,
du poids^dc 7 deniers 10 grains, vshnt, en 1^41 ,
20 fols , les demis à proportion*
Tcttons de Henri II, de 1549, idem* '
d^ Charles JX, de iç6i, idem,
de Henri lll, de 1^77, idem, '
de Louis de Montcfpan , de 3 574, idem.
vieux de Lorraine , d* Antoine & de
Oarles, de ïja4, pefant 7 deniers
8 grains , idem.
de Henri & Charles de Lorraine , du
poids de 7 deniers,
du cardinal de Lorraine^ du poids de
6 den. iç grains, de 1^0^,
de Befançan, de Charles V, de iCr^^
idem,
TUJIS de fol; monnoie d'or en ufag^e en France
f^us Clovis I, 61 fous les rtgncs fubf^qiiens:
ils Taloisni 13 deniers y, le fol d'or en va^oit 40,
& le demi fol d'or 10 ; mais ces deniers , comme
MON
229
on Ta dît à l'article des fols d or, étoîcnt d'ar-
gent : le tiers de fol d*or pcfoit 28 grains ■; ou
environ.
TiREPOiL , nom que Ton donnort dans les
monnoies, à un ancien procédé pour bUnchîrhî
flans ou pièces de monnoie.
Titre de l*or on de Varient ; on déftgne par ee
mot» le degré de pureté de ces métaux précicuit.
Le titre «le lor le plus pur efl a 24 karats, celui
de l'argent eft à 11 deniers.
Toison d'argent ; monnoîe de Philippe , duc
de Bourgogne , comte de Flandres , en 1498 , à
1 1 deniers 1 2 gralni de fin.
Tonne d'on on entend par tonne d*or en Hul-
lande, une fomme de cent mille florins , valant
de 110 à 210 mille francs argent de France*
La tonne d'or en Allemagne repréfente cent
mîile thalers ou écus, équivalons à environ 375
mille livres de France.
Touhnois ; c'étoit une petite monnoie cordée
de fleurs de lys , qui avoit cours anciennement
en France. E^le tiroit fon nom de la ville de
Tours , où elle étoit frappée. La monnoie tour-
nolfe étoit plus foible d'un quart que la monnoie
pdrljis.
Il y ayoît des livres , des fols « des deniers
tournois.
Depuis l'abolition de la monnoie purifts fous
Louis XIV , on n'a plus employé le mot tour-
nois , que pour diftinguer dans le commerce les
écus, les livres, fous 8t deniers de France, des
monnoies de même nom dont on fait ufage dans
les pays étranger*;.
Tournois. On appelle mal a propos en
France livre tournois , une forte de monnoie de
compte dont on s y fert pour tenir les livrer,
ce terme ayant été aboli par l'ordonnance de
1657.
Tranche, Ce terme de monnoîe fignifie la
circonférence des efpécest autour de laquelle ot
imprime une légende ou on cordonnet , pour em-
pêcher que les f^ux monnoyeurs ne les puitîent
rogner: on ne peut marquer que les écus de !a
légende , Domine falvum fac rcgem , parce que
leuf* Volume peut porter dès lettres fur Li tranche;
mais le volume des autres efpéces, tant d'or que
d'argent , n^ faurolt porter fur b trant/te quVn
cordonnet avec un grëneti» des deuii côtés» ou
feulement une hachure*
L*ufage de meare une légende fur la tranche
des monnoies, a commencé en Angleterre, Fran-
çois Lebîanc, dins fon traité d,'S ni;:>nnô'tes de
France , dir qu%l faut efpér^r qu'un jour on pto-
tègera la nouvelle invention qui mirq^i? les
monnoies fur la tranchi , en même temps que la
tête & la pile. Ce fouhait, qu'il f»lfoit en 1690,
ne fut pas long-temps à être accompli dans ce
roya'jme.
Tranche de U méddiUc ; c*eft ce quî montte
(on èpaiSeur en dehors*
2;o
TîiÈBUCHANT ; itne pièce ûc monnoie a
tHifU;ka.nt , lorrqirellâ a le poids ordonné.
Treffler ; c'eft doubler les traits des effigies
des monnolcsj par un niiuvals ajufl;ige fur les
poinçons.
Tressaut » ( fûïre un) ; quand les eflàyeurs eè-
irèral & particulier ne fe rapportent nas en fai-
sant les eitais d'une même elpéce , èc qu'il y a
quelques trente-deuxièmes ou grains de fin de
différence entre eux , cela s'appelle faire un
Trousseau » tefmt (TancUn monnayage; il fip;ni-
fioit, lorfqu'on monnoyoii au oiarceau» le coin
où étoii Tempreinte de Teffigie, laquelle fut long-
temps précédée par une croix.
Le trouiTeau étoit long d'environ fept à huit
pouces* Après avoir pofé le tlan fur la pile avec
la main gauche, on pofoit le iroujfcau fur le flan
à plomb des empreintes» fit le tenant perpendi-
culairement de la main droite , on donnoit plu-
fieurs coups fur ce troutTeau , avec une cfpèce
de marteau ou maillet de fer ; ea conféquence
ï« flan fe trouvoit renvoyé des deux côtés: mais
fi quelqu'endroit étoii mal empreint , on réiteroit
les coups de marteau , jufqu'à ce que le flan fût
monnoyé autant bien que cette mauvaife manu-
tention pouvoit le permettre.
Tyfis du midaillis ; ce font les fujets que la
gravure préfente aux yeux » comme une divi*
nité, un homme I une femme» une bataille, ûïïhc
ville, &c.
V KLEXJK réelle OVL inirïnfîque de la monnoîe;
c'eft la quantité de métal d'or ou d'argent quitte
contient» fuivant le prix général de ces métaux »
fans avoir égard à leur aluage.
Valeur numéraire ; c*eft le prix que le fouve-
rain donne dans fes états à cette pièce de m^O'
noie , & qui efl toujours un peu au-dcflus de
fa valeur réelle.
VÉGÉTATION de bouton ; c'eft torfque le boa*
ton de métal , dans Tcffai d'or ou d'argent »
n'ayant pas eu une chaleur afler vive , ou aiTet
foutenue, fe fige & forme, en fe crevant, une cf-
pèce de végétation i l'extérieur.
^ Ventouse j c'eft 1 ouverture par laquelle l'air
s'introduit dans un fourneau.
Vieille ; monnoîe d'argent de Navarre , cnir*
quée d'un côté de deux boeufs avec un maio tc*
nant un damas, & de l'autre une croix, avec
auffi deux bœufs & deux pareils damas pUcès
au milieu de h croix: c»n |eife que cette moa-*
noie a été frappée à Pau en Béarn , à caufc <fc
la figure du bœuf que portent les efpéces d'ar-
gent qui s'y frappent encore aujourd*hui-
VOLUME de L monnoîe ; c'cfi la grandeur It
répiiiTeur de chaque pièce.
MORDANTS- (Andes)
^E mordant eA une compontlon collante , &
opdble de fe fécher, avec la<|uclle on attache
une fubAancc à une autre.
L*ia des rmrdants ell très-ancien , & il en eft
(èxt mention dans un pafniie;e de Pline te naru-
riliftè, liv.XXXV, cliap XI.
Comme les métaux ne peuvent bien adhérer
pu te fimple cont*^ quà d*auires corps méulli-
ffijçs , lorïqa^on veut appliquer , par exemple,
lor CIO feuilles ou ea Doudre fur quelques corps
OOO-métalitques , on eii obligé d'enduire d*abord
b furface de ces corps avec quelque fubftance
tcnice Ôt collante qui le happe 6cle retient. Ces
fttbfiaiices s*appeHent en général mordants.
n y a des mordants comporés avec des coUes
végétales êc animales ; & d'autres avec des ma-
tières huUeufes , collantes g & capables de fe
rocher*
Jé^rdant fffur durer fr vernir.
i Les mordants que Ion emploie ordinairement,
'^♦thtni avec peine : Tor « y noie , Ci on s'en
fcrt trop tôt; il ne litnt pas, pour peu que le
mordant foit un peu trop fec* Alors on eÛ obligé
éy ajouter une nouvelle couche, & d'attendre
14 ou 36 he rcs , félon la faifon , la tempéra-
ture de Tair , le ieu où on travaille, afîn de fai-
ir au )uAc le moment où Ton doit appliquer fon
or en feuilles.
Le mordant dont 00 va donner la recette , n'a
pi ces inconvéniens : un quart d'heitre fuffit
pour ie dcfféclier au point où il cft néccfTaire.
On prend une livre d'hurîe de lin , fix onces
de lîtharge d*argenr, une once de térébenibine,
noc once de poix-réfine , une once de terre
dombre, une once de gomme, un oignon &
une crome de pain bis. M^.ntz ïe tout dans un
pot de terre verniiTé , & faites-le bcniillir pen-
dant trois ou quatre heures , pfqu*i ce qu'il foit
a^cz cuit.
On connolt que la compofition efl aHei cuite,
lorfqu*en en prenant avec une cuiller 6c' la laif-
luit couler, on voit qu'elle file.
Lorfqu on a oté le pot de deJTus le feu & que
la matibiï cft prefque rtfroidie, on retire roignon
& la croûte de pain bis, & 0.1 y a oute un
quarteron d'huile effentieHe de léiébentliine : on
piiTc ïe tout dans un hnge , & on le c n(crve
dans une bouteille , pour t'en fervtr au befoin,
Lorfqu*on veut dorer fur bois, on commence
è lantre fur le bois une ou deux couches de
Teroii, Qo mêle eufuîte un peu de vermillon
dans le mordant , que Ton déirempï? avec un
peu d*hui!e cileniielle de térébenthine , pour le
rendre plus coulant- Alors on en met une coucbt
fur le bois- Au bout d'un quart d'heure, le mof
dant ell en état de pouvoir happer les fcuUlci
d'or que Ton applique deiTus avec un peu de
coton pour les taire tenir»
Le même mordant pfut fervir pour faire tenir
la dorure fur le fer ; mais alors tl neA point né*
cc^Taire d'étendre auparavant une couche de
vernis.
Il y a encore des mordans trè^flmples pouf nt-
tacher l'or ou rarg.:;nt cîi feuilles fur des corps-
Du miel, de la bière & de la gomme arabique
bouillis cnfetrble » forment un mordant.
Lt fuc d*aU I d oignon , de jacinthe , & la
gomme arabique même toute feule, produLfentie
même effet.
On applique ces liqueurs avec un pinceau fttr
le corps fur lequel on veut mettre les feuilles
d'of ou d'argent , enfuite on les y colle en le»
appuyant avec un petit tampon de coton que l'on
tient à la main ; lorfque la feuille eft bien at-
tachée, on frotte toute la furface avec ce coton ^
aon d'enlever toutes les portions d'or qui ne fe
font point filées.
Voici un autre procédé , qui réfifte même à
rh«mldité. Ce mordant confïHe à faire bien
, bouillir enfembîc au bain*marie une chopVne d'ef-
prit-de-vin, une once & demie de gomme-laeque,
une demi-once de maftic en lames, une demi-
once de fatig de dragon, un gros de faffran en
poudre, un gros de rocou & deux pincées de
terra-merita. 11 faudra avoir foin de meure du
foin 3U fond du vafe dans lequel on voudra faire
bouillir, de peur qtic les matières pefantes vc»
nasiE à fe précipiter au fond , ne foient brûlées.
Mordant en peinture*
On appelle mordant en peinture tine compo*
fulon qui fert à rehauCTer les ouvrages en dé-
trcmpc-
Ce mordant fe fait avec une livre de térében*
ihlnc épailTe, une livre de poix-rèfine, trois quar-
terons de cire :aune, une demi-Hvre de fuit, un
demi feiier d*hulle de lin , qu'on fait bouillir : on
applique de l'or ou du cuivre fur le mordant dés
qu'il efl pofé fur Touvrag.; qu'on s'eA propofé dt
faire : on doit l'employer bien chaud-
Suivant M-Waiin, dans fon traité de Tart du
peintre,
Pour reltai/Jfer d'or m détrempe , il faut préparer
1
^^ji^
■i|'
M O R
un mordant « aiiirement nommé ifature J qu'on
compofe d*environ une livre de cire, d'une demi-
livre d'huile de Un , & d*une demi- livre de téré-
benthine de Veniftî , qu*on fait bouillir enfembte.
On reliauflc les orncmens en mettant par hachure
de c^ mordant ou bature chaude, avec la pointe
d'un petit pinceau > fur tous les clairs de Touvrage.
On applique le cuivre réduit en feuilles, ap-
pelé vulgairement or d* Allemagne^ (c'efl celui dont
on fe fert communément) ou avec du coton , ou
avec des bilboquets garnis de drap. Au bout
d'une couple d'heures , quand il cô fec , il faut
Fcpounetcr avec une broffede foies de porc douce
ik btea nette. Il faut furtout prendre garde que
la bature ne s'emboîte dans le tond autTitût qu^cl!e
eft couchée, ce que Ton connoît quand elle de-
vient terne Ôf qu^clle perd fon luif^nt; car alors
Tor ne peut s'y attacher. Il faut recommencer à
coucher de bature dans les endroits ombrés.
Le même auteur indique le procédé qui fuit
pour dorer à l'or mat.
On fait un mordant compofé de birume de Ju-
dée une livre, d*huile graue une livre, de mine
de plomb une demi-livre. On peut fubftituer k
la mine de plomb pareille quantité de vermillon.
On fait fondre le bitume.
Quand le mordant eft en pAtc, on leclaircit
avec une livre ou une livre èc demie d*cffence»
Il en faut plus Thiver que Tété.
Il y a pour ce même objet une autre efpèce
de mordant , qu*on appelle mtxtbn , 6l que M.
WaMn confcille. On tait fondre une livre de ka-
rabé, un quarteron de maftic en hm^s, une
once de bitume , dans une livre d'huile graffe.
On cclatrcit cette mixtion avec de TetTence.
Il faut que ce liquide ne foit ni trop lent ni
trop prompt à fécher, & qu'il puiiie s étendre
aifément fous le pinceau*
Mordant i VhuïU*
Pour faire le mordant à rhulU^ ayez un pot de
terre verniiTè & neuf, qui contienne deux pintes;
rempUfTez-le à moitié de couleurs préparées k
rhuile. Celles qui refteront des ouvrages faits , y
feront très-propres, quand même \\ le ferott déjà
formé une peau defTus ; on y mettra cette peau
même ; ajoutez-y une pinte d^hiiile de lin & un
poiflbn de vernis commun.
Alors mettez le pot fur un feu miiUocre,
comme des cendres chaudes ou de la petite
braife : cuifez doucement ; & lorfque vous ver-
rez votre matière ou liqueur fe réduire tk être
tarie d*un quart, comptez qu'elle fera fuffilamment
cuite. Hettrez votre pot du fcu , paiTcz atiffïtot
le tout, & mettez le mordant ainfi fait dans un
autre pot de terre verniffé , pour vous en fervir
au befoin.
Il eft bon de prévenir les perfonnes qui feront
dans le cas d'en faire, qu'il fe forme fur le mor-
dant une peau qui ne fcrt qu'à le confcrver.
M 0 R
Quand on en veut prendre pour s'en fcr\^îf , on
lève une partie de cette peau, que Ton rejette
fur l'autre , & on la remet dans ion premier iut
après que Von a tiré ce que l'on vouloir.
Ce mordant fe conferve un an entier fans $'af-
foiblir : on s'en fert pour bronzer & dorer à rhuik«
Pour bronzer, après que Ton a appliqué le mor-
dant fur la pièce, on poudre par deuus le bronze
tout fec, & en tenant un papier au-deffom , on
frotte la pièce avec une broffe neuve , afin de
faire tomber le fuperflu de bronze qui n*a poîm
été arrêté par te mordant , pour qu'il ne foie
point perdu.
Il nVft point néceiTaire de pafler aucun vernis
fur le bronze ; mais il en faut pafler un fur Tcw
que l'on a appliqué , dans lequel vernis il ne
doit point entrer d efprit-de-vin , car tout fou-
vrage en feroit gâté. Avant de donner la couche
du vernis, on aura la patience d'attendre que l'or
foît parfaitement fec»
Lorfque le mordant fe trouve trop épaW, on
le rend plus coulant en y mclam un peu d*huile
grafle.
Mordant fur la toile peinte.
Pour appliquer le rouge fur la toile, on im*
prime une compofition dite mordant , qui n'a
prefque aucune couleur, & qui eft diiférente félon
les diverfes nuances de rouge ou de violet.
Cette compofttion fcrt à faire attacher daos les
endroits oii elle a été rotfe, la couleur dans bi-
queïle on plonge 6i on l^it bouillir la toile, &
à lui donner les dliférentcs nuances dont on a be-
foin, depuis le couleur de rofe jufqu'au violet
foncé.
Compofition de mordant pour le rouge foncée
Le mordant pour le beau rouge un peu foncé
fe fait de cette forte. On prend huit pariies dV
!un de Rome, deux parties de foude d'AUcame ,
& une d'arfcnic blanc. On pile toutes ces ma-
tières j on les m^t dans une fuffifantc qusntité
d'eau, qu'on épaitllt avec la gomme ; il cil bon
Î|ue l'eau dans laqtiî^lle oa diifout ces maticrei
oit colorée avec du bois de Bréfil, afin de voir
fur la toile les endroits olï le mordant pourroîi
n'avoir pas pn^ , pour lei réparer avec U plaae
ou le pinceau.
Autre mordant pour rouge*
On fait un autre mordant qui donne aufPi tfn
très-beau rouge. On met une once St denste
d'atun de Rome , un gros & demi de fel de
tartre , 6i un gros d'eau- forte dans une piflfe
d'eau : il faut toujours des épreuves de ce* dif-
fcrens nyirdants fur de petits morceaux de toiles
pour voir (i la couleur eft belle, •
Lorfque la toile fera imprimée avec le noir Se
k mordint pour le rouge , on mettra au pinceau
ou avec des contre planches » le même mordaiif
amt
M O R
m eadfoîcf quî doivent être entièrement rou-
ge foncé : on les latfle fécher l'un & Vautre
pendant douze heures «u moins , après quoi îl
littt bien laver la toiic pour emporter toute la
gooiaie qui y % itè mife avec le mordant ôc le
Mordant ^aur te r^uge cUir,
Voici de quelle manière fe fait le mordant pour
le roitge clair. On prend parties égales d'alun &
de créoie de tartre; s'il y a une once de chacun,
OQ djflbiii ce mélange dans une pinte d'eau, &
oo le ^omtnc à lordinairc : fi l'on veut des
nuances intermédiaires » il n*y a qu*à mêler un
peu du premier mordant avec celui*ci»
MarJant pour le vioUt*
\jt BOrdam pour le violet fe fait en mei^ot
M o R
233
dmi de Teiu q^tatre pintes ^ partie d'alun de Rome,
une partie de vitriol de Chypre, auant de rcrd-
de- gris ^ une demi*partie de cKauc vive, & de
Te au de ferraille à difcrétion « fuivant que Ton
vaudra le violet plus ou moins foncé. L*eau de
ferraille eft la même compofitton dont on s*eft
fervi d'abord pour imprimer en nmr.
Mêrdant pour U gris'dt'i'm*
Pour le grls-de-lin on mêlera le mordant du
rouge clair avec cetuî du vicier, dans la propor-
tion qu'on jugera k propos.
Couleur de cafi.
Pour une bonne couleur de café» on mêle Teau
de ferraille avec le mt^rdant pour le rouge.
VOCABULAIRE.
OATtniE ; c*eA wnc, efpèce de mordant dont
041 fe fcn pour rehaufler d'or en détrempe.
MïXTiOK \ efpéce de mordant compofé pour
dorer à Tor mat.
Mordant; compofttîoa colhntr propre à at-
tadter une fubftance à une autre«
Mord AffT i V huile ; efpèce de mordant c#m-
pofè f our bronzer & dorer à Thuile,
Or d*AUtmagne ; on appelle ainfi: le cuivre
réduit en feuilles.
Hl HAUSSER d'or eti détrempe ; c'eft appliquer
par le moyen d'un mordant « Tor on feuitloi fur
la peinture en détrempe.
Àru 1* hikim^ Terne V, PanU A
Ce
23-
MORTELLIER- (Andu)
V>ET art étph fort (tn\p\e;^ il confilioit à battre
dans d€S mortiers cewnes pîcrrcs dures , & à
les réduire en pouffièrc pour en faire du cimeVir*
Les ouvriers qui iravailloient à cèpcmbk nictier,
habîcoîetK à Paris, près la grève, une rue qui a
été appelée rue de U mùruîkrîe.
Ces mortcUiers ont eu Aq% Aatu^s irès-anoenf ,
^ui fc trouvtm confondus avec ceui des maçons,
des tailleurs' de pierrfcs 8c des plâtriers. D^ns le
cinquième article de ces aacîens (latuts , il eA dit
i[ue le mondlur & le plâtrier (bpt « de la pleine
» condition & du même ètabliiSïmem des maçons
m. en toutes chofes ; que le maître qui garde le
<* métier des maçons , des plâtriers & moneUiers
tf de Paris dt par U Roi , jieut avoir reulemerû
« deux appremis. w
Comme te moilon qu*on dëpofe au port de la
grève , &. qu'on nomme trci-improprement pUrrc
fttiiUuu^ eu un ii|ioiloa plein de trous & tbrt dur,
^*il eft recherché pburconftrutre Les murs de
fondation , & princtpalemenc ccu« qui font dam
Teau, il y a tout lieu de croire que les Mortel*
liers pulvcrifoient ce moilon pour en faire un
€crr:iin ciment impénétrable à Teau • & que Vu-
fage de ce moilon mis en poudre, n*a cette que
lorfqu'on lui a fubftituè de la brique pulvèrijfte»
Peut être auffi ceue poudre de moilons fatioie*
elle un ciment plus dur , plus durable que la
pôulFiè^fe faâice d'utte terre cuite, 6l qu'elle é toit
d'une meilleure qualité pour faire les liaifons
&^ les joints des pierres dans les bàtimens » &
pour empêclter la filtracion des eaur.
Quoi qu'il en foit, il cft confiant que les M^r»
tiîlters d'alors étoient employés à un travatl
plus pénible, pi u$ long 6c plus coûteux que les
manoeuvres, d'à* prèfent, qui, au lieu de piler, la
tuile & la brique dans un mortier, rccrâfçnt
avec iitî gros marteau, & la paiTent enfuîte pour
la rendre propre aux ouvrages auxqucli elle doit
fervir.
/.r> I
ORUES , MERLUCHES , CONGRES.
ÇArt de pécher et de préparer ces poissons.)
De la Morue,
I
MORUE cfl un po.flbrt de mer, dont la
tongiieor s*ètend ml'qu à trois à quatre pieds , &
dooi U Urjeur cft d environ neuf à dijt pouces;
il a le corps gros & arrondi , le Vi^ntre fort
iTancè , le dos & les côtés d'une couieiir oli-
titre, Wc ou bruijc, mê^.èe de uclies jaunâtres;
lo écailles petites ôi tièi- adhérentes à U peau;
lei ycui grands & couverts d'une membrane
tchê & diaphane, 6c 1 iris des yeux eft blanc:
il 7 i fur les côtes une large ligne blanche, qui
)*ccend depuis Tanele fupérieur des ouics fuf-
q^Vl U queue , en fuivant la courbure du ventre.
Ce poiiTon n'a qu*un fcul barbillon, long à
pciue d'un doigt , qui tient au coin de b mâ-
choire inférieure* La langue cil targe , molle,
ronde i les mâchoires ont des dents difpofées en
Q^ulieurs rangs» dont Ton cft compofè de dans
beaucoup plus longues que les autres. 11 k trouve,
comme dans le brocheit, pluûeurs dents mobiles
tDire les dents foUdes. On découvre encore de
petites dents placées fort prés les unes des autres
entre les dernières ouics, fur le haut du palais,
it même plus bas , près Torifice de lellomac. '
La mcrue a trois nsgeoires fur \z dos , une à
cbque ouie, une de chaque côté de la poitrine,
Al deux derrière Tanus, l'une au-devant de Tfcutre.
la qacuc cft prefque pîate 8c non. fourchue.
On diflingue deux fortes de morue. Tune qui
s'appelle mome verte ou Hanche , Tautre morue
fi^he , ou parée , ou merlu , ou merluche,
Lj pêche s'en fait d^ns la baie du Canada, au
%nx\à banc de Terre-neuve , au banc Vct-t , ï
mt Sainte- Pierre & à Hae de Sable,
On fc fert de vaifleaux à deux ponts , ordinaire-
ment du poft de loo à 150 tonneaux , pour
cturgcr 30 i 35 milliers de morue verte.
On a des lignes , des cailes d<3 plomb, des ha-
«•cors & des rérs*
Parmi ceux qui s'embarquent pour cette pêche,
3 faut de bons trancheurs ^ de bon décoUeurs &
it bon fjïeurs.
On attribue ïa découverte du grand & petit
banc des OTOfi/fi , à des pécheurs basques qui y
arrivèrent en pourfuivant des baleines , cent ans
ïTini le voyage de Cblomb; d'autres en font
woocur à un Malouio nommé Jacques Cartien
Cette pêclie fe fait ordinalremem depuis b
commencement de février jufquà la iîn d'avril;
tout cft fait ordinairement en un mois ou fix fc*-
maincs ^ quelquefois auffi on emploie quatre à
cinq mois.
Chaque pécheur ne pèche qu'une morue à la
fois ; mais ce poilTon e(l fi abondant qu*il s*en
prend dpuis 35'> jufqu'à 40Q par jour.
La pclanteur du poiffon & le grand froid rfn-
dent x:c travail fàtiganr.
La morue verte qui n'eft paf dcfiméc à erre
féchée , fc fale à bord du vaifTeau. Le décùlltur lui
coupe la fête, le tmncheur Touvrc , le falcur Tar-
range k fond de cale tête contre queue» 6t queue
contre tête.
Quand il en a fait une couche d*itne brafTc ou
deux en carré, il la couvre de fct » & ainfi de
toute la pèche du jour.
On ne mêle point cnfomble la pèche de dîffé*
rens j-mrs.
On JaifTc auilî la morue trois à quatre jours
égourtcr fort eau , puis un la fait placer dans un
autre endroit : on la refale ; alors on n*y touche
plus que l'on n'en ait la charge d'un navire.
Les habitans des fables d'Olotine font ceux qui,
parmi nous, s'adonnent le plus k cette pèche; &
pour encourager le capitaine ôc fon équipage',
on leur donne le tiers de la morue qulls rap-
portent*
Avant de pécher la morue verte, ils font une
galerie fur leur bâtiment , dans toute fa lon-
gueur; quelquefois elle n'cft que depuis le grand
màc en arriére.
Lorfque la galerie eft conflruite , ils mettent
en dehors des barils défoncés par un bout , dans
chacun dcfquels entre un matcior pécheur ( qui
y efl à Tabri du mauvais temps par un toit gou-
dronné tenant au baril )» Ce matelot paiTe fa tête
par-defTus ; un mouue prend les poifîons k
mefure qu'il les pèche, les porte au décùlimr qui
cû fur le pont, qui leur coupe la tète S: qui en
arrache les noues ou les entrailles, qu'on falc avec
la langue ; il leur dte enfiiite le foie qu'il mèi
dans des cajûtSf efpéce de cuves oii on les laifle
corrompre pour en tirer Fliuile.
Cette opération faite, le décolleur, par Tou-
vcitiirc d'une petite èçQutUle ou trou carré , fait
136
M O R
(Ter la morue da pont dans Tentre-ponti #a
îc irancheur l'ouvre » lui tire farrêce , oc par une
autre écoutille il la renvoie dans la cale, oii on b
met en pile , comme nous Tavons déjà dit : on
met aiTez de fel entre les peaux de morue pour
ifu'eUes ne k touchent pas ; on a foin aufti de
ne pas en mettre trop » parce que la morue fe-
roit avariée , s*it y avoit trop ou trop peu dâ Tel.
Comme le poids de la monic féche n'eft pas
rtULtif à Ton volume , on Te Tert plus fouvenl
d'un vaiflfeau d'un plus grand fond que d autres ;
& comme elle ne (cche qu'a« foleil , \^^ navires
pa;t:nt pour le pîiis tard à la fin d^avril , pour
profiter des chaleurs de Tétè.
Outre la côte de Plaifance, où fe î^w la plus
grande pèche de la morue deftinée à erre fichée,
on en prend encore fur celle du petit nord ; mais
celle-ci ne le conferve pas auflî long-temps que
celle de Plaiftncc 8t du Uap-Breton , parce qu'elle
tft trop chargée de Tel, que rhumiditè la fait re-
verdir, 6c la corrompt air^mcnr.
Lorfque plufieurs navires font route enfemble
pour le même endroit & la même pèche, ceUii
qui arrive le premier à terre , a \c rau^ U amiral ;
il drefTe & fait mettre à rechafiud Taffiche où
chaque maître de vaiAeau eA obligé de taire écrire
fon nom & le jour de fon arrivée , choifit le ga-
in ou gravier qu'il veut , & a par préférence tous
les bois éU charpente qui fe trouvent propres à
conAruire dts échafauds fur le bord de la mer»
pour y recevoir le poilTon qu'on y apporte , \y
décoller, & le faire pafTer au trancheur qui ToLivre
£: le met dans le Tel , oii il lé lainie pendant
huit à dix jours fur une table, qu'on nomme vi-
gnot^ &qui cft élevée de terre de trois pieds.
Après que la morue a demeuré fur cette table
pendant le temps prefcrtt , on ta fort du fel , on
la lave, on la met enfuiic fécher pendant quatre
ou cinq jours, après quoi on Tétend fur le gra-
vier pour lui donner de la couleur : on ta Uiffc
en cet état pendant un jour, vers le foir on la
met en javelle lorfque le temps le permet.
Le lendemain on f étend de nouveau, & le foir
on la ramage en petites piles, la queue en haut;
on la latiTe ainft pendant quelques jours , après
quoi on l'étend, on la rem^t en petites piles, dont
on fait enfuite une groAe pile , où on U laiiTe
féjourner pendant huit à dix jours ; on Tctcnd
de rechef, on la rtmet fur le gravier pour y
finir de fécher & de prendre coiiicur , ce qiiVm
connoit au coup-d'œil , quand on en a acquis
une certaine expérience.
La pêche finie , on échoue les chaloupes , on
les enfouit dans le fable, a(îa que les tauvages
se les brtilciu pas , & qu*on puifle les retrouver
lannéc fuivame.
Pour préferver ta morue de Thumidité qu*elle
contraâeroît dans le vaiiTeau, on y fait des grc>
niers avec des bois de fapin de deux pieds de
hauteur » fur lefquels , ainû que fur les côtés du
M o R
vaUTeau » on met une couche épaiffc de broaf-^
Hiilîes fèches.
La morue qu^on prépare au printemps & av^^ine
les grandes chaleurs, eft plus belle ^ d'une meil-
leure qualité, 6c a la peau plus brune lorfquVll
efi falée comme il faur.
Trop de fel la rend plus blanche, plus fujettea
à fe rompre & à paroitre hîimide dans le mata--
vais temps; trop peu de feï la fait corrompre.
La bonne qualité de ce poitTon dépend tou— i,
jours de fa voir le préparer à propos & dans ui
faifon favorable.
La morue des Angtois cft très- inférieure a h
nôtre , parce qu'ils la façonnent avec moins dcs^
foin, ou que kur fel , qui eft plus corr •
celui de France , lut donne une certaine ^
Comme leur pèche eft plus abondante 6c mmns
couieufe , ils donnent leur morue à beaucoup
meilleur marché que nous , & s'en procurem h
débit en Efpagne , en Italie & ailleurs.
Nous avons dèja dit quon mettott les foies
de morue corrompre dans des cuves pour en fi*
rer l'huile ; à mefure qu'elle fumage on la fort
pour remonncr dans des barils.
Un navire qui a péché fix mille quintaux it
morue , a ordinairement quatre-vingts barlqu»
de cette huile , & chaque pièce pèfe quatre oû
cinq cents livres : on en envoie beaucoup i
Gènes; il s'en confgmme aulfi une grande quan-
tité dans nos tanneries , lorfque les huiles de
noix & de lin viennent à manquer.
On tire quatre fortes de marchandifes de \i mo-
rue , les ma^s ou tripes, les Un^ues , les roptu
qui font les OEuft , dont on fe fert pour ta pèche
de la fardlne , & VhuiU qu'on cxnrau des foies.
La pêche de la morue eft quelquefois troublée
« par les Sauvages, qnî tuent les matelots qnanJ
ils s'écartent de lears vaiffeaux. On oppôft ordi-
nairement à celte petite guerre des Su '
des chaloupes armées en coutfe , qui* t |
le temps de la pêche , rôdent continuelIeKi^iU i^
long de la côte où elle fe fait. Comme ce petJt
armement eft pour le bien de la caufc commanc ,
chaque vaiftcau eft obligé d'y contribuer.
Par Tarrêt du Confcil d'Etat , du îo dccernbf^
1687, Us droits d'entrée de b morue verte fo*"*^
réglés 4 huit livres par cent , bl ceux de U tao^^^
féche à quarante fols par cent.
Celles qui proviennent de nos pèches on*- *J*.
affranchies de tous droits par Tarrét du Ci^^^
d'Etat du 1 avril 1754* ^-, j
Dtila Merluche.
La Merluche cft une morue deft'ècbèe.
s*appcHt: morue féche ou parée , ou merlu
merluche.
Quand la pêche , qui fe fait de la tnêoie j
oiérc que celle de la morue verte, cft acb^^j
on laïue le poiflbn au foleil : aiali il fini
M O R
rcr et Tixi, & partir dans le mois de mars ou
d^ivTîK
La morne (ècht efl plus peûte que la verte ;
pour {xrêparer la première, on établit à tcare une
icme avec des troncs de iapîn de la, i^ à i^
pieds de longueur , & dans cette tente un
cchafaud de 40 i Co pieds de tong^ fur 15 à 10
de brge.
A oieiure que Ton pèche ^ on fa le fur des éta-
-!l!ti volaûs ; maïs la grande falaifon fc fait fur
IVchafaud.
Lorfque la morut z pris fel , on ta lave, on la
hïi ègotiiter for de petits établis ; lorfqu*elîe eft
cgoottèe on l'arrange fur des clrâes particulières
à une feule épaifTeur , queue contre tète, & la
f eau en haut : on la retourne quatre fois par jour :
étaot retournée & à- peu-près féchée, on la met
en metuons ou dix à douze Turî fur rautre, pour
^Vlles confervent leur chaleur.
De iour en jour on augmente le mouton
jufqu'à vingt ou vingt-cinq morues ; cela fait, on
porte la morue fur la grève, où de deux mou-
tons on n'en forme qu*un, qu*on retourne chaque
fcnir. On la refaïc en commençant par la pKts
vieille falèe : on en fait des piles hautes comme
des tours de moulin à vent, & on la lailTc ainfi
jitfcia*à ce qu'on Rembarque.
On arrange les morues dans le vaiiïeau fyr
de) bntnchcs d*arbres que Ton met à fond fur le
Icft, avec des nattes autour.
Du Congre»
LeCoKGRE eft un poiflTon de mer fort alongé;
il a ordinairement quatre ou cinq coudées de
i^nçueur, & il eft fouvcnt de la groiTeur de la
cuiiTe d'un homme. Sa peau eft litle & gliffante
comme celle de ranguille , à laquelle il refTcmble
beaucoup. L'extrémité du bec eft charnue : on
voit aU'deiTus deux petits prolonge mens de même
fubflance. Ses dents font pc lires & les yeux
^raods; la couverture des ouies n'eft pas o^eufe,
oVft «ne peau qui ne laifTe que deux petits trous
€hns les nageoires qui font de chaque coté. lï y
^û a une qui s*étend depuis b fin du cou jufqu'à
la queue, Ôc une autre depuis l'anus auifi juf-
C|a*à Ja queue, qui eft terminée en pointe. Ces
cfeux nageoires font d'une conUftance ferme i leur
liord cû noir; les narines font petites, rondes. Si
f»lacécs près des yeux. Il y a une bande blanchâtre,
crmée par un double rang de points , qui s'é-
tend fur chacun des eûtes de ce poifTon depuis
la tête jufqu'à la queue* Le ventre eft blanc, &
le dos noir dans les congres qui relient contre
Us rivages : ceux qui font dans la haute mer ont
le dos blanc comme le ventre. La chair de ce
poiflbn eft dure.
La pèche du congre eft aflTez confidérabk ; elle
fe iéit dans degïands bnteaux, qyl ne font alors
niantes que de quatre hommes: elle commence
M b R
237
ordlnairemeot vers la faint-jcan , & dure j^f*
qu'après la faint-mîcheL Pendant les trois pre-
miers mois de Tété, les vents d'oueft y font fort
contraires , parce qu'ils empêchent les pécheurs
de fortlr des ports ^ petites bayes qui font le
long de la côte de ramirautè de Qulmpcr en
Bretigne , où fe fait b pèche que nous allons
décrire.
Les congres fc prennent entre lec roches; chaque
matelot a trois lignes , longues de cent-cinquante
braiTes chacune, & de la grofleur des hgnes des
pécheurs de Terre-neuve : eUci font chargées par
le bout d^un plomb du poids de dix livres pour
les faire caler.
Depuis le plomb jufqu'à cinquante braffes > il
y a vingt-cinq à trente piles d'une braiTe de long,
éloignées chacune d*une br.iiTe & demie , gar-
nies d*un cL'iveau amorcé d'un morceau de la
chair du premier poifîbn que les pécheurs prennent
quand ils commencent leur pèche, foit fëche,
orphie , ou maquereau , &c.
Il faut , pour h faire avec fuccès',une mer baffe
Se fans afi ration , & qi e le bateau foie à l'ancre.
Les pédîcurs d'Audierne , après leur pèche finie,
reviennent de temps k autre a la mailon ; au lieu
que ceux de Tiflc des Saints, qui partent de chci
eux le lundi , n'y reviennent ordinairement que
le famedi. Le nombre des équipages d'^un bateau
pour faire cette pèche n efl point iimité; ils font
tant<^t plus, tantôt moins, & le plus fotivent
jiirqtî*3 fept à huit hommes.
Quand ils font leur pêche , ils relèvent leurs
lignes de deuît heures en deux heures, pour en
ôter îe poîflbn qui s'y trouve arrêté.
Les pécheurs font à la part ; le mnftre & k
bateau ont chacun une part St d;mle ^ flc les autres
matelots de Téquipâge chacun uuq part feulemenr.
Ceux qui achètent des cQn^es pour les faire
fécher , les ouvrent par le ventre depuis h tète
jufqu'au bout de la queue ^ on leur laiiTe la tète,
on ne les fale point ; on fait des taillades dans
les chairs qui font épjiiFes, pour faciliter à l'air
le moyen de les deffécher plus aifément ; on
paCTe un bâton de Te* t ré mité du corps du poiftbn
k l'autre pour Le tenir ouvert, & on Je pend à
IVir.
Qtjand ils font bien fecs , on en fait des pa-
quets de deux cents livres pefant , qu on envoie
à leur deftination ; ils paùent ordinairement a
Bordeaux pour le eemps de la foire*
Ce poiftbn fec déchoit confiJérabletnent de
poids dans la garde 6i dans le ti^nfporr.
Les merluches Si les congres étant un aliment
principalement deftinè pour le peuple, par fon
abondance & par fon peu de valeur, il eil fans
doute à propos de lui en faciliîcr Tufage, en
rapportant ici les préparai ions & les accommo-
dages qui font le plu« pratiqués 6i les plus con*
venables.
Façon de préparer la Merluche à Siùnt-Mdîa.
Si le potïTon ell petit , il faut le faire tremper
vingt' quatre heures , 8c le grand poiffon deux
jours uvjK t de U metcre au chaudron. Il f^ut
icvwf avec foin Tècalile qoi cft fur b peau*
On fait cnire li raerliîchc à grande eau, juf*
qu'a ce qVclle foit tendre , & pour y parvenir
plus (ufcmcnt, il faut , après avoir retiré le chan-
CTon du feu, le couvrir avec un torchon épais.
Oa lulTc la merluche ainft pi^ndant un demi-qur^rt
d'heure; on la retire enfuiie du chaudron à on
la met fLr régouttoir. Quand elle a bien purgé
fon eau , on prend la merluche par fettillets , ëc
on la met proprement fur un plat ; après quoi on
prend un autre plat dans lequel , après avoir
ïaupoudrc un mélange de chapelure de pain,
fines herbes I poivre 6l fel , on y étend un lit de
ces feuillets, que Ton faupotidre encore de ce
mcine mélange , St on humeéle ce premier lit de
la meilleure huile en petite quantité.
On fait de même p!ufieurs lits du reHe de la
merluche ; on coiivrc bien le plat d'un autre
plat , 6c on le mtt (vt la cendre chaude :
puis avant de fervir la merluche , on retourne
tes deux plats en fens dîtfàtcns , de façon
que celui de deHTus fe trouve deffcus : on retire
Tautre,
Façon dt la prcpartr a Marfeillc*
Açrèi que la merluche a refté à détremper
fu(riUmmi.nt, fit quon en a enlevé Técaille , on
ta fait bouillir bien fort pendant deux ou trois
minutes,
Enfuitc on la retire du feu, on y verfc un verre
d*cau fraîche, & on la \AiTt hors du feu jufquà
ce «u*on veuille faire fon ragoût.
Ce ragoût, appelé hrandude^ confifle à couoer
la merhuhc en petits morceaux, dont on l^ve
cxademcnt Us épines.
On prend cinq ou fix goulfes ou veines û'jjI,
on les hache bien avec un couteau , ;ufqu*à en
faire une pâte : on met cnfuit^^ cette pare à^n^
une poë^e , en y verfc tous ks morceaux de
merluche ; ou met cette pcële fur le feu , on y
jette de temps en temps ce Thuile trés-tîne, qui,
en remuant la poelc à force de bras, doit fe
lier avec la pâte ci'a 1 & le poiflbn , de forte que
cela forme une cfpOce de gelée.
Quand la merluche commence à faire mifle,
on y met le )us d'une moiiié de citron, ou bien
un peu de vîfuigre; ^ quand la gelée vient à
couvrir le poiiTon , il faut y vcrfér un peu d'eau
ch'^ide , 8c remuer bien fort h poêle.
Si la nicriuch? eA douce , il faut y mettre un
peu d'épiceries , 6t un ancho s coupé en petits
morce;iux, fins oublier dii perfil bien haché,
continuer à y meure toujtur^ de Thuile, & re-
muer bien fort pour Ucr toujours mieux le ra-
■ M O R I
|otif. Lorfqu'il ell 6 ni» il faut le faire manger de
iuite & chaud*
Ragouii de Merluche,
On hache Tail en petits morceaux» on le jette
enfuite dans uns forte cuillerée d'huile, daits la-
quelle on a fait fondre auparavant un ou deux
anchois ; après quoi on rompt la merluche par
feuitlers , que Ton jette dans la caiTerole,
On couvre la caiTerole avec un plat , on U re-
mue bien fort en tournant*
Quand le f oiiîbn tient à la cafferole à ne pou-
voir plus tourner , on y met un peu d'eau de
la merluche , un peu de jus de citron , & cri-
fuite de rhuiie , cuillerée à cuillerée « )ufqu*à ce
que la îiaifon foit faite & garni ffe bien tout le
poiiTon : un feu mode ré fuffit.
La mufcade & le perûl font très-bien daits ce
ragoût.
Ceux qui n'aiment pas l'ail, peuvent le fu|pp ri-
mer, & y fubftituer des échalottes.
Bien des perfonnes , quand l'ail ou rèchalotte
eft It^thé , fe contentent de le jeter din« U
caÛer oie , de Técrâfer au fond avec une cuilkr.
Os y mettent la morue en feuillets bien chaude^
& rarrofent de temps en temps d'huile , en U
remiiart tou;ouis fur un demi-feu.
Pour qui ne la:t par faire la brandade^ ccnc
façon réufTit plus aifément.
Trop d'eau fait fondre la Iiaifon , & c'cft de
Tadreue de celui qui la fait de aen mettre que
lorfque la merluche ne veut plus tourner* Li
même eau dans laquelle la merluche a cuit, fert:
il la faut au moins tiède.
On prépare encore des queues de merluche
toutes eniières fur le griU
Quand la merluche a trempé comme deïïus,
ou enlève la partie de la queue qu*on féche dvfif
un linge ; entuite on l'humcfle bien d'huile j on
y jette dcflus de l'épicerie Se de h croûte de
pain fâpée hl^jn fine ; on 1a met fur le gril , &
à mefure qu'elle cuii , on y jette de Thuilc de
temps en temps r quand un côté eft cuit, on la
retourne , Ik on fait de même pour faire cuire
l'autre,
Pendart que le poiffon achève de cuire , an
fait chaufler dans une poélc avec de Thuiie un
ar chois, des câpres & oignons qu'on a hachê^ ;
& lorfque cette {au ce eft liée , on la verfc fur
la queue de merluche qu'on a retirée de deiTuf
!e gril & dreffèe fur un plat.
Ou bien encore, après avoir faît cuire la çiïcuc
de merluche k demi dans l'eau, & un rnoment
avant de la vouloir fervir , on la met dans Wfi
plat avec un peu de beurre defTcus ; on |crie
deOus de la mie de pain fine avec du perfil &
de l'oignon hachés bien mcrus , un peu Sèfi^
ce rie & de petits morceaux de beurre éf-als.
On met du feu deffus & dedous , (^ aj»!?^
M O R
<p]*cUe pcuc iv^oir bouilli deux ou trois minutes
dans cette fauce, ai h ùru
Une zmn^ p-'èpArriTion encore, c*cft de prendre
tm demi pi ràs cruds, imc poignée de
pcrfil 8c ur , le tout haché à demi. On
îaii cuire ce^ et-inards à demi avec du beurre,
& rcn y i-îte bs'feutllçts de merluche à demi-
cuire aufiî ; on ânit par faire cuire le tout eo-
fejtible ; il ûut un psu d'épicerie.
Ce qu*on vient de dire des manières de pré-
parer les merluches^ peut s'employer également
pour les ^angres , jvec la feule ditfêience qu'in-
dique la nature du pot(fon.
Le gouvernement a toujours favorifé la pêche
& le commerce des morues comme une denrée
de grande confommitioo. C*eA dans cet efprït
qu'a été rendu Tarrét duConfeil d^Erat, du ïi fé-
vrier 1787, dont voici les difpofitions,
i^RT, 1/ Il fera accordé aux armateurs & nc-
focians françois ,3 compter du i" avril de la
"préfente année (1787), jufqu'au t' octobre 1790»
une prime de cinq livres par quintal , poils de
marc, de morue ftchc provenant de pècne fran-
^fiiicy quils uanfpof feront fur des bârimens fran-
çais , foit des ports du royaume, foit des lieux
où ils auront fait la pèche, dans les échelles du
Levant , & dans les autres ports de k Médi-
terranée.
M o R
■3 y
IL II fera accordé pour le même efpace de
temps une pareille prime de cinq livres par quin-
tal, poids de marc, aux armateurs & nègoctans
frar.çois qui tranffor feront f ir àm bdiimens na-
tionaux, dans les ports de TEurope, des contres
péchés & féchés fur les cÔtes de France; a la
charge par les capitaines de navires de faire, lors
de leur départ des ports de France, au jjreffe de
Tamirauté , enfemble au bureau des fermas , la
déclaration prefcrite pir ]*artîck H de r^rrét du
Confeil du 18 feptembre 1785, dont il fera re-
mis une expédition auxdiis capîtames par les
greffiers des' aniirautés , enfemble par les rece-
veurs ou autres prépofès des fermes , pour être
par eux prcfemèe , à leur arrivée, aux confuls
de France réfidans dans les ports oii fe fîrra le
déchargement deftltts poiffons , 8c en rapporter
un ccrt.ficat de décharge,
lïL Les primes accordées pir les articles ci-
dcflus, féron: payées auxdiîs armateurs & nfgo-
cians par les receveurs des fermes, dans la forme
prefcrite par Fartictc Ylli dudit arrêt du i% fep-
tembre 1785, & il en fera tt^nu compte ch;i<jue
année à radjudicatatre g^én^ral des fermes, fur le
prix de fon bail;^ à la charge par lefdits négo-
ciansj armateurs & capitaines , de fe conformer
aux formalités prefcrites par ledit arrer du 18 fep-
tembre 178c, kcjuel continuera d'être obfervé à
cet égard feton la forme & teneur.
VOCABULAIRE.
B
RAKDADE ; nom d*un ragoût provençal^ ufité
pour préparer la merhiche.
Caxots ; cfpéccs de cuves ou IW met les
foies de morue pour en tirer de rhuile.
Congre; grand poiflfon de mer Ôt fort gros,
re^emblam beaucoup à Tanguille , que Ton fait
ftcher fans le faler.
Décolleur; c'ell dans la pèche de la morue,
ira hc^mme adroit à couper la tète du poîfTon*
Faux ; inArument compofé de trois ou quatre
crins ou hameçons, qui font joints enfemble par
le$ branches, entre lefquels ei! un petit (au mon
d*étiin, de la forme à peu-près d'un hareng*
Quand le pécheur ie trouve dans un lieu où
les morues abondctit, & qu*il voit qu'elles fe
reftjfcDt à Tappât dont les crins font amorcés, il
fe fert alors de la féiux. Les poiffons trompés
prennent pour un hareng ie petit lingot d'étaîn
argenté & brillant, s'cmprciïcnt ï le mordre, le
DccHeur agitant continuellement h faux ^ attrape
Ses morues par où le hàfard les fai: accrocher
L'abus de cette pèche eft fenfible ; car il eft
évident que pour un poilTon quon prend de
cette manière , on en blcHe un grand nombre.
Or, on fait que fitôt qii*un poi0bn eli bkffé juf-
qa*^^ iasg , tous les autres le fuivent à la pifle ,
& s'éloignent avec lui. On doît, par ces confi-
dérations, défendre la péc' e à la fouannc & au-
tres femblables , le long des côtes.
Il y a une efpéce de chauffe ou verveux qu'on
appelle faux ,• elle cÛ compofée de cerceaux ,
formant une efpéce de demi^elhpfe ; les bouts en
font contenus par une corde qui fert de traverfe ;
autour de ce cordon eil attaché un fac de rets ,
ou une chauffe de huit à dix pieds de long, à la
volonté des pécheurs.
Lorfque la faux eft montée , elle a environ
cinq pieds de hauteur dans le milieu, fur huit,
dix, douze pieds de longueur. II faut être deux
pêcheurs : chacun prend un bout de la faux , &
en préfente Touverture à la marée montante ou
defcendantc , av courant d'une rivière ; 6c le
mouvement du poiffon , lorfquUl a touché le
filet , les avertit de le relever.
Mouton; terme de pécheur de morue, pour
dire une pile de morues eniaffées Vnr.c fui Taiitre*
RoGUES ; nom que Ton donne aux oeufs de
morue.
Vignot ; table élevée de trois pieds , fur la-
quelle on étale la morue en la fortant de !a mer.
Merluche ; c'eft une morue deiléchéc.
Morue ; poiObn de mer » qui abonde dans la
ÉÉ
340
M O R
haie duCanidi, au grand banc de Terre-neuve.
Ce poi^Ton, par l'art que l'on a de le confer-
ver , eft d*une grande rcffource pour fournir un
aliment peu coûteux au peuple.
Noues ; c'cft une des quatre iflues » ou les
tripes des morues. Elles fe falent dans les lieux
de ta pèche en mâme-cemps que le poi0bn « &
elles s*encaquent dans des futailles ou barils du
poids de 6 à 700 livres.
Poignée ; ce terme eft en ufage dans le nè-
foce de la ialine » & figniâe deux mûmes, Ainfi
on dit une poignée de marne , pour dire deux
mornes.
En France , les morues fe vendent fur le pied
d'un ceruin nombre de poipiées au cent , & ce
nombre eft plus ou moins grand , fuîvant les
lieux, A Paris > le cent eft tic cinquante-quatre
pointes ou cent huit morues ; à Orléans* àRouen ,
& dans tous les ports de Normandie , le cent eft
de foixantc-fix poignées ^ ou cent irente^deux mo-
rues. A Nantes , & dans tous les autres ports du
royaume , le cent eft de foixante-deux poignées »
ou cent vingt-quatre morues.
Saleur ; ccft dans la pêche de la morue,
celui qui fale 8e arrange la morue à fond de cale
du vaifleau. Ceft de Thabileté & de reapérience
MGR
du falcur que dépend en grande partie U coftfer*
vation de la morue.
Trakcheur ; c*eft dans la pèche de la mo-
rue, celui qui eft chirgé d'ouvrir ce poiftbn ', ce
qui demande de Thabitudc & de TadreiTe.
TeiIre NEUVE ; c'eft à foixante lieues de Tcrr^
neuve y dzm le Canada, qu'eft le grand banc pour
la pèche de la morue, étendue de pays que Von
eftime avoir 200 lieues de longueur; les moruci
y font fi abondantes , qu'un pécheur eo prend
plus d*une centaine dans un jour* Cette pèche
y eft très-ancienne, car un Anglois rapporte y
avoir trouvé. Tan i^ii, cinquante bârimens de
différentes nations. On en voit aujourd'hui chaque
année cinq ou fix cents , Anglois , François ou
Holbndois ; c'eft aufti tout l'avantage qu'on re-
tire de Terre-neuve^ qui eft un pays rempli de
montagnes ôc de bois.
Les brouillards y font fréquens 8t de longue
irée. Le grand froid en hiver eft en partie cauiè
P»'' l" glaces , qui venant à flotter fur les côte» ;
refroidirent Tair fenfibtement. Les fauvages de
Terre-neuve font de petite taille, n'ont que pc«
ou point de barbe , le vifage large & plat , )m
yeux gros » & le nei courL
du
MOSAI<
k^^
mosaïque. (Art de la)
241
I
y emend pr mofaïqut , non-feulement l'art de
Di r\\f quantuè de marbres précieux de
éiji Loulcurs, mais encore celui d*en faire
lin tiiOiX convtriable, de les aflembler par petites
panics, de ditîcrentes formes & grandeurs , fur un
fond de fluc préparé à cet effet » pour en faire
Ae\ tableaux rcpréfentant des portraits, figures ,
animaui , hifloires 6c payfages , des fleurij, des
ihiits, fit touTcs fortes de delTms imitant la peinture»
Ou plutôt la mofaïque efl une imitation de la
peinture, qui, à la vérité, eA au-delToiis d*iin beau
tableau pour la pureté & la hardielTe du defiin,
pour rharmonie des clairs & des ombres, & pour
il tTanchife du colons; mais elle a auffi ra\an*
u%t de rcfifter aux impreifions de iVir & au ra*
rage du termes.
yufage de faire des ouvrages de mofilqui efl ,
felon quelques auteur; , fort ancien. Piufieurs
prèrcndent que fon origine vient des Pcrfcs qui^
fort curieux de ces fortes d*ouvrages , a voie ne
ticité les peuples voifins à en faire d'exadvis re-
cherches. Nous voyons même dans ^écriture
Ctime^ qu^AiTuérus fit conilruire de fon temps
un pavé de marbre fi bien travaillé , qu^il^imitoit
la peinture^
D'auires affureni que cet art prit naiffance à
Conftantinopié , fondés fur ce que cette ville
ècoit , de leur temps , la feule dont prefque toutes
les églifcs & les bàiimens particuliers en fuflfent
décorés, & que de-là il s*eA répandu dans les
autres provinces de l'Europe.
Ea effet , on en tranfporta des confins de ce
rtjyauinc chez les peuples voifins d'Afîyriç, de-
là en Grèce ; enfin, félon Pline, du temps de
Sylla, on en fit venir dans le Latlum pour aug-
raeoter les décorations des plus beaux édifices.
Ce qu*il y a de vrai , c'eil que la mofaïaiu
coaiaença à paroicre vers le temps d^Auc;u{te,
fouf le nom d'une nouvelle invention, (i'étoit
UAe fiçon de peindre des chofes de confcquence
avec des morceaux de verre qui demandoient
une préparation particulière.
A ces morceaux de verre fuccédèrcnt ceux de
marbre , qui exigeoient alors beaucoup moins de
dîfficulcés pour la taille; enfin, cet art, négligé
depuis pluiîeurs fié clés , a ét6 enfultc abandon-
tic , fiir-toui depuis que Ton a trouvé la manière
de peindre fur toutes fortes de mét.iux, qui efl
beaucoup plus durable , n'étant pas fujette , comme
Il première 9 à tomber par écailles après un long
fc»ps.
Ans & Mititri* Tome V, Parue /,
On lui donnoit autrefois le nom de marqueUrU
en pierre , que l'on diftinguoit de marqueterie
en bois , ou ébcnifterie : & fous ce nom Ton
comprenoit non-ft vilement l'art de faire des pein-
tures par pierres de rapport , mais encore celui
de faire des compartimcns de pavé de différens
de/îins , comme l'on en voit dans plufieuis de
nos églifes ou maifons royales , ouvrage des
marbriers. Ce font mnintcnant ces ouvriers qui
font chargés de ceç fortes d'ouvrages , comme
travaillant en marbre de diflférente manière.
La mofnquç fe rcflcntit , comme tous les autres
arts , de la chute de l'empire Romain. Conflantin
rintroduifit en Orient , ou elle fe conferva jufqu'à
ce que la capitale de cet empire fut prîfe par les
Turcs.
Bannie de Conflantinople , elle fe réfugia à
Venîfe ; & fes premiers effals furent employés à
décorer la fameufe églife de Saint- Marc. Se per-
fectionnant dans la mire , elle parut avec éclat
dans Tanclenne capitale du monde , oit il femble
que les papes font î[\k(i ^ puifque Rome eit Ten-
droit où Ton fait les plus beaux morceaux en ce
genre*
Il cft étonnant dit M, Pîngeron^ dans fon ou-
vrage fur ta mofaïque ancienne & nouvelle, que
Louis XIV , amt des arts & jaloux de la gloire de
fa nation, ait laiflTé à fes fucccfTeursle foin d'éta-
blir une m.înufaélare de mofaïque, oij les pein-
tres travailleroient à Tenvl les uns des autres pour
rendre leurs ouvrages en quelque forte éternels.
Quel plaifir pour le peintre oc pour rariiftc, de
voir que la gloire de l'un & les travaux de rautre
pafleroient à leurs derniers neveux , & qu*îlf
iriompheroient l'un & l'autre de la variété du
temps 1
La mofaïque en verres & émaux fe fait au moyen
de diverfes teintes qu'on donne au verre, & de
diverfes couleurs des émaux, fuivant les ouvrages
qu'on a deiTein de faire. Lorfque la couleur eft
mife dans le creufet avec le verre en fufion , on
en retire la matière liquide avec de grandes cuil-
lers âc fer, emmanchées de bois; on la verf^;
fur un marbre bien uni , & on l'apptatit par defîus
avec un morceau de marbre jafqu'à ce que les
pièces ayent feize ou dix- huit lignes d'épai^eur.
Avant que le verre ainfi applati ne refroi-
diflfe , on le coupe en morceaux de diverfes
figures avec un btc-de-chien , qui eft un inflru-
ment de fer tranchant. On met tous ces mor-
ceaux dans des boites, & on les fépare fuivant
leurs couleurs pour t'en Servir au befoin,
H k
343
M O S
Lorfqu*oa vcwt faîr^ entrer ic Vor clans les or-
Démens 8t les draperie» , o» prend des morceaux
de verre de couleur jaun^ qu'on mouille d'un
peu d*eau de gomme, d: Air lefquels oa appU'^ue
une feuille d'or, qu'on met recuire fur une pelle
de fer à Tenirèe du four à verre i lorfque le
▼erre eft dcvcmi rouge , on le retire. Ce pro-
cédé fait il bien tenir Vor, qu'il s'y conferve tou-
jours, en quelque lieu qu'on Tex^iofe. On fait la
même opération pour l'argent.
Les couleurs étant préparées, on travaille à Teu-
duit fur lequel on doit dclTiner l'ouvrage âc pla-
cer la mofûiiifue. Cet enduit eft un mélange de
chaux, de briques bien battues & bien falfées,
de gomme adragant & de blancs d'œu^s*
On le mtt aiTez épais pour qu'il fe tLenne frais
pendant trois ou quatre jours , afin qu*on y ap-
pUque fucceflivement les verres & les émaux
avec de petites pincettes de fer ; on les arrange
fuivant les contours & les couleurs du deflin;
& après les avoir enfoncés avec une règle ou
batte de bois , ou en rend la fuperficie égale
& unie.
Cette forte de mofaïque rend Touvrage très-
brillanc; & fon enduit s endurcit ù fort à Tair par
k longueur du temps , qu'on n'eu voit jamais
la fin*
La mofdique tn marhrt 6* pierres Àt rapport ,
qu'on emploie au pavé des égliïes & des palais ,
ou en incruftation & placage des murailles tnré-
rieures de ces édifices , a {on fond de marbre fur
un matTif de marbre blanc ou noir , ou quelque-
fois d'une autre couleur, Lorfqu'on veut y pro-
céder, on commence par calquer fur le fond le
defiin qu'on veut repréfenter \ on Tentaille en-
fuite aucifcau de la profondeur d'un pouce» quel-
quefois même davantage; on remp4t enfulte l'en-
taille d'un marbre de couleur convenable , après
l'avoir réduit d'épaifTeur & contourné conformé-
ment au-deiTin.
Pour faire tenir ces pièces de rapport dans les
entailles, on fe fcrt de ftuc compofé de chaux fit
de poudre de marbre , ou d'un maflic à la %'o-
lonté de Touvrier ; après quoi on polit L'ouvrage
à demi avec du gifcï.
Quand les ligures ne font pas terminées par le
marbre du fond , le peintre ou le fculptcur fait
des traits ou hachures aux endroits oij doivent
être les ombres » les gratte avec le cifeau , &
les remplit avec un maftic noir, fait avec de
la poix de Bourgogne ; il polit enfuite le mar-
bre » & le rend (\ uni , qu il paroit tout d'une
pièce* Le pavé de l'églîfe des invalides & celui
de la chapelle de Verlailleî font dans ce goûr.
Lorfqu on veut enrichir la mofaïque de pierres
& de cailloux précieux « on les débite en feuillets
d'nnc demi-Ligne d'épaiifcur» avec une fcie fans
cfentSt comme celle des marbriers, mais qui efl
mo tce comme celle des menulficrs. On attache
tortemeat avec des cordes la pièce qu'on veut
M O S
fcîer; on raffctmtt au moyen de deux chevlîles
de itx qui dirigent la fcie : & avec de l'èmcri
détrempé dans de Teau , on ufc la pie;re » oo la
coupe infeiifiblement , & on la partage en autant
de pièces qu'on le veut.
Ce procédé exige beaucoup de paiicnce , maïs
mr>itii (i'adrefie que quand il faut le* conioutner.
On met pour lors ces feuilles dans un étau de
bois qui traverfe l'établi, fous lequel il y a une
cheville en forme de coin pour le fetrer fortement.
\J archet^ ou fcie à contourner dont on fe fei^^
n'eft qu'un fil de laiton très-mince » bandé fur un
morceau de bois plié en arc , qui avec de l*è-
meri détrempé, contourne peu- à-peu la feuille
en Cuivant les traits du deffin qui eft fait fur du
papier, & qui eft collé fur la pièce.
A mefure qu'on a des feuilles préparées , on les
place avec des pincettes fur un mailic , ou une
forte de fluc qu'on met par petites couches fur
des pierres de li^iis qui fouticnnent ordmaiie*
ment cette mofaïque.
Si quelque pièce contournée n'a pas la figure
qu'il faut, ou qu*eîle foit trop grande, on la met
de proponion avec la lime de cuivre ; fi clic eft
tiop petite , on fe fcrt du touret & des petits
outils des lapidaires pour couper ^ polir ce qu'il
faut de plus pour le rempliiTage.
Les gr.beiins ont fourni long-tempis les beaux
cabinets ik les belles tables en ce genre , qui or*
nent les appartemcns de Verfatlles.
M. Pwpron dit que lorfqu'on veut travailler \
en mc/fiique à Rome, on commence par tirer une
très-belle copie du tableau qu'on veut repréfen-
ter ; on difpofe enfuite venicalement de grands
morceaux de pierre dure les uns fur les autres ^
de manière qu*ils falîént la furface d'un grand
tableau.
Dans CCS mQjccnux de pierre on pratique des
rainures transverf^iîcs & inclinées pour retenir
l'enduit dont ils doivent être couverts ; on com-
mence le tableau par le haut , & on remplit
tentes les rainures qui doivent le retenir comme
autant de crochets, avec un pouce de maftic fait
avec de la poudre de pierre de Tivoli , broyée
avec de l'huile de lin.
Ce mafiic étant applani avec une truelle, le
peintre deHî ne {on fujet, le calque ordinairement
pour plus d'exaâUude , & enfonce enfulte daos
ce maftic des pièces de mofaïque dun pouce
& demi de long fur deux lignes d'équarriflage-
Lrrfqu'on elt obligé de donner certaine rorme
à la mofaïque pour remplir quelqu'intervalle , on
fe fert d'un tajjcau reffcmblant à un coin ,
fur lequel on taille la mofaïque avec un mar-»
teau aiTe^ lourd , dont les deux cotés fe terraineitt
en forme de coin.
Le tableau étant fini, on fépare les différentes
pierres qui en forment le fond , pour les tranfpor»
ter dans un atelier voifin où on les polit ; afin
de kur donner un plus beau luftre , on fe £crt <le
M O s
grès mîs Cfl poudre dans de Teau , de potée d*é-
uîù broyée avec de riuiile de lin ; enfin on
fuît le même procédé que pour polir ics glaces.
Pour rendre ces tableaux également poils dans
toute leur étendue , on ûxc à une longue barre
de fer plufuurs tnorceaux circulaires d une pierre
dure Si poreufe en même temps.
Deux homnaçs » ou q^elquetois un plus grand
nombre tiennent les extrémités de cette barre 5c
La font mouvoir.
Les pièces de mof;iïque étant polies , on les
place avec beaucoup de précaution « & le petit
tntervaUe qui refte entre chacune fe remplit avec
dn ma/lie èc fe polit fur la place; de forcer qu'un
tableau de cette efpéce étant vu en face , paroît
d'une feule & mèmQ piéce-
Nous ajouterons ici ce qae Tancienne Encyclo-
pédie dit fur ce travail en pierres de rapport.
• Njs ouvriers modernes exécutent une mo-
fatque avec des pierres naturelles, pour repréfcn-
ter des antmaux, & généralement des fruits, des
fleurs, ôc toutes autres fottes de figures, comme
il elles étoicnt peintes.
Il fe voit de ces fortes d'ouvrages de toutes
les grandeurs : un des pîus confidérabîes & des
plus grands» cfl ce b^au pavé de Tég^if^ cathé-
drale de Sienne , où Ton voit repr: fente le facri-
fice d'Abraham. Il fut commencé par un peintre
nommé Ducdo, de enfuite achevé pM Dominique
Bucafumk II eft compofé de trois fortes de mar-
bres , ruji tr€s*blanc, fautre d'un gris un peu
obfcur, & le troifième noir; ces trois ditférens
marbres font fi bien taillés Sc joints enf'embîe,
qulls repréfcnteni comme un grand tableau peint
de noir & de blanc. Le premier marbre fert
pour les reiTauts & les fones lumières, le fécond
pour \c% demi-teintes , & le troifiéme pour les
ombres*
Il y a des traits en h^ichures remplis de marbre
lïoir ou de maftic qui joignent les ombres avec
ie^ dtmi'tnntes; car, ronr faire ces fortes d'ou-
vrages, ou aflemble les dttïérens marbres les uns
-auprès des autres, fuivant le defTîn que Ton a;
Si quand ils font joints & bi^n cimentés, le
^ïiéme peintre qui a difpofé le fujet , prend du
ïxoir , oc avec le pinceau , marque les contours
^«s Agures, fit obferve par des traits & des ha-
«rliures , les jours & les ombres , de la même
«nanicre que s'il deffinoit fur du papier; enfuite
Vç fculpîcur grave avec un cîfeau tou5 les traits
que le peintre a tracés ; après quoi Ton remplit
tout ce que le cîfeau a gravé d'un autre mar-
\>r€ , ou d^un mafiic compofé de poix noire ou
. d'autre poix qu^on fait bouillir avec du noir de
L ttrre.
H Quand ce mafiic ed refroidi & qu'il a pris
™ corps, on paffe un morceau de giés ou une brique
pV'deflus » ⣠le frottant avec de Teau 0c du
yii ou du ciment pilé , on ôte ce qu il y a de
lupcrila » & on le rend égal & au niveau du
M o S
243
mabre. C'eft de cette manière qu'on pave dans
plufieurs endroits de Tltalie, & qu'avec deux eu
trots fortes .le marbres , on a trouvé Tart d'em-
belîir de différentes figures d^s pavés' des églifes
& des paUis.
Mais les ouvriers dans c^t art ont encore pouflTé
pîus avant; car comme vers Tannée 1563, le
duc Côrae de Medicis eut découvert dans les
montagnes de Pïara fmêla , un endroit dont le
dcflus ètoït de marbre trés-blanc, 6c propre pour
faire des llatues » Ton rencontra deflbus un autre
marbre mêlé de rouge 8c de jaune ; & à raefure
qu'on allolt plus evant, on fouvoit une variété
de marbres de toutes fortes de couleurs , qui
étoient d'autant plus durs & plus beaux , qu Us
ctoier* cachés dans répaiffcur de Ja montagne.
C'eit de ces fortes de marbres que les ducs de
Florence, depuis ce temps U , on fait enrichir
leurs chapelles, & qu'enfuirc on a tait des tsbles
& des c:»binctî> de pièces d^ rapport , oii Ton
voit des tleurs, des fruits, d^s oilcaux, & mille
autres chofcs admirablement repréf^ntées. On a
même fait avec ces mêmes purrej , de tableaux
qui fembîent être de peinture ; & pour en aug-
menter encore la beauté & la richeue, on fe fert
de tapis , d'agate , & de toutes les pierres les plus
précieufes. On peut voir de css fortes d ouvrages
dans les appartem^ns du Roi , où il s'en trouve
des plus beaux.
Les anciens iravailloient auflî de cette manière ,
car il y avoir autrefois à Rome , au portique de
Saint-Pierre, a ce que dit Valfari, une table de
porphyre fort ancienne, oii étoicnt entaillées d'au-
tres pierres fines qui repréf^ntoîent une cage ; &
Pline parle d'tm oifeau fait de dilTérens matbres,
ôi fï bien travaillé dans le pavé du lieu qu'il dé-
crit, quil fembloit que ce fût un véritable oifeau
qui bût dans le vafe qu'on avoit repr^; fente au-
près de lui.
Pour fair<* ces fortes d'ouvrages , on fcie par
feuilîeî le bloc ou le morceau d agate > le lapis,
ou d'autres pierres prccienf s qu'on veut em-
ployer; on ratta:;he fortemctu fur rétabli, puis
avec une fcic de fer fans dents , on coupe la
pierre en verfani deffis dî Témcri miié avec de
l'eau , à mefure quî l'on travaille. Il y a deux
chevilles de fer aux côtés de la pierre , contre
lefquelles on appuie h fcie , & qui. fervent à la
conduire.
Qiand ces fwUlîles font coupées. Ci Ton veut
leur donner quelque figure pour les rapporter
dans un ouvrage , on ics Cttrc dans un é;au de
bois ; 6c avec un archet qui cft une petite fcic
faite feulement de fil de laiton, de Tcau & de
Fémeri qu'on y jette, on la coupe peu-àpeu,
fuivant les con||wrs du dcilin que Ton applique
deffus , comme Ton fait pour le bois de mar-
queterie.
On fe fert dans ce travnil , des mêmes roues»
tourets 5 platines d etain 6t lu res or,îi!s dont il
Hha
244
MO S
cft parlé dans la gravure des pierres prédeufes,
félon Toccafion & le befoin qu^on en a , tant
pour donner quelque figure aux pierres , que pour
les percer & pour les polir : on a des compas
pour prendre les mcfures , des pincettes de fer
pour aégarnir les bords des pierres , des limes de
cuivre à main & (ans dents , & d'autres limes de
toutes fortes.
Le habitans du Nouveau-Monde ont une mo-
Jaiqut qui , pour n*être pas auffi durable , n*eft
pas moins agréable ; je veux parler de plumes
d*oifeau dont ces peuples induilrieux fe fervent
pour imiter la nature , & , au moyen d*une pa-
dence & d^uneadrefle de main inconcevables,
introduire un nouvel art de peindre , arranger &
réduire en forme de figures coloriées tant d!e filets
différens.
Il eft âcheux qu'avec autant de dextérité ils
ne connoifient ni les plus fimples régies du def-
fin, ni les premiers principes de la compofi-
tion, de la perfpefHve & du dair-obfcur.
On voit par^ les différens ouvrages de mo-
fûfue dont nous venons de donner une idée,
que cet art fe divife en différents procédés.
Première partie. Nous nous contenterons ici de
défigner, Amplement par leurs noms » les marbres
employa dans la mofaïque.
Des marbres antiques^
Marbres antiques,
de lapis,
de porphyre,
de lerpentin»
, le blanc.
d'albâtre.
I le varié.
le moutahuto.
le violet,
le roquebrue.
\ dltalie.
de granit. < de Dauphinë«
# vert.
\ violet.
! antique,
floride. ,
rouge & vcrt«^
de Faros.
de vert antique,
blanc & noir,
de petit antique,
de brocatelle.
africain.
noir antique. ^
de cipolin.
( de Sienne^
'oriental.
fleuri.
agatato.
M O s
de blglonero.
de lumachello.
picefnifco.
de brèche antique.
de brèche antique dltalle;
Des marbres modernes»
Marbres blancs.
de Carare.
noir moderne.
de Dinan.
de Namur.
de theu.
blanc veiné.
de margoffe.
noir & blanc.
de Barbançon.
de Givet.
de Pottor.
de Saint- Maximi II.
de ferpentin moderne.
( d'Egypte:^
vert moderne. J
^ de mer.
jafpé.
de lumachello moderne,
de Brenne.
occhio di pavone.
porta fanâa ou ferena.
fior di perfica.
del vefcovo.
de brocatelle.
de Boulogne,
de Champagne,
de Sainte-Baume;
de Tray.
jaune.
doré.
de Languedoc.
de roquebrue.
de Caëa.
de griotte.
de bleu turquîn.
de ferancolin.
de baivacaire.
de Cofne.
de Narbonn
de campan.
de Signan.
de Savoie,
de Gauchenet.
de Ltff.
de Hance.
de ' alzito.
d* uvergne.
de Bourbon,
de Hon.
Slanc.
ouge.
vert,
ii'abdle*
M O s
! ancien,
modefne.
de Sutfle.
d'Andm
de Laval,
de Cerfontaine.
de Berg-op'zoom*
de Montbart.
de Malplaquet.
de Merlemont.
de Saint-Remî.
royal.
Des marbres dits brèches modernes»
Brèche blanche,
noire,
dorée,
coraline.
violette,
ifabelle.
des Pyrénées,
groffe.
de Véronne.*
fauveterre.
faravéche.
faravèche petite,
fettebazi.
de Florence,
des Lolieres.
d'Alet.
Ile. Parité. De la manière de préparer le msflic.
Pour p éparer les murs, pavés, & autres cho-
ses fcrobUblcs , à recevoir la mofaïque, il faut y
appliquer le maftic ; & pour cet effet , on en-
* fonce auparavant dans ces murs de forts clous,
^ tète large, difpofés en échiquier, efpacés les
^ns des autres d'environ deux à deux pouces &
demi ; on les frotte enfuite avec un pinceau trem-
pa dans l'huile de lin.
Au bout de quelques heures ou plus , félon
l^humidité du temps , on garnit de maflic le
pounour de la tète de ces clous par petits mor-
ceaux , appliqués de plus en plus les uns fur les
.^t'trcs, jufqu'à ce qu'étant bien liés fur les murs,
■ï« ne forment plus qu*un tout que Ton dreffe
^lofs à la règle.
On en fait environ 3^4 toifes au plus de
^uîte, pour qu'il ne fe puifle durcir avant que
-^^on ait placé les petits morceaux de marbre, que
^*on joint proprement les u«$ contre les
^^tres en les attachant au maflic; lorfque tout
Ï^Ckuvrage efl bien pris , on le polit à la pierre-
Ponce également par-tout.
Si le mur étoit en pierre dure , & que l'on ne
Put y enfoncer des clous , il faudroit alors y
*^ire des trous à queue d'aronde, c'eft à-dire, plus
*^rgcs au fond que fur les bords, d'environ un
M o s
245
pouce en quarrè fur la même profondeur, efpa-
cés les uns des autres de deux pouces & demi
à trois pouces , difpofés en échiquier, que l'on
empliroit enfuite de maftic , comme auparavant ,
par petits morceaux les uns fur les autres, &
bien liés enfemble. Ces trous afTez prés les uns
des autres , à queue d'aronde & remplis d'un
maftic qui , lor{qu'il eft dur , ne peut plus ref-
fortir, forment une efpèce de chaîne qu irctient
très-folidement la mafle.
On peut encore préparer ces murs d'une autre
manière , en y appliquant des ceintures ou ban-
des de fer entrelacées ; mais ce moyen augmente
alors confidérablement la dépenfe.
S'il arrivoit que Ton voulut faire des portraits ,
payfages , hifloires & autres tableaux portatifs ,
tels que Von en faifoit autrefois , ce qui s'exé-
cute ordinairement fur le bois, il faudroit y en-
foncer des clous à large tète , & y appliquer
enfuite le maftic^ de la manière que nous l'a*
vons vu.
///«. Partie. D:s ouvrages de mofaïque,
La mofaïque étant un compofé de petits mor-
ceaux de marbre de dlverfes iormes joints en-
f^mhle, les habiles ouvriers exigent que chacun
doux foit d'tne feule couleur, de manière qoe
Ls chai g in. ns & d mlpiitiors de couleurs & de
nuances , s'y t^i\Mu par diff;^renr"S pi.rres réu-
nies le^ unes coin c- les autr-s , comme elles fe
font dans la tapi^-'eiic 0 .f r'ittor^r.'» 'j.r>lii.,s J.ùi
chacun n'eft que d'uiiC Ici L cuicu^.
Ai)fli cft-il néccifaire qu'iN Untw: \-^\\\\\' es -Sz
rejoints avec beaucoup dart, & qu* 'j jijmc de
l'ouvrier foit riche, pour prodi ire ;'agrJaDle di-
verfué qui en fait toute la beauté 6l le ch. rme.
On voit encore en Italie , quantité de ces ou-
vrages. Ciampinus a fait graver la plus grande
partie de ceux qui lui ont paru les plus beaux;
on voir aufli dans plufieiu*s de nos mailons royales
3 uelques portraits, payfages , &c. , encore exiilans
e ces fortes d'ouvrages.
On divifoit anciennement les ouvrages de mo-
faïque en trois efpèces.
La première étoit de ceux que Ton nommoîc
grands , qui avoient environ dix pieds en quarré
au- moins; on les employoit à tout ce qu'on pou-
voit appeler pavé , expofé & non expofé aux
injures de Taîr; on n'y repréfentoit aucune figure
d*hommes ni d'anîmanx , mais feulement des
peintures femblabîes à celles que Ton nomme
arabejques ; on peut voir dans l'art de la niarbicrie
quantité do ces fortes de pavcs.
La deuxicin^ efpèce étoit de ceux que l'on
appeloii moyens, qui avoient au moins deux pieds
en quarrc , & éîoient compofcs de pierres moins
grandvis, par conféquent en plus g T.nde qiiantité,.
61 exigcoicnt aiifiî plus de dClicàtolie & de pro-
preté que les antres.
246
M O s
La trolfiâme efpèce étoit de ceux que l'on
nommoit petits; ces derniers ^ qui allolent jufqu^à
un pied en quarré » étoient les plus compliqués
par la pctitene des pierres dont ils étoient corn-
pofés, la difficulté de les aiTembler avec propreté,
& l*ènornie quantité des figures, qui alloit jufqu*à
deux millions.
Defcription des Planches de la Afofarque ^ tome V.
des gravures.
PL /. Le haut de cette planche repréfente un
atelier où font plufieurs ouvriers travaillant à la
mosaïque.
Les uns {fig^a) font occupés à tracer les pe-
tites pièces de marbre félon les endroits où elles
doivent être employées; un autre (^fig-h) les po-
lit; & un autre (/g. c) les affemble pour les
mettre en œuvre.
On voit dans cet atelier différcns ouvrages
de mofaïque. Le bas de cette planche repréfente
(/^* ' ) "^ payfage, que le favant Marie Suarez,
évêque de Vaifon, contemporain de Ciampinus,
a apporté lui-même à Prcnefte fa patrie : on re-
marque fur le devant un pêcheur monté fur fa
barque parcourant les bords du Nil (/^. 2 ) .
PL IL eft un autre payfage , exécuté dans
réglife de S. Alexis à Rome , dont le fond re-
Eréfente le palais d*un prince fouverain fur les
ords du Nil ou de quelque autre grand fleuve,
au-devant duquel font deux barques de pêcheurs,
dont Tune va à la voile.
Lz fig. ^ {même PL) repréfente un affemblage
de quelques animaux de diverfes efpèces, exécu-
tés fur le pilaftre qui foutient Tare de triomphe
en face du fanâuaire , dans Téglife de fainte
Marie, au-delà du Tibre.
La fig, 4 , PL IIL repréfente Europe , fille d*A-
genor , roi de Phénicie , enlevée par Jupiter chan-
gé en taureau , trait affez connu dans Ovide. Ce
tableau, confervé dans le palais du prince Barbe-
rin, porte environ deux pieds & demi en quarré,
& a été trouvé dans un lieu appelé communé-
ment VAréione , proche les murs de la ville de
Prénefle , parmi les débris de marbres de diffé-
rentes façons , qu^on a employés dans la fuite à
décorer des colonnes de différens ordres.
Lîi fig. s 9 P^' ^^y cfl- une ftatue trouvée dans
quelques anciens monumens au-delà de la porte
AJînar'ia , appelée maintenant la rue Latine de
Saint Jean. Cette figure, plongée dans Tobfcuri-
té , femble repréfenter le Sf mmcil tenant en fa
main gauche trois flwurs appelées pavots ^ attri-
buts de cette divinité. A Tcgard de ce qu'elle
ten(.it de la main droite, & que le temps a fait
tcmber, on croie, félon la fiition des poètes, qu'elle
M o s
Cortoit une corne qui contenoit de Teau du fleure
éthé.
La fig. 6 {même PL) eft une féconde repré-
fcntation de Tenlèvement d'Europe par Jupiter,
faite fur le pavé rapporté par le célèbre & lavant
Charles- Antoine * ♦ ♦ ,
La fig. 7 eft un tableau d'environ fept pieds
de hauteur fur dix de largeur , en marbre blanc
& noir, dont nous fommes redevables au célèbre
abbé Ambroife Spezia , repréfentant trois dau*
phins, deux écrevifles de mer, un polype, Nep-
tune avec fon trident, ou quelqu'autre dieu marin.
Vers le bas de cette figure on découvre les
vertiges de trois autres pouTons dont l'un n*dl
pas connu ; un autre femble être un veau marin^
& le dernier un cheval : d'oii Ton pourroit coq-
jeâurer qu'il y avoit là des eaux qui contenoicat
ces fortes de poilTons.
Des outils, PL V. Les outils propres aux ou-
vrages de mofaïque, font prefque les mêines que
ceux qui appartiennent à la marbrerie.
La jigure première eft une table d'aflbrtîment,
compofée d'environ deux cents cafcs particulières
aflemblées les unes contre les autres , contenant
chacune une certaine qtlantité de petites pièces
de marbre d'une même couleur, appuyée fur
une table AA , pofée fur deux traiteaux d'aÎTem-
blage BB.
La fig, 2 eft un établi A A , à pieds d'aflem-
blaee BB , fur lequel eft pofè un étau de bois , com-
pote de jumelles , dormante C, l'une l'autre mou-
vante D, avec une vis à écrou E , dans lequel font
de petits morceaux de marbre f, difpofés pour
être travaillés ; G eft une febille qui contient de
l'émeri qui aide à fcier le marbre.
La fig. j eft une petite fciotte , propre aux
ouvrages délicats , compofée d'un fer ^ & de fa
monture de bois B.
La fig, 4 eft un petit compas à pointes cour-
bes , appelé compas d'èpaijfeur , fait pour lever
des épaiffeurs par fes pointes AA,
La fig. ^ eft un archet , compofé d'une corde
à boyau A , tendue fur un a-^c de baleine B.
La fig. 6 eft un trépan , acéré ea ^ , & à
pointe arrondie en B, ajuflé dans la boîte C,
fervant , avec le fecours de l'archet , fig, y. à per-
cer des trous.
La fig, 7 eft une lime quarrelette-^, emmanchée
en B , faite pour limer & polir le marbre.
Ld^fig, 8 eft une pince faite pour prendre les
petites pièces de marbre, Ik les appliquer plus
facilement fur le maftic ; il en eft de plus pe-
tites ou de plus grandes , félon la grandeur des
ouvrages.
La fig, ç eft une pince faite d'une autre ma-
nière , à charnière.
^h\/^
M O s
M O S
247
VOCABULAIRE.
/\rchet ; corde à boyau tendue fur un af c de
baleine , pour mettre le trépan en mouvement.
AUCHET , ou feu â contourner , eft un fil de
laiton tendu fur un morceau de bois plié en arc.
On s'en fert pour découper le marbre au moyen
de Fémeri.
Bec de chUn^ infiniment de fer tranchant,
|iropre à couper le verre ayant qu'il foit refroidi.
Compas d'épaiffeur ; c'eft un compas dont les
pûmes font courbes & propres à mefurer Té-
pûffeur.
Etabli ; c'efi une forte table fur laquelle eft
poft unétau de bois, compofé de jumelles. Tune
dormante , l'autre mouvante avec un vis à écrou ;
<tt s'en fert pour travailler les petits morceaux
de marbre colorés.
Mauq^cTERIE en pierres ; nom qu'on a donné
à la mofaïqucy pour la diftinguer de ïébénifterie^
(pi eft une marqueterie en bois.
Mosaïque ; c efl Tart de peindre ou de faire
les tableaux fur un fond de ftuc, en réfervant de
petits morceaux de pierres ou de verres colorés ,
qs'on rapporte & qu'on arrange convenablement
diaprés un d^Sin,
Pince; outil à deux branches pour prendre
les petits morceaux de marbre , & les appliquer
fur le maftic.
Scie à contourner; c*eft un fil de laiton trés-
mince , tendu fur un morceau de bois plié en
arc.
Sciote; morceau de feuillet de fcle à fcier
le marbre : fur le dos de cette fcie , eft un mor-
ceau de bois qu*on nomme rainure ^ 8c qui lui
fert de manche : on emploie la fciote pour fcier
de petits traits propres à la mofaïque.
Stuc ; compofition ou efpèce de maftic qui
imite parfaitement le marbre.
Table (Tajfortiment ; c'eft une table avec un
grand nombre de cafés , pour y placer des petites
pièces de marbre de toutes fortes de couleurs.
Tasseau ; efpèce d*enclume reftemblant à un
coin , fur lequel on taille la mofaïque avec un
marteau.
Traits ou hachures ; ce font des entailles
que l'on fait dans certains endroits du ftuc qui
(ert de fond à la mofaïque en marbres & pierres
de rapport.
Trépan , outil acéré & en pointe arrondie ,
ajufté dans une boite, fervant, avec le fecours
d'un archet , à percer des trous.
I
i^
MOULAGE. (Art du)
J-x ANS la réda6lîon de cet article , nous ne pou-
vions choifir un plus fiirgjide que M. Fiquet,qui
a trai:é dans le plus grand détail , diaprés fon ex-
périence & fes connoiffances très-étendues , Vart du
Mouleur en pUtre,
Qu il nous Toit donc permis , ne pouvant mieux
faire , de fuivre fa marche , d'expofer la doôrine
du maître avec fes propres expreffions , & d'in-
t iquer fes procédés , qui font ceux dcl'art & d'une
pratique raifonnée.
Avant d*entrer dans aucun détail , jetons uncoup-
d'œil rapide , dit M. Fiquet , fur Thiftoirc de Tart
du mouleur en plâtre , & tâchons de démêler ce
qu'il a été chez les anciens. Nous fuivrons ses pro-
grès chez les modernes , & nous finirons par exa-
miner quelle eft fon utilité gdnérale , & quels fecours
lc3 artiftes & les amateurs en peuvent tirer.
Te; us les commencemens des arts font obfcurs :
on n^ peut former que des conjeôures fur k ma-
nière d'opérer des anciens. Quelques paffages de
Moyfe , de Pline , de Viiruve , ne nous ont pas
hx'iûc abfoîument fans lumières; mais il eft impof-
fiblc d en former un fyftême d'opérations fuivi ; on
ne inarche qu'à travers des ténèbres.
Tout ce que Ton peut recueillir de quelques
trnits épars dans leurs ouvrages, fe réduit à très-
peu de chofe ; & les monumens de ce genre , de-
venus fi rares , ou prcfqu'abfolument détruits , ne
I cuvent fuppléer au filence des hiftoriens.
Il paroit que la méthode la plus communément
fuivie parmi les anciens, & particulièrement pour
les grands ouvrages , étoit de fondre en lames de
divcrfes épaiffeurs les métaux dont ils vouloient
faire leurs ftatues ; ils raffembloient enfuite ces
platines ou pièces différentes fur une armature de
for , les rapprochoient au marteau & leur don-
noient les formes défirées.
C'cll ainfi que paroiffent avoir été conftruits le
coloffe de Rhodes, la ftatue coloflale de Néron ,
&c. monumens dont la grandeur nous étonne ,
m«is dont le merveilleux difparoit dès qu'on s'eii
formé une i :ée de la mécanique qui les a élevés.
Tantôt ils fs fervoient d'une efpèce de pierre ,
dans laquelle ils avoient reconnu la propriété de
réfifter à la violence du feu ; ils la creufoient &
en faifoient un moule groffier , dans lequel ils
couloient la matière. Ils n'en retiroient, à la vé-
rité , que des figures m^fTives, & qui le plus fou-
vent ne prêfentoient que des formes à peine
él::.'ichc:s ; mais on 11*; pcrfeftionnoit au cifeau.
U'j',1 qui fois même on conçoit des métaux fans
forme > on en falloit un bloc dans lequçl , à force
de travail & de patience , on parvenolt à tiUlcr
une fia tue comme on travaille le marbre.
Lorfque l'art fut perfeâionnc , l'on fc fervît de
modèles , qui n'étoient cependant point deffinès à
Tufage que nous en faifons aujourd'hui.
Ces modèles fe faifoient de terre préparée ; on
en enlevoit par-tout une épaiffeur égale à celle
qu'on vouloit donner à la matière qu'on dévote
couler , de forte que le modèle devenoit propre^
ment ce que nous appelons noyau.
On faifoit recuire ce noyau , on le couvroit de
cire ; Tartifte terminoit ces cires , & c'étoit fur
ces cires terminées que fe faifoit le moule dejpo-
tée ; enfuite l'ouvrage s'achevoit comme chez
les modernes.
Cependant il y a lieu de croire que les anciens
n'ont coulé de cette manière que des morceaux
d'une grandeur médiocre : telles font les oies da
Capitoîe , qui fubfiftent encore.
Ils couloient , fuivant la même méthode > les
différentes parties de la figure par morceaux fépa-
rés qu'ils raffembloient enfuite avec art.
La ftatue de Marc-Aurèle , feul monument de
ce genre un peu confid érable qui nous foie reftê
de la main des anciens , paroit avoir été coulée
en deux parties, la figure oc le cheval féparément.
On ignoroit encore , il y a moins d'un fiècle »
l'art de fondre un grand morceau d'un feul jet«
Il paroit donc conftant que les anciens ont ab-
foîument ignoré l'irfage du plâtre liquide : ils s'en
font fervi comme du marbre & de la pierre pour
travailler au cifeau , ou pour faire des modèles ,
mais jamais pour prendre des empreintes , faire
des creux fur les reliefs & reproduire des origi-
naux.
On s'eft quelquefois fervi de la cire à peu-près
pour le même objet.
Le frère du célèbre Lyfippc fit des figures en
moulant le vifage des perfonnes avec de la cire
qu'il peignoir enfuite : travail peu eftimè fans-
doute ; car il y a une grande différence entre l'ou-
vrage fait avec Tébauchoir & celui qui fe jette
en nioule : l'un eft le fruit du génie , l'autre d'une
manoeuvre purement mécanique.
Le premier artifte eft créateur , & le fécond
copifle fervile ; dans quelques cas cependant on
eft forcé d'employer cette méthode , mais on ne
doit jamais fe la permettre pour fc difpenfer d'é-
tudier la nature.
L'art de mouler en plâtre, qui multiplie les
chef- d œuvres de la fculpture , commença à nai-
trc entre les mains de Vcrrochio , Sculpteur ha-
bile
^
^
I
MOU
bile âistim qne peintre céîébcc » il ne moiiîa Iç
premier avec (du plâtre le vifage de pcrfonnes
mortes ou viv;ïntcs, que pour fixer des traris qui
s'échappent , choifir les formes les plus heureufts ,
embelUr Si copier plus îurcmcni la na^ture.
Cette découverte s'applique bientôt à J'art lui-
mènc; on connoh le prix des chef-irœuvres de
1 antiquité t on déterre les ruines précieufes, on
èmdie ces modèles. Le Ro (To , Je Primatice, pa-
roiircnt ; ils rcffiifcitent, pour ainfi dire, ces mor-
ce«m juiqu'alors cnfeveus ; ils moulent quanricé
de îlatues, de buftes,de ba^-relivfs antiques, ^^c.
Nos riche/Tes fe muUipUcnt , fit chicun jouit de
copies préeteufes St fi Jclks , dont les origi-
naoït ne peuvent Ce déplacer.
Alors François i*' , juftc appréciateur des ta-
Icas ^ atrîrc en France les attiiles célèbres. Il« y
viennent chargés de leurs trcfor<* Fontainebleau l
j'cmbelîit de Tlatucs jetées en bronze. Les Gou-
jcon, ïcs Pilenr étudient l'art devenu pour eux
une féconde nature plus (ùre que la première ; leur
jt^mt fe développe, leur génie s'enflamme, & la ^
France Ce glonne de produire des artiftes.
Telle cA fur les bords de la Seine la marche
ëc cette révoUïtion rapide , psndam qu'on èlcve
t Florence, au père de la patrie & des ans , Cô-
mt de MéJîcts , une ftatue éqneflre dont la figure
& le cheval font coulés féparcnient.
En France , tous les arts fe replongent dans les
t&nébres fous les fucceffeurs de Henri IL Scus
Louis XIII enfin , ou plu^t fous Richelieu , ils
recommencèrent i paroître.
On place fur un pont magnifique la flatuc d»i
pl«s adoré des roi^. Cet ouvrage n'ed pas en en-
na de la main d*un François. Un élève de Mi-
chel-Ange a fondu la figure du cheval à Florence j
6i Oupré a luité avec fucces contre Jean de
Bologne, fon m;Ȕrre , dans celle dti h'^ro*.
La ftatueèqueftre de Louis XÎIÏ s'ex^ccte dans
le même rems On voit encnrc un It^lrcn, Riccîa-
rclli, s'immorta^fer parla fiB;ure du cheval ^ qui tû
un chef-d'oeuvre, tandis que rcle du monarque ,
coulée féparément par un François, fait regretter
qu'elle ne foît pas du même artitie*
Enfin foui le règne de Louî^ XIV , oîi tottt eft
perieâionné, Keller s'aiTocie à la gloire de Girar-
doo ; & de leurs talens réunts naît le plus grand Se
le plus fuperbc ouvrage de ce genre, la ffame de
U place Vendôme fondue d'un Ccu\ jet.
C'oft là le plus haut période de Tart. Il n'y a rien
de mieux à faire en pireilcas, que d'étudier 8i de
répéter les procédés qu'on a fuivis alors. AuiTi n i-
gnore«r-on pas que , cinquante ans -prés, lorfqu'on
a voulu exécuter la ftatiie de Louis XV m Bordeaux ,
la pratique en étoit prefqu'oubliéc , & que fans les
mémoires de BofFrand , l'art de fondre d'un feul jet
une ftatueéqueftre , eut peut-être été trouvé & per-
du dans refpacc de deux fiécles»
Quant aux avantages qu'on retire de la mé-
iliode de mouler^ ils font fcnfible«.On a dêji vu que
Âni & Mùieri, lamw K Pa/tU L
c'eft à cette heureufe découverte qisc nous fomitiei
en partie redevables de hrenaiitance de l'art. Les
anttqucs moulées par le RoffoÔcle Primiticc , ont
jeté parmi nous l<ss femences du bon gotu.
Lcs bons modèles ainfi répandus , Us connoif-
fances mulàpîiées , b nature enfin étudiée , les h-
neiTes de l'art mieux faifies ^ont enfanté des aniltes.
Louis XIV avoit bien fentî Tutitité de cette mé-
thode , quand il fit mouler à grands frais à Rome les
antiques & toute la colonne Trajane , qui fut ap-
portée par pièces au Louvre , où l'on en voir encore
quelques débris dans la fallc d.:s antiques. Ces ob-
jets de curiofité & d'inflru^ion ont été détruits par
le tems , qui réduit le plâtre en falpêtre.
Dans !e même lîeu font les creux des figures an-
tiques , ou du moins ce qui s'en eô confervé^ mal-
gré les ra\'3pes du tems , & peut-être le défaut des
loins néceflaires.
Qu'il nous foii permis de formîf un voett, « ds
fouhaiter qu'il parvienne jufqu'au citoyen înilruit
& connoîfTtfur , qui cher nous préfide aux arts ; c eft
de voir renouveler fur les originaux ces moules fi
utiles au maintien des arts en France, & mainte-
nant détruits ou dépareillés , & d'en multiplier les
plâtres. ^ ^
Sans parler de la colonne Trajane , dont il n ap-
partient qu'à desfouverains d'avoir des copies , &
que l'impératrice de RufTie vient de faire mouler
de nos jours , combien de morceaux précieux , dont
les amateurs ne font redevables quM l'.-irtde mouler!
Si îa France jouit de THercule F.irnèfe , du LaO-
coon . du Gladiateur , de la Vénus de Médicis ; Ci
l'Amour de M Bouchardon , le Mercure de M. Pi-
galle , la Vénu^ de M. Couf^ou , font les délices des
connoiiîeurs : (car pourquoi refuferions-n^us à nos
artiftes célèbres l.'i éloges que leur prodiguera la
poflérit^ reconnoilTante? J enfin , fi nos jardins n*if
veûibules , n®s c^ïbinets font ornés de ces chef-
d'œuvres , nous ne les devons qu'à cette méthode
ingénieufc qui f^it les multiplier. Grâces à fes foins ,
celui qui ac^ère n'eft point le poiTc^lTeur cxclufifd'un
tréfor dont il connoît rarement tout le prix-
Side ces avantages généraux, nous examinons
en détail ceux que les aniiles en nr'nt journellement
pour leurs travaux , nous verrons coThirn cette
mhbode a fervi aux progré; de Tart* Un Homme
utile à la patrse vient d expirer, on veut faîfir & pci»-
pétuer de* tr its chéris que la mort va détruire ; on
fe hâte de le mouler : alors ce mafque donne à l'ar-
tiile le profil & les formas principales qui font la ref-
femblance. Il ne le difpenfe pas de copier la nature *
mais il lut tient lieu de ce modèle qu'il doit avoir
fous les yeux pour la faifir plus fùrement.
D'ailleurs, quand un artift.: a fait ion modèle en
terre molle, qu'il l'a animé du feu de fon génie ;
s'il veut travailler le marbre d'après le modelé , il
faut en fixer les formes , qui devicndroient m3ii;res
& arides en fcchant, & les conferver fans ahirair
tion. L'imitation feroit impoffibk fans le fccoursdu
ftiouleuii
250
MOU
On couk le modèle en plâtre ; c*eft d'après ce
plâtre, devenu levrai modèle , qu'on travaille le
marbre , à moins cependant que le fculpteur nefaf-
fe Ton modèle en {Jâtre à la main , opération qui
refroidit le génie ; & dans ce cas même, il eft fou-
vent obligé d*en faire mouler des parties pour faci-
liter fon exécution.
Quand enfin l'on veut ?voir de bons modè-
les, foit d'après nature, foit d'après les monu-
mens , on fait mouler des parties féparécs, un
bras, une jambe, une ma?n , un bufle, &c. Ce
font des études toujours fùres , qu on multiplie
à fcn gré ; c'cft le moyen de faire un beau
choix.
C'eft ainfi que l'art eft parvenu à réunir tous
les traits , toutes les proportions qui conflituent
eiTentiellement la beauté parfaite , mais que la
nature, plus inégale, n'a peut- être jamais raflem-
blées dans le même individu.
Il eft vrai que Tart de mouler , fur-tout pour
les ouvrages de conféquence , demande une in-
telligence qu*on ne trouve pas toujours dans ceux
Î[ui l'exercent : de-là cette foule de morceaux
aits à la hâte & fans foin , qu'on rencontre par-
tout ; copies infidelles & difformes , où Toeil
même de TaniAe a peine à reconnoitre fon
ouvrage.
Les fculpteurs jaloux de leur réputadon, favent
bien faire un choix ; pour les autres qui ne veu-
lent que multiplier des plâtres bons ou mauvais ,
il importe peu de quelle main ils fe fervent.
Après avoir expofë la naiflance , les progrès & Tu-
tilité d'un travail jufqu'ici peu connu , il ne reAe
plus qu'à dire un mot de Tordre obfervé dans ce
traité. On a commencé par donner une idée des dif
férentes matières relatives au moulage; on a in-
diqué les inftrumens néce/Taîres pour opérer ; on
eft entré dans le détail de Tcxécution , en obfer-
vant de mettre par àégrés fous les yeux du lec-
teur, d'abord les opérations les plus faciles ou
d'un plus commun ufage , enfuite les plus diffi-
ciles.
Des différentes matières relatives au moulage.
Il eft néceflaire que Tartifie fâche choifir & pré-
parer par lui-même ces différentes matières. Leur
bon choix & leur préparation peuvent contribuer
beaucoup à la perfeoion de fon ouvrage.
Du Plâtre.
Le meilleur plâtre eft celui qui devient le plus
dur après qu'il eft détrempé avec de l'eau , ou ,
pour parler plus communément , lorfqu*il eft gâ-
ché.
Celui des carrières de Pantin eft moins fufcepti-
ble d'efforts & de pouflière ; mais il a le défaut
de fe relâcher , étant feuvent trop cuit ou brûlé.
Pour éviter cet inconvénient , il faut choifir les
pierres cuites à propos , ce qu'on connoit en les caf-
fant » lorfqu'il n'y a pas de noyau dedans , &
MOU
même en gâchant le plâtre , s'il eft gras & s^atti*
che aux doigts.
Afin qu'il foit exempt de tous ces défauts* il eft
à propos de le faire cuire foi- même dans un four
de boulanger , après avoir caffé la pierre en mor-
ceaux de la grofleur d'un œuf.
Le choix de la pierre dans la carrière eft auflt
eiTentiel il y a des bancs préférables les uns aux '
autres : les lits tendres font meilleurs que les lits
durs ; cette pierre étant bien cuite ne fc gonfle pas ,
& refle telle qu'elle a été employée.
On ne fauroit trop prendre de foins pour cette
préparation » car c'elt de-là aue dépend la réufllîte
' de l'ouvrage , fur-tout loriqu'on doit mouler fur
des figures de marbre.
Pour bien préparer le plâtre , il faut le battre
dans un mortier , ou le broyer le plus fin qu'il eft
poflible ; cette féconde manière eft la meilleure »
en ce qu'elle rend le plâtre plus gras.
Lorfqu'il efl fiiffifamment broyé , on le t>affe au
tamis de crin & enfuite à celui de foie : ( on dit
fouvent pafTé au pas de crin , ou au pas de foie )
ce qui relie dans ces tamis s'appelle mouchetée.
On le rebat & le conferve ians être paffè , pour
faire des chapes , ou de fortes pièces.
On obfervera en général de conferver le plâ-
tre dans des caifTes ou tonneaux , pour le garan-
tir de l'humidité qui le perd entièrement , en lui
ôtant fa première qualité de devenir dur en fè-
chant.
Si vous défircz qu'il foit bien blanc, vous le
gratterez avant de le broyer dans le mortier , fur- .
tout celui qu'on a.hète aux carrières tout cuit ,
comme le piâtre pour la bâtiffe. On le vend à Pa-
ris environ fix fols lefac ; mais cuit au four du
boulanger , il vaut depuis vingt jufqu'à trente fols.
Du talc ou gypse criftallifé.
On fe fert aufti de talc pour couler de petites
figures , ou autres pièces délicates ; c'eft un gypse
fin & criftallifé qui fe trouve dans les carrières de
plâtre : il eft diaphan^ , d'un blanc verdâtre.
On doit, avant de le faire cuire , le divifer par
feuillets d'une ligne ou deux d'épaiiteur , & le met-
tre au feur comme le plâtre. Il fe prépare de
même ; mais comme il prend plus vite , il fayt le
gâcher fort clair.
On ne fe fert pas ordinairement de cette matière
pour faire des creux , parce qu'elle n'a pas afle»
de confiftance , à moins qu'on n'y mêle pirtie
égale de plâtre commun.
On emploie le talc pour couler des figures de
bas-relief, des médailles ou autres chofes prèûeu*
fcs qui doivent être parfaitement blanches.
De la terre à modeler.
Cette terre fe trouve chez les potiers de ttrrc l
qui la préparent. Elle fe vend communément dix
fols le pain pefant depuis cinquante jufqu'à foixante
livres.
MOU
)n fe fcrt de cette terre pour eftamper 8c pour
faire de$ portées amour des moules, ainfiqucdes
cpij^cufi pour la fonte des plombs ;c'cft avec cette
icrre que le fculpteur fait fon modèle : fouvent
1^ îe hh en plâtre k la main » fur- tout dins les
sds ouvrages.
De la cire,
L*.îfige de la cire efl très-fréquent dans Topè-
nâon dj miulage : tout ce que Von doit fondre
en bronrc cft coulé en cire avant que le fondeur
fifle fon moule de fable ou de potée.
Voici comme elle fe préparer fur une livre de
cire neuve on met un quarteron de fuif $c une de-
ni-îivre de poix de Bourgogne blanche i Ton fait
tondre le tout cnfemble , en obfervant de ne pas la
biiTer bouillir.
Cett^ cire devient liante ; elle fert à faire des
èpttOeurs pour les bronzes , à réparer des pièces
perdues ou cafTées dans les moules, 6i même à
farcir les creux ; mats dans ce dernier cas, il fjut
%ut la cire ne foit altérée par aucun mélange.
La compoitfiondu martic fe fait de pïufietîrs m,v
riiércs : prenez une livr^: de eue , une livre de poix-
rèfine y un quarteron de foufre en poudre, Ai fai-
tes fondre le tout dans un val. Têtu de terre ou de
cairre ùir un feu mé :iocre , en obfervant de ne
pu le laiffer bouillir, Lorfque (out eft fondu , vous
y )dtgnez de b poudre de marbre ou de brique paf-
féeau tajnis de foie , en remuant le tout avecune
fpttttlc de bois. On ne peut déterminer au jiille la
dofc decefte poulfière ; c'eft ordinairement cinq
oalîi poignées pour la quanmc de cire donnée ci*
defftis*
l/nfquele maAic e{l froid, il eft facile de voir
s'il eft trop dur ou trop mol : dans le premier cas ^ on
y dioute un peu de cire ; dans le fécond on y met
no D€u de poudre de marbre.
On peut faire ce mî:m<i maftic en fubâimtnt du
plâtre dn au marbre ou à h brique.
Ce miftic ferc pour mouler fur le i marbres, fur
les terres ciiites , & aufres morceaux de fculpture
dont la matière iA plus caCinte,
Lorfque l'on vtut s*en fer vir , on le fait fondre
au bain-marie , afin qu'il ne brûle pas au fond du
vafe.
On emploie aufli un autre mafttc pour rejoindre
les modèles en terre cuite, qui fe caffent dans le
four par Taâton du feu , ou pour rejoindre les cou-
pes ^ue Ton eft obligé défaire fur cette terre.
Les marbriers appellent cette compofition maf-
m ^rss : il eft compofé de cire & de poix-réfine
en égale quantité ; obfervez de chauffer les deux
pantes que Ton veut rejoindre.
1] y 1 une troiftémeefpèce de maftic , dont on
fe fert plus parti culiè rement pour le marbre ; il eft
pfus long à dut cir , & tient plus fortement que l'au-
tre : U en coinpofé de fromage blanc | nommé vul-
MOU
251
gaîrement à la pk , & d'égale portion de chaux
vive, que Ton mêle cnfemble en les broyint fur
un morceau de marbre ou pierre de liais.
On emploie aufTi au même ufage de Taîun de
Rome, qui punitmoins que toute autre m iri ère;
il faut faire chiuffwr les parties que Ton veut re-
joindre , fins toutefois les brûler ; le marbre alors
change de couleur , & la jonftion paroi t.
Des huiles & de leurs prcpanadons.
On fe fcrt ordinairement d'huile d œillet , pour
enduire l»;s creux dans lefquelson veut couler du
plâtre : fi le creux eft durci , on emploie Thuile telle
qu'elle eft r fi le creux eft tout frais , on fait fon-
dre dans Thuile un peu de fuif ou de fain-doux, ou
bien l'on fait diftbudrc du fa von blanc dans Teau
ch;îude ; & lorfque le favon eft entièrement di^Tous ,
Ton y ajoute de l'huile d'oeillet dans la proportion de
la moitié du favon employé : le tout tait une huile
très-bonne pour les creux , qui font fecs fans être
durcis.
L'huile grafle eft une huile cuite , dont on fe fert
pour durcir les creux & même le» figures de plâtre
que Ton veut mouler, ou qui font expofées à l'air ;
cette huile doit être de lin, parce qu'elle eft plus
deftîcative.
Voici la manière de la faire cuire : mettez une
livre d*htrtle de lin dans un vaiftea» de terre ; joi-
gne^-y un demi-quarteron de cire neuve; puis pre*
nez un quarteron de Utharge , que vous cnvelop-
perei dans un Ungc fît fufpendrez au milieu de vo-
tre huile, enforte que le nouei y trempe entière-
ment ; ùites cuire cette huile à petit feu pendant
cinq ou {tx heures r elle s'emploie chaude.
Huile de Rome,
On appelle huile de Rome, la terre à modeler
que l'on a détrempée avec de Teau en la battant
avec la fpatule. Ce mélange forme une huile qui
n'eft pas bien rare , mais qui a cependant fon uti-
lité ; on s*en ferc pour enduire les groiTes pièces
d'un moule que Ton doit caiïer, & pour les autres
ouvrages de peu d'importance.
Eau de favon.
L'on fe fert auflî d'eau de favon blanc pour mou-
ler furie marbre, & pour enduire des creux que
Ton coule tout frais ; on fait chauffer de Teau de ri-
vière , dans laquelle on jette des morceaux de ti-
son que Ton remue enfuite : on peut faire cette eau
aufll épaiffe que Ton veut , en y mettant plus ou
moins de favon ou d'eau*
Des injîmmcns.
Quand on a les matières toutes prêtes , il faut fe
pourvoir des outils néceffaires.
Ils confiftent en fpatules de différentes grandeurs ,'
de cuivre ou de fer , avec un manche de bois ; ea
jattes de bois ou de faïence ; ces dernières font plus
commodes , le plâtre ne s'y attache pas ; fi Ton fc
2^2
MOU
fert de celles de boîs , il faut , lorfqu' elles font ncu
ves , les imbiber d'huile ou de cire»
On fe procurera cnfuite des couteaux fort aigus ,
fort minces & bien affilés , des pinceaux & desbrof-
fes à longs poils , pour appliquer le plâtre détrempé
clair fur la portion du modèle où vous voulez
faire une pièce, ou pour enduire les crtux avant
que d'y couler le plâtre ; des pinces de fer terminées
en pointes , pour retirer les petites pièces , dans le cas
où elles ne peuvent fe dépouiller , & pour faire les
annelets de fil d'archal ; des ripes de fer à dents pour
gratter ou ruftiquer la cire , afin que les épaid'eurs
de cire puiffer.t s'attacher enfemble ; des ébauche irs
de buis ou de cuivre.
On Ce fert aulfi de petites zgrafFes de fil de fer ,
Bommées annelets ^ & qui fe mertcnt dans les piè-
ces que Ton doit retirer : la forme des annelets efl
à peu-près femblable à ce qu'on appelle la porte
d'une a^ajfe.
Il Faut de plus un fermoir , ou cifeau à manche de
bois , des grartoirs pour unir les pièces de plâtre.
Il y a plufieurs autres outils dont la forme eft ar-
bitraire ; car chaque opération oblige le mouleur à
chercher des moyens & des outils propres à fon
objet particulier,
Manure (Teftamper.
Une des opérations les moins difficiles du mou-
leur , ma'^s qui demande beaucoup de foins , eft la
manière u'cilamptr,
Lorfqueles artifles ont befoin dé différentes par-
ties des figures qui compofent les monumens pu-
blics , comme d'une tête, d^une main , tk qu'ils ne
veulent pas faire la dépenfe d'un bon creux , alors
on eft obligé d'eftamper, c'eftà-dire, de prendre
les formes avec de la terre molle fur toutes fortes
de reliefe , marbre, bronze ou bois , &c. excepté fur
la terre moHe , par la raifon que cette même terre
fert à faire l'opération.
S'il s'agit, par exemple , d'une tête de marbre ,
vous commencerez ainfi: renfermez dans un ligne
un peu de cendre, pour faire uneponce que vous
frapperez contre ladite tête ; il fortira de ce linge une
poudre qui couvrira le marbre & empêchera la terre
de s'y attacher ; prenez enfuite de cette terre , (la
plus ferme eft la meilleure ) & faites-en des pièces
en la pouflant contre l'ouvraee , en commerçant
toujours par les endroits les dIus creux.
Vous obfervcrez foigneulement de ne couvrir
les parties les plus faillantes que les dernières.
Chaque pièce que v^us avez pouffée dans les
fonds doit fe retirer , afin de la pouvoir couper & la
remettre enfuite à fa place; il faut jeter deifus cha-
que pièce un peu de plâtre fin en poudre , ou les
huiler, afin que les autres que vous placerez à côté ,
ne s'y attachent point : tout éunt ainfi couvert,
TOUS faites une chape de plâtre fur toutes vos piè-
ces que vous huilez auparavant , & lorfijue le plâ-
tre eft bien pris , vous les retirez.
S'il rdledes pièces de terre ftctachées à la tëtc «
MOU
vous les retirerez avec foin pour les remettre dam
les creux.
Verfez enfuite du plâtre clair dans le creux;
Lorfqu'ii f l'-a pris, vous dépouillerez cmièremciit
toute la terre , & vous aurez un plâtre qui reffcin-
blera parfaitement au marbre, fi tout a été parfai-
tement bien eftampé.
L'opération étant faite , il faut nettoyer le mar-
bre avec de l'eau & une éponge.
On fc fert quelquefois de maflic &de cire molle
pour eflamper de petits objets , comaie mé-
dailles, &c. ^ . X n-
On peut efl'ayer pour cet ufage une pâte qui reiiuit
a/Tez bien : voici la compofition. Prenez une livre
de cire neuve , une demi-livre dhuile d'olive^ une
livre de poudre à poudrer ou de la belle farine.
Lorfqui la cire efl fondue , vous verfez l'huile ,
que le p
ni trop ferme,
Creux perdu.
On appelle creux perdu, celui duquel on ne peut
retirer qu'un plâtre.
Ilurrive quelquefois que , paur éviter la dépen-
fe, on moule-ce creux perdu : il faut alors plus de.
précautions , attendu que le creux & le modèle font
également perdus , fi celui qui fait cet ouvrage n'ap-
porte pas affez de foin , & le hâte trop en caflant-
le moule fur le plâtre.
Il eft à propos que la terre du modèle foît en-
core fraîche , car autrement l'on auroit beaucoup
de peine à retirer du creux la terre oui, fans cette
précaution , feroit cafler les parties faillantes & ai-
guës , formant les touches du moule.
On fuppofeune figue ou un bufte grand* com-
me nature, qu'on veuille mouler à creux perdu :
voici la méthode la plus fûre. Il faut d'abord faire
de grandes pièces avec du plâtre fin , dans le-
quel on met un peu de rouge ou de noir en pou-
dre , ce qui produit deux effets avantageux ; le
premier , de rendre le plâtre moins dur que celui
qui eft gâché Amplement ; le fécond , d'empêcher,'
au moment oîi Ton caffe ce plâtre fur l'ouvrage ,
qu'il ne fe confonde avec le pl5i-t blanc.
Ces pièces fe font ainfi. Vous ne gâchez d*abord
que la quantité de plâtre que vous jugez nèccflaire
pour couvrir la furface du modèle : vous prenex
enfuite une brofle douce à longs poil* pour appli-
quer le plâtre clair : lorfqu'il commence à pren-
dre, vous donnez avec votre fpatule laformeque
la pièce doit avoir, & Tépaiffeur proportioiuiée au
modèle.
Le plâtre étant un peu pris, vous ttillez avec la
pointe de votre couteau la p'«ècc fur la terre fans
rien gâter. Huilez enfuite ces furfaceique l'on »K)m-
me coupes , afin que les autres pièces ne s'attachent
pas enlemblc.
Continuez de uiême pifqu'à ce que votre modèle
^
^
foh tntjèremcm couvert de grandes pièces; fur
chacune dcrdites pièces vous ferez des repaires avec
le bout de la fpatule » & vous huiler*. z le tout avec
tçUe huile ou grsitTe qu'il vows plaira ; vous ferez
ators votre chape , qui eft une enveloppe générale
des pièces , & vous la compofcrez de gros plâtre ;
TOUS U fouttendrez par unu armature de (<r faite
a%*€C des fantons de fer doux que Ion nomme fer
de Bcrty , pliéi fuivant les contours de Touvrage.
Ccft au mouleur à juger de la quantité nccefiai-
fc pour la foîiditédu creux : il faut que la chape
dti devant foît plus brge que celle du derrière ,
parce qu^etle tmbraiîc les côiés.
Lorlquele plâtre eît pri^; , vous retirezîa chape de
detrtère , &vous arrachez la terre qui fe trouve dans
ks cretix : vous le nettoyez cnfuitc , & le lavez avec
de Teau de favon claire ; après cela > vous don-
ne! une couche d'huile d'olive, dans laquelle vous
aTcz fait fondre du fuif. La juile proportion eft
^'uoe chandelle d*iin fol pour une livre d'huile. Le
trcu* éfaîrt bien huilé fans laiflcr aucune èpaif-
fc«r, coulezy votre pîdtre , 6c faites enforte que
les dcliom foient bien imprimés. Servez- vous pyur
ceiad'nnebrcïïeà longs poils.
Si le creux eft en deuJK coquilles , c*efl-n-djre en
deux parties» vous aurez foin quelles foient bien
riUes de plâtre fin par-tout, fans en mettre fur
I coupes ou joints qui doivent s'appliquer Tune
ir Tautre.
Lorfqucle creux eft bien rejoint, il faut le lier
tféi-foriement, afin que le plâtre, par fon aition, ne
kbCTc point ouvrir : c'eft pourquoi on bouchera
les joints avec de la terre molle , puis on y cou-
Icra du plâtre clair afin de lier tout Touvrage,
Si le creux eft facile k remuer , vous le roulez
poor faire entrer le plâtre partout. Si cela n'eft pas
po£ble, vous vous fervez de la broffe pour go-
beïer Ic^ joints»
On met ordinairement du f,r dans le plâtreque
l'on coule ; il fc pofe fur le plâtre fin , &, Ton re-
COQvre le tout avec du gros plâtre.
Le plâtre étant bien pris, vous cafTez le creux
furrouvrage avec foin â^ patience.
S*U arrive qu'il fe fafle quelques éclats, on les
meta pin pour les recoller enfui te avec du plâtre
fort clair.
Aérant fuivi ce procédé à la lettre, vous aurez
le modèle en plâtre tel qu'il èfoit en terre.
Si on moule de plus petits objets , tels que des
orocmcnSf des fleurs , des bas-reliefs » &:c. à creux
perdu , même des figyres , on emploie une autre
»ari!ére de faire le creux.
Oc pofc le modèle horizontalement fur une ta-
ble » eu fur une phnchc ; on gâche du plâtre fin ,
dans lequel en a mis, comme on Ta dit ci-deJTus ,
du noli ou du brunrouge, & on le vcrfc fjir le
modclc , fiifant enforte que le plâtre foit d'une
égale cp^ntTeur, de deux ou trois lignes plus ou
moins,
Oal<ûil« prendre un peu le plâtre , afin ùc pou-
MOU
voir y paffer une légère couche d*huile ; enfuite
on couvre le tout de gro5 plâtre |,arni de fantons
à proportion de la grandeur du modèle.
Ce moyen eft plus facile, mais il demande beau-
coup plus de foios pour retirer la rerre du creux ,
de crainte que cette petite couche de plâtre fin
ne fe Uve avec la terre , qui doit être dans ce as
fprt molle.
Pour couler le plâtre d^ns le creux , on emploie
le mcm5 procédé expliqué ci-deiTus : c'efi à Vtn-
telligence du mouleur à prévoir les dtiHcultés qui
peuvent fe rencontrer dans cttre opération.
hianïcre dt moidtr fur n antre *
On entend par tnouUt fur nature ^ Temprcinte que
î on fait fur les différentes parties du corps hu-
nia.in vivant , ou mort.
PJuiîeurs perfonnes ic biffent couvrir le vifage
de plâtre , croyant avoir p^r ce moyen \\t\\x por-
trait au naturel, 11 eft boa de les diljbifcr. L'em-
preinte que Ton tait fur la figure eft toujours défa-
gréable , les yeux font fermés , & la bouche eft fou-
vent de travers.
Mais bM s'agiflbit d'un homme à qui on voulut
eUycr un monujneni avec fon porxrait, & qu'il
n'eut point été fait de fon vivant, alors il uy au-
ïoit pas d*autre reft^ource que de lui mouler le vi-
fage. Ces traits, tout altérés qu*iisfont, donnent
toujours une refl'emblancc approchée , & guident
r^rtille d.ifîs fon trav.iiK
Quelques auteurs qui n'étoient point artif-
tcs, ont donne U manière démouler uneper-
fonne vivante en entier. L*on voit le détail de
ccttcopératîontlans quelques ouvrages; mais on ne
conftiille pas d*en fubir l'épreuve. Le plâtre en fe
gonflant pourrait étouffer la perfonne qui aurolt
cette imprudence, à moins que le mouleur ne fût
extrêmement prompt <k intelligent.
Cependant les artiftes , pour avoir fous les yeux
de bons modèles , fe trouvent fouvent obligés de
faire mouler des parties féparées , comme une tèfe ,
des bras, des jambes , &c.
Il faut d'abord remarquer généralement quVn
ne moule fur nature qu*à creux perdu , pi.-.ce qu'il
faut que tout foit couvert d'une feule fois.
Si l'on veut avoir pluficurs épreuves , alors on
moule à bon creux \\\x ce premier plâtre.
Pour mouler le vifage C "*^"5 choifiifons cet
exemple comme le plus difficile ) il faut avoir du
plâtre très- fin & trés-prcmpt : on commence par
graifterl^s fourcils , les cils & la naiffance des che-
veux avec de la pommade ou du beurre frais, le
rcHe du vifage avec de i'huiîe d'olive ; enfuite on
difpûfe une ou deux ferviettes autour du vifage ^
pour empêcher que le plâtre ne coule dans les che-
veux Ô£ dans les oreilles.
Tout étant prêt , Ôc la perfonne étant couchée
horizontaiement , on gâche le plâtre avec de l'eau
qui^ne foit ni trop froide ni trop chaude , âc on le
UifTe un peu prendre : alors on en mtt une ^^k
épatireur fur tout le vifage , en commençant par
las bords, & rcicrvant à couvrir en dernier lieu
la houche & le tiéi.
Pour que U rcfpi ration ne foit point gênée» on
place dans U bouche & dans les narines un petit
tuyau de pïuine» Si Ton ne veut pas ufcr de cette
précaution , il faut au moins faire cnforte que les
narines ne (oient pas bouchées , en pofant le plâtre
tout autour avec dextérité & promptitude,
Lorfqut le plâtre eil bon, c*efl Taffîure d'une
minute au piu>.
On re é»c promptement la perfonne, &lemaf-
que fc détache de lui même»
On lave cnlmtc le nfageavcc de l'eau-de^vie,
afin de prévenir le maiïViis effet de la fraîcheur
ciupiâtre.
Cette opération finie , on fait ftcber te creux »
afin de pouvoir le durcir avec de Thuilc graHe.
It faut que Thud^ fuie bien chaude 6c le crcux
bien iec*
Lorfque le creux eft durci, fi vous voulez y
couler de la cire , ii faut prendre garde qu'elle ne
foit trop chaude , parce qu'elle s'attacherait au
creux & le feroit écailler; on connoit le luflc dé-
gré de chaleur lorfqu'on peut aifémcot y lenir
le doigt.
A regard des autres parties du corps, comme
le brast qui peut fe mouler fans courir le moindre
rifque » on commence par rafer les endroîis oii il y
a du poil , excepté le defTous des aiffelles » que Ton
peut grailler avec de la pommade , & Ton hujie
tout le bras.
La perfonnc doit être placée commode nent près
d*une table foltde, fur laquelle on a bâti une efpè-
ce de caiiïe de planches minces arrêtées avec de la
terre molle.
Cette caifle doit fuivre k une certaine diflance
la forme du bras 6t de la main qu'on veut mou-
ler : alors on détrempe, s'il fe peut, la quantité
de plâtre fuffifante pour couvrir le tout*
Ùcû toujours avec de Teau chaude qu il faut gâ-
cher le plâtre: lorfquil commence à prendre, on
la verfe dan» U caille , obfervant de la verfer cga-
lement.
Quand le plâtre tû pris , on 6te les petites plan-
ches qui cùmpofent la caiffc , & avec un ébauchoir
de buis ou de cuivre bien mince , on fait une cnuiiile
des deux côtés du bras fans toucher â la chair.
Lorfque le plâtre eft bien pr.s » on approche un
fermoir dont on a ôié le taillant fur un grès ; on
fiiit une petite pcfée dans les entailles que Tébiu-
choir a taites ; alors le creux éclate en deux ou plu-
fteurs parties ; on fe fert aulft de petites planches
taillées en forme de coin , que fon place à quel-
que dil^ânce de la chair en fuivant les coupes qu'on
deftre de faire.
Ces planches doivent être bien graiiTécs avec du
fain-doux ou du fuif, afin que dans Tinflant où
le plâtre cfl fuiTifamment pris , on puiifc les retirer*
Le bras étant débarraâe du plâtre > il tautle U-
MOU
ver avec de Tcau-de-vie & faire tremper le ereuE
dans Teau , jufqu'à ce qu'il ne boive plus ; on le
laiflc enfuiteégoutier , 6t on le frotte avec de l'hui'
le d*oUve d^n^ laquelle on a fait fondre du fuîf
Si en ouvrant lce>:reux fur le bras, il fe détache
quelqu'éclat , on le recolle avec un peu de fain-
doux en faifant raiïemblage des morceaux du creux.
Avant de couler dans ce creux , il faut percer
avec une groffe épingle les extrémités des dmm%
pour donner de Tair , afin que le plâtre ne fâc
point de foufflure.
Tout étiat ainfi difpofé , Ton coule le plâtre , 8c
on le lailTe bien prendre avant que de caffer le
moule.
Cet ouvrage doit être fait avec précaution: on
courroie , fans cela , le rifque de perdre le creux
& le plâtre.
On emploie quelquefois du fil ciré pour faire les
coupes du creux :on applique pour cet cTct les fils
fur la chair avec de la gomme , ou de la cire ^
dans l'endroit où Ion juge que le creux doit s ou-
vrir i mais cette manière ne vaut pas la première ,
parce qu*il arrive que Jcs fils fe dérangent 5c fe caf
fent toujours , ce qui fait que les |oint$ âc fonc
pjs nets.
Pour mouler les autres parties du corps, il faut
faire une fcmhiable opération relativement à l'ob-
jet ou à la pofc que Ton donne an modèle.
J'ai fait, ajoute M, Fiquct , plufieurs épreuves
f>our mouler fur nature : voici celle qui m'a réulR
e plus orJinaircmenî. Il efl rrés*rare de trouver
des gorges bien formées dans les modèles de fem-
mes qui fervent aux artiftes : c'eft pourquoi , lorf-
qu'il ^*cn trouve de bien proportionnées^ on fc
hâte de les mouler ( On ignoe aff.z gcnéralemein
que la fraîcheur itu plâtre aAT^tiiic la chair 6c g«re
la f^orge. )
Je place le modèle afïls fur une chasfe,Ic dos
appuyé contre le doifier du fiégc & les bras crw*
fés fous la gorge. Après avoir huilé la peau , yç
détrempe le plâtre avec de Tcau chaude i Af lort
qu'il commence à prendre , j'en favs un enduit fur
la gorge avec un pirccau à longs poiU fans pcr*
dre de tems. J'ap;:l que fur Tenduit plufn-iTs bnns
de filafi'e de chanvre qui fe lie avec le plâtre &
empêche la refpiiàtton de fa^re gercer le moole.
On donne à ce moule le moins d'épai^feur, de
Î>eur de caufer trop de preflîon fur l'eflomac. Si
e plâtre eft prompt , c*eft l'affaire d'un infUnr.
Lorfqu'on moule fur un cadavre, on fuulemft»
me procédé ; mais on ne prend pas les mêmes foin»
pour la confcrvation du fupt ; cependant t fî c*eft
le vifagc que vous voulez mouler, faites enforte
qu'il foit encore chaud , pour que les chairs ne
ioïcnt pas retirées.
Si Ton veut en retirer une cire colorée » Il faut
prendre delà cire blanche , dans laquelle ao atxrs
mis un pied de vermillon.
La cire étant fondue Ôt le creux étant durci, on
coule cette cire à la volée, c'eft à-dire en la ver-
I
I
I
^
t
MOU
k plufieun reptifcs dans le creux , afin de lui
donner une épai^eur égale par-tout.
Pour que la cire ne te dèjettc pr.s , on coule or-
dinal remem un noyau de plâtre par-dernère.
Ces figures de cire que Ton voit par-tout, & qui
Refont , pour rordiïTalre » qu'cbiiuthées d*un affez
mauvais |;oui , fe font i ptu-prè-» de cette manière ,
à rcxceptîon du noyau dont elles manquent tou-
jours,
^opération finît par la pofe des yeux d'émail.
On peut aulli mouler fur nature , des animaux ,
des fleurs , 6ic,
Voici uDc méthode ai fée pour mouler les chofes
Ici plus délicates , telles, par exemple., qu'une tlcur.
On prend un vafc un peu plus haut que la fleur ,
on rattache Amplement au fond avec un morceau
de cire à modeler , on remplit le vafe d'eau
jvfqu'â une certaine hauteur» Èk \*on coule dans
et liquide du plâtre 6n fans Tagiter ; il faut que le
plâtre furmonte la fleur & la couvre eniiérentent.
Lorfqu'il cft bien dur , on caiTe le vafe pour en
retirer le moule d*un feul morceau , on le partage
cnfuite en deux ou quatre pièces , afin d;: pouvoir
rerircr la fleur par morceaux en faifant recuire le
creux.
Les feuilles qui reHent dedans fe sèchent & font
iacàlcs à détacher*
On coule après cela de Tétain rouge ^ c'efl à*
<iire très-chaud , dans le moule , ayant loin d'y pra-
"liauer des ouvertures pour donner une ifiue à Tair,
afin que tout fe rempliffe : (i le moule eA bien net ,
la fleur fe trouve rendue au naturel
On fe fervoit autrefois, pour les orncmens des
fables , de fruits & de fleurs couîés en cire ; mais
la mode en ert palTée en France , & ne s cft con-
rervéc qu*en Italie , où Ton voit des tables fer vies
en fruits de différentes efpèces , tous en cires co-
lorées.
Ces moules fe font ordinairement en deux co-
quilles, & Ton ne coule pas la cire dedans qu'ils
oe foiem bien durcis.
Lorfaite les artifles veulent confcrver la forme
fuoe fleur , ils la plongent dàm de la cire tiède à y
pouvoir tenir le deigt : il fe forme alors une peti-
tr couche dcfTus la fleur , qui ta confcrvc , Ô£ n'em-
pêche pas d*cn apercevoir à peu-près toutes les
tormcs.
On peut auflî mouler fur nature avec de la cire.
Si c'cft, par exemple, fur ime main , on la pion*
Eà ptofieurs reprifes dans la cire chaude^ éc on
\ donne par ce moyen teïle éptiifTeur que Ton
tcut : on recouvre le touL «^nfui.e avec du plâtre
pour maintenir la ciie, & o^ ouvre le creux com-
i»e celui qui u cH f*.ît qu'en plâtr,.
Apres avoir coulé dans ce creux , on ôie la
Cire qui peut fervir à d'auaes uf^^gcs.
kUmurg dt v.ûtthr i tan creux fur ta terre molle*
Quand te fcti'j>iair ^ fini fon modèle en rtrre
«olle 5 il k coniie au mouleur , dont le travail in-
MOU
-55
fine bc&ucoùp fur le mérite du fien^ car le moin-
dre défaut d'attention ou d'intelligence de la part
dn fécond , peut ôter tout le prix de Touvrage du
premier.
Il s'agit de mouler ce modèle à bon creux tan-
dis qu'il èAfraiss parce quen féchanr, les parties
fc retiren: & s'amalgriiTcnt.
On appJle^tï/i creux celui duquel on peut reti-
rer pluiuurs p'âtres , comme celui du petit mo-
dèle de la ftatue équeftie de Louiîi XV , par M. Pi-
galle. Ce creux a été fait par le fieur Pomel \ on
peut le regarder comme un des bons dans ce
g^nre : il en eft forti plus de cent plâtres tous
également bien faits.
Suppofè qu'on veudie mouler la Vénus de Mé*
dicis, doiîi le modèle foit en terre nwlle ;onchoi-
fit cette iiguie en parriculier , psrce qu*elîe eft con-
nue, foit en grand, foit en petit: on commeno*
d'abord par 4;4ire les coupes des bras avec un fil
de fer ou de hiton fort mince, ^ avec un ébau-
chcir on trace deux lignes appelées repaires fur U
coupe, afin de pouvcir rapporter les parties avec
précifion Ic.rfqu'ellLS feront moulées*
Le bras féparc du corps , on le pofe fur une plan-
che oii ïon met en plufjeurs endroits des morceaux
de terre molle huilée, afin que la terre du bras qui
e/l molle ne s'attache pas à la planche , ni à la terre
fiîr laquelle il doit être placé: on fait enfuite des
portées de terre aux endroits oii fe trouvent ter-
minées les pièces. Elles fe font ordinairement en
quatres parties , d*une extrémité à l'autre du bras:
les petites pièces pour les doigts doivent fe renfer-
mer dans les grandes.
Lorfque les creux font faits, on retire les pièces
de: desTus la terre , & on 'es ralîembleafin de les lier ,
pour que le creux ne fe tourmente pas.
LefêCo:id travail a pour objet le grand creuxde
la figure j qui doit être en deux affifvs de niveau.
La première fe fait depuis la plinthe jufqu^à la
moitié des cuiiTes ; de là, la féconde s'ciend juf-
ou*3ux ép?.ules : on moule , fi Ton vQVit^ la tête
dlparément pour pouvoir remutr le creux avec
plus de facilité.
Comme cette fieure eil nue, les pièces doi-
vent être plus grandes que pour une figure ornée
de draperiçs.
On commence donc les pièces par les fonds »
& toujours par le bas de la ligure. Il faut marquer
avt'c un petit morceau de terre Tendroit oii Ton doit
mettre la pointe du coureau ou d*un outil ^ pour
faire quitter la pièce lorfque le plâtre eft coulé ,
évitani| autant que cela eft pofiTible , de tailleries
pièces à angles trop aigus : la poufflée du plicreîes
ferait ca(7er, &. Ton ne pourroitpas en retirer beau-
coup de copies.
La faço/i de tailler ces pièces eft à angles droits ,
autant qiie la forme du creux îe permet.
On peut retirer la pièce pour la taillera la maîn^
& c'ert la meilleure manière, fur tout pour les peti-
tes pièces.
Éi^
2<6
MOU
U faut zvl&i mettre des annelets dans les pièces
des fonds , afin de pouvoir les retirer avec les pin*
CCS ; on les attache aux chapes dans certains cas.
. U y a même des creux dms lefquels toutes les
pièces font attachées : on peut alors tourner les
creux lorfque le plâtre cft coulé.
Cefl la façon ordinaire des mouleurs Italiens ,
& de là vient qu'ils font des figures fi minces. •
Pour bien raifonncr les pièces d un moule , il
faut fe les figurer déjà faites fur le modèle à la
place nu'cres occuperont dans le moule ; fans cette
étude préparatoire , une pièce entraîne Tautrc.
Si au contraire les pièces ont été bien jugées ,
elles fe tiennent d'elles-mêmes , de façon que lors-
que Ton coule le plâtre , rien ne fe dérange.
Quand on aura fait plufieurs pièces dans un
fond de draperie , on en formera une feule pour
recouvrir toutes les autres ; ce qui donnera une
trés-grandc facilité por.r imprimer le plâtre dans
le creux.
Certains mouleurs n'ayant pas affez d'intelligen-
ce pour prévoir les difficultés qui doivent fuivre
leur opération , croient leur objet rempli lorfque
k modèle eft couvert entièrement de pièces mifes
au hafard « & s'embarraffent très-peu de Ten Jroit
où fe trouvent les jointes défaites pièces.
Il faut y pour règle générale , que toutes les cou-
tures fe trouvent fur la même ligne , & fur les en-
droits les plus faciles à réparer.
Ce feroit en effet une grande mal-adrefTe de faire
pafler la couture dans le milieu d'un œil.
On obfervera , en faifant les pièces fur le vifa-
f^e d*une figure, de placer la couture précifément
ur le milieu du nez , & les autres en uiivant.
La couture de la mâchoire inférieure fur les en-
droits les plus faillans de l'os.
Pour un bras, une jambe, &c. l'on doit fuivre
de même les endroits les plus élevés.
Rien ne peut difpenfer de cette attention dans
les figures de ronde-bofTe.
Lorfque toute la figure eft coitverte de pièces
jufqu'à la hauteur de la première aflRfe , on fait des
hoches ou marques arbitraires pour reconnoître
leurs places, en les montant dans la chape ^ enfuite
OTi huile tout , & on fût les chapes avec du gros
plâtre gâché bien également.
Quand il eft en état d'être employé , l'on com-
mence à bâtir la chape parles bras, comme ft Ton
élevoit un mur, en obfervant que TépaifTeur foit
égale par-tout : autrement elle voileroir.
On met pour plus grande folidité une armature
de fer formée par des tringles de fantons doux ,
pUées & contournée', fuivantla forme du moule.
Lorfque les chapes font faites , il faut les lier
fortement avec de bons cordages , & conftruiic
l'autre affife avec les mêmes fr:ns.
On peut cependant , dans les figures nues, faire
ce qu'on appelle pièces & chapes' aux endroits du
corps dont la dépouille eft aifée ; c'oft- à-dire que
la pièce doit avoir autant de force & d*épaiffeur
MOU
que fi elle étoit recouverte d'une chape dont eOe
t;ent-Ueu.
Lorfqu'on doit conferver le modèle en terre ,
cefl-àdire, lorfqu'on veut la &irc cuire, il 6nt
défaire les chapes & les pièces avec foin , & pen-
dre garde de ne rien arracher.
Ne veut-on pas attendre que le creux foit durd?
on peut couler un plâtre tout de fuite ; mais alort
on monte le moule en arrangeant les pièces daos
les chapes.
Pour celle de derrière , qui doit recouvrir rantrc ,
on attache les pièces , de crainte qu*elles ne s'échap-
pent, avec des ficelles paffées dans les annelets i
travers la chape.
On fe fert ordinairement de petits morceaux fc
bois pour arrêter les ficelles.
Quant aux pièces de la chape du devant, on fe
contente de les arrêter avec du fain-doux , afin
qu'elles ne quittent pas leurs places.
En appliquant le plâtre , chaque pièce doit être
jugée de dépouille avant que d*ètre placée ; maitfi
l'on aperçoit quelque chofe qui y mette obftadc ,
il faut la couper fans endommager les formes.
II faut même , pour que le creux foit bien fait t , ^
que Ton ne foit point obligé de recourir i cette iné- i
thode , qui fouvent rend Te plâtre trés-différem de j
l'original fur lequel on a fait lé moule.
Tout étant ainfi difpofé, l'on paffe de l'ean de
favon claire dans le creux pour en imbiber les po-
res du plâtre.
On met enfuite une couche d'huile Jœîllet.dai» i
laquelle on aura fait fondre un peu de fuif , ayant
foin de n'y point laiffer d'épaifleur, parce qu'elle
rendroit le pVdtreflou & ahéreroit le modèle.
On détrempe du plâtre fort clair pourcniinp
mer le creux avec une brcffe douce à longs poiHi
afin d'en remplir eiaftement toutes les concavit^i
& d empêcher la formation des vents, dèfsfuitrtf
difficile à éviter lorfque l'on coule dans un crcw
tout frais.
La pi emière couche de plâtre fin mife *gile«ei«
par-tout, on la renforce avec une autre de gros
plâtre.
On raflemblc les deux chapes Tune fur Faunt,
en obfervant de bien nettoyer les coupes , & *
remplir les vides des joints au-dedans dn aetB i
afin que le tout ne fafle qu'un feul corps
Lorfque le plâtre eft bien pris, on détache »
cordages qui retiennent les chapes & les ficelto
qui font atuchées aux pièces ; vous retirex aler**?
chapes, qu'on pofedansun endroit fec : ellesne**"
vent pas porter à faux, car elles fevoileroicnt;^
ôte enfuite les pièces de deflusle plâtre, en co**
mençant par celles qui ont été faites les dernià*^
A mefure qu'on les retire , on !es met fur des pla'J'
chés ou fur des claies pour les faire ficher, tfinde
pouvoir les durcir, & en retirer dans lafniteaat»"* '
de plâtres qu'on jugera à propos.
Voici la manière de durcir les crevx.
On fait fécher toutes les pièces, grandes (mpen*
tes I
MOU
au folcîl fi c'cft co été . 3c en hiver fur vm fou
bouUngcr ^ ou en quclqu'aurre endroit de me-
me tcnipéraiure , parce qu'autrement on counoit
rtfaue de brûler le plâtre.
On fait chauler de l'huile grafle fans toutefois la
tlâtiTcr bouillir ; & torfqu'eUe cû bien cliatide « on
met les plus pentes pièces fur une grille de 6i d'ar-
chal fafpendue avec d'autres fits de fer, comme le
hafïin d*unc balance > pour les faire tremper dans
rhuilc : ^ mefure que les pièces en font imbibées ^
ou les olace fur des planches pour leslai^er fécher
naturelletnent.
A^ regard des grofles pièces , on tes imbibe d'hui-
le avec une brolle fur les faces où fc trouve l*em-
preinie du modèle ; on paH^e auifi de cette même
nulle fur les coupes , a&i que le pUtre ne s*y atta-
che pas.
Toutes les pièces du creux étant ainfi durcies» on
le remonte avec les mêmes foins détaillé* ci-deflus y
eo obfervant feulement que dans la couche d^huile
qui s*applique ordinairement avant de couler les
plâtres , il o'eft pas néceffaire d'y mettre du fuif.
On durcit auifi les creux avec de la cire chaude r
il ^ut pour cela que les pièces foient bien féches »
6t d'un degré de chaleur qui cependant ne les
brûle pas.
On fe fert de cire neuve , à laquelle on mêle les
kdeux tiers de rèfine » & même fans aucun mélange
filon veut ; lorfque toutes Us pièces font imbues
de cire , on les met de nouveau fécher au feu , à
une telle diilance que le plâtre ne recuifc pas.
Ces creux deviennent trèi-durs ; mais on obfer-
vera que la cire laiffc plus d'épaideur que Thuile.
^JtJfqu^ici nous n'avons parlé que d'une figure nue ^
loclqu*elleeil drapée » elle eft plus diiRcile à mouler.
Si elle eft chargée de âeurs & d'ornemens ^ on
multiplie les coupes pour faciliter Topé rat ion , mais
avec foin & intelligence » afin que ki parties cou-
pées puident fe rejoindre avec facilité.
Les artiiles voient avec peine tailler en morceaux
l^ar* modèles ; ils citent au contraire avec com-
plai^ce les creux qui font faits fans aucune coupe*
Awec du tems Se de la patience, on peut mouler
des Agures entières ; mais il en rèfulte de grandes
diliEciiltés pour les pièces qui font multipliées à Tin-
Efli & de^Hennent très-petites « ce qui empêche
qu'elles ne réfiilent long-tems dans le creux.
I On ne retire alors qu un plâtre , tandis que l'on
en retireroit deux & même trois dans un autre creux
dont les coupes àc les pièces feroient bien jugées.
On doit encore avoir foin que toutes les petites
pièces des fonds foient renfermées dans les gran-
des : comme il fc trouve fouvent des noirs qui ne
fedf pas de dépouille, dans ce cas on eft obligé de
ttre des pièces en cire*
P;ir exemple , dans un fond de draperie ou il fau*
dreic mettre une douzaine de petites pièces , on
ptllf en faire une de plâtre : on la moule enfuite
mr en avoir le creux , dans lequel on coule de
Il cire qui prend la forme de la pièce de plâcrc ;
AfU & Mttïirs. 7]^m€ l\ Partie, L
MOU
257
mais à chaque figure que Ton conle > on e 4 obligé
de faire une nouvelle pièce en cire.
La figure étant coulée, ainfi que les parties qui
en dépendent, pendant que le plâtre cft frais on ruf-
lique les coupes , & avec du plâtre gâd.é très- clair
on les attache au corps avec foin ix propreté , à
l'aide des repaires pratiquées avant U caupe des
parties ; c'eft ce qu on appelle remonter une figu/e.
^ Pour les grandes figures, on efl obligé de mettre
du fer dans les bras tk les jambes; on met même
dans les doigts qui font ifolés , du fil d'archal que
Von entoure d'un autre fil plus fin , pour que le
plâtre s'y attache.
Il faut enduire le fer que Ton emploie dans les
figures, de cire chaude ou de poix-réifine, cela em-
pêche la rouille de pénétrer le plâtre & de le fai-
re caffer.
L'on peut auffî, pour empêcher la rouille, en*
duire le fer de cl imux détrempée : dans les figures
où Ton n^a pas pris cette précaution , on voit que
le plâtre fc lève en éclats,
Lorfque les figures que l'on coule font petites ,
on empleie du laiton au heu de fer.
Si l'on craint qu'une figure foit furmoulée > voici
comme il faut s'y prendre pour empêcher cette
fuperchenc , û cependant il zû poiTiblc.
Comme les ouvriers qui en font Us frais font
obligés de couper les parties pour faciliter leur opé-
ration en les montant « on creufe alTex avant les
coupes pour y inférer un paquet de fil d'archal très-
fin » dont on fait un rouleau ; après quoi on (ou-
de les deux parties avec du plâtre clair ; j'ai même
imaginé de placer un goulot de bouteille entouré "
de ftl d'archal.
Il n'efï pas poOible alors de féparer les panies de
la figure fans endommager les coupes : on eft forcé
de la mouler d'une feule pièce , ce qui prend
trop de tems a ceux qui veulent en faire un grand
débit.
Lorfqtie les creux font aflez légers & qu^tls peu-
vent fe remuer facilement , on les coule à la volée ;
il faut que ces creux foient durcis , & que toutes les
pièces fuient attachées : alors on verfe une quantité
de plâtre clair, qu'on fait pénétrer {)ar- tout en
roulant le creux.
Quand il commence à prendre , on le verfe dans
la jatte ou il avoit été gâché, & on le reverfe en-
fuite dans le moule , puis dans la sébile ou jatte :
on donne ainfi à la figure telle épaiiTeur qu on veut ;
c'eft ce qu'on appelle couier à la voUe. Les figures
que les ualiens vendent à fi bon marché font cou-
lées de cette manière : fouvent tout leur mérite eft
dans leur légèreté.
Si Ton veut avoir des plâtres colorés, il fa«t
mettre du rouge en poudre dans l'eau qui efl dei-
tinéeà gâclierle plâtre , obfervant d'avoir la quan-
tité d'eau fuffifante pour couler le corps adhérent a
la figure , afin que la teinte du plâtre ne change pas#
L^s figures étant forties du creux , on les laiflc
fécher afin de les pouvoir réparer, ce qui fe faken
K k
25* MOU
enlevant légèremenr les coutures fans endomma-
ger les formes; on fe fcrt pour cela d'une ripe douce
fie de h peau de chien de mer*
S*il fc trouve des vent ou foufflurestiansles plâ-
tres, on les bouche avec du plâtre noyé qui fe f*iit
en le gàch^ïnt extrêmement clair ; lorfquM com-
mence à prendre , il fautlc battre pJufieurs fois de
fuite, îl perd alors fa force , ik devient parfiiicmcnt
fiemblable à celui qui a été coulé*
CffuUur de terre cuite, & vernis blanc.
Une figure de plâtre étant ainfi réparée, veut-on
fa mettre en couleur de terre cujte ? on prendra du
blanc de plomb broyé à Tcau , du J.iune broyé
cg^lcitienc, du vermllon tn poudre. L'on fait dif-
foudre ces couleurs féparéir.cut dans des vaiffcaux
propres ; on prend enfuiic de la ï»omme arabique ,
fendue dans de leau liéde , on fait un mélange de
cescouletTV avec Trau de cette gomme. La quan-
tité nVd pas âbrc!ums:nt déterminée , elle cft plus
ou moins confidérablc à proportion du volume de
U figure.
Avant d'employer la couleur, il faut bien la re-
muer avec le pinceau , & en faire Teflai fur un mor-
ceau de plâtre ou bLinc d'Efpagne : fi elle efl trop
rouge , on y ajoute du blanc ; Il elle eft trop blan-
che ^ ony .-i/oute du jaune : on obferve foigneisfc-
meiît de ne pas faire d'épaiflcurs , 6i de ne pas paf-
fer plufieurs fois fur le mtm^ endroit.
On vernit aufîi les plâtres en leur donnant plu-
û-urs Côuclîtrs de fa von blanc , détrempé dans de
Teau claire. Le plâtre doit être bien fec ; & lorfquc
Je favon eft bien imbu dans le plaire» on frotte lé-
gèrement la figure avec un linge fin : cVft ce qui
donne !e poli au plâtre. Cette manière eft ft/cep-
fjble de jaunir.
Manière Je mettre les figures de plâtre tn bronze*
Il fcut que le plâtre foit entièrement dépouillé
d'humidité , afin que le bronze ne pouffe pas de vcrd-
de-gris j on palTe cnfuite fur la figure une couche
d'huile gratfc fahc fuîvant la méthode indiquée.
Lorfqiîc cette première couche eft féche , on en
met urefjcondet dans laquelle on ajoute du noir
de funisle broyé à TKuile , ou de la terre d'ombre,
ou du r» iigw d Angleterre.
Cette féconde couche étant sèche, il fautappîi-
querle mordant ; & lorfqu'il eil à fon point, qu*il
happe le doigt en le pofant deiïus fans fe détaciicr ,
on prend un blaireau , avec lequel on couche le
bronze en poudre pour faire plus d'ilbifion : il faut
mettre fur les parties fallîantcs de la figure k bron-
îcd*unctcinrc plus claire; Ton peut nufTi mêler le
bronze dat s le vernis qui (en alors de mordant.
On brorzc de même les figures au vernis , en y
mettant trois couches : la première imbibe la figure
& bouche les pores du plâtre ; on met dans la
féconde un peu de noir de fumée , & ta troifiéme
doit être uniquement de vernis gras à Thuile j lot f
qu'il commence à fédier, o« pofe le brome avec
«ne broHe douce j cocmiie on Ta dit plus haut.
MOU
Une figure ainfi bronzée & faite avec goût ,
trompe Tœil & imite la nature.
Pour conferver une figure en b!a ne, on Tcnfcr*
me dans une cai/fe de verre, ou on h recouvre
d*unc gaze blanche. Ces précautions empêchent
les taches que les mouches font ordtnaireracm fur
les figures de plâtre.
On a trouvé depuis quelque tems une autre mi-
nière de bronzer dans le genre antique ; il faut en-
coller le plâtre avec une eau de colle de Flandre,
enfuite on ùït la teinte verte au point deftré , &
Ton détrempe le bronze avec cette eau ainft que
la couleur.
Après en avoir mis partout également , on prend
un peu de bronze que Ton met fur les parties fail-
lantes.
Lorfqne la couleur eft fèche, on paflTe une dent
de loup fur les faillies , & un motceau de buffle
fur toute la figure.
Manicre d^ejlamper dans Us creux.
Lorfqu on eft obligé d^eftampcr dans les creux
( on dit communémeat poitiTer la terre dans le
creux ) avec de la terre molle, on commence par
attacher folidemeni toutes les pièces aux chapes,
6t après avoir huilé le creux , on prend de la terre
un peu ferme , qu'on pouiTe dans le moule en com-
mençant par It^s fonds , ayant foin que le» pièces
ne fe dérangent pas.
Si on ne remplit pas entièrement le creux dctcr*
re , îl faut couler dedans im noyau de plâtre , afin
que la terre ne 1^ déjette pas, & que le modèle
prenne de la confiftance,
La terre étant bien imprimée , on retire les piè-
ces avec toute rattention poflible , afin de ne pas
arracher ta terre avec les pièces.
L*huile laiiTe ordinairement fur la terre un oeil
gras,qu*on peut faire pafTcr en foufliant du vinai-
gre deifus.
Les fculpteurs , dont le commerce confifte en
figures de terre cuite, eftampent ainfi les vafes
de jardins & autres figures 8t orncm^ns, danj
des mou!es faits pour cet wùgt , ainfi que ceux
qui font des poèîes de faïence ; ce ion^ .les creiut
plais fians pièces, dans Icf^uels ilspouiTent la terre
en frappant t ils la lailTenr enfuite bien fécher
avant de la mettre au four.
Aîanière de monter f 14 r la terre cuhe , fur ta terre
fe.he fins être culte ^ fur le f Litre é^ fur U
marbre,
La terre cuite fe moule de même que la terre
molle ; on remarquera feukment que la terre cuite
ert caiTiinte , & que le plâtre en fe gorflant fercf-
ferre 6c donne beaucoup de peine pour le d^g4ger»
Pour prévenir ces inconvénicns , il faut le fer-
virde maftic Se de plâtre cuit au four.
On fait des coupes fur ta terre cuite, ainA que
fur cetle qui ne Tcft pas : Ton fe fert pour cela
d'une fcie d'horloger la plus mince & la rneilleuie i
MOU
OÙ pa^e ei^ult^ une eau de Citoti un peu force
fur la terre , & Von commence les pièces de
nwffic dont on a donné la composition au corn-
mencemect de ce traité.
Il faut donner aui pièces la même forme que A
elles étaient en plâtre ; il y a même des figures
pour kfquelLes on ne fe ferc pas de raaitic ; on
doit alors Jaifler à chaque pièce le tems de faire
foo effet avant que d'en placer d*autres à côté.
Le maflic Remploie chaud ; on le fait fondre au
baîn-m^rie : lorfquHl efl maniable , on le preiTe
dans les noirs de la figure. ( On entend par les
noirs les fonds de drapcri s. )
Ce ffladic prend aufiî vue & mâme plus vht
que le pîâtre ; lotfqu il ei\ pris , on retire la pièce
pour la tailler, puis on la remet à fa place.
On fait enfuite de cette manière les aiïtres piè-
ces, foiren mailic, foit en plâtre, en obfervant
toujours qu'elles foient de dèpouitie : pour cet e^et
on les retire après qu'elles font mifei.
Si Ton ne peut pas faire des coupes à la fignre,
on forme le creux de façen que les moules dos
parties ifolées y tiennent , & qu'ils puilTent fe
dtLachcr quand on veut couler ces parties fépa-
rèmenr.
Si la terre eft sèche fans être cuite, il fauf paf-
fcr deiTus , avant de la monkr » une couche d'huile
& de fuif; mais elle ne fcrt plus lorfque le creux
tA fait.
Comme elle n*â pas affer de force pour réfifïer
â l'eiiort du plâtre , on la retire fouvent en mor-
Si le modèle eft fendu , comme îl arrive à b
terre en fèchant , Sl fur-tout aux bas-re!icfs , il
fjm boucher les fentes avec de la cire à modeler ,
avant de faire les pièces.
Quant aux figures en plâtre coulées , ou faites
à U main, fi elles font coulées, on appelle cette
opération furmouUr, & le crwuxquc Ton fait alors
(e nomme nn furmouie^
On doit* avant de commencer, donnera toute
lahgureen plâtre une couche d'huile gralTe chaude
pour boucher les pores ; cependant, fa Ton veut
confervcr la figure en blanc , on fe contenre de
paflTcr de(Tus de leau de hwikn bien forte ; on Fa-
brique enfuite le creui comme pfjur tout autre ou-
vrage- Plus le morceau eil précieux ^ plus il de-
mande de foins & d'intelligence*
CepenJant il n y a pas autant de rtfques à cou-
rir qu'en moulant fur les figures de marbre. S'il y
arrivoit quelqu*accident , il feroit irréparable , tan-
dis que la terre cuite & le plâtre font fufceptîbles
de réparation.
Lorf4|ti'aprés avoir moulé une figure en terre
cui:c, on trouve quelque chofe de ca^é , Ton fait
ch:.ul7cr les deux parties brifées , on les enduit
çnfulte de maflic gras ou de ma Hic au fromage ,
8c on les rejoint foUdenie^t/Il faut obferver que
ce dernier maâic s'emploie froid , & quil efl long
à prendre.
MOU
î59
Les plâtres fe rejoignent avec du même plâtre
qtill faut gâcher bien liquide, en faifant attention
de mouiller les endroits que Ton veut réparer.
Lorf:iue les plâtres caffés font bien fecs , on peut
fc fervir de colle forte , ou bien du blanc de plomb.
La meilleure façon pour confervcr dcî plàtret
coulés, eft dy paifer de^us » lorsqu'ils (ont îïScn
fecs , une bonne couche d'huile gra(îe.
L'opération qui demande le plus d'Intelligence ,
eft celle de mouler fur le marbre : il ne faut qu*une
pièce mal jugée pour f/tre caflcr quelqt.e partie
de la figure.
Le plâtre fait des efforts qtie l'on ne peur empê-
cher quen oppofant à fi force cki maRic , qui pro-
duit ordinairement TefTet contraire \ car le plâtre
tend à fe gonfler , tandis que le majlic fe reOerre
& fait retraite.
On commence d'abord par laver le marbre avec
une eau de favon une peu èpaiffe,
L*artifte n'oubliera jamais que Thuîte fait fur le
marbre une tache qui ne peut s'effacer , & pénètre
toujours de plus en plus,
Oa fait chauffer le maflic nu bain-marie , afin
qu'il ne brCile pas , pour faire des pièces aux
endroits que Von juge trop fragiles : il faut que
toutes les pièces de maftic foient f;;^[fes a>ant que
de commencer celiez de plâtre, k Von doit «n
faire : dans le moule de T Amour , de Bouchardon ,
toutes les pièces font de maftic , les chapes feu-
les font faites déplâtre cuit au four.
On obferve de laiffcr faire à chacunede ces piè-
ces Tcffet du plâtre avant que d'en former d'autres
à côté, réfervant toujours les pièces qui forment
les clefs iiu moule pour les dernières.
Tomes ces pièces, foit tk madic, foit de plâ-
tre , doivent être coupées à la main , & non fur
le marbre, que Ton gàteroit avec la pointe du
couteau.
Quaot à la manière d'opérer , elle efl abfèîumcnt
la même que fur toute autre matière: la feule diffi-
culté particulière, qui n'cft pas petite, efl de ji-'g^r
avec intelligence les pièces 6c les chapes , pour
éviter ks accidens,
Lo'-fque la figure efl entièrement moulée &
dépouillée, on aura loin de la laver avec d-: Peau
chaude, pour emporter le favon qui ferolt jaunir
le marbre en féchàut.
Il faut obferver que les noirs qui fe rencontrent
dans la compofition de b ti»;ure de marbre font
très- difficiles à mouler. Si donc il fi^ trouve un
fond tré^ -grand qui ne foit pas de dépouille , il
faut faire beaucoup de petites pièces de maflic
cntaflees les unes fur les autres jufqu'à ce que le
noir foit bouché entièrement : alors vous faites
une pièce de plâtre qui reçoit Fetnpreinte des peti-
tes pièces.
Voici Tufage de cette pièce de plâtre. Lorfque
votre moule eft fini , & que v^^us dépouillez la
tigure ^ vous raflemblez les pièces ci-dclTus fur
celle-ci ; alors vous fer«£ un trcux fur cet enfcai-
Kk 1
26o
MOU
ble «e pièces , & dans ce creux vous en coElcrez
«ne de cire , qui doit tenir lieu dans votre grand
mcnjle * de cet amas de petites pièces que vous avez
été obligé de faire pour avoir rcmpreime des noirs
relatifs i la forme de la figure de marbre.
On peut auffi faire des creux fur les figures
en brome , & alors m ne craînt pas reffet du
pUtrc. On fc fert d'îiiâîe pour enduire cette matiè-
re avant qiie de faire les pièces i mais lorfque le
moule cAfaît, on aura un foin particulier de net-
toyer le modèle avec un linge fin & fec^de çraime
du verd-de gris.
\Umhrt it faire le cnux cTiine ftaïue iqueflrt.
Après avoir parle des diiférentes manières de
m*>uler , relativement à la matière fur laquelle on
fait un creux , on effayera de donner une idée de
Touvrage le p!us confidérable en ce genre : on veut
parler du creux d'une ftatue cqueAre,
Les détails que demande une femblable opéra-
tion font immenfes ; il fufRi ici d'en donner un
extrait.
Lorfque le modèle de la ftatue eA fîni * comme
il fc fait ordinairement en plâtre à ta main, le pre-
Niier foin du mouleur eA de pader dcHus une ou
deux couches d'huile grade.
Pendant qu^ellc fèche » on conflniit une plate-
forme , nommée chtjfu dt charpente , à laquelle on
fait des entailles nommées repaires : elle doit excé-
d:r d*un pied les plus fortes faillies du modèle, âe
Cire ton (truite de façon quelle puiffc fe démonter
lorfque le creux fera fait , pour être placée dans la
fofle oii doit fe fondre la figure*
Ce chaffis étant bien polé de niveau, Toncom-
Bience les pièces qui doivent former la premlè.e
afïifc ices aiTifes font pour lordinaiie de dix-huit
à vingt-quatre pouces de hauteur ; dans chacune
des pièces on met de forts anneleis pour retenir le
tout enfemble en remontant le creux : on choifit
les endroit* de la figure oii Touvrage eA moins dé-
lirât, pou» faire les coupes, afin que les coutures
(o"^:nl plus fiiciîes à enlever.
Ce creux fc continue de cette manière d^aiTife
en aiBfc jufqu'à la tète ; chaque pièce doit être tail-
lée le plus carrément qn'il clt polTiblc , & Ton
doit faire pièces en chapes.
Ainfi les petites pièces doivent fc trouver encla-
vées dans les grandes ; de forte que le creux étant
monté , il forme une pyramide qui doit fe foute-
kir par les coupes des afTifes, afin qu il ne rcfte
aucun vuide dans les contoun extérieurs des blocs
de plâtre qui fervent à faire les rcmpliiTages.
Chaque pièce doit être numérotée , pour éviter
la confufion en démontant ou remontant le creux.
Lorfqu'il e& entièrement fini , on le démonte , Si
on range toutes les pièces de chaque affife en par-
liculier.
Le chaffis de charpente érani dèbarraffé de tou-
rtes les pièces, il faut le démonter, le rétablir en-
MOU
fuite dans la foife , & le pofer de niveau fiirU grille ,
où fera fondue la figure.
C'eft à cette grîUe que doit être attachée Taniu-
turedu noyau.
Tout étant ainfi difipofé , on reflionre le creiut
qui doit être durci , afin que la cire ne s'y anache
pas , autrement elle deviendroit fiarineufc & don-
neroit trop de pièces à réparer ; il faut faire les
épaiffeurs de cire convenables à chaaue pièce avant
i[uede la mettre à fa place.
Le creux étant remonte , l'on donne une couche
de cire chaude au degré de pouvoir y tenir le doigt
{ on fe fert pour cela d'une brofle douce que i on
nomme hUiTeaa )'fur la fuperficie des pièces ; en-
fuite avec une ripe ou graitoir à dents , on rufti-
que cette première empreinte , afin de pouvoir
adapter des épaifîèurs de^us*
1» faut pour cela les faire un peu chauffer , afin
que cette cire fe lie avec la première : fans cela il
arriveroït qu'elles feroieni bourfoufflées ^ 6c que le
plârre liquide , verfé dans le creux pour former le
noyau , paflTcroit entre les épaiffeurs de cire ÔC pro-
duiioitun très-mauvais effet. ( On entretient pour
cela un degré de chaleur convenable dans Tatitlicr
ou fc fait Topération. )
A l'égard de Tépaifleur que Ton doit donner a
la cire de la figure qui réglera Tépaiffeur dw bron*
ze , le mouleur doit fe concilier avec le foiideur
pour donner plus ou moins de force y futvant
{^ouvrage*
Le principe le plus fur, & dont on ne doit pas
fe départir , efl de donner toujours plus de force
dans kbas de la figure , & de diminuer les épaîf-
feurs à mefure qu'on arrive au fomniet.
Lorfque la première affife cft mife en place, on
procède à la leconde 6t au* autres de mcme , ca
bouchant avec de la cire les joints qui fc trouvent
cotre chaque alTife.
Tout étant garni de cire , on lie les pièces &
toutes les alfiies les unes aux autres, avec de»
crampons de fer & du fii d'-rchal i tbi Ton mci pour
plus grande fureté, de peur que le creux î\c s'èw-
te, des étrcûllons de charpemc , qui portent cl un
bout contre les chapes, 6i de l'autrt: contre IcsmiiffS
de la maçonnerie qui environne U folTc.
Il hm lailTcr plufieurs ouvenures, que Ton aonv
meyWou éveats ^ pour couler le noyau , & pout
donner de Tair lorfque Voïï coule le plâtre.
Le principal jet fe pofe fur la tère de la figure ,
le fécond fur la tète du cheval , & le troifiéme for
la croupe ; ces deux derniers doivent éirc élevés
à la hauteur du premier: on pratique à chaque jet
un godet ou auget auquel doit aboutir une rigole
ou goutti<ire, pour conduire fans intcrrupiion le
pldtrc dans le creux.
La cire étant refroidie , on commence à Coûter
le noyau , qtic /on détrempe fans relâche }ufqu*à
ce que toi^t foit remijii, ^
U faut oicler au plâtra de la pou.rè c de brtfiue
MOU
ftilée : la dofe ortlinalrc cft d*uii tiers de brique
for deux tiers de plâtre.
LoHqoe tout eft plein, on lajffe prendre le noyau
pendant une journée entière ; on démonte enfui-
te le creux , que Ton conierve afin de le retrouver
»%iï irrive quelque accident à la fonte. (On couloit
iDciennement le noyau à mefure que l*on élevait
lef affifes du moule. )
LorCque U cire eft entièrement découverte , le
fculpteur s'attache à la réparer ; le travail du mou-
leur eft alors fini , à moins qu*il ne foit aufh fon-
deur » comme les célèbres KeUer^ qui étoient l'un
ôc Tautrc , & mouloient& fondoient eux-mêmes
leurs ouvrages. Une partie des bronzes du parc de
IVerfaines a été fondue par ces deux frères.
S'il cfoit poffible que le mouleur fût fondeur ,
l'ouvrage en feroit nûeux fuivi ; mais comme ces
fravaux fe font très-rarement , les mouleurs ne
Rattachent qu'à un feul objet, qui eft le moulage
en plâtre.
Le fculptctir ayant fini de réparer la cire, le
londenr commence fon opération , qui eft beaucoup
plui délicate que celle du mouleur ; car il faut peu
■ de chofe pour faire manquer une fonte,
W II prépare d*abord la terre ou potée dont il
doit faire le creux fur la cire ; il le forme en met-
tant pîufieuri couches de cette terre liquicîe fur la
ligure , jufqtï*à ce que le creux foit d*yne épaiffeiir
capable de fupponer Talion du feu Bc le poids de
11a matière.
Lorfque ce creux eft fini , ainfi que les jets &
les évcnts » on fait recuire le moule pour en
faire fortir toute la cire.
A peine eft-elîe entièrement fonte , & 1c bronze
étant à fon degré de chaleur, qu'on làrhc le tam*
pon pratiqué au centre du fourneau , & les ché-
tneaux étant pleins, on lève les foupapes qui cou-
-^'rent les jets : alors h matière fe précipite dans
le moule.
Lorfqu'ellc fort p^r Ici évents, c*eft une preuve
«|ue tout eft plein. On laiflTe refroidir le creux avant
«Jiie de le cafTcr fur le bronze.
On fsit ordinairement une trappe fur la croupe
pour Tuider le noyau-
Mamèri di faire Us creux pour fondre Us figures
en pÎQtnt.
La fonte des plombs, foit figures , foit ornemens ,
eft fujette a quelques difficultés ; la moindre négli-
gence ftroîî manquer tout Touvrage. Voici le pro-
cédé qu'il faut fuivre pour cette fonte.
Suppofons qu'on veuille jeter en plomb une
Sgore déterre molle de fix pieds de hauteur, le
creux fe fait à grandes pièces de trois ou quatre
doigts d'épaifleur ; on n'en fait ordinairement que
deux ou trois pour la face de la première auife.
Le moule doit ctrç en deux aftlfes.
On obfcrve foigneuf«.meri de faire pafler les
joints dans les endroits ou il fe trouve le moins
dbuvrage.
MOU
^6f
IL ne faut pis épargner le fer dans les pièces ,
parce quil fait toute la force du plâtre» qui perd
fa confiftance après avoir été recuit.
On fait les coupes néceiTaires aux parties de ïa
figure que Ton moule à deux coquilles ; onlaiffe
à chaque morceau de ces parties, des portées fufïî-
fantes pour recevoir le noyau, fans réparer de la
figure la jambe qui porte le poids du corps, & de-
mande une force proportionnée à fa charge.
Comme on doit arracher les pièces de deftus la
terre & les caffer enfuîte fur le plomb , il f.«ut au-
paravant les bien juger de dépouille, fuivant la
forme que doit avoir le noyau.
La figure étant moulée de cette manière , on
retire les pièces » que Von recouvre d^une épaif-
feur de terre de trois lignes , épaiffeur d'ufage pour
les figures de plomb.
Afen que ces épaiftcurs foient égales, il faut
avoir une planche de cliéne que Ton creufe de
trois lignes : on y laiffe des rebords pour appuyer
un rouleau ; il faut au fi! que cette planche & le
rouleau foient bien huilés , afin que la t^rre ne $*y
attache pas,
La furface intérieure du creux étant couverte
de ces cpaiflears de terre , on remonte le creux
dans la folfe deftinée à la fonte : elle doit être creu-
fée à proportion de la hauteur du mr>ule.
On forme dans le fond de h fofTe une plate-
forme de plâtre , dans laquelle on fcelle un bras
de fer pour maintenir le contour de U figure, qui
doit être percée àdifférens endroits , afin d'en rc*
ce voir d'autres > fuivant la forme du noyau.
On moule le creux fur plate- forme ; il faut alors
que les pièces Si les aftifes foient bien attachées , &
les joints boucliès avec de la terre , afin que le p'â-
trc qui compofe le noyau ne coule pas à travers.
On finit le moule en pratiquant un godet de
terre fur la partie la plus élevée ; on commence
alors à couler le plâtre, qui doit être fort clair ;
lorfqu'il eft pris, on démonte tout le creux pour
en retirer toutes les èpaifiTeurs de terre que Ton fait
pefer ; chaque livre de terre produit ordinaire ment
dix livres de pîomb.
On ajufte fur le noyau les fers de Tar mature :
il faut les contourner & les entailler fuîv^inr les
contours du noyau , & prendre garde qu'ils n'ex-
cèdent pas le plâtre.
Pour que les ban Jes de fer fe trouvent artachées
au plomb , il faut faire de diffiocc en diftance des
ouvertures qui formeront des liens, étant remplies
par h^ plomb.
Enfuite on pratique des j^ts & des évînts dans
les endroits conveiubles ^ & on difpofe le creux
pour le faire.
Pour cet effet on conftruit un four avec les piè-
ces du moule, en y faifant une ouverture pour
mettre le feu, qui ne duit pas être trop violent
en commençant cette recuite des pièces.
Pendant que le plâtre fe rectiit. Ton bâtît un
fourneau pour fondre la matière fur un trépied »
2feu MO U
011 (ur dc3 g^^% : on énblit une chaudière affez
grande pour ioiircnlr cent ou deux cents livres de
plamb de plus i}*Vii n'en dau enircrdans la figure,
T^*^- - ^ ^ U L7S où le crcuit prcndroit jour par
, Von eut 4iTcz de plomb pour ver-
lei dans le creux f^ns dîrconàrnier pendant tout
le tcms qu'ort emploierolt k bouclier le trou,
Lorfque les pièc::^ ft.nt hicn recuites , on com-
mence à faire fondre la muiére i on raireniblt: en
mêlne lems le moule autour du noyau , qui doit
être au{fi recuit fans changer de plâtre : on bâîît
pour cela un petit mur de plâtre ou de briques au-
tour, afin eue le (tu pénètre ce noyau en tous
fcns ; car s^d arri%'oie qu'il fe trouvât de Thumi-
dité dans le creux ou dans le ûiyau , Ton man-
queroit Vopèrntion.
Ayr,nt raflemblè 1^ creux avec foin , on lie for-
tement toutes les panier du moule.
On fc fert aufli , pour retenir lc«i pièces , d^
crampons de fer que l'on ferre avec des coins de
bcis ; enluite on couvre les joints avec du plâtre
& de la terre molle, afin que dans le cas ou le
piàtre ie gerceroit, la terre empêchât )e plomb de
paiTer â travers.
Il faut enfin remplir U (o^Tt avec la terre qi i en
eA forrte , & la bien battre à mefure que Ton
remplit.
Tojte cette opération doit fe faire le plus promp-
tement poiTibk, de craimc que le plârre ne prenne
de rhumidité.
Le plomb étant chaud, on fe dlfpofe à couler
la figure*
Cette opération démande quatre ou cinq perfon-
nes, deux defquclles doivent fouroîr fans interrup-
tion du plomb dans la cuiller de celui qui verfe
dans le creux : celui-ci ne doit pas difconrînucr de
verfer, telle chofe qu'il puilîe afriver.
Les autres aides iont occupés perpétuellement à
boucher avec de h terre molle les endroits où le
plomb trouveroit nn paffage*
Le creux étant plein, la matière monte par-dcf-
fus les éveots & com.mence à boiullonncr.
Pour éviter les vents ou foufflures , il faut y jeter
de la réfine avant que de couler : le fuif remplit la
même indication.
Ou fait à foo choix les godets de tôle ou de fer-
blanc.
Pendant que le grand creux se refroidir , on coule
les autres creux des p.iriîes de la figure.
Tout étant aii-rfi coulé, s'il reilç du plomb dans
la chaudiéfi: , on le verfe k (^ufieurs reprîtes dans
dçi cuillers , on c^ïTe cnfuitc^c moule.
Cette opérn'ion fe fîit avec des morceaux de
bois taillés en forme de coins , pour ne pas endom-
mager le plomb avec les outils de fer.
On coupe les Jcti Si on ébarbe les coutures des
jointes ainfi que les ct upes , pour rejoindre les
parties lu corps: .lyaiu pour cela rapporté tes deux
p;»i:tics enfembte , 6c les ayant attachées avec du
M-O U
fil cl'archal, on coule du plomb rouge pout 1^
fondre.
O.i connoît que le plomb eft affez chaud peur le
cnulcr, en y jetant un morceau de papier; file
feu s*y communique fubitement > le plomb cft à
fon degré de chaleur.
Veut-on que U figure foit bien finie ? il faut U
faire ci f^ ter par les artiftes qui s'occupent unique*
ment de ce travail»
Le p;.TC de Verf::*iUes offre ce que Ton a fofidfl
d« plus confidérable en ce genre.
/>cfj créux pour la cartonnages ^ 6^ de h manUre
de faire Us cartons*
On emploie ordinairement les figures & autrei
ornemens da carton dans les falles des fpe^acles ,
dans lesc&tdfalques , les fét^s , &c.
U y a deux manière» différentes de cartonner >
Tune tn papier ordinaire, & Taurre en papier battu,
qisi s*3ppcl!c aullî papier pourri ou muchè.
L':s creux fe font en conféquencc.
Pour le papier ordinaire, les creux font prefquc
fans pièces , parce que le cordono.^ge eft ttés- facile
à dépouiller ; m^s pour le papier battu , Us font à
pièces plus grandes que pour les creux oii Ton
doit couler les plâires.
Lorfque la pat? eft bien imprimée, l'ouvrage
réulTit suiTi bien que les plâtres*
On fuppofe que Ton ait a mouler une figure en
terre grande comme uaiure ; pour la faire enfuice
en carton, on commence par pratiquer les coupes
nèceffaires , & même en plus grand nombre que
dans les autres creux : fans cette multiplication
des coupes , le papier ou la pâte ne fccUeroit pas
dans les fonds.
Toutes les parties ifolées de la figure étant cou-
pées , on pratique ce que Ton ap[.elie pièces & chi*
pes, toujours en deux coquilles.
On n*oubliera fras de faire des repaires à chaqae
partie que Von fépare de la ^%\irG , afin de pou-
voir les remonter lorfqu*elles feront cartonnées.
Le corps fe moule en detïX affifes pour ^ciliier
ropèration, 8c chaque allife eft compofée de deux
chapes, qui doivent renfermer le petit nombre de
pièces qu'on cil obligé de faire.
L^ creux étant fini , on le retire de defius la terre ;
f: fi le tems ne permet pas d'attendre qu'il foit fcc
^! rîurci , on paffe une forte couche d'huile d*ceîUet
m^^lic iuvec du fuif.
Alors on prend de la pâte qui a été compose de-
la m^nidre fuivante : on laiflc pourrir des regoiî-
res de papier dans de Tcau , que Ton chanj^e fou-
vent pour empêcher la corruption ; loffqtie le t>a«'
pier t(i détrempé , an le retir»! de l'eau , on le Wt
dans un mortier pour le réduirif en pâte , & poiui
dernière prépatation on le f.iit bouillir dam tl
châUiiiére.
Afin que la pâte ait de U confiifance ^ on y
ajoi te un peu de colle de farine ; la pitc étant ainâ
préfarée pour ks ouvrages même les plus déli*
M OU
citt» on la fiiit féchcr, on b râpe fur une grille ;
par ce moyin on a une pâte très fine qui prend
ics empreintes les pîus finies.
^ Oo met de cette pâte dans une terrine oy jatte
H *^«e un peu d'eau , alors on Tetend avec les doigts
diTis les tonds du moule de TépaiiTeur d'une ligne ,
le p*us è^ilemem qu'il cfl poflîlile v enfuit e avec une
Ipcfice éporgt iinc , on abforbe Teau que Ton a été
cb'îgè de mestrc dans la pâte pour qu'elle s'im-
prime facikm^nt,
LorfquVîle eft toute imbibée & que la fuperficie
eu creux eil garnie, on pafTe deflTus une couche
«îecoljc ; on fait a^rès cela fécher le creux à un
^v'ti qu» ne fait pas trop fort en commençant» de
cnÎRte que le carton ne ù déjette. Lorlqu'il fe
«taitve»' dans îes creux , des endroits profonds oîi
Il chaleur pénétre difRcil^ment , il faut y verferdu
^able chtiudoude la cendre chaude, pour que tou-
tes !cs pariies foiem également fèclies.
Ceif^» première couche cft féche, lorfqu^en frap-
pa , elle fe détache du creux : alors on le
ïTf^ lî pour donner les couches de papier
I^pii lOiii la ft>rce du carton*
On emploie à cet ufa^e du papier appdè Jo-
/ifà^ que Ton colle double, 6i ïon en couvre la
pàfc avec de petits morceaux d*un pouce tout
su 0I1JS.
Ce papier étant bien appuyé p.ir-iout» on don-
nt une couche de colle pour recevoir la féconde
codche de papi'^r gns : celtii-ci fe coile d^ même
qiic le bUnc , & double comme \c premier papier.
La rroifïémc ciuche dt it être en trob doubles ,
ce qui fait en tout cinq épaiffeurs de papier gtis
fil deux de blanc : on donne encore une couche
de colie pour remettre enfuite le creux au feu,
Lorfque les morceaux que Von cartonne font
«J "un? grande étendue , on met entre )a féconde &
l^ troiîiè.ne couche de p^iergris des lames de fer
«ïîiace pour donner la Icrce.
QuaDd le canon eft fcc^on le retire du feu ,
& ou le découpe pour coudre les morceaux qui
doive at furm^r la ligure : on fe fert de fil d'archal
'ttince Si recuit ; & afin que les joints ne paroiffent
i^as, ofi les recouvre de papier collé.
Sllarrivoit que les contours fu^Tent altères, on
i^éparrrof! r^s înconvénicnsavec de la terre molle ,
« iiier blanc par-deiTus.
!^' carton foit encore plus dura-
ï^j'r ♦ on coile de la toile par-dcnriére avec de la
coUe forte , Se on y met quelquefois des étoupcs
tftTQpèes dAns la même colle.
La figure étant tout-à-fait moulée, on h fait
faber de nouveau.
Si elle cft placée dans un endroit fec ^ elle du-
rcfi très- long lems*
T '" ';?s cartonnages doivent être dorés, les
-Ht deiTus fufqu'a vingt couches de
hU^^ a ia colle de Flandre , quils réparent en fui te
avec des crochets.
Si W répareuT cfl intelligent » il fait reiîaîrrc fur
MOU
2b \
cette mafle de blanc les formes que le fciilpteur
avait données à la figure ou k rornement qui lui
eH confié,
Uautre manière de cartonner efl plus fimple ,
elle ne diffère de la premiers que par rexcc|nion
de la pâte de papier pourri.
Ce cartonn?g- rculfu arifi bien que faôtrc :
aulîi ne s'en fert-ôn que pour des chofes qui ne
doivent durer qu'un jour , tels que fêtes , cata-
falques » 6ic.
Les Anglois font en carton les ornemens des
plafonds que nous faifons «, n plâtre ; ils font plus
durables , fe détachent diâicilement , ou s'ils fe
détachent, le danger ell nul , 6c la réparation
peu difpendieufe.
De la ma ni ht àc fdirt d(s creux r^-léinvemeni à
dt^ifcns uru & tnaniifaHuns , &€.
Creux pour les manufaBures de parceUine*
On fait ordinairement des modèles en terre ,
que Ton moule enfuite»
Quanta la manière de faire ces çrejrrp .jlfaut
que les pièces foient parfaitement de dépouille ,
comme îî on vouloit retirer des plâtres : ce qui
arrive quelquefois,
La fcnile chofe particulière que Ton doive ob-
ferver, c'eft que les pièces foient enchàdées dans
les chapes j autrement elles s'écarteroient en pouf-
fant ta pâte ûàm le moule*
On fait autant de coupes à la figure que le mo-
dèle Texige, & on les moule en deux parties.
Les creux étant faits , 11 f^ut les durcir à la cire :
on prend pour cet effet de la cire neuve que Ton
fait chauffer.
Lorfqu'elle eA bîen chaude , on trempe dedans
les pièces qui doivent être un peu chaudes, afin
que la cire s*imbibe dans le plâtre.
On doit fc fervir de plâtre cuit au four, pour
faire ces crelix.
Les creux à Fégard des officiers de bouche fe
font k peu-près comme ceux-là.
Suppofons une figure nue de fix pouces de hau*
teur > telle qu'eil toupiirs la haufeur de leurs modè-
les» il faut couper toutes les parties failiante» de
la figure, comme les bras, tes jambes, afin de pciu-
voir mouler ces parties en deux coqùilIê> fjns y,
faire d'autres pièces. *
Ce n e/l que par le moyen des coupes que l'on
rend le creux de dépouille.
Cette opération exig^ beaucoup de propreté, &
le creux doit être taillé avec netteté d*:dans &
delïors ; on le durcit enfuite à la cire chaude , ainfi
que les précédentes,
CcÛ dans ces creux que les officiers eflampept
une pâte compofèc ^vcc du fucre , qu*!U foot fé-
cher enfuite, , ,
Lorfqu'elle eft féche, elle ft ucîîèmeRt
du çfQiït 'f mats on ne h\i presque plus ufage de
«ÉÉ
CÔ4 ^V M Ô U
CCI figures de fiicrc , appelées pajîtltagej : on y les
afnbfîitué des figures en porcelaine,
A regard des creux pour rorfèvrerie , on doit
les compofer (uivAnt Ttifage auquel Us font def-
Si l*on veut couler des cires, il faut' que le creux
foit fîAÎt de façon c|ue toutes )cs pièces puiiîcnt s'at*
tacher aux chapes, afin de pouvoir les retourner
& couler la cire à la volée ; it faut auflî que les
pièces fuient d« dï^pouitle, fans quoi on ne pour*
roit pas retirer les plâtres du creux.
Si au contraire ofl doit couler de l'étain dans le
creux , il faut quM foit en deux coquilles & en
iréS'peu de pièces.
Le creux doit erre recuit lorfque Ton doit cou-
ler de Tctain , comme on Ta dit en décrivant la
manière de couler les plombs ; on a même obf^rvii
que l'uùge d*enfamer les creux avec un lam-
beau de poix-réfiiie » rendrolt la matière plus nette.
Lorfque l'ctain cft fortt du creux , on le répare
au cifelet , âc Ton fait fur ce mode le un autre creux ,
dans lequel on coule des cires d*épaifleur , fuivant
la force que Ton veut donner à la matière.
Il faut couler la cire à la volée, en vcrfuit à
piufieurs reprifes dans le creux qui doit àtre durci
auparavant.
La cire étant coulée , on vcrfe dans le moule du
plâtre corrigé avec de la pouiTiére de brique, pour
faire un noyau comme dans la fonte des bronzes.
On moule auflTi des modèles faits en cire pour
les fondeurs, ciCeleurs & autres artiftcs.
Les creux fervent à couler la cire pour fondre
enfuite en bronze toutes force» d*ornemen$ » tels
que pendules , feux , &c.
L'on moule des médailles , des bas-reliefs d'or-
févretie : Ton peut faire ces creux en plâtre, en
foufre » & même en corne,
Veui*on mouler une médaille d'argent ou de
bronze ? on commence par hmlcr la médaille que
Tcm pofe enfuite fur une planche i on prend de la
terre molle , dont on f^ir une petite portée à un
doiet de dift:^nce du bord de la médaille , & Ton
coule do^iis du plâtre clair qu\>n imprime avec la
broife. Le plâtre étant pris , on retire la médaille »
ou le bas relief.
Lorfque le creux cfl diirci , on peut y couler du
talc ^ ou du foufre i on peut même faire les creux
en foufre.
Ces creux font plus durs que ceux de plâtre ;
mais iisne reçoivent que le plâtre & le talc, carie
foufre s^incorporerolt avec le creux.
11 faut être trèi-prompt il verfer le foufre fon-
du « il n*y a rien qui le fige plus promptemcnt.
Les creux de corne fe font de la manière fuivan-
te : on les met d abord tremper dans de Tcau bouil-
lante ; 8t lorfque la corne eft maniable, on pofe
la médainc dcflTus , enfuite on place la corne & la
médaille entre deux pî.^nclics que Ton met en preffe ,
afin que tous les traits foicm bien imprimés.
Les perfonnes qui font le commerce des mou*
MOU
, coulent auffi des moules en étaîn : ils peu-
vent par ce moyen couler une très- grande quati-
titè de relief*: avant que le creux foit endommagé.
On peut aulTt moukr des médailles avec de la
mîe de pain chaude , aprèi Tavoir réduite en pâte
avec lîn rouleau.
Lorfque cène pâte efl fèchc , elle eft extrême-
ment dure ; mais de crainte que les mites oc §*y
attachent, on y raélc lui peu d'aloès.
Les graveurs en creux le fervent de cette pâte
pour cltampcr à mefu<e qu*Us forment leurs ou*
>Taees*
On rencontre journeUemcnt des difiicultés que
la pratique S: fufagc feuls peuvent lever. Plus le
morceau fur lequd on fait un creux cft prècieLvt,
plus il demande de foins; c'cft à celui qui opère à
réfléchir fur la forme, fur TefTet 6t fur U façon
de monter fan moule : il faut qu'il putlTc rendre
raifon de fon ouvrage ; car il ne s*agit pas ûjn-
plemcnt de couvrir une figure de pièces , Uns
s'embarraiïér de ce qu'elles deviendront dans le
creux. Chacune doit retrouver fa place , & y teoir
facilement.
11 ne fera pas inutile de donner ici quelques ^rh
fur îa minière d'entretenir les figures de )ardin &
de les réparer , ainfi que plufrjurs compofition»
de maflics qui entrent dans différens ouvrages ,
tels qucrocailles , niches, &c.
On eft dans Vuûgc de décorer les jardins de
figures de marbre , de plomb , de terre cuite 8c de
plâtre ; ces dernières font les moins difpendieu-
fes , & Ton en peut jouir à Vinftant qu'on le défire.
Les figures de terre cuite fe dégradent à Tair
ainfi que les figures de plâtre ; le marbre même fe
détruit par le tems : cependant piufieurs perfonnci
préfèrent les terres cuites au plâtre.
Voici la manière de préparer une figure de pM*
tre, afin qu'elle puifTe réfifter aux injures de rair.
Il hui d'abord que la figure foit coulée avec du
bon plâtre très-fin , d'une épaifTeur convenable ,
d'un pouce au moins également par-tout; qu*elle
foit enfuite fortifiée avec du fer que l'on appelle
fantons , que Ton aura enduit de chaux décrem-
pée : on recouvre tout Touvragc d'un bon pouce
de gros plâtre, & même plus particuUèreinent
dans le bas de la figure.
Lorfqu'elle eft réparée & pofée en fa place , tl
faut attendre qu'elle foit bien féche avant que H*t
mettre la préparation futvante : ces réparations le
font pour rordinairc dans les tems chauds.
Lorfque le foleil a pompé toute rhumidirè qui
pouvoit reftcr dans le plâtre , on met fur le wir
une couche d'huile graffe, dont on a donné pré*
cédcmraent la compofmon , prcfquc bouillame ;
^\ la journée fuivante cft encore belle & que le fo-
leil foit chaud « cette huiîc pénètre dans le plâtre
alors on en remet une féconde couche par- tout
également, fans faire d'épaiffcur.
Le troifièmc jour on détrempe du blanc de ce-
rufc ou de plomb , broyé avec de rhuUc de lin ;
oa
âl
»
1 un ^.cu de litlwr*c en poikire , pour ren-
Cûsnpofition dcittcaiive* Elle aolt être
cTiifç*, afin qu'elle ne mafque pas le travail de la
Ou àoU mêler ivec le blanc un peu de bleu ,
peur donner un ton de marbre» & obferver fur-
rout de ne point mettre de v^^rnis ; car il fcroit
écailler la couleur » 6t donnerait même un brillant
à la figure, qui feroit défagréable àroeil.
D'après ce qu'on vient de dire , on Cent que le
plâtre doit être bien dépouillé d'humidité , fans
^uoi Ton verroir en peu de tems fe former des cre-
^a^es. On eà obligé de les boucher enfuite avec
du inaflicii*huile , 8c de remettre de la couleur
jtar^deiTus*
Uqc figure ou iinvafe de plâtre étant préparé
Je cette manière ^ on peut répondre de fa durée ;
U>n fera bien de les couvrir de toile peinte ou cirée
pendant Thiver.
On eft oblige d'y remettre une couche claire à
psu'près tous les deux ans ; & ce terme dépend
de la place que la figure occupe dans le jardin ,
car elle devient plus noire (ous les arbres qu'en
picin air.
Quoique le tranfport des figures de plâtre pa-
toific djÂcilc & dangereux , il peut fe faire cepen-
dant fans nf^ue & à peu de frais-
Telle cil la manière d encaiffer fit de vûitur«r
ces fieures.
tlntit conflruîre une caiffe dont le fond & les
efteès foient de fortes planches de fapin, que Ton
somme madriers , lefquelles doivent être emboî-
rce* à queue d'arondc. ( Ce terme eft connu des
ouvriers. )
On place ta figure fur le fond qui fait la bafe
Je la caiffe , enfuite on attache des traverfes de
planches autour de ta plinthe ; îl faut en contour*
ocf d'autres , fuivant les faillies de ia figure ^ qui
doit erre attachée a la caifle avec des clous ou des
fUiil faut placer entre la figure 6i cestaffcaux de
fcois, de Tètcupe, ou du linge, ou du papier.
Pour plus grande fureté. Ton remplit les vides
dé la caiiîc de fciure de bois bien fèche.
Si les planches de ta caiffe ne font pas exaéle-
»ent jointes , on co.le du papier fur les joints :
fins cela la fciure de bois pafleroit au travers ; &
p«r le vide qui en réfuUeroit , la figure pourroit
vaciller & fe bri fer.
Cette manière eft ufitée cnlulie, & toutes les
figures qu*on envoie de ce pays font ainfi emballées.
On peut aufli tranfporter des figures ians être
CDcaiffccs , en les plaçant fur une vo'ture où il y
a moitié de la litière qui a fervt aux chevaux.
snèn de faire le ma flic paur les cottes & auires
puvragei de rocaiUes pour les décorations des
jéirdîm.
Quoique cet article ne foit pas ordinairement
da rcfifort du mouleur, il y a cependant des cas
Arts & Métiers* Tome V. Partie L
265
OÙ l*on voudroit en connoître les détails, La prati-
que que j'en ai acquife^ continue M, Fiqun ,
m'engage à en faire part au public.
Un célèbre artilîe» M. Loriot, vient de publier
un ciment qui refîèmble beaucoup à celui des an-
ciens ; il confiflc dans une préparation de mortier
ordinaire, dont on abforbe rhumidlié avec un
tiers de chaux vive en poudre. J'en ai fait plufieurs
épreuves ; une partie n a pas réuffi comme je Tef-
pérois : j'ignore ce qui a pu s'y oppofer , foir la
dofe\ foit fa qualité , la cuiffbn de la chaux, ou la
nature de la pierre qui la compofe r fou vent ce
ciment s'eft gercé ou a fermenté > de façon que
Tenduit s'eft réduit en pouffière.
Voici donc le mien , qui peut-être fe trouve par
bafard être la même chofc : on le connoît fous le
nom de ciment.
On broie de la tuile, de la brique ou du car*
reau ( la tuile eft préi^érable ) ; on prend enfuite de
la chaux détrempée, & on fait un mortier un peu
clair : lorfqu il faut l'employer , on mêle de la
poufTière de chaux vive , & on remue bien le tout
avec une fpatule.
Ceft avec ce ciment que les coquilles & autres
pétrificatioas s^attachent aux murailics, oiî elles
doivent, malgré cela, erre retenues avec des fils
de laiton.
Ce même ciment peut f«^rvir auffi pour les en-
duits des baiîîns ôt les joints de pierre \ il empê-
che la filtratîon de Teau^
Si Ton défire quil devienne dur à l'inflant , on
joint aux matières ci-dcffus mentionnées, un peu
de plâtre très-fin , & cet amalgame fait un corps
qui durcit promptement.
J ai fiit aufil un autre maftic, dit M. Fiquet ^
qui m'a toujours réuffi pour raccommoder des joints
de fi gares en terre cuite : je crois qull pourroit
bien être le même que celui de M, Corbel ^ maî-
tre marbrier , aflez connu par la bonté de fon mat
tic pour remplir les joints des terraffes & autres :
le voici*
On prend du ciment broyé très-fin , détrempé
avec de l'huile de lin ; & pour rendre ce maftic
deiïrcatif , on y ajoute de U liiharge en poudre ;
il faut avoir foin de ne préparer que ce dont on
a befoin pour rinftant, & de Fappuyer fortement
avec la fpatule , en obfervant fur-tout qu*il n'y aie
point de pouffière dans les endroits qu'on veut
remplir de maftic.
On fe fcrt auffi de blanc de plomb broyé à l'hui-
le , pour réparer des fraflures faites il des terres
cuites , figures ou vafes expufés à l'air.
Le maRic de vitrier fert encore pour la reftaii-
ration des figures de jardin* Tout le monde en fait
la Gompofition , qui n'eft autre que du bbnc d'Ef-
pagne broyé avec Thuile de lin ou de noix » & de
la liiharge.
Le blanc d'Efpagne fe fait de cette manière : on
prend du plâtre irès-fin & bien cuit , que 1 on dé-
trempe avec de feau \ lorfqu'il commence à prcn-
MOU
dre , €>n le remue beaucoup , en y ajoutani toujours
de pirêille eau, juCiqu'à ce qu'il devienne comme
du latt & qu^ll ne fcrtnente plus : cela s^appelle
noyer le plâtre.
On UiiTe dèpofer ce mélange d'eau & de plâ-
tre , jufqu à ce que Teau foît claire. Oa la fait en-
fuite écouler , âc le plâtre Ce trouve au fond du
vafe , en forme de limon : on en fait des pains
qui étant bien féchès à IVir ou au four , peiivem
être remis en poudre, & fervir enfutte à diffèrens
ufages , furtout pour les peintres de bâtimens &
autres*
On fiiit auffi avec le blanc une détrempe blan-
che ou couleur de pierre , en y mêlant dans le
premier cas un peu de noir de charbon ^ & dans
l'autre du jaune en poudre*
Si Ton doit remployer à iVir , on y fait fondre
de l alun de roche & un peu de poudre de chaux
vive. Si au contraire c'elt dans Tintèrieur de bâ-
timens» on fe contente d*y mêler de la colle de
Flandre f ndue dans de Teau.
On vient de voir que le moulage fait multi-
plier les objets dont on veut confcrver Timage ;
ct(\ par lui qu'on fe procure aifément 6c à peu
de frais des copies des ouvrages de la nature , ou
des chef- d'oeuvres des arts du detlm : il sVft fou-
m\s des mat:èrts de différens genres, qui, par leur
foupleiTc ou leur fluidité, étotent propres à rendre
la beauté des formes, la judcffe des proportions
& la dèlicatelTe des traus jufque dans leurs plus
petits détails; mais il y a beaucoup de divcrfné
dans ta manière d'exécuter le moulage^ comm;
il y a une grande variété dans les ouvrages qu'on
peut en tirer; c'cft pourquoi nous croyons dcv^oir
ajouter à rexcellent traité deM.Fiquet, plulieurs
autres procédés du moulage, qui différent de ceux
de cet habile artifle» foit dans la manipulation ,
foit dans les refuhats.
yeut'On mùukr en mirai , & jeUr in moule des
plantes ?
i*. On commence par prendre du fpath gyp-
feux , efpèce de pierre trèt-connue & fort aifêe à
trouver ; on réduit ce fpath en poulfièrc; on
le met dans un chaudron de fer ou de cuivre ,
que Von expofe fur le (eu ; il fc fondra Se de-
viendra liquide comme IVau; on le remuera tant
qu'il ftra fur le feu , )ufqu*à ce qu'il foit rede-
venu auHî dur qu'il ctoit auparavant; on Tôtera
en fui te , & on le laiffera refroidir.
a**. Prenez une partie de ce fpath préparé
comm* on vient de le dire, & une partie d'a-
lun de piume ; pulveriféz ces deux matières mê-
lées cnfémble , 6t forrae^-en des gâteaux que
vous fercr, rougir au feu; retirez les cnfuitc Sl
ki pulverifez de nouveau.
Quand vous voudrez faire des moules , prenez
une partie de ces gâteaux calcines & pulvérifés;
stjoutez y encore une partie d'alun de plume;
broyez exaâement le mélange , & prenez encore
pfw Qd "
autant de fpatb calciné que vous avet pm
mélange en gâteaux : broyez & mêlez bien le
tout.
j°. Quand vous voudrez faire des moules avec
le fpatft ainfi préparé, prenez de l'argile a po-
tier bien pure ; faitescn de petites lingoîièrts
auges qui aient environ la grard-ur des hcrl
ou plantes que vous voulez jeter en moulcv
Mais quand les herbes ou plantes feront
hautes que Ton ne pourra faire les Un^otii}i
de ta même hauteur, parce que largile âècbtn
& fe courberoit , il n'y aura qu'à coucher la
plante de côté, de manière cependant quelle
ne touche point au fond du moule , afin que la
matière fondue puiiTe paffer par-deffous : formel
alors le moule tour-à-îour.
Quand vous voudrez couler votre matière fou*
due, vous commencerez par tremper la pUntc
dans de bon efprit'de-vin ; vous en humcâetf^
aulTi les parois de votre moule; vous les f^Q^I
pSîrez entièrement avec le mélange pulvérifè qil^l
l'on vient de décrire plus haut; & quapd vous
aurez rempli le moule de métal fondu, vous
donnerez quelques petits coups doucement, afin
qu'il pénètre également par-tout.
4°. Quand le métal tondu fe fera bien figé,
vous mettrez les moules far les charbons non
allumés ; vous arrangerez par deflfus des char-
bons ardens , afin d'allumer ceux qui feront en
de (Tous , 6i que Touvragc rougiiTc Ôc antre eo
fufion : vous latffercz cnfuite refroidir dottCC-
ment , & vous aurez la forme que vous cherchet
5". Prenez de Parglle bien pure , autant de
fable bien net, & une bonne quantité de bo«ne
fine ; faites bien incorporer ces trois chofespow
les unir ; formez-en des moules ; enduifcî ces
moules d'argile ; remettez-les dans le feu pow
les faire bien rougir , & coulez-y votre aifC»*
ou métal fondu.
6"*. Prenez du fel de tartre , mélez-y dû M
ammoniac à volonté, «n prenant garde ccp<«»-
dant de n'en point mettre trop ; il faut feule-
ment que le mélange ait une confiftancc i^
bouillie : c'eft un excellent fondant pour Targintî
vous en mittrez delTus lorfque vous voudrez ^
fondre , & il entrera très-ailément en fufioo.
7°. Si vous voulez nettoyer l'argent , hufl»^'
tez-lc :ivcc de l'huile de tartre, & mettez-le »^
des charbons ardens; ét^tgnez-je enluite, 6t
faites bouillir dans de Teau oii vous aurez i
diflbudie du tartre & un peu de fel*
Alamère de jeter en moule des plantes ùu des flevi
procédé qm fervira â écWircir celui qui préfet Je,
1°. Prenez de l'albâtre qui ait été ctldnàr
poiat d'avoir perdu toute fon humidité; P^^^
nfizlc dans un mortier, & le paffcx par iiO i^
mis dr* crin ; prenez enfuitc aut;*nt de talc, qu-^
vous ferez calciner pendant huit ou dit \
dans un fourneau de briqueteries ; ajoutcjpy
^
I
I
\
MON
l'iluQ de plume à volonté , mais moins ccpen-
daat que d^albitrc & de talc , meti:z y un peu
de crayon rougs , atin que Ton ne puiire point
rcconnoltre les madères qui font entrées dans
votre comporition.
2*. Hunieftcz le mélange dont ont vient de
parler avec de Teau claire , en prenant garde fur-
tout quelle ne foit pointgraffe ; broyex-la exac-
tement fur une pierre , afin quelle devienne fluide.
Faites cnfuite avec de la terre à potier un
moule, dans lequel vous verferez la matière fuf-
dite, que Ton peut nommer un ciment j inetrez
une feuille de papier deffous le moule , afin de
peuvoir plus aifément Tenlever de deffus U table
ou vous travaillerez.
Mettez un peu du ciment broyé dans le moule ;
p4>fei deffus Therbe ou la plante que vous voudrez
[eicr en fonte ; & avec de petites pinces, fcpa-
rez-bien les feuilles d'avec la tige.
Verfcz enfuite par-deffus autant de ciment qu'il
en faudra ^ fermez le moule, en biffant cepen-
dant une petite ouverture pour pouvoir y couler
le métal tondu ; mettez ce moule dans un en-
droit fcc : en une demi -heure de temps » il dur-
cu^ aJTez pour pouvoir être rais à rougir au feu.
)•. Lorfque la plante qui ètoit eûtourée du
cimeiU fera confumie par la chaleur, il faudra
faire grande attention à la manière de conduire
le feu ; en effet , il faudra bien preiadre garde
que les alternatives du chaud & du froid ne gâ-
tent la befogne.
Pour éviter ces incopvéniens , on aura foin de
ne pas retirer du feu les moules trop précipitam-
ment; on les Liffera refroidir peu-a-pen.
Quand tout fera refroidi, on ôtera les cendres
d: la plante qui aura éiè brûlée , foit avec la
lïouche, en retirant à foi rhalcine , foit avec un
fcufflet , en foufflant par la partie fupéricure.
On pourra faire la même choftf avec un vcn*e
fct cyprès» ou avec du vif-argent.
On placera enfuite la petite ouverture fur un
feu de charbon j on Vj biffera expofée affez
long' temps pour que le moule , regardé par Tou-
Tcrrure, paroiffe blanc comme de l'argent; alors
on y coulera le mé^al fondu , & on finira par
jeter le moule dans Teau, afin qu'il fe détache-
Il faut que les tiges des plantes à jeter en
moule ne foient point trop menues , de peur
^ue leur fineffc n'empcche la fonte de fe faire
parfaitement , & que fargent que ïon voudra
couler foit bien Uquide. ï^our le rendre tel, on
y mêlera fou vent du bismuth , qui a la propriété
de rendre les métaux fluides.
On aura auffi attention k ce que les moules
oh Ton voudra couler k métal fondu , fuient
bien échauffés.
Préfdrati^n du fpatk , quand on veut y couler de
for , de Varient , ou d'éiutres métdux*
Preiiec sucaiu de fpath que vous vaudrez;
N 267
mettez-le dans un pot de terre verni ffc ; fermez
le pot avec un couvercle , que vous y luterec
bien exa^ement avec de la terre graffe; mettez-
le ilans un fourneau de potier, ahn que le fpaik
fe calcine; laiffez Ty autant de temps qu'il en
faut pour cuire un vaifTcau de terre ; retirez en-
fuite le fpaih calciné; broyez^e fur une pierre;
paffez-le par un tamis ferré , & mettez- le dan»
de l'eau claire : décantez Teau ; broyez le fpatli
de nouveau, & faites-le fécher au lolcil.
2". Quand b fpath fera bien féché, prcnez-eti
trois livres ; joignez-y deux livres de fel am-
moniac , deux livres de tartre , une livre de vi-
trioî ; mciez bien toutes ces matières , & las
mettez dans un ou deux pots; vcrfcz par deflus
environ fept pintes d'eau chaude ; pétriffez en-
fuite votre fpath , de manière qu'il ne foit point
trop clair.
Si vous en pouvez former des boules , ce fera
une preuve qu'il y aura affez dVau ; revcrfcz
de Teau fur la matière rcftante dans le pot ;
faires-la bouillir, & pétrifffez de nouveau votre
fpath féché dans cette eau chaude.
Reverfez encore de Teau fur cette matière;
pétriffez le fpath pour la troîfiéme fois, & faites-
le fécher; remettez-le dans un pot non vemiiTé,
que vous luterez comme on l'a déjà dit, &
quand il aura été calciné, broyez le fur une
pierre,
3**. Quand le fpath aura été préparé de cette
manière , mettez dans un vafe de verre qui con-
tienne environ deux pintes , autant de fel am-
moniac qu'il pourra s'en diffoudrc djns Teau
chaude ; bouchez le vaiffeau, & laiffcz-le re^*
fer pendant deux heures.
Au bout de ce temps , prenez votre fpark
préparé ; pétniTezIe dans cette eau, jufqu'à ce
que vous puiffiez en former des boules; faite*
enfuite des moules comme vous voudrez.
Quand i^ous voudrez y couler des métaux fon-
dus » il faudra bien chauffer ces moules, & ver*
fer avec promptitude*
Ces moults font beaucoup meilleurs que les
autres.
En cas que vous ayez fondu en plomb , &
qu'après la fonte vous vouliez rendre le plomb
noir , vous n'nurez qu'a prendre du foufre & de
rhuile , & en bien frotter l'ouvrage , qui devien-
dra d'un beau noir.
Manière de fa^re des moules avec de la terre grajji*
Prenez de IVgile bien pure, comme celle dont
fe fervent les potiers d'étain ; mélez-y de la
bourre ou du coton bien divîfé, & du iable ex*
trémement fin : fi le fable n'ctoit point affez fin,
il n'y auroit qu'à le laver & le broyer.
Pétriffez votre argile avec ce mélange , jufqu'i
ce qu'elle ait une confiffanee convenable; hw-
me(flez cette compofition avec de la bierrc forte
au lieu d'eau ; formez-en des moules que vous
Lij
268
MOU
ferez bien rougir au feu avant que de vous en
fcrvîr; ayer aulTi le fo'in de les garnir en de-
dans avec des cendres légères.
Moulas ou linpntres de purre di Btrgen^
On trouve à Bergen en Norwéee, une efpèce
de pierre blanche , tort mince & fort légère : on
la nomme pûmes dans le pays (la pierre ponce
ordinaire produit le mèms effet) ; on y joint de
ralbâtre blanc, on y fait calciner ces deux ma-
tières dans un fourneau de potier.
Apres les avoir mifes dans un pot couvert &
bien lutè, on verfe par deflTus de Targâle dé-
layée dans de Teau chaude , jufqu à ce que le mé-
lange ait une confi fiance convenable ; on en fait
enhiite des moules qui font durables, légers, &
dans lefquels on peut couler du fer & du cuivre.
Manière de couler à froid.
Prenez un fable fin , tel que celui dont fe fer-
vent les orfèvres ; mêlez-y du noir de fumée à
volonté ; humedez ce mélange avec de l'huile
de navette ou de Thuile de lin, jufqu'à ce quM
prenne affez de confiftance pour en faire des
moules : ces moules n'auront point befoin d*étre
chauffés, quand même on voudroit y couler les
métaux les plus chauds ; ïl faut feulement que
le fable qui y entre ait été bien féché.
On peut encore , pour fe procurer des végéta-
tions métalliques , prendre une plante entière;
vous rattachez dans fa fituation naturelle au fond
d^un vafc plus grand qu'elle ; vous empliffcz
d'eau ce vafe au point qu'elle recouvre toute la
phme; vous y verfez peu-à-peu autant qu'il
peut contenir de plâtre cuit , & en poudre trés-
finc ; vous laiffcz durcir cette maffe de plâtre.
LoilquVllc efl durcie en pierre , vous la reti-
rez du vafe; vous la faîtes cuire au four chauffé
au point que la plante s'y brûle & fe réduife en
cendres , que Ton fait fortir par le irotf laiffè en-
bas par b tige : enfuite vous faites recuire le
moule de plâtre i vous le rerapUflTcz de métal
fondu , comme argent , étain , plomb ; vous le
laiHez refroidir.
Enfin , vous caffez adroitement le moule au-
tour de la plante métallique , qui rcpréfente la na^
ture aLffi parfaitement qu'il eft pofîible,
Mdnièn de mouler en plâtre & de préparer le gypfe*
Il fiiut prendre de la pierre de plâtre ; écrâfez
& calcinez la : après l'avoir fait calciner pen-
dant un jour 8c une nuit , réduîfez-la en poudre.
Quand vous voudrez vous en fervir pour jeter
des figures en moule , prenez de leau de colle
trcS'chaiide , que vous mêlerez avec le plaire,
& vous en fermerez telles figures que vous
voudrez^
MOU
Manière de tirer des empreintes foU tn plâtre ^^
en foufre,
La curiofitè peut exciter le défir de pofféder,
finon en nature , du moins les empreintes dc$
médailles , pierres gravées , & autres morceaui
qui font Tornement des cabinets* On peut fe pro-
curer ces fuites ou collerions ï très-peu de fiiif
par les procédés économiques qui fui vent.
Ces procédés, qui ne confiftcnt que dans une
manipulation très-fimple & très -facile, cnfaififlint
les traits des objets dans la plus grande vérité,
en font fentir les creux, les faillans, le» vives
arrêtes ; c'eft Timage la plus parfaite du modèle,
Lorfqu'on veut tirer l'empreinte en plâtre» il
faut avoir du plâtre pulverifé, que Ton paflc lu
tamis de foie très- fin. On noie ce plâtre tamîfi
dans de Teau , que Ton agite aiïez doucement»
pour ne pas exciter de bulles d'air ; enfuite on
frotte la médaille ou la pierre gravée légèrement
avec de Thulle , qu'on eltuie avec du coton , puis
î'on entoure cette médaille ou pierre gravée d'un
ruban de cire ou de plomb laminé , pour lui (er-
vir de caiffe.
Cela fait , on verfe doucement le plâtre dé-
layé fur le modèle prépirè. On le laiffc fcchcr 8c
prendre ; brfqu'il efl fec , il fe détache facile-
ment ; c'eft un moule bien marqué dont on peut
fe fervir pour tirer en relief, foU en plâtre, foit
en foufre.
Mais il eft à obfcrver que lorfqu'on tire foo*
vent plâtre fur plâtre, les proponions (c perdeot^
les objets s'agrandîffent ; ce qui eft produit pif
l'adioD du plâtre, dont le propre eft d'occuper
en féchant un plus grand volume.
Ce fait nous donne lieu de rapporter un événe-
ment très- intéreffant à connoître. Un peintre dfi»
manda à une pauvre femme de lui permettre ik
prendre l'empreinte dès jambes de fon enfant,
qu'il trouvoit de la forme la plus belle : il &t
mettre les jambes de cet enfant dans un baqireCf
veîfa fon plâtre : dés qu'il commença à prendfi
de la folicftté, Tenfant fe mit à jeter les hjtrts
cris , fe fentant les jambes ferrées comme dam
de étaux. Le peintre a l'inftant brife les cer-
ceaux , rompt les plâtres pour débarraffer Tenfint
de ces cruelles entraves. Le plâtre, rt^erre pir
les douves , n'ayant pu fe dilaier , toute la prtf-
fion s'étoit faite fur les jambes de l'enfar.t.
Le procédé avec le foufre fondu ell le m^
qu'avec le plâtre.
Il eft cependant à obfervcr que lorfqyc k
moule fur lequel on tire, eft de marbrç , il ijiii
fe fervir de vieux oing & non pas d'huile ^ pa^^
que l'huile pénétrant par les porcs du m^ibrc, ^
tache roit*
Mitai compop ^ui fe fond à la ckal^mr dt fi
bou. liante*
Prenez dcuit parties de bifmuth, uncdepl*
]
I
& UDc dVtain , faites les fondre cnfemble ; ce
mélange mècallique , réduit en lames minces, fe fond
à U chalc-irde l'c;iu bouillante : en eft très-com-
mode pour mouUr y pour imprimer en polyiype
& prendre des empreintes*
Vafcs de papier*
On appelle papier mâché la préparation qui
fe fait avec les rognures de papier blanc ou brun
bouillies dans l'eau, & battues dans un mortier,
jufqu*à ce qu elles fuient réduites en une efpécc
de pâte , & enfulte bouillies avec une folution
de gomme arabique ou de colle , pour donner
de Ta ténacité à cette pâte, dont on faitdiffcrcns
bijoux , en la preflant dans des moules huilés.
Quand elle eft féche , on i'enduit d'un mé-
lange de colle & de noir de fumée, 6i enfuite
ou la vernit. Le vernis noir pour ces bijoux eft
préparé de la manière fuivante :
On fond dans un vaiffeau de terre vermflTé un
peu de colophane ou de térébenthine bouillie »
}ufqi]'à ce qu elle devienne noir & friable , &
on y jette par degrés trois fois autant d'ambre
réduit en poudre hne, en y ajoutant de temps
en temps un peu d'efprit ou d'huile de téré-
benthine.
Quand l*ambre eft fondu, on faupoudre ce
mélange de la même quantité de farcocolle , en
continuant de remuer le tout, Ik d'y ajouter de
Ferprit de vin , jufcjuà ce que la compofition
devienne fluide; après cela on la jpaflTe a travers
une chaufte de crin clair « en preUant la chaude
doucement entre des plaiches chaudes.
Ce vernis , mêlé avec le noir d'ivoire en poudre
fine, s'applique dans un lieu chaud fur la pâte
de papier féchée, que Ton met enfuite dans un
four fort peu échauftï , îe lendemain dans un
four plus chaud, & le troificme jour dans un
fonr três-chaud ; on l y liift^s chaque fois jufqu'à
ce que le four fott refroidi.
La pâte ainfi vernie eft dure, brillante, du-
rable, & fupporte les liqueurs froides ou chaudes.
Ce vernis, très-brillant 6c très-folide, eft celui
tju'on a imaginé en Angleterre pour imiter ces
raiffeaux également légers & forts, que les Ja-
ponois ont coutume de fabriquer , tels que
des plats, jattes, baflins , cabarets, &c. , dont
les uns paroiiTent faits avec de la fcture de bois,
& d'autres avec du papier broyé. Voici la mé-
thode détaillée qu*on fuit pour les contrefaire.
On fait bouillir dans Teau la quatutté qu'on
veut de rognnres & de morceaux de papier grîs
ou blanc; on les remue avec un batan tandis
«pi'iîs bouillent , jufqu'à ce qu'ils foient prefque
réduits en pâte ; après les avoir retirés de Icau,
ou les broie dans un mortier, jufqu'à ce qu'ils
ne forment plus qu'une bouillie teniblable à ceUe
des chiffons qui ont paiïé par les piles d'un mou-
lÎA à papier.
L'on prend enfuîte de la gomme arabique, Se
MOU
l'on en fait une eau de gomme bien forte , dont
on couvre la pâte de l'èpavITeiir d'un pouce; oh
met le tout cnfemble dans un pot de terre ver-
niffè , & on le fait bien bouillir , en ne celant
de remuer , jufqu'àce que la pâte foit fuffifammcnt
imprégnée de colle ; après quoi on la met dans
le , moule qui doit être fait comme on va le
décrire.
St vous voulez, par exemple, faire un plat,
ayes un morceau de bois bien dur, que vous
ferez travailler par un tourneur , de manière
qu'il puilTe emboîter le dos ou côté extérieur
d*un plaî ; vous y ^cxcz pratiquer vers le milieu
un ou deux trous qui paieront au travers dm,
moule*
Vous aurez outre cela un autre morceau de
bois dur, auquel vous ferez donner la fosme
d'un plat, & feulement une ou deux lignes de
diamètre moins que l'autre.
Frottez bien d'huile ces moules du côté qui a
été tourné , & continuez jufqu'à ce que l'huile
en découle : ils feront alors dans l'état qu'ils
doivent être.
Quand vous ferez prêt à fabriquer votre rafe
de pâte, prenez le moule percé de trous , & après
l'avoir huilé de nouveau, pofez-le à plat fur une
table folide; étendez-y votre pâte le plus égale-
ment que vous pourrez , de minière qu'il y en
ait environ trois lignes d'épaifteur.
Enfuite huilez bien votre fécond moule , & le
pofant exaélcment fur la pâte , appuyez deffus
très- fort ; mettez-y un poids fort lourd , & laif-
fez-le dans cet état pendant vingt-quatre heures.
Quand cette pâte fera féche , elle fera auflî
dure que du bois ; a'ors on y appliquera le fond
qui fera fait avec de la colle & du noir de
lampe.
Enfuite on laiftera fécher à Talr ce plat , &
quand il fera bien fec , on npphquera le vernis
ci-defTiis , fi Ton veut donner un fond noir à
Touvrage,
C'efl par cette méthode qu'ow fabrique ces
boites de carton, ou tabatières vernies, qui ont
CM tant de vogue, parce que le vernis que Mar-
tin ik autres artifles donnoient a ces boites , ètoit
d'un très- beau brillant & fans odeur.
Vafes de fclure d^ bois.
Pour faire des vafes avec de la fciure de 6ois»
on prend de b fciure fine , féche ; on la réduit
fur le feu en pâte , en y mêlant de la térében-
thine, de la refme ât de b cire.
Cette opération fe doit faire en plein air, de
peur que îa matière ne s'enflamme ; on met cette
pâte dans tes moules, comme on Ta dit ci-deffus,
& on fuit les mêmes procédés pour les vernir.
Lorfqu'on vettt donner au3C vrifçs une couleur
rouge , on met du vermillon dans le vernis.
On imprime fur les vafes ies deiîins que Ton
defire; on applique un vernis par-deffus, & on
270
MOU
y trace des filets J'or ou d*argent , avec des
feuilles appliquées & retenues par un mordant.
Si l'on veut donner des couleurs au plâtre,
voici différens procédés*
Pour U jjune d'or*
Il faut prendre des racines d'épine-vinette ,
que vous ferez bien bouillir dans de leau : mettez
dans cette décoétion un peu de fafFran , que vous
y ferez bouillir : filtrez le tout au travers d*un
hnee, & pétriflVz votre gypfe avec ce mélange :
il tera d*un beau jaune d'or.
Couleur verte.
On prendra de la morelle i faites la bouillir
dans moitié eau & moitié vinaigre r fervcz-voiis
àç cette déço£lion pour colorer votre gypfe.
Couleur bleuf,
II faut avoir des baies d*hyèble : faîtes- les
bouillir dans de Teau , après y avoir joint Je fa-
lun ; humeâez votre plâtre avec cette compofi-
tion ; il fera d'un beau bleu*
MOU
Couleur rougi.
Vous prendrez du bois Je fernarabouc ; faitef*
le bien bouillir Jans de l*eau claire pour en ci-
traire la fôinture ; mêlez y un peu d*aIuo , & c^
lorez-en votre plâtre , comme on l'a dit ch
iieffus.
Couleur brune.
Vous aurez du bois de Bréfil ; mettez le dans
une lefliveafTezfone, faites bien bouillir, & pro-
cciez comme il a été dit ci-4effus.
Couleur noire.
Faites ufage des ècorces du bots d*aune encore
vertes ; faites-les bouillir dans de leau claire
avec de lalun jufqua rèJuâton de la maitîé:
procédez comme pour les couleurs précédentes.
Quand vous voudrez colorer du plâtre , quel*
que couleur que vous y portiez, il fktidra tou-
jours que Te au dans laquelle vous mettrez la
couleur, foit une eau de colle : par ce moyen,
non -feu le ment le plâtre fc colore ^ mais encore
il fe durcit. Si on fe fert de colle de poiHon ,
cela n'en vaudra que mieux.
VOCABULAIRE de C an du Moulage.
/\luN| fel criftallifé, corapofé d'acide vitrio-
lique uni à une terre argileufe.
Aknelets ; ce font de petites agraffes de fil
d'archal recuit, que Ton met dans les pièces afin
de les pouvoir retirer avec àt% pinces, ou pour
les lier aux chapes avec des ficelles que Ton pa^Te
à travers leur forme. Ils font à-pcu-près (tim-
blables à une porte d'agraffe.
Argile ; efpèce de terre qui eft compafte.
Armatures ; c'eil le fer que Ton met dans
les cKapes & dans les figures coulées en ptâtre
ou plomb ; la grodeur & la forme fo]7t arbitraires
relativement à Tobjet que Ton moule : on fe fert
de fantons pour faire les armatures.
Attaches ^ lorfqu'on coule des bas-reliefs ou
autres pièces qui doivent fe fufpcndre contre un
mur, il faut y mettre une attache, foitdefil d'ar-
chai ou de cadre.
Blaireau ; on nomme blaireau une brofle à
longs poils , qui fert à imprimer la cire ou le
plâtre. On rappelle blairiau^ parce que c'efi avec
le poil de cet animal qu on fait cette cfpéce de
pinceau.
Bon creux; on appelle bon creux celui qui
eft fait de façon à pouvoir y couler plufieurs
plâtres.
Brosses; on donne le nom de broffe à des
pinceaux faits avec du poil de fanglier : elles fer-
vent à huiler les creux, à imprimer les pièwtSi
t
i
ï nettoyer les moules lorfqulls font remplis de
poulTière*
Caler ; brfqu'un crcu¥ eft pofé horizontale-
ment & qu'il porte à faux , il efi à propos «te le
caler ^ pour qu'il ne fe tourmente pas.
Cartonner ; c'cf! couvrir la furface d*mi
moule de papier ou de pâte faite avec des rognu-
res de papier : tous les ouvrages de ce genre fe
nomment canonn tges.
Chapes ; c'eft lenveloppc extérieure d*un
moule 9 dans laquelle on railemble les pièces qui
compofent le creux.
Châssis ; ceft un affembla^e de charpemc
qui forme la b^fe du moule d'une ftatuc cqucflre
ou autre creitx de cette nature : ce même chaffis
s'appelle auflt plate-forme.
Coquilles ; lorfaue les moules font en deux
parties égales , on dit que le creux eft fait en
deux coquilles. Si l'on moule , par exemple,
«ne pomme ou une boite en deux parties, il faut
obferver que le joint foit bien au milieu , fans
cela il fe trouveroLi une partie qui ne ferott pas
de dépouille.
Coulage; lotfqu'on jette du plâtre dans ufi
creux , on dit communément couler des figures:
on coule auOi à la volée du plâtre ou de Im
cire , lorfqu on les verfe dans les creux à plu-
fieurs reprifes.
Couler â ta volée : cVfl verfcr fur une figure
une qrantité Je plâtre clair qu*on faît pinitrcr
partout en roulant le creitx.
I
L
Coupe; ce terme fe dit communément des
fitrface^ tics pièces qui ne portent rien de relatif
au moule dooi elles font partie.
Couper , ou fèparer d*une figure les par-
ties fa&Uantes pour faciliter ropéranon du «lou-
lige : a%'ant que de faire un creux fur une figure
en terre inolle , il faut commencer par faire les
coppcs.
CotïTUR ES* Lorfqu'on a retiré les pièces qui
compofent le moule d*une figure ou d'autres or-
nemens , il refte une marque des joints fur le
plâtre : ceft ce que Ton appelle coutures.
Crampons* On appelle crsmpons des mor*
ccaux de fer dont la terme efl d'un qua^ ou-
vert ; ces crampons fervent à former les creux
lorfqu'on coule des plombs : la grandeur en efl
arbitraire.
Creux. On appelle creux les diSerens moules
dans lefquels on peut couler, foit de la cire ou
du pîàirc.
Criux perduu Lorfqu'on cafle un creux fur
k plâtre que Ton a coulé dedans, cela s'appelle
loouicr à creux perdu,
pfFOUiLLE- Vn^ pièce eft de dépouille, lorf-
fli*eUe fort facilement de la place qu^elle occu-
poit dans le moule après que le plâtre a été
coulé dedans*
DÎPOUILLER. Lorfque le plâtre eft pris» on
retire toutes les pièces pour les remettre à leur
place, afin de pouvoir couler d'autres figures:
c'ei! ce qu'on appelle dtpoudUr un creux.
Dessous. Lorfque les pièces font arrangées
|ians leurs chapes, les pièces qui font faillantes
préfement des fonds que l'on appelle de flous; il
faut avoir foin , lorfqu'on coule du plâtre dans
ces moules , de le faire eritrer avec une broïfc
dans les cavités, afin de pouvoir éviter les (omî-
ftores ou rents.
Durcir. On dit durcir un creux, quand, après
l'avoir laifîé fécher fuffif^mTnent, on paflTe ueiïus
uoc ou deux couches d'huile gra^Te chauvie pour
lui donner de îaconfiflance & le durcir.
EBAUCHOlR.'C'eft un inftrument de buis, de
fer , ou de bronze : on fe fcrt d'êbauchoir pour
réparer le plâtre , ou pour en j^raiflcr avec de la
cire les endroits qui ne peuvent pas être de dé-
poiiillc fur la terre cuite & fur k marbre : la
torme en eft arbitraire* Lor qu'une pièce cil cou-
pée trop mince j tîle pté fente des panier aiguës
qui fe caffent facilement, ce qu'il faut éviter foi-
gneufemenr.
EHGRAtssER. Une pièce étant faite fur de la
terre niolîc, le mouleur coupe ce quipourroit H
rcter.ir avec le plât/e coulé; le peu t^u'h a ôïé à
cette pièce, fait que le mi'ïdèîe do plâtre foi t phis^
bouche qu'il ne devroit ctre : c\û ce qu'un ap-
pelle £ngrdtjfc\
Epaissfurs. Ce font des inorceauT de terre ou
4e cire que l'pn rend d'une égale épaiffeur fur une
planche. Lorfqu'on huile un creux | U ne faut pas
y laiiTer d'épaiffeur dliuile.
Estamper, C*eft prendre rcmpreînte de quel-
que chofe avec de la terre , de la cire ou de la
mte de pain chaude.
Etrésillon. On appelle étréftllon un morceau
de bois que Ton met entre un moule & un corps
foij4e pour arrêter la poutlée du plâtre,
EvENT. C'eil une ouverture que Ton fait à un
creux pour donner de lair aux endroits oij la ma-
tière qui coule doit monter.
Fantons, Les fantons font des tringles de fer
qui fe vendent en bott&s de cinquante à cent pe-
lant : ils coûtent de iq à 14 liv. le cent. On fe
fert de fmtons pour faire les armatures des cha-
pes: le meilleur fanton efl celui qui vient du Berry.
Si Ton craint que la rouille ne pouflTe à travers le
plâtre , on fait chauffer le fer que Ton met dans
les figures, ëc on le frotte de cire ou de poix-
ré fi ne. r<
Farineux. Lorfqu'on coule dans des creux qui
font trop fecs, l'huile s'imbibe promptement, ik
le plâtre devient farineux. Pour éviter cet ÎRCon-
vénient , il f^ur , avant que de couler en creux,
fur-tout s'il y a long-temps que l'on n'en ait fait
ufage , laver toutes les pièces avec une tau de
favon bien claire » palTer enfuire une couche
d'huile d'œlUet très-chaude , & îaiffer repofer le
creux pendant une journée.
Fausses pièces* Les fauiïes pièces font celles
qui en renferment d'autres , & qui ne portqnt au-
cune empreinte de l'ouvrage que Ton moule.
Fermoir. C'efl un inftritment de ïtr ou d'acîer
de la forme d un cifeau : il fert à ouviir lesch:ipes
ou d*autres ouvrages qui appartiennent au mou-
lage.
Flou. Lorfque Ton coule du plâtre dans un
creux où il y a trop d^liuile , ce plâtre devient ^ri^
6c fiou.
Gâcher , détremper du plâtre avec de Teau. Il
efl ciTenticl que le mouleur fâche gâcher le plâtre
ég.ilement; car s'il arrive quil foit plus ou moins
fené dans les différentes pièces qui compofent wix
moule , alors le fort emporte le fuible £c le fait
iravailler.
Garrot. LorfquHio creux eft attaché avec des
cordages , pour qu'il foit ferré davantage , on
p iiïe un morceau de bois qui fe nomme garrot ,
que Ton tourne 8c qui s'attache enfuite avec une
ficLlle : on dit auffi garrotter un moule.
Gaupter. Lorfque les deux parties d*un creux
font rejointes i'une à l'autre , on ^a tptt du plâtre
fur les jointe» avec une broffe; Ôt lorfqu*on veut
boucher les coupes d'un moule dans lequel on doit
couler du plomb, on g^iupie les joints avec du
gros plâtre.
Gercer. Lorfqu'on met du plâtre frais fur du
plâtre qui eft ùc , il ù g^rce ; pour éviter cet in-
con*cnient , il faut mouiller le plaire.
GooET, On fait avtc de la terre molle une tf-
272
pèce d'auget que Ton nomme goJei , afin que le
plâtre que l on vcrfe dans un creux , ne coule pas
à côté.
Grattoir. On appelle grattoir un inllrumem
fait en forme d'une S large par les deux bouts qui
doivent être dentelais: il fert à ruftiqucr les cou-
ches de tire ou de plâtre que l'on veut adapter
lune à Tautre : h ripe fait st peu-prés le même
effet.
Jaune, On dit communément ochre jaune :
elle cd d'une confiftance peu ferme, friable : elle
a la propiiété de tacher les mains. Il s*en trouve
des minières dans le Berry , dont ies lits en cou-
ches ont depuis cinquioce jufqu'à cent & deux
cents pieds de profondeur , & TèpaiiTeur de qua-
iie jufqu'à huit pouces.
Jet. C'eft l'ouverture que Von fait à un creux
pour couler la matière.
Imprimer. On imptime avec une broffe du
plâtre clair ou de la cire chaude fur la fuperâcie
d'un creux.
Liante* On dit que la cire cft /i^mr lorfqu^le
fe pérrit facilement avec les doigts, & qu'elle ne
Te répare pas en la tirant.
Lié, Lorfqu on coule des plâtres » il faut pren-
dre garde que les différentes couches foient bien
liées enfemble* fur- tout lorfqu^on met du gros plâ-
tre fur du fin.
Liens. Ce font les attaches de plomb qui lient
le fer aux figures que Ton fond en cette matière.
Mandrin, Inflrument à Tufage d un grand nom-
bre d'antfans. Prcfqut: par-tout il fait la fonction
de moule ou de modèle , & a la forme d^une au-
tre pièce.
Maquette. C'eft une première ébauche en
terre molle d'un ouvrage de fculpture.
Mastic, Les différentes fortes de mafticfefom
gvcc des corps gras , Si fervent à rejoindre les
parties d'une figuie caffée , ou à mouler fur les
marbres.
Modèle. On nomme modèles » des figures Ac
terre ou d*argile , de plâtre , de cire, qu'on ébau-
che pour fervir de deffîn , & en exécuter de plus
^andes, foii de marbre, foit d'une autre ma-
tière.
On fait que les anciens faifoient ordînairemcni
leurs premiers modèles en cire. Les aniiles moder-
nes cm fubftitué à la cire Targilc, le plâtre ou
d'autres matières femblables également fouples.
Néanmoins on ne peut pas dire que la méthode
de faire des modèles en argile ait été ignorée des
Grecs, ou quils ne Taient point tentée, puifqu'on
nous a même tranfmis le nom de celui qui en a
fait le premier effai. Cétolt Dibutade de Sicyone.
On fait encore qu'Arcéfilade, Tami de Lucullus ,
«^acquit une plus grande célébrité par fes modcUs
en argile , que par fes ouvrages. îl exécuta de
cette manière une figure qui repréfcntoii la féli-
cité, dont Lucullus fit monter le prix à foixante
nullç fellerç^ Oâavius, chevalier romain , paya
MOU
au même artifte un talent» pour \tmodUt dTuna
taâi en plâtre qu'il vouloit faire exécuter en or.
L*arg!le feroît fans doute la marérc la plu% pro-
pre à tonner des figures , û elle girdoit conrtam-
ment fon humidité; mais comme elle la perd lort
qu*on la fait féchcr & cuire, il faut nécefraircment
que ces parties folidcs fe rapproch:;nt chtr'eîles ,
que là hgure perde fa malle , 6t qu'elle occupe
entuite un moindre efpace. Si cette uiminutioa
que fouffre la figure étoit égale dans toutes fes
parties ik dans tous fes points, ta même propor-
tion lui rcftcrolt toujours , quoiqu'elle tût plus
petite i mais ce n'eil pas ce qui arrive. Les petites
partie:- de la figure fe fcchant plus vite que U%
grandes, le corps, comme la plus forte de toutes ,
fe féche le dernier , 6t perd en même tcms moins
de fa maffe que les premières,
La cire n'cft point fujette à cet inconvénient ;
il ne s*en perd rien, & il y a moyen de lui don-
ner la furfâce unie de la chair, qu'elle ne prend
que trés« difficilement lorfqu*on la modèle. Ce
moyen eit de faire un modHi d argile , de l'impri-
mer d-Ans du plâtre, 8c de jeter enfuite de la cire
fondue dans le moule.
Modeler en urre , en plâtre » ou tn cire ; c*cft
Taélion de former avec de la terre, du plâtre, ou
de la cire les modèles ou efquilfes des ouvrages
qu'on veut exécuter.
Pour modeler en terre, on fe fert d'une terre
toute préparée , qui eft la même dont fe fervent
les Potiers de terre. On met cette terre fur une
felle ou chevalet. On n'a pas befoin de beaucoup
d*outils j car c'eft avec fes mains qu'on commence
il quon avance le plus fon ouvrage. Les plus
grands praticiens fe fervent plus de leurs doigts
que d'outils. Ils fe fervent néanmoins d'ébauchoirs
bre télés pour finir & breter la terre.
On modèle & on fait auflî des figures & erquif-
fes de cire. Pour cet effet , Ton met fur une Uvrc
de cire demi-livre d'arcan^on ou colophane : pliï-
fieurs y mettent de la térébenthine, 6l Tan ûtc
fondre le tout avec de Thuile d'olive. On en met
plus DU moins, félon quon veut rendre la matière
plus dure ou plus molle. On mêle dans cette com-
pofition un peu de brun rouge, ou de vermilloQ ,
pour donner de la couleur. Lorfqu*on veut s'en
fervir, on la manie avec les doigts & avec des
èbauchoirs , comme on fait la terre.
Monter les plâtres. Lorfque les figures fom
coulées , on rejoint les parties qui doivent être
coupées avant que de mouler : c'cft ce qui s'ap^
peilc monter le plâtre.
MoRDACHE , efpècede tenailles compofics de
deux morceaux de bois éiaAiques , affemblés par
une de leurs extrémités, & faits à l'autre en mâ-
cboires d*étaux. Lorfqu'on travaille des ouTrages
a moulures , àc autres ornemens délicats , qui
fouffrirment des dents & de la prcflion des mâchoi-
res de rétau , fi on les y ferroit , on prend la mar-
dadc y on la met dans Tétau , âc Ton met l'ouvrage
iliiis
»
I
p
MOU
diQS la m&rddche^ obfcrvant m£nie quelquefois
dVnvdapper d*un linge, ou d'appliquer des mor-
ceaux de tieutre aux endroits où les mâchoires de
h mord^che touchent à Touvrage ; plus commune-
mont encore ces mâchoires en font garnies. Il y a
des morJackes de toute grandeur,
MoucHETTEs, On appelle mouchetées ce qui
fort dt% tamis de crin ou de foie , lorfque Ton paife
k plâtre : on rebat les mouchettes , ou on les em-
ploie Gns être piiTées pour les chapes & pour les
tauiTes pièces.
MoULAGi , c'eft Taétlon de mouler.
Moule. On appelle de ce nom en général tout
tnûmment qui fcri ou à donner ou à déterminer
la forme de quelque ouvrage* Il n'y a rien de
h commun dans les arts que les woulrs, 11 y a
bien des chofes qui ne fe feroient point fans cet; e
fçffource ; & il n*y en a aucune qui fc fit plus dif-
ikrlement, & qui ne demandât plus de tcms*
MoULtRy c*cA Taftion d'exécuter par le moyen
d'un mouîe.
Mouler en plXtre. Le meilleur plâtre dont
on puitfe fe fervir pour mouler^ cVft celui qu*on
tire des carrières àt Montmartre, On le prend en
pierres cuites 8c tel qu'il fort du fourneau : on le
bat , 6c on le pafTc au tamii de foie : on le délaie
dans leau plus oit moins, fuivani la fluidité qu'on
veut lui donner. Mais avant que de l'employer ,
il faut avoir difpofé le modèle ou la figure à rece-
voir le inouïe. Si ce n'eft qu'une médaille ou orne-
ment de bas-relief qu*on veut mouler y on fe con-
tente d'en imbiber toutes les parties avec un pin-
ceau & de rhuile j puis on jette le plâtre defTus,
qiii en prend exaâement l'empreinte , & qui forme
ce qu^oQ appelle un mouU; mais fi c'efl une figure
de ronde boiTe qu'on veut mouler ^ il faut prendre
d^autres précautions* On commence par le bas de
la B^re , qu'on revêt d^ plufieurs pièces , & par
dffifes, comme depuis les pieds jurqu'aux genoux ,
felofi néanmoins la grandeur du modèle; car quand
les pièces font trop grandes, le plâtre fe tourmente.
Après cette aiTife , on en fait une autre au*deiTus ,
dont les pièces font toujours proportionnées à la
figure , oc on continue ainfi jusqu'au haut des
épaules , fur lefquelles on fait la dernière alTife qui
comprend la tète.
II cft à remarquer que, dans une figure nue,
les pièces qui ferment le moule étant aiîez gran-
des pour fe dépareiller aifément , elles ni>nt
pas befoin d'être rc cou verres d'une chipe ;
mais fi ce font des figures drapées , ou accompa-
gnées d'orncmens qui demandent de la fujétion , &
qui obligent à faire quantité de petites pièces
pour être dépouillées avec plus de facilité, il faut
alors faire de grandes chapes , c'eft-à-dire , revêf ir
toutes ces petites pièces avec d'autre plâtre par
erands morceaux qui renferment les autres , &
huiler tant les grandes que les petites pièces par-
deflus & dans les joints, afin qu'elles ne s'atta-
chent pas les unes aux autres,
Jrts & Mâitrs, Tome K Partie. /.
MOU
V:
On dîfpofe les grandes pièces ou chapes de
façon que chacune délies en renQ^rme plufieurs
petites , auxquelles on attache de pet.ts annelets
de fer pour fervtr à les dépouiller pîus facilement »
& les taire tenir dans les chapes par le moyen de
petites cordes ou ficelles qu on attache aux anne-
lets » & qu'on paffe dans les chapes. On marquî
aufli les grandes & les petites pièces par des chif-
fres', par des lettres & avec des entailles pour les
reconnoître » & pour les mieux affembler.
Quand le creux ou moule de plâtre eflfait, on
lelaifle repofer, & lorfqu'il e(l fec, on en imbibe
tomes les parties avec de Thuile. On les raiTemblc
les unes & les autres chacune à fa place , puis on
couvre le moule de fa chape , 8t on y jette le plâ-
tre d*une confiilance allez liquide pour qu'il pui^Te
s'introduire dans les parties les plus délicates du
moule V ce que Ton peut aider en balançant un peu
le moule, après y avoir jeté à difcrétion une cer-
taine qiiantiïé de plâtre : on achève d:: le remplif ,
& on \q lailTe repofcr. Quand le plâtre eft (i^c , on
ôte la chape, & toutes les parties du moule l'une
aptes l'autre , Si l'on découvre la figure mouléç-
NoYAU. Le noyau eu compofê de plâtre, dans
lequel on met un tiers de briques pilècs , & que
Ton coule dans le creux pour les plombs ou pour
les bror^zes : on appelle auiïi le noyau Tame de
la figure.
Noyau de plâtre. Comme le plâtre qu'on
achète n'eft fouvent cuit qu'en partie , il fe trouve
au centre de cette pierre une portion de plâtre
qui n'eft pas cuite , c'eft ce que l'on appelle noyau.
Noirs. On fe fert du mot noirs pour exprimer
les parties les plus renfoncées de la figure.
Papier Joseph. Ce papier eft connu pour être
très- min ce ; en conféquence il prend bien Fera-
preinte des moules.
Papier mâché. Ce font des rognures de papier
qu'on laifte pourrir dans l'eau pour faire une pâte
dont on fe fert pour cartonner.
Parties. Lorfqu*on coupe les bras ou les jam-
bes dïine figure pour faciliter ropération du mou-
lage, c'eft ce qu'on appelle communément couper
les parties : on fe fert pour cela de fil d'archal & de
laiton fort mince,
Pastillage. Pâte de fucre compoféc pour fo<^
mer les petites figures qui décorent les tables.
Pesée. Lorfqu'on veut ouvrir un creux oif lever
une chape , on fait une petite pefée avec un fer-
moir ou un autre outil propre à cet ufage*
Pièces. Ce font des morceaux de plâtre taillés #
qui portent remprcin:e d'une partie du modèle :
cVft TatTembLige de ces pièces dans les chapes
qui forme les creux.
PifeCES ET CHAPES, fe dit dune pièce affei
forte pour ne pas être recouverte d*unc chape.
Pinces. Ce font des outsls en forme de tenail-
les aiguës, qui fervent à reti cr les pièces fur le
modèle ou fur le plâtre coulé.
Plomb rouge. Pour bien réulTir à fondre des
M m
274
MOU
figures en plomb ou en étala , il faut que cette
matière foit très-chaude : c'eft pour cela que l'on
dit qu'il faut couler à p!omb rouge. On conn€>ît
ce degré de chaleur lorfqu'en y )etant un mor-
ceau de papier , il s^enâamme fubitement : alors
on peut couler fi le creux eil bien fec.
Ponce. On renferme dans un linge de la lithar-
ge pour taire de Thuile grafleou de la cendre pour
poudrer les endroits que Von veut eftarapcr : c'eil
ce qu'on appelle une ponce.
PoRTHis. Ce font les parties excL^denres d'un
moule : on fait ajlfi des portées avec de la terre
molle pour recevoir le plâtre.
Poussée. Ccft TefF^rt que le plâtre fait dans les
crrux eu furies modèles.
Pousser la terre dans les creux , c'cft-à-dire ,
prendre l'empreinte d'un moule avec de la terre
molle.
Prendre. On dit qu'il faut laifler prendre le
j)lâire avant que de remployer , & attendre qu'il
loit bien pris avant que de dépouiller le creux.
Raisonner , fe dit communément pour mar-
quer le foin qu'il faut avoir pour juger la pièce
[ue l'on fait fur une figure ou autres morceaux
,e fculpture.
Recuit. On fait recuire les moules deflinés à
recevoir du plomb ou de Tétain : il faut prendre
garde de ne pas laiiTer brûler le plâtre en le
recuifant.
Relâcher. Le plâtre fe relâche lorfquHl ell
trop cuit ou éventé : il durcit à f inftant qu'il eft
détrempé , puis il devient mol ; c*eft ce que Ton
appelle fe relâcher.
Remonter une figure ; c'efi attacher au
ccrps d'une figure , avec du plâtre gâché très-clair ,
les parties qui en avoient été moulées féparément.
Repaires. Ce font de certaines marques que
l'on fait aux pièces & aux coupes pour les remet-
tre exaûeraent dans leurs places : la forme en eft
arbitraire.
Répareur ; nom d'un artifle qui fe fert
d'un crochet pour reformer & faire revivre la
fculpture qui efi effacée par la quantité de blanc
dont on la couvre avant que d'être dorée.
Ripe. C'eft un inArument de fer ou d'acier qui
i
MOU
a des dents : il fert à rufiiquer la cire fur laquelle
on doit mettre des épaifféurs.
RusTiQUER. Lorfqu'on a à fondre les parties
des figures , foit en plomb, foit en plâtre, il faut
ruftiquer les deux parties que l'on veut rejoindre ,
c'eft-à-dire » bien piquer les endroits , afin que le
plâtre que l'on met entre deux , s'y attache &îie
tafle plus qu'un corps.
Serré. Lorfque le plâtre eft long à prendre ,
il faut le gâcher ferré , c'eft-à-dire , mettre beau-
coiîp de plâtre dans l'eau.
Souder ; c*eft faire la réunion de deux par-
ties , foit en plomb , foit en plâtre , &c.
Soufflures. Ce font de petites cavités dans le
plâtre.
Spalt gypseux : cfpèce de pierre criflallîfte ^
compofée d*acide vitriolique & de terre calcaire.
Spatule, efpèce de truelle de fer on de cui-
vre avec un manche de bois ou fons manche ,
qui fcît à prendre le plâtre dans h jatte ou il eft
gâché : il faut, avant de fe fervir d'une (patule ,
la faire chauffer, & paffer un peu d'huile ou de
cire defliis, afin que le plâtre ne s'y attache pas.
Surmouler. Faire un moule fur une figure ou:
autre ornement de plâtre coulé.
Surmoules. Ces creux ne font pas fi fidèles
que les premiers moules faits fur le modèle ori-
ginal.
Talc. Il faut entendre du gypse criftallifib^
lequel a la même tranfparence que le mica ou le
vrai talc.
Toucher , s'entend des coups d'ébauchoîr que le
fcu'pteur l'onne pour produire l'effet à fon ouvrage*
Tourmente :on dit zuffi voilée. On dit vul-
gairement que le plâtre fe tourmente lorfqu*ttne
chape t\e porte pas également fur l'endroit où elle
fe trouve pofée : on fe fert auffi du root voiler
pour exprimer la même chofe.
Travail du plâtre. La nature du plâtre effi
de fe gonfler : il fait par ce moyen écarter ce qui
s'oppofe à fon aâton ; c'eft ce qu'on appelle
travail.
Vents ou soufflures , fe dit des petites cavi-
tés ou bouillons dans les plâtres que l'on coule
fans précaution en comprimant l'air»
MUETS ET SOURDS, ET LES AVEUGLES-
( Art crinslruire les )
V/ Ht obfervaticMi qui doit donner cîc^rand^s cf-
peranccs d^m ks ftiiîiiccs 6c dans les srts, cVft
qu'on y cft foiivcïit (larvcnu ;i des dicouvcrrcs,
^oc Ron-feulemcnt on n^erpcroii pjs pouvoir f-ire,
jnaif dont on n'avoit pas même lidèc.
On rcgsrdoît les muets de naiffancc comme
oiûîns gucri^âbles qn auruti autre ; cependant ce
font ceux-tà même qu'il eu îe plus pcfllÛe de taire
parler, qiicceux qui le fontdeverus par accident* lis
ncfoni reliés muets que parce qu'ils étoîent fourds :
TorgAne de h parole ne leur manque pas ; iU (ont
Cftfplcmem embatraiïès par le dôfiut d'exercice.
Comme ces mucis le font en confécjuence de Ictîr
fiirditè , U faut, pour ainfi dîre , leur faire voir les
fons, puii les exercer à les rendre.
Les fourds de nallTance font àt?nc muets ordi-
nairement, parce qu'ils ne font pa.-* ca|>:;bles d'ap-
prendre à parler. Cependant , comme les yeux
aident les oreilles» rvu moins en pnitle, ils ptu-
vent, à la rigueur , e^i tendre ce qu^ondlt , en obfer-
vafit le mouvement des lèvres & de la bouche; ils
peuvent même s'accoutumer k faire des mouve-
mcns femblables , 6l par ce moyen apprendre a
pronanccr des mots.
Ainfi ic doôeur Wallis narîc de deux jeunes
gens qui étoicnt fourds de n. ivïancc, Se qui ne iarf-
foicQt pas d'entendre ce qu'on leur difoii , 6t d*y
répondre penint:»» -nent*
Le chevalier Digby nous apprend, dans fon rraîié
Ji n^turd corpOTum , chap. iS ^ n\ 8 , qu*r.nefpa-
Sooldunenai^ance diftinguèc, qulètoi: frère cadet
un connétable de Canillc , étant né fourd &
muet , étoif infcnfible même au bruit é\m coiTp
de canon tiré à fes oreilles.
Comme il lui ctoit impoffibte de rendre des fons
& des paroîes quM n'cntindoii pas ^ il fut privé
de manifeAer fes idées par lor^ane de la voix. Un
certain prêtre Efpagnols'oftiit à lui cnfeigner non-
fcdcireDC à parler, mais encore à entendre une
converfaûon.
Les petfonnes àquiU fit cette propofiiion écla-
tèrent de rire, mais ères furent aA'cz f^ges pour
mettre le prêtre à réprcuve. On ^ it avec la plus
grande furprife , au l^out de quelques années , que
le martre ctoii parvenu , a force de foins , a mettre
(on élève en état de parler , & de proférer ce qu*ort
f roféroit devant lut en toutes fortes de langues ,
ijoclque difficiles quelles fuffenr.
Un prince africain, qyi éioir pour lors à la cour
d'Efpagne , éprouva três-fouvcnt la f.*g3Ctfé df ce
muet , en lui faif^nt répét<^r les mots les plus diffi-
ctlcs de fa langue.
Le chevalier Dtgby affurc qu'il a fonvent con-
vcric av^c cet efpagnol , & qu'il admiroîtla faci-
lité flvcc laquelle il répétoit les paroles proférée*
par une autre perfonne qui éioit éloignée de lui
de toute la îorgiieur d'une grande faîle.
Le même expédient réuJîit fur iin des pricces de
rillunrc miifon de Savoyc , qui croit doué du plus
beau génie & de la plus grande fagacité , malgré
cette infirm.ré.
Le pcrc Schott rapporte dans fa phyfiqup cu-
ricufe * lirrc 3 , chap. 33 , qu'il avoit connu deux
jéfuites qui comprenoient tout ce que Ton difoit à
b feule infps:.ion des lèvres.
Il y avoir , vers la fin du dernier fîècle , à Amfter-
dam, un médecin SuilTe, naminéJî^rn Conrad Am-
man, qui apprenoit, avec fuccés , à parler à des
enfans nés fourds ; il avoit réduit cette pratique à des
régies fixes, & à une efpèce d'art & de méthode
qn il apubl éedansfon5wri/(a/»^/!/f/ix, Amflerdani,
1692 , ai dans fon traité de Loqucld , ibid 1700.
M, Wdler, fecrétaire de la fociété royale de
Londres , parle, dans les tranfaélionsphilofophi*
ques, u". 513, d'un frère & dune fœiir âgés
d'environ cinquante ans chacun, & nés dar^s la
mêm^ ville que M. Waller , qui tous deux étoîent
entièrement fourds ; cependant l'un & Taurre h-
voicnt tout ce qaon leur difoit, en examinant
feulement le mouvement des lèvres , & ils y ré-
pondaient fur le champ.
li paroît qu'ils avoicnt tous deux joui du fens
de louie éiirnt enfans, & qu'ils Tavoient perdu
d*"»ns la fuite ; mats qij*ils a voient confervé une
cfpéce de langage qui , quoique barbare , étoit
cepL^ndant inteliigible.
L'évéque Burnet nous a rapporté encore un
autre exemple de la même chofe dans l'hiftoire de
b fille de iVL Goddy , miniftre de S. Gervaîs à
Genève. Cette fille devint fourde à Tàge de decx
ans ; depuis ce temps elle irtntendoic plus que le
grand briiit, & rien de ce qu*on lui dffoit; mais
en obfervant le mouvement des lèvres de ceux
qui lui parloient, elle apprit un certain nombre
de mots , dont elle compofa une cfpéce de jargon ,
au moyen duquel elle pouvoit convcrfcr avec
ceux qui étoîent en étn d'entendre fon langage»
Elle ne favoitricn de ce qu on artîailoît , à moins
M m 1
276
MUE
5 [u 'clic ne vît le mouvement des lèvres de lapcr-
onne qui lui parloir ; de forte que pendant la
nuit , on ne pouvoit lui parler fans lumière.
^ Mais ce qui doit paroîcre plus extraordinaire ,
c*eft que cette fille avoit une fœur avec laquelle
clic converfoit plus aifément qu'avec perfonne ; &
Êendant la nuit il lui fufEfoit de mettre la main fur
i bouche de fa fœur pour favoir ce qu'elle di-
foîtf & pour pouvoir lui parler dans robfcurité.
Burn , letr. 4 , p. 248.
C'eft une chofe digne de remarque , que les
fourds, & en général ceux qui ont l'ouie dure
entendent mieux & avec plus de facilité lorfqu il
fe fait un grand bruit dans le temps même qu'on
leur parle ; ce qui doit être attribué fans doute à
la erande tenfion du tympan dans ces occafions.
Le fieur Wallis fait mention^'une femme fourde
qui entendoit fort diftinôcment ce qu'on lui difoit
lorfqu'on battoit du tambour ; de forte que fon
mari , pour pouvoir converfer plus aifément avec
elle , prit à fon fervice un tymballier.
Le même auteur parle d'une autre perfonne qui
demeuroit proche d'un clocher , & qui entendoit
fort bien trois ou quatre coups de cloches , mais
rien de plus.
Non-feulement Wallis, en Angleterre, Am-
man, en Hollande, fc font attachés à. l'inftruc-
tion des fourds & muets , mais il paroît encore
Sar leur témoignage, qu'un certain rcHgieux s'y
toit exercé bien avant eux.
Emmanuel Ramirez de Cortonc , & Pierre de
Caftre , efpagnol , avoient aufli traité cette ma-
tière long-temps auparavant ; & nous ne doutons
pas que d*autres auteurs n'aient encore écrit &
publié quelque méthode fur cet article.
Il eft étendant vraifemblable que c'eft le père
Ponce , efpagnol , mort en 1584, qui a effayé le
premier l'art de donner la parole aux muets ; mais
il n'a pas enftigné fa méthode comme ont fnit
Amman & Wallis. M. Perreire , né en Efpagnc ,
doit auffi la fienne à fon ^énie.
Enfin , de nos jours , M. l'al'bé de l'Epée a per-
feilionné cette invention en quelque forte mira-
culeufe ; il a créé l'art d'apprendre aux fourds 6c
muets à oenfer avec ordre , Si h combiner leurs
idées. Il leur démontre par des preuves fenfibles la
métaphyfîque des langues , & fcs élèves ne font
pas de fimples automates qui répondent à des
figncs coii venus; ils comprennent & faifident avec
une promptitude admirable , tout ce que la parole
& la penfée ont de plus fubtil; ils procèdent même
par une méthode fi Tûre , que ces lourds & muets ,
inftruits par leur favant & généreux inftituteur ,
fcroient en état d'enfeigner la plupart des perfon-
nes bien élevées , qui , avec Torganc bien fain de
l'entendement , ne favent point aufli profondé-
ment la langue qu*elles parlent.
Ceft cette méthode de la penfée & de le pa-
role , que nous allons cxpofer dans les pro-
pres termes du maître, à qui nous demandons
MUE
la permi{1:on de le reproduire dans ce dîâion-
naire des arts , fans diminuer , fans changer au-
cunes de fes exprefiîons. On fent quelle prèci-
fion & quelle exaditude fcrupuleufe il faut met-
tre dans les procédés d'un art de cette impor-
tance ; & nous nous rendrions coupables fans
doute , fi nous altérions dans la moindre partie ,
l'enfeignement que M. l'abbé de TEpée fait gra-
tuitement & avec tant de conftance depuis nom-
bre d'années , fans jamais rebuter la foule des
fourds & muets qui fc jettent entre fcs bras. Noos
croyons d'ailleurs entrer dans fes vues bienfiit(àn-
tes , en confignant ici la méthode entière que fa
religion , fon humanité , fa tendre complaifance lui
font défirer fi ardemment de répandre & de faire
connoitre partout oii il y a des malheureux à qui
les défauts de l'ouie ont fait perdre lufage de la
parole & de la penfée.
Celt bien à ce généreux & vertueux citoyen
qu'on peut appliquer dans un fens ftriâe & linéral ,
les vers que Brébeuf a traduits de Lucain , en
parlant du peuple de Phénicie , regardé comme
Tinventeur de 1 écriture:
C*eft de lui que nous vient cet trt ingénieux ,
De peindre la parole & de parler aux yeux ;
Et par les traies divers de figures tracées ,
Donner de la couleur & du corps lux penféet.
Ainfi nous fommes aflurés de donner k meil-
leure méthode de l'an d'inftruire les . fourds &
muets, puifque c'eft M. l'abbé de TÉpée lui- même ,
qui va l'enfcigner comme il fuit:
j4vis préliminaire de M. l'abbé de VÊpée*
L'intérêt que la religion & l'humanité m'infpi-
rent pour une claffe vraiment malheureufe d'hom-
mss femblablcsà nous, mais réduits en quelque
toitt. à la condition des bêtes , ntnt qu'on ne tra-
\^\\\ç point à les retirer des ténèbres épatfles dans
kfquellcs ils font enfevelis, m'impofe une obli-
gation indirpenfable de venir à leur fecours , autant
qu'il m'eft pofliWe.
C'eft uniquement pour remplir Ce devoir cflen-
tiel, que je vais expofer les moyens dont je me
fuis fervi pour préparer un nombre d*entr'cux à
des exercices publics , dans lefquels des enfans
qu'on avoit regardés jufqu'alors comme des demi-
automates, ont donné des preuves non douteufes
d'une intelligence fupérieureà celle de la plupart
des jeunes perfonnes -de leur âge.
On verra d'une manière fenfible comment on
doit s'y prendre pour faire monter par la fenêtre
ce qui ne peut entrer par la porte, c'eft-à-dire ,
pour infinuer dans l'eTprit des fourds & muets ,
par le canal de leurs yeux , ce qu'on ne peut y
introduire par l'ouverture de leurs oreilles.
Puiflent ces moyens tomber entre les mains de
tous ceux qui, touchés de compaflion à la vue
de leur état trifte & déplorable , concevront la
i
M U
Sutîon géncreufe & chrétienne de s'appliquer
a leur înAruâion.
Lorfque Je confentis , pour la première foiî # à me
charfïer de l*inftni6Vion de deux fœurs |umeUes
fourdes 8c muettes, qui n'avoient pu trouver aucun
JDaicre depuis la mort du père Vanin , prêtre de
la doôrinc chrétienne , j'ignorois qu'il y eut dans
Paris un inflitmeur qui, depuis quelques années,
sctoit appliqué à cette œuvre, & avoic formé des
disciples. Les éloges donnés par Tacadémie à ùs
fucces , lui a%'OÎent acquis de la réputation dans
rcfjïrit de ceux qui en avoient entendu parler i
& la méthode , avec le fecours de laquelle il
réudiiToit à faire parler plus ou moins clairement.
les fourds & muets » avoit été regardée comme
«ne rcffburce à laquelle on devoir de juftes applau-
d/irejnens.
Il n*en étolt pas Tauteur : elle avoir été prati-
quée plus de cent ans avant lui par M. Walîis
en Angleicrre , M* I^onnet en Elpagne , 6c M,
/mman , oiéde^'in Suifle en Hollande , qui même
a voient donné fur cette maVièrc u*excellens ou-
vrages ; mais il avoir profité de leurs lumières ,
& ïcs talens à cet égard méritoient Teftime &
les témoignages d'approbation qu'ils lui attt-
roient.
Le genre d'études que j'avois fuivics de tout
temps , & les occupations auxquelles je m^étois
livré jufqu'alors, ne m'ayant point mis à portée
de connoître aucun de ces illuftres auteurs, je
ne penfai pas même à défirer , ik encore moins
à entreprendre de faire parler mes deux élèves.
Le feul but que je me propofai fut de leur
apprendre à penfer avec ordre, & à combiner
leurs i ées. Je crus pouvoir y réuflir en me fer-
VMî de Agnes repréfentatifs afTujettis à une mé-
thode dont je ccmpofai une efpéce de Grammaire,
M. Pereire, inOuiueur des fourds Ôimuers, &
le plus favant de ft:s difciples , que je ne connoif-
fois ni Tun ni l'autre» en furent bientôt Informés.
Ils regardèrent Texécution de ce projet comme
impoiîiblc, i^ ridée que j'en avois conçue ik que
'fclT^yois de mettre en pratique > comme devant
lire plus nuifible qu'utile k ravancement de mes
élèves-
La réputation que M. Pereire s'étolt acquife ^
donnant dans Tefprit du public un certain crédit
à ce préjugé , il ctoït nécedaire que je le com-
b^mffe , lorfque je fis imprimer ma méthode uni-
quement pour l'avantage des fourds & muets ,
préfcns Si à venir, me regardant comme chargé
par la providence de rendre à cette efpèce de
malheureux tous les fervices qui dépendroient
de moi.
/'attaquai donc le faux principe de ces Mef-
fieurs , 6c j'entrepris même de montrer que le (yC-
téme dont M. Pereire fe fervoit pour Findruétion
de (i.s disciples, & qu'il appeloit la Daélyhlo^îe ^
C*eft-i-ûire, la fcicncc du mouvement 6i de la
pofition des doigts , pouvoir conduire par degrés
MUE
277
à faire parler des fourds, mais quelleétoit aLfolu-
ment inutile pour leur apprendre à faire un ufage
légitime de leur faculté de ptnfer,
M. Pereire fît mettre alors dans les papiers
publics qu'il répondroit à mes difficultés aurti-tôt
qu'il en auroit le loifir ; mais quoiqu'il ait encore
vécu quelques années après avoir contra^é cet
engagement , il ne Ta point exécuté , Ô; je ne
crois pas même qu'il en ait formé férieufement
la rcfoluiioo. Le plus favant de fes difciples eft
reflc pareillement d ins le filence.
J'aVois encore a combattre d'autres adverfaîres
plus redoutables , je veux dire un nombre de
thcoiogicas , de philofophes ( raifonnables ) &
d'académiciens de differens pays , qui foutcnoienc
qu*ii étoit impo fible d'aifujettir les idées meta-
pliyfiques i dts fignes repréfentcitifs , ÔL par con-
fisquent qu'elles rcfteroient toujours au-deflus de
Tintclligence des fourds & muets*
Il a fallu bi:aucoup de temps & de raîfonne-
mcns , des exercices publics , & même en plufieurs
langues, fur des matières abftraites, des leçons
journalières aux luclles des favans de toutes les
parties de l'Europe ont afûAé , mais principale-
ment des explications claires & précifes fur la
métaphyfique de tout verbe régulier, données
fur le champ & fans aucune préparation pîir les
fourds Si muets , pour convaincre toute perfonne
raifonnable, 1*^, que comme il n'eft aucun mot
qui ne fignifie quelque chofe, il nVft j.ufTi aucune
chofe , quelqu'indépendanie qu elle foit de nos
fens , qui ne puîfle être expliquée clairement ptr
une analyfe ccmpofée de mors fimpîcs , ik qui
en dernier reflbrt n'aient befoin d'aucune expli-
cation.
2°. Que cette analyfc peut également fe faire
de vive voix ou par écrit vis-à-vis de ceiîx qui
ont les oreilles duement organjfécs, parce que ,
foit en entendant, foit en lifant les mots Amples
dont elle cft compofée , ils fe rappellent Icsfignes
qu on leur a faits depuis leur enfance , & uns lef-
quels ils n'auroient pas plus entendu l^ mots qu'on
prononçoit ou qu'on lifoit, que fion les eut pro-
noncés ou lus en allemand, en grec ou en hé-
breu,
3*". Que cette même analyfe ne peut fe h\re
vis-à-vis des fourds & muets que par écrit , maïs
que fon effet cft également infaillibie , parce qu'en
lifant les mots fimples dontelk eft compofée, ils
fe rappellent auflli facilement que nous la ftgnifi-
cation qu'on leur a donnée de ces mots , & qui
letir efl de%^enuc aufii familière qu'a nous par
l'ufage que nous en faifons continuellement avec
eux, & qu'ils en font eux-mêmes avec nous.
J'expliquerai dans la première partie ( de cette
méthode ) les differens degrés pi^r Icfquels on réuf-
fit à former Tcfprit des fourds ôc muets , 6c à les
rendre capables de perfectionner eux-mêmes leur
inflrudion en lifant de bons livres*
Dans la féconde , ayant appris par la leélure
278
-M U E
âcs ouvrages de M?J. Bonnet & Ap/.min, & par
mes propres^ réflexions, comment on doits y pren-
dre pour enfeigner aux fourds & muets à parler ,
je dirai fur ce fujet tout ce qui cft néceffairc pour
ceux qui voudront à préfent ou dans la fuite inf-
truire des fourds & muets.
Une difpute férieufe qui s'eft élevée entre Tinf-
tltutcur des fourds & muets de Leipfick & celui de
Vienne en Autriche conjointement avec moi ( M.
Tabbé de TEpée , ) fera le fujet de la troifiéme
partie.
Première partit.
î/iNSTRUCTiON des fourds & muets h'eft point
une œuvre auifi difficile qu'on le fuppofe ordi-
nairement. Il ne 5*agit que de f^ire entrer par leurs
yeux dans leur efprit , ce qui cft entré dans le nôrre
)>ar les oreilles. Ces deux portes ouvertes en tout
temps, pré 'entent Tune 6i Tautre un chemin qui
conduit au même terme , îorfqu on ne s'égne ni à
droite ni à gaiiche de celui des d^ux dans lequel
on s'eft engigè.
Comment on doit s'y prendre pour commencer Cinf-
truSlion des Sourds & Muets.
Dans quelque langue que ce foir , ce n'eft point
la prononciation des. mots qui fait entendre leur
fi^nificaticn.
£n vain dans la nôrre nous eût-on répété cent
& cent fois les noms de porte & du fenêtre , &c. &c.
&c. nous n*y aurions attaché aucune idée , fi on
n'eût pas montré en même-temps les objets qu'on
vouloit défigner par ces noms.
Le fjgne d;î la main ou des yeux a été le feul
moyen par lequel nous avons appris à unir l'idée
de ces objets avec les fons qui f.appoicnt nos
oreilles.
. Toutes les fois que ces mêmes fons fe faifoicnt
entendre, ces mêmes idées fc préfentoient à no-
tre efprit, parce c{uc nous nous fouvcnions des
figues qu'on nous avoit fait en les pronorçani.
C'eft une route précifèment femblable qu'il s'a-
git de tenir avec les fourds & muets.
On a commencé, dès le premier joi:r de leur
inftruftlon, à leur apprendre wn alphabet manuel^
tel que celui dont les écoliers fe fervent dans les
Collèges pour converfer avec leurs compagtions
d'une extrémité d^ la clafle à l'autre.
Les fourds & muets ne confondent pas plus les
différentes figures de chacune de ces lettres qui
^ frappent fortement leurs yeux , que nous ne con-
fondons les différens fons qui fe font entendre à
nos oreilles.
Nous écrivons donc , je dis nous , parce que
nous fommos fouvent aidés dans nos opérations
avec les fourds & muets , par d'autres perfonnes ;
nous écrivons en gros cara£^éres avec du crayon
blanc fur une table noire ces deux mots la porte ,
& nous la montrons.
MUE
A rinftant , ils appliquent cinq ou fix fois leur
alphabet manuel fiir chacune des lettres qui com-
pofent le mot porte , ( ils Tépèlent avec leurs doigti)
& en font entrer dans leur mémoire le nombre 6:
l'arrangement ; aufli-iôt ils l'effacent & l'écrivent
eux-mêmes avec leur crayon , en caraâéres plus
ou rnoins formés , (peu nous importe ) enfuite ils
récriront autant de fois que vous leur prèfenterez
ce même objet.
Il en eft de même de toute autre chofe qu*on leur
montre , & dont on écrit le nom d'abord fur la ta-
ble, en gros caraôéres, & enfuite en caraâères
ordinaires fur aucant de différentes caries qu'on
leur met entre les mains , & que leurs compagnons
s'amufent à leur faire deviner les unes après les
autres , en fe moquant d'eux lorfqu'ils s'y trom-
pent.
L'expérience nous apprend que tout fourd &
muet qui a quelque aftivité dansi'cfprit, apprend
de cette manière en moins de trois jours plus de
quatre-vingts mots.
Prenez alors chaftinc des cartes fur laquelle un
de ces mots eA écrit, & préfentez-la à ce nouveau
difciple , il portera tour-à-tour fon doigt fur cha-
cune des parties de lui-même dont la carte prëfen-
tée contiendra le nom.
Mêlez & brouillez les cartes tant qu'il vous
plaira , il ne fe trompera fur aucune ; ou s'il vous
plait d'écrire vous-même quelques-uns de ces noms
fur la table , il portera pareillement fon doigt fur
chacun des objets dont vous aurez écrit les noms,
& par ce moyen vous prouvera clairement qu'il
comprend la fi^nificaiion de chacun d'eux.
Ce fera ainfi qu'en très-peu de jours le fourd &
muet entendra non-feulement la fignification de
tous les mots qui expriment les noms des diffé-
rentes parties qui nous compofcnt depuis la tête
jufqu'aux pieds , mais encore de ceiix qui repré-
fentent tous les objets qui nous environnent , &
qu'on peut 1-ur montrer à niefure qu'on en écrit
les noms fur la table & fur les cartes qu'on lui
mtt entre Its mains.
Cepi;nJant on ne fe borne point dès-lors k cette
efièce d'inftrt>Ûion , toute omufante qu'elle foit
pour les fuurds & mjets.
Dès le premier ou les premiers jours , on leur
fait écrire en leur conduifant la main , ou Ton
écrit pour eux le préfent de indicatif du verke
porter , 6c On le leur explique par fignes en cette
manière :
Plufieurs fourds & muets étant autour de la
table y je place le Candidat à côté de moi fur ma
droite.
Alors je mets V index de ma main jgauche fur le
mot je , 6l pendant ce même temps je me montre
moi-même avec Vindex de ma main droite , en
m'en frappant moi-même doucement fur ma poi-
trine à diverfes reprifes.
Enfuite je vais pofer Vindex de ma main gauche
fur le mot porte , & prenant un gros Livre in 4*.
I
MUE
Je le porte fucceffivemciir fous mon bras , dans
les pans de ma robe , fur mon épaule , fur ma tète
et for mon dos , le tauc en marchant , &c avec
l'cit^rieur d*uo homme qui fc fent chargé ; aucun
«le css mouycmcns n'échappe à rattemlon du iburd
& mtter.
Je reviens à la rable; & pour faire entendre la
fecondc perfonnc, je mit s VinJtx de ma main g^îi-
che fur le mot m i en mime* temps je porie ClnJix
di m* mnin droite fur la poitrine du fourd &
muft, & je Ten frappe doucement plufiours fo:s ,
en lui faif^m obfervcr que je le regarde, & qu'il
doit auffi me regarder.
Je mets en fuite mon doigt fur le mot portes ,
(a^ perfonoe ) âc je lui donne le livre i/1-4'*. en
Im falfjnt #igne de faire à fon tour ce qu'il m'a vu
fâre à moi-même le premier ; il fe met à rir^ ,
prend le livre, & exécute très-bien fa comm-iîïon.
U s'agit aîors de la iroiftème perfonne du fjn-
;ulitr ; je m^îts V'tndfx de ma main gauche fur il ,
avec Vindtx âc ma miin droite je montre qiieU
<ju*un qui eft à un de mes côtés , ou dcrr érc moi ,
en faiiant obferver que je ne le regarde pi% ,
(parce que je parle de lui , m-ils non à It-i, ) Je lui
énnnc de même ou je lui fais donn:;r, fans le re-
garder , le Livre m-4^, : il le ports en toutes les
mamères expliquées ci-deifus , di vient le remet-
tre far la rable.
Alors je tire avec le crayon une ligne horifon-
taie fous les trois perfonnes du fingulier , parce
(juc Texplication en efl finie.
Nous procédons en fuite à celb des perfonnes
iû pluriel. Je mets VinJcx de ma maio griuthe fur
le moîfjoui^ Se je porte ?indexdsm^ main droire
premîéremcni fur moi-même , & cnfuire fjr tous
ccui qui entourent la table , fins en excepter un
fcul ; enfin une féconde fois fur mol-même peur
montrer que je n'oublie perfonne, 6i nous nou>
menons tous^ à porrcr la table.
Noij^ pa^Tons alors à b féconde perfonne du
pluriel , Si mcft/int mon inJ^x gauche fur Je mot
n^oj, je montre avec ma mam droite la perfonne
qui cft à ma gauche, & fucceilivemint tous ceux
^ui cntourcm U table fufques Se y comp-^îs le
lourd & muet qui c(ï à ma droite ; mais au lieu
de me montrer moi-môme , je me retire à l'écatt:
les autres pori-*nt b tabte , & je fais obfervcr que
K fuis à mou aife , n'étant charge d'aucun far-
deau.
h ne nous faut plus que la treîfjéïne perfonn:'
dû pluriel. Etant rc\'c;nu â la tab'e, je mets mon
hfJex g uch* fur ils ^ & avec ma main droite je
mf^mrc tous ceux qui entourent la table, en corn-
wcaçarit p^r celui qui eft à ma gauche , jufqu'à ;
celui qui cii à la main droite du fourd ôc muet :
miant â lin je le retire : nous nous mettons tou-
éctix a Tècart, reftant à notre atfe pendant que
k« autres (cmienneni 61 portent le poids de la !
h cfi Inutile de dire combien cette opération
amufs notre nouveau fourd & muet. Cepcndani
voici une pcfitc difficulté*
U faut qu'il tatfe lui-même ce qu'il m*a vu faire
fur chacune des perfonnes du fingulier & du
pluriel.
Il commence donc, & dès îa rï*cmierc opéra-
tion il fe trompe , fans que ce foit fa faute* Ayant
VifiJfx de fa main gauche fur 7V , il m'apporte celui
de ù m.iin droite fur ma poitrine , p^rc»; quM a
cru que je m'appelois je , ayart vu que fur ce mot
je m'éiois moture moi même (^lufieurs fois.
Pour corrige r Cjtte erreur, je fais venir tout de
fuite cinq ou fix de ceux qui faifr>icrt tout a-l'heure
partie du noitt^ ou %'ous & du i/r, m:;is dont cha-
cun , dés qu'il eft vis-à-vis de Ui tuble, fc montre
lui-même en ayant le doîgt furyV, mnntrc cnfuitc
celui qu'il regarde & devant lequel il fe retourne,
eu ayant le doigt fur tu ; & enfin un troifiéme
qu'il ne regar/.c point, & devant le-juei il ne fe
retourne pas, en ayant le tîo'gr fur .7*
Alors noi^re fourd & muet fait comme les autres
s'appcîer Uu-mcmeyV, & le rcfte ne ibuffre plus
de difficulté.
C*e5 ainG que pr>nr ne point faire perdre de
temps au fourd Si muet, nous avons avec lui dés
k'5 premiers jours u.i langage qui fignlfi^; qire'que
cbi fe.
Il fi'.ut nécefTairement qu'il nous comprenne ,
s'il nVfl pas comme le cheval & le muî^t , qti
font ùn% inteUigcnce , ik dès-lors il entend ce
quM écrit, lor'fque d'après ce mo^Ièle du préfcnc
du verba /^(?r/<rr , on lut fait conji^^uer /f nVe, tu
tins ^ &c. je trainCf tu iritims ^ &c.
En un mot, dés ces premkrs jours il entend"
toure phrife qui n\A compofée que d'une des fi<
perfonnes du préfent d'un verbe de b première
conjugaiibn, fuivie de fon régime, telles que
font celles-ci i je tire lu table ; tu traînes la cha*jt ;
il préfcnîe le fauteuil ; nous regardons te miroir ;
vous p^ujfe^ U pone ; ils fermem U fenêtre , parce
que tuus cei verbes etpriment des aélions dont,
lesfignes fe faifiiTent en un iiîftant, & quen pre-
nant à témoin les yeux des fpe£hieurs, ce ilgne
runo/îce que ces opérations lont préfenrcs.
Il n'eâ fjoint cncnre t.mps di: donner une ex^
piic-it'on déraillée des vetbef..
Ce que nous venons de dire du préicni de Tin-»
dicatjl: du verbe pùner^ n*e(l qu'une efpécc d*itntir
cipation que nous regardons comme très-utile »
parce qu'elle nous fournit pîu> de moycn-î de dé-
velopper rinttirt^cîice des fourds & muets, que
fi not's commencions par lesdéciinaifon^ d'^s nom&
fybAantifs & sdjr^ifs & des pronoms, fdon l'u-
fage des mkbodts ordin^iires.
D'ailleurs elle les amufe dava^ntagCj eu égariW
au nombre de petites *^h rates qu'tlîe Iciu^ fait c.;î •
tendre , 6: cette confidèration doit être d'un gran4
poids dans lin.^niftion des lourds 5i muets, \\û\\
s'agit d'attirer à Téru e par le pbifir qu ils kou-
vent en s'y a rliqiiant*-
28o
MUÉ
Mais qiioîqu*alors nous nous bornions h ce pré-
lude , les fourds & muets , fous la conduire des
maures & maitreffles dans les penfions defquels
ils demeurent , ou même en s'amufant à griffonner
avec leurs compagnons , font entrer peu-à-peu
dans leur mémoire les autres temps de ce premier
verbe, C*eO un fond dont its ne connoifTent pas la
valeur I mats nous ne ferons pas long-tems fans
y bàtif*
Comment an doit continuer rinftruBion des fourds
&' mucfs.
Les fourds & muets ont déjà dans refprît
(comme on vient de le voir) Tidéc d'un certain
nombre de noms fubllantifs.
Ils ont vu que tous les noms qu'ils ont fur leurs
cartes ont devant eux, ou un /<r , ou un la , ou une
/' avec une apoftrophe* Il faut donc leur donner
des modèles de ces trois efpèces de déclinaifons ,
& les obliger d'en faire eux-mêmes plufieurs ,
qu*on leur indique fur chacun de ces modèles.
Cette opéri-tion n'eft pas , à beaucoup pi es , auHî
amufante que les deux précédentes ; mais le fourd
& muet qu*on inllruit, n déjà conçu pour fon
Indituteur une efpèce d'attache &ud certain ref-
peft , qui le déterminent sifémer t a entreprendre &
à exécuter, autant qu'il lui eûpoinble, tout ce
que nous lui pràfcntons pour fon înftruÂlon*
«
Sur U dicUndifin d^t noms»
En fiiifant apprendre au fourd Sf muet les dé-
clina ifons des nams , on doit lui faire oLferver la
différence de leurs articles 3 de leurs cas, de leurs
nombres & de leurs genres , & en même-temps
lui fournir des fignes qui diftînguent chacune de
ces propriétés qui conviennent aux nom?*
Sur Us articles , 6* Us pgnes qui Uur convunnent.
Voici de quelle manière nous procédons fur
cet article.
Nous faifans oblérver au foutd & muer les jotn<
turcs de nos doigts, de nos m;**ns , du poignet , du
coude , &c. , &c. , & nous les appelons articles
ou jointures.
Nous écrivons enfutte fur la table , que le ^ la ^
les, de, du, des , joignent les mots, comme no%
articles joignent nos os ; (les Grammairiens nous
pardonneront , ft cette dénnition ne s'accorde pas
avec la leur ) dès-lors le mouvement de V index
droit , oui s'étend & fe replie plufieurs fois en
forme cie crochet , devient ie figne raifonné que
nous donnons à tout article.
Nous en exprimons le genre en portant b main
au chapeau , pour l'article mafculin /<r , fit à Toreil-
le , où fe termine la coiffure d'une perfonnc du
fexe , pour Tarticle féminin la.
L'article pluriel les s'annonce par le mouve-
ment répété des quatre doigts d'une ou de dcuit
mains «n forme de crochet.
MUE
L'apoftrophe s'indique en faifant en IVtr unt
apoflrophe avec Yindex droit* Il faut y ajouter le
ûgne de mafculin , fi laucOrophe eft fuivic d'un
nom fubftantif mafculin , & au contraire le figne
de féminin» (I le nom fubllantlf qui fuie eft un
nom féminin.
De , du , de la , des ^ font des articles aii fécond
cas. Il faut donc ajouter au figne d'article le fignc
de fécond, & enfuite le figne de fmgulier ou de
plurier, de mafculin ou de féminin.
Nous avons foin de faire obfervcr que le de ^
du ^ des de l'ablatif, n'e(t point un article « mais
une prépofitîon , qui a fon ligne particulier à pro-
portion de i*ufage auquel on remploie. *
Sur les cas , tes namhres & Us pnrts , ^ fi^r Ut
fignes ^ui Uur conviennent*
En apprenant fes déclinaifons , le fourd & muet
aperçoit clairement la dininélion des cas , foit
dans le fmgulier , foît dans le pluriel.
Il faut lui en faire apprendre les noms par la
dactylologie, nominatif, génitif, datif, &:c. , fans
fe mettre en peine de lui expliquer pourquoi on
leur a donné ces noms. Mais ils ont chacun les
figrres qui leur font propres* Premier , fécond ,
truifiémc degré , &c* par lefquels on defccnd du
premier cas , qu'on appelle le nominatifs jufqu'au
fïxième , qu'on nomme X ablatif y font des fignes
beaucoup plus intelligibles , que ceux qu'on pour-
roi t appUquer à ces cîiffêrens noms , après même
en a%'oir dor.nè la définîâon
Nous dirons bientôt comment premier , fé-
cond, troifiémc y &c,, fe diflinguem d'un, deux,
trois , &c.
Quant au figne du mot cas , il s'exprime de cette
manière : on fait rouler l'un fur Tautre les deux
index en clî.Unant, c cil*à-dire , en defcendant
depuis le premier jufquau ftxléme. '
Pour déftgncr le fmgulier, on élève le pouce
droit en hsut.
Le pluriel s'annonce en remuant plufieurs doigts.
On doit f,iire remarquer aux fourds & muets ,
que le pluriel fe termine toujours par une j , lof*
même qu'il n'y en a point au firgulîer.
Les deux genres fe différencient en portaoi la
main au chapeau ou à la cornette » comme nous
l'avons dit ci-deffus.
Différence des noms fubjlannfs ù adjeélifs^ & des
fignes qui Uur conviennent»
Pour montrer la diff.:rence fenfible decetdeos
efpèces de noms, il faut prendre neuf cartes on
neuf petits morceaux de papier.
On écrit fur l'une de ces cartel le nom de PitT'
re ^ & on place cette carte à fa main gauche. On
écrit enfuite fur chacune des autres cartes un nom
adjeftif , tel que grand , petit ^ riche , fûu^rt ^fart^
foïblt , [avant , Ignorant , & on met CCS hilit CIT-
tcs à fa main droite*
Piirtê
MUE
Pierrr TÎetit donc à entrer , & on voît que cVft
m grand homme ; on prend la carte fur Uqaelie
eft écrit granJ, & on la met fur Ton nom.
Ucft venu <=n carroffe , &ileft rîchemt^nt habillé ;
on prend U carte fur laquelle eft écrit mhc ^ St
on la met également par-dcfTus,
On fait encore la même chofe des deux autres
carte* , où font écrits ces mots fort 6l Javani ,
toffque Pierre paroît fort , & qu on nous dk qu il
çfl ûvam.
PitTTt^ qui eft le nom fubftantîf , fe trouve
IbifS CCI qu.ktre qualités, y?J/ fuh ; & telle efl la
vértcable notion d'un nom fubftaniif, auquel on
furajoute les qualités qu*on croit lui convenir.
Quant au nom adjetLif, c'efl celui qui expri-
me quelques - unes des qualités qu on ajoute au
nom ftibftantif. La main gauche , qui tft dcfibus ,
eft le figne du nom fubUaniif , & la main droite
qu'on vient appliquer fur elle , efl le figne géné-
ral de tout adjelHf,
Les noms adjeÔifs pouvant être également fur-
ijoutés à des noms fubflantifs mafculins » ou fé-
nuntns » ont deux genres , le genre mafculin &
k genre féminin.
fi faut en donner quelques modèles au fourd
& muet , & l'obliger é^tn décliner un certain
nombre d*aprés ces modèles.
On doit lui apprendre , i<*, que Fadjeftif mafcu-
lin doit toujours être fu rajouté au nom fybttantif
mifculin, & au contraire radjcÔif féminin au
nom fubftantif féminin ; i**. que le nom adje^fèif
doit être mis au fingulier, lorfque le nom fubf-
tamif eft au fmgulier , & au contraire qu'il doit
trc mis au pluriel , lorfque le nom liibftantif ell
iu plurieL
Dis noms adjtfltfs qui fe urminent tn able ^ en
îble , & des fignts qui leur conviennent^
Les noms adjeftifs qui fe terminent en ahle ou
en ihle , fie qui dérivent des verbes , fignifient une
qualité qui doit ou une qualité qui peut être attrî-
buée à un fujet.
Dans le premier cas , on ajoute au (Igne qui
repréfente cette qualité /le figne de néceflaire , 6c
dans le fécond cas on y ajoute le Tigne de pofiîble.
Lorfque ces noms adjeôifs doivent fe traduire
en latin par le futur du participe paiTif qui fe ter-
muic en andtu-a'um on en cndus-a^um , il fignifie
une qualité qui doit être attribuée au fuj^t dont
fi s'agit.
Voici comme elle fe rend par fignes-
Un premier figne exprime laélion fignifiée par
le verbe » comme aimer , adorer , refpefier ; un fé-
cond fm\t annonce que c'eft un adjeélif dont il
s'agit. Un iroifiéme figne fait entendre que cet
ad]célif doit néceiTairement être nttribué au fujet
de la phrafe.
Par cTcemple, adorer eft Taôion d'un verbe
sJûfé en eft Kadjeâif, mais adorable eft un non}
Aru & Métiers» Tom. K Paru L
MUE
â8i
adjcftif qui doit nêcefTairemment être attribué à
Dieu qui eft le fujet de la phrafe*
Lorfque ces adjcûtfs fe rendent en latin par de»
mots qui fe terminent en hifts ^ is , e, ils figni-
fient plus ordimiirement une qualité quî peut ,
& non qui doit née elTaire ment être attribuée à
fon fujet.
Alors un premier figne exprime Taftion du ver-
be, par exemple <f/iV^ ; le fécond Agne qui annon-
ce un adjeélif fignitieroit élu ; mais le troiftéme
figne qui repréfente une fimple poflibilitè donne
le mot éligibU^
Pour exprimer la néceffîté, on frappe plufieurs
fois & fortement avec le bout de fon index droit
fur une table ; c^efl ce que fait toute perfonne qui
dit qu*une <:hofe lui eft due.
Pour exprimer la poftîbilîtéjon regarde à fa droite
un oui ^ & à fa gauche un non ^ lequel des deux
arrivera, on n'en fait rien : on ne Tapprendr»
que par Tévénement.
Lorfque ces noms adjeSifs en ahU ne dérivent
point d'un verbe, mais d'un nom fubftantif ,
comme charitable , ils n'annoncent ni néceflité ni
poJïtbilité , mais feulement une qualité inhérente
"au fujet dont on parle.
Des noms adjeffifs mis au pofiùf^ ou au compara*
tif^ ou au fuptrlaùf^ ou à l*txctjjif ^ 6* dcâ
fi pies qui leur conviennent.
Les noms adjeftifs font ou pofiiifs , comme
grands , ou comparatifs , comme plus grands , ou
exceflîfs, comme trop grands.
Pour exprimer grands » nous élevons notre main
droite à une certaine hauteur , & nous y ajoutons
le figne d'adjeâif.
Si nous voulons dire plus grande après nous
être arrêtés un certain temps à la hauteur de ce
premier figne , nous élevons notre main à ua
degré ùrpérieur : cela fignifie plus grand.
S'agit- il de tres-grjtid , nous faifons fucccfllve-
ment deux paufes ; b première^ après ta hauteur
dapoftrif^ la féconde , après cu!!e du comparatif^
& enfuite nous nous élevons encore davantage.
Enfin pour l'excelTif nous faifons un dernier
figne , qui annonce notre mécontentement & notre
impatience de cette quatrième grandeur. Nous
reviendrons fur cet article à l'occafiDn du que ,
qui fe trouve après les comparatifs.
Des adjectifs fubjlanûfies p qu'on appelle qualiiés
abjhdites t ^ des figne s qui Uur convitnnentm
Les noms qui expriment des qualités, comme
bon ^ grand ^ fage i /avant , fuppofïïnt néceflaire-
ment dans le difcours des noms fubftantifs expri-
més ou fous-entendus , auxquels on les applique ;
mais fi Ton confidére les qualités qu'ils expri-
ment, fans en faire Tapplication a aucun nom
fubftantif, alors ces qualités pouvant elles-mêmes
recevoir d*autres qualités , deviennent des cfpècef
N 0
282
MUE
de noms fubilantîfs, comme la bonté ^ la gran-
deur, la fa^tjfij \à Jcience.
Voici de quelle minière nous exprimons ces
fortes d'adjeâifs fubll.ncifiés.
Si nous voulons , par exemple , diâer à un
fourd & muet ce mot la grandeur^ nous faifons
d*abord le figne de Tartlclc féminin la , enfutte le
figne de grand , qui efl un nom adjeâif, mais
nous y joignons auflî-tôt le figne de fubflantif ,
qui annonce que cet adjeâlf cA fubftantifié , &
qu'il peut recevoir lui-même d*autres adje:tifs.
Nous en donnons pluficurs exemples, d*aprés
lefqucls les fourds & muets ne $*y trompent point ,
foit en lifant dans un livre , foit en éciivant fous
notre diâée.
D*.'S noms de nombre^ & des fignes qui leur con-
viennent.
Les noms de. nombre fe divîfcnt en cardinaux
& ordinaux.
Ils ont chacun les fignes qui leur font propres :
pour dire trois , nous tenons trois doif»ts élevés
I)erpendicu1airement ; mais pour dire troijîème nous
es tenons couchas , & les faifons avancer horifon-
talcment en dioite ligne vis-à-vis de nous, en
ordre de proccdîon ou de bataille, ce qui indique
'que troifihme eft à la file des autres' , & le rang
qu'il y tient.
Pour le nombre cardinal nous n*avons befoin
que du premier fiene ; mais pour le nombre ordi-
, nal , après r voir niit ce premier figne , il faut y
joindre le fécond , fans qu*il foit nécelTaire. d'aver-
tir que c efl un ad)eâif , parce que la chofe parle
dVlIc-même.
En élevant perpendiculairement depuis un iuf-
qu'à neuf autant de doigts qu'on veut exprimer
de dixaines , & y^ajouiant le figne de zrro qui
eft le même que celui d*un O , cela fait ou dix ,
ou \ingt,ou trente, ou quatre vingt-dix.
Cent s'exprime comme en chiffres Romains par
mn C , mil par nne Af.
On donne a. * fourds & muets une idée trés-
diilinfte de ces nombres , en leur faifant compter
fur une longue ficelle des grains de chapelet par
dixaines , par centaines & par milliers.
Sur les temps de t indicatif du verbe être.
Lorfque les fourds & muets ont bien faifi la
différence clés nomsadieciifs d'avec les noms fub-
Aantifs , il faut leur montrer que c'cft le verbe
fubllantifj^ fuis, tu es , il efi y &c. , qui feit à
unir les uns avec les^ autres, lorfqu'iU fe convien-
nent , ou à les fèparer , lorfqu'ils ne fo convien-
nent pas , en ajoutant à ce verbe une négation.
Il faut leur en donner pliifieurs exemples , &
leur faire apprendre les temps de l'indicatif de ce
verbe , pour multiplier les petites phrafes qu'ils
puiiïcnt entendre jufqu'à ce que la connoi^nce
entière des verbes , ainfi que des autres parties
MUE
du difcours ,' les mette en état de comprendre tout
ce qui efi néceffaire pour leur infiruâion.
Le figne de ce verbe eft tout naturel. En po-
fant) pour ainfi dire, les deux mains , on montre
la fituation d'une perfonne qui eft , ou debout ,
ou afiife, ou à genoux , &c.
Des pronoms*
Pour exprimer par fignes ce que c'efl qu'un pro-
nom , nous faifons un rond avec un crayon fur
la table , & nous y mettons une tabatière ; nous
la pouffons enfuite hors de ce rond , & nous y
fubftituons une autre chofe.
Un pronom , eft un mot qui fe met ï la place
d*un :>urre nom , & le figne commun à tous eft
l'aélion que nous venons de faire ; mais chacun
a fon figne particulier à proportion de ce qu il
fignifie.
Des pronoms perfonnels , des conjonfiifs & des
pojfejjijs y é» des fignes qui leur font propres.
Les pronoms je , mot , me , mon , ma , mes , le
mien , la mienne , les miens , les miennes , ont cha-
cun leur figne diflinâif ; & fi cela n*ètoit pas , il
feroit impoifible que les fourds & muets ècrivif»
fent , carrent e calamo , fous la diâée des figoes
méthodiques.
Il n'eft perfonne qui ne s'aperçoive que tout
Orateur qui parle de lui-même, en difant , yc /^m-
fe , je défire , fait avec fa main droite une efpèce
de demi-cercle en rapprochant de fa poitrine , c*eft
le figne de je ; mais fi Ton dit telle chofe eft à
moi ou pour moi , on met fa main fur Ùl |K>itrioe ,
comme un prêtre qui fait un ferment en juflice »
& on fe frappe foi-même très-doucement à plus
d'une reprile.
Nous faifons toiis naturellement ce figne, lorf-
que dans un partage , nous difons à quelqu'un :
voilà ce qui eft pour vous & ceci eft pour moi ;
ces deux pronoms font ptrfonneh , mx\% le fécond
hxc davantage les yeux fur la perfonne qui parle
dVUe même.
Nous faifons le même figne pour exprimer me ;
mais fur le champ , nous portons Vindex de la main
droite fur celui de la main gauche, pour faire en-
tendre que ce pronom eli conjonfiifs c'eft-à-dire,
qu'il fe met toujours avec un verbe , dont il eft
le régime direft ou indircft.
Mon , ma , nés , font Ces pronoms poffejffifs &
de vrais adjeclifs. Ils s'expriment en fe montrant
foi-mcme d'uivr^ main, & de l'autre le nom fubC-
tantif , c'cft-à-d"re , la chofe qu'on dit être k (ou
On y ) ;int le fi^^ne d'adjcflif , & ceux du nom-
bre & du genre qui conviennent.
Le mien , la mienne , les miens , les miennes , ne
diffère Dt de mon , ma , mes , en genre de fignes ,
qu'en ce que l'aiiicle qui les précède annonce
que ce font des pronoms qui ne fe mettent ja-
mais avec le nom fubftantif auquel ils fc tap-
portent.
MUE
On faît donc le figne d'article , & cnfuite les
mcmtfs figoes que pour mon, ma , mes,
D'aprcs cette cxplicdiion, il eft aifè de ccmpren-
ére cammemon doit exprimer p^r ftgnesioijs les
autres pronoms , foit perfoanels , foit conjonc-
ti&, fott pofîefHfs.
7ji, tai^ indiquent U féconde perfonnc d*un
i^rbe ♦ à laq^tielle on adre^e la parole ^ ils font
pronoms pcrlortnets : en ajoutant à ce premier
hgne , les ftgtics de conjondit ou de poiTclfif , &
les fignes de nombre ôc de genres qui convien-
nent , on rendra très-cbirement par fignes les
pronoms » U , ton , la , us , U tien , la gienue ^ les
tiennes.
Il & elle, lui & foi, indiquent la troifiéme per-
fonoe d'un verbe , de laquelle on parle ; ils font
pronoms perfonnels : en ajoutant à ce premier
ligne les lignes de conjon^if ou de poiTclfif, &
ceux de nombre 6c de genres qui conviennent ,
on rendra irés-clairemcnt pi^r fignes les pronoms
ft ^ fan , ylï , fes , U fitn , Id ficnne , les Jîtns , hs
ftnnts.
Les pronoms lut Si foi qui font perfonnels, fer-
▼eoi auflî de pronoms coi.jbnttlifs : je fui donne-
«aî : on doit s*aimer foi mcinç d'un amour règle.
n en cù de même des p onoms notu 8c vous :
dans cette phrafe nous vous donnerons ^ nous eil
perfonnel , ÔL vous cil conjouftif r dans ce; te autre
phrafc vous nous donnerez , c*eA vous qui ut per-
fonnel, & nous qui eft conjonâif.
Pour faire entendre ces fortes Je phr*fes aux
iburds & muets , nous écrivons d'abord 'jous don-
nirvns à nous & votss donnerez a nons ; mais enluite
nous remettons ces deux datifs a vous 8l à nous à
b place qu'ils occupent dans notre langage.
lis , tlies , eux ^ font les pronoms perfonnels
de }a rrr ifiéme pcrfonne du pluriel : leur efl con-
paBâi dans cette plirafe : je leur donnerai ; il fignj-
fie je donnerai k euic *, mais il efl poilcifif dans
celle-ci : ils mangent leur pjtn fec.
Le pronom leur poiTeffif fe met au fingulier ;
lorfqne U chofe aimée, ou pofTèdée, ou, Ôic, ,
ptr plufieurs eft unique» comme dans cet exem-
ple : ies Parïftcns aiment leur rtu & leur archevêque ;
nais on met leurs au pluriel lorfqu'iL s*dgit de phi-
iieuri objets aimés , ou pofTèdcs « ou , &c. , par phi-
fieurs, comme dans cet autre exemple : les Pari-
fieos aiment leurs curés.
Dans le premier cas on indique tous ceux dont
on parle ea promenant fa main devant eux ; on
fait enfuite le figr;e de poffelfif , & on y ajoute
celui de fingulier ; mais dans le fécond cas, après
le figne de poiTeirif « on ;<]oute celui de pluriel.
Le , U f /c,< , qui font des articles, quand ils
font devant des noms fubflantif*, font des pro-
noms conjondifs lorfqu*ils font le régime d'un
verb«, bi qu'on peut les traduire par lut, elle ^
rux » eiies , comme dans ces exemples : je le con-
nais , je U reffe&c , je Us eftim< , je les honore.
MUE
283
Un premier figtie indique les pcrfonnes dont
on parle, un fécond figne annonce U conjonâion
avec le verbe dont ils font le régime.
Des pronoms démo njlrat ifs , & des fignts qui leur
font propres.
Les pronoms dèmonftratifs fc montrent du bout
à}X doigt , qu on approche de la choie même à
laquelle ils fe rapportent, ou qu*on montre avec
V index fans en approcher.
On met ce avec un nom fubftantif mafculîn ,
qui commence par une confonne \ mais on moi
cet , lorfque le nom fubflantif commence par une
voyelle, ou par une h \ cette fe m:tavec un fin-
guiter féminin ; ces convient également aux plu-
riels des deux genres*
Celui ^ celle ^ ceux, celles ne fe roeitent jamais
avec le nom fubftantif auquel ils fe rapportent ,-
ils dtfringuent entre deux ou plufieurs objets ,
celui ou ceux dont on veut parler, ils le montrent
de loin ou de prés, il n'importe, & ils ajoutent
à ce premier figne celui de* pronoms perfonnels ,
comme s*U y avoit cet il ^ ou cette elle ^ ces ils ,
ou ces elles , avec les fignes du nombre & du
genre qui leur conviennent.
Ceci fignifie cette chofe : cela fignifie auflî cette
chofe ; mais quand ils fe trouvent dans une même
phrafe, ceci fignifie fimplement cette chofe que je
montre en premier, & cela fignifie «r/tf autre chofe
que je montre en fécond , ou quelquefois tout le
contraire , parce que ceci fe dit ordinairement
d une chofe plus proche » & cela fe dit d'une
chofe plHs éloignée.
Des pronoms interrogatifs 6» des relatifs , & des
fignes qui leur font propres.
Les pronoms interrogatifs ou relatifs ^w, que ^
quel , quelle , quels , quelles , lequel * laquelle , lef-
quds , le f quelles ont chacun leur figne diflinttif,
lis font interrogatifs, lorfqu^ils font précédés
d'un /? , qui fignihj demande , ou fuîvis d'un point
interrogant.
Alors ce mot qui fignifie quelle perfonnc ? On
regarde tous les aflillans , ëc on demande, par un
gullc interrogatif , que nous faifons tous naturel-
lement en pareil cas, quel eit celui ou celle qui
a fait ou dit , &c*
Qite , fignifie quelle chofe ? On regarde des cho-
fes en général , & on demande par un gefte in-
terrogatif, quelle eft celle ( préfente ou abfente)
iur laquelle ia réponfe doit tomber.
Qiiot , fignifie au nî quelle chofe.
Qucl^ fe met avec un nom fubfiantîf urafcuGn
ati fingulier.
On fait donc le gefte interrogatif, & on y
ajoute le€ fignes de mafculin de de fingulier.
Après ce premier exemple , quel ? quelle f
quels ? quelles ? n*ont pas befoin d'explication.
Lequel^ laquelle ^ Ufjuels ^ lefquelles , fuîvis d'un
point înterrogam , s'expriment de la même manié-
Nn j
cB4
MUE
re , mais font précédés du figne d*un article ; &
comme ils annoncent deux ou plufieiirs des objets
dont on vient de parler , & entre lefquels il faut
choifir, on doit les regarder pour examiner ce
qu'on croira devoir répondre.
Lorfi^e ces mêmes pronoms font feulement
relatifs, on met fur eux ?index droit, & on le
porte à Tinftant fur le nom fubAantîf , ou fur le
pronom qui en tient lieu , & auquel ils fe rap-
portent.
Le que demande dans notre langue une atten-
tion particulière pour ne pas confondre les fignes
Îu*on doit y appliquer à proportion de ce qu'il
gnifie.
Nous reconnoiflbns donc dans notre langue ,
j"*. un que interrogatif & conjonAif : que deman-
dei^'vous ?
2^ Un que relatif & conjonâif : le Dieu que
yadore.
Ces deux que font conjonétifs, parce qu'ils
font unis avec un verbe dont ils font le régime
direâ.
Le que feroit un régime indireâ dans cette autre
phrafe : c*eft à vous que je donne , c'eA-à-dire , à
qui je donne.
3^ Un que qui eft une fimple conjonfKon ,
)e veux que vous appreniez.
4^ Un ûue comparatifd*égalité étant joint avec
muffi : il eft aujji fage que vous.
5°. Un qu€ comparatif de fupériorité & d'infé-
riorité : il eft plus grand que moi.
6^. Un qu€ exctufif : je ne veux que du pain.
7<>. Un que admiratif : que Dieu eft grand !
Il faut donc des fignes auffi difFérens que la
fignification de ces mots eft elle-même différente.
Nous avons donné ci-deflus ks fi^nes du que
interrogatif, & du que relatif & conionâif.
Le que qui eft une fimple conjonâion qui fe
trouve entre deux verbes , fe repréfente en fai-
fant de Vindex droit & du gauche deux crochets ,
3ui fe joienent enfemble comme on joindroit
eux agrafes.
Mais en diâant aux fourds & muets , Il faut
obferver que cette conjonâion gouverne ( c*eft-à-
dire veut après foi ) tantôt un indicatif , & tan-
tôt un fubjonâif , & par conféquent leur don-
ner le moyen de choiiir celui de ces deux modes
qu'ils doivent employer en écrivant fous la diâée
par fignes.
Ce que entre deux verbes gouverne le fubjonc-
tif, lorfque Taâion exprimée par le premier des
deux verbes influe , en quelque manière que ce
f>uîfle être , fur Taâion qui doit être exprimée par
e fécond verbe, comme dans cet exemple : je
veux que vous appreniei(^ votre leçon ; il eft vifib!e
que ma volonté influe comme caufe dans Taâion
que vous faites en apprenant votre leçon.
Mais il gouverne Tindiçatif , lorfque l'avion
«xprimée par le premier des deux verbes , n'inflne
en rien fur Taâion qui doit être -exprimée par le
MUE
fécond verbe , comme dans cet autre exemple *
Pierre dit que vous apprene^ votre leçon. L^aâion
de Pierre, qui me dit que vous apprenez , n'in-
flue en rien fur Taâion que vous taites en appre-
nant , elle n*en eft qu'une fimple affirmation.
' C'eft pourquoi fi le fécond verbe doit être au
fubjondif , comme dans le premier de ces deux
exemples, il £AUt,en diâant, faire pour le que
le figne de conjonâion ; pour le pronom vous ,
le figne perfonnel qui lui eft propre , & pour le
mot appreniez , !<>• le figne général qui convient à
toutes les parties de ce vejbe ; s"*, le figne de pré-
fent ; 3**. le figne qui convient au mode conjonc-
tif , comme on le verra en fon lieu.
Mais fi ie fécond verbe doit être à l'indicatif ,
comme dans le fécond exemple , puifque nous ne
donnons aucun figne au mode de l'indicatif, n'en
ajoutant aucun autre , après avoir fait le figne de
prèfent^ le fourd & muet comprend qu'il doit
mettre ce fécond verbe à l'indicatif.
Le que joint avec aujfi , & comparatif d'égalité ,
fignifie comme : il fe repréfente en courbant les
quatre doigts des deux mains, & les approchant
deux ou trois fois l'une de l'autre dans cette
fituation.
Nous avons dit la différence que nous mettons
dans nos fignes entre le pofitif & le comparatif
des noms adjeâifs.
Cela étant» s'il s'agit d'exprimer par fignes cette
phrafe : Pierre eft plus grand que moi , je montre
Pierre , je fais avec ma main droite le figne de
grande & je m'arrête à ce pofitif; mais enfuite
je m'élève à un degré fupérleur : voilà le figne
de plus grand, Pexprime le que , en mettant ma
main gauche plus bas , & me montrant moi-mê-
me , pendant que ma main droite eft plus élevée ,
& qu'elle montre Pierre.
Ce feroit l'opération toute contraire , s'il fal-
loir expliquer par fienes cette phrafe : Pierre eft
plus petit que moi. Je montrerois Pierre avec ma
main droite , & je ferois le figne de l'ad^eâif
p tit : après m'y être arrêté un inftant, je dcf-
cendrois d*un degré plus bas , ce qui fignifieroît
plus petit ; j'exprimerois le que en mettant ma
main gauche plus haut , & me montrant moi-même
pendant que ma^ main droite ieroit plus bafle , &
qu'elle montreroit Pierre.
Le que cxcluflif s'exprime de cette manière. J'en-
voie un fourd & muet dans un des coins du cabi-
net où nocs faifons notre leçon , pendant que nous
fommes tous autour de la table , & je fais avec la
main un figne qui exprime fa féparation d*avec
nous : il eft donc /«//, & tel eft le figne qui ex-
prime ce nom adjeôif ; mais j'adverbifie cet ad-
jeâif, en mettant ma main fur mon côté, com-
me on met un adverbe à coté d'un verbe pour
le modifier. Cette aôion indique le mot feulement.
Or , je ne veux que du pain , ou je veux feule-
:ment du pain , c'eft précifcment la même chofe.
Ces deux mots ne & que , quoique féparés Tun
»
MUE
àe Tautre , doivent être expliqués par un feul
fignc j mais lorfquon les diâe , il faut leur don-
ner à chacun le figne qui leur eft propre.^
Le fu< admiraiif efl fuivi d'un point d^admira-
tion ! & cVft le figne qui lui convient. Nous le
faifons tous naturellement , en difant : que cela eft
beau i
Nouj employons encore dans notre langue Je
mot fue dans une autre cfpèce de phrafc :/ Fran-
çois vient , & que fd p*igc ne foh point écrite i je le
Le qut de cette phrafe tient la place d un fé-
cond/ : cVft comme fi je difois : fi Frant;ois vient »
& fi ia page ncft point écrite, je le renverrai. Je
nontre donc» par figncs , que ce que eft comme
nu fécond /, & doit être exprimé comme le/ ,
par un ûgne dubitatif
/>< quelques mots qui font appelés par M, Reflaut ,
dij pronoms impropres^ é» des Jtgnes qui leur
convttnnent.
Nous trouvons à tout moment dans nos leçons
& dans nos diâées ces mots : quelques , plufteun ,
taus.
Voici de quelle manière nous les expliquons
par fignes;
Nous prenons une bourfe de jetons , & nous
en tirons fuccefTivementun , deux» trois, quatre ,
huii, dijc, douze, & nous les comptons chaque
fois ; enfuite nous en prenons Tun après IVutre
un petit nombre , & nous les montrons chaque
fois fans les compter : voila ce que nous appe-
lons quelques,
après cène opération , nous en prenons autant
que la main en peut contenir , & nous appelons
cela piujieurs ou beaucoup^
Enfin , nous les renverfons dans un chapeau ou
dans une autre bourfe, & nous appelons cela /<Ji^/.
11 n'efl pas néceiîalre avec nos élèves de reve-
fàï plus d une fois à cette opération.
Nous rencontrons auiîi à chaque iiillant : rUn ,
Muiun ^ aucune , chaque , chacun , chacune.
Pour exprimer, par des fignes , le mot rien ,
nous mettons plufieurs chofes dans un chapeau ,
nous les ôrons enfuite Tune après l'autre jufqu'à la
dernière , 6t nous montrons enfuite aux fourds &
muets quM n'en refte pas une feule*
AJors nous leur difons que ces paroles : il ny a
p^t une feule chofe dans ce chapeau , ou ii ny a rien
dans ce chapeau, fignifient la même chofe.
Le figne de rien eft connu de tout le monde.
On prend l'eirrémité de fes deux dents de devant
entre fes doigts , & auiîi-iot on retire fa main
avec prècîpitJtion : les fourds & muets connoif-
fcm tous ce figne avant même que de venir à nos
ioilrfiâions.
Si nous voulons dire aucun , nous faifons lefigtie
de riea, nous y joignons le figne d'un adîeâifmaf-
çttlin, & pour aucune , celui d'un adjeâif féminin.
MUE
285
Chaque fe reprèfente de cette maoïère. Il y a
cinquante foi\rds & muets à la Leçon , il faut qu'à
leur tour ils viennent Pun après Tautre faire les
fignes de quelqu'une de nos demandes fit répon-
fes. Cette ;iétion fucceffive de tous fans exception
Tun après Tauire » efl le figne âz chique*
Mais jVi été content de tous y & j'ai donné à cA^*
que un , après fon explication , quatre châtaignes :
voiià le figne de (hacun , en coupant ce mot en
deux. On y joint le genre mafculia ou féminin.
Nos Lecleurs pourront être furpris de la bafTerfq
de nos exemples ; mais je les fupplie de fe fou-
venir que ce font des fourds & muets que nous
infiruifons.
Des Ferhesn
Nous avons vu que les fourds & muets avoieiit
appris par mémoire les différens temps du verbe
porter , fans en comprendre la valeur ; mais il s'agit
de leur faire entendre toute la métaphyfique des
verbes, fans la connoiflance de laquelle leur inf-
truâion feroit toujours très-défe£èueufe.
Cette entreprifi; paroi t bien difficile i exécuter ,
elle e(L cependant très-fimple.
Les verbes fiant compofés de perfonnes , de
nombres, de temps & de modes,
La différence que les fignes mettent entre les
pcrfonnes , ainfi qu'entre les nombres , a été expli-
quée à Toccafiondu préfent de Tindicatif du ver*
be porter ; il n'ei plus néceffaire que d*aider tant
foit peu le langage naturel des fignes , auquel les
fourds & muets font accoutumés dés leur enfan-
ce , pour leur hirç comprendre rapplication qu'ils
en doivent faire aux temps & aux modes.
De VappUcation qu^on doit faire des fipies aux
\ temps des Verbes,
Le fourd & muet, avant que de venir à nos
inftruâions , a voit comme nous Tidée du paffé, du
préfent & de Tavenir, 8c îl ne manquoît pas de
fignes pour en faire fentir la différence,
, Vouloit-il exprimer une action préfente ? Il fai»
foit un figne naturel, que nous faifons tous en
pareil cas, fans nous en apercevoir, & qui con-
fiée a prendre les yeux des f;:ieâateurs à témoin
de la préfence de notre opération ; ou îi la chofe
fe faifoït , mais non fous îcs yeux , il mcttoit fes
deux mains à pbt fur la table, & la frappoit dou*
cernent plufieurs fols de fuite , comme nous le fai-
fons nous-mêmes en fcmblable occalion : il retrou-
ve ces mêmes fignes dans nos leçons pour indi-
quer le préfent d'un Verbe.
S'agiflfoit - il de faire entendre qu^une aflîon
ètoit paffèe ? Il jetoit auhafarddeux ou trois fois
fa main du côté de fon épaule : nous nous fer-
vons du même figue pour cara^érifer les temps
paffés d'un verbe.
Enfin , s'il défiroit annoncer une adion future ,
il faifoit avancer fa main droite direâement devant
lui : c'eil encore ce même figne que nous lui
286
MUE
donnons pour repréfenter le futur d*un verbe. \
Mais il eft temps que Tart commence à venir au '•
fecours de la nature.
Nous lui avons appris à écrire de lui-même ,
perpendiculairement Tun fur l'autre , les noms des
icpt jours de la femaine. Nous lui difons de les
écrire dans le même ordre , & enfuite nous met-
tons à droite & à gauche de fon écriture ce qui fe
trouve ici avant & après ces mêmes mots fous dif-
férens titres.
Présent.
Aujourd'hui .... Dimanche» ... Je ne range rien ,
Imparfait.
Hier Lundi , . . Je rangeois mes livres.
Parfait.
Avant-hier .... Mardi , . . J'ai rangé ma chambre.
Plusque-Parfait.
Avant avant-hier . • Mercredi , J'avois rangé mon
cabinet.
Futur.
Demain Jeudi , . . Je rangerai mes pa-
piers.
Futur.
Après-demain Vendredi , Je rangerai mes
tiroirs.
Futur.
Après après-demain.. .Samedi,. «Je rangerai mes
armoires.
Hîer^ avant-hier 8c avant avant-hier, s'expriment
par le nombre de fois qu'on a dormi depuis le
jour dont on parle.
Demain , aprcs-demaln , & aprê? après-demain ,
fe repréfentent par le nombre de fois qu'on dor-
mira jufqu'au jour dont il s'agit.
Alors nous apprenons au fourd & muet à gêner
fa liberté.
Il jetoit indifféremment fa main vers fon épau-
le , pour exprimer une chofe paiTée ; nous lui di-
ibfis qu'il ne faut la jeter qu'une fois quand il
s^agit de l'imparfait ; deux fois , quand il eftquef-
tion du parfait ; & trois fois pour le plufque-par-
fàit , ce qui eft vraiment analogue aux chofes figni-
fiées : le plufque-parfait annonçant une aâion plus
anciennement panée que le parfait , & celui-ci
faifant la même chofe à l'égard de l'imparfait.
Nous faiibns obferver plufieurs fois au fourd &
muet, dans les conjugai(ons« la différence des ter-
minaifoQS de chacun des mots qui compofent les
temps , en lui mettant le doigt iur chacune de ces
différences.
Nous lui faifons auffi remarquer qu'il y a dans
notre langue huit temps de Vindicatif, qu'on met à
côté l'un de l'autre fur une même ligne horifonta-
le , avec chacun leur titre ; la table fur laquelle
on le fait écrire , étant partagée pour cela en
huit carrés égaux qui font ineffaçables.
MUE
On lui montre que de ces huit temps , il y en
a quatre qui font intitulés parfait en cette ma-
nière.
I*' Parfait, i* Parfait. 3* Parfait. 4' Parfaiu
J'ai aimé. Taimai. J'ai eu aimé. J'eus aimé.
Les (îgnes qui doivent les exprimer fe préfen-
tent tout naturellement : après avoir porté la main
à fon épaule , ce qui eft le ftgnc commun à tout
parfait , on fait le figne de premier , ou de fécond ,
ou de trolAème , ou de quatrièms , comme nous
l'avons dit en parlant des noms de nombres , ce
qui annonce au fourd & muet quel eft le parfait
dont on parle , & celui qu'il doit écrire fi on lui
d'i£li : auffi ne s'y trompe- t-il point.
Nous ne laiffons pas ignorer au fourd & muet
l'ufage de ces différens parfaits , dont les uns ex-
priment un tems paiïé , mais indéfini , comme foi
aimJ ; les autres définiffent ce temps paffé , com-
me f aimai.
Il y en a qui expriment , mais d'une manière
indéfinie , un paffé qui eft antérieur à un autre ,
qui s'eft paffé depuis ; comme fai eu aimé : cTan-
très expriment ce paffé d'une manière définie ,
comme feus aimé.
De r application qu^on doit faire desjîgnes aux mo-
des des Verbes.
Les modes ou manières de conjuguer un verbe
fignifient la même chofe. Ces modes font, lln-
dicatif, l'impératif, le fubjonâif & l'infinitif : nous
y joignons le participe , parce qu'il a un préfent p
un paffé 80 un futur , comme d'autres modes.
Four ne point multiplier les fiencs fans nèceffi-
té, nous nen donnons point ai indicatif, parce
qu'il fuftit qu'aucun figne n'indique un autre mo-
de , pour que le mot du Verbe' dont il s'agit foit
à l'indicatif.
Mais le fourd & muet a remarqué le figne de U
main & des yeux qu'on lui faifoit toujours, &
qu'il faifoit lui-même , en cas de befoin, pour ex-
primer un commandement ; il retrouve avec noifi
ce figne , pour indiquer l'impératif. Cependant an
lieu de ce figne , on joint les mains pour indi-
quer le fupplicati^ , quand il s'agit de quelque grâ-
ce qu'on demande.
Nous trouvons très-fouvent dans le difcours
deux Verbes joints enfemble par im ^«r , mais
dont le premier fignifie une manière d'être ou d'a-
gir , qui influe direâemeot ou indireâement fur
celle qui doit être exprimée par le fécond. Le pre-
mier annonce en quelque forte la caufe , dont le
fécond exprimera Teffet.
Cette liaifon entre la caufe & Feffet, qms*ex-
prime dans notre langue par la conjonâion qu€ »
& dans d'autres Langues par le terme qui convient
à chacune d'elle , a feit inventer un mode, c'eft-à-
dire, une manière de conjuguer différente de celle
dont on fe fert pour exprimer une fimple affir-
mation.
MUE
Ce mode n'a, ciaos notre hngac que quatre
temps ; fa voir , le préfent , rini|jarfak , le parfait
' fie k piufque-paTfait » dont tous les pronoms per-
(aanth font toujours précèdes par un que , 6c cha-
cune de leurs perfoones a fa lermioaifon qui lui
eft propre.
Mats il cfl bon d'obferver que le Verbe qui pré-
cède le qucj annonce toujours une fmurition ( je
demande grâce pour ce terme ) abfotue ou con*
ditionnelle , comme on peut s en convaincre par
le^ eiEemptes fuivans : pour hien répondre te jour dt
votre exercice public , il faudrait que ^9Us dpprijfei
ïun : ou il JaudrA que vous aye^ bien appris : ou
U élirait fallu que vous tuffis^ bien appris les cahiers
en^Qn %'ûuj a mis entre les mains»
ï\ eft vifible, dans ces trois exemples, que Tac-
tion d^apprendre cft toujours annoncée comme
devant ou ayant dû précéder le bon effet qu'elle
I produira , ou qu'elle produiroit > ou qu'elle auroti
produit , en fuppouct i'accompltiTement de la
condition.
D'après ce que nous venons de dire , ît efl fa-
cile d'iTidiqucr les fignes dont on doit fe fervir
en diâant ou en expliquant les perfonnes gram-
maticales de ce mode \ exemple :
Jt veux que vous écrivie^.
Pour dider ce mot que, il faut faire le figne gé-
néral de con^onôton ; pour le mot v^us ^ le figne
de ce pronom pjrfonnelj & pour le mot écriviez ^
i\ le figne général , qui convient à toutes les par-
tics du verbe écrire ; 2". le fie;ne du préfent ; j^.
le crochet des deux index en forme d*agrafe, qui >
fe trouvant immédiatement sprès le figne de pré-
lient, ne fignîfie plus une {im^ic conjonâion , mais
un mode ionjorMif
Nous avons trois temps ^ qui, dans notre langue ,
BC (oRi point du fub^onétif , & qui font appelés
pir N(? Rcdaut futur pajjè , conditionnel préf^nr ,
tend :ionnel pajfé ; nous les mettons avec le fab-
jcrôif , afin de nous iccorder , en f lifani ce qu'on
appeUe les parue , ea termes fcolaftique* , avec
la difpofition de la Grjmmnire L itine , qui ks y
plac-: amarem : fignifiam également dans cette
Ur^guc que faimaffe ou f aime ois,
Nuus avertiflons cependant , que dans notre
langue \\s ne font point de ce mode , 6c nous les
caràftirifons par des figncs qui leur font proptes.
Voici de quelle manière nous les expliquons.
Noi*s écrivons fur la table : Je pars de C endroit
tu tf mJt fehêtre ^ & je vais à ma porte ; lorfque je
ferjt â ma pone , /aurai donné a Al qui cjl nu
miieu f entre Us deux , cette tabatière que jt tiens
en ma main»
Lorfque je pars , la donation cft future : elle
devient préfente lorfque que je donne ; mais elle
cilpaflféc lorfque j.fuis k ma pone.
Nous fstifons donc le figne qui convient à Tac-
lion de donner , & tnfuue le figne du futur &
ce3ut ilu piifé*
Nous fuppnmons celui du préfent comme étant
MUE
287
inutile, parce que le feul bon fens diAtî qitVnfre
le futur & le pa^Té » il a fallu que le préfent s'y
trouvât.
Nous donnons le figne de futur-imparfait au
temps que M. ReRaut appelle un conditionnel
préfent , & voici pourquoi ;
J'ui ordonné à un fourd 8c muet d'^pprcndrs
telle leçon : je lui ai dit que je revicndrots dans
deux heures pour U lui faire réciter, ti je lut ai
promis d:^ lui donner un livre i\\ la rèciioit bien*
Je reviens donc d^îux heures après, ayant le livre
entre les mains, & je le montre aux ailîflans, en
!cur difant que je le lui d;?nnerai s*il fait bien fa
leçon. JVrive juiqu'à lui ; mais il ne la fait point.
Je lui montre mon livre , & je le remets avec oftcn-
tation dans ma poche , en lui difant qu'il ne Taura
pas, parce qu'il -A un pareileux.
Li volonté que j'avais de donner , eft arrêtée
par le défaut de la condition , & ij me femble
que le frein qui m'arrête , & qui ed antérieur â
Uion cx^jrefTion , doit avoir peur figne Timparfait.
Pir L mèrne rai fpn nous donnons le figne de
futur plufquc-pirfait , au temps que M. Reflauc
appelle un conditionnel paffé ( j'aurois donné ) ,
parce qu'il y avoit de même une Huurition éven-
tuelle ou conditionnelle, lorfque je fuis parti dans
rinteniion de donner, fi je trouvois la condition
remplie ; 8c en effet, fi elle Teût été, la donation
feroit déjà au plufque-parfait lorfque j*en parle ,
après avoir fait quelques autres adions depuis la
parcfTe de mon Difciple, qui m'a empêché de lut
donner le Livre que je lui avois promis conditio-
nellement.
Lz fourd & muet voit fouvcnt exprimer l'ac-
tion qu*un Verbe fignifie , fans défigner aucune
perfonne qui agtfTe ou qui doive agir r IViftion
de chercher U le défaut de trouver la pcrfonce
ou les perfonnes qui agilîcnt ou qui doivent agir,
devient le fgne de Yinjinitifvu plmoi indéfmtif^
devant lequel on ne met aucune perfonne, ni du
finguUer , ni du pluriel.
On a foin de faire obferver qu'en François
rinfinirif fe termine toujours en, er, ou en ir, ou
en oir ^ ou en re*
En er, c*eA la première conjugaifon , en ir ,
cVll la féconde, en ti/r, c*cft la iroîfiéme , ca re ^
c\{{ U quaLriéme.
Nous avons d-t ci-HeïTus comment on exprime
parfignt^s, premier, fécond, d:c.
Le mot de conjugiifon fignifie Taffemblage ou
la fuite de toutes les perfonnes , les nombres ^ îei
temps Si les modts d'un Verbe. On f^u appren-
dre ces quatre conjug.tfons aux fourds & muets «
à mcfure qu'ils avancent dans TinHruftion.
En faifant comme fi je tirois par devant un
fil , ou un petit morcjau d'étoflfe de chaque coté
de mon hJjit, j exprime la nature du participe ,
qui rient partie du verbe (^parttm capir ) ôt par-
tie du nom.
Il ell lèeUemcot un nom adjeûîf , puirqu'il ex*
288
MUE
prime une qualité qu'on peut attribuer à un nom
fubftantîf ; mais en même temps , il a les mêmes
régimes que le verbe , dont il eft le participe , &
dont il exprime Taâion.
Des Verbes Anifs , Pafifs , Neutres & Réci-
proques.
Le verbe aâif eft celui qui repréfente une per-
fonne grammaticale d*un verbe , comme agiuant
hors d'elle-même.
Le verbe paiTif eft celui qui tepréfente une de
ces perfonnes , non comm.* agiffante, mais com-
me recevant Taâion d'une autre.
Pour faire fentir aux. fourds & muets cette dif-
rence , nous portons un de ces Enfans dans un
fauteuil. Notre aâion eft fenfible ; & nous la leur
faifons remarquer.
L*cnfant qui eft porté , ne fait aucun mouve-
ment : fes bras & fes mains , fes jambes & fes
pieds, font pendans & demeurent immobiles com-
me s'ils étoient paralytiques : ce font les deux
fignes par Icfquels nous diilinguons ces deux efpè-
ces de verbes.
' Quant aux verbes neutres & aux verbes réci-
proques, l'explication par fignes en eft plus dif*
ncile.
Nous ne la mettons ici que pour les maîtres
qui inftruiront des fourds & muets devenus ca-
pables d'en faifir l'explication grammaticale. Nous
dirons plus bas à quoi nous nous en tenons
pour le commun des fourds & muets.
Le mot neutre figniôe ni l'un ni Tautre. Le
verbe neutre n*eft donc ni aâif ni paffif. Il n'eft
point iâif,puifqu*il ne repréfente point une per-
ibnne agiuant nors d'elle-même , & dont l'opé-
ration fe rapporte à un objet qui lui foit étranger.
Il n'eft point paflif , parce qu'il ne repréfente point
une perfonne comme recevant l'opération d'une
puiftance étrangère.
Il repréfente feulement une fituatîon , un état ,
une qualité , une habitude , ou une opératioi> in-
térieure , comme je dors , je déjeûne , je dine , je
foupc ^ je tremble , 6»c. &c.
Ces verbes bnt chacun leur figne particulier à
proponion de ce qu'ils fignifîent.
Le figne commun à tous ces Verbes confifte à
les repréfenter comme n'étant ni zà'ik , ni pafTifs ,
en (aifant à droite & à gauche le figne de néga-
tion , qui annonce qu'il ne s'agit point d'une opé-
ration qui forte au-dehors de la perfonne dont
on parle , ni d'une opération qu'elle reçoive d'au-
cune puiftance étrangère , mais d'une opération
qui fe paffe en elle-même , & qui fe Dorne à
elle-même.
Il faut en donner un exemple. Si je veux expli-
quer par figne ces motsyV tremble , il faut faire i".
le figne de je ( première perfonne du fingulier ; )
a°. le mouvement d'une pefronne qui tremble ;
â**. le fizne du préfent d'un verbe ; 4"*. le fienç
'une négation à droite & à gauche, p^im aStif^
MUE
point pajjif. ( Je crois devoir répéter ici ce que j'ai
dit ailleurs , que tous ces. fignes s'exécutent dans
un inftant. )
Les verbes réciproques font ceux qui mettent
leurs pronoms perionnelsye, ftf, //, fui vis de leurs
pronoms conjonâifs me ^ te , fe ^ zu fingulier ; &
nous , vous , ils , fuivis de leurs pronoms con jonc-
tifs nous , vous y fcy zu pluriel , avant l'expreftlon
particulière à chaque perfonne du verbe , comme je
me promène y tu te repofes , îLfe délaffe,Nous noyg
promenons ( le fécond nous eft un pronom coo-
|onâif ). Fous vous repofei^ ( le fecpnd vous eft
auflî conjonftif ) , ilsfe déUffent.
Les fignes communs à tous , confiftent dans les
figpes que nous avons donnés des pronoms per-
fonnels & des pronoms conjonâifs , foit au fin'
gulier, foit au pluriel, l Nous avons foin d'avertir
que ces verbes , dans leurs temps paiTés , ne fe
conjuguent point avec le verbe auxiliaire avoir «
mais avec le verbe auxiliaire être ).
Avec le commun de nos fourds & muets , com-
me nous ne penfons point à en faire des grammai-
riens, nous appelons verbe aâif tout verbe qni
exprime une aaion ou opération , foit intérieure t
foit extérieure , foit fpirituelle , foit corporelle »
en un mot , toute opération qui n'eft point pure-
ment paflive, parce qu'elle n'eft point produite ca
nous ou fur nous par une puiffance étrangère.
Des Régimes des verbes»
Cet article eft un de ceux qui peuvent mettre
plus de confùfion dans l'efprit des lourds & muets ,
fi leurs maîtres n'y donnent pas une attention fio-
gulière , foit en diâant les leçons, foit en les ex-
pliquant»
Nous appelons régimes des verbes , les cas
grammaticaux auxquels on doit mettre les noms
ou les pronoms , qui , après les pronoms perfon*
nels , entrent avec le verbe dans la compofiûoa
des phrafes.
Il V a deux fortes de régîmes ; favou- , le ré^me
direâ & le régime indircft.
Le régime direâ eft, celui auquel fe rapporte 8t
fe termine l'aftion exprimée par le verbe , & qw
fuffit feule avec le pronom perfonnel & le verbe ,
pour former une phrafe entière.
Ainfi , dans cet exemple : je refpede la venu i
je eft le pronom perfonnel , refpeHe eft le verbe .
la vertu eft le régime , c'eft-à-dire , le nom fubt
tantif auquel fe rapporte & fe termine l'aâioa
exprimée par le verbe. Il en feroit de même de
cet autre exemple : je détefle le vice.
Dans ces deux exemples , la vertu & U vice i
qui font les régimes direâs des verbes qui les
précèdent, font à l'accufatif , c'eft-à-dire, auqua<-
trième cas grammatical, parce que tout verbe
aâif exige que le nom fubftantif auquel foa
aâion fe rapporte & fe termine « foit mis après
lui à racculatif.
Mais
M;U E
Mail voici ce qui peut jiie:tre de la confuGcMi
dans refprit des fourds Si muets.
Lotfquc le régime dïrc^ du verbe eft un nom
fobltïmif, il dfùt fe mettre après les verbes, com-
me dans ies deux exemples ct-deïïus :
Mais lorfquc le r^gim * direct auquel fe rapporte
(t c^rmiJie Taélion exprimée par le verbe, eft un
fcODam relatif ou conpo^kir , il doit fc mettre
araw le verbe » comm j dans ces deux exemples ;
UV 'Wûmé honùrt : iU mm rt%drd(nt : d'où il arrive
Iqtte ces deux pronoms naus & vous fe ttouvanc
Ijiiijli^diatcment avant les vertes hûnorent & re^
jp'dent , fi on n'a pas foin de faire obferver au
ïourd éc muet, à qui Ton diûe, que ces deux
oiioms font conjonâifs & non perfonncls, il
ra jt vouj honore^ , & lU nom regardons : dès-
til nV aura plus de fens dans ces deux phra-
{mais' il , en diâani , on fait fur ce» deux mots
!e %ne de pronoms conjonéHfs , il comprendra
ijue les deux pronoms perfonnels font ceux qui
pn&cédeat vùus & nous ^ & alors il écrira je vous
hi»T€ , & ils nous re^iirdcnt.
Pour éviter toute confufion dans les explica
'î.^rs pi:b':nij€f, il faut toujours que celui qui
'-'^'^ I h ^ sriela mètre, t^ fur le pronom per-
loimci 1^ , a'** fur le verbe honore » 3", fur lepro-
otoi conjt>nt%fvûiii;& de même, i". fur le pro-
nom perfonnel lls^ a^ fur le verbe regardent » 3°,
fur le pronom conjondif nous , comme s*il y
P^oit J€ honore vous , ils r€^drd<nt nous*
Le lêgjime indireâ préfente encore plus de
di£cuUàs.
Nous appelons régime indireft un nom ou un
pronom , par lequel on exprime une chofc à la-
^ueUe l'aiftion fignifice par le verbe ne fe rapporte
poitu direftement. Ceff une féconde idée qu'on
ijôiîte ï une première, & fans laquelle la phrafe
ivoii fon inte^ntê.
Ce fécond rcglme ou régime indireél ne fe met
limais à Taccufatif, parce que Taétton fignlfiée
pir le verbe ne sV rapporte pa** directement.
Ilfe met avant le verbe ( excepté à l'impératif ) ,
Jt par conféquent donne lieu à la même diffi-
culté dont nous venons de parler , omme on
peut le voir dans cet exemple : je vous prèftnu
U iwn , fi fur ce mot vous on ne fait pas le figne
ée conjonAîf ; maïs il faut de plus avertir qu'il
a'eft point le régime dlreét du verbe , & pour
cela il faui ajouter le figne de datif , c'efl-à-dire,
du tfoifième c^s^ dont on fupprime dans notre
bagage la srèpofition à , mais qu'on ne doit pas
Supprimer dans les Agnes, ni en diâant, ni en
eipliqttant.
Il faut, dansTexplication, qu*on porte ïa ba-
piette fur cette phrafe , comme s'il y avoit '}c pré-
1 ftnu s vous It iivre , & ne pas y omettre la pré-
pofttton i.
Des adverbes^
Les verbes reçoivent des adjedifs aulTt bien
irfrw Ct Méiiirs» Tom* K P^ru L
MUE
^89
que les noms fubUantifs » mais en la maaiére qui
leur cft propre.
Ces adjeàlfs font appelés des adverbes, p^o-ce
qu'ils f j mettent avant ou après les verbes , pour
en augmenter ou en diminuer la frs^.nifi cation.
Par exemple , je dis : /ui ite,
fortement , cet adjeétif aujj;m 1 du
verbe. Au contraire^ fi f cm ^ cet
autre adjefttf en diminue Ir
Cette efpece d adjefHf ne le décline point. Il
n'a point de ca5, ni de not^^i"^ -^ ri (le genres.
Voici comme nouâ le rej - p.^r fjgnes j
s'agit*ildecemotgra/iûVw<r/f \ ti ui'» vi.vofls notre
main droite à une hauteur conveuÂDte , enfui tç
nous rappliquons fur notre i^ ' . ac , c*cil le
figne de l^idjeCtif: cela fign ; ^^is aulFi-
ïôi, pour adverbifiercet adjeiut , fiou ' Oflf
notre main droite fur notre coté, p.ii ad-
verbe fe met à côté d'un verbe pour le liïodÎT
fier, comme notre main droite ctl alors fur no*
tre côté.
Ce troifième figne , joint aux deux précédens ,
fignifie grandement : cet exemple doit fuffire pour
tous les autres adverbes qui dérivent des noms
adjeJïifs,
Des Prèpofitîons*
Les prépofiuons font ainfi appelées , parce
qu'elles fe mettent avant les mots quelles ré*
giiïent.
Chacune a fon ftgr^e particulier conforme à fa
fignification ; mais le figne général qui leur con-
vient à toutes , iê fait en courbant les doigts de
ta main gauche , ^ faifant marcher cette main
dans cette fituation de gauche à droite fur la ligne
même qu'on Ut ou qu'on écrit, parce qu'alors on
y rencontre les prépofiuons avant que de trou-
ver îe mot auquel elles fe rapportent, ou plutôt
qu'elles régiiTcnt.
Ne croyant pas devoir nous en tenir fur eet
article a ce figne général , nous allons donner les
fignes iie celles qui fe rencoi^trent le plus fouvcnt
^ans le difcours.
Avec s'exprime par fignes en courbant fes deux
mains vis-à-vis l'une de l'autre , & montrant
qu'il y a, entre elles, deux on plufieurs chofes
enfcmble : les deux mains ont alors la figure
d'une parenthéfe ( )*
Avant & après : nous écrivons ce mot midi ;
toutes les heures de la matinée fcnt avant lui i
toutes celles qui le fui vent font aprcs : il cR au
milieu entre les unes & les autres.
Devant & derrïhm : tout ce que je puis regarder
dirèi^ement en face, eft devant moi ; tout ce
que je ne peux voir fans retourner la lète de l'au-
tre côté , eft derrière moi.
Dans & €n n'ont pas le même figne* Dans exprî*
me une fituation oétcrminée. Nous fcruifns les
quatre doigts de la maia g^uiche « & nous y fai*
O o
290
MUE
fons entrer Yindex de la main droite, ou nous
mettons notre main dans une de nos poches.
Mais en n'exprime qu une fituatîon indétermi-
née quant au lieu , comme il travaille en cham-
bre , fans dire en laquelle : alors nous tenons
notre index droit perpendiculairement dlevé au-
de/Tus de la table , & nous le pofons fucc^ffive-
ment fur différens endroits fans nous arrêter à
aucun.
Ch^i moi , dans rta maifon ; che^ vous , dans
votre maifon ; che[ lui , dans (a maifon.
Contre ; nous faifons venir direftement à plu-
fieurs fois les deux index lun contre l'autre ,
comme pour fe battre.
Lorfque ce mot fignifie près , comme dans cet
exemple , fa maifon eft contre le bois, nous appro-
chons notre maiîi de l'objet dont il s'agir.
Depuis & dès ne s'expriment point par fignes
de la même m:niè'e.
Dès , annonce le commencement d'une chofe , &
n'en annonce pas la continuation.
Depuis y annonce U commencement & la conti-
nuation , aufli peut on y ajouter le mot toujours ,
qu'on ne peut pas mettre après le mot dès.
Pour exprimer dès par fignes, on montre le
temps ou une chofe a commencé ; mais la. main
ne continue pii!> de courir en avant.
Pour exprimer depuis , la main continue de cou-
rir ou jufqu'à nous , ou jufqu'au temps oii la
chofe a fini.
Pendant , marque a durée d'un temps : j ai tra-
vaillé pendant huit heures s c'eft-à-dire , j'ai
employé huit heures au travail.
Nous faifons donc, 1**. le figne d'heure, qui eft
très- connu des fourds & mueis , qui en voient
la différence fur les cadrans des pendules, dont
nous leur difons que la fonnerie frappe nos oreil-
les , comme le petit marteau des montres à répé-
tition frappe leurs doigts ; 2®. en faifaiu chemi-
ner notre main furie cadran , nous montrons que
ces heures s'avancent ; 3**. nous nous arrêtons
après la huitième ; 4". nous ajoutons le ùgnc de
prépofnion.
Entre & parmi. Pour expliquer par fignes le
Jremier de ces deux mots, roire main gauche
tant dans une fituaiion horizontale , nous fèpa-
rons avec notre main droite le premier doigt d'a-
vec le fécond , le fécond d'avec le troifième , &
le troifiémi d'avec le quatrième.
Parmi figniiie à la lettrj au milieu. Nous repré-
fentons un grand peuple, au milieu duquel il y a
des giands Se des petits, des riches & des pau-
vres, c'es fiîvcus 6l dts igr.crans, des aveugles ,
des bol. eux, &c. &c.
P^r. Ce mot a différemeî fignifications qu'il
feroît trop long d'cxpiijucr. Nous en exprimons
le f»gne très (implemcnt , en faifant palfcr notre
main drohe à travers le [jouce & Vindex de noire
*^ main gaiche.
Pour. Ce mot eA tantôt une prépofuion &
MUE
tantôt une cofljonâion. H annonce une deflîaa*
tion , que nous exprimons par fignes en mettant
notre index droit fur notre front , que nous regar-
dons comme le fièee de notre efprit , & le por-
tant tout de fuite mr l'objet dont il eft queition
dans la phrafe.
Proche & près. Pour exprimer par fignes le pre-
mier de ces deux mots , nous approchons notre
main de notre côté, en laifTant une certaine dif
rance entre l'une & l'autre ; miis pour exprimci'
près , nous laifTons moins de diftance.
Sans. Prépofuion exclufive , qui fe dit de ce
qui n'accompagne point quelque chofe ou quel-
cjue perfonne. Nous difons donc j'irai fans vous,
y irai y vous point : il eft fans argent, lui, argent ^
point : vous êtes fans force , vous , force point.
Selon. Ce mot fignifîe comme : félon faim Paul ;
je dis en fécond comme faint Paul a dit en pre-
mier : félon mes forces ; comme mes forces md
permettront.
Sur Se fous. Je mets ma main fur la table , & )e
fais un mouvement femolable à celui d'une per-
fonne qui en effaceroit un mot : cela figmSe
fur ; Je fais la même chofe fous la table : cela
fignifie fous.
Voici i voilà. C'eft comme fi on difoit : vayn
ceci , xoye^ cela.
Des conjonHions»
Les conjonâtons font ainfi nommées , parce
qu*elles fervent à joindre ( conjunpint ) on ua
verbe avec un autre verbe , comme dans cet exem-
ple : il faut que vous étudie^; ou la féconde partie
d'une phrafe avec la première , comme dans cet
autre exemple : je vous donnerai un Ihrc , lorf"
que vous apprendre^ bien vos leçons.
Le figne général eft la )on£Uon des deux ind€X
en forme de crochet.
Voici les fignes paniculiers de celles dont Tu-
fage eft le plus fréquent.
Afin que. Ceft le but qu'on fe propofe,Ie tef
me auquel on tend. Quoique cette conjonâioa
ne foit com;;ofée que de deux mots, nous y em-
ployons trois fignes. 1®. Le figne de la prèpofi*
tion J. a**. Le figne qui convient au mot fin : nous
barrons le pafTage pour qu'on n'aille pas plus loin.
3''. Le figne de la conjonélion que.
Ainfu Lorfque ce mot eft feul , il eft un adver-
be qui fignifie de cette manière ; mais lorfqu'il efl
jc.int avec un que , il ell une conjondion , qui ft|ù-
fis comme vous vinei de le voir , de le lire , de feu*
tendre , e\i comme vous all^ le voir^ le lire ou Fem*
tendre. Tous ces mots ont leurs fignes naturels ,
qui n'ont pas befcin d'explication.
Aujffi, Lorfque ce mot eft f^ul, il fignifie encan
ou de mJme ; mais lorfqu'il ell joint avec un qye
après u!i nom îu^j^'ciit", il fignifie comme ^ pareille-
ment , dans le même degré ^ comme dans cet exem-
ple : // eft aujjîfort que vous \ cela fignirie , // eft fort
MUE
^mme vûus , il Vejl fareUlemcnr , // tejl dans le
mime ué^rè.
Voici de quelle mûnîên; ah fe repréf^ntc par
figocs : on a ïes deux mains fur la table» &. d*a*
bord on n'en rcg^jrdc qu*une feule , mais entiiirc
on jette les ycujr fur TiUtre, & on les approche
lonc de raucrc j.Uqu'à ce qu'elles fc touclicnr im-
médiatement , 6c qu'on voie de près la reffcm-
blancc de Tune avec lautrc.
CcptrJ^rj, Ce mot a deux fi^nîficatlons bien
différentes lune de Tautre. i*, 11 figmfie pendant
et temps. Nous avons donné le fignc de pendant
è: îe ligne de ce ; il ne refle plus à donner que le
fignc dz temps : nous le repréfcntons comme des
beures qui »*enfuîwnt fans ceffc. Ft:git impardllU
timsiu*
Atais^ 2". ce même motrignific néanmoins : un
exemple en fera fentir la valeur. Vous me dites
hten des raifons pour me fuire crûire qu'une chùje
eu ftuffe , & néanmoins y comme j'ai vu le contraire
dâ mu propres yeux , je perjifle à penfer & à dire
fiieil^ eji vraie.
Ce mot néanmoins figni^e Jonc : tout ce que vous
tu dius ^ efl a mon égard moins que rien , pour me
fdire croire qne cette chofe cft faujfe.
Le fignc de moins s'exécute en mettant le tout
dç fon pouce droit fur rarticuîation qui joint le
petit doigt à la main , 6l le faifant cheminer juf-
iju*à ce qu*il arrive à la partie fupéneure de ce
petit doiçt : que riçn^ nous avons donné hs fignes
de CCS deux mats,
Djnc^ cfl un mot qui annonce de lexigence*
Ott frappe donc plufieurs fois & fortement fur la
table avec rtitrémité de Xmdcx droit, & on y
tjotiie le fignc d'adverbe, mais d'un adverbe qui
lie ce qu'on va dire avec ce qu'on a dit précé-
demment.
Alors ^ eft un adverbe qui fignifie à cette heti^e ;
wis lorfquM cft joint avec que , en cette manière
^U€ j il fignifie à r heure que : on la montre cette
Bvc d'une manière déterminer ou indéterminée ,
fclbn !c fens de la phrafe,
Pourquoi, Lorfque ce mot cft interrogatîf , iî
fign'the dans quelle vue ? ou pour quelle rat fon ?
Alaîs lorfqull fc trouve dans le cours d'une phra-
|fc. ii ûpMÎic c'eft pour cette vue ou cette raifor.
Le mot de raifon ne fc prend point ici pour la
^fî»culfè de rdilonner , mais pour l'ufage légitime
n a fait avant que de prononcer un ju-
Pari:€ que^ Ce mot fignifie lifez ( ou écoutez )
ce qui va fuivre , & vous y trouverez la raifon
de ce que vous venez de lire ( ou d^entendre ) j
ce (igne s'exécute en promenant fa main fur tes
mocs qui fui vent le parce que.
Car, Ce mot fignifie à peu-pré^ la même chofe
qiîe partit que , avec cetre diflférencc que le ^ar
»Eroir itnir un moment en fufpens ^ ^ annoncer
nr preuve qui demandera plus d'attention.
Voici commcfit cela t'exécute. On montre avec
MUE
591
fon ïndêx gauchj la partie de la phrafe qui pré-
cède le car^^ & avec fon index droit , la partie
de la phiafe qui le fuit , ajourint un rrcifièinc
figne, qui fait ^^xm Tindcx droit du front & des
tention.
yeux, & donne à entendre qu'il faut de l'at-
Maii , fignifie quelque chofe qui arrête, Tavan-
çois ou favariicrois ^ cependant quelque chcfc
m*ar:éte ; ce fîgne fe fait naturelkm<.'nt par tout
le monde, & tient ruelque chofe de la retenue,
ou de la furprife> eu de ladmiratiotu
Puifque. Ce mot fignifie po[é que. On f^ît le
figne de pofer quelque c'ic-fe fur la t^ble» ù. en-
fuite le fignc du que rclitif &f ccnj:>rélif,
Quoipie, Ce mot figmfie ordinilremîrt , quel-
que chofe qui foit arrivé^ ou qui arrvâ mjinie*ia*.r ,
ou qui puljfe arriver dat*s la fuite ; quelque
chofe quon eût dit ou fui* , qu'on drfe ou quon f\(fe
maintenant , qtion puiffe dire ov faire dans lajutre ,
cela ne m'a point empêché ^ ne m^mpéche point ^ ou
ne m\mpé:hira point de , &Cn
Il e(t tré>ficile dans notre langue d'exprimer
cette conjonction par le fignç de^quoi intcrrogitif
ou dubiratif , & le figne du que rehitif ou conjo«c-
tif, en y ^ijoutant un fignc du paiTé , du préf;;nt
ou du futur, fdcn que la phr.if; Texige,
( Dans toute langue cette cor^jonâion répond à
ces paroles, nonobftant tout ^ &c, ).
Pourvu que. Cette conjon lion fignifie une con-
dition qui p-ut être dépendante ou ind.^pcndantc
de la volonté , comme d.ins ces dtux exemples :
je vous aimerai , pourvu que vous foye^ f^*^^- Nous
fortirons demain, pourvu quil faffe beau temps.
Dans l'un & l'autre cas , elle fignifie la même
chofe que le /? dubitatif, & peut erre exprimée
par le même figne qtii eft connu de tout le mondt.
On tient fes mains un peu élevées & tournées
l'une vis-à-vis de Tautre : on les balance cn.re
un oui & un no:i futur, & Ton ne fait fiir lequJ
des d-ux s'arrêter.
Dans notre langue cette conjonction eft très-
facile à difter par fgnes aux fourds & muets, en
la féparant en trois mots , pourvu que ^ ce qui re-
vient à ceux-ci : après avoir vu que.
Quand, Ce mot eft fouvent intcrrogat^f ; il
fignifie alors en quel temps ? Voici comm^fit il s ex-
prime par figues : on tourne la tctc en arrière ,
enfuitc on porte les yeux fur foi-même , fie en
troifième lieu fur des objets plus ou moin, élot-
gnéi: cela fignifie paSTé , préfcnt, futur ; alors on
dtm:indv pir un gcfie intcrrogatjf , lequel des trois}
Ce même mot au milieu d'une phrafe , n'a pas
ordinairement une fignificatioo ditTérente de lorf-
que ; mais il faut lui donner un figne diiTérent
afin que les fourds & muets au?tquels on dlftc*
ne fe trompent pas (ur celui des deux qu'on
veut qu'ils choifiuent.
On fait donc le fignc de paffé , préfent , futur
comme ci-defiiis , & on met le d igt fur celuj
de ces troi^ temps dont an parle.
O0t
292
MUE
Ou fans accent. On préfente deux chofes à quel-
qu'un , & on lui dit : prener^ l'une ou Vautre , mais
non toutes Us deux , regardez & choififTez.
Où , avec un accent & interrogatif , fignifie en
quel lieu ? Les deux premiers mots ont été ci-
deflus expliqués par fignes ; on montre enfuite
différens lieux.
Oà , avec accent & non interrogatif , (lénifie
dans lequel^ ou auquel. Ces mots ont été fufn&m-
ment expliqués.
Ni, Ce mot s'exécute par fignes , en faifant en
même temps avec les deux mains le figne de né-
gation.
Comment on fait rendre compte aux fourds 6* muets
de tout ce qu'on a expliqué jujquâ préfent.
On a de la peine à fe perfuader que des fourds
& muets faififTent toutes les différences grammati-
cale s qu'on a expliquées jufqu'ici , & qu'ils retien-
MUE
nent très-exaftement la multiplicité des fignes qui
y c<^rrâfpondcnt : on demande même fi cela eft
pofiiblc.
Oui , fans doute ; & lorfqu'une chofe eft faire «
il n'efl plus queftion de demander fi elle eft pofll-
ble. Ab aâu ad pojfe valet confecuth.
Or, c'efl ce que peuvent attefter des milliers de
perfonncs de t<5ut état qui en font tous les jours
témoins oculaires.
Il y a dans l'école un grand carton, qui con^
tient d'un coté les noms des huit fortes de mots
qui peuvent entrer dans le difcours , & qui ex*
prime à qut:Ue partie de l'oraifon appartient cha-
cun des mots qu'on juge à propos de préfenter
aux fourds & muets. L'autre câté explique pour-
quoi le mot qu'on a prefenté appartient à la par*
tie du difcours dans laquelle on l'a placé.
Voici la copie de ce carton.
PREMIER TABLEAU
qui exprime À quelle Partie du Difcours un tel mot appartient.
Personne.
du Futur.
I*. Il eft ( ce mot) à la Première à la Seconde à la Troisième.
a» du Singulier du Pluriel.
3 . Du Présent. . . del'lMPARFAiT. . . du Parfait. . . du Plusque-Parfait
4*' De VINDICATIF. . . de I'Impératif. . . du Subjonctif.
5**^ De *** qui eft un Verbe .^ctif Passif Neutre , c'ellà-dire , ni A6Kf ni PaflSf.
en er. en ir. en oir. en re.
6*>. De laPREMifekE. de la Seconde, de la Troisième, de la Quatrième Conjugaison.
f\ Il eft au Présent, au Parfait de TInfinitif j p^JJ-p ( de *** qui eft un Verbe, &c'
Hzne 6.
C'eft^ le PfiKSENT. le Parfait, du Participe Actif dt *** qui eft un Verbe , &c. ligne 6.
C'oft le Présent, le Parfait du Participe passif de *** qui eft un Verbe , &:c. ligne 6.
8'*
9^^
11
11"
I0''.li eflauNOMIN. auGÉNIT. auDATIF. àTACCUSAT. au VOCAT. àl'ABLAT. < pjy^^j* ^* i
De ''** qui eft un Nom Substantif MafcuUn ... de *** qui eft un Nom Substantif Fém.
Ilcftriu N.OMiNATiF. GÉNITIF. Dat. Accusat. Vocat. Ablat. ) pJuf^/^'^féminin.* (
De *** qui eft un N;)m Adjectif.
Il eil au Nominatif. Génitif. Dat. Accusât. Vocat. Ablat. ^pj^rie/ féminin. \
De ♦•qui eil un PrOxMOm. Personnel. Interrogatif. Relatif. Démonstratif.
13
14
M
Possessif.
s()\ Ccftune Particule, c'eft-à-dire, un petit mot nui tient lieu de pronom.
17 . C'cft le CoMPAR.vn^ de "** qui eft un Nom Adjeilif. . . . C'eft le Comparatif de *♦* qoi
eft un Adverbe.
18°. C'cft le Superlatif de *♦* qui eft un Nom Adjeaif. . . Ceft le Superlatif de •** qui
eft un Advcrbi^.
19°. Ceft un ' dverbe , c'eft. à-dire, une Adjeûif qu'on joint à un Verbe , & qui n'a point de
Cas , ni de Nombre , ni de Genre.
ao\ Ceft une Conjonction , c'eft-à-dire, utie Patti4ule Indéclinable qui fert à lier les diffé-
rente- r^arties d uhe Phrafe. • ;
' aï", Ceft une PR. position i c'eft-à-dire , une Pfcrticule iiuléclicablc qui fe trouve avant les
mots qu'crto ttgît. .
MUE MUE 293
Diaprés ce premier Tableau, le Sourd & Muet tenant fa baguette à la main , fi on lui préfente ces
mots : Nous avions compris , il mettra fa baguette , N°. i , fur ces mots la Première. . ,perfonne : N". 2 ,
iax ce mot , Plur'ul : N '. 3 , fur ce mot Plufque- Parfait : N". 4 , fur ce mot Indicatif : N®. 5 , ftrr ces
mots Ferke aBif: N*. 6 , enfin fur ces mots Quatrième conjugal fan»
Enfuice il retournera fon Carton du côté du fécond Tableau » qui exprime pourquoi un tel mot
appartient à telle partie du Difcours. '
SECOND TABLEAU
qui exprime pourquoi un tel mot appartient à telle Partie du Difcours.
1*. Il (ce mot J eft à la Première Personne. . . Parce que c'eft de moi-même que je parle.
a^ H cfl à la Seconde Personne Parce que c'eft à elle que je parle.
3*. Il eft à la Troisième Personne Parce que c'eft d'elle dont je parle.
4*. II eft au Singulier. . . P^rce que je parle d'une feule perfonne ou d'une feule chofe.
5*. Il eft au Pluriel Parce que je parle de phifisurs perfonnesou de plufieurs chofes.
6**. Il eft au Présent. Parce que je parle d'une chofe préfente.
7**. Il eft à rLMPARFAiT Parce que je parle d*une chofe nouvellement paiTée, ou repré-
fentée comme telle par l'arrangement du Difcours.
8". Il eft au Parfait Parce que je parle d une chofe paffée.
^^ Il eft au Plusque-Parfait Parce que je parle d'une chofe qui étoit paffée avant une autre
qui s'eft paftée depuis.
lo^ Il eft au Futur Parce que je parle d une chofe future.
1I^ Il eft à riNDiCATiF Parce que je parle direftcment, & fans liaifdn d'un Verbe
avec un autre Verbe.
ta*. Il eft à riMPÉRATiF Parce que je parle d*un commandement ou d*une prière.
13^ Il eft au Subjonctif Parce que je parle indireâemem » & que je joins un Verbe
avec un autre Verbe.
^4°. Il eft à l'AcTiP Parce que je parle d'un fujet agîffant.
15**. Il eft au Passif Parce que je parle non d'un fujet agîflant, ivais d'un fojet
fur lequel on agir.
i6*. Deft à TInfinitif Parce que je parle fans défigner aucune perfonne, ni aucun
nombre.
17*. Il eft au Présent de I'Infinitif. . . Parce que. . . ( voyez ligne 6. ) . . . Il eft au Parfait
de I'Infinitif. . . Parce que ( voy^z ligne 8. )
iff*. Il eft appelé Participe. . . Parce qu'il tient du Verbe & du Nom. Il a un régime comme
les Verbes, mais il s'applique furies Noms Subftantifs comme les Noms Adjeftifs.
i9«. II eft au Présent du Participe. . . Parce que. . . ( voyez li^ne 6, ). . . Il eft au Parfait
du Participe. . . Parce que. . . ( voyez ligne 8. )
«O*. Il eft l'AcTlF Parce que . . . ( voyez ligne 14. )
ai*. Il eft au Nominatif. . . . Parce qu'il commence la phrafe , & fe rapporte à un Verbe qui
doit parler de lui.
32®. Il eft au GÉNITIF Parce qu'il eft enue deux Noms Subftantifs , dont le fécond ,
exprimé par un de , forme le Gétiitif.
23*. Il eft au Datif Parce que a^au^ aux , eft le cara«flère du Datif.
a4«. Jl eft à I'Accusatif Parce qu'il eft le régime d'un Verbe ou d'une Prépofition qui
gouverne l'Accufatif.
2Ç*. Il eft au Vocatif Parce que je lui adrcffe la parole.
26'. Il eft à TAblatif Parce qu'il fc trouve apréi un Verbe Paffif, ou une Prépofition
qui gouverne l'Ablatif.
Le Sourd & Muet qui, d'après ce fccond Tableau , doit continuer de rendre compte de ces
paroles : Nous avions compris ^ dont on lui a demandé de faire les parties, promènera fa baguette
fur le N**. 1 , flir le 5 , fur le 9 , fur le 11 & fur le 14.
294
MUE
En voyant cette opération, pourra- 1- on encore
s^lmaglner que le (burd & muet n*a point faift la
différence de la pofition grammaticale du mot
qu*on lui a préfenté , d^avec toutes les autres qui
appartiennent au même verbe ? Mais il fera en
état de faire la même chofe de toute autre per-
fonne, de tout autre nombre , de tout autre
temps j de tout autre mode , & de quelque con-
jugaifon que ce foit.
CeA cette opération qui a convaincu plufieurs
académiciens & des favans de tous pays , que les
fourds & muets entendoient parfaitement la mé-
taphyrioue des verbes , & qu'ils étoient capables
d'inAruftion aufll bien que ceux qui entendent
& qui parlent.
Les réponfes à deux cents quefiions en trois lan-
gues différentes , ( ce aui fait en tout fix cents , )
dans des exercices publics , en préfence de Son
Excellence Monseigneur le Nonce, ou
Pape , & de quelques-uns de fes illufires confrè-
res dans Tépifcopat , ne paroiffenr point à nos
favans a'uill convaincantes > parce qu*clles pou-
Toicnt être Teffet de la mémoire , fans être ac-
compagnées de rintelligence.
De la fécondité des fignes méthodiques diaprés le
fgne de V infinitif d'un verbe.
Une même opération ou difpofition de Fefprit ,
ou du cœur , ou du corps , &c. peut s'exprimer ,
tantôt par un verbe , tantôt par un nom , foit
fubAantif , foit adjcâif, & quelquefois par un
adverbe.
Puifqne cXl la même opération ou difpofition ,
il faut néceffaircment un même figne radical au-
quel on ajoute d*autres fignes qui indiquent pour
les verbes la différence de leurs perfonnes, de
leurs nombres , de leurs temps & de leurs mo-
des ; & pour les noms, foit lubftantife , foit ai-
jeûifs , cîlle de leurs cas , de leurs nombres 86
de leurs gunres, qui enfin caraôérifent les noms
adjeâifs lubfiantiiiés ou advetbifiés.
Ce ffgne radical eft celui de Tinfinitif du verbe.
J'en donne pour exemple 1^ verbe cimer dans tou-
tes fes parties, foi: aftives , foit paffives, & toMS
les mots qui en dérivant ; favoir, VamitiJ , l'a-
mour , aimé , aimée , aimable , amabilité , ami ,
amie , amiahlement , amical , amicalement , amateur»
Tons ces mots ont le même figne radical» qui
€ft le préfcnt de Tintinitif du verbe aimer. Il s'exé-
cute en regardant Tobjet dont il s'agit, & mettant
fortement fa main droite fur fa bouche , pendant
Î|uc la gauche eft fur le cœur : on rapporte en-
uite la main droite avec une nouvelle force fur le
cœur, conjointement avec la main gauche, & on
ajouts le figne de l'inânitif.
Il ne faut pas que le fourd & muet à qui Ton
diâe une leçon ou une lettre , fe trompe dans le
choix d'aucun de ces mots , qui font au nombre
de plus de deux cent quarante , en y comprenant
ftutes les peribauoc » les nombres , les temps &
MUE
les modes du verbe aftif & du verbe pafllf , les
cas , les nombres & les genres des noms fubftan-
tifs & adjeâifs , & les adverbes.
S*il s*agit de quelque partie du verbe , on fait
d'abord le figne du pronom perfonnel , qui emporte
avec lui-même celui du nombre, enfuite le figne
radical , & les fignes de temps & de mode , félon
l'exigence du mot dont il s'agit.
Quand le verbe eft à 1'^^// , il n'eft pas nécef-
faire d'en avertir ; mais lorfqu'il eft au pafTif , il
faut abfolument en faire le figne , que nous avons
indiqué ci-devant.
Si je veux diâer X amitié , je fais d'abord le figne
d'apoftrophe, en le traçant en l'air avec mon
doigt , & le figne de l'article qui Taccomoagne.
Je tais enfuite le figne radical , & c'en eft affcz
pour faire comprendre que c'eft ce nom fubftan-
tif que je demande.
Si c'eft V amour que je veux faire écrire , fe fais
les mêmes fignes que pour l'amitié , mais j'y ajoute
une plus grande aâivité , tant fur la bouche qne
fur le cœur , parce que l'amour eft plus ardent
que ï amitié , ( même dans le fens de religion ,
dans lequel nous le prenons toujours ).
Ces deux mots aimé & aimée font deux adjec-
tifs, l'un au mafculin , l'autre au féminin: il £iut
ajouter l'un de ces deux fignes au figne radical
& au figne d'adjeâif.
£ft-il queftion de ce mot aimable i Je £iis le
figne radical , enfuite le figne d'adjeâif ; nuûs
comme c'eft un adjeftif qui fe termine en éUe ,
& qui dérive d'un verbe , il faut ajouter à ce figœ
celui de poffible ou de néceffaire, comme no«s
l'avons obfervé.
En fubftantifiant cet adjeâif ( comme nom l'a-
vons dit , ci devant ) cela fait amabilué.
Le terme à^ami eft corrélatif : il fupp<^ deoz
perfonnes qui ont de l'amitié l'une pour Tautre.
Si je fuis moi-même un des deux amis , Je UM
montre moi-même & je fais le figne radical : j*in-
dique enfuite du bout du doigt la perfonne qui
eft mon ami , ou fon nom. Après cela , je bis
une féconde fois le figne radical , en retournant
le bout de mon doigt vers moi-même , pour nK>ii-
trer que Tamidé de cette perfonne fe rapporte à
moi , comme mon amitié fe rapporte à elle.
S'agit- il de ce mot amiablement i Je fais le Aime
radical & le figne d'adjeaif ( poffible ou oèceSii-
re , félon le lens de la phrafe ) , j'y joins un
figne qui annonce qu'il n'y a pas de conteftation :
après cela j'ap. orte ma main fur mon côté droit »
pour faire entendre que c'eft un adjeâif adver-
bifié.
Faut-îl difter ce mot amical ? Je fais le figne
radical , j'y joins un fouris gracieux, & quelques
petits foiiinets d*amitié que je donne à un enfant ,
& enfuite le figne d'adjedif. En faifant les mêmes
fignes , & y ajoutant le figne d*adverbe » cela fiiit
amicalement.
V amateur eft un homme qui fe conaojcmfcir
MUE
* tare ou en fculpfure, ou» &c. & qui fe plait à en
▼oir. Je montre les objets aimés , & je fais le
figne radical.
Ce que je viens de dire peut s'appliquer égale-
ment à tous les infinitifs des verbes , oc aux mots
qui en dérivent.
Comment on peut expliquer aux fourds & muets les
opérations fpirituellcs , qui font l'objet de la
logique,
D*après ce qu on vient de lire dans les deux
chapitres précédens, il cil aifé de comprendre
qu*avcc les fourds & muets je n*ai point à crain-
dre quMs confondent Tune avec l'autre aucune
des parties qui entrent dans le dlfcours.
Il me fuffit de donner par Agnes à chaque mot
la figiSification qui lui eft propre, pour qu'ils le
placent d'eux-mêmes dans la café oui lui con-
vient. ( Ceft ce que ne pourroient taire la très-
grande panie de ceux qui n'ont pas fait leurs étu*
des )• Ils font donc en état de nous fuivre dans
tout ce que nous leur propofons clairement &
méthodiquement.
Voici de quelle manière nous leur expliquons
les opérations fpirituelles , qui font le premier
ot^et de h logique.
le regarde avec attention les différens rayons
de ma bibliothèque , & les figures & les globes
qui font placés au-deflus des tablettes fupérieu-
tes , & j'y fixe pareillement l'attention de nos
fbards & muets. Énfutte fermant les yeux & ne
voyant plus extérieurement aucun de ces objets »
fcn retrace cependant la hauteur & la largeur ,
ks différent figures & leurs pofitions.
Je fais obferver plufieurs fois de fuite > que ce
ne (bot plus les yeux de mon corps qui les apcr-
{oîvent, maïs que je les vois d'une autre ma-
nière , comme s'il y avoit deux ouvertures au
milieu de mon front , par lefquelles ces objets
vinffent encore fe peindre dans ma tète , mes
yeux étant fermés.
Voilà ce que j'appelle voir par Us yeux de Vef-
prit^ & il n'eft aucun fourd & muet qui n'en
b& fur le champ l'épreuve au dedans de lui-mê-
me : bientôt ils le plaifent à la multiplier & à la
diverfifier.
Ceft dans Paris , & chez mol , que je donne
mes leçons, mais je me tranfporte en efprit à
veriâilles ( ma patrie ) , où j'ai fait venir les trois
plus ancie<ines de nos fourdcs & muettes, pour
y pafler huit jours de fuite. Elles y font aufli-tôt
que moi , & fe rappellent toujours avec un nou-
veau plaifir le fèjour qu'elles y ont fait.
Je monte en efpiit au châieau , & je retrace ,
autant que je le pu;S , le gr^ind cfcalier & les pre-
miers appartemens : àuffi-tôt les fourdes & muet- '
tes continuent le tableau , mnis Air-tout celui de
la galerie , qui les a tellement faiA^îs d'admira-
tion, qu'elle^ ont changé ( toutes trois) de cou-
leur en y entrant.
MUE
295
Nous defcendons enfuitc en efprit dam le Parc.
Elles vont de bofquet en bofquet , & n'oublient
pas les effets des eaux , dent elles ont é:é étran-
gement furprifos.
Je leur fais obferver que ce ne font plus hs
yeux de leur corps qui voient ces dlflfércns objets :
leur corps n'a point changé de place ; il cfl vis-
à-vis de la table fur laquelle nous écrivons : c'efl
aux yeux de leur efprit qu'ils font préîeiis, com-
me A elles les voyoient encore, & je leur dis
que la peinture intérieure qui fait Tobjct ..c leur
amufemcnt , eft ce que nous appelons une iJJe ,
ou la repréfentaùon d'un objet dans Vefprit.
Vous avez maintenant dans Tefprit , leur dis-je
encore, l'idée du château de Verfailles , l'idée
des appartemens , l'idée des bofquets , &c. Tou-
tes ces chofes font matérielles & fenfibles ; vous
les avez vues de vos yeux , mais ce qui vous les
repréfenre maintenant au- dedans de voui-mcnics ,
eft ce que nous appelons vone imagination.
Vous avez vu qu'il vous a fallu deux heures
& demie pour vous tranfpcrter de Paris â Ver-
failles , & pluficur^ jours de fui^e pour vous
amener de Lyon à Paris. Votre corps ne peut
aller plus vire ; mais auffi-iot qu'il vous p'ait ,
votre efprit fe promène dans les jardins de Ver-
failles, ou fur les bords du rhone , pendant qie
ce même corps cft adls fur \\n Aé£;e, ou oii'îl
marche dans les rues de Paris ; voilà ce qui s'a;î-
[)clle penfer : vous pcnCi aux beautés de Verf.tîi-
es ; vous penfez au fleuve qui coule dans la
ville de Lyon.
Vous dites en vous-mêmes , que le parc de
Verfailles e(l beau : voilà ce que nous ap^;clons
un jugement. Il renferme deux idées : vous avez
l'idée du parc & l'idée de beauté ; vrws ks unif-
fez enfemble par un oui intérieur : c'cft ce que
nous appelons un jugement affirmatif-, au contrai-
re , vous dites en vous-mêmes que le boulevart
de la porte Saint-Manin n'eft pas beau : voilà
encore deux idées, l'idée de boiiicvart & l'idée
de beauté ; mais vous les séparez par un non inté-
rieur : c'cft ce que nous appelons un juiymcnt
négatif y & lorfque vous écrivez fur la table ce
que vous avez penfè en vous-mimes , c'eil ce que
nous appelons une propofîtion affirmative , ou um
propofition négativ:.
je vous demande A vous voulez retourner à
Verfailles, ou il m'a paru que vous vous plaifipz
beaucoup, & y demeurer toujours: vous me ré»
pondez que vous le voulez bien , pourvu que j y
aille aufTi moi-môme 8c que j'y relie.
Je vous demande pourquoi vous y mettez cette
condition , Si vous me répondez que c'eft
parce qu'il n'y a perfonne à Verfailles qui inf-
truife les fourds & muets : voilà ce que nous
appelons un ruifonnemcnt.
Il renferme plufieurs idées, que vous conn.v
rez les unes avec les autres de. ccrre manlôrc :
VerAiiUes eit tm beau lieu ; j'aime Verftiltcs : je
2ç6
MUE
voudrois y demeurer ; mais je ne trouverols poînt
d'inftruftion des fourds 6i muets à Verfa lies :
Taime mieux mon inltruélion que les beautés de
Verfailles ; je ne veux donc point y demeurer , fi
celui qui nous inftruit n*y vient point auffi & n'y
demeure pas.
La peniéc &i Tamour , difons-nous aux fourds
& muets , ne font pas la même chofe. Vous pen-
fez quelquefois à des chofes que vous n*aimez pas ,
& qu*au contraire vous haiifcrz. Vous penfez à la
pareiTe , à la défobéiflancc , à la gourmandife ,
que vous apercerez dans quelque jeune perfon-
ne , & vous n*aimez aucune de ces trois chofes :
ce qui penfc au- dedans de nous-mêmes s*appelle
notre cjprit : ce qui aime s'appelle notre cceur , &
la réunion de l'un & de l'autre s'appelle notre amc.
L'idée d'une ame qui pcnfe & oui raifonne > fe
préfente à notre efprit fans aucune tbrme ni aucune
couleur : nous appelons cette idée une fimpU
perception.
Vous avez donc un corps & une ame ; un corps
S[ui mange, qui boit, qv^ dort, qui marche &qui
e repole ; & une ame ^ui pcnfe, qui juge &
qui raifonne. Votre ame ne p;;ut ni manger , ni
boire, &c. ; votre corps ne peut ni penfer, ni
juger, ni raifonncr.
Ces opérations , comme on 1^ voit , font vrai-
ment fimples , & les fourds & muets les faififlent
avec autant de facilité que d'empreflemenr.
Comment on fait entend/^ aux fourds & muets Us
premières vérités de la religion.
Dés qut la diflinAion de Tame d'avec le corps
eft clairement établie , comme on vient de le faire
dans le chapitre précédent , l'ame des fourds &
muets , due ment avertie de fa fupériorité & de fa
nobleife, hi qui la diflingue des bêtes ^ qui ne
penfent & ne raifonnent point , ne demande plus
qu'à nous fuivre par-tout où nous voudrons la
conduire : elle vole dans le ciel , revient fur la
terre , & defccnd dans les abymes avec autant de
facilité que la nôtre.
Ils ont vu de leurs yeux qu'une maifon ne fe
bâtiflbit pas toute feule y & qu'une montre ne
pouvoit le faire elle-même ; ils ont admiré cette
petite machine , & ont dit , fans qu'on le leur fug-
férât , qu'il avoit fallu beaucoup d*efprit pour
inventer.
Mais lorfque nous leur montrons fur une fphére
artificielle les mouvemens périodiques de la terre
& des planètes autour du foleil, & qu'-ils en
voient enfnite l'exécution en petit dans la favante
horloge de M. Paffemant , c'eft alors que leur ame
s'étend & s'élève avec des fentimens de joie &
d'admiration , que toutes nos expreflions ne peu-
vent rendre : bientôt leur furprile tient de l'exta-
fe, lorfque montant jufou'aux étoiles fixes , nous
jeur annonçons quelle eft leur diflance de la terre
(JL leur èloignement les unes des autres.
ÇjA alors qu'ils comprcanent qu'une machine
MUE
aufTi prodigieufement immenfe , & qui renferme
tant de beautés plus ravivantes les unes que les
autres, ne peut être lefFet que d'une puiflance
infinie.
lîs voient & comprennent l'ufage que les arti-
fans font de leurs outils pour la fabrication de
leurs ouvrages ; mais il n'efi pas néceflfaire de leur
dire qu'il a été impo^Tible d'en employer aucun
; our la fabrication de Tunivers.
Si nous leur écrivons que celui qui a fait
toutes ces chofes n'a ni corps , ni figure , ni cou-
leur , & qu'il ne peut tomber fous nos fens , à
peine d^gnentils fixer leurs yeux fur cette propo*
fition , parce que leur bon fens leur difte qu'il efi
impofiîble de concevoir en lui des yeux , des oreil-
les , des pieds & des mains.
Cefl ce que nous appelons être un pur efprit ,'
dont les opérations ne peuvent être empêchées ou
retarwiées comme les nôtres le font par la pefan*
teur de nos corps.
Il eA temps alors de leur annoncer que celu^
dont les ouvrages les tranfportent d'étonnement ,
eflle Dieu devant lequel nous nous profternons,
que c'eft un efprit éternel , indépendant , immua-
ble 9 infini , qui eft préfent par-tout, qui voit-tour,
qui peut tout , qui a créé toutes chofes , & qui les
gouverne toutes.
Il ne s'agit point ici de courir à grands pas ;
mais fi les démarches font lentes, on eft bien
dédommagé de fa patience par les nuances fuc-
cefllves de refpefl envers Dieu , dont on aper-
Îfoit le progrès dans le coeur de ces jeunes per-
bones , & qui eft ordinairement proportionné aux
connoiflances qu'elles acquièrent.
Donnons fi^ulement un échantillon de la manière
de procéder dans l'explication de ces propriétés
divines.
Vous n'avez point toujours été dans ce monde i
difons-nous aux fourds & muets ; vous n'exifticz
pas il y a trente ans ; vous êtes venu au monde
comme tous les enfans , dont vous apprenez tous
les jours la naiflance : votre père étoit avant vont
votre grand-père étoit plus ancien : votre biCaîeol
& votre trifaïeul l'étoieat encore davantage ; cha*
cun d'eux, à fon tour « a eu fon commencement :
c'eft Dieu qui les a formes dans le fein de lenn
mères , & alors ils ont commencé d'exifter : il en
a été de même de tous les autres hommes qui font
nés & qui font mons depuis le commencement du
monde ; mais celui qui forme tous les autres , n*a
pu être formé par aucun autre qui fût plus ancien
que lui : il n'a donc point eu de commencement»
Ce n'eft pas tout : vos pères & grands-pères ,*
bifaïeuls & trifaïeuls font morts : vous monrre?
aufti quand il plaira à Dieu : ils ont eu une fin
dans ce monde ; vous en aurez pareillement unn
lorfque vous mourrez : on a mis leurs corps dans
la terre lorfque leur ame s'en eft féparéc ; on y
mettra aufli le vôtre. Mais Dieu ne mourra poim :
«1
M 0 E
tlo*aura |amaîs de fin : il a toujours ètè & SI fera
tODJours ; voiîà ce que fignîtie ce mot éternel.
L*mdêpcnd2nce & les autres péri';: fit on s xi e Dieu
s'expliquent de U même manière , à magis nota ad
minus noîum. Il ne s'agit pas de faire des démonf-
trajîom philofophiques ou tiiéologiqucs ; il c{l uni-
^fDcm qudlion de fe faire entendre i & on y
llîr par cette fi m pli cité.
lL:fqu*alors , ft on écrivoit fur ta table le nom de
Dieu , les fourds & muets levoient la main 6c
Oiontroient le ci;;] , maisc'ctott pour eux un (igné
f ide de fcns : iU en conviennent , & ne ceiîent
de le rèî^èter ; il faut du moins favoir que Ton a
une ame , & que le rideau qui la cache elle môme
à elle-même , loit tiré avant qu'elle puifle découvrir
le fceau de la divinité, qui ed naturellement ein
prctnt en elle d'une manière Ineffaçable. Mainte-
caat ib comprennent que la louange , Tadora-
lion» raâîon de grâces fui font dues.
Ce que nous fatfons dans nos temples n'eft plus
ï leurs yeux un fimpte fpefïacle « te) qu'ils fe le
figurotent : ils comprennent que nous y deman-
dons , & iU y demandent avec nous tout ce qui
mus eft nécciTaire aux wns & aux autres , tant
pour rame que pour le corps.
M^nlcre d'apprendre aux fcards & muets Us myf^
lires mimes de notre religion*
Voîcî maintenant de quelle manière on peut
apprendre aux fourds & muets les myAères mêmes
oe flocte religion.
Vous exiliez, leur dîfons nous, vous penfez &
TOUS aimez* Votre eriftence n'eft point votre pen-
fe. Les bères exiftent & elles ne penfent pas.
Elle n*eft point non plus votre amour.
Votre penfêe n'eft point non plus votre amour ,
ptûique vous penfez quelquefois à des chofes
^uc vous n'aimez pas : elle n'eft point non plus
vocre exiftencc, Ennn , votre amour n'eft ni votre
aiflencc , ni votre penfèe.
Voilà donc en vous trois chofes qui font dif-
tiotuées Tune de Tautre , c'eft-à-dire , que Tune
o'cS pas l'autre. Vous pouvez penfer à Vv^nt fans
penfer à l'autre ; cependant ces trois chofes font
infipiraWes, & font chez vous un feul moi qui
eiifie, qui penfe & qui aime ; c'eft une efpéce
4'iiiiage , &L comme une reftemblance de ce qui
cft en Dieu : c'cft ce qu'un grand évèque du der-"
■fef fiécle ( BoJTuet ) apptloit une trinité créée,
n y a en Dieu trois perfonnes, le Père, le Fils
& le Saint-£fprit. Le Père n'eft point le Fils , il
B*cft pas non plus le Saint Efprît.
Le Fils n'eft pouit le Père ; il n*eft pas non plus
k Saifit-Efprit.
Enfin le Saint-Efprit n*cft ni le Père , ni le Fils.
Ces trots Perfonnes font diftingoées l'une de
Vaxitre f c'eft-à-dirc, que Tune n'eft pas l'auire,
Vo« tKmvez penfer à Tune fans penfer à l'autre :
W|>tinlaiït elles font inséparables & ne font qu'un
Ans & Mmtrs^ Tome K PanU /.
MUE
297
fcul Dieu; un feul Eprit èicrnel, indépendant;
immuable, &c.
Voilà ce que nous devons croire, parce que
notre foi nous Tenfeignc; & après que nous avons
montré cet enfeigncmûnt dans les divines Ecritu-
res , ceux de nos fourds & muets qui ne font
plus enfans , récitent avec 'goût le fymbole de faint
Athanafe tous les Dimancht^s à prime , & tiennent
fermement à tous les :irticles qu'il ÊXpofe fur le
myftére de la fainte Trinité.
La comparaifon de l'a me & du corps, qui eft
un feul homme , unus cfl homo , comme il eft dit
dans ce même Symbole , fert à leur faire enten*
ÛTQ que Dieu Ck Thomme efl un feuJ /èfus-
Chrift, unus eft Chrtftus ^ & répand un jour fur
lei vérités faiiites qui font les fuites nécetfaires
de cette union ineffable.
Nous mangeons , nous buvons , nous dormons »
nous marchons par notre corps ; nous penfons ,
nous jugeons, nous raifonnons par notre ame*
iéfus-Chrift, comme Dieu, eft éternel, indépen-
dant, immuable, &c. Jéfus-Chrift , comme hom-
me, a été conçu, il eu né, il a fouffert , il eft
mort, &c.
Le myftère de l'Euchariftie s'explique auffi de
la nia*-^ière qui lui eft propre.
Les fourds Se muets voient de leurs yeux que
cinq ou fix gouttes d'eau verfécs dans une liqueur
du plus beau rouge , la changent auftî tôt en
blanc , comme ft c'ètoit du lait : nous leur rappe-
lons ce qu'ils ont lu dans leur ancien teftamcnt ,
que la verge de Moïfc fut changée en ferpent,8c
que les eaux d'un grand fteuve furent changées eti
fang ; & ce qu'ils ont vu dans Tcvangile , que
Jéfus-Chrift par fa puiffaocc , changea Teau en vin ,
aux noces dt Cana.
Nous leur dlfcns qu'un changement plus mira-
culeux encore s'opère fur nos autels par la vertu
toute-puiffanic des paroles de Jéfus-Chrift , que
le prêtre prononce en fon nom. Le pain & le via
y font changés au corps 6c au fang de Jéfus-Chrift ;
c eft Jéfus-Chrift lui-même qui Ta dit ; c'eft l'é-
glifc qui nous l'enfeigne ; nous devons le croire ,
quoique nous ne le comprenions pas.
D**iprè^ ces exemples , on conviendra fans doute
quil ell polîible de faire entendre aux fourds &
muets les myftères de notre religion , & qu'ils
^oivent même les mieux entendre que ceux qui
ne les ont appris que dans leurs catèchlfines*
Qull neft aucun idée mUûphyfique à7nt on ne
puijfe donner aux fourds O muets wie cxplica*
tion très-claire par le moyen de Carmlyfe , é" avec
le fecours des fignts méthodiques.
Il nVftpointdemotqmnefignifte quelque chofe ,
& il n'eft point de chofe qui ne puiffe être figat-
fiée très-clairement par un ou pluficurs mots, ibit
qu'il s'aeiftTe d'une chofe dépendante dts fens, ou
d'une Giiofe qui ea fott toulemenc iudépea^.
dant9«
298
MUE
Dans toute largue , il n'cil aucun mot dont k$
feyans ne faffent ent<înire la figniticaiion par Ta-
nalyfe, en fe fervant d'autres mots, autant qu'il
en cft néceiTaire» & qui rendent fenfible cequ*on
ne comprenoit pas.
Ces autres mots peuvent fe dire à quiconque a
les oreilles duementorganifées. Loriqu'on les dit ,
ik qu*îU ne font p.is entendus , c*eii'à-dïrc com-
pris , on les explique par d*aurre$ mots ; & (1 ces
derniers ne font pas encore affez intelligibles, on
en cherche a^autres qui le foleni davantage :
enfin , il rien reftc aucun dont on foit obligé
de dire qu'il eA impoiTible d'en exprimer la figni-
fication.
Avec les fourds 3i muets, c'eft précîfément la
m^nie opération qui fe fait par écrit |ufqu'a ce
qu'on foit parvenu à des mots qui font compris
par fignes , 6c qui répandent la lumière fur ce qui
ètojt obfcur.
Il efl rare que je fois obligé d'en venir à une
féconde opération j & fi cela arrivoii fouvent ,
ce feroit une preuve que je n^aurois pas des idées
bien nettes , 6l que je ne faurois pas choifir mes
expre(Tions.
J'ai donné dans mon inftitutîon méthodique un
exemple de ces fartes d'explications ; je pcnfe
qu'il fera très utile de le répéter ici, en y ajou-
tant même quelques réBeiions.
Il ncû peut cire point de mot plus difficile à
expliquer par fignes , que celui-ci je croa. Voici
de quelle manière je m'y prends pour y réullir.
Apres avoir écrit fur la table je ctQis , je tire qtia-
tre ligne alnfi difpofées :
'Je dis oui par Tefprit. Je penfe
que oui»
-^Je dis oui par le cœur. Taime à
penfer que ouï,
^Je dis oui de bouche,
^Je ne vois pas de mes yeux*
Ce qui fignifie , mon efprit confcnt , mon cœur
adhère , ma i)ouche profefle » mais Je ne vois point
de mes yeux. Je recueille enfuitc ce qiii eA écrit
fur ces qu3tres lignes , & je le porte fur le mot
je crois ^ pour faire entendre que tout cela y efî
renfermé.
S"^ git-il , après cette explication » de difter par les
fignes n^éthodiqucs ce mot 7^ crois y je fais d'abord
U figne du pronom perfoonel du ftngulier , ainfi
qu'il a été dit en fun lieu : je porte enfuite mon
index droit fur mon front» dont la partie conca/c
cït ccnfce contenir mon efpnt, c't fl à dire ma
faculté de penfcr, & je fais le fi^ne de ouï: apré.
cela je fais le même figne de oui en mettant mon
^oigi fur la partie de mai-mcmï qu'on rcgir.ic
«rditutrcmcnt commclcfie^cd^cc que nou6 appe-
lons notre coeur dans. Tordre ' c*ei3-à dire »
de noue f;icul té d aimer ( , i ait é*é dit
phifieurs fois que ce* dtuii ûvoUcs for
tuelles, tV n'occupent point de place )
Je crois.t
MUE
enfuite le même figne de oui fur ma bouche en
remuant mes lèvres. Enfin » je mets ma mam fur
m^s yeux, Sl en faifaut le fignc de non ^ )C mon-
tre que je ne vois pas.
Il ne me reHe plus que le figne du prèftnt à
faire , 8c on écrit je crois ; mdis en l'écrivant on
le comprend beaucoup mieux que la plupart de
ceux qui parlent ^ qui ent-jndeni : il eft inutile
de répéter ici que tous ces ûgnes fc font en un
clin-d'œil.
D'api es ce qLie je viens de dire & ce que j'ai
expliqué précédemment fur la manière d'employer
différemment un même ftgne radical ^ il eft aift
de comprendre comment il faudra d»3cr toutes
les pei fonnes » les nombres , les temps fit les mo-
des du verbe croire^ foit à Ta^^lif, foit au palEf.
Quant aux mots qui en dérivent » 14 foi en cfl
le nom fubllantif, la croyance en efl le participe
fubflanti fié : croyable & incroyable font deux adjec-
tifs en ahU ; incrjyjhUmem eft le fccoisd de CCS
deux adjeâita qui eft advcrbifié-
Le jJàlc cft celui qui a été baptifé & qui croît ^
Yinjldèlc celui qui n'a point été baptifè. En fiibf*
taniifiant cet adjcflif , cela (d\i VinjtdéUté,
Vmcrédule efl celui qui a été baptifé ^ f^W ifili
ne croit plus: en fubliantifiaut cet adjeâif » cdft
fait incrédulitL
Crédibilisa is , e^ eft un mot latîn reconnu pir
les meilleurs auteurs j Ôc qiii fignifie croyable ;
mais on ne le fuhJlantifi';; point en bon latin » on
ne dit point credihilttas , {.tus : au contraire» en
françots nous n'avons point admis le mot credihtei
mais nos théologiens oc nos philofophes ont adtnis
le m'^t de crédibilité : s'il faut le di^er, nous le
repréfentons comme un adjeélif fubflintifié tiré da
mot latin ^redibdis : nous ajoutons par conséquent
le figne de Lsdn*
Tel eft Tuf/ige de Tanalyfe joint à celui des
fignes méthodiques , & voici le jugement qu'co
a porté un favam du premier ordre.
L'Inftituteur des fourds & muets de V^m tt %
fait ( dit M. i'Abbè de Condillac ) u du langage
d'aâïon un art méthodique , auffi fimptc que facile ,
avec lequel il donne à ks Elèves des idées de
toute efpèce, & j'ofe dire des idées plus cxa.âc$
6c plui précifes que celles qu'on acquiert comtnu*
nément avec le fecours de Touie. Comme dâfis
notre enfance nous fommes réduits à juger de ti
fignification des mots par les circoniiance^ oit
nous 'es entendons prononcer, il nous arrive fou-
vent de ne U faifir qu à-peu-prés , & nous nous
contentons de cet à peu près toute notre vie. 11
n'en eA pas de même dc^ fourds & muets qu'itif-
f ruit M. l'a b * de i'Epée.ll n a qu'un nw)yco pour leur
docncîri«s déesquî ne tombent p-i» Tous Ict fctis,
c'cîi d'analyfer & de les faire analyfcr avec lui.
Ti lc« cûiduit donc des idées fenfiblcs aux id^
■ s analyfc^ fim, ' ' fiquci,
r combien foi .^laii a
MUE
d^avintages fur les fons arriculés de nos gouver-
axnces Ôi de nos précepteurs.
« J'ai cru devoir faifir roccafion de rendre juf-
dce aux talens de ce Citoyen dont je ne crois
pas être connu 9 quoique j'aie été chez lui, quM
m^alt mis au fait de fa méthode n. ( M. l'Abbé
éc CondiUac , cours d'étude pour l'intlruâion ,
&c hfnujtr, prem. parité , chap. i"* pag. 1 1. )
J*a}otite à mon tour que j'ai cru devoir rappor-
ter cet émoi gnage , pour Tavantage d*une méthode
dont il eft bien à dtfircr que fe fervent tous ceux
^ iroudront inftruire des fourds 6l muets.
C^mmeni on peut faire comprendre en quelque degré
à de M fou'dr & muas ce que c*eft que ^entendre
auribus audire.
Voici de quelle manière je m'y prends, lorfque
i« veuit expliquer cet article aux fourds & muets.
Je deniande qu'on apporte une grande terrine ^
8t je la fais remplir d'eau : lorfque Teau eil bien
fcpofée, j'y lailfe tomber perpendicuhirement une
boule d'ivoire, ou quelqu'autre chofe de fembla-
ble, que je tenois entre mes doigts : alors je fais
obfcrv'er le mouvement d'ondulation qui fe fait
dans Teauj^fit qui feroit beaucoup plus fenfible
dans un balTm ou dans la rivière ; mais les fourds
& muets, qui l'ont fouvent aperçu tlans Tun &
dans l'autre , fc le rappellent très-aifément. En fui te
j'écm fur la table ce oui fuit t je jette la houle dans
FejM^ ttau i écarte^ t/ -va frapper tes bords de U
rine. Il n eft aucun de ces mots qui ne foît enttn»
des foufils (k muets.
Après cela je prends un écmn ou quelqu'ature
chofe de femblable , en ragitani avec la m 3 in ,
je m'en fers pour f^ire voltiger de petits rideaux ,
des mancbeites , des feuilles de papier, &c. Je
loufflc auflî fur la main de quelqu'un , & j'appelle
tout cela air : alors j'écris de nouveau fur la table :
U chambre efl pleine d'air comme ia terrine efl pleine
yàu : je frappe fur la table , Pair s'écarte ^ & va
frdpptr les murailles de la chambre^ comme feati
i^àarte , & va frapper les bords de la terrine.
k prends enfulte ma montre à réveil , & ph-
çaiit l'aigurillc k l'endroit où elle doit être pour
^pcrer la détente , je fais fcntir à chacun des foiirJs
a muets le petit marteau qui frappe fon doigt
avec beaucoup de vîtefTe : je leur dis alors que
noci avons tous un petit marteau dans l'oreille ,
Ot que l'air en s'écartant pour aller frapper les
murailles de la chambre, rencontre notre oreille ,
qiiil y entre, & qu'il fait remuer ce petit mar-
tCAu, comme je fais remuer avec le fouffle de ma
bouche le petit coin de mon mouchoir : ( c'eft mon
langage avec eux , je ne dois point ici le rendre
autrement. )
Eltîfaitc )c fak placer contre la muraille une
ptrtonnc qui entend , & qui me tourne le dos ,
« ji la prie qu'auffi-tCn qu'elle m'entendra frapper
fur la tsbic, elle fe retourne 8c vienne vers moi.
Je frappedonc , & elle cnéciite ce dont nom
MUE
199
m
fommes convenus : alors je montre que raie a
rencontré Ton oreille, qu*cn y entrant il a Tait
remuer fon petit marteau , Se que c'a été ce mou-
vement qu'elle a fcnti , qui Ta fait fe retourner
& venir vers mol.
Apres cela j'envoie la même perfonne dans une
autre chambre ; je frappe , & à Tin fiant elle arri-
ve : je déclare que ia même opération s'ell faite
dans fon oreille, & lui a fervi d'avertiûemenc
pour venir nous trouver.
C'eft ainfi que nous montrons la propagation
du fon par le moyen de l'ondulation de Tair ;
( nous expliquons aufï* pourquoi cette propagation
eft plus lente que celle de ia lumière. )
Quant a ce qui fe paflTe dans rintérieur de l'oreil-
le , MM, les Anatomiites voudront bien fereflbu-
venir que nous parlons à des fourds & muets , &
qu'il n'e^ pas queflioR de rechercher Ici une exac-
titude phyfique.
Nous failons comprendre aux fourds & muets
que s'ils n'entendent pas , c'efl parce qu'ils n'ont
pas ce marteau dans Toreille , ou qu'il eft trop
enveloppé pour que le mouvement de l'air puiffe
y faire impre0îon , ou enfin , parce que s'il fe
remue 6c qu'il frappe , la partie fur laquelle ît
agît eft comme paralytique.
Toutes les fois que j'ai fait cette explication ,
elle a produit dans les fourds & muets des effets
bien difterens , les uns témoignant une grande joie
de favoir ce que c'étoii que d'entendre, 6c les
autres fe livrant à une trilteffe profonde, de ce
qu'ils n'avoient point ce marteau dans Foreilîe ,
ou de ce qu'il y étoit enveloppé.
Les deux premières qui ont aflîfté à cette
leçon , en ayant rendu compte chez elles , ne pou-
voient contenir leur mauvailc humeur , lorfqu elles
apprirent que. le chnt de la maifon & le fcrin avoient
ciacun leur petit marteau dans l'oreille*
D'après ce que je viens de dire , on compren-
dra facilement quelle eft l'idée que les fourds &
mucrs fe forment de notre faculié d'entendre.
Lorfqu'ils font tous dans mon cabinet, & que
leurs yeux font tournés vers un tableau qu'ils n'y
avoient point encore vu , & qui attire toute leur
atteniion , fi je frappe du pied fur le parquer , en
quelque nombre qu'ils puiffent être , il n'en efl
pas un f^ul qui ne fe retourne vers moi , parce
qu'ils ont fenti à leurs pieds une fecoude qui ïc%
a futîîfamment avertis que je Youlois qu'ils ras
regardai Vent.
Quelques raomens après je leur Fa'.» entendre
qu'il y a dans mon anti-chambrc une vingtaine de
perfonncs qui ne peuvent m*ap:2rcevOir , & que
je ne vois pas non plus , mais que je vais faire
entrer , pour leur donner le plaifir de voir ce même
tableau.
Je les appelle donc à haute voix , & ùr k c[|*imp
elles accourent pour favolr ce dont il s'agir. Alors
les fourds & muets comprennent qLie ces perfon-
nés ont éprouvé dans leurs oreilles une L cou/Te
Pp i
300
MUE
à-peu-prés Temblahle à cdle qu'ils ont reffeniîe à
leurs pieds lorfque j*ai frappé fur 3e parquer.
Notre faculté d'entendre leur paroît danc erre
une difpofition intérieure de nos oreilles , qui nous
rend capables d'y recevoir des mouvetnens qui
ne peuvent pénétrer dans les leurs , p;)rce que la
porte en eft fermée > ou parce quils nont pas »
foit le petit marteau ^ foit le tambour fur lequel il
doit frapper ; & comme ils s aperçoivent que le
frappement du pied fur le parquet, eicîte plus ou
moins de mouvement dans leurs pieds, félon quVn
a frappé plus ou moins fort, ils conçoivent auffi
que le mouvement excité dans nos orciiles eft plus
ou moins fort, félon qu'on y a fait entrer Tair
ftT«c plus OU moins de violence : ils en ont Tidée
à-peu- près comme d; celle d'un vent qui fouifle
plus ou moins fortement.
Mais comme on ne peut donner à un aveugle
de nailTance une idée diftini^e de la différence des
couleurs, on ne peut non plus donner à un fourd
& muet vme idée diftinâe de la différence des foas
que la prononciation des différentes lettres produit
dans nos oreilles.
Réflexions far une méthode & un di^Honnaîre â
l'ufage des fourds & muets^
La langue françoife nous efl naturelle» c'eft-à*
dire, que nous Vavons apprife déi notre première
enfance , fans réAexton & fans écuJe , & dès Tâgc
de cinq ou fit ans nous en favions affcz pour enten-
dre ce qu'on nous d«f»iit, & pour répondre à ceux
qui nous interrogeoient. Avec Tâge & le déve-
loppement de la raifon , nous avons entendu plus
de mots, & nous nous fommes accoutumés à nous
en fcrvir nous-mêmes. -Vais tant que nous ne les
avons appris que par une fimple habitude , ce
n'éfoit point là proprement ce qu'on appelle favoir
une langue : auffi faifions-nous à tout moment ,
foit en parlant, foit en écrivant, une multitude de
£iutes qui annonçoieilt notre ignorance d'une
manière très-fenfibic.
Nous n'avons pu en fecouer le joug qu'avec
le fecours d'une mérhcïde qui nous apprit à difcer-
Ecr les peribnnes , les nombres, les temps Se les
modes d^ nos verbes , & à connoîire leurs régi-
mes , comme auffi les cas , les nombres & les
genres de nos noms, foit fubftantifs, foit adjec-
tifs , & des pronoms ; enfin , les différences entre
les adverbes , le^ prépofuions âc les conjonAions.
Ce n'eft pas tout : il a fallu encore que nous
• cuffionsde bons di<ftionnaires françois qui fixaffent
la îuflc valeur de chaque mot, pour nous appren-
dre à n*en faire ufage que félon îa fignifi cation qui
convenoit au fujet dont nous parlions^ ou iur
lequel nous écrivions.
Lorfqu'il s'eft agi d'apprendre quelque langue
étrangère , nous avons eu befoin d*unc méthode
qui iKHts apprit dans cette langue ce que îa métho-
de françoile itous a voit appris djns la nôtre : îl
noui a fallu au€l de bons diâioanaires qui nous
MUE
gudaffent dans le choix des mots, foit pour tra-
duire de cette nouvelle langue dans la nôtre , oa
de la nôtre dans la fienne. Sans ce double fecours
nous n'aurions jamais fu, que d'une manière tri <-
imparfaite , la nouvelle langue à Tétude de taqucUa
nous voulions nous appliquer-
La langue naturelle des fourds & muets eA U
langue des (t^xxti. : ils n'en ont point d'autre ,
tant qu'ils ne font point inftruits ; & c'eft la nature
même , & leurs différcns befolns , qui les guident
dans ce langage.
Il imptjrte peu en quelle tangue on veuille tes
inftruire , elles leur font routes également étran-
gères; & celle même du pays dans lequel ils font
nés , n'offre pas plus de taciUté que toute autre ,
pour réuflîrdans cette entrcprife. Mais quelle que
foit la langue qu*on défire leur apprendre , ils ont
befoin d'une méthode pour en connoitre Ici
régies, & d'un bon diétionniire pour en appreo*
dre la jufte valeur des mots. ^i
^ C'eft la connoiffance de cette double nèceflîll^H
qui engage la plupart des perfonnes qui viennevH
à nos leçons , mais fur-tout les étrangers , à deman-
der une méthode à Tufagc des fourds & muets ;
( telle quelle eft expo fée ici ) mais bientôt ils
demandent un didionn.Mre.
/e pourrois leur répondre toujours , dît M. TAbbé
de TEpée , que mes fourds & muets n'ont pas befoio
d'un di^onnaire qui foit ni écrit ni imprimé ,
parce que dans toutes mes leçons je fuis moi-même
le diflionnaire vivant , qui explique tout ce qu'a
eik nécvffiirc pour Tintelligence des mots qui
entrent dans le fujct que nous traitons , & qtic ce
fecours eft pkinement fuffifant, comme le feroit
celui d'un précepteur, fans la préfence duquel
fon élève ne tradutrojt jamais , & qui ^argneroît
à celui-ci la peine de feuilleter les diélionnaires »
lui biffant feulement à mettre Tordre ncccffairc
dans les phrafes,
La preuve que cette efpèce de diftionnaire a
toujours été fuffifant pour mes fourds fit mue» *
réfulte évidemment de leurs opérations , puifqne
formes fignes , qui n^ef priment m aucune lettre,
ni aucun mot, maïs feulement des idées, ilsècrt»
vent tout ce qu'il me plaît de leur diéler : certai-
nement ils ne pourroieni le faire, s'ils n'avoicm
pas dans leur cfprit les mots qu'ils doivent choi-
Crfit les idées qulls fignificnt.
Maïs depuis un certain temps ( ajoute cet habile
& généreux inftituteur ) ayant eu i former de*
maîtres qui dévoient s'en retourner très-protnp-
tcment dans leur pays, il a été impoffible qu'ils
fuffent auff» rompus fur l'ufage des fignes , que
mes difciplcs, qui, en ma place, leur fcrvoicnt
de dii5tionnaires vivans, ( j'ofe les en prendre à
témoins ), Il a donc fallu , pour leur lervice »
travailler à un diâlonnaire à î'ufage des fourds &
muets.
J'avoue qu^au premier inftant ou Tidée s'en eft
préfemée à mon cfprit, Texècutioa m'eti a pam
en qaelque forte îjnpoHjble. Je vayoîs avec quelle
promptitude nous faifions les fignes qui conve*
noient à chaque mot dont il talloit exprimer la
■ fignîiî^atioQ ; mais il me paroidolt que h defcrip-
I non de ces fignes exigerolr un détail qui en for--
■ meroit un ouvrage immenfe*
■ Cependant, en examinant la chofe à tète repo-
H fte , f ai cru apercevoir que trois ou quatre volu-
P liunes in-4**. lufRroient pour remplir ce deffein , &
dè^-lors je p*ètois plus effrayé ; maïs de nouvel-
tles réHezions m'ont découvert très-clairement
que cet ouvrage ne feroit pas , à beaucoup prés ,
aufli volumineuji, ni auflî difficile que je me l'é-
toi\ figuré d\mc première vue , parce qu'il fau-
droit en retrancher tout ce qui n*eA pas nèceflaire
I pour Tinflruâion des fourds & mueis*
t". Pluficurs favans n'ont point fiit difficulté
de convenir avec mot, qu'il y avoit plus de trois
mille mots de notre langue dont ils tgnoroienr
b ûgotâcatton ; j'en ignore moi-même un plus
prud nombre : on n*cxigcra pas fans doute que
fc les apprenne , pour les expliquer dans le die*
tîonnaire à Tuiage des iburds & muets.
1**, Je n'y ferai point entrer non plus les noms
de toutes les parties qui nous compofent , m ceux
de tous les objets que nous avons continuelkmcnt
fous les yeux : il fuSii de les montrer,
5*. On n'y trouvera point les noms des qua-
drupèdes , des volatiles , des poifTons & des infec-
tes, ni ceux des arbres, des fruits, des fleurs ^
des légumes | des herbes , des racines , ni ceux
des iniirumens des ouvrages de différens ans
00 métiers , &c. &c.
Les fourds & muets ne peuvent apprendre les
li|D\fications de tous ces noms, que comme nous
les avons apprifcs nous-mêmes.
En vain nous aurolt-on répété cent & cent fois
lei noms de ces diffcrens objets , û on ne nous
les eût pasmonrrés, ou en nature, ou peints, nous
n*y aurions attaché aucune idée plus diflinéïe ,
^ que il on les eût prononcés en une langue étran-
jére : le mot de cheval ne nous aurgit pas plus
donnée Tidée diAinéle de cet animal, que fi on
eût dit Cijnus { en latin ) ou harfe ( en anglois ) ou
fftrd {en allemand.)
Ce ne font donc point feulement des noms
Îiu'îl feui dire ou écrire aux fourds & muets : ce
om les objets mêmes, ou leurs repréfe mations
qii*il faut leur montrer.
Ccft pourquoi , dans toute falle deAitiée pour
llnilruâion des fourds & muets , on doit avoir des
tableaux ou des eftampcs bien faites , qui repré'
feotencceux de ces objets qu'il eft plus intéreilant
de connoitre : c*cA ainfi que nous les apprenons
\ nos élèves*
4®^ Notre diâionnaire des verbes eft déjà fait ,
& il efl entre les mains de nos fourds & muets ;
nous foxames à la moitié de celui des noms ;
f d'après ce que nous avons expliqué cl*def^
501
fus , celui des verbes nous donne lieu de fuppri-
mer tous les noms fubAantifs & adjeflifs qui
dérivent des infinitif.
Les maîtres des fourds & muets auront la bonté
à^y faire attention , lorfqu'tî faudra leur expliquer
par fignes ces noms fubttantifs ou adjeâifs.
5*. On ne trouvera point dans ce di^ionnaîre
de nouveaux fignes pour les mots compof;;» , tom-
mt fdiîs faire , introduire , Sic, &c. ni pour ceux qui
expriment des idées complexes , comme fréquen-
ter^ copier f &c, &c. ou des idées métaphyfiques ,
comme croire , ambitionner^ &c. &c, ; mais on y
trouvera par Tanalyfe les idées fimpïes dont cha-
cun de ces mots exprime la réunion , & qu'il faut
décompofer dans le langage des ft«;nes , comme
elles font décompofées par Tan al yf«.
Ce font des lignes connus qu*il faut réunir ,
& non de nouveaux fignes quHl s'agiife de cher-
cher,
Ainfi , par exemple , fatisfaîn figrifie fiiîre
aflez ; m/roiwirr fignifie conduire dedans \ fréquen*
ter figni6e aller fouvent dans le même endroit ,
copier fignifie écrire ce qu'on voit dans un livre ,
ou fur du papier ; croire fignifie dire oui de Tef-
prit, du cœur & de la bouche , & non des yeux ;
ambitionner fignifie défirer avec ardeur quelque
chofe de grand.
Après ces explications , il eft vifible qu'il n'y a
point à chercher de nouveaux fignes , mais feule*
ment à fe fervir de ceux qu'on connoît, en les rcu-
nilTant les uns avec les autres, ou (pour parler
plus corre^ement ) tes uns à la fuite des autres*
li en eft de même d'une très-grande quantité
de mots , dans quelaue langue que ce foit. Four les
faire entendre aux lourds & muets , il n'efï pas
néceiTaire dHnvcnter de nouveaux fignes ; il fuffit
de donner des explications analytiques, courtes-
& précifes , qui ramènent leur cfprit à des mots
dont ils ont cent fit cent fois compris la fignifica-
tion par fig;nes.
Le di£lionnairc à leur ufage contiendra donc
beaucoup plus d'explications que de fignes.
6'. Cet ouvrage n'étant fait que pouer ux , &
pour faciliter les opérations de ceux qui voudront
bien fe charger de les inftrulre, on ne devra point
être furpris de n*y pas rencontrer tous les mots
de Texplication defqueîs ils n'ont pas befoin^foit
parce aue ce font des mots qui expriment les noms
de iti^erens objets qu'il futfit de kur montrer ,
foit parce qu'il s*agit de mors dont la connoiiïance
leLr feroît auflî inutile qu'elle TeÛ à la très-
grande partie des hommes ( je dis des hommes
même fyftifamment infîruits ) qui vivent flc qui
meurent fans en avoir fu la fignificatîon.
Le di^ionnairc à Tufage des fourds 3c muets
ne formera donc qu^un fcul volume portatif de
moyenne gfoffcur. 11 neft pas encore fini ; mais
en attendant, on pourra fe {èrvir du dtftionnair©
portatif deRicUelet> de rédiiioo de Wailîy.
302
MUE
Seconde. Partie.
Obfcrvatîons préliminaires fur la manière ttinjlruîre
les fourds 6* muets.
Apprendre à des fourds & muets à parler ,
efi une œuvre qui exige beaucoup de patience.
Tout père ou mère , maître ou maitrefle, qui
aura lu avec attention ce que je vais expofer fur
cette matière , peut efpérer de rèufllr dans cette
entreprife , pourvu qu'il ne fe rebute pas des pre-
mières diiHcultés qu'il éprouvera infailliblement
de la part de foa élève : il doit s*y attendre , mais
iur-tout ne fe livrer à aucuns mouvemens d'im-
Îiatience , qui déconcerteroient ce novice , & lui
ercient bientôt abandonner une inftruâion dont il
jie connoît pas tout le prix , & qui d'ailleurs n'of-
fre rien d'agréable dans fes premières leçons.
J'ai averti dans mon inftitution méthodique, im-
primée en 1776 , que je n'étois point auteur de
cette effèce d^inftruâion ; & lorfque je me char-
Seai de deuxfœurs jumelles 9 fourdes & muettes,
ne me vint pas même à l'efprit de chercher des ,
moyens pour leur apprendre à parler ; mais je
n'avois pas oublié que dans une converfation , à
l'âge de feize ans , avec mon répétiteur de philo-
fophie, qui étoit un excellent métaphyficien , il
m'avoit prouvé ce principe inconteftable , qu'il
n'y a pas plus de liaifon ni^turelle entre des idées
métapnyfiqaes & des fonf articulés qui frappent
nos oreilles, a>i'entre ces mêmes idées & des ca-
raâères tracés par écrit qui frappent nos yeux.
. Je me fouvenois très- bien « qu'en bon philofo-
phe il en droit cette conclufion immédiate , qu'il
feroit pofTible d'inttruire des fourds & muets par
des caraâères tracés par écrit , & toujours ac-
compagnés de (Ignes fenfîbles , comme on in(^. uit
les autres hommes par des paroles & des geAes
.qui en indiquent la fignification. (Je ne penfois
point , en ce moment , que la providence mettoit
dès-lors les fondemens de 1 œuvre à laquelle
j'étois deftiné ).
Je concevois d'ailleurs , que dans toute nation
les paroles & l'écriture ne fignifioient quelque
chofe, que par un accord purement arbitraire
entre les perfonnes du même pays , & que par-
tout il avoit fallu des fignes qui donnaient aux
paroks , comme à l'écriture, Ik à l'écriture auill
parfaitement qu'aux paroles , la vertu de rappe-
ler à l'efprit les idées des chofes dont on avoit
prononcé ou écrit , écrit ou prononcé les noms ,
en les montrant par quelque figne des yeux ou
de la main.
Plein de ces principes , fondes fur une exaâe
niétaphyfique , le commençai l'inftrudion de mes
dsux élèves, & je reconnus bientôt qu'un fourd
& mu:t, guidé par un bon maître, eft un fpec-
tateur attentif, qui fc donne à lui-même, ( ipfe
fibl rrjJir fpcflaïc ) !e nombre & l'arrangement
lUs lettres d'un mot qu'on lui préfentte ,& qu'il
MUE
le rerient mieux que les autres enfans , tant qu*ils
ne les ont pas entendu répéter par un uùge
quoridien.
Je vis d'ailleurs, par expérience, que dès le
commencement de fon infhrudion-, tout fourd &
muet doué d'une certaine aâivité d'efprit , apprend
en trois jours environ quatre-vingts mots , qu'il
n'oublie point , & dont il n'eft pas néceflaire de
lui rappeler la fignification.
Le nombre & l'arrangement des lettres de cha-
cun de ces mots eft tellement eravé dans fa
mémoire, que fi quelqu'un en l'écrivant, fait une
faute d'ortographe, aufli-tôt le fourd & muet Fcii
avertit.
ne penfois aucunement à délier leur langue , lorA
qu'un incoiinu vint un jour d'inftrudion publt-
Î[ue , m'oArir un livre efpagnol , en me difant que
i je voulois bien l'acheter , je rendrois na vrai
feryice à celui qui le poffédoit : je répondis
qu'il me feroit totalement inutile , parce que je
n'entendois pas cette langue ; mais en Touvrant aa
hafard , j'y aperçus l'alphabet manuel des efpa-
gnok, bien gravé en taille-douce : il ne m'en fallut
pas davantage , je le retins , & donnai au com-
fflifllonnaire ce qu'il défiroit.
J'étois dés-lors impatient de la longueur de ma
leçon ; mais enfuite quelle fut ma furprife, lorA
qu'ouvrant mon livre , à la première page j'y trou-
vai ce titre , arte para enfenar à habCir los mudos ?
Je n'eus pas befoin de deviner que cela fignifioit
l'art J'enjeigner aux muets à parler ^ & dés ce
moment je réfolus d'apprendre cette langue, pour
me mettre en état de rendre ce fervice à mes
élèves.
A peine étois-je en pofTeffion de cet ouvrage de
M. Donnet , qui lui a mérité en Efpagne les plus
grands éloges , comme j*en parlois volontiers aux
perfonnes qui venoient à mes leçons , un des
affiftans m'avertit qu'il y avoit en latin fur cette
même matière un très- bon ouvrage , compoft
par M. Amman , Médecin Suifle en Hollande ,
fous ce titre , DiJ^ertatio de loquelâ furdorum &
mutorum , tc que |e le trouverois dans la biblio-
thèque d'un de mes amis.
Je ne tardai point à me le procurer ; & , conduit
par la lumière de ces deux excellens guides » je
découvris bientôt comment je devois m'y pren-
dre pour guérir , au moins en partie , une des deux
infirmités de mes difciples ; m.is je dois rendre
ici à ces deux grands hommes la juflice qui leur
eft due.
On difpute aujourd'hui à M. Bonnet le mérite
de cette invention, parce qu'on trouve dans l'hif-
toire que quelques perfonnes avant lui avoient
fait parler des lourds & muets, & on accufe M.
Amman de plagiat , comme n'ayant fait que
copier des auteurs plus anciens.
MUE
Pour mot, pénétré de la plus vire reconnoi-
iincc envers mes deux maures , je ne fais point
dificultè de croire que M. Amman ali invente
cet an en Hollande , M. Bouoet en Efpagne ,
M. Wallis en Angleterre, 6i d'autres Tivan^ dans
d*autre pays, far*s avoir vu les ouvrages les uns
des autres ; j'ajoute même qvtW n'eil aucun habile
aturomiAe , qui , en reflèchUrant pendant quelques
tours fur les mouveraensqui fe pafTent en lui dans
lorgine de la voix» & les partiwS qui Tenviron-
nent , à mefure qu'il prononce fortement & fèpa-
rement chacune de nos lettres, & fe regardant
avec art jntion dans fon miroir , ne puiïïe devenir
à fon tour inventeur de cet art, fans avoir lu
précédemment aucun ouvrage fur cette matière.
Je donnerois volontiers cet exemple pour la juf-
tification de ces deux auteurs.
J'ai voulu quelquefois parier avec des favans ,
que dans Tefpacc d'une demi-heure, je les met-
trois au fait de ma méthode, tant elle eil fimplc.
Après en avoir faitTèpreuve , quelques-uns d'en-
treux font convenus qu'ils auroicnt perdu la
gageure , s'ils TeuATent acceptée : pourquoi ne ù
trouvera-l-il pas que]qu*un en France ou ailleurs ,
qui, fans avoir lu mon ouvrage, prendra la même
route, dans laquel'e il ne s'agit que de fuivre la
nature p;is-à-pas ? Et ne feroit-on point injuHe d^
Joj en tilfputer Tinvention ou de Taccufer de pla-
giat ? M» Amman a très-bien repondu à ceux
qui lui ont fait ce reproche.
Il eft toujours permis de profiter des lumières
de ceux qui ont écrit avant nous ; mais un pla-
giaire efl un homme m^prtfable, qui cherche <1
s*ea faire honneur comme s'il Is.s eut rirées de fon
propre fond. Doit-on fuppofer cette baffeffe dans
des hommes d'un mérite diflinguè ?
Je n'entrerai point dans le détail des explications,
que nos deux favans auteurs ont données, tant
iur la théorie que fur la pratique de la matière
4{u'Ut traitoient. Leurs ouvrages font deux flam-
beaux qui m'ont éclairé , mnis dans rappUcation
de leurs principes , j'ai fuivi la route qui m'a paru
la plus courte OC la plus facile pour en faire ulage.
t^mment on ptut réujfir â apprendre aux fourds &
mutts à prononcer Us voyelles & les fylUhts
fimples,
Lorfque jô veux eflayer d'apprendre à un fourd
& muetâ prononcer quelque parole, je commence
par lui faire laver fes mains )uft{u à ce qu'elles
ibient vraiement pkipres. Alors Je trace un a fur
la table, 6i prenant fa m^in, je fais entrer (on
4*. doigt dans ma bouche jufqu à la féconde arti-
culation ; après cela je prononce fortement un a ,
& je lui fais obferver que ma langue relie tran-
quille &. ne s^éléve point pour toucher à fon doigt,
Ecfuite j'écris fur ma table un i. Je ïe prononce
de mcmc pluficurs fois fortement, le doigt de
mon difciptt: étant toujours dans ma bouche : je
lui fais remarquer que ma langue s'élève, &
MUE
303
pouffe fon doigt vers mon palais : alors retirant
fon doigt, je prononce de nouveau cette même
lettre, & lui fais obferver que ma langue s'élar-
git 6t s'approche des dents canines, ôi que ma
bouche iiVrt pas fi ouverte. Je lui raOiïtreral
d'jus la fuite ce qu'il devra faire pour prononcer
nos différens é.
Après ces deux opérations , je mets moi-même
mon doigt dans la bouche de mon élève, 6c je
lui fais entendre qu'il doit faire avec fa langue
comme j'ai fait avec la mienne. La prononciatioti
de Va ne fouffre ordinairement aucune difficulté j
celle de IV réuffit de même le plus fou vent ; mais
il fe trouve quelques fourds &L muets , avec lef-
quels il faut recommencer deux ou trois fois cette
efpèce de mècanifme , fans en témoigner aucune
impatience.
Lorfque ïe fourd & muet a prononcé ces deux
premières lettres , j'écris & je montre un ij enfuira
Je remets fon doigt dans mi bouche , & je prononce
fortement cette lettre. Je lui fais obferver , i**, que
mi langue s'élève davantage^ & poulTe fon doigt
vers mon palais , comme pour l'y attacher ; 2"*,
que ma langue s'élargit davantage » comme pour
forrir entre les dents des deux côtés ; 3*. que je
fais comme une efpèce de fouris , qui eft très*
fenfible aux yeux.
Après cela , retirant fon doigt de ma bouche ,
& mettant le mien dans la fi^nne, je Tengage à
faire ce que je viens de faire moi-même ; mais
il eu rare que cette opération réufilfle dès la pre-
mière fois, & même dès le premier jour, quoi-
que faite à plufieurs reprifes ; il fe trouve même
quelques fourds & muets qu'on ne peut jamais y
amener que d'une manière très-i tu par faire. Leur
î garde toujours trop de re/Temblance avec Vé, Je
ne parle point ici de l'y, qui fe prononce com-
me un L
Il n'eft plus néceffaîre de remettre les doigts
dans la bouche* En faifant comme un 0 avec mes
lèvres & y ajourant une efpèce de petite moue »
je prononce un <?, ai le fourd & muet le fait à
l'inflant fans aucune difficulté.
Je fais enfuite avec ma bouche comme û je
foufllois une lumière ou du feu , & je pronoiice
un a. Les fourds & muets font plus portés à pro-
noncer un ou. Pour corriger ce défaut, je fais (en*
tir au fourd & muet que le fouffle que je fais
fnr le revers de fa main en prononçant un ou y eft
chaud, mais qu'il efl froid en pronon<jant un u.
La lettre A n'ajoute qu'une efpèce de foupir aux
voyelles qu'elle précède ; l'ufage apprendra quels
font les mots ou l'on doit fupprimer cette aipira-
tion ; avant que d'aller plus loin, je dois avertir
tout inftttuteurdes fourds & muets, d'éviter Tin-
convénient dans lequel je fuis tombé moi-même ,
lorfi|ue j'ai formé la réfolution d*apprcndre aux
lourds &L muets â parler. Ayant lu avec^ttention ,
Si entendu irèsclafrement les principes de mes
deux Maîtres , MM. Bonnet & Amman » j'ai entre*
504
MUE
MUE
pris de les expliquer par demandes & par répon-
ft^s, & de les faire apprendre à mes élèves ; |*en-
films mal-à-propos une route trop longue & trop
d;fTàcUe- Tenfcignoïs & je perdois mon temps : il
ne devoit être quellîon que d'opérer.
Les inftituteurs des fourds & muets n'ont
befctn que d'être avertis de ce qui fe pafle natu-
rcUement en eux, lorfqu'ils prononcent des lettres
& des fyUabes « parce qu'ils les ont articulées dès
Tenfance fans faire attention à ce mécanifme.
Apres cet avertiffement , il n'eft point néceffatre
de leur donner des principes pour leur appren-
dre ce qii'ils doivent faire pour parler, puilqu*iïs
le font d'eux-mêmes à chaque infant ; & ce quil<;
éprouvent en parlant, fuffit pour leur faire com-
prendre ce qu'ils doivent tâcher d'exciter dans les
organes de leurs difciples.
Il en éd de même des fourds & muets. Il e^
inutile d'entrer avec eux dans un grand détail de
principes, ce feroit les fatiguer à pure perte.
Sous la conduite d'un maître Intelligent » qui opère
lui-même & tes fait opérer, ils n*ont bcfoin que
de leurs yeux Sl de leurs mains , pour apercevoir
& fentir ce qui fe palTe dans les autres lorfqu'ils
parlent , & qui doit pareillement s'opérer en eux ,
pour proférer des ions comme le refle des hom-
mes.
J'ai cru cet épîfode néceffalre , afin que tous
ceuit qui feront touchés de compaffion pour les
fourds & muets, ne s'imaginent point qu'il faille
des lumières fupêrieures pour leur apprendre à
parler.
Je ne dots point oublier non plus un article
important, & qui demanda quelque attention de
la part de ceux qui veulent înftniire des fourds
& muets. Il arrive quelquefois que dans les pre-
mières leçons qu'on leur donne pour leur appren*
àrc à parler, ils difpofent leurs organes comme
ils nous voient difpofsr les nacres pour pronon-
cer telle ou telle lettre-
Ccpendant torfcjue nous leur faifons fignede la
proférer à leur tour , ils reftent fans voix , parce
qu'ils ne fe donnent aucun mouvement intérieur
pour f:drc fortir l'air hors de leurs poumons. Si
on n'eft pas fur fes gardes , cet inconvénient fait
aifément perdre patience.
Pour y remédier , je mets la main du fourd &
muet fur mon gofier » à l'endroit qu'on appelle le
nœud de la gorge , & je lui fais fentir la dilïé-
rencc palpable qui s'y trouve, lorfque je ne fais
que difpofer l'organe pour prononcer une lettre ,
& lorfque je la prononce en effet.
Cette différence eft aufH très-fenfible dans les
flancs , au moins dans certaines lettres , comme
dans le ^ & dans le p en les prononçant forte-
ment.
Je lui fais auffi éprouver fur le dos de fa main
ta différence du frappement de Tair, lorfque Je
prononce ou que je ne prononce pas. Enfin, met-
uni fon doigt dam ma bouche j fans toucher à
ma langue ,
mon palais , je lui fats
différence d'une mao»
rrc
apercevoir cette dittérence d une maoiètfl
fenfiblc. %
Si tous ces moyens ne réuffiffoicnt pas , je
feillerois volontiers de lui ferrer fortement '
du petit doigt : alors il ne fera pas lonj
fans faire fortir quelque fon de la boucj
fe plaindre.
Je reviens à notre prononciation.
J'écris fur ma table pa,pé , pi , pa , pu,
pourquoi je commence par ces fyllabes , c'e;
que dans tout art il faut commencer par ce
y a de plus facile, pour arriver par degrés
qui ed plus ditlicile. Je montre donc au faui
muet qufi j'enfle mes joues, & que je ferre
tement mes lèvres : enfuite faifant fortir "
ma bouche avec une efpécc de violence «
nonce pa : il rimîte aurfitot»
La plupart même des fourds & muets lej
prononcer avant que de s'adreffer à nous
que les mouvcmens qu'on fait pour proa<
cette fy llabe , étant purement extérieurs , ils
font aperçus phifLcurs fois, & fe font accc
mes à les faire par imitation.
Mais ayant appris à prononcer é ^ î , <y » ir ,
la première opération dont j'ai rendu compte
difent tout de fuite pé ^ pï^ po , pu ; il n*y a q
pi qui eft fouvent obfcur , & qui le rcftc pfti
moins long- temps.
J'écris ka , hé ^bi^bo^hu^ parce que le h
qu'un adouciffement du p. Pour faire ente
cette différence au fourd îk muet , je mets ma
fur la fienne ou fur fon épaule & je la preff<
tement, en lui faifant obierver que mes lèvr
preffcnt de même fortement l'une contre Tj
lorfque je dis pa.
Après cela je preffe plus doucement la mai
l'èpaulc , & je fais remar.fuer la preflîoû
douce de mes lèvres en difant ba* Le foui
muet, pour l'ordinaire, Lifit cette différence
prononce f ., & tout de fuite bé, bi , bo ^ b
Après le f> & le é , la confonnc qui eft
facile à prononcer ell le r. J*écris donc td
10 ^ tu^hi je prononce ta. En méme-temi
remarquer au fourd & muet que je mets le
bout de ma langue entre m^s dents de de
fypérieures & inférieures , & que je fais avi
bout de ma langue une efpèce de petite èja'
lion qu'il lui eft aifé de fentir , en y approc
rextrèmitè de fon petit doigt. Il n'en eft
qu'aucun qui , fur-le*champ , ne prononce u
enfuite « , fi , *<? , ri/.
J'écris alors da^ dé , di ^ do^ du^ parce
i/ n'eft qut l'adouciffcment du i ^ & poi
fentir la différence entre l'un & l'autre , je
fortement avec le bout de mon Indtx droit h
lieu du dedans de ma main gauche, & j
enfuite plus foiblement : cette différence noi
ne le da , dé , dt , do , du,
Âprè& les lettres dont nous venons de
np^
en
lel
MUE
b lettre cjuî fc prononce plus aifément cft la lei^
irt f
/écris y>, /c,/, fo , fu » & je prononce for-
tfircnt fa )e fais oblci ver au lourd &l muet <}uc
je pofe mon r^tetier fupérieiir fur ma lèvre intc-
ricure, $L je lui fais fcntir fu; le dos de fa main
le fouffle que j« fais en prononçanî cetie fyllabe.
Àu(ù-iÔ€ tl U prononce lui-mênie pour peu qu'il
et dWeliigence«
Fa, vé^ VI, va, vzi, n*cn «ft que l'adouciffe-
jnent» qtai {ouffrc quelqu«ffois un peu de difficul-
té ; mais avec de U patience on en vient aLfément
à bout.
Tout ce que nous venons de dire n'cft en quel-
r! forte qu un jeu ,* & pour peu que les fourds
muets aient d'uiiention & de capacité , il ne
leitr faut pas une heure entière pour rapprendre
& rexécuier aflez clairement. Cependant ils favent
dè|â ueke lettres ( en comptant Vh & 1 y ) , qui
fofli plus de la moitié de notre alphabet. Ce qui
fuii devient plus difficile , & demande plus d'atten-
wm de U part des élèves: auflî le fuccèi n'en efl-
3pa» également prompt.
i'écris /j , /é-' , y7 , /o , /tt » & je prononce for-
tancnt /j. Alors je prends la main du fourd &
muet y & je la mecs dans une fuuation horifontale^
à trois ou quatre pouces au-deiTous de mon men-
ton* Je lui fais obferver i% qu'en prononçant for-
tement une /, je foufHc fur le dos de fa main
d^une manière très-fenfible , quoique ma tète &
par conféquent ma bouche ne foit pas inclinée
pour y ibuffler ; 2"^, que cela arrive ainfi , parce
que le bout de ma langue touchant prefque aux
itnts încifives fupèrieures , ne biffe qu'une très-
pente iffue à l*air, que je chaffe fortement &
«mpêche de fortir en droiture : d'un autre côté ,
cet air fortement pouffé ne pouvant retourner en
arriére, il eft obligé de defcendre perpendiculai-
remem fur le dos de la main qui cft au-deffous
de mon menton » où il produit une impreffion
trés-fcnfible ; 3". que ma langue preffe aOez for-
'enenc les dents canines fupèrieures.
Il arrive fouvent qu'un fourd & muet » attentif
t ce qu*il me voit faire moi-même , & mettant fa
iiiiin fous fon menton, prononce tout d'un coup
/î, & fur le champ /«,/, yî? , fu. Nous averti f-
ftdift que le •: avec un e ou un i fe prononce cora-
wm ft^ fi ^ & que même avec un j , un o ou un
ij il fe prononce comme fa^ff^fu^ lorfqu'on
met au-deffous du f une cédille, c'eft-à-dire, une
petite virgule*
Le ^4 « ^i , ^r , ^i7 , ^1/ , efl Tadouclffement du
Ui fi t fi » fo 9 fu i on y amène quelquefois le
imtà & muet dès le premier inllant, mais il en
cft d'autres pour lefquels 11 faut y revenir plus
(fane fois*
\a fA^fi^fi^foyfUy nous conduit au cHa , chè ,
fài , cho , chM , qui préfente d'abord plus de diffi-
ctilté. Je récris t & je prononce fortement cki y en
bifant obferver au fourd & muet la moue que
Atu fi» MéêUrst Tomi K P^nk i|
MUE
505
nous faîfons tous naturellement , lot^que nous
prononçons fortement ce mot pour faire peur à
un chdi j cnfutte jt meis foti doigt dans ma bou»
tiie, & je lui fuis remarquer, î*>» limpulfion forte
que je dutïne à Pair en prononç^rr la lettre/;
2". que le milieu de ma langue touche prefque à
mon palais ; 5*, qu elle s*étend 6l vient comme
frapper mes dents molaires ; 4". qu'elle lalffe à Tair
affez de paffage pour fortir direôement de ma
bouche, & n'être point obligé de defcendre per*
pendiculairement comme il le fait lorfque je pro*
nonce la lettre /, Le fourd fit muet aperçoit très-
clairement cette différence, parce qu'en mettant
fa main vis-à-vis de ma bouche , l'air vient la
frapper diieftement lorfque je prononce la fyU
labe cha.
Je mets alors mon doigt dans fa bouche, 8c lur
faifant faire ce que j'ai fait moi-même , il pro*
nonce c/ta & cnuiite ché , chi , cho , chu ; mais
pendant un temps plus ou moins long, il revient
toujours au fa , fi jfi » /*> » /^ > tant qu*il n'a pas
lui-même fon doigt dans fa bouche pour diriger
les opérations de fa langue. Ce n'eft que par Tha-
bitude cju'il apprend à fe paffer de ce moyen.
Ja ,7^', /V, jû, ju , eft Tàdouciffement de cHa ;
chi ^ chi ^ cho, chu ^ & s*enfeigiie comme les au-
tres adouciffemens , par la différence de la preffion ^
avec de Tu fa ge & de rattentioni tant de la pare
du maître que du difciple.
Mais voici de quoi exercer notre patience. Ttt
cris fur la table.
Ca 5 , . , • . \ co , eu*
Ka , ké , ki , ko , ku.
Qua , que , qui , quo.
Enfuite je prononce fermement cj. Je prends
alors la main du fourd & muet , & je la mers
doucement à mon gofier , dans la fituation extè^
rieure d'un homme qui me prendroit à la gorge
pour m'éirangler. Je Juî fais obferver , & il le
fent d'une manière palpable , qu'en prononçant
fortement cette fyllabe mon gofier s'enfle*
Je lui montre enfuite que ma langue fc retire;
qu'elle s'attache fortement à mon palais , & ne
laiffe à Tair intérieur aucune iffue Dour fortir ,
jufqu'à ce que je la force de s'abaiffer pour pro-
noncer cette fyllabe. Je lui fais auflî remarquer
Tcfpéce d*effort qui fe paffe dans les flancs en pro-
nonçant cette fyllabe. Après cela je mets moi-
même ma main fur fon gofier^ comme je lui al
fait mettre la fienne fur le mien , & je l'engage
à faire lui-même ce qu'il m'a vu faire.
Il n'eff qu'un très-petit nombre de fourds &
muets , pour lefquels cette opération rèuffiffe dès
la première fois ; avec les autres, il faut la répé-'
ter , & leur faire fentir l'effet que la prononcia-
tion de cette fyllabe produit dans le gofier de leurs
compagnons ou compagnes , & de quelle manière
leur langue tient i leur palais , tant qu'ils fe pr^
parent à |^ s'^^^'^^^*
3o6 "'^^ MUE
Il sVn trouve pour Icfquels il faut y revenir
trois ou quatre jours de fuire i mais je prie qu'on
fe fouvienrie fur- tout qu'il faut prendre garde de
tes rebuter.
Quand on voit qu*ils s'impatientent ou qu'ils fe
découragent fur une lettre , il faut patTer à «ne
autre : peut-être qu'une heure après ils diront tout
d'un coup celle qu'on a été obligé d^abandonner :
alors îl faudra la leur faire répéter pluûsurs fols
de fuite.
Il arrive aufll quelquefois qu*en voulant leur
faire prononcer une fyllabe qu'on leur montre hic
& nunc , ils en prononcent d eux-mêmes une autre
qu'on ne leur a point encore apprife.
Penai trouvé, par exemple, qui, pendant que je
voulois leur faire dire pour la première fois chj ,
ont prononcé d'eux* mêmes ^w<i ; il faut alors écrire
^ua ^ quc^ qui^ quo ^ cu^ & le leur faire répéter
plufieurs fois : c'efl auum de peine épargnée pour
le maître* • h
Les petits fourds & muets éprouvent afltz long-
temps de la difficulté à prononcer le €n , s'ils ne
mettent pas le doigc dans leur bouche , pour dtf-
pofer leur langue comme elle Tcft dans la pro*
nonciation de la lettre t : cette première opéra-
tion les conduit facilement à l'attacher k leur pa-
lais , autant qu'il eft néceflaire pour la prononcia-
tion de la fyUabte ca,
Lorfque les fourds & muets font parvenus à
prononcer le ca , toutes les autres fyllabes , que
nous avons rangées ct-deffus fous trois lignes ,
ae fouffrent plus aucune difficulté,
Cj, gu^^ gui^ g<> » i^^f font des adouciiTemens
de qua , qui y aul^ &c. mais nous avons foin d*a*
vertir que lorlque le g fe trouve feul avec un c ou
un i , il fe prononce comme je & jL
Nous faifons auffi obfervcr que dans ces mots ,
gabion y gaière , la prononciation du g eft dure, &
qu'alors la langue eft prefque aulfi profondément
retirée vers le gofter , qu'en prononçant le qua ,
& que rirnpulfion de l'air eft prcfquc auffi forte,
z"*. Que dans la prononciation ûq f^cm ou pil-
dont il y a plus de douceur. La tangue eft moins
retirée» % llmpulfion de Tair eft moins forte.
3^. Enfin, que dans cette fyllabe gn^«r, la lan-
gue ïCcfi prelque plus retirée, & l'ijnpulfion de
iair eft plus foibk,
Cène iroiftème prononciation du g avec une «
doit fortir par le nez ; auffi la langue doit^elle fe
porter derrière les dents incifives fupérleures ,
comme nous le dirons en parlant de la lettre n.
Nous n'enfcignons point particulièrement ta
lettre .v , nous montrons ft^ulcnient qu'elle fe pro-
nonce quelquefois comme fr, 6c d'autres fois g\*
Nous dirons ci- après de quelle manière nous appre-
nons aux fourds Sc muets à joindre enfemble ces
dctix confonncs.
Il ne nous refte plus que les quatre confonnes
appelées liquides l ^m^n , r , parce que nous n'a-
vons pas voulu fêparer toutes celles qui , étant
'MUE
dures par elles-mêmes, en cm fous elles d'autres
plus douces.
J'écris donc U^ U , li, h^ lu , Si je prononce
ta. Je fais obferver, i**. que ma langue fe replie
fur elle-même , & que fa pointe en s'èlevani frappe
mon palais.
i*". Qu'elle s'élargit d'une manière fcnfiblc pour
prononcer la lettre / de cette fyllabe » mai» qu'elle
fe rétrécit auffi-tôtpour en prononcer b lettre dm .
Les fourds 8t muets faifift^entaflfei facilement cette
prononciation , dans laquelle il fe paiTe quelque
chofe à-peu- près femblable k ce qui fe Eut dans
la langue du chat lorfqu'il boit.
En écrivant m*i, m«f, mi ^ mo ^ mu ^ & proncm-
çantTOj , je fais obferver que la fituation de mes
lèvres femble être la même que pour la pronon*
ciaiion du/? & du ^ ; mais, i**. Que la prcffioo des
lèvres l'une contre Vautre n'eft pas auffi forte qu©
celle du r, 6c qu'elle eft même plus foible qoe
celle du L i*^. Qu'en prononçant cette lettre » met
lèvres ne font aucun mouvement fenfible en avant*
3^ Que la prononciation de cette lettre doit for»
tir par le nez.
Je prends donc le dos de la main du fourd &
muet , & je le mets fur ma bouche : je lui fais fcil-
tir combien eft foible la preffion de mes lèvres ,
3ui ne font en quelque forte , que s'approcher l'une
e l'autre, & qui ne font aucun mouvement pour
faire fortir la parole ; enfuite je mets fes deux
indtx fur les deux côtés de mes narines ♦ & je loi
fais fentir le mouvement qui s'y paffe , en laifatii
fortir par le nez la prononciation de cette lettre.
11 fe trouve des fourds & muets qui ont de la
peine à faifir ce fécond adouci (Te m cm du /y fit
l'émiffi.^n de l'air par les narines ; mais avec un
peu de patience on les y amène pir le moyen que
|c viens d'expliqueT, en leur faifant faire fur eux*
mêmes ce qu ils ont éprouvé fur moi loifque je
prononçois cette lettre.
Quelques fav.ms en ce genre ont dît que la let-
tre m étoit un p qui fortoit par le nez > & la lettre
/ï un / qui f rtoit pas la même voie : au monts
eft' il certain que la lettre n peut fe prononcer
très-diftinftement , en obfervant la même poûiioa
que pour le f.
Il eft ceDcndant plus commode de porter 1^
bout de la langue derrière les dents incifives fupé»^
Heures, en les pieffiint fortement, & cette pofi*
tion facilite bien davantage la fortîc de la refpi-
ration par le nez ; c'eft ce que je fais ôbicrver au
fourd si: muet, en prononçant moi-même na pen-
dant qu'il a (es deux doigts fur mes deux inriaçi^
& en lui falfant enfuite prononcer s^y M^.wi^i
no y nUé
M, Amman regarde la lettre r comme la pîi»
difficile de toutes, & ne fait point difficulté de
dire : foU lit ter a , potcflatï me ce na/t ftihjacff*
Voici de quelle manière je m'y fuis toujoars
pris , lorfque je ne pou vois la faire oranor.crr à
quelques lourds & muets : je mcttois oc Tcau dans
U E
01 bouche^ & je faifols tous les mouvemens
cui font fîiceffairet pour fe gargarifcr : cnfuite je
iiiToîs birc b racme chofe aux fourds & muets, &
pour l'ordmaire ils difoient fur-le-chainp ra ^ ri ^
fit jv, r».
Je coofeilleroîs donc volontiers , qu'en cas de
beroia , on fit la même chofe ; mais comme il s*cn
trooye quelques-uns qui pleurent lorfqu*on veut
leor filre faire cette opération ^ pour ceux-là , il
ftui leur faire fcntir lur foi -même ou fyr quel-
qu*auire perfonne le mouvement qui fc fait dans
le eoiier en prononçant cette lettre.
Si cela ne réuflit pas , il ne faut qu'un peu de
patience, parce que ceux-mémes qui ne peuvent
la prononcer, difent ordinairement trèsbien la
fyltabe pra^ lorfqu'on en eft à cet endroit de Tinf-
tmdion , ce qui les conduit à la fyllabe ra , qu'ils
tïc pouvoienr prononcer ; car alors il eft très-tacile
de leur f^ifc fcntir fur eux-mêmes la différence de
ce qui fe paflTe fur leurs lèvres pour la prononcia-
tion du p » d'avec ce qui fe paffe dans leur gofier
pour la prononciation de la lettre r.
Nous n'expliquons point en détail à nos fourds
& muets les petites difTércnces qui fe trouvent dans
les po(îtions de la langue , en prononçant nos
S[uatre differens € : nous leur faifons remarquer
culcment fouvenure plus ou moins grande de
h bouche , & cela leur fuffit à Tinflant v\kmt ;
cependant la moue que Ton fait en prononçant
IV muet ou la diphtongue eu , mérite une attention
particulière.
U n'eft pas toujours bien facile de leur faire
fafif la différence de cette moue , d'avec celîe
Î[ue nous faifons en prononçant ûu ; cependant la
«condc refferre le gofier & la bouche : ta première
dilate l'un & l'aucre ; en prononçant euy la lèvre
jn^érleure eff tant foit peu plus pendante : nous
ntfoas obferv^er aux fourds & muets , qu'en fouf-
fliflt dans nos mains pendant Thiver pour nous
^'hauffer, nous dlfons naturellement <u,
O^firvaitons nicejfdlns pour b UHurt 6» U pronon-
€Ution iii s fourds & mutts^
Nous avons fu prononcer les différentes mots
de notre langue avant que d'apprendre k lire. La
première de ces deux études s'eft faite de notre
part fans nous en apercevoir, & toutes les pcr*
ft^nnes avec qui nous vjvions, étoient nos maî-
tf«s fans s'en douter.
De prétendus experts dans Tart nous ont intro-
duits dans la féconde de ces fcicnces ; mais fi nous
y avons réuâl , ce n'a point été leur faute , car
m prenotcnt tous les moyens pour nous en empê-
cher* En nous faifant épellcr un t , un <?, un i , un
é^ une ^ & un f , ils nous mettoientà cent lieues
de li î c'éioit cependant pour nous le faire dire.
Peut-on imaginer rien de plus déraifonnablc ?
Enfin, cous avons fu Kre » parce que nous
avions plus de facilité que nos maîtres n'avoient
de bon fcns: au rocins , aptes nous avoir fait épcl-
E 307
1er toutes ces lettres « aurolent-Us d& nous dire
de les oublier pour prononcer îL
Comment on apprend aux fourds & mutts à pro^
nonce r de même des fylUbts qui s'écrivent dif-
féremment.
U n'en eft pas des fourds & muets comme de*
autres enfans : de la prononciation à la kâure il
n'y a pour eux qu'un feul pas ; difons mieux» ils
apprennent Tune & Tautre en même-temps. Nous
avons foin de leur bien inculquer ce principe, que
nous ne parlons pas comme nous écrivons.
Ceft un défaut de notre langue \ mais nous
ne fommcs pas maîtres de le corriger : nous écri-
vons pour les yeux^ & nous parlons pour ie§
oreilles.
Nous mettons donc Tune fur l'autre diffé-
rentes fyllabes dans le même ordre qu*oa les
voit ici :
tè
lé
mê
tes
les
mes
tais
lais
mats
fois
Jois
mois
toient
loient
moient ,
& nous dlfons à nos fourds & muets p qu'elles fc
prononcent toutes de même en cette manière,//^
ti ^ li y têf têj **, lé , ié t /tf\ lé f /e, ... TOC, me , me,
me y mé \ enfuite nous leur faifons prononcer de
cette manière chacune de ces fyllabes : ils Icnten*
dent, c'eft'à-dlre , qu'ils le comprennent, & noui
voyons qu'ils ne s'y trompent jimals.
Nous obfervons la même méthode pour toutes
les fyOabes qui fe prononcent tes unes comme
les autres, & qui s'écrivent différemment ; &cela
entre fi bien dans leur efprit , que fous notre dic-
tée , lorfqu'elle fe fait par le mouvement des lèvres,
fans être accompagnée d*aucun figne, comme nous
le dirons ci -après , lîs écrivent tout autrement
qu'ils ne nous voient prononcer.
Par exemple , nous prononçons leu mouà deu mè ,
& ils écrivent le mois de mai ; nous prononçons
/'ô deu fontene , & ils écrivent Veau de fontaine ; je
prononce ;V deu la peine ^ & ils écrivent fai dt U
peine , &c. &c.
Des fylUhes compofées de deux confonnes & £une
voyelle*
Les fourds & muets n'ayant eu dans leurs pre-
mières leçons que des fyllabes dont îa pronon-
ciation étoit abfolument tndtvifible, lorfque nous
leur en écrivons qui commencent par deux cnn-
fonnes , & qui exigent par conféqucnt deux diffé-
rentes difpofitions de l'orgine avant la prononcia-
tion de la voyelle qu'elles précèdeat , cetce opé-
ration fouffrc de la difficulté.
Ainfi nous écrivons pra , prêt pà » pf^» p^ «
mais les fourds & muets ne manquent point de
dire peura , peuré , peuri , peuro , peuru*
Qqi
3o8
MUE
Pour corriger ce défaut, nous leur montrons
qu*ils font deux émidîons de voix , & que nous
n*en faifons qu'une. Nous leur faifons mettre deux
doigts de leur main droite fur notre bouche , &
deux doigts de leur main gauche fur notre gofier ;
enfuite nous prononçons comme eux très-tranquil-
lement peura , peuré , pcuri , &c. , ^n comptant
avec nos doigts une & deux , à mefure que nous
prononçons chacune de ces (yllabes , & nous les
avertirons que ce n*eft point comme cela qu*il
faut faire.
Alors nous leur difons par fignes, qu*il faut
ferrer & unir ces deux fyllabes que nous avons
£&parées , & nVn faire qu'une feule. Leurs doigts
étant donc toujours fur notre bouche & fur notre
Sofier^ nous prononçons très- précipitamment /^r^ ,
c enfuite de même , pré , pri , pro , pru.
Nous leur montrons k chaque fois que nous
ne faifons qu'une feule èmiffion de voix : ils le
fentent , ils eiTaient de faire la même chofe , &
pour l'ordinaire en peu de temps ils y réuffiiTent.
Mais , comme je 1 ai remarqué ci-deiTus, il faut
bien prendre garde de les rebuter , s'ils n'y réuf-
flflent pas en peu de temps. Tout homme trop vif
& fujet à l'impatience , ne feroit pas propre à ce
ffliniftère.
D'après l'opération que je viens d'expliquer ,
on concevra facilement comme il faudra s'y pren-
dre pour faire prononcer toutes les fyllabes qui
commencent par une confonne fuivie d'une r.
Quant à celles qui , comme pla , plé , pli , plo ,
plu, font fuivies d'une /, il faut faire fentir au
fourd & muet le retrouflement de fa langue vers
fon palais , qui doit fe faire pour 1'^' immédiatement
avec la prononciation de la confonne p.
Des fyllabes qui finijfent par une n.
Pour les fyllabes oui finirent en n , comme tran , I
pan , fan , nous difons aux fourds & muets que I
la voix doit fe jeter dans le nez : alors nous leur
faifons mettre leurs deux doigts index fur le côte
de chacune de nos narines » & les prefler dou-
cement.
Enfuite nous prononçons tra^pa^fa^ & nous
leur faifons obferver qu'ils ne fentent aucun mou-
vement qui fe faffc dans nos narines.
Après cela nous difons tran , pan , fan , & nous
leur faifons remarquer le mouvement très-fenfi-
ble qu'ils y éprouvent.
Nous mettons à notre tour nos doigts fur leurs
narines , & nous leur faifons prononcer d'abord
tra^pAy fa'y mais nous les avertirons enfuite de
jeter leur voix dans leurs narines , comme ils ont
fenti que nous avions fait nous-mêmes pour dire
tran , pan , fan.
Quelques-uns d'entr'eux nous exercent un
peu long-temps , d'autres le font dès la pre-
mière lut^.
Nous aidons cette opération , en leur faifant
fen:4r que lorfqu'Us ixicnt tra , pa ^ fa , l'air qui
MUE
fort de leur bouche , échauffe le dos de leur mâin ;
& qu'il n'en efl pas de même lorfque , leur bou«
che étant fermée , l'air ne fort que par leurs na-
rines.
Des mots qui fe terminent en al , ou em el , ou
en il.
Lorfque les mots natal, immortel ^ fuhtil^ font
au mafculin, & pat conféquent ne fe terminent
point par un é muet , nous montrons aux fourds
& muets que nous laiffons notre langue dans lat
pofition de l'alphabet labial, qui convient à la
prononciation de la lettre /. Nous n'abaiflbns point
notre langue pour laifler l'air fortir librement ,
& nous fermons notre bouche avec notre main.
Nous faifons enfuite la même chofe avec les
fourds & muets pour toutes les fyllabes de la
même efpèce : il n'importe par quelles confonnes
elles fe terminent ; nous leur fermons la bouche ,
& nous n'en lai{rons pas fortir l'air. Alors ces con-
fonnes reçoivent leur fon de la voyelle qui les
précède , & à laquelle elles font immédiatement
unies.
Nous avons encore à parler d'une efpèce de
fyllabe qui fe termine par deux confonnes qui
donnent chacune un fon dlftinâ» comme conf
dans conftater , & tranf dans tranfporter.
Il n'eft queflion que d'appliquer à ces fortes de
fyllabes les trois opérations que nous venons de
décrire. En montrant aux fourds 8c muets qu'il
faut jeter la voix dans le nez , on leur fait pro-
noncer con , ainfi qu'il a été dit.
En les faifant reflerrer Se unir deux confonnes »
on leur fait dire conf, ainfi que nous Tavons
expliqué.
Entin , en leur mettant la main fur la bouche i
& les obligeant de refter dans la difpofition des .
organes qui conviennent à la lettre ^ , on les emp£^
che de dire confeu , de la manière dont nous l'a-.
vons montré.
Tel eft aujourd'hui , avec les fourds & muets ^
le nec pliis ultra de mon miniftèrc pour ce qui
regarde la prononciation & la Icâure*.
Je leur ai ouvert la bouche & délié la langue ;
je les ai mis en état de pouvoir prononcer plus
ou moins diftinâement toutes fortes de fyllabes.
Je puis dire tout Amplement qu ils favent lire »
& que tout efl confommé de ma part.
Ceft aux pères & merès , ou aux maîtres &
maitrefles chez lefquels ils demeurent» à leur faire
acquérir de l'ufage , foit par eux-mêmes , foit en
leur donnant le plus fimple maître à lire, qui foit
cxaft à leur faire une leçon tous les jours après
avoir afTiAé lui même à nos premières opérations.
li s';«git de dérouiller de plus en plus leurs orga-
nes par un fxîrcice continuel.
Il faut aufTi les obliger de par'er , en ne leur
donnant tous leurs bjfoins qu'après qu'ils les ont
demandes.
Si on ne U conduit pas de cette mauière , tant
t
MUE
^potir les fourds & rouets , & ceux quî s'y Jnté-
re^nt : quant à moi il ne mVft pas poiïïbie d*en
faire davantage.
Lorfque je o'avoîs point à i nftr uirc U quantité
de lourds ^ muets qui font venus fuccenivcmcnt
l'an après Tautre fondre fur moi , l'application que
je failois par moi même «ies règles que je viens
d expofcr , m'a fuffi pour mettre M» Louis-Fran-
çaîs-Gal>ncl de Clément de la Pupdc en état de
prononcer en public , dans un de nos exercices ,
vn difcours laiifn de cinq page5 & demie ; & dans
fexercice de Tannée (uivante, il a foutenu une
difpuieen régie fur la définition de la philofophie ,
dont il avoit dét^iilié la preuve , 8c répondu en
toute forme fcholallique aux objeflions de M.
Françots-Elifabeth Jean de Didier , Tun de fês
coadifciples : ( les argumens étoient commu-
niqués )*
J'ai mis auiS une fourde & muette en état de
ricitcr de vive-voix à fa maîtreffe les a8 chapitres
de révangile félon faint Mathieu , & de dire avec
cUc l'office de primes tous les dimanches , &c. Ces
deux exemples doivent fufTire.
Mais il ne me feroit pas poffible aujourd'hui de
Ewrc la mcme chofe : en voici la raifon,
Li leçon qu on donne à un muet pour le lan-
gige , ne ftrt quàlut feul : il faut nécciTairement
m du pctfonnel.
Ayant donc plus de foixante fourds & muets à
inflruire, ii je donnois feulement à chacun d'eux
dix minutes pour Tufage de la prononciation &
de la ledturc , cela me prendroit dix heures entiè-
res. Et quel feroit rhommed*u ne famé alT.zrobuf-
îc pour foute nir une telle opération ?
Mats , d'ailleurs , comment pourrois-je conti-
nncr leur inftruétion dans Tordre fpiriiurl ? Or »
c*cil le but principal que je me fuis propofé en me
charge* ni de ccrte oeuvre*
Quand on voudra, dans un établilTement, con-
duire pluficurs fourds & muets jufqu*à une pro-
nonciation âc une leâure totalement diftinélcs ,
on leur donnera des maîtres qui fe confacreront
par état à ce genre cTtducation , & qui les exer-
ceront tous les jours»
Il n*eft pas néceiTaire de chnlfir pour cet emploi
des hommes à laiens, il fiifEt d'en trouver qui
aient de la bonne volonté & du zèle , Si qui pra-
tiquent fiv-èîement ce que nous avons expliqué*
Pour cette oeuvre purement mécanique , des
gens d'elprit font plus a craindre qui défirer >
yarce qu'ils s'en lafieroicnt bientôt.
En fc rabattant au niveau des maîtres d'école
of^'oaircs, on en trouvera qui s*y appUq^ieront
af&duem^nt 8c perfévérammcnt, pourvu que cette
occupation forme pour eux un état dont ils tVient
ceruinb jufqu'à la fin de leur vie , c'til le feul
moyen d'y rèiiflir.
S'il fe trouve en province quelque père ou
mire , maître ou maîtreffe , qui ayent un fourd &
muet dans leur inaifon , & gui ne foit pas en état de
"M U E.
comprendre tout ce que fat expliqué le plus clai-
rement qu'il m'a éié poiTible , fur la manière d'ap-
prendre aux fourds 6i muets a lire &L à prononcer >
voici ce que je leur confeille.
Dès Vi^c de quatre ou cinq ans ils mettront
fouvent devant eux, ou même prendront entre
leurs jambes le jeune fourd & muei ; ils lui lève-
ront la tète pour Ten gager à les regarder » en lui
propofant quelque récompenfe.
Lorfqu'il regardera , ils prononceront fortement
( il n*ell pas nèceffairc de crier pour cela , ) 6c
tranquillement pa , pL Ils ne feront pas long-temps
fans obtenir ces deux fyliabes. Ils diront cnfuite
pa fptfpi , 6: ils y joindront par degrés, po
îkpii.
Quand ils auront réufTi , ils prendront de même
par degrés , ta , té ^ ti, to, tu^ 6i enfuite fa , fi ,
y* > fi* fa » toujours en prononçant fortement 8c
tranquillement, & en faifanc marcher les récom»
penfcs à proportion du fuccès.
Mais ils auront foin de ne point paffer d*une
première fyllabe à une féconde, & de même de
la féconde à la troifième, jufqu'à ce que la précé-
dente ait été bien prononcée* Je vois tous les jours
de très- petits fourds & muets qui n'apprennent
que de cette manière* Ce mot jortamcnt ne Cgni-
rie autre chofe , ft ce n'eft qu'il faut appuyer lon-
guement fur h fyllabe qu'on prononce,
Les pères ou mères, maifre^ eu maitrefles por-
teront alors cette méthode, que je fuppofe qu'iî§
auront entre leurs mains , puifqu ds auront fait ce
que je leur confeille ici , ils la porteront , dis-^e ,'
à quelqu'un plus habile qu'eux ; & en lui montrant
la féconde paniede cette inftru^ion , qui n eil pas
longue , ils le prieront de vouloir bien la lire »
6c de leur montrer comment ils devront continuer
leurs opérations,
Comment on apprend aux fourds & muets à entend
dre par Us yeux d'après le feul mouvement des
lèvres ^ & fans quon leur ftffe aucun ftpie ma-
nueL
Les fourds & muets n'ont appris à prononcer
nos lettres, qu'en confidérant avec attention
quelles ctoient les différentes pofitions de nos orga-
nes , à mefure que nous prononcions très-diftinc-
tement chacune délies ; ils ont compris qu'ils
dévoient faire en fécond ce qu'ils noué voyaient
faire avant eux.
Nous étions le tableau vivant , à la copie duque!
ils s'efforçoient de travailler i 6i lorfqu'ils y réuf-
fiffoient avec notre fccours , ils éprou voient dans
leurs organes une, împreffion très- fenifible • qu'ils
ne pouvoicnt confondre avec celle que produifoit
une autre i-oûiion dc*^ mêmes organes.
Par exemple , il leur étoir impoflîble de ne pas
voir de leurs yeux, & de ne pas ientir dans leurs
organes , que le /7j , le /4 Se le y^ y opéroient d^s
muuvcmens biens différens les uns des autres.
Lors donc qu'ib apercevoient ces différences
L
ii
'310
M^U E
f de mouvement fur U bouche des perfonnes avec
"LUfquelles ils vivoicnt , ils étoicnt avertis auflî cer-
jrtaincmentque ces perfonnes prononçotent un pa ,
(•©u un ta ou un Ja ^ que nous le fommes nous-
(mêmes par la différence des fons qui viennent
[frapper nos oreilles.
Or, il ne faut point s^imaginer que les confon-
Ines dures» telles que font/?, /,/, y , j, ch ,
jfoient les feules qui produlfent à nos yeux une
fînipreinoii fenfible lorfqu*on les prononce en
notre prèfence.
Je conviens quelles nous frappent davantage ;
bnais les autres confonnes & les voyelles ont aufTi
Kurs caraftères diftinttifs que nos yeux peuvent
mperccvoir : ce que nous avons déjà dit fur la
^manière dont on doit s*y prendre pour montrer
aux fourds & muets à les prononcer , en eft la
preuve ; mais il eft jufte d'en donner une autre ,
qui, étant une prcuved'expérience, fera fans doute
plus d'impreffion fur nos kftcurs.
L'alphabet manuel n^efl pas le feul que nous
montrons à nos élèves ;nous leur apprenons aufli
Talphabet labiaU
Le premier des deux eft différent dans les dif-
férentes nations : le fécond efl commun à tous les
pays & à tous les peuples»
Le premier s'apprend en une heure ou environ :
le fécond demande beaucoup plus de temps. Il
faut pour cela que le difciple foit en état de
comprendre & de pratiquer tout ce que nous avons
dit fur la prononciation.
Mais quand une fois il a compris toutes les dif-
pofitions qu*on doit donner aux organes de la
parole pour prononcer une lettre quelconque ,
il importe peu que nous lui en demandions une ,
telle qu'elle foit» ou par Talphabct manuel» ou par
l'alphabet labial, il nous la rendra également, 6i
nous lui diâerons lettre à lettre des mots entiers
par l'alphabet labial » comme par Talphabet
manuel.
Il les écrira fans faute ; je ne dis pas qu'il les
entendra^ mais feulement qu'il les écrira, parce que
je ne parle ici que d'une opération phyfique, &d*ut)
enfant qui n^eli point avancé dans 1 initruélion.
Les fourds & muets acquérant cette facilité de
trés-bonnc heure , & d'ailleurs étant curieux , com
me le refte des hommes , de favoir ce que Ton
dit, fur tout lorfqu'ils fuppofent qu'on parle d'eux ,
ou de quelque chofe qui les intéreffe » ils nous dé ' o-
i^nt des yeux ( cette exprclTion n'cfl pas trop
forte ) » & devinent ti è$-aifément tout ce que nous
dtfons j loffqu'en parlant nous ne prenons pas la
précaution de nous fouftrairc à leur vue.
C'eft vn fait d'expérience journalière dans les
trois maifons qui renferment plufieurs de ces
enfans, & j'ai loin de recommander aux perfon-
ne*, qui nous font Thonncur d'aiïïfter à nos leçons ,
de ne point dire en leur préfcnce ce qu'il n*eft
point à propos qn'ils entendent « parce que cela
MUE
feroit capable d'exciter Torgueil des tins & b
jaloufte des autres.
Je conviens cependant qu'ils en devinent plui
qu'ils n'en aperçoivent diltinaerneni , tam que
)e ne me fuis point appliqué à leur apprendre Part
d'écrire fans te fccours d'aucun figne , d'après h
feule infpedion du mouvement des lèvres.
Mais je ne me preffe point de leur communi-
quer cette fciencc : elle leur feroit plus tiuifiblc
qu'utile , jufqu'à ce qu'ils aient acquis la faciîîré
d'écrire imperturbablement fous la didée des fignes
en toute orthographe , quoique ces figncs ne leur
repréfentent ni aucun mot, ni même aucune let-
tre » mais feulement des idées dont ils ont acquis
la connoiffance par un longufage.
Avant qu*ils (oient parvenus à ce terme , fem-
blables à un grand nombre de perfonnes qui n'é-
crivent que comme elles entendent prononcer, &
quifontparconféquentunemultitudedefautesdar-
thographe, ne fâchant pas la différence qu'on doit
mettree Titre l'écr.t jre & la prononciation ; nos fourds
& mueti écriroient les mots félon qu'ils les ver-
roient prononcer, d'où il réfuheroit néccffairc-
mcnt uneconfufioninfupportable, non^feulement
dans leur écriture, mais même dans leurs idées.
Au contraire, ayant fortement gravé dans leur
efprit l'orthographe des mots dont iU fe font fervii
cent & cent fois, 6l d'ailleurs étant bien Sl duc-
ment avertis que nous prononçons pour les oreil-
les , mais que nous écrivons pour les yeux, tlf
favent qu'ils ne doivent point écrire ces mots com-
me ils les voient prononcer » de même que nous
favons que leur prononciation ne doit point êtf«
la régie de noire écriture.
^A comme la matière dont on parle & leçon*
texte d'une phrafe nous font écrire différemment
des mots dont le fon eft parfaitement femblabic
dans nos oreilles , le bon fens que les fourds Ôc
muets poffédent comme nous, dirige également
leurs opérations dans Técriture,
Il cff aifé de concevoir que dans le commun*
cernent de ce genre d'inftruclion . ilcft nèccffaîre
1®. que le fourd fk muet foit direâement en face
de ion inftituteur > pour ne perdre «iicut>e
des imprcflions que les différentes pofittons de
l'Alphabet labial opèrent fur les organes de (à
parole, & fur les parties qui les environnent. %\
Que rinftituteur force » autant qu'il eft poflftbU «
ces cfpèces d'impreifions pour les rendre plut
fenfibles, 5**. Que fa bouche foit affex ouverte^
pour laiffer apercevoir les différens mouvemeas'
de fa langue. 4**. Qu'il mette une efpéce de paufç
entre les fyllabcs du mot qu'il veut taire écrire tm
prononcer, afin de les diftingucr Tune d'avec
lautre. ^^
Il n'eft pas néceffairc quli faffe fortir de h boi^^H
che le moindre fon , ik c'cA toujours ainfl q^^
j'en ufe : les aiTiftans voient des mouvemeiii exté-
rieurs , mais ils n'entendent rien , 8i ne favent pat
ce que ces mouvemens fignifient ; le fourd &
M U
3U
iiuet , qui voit ces mêmes mouvcmcns , & qu!
eo fait b ftgoifîcïtlon , ècrti le mot , ou le prononce
au grand ctonnement de ceux qui Tenvironnent.
U cfî vrai que tous ceux qui parlent vis-à-vis
des fourds & muets , ne prennent pas toutes les
précautions que nous venons d'expliquer, 6c c'eft
ce qui fait qu^iis ne font pas aulTi clairement enten-
dus ; mais, i", il fufiît prefque toujours, pour
un fourd & muet intelligent , qu'il aperçoive
!|uefquei fyllabes d*un mot & enfui te d*une phra-
c, pour qu il devine le lefle. i°. L'babiiude con-
tintielte des fourds & muets avec les perfonnes
chez lerquelles ils demeurent, facilite beaucoup la
poffihilltè de les entendre. 3»* Si les fourds &
muets n^entendent pas autant qu'ils le pourroient ,
et n*cft pas leur faute , mais celle des perfonnes
qui parlent devant eux ^ Si qui ne prennent pas
Icf précautions néceffaires pour fe faire entendre.
En vain rèpondroiton que ces perfonnes ne
fatrent pis tes difpoftûons qu'elles doivent mettre
dins leurs organes, pour rendre fcnfiblesaux fourds
& muets les paroles qu'elles prononcent : fans
doute elles ne le ûvcnt pas, & c eft pour elles une
efpèce de myftére ; mais elles les mettent machina-
Itmini (cesdifpofitions) dans leurs organes , fans
quoi elles ne pourroient parler , & les fourds &
muets ( Inftru'us ) les apercevront toujours , tant
ou'on ouvrira la bouche autant qu il fera nécef-
utrt, & qu'on parlera îentement en appuyant fépa-
itmeot fur chaque fyllabe.
Nous avons cette compîaifance pour les étran-
gcn qui apprennent notre langue , & qui com-
mencent à Tentendre & à la parler ; & de leur
coté ils font la même chofe avec nous , tant que
b leur ne nous eft pas familière.
Fourquot n*en u(erions-nous pas de même avec
ks fourds & muets nos frères» nos parcns , nos
amis , nos commenfaux ? & ne ferons-nous pas
ida rècompenfés de cette efpèce de gène , fi tant
tft qu'elle mirite ce nom , par la cenfolation
eu'elîc nous donnera de remédier en quelque
iortc au défaut de leurs organes , en leur tournif-
lînt un moyen de faifir par leurs yeux ce qu'ils
fle peuvent entendre par leurs oreilles ?
Je crois avoir rempli la double tâche que je
m*étois propofée, qui confifloît , t""» à préfent:r
b route qu*on doit fuivre pour apprendre aux
fourds ï prononcer, comme nous , tou:es f rtcs de
paroles* a*". A faire connoitre comment on pouvoir
parvenir à rendre fenfibîes à leurs yeux , 6c intel-
ligibles à leur cfprit toutes les paroles qui foneni
de notre bouche , mais qui ne font aucune im-
pfe<T»on fur leurs oreilles.
PuiiTe ce fruit de mon travail ^trt de quelque uti-
lité , jufqu^à ce que d'autres inflltureurs aient
répandu plus de lumière fur cette matière împor-
we. Fiai , ftàt.
III. PARTIE.
Controverse,
Dq)uis qu'il a plu à la divine providence de me
i
charger de rînftruÔlon d'un nombre confidèrabïc
de fourds & muets, la fingulariiè de cène oeuvre ,
& les exercices publics de mes élèves , annoncés
paria distribution de leurs programmes , ont attiré
à mes leçons une affluence de perfonnes de toute
condition & de tout pays. Je ne connols aucune
partie de l'Europe , à Texception de la Turquie ,
dont il ne foit venu des étrangers , pour s'affurer ,
f»ar leurs propres yeux, de la vérité des faits qui
eur paroiffoient incroyables d'après le rapport
de ceux mêmes qui en avoieni été les témoins
oculaires.
Les perfonnes les plus diAinguées dans Tég^fc
&. dans Tétat, fe font fait un plaifir & en queU
que forte un devoir, de confidérer avec attention
la facilité & la fimplicité des moyens qu'un iof-
tituteur, très-fimple lui-même, mettoit en œuvre
pour fupplàer au défaut de la nature, & dévelop-
per fuccertîvement rintelligence de ces êtres ,
qu'on avoit été comme tenté jufqu alors de regar-
der comme des efp^ces de demi- automates.
Mais il étoit réfervé au prince le plus augufte ,
juî avoir daigné en être le témoin , de ne pas fou*
rir que la France refiât feule dépofitalre d'un
fecours dont les autres nations pourroienâ retirer
de grands avantages.
Il réfolut donc d'attirer le premier & de fixer
dans fes états un enfeignement dont il apercc-
voit la néceffité pour un nombre de fes fuiets , que
fon amour paternel lui faifoit appeler fes fanhUbUs
( lettre de Jofeph II , 2 llnllituieur des fourds &
muets de Paris ) i & voici quelle en fut Toccafion.
Cet ami fouverainement refpeftjble de Thuma-
nité, ayant vu par lui-même, pendant deux heu-
res &c demie, de quoi les fourds & muets pouvoient
devenir capables , quand on fe donnoit b peine de
les inftruire ,. ne penfa d'abord qu'à une jeune per-
fonne de la plus haute naiflance, fourde & muette
à Vienne , à laquelle fes parens défiroient avec
ardeur de procurer une éducation chrétienne.
Il demanda donc comment on pourroît s'y prcn*
dre pour inftruire cette jeune demoîfellc. Je répon-
dis qu'il y avoit deux moyens \ que le premier
feroit de la faire conduire à Paris, oii |e linftrui-
rojs très- volontiers (gratuitement bien entendu );
mais qu'il y en avoit un fécond beaucoup plus
fimple^ qui feroit de m*envoyer un fujct intelli-
gent de trente ans ou environ, que je mettrois en
état de réuffir parfaitement dans cette emrcprife.
L'expédient étoit de nature à être goûté : auifl
lefut-il fur le champ, d'autant plus qu*îl annon*
çoit au prince une reffource toujours fubfiftante
pour ceux de fes fujets qui étoicnt réduits au
même état dit fi mité, ou qui le feroientdans 1&
fuite.
Cet auguftefouveraîn, vrai ment digne d'être le mo*
déle de tous les autres, qui auroientbefoîn d'un pareil
fecours , ne fut donc pas plutôt de retour ù Vienne f
qu'il me fit rhonncut de m'adrefler U lettre fui->
512
MUE
vante, dont îl me permettra de fupprîmer quel-
ques cxpreflions que je ne mérite pas.
M MonficurTabbé . . . . , rétabliiTement que vous
avez confacré au fcrvice du public , & dont j'ai
eu ojcafion d'admirer les éionnans progrès , m'en-
gage à vous adreflcr Tabbé Storch , porteur de
cette lettre. Je me flatte qu'il aura les qualités
requifes pour apprendre de vous à conduire un
pareil établiflement à Vienne. Je ne le connois pas
autrement que par fon ordinaire , qui me Fa
choifi & dont il croit pouvoir répondre. Je
me flatte donc que vous voudrez bien le pren-
dre fous votre direction , en lui communiquant la
méthode que vous avez établie avec tant de fuc-
cès. Votre amour pour le bien de Thumaoîté ,
ainfi que la gloire de' rendre à la fociété de nou-
veaux fujets , me font efpèrer que vous contri-
buerez de bon cœur à étendre aufli votre charité
fur une partie des fourds & muets allemands, en
leur formant un maître qui,, par les yeux , leur
fournira des connoiffances fii'fiîiantes pour les faire
penfer &. combiner leurs idées. Adieu ,
Joseph v.
Monfieur Tabbé Storch étoit un prêtre d'envi,
ron 15 ou 36 ans, mais vraiment rempli de l'ef-
prit facerdotal , & d'ailleurs pleinement doué de
tous les talens néceffaires pour réuffxr dans l'entre-
prife qui lui étoit confiée. Auflî , dans le court cfpa-
ce de cinq mois , fut-il en état de préfider fous
■les yeux à mes leçons , dont je n'étois plus ,
pour ainA dire , que le témoin tranquille & l'ad*
mirateur cominucl.
Il reAa cependant encore trois autres mois
avec nous , parce que fa modeflie lui faifoit croire
que ce feroit un moyen de fe perfeâionner dans
l'enfcignement public auquel on le deftinoit.
Auffi-tôt qu'il fut de retour à Vienne , l'empe-
reur lui ordonna de commencer à inftruire des
fourds & muets dans une maifon qui lui fut indi-
quée pour y faire fes leçons, & il y réuffit telle-
ment , qu'en moins d'une année il dreffa plufieurs
de fes élèves pour un exercice public auquel aflif-
fèrent les plus grands feigneurs de la cour de
Vienne, & dont ils forent pleinement fatisfaits.
Mais rinftituteur des fourds & muets de Leipfick
( M. Heinich ) , l'ayant appris , & fâchant que ce
nouveau maître des fourds & muets inltruifoit fes
difciples fuivant la méthode de Paris , il lui écri-
vit pour l'engager ï l'abandonner, en l'affurant
que non-feulement elle étoit inutile, mais qu'elle
étoit même nuifible à l'avancement des fourds &
«lucts, , - ,
Il avoit déjà publié précédemment dans fa lan-
λue un ouvrage qui nous étoit inconnu jufqu'a-
ors , dans lequel il fe glorifioit d'être le premier
& le feul qui eût inventé & qui mît en pratique
la véritable manière d'inftruirc les fourds & muets ,
ne faifant point difficulté de taxer d'ignorance ou
|lç fourberie, tous ceux qui avoient écrit fur cette
MUE
I matière avant lui , ou qui avoient entrepris «nnt
( truire des fourds & muets.
I Auroit-on dû s'attendre à de telles impotatiou
; faites à des hommes illuflres, avamageufement
: connus dans la république des lettres , tels que
MM. Wallis , Amman , Bonnet & plufieurs autres ?
: Pour moi , bien loin de favoir mauvais gré à cet
{ auteur, je n'aurois pu que le remercier de m'a-
I voir aggrégé à leur compagnie, fi le refpeâ & la
reconnoKTance que je devois à mes maîtres , n'euC>
I fent exigé de moi , que je répondifle aux calom-
nies dont il les avoit chargés.
Je devois d'ailleurs entreprendre la défenfe de
la méthode dont M. l'abbè Storch fait ufage ,
puifqu'clle eft la mienne . & montrer évidemment
que Sa Majefté Impériale ne s'étoit pas trompée
en l'envoyant à Paris plutôt qu'à Leipfick , pour
y apprendre la vraie manière d'inftruire les fourds
& muets.
Tel eft le fond de la difpute littéraire qui s*eft
élevée entre M. Heinich & moi. Elle ne feroit pas
intéreflante fi elle ne nous regardoit que nous
deux pcrfonnellement , parce que le bien public
ne pourroit en foufFrir ; mais fi ma méthode dl
inutile, & qu'elle foit nuifible à l'inftruftion des
fourds & muets, i<>. on fe trompe à Vienne, oti
M. l'abbé Storch , à Rome , oii M. l'abbé Sylvefr
tre, à Zurich, où M. Ulrich n'ont d'autres pria*
cipes que ceux de cette méthode fi vifiblenMsnc
défeâueufe.
20. On fe trompera en Efpagne , oii M. Dan-
gulo , en Hollande , où M. Delo ne pourront inA
truire que comme ils l'ont été eux-mêmes dam
Paris , à nos leçons.
3^. On fe trompera en Angleterre, fi des favans
de ce pays exécutent le projet qu'ils ont conçu »
de former par foufcription à Londres , un ëtablifli»-
ment femblable à celui de Paris.
Y a-t-il quelque matière plus importante que
celle-là pour le bien de l'humanité , & qui ménto
davantage d'attirer l'attention des favantes fociè-
tés littéraires que nous avons confultées ? Croi-
ront-elles pouvoir décemment demeurer neutres
entre deux méthodes aufiî oppofées que celle de
de M. Heinich & la mienne ? Si elles perfiftent
dans leur filence , je les appelle au tribunal da
public , qu'elles auront refofé d'inftruire fur un
article intéreffant pour le bien de la fociété. 1»
N. B. Cette correfpondance , toute en lann , & qui
, eft à-la-fois tiès inftruûive & très-intéreflfame, fe
trouve à la fuite de la méthode que nous venons
de mettre fous les yeux de nos leôeurs. Cette
méthode eft intitulée : La véritable manière d'info
truire les fourds & muets , confirmée par une longme
expérience , par AL Vabbé *** , inflituteur des fourds
& muets de Paris ; in-12. A Paris, chez Nyoa
l'aîné, libraire, rue du Jardinet, 1784.
En effet , d'après les lettres & les dîflfertadoos
en latin de M, l'abbé de l'Epée , adreffées , foit à M.
Hcinick î
MUE
lavantes. La fod ..c a adémiqne de Zurich , en
(uiiTe , n'a pu e re 1 1» r , après un niûr e>;iniôn , de
rendre pubiiqLfni:n: un jufie hommage , tant à
rioveniion qu'à la fiipéno-itc delà mèuiodo dont
rilluftre inftituteur Irançois fait un fi noble & fi
Ç->:nérenx emploi , pour donner gratuitement aux
(cards & muets rin'.elligence de la parole & de la
penfée.
DES AVEUGLES.
On peut être aveugle de naiflance, ow le deve-
nir, foit par accident, foii par maladie. Notre dsC-
feio, dit Fauteur de cet article , dans Tancicnne
Encyclopédie , n'eft point ici de traiter des mala-
dies ou des caufes qui occafionncnt la perta de
la \rue9 nous nous contenterons de faire des ré-
flexions sur la cécité , fur les idées dont elle nous
prive , (ur Tavantage que les autres fens peuvent
en retirer , &c.
Il eft d*abord évident que le fens de la vue
ium fort propre à nous difiraire par la quantité
dobjets quil nous préfente à la fois, ceux qui
ibnc privés de ce fens doivent naturellement , &
en général, avoir plus d*attention aux objets qui
tombent fous leurs autres fens.
Ceft principalement à cette caufe qu on doit
tttribuer la finefle du toucher & de Touie , qu*on
oUèrre dans certains aveugles , plutôt qu*à une
fapériorité réelle de ces fens , par laquelle la na-
tme ait voulu les dédommager de la privation de
l&Tue.
Cela eft (l vrai, qu'une perfonne devenue
nngU par accident , trouve fouvent , dans le
fecours des fens qui lui redent, des reflburces
dont elle ne fe doutoit pas aup.iravant, ce qui
vient uniauement de ce que cette perfonne étant
Boins dîliraite, eft devenue plus capable d*at-
ttntioQ ; mw c*eft principalement dans les aveu-
ifts-nés qu*on peut remarquer, s'il ell permis de
^exprimer ainn , les miracles de la cécité.
Un auteur anonyme a publii fur C3 fujct , en
1749» un petit ouvrage très-phil©foph:qutf & trés-
fen écrit , intitulé : lettres fur les aveugles , a Vnfage
it ceux qtû vcyent , avec cette épigraphe : pof-
fnUf nec poffe vldtntur^ qui fait allufion aux pro-
diges des avcuglesnis.
Nous allons donner, dans cet article, Textrait
de cette lettre, dont la métaphyfique eft par-tout
très-fine & très-vraie'; nous en excepterons qufl-
9>es endroits qui n*ont pas un rapport immédiat
au fujct.
L*aUteur fait d'abord mention d'un aveugle-né
«l»*»! a coi>ni!. Cet avei «^'c , qui demeure , dit
l'auteur, au Puifiaut en Giltinois , eft chimifte &
nulîcien. Il fait i.re Ion fils avec Als caraâères en
fdief. Il juge fort exadcm-m des fymétries :
Am & Métkfé» Tome V. Partie l.
U U E
11
3
mr.îs on fe doute bien q-ve \'\à':-2 C\ù f/moirle
qui , pour noQs, eft c!e pure convention à Lcau-
coup d*égards , l'eft cftcorc davantage pour lui.
Sa détinitlon du miroir, eft fmijuliéro. Ccfî ,
i dit- il, une mack'nc p.ir la.juelle les chofcs font mîfcs
I en rcl'cf hors (TcHcs-m^mes. Cet:e déiinition peut
être abfurdc pour un fct qui a des yeux ; mais un
phllofophe , môme clairvoyant, doit la trouver
bien fubtilc & bien furprenante.
w Difcartes, en le fuppofant aviu^le-nè , auroît
dû , ce me femble , s'en applaudir. En efùt , quelle
finefl*e d'idée nVt-il pas fallu pour y parvenir ?
Notre aveugle n'a de connoiftancc que parle tou-
cher ; il fait, fur le rapport des autres hommes ,
q'.ie par le moyen de la vue on connoît les objets
comme ils lui font connus par le toucher , du
moins c'cA h feule notion qu'il puitVe s'en for-
nî:r : il fait de pKis qu'on ne peu: vo'r fon pro-
pre vifagc, quoiqu'on puiflfe le toucher.
La vue , doit-il conclure , eft donc une rfpèce
de toucher q'ii ne s*ètend que fur les objets riifte-
rens de notre vifige , & éloignée de nous. D'ail-
leurs le toucher ne lui donne l'idée que du relief :
donc, cjoute-t'il, un miroir eft uie machine qui
nous met en relief hors de nous mêmes. »
Remarquez bien que ces mors en re'Uj ne font
pas de trop. Si Vaveiglc avoit dit fimplement ,
nous met hors de nous- m: nés , il auroir-dit une abfur-
dite de plus : car comment concevoir une machi-
ne qui puifle doubler un objet ? Le mot de relief
ne s'applique qu'à la furface ; ainfi nous mettre ett
relie f hors de nous-mêmes, c'cft mettre feulement
la repréfentatlon de la furface de notre corps hors
de nous.
Vaveugle a dû fentir par ceraifonnement, que It
toucher ne liû repréfentc que la furface dos
corps ; & qu'arhfi cette efpéce de toucher qu'on
appelle vue, ne donne l'idée que du reliefs oa de
la furface des corps , fans donner celle de 4cur
folidité : le mot relief ne defignant ici que la fur-
face.
Tavoue que la définition de Faveugls ^ même
avec cette reftrivl'on , eft encore une énigme pour
lui ; mais du moins on voit qu'il acherch* à di:M-
nuer l'énigme le plus qu'il étoit pofliblc.
On juge bien que tous les phénomènes des
miroirs , & des verres qaî çrofliiTent ou dimi-
nuent , ou multiplient les objsts ♦ font des myf-
tères impénétrables pour lui.
99 II demanda û la machine quigro^Ut les objets
étoit plus courte que celle qui les rappetifte ; ft
celle qui les rapproche étoit plus courte que celle
qui les éloigne ; & ne comprenant point comment
cet autre nous-mt me , que , félon lui , le miroir
répète en reliefs échappe au fens du toucher ; voilà ,
difoit-il , deux fens qu'une petite machine met en
cwitradiâvon : une nachine plus parfaite les me**
314 MUE
troit peut-être d'accord ; peut être une troifième ,
plus parfaite encore ^ moins perîîde , les feroit
difijartiire 6c nous avtrtiroit de Terreur. »
Quelles conclufions philofophiqucs un aveugle
né ne peut-il pas tirer de-ià contre le témoignage
des fers ?
Il définit les yeux , un organe fur lequel Fair
fait Fcflet d'un bâton fur la main.
L'auteur remarque que cette définition eft affez
femblable à celle de Dcfcartes , qui , dans fa Dloptri-
que , compare l'œil à un aveugle qui touche les
corps de loin avec fon bâton : les rayons de la
lumière font le bâton des clairvoyans.
Cet aveugle a la mémoire des fons à un degré
fu. prenant , & la diverfiré des voix le frappe au-
tant que celle que nous obfervons dans les vi-
fages.
Le fecours qu'il tire de fes autres fens , &
Tufage fîngulier qu*il en fait au point d'étonner
ceux quiTenvironnem, le rendent affez indiflférent
fur la privation de la vue.
Il fent qu'il a , à d'autres égards , des avantages
fur ceux qui voyent; & au lieu d'avoir des yeux,
il dit qu'il aimeroit bien autant avoir de plus longs
bras, s'il en étoit le maître.
Cet aveugle adreffc au bruit & à la voix très-
fiirement.
Il edime la proximité du feu au degré de la cha-
, leur, la plénitude des vaiiïeaux au bruit que font
en tombant les liqueurs qu'il tranfvafe , ôc le voi-
finaee des corps à l'aâlon de l'air fur fon vifage :
il diilingue une rue d'un cul-de fac ; ce qui prouve
bien que Tair n'eft jamais pour lui dans un parfait
repos , ôc que fon vifage redent jufqu'aux moin-
dres viciditudes de Tatm )fphère.
Il apprécie à merveille le poids des corps & la
capacité des vailTeaux ; & il s'eft fait de les bras
des balances fort juAcs, & de fes doigts des com-
pas prcfque infaillibles.
Le poli des «orps n'a guère moins de nuances
pour lui que le fon de la voix : il juge de la
beauté par le touclicr ; & , ce qu'il y a de fîngu-
lier , c'cft qu'il fait entrer dans ce jugement la pro-
nonciation & le fon de la voix.
Il fait de petits ouvrages a^i tour & à l'aiguille ;
il nivelle à l'équerre ; il monte & démonte les ma-
chines ordinaires : il exécute un morceau de mufi-
quc dont on lui dit les notes & les valeurs.
Il eAime avec beaucoup plus de précifion que
nous la durée du temps , par la fucceffion des
aâions & des penfées.
Son averfion pour le vol eft prodigieufe , fans
doute à caufe de la difficulté qu'il a de s'aperce-
voir quand on le vole.
MUE
Il a peu d'i iéc de la pudeur, ne regarde les
habits que comme propres à garantir des injures de
l'air, & ne comprend pas pourquoi on couvre
plutôt certaines parties du corps que d'autres.
Dlogène, dit Tauteur que nous abrégeons ,
n'auroit point été pour notre aveugle un phiiofo-
phe ; enhn , les apparences extérieures du fift j qui
frappent fi fort les autres hommes, ne lui en im-
pofcnt en aucune manière. Cet avantage n*eft pas
à méprifer.
Nous paffons fous filence un grand nombre de
réflexions fort fubtiles , que fait l'auteur de la let-
tre , pour en venir à ce uu'îl dit d'un autre aveu^
gle très-célèbre ; c'cft le fameux Saunderfon , pro-
feffeur de mathématiques à Cambridge , en Angle-
terre, mort il y a quelques années.
La petite vérole lui fit perdre la vue dés fa
plus tendre enfance , au point qu'il ne fe fouve-
noit pas d'avoir jamais vu , & n'avoii pas phis
d'idée de la lumière qu'un aveugle-né.
Malgré cette privation , il fit des progrés fi fur-
prenans dans les mathématiques, qu on lui dooiu
la chaire de profeffeur de ces fciences dans Puni-
verfité de Cambridge. Ses leçons étoient d'une
clarté extrême.
En effet , il parioit à fes élèves comme s'ils euf-
fent été privés de ia vue ; or un aveugle qui $*exprî*
me clairement pour des av. ugles^ doit gagner beau-
coup avec des gens qui voyent. Voici conmeni il
faifoit les calculs, &c les enfei^noic à fes difd-
ples.
Imaginez un carré de bois divifé, par des
lignes perpendiculaires , en quatre autres petits
carrés ; fuppofcz ce girré percé de neuf trous «
capables de recï\ > des épingles de la même
longueur & do la même grolTeur , mais dont les
unes ayent la tête plus groffe que les autres.
Saunderfon avoir un grand nombre de ces petits
carrés tracés fur une grande table.
Pour défigner le chiffre o , il mettoit une épin^
gle à groffe tête au centre d'un de ces carrés, 8c
rien dans les autres trous.
Pour défigner le nombre i , il mettoit une ipin-
gle ï petite tête au centre d'un petit carré.
Pour défigner le nombre 2, il mettoit une épin-
gle à groffe tcte au centre , & au-deffus de ia
mcmt ligne , une petite épingle dans le trou cor-
refpondant.
Pour défigner 3 , la groffe épingle au centre, &
la petite dans le trou audcflus à droite ; & ainG
de fuite.
Saunderfon , en mettant le doigt fur un petit
carré , voyoit tout d'un coup le noft%;re qu'il
repréfentoit , & il faifoit (Is additions par le
moyen de ces petits carrés. Exemple.
MUE
MUE
315
1.
3-
4-
5-
3-
4.
î-
6.
4-
V
6.
7-
S-
6.
7-
8.
6.
7-
8.
9.'
6.
7-
8.
9-
0.
7-
8.
9-
0.
I.
8.
9-
0.
I.
1.
9.
0.
t.
s.
3.
En paflant fucceâivement les doigts fur chaque
nmgée verticale de haut cj\ bas , il faifoit Taddi-
ûon à la manière ordinaire , & marquoit le réful-
tat par des épingles mifes dans de petits carrés au
bas des nombres fufdits. Cette même table , rem-
plie de petits carrés , lui ferroit à faire d^s démonf-
trations de géométrie ; il difpofoit les groiTes épin-
pies dans les trous, de manière qu'elles avoient
ia direâion d'une ligne droite , ou qu'elles for-
moient un polygone, &c.
Saunderfon a encore hinfé quelques machines
qui lui facititoient Tétude de la géométrie ; mais
00 ignore Tufage qu'il en faifoit.
U nous, a donné des élémens d'algèbre , aux-
quels on n'a rien publié de fupcrieur dans cette
matière ; mais , comme l'obferve l'auteur , des élé-
mens de géométrie de fa façon auroient encore
été pins curieux.
Je fais d*une perfonne qui l'a connu , que les
dèfflonfirations des propriétés dt^s folides , qui cou-
lent ordinairement tant de peine , à caufo du relief
despardes , n'étoient qu'un jeu pour lui.
D fe promenoit dans une pyramide , dans un
îcofaèdre , d'un angle à un autre , avec une
exnréme facilité ; il imaginoit dans ces folides dif-
férens plans, & différentes coupes f^ins aucun
eSort.
Peut-être , par cette raifon , les démonftratîons
3n*il en auroit données , auroient - elles été plus
ifficiles à entendre , que s'il n'eût pas été privé
de la vue ; mais fes démonftratîons iur les figures
planes' auroient été probablement fort claires , &
peut-être fort fînguliéres : les commcnçans & les
philosophes en auroient profité.
Ce qu'il y a de fmgulier, c'ell qu'il faifoit des
leçons d'optique ; mais cela ne paroitra furpre-
naoc qu'à la multitude.
Les philofophes concevront aifémcnt qu'un
aveugle y fans avoir d'idée de la lumière & des
couleurs , peut donner des leçons d'optique , en
Erenant, comme font les géomètres, les rayons de
imiére pour des lignes droites , qui doivent être
difpofées fuivant certaines loix , pour produire les
Shénomènes de la vifion , ou ceux des miroirs
t des verres.
Saunderfon, en parcourant avec les mains une
fuite de médailles , difcernoit les j'aufTes même ,
lorfqu*elles étoient adcz bien contrefaites pour
trora;-.er les bons yeux d'un connoifTcur.
Il ^ugeoit de l'exaftitude d'un inftrument de
mathématique , en faif^nt paffer fes doigts far les
divifions.
Les moindres viciflîtudes de l'atmofphère l'af-
feâoient, comme l'aveugle dont nous avons parlé ;
& il s'?.percevoit , fur-tout dans les temps cal-
mes, de la préfence des objets peu éloignés
de lui.
Un jour qu'il afHftoit dans un jardin à des obfer-
vations aflronomiques» il diftingua y par l'impref-
fion de l'air fur fon vifage, le tems où le foleil
étoit couvert par des nuages ; ce qui eft d'autant
plus fi^gulier, qu'il étoit totalement privé, non
feulement de la vue , mais de l'organe.
Je dois avertir ici que la prétendue hiftoire des
derniers momens de Saunderfon , imprimée en
Anglois , félon l'auteur, eft abfolument fuppofée.
Gîtte fuppofition, que bien des érudits regardent
comme un crime de lèfe-érudition , ne feroit qu'une
plaifanterie , û l'objet n'en étoit pas aufTi férieux.
L*auteur fait enfui te mention en peu de mots >
de plufieurs autres illuftres aveugles qui , avec un
fens de moins , étoient parvenus à des connoifTan-
ces furprenantes ; & il obferve , ce qui eft fort vrai-
femblaole , que ce Tiréfias , qui étoit devenu aveu-
gle pour avoir lu dans les fecrets des Dieux , &
qui prédifoit l'avenir , étoit , félon toutes les appa-
rences un grand philofophe avew^le , dont la fable
nous a confervé la mémoire Ne feroit-ce point
peut être un aftronome tiè>-fameux, qui prédifoit
les éclipfes, ( ce qui dcvoitparoître très-fingulier
à des peuples i^norans ) & qui devint aveugle
fur la fin de fes ]ours , pour avoir trop fatigué les
yeux à des obfervations fubtiles & nombreufes ,
comme Galilée & CaiTmi ?
U arrive quelquefois qu'on reftitue la vue à
des aveugles-nès : témoin ce jeune homme de
treize ans , à qui M. Chefelden , célèbre chirur-
gien de Londres , abattit la cataraâe qui le ren-
doit aveugle depuis fa naiffance.
M. Chefelden ayant obfcrvé h manière dont il
commençoit à voir , publia dans le n". 402 des
tranfa6lîons philofoph'jques , & dans le cinquante cin-
quième article du tJtler y c'eft-i-dlre du babillard^ les
remarques qu'il avoit faites à ce fiijct. Voici ces
remarques , extraites du troifième volume de
l'hiftoire naturelle de MM. de Buftbn & d'Au-
benton.
Ce jeune homme , quoiqu'tfvw/^'/e , pouvoir dif-
tinguer le jour de la nuit , comme tous ceux qi«i
font aveugles par une cataracrte. Il diitirgiioit
même à une forte lumière , le noir , le blanc Se
R r a
31^ MUE
Tccarlate ; mais il ne difcernoit point la forme des
«orps.
On lui fit d'abord Topération fur un feul œil.
Au moment où il commença de voir, tous les
objets liM parurent appliqués contre fes yefix.
Les objets OTii lui étoicnt ie plus agréables ,
f»ns qu'il pùî Jire pourquoi , étoier.t ceux dont
la forme etoit régulière.
Il ne rccorînoiffoitpoi'it les couleurs qu'il avoir
din.ingiîécs, a une tbrtc lumière", éiarit aveuf^lt!.
Il ne difcornoî: :iucun objet d'un autre , queK
que différentes qu'en fuiTent les formes.
Lorfqa'on lui préfcntoii les objets qu'il connoif-
ùm auparavant par le toucher , il les confidéroit
avec attention pour les reconnoitrc une autre
fois ; mais bientôt il oublioit tout , ayant trop de
chofes à retenir.
Il etoit fort furpris de ne pas trouver plus bel-
les que les autres , les perfonncs qu'il avoir aimées
le mieux.
Il fut long-tcms fans recoiinoltre que les tableaux
renréfcnto?cnt des corps folides ; il les regardoit
comme des plans différemment colorés ; mais
lorfqu'il fut d jtrompé , & qu'en y portant la main ,
il ne trouva que des furfaces, il demanda fi c'étoit
la vue ou le toucher qui trompoit.
Il croit furpris qu'on put faire tenir dans un
petit efpace la peinture dun objet plus grand que
cet efpace ; par exemple , un vifage dans une minia-
ture ; & cela lui paroiffoit aufllî impoflîble que de
faire tenir un boiffeau dans une pinte.
D'ah jid il no pouvoir fouffrir qu'une tris-pet'ite
lumière , & vcyoit tous les objets fort gros ; mais
les preniii.rs fc rapetiflbicnt à mefure qu'il en
voyoic de plus gros.
Qr.oiqu'il fut bien que la chambre où il étoit ,
étoit plus petite que la m;iifon , il ne pouvoit
comprendre comment la maifon pouvoit paroitre
plus grande que la Ihambre.
Avant qu'on lui eut rendu la vue , il n'étoit pas
fort empreffé d'acquérir ce nouveau fens ; il ne
connolUoit point ce qui lui manquolt , & fentoit
même qu'il avoit , à certains égards , dc<i a van:;:gcs
fur les autres hommes; miis à p'.ine commença
t-il à voir diftinftcment , qu'il tut tranfjjorié de
îoie.
Un an après la première opération , on lui fit
l'opération f;ir l'autre œil, & clic réuHit égale-
ment ; il vit d'abord de ce fécond œil les objets
beaucoup plus gros que de l'autre, mais cepen-
dant moins gro<i qu'il ne les avoit vus du premier
ceil : & lorfqu'il regardoit le même objet des deux
yeux à-la-tV)is , il difoit cjue cet objet lui paroif-
foit une fois plus grand qu'avec fon premier œil
tout foui.
M. Chefeldcn parle d'autres avriiglcs-nès , à qui
îl ayoit abattu de m«me la cataraâe , & dans lef-
MUE
quels il avoit obfervé les mêmes phénomènes l
quoiqu'avec moins de détail.
Comme lU n'avoient pas befoîn de faire mou-
voir leurs yeux pendant leur cécité , ce n'étoîi
que peu-à-{>eu qu'ils apprenoient à les tourner
vers hi objets.
Il réfulte de ces expériences , que le fens de la
vue fe perfectionne en nous petit à petit ; que cô
fens cA d'abord très-confus , &i que nous appre-
nons à voir , à peu-près comme à parler.
\Jn enfant nouveau-né, qui ouvre pour la pre-
mière fois les yeux à la lum.ièrc, éprouve fans
doute toutes les mêmes chofes que nous Tenons
d'obferver dans Vdveurlc'Xih, C'eft le toucher &
l'habitude qui rcâifient les jugemens de la vue.
Revenons préfcnten^nr à l'auteur de la lettre
fur les aveugles. On cherche , dit-il , à refiituer h vue
à des i7veuglcs'»és , pour examiner comment fc fait
la vifion; mais je crois qu'on pourroit profiter
autant , en queftionnant un aveugle de bon fens...
Si l'on vouloit donner quelque certitude à ces
expériences , il faudroit du moins que le fujet fût
préparé de longue-main, & peut-être qu*on le
rendit philofophe... Il feroit très à propos de ne
commencer les obfervations que long-tems après
l'opération : pour cet eflet il faudroit traiter le
malade dans Tobfcuritè, & bien s'aflurer que fa
blcffure eft guérie , 8c que les yeux font fains. Je
ne voudrois point qu'on Texposât d'abord au grand
jour.... Enfin , ce feroit encore un point fort délicat
Que de tirer parti d'un fujet ainfi préparé, & de
1 interroger avec afifez de fineilc* pour qu'il ne dit
précifément que ce qui fe p<ifle en lui.... Les plus
habiles gens , & les meilleurs efprits , ne font pas
trop bons pour une expérience fi philofoplnque
& fi délicate. >i
Finirons cet article avec l'auteur de la Lttre ,
par la fsmeufe quefiion de M. Molineux.
Onfuppofeun^vfU^/r-né, qui ait appris, parle
toucher, à difiinguer un globe d'un cube ; on
demande fi , quand on lui aura refiitué la vue, il
difiinjr.ucra d'abord le globe du cube faos le tou-
cher. M. Molineux CToit que non , & M. Loke
eft de fon avis , parce que l'aveugle ne peut
favoir que l'angle avancé du cube , qui preCe fa
main d'une manière inégale , doit paroitre à fes
yeux tel qu il paroit dans le cube.
L'auteur de la lettre fur les aveugles , fondé fut
l'expérience de Chefclden, croît avec ralfon que
l'aveugle-né verra d'abord tout confufément , &
que bien loin de difiinguer d'abord le globe du
cube , il ne verra pns même diftinftcment deur
figures différentes : il ci oit pourtant qu'à la lon-
gue, 6c fans le fecours du toucher, il parviendra
à voir difiinâement les deux figures : la raifon
2u'il en apporte , Ôc à laquelle il nous paroit dif-
cile de répondre, c'cft que ravcuf-le n'ayant pas
befoin a1( toucher pour diUing.ier l.s couleurs les.
MUE
unes des autres , les limites des couleiirs lui fufii-
ront 2, \sL k^npie poîir difcorner la {igiire ou le
contour des objets. Il verra donc un globe &
un cube , ou , fi Ton veut , un cercle & un
carré ; msis le Cens du toucher n'ay^jit aucun
rapport à celui de la vi.c , il ne devinera pas que
nui do ctfs deux c^rps eu celui qu'o.: apj^cilc globe ,
& lauire celui qu'on appcilo cube ; t: i.i vifion ne
lui rappellera en aucune maniè;e la icniation qu'il
a reçue par le toucher.
Suppofons prèfentement qu'on lui dife que l'un
de ces deiix corps eu ceiui qu'il fentoir globe par
le toucher, & l'autre celui quM fentoit cube ,
fïura-t-il les diftingucr ? L'auteur répond d'abord
qu'un homme groliier & fans connoi Tance pro-
noncera au hafard ; qu'un métaphyricicn , (iir-tort
s'i le') géomètre, comme Saunderfon , examinera
les figures ; qu'en y fuppolant certaines lignes
tirées , il verra qu'il peut démontrer de Tune tou-
tes les propriétés du cercle , que le toucher lui a
fait connoitre,& quil peut dcmontrer de l'autre
fgure toutes les propriétés du carré. 11 fera donc
bien tenté de conclure : voilà le cercle , voilà le
iané ; cependant , s'il efl prudent , il fufpendra
encore fon jugement ; car , pounoit-il dire ,
peut-être que ^uand j'appliquerai mes mains fur
ces deux figures, elles fe transformeront l'use
dans Tautrc ; de manitre que la morne figure
pourroit me fervîr à démontrer aux aveit^les les
propriétés du cercle , & à ceux qui voyent les
propriétés du carré ? Mais non , aurolt dit Saun-
deribn , je me trompe ; ceux à qui je démontroîs
lei propriétés du cercle & du carré , & en qui
la Tue & le toucher ètoîent parfaitement d'accord ,
Bentendoient fort bien, quoiqu'ils ne touchaf-
feot pas les figures fur leiquelles je faifois mes
dèmonflratîons , & qu'ils fe contentafTent de les
yoir. Ils ne voyoient donc pas un carré quand
je femois un cercle , fans quoi nous ne nous fuf-
uons jamais entendus ; vais puifqu ils m'enicn-
doicnt, tous les hommes voyent donc les uns
comme les autres : donc je vois carré ce qu'ils
^oyent carré, & par conféquent ce que je fen-
tois carré ; & par la même raifon je vois cercle »
« que je fentois cercle. »
Nous avons fubftitué îcl avec Tauteur le cercle
an globe, & le carré au cube, parce qu*il y a
l>caucoup d'apparence que celui qui fe fert de fes
yeux pour la première fois , ne voit que des fur-
^>ccs, & ne fait ce que c'efl que faillie ; car la
toied'un corps confiiic en ce oue quelques-uns
^e les points paroiflcnt plus voifins de nous que
^* autres : or , c'cft par Texpérience jointe au tou-
^ber, & non par la vue feule , que nous jugeons
^Wdiflances.
De tout ce qui a été dit jufqu'îci fur le globe &
"Jt le cube , ou fur le cercle & le carré , con-
j|uons avec l'auteur qu'il y a des cas oii le rai-
waneœcnt & l'expérience des autres peuvent
MUE
317
éclaircir la vue fur la relation du toucher , & affu-
rer , pour ainfi dire , Toeil qu'il ett d'accord avec
le taa.
La icftrc finit par quelques réflexions fr.r ce q\H
arriveroit à un homme qui auroit vu dès fa naif-
fancc, 8c' qui n'auroit point eu le ft-ns du tou-
cher , & à un homme en qui le fcns de la vue
& du toucher fe contrediroiert p:^:nltudîea eut.
Nous renvoyons nos kftenrs à cc3 ictkxions ; elles
nous en rappellent une autre à peu-i:rès de la
même efpèce que fait l'auteur dans le corps de la
lettre. Si un homme, dit il, qui n'ai.roit vu que
pendant rin jour ou deux , fe trouvoit confondu
chez un p:uple ^^cvcup^les ^ il fau droit qu'il piît
le parti de fc taire , ou celui de pa^er pour un
fou : il leur annonceroic tous les jours quelque
nouveau niyftére , qui n'en feroit un que pour
eux, & que les cfjpiits- forts fe fauroicn: bon gré
de ne pas croire. Les ddfenfcurs de U religion ne
pourroient-ils pas tirer un grand parti d'une incré-
dulité fi opiniâtre , 6: cependant fi peu fondée ? »
Ces oîifcrvations , aufli philo fophiq nés qu'iiigc-
nieufes , ne font pourtant point fufhfantes pour
faire conroitre Us vrais procédés de l'art nou-
veau d'inftruire les aveugles.
Heureufcment que nous pouvons auflî recourir,,
pour en développer les principes, à l'excellent traitè^
que M. Haiiy a fait imprimer fur cet objet. Qu'rl
nous foit donc également permis de rapprocher
ici la méthode de ce favant fli! refpeôable inf-
thutcur des aveugles, de celle que nous venons
de rapporter de M. l'abbé de TEpée , en faveur des-
fourds & muets.
Il fera fans doute întére/Tant dVnvifager à la»
fois , & dans le même cadre , Tart merveilleux
qui fe fait entendre aux fourds & muets , & l'art
non moins furprenant qui fe rend fenfible aux
aveugles. Ce traité cfl intitulé :
ESSAI fur Véducatîcn des aveugles , ouexpofc de dlf*
fércns moyens , vcrïjUs par Vexpériencc , pour les
mettre en état de lire à l'aide du taEl , d^ imprimer
des livres dans Icfquels ils puifftnt prendre des
connoijjances de langues ^ dkifioire, de géographie ,
de mupque , &c. d'exécuter differens travaux reU'
tifs aux métiers &c.; dédié au roi , par AI* HAvr ,
interprète de Sa Majejlé , de l'amirauté de France y
& de rkôtel-de-ville de Paris ; membre 6» profef"
feur du bureau académique d'écriture , pour la
ledure & vérification des écritures anciennes fr
étrangères, A Paris , imprimé par les enfans-avêU"
gles , Jbus la direélion de M. Cloufier , imprimeur
du roi y & fe vend , à leur seul bénéfice , en leur
mai fon d'éducation^ ru: Notre-Dame-des Victoires ,
Avant de passer à rexpfiotion des procédés
de M. Haiiy , nous devons citer ici le jusji-
[8
iM U E
:;
ment qu'en a porte racadcmie royale des fciences
de Paris, le 1 6 février 1785.
M. le duc de la Rochefoucault , meffieurs Def-
marets , Demours & Vicq-d'Azir, commiffaires
rommés par TAcadémie des fciences , pour exa-
miner le mémoire & la méthode qui lui ont été
i.Th'wntés par M. Haiiy , pour Tinitruftion des
aveugles , ont cru devoir , avant de lui en- ren-
dre comprc , faire quelques recherches fur les
moyens tendans à ce même objet, découverts &
employés, foit par différens aveugles qui i'e font
inftruiis eux-mêmes , foit par différentes perfon-
nes qui vouloient entreprendre de les inftruire.
S.ins remonter aux temps anciens , difent mef-
fieurs les commlffaires , qui nous préfentent Di-
dyme d'Alexandrie , Eufébe l'Afiatique , Nicaife
de Méchlin Si plufieurs autres aveugles illuf-
tres , qui avoient apparemment trouvé quelques
moyens dont la connoiffance ne nous eft pas
parvenue , nous trouvons dans les temps mo-
dernes le célèbre Saunderfon , frappé d'aveugle-
ment prcfque en naiffant , & n'ayant pu con-
ferver aucun fouvenir de la vue , devenu l'un des
plus iUuftres difciples de Newton , profefleur de
mathématiques 6c d'optique à Cambridge , &
-auteur de plufieurs bons ouvrages , dans lefquels
la privation de ce fcns , en ajoutant à leur mérite ,
a réprmdu fur certaines démonftrations , une clarté
plus vive que dans la plu^jart des mathématiciens
clairvoyans.
Tout le monde connoît fa machine arithméti-
que ; une table , percée de trous , & des épin-
gles dont la tète différoit de groffeur , lui fer-
voient à calculer auffi vite que les clairvoyans avec
leur plume ; & cette même machine devenoit
géométrique , au moyen de fils qui , paffés autour
des épingles , repréfentoient à fon taâ les figures
que les lignes d'encre ou de crayon repréfentent
à notre vue.
Antérieurement à Saunderfon , Jacques-Ber-
nouilli avoir appris à écrire à une jeune fille qui
avoit perdu la vue deux mois après fa naiffance ;
mais le moyen étoit vraifemblablement très-im-
parfait , puifque l'auteur ne l'a pas tranfmis , &
puifque Saunderfon , prefque contemporain , n'en
a pas eu connoiffance.
M. Diderot, dans fon intcrefTante lettre furies
aveugles, nous dit avoir trouvJ: l'aveugle du Puy-
feaux occupé à faire lire fon fils lvoc des carac-
tères en relief ; mais il ne nous apprend rien de
précis fur la méthode de cet enfcignement.
Madcmoifclle de Salignac , qui vivoit encore à
Paris il y a dix ou douze ans, faifoit ufage de
caratScres en relief mobiles ; & le ficur Richard,
fo!»deur, qui tr.ivailloii pour elle, en a confervé
les forme?;.
Feu M. de Lamouroux faifoit aufli ufage de
car^ftères en rcKcf mobiles , mais pour la mufi-
MUE
que feulement, & s'étoit rendu célèbre dins
cet art.
MM. Sodi & Frizcri fe font fervi , pour figurer
leur mufique , d'épingles placées d une nuoière
connue feulement de leurs copiltes.
Il eft venu fur la fin du mois dernier chez M.
Haiiy , un aveugle de province , qui note la mufi-
ue avec des notes de cire» grofUérement formées
peu folides.
Enfin , il exifie encore aujourd'hui deux aveu-
gles, célèbres par leurs talens & par leur inftruc-
lion ; l'un cft M. Weiffenbourg de Manheim , qui ,
privé de la vue à Tâge de fept ans , s'eft habitué ,
d'après des caraAères en relief, à en tracer lui-
même avec une plume ; il a appris la Géographie
d'après des cartes ordinaires divifées par différens
fils , dans lefquels font pafies des grains de verre
plus ou moins gros, pour défigner les différens
ordres de villes , & parfemées d'un fable glacé
de diffé' entes manières pour diffineuer les mers,
les royaumes , les provinces , &C. 11 calcule zrec
de petites planches divifées par de petits carrés ,
po(es horifontalemeut , qui repréfentent les uni-
tés , les dixaines, les centaines, & fous-diyîfés
chacun par neuf trous , dans lefquels il place de
petites cnevilles , qui lui fervent à former (es nom-
bres , & à faire fes opérations. Il joue avec des
cartes marquées de trous d'épingles fenfibles pour
lui feul.
L'autre eft Mademoifelle Paradis , née ai Vienne ,
en Autriche , devenue aveugle à l'pge de deux ans ,
âgée maintenant de vingt , & célèbre par fes talens
pour la mufique. M. de Kempellen, auteur de
l'automate joueur d'échecs , lui a appris à épeller
avec des lettres de carton découpées , & à lire des
phrafes pointées fur des cartes avec des épingles ;
il lui a formé une petite preffe , au moyen de laquel-
le elle imprime (ur un papier les phrafes qu*elle a
compofées comme un imprimeur, & elle entre-
tient ainfi une correfpondance avec M. Kempel-
len, fon maître, &avec M. Weiffenbourg , à qui
elle doit une partie de fes connoiffances.
L'expoii que nous venons de faire, indique
beaucoup de tentatives & de moyens épars qui
ont eu f lufqu'à préfcnt» plus ou moins de fuccès ;
mais perfonne n'avoir encore fongé à raffembler
ces différens moyens, à les difcuter, & à former
une méthode fuivie & complette pour faciliter à
une portion malheureufe de l'humanité , l'acquifi-
tion des connoiffances que la privation du fens le
plus néceffaire leur reftifoit , & pour leur ouvrir ,
s'il eft permis de parler ainfi , l'entrée de la fociété
des autres hommes. Ceft ce que M. Haûy a entre-
pris , & l'académie va juger jufqu'à quel poini
il a réuffi.
Il emploie des caraâeres en relief, que l'aveugle
s'accoutume à reconnoiire au toucher, conmM
l'enfant à qui l'on montre à lire , reconnoit à h
, vue les caraâeres écrits ou imprimés.
MUE
Ces caraâères font fcparés & mobiles comme
ceux des imprimeurs ; on en forme des lignes fur
une planche percée d'entailles , où la queue du
araâère s'engage ; & lorfqiic la connoillance lui
en eft devenue familière , l'aveugle les cherche
lui-même dans les cafés où ils font difpofcs , &
les arrange fur la planche comme un compofiteur
d'imprimerie.
Jufques-là , la méthode de M. H.iiiy reffemble
à celle de Taveugle du Puyfeaux & de Mademoi-
fclle de Sahgnac ; mais il a fenti qu'il falloir cher-
cher le moyen de former des livres à Tufage des
aveugles , afin de les mettre en état de lire feuls ,
&'de fe paffer de fecours à cet égard. Il a donc
imaginé a'imprimer fur un papier fot, où la trace
des caraâères conferve un relief fufHfant pour que
l'aveugle puifle les lire au taâ. Nous avons vu
un de ces livres fur lequel l'aveugle a lu les
phrafes qu'on lui indiquoit ; quoiqu'imprimées déjà
depuis quelque tems , le relief étoit encore bien
conferve ; d'ailleurs il fera facile de trouver un
moyen pourconfolider ce papier, & donner delà
durée à cette nouvelle efpèce d'imprimerie*
On voit que ce moyen peut encore fervir aux
aveugles pour entretenir correfi-'ondance entre
eux, & en cela il eA fupérieur à celui de Made-
moifelle Paradis , qui imprime bien fes écrits , mais
dont M. Weiffenbourg ne peut pas lire les lettres
Cins un fecours étranger.
Il feroit à défirer que les chimiAes s'occupaiTent
de trouver une encre qui confervât du relief en
fc Ikhant ; alors on pourroit écrire pour les aveu-
g^, & ils pourroient eux-mêmes garder & relire
ce qu'ils auroient écrit : cette découverte multiplie-
TOit encore & faciliteroit pour eux les moyens
d*inftruftion.
U$ procédés employés pour les calculs , font
fcmblables à ceux eue nous avons décrits pour
ks Ictnres ; l'aveugle difpofe les chiffres fur la
Pjinthe , & fait toutes les oncrations fur les nom-
bres entiers avec la même ticiliié ; mais celles fur
te fraâions auroient été beaucoup plus longues
«plus compliquées. M. Hâùy les a Amplifiées en
formant pour ceite efpèce de calcul des caractè-
|W &iis pour contenir à la fois le numérateur &
« dénominateur , mais dont une des parties cft
JŒOviblc, pour que l'on puiffe y fubftituer à vo-
«oté tel ou tel chiffre ; & de cette manière, avec
«n petit nombre de caraftéres différens, Tavcu-
|te exécute toures les opérations fur les quantités
^*ôionnaires.
D n'a pas pu réduire autanr le nombre des fignci
«ccffairts pour la mufiquc ; chacun des caraftè-
Jtt contient les cinq lignes & les quatre interval-
«« avec un feul figne ; il a même fallu qu'il en
^^t aufli quelques-uns pour les fignes qui fe
Couvent accidentellement au-deffusouau-deffous
«les cinq lignes ordinaires ; mais malgré cette mul-
^liciié , l'aveugle les retrouve facilement à la
MUE
3iy
faveur du bon ordre dans lequel ils font difpofés :
c'eft pour la mufique, psr exemple, que l'encre
de relief feroit d'un grand f;:cours.
Le procédé pour l'ctude de la géographie eft à
peu- près fcmblable à celui qu'emploie M. Weif-
fenbourg : le contour des diffcrenies divifions eft
en relief y & Taveuglc reconnoit au toucher, par
leurs formes , les différens pays : on emploiera
pour les villes ou autres petits objets des reliefs
de différentes formes , & des matières comme le
fable , le verre , &c. reconnoiffables au taâ ,
pour diftinguerles mers, les lacs, les rivières, &
l'on conçoit qu'il eft facile de multiplier ces fignes
autant qu'il iera néceffaire.
Le jeune le Sueur a exécuté fous les yeux de
l'académie , les différentes opérations que nous ve-
nons de décrire , & elle a vu qu'il les exécutoit
avec promptitude & facilité ; nous les lui avons
fait répéter toutes en détail, & même quelques-
unes de plus, comme délire des caraâères curfifs
pointés avec une épingle fur une carte , & d'au-
tres écrits avec la pointe du manche d'un canif ,
dont le relief étoit peu confidérable ; il les a lus
affez facilement , & maintenant il travaille à em-
ployer des caraâères de moitié plus petits que ceux
qui ont été apportés à l'académie.
Non-feulement ce icunc homme eft inflruîtpour
lui-même , mais il elt encore 1 inftituteur d'autres
aveugles, à qui il tranfmct fes connoiffances parles
mêmes procédés qui les lui ont fait acquérir. Nous
avons vu cette école , qui préfente un fpeâa-
cle à-la-fois curieux & touchant ; plufieurs jeunes
aveugles de l'un & de l'autre icxe apprennent
dHin maître aveugle auffi , reçoivent avec joie une
inftruâion qui leur eft donnée avec intérêt, &
tous fcmblent s'applaudir de concert d'acquérir
une exiflence nouvelle.
Il eft bon de f ;i:e remarquer à l'académie que
l'éducation du jei^iie le Sueur, aâjellement âgé
de dix-fept ans, re d^ts que de huit mois. Ce mal-
heureux , ré aveugle & dans Hudigence , n'avoit
pu recevoir par les autres fcns que les idées les
plus communes ; & à la Pentecôte de Tannée der-
nière, il quétoit à la porte d'une de nos églifcs ,
& partagcoit avec une famille pauvre le fruit modi-
que des aumônes qu'il recevoir. Ccft de-là que M.
Haiiy l'a tiré pour lui donner de i'cducarion ; & fi
les fuccès que nous avons vus font honneur k
Vintelligencc de l'èiéve , ils font fatisfaifans & glo-
rieux pour le maître dort les talens bieniairans
méritent la reconnciffancc publique.
Ceftunc affociation de citoyens charitables qii
fournit aux frais de cetre école , dija compoféedc
plus de vin^t fuj^ts, & que 1:^ fortune de M.
Haiiy , qui n'eft pas proportioniiée à fon zèle , ne
lui eût pas permis d'entreprendre fans fecours.
On peut dire, à l'honneur de notre fiècle, que
jamais il n'a régné un amour plus vrai pour le bien
:2o
M U
LL
Jv* l'hun^anitc , ^^ ({u^ \i hienraifaiicc n'a itè ri plus
active îii plus éclairée.
Qu'il nous foit permis de rendre hommigo ici
aux talens & au zolc de M. Tabbé de TEpé^, qui a
ouvert la carrière de Tinftru^lion aux fcurds (k
jmiets ; M. Haïiy devient , à fon exemple, le hien-
l^iteur des aveugles, & cette partie fouffrante de
riiumaiiité lui devra des moyens de bonheur que
Ton ne croyoit pas pouvoir efpérer pour elle.
L'Académie , qui a vu avec intérêt les premiers
fuccès de fon zélé, le trouvera fûrement digne d'ê-
tre encouragé par fcs éloges ; & nous lui propo-
ferons, en donnant fon approbation à la méthode
que M. Haiiy lui a prcfentée , de l'exhorter à la
rendre publique, & de TaiTurer qu'elle recevra
volontiers les nouveaux comptes qu'il pourra lui
rendre de Cefi efforts pour la porter au degré de
pcffedlion dont elle e'À fafceptibîe.
Le îômoîgnagc fi honorable de cette illuftre com-
pagnie , nous fait un' devoir de f/.ire connoître
dans ccdiâ'onnairc , la méthode de M. Haiiy, &
de le recommander comme le guide le plus Tùr aux
itiAituteurs qui voudront fuivre les traces de fon
zèle & de ion humaiiité , & entreprendre avec
fuccés l'éducation des aveugles.
Ceft donc M. Haiiy lui-même , qui va cnfei-
gner fa méthode , & d'abord voici comme il s'ex-
prime dans un avant-propos.
Parmi les infortunés qui ont été privés , foit dès
rinftant de leur naiiïance, foit dans la fuite , par
quelque accident , dt l'organe qui contribue le plus
k nous faire fouir des avantages & des agrémens
de la fociétè , il s*en eft trouvé dont les efforts
courageux ont réuffi à adoucir , par quelque occu«
pation , cette pofition alHigeante. Les uns , pleins
de pénétration , ont enrichi leur mémoire des pro-
ductions de l'cfprit humain , & ont puifé dans les
charmes d'une converfation ou d'une leâure à la
quelle ils affîf^oient, des connoifTances qu'il leur
ètoit impofTible de recueillir eux-mêmes dans
les dcp'^ts précieux ofe elles étoient renfermée?.
Les autres , doués d'une dextérité capable de faire
honneur à un artide muni de fes yeux , ont exé-
cuté des travaux mécaniques, où l'on rerrouvoit ,
& Texaàitude S: le fini d'une main dirigée par
la lumière. Mais malgré d'auffi hcureufes difpofi-
tjons dans les aveugles , ces efpèces de prodiges
n'étoient , de leur part, que le fruit d'une applica-
tion opiniâtre, & ne femblcient réfcrvés qu à un
petit nombre d'étrcs privilégiés parmi eux ; tandis
que le refte de leurs frères , livrés à une oifivctc
dont ils croyoient ne pouvoir jamris fortir, mou-
roicnt à la focicté , au momw:nt même où ils rece-
▼oient leur exiflcnce au milieu d'elle ; & la plu-
part , viilimes tout à la fois de la privtition de
la vue & de celle ac la fortune , n'avoicnt en par-
tage que la pénible & triAe reiTource de mendier ,
afin de prolonger , pour ainfi dire , dans Tobfcuritè
ë'nn cachot , leur cxiflence malheureufe. CcA
M U E
• pour fervîr cette cl.-îTe d'infortunés , que j'ai îma-
i pnh Mil plan ^.'.-î;--'/ ainjlhutlc:- , qui, à^i'aide de
, principes & d'^l'ienliies a icur ulij^e, pue rcwdrc
ficïlc aux uns ce qu'ils n'exccutoient qScvcc
peine ^ii pojjîhie aux autres ce qu'ils paroi i^. oient
ne pouvoir exécuter.
J'ai fenti que l'entreprife ctoit difficile , qu'elle
excédoit les forces d'un feul homme , & )'ai cher-
ché de l'appui. Des perlbnnes biLnfai!"ant:s fe font
empreffées de tout>;s parts dj concourir à cette
bonne œuvre. Elles f.nt pofé les premiers fondc-
mens d'un édifice , dont la conftruûion fait l'élcge
do leurs coeurs &L honore le fiècic où elles vivent.
Chacune d'elles fen^ble même m'avoir difputé à
l'envi la douce fatisfaftion de perfcdionner & d'a-
chever ce monument ; & , je l'avoue avec plaifir ,
s'il éroit permis à quelqu'un de fe faire honneur
d'une pareille entreprise , c'cft à elles , plus qu'à
qui que ce foit, qu'en appartient la gloire. J'abaa-
donnerai donc , dans le cours de cet ouvrage , tou-
te expreflîon qui annonceroit i^e ma part des pré-
tentions à une propriété particulière , & je n'y par-
lerai qu'au nom de ces zélés coopérateurs , qui ,
foit par leurs lumières , foit par leurs fccours , fc
font afluré un droit inaliénable à ma reconnoif-
fance.
( Cejl toujours M. Haày qui parle dans tout U
cours de cet article).
Objet de Vinfiitution formée en faveur Jes aveugles.
Enfcîgner aux aveugles la îefture, à Takle de
livres dont les caraélères font en relief ; fc au
moyen de cette leâure , leur apprendre rimpri-
merie , l'écriture , le calcul arithmétique , les lan-
gues , rhiftoire , la géographie , les mathémati-
ques, la mufique,&c.
Mettre entre les mains de ces infortunés dÎTCr-
fcs occupations relatives aux arts & aux métiers ,
tels que le filet, le tricot , la brochure des livres ,
les ouvrages au boifTeau , au rouet & à la tra-
me , &c.
lo. Pour occuper agréablement ceux d*eatr*eiix
qui vivent dans un état aifô.
a®. Pour arracher à la men.licité ceux qui ne
font point avantagés des faveurs de la fortune ,
en leur donnant des moyens de fubfiftance ; &
rendre enfin à la fociété leurs bras ainfi que CMlv
de leurs condufteurs :
Tel eft le but de cette inû'.tution.
De la leflure à l*ufa^e des aveugles.
La Icfturc eft le vrai moyen d'orner la mémoire
d'une manière facile , prompte & méthf diquc«
Elle eft comme le canal pnr lequel nous p irvien-
nent nos différentes connoiftances. Sans e!le les pro-
, du^tions littéraires ne formeroient dans Teiprir
humaia
MUE
koiniliiqo'ananiasdèrordoiiné dénotions vagues.
Enfciencr à lire aux aveugles , compofer une
bibliothèque à leur ufage » dévoient donc faire
Tobjei di nos premiers foins. Avant nous» Ton
iFoit fait à ce fujct diverfes tentatives infruc-
tueufes.
Tantôt à Vaide de caraâères en relief & mobi-
les fur une planche, tantôt en employant des let-
tres formées fur une carte par des piqûres d'é*
pingle , on étoit parvenu à mettre à la portée des
iTcugles les principes de la levure.
Dija fc réalifoiem pour eux les merveilles de
Firt d'écrire, Dqa fous leur taél , devenu en quel-
((ue forte une efpèce de villon , les penfées pre-
noient un corps. Mais ces uftenfiks grofliers ne
ent à Taveiigle que la poflibilité de le
ir des charmes de la leâure , fans lui en
L n.r les moyens.
Nous n'eûmes pas de peine à les trouver ; le
wincipe en exiftoit depuis long-tems, & journel-
^kment il fe reproduifoit fous nos yeux.
Nous obfervâmes qu'une feiitle d*impreflion
fortànt delà prefle, préfcntoïi au revers toutes
îei lettres en relief, mais dans un ordre contraire
I celui de U Icôure. Nous fîmes fondre des carac-
tcrcî typographiques dans le fens ou leur em-
preinte frappe nos yeux ; 6c à Taide d'un papier
irtmpè i la manière des imprimeurs , nous par-
vînmes k tirer le premier exemplaire qui ait paru
jufqti'ilors , avec des lettres dont le relief pût être
diftinguê par le n&. au défaut de la vne. Telle
fin lorigmc de la bibliothèque à Tufage des
iTcu^les,
Après avoir employé fuccefTive m ent des carac-
tères de différentes grofTeurs, fuivant la capacité
dn tiâ de nos élèves , nous avons cru devoir nous
bornçr» dufmoins dans les premiers tems de notre
i^ucatîon, à celui qui nous a fervi à imprimer le
corps de cet ouvrage. ( Ceft une forte d'hallque
pmt'pdr^nFon ^ voye^^ N^ XIL page. 40;. a%
colonne » Tome L de ce diâionnaire ).
Ce caraâére nous a paru tenir ïe milieu entre
cwx que les différens individus qui font privés de
la lumière peuvent pa'per , chacun fuivant le degré
«îe finclTc que la narure lui donne , ou bien que
Tige ou le travail lui laiffe dans le toucher.
On conçoit aifément que ces moyens une fois
trouvés » il n eft pas plus difficile d'apprendre les
principes de la leâurt à un aveugle, qu'à un clair-
iroyaiit-
pe la leSurc de rimprîmc à celle du manufcrit ,
il n y a pour Taveugle qu'un pas à faire.
Nous ne parlons pas ici du manufcrit à la manière
des cîairvoyins : nous avons jufqu*à ce jour vai-
nement icnté Tufage des encres en relief, &
oouf Ici avons fuppléécs par des traits produits
irts fr Métiers. Tom, F. l'an, L
MUE
321
fur un papier fort à Taide d*unc plume de ftr
dont le bec nVft pas fendu.
Il eft inutile de prévenir que lorfqu*on écrit à un
aveugle , on ne fc fert point d'encre ; que le carac-
tère efl appuyé , féparè & un peu gros ; qu'enfin
Ton n'écrit que fur le refto ou le verso d'une page.
Toutes ces précautions étant obfervées , les
aveugles liront paffablement récriture curfivc des
clairvoyans, la leur mèm^ & celle de leurs fem-
blables.
Ils feront plus ; ils dirtingueront également fur
le papier les carabe res de muftque 6c autres , ren-
dus fenfibles par nos procédés , comme nous le
démontrerons dans la fuite.
Réponfcs à divtrfes objefïions contre U îcStiirt à tu*
fdge des aveu^ej»
w î**. Les reliefs de votre caraftère s'effacent
w fans doute faciltment, {nous dit-on ) & bien*
Il tôt ils n^ffcâeront plus le taéi des aveugles, n
Perfonne n'ignore la délicateflc de ce fens chez
des individus qui, depuis l'enfance , s'en fervent
pour remplacer celui que ta nature leur a refufé.
La furlace, en apparence la plus égale à nos
yeux , pré fente à leurs doigts des inégalités qui
femblent échapper à cet organe , avec lequel cepen-
dant rhomme qui voit clair atteint fièrement Taf-
tre le plus reculé dans l'immenfité des cicux. Et
lorfque nos élèvûf diiUnguenc au toucher uif carac-
tère typographique dont l'œil eft émoufTé ; lorf-
qu*ils fentent la différence d'un quart de ligne
entre deux épaiffeurs données ; lorfquVnfin ils
lifent encore une fuite de mots après qu'on en x
affaiffé les reliefs , qu'avons-nous à craindre du
fréouent ufage qu'ils feront de leurs livres , fi ce
n'eft cette dcflruélion entière des volumes , de
laquelle ceux des clairvoyans même ne font pas
exempts ?
« a**. Vos livres (ajoute-t-on ) font trop volu-
» mineux. Vous enflez un léger in-douze , 6l vous
n en faites croître la forme commode & portati-
H ve, jufqu'à la maflc énorme & gênante de Tin-
5! folio.
Nous pourrions nous contenter de répondre à
cette objeâion , que notre imprimerie n'ell encore
qu*au berceau i qu'elle fe perfeâionnera peut-être
un jour comme celle des clairvoyans ; qu'elle atura
fans doute aufTt fes Helzevirs # fcs Barbou , (es
Pierres» fes Didot, &c. Eh ! depuis fa naiffance ,
combien n^a-i-clle pas déjà d'obligations à M.
Cloufier , imprimeur du Roi , qui nous aide de
fes confeils avec autant de zèle que de défioté-
reffement f
Nous ajoutons, qu'en attendant ce degré de per-
feâion , nous nous occupons maintcn.int d'une
méthode d^abréviations qui diminuera de beaucoup
la groffeur de nos volumes,.
S t
^D'ailleurs, nous ferons un choix ; nous ne con-
fierons à notre prçffe que les csuvre^î dont h répu-
tation l'era méritée : en amplifiant dVn €Ôté par
la diinennon de nos cataflères , nous abrégerons
de Tautre par le dîfcerncinent ; Ql peut-être ua
jour la bibliothèque de Taveuglc fera celle de
Thonime de goût.
7* 3", Mais avouez donc que vos aveugîes lU
r* fcnt Uctement , & que b difcours le plus ani-
w me femblc venir expirer fur leurs Icvres , fans
n vie & fans mouvement, »
Nos élèves, il cft vrai, lifent avec lenteur. Ou-
i* ' peu d'ufage que la nouvciutè de notre
I kar a perm'S d'acquérir dans la Itdu-
rc , iis ont encore le défavantage de ne voir en
Ufjnt ( A nous pouvons nom exprimer ainfi )
qj'unc feule lettre à la fois, comme fcroit notre
k->leur lui-mime, en ne lifant qu'à travers une
ouverture de la grandeur d*un des caraâéros de
cet ouvrage. Mais noas cfpérons qit'aîrcs un fré-
quent ul'agc de ta levure , & en fe fervant des
abréviations dont nous avons parlé ct-delTus , nos
aveugles liront, avec plus de célériié, Dailleurs
nouî n'avons jamais eu Tambîtion d'en faire des
ic^tcur5 pour plac:^r auprès des Princes, ou dans
les cîuircs d^éloqucnce. QuMs prennent feule-
ment, parle mf>yen de la k^turc , les èlémeni des
faïences , qu'ils y trouvent un remède centre Ten-
nui> nos vceux feront comblés.
» 4^. Mais à quoi bon enfeigner les lettres aux
n aveugles ? pourquoi Imprimer des livres à leur
» iifjge ? its ne liront jnmais les nôtres» Et de la
ji connoilTancî; qu'ils auront des principes de la
« levure, réfiiltcra-l-il quelques avantages pour
j> h fociéic ? n ^
A notre tour, permcttcr-nous de vous interro-
ger. Que (en il que Ton impiime des livres cIî-jï
ious Us peuples qiti vous environnent ? Lifez-vous
le Chinois , le Malabar , le Turc , les Quipos du
Péruvien, 6i tant d*autres langages fi nécetlaircs
à ceux qui les entendent r Eh bien ! vous ne
feriez qu'un aveurje à la Chine, fur les rives du
Gange, dans Icmpire OrtomTn , au Pérou.
Quant à rutiîuédbnt il peut être pourlafociétè
qu'un aveugle fathc lire , nous en appelons avec
plaifir à l'expérience que nous avons vu fe réité-
rer plufieurs fols fous nos yeux, & dont le pu-
blic luï-mém^ a été témoin dans nos exercices ;
c'cft celle d'un enfant aveugle cnfeignant à lire à
un enfant clsin'oyant; pendant les leçons le maî-
tre aveugle a volt un livre en relief blanc fous les
dt:igts , t^ndiî que Télève clairvoyant avoît devant
les yeux la même édition en noir» Nous en appe-
Ions à rcxcmple de Taveugle du Puyfcaux , qui
dannoit des leçons de lecture à fon fils clair-
voyant il Tatde de caraâ^res en relief fit mobi-
les fur une planche,
NoLS en appelons à vous enôn , tendres 8c ref-
peéUblcs ifoun ! tiis dans le fcin d*une fortune
(
honnête , vous dont le fils vient de naître, 8t
cependant ne verra jamais le )Our, quelle douer
fatisfa^ion pour nous de pouvoir modérer les tranf-
ports de votre douleur l Oui , notre plan dlnftittt-
tion va , d*un cuié, rendre à ce fils, déjà fcndrç-
msnt aimé , la moitié de fon exfftence ; de l'au-
tre , vous fournir les moyens dj fatlsfaire le défir
que votre goût pour les fciences Si les ttlcns vous
infpire, de lui procurer «ncr éducation digne d'un
enfant bien-oé,
Et vous, favans , qm mjus éclairez de vos lu-
mières ! il les fuircs d'un travail opiniâtre étei-
gnent un jour ceuc vue que vous avez fatiguée
pour nuire inÛruition , permettez-nous alors de
vous offîir une refiburcc fn ire pour prolonger tout É
k la fols, à nous , le bienfait de vos leçons, à 1
vous , la jouiffancc d'un avantage dont eUcs font
en partie le fruit agréable, Homère , Bè1i;&àire ,
Milton, affligés de la cécité, euflcni été charmés
de coufacrer encore au fer vice de la patrie , les
années de leur vie qui fuivitcnt la pêne de leur
vue.
De Pimprlmcrti des avcagUs , i Uur propre ujkge^
L'analogie qu^a la manière de lire des aveugles
avec leur imjjrenîon, nous a forcés de donner par
anticipation , quelques détails relatifs à la naidance
de leur imprimerie : il nous reOe à développer les
principales parties de cet Art, foumifes à leur
uOige.
li en fera chez les aveugles , à Tégard de Tcxcr-
cicc de rimprimerie, comme chez les clairvoyans*.
Chaque individu ne p: urra , fans doute , en avoir
une poffeffion privée, La néctiTué des coanoî/Tan*
ces relatives à cet art , la multiplicité di la cherté
de fes ifftenfiles , la fan^lon renuife pour c ci faire
profcffion ; tout reftreindra l'ulage de la preiTe à
une fociété d*aveugles uniquement delliaés à
l'exercer.
C'eft de notre maifon d*inflitution que nous efpc*
rons faire le chef-li^u ( Ci nous poussons parier ainû)'
d*oii se tireront les produciions i>'pogr;vphiqucs a
l'usage, par exemple, de tous les aveugles, qui ,
dans leur infortune , auront la douce confolation
d'être nés fous l'empire de notre monarque. Et en
attendant qu'on ait formé chez les autres nations
des érabllflemens femblables , nous nous ferons
un plaifir, dit M. Hatiy, de faire imprimer eo
relief, ai en langues étrangères , par nos aveugles,
les livres deAioés à lufage des étrangers privis do
la vue.
Venons à la manière dont nos élèvcs-âveuglci
cjtécutent leurs travaux typographiques.
Nous avons donné à leur cafTe Tordre alphibè^
tique , tout en leur confervant fous la main ks
caraftércs d'un fréquent ufage. Nous avons préleré
cette diftribution » dans la crainte que les «veugki.
^M
MU E !■
feifeot moins adroits que nous ne les avons
P CcR d*aprés le mèire principe qnt nous lîs
fiifons com-ûfçr dans un chafîîs double d'un
tond de ccivre , perce de pli^fuLts rang;^ de petiis
irciîs> p;ir icrqueis ils tont ibuir, à Taidc d*une
pomie , les car avères qui font à changer.
C'eft enccre d'après le m^mc principe que nous
avons taii ajufter, dans rint^riciir de ce chaT.ls ,
deux règleites en fer, ( mobiles au moysn de leurs
vis^ ) Tune fur le côté , Tautrc au bas de la page ,
& fervant à la juflifîer.
CTcft enfin d'après le même principe, que nous
itevans le chtllîs horizontale m ^nt en longueur fur
quatre pkds , dont Jcs deux qui portent le com-
mencement de la
page
font
n pins
bas de moitié
que les deux fur lefquels la fin eft appuyée ; afin
que, fans fe fervîr de compofteur, raveugle place
\ts mots à mcfure , & qu'ils ne ferenverfenc pas
lerfqu'ïî compofe le rerie de h page.
Le fcns dans lequel fe préfer.tent les caraâèrês
tj^po§raphiques des avecgL^s, indioue narurellc-
iwnt atie rarrengement do:t s\n taire de gau-
che a droite, comme ious l'avons obfervt
\rc.
Pour Lclliter la Icdure aux aveugles , du moins
dam les premiers lems de leur éducûtton, il eft
bon de mettre des efpaces entre les mots , & quel-
quefois même entre les lettres*
11 eft aifè devoir quon ne peut faire de retira*
tion, lorfqu'on imprime en reltef , fans s^'expcfer
à détruire le foulage , d'après lequel feuUes aveu-
gles peuvent lire.
AufTi , pour conferver aux prges le même ordie
^eiles ont dans les livres des dalrvoyans, Ta-
vcugie eft-il obligé de coller dos à dos, par les
extrémités, les quatre pages d'une feuilb enfer*
taiu de la prefTc, & alors rinipofitton des chaf-
fi« fe Élit dans un ordre différent de celui des
dainroyans,
les feuilles étant ainfi collées, on en forme des
livrc5 , en le^ brodiant funplern^nt ik les couvrant
ftï canon , fan* les battre.
Le tirage de ce genre d'imprefTon Tt h\t aifé-
flicnt, au moyen d*une prerfc à cylindre qu'un
levier fait mouvoir d*ure extrémité à Tauire ,
le loog de deux bandes de fer, entre lefqiseîles
font placées les formes à la manière des ïmpri-
«etiri.
M< Hauy ajoute dans une note , que cette prcffe
cH de rmventïon du ficur Bcauther» maiire fcr-
niricr matiiiniftc. Elle a rempli , dit-il , nos vues
fuccc^s^ quant à la facilité d'être fcrvie fans
» par un cnlant aveugle , & de recevoir le
nifrae qikc nous avions a y adapter. Nous
oyons cependant qu*une preJîon perpendiculaire
^ufièc an même în/>ant à route la fcuille, iatfl'c-
ic à fon fou! âge ^ us de fojdué : nous efpéroiis
MUE 323
trouver cette perfcâion dan» une preRc d'un au-
tre genre à laquelle le fieur Beaucher travaille.
Nous cmplcicrons avec fuccés les mêmes procé-
dés pourtirtr en relief, à Tuiage des aveugles , la
raufique, les cartes de géographie, ks principaux
traits de dtlîuis , 6c généralenient toutes les Hgu-
res dont U connoitïance peut être prllc par i^
moyen du tadl.
A la preffe dont noHS avons parl^ ci defTiis ,
nous avons imaginé d^a jouter un tympan » à l'aide
duquel les aveugles tirent en notr , à leur gré ,
des exemplaires d*une édition sbfolLment confor-
me à ceux qu'ils font en blanc à leur ufagc.
Ce procédé , qui s'applique également à la mufi-
que , aux cartes de géographie, aux deHîns , ^c.
met Taveugle à portée , non-feulement de fe ren-
dre compte à hii-méme de toutes les productions
qu'il déGre tranfmettre aux clairvoyans , mais
encore de diriger facilement leurs études par la
fimilitude des excmphlrcs, dans la fuppofïtion oii
i'on daignetolt le charger de l:ur donîicr des'
leçons.
De C imprimerie dts d^aigUs , i i*^ftg* des clair"
voyons.
Si nous avons été affez heureux pour imaginer
les moyens de rendre Timprimerie utile aux aveu*
gles pour leur propre uf^e ; fi c'eft à nous cju'ili
doivent l'avantage de poUcd;;:r déforniiis des biblio-
thèques , & de prendre dans des livres faits exprés
pour eux les nodons des lettres, des langues, ce
rhinaire, de la géographie, des mathématiques ,
de la mufiquc, Elq, , nous ne; fommes pas Its pre-
miers qui ayons ofé tenter de leur faire coucher
leurs idées fur le papier au moyen des lettres
typographiques.
Nous avons vu entre les mains de M^demoi-
felle Paradis » une lettre imprimée par elle en carac-
térc de cicéro , Ôt en Ungue allemande , pleine
des fentimens les plus délicats & les mieux peints*
( Cette prodiiétiofi étoit faite à l'aide d'une pctuv:
prelTe que lui a formie M. de Kempellêu, suteur
de l'automate joueurs d'échecs. )
Cet effat lyus a fait naître l'idée d'appliquer
les aveugles à l'imprimerie pour le fer vice à^^
Clairvoyans ; elle nous a téufll pour tous les gen-
res d'ouvrages grolTiers & courans , ccmnis on peut
en juger par les différens modèles qu'ils cm cx^^
curés.
Diaprés nos procédés , les aveugles formés à
notre ini^ttution , compofent une planche d'impri-
merie du genre de ces modèles , avec d'autSit
plus de facilité qu'étant prefque toujours de la
même teneur, il fulFitde lewr en écrire la matii.-e
avec une plume db fer dont le bec nciX pa> ten-
du, ou avec le manche d'un canif, air^ (ju;; nou»
lavons indiqué plus hauu
S s %
1
J24
MUE
Apres avoir cjercè Taveuglc fur les A\ïïhcfMe%
parties de Tait typographique , à la ma^ iv c des
dairvoyans, il s'en eft^ trouvé peu dans icjq »«.!-
les il n'ait pas réufTi,
Nous ravins vu fucceflivement compofer.jur-
tîfier , impofer , tremper le papier » toucher ,
fircr f &c.
S'il eft une opérnûon chez les aveugles qui
demande à ctre dirigée par les clairvoy^ns^ ccfl
Timprimerie i Tufagc de ces derniers , nous IV
vouons. On nous a même fouvent réitéré cette
objeflioii fur les diverf».s autres parties de notre
inflitution. Mais les clairvoyans eux-mêmes qui
travaillent à la prciïe, nont-il pas toujours parmi
cuiun guide , le |;fcote, auit lumières duquel ils font
obligés de déférer ? 8c dans d'autres ciatsde la vie ,
ne voit-on pas des pèrfonnages plu5iijllruiis,dinger
ceux qui le font moins, en attendant que ceux-
ci foient en état de conduire k leur tour des
fujers moins tJiftruits qu'eux.
De VBcrUurt,
L*€xemp1e de Ecrnouilli , qui avoit appris à
écrire à une jetmc filte aveugle ; celui de M*
Wciflfcnboure , qui , privé de la vue dés Tige de
fcpt aiîs , s'ctt procuré à lui-même l'avantage de
coucher aufli (es idées par écrit , nous encoun-
g^èrent i tenter les moyens de mettre la plume k
la main de nos élèves.
Mais toujours occupés de notre vrai point de
vue, c*eft-à-dirc, de rendre notre inftîtution utile
à tous égards aux individus qui en étoient les
objets , nous avons cru qu il ne pouvoir erre que
curieux de faire écrire des aveugles , s*i!s ne par-
vcooient à lire leur propre écriture ; c*eft ce qui
noi.s a engagé à faire exécuter à leur ufage \xnc
plume de fer dont le bec ne Hxi pas fendu , Se
avec laquelle, écrivant fans encre & en appuyant,
fur un papier fort, ils y produifiifent ua caradèrc
de relief qu'ils puffcnt lire cnfuite , en paifanc
leurs doigts fur les traits fatUans du ycrfo de la
page , Vu à fcns contraire.
Ce relief, quelque léger qu'il paroiiTe^ cft tou-
jours fuffifant , fur- tout lorfqu'on a foin de garnir
le dcffous du papier fur lequel écrit Taveugle ,
de quelque furfacc moèlleufe , telle que pluhcurs
feuilles depipier de rebut, du carton, ou delà
peau.
Quant au mécanifmc propre à enfeigncr T^rt
d'écrire aux avcugk^-nés, il n'c^ pa% dttficile à
exécuter ; il ne s^agit que d'accoutumer Téléve à
fuivre, avec un^ pointe, des caraSéres rfTJgés en
forme de lignes. M^is au Ueu de diriger la marche
de ctttc p intc au moyen de curaélères en relief,
comme a fiit M. WciUcnbourg , il vaut mieux le
conduire à Taide des leutcs vreufces dans quel-
que métal.
Nous avons ajouté à cettt [wécaution^ celle de
MUE
donner à nos lettres dimprcffton U forme et ctl*
les d'écriture, afin d'accoutumer de bonne heure
ré<ève aveugle k en faifir la reff^mhîance.
Enfin , Kvrfq^i'il a acquis Thibitude des fornief ,
il ne luireilep.us, poi r ccfirc droit» qu'à mettre
fur fon papier un chaiTLS garni întérieureœcqt de
plufieurs cordonnets parallèles à la direction de
l'écriture, & diftans entre-eux d*cnviroo 9 lignes
pied de Roi-
Ces parallèles fervent à diriger It iB^in de IV
veugle , dans le tems ou il la iranfporte de gauche
à droite pour tracer fes caraâéres.
Nous avons admiré les tables ingénteufcs de
Saunderfon, & celles tie M. WeifTcnbourg ; & fi
nous n'avons adopté ni Tune ni l'autre dé^ deux
méthodes, c'eft que notre but étant de mettre C^n$
ccfle les aveugles en relation avec les cîairvoyans ,
nous avon^ cru devoir préférer h manière de ces
derniers. Aufl"t lorfque nos é èvcs calculent , peut-
on fuivre pas k pus leur opération.
Nous leur avons fait faire à cet effet «ne plan*
che percée de divers rangs de irous carrés, pro-
pres à recevoir des chiffres mobiles, 6c des barres
pour féparer les différentes parties d*une opéra*
tion.
Nous avons ajouté pour Tufage de cette plm*
che, une caffe cooipofée de 4 rang^ de cafferins ,
contenant toutes les figures propres au calcul , &
qui le p!ace à droite de faveugle lorfqu*âl opère.
La feule difficulté qui s*offroit, éroit de repré*
fenter toutes les fraâions poffibles, f^ns inuluptier
les cnraâércs qui le expriment.
Nous avons imaginé de faire fondre lodéno*
mlnateu'S funples dans Tordre des chines 0,1,
1 , Âcc. jufqu^à 9 inclufivement , & 10 numéro»
teurs fimples , auffi dans le mim't ordre , mobt*
les, pour pouvoir s'adapter en icic des dénomî*
nateurs. Au muyen de cette combinaifon , il iCtû
pas de fraâions que nos élèves ne puiffenc ex-
primer.
On voir , par ce que nous venons de dire , (|«e
notre mMïode a un double avanta^r.
1°. Un père de famille ou un ipftiruteur peu*
vent diriger faciientcnt un enfant aveugle daiii
l'étude des calculs.
2 . Cet aveugle liue fars infituit , peut *uflî coii'
duire à fon tourdvs opériJtions d'arithméiiq^ue fai-
tes pur un enfant clairvoyant.
Lesavci gles» d'atl leurs, or.r une ttHe dirpofitîen
pour le calcul , que fouvent nous tes avons \^s
fuivre une règle de tctc feulement, & en redref*
fer les erreurs.
Ve la G/û^^aphtf»
Nous devons à Ma
ùnce des cartes de g,^^.^^,.:, ^ . ^,. j^, ,_. .
MUE
glcs. Die la tient elle-même de M. Weiffenbourg ;
mm nous femmes étonnés qu'iU n'aient encore
ponè ni Tun ni Tautre à un plus haut dt^ri de per-
fe^Uon, les uftcnfiles qui fervent à Tétude de
cette fcience.
En effet , ils indiquent les contours des dlffère.ns
pays avec de la chenille , ils parsèment les diverfcs
panies de leurs cartes d*un fable glacé de diffô-
remes manières , & diftinguent les ordres de Vil;
les par des grains de verre plus ou moins gros'.
Nous nous femmes conceniés de marquer les
limites d:ins nos cartes à Tufage des aveugles ,
par des fils de fer minces & arrondis ; & c'cfl
toujours la différence nu de h forme ou de la
grandeur de chaque partie d'une cane, qui aide
Jios élèves à les dîAingutr Tune de Tautrc.
Noms avons imaginé ce moyen de préférence,
M caufe de la facilité qaM nous donne de muUi-
plier » à iVtdc de la preffc , les copies de nos car-
ces originales pour Tufjge des aveugles.
Il fera d'ailleurs plus fafceptib!e que tout autre
€3c fe prêter à rexécutlon des détails les plus dèli-
cratsqui puiffent affeftcr le taél de ces individus ;
& celui de nos premiers élèves s'eft telltmcntpcr-
feâionné dans Tu fa ge des cartes de géographie ,
<|u'on les voit tous les jours avec furpriie , dans
xios ciercices , diflinguer un royaume , une pro-
^ncc, une île» dont on leur prèfente rempreintQ
iiolée, fur un carré de papier.
Di U Mujïque*
En traçant le plan d'éducation des iveuglef ,
zious n'avions d';*bord regardé la mufique que
^ommc un acceffoiru propre à les délaffer de leurs
travaux ; mais les difpofition» naturelles de la plu-
part des aveuglas pour cet art « les reffources qu*il
peut fournir à plufteurs d'entre-eux pour leur fub-
€îftance ; Tintérêt quM paroît infpireraux perfon-
nés qui daignent affider a nos exercices ; tout
Qous a forcé de facriâer notre propre opinion à
Vutilitè générale.
Les aveugles ont des dlfpofitîons naturelles pour
cetarL Un nombre conitdérablcd'cntre-eux, dénués
de moyens pour vivre, faififfeni avec emprelTe-
inentj parbefoin, une profeiBon vers laquelle leur
goût les entrainoit déjà.
Ce n cfl que faute de principes fans doute, que
quelques-uns font réduits à courir les rues, pour
aller de porte en porte déchirer les oreilles » à
faided'un infb^mçnt difcord ou dune voix rau-
que y afin d*arracher une légère pièce de monnoie
qu*àJi kttr donne fouveiu en les priant de fe
taire. .
D'autres t moins infortunés, 6c f«. givrant par
ciioîx à un inAruinem qui leur préfenre plus de
reffourcc, fmvenr la cjr'tc'^ ^Jut. Coupe^in , de»
B Muuir j des Carpen-
MUE
325
Noire înflituiion va leur offrir à fotrs des fe-
cours , foit pour Tétude , foit pour la pratique de
leur art.
Avant nous ^ on éroiti obligé d'apprendre aux
aveugles, par une efpéce de routine, les morceaux
de mufique qu'ils défiroicnt exécuter.
Nous avons fait fondre des caraÔéres de mufi*
que propres à en rtpréfcnter fur le papier tou^ les
traits polTibles , par des reliefs oaiu Le genre
de ceux qu- nous avons imaginés pour figurer lei
paroles*
On nous objc^e, avec ralfon , que nos élèves ne
pourront exécuter fur la muûque; ce n*a j'amats
été notre but. Qu'importe qu*ils rendent leurs
morceaux par cœur, pourvu qu*ils le faffenc fidè-
lement.
ATaide de cotre mufiquc imprimée > Taveugle
peut donc apprendre m^uitenant les principes de
cet art, & mettra enfuite dans fa mémoire Icsdiffc-
rens morceaux dont il dcfirc renrichSr.
Il peut auili fe former une bibliothèque de goût ,'
compofée des plus belles produdion^ mufjcales ,
& enfin nous tranfmetire iui*mème les fruits de
fon propre génie.
Quant à la mufique introduite dans nos exerci-
ces particuliers , nous prions nos kébeurs de ne
la confidércr que comme un dclancment honncfe
que nous nous fommcs vu forcés d'accorder à
nos élèves.
Notre inftitutton cfl dans fon .ongine on ate-
lier dont les d fférens artilles &l ouvriers égaient
de lems en tems leurs travaux par rharmonie. Et
nous nous ft>mmes d'autant moins reifuféà les laif-
fer exécuter quelques morceaux , même dans leurs
exercices publics , que la plupart des pcrfonnes
bienfaifantes qui ont daigné y alTifter, ont lou*
jours témoigné, en les entendant , le plus vif acten-
driffemem.
Telle efl encore une méthode particulière pour
cnfeiancr la Mufique aux aveugles. ( Cette métho-
de eiï rapportée dans le cinquième volume des
tranfaflions de la fociété pour T encourage ment
des arts en Angleterre. )
M. Chcefe, y eft il-dit> a imagine à cet effet
une machine, dans laquelle il fubÛitue aux notes
écrites , des épingles de différentes formes , piquées
dans un couffin.
Le couffin eft attaché fur un chaffis , au haut
duquel font tendus cinq cordons de ficelle, qui
rcpréfenient les. cinq lignes fur lefquelles la Muii-
ques écrie*
Ces cordons font parallèles entr'eux, & s'éeeo-
dent dans toute la longueur du couffin ; & com-
me il y a quelquefois des notes marquées fur des
lignes qui excédent les cinq lV5;ne5 ordinrùres ,
celles-ci font reprcfentées par cplustînc.
Pour écrire la mufique pour l. . n , le coul^
•" * A
-1*"
. MIU E
fin fera d*uae longueur indcfinie. Si large de cînq
ou fix pouces ; les cordons feront dans Tordre fui-
vanr,cn com-mençant parle ba«.
l^ Quatre pettis fils qgi ccrrefpondcnt à la bafc
de rinftrument.
a'. Cinq plus gros fils pour répondre aux notes
de Tinftru lueur,
y", IJncordQït mince, pour rcpréfenier la ligne
dont on peut avoir bcfoln entre la baiTc 6c le def*
fus.
4^. Cinq gros cordons pour le deflus,
5**< Trois petites ficelles , qui repréfenrent les
Agnes qtïand la muftque eft dans le haut*
M, Chccfe décrit de même rgutes les msnïc-
rcs de iltfigner la niuii4iie propre à chaque inf-
ini mer t.
On poi2rroit appliquer cciec mJihoJe à Taiith-
méti([ue, Talgèbre , ik mîm'iî , avec quelques
change mens , à la géométrie.
Des occupa tiq/ts relatives dux métitrs*
Avant la naifiTance de noire înf^irution, qtiel-
ques aveugles, fatigués fans doute de cette iner-
tie k laquelle leur cri Ite fuuatlon fembloitles con-
damner, firent des efforts pour en fortir.
Convaincus de leur aprintde à diverfes occu-
pations manuelles, nous n'eûmes d'autre foin à
cendre que celui de clioifir les travarT qui leur
étoient propres.
On les appliqtn avec fuccès à la filature. Les
enfans aveugles qui font à rinAruâîon dans notre
maifon d'inftitution , filent à Taidc d*nnc machine
fort ingénieufe de l'invention du Sr Hlldcbranc,
mécanicien. Un d'entre eux tourne une roue prin-
cipale » qui donne à plufieurs rouets un mouve-
ment que chaque fileur peut arrêter, accélérer ,
ou ralentir, à fon gté, iVns troubler l'ordre gé-
néral*
Du fil de leur fabnqnc nous rèuffîmes à leur
faire retordre de la ficelle ; & de ccfte ficelle nous
Icurfimes tramer de !a Cmgle,
Les ouvrages an boiffcau , le filet , le tricot ^
U couture, la rermre des IhTes , tout fut tenté
k notre fatîsfaflion ; & nous manc}\james pîmôt
d'tîTt'finç qijc de travaux ? tant il eft d*cfpèceS
r ions manuelles que Ton peut confier aux
qt;i font privés des douceurs de la
iumiere.
D'après ces prefT^iers e(Tais , nous ne ne gli gé-
rons rien pow meure de bonne heure entre les
'1 ;,t:is de chaque enfant aveugle, ne de parens
I \in^ ^ une occtipiîion dont il puiffe tin jOur
"fans ninfi le pen-
^ ac lïeverons de
dans notre tableau*, & den
MUE
D< U mjnurd ifinflmire Us avcu^Us ^ & pafs'u
ic Uar tducdûon avec celle des jourds & mucti*
Comme nous nous fommes pnncîpaUmem attt^
chês à fimpliher les moyens i les u^ïenfiles pi ^
près à înf^ruire les aveugles , nous nous â*ttO
d avoir mis leur éducation à la perlée de tout lé
mcuidc. Cette opération cfl d'ailleurs ''"î^'^ 'i^^îlc
par elle-même, &exi^edcla part du -if
de countge qtie de lumière^. Nous cr'j> - .» ut^nc
n'avoir à ce fujet aucun avis particulier à donner,
A l'aide de n«^s livres en relief, toute perfonoç
pourra leur enfcigner la Icifture.
Sur les œuvres de mufiquo imprimées a notre
prcffc, tout profeileur de cet art leur cn'dofîncri
des leçons.
Avec une plume àùkr^ avec des planches À
d^^s caraâéres mobiles citécutés lur nos modèles ,
le premier maître écrivain leur enfeigncra récri-
ture 6t i'ariîhméfique.
Enfin , il ne faudra que des cartes en relief pSur
diriger leur étude en géographie , 6c atnii du retîe.
Nous ne finirons point cette réflexion fur le d«*ré
de facilité de réduc^rion iW% aveugles , fans en
faire le parallèle avec celui de i uulitutioo de«
fourds & muets.
Quelqu'étonnant que puiflc parottre aux yeitm
du public le réfultnt de nos procédés, noxxi fom-
mes bien éloignés de foufcrire à Tadmiratiori pré-
cipitée de quelques pcrfmnes, qui veulent bien
donner k ce réfultat la prétêrcnce fur l'art àint-
truire ief fourds & muets : art , nous ofons le dire ,
incroyable pour ceux qui n*auroîent point été tè-
moins des fuccès auxqueU il a cond^îit !e vertueux
eccUfiafïique qui en eft le cfé;ueur , 8t dont plu-
ficurs» même de ceux qui ks ont vus, n'ont fa
ni en apprécier le mérite, ni en fentir toute la
difficulté.
Qu'on le fuive en effet pas à pas ; qa*on le prcn*
ne à rindant où il commence à vouloir faire enten-
dre fes premiers fiants à fon éîéve. Qu'on nous
explique par quel talent ench;înteur il apprend à
des iourds à tiiiUnguer les* modes d'un verbe ,
fes temps , les inflexions de fes porfonnes* Que
l'on notis dife comment il infinue dans leur eipric
des idées métaîhyfiques ? Par quel r€crct merveil-
leux il s'en fait entendre au feul mouvement des
lèvres , 8c entretient avec eux unecfpcce de co^
verfation très- ex preffive , toute muette queÙe
eft ? Et Ton conviendra que le calent d^imprimer
dans Tiime des idvjs nouvelles, en parlant aux
yeux fculs, par des geAes tn^niment pi .s clo»
qiiens que tous ceux de nos orateurs, eft btca
fupéHeur aiï talent de réveiller dans Vhm des
idées qui y font déjà gravées , en fiifant concou»
tir Tiinppeflion de la voix fur forganc de Totie
avec la fineffc d'un taft exercé à faifir ks^^^Keà
les plus délicats.
MUE
Il y zviHX long-iems que nous étions foîl!dié<î^
F if un licfir impatient, de payer ce tribut à M.
Abbé de TEpèc ; nous nous applaudiiTonsd^avoir
h le faire dans une circon fiance aufii favorable ^ 8t
nous nous flânons que nos Icélsurs fentiront toute
la jjHtce de notre hommage*
^a UngUfM , des mathématiques , dt thifloire , 6'c.
Ceft pour réîudc de tous ces objets fur-tout,
3 uc ks livres que noos avons imaginas à Tufage
e* aveugles, leur feront d'un grand ftcours.
Les ouvrages élémentaires tics langues , des
mathématiques , de Thi^oire , &c. feront en effet les
premiers tondemens de leur bibliothèque. Ceux
«[u'ils pourroiem produire eux-mCtmes , & qui
auroieni mérité les fuH*rages du pubhc , y trouve-
iQUt leur place à jufte titre-
Nous au ons foin fur-to«t d'y joindre les œuvres
aufTi capables de former le cccur de notre élève
aveugle» que d'orner fon efprit , en pofant pour
liife de fes études celle de la religion,
A Faidede pareils principes, nous lui inculque-
TonsTimour de fes devoirs, & en particulier la
icconnoiilance pourfes bienfaiteurs.
En égalant fes jours par les détails Intéreflans
éc rhilioire, nous lui ferons connoîtrc les Fran-
çois, carmi lefquels il fe félicite d*avoir reçu la
TIC. Nous graverons dans fa mémoire les princi-
paux fiïits de leur hifloire, & les traits de bien*
firfance & dUmmanîté qui fe trouvent mèîés au
licitde leurs exploits.
Nous lui ferons remarquer fur- tout, qu'ils fs
kïM diAinguès de tout tcms par un attachement
MUE
r-7
inviolable pour leur Roi ; & à la peinture fldelle que
iUiùs lui tracerons d'un M >narque , qui, fait
pour infpirer pir lui-même cet attachement, ren*
ferme dans fon équité & fa bienfaifance tous les
motifs particulier^ qui peuvent ajouter à Ténergie
de ce f^*ntiment héréditaire ; il fentira comme
nous , que Tétai le plus dértrable auquel une nation
puifTe parvenir, eu celui ou la founiiffion de plu-
ncurs millions de fujets envers un mahre con^
mun, fe préfente fous Timage de la tendrciTe ref-
pc6^ueyfc d'une grande famille, pour un Père qui
en fait le bonheur*
Tels font les arts nouveaux par lefquels M^
labbc de l'Epèe & M. Haiiy, infpirés par k
religion & par rhuminité , ont fu trouver les
moyens les plus fim;.>les Ôc les plus prompts
de fccourir les fourds & muets & ïes aveugles,
en perfeétlonnant en eux les fcns dont ils jouif-
(^nt , & remplaçant en quelque forte ceux qui
leur manquenr.
Nous ofons croire que ces ans ne paroîtront
point étrangers dans ce diôionnaire, à côté de
ceux que nous avons traités, fi Von confidére
que les procèdes des deux habiles inftltuteurs,
pour ic faire entendre à leur élèves, font d'au-
tant plus merveilleux qu'ils font en quelque
forte mécaniques , & que ces arts ont au fil
leurs inflrumens, &, pour ainfi dire, leur uften-
files pour fuppléer aux fondions des organes
dont les fourds & muets & les aycugles fotu
malheureufcmcnt privés. _
328
MUE
MUE
VOCABULAIB.E
/Vdjectifs. Les noms adjeâîfs font ou pofitifs ,
comme grands f ou comparatifs comme plus grands ^
ou fuperlatifi , comme très -grands , ou exceffifs»
comme trop grands.
Pour exprimer au fourd Si muetle f ofiûf grande
on élève la main droite à une cenaine hauteur , &
Ton y ajoute le figne d'adjeâif. ( Voye^ fuhftanûfs
& adjeàifs).
Pour rigtùûcr plus grand f on arrête un moment
la main à la hauteur du premier figne , on élève
enfuite la main à un degré fupérîeur.
Pour indiquer tris-grand , on fait fucceifiyement
deux paufes à deux hauteurs différentes , on élève
enfuite la main davantage.
Pour Texceflif /ro/7 gr^/zi/, on défiene cette qua-
trième grandeur avec une forte d'effort & d'impa-
tience.
Adjectifs substantifiés , tels que fagi ,
grand , bon , &c. , d*oii dérivent Jagejfc , prudence^
bontés &c. Voîci de quelle manière on bXt entendre
ces noms à un fourd & muer. Pour exprimer» par
exemple , la grandeur^ on fait d'abord le figne de
Tarticle féminin la^ enfuite le fiene de grand ^tn^
y joignant auflitôt le fijjne de iuhftantif ; ce qui
annonce que cet adjeâit s'eft fufoflantifié , & qu'il
fe nomme alors grandeur.
Adverbe; ce mot eft ainfi nommé parce qu'il
fe met devant' ou après le verbe. Voici comme
on l'indique au fourd & muet : fuppofé l'adverbe
grandement y on é'ève la main droite à une certaine
hauteur, puis on l'applique fur la main gauche
(c'l le ligne de radjcôit), & ce gelte lignifie
grand \ mais auflitôt, pour adverbifier cet adjeûif,
on tranfporte la main droite furie côté, parce qu'un
adverbe fe met à côté d'un verbe pour le modifier.
Ce iroifième figne, joint aux deux prccèdcns, figni-
fie grandement.
Alphabet Ubial\ c'eft l'alphabet dont les let-
tres s'apprennent par les fourds & muîts , en obfer-
vant les mouvcmens dés lèvres des perfonnes qui
parlent.
Alphabet manuel; c^cft l'alphabet qui parle
aux yeux en exprimant avec les doigts & les
mains , les différentes lettres employées dans la
compofition des mots d'une langue.
Apostrophe; l'apoflrophe s'indique au fourd
& muet, en faifant en IVrr une apodrophe avec
l'index droit. Il faut y ajouter le fiene mafculin ,
fi rapoftrophe eft fuivie d'un nom lubflantif maf-
culin ; ou le figne féminin , fi le fubftamif qui fuit
eft un nom féminin.
Arithmétique dti avoues. Pour (aire les
opérations de l'arithmétique , les aveugles ont une
planche percée de divers rangs de trous carrés,
propres à recevoir des chiffres mobiles &'des bar«
res , afin de féparer les différentes parties d'une opé-
ration.
Pour l'ufage de cette plinche, les aveugles ont
à leur droite une caffe compofte de quatre rangs
de caffetins , contenant toutes les figures propres
au calcul.
Articles des mots. Pour les faire entendre aux
fourds & muets , on leur fait d'abord obfenrer
les jointures des doigts, des mains, du poignet »
du coude, &c., & on les appelle articles oujoin*
turcs.
On écrit enfuite fur une table, que It^U^ Us^
de^du^desy]6i%Titnt les mots comme nos articles
joienent nos os.
£e mouvement de Yîndex droit , qui s'étend &(ê
replie plufieurs fois en forme de crochet , devient
le figne raifonni que l'on donne à tout article.
L'article mafculin le , 's'exprime en portant la
main au chapeau ; & rarticîé féminin U^cn por-
tant la main à l'oreille.
L'article pluriel les , s'annonce par le moove*
ment répété des quatre doiets d'une ou des deux
mains , en forme de crochet.
De^ du^ de la , des , étant des anides au fécond
cas , il faut ajouter au figne d'article le fiene de
fécond , & enfuite le figne de fingulie^ ou de plu-
riel , de mafculin ou de féminin.
Aveugle ; celui qui eft privé du fens de la
vue, foit en nailTant, loit par accident ou par ma*
ladie.
Caractères typographiques. Ces caradères à
l'ufage des aveugles , doivent être -faits dans le
fens où leur empreinte frappe nos yeux.
Cas , foit dans lefingulier , foi* dans le pluriel ; ce
mot s'exprime de cette manière , pour Tintelli-
gcnce du fourd & muet. On fait rouler l'un fur
l'autre les deux index en déclinant , c'eft-à-dire ,
en defcendant depuis le premier jufqu'au fixième
doigt.
On dèfigne enfuite le fingulier , en élevant le ~
pouce droit en haut ; & le pluriel s'annonce en
remuant plufieurs doigts.
Les deux genres fe différencient en portant la
main au chapeau ou à l'oreille.
Conjonctions ; ainfi nommées , parce qu'elles
fervent à joindre ou des verbes ou des parties de
phrafc.
MUE
Le figfic général pour le fourd Sc muet , cft la
jarâ.en des deux inu^^c en fcririiî de crochet*
Chacjue conjonéiion a» in iépendammcnE du
Cpe général , un figne particulier.
Dactylologie ; roamcrtt de (c faire entendre
va ycuv p^tr les diSèrens ftgncs des doigts.
Ecriture pjr un aveu^U, L'iveugîe it (cri d*une
filiuBc de fer « dont le bec n cR pas fendu ; il écrit
Lini encre Ôc en appuyant fur un papier fo>rt.
1! ippn-a \ àècrire en (uîvant, avec une pointe .
iv :% ranges en forme de lignes, & il
uni a figire Jcs lettres , en fuivartt celles
qm font crcufées Jans quelque mé^al ;en6n il s'ac-
coaiuinc à écrire droit, en mci^ant fur fon papier
un chidls garni intérieurement de pluAturs cor-
liomiiecs parallèles à ia diibnce d'environ neuf
lignes*
I~ E " E pour un aveugle* On ne fe fert point
f • cette écriture ♦ mais on appuie avec
une pium^ de fer, de dqon que le caractère foit
wrchcf , fcparé & un p.'u g os : on ne doit écrire
^«c furie Tç£i9 ou le v^^rfo d*uns page,
Être : le ditie d;: ce vcrbs ert facile à faire
ewcnire slxix ioiiris Si muet*. En pofiint , pour
ainfi dire , les d^rux mains , on leur montre h iicui-
Mn d une perfonne qui ett, ou debout, ou aiTife,
wi genoux, &c.
Géographie dts a^eugUs^ les aveugles ont des
<ancs géographiques à leur ufage, dan«î lefquelWs
les liiti-tes font marquées par des fils de fer min-
ets & arrondis.
/£; ce mot fc fait entendre & comprendre au
fouri & muet , en mettant i*index de la main gau-
che fur le j€ , & en même temps en fe montrant
foi'ïnème avec Tindex de la main droite, & s'en
bppant doucement fur la poitrioe k diverfes re-
pfifcs.
On lui fiiît entendre tu ou la féconde perfon ne ,
en mettmt Tindex de la main gauche fjr ie mot
*flt iScen portant à-ia-fois l'index de la main droite
fiir ta poitrine du fourd & muet » & Icn frappant
doucement plufieurs fois, en lui obfervant queyV
Ikreg*fde»&. qu'il doit aulTi me regarder.
On lui fait comprendre , en fui vaut lanalogie de
procédés femblables , le fens des mots , il , notit^
it&u$ , Us.
Imprimerie J Vufagi des avm^lfï. Les aveugles
mt î",, pour imprimer , un chaflis doublé d*un fond
Je cuivre percé de pIuGeurs rangs de petits trous ,
par leiquîUils font fortir , àTaide d*une pointe , les
rraôères qui font à changer ;
a*. Dans l'intérieur du chaflîs il y a deux ré-
petics en fer mobiles , Tune fur le côté , l'autre au
Bas de la page, & fervant à la juflifier;
3*. Ce chaflîs eft élevé horifontalement en lon-
cur fur quatre t)ieds , dont les deux qui portent le
mmencemcnt de la page, fontptus bas de moitié
e les deux fur Icfquels la fin eft appuyée ;
4*. L*amngemeni des mots doit le faire de gau-
- i^droite;
Arii & Métiers^ Tamt K Partit» /»
MUE 529
5*, On ne fait point de reii ration , maïs on colkî
dos-à-dos , par les extrémités , ks quatre pages
d*une feuille en fortant de la preffe ;
6^Limpofi[ion des cîiaiTis u fait dans un ordre
différent de celui des clair-voyans.
Livre à Vufa^c des nvcugUs, Il doit être corn
pofé d*un papier fort , avec des lettres dont le re-
lief puiile être diftin^ué par ie taft au défaut de
la vue.
Métiers propres aux aveugles* Il y en a plu-*
iîeurs ; \^ fiLuure ^ qui fe fait à IVuîe d*une ma-
chine fort ingémcufe : un des aveugîcs tourne une
roue principale, qui donne à pi ufuurs rouets un
mouvement que chaque tveugle 6leur peut arrê-
ter , accélérer , ou ralentir à fou grc , faiis troubler
le travail des autres.
Les aveugles peuvent raordrt de U ficelle , tr '-
mer de la fzrtgU ; ils font habiles <itf //c/ , au tri-
cot ^ â la reliure des livres , &c.
Muet ; c'eft une perfoime qui ne peut point
prononcer des ib^ns , foit par le défaut de Torgane
de la pirole, fait parce qu'étant pnvée d^ Ibr-
gane de louîe , elle n*a pu entendre , ni par coa*
léquent imiter & répéter les articulations du lan-
gage.
Musique a l'ufige des aveugles. Les aveugles
peuvent avoir des caradèrcs de inufique propres
à en rcpréfenter fur le papier tous les traits pof-
fthles par des reliefs dans le genre de ceux de Té*.
cri:ure.
NÉCESSITÉ. Pour exprimer ce mot à un fourd
& muet, on frappe plufieurs fois & fortement ,
avec le bout de VindexàrQU fur une table.
Nombres cardinaux & ordinaux* Ces nombres
ont chacun les fignes qui leur font propres. Pour
indiquer /wi au fourd & muet, on tient trois
doigts élevés perpendiculairement ; Sc pour dire
iroîfième , on les tient couchés, & on les fait avan^
cer vers foi horizontalement en droite ligne & en
or.îre.
En élevant perpendiculairement depuis un juf-
qu'à neuf, autant de doigts qu'on veut exprimer
de dixaines, & y ajoutant le figne ^èro , qui efl le
m^me que celui d'un 0 , cela fait 10, 20 , 30, &c:
cent s'exprime par un C , mil par une A/.
On rend les nombres très - le nfi blés aux fourds
& muets , en leur faifant compter fur une longue
ficelle des grains de chapelet par dixaine , cen*
lAfiC &: millier.
Plume à V ufage des aveugles ; c*eô une plume
de fer , dont le bec n'ed pas tindu , pour graver les
lettres fur un papier fort.
Possibilité» A^our exprimer ce mot à un fourd
& muet , on regarde à u droite un oui , & à fa
gauche un non^ paroi (Tant incertain lequel des deux
ai rivera.
Prépositions , ainfi appelées , parce qu'elles
fe pofent devant les mots qu'elles ré^ilîenr. Le figne
général qui leur convient à toutes , fe fait en cour*
Sant les doigts de la main gauche , & faifant
T f
330
MUE
fnarchcr h main clans cette fituation, iè gauche à-
ciroite , fur la ligne qu'on Ht ou qu'on écrit.
Chaque prépofition a aufll fon figne particulier.
Par exemple, avec s'exprime encore par les deu*
mains vis à- vis l'un^ de Tautre.
Dans y s'cjt 3rime en f rmant les quatre doigts de
la m .in gauche , & y faifant entrer Tin ;ex de la
miin droite , ou en mettant une main dans fa
poche.
En , fe fait enteilire par Vindcx perpendiculaire-
ment élevé au 'deflfus d'une table , & le pofant
fucceffivement fur différens endroits fans s'arrêter
i aucun.
Contre > s'indique en faifant venir direâement ^
plufieurs fois les deux index Tun contre l'autre ,
comme pour fe battre.
Par, s'expiique en faifant pafler fa main droite
à travers le pouce & l'index de la main gauche, &c.
Pronoms. Pour exprimer par fignes aux fourds
& muets ce que c*efl qu'un pronom , on fait un
rond avec un crayon fur U table , & on y met, fi
l'on veut, une t^b. t è e ; on la pouffe enfuite hors
de c rond , & l'on y fubftiiue autre chofe.
Cefl là le figne commun à tou!> les pronoms, qui
font d* s mots qui fe mettent à la place d'autres
noms ; mais chacun a au fi fon figne particulier.
Pour indiquer le pronom je , on fait avec fa
m lin droire une efpéce de demi-cercle en l'appro-
chant de fa poitrine.
Pour le pronom moi , on fe frappe très-doucement
la poitrine à plus j'une reprife.
C'eA le mcme figne pour me ; mais fur le champ
on porte ) index <\t la main droite lur celui de la
main gauche , pour faire entendre que ce pronom
eft conjonâif.
Mon , ma , mes , font des pronoms poflefiifs , qui
s^eyprimenten fe montrant foi- même d* une main,
& de l'autre la cho^e qu'on dit, être à foi ; on y
joint U figne d'aHjcâif , & c^ux du nombre & du
genre qui conviennent.
Le rn'ei ^ la mienne ^ les miens ^ les miennes ^ fe
font enie:idre d'abord par le figne a'ariicl«: , en-
fuire par les mê.nes fignes que pour mon, ma ,
moî.
Pour les pronoms tu , foi, on fait le figne de
la féconde pcrfonn^* d'un verbe, & on y ajoute
les fignes de conjonâif ou de poflf flif , de nom-
bre (k de genre qui conviennent.
//, elle , fui g foi ^ ils^ elles , eux , leur, s'expri-
ment par le fign de la troifiè.ne perfonne d'un
verbe, avtcles fignes de conjonffif ou de pof-
fefiif,& ceux de nom'-re & de genre.
Pour les articles le , la^ les , un premier figne
"MUE
Sn'lque les perfonn^s dont on parle, un fecoik
fi:.ne annonce la conjonâlon avec le verbe don
ils font le régime.
Les pronoms démonfirati^s et ^ cet ^ cette ^ ces
fe montrent du bout du doigt , au'on approche di
la chofe même à laquelle ils (e rapportent, oi
avec l'index fans en approcher.
Les pronoms interrogatifs qui , que , qtul , quelle
laquelle j lequel , lefquelles « ie dLéfignenc par m
gcAe interrogatif.
Lorfque ces mêmes pronoms font feulement re
latifs, on met fur eux l'index droit, & on le pon<
à l'infiant fur le nom fubftantif, ou fur le pro
nom qui en tient lieu.
Le que^ fimple conjonâlon entre deux verbes
fe repréfente en faifant de l'index droit & di
gauche , deux crochets qui fe joignent enfemble.
Les autres que ont des fignes auffi différens qiK
la fignification de ces mots eft elle-mdme diA&
rente.
Sourd ; celui qui , par un défaut de l'orgaoc
de l'ouie , n'entend point les fons , & qui , m
pouvant imiter la parole ou l'articulation des mots
d'une langue, relie muet.
Substantifs et adjectifs. Pour montrer au
fourds & muets la différence fenfible oe ca
eff>èces de noms, l'infi. tuteur prend des cartes,
il écrit fur l'une de ces cartes un fubftamif, pai
exemple , le nom de Pierre j & place ^ette carte ï
fa main gauche.
Il écri: tnfuite fur chacune des autres canes,
un adjedif, tel que gr«2/ii , petite ruh: ^ 6*c., &
met ce^ autres cartes à (7^ droite.
Pi.rre venant à entrer, s'il eA de haute taille ^
on met fur fon nom la carte où eA écrit V^>
s'il efi de petite taille, on y m<st celle où eft l'ad-
]t(k\f petit ^ &c.
Ainfi Pierre étant le fubftantif fe trouve def-
fous , fub flat. Des adjetlfi expriment les qua-
lités qu'on ajoute à fon nom.
Verbes; ils font comoofés de perfonnes,de
nombres , de temp' & de modes.
0.1 fait réciter d'abord aux fourds & moffS^
par des fignes, la dffèrence des perfonnts & <ics
nombres , comme on l'a dit dans d autres a tîcles*
Enfuite , pour marquer le p^zfent , on fiCit le geft*
de prendre à témoins les fpoôateurs ; pour \tpdpi
on jette la m^in du coié de Tép^ulc ; pour k
futur ^ on avance la main droite direâemeat d^
vaut foi, &c.
Poir marquer le mode du verbe, commet'*
pirafify on fait un figne de la main & des yc <>
& pour le fupplUatif on joint les main s , &c* &^
( Art de rëcolter et de préparer ces Épiées).
DE LA MUSCADE.
J-i 4 HUIT TTiiifcidc efl un friiît aromatique qiîl
Vient naturellement dans les iil-s Moîuques, 3c
^\ion cultive avec beaucoup de foLa dans la pro-
vince de Banda.
L*arbre qui le produit efl de la grandeur d'un
poirier- Le bois de cet arbre efl moëilcux , 6c
r^^n êcorce cA cendr^'e; fes feuilles, fcmbUbles à
tcrllts du pêcher , font verdâtres en deflus &
Llanchâtres en deflbus, hm queue. Ces feuilles
cDnt froirTces ont une odeur pénétrante.
Sa fleur ^ d'une couleur jaunâtre, & d*iinc odeur
fort ftiavc, t'A formée en rofc.
Le fruit qui lui fucccde e(l de la grofleur d'une
petite orarge, fufpenduc à un long pédicule, &
fbn noyau eft enveloppé dans trois écorces.
L\ première de ces écofces eA molle» épatlTe
dVnvironun doigt, velue muiïe 5 parfeméedetacliîs
jaunes 8c purpurines. Celte ccorce groinére, d'un
goût acerlve, s*ouvre dVUe-méme dans fa niaruritè.
La foconde écorce tft une forte de membrane
fcticuliire, d*une lubAance vifqucufe & huileufe ,
é\mç odeur aromatique & d'une faveur acre.*
La troifième écorce eA une coque dure, mince
&ligneufc, d'un biun roufâtrc, laquelle contient
Ja noix mLfc^de,
Cette noix eA ovale, à- peu près comme une
olive , d*une couleur brune cerdrée : elle cA dure
& fragile, panacbée intérieurement de nuances
jaunâtiès et d*un rouge brun. Sou odeur cA agr^a*
blé, fa faveur eA à-la-fois acre , fuave & amèie ;
la fubAance eA huileufe.
On diflingue deux efpéces de noix mufcades ,
Vunt pmelU ^ ^^^utre mJle.
La première eft de U figure d'une olive ; c'eft
Ctlls dont on fait ordinairtmenc ufage.
La fecmide, que les Hollaiidois nomment jUjaj^-
ftfi-, eA plrs aloiîgéc , moins aromatique, Si par
conféqucrit moins recherchée.
Les HuLandois en diAinguent encore plufieurs
efpcces » entre autres une <{\û cil fans odeur ,
d*ufî goût dcf;igréable , que les vers rongent faci-
lement ,& qu'il c;A expreÀément défendu de mêler
avec les autres, parce qu'elle les corrompt*
Il y a auffi des noix mufcades fauvages.
Lorfque les noix mufcades font mûres * ceux
qui font prépofés pour les récolter montent fur
Tarbre , & les cueillent en tirant à eux les bran-
ches avec de longs crochets. Comme elles font
pour lors renfermées dans une efpéce de trou ,
ou féconde écorce , on les en (epar c en les ouvrani
avec un couteau.
Ces noix étant ainA dépouillées, on en enlève
foigneufement le m.tcis avec un petit cruteau.
Ce macis, nommé aufB Aeurs de mufcadc,
qu'on trouve fur h première écorce, cA une
enveloppe ou membrane h rcfeau, partagée cb
plufieurs lanières , d'aune fubflance vifqueufe ,
d'une odeur ttë* aromatique , d'une faveur affêz
gracieufe , & d'une couki^r rouge - jaunâtre , qui
eft immédiatement fur la noix mufcade.
On fait fécher ce macis au foleil pendant un
jour , on le tranfporie enfuite dans un autre endroit
moins expofé aux rayons du fuletl , & on l'y
laiAe pendant huit jours ; après qu'il s'y eA un peu
ramolli , on l'arrofe avec de Icau de mer, en
obfervant de ne paî en mettre trop , parce que
le macis fe pourri roi t , & que les vers ^'y met-
troienr. On le renferme enfuite dans de petits
facs en le preffant fortement.
Pendant que les noix mufcades font encore
revcît:e; de leur coque Irgneufe , en les met au
foleiî pendant trois jours ; on les fait enfuite fèchcr
près du feu jufqu à ce qiî'ellfs rendent un fon
quand on les agite. Alors on les frappe avec un
petit bâton pour les débnrrafler de l^ur coque.
Les noix mufcades étant devenues marchandes
après ces opérations , en les dlAribue en trois
tas ; les phis grandes 6i les p'.us bellts , qu'on de(r^
tine pour rEurcpe, forment le premier ; dans le
fécond on mi^î les moini belles , qui fervent à Tu-
fage du pays ; 6c on defline les plus petites , qui
tormcnt le troifiéme tas , :i eu tirer de Thuile par
expreilion.
Une livre de ces t>oix donne ordinairement
trois onces d'huile aromatique qui a la confifl nce
du fuif. On tire par la diAiMatiun , foitde la noix ,
foit du WiïL/j, une huile eifenticlle , trûnfparentc ,
&d'un parfum exqui*s,
Ttî}
33a
MUS
les noix qn*on dcftine pour le commerce fe
corromproient bientôt, û on n'avoit le foin de
les confire avec de Teau de chaux, faite de coauil-
lages calcinés, qu'on détrempe avec de Teau falée ,
& qu'on réduit à la confiftancc d'une bouillie
fluide. Ayant mis les mufcadcs dans une petite
corbeille à claire-voie > on les plonge dan» cette
eau piéparée jufqu'à ce qu'elles foient totalement
enduites de cette liqueur.
On les met enfuite en un tas , oii elles s'échauf-
fent , & oïl s'évapore toute rhumidité fuj-tn-flue ;
après qu'elles ont fué fuffiiamment , elles font pro-
pres à pzffcr la mer fans courir aucun danger.
Lorfqu'on veut confire de ces mufcades pour
le deffcrt , on les cueille avant d'être mûres ; on
les perce avec une aiguille ; on les fait bouillir dans
l'eau , & on les y laiiie tremper pendant dix jours
I)our qu elles perdent l'âpreté de leur faveur ; on
es cuit légèrement dans un fyrop de fucre ; &
lorfqu'on veut qu'elles foient fermes , on y jette
un peu de chaux.
Cette première opération n'étant pas fufilfante ,
on la répète huit jours après dans un nouveau
firop , d'où on les retire encore pour les mettre
dans un troifièmc qui foLt un peu plus épais ;
on les conferve enfuite^ dans un pot de terre
bien fermé.
Il y a une autre manière de les confire ; qui eft
de les mettre d*abord dans de la faumure ou dans
du vinaigre ; quand on veut en manger , on les
fait macérer dans l'eau douce , après quoi on les
fait cuire dans un fyrop de fucre.
Les Ho-.landois ont trouvé le moyen de s'em-
parer de prefque tout le comm;:rce de la mufcade ,
foît à titre de conquête , foit en payant aux Infu-
laires des penfions qui leur font plus utiles que
le produit de leurs arbres. Cependant les foins de
M. Poivre font efpérer i!e tirer un jour des muf-
cades de riHc-Jc-France, où plufieurs milliers de
plan:s de mulcadiers ont dcji très-bien rciiffi.
Girofle, clou de Girofle.
Le girofle eft un fruit aromatique, ou plutôt la
fl«ur deiïcchée du giroflier avec le calice , le ger-
me & le bouton.
Ce fruit a la figure d'un clou de fix à huit lignes
de longueur ; il eft prefqjie ouadrangulaire ,
ridé, & d*un brun noirâtre. Son (ommet eft cou-
ronné par quatre petits pointes en forme d'étoile ,
entre lefquellcs s'élève une tête de la grolfeur
d'un petit pois , laquelle cfl formée par des feuil-
les tres-petitcs , appliquées les unes fur les autres
comme des écailles.
Loîfqiion écarte ces feuilles, on aperçoit plu-
fieurs fibres roufTâtres, & dans leur centre un ftyle
droit qui porte le petit bouton de la fleur.
Ia: giroflier y ou l'arbre qui produit ces fruits » croît
dans les Ifles Moluques, firuées prés de l'Equateur.
Cet arbre eft de la grandeur & de la forme
du laurier. Le bois en eft dur , branchu » & revêtu
MUS
dfurte écorce pareille à celle de rolmer. Ses
branches fe portent au large » font d'une couleur
roufle- claire « tk garnies de beaucoup de feutUes
alternes » fufpendues à une queue longuéd'un pouce.
Les fleurs fe groupent à Textrémité des rameaux :
elles font en rofe à quatre pétales bleus , d'une
odeur forte & pénétrante.
Le milieu de ces fleurs eft garni.d*un grand nom-
bre d'ét;)niine$ purpurines avec leurs fommets.
Le calice des fleurs eft cylindrique, panagé en
quatre parties à fon extrémité ; il fe change , par
la màti rite en , un fruit ovoïde , ayant une caplule
dont la couleur , après différentes nuances , devient
d'un brun noirâtre.
Elle renferme une amande oblongue, dure, &
creuféed'un fillon longitudinal.
Quand ce fruit eft mur , on l'appçlle anrofie de
girofle , clou mjtr'ce. Il ne tombe de l'arbre que
l'année fuivante , en perdant beaucoup de (on
od.ur & de fa faveur aromatiques ; mais il eft
alors dans Tétat propre à la plantation ; étant
femé 9 il germe , & d.'ins Tefpace de huit à neuf ans
il forme un grand arbre en bon rapport. On récolte
les clous de girofle depuis le mois d*oaobre jul-
qu'en février , avant que les fleurs s'épanouiflenr.
La cueillette s*en fait avec les mains , ou bien on
les fait tomber avec de longues verges. On dépofe
ordinairement ces fruits fur des linges étendus
fous les arbres ; & fi on les reçoit à terre , on a foin
aupar«ivant d'en ôter Therbe 6i toutes les falerés.
Les clous de girofle . qui font d'abord d'une coo*
leur rou^Tâtre , deviennent noirâtres en feTéchant»
foit au foleil , foit à la fumée du feu auquel ils -
fort expofés pendant quelques jours fur des claies.
Ce (ont les Hollandois'éiablis à Ternate& à
Amboine, qui fe font emparés de la culture, delà
récolte & de la préparation des clous de girofle,
dont ils font l'exportation & !e commerce cxclufif.
Leurs magafins orientaux font à Amboine, dans
le fort de la Viftoirc, & c'e'Uîi que les habitaiis
fent obligés de porter leur récolte.
On co;:fit dans du fucre les clotîs m:itriccs venus
du girofle ; & l'on prétend quiîs font alors excel-
lens dans les voyages fur mer , pour faciliter
la digeftion & garan ir du fcorbut.
Les clous de girofle rendent par expreATion une
huile épaiffe,. rouflatre , très-arom.iiique ; & par
la diftillation une huile eflcruicHe, qui eft d'ihord
claire , légère & jiùnâtre» & qui de\ient enfuite
rouiïâtre , épaifl'e & pefantc.
On a eflayé à l'Iflc-de- France, des plants de
girofli:rs, comme on a fait des mufcjidiers , &
l'on efpère qu'ils rapporteront dans quelques années
des Iruirs en aflez g.nnde quantité pour la
confommation du royaume.
Cannelle.
La cannelle ou Ciftr.^mcmum , eft la féconde
écorce d'un arbre appelé cannelliet , qui croît prin-
cipalement dans 1 ifie de Ccylan.
MUS
C<f arbre &*£lève a la hauteur de trois à quatre
[ toifcs. Ses racines , groSfes 6c fibreufes , font cou-
vertes d*aiic écorc€ qui a une odeur de camphre.
Lç boif en cannetUer cft dur j blanchiure , &
(lot odeur. Le tronc & les branches, <\m font en
■{fiAd nombre, onr une ccorcc vtr te d'abord, iît
qm dcTlem mwge avec le temps* Les teuTlks font
odorantes, 6t reilemblenr k celles du laurier* Svs
fi^uTsfont d'nne odeur délicieufe ; elies ibnt ptù-
tw*f, étoilées, bhnchâtres elles ont fix pétales, ëi
tbnneQt des bouquets à rextrétnité des rameaux.
 ces ^eurs fuccèdent des baies ovales , Ion*
nies de quatre à cinq lignes, d*un brun bleuâtre ,
& tachetées de petits points blancs.
Ces baies contiennent fous une pulpe verte ,
ônôueufe Sl aromatique, un pnit noyau qui cou-
vre une amaude de couleur purpurine.
Qainr à la récolte de la cannelle , elle fe fait
hm la faifon ou la fève cft abondante, & où les
arbres commencent à fleurir. A^ors on détache la
féconde Aorcc des petits cannellitrs de trois ans ,
on r^ette comme inutile fécorce extérieure , qui
dl èpaiHe grîfe « & rabbteufe.
La cjLnndU ou cette féconde écrirce qui efl tnmce ,
k coupe par lames longues de trois à quatre
pieds ; on Texpofe au (oleil , & elle s*y roule
d'elle-même de la ^roffeur du doigt. Sa couleur
devient alors d'un jaune rougcàrre. Son goût cft
icre& piquant, mjis d'un parfum agrc;ibk.
On dirtingue fr0ï> fartes de cannelle , la fne , la
Guyenne fit la grQjflère , fui vaut Tàge des arbres , leur
JHïiIt;on, leur culture, & leurs différentes parties.
Après que la cannelle a été enlevée , farbrc
'cfle Dud pendant deux.xu trois ans; mus au bout
de ce tem^^s le cannellier fc trouve icvétu d'une
|nouirélle écorce, fie donne un nouveau produit.
n n^ a rien à perdre de toutes les piirties du
laocUJer. Son écorcc , fa racine, fon tronc, fçs
^tigç^, fcs feuilles , fes fleur* , fon fruit fournie
^Kr-{ des eaux diflillées , dev fels volatlU , du v/un-
phre, du fLif ou de la cire, des huiles pt.*cieu-
fcr* : Ton en cotrpofe des firops, deb j ^Juiles ,
des eilences odor itérantes,
Loffîue la cannelle cA récente, on retire d^i-îT
livre plus de trois gros d'huile eiTt.r:içlle ; malvfi
dk tft vieilie, c'Ie en rend très^ peu : auifi la bonrte
eilcQce a-t-dle été diftilléeà Ceylan , ou à Baravia,
Cenc huile étant d*un bon dl-bit de tort chère ,
tmlfqu'unc once coûte jufqu'à quatre- virg^t-dix
livres , i: »ft ilTcz ordinaire qu*on la débite faififiée
iircc l'hu'î c de girofle ou même ^vcc /huile ^îe B^n.
1 cnticlrt: de Técotce du cpprcitier ,
(pjs ^iï pure» tombe àu fond delVaiu On
jic peut \\ confcrver que dans un flacon hermé-
tiquement bouché. Quelquefois elle fc convertit
en un fe! qui a les vertus de la cannelle y & qui
fù diAbf^ dans Teau.
On retire par la diflillation de lecorce de la
riciae , une huile fit un fel vobtll ou du campkre.
MUS
353
Cette huile efl d*un goût fort vif » fit fe vobri-
life aifement* Son odeur participe de celle de la
cannelle 6c du camphre.
Le cam; bre qu'on tire de la cannelle cft blanc ;
fon odeur eft moms forte que celle du cam-
phre ordinaire, Il tft uès-voUiîl iU fort facile 4
s*enflammer> Ll ne laiffe point de réûdu après (i
cumbuflion-
Les feuilles du cannellier mlfes ca difllUatlon ,
donnent une huile qui a Todeur de girofle : elle cft
d'abord trouble ; mais elle s'écUircit enfuite , 6c
eîie acquiert prefaue les mêmes propriétés que
celles de l'ccorce. Son odeur efl ttb-fuave fie très-
agréable.
On tire des fruits , par la dtfltllatron, une huile
edentîcllc dont l'odcui:^ tient du girofle, du genté*
vre fit de la cannelle.
On en tire par la dccoâion une efpêce de graifie
d*iine odeur pénétrante , qui a la couleur fie la
confiftancc du fuif , fie qu'on met en p^ins comme
le fa von : ctite fubflance fO appelée cire de la
cajintUc, parce q»'en effet le roi de Ondy , dans le
Mongoliflm , en fait f<iire dss bougies qui répan-
dent avec la lumière une odeur ti ès-fuave.
Les vieux troncs du caonelâer pr feotînt des
nœuds rédnçux qti oi^t IVdeur ou Koîs'de rofe ,
fk qui ftroie' L u 4. -propres pour certains ouvra-
ges d*ebénifter:e.
La cannelle ma:ic ell récoree d'*« vie» X troncs de
cannclîcrs, quon rqeftc cojfiini. Uiff tort infé-
rieure à tous égards à la fine ca ncuc.
La cannL'lle dont les HolUndoïS font f \\h le
commerce, fe récolte dans un efpace dcnvir'Mi
quatorze îienes , le long des fjords de la m;r k Ccy-
lan ; cet endroit porte le nom de champ Je la cj/î-
r.elle , & s*étend depuis Négambo jufqu'à G A*
Hères. Ils r<* Wufent croîrreque la qwanûte a'arbres
nécefiaircj a leur n^J^cKC , ik ils oar foin de faire
arrach.r tous les plants qui croiflTent ailleurs.
Cc'-eiidant on cft parvenu à naturalifcr, depuis
piiifijurs années , le cair-eilter dans quelques-unes
de nos tflç;s de rAniènL|uc; mai> c'tft au temps, à
la perfévér.mce fit à rint-iligence à perfection-
ner la culiurc de cet arbre fi précieux > 8c fi fécond
en propriétés de toi^rc tf, ece,
Oi peut être irompt le deux façons dans Tachât
de îa cannelii-, ou p^v julfJJjutio/j ou par aUiratlon*
i"". Dans le premier css, on vend pour la vraie
cann^l'e l'éccrce du cajfia llf^nea. Mais voici les
diflcrct ces par letquclles on pcui dlflinguer Tune
de Fautre.
La cannelle de Cey lan efl longue, mince, caf-
fante , roulée fur elle-même en bâtons rougeâ-
très, d'une faveur piquante, mats agréable &
aromaiiquc ; au lieu ((ue le <:a£l^ lifn:^ Ve(ï
be^îucoup moins ; fou écorcc eft épaiflfi, 6l quand
on la mâche elle devient mucl'ag^neufe, ce qui
n'arrive pas à la bonne cannelle.
La cannelle blanche qu'on tire des Mes de fatnt
DominguG fie de Madagafcar cft plus épai Je , d ua
334
MUS
blanc fale 6c cendré , d'une odeur de mufcade ,
& d*tine faveur trés-âcre & très-piquante.
2®. Par altération on vend la cannelle après
avoir été diftillée. Dans cet état , elle conferre
encore un peu de parfum , mais elle eft dépouil-
lée de la plus grande partie de fon huile eflentielle :
il ne lui refte qu*une faveur très-piquante & même
aflez défagréable. La fraude eft par conféquent
facile à découvrir.
Des bougies frottées d*huile eflentielle de can-
nelle» répandent avec la lumière Todeur la plus
agréable dans un appartement.
On fait d'ailleurs Tufage que Ton fait de la can-
nelle , & des autres efpèces pour les ratafias , les
liqueurs , les eaux odorantes > les parfums » &c.
Cannelle des Ifles de France 6» de Bourbon*
Voici des détails curieux à cet égird dans le
Journal des Ifles de France & de Bourbon , n^ 4 ,
du 6 août 1787.
Le rédafteur obferve d'abord qu'il fe préfente ,
pour ces deux Ifles , une nouvelle branche de cul-
ture , aifée , peu difpendieufe , & dont le fuccés
paroît certain y celle du cannellier. La corrcfpon-
Hance fuivantc , relative à cette plante , ne peut
manquer d^infpirer une jufle eflime pour le citoyen
utile, dont le principal motif, en la foignant ,
a été d ouvrir une nouvelle fource dlnduftrie &
de richcfles nationales ; & certainement elle donne
à M^L les Adminiftrateiîrs , toujours empreffès
à fccondcr les vues de bienfaifance & d utilité
qu*on leur propofe , de nouveaux droits à la recon-
noiflance publique,
Premïcn lettre de M. deCoflîgny, Ingénieur des
colonies , Chevalier de S, Louis , 6» correfpon-
djirt de V Académie royale des fciences ^ à MM,
/" J'ioTTife de Sv-^iiilUc 6» Motais de Narbonne ,
c,7 date du 12 juillet 1787.
M :{ri€urs , j*implore votre proteûion & votre
hicr.fi.irance en faveur des colons des Ifles de
France & de Bourbon , qui fe livreront à la cul-
ture du cannell'ie^. Daignez folliclter auprès du
minifîrc, Tcxempiion de tous droits ponr Tim-
portaiion en France, de In cannelle du crû de ces
Iflî-. Peut-être feroit-i! à propos , dans la vue
d'encourager la culture ducinml'ier, que le gou-
vemcTTcnt acordAt une gratification , pendint 30
ans, U\T Fimporra ion de cette denrée en France ;
cette faveur r.c \v.\ f.-roit pss fort à charge ; car
on ne peut retirer le prc:r.icr produit du cannellier ,
qu'api 65 fjpt ou hnitans de iranfpîantation. Mais
il ne m';ppartiu:t pr.s dî trai:cr cette queilion ,
& jcmîbcrnjâ Tcxpofi des f^its que j*<iikvous
rapport» r.
J'ai envoyé en France , par le vaiflTeau l*Eli'
pliéi/i: , pîrri d'ici au mois de mars 178c , deux
cent cin^juantc livres de cannelle préparée à Pal-
MUS
ma, fuivant la méthode que î*û détaillée dansu
écrit public qui a été imprimé ici en norcnke
1784. Tai toujours regardé cette ècorce coiune
une cannelle brute , parce qu'elle a M tirée des
branches de Tarbre avant qu'il ait étt recépi
Les Hollandois , qui ont grand foin de rccépèr
tous les cannellicrs qu'ils cultivent à Ceylan »
recueillent annuellement une quantité médiocre de
cette cannelle brute , qu'ils nomment cannelle de
féconde qualité. Ils n'en envoient point en Euro-
pe , mais ils la vendent dans les Indes à un prii
très-bas. La cannelle fine ne fe tire que desitjc-
tons de deux ou trois ans, qui ont pris naiflânce
fur les arbres recépés. Celle-ci ed réfcrvée pov
l'Europe. Je l'avois préfumé ainfi d'après mes obfer-
yations ; elles me laifToient fi peu de doute , qne
je l'ai avancé comme un fait pofitif , dans le mbat
écrit que j'ai eu l'honneur de vous citer ; mis
depuis cette époque , j'ai eu la confirmatioo de
cette vérité par mes correfpondans : on m'a mtm
afluré de plus que les Hollandois ne domioîtDt
aucune préparation à leur cannelle , foit fiae ,
foît brute. J'ignore ce qui en eft : il eft poffiUe
que la cannelle fine n'ait pas befoin de préparatioai
mais je fuis perfuadé que la brute acquiert parce
moyen des qualités qu'elle n'auroit pas.
Quoi qu'il en foit , celle que j'ai envoyée i 1*0*
rient en 1785 , avoit été préparée fuivaot m
méthode. Mon correfpondant ne m'en avoit reodi
aucun compte rannéederoiére ; il l'avoit vtaifen-
blablement oubliée , & peut-être ravoit-ii oMi'
^ée. Elle a du perdre de fa Qualité en vieilli/um.
Mais j'ai reçu par le vaiflcau le Breton , arrivé id
en mai dernier , le compte de vente de cette can-
nelle ; cette vente a été faite à la fin de 1786, ft
par conféquent deux ans après la préparation de
cette écorcc. Une grande partie a été avariie ,
parce qu'elle étoit dans des facs de voakoa ; elle
a été vendue 4 llv. la livre ; une autre partie de
cette cannelle, montant à i^o livres net, non an-
née , a été vendue 8 liv. i fol. Permettez-moi ,
Meflleurs , d'ajouter ici quelques obfervaroos*
I®. Ce prix eft très-encourageant, vu la qifl"
lité inférieure de cette cannelle ; car j'ai lu dans le
Jjurnal général de France ^ année 1786, quel»
compagnie de Hollande ne vendoit à Amflenbn
fa cannelle fine que 10 à 11 liv. la livre. M. //m^i
qui a envoyé en France vingt livres de clous de
girofle crcoi«rs de Bourbon , m'a écrit qu'on P*e»
avoit offert à fon correfpondant à l'Orlcni que i
liv. la livre.
2^. I! me paroît certain que la cannelle fine de
notre Ifl: , c'cft-à-dirc , celle tirée des rejctoasde
2 ou 3 ans des arbres qvi auront été rccéfés»OC
fera pas inférieure à celle de Ceylan.
3®. Le dépouillement 6c la préparation d'envi-
ron 300 liv. de cannelle n: m'ont pas coûté, pont
aiiifi dire , une journée de noir j : ce font mes
domcftiques & les convalefccns de mon hôpital,
qui 0.1: été chargés do ce travail pendant deux
MUS
rooîf ; aâncllemenc mcme , on en prépare à Pal-
an depiui deux mois environ, &)Vn ai déjà plus
de )oo libres de prêtes.
4*. Au lieu de Temballer dans desfacs de voakoa ,
cuinc la préfervent pas tout-à-fait de rhumidiié ,
éi qui rcatjfofent à être rompue , ce qui diminue
r&Qprix , je penfe qu'il vaut mieux lam.ttre dans
de« barriques bien can»Jitionnèes.
Le canndter rèfifle beaucoup mi:t]x que le giro-
ikr 3UX intimpéries des failons , ^ même aux
çtiiagans* Le coup de vent du meis de décembre
dcraier, qut a lit fi funerte aux girofliers de la
colonie , n'a pas détruit un feul cannullitr d^ Pa!ma,
JcTiisquepluûcurs cannellicrs de l'Iûe , qulétoieni
fonliauis, ont été ciffés, & quelques-uns méine
(iètriuts y mais on n*a donné aucun foin a ces der-
niers : èc j'obfcrve que la culture de ces arbres ,
brfqu'on veut en retirer un produit, exige abfo*
Iwmem qu'on les recèpe : par-là ils font moins expo-
I Tes aux ctForis du vent , qui peut rompre quelques
rejetons > mais non détruire Ls arbres. J ajoute
qu'ils deoiaiident moins de foins c^ucks girofliers.
Je ne répéterai point ici ^ M.flieurs , ce que i*ai
dqî détaillé dans un ouvrage public fur la culture
ducinneliier y & fu: la préparation de Ton éco'ce;
mats jf prends rengagement de rendre compte à la
Cfilnnic, du produii de la cannelle une du cru de
Pa'ma, que }e compte emporter en France 1 an-
née prodiaine.
Si vous jugez, Melleurs, mes obfcrvarîons irté-
rvITaaicSt je vous dt^mandc la permilHon de faire
itu^Timer cette lettre dans le premier numéro du
Journal des liles.
J'ai Th nneur d'érrc avec un profond refpeéî ^
Mcficurs , Sic. COSSIGNY.
S^fQftp de MM* Us Ai'm-nïjlrattUTs y en date du
ï4 JuiJtt*
Vos obfervations , Morfieur , fijr lecannellier ^
fur la manière de Ta voir de meilleure qt a ité , &
fcrfa Culture, font fi iurèrcflaïues pour ce*t^' colo-
nie en «énéral , & pour c^uxtn partitulitr qui fe
juropofeni d*t n faire un jour un objet d'expov ta-
rie n , que loin de nous borner à en permettre la
publicité» nous vous prons au contraire, avec
"^ .de fiâire inférer dans le premier numéro
d\ de cette Iflv' , la lettre que vous nom
iasî.s t'hijnncur de nous écrire fur c^^tie matière
" ntjort «nie,
N"u^ ferions donc très-blâmables d'éfe mr^îns
^fir«.i]x que vous de répandre vos Ivmié e*^. Nous
emanHtfriïns, en conCéquenLe de vïh inftun^cs ,
mmid c du dèpane*nertt, \' à c^luî de U ti- an-
, l'cxcmprion de tous droits fur la cannelle, &
iéme un enc^ut g m^nt pour fon imporraiion en
Vance , m i^ nous dtftreri'ms avoir à annonce r en
I. mtrt.mp^ un vnvfi de cette prctieufl è| iceric ,
&oa&^ y PUS plions de nous en iriAtuire dans le
MUS
335
temps, foît qu*ii s'agiffc des produftions de PaU
ma » ou de toute autre partie de la colonie.
Nous avons riionncur o être avec un rrè-^-âncàre
attachement , &c, ie Vicomte D£ Souillac ,
MOTAIS DE NaRBONNE.
Secande lettre de M. de Co/îlgny, Ingénieur des
colonies y Chnalur de S, Limis ^ & corrcffon^
dant de C Académie royale des fàcnces ^ a MAS,
ie Vkomte de Souillac ù Motais de Nai bonne.
Mcfîreurs t 1g defletn que vous avez de foUIcN
ter auprès dit minière de la Marine, &aup:è>de
celui des Finirtces , Texemption de tous droits , &
inèm;-* uncgratittcationpour l'impur taion en France
de la cannelle du crû des deux liles, ne fauroîi être
publia tiop tôt. On y rccoanoitra ces fentimens
de bi'jntaifance qui vous ont toujours animés pour
Ja profpérité des colonies confiées à vos foins patrio-
nque> j & je ne doute pas qu'ils ne contribuent à
étendre la culture du cannelfier.
D'un autre côté, Tattent-on que vous avez de
vouloir être inftrnits de rer.voi de cette épicerie ,
mettra radnitniftrarion dans le cas de fuivre les
progrés de cette culture, 6c les colons à Tabri des
difRculrés que pounoic lui faire la compagnie des
Indes , à raifon de f >n privi'ége exclufit. Peut*
être qife lie fuppoteroit que i^oirc cannelle e{l de
b Chine, quoiqu'il y ait beaucoup de dift'érence
eiTentîelle entre Tune & Pautrc ♦ tant pour le coup
a œil que pour le gt>ût. Votre annonce <iu minif-
ne d-js envois des colons i préviendra toutes .les
ditîicuhés*
J'âUrai foin , MeHGcurs, de vous donner avîs ^
Icrfqu'il fera temps , de rembarquement de la
cannelle de mon crû , en fpècifiant exaflement la
quantiré de m n envoi, Je ne puis pas affurer d a-
vance combien j'en récolrerai cette année, puif'
qu'il y a près de huK mois que je fuis mabde ,
èc que je n'ai pas vu mes plantations. Tour ce
que jt fais , cViî que j'en ai à prcfent 3^0 livres
de préparées * & je f rifurie que j'en aurai près
de ^00 livres àVrint deux mois. ^,
J'ignore abfolument ce que les deux colonies
poj-trront en fournir la preinjèc année, en fup; o-
(ani que les hibitans sVccupunt tie la préparjrioa
de cette deurée. Mais je vous obfcrve, M^ifiturs ,
que d?.ns cette fuppofitlon, la deuxième année ne
rendroit pr'^fqiie nen , puifL(u*aj^rés le rccépagc des
arbres, kl taut attendre deux ans pour la coupe des
rejetons Ic^ plus foîfs , & trois ans pour la coupe
des aufrcs.
Le canneîlier eft , je crois, moins multiplié à
Bourbon qu'à Tlik-de -France ; cepiindant il y a
des en Ions da'»s cette pretiii-îre lil: qui Tont cuUi-
véou par curiofné, ou rlaus rclpoîr d*tn tirer un
|oiïr pdTti, Mt Hubm ^ que j\ii et» 1 honneur de
voi s ciitr 'Jans ma prtir.iètt kttrc, Wm des agrl-
culteur-i -es tIus iuiwll.j^ct s r^ue ji. cunroilTe, &
des pîu> zélés pour b proipéritc de nos co.onics.
336
MUS
ayant appris par moi-même le prix de la vente de
ma cannelle brute en France, Ta regardé comme
un ei^couragerilent > & m'a marqué qu'il fe propo-
Toit d'exploiter fes cannellters, oc qu'il efpéroit en
envoyer en France cette année cent livres du crû
de Ton habitation à S. Benoit. Mais vous feres par-
faitement inllruits , moyennant les fages précau-
tions que vous propofez de prendre.
Tai 1 honneur d*ètre avec un profond refpeâ ,
Meflieurs , &c. Cossigny. Extrait du Journal
général de France^ d'avril 1788.
P O 1 VR E.
Le poivre cft une 'graine aromatique d'un goût
acre oc brûlant , dont il y a plufieurs fortes.
Poivre noir.
Le poivre noir eft un fruit deû'éché , de la grof-
feur & de la forme d'un petit pois rond. Lorfqu*on
l'a dépouii'é de fon écorce, qui eft ridée & noirâ-
tre , il UiiTe voir une fubllancc dure & compaâe ,
grifâtre , ou d'un verd jaune en dehors , blanchâ-
tre en dedans , d'une faveur acre , brûlante &
forte. C'eil Telpèce de poivre dont on fait la plus
grande confommation.
Le poivrier , ou la plante qui produit le poivre
noir , croit en abondance , fur tout dans lesifles de
Jjva, de Sumatra, du Malabar, & autres ifles
dont les Hoilandois font les maîtres.
Li racine du poivrier eft petite , fibreufe , flexi-
ble tk noirâtre. E'.ie poufle des tiges farmenteufes ,
Tiou-cufcs, grimpantes, ou rampantes lorfqu'ellet
non point d'appui.
Des nœuds de ces tiges , il fort des fibres qui
pénéirent la teire, & y prennent racine .-chacun
d^ ces nœuds porte des feuilles larges de trois pou-
ces & long Les de quatre : elles font d'un verd
foncé en ^.eJus & en defTous, folitalres , difpofées
alternative: ment.
Alix fleurs qui viennent en grappes à l'extré-
mité delà tige , fuccèdent d .'S fruits ou des grains ,
au nombre de vingts trenr:, d'abord verdâttes,
puis rouges, enfuite noirâtres.
Le poivrier fleurit jufqu'à deux fois dans Tan-
uée. On récolte les fruits mûrs quatre mois après
3ue les fleurs ont difparu , & on les expofe ven-
ant fept jours à l'ardeur du foleil, afin de faire
noircir & rider l'écorcr.
On cultive cette plante en fichant en terre des
parties des branches que l'on a coupées , &que 1 on
met prés de la racine des arbres qui doivent les
foutenir.
On convertit par l'art, le poivre noir en poi-
vra blanc. Et voici, fuivant M. GeofFroi, le pro-
cédé des Holland(>;s.
On enlève la première écorce du grain en fai-
fant macérer dans, l'eau de la mer le poivre noir.
Cette écorce erctérieure fç gonfle & fe aévç ;
MUS
on en retire slors facilement le grain qui cft blanc
& qiic l'on fait féchcr.
Il eft dans cet état beaucoup plus doux & plus
commerÇdble.
Quand on fait tremper le poivre, il en fumage
bcawcoup fur l'eau : on le retire aufli-tôt. Ceft ce
qu'on appelle poivre noir U^r de Hollande.
Celui qui fe précipite au fond de l'eau» f« nom-
me poivre pefant a* Angleterre.
Enfin , lorfqu'il eft dépouillé de fen écorce , on
le' nomm^ alors poivre blanc de Hollande.
Ce^^poivre blanc faâice eft plus pefant , à to-
lume égal , que le poivre noir ; fon grain eft cor»
ri.^ndé : il eft quelquefois blanchi d*un peu de
poudre & de farine.
Ainfi le poivre blanc en poudre du commerce ,
eft fait avec le poivre noir écorce, foit en Hol-
lande par les négocians étrangers , foti en France
par les débitans.
Poivre blanc.
Lcff fniits du poivrier blanc font plus petits ipie
ceux du poivre noir ; mais les arbriffcaui qui don-
nent ces poivres ont peu ou point de diftéreoce entre
eux. Au refte, on a peu de conooiflance fur le poi-
vre blanc naturel ; & , fuivant M. GeofFroi , le poi-
vre blanc du commerce n'cft autre chofe que le
poivre noir dont on a ôté i'écorce avant de le faire
fécher de la manière que nous venons d*expliquer
dans Tarticle précédent.
Piment ou Poivre dt Guinée»
Le poivre de Guinée eft également connu dans
le commerce d'épiceries fous les noms dépare
d'Inde , de poivre du Brcjil , de piment de Guinée ,
de corail de Jardin ^ de poivre d'Efpagne & de
Portugal , de poivre en goujffe.
Cette plante croit naturellement dans les deux
Indes , & fur-tout en Guinée & au Bréfil : on peut
auffi la cultiver dans les pays chauds de TEurope.
Sa racine eft courte & très-fibreufe ; elle poufle
une tige à la hauteur d'un pied & demi » velue
& rameufe ; les feuilles font longues , en pente &
d'une couleur verte-brune. Les fleurs croiftent à
la naiftance des rameaux en rofettesà plufieurs
pointes de couleur blanche.
Le fruit qui fuccede aux fleurs, eft sne capfule
large & grofl!c comme le pouce , formée par use
peau un peu charnue, & qui devient d'un rouge
de pourpre dans fa maturité.
Cette gouife eft diviféc intétieuremcnt en deux
ou trois loees. Elle renferme beaucoup de femen-
ces plates oc d'un blanc jaunâtre.
Toutes les parties de cette plante 9t\t un odeur
& une faveur fortes & acres , m«is fur tout fon
fruit
On fe fcrt de ces fruits pour aflaifonner les ait-
mens*
On les confit suffi au fucre, lorfqu'ils font encore
verds , & l'on en fait ufagc dans les voyages fur
^er
on les fait macérer dam !c vinat^^re , 8f
dms ce dcinier état on ics emploie comme des
câpres.
Nous foraines obligés d'acheter des Hollandoîs
h jgirofle 6c la cannelle : mais pourquoi fe pour-
VCifchei. eux de la plus grande putic qui fe con-
fidntnie en France , tandis qu'on pourrait y cultiver
refpéce de poivre ou le piment que l'on vient
de décrire ?
Cette pUnre, femée en bonne terre, d^nnedcs
produâions "furprenantes , & un poivre excellent.
Si bonne qualité , & le plus ou le moin de mon-
tant qu'on veut lui donner, ne confillent que dans
farl de 'c façonner , qui eft trè^-fimple.
Le piment fe féme dru au printemps fur une
cert iMeo préparée.
Lorlque fé plante eft pirveniac à la hauteur d'en
viroiî ùx pouces , on la lève , & on la tranfporte fur
une terre égîileinciît bien dlfpofée, oïi Ion a pra-
tiqué avec une houe ou farcloir , des filions de
tH>t4 pouces de profondeur. On y efpace le plant
à un pied l'on de l*aurre en tout fens.
Les pîmens font dans leur parfaite maturité dés
qu'ils font rouges ; & c*eil dans cet état qu il faut
Cueillir oeyx qu^on veut confcrvcr pour en avoir
la fcm'Tncr,
Mais pour en fiire du poivre» il faut les cueillir
rocore verds » & lorfqu^ils vont commencer à
rougir. On les arrange erifaite dans de^ paniers
qu*Ofl mtz au four aum-tôt que le piin en eft retiré.
Ils y deviennent affez fecs pour être facilement
pitès.
Ofi paiTc la poudre au tamis de crin , & Von
pile de nouveau ce qui n'a pu pafler.
Ce poivre a la couleur & Todeur du poivre
f/fïc iorfqu il eft moulu ; & Ton affure qu'il eJl
dteilleur , ptus fain & moins échauffant.
Il faut obfcrver feulement que ce poivre en
poodre doit èire gardé en lieu fec , parce qu'il
prend alfï^ment de rhumidué.
On cultive déjà de cette ef^ècc de pimepàX en
X^nguedoc.
Le» vinaigriers en font ufage pour donner plus
e fr>rce au vinaigre,
C'ell ici le lieu de parler de la çrainc d*une
Kirre plante qu*on peut cultiver en France avec
uccèi. Cette gtaine, dite toutes épices , ou n:e/ie
*ii/vj£f , lient lieu du poivre, du giro^e» 6c d'une
«ante du feL En petite dofe elle donne aux légumes
n goût agréable. Il faut avoir foiu de bien puj-
érilef ce»rc graine pour s'en fcrvir.
Les Indiens font avec les gouffes de oe piment ,
tne pou'lre de ta manière fuivante :
ils font fécher oes gouifei d'abord i l'ombre ,
jui% à un feu lent avec de la farine dans un valf-
itau de terre. Enfulteils les coupent bien menues
Jrcc des cil'eaux , ils jettent fur chaque once de ces
[Ouff^s hathéeSt une livre de fine farine, dont ils
itm une pâte bien pi-irie avec du levain. Cette
aie étant Itvée, on la met au four ; quand elle
M.ttcrs, Terni V, PanU* U
I efl cuire on la coupe par tranches -, oa la fait cuire
' de nouveau comme du bifcuit. Enfin, on la ridait
en une poudre paffie au tamis. Cette poudre eft
excellente pour aftaifonner les viandes, pour
exciter l'appétit, & fortifier Teftomac.
Poivre de la Jamaïque*
C'eft une cfpéce de baie aromatique que Ton
fire de llfle de la JamVtque, & qui fe nomme
aulTj dans le commerce /y/Tî^^-f dti An^lo s ^ toutes
éptces , poivre dt Thévct , amomi , pimcnr a cou-
fO/ire^ coque dinde aromatique^ tête dt cUtL,
"^ aromate réunit a lui feu! le goût de la
cannelle , du girofle
rech îrcher.
du poivre ; ce qtii le fait
L'arbre qui porte cefrcit, eft une cfpéce de myr-
ine à feuiilcs de laurier, mais plus grand que les
noyers d'Europe. Il eft touffu & d un bel?.fpeft.
II fe plaît dans les terrains fecs. Son tronc eft aflez
droit & haut ; le cœur du bois eft dur & pefant ;
il devient en vieilifftm d'un noir d'ébéne. S§â
ècorce eft Mk & miace : fes feuilles font d un
beau verd , fort longues & très larges. Sa fleur
qui eft petite & difpofce en rofc , croit f»r des
pidiculcs à l'extrémité des tiges : elles ont une
odeur & une faveur à la fois de cannelle & de
giroflî.
Le fruit qu'on fait deffécher avant fa maturité,
eft rond, plus gros & plus léger que le poivre
ordinaire ; fon ècorce eft brune & un peu ridée;
il eft garni d'une petite couronne au haut , parta-
gée eji quatre , contenant deux noyaux noirs
couverts d'une mtmbrane noirâtre , d'un goûiaro^
matique un peu acre, ât quiapprocl^c du cbu dt
gàtofle.
Poivre long.
La plante qui porte cette forte de poivre croit
d^ns le Bc-ngale, à la hauteur de fept i huit pl^ds.
Elle diffère du poivrier à fruits verds par fes tiges
qt.i font moins llgneofes, par fes fcuilïes plu< lon-
gues , plus vertes , plus minces , & ornées de trois
nervures trés-faillantes;fesfteurs font monopétales,
partagées en cinq ou iîx lanières fortement atta-
chées au fruit de cette plante.
Le fruit eftcueiîli & dcfleché avant fa maturité.
Il eft grifâtrs , de la grofleur d une plume de
cygne , bn^ d'un pouce & demi, cannelé, & garni
de tubercubs preffcs , & pbcéi en forme de réfeau.
Il eft partap^é intéritrurement en pluficurs cellules
membranettfes,daBschacunedefquelleseft contenue
un^ f^ule graine arrondie» irè^-petite, noiràrr^en
dehors , fit d'un goût acre & un peu amer. Beaucoup
de nations fe fervent du poivre long pour affaifon-
ner leurs alimens.
On confit ïe poivre long dans de la faumure ,
ou dans du vinaigre , pour s'en fcrvir au beioiiii
^
338
M U S
Les vinaigriers en mettent dans le vinaigre pour
le rendre plus fort.
Gingembre.
La plante que porte la racine du gingembre eft
à peu-près iemblable au rofeau ; elle pouffe trois
•u quatre petites tiges rondes , rcRfl jes & ronges
à leur baie , & verdiitrcs dans L* refte de leur
longueur. Quelques-unes de ces tiges l'ont garnies
de feuilles , les autres fe terminent en une maffe
écdilleufe. «
Les tiges feuiilees ont environ deux pîe.ls de
hauteur , & font formées par les feuilles mêmes
qui s'embraffent.Ces feuilles, plus petites que cel-
les du rofeau, font en grand nombre, alternes &
épanouies en tout fens.
Les tiges qui fe terminent en maffe ont à peine
un pied de hauteur ; elles font entourées & cou-
vertes de feuilles verdâtres & rougeâtres à leur
pointe. La maffe qui termine chaque tige eft toute
compofée d'écaillés membraneules , d'un rouge
doré.
Les fleurs fortent de Taiffelle de ces écailles; elles
s'ouvrent en fix pièces aiguës tachetées de ronge
& de jaune. Ces fleurs durent à peine un jour, &
s'épar.ouiffent Tune après Tautre. Le piftil qui s'é-
lève du milieu fe termine en miffuc.
Enfin la bafe de ce piftil devient un fruit co-
riace , oblong , triangulaire & à trois loges rem^
plies de p!r.fi:ur> graines.
Cette plante naît par la culture dans les deux
Indes ; elle a été apportée des Indes orientales
ou des îles Phiippines dans la Nouvelle-£fpagne
& dans le Préfil.
On ramaiTe tous les ans une grande quantité
de racines de gingembre , fur lefquelles les fl.urs
ont féché ; ou quatre mois après qu'on a planté
des morceaux de fa racine, on en enlève rècorce
extérieure; on les jette dans une faumure pour
y macérer pendant une ou deux heures; on les
retire de cette leffive,& on les expofe autant de
temps à l'air & à l'abri du foleil. Enfuite on les
étend à couvert fur une natte jufqu'â ce que
toute rhumidité foit diffipée; quelquefois même
on les met à Tétuve.
Les racines de gingembre étant fraîches , peu-
vent fe confire avec du fucre : on en fait auffi
des marmelades & des pâtes qu'on envoie ainfi
préparées en Europe. Liur couleur eft jaune , &
le goût en eft affcz agréable. Cette confiture eft
d'ulage dans les voyages fur mer.
Le gingembre intufé dans le vinaigre , efl bon
pour les falades.
Dans le commerce de l'épicerie , on appelle
pw^cmbre cette racine defféché qui eft tubercu-
leufc, noueufe, branchue, un peu aplatie, lon-
gue & large comme le petit doigt. La fubilance
en eft réfinéufê , un peu fibrée , & recouverte
4'une écorce jaunâtre. La chair eft rouffâtre, d'un
MUS
goût acre, aromatique comme le poivre »& d*une
odeur forte affez agréable.
On l'apporte sèche des îles Antilles en Amé-
rique, oii cette plante eft préfentemenc cultivée,
quoiqu'elle foit originaire de la Chine « du Mi-
iabar & de Tile de Ceylan.
Le gingembre fec eft la bafe des épîces. On
reproche aux marchands de s'en ferivr quelque-
fois pour falfîficr le poivre.
Vanille.
La vanille efl; une gouffe d'uncf odeur irès-fiiavc
& très-aromatique.
La plante fur laquelle on recueille cette gouflTe
efl fouple, & s'entortille le long des arbres. Sa
tige eft noucufc & de la groffeur du doigt. Ses
nœuds , à la diflance les uns des autres de trois
pouces environ, donnent naiffance chacun à une
feuille. Ses feuilles font difpofées alternativement
& fe termiiurnt en pointes : elles font molles &
un neu acres au goiir.
dette tige pouffe des rameaux, & à leur ex-
trémité des fleurs it régulières, compofiies de fir
feuilles , dont cinq font difpofées comme celles
des rofes.
Les feuilles de la fleur font oblon gués, étroites,
tortillées , blanches en dedans , verciâtres au de-
hors. La fixième feuille occupe le centre.
Aux fleurs fuccède une petite gouffe, molle, char-
nue, d'un demi-pied environ de longueur, d'un
roux noirâtre lorfqu'elle eft mûre, remplie d'une
infinité de petites graines noires & luifantcs.
Le vanillier, dont on diftingue pluficurs fortes ,
croît à Saint-Domingue, au Mexique & au Pérou.
La différence entre ces cfpèces,eft que les fleurs
du vanillier du Mexique font unies, & que les
gOî:ffes ont une odeur très-r.gréable ; au lieu que
le vanillier àt Saint Doniingue produit des fkurs
blanchâtres, &: des gouffcs qui n'ont point .d'o-
deur.
On diflingue dans le commerce trois dtffèrco*
tes vanilles : la première, ^ont b gounc eu plui
groffe & plus coune, eft appelée pir les Eipa*
gnols pompùna ou bùvj, , c'eft-à-dire, enflée ooJ
boufiie. • '•
La deuxième , qui eft plus recherchée, aLi ^otif
plus mince Se pius longue: on La nomme vAnilicJ
de Icy on Icg.
La troifiéme eft h vantUe bâc:tfcîc, &
fimirona ; fa goiiffe eft It plut peîltc à%
Il eft rare que les Indiens ne mcl;
vanille %, quç;lques-unc4 des dêioi x
inférieures.
On apporte quelquefois
de VIndoftan , très groff^ç
de prunes.
L-s gouffes d
molles , rouilîtr ^
caffantes.
MUS
La palpe qu'elles contiennent efl royflatre ,hm-
leufe & remplie d'une infinité de p tites graines
d'un noir luîfant , ayant l'odeur du baume du
Pérou*
Ces gonfles font quelquefois recouvertes d'une
aeur faline & brillante , qui n eft autre chofe que
le fel effentiel de ce fruit , qui a tranfudé an de-
hors par la chaleur.
La récolte de la vanille fe fait au Mexique
dans les mois de novembr:: & décembre.
On lîç les gouflï^ par le bout , & on les* met à
l'ombre pour les faire fécher, & pour les garan-
tir d'une humidité fuperfliic , qui pourroit les faire
corrompre.
On aplatit ces goufles doucement , & on les
oirgt foieneufement avec un peu d'huile de coco
ou de caTba , pour les empêcher de fe roidirou de
fe rider.
Enfuite on les enliafle par paquets de cinquante ,
de cent , ou de cent cinquante gouiîls.
Quand on laifl^e trop long-iemp; h vanille mûre
fur la plante, elle crève, & il en diftille une li-
queur balfamique odorante , qui fe ccndenie.
Les Mexicaios ont foin de recueillir cette li-
queur.
U y a des mi-rchands au Mexique, qui, après
avoir recette les gouATes^ont la mauvaife-foi de
les ouvrir, & d'en reiircr la pulpe aromatique ,
à laquelle ils ûibflituent des paillettes ou d*autres
MUS
539
corps étrangers; ils ont enfuite la psifide adrcfTc
d'en boucher les ouvertures avec un p ;u de coîk ,
ou de les coudre , & de les entremêler avec la
bonne vanille qu'ils font palTer en Europe.
D'aunes falfificateiirs , lorfque la variile efl trop
defféchce, & qu'elle a perdu fa qualité en viJI-
liffant, la mettent dans l'huile d'amand:- (..jce
avec du florax & du baume du Pérou. Ceire
faîfificarion, qui rajeunit en effet la \-?nille, &
qui lui donne une affez bonne ocsiir, cil la plus
difficile à reconnoître.
Les endroits oii la vanille fe trouve en plus
grande quantité & de meilleure qualité, font la
cote de Cnrjque & de Carihrgène, llfthme de
Davien ,& toute l'étendue qui elt depuis ca iflhmc
& le golphede faint- Michel, jufqu'à Panama, le
Jucatan oc les Honduras.
On en trouve auffi dans la terre -ferme de
Cayenne,dans les cantons frais & ombragés.
La vanille tfl un aromate dont il taut uCer
avec modération. Il donne un goût & une odeur
agréables au chocolat.
On peut, par le moyen de Tcfprit-de- vin, ex-
traire la partie réfineiife odorante de la vanille,
fie avec cette effence parfumer des liqueurs.
^ Les Indiens nomment anis arack , la liqueur
d'anis aromatifée. de vanille , & en général ils
appellent arack [qs pâtes fucrées & autres prépa-
rations aromatifées par l'efTence de vanille.
VOCABULAIRE.
/\MOMi ; efpèce de poivre ou de baie aromatique
fue l'on tire de la Jamaïque.
Antofle de Girofle ; c*eA le nom que Ton
donne au fruit du giroflier lorfqu'il efl mûr.
BovA. Les Efpagnols donnent ce nom à une
efpèce de vanille dont la gouflj efï enflée Ik
bouffie.
Camphre du cannellîer. Le camphre que l'on
&re de la cannelle par la difiillation,cfl blanc &
d'ufie odeur affez douce : il efl volatil & facile à
s'eoflammer.
Cannelle ; c'efl la féconde écorce très-aromati-
que de l'arbre appelé cannellier.
U cannelle tait partie des éplces.
Cannelle matte; c'efl l'écorce des vieux
^ncs des cannelliers.
Cannelliek, arbre dont la féconde écorce
knùt la cannelle ; cet arbre s'élève à la hauteur
de n'ois à quatre toifes.
Caraque {vanille de); c'efl une bonne va-
nille que Ton retire de la cote de Caraque, dans
r^mérique méridionale.
CiSNJMOME OU CINSJMOMUM ; pom qu'on
donne à une efpèce de cannelle, & à la cannelle
mime.
Cire de cannelle ; efpèce de graiffe d'une
odeur pénétrante , qui a la couleur & la confif-
tance dd fuif, qu'on obtient par la dccoftion des
fruits du cannellier.
Clou matrice du girc/le ; c'efl le fruit du giroflier
qui eft darts fa nidtnriré.
Coques d'Inde aromatiques ; efpèce de
poivre ou de baie aromatique que Ton tire de k
yam;/ique.
Corail de /aRdin ; forte de poivre que l'on
tire de Guinée.
EpicEs; nom que l'on donne aux plantes &
fruits aromatiques qui fervent pour raifaifonne-
mcnt des viandes , &c. On entend principalement
par le mot d'épices , la mufcade , le girofle , la
cannelle, le poivre, le gingembre.
Fleur de muscade ou macis; c'efl l'enve-
loppe qui couvre immédiatement la noix mufcade.
Le macis fait partie des épices.
Gingembre ; racine aromatique qui vient des
Indes orientales , & qui fait partie ces épices.
Girofle; c'eft le fruit aromatique , en forme
de clou, que fournit le giroflier. Il fait partie des
épices.
Giroflier ; arbre qui produit le girafle
340
MUS
Cet arbre eft de la grandeur & de la forme
du laurier.
Ikdostan {yanille de F ). On connoit fous ce
nom , dans le commerce , une forte de vanille peu
eiliméos dont la gouiTe eA grofle , courte , & d*une
•deur d« prune.
LiY ou LiO j nom que les Efpagnols tiennent
à la vanille dont la goufTe eft mince & longue;
c*eA de toutes les fortes de vanilles la plus efli-
mèe.
Macxs ; c*eft une membrane partagée en plu-
fieurs lanières, d'une fubftance vifqueufe & d*une
•deur aromatique, qui couvre immédiatement la
noii mufcade.
Le macis fait partie des épkcs.
Manioque ; efpèce de noix mufcade plus
alongèe, moins aromatiaue, & moins eftimée
que la mufcade des iles Moluques.
Muscade ; noix aromatique de la figure d'une
olive » qui (ait panie des ipicts.
Muscadier ; arbre qui produit la noix muf-
cade. Cet arbre eft de la grandeur d'un poirier.
Piment ; c'eft une efpéce de poivre dont il y
Indifférentes qualités.
PpiYRB ; graine aromatique d'un goût acre
& brûlant , qui fait partie des ipkts.
Poivre blanc ; efpèce de poivre dont la
graine eft plus petite que celle du poivre noir.
MUS
Poivre long ; efpèce de poivre « long dToa
pouce & demi , eft de la groffeur d'une pluoM de
cygne.
Poivre noir ; c'eft le fruit defleftité , de la grof-
feur & de la ferme d'un petit pois rond, que Ton
obtient du poivrier.
Poivrier ; plante qui produit le poivre.
PoMPONA ; nom que les Efgagnols donnent à
une forte de vanille dont la gouSe eft courte &
groffe,
Recépxr un arbre, c'eft en couper entièrement la
tète pour le greffer ou lui faire pouffer de nou-
velles branches.
SiMAROKA. Les Efpagnols nomment ainfi une
efpèce de vanille bâtarde dont la gooiÔre eft
petite.
Tête de clou; efpèce de baie aromatique que
l'on tire de la Jamaïque. '
Toutes épices ; c'eft Tcfoêce de poivre on de
baie aromatique qu'on tire de la Jamaïque.
Vanille; c'eft b gouffe aromatique d'une plante
qui croit au Mexique , au Pérou , « dam d*autres
endroits des Indes & de rAmériqur.
Vanillier; c'eft une plante foupk» entortillée
& grimpante, qui produit une gouffe aromatique
qu'en nomme vanillef
N A C
N A e
M-'
NACRE ET PERLES FINES.
J^A HACKt c(ï cette partie bnlknte, argentée &
oneniée comme les perles , qui £e remarque dans
ccnuîQf coqullagcs.
Ptufieurs de ces coquillages n*ont une nacre
qoVfi leur furtace intcnciirc ; & d'autres ont be-
[ unud'érre dépouillés deleiirdrsp marin & même de
I leur pelticule , pour que Ton découvre leur nacrt.
Le tauris marina^ petit poUTon de mer qui eft
m croéee d'huître, a une coquille très*unie S:
trés'poiie intèrleuretnent^ avec la blancheur fît
Teau de la perle mèn^. Le dehors fait voir un
luffre (emblable , après qu*on a nettoyé avec de
1 cm forte & te rourec du lapidaire , les pre-
nières lames ou fcutUes qui compofent la cou-
che ou la tunique extérieure de cette belle co-
^Ule.
Le ^ur^au cR Terpéce de coquille dont la
nacre eft la pîus riche &l îa plus brillante. CcA uo
finod limaçon à bouche ronde, fort commun dans
les At^tillci. Lorfqu on retire ce coquillage de la
mer» il eA enveloppé d'une robe grife-brune ;
siinà Taîdedes acides on parvient k enlever toute
U mitiére terreufc & Tépiderme qui Tenviron-
noient ; on fait cnfuite palTer le burgau fous une
meute douce : alors on volt briller une coquille
^entèc êc nacrée, avec des nuances dUris admi-
>uks. Il y a une clpécc de burgau émaillé de
^cnquc Ton appelle peau dt ferpent, ^^^^
Les ouvriers tirent de ces diveries fortes de co-
<|uiUes , furtoui de Tefpéce nommée rjutUe^ la plus
telle ^*îfrr, qu'ils appellent ^/^r^ifwi/;îf , beaucoup
pîus brillante que celle des perles. On fait fcrvir la
■i^cre à divers ouvrages de bijouterie , comme
^baiîéref » manches de couteaux , etuSts , &c.
Voyez ce que nous avons dit dt la manière de
<»^irailler la nacre ^ tome II de ce diâtonnaire ,
Des PiRLti.
Le coqijilîage appelé nacrt di ptrles , mirt de
fifks , fmitrt à icdUie nacrée , eft une efpèce
dliulir^ à écaille tiacrée « qui varie en gran-
deur • 6i qui fe pèche principilement dans les mers
«riefitales & dans IMlr de Tabago.
Ce coquillage bivalve td pefant , ridé & âpre ,
Eis en dehors ;tl cA d*un blanc argenté , uni âc
ifani en dtdans. La coquille Je ccne huître pcr*
Uàrc ci1g'ar'de,épa'^f & peu creufe. Elle produit
des pcî' * * s 6t en plus grand nombre que
lout ât .%
Toutes Ic^ coquiUcs bivalves, dont rimé rieur
cft nacré , produifent auffi des perles , mais bien
moins Anes : on en trouve dans les coquilles dites
U marteau t dans la yintjdc , d^ns Vhtrcnd<tU ou
mouchittt ^ dans les huîtres communes bi dans les
moules.
L opinion b plus commune & la plus vraifem-
Mablc , attribue la produâion des perles à Tabor»
daiice de la liqueur nacrée, qui, çn tranfudini
de ranimai* a. dirtillè par gouttais oupsr petits pelo-
tons plus ou moins réguliers qui le font conglo-
mérés. On prétend aufli que U perle doit fon exif*
tence aux ennemis de Thaitre , ou à des accident
qui font des trous à la coquille. L'animal les bou-
che avec la liqueur nacrée, qui prend une forme
épai^Te & ronde. A^ors on pourroit produire dss
perles avec le fecours de Tait, foit en perçant la
coquille » foit en faîfarit parquer de& huîtres ou des
moules dans des étangs, où Ton mettrolt lies fcolo-
f cendres maritis , qui s'-*irtachcnt aux coquilles , &
es taraudent en y faifant des trous regvJters àL
affez grands. En efflt , le célèbre Linœus avoit
trouvé le fecrct de multiplier les perles bc de les
grofTir , fans doute par ce moyen.
On dit même que quelques Afr tiques, vot-
fins des pêcheries de perles, ont radrefîc d^inférer
dans les coquilles des huîtres à perles , de petits
ouvrages qui fe revètlffent , avec le temps ^ de la
matière qui forme les perles.
Comme on obfcrve auffi quelquefois dans les
moules d'étang , Textravarton du fuc perlé, ne
pourrait- on pas également tenter de fe procurer
de ces petits ouvrages incruftés à la manière des
Afiatiques ?
Les perles font répandues par toute h fubftaoce
deTanimil^ dans latête , dans fenyeloppe qui le
couvre, d^ns les mufcles circulaires qui s y ter*
minent , dans l'eftomac , & en général dans tou-
tes les parties charnues & mufculaires; mais princi*
paiement elles font adhérentes à la furftàce Inté*
Heure de la coquille.
Il y a communément dans chaque oacre une ou
deux perles feulement , mieux fermées que let
autres.
Prefque toutes les perles fe tarent des pays étran-
jçers* On en ce m > te quatre grandes pêcheries datis
rorient ; la première , dans rifle de B^haren dans
le golfe Perfiquc : la féconde , fur la côte de fArn-
b e heureufe , proche de la ville de Califa ; la tr oi-
fième, prèsdeliflede Ccylao ; la quatri^t, fur la
côte du Japon* Il y a quatre autres pécueries de
perles dans roccidentv qui font fttuécs dans le
342
N A C
f '.>)fe du Mexique , le îohî; c!e la côte ce la nûUr.
vclle Efpagne. On pèche 'avaTi des pcrcs d.:ns la
Médtrerranc'î S-i ùir [:s co:cs de rOciaii , en
li^'oiFe tk ailkuis.
On trouve encore des perles dans les moules
M'.ron lire de la petite riviéte de Valogne , au bas
des u:ontagncs des Vofgcs , & dans d'autres riviè-
ics Se îacs de la Lorraine.
La pèche des perles près de Tifle de Ceylan ,
a^paricnt à la compagnie des Indes de Hollande,
o^ lui donne un grand bêncLicc, par l'cfpéce de tri-
but que lui doit chaque bateau qu^fclle permçi aiïx
1 ibiians d aii;)loyer à ccitc pèjhe.
Le temps de cette p^clic tft er. mars & avril ,
îx quclquef jis il y a une féconde- pêche dans les
îîiois d'îioiu & de (v-ptcnibré. On frât d*abord dei
cTais. Des plongeurs ucchent chacnn quclq^uéis
inllliers d'huîtn.s à perîeç -qb^ils apporterit fur ih
rivage. On met à p.irt les perles qi'*ou y trouve \
t< fi cet cfiai promet une pérhe aboud'^'-te & lu-
crative , la compagnie ciîs Lides en fait publier
louverturc 'îk les aVant. ges. . ' '
. Alors le; pêcheurs arrivent avec leurs bateau ■•.
Les eommiffaires HoiUndois vicnneiit en même
temps de Colombo ]K)ur prcfider à la pèche, qui
ed annoncée , dès lé matin , parun coifp' de canonl
A ce ftgnal , tous les bateaux partent & i^îivancerit
dans la mer 5 précédés de deux chaloupes Hollan-
doifes , qui mouilL^nt l'une à droite; oc Vautre k
gauche , pour affigner à chactinlds' limites de Ten-
a toit oU Ton peut pêcher.
Un bateau a plufîeiirs plongeurs qui vont ^oùr-
à-tour à Tcau ; & dés que l'un rcmotite , Tautre s*en-
fbncq. Ces plongeurs font attachés à une corde,
dont le bout tient à la vergue du pcttt'bâtimchf,
ce façon que les matelots du bateau peuvent , au
moyen d\ine poulie , tirer ou lâcher cette corde
fuivant qu'il ell néceffaire.
Le plongeur a une pierre du poïds d'envirôç
trente livres, aitichéeatîx pids, afifi d'enfônçé;-
\Aas vite , & porte un f :C à fa ceinture pour y
ir^ttre les huîtres. Lorfqu'il eA dcfcendu au fond
d€ la mer » il court çà & là , tantôt fur du fable,
tantôt fur une vafe vifqueufe , ou fur des pointes
de rocher ; il ramafle à la hâre lei huîtres qu'il
met dans fon fac ; & s'il y en a plus qu'il nVn
peut emporter, il^n fait un monceau qu'il revient
chw-rcher , ou que fon camarade cfl avcrâ' d'aller
reprendre.
: Quand le plongeur veut revenir à l'air , il tire
fortement une petite corde , différente de celle qui
lui tient le corps , afin d'avertir un ou deux ma-
telots, attentifs à fcs mouvomens & à fes befoins.«
Il cil rare qu'un plongeur , «xercé dès fon en-
fance à fon pénible métier , puifTc^ retenir fon hu-
kinc au-delà de i% à 15 nùnuxes. Hiinetducoton'
dans fcs narines & dans A:SH>reillc^V'&il g.vanrit
fjs mains avec des mitaiuies de cuir lorfqu'il crarnt
les |)ojntes des caillçux 4Ui des rocbersi II a auiH
li.: lii/Tiument de f&r pour détacher les huîtres à
N A c
. perles qrand elles font adhérentes à des pierres
ou à des rochers.
Les plongeurs font quelquefois très-près l'un de
l'autre ; il c(ï même arrive fouvcnt «pie ces mal-
heureux fe font battus au fond de la mer pour
fc difputer des tas d'huîtres. On dit que ces plon-
geurs , enfoncés à foixante pieds fous les eaux , y
.voient aufli diftindement que fur terre. Mais on
ne peut fe diHlmuler qu'en enfonçant fi profondé-
ment dans la mer , ils ne courent de erands rifques,
foit par qi;clques chocs pûrilleux, loit par la vo-
racité des gros poiffons & des requins, ou far
défaut de rcfpirstion. Un plongeur ne peut fe !;ré-
cipiter plus de fc^Ji ou hi.it fois par jour au fond
des caiix. Ce travail fe termine ordinairement à
m'Hî. A ors tous les bateaux regagnent le rivace.
Qii *nd on cft arrivé , le maître du bateau fait
t'rknfporter les huîtres d.ns une efpèce de parc
ou fyffc creuféc dans le fable. On les étê.le à l'air,
& l'pn attend qu'elles s*<jLV;etit d'elles- w ème$ ;
ce qui dure trois à quatre jours. On en retire
alors les perles fans les endoinniii^er ; on lc!j lave
bien , puis on los pofe fur de petits ba(!;ns à cri-
bles, qui s'entalfent les u-.s dins les autres, en
forte qij'il y ait une diilancc îiîKifante entre ceux
de dï^ifus & ceix de defTo js. Les trous du iecand
crible font plus petits que ceux ..m premier, & ainfi
des autres.
Les perles qui ne paffent point parle premier
crible loin du premier ordre ; celles qui reftent
dans lé fécond font du d;:uxième ; ainîi jufqu'au
dernier' Cîibft, lequel n'étant point percé, re-
çoit les plus petites, qu'on nommi fia: cnces de
perUs,
Les Hollandols fe rcfervent toujours le droit
d*aiS1fcier les plus grortcs perles & les plui belles;
au moins ils ont la pr jfûjnjc fur le p;ix qu'on en
offre. On prétend que t'.>i:t.s les perles qu on
, péche.le premier jour, app.rîi.'Einsnt de droit au roi
: de Maiduré ou au piince de M^rava , ou à tel
autre fouverain de la rade où fc Lie U pêche.
On pêche les perles occidcnt.iles depuis le
mois d'oâobre jufqu'au mois de mzrs. Cette pèche
o'ccafion'ne prefqiie toujours de grandes maladies ,
caufécs , foit parce qu'an mange al(#rs des huîtres
en trop grande quantité , eu parce que la cor-
ruption des huîtres e>;porû^s à l'urdcur du foleil »
exhale une puanteur peAilenticlle.
Lîs perle? varient' dans Ic.irs couleurs. Il y en
a de ï}lanches, d;; jaunâtres , de vcrdâtres , &
même de noirâtres ; mais leur couleur ordinaire
& la plus naturelle eA d'être blanche. Les perles
de couleur plombée ne fe trouvent guère qu'en
Afrique, où le fol de la mer cA trèsvafeux. La
coule;:r ]av:nâtre ou verdâtre doit être atribuée à
I la maladîe ou même à la corruption de l'animal
- qù't^n a la^ffé long-temps à Tair & au foleil.
On appelle Icupi ou coque de perles , un fuc pier-
reux Si ir-.cré qui s*eA extravafé en forme de
nœud. Quand il s'en trouve de dçmi-fphérique
N A C
les joaitllers les font fcier, & de deux de m^T.c
giolleur coUêes enfembie , ils compoicnt une
belle perle. Il y a be2UCoiip de perles baroques ou
cl*ine figure irréguliérc qui font peu cflimées. On
nomme perles parangonr.es , celles d^une grofTeur
extraordinaire. Les perles les plus reche:chéâs, les
plas chère» & les plus belles, font les perles d'c-
rient , quî font erofifes , parf.'.itcment rondes , po-
lies , blanches ,Tuifantcs , rayonnantes, & (lul pa-
roifl'enttranrparentesfansrètre. On dit des perles ,
quelles font d^une belle eau , ou d'un bd orUnt,
La perfçôion des perles , (oit qu'elles foicnr
N A c
rondes , en forme de ].^<\\t'- ,
figure irrcguUère , cor.iifte principnlcm;
'^ yi O
d'olive*; , c'\ <C\iv2
d.jjs ie
lullrc & la nettj:é de leur couie^r ; c'eft ce t^n'o;!
appelle kur eau.
i\\:u des perles efl fujetre à changer. Les blan-
ches furtoLt fe jaunllTcnt & fe gâtent dans^ua cer-
tain cîjjace dj temps.
En Europe , les perles fc vendent ordinairement
au carat; le carat contient quatre grains enAfie.
On fait ufdge de différons autres poids /ians le
commerce des perles , fuivant la difiçrénce des
Ctàts. " . '
VOCABULAIRE.
B
AROQUES. (^perles) On nomme air.fi les
perles qui ont unehgure urèguUère. Elles ne font
point e Aimées.
BuRGAU ; efpèce de cG:{uille dont la nacre efl
riche & trèvbrillame.
EuRGAUDiNE ; efpécé de nacre brillante &argcn-
rine,que Ton tire aune belle coqiiillc nom. née
Coque de perle; nom donne à une excroîlTnncc
■acréc , qui s*£ttache au fond de la coquille de
rhpître pcrline.
Drap marin ; nom qu'on donne a Tcnvcloppe
ewcrieurc de certains coquillages.
Eau :on entend par eau d'urfe perle « fon luAte
8c !a netteté d? fa coLlcur. Il y a d^s perles dont
X.êtt eft branche , ce font l;s p!js cUimècs en Lu-
rope ; l'eau des sutres tire fur le jiiir.e. Î! y
« a dont Veau eft dz couleur de plomb ; pli'fuiir*.
ODt nne eau trraat fur le noir, 6c m Cm;; tout-à-
feit noire.
Hirondelle ; efpèce de coquille bivalve du
genre des hu;tte<, qui fournit de la nacre , & nicT.'e
ies perles fines.
Lauris marina ; petit poi/Ton de mer , qui
€fl une efj/éci; d huître, dont la coquille ciL très-
unie & trè. -polie intérieurement.
Loupe'.' On donne ce nom à un fuc pierreux &
racré, qui s'eft cxtravafj en forme de rœu.i , &
fm tient ï la coquille de l'htitrc perliérc
Marteau ;(/<r) efpéccdc coquille qui fçurnît
de la nacre éi des perlée fines.
Msni DE perXeS. Onidéfigncfous ce nom , un
coquillage bivalve, dont la nacre cA briilante &
argentée, & qui fournit les perles les plus belks,
& en plus gr^nd nombre.
MouCHETTE ; nom d'une coquille bivalve du
genre des huîtres y qui fournit de la nacre 6l des
perles fines.
Nacre. .On doi^ne ce nom k la furface bril-
lante, argentée & orientée comme les perles., q::i
fj tiouve dans rinicrieur de certains a;quîl!agcs.
Nautile ; fuperbe coquille qui fournit une
belle nacre , qu'on nomme burgauainc,
Opient. On dit des perles qu'elles foiK d'un bol
orient^ lorfque leur eau ou leur couleur eft brillante ,
argentine & rayonnante. Ceft que les belles perles
viennent d':s mers d'orient.
Parangonves. L-^s perles parjrrfvrnes font
cePe- qui font d'i.ne profieur extraordi^zire.
Peau de serp£NT ; cfr^èzc de burgau dont la co-
quille eft cmaillée de vert.
Pintade; efp^cc .ie coquille bivalve, du genre
des huîtres, qui fournit une très-belle nacre, fv
niêm.- dî-js perles fines.
Semences de perles. On défgnc fous ccnc^iu
les plus petites perles.
^%^
'^$^.
3«
NATTIER ET SPARTERIE. (An du)
J-*E îfatuçr cft l*mJTrîcr qui fait des nattes.
Cet art cft très-ancien» Tout nous indic^ue qu'ail
a cté trouvé din* rorlcnr. Les anciens A-iacho-
rétes , tels que les Paul 6c ks An oine, travail-
Iqieni a faire des nattes & %>n couvraient ; les
Orientaux s*en fervent aujourd'hui pour coucher
dc/Tus.
Lci nattes font de$ efpèc:s de tlffus de paille ,
de )onc , de roseau , de quelques autres plantes
ou écorccs ûctlcs â fc pli^r 61 à s'entreincer.
Les nattes de paille font compofèss de divers
tordons , & les cordons de diverfes branches ,
ordinairement au nomËre de iroi^. On peut mec-
treaux branches depuis quatre brins jufiju'à douie ,
& plus, fuivant rèpaiircur qu^on veut donner à ta
natte, ou félon Tuiagî auquel die cil dcftinèe.
On natte chaque cordon à part, ou « comme on
dit en terme de nittier , on le trace fcparément ,
& on le travaille au clou*
On entend par travailltr an chu, attacher ta
tète de chaque cordon à un clou à crochet enfoncé
dans la barre d'en-haut d'un fon tréteau de bois ,
qui cfl le principal inftrumcnt dont fe fervent ces
ouvriers.
Il y a trois clous à chaque tréteau , pour occu-
per iiutantdc compagnons, qui, à mtffure qu*ils
avancent la trace ^ remontent leur cordon fur le
clou, â; jett^nz par-dcflu^ le tréteau la partie qui
eil nittét.
Lorfqu'un cordon efi fini , 00 le met fécher avant
de i ourdir à U tringle.
Pour joindre ces cordons ii en faire une natte ,
on les coud Tun à Tautre avec une grotle ai|;uille
de fer, longue de dix à douze pouces. La ficelle
dont on fe (ert ell menue i 6c pour la difiinguer
des autres ficelles qtie font & vendent les cordiers ,
on la nomme ficilU à nMU,
Deux greffes tringles, longues à volonté» &
quon éloigne plus ou moins fuivant Touvrage ,
Servent à cette couture , qui fe fait en atutnaot
alternativement le cordon à des clous à crochet ,
dont ces tringles font comme hcriiTécs d'un côte ,
& à un pouce environ de dillance les uns é^%
autres: on appelle cette façon , ourdir ou bâtir À Is
ir'm^U.
La pjîlle dont on fait ces fortes de nattes doit
kut longue , & fraîche ; on la naouille ^ enfuite on
la bat fur une pierre avec un pcfant maillet de boif
i long manche * pour récraler & l'aplatir.
La natte de paille fe vend au pied ou à la taîft
carrée , plus ou moins , fuivant te priic de U
paille : elle fert à couvrir les murailles 6i les plan*
chers des maifons ; on en revêtit aufll des chai-
fes & Ton en fait des paitlaiTcns.
Lcs nattes de palmiers fervent à former les
grands Ôt Ls petits cabats dans lefquels oa fût
venir différtntcs marchandifes.
Les nattes de jonc, du moins les fines, vien-
nent du levant : îl y en a de très chères , & travail-
lées avec beaucoup d*art, foit pour la vivacirà
des couleurs , foit pour les difTèren^ dc^:is
qu elles reprcfentent. Les Indiens & les Car^it>es
de nos jours font des ouvrages admirables en oe
genre,
Lejitr eft une efpécede natte ou tiffu de paille,
que lef <»rienraux étendent par terre pour leur
icrvir de lit*
H y a aufll des iften de crin de diffirenrei
couleurs , avec lefquélles on forme divers compar-
timens.
Il vient encore du Levant, de Provence & de
quelques provinces défiance, de groile^ lUtlCi
de jonc qui fervent d'emballage.
Le peu d*outils & d'inilrumens qui fufRfenr âne
Dattiers en paille, {om\^ purre & le matUtt pour
battre leur paille après qu^clle a ^tc mouillée ,
afin de b rendre plus pUanie & motos ca^aitte.
Le tréteau avec fes clous pour tracer la cutte o«
en faire les cordons.
Les tringles auffi avec leurs clous , pour bâtir &
ourdir les cordons,
Vaiguilie pour les coudre 8c les joindre.
Le commerce des nattes étoit autrefois t»é$-
confidérable à Paris ; & malgré le grand nombre
d ouvriers qui y travailloient alors , on étoit oblicé
d en faire venir quanâté ite dehors. Les nattes de
la ville de Pontoife étoient les plus cftimées
après celles de Paris ; mais depuis que le luxe &
la magnificence des ameublemeri* onr banni l'an-
cienne fimplicité de nos moeurs , il n*cft plusd ufag«
d'employer les nattes à tapiffcr nos cabinets , à m
faire des tapis d'eftrade, 6i autres ameublcmens
fcmblables. Cet art, qui avoit fleuri jufqu'iu milieu
du dix-feptiéms fièclc , a tellement dégénéré ,
nu*aa Lieu de cent aaitres qu*il y avoit pour Ion I
qu
Parii-
N A T
?uk , à peine en compte-t-on quelques-unf
zufourd'hjxu
La commuoautè des nattîers avoît deux furès ,
doQt Tim Te changeoit tous les ans : c'étotetit eux
qui donnolent le chef-d'œuvre. Mais cette charge
eft devenue comme inutile ^ prefqye perfoûne ne
fe prèfente à la maitrife, hors quelques fils de
maîtres qui font reçus fans chef-d'œuvre.
Outre la fabrique de toutes fortes de nattes , ils
util droit de faire des chaifes & de Ici rempailler
en nitte ^ & non en paille torfe , qui n'appartient
ipi'au métier de tourneur.
Par redit du 23 août 1776, les nattiers font au
notnbre des communautés fuprlmèes, & qui peu-
vent être exercées librement.
Les nattes de paille paient pour droit d'entrée
quinze fols du cent pcfant , & celles de jonc
trois livras.
Spanerit,
Le fpart eft une plante de deux à trois pieds
de haut» qui croit Uns culture en Efpagne > fur
les mc>ntagnes arides des royaumes de Valence ,
Murcie , &c, ; clic forme «ne gerbe qui fc divife
par caycux.
On a remarqué que les principales feuilles en
portent ptnfseurs à la dillance d'un pouce , plus ou
moins 9 Tune de Tautre , 6c qu'elles font d'une à
ane ligtic fit demie de large fur dix-huit à trente
goccs de long, fe terminant en pointe aîguc.
% feuilles ne fe ferment & ne s'arroediflent
(jtt'en ftchant ; mais en les mettant dans Teau »
«lies s'ouvrent fur toute leur longueur & largeur.
On a remarqué encore que ia gerbe ne portoit
i^ttun tuyaa majeur creux , au bout duquel la
gr>roe eu renfermée dans une efpèce d'épi.
Ln gens du pays ailurent que dés Tinflant de
U maturité , l'épi s*ouvroit , ce qui rendoit la
ctitillate de la graine trds-difficile.
Us anciens bbriquoient avec le fpart des cor*
«lige», des corbeilles , des paniers, des chatiffu-
[js » des nattes , &c. On peut confuîter à cet égard
rlinc , Qufius, Varron, Diofcoride , & autres
fiituraUflcs.
Les Efpagnols en font des tapifl'êrics , des tapis ,
«s cordes.
On ne fauroit faire un détail plus intcreffant de
l'indurtrie de cette nation , que de mettre fous
|«»yeux du publicle paflage fuîvani , extrait de
* ouvrage intitule : tnîroduHwn â rhiflolre ndtu-
nlUi^ à Là ^éo^raphU phyft^uè dt PEfpd^nt^ par
« dlthrt Guillaume Bo^^ies t traduite de VEf-
fJtoW par M, le Vicomte de Flavigny , p. 239.
»> J ai compté jufqu'à quarante- cinq ouvrages de
» fpart » qui fervent pour le bcfoin ou pour la
■ commodité, & qui occupent beaucoup d ou-
» vriers. Il étoit cependant réfervé à notre ftéclc
"^ défiler cette plante comme le lin & le chanvre ,
» &d'eii faire des toiies exccUentes & irèS'fin:;*^,
»> L'Auteur de ce:te découverte a rtf^M IVccucil le
Afts & Métiers, Tome K Partie /,
N A T
Î45
n plus favorable & les plus grands témoignages
n de bonté de Charles Ilî » qui , non content de
» protéger les ans & les fcicnces , eft le premier
79 i encourager tout ce qui peut conco«rir à Tin-
n dyftrie & au bonheur de les fuiecs*
n Sa Majeflé, en confidération d'une découverte
j> fi précieufe, a accordé à Tinventcur les plus
IV grands privilèges , &l lui a fait compter de foft
n tréfor une forte fomme d'argent pour Tatder à
Jt établir fes fabriques. 1» '
II y a quelques années que le ficur Btfrthê 9.
tranfporté en France cette fabrique utile k la focié*
té : il fuffit d'en mettre le détail fous fes yeux ;
on y verra Futilité jointe à la falubrité 8c à Tè-
conomie»
Cordagej,
Cordages pour la navigation fur les rivières »•
pour les puits t les cloches des égliCcs , ks bâti-
mens, Iclévation des pierres dans les carcièrcs,-
les preflToirs » les defcentes des vins en cave , la
pèche ; enfin , pour tous les ufages où le chanvre
peut être employé.
Cordes élafliques pour faire fécher le linge «les
étolFes & le papier mouillé.
Cordes blanches pour faire fécher le linge fia
& les mouflelines , &c.
Cordons blancs & nuancés de routes les cou-»
leurs qu'on défire fuivant rameublement, pour les
rideaux » les fon nettes , pour fufpendrc les luftres ,
& pour les efcaliers. ^
Glands pour les cordons des fosncttes & det
lucres. ' I
Guiiies & rênes pour les chevaux de carroflo
& de cabriolet*
Lonees & fangles pour les chevaux.
Cordeaux , ficelles Sl fils.
Tapijferies , tapis & nsttes*
XapiiTeries & tapis de jonc an » à la façon
des Indes.
Tpipi^ doubles de jonc , ,6t bordés d'un ruban.
Tapis de jonc doublés de toile » & bordés d*uEt
ruban- 1
Taptfleries de jonc peintes à riiutlc , 1 païfa-
ges , médaillons.
Tapificrics & tapis de fpart à lîfiéres colorées »
pour fc prèCerver de rhumiditè fi: de la froideur
du marbre , carreaux 6£ parquets.
Tapifleries & tapis de (part , couleur naturelle ,
pour remifes , corridors » ou pour garantir les
tapifferiei de foie de Thumidité des murs ou des
punaifc5.
Tapis ï peluches pour mettre fous les tables à
manger, fous les bureaux Ôe fecrétaires, dans les
veflibules & corridors , aux partes des ancichant-
bres , dans les équipages.
Tapis à peltîches colorées.
Tapis firs àz Ipart unis pour portes d'anticham*
hceSé
Xx
546
N A T
Tapis fins de fpart à U Turque , pour mettre
dam les appartement , chapelles , tribunes , mar-
ches d'antel , &c.
Tapis de cordes de fpart , tapîs de fpan ce m*
mun.
Sangles de lit , pour fe garaotlr des punalfes.
Il a été établi en 177 j ^ une manufaâure » rue de
Popincourt/oùronvoitcescuvrages, ou régnent
la propreté Se le goût , tirés avec art d*une matière
dont on ne connoifllbii pa$ rurilité*
Il cA à regretter que le fol & le dimat de la
France ne loienc point propres à la culture du
(part, d*autant quîl paroïc qae les cordes faites
avec le fpart , ont un avantage décidé fur les
cordes de chanvre relativement à certains enaploi s»
1°. Les cordes de Ipait font excellentes' pour ta
navigation fur les rivières : elles n'ont pas befoin
de Tenduit du goudron ; elles ne plongent po^nt
comme celles du chanvre, étant plus légères d'un
tiers ^ & elles ne s*ufent pas autant cotitro les pîef-*
rcs que les cordes de chanvre.
Les havîg;tteurs du petit cabotage, Efpngnols ,
Italiens , Languedociens , Provençaux , faifant
même les voyages delà Barbarie & de la Tur-
quie , n'ont pas d'autres cordages que ceui faits
avec dtiîf part. ^ , 1 - .
î**. Les cordes de fpnrterie ne fe (iotirriffent pas
dans Teau corn mêles cordes de chanvre , au con-
traire, elles s*y entretiennent, i^ Le fpart > dit Pîi-
m ne , li V, 19 » ch. a , fc nourrit dans l'eau , comme
»i pour fe dédommager de la foif qu'il a foufFerte
w dans le terrain aride où il eft né. » ,
Les cordages & les Alets pour la pèche du th6n ,
objet de confidèraiion fur les cfeies^ de Provence ,
font tous en fpanerie, ainfi que toutes les cordes
de puits, greniers , échafaudages « amarages^ &c.
3*** Les cordages de fparterie font bien moins
coûteux que ceux en chanvre : ils s'^ipplicjuent
aux mêmes uf;îges ; ainfi ib deviennent un objet
d économie , fur-tout dans.un pays humide» oîi le
chanvre pourrit promptement.
Pour en convaincre, voici le calcul du fieur
Berthe^ qui fait voir que. tes cordes de chanvre
ne peuvent pas foutentr le parallèle.
Un particulier aura befoin de 600 toifei de
cordes de chanvre ; il paiera pour
100 iûifcs de 1 foucts d< circQnf, , pefant 50 liv.
100 » • * 2 • 100
6 où totfes ..•,*. p^f'^f^t i^JO Itv,
N A T
Si ce particulier acheté b même quantité d^
toifes de cordes de fparterie , il paiera
100 iQÏÇtt de I pouces dt €iTConfu ptfrni JO Un
100 , . . 2 j4
100 •*.] lOf
100 V . . 4 110
100 , , * ^ ]40
loj , • . 6 • . 450
6ao toifes pefint iiSj lit.
A 40 liv. les ICO pefant Tun dans Tautre , 47 J Ini
On gagnera du câtè du poids 721 liv* ;
& du côté du prix • . • • • 6yo liv. 8 i
A £a liv, les 100 pefant. Prix aâu<i*. . 1 146 /•
Si les cordes de fparterie font gagner l'acqué-
reur du côté du prix 8c du poids» par une moin-
dre charge ; fi elles ont autant de durée que let
cordes de chanvre ; fi elles s'appliquent aux rocin«»
ufages , & rendent les mêmes îervices arec la
même facilité i il eft évident qu'elles ont bcîû'
coup de fupériorité fur les cordes de chan%*re.
Les tapis , les tapifferics & les nattes de fpaitcii*
ont de même de grands avantages*
i«. Ces ouvrages font moins coûteux. Une pan
d*ours coûte 30 a 40 liv. Une peluclie de fpartetii
la reinpiace « & ne coûte que 1^4 liv.
a^. us font bien moins dangereux du cété d*
feu que tous les ouvrages en paille » & chacaa
peut en faire répreuve. Un charbon tombe fur uo
paillaiTon ordinaire » & renflamme ; Kincendic k
comnDunique* Ce même charbon tombe fur y*
tapis ou une natte de fjpanèrie ^ il brûle. ii<l
vrai , reodroit qu'il touche » mais il s*y taiotct 1
s*y éteint, & ne s^éteni pas au-delà* Cet aya^
tage , fi on îe confidère bien , eft d*un trèsgrsfli
prix dans la fociété , où les incendies fom tocs
tes fOurs les plus grands ravages. Il permet it
moins d'approcher, fans crainte, les tapis des ch^
minées*
3'', Ces tapis fe lavent. On rajeunît lei pclwcba
avec un peigne. Ils reprennent un air ntult (^
ont toujours f agrément de la frakhear & de b
propreté,
4°. Les mites « les vers & les punaifes xtaiptû
ordinairement les ouvrages de laine , les fiteot «
les rongent & 1rs infeftent r on ne verra jifluil
dans les ouvrages de fparterie aucitns ven, «^
mites, ni puriJitus. Ils réftftent à Thuintliité 4«C
murs , & ms fom pas fujets i fe pourrir : Ti
N A T
mtmt nourrît le fpart j & tous ceux qui en font
ïTiage , doivent convenir que jamais les lofe^es ne
s y attdcbenc : ce qui n elt pas un petit avantage ,
puifaue par ce moyen on dcane Us punaifes des
lits ÔC des alcôves.
ç*. Les 'ouvrages de fparterje font de la plus
grande falubritè dans les appartemens. On ù con-
rencera de rapporter à ce fujet ce que les auteurs
de la Galette de fanté, dont les fumiéres en méde-
cine & en hidoire naturelle font connues du
public, ont dit dans leur feuille du 29 août
Ï776 , p. 136:» On ne connoît guère , pour fe pré-
n fervcrdc rhumidité, que des peaux d'animaux^
1* des tapis de Uicte & des paillaiïbns ; mais prel-
9 que tous ces moyens joignent à rinconvènjcnt
» connu des vers, des mlt^s & de la pourriiiire »
» celui de renf^-rmcr quelquefois des germes de
» maladies contagieufcs dont les animaux font
9 morts. Ce n'cft pas ici le lieu d*cn fournir la
» preuve & Texemple, cela efl connu i 6c il n^
Il a rien de plus maîfain en général que Tu fige
» de certaines peaux , fur- tout de celle de Fours ,
n fort fujet à mourir du charbon . , • La paille dont
» on fe fert eft fort fujette à fe corroiîipre . . . Nous
H croyons que l'ufage du fpart cd beaucoup
n plus fain , plus commode que celui des peaux ,
• des pailbiTons ordinaires » &c. . . It a un avan-
• tageque les autres n'ont pas, cefl qu'il fe pîaît
w dans rhumidité» & réfifte à fes effets : ce qui
» ion le faire préférer à tout autre moyen , fur-
» tout dans les falles à manger des rez-de-chatîf-
*• fies , dans les boutiques trop humides & trop
m fraîches. «
N A T
347
Si Ton joint à des confidé rations auill fages ,
celle de faire revivre une découverte des anciens »
dont les Efpagnols feuls ont fu tirer avantage ;
de la faire valoir en France par une induRrietoutî
nouvelle ; d'en étendre les ufages ; de rembellir
par le goût ; d*eb orner nos appartemens à peu de
frais ; d*en faire des meubles de grande falubricé ;
on conviendra que rétabliffeiuent d'une fparterie
doit obtenir ïe fuffrage de tout homme qui penfe.
Çcft auflTt ce qui a mérité au fieur Berthe , les
eocouragemens du gouvernement, par Tarréc du
confeild*Etat, du t odobre 1775 , dontSaMajeflè
Ta honoré.
Nous ajouterons que le fpa^£ eft fufceptible de
fe teindre en diverfes couleurs \ & que le tiîfu en
peut être fort liffe & fort uni.
/V. B, On fe croît obligé de relever ici une
erreur qui s*eft glilTèe dans diver* journaux &
gazettes : on y a dit que n la matière employée à
» la manufacture de fparterie , cÛ le genêt d'Ef-
« pa^ne a. Cette annonce pourroît engager des
cultivateurs en province à faire des plantadons de
cctaibufte inutile , comme il eft arrivé à plufieur»
pcrfonnes , fondées fur cette opinion , d'en venir
offrir aux maîtres d'attelicrs.
Le fpart n'eft qu'une plante de îa cUffe des gra-
minées ,^conféquemment il n'eft point le gênct ,
ni autre arbriffeau. Le fpart eft connu d^s natura-
liftes fous le nom latin Ugnum fpartum. Enfin le
gcnût n'a jamais été employé par les Romains, quoi
qu en dilem pîufieurs livres modernes. Ceft par-
tout une équivoque de fpartum^ qui c< ff^n^
avec fpanmm , qui eft le gêna.
r O C A B U L A I R E.
I G U f L t.E </if *kattUri c*eft une grolTe aiguille
ilefcf , longue de dix à douze pouces , avec laquelle
On coud les cordons qui doivent former la narre.
Branches ; efpèccs de cordes, compofèes de
rfifTérens britts de paille ou de jonc , avec lefquclles
■on forme les cordons qui compofent les nattes.
■ Cordons ; efpéces de tilTus de paille ou de
■jonc, avec lefuuels on forme des nattes.
■ Ester ; cfpéce de natte ou tiftu de paille , dont
I les orientaux fe fervent au lieu de lit.
Ficelle à natter ; c'cft une ficelle fort menue ,
dont les nattie/s fe fervent pour coudre les cordons
qui doivent compofer les nattes.
Natte ; c'efl un tilTu fait de paille , de jonc ,
de rofeau , ou de quelques autres plantes, écor-
cet ou fiUudres , faciles à fe plier & à s'cntre-
kcer.
Ourdir ou hJtir à la tringle ; c'eft , en terme de
Aauier y attacher à une tringle les cordons de paille
pour les ajufler & en compofer des nattes*
Spart ; plante de la claffe des graminées ,
dont on fa . des cordes, des nattes 8c autres ou-
vra7,es treffés âc nattés.
Tracer la katte , terme de nattier en paille;
c'eft en faire les cordons au clou , c*eft-à-dirc ,
pafTcf alternativement les unes fur les autres les
trois branches de paille dont le cordon cfl corn-
pofè.
Travailler au clou , terme de nattier ; cVft
attacher la tête de chaque cordon de la natte , à
un clou à crochet enfoncé dans li barre d'en-haut
d*un fort tréteau de bois.
Tréteau , pièce de bois avec des clous à cro-
chet , auxquels le nattier attache les cordons de
paille qu*il veut tracer.
Tringle ; outil du nattier, C*eft une pièce de
bois hériflTêe de clous à crochet pour y attacher les
cordûns qui doivent former la natte.
NAVETTE ET COLS A-,
( Art qui concerne ces plantes. )
Ljk Nayette oultndvetfiuvdge, ne diffère du
navet commun ou cultivé^ que par fa racine» qui
cft beaucoup plus petite » d'un goût acre , & qui
feot le fauvageon* Sa fleur eft jaune & quelque-
fois blanchâtre » Tes feuilles font plus décou-
pées.
La navette croît naturellement fur les levées
& les bords des foffés. Elle fleurit en avril & en
mai , & produit beaucoup de petites graines.
On féme la navette depuis le commencement
d'avril lufqu en juillet , & en plein champ. Il
lui faut des terres fortes & bien labourées , & que
Ton herfe après la femaille.
On connoit que la femence eAmdrej quand la
coffe eft devenue blanche.
Cette graine eft employée par tes oifeleurs pour
nourrir dans des cages bien des efpéces de petits
oifeaux , comme fenns , chardonnerets , linottes,
pinçons» 6tc.
C'eft aufii de cette graine que Ton tire par expref-
fion rhuile qu on appelle huile de navette ou de
rahette. La navette eît cultivée avec foin en Flan-
dre 6c en Hollande : on la cultive encore en I^rie,
en Champagne, en Picardie, en Normandie, où il
fc iaii un aUez gri*nd négoce d'huile exprimée de
cette graine, dont Tufag:; le plus ordinaire eft
peur les ouvriers qui fabriquent des étoffes de
laine , & pour ceux qui font des ouvrages de bon-
neterie.
Il icn confomme auflî beaucoup par les cou-
verturiers , 6t pour brûler dans la lampe , fur-
tout lorfv^ue Thuil'- de Haleine manque , foit parce
que la guerre cmpcchc les pécheurs ou les mar-
chands d'en tirer des pays étrangers.
Les qualités de la bonne huile de navitie font
une couleur dorée , une odeur agréable ^ & qu'elle
foit douce au goûr. On la mélange quelquefois
d^huile de lin , ce qui fe reconnoit a Tamcrtum^ 6c
à Todeur moins agréable.
Du Cvlfs.
Le colfa ou colza eft une efpéce de chou que
Ton cultive avec fuccés dins les Pays Baj» , &
fur-tout dans les environs de Lille.
Oo diftingue oWAcurs «foéces de colfa , favoir ,
celui à fleurs blanches, qui n'a été appoi
lande en Flandre que depuis cfuelqucs ai
deux autres cfpéccs à fleurs jaunes.
De ces deux dernières efpéce , il y
qu*on nomme le colfi chûud^ qui eflregan
le meilleur, parce qu*il croit aifcment p;
qu'il exige moins d*cngrais.
La méthode de cultiver le colfa eft la mi
toutes les efpéces ; & chacune d'elles acqi
ou moins parfaitement les accroiffemem
font propres , félon la nature du terrain o
fôme, félon la bonne on mauvaife cuku
a reçue , la circonftance des temps , & cetM
cidens auxquels il eft fujer*
Cette efpéce de chou diffère des autret^
cultivées , par fes feuilles , plus pentes & n
mées, par fes tiges plus groffes, cepcQtk
tes ûz quatre à cinq pieds» ^
Tout ell utile d<ins le colfa ; fa graine,
tire par expreiTon une huile graffe» feo^
celle de navette.
La graine la plus noire , la plus féche,
pleine , & qui paroît la plus huileufe lorfi|
crafc , eft la meilleure pour le moulin.
Les pains ou tourteaux de colfa dont OH^
mé rhuite, fervent à nourtir & engraiffci^
tiaux de toute efpéce. On les leur donii
tés , & mêlés avec du fon.
Ces tourie;iux foin encore un des mei!
grais pour les terres dcftinées ii recevoir l0
ces du colfa.
Le colfa fe plaît dans les terres douces
nni du fond. Il demande beaucoup d'eng
le féme & on le replante comme les choil
difpofe par rangées, à un pied les uns dtf
& on laifl^e fix pouces d'inte^^valk envtif
les plantss de chaque rangée. <
Le colfa fe récolte à la fin de jutn ou
mencement de juillet. On le fcie comme
lorfqu'il eft jaune ; on le mer entas oti €
au milieu des champs. Il y fermente, ce qij
rendre beaucoup plus d*huilc qu'il n'en
fans cela. On le bat enfuire pour en recil
graine , qui fe conferve rrès-bicn dans lc$'
avec le fimple foin de la remuer. '
Le Gtlfat fournît une graine beaucoup pi
N A V
te mieux noume que celle de navette , ce qui lui
fait donner le nom de groJ[fc navette,
L'huîle qu'on en exprime diffère peu de celle
twce de U /ia\'eite ordinaire ou pttitc navette,
Sêdiûère d'adoucir l huile de navette & de ceifa.
Vojci un procédé qui a été publié par M. l'abbé
RoficT , pour rendre les huiles de navette & de
xolfa 3gréabks au goût & à l'odorat , en bur en-
lerant le principe acre & cauflique qu'elles con-
dcnnent*
Les fcmences émulfives » dttcefavant, font les
fcailes qui donnent les huiles graffes, & ces huiles
grafles différent des huiles efientielles.
L'huile graffe exiffe toute formée dans le végé-
tal, Se elle eft prefjue toujours dans rintérieur
des femences. DansThuile d'olive, elle eft dans la
pulpe. Les huiles effeniîellcs n'ont point de fiégc
m dans les végétaux, & n'y varient que paria
façon dêtre-
Les huiles de chou & de navette ont beau-
coup de rapport avec Thui le d'olive ; elles font, ai nfi
qu'elles « fluides, tranfparcntcs, mifcible^ aux autres
hudes,aux beurres, graiffcs, cires, réfi nés , &c.
& elles fe ranciffcnt par la chaleur 6t la véturté.
L'huile d'olive eft !a meilleure huile griffe con-
nue ; & la meilleure huile de chou & de navette
eft acre. Cette dernière dépofe beaucoup & prom-
pïement ; ik extraite de h graine marchande ,
même récente» elle eft rance.
Pour découvrir la caufe de cette acrimonie ,
de cette rancidité , il f^iut de toute néceÛiiè remon-
ter aux principes confflmtifs de ces huiles*
Les huiles graffes de chou & de navette , con-
tiennent une huile effentielle , ce qui f ft prouve
par la différence des charbons qui reftent après
leur uftion.
Ces huiles graffes perdent peu-à-peu leur muci-
bge, Êc fe rapprochent à la fin de ces mêmes huiles
effn rit lies : eiles contiennent encore un efprii
reâeur & fulphurcux : cet efprit reittur réfide
dans le parenchyme de la graine , & par i*eitpref-
fion de cette graine il s'unit en partie avec Thuile
graffe.
Le goùf acre St légèrement cauiltque des hui-
les effeotie lies 8c de Tefprit refteur ne doivent pas
être confondus avec le goût rance que les hui!cs de
navette & de chou ont prefque touj urs.
Si on dillille les huiles graffes chargées dVau ,
Veau bouillante en fépare l'huile efftntielle & le
mucDige ; fi on prend léparément cette huile effen-
tielle , & fi on l'ajoute à petite dofe à de i'huile
de colfa 6c de navette , même récente , on la rend
acre 6t dêfagréable.
Si on fépare, ou bien û on prive de leur mu-
cilage les huiles de colfa & de navette, la ra nu-
llité ne tarde pas à paroltre.
N A V
349
Outre les huiles effiniiclles & Tefprit reéleur ,
les huiles graffes de colfa et de navette contien-
nent encore une ftibAance réfineufe. Tels font
les principes conftitutifs de ces deux huiles> qu'il
étoit de la dernière importance de connoîrre , afin
de parvenir a les dépouiller des principes qui leur
font nuifibles , & aân de confcrver ceux qui leur
font avantageux.
Les huiles de coîfat & de navette reconnoif-
fent deux caufes de leurs mauvaifes qualités; les
unes font naturelles, les autres font acquifes.
1^. La maturité tncomplette des graines quand
on coupe la plante.
2**. Si la plante coupée refie trop long -temps
étendue fur terre » & furiout dans un temps plu-
vieux.
3^. SI rhutniditè la pénétre quand on Ta mife
entas ou en meule.
4". Si la graine portée dans le grenier , a pompé
l'humidité de Tair, elle y rancira facilement, de
même que fi on lui a enlevé fon écorce: ces grai-
nes ranciffent comme l^^s fruits pourriffcnt.
5^. Si on fait chauffer la graine avant de la
mettre fous le preffoir.
On jugera facilement de ces mauvaifes qiiatl*
tés, fi on compare l'huile vierge récente, extraite
de la graine macérée , avec une pareille huile où
l'on aura employé la chaleur pour l'extraire, &
où l'on aura négligé les moyens de confcrver la
graine faine*
Air^fi , pour avoir une huile parfaite en ce genre ,
il faut détruire Tcfprit rcéèeur qui eft le principe
du goût acre & de l'odeur défagréable ( ce qu'on
doit dillinguer de la rancidité )• 11 faut égale-
ment détruire b fubflance gommo-réfineufe qui
communique encore râcreté.
La germination des graines Û^ns un terrain
fablonneux, enlève en partie cet efprit relieur ;
mais un moyen toujours fur , toujours efficace
pour détruire les principes nuifibles , eft de faire
macérer les graines dans une leflîve alkaline , qui
corrige les deux fources d'âcreté de ces huiles.
Après irente-fiît ou quaraute-huîi heures de ma-
cération à froid dans cette leffive alkaline , on
lavera ces graines, & enfuite on les mettra pen-
dant dix ou douze heures dans une eau aiunèe.
Les eaux doivent fuma gerces graines i b hau-
teur d'un pouce* Après cette double opération ,
on les lavera enfuite exaAement dans Teau ot>-
dinaire ; on les étendra, & on les mettra féchcr
j fqu*au temps où on voudra les envoyer au pref-
foir. L'économie exige qu'elles foient prcffècs
auffuAi qu'elles feront féchées, & il ne convient
pas de les garder plus de fix mois*
Pour confcrver l'huile qu'on extraira de ces
graines, il faut la laver ; quelque temps après on
ta foutire de deffus fon dépôt : on doit lui con.
H
350
N A V
fervcr Ton air principe , & fou tir furabôndaiit ,
mè-nc Timprè^ner d*un air nouveau*
Pour cet cffdt » U fiut mettre dan$ le fond du
vafe avec l^uUe > une éponge trempée dans une
paie on peu liquide , tbrm f j d'un mélange de deux
parties d*alun en poudre, & d*une de craie de
Champagne , ou de toute autre terre abforbante ,
qui aura pUu d*affinité avec Tacidc vitrioiique de
rahm , que la terre argîleufe n'en a elle-même. I!
(c formera une nouvelle dècompofition & une
combîoaifon lente de ces fels ; mais comme qu'il
(c fait en ce genre aucune nouvelle union, il ne
ne fe dégage en même temps beaucoup d*air ,
cet air fe mêlera à l'huile à mefure qu'il s'échap-
pera.
Ce feroît une erreur de penfer que ces fels St
ce mélange peuvent altérer la qualité de l'huile ;
ils font tous infolubks dans Thuile : la préfence
de rUuile qui enveloppe ces fels, les rend encore
plus lents dans leur réaftion. Il ne fe pro-
duira donc de Tatr qu'infenfiblement , & feule-
ment pour fournir à la perte que l'huile en
pourra faire.
Si , malgré cet avantage , Thuile faifoît encore
un dépôt mucilaglneux , ce dépôt étant répandu
dans les cavités 6l les cellules de l'éponge » fe
trouve en plus petites maiTes raffemblées : il eft
par cette raifon moins difpofé a la fermenta-
tion.
On peut avoir encore recours k une autre mé-
thode pour empêcher les huiles de fe rancir ; c'cft
d'y ajouter une plus grande quantité de mucilage
doux , qu'elles n'en contiennent ordinairement ,
pour parer d'avance à la perte qu'elles feront dans
la fuite.
Le fucre efl la feule fubflance qui puifle être
employée avec facilité : il le faut faire diflbut're
par trituration à froid dans une portion d'huile »
pour être mélangé ei^fuite dans la mafle reliante.
Les proposions les plus convenables font de
fix onces de fucre fur cent livres d'huile ; mais fi
rhuile eft déjà rancc & quelle n'ait pas été
faite avec les précautions indiquées , cette mé*
thode nuit au lieu tfètre avantageufe ; car le fu-
crc développe encore plus Todeur fit le goût qu'elle
pou rr oit avoir*
U faut tenir les vafes dans lefquels on met
N A V
rhuile , dans des caves fraîchei , Ac en tout f«i!l*
blables aux meilleures caves pour conferver le vii^
On doit avoir foin de laver fcriipuleufenient les
vai/Teaux qui doivent la contenir , 6l paffer enfuîte
dans ces vailTeaux un peu d'efprit-de*vtn ou de
froment, U eft eft'entiel de tenir ces vaiJeaux par-
faitement bouchés , ce qui eft totalement oppofè
à la ccjtume ordinaire.
Ce n'eft pas aflez d'avoir dépouillé ces huiles
de leur mauvais goat» de leur odeur défagiéable>
enfin de les avoir rendues bonnes pour toui les
ufages économiques, il i^ut encore tes corriâtt
quand elles font devenues rances. '|H
Uhoilc eftentielle , les réfmes mifes à nu psr
Tabandon du mucilage ^ font les principes du goût
6cdel*odeur defagréables. L'efprii-de*vin ou dA
fromcni les corrige à peu de ftais.
Pour cela faites légèrement chauffer Thulie ;
ajoutei de refprit-de-viD ; agitet le vaiileau quand
refpric-de-vin fumera fur 1 huile ; féparez cette
huile de Tefprit-de-vin , & aioiuez-en de nou-
velle.
On peut également faire cette opéniion à
froid.
Cet efprit'de-vin fe charge de l'huile éthèréc,
fit peut-être de la réfme ; mais il n'eft point perdy
ni altéré pour cela en le traitant de la maoïcrc
fui van te.
Il faut rétendre dans ûx panies d'eau de chaux
légère , féparer Thuile éthérée qui fumage cette
eau après ce n èlange , la filtrer fur de la chaux
leftîvée. Cette eau dépofera fon principe fauî*
leux « & par la diftiUarion on retirera & on fépa-
rera l efprit-de-vin de leau dans laquelle on IV
voit mêlé ; alors il eft auftl pur & aufti inodore
que dans fon premier état. JE
Ces huiles ainft corrigées, gardent pendant pIV
fieurs jours une fenfatioa traîche quand on les
goûte, 8c elles ont une légère odeurd'efpnt- de- vîii
qui n'eft pas défagréable, & qu'on peut cepen-
dant leur enlever par des lotions réitérées dam
l'eau ordinaire, lion veut les employer tout de
fuite.
Cette correélion de la rancïdité des huiles , don-
neroit un bénéfice confidérable à celui qui, après
s être exercé, l'entreprendroit dans le grand.
N À V N A V
r. O C A B U L AI R E.
35^
ijOLsA OU COLZA » efpèce de chou dont
Il {raine abondance rend beaucoup d*huile par
opreffion*
Grosse navette ; nom donné à la graine de
colfa 9 parce qu'elle eft plus grofle , en effet , que
h graine de nayette.
Navette; tfyiot de navet faurage» qui pro-
duit une femence ou graine abondante , dont on
peut tirer de Thuile par expreflîon.
Rabette ; c*eft la même plante que la navette ,
dont la graine rend de Thuile par expreiTion.
Tourteaux de colfa ; ce font des réfidus de
la graine dont on a exprimé l'huile. Ces pains
ou tourteaux peuvent fcrvir à aourrir & engraif-
fer les beftiaux.
;52
N O I
N o I
NOIR. (Art et fabrique du )
J^E NOm eft la couleur li plus oppeféc 2U blanc «
en ce qu'elle eft la plus obfcurc de toutes les
couleurs.
L'art produit dlflFèrens noin par la cakmation
ou TuAion de matières différentes.
n y a les noirs de bois de cerf, d*ivoirc et
d'os calcinés dans un vafe couven.
Le njir à'Aîîcmagne efl fait avec la lie de vin ,
les^ noyaux de pêche , l'ivoire 6t los , le tout
brûlé & calciné, cnfuitc lavé & porpliyrifé.
Ccft de ce noir dont les imprimeurs en taille-
douce fc fervent. Ce noir vient ordinairement de
Francfort , de Mayence & de Strafbourg , ou en
pierre , ou en poudre.
Il s'en fabrique néanmoins en France , qu! ne
diffère de celui d'Alïemng;ne , que par la diffé-
rence qui fc trouve entre les lies de vin dont il
fe fait.
Celui de Paris eft même plus eflimé que celui
d'Allemagne, fit les imprimeurs en taille-douce
je trouvent plus doux.
Le noir d* Allemagne doit fe choiftr humide »
fans néanmoins avoir été mouillé, d'un beau noir,
luifant , doux , friable , ou facile à mettre en
poudre , léger, lîSt avec le moins de grains lui-
fans que faire fc peur.
Le noir de unt e^l une forte de charbon offile ,
tendre & gras au toucher.
Le noÏT de fumée cft produit par des réfmes
brûlées, telle que la poix, qui efl un fuc ou gomme
tenace , qu'on tire principalement des pins &
fapins.
Lorfqu*on fait brûler ces fubftances réfineufes ,
elles donnent une fuie noire & légère (gu \û noir
de fumie)yf\\\\ eA d'un grand uf-ge daiîs la pré-
paration de quelques couleur*, & qui entre dans
la compofiiion de l'encre des imprtmcxiis.
^ Le noir de fwmhç cft mifciblc avec Teau , par
l'intermède de rcfprît de vin ou de Teau-dc-vie
dont il faut l'imbiber avant de le mêler dans
les couleurs en détrempe.
Voyez l'appareil le plus convenable pour re-
cueillir h fuie que donne le noir de fumée , tom«
ÎV des gravures. Voici l'explication de la planche
qui en montre le développement.
La figure première rcpréfcntc rintérîeur d'une
chambre ou tour ronde , coupée par le lEi'
mètre.
Cette chambre eft couverte d'un toit conique ,
au fommet duquel eft fixée une poulie ji, furli»
quelle païTe une corde ah ^ ï, laquelle efl bA
Ïiendu un pavillon ou cône de toile , /g. % , ém
a bafe, tendue par un cerceau , affleure les pa*
rois intérieures de la tour*
A l'intérieur de cette tour, dont les fenètrO{
& la porte/ doivent être très-dofes, communia
un fourneau qu" auroit dû être rtpéfemé hm
de la tour , en forte que le mur du fourneau (c
fut rencontré à-plomb du mur de la tour, aân
d^ lai/Tcrle pa{ïage libre au cône de toile» pouî
defcendre le long des parois intérieures de II \m
jufqu'à fon rer-de-chaufféc , & raffcmbler pir ce
moyen la fuie ( ou le noir de fumée ^ conte-
nue dans fon intérieur; ce qu'il fera tacilc <k
fuppléer en concevant que la cheminée, /||,
foit fupprimée jufqu'n la naiffance de la hotte i
& que le fourneau foit placé au dehors d.* bâ-
timent , comme il a été dit.
Le devant du fourneau a trois ouvertures, li
première, au rez-de-chaufféc , cft celle du cen-
drier ; la féconde c , eft le foyer : elle répond w
niveau de la grille fur laquelle on place le bon ;
ia troidéme i/, eft celle par laquelle on ît
dans la chaudière, /r^. 4, les matières te
dont la combuftion produit le noir de fumèc.
C'eft par cet appareil qu on reçoit la fumée (joî
s'échappe en flocons de facombuAion de réfmc,
de térébenthine, de poix noire , & de goadrotli
qui ne peuvent fervir à autre chofc*
Ces flocons de fuie ou de fumée s*ana:
la toile, ou aux peaux de mouton don:
binet eft tendu.
En Allemagne , oîi il fe trouve de vaflci fw«
de pins & de fapins , on fatt le noir de h^k
en grand , & Ton conftruit des fourneaux W"
quemcnt deftinés à cet ufage.
Noir de fumée dont fe fervem iij.êrfwws.
Pour donner plus d'éclat & plus de îetï n
diamans, 3c aux pierres qv\ les imr:- m
févres- joailliers font ufage dit noir dv ORI
ils tapiffent le fond de la monture.
N O I
Volet , d*aprè$ Kunkel, h meilleure prèpiriûoii
de ce noin
Trempez de la filaCe , du lin , ou du 61 crud
dan» de l'huile de lia. AUumcz-Ies en fui te : tenez
diTcâi^menc au-delTus un v^^âeiu de cuivre ; il
iy atuchera une fumée ^ ou fuie très-déliée ;
quAûd vous en i^urez fufHfamment» détachez cette
fuie , broyez-la avec du vernis de lacquc , ou
i l'huile dafpic , & employez: cette coukur de la
manière que vous Je jugerez à prc-pos ; vous
aurez un très beau noir iuifant.
On emploie auffi , dîc-on , Tencre de la Chine
au nsême uOge.
Le noir d* cerf eft ce qpi rcfle dans la cor-
nue, après que Ton a tiré de la corne de cerf,
refprit, leftl volatil, & rhuile. Ce réftdu fc broyé
avec de Tcau , & fait une forte de noir qui
eft prefque aud beau & aufE bon que celui
d'ivoire.
Noir pour la pcifuuru
Or emploie dans ta peinture plufieurs efpéces
die noirs diffère ns , tels que le noir d'ivoire «
d'o^ » de noyauic de pèches , de charbon , &
pour U frefque , du noir de terre.
Mits le noir d'ivoire eft fans contredit le meîl^
leur pour la peinture. On le prépare en mettant
des Morceaux d^ivoire dans un creufet, avec un
couvercle luté bien cza^ement ; car s'il y avoît
le moindre jour au creufer, il fe conuimeroït
entièrement. U faut metrre le creufet ainfi rempli
de morceaux d'ivoire , dans un de ces fours où
FoQ fait cuire U poterie; & pour que Tivoire
devienne d'un beau noir, & foit bien cuit ^ il
hut y laifter le creufet pendant tout rcfpace du
teaps qui eft néceiTatre pour cuire les poteries*
On broie enfuite ce noir fur k porphyre le plus
an qu il eft poffible.
Le noir d'os & celui de noyaux de pèches « fe
prépare de la même manière.
Quant au noir de charbon^ on ne fait que piler
du charbon dans un mortier , ôc le broyer enfuite
i Teau fur le porphyre* On le met alors fécher
£r petits morceaux fur du papier lifle. C'cft un
au noir pour U peinture.
B '^ Le nùir de f^lpie fe tire de farmens brûlés,
^ Ceft le plus beau de tous les noirs. Plus on le
^oie« plus il donne d'éclat.
tLe noir de compo/tûon eft le réfidu dc5 opéra-
€ioiks du bleu de pruffe* Il tire Un peu fur le
Vett.
Le noir de pèches fe fait avec les noj^aux de
l^eches brûlés comme le noir d'ivotre « OL brgyés
^H-6ns fur le porphyre. Il fert beaucoup en
^ ' lure.
Ans & Métiers^ Tome K Partie, A
NOI 353
Noir ilqulde d'Angleterre pour les cuirs.
Ce noir eft d'autant plus à rechercher, quHl
fait Teftet d'un beau vernis « & qu'il a lavan*
tage de ne tacher ni les mains, ni les bas.
On prend une chopine de bierre , pour fix fols
de noir d'ivoire en poudre, pour deux fols de
fucre candi , paur deux fols de gomme arabique »
& pour deux fols de cire vierge» On m^t le tout
enfemble dans un pot de ttrre à trois pieds; on
le fait bouillir à petit tèu fix minutes , puis on
le laiffe refroidir.
Il faut étendre ce noir liquide 8t froid fur le
cuir avec un pinceau : on fe fert d'une brolTe
neuve fit douce, pour Tétcndre également; en-
fuite on fe fert é^unt autre brolle un peu rude
& neuve , pour fécher le noir. Plus on broiî^e ,
plus le noir devient beau & poli.
Recette pour faire un beau noir,
Pulvérifcz des noix de galle , étendez cette
poudre fur une plaque de fer; prenez une autre
plaque de fer rougie au feu , & broyez la
poudre jufqu'i ce qu'elle rende une certaine huile*
Mêlez cette liqueur huileufe avec de l'eau , &
la broyez de nouveau avec un morceau de cuivre
en forme de bouchon , ou de petit broyon-
Il réfulte de cette opération une teinture du
plus beau noir. Les d^mes afutiques s*en noircif-
fcnt les cheveux & les fourcils dans le royaume
d'Aftracan.
Teinture en noir publiée à Londres*
Saturez deux livres de virriol de cuivre avec
Talkâli fixe. ( On recommande la por^lTe d'Amé^
rîque , fi on peut fe la procurer, ) Il faut en-
viron une quantité de cendre égale au poids du
vitrioU
On aura foin de faire la leHGve des cendres ,
& la diftblution du vitriol dans deux va Tes ft-
parés ; on ks mêlera enfuite ;on agitera ces deux
liqueurs trés-exa^ement ^ & on les abandonnera
pendant quelques heures^
Il fe formera fur le champ un précipité ; &
lorsqu'il fera bien dépofè, il faudra ajoufcr quel-
ques gouttes de leilive de cendres fur la liqueur
nageante. Si elle ref!e claire , c'cft une preuve
qu't;ile eft bien faturée ; fi elle ne Tcft point , îl
y aura un précipité bleu qui en fera le produit.
li faut alors ajouter de la Icftive de cendres,
jufqu à ce qu'on foit parvenu ï la décompofitton
totale du vitriol de cuivre. Il n*y a pas môme
de danger à m^m^ un excès de leftive de c, drcs.
Il faut lufti avoir attention de v crier psu-à peu
U leftiye de cendres fur k diffolution de vitriol ,
354
N O I
a6n d'éviter la grande efiervefcence qui feroit re-
jailUr les liqueurs hors du vafe.
Ce mélange de deux livres de vitriol & de
deux livres de cendres, doit être employé aux
proportions ufitées du verd-de-grts, & au même ^
poids , & on rajoutera aux autres liqueurs de la
teinture à divers temps y comme on le pratique
à regard du verd-de-gris.
Le noir ainfi teint, n'altérera point les mar-
chandifcs , cette préparation tend plutôt à les
adoucir qu'à les corroder, particulièrement les
chapeaux , dans la teinture dcfqu^ls il entre beau-
coup de verd-de-gris.
On confeille encore à ceux qui voudront fubfli-
tuer cetie préparation au vcrJ-dc-gris , d'avoir
tmijours fous la main deux vaiiTeaux : dans l'un
on tiendroit ime diffolution de vitriol de cuivre,
& dans l'autre une leffive très-forte de cendres
piêtes à ttre mêlées dans le befoin : car lorf-
qu'ellcs font gardées quelque temps étant mêlées ,
elles ne produifcnt point une réuiTite aufR fatis-
faifame.
Noir des corroyeurs.
On appelle premier noir, chez les artîfans qui
donnent le corroyage aux cuirs quand ils ont
été tannés , la première teinte de cette couleur,
qu'ils appliquent fur les peaux d'animaux. Ce
noir eft fait de noix de galle , de bierre aigre ,
& de ferraille.
Le fécond noir eft compofé de noix de galle,
de couperofe , & de gomme arabique.
Noir d*E/pagn€.
C'efl alnfi que l'on nomme le liège brûlé &
réduit en charbon dans des vaiflfeaux fermés.
On fait du /2«ravec de la noix de galle, de
la couperofe ou du vitriol, comme l'encre com-
mune ou à écrire.
Il fç fait encore du noir avec de l'argent &
du plomb, dont on fe feri à remplir les creux
•u cavités des chofes gravées.
Le noir qu'on emploie pour peindre les cadraas ,
s'appelle noir d'écaillc.
N o I
Pour employer ce noir^ on le broie trés-fii
dans un mortier d'agathe , avec de l'hutle d*af
pic ; & pour donner une idée de la finefle qa*i
doit avoir, il faut employer au moins une demi
jourtiée pour en broyer un gtos.
Après que le ncir cft broyé, on le retire di
mortier, & on en pofe une partie fur un morceai
de çîace : le rctte doit être enfermé dans un vaf<
très- propre ; & afin de le rendre plus coularf 8
propre à être employé au pinceau , on y reme
de nouvelle huile d'afpic, que l'on broie avec un
petite fpatule d'acier.
On 'fait auffi un noir avec PamanJe qiû fe trouv
dans la noix d* Acajou, Il fikut ôter la pellicul
qui cft deffur. On Cclcine enfuite l'amande ai
feu. Si on réteint auffirôt dans un linge mojill
d'eau-de-vie ou de vinaigre. Du refle ce noir {
prépare comme le billre & les autres couleurs
obfervant de le broyer à plufieurs reprifes , t
de le laifler fècher chaque fois.
Les arts de la teinture & autres, cmploier
encore différens noirs qui font rapportés'' à Icu
article. Voyez auiTi ce qui eft dit ce cette cou
leur , page 4 du tome 11 de ce diâionnalre.
Noir de cheminée.
Prenez du noir de four ou de cheminée
faltes-le calciner dans un creufet , ou dans u
pot de terre non verniffé. Lorfque le feu com
mence à le pénétrer , vous le verrez roiiglr
jeter des étincelles & pouJer de la fumée. Cett
fumée eft la graiffe qui s'évipore.
Quand vous n'en verrez plus foriir, reiircit 1
pot du feu , & lalffez-!e froitllr.
Lorfquc la matière eft refroidie, jetez-la fur u
marbre, & avec la molette broyez-l^, en ;
verfant de temps à autre un peu d'eau, dar
laquelle on a fait fondre de la gomme la pli
claire & la plus bcl'e : on fait enfuiic une pat
à laquelle on donne une .iufte confiftance, pot
lui donner enfuite telle forme que l'on juge
propos , & on la lalffe féchcr.
On peut y mêler un peu de fijl de bœuf.
Ce noir ainfi préparé peut remplacer l'enci
de la Chine.
r o C A B u L A I R E.
A
CAJOU, {noir /) Ce noir fe tire de la com-
buftion de l'amande qu'on trouve dans la noix
d'Acajou.
Allemagne ; {noir d" ) couleur qui fe tire de
la calcination de la lie de vin , de l'os , de
l'ivoire , &<.
Angleterre; (/10/V Iqu'ided*) c'eft un noir
qui fe fait avec de la bierre, du noir d'ivoire.
du fucre candi , de la gomme arabique , & i
la cire vierge.
Cerf ; ( noir de ) c'eft le rlfidu charbonneux (
la corne de cerf.
Charbon; (/io/V </tf) c'eft le noir qui fe ti
d'un charbon pilé & porphirifé.
Composition; {noir de) c'eft le nom qu
N O I
donne au 4:ifidu des opérations du bleu de
ttwSe.
CORROYEURS ; (/!<?/> des) c'çd un noir fait
avec de la noix de galle , de la bierre aigre , &
de la ferraille.
Ecaille ; ( noir d* ) c*eA un noir qui fe tire
de l'écaillé brûlée.
Espagne ; ( noir d* ) c'eil le noir que l'on tire
du charbon du liège brûlé.
Fumée ; ( noir de^ c*eft le noir produit par la
fiunée de rèfines brûlées.
<7ALLE ; ( noix de ) c'eft une noix dont le fiic
lAtrés-aftriiigent, & qur iêrt dans certaines coin-
N o I
355
pofiiions de noir avec la limaille de fer.
Londres ; (^teinture en noir de) c'eft un noir
2ui rél'ulce du vitriol de cuivre & de Talkali
xe.
Noir ; c*eft la couleur la plus obfcure.
ORFàvRBS ; ( noir des ) c'eft un noir de fumée ^
ou de fuie très-déliée.
PiîCHES ; ( noir de ) noir qui fe tire des noyaux
de jpêchiîs brûlés.
AERRE ; ( noir de) c'eft une force de charbon
foOile.
Vigne ;(/w/> de) c^efl un noir qui fe tire da
charbon de farmens de vigne br&iés.
.^^ -« V
Yy i
35<
NOIX DE BEN. (Art concernant les) |
JLi'aRBRE qui produit la noix de ben » croh en
Efpagne , en Arabie > en Ethiopie , & dans les
Indes.
Le b^n a deux forces de feuilles ^ l une fimple
& Tautrebranchue.
La branchue, prife depuis Tendroit ou elle tient
à fatî^e, eu compofèe d^une côte molle, plian-
te , cylindrique , grêle , femblable au petit jonc
ou à un rameau de genêt , mais une fois plus
menue. De ceite côte fonent des queues ou
petites cotes , d*un palme & plus de longueur «
fort écartées les unes des autres , rangées deux à
deux , garnies chacune éc quatre ou cinq con-
jugal fons de feuilles qui fe terminent aulE en
une po nte fort menue.
Le tout enfcmble forme la feuilU branchue : ces
rameaux de feuilles en portent d'autres petites à
lei^rs noeud * toujours pofées deux à deux^ de
figu c fit de grandeur diiiérentes; caries premières
font à pointes mouiïes comme les feuilles du
tournefol : celtes qui font au milieu font plus
pointues, & fembhbles à celles du myrthc; celles
qui font à lextrémité font plus petites fit plus
étroites*
Eles tombent toutes en hiver; d'abord les pe-
tites feuilles , puis toute la feuille branchue.
La racine de cette plante efl épaiiTe , fembbble
en quelque façon k celle du navet , noire en de-
dans fit peu branchue.
Le fruit , félon Bduhîn , ed une gonfle longue
d'un palme, composée de deux coifeSj cylin-
diique, gr c, partagée iritéfieurcment en deux
lo^es , renflée depuis fon pédicule jufqu'à foa
sulieu t contenant une noix de la grofleur d'une
oo fette dans chaque loge.
Cette goufle eft pointue ou en forme de flilet ,
rccourbcc en bec à fon extr^^mité , rouiTâtre en
dedans , brune ou ceadiée en dehors , cannelée &
ridée dans toute fa longueur, coriace, fleiibk,
de la nature des écorces , un peu ailringeiice k
fans fuc-
La petite noix renfermée dans chaque loge dl
triangubire. Elle contient, fous une coque & fouj
une pellicule blanche & fongueufe» une amaAde
anHl triangulaire, graile » blanchâtre, un peu acre,
a mère , huileufe.
La noix de ben contient beaucoup d'huile êpii(>
fe , 8c un peu d'huile eflentielle » acre fit brâlaote,
unie i un fel ammoniacal. Ccfl cette huiîc fubtili
qui purge fie fait vomir.
Les parfumeurs vantent Thuile de ben i patte
qu'elle fe rancit difficilement , fit qu étant £tti
odeor > elle n'altère point celle des fleurs.
Quand on veut tirer les odeurs des fleuri pf
le moyen de Thuile de ben * on prend un viif-
feau de verre ou de terre , large en haut, étroitpif
bas ; on y met de petits tamis de crin par ènp;
on arrange fur ces tamis des fleurs par lits ifeÇ
du coton cardé bien menu iL imbibé d'huile de beflj
on lai (Te le tout dans cet état pendant quatre
heures, puis on jette les fleurs.
On en remet d'autres avec le môme cotoo,!t
Ton réitère jufqu'à ce que Thuile foit fuflirafnoeoi
imprégnée de Todeur des fleurs. On finit ptf
exprimer Thuile du coton.
L'huUe de ben fert encore à adoucir la peifl*
Cette huile , mêlée avec du vinaigre fit du nitrCi
efî auflî très-propre pour guérir les petits boutofll»
fie calmer les démangeaiions.
On racle les racines de hcn dans Tlxide, »
on sVn fert comme du raifm » dont elles ow te
goût acre ^ piquant.
Il e{l aufll d'ufage de faire cuire fes fiiiipes
îorfqu'elles font vertes 8c tendres , fit de lesoièlff
parmi les ïUmens pour bur fenrir d^aEaîfonaen^
ÉÉI
NOIX DE GALLE. (Art concernant les)
L^£$ noix de §alle font des excroiffances contre
Oiturc, formée* par la piqûre de quelques infec-
tes fur des chênes en divers pays.
Ces excroiffanccs ont une forte de noyau ,
mab elles n'ont qu*une fauffe apparence de noix
ou de fruit.
H n'y a prefque point de plante qui ne foit de
même piquée par un infeéle, fit qui ne pro-
duifc de ces prétendues noix de toute couleur &
de toute grandeur* Il y a des arbres dont les feuil-
les en font entièrement parfem^es ; mais on ne
leur a point donné de nom, parce quon n'en fait
point d*ufage; peut-être tirera-t*on dam la fuite
quelque utilité de ces cicroiiTances qui fe trouvent
fur Is plane , fur le peuplier, (ixr le faille , fur k
buis t fur le lierre » &c* L^i ftîcrets des arcs ne
»font pas èpuifés.
Les noix de gaïli , pnifqu on les nomme ainfi »
vienoeot fur des arbres qui jponent du gland ,
mais non pas fur toutes les cijpèces de chêne ni
daDs tous les pays.
Le chêne qui porte les galles y s'appelle rahre ou
nuvrt. Il croît dans le Levant » dans la Pannonie ,
«Sans riftrie , en Italie, en Provence , en Gaf-
cogne. Sic.
Cet arbre eft plus bas que le chêne ordinaire »
mis (on gros & (ouvent tortu : fon bois eft fort
«Kiï ; fc$ feuilles font découpées à ondes affcz
pofondes, couvertes d*un duvet délicat i fes
ttcurs font des chatons , & fes fruits des glands
fins petits que ceux du chêne commun,
Le rouvre ne fournit pas drs gaDes dans totïs
les pays ; par exemple , il n*en porte point en
Angleterre. La raifun e(t qu'on ne voit pas dans
1« Ifles Britanniques , les infeélcs qui donnent
Aaifance aui naix de ^alie , & qu*il eft conftant
^ue c'cft à leur piqûre que ces fortes d'excroif-
«Occs contre nature doivent leur origine: voici
^omme elles fe forment fuivant les obfcrvarions
«'êï Malpighi.
Certiiiii petits infeftes , & fur-tout certaines
touches piquent les bourgeons , les feuilles ëi
*^s rejetons les plus tendres des rouvres : ils en
«déchirent les vaiffcaux les plus minces , & en
^<^nt fonir une humeur qui le forme d*abord en
^i>c coque ou veflie , & puis fe remplit & fe
«Urcir.
En effet, le cœur du bouton étant cnramê par
^ tarière de Tinfeéke, le cours du fucre nourri-
^CT cù. interrompu, La féve.détournée de (on che-
^ûi^ s*extravafe^ s'enfle & fe dilate a Taide des
bulles d'air qui entrent par les pores de Técorcc ;
fie qui roultnt dans les vaifleaux avec la fève.
Cette veifie fe llèche en dehors , & Tair exté-
rieur la durcit quelquefois en forme de croûte
Sl de noyau* Eafin cette boi:le fe nourrit , vé-
g'^tte , Ôt groflu avcc le temps comme le rcile de
Tarbrc.
Ces veflîts font deftinécs k être comme la ma-
trice qui doit recevoir les œufs q\re pondent ces
infeâestles conferver, les échauôer , les faire
éclore & les nourrir.
Quand on ouvre les noix de ga!le mûres
& récentes , on trouve à leur centre des vermif-
feaux , ou plutôt des nyrr.pbes qui fe développent
irîfenfibtcment, et fe changent en mouches qui
font quelquefois d'un genre différent.
Peu de temps après que ces in&fies font for-
més , ils ie cherchent une iffue en ton gant la
fubfiance de la noix de galle ; enfin ils font un
trou rond à la fupcrficie, par lequel Us fortent
& s'envoient.
Si les noix de galle ne font ^int percées , on
y trouve le vcrmifleau ou la mouche ; mais fi elles
font ouvertes > on les trouve vides ou rempUes
d'autres animaux qui font entres par hafard dans
les trous, & fe font cachés d.ms ces petites ta*
mères: on y trouve, par cxwvmple , quelquefois
une petite araignée qui profite du domicile vide :
elle y tend des fikts proportionnés h U grandeur
de la place, & y attrape de^ pucerons fans ex*
pêrience, qui y viennent chercher aventure.
On dillingue deux fortes de noix de galle dans
les boutiques ; favoir, celles d*Orient, qu'on appelle
noix de galle d'AUf ou aîéplncs , & celles de notre
pays.
Les noix de galle d'Alep fotît arrondies , de îa
groflcur d'une aveline ou d'une petite noix, an-
gL»leufes, plus ou moins raboteyfes, pefantcs, de
couleur blanchâtre , verdâtre ou noirâtre , com-
plètes fitréfineufcs en-dedans, d'un goût aftrin-
geni 8t acerbe.
Colles de ndtre pays font rondes , rougcâtres ,
ou rouiTes , polies k leur fuperficie , légères, faciles
a rompre , d'une fubllancc plus raréfiée, fpon-
gieufes , éi quelquefois creufes. Elles font moins
bonnes pour la teinture que les noix de galle du
Levant.
On vient de voir que les noix de galîe dîfféren
par leur figure, par leur couleur, & par ^eu^
furfice polie ou raboteafe : différences qui dcp enr
N O U
35i^
JRE ÉCONOMIQUE. (Art d'une)
aliment dont le pci!-
ce qu'il eA peu coù-
, tant en l'anté que
• millet dont on a
nique pour l'orge
1 vnfi de terre.
^a y jette par
ouilic de ("on
'e ci:Ulcr ,
incc lufli-
•1 de fcl ,
ic.:cnt
plus favoureufe , les cuifinlers y ajoutent du fucre
(k des aromates.
Le millet, comme aliment , efl connu dans plu«
ficurs provinces de France , (ur-tout dans les pro-
vinces méridionales : on en fait des gruaux, des
tanres , des fleurs , ou efpèce de pâtilTerie dans
dis terrines de terre fort plates , qu'on nomme
mlllajjîèrts : on le réduit îiuffi en farine très- fine,
& on en prépare dcrs bojillies au lait & au beurre :
il y a même dans quelques provinces de France ,
fur- tout en Bourgogne & en Breûô, des cantons
renommés pour cette graine.
Le panis eH une efpice de millet moins )aune «
moins favoureufe & moins nourriiTante. C*eft
pourtant un des alimens ordinaires des payfans'
qui la cultivent » & ils en font une forte de
gruau.
5v8 N O I
dent prindpalement de U varicti des cf^èccs
d'infcâcs qui piquent les chênes.
Les meilleures noix de galle nous viennent de
Tripoli , & far-tout d*Alcp & de Moful fur le
tigre. On en recueille dans le Levant une fi grande
quantité , qu*on en tire de Smyrne feule, plus de dix
milles quimaux par an.
La noix de galle des Turcs , qu'ils nomment
taigcniiç;-^y eft rcugeâtre, de la grofleur d*unc noi-
fette. Elieefl employée dans leur écarlate^ ce qui
là rend fort chère en Europe.
Le principal ufage des noix de galle efl réfcrvé
pour ies arts, pour les teintures du grand» &
fur tout du petit teint, pour les corroyeurs &
;iutrcs ouvriers en cuir > enfin pour faire leiicre.
Les teinturiers emploient les galles étrangères ,
dites ga les alép'mcs , pour teindre en noir , & les
galles de France , qu'ils nomment caJfenolUs ,
pour former en foie le noir écru.
L'obfcrvation a appris que la poudre ou la décoc-
tion filtrée de noix de galle étant mêlée en petite
quantité à une liqueur qui contient la moindre
parcelle de fer dans quelqu'état que ce foit , y
manifefie ce métal fous la forme d'un précipité
plus ou moins divifé , plus ou moins rare , félon
qu'il e(l plus ou moins abondant, & de différen-
tes couleurs proportionnelles à fes différents degrés
de ténuité & d'abondance , dans l'ordre fuivant :
le précipité à peine fenfible eft d'une eouleur de
ro(e tendre ; il devient par nuance paillé , vineux ,
gros rouge , violet , bleu foncé , oc enfin noir ,
N o I
c^eft-à-dire , bleu très-foncé : cette dernière oiiance
ÊÙ celle de l'encre , qui n'eft autre choie qu^iuie
forte diflblution de vitriol martial précipité par la
noix de galle , & dans laquelle le précipité eft
confiamment fufpendu par une matière gom«
meufe dont cette liqueur eft en même-temps
chargée. ^
Les noix de galle fervent encore en chimie
à éprouver la nature des eaux minérales. Elles
donnent à la folution du vitriol la couleur noire,
ou plutôt celle de violet foncé j favoir , lorf-
que. le fel alkali des noix de galle fe joint au fel
acide viiri(jlique , &en faitréparoître lesparties mé-
talliques ; alors ces particules ne vont pas au fond
de la liqueur , mais elles s'unifient avec les par-
ticules fulphureufes des noix de galle , lefquelles
nagent dans le fluide , & foutiennent les particu-
les métalliques. Par cette raifon , Tinfiifion ou la
décoâion de ces noix fert aux chimiftes 8t aux
phyficiens pour l'examen des eaux minérales ; car
fi elles contiennent un fel vitriolique ou un pea
de fer ou de cuivre , cette infiifion ou cette dècoc-
tion donne à ces eaux la couleur noire, violette,
pourpre ou tirant fur le pourpre , félon qu'elles
contiennent plus ou moins de fel métallique.
Enfin , les noix de galle font employées par
quelques médecins pour refiferrer & répercuter »
pour affermir & fortifier les parties qui font trop
relâchées. On s'en fert dans des iqeâions & daci
des fomentations aftringentes. Elles entrent auiE
dans quelques emplâtres & ongHeos afiringens.
rOCABVLAIRE.
./xLEPiNES ; ce font des noix de galle d'Alep , qui
font arrondies , de la grofleur d'une aveline , d'un
goût aflringent & acerbe.
Bazgendge; nom que les Turcs donnent à la
noix de galle, qu'ils emploient dans leur tein-
ture d'écarlate. Cette noix ell rougeâtre , de la grof-
feur d'une noifette.
Cassenolfs; nom que les teinturiers donnent
aux galles de France , qu'ils emploient pour for-
mer en foie le noir écru.
Galles à l'épine. Les teinturiers appelleM
ainfi les galles étrangères qu'ils emploient pont
teindre en noir.
Noix de Galle; excroiflances contre nature «
occafionfiées par la piqûre de quelques infeâei
fur certaine efpèce de chêne.
RoBRE ; nom qu'on donne à Tefpèce de chêna
qui porte les noix de galle.
Rouvre ; c'eft le chêne fur lequel fe trouveaa
ices excroiflfaaces qu'on nomme noïx it galle.
N O U
N O U '
359
NOURRITURE ÉCONOMIQUE. (Art dune)
Oi
' N prépare en Pologne un aliment dont le peu-
ple tait beaucoup d'uiâgc , parce qu'il eA peu coû-
teux , nourrKTact 6c fort fain y tant en l'anté que
maltdte.
Cet aliment fe fait avec du millet dont on a
ôté i'écorce , comme on le pratique pour l'orge
monde.
Ou met chauffer de Tcau dans un vafe de terre.
Lorfqutâle commence à bouillir, on y jette par
petites pincées le grain de millet dépouillé de (on
ècorce, & Ton agite le tout avec une ci:Uler ,
jufqu^â ce qu'il ait acquis une confiftancc fuili-
fante ; on Taffaifonne eufuite avec un peu de fcl ,
de hit ou de beurre.
Cette préparation , que les Polonois appellent
h:hd^ ell fi eflimée parmi eux, qu'elle pi! oit fot:-
Tcntfur la table des riches ; mais ptur la rendre
plus favoureufe, les cuifinlers y ajoutent du fucre
6l des aromates.
Le millet, comme aliment , ell connu dans plu-
ficurs provinces de France , (ur-tout dans les pro-
vinces méridionales : on en fait des gruaux , des
tanres , des fleurs , ou efpèce de pâJjTerie dans
des terrines de terre fort plates , qu'on nomme
millajjîèns : on le réduit auffi en farine très -fine,
& on en prépare àts bojillies au lait & au beurre ;
il y a même dans q lelque* provinces de France ,
fur- tout en Bourgogne & en Brefle, des cantons
reiiommés pour cette graine.
Le panis efl une efpice de millet moins jaune ,
moins favourcufe & moins nourriiTante. C'eft
pourtant un des alimens ordinaires des payfans'
qui la cultivent , & ils ca font une forte de
gruau.
^^a^iafa»
NOYER ET NOIX.
( Art concernant les )
1^1 noytr eft un arbre d'une très-grande aulicé^
tant par foit bals que par Tes fruits.
Il fc multipjic ordinairemenr par fcmence» ou
siolx , & ne commence à donner du fruit qu*au
bout de fept ans de femence ; il eft à fa per-
fcftioa loriqu^îl eft âge d'envi roa foixante ans.
Cet arbre pJt^e fur le même pied des flt:ur$
mâles & des ticurs femelles» d*une odeur forte
Gui n'eft pas defagréable. Les prcraicres forment
ces chitons , les derniers font affemblées dtux
ou trot» enfemble.
Aux fleurs fuccèdent les fruits, qui ont une
écorce charnue , venc , acerbe 8c lui peu amèrc ,
que l'on nomme trou de noix. Cette première
écorce couvre une écalc ou coque ligneufc qui
renferme une amande dîviféc en quatre lobes*
Prcfquc toutes les efpéces de noyers ont les
feuUles conjuguées , & attachées fur unecdteccr<
minée par nombre impair.
Le noyer de la famt'Jtûn eft une efpéce aicïiî
nommée ^ parce qu'elle ne commence à pouffer
des feuilles quedaus les premiers jours du mois de
juin, & que fa yerdure n^eft completre qu*à la
iaint-Jean» Cette fingularitè ne fait pas le feul
mérite de ce noytr , c'eft une efpéce prccieufe.
Les autres no/ers, qui commencent à pouiTer
dès les premiers jour» cle mai , font fujets à être
cadommag:s par les gelées du printemps, qui
perdant en même- temps le fruit ; au Lieu que
le noyer de Ufaint-Jean ne commençant à pouiTtr
^ue quand la faifon eA aifiirce , n'ell jamais fu-
jet à cet inconvénient. Cec avantage divroîibien
engager à multiplie: cet arbre dont la noix , qui eft
bonne , mûrît pr^fque aullîîL^»t que les autres.
Cependant il cA \in moyen de fauvcr aufli les
noyers des premii;r*s gwlces du piintems, qui,
attaquant fic les fleuis , & les jeunes pouffes
des feuilles encore tendres , privent d'une ré-
colte utile, Cetre méihode fe pratique dans le
Dauphiné » depuis Grenoble jufqu'à Romano ,
& même jufqu'au RhAne.
Elle confitte à greffer i'efpéce de noyer qui
pouiTe dès le commencement du printemi, avec
l'autre efpéce de noyer tardive aui donne des noix
d^une bonne qualité, & qui font toujours bien
pleines.
Le noyer efl d'sutant plus agréable \ greffer,
qu'il fc gr^ff; ciés-bient qvioiquil aie acquts une
certaine groffeur » 8c qu'il foie même un arbre
d'un ptâd de diamètre.
Pour pratiquer cette greffe, on les couroiae
vers la fin de février ou au commenceoiem de
m^rs, en ne les étéiant pas entièrement» tnui
lailTant fubfifler les maîtreffes branches dam II
quantité néceflaire pour former un bel arbre. Oa
les coupe dans les jeunes arbres 4 quinie ou
dix'huit pouces du tronc, 8c dans les granli
arbres on leur laiffe dix à douze pouces de loa*
gueur. Ces branches ainfi coupées , pouffent de
nouveau bols qu'il eft bon d'avoir foin d'élagucfi
Ôt au printems fuivant,que ces jeunes brancha
ont une année, on choifit les plus beaux fu;cti(
en ne lailFant fur chaque groffc branche quediq
ou fix jeunes poufTes que Ton greffe en fàit%
& dont on difpofe les yeux de manière à poirfa
des branches qui donnent une belle forme I
Tarbre.
Quand même elles ne réuflîrolent point toutes*
il en refte toujours affez pour former un bd
arbre, qui, pouiïant plus tard, donne toujours
des noix en abondance , fic font alors A*un irei-
grand produit.
Les noyers fc plaifent le long des chem -
dans les vignes, le long dîs terres labo . .
fur lescol.lfcs, & dans Us gorges des moauçRa
à rexpofifion du nord 8c du levant. Leurs ranflf»
pénètrent dans du tuf, dans de la Craie 8t lutre
terrain ingrat: elles s étendent â plui àt iit
toifcf.
Si Ton (ni une tnc.fion au tronc do ncv^r
printemps, il en fort ime timjeur abondimf p
peut, dit-on, fervir de boiftbn.
Les Roix ou fruits des noyers , diffèrent P^
la groffeur, la figure, la dureté & U goùr, fc^"
leurs efpéces. IL y co a même une ibric d
Tamande eft amère.
Les noix font bonnes à maneer qtur.u
approchent de leur maturité. On les co©**
alors cern^anx^ parce qu'on les ccrc« pour ^
tirer ds leurs coquilles.
Les nrix que l'on garde pour ITiivcr icqulèr^
un peu d'dcreté ou de rancidité en fécbaist; ^
les mettant tremper quelques jours dans Fm»
l'amande fe gonfle, on peut alors U '" *"'
de fi peau , 8c elle devient douoc
Oi
N O Y
On peot confire les noix certes , foît avec leur
bfOii f ou fans brou.
On fait avec les noîx fiches & pelées une e(-
pke de conlerve brûlée afleE agrcable, que
fon nomme rtouga,
Lci ooïx vcrics peuvent fervlr à compofer un
nt^ûà de fantè. Pour cela on les dépouille de
leur brou , 6c un les grille au fucre.
Quelquefois on met infuier les noix entières
iim de l'eaii-dc-vie 6l du fucre, ce qui £dk un
ratatia trés-ufué » connu fous le nom de brou
de noiir, ^
On fait encore de la manière fuivance un bon
ritjfia de noix.
On cueille les noix lorfqu'elles font en-
core ni trop vertes , ni trop avancées , c'eft-à-
dire, lorfque le cerneau n'elt pas bien formé. On
les choifit fans aucune tache ; on les met dans
un mortier ; on les pile au nombre de dix pour
chaque pinte d*eau-dc-vte. On met cette pare
«UnsTcau-de-vie, où on la laiiFe infyfer Tefpace
de deux mois.
On retire cette liqueur pour la pa/Ter jufqîrà
trois fois à travers un linge blanc ; on met fur cha-
que pince d*ca«-de-vie un quiirteron de fucre, &
on laiffc Infufer le tuut de nouveau pendant
irn mois.
Il y en a qui ajoutent quinze clous de g'roHe ,
vnc once & demie de cannelle ^ & deux gros de
■lïcis.
Comme les noix ne donnent pas une couleur
igtèabie à ce ratafia , on lui en procure une en
pliant des feuilles de ccqueliquc t avec les noix.
Un pourroic encore mieux employer roeillct
iougç connu fous le nom d'œillet à ratafia.
Il ne re<le plus qu*à filtrer ce rarafia pour
avoir une liqueur ftomachique excellente.
Mais le plus grand ufage qu'on fait des noix
fiches, eft de les piler (ous la njeule» & d*en
tetirer par exprefllon une première hutîc prè-
firable, fuivant plufieurs pcrfonnes, au beurre
Aàrhulicd*olive , pour faire des fritures.
Ccïte huile , en vicilHiïant, acquiert de la vertu ,
^ui b fait chtiiilr ponr entrer d^^ns la compofi-
«ioo de q^ielqucs médicamens.
Quand cette première huile efl exprimée , on
prend la pâte qui re(^e , on îa met dans de
grandes chaudières de (cr fur un feu modéré ; on la
^r^nfpoae encore bruyante djos des toiîes; on la
»imet au preffoir j on en rertre alors une fé-
conde huile qui a une odeur forte , mais q^ii
^ honne « foit à brûler^ fait à faire du favon ,
ÏC qui eft fur-tout exctllenie pour les grolTcs
peintures , ayant foin de la mêler avec de la
lithiTge.
Cette huile a la finguUére propriété de faire
*éçher plus promp^cment les couleurs.
Jns & MeÛ€rs. Toffu K FanU L
N O Y
561
Les peintres font donc fouvent ufage de
ThuîSc de noix pour faire fècher leur pein-
ture y mais ïorfque cette huile efl colorée > elle
peut gâter les nuances de leurs couleurs ; ils
défirent de Tavoir claire et limpide comme de
Teiu, Voici deux procédés diffireiis , au moyen
dcfqueh ils peuvent blanchir Thuilc de noijc , &
lui donner la limpidité qu'ils recherchent.
Le premier efl d'expofer leur huile de noix pen-
dant quinze jours au foleil dans des vaifleaux lar-
ges & plaîs , fur \i fond derquels il ne faut met-
tre que répaiflTeur d*une ligne d'huile, Lorfqu elle
eft refVée cet efpace de temps au fa!ciî pendant les
grandes chaleurs , il faut enfuice la dégaificr en
la mêlant avec des terres abforbanies & ^rgi^
leufes.
Le fécond procédé eft moins embarraflant ; il
s^aglt de prendre un quarteron de lith«irge d'argent,
deux onces de blanc de cérufe, \k deux onces de
couperofe blanche , les réduire en poudre fine ,
les mettre dans une bouteille de la cajiacité de trois
pintes , verler dcfTus de Thullc de noix, agiter ce
mélange pendant une heure, Uifler cnfuite repo-
fer la liqueur pendant quatre jours : Thuilc qui fur-
nagera alors fera claire, limpide ^ & telle que lc9
peintres la délirent.
L'huile de noix mêlée avec de Teffcnce de
térébenthine, elt propre à faire un vernis gras
qui s'emploie communément pour iuftrer des
ouvrages de menuiferie.
La décoétion des feuilles de noyer dans de
Teau fimple, s emploie à déterr.er les ulcères^ en
y ajoutant un peu de fucre ; Ôc fans fucre elle eft
trés-efRcdce pour détruire les fourmis qui gâtent
les arbres 6c les prairies.
Le noyer eft encore très-précieux pour plu-
ficurs ans. Les teinturiers en emploient ks raci-
nes , fée or ce , fur- tout celîc des racines , le*
feuîllei, & le brou pour faire des ceintures très-
folides en fauve ou de couleur de café» eu de
couleur de noifctte. Les crofFcs même que Ton
teint avec ces fubllances du noyer» n'ont pas
befoin d*ètre alunées.
Les menuifiers & les tourneurs font avec le
brou infufé dans l'eau , une t.inturc qui donne
aux bois blancs une belle couleur de noyer.
Le bois de noyer cil Tant, brun, veiné, fo-
lidc , afTcz plein , facile à travailler ! on cn fa-
brique les meilleurs fabotv.
Il eft é^alem^iit recherché par les fculpteurs ^
les ébéniltes^ les armuriers, les lourneurs , ^c,
C'eft un des meilleurs bois de TEurope pour
faire toutes fortes de meubles , n'étant poiac
fujet à la vermoulure.
C*cft fur-tont les racines de noyer que Ici tt-
Métiers & les ébétiilics choifiiTent pour faire cer«
Z £
362
N O Y
tains meubles de chambre , comme tables » com-
modes, tablettes, armoires.
On fcîe ces racines en travers & en lames
minces d*un quart de pouce , pour faire des pla-
cages qui fervent à former des fortes de deffins
& de compartimens*
N o Y
Les noyers de la Virginie & ceux de la Loin-
fiane ont leur bois plus colori que le ndtre ; nuii
fcs pores font plus larges, & il eft moins pro-
pre aux ouvrages du menuifier & du tov-
neur.
rOC^BTTLAIRK
B
ROU DE NOnc ; c'eft Técorce charnue, verte,
acerbe & amére qiù fait la première enveloppe
de la noix.
Cerneaux. On appelle ainfi les noix divifées
en deux praties , & dont on cerne l'amande qui
commence à mûrir.
Huile de noix ; c'eft la liqueur qu*on tire par
cxpreffion des noix féches mifes fous la meule.
Noix; fruit du noyer: elle eft revêtue d*une
ècorce charnue , verte & amére , & d*une écale
ou coque ligneufe qui renferme une amande.
NouGA ; efpèce de conferve brûlée qu'on £ût
avec les amandes des noix.
Noyer ; grand arbre dont le bois eft braiii
veiné , liant & facile à travailler : (bn firutt oa ^
noix a une écale fort dure, laquelle renfttae
une amande divifëe en quatre lobes.
Noyer de la faïnt Jean \ e(péce particaliére k
noyer , dont la verdure n'eft complette qu'à h
faint Jean.
Ratafia de brou de noix. Ceft uœ limMir
compofée du brou de noix in&fé dans de m«-
de-vie & du fucre.
N O Y
N O Y
363
NOYÉS* ( Art nouveau de secourir les )
w'tST un art nouveau de pouvoir ranimer des
noyés qui périroient effe»5livemenr , ù on n** Uu»
portoit des ibîns prompte» fccourablcs âc éctai-
En effet , il eft prèfentement reconnu que des
pcrfonnc* qui ont reilé très- long- temps fous Teau ,
peuvent être rendues k la lumière , quoiqu'eiles ne
donnent eitérieuremcnt aucun figne de vie.
Difons d'abord quecVfl une tréi-mauvaife habi-
tude de furpcndre le noyé ta tète eji bas pour
lui faire rejeter Teau quil a avalée. En effet, d'ha-
bilci anatomiHes ont reconnu qu'il n'y a pas
Crdinairemeni dans l'eftomac d'un noyé autant
d'eau qu'en peut boire un bonime qui a très-
Lorfqu'un noyé eft retiré de Teau » o^ doit le
réchauffer au folcil ou avec des linges chauds. Un
kain d*eau chaude ou de cendre tiède lui feroït
très ta%'orabIe. Il faut Tagiter fortement» lui fouf-
ficr de Tiiir dans les poumons avec un chalumeau ,
fut donner des tavemens chauds ^ ou fouffler dans
les imeiiins la fumée du tabac d une pipe ; lui
chatouiller l'œfophage avec les barbes d'une plu-
me ; lui verfer dans la bouche des liqueurs fpi-
rituèufes ou une décodion de poivre dans du vinai-
gre. On a vu même réuffir de rurine chaude. On
ne doit négliger aucun de ces moyens : cVft par
c^l cffcru réitérés qu'on efl parvenu quelquefois
a lappeler un homme à la vie,
Apfés deux ou trois heures d'agitation , û les
lefîr.tives ne reufliffent pas, on peut engager un
c:li)rurgien à faire une faignce à la jugulaire.
Comme dans les noyés 6c ceux qui f^nt tombés
Crs apoplexie, les veines du cerveau fe trouvent
^rop engorgées de fang , ù les vaiffeaux peuvent
^tre un peu vidés, ils feront plus en état d'ag-r
fur les liqueurs qu*ils doivent Uire mouvoir.
Au détaut même de fuccès de tous ces remè*
des, le chirurgien peut ouvrir la trachée- artère ,
3i6a que Tair naturel qui entrera , ou Tair chaud
<fo*an introduira , puiiie ranimer le jeu da pou-
mons • & de toute la machine.
Sûciité établie m faveur dis noyés*
Eft-il une établiflement qui fafle plus d*honneur
à l'humanité, que la fociétè qui 5*cft formée depuis
peu de temps en faveur des noyés ?
L'ob;ei de fon înftitution eft d'accorder des
ï>rix k ceux qui rappelleront des noyés à la vie , &
tlt rctnbourfer les avances que cette bonne oeuvre
pourrolt ocrafioonci » 6c en même temps d'indi-
quer & de fournir les moyens néccffaircs pour
recourir les noyés.
Ces moyens confiflent , l^ i faire paffer de Pair
dans le fondement au moyen d'une pipe ordinaire
ou de tout autre tuyau , comme une gaine de
couteau dont on auroit coupé la pointe , ou un
foufHùt* &c. Plus cette opération fera prompte
& faite avec confiance, plus elle fera utile.
1^. Auffitâr qu'il fera poffible, il faudra tâcher
de chaj'Ter & fécher le corps fans trop le fati-
guer ni le furcharger ; 8c pour cela il feroit bon
de le vêtir de la chemife oc des liabits de quel-
qu'un des aiBllans : on emploie auflî des cendres
chaudes , ou des peaux d'animaux î on tâche encore
de rendre de la chaleur au corps d'un noyé , foit
par un feu modéré , ou par la chaleur douce ôc
naturelle des perfonnes faînes qui fe mettront dans
le même lit.
Pendant qu'on emploiera ces moyens, on peut
y joindre , tk ce fera très*utilement , des friélions
le long de l'épine du dos , avec des étoffes chauf-
fées ou imprégnées d'eau- de-vie & faupoudrées
de fel.
Il fera bon encore de tenir fous ïe nez du malade
des cfprits volatils, tels que le fel ammoniac , la
corne de cerf , &c. Se d'en frotter tes tempes.
On fera bien auffi de chatouiller la gorge Se
le nei avec une plume ; mais il faut bien le garder
de verfer dans la gorge ni vin , ni eau de-vie ,
ni autre liqueur forte ; on ne doit le faire qu^après
avoir dillinélement aperçu des fignes de vie.
E^^ûn , il efl très-bon de fouffler dans la bouche
du noyé en lui pinçant le nez ; il faut pratiquer
( la fo'gnée à propos fur quelqu'un des vaiffeaux
* les plus apparens ; car lorfque le fujet eft fomenté ,
le fang (e porte violemment à la tece ; & au lieu
de périr fubmergè , il meurt , s*il n'eft fecouru
comme ildcvroit Tètre , d'un coup d*apoplexie.
On a obfervé que la méthode de rouler les
noyés quelque temps fur on tonneau efl le plus
fouvent pcrnicieufe : méthode qui ne rappelle le
noyé à la vie que pour quelques inAan»^,
Secours établis par rhùtei-di'-vUk,
Enfin , on dok aux foins , aux lumiirc $ & xiï
lèle confiant di M. Pia , ancien échevin de Paris ,
les détails fuivans, que l'hôtel-dcville a, par huma-
nité , fait diftribucr dans le public en forme d'inf-
Z z 2
f.O,
te fonder
364 N o y
truôion , avec les fecours qui doivent être admi-
niftrés aux noyés.
Il faut fur le champ , dans le bateau même , fi
la pcrfonne noyée y a été placée après qu'elle
aura été retirée de l'eau , & que fon état *u:mble
exiger un fecours prefTant ; ou fur le bord de la
rivière , fi la chaleur de la faifon le permet ; ou
dans le corp'.-dc-eî'rde ou autre endroit proche &
toinmo4», s'il eft polfible d'en trouver :
1**. La déshabiller, la bicu cfiTuyer avec de la
flannclle ou des linges , & la tenir très-chaude-
ment , en l'enveloppant foit avec des couvertures ,
foit avec des vêtemcns & ce qu'on pourra fe pro-
curer, ou la mettant devant un feu luodcré, ou
dans un lit bien chr.ud , s'il efl poffiblc.
a*'. On lui f©ufflera enfulte , par !c moyen d'une
canule, de l'air chaud dans la bouche , en lui fer-
rant les deux narines.
^. Oa lui introduira de la fumée de tabac dans
;mcnt, parle moyjn d'une m?c • e fumi-
gatoire qu'on trouvera dans tous les corps- de -
gard $.
Si ia perfonne retirée de l'eau paroiiïoit ex!g.?r
un preffant fv cours , & qu'on ne fût pas à portée
d'avoir fur-le- champ la canule Si la machine
fumigatoire, on pourra , pour le moment , fuppléer
à la canule pour introduire l'air par la bouche dans
les poumons , fe fervant d'un foufflet ou d'une
gaine de couteau tronquée par le petit bout.
On pourra également fuppléer à la machine fumi-
gatoire , en fe fervant de cieux pipes , dont le tuyau
de Tune fera introduit avec précaution dans le fon-
dement de la perfonne retirée de l'eau , les deux
fourneaux appuyés l'un fur l'autre , & quelqu'un
fouillant la tumée de tabac par le tuyau de la
féconde pi^.e.
On peut aufll emp!oycr avec fuccés les lave-
mens de tabac & de favon.
4*'. On ne négligera pas d'agiter le corps de la
personne en différens fens , en obfervant de ne la
pas laiffcr long-temps fur le dos. On réitérera ces
premiers fecours le plus fouvent qu'il fera poflible
& fans violence.
5^ On lui chatouillera le dedans du nez & de
la gorge avec la barbe d*une petite plume • on lui
foufflcra dans le nez du tabac ou de la poudre Aer-
nutatoire , & on lui préfentcra fous le nez de
l'cfptit volatil de fel ammoniac.
6^ La faignéc à la jugulaire furrout , peut ai'/Ti
être très-utile fi on trouve promptement un homme
de l'art qui jugera fi elle doit, être cm h y ce. Si
la perfonne retirée de i'eau donne quelque. Agnes
de vie , & qu'on ap^rrçoive que la rt fpiration
& la déglutition commencent à le rétablir , on lui
donnera d'abord peu-à-peu une petite ci îllerée
d'eau tiède : fi elle p.ifle , on lui donnera , ou quel-
ques grains d'émctique , ou de dt mi-hrurc en
demi-neufC, une petite cuillerée d'cau-de-viv* cam-
phrée , animée de fel ammoniac, dont on ti-ouvera
toujours des bouteilles avec la machine fuml-
N or
gatolre , & autres fecours dans le coips-le*
garde.
On mettra en ufage tous les fecours d-dcft»
indiqués pour toutes les perfonnes noyées , ùm
avoir égard au temps qu'a duré leur fubmtrfioo ,
à moins qu'il n'y eut des figncs de mort certaios
& évidens : le vifage pourpre ou livide, la poi-
trine élevée , & autres fymptômes de la mèm
efpèce ne devant point empêcher de tenter les
fecours indiqués.
On ov«'tit au furplus qu'il faut les employer
fans relâche , & avec la plua grande perfcvéraDCCi
parce que ce n'eft fouvent qu'après les awîi co«
tinués pendant trois ou quatre heures, & même
plus , qu'on a la fatisfaâion d'en voir le fuccà
fe développer par degrés.
UftenJiUs qui doivent compofer la machine ou loiu
fumigatoïre , 6» leur ufage.
La machine fumlgatoire montée avec fon fouf-
flet , peut fe fixer par une fiche de fer qui traverfe
le manche de la machine , par le moyen (Tua
trou pratiqué au manche & à la douille du fonf*
fin.
On peut faire faire à la machine ainfi affujetôe,
tous les mouvemens poflibles, en les diriceast
avec le foufflet ; & on eft difpenfé de toucher à
la machine , lorfque le tabac eft allumé , autre-
ment on fe brûleroii.
Il faut diftinguer le chapiteau ou couvercle dr
la machine.
La tubulure ou cheminée du chapiteau.
Le bouchon de liège fermant la chemîoicAi
chapiteau , dont l'ufage efl de pouvoir juger à quel
point le tabac fournit de la fumée.
Le bec ou canal du chapiteau qui conduit h
fumée du tabac jufque d^ns les intcflins du ooféi
Le bout de cuivre étamé , ou gorge dans laquait
s'insère le bec du chapiteau , pour la dircâioodl
la fumée jufaue dans les intenins.
Le tuyau fumigatoire , qui eft une fpirale es
reffort à boudin de fil de laiton, recouvert d'ofl*
peau blanche de mouton , collée avec de M
empois.
La canule de buis terminant le tuyau fi-mif^
toire. Cette canule eft ccmp:rée de deux pîéceii
dont l'une eft fixée au tuyau fumigatoire, & A'
corps avec lui ; & l'autre efl la tige d*uae cam*.
ordinaire qu'on peut retirer & remettre à vdoiHé t •
pour pouvoir lui fubAitucr une autre tige daiisk
cas ou , pendant l'opération des fecours , la pt**
mière vicndroit à s'engorger par la matière qui**
trouve quelquefois retenue dans les gros imef'
tins.
' Le foufflet a cinq pouces & demi de loag •
deprit fa partie circukire jufqu'à fon muffleîl^
plus grande largeur eft de trois pouces quaue
lignes.
Le muffle a feize lignes « réduites à douze près
NO Y
de h tuyère ou douille, laquelle a deiixpoiices &
rdemi de long, 6c efl percée dans toyte fa Ion-
Lgocur, pour communiquer le vent dti foufflct.
f Le mioche a trois pouces & demi de long , &
dîï bgnes de diaméire.
La mi(.hine , fans (on ccuvcrcle , a trois pou-
ces de haut , y compris la gorge , qui feule a
trois quarts de pouce *i ccue gorge efl de cuivre
I jiiinc , poLc autour , & a prés de deux ligues d'à*
pjtUcur.
Le cor^js de la michine cfl dj ouvre rouge
létamè^ 6c fautes fes.par.tics font brafùes à fou-
rc f lU ; de manière que, fi grsnde que foit
i;|i3)«fiM' riM*on ptut faire endurer.^ CLtie machi-
ï^ il n'y a pss à craindre que les loudures mun-
* 9ii€n:;ce qui intcrroinproit ropératioti.
Le dianiè.rc de la gorge de la machine, efl de
tin^t^une lignes , & celui du fond du fourneau
«fl de vingt-quatre.
Le couvercle ou chapiteau a àtux pouces de
haut , non compris fa tubulure ou cheminée » qui
1 fi» à fcpi lignes de haut fur autant de dîa-
mérre.
Le bec ou canal du chapiteau eft long de quatre
pouces ^ il a fi% à f^pt Ignes de diamètre à la
Dife, qui eft foudée au chapiteau, & fe réduit à
deux U«ncs à IVxtrcmità quis^ajuAc à la gorge du
tuyau fumigatolre.
Lt tuyau fiimigatoire a quatorze h qninze pou-
ces de long f c*eA une fpiiaic en report à boudin
de fil de laiton, recouvert d'une peau blanche de
n^outOD collée avec de bon empois : fa partie fupé*
ricute elt de cuivre rouge cumà ; elk forme h
gorge dans laquelle on insère le bec du chapiteau ,
Jorlqu*on vcu' faire manoeuvrer la machine. Ce
t4iy u eft t«.niânè par une canule compofée de
ftîem pièces, dont une eft fixée au niyAU fumi-
[Atatre , 6c fait corps avec lui.
L'autre eft la tige d*une canule ordinaire , qui
^ H amovible ^ fo .r pouvoir être changée à volonté,
t-ni le Cas ou elle s^engorgeroît pendant Tiifage
i%-> un tn fcroit ; Ôc c'tti pour ceue rilfon que ,
^nm rinventaiïc: de la boîte , on a mis deux tiges
^ canule.
Od a une couv rture de laine en forme de tuni-
Iuc',pour la ucîUié de couvrir promptement les
rtioyb, & de les garantir de TimprefTion de Tatr
' èxiiiieur. Qi, voit itlTez combien cette forme cfl
tommoîlc 2 tous ég.^rds.
On ^lUce dans la partie fupéneure de cette cou-
^rtture^ des rubans en coutifle pour pouvoir être
wr^, afin que les épaules fuient couvertes ; &
Ul cordons coufus aux parties latérales de ladite
CQtjvrturc ou chcmif«î, duîfl qu'aux manches ,
P'U'vntètrc noués, ft on le juge à propos*
f'Ucôn bouché en crilbj , rempli d'efprit vob-
^^ <3c fui ammoniac.
U place de cv fucon dans la boîi^cntrepôt ,
355
eft daot le fourneau de la machine fumigatoirc.
Cuiller de fer-étamè.
Le bateau de cette cuiller eft terminé par un
petit bec pour la facilité d'introduire dans la bou-
che des noyés, de Tem-de-vie camphrée, ou
aHtrcliq car , pour peu que les dcits foicnt dcf-
ferrées. Ce bateau clt plus profond que celui des
cuillers ordinaires , pour qu'il contienne pLs de
liqueur , 6c qu'i^ puiile fuppléer k un gobelet ;
fun m'Qche efl dirige de manière à pouvoir pla-
cer la cui^er pleine , fans qu'elle fjit expcfcc à
répandre ; & l'extrémité du manche eft faite pour
fervir de Icvkr , aiîn d écarter les dent« fi elles
étoieni trop ferrées , en prenant toutefois les
piécautîonn néceffaîres puur ne pas rifquer de
diiloquer la mâchoire du noyé qu'on voudroic
fe courir.
Canule à bouche ; c*eft une canule ordinaire ,
dîviféc en deux pièces réunies , en fuite par un
boyau de peau , large d'yn pouce & long de deux ,
pour intercepter à volonté le fouffle récurrent ,
& pour garantir le foutîlcnr des exhalaifons qui
forte nt de Tcftomac du noyé, lorfcjull commence
a revenir. Pour éviter Tincon ventent qui réfuiie
du retour de ces exhala'ifons , il fuffit de pincer
avec deux doigts le boyau de peau , Jorfqu'oa
ceffc de foufiîcr , & qu'on veut reprendre haleine»
La tige de c^tte canule eft plus forte que celle
des canules ordinaires, pour pouvoir réfifter aur
efforts que font les noyés pour la cafiTer avec
leurs dents, ce qui eft arrivé dans le commence*
ment de rét^bliftement : elles n^éioient pa>fi forces
qu'on les a faites dtpiiis.
Seconde tige de la canule fumigaioirc , pour
être fubftituéc à la premièf c, fi elle étoit engorgée.
Tuyau rumigaioire.
On doit être pour^iï auffi de quatre rouleaux de
tabac à fumer, d'une demi-once chacun ; de deux
bouteilles dV;m-de-vie camphrée , animée avec
Fefprit volatil de fel ammoniac ; d'unt petite boîte
contenant plufieurs paquets d*émétique , de trois
fjrains ; d'un rouet de foiilrc & de camphre, pour
a confcrvation des iiftenfilcs de iaine qui font
dans la boite ; d*un bonnet & deux frottoirs de laine
roulés enfemble ; de deux bandages à faigncr ,
toulcs avec leurs compreftes , 6lc.
Manièrt di ft fervir de la machine fumigatoire*
On met dans la boîte de cette machine une
demi -once de tabac à fumer , qu'il faut humeéter ;
on Tallume avec im morceau d'amadou ; on intro-
duit dans le manche de cette boite la douille d'un
faulEet , 6c on allume le tabac : alors on infinue
dans le fondement du noyé la tige delà canule ,
garnie d*un long tuyau flexible ; on adapte le gros
bout de cette canule au bec du chapiteau , dont
on couvre la boite oii cfl le tabac allumé : oti
bouche le chapiteau avec la tige , lorfqu'on voit
q^e la fumée en fort en trop grande quantiiéi
N o y
^ Il ne faut pas employer plus de trois quarts'
d*heure pour confumer une demi-once de tabac ;
mais il ne faut pas trop précipiter le mouvement
du iobffler.
Pour faire ufage de refprlt volatil du Tel ammo-
niac , on toriilte un morceau de papier qu'on
trempe dans le flacon , & qu'on introduit dans
les narines de la perfonne noyée.
L'ufage de la tlanelle & de l'émétique cfl indi-
que dans la première partie.
Addition À la machine fumtgatciru
M* Scanegarti s'eft occupé des moyens ie
perteôionner quelques-uns dc5 Inftiaiucn» dctti-
nès à fecourir les perfonnes noyées. Son atten-
tion s*eft particulièrement fixée fur Tinjeétion de
la fumée du tabac » & fur rinfpiration de Talr
chaud.
La répugnance pour la première , la force des
mufcles pe6ïorauz quVxige la féconde de ces opé-
rations indifpenfables , lui a fait imaginer une
feringue qui remplit ce double objet. Le corps &
le piAon n*ont rien de particulier ; mais le fond
eft percé de deux trous , dilians d'environ un
pouce : ils font Tun 6l l'autre garnis de foupapes,
mais garnis ditféremment.
L*«ne eft ^ Tintéricur des trous , & s'ouvre dans
rinfpiration du piflon ; l'autre foupape cft à Tex-
téricur de Tautre trou , & CvUe-ci s'ouvre dans le
refoulement , tandis que la première fe ferme , &
vice verja.
Chacun de ces orifices eft furmomé à l'extérieur
d'une portion de tuyau à vis , fur lequel fe monte
un écrou qui ti:at à un boyau de cuir plus ou
moins long , terminé encore par une vis d'étain ^
à laquelle on adapte les différentes pièces conve-
nables à 1 ufage qu on en veut faire.
En fuppofant , par exemple , qu'on veuille in-
Jeftîr de la fumée, on viiTe fur Torifice où fe
tiouvc la foupape intérieure , une pipe de métal ,
remplie de tabac allumé ; fi on élève le pîfion ,
la feringue fe charge nècelTairement de fumée,
qui , lors du refoulement , ne trouvant d'iifue que
par la foupape extérieure ^ c(l obligée de fuivre
le boyau de cuir terminé par une canule.
L*on peut, fans la déplacer , pomper & fouler al*
tcrnattvement , & faire ainfi paffer dans les intef-
\ tins du fubmergé » autant de fumée de tabac que
Ton juge à propos. Ce moyen a paru plus fimple
& plus a/Turé que celui du foumci aâuellement
en ufage.
Veut on introduire de Tair chaud & humide,
tel que le fourniroit un homme en appliquant fa
bouche fur celle du fubmergé ? On fubftitue k îa
pipe un tuyau de cuir, dont Tautre extrémîtc fe
vifle au*defius d'une petite bouilloire , dans
hquclle on échauffe un verre d*eau parune lampe
àrefprlt'de-vin. Si Ton afpire, la ferîngue fejcharge
de Tair chaud Qc humide qu cxîial-: la bouilloire ^
NO Y
& qui» en fe foulant, paffe diQs le bojrau ter<
miné alors par une efpèce d'auge très-iplatte , la
quelle , furmoniée d'une embouchure ou de &ttflè^
lèvres , pour prévenir toute évaporation ,
cet air dans la bouche , puis dans les pou
en telle force & quantité qu'il elt nécefiai;
On peut continuer cette opération fans di ^
cernent , 8c cette injeôion d'air eft bien (ùpè^
rieure à celle que peut fournir la bouche d'un
homme ^ qui, indépendamment de la répugnance.
eft bientôt rebuté par la fatigue. ]
On a fait avecfuccés» parles confeils du célè^!
bre M. Dumoulin , effai de la cendre pour faire
tcvcnU 1&5 ijoyéb ; mais comme il peut arrivef
des accidcns dans les lieux où il nr fe trouve pad
une alTcz grande quantité de cendres pour tentei
ce remède , il efl de l'intérêt de f humanité de faJ
voir qu'au défaut de cendres on peut mettre h
noyé dans du fable chaud ou dans du fcl puÙ
vèrifé. ]
Cette expérience a réuffi fur un noyer fraîche^
ment tire de Teau en Provence ; on a)Outa ai|
bain de fable les vomitifs , la faignée à la jugu<
laire, Ôc Tinfuiflation du tabac dans les inteftias ;
& le noyé revint à la vie.
Il y a quelque temps qu'un vaiflfeau Angloii
étant dans la rivière du Douro > à Opôrto en Por-
tugal » un matelot tomba par hafard dans Icauj
it refta bien fous Teau Tefpace d'une demi'heurt«
Quand on Teut repêché, on le déshabilla fur iù
champ , & on le frotta partout avec du fel » mais
plus particulièrement autour des tempes* k h poi<'
trine , & à toutes les jointures. Cette opcratioa
fut continuée pendant quelque temps , durant le*
quel cet homme commença à donner quelque!
lymptômes de vie , dont on n avoit pa^ pu avoir
auparavant la moindre apparence; & en moins de
quatre heures j au grand ctonnement de tout le
monde , il fe trouva fi bien refait qu'il cioit cil
état de marcher.
Noyés dans les ^Ucis & ddns les neignM
Comme la circulation ne Ce trouve que ralci
à un point imperceptible dans les noyés qui n*(
pas refté trop long-temps fous Teau , on pcttt
rappeler à la vie par les moyens que notti ven^
d'indiquer. On peut aufiTi rappeler àUviedcspil
fonnes qui ont été engourdies par un froid excd^
fous des glaces ou fous des neiges , fie que T^
croit quelquefois mortes.
Les moyens que propofe un phyfiden d*IIitf
bourg , d'après plufieurs expériences , c'cîl d^aboi
de plonger le corps que Ton retire du miîicu tl
neiges dans de Veau fraîche, pour ftîre dégel
peu-à-pcu toutes les parties extérieures ; i Tiq*
on verra ce corps fc couvrir d'une croâci
glace , ainfi que le fruit gelé qu*oii
troidc*
N O Y
An iordr de ce baîn , il faut mettre le corps dans
onlien tiède , c*eft-àrdire, à Tabri du froid & du
feD:là, il faudra le frotter d*abord avec du linge
ftoid y enfuite avec du linge chaud , & il faut lui
finifller de Pair dans les poumons , & l'agiter con-
N o Y 367
tînuellement. On peut auffi appliauer les véfica-
toires , & donner quelques clyAères piquans ,
comme avec de l'urine ; & procéder eniiiite , par
les moyens ordinaires, à ranimer peu-à-peu le
fang , & à rétablir la circulation.
^68
(E U F
<B U F
ŒUFS.
( Art de conserver et de faire éclore les )
Xj e s œufs font d^une utilité fi générale , fu^on
s'cA toujours appliqué à en t.rer tout le parti
poflfible. Dans les Indes orientales , on a le fecret
de les conferver au(& long-temps qu*on veut» en
les faifant cuire , & en les Talent fans caiTer leurs
coquilles, ce qui leur donne un goût trés-délt-
cat, & les rend en même-temps très -propres
à être tranfportés dans les voyages de longs
cours.
C*eft une pratique obfervée dans quelques
f grandes maifons où Ton fait venir des œufs de
ermes ou de terres éloignées, on a foin de les
faire cuire avant de les envoyer , en forte qu'il
ny a plus qu'à les réchauffer pour les manger;
& ils (ont aufTi frais que des œufs du jour ou de
la veille.
Une autre méthode de les conferver y confiffe
à les enduire d'une pâte avec de la terre grafle,
des cendres communes & du fel marin ; on les
met enfuite dans le four ou fous une braife ar-
dente , où on les laKTe autant de temps qu'il faut
pour les cuire. Ils fe conservent fi bien après
cette préparation 9 que les vaifleaux Européens
en font provifîon pour leurs voyages.
M. de Réaumur, dont les expériences ont tou-
jours eu pour but rutiliré publique « imagina d*em-
pécher la corruption des œufs en fuppnmant leur
mfenfible trarfpiration , & par ce moyen de les
conferver pendant trè^-long-temps , non-feulement
frais & bons à manger , mais encore propres à
être tranfportés d*un pays à un autre» pour na-
turalifer des volatiles dans des climats où ils fout
étrangers.
Pour cet eflfct il crut d'abord devoir les enduire
d'un vernis compofé de laque plate 6c de colo-
phane diiToute dans dj l'efprit- devin.
Dans la fuite il y fubftitua de la grai^Te de
mouton comme étant une matière moins chère
& plus commune : voici quel en eft le pro-
céda.
On fait fondre de la graiffe de mouton fraîche ,
on la paOe à travers un linge , & on la met dans
un pot de tcfe; lorfqu'on v ut s'en feivir, on
la r'qii^fîe p*r l.i cbileur du f«;.î , & on y plonge
un œaf |Jon a fuf)i:ndu par le irilicu â un brin
de Ûa long de fu à fept pouces : on fait enfuite
la même chofe fur tous les œufs.qu*oii veut coi*
fervcr.
On peut encore boucher les pores de lacoqi
d'œuf, foit avec de l'huile, fottavcc de la
liquéfiée.
On a l'expérience qu'un œuf ainfi préparé
gardé fix mois , fait encore le lait « & n*a pas
moindre mauvais goût. Mais il faut obfcr\'erftf
pour les conferver plus long-temps & plus fiai-
ment , on doit choifir des œufs qui n'aient pi
été fécondés , autrement le germe , étouffé fonb
vernis , ne manquera pas d'en corroopre I0
partie.
Les œufs vernis n'ont pas feulement ravaixi|B
de fe conferver bons pour être mangés
frais , ils ont encore celui de pouvoir être com^
en toute fureté , pourvu qu'on n'attende pu H*
delà de fix femaines.
En pareil cas on ôte le vemSs qui eft fur la (A*
que de l'œuf fécondé. Ceci eft encore un iBoyel
d*élever les oifeaux étrangers qu'on ne peut tnst
porter vivans qu'avecbeaucoup d'embarras .fti^
pour l'ordinaire , ne s'accouplent poîm hois à
leur pays.
Pai obfcrvé , dit Mufchembrœck « que d0
œufs que j'avois gardés pendant l'efpace de quant
années dans de l huile de raves , s'étoient confia
vcs très- frais ; car en les faifint cuire dam ^
l'eau ils s'y durcirent ; & lorfque j'ouvris k CD* \
que 9 ils âattèrent encore l'odorat & le goût tu
Ils ne fe gardent pas fi long-temps dans la |i*V
de bœuf. :
Si on les plonge dans de l'huile de lin & def^
rébenthine , i's y coniraâent une mauvaife ods*
propre à donner des naufées à ceux qui les B»^
geroient.
Ils fe pourrifTent dans la fiumure, danslebi<i
dans l'émulfion de myrrhe , dans l'infufion d'aki^
de racine de fe-pentûire de Virg-nie » dans la d^
coâon de quiiquina, de contra-yerva , & dil^
celle de terre de cachou.
Si on les enduit de cire , cet enduit ayant ntn^
certaine épaiiïeur fe Fend, & ne peut garantir 1*00
de !a pourriture , de forte , ajoute M. de Mtiflchem'
brœck , que dans toutes les épreuves que /ai taîtcs
jufqu'à
_ (S U F
jerqu'à prèfeor, je nai rien trouvé de préférable
ilIlQUe de rave a.
C» différentes manières d'interdire Taccés di
Tair extérieur dans les œu& & dans tous 1^ corps
fac Von veut préferver de corruption ou d'allé-
miûn , expliquent en rnème temps la caufe qui au-
roit fait confjrvcr, pendant trois cens ans, trois
«ufs dans un mur d'égUie en Italie » & qu'on a
trouvés après ce tem|>s très-bons & tré$-frais.
hioytns de csnnoftre fi Us ttufs font frais ^
Un moyen de connoître fi les oeufs font frais
•n non, tftdc les préfentcr au feu ; fi alors il pa-
roit de l humidité fur ta coquille » c*elt une preuve
\n\h {uni frais , Anoa Ion peut juger quiU font
vitiîx.
Va œuf frais a plus d'humidité qu'un viewr ,
\ 8c fes humeurs étant plus tenues ou plus déliées ,
I percent plus aifément les pores de la coquille.
Au reflç, tout le monde fait quil fuffic de les
'atîrtr  la lumière pour diftinguer un oeuf frais
dTun vieux: Toeîîf frais paraît plein & fans bulles
^ 4Vir ; i'ceuf vie«x , au contraire, paroîtextérieu-
H lement rempli de petits coins occafionnés par l'air
" rfibtè d^ns l'intérieur, à mefurc que le fluide de
IVuf s'eft c%*apQrè par la tranfpiration à travers
1^ pores de la coquille.
H Mithoâi ponr 4\mr des euifs tatue bannie*
le grand froid ef> un obftacle à la fécondité des
L çûules ; elles ne pondent que très-peu dans la fai-
!■ Ion rigoureufe. La môth^de ufitée dans certains
W PV' P^'^"*' prévenir cette interruption, confiée à
t'enfeimer les poules dans une forte d'enveloppe de
fumier chaud. Pour cet effet , on établit dans quel*
^t endroit clos & couvert» d'abord un fond de
k fimicr de TépaifTeur d*environ ûcxxx pieds : on
H foule & on aplatit autnnt qu^il ed poffible le mî*
H lieu du ptancncr ^ enfuice on élève dans tout fon
■ contour une efpcce de^mur de fumier encore
^bud , & auquel on donne une bafe fuf^fante
jKiur que ce rebord puiffe fc f^^utenir à la hauteur
cle quatre piedf.
^ cela fait, on ne donne à manger aux poules
V^ue dans cet^e fopte de parc , en obfcrvant de
P^nntrc leur nourriture dans quelques uftenfilcs de
ftois pour qf/ellc ne fe perde pas dans le fumier.
Cependant on y rc^antl de temps en temps un
ru de grain pour amuf^r les poules , qui aiment
gratter & à chercher.
On met de Teau à côté du manger. IL faut que
le fumier occupe tout ce réduit ; & quand on
sHperçoit q«ie la chaloir diminue , on renouvelle
«Tcc du fumier chaud tout h pourtour.
On a r<jin de mettre des lattes en dtlTus, on y
ttUche des nids llien garnis, afin que les poules
y perchent & s'y logent pendant la nuit.
Mit fr Métiers. Tom, V, Parue L
<K U F 5^9
Comme le fumier produit ta ne fnmie conGdé-
rable lor/qu'î! cft dans fa première chaleur » il
faut , pour la faire évaporer > pratiquer une ouver-
ture grillée , qu'on ferme par un vitrage lorfque
le griind feu cft paffé \ on fe fcrt d'un vitrage , afin
que les poules ne foient pas dans une trop grande
obfcurité.
On doît pourtant obferv^er que les poules donc
la fécondité eft ainfi excitée & prolongée , s ufcut
promptcment > & deviennent flériks àla iroificme
& quEErlémc année : on y remédie en les rem-
plaçant par de nouvelles.
Miihode pour faire edore Us œufs ^f ans iticttr
hation^
La manière de faire éclore en Egypte les œuft
de poules dans les fours, efl auffi ancienne dans
ce pays, qu*etle y eft ufitée , particulièrement
k Derme , village fitué à cinq lieues du Caire ,
où il fe fait un commerce confid érable d^oi féaux
d^meiliques (l'clos de cette façon.
Ces fours ne diflPérent des nôtres qu'en ce qu'ils
font bâtis do briques cuites au foleil, & qu*n$
ont pir le haut une ouverture ronde d'environ
dix-huit à vingt pouces de diamhre.
Chaque fournil a vingt-quatre fours , douze de
chaque côté , qui forment deux étages de fut
fours chacun , avec une allée rrès-étrolte qui les
féparc dans le miUeo.
Pour faire éclore les œufs , on les met dam
les fours d'en bas, & Ton entretient pendant huit
jours un feu lent, fait avec de la paille dans lef
fours i^cn haut, après quoi on bouche les foun
oii font les œufs , 6t on ne les ^uvre qu'au bout
de fix jours, pour féparcr les «eufs clairs d'avec
ceux qui font féconds.
Ce triage étant fait, on remet les bons dans
les fours de l'étage d'en haut, & L'on fait pendant
deux jours un petit feu de paille dans ceux à'^u
bas.
On attend enfuite que les pouHins foient tota-
lement éclos, ce qui arrive vingt-deux jours après
qu'on a commencé à mettre les œufs au four.
On n'en fait ufa^e que depuis Je mois de dé*
ccmbre jufqu*au mois d'avril.
On ne paie rien au fourni er pour fa peine &
la fourniture de fa paille ; comme il rend les pou(^
fins au même boifTcau qu'il a pris les œufs , il fe
trouve amplemc nt dédommage d-i fcs dépcnfes par
h différence de volume qu'il y a entre l'oeut Si
le pouffin.
Cette génération artificielle peut réuflir partout
ou Ton obfcrvera un juflc degré de chaleur rcla*
tif à la différence des climatf.
On a fait, il y a une quarantaine d'années^ à
Chantilly , des tentatives inutiles pour (aire éc!ote
des poulets.
On fe fervoit > au rapport de M. l'abbé Noilct »
A aa
37®
<ttÙ F
d'ctuves avec un feu de lampe ; mais appa-
remment que la vapeur de Thuile empèchoit le
luccés. Plufieurs foi^ îe poulet s*câ formé , mais
il n*eft jamais venu à bien , ou s*il s'eft ëclos , il
n'a point vécu.
M. de Réaumur a cherché une façon plus com-
mode & moins coûteufe . que celle des Egyp-
tiens. Il dit , dans fon art de faire éclore les poulets ,
que pour y bien réuffir il faut prendre des ton-
neaux vides , défoncés par un bout y placés fur
leurs cu's» & ejifevelis dans du fumier de cheval ;
mettre dans ces fours artificiels deux ou trois cor-
beilles oii Ton range des œufs , & qu'ils y font
couvés par la chaWur qui pénètre dans ces ton-
neaux.
Il ajoute qu il faut avoir foin de n'y laifTer en-
trer de Tair qu'autant qu'il en faut pour y mainte-
nir la chaleur qu'a une poule oui couve.
Cette méthode e/l en ufage dans diverfes com-
munautés, qui en retirent » dit-on y beaucoup de
profit.
Un homme a l'attention que la chaleur s'en-
tretienne toujours à-peu-prés égale.
M. de Réaumur a aufll remarqué, qu'une poule
remuoit plufieurs fois par jour les œufs qu'elle
coi:vey & qu'à fon imitation , il ne faut pas né-
gliger Je les charger auili de pofition.
Quand on fuit ce procédé , au bout de vingt-
un jours*, terme ordinaire de l'incubation natu-
relle , on voit éclore des poulets qui ne connoif-
fent point la mère foc s laquelle ils puiflent èitQ
reçus ; mais on y fupplée en les faifant pafTer du
tonneau dans une caiiTc longue, aufTi entourée de
fumier , mais inégalement , afin que les nouveaux
nés puiflent eux-mêmes» choifir le degré de cha-
leur qui leur convient le mieux.
Il eil même afTez ordinaire de voir éclore les
poulets le vingtième jour , c'eil-à-dire . un jour
plus tôt qu'ils ne fortent dans ce pays de., œufs
couvés par une poule ; la raifon en vient de ce
que CCS œufs ne font pas expofés au refroidiffe-
menr , comme le font de temps en temps ceux de
la p.tule. '
Entre les œufs d'une même couvée, les uns éclo-
fcnt pins lot , les autrc<i plus tard , à raifon de l'é-
paiffeur p us ou moins grande de la coque, qui fait
varier la tranfpi ration.
Pour régler les degrés de chaleur nécefTaîres ,
il y a parmi les œufs un ou plufieurs petits ther-
momètres que Ton a foin de vifirer de temps en
temps.
Quand la chaleur eft trop forte , on donne un
peu d'air frais en ôtant un moment U planche ar-
rondie qui Icrt de couvercle au tonneau » ou en
débouchant des ircus qu'on y a pratiqués.
' Si au contraire la chaleur devient trop foible ,
on r.jautc du fumier plus nouveau autour du
tonneau.
ŒUF
La précaution la plus effentielle qu'on doit aroir,
c'eft qu'il ne règne pas d'humidité dans le ton-
neau ; & pour cela il faut qu'il foit enduit de plâ-
tre en dedans , & que cet enduit ait eu le temps
de fécher.
Le degré de chaleur le plus convenable , c'eft
Ji degrés au thermomètre de Réaumur ; c'efl la
vraie chaleur de la poule qui couve : trente- qua-
tre degrés font une chaleur trop fone, mais qui
n'efl point mortelle aux poulets ; au lieu que celle
de trente-fix degrés eft abfolument trop forte.
Cependant cette façon de faire éclore les poulets ,
imaginée par Réaumur , s'eft trouvée fujette à tant
d'inconvéniens , que le public n'en a pas tiré tout
Favantage que l'auteur s'en étoit promis.
Autre méthode»
M. Mtffierapropofé une méthode plus facile;
plus fure & moins difpcndieufe que celle de M.
de Réaumur , pour arriver au même but.
M. McfTier fait pafTer le tuyau d'un poêle dans
un grenier, ou dans tout autre endroit élevé de
la maifon : il y fait enfuite confirtir j une lanterne
de fix pieds de diamètre , entourée de chafus vi-
trés, & terirtinée en dôme par le haut. Il y met des
tablettes d'ofier d'un pied de large tout autour ,
& les éloigne plus ou moins les unes des autres ,
{t\on la quantité d'œufs qu'il veut faire éclore.
Les cbafTis doivent s'ouvrir de haut en bas , &
même il faut que quelques carreaux puiflent s'ou-
vrir féparément , afin de donner de l'air »*îl fc
trouvoit trop de chaleur : il efl même nèceflaire
qu'il y ait toujours dans la lanterne un thermomi-
tre pour en marquer le degré.
Le tuyau du poêle doit pafTcr au milieu de la
cage , & être fait en fourche , parce qu^auffitôt
qu'on a atteint le degré de chaleur néceiTaire, on
terme une foupape : l'autre tuyau fcrt à faire paf-
ftr la fumée du poêle , & échauffe un autre en-
droit oii Ton veut élever les poulets.
Lorfque la cage cû une fols échaiiffce , fa cha-
leur î>eut d'irer au moins trente-fii heures dans le
même d.^ré , parce qu on n'efl pas oblig^i d'ouvrir
le couvoir comme dans la manière de M. de
R'-aumur. Pour obfcrver le ihermomèn'e,on peut
le voir au travers du verre.
Lorf.;jt les pct.rs f ;::t prêts à éclore, on dimi«
nu. Î;î ch.i'wjr .'e Jf ux ol» rrois f^t^grcs.
Pour trouv r le d-ari convïnabl-J , on prend
un [:ait tubi de '::.^::iu)ir.èîrO , on le met fous
iV.i;Tc::e rd i^^ \u\t dtir.i-h-.uic, & en le retirant
on à u:i f.l tojt pré: q.ie Ton r*oiie à l'endroit ou
fe troiive la "s]u':\.\x , & c: fera ùircmcnt le degré
le plus.-..//'.
On racciiie qu'une dame de Verfaillcs, dont
rappr.rtenii*^.t ai. grand commun eft divifé en deux ,
par un entrcfol alfez lias pour qii'on puifTe toucher
(E U F
léc h viain au plancher, s*aperçut que T^trc d'une
^chenûoèe de Tétage fupcrteur communîquoît beau-
^Qfip de chaleur à une tablette placée au^deflbus.
dame jugea cette chaleur capable de foire
rc des <x\d\ de poule , & le jugement de la main
fans le &cours d'aucun autre thermomètre , a été
mffcz (or pour que Tcxpérience ait réufli au bout
de ruigt &i un jours d'attention, en mettant fou-
ireot roeukdans la main , & approchant ou raculani
un panier fuivam la chaleur du plâtre.
L'oeuf a été parfaitement couvé dans ce panier
f/ïïnd de coton , Sl enân le pouJet a becqueté fa
coquiUe peu de temps après* Celui-ci a été fuivi
d'tui autre.
Ces deux poulets font nés le 17 & le 19 mat
1760. Us ont été élevés fur une fenêtre expolee au
leTiut » entre deux chaCTis , couverts de coton dans
un petit paaier.
Pour les exciter à manger , 00 frappoit du doigt
fur le papier où étoit leur nourriture , comme la
mérc frappe du bec fur la terre ïls couroient
dini la chand>re fans appeler leur mère qu'ils ne
«oonoîiToleni pas.
Mëmirt dt facHker aux poulets la fçrtic de îtur
co^u'tîie»
Il efl un temps marqué par la nature , ou les
mu£$ couvés par les femelles éclofent, & où les
petits jouilTcnt de l'air Se de la lumiàre* Il arrive
cependant quelquefois que ces petits ne peuvent
forcifr leur prifon , & qu'ils meurent à la peine*
Dans ce cas , les plumes du jeune oifeau font
coUées coûtre les parois intérieures de Tceuf , &
cela doit arriver ncccflaireraeDt toutes les fojsque
|*aeuf a éprouvé une chaleur trop forte.
Pour remédier à cet inconvénient , brfque les
muh font tardifs , il faut les mettre dans de Teau
mifcmbbbîement tiède cinq oufu minutes. Uceuf
pompe à travers fa coquille les parties les plus ter
puct de leau , & Teâet de cette humidité cil de
difpofer les plumes qui font collées contre la oè-
C[uiiie , à s*eQ détacher plus facilement ; peut-être
aniC que cette efpéce de bain rafraîchit le jeune
oifeau, & lui donne aflcz de force pour briier fa
coquille avec le bec.
Ou peut employer ce procédé pour les csufs de
perdrix, de pigeons êl autres volailles,
B paroît^ par Texamen qu'on en a fait, qu a égale
quantité d'oeufs , il naît un plus grand uombre de
poulets des œufs couvés dans les fours àfiimier,
ou dans ceux échauffis à l'aide du feu , que des
eeufs couvés par les poules, qu'elles- mcmcs en
brifeut plufieurs, ou abandonnent leurs oeufs avant
qu'ils foîcnt éclos. On peut eftimer qu'il vient des
mnti couvés dans les fours , à-pcii-piès les deux
lîers de poulets.
ŒUF
57'
Mantirè Â4^ïfaiier les- pouUn muvetUmcm idost
Lorfque les petits poulets font éclos , il faut les
mettre en état de jouir de la llbctc nrceffairc
pour' exercer leurs jambes & fortifier leur crrps.
Pour cet effet on les met dans i«ne boîîc loTtgne
de cinq ou fix pieds , 6t recouA^crtc d'une cîaie
d'often On peut donner à cette boite le nom de
pouffinière*
On la place au milieu d'une couche de fumier
qui lui communique une douce chaleur. On met
dans cette poulTmière de petits vafes qui contien-
nent la nourriture propre aux poulets-
Quand on veut opérer des effets pareils à ceux
tjue la nature nous fait voir , on doit la copier
dans fes procédés : ainfi il faut donner aux pou-
lets quelque chofe d'équivalent à cette douce
prcfTion du ventre de la mère contre le dos des
petits quelle couve : preffion qui leur eft irèj-
nécçiïaire , puifque leur dos a plus befoin d'être
échauffé que toutes les autres parties du corps.
On établit donc dans- la poujjinlère ^ une mérc
ou une couveufe inanimée qui leur tient lieu d'une
poule vivante. Qu*on fe repréfcnte un pupitre tel
que ceux qu'on met fur une table à écrire , dont
les patois de la cavité intérieure font revêtues
d'une bonne fourrure d*agneau ; on jugera
qu'elle peut être pour les poulets l'équivalent
d'une mère, & même valoir mieux pour eux.
C eft un logement qui leur donne une libre en-
trée ; mais le t©it étant peu élevé & incliné , ils
ne fauroient ay^ncer dans l'intérieur fans que leur
dos touche W poils de la peau dont la furface
intérieure de ce toit efl recouvirte. A mefure
qu'ils s'enfoncent plus avant, leur dos preffc da-
vantage la fourrure , 8c ils la preifent plus ou
moins à leur gré. Ceft fous cette mère artitîuellc
que les poulets vont fc réchauffer fuivant leur
Lorfque les poulets font plus forts & plus gras
que des merles , otï les fait palTer dans une grande
cage , ou ils peuvent fe percher & faire ufîge de
leurs ailes. Il eft avantageux d'y pratiquer ]xnc
mère artificielle pour mettre les poulets à l'abrî
des vents froids & de la pluie. Lorfqu'aprèb ces
foins & avec le temps , les poulets f ont devenus
affez forts , on les laifTe courir dans la baffe-
cour*
NQUvdU méthode d'élever Us poulets fortani de
l'œuf.
On a annoncé dans les papiers pubîtcs d'Aa*^
gleterre , une nouvelle méthode pour élever les
poulets ,& leur faire prendre en uès peu de temps
tout leur développement. 11 faut , dit-on , retirer
les poulets de deltous la poule , la nuit qu'ils font
édos j les remplacer par de nouveaux ceufs que
Aa a a
57a
(EU F
la poule oontinue de couver. On répète cet échange
deux ou trois fois.
Quant aux poulets , ont les nourrit d'œufs cuits
durs & hachés très-menus »■ qu'on mèlç avec du
pain , comme on le pratique pour toutes autres
fortes de volailles.
Au bout d» quinze jours on mêle de la farîne
(tt 0 F
d'avoine avec de la thériaque en quantité fiifi*
faute 9 pour qu'il en réfulte une elpéce de pâte-
grumelèe. Les poulets, très- avides de cette aowr^
riture , en mangent copieufement , & profiteur:
tellement , qu*au bout de deux mens ils font anflu
forts que les volailles qui ont tout leur aecroiC^i
fement.
O I s
O I s
OISELEUR- (Art de T)
J^*0I slE LEUR, qu'on nomme àuffi oïfdîer ,
eft celui qui f^it la chafle aux menus oifeaux , qui
les élève , & qui en fait un trafic.
C eft au{& Toifcleur qui fait les cages , les vo-
Béres & les cabanes , foit de bois« loit de fil de
laiton ou de fer, pour les renfermer & les faire
couver , les trébuchets pour les prendre , & les
divers filets qui fervent à cette chaffe.
Les oifeaux qu'il n'eft permis qu'aux maîtres
eifeieurs de chaffer & de prendre à la glu , à la
pipée , aux filets , & autres hamois femblables ,
Ibnt tous ceux qu*on nomme oifeaux de chant &
de plaifir , comme les linottes , chardonnerets ,
E'nfons y (crins, tarins , fauvettes» roffignols, cail-
I, alouettes, merles, fanfonnets« ortolans, &
autres femblables.
Le temps où il n'tfl pas permis de cha/Ter ces
«ifeauz , efl depuis la mi-mai jufqu'à la mi-août ,
«arce que c'eft la faifon où ils font leurs nids &
leurs pontes ; mais il faut en excepter les oifeaux
die palfagc , teh que les cailles , les roffignols &
les ortolans , qui peuvent fe prendre depuis le
dcQx d'avril jufqu'au deux de mai , pour le
«•emontage , & du premiej- jour d'août jufqu'à leur
paflage.
Outre les oifeaux mentionnés ci-defTus , les oi-
seleurs vendent auffi des tourterelles , des pigeons,
deseifeaux de baffe cour , des faifans , des cignes,
des perroquets & perruches , des oifeaux étrangers ,
des fouines , des cochons d'inde , des écureuils,
Vautres petits animaux que Ton a chez fox par
^aufement , ainfi que des finges.
^'à^ts 6» autres artifices pour la chaffe aux oifeaux*
La pipée efl un des moyens les plus ufités pour
prendre grand nombre d'oifeaux ; cette chade fe
*^ dans les mois de feptembre & d'oâobre. On
^fcoifit pour la faire un bois taillis : on conftruit
JJWS un arbre éloigné des autres , une cabane ,
^Sf on ne biffe à l'arbre que les branches nccef-
J^rcs pour ydUoofer k% gluaux , (\m font des
"^rins de bois foupics , enduits de g/w.
On difpofe autour de la cabane des avenues
^'yecdes perches pliées , fur lefquellcs on met aufli
^c$ gluûux, L'oifeîeur fe met dans la cabane , &
^ti lever ou au coucher du foleil , il imite le cri
^'un petit oifeau qui appelle les autres à fon fe-
^ours ; car les animaux ont auffi les cris de leurs
^vcrfes pafficns , cris bien connus entre eux.
Si Ton donne quelques coups de pipeaux pour
Contrefaire k chouette , auffitôt les diverfes efpè-
^€sd*oifeaux accourent au cri de leur ennemi com-
mun ; on en voit tomber par terre à chaque inf-
tant , parce que leurs ailes étant arrêtées par la
glu , leur deviennent inutiles.
Tous les cris de ces divers oifeaux qui fe
trouvent pris en attirent d'autres , & Ton en prend
ainfi un très-grand nombre. Ce n'efl que la nuit
qu'on prend les hibous 6£ les chouettes , en con«
trefaifant le cri de la fouris.
Pour prendre les alouettes , on tend des filets ;
& au milieu de ces filets , on difpofe un miroir.
Diis miroirs à alouettes.
Il n*y a point de moyens plus fur pour attirer
les alouettes dans le piège ou dans les fikts , que
de leur préfenter un miroir.
On fait de ces miroirs de formes bien diiFércntcs ;
on en conAruit en quart ce cercle ; d'autres les
font plats deflbus & ronds deflTus : on en fabrique
de ronds & plats comme une afiiette ; enfin on
en façonne en carrés longs.
Quand Toifeleur fe difpofe à faire la chafTe
aux alouettes, & qu'il a choiiî un endroit conve-
nable, il place fon miroir 6l en joue auf&tôt que
le foleil paroît. Il feroit à propos de ne cafler aue
le fouet de TaiLe à une aliouctte pour l'attacher
auprès du miroir.
L'expérience prouve que mieux le miroir , par
fon mouvement , peint un globe lumineux , &L plus
les alouettes en approchent. Ceft pourquoi on le
fait tourner , foit par une machine , foit par des
cordes de boyaux tendues en fens contraire»
Des appeaux*
O.i fait un appeau pour imiter le' chant ou le
cri de l'alouette avec un noyau de pèche , ufé fur
une meule de grais , qu'on perce des deux C'ités
d'un trou égal en grandeur, & qu'on vide cn-
fuire.
On fabrique encore des appeaux d'alouettes
avec un métal travai'lé en forme de bouton , plat
d'un côté & convexe de l'autre : on ne fait que
ferrer un peu les lèvres en les avançant d'un demi
travers dj doigr.
Pour V appeau de perdrix , on fait une forme de
bouton , plate d'un côté & convexe de l'autre , &
percée des deux côtés ; la calotte ou table con*
vexe doit être de moitié moins épaiffe que la table
de deflbus. On met cet appeau entre les dents, &
Ton retire à foi l'air extérieur pour imiter le cri
des perdrix ,. en contrefaifant un roulement que
y.
doit faire la la
o I
m taire la iançuc fur le paflage de lair de Vex-
tè rieur à rintérieun
L appeau de coucou efl un tuyau artez court de
corne , d'os , d'ivoire ou de bois. Il y a à fon
extrémité un trou qui étant bouché , doit baiffer
le fon de deux tons pleins , & lelever i'autam ,
lorfqu'il eft débouché.
Avec le même appeau on imite le roucoulement
monotone de la tourterelle en débouchant le
trou.
L'appeau de pluvier fa fait de Vo$ de la cuifle
d*un mouton ; il a pour lordinaire trois pouces &
demi de long. A foa extrémité fe oratique Tem-
bouchure , qu'on accommode en fifflct avec de la
cire ; on fait dans la longueur deux autres trous ,
dont un eft auffi fermé de cire. Ou fi le fon eft
trop obfcur , on peut y faire uoc petite ouver-
ture avec une épingle ; l'autre trou s'ouvre & fe
ferme avec le doigt dans Toccafion.
On fait tin appeau pour les vanncattx avec un
morceau de bols fenclu , long'de trois pouces &
ûtmx » en mettant dans la fente préparée pour cela
une feuille de lierre ou de laurier.
Pour l'appeau de caïlU on fabrique un appeau
à bourfe plate , qu'on nomme courcatlUt ; le filHct
fe tire d'un os de la cuiflfe de mouton , que Von
fait tourner & bien unir intérieurement : on lui
Jaifle deux pouces & demi de longueur , & à un
bon travers de doigt de l'extrémité on perce un
trou rond. On fait enforte que le bord du trou
oppofé à rcmbouchure foit coupant 8c en couliffe ,
pour que les fons deviennent doux. On accom-
mode avec de la cire l'extrémité de Tos en forme
lie fifflct, & l'autre extrémité fe bouche entière-
ment de cLre#
Si Ion veut rendre le fon de la caille femelle ,
qui approche aiïez du cri du grillon, quoiqu'un
peu plus fourd » on pourroit faire une ouverture à
rextrémitè bouchée, au moyen d'une épingle qui
agrandiroit le trou par degnis iufqu'à ce que Ton
foit parvenu au ton que Ton cnerche.
L'appeau qu'on nomme vulgairement pratique ,
çft fait d'une lame de fer blanc ou de plomb re-
courbée à fes deux extrémités, & fur une autre
lamemoîns longue, eft un petit ruban qui fait l'of-
fice de languette.
Appidu de la chaume*
Il n'cfl qa'une cf|jécc de chîjndent fur laquelle
fe trouve la feuille propre à piper. Cette feuille
doit être fon mince , couverte d*un duvet prefque
mfenftbleàlavue, n'ayant qu'une nès-légërecôte
dans fon milieu, & ne faifant point le carrelet.
On tient cette fcuitlc entre les lèvres. La langue ,
cnfe baiflant& fe voûtant par intervalle contre
le palais , augmente & diminue à mefure la ca-
pacité de la bouche ^ & l'air qui doit frapper la
feuille en reçoit des modifications qui Imitent 1^
cris lents & plaintifs de la chouette.
Quant aux trembleisens que le piptiir fait de
moment à autre , ils faut monotones , & vUnncnt
du goiîer feulement.
On fait auffi un pineau de coudre oti de cbèoe
verd que l'on «nrailje ; on en unit bien feodiaîf
taillé , puis on enlève adroitement une Unguctta
que l'on rend très* mince en la ratiiTant avec ttn
canif ou UQ morceau de verre. La pièce de boU
qui doit remplir le vide de l'eiitaiile, douétrewii
peu creufée , pour que la languette ait la liberté de
frémir & de donner du fon.
Apftêun i frêucr,
Frouer^ c'eft exciter » en foufflant fur quelque lut
tmment« un bruit qui imite ou le cri de quel*
que oifeau , ou fon vol ^ ou le chûuckemtm de h
chouette ^ ou quelques autres cris ftngulîers.
De tous les appeaux ïfrûuer^ il n'y en a paf
de plus commode que la feuille de lierre » tournée
de façon qu'elle repréfente aflcz biee ttn c&oe
dont la pointe (eroit en ba*. On la tient avec lei
trois premiers doigts d*une maiis , obfer^'ant que U
pointe de ce cône rempliiEs l'intervalle que laiflem
les extrémités des trois doigts unis entre eujt.
C eft avec cette efpécc de pipeau qu'on doit
chercher à imiter les diffère ns cris des geais , mer*
les ^ drennes , &c.
On doit en frouant , peindre la crainte de ce»
oifeaux » leur.envie de fe venger , & fotinet Fa*
larme*
Un nouvel ioflru ment k froucr cû faitd*acicr;
fa lame n'eA pas tranchante » mais affcz mince
pour qu*en l'approchant des lèvres, ViiTue de l'air
nors de la bouche produift? un fr^umtm fc tu
^hQHchtment très-imitatifs.
Cette lame fert de manche à un petit marteaui
aulïï d'acier , avec lequel on appelle Xt^plts,
One^ prefque (ur , quatld on entend un pie aux
environs d'une pipée , de la prendre bientôt. Cet
oifeaux frappent fur les arbres avec ^rand bruit ,&
s'appellent ainfi mutuellement ; de façon que qujjid
on eft prévenu qu'on a des pies pour voi unc^ ,
on faiSht le moment oii elles frappent, pourfirajppcr
plus fort , faifant attention de ceiTer prefqu auibtMt
qu'elles.
De Cdfbret vu arhrot,
Varhret ou arhrct eft un afTemblage de bran*
ches dVrbres réunies en un faifceau , que Ton pî*
cjue en terre au milieu d'un champ i on entoure At
Ion couvre d'épines cet arbrot » & dans ces épi*
nés on fait tenir des biitons de dix à douze pou*
ces de longueur, couverts de glu, excepté à deui
pouces du! plus gros bout, quon a fendu dans le
milieu & qu'on laide à fec.
On place ï quelque di fiance de Tarbrot «les pi-
iiiii
O I s
^ets hauts d*envlron trois pieds , & on y attache
des cages contenant des olfeaux de refpèce de
ceux qu'on veut prendre , & qui appellent par
leurs cris d'autres oifeaux qui viennent fe pofcr
fur Farbrot , & fe prendre k la glu. Ils font aufli-
tôt faifis par le chauTeur attentif qui les guette der-
rière un buiflbn.
Des filets dits nappes.
L*oîfeleur choifit un terrain plat , où il pofe deux
filets dits nappes, d*enyiron douze pieds de lon-
gueur & de quatre de largeur , tendus & attachés
â des chaiHs de bois fort légers. Il faut laifTcr un
efpace vide de la grandeur des deux filets. On
répand du grain dans cet efpace pour fervir d'ap-
{»âr ; on y met auffi quelques oifeaux attachés par
ts pattes qui font un appel ; lorfque des oifeaux
viennent au piège , Toifeleur tire fort'tment deux
cordes qui font retomber les filets fur ces oifeaux.
On prend de cette manière des chardonnerets ,
des bouvreuils, des pinfons , des linottes, des ca-
barets, des bruants, des verdicrs, des moineaux
francs , des friquets , des tarins , & même des orto-
lans , dans le temps de leur paffage en automne ,
ti autres petits oifeaux qui vivent de g'-ain.
Notci qu*ii eft dû pour rétribution aux capitai-
fleries royales un certain nombre de ces ortolans
pour avoir la permiffion de les chafler.
On orcnd auffi dans ce piège , furtout en hiver,
les oirea^r qui vivent d'infeâes , comme les ber-
geronnetre* , les lavandières , les traquets , les
nèfâDges , les roitelets , les fauvettes , &c.
De la pinfonnée.
JLl pin/année eft une chafle deftruftive qui fe
hit de nuit , en cherchant les oifeaux dans les buif-
ions avec une lumière , & les affommant avec
qpe efpéce de battoir.
On pt ut puffi, pour hpinfonnée , faire une ronde
k trois chaleurs , dont lun tient un flambeau , le
fécond un bâton pour battre les haies , & le troi-
fièmedes gluaux rangés en éventails , avec Icfquels
il tâche a arièter les oifeaux qui voltigent tout
cfrayés autour de la lumière*
De la puntièrc.
o I s
375
Lzpantière n'eftcompofce que d'une nappe fim-
ple fort longue • & haute de vingt quatre ou trente
pieds; ce nlet doit être tendu de façon que la bé-
.caflTe ou quelque autre oifeau venant à y donner,
foît entraîné par le poids de la nappe oii il pa/Te
k col , & fc trouve ainfi embarrafié dans les plis*
De Varaigne^
Varaigne eft un filet qui a fept ou huit pieds
de hauteur, fur neuf ou dix de large. Cn le fait
de foie ou de fil menu fort & teint en brun.
On paiïe dans le rang des mailles d'en haut uno
frulle de la longueur du filet, à chaque '. «ut de
laquelle s'attache un petit coin de bois qu'on
nomme triquet. On fe munit d'une perche légère
de la hauteur de neuf à dix pieds , pointue du gros
bout, 8c fendue à fon extrémité (iipcrieurc.
Quand on fait quM y a des merles dans une
haie eu quelques autres oifeaux qu*on veut attra-
per , on tend l'araigne dans le milieu. La perche
en foutient un côté , tandis qu'une branche de la
haie , ou une perche plantée foutient Tautre.
Il faut , pour que le filet foit bien tendu , qu'il
tombe à la plus légère fecoufie.
Lorfque Téquipsgc eil tendu , on fe rend à Tex-
trémitc de la haie , que Ton bat du côté oîj le filet
n'eft point tendu, afin de faire pafifer le gibier
c!e l'autre côté , & de l'obli^^er de donner dans le
piège.
Des traîneaux^
Les traîneaux font des filets longs de huit ou
dix toifes, & larges de quinze ou dix huit pieds.
Les mailles font à lofanges, & pr( ponionnées à
Tefpèce de gibier qu'on veut ch«(U;r ; à tliaquc
extrémité s'attache une perche, qui doit être de
loi^ueur à égaler la largeur du filet.
Quand on chafle au traîneau , on s'afTure de
l'endroit où des bandes d'alouettes ou de tels au-
tres oifeaux fe cantonnent , & la nuit on vient à
pas de loup pofer le tr.iineju fur les dornicufos.
Le traîneau fert auffi \ prendre des becs {fines
pendant leur paFiigc. El,:s habitent les endroits
marëcageiiT, ft: fe prennent d'autant plus facilem;:nt
que les herbes font plus grandes.
On fait aiiffi une efpèce de traîneau qu'une per-
fonne feule peut porter commodément. Ou prend
deux perches fort légères, longues de dix pieds;
on les emmanche dans un fort morceau de bois
de trois pouces d*cquarri(r;igc &long de trois pieds.
Les deux extrémités d-s perches doivent être éloi-
gnées, à proportion deleur divetgence, de neuf ou
dix pieds. Au milieu du morceau de bois & par
derrière, s'emmanche un autre bout de perche,
grofle comme le poignet & lorg;ue iv: quatre pieds :
elle feri de manche, que le chalfcur porte fur le
bras. On attache aux j erches un filet à mailles à
lofinges de dix-huit lignes de large. On prend
furtout des hicajfincs avec ce filet.
Du la tirajfe.
La tiraffe eft un filet long de quarante à cinquante
pieds. Les mai 'les font à lofanges d'un pouce ï>l
demi de large : on s'en fcrt pour" prendre des cail-
les & des perdreaux.
Deux chalfeurs prennent chacun le cor.leriu -i \
fert à traîner la tirajfc, & l'on en couvre le ch/. •
57^
O I S
£: tout le terrain où Ton pcnfc qu'cft formé Tarrêt.
On fait une efpècc de tirajje avec laquelle une
perfonne feule peut chaiTer. Ce filet eft triangu-
laire ; à une de (es extrémités eA attaché un |)oids
quelconque, defliné à étendre le filet deffus le gi-
bier , tandis que le chien le tient en arrêt ; à cha-
cun des deux autres angles efl un lofij; ccrdeau.
On tient fur fon bras gauche le filet plie, & Icrf-
qu'on veut donner un coup de tirajfe , on met le
pied fur un dc^ cordeaux, on tient Tautre de la
nain gauche , & Ton jette de la droite, aufiî loin
qu on le peut , le poids qui doit étendre le filet
far le g-bicr.
Du rjfie.
Le rafle eil un filet contremaillé , large de douze
à quinze pieds « fur dix de hauteur. La largeur
des moitiés des aumées , ou mailles de cc^c , eil de
trois pouces , tandis que les mailles de la toile
n'ont que dix lignes & font à lofanges ; la toile, d'un
tiers pli'S longue & plus large que les aumécs ^
parce quelle doit bourfer, eft d'un fil bien plus fin
(k, retors en deux brins ; & les perches qui s'atta-
chent de chaque côté du filet , doivent être fort
légères & longues de douze à treize pieds.
La chafTe avec le rafle fe fait pendant la nuit.
On bat les buiilons, & on prend beaucoup d'oi-
féaux , des béc.i{res , des merles & des grives en
icur préfcntant un flambeau à Toppofice du filet.
Nous avons parlé de plufieurs autres fortes de
filets dans le terne fécond de ce di^iionnaire.
Du lacet*
Le lacet ou lignette eft un fil , une corde , eu un
criri , dont une extrémité eft attachée à quelque
chofc de folide, tandis que l'autre bout, éloigné
de vingt à trente pas , eft dans la main de Toife-
leur.
0:i tir.d ordir.airement un lacet de façon que
lo i.œiul foif arrrrgi fur les bords d'un nid, ou
fur un api-iit , où î'oifcau eft bientôt pris & ferré
p^r le hcct que ToiRleur tire à lui.
Qi^and c'cil aux pinfons, chardonnerets, fau-
vcî:c9 , 6:c, qu*on fait cette chafte , un fil fuffit ;
mai:i quand c'cft aux merles , grives , geais & au-
tres oiiliLux for:s , le lacet fe fait de crin de cheval.
Du coller.
Pour farre un co.'ler, on prend quatre crins blancs
d'un pied & demi de long à-peu-prés : on met les
extrémité» fu|jérieurcs de deux crins avec les
inférieures de ceux arbres, qu'on noue dans le mi-
lieu d'un rccud fimplc.
Ces crins dcivtnr erre tors en manière de
corde , d? fîiÇfin qiie :;uand le nœud fixe eft fiiit,
ils ne fe dctouhri plus.
Le vrai moywn de réuftir à les bien tordre» eft
o ï s
de prendre de la main gauche les ^atre criai C
parés par un noe^d dans le milieu ^ de forte ^»'
les doigts de la même main fafTentla fèparaiS.^
de ces crins , que la main droite tord /ufqu^k
qu'on ait rencontré quelque extrémité, qu'on air ^
d'un nœud fixe ; on coupe après cela les ex^^
mités des crins qu'on n'a pas mifcs en œuvre.
On fe fert de ces crins pour faire un eolic^^
piquet. Il faut qu'il y ait au bas du collet jufc^^
terre au moins deux bons dotgrs d'intervalle, o
fiche ces piquets dans des fentiers de quinze ci
quinze pas de diftance. De petites branches, «jq^
l'on nomme garniture , fervent à former de chaque
cô:é (lu piquet , une petite haie qui emoêche /o
grives de p jfter à côti du collet : il eft bon de fe-
mer au bas de chacun quelques baies de geniè-
vre pour amorcer les grives & les amener u
Du collet pendit.
On appelle coller pendu , celui qui n'eft pdflt
tenu à une fente faite à un piquet , mais pour le-
quel on fe fert d'un vo-ant , nom qu'on donne à
une baguette de bois verd , pliée an moyen de dns
crans qu'on y fiiit , & liée à fes deux eztrétfitb
par un fil qui fert d'attache à plufieurs collets.
Il doit y avoir depuis le bas des collets jufqo'ia
volant deux travers de doigt d'intervalle.
On amorce ce piège , oc on le lie à quelqiKf
branches d'arbres.
U faut chercher quelques buiflbns ifolés en âce
de petits fentiers pour placer ayanageufement les j
volans. ^ .
Auffitôt que les oifeaux aperçoivent les fruits j
qui fervent d'amorce , ils donnent dans le piig^* ^
Une grive pendiw à un volant, n'empècke [»• |
qu'une autre aille fubir le même fonàcôtèd^HCf i
fi en fe débattant elle n'a rien dérangé aux colleiS \
voifins. • '
Du collet à regort.
Le collet à rejfort eft un piège iiouvellemeat ^
venté.
Le rcflbrt eft un fil- de fer tourné en fpîraJ«*
froid ; fes deux extrémités font terminées jwtf «l***
œillets ou petits anneaux dans lefquels pa0j^''
collet de crin , de foie , ou de ficelle. Le re»^
s'attache fur une bafe ou fur un morceau de i'^
plat , foit avec un fil de laiton , foit avec ^
ficelle qu'on ferre peu , afin de lui laiffer la libctw
de jouer. A l'extrémité de la bafe , du côté du ^
let , eft folidem?nt fiché un anneau de fil de ftff
dans lequel pafte le collet que Ton étend fur b
marchette.
La marchette fe fiit de bois léger & fec ; on ta
aplatit le tiers de fa longueur , & à fon extré-
mité on fait un petit trou par oii l'on puiiTepafler
une ficelle pour l'attacher à la bafe du piège. Ucux
peôts
OIS
)nsdefcr fervent à'^rréts^ & doivent avoir
Force pour rérificr aux efforts du report
cft tendu. Si l'oifeau vitnt toucher légè-
i inirchtitce, il la fait baiiler, & le ref-
aufiUôt le coilet , qui faîGt Toifeau p»r
O I s
377
De U
repuce.
ice eft une efpêce de collet ou lacet , dont
: pour prendre les oifeaux. La plus corn-
celle qui eA faite de la manière fuivante :
ïnd un bacon haut de cinq ou fix pi-jds &
Teur d'une bonne canne ; on le fiche dans
& Ton y pratique deux irons , l'un vers
le l'autre vers le bas ; on fait enfuite en-
ces trous les deux extrémités d'une verge
que Ton plie en demi-cercle.
que le bout de la verge qui eft placé dans
:n haut , aille en diminuant parla pointe ,
zcéde le bâton de quelques pouces. C'eft
extrémité excédcntc que Ton place le
: on l'y fî»e très-légèrement par le moyen
:eau de boi$.
aes pouces au-dcfTus du collet , on attache
une grappe de raifin ou autre appât. L'oi-
veut le manger eft obligé de venir fe pla-
verge qui porte le collet , & qui fe dé-
Ltôc par le poids même de loifeau.
répuce cft portative ; elle peut fe placer
& fe déplacer à volonté.
La pince d'Elvasku
ge, qui tire fon nom d'Elvaski» fon in-
fe fait d'un gros fil de fer qu'on tourne
La longueur de fes branches eft propor-
leur grcflcur.
ente eft un petit morceau de bois dur que
:it y dans lequel on plante deux pointes
ii fervent ^'arrêts. Dans le milieu de la
ft planté un fîl de fer qui lui fert de 1j-
qui fert en même temps de verge à la
xhette eft un morceau de bois de la grof-
c plume à écrire. \Jt\ pc;tit snncsu de fîl
brafTe les deux b/ànchcs d^ !a pince : on
e le guide , parce qu'il borne leur exten-
fque Toifcau vient à toucher la march^tte ,
la détente à tourner , & f;iit échapper
!^ts le refTort qui le pince p^r les pait-*s
col, les deux pièces du picge venant à
cr.
Du braL
eft un piégf: c^npofj de deux pièces de
u une entre en forme de crin dans Tau-
):en elles font toutes rivux visses. Une
fert a réunir ces deux pièces , dont le*» extvém'.rvs
inférieures font reçues dans un manche que 1 ui-
felcur a toujours à la mair..
Lon'qa'un oifeau vient fc pofer fur cette machine
entrouverte , ToifeLur tire la ficelle , qi:i vonart
à ftrrer les deux pièces cie bois 6i les uniîTant in-
timiîment, attrappe Toifeau i ar les pattes.
On prend beaucoup doifiiions à'ccite chaiTe ,
Toifeleur ayant foio de fe tenir caché.
De la planée.
Il y a une forte de piège qu'on appelle glanée ,
pour prendre les canards , les poules d'eau , les
plongeons. Il faut avoir des tuiles , qu'on perce
dans le milieu d'un trou à y palVer quatre fils de
fer de moyenne grofltur & longs d'un pied. On
les tord , & on en courbe les quatre extrémités , à
chacune defquelles on attache folidement un collet
de fix ou huit crins. On garnit de terre glaife le
deftus de la tuile » & on y fème du bled cuit dans
de Teau commune : on répand aufTi autour du
piège quelques grains qui fervent d'amorce.
La tuile doit être recouverte au moins de qua-
tre pouces d eau ; les collets furnagent horizont;»-
lement ou entre deux eaux, & les canards, qui
plongent jufqu'à ce qu'ils aient f^tisfait toute leur
avidité, ne manquent jamais de fe prendre par le
col à un collet , fans pouvoir fc débarrr.ffsr , ni
fouvent même fe plaindre , parce qu'il arr ve quel-
quefois qu'ils entraînent la tuile dans un endroit
profond qui les fait noyer.
Pour empêcher qu'ils n'emportent trop au loin
la tuile , l'oifeleur en attache pluftcur*» après le
même cordeau , & les place de diftaace à autre.
De la raquette*
La roifuette eft un piège compoféd'un bâton Se
d'une corde , ftrvant à tenùrc la marchctte fur !•:-
quelle l'oifeau venant à fe pofs^r , fiit échapper
un nœud coulant, & fe trouve pris pur Its uarics.
A i'cxtrtmiré de cette corde cft attachée une
petite cheville qu'on nomme an h , & qui doit
borner la détente delà raquerrc*
Ce piège fe fait d'un baron foupîe de trois pieds
& derri , auquel on donne en le pliant la courbure
cor.venable. Ses cxtrtlmités fe terminent en pointe,
crjiiite que les oifo.ii.x ne s y podnr ; & une ba-
guette fichée en terre & paffée dans la ficelle,
lient la rsquctte droite. C'cft frr la marchettc
qu'cfl tendu l'snneau de ia corde, ci l'arrêt, comme
ox\ vient de le dire , doit être pcfé fur l'cxrrûnitc
de la marchctte , qui tient à la corde de la raquette
par un fil.
Du rejet.
Le reflTcrt du rejet eft une branche claflîque ,
lie p. fr:c plufi-urb fois de part encart , | qui a pour l'ordinaire trois pi^:ds de long. On la
'/If 6* Mêtien. Tome F, Partie /. îi b b
578 OIS
fiche en terre par le gros bout qu'on aiguîfe pour
cifla. A Ton extrémité fupérieure s'attache un fil
affcz fort pour réfifler à la détente du rejet ; le col-
let cfi fiifpendu au pliant. Lorfque la bécafle fe
porte fur la marchctte de ce piège, laquelle eit
de ia j^rofieur d'une plume à écrire, Toifcau fe
trouve aulfitot arréré aux patres par le moyen du
coIUt f que le rejet tire avec force ik promptitude.
D:: rejet portatif.
Le /'./..' pc:\\2i}fi!\ une nouvelle invention d'un
Oiftlcur français.
Le rcfl'oit dj ce piéj;e eft un fil d'archal de
mi.yorîHo groifeur , & de la longueur de dix à
dou/.c pouces. Une des extrémités eft recourbée
en anneau » afin de pouvoir fiiire l'ofiice d'une
charnière avec un autre refibrt qui fe trouve par
defius ; 6i l'autre extrémité cA un peu pliée pour
qu'on puifie y attacher deux collets de crin ou de
loic.
La marchettc tient à une planchette oii fe trouve
attaché le rcfTort , & une autre pièce de bois foli-
dcmcnt adhérente à la planche qui produit le même
ciTet qu'un chevalet aux cordes d'un violon : elle
fert d'appui au fil de fer, que Ton contraint de s'a-
bai^or afin di tendre le rejet.
On enfonce au bout os chaque marchette , un
bout de laiton long de trois pouces, que Ton
courbe ; il fert à tenir un collet fufpendu , tandis
que l'autre eft tendu fur la marchctte.
Un fil de fer de même grofleur que celui où font
-attachés les collets , fait l'effet d'un fécond reffort,
& empêche le retour du premier quand une fois
il cft dhendd,
La marchette eft de huit à neuf pouces de long;
on l'aplatit de la longueur d'environ un pouce
& demi , & on l'aftujettit à la planchette entaillée
pour cela avec une- goupil le , qui lui laifte la liberté
de fe mouvoir à la moindre occafioa.
A peine un oifeau vient-il à toucher la marchctte ,
qu'il fe trouve pris ou par le col ou par les pattes ,
parce que les deux collets fe ferrent enfemble par
le moyen des refTorts • qui , en fe relevant , les tirent
avec rapidité.
Du trtbuchetm
Le trébuchet eft une forte de cage faîte avec des
barreaux de bois arrondis j ayant la forme d'un
carré long.
Les quatre cotés & le fond tiennent enfemble;
mais le delTus cil mobile, & fait la bafcule.
Quand on veut tendre le trébuchet , on ouvre
le couvercle , & on le tient dans cette pofuion
Ear une travcrfe de bois en diagonale , taillée en
ifcau , & appuyée des deux bouts contre la par-
tie poftcrieure du trébuchet. Cette traveWe de Dois
eft retenue levée par des cordes bien tordues qui
rCiii^ilIcnt couire le couvercle; mais auffitôt que
OIS
Toifeau fe pofe fur une d;s marchettes dont latn-
verfe eft garnie , il elt entraîné deflbus k cou-
vercle , & fe trouve pris dans ia cage . où il l'el
laiffé féduire par l'appât qu'on a mis fur le fond.
On prend au trébuchet , fur-tout en hiver, ks
oifeaux qui cherchent du grain.
De Fabreuvoir.
Les moyens de furprcndre les oifrauz à r^^o-
voir ^ lorfqu'ils viennent fe défaltérer djos les cha-
leurs de l'été , c'eft de mettre le long duo cou-
rant d'eau , un filet attaché par des crochets efl
terre , & qu'on fait retomber fur les oifeaux par
le moyen d'une longue ficelle. ,
On peut , au lieu & filet , planter fur les bords k
ruifteau une file de gluaux longs de dix à doux
pouces , inclinés les uns vers les autres , & èlerer
aux deux extrémités quelques branches affez hal-
tes , & que l'on a liérifTées de petits bâtons aTec
de la glu. Il faut ramafter les oifeaux à mcfiite^
qu'ils {éprennent, & rajufter de nouveaux glaai&
De la foffette.
On fait en terre , à l'expofition du midi oa da |
couchant , une foftette de fix pouces d: prafi»- ;
dsur & de huit de lareeur ; on attache n fini ''■
quelques vers de terre. Sur un des bords ictènems =
on difpofe un quatre de chiffre. Oncouvreh&f*
fette avec du gazon ou un morceau de tuile * ex-
cepté le côté ou eft pofè le piège. L'oifeau fictf i
par cet endroit , qui eft feul ouvert , pour attraper fc
vermifteau , mais lui-même fe trouve pris fous b
tuile ou le gazon par le quatre de chiffre qnll a j
été forcé de toucher.
On peut prendre à cette cbaffe des merles l '^
grives , des traquets.
La vache artificielle.
L'oifeleur ou le chaffeur qui veut le approcher j
des oifeaux ou d'autres animaux , prend quelque- \
fois le déguifement d une vache ; & voici coflun^ ,
on conftruit cette machine fi l'on veut qu'elle ;
réufliffe. ^
On fait une cage ou cha(71s en bois léger deb
longueur d'une vache, en la mefurant depuis ki
épaules jufqu'à la queue. Au d^rrriére ic hoff
& en dedans doivent être attachés deux morceitf
de bois de la longueur & de la tournure des ju^
bes d'une vache.
Les quatre membres principaux de la cage 00
deux pouces d'équarriflige , & les traverfes fontprO'
portionnées.Tout doit être à tenons , & folideinetf
emmanché & collé, afin qu'en portant cène 02'
chine , elle ne faffe aucun bruit.
On attache fur le chaftis quatre cercles , dont k
diamètre eft égal à la grofteur d'une vache.
Le premier de ces cercles doit être fon& gtfû
O I s
detonrre, pour que le porteur n*en foit point
incoflunodé.
Oa couvre cPune toile légère tout le corps de
hvichi^ on la coud après chaque cercle , ou bien
on la colle feulement.
Les cuifles & les jambes fe garnirent de moufle
onde palUe , &la queue fe fait d'une corde efElëe
par un bout.
Toute la machine doit être peinte à Thuile.
L'oifeleur doit avoir une grande culotte ou nu
fatuabn fait de toîle de même couleur , fur la cein-
lure duquel doivent tomber les barbes du domino.
Ce domino doit repréfentor la tête de la vache ;
on le fait en carton , excepté les efttés , qui doivent
ê:re fouples & flexibles ; toute la tête <e recouvre
fune toile qu'on peint comme on a fait la vache ;
kcd, également de toile , doit être aflez long pour
, pouvoir s*ëtendre de quelques pouces fur le dos «
& les barbes fous iefquelles les bras de Toifeleur
font cachés, doivent paflierla ceinture du pantalon.
Ofl peut y attacher des cornes naturelles.
Le chafleur ou Toifeleur alnfi revécu de ce fimu-
lacre de vache , doit en imiter la marche > & aller
en tournant & très-doucement , fouvent même
Uffer la tête pour imiter une vache qui paît. Il
&it éviter de tourner la tête du côté du gibier
i{tt*on approche , parce que les grands yeux qu'on
« obligé de laiuer , pourroient effrayer les ani-
; auu]E.
On fort du corps de la vache quand on eft à
portie de tirer furement un coup de fufil, ou de
jeter un filet.
La hutte ambulante .
On fait une hutte que le chaiTeur ou l'oifeleur
peur tranfporter où bon lui femblc.
Elle doit être d'environ fix pieds & demi de
kniteur. La bafe ou carcafTe cfl; compofée de qua-
tre bâtons longs de fix pieds , & fohdement atta-
chés à deux ou trois cercles aiïcz forts pour qu'on
riffs y lier les branchages qui doivent recouvrir
loge, & fervir d'anfes pour la tranfporter.
I On imite , autant qu'il eft poifible , un buiflbn na-
fnrel. Ceft un moyen de lurprendre les oifeaux
%ards & d'approcher du gibier.
Nous allons à préfent donner quelques détails
fax la manière d'élever, de foigncr & multiplier,
tam les oifeaux qui ne fe nourriifent que de grains ,
que ceux qui fe nourrirent d'infcâes & de vers;
Jious choiurons pour exemple le rojfignol & le fe-
lin de Canarie , & nous en parlerons d*aprés les
traités qui ont été donnés fur ces oifeaux.
Sur les roJJis;nols.
Rien de plus fr.cile que de prendre des roflî-
gnols ; le goûc qu*îls ont pour les vers de farine ,
{ai, par leur blancheur, fe fcnt aifcment aperce-
voir » les attire il puiifammcnc, qu'ils fe jettent
OÏS 57.>
Uns reflexion fur cette amorce. On peut rnivur ,
parce moyen , attraper ceux dont on a lait clioi.\ ,
qui ont le plus beau goficr.
Ces oifeaux ne fouffrcnt point de proche voifin ;
ils fe rendent maîtres d'un cl'pjice fulfifani pour
leur fournir de la nourriture , & ils fe battent
contre ceux qui voudroient s'établir fur le mime
terrain ; aînfi lorfqu'il y en a plufieurs dans un
bois , ils font toujours à des diftances éloignées
les uns des autres.
En les entendant chanter , on fe détermine à
tendre l'appât à celui dont le gofier a le plus d'a-
grément. On ne nuit point à la multiplication de
l'efpéce en prenant les mâles ; car comme il y a
toujours plus de mâles que de femelles , la veuve a
bientôt trouvé un nouvel amant.
La veille du jour oii Ton veut prendre le rof-
fignol , on l'amorce en piquant en terre , aux envi-
rons de l'endroit qu'il fréquente , un petit bâton ,
au haut duquel on attache avec une épingle doux
vers de farine : le roiTignol, attiré par cet appât,
reviendra le lendemain au même endroit.
L'heure la plus favorable pour le prendre , eft
depuis le lever du foleil julqu'à dix heures du
matin ; parce que cet oifeau , n'ayant point mangé
delà nuit, cherche le matin les vermiiTeaux , ici
fourmis , leurs œufs , ou d'autres infeftcs. On
tend un trébucher, auquel on attache un ver de
farine : dès que loifeau vient le becqueter , il
détend le trébuchst , & il fe trouve pris dans un
filet : on le retire , & on le met dans un petit f;ic
de taffetas, qui s'ouvre h fe ferme par les deux
bouts avec des cordons ; par ce moyen , on ne lui
froifle point les plumes , & on ne rifque pas de le
blefTer.
On le fait paffer enfuite dans une cage conf-
truite de planches de trois côtés , & garnie de
barreaux par le devant ; on couvre cette grille
d'une (^r^t vtrtc, afin que Toifeau ne s'effarouche
point des perfonnes qu'il pourroit voir , & on place
la cage à une fenêtre cxpofée au lerar.t.
On met dans la cr.gîdeux pcriis pors , l'un dans
lequel il y a de l'eau , & Tanîrc rempli d'une \-aic
dont nous donnerons cir.;:iè« la compofition ,
avec des vers dj farine pc":-(!cffus.
A la v\\2 de ces vers, dont le rcffignol eft
trés-friand , il oublie fa captivité , & fe met à
manger.
Pour ne point l'effaroucher, on lui jette de nou-
veaux vers dans fon petit pot par l'ouverture d'un
entonnoir que l'on a mis hors de fa cage. L'oifoau
ainfi tranquille , chante au bout de quelques jours ,
& on le laiffe fur la fenérre jufqu'au 20 juin , qui
eft le tei me où il finit de chanter ; alors on le rentre
dans la niaifon.
On le laiffe encore couvert & caché dans fa
cage pendant quinze jours ; mais petit à petit on le
découvre, pour Ihibituer à voir le monde fans
s'effrayer. On le m;ît enfuite dans une autre cage
entre les fenêtres , & on l'appt^vc i( : au point qu'il
Bbba
380
O I s
\icnt prendre les vers à la maîn:-!! ne faut point
ccrjcnvlan: donner trop de Vers aux roflignols ,
car cela les ïiiit maif/ir.
Pour lus tenir propres dans leur cage, on peut
Triet:rc fur la planclic d'en bas de la niouiTe bien
fccîic.
il eil aiïcz furprcnant que leroffij^nol qiîi , depuis
lemcis de mai , chante d'une manière fi mé-odieiife
jiifqii'ai! 20 de juin , fo concîiimne alors ■: un f.lencc
chitine , j'.irqii'à ce que le prinre<:ip? ("nivant vienne
r^xcitcrà reconi:r!ci:ctT la miiodie. Les amateurs
du chant do cet oifcan , fâchés de ne plus l'cn-
tsrndrc , ont clierchi plufieurs moyens pour l'en-
g^.j'.cr à chr.rtcr , & ils y font parveaiïs.
Oi: a iiTîr«giné pour cela de le tromper, en l'en-
f<:rni.«r.t ;:crcl :îit plufieurs mois dans v.n lieu obfcur ,
et tn lui prèfentant enfuite un faux printemps au
ïîiilicu de 1 hiver.
P«ji;r (e procurer le plaifir d'entendre chanter
toute Tannée des roffignois , il faut prendre au
mois de décembre un vieux mâle , que Ton en-
ferme dans une cage con limite de manière qu'on
puiJe la rendre de jour en jour plus obfcurc, en
fermant par dcjr.js lv;s volets , jufqu'au peint de n'y
pas laiàïer pénétrer le moindre rayon de lum^è e.
Ui\ tient Toifcau dans cette obfcuriié profonde
pç:id.iî:t les mois de décembre, janvier, fèvritT,
mars , avril , mai ; & à la An de ce mois , on lui
donne peu-à-pcu ilu jour.
Le rofllgnol, étant à IV.ir, commence à chanter
en juin, dans k tems oîi les autres ccflent leur
cha'U.
On, doit dans ce morne molsdeinin, encnfer-
r.:-r m «lutre dans ia môrnr; ohl'cr.riîi prr de^'/és ,
6c Vy lai lier jufqu^au molî de ni:>v-*mbrc : .-".lors
€n lui reniant la hn"!.j;o clars un lieu rcrrv'é'é ,
1«J printemps ronaii pour lui , & il fe m.t k chan-
ter.
Airfl on peut, avec dvux roln^iols , fe procurer
pi:i vîa::t toute Tannée le chai.t de ce charmant
oifj.iu. O.i :-o*t avoT foin do î)'ncer les c;ig:.s où
fbnr ces deux rolTi^noU , afT^z îlol^'nées pour que
Celui q.i ci\ rc/.fjrjri-: dans les ténèbres, n'en-
Qiis?' j'.ics p.ifovîos, pour tirjr un chant pref-
ruw- eor-inuo- d^s rori;',:«nls , Ls i-VwUgîcnt. Ils met-
tent (i'abcrd le rofiitir)! dan-; u:îe ca:;e , oii ils
Tiîr:hituv;.t par d.:|frés à la p'.us profonde ohiVu-
liîé, Cl foî'i q'i'ii parvient facilement , au mili-ju
dï cette o\j "•: -riié , a t'f'Uver les petits p>ts où l'on
a m'^ fî/iî v.Ci'.i : i*' f •:! jn-iif^'.r.
K.-.fi'.îj en ;.rjn*j m t^y^^ii de pipe que Ton a
f.ii: ci-.a-.if-V:!- , 'M on T.- ^|;r,;.:i!e de Tœil du vci"i-
e:-.*'. ir:f*j.'.*:.ii y:r\}' q'îc; TolGuu foit c-!-i:;j:î (î-3
l^rrr.r \zs ye- x ; il en :lécoiîle qvii'qucs h-rni?^- :
?Uî:i*.ôt on an;'.!o.vîc i: b'-ut de pij-j i-n ;îCii j-his
prv<:. Ci-*s h-'-.r.js f'.r? ^me cfi.o:c de v'.fjcifué (;ue
)i c:h:.!-.n; de ia pi; e f'v^'cclj-^^ tout de fuite, &
ciV; d.-v'i;ii;:ent une ;f -C-^e dj colle qui tient les
vvUK Je Tol'b:-;: fe/i-ic'-.
O I s
Cette opération étant faite délicatement, n*a1tére
point Torganc de la vue de Toifeau ; elle lui ferme
fimplemcnt les paupières , & on peut lut rendre
la vue en les ouvrant légèrement avec la pointe
du canif.
Toutes les autres efpéces d*oifeaux chanteurs
fur lefquels on exécute cette opération , é:anc
ainfi concentrés en eux-mêmes , chantent beau*
conp plus.
On peut, avec des foins, parvenir à faire couver
des roifignols , & fe procurer le plaiftr de voir
leur périt ménage. Vers la fin du printemps, dans
le temps de la dernière ponte des roiTignols , on
obferve un endroit oii il y ait un nid de roflîgnol ,
& on tend à côté deux filets amorcés avec' des
vers de farine ; par ce moyen on pr^nd r.îrémenf
le père & la mère : on les met dans une cage
obfcure avec leur nid ; on leur donne des peritf.
pots où il y ait des vers de farine : on leur donn^
anfTi une ^.atc compoféc de mie de pain , de che^
ncvi broyé , & de cœur de mouton hache ; Tamoar*
de CCS oif'saux pour leurs petits leur fait oublier
leur captivité , ils les noun ident , les élèvent , Se
leur îipprennent à chanter.
Lorfqu'ils ont élevé leur famille , on les flpare
au printemps fuivant ; ils font plus apprivoifés : on
les met dans une grande cag; , & on leur jette
de !a moulVc , de -a bourre , des fouilles de chêne
fcches pour conftruire leur nid. On peut mcme
leur donner la liberté dans le temps où ils ont de
la famille ;lo mâle fortira dans le jardin , ira cher-
cher des vcrmiiTcauv , des infefte» , & viendra les
apporter à la c.-go. L ur ; tta-hement eft fi grarrd
pour leurs petite , qu'il n'tll point à cr.;indre qu<
pen'-ani tout ce temps ils les abandonnent, "*
(.n.rils chcrchert à recouvrer le.. r li'^ertw. Le tnàî^
reftcra perda.lt la nuit dans le jardin ; mais d^ *
le niitin , il reviendra a;'pO!îer les ve-mlifcaux ^
Ik 1..S autics i' ItiStos qi/il an»-.: a::rap}"î.
5>i Ton a c'éc iiivert un nid de jc:un> To(ï\gnnU^'
& qu'on n'.iir j r^i-it 1 pOrc Cx la ir.^re , <»n ^-^wC
les él;-ver Cf)!n:iie k'sev.:rc-> ('iî'-au> à îa b.'cchctte,
en r.e hv.r (\oM:;:r: à nir.ji:cr que tourt n les iieurcs ,
&qu.-.tre hcc.jires fcu'eîi^eiui: oh .qui f.ii;. Si on
a un vieiîx roi'::|V ^^1 /r •'*'-? ^-^ T^'"*^ Uii coniier ce
foin ; pour cet tiU:t W (nvt \.\\\\jy crier un peu
1-s pcilts avant uJ Lur ù'.nr..T h p^ar.ger , U les
mv^tîî'o à Tentîée de la c;g2 du roHlgnol , qu'on
lâifT.'ra ou'.crîe jour & n:iJt : U cri Tattircra , il
rer.dia de h \)h\i:: divis (K*n bec, & lîés qu'il
tur c '1 niîvi dc.-..-:é une f«^i> , il \: elia-g^;*a de U$
n.^urrir & de Ic-r riv- :." 're ;i clnr.ter.
r. Cil hcr, d\^L:'..rv;r c; e de jc^n.'s rn;Ti:no!$
qu'on aiî.T.'ir élevéi aiiifi f'i-.^îûme à la broclictre ,
Li qu^'^n nV.r.roir p'^'iiu nenj. à la campagne ^our
cnierdre cli.-.rîor d'.iiî?:es rni'if,roi5 , ne leroient
que c!i* tr^v- nvMîvais cî\.n:eur,.
Lorf^uon ve::î '.pn^end-c à de i^u'^es rofiîgr.ols
à f.îîler des :.:r> , il -."liU, Hci qu'ils cournercent k
ciiiî.ier f*:uls , le:» fé^^aicr des autres , Icî» mettre
r.
O I s
o î s
i8r
itm une cage, que Von couvre tVvn^ fcrg^ vere ,
& te matin, raprès-ciince li: le foir , leur riri-vr
huit 0*1 dix fois de Cuite Tair qu'on vt:iit icur
apprendre. Mais ils ne chanteront qu*aprés la mue ,
& au printemps Aiivar.t.
lien cft de même des huvrei.Hs , qui appren-
nent très- bien à fitîler, tant les tcmelles qac lc>
msies.
Un desci^laux qui apprennent le mieux l.*s niis
qc'onleur fiffij, ccCiraloucrts/f'ij-p.'Cy di:o tv.7;^-
YÎj ; elle les répèco tcs-bicn nu bciit d'un moi-.
On dit qii'o-i a vu des rolTignols qri •Vv'-Lr;.:
appris à parler ; le fait cfi ?fl'tz croyrh-c , piiiT-
çuon voit des pies communes , des pie- ^^ri relies ,
des étourneaux qui parlent. On voit aulfi de:,
grives, des ferins , des linoitcs, des moircnux ,
lies bruans, dvS gor'ge-iougcs , qui repèrent des
mors.
Les rofTignoIs font un des plus grands Egrérncns
c! es jardins qu'ils habitent ; ils charmeur, pir la
mélodie de leur chant, les foirces du printemps ;
ainC il n'y a petfonne qui ne doive être ihi'pMl h
apprendre avec plaifir le fecrct d'établir des rclii-
giiols dans les jardins où il n'y en a pas.
Il faut, au mois de m;;i, découvrir un rîd ch
rcfTignols de la prcmicrc couvée ; s*il n'y a ciî^
«ics œuf», il faut attendre quMs foient éclos ,6:
qiie les petits ayont huit jours ; alors on tencî des
/liets , & Ton prend faciicmcnr dans le mén^e jour
le père & la mère, avec les précautij îs dont nous
a'vons parlé plus haut, & on les met chaci^ln féparé-
iiient dans une cage obfwurc ; on enlève enfuite le
nîdfans toucher aux pctiis : s'il cfl placé fur un pcnt
arbriffeau , on le coupe , t: or remporte changé du
nid,enayiint foin (\c. couviii les petits avec un
peu de coton, afin quMs r/aycnt polnr ùcvJ.
On trtnfporte 6l on place l'abri-reiu h t.cu-
ptîsàkinième hauteur, & orienié de la numc
«nan'.ère qu'il l'étoit da.is le lieu d'où on Ta
cnljvé.
On place cnfui^e a/Tc z près du nid , mais de
dey.x côtés oppolés, les (kut cages ciù font le
niJ!e& la fem«J'c ; on attcïid rin^*dntoii les p'iili.'»
oifeaux du nid , preilés pjr h f;i:n , jeitcnt les
iai:fs cris & d'.mandenr la hccq.-ée ; auiTitoc on
ouvre, par le moyen d'une ficelle qui répond à
Tcndioit oii on s'eJ? caché, la porte d: la f.'.nelle :
elle fort, elle entend les cris de fe*: petits, &
s'airête à confidérerle lieu : o-i donne de mémo
Ja liberté au mâle. L'un & l'.iutre, infpirés parle
mouvement de la r.âture, vont h leurs petits, &
blcrAci ils leur apportent la becquée.
La petite prog:nirurc s'élève, s'habitue ?u lieu
Céii elle a pris n-^iJ^ncc ; ^i (i îe jrrJin eft fp?.-
cieux , ils -'y crabiiiTent , & peuplent les hofiiu ts,.
Cesoirc:îr.x airh cltvés, vlcn.-.ent tons les prin-
temps habiter le même endroit , & y faire tmendre
la be iu c de leur chant.
Lo-fiiron a pris un rolTignol a-i filet, il efl
tmponiblc de coniioitrc au iiniple coup-d'œil ,
fi Ton a -/lis un mV.e o'i une il:re:'e. Le clnn
les fera connoiîre ait^m-ni ; muiî il ùut .it:e::dic
quelque ur.tps.
Viiuvtwr 6,1 trr.'ré L.i r{5>';Vio/, dit svoir i";i:t me
rcmarq-iie, au moyeu de isquelie on peut éviter
ce déuii. Il faur, cî:r-:l , eximiiîv'r fanu^ de rani-
mai ; s'il forme iM tubcrciile on uiie én.'.nc::\e
de d-ux ii;;r.cs au moins ru dc.ius d.: niveau c*j
la pean, on p:i:i ê:.-e fur qi'c c'cfi ni: r:;â;e ; ii
au cor.îrjite i\i;iMS ne fv>rrrie p^in: de iuL,-rci:;e ,
c'efl ccrtaM*.em:r:t uno fome'-;.
LorfijuV.n a des roCC^[^y.o\\ privcS qui cb?rment
par leur ehùnt,oi s':ii:^."e':e tiux ui^'idi-s qui
peuvent leur furvc.iir;on s'empreiTe d y :;;iK^rter
remèwte, d'auî:i;K |»'..is volontiers qu't.!i"« f.::r la
plus fouv:r.t la fu le cî-î Cw ru'on leur a rvi iM-r
liberté, j;our le pn^curer rôgiéiujr.t de les jof-
lé.ier.
Ces oîTe-iUX (nn quelquefois att^q.xs de Ii
g'>Utte : elle vient ord'/iairemeiu de ce qu'on lei-r
Cl on ne trop à m.intcr, ou de ce q-j'on i.s îai.Te
d-ns b Cige f^ns mojfi'c i^' f.tns l.î'>le fin : ils
foi:t firt t^ auui à cvrte Di.^îaciie , lorfqi'i:s ont
Clé e>pMl> u c.'ie'.qne vcfit coulis.
Q'iiel -jUcF :is il le forme fur Itur croupion des
r.bces o*": il s'c'V?eP.dre ou pus , q:'i , par Ton fujoi]'.- ,
ks tilt hnjiîlr.» Cette m?.lad:e tu (»ec .fi-'-niiée îiiTcz
fou vent parce ru'o'i a né[:/.'j,é , an mois ce mirs ,
de Itur donner qi: •iq-.iLS araijzn-^es à ma.ng.^r ,
nourrirure qui Iciir ti.iit lieu df purgatif. Le feul
remède à ce; a'-v^cé. < il l'e le» oiivri- , de iiCivo
écouler le pii;, i.v de d')r..'.:,r a.-x rv'ifi^inols <fes
cloportes , de* ardi^..ccs , CJt q'.îcljucs ^ers do
farlîie.
Le roiiî^V'''' - !^''* -' ^'S^ que!'.p.::s a-.îtres pctirs
oiftr.ux , tel-. q:iiî le lIlït, r.Tur't , ^:c. f-mt f::;.:s
ru jr.al c.iJu: ;, ils t i-ibe-ir vierdus d..ns l-wur ci'îi-; ,
les pattes en ViCv: , it<i veux rer.ver'-îs : fi en ne
leur apporte \\\\ p-cip;'/ fecours ils pjriiTent. Lîî
remède le [lus lùr t/t de pr nJ-e rTifeva. de
lui coi»pcr les erc'^t; de derrière, iiifq-i'iiu j Oi.u
d'en voir couler un ptru de farg , enfulte de iji
1-iver hs pat^'S d^ns du vin h'a'ie. O/JinaiÉv^n. r.t
cete p:fir-j faig.v:/ calme l'i^etès ; on lui L\t
avnler cnuâte qu''l.i;;es gout't'» de vin h'.sr.c : il
.reprend pfu-à-:.e.i d.* noi':VL;!--s f>«ces,Cc peu
d'iisurcv a;;:ès en le voit en «ufii bonne famé
qa'iîupsri;v.nn%
1 I)\f?rè> l.'s ohfervations quq Yon a fr.ire^ f.:r
les cf,)i.M;c5 d'ûlimrns dont fe toiinit le ro.:''jTfi..:l
l'-^ruj-."il iC'U'.t fie fa lib';rtè d. i». l-:-*; î-.-.i'» , (.n a
reconnu c\v"\\ ell car.i^-lli.r ; il ne fv; iif^::;i à iii
c: mî):i?ne q»!'jd'ceiîi% , de nvirjîh-f^, d;
î:r.-.!
d'^'mlr.r.éos , d : el'.;îO! tes , de i!ir>i:c"..- s , «'.m «- c ''i«-
fé- entes cfpèces de vvrs; on a ô^v: corr, c V: r.,}S
pâîe ci'.'i eft pe.ur eux r.-ie cvceî'ciitj ::i.'rrjre ,
6^ -'uns ]a:jUclL on t.:,t entrer d-; la v:.-:-»';f\
On f:-;î"ïd de'.x ]\\r'.*.s de r-»ii.li-j (\ ic:r.[\ m
h rnno'.c. h'::n cx-Tt -miP! de 'es » i.-.uv , «:-..". -s
& tîlets ; o.-. la lieclic bien n-.c:iu , wv c:: .'.; r»!Ji.::
382
O 1 s
dans un mortier en une cfpêce de pulp^; d'autre
part on pulvcrilc une demi-livi,: de pois d'Ef-
pagne, autâ.-u dj inillct jranio tk de Icinence de
pavot ; on pulvériU; audi le plus fin qu'il cil pofli-
ble, une demi-livre d'amandjs douces , dont on a
oté la peau auparavant ; on cad;: douze œufs ,
dont ori prend leulemjnt les jaunes , que Ton met
dans un plit ; on les bat avec une livre de miel
blanc, ti. un gros de fafran en poudre ; lorfque
CCS trois iîigréciîjns font bien mciês wnlemble, on
y incorpore ûicc-irivemcnt la viande, les aman-
des douces & les farines ; on en fait une efpéce de
bouillie» que l'on fait cuire dans un vaiiTeau de
terre , q'u Ton a frotté avec un peu de beurre
pour Cl-., êc'ner quVlle ne s'attache. On fait cuire
cette p.^'.: jiii'qu'à cor.fiRance de bifcuit ; lorfqu'elle
cil à 10 1 ;>:int , elle fe confervc très-bien dans une
boite d« i'w'r-bliinc qu'on tient dans un lieu fec.
Cc::e pà.e peut fe conferver fix mois , & cette
quanti:} peut futfire pour la nourriture d'un roffi-
gnol pccci.intun mois. Dans la faifon 011 chantent
les roir»2;vjls , il eft bon de mêler dans leur pâte
du cœur d: mouron haché, & de leur donner
quelques vers de f..fine.
Sur Us f crins,
Lc/erjm&y fans contredit, après le rofllgnol ,
Toifcau qui a le plus de douceur & de mélodie
• ians fon r.iniage ; il apprend avec facilité quelques
airs de mufique, & fe familiarife très-aiiement.
Les fwrins, originaires des ides Canaries, font
devenus chez nous des oif-aux domeiUques. Quoi-
qu'il paroilTe qu'ils n'ayent pas été aflez robufles
pour fe multiplier en plein m: ditns noj bois, ils
fe confervent & fe multiplient très-bien dans ce
pays-C! , par les foins que Ton prend de les tenir
pendant l'hiver dans les appartemens.
On voit parmi ces oifeai:::, ainfiquc dans toutes
les efpcccs d'animaux dom^ftiques, une multitude
innaie de variétés ; il y en a de gris, de blonds ,
de jaunes , de couleurs d'agate , de couleur ifa-
belle , de blancs , de panachés , & cela dans toutes
les nuances. Il y en a de dorés tirant fur la jonquille ,
au duvet , 6c aux yeux rouges.
Comme nous avons dans notre climat des
cfpè:es d'oifeaux voifînes de celle des ferîns ,
tels que la H/iotte , le chéirJonr.cret , le lùnfon , le
LyiUnt , on a accouplé les m.iles des (crins avec
les fcmelics de cl:> oifwa.ix , l'k les mâles d'j ces
olfeaux avec les femelles des ferins , on a eu par
ce moyen des efpèccs de muleis variés, fuivant
les dlAerens olfeaux que l'on avoir appareillés ;
félon leur origine , on les a appelés ferins mulets
de linotte, ou ferins mulets de chardonneret, &c.
La faifon d'appareiller les ferins e(l le prin-
temps : on doit mettre d'abord dans une petite
cage , pour qu'ils s'appareillent plus promptement ,
un mâle & une femelle ; il faut prendre garde de
fe tronip.T , & de ne pas mettre enfcmble deux
o I s
mâles ou deux femelles , ce qui arrive quelque-
fois lorfqu'on a beaucoup de ferîns» &quonnL*«
pas mis à part les màlès & les femelles : car a^
printemps il y a des femellesqui chantent pre(qu*attCÏL
fort que des mâles , & il fe trouve quelquefois dl«ss
mâles qui ont un chant fi bas & fi mauvais, qu cz^a
les prend aifément pour des femelles.
Si l'on a mis enfemble deux mâles , il y en a -^un
des deux qui , plus foible , plus timide , n*ofe po^. int
chanter ; fi ce font des lemelles qu'on a mL^^fa
enfemble , elles pondent , mais elles n*ont <^^ue
des œuft ftériles qui n*ont point été fécondés
Comme les ferins font d'un tempérament d^msilî-
cat , il efl bon de placer leur cabane dans 1 ^ne
bonne expofition : la plus favorable eft celle du
lev:!nt ; l'ardeur dufoleildu midi ou du coucIm. .ant
ne peut que les fatiguer , & quelquefois leur ^^ rre
mortelle.
ii eft important , pour ù procurer de belles crfj»
ces , de faire choix de mâles qui aycnt'unbeau ^o-
fier,& d'entrc;nè!cr les efpéces de direrfes cou-
leurs , mâles & fem:lies. On réuffit toujours décrite
manière , & la nature fe plaît même quelque£oii
.\ former des oi féaux plus fins , plus beaux q«c
ne le font les pères Ôc mères; lorfqu'on n'appareille
enfemble que des ferins de même couleur « os
n'obtient point de variétés.
De toutes les efpèces de ferins , la plus rare &
la plus eflimée efl celle qu'on appelle ferin plei^'*
c'ed l'cfpèce dans fa plus grande perfeâion. Po^r
fe la jprocurer^ ilnes'agit que d'appareiller enfemli'le
des ferins couleur de jonquille , tant le mVc «[«je
la femelle. On fe procure encore de trés-bea U*
oifeaux en appareillant enfcmble un mâle pinacle
avec une femelle blonde à queue blanche : ilfx.^
toujours que la couleur que Ton défire obtcr**{
prédomine dans le mâle '. car on a obfervé parr"*^*
les oifeaux , ainfi que dans les autres animauiC «
que la race tient plus du mâle en général que c^^
la femelle.
Lorfquo le mâle & la femelle fympathife^^^'
bien enfemble, il faut leur fournir les matériai^-'
néceffaires pour la con(lru6lion de leur nid. On r^ ^
peut leur donner rien de mieux que du petit foL ^
menu & fort délié pour faire le corps du nid >
on peut pufTi couper & leur jeter un peu de pei^ '
chiendent à vergettes rivec quelque peu de moufle '
dont les oifeaux font ufi^c en dernier, pour rendr**^
leur nid plus chaud & plus mollet. Le coton hach^s^
ne vaut rien , parce qu'il s'attâche à leurs patres -^
non plus que la bourre de ccif, qui occafionn^^
trop de chaleur , s'attache à l'anus des petits noa— ^
vell:mciu cclos , y forme une croûte qui le^
empêche de fe vijer, & les fait périr ic jaboc
plein , fins qu'on puiiTe s'apercevoir du fujcc
de leur mort.
Pour épargner aux oifeaux la partie la pîufc
difficile dans le travail de îa condruâion de leur
nid , on leur met de petits fabocs de terre ou de
O I s
kois,ou des paniers d'ofier : on doit même pré- i
firerrufage de ces paniers. Dans les fabots do l-^ois , l
Je nid s'échauffe trop ; d'ailleurs le nid y adlière il
peu, que le père & la mère l'entraînent quelque-
fois ,& font tomber les oeufs & les petits. Ceux
de terre ont aufli Tinconvénient de s'échauffer trop',
pour peu que le foleil donne deiliis.
Il eft bon de mettre dans la cabane , fur la plan-
che d'en bas , du fable très-fin , afin que les œuis
ne foiem pascaffés , fi par hafard la femelle pond
par terre, ou qu'elle taffe tomber par accid'^nt
quelque petit.
Quand on acheté des ferins , il faut tâcher de
lavoir quelle efpèce de graine on leur donnoit , ,
car ces oifeaux|font d'un tempérament fi dc'icat ,
qu'un changement trop prompt de graine peut leur
fttre fatal. Vpt des meilleures nourriiurcs qu'on
puiffe donner aux fcrins « lorfqu'ils mangent tout
fWuls, eft un mélange d'un litron de milkr» de fix
litrons de navette , d'un demi litron de chcnevis »
& d'autant d'alpîAe , que l'on conferve dans une
boite pour leur en donner à mefure qu'ils en ont
l>efoin»
Dans les premiers jours ou l'on met ces oifeaux
en cabane , îl eft bon de leur donner de la graine
<lc laitue ; elle les purge des mauvaifes humeurs
qiiHls ont comraâées en hiver.
On doit apporter les plus grands foins aux ferirs ,
lorfque les petits font prêts d'éclore , ce qui arrive
ordinairement au bout du treizième jour.
Il £aiut alors donner au père & à la mère une
nourriture préparée , fuccu lente & fr.cilc à digérer
pour les petits : c'tit de la graine pilée que l'on
niclc avec de l'échaudè , & un peu d'œufb frais
durcis , le tout humeâé avec deTeau : on b renou-
"vellc, pour ne la point laif/er aigrir. On peut mettre ,
dans l'eau que l'on donne pour boiffon aux fcrins ,
^A peu de régliffej & leur donner dans un petit
pot de la graine d'œillet , de laitue & d'argentine :
*vec ces foins on voit toutes les couvées réuffir.
Lorfqu'on veut rendre les ferins bien familiers ,
on les élève à la brochette ; mais on doit retirer
plus tard de deffous la mère les efpéces qui font
*^ plus délicates. Lt:S ferins gris, qui font les plus
''obiftes , peuvent être fevrés à dix à onze jours ;
**iU font panachés on ne le doit faire qu'à treize ;
^^ jonquilles y qjai font les plus délicats , ne doivent
^tre fevrés qu'à quatorze ou quinze jours.
On doit nourrir les jeuues (erins avec une pâte
Semblable à celle que l'on donnoit aux pères &
^ères , lorfqu'ils élevoient eux - mêmes leurs
petits.
Voici une paU pour les ferins qui peut fervir
^^ifi^e jours au moins fans fe gâter.
On verfe fur une table ou dans un mortier ,
^ndemi litron de navette bien (eche é5c bien van-
'^^e, qu'on écrafe avec un rouleau ou pilon de bois
^< façon à en faire fortir toute l'écaillé ; on y ajoute
trois échaudés fecs & réduits en poudre après en
o I s
\^
avoir ôté la première croiitc ; on y nii:! ) un Lilcuit
d'un fol. Le tout étant bien broyé cnfcmbls , on l'en-
ferme dans une boîte de chêne ; on prend eniuitc
de cette pâte , fuivant le bcfoin , & Ton a une
nourriture toute préparée , à laquelle il ne s'agit
plus que d'ajouter un ptu de jaune c!*aii:f, qu'on
humede avec quelques gouttes d'eau.
Quand on févre les oifeaux, il faut leur donner
la becquée dix à onze fois dans la journée , 6i ja-
mais au point que Icir jabot foit trop bouffi , ce
qui pourroit les étouffer. Au bout de vingt-qii. tre
ou vingt-cinq jours , les ferins font ordinùirem'jnt
en état de r.i?.nger feuls. On voit quelquefois des
oifeaux qui, après avoir été plus d'un mois à
manger fcr.ls , fe remettent à demander la becquée ,
comme s'ils n'avoient pas plus de quinze jours ;
on ne doit pas faire difficulté de la leur donner ,
c'ell le moyen de les réchapper de la mue , état
cruel qui les jette en langueur , & leur ôte la force
& le courage de manger.
Les ferins mâles font difficiles à cliftinguer lorf-
qu'ils font encore tout jeunes. Une des marques
les plus diflinftives , c'eft une cfpére de fève j.iunc
qu'on obferve fous le bec du rc.ilc , & qui dcfcend
beaucoup plus bas que dans la femelle ; de plus , il
a les tempes fort dorées , h tète plus longue , plus
groffe 'y il eft pour l'ordinaire plus haut monté fur
les pattes que la femelle. Le mâle, prefqu'auffirôt
qu'il mange feul , commence à gazouiller ; mais
' ce n'eft qu'après qu'il a palfé la terrible crife de
la mue qu'il commence à faire entendre fon ra-
mage.
On diftingue les vieux ferins d'avec les jenres ,
en ce que les premiers font ordinairement c/jne
couleur plus foncée , & qu'ils ont les ergots vins
longs que les jeunes.
Quand on veut faire apprendre quelque;, aiis
à un ferin , il faut , quinze jours après qu'il com-
mence à manger feul , le mettre dans une cage
couverte , & lui fifflsr les airs qu'on a deiTein de
lui enfeigner , foit avec une ferinette , foit avec
un flageolet organifé ^ qui reçoit fon 'vent par des
foufflets, & que l'on touche, comme rorgi:e, fur
un clavier.
On doit, en inftruifant les ferins « prendre les
mêmes foins que nous avons indiqués pour inf-
truirc les roffignols. Il y en a parmi ces oifccux ,
qui ont bien plus de talent les uns que les autres :
quelques-uns répètent l'air qu'on leur a montré au
bout de deux mois, d*aiitres n*y pari'ienncnt qii'au
bout de fix.
Les uns aident les femelles dans leur ménnge ;
les autres , au contraire, les tuent, cadentles œufs ,
les mangent ; rai , s'ils l:ulïcii: éclore leurs petits -,
il les traînent dans h car;» ni* ivec leur bec o: les
font périr. On doit f épurer ces mâles d'avLC les
femelles aulTiiot qu'elles ccnimencent à por*:!:^.
Pendant que les ferins élèvent leurs octirs , il
leur furvient quelquefois des maladies , loit y., ci
qu'ils font trop fatigués , (oit parce qu'ils ont rrop
384
O I 5
m?nf,j c!cs nourrînires fttcculenîcs qu'on leur a
dcrnôv'.. [il c'cil le rn.rc , on doit le Teparer de
)a îViiiiiij, & le m^tirj r.n peu À !a diére en ne
lui Jor.nar.r que de la navotre peur toute noiirri-
n:rc ; il faut fcxpofcr a»! f». L-il , & liii foufTu^r un
peu de vin blanc fur le corps , s'y prc:!c!re de
même pour la fcir.clîe , Se donn-r fcs œufs à une
autre qui couve à-iKu-près depuis le même temps.
I! s r rive quelquefois que les femelles que l'on
a mi fcs en nie nage , p-.roiiTcrt bouiTïCS au bout
de quelques jours ; elles ne veulent p!i:s manger,
elles tombent par terre, & n'ont plus l.i force de fe
fouronlr fur leurs patres. Ces fympiômes font oc-
Ciîûonnés par la diîliailté qu'cll^is ont à pondre ;
OP. peur, avec la tète d'une grofle épingle trempée
dans de 1 Iiiiile d'amandes douces , frotter doi-cc-
niv'Bt le conluit de l'œuf, & donner à la fcripc
rne gou:te d'huile pourappaifer les traiichécs qui
la tourmentent, & pour faciliter fa ponre.
V^ivùhre eft une maladie occafionnée par la
ti )p Ciande q'-:a«*tit6 d's.l:n:en; fucculens &
cchauft'ans : on la reconr^cit lorfqu'en foijfîl.«nt
les rU:mes du vertrc de rcifcàu , fes inttftins
paroi:Tcnt fort rou;:;^:;. Le rcn'.èJe le plus conve-
nable C.1 de plonger îo vc^rre cie l'uifeau dans du
lait tiède, pluficurs foi-ï pr»r jou-,
Lorfine les fcrins ont perdu Tappéiit , on prut
leur donner une pâte que l'on nomme falègre. On
la fait en ccrafant de la graine de millet, d'alpille
& de chenevis , que Von mêle avec un peu de
fel, & que Ton pétrit avec un peu de terre craffe ;
on réduit le tout en pairs , que Ton fait féchcr au
four, & que Ton confcrve toute Tannée pour
leur donntr ler'qu'ils en ont befoin.
Si un fcïln fe caâ'e la patte ou l'aile , il faut à
rinft&nt le mettre dans une csge où il n'y ait point
di bflrons , mais dont le bas foit couvert de
moi: fi*;; ; en i'a^atlonnant à la nature dans cette
ca^,e , il guérira à merveille.
L'J3 ferlns qui tombent du mtil caduc , doivent
èîr: Traités comme les rolTu^nols.
Il 1-iur furvient quelquefois après la mue une
extiniîlion de voix , en forte qu'ils ne peuvent plus
c'n«nter c-ue trés-brs ; il faut leur donner alors du
jaune d'œuf hacbé avec de la mie de pain , &
mettre dans leur eau de la réglifTe bien ratiiîet ; au
bout de quclq'jci jours ils rt couvrent la voix.
Les tcnKlîc'i des fcrins ibnt adcz fnjettes à ne
pas co;r>-cr l:s cïufs de leur preinière ponte ; mais
ai.x '.vuivé-^. fiiivr.nres clUs devienrent d'cxceî-
Icr.res cou veuf: « , & no unifient trèi-biea leurs
p::Ti-s.
Si les mérc^ vie?incnt à tomber m:ilades qu:l-
q-:cs jours aj rès '\\\Q i':« pcrirs font éclos , ik qu'on
p'cn ; !t point d'aurrcs fois leûîucllcs on puilfc
les nct-re, o:î y fu ,:''lc eu les met:anr avec une
uicîée d';jur»'is n'.:iîs o'Ùjiuv nouvellement ce!os :
ils tntreïienni.r:i les UriM-i d;»ns une d^>iice ciia-
leuî : on leur donne à tous ! i he.quee , ay.knt i'o'in
cep^bdant de donner aux étrargers une nourri-
ai s
turc moins fuccuîente que celle des ferîn«,ifii
qu'ils ne deviennent pas 'aS;:z forts pour écrafer les
petits ferins.
On remarque entre les ferins , ainfi que dan«
plufieurs efj-cces d'animaux, des fympathies &
des antipathies b:e:j marquées. En mctiact un mile
feul d.>ns une cabane avec plufieurs feitiâlles ,
on le verra choifir do préférence une eu deux
tcinelles auxquelL s ii fera mille careiTes , leur don-
nant la becquée cent fois le j:>ur. On cbfervc mcœc
cetrc fympathie entre des oifeaux qui font renfer-
més dans des cîj^cs dittércntes : on voit , par cx,»n:-
plc, un mâle appeler continuellement une femelle
qii'il cho-fu entre Its autres en Te n tendant chanter.
Il y a quelquefois entrî les ferins mâles une
apîiphctie fi grande, qu'il ùfïit qu'ils s'er.t;r.dent
chaiitcr pour entrer en fureur, lia fe heurtent contre
Ls fci:rreaiix de leurs ca^cs, voulant s'alicr cher-
cher Tun l'autre pour fe battre.
L'.mtipathied'un mâle pour ur^e femelle, a lieu
principalement lorfqu'on appareille des ferins de
différentes couleurs ; il fcmbîcque cette différence
de couleurs les frappe & leur déplaît d'abord ;
il n'eft (Jonc pas étonna>'t qu'on ait de la pcin: à
appareiller les ferins avec des chardonncras ^ d.'fc
br;:i2nts , & autres fcmblables oifcaux. La d Se-
rciKC d'efj:écc5 & la variété de couleurs font biei
fufîîfantei» pour oecafionner entre eux de l'amlii-
pathie ; miis nous allons indiquer les moyens
qii'on doit employer pour faire réufCr ces fortes
d'accou[)îcmens.
La plupirt des oifeaux qui dégorgent , comfflC
r////ï/if , linottes^ hoiivr*'uils ^ bruants, pentect
s'accoupler avec les ferins. On doit avoir élcvè à
la broch.tt'j les oifeaux qu'on veut accouphmec
les ferins, les avoir nou.rris de la même graine i
& les avoir accoutamés de bonne heure à vivre
enfemble dans la même volière, avant de Ifi*
mrtrre en ménage.
Si ce font des chardonnerets qu'on accouple ïvec
les ferins , il faut couper le bout du Lee des char-
donnerets , parce qu-: ces oifeaux ayant le b:c
trés-poi;:tu, piquent le goficr des petits oifeaux
lorfqu'ils leur apportent labeequée , & qu'en pouf-
fuivant la ferine lorijuil furvient quelque p«it
dibat er.trc eux , ils peuvent la bletler dangeras*
fement
On doit avoir foin que les oifeaux qu'on m*
avec les ferins , aient deux ans au moins , furttHit
les fcî^el'.es , qiâ ne pondent prefquc jamais à b
première année.
Les mulets qui fortent du mélange des &^
oif:aux avec les fetitis, ne font pas ttms d'uflC
éc;alc beriuté ; il y en a même qui font fort €00"
muns pour le pliimrige <k pour le ramage.
L^.s mâles mulets de 11 roue ont un chant foft
agréibl'î'. Un fer in mâle que l'on accouple avcC
une petite chardonn'jr.tted;^nnedes mulets admira-
bles, tant jv^'ir la couleur que pour le ramage.
Il vient à Paris , au priitemps & daus l'automne ,
dci
f
O I s
^ftsSuîffes qui apportent une quamlcâ prodigîeufe
«de ferins , qu*ils ont éti chercher dr.ns ie Tiroi »
«Jacs la partie méridionale de l'AUemsgne , & d^ns
^^autrcs lieuT circonvoifins.
D arrive affcz ordinairement que les ferins que
X^on achète d'eux meurent prefque tous, tant à
^^raufe de la fatigue du voyage , qu*à caufe du
•i^^hangemenr de nourriture. Si on leur en achète ,
,M^M hut attendre au moins tiois fcmaincs aî.rès leur
rivée , parce que dsns ces commenccm^ns il
^ meurt beaucoup, & qu'il ne reAe que les
Dbnfies.
G>mme les ferins fe muhi plient aiTez bien dans
^ pays-ci , ils font devenus communs , & ils ont
-Seo diminué du prix qu'on les achetoît autrefoiç.
9n compte préfentement une douzaine de ferins ,
^■t les prix font difFérens fuivant leur beautc ;
"mais en général les femelles coûtent moitié moins
«Lie les mâles.
lure de préparer fi» de confcrver Us o'ifeaux
morts , fans gâter leurs plumages»
Lorfqn^on'reçoît un oifeau nouvellement mots ,
I qu'on veut le conferver dans fon plumage, il
C^A.iit lui ouvrir le ventre avec des cifeaux , depuis
VstL parrie inférieure de la poitrine jufqu'à l'anus. On
^ Ka tire les inteflîns, le fcie , le géfier , &c. » &
L^^n remplit le vide qui refie avec la compofition
fuJvante:
Sel commun , une livre.
Alun en poudre , quatre onces.
Poivre en poudre, d?ux onces*
On mêle le tout enfemble ; on rapproche enfuite
1^3 lèvres de la plaie ; l'on y fait une future pour
Kxniècher la compofition de tomber. On remplit le
gouer de Toifeau, depuis le bec jufqu^au géfier, de
-K. même compofition , par le moyen d'une plume
o^a d'un fil darchal. On lui perce la tête prés de la
**^>cine de la langue avec la pointe des cifeauz , âc
^^rès en avoir dré le cerveau , on en remplit le
^xde avec le même mélange.
^ On ne touche ni aux cuiiTes , ni aux ailes : on les
^lâe dans leur ttat naturel.
Après avoir ainfi rempli Toifeau , on le pend
P^r les jambes , pendant d^ux jours , pour que les
^Is pénètrent avec plus Ai facilité les mufcles &
l^sligamens qui tiennent les vertèbres du col. Oii le
place enfuiie dans l'attitude Qu*on veut qu'il foit ,
6c on Taflure par le moyen d j deux fiis d*archal ,
dont l'un paffc par l'anus , l'autre par les yeux.
A l'égard d^s pieds , on les affure avec des
épingles ou des peintes ; & après l'avoir laiiTé un
inois dans cette Ctuation , pour lui donner le
temps de fécher , on le place fur un petit fupport
de bois , fur lequel on le^ lixe par les pieds avec
deux épingles.
Arts & MétUrs. Tome K Partie /.
O I s
385
On lui met des yeux d'émail qu'on attacha ivec
de l'eau goinnice.
Méthode pour apprêter les pciiix des O'ft.vtx ,
fc^on Us dijfîicns uft^^cs auxquds on Ls dif-
tillC.
On lit dans les yfmuftmcm innoccp.s ou b
parfait oifcUiir , diftt rentes nicrhoclcs pour ïppO-
tcr les peai:x d.-s o-ilaux fclon les ufi^ts fOur
lefqujls on veut s'en (jrvir, lb!t poui rornciiient ,
(o\t pour i'aiiiité. L*sutcur d: c-t o.ivra^J 1 rjvijr.t
d'abord qi:c lorsqu'on veut garder ix es fo:ics
de pea^ît , il ne rnut fe fervir que de cc'-ios des
oifeaux qui ont ttc tiiés , & non d: Cv"jx f\.\\ font
morts de maladies ; ii ne faut pas non plus eue les
oifcaux foicnt d:ins le temps di leur mue , cMVi-
d.re , dans leur ch uigcment de pljînes.
Si on veut préparer les peaux de façon à notî-
voir repréfenrtr des oif;:aux qui paroi-io.u ccmnii
viv.ins , c'ert-à-dire , fi on veut embaumor dis
oifeaux, on commence d'abord à élargir la peau
du cou à force de la foufUer : on !a découvre autant
qu'on peut avec un petit coûterai dont le tranchant
(oit bon ; on fdt une o:iveiture, qu'on conti:iue
au-djffus, jufqu'îiu bojt dî la queue ; on tire
enfuite la peau avec patiercc, en fe fcrvant de
fes doigts , en décharnant & en coi!p:'nt en iT.cme-
temps les petits nerfs, ou ce qui pci:c cmbarraf-
fcr^ & rompant les ofTelets anx ei d o t^ où ils
peuvent fe joindre aux cuifles (k aux aiics^
Si la tête eft petite , on pourra la laifler , ei
inférant néanmoins dins le bec de la chaux en
poudre irêlèe avec de la myrrhe aiiîfi {.ailvcrl-
fée , où bien on l'écorchera en tirant la peau à
rebours.
Quand la peau efl ainfi dctachce , on peut la
rajufler d^ façon que l'animal paroiiïe vivant , 5t
en orner les cabinets des curieux.
On remplità cet effet la peau dj coton, 011 il
y ait un peu d'i'bfynthe 6l autres plantes aromati-
ques, on recoud l'ouverture , uc on ajuae Its ûilcs
6l ît.s ja;ubes avûcd.i fil d: hitjp.
Quand on veut employer ces pcai.x i d'autres
ufs;^es, pour en faire, p:;r cxoin|.'c , dos c-'>avcr-
turcs de gants ou de manchons, on s'y prend d'une
autre façon.
Après qu'on a détaché la peau , on l'^ltcnd
fur une petite table avec les plumes , de icric
que celles-ci ne fe hcriffeiu point , ^ avec
un peu de fil on la pique de chaque coté p >ur
pouvoir mieux l'étendre; on enlève enfulre ce
qui s'y trouve de pins gras & de plus cliarnu , &
on recoud avec de la foie les ruptures qi/i ont
pu fe faire.
On enduit cette peau d: colle faite avec une
Ccc
386
O I S
l^oîgnée de farine, une pincée de fel commun
<în , & autant dj bon vin blanc quM en faut pour
la détremper & la réduire comme de la colle à
chafTis de papier.
La peau fe trouvant ainfi enduite, on la met
fécher à Tombre au vent du nord , & quand elle
efl féche , on nettoie la peau en la raclant ; la
colle s'en dètsche par écailleç.
Si la peau conferve encore après cela quelque
humidité , on l'exploite de nouveau , & on la
fechc ; toutes les peaux étant bien féchées , on
les met dans une boite dont le fond fera garni
d'abfynthe ou de bois de rofe ; & quand on veut
kur donner de Todeur, il faut , avant de les lever
de dcfTiis la tablette, après en avoir enlevé la
colle , leur appliquer une couche ou deux de quel-
que compofuion odorante , avec une éponge , à
volonté , & félon le bon plaifir de celui qui
opère.
Les oifeaux > des peaux defqUels on fait ufage
ordinairement , font les canards , les faifans & les
paons , à caufe de la couleur changeante du plu-
mage de leur col.
On fo fcrt des peaux de cygnes , de vautours ,
de cigo^ines pour la chaleur ; mais dans Tapprèt
de ceb lortes de peaux on emploie du vinaigre
au lieu de vin ; on y diilout un peu de fel com-
mun & d'alun de roche , 8c on leur donne plu-
ficurs ccuchci de ce môlange , félon le befoin.
Les curieux décorent leurs cabinets avec dcsoircmx
embaumés. Les Indiens emploient les peaux des
oii'caux de leur pays pour des'chapjaux , des habits :
nous nous en fervons comme ornemens.
Communjuté,
Les oifeleurs forment à Paris une commu-
nauté compofée ;.ftucllemjnt d'environ trente
maîtres , âi q .1 n'y cft pas des moins anciennes ;
leurs ft«;uts & réglem'.ns leur ont été donnés
de toute antiquiic par les otHciers des eaux &
forèrs de Paris ; ceux dont ils fe fervent préfcn-
tcment , leur furent délivres au mois de mai 1647 9
par !c gcffi-r de cette jurifdi;iion , comme extraits
CCS anciens regiilres*
01 S
Il eft dit dans leurs anciens ftatuts qae tm
marchand de.ferlns , qui appone des ferinscomonus
ou des Canaries à Paris , ne les peut expofer tu
vente qu'il n'ait été auparavant les mettre,^ depû
dix heures du matin jufqu'à midi , fur la pierre de
marbre du palais , aux jours d*entrée dn pad^■
ment , dont il eft tenu de prendre acqiût & cer-
tificat des officiers des eaux & forêts.
Il doit auffi attendre que les gouverneurs dei
volières du roi , avertis par les jurés , aycnt déclué
que lefdites volières en font fuffi(ammeni (oap-
nies , & que les maitres oifeleurs aient pareille-
ment refufé de les acheter. Après quoi il leur
eft loifible de les vendre à qui bon kur femble»
après avoir donné à chacun des jurés , pour leur
droit de vifite , un oifeau de chaque cabane.
Le temps de chaque jurande ne peur être de
plus de deux ans.
Les maîtres de cette communauté ont fenlsh
droit de faire des caees à oifeaux , & des fflecs ^
pour les prendre ; il leur eft permis de faûrc ft •
de fondre toutes fortes d'abreuvoirs à oifeaux » fi»
de plomb , foit d'autres matières.
Nul ne peut £iire trafic des oifeaux de duac
& de plaifir, ni aller les chaiTer, s'il n*eft (cç»
maître , & ne peut être reçu maître c|u*aprèi n»
apprentiffage de trois années , à moins qnll ^
foit fils de maître.
Par une coutume très-ancienne , fondée fark
quinzième & le dix- feptième articles de leurs fc*
tues , Us )urés font obligés de fe trouver an ûcrs
d;;s Rois , pour y apporter des oifeaux , & lo
lallTcr aller dans Téglile ou fe fait cette ccrittMA
L.s niaiires oifeleurs font aufit tenus de lâcbCTi
en fij» ne de joie , aux entrées des Reines , la qmfl*
tiic d'oileaux qui efl ai bitrée par les officiers dci
eaux 6l foi cts.
Il y a une vente & expofition d'oifeauz toui
les dimanches matin à Paris , au bas du ponMB"
change. Si.ivant ledit du 11 août 1776, les «fe-
leurs font compris dans la lifle des profcftof
faifant partie des communautés firpprimèes , &<|U
pourront être exercées librement, avec unefiisp
permiffion de police.
VOCASULAIRE
x\BREUvoin; endroit ou les oife«ux vont fe
d^if.iltcrtr.
AccoLPira les si?vIvs ; c'cfl marier enfem-
ble u I mâle avec une fcnicile pour en avoir des
pvîtitt.
Alouette. Cet oift au, quoique palTager, niche
dans nos conuces. Il fait j..ic^uà trois pontes
dans les mois de mai , ju'n & juillet. Il a «■
chant g.ii & brillant. U< printip:.ux pièges q»'»*
tend aux aiiouctcs fout *cs mjyjtj. Us truintath
la ridcc^ les cclLîs ^ le m'-olr.
Alpiste; c'efl une gr.îinc cîorôo , moin* groi'C
q le le millet, mais moitié p'u< lorç.ue. Sa qui'
Utc efl dcngrailTcr & d'ccîî^utt.r Ici fcrins.
O I s
AwORCi; ç'cft un appât propre à refpèce
ffoitbu qt^on VCtu sttircr-
AtfOKCen un piegc ; c'eA y mettre un ap-
pât.
AFPAREtLtER DES J^rRlNS; c'cfl mè'aflgCf les
_dgccgs pour avoir des petits d*ua beau plu-
PPAt; c'cft ce qu*onm*t à des pièges, pour
ilîifCr certaine espèce d^oifcâux.
AFPATf R Jfi oifeMix ; c'cft expofer qncl|ue
cbofc qui attire tes oUeaux diiis les pièges qu'on
loi^ tend.
Appeau ;c*cft un pérît înflrumfnt qui, en îml-
tm k cri ou le chant de quelques oHeaux > fcrt
I les appeler.
Ar?iLA9fT i oifeaQ qui fert à en appeler
tfautres,
Akaigne ; foîte de fil^t de fil menu & teint
CQ brun « qui fcrt pour la ch^iTc du merle
Arbr£T un arhrot 'j c*c(\ un pcttc arhi:e garni
ic gluzux pour p endre des oifeauï-
Argentine ; la graine de cette plante eft rouge
k ifèi-fine. On en donne aux Icrins dans cer-
ttines petites maladies.
AvJMÉES: ce font les toiles à grandes mailles
orfée** qui font les bords des grands filets.
ATALUaEt maladie particulière aux ferins qui
Jll pris d'une nourriture trop fuccuîcnte, ou
fe trop grande quantité.
^ Avenues ; ce font les petites voûtes ou les
leniicrs qu*oa pratique à deflein dans les pi-
Bâton Df Cagï » hâton placé dans une cage
pour que IVifeau puiite s'y percher. Si dans une
•^ne de ferins , les hâtons ne font pas bien
*ii>le5, 8c quils viennent à tomber lorfque le
^ilc va aprcs ù femelle, il eft certain quelle
»T« fera qt:e dc^ cs?ufi cbirs.
Sattre Us buijr^ns; c'efl Taflion d'un cliafleiir , ,
^0 d'un chien de chafle qui agite les bluffons
^ur en faire panir le gibîcr.
MCASsf i olfeau de paiïage qui vient dans nos
©rtîTcc* vers le mois de mars , & qui repart
r«s fi nichée vers le mois d'oàobre , dans les
împs de brouillard.
Bécassine , oifeau dont les paffages font les
*t»çm.s que ceux de la bécaffe. Les pièges qu'on
^<UT tend, font les rcjas ^ les colUts y \t\ f^n-
Bec FSGUE ; petit oif^'au très-délicat, que Ton
^We dans les mois d^ feptembre & oéèobre. Il
^tfl commun dans les vignobles.
On le prend au filer &_ avec un miroir comme
*^5 alloucrtes.
BtRGEROSETTEou lava^d'^trc \ petitoifcau qui fe
^» rcmarauÊr par le bianî^ment continuel de
t qjeue. Il y en a qui font blanches 6i mures,
ftd autres qui font verre*. & jaune*. On les prend
de pur jtTcc des gluaux , aux ahreuvairs qui fe
o I s
587
trouvent au *milleu de la campagne » ou de nuit ^
avwC le rajie , dans les marais.
FlSET i c*eft une cfpècede pigeon fauvage qu'on
trouve ^u moJs de feptembre dans les bois.
Bouci,ETTEs , petits anneaux de fer rond &
étùmè, quon attache au cordc;^u de la p^tniUn
à bùuMnes , pour qu'elle gUlTe comme un rideau
fur fa tringle,
TouviER; petit oifeau qui fuit les bœufi, à
caufe des mouche^ qu'il trouve à leur fuite; on
le nomme auffi ^ohc mouche, C'eû une ef^éce de
bcreiroi t^f.
bouvH£UiL»On l'appelle perroquet de France^
à caufe de fon gros bec camard*
Le mâle a la poitrine d'un beau muge, & U
femelle de couleur brune ou plombée.
Il apprend aifèment à parler & à fiffler , étant
le feul oireau qui imite les tons delà flûte douce,
6l le fculau{1î dont la femelle fiâle auiTi bien que
le mâle.
On en prend à Varhrtt.
Brai. Piège avec lequel on prend les oiAlIons
par les pattes.
Prehaine ; (femelle) on nomme ainfi xmt fe*
m;:llc de ferin qui ne pond point du tout.
Brochette; (élever à la ) c*eft nourrir les
oifeaux qui viennent de naître , avec une pitc
qu'on leur fait prendre au bout d'un petit bâton
ou d'une plume.
Bruant ; oifeau un peu plus gros que le moi-
neau franc.
Le de/Tus de fon corps f ft bmn , & fon vcntra
eft blanc. Sa poitrine eft d'un vcrd jaune.
On le prend à l'arbret , avec des gluaux , à
l'abreuvoir, & dans d'autres pièges.
Cabane ;efpèce de cage faite de bois de ch^^ne
oti de noyer, dont les faces font en fil d'ar-
chal.
CAGEi c'eft un affemblage de pîufieurs petit*
bois èquarris, emmortoifés les uns avec lesautrcs^
& traverfés de bas en-haut par des fiî^r-d'drchal ,
de manière que le tout renferme un efpace dans
lequel des oifeaux puiiTent fe mouvoir facilement,
fans s'échapper.
On place en travers, dans l'intérieur de U
cage^ quelques petitf^ bâtons ronds , fur lefquels
Ls oifeiux puisent fe repofer.
On en couvre le fond dune planche mince ,
qui entre par devant à coulifTe dans les traverfes
aiT^^mblées en rcêangle , qui forment la b:»fe &
les contours inférieurs de b cj^c. Ces traverfes
font aijfli grillées de fiUd'archal, afin que quand
O'i ti-e la jlancbe du fond, l^s oifcauit ne p'îif-
fent pas furtir par ce fond qui reflcroii tout
ouvert.
On a laiOfe c?tt* planche mobile , afin de pou-
voir nettoyer la cn^e \ ox\ la tire p:ir un petit
anneau de fer qui y efl ait;»ché. On pratique
une petiîc porte par- devant & aux deui cAtés
des ouvertures, au-dcffous defuuclles on place
Ccc 3
$88
O I S
de piîtits aiigets , dans kfqucîs Toifcau peut
bnirc & iTiiiî^^r. Le fond de tojtcs cci ca^es cft
r.cc.fù. renient rci5tan^.le en cjrré.
On ii:i (!.>nnc , ^u ivllc , telle fornfie qu'on veut ;
f rî coUj?c ù- cç\iù iornie les p-tiis bois q.ii ler-
\*:iM il l:i c. nltrucii Mi : on les jrcrce au toret & à
l\»iv.hLî. O.î r.Jin Iw fervir, pour plus ù'cxpcdition,
('-. la |uic: >r.c Oi de la ma cl. in J à percer les
Cailles; ciitû-jx de piffagc , très- communs
cl:..;> le liiois dt nui , tjnips cîi on les nomme
*.. /.ti l'Ét.) , 6c da.;s Ici mois d ^'.oût & de fcp-
i.i4i'j;c : oi Ics ;>pr.iitr alors cailc^ grafics.
<.>ii .îo.ïDw a Lait p^iiti le iioin de Cdllleteaiix,
0»i IvN jrc.'id a;i trumAÏl^ à la bourrée , à la
ti^jjjc^ rii; //'.///: ^./.
C/;l...\:)ui; iioit qu'on donne à l'alouette éle-
^ »^iî Cil c kH'..
«. ..L^sjif.niTE ; nom de la petite grive de
•< . t. . C'/i p.'cd de CCS oiîeaux à la /^//^ecr, aux
••• , .f.'.'..f , riiîx .v.'7;:f, a;ix rjyV/j.
V..A *»/.!. ;î s..vvac;e; c'uu u:i oifeau qui (i pUît
c.*..r-.-, L, c: i!:.s vv dujii L-s endr>irs maiéwa-
;, • X. CM les pre-îd aux cjlUts ù r:Jfor:s , à la
*■■'•:■■? *'''^''
C'.i/iin.Er; cfpô'c de fil^t U*gcr qui fert à
ircMuv. Ija [.w.iia oilck'.îx; t'tft un diminutif du
'* !.:xri-LF: <m.c-u c^ii'on trouve ccmmuncnient
fi-.r les nv!.i.s. On Iii ivnd Us nij.ncs pirg:s
i, :'.v.- car:: il r.:'..',Mi,:i-.
( .' K ^ :•. : L r i i L i ; i . o i .i ri \- n do n r.e à Ir. ft nu 1 ! 3
Cl ..: o"..o.:-i û» M oi fj fett pour ap;)v'.cr da:ii
îc ;•« ■- L^ <> iv-MLix do f.'.n eî;;(;ce.
Ci*..\u:,o\\i:.HT; picit oiicau qu'on c"è/c en
c:-.;.v.» à c ail'j de l-i be»iiiii dw Ion plum.i^e, 6: de
r..;i'v..:Lr.t d^- fon clunt. 11 tire fon rZ-n dj la
l.îîc:vi- c*.j cl'.'.: cl;.. .s, d^iu il ai nie à fj nojrrir
tn il.:, niic. L.s ollciicrs ;iCC'.)L:;'/.c:iC un wh..i.i«./n-
iicrv-t n.Aij avec h fwnitf'.ic d i:n i'.tIh poiii' en a\-.ir
t.cs i.iuhn^ on v'.vs </:f'jui!\ c!j chunc qui paiiicl-
\. 'i dws (jii.!it»s de Ces d^jx cfi^êces.
Oii pijiHl 1:5 cî:aido;:njrc:s aux ti\i:i.h:[i^ à
\\:--:.':t Cv aux .■.';.■ ..
C!MrM\ is; ;.wîi. -. C'r.'P': lon.-'e ci cft la fvir.ci-
ce de la p!i-:; (:.;i.: ce îi j L- vjh.Miv,^'. On c;:
(ii:Oi:.r; ■ ,:c< L^:.- ^ ;..'." ..•; ..';;.■, oI.'mu «I^ fiiïî »
*.. 1 l.'l • '.. : i. ■•:..,■ :'..n iii (j"i i,;r vC i.i ."ujil"
f' ;•.:' , ti V ; :":: .r ^ i •. ; i,.."" ;:•. '»r ij vr i .'rc.
li.'i: ;i ii. ....•::: , oi' I •-. '.■,*,;..!,, î-js incn-î'::; &
a;i?!..'. '"'i'I, ;• .: •":' t;.'î.; ^.i"^:»! . : , î: r.' :i-i ;i :'o-:r:c
v.c i» i:.... (.1.-: li. »•■!*. i;i i.::.: •.'-.•. r'.rr'.s • oiir
l/H l .%:■., rv.r. -]■ !\:V.-: -r.- ' - -, / ;;' ■• •;.
r;j . .- ■> .c, c Mî.iji-;. .' , t. . .- ■ ■: 11..: y..'. ,
i '. : . ■' '•' ■' .. T.'r ., - .li'j,:-^ cl. '. ..-.IC a vi '.,
O I S
Collet ; lignette qu^on fait de crins de cheval;
ou de fil , & qiîc Ton tend en forme d'anneau
pour prendre , au moyen d'un nœud coulant ytov
les pcrits oifcaux qui viennent à ce piège.
CoNTREMAiLLÉ^/Z^r; c'eft un fiîet compofède
plufieurs tiH'us de mailles qui retombent l'un fur
r.iutrc.
Cordeau a sonnettes ; cV-Ii un cordeau garoi
de grcio:^, dont on fe fett pour bairre & traquer
les hui'ibns ik les haies d'un abord difficile.
CouRCAiLLiT ; no:n qu*on domine aux appeaux
dont on fe fert pour attiret les caillas dans le piég&
C!! oui; LIS : c'eft un oifeau fiiyard , qui habite
los nuiais, & qui narche plutôt qu'il ne vole.
Son nom Ini vient de fon criant habituel.
CuL blanc; nom d'un oifeau dciicat & gras,
de la gioifeur & de la forme d'une grande né*
fang:^
Détraquer un piège; c'eft en faire partir b
détente ou le triquet.
EcLAMÉ ; ( ferin ) c'cfl un ferin dont IVile a ié
rompue , ou la pat e c;uTée par accident.
Lncin ; mot qui figni^e tout ce qui compoferi-
quii.a^e d'i-nc chiiTe quelconque.
Entes. O-i cntead par ce met des peaux dVi*
C.Mix icmpîics de mouffc ou d'é:oupcs, pour
iniirîr l'tf cce qu'on veut attirer d.ins le pictf-
Epuisutte:. crîèce de petit filet pour prindrc
dnns la Cigc un ferin farouche ou tel autre
olfcriu.
Etourneau , autrement fjnfonnei, de lagrof*'
feur du racrlc. L•w^ oikii^rs cièvcnt de ces oiuau»-
prirre qu'iis font fufccptibks de prononcer des
nioti, ôi de iiîiler .les ;.::> de tcrinctie. Les étour-
ne:.ux s'ii'To.nb'cnt en ne* tj-and nombr après le*
ni'iiiToîJS. Li v.ijh< .irtih l'.Vt efl un moycipour
\\:\, furpr::ndrc lorf-,u i's^'abaitentdans ks prairies.
JvjiLi.iiTyE i p.-:iie j'/.iine qui vient d'une planta
r^\\ :.iin!ai rt. .111 p.ivot. Luc cft p/ife & d'ungoîi*
fuc:J:c>:i Cl (Ji^.in: q:;c.:ji:cf ib a.:x fcrini.
Tai'-an; o.1'.:iu <1o l» ^roaeur d'un coq» d'u^
bea*i piîirtîît.w , tt CisMTii la dur cfi fort dèlicair-
L;; i'jifàn inûs; tft le co-i dt fi'sfan^ la fcrtiell^
y. 'Lie Jtjù'.f^i ; U. .c> pciits fc uomnuni Jji/J»*'
J:.: /.v.
I'a -j vette ; priit olfwau rechercbé pour la b«cJ^
J û;i rfciuaje. G: le prend aix rdijutus^vx^
,.".. ::.\ ..;r le^ ccururs , & à l'abreuvoir.
i" : :,î T ; c'cit c n î^-Tjc: ù\ un li.Tu o j toile à mî&^
C": es ou en i<.l*.iri;.>.
1";):. .%;•.; ; o'i VDrii.n^ c;iv.\']Uwfols zÀHi l'endroit
O'A WÇ'.y-'CC ûi:'';L-i.-f-C i..l pi-'-j^O d:ci!c.
j ]() settt; j". tir* cik'iou <)i.i l'on atticbe u"'
j '..:■ o'i •;..-. ;ij M.ire ô;«;î.': , porr attirer Icsoi*
I ï'.rry. ' i ; V..' n
' 1 .t'.L-; • ; •■ ' 't iîi.icr :.VLt i:.:c f U'.iud;: li.itC
! '.(.:. i... i;'- '. vN !rLir!-lans iLj i.cuii, d%s giivtt»
%l!-.ip. cr a:fl picg*. Ce terme f*; d^
c qi-.i !.!T vi\ :en:ln.
rm i\- ! tf.v-v:: Li pîiw pe'i'*-
•H'.
O I s
fua oifcau qui Te dégage d'un filet , ou de tel
autre piège qui lui eft tendu.
Geai; oîfeau de la groffeur d'u« merle, q'.'.i
Hichc durant Tctè dans les bois , & qui s'en écarte
aux approches de 1 hiver » allant par bandes cher-
cher une température plus douce. Les oifciicrs
éiéfent des geais, & leur enfiignent à parler fk
âdffler. On prend do ces oii';;aux à la pipée ^ aux
rdqusueSf à YabnuviKr,
Glanée ; espèce de piège qu'on tend aux ca-
nirds. Il confifle en un collet de crins arrangés
/ûr une tuile qu'on perce dans le milieu.
Glu; compofition vifqueufe qu'on tire princi-
palement ac récorce du hou. On s'en fert pour
attraper les petits oifcaux.
Gluaux. On nomme ainfi des brins de bois
fouples^ enduits de glu.
Gorge-rouge; petit oifeau fort recherché pour
I^ délicatcfTe de fa diair. On en prend à la p'.pcî ,
*Ux raquettes ^ au brai^ à V abreuvoir,
Grim?£Reau , ou Pie-bois ; petit oifeau vif &
^Litillaiit, qui hibite les bois. Il écoiine par la
**^»ce des coups de bec qu'il donne fur les branches
*^<:hes, pour eu tirer quelques moucheroni ou
"^ ermiffaux.
Cet oifeau fe prend communément à la vl-
Grive ; oifeau recherche à caufe de la déîi-
^■^teffe de fa chair. Cefl fur-tout en automne
^saons'empreffe de chaifer les grives, & de les
I^ï^ndrc à L pipèe , aux colUts , aux r^jqucttes.
Gros- BEC. Cet oifeau efl alnfi nomoié à cauf;;
^ela grofleuT démtfiiréc de f;>n btc relativement
*^ relie de fon corp .
On le prend à la pipée , aux raquettes j à
»^ ^rcuvoir.
Guides ; on nomme ainfi les perdies du filet
^ zloucites.
Halbrak; nom du canard fuivafje lorfqvi*il eft
■ «more jeune. On ciève les ha'.brans avec les
caiaris domeAiques , en syant f^in touteiois
^2 brûler ou de couper Uî bcut de Iwurs ailes.
On prenc' k:s haÎDrans à la j^IuJc ^ aux pinces ^
^ua coUets a riforts,
Hallieh; filet compoft ùt trcls nap:cs & de
pluuturs piqn;.t?k.
Hameçon; petit fir crochu & piqiînnr , armé
d'un fécond troch^t, c'on: onlef.rtpour la cIkuIc
aux canards, aux héious , ajx cori^eaix.
Harnoi.<; terme d'oifcJciir. Ce terme fc -îît en
gèaà'al des pijg^-s ti aiitrca uilenfiks peur la
•hs<Tc des oifcaux.
HuiONDEi-LEj oifer.u dep-ifûgc , dont le retour
ar.n .i::eîe prir.tji..p«. L !:: a un vol rapide, { roprc
* exercer TadrcfTc du ch^L'.Ieiir. Qùani ù ioiUlicr ,
o I s
389
il ne s'inquiète point de prendre & d'élever cet
oifeau , fort rlàiB.ile à nourrir , ne vivant que de
petits irifc^JS , iJc ayant un. babil monotone plu-
tôt qu'un ramagt.
Houx; arbri^îeau dont Técorce fournit la glu.
HcAUX. On nomme ainfideux ailes d'une bufe
qu'on attache aux bouts d'une baguette avec quel-
ques grelots , pour fcryir d'é^x^u vantail aux oi-
Icaux.
Huppe; nom d*un oifeau de la groffeur d'une
grive. Il a fur la tète une huppe ccnviofée d'une
vingtaine de plumes de couleurs variées. Son bec
ell long tk crochu.
On appelle siifli ctt oifj?u pupu^ parce qu'il
exhale une odeur irfiipportable, provenant de la
corru;:iion des infeéles qu'il amalle poLir {a nour-
riture.
Hutte ; loge où fe retire Toifeleur lorfqu'il eft
à la pipje.
Hutte AMBUL.-NTEjloge faite avec des feu*. 1-
la^cs , que roii'eieur peut tranfporter en marchant
vx s'y tw*nant caché.
Infi?vMERI£. Les oifcliers donnent ce nom à
une cage d'une bonne grandeur , doublée en defTus ,
au fond & des deuxcôiés, d une fcrgc épai/Te rouge
ou vc;rte , pour qu'elle ne rtçoive du jour que
par le devant. Les barreaux cie cette ca^c (ont
taiisde petit ofier & non de fil-d'archal /qui eft
toujours froid. On place cette cage au folell ou
dans un t.iJrùit oîi il y a du feu. Cc:'t la qu'on
rct'.re les fcrii^s ^ au;res petits oifeaux malades
dont on veut prendre fom.
Lacet ; nom d'un piège qv.'on fait avec un
petit co.-de.;u ou lignjtte qui preiid le {r.ibier par
■e C(/l , au niuy'ji: à un La-ud cuulaiii. q ^e l'oi-
f.^eiir te-r:iie en liâ'anc lextrénii^é de c«tie U-
gneîte.
LaiTuE; (î;raine d^) c'cft la fcmctice d'une
h.erbc p'u; gère. If/iît* clt pîite, longue yc: d*uiu;!is
de perle. On en donne qi.eîquctcis aux il-
lin'.
Linotte ; p^tiî oifeau de chant. !l y en a piu-
fuurs tfpèces en Fr«nce. Les ))".ùs cc.r.niUMes
(">iit la l..:^tte di. frtjr::4piL , & la !if.o'.:^ Je \'rnt\
Cw*l e-ci a IVftomac rouge , tji c'cd ia îik;s cfi:-
mé^ à cu^fe lie f^^a charii.
Cn Ls pre.d :i l'âLi-juvoir a", c: des £L:.iux ,
Lowiot; [ciito^fcru dj passée qui aime beau-
coup Icj iiult^ rOLi^o Lx il iA>ydiix.
On ch.iffe le lo.i;t au i'ufil ; on les prend
»!;x glutzux y i<.ux l'^iiiuurcs , aux rjei^ , aux
edL'fs.
Maillzs: i rpric::s cn lofii-^cs ou cn carré»,
qui font tt-iiri.'s j> ir les h>. oes liltis,
Maillù , pe.dîca:: ; ce le; m;; Te dit dr. pitdieûu »
390
O I S
(juand fon plumtige devient moucheté de petites
taches de couleur plombée.
Marchette ;c'c{1 , d;)nsun plége , le pérît baron
ou l*cfpacc fur lequel roif^au doit fe por^r pour
faire partir la détente.
Mare , marcha , ou marckai\ nom que les otfc-
lier$ danncDt à des trous remplis d*eau , & qui
fervent d'abreuvoir» que Ton garnit de gtuaux
pour prendre les oifeaux,
MARTïNp-cHUR;oifeaudoRt le plumage eft d'un
beau bfeu, & qui a les ailes courtes, li vole ra-
pidement fur la fuperficie de Tcau pour attraper
de petits poiflbns» li fe prend aifèraent aux §iuaux
éi aux raquettes,
MARTi?f ET ; efpèce d'hirondelle dont le vol e(l
très-rapide,
M\UVIS, ou mauviette \ nom donné ^ l'cfpècc
la pîus commune à^ahuette ^ dont la th^tr eft
délicate. On en prend aux nappe <^ au traintau^
aux collets y â la ridée ^ au muoir.
Merle ; oifeau de la gro^eur de la grive. Les
uns ont le bec noir ^ d'autres Tont jaune» On
en élève quelquefois en cage , & on leur ap-
prend à fïtfier & à dire quelques mots*
On prend les merles aux ahrewvaïrs^ aux w-
quettes ^ zvii. rejets^ au* colletî.
MÉSANGE ; petit oifeau dont il y a plufieurs
cfpèces. Les plus communes font /tJ nonnenes ou
^raidei méfangcs , les mèfanges â longue guette ,
& les mefa,iges bleues*
On prtnd ces me fanges à la pipée.
M ÉSAN CETTE ; piège quon ter.d aux méfanges.
MiLLfT; c'cft une menue graine blanche, plus
f^roflfe Ôc moins ronde que la navette : on en
donne aux ferins & autres petits oifcaux.
Miroir ; înllrument propre à faire h chafTe aux
allouetrcs , en les attirant par le brillant de plu*
fieurs morceaux de glace montés fur une petite
machine à reiTort.
Miroir; nom gu*on donne à la fiente des
Bécaffes , Ôf qui tait connoîrre leur pafTage.
Moineau FRANC ; oifeau fort-commun , qui
s'apprivoîfe aifcment. Il eil rrés-hat^l» , très dcf
truâeur de grains , & fon-lafcif. On en prend
aux tnbuchets , uux nappes , 6£ dans les pots à
trtûineaux^ ou pots de terre qu'on artachc aux murs
des m^ifons^ & ou ils viennent ûire leur nid»
Moquette; oifr;au vivant qu'un attache à un
pîcge pour y attirer les ^-lurres oifcaux.
Morille, on morûlon ; oi'eau d^eau qui vient ni-
cher fur les bords dcç ét^gs. *^a <harr cftHonne:
on lui fait la chafTe avec la vache an'ifi.u le.
MuE^mala'iîe drs ferins & autres oifeaux lorf-
^uMs vh ipg-nt de plumes*
Mvr.rr. Les ©if^Hers nomment ni au
o I s
qui provient d'un mile on d'une femelle sccott-
plée avec un oifeau d'efpèce d^Serentc, cotntue
une fcrîne avec un chardonneret.
Nappe ; nom que Von donne à un filet d'une
cettaine grandeur.
Napfiste ; celui qui fe fert de nappef pour
chaifcr.
Navette ; petite graine ronde, venint d'un»
plante du màme nom. Ceft celle qui eft li pliit
néccHaire pour la nourriture des ferins.
Nichée* On nomme ainfi un certain nombre
d'oifjaux trouvés d»ns le même nid,
Nichoir; caj^e propre pour mettre à couven
des lerias & autres oifeau x.
Oiseleur ; c*eA le nom particulier de celui
fait la chaile aux oi féaux.
OlsiLiER; marchand d^oifeaux qui en élève &
qui en fait commerce.
Oi^iiLLON ; ûifeau de la plus petite efpèce.
Ortolan ; petit oifeau rechercha k caufc â^
la delicatâCTe da fa chair. Il eft a^fcz fcmblabl; atl
verjier jaune. Son bec cft court, rougcà.re dant
le maie; fa gorge 6c fa poitrine font ccadrée^;
le de0ous de fon corps eil roux. Il y a beaucoup
de ces oifeuux dans les provinces miridicmales«
fur tout en Gascogne.
Panaché ; ifcnn) c'eft un ferindont le plyma-
ge a différentes couleurs très-variées,
Pannier i petite niche en oficr, que Voa acero*
che dans les cisges ou volières , afin que lei oitcust
puiiïcnt y faire leur nid,
Pantiere ; efpèce de filet propre à prendre lei
l^écaHes à leur palTage.
Passage; {oi féaux Je) c*eft rc<p<-ce def oifcatts
qui ne reilem pas toute Tannée dirs la même
contrée » doù ils s'éloîgnem à rapproche de
rhîver.
Paumille; machine ï laquelle oo atncbe ira
oifeau vivant qui fait Tappel « ik quon no
moqtiette
Peait cassée ; (/.a) nom que les oifclei
k une forte de miiaiiie particulière aux
chant , fur-tout auît ferins » & qui efl une cxtrotbOA
de voix ordinairement à la fuiîc de Ictir mue.
Perdreau; c^eftle petit d'une perdrix On te-
connoit le perdreau i une nuance blanche qui ^i
trouve au bout de chaque plume de fcs ailes, I
fon front eft garni de petites plumes mégales cr»«
dies.
Pic i nom commun à tousles oifeaux qui cr^
fcnî les arbres en Ici piquant avec force. Il ;^
deux efi^èjcs fort diltina;:s, qu'on nomme ^ t^-vr-^
& p'fC^rouf-e,
PtE i oiftau dont le plumage eft blanc, noir ^
violet: (4 q^ieue tft fort longue.
On les chaiTe à la glu , & avec le coUcc à refi
fort.
O I s
VuGRiteHE ; oifeau de Ij f,ro(Teur de Tdouette.
Upîe-griéche a de chaque côté du bec trois ou
<|uatre poils en forme de mouflache. Il 2. un cri
frefque continuel & fort ennuyeux.
Pigeon ramier ; c'eft un pigeon fauvage ap-
richaat du pigeon domeilique. Il aime les bois ,
s'y perche. On le chaffe , ou on en approche
avec la vache aniJiVulle,
Pince d'elvafki ; c'eft un piégc inventé par El-
▼aski, qui, au moyen d'une détente , pince les oi-
iêaDxpar les pattes ou p«r le col.
Pinçon ; oifeau dont on diAingue deux efpèccs ;
celle dite ^ardcnncy & celle dite de montamc. Ces
oifeaiu fe prennent en grand nombre à la pipée ,
■ aux raquettes , aux trébuchets.
Pipeau ; infiniment à piper.
Pipée ; c'efi une cabane de feuillage , ou tout
autre endroit préparé pour prendre des oifeaux en
pipant.
Pipée ; c'efl imiter le chant ou le cri des oi-
seau, pour le> faire venir dans le piège.
Plantin ; ( graine de) petite graine qui vient
dTuoe herbe en forme d*épi de bled. Les ferins en
font fan avides.
Plongeon ; oifeau aquatique ou efpéce de ca-
Bird qui plonge dans Teau » 6l s'échappe ainfi à
l'approche du chaiTeur.
Pluvier ; oifeau de pafTage , fort: de canard
tarage , dont on diAingue pl^fieurs efpéces , fa-
W, les pluviers verds , les pluviers gris , les
pbtvUrs criards y les pluviers dorés.
On s'approche des pluviers avec la vac/is arti-
fàelle.
Poule d'eau ; oifeau aquatique de la gro/Teur
tfun pigeon , ayant de hantes pattes , un plumage
*»«',& une queue fsmblable à celle d'une poule.
Peoyer ; oifeau de padage un peu p!iîs g-^or.
Vunt alouette, & du même plumage. li (c piaît
^i les prés & au bord des ruiiîeaux. Son cri lui
* &it donner le nom de dnu\
Queue rouge , ou rou^e-qucue ; oifeau <îe paf-
.^c de h groflfeur d'une gcrgc-. ri^ge , avec liquelie
"* quelque reffembbncc : fa chair tfl dclicr.tc.
IUfle ; forte de filet entrciriaillé, avec lequel
^^ fait la chafTe aux oifeaux pendant la nuit.
Haie ; efpéce d'oifeaux du genre des cailles.
^n difiingue les raLs de terre & les râles d\au,
li*ane & Tautre efpèces ont ce la peine à voler.
Ramage ; c cft le chant raturcl des oifeaux.
Raquette; piège à détente , dans lequel Poi-
reau crt pri«i pir les pnt:es.
Réclame ; nrm q;:'on donne aux appeaux qui
*^rvent aux oifclcurs pour app^-lcr ou réclamer
^naines cfpécer» d oi'.eai'x.
Rejet; l'crt:: de piiJgi qu'on tend crdinairc-
licnt aux bécallcs.
o i s
391
Remise ; lieu touffu où le gibier ai coutume de
fe retirer.
Repuce ;c'eft le nom d'ane cfpècc de collet ou
lacet , dont on fe fert pour prendre les oifeaux.
Roitelet ; très-petit oifeau dont le chant cft
agréable , & le plumage varié. Il y a une efpéce
de roitelet portant une huppe jaune fur la tète ,
& une autre effjècc dont le plumage reflemble à
ce'ui de la bécalTe.
Rossignol ; oifeau bien connu par la mélodie
de fon chant nature!. Le rojpgnol jranc efl de tou-
tes les efpèces de roifignols ct:lui qu'on préfère.
Roucoulement ; c'eft le chant naturel &
plaintif de la tourterelle & du ramier.
Sabot ; c'eft une petite niche , foit en bois , foit
en ofier, que Ton accroche dans les cages ou vo-
lières , afin que les oifeaux puident y faire leur
nid pour couver.
Sal^gre ; nom d'une pâte compofée de grai-
nes de millet, d'alpi/le & dechcnevis, & pétrie
avec du {z\ & un peu de terre gra/Te que Ton fait
fécher au four. 0 1 en donne au lerin quand cet
oifeau perd l'appétit.
Serin ; petit oifeau aimé & recherché par fon
chant & fon plumage , qui vient originairement
des îles Canaries , îles de l'Océan proche l'Afri-
que.
Serin plein. Les cifeliers appellent aînfi le /r-
rin dont Tefpèce eft dans fa plus grande perfec-
tion par la régularité & l'éclat de fon plumage.
Serinette ; efpéce de petit orgue qui fc jouo
par le moyen d'une manivelle qu'on tourne éga-
lement julqu'à ce que l'air noté fur le cylindre
ou le tambour foit fini.
Tarin ; oifeau fort commun en France , quoi-
qu'il foit oifeau de paiTage. 11 a un ramage a^Tez
agréable , & un plumage verdârre & varié. On
r;.;coiîp-e qucliuefojs avec des ferines.
Tendue ; nom qu'on donne à un canton où
l'on a rendu d^^s pièges pour attraper des oife«ux.
Tic ; maladie de ferin qui vient à cet oifeau
îorfq-.î'cn voulant le prendre il s'effarouche , & fai;
i\n bruit fcnibiable à celui d'un doigt en i'alon-
gcant.
TiR\s.«;:i ; nom d'nn erand filet.
l'iRAS'^v.a; c'cll chaffer aux oifeaux en fe fer-
vant d'iir.:: tinij}'.\
TOTICOL ; oifer.u de la groffeur de l'alouette »
& que Ton confond avec Vortolan , dont il ap-
pro r.;: p'r h fîîllcrt^fi'c d-i fa chair, mais dont il
diffère par fa langae, qui fe termine en une pointe
oiTcufc.
TounTERFLLE ; oife?.u approchant des pigcors ,
rïK'.is (i'iinc forme plus dé'iicate & plus élégante.
Il a un roncculf.ment amour^nx & pl.-iintif.
Traîneau ; c'cH un grand fiiet k'ger , dent
i'oifelcur fe lert pour prendre do pctirs oiroaux.
Traquer ; c'cft battre les buiffons , les arbres,
ks prcs, pour en faire partir les oifeaux.
3fa
O I S
Trébuchets ; plufieurs fortes de pîéges dref-
fés pour prendre des oifeaux.
Vache artificielle ; c'eft une enveloppe
iffiitant une vache » fous laquelle IVifeleur peut
tpprocher les olfeaux fuyards.
Vanneau ; efpéce de canard fauvage de la
grofleur d'un pluvier , très -fuyard , 8c qu'il eft très-
difficile d*approcher.
o I s
Verdier ; petit oifeau dont le plumage eft ^erd.
On en prend faciUmenc dans les abreuvoirs ^ à Ja
glu & aux raquettes.
Volant ; liom qu'on donne au pliant d*un filet
qu'on ajuAe le long d'un ruifleau pour prendre
des oifeaux.
Volière ; c'eA une grande cage ou Ton Biec
pluûeurs oifeaux.
OLIVIE»
I
O L I
O L I
393
OLIVIER, ET L'HUILE QU'ON EN TIRE.
( Art concernant F )
i*0 Li VI I it eft un arbre fécond qui croit atbon-
«laramenten Provence, en Languedoc , en Italie,
en £iî?3gBe.
On compte plufieurs efpéccs d'oliviers , dont la
bolopart ne font que des variétés. Cet arbre dç-
^Krient plus ou moins fort & beau fuivant b na-
Hfore àcs fols. Les terres légères & chaudes font
^■Itir * lout favorables à la bonne qualité de fes
^ Les fleurs de Volivier font de petits twyaux
tris -courts div^fès par !c bord en quatre panits
OvaWs. Aux iîecrs fuccedent les olives * qui font
tics fruits charnus, ovaits , plus ou moins longs,
& plus ou moins gros , fuivant les efpèces. Ils con-
netinent un noyau fort alongé, irés^dur, qui ic >
ferme deux femences , mais dont il y en a lou-
'|0uri une qui avorte.
Lcb feuilles de cet arbre font entières , non den-
isttts, unies , épaifies, dures, & oppofées dey<
«ux fur les branches. Elles ne tombent point
tevcN Ce» feuilles font longues ou courtes , i^ji-
Im refpèce d'olivier.
Us ntviers fc multiplient aifément de drageons
fïîNcinés» qui donnent du fruit au bout de huit ou
''Tf ins quand ils ont été greffés. On greiTe furies
^hcce» médiocres les oliviers qui donnent Thnile
j plui fine , comme ceux qui fourniffcnt abon-
^^tnmcm des ftuits. La greffe des oliviers do't fe
^*»re à la poufTc lorfqu'iîs font en fleur ; mais fi
'<>o 1 tarde , & que les arbres aient du fruit , on
^0»! alors enlever , au-deiTus de lecuîTon le plus
^^evé, un anneau décorce de deux doigts d^lar,
f^lîr:dans ce cas, les branches ne périment point
|*^n$ h première année de la greffe, elles nour-
JI*T^^ le fruit , & on ne retranche les hrar.ches
tT*aaïi printiimps fuivant,
h'.s otiviers font ordinairement plantés en quîn-
^ncçs 6t par rangées fort éloignées les unes des
^trcs. Tout Tart'de la taiUe de ces arbres confiilc
^ les décharger de leur trop de bois , qui fe mul-
i^^ic toujours aux dépens des fruits. Mais en gé-
l^'^nesolîvters , ainfi que quantité d^autres arbres
*^iiKrs, ne donnent abondamment du fruit que
' '^lis Ici deux ans.
Uboii d : rolivier, fur tout celui de fes racines ,
totït travaillé par rébénifte ou par le tourneur ,
tfrc qucîqucfijis des deffins agréables par leur
Aru & Métiers. Tome K Partie. Il,
régularité & même par leur bifarrerie. On en fak
des tabatières, qui deviennent rmguliéres par la
richeffe des veines de ce bois.
Quant aux fruits de Tolivier, on en tire avan*
tage, foïi pour la table, foit par Thuile qu'ils ren-
dent fous la prelTe*
Lorfqu'on veut garder les olives pour la table »
il faut les confire, & pour cela les ciieiUir dans
les mois de juin ^ de juillet, long -temps avant
qu*elles foient mûres.
L'art de confire les clives confifte à leur faire
perdre leur amertume , à les confcrver bien ver-
res, & à les imprégner d'une fuumure de fel ma-
rin aromatifée, qui leur donne un goût agréable-
Il y a djfférens procédés pour faire cette pré-
paration. On fe fervoii autrefois d*un mélange
d'une livre de chaux vive, avec fut livres de cen-
dres de bois neuf tamifées. Depuis quelque temps ,
au lieu de cendres , on n emploie que leur lef-
five* Cefl un moyen de rendre les olives plus
douces Sl moins malfaifantes.
Mais la méthode la meilleure & la plus ufitée
eft la fui van te :
Dés qu'on a cueilli les olives, on les fait trem-
per quelques jours dans l'eau fraîche, d'où ©n les
tire pour les remettre dans une autre eau ou il y
a de la foude , des cendres de noyaux dV.ivcs
brilles , ou de la chaux, De cette féconde eau on
les paffe dans une f.iumurc faite avec de Teau Se
du fel. On les met cnfuitc dans de petits barils,
fur kfquels on verfe de rcffence de girofle , de
canelîe , tlecoriinde , ou de fenouil, pour leur don-
ner une faveur agréable.
La compofuion de cette cffence #/l une cfpèce
defecretque gardent avec foin ceux qui confifcnt
les olives.
Mais quelques effaîs auront bientôt appris cette
recette , qui confifle dans les dofes & dans la pré-
paration ou combinaifun des drogues de et ne ef-
fence.
Le premier qui a inventé la manière de préparer
ou faler les oUves , fut, dît-on , un nommé Picho-
î'tnt^ Italien. Sa midiodc s'eft infenfibicmcnt pcr-
ftûionnée.
On dlftingue trois efpèces d'olives confites bon-
nes à manger. Celles de Vérone , eftimces les meil-
leures i celles d'Efpagnc , groffes comme un œuf
d« pigeon, font d'un vetd pâle, d'un goiu un
^^ Ddd
394
O L I
peu amére » & moins fortes que celles d^Egypre ,
qui font ordiflairement de la grofleur d*une noix.
Celles de Provence font de diverfes grofleurs.
Las picholines , ou celles qui font les plus grofCcs ,
qu*on nomme orchites ou plant de laurin , font
plus exquifes que les autres , mais elles rendent
beaucoup moins d'huile.
Il eil encore affez d'ufsge en Provence de reti-
rer y au bout d'un certain temps , les olives de leur
faumure. On en oie le noyau » on met à fa place
une câpre , & Ton conferve les olives dans d'ex-
cellente huile : ce fruit ainfi préparé excite beau-
coup Tappétit.
Quand les olives font parfaitement mûres » elles
font molles & d'un rouge noirâtre. On les mange
alors en les affaifonnant feulement avec du poivre ,
du fel & de l'huile , pour corriger leur âcreté na-
turelle*
Quand les olives font en parfaite maturité , on
en tire par exprefHon une huile excellente.
On exprime l'huile des olives par le moyen des
preffes ou moulins faits exprés.
Cette huile eft fans contredit le revenu le plus
certain qu'on puiiTe fe promettre dc;s oliviers; fa
bonté dépend de la nature du terrain où croiflent
ces arbres, de l'ef^éce d'olive qu'on exprime, &
des précautions qu'on prend pour la récolte, la
détririon & PexprcfTion de ces fruits , & même de
la féparation de la partie extraélive.
Les olives qui ne (ont pas mûres , laiflent ^ l'haile
Lorfqu'on eil dans une pofition favtrable» on
s'attache à cultiver les tfpéces d'oliviers qui four-
nirent des huiles fines ; autremwnt on cultive d'au-
tres erpèces l'oliviers qui pourront donner beau-
coup plus de fruits , mais dont on ne retirera qu'une
huile forte pour les favonneries ou pour les
lampes.
Verdies mois de novembre & de décembre, on
Élit la cueillette des olives dans leur plus grande
maturité, c'eft à-dire, lorfqu'cltcs commencent à
rougir. Le mieux eft de les mettre auffi - tôt dans
des cubes , & de les exprimer tout de fuite dans
le preflibir, ou moulin fait txpiès, afin d'en re-
tirer une huile bien fine , qu'on appelle huile
Vierge.
Ceux qui ne font de l'huile que pour les favon-
neries, les bliïcnt ertaflées pendant quelque t^mos
dans des greniers. On les exprime cnfuire , & de
cette manière on en retire une plus grande quan-
tité d hui'e.
Ceux qui recueillent les olives dont on fait ufage
dans les alimens, les laiiïenr aufTi quelquefois fer-
menter en tas , dans la vue d'en tirer une plus
Ijrandc quantité d'huile , ce qui eft caufe que l'huile
fine cil toujours très rare.
On doir avoir foin de laiffer dépofeç l'huile pour
Â-avâir dans fa pureté.
o L-l
L*huîle produite par la chair feule des ofira;
a toute la perfeâion qu'on peut dèfirer , 8t {ècbo-
ferve pendant plufieurs années ; tandis qae celle
!|u'on tire , foit des amandes feules , (bit du noyau,
oit enfin de la totalité de ToUve broyée ï Por-
dinaire dans des moulins publics « eft toujours |to
ou moins défeâueufe. Elit perd fa limpidité an
bout d'un certain temps , & devient très - fujctte à
fe rancir.
On doit auflî avoir Inattention de tenir l'huile
dans des vafes bien fermés.
La fece d'huile foutirée avec le noir defiinée,
fert à forn[itr une efpéce de cire pour drer b
cuirs noircis.
L'huile d'olive eft rarement employée pour la
peinture , parce qu'elle ne fé.Iie jamais parfaite*
ment bien.
En combinant l'huile d'olive a^ec la foude
d*alicante & la chaux vive , on £ait le meilleor
favon.
Outre la Provence , le Languedoc, & la côte
de la rivière de Gènes , où fe recueillent les meil-
leures huiles d'olive , il s'ca fait encore en quan-
tité , mais de moindre qualité , dans le royaume
de Naples, dans la Morée, dans quel<|nes iles de
l'Archipel , en Candie , en quelques lieux de la
côte de Barbarie , dans l'île de Majorque , & datt
quelques provinces d*^fpagne & de Portugal
Mais les huiles d'olives les plus fines & te
plus eflimées , font celles des environs d'AiXyde
GraiTe & de Nice ; celles d'Aramont, & cdki
cl Oneitte, petit bourg des états de Savoie fnr ks
côtes de la rivière de Gènes,
Huile.
On tire par exprefifion de l'huile dediver(beP
péces de graines & de fruits.
Nou» avons déjà parlé des huiles qu*on exprime
de la navette , du colfa , des noix , des olives.
Nous revenons fur ces objets , pour entrer plus pa^
ticulièrement dans les détails de l'art d^expniner
& d'obtenir de 1 huile en général.
Lhuile eft un fluide d'un ufaee aufi andeii
qu'utile. Les Grecs attribuoient à Minerve la dé-
couverte de l'olivier, & de Fhuîle qu*on en re-
tire. On voit dans -l'écriture fainte que Jace*
VLrfà de l'huile fur le monument qu'il avoitérigi
à Kéthel, peur perpétuer la mémoire du fongt
qu'il y avou eu.
Les Egyptiens difoient que Mercure leuravoit
enfeignéla cuhure de l'olivier , & les moyens d*eo
ex rimer Thuile.
Il n'cft donc pas douteux que les plus andeos
peuple^ ont fu Tart de tirer Thuile es olives;
mais il ne paroît point «qu'ils e m pi oyaflTent les ma-
chines uficées de nos jours pour cette opéiation.
Au rcfte,cet art elt fort fimple. Il f* réduit au
travail de la meule, fous laquelle on brifc» t
l'entrée de l'hiver , les olives ; à l'emploi du pre^
O L I
foirqui en exprime Thuile pure, & à qudques
précautions indiquées par Tcxpérience.
Nous avons tîêja obfervé dans le commence-
jneflt de cet article , qii*on fait h cueiliette des
oJives vers les mois de covembre 8c décembre,
Oncnta/Te les premières cueillies au rez-de-chauf-
fèc k peu de hauteur , de peur qu'elles ne s'c*
chauffent. On ôte routes les teuîlks deFarbrcqui
l'y rencontrent » parce qu'elles donneroient à Thuile
fne amertume infiipportable. On tire les plus fai-
tes; on les brife dans une auge circulaire, fous
ine meule cylindrique qui Te meut horizonta le-
nt dans Tauge, fit qui eft attachée par fon
llB eu à un arbre tournant. Cette auge , femblable à
(elle oii Ton brife les pommes pour les porter
in fuite au preiToir à cidre , fe nomme /a mare.
Un ouvrier, qu'on nomme le Diablotin * fuit le
avail du moulinj, fif , la pelle à la main , amène
es olives fous le pafTage de ta meule, ce qu'on
appelle /^^//rf U mtuîc
Quand les olives font en pâte , un autre ouvrier
prend un [couffin , qui cft un petit fac à deux ou-
vertures » tiflTu d'un jonc qu'on apporte d'Alicante
ï Marfeille ; il emplit de pâte un de ces facs ,
dont il tient Touvenure inférieure fermée en la
fourenant du creux de fa miin droite ; de la gau-
cb il remplit de pâte d olives, fii va pofer le
fcouffin au prefloir ; il en empile plufieuis Fun
fiir l'autre » & les met fur b maye , efpêcc de
pierre creufée pour recevoir Thuiîe , & inclinée
pur donner Técoulement à la liqueur. On fait
tourner la vis, & l'huile qui s'exprime efl ^kulU
^ittge: rhuilc eft d'autant plus belle Si meilleure,
que les olives ont été exprimées aufii-tôt après
avoir été cueillies»
On met cette huile dans de grandes urnes de
Wnc verniiTéc , très-propres, qu'on a eu foin de
livct à plufieurs reprifes , d'abord après qu'on a
retiré celle de Tannée précédente. Le moindre
oauvais goût d'une urne fe eommuniqutroit à
toute la mafle de !a liqueur qu'on y met.
On évite, autant que fa^ire le peut, que les ur-
nes ne foient point expofées auprès du feu , &
Ton rranfvafe Thuile des premières urnes dans
«laiitres, pour mettre à part le dépôt qui relie au
Les perfonnes délicates tranfvafent leur huile
trois ou quatre fois av^nt qu'elle fe gèle , parce
(jue dans ce cas il faudroit attendre la fonte pour
la tranfvafer j la faifon du tranfport en devien-
droit plus critique & plus fujette au coulage.
VhuîU commune eft celle qu'on retire du marc
J|ui refte dans les f couffins , en vet fant fur ces
ICI affez d'eau chaude pour en détacher l'huile
tefUe dans le marc.
Le fcau qui fe remplît de tout ce qui provient
it ce lavage, eft porté dans un cuvier, 911, au
bout de trois ou quatre heures , T huile fumage ,
tt op on la recueille avec une feuille de fcr-bbnc
en forme ëe cuiller.
o L I
!95
Si le froid Tcmpèthe de monter , on aide Vo-
pàration par le moyen de quelques baquets d'eau
bouillante*
Les réfidus de ces cuviers s'écoulent dans un
fouterrain qu'on nomme Venfer^ On en prévient
la putréfaftion par des vifites réglées ; ce qu'on
en tire efl VhuiU d'enfer , qui efl la plus baffe
forte.
Ceux qui ne font de l'huile que pour les fa-
vonneries , biffent les olives entaflees pendant
quelque temps dans Icyrs greniers * fie les expri-
ment enfuite. De cette manière ils en retirent une
plus grande quantité»
Ceux qui recueillent Thuile dant on fait ufage
dans les altmcns , laiffentauffi quelquefois les oli-
ves fermenter en tas , dans la vue de tirer une
plus grande quantité de liqueur : cette mauvaife
méthode eft caufc que Thuile bien fine eA toujours
très -rare.
Le marc qui refte îorfqu'en a exprimé toute
rhuilc , fe nomme grignon , 6l ne peut plus fervir
qu'à faire des mottes a brûler.
Les barils qui fervent au tranfport doivent être
de bois neuf, de faule ou de chère blanc , garnis
de plufieurs cerceaux de châtaignier. Un même
baril ne peut fervir pour deux envois, fans al-
térer la qualité de fhuile , à moins que d'abord ^
aprcs avoir vidé la première huile du baril , on ne le
rempliffe d'eau tout de fuite , &i qu'on ne le ren-
voie plein pour fervir a un fécond envoi : en
voici la rai(on. Après qu'on a tiré d'un baril neuf
toute l'huile qu'il contenoit, rintérieur des parois
s'en trouve imbibé , l'air qui remplît ce vide def-
fèche bientôt le peu d'huile qui refte attaché aux
douves, 6e leur donne une aigreur capable d'in-
fedcr toute autre huile qu'or y mettra , ce qu'on
ne peut éviter que par la précaution indiquée.
Cette msrchnndife eft fujcite au coulage. Les
huiles d'olives, fur-tout ics fines, s'engrailTent &
fe gâtent par une trop longue garde.
On reproche à certains marchands , qui vendent
les huiles dans le pays même de fabrique , de
les falfifier quelquefois. Non-fctjkment ils mêlent
de la lie dans l'huile, mais i!s font encore accufcs
d'y inférer de b décoftion de la plante du con-
combre fauvage, qai s'incorpore avec l'huile de
manière à n'en pouvoir plus être féparée. Cepen-
dant nos faôcurs établis à Mètélin , font très-at-
tentifs fur cette fraude. Ils ont toujours la précau-
tion de biffer repofer fur un chevalet, les outres
où font les huiles qu'ils reçoivtnt,& d'en arrêter
le chargement lorfqu'ils s'aperçoivent qu'elles
coulent avec l'eau fit la craffe qui s'en eft déta-
chée.
On falfifie auffi Thuile d'olive avec l'huile d'œil-
lette ou de graine de pavot blanc.
Comme rhuile d'œillette ou de pavot blanc ne
s'emploie que pour la peinture , les commis aux
barrières ont ordre de mêler dans toutes les ba-
nques de cette huile qui entrent à Paris, une
Ddd 2r
."enlroU .«- chaud P^^.^^^)
o(eot au {«""^^înttWe ^e^*;*, Joint feàtte, on
Q"*î'^f ai eft cependant
otdinaires, ^^ f«P*''LeV«*
Vautre. ^^ ^^^, „op t^yoas , par«..riaue
"^ .* ret
<>''^ '^t \a cbatt <^»;;:-jad»et » '^•"-- tfaifoo»
^ au dèttVtoVte ' -
O L I
il , n^exclm point abfolumcnt Tufagc de Pan-
fico , parce que Thuile qu'on extrait des noyaux
•infi que des olives qui tombent avant leur matM-
t'ité, étant également bonne à brûler , & mite
pom les fabriques de favon , & autres manufac-
lufci, on doit ècrafer le tout erifemble fous la
meule de Fancien moulin, afin d'en tirer le parti
le plus avantageux.
A Hnvention de fon môuUn , auflî ingénieu:i
«u*uiilc. M, Sieuve a ajouté la manière de con-
KTYCT lliuilc d'oUve au moyen d'une éponge fine
8c préparée , qui a la venu d*attirer & de retenir
les parties crafles , aqueufes fie vifqueufes que cette
liqmurc icqulert par la fermentaiîon >de conferver
fa limpidité , malgré fon agiiation portée à un cer-
tain point, & de pouvoir la tranvafer fans courir
Tifquc d*y mêler le dépôt.
Moyen de rtSifitr l'huile^
On dit que pour ôter à une mauvatfe huile fa
niKidité , & pour la clarifier , il faut la faire
bouillir, y verfer du vinaigre fort pendant qu'elle
kout| & récumer tant qu*eUe fe charge d'écume.
Pour empêcher V huile de fumer.
Voici le procédé que Ton donne pour empê-
cher rhuile d'exhaler des vapeurs défagréables
& nuiûbles. On met dans un vafe de terre du
fd,avec autant d'eau qu*il en fsut pour le dif-
foudre. On trempe dans cette eau falée une mè-
ch^^quca laiiTe fécher ayant de la placer danslo
lampe.
Od verfeenfuitedans une bouteille de cette eau
ialée & de Thuile en même quantité. On lai Ile
n^fcr ce mélange
Gla Élit , on peut en verfer dans la lampe. On
aara, dit-on , une lumière claire fans fumée comme
iifls odeur ; & , par ce moyen économique» on cou-
kmn beaucoup moins d'huile.
Toutes les huiles vé^étaUî , commes celles d'o-
live, de noix, de navette, de lin , d'amandes
douces, de pavot, &c, fe tirent par exprefFion.
On donne le nom A* huiles ejfcnûtlks à celles
qu'on obtient par h dîftiUation de !a cannelk,
hi girofle, du cédrat, de la lavande, du geniè-
vre , &c.
Oa a aufTi les huiles animales , comme celles de
bktne, de morue, de chien de mer, de che-
Tal» de bléreau, fcc.
O L I
39t
Parle moyen ai la liqucfafllon de toutes ces
huiles, les unes fervent a éclairer, & les autres
à préparer les laines ou à corroyer les cuirs :
quelques-unes entrent dans nos alimens , ôc on
en emploie d'autres i la peinture.
Huile animale.
On eft redevable à M. Blondeau , médecin k
la Chaux-Neuve, en Franche-Comté, de Tinven-
tion d'une huile animale quii extrait des abattis
de boeuf , vache , mouton , &c*
Pour cet effet, on place trois chaudières fur la
même ligne , chacune fur fon fourneau. Après
avoir rempli la première , qui efl plus grande que
la féconde & la troifiéme , d'abattis & d'une quan-
tité fuffifante d'eau , on fait bouillir le roui avec
modcrarion autant de temps qu'il en faut pour
que les abattis foient afTcz cuirs pour erre man-
gés. Cela fiîir , on enlève Thuile 6l la graifle qui
nagent fur l'eau, & on les jette dans une féconde
chaudière dont l'eau efl prête à bouillir, afin que
les parties glutineufes & graffes aitnt îe tï-.mps de
fe diflbudre & de fe féparer des parties huileufes;
on les laiflTe pendant vinet-quatre heures & quel-
quefois phis dans cette (econde chaudière.
Lorfque les matières grofTièrcs fe font préci-
pitées au fond de la chaudière , on prend avec
une cuiller l'huile qui furnage , pour voir fi elle
eft épurée au point qu*i! le faut, ce que l'on re^
connaît a fa couleur jaune & claire ; pour tors on
la tire par un robinet qui eft adapté à cette chau-
dière.
Dés que l'huile eft foutîrée, q^ la %'erfe dans
la troifième chaudière , dont fliuile eft aftez chaude
pour que les graifles mêlées avec l'huile ne puif-
îent s'y figer.
Vingt-quatre heures après que ces matières y
ont été mifes , on laiffe refroidir Teau , alon la
grailTe fe âge au-de0'us de t'huiîe; & au moyen
de trois robinets adaptés les uns au-deilus des au*
très , on tire de trois efpèces d'huile,
M. Blondeau appelle la première ejffence animale^
la féconde huile fupèneure ^ 6c la troifième huile
animale, l\ prétend qi c ce procédé peut s'étendre
aux abattis de toutes font s d'animaux ^ & que
fi on fuivoii cette pratique en faifant l'huile de ba-
leinc fîi d'autres poifTons, elle donneroît une lu-
mière plus vive & plus belle.
598
O L I
O LI
VOCABULAIRE.
Di
'étritee Us olives y c*eft les pafler fous la
m eule.
DÉTRtTOiR ; c'efl un fort madrier cannelé en .
defTous , qui s*einboîte dans la partie fupérieure de
la caifle que renferme le moulin des olives.
EhABLOTiN ; nom que Ton donne , dans certai-
nes provinces , à Touvrier qui fuit le travail du
moulin où Ton ècrafe les olives.
Drageon ; petite branche qui fort d^une autre
branche , ou du corps de Tarbre.v
Enfer ; ( /* ) nom que Ton donne , en certaines
provinces , à un fouterrain où s^écoulent les ré-
fidus des pâtes d*olives écrafées fous la meule.
Essence ; c'eft le nom qu'on donne à une fau*
mure aromatjfée , pour donner un goût & une fa-
veur agréables aux olives.
Essence animale ; c'eft la première liqueur
huileufe qu'on tire de la décoftion d'abattis d'à-»
fiimaux.
Grignon ; c^eft le marc qui relie lorfqu*on a
exprimé toute Thuile des olives.
Huile; c^eft un fluide gras & onâueux qu'on
tire par expreifion de diverfes efpéces de graines
& de fruits.
Huile animale ; celle qu'on tire des animaux
tels que la baleine , la morue, le chien de mer,
le blereau , &c.
Huile commune. On nomme ainfi celle qu'on
retire , par le moyen de l'eau chaude , du marc des
olives refté dans les facs.
Huile d'enfer ; c'eft l'huile qu'on tire des ré-
fidus des pâtes d'olives qui fefont écoulées dans
4in fouterrain nommé l'enfer.
Huiles essentielles; celles ^u'on obtient par
la diftillation des plantes aromatiques.
Huile végétale ; c'eft l'huile qui fe
expreffion des olives , des noix , des a
des graines de lin , de navette & autr<
taux.
Huile vierge ; c'eft la première huile
par expreflîon des olives écrafées fous 1
Mare ; ( /^ ) c'eft l'auge circulaire oii Y
les olives fous une meule cylindrique qui
horirontalement.
Maye; nom d'une efpèce de pierre
pour recevoir l'huile au fortir du moulin .
née pour donner l'écoulement à la liqv
Olives ; fruits de lolivier. Il v a u
les préparer pour les rendre agréables a
Olivier; arbre qu'on cultive dans
provinces méridionales. Il produit un (n
manger , ou l'en en tire par expreffion i
excellente.
Paître la meule ; c'eft , au moyen d*u
l'aftion de ramener les olives feus le pa
la meule.
PiCHOLiNES ; olives préparées & conf
une faumure aronutifée , fuivant la méth
Italien nommé Picholîni.
Ranor ; {fe ) c'eft lorfque l'huile , p;
tufté ou fa mauvaife qualité , contraâe u
& un goût défagréables.
Rouge noirâtre ; couleur qui annom
faite maturité des olives.
Saumure^, c'eft une faufle de fel marii
tifèe pour confire les olives , & leur d<
goût agréable.
ScouFFiN ; petit fac de jonc à deuxoir
& qu'on emplit de pâte d'elives écrafée
O RF
O R F
Î99
ORFÈVRE, BIJOUTIER, PLANEUR.
( Art de r )
I
L. comieni <îe parler d'abord de Tor & de Vjr-
jftw^t , & de confidérer ces métaux précieux dans
le rapport qu'ails oni avec Vslti de ïorfévrc-bijotiùcr'
O R»
LV eft de tous les métaux le plus parfait « le
pWs m,iUérable » le plus pefant : un pied cube d*or
péfc 1 J48 liv. I once 48 grains* Lor cû d'un jaune
^fillwmôc éclatant , & lorfqu'il efl pur, U n'a ni
odeur , m faveur ; fa dureté efl moyenne entre les
«iJtics mcriaux* mais fa dudilitè cA i\ grande qu'une
*culc once de ce métal ( ce qui forme un volume
«Ort petit ) peut , fuivanr le calcul des phyficiens,
Ccuirrif &c dorer trés-exaéitfment un fil d'argent
l<»n|de 444 lieues,
Ceifc prodi^ eufe duéliliïé s'efl bien mintfeftce
dans l'art du Batteur d*or , que nous avons décrit
Clans le premier volume de ce diâionnaire ; tk
1*«B en verra de nouvelles preuve* d.ns Fart du
prc'u\
^i^t^r & jiUur J'or,que t-ous aurons occ*fion de
•*%tfer i (on rang dans la fuit- d. ce dtétionr-airc,
Gr^endant Tor frappé long-remp^ par le nia teau
^^uiert uni, roidcur que Tes ouvriers appellent
^^rmmjfcmtnt ; mais en le faifant chauifLr juÉqy*au
x^<iuge » et quon nomme rtcure^ on luxr.nd toute
*^ foupleife.
Quelque temps que Tor foît expofé i rjftîon
^*« laif ou de Tcau , i! n'en reçoit .iiiCune altéra*.
^»^n ; il ne contraâe jamais de roui le» qu'à raifon
^^smaîiércs étrangères qui s'y appliquent. Le feu
**^im: ne peui le détruire. Si on l'y eupofe , il rou-
Rit d\bord , & lorfqu'il efl d'un rouge ardent
^^mme un iharbon allumé , il ft fond auffiiôt. Le
^^lifc-i-on refroidir » on trouve qu il n'a fouffcrt
^ lîcun déchet.
La ténacité des parties de Tor efl auflt beaucoup
I^Tus grande que celle de tout autre mcral ; un hl
^'or d'un dixième de pouce de dtametre, peut
Contenir un poids de ^00 livres fars fe rompre.
L*or téfifle à Ta irm des plus forts diltolvans
Oimifcs ; mais il fc laiiTc dit!» udre par deux grands
fâiffolvius compofès. L'un <-ft le mè'angc des aci-
de» nitreax ^ manns» que les ch^mifles ont nommé
t#ji régale » à caufc qu'elle dinou ce roi des mè*
tatu ; l'autre efl U combinaifun de Talkali ^x^
tircc te iùvXtti connu fous le nom dcfotc difoufir,
Au refte , l'or ne reçoit aucune altération cflcn-
tîelle , même de fes didolvans ; on le retrouve tout
entier en poudie dan^ les pridpiiis ,c'eft-à-dite,
lorfqy'on le dégage des acides qui le cenoi.nc en
diiTolution,
Les principaux ufages de Tor font connus ; on
fait quelle cil Ion utilité pour la moniioie & les
médailles ; on l'emploie dans une ic«fînité d'orne*
mens » à caufe de fon éclat» de fa beauté & de fon
inaliérabiliié. Van du doreur^ que nous avons pré*
fente dans le tome II de ce dictionnaire , fait ap*
pliquer Ter fur un grand nombre de maiiêres aux*
quelles ce précieux métal donne un extérieur agréa-
ble «!e propreté fit d'opulence ; on en fait des
bijoux de prix de toute efpéce , comme nous le
verroos dans Tan de l'orfèvrerie* On en tire de
très-belles couleurs pour la peinture des émaux
& de la porcelaine , airfi qu'il efl djr à ces
articles. Enfin , Tor efl le métal qui f.mble le
pîus s'étendre 8t fe multiplier.
L'or peut s'allier avec tous les autres métaux ,
mais ces alliages font peu ufités » à l'exccpifon de
ceux avec l^rgent & le cuivre qu'on emploie pour
les moonoies , l'orfévrtrie d: la bijouttrie; ^vec
le mercure dont on fe fert pour tirer l'or des mines
fit pour la dorure , & avec le plomb & le régule
d*antimoine^ qu'on ne lui aflbcie que pour parve-
nir à la purification de Tor.
Quand Tor efl ;ilUé avec une fubflance métal*
tiqt.e , il perd alors de fa duéïilité. S^ couleur efl
altérée & paie par l'alliage de l'argent; elle efl
au contt;.ire beaucoup exaltée & rchauflëe par le
mélange du cuivre»
D'ailleurs le aiîvre diminue fort peu ta duâilîiè
de ïor « & fert à lui donner plus de fermeté & de
folidifé.
On ne peut féparcr l'or de Fargcfu qu'en ex-
pofant cet alliage à Taétion des acides & du foufre,
qui ne diflol\ent que l'un ou l'autre de ces mé-
taux ; c'efl ce qui fe pratique par le moyen du
départ*
Quant aux autres métaux , on les fépare de i'or
parla fcarificatiun avtc le fJomb\ par le nitre, 6c
par ramimrinc ou plutôt par f n foufre : cVft
ce quVn nomme aftna^c , cou pillât ion > purlfca»
tjon de l*cr^ ainfi qu'il a été dit avec plus d'étcn^
due dans Tan du monnoya^i*
400
OR F
On appelle et mat » Yor qui , étant mis en oeu-
vre , n'elt pas poli.
Or bruni , celui qui eft poli avec la dent-de-
loup , pour détacher les ornemens de leur f«nd.
Or jculptéy celui dont le blanc a été gravé de
riaceaux & d*ornemens de fculpture*
Or réparé , celui qu'on eft obligé de repaffer
avec du vermeil au pinceau , dans les creux de
fculpture » ou pour cacher les défauts de Yor ^ ou
encore pour lui donner un plus bel oeil.
Or btetclé , celui dont le blanc a été haché de
petites bretelures.
Or dfi mofaïquc » celui qui , dans un panneau , eft
partagé par petits carreaux ou lofanges , ombrés
en partie de brun » pour paroitre de relief.
Or rougcdtrc ou verdatre , celui qui eft glacé de
rouge ou de verd > pour diftinguer les bas -reliefs
& ornemens de leur fond.
Il y a encore de IV a PhuîU , qui eft de Yor
en feuilles appliqué fur de Yor couleur » aux ou vra*^ ,
ges de dehors » pour mieux réfifter aux injures du
temps y & qui den^eure mat.
YOr moulu , dont on dore au feu le bronze , &
Yor en coquille , qui tft une poudre dV détrem*
pée avec de la g )mme , dont on ne fait ufage
que pour les d.lnns.
Or mat , fe dit des parties dV fur les bijoux ,
qui ont été Âmaties & pointillées au cifelet ou au
m:itoir , qui font reftées fur leur couleur jaune ,
ou aux quelles on Ta reftituée par la couleur au
verdet, ou au tirc-pcil.
Or battu, ou or en feuilles, fe dit de IV
rjdjît en feuilles minces & préparées pour la
dorure ; cette préparation eft du rcflbrt du batteur
dV. Foye^ Batteurd'or.
Or en lames , fe dit de IV écaché entre
deux roues du moulin à laminer > pour être em-
ployé dans les galons. Comme on ne fait point
de galons d or à caufe d;; leur cherté & de la trop
grande pefantcur, ce terme ne peut guère s'en-
tendre que de Tarccnt doré , auquel l'ufage a
improprement confiicré le nom dV ; on dit or en
lame , or trait , or filé , galon d*or , quoiqu'il ne
s'agiffe que d? galon d'argent doré, & des parties
qui le compofenr.
Or trait , fe dit de l'argent doré réduit en
fil extrêmement menu & délié» que l'on emploie
pour faire des boutons & quelques parties de bro-
deries.
Or file , fe dit de Targent doré , réduit en lames
mi'ices & é'roites, filé enfuite au moulinet fur
de la foie , du fil ou du crin , pour les galons &
la broderie.
Or faux, fe dit das lames, paillettes, filés ,
galons , &c. & autres pièces de cuivre doré &
imitant Yor.
Or fin , fe dit de IV qui eft au titre de 24
Icarats ; mais comme il eft difficile , & pour ainfi
dire imp' flîble de rencontrer de Tor au titre de 914
karats, foit parce que dans les diftblmions les
o R F
plus parfaites , Ou les affinages les mievx exécutés i
la chaux d'or, ou le régule , refte toujours char-
f;é de quelque légère partie d'argent, foit au*avec
es précautions les plus exaâes , îl eft difficile
d*emp6cher que le morceau deftiné à l'efliad ne
contraâe quelque légère impureté, il fuffir que le
cornet rapporte i) k fj de karat pour être rèputi
fin ; car sdors le poids qui s^ta manque étant la
laS*. partie du grain de poidi de marc, eu égard
aa poids d'effl'ai dont on le f^rt en France, if eft
fenUble qu'une û légère diminution, & prefque iné-
vitable , ne peut nuire à la finefle du titre , & ne
fait que conftater combien on doit apporter de
foin aux affinages , & combien il eft difficile de
dégager entièrement les métaux des parties hété-
rogènes qu'ils renferment dans leur lein.
il en eft de même de l'argeat fin« oui doit être
au titre de douze deniers, & que l'on trouve
rarement à ce titre , parce que dans les affinages
les plus complets , & les diffolutions les mieux
faites & les plus foigneufement décantées , il eft
impoffible que Targent ne retienne quelques panies
de plomb ou de cuivre : celui qui fe trouve au
titre de 1 1 deniers 23 grains , eft réputé fin ; quel-
quefois on en a trouvé 4 11 deniers 23 grains •
mais cela eft très-rare.
^ Nous remarquons ici en paflant , que les eflais
d'argent demandent beaucoup plus de foin&d*at-
tention que les effais d'ar, que leur (ûreté dépend
d'un nombre de conditions accumulées , & que
leur certitude phyfique eft bien moins conftante
que celle des eflais d'or: car comme cette opéra-
tion fe fait au fourneau de réverbère , il eft impor-
tant de veiller à ce que le feu ait partout une égale
aâivité : autrement le feu- étant plus vif dans une
partie du fourneau que dans l'autre, le plomb entre
plus tôt en aâion dans une coupelle que dans
l'autre , & la torréfaâion étant plus vive , il peut
ronger & emporter avec lui quelque parcelle d*ar-
genr, tandis que les autres boutons d'eftais fur
lefquels le plomb n'aura eu qu'une aâion lente
par défaut d'aâivité du feu , pourront retenir dans
leur fein des parcelles de plomb ; ce qui avantage
les uns & fait perdre aux autres.
Il faut en outre bien prendre garde qu'il ne fe
fafte des cheminées , & les boucher à l'inftant
qu'on s'en aperçoit ; autrement l'air frappant fur
le bouton , peut le faire pétiller , & écarter quel-
ques grains. Il faut d'ailleurs garder fon plomb à
raifon du titre de l'argent qu'on veut eiTayer ,
autrement on pourroit Taire de grandes erreurs.
Or au titre , fe dit de l'or qui eft au titre de
20 karats , qui eft celui prefcrit par les ordonnan-
ces pour les bijoux d'or.
Or bas , fe dit de Yor qui eft au titre de 10 ,
12, jufqu'd 19 karats^ audaiïous du titre de 10
karats , ce n'c{l plus proprement qu'un biUon d'or.
Or bruni , c'eft de l'or que Ton a li(Tc & poli
avec un inftrument de fer qu'on appelle brunif-
foiry û c'eft de l'or ouvré, ou de la dorure fur
métal;
tJ ;& avec une dent-de>loup > ù c*eft de la
dorure fur détrempe.
Or eh chaux , fe dit de IV riduit en poudre
par quelques diiïblutîons quelconques.
Var en chaux çft réputé le plus fin, & C^eft
celui dam fe fervent les doreurs ; mais il eft tou-
jours prudent d'en faire l'eflai a va m de l'em-
ployer I & de ne pas s'en rapporter à la foi des
aâîneurs ou départeurs » attendu qu'ils peuvent
aifement vous tromper : il leur efl facik » en ver-
sant quelques gouttes de vitriol dans leurs dtiïblu-
tions »^dy précipiter un peu d'argent , fans alté-
rer la couleur de leurs chaux , &,. moyennant cela ,
fans qu*on s'en aperçoive à TinTpeâion.
Or aigre, fe dit de tout or qui éprouve des
friâures ou gerfures dans fon emploi , fous Teftort
du marteau ou celui du laminage : û on n'em*
pbjroii gue de rt>r fin. Il efl certain quil feroit
plus duélilc i maïs comme les ouvrages devien-
df oient beaucoup plus lourds , & n auroicnt pas
tant de foUdité^nl une aulli belle couleur » il
faut l'allier ( car nous remarquerons en paffant ,
que plus lei métaux font durs , plus ils fout dif-
pofès a recevoir un beau poli ).
Avant qu^on travaillât Vor d'une couleur aulfi
rou|e que celle qu'on lui donne aujourd'hui , Var
dWu pas fi fujet à contra 61 er des aigreurs ,
Earcç qu'alors on TalUoit avec de l'argent en tota-
le ou en partie ; mais depuis qu'on Ta voulu avoir
ïl*im touge extraordinaire ^ il a fallu l'allier avec
le cuivre feul : or , comme Vor ne s'allie pas Ci
ficikment avec le cuivre qu*avec l'argent , il faut
employer le cuivre de rofette le plus doux qu'il
foit poflibîe ^ & en même-temps !e plus rouge ;
"«nmoins» quelque doux que foLt le cuivre , Vor a
«le la peine à le recevoir dans fon fein , & il fuffii
rfe voir dans le creufet les combats que ce mélange
occafianne , pour juger de la répugnance qu^a Vor
<lc s'allier avec le cuivre. Lors donc que f^loi
ôcciGonnc de l'aigreur , on s'en aperçoit ailé-
Œent dans le bain y on voit le bain s'agiter à la
lup^rficic , tantôt jeter des fleurs , tantôt former
jl« Mairs ; il n'eè point alors de moyen fixe à
«idiquer pour l'adoucir : il eu des aigreurs qui
tèdemà la projcflion du falpétre feul ; il en eil
<i'iutres (^uî veulent le falpétre & le borax ; unj
*iJtrc efpece demanHe le crifiil minéral : engè-
"éraU le borax cR et* qui réuffii le mieux , mais
ï^arinconvénient de pâlir IW.
Quand Taigreur procède de quelque mélange
Qs plomb, d'étain , de calamine ou cuivre jaune,
^f s'en aoerçoit aifement , parce qu'alors il s'é-
j5vc fur la (urface de petites bulLs de la forme
î*p€U-prés d'une knulle ; le moyen d'adoucir
^e efpece dVigreur , efl le mélauge de falpétre
« de foufre.
Au furplus , c'eft à un artiftc inrelUgent à tâter
ion métal , 8c à voir» par refpèce d'aigreur appa-
rente, quels fels y conviennent le mieux i mais
il ne doit point verfer (on or , qu'il ne foit affuré
Am 6^ Méiiêrs, Totru K Part. IL
de fa duâîlitè par la tranquillité du bain ; ce ^ul
fe remarque ailément, fur-tout quand les feb fon-
dus couvrent exaftcment la Airface , & qu'aucun
éclair ni bouillonnement nç les fépare ; alors Var
efl certainement doux.
Il faut encore obferver qu'on ne doit point tou-
cher Vor en fufion avec du ter, autrement on court
rifque de l'aigrir» ce qui lui eft con raîre avec
Targent , que l'attouchement du fer adj ^cit* L'ar-
gent n'étant pas fi fujet à contrafter des aigreurs ,
pour peu qu'on lui en aperçoive , le falpétre ,
quelques croûtes de pain & le fa von fùBfem
pour en venir à bout.
Or DE COULEUR^ terme qui exprime les diffé-
rentes couleurs que Ton a trouvé le moyen de don-
ner à Vor par Tal liage d'autres métaux avec lui.
On emploie ces or/ colorés , ou, pour mijux dire,
nuancés , particulièrement dans les bijoux dW ,
pour y repréfenter avec plus de vérité les fujets
que l'on veut exécuter, & approcher, autant qu'il
efi poflible^ de Tîmitation de ta nature.
Veut-on repréfenter une maifon? on emploie
l'or blanc ; un arbre , Vor verd ; une draperie ,
Vor bleu , Vor jaune i les chairs fe font volontiers
avec de Vor rouge.
On ne connort quejcinq ors de couleur^aui font Vor
blanc, for jaune, For rouge , Ter verd, l'jf gris ou
bleuâtre. ,
L'or jaune, efl. Vor fin dans toute fa pureté.
L'or rouge, eft un or au titre de i6 karats ,
aliié par trois parties i'or fin fur une de cuivre
rofeire.
Vor verd eft auflî au titre de î6 karats , fait
avec trois partie? d'or fin & une partie d'argent fin.
L'or verd eft celui dont un habile artifte peut
tirer le plus de parti pour les nuances , parce que
c'eft celui ou elles font^le pîus fenfibles. Le verd
dont nous venons de donner la proportion , four-
nira un beau verd de pré* Mettez ( en confidé-
rant la totalité comme 24 ) 18 parties d or fin fup
6 d'argent fin , on aura un verd feuille morte ;
en mettant au contraire 10 parties d'argent fin fur
14 d'or fin, on aura un verd d'eau : c'cfl à rartiftc
à confulter fes nuances & fes fujets pour régler
fes alli liges.
LV gris ou bleu, ou, poiîr bien dire, ni gris ni
bleu, mais bleuâtre, fe fiit par le mélange de
l'arfenlcou de la limiille d'acier : la fumée de Tar-
fenic étant três-dangereufe , on s'en fert peu ; &
comme il arrive fouvcnt que la Limaille d'acier fc
brûle trop vite , on a éprouvé que ce qui réufllffoir
le mieux étoit du gros fil de fer doux , dont on
prend un quart du pdids que Ton veut nuancer ,
6l que Ton jette â2n& le crcufct.
Lorfquc roreft en bain , il s'en f^ifit alors ordi-
nairement affez vite ; on reûre le tout du feu auffi-
tot qu'on s'apcrçoii que Un corporation eft faite ;
autrement l'or, en bouillant long-temps , le rejette-
roi t de fon fein par fcories : cette couleur peu déci-
dée eft cependant ia plus diiEcile à faire.
Eec
J
4ot
O R F
LV blanc cft aflci îfB proprement appelé or ,
n'étant autre chofe qise de Targent , à- moins que
pour éteindre fa vivacité on ne le mélange un peu ,
et qui arrive rarement*
Moyen pour rehaujfer la ccuUur ae for^
On n'emploie ordinairement à la dorure que
Vot vierge^ qui eft plus pâle que ce métil allié de
cuivre ; mais on a cherché à en rehauiTir la
couleur , & Ton y ell parvenu en le chauffant
avecMei cires ou cémens , & le lavant dans des
liqueurs chaudes qu'on appelle fauccs.
Ces cires ou lances foot des mélanges de terres
bolaires , Se pour Tordinaire de fcl marin , d'alun ,
de plufieurs autres fels , 6c de verd-de-gris.
C'efl à la révivification du cuivre du verd-dc*
gris , que ces fàuccs doivent leur propriété de
chauler Tcclat de l'or , par la belle couleur rouge
qu'elles lui donnent ; c'eft une manière d'appliquer
une légère couche de cuivre à la furface de Tor »
& , pour ainfi dire , es le cuivrer.
Parmi le grand nombre d^ cires ou cémens ,
8c de fauces employées pour rehaulTer la couleur
de l'or , & mettre ce métal en couleur , les fui-
Tantes méritent d'être dîAinguécs, Prenez:
Cire jaune * i livre.
Alun cakiné , % onces,
Vcrd-de-gris» i onces.
Crayon rouge , ii ences*
Cendres de cuivre , % onces.
Faites fondrp la cire» incorporez y les autres
îngrédiens réduits en poudre , & faites du tout
une mafle de laquelle vous formerez des bâions.
Apres avoir bien nettoyé la pierre, on h frotte
avec un de ces barons, on la met enfuite fur les
charbons ardens jufqu à ce que tout le cément
foit bien confumé ; on lagraiie-bolTe , on ta bru-
nit, & on la lave dans la fauce qui fuit. Prenez :
Cendres gravclées , a onces.
Soufre , 2 onces,
Seï marin, 4 onces.
Jetez toutes ces drogues dans environ une
pinte d'eau , qui vous fervira au befoin , en la hl-
fant chauiFer à chaque foi«.
Or es bain , (j dit de Var qui eft en pleine
fiifion dans le creufct.
Or poreux , fe dit de tout or qui renferme
des cavités èi des impuretés dans fon feîn , qui fe
découvrent^ Temploi ;cet inconvénienr réfulte du
défaut de proprcrè dans h fonte, ou dans h
forge de IVr, en verfant Vor & l'argent dans la
liligotiére.
Ces métaux , fur la fin de l'opération , contrac-
tent un peu de froid , ce qui forme fur le dcffus
des lingots une cf|iéce de peau : en outre les fck
qui ont été mis en fufioji avec les métaux, & qui
ont ramaffé toutes les Impuretés , coulent avec les
mi-faux, fe rafnmhlent fur la furface, & y forment
ét% CÂvités, Il fcfOît toujours prudent d'enlever
d:c iJi^m:ttç pci-u avec le g-cs grattoir*
O R F
Il faut enfuite avoir (<Àn que Tenclume for
laquelle on forge foit propre , qu'elle ne contraôc
point de rouilte , non-plus que les marteaux dont
on fe fert ; éviter la chute de quelque ordure fur
ia pièce pendant qu'on la forge , Si avoir foia ^
en forgeant 6c réchauffant, de prendre garde que
quelque partie du métal ne fe replie fur lui-même ,
autrement il fe dowbleroit, & fouvem on ne sVii
apercevront qu'à la fin de l'ouvrage » qu'on fcroit
étonné de voir enlever U moiiié de l'épaiffeur
de fa pièce.
Le moyen fe plus fur de remédiera ces incoo*
véniens , eft d'épailler fouvent ; & fî on s'aperçole
que les métaux loient trop poreux, il eft plus pru-
dent de les refondre que de s'obfttncr à les tra-
vailler; car, quelque peine que Ton fe donnât ,
ils ne prendroient jamais un beau poli.
Or chargé d'èM£Ril. Il arrive fouvent que
i^or eft chargé de petites panies d*émcril , qui eft
une matière dure & pierreufe , dont aucune dif-
foîution n*a pu le purger : c'eft un inconvénient
d'autant plus dangereux , qu'il fe loge toujours
dans les entrailles du métal , & que quand il eft'
en petits grains furtout, il ne fe découvre qu'à la
iin, 6c lors, pour aiufi dire^ quil n'y a plus 4c
remède , l'ouvrage étant preCquà fa perfe^ion.
Quand on le fait , pour l'en purger tot^^lcmenc ^
on trouve dans les mémoires de Vaatdéffiit des fcun^
ces de 1717, le procédé fuivant r
Parties égales dW Ôt de bifmuth : fondezlef^
enfcmbic dans un creufet» & vetfczdans un cône
à régule ce qui pourra fortir coulant : pefez enfuite
ce mélange fondu pour juger de la quantité qui
tera reftée dans le crcufet : ajoutez- y la, même
quantité de bifmuth : faites fondre le mélange ,
vcrfez comme la première fois , & répétez encore
toute l'opér^ition jufquà ce que toute la matière
foit fonic du creufet bien coulante.
On mettra cet or ainfi foulé de bifmuth dans
une grande coupelle épaiire, bîtn foulcnue dans
une autre faite de terre à creufet où elle aura été
formée ^ bien battue : on coupelle ce mélange
fans y mettre sutre chofe ; miis qiiand il fera fi^e ,
on trouvera encore Vor impur & couvert d'une
peau livide. On mettra alots (ur chaque marc d'or
deux à trois onces de plomb, & Ton continuera
de coupeller juf^u à ce que tout le plomb foit éva-
poré ou imbibé danslacoupelle. Après cette féconde
opération » Vor n*eft pas encore auîÏÏ beau qu'd doit
Tètre , quoiqu'il foit déjà moins livide 5c moins
aigre. Pour achever de le porificr, il faut le mettre
dans un crcufet lat gc, qu\ n phccri dans une forge ,
de forte que U v.nt du fOMlîlci darde la flimme
fur le métal ; on le ti<;fn(lra quelque tetU JS en fufion ^
& Ton cefl^era de foi'ffler quand Vor commencera
;ï s'tjclaircir. On v j citera enfuite , à pluficurs repri-
fes , un peu de ifublimè corrc fu, oi ûir la lin u»
peu de bor.Tt. ^
OnconnoîrqueT'^^^
lorfquc le mitai dcvi.
O R F
pWs , & que fa Turface cft brillante ; alors on peut
le jeter en lingot , & en le travaillant on le
trouvera fort ëotut. Si ce mauvais or tenoiT de lar*
^cnt j il faut !e traiter davantage félon cette vue ,
parce que IVrçent ne s'en fêpare pas par la cou*
pelle de plomb.
Après que Yar aura été coupelle la première fois
avec îe bifmuth , on mettra deux parties d'-irgent
^r une partie dV, & on le coupellera félon Tart
avec le plomb : il ne fera p;*5 néceiîaire alors de
jeter tant de fubllmé corrofif dans le creufet ^ IW
étant retiré de la coupelle, on départira l'argent
à Tordinairc par Teau- forte.
Mais comme ces procédés font au-deffus de la
portée des artiftes ordinaires , & qu'ils n'ont ni le
fcmps ni la commodité de les cxéciitcr, il eft un
jQoyen qui demande peu de frais & d'attention,
pour éviter au moins qu'il ne fe rencontre d^ém eril
dans les grandes parties de leurs ouvrages. Ce
moyen cft de fondre leur or dans un
creufet rond de forme conique très-
pointue > auquel » en le faifant faire ,
on fait réfervcr un pied rond & plat
par*deflbus, peur lui donner de
TaiSette dans la caiïe.
U cft confiant que rémcril fe pré-
cipite toujours au fond ^ ainfi forf
que Vor cft fonda , il faut le laiiTer
refroidir dans le creufet , caffer le creufet, & coupe r
k calot dV: Témeril fe trouve ralTemblèdans ce
culot. On fe fen de ces culots pour des ouvrages
de peu de conféquence , & dont il n'y a qw^un côié
qui doive être poli , ou on les fond avec les gar-
niions, c'e II- à-dire , les moulures ou les carrés.
Comme rémeril fe loge prefque toujours dans
Vintéricur du métal , & que ces fortes de pièces
rcftent toujours épaifTes , Témeril fe trouve rcn-
fermé dans ces épaiffeursiSt fi par hafard il s'en
découvre quelques grains, ils ne peuvent choquer
l'œil; & y en eût-il dix grains fur un morceau de
Carré, ils ne feront pas ii fenfibles qu*un feuï au
«nilteu d'une plaque, qui y caufe une difformité
affreufe , en ce qu il dérangé toute réconomie &
*c brillant du poli.
Or ou argent in coquille.
Les peintres font ufage de l'or & de l'argent
^n coquille.
Pour robienir, on prendra du feî ammoniac bien
^ur; bioyez-le dans une eau de gomme épaiiïe,
cependant claire, jufqu'à ce qu'elle ait la confillance
«l'un firop ; menez-y autant que vous voudrez
■ d*or ou d'argent en feuilles; broyez le tout en-
■ fcmble pendant une couple d*heures avec toute
■ Vexaftitude pojTible ; mettez enfuîte ce mclanee
■ «ians un verre net ; verfez par-dtflus de leau *ii-
■ ïtèe; remuez le loni avec une fpatule de boisj
■ & quand l'or fera tombé au Ifcnd , décantez l'eau,
■ &rcmeitez-cn lie nouvelle: ceft ce qu'on appelle
■ ttïirfcorer.
o R F
4^3
I
Quand ^ous aurez de cette fiçon enlevé tout
le fel ammoniac Si. toute la vifcofué de la gomme ,
Se que Tor fera pur & dégagé de toutes mitièrcs
étrangères^ vous en prendicz au bout d'un pe-
tit pinceau j de vous en ferez des amas dans des
coquilles que vous ferez fécher»
Toutes les fois qu'on veut fe fervir de cet or
ou argent en coquille, on n'a qu'à rhumedter avec
une eau de gomme légère*
Procédé pour éur For des vaiffelUs durées.
Prenez une once d'eau-forte , une once d'eau
de puits , demi -once de fel commun, & une
drachme de fel ammoniac ; mettez le tout enfem-
blc fur le feu , 8t trempez-y la vaiffelle dont vous
voulez retirer l'or ; peu après vous l'en retirerez
& gratte - boffercz. L'or reliera dans la liqueur»
& vous !e précipiterez en verfant fur cette eau
régale , le double d'eau commune * ou bien en le
faifant un peu bouillir. Vous mettrez dedans une
pièce de cuivre rouge , & l'or s'y attacberi.
Moyen de tïnr Cor des hois dëris,
M. de Momamy, correfpondant de l'acad^-
mie royale des fciences de Paris , a fait connoitre
le procédé fuivant pour enlever , avec profit , \^
dorure de deifus les boiferies.
Mettez ce5 fortes de bois dans Fcau bouiUawre ,
& Iai*Tez-les-y aiïcz de temps pourqtjereau puifle
bien détremper la colle dont ils font couverts*
Elle s'en détachera en peu de temps , & elle e»-
trainera avec elle les feuilles d'or qu'on veut ièr
parer. Le tout tombera dans Feau.
CcMe première opération faite , & les bois étant
retirés de feau , faites bouillir celle-ci, & laiftez-la
évaporer jufqu'à ficcitè. Vous trouverez au fond
du vaiffeau une maffe informe compofée de colle
& d'or.
Prenez cette mafle, mettez4a dans un mortier,
& pilez iufqu'àla réduire en p^idrc. Mettez cette
poudre fous une moufle dans un foL»neau , le feu
brûlera la colle, fera évaporer toutes les parties
huileufes^ôt il ne reftera plus qu'une poudre d'or
que vous triturerez avec du mercure , avec le-
quel il s'amalgame parfaitement.
Voulez vous enfuitc féparcr l'or du mercurei
mettez cet amalgame dans un creufet, & celui-
ci dans les charbons d'un fourneau ; adaptez à ce
creufet un vaiffeau propre à recevoir les vapeurs
du mercure que le feu volatiîife & enlève. Vous
obtiendrez dans ce dernier vaifiTeau de très-bon
mercure coulant , fans déchet fenfible , & l'or
reftera dans le creufet.
On voit, par ce détail , combien cette opération
e(l facile à pratiquer, & combien elle eft peu
dîfpendieufe IvL Montamy remarque qu'un artiflc
induftricux, peut facilement retirer pour vingt fols
d'or par heure. _
Eec ij
404
O R F
Procédé pamr tirer for & rarf^tm du ^ahn fins le
On coupe le galon en petits morceaux, qu'on
enveloppe d'un linge» On met le paquet avec de
ai lie de favon dans Teau, qu'on laiffe bouillir juf-
qu^à ce qu'il parotiTe une diminution fenfible dans
le paquet , ce qui ne demande que peu de temps «
à moins que la quantité de galons ne foit trés-
confidèrable,
Enfuite on tire le linge , & on le lave avec de
Tcau , froide en le prenant fortement avec le pied ,
ou en le battant avec un marteau pour en expri-
mer la lie de favoiî, ^>*
On délie alors le paquet, & Ton trouve la par-
tie mècalUquc du galoïi pure & entière , lans être
altérée dans fa couleur , ni diminuée de fon
poids.
Cette méthode eft beaucoup plus commode que
la manière ordinaire de brûler Tor, Comme il ne
faut qu'une iiis-petite quantité de lie, & qu'on
peut le fcrvir plufieurs fois de la même, la dé-
penfe fe réduit h très-peii de chofe* Le vaiffcau
peut être de fer & de cuivre..
La raifon de cette opération , cft que la foie
étant une fubftance animale, fe diffout dans les
alkalis , & que la toile qui enveloppe le galon
étant une fubftance végétale^ rèfifte à leur opé-
ration.
Frocidéj pour nittoyer /Vr, & rappiUr la vit^cui
de féi couleur,
' On fait diflbudre du fel ammoniac dans de
l'urine; on y fait bouillir l'ouvrage d'or:' il re-
prend fa couleur vive & brillante.
On peut frotter auffi les ouvrages avec une
cire compofée de quatre onces de cire vierge ,
de trois quarts d'once de vcrd de terre , une demi-
once de cuivre , une demi-once de cire & un quart
d'alun, Lorfquc la cire eft fondue, on y jette tous
ces ingrédiens bien puîvérifés , & on fait de
cette pâte, lorfqu'ellc eA refroidie , des bâtons de
la forme de ceux de cire à cacheter.
Lorfqu*on veut rehauflTer la couleur de l'or ou
^es ouvrages dorés, on fcît chauffer louvrage
d'or , on trotte fa furfacc avec cette cire , on
fait recuire Vor au feu , & on le plonge enfuite
dam de Vç^^ bouillante où Ton a fait dilfcudre du
unre.
Il arrive quelquefois qu'un dé , un anneau , ou
autre bijou d'or tombe dans le feu ; il en fort
alors tout noir. On cmploicroit en vain le blanc
d'Efpagnc pour le nettoyer & lui rendre fa belle
couleur nauirçlle;îe mercure le rendroittout blanc.
Il n*y a d*autre fecrct que de le recuire au feu
pour confumcr les parucutes graffcs que les cen-
dres ont pu y dépofer , & 1c laver enfuite avec
un acide tel que le vinaigre , & mieui encore
avec d'- Tcau féconde.
o R F -
La folucion du favon , les aîlctlh fixes , les ail
lis volatils , fefprit-de-vin reôifié , font trés-pn
près à rétablir l'éclat de Tor des bijoux qui fa
ternis par la fimple adhéfion des corps étrangers-^
Cependant on ne doit point fe fervir du fava
ni des liqueurs alkalines pour les ealons , les b ^
deries , ni le fil d*or tiffu parmi la (oie, parce qu*eB
nettoyant Tor elles rongent la foie , 8c changent
ou font décharger fa couleur. Mais on pcui « ^
ployer Tefprit-de-vin pour cet ufage , fani
préhender qu*il attaque la couleur de Tor.
Or fâljtfié par la platine:,
La platine eft un métal blanc , ayant prcf^
toutes les propriétés & les qualités de Tor. l) pci
s'unir & s'allier avec lui fi intimement , qu'oo i
ignoré fort long-temps les moyens de découvrir It
falfification du lingot d'or par fon mélange Cefl
ce qui avoir engage le roi d'Efpagnc à en ùiftitt-
mer les mines , oL à en interdire le commerce. La
nouvelles expériences des chimifles ont appris t
reconnoitre cette falfification.
Un des moyens les plus commodes & les mom
embarraffans, cû fondé fur la propriété qu'a for
diffout dans leau régale , d'être précipité par i:
vitriol martial , tandis que la platine ne Teft fki
par cette fubftance , mais feulement par le fel am-
moniac, qui ne précipite point l'or.
Quand donc on foupçonneun lingot d*étrc fij»
fifié par la platine, il ne s'agit que d'en faire "*
foudre un morceau dans Teau régale , 6i de dii
buer cette diflblution dans deux vafes ; dans
on verfcra du fel ammoniac diflbus dans de Tctt;,
la platine fe précipitera fous la forme d'un ftdj*
ment couleur de brique : dans l'autre on vcrfca
du vitriol martial auffi diiïous dans l'eau ; b li-
queur fe troublera ; il fe formera un précipité d*<5f
quM fera facde de retirer par la dècaotaijOD &
Tinfiltraiion.
Argent-
L'argent eft , après l'or , le métal le plus ncbe 4
le plus parfait : il eft d*un blanc brillaiu il hàt
tant.
Sa pcfanteur , quoique confidérable , eft ccpw*
dant de moitié moindre que celle de Tor : uDpied
cube d'argent péfc 720 Uv.
La ténacité des parties de t'argent eft anfli prêt
de moitié moindre que celle des pariief delor;
un fil d*argent d'un dixième de pouce de diamcni |
ne peut foutcnir qu'un poids de 370 li\*rç^
L'argent n'eft point auftl duôiîe que I or , flnil
il l'eft plus qu'aucun autre métal : on ct\ ùût itB
fils & des lames de la plus grande ftneffc*
Il eft plus fonore & pUis dur que l'or, D fe toti
k un degré de feu un peu moindre que l'or ; mais
il parott erre à-pcu près aufti fixe « auiH tnédkm*
tibîe. Il n*eft pas même encore déddc G Tor k
Targcnt peuvent fe brûler, comme les autres vUuttif
fil»
3B
O R F
il'iflion d'an feu violent & trés-long-temps fou-
mu.
L'air ni Tcau enfemblcou féparément, n'altèrent
poim la couleur & le brillant de Targent , fie n'y
•cafiorment aucune rouille. Mais la lu rfa ce tle ce
mirai cil fujette à s'obfcurcir, à Te ternir & nicme
i k noircir par le contai ou par l'iinanaiion du
pWogîflique de plufieurs matières irrBammables.
Tous les acides peuvent diffoudre Varient ; mm
ccfl Tacide nîtrem bien pur Se médiocrement fort
(fu di(îoud Targent en mafle avec le plus de faci-
lité. Cette dîiïolution fe fait tlVÎ!e-même a froid,
eu tout au plus avec une chaleur irès- douce au
commencement.
L*acide nitreux fe charge de Targcnt jufqu'ati
point de faturation , fit en difiTout à-pcu-ptcs fon
poids égal s'A efl fort.
Si on a employé de rargcnt bien pur , la dîflb-
lutioo s'annoncera par des vapeurs rouges, qtn
«clcveront au-defTus de la liqueur, & par de pe-
tites particules d'air , qui partiront du fond du
fiifleaû oii eft le métal: s'il y a un peu d*ormélé
ivcc l'argent » il demeurera en poudre au fond
du matras , & on le retirera ; après avoir décanté
b dtflolution d'argent.
Lorfquc Fargem eft allié d'un peu de cuivre, fa
Molution perd la couleur verdâtre quVlïe a d*a-
bôrd , & devient trés-blanche,
Oa purge Targent du cuivre qui s'y trouve mêlé,
eale filfant fondre dans un petit creufet , fur un
feu de charbon animé par le vent d'un foufifîer , &
<n aidant la fufton avec parties ég-itcs de nitrc &
tic borax calciné , les deux enfemble faiûni le tiers
J^u poids du métaL Après cela on recommence
la diiîolufion d'argent comme il a été dit ci-delTus ,
fit il n*3ura plus de couleur,
llrèfulte de la difToIution d'argent par Facide
mmx, des criflaux blancs en forme d'écaillés,
JHon nomme criftaux de lune ^ & de ces criftaux
fondus à une très-douce chaleur, un fel cauftîque
ncif qui peut fe mouler, & qy*ôn nomme pu ne
^fifnale.
On purifie l'argent de ralîisge des autres mè-
Uux defti-uftibles , en le traitant avec le nitre ou
^vcc le plomb. Ce dernier moyen e/î le feul uûtè
dxns Ws travaux eu grand.
Cette purification de Targent s'appelle affinage
^u CQupdianûn , parce qu'elle fe fait dans un vaif-
'cau en fortne de coupe, que Ton nomme coupelkm
Q^snd l'argent eft uni à l'or , il faut employer
lucide nitreux pour Ten féparer , c'ert ce qu^on
entend par le terme de départ ^ ainfi qu'il a été dit
pJtJUmp!cment dans l'art précédent du monnoyagc*
Us opérations du départ font fondées fur la pro-
priété qu'a l'argent d'être diffout par plufieurs menf-
trues qui n'ont aucune aftion fur Tor,
Le foufrc, qui s'unit auffi à l'argent fans toucher
^IV, fournit encore un moyen de féparer ces
deux métaux i c'eft ce qu'on nomme dcpan ftc ^
o R F
405
pnrce qu^il opère la fufton que les chlmiAes nom*
ment la vou flche.
L'argent efi capable de s'allier avec tous les mé-
ratjx, tiL forme aveceux dift'creRS compofés , comme
on le verra dans les ouvrages d'ofevrerie,
M B* Voici quelques autres procédés concer-
nant Tor & l'argent, extraits en partie d'un recueil
de fecrets ckoifis & expérimentés à i*uja£e des artijki^
Pvur r argent dpré*
Prenez une once de verd-de-grîs , une once de
falpétre, une once de vitriol, une demi-once de
fcl ammoniac , & une demi-once de borpx :
broyez les bien enfemble, 8l faite^les bouillir
dans un demi-feptier d'urine , jufqu'à ce qu'ils
foient réduits à moitié ; enfuite froiicz votre ou-
vrage avec une brofTe trempée dans cette liqueur,
mettez-le fur un feu de charbon cbir , & quand
vous le verrez noircir , 6te7-lc du feu & le dé-
trempez dans Turine.
Couleur d'or verte.
Prenez deux onces de falpétre , deux onces de
vitriol , deux onces de verd-degris & une once
de fel ammoniac ; broyez- les enfemble & mèJez-
les avec du vinaigre.
Ou prenez quatre onces de vcrd-de-grls^ quatre
onces de fel ammoniac, deux onces de vitriol ^
deux onces d'airain brûlé & une once de falpétre ^
broyez le tout ⣠le mêlez avec du vinaigre, puis
fervez-vdus-en pour colorer votre or.
Couleur d'or a Ja fiançaifi.
Prenez quatre onces de fel , deux onces J'ahm^
deux onces de fel ammoniac , deux onces d^airain
brûlé , une once de falpétre ; broyez le tout
avec du vinaigre.
Ou prenez quatre cmccs de fel ammoniac, tjuatre
onces de verdde-gris, deux onces de faîpctrc *
une once Si demie de rognures de cuivre ; broyez
le tout avec du vinaigre ; ou bien prenez du fal-
pétre fondu & du vitriol noir, de chacun une
égale quantité ; faices-les bouillir dans un vaiiTeau
bien net , jufqu'à ce qu'ils foient réduits à moitié 4
ou bien prenez une once de verd-de-gris , <nic
once de feî ammoniac , une once de craie rouge ^
une once de fel fin^ broyez le tout enfcjnble ^ &
£ai!es-le bouillir dans du vinaigre.
Ou prenez une once de falpétre, une once de
verd-de-gris , une once de vitriol , une once de
fel ammoniac j broyez cbacnn de ces ingrcdiens
fép.irtûjeni dinsun mortier net ; enfuite les ayasit
méiès enfemble * metie^-lcs dans un vaiiîeau net
avec de l'eau , & faites-les bouillir p^nd^inx préc
d'une demi * heure ; ou bkn prenez quatre chicc»
de fel ammoniac , quatre onces de verd-de-^cii ^
h
4oâ
O B F
deux gros de falpècre^ éc broy<^z-lcs dans au
vinaigre.
Couleur blanche pour Vor^
P»-enez deu% onces de falpctrc , une once d'a-
lun , une once de fel, que vous pulvèrifereï &
mè erez bien enfcmble ; enfuite prenez un mor-
ceau d^ creufct ou de moufle cafe» mettezle au
feu 6c faites-le rougir : humctfttz Touvrage que
vous voulez colorer , & entourez-le de cette pou-
dre ; puis mcite2-le fur un morceau rouge de ce
creufct» la couleur bouillira , & iorfqu'elle fe fon-
dra , il faudra retourner votre pièce travaillée avec
des pincettes ^ & quand la couleur fera tout-à-fait
fluide & jaune « tirez la pièce du feu , & jnertee-
la fur une brique nctie ou fur une enclume , jufqu'à
ce qu^elle foit refroidie, Enfuite prenez un pot de
terre non verni ou un grand creufet , rempHûtz-
le prefqu'entlè rement d*eau claire , jetcz-y une
poignée de fel Ôc gros comme une noifette de tirtre
broyé , 8t ûit ou huit gouttes d*cau-forte i faites
bouillir le tout , puis trempez votre ouvrage dans
cette compofition ; faites-la bouillir jufqu^à ce que
les impuretés de ia couleur blanche en foiçnt
ètèes , Ôc nettoyez Touvrage avec une brofie*
Pêyj- colorer une vieille chaîne d*or^ & U rendre
comme neuve.
Prenez de rurioe , faites-y diiToudrc d« fel
ammoniac , 6c faites bouillir dans cette compofi-
tion la chaîne d'or , elle repreudra une couleur vive
6c brillante.
Couleur verte poMr les chaînes d*or»
Prencx quatre onces de fel ammoniac , quatre
«nces de verd-de-grls , une once & demie de fal-
pétre , demi-cnce de vitriol blanc ^ réduifez le
tout en poudre , délayez cette poudre avec du
vinaigre , âc faites-y bouillir votre chaîne.
Pour donner à for une couleur helle & foncée^
Prenez trois onces de Vitrio! rouge calciné ,
deux onces de fel ammoniac Se une once de vcrd-
de-gris ^ broyez Le tout enfemble , 6c le tenez bien
féchemcnt ; quand vous voudrez colorer votre
#r , humet£lcz-le , jetez de cette poudre par deflTu^ ,
faites-le recuire à pluficurs reprifes & tremper
dans Teau ; ou bien prenez du ver.i-de gris , éw
fel ammoniac , du falpètre & du vitriol , de chac«n
une égale cuantité ; broyez la tout enfemble ,
enfuite vcrlei du vinaigre par-de(Tus ; broyez les
de nouveau » comme les peintres broyent leurs
couleurs , 6c laifTcz-les fécher : réitérez la même
opération à pîufieurs reprifes, enfuite ferrez votre
poudre avec foin \ 8c lorfque vous voudrez mettre
de Tor en couleur , humcâe^-le avec de Turlnc ,
OR F
8c te frottez avec une broiTc, après quoî jetiiît
de votre poudre par-dellus , mettez- le fur des
charbons allumés, 6c lorfqu il noircira, tremptt-lc
dans Turine , 6c frottez-le avec une brdlîe de Uitoo*
Vous pourrez procéder de la même manière pour
les autres c#uleurs.
Pour rtndre de C^rpMe plus foncé.
Prenez du verd de-gris , vcrfez du vinaigre dtf-
fus , remuez-le bien » frottez-en votre or , 6c aprei
ravoir fait chauffer fur le feu , irerapca-le da ^
Turine.
Eau pour donner une couleur d*ûr à un mctJ^
quelconque»
Prenez du foufrc vif, & réduifez-le en poudre ;
faites bouillir un peu d'eau de fource ou de pluie
croupie , verfez-la toute chaude fur la poudre , &
remuez bien le tout enfemble ; raîtes bouillir IT
tout , 6c y mettez une once de fang^de-dragooi
quand la compoûtion a bien bouilli , 6tez-U dq
feu « 6c pa^ez-la dans un linge £n , puis metm
cette eau dans un matras , avec I« métal qne voti*
voudrez colorer ; bouchez bien le mairasi fairci-
le bouillir fur le feu » 6c le métal acquerra utje
belle couleur d'or; ou bien prêtiez de Faloes liépi-
tique , du falpètre 6c du vitriol romain , de chaain
une égale quantité ; diftillez-les avec de Tcau dans
un alembiCf jufqu^à ce que tous les cfphts en
fotent fortis : il reftera à la fin une eau ]Aunkn
qui donnera à toutes fortes de métaux une c«r
leur d'or.
Secret pour colorer Fçr»
Prenez tine boucle de cheveux eiiviroa de k
groffeur^iudoigt, brùltz-la fur des charbons ardem;
tenez votre or au-delTus avec di^s pîncitics , tû
qu'il en reçoive la fumée.
Pour donner â Vor une èelle couleur foncée^
Prenez une once de fel ammoniac » deux onco
de rognures de cutvre » 6: une once de vcrd dc-gni
dîilillé ; broyez le tout enfemble ; mettez ce mt^
lange dans un matras , Se verfez par-de0uik une
pinte de bon vinaigre de vin blanc diflillè ; laiffci*
le dcilécher à force de bouillir ; enfuite broyez le
refle bien €n , jonchez-le fur une aifiette de verre »
6c mettez-le à la cave p oti il fe changera en htiik^
faites encore coaguler doucement cette huile ^^
enfuite broyez & mêlez ccitc matière a%'ccj
mercure fublimé. Prenez une demi-once de i
cotnpofition « pctriffc—la avec de la cire dV
6c jtitcz la dans uae quantité d*UAe livre d*or
qui e(i en fufion : U acquerra une belle cotdcw
tonCiie.
»
O R F
Pûur dénier à la dcmn une belle couleur.
Prenez du fel net Se du foufre , faites-les bouîl-
Jtr cofcmble avec de l*eau daas une coquille d*oeuf
ifue vous aurez vid^èe ; prenez garde de ne pas
donner aiTez de fen pour brûler la coquille ; frot-
c« vorrc dorure avec cette liqueur , qui lui don-
ri^a une couleur plus brillante qu'elle n'avoit au*
0:rivaar.
Ou prenez de la poudre et foufre & de Taîl
l>royé , faites-les bouillir dans de Turinc ; enfui te
t^mfâit recuire votre or, trempei-ije dans cette
~L c^eur qui lui donnera une belle couleur.
W^^UT fendre hillant les endroits de la dorure qui
font taches.
Prenez deTalun^ faites -le bouillir dam deTcau
«lairc , & tfcmpez-y votre dorure , vous en ver-
rez la couleur revivre Ôc les taches s'évanpuir.
Peut donner aux vieux jalons on agrémens d'argent
leur première couleur.
Prenez de la poudre d'albâtr« , d^fféchez-Ia fur
k feu , & laiiTez b dans cet état aulfi long-temps
qti*il e(l poHlblc ; puis Tayant otè âc laiâè revot-
er, étendez votre galon fur une étoffe, prenex
ëc cette poudre avec une bro^e à peigne ^ & frot-
tci-en le galon des deux côrés , jufqu'à ce qu*il
foitaufli brillant que vous le fouhaitez, après quoi
TOUS le poliriz avec une pierre unie.
Ou prenez du fiel de bœuf & le âel d'un chien,
»èlcz-les cnfemble avec un peu d*eau, frétiez en
?oirc galon d or qu d'argsnt , vous en verrez chan-
. fer la couleur à vcHre latîsfaâLom
f^ur polir 6* luflrer Vor , ou un ouvrage doré.
Prenez deux onces de tartre , deux onces de
roufrc & quatre onc<fs de fel; faites-les bouillir
te moitié eau & moitié urine , trempez y votre
«r ou votre ouvrage doré ; cette eau lui donnera
IU3 beau luflre.
Ou prenez huit onces de fel » deux onces de
lame, deux onces de foufre » deux onces de lére
Wufte & une demi-once d'alun ; faites bouillir le
toat dans de Teau & de Turine , & pa(Tez votre
<» 'Vrage à travers , vous ea verrez l'effiit tel que
loiis le fouhaiicz.
Ou prenez huit onces de foufre, huît onces
«ilun, huit onces d*arfenic 'pune , une livre de
ï^rtrc & une livre de fel i faites bouillir le tout
éim de Teau & de TuTine.
On çrencz huit onces d'arfcnic jaune , une îivre
llbafr^, une livre de tartre^ une livre d'alun
|_6c iTOis oiices Si dc'initf de fil; faites t)ûuillir
Ingç dans de Turine & de Tcau.
de Tanti-
o R F
407
mrine réduit en poudre fine ,' faites- en une ItT-
five , & frottez-en avec une brofle la pièce que
voulez colorer.
Ou prenez une once de tartre blanc , tine once
de foufre verd & neuf onces de fel, broyez- le
tout enfcmble ; enfuiie prenez une faucière de
cuivre remplie d'eau fraîche , que vous ferez bouil-
lir , mettt:z-y un grain d'arfenic jaune crud , faîtcs-
y bouillir auflî trois cuillerées des ingrédiens
précédens broyés , après quoi faites pafi'cr votre
ouvrage dans cette compoficion : quelque ft>ncé
en couleur que vous le rendiez 1 il en fortka clair ^
& avec un éclat brillant & fin.
Manière d'enlever Vor de dejfus des vafes d* argent
doré.
Prenez pour cet effet une partie de feî animo-
niac, & une demi-partie de Llpétre , broyez-les
& réduifcz'les eu poudre ; frottez d*huile la partie
dorée , jonchez de la poudre delfus , 6c mettez
votre vafe dans le feu jufqu'à ce qu'il foit bien
chaud ; enfuite retirez- le , Ôc le tenant d*une main
au-deitus d*un plat de terre ^ de Tautre frappez
deffus avec une baguette de fer : la poudre tom-
bera dans le plat avec For ^ que vous en pourrez
fépirer enfuite avec la méthode ufitée.
Ou mettez du vif-argent dans un plat de terre
fur ic feu , fuiqu'à ce qu1l foit liédè i tourne z-y
de tons cotés votre vafe ou auire uflenfile d'ar-
gent : Tor (c fèparera de Targeni pour fe joindre
au vif-argent. Quand vous verrez lor tout- à-fait
détaché dkl vafe , ôtez-le de deflus le feu , vcrfez
le vif-argent avec Tor quand il fera refroidi dans
un autre plat » & s'il rcfte encore de Tor dans
quelque endroit » réitérez îa même opération juf-
qo'à ce qye vous n*cn aperceviez plus du tout :
enfuite faites paffer le vif- argent à travers un cuir,
ce qui en refiera , mis dans une retorte ( le col de
la retorte à travers duquel le mercure pûjfe , doit eue
à motiie enfoncé dans feau qui ejl dans le récipient , )
fur un fable chaud ou fur des cendres , forcera le
refte du mercure à oaHer dans un récipient avec
Teau y & s'il en re(te encore , il fe fondra & fc
purifiera avec Tor.
Méthode pour ftparer la dorure d'avec rargent,
, Prenez d*abord un vaiflTeau de verre ou de terre
verni, mettez-y de Teau-forte dans une quiotiré
proportionnée à la grolTeur de voire ouvrage ;
prenez tout au plus un gros éz fel ammonnc poi^r
une once d'cau-fone, rèduifci-le en poudre bien
£nQ , mettez- le dans Teau-forte & le faites chauffer
fur le ftu Quand vous vous apercevrez que le
fel ammoniac navaillc , mcttca-y alors voire argent
doié; puis quand vous remarquerez q:ie le vafe
tiï devenu ni^ir ,.c*e(l une preuve que Tor en cft
tnlevï. S'il y a une gr^ndç quantité d'ouvrage ,
UîiTezîc une d&mi - hetifc .o,a.,BPc heure entière
40î5
O R F
avant de Tôicr , ce que vous ferez avec des pinces
de bois. Après Tavoir ôiè cki feu, mettez- le dans
de Teau claire , enfuite faiteî^-îe recuire fît booîllir
avec le tartre ; répétez cette opération trois fois
de fuite , & votre or paroitra brillant ik tout
neuf.
ManUrt de fcpartr tor (tavéc Veau-font,
Prenez »n vafe ou terrine de cuivre , mettez-y
un verre dVan plein , enfuite veriez-y Teau^forte
cçiii contient de Tor, afin de Tadoucir un peu ;
a|OUtez-y un tptart d'once de borax de Venife »
& faites bouillir le tout r laiiïez repofer cette
liqueur toute la nuit ; le matin , verfez par iikIï-
naifon : Tor fera dêpofé au fond ; féchez-Ie par
degrés^ & quand il le fera tout-à- fait , vous y
mêlerez un peu de borax & vous le fondrez*
Fùur donner un lujirt aux pikts d'argcnurie.
Faites difloudre de Talun , & formez-en une fau-
mure fone , que vous écumerez avec foin ; mclez-
y du favon , & lavez vos pièces d'argenterie dans
cette compofttion avec un chiffon de linge.
Mamère de féparer Tor d*avec t argent doré , parla
cimentaiion.
Prenez une partie de colcoihar ou vitriol rouge
calciné» une partie de fcl & une demi-partie de
rouge de plomb ; pulvèrifez Se misiez le tout enfcm-
ble ; couvrez de ce mélange en poudre votre argent
doré dans un vaKTeau de terre ; mettez le dans un
fourneau , & ne lui donnez qu*un feu lent , pour
empêcher l'argent de fe fondre : la poudre attirera
Tor, que vous pourrez enfuite réduire en le fon-
dant avec du plomb , & le féparant à la coupelle.
Soudure pour les chaînes d* argent.
Fondez trois parties d'argent Bn & une partie
d'airain ^ & quand ils feront en fufian , jetez -y
une petite quantité d^arfeoic jaune.
Ou bien prenez une partie d'arfenic jaune &
une partie de cuivre , fondez-les & les rédnlfcz
en grains ; ajoutez- y quatre parties d'argent fin ;
fondez le tout cnfembic, & cmûczAt dans une lin-
eotière ; quand ce mélange fera froid , limez- le &
le réduifez en poudre fine*
Soudure pour V argent.
Mettez en fufion deux parties d'argent » ajou-
tez-y une partie de clinquant ou d*airain battu
bien mince, mais ne le laiiTcz pas trop long-temps
es fufion , de ci'ainte que l'airain ne s^éi-apore
en fumée ; ou bien prenez quatre onces d'argent ^ |
troiî onces d**iirain & un quart d'once d'arienic , i
food€i-ks enfemhlc 8c vc fez les pro/nptcment ; !
o R F
^ ou bien fondez deux onces d'argent & une met
de clinquant, ajoutez-y une demi*once d'irfenic
blanc ; coulez promptement ce mélange : c*cft uce
fort bonne foudure.
Ou bien fondez une once d'argent fin & nnt
once d'airain mince ; quand ils feront en fiiCon p
jetez par- de ffu s une once d'arfenic blanc; fonda
6c remuez bien le tout enfemble , après quoi \roiii
le vcrfcrez promptement.
Excellente foudurc pour ror.
Fondez du cuivre on de l'argent hn de duciia
une partie ^ & ajoutez-y deux parties d'or*
Ou prenez du même or dont vatre ouvrage A j
fait , ta pefameur d*un fol , alHez-ïe avec neè j
grains de cuivre & autant d'argent.
Manière de fouder Vùr au l'argent.
Battez votre foudure bien mince , & coupeil*
par petits morceaux ou paillettes i enftûte pttm
l'ouvrage que vous voulez fouder : joignez citfl»*
ble les deux bouts avec un fil de métal fin ; llulnc^ u
tcz les jointures avec un pinceau trempé dans de I'
l'eau de borax.
Si louvrage que vous voulez fouder , cft ô»
bouton ou quelque autre chofe de délicat , mctlc^
le fur un grand charbon , ÔC foufflcz avec voue
inflrument de manière à faire aller la flamme d'un*
granJe lampe par-deiïus» afin de fondre voire
matière.
Enfin , faites-le bouillir dans de Peau d'alun on
dans de Teau-forte , pour en détacher le boni ♦
fechez-le fur un feu de charbon , enfuite travailla'
le à la lime ou au tour; fi c'eft de V argent , feitô-
le Minchir de la manière fulvante :
Mettez votre ouvrage fur un feu clair, 8c quani
ii fera rouge , retirez-le du feu , & le laiffet fi-
froîdir. Pendant ce temps mettez fur le fcti un
vaiiîbau de cuivre non étamé^ avec de '.rcati , i
laquelle vous joindrez une partie de fel fin &
une partie de tartre ; faites bouillir ce aèUû-
ge , mais pas trop fort , afin que la liqueur u
s'échappe pas par-deHus les bords : quand cOe t
bien bouilli, mettez y votre •uvrage qui cft en
peu refroidi , & faites-le bouillir pendant Vc(fict
de fix minutes ; enfuite lirez le vafe de deiTuf le
fêu , ôtez-en l'ouvrage , & le ietex dans de roi
claire , d'où vous le retirerez & le gratterti bicfl
avec une brofie de laiton , pour le nettoyer de h
crade qu'il a contraâée. Enfuite réitérot celte Of^
ration ; faites-le recuire encore une fois, meisii-
te bouillir dans le tartre &le fel , & procédei covae
auparavant. Puis prenez du tartre noir brvlé,fef*
mez une pâte avec un peu d'eau & couvrecHBi
votre ouvrage ; enfuite faites-le recuire fttr oo fai
de charbon clair; après l'avoir ôté du feu» l*of-
fc/-Ie bien dans l'eau claire , pour en ôterlecmrt
brûlé ; mettez- le encore une fols dios Teut é£
tiftie
O R F
«ù îl dPa bouilli , kiiT<z-ry bouîlîîr encore quatre
jnirgtes , autres quoi Uveï-ie dnns Venu froiHe ,
ftchcz le avec un irgc nti ; il deviendra d'un
beau blanc de couleur de perle,
PrQcéJè pour fépa^er Var & tar^tnt dts Uvures
(Torfévrts^
Prenez des lavures on balayures » mcrtez-le*
oins un viureau de rcne bien %trni , ajoutez-y
UDC quantité pro^jonionrièe de mercure ; irèkz la
poufScre Se le rnercurc vac les nikins , jn qu'à
ce^ue %'ous fiigîez que lem-rcLire a tire tuut lor
« rirticm de la puuilîéîc ; mettez ; nfuiie tonte la
jnaffe dan* un fach-t de cuir , tordez ce CiC pour
en fair.: fortir I^ pltiv grande partie du mercure ;
ce qui reft..ra fera comruc une pâte : mettez citte
pâte dans un aLmVic, 6: faites en i^'»rtir le mer-
cuic dani un vcfc t»Jein rfeau , que vou> m. tirez
fous ! a tête d.- TaUmmc piur le recevoir* Menez
krenaut djns le creufr. raffinez le avec du plomb ^
& fèparez It; avec leau-fune*
Moytnî de nafcytr rargcnr & de h hhnchlr \ par
M, de Rièétucourt , dans fa chimie dacimajlijue,
Lorfque la furface de Targent n'ell ternie que
ptr la ;ouflîère ik les diff*rens corps que charrie
perpétuellement Tair atmnfphcrique > un peu de
bbac d'Elpagnc délayé iuffic pour réiablir fou pre-
mier éclat.
Si elle efl falic par quelques corps gras , un peu
oVau de favon la nettoie plus efficacement & plus
promptement que le blanc dXfpagne, quoiqu'avec
le temps on parvienne cependant à k décaper par-
iaitçmeni avec cette matière.
Mdis quand elle cft noircie par le phlogifllque,
foît qu'il ait été ini*; en contât avec eiie , foit
qu clî^: ait éû cxpofée à fes exhahifons , alors il
tA difficile de la nettoyer par ces moyens , fur-
tout k , étant chargée de gravures ou de cifclu-
rcs , elle préfente un grand nombre de cavités.
En*^ii U difficulté efl encore plus grande , loif-
que l'argent a été ejrpofc au feu , Sl qu'il en ion
noirci , foit par le cont.iél des charbon^i , foît plus
probablement encore pirle phîogif^iqnc du cuivre
auquel il cft allié , Se qui le dtcompole par Tac-
lîoiï du feu» Dans ces deux cas , & fur tout dans
celui-ci , tl n'y a dautr-2 moyen de rétablir la pu-
reté de fa couleur , que celui de le jeter dans îc
Uanchimertf,
Ce que les orfèvres appellent thnchlmint ^ eft
une eau féconde irès-foiblc , un mélange d*eau-
forte avec une quantité d'eau afîez grande , pour
qucunt appliquée fur la langue, elle n'y occafionne
cu'une fenfation d'acidité trés-légérc , à-peu-près
IcmhlâbTe à celle du jus de ciiron , ou d*un vi-
naigre médiocrement fort.
Après avoir recuit la pièce qu'on veut nettoyer ,
a&a de détruire par la combuflioo le phlogilliqHQ
Ans & Mctltrs. Tome K Partie JL
o R F
409
qui la noircît, on h bi^^c refroidir, oiî h iette en-
fuitc dans le blanchim^m , et nu Loue de quelques
h turcs on l'en retire.
Elle cA alors tr^es- blanche, mais nultc ; <ai lui
r f.d le brillant, fciicr. récurant avec du fublon,
fo t en la bruniiTani ou la poli ff^ ut d- nouveau»
L'dfage s*eft allez génèralcmeiit introduit, de-
puis quelques année» , de fuiftituer IVcidc vitrio-
îique à Pcauforte, poir la prépara-ion d blan-
chiincnt. Cet acide, n'at^aq^fant pas T .g^ut en
ma Te , p.iniît ménîer la luéférci^ce fur Ccitu-fotic,
qui , G affoibiie qu'elle puilTc être, ne lallfe ce-
ptn .ant pas d\^gir fur ce miiaL
SovoER, eil l'aûion de réunir différentes par-
ties aéLnies , pour n*cn faire qu un tout p^r U
nii.ven de la fou dure.
^onrfoudcr^ on arrête enfinble les pièces que
Ton veut joindre , foit avec du fil d- fer , ioit
avec des crampons ; on met des p,»il;Oi 5 de fou-
dure le long des aiÎLmblages ; on humeélj U tout »
&L on garnit de borax tous les endroits où il y 2
des paillons de foudure : il eft même prudent ,
lorfqu une pièce a déjà éprouvé quelques foudu-
res , de garnir légèrement de borax les endroits
précédemment foudés ; cela empêche la foudure
ancienne de fe brùltr au feu.
Lorfque la pièce efl ainfi dirpofée , on l'expofe à
un feu léger pour faire fécher le borajt ; on veille
pendant ce temps-là à ce que les paillons de fou-
dure ne s'écartent pas des places oÎj on les a pofés ,
ce qui grrive quelquefois par le bouillonnement
qu'excite rhumidité mêlée au borax.
Si la piice cA petiic , on la porte tout de fuite
au fcîu de la lampe , ou d'un coup de tlammc dirigé
par le chalumeau de cuivre , on éch;tuffr la tota-
lité de la pièce , & on la fouJe du même coup.
Lorfque la piè:e eft grofte, après Tavoir fait
fécher , on Tenvironne & on la couvre de charbon
allumé: on réchauffe alors en foufFlant a Tentour
avec un foufiîet à main ; lorfque hi pièce eft d'un
rouge futHfant, on découvre les endroits qui doi-
vent être yî/ït/ci en ôtant les charbons dedefTus ces
places ; on porte le tout au fju de la lampe , oii
d'abord on achève de réJuiuffcr tout à-fiût en
Tenveloppant de toute la fl.jr.nte du chalumeau ;
& lorfqu'on aperç'^it r^ue la foudure eft prête à
fe fondre, on rétrécit fa 6amme, Se on la porte
plus dire^ement fur les parties à réunir : lorfque
Ton a vu couler toutes les foudures , alors on
dégarnît ta pièce promptem::nt de tout le feu de
charbon qui Tenvironne, on la laiftiî refroidir ,
on la délie, & on la met dérocher dans Teau
fecr^nde.
Il y a une obfervation à faire , c*eft qu*il arrive
quelquefois que les crampons ou fils de ht fe fou*
dtm avec Tor p^ir la violence du feu ; mais il eft
aifé d'éviter cet inconvénient en mêlant tant foit
peu d^ fcl de v:rre avec le borax.
OÙSSOUDER, Comme il arrive quelquefois que
dins les ouvrages montés, quelques pièces d*or-
F f f
41 o
O R F
ne mens fe dérang«;n£ au feu , ou que Touvrlcr ne
les trouve pas placées coaimeil défireroit, il faut
alors les dtjfoudîr^ fans nuire au refte de Tou-
vrage* Cette opération fe fait en garniffant d*une
terre délayée , à laquelle on aura joint un peu de
fel , pour lui donner plus de confillance ^ tous les
endroits fondés , à rcxccption de celui que Ton
veut dcJfoudiT, Oii gratte bien les à- Te n tours de
cette partie, Ôt on la gtirnit de borax, comme fi
on vouîoit la fonder. On place la pièce au feu ,
& on afTujettit tout le corps de Touvrage , foit
avec un poids , foii avec des liens , de façon qu'il
foit diflRclîr à mouvoir. On donne enfuice à fa pièce
tout le tu dont elle a befoin pour mettre la fou-
dure en fufion ; & dès qu'on Ty voit, on happe
la partie qu^ Ton veut détjcher aviC une pince ,
& on Tenléve : Tiié^ion de la foudure qui eft en
fiifion j & qui cherche ï fe gripper , fait qu'il faut
«n cettTïin ifFort pour opérer cette disjondion. Si
la pjnic qiK* Ton vei^t dcjfoudcr n*eil pas de nature
à pouvrtr être h tppée , ort Tattache préliminai-
remcnt avec un fil-d\irchal un peu fort & un peu
long , arec lequel on puiffe l'enlever comtnodé-
menr.
Polir , m ttrmt de bijùuûer^ c'cA , comme dans
tout autre art , effac-^r les traits que peuvent avoir
^aitsles différens outils dont on i*eft fervi; toutes
les pierres, potées, ou autres ing^édiens dont on
fe iert à cet effet , ne kn. que fubrtitucr des traits
plus fins à ceux qu'ils enlèvent , & tout Wwx con-
fiée à fe fervir de pierres ou de poudres qui en laif-
fent de teliement fins & tellement raccourcis, que
TobJ ne puifle les apercevoir.
Le poliment de Tor fe fait aind. On fe fert d'a-
bord de pierres vertes qui fe tirent de Bohème ,
pour drcifcr les filets , gravures , orneroens & les
champs du deiTus des tabatières.
Pour le dedans des tabatières , on emploie égale-
ment de grandes pierres vertes & larges , & de grof
fes pierres c^e ponce ; après cette opération , qui a
enlevé les traits de U lime & les inégalités de
foutil , on f;: fert de pierre-ponce réduite en pou-
dre , broyée & amalgamée avec de Thuile d'olive
qui adoucit les traits de la pierre , ⣠de la grofie
ponce ; à cette féconde opération fucciède celle du
rripoli : rien n'eft plus difficile que le choix de
la pierre de tripoll & fa préparation ; il faut la
choifir douce , & cependant mordante i il faut la
piler avec attention , la laver de même ; & ce
n'cft que du réfultat de fept à huit lotions faites
avec grand foin, dont on fe fert, & que Ton
confervc bien proprement : le moindre mélange
de mal-propreté nuit, & f:iit qu*on efl fouvent
obligé cic recommencer : on emploie cette poudre
fine de tripoU avec du vinaigre, ou de rcau-de-
vie ; lorfqu on a effacé avec cette poudre les traits
de la ponce à Thuile , on finit par donner le vif
à l'ouvrage. On fe fcrvott autrefois , pour cette
dernière opération , de la corne de cerf réduite en
paudrc & employée avec refprit-dc-vin i maU
o R F
depuis quelques années on sVft fixé à une pouiî;t
rouge , qu'on appeloit d'abord refuge A^An^uttr'
mais qui s'eft depuis multipliée à Paris , & qui i
autre chofe que le caput monuum des acides nirn
quicompofent Teau-forte ; cette poudre , emploj
avec Teau- de-vie ou Terprit-de-vin , donne un bcalT
vif, & termine le poliment de Vor,
N, B> Nous allons employer, en continuant b
rédaiHon de Tart de Torfévrerie » un excellent mé-
moire qui nous a été fourni par M, Lecain , ancien
garde de Torfévrerie, artifte très-inflruit , qui joitu
une pratique raifonnéeàunethéorielumineufe.Cdl
donc la doftrine mème%u maître que nous jvoiïs
l'avantage de mettre fous les yeux de nos leâcurj.
L'Orfèvre - Buoutiek -Planeur , eft tom-i*
la-toli artifte, fabricant, négociant Ôt marchand:
il eft aufii tireur 6» batteur d^or ; (vo^f^i
C€s mois dans Tordre alphabétique de ce didîon-
natre. )
Son prîvifége eft de vendre , fabriquer & ache-
ter toutes fortf s de vaiffclles , ouvrages &
d or ou d'argent ; de même les diamans r
ou fiên montés } les perles fines, 6c tous Usou^
vrages de joaillerie en pierres fauffes , mûmes
en argent.
Il leroit moralement impoffible à tout orférre
quelconque de faire chacun en particulier , fait ed
fabrique , foit en commerce, toutes les parties que
Ton vient d*annoncer. Non-feulement les tortHOd
les plus grandes n*y fuffiroient pas » mais le phy^
fique de Thomme le plus fort , la tére î.i mieux
organifée n*y tiendroicnt pas » aulft chacun d^eui»
en général , s'attache-til à une de ces parties, C eÔ
ce qui les fait connoître fous les déaontinatÎQai
ci -après.
On entend par orfcvn , celui qui n^emre prtirl
que de fabriquer & vendre la vaiffelle » les coo*
verts » les autres oi*vrages qui font partie des meu-
bles d'ornemens , les tabatières d'argent , les boo-
clés de feuliers , & un grand nombre d'autres pc-
tites pièces.
Par orfèvrt'hïjêmm , celui qui fabrique & vcd
tous les bijoux d*or « même ceux qui K»nf enricliif
de dlaroans ^n^.
Et par orfévre'JQjillier , celui qui vend & met
en œuvre les diamans , les pierres ptécieufcs«
& particulièrement les ptrks fines dont on i
enrichi depuis quelques années certains broaf*
Ces derniers font auffi connus fous le nom éi
mdteurs'tn' œuvre, (Voyez d^ns ce didioniuirr Tïrt
du diamantaire , lapidaire I joaillier , metteur-cc-
oeuvre ).
Il y a lieu de croire que Fart de rorfévrcrie re-
monte à des temps très- reculés, putfquc les \ài^
toriens les plus anciens font mention des oavfifiei
d'or & d'argent qui fer voient à la dècoratîoii èes
temples , 8c quelquefois même à la création 4ei
divinités chez les Egyptiens, putfqu'ils adotok»!
un veau d*or* On peut juger aifément de» pfogréi
de cet art y par la comparaifon des oi]Tn|d(
O R F
fègîîtc qai ic ftouvent eticore dans les plus ancien-
nes mécropolcs & maifons religleu^s^ d'avec ceux
qui k font aujourd'hui.
Le luxe & la fplendeur des fouverains fe font
lugmcntés à raifon de la quantité des matières
dor & d'afeent qui fe font répandues dans toutes
les parties du monde par la voie du commerce.
Les orfèvres qui en failoient l'emploi , ont été nè-
CeAairement des premiers acquéreurs de cette dcn-
léc, Oîi pcMt donc donner juftement à Torfévre
qtaiiiés d*artifte , marchand & négociant tout
iniêœble.
Et quelle autre, en effet, que oellc de négo-
dint pourroit-t-on donner aujourd'hui à des or-
(mes qui ne font que le commerce des matières
for & d argent dircôemenr, & i Tinftar des pius
grandes miifons de banque ^
^ Par lucce(îîon de temps, le nombre des orfèvres
f*eft multiplié par tour. Mais en France feulement
il s'cA forme de^ fujiîts qui, par U fi p^riorité de
leurs ta 'ens, ont honore cet art &, Vont rendu irés-
recommandable.
L'ait de Torfévrerie , quoique mécanique dans
fon principe , fe trouvant lié aui arts libéraux , il
fa heu de croire que Térab ilTement de lacadé-
Biie royale de peinture 6c fculpture a beaucoup
»>Dtribuè aux progrés des lalens , & par fuite
i Ta grand iffement de cette branche de commerce ,
le même qu'à la formation des anifles fupérieurs
ians cette partie , qui ont fait paflfer leur nom k
a portérité.
Tel a été, dans le dernier fiécle , Cbude Ba-
in, orfèvre du roi fous Louis XIV. Il exécuta
K)ur ce prince \c% fiiperbes meobie* en argent
Eui furent fondus à la paix de Rifvick. Il eiit pour
ïcccffeur Pierre Germain , qui fut également or-
évrc du roi ; mais l'homme le plus remarquable
Ians cette partie , fut Thomas Germiin, orfèvre
iu roi, & fils de celui que Ton vient d^ citer Cet
rtifte fiit le créateur de la belle orfèvrerie» & fcs
■Hnges ferviront éternellement de modèles à tous
^fucceâTeurs. Ceft donc une jufticc de rendre
pSt homme illuftre , à cet article ineflimable le
r:buf de louanges qui lui eft dû* 11 ejt inconce-
rablc que le portrait ou le bufte d'un fi grand
ammç , en qualité d'artifïe & d ancien garde- or-
" , ne retrouve point placé dans la maiiVon cora-
t & bureau des orfèvres.
Le$ pièces majeures de cette partie de Torfé-
frerie, qui peuvent procurer aux anlrtes les oc-
Cafions de fe dtftinguer & de fe faire connoîtrc ,
im les terrines , les pots à oëîllc , les fur-tours , les
ambcaux , les girandoles , & particulièrement
s ouvrages d'églife.
Pour exceller dans Part de l'orfèvrerie, il faut
avoir deifiner & modeler fupérieurement. Ces
Icux fcienccs mènent naturellement à celîe de la
ii'ekire « fans laquelle un orfèvre ne peut jamais
îcn faire par lui-même de fupérieur. Cette Icicnce
la clfelure eft la compagne prefque inCéparable
OR F
41 i
de celle de la gravure. ( Voyez dans ce dlâion-
«aire Tart du cifeleur-damafquincur ),
Ces deux talens fe font trouvés tellement réu-
nis de nos jours dans la pcrfonne de feu M*
Marteau , que Louis XV le nomma fon gravcuf
de médaillés , après avoir exerce long-temps Tor-
févrcrie , 6l occupé les dignités ordinaires dans
ce corps en qualité de garde.
Un orfèvre doit connoître encore les principes
de la perfpcâive 6l de rarchitefture , afin de don-
ner à fes ouvrages de juftes proportions dans le
choix des formes qu'il compofe, & ne pas les char-
ger d ornemcns fuperflus ; mais , au contraire ,
les décorer d^une manière agréable, & qui cadre
convenablement avec les formes qu il a imagi-
nées.
Ces connoifTanccs , ces lumières , & des talens
particuliers, ont fait dlAinguer le fils de Thomas
Germain que Ton a cité ci -devant.
Une autre fcience encore bien importante dans
cet art, eft celle de la retrait U ^ qui confiftc à
favoir élever une pièce emboutie à telle hauteur
qu'on veut, C'eft par le moyen de cette opéra-
tion mécanique , qui marche la première , que Tar-
tille fe procure l'emploi des autres, qui deviennent
fccondaircs après la comp. fuon.
Le rédadeur de cet article croit devoir , avec
confiance, avancer que cette capitale a Tcvantagc
de procurer à la nation un homme illuflre d^ms
cette partie ; & cVft une juftice 6i un devoir de
citer un anlfte que la fupériorité feule de fes ta^
lens a fait fullement nt m mer l'orfèvre c\î roi. U
réunit à une compofition favante & f»ciïe, des pro-
portions raifonnées dans tous fes ouvrages , une
exécution mâle Sd brillante, & les csraélères de la
vérité dans les figures qui fervent d*ornemens aux
pièces qu*il compofe, M.Au^iJi^- ctûn^ a créé des
ouvrages dortcvrcne , qui fervent aujourd'hui
chez le roi , chez les princes & dans les cours étran-
gères , & qui font en même temps fa gloire & celle
de fa patrie.
Outils de tûffcvftrie*
Les outils principaux pour rejcéci^tion des pic*
ces de forfévrerie , peuvent fe divifer co deux
clafic^.
Les enclumes, les marteaux à forger , le lami-
noir, la forge , les fourneaux 3 fondre , Iccreufet »
& les Uneotières pour recevoir Fargent que l'on
jette de fon éiat de fufion en forme de b^rre.
Toutes ces pièces font les premiers inRriimens
néceffaires aux opérations mécaniques de lart de
r orfèvrerie.
Les autres outils font les limes, grandes & pe»
tites , les marteaux moyens , ptits, & beaucoup
d'autres qui doiveuf être de uiffé rentes formes
pour la retrainie i le burin , le trufquin , les ri-
floirs ,qui fervent ordinaircmcfU à réparer Ls fou*
dures, &à prépaicr le poli dans les moulures de
Fff a.
plats & aiiïres, Icfqnelles font appliquées au fortir,
ioii de la tiïrre^foit du fable où on lesjetic en moule.
Le ccmpas , h régie , le tour rond 6^ à contours ,
les totcxi » une grande pierre pbtc peur dreiîcr les
ptecei afin de les monter droites, & les filières
de toutes fortes de formes & grolfeiirs » tels font tn
geiîeral les^omiU indifpcnfabksanx opérations de
Torfcvre.
Ccil avec le fec®urs de tous ces laflrumens que
ranifte parvient à faire d'un métal ^ tju il eft con-
traint de réduire dans fon principe en fufion , un
corps dur avec lequel il pevit créer en pttit les
mêmes ouvrages que les fcuipreurs forment en
grand , avec cette (HiTtrence que Torfeire opère
«n édifiant , & le fvul^iitv^ur par dépouillement,
Lorfévre emploie le borax pour fouder Ôc raf-
fembJer plufieurs pièces , îefqueîles dérochées d ms
hnxr principe, n'en font plus quune par cet heu*
reux eflet.
Sans entrer dans îe détail de la métallurgie » il
c(l pourrant jufte i\c donner une idée de la ma-
lière à'^^m Torfèvre fait emploi*
L' LHHt des mines fïlus ou moins chargé
deiTi r^rogèn-5 , fe Bxe, par Tcffct du raf-
niuigCf a tin degré ordinaire que i'on cil convenu
de reconR' irre pour être au titre de cn^e deniers
Vingt grains, en qualité de fin, quoique la divi-
fion en foit poft^e à celle deonae deniurs vingt-
quatre , qfii répondent â douze dmiers ; m^ii» ce
degré de (in étant contcuK 6t difficile à acquérir,
on seu tient ordinairement au premier que Ton
vient de citer.
Cette valeur fiflîve établit en réalité la valeur
numéraire de \6 ïiv. pour le marc pefant ; mais
Targent ne pouvant |?as s'employer dans le degré
de fin, parce qu'il fcroit trop flexible, les loix
rendues à ce fujet !e fixent au titre pour le plus bas
de onze deniers dix grains; c'cil-i-dire, qu'il eft
permis à Torfèvre dVmployer pour la valeur de
quatre francs par marc , une quantité de cuivre
équivalente à cetre fomme , laquï^lle , mèiée avec
la matière d'argtnt , tédui» ce même b'oc ou mor-
ceau d*argent , pefant un marc, à la valeur nu-
méraire de 51 liv. au lieu de celle de 56 liv. qu*tl
vaudroit , s'il étoit rcûè à fon degré de fm ordi-
naire , comme on Ta démontré ci dc(fu5*
Il en eft de même pour Tor ; c*cA à-dire, qu'une
once ù'or fin , au titre dî 34 karats , valeur fictive
à laquelle on eft convenu de s'arrêter pour établir
!e dernier degré de fin , ôt le karat évalué quatre
livres , rortc la valeiir d'un once à cellede quatre-
vingt feiic livres , mais l'or ne pouvant s'employer
dans cette dernière quaHté de (in , par la rai fon
qif i! fcroit ^ comme l'argent , trop flexible , par les
ordonnances il eft pcrm'rs de le charger d*un crn-
quii^me , c*cft-à-dire, quM faut Tallicr pour le rt-
duire au titre de vingt k.^rats , ce qui le rcvluit
à la valeur nt?mér.iire de &ô liv.
Il ne faut pas de ce raiforncmcnt tirer la coiî-
ft<lueRce que i*or au titre de vingt k*rats » ne doit
fe vendre que 80 liv. Tonce . cette ifmiètt km
une denrée, eA fujette à une augmcittaitOQ ëe
prix momentanée dans le commerce, coflunc
toutes les autres natcUacdtfo » iuiv^m b OfCiè
ou l'abondance.
Les matières d'argent éprouvent le* — '^^- rîïl
férenccs. Il fuffira de dire, pour ne i m
écarter de notre premier ftijet » ,1
de 1767 , le prix de Tor fin^Vfl :
entre 10c Itv. â lOt liv. 10 fols, ici «a
qui fait valoir Tt r au titre ordinaire de v _
rats, entre 84 êc 85 liv. Ton ce, A Tégard oc i ar-
gent , les variations font moins frc^ui. rites ; ma^
il y a cependant lieu de croire qu'il reliera i f]
liv. le marc*
L'art e Torfévrerie a créé de même, par rm
fu»te dsî IvxQ^ une autre branche de commerce
appelce bijounrie en or ; ce qui a fait duniscr na
aftjflcsqui s*cxerccnt dans ctitc partie , le r
fabricans en or , lefquels deux nom» cl.
certainemcnt des mots Uïins Mtn jut^sr , qiii i»-
viennent également au aiot otiévrc-
Les pïèwe> ma;ciires d«.- cette partie fom la
boittes ou labatièrcs d\>r , Icibiites à trioiic^ci S:
a rouge , le^ étuis, les pommes de CMn*
lanceiiers * & les garnitures de luoccfet de ly..^
de , les ^baîncs de montres , f4S I OmcIcs d*or , tk
enhn tout s les bciics garnit* d'ur , ainfi qociooi
V autres petits cuvr^àgcs dénimmés cumintiaé-
ment brclu uc*«
Dans le nombre des premiéves pièces qu^s Vm
vicni jVnnonc.r , quelques-unes mèf
citées en paniculirr, à caufe de li r. ie
kur exécution , comme Us boites de fonxic oâ^
gone , les boites à mouches & à rntige, les ao*
ttes appelées en termes techniques , boites en cage*
kfquellcs fervent à encadrer les cailloux , les ma»
gellans , les agates orientales « les peintU'C«>, Bc
enfin toutes les pierres pK cicyfvs : ces diAcultes
redoublent encore lorfqu'il sagît de l'ciécwiiofl
des pièces émaillées.
L'eiTenticJ de l'art de rcrfévrcrie, cocififte dim
la compofuion toujours renouvcLc des bitoutdr
différentes cf^èces , fit particuiicrement datti li
peifeélion du fini dam les ouvrages de grasd
prix.
Cet art a le mérite encore d'avoir donné lien»
renouvellement d'un autre qm a enrichi cetlir briB*
che de coirmerce , c'eA la peinture en èmaiî.
Nuus avons vu deux orfévr •* tjtutier^ , bf
ficur% Hamelin & M<.iUé « en 1754, coAœocer
à peindre en émail fur des bij ttx d*Of , ^ pctni
depuis cet art i un point de p rtcAiofi fi àcvé^
3ue plufieurs de leurs ^ouvr^gw-s t -
'hiii une place riilTnguée ans #ci ^
bleaux les p'us précieux.
Nuu% -vons de même la fatl^fiiâioti d'awtir ra
le bijoutir du roi , M. Draîs , com oftr 6^ "
exécuter fous fcs ycix des ouvrages d'im u
itès*pariiculkr«
R F
L'artifle ^e cette partie eflentlelic 3c rortcvre-
rie, tH cdut qui a le plus befolo des con nuisan-
ces nêcefTaires dans la métallurgie Ôc la doci-
mjfie » pour la préparation & la manière d'em-
ployer un métal qui paroîc ft beau quand il eA
ouvragé , & cependant , par fa nature , il ell on ne
pciit pas moins duÔilc, Les matières hétérogènes
gu'ii renferme le rendent fouvent impraticable ,
supoint que les orfèvres les plus patiens &i les plus
expérimentés , font obligés , pour venir à boLt d^
remployer , de l'en dépouiller en entier , c'eA-à-
diic, de le rendre à fa première qualité d*or fin ,
^tnluire de le recharger de nouveau pour le met-
tre au litre prîfcrit.
Savoir allier ce mhat de manière à lui faire pren-
iitki différentes couleurs dont il efl fufceptible,
jftia fcience partiaillèrc de L'orfèvre bijoutier ;
uvoir auÛTi Tallier en qualité &: quotité , eft le ré-
«ibt d'une rëg'e de calcul dont ii convient que
loffévre Si le bijoutier fcitnt également indruits.
Le* ralcns fupérieurs des ârtiftcs que Ton a cités
Cl devant avec un grand plrifir, &c les fu ces que
nombre de bijoutiers & joailliers de Paris ont
cuî par leur mérite particulier , ont contribué à
établir & Contblider pour l'orfèvrerie de Pans , la
tcputation dont elle jouit juilement d^ans tous les
pâyj du monde , sinfi que ù fupêrioriié.
U*aprés ces déïaib , qui coiifliiuent 5c établiilent
les parties mécaniques de la bijruteric ^ Sih qua-
lité des véritables ortevres-bijouiicrs ^ il eft facile
de reconnottre que c'eft par erreur qu on les a
ÎUîlifiés , dans quelques écrits , de marchands de
P-ms tableaux , vafcs de porc^lânc , Ôcc. Cçs der-
nîm font tout au plus des marchands de foi- Jifants
bijoux & petits meubles ; êi attendu leur qualité
<le ne favoir 5t de ne pouvoir rien fabriquer , ils
appartiennent à la communauié des merciers oé-
»iun$ î c'cft donc bien a tort qu'on a prétendu
ÎC5 affimiler à rorfcvreric,
IlnVrt pas de rigueur, pour être marchand orfé-
▼fe à Paris , de polTéder tous les talens dont nous
ayons donné ci-devam Icsdétails, tous les orfèvres
By font pas néccfiités pour vivre honorablement
<3îns leur état ; mais tous enAmble,. orfèvres,
J'jouticrs & joailliers , font obliges à une grande
fiticlité, non-fciiiement dans Temploi de leur ma-
fiêre , mais encore dans les opératiojiS de itur com-
"i^fce. Ils s'y obflgent par ferq^ent , lors de leur
tcception à la msîtrife ; & c'e de même cette
«tl«lité dans fes opération'* de commerce & de
^ii»ric|ue, qui contribue à maintenir roifévrerie de
'^iris dans fa fu^jériorité émineme , qui lui fait
«îonncT la i^rcfèrence fur les autres orfèvreries du
monde.
Pour convaincre le public & particulièrement
l«s hrangcTs , que ce que Ton vient de dire n ert
point une aiïertion , il faut leurfai-c connoitre les
fjccjutions que icgoiivernem -nt a pnies pour certe
lùfité, par ks obligations qu'il a jmpoféss aux orié-
O R F
415
Un anîfte qui veut fe faire recevoir maître or-
fèvre , eft obligé de fe préfenter devant M. Je
procureur du roi au châtelet de Paris , pour y
prêter ferment de fidélité dans fon commerce ;
enfuice il monte à la tour de> monnoies , où il
eft interrogé fur les différens calculs d*élémcns pour
l'emploi des matières d'or & d'argent. S il eft trouvé
capable , la cour Tadmet tout de fuiîe au ferment,
par lequel il promet d'obfervcr fidèlement les
ordonnances du roi 6l les arrêts de la cour ; Se
fur les conclufions de. ^\ le procureur-général , il
efl reçu au même inflant : il eft obligé encore de
donn^runecaution de mille livres, pour répondre ,
tant envers le roi qu'envers le public, des contra-
ventions qu'il pomrott commettre.
Ce font les gardes-orfèvre** qui le rrèfentert ,
Si déclarent en même temps que T^^fpiraj t a fini
fon apprentiffage , ou qu ii rll fils de maigre , &
que dans lune ou Tautrc qualité ii a fait chef*
d'oeuvre en leur prcfjnce,
La première obligation d\m maître o*févre ,
qDand il vtut fabi'q'uCr , eft ctllc d'avoir un poin»
çon à lui [ aruculier, qui s'appelle polnçcn ^*e maî^
tre. Il doit être compofè dc& lettres u^tia^es de
fon nom, d'une devife à fon choix, dune ficur
de lys courontiée » 6c de deux petits ronds formant
d^LX grains pofés parallèlement » afin défaire ob-
ferver continuelttmvnt au fabricant tu'il n*a que
àcux grains de remède dans femploi de ces ma-
tières.
Il ejl tenu aufTi de faire înfculper ce poinçon
fur une planche de cuivre dèpofée au greffe de la
cour des monUdies 1 & fur une autre dépofée au
bureau des orfèvres ; ces deux infculpations font
de rigueur , afin d'y avoir recours au befoin , en
cas de contravention de fa part , auquel cas on y
procè e par voie de comparaifon & de rengré-
nernent,
Uorfévre doit appliquer le poinçon Yor tous les
ouvrages qu'il commence , ik prendre beaucoup
de foin pour qu'il ne s'efface pns dans le cours de
la fabrique , afin que dans tous ks temps on puilfe
le reconnoître.
Quand fes ouvrages font ébauchés au marteau
feulement, il eft obligé de les porter au bureau
des orfèvres , pour en faire la déclaration au règif-
feur des droits du roi » lequel applique fur lefdites
pièces un poinçon qui s'appelle poinçon décharge.
Par cette opération le règiffeur donne fa reconnoif-
fance au contribuable de la déclaration qu'il a faite
par devant lui , contenant fa fourni ffion de rappor-
ter ces mêmes pièces lorfqu'elles feront finit s, pour
en acquitrer le drOit impofé fur le> ouvrages d'or
Si d'argent , 8c qui fe prélève à raifon du poids
qu'ils le trouvent avoir lors de leur perfcflion.
Cette féconde obligation remplie , il eft forcé
à une trojfièiHC plus importante encore poiTr le
pi biic , c'eft cdle de dépofcr à Tii ftajit ^ fans
dépAt , ces mêmes [ ièce"» brutes a dans le boreau
dci gardes*orfèvres , appelé maifon commune , pour
414
O R F
y êîre eïïayèes parles gardes -orfèvres en exercice.
Les gardes - orfèvres prépofés pour faire Tclfii
de la matière de tous les ouvrages d'or & d'arec nt
qui fe fabriquent dans la capitale, rempliffent (cru-
pulcufcment leur devoir à cet tgard j 6c après y
avoir procède tour de fuite , s'ils ont trouvé les
ouvrages au litre prefcrît par les ordonnances, ils
appofent leur poinçon deÔus lefdttes pièces dans
leur état brut , ce qui en fait un troifLème.
Ce poinçon étoit précédemment , & jufqu^à
Tépoque de Tannée 1784 , avoit toujours été une
lettre de l'alphabet couronnée , qui changeolt tous
les ans au mois de juillet , terme fixe du renou-
vellement des gardes. Le motif du changement
annuel de ce poinçon, étoit d'indiquer fexercice
de chacun des gardes-orfèvres, afin qu'en cas de
contravention de leur part , ( ce dont on n'a ja-
mais vu d'exemple ) la cour des monnoies pût
reconnoître juflemem ceux contre lefquels clic
auroii à févir*
Uncïiouvelle déclaration du roi, rendue en Tan-
née 1784 , & regiÛrée en la cour des monnoies ,
ordonne que la lettre P fervira pour l'avenir de
poinçon de contre-marque pour la ville de Paris,
êz que le milléitms annuel fera indiqué par deux
chiffres qui fc trouveront placés au-deflbus de la
couronne.
Il eft eflentîel d'obferver que les ouvrages mou-
lés font fujets aux mêmes formalitcs que ceux dont
on vient de rendre compte. Le poinçon des gardes-
orfèvres, appelé de mai/on commune y & de con-
tre-marque , eft auffi înfculpé fur une planche de
cuivre , dépofèe au greffe de la cour des monnoies ,
pour y avoir pareillement recours au bcfoin.
Après l'effai fait des matières apportées au bu*
reao par les fabricans, fi elles ne fc font poini
trouvées, favoir, celles d'argent au titre de onze
deniers douze grains» au remède de deux grains de
ûn^ celles d'or au titre de vingt karats un quart,
au remède d'un quart pour les ouvrages ordinaires ,
8l pour les grandes pièces auifi en or, foit d;ins
l'orfèvrerie, foit dans la fourbifTeric , ou toute
autre partie, au titre de vingt deux karats un quart ,
au remède d'un quart , les gardes*orfévrcs caiTent 6t
coupent en différentes pbces les ouvrages, afin
d'ôter au fabricant tout moyen de les employer
ailleurs, en obfervant de ne poiut défigurer la
marque du régiffcur , afin que le contribuable puifTc
fe faire décharger de la foumiflion qu'il avoit faite
précédemment de rapporter ces mêmes ouvrages
quand ils feroieac Anis*
Dans cette dcrmère'circonftance , les gardes- orfè-
vres donnent au fabricant un bordereau qui lui
indique le titre auquel s'eft trouvé fon or ou fon
argent, afin qu il puiffele recharger en connoiffancc
de ciijfc , de U quantité néceflairc d'or ou d'argent
fin pour fe retrouver au titre ci- de (Tu s annoncé.
Toutes les précédentes obligations remplies de
la part de Torfèvrc ou bijoutier , il achève en fùrcté
fon ouvrage, le rapponc enfoitc au bureau du roi
o R F
pour acquitter les droits ; alors on lui d^
foumiflion , & le fermier ou rtgiffeur poiir.1
applique fur ces mêmes pièces un quatrième poit
qui s'appelle juflement, & pour cela, pot/jfon^
dé^Lirge. Cette dernière opération lui donne b li*
berté d'expofer en veme & de difpofer, coisincboa
lui femble, de ces marchandifes*
Nous ajouterons ici , en intcrromoant le me-
moire de M. le Cain , quelques eïcmpîes du nv>f'
de rorfévrc-bijoutier , dont les pUnches grav
le vocabulaire donneront encore d'autre» t.v
tions.
Voici la coi7JlruBwn cTune charnière deè9tte^i*sftii
l'ancienne encyclopédie,
La partie la pIusdifEcile à faire dans une t/.-
tierc d'or ou d'argent, ou montée en l'un ou Taurrc
de ces métaux, c'cft la charnière; voici conunt.n
on l'eiécutera,
11 faut d'abord préparer te H l de charnière.
Pour cet^ effet , on prend un brin de 61 d ot o«
d'argent, carré Ou rond, qu'on aplatit par ijn«,
excepté 4 fon extrémité, â répaifleur d'un qiurt
de -ignc , ou à-peu-prés , félon U force dont oa
veut la charnière ; U faut que l'épaifftiir de h
partie foit bien égale : Ton roule cette partie apla-
tie , félon fa longueur , fur un fil de (cr ou t*c
cuivre rond , & on la pafle à la filière* Cenc opé-
ration affcmble & applique exaétement les de«i
bords de la lame l'un contre l'autre , dètrtar li
cavité Ôt alonge le fil.
On tire à la filière jufqu'à ce que Je trou (m
du diamètre qu*on défire ; & quand il y cf»
un fil d'acier tiré, bien poli , & que l'on în
dans le trou, & l'on remet le toutenfcmble datià
la filière : cette féconde opération appliqiic lis
parties intérieures de la charnière contre le fil, JL
diminue fon èpaiffeur fans diminuer le diamètre*
On a foin de graiffcr le fil d'acier avant de Hctro*
duire, avec du fuif ou de la cire.
On tire jufqu'à un trou marqué de U filière. On
retire le fil d*acicr , & comment l Pour cet cflbf ,
on pafTe fon extrémité dans un trou jvfte de fon
diamètre de la filière ; alors l'épaifTeur du 61 de
charnière fe trouve appuyée contre la filière ; 00
prend les tenailles du banc, & on tire le fil ifacicr
qui vient feul.
Ou bien on prend le bout du fil d'acier cSis
tin ému à main : on paiTele fil de chamièfc diA
un trou plus grand que fon diamètre. On pfCfid h
pointe refTerrée du ni de charnière 4Vec la fonattk
du banc , & on tire.
Il irrive affe^ fouvcnt que le fil d*acîcr fe cafli
dans le fil de charnière \ alors on coupe le fil fit
charnière par le milieu ; on fait enfortc que dm
la coupure ou entaille puiflc être reçu un fil ée
fer : on le tord autour , & on paiTe &£ repafle le
tout dans une filière plus grande qtie le fil de
charnière , mais moindre que le fil de cïisraâérf
avec le fil de fer mis dans la coupure , Ac ûo Qff»
Quind le fil d'acier eft tiré de b clurmète, ai
paflcdam fan calibre» dont (la différence des
ircmtres n'étant pas perceptible à la vue ) Icn-
e ril marquée* Il y a irés-pcu de différence entre
trou de U ôliére & le trou du calibre ; c'efl
ar ceU qu'on a marqué le trou de la filière.
Oa tire la charnière pliiricurs fois par le cali-
» afin qu'il puiffe y rentrer plus aiiement , &
fil lie charnière eff fini : cVft de ce fii qu on fait
f Alt rnons*
Les charoons font des bouts de Al de charnière*
avoir des charnons, on commence par cou-
le fil de charnière par bouts d'un pouce &
l ou deux pouces de longueur ; on ébarbe un
bouts , & on le préfente dans le calibre du
de fon entrée ; après Tavoir paffè , on a un
iffceau de bois, datis lequel on place le calibre
moiric de fon épaiffeur. On fait entrer dans le
ilibre le fil de charnière avec un maillet, jyfi]u'à
qu'il foit ^ ras du trou de fortie , & un peu su-
;là. On a une lame de couteau taillée en fcie ,
li'on appelle fcit â chamon , avec laquelle on
Hipc le bout de charnière excédant à ras du trou
ttmrée. On lime cnfuite les deux faces avec une
oace.
^aut que le calibre foit trempe dans toute fa
né, atrin que les limes ne mordent pas fur
^^ifiices. Cela fait, on frai fe les deux entrées du
Tfou du charnon j puis avec un outd appelé rtpouf-
Wtr , on fait fortir le charnon , & on le répare.
On a une pointe conique , qu'on fait entrer
ce force dans le charnon» pour en écarter l'af-
^mblaee & l'apercevoir. Il faut obfcrver que
\ matière dont on a tiré le fil de charnière , eft
ud & non recuit , afin de lui conferver fon élaf-
itc.
On a un burtn ; & afin de ne plus perdre de
TOC Taffcmblage que la pointe a fait paroîtrc , on
tire UQ trait de burin dans toute fa longueur , mais
qti>n rend plus fenfiblc fur les extrémités* On
bajTC ce trait avec la lime , ou Ton y fait de petites
tranchées perpendiculaires ; puis avec le burin ,
00 emporte un peu de ta vive-arréte du trou libre ,
car la pointe efl toujours dans le charnon ; alors
en ébarbe le bord extérieur , on change la pointe
de trou , & Ton en fait autant à l'autre bout : dans
cet état k charoon eft prêt à lier , & à former la
charnière*
Il Ciut avoir les porte- charnières. Les porte-
chaimères font deux parallèlipipèdes fondés , que
kt aniffes appellent carris ^ que Ton met appU-
qnès fon au-dcffus , & Tautre X la cuvette : celui
%\ fient à la cuvette eft quelque peu profilé. Il
ut que les furfiices de ces psrallélipipèdes s*ap-
pliqucm Tune contre Tautre , fans fe déborder par
Muors*
Quand cela eft fait , on divife la circonférence
da charnon en trois parties égales* On prend ta
moitié de ia corde du tiers , & Ion trace la cou-
lîûe fur toute la longueur des carrés , prcnart fur
la hauteur Je chaque pone-chartiiérc la mottié
de la corde du tiers , & fur la profondeur^ les deux
tiers uu diamètre» Il cA évident que quiiod les
chirnons feront fixes dans les coiilifrts , la boire
s ouvrira d'un angle de 120 degré;*. 11 eft ceK« n
aiîlli que voilà les vive-arrêtes à^^ couIilTes déter-
minées
Après cela , on fait fur ces traits qui détermi-
nent les vives-arrétes , autant de traits de parallé-
\^s qui fervent de tenons aux précédons ; car il eu
évident que quand on fera la coulifte, les premiers
traits difparoîtroni. Pour faiie les cent quatre-vingt
coulifies, on commence par enlever les angles ;
pour évider le refte , on a des échoppes àcouiiues.
Ce font des efpéces de burins qui ont la cour*
bure même du charnon fur leur partie tranchante.
On enlève avec cet outil la matière, & Ton achève
la coulifîe ; pour la dreffer on a des lim^i à cou*
lifîes \ ce font des limes cylindriques , rondes , du
diamètre de la couïiffe , ou un peu plus petit ,
afin que le charnon ne porte que fur lej bords de
la coultfte.
Avant que de fonder les charnons, on s^afTure
que la couUffe eft droite au fond, par le moyen
d'une petite régie tranchante , que Ton pofe par-
tout, & fur route la longueur.
Il faut que le nombre des charnons foit impair ,
afin que les charnons des deux bouts , qu'on laifte
plus longs que les autres , à difcrétion , folent tous
deux foudés en-haut*
On enfile tous les charnons dans un fil de fer ;
on pofc les deux couUffes Tune fur Tautt e , & on
y place les charnons ; Ton marque avec un
compas furies portes- charnières d'en haut, la Ion»
gueur des charnons des deux bouts, ou maîtres
chïi''nons » puis avec une pointe on marque au-
deffus &. au-de<Tous fur les porte-charnières , les
places de tous les charnons. On défalTemble le
tout , & dans les couUffcs , par tout oii il doit
y avoir un charnon foudé , on donne a ou 3
traits de burin tranfverfalement pour foujnir de
Tair à la fbudure.
On remet les charnons enfilés dans la couliiTe
du dciTUus ; on commence par lier les deux char-
nons du bout avec du fil de fer , puis les autres
ahernativement. Enfuîté on retire le fil de fer
f)affé dans les charnons , & tous tes charnons de
a couïiffe d'en-bas tombent. On les reprend, 5c
on le*, place & lie dans les intervalles de la cou-
ïiffe d^cn-bas, qui leur ont été marqués par la
pointe à tracer, & les coups de burin tranf-
vcrfais.
Cela fait , on tient avec une pince à charnon ,
les charnons, & on les range félon Taffemblage
marqué par les traits du burin donnés fort fur les
bouts , dans le milieu des couUffes; on commence
par f^ire te couvercle fur la cuvette par le devant,
& Ton abaiffeles couliffes Tune vers lautre , juf-
qu'à ce que les charnons fe touchent ; puis avec
une pointe on les fait crg<ïr;er ks uns entre les
autres ; on pofe un des maîtres charnons fur ua
4i6
O R F
enclumot perpendiculairement, & Ton fi-appe fur
• l'antre maître charnon avec un petit marteau , pour
les ferrer tous les uns contre les autres , en obler-
vant (ie fe régler '.ur les traits du compas faits
au-dciïiis, qui déicrminent la longueur des maîtres
charnons.
Oa voit bien qu'il y a entre chaque charnon & la
couiilfe oppofée , rifitervalie au-moins du ûi de
fer ; on frotte les n's de fer de verre, pour em-
pèch'îr \n fondure de s'y attacher, puis on les
fonde ou enfemble , oa fepartnieut. Si c'cft enffm-
blc, on iépare beaucou,)lcs couliTes ; fj c'efl fé^^a-
rem^Rt , on commence par rocher avec une eau
'de bor«ix le dedans de la coulifle.
On charg'; les ch:iî*nors de foudure , coupée par
paillors , t^ii'on ne met que d*un côié ; on roche
d*eau de borax, & on faitfccher, en pofant après
fur un feu doux ; & Ton obferve que les paillons
de foudure ne s'écartent point , )ufqu'à ce que le
borax air fait fon effut d'ébuUition.
Il . ft dlnticl qu'une charnière foit proprement
foudéc. Pour cet effet , il faut mettre une jufte pro-
portion de fouJure, tant pour ne point porter
pluiieurs fois au feu , s'il en manquoit , que pour
éviter d'en charger les coulifTes , ou de boucher
quelques charnons , ou de fonder la cuvette avec
le deflus. Si on fonde enfemble les deux pièces ,
on arrange fa pièce fur un pot à fonder, où l'on
a préparé un lit de charbons plats ; on arrange fur
la pièce & autour , d'autres charbons allumés ,
laidant ou à découvert, ou facile à découvrir, la
partie à fonder. On a fa lampe allumée ; on entre-
tient le feu avec un foufflet de loin , pour échauf-
fer également la pièce, en prenant foin de ne lui
λas donner trop de chaleur : puis on la porte à la
ampe» où on foùde au chalumeau. On la tire du
feu, on la lai^e refroidir j'^on la déroche, & on
la nettoyé , c'ell-à-dire, qu'oui enlève exaftemcnt
rojtc h foiidure , f;ins toucher au charnon , ni à
la couliîTe d'aucune façon. ^
Pour cet effet , on a deux échoppes plates &
\ inclinées, l'une pour nettoyer à droite ^l'autre à
gaiiche , ou une f;,i!le à face droite. La charnière
nettoyée , on la rafTemble , & on y pafTe une gou-
pille facile. On a eu le foin de frotter les charnons
de cire , afin que l'aftion de la foudure , s'il en
ell refté fur les charnons , foit moins violente. On
fait aller les deux côtés, & fi Ton aperçoit des
traces fur les charnons , c'e.^ une marque qu'il cil
refté de la foudure. Il faut tout démonter , 82 loter ;
c'eft un défaut préjudiciable : & voilà la charnière
montée, n
Manière de travailler une coupe , dont un côté foit
d*or & Vautre (Targent.
Prenez un morceau d'argent fin , formez-en un
carré plat, limez -le grofîicrement partout d'un
côté , & faites deffus de petites pointes que vous
élèverez avec le burin.
o R F
Prenez enfuite un morceau d*or proportionné L
répaiillur que vous voukz donnci au vafe , for-
m;;z<e.i aufli un carrj plat qui ait ex<tâjjnenc les
mêmes dimenfions que l'ar^ c^nr.
Pais ayant fait rougi;- l'or &L l'argent f paie ment
ap,iUquczleibier j[ulî j l'un far l'autre, 6i fr-.ppc^-- '
lé^.èrement delfui, av -c lu mai'let de noj^;. ^^
Quand vou', aur.z uni ai .u ce>de;;x mhaux
vous jjourrcz donner au \A\: '.a lorme que voii
jugerez à propos. Un d-s cotîs fera a argent
l'autre d or.
Vaiffelle plate & r.ontée.
On diftingue dans l'orfèvrerie deux prîncip»i_ j^
ef[:ècjs de travaux ; favoir , le travail en vaiJf^Hg
plate , & le travail en vaiJfelU montée.
Pour exemple du premier , voyons quelle cft: 4
façon de fabriquer un plai. à
On commence par tirer d'un lingot Targent né*
ceflfaire ; on le forge en plaque pour l'envoyeur i .^
la marque : au retour de la marque on le forge i
la grandeur qu'on défire. Quand il eft forgé on hit ^
la moulure qui doit régner tout autour du plat ^
Pour cela on prend un morceau de lingot quVui - ^^^^
forge en carré , fuivant la grofleur qu'on fe rro- "^
pôle de donner à la moulure ; on le pafle enioiie J'''
dans une filière dont le caHbre efl taillé fuivaorli ^
forme qu'on veut que prenne la moulure : on eft
obligé de la recuire plufieurs fois aân qu'elle ne
caffe point.
Aprèi que la moulure a été tirée à la filière, 00
la contourne fuivant le deffin qui fert de modèle»
& on la fonde tout autour du plat avec de la /m-
dure au quart.
Les ortcvre<: font de quatre fortes de foudures ,
& pour les diftîng'ier ils les nomment fouduresJ
huit , à yFx , au quart Sc au tiers , qui efl la plflS
foible.
Ils entendent par foudure à huit, celle qui n'a
qu'un huitième d;î cuivre rouge fur fept parties
d'argent; )a féconde a un fixième de cuivre fl* -r '
troifième en a un quart, 6c la quatrième un tiers* 1^^-
C'efl un mélange dj cuivre dans la foudure d'»^ ^^
gent , qui fait que la vailVelle montée eft toujoU^ --5
moins chère lorfque le particulier la vend, quc^* '^
vaiffelle plate , dans laquelle il n'entre que peu o^ ^^
point de foudure. "^
La moulure étant fondée, on e^^tr^ lepla^* 'S
c'eft à-dire , qu'on enlève avec une lime le f^' "
pcrflu du bord. On ôte avec un burin la foudu^^
qui peut s'être écoulée au-dedans du plat , & ^ '^
l'envoie chez le planeur, • *
La première opération du pléuieur , c'eft dV^
former le mari: avec divers marteaux à planer fcif^ '
bUbles à ceux du ferblantier.
Le marli d'un plat eft la partie qui borde la moi^ '
Irre en dedans.
Le marli étant formé, le plat revient une fécond ^
fois chez l'orfèvre , qui répare ou qui finit la mei^"^
^1
ter
\^
't.
des rlfloirs , échoppes Se burins ; les ri-
lunt des elpécf s de limes un peu recourbées
tr le bout , & les échoppa des efpeces de cifclcts,
La moulure étant abtolumcm h nie , on envole
5 pUt chez U polilîcuftf^ pour polir ta moulure
inplciiierit, fins toucher aulbnd , ccquicU Tou-
tige du planeur.
La (K^lîlTettfc commence par paffîir fur U mon-
tre du plat, une pitrre ippclée pierre â polir^
Apres cette opération elle y paiTe de k pierre
&nce broyée avec de Thuilc » & la froue avec de
etit^ mjrcc^ux de bois : enfuite elle y paiTe du
ipoli.
Quand elle s'aperçoit que fon ouvrage câ bien
^cî , eîle TeiTuie avec un linge , le trotte pour^
"^r le pUis fortement qu'il lui efl pcfïîûlcavec
ae de pierre qu'on appelle pUrre pourrit » dé-
yée dan* ci- Teau-dc-vie.
Pinir donner ce dernier polifoent, elle fe fert
We broflfc ou d'un morceau de peau imbibée de
tre Gompofition.
Le plat forti des mains de la poliATeufe rcpafle
iim celtes du pbncur, qui y met la deroiére main
n formant fort fond , & cféterminant fa profon-
cur fans emptDyer d'autres înflrumens que les
lurteaux à planer dcAinés à cet uf^ge.
L^a^^gent plané a un éclat beaucoup plus beau
le sM ètoir poli,
Qi^ajit à hva*JfilU mjrtiée ^ on conçoit aifément
w ce ncA que l'affemblage de pluiieurs [.û^ces
i'on foude enfemble « & dont on forme un tout
sivim le deiBo qu'on veut eiécurer.
Les pi^ccf fe forgent ou fe tournent féparément ;
i après les avoir fondées ensemble avec de U
iudtire aajtx^ on les polit de la même manière
ue la vaiiUUe plate.
Les oriévrcs fabriquent au/H beaycoup de btjoux,
tels que labaiîéTLS , étuis» flacons , navettes.
Le^ ouvrages françob j par leur bon goût Oc Télé-
gance de Itur dt {fin , ont répandu ces bijoux dans
loutes les parties dit monde.
Pour mieux accréditer ce commerce cbet Tétran-
\tr t 8l UiJcr en même temps aux artirtes cette
iberrc tpjî excite i'inHuftri^; 6c Témulaton, un
•rrêt du confcil , du )0 m-irs 17^6, a permis, à
l'égard dcé ouvrages ûc \ ijouteriç en émail , mon*
iés en cage , d'y inférer un corps étranger non
apparent , à condition que ces ouvraf>es ne pour-
font être vendus au p jîds , tk nue pour les dîflin-
guer des autres ouvrages du même genre qui fe-
roèert entièrement d'or & d'.<rgent , on gravera
^Ulsnôeiiient fur U fe^^meture de la b^he » dans le
EetJ k plus appartntdefditsou^ rages, le mot f^arnt^
de manière que le (:o nçon de Héch^irge foie ap*
pliqué dans le corps de la lettre G*
Partout où ces dîfpofitions ne font pas obfer-
Ties , on dott achter avec beaucoup de précau-
tions des bijoui d*or* Il arrive tous les jours que
des otivricri avides fabriquent des boires , qui, au
Keu d*ctfe pleines comme l'apparence femble l'atl-
Aru 6^ Métiers. Tome K Partie, Ih
noncer , font fourrées dans toutes kurs parties de
plaques de cuivre ou de lôlc fi adroit eiiieiu maf-
quées par la doublure , d; ntrintéricur de la boite
eft revêtu , que i ouvrier fcul peut s'zpcrcttvcir
de Texillence de cette fourriîre-
Mais la borne-foi que nos artiftes ontcoir'ours
apporiéedansiccommerce» n'a pas moins contribué
que lexcellerice de leur travail à faire donner la
préférence à la bi)OUtcrrc françoife.
Nous reprenons le mémoire de M. Lecain,
Jufqu'à l'époque (Jit c^t habile anilU) du It
mars 1776 , jour de Temeg flremcnt de l'é ii du mois
de février précédent, portant fuppreffion d: toutes
les communautés de commerce, arts & métiers,
ïorfivraic avoit occupé le rang & la place du
fixième 8ï dernier corps des marchands. Le léi^lfla-
leur Tavoit exempté oc la fuppreflRon générale. Il
fe trouva donc un moment le feul corps des mar-
chands & communautés qui exiflât dans la ville de
Pari*.
A la recréation des mêmes corps ii communautés
fiipprimés , le corps de Torfévrerie , devenu îe plui
ancien, fcmbbit devoir naturellement être nommé
le premier; mais le roi rendit aux trois premiers
corps leur ancienne place, & dgnna la quatrième
aux orfèvres. Telles furent , à (on égard, 1. -s difpo-
fitions de Téelit d*août 1776 , portant réîabU/Tement
dts corps & communautés fupprimés » & réunion
d'icslle**
L'orfèvrerie n'éprouva d*autre changement alors
que U réunion à fa communauté de celles des tireurs
àf htfeurs d'or.
Depuis cette épO':Tue, le roi a ordonné» par fon
édit du 23 m^TS 1781 , regiftré en parlement le 27
mai fuiv^nti la réunion, à ce même corps, i^e la
communauté des lapidaires , qui asoient obieim
piivilége cxclufifpour la monture des ouvrages en
pierres t^Uifes* Cette réunion , n^ce^aire Si'indif-
peniable, a terminé des conte^latîons qui, s*étant
élevées précédemment , avoîent été jugées en 1740^
définitivement en faveur des orfèvr-s, & néan-
moins s'étoicnt renouvelées de la purt de ces mêmes
lapi/iaires, dont l'emploi étoii, dans rorigine, abfo-
lu ment & uniquement celui dé tailltr des pierres.
Le corps de rorfévrcrie cft re levable de cctt«
faveur à M. le Noir, lieutenanr-gînéral de police,
commi^aire du confeil en cette partie, (Sf à M. de
Vilvau , maître des rcqucref.
Le nombre des marchands orfèvres pour ta ville
de Pans étoit fixé précède nment à trois cents mat*
très de communautés mais depuis les réunions
ci-devant annoncées, leur nombre a t.té porté a
cinq cents.
Indépeidemment de ces maîtres , il cxifte d'au-
tres orfèvres dans Paris , qui ont également qualité
pour travailler & négocier, de même que les pre-
mier*. Les uns proviennent de la maitnfe qu'ils
obtiennent par le privilège accordé k Thotel des
Gobelins , les autres par celui accordé pareiiLmetii
à rhôpital de la Trinité.
&8i
4i8
O R F
Le nombre des maîtres privilégiés par riiôtel o'es
Gobclins, n'efl point limité. Il fuffit d'avoir travaillé
conllamment pendant refpace de fix années dans
rhôicl; &, lur le certiùjat de l'inCpcft^ur dudit
hôt-l , vifé par le dircftear général des bàiim jiis
du roi, c'^ir.mi'îiiirc du conrcil en cette partie,
lequel attef: j c-uc rafpirant a fidèlement rempli fon
temps, il cfl re<j'u niuîric, fars aucun frais, que
ceux de la cour cîes mi^nnoies.
Les maîtres privilégiés par riiôpital de la Trinit;!? ,
au nombre de d;ux , font nommés par M. le procu-
reur général du parlement. Us doivent travailler
pendant huit années confécutives dans Tcnceinte
de cette maifon , après lequel temps ils montent à
la cour des monnoies, & iont reçus maîtres. Ils ont
Tavantage fur ceux des Gobelins , d'obtenir un poin-
çon de maître en commençant leur temps ; mais
ils font obligés de fe charger d'un en£ant de cet
hôpital, de le nourrir, le blanchir & rinflruire
pendant le cours de huit années dans toutes -les
parties de l'orfévretie qu'ils fabriquent. Le terme
révolu, cet enfant a gagné fa maîtrife, & fe fait
recevoir comme fon inaitre , avec les mêmes pri-
vilèges.
Il y a encore d'autres orfèvres privilégiés , qui. <
font les maîtres de la prévoté de riiôtel , au nombre
de quatre , & deux autres encore par privilège con-
cédé à M, le' duc d'Orléans , comme premier prince
du fang. Ces privilèges ne donnent point de qualité
aux enfans.
Le corps de Torfcvrerie, ainfi qu'on Ta du voir
par les détails rapportés au mot orfèvre^ réunit
trois parties majeures , qui font,i'*. Torfévrerie;
a*», la bijouterie; 3'. enfin, la joaillerie-lapidaire-
rie, dévfcîoppéei dans ce dii^-onnaire, à l'article &
au mot dlimantairc-lspidaiTc-joailUer,
Des Genevois, faifûnt le commerce de la joail-
lerie, ont dédaigné d'appartenir à l'orfèvrerie , &,
faifant de grandes entreprifes dans cette partie ,
fe qualifioicnt de banquiers en diamans. C etoit
Mna charlatanerie , dont le motif étoit fans doute
de faire accroire au public quiis avoient feuls les
diamans par jcorrcfpondance en première main , &
que par ce moyen ils pouvoient les donner plus
beaux & à meilleur compte que les orfèvres-joail-
liers du roi & de la couronne, comme fi ces artifles,
& beaucoup d'autres , ne méritoient pas celle des
étrangers, à caufe qu'ils ètoicnt de la communauté
des orfévrcf.
Les premiers ftatuts de ce corps paroiiTent avoir
été rédigés en l'atinée 1260, fur d'anciennes cou-
tumes non écrites , mais recueillis avec un foin par-
ticulier par le fameux Etienne ËoiUau, prévôt de
Paris, (ous le régne de faint Louis; & l'on voit
qu'avant cette époque la profcflîon d'orfèvre étoit
déjà exiflante en corps policé, ou état-juré daiis
Paris. Son privilège étoit alors que les maîtres &
marchands , formant le corps & exerçant l'état
d'orfèvrerie , joaillerie & bijouterie , avoient pour
objet de leur art 8c commerce, la fabrication Scie
o R F
tr;ifîc des ouvrages & matières d'or & d'argent, arec
l'emploi & le négoce des diamans, des perles, CJc
de toutes fortes de pierres tines & prèdeufes , lous
le titre & la qiVdWtc d^févrcs-joaillurs,.
Une q\îalité particulière , attribuée à ce corps
par ces iiatuts , cft le privilège di la gravure. On a
\u ci-devant, que la crnnoifl'ance & l'exercice
de cet art font iadifpenfabks pour l'art de l'orfc-
vrcric ; &, j ar une fuite Ce cette conféqucnce, la
permiffion de graver a été attribuée à ce corps,
non-feuleraeùt pour tout ce qui eft relatif i foj
art , mr:is encore les armoiries fur les fceaux& ca-
chets pour le public , les armes des particuliers fur
la vàiiTcllc d'argent ; enfin , les inflrumens en acier,
les poinçons» & tous les outils néceflOaires pour la
fabrique 6l l'ornement de leurs ouvrages.
L'or & l'argent comp:ofant la matière première &
principale du con^merce cSc de l'orfèvrerie , il eicit
de droit que le gouvernement aiTurât au public la
fureté d;'ns l'achat de ces marchandifcs , qui fort
confiJéièes comme un meuble de valeur réelle, &
à l'égal de celle du numéraire, /^uffi le corps de
l'orfèvrerie reçut- il, à cet égard > ^es lois biea dif-
férentes de celles des autres communautés. U fallut
ériger une police; il la falloit prompte & fouvcm
momentanée : cesconfidérationsdéterminèrtmles
fouverains à commettre les gardes-orfèvres pour
l'exercer en première inftance.
Un objet-Dien important étoîtreffai des matières
d'or & d'argcr.t qui s'emploient dans la capitale.
Les garJes orfèvres furent comm's à cet effet , à la
charge par-eux de fe conformer aux réglemens
prefcrits pour le titre des matières d'or oc d'ar-
gent , & d'être refponfables , en leur propre & prive
nom , des abus ou fautes qui fe commettroient àcet
égard, fous les peines oortées par lefdits réglc-
mens & jugcmens de MM. les offic'crs de laccur
des monnoies, auxquels tout pouvoir & aitributioa
font donnés pour raifon defdites coniraventoos
feulement.
Les communautés d'orfèvres en province font
fous la même difcipline. D'après cet expofé, il d
facile de concevoir en aperçu co/nbien la phce
de garde-orfèvre à Paris eft laborieufc & délicate à
rtmplir. Engagement de leur part, avec fermcfit,
envers le fouvcrain & le public , pour la (uretè du
titre , qui affure au particulier fon bien ; exercice
fans interruption, foir & matin, au bureau pour les
effais u'or & d'argent, d'une part ; la pourluitc des
affaires contentieufcs dans tous les tribunauxi les
brevets d'apprentiiTage à enregiftrer, les nouvcaoï
maîtres à examiner & fuivredan^ leur cbef-d'œufre,
& tout ce qui eft relatif aux détails intérieurs d'une
communauté ; mais plus particulièrement encore
Tinfpcfl^on continuelle au dedans , une furveillancc
fans relâche au dehors; & enfin TaiTife des capi»-
tion & induftrie.
L'infpcélion continuelle au dedans a pour moril
l'eflai des petits ouvrages d'or, qui, ne pouvant, par
leur foiblefie j fupporter l'effai kU coupelle cobub^
grands, doivent î,'^p porter au bnrcau Hcs orfô-
JS loui ûnU » pour cire infpeâès par ies gardes,
cflayèf par ^a voie du toLchau ; c'efl-à-dirc, que
I gardcs^ortïvies vérifient fur une pierre , appelée
pour ccli pierre de touche , tous les mentis ouvra-
ges dont ort vent de parler- Cette vérification
^*0pèrf p.if 1 tff-t du frottement defditcs pièct*s fur
cette pierre, &, de fuite ^parl'^ipprtcdtîon de Tcàu^
forte qu'ils c tendent fuf les touches d^rclltes pièces :
^uivant que cc\ loiichcs rcfiftint ou qu'elles iWirn-
puent t ils en eftimeot le titre à la valeur d'un karat
La connoîflance que les gardes-orfévres font
»Ugés d*avolr pour les opérations ordinaires de
art & commerce. &, de fuite Thabitude
'ils en contraflv-n: nu bureau » les nriet à portée de
remplir ti lèîcmjnt cet honorable emploi,
La furveillince au dehors conftfte dans les vifires
^e police de jour, & plus particulièrement dans
celles de nuit, qutU font autorifès k faire « non-
reulement chez les maîtres crfévrts leurs confrères,
^, ,;« -"rore chet tous les ouvriers regardés comme
; j$ au corps dz rorfévrerie, tels que les
oiidci^rs, mouleurs, cift leurs, & dans les ateliers
ndeliins , qui kur font indiqués.
L'admîniRration royale a.toujours confidéré ces
nfitcs fuus un point de \^ie fi important pour la
é publique, que les frais , faux frais & dépcn-
|ês occafif3nnée« pour raifon d icelles, font toyj turs
^ans difficulté dans les comptes du garde
, par ies magîftrats chargés de rc)f;*m:n
omptes , loHqu'ils font certifiés ver ta-
bles par des mandats Ggnés de lui & des f.pr
purres gardes en exercice , fes collègues.
M. le licutenanr-^énéral de police, préGic àTélec-
lîon des eardes-orfévres , aflîïlède M, le prrcureur
lu roi. Die fc fait annuellement , au mois de juillet,
Cfi lenr bureau & maifort commune. L'on procède
d^ibord à celle de deux anciens gardes, pour occu-
per chacun une place de grand-î;arde ; enfuite à
celle de deux jeunes gar Jes » choifis dans les maîtres
* S qui doivent avoir au moins dix ans de
t n.
I A cette époque , les deux grands-gardes 8c les
ndeux T'.unes, qui ont été nommés deux ans au-
I : , fortent, Ôi les quatre élus Tannée précé-
1 ftent r^nnèe entière avec les nouveaux »
I ' înncnt de ces anciens refr,.ierte d'uncpart,
Mtx us . .«utre reçoivent les inflruétions noceifaire*
^pOiir k régime qu'ils doivent obretver, ainfi que les
1 ' lumens indifpenfibles pour la continuation
i. es, tant au dédains qu*au dehors.
V> Le icndemain de féîcétion , les nouveaux girdcs
blfrs fc rendenr chez M. le lieutenant- gênerai de
kolice, & prvicnt ferme nt entre fes mains, de fi dé-
■!'•"'* "*^^'''ir]«s devoirs de leurs places; cnfuire
f la cour des monnoies avec les gardes
f>ri:ir* ^ ic+qiicls apponent les poinçons qui ont
aiam leur année d'exercice* La cour , faifaat
41 91
droit à la requête préftntce d'avance p.ir les ancisnf
6r nouveaux gardes , ordonne que les ancien$J
poinçons feront biffés en fa préfence, après quèJ
procès-verbal de de fcription & infculpaiion d^iccuîj
fur ia planche de cuivre à ce deHinée , aura été faî^l
ordonne de même l'infculpation des nouveau ic,pour|
raifon dcfqutls il tJl fait pareillement un procès*
verbal de leur nombre & qualité.
Tous CCS poirçon'T porte r:t chacun leur numéro»]
Lorfqu'ils deviennent défe^ucux & hors d'ct.it J&l
forvlr, les gardes-or ftvres préfentent recuécc , àJ
rtfïci d'en faire graver de nouveaux. Les poinçons ,|
& la matrice qui a fcrvi pour les f^irc, fe renfer-
ment dans un coffre , dout les gardes ont la clef,]
& ce même coffîe eft renfermé dans un plus grand,]
dont le régiïTeur ou fermier des droits du roi garde
la clefde Ion côté.
Après qua les effaîs des ouvrages d'or & d'argent j
ont été faits, 8c qu'il faut les marquer , on mandôl
un commis de la régie pour ouvrir ce premier coffra,, j
Ce même commis a cette marque, & vérifie fuf]
fon rccHre fi ces pièces font identiquement celles]
à'jOi bu^bles lui ont fait la déclaration ;Jei
garde, ....;. iùt après renferment les poinçons dans |
leur coffre; le commis des fermes le remet en même]
temps dans celui dont il a la clef. De cette manière, i
les poinçons ne peuvent demeurer féparcment à U '
difpofition de Tun ni de fautre.
Après la réception en la cour , les nouveaux
gardes font une vlUte de police générale , c cft-à-
dirc , qu'ils fe tranfportent avec leurs prédécefleiîrs
retins dans tous les ateliers gènéralemenf quel-
conques, depuis l'orfèvre, le joaillier 6l le bijou-
tier du roi, jufqu'au plus petit fabricant, fans
diflinélion de qualité , même cl*anciens ou nouveaux
gardes. Ils recomron te nt d'abord les poids & les
halancesdesmarchandsavecles leurs, pour s'affurer
de kur juftcffc* Ils vifitent encore très-fcrupuleufe*
ment tous les ouvrages en cours de fabrique ; véri-
fient les marques appliquées fur Icfdifs ouvrages,
& prennent, à leur gré, un petit morceau d'or ou
d'argent dans le plateau du fabriquant, fur lequel ils
font appliquer le poinçon du maître , afin de ledif-
tinguer à leur retour au bureau, pour que le maître
nejpuiffe pas le dénier,
Si forfévre eft abfcnt , & que fon poinçon foît
renfermé, ils écrivent le nom de la pcrfonne fyr
Tcnvcloppe. Le motif de cctrc vifiie eA de connoître
fi tes orfèvres n'adaptent point aux pièces qui por-
tent marque, d'autres pièces auxiliaires appelées
garnitures , qui feroient d'un titre inférieur & cti
contraventioffi aux réglcmcns.
Les anciens gardes, &£ particulièrement les der-
niers fortis, appelés communément, en terme de
compagnie, mignons , fupplécnt gratuitement les
gardes en çh<irgc pendant tout le temps de ces vift-
tes, qui durent ordinairement quatre jours. Cette
police générilccft de rigueur, & à la charge des
fàbricans; c*efl*à-dire, que la quantité d'or ou d'ar-
gent qu il a faUu prcudte pour faire Tcffai , eft em*
420
O R F
ployée pour les frais de ces mêmes cflaîs ; au lîeu
que dans les viGtes extraordinaires , les gardes font
obligés de rendre tout, lorfque les matières ont été
trouvées bonnes.
AuiTi'iôt que ces vifites font finies , on cflTaJe le
tout au bureau» Les orfèvres font mandés enfuite
pour venir chercher leur gage (carc*eft ainfi qu'on
nomme le morceau d or ou d'argent qu*on emporte).
Lorfque les matières font trouvées bonnes, le fur-
pîus du gage reftant de TtlTai , efl rendu au maître,
Si au contraire elles font trouvées à un titre affei bas
pour mériter des reproches, l'orfèvre reçoit publi-
quement une réprimande févère de la part des
gardes, avec Tavcrtiffemeni qu'en cas de récidive ,
H fera dénoncé k la cour des monnoies. Le furplus
defon gige eft retenu,^ employé au profit des pau-
vres nui[res ou veuves d'orfèvres qui font logés
gratis dans le bureau , & en outre aiTiflés par les
g-rdes.
Cette réprimande 8i cette retenue très-modique ,
ex.j<5lemenr obfervèes, forment la correélion fom-
m lire que les gardes- orfèvre s font autorifés par
leurs ftstuts à infliger auxcontrevenans.
Si la diâerence tlu titre fc trouve tégére^âc recon-
nue par les gvrdes peur être feulement l'effet invo-
lontaire d'une erreur de calcul, ils recommandent ,
à voix IiaiTe , à leur confrère d*y apporter attention,
IKfl important d'obfcrvcr qtte û les gardes mal-
heureufïment (ce dont il ny a point d'exemple)
abufcient de leur place pour taxer injullement de
coniravcnrion un de leurs confrères , il auroît parde-
Yant la cour des monnoics la voix de la plainte , &
îlobtiendroit juOice.
Indépendamment de la viftte générale dont on
vient de donner l'explication » Im gardes- orfèvres
font encore obligés à deux vifues d'aumône par an;
chacune d'elles fe fait or^iinairement dans la quin-
zaine qui précède chacune des fêtes de faim Eloy,
patron de leur chapelle; la première vers la fin de
juin, la deuxième avant la fin de novembre. Les
gardes ne retirent aucun émolument de ces deux
vifites, 8c le produit en efl abfolument employa au
foulage ment des pauvres.
Il paroit , que de tous les temps , ces œuvres pteufes
envers les pauvres maîtres ou leurs veuves , ont été
Tobjct qui a fixé l'attention des gardes-orfèvres. On
voit même qu'elle s'ètendoit ci-devant jufque fur
beaucoup d^aiitres.
Dès îe temps de fi^int Louis, le corps de Torfé-
vrtiric vionnoii tous le*» ans, le jour de Pâques, un
repas a tous les pauvres de rHôtcl-Dieu- Ce pieux
utagc s'cft continué depuis pendant Pefpacc de trois-
cent -cinquante ans. Il cciTa en Tannée î6ir , fur
h demande que firent K s àf^mitiiftratcurs de le con-
vertir en une fbmme d'argent.
Il fuflfira de (^ire que la charité la plus connue
qu'exerce aujourdliui le corps de rorfévrcrie , coa-
fifte lians une pcLfiou de cem-vingt livres par an ,
diflribuèe à fi ixante-ûnq pauvres m itres o j veuves
de leur corps » indépcndamoiem des fccoiirs extraoc-
o R F
dinaires qu'ils apponent à d'autres. La confervaboi
de ces fecours , celle de leur chapelle , U penftofl liu
chapelain ^ enfin « hs moyens fufhfans p<^U7 fatisf^îre
à beaucoup d'autres œuvres picufes, dont Icsdc»
niets font pris fur les fonds du corps, cft une des
obligations les plus importantes que le corps de for-
févrerie doive à M. le Noir^ lieutenam^géoén! à
police,
AufTi ce corps, dans le temps de crtfe qui affeâi
toutes les communautés « ne crutprs pouvoir mieux
lui témoigner fa reconnoiffance , qu'en lui deTta-
dant la permiiCon & la erace de décorer leur hix •em
de fon buile, ce qu'il leur oftroya. Le public re
faura peut-être pas mauvais gré au réda^eur de cet
article, de lui faire connoître Tinfcription cjuclei
Orfèvres firent mettre au bas de fou buAe. L'appli-
cation d'un beau vers de Virgile ne fut |j.mais pto
juftc & plus heureufe :
O! Mdih^i . • • • i> , • « . Ttohis hac otiafictt^
Une prérocatlve particulière attribuée à ce corpi,
eft le droit d épave , c*eft-i-dire, que lorfqu un ptr-
ticulier préfente à un marchin t orfèvre un nlcubte
quelconque pour le lui vendre , foit en argent , fûè
en bijotrx, foit e: dumans , & que ce particu*
lier dijclarc que c cft une chofe trouvée « rorfèrre
eiiautorifé à le retenir , & aie dèpofer au bureau
des orfèvres. Si dans l'efpace d'un an , du jour 4fi
Tenregift rement qui en efi fait audit bmc^u
les gardes, il eit prouvé que c'etl
ment un meuble trouvé, & que la pléi
n'eil pas recîamèc, les gardes-orfcvrcs eftimcnt
fa jaHe valeur; alors un tiers eft remis k Torfévrc
qui a dèpofé, ou au vendeur, s'il fe préfeme, un
tiers au tréforier du domaine du roi , 6t l'autre hcn
rcOc entre les mains du garde comptable , qui s'en
charge dans fa recette pour en faire compte ai»
bureau.
Cette prèrog:itive d'épave eft aufli très-aTacfl-
geufe au public. Ce pouvoir accordé aux orfèvresdr
retenir, fcrt fouvent à recouvrer des chofes folèes.
Dans ce dernier cas, les objets retenus font rema
aux propriétaires après les formalités ordinaires. Si
le vendeur fe préfente^comme propriétaire , & que
l'orfèvre ne le connoilTe pas, il eft obligé d- * '"
des i nformations , & de fe conformer aux rèf
& ordonnances de police, rendus poor b lurti^
publique.
Toutes les contcflations fur le fait de !'
en première inftance, fe poitent dcvar
tenant-général de police. Les prév c
titre & les poinçons feulement, rt^ r
des monnoics, à Texception de celles qui in .
fcnt le fermier ou règifftur des droits <5f* *'^ 1
quelles font initruitcs p^r les officie s de
éi , par appel , à la cour des aides, Qui-na n iri^4
que le fermier a faifi pour raifon de ùux poTbçodkl
\ une ou Pautrc de ces marque» , & qu'il aa:qiic en
mime temps le poinçon de matfoo comauisci
i^
j
_ O R F
rèîeflion , comme premier tribunal faifi de la caufc ,
juge de la caufe fur le poinçon des gardes.
Les Aatuts des orfèvres contiennent un nombre
t infini d'articles & de régîcmens qui font très-indiffé-
reo$ à connoître pour toui le monde. ' Après en
avoîf tracé les plus intéreffanis pour la foclété publi-
çie, on fe bornera au détail de quelques autres qui
Tiennent véritabiement àTorfévrerie, Si particuliè-
rement ^ celle de Paris.
Il efl défendu aux orfèvres de travailler dans les
lieua privilégiés* U c(i expreftément eufoint aum
fupéricurs ^ aux chefs de toutes les maifons reli-
gieufes ou lieux privilégiés de les y fotiffrir, dire^e-
ment ni îndireâcment , même quaad ils auroient
qualité. Il e^ facile de concevoir que te motif de
cette loi cft de prévenir la frar.dc.
JLcs orfèvres du roi, travaillons aux galeries du
Louvre, ont feuls le droit de Taire des apprentis de
tout âge , & la célébriié ordinaire de ces ma lires dif-
penfe leurs élèves de Tûblig^tion de taire chef-
a œuvre. Ils font ayfliî re^us maitrcs fans fr^is. Lors
de joyeux avénemcns i la couronne , ou lutrcï
I grandes chofes qui iotér^flent létat, les orfèvres font
exempts de création de maîrrife^
Le temps de Vapprentiffage étoit ci-devant de huit
iiiuèes ; une loi nouvelle vient de le fixer à Q%. Il a
été reconnu que le premier terme étoit trop long.
En eâct , un enfant qui entroit à douze ans en ^p-
frcoiiffaga , n*en pou voit foriir qu à Tâge de vingt
années : fur quelle efpérance pouvoît -on s'aûTiirer
qiiun jeune homme qui eft parvenu À l'âge de dix-
Iiiuit an*, ik qui fait pouvoir gagner fa vie , voudra
rcfter fous la férule de fan m^îf rc , & obfervera ftric-
teii^-nt les engagement que fes parcns ont pris pour
lui ? Cette loi donnoit îîeua une foule de conteiîa-
tions quife portoient devant M, le lieutenant-civil^
^Ui les renvoyoit ordinairement auxgardes-orfévres
t>our avoir leur avis. Il réfulcc au contraire du nou-
veau règlement » que le maître avance fon apprenti
plus vite qu'il ne TauroÏ! tait auparavant ; & comme
^u temps de l ancienne loi , il étoit d'ufage que les
ïïïiitres en général les rttenoient à un point médio-
^ c:rc d'avancement, dans la crainte continuelle ou
' ilsètoient que Fenfani ne les quittât ou qu'il ncs'en-
fiageât, ce qui étoit très-fréauent ; au contraire, par
le nouveau réglcmcnt,le manreeft intérciTé à Ta van*
cer coût de (utte, & tous les deux en retirent un
: avantage égal.
M. Chauvelin, magîflrat r#fpcâable & miniûre
z^lé pour les intérêts du roi autant que pour le bien
|>ubltc, fe trouvant folUciré par un nombre infini
<rét rangers , pour obtenir la maîtrife d*orfévre dans
. Paris , penfa qu il étoit julle de leur accorder fa pro-
leâîon. lien communiqua aux gardes-orfévres exer-
çans à ctiie époque , qui étoit de 1760 à 1 76^.
IL*efprit de corps cft ordinairement celui qui gou-
verne les adminiftrateurs d^rs communautés. L^s
gardes- orfèvres d'alors, au lieu de confidérer que le
commerce augmcntoit beaucoup dans Paris, ésC qu'il
étoit juAï; de procurer à la capitale un plus grc.nd
O R F
^
nombre de martres , & qu*il étoit plus faj;e de conTl
poferavec le mtniAre par des repréfeniattOns, s^opi-jl
posèrent à ta demande de c^s afpiraas. Le magi{lra|]
croyant fincè rement faire le bien, en procutant laJ
bailfe de la main-d'œuvre par la concurrencer , StA
par ce moyen augmenter les revenus du roi , fit or-
donner par arrêt du confcll , des créations de mahri*
fes, à hnfini. Les gardes-orfèvres fuivans, deveJ
nus plus éclairés pour les intérêts de leur corps J
firent des repréfentations à ce ma^irtrat , auffi êqux-1
table que bon, en le fup pliant de modérer le nombre!
des nouvelles malin (es i en effet, il fufpcndit ceil
créations, & accorda fa prottétion coiitc endére au
corps de Torfévrcrjc» Depuis cttrc époque , le con-
feil a diiigoé renvoyer en commtmicarion aux gar^J
des-orfevres , toutes les demandes îk requêtes pré*l
fentces pour raifon de ces maîtres (ans <|u.tlîté, 6c ,1
fur leur réponf»;. Ta dminili ration les admet ou k
rcfiife.
Si le confcil daigne permettre au réda^^ur de cetl
article des réflexons qui lui paroiiTctit Inip^rrante
pour les intérêts du roi, il fe hafardera d'expofd
que le nombre *!e trois cem^ maîtres k Tépoque qui
ronvi<:nt de citer, fut regarde jultement trop petit, ^
maii que depuis on i a beaiKOup trop Augmenté.
Cet état de crimmcrce ne rtffemblc poinraiix autres ;
il eiige une fidélité inféparable du talent. Il efl dif-
ficile de furveiller huit cents maîtres qui eii^ent
aujourd'hui dans Paris , indépendamment des aven-
turiers qui , n'ayant point de qualité ôt de domicile
connu,font un commerce interlope tré$-confidêrable
dans cette partie fans pouvoir être fur veilles ni in-
quiétés par les commis de la marque d'or ou d'ar-
gent. Les infpe^leurs pourla régie auront b^rau faire,
&,tels foins qu'ils apportent dans leurs fondions, il
leur fera toujours trés-difficile de prévenir 6c d'arrê-
ter la fraude.
L'on peut avancer que cet état a beaucoup perdu
de fes avantages, hts fabrica ns font bien loin i\
erre aufli heurcu* qu'ils Tétolent il y a feulement
dix ans pour leur bénéfice. L^onfe bornera a dire,
pour preuve de ce que Ton avance , qu*il n y a pas
actuellement élu enfans de maîtres connus mis en
apprenn(raf;e oodeïlinès pour Torfévrerie.
On a du qu'il fcroit important pour le bien public
& pour les intérêts de Taat , de diminer confidéra-
bhmeni 'e droit du contrôle , & mieux encore de !c
fupprimer tout en entier. Le rcdaôeur ne penfe pas
de même pour la fupprciïîon.
Les objets de luxe font ceux fur lefquels on éta-
blit le pîus jugement des impofitton?. Le droit de
contrôle, établi depuis bîcnîong-icmp», ne répugne
pas en général à tout le monde. L^ public feufé
l'approuve & le paie fans peine.
Il efl conilant que ce droit cft devenu beaucoi^p
trop fort, par les augmentations fucceîVivcs des nou-
veaux droits. Peut-être ne faura-t-on pas mauvais
gré de Taire une comparaifon qui pourroît détermi-
ner à faire une réduâlion.
[ Deux plats d*cntr<;e, qui péfem or^iti^ircment
422
O R;F
fept marcs» dont Us façons, à raifon de quatre
livres par marc , qui eft le prix connu depuis bien
des -années y valent vingt-huit livres , payent au-
jourd'hui pour droit de contrôle , à railon de cinq
livres par marc , trente-cinq livres ; il reluire que
le droit excède le prix de la main-d'œuvre; &
comme le commerce de rorfévrerie.fe fait toujours ^
avec rexplication du montant du pç>iJs & de celui
de la /sçon , le public s'aperçoit tout lic fuite que i
le montant des droits excèle ct]yÀ dg U façon, 2k
qu'il forme même, une impoAtionde dix pour cent ;
fur le total.
Il eA donc à prcfumer que la dimimitlon du droit ■
de contrôle qui fc fixeroit à i liv. 13 f. par marc, '
falfaii;, avec- les droits de régie perçus pour les :
orfèvres y. la, fomme de trois livres à payer par lès !
contribuables /& progrcHlvemcnt-pour les^droits *■
de Tor » ,contribueroit à une augmentatioQ.de (a- \
"brique confid érable, qui rcndroit au gouvernement
plus qu'il n'en retire depuis pluftcurs années. Si
cette prcpofnion étoit accueillie , elle rètabliroit la
Co::currencc avec Tctranger.
. Les girdes-orféyres doivent fol li citer cette grâce.
Coinrr.^ fujeis du roi', leur devoir eft de prévenir
rad^njjiilftration de ce qu'ils cftimcnt être le plus
avantageux peur les intérêts du fouverain & la
pro^érité du commerce. Comme admiuiftratcurs
.dans leur communauté, ils doivent réclamer avec inf-
ftance les intéi cis de fes membres qui,par une fidélité
' coi:ftantc à leurs erg^gemens, ne cenent de militer
contre ceux des contribuables , leurs confières , qui
voud'ciu m s'écarter de leur devoir.
. Cet. avantage deviçndroit enco.e plus confidé-
rr^b'e fi le gouvernement vouloit accueillir la de-
mandé que les orfèvres- bljoL tiers f':roiont fondés
à former pour la baifle du titre de l'or feulement.
Il n'y a plus lieu de douter que les gardes-orfé-
vres ne le joignent à eux pour obtenir une loi de-
venue indifpenfable. Il eft de notoriété publique
que ce privilège dont joui^Tent les fabricans des
villes d*Allem:igne & de Genève , a fait perdre à la
'ville de Paris plus que les trois quarts du com-
merce qu'elle faifbit précédemment avec TËfpagne
& le NorJ.
Ce moyen peut fcul rendre à la France la con-
currence & la iupériorité fur les fabriques des villes
que Ton vient de citer.
Il f^iut parler préfentemcnt des avantages & pré-
rogailvos atiachcs au corps de rcrf:vrerie,qui dif-
fère de beaucoup, parfon régime, des cinq autres.
Son contentieux eft confiJèrablc,
Par la nature de fes opérations , il rcfulte qu'il a
conrînucllciTieiit rtiLirc d^ni tous les nibunaux. An
châtcl. r, rour les caufes de police du corps, &
les antic paiions conririutllcs de l\ part des autres
ccmmunai:tés iur fes prcrog;ativtS & io.i commeice ,
& par appdy.au paiicmt^nt.
A réleftion, &, par fuite, à la cour (]c$ Ai les pour
les contcftations ct)!uinuelles entre \v\ ^ le fermier
ou régifleur des .droits du roi ^ a la cour des mon-
O R F,
noies fans interruption, pour rinfculpatîon des poin-
çons , & autres aft'uires contentieufes a.tribuéesà ce
tribunal ; & enfin auconfeil du roi prefque conti-
nuellement.
Son honorifique, & particulièrement celui des
g.udes ^ eft le même que celui des Ax corps des mar-
chands. Ils parviennent au confubt; & l'on a vu
■fréquemment les orfèvres occuper avec diftinâioa
les places municipales.
..«/Le corps ds l'orfèvrerie peut avancer qu'il eft le
fauldans lequel onâitpris un pt>évâtdes marchands,
■qui s'appeloit Marcel, & qui dcfcendoit d'une fa-
mille d'orfèvre. Il tft a remarquer auffi que le pre-
mier exemple de lettres* d'ennobliftement fat en
faveufi de Raoul , orfèvre ou argentier du roi Phi-
lippe III. furnommé le Hardi ; dans le treizième
flè^^le»- L'on obfervera pareillement que dans les
grandes cérémonies extraordinaires , ou Ton admet
ks fix corps , ou au moins partie d'eux , le corps
de l'otfévrcrie , celui de Tépicerie & de la drape-
rie ont toujours été appelés par préférence.
Nous ajouterons à ces obfervations de M. Lccain,
plufieurs difpofitions importantes, foit desftatits,
foit des déclarations , arrêts & réglemens conccnant
le corps 'des orfèvre».
Voici quelques-uns de leurs ftatuts.
Les orfèvres font obligés d'avoir leurs forges &
fourneaux fcellès en plâtre dans leurs boutiques, à
fix pieds de la fue & en vue : il leur eft défendude
travailler paiTé les heures indiquées par la police,
l'objet de ce ftatut eft de tenir continuellement les
orfèvres en état d'être veillés par les prèpoffcsà
la police du corps. Ces prépofés , font les officisrs
de la cour des monnoies & les gardes -prfèvres.
Les veuves des orfèvres peuvent tenir boutique
ouverte , & faire le commerce de l'orfèvrerie : au-
trefois même elles avoient un poinçon ; maisl^rsdu
règlement de 1679, le mipifière craignant quelles
n'en abufaftent, ou que n'étant pas aflTez inftruitcSf
elles ne compromirent trop facilement la réfu-
tation de leur poinçon , ordonna qu'auftl-tôt le
décès d'un orfèvre , fa veuve remettra le poirç^^n
de fon mari pour être biffé , lui laififant néanmoins
la facuhè de faire fabriquer chez elle , en falfint
marquer fes ouvrages du poinçon d'un autre
maître, lequel demewreroit garaiu des ouvrages
rcvcrus de fon poinçon , comme s'ils étoicnt de
{a fabrique.
Les orfèvres qui ne tiennent pas boutique ou-
verte, font rbligés de dépofcr leurs poinçons au
bureau des orfèvres , pour y être erfjrmés & fccllès
jufqu'à ce qu'ils reprennent boutique.
Les orfèvr<.s ort b faculté de graver tous leur»
ouvrages , même fcoaux, cachets , lames d'acier, en
un mot, tout ce dontjls ont befoin pour l'orncmect
de leur fabrique.
Le commerce d'orfèvrerie eft interdit à tous mar-
cli.ind:> r.liili;in^ ru commcrçans qui ne fort pas du
corps; il cli feulement permis -aux marchands mcrj
•10 RF
cicndc vendre kvaîiTelle, ou autre* ouvragés d'or-
jcncfic venant d' AUcmagne ou des pays étrangers ,
ib duft^.e d'en fiire la dèclaraiion au bureau , ou
anroct fur ces ouvrages un poinçon à ce deftiné,
U eft défendu aux orfèvres d'acheter, tbncîrc
ou dctormer aucunes efpcces d'or ou d'argent du
royaume ayant couis ou dccriècs.
Les orfcvrcs font auiïi tenus » quand Hs en font
requis, de donntr liçs borderc^iu.t des marcliandifcs
qu ris vendant » Ct.nignant le ^oïd- , U ttre^ lé prix
de la aiatÎ4:re & de U f l'un de l'autre*
li leur t:() défendu d. licuns ouvrages
comporés départies, ùoui ks un^s i'oient d'or ou
dardent , 6c les autres de cuivre doré ou arger-tè ,
ni mcme d'or S: d'argent , er.fonc que ces dcuï mé-
taux ne puliTent être pv'Cés & eilimés fcparcmtnr.
Ils ne peuvent mettre en oeuvre ^mqw^s pierres
oupeilcs fmâes, conûis4m-rii mclé^s avec des
fines; il leur e(l même dcfcf^u.de, ii^eum ch«2 eux
auci rreries /auile) » à p^ii^ d^ contireation
^ ^^ - '^ » .- : ■
Il Uui s-(î ordonné d'uferde balances & de poids
de marc j cnlonnés en la cour des roonnoies ûh
ncpcu'. eu avoir d .{u:res en leurs maifons,
fou\ quL ^ ^ icfte^quc ce foit.
Il kur eit iictiiiidu d'acli^.cr & v^endrc les matiè- ,
Tî^^rjr \- dVgent à plus haut prix que celui q>ii
en; vc aux changes des monnoies. , .■ ,
i -lA vendre la mat ère de leurs ouvrais |
Cf îç la i^çoti^ 6c d'>tinQrà Cfux qu's.)es
icheTc j^î u :s bordereaux fi^n js dVux ^ ou ils dillin- '
gucrrnrlc prix de la nîaiîére & celui de k façon. ,
Les orfèvres font ob'igès de, tenir un rcgiftre ^les
marie e^ ôc onvrar."^^ d*or& dV-geut quMs acl^èjtmt
& ia miaUtéii: la quitKiia,,cïï:f'
du . ivçcles noms & dçmçtur^ de
^ci;x a qui iU les vendit « ou de qui U^ les af^f • '
rçnt. ,, * _' .''■■''
Ils ne peuvent acheter aucunes pièces de vaiiTeUc
y^argent atnioiriécs Oun 'narmoinéei, quand m^me|
ïl ny en aiîroit pas eu de rcc>mmJiid*[ion^ fï^f^o
f'' ;:i qji kur f ". bes ou qui létir
. répondsris à • ' » ; / .
rey font r.ippclcv
^'- î"*"^! ^ janvier 5t .
:rîf iirpOî
. ura du i-^
^cf coût* iVjuv^rai ries; ' i '" " ' '^
9 mai 1777 , DécUratidrt , laquelle dîfpofe , at^.
ï : »Les oitévrts , tireurs d'ur , batteurs «!^6r&
<i*arg^nt', ferOmtSi •deMeiifôtV's^ rciinr' ^ P -^ ,
^n un ftul & même corps , £►: lem non: xé
à r
k
OR F
4^3
les
^fr
lie
lîc
ïr tixt
ur ,
&
côUe
«J
fus
m-'
^nqusme.'Lc r* i n m^uâ'^cvmuvtû&ft ' datiS ce
ïJtimbrc les rr' 'V " ^.''
feront , tant à Paris qu'à l.yrm , foum's pour Tad-
mifËonà la maiuit^, 1j &admi-
uiflratton des affaires de, mnautè^,
à la jutifdidioa du chatcict di; Pani , 6£ à coi4e
du confuh: de Lyon jïinfi tjn- l^ auires corps &
communautés d'arts & mé tiers dcfditcs villes.»
Art. 3. n Ne pourront néanmoiijs ceux qui auront
été admis maîrros dans le faites communautés réu-
nies d'oifèvres, tireurs , Jiutteurs , : " js Si
paillonneurs , s'immiiccr dans kî4 fn q^i
en dépendent, hm avoir été *<içUi p-: ici t><iitil*ès
des mnnnoics, il TefFct de quoi ifs feront «émis
de fe retirer à Paris , parde^'ani ia cotrr deï mon-
noies, ÔC a Lyon , pardevant les Cirticiers de^ moiî*
noies, avec des gardes de U c'ommurîauté, q^i
certifieront leur chcf-d^œuvre , pour fubir e^c^inai
fur le titre Sc ralli^igi, faire* inûrulperletn^ potH-
çon , & prêter le ferment en tel cas^ fcc^ii. n
- Art, 4, *i Sa Mijeflé veut que les maîé-es^ ijtoi
comporetont IcfJiis corps ^ totnmu.'îauéés , ^
tous autres arrdtcs, arT>kans & ouvriers tjm etr!-
ploient ics matières d'or 6c d'argent t ' s
ouvrages , dans les difFcre^ues vtlîesde 1 ,
i oient tenus de fe conformer, pour rîich.it, i emploi
& la vente d:s maciéres d*«r & d'argcftr,^ à-de
qLii'eftiJrtfcric par Us oi'dortnarvces i téglemens ;
6c que \vs itatuti ^'rtglcmcns dcfdus corps 6t coirt-
, manautés , continnent dVtre exécutée par nro^-
£on, àl eejiiiqu^a ce quil Jr ait cfé tf^urrCfAt'it
pourvu^ fur i<s rwémoircs qui Icront remis par
les fyndics , gardes & adjoints defdits corps &
comnuïnairtés. w
Art. ^. »Sa Mijerté n*entend au furplus rien
inno\'ur en ù^ qui concerne U jurifdr^flJon priva-
il ve & cumulr.uve de la cour des monnoics', &
des ityJ5e<i y rvlToriiflans ; voulant que les ordoij-
-nauces 6î. r^glcmens foient exécutés en tout te
qui nVft pas contraire à ces préf.ntes. » '
I aticvricr 1778 , Arrêt de la cour dts inonnoîes ,
lequel faifant droit fur le réquifitoire du mioinère-
puDlic, ordonne : «r^'^^ les réglemens , 6fnof3m-
metit ceux des deux juillet 161 a , 12' m - ^^
6t 16 m ri 1741, eaf;mble les llatuh de
nauiés d'orfévres, feront exécutés felan km form*;
ik teneur; qu*en confér.uence , tous les mTÎrtcs
ô^f^vre-i feront' tenus à rav:nir, dt* pafcr d- vint
notaires les brevets d'apprentiiVag -, dont il ref-
teri minufe ; que , lors de la patTiii n d'iceux , ils
feront également r-iMt ,hj ft f^^^rc repréfenrcrles
aéitfs bfeptiit aires
sMs^ont t^âgc prct
tuts y 'potir leftlns
annexée à 4ti' mir'
!jue; dan4 îes é
trom tenus de 1
le loiii i p^
^rèntîs, pôbr connaître
^nanc^s & lia-
res delmi^arùr
. ;' cômmj';iiifH
"' vfl3rrjï< , ï^s
u
enûn
rrificat
1 minurc ;
^.w^rc,' en fou
424
O R F
propre & privé nom, des «Jommsges & intérêts
de fapprenti , ^ de deux cents livres d*air.cnde ,
applicable moitié envers le roi, & Tait c moitié
aux pauvres de la communauté , Si à défaut de
pauvres, aux charges de ladite Ctjmmunautè. »
«5 avril 1778, autre déclaration du roi, laquelle
dUpofe :
Art. I, n Les communautés d*orfevres & autres
ouvriers employant des mat. è'«[:s d'or & d'argent,
ci-dwvanr éablit^s dans Les différentes vilks du rel-
ion de notre parlement de Paris, demeureront
lijpprimée.» »
Art. 2, H Les profeffions d orfèvres, hpîdaires ,
îoailliers Se horlogets» demeurerrint rèjnies, 6t
fie fi-rmtroai à i'avenir qu une feule communauté ,
dans les vtlles dont Tèt^t cft aitacliê fous le contre-
fcel de^ préfentes, y*
Art. 3,» Leidues communautés feront foumifcs
aux ^'iEcicrs de police des lieux , tant pour Tad-
iniiBon a la miitrif^ , que pour leur régime 6i police ,
ik ra.muiiiir^uon de leurs »ô*aires ; Sz elles feront
foumifeb à U cour des monnoies, & aux officiers
reiloni'Jans cette cour ^ pour tout ce qui peut avoir
rapport à l;i venre» a^li c , emploi & labrication
des matières d*or Se d'^irgent, »>
Art. 4, n Ll: roi veut en conféquence , que ceux
qui voudront à Vavcnir fe f^ire recevoir maîtres
dans ieldites communau^cs d\>rfévres, lapidaires ,
joailliers 6c horlogers ^ foient tenus de fe préfen-
terd*r.bf>rd auxoîFicters de police, pour être admis ,
s'il y a IteUf en juAitiint Je leurs bonne vie Se
ir-œ jrs , & qu'ils foient tenus enfui te de fe retirer
pardevanc la cour des monnoi^fs, ou pardevant
le* officiers qui reiTortifïent de cette cour , pour ,
après avoir f;iic certifier kur chct-â*ocuvre par les
ortévres nommes à ceteiïct, Ê^ fubi examen fur
le titre & TÂiliage^ èite reçus, s'il y a lieu , en
ladite qualité , en prêtant le ferment en tel cas
requis, faifant infculper leurs poinçons, &l don-
nant caution , le tout en la maniéte accoutu-
mée, f»
Art. j.» Ne pourront pareillement les fyndics
' 8t adjomis des communautés d'orfèvres, exercer
kiîrs fonctions qu après avoir prêté ferment en la
cour des Aïonnoies , ou pardcvant tes otEciers des
monnoiesj dans le reObrr defquels ils feront domi-
ciliés, bi y avoir fait infculper leur poinçon ; ^
pour affurcr le fervicc des efTais dans les lieux
où il y a matfon commune , le roi veut quil y ait
toujours dans lefdits lieux un des fyndics ou
adjoints choifi parmi les orfèvres , & que les
conteilarions qui pourroicnt naître lors de l'élec-
tion des fyndics St adjoints , & qui fcroient rela-
tives au icrvice des eiTais , foient portées en U
cour des monnoies , ou pardevant ks juges y ref>
ibf tiHans , comme par le patlc. i>
Art* 6. 1* Les mattrei defdi:es communautés, &
généralement tous les ouvriers qui emploient les
jnatiércs dor & d'argent, feront tenus de fc con-
former apic ordonnances 6c réglemens ^ pour tout
o R F
ce qui concerne Tachai, Icmploi , U vente
titre defdites ma itères ; <^ il> continueront d^èt
foumis à cet égard à la furil'di::ion piivanve de
cour des monnoies , ëi à celle des firges qui
rcilonitTent , ainfi que par le pa^fé, contortnémc
aux édits de 1551 8l de 1645 , Se autres régi
menv, nncarument à Tarrêt du ao janvier 1701
& à U dtcl.irdtion du premier février 1710.
Art, 7. w Sa Maj^d^ entend en outre que cei
qui fe pfèfenieroiit pour être reçus à la mairnk
danslcfdites communautés d'ortévres, lapidaires
joailliers 6t horlogers réunies , pul{rent y en
reçus fans avoir égard au nombre d*orfévreS d
devant Bié pour chacune defditcs villes , St fitl
qu'à ce qull en ait été autrement ordonné , à 1
charge toutefois par eux de juAificr quMs ont fitil
fait a ce qui eA prefciit par les régkinens , en Ci
qui concerne le genre de profeiTion qu'ils von
drom embrader. Se particulièrement en ce qç
concerne le temps de leur apprenttflage ; à l'efl^
de quoi^ les brevets d'apprentilfage feront emi
giflrcs dans les tro;smois de leur date, auxgrc^
de la cour des monnoies, ou des juges y reffo
ti^Tans , comme aiiHi sprèi avoir fait Ls €hcf-d*ac
vres relatif» à chacune dci'dites profcffions, ù
^ néanmoins que TuGge du poinçon puiiTeêtrea
cordé qu*à ceux des maîtres de(dites commuita
tés , kfquels après avoir f-tisfait aux formalifi
ci-delTus prefchtts ^ feront jugés capables de Ifl
vailler aux ouvrages d*orfêvrerie. »
Art, 8. V Les anciens fi^tut'; & règlement cicfd
tes communautés, cominneront d^étre exècuL
par provifion , Si ce , jufqu*à ce qu'il y ait £
autrement pourvu , fur les mémoires qui fera
remis par les fyndics , gardes & adjoints defdi^
communautés; Se cependant , défenfes de cumtcî
avec ladite qualité d'orfèvres, joailliers, lapida
res St horlogers , aucune autr j profcfljon. «•
Art. 9. » N'entend » Si Majefléau furplus , fi^
innover en ce qui concerne la jurifdiâton privadi
& cumulative de la cour des monnoies et des jug
y renbrtinTans ; voulant que (i£s ordonnances ot ri
glemens foient exécutés en tout ce qui n*eA pas M
jraire à ces préfenics, n
13 feptembrs 1780 , & iç janvier 1781, LetM
parentes portant même règlement poiirlesvS
de^ re (Torts du parlement d^ Normandie, dit coi
fetl fouverain de Rouffillon » & du parlemem i
Metz.
6 mai 1781 ; autres lettres pitctïces , Icfquelb
dîfpofent :
Article t« n Les communautés d*orfèvres, fOnj
liers , lapidaires Si horlogers établies dans \c% <H
ftremes villes du royaume , procéderont
forme prefcrite par la dèclaraiion du IJ^H
1778» à réleâion de leurs (yndlcs & adfo^^
kfquels feront fournis à la jurifdii^ion d:rs yugi
de ( olice, en tout ce qui concerne le rcginae io!^
rieur 9 radminiilration des affaires , U comptbilti
dc"~
O R F
deâîtcs communautés , & Texerclcc de leurs
crDtrs. it
Art, %, n Lefdites communautés procéderont éga-
lement à réleâion de leurs juras dans les formes
pTcfcrifcs, 6t aux époques fixées par leurs flaturs ,
d^ nr le roi a ordonné l'exécution provifoiie par fa
déclaration du i^ avril » 77e» n
Arr, 3, » Lefdits jurés-gardes ne pourront être
chol6s que dans le nombre des orfévrcs-fahricans y
Hs conetnneront à être feuls dépofitaires du poinçon
de CDnrre-marque , à faire les eifais des ouvrages
qtii feront apportés au bureau , à faire pareille-
mçmtes % îfites qui leur font prefcritcs par les régle-
mcns , à faire dreffer des procès-verbaux des con-
traventions , St à en pourfuivrc le jugement par-
devant la cour di% monnoies & les juges qui y
rtirortidcnt ; 6c cela feulcmcot pour tout ce qui
peut avoir rapport à. la vente, achat, emploi &
nbricayon îles matières d'or & d'argent ; en con-
féqucnce de quoi ils feront tenus de prêter ferment
en ladite cour ou pardevant lefclus juEes. »
Art. 4. « Dans le cas oîi le nombre des maîtres
doflt feront compofèes It^rditcs coinmunautés, ne
icroit pas futHfant pour fournir tout-à-la-fois des
Radies âc adjoints oc des jurés en charge diftin^
s uns des autres , il fera toujours procédé à deux
eâions ditférentes , conformément à ce qui eft
trcfcrit par les art, t & 2 cl dcJTus ; & ceux qui
ronc été choifts , ferotit tenus de prêter ferment
itrant les juges de police & devant les officiers
iOnnoies , relativement aux différentes fonc*
_ qu'ils auront à exercer. "
Art. 5, »t Le roi ordonne au furpïus, que fa décla-
ion du 25 avril 1778, enfcmble le règlement
tt 20 janvier 1703 , & la déclaration du premier
Vrtcr 1710, feront exécutés félon leur forme &
ncur* IV
a 5 fanvier 178 t. Déclaration du roi , laquelle
Upofe :
^ Art- t. n Les orfèvres qui ont des apprentis
~^" brevets réguliers» feront tenus de paffer
fivant notaires des brevets dont il reftera mi-
lle, n
Atî. î* 1» L'âge des apprentis fera juftiiîé par des
Ses baptiûatres en bonne forme* tt
An. 3.11 L^s brevets feront cnreglftrés aux ficges
its moanoies» 8c au bureau de la maifon com-
iiitne« n
An* 4^ )» Les certificats que les maîtres doa-
oni aux apprentis, feront aiift paffés devant
laires. n
10 janvier 17S1 : Arrêt de la cour-des-atdes » 1*
|uel ordonne Texécution des arr. 14 & 16 de la
idaratlou du t6 janvier 1749; en conféqueoce ,
lit le* marchands merciers* bijoutiers à tenir
^ c pour la vatlTelle ôc les ouvrages d'or &
argent , vieux ou réputés vieux qulls acliè-
t, I»
11 janvier 1782 : Arrêt d; la cour des monnoies ,
uel ordonne n que tes maîtres & marchands
AfU & Mcn:rs, Tomt K Poftïe. Il*
o R F 425
orfèvres feront tenus de marquer de leur poinçon
tous les ouvrages d'or & d'argent ^ 8c ce > tant au
corps & pièces principales , qu'aux pièces d ap-
pliques & garnirons qui en pourrorft recevoir
empreinte.
1 1 juillet 178} : Arrêt de la cour des monnoies ,
lequel n renouvelle les défenfes faites à tous mar*
chandsÔc ouvriers travaillans ou employant dans
leurs ouvrages les matières d*or& d'argent, de fc
retirer dans les lieux clos & privilégiés , ou pré-
tendus tels, à peine contre les comrcvenans d'être
pourfuïvis extraordinalremcnt , & punis fuîvant la
rigueur des ordonnances, n
lofeptembre 1783 : Arrêt de la cour des mon-
noies , lequel 1» ordonne rexécution des règle-
mens , Ôt fait en conféquence défenfes à tous
orfèvres, joailliers, lapidaires, merciers, bijou-
tiers, & autres ouvriers, de vendre aucuns bijoux ,
ou menus ouvrages , de telle nature qu'ils •puifif^nt
être , foit montés en pierres ou autrement, a moins
qu'ils n'aient été cflayés & marqués des poinçons
prefcrits par les réfflemens. n
15 décembre 17^3 : Lettres patentes, lefqticlles
dlfpofent r
Article i* " Les orfèvres qui voudront à l*aver îr
transférer leur domicile dans d'autres villes que
celles où ils aurolent été admis à la maitrife, feront
tenus de payer entre les mains du reccrcur des
revenus cafuels, la finance fixée par les édlts ,
pour raJmilTion à la maîtrife dans les commu-
nautés où ils défi feront d'être agrégèi* 1»
Art. 3. n II ne pourra être expédié aucuns arrêts
ni lettres-patentes en faveur defdits maures orfè-
vres, portant permllTion de transférer leur domi-
cile, qu'en juAifiant par eux du paiement des droits
ordonnes par rartlcle précédent, n
Art. 3. I» Ceux defdits orfèvres qui aurolent
dqà payé une finance pour leur admiilîon dans
les communautés dont ils voudroient fe féparer ,
en rapporteront la quittance au receveur des rcve»
nus catuels , & il leur en fera tenu compte , à valoir
fur celle qu'ils feront tenus de payer pour leur
adminion dans la communauté à laquelle ils dè{î-
rcront d'èrre ngrcgés , fans que, dans le cas nu
la nouvelle finance ferolt moins confidérable que
la première, ils puiffent exiger que Texcédent leur
en foit rendu, n
Art» 4. V Lorfqne la première finance payée fe
trouvera égale à celle qui feroit à payer , il ne fera
d 14 aucun fupplément ;mais cette compenfation ne
difpenfera pis les orfèvres de prendre une nouvelle
quittance de finance , dont Ils feront tenus de payer
les droirs « Âc qui fera mention de la remlfc qu'ils
auront f<iite de la première. 1»
Art. 5* n Les pourvus de lettres-patentes ou arrêts
portant permiiTion de transférer leur domicile , ne
pourront être admis dans les communautés aux-
quelles ils voudront être agrégés , qu'en payant
en totalité les droits fixés par les iUtuts & ifcle,
Hhh
4^6
O R F
mens defdîtes communaurcs , pour la riceptîon
^es maîtres. i$
ij août 1784." Dicîaraiion qui permet aux maî-
tres orfèvres & à tous ?rtiftes qui fondent , trAvail-
L-tit ou emploient les matières d'or ôl d'argent ,
d'établir leurs Yorgcs &c fourneaux ai!kurs que
dans leurs boutiques , k la charge de s'y faire auio-
rifer par la cour des monnoies ; fait difenf^s aux
fondeurs de fondre ces mêmes matières, fuit pour
leur compte particulier, fuit pour celui dtsarùfles
Gut n'ont pas droit de les employer, & prcfcrit Us
formalités auxquelles ils feront tenus de fe confor-
mer lorfqa ils feront chargés de fondre d^s matières
de cotte nature, n
ravcnir un poinçon de contremarquo^ particulier
& invar*îable, n
Par redit du il août 1776, les droits de ré-
ception des oifévrcs, batteur&-d'or , tireurs - d'or ,
font fixés à 800 liv.
Explication Juivie des planches de Varfévrerie ,
Tom. IV des gravures,
ORFÈVRE GROSSIER,
PLANCHE r.
Ouvrages^
Le haut de cette planche teprèfente un atelier
d'orfèvrerie, où pluficurs ouvriers font diverfe-
ment occupés ; Tun en d à copier le métal dans b
Hngotiére ; un en ^ à rétrcindre un vafe ^ un en t
à planer une aiïictte ou un plat ; un autre en ^ à
rétrcindre une burette , & les autres en r à forger
une plaque. Prés de-là, en/, cfl un fourneau à
fonte , en ^ une forge , en h une laimpeà fouder,
chalumeau » foufflet , panier à charbon ^ tenailles >
& autres uAen&ks néceffaires à Fufage du four-
neau,
Fig* I. Burette fans anfe. Â , b col B , la panfe.
a & 3. Burettes avec anfcs. A , le coU B , la
panfe, C, Tanfe.
4, Sonnette.
y Bâton de goup-illon.
é. Bénitier. A , le bénitier. B , le pied. C ,
Tanfc
7, Elévation ^ & 8. plan d'une cuvette de bu-
rettes. A A » la cuvette. BB , les burettes. C,
la fonnetie.
PLANCHE IL
fig, 1. Calice. A , le vafe, B , la tige. C, le
pied.
5, Chandelier d*accoHte. A, le porte-cierge. B ,
U tige. C i le pied.
O R F
3. Croix d'autel. A , la croîx. B, la tige, C^lc
pied.
4. Ciboire, A, le vafe, B, le couverdc* C,
la lige. D , le pied.
5* Encenfôir. A , le porte-chaîne. BB , lesdui-
ncs, C , le dclTus, D , le pied.
6. Navette. A , le couv crcle. B . le pied» C ,
Tanfe.
7, Vafe d'îiute^ A , le col B , la panfe. C, le
piei?. DD , les anfe*.
8. Autre vafe d*aute!. A ^ le corps du Taf;* B,
le *pied. ce , les anfcs,
9, Chandelier d'autel. A , le porte-cierge. B,li
ti^e. C » le pied,
fo. Bénitier de !it. A ,1a croix. B , gloire. C,le
bénitier. D , le couvercle.
n. Soleil. A A , contour de gloire mclè de bran-
ches de lauiier. B , la tige, C , le pied.
la. Coffre à mettre fur Tautel. A , la boue. B,
le couvercle.
î 3 . Sahére double. A A Jes falières. BB , les t^
verclcs.
PLANCHE IIL
Bdacs â tln%
Fig, î. Banc à tirer. A , le banc- BBB, Ici tré-
teaux, ce, 6^r. les citons. DD, lesarcbou-
tans.
a. Eoite à tirer. A , la bohc. BB , les étoquioii
à pattes, ce, la crémaillère.
3. Roue dentée. A A , les dents. B ^ le trou i^
Tarbre.
4. Pignon. A, les dents. B, farbre. CC, \^
tourillons,
5. & 6. Platine de la boite. A A , Ù€, ki troa»
des tourillons.
7, Cloifon de 1» boîte.
8. Support de la crémaillère.
ç. 10. tt. & la. Goujons à vis. AA » &r. l<s
goujons , B B , &c, les vis. C C » fi'w ki
écroux.
tj. 14. iç. 8c 16. Etoqmot^ è patfc§. A A^ ^
les éioquiots. B B , &c, les pattes.
tj, Atbre de la lanterne Ik de la roue dentée* ^
le corps, BB , les tourillons, CC » les cifti*'
18. AA « BBjLla lanterne.
19. ôd 10. PîateSux de la lanterne,
21. & ai, Fufeaux de la lanterne,
13. ManiVcMe. A , la clef. B , la t^ C, le rcc
leau,
24. Tenailles à tirer. A A « les raordi. BB, k»
branches. CC» les anneaux,
af . Banc à tirer au moulinet. A A , les modiftcn*
B , Tarbre. C , la fangle. DD , 6*^ ks pi-
tons. EE , leurs arcboutan*, F , la taWc, GC,
les pieds.
p
I
I
O R F ;
PLANCHE IV.
Mouliné' â tirtn
ïÇ I. & t. Pitons de Tarbrc du banc à tirer au
mouliner. AA^ les yeux. BB, les mortoifes
des arcbourans. CC, les mortoifes des clefs,
y, & 4. Arcboutans àt% pitons précédeni A A ,
&c^ les tenons.
5. & 6. Pitons de la boîte à rircr. A A , les mor-
toifes des arcboutans, B B , les monoifes des
clefs,
7, flt 8. Arcboutans des pitons précèdens» A A>
&c. les tenons.
9, & 10» Clefc des pitons de Tarbre.
11. 8c 12. Ctefs des pitons de Ea boîte.
xy Sangle, A , la fangîe. B , la boiacïç,
14. Arbre à tirer. A, le rouleau, BB, les tou-
rillons, ce, les carres,
1Î.& 16. Viroles.
17. Filières à trous ronds & ovales.
t8. Filière à trous carrèi & oiépbts.
19, Boite à tirer, A . la boîte. B B , les vis. CC ,
les bilics,
10, Clef à tourner les vis.
A\.^%%, BUles à moulure^,
ij. & %4. Vis. A A » les tètes. B B , les vis.
1^. & 16. Lingots tirés,
V. Autre boite à tirer la moulure. A A , les pîa-
teaujt, BB , 6^i\ les fupports. CC, les vis.
DD , les billes,
2I, Plateau fupèrftur. AA » &€. les trous des fup-
ports. B B , les trous des vis,
29, Plateau inférieur. AA , 6*c. les trous des fup-
ports,
30. jK 31. 8c )j. Supports, A A, fir. les fupports.
Bli, &c. les tenons.
34- 8c 35. Vis à tète à chapeau, A A, les tctes.
BB, les vis.
36. 8c 57. Billes à moulures.
î8. Contre-bille.
3^. Clef-à-vi5. A , la clef.
40. 8c 41. Lingots tirés, ^
PLANCHE V.
Outils.
%- I. 8c 1. Bigornes. A A , &u les bigornes, B
B , les pointes.
3- Etampe à fourchette montée. A , le deffus
acéré. B , le bilîoî.
4- Petite étampe à fourchette montée. A, le def-
fus acéré. B , le billot.
S' 8t 6. Erampcs ï cuiller. A, le de^Tus acéré.
B B , les pointes.
7- Taffeau droit, A , le delTus acéré, B , la tige.
C , la pointe,
o. Taffeau creux. A , le deflos acéré. B , la tige.
C, la pointe,
% T.ffcau iphèrique. A , 1& deffus acéré. B, la
tige. C , la pointe,
*^ Il & 12. Taffeaujc ronds. AA A , les deflus.
O R F
4^7
BBBt les tiges. CCC, les pointes,'
13. Etampes à cuiller avec fon poinçon. A , l'è-
tampe. B , le poinçon, C , la cuiller.
i4> ȕ> *<5, 17, 18, 19, 10, at, la, 43, 14,
25 , 2.6 8c 17, Elévations & plans des poin-
çons a étamper les cuillers & les fourchertes.
AA, les poinçors ou emporte-pièces. BB ,
les tètes.
a8, 19, 30 & 31. Maillets de différentes grof-
feurs. AAt &c. les maillets, BB , &c. les
manches.
PLANCHE VL
Fig, t. Marteau. A , la tête, B, la panne, C, le
manche,
2* Marteau à deux pannes, A A , les pannes. B ,
le manche.
3 , 4& ^. Marteaux à deux tètes. AA, &c. les
tètes. B B , &c, les manches,
6,7,8,9, 10, II, 12, 13 & 14. Différens
marteaux à emboutir. A A , &c, les tèces. BB ,
&c, les pannes* CC, &c. les manches.
ij & 16. Petits m-rEeaux a emboutir. A A, les
tètes. BB , les pannes. CC , les manches,
17 , 18 âc 19. Marchepieds.
2 j. Billot à emboutir, AA , le creux.
21. Dez à emboutir. A A A , les creux,
22 & 23 , 24 8c 25 , 26 8c 27 , 28 8t 29, 30 & 31,
32 8c 33, Phins 8c élévations de mandrins
pour les tabatières : le premier rond , le fc*
cond barlong , le troifième carré « le qua-
trième en hexagone régulier , le einqtiièmc en
hexagone irrégulier , oc le fixiéme ovale. A A ,
6*c, les mandrins. BB , &cAz% lenon*.
34. Première opération pour un plat ou aCTiette.
35. Seconde opération pour un plai ou aifiette, A ,
le fond* B, le bord intérieur,
36. Troîfème Sl dernière opération pour un plat
ou ailiette. A , le fond. B , le bord inténeur.
C , le bord extérieur.
37. Ballet de peau. A , la poignée*
PLANCHE VIL
Ft^, 1, Petit tour à maîn. A A, la couliiTe, B , la
poupée dormante. C, la poupée mouvante,
DD, les pointes* E, les vis des pointe*;, F,
Itf fupporr, G , la vis du fupport, H , là vis
de rappel.
1. Etau à couîiffe. A A , les mords. B , la char-
nière. C, les branches, D, la couliffc
3. Etau à main, A A , les mords. B B, les jumel-
les. C , la charnière* D , le refforr, E, la vis,
F, rêcrou.
4. Compas d'épaiffeur, A , la tète. B B , les
pointes,
5. Etau à vis, A A A , les mords. B B , les jumel-
les. C , la charnière, D , le reJWît, E , U vis,
F, Técrou.
Hhha
)mm
42S
O R F
i, Cifoircs. A A , les mords. B ^ la charnière.
ce, ks branches.
7. Pinces plates. 8. Pinces rondes. 9. Pinces ca-
mbres. AA A » les mords des pinces, fi BB ,
les charnières. CGC , &c, les branches.
lO & 11* Mandrins à chak^nons. AA , les man-
drins. B B , les mioches*
ia& ij. Filières, A A» &c. les trous,
14. Grandes brofles.
P L A N C H EV I IL
^'g* ï * ^ » 3 & 4» Rifloirs de toutes efpèces.
5. Quarrclettes,
6. Demi-rondes.
7. Tiers-point,
8. Queues-de-rat, AA^&c, les limes. BB» &c,
les manches. f
9. Petite quarrelette d'Angleterre,
îo. Petite demi-ronde d* Angleterre.
II. Petit tiers-point d'Angleierre.
1%, Pctiie queue de-rat d'Angleterre. A A, £v.les
limes. BB , &c. les manches.
» J » M» 'î 1 ^^ ^ '7- Echoppes & burins, AA,
&c. les taillans. BB, 6*c. les manches.
18, I9« ao« n , aa, a] , 24 & 25. Grattoirs de
différentes fortes. A A , &c, les manclies.
î6. Grande lime.
27 & a8. Mandrins à charnons. A A , les man-
drins. B B , les manches.
19 8c )0. Tourne-vis. AA, les tourne- vi<. BB,
les manches,
ji & 3 a. Couteaux. A A ^ les lames. BB , les
m;4iiches.
33. BrumPoir emmanché. A » le bruniffoir» B,le
manche.
34 & ^ ^. Autres brunlffblrs, A A , &c. les brunif-
foirs.
36, 37 & 38, Différcns poinçons. A A A , les poin-
çoas. B B B , les tôtes,
39. Mandrin méplat.
40. Mandtin rond.
4ï. Mardrin carr^,
41. Qfeau rond. A , le taillant. B , la tête*
43. Gfeau droit. A , le taillant. B , la tête,
44. Bruniffoir. A, la tîge. B , le manche.
4^. Petite fcfingue. A , le taftcau; B, la pointe.
46. Grande rcfijigue. A, le taHeau. B» la pointe.
P L A N C H E I X.
Fourneaux,
Fig. t Elévation d*un fourneau a fondre au creufer.
A , le fourneau. B , le couvercle. CC , les
couH^cs. D , le deûus. E» la bouche. F , la
cheminée.
1, Cotipc du même fourneau- A, le fourneau,
B, la grilk'. C , le cendrier. D, le porK-
venr. EE' \ts coulitTes du couvercle. F, le
defTus du fourneau. G ^ *a cheminée,
j.Tifonniers pointus. A, la poînre. B^lVinneau.
4. Tifonnicr crrchu. A , le croche . B , Vanneau.
O R F
5 & 6, Tenailles à crcufet. A A , 6^c. les morjs.
B B , les yeux. CGC, 6*^. les branches.
7» Tenailles crochues. A A , les mords* Bjrall.3
C C , les branches.
8. Tenailles droites. AA» les mords. B> Fonl.,
C C , les branches.
9. Pinces. A , la réte, B , les branches.
10. Couvercle de creufet d'Allemagne.
11, Creufet d* Allemagne.
12. Couvercle de creufet de Paris-
13, Creufet de Paris.
14* Coupelle.
iç. Cendrier.
16. Grille du fourneau. A A» les barreaus»
17. Porte-creufet rond,
18. Porte-creufet à pans creufés.
19. Lingotiére. A , le moule. B , le pone-creiifc
20. Autre lingotiére. A , le moule. BBi lespicr
C , la queue.
21. Couvercle du fourneau^ A , le bouton.
12, Porte de la bouche du fourneau. A , la «ai*»'
23, Porte de la bouche du grand creufeL A A 1 le*
lumières* '
24. Grand creufet. A » la bouche*
PLANCHE X.
Fig, I. Elévation d'un fourneau pour les grind»
fontes. A , Touverrure de la bouche du aeu*
fet. B . la bouche du creufet. CC » les lumiè*
res. D, laventoufe. E, la cheminée. F,!*
porte. GG , les lumières. H ^ le deffui dtt
fourneau. 1, la cheminée du foui ncau. K «
la bouche du fourneau.
2. Coupe du même fourneau, A ^ le creufet. BB,
le fourneau. C , la grille du fourneau, D %
le cendrier. E , le deiTus. F , la cheminée.
3. La chappe. A , la porte. B , l'ouvcmirc fto-
haut.
4. Couvercle de la chappe. A , le bouton.
^: Porte de la chappe. A, les lumières.
6. Moule, A A , les plateaux. BB, le chafllsXt
la frefte- D D , les ferres ou coins, E, Icfli*
bouchure.
7. Frciie du moule. A A, les branches. B J
manche^
8. Chalfis du moule.
9 & 10. Coins du moule.
II & ri. Plateaux du moule. AA , les
chures.
13. Lampe à fouiîer. A j la lampe. B , latïgt,C,
le portc-lampc.
14 & 1^. Lîngois.
16. Chalumeau, A, rembouchure.
i-', Couvre-lampe. A, renionnoiiC B» leruj*
18. SibiUe.
PLANCHE XL
Tour à vdlffitlU,
Tour à tourner la vaifT '
bli. A A , &<^ les t
k
raflîene ou plat. D > la grande roue de con-
duite. E , l'arbre. F , la poupée. G , la grande
poulie. HH , les rayons* i, Touvertuïe de
la pouUc dans TétabU. K , la première roue,
LL, les rayon*. M, la petite roue* NN,
les jumelles du chafTis de fupport. O , le cha-
peau, P, le fomniier. QQ » les contre-fiches.
RR » la féconde roue. S S , les rayons. T ,
la petite roue. U , la manivelle. V V , les
jumelles du fupport. XX, 6^c, les contre-
ftches. Y Y , les tbmmierf, ZZ , le* traverfes
des fommiers.
PLANCHE XI L
Développement du fupport.
Fig, i. Petite roue de conduire* A y la roue. B >
Tarbre*
%, Vis du fupport de ToutiK A , la vis. B , la
lète. C , la clef.
3. Outil. A t le taillant.
4. Première couîliïe du fiipporr, A , la tablette.
B , les couffinets de la petite roue de conduite.
C , le fupport de l'outil. D , le chaiïîs. E ,
Técrou de la vis. F , le plateau à queue.
5. Deuxième couUiTe du fupport* A , la tablette,
B B , les couUiTeaui à queue. C C , les pe-
tites vis de rappel. D D , les pitons des pe-
tites VIS de rappel, E E, k plateau à queue.
F , Téchancrure.
é.Troifiéme couliiïe du fuppon. A A , la tablette,
BB, les couliûTeaux à queue. CC , les peti-
tes vis de rappel. DD , les pitons des petites
vis de rappel. E , la grande vis de rappel,
FF , les pitons de la grande vis de rappel.
G , le plateau à queue.
7. Quatrième & dernière couliffe du fupport, A
A , le grand plateau , & rccbarcryre à 7,
BB « les coulifîeaux à queue. CC, les peti-
tes vis de rappel, E, b grande vis de rsppel.
FF, les pitons de îa grande vis de rappel. G,
la manivelle.
!• Support du tour monté. A , la première cou-
Me. B^ la petite roue de conduite. CC, les
fitons. D , le fupport de Toutil E , routil.
, la vis. G , le reiTort de la première cou-
lifle. H , la vis du refibrt. 1, le fupport de la
vis. K , la féconde couliffe. L , la troifiéme
couUiTe. M , la quatrième couHÏTe ou grand
plateau.
9* Platine de conduite. A A , les troii<î.
^o. Cercle de conduite. A A , les trous pour rat-
tacher.
'ï- Plat ou afljette prête a monter fur le tour. A A ,
les pointes pour l'arrêter.
^^' Boulon pour arrêter le cercle. A^ la tête. B,
U vis. C , Tècrou.
ORFÉVRE-BlJOUTIER.
PLANCHE V\
Le haut de cette planche repréfcnre une bouti-
que ou plufieurs ouvriers font occupés à diven
ouvrages de bijouterie. Les uns , en ^ & en ^ , à
mofiter des bijoux ; un autre en c , i forger Je
métal ; un autre en J ^ k U chauffer ou fouder k
la forge ; un autre en c , à fouder au chalume;)u
ou à la lampe , tandis que la maitreffc au comp-
toir péfe & vend les marchandifes de bijouterie :
le refle de râtelier eft fcmé de plufieurs outils
propres à ces fortes d*ouvrages.
Fig. I. Portion de couvercle de boîte de montre
vu par fa charnière à cliarnons triplés. A A ,
le cercle du couvercle. BB » la charnière.
C C , les charnonv
2. Portion du fond de la même boîte de montre
vu par fa charnière à charnons triplés. A A ,
le fond, B B , la charnière. C C , les char-
nons,
3. Portion de fond de boîte de montre ru par fa
charnière à charnons doublés- AA, le fond,
BB , îa charnière. CC, les charnons.
4. Portion de couvercle de boite de montre vu
par fa charnière à charnons doublés. A A , le
cercle du couvercle. B B , la charnière. C C ,
les charnons.
.5)6, 7 & 8. Charnière de boîte a charnons tri-
ples. AA, &c, la charnière. BB , &c, le»
charnons. CCC, les pattes.
9 & 10. Charnières de boîte à charnons qua-
druples. AA, &6. la charnière. BB, 6*f. les
charnons-
1 1 Bouton de montre. A , la tête, B , la tige-
12,. Anneau de montre.
13, Clef de montre. A , îa clef, B , b monture
de la cltrf. C » Tanncau à touret.
14. Charnière de chaîne de montre. AA , les an-
neaux des chaînes,
ly. Grand étrier de porte moufqueton.
16. Petit étricr de porre-motifqueton.
17. Porte-moufqueton à cliarnièrc. A, lavis. B,
récrou, C, la charnière.
P L A N C H E I I.
Fi^^ T. Pomme de canne-
z. Autre pomme de canne de badine.
3. Braffelet à chiffre.
4. Braffelet à portrait.
5. Boite de montre h médaillon dfelé, ou pein-
ture en émail , le fond guilloché eff recouvert x
d'émnil de la couleur que Ton vtiiu
6. Boite carrée , éont le fond eft uni du même
métal > ou en émail de la couleur qu'on le
)ugc à propos,
7. Botte ovale , dont le fond & le médaillon font
il
430
O R F
de même métal ou émaiUés par^deflus lor,
8. Elévation de cette même boite.
9. Autre boîte de chaiTc vue en deflUs.
10. L'éUratioa de cette mtmc boite,
PLANCHEIIL
Fig. I. Bonbonnière guîilochée & émaîlSée par-
deiTus le guillochage : Témail eft tranfoarenr.
2. Médaillon pour ètfc porté au col des dames ,
fufpendu par un anneau mobile comme ceux
des montres.
}, Etui à curedent, au bas duquel eflun cachet,
que Ton ne peut pas voir dans cette pofition.
Partie fupéricure de cet étui , pour faire voir
qu*il eft ovaL
4. Poires ou pandeîoques à anneaux , que les da-
mes attachent à leurs oreilles : on les nomme
des mirid,
f . Boucles de fotiUcrs.
6. Bague;.
7. Cacher.
8. Boîte ronde de femme , vue en plan.
9. Son élévation*
io* Ca Ablette.
O R F
PLANCHE IV,
Outils.
Fig. r* Elévation ; 6l f^urtx^ Coupe dehforgf.
A , la forge. B , 1 àtre. C , U cheminée.
3. Porîe-f>util en amphithéâtre*
4. Porteoutil fimple. A , le plateau. B, lat!|^
C, le pied.
5. Moulin à tirer avec les cylindres, les mon»
tans du chaflTis , îa tr^verfç du chaffis , Ucb»
peau d j chafTis , les vis , les couflinecs*
6. Dé à boutroles. A A , les creux.
7. Gâteau de maflic.
8. Pignon , avec les dents & le trou pour les
carrés des rouleaux.
9. Manivelle. A, la clef. B, le manche.
10. Pinces, A , la tête. B B , les branches.
11. Chapeau du chaiHs du moulin à tirer, AA,ks
trous des montans. BB, les trous des v^
II. Traverfe du chaiUs, A A , les tenons.
1}* Cylindre du moulin à tirer. A^ te rouleau. BB»
les tourillons. C«le carré du pignon. D, It
carré de la manivelle.
14, Pinces à Couder, A, U pelle au borax. BBi
les branches*
roc, ABULAIRE.
XjLbonncmeht des drmts de marque 6^ de
contrôle^
Le fermier ou régifleur général , peut faire tels
traités , baux & abonnemens que bon lui femble ,
pour raifon du droit de marque & de contrôle fur
les ouvrages d'or & dVrgent
Les ortévres abonnés pour ce qu'ils feront ou
vendront dans le courant d'un bail , doivent au
nouveau fermier ou règiffeur qui ne continue pas
Tabonnement, le droit des ouvrages qui fe trou-
vent chez eux fabriqués , mais non vendus lors du
nouveau baif.
Le fermier cd dtfpenfè de mettre fes poinçons
fur les ouvrages des orfèvres avec lefquels il efl
abonné.
Achat j les orfèvres doivent enregiftrer îeiîrs
achats & ventes , n'acheter que de perfonnes con-
nues , retenir de déclarer ce qui eA fufpeâ.
AdOUCIB , en terme d'orfèvrerie^ c'eft l'aâion
de rendre Tor plus facile à être mis en oeuvre , en
Tépurant des matières étrangères qui le rcndoient
?rgre & caHant, On adoucit Tor en le fondant à
diverfes rcprifes, jufqu'à ce que Ton voye quM
ne travaille plus , & qu*il ell tranquille dans te
creufet : c'eA la marque à laquelle on connott
qu'il eft doux.
Affinage ; c*e(l îa purification de Tor ou de
Targcnt , par la f^orificarion des métaux qui leur
étoieut aUiéj.
/FFiNEUits. Par lettres-patentes du îï ■art
1781 1 il a été commis aux ibnélions d^s afiusru
dont les droits font régis par des compagnies ba
nom du roi.
Les affineurs ne peuvent entreprendre fur l'itit
des orfèvres.
Ils ne peuvent faire les fontes j affinages 8c J^
parts ailleurs qu'aux hôtels des monnoies , ètlicui
à ce deAinés , en préfence des oâiciers des ood-
noîes.
Les lingots d^argent affinés doivent être ïmaM
deniers dix-huit grains de fin au moins; 6c (tw
d'or à vingt-trois karats vingtfix trente-deuxiétte»
Aides a gardes ; officiers du corps de IW:-
vrerie » établis pour affifler les gardes , & les ij'
derdans leurs fondions. Ils peuvent faire des iai*
fies , & doivent remettre les objets aax pDdeii
qui leur en donnent décharge-
Aigre ; (or) c'eft Tor écroui , qui a pm de li
roidciir, & qui eA fujet à fe gerfer dacs Coa
emploi.
Ajuster ; c'eft remplir les vides dVceoî^fc*
tabaiière ou autre , de morceaux de pien
de cailloux , de coquillages, &c, & pour aiii» ^-
la marqueter.
Alliance ; bague ou jonc que Faccordé domie
à fan accordée : elle cfl fait j d un fil d*or & d ao
wfil d'argent en lacs.
Aloi i fe dit du mélange d*un métal pftdf»
IV ec un autre , dans un certain rapport convena-
»]e ila defUnatton du mélange. Valci efl à IW-
U^^'t comme Vefptcc zu genre , ou comme alliage
ril k mélange. Mélange ù é\l de toutes matières
mifes enfemble ; aludge le dit feulement d'un me-
bn^e de mhaux ; & «i^^i ne fe dit que d*ufi alliage
ic métuux (àh dans un certain rapport dcfcrmtné
parTulage, de la matière ou du mélangée ordonné
par les réglemcns. Si le rapport dctsim- ne par Tu"-
ujc, on ordonné par les rcgiemens, fe irouve
ans le mélange, on dit du mélange quil cft de
fcwWw ; ftnon on du qu'il cil de mauvais jIqï :
hn dloi efl fynonyme à tkrc , quand il s'agit de ma-
cères d or ou d'argent.
Am ATIR ; m terme Xorfèvre , c'efl ôter Téclat &
le poliment à certaines parties qui doivent fervir
comme d*ombre en les rendant graincufes & mat*
1^, pour que celles auxquelles on laiffe le poli
^roiirent avec phts d'éclat lorfque ce font des
reliefs- Au comraire, lorfque ce font les fonds
^ui fout polb , certaines parties des reliefe font
•Piîtes, afin qu'elles fe détachent davantai^c des
JPémes fonds , comme dans les médailles. On dit
tr m^t & argent hlanchl , lorfque les pièces faites
le ces métaux n'ont point été polies après avoir
té dérochées»
AMENDES j partie des amendes 8l confifcatîons
[ronoocécs fur les procés-verbaux des gardes de
'orfèvrerie , appartient au corps des orfèvres,
-Angler ; en terme d*orfévre en tabatière : c'eft
rmcr cîtaâcmcnt les moulures dans les plus peiits
l»|;lei du contour, à Taid» du tnartcau & d'un
felct gravé en creux de la même manière que la
»OuJurc en relief» ou gravé en relief de la même
lanière que la moulure en creux,
-Arête ; en terme de planeur ^ c'efl une carne ou
^gl^i qui fépare dans tout le contour de la boite
' bouge d avec le marll.
Argent ; métal parfait qui eA d'un blanc
datant.
Argue* On donne ce nom à «ne machine pro-
re à tirer 6c à dégroffir les lingots d'or & d'argent
Ue les orfèvres tireurs d'or veulent employer dans
* ouvrages qui fe font avec l'or & l'argent trait
file.
On nomme argue royale ^ le bureau établi a Paris
Ogr la perception des droits de marque fur les
livragcs d*or & d'argenr.
Le fermier doit entretenir au bureau de Targue
hJtes les filères néceffaîres^
Aviver ; c'eft donner le vif» ou le dernier poli
il luftrc à un ouvrage » par le moyen du rouge
Angleterre détrempé avç^c de refprit^ de-vin, &
t la pierre- ponce détrempée dans de Teau-de-vic
m du viniîgrep
Bagues ; Tor Se Targent qui y entrent font
ijtrs aux droits de marque ëi de controîe.
Faim -^^ortn) c'eft de l'or en pleine fufion dans
• creufet*
Bai^i. Les orfiivrcs donnent le nom de haim k
un vieux linge attaché au bout d'en bâton qui leur
fertà nettoyer l'enclu me,
Balustre i eft une partie de la monture d'un
chandelier qu'on voit ordinairement au miiéeu de
cette monture. K!le cû plus groife en haut cpfeti
bas , & fe tvïrmme à fcs di^ux extrémités par un
nœud d'une grofTeur proportionnée à Textréinité
où il doit être.
Banc a cric ; fe dit 6* un banc à tirer ^ qui ne
diffère du ^j/îc ordinaire , qu'en ce qu'au Ueu de
fangle , il eft garni d'uni* cfpce de crcmailiière,
&: d'une boîic qui renferme un arbre , à chaque bout
duquel on voit hors de la boi e une manivelle. Cet
arbre fait tourner une roue de renco^itrc, quis'ea-.
graine elle-même dans la crémaillère, qui fe ter*
mine par un crochet qm retient la main.
Banc a tirer ; efl une pièce de bois fur laquelle
les orfèvres tirent les fils d'or ou d'argent qu'ils
emploient. Elle peut avoir cinq , fu, iept, huit»
& neuf pieds de long, douze à quinze pouces de
large , fur quatre d'épaiffcur. L'on perce fur un
bout de cette pièce deux trous qui fervent à mettre
les poupées qui tiennent Tarbre où efi attachée k
l'angle , & où l'on met Taile,
Les deu\ autres trous qui font vis-à-vis l'un de
rautre» fervent à msftre les poupées qui retien-
nent la filière > Ô£ îe.troifiéme eft pour recevoir
les gratures que la filière fait à l'or ou l'argent en
les tirant : elles tombent dans un tiroir qui eft an*
deflbus. il y a encore quatre autres trous ouirç
ceux-ci, pour les pieds qui fouiiennent le èana
ces pieds ont environ deux fur trois pouces dV-
quarrîffage , & deux pieds & demi » on mcaae trois
pieds & demi de long k deux pouces du bas : fous
ces pieds l'on met une planche avec un rebord de
qu:itre ou cinq pouces de haut, pour ferrer les
outils qui fervent au tirage*
Bancs ; les orfèvres & tireurs d'or ne peuvent
avoir chez eux aucun hanc propre k dègroflir les
lingots. Ils doivent les porter à Vargue.
IUnder j en terme de bijouiier ^ c'cft redreffer
une moulure , par exemple , en la bandant au banc
fans la tirer avec violence.
Barres ; défenfes à tous orfèvres & autres de
jeter aucunes matières d'or ou d'argent en larfes
ou lingots qu'elles n'aient été bien brafTées, en-
forte que la matière foii uniforme dans toutes les
parties des barres ou lingots.
Bas ; {or) c'eft de l'cr au titre de i o , j i , jufqu'à
19 karat.»?.
Bassinet ; eft une efpèce de baffin qui furmorite
la branche ou le corps d'une pièce , par exemple,
d'un chandelier. Le bajj^net eft compofé de carrés ,
de panaches , de collets , & d'un cubr.
Bâtardes ; (limes) font celles qui font d'un
df gré au-de(Tous des rudes , & dont on ne fait
ufage qu'après elles. Il y en a de toutes grandeurs
& de toutes formes»
Bâtardes ; {demi) 'ont des limes qui ne font
ni trop rudes, ni trop douces ^ mais qui tiennent
43
O R F
le ffiitieu entre les limes h^tardis & ks douces*
Il y en a de plufieurs grandeurs & de plufieurs
formes.
BAfoN j en terme de planeur^ eft un morceau
de bois de tremble ou de tilleul, fur lequel les
planeurs nettoyent leurs marteaux.
Bâton a dbesser ; c'eft un rouleau dont on
fe fert pour mettre de niveau une plaque de mdtal
mince, fie qm voile an gré de Tair.
Battu ; (ar) c'eil lor réduit en feuilles très-
minces.
Bec ; c*eft une petite avance , telle qu'on la voit
aux tabatières , ou de même mat'ère que la taba-
tière, & foudéefurle devant du deiTus', par laquelle
on ouvre hi boîte en y appuyant le doigt , ou de
matière différente & attachée au même endroit.
On donne le nom de hue à un grand nombre
d autres parties accenfoires dans les ouvrages des
arrifles.
BeL'Outil ; erpèce de petite enclume trèî-
ètroite, fort longue, un peu convexe 6c porta-
rire» à dcax cornes longues , Tune ronde & l'autre
can-ée : c eft de-li que plufieurs artsTcc*: Tappcllent
aufH lngorrt€ OU bigorneau. Elle fijrt au même ufage
que la bigorne , mais à des ouvrages concaves
5ui ont beaucoup de longueur, & clônt l*entréc
oit être droite. Les deux bigorne* ou cornes lon-
gues font fcparèes par un petit carré oblong. Il y
a des outUs d'orfcvrc qui portent le mèm^ nom de
hel-outil , & qui n ont quVne corne ; le relie , depuis
Forigine de la corne , ell un carré oblong &
étroit, ri*nne forme un peu convexe, & qui va
en s^aliNigeant & en confervant la même forme,
BiFFEMENT dcS pOÎnÇOUS.
Les poinçons des maîtres font biffés après leur
décès.
Ceux de la maifon commune font auHî bljfis
après le temps de leur fervice expiré;
Ceux du fermier ou régiffeur font biffes lorfqu'il
veut en avoir d'autres.
Bigorne a nceuds ; (^en terme d'orfèvrerie) foot
des bigornes fur lefqucUes on re lirai nt les noeuds 1
d'une pièce ; Tes deux bras fe terminent par un
bouton recourbé en haut , fur lequel s*appuie la
psrîie de la pi^c^ où Ton veut former le nœud.
Bigorne à pot-à-Veau ^ ëc autres vatiTeaux
de la même efpèce ; c'cft une bigorne dont une des
extrémités eft un piiu arrondie fur le delTtis feule-
ment, & forme un petit coude pours^inftnuer plus
aifement dans le v^ailTcau pendant qu'on en rétreint
le ventre. L autre extrémité eft recourbée environ
d*un pouce ; c^eft fur celle*ctqu*on place les bou-
ges qui font trop petites pour 'être planées au
marteau.
Bigorne à tourner ; c'cft une bigorne dont
l'extrémité , de la même groffeurque le milieu , eft
nrrondic à fa furface, fur laquelle on courbe les
dents des fourcbeircs , & autres ouvrages dont
la concavité doit être uniforme* Il y a une infinité
d*autres b'^gormi » jJont Us noms' varient félon
o R F
lesufages qu'on en fait \ mais ce font prefqucioitîèi
des Cônes de fer ou d'acier, dont la bafe & la
hauteur font entr'eux d n$ une proportion déîçr'
minée par la nature de l'ouvrage qu'on doii tra-
vailler fur elles.
BuouTiEa;artxAe marchand & fabrîcanï, qal
fait & vend des bijoux d'or & d'argent.
Bijoux \ bijouterie : on en tend par ces termes toci
lesouvragjs d'orfèvrerie qui ne (crvcnt qucdWnc*
ment à Thomme , comme tabatière , pomme decan*
ne, étui , flacon , tablettes » navette, panier à ou-
vrage , &c. cette partie n'étant qu'un talent de
mode & de goût , ne peut avoir aucune régie 6it ,
que le caprice de l'ouvrier ou du particulier qm
commande.
Billes â moulures ; ce font des morcca|ix <(c
fer plat, d'une ligne d'épatÏÏbur tout au plus ,
modelés dans le milieu, entre Icfqueb oatii^b
matière o il Ton veut faire des mouluret.
Billot d'orfèvre^ eft un morceau de tronc dV
bre de deux à trois pieds de haut , & qui port:
plus ou moins de diamètre , à proportion de l'ttt
clume ou du tas qu'on veut y placer, U lT
nairement d'orme ; 6t quand il fatigue be^.
on prend une fouche que 1 on met debout
fait un trou de îa profon Jcur que Ton vent y
Tenclume , que l'on afTujettit avec des coiuv
de peur qu'il ne fe fende ; Ton y met des cercles
de nerfs de bœuf frais , qui , en te féchant, le fer-
rent fortement : Ton cloue encore atuorr
lanières aftez lâches pour contenir les maj
des marteaux , Ik les Teiur à la portée de b
de l'ouvrier. ' ^ - -'
Blanc ; {or) c'eft un or iHiè eo grande ptrtlc
d'argent. , ^
Blanchiment. Les orfèvres appellent aïtrfiufl
baquet, ou il y a de Teau-forte aft'oiblie pif àc
Teau pour blanchir la vaiftelle ; ils donnent "^
le môme nom à Topération même.
Blanchir ;c'eft mettre un morceau d'orftrrc-
rie dans de l'eau féconde , pour le délivrer do
or Jures qui empêcheroient de le polir Si de rcc^
voir tout féc^at dont la matière ell fufceptible* On
blanchit encore en Allemagne avec de Palun bouilli
dans de Teau» ou même avec de la gravclk 8tdo
fet meCuré par ponlon égale ; mais ce bkncliiseiM
ne peut fervir en France , où fargeni eft ni»ïïrt4
un titre beaucoup plus haut quVn Allemagtir
Bleuâtre ; {or) c'eft de Tor coloré par un m-
lange d*arfenic ou d^limaille fTacier.
Bocal ; înftrument dont \ci bijoutier t Se plufitm
autres ouvriers fe fervent pour raffcmMer fur )at
ouvrage la lumière d'un tiambeiu pbcé demèrc*
Cet înftrument confifte en une greffe bouteille d^
verre blanc fort mince , montie (tif Cui pie ^
boîf.
On emplit cette bouteille d'eatt de HTiéft oa
de pluie, dans laquelle on fait dttlbudre qttdfKi
feU , ou bien on y mêle un peu d eau* forte pour
M
O R F
Echer de gàler rhiver , ce qui feroît rompre
Pour fe fervir de cette machine » on la pofe
ncée fur fou pied deilu^ Tétabli , la chandelle ou
mpc . plicce dcrr.fcre , enlorte que les rayons
[mineux qui iraverfent la Uqueur dont la bou-
îeiUe cft pleicc , viennent fc ralTcnibier fur rou-
lage que l'ouvrier voit * comme il le verroit en
[cin jour*
Boite à moulura , ou à hille , en termes iTor/é^
t , efl un tnflrument fait d'un chaHis de fer de
uatre pouces de long fur trois de haut en-dedans.
^ fer ed d*un pouce d'épaiiTeur fur dix huic lignes
ieUrgetiren dedans. Sur les côtés il y a une cou-
iffc pour ftffujetur les billes , avec une échancrure
Tun des deux côtés pour faire entrer les billes.
fi la partie de deffus , au ciiafiîs , il y a deux trous
luaudès, dans Icfqucls paffent deux vis quireffer-
r<nt les billes Tune contre l'autre par le moyen
d*ane clef.
BoitLS âfôudure\ font de petl« coffres dans lef-
queis on renferme ks paillons. Ils font chiffrés du
tinc de la foudure qu'ils contiennent.
Bomber; c'cft proprement emboutir ou creufcr
les fonds d*un bijou , tel qu^une tabatière , plus ou
cioic;* Pour cet effet , l*oa a une plaque de fer d#
b lormc que Ton veut donner à fon fond : dans
c^etie plaque on met un mandrin de plomb , le fond
ife^us» à. le frappe-plaque fur lor, puis on frappe
^tïr ce frappe-plaque avec unemaiTe, jufqu'à ce que
fond foit bomkh'
B0Nï#ET;fe ditde la partie fupèricure d'un encen-
^îr , commençant au bouton , & finiffant aux con-
[oîc^où pafféntles chaînes; il forme un dùtne un
»^u ècrafè.
Borax ; matière falîne dont on fait beaucoup
d[*ttiage pour la fou dure, pour U fufion &la vitri*
^cation des mét.iux & des fables.
âossF. La vdiilcllc fe diitribue en fUN & en
^ai^clte en bvjfc, La r!atc comprend les aifiettes » les
plits, lescuii'çrs, OC tout ce quina pas une con-
cavité confidèrablc. Celle en hojfe comprend tous
U% grandi vâitTeaux qui ont un ventre 6l un col,
^cmme féaux, flacons, aiguières, baflins pro-
briiis , &c.
ËOVGC, tn urme d'orfévu ^ cft un cifclet» ainfi
pomniè t, parce qu'on s'en fert pour travniUer fur les
câte» panies d'un morceau ou le marteau à bouge
le peut entrer. Elle efl , comme lui, garnie d*une
icnic tianchc langue Si atrondie.
EoUGC, fc dit aufTi de U partie du chandelier qui
pommcnce à la f oign6e,& qui dcfccnd fur le pied en
^'évafant*
BOVGI , tn terme de planeur ^ eft proprement la
linie concave d*ure aHietcc , d'un plat, &c. qui
fepare le fond de Tarrète.
Boule, en terne d^orfhre tn grûjferie ^ cft un
orceau de fer» dont une exirtlmuè entre dans un
Uot d*€nclum^, (k Tautre fe termine en une
nii ou tète ronde , & quelquefois plate, félon Tou»
Arts tf Mettes > Tome K FdnU IL
o R F
4)3'
vrage qu'on y veut planer.
boULOm; c'eftun vafe de eu ivre rouge obi ong
avec une queue , dans lequel on déroche les pîtccs,
BouTEROLLE ^r /*jr/i'vr^, cA uH inArument de
fer qui fe termine par une tête convexe de la forme
d'une cuiller ou d'un autre ouvrage : c'eft en frap-
fant cette bouterolU fur la cuiller , dîfpofèe fur une
maffe de plomb, qu'on forme la capacité ou le cuU-
Icron.
Boutiques : tous ouvriers en or & en argent
doivent travailler en boutique fur rue. Règlement
qui s'obferve difficilement à Paris.
Les orfèvres qui ne tiennent pas boutique ou-
verte , ne peuvent fe fervir de leurs poinçons.
Les orf&vres doivent avoir dans leurs bouriquei
un tableau du prix des matières. Statues du tj
janvier 1696, & mars 1700.
BoUTUa£ , terme ^orfivre^ eau préparée , ou Ict^
five faite avec du fel de tartre pour blanchir Fargenr.
La coutume qu'on a prife de blanchir Targent au
feu , a mis cette eau prcfque hors d'ufage.
BRETElâ (or) ; celui dont le fond a été haché
de petites breielures.
Brosse *i borax , en terme d'orfhre\ celle qui fert
à ôterle borax qui eft reftè fur une pièce qu*on a
fondée,
BRUKtssoiR des orfèvres , eft un înflrumefit
d'acier très poli, ou une pierre fanguine, ou même
une pierre plus fine,montec fur un manche. C*cft en
lappuyant également fur tous les endroits du champ
d'une pièce , qu'on lui donne ce beau poli , cet
éclat que les yeux ont quelquefois peine à foutenir.
Brunt {or)^ celui qui eft poli avec la dent de
loup ou avec le brunijfoir^
Brunissoir^ inftrumcDt de fer poli pour liffer
Tor.
Bureau de la maîfon commune.
Un commis du fermier y cit établi à Teffer de
marquer des poinçons requis , les ouvrages qui y
font apporté» par les orfèvres.
Burin ; outil d'acier pour graver furies métaux*
Cachets du fermier.
Ils liertuent lieu f^e poinçons à l'égard des ou-
vrages trop petits qiii ne peuvent fupporter Tem-
prcmtc du poinçonde décharge.
Cage ; ( boites en ca^e^ on nomme ainfi les ou-
vrages de bijouterie qui fervent à encadrer les cail-
loux, les ugîites orientales , les pierres prècicu-
fes-
Carat, degré de bonté de Tor; c'tfl propre-
ment renoncé du poids ^ui exprime le tttre de la
perfwûion de Tor.
Chalumeau, chei Us orfhrcs\ c*eft un tuyau
de cuivre afîèz long , plus gros à fon embouchure
qu*à Tautre bout , qui cft recourbé , & va en dimi-
iïuant toujours jjlquà fon exitémitè : on en met
rouvenuîc la plus grande dans fa bouche \ la plus
petite correfpond à Ta flamme delà lampe; 6i Pair
qui s'en échip^c , dirij^e cette flamme en cône fur
la pièce qu*on \ eut fouder.
il
434
Cassette des pointons.
Les pointions de maifon commune font mis dans
wnc caflette dont les gardes ont la clef.
Ccite cafTette eft mifedans un plus grand coffre,
Îjui renferme auifi les poinçons du fernaier , & dont
on commis à la clef.
CÉMENS ; on nomme ainfi certains mélanges co-
lorés pour rchauflfer l'éclat de IW.
Chambre ; tout irarail d'orfèvrerie cft défendu
en chambre.
Les locataires des cHamhref gsrnles qui tiennent
bail des orfèvres , font fujets aux vifites des com*
mis du fermier , & les ouvrages qu'ils ont chez
eux foHi cenfés appartenir aux orfèvres » & fujets
aux droits , h moins d'affirmation du contraire^
Champ, en terme itorfivre', cVft proprement le
fond d*une pièce, où font difpofés ,enfymétric, les
ornemens dont on renrichit» mais qui lui-même
R en reçoit point d'autre que le poli*
Champ-lever; c'efl furbaifler avec une chape
le champ d*une pièce, & le réduire à h hauteur
prècife où il doit refter , foit pour y iticrufter quel-
ques pierreries , foit pour y placer des émaux ; dans
ce dernier cas , les fonds qu'on a cfump-levé , doi-
vent être flinquès^ c'efl-à-dire, piqués avec un burin,
tel que la râpe de Menuîfier,
Change; Changeurs. Il eft défendu aux or-
fèvres de faire le change , & aux changeurs de
faire le commerce d'orfévrctie.
Charnière ; c'eft la portion d*un bijou en forme
Je boîte , par laquelle le deflbus & le deflus font
alTcmblcs, de manière que le deffus peut s'ouvrir
& fe fermer fans fe fèparer du denous. Elle eft
compofée de plufieurs charnons placés à des dif<
tances égales , & s'inférant les uns entre les autres ,
ceux de la partie de la charnière qm tient au de^ous ,
dans les vides de la partie de la charnière du dif-
fus , & ceux de la partie de la charnière qui tient
au deffus , dans les vides de la partie de la char-
nière qui tient au deflTous *, & ils font contenus dans
cet état par unî verge de fer , d'acier, ou même
d'argent, un p:u aifèe dans ces trous, mais bien ri-
vée a chaque extrémité,
Charnon ; c*eftiine efpèce d^anneaufoudé ou
au d#rtuî, ou lu deCoas d'un bijou en forme de
boite, C*cft Tenfembiedes charnons qui fcrtpe la
charnière : ils font au-delTus en même nombre
qu*au deflbufi , du moins pour rordinaire. Ils font
foudés de manière qu'il s'en puifle inférer un du
deflos enrre deux da deflbus , & remplir rinterfticc
fv ex;4ft.mcnt, que les Trois pièces n'en paroillenî
hiTC qu'une. Le grand art du bijoutier , après ce
qui dépend du goût , confifte à bien faire une char-
tiiére, & par confèqueni à bien ajufter les charnons*
Chasse, m urr^ie Xorftvre^ c'ell la partie de la
boucle ou clt le Vouion.
Chaux (<?f en ) ; c*cfl de Tor réduit en poudre
jiar qus.JquC' diffoîutions.
Ch£F*d <IUVR£ ; tes aiptrans à la mattrife fe-
roflt chefd^œuvre , dont les gardes font feiill i
très compétens.
Cheminées ^ on appelle ainfi les petits vi*
occafionnés par Falr dans la fufion des métaux.
Cires ; on donne ce nom à certains mélang
colorés, propres k rehauiTer la couleur de Tor,
Ciseau d'orfévrt\ outil de fer pour fculptev
Claie, en terme d'orfèvre^ ce font de petites cham-
bretccs féparées Tune de l'autre, prcfquc conunc
les alvéoles des ruches d'abeilles. On en met dini
tous les lieux où les orfèvres travaillent, pour rca
voir les paillettes d*or ou d'argent qui fe détacha
en forgeant , des limailles & autres Jéchets. £lld
font compofées de tringles de bois qui fc croiftd
carrément. Chaque partie ed entaillée à mx-t^id-
feur , & reçoit Tautre , ce qui rend toutes les tna^
gles de niveau , & forme de petits carrés , do
le vifle peut avoir à-peu-près dix huit lignes i
chaque pan» La tringle a environ un pouce d'éqii
rilTage , & eÛ éblfelée fous chaque pan des Tidâ
pour l^ÉilTer moins de furface.
L'ufage AQ%claics étantde recevoir les piirtîesfd
ou d'argent qui tombent , moins leurs bords onttT
furfacc en bois , moins les pieds emportent dWu-
res & font de déchet.
Clé , en terme d" orfèvre , eft un morceau de h6\%
plat , carré , large par un bout , & qui va en rècré-
cilTant jufqu'à l'autre bout r il arrête les poupées fur
le banc , en paflTant dans leur tenon*
Clerc de l'orfèvrerie ; il tient rcgifticia
ouvrages d*or ou d'argent perdus ou volés , qui
lui font recommandés , &. fait toutes tliligeocci
pour les trouver*
Cloche, en terme ^orftvre \ eft un ornement de
monture de chandelier, qui fe place le plusfouvcnt
fous le vafe. Il prend ce nom de fa figure ^ qui rc^
femble^ien aune cloche^
CoiftÉGES j il cft détendu d'y travailler dwfô-
vrerie.
Collet; c'eftune petite panie ronde fie cona-
ve, qui eft au-deffus & au^defTbu'i du nccaddunfi
éguière, ou telle autre pièce d'orfévrctie.
Collet; c'eft encore un cercle creui en i
de coilet ^ qui orne un chandcUerou telle autre ptâ
foit dans fon baftîaet , foit dans fa mcMittire & C
fon pied.
Colporteur ; il cft défendu \ tout
de vendre , acheter , troquer ou débîtrr \
vrages d or 8t d'argent , fans y v
des pcrmilTions particulières ^ c: ^
cour des monnoic«-
Commerce ; défenfes i tous autres qu^aiif |
févrcs de taire commerce d'ouvrages d'o
du poinçrn de Prr<*
Commissaire au thhelct de P^iis,
Les garies de rorfévrefie , dans letifl '
cher leurs co ntVé tes , peuvent fe fiiirc iC
gner d^un îommfffjife 6c d'un huîlBer.
I
I
I
O R F
CoM7AS y ôQtU pour prendre des mefures de
Jon^t'curou d*èpaiueur*
Confiscation ; la confifcatioii cft la pcîoc or-
dinaire des contraventions.
La confifcation prononcée à la diligence des gar-
des-orfèvres , appartient en partie à la maifon corn-
mane; cUc cft appliquée foit à rentretien de b
chapelle , foit au roiiUgement des pauvres*
Contre - marque , €n inmc d'orfé^^nrU , eft la
narque ou le poinçon de la communauté, a)Oi]té à
U marque de Torfévre, pour marquer que le métal
eft de bon aloî*
Contremarque ; c*eft aufli le nom donné au
poinçon du fermier, & à la marque qu il imprime fur
les pièces d^orfévrerie,
COQUfMAR, vaiflTeau de cuivre ou d'argent, à
large ventre, étranglé ou rétréci au ddTus de ce
ventre » & un peu évafé à l'ouverture , ferme d*tin
couvercle à charnière , auquel on a pratiqué un bec
qui dirige l'eau quand on la verfe ; cVfl un uAenfile
dofoeiliqtie & k Tufage des barbiers, llfertà faire
chauâfer deTeau pour dlfféren* bt:foins.
Coquille (ar tn)\ c'eft une poudre d*or dé-
trempée avec de la gomme , dont on fait ufage pour
les de {fins.
Cornet, opération pourTefraide Tor^la der-
nière forme que Ton donne à la plaque préparée
pour faire Teflai. Quand on Ta rendue aufll mince
cu^ii convient, on la tourne fur un arbre de fer en
forme de cornet ; c'eil fous cette forme qu'on la met
é^m Tacidc nitreux. Ccft tin terme tellenient confa-
cré à cette opération , que quand on en parle on dît :
I^ cornet ejl btau^hUnfam^ ou d efl détérioré.
Coulant, outil d'orfèvrerie y c'eft un anneau de
ffer^ qui fert à faire joindre les mâchoires d'une te-
naille en en rcfferrant les brandies, qui, dès que
l'anneau eft lâché,Oécartent d'elles-mêmes au moyen
^*un reftbrt fixé fur Tune des deux. La tenaille de
^ette efpèce s'appelle tenaïUe à coulant, du nom
<îc fon anneau. Elle fert aux orfèvres & aux horlo-
gers , fur^tout quand il s'agit de faire entrer les gou-
F^Ules dans les charnières.
Coulé ( orfèvrerie ) ; il fe dit de la fufion deç fou-
^^»re$, auxquelles il faut donner un degré de cha-
^^ur convenable pour que la fufion en foit nette. Il
^^ dit aufti de tout ouvrage }eté en moule.
Couleur , en terme de Bijoutier, eft un mélange
4e difierens acides qui , appliqués fur l'or & mis au
^^u avec lui, détruifent Teitt des vapeurs noires
ne Talliage y excite lors de la cyiiTon , & lui rerti-
jçnt \z couleur ]^une ou mate qui lui eft naturelle.
^I^'cft une opération indifpenfable dans les ouvra-
^gcs gravés ou cifcléSj pour donner aux ornemens
^^ ftgures ce beau mat qui les détache du fond de
l*ouvragc, quand ce fond eft poli, ou qui détache
^^ fond des ornemens^ quand celui-ci eft pointillé,
^c que les reliefs font polis. Il y a deux fortes de
^^èlanges d'acides , connus fous te nom commun de
^^uîeur^ Le premier» qu'on appcltc ùrepoilj eftcom-
^H>fé de fol mmsi ou commun» de falfètre & d'alun.
o R F
435
l
I^ fécond , de fel commun, de verd-de-grls & de
vinaigre, & ne s'emploie que fur les ouvrages qui*
ne pourroient foutenir un grand degré de chaleur »
fans être rifqués : on nomtnc celui ci v^rdet.
Pour faire l'opération du tirepoU^ on faupdudre
la pièce du mélange de ce nom ; après lavoir bien
fait dégraifler , on la pofe fur un feu vif, oo
l'y laifle jufqu'à ce que le mélange entièrement
fondu , fe foit réduit en croûte; alors on la retire ,
on la iaifte refroidir , & Ton détache la^crôute
avec une broffe & de l'eau bien chaude,
Uopération du verdct diffère peu de celle du tire-
»oil; on enduit la pièce de ce mélange délayé dans
e vinaigre; on l'expofe à un feu doux, jufqu'à ce
que le mélange foit féciié : alors on lave la pièce
avec de l'urine» Cette couleur eu aftez belle, mais
elle Re dure pas. On remploie principalement dans
les ouvrages émaiiléf , ou la force des acides di
tirepoil, & la violence du feu qu'il exige, pour-
roient faire éclater l*émail. Quand on eft forcé de
mettre des pièces émail lées au tirepoil , on les étoufte
avec précipitation au fortirdu feu : cette opération
eft périlicufe, & s'achève rarement iians que l'émail
ait fouffert.
Couleur (^orde); or coloré par Talliage d'au-
tres métaux.
Coulisse, terme ^ûrfévreru; place difpofée à
recevoir les chaînons qui compofcnt la charnière:
elle fe forme fur deux morceaux de carré préparc
à cet effet, qisc l'on nomme porte-clumières , inhé-
rens l'un au-dtfliis, Tautre au-deffous de la pièce ,
Umés exaâement plats, & rcpofant bien l'un fur
l'autre. Le mérite d'une coultjfe eft d cire exafrc-
ment partagée, de n'être pas plus creufée dans un
porte- charnière que dans 1 autre , d'être formée bien
ronde, & d'être bien droite dans ton: es fes parties.
Quoique la C(îtf//j7<f ait lieu dans tous les ouvrages
d'orfèvrerie , le bijoutier efl cependant celui qui la
traite le mieux.
Coupellation ; c*eft la purification de Targeat
qui fe fait dans un vaiffeau en forme de coupe.
Coupelle ; c'efl un vaiffeau en forme de coupe»
dans lequel on fait la purification de l'argent.
Couper ; c'efl exécuter avec le burin ,réchoppc ,
&c. en creux ou en relief, les différens ornemens
des ouvrages , qu'on dit être bien ou mal coufés ,
félon que Touvrier eft habite ou mal adroit.
Couteau a scier , <n terme d'orfèvre, efl une
lame fort femblable à celle d'un couteau, à l'ex-
ception de fes petites dents, qui la rendent pro-
pre à fcier, Elîe cft montée fur un manche de
bois, comme un couteau crdi;iaire* On fe fert de
cette ef|.éce de fcie pour \cs morceaux qui ont plus
de longueur que de groffcur , ccmme fil à moulure,
&c. ce qui emporte moins de temps 5i fait moins
de déchet.
Cramfon^ fe dit d'un morceau de fil de-fer plié
& élargi vers fes extrémités, dont on fe fert}jour
retenir enfcmble deux pièces qu'on veut foudcr:
pour empêcher que ce crampon ne gâte la moulure »
lit 3
45<
OR F
^n Tappuîe ftîr \m autre morceau de fer de la forme
^e la moulure.
Crémaillère » fc dit proprement d'un morceau
de fer dentelé dont le cric eft garni» au bout du-
quel h main s'accroche , & qui eiî tiré lui-même par
la machine que nous avons décrite en parlant du
cric ou banc à cric, f^oyei BaNC.
Creuset ; vafe de t*rr« en forme pyramidale ,
ou de cône renverfé, qui fert aux orfèvres &
autres artiftes,pour la fullon des métauT.
Croisée 5 ce font les trois branches d*une croix
afiemblée, aux extrémités delqujlles ont met des
âeurons » fleurs-de lys ou autres ôrnemens » pour
les terminer arec grâce.
Croisillon v c'cftrextrémîté recourbée d'une
croffe ^ & b fin des tours qu*elle fait en dedans. Le
croj/îllan efl termiaé ordinairement par une feuille
lie refente ou auire orticmeuc qui lui donne de
la grâce.
CuiLLEROK ^c^eft la partie concave de la cuil-
ler.
Cuivrer l'or ; cVft appliquer à fa furface une
légère couche de cuivre , nu moyen de faujfes
dzns Icfquellcs on trempe Tor.
Culot \ c'eft ta partie inférieure du balTmet
d*unch^nd J jr : c*efl proprement le fond.
DECHARGE i {orpv!) eft un poinçon qui s'appîi-
cue fur les ouvrages aorfévrerie , lorfqu'ils font'
finis , qui marque qu'ils ont payé les droits impo-
fés par le roi fur lefdits ouvrages, ôi leur en î'ert
de quittance. Lorfque Touvrage eft encore brut ,
Torfévrefait fa foumifllon au fermier , de la quan-
tité de pièces qu'il a à faire ; le fermier y fait
appofer un poinçon , qu'on appelle le poinçon de
charge y en ce qu*il charge Torfèvre envers le
fermier , St le rend comptable envers lui de toutes
les pièces empreintes de ce poinçon , )ufqu*à ce
qu^aprës avoir acquitté les droits , on y aitappofé
celui de dhhar^t,
DÉCHET ; {prfèv,^ fe dit proprement des pertes
îndifpenfdbles que fait Torfévre en élaborant les
matières d*or & d*argent , caufées par la fonte > la
menue limaille, le poliment, 6c toutes les opéra-
tions fucceiTîves parlefquelles il cft obligé de les
faire pafler pour tes tirer de leur premier état &
les conduire leur à peri'e&ion.Dc quelque attenïion
& propreté que l'ouvrier foit capable , il ne lui eft
jamais poflîMe d'éviter cette perte ; %l c'efl une
des caufes qui enchérit les façons des ouvrages ,
& fur-tout des ouvrages d*or ; les plus petits
objets fur cette matière étant toujours de grande
valeur,
DtcLARATiON \ îorfquc les ouvrages que les or-
fèvres & autres veulent travailler , font trop foi-
bles pour fupporter le pt irçon de charge , iis dot-
vetit, avant de les travailler , en aller bire JA'/i/r*î-
mn au bureau du fermier, &l foumi»Tiou de les re-
préfenier lorfqulls feront parfait?.
Ii)ÉCRAsscR ; {orfévrcrii) cc tcrmc a 4e«x accep-
tions : il fignlfie» i^. T^élion d' épurer les uatières
G R F
lorfquVlles font en fufion , & d'enlever de deffui
le bain toutes les matières terreufcs qui pourraient
faire corps , & rendre les lingots poreux. Du favon
jeté dans IVgjnt immédiatement avant que de
ievcrfcr danslalingotîére, achève de le nettoyer,
8t il rend même le lingot brillant.
Pour Tor, radouctifement au borax eft le plus
fur moyen de rendre le Hngot fain*
Ilfignifie, a*. Taâion de bien nettoyer , dii^rsj/tr
les ouvrages deAinés à erre foudes aux endroits
que doit couvrir la foudure, ^ où la craife pour-
roit empêcher la fufion, ou du moins la rendre
imparfaite ; &rattention à ne pas ménager les lotions
fur les bijoux d'or qu*on eA obligé de mettre en
couleur , à caufe du mat » dans ce cas les filetés
occafionncnt d^^s taches, & obligent fou vent de
recommencer Topération,
Dégrossir ; c'eft donner aux mèrauv leur '
premier travail en mettant au marteau les pièces
d'épaiHfeur , en corroyant & èpaillant à la lime oti
à Téchoppe les lingots , Si les purgeant des impu-
retés provenues 'de la fonte.
Denier ; partie ou degré de la bonté de Targefit
pur, qui eft divifé en douze dcnicrs-
DÉFART ; c'eft le procéié par lequel on rèpire
Tor 6i Targent j en expofant leurs alliages 11 riâîon
des acides , qui ne diàblveni que Tun oit Tauue de
ces métaux.
Départ sec ^ c'eft la diifolution de Targeitt
par le foufre.
Dérocher ;{orfév,) c*eft faire manger le borai
vitritié !e long des parties foudées , en les mettant
pour quelque temps dans le blanchiment .
Dessouder , c*efl détruire la foudure : opé»
ration qui fe fait en garni ffant d*unc terre délayée 1
à laquelle on aura joint un peu de fel , pour lui
donner plus de confiftance , tous les endroits
foudés, à l*exception de celui qu'on Ycut dcf-
fouder.
Domicile ; les orfèvres qui ont leur domldlt
dans un lieu oii il n*y a pas Jurande » font obligis
de fe faire infcrire dans la Jurande & maifon com-
mune la plus prochaine , & d'y déclarer Icnr àt^
micile.
Doublure ; défaut qui provient de la fonte
& du mal forgé des métaux : de la fonte, parce
que lorfque l'on coule lor & Targent , il irrîve
louvent qu'ils bouillonnent , ôt produifent des con-
cavités que le marteau aplatit, À dont on ue i'aper^
çoit fou vent qu'au fini de l'ouvrage , d'autant iju'a-
lors une des deux épaiffeurs fc troLvam uftc par
le travail , dont elle aura plus foufTer t que raiure ^
fe détache, ôt découvre des falctés rcu£erniée^
entre-deux. '
Du mal forgé, parce qu'an ouvrier imit-idrort ,
replie fou vent avec fon marteaM une partie de la
matière far elle-même, 6t continue de la forj;cr
jufqu'à ce que fes pièces foient d'épaiûcitr » iam f
fa^re attention.
Il eft aifé de remarquer celles qjuî viennent et
Ô RF
h fonte ou de la tnal-adreiTç de l'ouvrier ; les pre-
laîércs renferment toujours des f^letès , comme des
fels ou des terres ; & les fécondes préfencent un
champ lifle.
DouBtURE , fe dit auiïî de Tor ou de Fargent
qui rcvci inténeurement ics ubadères d'ècaille ,
de vernis ou autres, donc le defTys n'eA pas du
même métal. Li dnuhlurt diiîére de la gorge , en ce
que celle-ci ne revêt que les fenncturts des taba-
tières, 6t que la doublure les revêt entièrement ;
enforte que ce n'eil proprement qu'une batte &
i^ fonds ajoutés à une gorge.
Douille ou Virole ; c'eft un cylindre d*ar-
jent ou d'or , creux , dans lequel on paffe le man-
che de la croix : il s'emboîte luî-mèmc dans le
vife i ceft aulli le cylindre dun bouchon de
lacoQ. On donne ce nom aux gorges des étuis ,
& en général à tout canal , anueau ^ tuyau de
Dhesher \ c'eA rendre à la tîme ou à réchoppe
des pièces de bijouterie , affembléesoa non-aflTcm-
liées, cxaAement droites Ôc places fur toutes leurs
ficci.
Dresser ; c>ft unir auiTi au marteau de bois &
achever de bien profiler , eo aplaniÛant les pié-
ut à bouges & à contour.
Ductilité ; c'eft la facilité que le métal a de
ictendre. Li duailitédcror forpaffc celle de tous
les autres métaux.
Eau régale ; c'eft le mélange des acides nitrcux
& marin, nommé tau regaU^ parce qu^il di0out
ÏOT, qui eft le rold^s métaux.
Ebaucher, en terme de planeur ^ défigne pro
^rcment l'adion d*éteindre les coups de tranche
des marteaux â forger ; de tracer les bouges ,
roarliî, â£c. de les dégager, & de donner a ta
piitc en gros la forme qu'elle doit avoir après fa
pctfeétion,
EfiABBER ; c'eft enlever avec une lime le
fijpcrâu de Targeni ou de lor d'iMie pièce d*or*
Werie.
Echoppe ; eu un înftrument tranchant, dont
^es orfèvres fc fervent pour enlever les parties
Aiperâues d'une pièce. 11 y en a de phifieuis efpé-
^ej ; favoir, des échoppes rondes , des onglettes ,
des ichopes à pailler, ^c.
Echoppe A CHAMPLEVER ;c'eA une ^VA^?/?^* dont
Ja partie tranchante eft momà large que celle de
t^eiïus ^elle fcrt à dépouiller les reliefs de la matière
\x\ les entoure , 6c à former les champs qui les
ont valoir, & tire fon nom de fon ufage.
Echoppe RO^DE ; on fe fert aulTi quelquefois ,
'Our creuicr les couUlles des porte-charnières , di-
^h&ppes formées d'un ftl d'acier rond , tiré à la fil.ère
irempé.
Echoppe a épailler ; çetrc échoppe eft plate
«n dcffus, & mi-ronde ou d'un rond apliri en rtcf-
"fous: «Ik foît a enlever les pailles d'une pièce
forgée.
O R F
437
Echoppe plate, eft celle dont la branche e/l
aplatie , & dont le tranchant eft continué du»
angle à Tautre. Il y en a de grandes & de petites ,
qui ont différcns ufages.
Eclater ; c'eft enlever rémail de deFus une
pièce d'or émaîllè. Lorfqu'on veut le faire fans
détériorer l'ouvrage Ôi gâter le flinqué, on prend
un mélange de tartre j de fel fiî de vinaigre ; on
en forme une pâte , dont on enduit de toutes parts
& à plufieurs couches épaiffes h piéoe émalilée :
on cxpofc cnAme la pièce à un feu couvert ; 8c
lorfqae le tout eft bien rouge, on le plonge avec
vivacité dans un vafc plein de vinaigre : Tamal*
game fe refroidit, fe détache avec grand bruit ,
6c emporte avec ïui l'émail de dcffus la pièce d'or ,
qui ne reçoit aucuiî dommage , & conferve fon
fli^què brillant.
EcoLLETER ; Opération de la rétrainte ; c'eft
élaigtr au marteau fur la bïgorne, toute pièce d'or-
fèvrcric dont le haut eft à forme & profil de vafe ,
comme gobelet, pot-à-l'eau , ciUce , burette ,
&c. Pour cet effet on a foin, en rétreignantla pièce ,
& en la montant droite , de rèfervcr la force en
haut i enfuite quand on a enflé le bas, & formé
rétranglement que Ton appelle colUt ^ on part de
ce collet pour élargir le haut, &. lui donner le
profil évàlé.
ECROUÎSSEMINT ; c'eft la roideur qu'un métal
prend fous le marteau , & qu'on fait paffer en le
mettant au feu , ce qii'on appelle reçu tu
Emboutir ; c^eil enfoncer au marteau ou à
la bouterotle , dans des dés de bois , de fer ou
de cuivre , les pièces d'orfèvrerie deftinées à la
rétreintc, ou qui doivent avoir une forme con-
vexe ou concave.
Emeril ; {or chargé J*) c'eft de l'or dans lequel
on trouve de petites parties d'émeril , qui eft une
matière dure Sc picrrcufe.
Ewclume ; înflrumeMt fur lequel les orfèvres for-
gent leurs métaux : il y en a de différentes grolTeurs.
La mafTf eft de fer , 6c la fiarface d'acier ; elle eft de
même gro^eurtant en-bas qu'en haut. S^ fuperficîe
eft convexe , & pour être bonne . il faut que l'acier
foit bien fondé au fer, trempé Âî poli. Elles ont
ordinairement huit pans, quatre grands , tk quatre
petits ; elles portent à peu- près k double de hau-
teur que de largeur : elles entrent des deux tiers
dans le billot. L'on met deftbus ce billot un pail-
la ftbn.
Ei«<:lumeau, ou Enclumot; petite enclume
pofée fur un pied de bois ou àc plomb, qite l'on
met fur l'établi , pour que l'ouvrier ne foit pas
obligé de forrir de fa place à tous moinens, pour
aller forger de petites paitics à i.i grande enclume.
Enfler , opération de la rétre'mtt ; c'eft l'^étion
d'agrandir au marteau fur la bigorne les parties
infàricures des pièces d'argenterie qui doivetu for-
mer le ventre <x% f ièccs , comme aux pots-a^rean ,
cafetières , chocolatières , Ôic-
Enfoncer ; c'eft, cretiicr une pi^çe « & lui d«a-
438
O R F
ner une ccruine capacité, de plate qu'elle éeoîr ,
au diiiinguer le fond d'avec les autres parties : ce
terme revient k celui d\mifoutir^ & eft la première
opération de la rétrcinte.
Enfoncer , fignifie encore Taôiori de faire fortir
le bouge du fond , & de le faire dittînguer de ku
& de Tarrête. On fe fert de ce terme fans doute
pirce que le fond ne paroîc tel que quand le bouge
cil fait.
Enformer ; c'eft donner la forme convenable
k une pièce d orfèvrerie,
Enregisthement; les orfèvres doivent enregif-
trer, c^cità dire, écrire fur leurs regiftres tous les
ouvrages qui leur font apportés à quelque titre que
ce foit, 6l rayer chaque article à mefure quHs le
rendent,
La canfifcatlon & l'amende font les peines or-
dinaires du faux enrcgidrêment , comme do défaut
d'enregi(ïrement.
Ep AILLER ; c'eft avec Téchoppe à ipadler ( dont
nous avons décrit h forme) , enlever de Por toutes
les faletés , doublures & porures qui proviennent
delà fonte ou du mal-forgé. Quand Tor eft aune
certaine épaifTeur , en enlèveà Tcchoppe plate toute
la fiipcrficie ; enfuite on le plie & replie avec
un marteau de boif. Cette courbure découvre
toutes les caviîês qui f3nt dans Tor , & on les enlève
avec i'cchoppeà cpïdlcn L'or étant plus fujet aux
falttès que Taigcnt , à caufe de Ton alliage , ceirc:
opération eftdeplus grande confcquence pour le
hljouiur que pour tout autre artirte, d'autant plus
que le poli àe T^r demande une grande netteté
dans le métal*
Equarrissoir ; c*eft une aiguilie ou fil rond
d'acier , dont on aplatit fit élargit un bout : on y
forms une pointe , 8t on trempe cette partie de
raiginllt : on forme enfuît-^ fur la pierre à Thuilc ,
le long des derx pnrs de cette partie large\ deux
tranchaiis , & on fe fcrt de cet outil pour nettoyer
le dedans des charnons des tabatières : cette
Opération rer<d les dedans des char«ons exa^e-
ment ronds, bien égaux de grofleur, nettoyas
d'impuretés,
Equerre , eft un inftrument formant un trian-
gle équilaiéral , dont les orfèvres fc fervent pour
tracer des angles,
Espaces ; argent monnoyè.
Il eft défendu de fondre & de déformer les efpèces
ayant cours dans le royaume, même les cfpétes
légères décriées, 8c les cfpèces étrangères dcL-
tinéesà Taltment des monnoies,à l'exception des
féaux d'Efpagnc,
Essai Ju turc dts ouvrii^esi, les orfèvres qui en-
volent des ouvrages k WJfdï , ne doivent pas mcler
les ouvrages ï difFérens titres, ni mettre difFérentes
fontes djns un même fac.
Vejfdi des matières d'or & d*argent fe fait au bu-
reau de ta maifon commune ; il fe fait à la touche ,
à reau*forte, & à la coupelle^
o R F
Estampe ; cft une plaque de fer gravée en xjtm
de carrés continus , fur laquelle on frappe h f.'uHle
d'argent dont on veut couvrir le batoa d'uae crôffe^
&c. On appelle cet outil pt^lnçon À /iuillu , plui
ordinairement quejldmpt.
Estamper ; c'cfl faire le cuiUcron d'une cuil-
ler , par le moyen d'une e {lampe qu*on frappe
à coups de marteau dans U cuiller, fur un
plomb qui reçoit I ainfiqu^eUcp Tesiprcintederef-
tampe.
Estamper , tn terme d^orfevre r/a tahÀSÙrts ,
c'cil former les contours d'une boîte en Tambott-
tifTantfur des mandrins , dans un creux île plomb
fur lequel on a impnmè la forme du mandrin qui
y efl renfermé ; & ï grands coups de martcai
qu'on frappe furreftampe , U matière prefliecmre
te plomb & le mandrin , prend h forme de
celui-ci.
EsTELiK ou EsTERLtN ; polds d'orfcvrc qci péfe
vingt-huit grains & demi : c'eft la vingtième par-
tie d*uiie once. Le marc contient i6o ffleîm oi
On a aufli nommé ejlcriin une efpèce de mofliioi^
ancienne, à caufe de la figure d'une étoile qniy
éfoit empreinte.
Et au de hoïs des orfh/ns , cft une Cwte dt
tenaiile donc les mâchoires font retenues par tlfl
ccrou de fer qui les approche ou les éloigne ruât
de l'autre à volonté. On fe fert de cet étAU poot
y ferrer des pièces finies , & dont on veut co«^
fcrvcr le luftre , que le fer araatiroit.
Les étaux â main , font des efpéces de tCDii!«
les qui fe rcfferrent & s'ouvrent par le moyea
d'une vis & d*un écrou qui s*approchent Ôt s'ècar*
tent à volonté d'une des branches de Vét^u. lli fe
terminer! à leur extrémité inférieure par une char-
nière femblabîe à celle d'un compas fimple* Us
mâchoires en font taillées en lime honzontalcmcnt,
de ont à leur milieu , vis-à-vis , un trou qui 1«
prend de haut-en-bas , pour recevoir le fil ou lutft
matière propre à être traivai1ée<
Eventail , en terme d*orfêvre , cft un tiflTu drollff
en forme d écran , qu'on met au devant du vrfigCi
& au milieu duquel on a pratique une efpèce de
petite fenêtre , pour pouvoir examiner de ipfè\ fétii
oii e^ la foudure, & le degré de chaleur qui ki
eft nécetTL'ire.
Face d'outil j on appelle ainfi le bifean d'un*
échoppe formé fur b meule , & avec lequel oo
coupe. Faire ce bifeau fur la meule ou la pt^
à rhui!e , s'appelle /jirir U face de C^tuiL
Façoks ; les orfèvres ne doivent point comfitP'
dre le prix des fûçons des 0!4vrages qu*îls vcndeoii
avec Ci lui des matières.
Fausse COUPE , eft une manière de vafeéèi*
ché , orné de cife^ure , où U coup^ d'un Càkc
paroU être emboîtée & tête nue.
Faux ; {or) fe dit de laoïcs & fils de oiitit
doré, & tmiunt l'or.
3
Faux; le fermier peut faifir lut le fimptc foup-
Çào de faux poinçons.
Febm£TURE ; {ifMte de) c'cft la par fie fupcrîcure
de hhéUU , que la moulure du defTus de U boue
iccnuvre quand la boîit^ eA fermée.
Fermier & Sous-fermier ; le fermier doit faire
enrcgiltrcr fon bail de la ferme de la marque d*or
&d'arg<?nt , aux coursées Aides & des Ele£lîons.
Un orfèvre ne peut être fous-fermier du droit du
par les autres orfèvres.
Feuille , termt à\rfèvn , fe dîi de tout erne-
ment reprèfenrant/t-iif/^fj de perfil , de choux ou
autTCS , que Von applique fur divers ouvtages d'or-
févrcrie, commechandeliers» aiguières, écuelles &
autres* On fe feri auftj de ce terme pour exprimer
en gravure de certains ornemens délicats, qui ont
quelque fimilirude avec les feuUlis de h nature ,
pn les rouleaux j le§ revers 8t les refent« dont
elles font remplies.
FlLAGRAME, OUVRAGE DE FILAGRAME ; fe
dit de tout morceau d*orfévrerie fait avec des
ils ronds extrêmement délicats , entrelacés les uns
dans les autres, repréfentant divers ornemens, &
quelquefois revêtus de petits grains ronds ou apla-
tis. Ce root eft compofé de ni , jiîum , & de gré.-
num ^ grain. Les latins rappellent filaùm eUbùra»
lum â^uj , aurum , argentum* Tel cabinet efl rempli
de plufieurs beaux morceaux d ouvrages eufiL^ra-
me. Nous avons des vafes , des flambeaux , àc. tra-
▼lillès tti jfildgrMme,
D y a des ouvrages qui ne font que revêtus de
fiU^Tdmt en forme d ornemens ; & il y en a d'au-
tres qui en font tout entiers : les Maltois , les
Turcs , les Arméniens -^ & d'autres ouvriers orien-
taux , moBtrent beaucoup d'habileté dans ces fortes
d'ouvrages , qui demandent de TadrelTe ; le cas
qwc Ton fait de cette fone de travail dans ces
piyS'là , entretient leur induârie , comme le
gûùt que Von en a perdu ici eft caufe qu'il s'y
trouve peu d'ouvriers en état de les lien faire.
Filé ; (or) c'eft de l'argent doré, réduit en
lames romces , & filé enfuite au moulinet.
Filet ; c'cft un trait qu on exécute le long des
Cttikrs & des fourchettes , & qui règne ordinai-
wmcnt le lonç de ia fpaiule des cuillers & four-
chettes , jufquau cuille.on , & quelquefois même
^rdc auilî le cuilleron.
Filet \ fe dit aulTi généralement d*un irait for-
»>è à Tonglene , & qui régne au bas des moulures.
On borde prefquetùus les creux, dans les orne-
i^OîS, de gravures.
Filière tTûrfcvurie , eft un morceau de fer
d'un pied de long , de deux pouces de large , & de
fil à ftpt lignes d'épsifTeur. Ce morceau cfl moitié
•«rfit moitié acier, c*efl-à-dire, quil efl compofé
de deux tandes de mômes longueur, largeur &
^paiffeur, que Ton fiude crfumble l'une fur l'au-
f^c ;ron y met du fer pour qu'elle foit moins fu être
jfecaffcr» parce qu'il îmi que l'aCkCr foit trempé
■«$ toute fa force.
Les ftlièrts font de toutes les grandeurs que Ion
a befoin ; elles font percées de plufieurs rangs de
trous plus larges d'un coté que de rautre , pour
donner une entrée plus libre. Le côté le plus large
eft dans le fer j 6i le plus étroit » qui efl celui qui
travaille, eft dans l'acier.
Les trous fe fuivcnt en diminuant graduelle-
ment, & font numérotés fur b/î/trc en commen-
çant par le plus grand , tk finiflant par le plus petit*
Lorfqu'il y a plufieurs rangs de trous dans une
flicre^ on obfervc de ne pas mettre les grands
au-detfous des gran ^s , ce qui dimmueroit trop la
force de h pîUre ; mais on les perce de manière
que les plus petits font toujours audcifous ou au-
dciïus des ptus grands.
Il y a dt% filières rondes , demi-rondes , carrées ,
piates- carrées, étoilées, &c. félon la forme qu'on
veut donner au fil en le tirant.
On pourroit rendre Xtl filière beaucoup plus folîde
encore, en Tcnfermint entre deux plaques de ftr
trés-épaiiTes , auxquelles on pritiqueroit des ou-
vertures coniques , pour que le fil fonit fans réfif-
tance.
Filière a vis ; tu ttrm: £ orfèvre , eft un mor-
ceau de fer revêtu d'acier , même quelquefois d'a-
cier pur trempé , dans lequel font pratiqués des
trous ronds de diverfes grandeurs, comme à une
filière ordinaire : ces trous font dentelés en-dedans.
Chacun de ces trous eft garni d*un autre morceau
d'acier rond aufîi trempé , au bout duquel on a
formé une vis en la failant entrer \ân peu à force
dans le trou qu'il garnit : ce morceau d'acier fe
nomme tarau, L'ufftge de cette filïkrt eft de fervir à
faire les vis d'or ou d argent dont on a befoin*
Quand on a choifi la grolfcur de la vis que Ton
veui faire , on ôte du trou adopté le tarau : ovi
prépare la matière , & on forme la vis dans le
trou de hfilttrc ; enfuite on perce fur fa phque
d or ou d'argent , un trou moins gr.ind qtie le
tarau d'acier qui étoit dans le trou ou on a formé
fa vis ; on élargit enfuite ce trou avec la peinte
de ce tarau ; & par un mouvement orbiculaire on
forme fon écrou dans fa plaque : ;ju moyen do
cette opérai i®n , récrou 8c la vis fe trouvent con-
formes l'un à fautre.
Fils d'or ou d'argent ; les orfèvres ne peuvent
tirer autres fils que ceux néceiTaires à rornemcnt
de leurs ouvrages.
Fm ; {jrgcnt)c'c[l de l'argent purifié, &l apprc-
chant du titre de douze deniers.
Fin ; {or) c'cft de Tor au titre de a4kafati , ou
approchant.
Finir, Ggnîfie Taflion d'éteindre les coups vî*
fibJes du marteau , &depnlirau cuîr , c'eft-à-dire ,
fur le tas couvert d'un cuir en plufieurs doubles»
Finir , en terme d'orfèvre^ c'eft adoucir lî*s piè*
ces à la iimc, & les mettre en état de pslîer au
poli , de forte qu'elles ne retournent plus k foifêvre.
En urme d" orfèvre -ht joutier ^ ce II monter les chaf
niéres des tabatières , & les mettre en f..rmeture »
O R F
rcp:ir<>r les charnières, les polir , terminerTes coim
et les fcrnoetiires ; c\{ï dans cette opèranon que
brille particulièremenr rattcniion d'un arùilc fcru-
puleux , h rondeur d'une charnière , la jonftion
cxaéle de (es couliffes , & de raiTemblagc de fes
chamons : fon roulement ne doit être ni trop dur
ci trop iichc ; la douceur d'une fermeture & fa
belle jonôion , font les caraéléres les plus effen-
fiels du beau//!/ des tabatières. Il eft encore d'au-
ires chofes qui décèlent fon bon goût & fon atten-
tion , comme Tégalité & le bel uni des bifcaux &
carrés , ainfi que d^avoir foin nue , quelque vif qu'il
donne a fes contours ou à les angles , rien n'en
foii cependant coupant , 8c ne puiffe incommoder
les mains les plus délicates.
On emploie encpre ce terme communément
jpour exprimer le beau poU & le dernier vîf que
Ton donne aux ouvrages d*orfévrerie.
FLiNQUER ; c'eft , fur le champ d'une pièce d'or*
fèvrerie, difporèe à recevoir des émaux clairs ,
donner des coups d*onglette vifs, ferrés & bien
égaux. Cette opération forme un papillottement
qui joue trés'bicn dêflTous l'émail « & lui donne
de Téclai , outre qu'elle fert à gripper rémaiJ , 6c
à le faire tenir plus folidcraenr.
Foie DE-souFRE ; c'eft un compofé d'alkali
fixe &i de foufre,quî forme un diflblvantde Tor.
Fond ; c*ell proprement la partie plate infé-
rieure a*une boite , qui , jointe à la batc, forme la
cuvette*
Fondeurs de métaux ; les fondeurs ne peuvent
, fondre que pour les orfèvres & autres qui emploient
les matières d'or & d'argent.
Ils font fujets aux vifites des gardes-orfévres.
Fonte, <7u Fondre, fe dit de l'aâion de liqué-
' lier le métal en poudre , en pièce , ou autrement ,
[ en l'cxpofant dans un creufct à diffèrens feux :
car la fonu demande divers degrés de feu. On
. doit le modérer d'abord , pour ne pas expofer les
Icreufets qui font de terre, à être caffès par la vio-
I Jcnce du premier feu : il faut le pou0er avec vigueur
fur la fin de l'opération , félon les différentes matiè-
res du mélange» Lorf que la matière eft en poudre ,
Ijlfautun feu violent pour Taflcmbler, & de même
I lûïf^u'elle a befoin d'être affinée , en y ajoutant les
rimermédes néceilaires , comme le lalpétre ^ le
fcorax.
Forêt, efl un inftrument de fer long & aîgu
par tin bout, qui a quelquefois plufieurs Oirnes
tranchantes , ayant à l'autre extrcmiié un cui-
vrer.
Les/<>rmont différentes formes, félon les ufa-
ges auxc|ucls ils font dcl^inés \ leur tranchant fait
quelquefois le demi-cercle , ou bien il e(l exade-
ment plat, ôi continu d'un angle à Fautre ; on
fe fert de ceux de cette forme pour forcer les
goupilles dans les charnières de tabatières , ou bie n i
encore il forme le chevron. Loiivrier intelligent I
o R F
Iffiir donne la forme la plus convenable au befoin
qii'il ea a ; miis la condition effemicUe de tout bon
Jorit , cil d'èrre bien évidè , dt d*uoc trempe oi
trop féclie ni trop molle.
Forges & fourneaux j les forges & fourneiuf
des orfèvres, fondeurs & autres ayant droit d'en
avoir , doivent ôtre fcellés en pUtre , 6c dans ii«
boutiques étant fur rue*
Forge i c'eft un àtre avec cheminée, ou un
fourneau pour y chauffer Se faire fondre les
métaux.
FOURBISSEURS ', iU doivent avoir un pomçofl
infculpé au bureau de la maifon commune des or*
(hyre% , Se envoyer leurs ouvrages à leur buretu.
Ils font fujets aux vifites des gardes-orfévres.
Fourneau ; on nomme ainfi en gèoenl kl
uftenfiles ou vaiffeaux defiinés à contenir la pâniK
du feu, & à appliquer cet élément comme inftni»
ment aux fubftaiices qu*on veut changer pat foû
a^Hon.
Fourré, {hl joutent & orpvrerif) On dit qu*ui
bijou cfl fourré ou garnie lorfquil y a qocl<lBe
corps érranger d^ vil prix, & non apparent,
couvert Se uérobé par l'émail , Vor ou l'arpii.
Les bijoux fourrés a voient d*abord été profctits
par la cour des monnoics ; mais fur li repréfemi-
tto(f du tort confidèrable que cet arr lu
commerce de la nation , le confeil a :_ .j— ^^-
rct de la cour des nK>n noies , ai permis ta (iW*
cation des bijoux garnis , comme ouvrages ou 11
confidération de la matière n'étoit* prefquc it
nulle importance , en comparaifon du prix de 1»
façon.
Frappe-plaqui, eft une plaque de fer du con-
tour que l'on veut donner a la pièce de bijommi
elle eft armée d'une poignée de fer élevée qticroB
empoigne , Sl fur la tête de laquelle oa frappe
avec la maff^.
Fromage ; c'eft , chi\ Us orfhns , un mor
ceau de terre plu & rond , que Ton met au foixl
du fourneau , 6i fur lequel on pofc le creufct, poor
l'élever , afin qu'il foit expofé de toutes parts ï
Ta^tiviié du feu , & défendu des coups d*itr qui
pourroieni le refroidir 8c le faire cailcr.
Gage; nom qu'on donne au morceati d^offt
d'argent que le.i gardes de lorfévrene emponcct
pour en faire TeUai,
Garniture ; en terme de bijoutier^ eft unetat»"
tièrc dont rencadremu-nt feulement cft d or ; il
y en a de dcu^ fortes. La première fe nommt^ft:
les moulures , fermetures , charnières 6l rerêtifle'
ment des coins font d'or i & les dcifui » dcfttf
Si baAcs font de cailloux, nacres. ' ^ f
émaux, porcelaines, lacqs , ou autre .ii
ne font point d'or ; cette ferte de tibaiii;,^ ; '^
le tableau encadré fur fes fix parties. La ft. :
fe nomme fimplement gamiturt ou g^rn--^-^ -
O R F
wine, p^rce que ce n'efl qu'une fermeture garnie
de fi charnière, furmontce d'une moulure, Êf
fui encadre deux morceaux de cailloux , porcclai-
pes ou émaux donc le deffous efl tsillé en cuvetie ^
quand ces fortes de cuvettes ne font pas aflcz hautes
jw)ur former une tabatiéic de hauteur ratibnnjble »
00 Couàc à la fcrm^^ture iine demi boite d'or , au
kas de laquelle eft atiaciièe la feriiffure qui doit
encadrer h cuvette ; dans le cas où ces cuvettes
font de la hauteur dàftréc, la fcrtidwre fe trouve
atîacheé «u bas de U fermeture.
GORGI, chc^ Us orflvrcs^ efl un petit colUt
qui commence la monture d'un chandelier ou
autre ouvrage \ il peut aufli y en avoir à. diffé-
rens endroits de cette monture , félon le goût
deTanifie, & l'effet quMles produifent dans fon
©uvrage.
Graik , poids ; le grain de fin d'or vaut fix
grains de poids. Le grain de fin d'argent vaut fcize
grains de poids. Il faut trente-deui grains de fin
pour faire un karar, & il faut vingt -quatre grains
âc fin d'argent pour faire un denier d'argent.
Grattoir, tn terme de bijoutier^ eft un outil
de fer trem^ > de diverfes formes , félon le bcfoin
de l'artifle ; il y a toujours une partie tranchante.
Pour en comprendre rutilltè , il faut diflinguer
ëans ta manœuvre deux temps ou Touvrier efl
obligé de s'en fer\nr,
M !•• Quand fon lingot cft fondu & forgé d'une
M <enaîne épaiiTeur , il le découvre avec un grattoir
■ «de toutes parts, pour en enlever les pailles ou.im-
iljpuretés provenues de b fonte & des fels dont on
|E^'cfl fervi pour faciliter la fufion du métal : il
r^^»3*eft befoin pour cette opération que d^un graiwir
jplat pour découvrir , 6i d'un d;;mi-rond pour enle-
"%'erles impuretés profondes : cette opération s'ap-
pelle épailUr,
a*. Quand la tabatière, garniture, ou autre
%i}ou quelconque , eft au point de perfeôion que
f>our le polir en-dedans, il faut le réparer , c'el(-là
c fécond temps oii Tartifte eft obligé d'employer
^«cttc forte d'outil ; pour amener fon bijou à ce
Îioint , il a fallu néceiTairemcnt qu'il allât pltifieurs
bis au feu , qu'il reflài plufteurs heupes dans Icau
-mixie , d'où il a refuUé une cfpèce de croûte qu u
^aut enlever ; il a fallu en ouire employer des fou-
^ures qui , dans la fuûon , biffent toujours des fuper-
Huités qu'il faut faire dirparoître , ces bijoux n'é*
tajit point égaux dans Leurs formes : la diverfité des
angles 8c des cavités qu'il faut nettoyer * décident
I Ta ni fie fur b forme quHl doit donner à fon
outil.
Graveurs ; les orfèvres peuvent auJfi être gra-
wturs de tous ouvrages d'erfévrerie par eux faits.
ils ne font points fujets aux viAtes des gardes-
orfhrres.
Hacher ; c'eft taillader une pièce pour donner
far elle plus de prife à b matière qu'on y veut
^açber , foit émail ^ foit or, fwt argent- Pour cet
Jn$ & Mtiïéfs. T9m€ V. Partie. IL
O R 1'*'
44 r
effet , on fe fert d*un inflrument appelé couteau à
kdchen
Hausser ; c'cft êbrgrrune pièce d'orfèvrerie,
en lui donnant de la profondeur. Havffer un pbt,
une ailiette , &c. c'eft étendre la matière du centre
à fa circonférence , pour faire les bouges ou les
ma r lies d'égale épaiMcur que le fond*
Heures ; il eft défendu à tous ceux qui travail-
lent des matières d*or & d'argent, de ttavaiUer aux
heures prohibées, c'eft-àdire, paffc huit à neuf
heures du foir , jufqu'k cinq à fix heures du matm.
Huile ; {or â l) c'eft de Tor en feuilles appliqué
kuilirs fur de l'or couleur.
Huilier ; petit vaiffeau fait en burette » où Ton
renferme riiuile d'olive qu'en fert fur les tables.
Ce vaiOeiu eft ou une fimpic burette de verre ou
de criftal , accompagnée d'une autre pareille qtu
contient le vinaigre, ou ces deux mêmes buret-
tes, avec couvercle d'argent & plateau» font du
môme métal qui les fouticnt. L: luxe a donné aux
hnlliers toute b richeffedes farmes.
Huissiers Priseurs; ils ne peuvent vendre à
l'encan les pièces d'orfèvrerie. Arrêt du 30 Juin
1762^ & lettres-patentes du 26 Décembre 1771»
qui ordonnent que les argenteries & vaiflcUes ven-
dues par autorité deîuftice ou autrement, feront
portées aux hôtels des monnoies ou aux changes
les plus prochains, où b valeur en fera payée*
Indication ; les orfèvres qui ne pt:uvent repré-
fenier les ouvrages compris dans leurs foumiffions,
doivent donner Vindlcathn des ouvriers auxquels
ils les ont livrés pour les travailler.
Inscription au gnffe des monnous ; les orfèvres
doivent fe faire infcrtre au greffe des mon noies , &
y déclarer le lieu où ils travaillent.
Jaune ; (or) c'eff de l'or fin dans toute fa
pureté.
Jurande ; les orfèvres demeurant dans les villes
où il n'y a pas de jurande, doivent faire marquer
leurs ouvrages des poinçons de Jurande & du fer-
mier delà ville b plus prochaine où il y a jurande,
Karats de fini trente-deux grains de iin com-
pofent un karat, & le marc de fin d'or coniient
vingt' quatre karats.
Lames ; (t»r en) on appelle ainfi Tor qui a été
laminé entre les cylindres du moulin.
Laminoir ; machine compofée de deux cylin-
dres ou rouleaux de fer fondu , pour réduire en
lames minces les matières d'or & d'argent.
Languette , terme d'orféyrc^ petit morceau d'ar-
gent laiffé exptèi en faillie de hors d*œuvre aux
ouvrages d'orfcvrtrie, & que le bureau lc Torfé-
vrerie retranche & éprouve par le feu , avant que
de le contre- marquer du poinçon de la ville.
Les orfèvres ont introduit cet ufage, afin que
les gardes ne détériorent point une pièce , en cou-
pant quelquefois d'uo côté qui doit erre ménagé;
cependant les gardes ont le droit de couper arbi-
tt^rement à chaque pièce le morceau d'eiTai.
LantIRNI f \c%orf£vret appellent sinfib pariÂc
• Kkk
44:
O R F
d'une cfolTe d'cvècjue , ou d'un bâton de chantre »
qui cfl grofle & à jour , & repréfente en quelque
façun une Unurn<.
Lieux privilégiés ; il eft défendu aux orfèvres
de rravailler tians les lieux privilégiés, monafléres
& lieux clos^ fi ce n'eft aux galeries du Louvre.
Limes , m terme d^orfévre en grojferie , c'eft Toutî!
dont Tufage td le plus untvcrlel avec le marteau
parmi les orfcvrcs. Ils fe fervent , comme les bijou-
tiers, metteurs -en-œuvre, ùc, des itmts rondes ,
demi-rondes, plates, bâtardes, &c.
Lime plate a coulisse , en terme A*orfé%'r€
en tabatières, cft une efpèce de lame de couteau
taillée en iimc fur le dos, dont on fe fert pour
éb;%ucher les couliiTes,
11. n'y a que les orfèvres , & ceux qui fabriquent
les tabatières d'argent , qui s'en fervent ; les bijou-
tiers en or ébauchent leurs coulifles avec une échoppe
ronde, quelques-uns même la font toute entière à
l'échoppe ;& s'ils fe fervent dune lime ^ c'eft de
la cylindrique, poir la finir & la dreilcr parfai*
te ment.
Lime ronde a coulisse, en terme d'orfèvre
en tabatières , eA une petite lime exaflcmcnc ronde
& cylindrique I qu'on infinue dans la coulifie pour
la finir.
Cet outil demande bien des qualités pour être
bon ; il doit cire bien rond , exactement droit >
d'une tatUe ni t^op rude ni trop fine , Si d'une trempe
sèche fans être cafTante,
LiNGOTiERE, eft un morceau de fer creux &
long pour recevoir la matière en fufion , ce qui
forme le lingot. Le plus grand mérite d'une lin^a-
titre cft d'être fans pailte ; il y en a de différentes
grandeurs , avec des pieds ou fans pieds. Il faut
qu'elles folent un peu plus larges du haut que du
has , pour que le lingot puiffe foriir en !cs renvcrfanf.
'Quand on voit que la matière eft bientôt prête à
jeter , l'on fait chauffer la Un^ouere aflTez pour que
le fuif fonde promptemcnt ; quand on en mtt pour
la graiiïer , l'en n en hilTe que ce qui efi refté après
l'avoir rei':>urnée , en fuite Ton jette. Il y en a
quelques-unes oii il va une petite élévation pour
pofer le creufet , afin de faciliter celui qui jette.
Lune ; {crijîjux Jt) ce font des crifiaux blancs
en forme d^écailles , qui réfukent de la diflTolu-
tlon d'argent que les chimifies nomment lune.
Lunette, en n-rme d'orfèvre , c'e/l h partie d*un
fakil deilinée à recevoir rhofiie. E!îe eft fermée
de deux glaces, & entourée d'un nuage d'où for-
tent des rayons.
Maille , terme d'orfèvre , petit poids qui vaut
deux fclins , & qui eft la quatrième partie d'une
once.
Maillet , eft un marteau de bols ou de buis ,
dont on fc fert pour rrdrciTcr ou repouflTtr les par-
ties d\me pièce qu'on ne veut point étendre ni
endommager. Il y en a de toutes formes , groflcurs
& grandeurs. ^
Maik j en terme d^orpvre^ cft une teniillc de fer
o R F
plus ou moins groffe, dont les brî^nches font re«
courbées, 6: s'enclavent dans l'anneau triangulaire
qui eft au bout de la fangle, laquelle cft attachée
au noyau du moulinet du banc à tirer; les michoircs
de cette maïn , taillées à dents plus ou moins fines,
happent le bout du fil qui fort de la filière, & It
moulinet mis en adion ferme les branches & les
mâchoires , & fait paCer à force le fil par le trou de
la filière.
Maif.on commune; c'efl ainfi qu'on nomme le
bureau des orfèvres.
Maîtrise ; {lettres de)^ les orfèvres ne peuvent
exercer leur profelfion fans que leurs lettres de
maîtrife n'aient été vifées , en la manière a ccou*
tumée, parles ofRciers de la cour des monnotes ou
des ju^es qui y reffortiflent.
Mandrins ; ce font, en terme d'ûrfèvre en laba-
trèrcs , des mafTes de cuivre jaune, de bois ou de
fer, contournées différemment, fur le fqu cl les on
emboutit les tabatières , en leur imprima6t le con^
tour & les moulures qui font modelés fur ces
m^ndrinf^
MarliE, en terme de planeur^ c'eft un petit
bouge qu'on remarque audeftbus de la moulure
d'une pièce , & au-delTus de l'arrête*
Marteau a achever , eft un marteau à tran-
che arrondie , dont on fe fert pour commencera
enfoncer une pièce.
Marteaux a bouges; (cryJVrm^) font desm^/*
te.iîtx dont lej tranches plus ou moins èpaîftes font
fort arrondies ; ils prennent ce nom de leur ufage,
fervant à former les bouges des pièces d'orfèvre-
rie ; ces marteaux font tantôt minces, tantôt carrés '«
tanrôt ronds, &c, félon les bouges qu'ooaàtra*
vailler.
Marteaux a bouges ; en terme de pUnemr ^
font auffi des marteaux dont ta panne eft tant fi^it
peu arrondie , pour creufcr la pièce & former le
boutée.
Marteau a devant ; c'eft un gros mart€4u ï
tranche & à panne , ainfi nommé , parce qu'il n'y
a que ceux qui forgent fur le devant de l'enclume
qui s*en fervent.
Marteau a emboutir ; {bijoutier) c'eft un iw^
teau dont la panne eft convexe , & qui fi:ri 4 c
fer \m vafe fur une efpèce de moule qui a la m^
forme & qu'on appelle dé.
Marteau a maulie , en terme de plm
fitjnifie un m^irse^u à boi)g;e , dont la p^nne
arrondie proportionnellement à la grandeur
marlie.
Marteau a planer, en terme de pUneur, cft
un marte ûu qui fert à effacer les coups trop fenfi-
blés des mai: eaux trancha ns de la forge, Vs ont li
panne fort unie & plate.
Marteau a retreindre , eft, parmi les orfi*
vrcs, un marteau tranch^ini par les dcr.x bomi , msl
d'une tranche un peu artordîe , afin d'cter.jt^ l*
matière fans la couper , ou fans marquer dis
trop profonds.
■de^
O R F
Marteau a sirttr, en terme de hïjoutUr^ eft
lia inàrr€<ïw très-petit, ayant une tranche 6c une
pbue t la panne arrondie en goutte de (w\( ôt la
tranche obtufe , avec une inclinaifonde dcmî-cer-
cîe , dont on (e (ert pour rabattre les fer tlffbres
d'uoc garniture fur un caillou ou autre chofe quel-
conque. On fe fert le plus fouvent de la panne
pour ne pas maltraiter la fcriiiTure » qui ert un nior*
ceau d'or fort mince ; on ne fe fert de la tranche
que pour faire obéir les endroits qui réfiflent trop
à b plane , & ou on ne peut pas s'en fer vir com*
inodèment , parce que la tranche du marte du faî-
fam une cavité , il faut enfulte ratreindreà la lîme»
& que , sM y en avoir plvîTieurs ou qu'elles fuflem
profondes, on courroit rifque, en l'atteignant, de
trop affoiblir les parties voiiînes , & d'ôter la ibli-
ûté de la ferttfTure.
Marteau a sertir , c*eft une petite maiTc de
fer, plate, tantôt rûn*de , tantôt carrée, montée
fur un brin de baleine plat , ou fur une brnnche d'a-
cier affez longue » ce qui lui donne plu!» de coup.
On rappelle maneAU â ferûr ^ parce qae fon princi-
pal ufageeft écfertir.
Marteau de bois , eft un man^^u qui ne dif-
fère du marteau à X fer que par fon ufage , qui cfl
de dreffer une pièce fur laquelle les marteaux de
fer ont imprimé leurs coups.
Martelit ; petit marteau dont les orfèvres fe
fervent pour travailler les ouvrages délicats*
Mat ; (or) on nomme ainfi l'or mis en œuvre ,
qui n'cft point poli.
Matoir, en terme d'orfèvre ^ efl un cifeletdont
reitrémité eft mattc, & fait fur fouvrage une
forte de petits grains , dont l'effet eft de faire fortîr
le poli » & d'en relever l'éclat,
rour faire le matoir ^ on commence par lui don-
ner la forme que Toiivragc demande, puis , pour
k rendre propre à mstïr , on s'y prend de trois
façons différentes ; les deux premières fe font
«Tant que de le tremper, avec un marteau dont
U furface fe taille en grain , & dont on frappe le ^
bout du matoir ; de la féconde façon , Ton prend un
morceau d'acier trempé , on le caffe, & quand le
grain s'en trouve bien , on s'en fert pour former
tt ûirface du matoir.
La troiftème , on trempe fon morceau d'acîer
deftînè à être matoir , & on le frappe fur un graîs :
on obtient ainft un mat plus rare & plus clair.
Matoirs , en terme de bijoutier , font des cife-
Icts dont l'extrémité eft taillée en petits points
tonds & drus ; leur ufage eft pour amatir 8i ren-
dre bruts les ornemcns de reliefs qui fe trouvent
fur les ouvrages , ôt les détacher du champ qui eft
Oq bruni ou poli , ou- pour amatîr & rendre bruts
les champs qui entourent des ornemens brunis ou
I^lis : cette variété détache agréablement , & forme
un contrafte qui relève l'éclat des parties polies »
& ftdutc rosi! des amateurs.
LMtkus ouvrages d'orfèvrerie; tU doivent être
■Uf^és d'un poinçon pardculi^c : & avant d'ea
o R F
44Î
II
I
entreprendre la fabrication , les orfèvres doiven
déclarer la quantité de matière qu'ils y emploie-
ront.
Cependant, k l'égard de ceux qui font trop foî-
bles p*ur fouffrir aucun poinçon, on doit en faire
déclaration & foumiftlon avant le travail.
Mignons , nom que les orfèvres donnent entre
eux aux gardes de leur communauté qui ïortent
de charge.
Modèles d'* orfèvrerie ; les modèles font fujets
aux cnregiftremens comme les autres ouvrages.
Mollette ; petite pînceitc dont un orfèvre fe
fert pour tenir fa befogne.
Mollettes , (ont auffi des efpèces de grande*
pincettes fouples , d'égale largeur de la tète |ufqu*en
bas , & qui jouent aifémcnt , dont les orfèvres fe
fervent à la for^e ou fonte.
MoNT^DE-PïÉTÉ; les pièces d'orfcvrerîc ne peu-
vent y t-trc expofécs en y^m^ , que préalablement les
poinçons n'en aient été reconnus par lun des gardes-
orfèvres en exercice, Ôc la fidèiitè du titre confia-
tèe autant qu'il fe pourra.
Monter , en terme de bijoutier^ c'eft proprement
Talion d'affcmblcr & de fouder routes les pièces
qui entrent dans la compofitton d'un ouvrage.
On commence, dans une tabatière, par exem-
ple, par la batte : l'on drtîffe d'abord deux pans ,
3ue Ion a en foin de laiffer plus grands pour avoir
e quoi limer ; on les lie enfemble avec du fil-de-
fer i on les mouille avec d« l'eau & un pinceau ;
on met les paillons , 8t ron foude à la lampe avec
un chalumeau.
On fait la même chofe pour toutes les parties
d'une tabatière les unes après les autres, c*eft-à-
dire^ quefi la boîte eft à huit angles^dehuit morceaux
on n'en faic plus que quatre, de quatre deux, 8c
de deux le contour entier de la boîte.
Monter , en terme de pUneur , fe prend pour
Taétion de recommencer à planer une pièce enfon-
cée ; les coups de marteau font moins fenftbles dans
cette féconde opération , & la pièce par-là plus
facile à finir.
Monter ; on dit monter un ouvrage , quand OU
affcmble 8c qu'on joint toutes les pièces par le
moyen de la foudure.
Monture , en terme ^orfèvre ^ c'eft le corps ow
la branche d'un chandelier fait fur différens 'deflins.
Tous les acceffoircs d'un ouvrage d'orfèvrerie quel-
conque en font la monture , tels que les ornemens
qui font fur les chandeliers, écuellcS| terrines ,
pot-à-oille, &c.
Mosaïque ; {or de') c'eft de l'or qui , dans un
panneau , eft partagé par petits carreaux ou lo-
fangcs.
Moules des Orfèvres. Les orfèvres fe fervent ^
pour mouler les ouvrages , des moules de fable de»
fondeurs, fie quelque toîs, pour de petits objets j
de I*os de fcche. Pour fe fervir utilement de l'of
de féche, voici comme on le prépare : on prend
deux us de fcclic, oa coupe les deux boucs » pui#
4
444 O R F
on les ufe du coté tendre fur une picir^ plate ^ juf- I
Î[u à ce que Ton ait une fiirface d étendue dcfuèe ;
ur la fin , on répand fur la pierre plate une pouf-
iicfe de charbon trés-finc , qui, par le frottement ,
l'Incorpore dans les pores de l*os de fèche 8c les
rend plus fe.irés ; on y perce trois trous , dans lef-
quels pn met des chevilles de bois pourafîujettîr
If s àèfix os à la même phce Tun fur l'autre ^ puis
«n met (on modèle entre deux > & preflant égalc-
.œent les deux os,. ce modèle imprime fa forme :
on le retire, on fprme les jets, les communica-
^tions , &, les ouvertures pour réchappemcnt de
l'air à l'approche de la matière , & on le flambe k
la fumée de la lampe ou d'un tlambeau comme les
autres moules.
Moulu '^{pr) c'eftde l'or dont on dore au feu
le bronîe.
Moulures, tnnrme d'orfèvre *, et font des orne-
mens composés de creux , de noeuds , de baguet-
tes & de filcti, à rinftar des moulurts de corni-
ches , qui demeurent les ouvrages. Les grandes mou-
turcs font au-deiïïis , & les bafles font fur la fou-
durc qui affemble les pièces avec le fond , «ommc
dans les tabatières*
Les moulures fe tirent au banc comme les fils &
les carrés , en les prcflTant fortement entre 6tu%
billes^ ou eft gravé le modèle des moulures qo on
veut fair^' fur Ta mniière»
Moulures droites , Moulures contour-
KÉES. Lçs hijûutiers appellent de ce nom des creux
éi des filets divcrfement rangés , qu'ils gravent à
Toutil fur le corps de leurs bijoux : elles varient au
gré & félon le goût de Taiti/te*
Nœud d'aiguière ou autre ouvrage , en terme
d*orfèvre engrûs ; c\^ un ornement qu*on voit entre
le corps & le pied d'une aiguière ou autre ouvrage,
II eft enrichi de plufieurs mouli:res qui fc fuccèdc;nt
•m s'avançanc Tune fur Tautre jufqu'au milieu dtt
Œufs * en terme de metteur •ên-txuvre , font de
petites c^inblettes ou boîtes de fenteur qui font (u{'
pendues à chaque côté de la chaîne à^un étui de
pièce.
Or ; meral d'un faune éclatant ^ le plus pré-
cieux, le plus parfait, le plus pefant» & le plus
inaîiérablc de tous les autres métaux,
OreîLLETTE ; petit cercle de métal , que les fem-
mes, qui ne veiUent pas fc faire percer les oreilles ,
y appliquent pour foutenir les boucles 6c les pen*
dans d oreilles» (jP* y.)
Orfèvre ; artifte, fabricant Scmarchatid tout
' qui a la facuhé de vendre, acheter St
i louics fortes devaiffclles, d'ouvr?ges ,
bi hjjoïix d*or & d argr;m.
OltF^ATiERjf ; {coYps de / ) c'cft le quatrième
jCOrps fjç« m^irchands é,tt la ville de Pari? ^
^ , URFÈvRERii» ; ouvrage d'or ou 4'argem tt^
jFinilé par ua orfèvre. , !.. A ■ '< '
f Opvn A '" fî d'orfittrerie ; ils nç peuvent
^re t/dVt I que ie$.oiféviuî& ne Les aicm
O R F
fournis à Teflaî de la maifon commune, que le
poinçon de charge n'y foit appofè » 6c quefoiunif-
fion ne foie faite de les repréfenter avaot de les
vendre.
OuvRAGES vieux i les orfèvres doivent temr
rcgiftre de tous les ouvrages vieux qui leur font
apportés ♦ & doivent rayer chaque articW à me-
fure qu'ils le vendent , ou rompre les ouvrages vieux
quMs ne veulent pas vendre.
Ouvrages prohibés ; il eft défendu de dou-
bler d*or ou d'argent les ouvrages montés fur tôle
ou fer-blanc , & de mêler le fin avec le faux.
On ne peut vendre des ouvrages d'argent fur*
dorés , à moins qu'ils ne foient marciués du mot
argent.
Ouvrages étrangers ; lors de la contre-marque
de ces ouvrages, il doit être juftifié de leur qualité
d'ouvrages étrangers , en -rapportant Tacquït des
droits payés, à lexciption des menus ouvragci
pcfant moins d'un gros.
Paillasson , en terme ^orfèvre , eâ un amas de
nattes de paille tournées en rond en commençant
au centre , Si finilfant à fa circonférence. L*on en
élève plufieurs lits i*un fur l'autre jufqu'à la hau-
teur qu*on veut ; ces rangs ou lits ibnt coufus
Tun à l'autre avec de la ficelle : il doit avoir plus de
diamètre que le billot qu il porte \ il fcrt à rom-
pre l'effet du marteau lorfquc l'oa frappe fur Ten-
du me.
Paillon de soudure ; {orféx'rerlèS petit mor-
ceau de foudure , ou métal mince ot allié » qui
ferr à foudcr les ouvrages d'orfèvrerie. Lorfqu'on
veut fouder quelque chofe ,, on coupe la foudurc
par paUhns. * ^
Panache ; partie de la tige ou de la branché
du 6ambeau qui eu élevée au-dcffus du pied, &
qui s'étend en forme de vctite aile autour de li
tige ou de la braBche du âambeau*
Panache ; c'cft , parmi Us orfèvres , la partie qui
fe voit immédiatement fous le premier carré d'un
ba fTinet.
Le panache ne diffère du nœud ^ qu'en ce qu'il eft
carré par-defious, 6c pcm être coofidcrà cornue
la moitié d*un noeud.
Pièces ; les pùct% d'argent, tant principales que
d'applique » doivent être marquées de tous poin*
çons. ■ ^
Il en eft de même des pièces neuves aîontées à
de vitux ouvrnge5.
Pièces de COLLIETr , en terme de metteur^tn- mu*
vrt , ne font ôirtre chôfe que de fimples parties de
collier que l'on porte feules avec une pciidv*fo^i
qui les termîne, i
Pièces de rapport, en terme de htjoMttUf ^ a
deux fens; il pcutfc prendre d*abord pour les corpi
étrangers appliqués, incruftés ou enclràflcs Hif
ime ubatiére^ comme les pierres 6nes , faulTest
cailloux , porcclalfics , é't% Il s'cotend enfoita dl
toutes les p kes de même métal qui font ou appfi*
quéfs ou iaudées à la tabatière >8t qjui foftitt
Il iuppc
O R F
tdîefSp compor^nt les tableaux variés dont elles
fof« ornées. On fait qu'on ptut faire foitir des
rcVieh fur une tabatière d'or , par le moyen du
cifclet, ciî repoutTant par-deflbus les formes princi-
pales 5 qui enfuite font retracées » reformées & ter-
minées par-deffus par les cifcîcts difliérens dont
rartiAc fc fert au befoin de fon fujet ; mais alors
cette plaque cifelée ert crenfe en-delfous , 6i il
faut la recouvrir d'iïne autre pUque liiTe pour
cacher cette difformité défagréabîe à laril ; pour
éviter cet inconvénient, on a pris le p^rtl de décou-
per des morceaux de même métal de la forme des
reliefs que Ton vouloir exécuter , & de les fouder
fur tes plaques des tabatières : cette opération eft
même devenue indifpenfable depuis qu'on fait
ufage des ors de couleurs , & ce font ces fièces
aina découpées & uries par la fou dure au corps
de la tabatière, que Ton appelle proprement ^^i^crj
dt rapport,
Pli-OE-BiCHE ; {orfèvrerie) ce font les pUs qui
ortent les cafetières d'argent ou d'autres ou-
vrages de cette nature , qu'on appelle ainfi , parce
qu'ils ont la forme du pié d*une hiche^
Pi£RRE K l'huile , tn terme de bïjoutter , eft une
pltm dure & douce , qui fert à aiguifer & à émou-
ire les échoppes ou les burins , en la frottant
4'huile ; on en tire de Lorraine , dont la couleur
eft ghfc rougeâure , & qui font opaques ; 6£ du
Levant , qu'on eftime les meilleures , qui font
d'un blanc tirant fiir le blond » & un peu iranfpa-
ternes : on les monte fur un bois plus large & plus
long qu'elles , pour les conferver plus long-temps.
Pierre a polir , eft rnc pUrre avec laquelle on
idoucit les traits que la lime ou Toutil ont faits fur
vnc pièce. Il y en a de vertes y de rouges , de bleues ,
de douces, demi-douces & de rude?,
'^ Toutes ces pums approchent beaucoup de la
Ijsature de Tardoife,
. PlKCER, en terme de planeur ^ c'^fl proprement
raÔion de former Tangie qui va tout autour d'une
pUce di2 vaiiïeUe au-de^ous du bouge « fous la
marlie^
Pinces DE IIOIS^ font, parmi \es orféyrei en ^ros ,
fiit% pinces dehvu dont ils fc fervent pour tirer les
pièces JorfeVTciie du blanchîmcDt» parce qiic le
ler rougiroit Targeni & giteroit le bknchimçnr.
Planer , en terme de tfiJQutur ^ti^\ éealffer avec
1 reau plat & pr-H , fur un ras prelque plat &
nt poli, les pièces que Ton a précCdemmewi
d caducs en tout fcns avec un marteau tranchint ;
cein: opération unit U pièce , cnliivc k-» creux que
peut y avoir laiiTés la tranche Hu marteau dont an
•Vrt Krvi, & achève d'égalifer repaiffeur de" la
pièce ; €c qui n'eft pas une des moindres attentions
que doive avoir l'atifte , ait'Midu que plus, une
pcce cft également forgée , & moins elle éprouve
o inconvéoiens dan^ kfefi^ de» ^^pécatîons qu'rilo
^àc^uyer. ..a r.u '^ / . . -, n^; : '*\
Planer, («^it^^ati) eitjitsnne «fVr^rf ,«Antii^
iPartcau bien poli des deux cotes , ayaiu deux
OR F
445
pîsnes^ une fort plate, .& Tauire un peu convexe.
Plakeur ic'eU rartilan qui g^gnc fa vie à planer
la vaiffdle , c eil-à-dirq y à f unir a force de petits
coups de marteau.
Plakoir, s'entend d'un cifclet dont Textrémitè
efl aplatie & fore poHe. On s'onfert pour pUtier
les champs qui font enrichis d'orne mens de eife^-
lure ou de gravure, oik Tonne pourrou point intre-
duire le marteau*
Plateau , cft une cfpdce de pbt de fcr*klanc,
échancré comme un b^^fiin à barbe, dont le milieu »
un peu concave, eft percé de pluAcurs trous fcm*
blables à un tamis. Au-defTous du pUtt-au eft utie
petite boîte de171et.il pour recevoir la limaille.
Cet outil peut s'appeler au fiî cueilloir ou cueille^
peau^ parce qu*il fert à recueillir ddns la peau les
limailles 6i morceaux d'or ou d'argent qui y font
tombés en travaillant.
Platine , ell cette partie de la chaîne d'une
montre, derrière laqueiia cil le crochet pour fuf-
pendre h montre.
Platine ; métal blanc , qui a les principales pro-
priétés Si qualités de Tor.
Poignée , en terme <£ orfèvre , c'cft la partie d*un
chan ielier fur laquelle eft la place de la main
quand on veut le tranfporter hz poignée commence
ordinairement & finir par un panache-
PoiîcçoN i cet outil, arrondi par un bout, eft une
poime iiès-courte , dont on fe fert pour marquer
la place où Ion doit percer & commencer les trous
dans les pièces minces.
Poinçon, outil pour imprimer dans les pièces
dW^ d^argent. Chaque orfèvre a un poin<;on qui
lui efi particulier, compofè des lettres initiales de
fan nom , d'une devife, d\rne fleur de liscouron*
née , (k de deux petits points, il lui fert comme de
fïgnature & de garantie envers celui qui achète
les ouvrages de fa fabrique. Lors de fa rèccptiop à
la cour des monnoies, il eft obligé de donner une
caution de looo liv. pour répondre des amendes
qu'il pourroit encourir, sd étoit furpris en con-
travention auxréglemens furie titre des matières»
Ce poir(^on eft infculpé fur une planche de^iti-
vre^ dépofee au greffe de la cour des monnoies ^
$L fur une planche de cuivre dépotée au bureau
des orftvres , pour y avoir recours en cas de
eonteftatioo « foii par voie de comparaifon ou de
rengrênemtnc. <
Indépendamment du poinçon de chaque orfil
vf^, il y 1 ctjv autrei poinçons •
vçni être ar^p» v éuvragc^ r'e \x *
de P:i .riç&n de
çofî ti^ limuûo» L.
décharge- :
PoiNçui^s; on diftinuue donc les poinçons de maî-
tre, ceàxd^ maifun commune^ & ceux du fermier»
.«Ltr poinçon di mAttre cft ^' *-."** -i- iv— .;-^..
ihdoîr étre'iofcji)(»é. & »ke :
Qfe4l<ter'«lll^Me^&lfll||ieianic oc cthWL:^ tîc^ -
44<î
OR F
bureau de la tnalfon commune. Il doit être mî»
tant fur les pièces principales que (Inappliqué.
S'il fc défigure dans le travail , il doit être réap-
pofè. Il eft défendu de le prêter.
Le poinçon de maifon CQmmunc ; les gardes de Tor-
ftvrcrie peuvent ieuls en faire ufage : il doit être
empreint , tant fur les pièces principales que d'ap-
plique. LesouvragesdoiveneètreeffayésS: marqués
d'un poinçon , avant que d'avoir été travaillés 8c
avancés. Il efl le garant de la fidélité du titre de
Fargent employé.
Poinçons du fermier. Il y en a deux; Tun, nommé
pûinçon décharge^ doit être appofé avant TeiTai qui
fe fait au bureau de la maifon commune , & avant
que les ouvrages foi<;nt avancés.
L'autre, appelé poinçon de décharge y ne fe met
oue fur les ouvrages finis & achevés, à Tindant de
1 acquittement du droit*
PoiKÇON A POINT ; c'eft un morceau de fer aigu,
fur lequel on cherche Le milieu d'une pièce en la
mettant en équilibre.
Point , en terme d*orfivre en grofferle , c*eft l'en-
droit où une pièce dont on cherchoit le milieu Cur
le poinçon , eft reftée en équilibre.
POfKTl A TRACER , ^n terme de bijoutier*^ c'efl
une cfpéce de petit cifclet dont on Te fert pour
former légèrement dans louvrage les traits qu'on
n'a fait que marquer avec les crayo;is. ^
Poli ; {orfévJ) le poli de l'argent fe fait prefque
touti rhulle , avec de la pierre-ponce à Thuilc ,
& du trlpoli à rhulle y il fe termine par la potée
à kc.
Polir ; en terme d*orfévre en grojferte ; c'eft > au
moyen de la pierre-ponce , du tripoli & de la
potée , adoucir )ufqu*aux plus petits traits du fî-
floir ou de la lime douce , dont on s*eft fervi au
réparage.
Poncer ; {prpvrerie) ce mot fe dit chez les orfè-
vres lorfqu'on rend la vaiffelîe d'argent matte ,
en la frotrant avec de la pierre* ponce.
Poreux ; {or) c'cft de l'or qui renferme des ca-
vités & des impuretés.
PoaT£'A5il£TTE , terme d*orft\'rerle , rond de
métal en forme de collier, dont on fc fervoi t autre-
fois pour mettre fous les plats à ragoûts.
PoRTB'CHARNiiKES \ Ce font deux parallélîpi-
pèdes foudés , que les anittcs appellent carrés , que
i on met appliqués l'un à la cuvette ou boite « &
l'autre aU'deiTus,
PoRT£-FORET , en terme d'orfèvrerie \ c*eft un
petit étau ou tenaille à boucle , pointu par Textré-
mité oppofée à fes mâchoires. En reldchani la bou-
cle ou la vis de l'étau , on met dans fes mâchoires
un forêt de telle grofTcur ou grandeur que Ton
défire , quelquefois même ce neii qu'une aiguille
dont on a formé la tète en forêt ; on aflfure le foret
éhUiÇoa porte- forêt «en refTerram la boucle ou la
tis» on y adapte une poulie & fo» archei , 6c tn
appu]^aj^tla partie pointue de Tétiti contre un dou
Gteiifti & Iç (Qfit coacre la pièce qut Ton veut
percer: on forme fon trou, on évite par cet
de faire des forées dans toute leur longueiir|{
cela abrège beaucoup les opérations*
Tai repréfenté le pûrte*foret un peu ouverr ,
afin qu'on en conçut mieux la mécanique , Ac
j'y ai mis une vis , comme plus facile a faifir que
la boucle.
Précipité de for ; c'cft l'or au*on retroti? c eo
poudre , lorfqu*on -le dégage des acides qui k
tenoient en dinblution.
Pucelage ^ (^ierme d^orfévre") c'étoit un agré-
ment qui pendoit au demi-ceint d'ai^ent , & qui
étoit iait en manière de pçtit vafe. Mais aujourd'hui
on ne met plus cet agrément aux demi-ceiais d'or^
févrerie.
QUARRÉ , en terme d*orfevrt ^ c*eft une efpèci
de rebord qui fervoit fur le bx^Knet d'un chande-
lier , &c^ ou même au milieu d'une pièce » comnu
dans le baflinet , entre le collet & le panache.
Quart de rond ; c'eft un ornement qui ré^t
au bas du pied d'un chandelier. Il forme une efpccc
de moulure concave, ce qui le fait appeler ^u^n
de rond*
Rabattre ; c'eA abaî(ref & rendre infenfibles
les côtes trop vives & trop marquées que le tra-
çoir ou le perloir ont faites fur un champ, œ qn
fe fait avec un p la noir*
Raclkr ou Gratter ; c'eft polir avec le gni*
toir les parties creufes d'une pièce d'orfévr»ic ♦
où la lime, de quelque efpéce qu'elle foîi, tA
peut être introduite.
Raffinage ; c'eft , en terme d'orféyrerîe » bpuri*
ficaiion des matières d'or ou d'argent.
Rayons , en terme d^ orfèvre en grojferlgi cefoRi
des traits , ou lames aiguës d'or ou d'argent « q^i
cotoureni la lunette d'un foleil , & imitent \n
rayùns naturels de lumière. Il y a des rjtyùfis fiu-
ples , des niyons flamboyans , & des rayons k k bcf-
mine.
Les rayant à U ktrmint font des rsy&m finm
enfemble , & qui ne font fcparés qu'à'lcur cutrt-
mité, étant plus ou moitis longs pour approcket
la nature de plus près. On les appelle atnfi du OMi
d'un chevalier roiMaiii qui en a été l'inventetir.
Rayon famhoyant , eft un trail tourné en fer*
pentant, & qui reprifeme les variât
âamme«
O R F
J^'Of^fimpîe inurne \ ce font des languettes d'or ^
«i'argcm direéles, qui imitent \^%rayûnt de lu-
i>iérc. On en orne les foleils pour cipc/fcr le faint
Sacrement.
^ Rf cuiR£ -, cVft rendre à l'or fa diiaiîité & Ta
malléabilité en le faifant rougir au feu toutes les fois
jju'il a été durci » foit par le marteau , Teflarope ou
TcxtenCon au banc à tirer , à la filière , au cifc«
Jet, &c.
Recuire ; c*eft remettre au feu les pièces quand
elles ont été réparées, pour brûler la crafTe ou
lies ordures qiii peuvent s*y trouver , & donner
•également prifc au blanchiment fur toute la pièce.
Recuire , en nmt Je planeur, fe dit de Taélion
de rendre le métal plus doux & plus friable, après
rau*il a été forgé , pour le planer plus aifément &
pTans rifque,
r Registres. Les orfèvres (foivcnt tenir reglftre
des ouvrages qu'ils achètent, de ceux qui leur font
ilonnés en nanfiffement & à raccommoder.
Relever \ c'cft faire fortircerr aines parties d'une
•pièce, comme le fond d'une burette, Oc, en les
'sitttant fur le bout d*un€ rcfingue pendant qu*on
frappe fur 1 autre à coups de mart-îAU*
Rlpaaé ; (df) c'eit de For dont on rchsuflTe la
uleur,ou dont on cache les dcfauts par des
îcrnemens,
Rt PAR AGE , OU réparer , en terme tTorpvre , c'cfl
nettoyer les foi- dures , les mettre de niveau avec
les pièces , & rtflificr lou^rag^ au nutteau» à h i
)imc & au rlâoire.
Réparer ^ en terme â^orfivre en grojprie ^ c'cft.
adoucir les trait* d'une lime rude, avec laquelle
ton a ébauché «ne pièce, ou les coups de marteau
[qui y font rcAc> «près le plansge. On fe fert ,
comme nous Tavons dit v des rifloîrs dans cette
|g|èr-tioTi.
BBRgpous^oiR ; fbjjout.') c^eft un morceau d'a>
cîcf ^ d'un pouce & demi ou deux pouces, dont
fùne panîe eu jufte Si ai/ée, & de la grofleur du
trou du calibre , & l'e^itrémité juAe dé la groileur
^do trou au charnon; il faut que toutes ces parties
rfoient bien au centre les unes des autres &. fur un
^éme aie, & que la hice foit bien plane â: bien
(perpendtcul^iire à Taxe : on fait entrer ce bout dans
le trou du cliarnon ; la face appuie fur lepai^cur
> du charnon ^ & la fa.t fonir quand on frappe avec
»ltn marteau fttr Vextrcmtté du repouffoir^
I Repoussoirs j ce font encore des cfpèces de
fclfclcfs , qui fervent a rcpouiTer par deffous les rc-
licfs qu'on avoir enfoncés en les cifelant par-deffus.
ResingUS ; [prfivrerU) eft une branche de fer,
^pointue & pliée par un bout, arrondie S: cour-
bée par l'autre. C'cft fur cette dernière partie qu'on
met la p èce qu'on veut relever* La rejïn^iu » comme
on k voit, tjit le même effet qu'un levier parle
moyen des vibrations.
Lji rejî figue tfl ordinairen'.ent fichée par fa queue
recourbée ou dans un billot de bois , pu retenue
dans les mâchoires d*un éuu.
o R
447
*f. Corps deca&ttèreou burette fur hrt/tngfft*
if , Rcfingue* . ^
c , Marteau frappant fur k tcmc de la rtfingue,
d , Billot de bois.
Retrêinte ou RETREINDRI , fc dit proprement
de Taôion d'élever une pièce emboutie à telle hau-
teur qu'on veut, ou de la refîcrrer en frappant à
l'extérieur au défaut du point cPappui , du côté
des bords de la pièce ^ avec nti marteau ou un
maillet, tandis que la pièce eA appuyée fur unç
bigorne propre à cet ulage* Cette opération n*eft
pas une des moins difficiles de l'orfèvrerie , & les
meilleurs orfèvres font quelquefois contraints d'a-
voir recours aux chaudronniers , qui paATcnt pour
fort habiles dans cette partie , quand ils ont quel-
ques g'^audes pièces à retreindre,
Ri F LOT a ; e'.;R xxnt p^^fite branche de fer, dôtfl
i'cxti'.. " ' - . .. .,î * - . ■; V rn'a
de ct ri-
floir ,i j..^^'kiL-t..i] ■ ^ vk
comme la poignée d*.iii
prds Vers les deux titr> ck
pelle rifioir à charnière ^ de i
il y a auflî des rljîoîrs h Ka t.
creux, ronds, ^'c. félon lî ...
RlFLOlRS , en terme îTù-pvre *^
ces de limes qui ne font taiUtes qic ; :
bouts ; ces deux extrémités font fines ou
proportion du calibre du rifi&ir: elîcs font zui.i
recourbées pour ï>ouvotr s'infinuer dans tous les
coudes oîi leur ufage e(l néceflTaire.
Il y en a de ronds, demi ronds, de plats, de
triangulaires , & de toutes groffeurs ; ils fervent
à réparer.
RivtR ; c*eft arrêter une pièce ftrr une autre , à
laquelle on a pratiqué une efpece de clou qu'on
écrafc, & qu'on lime imperceptiblement Uir le
trou chamfrè ou fraifé.
Rocher ; c'eft environner les parties qu*on veut
foudcr de poudre de borax ; qui fert de fbndant
à ta fou dure*
RocHOiR ^ {erfevr.) îtiArumenc à Tufagc de
prefque tous U% ouvriers qui emploient les mé-
taux, C'eft une petite boîte de cuivre ronde , St
élevée à*peu-près comme la moitic d'un étui rond;
il y a un couvercle » & au bas un trou auquel eft
adapté un tuyau furkquel eft une pcfice bande de
métal crénée. Dans le corps de la boire eft ren*
fermé le borax pulvénfé , « on fait tomber cctie
poudte fur les pantes qiK* l'an veut rocher ou
;4i8
O R'
tfaupoudrcr de barax , en faifani pafler fon angle
lie long des crans de la pçriie bande crénéo , &
iea dirigeant le luyau fur les places où l'on a be-
f{pin de borax.
RouGt; {qA c'eft de Tor alUé de cuivre de
foietre.
ROUÇEATUE QU V£Rt)\THE i (<»r) c'cfl UtX OT
;lacédef^ugc au de verd daas Its ornemcas.
Rouleaux^! (otit dès efpecj^s d*S,^ qui ornent
commencement de la croile proprement dite i
Immédiaiement au-dellus du fleuron.
Saie , urme a orfèvre , petite poignée de foies
,e porc liées cn^-mble , 6c i^ui feit aux oruvrcs à
icttoyer leurs ouvrages.
Saisis ; (o/y>r/) ks pièce» d'argenterie faifies
ar les gardes-orfcvrës, font cachetées dufcau de
i mai fon commune.
Les commis du fermkr peuvent falfir fur le
impie foup<jon de fraude & de faux poinçons. Ils
ic peuvent iaifir la vaiffeUe coupée,
Saleron ; c'eft la partie d*une faliêre où Ton
met le feU
Sangle , tn urmcd^orfîvn , c*eft une bande de
cuir OM de petite corde nattée , environ d * la lar-
geur de 4 pouces , au bout de laquelle il y a un
anneau de fer pour recevoir le crochet des tenail-
les : on fc fert auiTi quelquefois de cord^ pour
tirer ; cUe a même cet avantage fur la fan^U ^
ÎiuMle n'augmente point le diamètre deTarbreen
e tournant delTus*
S^USSES ; ce font des liqueurs chaides com*
pofées de fols ôcde vert-de-gris , propres à donner
de la couleur à lor.
Scie a char non ; lame de couteau taillée en
fcie , pour couper le bout de dur nlére excédant à
raz du trou d'entrée.
Scie a couteau; (çr/ivurUy ce neft autre
choie qu'une lame de couteau taïllée en Jae,
Scie a repercer, en urm€ dt hljouurk ^ eft un
inftrument de Éer formant un carré alongé , en le
confidérant monté de fa feuille ^ fans avoir égard
au manche. Cette feuiMe fe prend entre deux mâ-
choires , d )m Tune, immobile, a [un trou tarau-
dé , & Tautre qui s'écarte & s'approche pour
ferrer ou lâcher la fcuiHc. Le manche cfl
fait de trois pièces, d'un morceau de fer qyi
jépond à la cage de la fck , taraud* prefque
43anf toute fa longueur, d*un écrou de boiidms
lequjl il entre » & d'une autre eavel(>ppc deboi^
qui couvre cet écrou.
G R F
Sculpté ; {or) c'eft, dins un ouvrage de bi;ôfi*
terie, d- lor donc le fond eft gravé*
SinnE-fEu, tn tttmt (JCofftvn ^ crt un mofcea«
dj fer ou ds i^no. à creufet de diffêrenics gran-
deurs, mai^ communément àz d \ ^ pouces ds
haut* Il fait un demi-cercle un peu alongé qui
renferme la café, & qui s'appuie contre le jam-
bage dj la forge. Il faut que \c ftrre-feu furpafllB
le couvercle du creufet » de quelque ctiolc efl
hauteur.
Il y a des trous au ferre- feu pour lai (Ter la li-
berté de fouffler avec le fouiîîet à main. Il ne fert
qu*à retenir le charbon autour du creufet.
Signer i c'eft marquer l'argenterie & Torfévi^
rie du poinçon. Chaque orfèvre ou argentiedH
fon poinçon particulier ; âf par les ordonnaMl
il leur eft enjoint àc fgner àc leur poinçon toute
la vaifTelle & autres chofes qu'ils fabriquent. L'ar-
genterie qui n'eft point Jignci y fe vend toujours à
plus bas prix que celle qui eil marquée du polû-
qon de Touvrier ; car ce défaut fait connoîtrc
qu'elle nt([ pas au titre prefcrit , & qu*il y a
trop d'alliage» ^^
30UCOUPE , ouvrage d'orfèvre» de faycn^||É
ou de potier d'étain , qui forme U figure ^H
vafe, compofè d'un pied, &d'un delTus , qui eft
une forte d alBetie large , avec de petits rcbi
fervant à pofer un verre ou une tafle.
Souder, ell TaSion de réunir différentes
tles défiinies pour n*en faire qu'une par le mc*yea
d^ la foudure.
Soudure ;c'eilunc coinpofmon d'or bas , d*«r-
gent & de cuivre fort , aifcc à fondre. Il y a de
h foudure au tiers, au quatre , au cinq » au ftx ,
au fept , au huit , au neuf ÔC au dix , qui eft la
plus forte qu'on emploie. Pour faire la foudan
quatre , par exemple, on prend trois parties
Ôi une d'aloi , que Ton fait fondre en fewible ,
que l'on forge de Tépai^cur d'une pièce de fix
liards , ât on la coupe par paillons plus ou moins
gros. On marque chaque morceau Ai foudurt du
numéro d,; fon titre, Àt on renferme les paillof»
coupés dini» dis boites aufTi numérotées dt Jca»
titres, ahn d'éviter rinconvémentdVmployer
fvudure pour une autre.
Soumission; c'eft l'aâc par lequel un oi
s'oblige de rapporter les ouvrages marqués du
çon de chétrgi du fermier , pour les faire marqt<
poinçon de décharge , quand ils font cnilcrc;
achevés, à l'effet d'en acquitter les drx>its.
Sucrier; vaïfleau d'.irgent , d'autre mé
de fayence , compofé d'un corps , d'un fon
d'un couvercle fait en forme de dÔme , lequel té
percé proprement de petits trous au travers 4|U
quels pafle le fucre ifuand on renvcrfe le /v4^|
Scarron reproche à fa fœur d'avoir fiiit rapeniB
les trOus de fon fucrUr par économie.
SuRTauT; pièce de vaîffclle d'argent ou f au-
tre métal, que l'on fert, garnie de fruit, (xir la
iible
^ui en
îs piP
m
M
O R F
des gens riclies. Il a quelquefois plufieurs bo*
èches , dans lefquclks on met les bougies. Gei^
F un a fait des fnrtouis de la pius grande beauté
ur la cifelure & le goût.
Syndics des orfèvres : leur nomination eft de
Il compétence des officiers de police.
Tabatières j ce font des boites d*or ou l 'argent,
fouvent enrichies de pierres fines ou fauflVs : il y en
a de loutc efpéce , unies , gravées > cifelces , înci uf-
'*;es,éinaillces, tournées, 6*^, carrées, rondes , à
ît pans» à contour , k bouge , à douffine , en p-îo-
n , &c, L*on ne finiroic pas fi Ton vouloit dé*
[crire tous les noms qu'on a donnés aux ubancrcs
tfor. Il fuffit de dire en général qu'on les a tirés
|ies chofcs naturelles & communes , auxquelles
«lies reffcoiblent, comme ariichauds, poires > oi-
I gnons, navettes, &c.
Tabatière pleine ; celle dont le corps cft
Biai&f d'or.
Tas, m urme (Torfivrt y eft une petite endume
Ahuît pans en carré comme la grande ; elle ti'en
«Affere que par fa grandeur , & une qUeue qui entre
dans le billot. EQe fcrt pour les petits ouvrages,
& pour planer; pour lors il faut qu*elle foît bien
Ipolîe , de mtmz que tes mart^aui.
Tas; (petit) c*€fl un moice^u de fer plat, de
fieure ovale, (k portatif^ dont on fc fert, au lieu
li enclume » pour les ouvrages qui peuvent fe frap-
^ fur rétabli.
Tas cahkelê ; cVft un tas de £er , dans lequel
m 1 gravé ou limé des moulures, & qu'on forme
fur l'argent, en frappant à coups de marteau. l\
Ia beaucoup de vaitTelle ronde ancienne, dont
s moulures étoient frappées fur le /iJJi mais de-
tois que Ton a perfeéèionné la vaiiïeUei ces fortes
le tas ne font plus guère d^ufagc,
Tekailies a bouclîs , fort des nnaiîhs dont
s qiieues font droites St plates dans toute leur
ncucur, & arrondies par le bout, le long def-
'tf *coule une boucle de fer , qui fert à ouvrir
rmcr, plus ou moins, les mâchoires des t€-
i » qui n*ant rien de particulier , quant à leur
ibnnc.
TEVAlitES CROCHES , font dcs umnlUs qui ne
différent des pinces ordinaires qlle par Tune de
leurs mâchoires, qui forme un dcmvcerclei & fe
termine en une pointe , qui entte ckins la place def-
roàc au chaton, &c. On fe fert des tcnéidUs cro-
\gkii çôut le limer; fa culaHe s'appuie contre la
miwboîre droite ôc plate , pendant que le morceau
de métal où Ton a lait fa place, eA retenu dans
la mâchoire courbe. On les appelle encore ttnnU'
l^s à chaton*
Tenailles a étirer, tn terme d'orfèvre^ font
de grcfl'es pinces , proportionnées néanmoins à la
Uroneur du fil qu'elles prennent en fortant de la
iSlière. Leurs mâchoires font taillées comme une
I lîme. Elles font compofées de deux branches qm
Âru ft Hkmu Tom. V, P^t* IL
o R F
449
lu
s*appliquent Tune fur Tautrc , en fc croifantun peu^
elles s'approchent l'une de l'autre à la tête , autant
qu'on veut , & que la pièce qu elles tiennent le per-
mit. Chacune de ces branches fe termine à Tau tre
bout par un crochet , ou s'attache la corde ou I^
fangle. * ;
Tenailles a FOKORE; ce font de groffe* tendlU
les qui différent peu des tenailUs ordioaires , fi ce
n'cft que les pinces font longues & recourbées
carrément. On s'en fert pour tirer les creufett
du feu , fit pour verfer l'argent ou Tor dans les
lingotiércs.
Tenailles a forger ; font des tenailles groflcs
par proportion à lu pièce que Ton forge : on les
appelle tenailles a forcer y parce qu*on s'en fert pour
retenir les pièces d*orfévreric fur rendu me^
Tekailles plates, en terme de bijoutier^ font
des pinces dont les mâchoires font plates , & dont
les branches» qui fervent d^ queue ou manche ,
font recourbées en dedans*
Tirage ou tirer, «/i terme d^orfévre ; c'eft don-
ner à Tor ou à l'argent , la groffeur &L la longueur ,
en le faifant pafTer dans des ftlléres toujours pliis
petites en plus petites » fur un banc à tirer. .
Titre-, le marc d'or le plus fin eft au titre de
vingt- quatre kar^ts.
Le marc d'argent le plus fin , eft au titre de
douze deniers.
Les orfèvres doivent travailler Tor au titre de
vingt- deux karats , au remède d'un quart de karat ,
& l'argent à ooze deniers douze grains de fin , ^u
remède de deux grains ^ c'efl àrdire, que fi lor ne
contient pas vingt-un karats trois quarts, & fi l'ar-
gent ne comlenc pas onze deniers dix grains, la
matière nVft pas au titre ; & après Teffai qui en fera
fart à la mailon commune , 1 ouvrage fera rendu
à l'ouvrier ^ & ne fera point marqué du poinçon
commun ; mais les orfèvres de Paris ont foin ^ plus
que les autres , d'attei;ndre Le fin requis par les régle-
mens; c'ddcequi contribue à entretenir la renom-
mée du poinçon de Paris*
Titre ( or tfi/ ) ; c'cft , dans la bijouterie , l'or au
titre de vingt karats , alnfi qu*il ell prcfcnt par les
ordonnances pour h bijouterie.
TopCHAUJC; on nomme a'mfi des aiguilles d'ef-^
fai pour les matières d'or Ôc d'argent. Ce font de
petit e4 lames faites des mêmes métaux , avec
dlffèrens titres connus. Ces aiguilles font large»
d'une ligne , é|; ai^es d'une demie , & longues de
deux ou troiv pDuccs. Chacune d*elks porte une
empreinte qui indique fon titre.
Tour rond ^à cùniour\ machine compofée de
différentes pièces pour couper, tailler, dégroffir ,
arrondir & former certains morceaux dorfévrerîc.
Trait or); ceft de Tardent doré réduit en
fil exiréinemcnt menu ât délié.
Travail de rorfévrerie-^CQ travail dc^r être fait
en boutique aux heurci prefcntes par les ordonnaa-
LU
45©
O R F
Ces, Avant de feift le travail des pièces d'arfèvre-
rîs, e)1e» doivent être marquées du poinçon du
fermier, &. d: celui de U maifon commune.
Tripolib; c*oft donner le troifiéme poli h un
ouvrage» avec U mattére du tripoli pulvériféc &
détrempée dans de l'huile ou de Teau, *
Tro/^chet; c'c(l proprement le billot fur le-
quel ïe moment les bigornes ,)es u% & les boules
de taure elpéce. t. * ' cfl percà à cet etlet
de rrx)us de divcrfô i:rs,
TrU5QUIN ; outil dom Tufage ordintîre efl de
marquer rcpaiflTeur des tenons , & la largeur des
mortaîfes.
Tuile ; c*eft une efpêce de llugotiére , compofèe
de deux pkques de f5r , montées fur lin chaflis de
même, environnées d'un lie tt d'une feule pièce ^
dans lequel on lès preffe plus ou moins avec des
mns, ielon que l'on a p!us de matière à y jeter.
Cette imachine paroit d'abord plus commode qu'une
lingotiére, parce quelle rend là matière d^une
forme qui approche plus de celle qu'on veut lui
donner; mais elle la rend ventcufe.
Vaisselle fargeru ^Àmèri^ac {^orfcvrtrh d!' Amé-
rique). Ufe fabrique dans rAmèrique cfpagnole ,
quantité de vaiffcUc d'^r^tm , qui fait une pan je du
commerce di contrebande qia;^^ les vaiiTeàux des
autres nations de TEuropc ont coutume de faire ^
foit fur les côtes de la mer du nord , foit fur celles
de la mer du fud. Les profits fur cette marchan-
djfe font très-grands ; mais pour n'y être pas
trompé, il faut être inflruit de la différence qu*il
-y a entre \^v(tiJfelU qui eft fabriquée au Pérou,
^cc celle qu'on fait au Mexique.
* £n général, il n'y a rien de fixe ni de pofîtîf
•fur le titre de cette vaiJfdU , le prix n'en étant pas
Véglé , & les orfèvres travaillant comme il leur
plair. Celle du Mexique eA la meilleure, quoique
pourtant elle diffère de quatre à cinq pour cent du
titre des piaftrcs , fuivant qu il y a plus ou moins de
foudmc*
La rmffe..e qui vient du Pérou eft encore plus
fflîetre inx alliages forts ; eat il y en a ^li ne rend
pss neuf dç^nirrs & demi de fin , quoique ce foit
o R F
de la vaîJfelU plate , enforte qu'il n*cn faut icKetc t
qu'à un bas prix. Elle ne vaut ordinairement que
lept piaftres 6c demie le marc. Sav^ry,
Vase ; les orfèvres travaillent à toutes fortes de
v»ifts , foit pour les églifes , foit pour les particu-
liers. Il faut ici leur faire connoitte le livre dun
italien fort curieux fur leur art , c'eft celui de Jcii
Giadini : ij a public k Rome, en 17^0, //ï-yînv,
des modèles de pièces d'orfcvreric , propres à tour*
nîr des idées pour inventer & faire toutes ibrtd
ào-vafei élégans , d'or , d'argent ou autre mcul.Ca
ouvrage contient cent planches gravées fur cuivre,
& oui font d'un fort beau deffin.
Vente ; il e(l défendu d'expofer en vente aucun
ouvrage d'orfévrerîe , avant qu'il ne fok m^Uf
des poinçons de maître, de maifoncon? "**''" ^- h
fermier , tam aux pièces pinci pales que
& que la foumiffion n'ait été déchargée o^ ic uru«t
payé , à peine de confifcation & d'amende,
Verd (<?r)* c'eft de l'or allié d'argent.
Vermeil; les ouvrages de vermeiT payent les
droits comme l'argent.
Vermeil por£^ les orfèvres noroinencsinfib
ouvrages d'ar^nt qu'ils dore fit au feu avec de
l'or amalgatné.
Vierge (c^r)j c'eft de Tor pâle qui ûefl pont
allié de çuivrct
Vinaigrier ; c^eil une forte de petit va&de
vermeil doré, d'argent, d'ctain , de fayence,de
crida! ^ &c. ou Ton met du vinaigre qu'on fat
fur table. Il efl compofc d'un corps , d'ftn Ciu*
vercle , d'une anfe , d'un biberon o: d*un pied.
Visites; les gardes - orfèvres font des rîfitti
cher leurs confrères pour le maintien des rédemenv
Les commis du fermier peuvent faire auffi de$vi/f«
affligés d'un officier de î'EJeftion.
VoiE-skCHE ; c'eft U diffolutîon de l'argent pir
le foufre , procédé que Ton nomme autremem
départ ftc^
VoitER ; en terme d'orftvperîe , c'cft l'aôkift
de céder à ItmpreÔion du feu, defairi 00 m
fouffle du moincire vent* On dit d'une pièce intiicc
qui fe plie a'ifémcnt , qu'elle vmU\
''jiij:.'Ki r. M.n • 'j*
I
ORSEILLE ET ORCANETTE.
( Art d'en faire usage ).
ORSEILLE.
o.
'N diftîngiie deux cfpèces SorfùlU. L'une, qui
cft la plus commune, k moins chères mais auilî
Il moins belie & la moins bonne, fe nomme
QrCtdlc d*AuvtTpït ou de tftre^ Elle fe fait avec la
ptrcUc ^ qui eft une efpèce de croûte végétale, ou
de mou (Te qu^on ramaiTe fur les rochers. On la
broie, on la mêle avec de la chaux, & on Tar-
rofe pendant pltifîeurs jours avec de l'urine fer*
mentàe. Au bout de huit ou dix jours, elle de-
vient rouge en fermentant , & fourmi abrs une
couleur propre pour la teinture.
Uautre efpèce eft la plus cftimée ; elle donne
h couleur la plus belle , la plus vive , & en plus
grande abondance , tant fur la laine que fur la
loie. Elle féfifte aufli davantage aux épreuves du
dèbouilli. Elle e^ préparée avec une forte de
mouflTe ou de licheo qui croit fur ks rochers des
îles Canaries, C'eft auffi Tefpécc la plus eAlmèc ,
qu*on nomme orfâlU d*kcrhc , ou dts Canaries , ou
du Cap-Vert. On prépare cette orfeîlle à Lyon,
à Paris, en Angleterre & en quelques autres en-
étroits , fur-tout à Amfterdam,
Cependant les ouvriers qui préparent 1 orfcîlle
dlierbc» font une forte de myllére de leur mani-
Fulation; mais M, Hellot , célèbre chimifle, de
académie royale des fciences , a trouvé un procédé
funple & facile pour la préparation de lorfeille,
que voici :
M, Hellôt pt4t une demi* livre d*ôrfeiîle du Cap-
Verd , hachée ou coupée bien menue ; il la mît
dans un vaifleau de criïlal, y verfa de Turinc
fcrmentée ce qu'il en fallut pour la bien huntcdter;
puis il y ajouta une once de chaux éteinte pour
la première fois ; il remua ce mélange de deux
heures en deux heures dans la première journée,
ayant foin à chaque fois de recouvrir le vaiffeau
avec ion couvercle de crjftal.
Le lendemain il ajouta encore un peu d'urine
fermemée & un peu de chaux ^ mais fans la noyer ^
fie il aeita ce mélange quatre fois dans le fécond
jour. L'orfeille commença alors à prendre une
couleur pourpre , mais h chaux reAoit blanche*
Le volatil urineux qui s'eihaloit lorfqu il kvoit
le couvercle, étoit fort pénétrant.
Le irolfiéme jour, il mie encore un peu d*iirine
& un peu de chaux , & il Tagita quatre fois en
différens temps. " '
Le quarriéme jour, la chaux commença ï prendre
une couleur pourprée.
Enfin tout étoit d un pourpre clair au bout de
huit jours. Ce pourpre devint foncé de plus ca
plus pendant les huit jours fuivans. Ainfi, au bout
de quinze jours , Torfeille ctott très-propre à four*
nir une bonne teinture.
Il eil donc démontré , par ce procédé de M. Hel-
lôt , que rurine & la cliaux éteinte peuvent fervtr
feuls à bien préparer Torfeille <, fur- tout fi on l'agite
& fi on la pile pour la réduire en pàtc,
Tout le fecret ne confiile qu'à développer la
couleur rouge que peut fournir cette plante , en
emptoyaui un volatil urineux excité par un aUcalî
terreux.
Si Ton veut que la pâte d'orfeillc prenne une
odeur de violette > il ne s'agit que d*ôter le cou*
vercle qui ferme le vaiffcau dans lequel on a
préparé cette pâte ; au bout de quelques femaînes
elle a en effet une odeur ue violette.
La férelU ou orfeille de terre préparée de cette
manière, & avec les mêmes foins, fournit auiTî^
au bout de quinze jours » une afTez belle couleur*
On peut tirer par.tllcment un a^cz beau rouge
de pkîfieurs autres efpèces de moufles. M. Heilot
en a préparé qui verioicnt de la forêt de Fontai»
nebleau. Il en a obtenu , par rînterméde de la
chaux & de l'urine > une ce^ukur ponrprt.
D'ailleurs il indique un moyen bien feciled*ef-
hyér les moufles qui peuvent être propres à fubir
ce changement. Il f^ut , dit -il, mettre dans un
petit vaie de verre deux gros de Tcfpèce de mouiïc
dont on veut faire ré|>reuvc; on les humeéle de
Pefprit volatil de fel ammoniac, & de partie égale
d*eau de chaux première : on y ajame une pincée
de (ti ammoniac ; enfuite on ferme le vai^eau
d'une veffie mouillée qu'on lie autour du bocal',
parce que» dans la préparation de rorfcille, il eft
néceflaire d'empêcher , dans le commencement de
Topération , rcvaporatiRn de Talkalt volatil uri-
neux , attendu que c*eft lui feul qui développe la
couleur rouge.
Au bout de trois ou quati^ j»urs , iî le lichen;
LH a
452
O K S
cl qu'il Cuit^ cfl de nature à donner du rouge,
le {>cu de liqueur qui coulera en inclinam le vaif-
feau où Ton aura mis la plante, fera teint d'un
rouge foncé cramoifi , ôf la liqueur i'iivaporant
cnfuite , la plante elle - m à me prendra cet te cou-
leur.
Si la liqueur ni la plante ne prennent point
cette couleur, on ne peut rien en cfpérer, & il
eft inutile de tenter (a [-Tép^ration en grand.
Le moyen de connoi re fi lorfcilie que Ton
achète eil bonne , tk Ci elle donnera une tein-
ture folide, cû d'applî^ucr de cette pdte un peu
liquide fur le dos de la msin , de l'y laLfler fé*-
cher, Ôt de la laver enfutte à Teau froide ; fi cette
tache y relie feulement déchargée d'un peu de
couleur, on juge que l'ûrfcillc eftbonne^ & qu'elle
fournira un^ teinture foUde.
li faut gjfder la pâtcr d\'rfci!le dans un lieu
frais , afin quVUe fe dure fTe moins.
L'orfeiUc donne fa couleur ég^ilement à Teau &
à refpn>dt-vin j il fuffira de l y fiire infufer à
froid pendant vingt quatre heures, en la remuant
de temps en lemp», après quoi 11 hiiâ laiffcr
repofer la liqueur col<Tée pour la tirer claire en
la décantant , ou avec un fyphon.
1 Obfervtz que la teinture d'orfeillC| fur- tout
celle qui eil à leau pure, eft fujetfc à perdre fa
coultur quand elle n.ûc en repos thns un lieu
frais; mais elle la reprend de mèmç Ci on'ragite
un peu, en Itii procurant le contadl d'un air
nou\caii»
Cçft ce que Ton pratique pour rendre à la
liqueur des thenncinèrres fa couleLr*
L*unc 6c Tautre oifeilie s'emploient communé-
ment en les délayant dans de Tcau tiède* On
augmente enfuite la chaleur jufquà ce que le
bain foit prêt à bouillir , & on y plonge 1 étoffe
fans aurre préparation que d^ tenir plus long-
temps celle à laquelle on veut donner une
nuance plus foncée.
La coul-ur naturelle de Torfeille eft un beau
gris dt'lin tirant fur le violet; msis en donnant
précédemment à Tetcffe une couleur bleue plus
ou moins foncée, on en tire la couleur de pen-
fée, d'amarante, de violette & de quelques autres
lembbbles*
Ces couleurs font belles , mais elles n'ont pas
Mnc grande folidité ; on tenreroit même inutile-
ment de les affurcr en préparant Tétoffe dans
le bouillon de tartre & d'alun.
Il eft vrai qu'on peut tirer de rorfcille une cou-
leur ptefqu aiiiTi folide que celle du bon teint ,
en rcnsployanr comme on ftit ta cochenille» avec
la difibiuiion d'éiain par refprit de nitre rcgalifé ;
mais cette couleur ne fera plus celle de lorfcille;
au lieu du gris-de-lin, on aura une couleur icm-
blable i U dcmi-écariate. La chaux d'ctaîn blanche
par cUe-m^me s*etant mélce avec la matière colc-
ranrc , en a éclairci la nuance.
L'orfeiUe des Can atics^ fimplement délayée dans
ORS
Teau ; & appliquée à froid fur le marbre blanc ^
lui communique une belle couleur bleue plus
moins fcncéc , en la laiflani plus ou moins
t:mps fur le marbre, & en y en remettant à me-
fure qu'elle fe sèche. La couleur devieat trèi- belle
en moins de vingt-quatre heures » & pénètre très-
avant.
Si Ton fe fert de Torfeille d'herbe ou des Ca»
narîcs préparée à Tordinaire , c'eft-à-dire, avecla
chaux & Turine, ou quelques autres ingrédiens
femblables , la coulei*r fera plutôt violette que
bleue ; mais pour avoir un vrai bleu , il faitt
qu'elle foit préparée avec du jus de citron , & il
n y a point à craindre que cet acide endommîge
le marbre, parce qu'il efl entièrement émoufljfc fl|
abforbé îojfqu'il a été travaillé aveC rorfeille afa
long-temps pour La faire venir en couleur.
Pour employer cette coukrirr, il faut que 11
marbre foit entièrement froîd» On la met atte
te pinceau ; mais comme elle s'étend b#aucilip«
on ne la peut employer qifà faire de pMnéiS
veines qui ne font pas bien eiiaâement termÎDéefi
à moins qu'elles tic touchent îmmédiaFeaieiit in
parties colorées avec le faog -de-dragon oti b
gomme gutte , auquel cas elle s'arrête. On la cov*
tient auilî avec la cire , foirt col<>rèc , fi ronreuf
les veines colorées , foii blanche , fi Fcn veut que
les veines demeurent blanches, ce qui fe pcct
exécuter avec afiTez de précifion.
Si cette couleur a Tinconvénient de s^étembf
plus qu*on ne veut , elle a auffi deux avamigéf
trés-confidérables. Le premier eft quelle cfl d'woc
grande beauté , Ô£ même au-defî'us de tout ce qui
iù peut rencontrer naturellement dans le marbre;
Tautre eft qu'on peut la parfTer fur des veines et
rouge, de brun oc de jaune, fans qu'elle les en-
dommage » & qu'ainfi elle eft extrêmement facile
à employer.
Il femble qu'on pourroit foupçonner cerrccorh
leur de n'être pas des plus folides , parce
teurnefol tk l'orfeille changent fort vite ex
fcnt à Tair; cependant M, Dutay a vu des mor-
ceaux de marbre teints de la forte depuis tîfvï
ans, Cins qu'ils aient fouffert aucune a
fenfible ; au lieu que le fafran , le tau. « -^
quelques autres matières perdoienr en peu de joar*
une grande partie de leur couleur; d'où Ton petit
conclure que fi cette teinture n'tft pas zvCCi Coï^
que le rouget le jaune , elle ne laiflera pisdf
confetver longtemps fa beauté Si ion éclat.
M. Dufay fait encore une obfcrvaiion ; c'ci f*
cette couleur, qui pénétre extraordînaiTeiliaKlc
marbre, & quelquefois de plus d*un pootc^lt
rend un peti plus tendre & plus itiablcqu^il n'étoii
auparavant , lorfqu'on fe fert de la leffire ik duMi
ôc d'urine*
Cet inconvénient ne mérite aucune atremiofiloct
qu'on ne veut faire que des taches ou qticiqoes «é*
ncs bkues; mai^ fi Ton vouloit tciodira toute wê
table de cette couleur, & la rendre txtttmmeû
ORS
foncée en y remettant plufieurs coyches, il ferait à 1
cuiijdrc qu*on ne la rendit pir-là plus facile à rom- I
prccn la ch rgeant ; car il iemble , à rexpèrience,
que le marbre » extrèoiemetit pénétré de cette tein-
ïuft, fe caffe plus facilement qu auparavant; mais
«Il ne peut arriver dans des pièces folides, comme
d« cheminées, ou lorfqu on ne voudra pas les tein-
dre entièrement de cette couleur , ou quand on
n'emploiera que VorfeUU j Amplement diffoute avec
l'eau commune*
Orcanette,
L*orcanette eft une plante qui pouffe à la hau-
teur d'environ un pied , pliifieurs liges qui fe cour-
bent vers la terre. Ses feuilles fom femblabks à
celles de la buglofe fauvage, longues, garnies de
poils rudes. Ses 6eurs naiirenc aux fommités des
branches; elles font faites en entonnoir à pavillon
découpé, de couleur purpurine.
Quand cette fleur eft paffée, il paroît à fa place
dans le calice qui s^èlargit, quatre fcmenccs qui
€»DC la figure d'une tête de vipère , de couleur
cendrée*
La racine eA graffe comme le pouce » rouge en
{on écorcc, hlanchâcre vers le cœur.
Cette plante croit dans ïe Languedoc ^ en Pro-
venre, aux lieux fablonneux. Si fleurit en Mai,
On fait fécher fa racine au foleil , ëcon l'envoie
aui droguiftes qui la débitent, EUe fert en phar-
iDicie à donner une teinture rouge aux médica-
«ens qu'on veut dcguifer , Si aux teinturiers pour
feindre en rouge. C'étoitle fard des anciens.
Comme il n'y a que l'écorce de la racine qui
ORS
455
foumiffe de la couleur , il faut cliolfir la plus menu^
On ne peut teindre avec la racine d'orcanettc,
qu*iine matière graffe ou fplritoeufe, comme Tef-
prit-de-vin ; c'eft pourquoi on la biffe infufer dans
l'huile de noix, dans refprit de térébenthine , ians
refprit-de-vin , ôic. &c, ; fi Ton veut teindre une
grsiffe ou de la cire blanche, on la fait fondre, &
on y fait tremper cette racine en petits morceaux
pendant quelques minutes.
La bonne orcaneite de France doit être nouvelle »
fouple, quoique fèche, d'un rouge foncé en deffus,
blanche en dedans » avec une petite teinte de cou-
leur bleue.
Cette racine étant mûiiillée ou fèche , doit tein-
dre d'un beau vermeil , en la frottant fur Tongle ou
fur la main»
On apporte du Levant en Europe rorcanetre dire
de ConftantinopU. Cette orca nette du Levant eft
auffi une racine affez fou vent greffe comme le bras >
& longue à proportion. Elle ne psroit à la vue qu'un
amas de feuilles affez larges , roulées Se tortillées à
la manière du tabac. Au haut il y a une efpèce de
moififfure blanche & bleuâtre, qui efi comme la
fîeur. Cette racine ell inclce de différentes cou-
leurs , dont les principales font le rouge & le violer.
Dans le milieu il y a une efpèce de moelle couverte
d*une écorce très- min ce, rouge par- deffus & blan*
che en dedans,
ily a grande apparence que toiit cela cfl artificiel.
Auffi Tufage de cette forte d'orcanctte doit être dé-
fendu aux teinturiers du grande du périr teint , ps^r-
ce qu'elle fait un rouge brun tirant fur le tanné , qui
ell une trè$<mauvaife couleur 6c peu affurée.
454
O R T
O R T
ORTIE.
( Art de cultiver et d'employer cette plante. )
Par 3/. Je Baron de Servleres.
R,
I E N lî'ell plus à défirer que de voir la culture
de l*ortie généralement adoptée* Par elle , on pourra
bientôt fertilifer , du moins en partie , les fables
d'Olonne , ïes landes de Bordeaux , & quelques
cantons arides de la Sologne, de la Champagne &
du Berri. Les cultivateurs qui feront des elTais en
ce genre, ne manqueront pas fans doute d'en
communiquer les réfultais.
De toutes les efpèces d orties , on ne cultive que
la grande pour le bétaiL Nous la nommons ortie
pigrièch , & les Latins , unica urens.
On peut cultiver la petite ortie à fleurs blanches.
Pour mieux jouir dVne ample récolte de fleurs , on
en prépare la terre au printemps dans un coin du
jardin ; & comme alors elle poufle en touffes ,
par- tout oii elle vient naturellement, on la lève &
on la tranfplante dans dt;s rayons diflans d'un
pied : on les place en quinconce également à un
pied*
Les orties croîflent en touffes , qui fe chargent
continuellement de fleurs. On les cueille tous les
[Ours.
Cette plantation pérît peu-à-peu dés le folftîcc
d'été : fi Ton juge ^ propos de lai (Ter quelques
plantes monter en graines , elles fourniront le plant
pour Tannée fuivante» fans fe donner aucun loin :
ces plantes ainfi rangées » reflemblent beaucoup
die loin aux fraiflers des jardins,
La grande ortie efl vivace : on la multiplie de
plants enracinés , tout comme on fait de la lavan-
de , de TeAragon , de h niélifle , &c, &c.
A cet effet, on prépare la terre dès l'automne ,
& Ton plante fur-lc-champ les racines qu'on a
rafraîchies : le labour doit être alTer, profond pour
que les racines foient pofées droites. On les cou-
vre jufqu'au collet ; & par-dcflu* , on féme un
pouce de terreau ou de feuilles de forêt, qui y
pourriffcnt pendant Vhiver, On a foin qu*il y ait
a chaque plant environ un pouce de U tige qu'on
laifTe à l'air libre.
L'on foule la terre le long des rangée de ta
pbnution , aAn d*cmpècher leur dèchauffement ;
6i quand il arrive , il efl ncceffaire d y faire un
fccuuvrcm^m an printemps fuivant.
Lorfqu*on plante les onies , on peut commen-
cer à les récolter dés Tannée fuivantc ; il eR rm
que la récolte en eft très-petite : elle devient plus
abondante la féconde année; mats à la troifiémi
elle efl en plein rapport»
On fème auffi les orties r la graine en eft mht
dès les premiers jours d*août. La préparation de li
terre clt la même ; mais on féme la graine comme
toutes les graines fines , qu on mêle avec fit par-
ties de cendres ou de terre fine* Cette fcmaiile te
fait toujours en automne* Il eft inutile de recou-
vrir la terre ; la charrue Tenterreroit trop , k îi
hcrfe ne feroit que la déplacer inutilement.
On ne touche point Tannée fuivantc aux Jcunei
orties , & l'automne on les couvre de terreau
léger» ou de fumier , également léger, femé clair;
mais on a le plaifir d'en jouir à la troîfiéme année ,
6c rien n'eft plus focile que^de perpétuer cette jooî('
fance ; car il fuffît de laiffer d'efpace en efpace ,
quelques plantes monter en graines i iorfqu**!!^*
font mûres , le vent les (éma de cùté & cl
& ces jeunes plantes fuffifent pour repcir
champ.
Ofl a foin de changer tous les ans les places det
plantes-méres , pour mieux régler la chute de leurs
femeûces.
Cette culture eft affez femblable à celle de U
luzerne » qu'on multiplie également de graîfl<s & de
plants enracinés.
Lortie fe plaît dans les bons terrains, & y
vient à fix pieds de hauteur ; mais on lui dcftiflc
ordinairement les plus mauvais » ceux ou k ûtn*
fin ceffc de croître.
C'eftavec elle qu'on tire parti des rochers pour-
ris/des côtes pic rre a fes , en pente, & de tous
les terrains en général dont on ne peut rtcn
faire,
Lorfqu^oo en garnit les rochers , on y tk^asA
ordinairement une couple de pouces de tore, &
on féme par-deffus : on a foin que les pfnies m
Tentrainent dans le bas « en les garniilkm de brau^
failles.
Ces plantations étant entretenues par des pUmes*
mcres , & de temps en temps par quelque tene
O R T
i Iruf ùrve d*appui & d'engrais , font étcr-
iUcs, & on a le bonheur de rendre utiles les
Qx les plus in«;rats*
Les oriîcs croilîent très-bien dans les foiTès, qtiol-
f{iàk Vomhrt , pourvu qu ils fotent fecs ; on en a
pln% d'un exemple.
► L'onie vieille & en graine n*eft bonne que pour
b Uiièrc : le bétail la répugne par rapport a fon
odeur forte, à fes piquans , & fur-tout aux arai-
«fnccs qui font leurs toiles fur fes grappes. On ne
luroit trop éviter d*cn fervîr en cet état.
Pour donc en donner au bîtail qui lui foit agréa-
Wc, il faut la couper toutes les fe mai nés i alors
MSlIe fera jeune tendre , 6c de bon goût* On ne
la fett jamais feule, ni en vert ni en fec , parce
qu elle eft un amer , & que par conféquent elle
échauffe les vaches ; ûi en la mêlant au fourrage ,
il fuffit d*un huitième fur la nourriture ordi-
naire.
Les Suédois coupent l'ortie en très-petites lon-
gueurs » & ne fervent aucun foutrage fans qu elle ne
loit de la partie.
^On fait avec Tonie quatre récoltes par an ^ dont
* plus fone eft toujours la première. On la fait
«cher comme le foin , & on la fcrt mêlée avec
le trefîc , Je foin ou le regain & la paille.
En hiver, on fait bouillir de l'eau vers le foir ,
ti on la jette fur un baquet plein d'ortfès ; elles
infufenc toute la nuit » &c le lendemain matin on
fait déjeuner les vaches avec ces plantes, & on
leur en fait boire Teau , que le bétail aime d'au-
lanr plus , qu'ordinairemeiK on met dans ce liquide
lin peu de fcL
Quand on fert du foir, des recoupes , de Torgc ,
de Ta vol ne êi autres farineux aux vaches , il eft
loueurs bon d'y mêler un peu d orties hachées.
Un des mérites de Tortie eft de jaunir le beurre :
U eft prouvé qu'à cette qualité , qui eft précicufc
en hiver, cette plante joint celle de rendre beau-
coup dccrùme, & dVntretenir en bon état le bé-
uil, parce qu'elle eft à-la-fois anti-fcptique & alté-
rante ; cVft pourquoi on ne la fert jamais feule au
béait.
Elle eft la première des plantes qui croiffcnt au
printemps, dans les endro ts arbités & cxpofés au
midi ; Vortie a déjà ptufieurs pouces de hauteur ,
Jtie les autres plantes n'ont pas encore remué. Elles
orcni le beurre du carême ; ai Ton préfume qu*cllcs
font une des eau fes de la bonté du beurre de la
L*arpcnt royal d'ortie , bien cultivé , & dans un
Wn terrain , donne en quatre récoltes dix-huit
chariots de fourrage fcc , ce qui peut régler le
EToprî Claire , en admettant la conlommatlon au
uinéinc^
L'onie ne craint aucune géléc ni aucune intem-
périe. La récoke d'une ortiéte bien foigncc ne man-
que jamais k caufc du irtiid ou de la chaleur , de
U fcchereflre ou de Ihumidité.
On doit toujottn , tk dans tous les temps ,
o R T
'455
interdire au bétail l'entrée des ortïçrcs > parce qu 11
gâte les plantes en les foulanr fit les trépignant , 6;
qu il ne doit jamais manger fcul cette efpéce lîc
fourrage. Les champs doivent être tenus foigncufc-
mcnt clos ; Us clôtures font une des pnhcipriles
caufes de leur profpérité.
Parmi les engrais qu'on peut leur donner, les
mortiers des démolitions des vieux bâtimcns , font
regardés comme un des meilleurs , tk c eft fort
ailé à comprendre, puifqu*ils font très-riches en
alkali & en nitre.
Une très-excellente nourriture fournie en autom*
ne au bétail, a été du farrafin en flcur & en laie >
mêlé à la proportion du tiets fur une moitié de
regain , ik un fixiéme d'orties fraîches , qu'on avoir
afpergécs un peu d'eau falée :les vaches , pendant
cette période , ont donné du lait auift abondam-
ment , fit le beurre a été aufti délicat 6c aulft dora
qu*:îu printemps.
, Une obfervation générale en Suède , depuis pîu-
fieurs fièclcs , cfl que les vaches qui mangent de
Toriic , ne font plus fujettes aux épizooties , ik
qu'elle contribue à la guértfon de celles que ce fléau
a attaquées , étant adminiftréc de bonne heure ;
aulfi , la culture de cette plante y efl-elîe générale-
ment répandue : le gouvernement s'y cfl întércfTé ,
& les tniniftres du roi n*om pas dédaigné dci'ca
occuper eux-mêmes.
Voici ce que M. Grojley de Troyts , écrivoit à M.
le Baron de Servières , (e ao juin 1781.
» Je viens de parcourir dans ttfpm des journaux ,
un traité fur la cuUure de Vortie à f ufage du bétail.
Je vous dirai à ce fujet, que je connois un pays ou
les bonnes ménagères chargent de cette plante les
cendres de leur lelTive :ellc lui donne une efpéce
de favon , & au linge ce bel œil bleu que l'on
cherche par le moyen de l'indigo, n
» D'autres gens s'en fervent pour donner aux
prés des bornisaulTi invariables que reconnoifta*
blés- \Jn ou deux pieds d'ortie font ces bornes ,
que les racines des herbes qui les entourent empê-
chent de fe propager , fans s'oppofcr à la difpoft-
lion que la nature leur a donnée pour être vivaces
à perpétuité ».
19 II eft parlé dans te journal économique du mois
d'avril 1751 , d'une manufacture de fil d'ortie qui
s'établiiTolt 4 Lelpfuk. La plante appelée urnes
urcns maximû y aUcr commune en France, étant
cueillie encore verte , dans le temps néanmoins
ou fes tige^ font à moitié flétries , on la faifoit
féchcr , enfuitc meurtrir de manière à pouvoir tirer
le bais du milieu de Técorce.
Cette écorce eft une efpéce d'étoupe verre , qu'on
peut préparer ce m me du lin, qui fcfile>& qui donne
unlild*un brun verdâtrc , très-uni, très- clair, &
rtifcnûblant à peu-prcs à un fil de Uine. Ce fil étant
bouilli , jette un fuc verdàire ; mais il devient cnfuiie
plus blanc, plus urâ & plus ferme. Ces «xuèrien-
ces , qui ont été faites en grand & avec fucces pour
parvetiir à faire de 'a toile , réuffuoicnt (tr^ douce
456 ORT
également « s*Il6*agtflbit de faire da papier <iJ
Un médecin anglois a fait imprimer dans les
papiers publics , Tarticle fuivant :
it II y a long-temps que je fuis perfnadé que les
dons les plus communs de la providence font les
plus utiles , les plus falutaires & les plus dignes
d^çftime : je vais prouver à préfent , par un feul
exemple dont je puis parler avec confiance , que
cette opinion ti'eft pas mal fondée.
L*<ntie commune piquante ^ en apparence auffi
inutile & à charge qu'aucune plante qu'on défigne
foDs le nom de mauvaife kerhe , eft un des meil-
leurs remèdes que nous connoiffions dans le régne
végétal.
Àdmîniilrée en forme de décoâion ou d'infiifion
forte d'une pinte ( chopine de Paris ) par jour ,
ORT
elle fortifie tout le fyfléme , & remédie au relâde-
ment particulier.- Si on la donne en dicoébon en
infufion foible , c'eft un altérant & un apèridf ad«
mirabie : elle purifie le fang , & diffipe la obflruc-
tions des vaiueaux.
Le fuc exprimé de cette plante , avalé par cuil-
lerées , félon le befoin , eft un puiflàot ftiptiqne
dans les hémorragies internes. Appliquée intériea*
rement en forme defomenurion ou de cataplafmc,
l'ortie réfout l'inflammation & diffipe les tumeurs:
on peut s'en fervir avec beaucoup de confiance
dans les maux de |<f^e , pour en mettre mnbrieurc-
ment fur le cou , ol s'en garg^rifer en même teaci.
J'ai été plufieurs fois témoin des (iiccés qn'dk
a eus dans ces cas ce.
PAIN
P A ï
P A-'I
457
PAIN D' È P I C I E R, (Art du)
J«rfl paîn d'épk:cr cfl celui qui îau ik vend clii
pain d'épîce.
Le f oint une invention mo-
derne. ' i jnt de TAfie. On Ut dans
Atk<rUc , qii tl le taitoit à Rhodes un pain affai-
(onnè de micî , d*un goût fi agréable , qu*on en
xnang&olc avec dil^lices après les repas. Les Grecs
oomnioîent cette ftiandifo mdiUus,
Le pAin d'ipkc cft ainfi appelé par les moder-
nes, parce r '' une forte de pain fidt avec
de la farine , affaifonnèe d'épices , qu'on
pétrit avec l s.ci.n:;; de fucrc » & ordinairement
avec du miel j,^iinf»
Ce naîel faune eft celui que Ton tire parexpf-ef-
fion des gâteaux de cire des ruches das abeilles. W
eft coloré par la cire brute provenant de la pouf-
fièrc d'étammesde fleurs* On fait que les mouches
à miel mettent ceire pâte en réferve dans leurs
alvéoles pour s'en fervir » foit pour leur nourri-
ture , f(ut pour U conilmâton de leurs cellules.
Oo n'emploie pour le païn iTèpUe , q^c U fa-
rine de ftiglLï , qu'on pétrit , comme oft vient de
le dire » avec du miel & des épîces.
Avajit d'employer le miel dans le pain d'épice ,
n fiiut qu'il air bouilli long-temps » & qu'il foii
bien éaimé. On y détrempe la farine de fàgle
pendant qu'il cA encore chaud, avec unit efpece
de gichû f^iîic exprès. >
Quand la pâte a la confi fiance qu'on veut lui
donner , on la met dans des ftbillcs de bois pour
l.'cWRV^her de couler. On Tcn retire enfuitc , 8t
roo donne à ces more - * s formes diffc rentes;
ou ïi^ny imprime .jr au moyen de mou-
lai . ' ^ i^LujJ gravées. . .',
aon , il ne refte plus qii*à faire
cuu*: U pûiii dc^iice dans un four » su degré du
CUifTon convcrtable ; enfin ^ on Vépm^c avec uqe
compofiiion de jaunes d'oeufs battus cnfcrable ,
IK'ur donner de la couleur au pain d'épice.
On diAingue plufieurs fonts de paies de paîn
4l*^, Ic' iu:\ rv i.^, nt fc réduire à troil principales;
^^ tfit^ pilie Jure , é^ pâte J.ij&s,
.; , i.i jj:i:c dvT paiu d*épice a ceU c*c
i.]îfeUc ne fc Itve pas comme Ici autres
'cruntcm^ïs
/a
s
k 1
leUieu
- p c'eli que lis ouvî a^cs qu'on en fait
{>no\t\cllcmcnt faite , ne valent pas ^
ox qu'on fait de vieille pâte,
r.' cA i:rtû i.*rie aifi tiçgt le
. pOUrj
la fermeté & la conftAance. On en fait des ouvra»
ges afTei confidérables , & des pains très-modique*
de deux , trois & quatre fols. -
La pâte dure cft une forte de pâte trcs^ferme^
dont on fc fett pour faire les menus ouvrages ,
tels que les petits colifichets d'enfans , & les pemes
ligures qu'on voit fur les boutiques des marchands
dans les foires*
La pâte à gros ^ft une pâte molle , fine & fort
légère , dont on fait les gros pains d'épice.
La ville de Reims fournit le meilleur pain d*é-
pice , par le foin que les marchands de cette ville
mettent k travailler & à affiner la pâte.
Ainfi nous ne pouvons mieux faire i pour déve-
lopper toutes les connoiflances de cet art, que
de rapporter ici l'excellent mémoire que M. Bou-
dat , maitre en pharmacie à Paris , lucceffeur de
M. Pia , a bien voulu nous communiquer fur les
procédés fui vis à Reims , fa patrie» 6c qu'il a étu-
diés avec autant de f;^gacité que d'attention.
PéSin Xépice de Reims*
L'an du paîn d*épicicr de Reims» cft Tart de
mêler h farine de feigle avec du miel liquéfié par
le teu , d'en faire une pâte fan^ eau , & de la cuire
au four (bus dîfféeentes /ormes , ou fimples ^ ou
CQimpofèeft , avçc du fucre & des aro^
Du f^tgie^
L'expérience a enfeîgné aux paift d èpicietf le
choix qu'ils devoieiW faire du feiglc : ce n<fi point
le plus be.TU , le mieux nourri , le plus apparent
qu ils préfèrent , c'eft celui dom les grains font
les plus menus, les plus fains, les pîu^ nets & les
plut odorans , qu'on récolte dans les terres les plus
maigres, & qui vient dans la craie. -,
Le choix de cette efpèce de fcigle , le foin qu'ils
ont de n'employer dans leurs p;iin$ d'épice fins ,
que la fl?ur de la farine de ce fclgla, fournirent
une raifon de la fupcriorité que leur pain d'épice a
acauîfe fur celui de* autres villes. - .^
La farine que donne - ^-r»v^ ,a^ rn petite quan-
tité , ma s fèche , & ni qu'une autre à
recevoir la dofe couvctlidil i\-z unzL
Quelque petite que foir cette qiianfité de farine,
les pains d'c * i ; ils ne veu-
lent point a\ écorKimique,
qui feroit, à la venté, au a dofe de Icar
féconde farine , propre n ^Vèpice com-
muns , mais qui les i
tagcufe qa'ils ièri *^ -
ture des porcs I q^
458
P A I
Du miel.
Les pains d'èpiciers emploient trois fortes de
miel , le miel blanc ou de prairie , -le miel bâtard
& le miel jaune, ai^tremcpt iniel dç farrafm ; ces
trois cfpèGcs de mi;:l fe trouvent dans Tefpace de
dix ou douze lieues de Reims. Les environs de la
marne , la Brie , le Soiflbnnoîs , leur donnent les
deux premiers ; ils fe procurent Tautre Jaiis le pays
de la Champagne , ou croit la plus grande quan-
tité <ie iarrafiti.
Leur miel blanc < bien cholfi, ne (e cède guère ,
Eour la blancheur & la bonté , au miel de Nar-
onne.
Leur miel bâtard efl fourni par les mêmes mou-
ches , tiré des mêmes cantons que le précédent ;
mais il eft coloré par la chaleur employée à le
retirer des rayons , ou il a été iauni par les mou-
ches qui ont fait quelques incurfions fur les
fleurs de farrafin.
Le miel jaune eft très-différent des autres par
fa faveur &. fa couliçpr ; ils .choififfent celui qui
exhale une moindre odeur de cire.
Le bon choix de ces trois miels eft trè^flèn"
tiel. La vue » Todorat & lesoût qui fembleroient de-
voir fuffire pour les guider dans leur achat , ne
les garantirent point contre les fraudes fuivjantes.
Les payfans qui recuâllent le miel & le travail*
lent , ont quelquefois la friponnerie de mettre dans
le centre aune tonne de miel blanc , une ^luantké
confidérable de miel de la féconde efpèce.
Cette fraude oblige le pain d'épicier à .mettre
cette portion de miel qn*il a payée pour miel blanc j '
dans les pains d*ëpice moyens.
Uaùtre fraude eft Tintroduâion de Teau dans le
miel ; le pain il*épice qui réfulte de Temploî d'un
pareil miel , fait deux croûtes , pour parler le lan*
gaf^e des pains d*épiciers.
L*eau , pendant la cuiflbn , entrant en pxpan-
fion, fouléve la furface, la crève, ^ les pains
reftent déformés.
Du fucrt & des aromates.
'. Le fucre s'emploie en dragées ou en poudre
groftiére , dans certaines efpéçes de pain d'éprce ,
dans lefquclles on ajonuc de l'écorce de citron ou
du néroii» Nous y reviendrons.
Premier PROCKUÉ. '
Dans un pétrin femblable à celui du boulanger ,
on met , par exemple , cinquante livres de farine
de feîgle ; d'autre part , oa fait liquéfier au feu »
dans un chaudron » cent livres du miel.
On prend les deux tiers de ce misl , pour mêler
avec la fwno, d'abord à l'aide d'un-, fpatule de=
bois , à caufe de la chaleur du m'.cl , |.uis avec Ics^
P AI
mains, auffiidt que cette chaleur eft devenue fup-
portabie.
Lorfaue le miel eft abforbé par h farine , on
ajoute te refte , & on pétrit de nouveau.
Le mélange exaâement fait , on le met dans des
corbeilles, intérieurement feupcudrées de farine ;
on le place fous le four , pour s*en fervir le len-
demain , ou mieux encore deux jours après.
Remarques.
Ce premier procédé ^ftla mile en levain; il
eft très-pénible*; à raîfon de la ténacité du mérar.ge :
il dure etrviron une heure & dtmie , un peu plus
ou un peu moins , fuivant la force des d^ux ou-
vriers qui l'exécutent.
Les pains d'épiciers ne pèfent ni leur miel ni
leur &rine ; l'expérience leur épargne les frais
d'une balance ; d'ailleurs le feîgle , dont la nature
varie fuivant les années, la rendroit iofufiifantc ;
tantôt il abforbe un peu plus , tailtdt un peu moins
de miel ; mais le plus ordinairement il en demande
le double de (on poids.
• Lorfque la mafle totale de cette pâte n eft pas
portée à f^us de cent vingt livres , on la mer dans
une feule corbeille pour la placer fous le four , &
l'y garder pour les jours fuivans.
Si elle va à cent-cinquante , on en remplît une ,
& on met rie refte dans une autre pour le lende-
main , ou on l'emploie fur-le*champ.
Second procéda.
On retire les corbeilles de deflbus le four, ob
le mélange s'eft entretenu dans un état de môileffe
néceflaire à l'opération à laquelle il va être fimmis.
On en prend environ vingt livres « ft on doit
travailler à deux ; ou dix livres fi un feul homme
doit opérer ; on place Tune ou Taunr : quamité fur
le coin d'une table folide ; on applique les mains
dcffus cette pâte, entièrement ouvertes , d.insvne
fituation prefque horizontale, un peu plus baiïe
pour l'extrémité de< doig's : on les appuie , la pâte
y adhère de manière que la partie fupéiicure de
la maflc eft di^'pofcc à les accompagner dans leurs
moiivemens ; on retire les n.ains à foi , environ à
un demi-pied de diilance de la table , d*abord hc-
rifontalcment , la pâte fuit If s mains ; on Us bailTc
d'un demi-pied , on les relève de toute fa hauteur ,
& on les fait retomber avec force fur la portion
reftc*e fur la table.
On contLiue ccrte manipulation jufqu*à ce que
foi:te la pâte fuit fuctcflivement battue & unL^cr-
mcment blanchie.
Rjrmarques,
, La tabfe folide fuir laquelle on bat la pâte , a deux
pi^ds huit pouces de baiiteiir , deux pkds de kr-
P A I
fmr , 6i pieds de longueur & trois pouces d cpaif-
Afin qôe la pomon de pâte que rouvner tire de
Is maife par Tapplication de fe$ mains , alonge ,
élève , 5: fait retomber fur celle qui eft refléc fur
b table t «&i , dis-)C , que cette portiou ne tonhc
pas par t erre , il a la précaution de mettre au bas
de la table une corbeille prite à la recevoir.
La pâte qui a pafTc dcu« jours fous le fjur , pré-
fente à fa furfsce de groffes bulles , qui feroient
croire , :iu premier coup d'œil , qu'elle z éprouvé
le mouvement de fermentation.
Mais en confidérant de pîiis prés , on volt que
cet air qui s'cft dégagé , n>ft rien autre chofe que
celui quon y a introduit en faifant le mélange,
fur-tout lorfqu^on penfe que le miel étojt fans eau ,
& que mêlé avec la Cirine » il jouiiToîc d'une plus
grande conftftance que dans Tétat naturel , que par
<onfèquent il n*ctoit point difpofi à U fermenta-
tion. Les pains d'cpiciers n'ont point deiïein de la
.faire éprouver à leur pâte ; leur unique but, en
Vcxpoiant fous le four , eft de lui conferver le de-
jrè demolleOe néceflaire pour qu*elle foît foumife
au fécond procédé.
TROlSlkMZ FROCÉDÉ.
La pâte blanchie, achevée par le fécond pro-
cédé , cft diviféé en pains de différentes groiïeurs.
Si elle cil faite avec le miel blanc , une partie
fcrt à faire les pains de finté fins ,& eA employée
feule. L'autre reçoit ou du fucre en poudre grof-
iièrc, du néroh, ou des dragées, & de Iccorce
de citron , Si fe partage en petites maiTes , qui
prennent différens noms , comme nonnettcs à la
rtine , lorfque le fucre & le néroli y entrent ,
bonnettes feulement , quand elles contiennent àt%
dragées & de Técorce de citron ; enfin , croquant ,
çuand ja pâte de ces nonnettcs eft aplatie &:
nèduite a Tépaiffeur ii*un écu de fix livres.
Si la pâte eft faite avec le miel bâtard » on
Cli forme les pains d*épice de fanté moyens ,
iet nonnettes communes.
Si enfin elle eft fabriquée avec le miel jaune,
wne portion eft employée aui pains d*épice de
famé communs, & Tautre à cinq ou ûx fortes
4e pains d'épice , qui ne reçoivent ni fucre
oi aromates, excepté une forte qu*on recouvre
de dragées , de la petiteffe des nomparcillcs ,
inaiî d*une feule couleur. ^
C:s pains d*épice communs font les délices
*Ju menu peuple 6c des gens de campagne; il
^cn vend confidérablement 4 ans toutes les foires
^^ U ville & des environs.
Les pains d'épice fins s'envoient très- loin ; ils
"Jurent crès-bien dans les deiïcns.
Oq emploie les balances pour la divlfion de
» pâte i on met deux onces par livre de pliis
P^r tes petits objets» & une once , bon poids ,
l^our les gros pains.
p A f
4?9
Les pains d^épices de famé , pèfent depuis
une livre Jufqu'à douze; mats rarement ib Vont k
ce poids.
Les nonnettcs font de ta , i8 ou ^4 à U livre.
Auflî-tôt que les différens pains font pefés &
façonnés , on les dtfpôfe fur des planches îau-
poudrées de farine , qui fcrt aufti â l'ouvrier pour
empêcher la pâte d'adhérer à fes mains, lorfqu'il
la dtvifc*
On porte les planches , à mcfure qu'elles font
couvertes » fur des chevilles ou laffcjux , placés
contre le mur le plus voifin du four , pour qu'elles
foicnt à portée de celui qui doit entournen
Remarque,
On voit , parce que nous venons de dire^
combien les pains d*épîcieri de R^^ims ménagent
les aromates ; ils n'en mettent pi^int dans les
pains d'èpices de fanté; Técorce de citron confit
qu'iis font entrer dans les nonncttes , y fliit^pour
ainC-dire , blinde h part , pmfqu*il y eft en mor-
ceaux fort diftinéis. Le néroli ou Thuilc eft'entieUe
de fleurs d'orange qu'ils introduifent dans leurs
nonnettcs â la Reine , y c^ en très-petite quantité.
Quatrième procède.
Tout étant Jifpofé pour renfournemcnt , on
chauffe le four avec trois bottes de paille, à -peu-
près de 20 livres chaque , fi c'eft la première
fournée & que le four foit refroidi ; avec deux »
fi c'eft la féconde \ avec une feulement, fi c*cil la
troifiéme
Lepaind*cptcîer ne brûle pas à* la fois ou fuc*
ceftîvement les bottes entières^ il diyife chacun^
en portions à-peu-prés égales, qu*il nomme tor*
chcttcs ou mar'wnnetteî.
Pour les faire, il prend une petite braffée de
paille; il la plie en deux, il tire de cette braflee
une douzaine de brins, dont il fait un lien pour
la retenir aiafi pUée.
Il arrange ces torchettes en les couchant de
leur longueur fur toute la circonférence ÎH-
térieure du four ; il y met le* feu , & les rcîti-.
place à mefure qu'elles fe confument.
Quand il a brûlé la quantité convenable de
ces torchettes , il ramène avec le fourg ^n tout I^
feu à l'embouchure, qui doit être plus chauie que
îe refti du four ; il nettoyé râtrc arec un balai ,
puis avec TécouviUon : enfin il effjye la chaleur,
en jetant quelques poignées de farine groffié.e ,
qui doit noircir pour la première fournée, fli n'être
que brune pour h féconde & les fui vantes.
Affuré de l'état de fon four, & ayant eu égard,
fi c*cfl en hiver, qu'il foit un peu plus chaud ,
il procède à renfournemcnt : nnz torchaite , bico
plus petite que celles avec Icfquwiles il a chauffé
fon four, lui fert d'allumé pour Téclairer daa$
cette opération»
Mmm %
4^o
P A I
Armé d'une çnnde pelle de fer i manche
de bo!s , îl la gliâe fous les gros pains, les charge
& les porte dans le four, avec le plus de prompti-
tude poi'I^ible.
S*il' a de petits objets à mettre au four ,
comme' des petites nonnettes^ il emploie une
pelle de bois dont la palette , de figure oblongue,
eft épaiffe dans le milieu Se amincie fur les bords;
il les arrange deffus , & les décharge dans le four ;
s'il les juge trop ferrés ou trop éloignés les uns des
atîfres, il les touche avec l'extrémité de fa pelle ,
ils y adhérent légèrement, & à Taide de cette
adhéi'encé *, il les éloigne ou les rapproche à fon
pré. Le grand tarent. de celui qui enfourne , eft
de mettre le plus pcfliblc de gros ou de petits
ohjcxs dans le fcur, & cependant de laifTer efktrc
chaque un intervalle fiiffifant, & tel que , lors du
premier effet de la chaleur qui les étend , en
liqiîéfimt le miel^rjien r-é fe. colle , rien ne fe
confonde.
Le four étant plein , on le bouche avec le fermoir
de tôle , contre lequel on arrange les cendres de la
paille qu'on vient de brûler, fit qui lailFe le moins
d'ouverture poinble.
Le paîn d'épice ciiît , a" une couleur^ -d'un
jaune brun , plus inrenfo dans le commun que
dans le fin; il exhale uno ocîeurde carpnieltrés-
agrcablc, & quiatiire les irfOi:chc5 à miel de très-
loin : on' faifit l'infiart où les nonncttcs font
encore raraoUics par la chaleur", pour y enfoncer
de petits morceaux d'cco.rce de citron.
Lorfque Ib pain d'cpice efl à demi refroidi ,
on le broffe, & on palfe légèrement deffus une
éponge mouillée, ce qui rehau/Te fa couleur : le
relie de fa chaleur eft fuffifant peur emporter
en peu de temps cette humidité.
. ; Remarques»
Les plus gros pains n'ont pas befoin que le
four foie char.fT: plus fort : il y a plî:s , les pains
d'épiciers aiment mieux les cuire à la féconde
fournée , ils font plus afliirés de leur cuiflbn : cela
paroitra étonnant ; .mais en y rcâçchi fiant , on
verra que cette chaleur , qui eft égale au rr.omcnt
de l'enfournement des deux fortes de [>ains d'é-
pîces , h'tft bientôt plus la même pour chaçine
d'elles ; en cftet,lcs gros pains font trCv-vlio liT.cs
dans le four, & jouiiTent fur le-chnrrp de to'îîl- f.i
chaleur ; les nonncttcs, au contraire, dont lo ou
24 livres rcir.pli.Tent le four , font au moins un bon
ruirt d. heurt pour y ctrc nln.cées ,& ne reçoivent ,
lors de la fermeture du four , qu'une chaleur
COI fidcraîiîe ment diminuée.
L'ai,l..tî<rc:':cnt c;i:i rjcftiUe du pren'îer cfTe;
de la chibi.r ne dire pas lor.g- temps ; le lûicl
ramo.Ii , entre un moment aprO^ en cvn.infion,
& la prc fc goi.fle ; le gonfltmunr à fon tour
C^t arrMt-; ; ar la réfi fiance q\i*oi.^[jofo la furfac J
doC"-:cli<e p.ir le feu , il fubfiflc cependant tant
p A I
que les paîns font au four , & îl diminue loff».
qu'étant retirés , ils commencent à refroidir.
Sur le four.
II n'exifte point d'autres différences entre le
four du boulanger. & celui du pain- d'épicier que
celle de la grandeur.
Le four du pain-d'épicicr eft plus petit que
celui d'j boulanger ; il porte fcpt pieds de lon-
gueur fur dix de largeur, tandis que celui du
boulanger a dix pieds fur neuf.
Les fours , à Reims , ont leur voûte en tuî-
Icaux ; & Içur âtre , qui cft carrelé , eft établi fur
des folives , ce qui forme deffous une étuvc danr
laquelle le boulanger met les pains qu'il veut
faire lever , & le pain-d'épicier la pâte qu'il veut
tenir ramollie.
Cettectiîve du pain d'épicier a 10 degrés de chs-
leur su thermomètre de M. de Réaumur ; lorfque le
four travaille , il s'en fert l'été comme l'hiver ;
l'été, moins par ncceflité que par habitude, &
pour" n'être point embarraffé de fa pats; Fhiver,
pour ravoir toujours dans l'état de molleffe qni
ki convient pour être battue , & pour U convemr
en pain.
Lç deiTus du four du boulanger eft Tétuve ba-
nale du quartier, & le réceptacle de tout ce qi:x
ppiinoit gêner dans la boulange? ie.
Le defius de celui du pain d'épicier fert aux
mêmes ufages ; feulénient, dans les temps humides,
on y tient les nonnettes , pour les empêcher
de fe ramollir , ou pour leur faire reprendre de
la féchervifTe.
Ln précaution que j'aieu d'avertir que la pâte du
pqin dV'picicr n éprouvr poiritJc mouvement de
fcrinentution,pourroit bien ne pas fufftre pour le
pcrfudder.
" Desperfonnes,accoutumées aux phénomènes onc
préfente la paie du boulanger, & imbues des
idées que celui-ci a att-chécs uux mots levain y pJtt
& /7.zi/z, pourroicrt bien croire que j'ai pris le
chinge; elles .pourraient me demander comment
je conçois une pâte qu'on nomme levain , & qui
P'j fermente point , une pâte compoféc dt
f.,î;.nance-> fcrmei:tefcibîes , ^4: qui ne fermcntî
[■^jnt, mè'uo en Texpofant à un degré de chaleur
c;-D.b;e d'exciter Ja fermentation ». ans tous les
et rps fufcc ptibles de l'éprouver ; une pâte crfin^qni
i/a poiju fermenié,ik nui cependant, après faoïiron,
prcfertî dans fa caîli re dt-s y^ux afTer rciïcr.-
hîans à ceux qui , dans le p?.-n de froment, font
l'indice d*r.ne bonne ferme r.tati or.
Voilà ccmirc je ccr.çcis ces ch?fv.«.
r'. La pâte ù\\ paîn d'cpicior eîl im-ropremrt
appe'tc ÎLV.iia; cilj ns confient point déforment:
en n'y in-joduit ni une pcrticn d'une ar.cienne
i pâte , ni aucunes fubflar.ces qui , cnrotvant le
1 irouvemeîu de fermentation , puiffc le commuci-
I qucr à U rr.'4iTe.
P A I
Ce n^eft qu'un fimple mélange de tnîel & de
fexgle; il faudroit donc , pour qu'il y eût fermen-
tatiea , qu'elle s*y établie fpontanément.
' 2^ Le miel & la farine font des fubftances fer-
memefcibles ; mais elles ne peuvent pas bien fer-
menter fans le fecours de Teau , agent efieniiel
de la fermematîon du corps muqueur.
Or,, on n'en met point dans le mélange ; donc ,
[ a pâte ne peut fermenter d'elle-même.
3**, Elle peut fermenter , me dira- 1- on , fi ce
n'eft à Taide de l'eau , du moins à Taide de la
fluidité que doit procurer au miel la chaleur qu'on
£ùc éprouver à la pâte en Texpofant fous le four :
ne voit-on pas le miel , pendant Tété , fe ramollir,
le liquéfier & fermenter ?
Mais la chaleur du deiTous du four , en fuppo-
(ânt qu'elle puifle donner à du miel pur cette
fluidité qui détermineroit fa fermentation fponta-
néel, quelle fluidité donne-t-elle à ce compofé
prefqae folide, à cette pâte de pain-d'épice ? car
ce neft plus du miel pur ; elle ne peut, cette
chaleur, que donner au miel la facilité de s'en-
foncer , de fe fixer davantage dans chaque molécule
de farine.
Quant, à l'exemple qu'on peut alléguer du miel
ai^i par la chaleur de l'été , je crois que l'hu-
midité que le miel attire à fa furface, &'que la
chaleur y élève du centre , comribueplus à cette
altération, que l'état prcfque fluide auquel la cha-
leur le réduit.
Je crois que le miel mis h Tétuve, & refpîrant
un air plus également fec, plus difpofé à fe
charger de l'humidité qu'il exhale qu'à en donner,
ne fermenteroit pas plus que le firop qu'on y met
pour criflaiiifer.
Si le pain d'épicier avoît befoin de f ilre éprouver
la fermentation à fa pâte , il feroic abfolunient
obligé d'attendre , comme le boulanger, qu'elle a.t
détenu fon apprêt avant de la mettre au four.
Or, le pain d'épicier peut, aufil-tôt qu'il a fait
ion levain, le battre, le divifer en pains, l'en-
fourner fans intervalle : fon pain d'épice fera auiu
bon, pourvu, toutefois, quil sit plus travaillé
£i pâte qu'à l'ordinaire , pour conipenfer l'avan-
P A,I
461
tage que lui auroit procuré le féjourfçus le foiir.
Si la pâte éprouvoit fous le four un mouve-
ment de fermentation depuis l'inftai^t oii-^n l'en-
ferme jufqu'à l'inAant où on rejiy>loie^ il s'en-
fuivroit qu'en la laiflant quinze jours ezpofie à
cette chaleur , & par conféquent à la; pr^reffion
du mouvement fermectatif, la pâte,"ibroît- néceÀ
fairement changée , exbsdergit une odevjr ,.p£^iroit
une confifl?nce , donneyoit après ÛL.cuifTon une
faveur différente ; c'eft ce qui n'arrive pas : une
pâte qui a refté quinze jours fous le four, donne
des pains d'épice auifi agréables que les autres.
En voilà aflTez pour prouver que les pains d'é*
piciers n'ont point recours à la termentaiion. Le
lecret de leur art eft de ne point l'employer, de
mettre leur pâte , en la compofant avec du miel *
nouveau & pur , & une farine sèche , dans Theu-
reufe impuifîance de fermenter, dans l'impoifibi-
lité (l'être altérée , dénaturée psir la fermentation.
Privé du gas de la fermentation , qui auroit C
bien exjjliqué la formation des yeux dans le
paUi d'épice , on peut en attribuer la caufe
k l'air introduit pendant le pétriffage & le batte-
ment ,-.& eiîfin à la propriété connue qu'a le
miel ;d^ fe bourfoufHer au feu.
• ^L' " - : . Communauté»
Les -pains d'épiciers forment à Paris une com-
munauté fort ancienne de quinze on fcize maîtres ,
Îualifiés dans leurs ftatuts de pâtiffiers de pain
'éjpice.
Suivant ces ftatuts , nul n'y peut être reçu maf-
tre qu'il n'ait atteint l'âge de vingt ans. Le temps
de IV.pprenruTage eft fixé à quatre ans , de même
que celui du compagnonage.
Les maîtres ne peuvent avoir & faire obliger
deux anpreniis en même temps ; mais ils peuvent
en obliger un fécond la dcriiiére année de l'ap-
prentifTage du premier.
Suivant l'éditJu 11 août 1776, les pains d'épi-
ciers font au nombre des communautés fupprimées
8c qui peuvent être exercées librement.
Le pain d'épice paye trente fous du cent pcfant
pour droit d'entrée dans le royaume , &: treize fous
pour celui de fortie.
y O C A B U L A I R E.
J\ ssortiment; {^pâte </') eft celle qui tient
le milieu entre la pâte dure & la pâte à gros ,
pour la fermeté & confiftance du pain d'épice.
DufiE ; ( pâte) c'eft une pâte très-ferme , pour
faire les menus ouvrages m\ pain d'épice.
Eponger ; c'eft pafTer une éponge imbibée
d'nne compofition de jaunes d'œufs battus enfcm-
ble , pour donner de la couleur au pain d'épice.
Farine de seigle ; c'eft la farine qui ferc à la
compofition du p;tin d'épice.
Gros ; {^'pdte à ) c'eft une pâte molle , fine &
légère , dont on fait les gros pains d'épîce.
Marionnettes ; brins de paille pour chaufFcr
le four.
Menu, en terme de pain, a épicier^ défigne tons
les ouvrages faits de pâte â menu, depuis la va-
leur d'un liard jufqu'â deux fous.
Miel ; liqueur jaune & fort douce , produits
par les abeilles, & qui entre dans la compcfition
du pain d'épice.
Moules , en terme de pam d'épicier \ ce {ont des
pîanch;;s de bois de divcrfcs grandeurs, vk gnir
I
P A I
vé^s de différentes figures , fur lefquelles on ap«
pliqtie la pièce de pairfd'épîce que l'on veut figurer.
' Nc^yrËTTES ; netîts pains d*épice en rond , de
ReiiÂs > d*un {;out délicat, relevé par des mor-
ceaûi de citron & par des anîs.
Paim b'iPiCi ; c eft une pâte de farine de fei-
'gle » aflal fonnée d*épice , qu'on pétrit avec du miel.
Paik D*iPiCm » c'eft le marchand 8i fabricant
de patn -d'épice.
p A I
Reims ; ( paîn J*épice dt ) celui qdTon fait x
cette ville , & qui eA renommé par fa dél
tefle & fon goût..
Seigle ; forte 'de bled dont la farine fait laj
dujain d*épice.
Tables , tn terme de pain d'épicier ; ce font
efpâces de tours parfaitement femblables à c
des boulangers & pâtifUers.
ToRCHETTES ; petites poignées de paille»
PAPIER. (An (le fiibrlcjuer le)
[}çs diverfcs nntions ont rucccfllvcmcnt
kour recevoir & conferv cr les traits de
ipeut écrc conûdt^rè t:n général comme
t, dont le tinu èioit ou naturel , ou
& dont lei végétaux ou les animaux
ia matière pruinere,
^(juence , on peut diltinguer deux fortes
I ; ks uns » qui n'érolcnt que des tïCCns
f la nature, 6l qui ont été confervès
^at, malgré le^ apprêts qu*on leur a don*
m\ rci dre ruf^RC plus commode.
res ioiii d^s liifus formés par la réunion
I hbreufcs , qui ont été enCuite petfcc-
LT la prç/Te ù. les coîUgcs*
brai ce que je me propofe di dire re-
f au papier , d'après ces vues générales,
)ariiâi,
i première^ je prérenteraî les détails liis-
ircUtifs aux dînérentes forces de papiers
Biurels ou artificiels , qui ont ét^ piépa-
Iploycs par les tmûeni piup^ti , ou qui
irre a^uellemcîfït fabriqués 6i mis en
PS les contrées énjngcrcs à Tturope.
B féconde, je ferai connoîtretous les pro-
fernant la fabrication ^ les apprêts ^ les
E emplois du papier d*Europe , féit avec
ns di chanvre & de hn*
IT DU PAPIER.
PltEMliRE PARTIE.
^iJ ancitns ou des contrées étrangères à
PEurope.
't papier vient du grec vm^t^ûff- , pa-
in de cette plante célèbre d'Egypte ,
ncicns ont fait un fi grau j ufaee pour
& dont tious donnerons ta deJcri;>tion
»k trop long de fpécifier ici les ditFércnres
fur îcfquclles les hommes , en divers
en divers lieux , ont imaginé d*écrire ;
de dire qr.c l^crimre une fois trouvée,
uiquée fur tout ce qui pouvoît la rece
confcrver : on Ta niife en vfage fur
, les br'kques , les feuilles , les pttticules ,
rxténeure& intérieure, ou libtràt% ar-
Ta «employée furd:s plaques de plomb ,
[tes de bois, de cire Ôc d'ivoire. Enfin,
ra le papier Egyptien , le papitr de co:on,
? fait avec des débris d'écorce , & dars
ers temps , le papier fabriqué avec de
Iges nu cfjijftfni. Foy(^ Miîfii ^ h'ùtor, di-
H. ML haL tom. ih Leants Allaii.
aMfip tuufc, Hug. dt scriptura ori^iae. Barthol ,
dtffcrt, de librïs U^endis^
Dans certains fiécles barbares & dans certains
lisux^ on a écrit fur des pejux de poifions » fur
des boy-ux d'animaux, fur drs écailles d; to-
mes. Voy.^i M*ibillon, de rt d'tpUm.^lib. Jr. c. K///»
Fabricut bïbL ant, ^ c. xxi ^ 6».
Mais, c;:mme nous lavons déjà dît, ce font
principalement les plantes domon^'eil fervi pour
écrire , & c'eft de cet ufage qiiz font venus les
différens termes de hiélas\ Itber ^ foUum ^jilura^
J.hidj, , &c,
A Ccylan , on écrivoit fur des fèuilleî de lali-
pot, avant que les Hoîlandois fc fuiTent rendus
maîtres de cette ile. Le manu<;crit brame, en lan-
gue tulingiennc, envoyé à Oxfori , du fort faint-
Gjorgc, ttl écnt fur les feuillts û\a\ palmier de
Malabar. Hwrman parle d*un autre pilmier d.s
montagnes de ce pays-lâ , qui porte des feuille*
pliées, & hirgesde quelques pi;;ds; les habiuns»
après avoir enlevé la fuperficie de la peau > écri-
vent entre les plis de ces feuilles, ^^y^\ Knox ,
hiftoir, de CyUn, iib, m, trans, philos, n*^. ïçç
U 346. Hvrn Ind. MMb, Oc.
Aux i!es Mildivcs, les habiians écrivent auffi
fur les feuilles d*un aibre appelé rnacaraquean ^
longues di trois pieds, & larges d'un demi>p:ed«
Dans dift'crenics contrées des Ind-s orientales ^
les feuilles du macfa ou bananier » ftr voient
à récriture avant qixs les nations commerçante»
de TEurope leur cuiTent mortré Fufage du papier.
Riy, h'Jh plant, tom, 11, lib. xxxil ^ nomme
quelques arbres des Ind-JS & de TAmérique , dont
les feuilles font irès-propres à récriture; de la
ftibftance intéiieure de ces feuilles, on tire une
membrane blanchâtre, brge & fine comme U pel-
licule d'un œuf, fur laquelle on écrit affez; paf-
fablcmenr ; cependant le j^pier fait par art , de
diiférentis fibres rapprochées, mcme le plus grof-
fier» eit d'un ufage beaucoup plus commode que
toutes ces feuilles.
Les Siamois , par exemple , font de Técorce
d'un arbre qu'ils nomment /'/w»^!/^?/, deux fortes
de pnjicr, Tun noir, Tautre blanc, tous deux
groirk'rcnr>ent fibnqués, mais qu'ils plient en li-
vres a peu- près comme on plie les éventails ; ils
ècrivept des deux cAfés fur ces papiers, avec un
poinçon de terre graflfe*
Les rations qui font au-deU du Gjtn^e , font
leur papier de Técorce de plufieurs arbres. Les
Autres peuples afiaiiques de deçà le Gnnge ^
excepté les noirs qui habitent le plus ati midi ,,
le font de vieux chiffons de toile de coton ^
I mais faute d'mtelligence , de méthode' 6c d*îni1ru«
464
P A P
mens , leur papier cft fort groifiçr. Ja ne tiendrai .
pas le même langige d;;îi jJiîpieiî» de la Chine et (
vu Japon , qui méritent notre attention par la
beauté , la régularité , la finefle & la force de
leur tiilu.
On garde encore dans de vieux cloitres quel-
ques iorcos de papiers fingulièrs maniifcrits ,
dont les plus habiles critiques font fort embarraf-
lés de déterminer la matière première : tel cù
celui de deux bulles des anti- papes Romanus &
Forniofcy de Tan 891 & 895 , qui font dans les
;Lrchivt'S dj l'tgUic de Girorine : ces bulle» ont
prés de deux aunes de long , fur environ uns
aune de largo ; elles paroiflent compofécs de feuil-
les oii pellicules collées enfemble tranfverfale-
ment , & Técr'aurc fe lit encore en beaucoup d'en-
droits. Des fa vans François ont hafardé pluficurs
conj.'flures fur la nature de ce papier , fur le-
quel Tabbé Hiraùt de Bclmont a tait un traité
exprès. Les uns prétendent que ce papier c^
fait d*algue marine ; d^autres , des feuilles d'un
îonc appelé la bogua ^qui croit dans les marais du
KouAllon; d'autres, de papyrus; d'autres enfin ^
d*écorces d\irbres. l'i^yei Us mémoires de Trévoux ,
feptembre/ 17 11.
Enfin l'Europe; , en fe civilifant , a trouvé ou
plutôt perfeâionné Tart ingénieux de faire du
f>apier avec du vieux linge de chanvre & de
in ; & depuis les premiers temps de cette décou-
verte , cette fabrication s'efl étendue , variée &
améliorée » de manière qu*il ne refie plus rien à
défirer à ce fujct , & que les papiers qui fortent
dj no^ manufaâures , peuvent fatisfaire à tous
nos befoins.
Quoique les chiffons de chanvre & de lin ayent
fourni jufqu'à présent ime quantité fuÀifante de
matière pour la fabrication du papier , cependant
quelques phyfici;:ns ont fait des recliciclws, dont
le but étoit de nous f iirc connoitre d'autres matières
é?,alement propres à cette fabrication. Il auroit
été à défirer qu'ils cuficnt dirigé hur& eilais fur
le travail des peuples de TOrient > qui emploient
les écorces d'arbres & de plantes pour faire leur
papier. Nous aurons oecalion par la f:jite de dé-
crire les procédés des Chinois & ù^s Japonois >
qui font ufage du bambou , matière douce Ik fl ix'i-
ble , qu'on a prife ici pour de la soie, & nous
apprécierons cnfuite le travail de nos phyfici'.'ns. '
Le chiflbn de toilc de chanvre & de lin, eft un
tiflu de fibres fuupl^s & fortes;, tirées de Téco/ce
de ces plantes , tk. que les leflîves ont débarraffées ,
du parenchyme ; en vain tenteroit-on d'employer j
la totalité de la plante & le fond de la tige ou '
du tuyau , cette matière ne ferolt pas propre
à former une pâte fufce[>tible de toutes les opé-
rations de la papeterie. Cefl d'après ces princi-
pes, qu'il faut diriger le choix dis fubllances que
e règne végétal peut nous fournir avantageufe-
ment: leur pureté plus ou moins grande, n'ell pas
abfoluoieat oécefTair^ ; ainfi« la âlaffe du chanvre ,
i
p A p
fans avoir été peignée ou lefTivée ^ peut lirt em-
ployée à la fabrication du papier ; mais alors ce
papier fera fort gris & uhi - groffier : il en fera
de même des écorces d orties , de guimauves , &
d'autre» plantes fcmblabies, qui fc prêteront éga-
lement bien à ces manipulations de la papeterie,
mais qui ne donneront que des réfultats peu pro-
pres ii dédommager des foins & des manipulatioas
que leur emploi occafionneroit.
L'emploi du coton pour la fabrication du pa-
pier , fe fait avec fuccèj dans le levant , & peut-
être à la Chine ; mais on auroit tort d'en conclure
que les duvets des plantes qaî croiflenc chez
nous , & qui n'ont ni force , ni fouplefTe , pour-
roient donner une pâte bien -conditionnée , & pro-
pie à la fabrication du papier.
On peut lire fur le papier , Lconis j4lljt':i anti-
quitstes : Etrufx Ni^rïfoVi de chana ejufjn: ufu apui
antiquos , pièce qui fe trouve dans /j ça'.er'u dl
MinervA \ Mabillon , de rt d'ipUmMicâ; Montfaucon ,
palt0f,raphia greca ; MafTei , kifloria diphmMÎcJ, oh
hibliotL uaiîq, tom. IL Hdrduhuis in PlirJum jlîar-
tholinus, d'iffenatio de libris Ugendis ; Poîydoms
Virgilius, de rer. invent ; Vofùus , de jru\ ^ram. iib, l'y
Alexand. ab Alexand. iib. IL ck :p. ^o ; Salmuth , ai
PancircL Itb. II, tit. CCLIl. Grew ; Mus. rcg. socief.
Prideaux, connexions :Pïi\(ci lexicon. antiq.rom.t. L
chanœ. voce : enfin, le diâionnaire de^h?mber,
où l'article du pjvier clt prefque comtilet. Fabri-
dus , dans fu ùîblioîL'ca antiqua , indiquera les
autres ouvrugcs que nous n'avons pas cités ici.
Les principaux papiers qui méritent une-ment'cn
particulière de notre pan , font le papier Egyptien ,
le papier de la Chine , celui 5IU Japon , le papier de
coton , le papier d'écorce et celui d'asbefie ; nrus
iious propofons en conféqucnce de traiter féparc-
ment de chacun de ces papiers. Pour mettre de
Tordre d;ins cette defjription , nous parlerons,
i". tiu papier d'Egypte , le plus célèbre de tous.
a°. du p;.] icr de coton , qui lui a fiiccédé.
3°. du papier de l'écorce intérieure des aibrcs,
ou liber.
4^ du pnpter de la Chine.
5**. du papier du Japon.
6'. du papier d'-shefte.
Papier ./'^o/.'w' ; ( irti and --ns ) c'eft ce papier
fameux dont k-s anciens fe fervoient, ei qui
éioit fait dune cfpè-e de 'prc non-.mé ^jçyt'M
qui CTDilTvi: en Egj'pic, furies bords du Nd. Se-
lon lildori, jMcmphis a la gloire d'avoir, la pre-
mièrei^'fu faire le papier de papyrus, et Lucaio
femblé appuyer cette idée, quand il dit:
Nondum fiumincus Mcn-phis conmcxere bibles
Novcrat,
Flu r5£l. Iib. lîl. verî. 2jt.
Ce qu'il y a de bien hV ,c'cfl que , de tout»
les maticics far Iciqucl v\ Us anciens ont cent,
il n'en c/l poiiit qui pr liante autant d'avantages
que le papier l.-.it de papyrus, foii quant aU
legèreti.
P A P
k^irttè , fait quint à la facilité de Ta fabrication*
Cêroit le prêtent de la nature , & le produit
«f'itfle pi* rite qui n'exij^eoit ni soins ni culture ;
i!iiC COU& CCS avtintà^es le rendirent - ils d'un
uiage prefque univerfel chez les peuples anciens
civiiifàs. Quoique les hommes ayem varié beau-
coup tes niatitêres qui pouvoicnt recevoir l 'ê-
citiarc , ils ont cependant préféré en tout temps
lei fubUances ks plus communes & les plus
fades. Ainfi le parchemin , le papier & les ta-
blettes de cire * ont été d'un ufage plus conf-
nm & plus étendu que toute autre matière, &
jMr la «éme raison le plomb doit avoir eu la
préférence fur les autres métaux. On a die que
llliide & rOdyffée avoient été écrites en lettres
d*or fur le boyau d'un dragon long de cent
vingt pieds. En retranchant ce qu'il y a de mer-
vdlleuï dans ce récit, il en réfultera que les
anciens ont écrit fur les boyaux des animaux
préparés, ce qu'il eu. fort naturel de penfer. Il
cil certain que les Romains écrivoient fur des
tablettes d'ivoire des lettres miiTivcs , & plus
Touvcnt encore , les détails de leurs affaires do-
indliques , ufage qui s'efl mcmQ confervé jus-
qu'à nous*
On ne convient pas du temps ou l'on a com-
mencé à faire du papier avec le papyrus. On a
de» autorités qui prouvent que le papier d'E-
gypte ctort en ufage long-icrnps avant Alexan-
dre-le grand. Guillandia cite H'vmère » Héro-
<iotc , Elchyie , Platon, &c.
Pline, £^^. JCIIL cap. XI^z dccnt amplement
la manière dont les Egygptiens faifoienc leur pa-
pier ; voici ce qu'il nous apprend à ce fujtt- On
fipare , dit-il , avec une aiguille, la tige du papy-
ms en lames ou feuillets fort minces , et aulTi
larges qu'il eft poflîble : ç eft avec ces élémens
qu'on compofe ks feuilles de papier. Les lames
<Ju centre font préférées , & enfuite fuivant
Jorrire de la divifion* On étend les meilleures
fur une table , en leur laiffant toute la longueur
qu'elles peuvent avoir » & coupant feulemefit
ce qui excède fur les extrémités d*une première
feuille mince. On en étend une autre en travers
« dans un autre fens. L'eau du Nil dont on les
«umeâe , fert de colle pour les joindre enfem-
*»le ; on emploie auffi quelquefois la colle même:
CCS feuilles ainfi collées , font mifes fous une
pteffe dont on les retire pour les faire fécher au
">fcl. Après cela on les joint enfcmble; les meil-
^«Ures feuilles font employées d'abord , et enfuitc
* «ïicfure qu'elles diminuent de bonté , & Ton finit
P^** les plus mauvaîfcs. Il n'y en a jamais plus
**c vingt dans la tige d'un rofeati.
Ce papier, avant d'être lavé , étoit aneîenne-
**«iJr appelé HUranqut, c'eft-à-dire Sacré ^ & ne
■^i>oît que pour les livres de la religion ; mais
■y^m été lavé par la fuite , il prît le nom d'Âu-
P'/?^ , 6c porta celui de Livia , fa femme, après
*Voir été lavé une féconde fois : ainfi !e papier
Arts & Métiers* Terne F, Partie», //*
P-A P
46;
hiératique defcendît do premier rang tu troi-
fième ; un autre ,fort femblable , avoit été appelé
Amphhhédtrique^ du lieu oîi on le falfoir. Porié à
Rome t dans la boutique de Fannius , doni les ou-
vriers étoient fort habiles , ce papier commun ^
rendu plus fin par une préparation particulière ,
devint une étoffe qui furp.iira les autres, &à la-
quelle il donna ion nom* L'amphiréàtrique , qui
n avoir pas été préparé de la forte , conferva le fien,
La largeur du papier ^ continue Pline , varie
extrêmement : clleeil de treize doigts dans le plus
beau , de onze dans le hiératique , de dix dans
celui de Fannius, de neuf dans le papier d'am*
phithcâtrc , & de moins encore dans celui de
Sais, qui foutient à peine le marteau. La lar-
geur du papier des marchands ne pa^e pas (\%
doigts. Ce qu'on ellime le plus dans le papier,
c^e^ la fineâe , la force, la blancheur & le poli^
L'Empereur Claude a privé du premier rang le
papier d'Augufle, qui, beaucoup trop fin, nefoute-
noit pas la plume du rofeau ; die plus « fa tranfpi<-
rence faifolc craindre que ks caraâéres ne nui-
fiifênt les uns 3U% autres , fans compter le mau*
vais effet d'une écriture qui s'aperçoit it travers
la feuille de papier. Il augmenta aulTi la largenur
de la feuille , qui n'étoit auparavant que d'un
pied. Les feuilles les p^us larges , appelées macro^
rcï//j, avoient une coudée de largeur, mais on en
reconnut bientôt l'inconvénient , lorfqu'en ôraht
de la preile une feule de ces feuilles, un grand
nombre de pti<;es fe irrvuvérent gâtées, C'ei^t pour-
quoi le papier d'Augufle continua d'être en ufa-
ge pour les lettres particulières » & le papier Livicil
a toujours fervi aux mêmes ufages qu*aupara-
vant. Mais le papier Claudien fut préféré à tou«
les autres , parce que fans avoir les défauts
du papier d*Augufte > il avoit la force du papier
Livien.
On donne le poli au papier par le moyen de
rivoîre ou des coquilles ; mais alors les carac-
tères fonr fujcts à fc détacher. Le pnpicr poli
boit moins Tencre , mais il a plus d'éclat. Quand
le papier, dans la première préparation, n^a pas
été trempé avec précaution , il fe refufc aux
traits de celui qui écrit : ce défaut fo fait fentir fous
le marteau , & même à l'odeur du papier. Lors-
qu'il y a des taches , on ks découvre à la fim-
pie vue ; mais quand on a rapporté des mor-
ceaux pour boucher des trous ou des déchiru-
res , ces opérations font boire le papier , & Ion
ne s'en aperçoit que dans le moment qu'on
écrit: telle eÛ la raauvaife foi des ouvriers ; c'eft
pour prévenir ces inconvéniens qu'on donne une
nouvelle f*içon à ce papier* La colle ordinaire
fe préparc avec de ta fleur de farine détrempée
dans de feau bouillanEe , fitr laquelle on a jeté
quelques gouttes de vinaigre ; la colle des me-
nuifters & la gomme ne s'emploient pas > par-
ce qu'elles font caffantcs. La meilkure colle efl
celle qui fe fait avec de la mie de pain levé
Nim
466
P A ?
détrempée dans de Teaii bouillante » & paiTée par
Té ta mi ne ; le papier devient par ce moyen Le
plus uni qu'il eu poiTible , & même plus lifTe
que la toile de Vm ; ^\i reAe « cette colk doit être
egiployêe un jour après avoir été faite , ni plus tôt
mï plus tard : cnfuitc on bat le papier avec le
marteau ; on y paiTe une féconde fois de la colle y
on le remet en prefle pour le- rendre plus liiTe
& plus uni , & on Tétend à coups de marteau,
Cefl ce papier qui donne une (1 longue durée
aux ouvrages écrits de la propre main des Grac-
ques jTiberius & Caius. Je les ai vus cher Pom-
ponius Secundus , poète & citoyen du premier
mérite , prés de deux cents ans après qu'ils avoieiit
été écrits. Nous voyons aflez communément ces
papiers écrits par Gcéron , Augufle 6c Virgile,
Les favans voudroient bien avoir à leur dif-
poltiion cette bibliothèque de Pomponius Se-
cundus ; mais que dirolt Pline , s'il voyoit comme
nous des feuilles de papier d'Egypte , qui Oiit
mille Si douze cents ans dVntiquité ?
On a vu , dans ce long paiïage de Pline , que
les lames de papyrus ètoicnt collées enfemble ,
en les humeâant avec de l'eau du Nil ; il cft à croire
que lotite eau de rivière eût été également
bonne poiir cette première préparation, qui con-
fi/loit à détremper les lames du papyrus , et à
faciliter Tsétion du fuc qu'elles renfermaient ;
mais rivoire, la coquille, la d^nt de loup, Tcpé-
ration dum^irteau , c^lle de la greffe , étoieot dus
a»?x recherches & k rindurtrie des marchanda dc
Rome. Pour ce qui efl de la colle-, ks Egyptiens
en co.jnoiiToicnt Tufage ; mai^ on peut pièfû-
oier qae les papetiers de Rome en avoient aufll
perfethonné & varié remploi fuivant h deftina-
fion des papiers.
Lespapitrsd'Augufte, de Livie , de Fannîus,
d'amphlthéacrï , enfin tous ceux qui portoicnt des
dènOi-ni notions romaines , étoieot conflammeiit
faits avec le papyrus dTgypte , mais préparés &
Iravratlés de nouveau à Rome, Li plus grande
amélioration de ces papiers , pe confiflott qiied.ins
la manière -dont ils étolent battus & bvés. Notis
voyonî di- nos jours les papetiers de Paris prépa-
rer ainfi nos papiers parle lavis Ôt le kit^age , ce qui
en perfeiftio nne quelques-uns & en ahère d*autres.
On apc^-çr^ît , par le récit de Pline , une diffé-
rence notable dans les grandeurs de chaque feuille
de papier , en les comparant à celles du papier
qui fe fabriquoit en Egypte ; on voit que les pa-
pier; préparés à Rome ont des formais dont les
dimcnfions , en variant , font devenues plus pet.ics:
outre ces changcmens de mefure, on doit croire
quil y avoît des préparations à Rome qui in-
fluoient fur Tctoffc même. Caffiodore fait leloge
des feuilles de papyrus employées de Ton temps,
quiétoient blanches Comme la neige ^ & compo-
ftes d'un grand nombre de petites piéc«, fans que
ks jointures parulTenl. On pei^.âionna aufli tVt
P A P
dont parle Ovide , dans le i". livre des Trifics , de
polir le papier avec la pierre- ponce.
Comme malgré tous les foins qu*on aveît
pris pour donner une cerialoe f papier
d*Eeypte , les feuilles en étoieni v es pour
fc foutenir, quoique réunies tn ccuato nombre,
ÔC qu*ou les employoit à f;jire des livres , on s*aipnfi
de les entrf mjfer de feuilles de parchemin furlef-
quelles recru urc étoit continuée : ainfi après cinq
à fix feuilles de p pier d'Egypte , on infétoif detuc
feuilles de prirchemin. On conferve à Tabbaye de
St. Girmain-dcs-Près , une partie des épitTCf de
St. ^ugi.flin, écrites de cette manière fur du pa-
pier d'Egypte , entremêlé de feuilles de parche-
min. Oc(\ un vieuit manufcrit, auquel on donne
en\'iron i loo ans. Les lettres y font en bon étai ,
te l'encre a conferve toute fa noirceur,
L£s Egyptiens falfoient dans tout le m^nde QQ
grand commerce de leur papier ; il augmenta (m
la fin de la république Romaine , ik devînt encore
plus ilorifl'ant fous le régne d' A ugufte:aui&, comme
le débit ûz ce papier éio.t prodigieux pour les m*
tions étrangères ^ on en manquoit quelquefois i
Rome ; c'eft Cf qu'on vit arriver du temps dc
Tibère : comme on ne reçut à Rome qu'une petite
quantité de papier d'Egypte , cet événement caufa
du tumulte , 6l le fénat nomma des commi^airei
pour en diilribuer à chacun félon fes befoitis, &
autant que la difctte le permettoit, Ph>T?ifqHe fait
voir combien le trafic de ce papier t d,
quand il dit dans (o^ traite Cylotès 1 1 . '/l^
il pas que le Nil manquât de papyrus avant que
ces gens-lik ceiïafTeat d'écrire ? L'empereur Adrien ,
dans fa lettre à Se^vi^n , confu) , & que Vopifciis
nous 2 confervée , met entre les principaui artl
qu^on exercoit à Alexand.ie , celui de faire d«s
tcuilles de papier propres à récriture, Ccfi Bl)C
ville riche & opulente , dit -il , ou perfonnc ne fit
dans loiAveté ; les uns travaillent en verre , Ici
autres font des feuilles de papier à écrire , d*iiart$
de la colle, &c. Sou* les Antonins^ ce commerec
continua avec la même vigueur, Apulée tUt ç^'il
écrit fur du p:ipier d'Egypte avec urecAOïKAi
Nil ; carc'croït le Nil qui fournîffoit les rafom
dont on fc fer voit pour écrire , & c*étott i hUm-
phis qu'on les prcparoit.
Les empereurs fe fervoient du papier d*E€vpte
pour écrire leurs lettres fii leurs mémf^-^' '^ ^
tien , dit Dion , écrivit les noms de ct ih
loit faire mourir , fur une feuille doi . pb^
lyre ; car, félon Hérodien , ces fort: iki
fimples font très-minces* Le con ;'i'
pitr éioit fi erand vers la fin du c,
que le tynn Frmus s'étant t m paré d<- , k
vantoit qu'il avoit a/Tet de p^^ier 8l li . m
entretenir fon armée* Ct:U prouve que les proîn
dc cette vente étoieot confidérabW
St. Jércme ntus apprend nue : ce p*
pier d'EgVTtt é.oit toi^joiir; le mvniv u.ii.s k cia*
quiémc Ittclcoù ilvivoit* ht papier ne namtf^
J
P A P
«inqu^i dir-îU dansû icitic à Chramace , pmfque
jr.. ,.. continue Ton cominercc ordinale- Les
r le papier cunt trop grands fur la fin du
in Lin ' uccte ou au cofnmencemcnt du fuivant ,
Thèodortc , roi «'Italie , prince modéré & équîta-
Itlc , en déchargea le public ; ce fut fur ceia que
pmjS^odcrc écrivît la trente-hiiîtiéme icmcde ion
lèAc livre, où û fcm^lç féliciter touic la terre
décharge de cet impôt fur une mardiandiTc
ncc«. iLire « tout le gcnrt: humain.
JLa liAicme fieclc , fi on les PP. Mantfaucoti &
^fon, fiurn»t aufll des m^jnumens értiiS far
fsphr rE^yfte, Ils citent une charte a o pelée
€àmr!j ^Ufîjn^ fecuntan^ , de l'empercUr Juftniien*
Le péfc M,bi!lon la fait imprimer peu de temps
ar ni fa mon, avec la forme d^-s caraftèie>. e
kjix>nui7sent fuiçulierefl a la btbliotliéque du toi de
•fr-ncc Le ^ère Alontt.«ucon dit avoir vu , en
■ I6c8 » à Venife , d*o$ la bibliothèque du procu-
Kfa«-iir Julio Juftif.iani , trois ou quatre fragmr^ns
4s pa^^ier d £g>pce , dont l écriture étoit du même
iiclc , mai% dont on ne pouvoir rien t<rcr, parce
^ue c*étoicnc des morceaux rompus où Tod ne trou-
t?0it aucune fuite. Le P. Mabïllon parle dans fa
diplomatique » d un -tui e marufcrit quM croit être
du même fiéclv , ^ qui étoit autrefois de la hibbo-
thèc|ue de M. Petau ; mais ce favant antiquaire
Jî'a jamais pu vair le manufcrit. Il cite , outre cela,
ua m nuicrit en papier ./Egypte, qu'on confcrvc
k h bibliothèque de S^. Ambroifc de Milan , âc
^ui contient quelques livres des antiquités Judîï-
qucs de Jofephe , traduites en latin ; il d ''nne à ce
tsianufcrit àpeu-piès b même aoiiquité : mais il la
irauvé en aikz mauvais état.
Ve même père dit avoir vu dans la bibliothèque
dt St, Manin de Tours , les reÙcs d\jn vieux hvre
grec , écrit fur du pripier d'Egypte , 6c qui lui
fanic être du fcptiemc fieclc.
Il croit tncore que TEvangile de St. Mire , qu'on
(^dc dans le tréfor de Venifc , %û écrit (ur le
»mcm€ papier , dont \c\ ft* tut les lui ont paru plus
«lélicaies que beaucoup d autres. Il penfeque c'eft
le plus ancien de tous le;» manufcri^s, & qu on ne
hafarde guère en d Tant qu'il eft au plus tard du
^«trtène fiéclc. &: manufcrit efl prefque tout
C&cé t 6k fi pourri , que les feuilles étant toutes
«oUécs. Tune contre f autre, on ne peut tenter de
faurncr un feuillet fans que tout s^en aille en piè*
ca : enfin , ajoute-t il , on n y fauroit lire deux
0i<»ts de fuite.
Selon le mèm^ antÎ4|uaire , on fc fervott en
France , en Italie , ik dans d'autres pays ùe TEu-
fopc ; du papier d'Egypte pour des lettres ou des
aâc* publics. 11 en rcft- encore, dit il , un aiïez
tgrar^d nombre d^ns les abbayes & dans les ar-
chives des èglifes, comme àSaint-D.nys , à Corbie,
i fabbaye de GraiTc » & en d'autres couvtns.
Il dk vriifemblable que rinv«:ntion du papier
de coton , dont nous parlerons dans un aiticîe
^nkulier ^ a fait tomber iafenûblement Tufa^c
p A p
467.
du papier d'Egypte; mais ccft une grande quèf*
tion de favotr en quel temps on a ceHe totalement
de f<tbriquer le papier d'Egypte ; car à préfent la
papyrouzhnU E yp'idca , l*art de fabriquer le papier
égyptien > cU mis au nombre des arts qui iont
perdus. Eiiilathius , le favant commentateur d*Ho'
mère , allure que, même de fon t^ms, favoir, en
tiyo, il o'é.oit plus en ufage. Le pcre Mabillon
foutîent, à la vérité, que l'ufage en % ouré juf-
quau onzième fiécle après J, C, St cite un
certain Frèdegaire , moine , poète du dixième
fièele , qui en parle comme U*un art qui futfuloit
le fiècle d'auparavant, c\iVi-d rc, dans le neuvième
ûécle ; mats le même père Mabillon s'cfiorce de
prouver que Tufage en a duré plus lon^-tcmps,
par phifiturs bulles di s papes , écrites fur le pa*
pyrus j âzns le onzième fiècle* Foyc^ M^bdlon ,
de re dp'omat, , Li^, 1, Cap, VUL
Cependant le comte Maffci foutîent dans fon
Ijî '^ Diplomm,^ LL II, Siblkià, ItaL ^ fQ/n, II,
p4£r 2^1 , avec quelque probabilité, que le papier
d'Egypte n'étoit déjà plus en ufigc avant le
cinq^iième fiecle ; xi ne regarde pas comnne au-
thentiques Içs métroires écrits fur ce papier &
liatéi poftéiicuremtnt à ce temp<. Les bulles des
papes, citées par le père MabiJun , p:iroi{rent à
ce rivant avoir été écrites (ut du papir^r de cotoi7.
Les ôbfervations que nous faifons n^ fc rapportent
qu'à Tufagt gt':néral Si public du p *p:cr d\Etypt€^
car il ne ferott pas étonnant que quelques parti-
culiers cuflent cor.tinné de Tcm^loyer quctrjues
centaines d'années ap es qu*oa a ceiTé d^eu taire
ufage commune m nt.
Le même fa va m italien eft dans la perfusfion
que i*Evangi!e de S. Marc qu'on conferve à Ve-
lijfe, eÛ éctti fur du pa ier de coion , & qu*aii
contraire le Jofcphe de la bibliothèque ambrot-
Tienne de Milan, eft écrit fur du p.pcr égyptien,
qu'il a reconnu au premier coup-d'œil.
Voilà les principales obfervauons des fa vans
fur le papier égyptien , fcs uGges Si ù durée.
Il n'ed guère politbte d' jouter quelque chofe de
nouveau fur le papier d'Egypte , à ce qo*en ont
dit, parmi les anciens, Pline, //^. XllI, Théo-
phr^Ae, lit, IV , cap. IX; & parmi les modernes,
Guîlaudlnus, Scalîger , Saumiife , Kerchmayer^
Ntgrifolt; le père Hardouin, dans fon édition de
Pline; le père Mabillon, dans fon ouvrage d€ re
d'phmdncd ; dom Montfaucon,dans fa paléographie
& dans le recueil de littérature; TilloÛre Maffei,
dans fon Iftor, Dp'omat,; & enfin M* le comte
de Caylus ^ dans le» Mémoires de Tacadémie des
îpfcription* , tom. XXVI. C'eft d'après Un & les
recherches de M. Bernard de Jiiîieu, dom il a
fait ufage dans fon excellent mémoire fur le pa-
pyrus, que nous ajouterons ce qui nous rcAe à
dire fur cette plante
Avant que d'entamer la defcription du pjpynti
d'Egypte , il eA naturel de dire un mm de T pi*
ïù\jn ailci généralement reçue dans 1 Europe , lur
Non %
;68
î> A P
U perte de cette plante. En fuppofant cette perte
poifiblc , on ne pourreit au moins la faire remon-
ter fort haut, car il n*y a pas encore deur cents
ans que GuiUandin 8c Profper Alpin obfervérent
6c reconnurent cette pUrte fur les bords du Nil,
& que Guillandin vit les habitans du pays en
manger la partie inférieure & fucculente de la
tige, comme en le fa^foit anciennement; par-
ticularité qui feule fuffiroit pôwr nous faire rc-
connoitre le papyrus, & dont tl ne parotr pas
que d'autres yoyagetjrs aient profité. Cet ufage,
& ceux qui font rapportés par Profper Alpin, nous
«pprcnncnt que cette plante n'eft pas tout-à-faît
inutile depuis qu'elle a perdu fon principal mérite,
en ceitant d*êue employée à la fabrication du
papier*
Les changcmens furvcnus dans le fol de l'E-
gypte, &i les foins des habitans pour profiter des
terres qui peuvent être cultivées, ont rcn.iu vrai-
fcmblablement La plante du papyrus moins corn-
mune ; mais des caulcs qui ne peuvent être que
locales , n'ont pu occafionncr la dettruéàien entière
du papyrus , d'autant plus que cette plante , crotf-
fant dans Teau , ell par là à Tabri. de cet évé-
nement. Le ftlence des auteurs tes plus récens
qui ont écrit fur TEgypte , ne peut être avancé
comme une preuve de cette dellruâion ; mais il
cfl étonnant que M. de Maillet , qui paroit avoir
lait des recherches à ce fujet , lait confondu avec
le Muja ou figuier d'Adam, plante qui c& très-
difTérenie*
Le papyrus» dit Pline, croît dans les marais
d'Egypte , ou même au milieu des eaux dornnantes
que le Nil lailTe après fa crue , pourvu qu'elles
n'aient pas plus de deux coudées de profondeur ;
il jette une racine tortueufe & de la gr^»freur du
poignet i fa tige eft triangulaire, & ne s'élève pas
à plus de dix coudées, Profper Alpin ne lui donne
que fix à fept coudées au-deffus de Teau* Sa tige
va toujours en diminuant , 5c fe termine en
pointe. Théophrafte ajoute que le papyrus porte
une chevelure, un panache qui formé le thyrfc ,
dont parle PUne* Guillandin nous apprend que la
mine du papyrus jette à droite & à gauche
quantité de petites racines qui fouiienncnt la
plante contre rimpèîuofité du vent , & leffort des
eaux du Nil ; félon lui , les feuilles de cette plante
font obtufes , 6c fembîables à celles du typha de
marais.
Les Egyptiens emnloyoïent le papyrus & fes
parties à diffêrcos uiagcs , que nous ne rappor-
terons pas ici f parce que ces détails n'entrent
pas dans notre plan.
Le principal ufage qui nous intéreffe, eft celui
4e fournir des membranes ou pellicules avec Icf-
quelles on faîfoît .le* feuilles de papier propres
à récriture, Se qu*orï nommolt j8iÎA#ff,ou /t^z/mW^î;
. on les appeloii anHi «<tffif< , & en Utin ckarta,
C;:r le^ autcars latins entendent ordinairement
par (hartd ^ \c papier d^E^^ypte,
P A TP
Le papyrus croifToit en G grande (rtsantîié for
les bords du Nil ^ que CalTiodorc , Hh. X' " S,,
le compare a une forêt. Là, dit-îi ^ s tte
forêt fans branches, ce bocage fans fcuiliji, c^tte
molflbn qui cioît dans les eaux ; at^^^^rum ft^tf,
CCS ornemens éc& marais*
Profper Alpin eft le premier qui nous aîf doimfcH
«ne figure du papyrus, que les Egyr ?^*^
loient kérd. Quelque mauvaifc qu'n . j, _ ïst
fuppofer , elle paroi t néanmoins convenir k ï%
defcripti<<»n de la plante dont parle Théo^ ^^' *'*"
Les botanides anciens avoienr placé le ;
parmi les plantes graminées ou les cV
ignorant à quel genre il dcvoit appar
(ont contentés de le défigner fous le nom :iritija
de papyrus , dont ils ont fait deux cfpéces , celli
d'Egypte , & celle de Sicile. Les nouveaux #nr
cru reconnoitre que ces deux plantes étoient UM
feule 6t même cfpèce de cyptrus \ c'cft fous ce
genre qu'on la trouve dans les catalogue^ fit ï<»
defcriptions des plantes, publiés depuis fédiCMMi
de Touvrage de Morifon , oii le p.}fyrus cft nofiné
cypems Nihtkus vd firiacus maximus pàpyr^aft.
Dans les manufcrit» qui nous reflcm des lcttr«i
& des remarques de M. Lippi , méJecin de la
faculté de Paris, qui accompagnoit M. du Rovle*
envoyé du roi Louis XIV à lempereur d'Ahjf*
finie , on trouve la defcrtption d'un cjftrm
qu'il a voit obfervé fur les bords du Nil en 1704»
Après avoir parlé des fteurs , il dit que pluftcutf
épis, couverts de quelques )eunes feuillet, (skêl
portés fur un pédicule affei long* & que pîufisni»
de ces pédicules également chargés, vcnaf»» » f**
réunir, forment une efpèce de pirafol; !c
de ce parafol eil environné de quantité de tcu^i.^
qui couronnent la tige fur laquelle il porte, La
tige cft un rn fme firt long , dont les angles foot
un peu r^nondis , les feuilles qui s'en dètaiclieat
repréfentent parfaitement tine îime d*épèe 1 non
ps't de celles qui font la goiiitiér-, «lats de ccUes
dont le grand cité foutient une cannelure : Ic»
racines lont noires & chevelues; il nomme cetit
plr^ntc cypinu NUiacns major, umbtUd mBÎffjAdt
Le mcme Lippi en avoir remirqué tine aiiire
cfpéce qui ne s'élève pas awifi haut, doot 11 ttge
& les feuilles, cependant, etoicnt les — — -• it
dont les épis formoient plutôt une ci -t
qu*une ombelle; cette tétc éioît f->rî i ' . j^
fantc & comme dorée , riche ^: *i : ch ;:t:
elle eft portée fur de longs nédicuîes , dont k
bafe fc réunit en psrafol ; il l appelle tyffrut o*
lidcut major aurea d'tvtfa pdnku!j* Cw àcux (bfltl
de cyperus ont enue eux une reifecnbUflce iiii>
quée , par leurs feuilles, leur ttge^ le panirlt
en parafol qui les coufonnc , & les îktu mt-
récageux ou elles croiflent. La feule &tthtfit9
confide dans la force des épis , ce ^ni ieff ^
les diftihguer Tune de raucrc; touicç émm em
quelques rapports avec le papyrus êi 1$ (m *
tels qu'Us f^nt décrits par les anciens tliK«iS*LA
P A P
pf«micre pourrolt irre le papyris , & la fecaode
le firî ; maïs ce n^'cft là qu'une conjeÛure.
Le papyrus qut croifToit dans le milieu des eaux,
JW ilcMinoit potm de graines ; ion panache écoic
compofï de pédicules foLbles, fort longs» Tem*
liUbles à des cheveux » coma ïnutïU exUiqiu ^
4ix Théophrafte. Cette pantcubriié fe montre
^Blâment dans le papyrus de Sicile; nous la con-
ïïUiMons encore dans une autre eCpèce de papyrus
apportée de Madagafcar par M. Poivre^ corrcf-
pondant de lac^dcmic des fciences. Les panaches
de l'une 8c rauirecfpècc, comparés par M, Bernard
de Ju^Ccu , ont ccè trouvés dépourvus d'épis de
fleurs , & par confequent ftcnles. Uodoeus &
St^pcl dans Tes commentaires fur Tliéophrafle »
ont ûiî rcpréfenter la tige & le panache du pa^*
pynis en cet eut, & le dclTin en avoit été en^
vové d*Egypic à Saumiifc.
Si le papyrus de Sicile, dont il s*agir , a érè
de quelque ufige ch^z les Rimains, c cil ce que
nous ignorons; il cft nommé papero en Italie, &^
félon Cêfalpin , papero. Ce papyrus de Sicile a
été cultivé dans le jardin de Pife, & n'eft point
le pcfynis d Egypte , fi l'on s'en rapporte à la
detciiption qiie Céfalpin en a donnée Juiméiiie
d'ipféi rubfervation de la plante.
I Le papyrus, ditil, que Ton nomme vulgaire-
■jnent pipero en Sicile , poulfe des tiges plus longues
p& plus grotfes que celles du fuiichet cypcrns ,
hautes quelquefois de quatre coudées , & à angles
. c^mts ; elles font garnies à leur bafc de feuilles
m courtes qui nai^Tent de ta racine r on n'en voit
L aucune fur la tige , lors même qu'elle tû entièrement
I développée ; mais elle porte à Ton fommct un
barge panache , qui reiTcmble à une gro^e rouife de
Bcbeveux épars; il c{l compofé d'un grand nombre
"de pédicules triangulaires en forme de joncs, à Ycx-
tfémitc defquels font placés, entre trois petites
feuilles , des épis de fleurs de couleur roufTe , comme
dans le iuuchct; les racines font ligneufcs» aufll
k i^roTrs que celles du rofean, gcnoui liées , & elles
Volettent une infinité de branches qui s'étendent
obliquement ; par leur odeur 6l leur faveur, elles
w appfoclient de celles du Huche^tamais elles font
téuoe couleur moins brune: deWkr furfjce infé-
ft^ire fortent phifteurs racine'» j^^ues & ftbreu-
ie* , & de la lupcrieure s*c'éve4Bles ttges nom-
fcreofe ^i qu*ellcs font tendres, contî-nnent
un (iic ' lc plante a été apportée des ma-
rais ic ins le jardin de Pife V v^/îw in
2101 ^ cx Sicdta paiujîriàux. Théop lira Ile
tt dcu« plantes différentes feulement par leur
idciirqui ont du rapport avec notre pjpyrus ^
iMHf I kptfyttts fit le ftri: telle efl la dcïcnp*
«on de Célatpin.
Le paoache du papyrus de Sicile eft aflfez Kien
rêprcienrè, quoique fort en raccourci, dans la fé-
conde paJtie du muftum dt Bû::one* Ce panache
eft une touffe ou alTemblagu" d'une très -grande
|uaaiité de longs pédicules fort minces^ qui oaîflent
p A p
469
d'un même point de divIAon , difpoiés en forme
de parafol , ^ qui portent à leur entremit^ fu-
périeurc trots feuilles longues Si étroites du
milieu defqutlîcs ronent d autres pédicules plus
courts , chargé vcr^ le haut de pluficars paquets
ou épis de fleurs. Mcheli , dans Tes nov4 plmtn-
rum gênera , imprimés à Florence en 1728 , a
fait graver un de ce* longs pédicules de grandeur
naturelle ; il cft d'ab®rd enveloppé k la biic par
une gaine qui a un pouce & plus de longticur;
cnfuite, vers ion extrémité, il fupporte trois feuilles
longues , Se étroites Ô: quatre pédicules ou font
attachés les paquets de fleurs. Chaque pédicule
a aufli une très -petite gaine i la hafe. Enfin
on trouve dans la groflographia de Scherchzer ,
une dcfcription fort détaillée du panache d'une
efpècc de cyperus , qui paroU être celui de la
plante de Sicile.
On peut conclure de cet expoft, que le papyrus
de Sicile cft, i peu de chofe prés, bien connu en
botanique. 11 feroît à fouhaiter qu'on eût autant
de coniîoUTances (ures à rég.*rd du papyrus d'E-
gypte; néanmoins il faut avouer que ces deux
plantes ont entre elles une très-grande affinité
puifquon lésa fouvent confondues, ainfi que le
jari & le papyrus mlouca, qui, fuivant Théo-
phraile , ont un caraftère de relfcmbtance très mar-
qué » & ne différent feulement qu'en ce qut le
papyrus pouile ^q% liges fort groiTcs & fort hau-
tes , qui , étant divifécs en lames minces , fervent
à la compofition des feuilies de papier r ce qui eft
bien Icffentiel de cette difculEon , eft que le jOr/ ,
au contraire , a fcs tiges plus menues fie moins
élevées , dont on ne peut faire ufage pour la fo-
btication du papcr.
On ne doît pas confondre \t papyrus qui rervoîi
anciennement à faire le papier, avec le papyrus
At Sicile, qui vcnoir auflî dans laCalabre ^ dans
la Pouillc ; car , felnn Srrabon , le papyrus ne
croiiToit que dins 1 Egypte & dans Hnde: la plu-
part des boianiftes ont cru que la plante de Si-
cile étoit le fari de Théophrafte r d'autres ont
avancé que le p^py^us dEgvpfe & [^ fari étoient
une même pbnte confidérée feulement en deux
éiars .liffircns , & relativement i leur plus ou
moins de grandeur; ce qui, félon eux,pouvok
dépendre de la qualité du terrain & de la diffé-
rence du climat » ou d'aytres accldens , les pieds
qui croïiïuient au milieu des eaux ayant des tiges
plus grotTcs 8c plus hautes , & un panache en
forme à\%nt touffe de cheveux très-longs, foî-
blés, & fans aucune graine ; pendant que d'au*
très pieds qui naiflbîetn fur le bord des rivières
des marais ou de* iacs , poriôient des lige»
plus baffes , plus grêles & un panache moins
long ^ moins foibic , chargé de fleurs , & de
graines , 1 '"^qocnt. Cts f-ntimrns offrent
des diffîu rmonubics; cependant, ce qui
nous intércUc , l on peut prouver que la diffé*
rcnce du papyrm d'Egypte &du [an, ne dépta-
j
470
P A P
dolent ni du climat « ni de h qualité du^ temin :
c'àtoit en Egy^ te qi;e ces deux pîantes croiiToient,
6i Ton tiroit des lames minces du pdpyrtu dont
on fabnquoit du papier, au lieu qu'on ne pou-
voit employer le fari à cet ufage. De même , le
papyrus d'Egypte ne peut être confondu avec
celui de Sicue , puifque le premier ne venoit que
dans TEgypte Se dans lladc feule»
Enfin» le p*Jpyiis de Sicile n*a commencé h être
connu des botâulfles, que vers les années i^yo,
IÇ71 & M^î* temps » il ont paru les premières
(^dition$de Lobcl, de Guiliaudin & de Cefalpin.
Il paroit clairement que les anciens n'ont eu au-
cune connoilfance de celte plante. Pline n'en fait
aucune mention dans fws livres fur rhiAoire natu-
relle, c^ qui montre que cette plante n*ctoit pas
en uiagc à Rome , ni même dans le pays où elle
vient nature Icmsni. Il fuit encore de Ion filence
à cet égard ^ qu'il n'a voit pas vu U plante de
Sicile; car il auroir été frappé de la reucmblance
qu'elle a avec le papyrus du Nil & le fari , tels
que les a décrits Théophrafte. Enfin , û Pline
eût connu cette plante, il n'a>iroic pas manqué,
dans les ch^ipiirrs où il traite à fond du papyrus
du Nil 6i du /jr', de nous apprt^ndre ce qu'il
aufûit pn apercevoir de conforme entre ces dif-
fcr^rutes plantes.
Parmi plufieurs pîantes deiTéchées en herbier ,
ficieculiics dans les Indesorientales par M. Poivré,
il *'eH trouvé une cfpéce de papyrus fort diffé-
rente de !a plante de Sicile. Il porte un panache
cnmpofé d'une touffe confidérable de pédicules
trèi-lo;ips, fjibles, menus & délicats comme de
fimpk-s fiîeti , terminés le plus fouvent par deux
ou ifots pentes feuilks très-étroites , mais entre
lefquelîes o.i n'ap-rçoit aucun épi ou paquet
de fleurs; aitifi le panache auroit été ftérile, &
n'aura *itpr<»f luit aucunes graines. Ces pcdiculc^s ,
ce* filct-v font chacun garnis à leur bafc d'une
gaine mw-mhraneufj, ailcrz longue , dans laquelle
ïh (ont « pour ainfi dire, emboîtés : ils narrent tous
du mène point de divlfion, en forme de parafol.
Le panache qÙ à fa naiiTance environné de feuilles
dlfpofeesen rayons, comme ceux d'une couronna*
La tiee qui le foutcnoit étoit , fuivant le rapport
de M. Puivre, haute de dix pieds & plus, lorf-
qu'elle croihoit dans Teau à la profondeur de deux
pieds , âi de forme triangulaire , mais à andes
fort moules : par fa groCîeur, elle imitoit aifcz-
bien un bâton qu'on pouvoit embrafler avec ta
jnaîn , plus ou moins exaâement.
Sa {ubda nce intérieure , quoique moëlteufe ,
pleine de fibres , étoit folide , de couleur blanche ;
fiar ce moyen , la tige avoir un certain deeré de
brce , & elle réfiftoit à de petits efforts* On la
ÎiUoit (ans la rompre : on pouvoit encore s'en
ervîr en guife de canne, parce quelle étoit fort
légère* Le même M. Poivre nen porta point
p A p
d'autre pendant ptufteurs mois de féjotir a Ma*
dagalcar. Cette tige n'eft pas dans toute f lon-
gueur ég^.ement grofTe ; elle diminue in»cnfibk-
ment de ero<Teur vers le haut. Elle eft fans rœuds
& fort lifte. Lorfque cette plante croit hors de
l'eau dans les eudiuics lîmplemenr humd s , clic
ell beaucoup plus petite; fes tiges Tont foit ba'^cs»
& le panache qui la termine eft compoié de
filets ou pédicules plus courts , lef^jcls , à leur
extrémité fupérieure , font partagés en trot» fcui!le$
fort étroites , & un peu plus longues que celles
qui font à l'extrémité du panache de la ptante qui
à crû dans le milieu des eaux. De la b^£; de
ces trois feuilles fonemde petits paquets de ficurf
rangées de la même façon que celles du fouchet*
mais ces petits paquets ne font point élevés fur des
pédicules; ils occupent immédiatement le centre
des trois feuilles entre lefquelles ils font placés,
& forment une petite tête : les feutllas qui nai^ent
de la racine 6c au bas des tiges , reffemblcm k celles
du fouchcL Cette plante » que les habitans de TtIU
nomment fanga-fanga , vient en grande abondaace
dans les rivières 6t fur leurs bords , mais parti-
culièrement dan? la rivière de Tartas » auprè» de
Foule- poioie à Madag^fcar, Les habiuns de ces
cantons emploient Técorce des tiges pour itm
leurs nattes ; ils en font aufE les voiles & les
cordages de leurs bâtimens de pèche, & des coréci
pour leurs filets.
Cette efpèccde /ytf/»yr«r, iufqu'icî inconnue, &
cliflèrente du papyrus de Stcile^ par la difpofinoa
de fcs paquets de 6eurs , nous montre qu'il f a
parmi les efpéces de cyperus deux fortes de
plantes , qui peuvent aifément fe confondre a*cc
le papyrus des Egyptiens , foit qu'on Ici coofi»
déf^ du côté des ufages particuliers auxqodf
les habitans des lieux où elles croilTcnr, les ont
dcftinées , foit qu'on compare leur forme , leir
manière de croîtra , & tous les points par le£]iiels
elles paroilTent fe reflcmbler : comparaifiM) oui
peut fe faire par le moyen des traditions, teUei
qu'on les a dans Théojïhiafle & dans P^ine, &
encore à l'aide d^ la h^ure Sl de la dcfciipciM
que Profper .AMn a fanées , ap^és avoir ot^
fervé la plant^br l^s lieux. Mais Cx Von 1 ègmi
au tcmoignag^le Strabon , qui papyrmm mmaùfi
in Etypto 6" ^^india gigni pro cûnjtanti sfirmÊÊp
on ne fera pas éloigné de croire que le ^Mffïïm
deriflede Madagafcar, fituée àrenirècdclloéit
pourroit être le mhmc que celui d'Egypte*
Quoi qu'il en (bit ^ les habitans de cette ilt
n'en favent pas tirer les mêmes avantages qM
les Egyptiens , qui ont immottalifé leur pipyrtf
par l'art d'en faire ce papier célèbre , fm afk
maxime humanitas vit a Cênjlat & memorU^ pW
me fervir des termes de Pline, qui, par*U»ooft*
feulement a très-bien caraâèrifé le papier tte»
gypte , mais encore tous ceux <]Uf l'art ÛL fmèÊk
trie ont mis à fa place*
P A P
Papier de coton. {Arts anciens). On croît que
'cA rinvention du papier de coton , qu'on appelle
ma hmmbycina^ qui a fait tomber le papier d'Egypte
1 Grèce. Ce papier eft incomparablement meil-
:ur , plus propre à écrire & fe conlervc bien
(lus long- temps. On ne fournit dire précifémcnt
quel temps on a inventé cet art, qui fappofe
le grande fuite d'cflais & de manipulations.
Te mpîoi de cette matière en papier , eiige pour
moins autant de travail que ceux du chan-
ge & du Un, s'ils n'en ciigent davantage, Amfi
PEcr rinvention du pspicr de coton , ce l'eroii en
temps fixer Tinvcntion d^ Tarî àz la pa-
ketcfie tel que nous Tavons en Europe.
Le père Montfaucon prouve par des auto-
tés affei claires , que le papier de coton étoit en
ifage en iioo. Ce papier s'appelle en grec ^
^mfrm ^v^C»«i»^ , ou fitttiSmitt*^ ; quoique ^o/ftCpÇ
b prenne dans ies auteurs pour de la foie , il (e
ircnd auffl dans ces temps pour îe coton , auft-
pkn qu« fi*f^^*i : dc-là vient que les Italiens ap-
|>el]ent encore aujourd'hui le ccton hambucch.
Ce fut au neuvième fiécle que l'on commença
dins l'empire d'Orient à en taire du papier : en
voici les preuves. Il y a plufieurs manufcrits
grecs , tant en parchemin qu'en papier de coron ,
^ portent la d.te de Tannée où \\s ont été écrits;
fluaU la plupart fi^ni fans date i fur les manuf-
crits datds , on juge plus fuiement de l'âge de
ceux qui ne le f^^nt pas , par la comparaiTon des
écmures. Le plus ancitnmiinufcritdc papier de co-
toa que le père Monifaucon ait vu avec la date ,
cft celui du Roi , numéroté 2889 , qui fut écrit en
10^0 i un autre de la bibliothèque de l'Empereur»
qui porte aufTi fa date, eA de Tannée 1095 ; mais
icomme les manufcrits fans date font încompa-
inklcmcnt plus nombreux que ceux qui font da«
tés , ce père s'crt encore exercé fur ceux-là ;
6c par la comparaifan des écritures , il croit en
«irotr découvert quelques-uns du dixième fiécle ,
entre autres un de la bibliothèque du Roi » coté
^436. SîTonf-ifoit la même; recherche dans tou-
f€9 ks bibliothèques , tant de l'orient que de
rocddent , on en pourrolt retrouver d'autres écrits
avec les mêmes papiers.
D'après ce travail , il juge que ce papier bom-
àycin ou de coton, peut avoir été inventé fur
la fin du neuvième fiécle » ou au commencement,
du dixième ; car à la fin du onzième Se au com-
sncncement du douzième ♦ l'uf»gc en éioit ré-
Eandu dans tout l'empire d'Ori.nt , & m^me dans
i Sicile* Roger , Roi de Sicile, dit dans un iii-
ptome écrit en 1145, rapporté par Roccui Pirrhus ,
qu'il avoir renouvelle fur du parchwnin , une
chanc qui avoit été écrite fur du papier Je cvwn,
ifi ckirta cuiunea, l'an iio , & une autre qui étoit
d^êe de Tan iiia« Environ le même temps
lljiipiratric« Irène, femme d'Alexis Comnène,
p A p
471
dit» dans fa règle faite pour des religieufes qu'elle
avoit fondées à Conftantinople , qu'elle leur
laiÛe trois exemphîres de la règle ^ deux ai
parchemin, & un en papier de ccton* Depuis
ce temps là , ce papier fut encore plus en
ufage dans tout l'empire de Conllantinopte i
on compte aujourd'hui par centaines les manuf-
crits grecs écrits fur papier bombycin » & qui fe
trouvent dans les grandes bibliothèques.
Il parott que cette découverte fut très-avan-
tageufe , dans un temps où il y avoit grande
difette de parchemin ; c'cft cette diferte qui
nous a fait perdre plufieurs anciens auteurs
très -précieux : depuis ie douzième fiècîe , les
grecs, plongés dans lignorance , s'aviférent de ra-
cler les écritures des anciens minufcrics en par*
chemin , & d'en ôter autant qu'ils pou voient
toutes les traces , pour y écrire des livres d e-
glife. C'cA ainfi qu'au grand préjudice de la ré-
Î oblique des lettres , Us Polybcs , les D dns ,
es Diodore de Sicile ^ & d autres auteurs an-
ciens que nous n'avons plus , furent mctamor*
phofés en triodions , en pentecoftaires , en ho-
mélies , 6c en d'autres livres d'églife. Après une
exaé^e recherche faite par le père Momfaucon ,
cet antiquaire affurc que p:irmi les écrits fur du
parchemin depuis le douzième fiécle » il en
avoit plus trouvé dont on avoit raclé l'écriture
que d'autres i mais que comme tous les copiftcs
n'ctoient pas égaLm^ni habiles à tffacer ainû ces
premiers auteurs , il s'en trouvoit quelques-uns
où Ton pouvoir lire au moins une partie de ce
qu'ion avoit voulu raturer.
Ce fut donc l'invention de ce papier de coton ^
qui fit tomber le papier d'Egypte ; & sM en
faut croire Eu(ïathi: , qui ècrlvoit vers la fin dii
douzième fiécle , Tufage du papier égyptien
avoit ceffè peu de temps avant quM écrivit. U
ne faut pas croire que le papier de coton , mal-
gré fes avanrages fur le papier d'Egypte , en ait
dèiruit rufage fubitement ; les nouvelles inven-
tions ne s'introduifent ordinairement que peu-à'
peu.
Le favant grec qui fil , du temps de Henri îl ,
un catalogue des manufcrits grecs de la biblio-
thèque du Rûi » appelle toujours le papier bom-
bycin ou de coton, cAjrr^ damaicena , papier de
damas : feroit-cc parce qu'il y avoit en cette
ville quelque manufaâure célcbrc de papier de
coton? Voyez Montf*iucûn , P*i/- "^/»
€ap. jL lik IL cap VL &c : Maf , ; jf.
lïh, i9 ow Bwlïoth* Italiq, tom. IL Q un^uc Cette
fahricaîîon du papier de coton fc foit foutenuc
dans le Levant depuis ces temps rc-uli% , ti main-
tenue jufqu'à nos jours , nous n'en femmes pas
plus inrtruits des diffèrcns procédés de cet art ,
qui peuvent être particuliers à la matière rîu co-
ton » malgré le grand nombre de vcyagcurs qui
ont vifité ces contrées , même relativtmeut auic
47^
P A P
;irîf , on n'en trmivc pas la moindre mentiom
C^s voyageurs croient avoir rcmoli toute leur
ifuiTiO!! , s'ils nous oi.t paib du Sphinx & des
pyriinid.s , & rèpctè ce que les autres en onr
du. Q.jelqi^cs iaftruflions qu'on leur ait données»
il n'a p3.) été poiTible d'obtenir le moindre éclair-
ciffement fur cet art t qu on ne connoît que par
tes btkiix papiers que quelques curieux nous
ont rapponés du Levant , 6c qui font très^-
blancs , 6l d'une étoffe fine , foUde & cartonneufe.
li faut tfpèrer que quelque jour on nous ap-
prendra dcis détails curieux fur l'emploi du coton ,
& fur U inanière de préparer une fubftance qui
elt infiniment plus alfficilc à réduire en pâte ,
propre à faire le papier » que le lin & le chan-
vre-
Au refle , cette fabrication , telle qu'elle fubfiflc
maintenant dans le Levant , ne paroit pas être
fuivie de manière à remplir tous les befoins du
commerce du Levant ; car on expone de Pro-
vence 5c dlialie , une aflez grande quantité de
papier de chanvre & de lin , qui n*eft pas
de la première quiilicé , & qui ferc i plufieurs ufa-
ges dans 1 Egypte , la Syrie , &c.
Papier d Ecorce. {Aru anciens). Ce papier
des ancisns ciï improprement aînfi nommé , car
il ètoit fait du lih^r , ou de la pellicule blanche
la plus intérieune qu'on trouve renfermée entre
l'écorce & le bois dans dlfférens arbres , com-
me l'crable , le platane , le hêtre , l'orme > le
miîider, & fur-tout le tilleul fiAvp*» dont an
fe fervoit le plus communément ii cet ufage.
Les anciens écrivoient fur cette pellicule après
Tavo'r détachée de Fccorce battue & féchéc. On
prétend qu'il exiftc encore des livres entière-
ment formés de ce papier. On peut confulter fur
cette préparation du liifer^ Piine, Hijî. n*Jt, , lié.
Xlll. cap^ XI y & les notes du père Hardouin »
fuid, Uxtc, in voce ^tX^i» Ifid^ ori^, lOf, VL cap.
XIÎL Alej[and.ab. Alexandre, hlf. Il cap. XXX.
Salmuth , ad PanciroL lié U, iam, XIIL pag. zfi
Les PP. Mabillon & xMontfaucon parlent
fou vent de manufcrits êi de diplômes écrits
fur U pap'ur (Técorci , & le diftinguent bien po-
fitivement du papyrus dont les Egyptiens fe i en-
voient ; ces deux efpcccs dlfféroient , en ce que
le papier d'écercc étoit plus épais , & compofé
ëe parties moins adhérentes enfemble que le
papier d'Egypte : il cft donc plus fujet à fe fen-
dre & à f e caÛ^er , & pour lors récritur^'écaîl-
lojt infailliblement ;c'cft ce qui eft arri^ à un
ma nu fer it fur écorce , qui eft k Tabbaye S*. Ger-
main t ou le Éond du papier cft reOé « nuis la
furface for laquelle les lettres ont été tracées ,
eft enlevée en plufieurs endroits. Voyez Mont-
far con , Pàleogr, grec, Itb. L cap. II* pag. tj ;
Mabillon, de rcdiplomaz. Ub. L cap, VI IL Reim,
idea^ Sy/i atuiq, lifter, pag 311.
Mais M. Maffel combat tout ce fyfléme des ma-
p A p
nufcrits 8t des chartes écrites fur Técorce des ir-
bres , & foutîent qu'on n'a jamais écrit de dïpb*
mes fur ce papier d' écorce ; qu*on ne fe ktVùit
d'écorce de tilleul que pour des tablettes , fur Jtf-
quelles on écrïvoit des deux côtés , comme cela
fe fait parmi nous ; avantage qu'on n'avoîi pu
avec le papier d^Egypte , ï caufe de fa finefle : i«
refte, la diftinâion des papiers d'écorce fit du pa-
nier d Egypte , donnée par les PP. Mabillon &
Montf^ucon » me par<>ii très-bien fondée , quoi*
qu'en dife Maffei , & les caradcres du premier pa-
pier aflîgnés par ces favans Bénèdi^flîns, font bjet
naiurellement dérivés de h conftitution du *
Il y a plufieurs palmiers des Indes Sié .
que , auxquels les botanifles ont donné la dc.io-
mination de papyracées , parce que les peuples det
contrées où croitfent ces arbres , écrivent avec des
poinçons fur les feuilles ou fur Técorce de ces for-
tes d'arbres qui leur fervent de papier. Tel eft le
palmier d'Amérique , nommé fj/par les Indiens ;
tel eii encore le gnajarjifa de U nouvelle Efpagoc
T«ut palmier dont fécorce eft liffe , &l dont U
feuille cfl grande & épaiJTe, peut fervir au mèfflc
ufage. Ainfi on peut écrire fur Técorce du mûrier
blanc Se fur celle du bambou , avant que ces m>-
tiéres aient été réduites en pâte pour faire à la
Chine 6c au Japon le papier qui s y fabriqtie &fcc
ces mittères triturées.
Papier de la Chine. ( Artx étrangers. ) De tooi
les peuples de la terre , celui ch« qui Van deÊh
briquet un papier de pâte a été connu & pranqQè
plus anciennement, eA le peuple Chinois ; il ea i,
de temps immémorial , de très-beau et d'une pvh
deur de format à laquelle l'înduilrie des ouvrten
européens les plus habiles » n'a pu atr --'-
Le beau papier de la Chine a auffi cet a**
qu'il cft plus doux & plus uni que celui d'Eur^€«
& ces qualités font afforties aux befoins des Chi-
nois ; car le pinceau dont ils fe fervent pour écrire
ne pourroit couler facilement fur une furfacc Wlk
peu inégale pour y fixer cettains traits délicats*
Nous connoiiîons plufieurs fortes de pnpîcr? fahn*
qués à la Chine > que notre commerce .sc
nous a procurés : ils annoncent tous ur. ^■~..... ^m
une grande adreffe, & peuvent être appliqués uti-
lement à dilTérens ufagc<. J'en ai vutéuiTir paitt-
tement à rimprcftton des lettres , de» eflampcs t
des cartes de géographie , & il pnenott trb-^Mea
la teinte des caraâères & des tailles , quoîqtie pn
épais.
Ce^ différentes fortes de papier v^Hcf»! , fmr-eoot
par les matières dont ils font h , fit ptf
les diverfcs manipulations auxqi - 1 (cmmfH
ces matières ; c'eft ainfi que chaque province de 11
Chine a fon papier particulier : celui ît* ^-dbvct
cft fait avec des chiffons de char mccdé
d'Europe ; celui de Fo-kien efl 1- ...^^^ avec 4t
jeune bambou ; celui des provinces feprcMtio*
nales , de Técorce intérieure d'un mùrict ; çàéé^
la province de Kiangnam , de la peau qu'oa ciw^c
P A P
>qucs de vcrs-à-fote. Enfin , dans h pro-
u-quing y Tarbrc chu ou ko-chu , fournit
l^nncpàie dont on fait le papier.
ifc de fabriquer le papier avec les diver-
i d'arbres , efl: à-peu-près la même qu'on
*on h\t ufage du bambou : ainli en de-'
ae méthode à Tégard du bambou, nous
; une idée de celle qu'on fuit quand on
bs écorces intérteurci du mûrier , de
: fuMOui de Tarbre de coton,
bou cft une cfpèce de canne ou rofeau
lîvifc pur des nœuds , mais beaucoup
ï» plw5uni , plus dur que toutes les--
K5 de rofeau X.
îbrîquer le papier avec le bambou , on
naircment la feconde pellicule de Técorce
bore ten jre & blanche ; on la met macé-
Ai Teau claire , & on la bat jufqu'à ce
il réduite en une forte de filaffe , 6l en-
lâte; on la dèpole dans des cuves, & avec
les ou forme i ^ on puife de cette matière
I faut pour en faire des feuilles de papier
idtur qu'on déftre j on le fait fèchtr en-
orfguc les feuilles font fèches ai compo-
îtofte fwlide , on les colle , en les trem-
t k feuille dans de Teau d'alun : cetap-
Btfl le feul collage qu'on donne au papier
>u , Tem pêche d^ boire Tencre , &
e à prendre les couleurs qu'on peut y
on achève de lui donner un lulVe 6l
d'œil verni , en 4e liffant , 5c la ma-
»ambou fe prête facikment à Ces der-
ftts*
tr qu'oa fait de la forte eft aflez blanc ,
tofeurrè» &ron n'y remarque pi^s à la
^.moindre inégalité qui puiiïe arrêter le
At du pinceau , ni occafionner le rebrou f-
^Cuns des poils qui le compofcnt* Ce-
Its fortes de papiers fiiïs d*écorces d'ar-
llfufccptibks de fccalTer pljis facilement
ier d'europe : outre cela ils prennent rapi-
lumidité de Tair ; la poutîière s y attache
I $y mènent en peu de temps. Pour ob-
dernier inconvéntent , on eft obligé de
rent les livres à la Chine , & de les txpo-
ÎL D*aillcurs leur grande finefle ne fup-
^ de grands êc de fréquens mouvemens ,
II fc trouvent fouvent dans ta néceflité de
r leurs livres en les faifant réimprimer»
Comte , nouvedux mi moires fur la Chine,
91 k^ nova , lit* an. lé^f , Uttr, édif^ & eu*
m. XIX.
t remarquer îct » que des parties affez
jilcs de papier de la Chine ^ gardées pen-
feiars années à Paris , fe font trcs-bien
\ , fans prendre rhumidité & fans deve-
p des infeâes. Ce qui a été employé à
H des lettres , des eftampes & des cartes ,
fementbien confervé : aînft l'Europe cft
'ê Mtilcrs. Tome F. PartU IL
p A P
473
peut-être un pays plus propre k la confcrvaiîoo du
papier de la Chine , que cert?î" ^ '-^ ^vinccs ilc la
Chine.
Il tft bon de remarquer que \c pspicr Je bam-
bou n'eft ni le meilleur , ni cçUn dont on fait le
plus d'uf-ige à la Chine \ p-ir apport à fa qualité ,
il cède la primauté au papier tait de Varbriffeau
qui p-ûduir le coion , parce que celui-ci eft plus
blanc , plus fin » moins fujet aux inconvèmens
dont nous venons de parler , qu'il fe confervc
auftî bien , & dure aum long- (einps que le papier
d'Europe.
Le papier dont on fe fert le plus communément
à U Chine , cft celui que Ton fait d'un arbre ap-
pelé kn-chu, que le père du Halde compare tan-
tôt au mûrier» tantôt au figuier, tantôt au fyco-
niore , ^c. ; enforte t\\\t nù\\% ne connoitTons au-
cunement cet arbre , parce qu'il veut nous en ap-
prendre. Quoi qu'il tn foit , voici la manière de
piéparcr les dêpouilks du ku-chu pour en faire
du papier.
On ratiffe d*abord légèrement Tècorcc cxtè-
rieure de cet arbre, qui ell verdâtrc, enfuite on
enlève la peau intérieure e» longs fileis minces ,
qu'on fait blanchir à Teau & au (oleil: après quoi
on le prépare de la même manière que le bambou.
Il ne faiu pas oublier de remarquer que lorf-
qu'on emploie les arbres diffêrens du bambou
pour faire le papier , c*eft toujours Técorce inté»
rieure ou le liber qu'on prépare ; au lieu que dan»
le bambou & dans Tarbrc qui produit le coton,
on fait ufage de toute leur fubrtance , qui eft corn-
poféc de iilamens , & d'une matière fibreufe très-
abondante ; il n*tft qucftion après cela que de
lui donner ks préparations fuivantes* Ourre les
bois des plus gros bambous , on cholfit particu-
lièrement les rejeton* d'un oudi deux ans, qui font
à-peu-prés de la grofTcur de la jambe d'un homme;
on ks dépouille des feuilles qui fe trouvent rccou*
vrir la lige ; on les fend enfuite en petites ba*
guettes de quatre à cinq pteds de long : on en fait
plufieiîfs paquets qu'on met macérer dans de l'eau,
jwf^u^à ce que ces baguettes foieni attendries ; on
les retire alors, ce qui arrivé ordins^irement au
bout de quinze jours ; on les lave dans de Teail
pure , puis on les met dans un grand foffé fec ,
& on ks couvre de chaux pendant quelques jours ;
on les zrrofe pour faire fondre la chaux; on
les retîre enfuite de cette foffe, & après tes avoir
lavés une féconde fois à grande eau , ori coupe
chacune de ces baguettes par tronçons ou par fila-
mens , qu'on expofe aux rayons du foleil pou' les
faire fécher & les blanchir : alors on en remplit
de grandes chaudières , où ils éprouvent toute
TaélioTi de Tcau bouillante ; après cette prépar^-
tEon on acl-téve de les réduire en une pâte ires-
âne , en ks triturant dans des mortiers de boif
parle moyen d'un marteau à longue queue , qu'um
oUYiier foit mouvoir avec le pied.
Oo<»
474
P A P
La pàu !ivdîn ainft préparée, on prend quel-
<|U€S rejetons d'une planie nommée koteng : on
Icî met tremper quatre à cinq jours dans Teau
jufqu'à ce qu'ils rendent une matière ondueufe
& gluante , qu on mêle à la pàtc > lorfqu on fe
propofc d'en fabriquer du papier ; Ton a bien
foin de n'en mettre ni trop ni trop peu , parce
Îue la bonté du papier dépend particulièrement
e l'exaâe proportion de ce mélange.
Quand on a mêlé lextraïc du koteng à la pâte
du bambou , on bat le tout dan^ des mortiers
jufqu'à ce que ce mélange ibit r<îduit en une li-
queur épaijTe & vifqueufe» On en remplir pour
lors de grandes cuves ou rêlervoirs , conflruits
et cimentés inrérieurement fi exa^^ement, que la
liqueur ne peut s*cxtravarer au dehors , m péné-
trer dans les parois de ces riiervoirs.
Les ouvriers étant placés à côté des réfervoîrs ,
dont les bords font à hauteur d'appui , plongent
leurs formes dms h liqueur , & en enlevenr la
quancîtc futlifantc pour faire une feuille de papier :
cette feuille » auffi-tôt que la forme eit forue de
la liqueur, prend une certaine confiftance, par*
ce que l'extrait gluant & vif^ueux du koteng
ilonnc ta plus grands Uaifon aux parties de la pâte:
sunfi le papier fe trouve, au fort ir de la cuve,
compaâ, doux, luifant ^ ^^ Touvrier le dètjche
de la Forme fans aucune ditilculté , en renverfant
la feuille fur les tas de papier déjà fibriqucs, ians
rinterpofition de morceaux d écoles de laine ,
comme en Europe.
Les formes ou moules a^-^ec lefquds on fait
ce parler , font conflruits avec de petites baguet-
j tes fort minces de bambou , qu'on paffe à des
filières plus ou moins f/offcs , fulvant le c<ilibre
ides baguettes et la fïn.^c qu'on veut donner à
'cette eTpècc de verjurc. On fait bouillir ces pe-
tites baguettes dans ds Thuilc , afin qu'elles fe
confervent plus long-temps,Ô£ qu'elles foîent moins
pénétrablcs à Teau.
Pour conftruire une forme , les Chinois affujei-
tiiTent ces baguettes à câté les unes des autres &
' parallèlement , au moyen de tiflus de crin , pla-
' CCS à trois ou quatre pouces de diftance les uns
des autres , & ils en fabriquent ainft des toiles
\ fort folides & de loutes fortes de di me niions»
Pour faire des feuilles d'une grandeur confidé-
* fable, ils ont befoin d'avoir un rêfervoir& une
I forme ou moule proportionnés. Ces grandes for-
. mes font foutenues par des cordes & des contre-
poids, & plufieurs ouvriers les font manœuvrer
I avec beaucoup d'adreffc. Il en cft de même de
I ceux qui enlèvent les feuilles &l les dé ta client de
la toile des formes, fitôt qu'elles font faites.
Comme leurs formes font itèv-l digères , ils fa-
btlqueni ordinairement deux fciùlîes des petit*
[.formats à-Ia-fois, & fans le moindre embarras.
Pour fécher les feuilles de papier a mefure
[^u*elb5 fe fabriquent , ils ont un mur creux ,
féom les deux grandes laces fom très-unies &
p A p
très-blanches : à une extrémité de ce m«f » efl oi
poêle dont la Oamme circule dans toute l'érendac
des vides de ce mur , après quoi la fumce fort
par l'autre extrémité. On attache les feuilles de
papier à la fupertîcie de ce mur » à laquelle
elles adhèrent , pour peu qu'on faffc pmfi'cr def-
fus un balai plat. On diftingue pour lors fur les
feuilles de papier ainfi fechécs , la face quli
adhèroit au mur » de la face qui a reçu les im-
prefîions du balai. On ne met le feu au poéî<
que dans certaines faifons froides , & dans cer
raines provinces ; & au moyen de cette écuve
les Chinois féchent leur papier de bambou prêt -^
que aulfi promptcment qu'ils le fabriquent : ai!^^^
leurs , ou dans d'autres temps , c'eA la chaleu^^
feule du foîeil qui remplit Tobjct du poéle.
11 reftc maintenant à parler du collage du rt n
pîer , ou d*une préparation qui en tient lieiK Le :^
papiers de h Chine fe trempent dans une diiTo-^ —
iution d'ahm , pour être en état de prendre l'en —
cre ou les couleurs fans s*emboire. On appelles
cette opération farter , du m*^t Chinois fan , q» i
fignifie alti/i. Voici quelle cft la fuite d«s procë^
dés de cette préparation r
On met dans disi écuelles pleines d*eau ^ {i^^c.
onces de colle de poiiTon , coupée bien menue ^
on fait boudiir Teau , 8ic Ton a foin de rf mue-^r
la colle, pour qu'elle fe dfif.ilve (ans laifler d^^
grumeaux. Quand toute ta fubilance de U coll^^e:
cfl entièrement iliflbute dans Teau , on y jcn-^^
trois quarterons d*alun Calciné , qu'on fait dilToti^
drc également & qu'on mêle à ia colle.
On verfe enfuiic cette compofition dans un b:
fin large & profond , à Touvcrturc di^quel eft u ^^i
petit bâton rond : on paffe l'extrémité de chaqii^^
feuille de papier dans un autre baron fendu Ctm^ ^
toute fa longueur , et on l'y aiTu jettit ; & au moyc ^
de cet équipage , on plonge la feuille dans f -^
compofmon de la colle , & on l'en reiir -^^
fuôt qu'elle en cil enTièrement pé»ètrée , ei*^
la faifani glifTcr par dcfTiis le pexit bâton rond
le long bâmn qui tient la feuille par une de (c^^
extrémités , ^ qui a fet vi à la tremper dans 1^^
colie , fans q4i*elle fe dé Jiirat ^ eA attaché à un^^
muraille, ik tient la feuille fuipendue iufqu'à g«^
qu'elle foit futfifcmmcnt féche.
Les Chinois donnent plufieurs préparations ^
leurs pa^riers, relativement aux ulages auxqu"'*^
ils les deftintnt ; nous nous bornerons tct à
crire la miinière dont ils font parvenus i u»^
donner une couleur argentée. Ils prennent dcuc.
fcrupulcs de colle faite de cuir de boeuf ^ un fcru-
pule d'alun & une pinte d*eau : ils mcitem \ç
tout fur un feu lent, jufquk ce que 1*.
évaporée; alors ils étendent quelques 1er
papier fur ime table bien unie ^ &c appliquent
dgilus, avec xm pinceau, deux ou trots couches
d(» cette colle : enfuite Lis prennent une certaine
q*uantité de talc , qui a été lavé & bculUî dam
\ eau, avec le tiers de U même quantité d*alufl|
i
i
^b rcrîîè , féchè fit réduit en poudre ffnc pïf-
ftc an tamis , enfuite remis à boyiUir dans Tcau
une féconde fois , féchée au foleil , & pafféc de
nouveau à un tamis fin : c'cft cette poudre qu'on
répand également fur les feuilles de papier pré-
,p4fècs comme notas Tavons dit : on les étend à
iombre, où elles fêchent lentement.
Ces feuilles , couvertes ainfi de talc , s'cfen-
dent fur une table , & fe lident promptement
ivec un morceatii de coton , qui achève de fixer
Îboc certaine quantité de talc au papier , en en-
I levant le fuperflu qui un une féconde fois au
Lntême ufage. Au moyen de cette compofition de
'lalc réduit en poudre , avec le mordant de colle
& d'alun , les Chinois tracent toutes foncs de def-
feins fie de figures fur leurs papiets, f^oye^ U père
dià HalJe^ t^m, /. Defcripiion de la Chine.
Anciennement les Chinais écrivoient avec une
Î>ointc de fer fur d^s tablettes de bambou ; en-
uiic ils fe fervirent du pinceau pour écrire fur
faiin i enfin , fous la dy naflie des t^^rans , ils inv^^n-
lérent leur papier environ csnt fouante ans avant
J- C. Suivant le pérc Martini , cet art fe p^rfec-
tionaa par la fuite , fie mit la nation en poflcf
lion de plufieurs fortes de papiers.
En général p comme nous Tavons déjà obfcrvé,
le mc;iicur papier dont on fait ufage pour récri-
ture , ne peut guère fe confervcr long -temps
dans les provinces du Sud* Le père Parennin ,
bon obferva:eur , nous app/end même que nos
livres d'Europe ne tiennent guère à Canton contre
les vers &L les fourmis blanches qui en dévorent
juf^u aux couvertures ; mais le même favant af-
fûte que, dans le* pauics du Nord, fur-toiJt dans
Ja province ^c F'ékin , les papiers de U Chine ,
^Bpiquc minces, fe confervent très-long-temp<,
^BLes Coréens ayant eu connotiïance des difié-
. rens procédés de la fabrication des papiers de la
Chin;: , parvinrent à en fabriquer d'une étoffe plus
ùj/liSc fit bien plus dnrsbîe que ceux quMs avotent
unités* Leur papier paffe pour être irès-fori , 6i
fim écrit fâdkmemdeffui avec le pinceau chinois.
Si Ton veut faire u6ge des plumes à la manière
des européens , il faut auparavant paH'er fur le
côté fur lequel on doit écrire, de Teau d'alun,
tns quoi les lettres font toutes bavcufes.
Cefl en par;i avec ce papier que les Coréens
payent leurs tributs a Terapereur : ils en fournif-
^nt chaque année le palais ; ils en apportent en
i^éme-temps une grande quantité qiiMs vendent
,aujt paniculiers; ceux-cî ne le deltinent pas à
l'écriture^ mali ils en font les chaflis de leurs
fenêtres i parce qu'il réfifie mieux an vent 8c à
U pluie que le leur; ils huilent aiifT! ce papier,
^^ui acquiert ainfi la plus erinde fouplcifj fans
^Bdre de ù force , fie après cette pré partition ,
PlyTt à faire de groiîcs enveloppes. Les tailleurs
^habits en font un grand i-fage; ils achévcn: de
rairoupUr en L* frottant entre les mains jutqu^à
ict qfà'û fejft auââ doux que la (oUe la plus Bue,
,.. iervcm en guife de caton pour garnir
les habits. Il eft même préférable au coton en
laine , parce que lorfque celui-ci efi mal piqué ,
il fe ramaffe en gros pilotons , qui font fort in-
commodes , 8c défigurent la taille des habits.
Papier du Japok. ( Arts itrangtrs ). L'art de
fabriquer Le papier au Japon ayant été bien dé'
crit par Kempter , nous croyons devoir joindre
ces détails à ceux que nous venons de donner
fur les papiers chinois « avec d'autant plus de
raifon, quun grand nombre des procédés Japonois
rentrent dans ceux qu*on fuit à la Chine , fie que
d'alkurs on emploie à peu- près les mêmes matières
premières « les écorces des arbres femblables.
On emploie , fuivant Kempfer , pour faire le
papier au lapon , récorce du morus papiftra fkttva^
ou véritable arbre à papier, dont nous avons
parlé à Tarticle du papier de la Chine. Chaque
année après la chute des feuilles , qui arnve au
diiléme mois des Japonots, ce qui correfpond à
noire mois de décembre , on coupe de la longueur
d; trois pieds au moins, les jeunes rejetons dn
mûrier dont nous venons de parler , on en forme
des paquets qu'on fait bouillir dans de Teau, ok
Ion jette une cenaine quantité de cendres; s'ils
avoiefit féché avant que d'être expofés à Taftion
de lean bouillante, on a foin de les mettre tremper
pendant vingt-quatre heures dans de T-eau , afin
de les rammollir avant de les expofer à Tadion
de Teau bouillante. Ces paquets ou fagots font
liés fortement enfcmble, 6t mis debout dans une
grï^nde chaudière qu'on recouvre bien exaâemenr
pour que la vapeur ne s'échappe pas. On les tient
ainfi dans Teau bouillante juîqu'a ce que Técorce
fe retire fi fort, qu'elle laiffe voir à nud un bon
demi pouce du bois à l'extrémité de chaque re^
jeton ; pour Igrs on les retire de la chaudière 8l
on les fait refroidir à Tair ; on les fend enfuite
pour détacher l'écorcc du bots , qu'on jette comme
inutile.
L'écorce féchée eft îa matière dont on fait ufiîge
pour fabriquer !e papier ; on commence par lui
donner une préparation qui confiflc à la nettoyer
^ à lirer la bonne de ta mauvaife ; pour cet effet
on la met tremper dans ï'cau pendant trois ou
quatre heures, & firent qu'elle efl bi:fn ramollie,
on rade avec un couteau les pariics de Técorce
qui font noirâtres ^ vertes ; en même temps on
lilpare l'écorce forte , qui eA dVne année de
crû;: , d'avec la plus mince qui recouvroît les
jeunes rejetons. Les premières donnent le meil-
leur papier ^ le plus bbnc, les dernières donnenc
un papier noirâtre fie dune médiocre qualités
S*il y a de récorce de plus d'une rnnée mêlée
avec le refte , on la trie de même , & on la met
à part, pirce au elle contribueroît à rendre le
papier pins groOter ^ de mauvaife qualité- Aa
rtlle, tout ce qu'il y a de groflier ne U pc>d
p*s, OD le réfcrve pour le ;néltr atcc l*éc#rc«
Ooo ij
W-
P A P
dei enviTi^Ai «es nœuds , les autres parties
fcdueufes & d'une mauvaife couleur.
Après que Técorcc a été ainfi tricc & nettoyée
fulvant les diiTérens degrés de bonté , on doii la
faire bouillir dans une Icfliive claire; dès que Tcau
commence à boutlUr , & coût le temps que Técorce
féjourne dans l*eau bouillante, on eft continuelle-
ment occupé à la remuer avec un gros rofcau :
Ton verfe aulTi de temps en temps de la ledlve
claire autant qu'il en faut four appaifer Févapo-
ration , & pour réparer ce qui le perd pendant
rébuHiiion ; on doit continuer Tétat d'èbulU rion ]\iC'
<^u*à ce que la matière foitdeve nu eH mince, qu'étant
touchée légèrement du bout du doigt, elle feCépare
fous la forme de bourre & d'un amas de ftbres.
La leffive que Ton esiploie dans cette opération
cA fafte de cette manière : on met deux pièces
de bois en croix à l ouverture d'une cuve, on
les couvre de paille ,fur laquelle on étend un lit
de cendres que l'on a eu foin de mouiller au-
paravant \ on VËrfe de^us ces cendres de Teau
bouillante , qui , en traverlant le lit de cendres
pour tomber dans la cuve , le charge des fcls
contenus dans les cendres , ce qui fait ce que
l'on appelle Ufftvc cljjre.
Après que Técorce cil réduite dans Tétat que
cous venons d'indiquer , par une longue & vive
ébulliiion ^ on la Javc ; c efl uni opération qui
n'eA pas de petite confèquence , par rapport au
iuccés de la fabrication du papier, aufli doit-tlle
éifo ménagée avec beaucoup Je prudence 6i d'at-
tention ; (i récofce n'a pas été fuftfammeni lavée,
le papier peut étte fort ^ avoir du corps, mais
il fera groffier Ql de peu de valeur. Si au con-
traire on la lave trop long-tems , elle donnera
du papier plus blanc ^ mab fujet à boire Tencre
& peu propre à Téchiure : on fent par la combien
il faut mettre de foin & de difcernemcnt pour
éviter, dans le lavage de Técorce, les dcui ex
trémités que nous venons d'indiquer L'on met
Técorce dans une efpèce de van ou de crible à
travers lequel Teau peut couler librement , & on
la lave dans une eau courante ; on la retnue
continuclfement avec les mains, juilju'a ce qu'elle
foit délayée & réduite en fibres douces & minces.
Pour fabriquer k papier le plus fin, on la lave
une féconde fols , & au lieu d'un crible . on em-
ploie de la toile pour que les parties menues
auxquelles l'écorce eft réduite p^r ce fécond la-
vage, ne paff.nt pas à travers les tron^du criWe j
pendant ce lav.^gc on a foin à ôtcr les nœuds
ou la bourre firoflîère & les parties de Técorce
les moins divîfécs , afin de fcrvÎT, avec lesécorces
de qualité inférieure, à fêbriqucr le papier de
moindre valeur»
Lécorce fuffifamment lavée, s*étend fur une
table de bois bi'en unie & épai^e, paur être battue
«?:c de» bâtons d'un bois dur, ip^cïà , kufnofû ^
ce qui s'exécute ordinairement par deux ru trois
perioQues , jufqu'l ce que Tccorce foit réduite au
tgre oe ténuité conveiubte. Elle devict;r cffcÛi*
vcment fi déhéc, qu'elle reffcmble à du papier
qui , à force de tremper daos Tcau , ft trouve
réduit en bouillie , dbm les élémecs fqcif de II
plus trande finere.
LTco:ce ainfi préparée ef! mife dam ont cote
étroite a%'ec l'extrait . ^ du fia Se celui de
la racine oréni , qui w.. i^-.. vifqueùJt; ces trois
fubilances , mêlées enfemble .doivent étreVemiiées
avec un rofeau fort propre fit délie , jufqu'à ce
qu'elles foient parfaitement mêlées , tk qu'dlct
tprment une liqueur d'une certaine confiUaitce ,
uniforme & égale dans toute fa maiTc ; ce mé-
lange intime fc fait mieux Jans une cuve ct
mais cnfuite cette compolltion eu verfce é^:
cuve dont les dimenfions font plus grindrs, et
qui ne refTemblc pas mal aux cuves donc non»
nous fervons dans dos papeteries. Ceft de ccï
cuves qu'on lire la matière par le moyen de
moules ou fuîmes faites de jonc , au Ueu de A
de laiton.
A mefure que les feuilles font faites & déta-
chées de la forme ou moule , on les met i
fur une table couverte d'une douUe :
Ton met outre cela une petite lame de
entre chaque feuille. Cette lame, qui dcborc. ^
à diiVinguer les feuilles & i ks foukver kni-
qu'on les prend une à une ; chacune des ptlci d
couverte d'une plancl|e ou d'un ais musce de la
grandeur & de la figure des feuilles de pj f^
on les charge de poids légers d abord , d-
que les feuilles, encore humides & tt-
étant preiTces à un certain point Tune contre i
n'adhèrent cC ne'fe collent tnfcmble t'
à ne faire qu*une faile malle ; on au
poids partiegrés, afin de prouni'c << i
unecomprtiîionaflei forte pour t.x-r mu: ,
tiié d'eau fu rabondanie ; ceso£:.r:>L^)iis ne
qu'un jour, car le lendemain on ». lespo . ,
on lève les feuilles une à une à Taide de la
petite lame de rofeau dont on a parle, & on
les colle a ces planches longues & raboteufe% co
appuyant la paume de la main. Les feutllet sy
tit^nncnt aift^mcnt fufpendues, à cauf^ d'un peu
d Tiumidué qij leur relie encore, les «•
pofe en cet état au folcil ; Si \ % km
entièrement féches» on ks d^fi:; . u.^ /.tmha
pour les mettre en tas; onksrot-e : .. • cbcrbc?
on les garde en c§t état pc ji dtver^
préparations, ou pour être v ^_ mivam tel
demandas quon en faiu
Nous avons dit que reitraii de m était oé>
ccHaire à la préparation de la pûtc avec iMpidk
f-c fabricjuoit le papier, parce qu'r" - ir*
t^ine vilcofité qui aonne une €< 't
au papier; ik d'ailleurs, cet extrait l -âUuc*
communique auffi unt blancheur éL n-^f^
du papier* La fimple infufioa de
ne produîroti pas le même effet, ^
donne pas cette vifcofiié qui ek une ^uAii^e i
I
P A P
itielle. LVxtrait de i iz , dont Jai parlé , fe fait 1
on pot de ferre non verniffé , où Ton met
frecnper les grains de rh dans Teau , puis on
igtce le pot doucement d'abord , & enfuitc plus
forremcnc & par degrés ; enfin on y verfe de l eau
fratcbCt & on.pifîe ïa liqueur à travers un linge:
ce qui rcfte Tur le filtre efl remis dans le pot Si
fournis X la mènic préparation; Ton réitère lyn-
fufion du rcflant qui coniêrve quelque vifcomè.
Le rtz du Japon en le meilleur aue Ton connoiile
pODT cet uiage « étant celui de tous ceux qui
croifient en Aiie , qui renferme le plus de fub^^
uncc collante.
L*infufion de la racine orèai qu*on mêle k la
pire, fe fait de la manière fuiv*nte : on met dans
de Teau fraîche la racine pilée ou coupée en
petits morceaux, & après y avoir fèjourné pen-
dant la nuit , elle communique à Te au une vif-
coûté ruffifante pour être mclée à la pâte après
ou^on Ta paffée au travers d*un linge; les différenics
utibns de Tannée demandent qu*on varie la quan-
tité de cette iofufion qu'on mêle à la pâte : les
ouvriers Japonnois prétendent que c*ert dans la
pmpoction de ce mélange que confiAe tout Fart.
Eii été , lorfque la grande chileur vient , cette colle
cA dans un état de certaine iluidrté, il en faut
davantage, & beaucoup moins en hiver & dans
le temps Ifroid. D'ailleurs une trop grande quantité
de cette infufion mêlée à la pâte , rendroit le
papier plus mince, à proportion^ qu*il ne convient»
parce qu'il contiendroit trop peu de la fubfiance
Ibreufe de Técorcc; trop peu de cette infufion
le rendrott au contraire trop épais, inégal & fec:
■at quaiulté bien proportionnée de cette infufion
devient, donc nécetfaire pour rendre Tétoffe du
Papier bonne & d'une conMance convenable.
owr peu qu'on ait levé de feuilles pour les étendre,
aioC que nous Tavons dit, on s^aperçoit aifémcnt
fi Von a mis trop ou trop pe\i de rinfufion
iforint*
Au Heu deja racine oréni , qui , quelquefois ,
fur-tout au commencement de Tété , devient fort
rare , Tes fabricans fe fervent d*un arbci/Teau
rampint,. nommé fane kadfura , dont les feuilles
rcmicnt une colle femblable à celle de la racine
oréni . quoique d'une qualité inférieure* On a rc-
miraué ci-deiTus , oue les feuilles de papier, lorf-
Îu'ellcs font nouvellement levées de leur inouïe,
ont mifcs en pile fur une table couverte de deux
loties; CCS deux nattes font faites différemment:
celle de deiïous ed plus grofîiére, & celle qui eil
tfeflttS , d'utr ti/Tu plus clair & moins {cttè : elle
eii £itte au(ft de Jipncs plus fins , qui ne font pas
CttCreUcés trop prés les uns des autres ^ afin de
Ijî^K^r l^r^ nn«T.,^ç \\)y^^ ^ l'çaU , qui S'égOUltC dCS
pi' -S par fes poids un peu pefans ;
d'at IL . ics font déliés r^ur qu*il5 ne laif-
fcnt p ifions bien fenuoles iur le papier.
Le jT^mer gi^ificr , deAiné à faire des cnvelop-
pes s jcJl fabiiquè avec T^orce d'tto arbriiTçau
p A P
477
nommé kadfikadfura , & l'on fuit pour la prépa-
ration de la pâte & pour toutes les autres opéra-
tions , la même méthode que nous venons de dé-
crire pour lai fabrication des papiers fins.
Le papier du Japon eft une éioffe d'une grande
force : on pourroit même en faire des cordes. On
vend à Syriga , grande ville du Japon , & capi-
tah d'une province du m^me nom , une forte de
papier qu'on peint fort proprement pour en faire
é^s tentures , & ilcft fabriqué en fi grandes feuilles
qu'elles fuiîiroient pour faire ud habit. Il reflerable
d'ailleurs fi fort ï des étoffes d^: laine ou de foie ,
qu'on pourroit s*y méprendre aifément.
Pour rendre complète rbifloire de l'art de la
papeterie au Japon , Kempfer y joint la dcfcrip*
tion des quatre arbres qui fouriiiilent les matière;*
premières pour la fabrication du papien Nous al*
Ions en donner , d'après lui , les principaux détails.
1**. L'arbre à papier, en Japonnois kaadjt ^ eft
celui doK on emploie plus communément les dé*
pouïUes ; Kempfer le cara^érife ainft : papyrus
Jraâu mort cclja , Jtvt morus faùva , folils unica
mantia cortkc papijcra*
D'une racine forte, branchuc & ligncufe , s*t'
lève un tronc droit , épais & uni , fort rameax ,
couvert d une écorce couleur de châtaigne , greffe
dedans , où elle tient au bois mou 6c caffant , plein
d*une moelle grande & humide. Les branches Se
les rejetons font fort gros , couverts d*un périt
duvet ou laine verte , dont la couleur tire fur le
pourpre brun : ils font cannelés jufqu'à ce que h
moelle croiffe, & fëclicnt d'abord qu'on les^a cou-
pés. L;s rejetons font entourés irrégulièrement
de feuilks , à cinq ou fix pouces de diftancc Tune
de l'autre , quelquefois davantage ; elles tiennent
à des pédicules minces & velus de deux pouces
de longireur , de la groffcur d'une paille , & d'une
cou[cur tirant fur le pourpre brun.
Lis feuilles diffèrent beaucoup en t^gnrc & en
grandeur ; elles font divifées quelque fûiv en trois,
d*autres fois en cinq lobes , dentelés comme une
fcie , étroits , d'une profondeur inégale, 6c in^^gak*
ment divifés. Ces feuilles refTcmblent , quant a
leur fubflance , à leur grandeur & â leur figure ,
k ceWcsàcturiL^i mortua , étant planes, minces ,
un peu raboteufes , d*un verd obfcur d'un côté ,
& d'un verd blanchâtre de l'autre ; elles fj fanent
vite dès qu'elles font arrachées , comme font
toutes les autres parties du même arbre. Vu nerf
unique qui laîffe un grand fillorà d\\ coté oppcfc ,
s'étend depuis la hafe de la feuille jufqu'i la pointe ,
d*oii partent plufieurs petites veines prefquep^ral*
lèles , qui en pouffent d'autres plus petites vers le
bord des feuilles , & fe recourbent vers elles-
mêmes» , * .
Cet arbre cft cultivé fur les colilnes & les mon-
tagnes , & fert aux manufaAures de papier. Lc^
jeunes rejetons de é^v\% pieds de long , font cou-
péï& plantés en terre ^ : l'année,
ôc à ua^ médiocre ùu^ ^^ ^ . . ....c d*âbo«d
478
P A P
racîoe , & leur extrémité fupérieure qui eft hors
de terre , fèchant d'abord , ils pouflent plufieurs
jeunes jets qui deviennent propres à être coupés
vers la fin de Faanée , lorfqu'ils font parvenus à la
lonsiîcar d'une brafle & demie, & à> la gro^Tcur
du bras d'un homme de taille médiocre. Il y a
anflfi une forte d: kaaifi ^ ou d*arbre à papier (au-
vage , qui vient fjr les montagnes défertes & in-
cultes ; mais outre qu'il eA rare , il n'efi pas propre
à faire du papier , c*e(l pourquoi on ne t'ait aucun
uibge de ion écorce.
2 . Ls fdux arbre à papier > que les Japonncis
nomment katfikjdfire , m défigné par Kcmpfer ,
par cette phrafe : papyrus procumbcns , UQsscens
fvlh iongo lanceato , cortice chanaceo.
Cet arbritTcau a une racine Qpi\{[e, unique , lon-
gue, d'un blanc jaunâtre , étroite & forte , cou-
verte d'une écorce graffe , unie , charnue & dou-
ceâtre > entremêlée de fibres étroites. Les branches
font nombreufcs & rampantes , aflez longues ,
Amples y nues , étendues & flexibles , avec une
fort grande moelle , entourée d-j peu de bois. Des
rejetons fort déliés , fimples , bruns & velus aux
extrjm-.tés , fortent des branches. Les feuilles y
font attachées à un pouce de diiiancc , plus ou
moins , l'une de ranircahernativement , à des pédi-
cules petits & minces , & leur figure ne reifcm-
hle pas mal au fer d'une lance , s'élargifiVnt fur
une bafe étroite , & fiiiiirant en pointe longue ,
étroits & aiguë. Elles reficmblent aux feuilles du
véritable dibre a pjp'icr , quant ^ leur fubfiance » à
leur couleur & à leur fuperficie « &c.
3«. La plante que les Jaf^onnois appellent ortf.i/,
cft nommée par Kcmrjfcr alva , radicc rifcofa ,
flore cphemcro , ma^no , punico.
D'une racine b'ar.che , gracTc , charnue & fort
fibreufe , pleine d'u.i jus vifqiicux, tranfcarent
comme le crilbl , il fort une tige de la hauteur
d'une brafie ou environ , qui eÛ ordinairement
fimple & ne dure qu'un an. Les nouveaux jets , s'il
en vient après un an , fortent des aifielles des
feuilles ; la moelle en efi molle , fpongieule &
blanche ^ pleine d'un jus vif'qucux ; la tige eft en-
tourée , à diflances irrégulières , de feuilles qBi cnt
ouatre à cinq pouces de longueur , cambrées , d'un
pourpre détrempé ; les pêdicuhs en font ordinai-
rement creux , charnus & pleins d'humeur.
Les feuiîles reflemblent aflez à Talva de Ma-
thiole, tirant fur !o rend y d'environ un empan de
diamètre » compofi-cs de fept lobes , divifcs par
des anfes profondes , mais inégalement dentéts
aux bords > excepte entre les anfes. L:s créneaux
ou dents font gra;:ds , en petit nombre, & à une
moyenne difiancc l'un de i'âutrj ; ces feuilles font
d'une fubflance charnue » pleines de jus ;. elles p%-
Toifient raboteufes à Tœil» font rudes au tou-
cher » d'un verd obfcnr , & ont des nerfs forts ,
qui partagent chaque lobe également , courant juf-
H:i'2.'js c .trcmitôs c.!' p!uCcur:i vvinc<>i;av2rflère$a
P AP
roides & cafiantes , recourbées «a arrière tcis le
bord de la feuille.
Les fleurs font à l'extrémité de la tige & dei
rejetons j & ont un pouce & demi de longueur ^
portées par des pédicules velus & épais » aom 1^
largeur augmente à mefure qu'ils finiflenc en ca^-^
lice. Elles (ont pofées fur un calice compofé de çin^
pétales ou feuille verdâtres, avec des lignes d'n^y
pourpre brun, & velues d'un bord. Les fleurs foor
auflicompofées de cinq pétales ou feuilles, d'an
pourpre clair, tirant fur le blanc; elles font gran-
des comme la 'main, & fouvent plus ; le fond
en eft fort grand , d'un pourpre plus chargé &
1>lus rouge. Les feuilles des fleurs font , comme 08
*a dit, larges , rondes & rayées ; elles font
étroites & courtes au fond du «aKce, qui cft
étroit, court & charnu : le piflil eft long d'ya
pouce , eras , uni & doux , couvert d'une jposfr
fière couleur de chair jaunâtre , couchée fur le pif-
til comme fi c'ctoit de petites bofiettes. Le pUBI
finit par cinq caroncules , couvertes d'un dant
rouge , & arrondies en forme de globe.
Les feuilles ne durent qu*un jour , & fe fimncnt
à la nuit ; elles font remplacées peu de jours après
par cinq capfules fémin aires pentagones , £ti£uit
enfemble la forme d'une toupie ; elles ont dcuz
pouces de longueur , un pouce & demi de la^
gcur y font membraneufes , épaifles , tirant fur le
noir au temps de leur maturité : on diflingue alors
Ls cinq capfules ^ qui contiennent un nombre
incertain de graines , dix ou quinze dans cha-
cune, d'un brun fon obfcur , raboteufes, plus
petites que des grains de poivre , un peu com-
primées , & fe détachant aifément.
4^ Le qi.atrième arbre qui fert au rapier^ A
le futo kadfura , nommé par Kempter : frutcx
vif eu fus j pro:umbens , folio telephi: , vuigajis «wf
lo , fru6îu racemjfo.
Cefl un petit arbrifleau garni irrégulièrement
de plufieurs branches de la grolTeur du doigt ,
d'où fortent des rejetons fans ordre , raboteux •
pleins de verrues , gerfés & d'une couleur brune \
h^rbrifTeau cfi couvert d'une écorce épaifle, char*
nue & vifqueufe , compotèe de fibres déliées qui
s'étendent en longueur. Pour peu qu'on miclic
cette écorce , elle n-mplit la bouche li^une fubf-
tance mucila^încufe ; les feuilles foat épaiiTes &
attachées à des pédicules minces, cambres, de
couleur pourpre : eUes font placées ians ordre ,
& reflemblent aux fe\iillcs du teltpkium vulg^n:
étroites au fond, elles s'élargifient & firillcmen
pointe ; elles ont deux , trois 04i quaire pouces de
longueur , fur un pouce de largeur » au plus ; vos
le milieu y un peu roides quoique grafles;el:a
font enfin quelquefois pUces vers le dos» cur
dtes , douces au toucher , d'un verd paie , avec
un petit nombre de pointes en forme de dcms de
fcxc ÏL leur bord , coupées fur la longueur par aa
P A P
aof ff travoifôes de beaucoup d'autres d'une pctî^
teflt pref:jt:c imperceptible,
Lct firuits pendent à des queues d*un pouce Se
fini de longueur , vertes & déliées t ils font en
[IC de grappes compofées de plufieurs haies ,
Iquelois de trente à quarante, & difpofées en
ad far un corps arrondi qui leur fert de bafc.
Ces baies relTçmhlent parfairem:nt aux griiins de
ratfin , tirant fur ie pourpre , en hiver , lorfquVlles
tom màrcf. L'sur membrane , qui e(l mince . conrienc
l jus C^at^» prefque fani goût 6c infipide : dans
ae baie on trouve deux graiaes « ^^^-^ ^3.
ûïï€ rdTemble à un oignon > un peu compri-
Mèes la où elles fe touchent réciprcquemert. Ellles
fbfii de ta groQ'cur d^s pépins de raiûn ordinaire,
couvertes dune membrane mince & grlf^trc i leur
liibâaace eA dure» blanchâire, d*un gcÙE âpre &
fiHiiTÎ , trés-défagréable au palais. C^s baies font
^rpofees autour d'une baie ova^ G , d'une fubilance
cliarnue , f jongieufe tk molle , d'environ un pouce
de dumétrc , relTcmblanc aHez a une frai te , rou-
gieâtre , dont les niches paroiflcnt moyennemiînt
profondes quand les baies en font détachées.
Nous avons donnéici ces defcriptions dcKempfer,
arce qu*c}tcs peuvent fcrvir , pour ceux qui
rf des connoifîances en botaniqoc, à découvrir
ciirope des arbrjs & arhuftes de même cfpèce ,
qui pourroiont nous offrir des matières propres
la fibri cation de papiers femblables à ceux du
fexfùns fur lu pracldét des Chinois & des Jafonois.
Avim de terminer ce que j*aî à dire fur Fart
des Chinois 8c des Japonois , dans ïn préparation
te pdtes avec lefquclks ils fabrique^it leurs pa-
piers « on me permettra quelques réflexions qui me
paroilTent propres à nous donner une jiifte idée
de certains travaux entrepris en diffèrens temps
our augmenter les mnticres premières de nos
ipt«rs,
Notif avon^s vu plufieurs phyficiens foumettre
n grand nombre de plances, ainfi que les écorces
arbres & des arbulles , à une fimple trîtura-
»n , & en former des pares , où les prirtics élcmcn-
rcs des végétaux reOûi^nt confondues faijs
flioâion de celles qui éroient propres à faire le
ipier » 8c de celles qui n'y étoicnt pas propres.
Pour peu qu'oa ait lu avec attention la fuire des
foccd es employés par les Chinois , pour préparer
baLmbou & en tirer, par une analyfe fine Se
troitc, une pâte convfnablc à leur fabrication ;
\on ait lis de même les détails de la méthode
& raifonnéc des Japonnois , pour dégager
icijïes fibreux de Técorce du mûrier , on fera
que nos phyficiens aient employé , Don-
lemcnt des plantes fans auctin choix , mai»
ore fans autre uéparation que la tri(u*xtion
maillent « &guiIsaoui.aient annoncé ccmiBe
p A
479
des découvertes ♦ ces produit; grofllcrs de mani-
pulations aufli mal conduites que mal conçues.
Qu'on relife le détail i^s filins que les Chinois
8c les Japonois fe donnent pour écarter d*abord
toutes les parties vertes des plantes & des écor-
ces , pour détruire les matières vifqueufes qui
empâtent les fubftances fibreufcs , pour ret-nblir
enluite ces fubftances vifqueufes , lorfqu'ils font
parvenus à féparcr les parties fibreufcs , & k les
réduire en petits filamens minces 6c propres à
compofir , p,ir une nouvelle union, une ètoffj blan-
che , folide & luftrée , en un niDZ , le papier de
la Chine, & Ton fera étonné que nos phyficieas
D*aient pas proâré de ces vues <k de ces principes
d analyfe dans le travail qu'ils ont entrepris. Pou-
voient'ils avoir de meilleurs guides, à en jygt:r par
les r^folcats ? Ils ont fi peu faifi rcfi>rit de ccîte
méthode , qu'ils ont hifardé ilc trtmr^r des vcgS
raujf qui ne contenaient pas de fubflanccs fibrcu-
fes,& qui par canféquent nt poftvoient fournir
de quoi former letoôe du pipier.
Avec un bon choix ôc des principes , il me fesn-
ble qu'il feroic facile de dccompolcr plufieurs vé-
gétaux pour en obtenir certaines pâmes en lacri-
tiant les autres ; mais on ne pourrou le faire avec
avantage , qu'autant qu'on auroit fact'cment dcj^
récoltes de ces végétaux a^e£ abondantes pour
établir de* ateliers ou la fuite des procodés Chi-
nois feroit exécutée avec toute l'économie pof*
fible.
Je ferai même remarquer que le« matières pré-
parées 6c employées par lis Chinois ôclesJ.ipo-
nois , font plus faciles à traiter dans la fabrication
du papier, 8c peut-être dans fçs différens appré!s, ,
que les pâtes qu'on tire du chanvre & du lin. Car
on a vu que les feuilles du papier Chinois fe dé-
tachoient fcftt aifément de deffus la toile ou ver-
jure des formes > quelles fe mcttoîcm en pile à
mefure qu'on les détachoit , fans qu elles enflent
befoin tie rinrerpofition d*aucune étoffe de laine
ou autres p-iur achever de fe confolidcr : qu'elles
peuvent former tout-à coup des feiiiiïes foJides ,
dès qu'elles font reçues & égouttécs furies formes ;
au lieu que les matières fiorcufcs du chanvre &
du Xm^ ont befoin de certain temps pour quitter
Tea^i dont eile> font ch^reécs , ;ïinfi que de Huter-
;:ofiiion des feutres ^ ôcderaftion vigr>urcufe de*
greffes, pour s'unir, fe lier 8c fe feiitrcr enfcmble.
Je mj bornerai à ces remarques , quant à pré*
fent, me propofant d'entrer dans de plus gr;}nds
déradf lorfque je comparerai le papier de ta Chine
avec celui d'Europe.
Papier d'asbestf. Uasbcftc eft uoe matière
fibrcufc qui a très- peu de confi fiance , ÔC dont
les filets ie calTcnt aifcJmcnt ; on fait que cette ma*
tière peut fupporter Tartion de latlammc uns eira
ert'lommagée ; en conléquence on en a Uii dei
toiles, des jarretières, qui ont le tncriie ûngu-
hcr dcire incombuftible. D'après ces qualités con-
nue» » on a pcnfé à fabriquer du papier avec cette
480
P A P
matière : le doâeurBruktnann, profefletir à Brunf-
wick , a imotlmé unehîftoire naturelle de Taibefie ;
& , ce qu'il y a de remarquable , il a fait tirer qua-
tre exemplaires de fon livre fur un papier fait d'af-
befie. Ils font dans la bibliothèque de Wolfenbut-
tel. Voyez hiblioth. Germon* tom. XIV^ pag, 190.
La manière de fabriquer ce papier eft décrite
ibns les tranfaâions phtlofophiques , n**. 166 , par
M. Loyd , d'après fes procédés. Il broya une cer-
taine quantité d'asbeAe dans un mortier de pierre,
jufqu*à ce qu^elle fut réduite en une fubftance
cotonneufe ; cnfuite il mit le tout dans un tamis fin ,
& par ce moyen il purgea les filets d'asbeflie de
toutes les parties terre Ares étrangères ; car la terre
& les pierres qu*il n*avoit pas pu enlever aupara-
vant , étant réduites en poudre , paHrèrent à tra-
vers le tamis , & il ne relia que ra«.befte ; il porta
cette matière dans un moulin à papier, & la mit
dans un vafe , où , mêlée avec Teau , elle pût for-
mer une feuille de papier avec les moulins ordi-
naires. Comme il remarquolt aue cette matière ,
plus pefante que la matière orainaire du papier ,
fs prccipitoit au fond de Teau , il recommanda
très-cxpreHément à l'ouvrier de la remuer con-
tinuellement, avant que d*y plonger le moule
ou la forme. Cefl ainfi qu'il parvint à en faire
quelques feuilles de papier , fur lequel on écrivoit
comme fur le papier de chiiFon , & l'écriture dif-
paroiflbit en le jetant dans le feu.
Il faut remarquer que ce papier avoir peu de
confiflance & de folidité, qu u fe caflbit aifément,
parce que les filets d'asbefle n^ayant par eux-mêmes
aucune force » ni aucun nerf, fe rompent fous le
moindre effort 9 & que dVilleurs ils n'acquièrent ,
unis enfemble , aucune liaifon , ni aucune adhé-
rence : quelque degré de fineflc qu'on leur don-
nât par la trituration , on ne pourroit pas par-
venir à en former une étoffe folide. D'après ces
confidérarions , on voit qu'on ne peut guère per-
fcâionner ces fortes de papiers , qui feront toujours
imparfaits avec une matière aufll ingrate , & que,
quelque dépenfe ou'on faffe , on n'obtiendra ja-
mais que des réfultats de pure curicfitè.
PAPIER DE CHIFFON.
Ce papier fe fabrique dans toute l'Europe avec
du vieux linge qu'on ramafTe dans les villes &
dans les campagnes. Les manufaâuriers nomment
ces morceaux de vieux linge drapeaux ^ drilles ,
peilles ou pattes.
Il faut d'abord obferver que les anciens n'ont
jamais connu cette forte àt papier. Les libri lintei ^
dont parle TiieLive , décad.l, liv. IV, Pline , XIII .
c, xj. & d'autres écrivains romains , étoient des
livres écrits fur des morceaux de toile de lin ou
de cannevas , préparés à ce defTein » de même que
nos peintres s'en fervent toujours ; c'eft ce qu'a
démontré Guilandin » dans fon commentaire fur
p A F
Pline , AHathis & d'aurrcs favans. ^^^^ Sal--
muth , ad Pancirolum , /iv. //• m. XIIL
Mais ce n'eft pas aiï'jz d'être fur que lepapur d*
linge eil une invention moderne , on voudroit fa^
voif par que\ peuple » & quand cette invention
été trouvée. Foly^lore- Virgile, dt invtntoribti^
rerum , /. //. c. viij , avoue n'avoir jamais pu Ic.
découvrir. Scaliger endonue» fans preuve, la gloire
aux Allemands , 81 le comte Maffei aux Italiei^^
D'autres en attiiouctu l'honneur h. quelques Gre^
réfugiés à Bâlc , à qui la manière de faire le papier
de coton dans leur pays en fuggéra l'idée. Le père
du Halde a cru uueux rencontrer , en fe perfuadanr
que l'Europe avoit tiré cette invendon.des Chi-
nois , IcfquelSydansquelques provinces, fabiiqueot
avec le chunvre du papier à-peu-prés de la même
manière que l'Occident ; mais l'Europe n'avoit
point de commerce avec les Chinois , quand elle
employa le chiffon en papier. D'un autre côté, fi
l'invention en étoit due à des Grecs réftigiés ï
Bile , qui s'y retirèrent après le fac de Conftaori-
nople » il faudroit qu'elle fût poflérieure à l'anaée
1452 , dans laquelle cette ville fut prife; cepen-
dant la fabrique du papier de linge en Europe eft
antérieure à cette époque. Ainfi le jéfuite Inchofer,
qui la date feulement, avec Milius , vers l'ancès
1470 , fe trompe certainement dans fon opmion.
Il efl vrai qu'on ne fait rien de précis fur le
temps auquel l'Occident commença de faire foi
papier de chiffon. Le père Mabillon croit que c'eft
dans le douzième fiècle; &, nour le prouver, il
cite un paffage de Pierre de (Jlugny , dit le véné-
rable, qui naquit vers l'an 11 00. Les livresque
nous lifons tous les jours , dit cet abbé dans fon
traité contre les Juifs , font faits de peaux de bé-
lier ou de veau « ou de plantes orientales , o^
enfin ex rafuris veterum pannorum. Si ces dernier^
mots fignifioient le papier tel que nous l'employons
aujourd'hui , il y avoit déjà des livres de cepapi^'
au douzième fièclc ; mais cette citation , unique e^
clle-mcme , eft d'autant plus fufpeûe , que le pèr^
Montfaucon qui la rapporte, convient que , mal'
gré tourcs fes perquihtions , tant en France qu'ef^
Italie , il n'a jamais pu voir ni livres , ni feuille^
de papier qui ne fuflent écrits depuis la mort d^
faint Louis, c'cil-à-dirc , depuis 1270.
Le comte Maffei prétend auftî que l'on ne trouva
point de traces de l'ufage de notre papier , antécé'
dente à l'an 1 300. Conringius a embrafTé le mèm0
fentiment dans une lettre , oii il tâche de prouver
3ue ce font les Arabes qui ont apporté l'invention
e ce papier en Europe. Voyez les aûa trudit, Up/l
an. 1720.
Je fais que le père Hardoutn croit avoir vu de^
aâes & diplômes écrits fur le papier européen
avant le trezième fiècle ; mais il eu très-probaUe
que ce faVant jèfuire a pris des m^nufcrits fur pi-
pier de coton , pour des manufcrits fut du papier
de lin. La méprife étoit facile \ faire , car la prin-
cipale différence entre ces deux papier^ , comlfte
P A P
I ce qne le papier de llo eft plus fin ; or on faît
le nous avon^ de ce même papier de différens
fgrés de âncfle , & quec*eii ta même chofe du
\pier de coton. Voyez Mafleî , //. diphm, iïh. II ,
«1 11 SihL îtaLt,IL
Mats enfin on cite trop d'exemples de manuf*
rits ècrîis fur notre papier dans le quatorzième
ICC le ^ pour douter que fa fabrique n'ait été coo-
Bue dans ce temps-là. Le jéfuite Balbin parle de
^Aanufcrits fur ootre papier qu'il a vus , & qui
Soient écrits avant 1340. Un Anglais rapporte
dans les rranfaâions philurophiqucs , que dans les
archives de la bibliothèque de Cantorbéry , il y a
lin inventaire des biens d'Henri , prieur de l'èglife
rie Chri/l , qji mourut en 1340 , lequel inven-
lire cft écrit fur du papier. Il ;> joute que danîi la
•ibUoilièque cottonnicnne il y a divers titres écrits
ur notre papier , ierqucls remontent jufqu*à h
uinzième aunes d'Edouard 111, ce qui revient à
année 1335. Voyez les tranfaH. philof «^ a88.
Le doiflcur Prideaux nous afTure avoir vu un
«jjiflrc de quelques :iftcs de Jean Cranden , prieur
ttÀy , fait fur papier , & qui efl daté de la quaior-
i^èone année d'ElouarJ ITl , cVft-à-dire , fan de
Ïèfus-Chrifl 1 3 îo. Voyez Prideaux. Conneà, pan, L
Lni, ^,710.
Le même favant penche à croire qne Tinvention
du papier de linge nous vient de TOrient , parce
que plufieurs anciens manufcrits arabes ou en
6'autres langues oritntales font écrits fur cette
forte de papier , & que quelques-uns d'entr'eux fe
trouvent plus anciens que les dates ci-deflTus men-
tionnées. Enfin , M. Prideaux juge qu'il efl proba-
ble que les farrafms d'Efpagne ont apporté, les pré-
mie*^, d'Orient Tinvention du papier de linge en
£urope,
lafqu'en 1762, Tépoque de rinvention du pa-
pier de chiffon n'étoit pas bien déterminée. M.
^îiérman ayant p;opofé un priât i celui qui ptè-
fcnteroit le plus ancien monument écrit fur cette
ortcde papier, les favans firent des recherches ,
k envoyèrent à M. MîèVman des mémoires » où
Chacun d eux difoit fon avis en citant des mo-
toumens. Le recueil de toutes ces pièces fut im-
>Hmé à ta Haye , en 1767 ; il réfulte de tous ces
Jièmoires que Ton a fait ufage du papier de chif-
fon avant Tannée 1300.
^ En 1782 , M. Tabbè Andrez publia un ouvrage
intitulé , dcllorigine » progreffi e flaro attuaie £ognl
^titeratura , où il parle auiTi de llnvention de plu-
fieurs fortes de papier , 8t particulièrement de
celui de chiffon. M. Tabbé Andrez prétend que
le papier de foie fut fabriqué très-anciennement
en Chtne» & dans tes parties orientales deFAfte ;
[uc de la Chine, Tufage de ce papier paffa en
^erfe » vers 6^% » & à la Mecque en 706. Les
Arabes fubfti tuèrent à la foie .^ ou plutôt au barn-
hu9 le coton, ptus commun dans leur pays ;
:e papier de coton fc répandit en Afrique & en
ïfpagne par les Arabes , & Von en iit ufage juf-
jirts & Métiers, T&me K Partie IL
P A P
48 1
;:
qu'à ce que les Efpagnols, reconnoiffant qu'ils pou-
voient fe f^rv^r de lin , fort commun dars le
royaume de Valence, imaginèrent de l'employer
pour fabriquer le papier, au lieu J,u coron j qu*ils
étoient obligés de tirer des pays étrangers: ai (îi
lé plus ancien p.ipîer fe ttouve-t-il è:re ce*ui de
Valence & de la Catalogne* Les provinces n éri-
dionales de TElpagne radoptèrent pins ïard ; mm
de TEfpagne ce mèmcpafî^r paft en Frarce, où
nous voyons une lettre de jL^inville à Sr. Loi m ,
mort en 1170 , & une pièce du duc de Bjiirg'"-
gne , datée de 1301 , loaes deux écrites fir r©
fïapier, qui de France psffa en Allemagne , où ôii
e trouve en 1311 & 1311 , & en Angleterre en
1320 8c 1341. A regard de llfalic, conme par
fon commerce avec le levant, elle avoir eu abon-
dance du papier de coton , elle fit bien plus tard
que rEfpagne & la France > ufage du papier de
chiffon , dont la fabrique ne s'introditifit que vers
le milieu du quatorzième fiécle , à Padouc & à
Trevife ; enfone crue M* Tabbé Tirahofchi , 8(
d'autres écrivains îialiens , ont éïè aveuglés par
Famour de leur piys, quand ils ont avancé que
l'Italie éioit la première couirée de TEurope où
Ton avoit fabriqué Sc employé le papier de chiffon.
Voyez louvrage de M. fabbé Andrez , imprimé
à Parme, en 178a, in-8**., & k recueil de Miër-
man , publié à la Haye , en 1767 , iii-8*. che«
Van-Daalen.
Art D£ la Papiterie ek Europi
Pour mettre de Tordre dans ce que j'aurai à
dire fur les procédés de Tart de la papeterie , tel
qu'il cxiile en Europe, je décrirai cl'abord ce qui
concerne la maiiére première avec laquelle fc
fabrique le papier , fon commerce , fon triage &
fon pourriiTage. Je préfenterai enfiiite ce qui a
pour objet la trituration des pâtes , leur emploi
à la cuve pciir qu'il en réfulte la première étoffe
du papier. Je parlerai des étcndoirs » du collage, &
des autres apprêts du papier.
Sur tous CCS diffèrens articles ^ je commencerai
par donner une defcription des machines & uf-
tenfiles, dont les opérations & le travail fe com-
binent avec les différentes manipulations des
ouvriers. Enfin , les mêmes objets reparoîtront
fous d'autres rapports dans une table raifonnée
de tous les termes propres à Tare , &qiii en indiquent
ou une machine principiile, ou un procédé intè*
reffant. Je joindrai à tous ces détails la partie
lègillaîive , les loix aux difpoùtions dffqiîellcs le
commerce du chiffon , & les ouvriers & les en*
trepreneurf des moulins ont été affujeitis.
Commerce des Chiffon s^
Les chiffons qui fervent à ta fabrication du
papier , font des morceaux de toile de chanvre, de
lin ou de coton, qu'on ramaflfc dans les carpa-
Ppp
4ȉ
gnes & dans les villes* Ils ont dîffèrens noms ,
luisant les provinces où on en fait la cueillette
'& où on ks emploie. On les nomme pâlUs en
Limoufifi, en Pèrigord , en Gafcogne Ôt en An-
jou moi s ; pUots , en Bretagne ; drapeaux , drilUs
pattes , dans d'autres provinces : chiffonniers &
dnlliers , les gens occupés à les ramalfer & à les
Ycndre,
Effectivement, les chiffor*s font recueillis dans
les villes & dans \z% campagnes par un gtand
nombre de perfonnes qui en forment d'abord de
petit amas , puis de plus gros : tï\(vn , le tout fe
porte o!ans des macaîins pour 6trc livré aux ma-
nuiaSuricrs , qui l emploient à la fabrication du
f)apicr. Il paroit qu*on tire beaucoup plus de
tnge des campagnes que des villes. Les ouvriers
des campagnes U les anifans des bourgs & des
petites villes , livi'cs à des travaux rudes & pé-
nibles , déchirent beaucoup de linge , parce que
les toiles de chanvre ou de lin font fou vent les
feules étofies qui les habillent la plus grande
partie de Tannée. Ils ufent aufli beaucoup leur
linge par des leffives fortes & fréquentes.
C*eft en conféquence de cette grande dertrvïc-
lion du linge dans les campagnes , que les pro-
priétaires des nouvelles fabriques , d abord fort
embarraffés pour leur provifion de chiffon , fe
trouvent au bout de deux ans , abondam-
ment pourvus , & difpenfés d*avoir recours aux
marchands des villes. Des femmes de la cam-
pagne, au moyen de légères avances que leur
îoTit CCS fabrîcans, parviennent à établir, dans
un arrondi {Te ment de huit à dix lieues des nou-
veaux moulins , une cueillette très-abondante de
matières qui étoicnt perdues auparavant* J*ai vu
ces fabricans recevoir chez eux , la féconde
année, jufqu'à huit milliers de chiffon par mois^
& , avec cette récolte , non-feulemtnt faire tous
les triages convenables pour le travail de deux
cuves ^ mais encore vendre au dehors de grandes
parties de chiffons qu*ils n*employoient pas* Je
dois remarquer que ce commerce fe montoit
ainfi , avec la plus gramle facilité » dans des
cantons où Ton nen avoit auparavant aucune
idée.
L^expérîence des fabrîcans leur a appris à
ëiflinguer les différentes qualités des chiffons que
leur tourniiTent les provinces voifine^ de leurs
moulins. Ils ont recueilli, à ce fujet^ des parti-
culaiités intéreffantes » fur-tout par rapport aux
différentes manipularions auxquelles il convient de
f^pumeftrc ces matières, & par rapport aux réfuttas*
Ainfi , par exemple > les fahriquans de TAn-
goumoii ont reconnu quelesclwftons de Gafcogne
pourrilTcjit plus faclléthérit , ft: triturent en moins
de temps , oc do ment un plus beau blanc que les
chiâons qu'ils' tir-nt de la Sainionge. Mais auffi
les chiffons de Gafcogne coulent plus à Tcau, &
ne rcpclcnt fouvcn: qu'une étoffç molbfle & fans
conGHance, au Ueu t^ue ceux de Saintonge éprou-
A P
vent moins de déchet par le travail de 11 mtunt-
tion , & rendent un papier ferme & cartonneux,
Après CCS chiffons viennent ics peilïes du Kciry
du Périgoid, du Quercy, qui exigent beaucoo^
de choix. La peille du Limoufiu & du Haut-Poitou^
bien travs^illée , fait nn papier ferme & canon^
neux » & fort bon pour rimpreflion : il eA bis ,
mais étoffé.
De même, les chiffons de la Boufeogne & de
la FreHe font fort recherchés gar les fabricans
d'Annon;^y & d*Auvergne , parce quen général
ils font de bonne qualité , qu^iU blanchiffeot
facilement, 8c forment de belles étoffes. Les chif*
fons des environs de Lyon font ^ncorz fort eftimés;
mais ceux que fournirent le Dauphiné, leVivaraii
& les montagnes font de médiocre qualité ; ils ne
reodent pas , à beaucoup près * la même quantité
de papier , ni auffi beau*
On a remarqué que certaines provinces four*
niffent beaucoup plus de chiffon que d'autres , I
f Proportion de leur population, & que pour Icrt
es chiffons de ces provinces pourriffbient plus
aifémentf & donnoient beaucoup plus de déchet
dan^ le travail de la trituration que les chiffon^
des provinces qui en foiurniffoient moins ^ ce qu*
Erouve que les lins & les chanvres n*ont pas, ^
eaucoup prés » le mtm^ nerf fîc le «léme degr^
de force. Il ell vrai auffi que les différentes mt^"
thodes de îefïiver le linge , ont paru entrer poir -*
beaucoup dans les cautes des différens èuis d^
ces chiffons.
Quand on penfe qu^il y a au moins neuf ccnt^^
cuves dans le royaume, dont chacune emploies
environ quarante milliers de chiffon ; qu'il ne Cm
fait pas de cueillette de chiffon dans pluficur"
cantons fort étendus où il n^ a pas de moulin
à papier ; enfin , qu*il s*en exporte ^ hors ém
royaume, de grandes parties par de pcciies fe
briques voisines des frontières , qui ne lonc y A
que des chiffons les plus groÛiers, & fe bcr
à faùe des papiers hulks Si traffes, & qui Uvrcj;
fort chèrement les lots des fins & des moyens
aux étrangers, on don être étonné de Hminenfe
deflruÔion de linge qui fe fait en France , & de
la grande quantité de chiffon qui s'y ramailc poufl
Tufage des papeteries» Miiîs on doit être raffurâ
par les befoins immenfss d'unç pombreufe popa^
laiion » qui doit toujours fournir à la dépenfe '^
TindullrLe , doni les produits croiffenc cou
elle.
Rcjjtcxlons far remploi dts pUnus^ irutts pQMF
fuppUer 4tt caiffoa^
D'aptes ces conjjdératîon^s » on eff fiirpris
certains phyfvciens > & d'autres perfonnes îivrcc*
à de mauvaifes combinaifons , ayent con&dcTo»
en diffcrens temps > l'emploi des plantes & des^-i
écorces d'arbres comme une reffourcc contre U \
difeite du chiffon dans U £ibricaiioQ du papier^ ;
k
ï
P A P
Au milieu de ce grand ii\c » tant de la part des
gens de bonne -Foi que des charlatans^ aucun
Lbricaiit tniclli^ent n'a penft à cette prétendue ref-
fource ; aucun n'a pu fc flatter qu'à une petite dillance
de ia papeterie, il pût faire une récolte déplantes
▼sgues & fans culture, aflez confidérable pouf en t rc-
tCfÛT une cuvependant une année entière. Dansl'hy
potbèfc de ces perfonncs qui nous vantent les
plantes » il n*eft queftion que de végétaux qu*on
peut fc procurer facilement , Sl prcfque fans
frais; car fiToneft obligé à delong^ tran(poit$, à
des récoltes difpendieufcs , on voit que réconoinie
dont on fait valoir les avantages , celle d'avoir lieu*
* En fuppofant tes plantes fans culture ;ibon-
dafites , k la portée de la papeterie , fuppofition
hafardée , les fabricans ont tiû être alarmés de
rimmenfe encombrement que kur occafionneroît
la provifioiî d*une cuve ou Ton fabriqueroit trente
milliers de papier; car, en calculant fur les deux
tiers de déchet , il leur faudroit une maiïe de
quatre-vingt-dii milliers d'une feule plante fans
culture ; (k fi Ton a recours au mélange de
T^lufieurs plantes, on ne peut compter fur une
»offe d'une force & d'une fouplefle égale , &
par conféquent fur les produits d'une fabrication
uniforme : ce qui eA très-eÛTentïel pour pluAeurs
arts où Ton fait ufaee du papier.
A /uger de ce quon pourroit fe promettre le
plus railonnablcment de l'emploi des plantes dans
la fabrication des papiers , par les effats des
phy ficiens dont j'ai parlé , & de ceux de M. Schoeffer,
en particulier, il paroit qu'il n'y a guère que
les plantes filamenteufes qui puiiTent être d'une
certaine utilité; mais alors on voit clairement que
le fabricant qui fe propoferoit d'en faire ufage ,
ne pourroit le faire avantageufc-meni fans ajouter
aux manipulations de la papeterie aiTortles a l'emploi
du chiâfon , d'abord le rouiflage, long & difficile;
enfuite, s'il veut dégager les principes filamenteux
des fubftanccs qui les mafquent & en altèrent la
couleur , il fera néceflfaire qu'il ait recours h des
leffives réitérées plufieurs fois. On aperçoit ai*
(îment que» dans le choix d'une nouvelle matière
première, il feroit indifpenfable d'introduire dans
nos papeteties deux nouveaux aitcliers celui du
rouiflage 6c celui du leflivage des plantes. J'ajoute
que , comme on feroit aftrcint , dans cette hy-
pothéfe , à n'employer que certaines efpèces de
plantes « on ne pourroit s'en proaircr une quan-
tité fufEfante > fans prendre le parti de les cultiver;
Si , pçur lors , }c vois augmenter les foins &
les avances primitives du fabricant. Quelle éten-
due immenfc de terrain ne fera-t-il pas obligé de
confacrer à cette culture, puifque ta quantité de
CCS plantes qu'exigeroît l'entretien d'une cuve,
ftionteroîi au moins à quatre-vingt-dix mi1!icrs
pcfint. Je ne parle pas ici des greniers née eu a ire s
pour y ferrer ces récoltes , qui ne pourroicnt fe
faire qu'une feule fois dans l'année.
D*aprés ces con&dérati^ns , qu'on n'a point
384
exagérées , 'on conçoit que tout fabricant fenfé,
qui fait compter, a dû s*^n tenir à l'emploi dti
chiiFon , & donner tous Ces foins pour en animer
la cueillette dms fon arrondiflemeni, & pour fe
procurer une matière qu*il irouvc dans un état
qui le difpcnfe de toutes n. imputations coû-
tcufes ; car cette matière, lorfqu'elle lui arrive,
a été cultivée, récoltée, rouie, leflWée & blan-
chie à d'autres intentions qu'à celle di fervir à
(on ufage. Il fe trouve donc fort heureux de re-
cevoir le chiffon comme une marchandife de
rébus , 8c de la payer comme telle.
Si nous fuivons en détail la cueillette des chiffons,
nous verrons cff"cftivement que le fabricant ne
paye guère que la peine de ceux qui le ramaflent;
c'eft par cette raifon que cette cueillette ne s'étend
guère qu'à une diftance proportionnée au prix
que les fabricans y peuvent mettre & y ont
mis jufqu'à préfent. Plus le travail dçs papeteries
eft foignè, plus il fuppofe d'exa6lin:de dans le
triage des chiffons, plus les chiffonniers s'éioignent
des fabriques ; & pour peu qu'ils foient favorifés
par des rivières navigables, Tarrondiffement de
la cueillette s'étend encore davantage. Il fuit de
là , que l'on ne ramaffe pas de chiffon dans les
endroits éloignés des papeteries , 8c au-delà des
limites que le prix de ceite denrée femble avoir
fixées; & je puis dire que le nombre de ces ef-
pèces de vides eft encore confidérable en
France.
Nous avons donc deux rcffources pour aug-
menter la quanrité de chiffon qu'on emploie main-
tenant dans nos fabriques. Nous pouvons d'abord
hauffer les prix de la plupart de nos chiffons; en
fécond lieu, nous pourrons diffnbuer nos papeteries
plus économiquement» eu égard à la cueillette du
chiffon , lorfque la difette de cette matière fc fera
fcntir. Ces deux reffources me paroiffent devoir
fervir long-temps, dans le cas ou nous jugerions
convenable d'augmenter nos ufmes.
Du trlagi des chiffons.
Trier tes chiffons, c'efl en faire dlfférens lots»
fuivant leurs qualités & fuivant le travail de*
fabriques. En général, le triî^gedu chiffon eft fort
négligé dans la plupart de nos moulins. Cette fè-
p,i ration ne fe fait guère que d'après les degrés
de tiiveffe 6l de blancheur des toiles que les tii^ufes
remarquent du premier coup d*œI1 ; cependant le
choix des chiffons doit être réglé fur beaucoup
d'autres qualités ; non -feulement on doit faire
attcnnoa à leur fineffe & à leur blancheur, mais
encore à ceux qui font plus ou moins ufés Sc
plus ou moins durs : cette dernière divlfion eft
beaucoup plus effentielle que la première ,'fi Ton
veut avoir dc$ pâtes pures 6c homogène:*.
Les fabricans les moins attentifs , doivent
favoir que le mélange des chiffons tendres fk,
durs» s'oppofe bien plus au fuccès d*une bonn*
PPP»Î
4»4
P A P
P A P
trituration , que le mélange des chiffons , gros
ou fins , blancs ou bis , dune égale dureté 6t
réfiftance. Ils doivent fcntir la néceûlré d*un triage
cxzA Jorfqu'iîs font ufage des cylindres » dont le
travail , plus précis que celui des maillets , exige
une plus grande exaditgde dans le triage , fi Ton
veut obtcriir des pâtes égaks & homogènes , &
éviter, fur-tout, des pertes confidérable?. On ne
peut rien faire de mieux , que d'imiief en cela
les Hollandois, qui eut mis le plus grand foiniîans
cette partie , parce quMs en ont fcnti les avan-
tages & même la néctlFiti. Nous allons expofer
fuccintement le fond de leur nièihode.
On commence par faire un triage général en
quatre lots, en mettant à part les chiffons fu-
perfins, les fins, les moyens & les bulles ; on
diAribuc enfuîte chacun de ces lors à d'autres
iricufes, qui fom chargées dVn faire cinq fubdi-
vîfions, qu'elles jettent dans cinq caiffes particu-
lières, au milieu dcfquclles on les place; on
leur donne outre cela un banc , fur lequel on a
attaché verticalement un crochet & une portion
de fauU, qui fe termine par le haut en pointe
recourbée.
Je fuppofe, par exemple , qu'on ait chargé une
irieufc du loi des chiffons fins, elle mettra dans une
caiffe les chiffons durs , ou qui font très-peu ufés,
dans une autre les tendres ;'dans la troifiéme , ceux
qui font faîes ; dans la quatrième , les coutures
& les ourlets, & enfin dans la cinquième , les
chiffons ruperfins qui fe trouvent coufus après
les fins.
A mefure que cet examen des chiffons s'exé-
cute, les femmes qui en font chargées, ne bif-
fent échapper aucun morceau fans enlever les
coutures , & fur-tout les nœuds des fils à coudre
& les ourlets, par le moyen du crochet ou de
la faulx qu'elles ont fous h main; elles ont foin
auflî de couper & de réJuire chaqyc morceau
8e chiffon à un petit volume, & de déchirer
U toile par la trame , après avoir fait une
ouverture à une extrémité avec le bsc de la
faulx ; le moindre effort de la trieufe fuffit pottr
ouc la réparation des morceaux fe faffe iu^qu'à
\ autre : elles coupent enftiue avec le b;i8 de la
faulx, les morceaux déchires fur leur lo^jgueur &
dans le fens de la chaîne, caria toile ne peut céder
dans !e fcns d^; la trame , qu'à un inflrument tran-
chant.
S'il y a plufieurs tnorceaux coufus cnfemble ,
il convient d'abord de les féparer, pour fimplifi^r
le travail, avec le bec de la fiulx ; on peut non-
feulement cntr'ouvrirune coutute dans un point,
mais encore appuyer un des dux morccnux
qu*on veut fépartr, &favoïifer Tcfforr néceffauc
j^^ouf détruire les «.outures fuc roui^ leur lon-
gueur,
C'cft un principe eilentiel pour ne pas perdre
beaucoup de matière, de couper âc de déchirer
tes morceaux de clrffon dans le fcns des tlffus i
^
m
echt-"
foît de la trame, loir de la chaîne ; tac itors \m
fils des bords de chaque morceau dècWré ou
coupé, reftent engagés dans le refledu tiffo; au
lieu qu*unc coupe oblique, outre qu'elle cft plus
longue & plus difficile, met à dccouven plufieurs
fils qui tombent aux pieds des ui ce qui
occaJionne une perte de matière r ^le.
On a foin en Hollande que le
pent les morceaux de chiffon de !
du volume qui conviennent au trav. îrc ,
Cela les exempta d*ivoir recours r '\in»iT,
dont les opérations fer oient irrpoAblet avec dli
chiffon nnn-pourri. J'ai remar^''* '''^*
tique avoit des avantages , mcv
le clilffon, & qu-: le triage e:
plus exa^t, que les trieufcs cr
dutre les morceaux de chiffon aua u^ andr
lume,
Lorfqu'on a trié une certaine quantité de
cune de ces fubdivificns ', on les poîte fur m
grillage attaché à la partie fupérieure d\ii^Q gnrdc
cahlc; alors une femme, qui diftribue lcyti«|ies
aux trieufes , & qui préfide à toutes leurs o;x-
rations, examine avec foin les chiffons; 8c fi cik
ne trouve pas Texaftitude convenable dans k
cîioix des qualités , elle rend les chiffons à
la trieufe ; mais fi au contraire tout cû bien i(*
forti , elle bat les chiffons & les fecouc pà«r en
dègger les faletés & la pouffière » IcfqucUt»
pàffent à trjvers les mailles du grillage, 6c toi*»
bent au fond de la caiffe.
Le nombre des lots que les dèliffeuCcs formtiM
dans leurs triages , loit varier beaucoup fuivad
les provinces ou fe ramaffc le chiffon, fuivant
la ma<Te fur laquelle fe fait le triage, fuivam k
travail des fabriques & leurs dèbou cités ; ainfi
je n'ai pas prétendu donner une régie générak
de divifion des chiffons , en indiquant d-denm
un certain nombre de lots.
Quelaucs fabriques dont le travail crt cooGdc-
rable , & qui ont plufieurs cuv«.*$ , ' rt
jufqu*à neuf lois de chiffons , lc% d,] tî
fins, les mi-fins, les moyens , les ci
iraffes blanches, les tratTcN grifes, les n: ri
blanches & grifes , Ôiles déchets dit lieiiii^ge «
comme coutures , &c.
Dans le travail commun des moyenne* manu*
fafltifcs , on ne fait gtère que quatre lots : ceiS
des chiffons fins , ceux des moyens , puis dcf
bulles & des traffcf.
Il y a des moulins qui ne font que deux lûH^
en confondant dans le I remier les f^ ^ ^i,
éi dans le fccond , les bullvrs & 1. ■!
ta ut avouer que leur tr>,V4il cil aîTci tct
J'ai déjà obfcrvé ci-dcvani que \t% c
dévoient être trsés trés-ciadement, quant è la
(\nctXc 6c quant au degré de ureté de^ '" ri^rc*,
I & j'ai remarqué qu'ilimportoit fur-tov ^c
autaut d'exaÂitude dans le fécond ir;.tc ^^
I dans le premier , parce qu*il cil de U ietnjet
I
Idsponmce pour obtenir des pàtcs bien égales &
iàâi une grande perte. J'ijouie îcî qu*il y a des
ai ou, quant à la ânefle & à lu bea^iiè <ie la
matière, li e(i utile de ne pas faire le triage des
^chiSbas fi rigoureulôûient r il cil fort utile , par'
.cfcmpk, de ne pas priver les moyens ds quoi-
que partie des fins , Hl les fim d^s matv^res iu"
periincs ; car le fond de la fabricait- orcçs,
alïrrciires^ eil tellement appauvri p. i%jne,i
que^ quelque apprêt qu'on donne a ces ibrtes'
iQtérieures » <in ne peut ^n obtenir un piipier
d'un fervicc agréable, ëc par coaféquent d*un
débit tçilew - . - r ^
Le défaut le plus commun > eft de porter les ,
chiffons des lots inférieurs4ans les 1ms fypértcurs»
ce qat dégrade la fabrication ;,car fi l'on augjiiente |
la quatnitè des papiers , on s'ckppofe k la beauté
des étoiTes & au faccés des apprêts. Il vaut bcaU-|
coup mieux porter les parties de lots fupérieurs '
dans les inférieurs , que des inférieurs dans les
fupérieurs. ^^ i ->, ,t, r-l j
J'ai vu certaines fabriques» renommées par M'
beauté des fortes fupérieures , & dçnt les fortes
VjfcTieures n a voient aucun débit , parce qu'elles
ètoicnt privées antièrement d*un certain mélange
des tots fupérieurs , qui eft néceÎTaire pour leur
donner les qualités qui affûtent le débit. .1
Les triages des chiffons étant faits avec exac-
f«ude , comme je l'ai dit , & les lots de ehijfpns ,
^ni pOiirris & triturés feparément, on peut en
nj:!cT les pâtes; & fi ces rnélanges fc font avec
"irdljjeiKç^ il n'y a pas de doute que ces corn-
iiniiions ne fe faffent avet^ beaucoup d*^vanfage ;
*»ui* je pent' qu*il_faudroit fuivre dans ces, mé-
langes, los principes que j*ai expofés cidelïus >
Rua/it au tnclangc des ch*ftbns. Aiufi je mcierois
Jti ino)ren une cenainéï proportion de mi-iin, &
JU mifin une certaina^ppporttOin^de lin», de telle
jone que la pâte des lots inférieurs dominât fur
I? pâte des lots fupérieurs ^ & non pas ta qualité
%ér*eurc fur rinféricure ; dans la pre^iî^re corn-
WiiiiJbn ^ les papiers des fortes inférieures ga-
gnent plus j après ks apprêts, çn beauté & en
**omé, qu'on ne perd par |e mélange delà belle
l^'e; au lieu que fi tes belles pâtes recevoient
tint çc/tainç quantité de pâtes inféi:i4;urçsi> oHes
*n fcroicrit pius gâtées fit plus dégradées, qu'on
j^ |;'igneroit par la quantité. On voit que l'intérè;
•^«s fabncans efl ici lié, comro^ îl Terf îpu|Ours ,
'^'cç h bonté des pro^luits de leur fabrique^
Du lttvdg€ & du, jfauniffj.ge des cJkiffanJt
^Ân$ certaines fabriques le p • j/\,diylfé |
^ «Icux patties, doet l'une icr la pcille
P^ij,. enlever les ordures les plub gr^hière^. Apres
•^voir bkn husie^éa & l*avoir laiffé^reiiiptr dans
•^ grand bac de pjerre , on U brafle » &^n hi^Te
'^border Teau pour qu'elle fe tcnçuvi^Ue en en-
*^^ViiâO|. lp$ faletés dont elle s'eftcbargcc.
On dteil foigncr pluficurs cliofes dans cette opé-
ration, La première efl de laiffer tremper le chiffon
dans la m^me eau , fans la renouveler, environ
cinq oufix heures. La féconde , de laiffer enfuite
couler Teau pour la renouveler pendant trois â
quatre heures; par cette efpéce de leJlîvage, |*at
été témoin qu on petit enlever au chifl:on quantité
de parties graffcis qui lerniflcnt prefque toujours
ta pâte I quelle qu« foît rcxa^itude qu'on apporte
fuite p<?iu la triturer,
IfOrfqM^ le <,hi6^pn eft ti^ïo pénétré d*eau , qu'il
a été bralTé à pluficurs reprifest,^ <iu^ feau a
emporté tou^^f qu'elle pouvoit enlever dans un
li^vagc u(ùi Imparfait « on le met en la^ pour
pourtiir. pj^nscet étai, il éprouve une fermema-
poii , qui djA)>ord s'^nqonce par des moifiiîurcs
mtthipUées , tlifpcifécs fur les diffcrens morceaux
4e^ toile. Eofqita ja lyia^ rS*^chau&; , & alors il
çft très implant de fuivre les progrès de cette
chaleur , afind'en m^dér^'r les effets.
,. J^ell d4n6;Ccs*i: ! a foin de changer le
chiffon , en tnettant es couches qui font au
milieu , parcç que c'elt pu if>iUeu oii la fermenta-
tion va plus vite. Suivant notre {yiiC^Tie d^: fabri-
. caiioricn France , il eft bon que le chiffon foit
fuffilAmment;pourri , parce qu*ii no fe ttirurcroit
, pf^s n£acilement s'il n'.4voit [vas acquis le degré d'at-
tendriffemcni néceffaire pour donner une pâte
Auffi èu&fif. a^>iU liomogènéiquW)^ peut l'^re avec
nos inaillcts , & même avec nos cylindres impar-
faits. Il arrive fou veut en conféquciice • que le
pourr|ffage eft porté trop loin^ d!où rcfuUent
diuxiincoiivéniens aiTez confidcrable^. Le premier
efl qu*unc grande partie d,e ç^ïïïon fe détruit , 5c fe
réduit, en dernière analyfe, au ;feul principe ter*
reuK. Ceft ce principe qu'on retrouve affcz abon-
damment autour dudérompoir, comme 00 lev^rra
par la fuite.
Outre ce déchet, on en éprouve un ziine dans la
trituration, parce que la pâte, réfidu d'une matière
énervée, ne réûfte pas àl'aékion foutenue des mail-
leis aufli long-temps qu'il c<>nviendroit pour être
Éattue également, & qu'im^ partie^A entraînée
en filets alortgés & blanchâtres à travers h teliëte.
Un p3pi.îr fait de pàto rrop dure , peu pourrie.,
eft rude , dur J& malifi^tttré. Celui fait '4e peillc
fufée^ efl compofè de ëbres « liins douceur ^ iai:s
nerf, &c, ^.- r ./^t • j i.
Le fécond inconvénient eft que le chiffon prend
.de la graiffe par une fçrraieniation trop longtemps
continuéç , & il eft pour lors affcz difficile de le
féparet de ^i partie tibrcufe par tous les : lavages
de la trîrwraïion.
y\p expofiti "lie de ce qui -fc
paiTc ijourrijag /ions , nous allons
décrire les dtff^èrentes pratiquts qui ionten iifjpe
dans ceiuines f?. briques du royanme , en indi-
quait lesji^convénieos & 1^ tinperfeâîons deces
pratiques ; enfuite nousi donneroni^ quelques vues
pour Tantélii^ration de ccittc partie de la pu pet etie.
C486
P A P
Nous ne décrirons pss îcî la forme d*un p^iir-
•^flbir , attendu qu'elle n'eft pas confiante » &
quVlle peut varier d'une fabrique à Tautre, fuivant
les - : mens qu'on y peur confacrer ; nous
diri ment que les pourriffoirs font des
entlious bas bc fermés siTcr exademem, dans le(-
quels onr met en tas plus nu moins confidérables
\c% ch <Tons tries ; on appelle ces tas mouillées »
parce ^a^on ïes arrofe de temps en temps , afin
que le chiffon fc pénètre d'humidité, à la faveur
de laquelle il éprouve une certaine fermentation ,
'& quW pourrLOe,
tes ditTéretaes fabriques du royaume fuîvent
différentes pratiques dans le gouvernement des
pûurriiToirs ; mais comme il n'y en a aucune qui
donne des téfultats conOans^ nous en indiquerons
ici plufieurs»
En Auvergne , on jette de Teaii fur les tas de
chiffons pendant dix jours , Se huit ou dix fois
par jour fans les remuer. On les lalffe enfuite
repofer pendant dix autres jours farrtles arrofer,!
après quoi on les remue de manière à placer ce
qui occupoit la partie fupérieure dans la partie
inférieure , ^ on les livre enfuite au progrés de
la fermentation : on juge qu'elle cfl à fon point
par certains fignes arf'ez équivoques.
En Angoumois,on fuit une autre pratique; on
fait defcendre au pourriflToir une certaine quantité
de chiffons équivalente à celle que le moulin peut
triturer en un mois, & on la met fur le pavé du
pourrirtbir; enfuite on Tarrofe en y conduifant,
par le moyen de dalles mobiles, un courant d'eau
qui la pénètre dans toute fa mafle. Lorfque le
chiffon cft ainfi bien humeâè , on prend une
ancienne mouillée qui a féjoumé dans le pour-
riffoir environ un mois , & on la place fur le
tas de chiffon nouvellement arrofé. Comme l'an-
cien tas a déjà , depuis ce temps, éprouvé un
cenain degré de fermentation , dans cetre nou-
velle pofition , il s'échauffe davantage que dans
la première ; d'un autre côté, la dernière mouillée
prend infenfiblement de la chaleur , étant cou»
verte par l'ancienne.
Lorfque cette ancienne mouillée eft entièrement
èpuifée par le travail du moulin , on commence
à prendre la féconde, dont on couvre une nou-
velle snoutUèe qu*on a feit defcendre du déliffbir,
& qui cil bien pénétrée d'eau par un arrofement
iaffifant.
On doit juger » par tous ces détails, combien on
cft peu foigneux fur la durée du pourriffage qu'on
iait fubir aux différentes mouillées , & combien
les rcfultats de la trituration d'un chiffon aufH
inégalement pourri , doivent varier ; car il y a
quelquefois une différence de troîî femaines entre
le temps ou Ton commence à battre le chiffon
d'une ancienne mouillée , 6c celui où elle finit
d'être battue : on doit fentir suffi quelle diffé- <
rencc il doit y avoir entre Tétat des chiffons pourris
Tété, & celui des chiffons pourris l'hiver* Il ne paroît
pas qu^on ait penfé à proportionner la pcîBe
defcend à chaque fois dans le pourriffoir
température de la faifon , mais bien plutôt k h
quantité que les moulins en peuvent trittiror;
or, les eaux étant plus abondantes l'hiver, il s'en
fuivroit qu'on devroit augmenter le chiffon rcU-
tivement à ce que l'hiver il pourrit moins vite,
& relativement à ce que le moulin peut triturer
davantage; à quoi il ne paroît pas qu'on ut
pourvu avec affez d'exa^itude pour obtenir k
même degré de pourriffage en tout temps.
Ceft ordinairement le gouverneur du moulin
qui eff charge du pourriffage des chsffoi»; c^cl
lui qui fait defcendre la moiùUée du déliffoiti
c'eff lui qui fait arrofer les tas, qui les retooms
6c les déplace; & cVfl lui qui, par une hibkiwc
plus ou moins intelligente , juge du degré de
fermentation convenable , & aux chiffons qui! i
fournis au pourriffage , & à la forte de papier qtrw
fe propofe de fabriquer avec ce chiffofl*
En général , le chiffon fin eft plus difficile i
pourrir que le moyen , & celui-ci plus que Icbt^e.
On fe règle donc fur ces principes reconntis , p«of
le temps où ces différentes cîaffes de chiffon fe-
journent au pourriffoir*
Lorf^u'on ne peut pas employer tout de ftiîte
un chiffon dont le pourriffage ed fort avancé , oa
le remne , de on Tarrofc pour interrompre la fer*
mcnntion 8c en ralïentir les mauvais effets , ijm
tendent à détruire la matière du chiffon » £ dk
eff pouffée trop loin.
On eft quelquefois obligé de laiffer poonir le
chiffon à un certain degré au-delà de ce qu'on
jugeroit convenable , à caufe de la foiblcue de
l'agent dont on peut difpofer pour la trituration
Ceft la pratique de quelques fabriques qui «an-
quent d'eau fur la 6n décrété & au commence-
ment de 'l'automne ; & comme ces moulins o«
des maillets d'une moyenne force , ces machines
ne potirroient fournir affez d'ouvrage pour Tcont-
tien des cuves que les propriétaires font valoir
l'hiver & le printemps. Ils ont donc recoori lu
pourriffage, qui attendrit leur chiffon , & cela an
rifque de faire des pertes conftdérables ; & iî ii*fit
pas rare que le pourriffage, porté au poînt ou il
le fouttennent , réduife la quantité de pâte qtiïi
obtiennent par la trituration , à quarante lîvfdpat
quintal
On fait que les Hollandois ont retnèdii à w»
ces inconvéniens du pourriffage des chiffipitf « p9î
des machines qui peuvent triturer des chAilf
non pourris ; 8c leur fuccés dans ce fyffêse (b
préparation des pâtes , a attiré l'attention de woê
habiles fabricans, qui ont adopté avec avaiita|e€Ci
machines Hollandoifes & leurs procédés.
Cependant ne feroit-il pas poffible de pcffc^
ttonner la méthode du pourriffage de maïuértà
éviter une grande partie des incoirvéïMm doot ff
viens de parler > & ne trouveroit-on panUoifMl*
ques fabriques des effais affei fuivis pour Ici p**
P A P
We
fer aux perfonnes attentives & jalotifes de per-
tcâtonner l'an ?
Les cutTCprcoeurs de quelques-unes des manu-
£iâine!» de |>**picr établies aux environs de Bruxel
ks, d'après la méthode des HoUandols , {entirent
bientôt ic bcfoin de pourrir leur chiflon , mais
co rocme temps de modérer les effets du pourri f-
fage i en conféquencc , ib conflruifirent des pour-
fitloirs qui m'ont paru très-propres à remplir ces
▼ues.
Dans de grandes galeries dépendantes des bâti-
mens de leois papeteries , ils orit fait conftruire une
fuite de calfles bien fermées , & d*une capadté
aflcx grande pour contenir une certaine quamiié
éech^ftbn connue & déterminée ; par exemple , la
quantité que les cylindres qui étoient en activité
[^ dans leurs moulins» pouvoient triturer dans un
H jour. Le nombre de ces cailTes écoit égal au nom-
H brede jours nèceffaircs pour que les tas de chiâbn
B renfermes dans les caiffes , fuiTcnt ftifiiràinment
échauffés & puûfcnc être fournis à la trituration.
Plus la faifon étoit froide , plus et oit grand le nom>
bfc des caiflcs qu*ils rempliffoient de chiffon ; & il
^ y en avoit d'autant moins , que la faifon écoit plus
H chaude. Suivant ce fyfiéme on pbçoît un ras de
™^ chiffon d*un coté , pendant qu'on en enlevoti un
de Tautre.
Je dois obferver qu'on mouîlloît bien complè-
^ lemeiu le chiffon dans des timbres de pierres,
H avant de le dépofcr dans les caifft^s , afin qu il pût
V fermenter autant qu il convenoir.
Les chiffons nui avoient pris dans ces caiffes un cer-
tain degré de fermentation fans être énervés, étotent
beaucoup plus dKpofés à fe laver & k prendre le
P" «iegrc de blancheur convenable dans les piles des
cylindres cftiocheurs , ôcces bons effets d un pour-
fiilage réglé, fc remarquoient particulièrement fur
les chiffons bulles & même fur les moyens. On
préteodoit même qu'une fermentation de peu de
durée t rcndoiî les faletés & les panies colorantes
■ du dianvre & du Un beaucoup pHjs folubles dans
l*eau fans *tlrHer la partie fibreufe : les chiffons
fini même qui étoient un peu bis , avoient ;!cquis
un cerea n degré de blanc par un commencement
de pourriffage ainfi modéré.
Du dcrompotit.
Lorfque le chiffon eft poiu-rî au point qull faut,
en le porte au dcrompoir; c'cft ordinairement le
gouverneur du moulin qui cil charge du cette
opération. Le dc^ompoir cft une table placée fur
Ides trcieaux fcUdes j & garnie At planches de trois
côtés , afin de pouvoir contenir ta pcillc qu'on
lire du poumffoir & qu'on coupe; iù devant de
!a table cft fîxçc verticikmcnt & foHdcment une
» portion de lame d'une ûulx, doui Je trafîchaîïi cft
.oppoft à Fouvrier qui dérompt. Cet ouvrier fe
'place vis-à-vis de Ta fauîx » d^ns in*:- r.tAûrtn
pçu clevèe , parce <|ue les efforts
un
_^ P- A P _
couper fe font de bas en haut ; iJ prend d'i«»|
côté, fur la gauche , le chiffon pourri , il eaj
forme une poignée en arrangeant fur la longucun
chaque morceau de chiffon , & tordant un peaj
cette poignée, il Vappuie contre le bas du tîanchaall
de la fautx, & fcîe jufgul ce qu'il foit parvcnui
en haut, & par cette fuite d'cfforrs il coupe unej
poignée en clcu;i ou trois trôhtfôhs , quirjettc fufi
la table à fa droite. Comme dans cette opératioaj
les frottemens réitérés qu'éprouve le chiffon pourrîl
dégagent une partie des ordtfrcs qu il contient, 8c\
fur-iout la partie terreufe , on a foin d étendre furJ
le fond de la table une claie d*ofier à claire- voie tf
de telle forte qu'elle foit élevée d'un pouce fili
la table , par ce moyen , les ordures dégagées dtii
chiffon dérompu ne s y mêlent plus. Dans cet état,!
le ch-ffoneff haché en menus morceaux, & ptui
propre à être diffribué dans les piles & a obéii
au jeu des maillets pour être effiloché.
Chaque dérompoir doit être pourvu d'une pierr^l
a aigulfcr, pour que l'ouvrier putfle donner lèj
fil à fa faulx j il a ioin auffi de la banrê de tcmp/"
en temps fur une enclume, lorfque le tranchii ni
fe trouve cmouiTé par le travail.
Dans les fabriques où Ton foigneroitl^ déliffage
du chiffon corn me on Ta dit, on leroît difpenfè de
dérompre le chiffon , parce qu*on le réduiroit pouf j
lors en morceaux d*ùn petit volume, ce qui nej
multiplie pas bs opérations. L*ouvragc du dèrom»]
poir ne laiffe pas que de donner affez d'occupaiioitj
au gpuverneur du moulin, qui fe fait fuppléeri
fouvent par l'apprenti.
DES* MOULINS A TRITURFR LE CHIFFON,
Lorfque Ics.chiffons ont été fournis à toutes leii
préparations dont nous venons de parler, ils fotiti
en état d*étfe réduits en une pâte fibreufe av^4
laquelle fe fabrique le papier. On emploie pour]
obtenir cette pâte des moulins conftruirs fur de$<|
fyftèmes différens. Les uns font en ufjge depuis
longtemps, 6i font répandus dans la plu* giande^
partie de l'Europe & de la France en particulier ;i
ce font les moulins à maillets. Les autres , invenréi '
en Hollande depuis peu , ôc adoptés dans Its pro^t
vinccs voifines , font les moulins k cylindres. Nous]
allons faire connoître ces deux foites de moulins > j
aînli que la manière d*en diriger les mouvcmens]
*& l'es opérations* * ■
Dtjcriptîon du moutln â maillets:.
Le monfin ^ matUets eft représenté en détail ^
ims les planches ïî , 111 6w IV de h papcreric ;^
on Cft Voit le plan au bas de la planche II le-j
profil aa bas de la planche Ul , 6t la perfpeéiïve I
âtut^h vignette de b planche IV ; il efl cont-^
pofc (fun arbre A B , garni delevée* èCCCV,
qui , pafTjTff focccfEvcment fous les cjcfrém-tès des '
maDchcsJdcs maiilcts ^ les lércnr pour Icj^ ||ilîcr ui
AP
'tomber fur le chiffon dont les piles font remplies j *
p3f ce jed des maillets , continué autant de' temps
qu'il ert ncceiïaîrev le chiffon fe trouve trîtuié
"au point Convenable pour en fabriquer du pa-
l 'pier. A Tarbre eft montée une roue qui le fait
' mouvoir ; on voit ici une roue à augets E , fur
^ laquelle Teau cft amenée par un courfier FDj
le diamètre de cette roue varie comme la hau-
' ' tcur de la chute de Teau ; car fi Ton n'en avoit
j'pas une fuffifante j on conflruiroit une roue à
[ 'aubes , à laquelle le courficr fourniroit iVau par
P deflbus* On place quelquefois cette roue au mi-
rlieu de l'arbre > & les piles font pour lors diftri-
luées auit deux cotés de la roue : ici , elle eft à
Fune des deux extrémités ; on doit remart^ucr
hque Tarbre de la roue eJ^ terminé par des tourillons
ou pivots de fer cncaftrcs profondément dans
j Yes deux extrémité* , qu^on garnit de bonnes
frettes ou cercles de fer pour les fortifier , &
fixer invariablement les tourltlons au centre ;
ces pivots de fer portent fur des grcnouiilet de
laiton , fûivant les principes des bons conftruc-
leurs de moulins , qui font frotter le fer contre
Je cuivre li les grenouilles font placées fur deux
dormans établis eux mêmes fur des maffifs de
"maçonnerie fort folides.
^ Comme il cft néceiTaire de conduire Teau dans
pies piVs , on l'élève par le moyen de pompes
Pque la roue fait mouvoir, ou bien par des fabots
loui font conftruiis' entre les aubes : au moyen
oe ces fccours » une eau claire & abondante ,
après avoir paffé par plulîeuts repofoîrs , arrive
dans les piles» &s*y renouvelle continuellement
& autant qu*il faut , tant pour aider à la* circula-
tion du chiffon , que pour le laver. Les piles
I font des mortiers M M, creufés dms une forte
pièce de bois de chêne ou d'orme j on ci^^pra-
clique lutant que la pièce de bols peut en con-
tenir , &. Ton en diftribue le long de l'arbre au-
tant que la quantité d'eau dont on peut difpofer i
Îsour faire tourner Tarbre & jouer les maillets ,
e comporte i on n'en place guère que fix à
quatre maillets , Qu bien huit à trois fur un mê-
me arbre.
Les dimenfions des piles doivent varier fûi-
vant qucUcs ont trois ou quatre maillets. Nous
allons indiquer ici les dimen fions d'une pile à
quatre maillets , qui efl la plus favorable A \a
trituration du chiffon » fur-tout lorfqu'on a de
l'eau affez abondamment.
Ces piles ont 16 pouces de largeur & autant de
profondeur , fur environ trois pieds huit pouces
de longieur ; elles font arrondies fur leurs extré-
mités. Elles vont en diminuant depuis leur 9U- ^
verture jufqu au fond , où elles n'ont plus que
neuf pouces de larçcur , fur 33 de longi^eu^.
Le fond eft garni d'une platine de fer fondu ,
6c encore mieux de fer forgé , de neuf pouces
de largeur , fur 52 de longueur , & deux pouces
d'épaifeur j cette platine y cft fixée par quatre
gFos clous , qu*on nomme agraffcs » qwî ont €n*
viron trois pouces ôi demi de longacun
Ceft entre cette platine, repréfentee féparétiHÊtït
/i^, 6 , planche IV , & la ferrure dont les maiîleti
font armes ? que s'exécute la trituration du chiffon:
on voit t me en place A B , Jf^, 7 ; les
piles font i.at établies fur les folUt BBS,
planche IV , 6c entaillées à leur face infenturt
d'environ trois pouces , pour recevoir les follrs,
entaillées elles - mêmes pour recevoir les pilci
(fi^* 7 )• Les folles répondant aux féparaiions itv
piles j font à la didance de 4 pieds de milieu en mi-
lieu ; elles ont i ç pnuces ddiauteur, 12 de largeur,
& 6 pieds de longueur joutrc cela , on les établit fui
un niiffif de mr.ç ^nneric. Les irticrvallesqui les fèpa-
rcnt , font pavés en peivt: pour la conduite des eaui
fales qui fortent des [/i^es p<?ndant la trituration.
Sur l'autre extrèrr-ité L^esfrjlles, & paraïtèlemem
aux piles, cft placée une pièce de bois L, nom-
mée [Mihn ^ à la fiirfacc fu pèrieure de laquelle
fontaffemblées d'auires pièces H^Planch* 11,111
& IV ^ appelées %rïfpts , qui fon cûcaillées vert
le haut de manière à recevoir ks oireues des
maillets qui y font fixées par un boulon dt
bois qui les travcrfe : on en voit itnc rcpréfeii-
tèe (fig4^ planche IV ). Ces grippes , accoftfcl
deux à deux , ont vingt-fcpt pouces de longueur,
non compris les tenons EE » qui entrent ûim It
fabljérc, 5e fept pouces d*épatffeur ; les deux réth
nies qui répondent à une pile , ont deux jpitè
neuf pouces de largeur; Us emailles Ct ii
h partie fupfêrieur^, bnb* trois pouces dé largeur
fur 9 ou 10 de profondeur , étant dcffinccf
à recevoir les queues des maillets, qui y joucf»
au moyen du boulon de bois dont nom% avûw
parlé ci-dcffus;ces grippes, en conféqucncc ie
cette deftination, font affermies chactr * nt
fituatîon verticale » par une longue .
vifibie dans les trois ^planches citées : elles in-
versent Tépaiffear de la grippe pair le trou A ♦
( fie* 4 f planche IV ) , & va s'implamcr dan* h
fil ce oppofée de la pile* On leur a donné ^c
nom éc chevilles haflùres : la diftancc des grippci
à la pile, eft ordinairement de vingtdeux potiers.
Les queues des maillets ont , fulvanr les dtrnf^^
iîons que nous avons adoptées jufqu'â prélei^Vf
fix pieds de longueur» 7 pouces de largeur, &
trois pouces d*épaiffeur du^coté de l'arbre » 8c troi»
pouces & demi du cité des grippes ; on en giniit
le plus fou vent les extrémités , au moyen de
frettes de fer- Celle cotée F { fg. 1,) planche IV,
gar:intic cette partie de Tufure que le frottcoteof
des levées pourroit y occafionner ; & celle cotic
H, fert à empêcher la queue de fc fendre» prit*
cipalement lorfqu'on fait ufagc de Tcnginy /;. ^*
pour lever. Jes maillets.
La tète AB du maillet {ff^. a. ) cft ao mof
ceau de bois de fiz pouces d'èquaiti&ge » & ik
deux pieds huit pouces de longueur, y conplil
la ferrure qui a trois pouces. Elle eft pcrcèê Sv»
»
p À p
longue mortaîfe vifible ( fg. j* ) pour recevoir
h qaeue du maillet & le coin b qui fert à le
Axer fur le manche {fi§. i. ) La dtflance de
1 extrémité infcrteure de la mortaire à rcxtrémité
E de la ferrure, eft de dix-fept pouces, enfunc
![ue les maïUets repofant fur la platine qui eft au
rtnd de la pile, ilrcfte encore un pouce de vide
entre la queue ou manche , 8t le bord fupérieur
de la même pile.
La -ferrure des maillets que nous décrivons
pèfc environ vin^cinq livres : elle eft compofée
d'une fretie de fer D , de deujcjpouces & demi de lar-
geur , fur Ç\x lignes d*épaiffeur, & d'un grand
fionnbre de clous tranchansE^f dont les extérieurs
font à un feul bifcau , & les intérieurs E , /r^ j , à
deux bifcaux ; ils ont fept à huit pouces de lon-
gueur; leur faillie au-defTous de la frette cft de
trois pouces , & on les place dans des traits de
fcic que Ton fait à rextrcmité de la tête du maillet
avant d y monter la frerte , ce qii prévient la
feotc. Nous reviendrons par la fuite aux maillets.
Chacune des grippes , fig, a, planche IV, eft
garnie de deux crochets d , */, dont les pitons h
répondent au-deflTous des entailles qui reçoivent
les queues des maillets; cVÛ en faifant palTcr le
crochet d fur la queue d'un maillet levé au
moyen dcTcngin jlg, ;, qu'on le tient fufpcndu
pendant qu'on re lire les matières des piles, ou
qu'on en met de nouvelles. Il eft aifé de voir
avec qncl avantage agit l'engin , car Tétrier M
rcccvoit la partie entaillée \ de la queue du
maillet, (/^. *^ jO pendant que la partie N
d« l'engin s'applique fous la frette H ; & fiiôc qu'on
fait effort fur Textrémité O de l'engin , on doit
lever le maillet avec la plus grande facilite.
^ /$* 7 préfente une coupe de la pile fuî-
irant la plus grande dimenfion : on y voit d'abord
b platine AB, DE , DE, font deux couliffes, au
moyen dcfquelles on abaifTe & on élève le kds
ou porte-tcllette , /^. 8. On en voit le phn en 7»
au bas de la planche IL C % 7, offre les deux
oin'crtures carrées par oii Teau s'écoule après
avoir traverfe le kas, La fimrc S repréft^nte le
kas ; c^cft une planche dont la longueur eft égale
i la profondeur de la pile, & dont la largeur»
y compris les deux languettes , cft égale à la
diftance que laiflent entre-cUcs les couliffes D E
de la fg, 7 , en forte que le kas puiffe y coitier
k frottement. Le kas eft percé de deux trous A
& B, qui doivent répondre vis- à vis des ouver-
tures carrées C de U fgun 7,&dans lefquels on
m réfcrvé des croifilîons pour porter la toile de
crin ou t€Uetu , à travers laquelle Teau s*éc0ule :
CCS croifilîons font à découvert en A, & couverts
par la tdhttt en B,
La figure 9 offre une coupe tranfverfale de la
ptle,DE eft une des couliiTts; m » une ouverture
carrée , par où Teau s'écoule après avoir traverfe
le kas; cette ouverture cft inclinée pour favorifcr
la (ortie de Teau.
Arti fr Métltn , Tomt K Partie IL
PAR
489
Les maillets font dirigés dans leur m^juvement
d'élévation 6c de chute, par des pièces de bois
debout, la, 15, 14, i^f, 16, planche II, &
?;u'on voit en élévation dans le haut de la planche
V, On les Jppelle guides ou grippes de devant ;
ces pièces de bois font affemblèes fur la ftce d-
ïa pile du côté de Tarbre; les entailles de c«. >
grippes ont trois pouces de largeur ^ afin que les
queues des maillets qui ont cette êpalffeur en
cetendroit»puiffentyjouerlibrement;parcemoytn
les queues des maillets fc trouvent dirigées dcffus
les lèves de Tarbre.
L'eau oui vienf du courfier F D, planches ITI
& IV , eiL dirigée dans les piles par le canal de
bois I , a, 3, 4, 5, qui communique par les
dalons inclinés 34, 34, aux fontaines ou ba-
chaft'ons 4* 4. lefquelles verfent l'eau par un trou
perce obliquement dans Tépaifteur de la pile; ces
fontaines ne font autre chofe qu'un creux d'un
demi- pouce de profondeur, â^ns le milieu duquel
on a creufé une autre cavité de même profon-
deur; c'eft du fond de cette dernière cavité &
d'un de fes angles, que part le conduit qui fert
à Tîntroduâ on de Teau dans la pile. Le bord
de b cavité fupéricure eft entaillé du ct^tè de
Tarbre, pour lailTer écouler l'eau fuperfîue hors
de la fontaine , qui ne doit fe remplir que )ufqu'au
niveau de la retraite qui fert à diiiingucr les
deux cavités.
Nous devons faire obferver ici trois fortes de
maillets, qui diftèrcnt par leur forme comme par
leur ufage dans trois ordres de piles : les
piles àdrûpdtr ou à cfdocher, les pila fior^m ou
â raffiner , C5c les piles d: touvrur , ou aflcuranus.
Les maillets qui fervent à effilocher , font
fortifiés par des trettes, & garnis de clous de
fer qui ont cinq pouces de longueur fur environ
ftx lij;nes de bafe, pointus & tranchans, parce
qu'ils font deftinés à hacher les chiffons pour dé-
truire le tiffu de la toile : le nombre de ces
cloas va quelquefois jLifiîu'à quarante.
Les maillets qui garnîffent les piles à rafRner ,
ont des clous à tcte plate dans certaines fabriques ;
dans d'autres, comme en Angoumois, les clous
de ces maillets font beaucoup plus petits & plus
nombreux que ceux des maiiletsà cralocher. Les
tètes des maillets font égales pour la longueur,
feulement elles différent dans quelques inoulhis
ouant à Tépaiffeur; le plus épais, qu'on nomme
le fort ^ a cinq ou fix lignes de plus que le foible;
ce fort cft placé du côté 011 la pile reçoit Teau
des fontaines ; c*eft le fort qui fe lève le premier,
& qui , après avoir haché le chiffon » le renvoie
au maillet du miiitu\ ce dernier non feulement
hache la matière auffi bien que les deux ;iutrcs ^
mais outre cela il la comprime contre le k;ï5, &
force ainft Teau fale à paffer à travers la toile de
crin qui garnit cette ouverture.
Les cames qui répondent aux maillets forts, font
plus longues que celles qui lèvent les maillets du
Q qî
P A P
milieu & ks foibles; c'eft plutôt cette inégalité
dans rélcvatlon des têtes des mailkts , que celle
de leurs di m en fions , qui mèrne n a pas lieu
dans le plus grand nombre des fabriques , qui con-
tribue à faire circuler le chifFon ou Vouvr:ige dans
les piies^ 6c procure une bonne rr'uuration & un
bvage bien égal des matières. Maintenant que
foutes les parties du moulin à maillets nous
font connues , il importe de faire envifager d'un
coup-d*œil général l utilité de ce moulin^
L'eau étant lâchée fur la roue, les lèves
diflribuécs fur Tarbre qui tourne , rencontrent les
extrcmiiés des queues des uuîllers» & les élèvent
juf^u'à ce que venant à échapper, elles lainent
reioaibcr les maillets fur le chiffon qui eft dans
la pile. Le chiffon, trituré pendant plufieurs lieures ,
s y blanchit en même-temps qu il fe divife » &
Tcau qui le lave Se en facilite \^ mouvement,
renouvelée continuellement par le trou des fon-
taines , fort , en travcrfant le kas, chargée de toutes
les matières graiTcs qu'elle peut entraîner.
Le chiffon paflTe fucce(Evemcnt par trois fortes de
piles avant que d'être employa à faire du papier;
a abord on le met dans les piles à effilocher ou
àdrapeler : c'cft là que !e tifiu de la toile fc dé-
truit , atnfi que le û\ , & que la fubJlance du
chanvre & du Un fe réduit en un amas de
petiîs filets fibreux, qui ont encore une certaine
longueur. Pendant cette opération, la matière qui
efl abondamment abreuvée , fe blanchit beaucoup
lot fqu elle en cil fufceptihle.
Il ne nous rcfte plus qu^à faire voir Tart avec
lequel il convient de dillfibuer les lèves fur la
circonférence de Tarbre, enforte que la roue foit
chargée également, & le moins qu*il eft poflîblj
dans tous les momwis de fa révolution ; pour cela
il faut que tes maillets foient foulevés les uns
après les autres i par exempte, fi l'arbre eft def-
tinè à un moulin à quatre piles , comme cft celui
dont nous faifons la defcription ( quoiqu'on n*ait
place que trois piles dans les figures ), & que chaque
pile ait quatre maillets, ce qui en fait feize en
tout ; fi de plus chaque maillet doit battre deux
fois à chaque révolution de la roue , voici com-
ment on rèfout ce problème : Après avoir tracé
les cercles qui répondent vis-à-vis les maillets ,
oa divife la circonférence d*on de ces cercles en
feize parties égales » & Ton tire par les points
de divifion des lignes parallèles à b longueur de
l'arbre; les interférions de ces lignes & des cercles
qui réponient aux maillets , feront les points oii
l'on placera les lèves. Quelque (yJléme qu'on
embraffe pour la difiribution êçs lèves fur la
circonférence deTarbre, relativement aux maiileTS
d^s ditf^reiues piles, il eft bien important que les
miilîets d'une pile fe lèvent fucceÔlvement dans
rord|t: qui convient le mieux aux mou ve mens
naîTorbies de la matière dans cette pile ; par
exemple ,lorfque le premier maillet , pris d'un côté
4e U pile , fe lève , la matière s'éboule dans le
p A F
vîde qu'occafionne fa levée i fi le fécond Ce ler^
lorfquM retombe , & qu'il pouffe la matière dai^
le nouveau vide , je conçois alors que la mi^
tière aura traverfèune grande partie de la pile (%^
fa plus grande dimcnfion. Le troifième maillet f^
levant pour lors quand le fécond retombe , c^0
encore un vide qui fe préfente,' ôc une nouvel^
place à occuper par la matière qui reçoit rimpii|. |
fion du maillet qui retombe ; le quatrième matifer
fe lève , alors ce fera un nouveau ir.uîfport,
jufqu'à ce que , par la chute du dernier maillât,
elle refle contre le bord de la pile qui lempécheik
pafler outre : c'eft la même choft lorfqu'il y a
cinq maillets , alors la matière , accumulée imù
entre le dernier maillet & le bord de la pile, prend
la route oblique par derrière les maillets, sucndii
que Teau qui tombe dans la partie antérieure de
la pile , la détermine à prendre cette foute.
Il y a encore une circonftance qui conmbw
à faire circuler la matière dans les piles, & qui
dépend de h difpofition des points de la pile par
où Teau coule , & tombe fur la matière pour
la délayer à mefure qu'elle fe préfente ; en coofé-
quence du mouvement dont nous venons d'indi-
quer les effets , il eft vifible que la matière dé-
trempée abondamment, s'iluàifle & fe répand fi-
ci le ment dans les vides qu elîe trouve , ce qui
f tcilite la marche de la partie du chifEon qui elt
plus sèche , laquelle s'éboule vers la première qta
cède aifémenr.
La circulation qui dépend du mouvement foc*
ceffif des maillets , fournit continuellement une
matière fèche & plus denfe, parce quen paffjflt
entre les maillets Se le kas ^ elle eft compri-
mée & féchée à un certain point» En cet eut
elle rentre dans le torrent de la part e anté-
rieure de la pile qui lui fait place « à mefure a»e
Tcau la délaie. Le progrès de ces deux effim
produit donc la circulation de fouvrage dans lu
piles.
Ainfi dans les plies i effilocher , ou î1 y a dcin
conduites d'eau , c'eft toujours du cc^té où Teau
eft plus abondante, que ta furfacc de la pâî«
baiiTe davantage , & c eft vers ce point que ii
matière , plus élevée dans les parties oppoféa , )^
une tendance continuelle , en s'éboulant a itt-
fure qu'elle fe détrempe. C'cA donc à Tcau & i
la manière dont elle eft dillrihuéc dans les pilcf ,
que la matière doit principalement fa marcne fit
la circulation ; ce qui prouve encore mieux cet
tffet de l'eau, c'eft la pratique cor^ft^ntc des
gouverneurs de moulins qui biiuchsnt tntîèrenicct
une des deux fontanelles , loriqu'ils veulent re-
tirer la matière des piles à efRlocher. Ils eut
pour but d'accélérer la circulation ,. en étaMiflifît
un feul courant d'eau qui a plus d'aâivhé qttè
deux.
J'ajoute ici que c'ell dans les marnes viits
qu'on ne met que trois maillets aux plies nfi*
ncufes, & qu'une feule conduire d'csui» parce
I
F A P
que U pât€ a plus befoin de circuler pcmr être
bstlue & attéiitiçe» que d'être iavéj. Auffi fa
iarface eft t<^iijours trèsbaffe du côté oii Teau
tombe , Ôt ifès-élevèe dans la partie oppofée
ou il n'y tombe pas d'eau ; de manière qu*eUe
déborde fouvcnt lorfque le gouverneur n'y
donne pas fes foins , & qu'il n aide pas le mou-
Tcmem 8c réboulement de fa pâte fèche vers
ït vide de la panie détrempée.
Diaprés ces détails ^ îl crf évident que ce n'efl
pas au roaillet appelé le fort ^ qu'eft due, comme
on Ta dit 4 la circulaiion de la pâte d^^ns les pîks ,
& ffue s'il produit quelque effet , U doit être peu
fenuble : d'ailleurs » îl y a beaucoup de moulins
oii Ton ne trouve pas de ces maillets à plus fortes
dimenûons que les autres , & ou l'on ne s aper-
çoit pas que la circulation ait moins d'aûivicè ,
ic que la trituration foit plus lente.
Gouvernement du moulin*
CTcft le gouvcrtîcur du moulin qui eft chargé
de la partie importante du travail de îa trituration
lies pâtes par les maillets ; c'eft lui qui d*abord
fournit de chiiTarf les piles à effilocher , & de
piteles piles à raffiner , 6c qui fuit toutes les opé-
taiions de ces machines jufqu'à parfaite trituration*
Ces fondions exigent de loi qu'il rince pîufieurs
fois les piles , les maillets & les couloirs ^ ces
rinçages fréquens fe font avec une baffine de
cuivre , que le gouverneur jrcmpîit d'eau épurée;
il s'occupe à faire retomber didi> les piles les par-
ties de rouvrage,qui rejaillit quelquefois fur les
maillets & fur les bords des piles. Il arrive auffi
quelquefois que les piles font trop pleines , &
que la matière déborde ; il a foin pour lors qu'elle
ne féjourne pas fur les bords des piles , fi elle
peut entrer dans la circulation. Il eri obligé d'al-
ler fouvent avec la main le mouvement des ma-
fières » lorfque , foit par le défaut d'eau , fait par
la lenteur du moulin » elles ne circulent pas con-
venablement*
Les gouverneurs connoiffent par eipériencc la
quantité de chiffon dont il faut charger les piles
à effilocher ; ili ont foin qu'elles le ktient toutes
bien égalcr^ent » afin que la trituraiion marche
d*un pas égal dans les unes comme dans les au-
ires» Us obfervem de ne mettre la quantité de
chiffon deflinée pour la tâche d'une pile , ou'à
plufieurs repfifes ; ainfi la première panie du cnif-
ton eft prefque battue en deffile lorfquon y
ijOute la féconde : car fi l'on mettoit tout le
chiâan en même temps, les pUes feroient bien-
tôt engorgées par les bandes de chiffon qui ar-
rèteroient le ]eu des maillets.
Les chiffons reftent dans les piles à effilocher^
|afqu*à ce qu'ils n'aient plus contervé aucun veffige
du tiffu de la toile , ce qui dur^ fit , huit 6c
même douze heures » fuivant la force des mail-
lets Sl la dureté du chiffon.
Dam £Cê plies , il faut triturer à pande eau ,
P A P
parce qu^il Importe de bien laver la matière »* t
parce qu*on ne craint pas que cette matière , i
qui eft encore peu divifêe > puiffe échapper par'
les teliettes ; d'ailleurs > fi l'ouvrage qui cîîculel
dans les piles manquoit d'un véhicule d*eau fuffi- /
fant , la pâte fe pelotonneroit & crèveroit les]
tellettes de crin. Ces tellettes , d'ailleurs» fon|.*]
fujettes à s'empâter , par la graiffe de Touvrage J
en moins de dix â douze jours , ce qui empêche
récoulement de l'eau falc. C*eft fur quoi le gou*
verneur doit veiller , pour prévenir les accident j
dont nous venons de parler.
Lorfque les chiffons ont été fuffifamm^nt bac*
tus en deffile dans les premières piles , le gou-.
verneur tranfporrc la matière, ou dans des caif».
(es de dépôt , ou tout de fuite dans les piles k\
raffiner: c*eil ce que l'on appelle remonurlc mou- <
lin. Les matières font raffinées dins ces dcrniéref J
piles en douze, dix-huit ou vingt quatre heures,
fuivant l'activité dw*s machines & l'état des pâtes« j
On donne moins d'eau à la matière dans les piles à]
raffiner , parce qu'il faut battre ferré pour obtC'- 1
nîr une pâte atténuée convenablement. On fentj
effeâtvement que fi la pâte nageoil dans unei
grande quantité d'eau » elle êchapperoit à ractioa <
a::s maillets, Sl n'acquerroit aucune nouvelle di* J
vilîon, La telîette dait être plus fine , afin d« j
biffer moins échapper de la lubfïance djs pâ(tfs\
la plus tenue; ce qui nuiroit beaucoup à rétoffe]
du papier, qui n'auroit plus m douceur . ni velouté, j
Pour s'affurer fi la pâte eft triturée au degré |
qui convient , on en forme une pelote » ⣠evi j
la rompant par le milieu , on juge du degré dç j
ténuité qu'elle a acquifc par la longueur des fi-1
lamens qi-i fe monirent fur les caftSres, J
On reconnok auffi Fégalité de la trituration ^1
en délayant un peu de pâte dans une certaine quan-l
tiié d'eau. Si les petits filamens fibreux qui na-J
gent dans l'eau font également divifés , & qu'oiy
ne remarque pas parmi eux des pitons blanchi»
tref , alors la trituration eft achevée.
Avant que de retirer h mauère des piles
raffiner, on diminue infcnfiblement Teau d.-s fon-
taines. La madère s'ègoutte pendant environ un^i
heure qu'elle eft foumlfe aux mouvemens dei'
maillets , en perdant infenfiblcment Teau dont
elle eft pénétrée. On la met enfuîte dans le*
caiffes de dépôt, en attendant qu^on en faflî|
ufage pour la fabrication du papier , après avok
paffé par la tr«iftème forte de pile que noui
avons distinguée , & qu'on nomme ajffitur^niel
Nous parkrors de ce travail lorsque nous au*!
rons décrit le moulin à cylindre , ainfi c)iie fes
opérations*
Mouiîn à cylindres»
L^inventîon des cylindres n'eft ps ancienne;
il paroît que ces machines ont été trouvées &
porfeâîonné^ ca Hollande : c'ell du moins de-îk
Qqq %
942
P A P
«ïue nous les avons tirées pour les établir à Mon-
targts avec des changemens & des différences
Sue les habiles fabricans n ont point pris pour '
es améliorations : nous donnerons cependant
ici les plans & les élévations des rouages & des
cylindres qui font dans cette fabrique , ne fut-ce
que pour faire voir en quoi ils (ont inférieurs aux
machines Hollandoifes.
La planche V offre le plan d*an moulin à
cylindres: on y voit en AD, la grande roue à au-
bes , les rouets qu'elle fait mouvoir , avec les
fix piles à cylindres ; cette grande roue à aubes e(l
formée de deux anneaux ou cours de courbes de
cinq pouces fur fept de groffeur. On en voit Tété-
vation planche VII : elleeA placée dans fon courfier
planche Vî « où leau entre du côté de C ^ elle a
dix* huit pieds de diamètre ; l'arbre ou axe BC
de cette roue a dix-h^iit pieds de longueur ,
fur vingt- fept pouces de groHeur , non compris
les renforts dans lefquels s'affemblent les bras
des rouets verticaux R r ^ de huit pieds de dia-
mètre f ils font chacun garnis de quarante-neuf
alluchons ; les courbes dont ils font compofés
ont neuf à dix pouces de g rode un Les alluchons
de ces rouets engrennent dans les fufeaux des
lanternes SS , de cinq pieds & demi de diamè-
tre , chacune garnie de trente-deux fufeaux.
Ces lanternes > y compris les tourtes qui les for-
ment , ont vingt huit pouces d'épi^iifeur. Les
arbres verticaux Y Z , Yi , planche VI , qui les
portent , ont chacun huit pieds de longueur , fur
deux pieds dX-quarriflagc ; ils portent aufli cha-
cun un rouet horifonti! de ùïx pieds de dia-
, mètre, dont les ailuihons» au nombre de foixante-
douze » engrennent dans les lanternes de fer à
fept fufeaux chacune , qui font fixées à Textré-
mitc de Taxe de trois ties cylincres 1,K, M ,
ou M, F» P. Les courbes de ces rouets alTem*
bîées les unes aux autres , ont huit à neuf pou-
ces de grofleur. Les arbres verticaux & les rouets
horifontaux T î , font maintenus dkus la fuuA-
tion convenable , par une cage ou beffroi de
charpente Ion folide ; on voit dans la planche VI ^
les qu;îtrc poteaux qui foiîtienncnt le plAncher
du beffroi , les moiies qui embraffem en Y Je
tourillon fupcrieur de Tarbre vertical. Au-
tour de chaque beffroi font rangées trois piles à
cylindres , qui ont chacune onze pieds de longueur
de dehors en dehors , fit fix pieds de largeur auffi
de dehors en* dehors ; elles font pofées fur un
maffif de maçonnerie ou fort grillage de charpente :
elles font arrondies intérieurement par diverfes
mifes de bois , comme on le voit y/^. 8 , plan-
che VIII , qui renferme le Jévelop^iement d une
pile t cl'^s fom auffi partagées en deux parties
égales , par une cloifon longitudinale a , 3 , de
cinq pieds quatre pouces de longueur, fur deux
pouces- d'épaiffeur , & vingt à vingt-ùeux pouces
de profondeur. On garnit ordinairement Tinté-
rieur des piles à cyUndre » U cloifoo » les plans
P A P
inclinés, avec des lames ou de cuivre rouge» ots
de laiton , ou de plomb , foudées les unes au
autres & douces fur le bois.
Le plan incliné afcendant A , & le plan i
dmè defcendant B , dont on voit la difpofitu
marquée par des lignes ponfluécs a,N»b, p!a
chc VI, font réunis l'un à l'autre par une fu. ^-^
face N 2, concave, concentrique à U f»rfacc c^u
cylindre N : on voit au deffous de N , un efpa-^ne
quadrangulaire , qui eft remplacement de b p^s*
tine cannelée, vue en perfpedive fig^ 5 • plx n-
cbe VIII , &: en profil b x d^fig. 10 , même plm «.
che. Dans les trois piles I , N , L , planche V ,
le cylindre ell en place & à découvert; on voit
comment le rouet T engrenne dans les fufeaui
dc% lanternes de fer 4,4, fi^f^^s fur l'at bre des
mêmes cylindres ; en P & en M » font deux pi Ici
dont les cyindres font recouverts di leurs chap»>
leaux i ik enfin, en K , on voit une pile dort
le cylindre eft ôtè pour monter la platine, cnrTe
les cannelures de laquelle & celles des lames cîa
cylindre , fe fait l'effilochage & le raflinage ciu
chffon, Ceft après avoir monté par le plan incli «aé
afcendant^ , Stpaffe entre la platine & le cylindre»
que le chiffon defcend enfuite par le plan indîne ^,
doLi en circulant autour de la cloifon , il ^»^^
rendre le pied [du plan incliné a , fit paffe »^^
plyfieurs tois entre la plaiine & le cylindre, ^a
a rcpréfenté en V , une caiffe de dépôt , & en X,
le plan de la couverture d'une d^ ces caiffe « ,
dont on voit Télévation en V , planche VII : J , & t
font des foffes de dix-huit pouces environ de prcn
fondeur , dans lefqucllcs l'ouvrier defcend po»»^
put fer les matières qu*on y a mifes ^ elles répo «ai-
dent aux portes ou volets par lefqucîs on ^^^
les matières dans les caiffcs de dépôt , fic c*^»*'
là que les matières égouttent leurs eaux par d
canaux fouterrains , dont l'entrée eft fermée ^
moyen d'une grille de ni de laiton on d*un« toi^
de crin. Les tourillons des arbres des cylindr*^
roulent fur des paliers de cuivre cncaftr^^
dans le milieu de longues pièces de bots O , If ^
de on2e pieds de longueur fur cinq pouces de lai
geur , & douze d'épaiffeur ; le fervicc de chaque
pile eft fait par deux de ces leviers appliqué^
contre les longs côtes de la pile ; ces le*
viers font affemblés à charnière en O , plan-
ches V & Vin , ik foutenus à Tautrc ex^èmité
H, par un cric , au moyen duquel on peut éle*
ver ou abaiffcr à volonté Taxe du cylindre , pcwif
approcher ou éloigner fa furface de la platine
cannelée à laquelle cette furface doit toujours km
parallèle*
La viieffe de U roue A D qui tourne dam le
courfier, &: dont on voit rélévation pbrthe VI,
eft telle qu*elle fait environ douze tours par mi*
nutôi & par la çombiniifon des rouages » W cf*
ftndre fait en conféquencc environ cent foixam«*
fix tours dans le même temps. Nous verrons par
P A P
1 fuite ce qui doit rèfulter d'une telle vîtcffe
* m le cylindre.
Après avoir donné une idée générale de la
nitruâion d'un moulin à cylindre , nous allons
noer une ^cfcription détaillée d'une pile à cy-
lindre , 6c du cylindre iui-mcnie : voyez la plan-
fhc Vni. La fig. he , repréfcnte le chapltau qui
lecouvre le cylindre; il a quatre pieds trois pou-
(Ces de longueur , & deux pïc&^ huit pouces de
largeur ; fa partie fupérieure efl percée de deux
i^uvertures tranfverf-lcs 1,1^5,4, dans lefquelles
^n fait entrer les chaffis jf^, 6 & 7 i le premier
f& garni de toile de laiton , 6t entre dans Tou-
eerture 1 1 4; le fécond entre dans Touverture i ,
, fie cft garni d'une toile de crin » foutenuc par
buatre à cinq pontufeaux ou traverfes de bois :
p fcTt à retenir les petites parties de chiffon
|ue le premier à laiiTè pafer , & à empêcher
pi'etlcs ne fe perdent par la gouttière dudalot /^y. a;
Bc dalot fe place en travers de la pile pUnch. V,
extrémité fur la cloifon 1,3» entre z C, au deifus
le s , euforte que ia longueur foit parallèle à
*axe du cylindre ; la panie ^ entre dans len-
liliec du chapiteau »& TextrémitèA entre dans
Couverture k du dalot ou entonnoir K l ^fig.^ ,
^r lequel Teau qui cA lancée à travers les chaf-
15 à^chaque révolution ducylindre^dans lecanal F^^
Tècoule & fe perd par des rigoles foutcrraines.
La Jt^ure 4 repréfentc le cyiindre vu en perf-
câîve , à laquelle il faut ajouter les figures 9
I 10 rit a deux pieds de diamètre, a pieds ttois
touces de longueur , y compris les rondelles de
ir qui terminent fes bafes » qui ont huit li-
pes d cpaiffeur , Sc font percées au centre de la
raifce , d^un trou carré de quatre pouces » pour
feceTOÎr Taxe du cylindre^qui Tefl aulll de la lan*
Broe de fer A. Cette lanterne a fetze pouces de
iamètre , fur huit d'épaiiTcur , & eft garnie
te fcpt fbfeaux aufli de fer j les tourtes de
iettc lanterne font de ier , & ont un pouce d*épatf-
eur. Les fufe^ux y font finies par des écrous qui
otvcnt Textrémité des fa féaux taraudés : il en
de même des lames qui garniflem la fuper-
du cylindre.
s lames, au nombre de viiîgt (ept, font en-
liées de la moitié de leur é^aifleur dans le
aLca» de bois qui forme le corp3 du cylindre^
p^rAllékment à fon pxf^ Leur épaiiTeur cil
Ile quM leAe autant de vide que de pleifi. Les
jrcs lies IjunesdaiveAt être arrondies
-ji deux parties, par une gravure longî*
nak» comme on le voit au prohl eu a^ «1, d»/^. i a.
*axt. A li du cylindre » fig^ 4 & 9 , a. deux
lanics parf^iitcment arr^ndits eu A À en B ^
1 font loAce de tourillon^. Ces tourillons font
us dans Içs coufiinets A âc B j /^- 8 , fines fur
mUcu des leviers 0,A» H,&0,B,H;
WA par le moyen de ces leviers & àtç ^ks
n en foutiennent rextrcmité,quon peut à vo-
Kfi éleyer ou abailler Y^^ du cylindre pour
cie
Ces
Itu
495
dlfpofer fa furfacc parallèlement à la platine can-
nelée , & à telle proximité que Ton veut de cette
platine , au fujet de laquelle il faut remar-
quer que les cannelures x ^ d ^ font tournées en
fens oppofé à celles x^ b: aufli ne fcrvent-elles
pas toutes à* la -fois ; ce feront feulement les can-
nelures x^d^ fi on fait eitrer la platine jî^, 5
dans remplacement J, /g. 8 , favoit^, la partie e
la première, & ce fera entre les lames du cylin-
dre & les cannelures de la plainte x ^ d ^ que le
chiffon fera trituré ; mais fi X'on fait entrer Tex-
trémité d de la platine la première dans le même
emplacement, ce fera entre les lames du cylin-
dre & les autres cannelures x , ^ » que s^opérera
la trituration. Ces platines ont fept pouces de lar-
geur , deux pouces d'épaiiïeur , & deux pieds
quatre pouces de longueur : on y compte de
chaque côté, k d ^ xb^ huit ou dix cannelures.
Chaque levier efl encore retenu près de la pile
par des bandes de fer M N «St m n , entre les-
quelles il peut fe mouvoir de bas en haut & de
haut en bas , fuivant le mouvement du cric H »
qui foutient une de fes extrémités* Oa infère ,
outre cela , quelques coins N , que l'on arrête
avec un clou pour fixer les leviers & le cylin-
dre à une hauteur c^^nvenable au-delTus des pla-
tines. Enfin , chaque pile a une vanne qu on
lève pour laifier ccouier Teau & la pâte qu*elle
contient dans les cai^rs de dépôt , par des dalots
ou rigoles de bois d'une longueur convenable.
Travail d^une pilt à cylindnt
Concevons maintenant que la platine fig* $ ,
foit placée dans la pile/^. 8» & que le cylin-
dre de \^ fip 4 foit auûl placé au-delfus » en forte
que fes tourillons repofent fur les paliers ou couf-
fintts des leviers : que le dalot fig, 1 , & le
chapiteau foient mis dans leur place âc dif^iofés
comme nous Ta vous dit ci-defius ; fi l'on charge
la pile de chtffon éf d'une quantité d'c an conve-
nable , que de plus Km robinet tel qu'on ptut le
voir dans la planche VI , y vcrfe continuellement
de Teau du réfervoir par un des angles ; fi Ton
met les rouages en mouvement » le cylit:dre tour-
nant fur fon axe dans Tordre des lettres ♦« N , 2 j ^
plan die VI , entraînera Teau & les chilTans par
le plan le moins incliné ^^ & les faifant palfer
entrejes lames & les cannelures de la platine,
les fouîêvcra vers î, d'oij tts feront l.;ncés con-
tre la voûte du chapiteau ^contre les chaflis , 6c
enfin une partie retombera dans la pile par le
plsm le plus incliné h , pour rentrer dans la cir-
culation qui fe faït autour de la clotfon j , C !♦
La caufe de cette circulation eîl viftblemcnt le
vide continuel produit par le mouvement du cy-
lindre , d'un coté , & le rètabUffismem de Teau &
de ^\z matière ,,de Tautre.
Comme tous les chiffons ne font pat )etésvers
la partie B d du chapiteau qui répond au plan
494
P A P
incbaè 5 , planche VI, & à'ou ils pettvent re-
tomber dans la pile, qu'une panîe même ell jetée
plus loin, et cnrrainée par le cylindre ,c'eft pour
les arrêter que i*on met dans Fouverture 3 4
du. chapiteau le chaffis Ji§, 6 , qui donne ifTue
à leatt, 8c qui retient les chinons , & que Ton
en a ajouté un fécond, qui retient les petites par-
ties que le premier à laide échapper , 8c laifle
pader Teau dans le dalot. Cefl pour fupplêer à
Teau qui fe perd continuellement , & qui eft
chargée des raletès du chiffon , que Ton en intro-
duit continuellement dans la pile une quantité
k peu- prés égale à celle qui fort par le moyen
d'un robinet. Ce renouvellement d'une eau pure,
cUire, & iubftituée à une eau fale & bourbeufe »
opère le bbnchiiTige du chiffon , qui feroit fer-
rement lavé par le fimple mouvement de rota-
tion du cylindre , indépendamment de la tritura*
t. on ; à plus forte ratfon quand la divifion du
chîffan le trouve réunie avec le fort lavage du
cylindre. Lorfqu'on veut laver feulement « on
fjulève le cylindre , de manière que le chiâfon
puiHe pafTer librement entre fes lames & la pla-
tine j on laifle toujours une iffue continuelle
à Teau falie , & il fufHt d'abaider le cylindre,
pour rétablir la trituration & la réunir au lavage.
La conduite du travail des cylindres , imt
lorfqu'il s'agit de fournir, les piles de chiffon ,
foit lorfqu il convient d'augmenter ou de dimi-
nuer la quantité d'eau fuivant les progrés de la
trituration, foit entin lorfi^u'il faut vider les piles
de la pâte^ toutes ces différentes opérations ont
kcfoin d'être dirigées & furveillécs par un ou-
vrier adif & intelligent. Pour couflruire les cy-
lindres , on monte lies rouleaux dd bois fur leur
arbre , qu'on a tourné au tour avec la plus
grande attention » enfuite on place horifontalement
çc rouleau ou arbre cintré Sl bien arrondi , fur
deux points d*appui fur kfquels il peut tourner ;
^ après qu'on a tracé Si évidé les entailles qui
doivent recevoir les lames , on préfente ces lames
contre une règle bien droite 8: fixée fur les deux tré-
f ej^ux qui tien ne nt le rouleau. On fait paffer cha*
cunc des lames du cylindre contre la régie ; &
%i[ y en a quelques-unes qui ne foient pas pa«
rallèles à la règle, on les lime & on les égalife
fur toute leur longueur. Comme les lames qui
^arniflfent le rouleau ont une ou deux cannelures
lur leur longueur , on a foin de les vider au
burin avant que de les monter.
On a cherché à conftruire trés-folidemcnt les
cyhndres de Montargls, parce qu'on vouloit leur
donner une grande vîteile, & qu'on comptoitfur
un travail proportionné à cette vîtcflTe : c'eft pour
cela auiti qu'on en a diminué le poids; cependant,
avec ces prétendus avantages » on n'en a pas re*
tiré autant d'utilité qu'on refpéroit. Les cylindres,
mus avec ime vîtcffe prodigieufe, n'en ont pai
mieux trituré le chifon non pourri , & n'en ont
pas donné des pâtes plus è^les & nûeux raffi-
p A p
nées- Les habiles conflrufleurs de mofl^ïn* f^vem
que les cylindres doivent avoir une vitciTe pro-
portionnée au temps que la réfiftance du chiUon
exige pour être coupé , parce qu'en tout cas il faut
que la force qui attaque, donne à la matière le tcmpi
de céder. Nous verrons que les Hollandois, nos
maîtres dans cette partie , ont donné moitié moini
de viteffe à leurs cylindres. Effe^ivemcnt les Hol-
landois ont fuivi un fyftéme , totalement diffèrent;
premièrement, ils nont point pcnfé à dw
le poids de leurs cylindres. Un cylindre hoUi
avec fes lames Si toute fon armure de fer, peic
environ trois milliers , ce qui n'eft pas , à beaucoup
près, un inconvénient, parce que fouvent oni
befoin de ce poids pour couper le chiffon , & fur*
tout celui qui n'a pas été pourri ; 6c comme
d'ailleurs il eft mieux de le couper de minieît
k ménager fa rèiîftance , on a cru qu'il convcnoit
en méme-tempJde donner aux cylindres unevî*
teffe moyenne. Par le détail de la conftruâioa
ûc% roues & des lanternes qui fervent à fm
mouvoir les cylindres à Saardam , 8c par la coin*
binaifon du nombre de leurs fufeaux & de kun
alluchons, tels qu*ils font décrits d^r\% Sken^k^n
peut juger de la vtteffe des cylindres hoUando*!,
comparativement avec celle des cylindres de Mot-
targïs.
En calculant d'après les données renfertni»
dans Touvrage de Skenck , & en fuppofant que
les ailes des moulins à vent de Saardam faflcftt
dix tours par minute, les cylindres feront foiicamo*
dix huit touîS dans le mèmc-temps.
Or , cette vîteiTe diffère beaucoup de celle qu'oi
a dontéc aux cylindres de Montargis, qui pCtt*
vent faire cent trente*huît & même cent foixantc*
fix tours par minute, en fuppofant que Ugnnic
roue faffe anze ou douze tours dans le iniiB^
temps , ce qui efï fa viteffe ordinaire.
Outre cela , dans les moulins hollandoîs où Toir
fait ufage des cylindres dont je viens de parier ,
le travail de la trituration du chiffon z hi iy
vifé en deux opérations diftinÔes , celle de Tel*
Piochage & celle du raffinage ; & les cyUûdro
qui exécutent ces opérations , font coN&rittls 6b
des principes différens-
Ainfi les cylindres cffilocheurs font tftnét it
lames de fer qui n'ont à leur face extérîewe
qu'une cannelure ; & d'ailleurs les intcrraïlet
encre les lames font plus larges que ceux qui k
trouvent entre les lames des cylindres riIRoears.
Le* lames dont on garnit les cylindres raffineiirit
font beaucoup plusépaiffcs que les lames des cy
lîndres effilocheurs , & les intervalles aièoa^
entre ces lames, font égaux à leur épaiffcur ; eolu),
les lames font d'un métal compolé de cuivre At
d'étaia , & un peu plus dur que celui d*itfl (em*
blable mélange dent (ont compofèes les pt^mcs.
On fent aifément les raifons de cette difiÎÉene
conftruâion des cylindres; les lames de fer éom
cA garai le cylindre câilodhcur » ^ni plus di IbfCi
C>iir couper le chiffon que le métal; d'ailleurs,
s intervalles entre ces lames étant deftinès à re-
cevoir une partie des chiffons qui paffcnt entre
]ks bmes èi les cannelures de la platine , on fent
«li^mem combien leur largeur facilite le travail du
^effilé , en prévenant les obftruâions qui pour-
toient occafionner les chiffons , s'ils ne trouvoient
jias ces réduits pour s'y loger en partie. Dans les
jcylindres rafiîreurs» Il n'eft pas nlceffaiTe que ces
Intervalles foicm aulfi larges , parce que la matière
^dont on charge les piles à rafGncr étant déjà
réduite en panies fibreufes fort minces, fe dif-
^tiibucplas facilement entre les lames de ces cylin*
[^rcs oc la platine.
> Les lames des cylindres ralRneurs font plus
larges , parce qu elles ont deux rainures , & par
^confequent deux arêtes & un talon , afin de pré-
ïerrer un plus grand nombre de parties coupantes
i la matière , pour la réduire au degré de ténuité
convenable.
« On met plus de matière dans la pile du cylindre
fat&ncur, qu*on ne mtt de chiffon dans celle
4u cyUndre efTilocheur, parce qu'en général le
riréhicule d*eau dans lequel nage la pâte deftinéc
I être ratBnée , cft peu abondant , fans cela elle
ne pourroic pas être fuififamment triturée. D*arl*
leurs i comme cette matière a atteint pour lors à
eu prés le ton de blancheur dont el'e cft fuf-
eptible, Iorfqu*on la fait paffer dans la pile du
Un'Jre raffineur , 6^ quelle n'a pas befotn de s'y
ver davantage, il fumt d*y ajouter la quantité
l'eau qui eff néccffaîre pour la faire circuler dans
pile , &L la faire paffer entre les lames du cy-
érc & la platine.
Nous nVntrerons pas dans un plus grand détail
itr La comparai (on des cylindres de Montargîs &
es c^^Undres hollandois, fur le fyftéme des rouaees
tti font mouvoir les un$ & les autres ^ enfin fur
principes de la trituration des pâtes avec les
hincs & les autres machines. Ces difcuffions fup-
Roferoient des defcriptions êc des dévetoppemcns
c conAruftion quon ne peut faire entendre que
iiar des figures. Je me propofe d'ciécuter ce
travail dans un ouvrage paiitcuUer , qui ne tardera
pas a paroitre.
' Cffntparalfitn du travail des tyllndret ^ des
mailltts,
La rravaU des cylindres eff beaucoup plus ei*
•èdirif que celui des maillets. Deux cylindres ,
run eilîlecheur & l'autre rafSneur , mus par Teau,
peuvent alimenter trois cuves oij Ton fabrique
Lde moyennes & de petites fortes , au lieu qu'il
ffiut plus de qu a tie vingts maillets pour fournir la
.ffkéme quantité d'ouvrage.
Deux cylindres n'occupent qu'un très-petit ef-
ac^ , au lieu que les quatre-vingts maillets [exi-
gent de gcands oatimens ; il en réiulte aulTt q^u'on
495
ne peut pas furveiller le travail des maillets comme
celui de deux cylindres.
Les maillets , du moins ceux qui font en ufage
en France « ne {leuvenc triturer des chiffons non
pourris y & en former des pâtes bien conditionnées;
au lieu que des cylindres condruits fuivant la
méthode des hollandois «donnent des pâtes égales »
homogènes & fans graiffe avec ces chiffons.
Par le moyen des cylindres , on lave autant
qu'il faut la matière, vu la forlcirculation qu'elle
éprouve dans les piles à efBlocher, âc la grande
quantité d'eau qui contribue à cette circulation ^
fit qui fe renouvelle continuellement. Ce lavage
s'exécute auffl fans qu'il fe faffe une certaine perte
de miitiére * s'il eft bien dirigé ; au lieu que la
lenteur de la circulation de la pâte dans les piles
où jouent les maillets , oblige à triturer long-
temps & à grande eau , fi l on veut laver con-
venablement , ce qui occafionne des déchets cou-
fidérables , 6l même fou vent de la graiffe.
Les cylindres font bien plus aifés à gouverner
que les maillets , vu le grand nombre de ces
machines, & la multiplicité des pièces qui en dé-
pendent » & qui doivent être maintenues en état
pour opérer une bonne trituration. Les cylindres ^
au contraire ^ exécutent leur travail par des moyens
fimples , que le gouverneur peut fuivre & diriger
fans aucune fatigue dès qu'il en connuit bien la
marche.-
De rajfltttragç des pures ^
Outre les cylindres effilocheurs & raffîneurs ^
on faifoit ufage autrefois en Hollande d'une troi-
fième forte de cylindre , qu'on peut appeler cy-
lindre affleurant , Ô£ qui exécutoit une préparation
de la matière, îk un travail analogue à celui que
Ion exécute en France dans les meuUnsà mailleis
avec les piles de l'ouvrier ou affleurantes; mais
les hûllandois ont fupprimé depuis quelques
années ces nuchincs & cette préparation de b
pâte comme inutiles , lorfqu'clle a été foigneufe-
ment raffinée. Nous nen parlerons donc pas ici
comme d'une mathine en ufage dans les moulins
de Hollande , mais comme dune machine qui
pourroit être avantageufçraent introduite dans le
plus grand nombre de nos fabriques ,& fabdiruée
très-utilement à nos piles affleurantes, qui (bot
d'un fi mauvais fer vice.
Les cyîindrts afflcurans font totalement de
bo*s; ils ont deux pieds de diamètre : on les fait
tourner dans des piles de huit pieds & demi de
longueur, fur quatre pieds & demi de largeurr , àc
un pied 8c demi de profondeur; ils font recou-
verts par un chapiteau d'une forme affcz femblable
à celui des cylindres dont nous avons parlé * on
a pratiqué à la circonférence de ce cylindre, plu-
fleurs ailes ou cavités dans lefquelles la pâte peut
s'engager aifément ; & au moyen d'une vircffc
de quarante- neuf tours par minute qu'on lui«
donne ^ cette pâte fi; trouve jetée i pluîicurs r^
49<
P A P
prifes contre la voûrc du chapiteau, tourne au-
tour de la cloifan , & reçoit .linfi un affleurage
conv^enable , qui radoucit , la bat & îa délaie
• uniformément dans un vchkute convenable au
travail de la cuve.
(l fcroit poffibk d*adapTcr ces forres de cj'lin-
dres au mouvement des arbres qui font jouer les
maillet* dans les moulins ordinaires ; il faudroit
. irés-peu de force pour faire tourner ces efpéces de
mounoirs , 8c beaucoup moins que pour faire jouer
les maillets dans nos piles affleurantes.
Il me paroit que ces machines , appropriées à
notre ufage , feroient d'un tout autre fervice que
les piles affleurantes , 6c qu*en beaucoup motns
de temps, UQ feul de ces cylindres pourroit affleu-
rer Touvrage de deux cuves , même lorfqu on y
fabrlqueroit de grandes fortes , dont la pâte ell
ordinairement fi mal affleurée. On fentira encore
mieux ces avantages du changement que je pro-
pofe , lorfque j'aurai fait connoître les défeauo-
Ciià% du travail ordinaire de nos piles affleurantes.
Dans la plupsrt de nos moulins, les piles affleu-
rantes font gouverné s pcr le leveur, qui les garnit
fucceffivcment d*une quantité de matière rafflnée
afTortie au travail de la cuve. Comme cette quan-
tité varie fuivant les fortes qu'on y fabrique ,
la piîe affleurante fe trouve plus ou moins chargée
d'ouvrig? , & le travail de cette pile ne durant
que *e même temps qu'on emploie à la fabrication
du papier , il s^enfuit qu'on eft obligé d'y préparer
& dy affleurer tantôt une grande quantité de
m:::iêrc , & tantôt une moins grande dans le même
temps j aiiiû lorfqu'on travaille de grandes fortes
qui emploient beaucoup de matière , on eft oblig *
à: chargjer Taffleurante à-peu-prés de toute la quan-
tité qui entre dans une poHc \ on feni que cette
dofe diminue lortqu'on fabrique de moyennes ou
de petites fortes. Pour fatisfaire à tous ces cas ,
avec une pile dont ni la continence , ni le travail
ne peuvent chatiger, on a pris le parti d'affleurer
la matière à trés-petîte eau , lorfqu'elle eft abon-
dante , & pour lors le mouvement des maillets &:
de la pâte étant gênés , non-feulement Taffleurage
eft mal exécuté , mais il en réfulte une multiplica-
tion de grumeaux & de pâtons aui détériorent
Touvrage, bien loin de l'adoucir & de le délayer
uniformément dans un véhicule convenable , dou-
ble objet de rafflcurage. Ceil auffi pour cette rai-
fon que les grandes fortes contiennent À propor-
tion beaucoup ulus de pâtons que les moyennes
& les petites , oc que leur grain efl dur , inégal &C
plein d'afpèrites , & cela n'eft pas étonnant ; car
dans le travail ordinaire de l'affleurante , le leveur
la charge d*une pare raffinée en gros matons à fec ,
qu il détrempe affez groflîèremeni dans une ou
deujc bafflnes d'eau , puis mettant en jeu les mail-
lets^ Se pouffant la matière tout autour» il en fa-
vori fe comme il peut ta circulation ; enfin , il
ouvre la fontanelle pour augmenter infenfiblement
Tcau , & aider les mouvemens de la pâte dans la
A P
pile. Ceft dans cet état que le tniFail ' fe
continue jufqua ce que rapprend v _ ._.:c
mouvoir Touvrage , & y ajoute de Tcau i*il cneô
bcfoin ; quelques temps après, le leveur examine
fon affleurée , fi elle a le véhicule d'eau convena-
ble, il Tenlève avec la baftlne, 5c la met dinsU
caitte de dépût de la chambre de cuve. Il ne tû'a
pas paru qu*avec des furvcilbns aufTi atîjntirs
& des machines aullî imparfaites , i'ûuvr.ig^'
palTe ailez fouvent fous les maillets pouraccjiienr
une certaine douceur , qui femble le pnncipal but
de cette opération ; dans la vérité , ce qu'on ob*
lient généralement par-là » fe réduit à détremper
la matière , & à la délayer dans une certaine quan-
tité d^eau , mais non à lui donner cet apprêt
qui efl fi fenfible dans l'étoffe du papier , lorfqu'il
a été donné comme il convient , « qu'on rencoD*
tre fi rarement dans les papiers des petites fabri-
ques. Je dois dire cependant que certains fabri-
cans , jaloux de faire de beau papier, ont prî? k
parti de faire prçfider un ouvrier au t^
gile affleurante, fur-tout lorfqu'ils fon:
fortes. Ces ouvriers prennent pour lors l
font attentifs à faire circuler continu, . ..
matière « & à la porter fous les maillées , ce qui
hâte & complète Taffleurage , & pour lors on ne
prouve pas tous les ioconvéniens dont {ai pir^
Il faut cepeadaut oblervcr que le nombre de
trois maillets efl en général trop petit pour que
la matière raffinée s'affleure comme il corvîcr,
malgré l'attention d'y faire préfider cnnfinvHU-
ment une ouvrier pendant tout le t
faire ; il efl évident que quatre mail - ii
davantage la circulation de la pâte , aDroient Ht
être adoptés pour les piles affleurantes.
Il feroit aulfi beaucoup plus avantageux d*eiD-
ployer dans nos piles affleurantes des maïUcts
ferrés comme ceux qui raffinent j outre qic cîî
maillets pourroîeot ameurir h i mieux qpî
les maiikts nuds qu'on y ei l* tcmpi de
raffleuragc étant paiTé, on j
1er ces piles pour le r?!ffinagu
gemcnt fur la totalité des cuves uouîroir augoiÉii-
ter le nombre des maillets , & éviter le chofliise
de nos piles affleurantes.
Mais aucune réforme dans cette pante éam
on vient d^iadiqncr les défauts , tie vaudra Pio*
trodu^lion des moufToirs Hollandols, en leur doc*
nant cependant une forme afTortie à U force qui
pourroit les faire mouvoir, Tinfifte fur ccttt
réforme, parce que je fuis convaincu que cet»
addition faite à nos moulins ^ maiUess^ proiU*
roit une amélioration dans nos pâtes* Amé&Ofl-
tion dont l'examen de l.i de oos papietSa
même les plus feignes , e :. U ncceffici.
CHAMBRE nt CUV£.
Lorfque U matière dont doit être hrmi k p*
pier eft à fon point de perfeâioa ^fmjmk
tiifd
t
P A P
P A P
497
i
^
I
I
inriîl des maîllets , foie par celui des cyUndres ,
tiort on fabriqae le papier. Mais avant que
dVYpofcr les diverfcs opcrations de cetie fabrica-
tion , il cil néceflaire de décrire auparavant tous
les autîU & ]€$ machines dont il faut meubler
r«telicr qui y cft deftlné , & qu'on nomme cham-
hf€ dt tuv:. La cuve à ouvrer , qui donne fon
nom à cette chambre , fg, i & 6 , planche X ,
tll faite de bols ; cïl; a ordinairement cinqpieds
de diamètre , deux & demi de profondeur : elle
eft rcWe avec trois ou quatre cercles de fer , & po-
fèc fiir At% chaniiersp Elle eft percée en H A , d'un
trou circulaire de dix ponces de diamètre , au-
quel on adap:e audedans delà cuve une efpèce de
chaudron de cuivre rouge , d*environ vingt ou
vingtquîtTC pouces de profondeur, fur quinze a
dii»ht: t de diamètre vers La culaflTe X ; on le
nommer /i/?i>/f/; les rebords en font cloués en de-
fion de la cuve, Djns ce piftolet , qui fert de four-
neau • & oii Ton fait un l'eu de charbon ou de bois ,
on place une gxtUe de fer H h,/j, 6 , fur la-
Juclie on met le bois ou le charbon. Le delTous
e cette grJk* fcrt de c^nJri.T ; ainfi cette for-
te de fourneau cfl entièrement entource par Teau
que la cuve contient pour rentrctenir à un cer-
tain ^t%jt de température, La partie de la grille
qui cft hors de la cuve , efl foutenuc par une
barre de fer K , comme on le voit dans la
f^ \, On voit aufïi auprès de la cirve , la pclîe
irrondi* qui fert à vider Ic cendrier , à poîter
k charbon dans le fourneau , &: à d igager la grille
de CiTndrcs : on y voitj aulfi un croc h. t a coté ,
<|iit fert à ce dernier ufage. Nous rcmat'querons
ICI que Touvenure & la grille du piftolet abou-
lifTent le plus fouvcnt à une cheminée qui reçoit
la fumée du bois ou du charbon , & quelqucr>is
tttèmc le bas de cette cheminée cft entiér^mc^nt en-
touré de murs , de manière que louvcrture du pif-
tolet n*a plus aticcne communicaiion av:c la cham-
bre de cuve , & qu'on n entre que par dehors
dans cette cheminée. Cette difpciitlon ^ qui eft
aHez cofrmune dans les fabriques d^s Pays-Bas ,
prévient t^utcn les ordures & toutes loi faletés
que radminidration du feu dans le piftolet occa-
fionne à îa chambre de cuve , lori-qu'il y com-
munique fans aucun obftacle.
Chaque cuve, qui cft xon^^n , efl g:»rnis à fa
partie fuféricure de planches G, L » D,B,E, K.
ff* 6. Cc5 planches font un p*u inclinées vers
la cuTe » pour y rejeter Tcau d: la pite qui y
taifibem: elles (ont , outre cela , rebordées par des
tringles de boi? qui empêchent ta miticrc de fe
répandre au dch4>rs, La place B , oii fe mer Tou*
▼fier ,cft appelée !.i nA^toirt ; elle a environ vingt
ponces de l^irgeur , & les côtés environ fijc pou-
cet de profondeur j les planches qui formant cctic
efpèec^fle caiue, defcendent jufqu au pavé : leur
fommet doit fe trouver un peu plus haut que fa
ceinture de rouvrtcr , /n^-, i, LVuvcnu-e de la
cu\'e eft travcrfce mr une nl;inche Mt/^ qu*Ofl
Ans /• Mhïeft^ Jgm. V, Pat. IL
nomme trafan de la cave , & qui eft percée de
trous à une de fes extrémités M : elle pofe fur les
rebords des planches qui entourent la cuve ;clle a
aufllen #» une entaille qui f.iit que non-fcuicment
fa face fupérîcure affleure celle du trapan ^ mais
encore qu'elle y trouve un point d'appui qui
Tempéche Je glifftir de^i vers* ; Tautre evrrémîté^
de la planchette eft foutenuc par un pcrit cheva-
let , dans Te II taire fi;périeure duquel cette plan-
chette entre de toute fon cpaifteur ; enfin , il y a en
F un morceau ^i:. planche percé de pKificurs irou« ,
dans lefquels on plnnte un morceau de bois fc,
/V. i'% , qu on appelle igomtnr , ou acc^jioh , co^»
tre lequel un des long^ côtés de la forme repose
d^ns une fitu.uion inclinée , pendant que Peau
qui s'échappe de la forme retombe par îcs trous
du trapan dans la cuve : cet égouttcir a des trous
à différens degrés de hauteur, pour que les for-
mes de différentes dimenfions puifîent s y ap-
puyer dans une fini ition inclinée à côté de la cuve.
On voit en A B , la preiTe en profil , dent on
a le plan & b ûtuation rc{;ic£live en A A ,yrg 6;
enfin , Télévation & la perfpcéiivc fi^, ç.
Chaque preiïe cft éloignée de trois pieds du bord
L D de la cuve , avec laquelle une des deux jumel-
les cft jointi par des p'anchcs L A »/^. 6, ou .*« ,
//r. 1*^*, Ces planchais entrent à couliiTe dans la
rainure du potona / , lequel foiuient quelques*
L'nes des pUr.che* qui entourent i*cuverture de
la cuve, éi entre ûti\x t;«ftcaux cloués fur îa fa-
cî d'jn des rr-c.uans de la prtft"-' , comme on
le voit en m B , fi^, i'\ & en A ,/^. 6 , plane. X.
Ces planches forment ce que Von appelle la na-
geo're du coucheur, dont le fommct eft élevé de
deux pieds au deirui du fol dj la chambre de cuve*
Les preflcs de la chambre de cave font com-
pofées de deux montans ou jt mclles A B , de
douze pieds de longueur , éloignées Tune de l*au-
tre de trois pieds & demi. On leur donne envi-
ron onze pouces de groffeur , fur huit pieds de
lorg , & on laide le bois en grume pnr les deux
extrcmiîés, ce qui forme des renforts qui fervent
d*embrèvcmcnt.m feuil fie à Fécrou.Le feuil cdeê.
deux pieds de largeur, fur quinze ou dix-huit pou-
ce; d'épai.Teur. Sa furtace fupérieure n\ft élevée
au-dcft'us du icrain que d*t:nviron trois ou qua-
tre pouces ; il cft entoure ^\xn pavé de pierres ,
dans lequel on a mén-igo des rigoles pour Ic-
coulement de IVau qui fort du paj^icr Icrfqaon
le prCiT:. L'écrOit , de bo:s d'orme» a cîiiq pieds
quatre pouces A*: lo;igucur , fur dix-huit pouces de
gfofTcur ; il cft aCcniblé avec les jumelles par !e
moyen de itnons à rcnfon i de boulons à vis CD.
Aux faces tntérieurei oppofcesdcs deux jumcl*
les , font pratiquées deux rainures, dont on peut
voirie pbn/^. 6 en A A : ces rainures reçoivent
tes tenons dj pLtcau ou banc de preflc G H,
fufpendu \ la téic de la vis PX, par un boulon
de fer qu'on apzielk mQlnc ^ dont la tétc ant*u c
fous b { Unche ^i fur laquelle , brs de la pr. Hlo.i ,
lîr.
ik
ém
49»
P A P
fe fait le frottement de la vis ; la tête de cette
vis , qui a quatorze pouces de groffenr, eft en-
tourée de d<:ux frettes de fer , dont Tinfèrieure
porte une rondelle auffi de fer , dentée en rochet ,
dans les dents de laquelle s'engage le pied -de bi-
che a 4 , qu'on appelle acotay , & dont lufage
eft d'empêcher la vis de rétrograder lorfqu'on
fait une preffée ; l'extrémité 4 de l'acotay peut
embraffer l'arête de la jumelle ad, fur laquelle
il appuie. Cette jumelle eft revêtue d'une bande
de ter L h pour la conferver ; l'autre extrémité a
de Tacotay ou pied-de-biche , peut embraffer def-
fus & deilbus répailTeur de h rondelle dentée ,
\c gui l'empêche de manquer les dents qui fe
préfcntent fucceiTivement. L'acotay eft porté dans
fon milieu par un morceau de bois K , cloué fur
le banc de prefle, & qu'on nomme, pour cette
raifon , portcÀcotay, Il eft aufti psrcé en 2 d'un
trou , dans lequel paflîe la corde 2 1 , qui em-
braffe l'extrémité Idu reflbrt. Ce reiTort n'eft autre
chofe qu'un bâton flexible , cloué far le milieu
de la race poflérieure du plateau. Enfin , vers
l'eitrcmité 4 de l'acotay , il y a un trou par le-
quel pafie la corde qui ièrt à le tenir fufpenJu
au piton L ; à côté , & parallèlement au feutl c d
de la prefle , eft un chantier V , fur lequel, ainfi
que fur le feuil , font fixées trois pièces de bois
qu'on nomme poulains : ils fervent à placer une
torte planche Q , qu'on appelle trapan , fur laquelle
en couche Iss feuilles de papier à mefure qu'el-
les font fabriquées , & fur laquelle on les met fous
" la prefle.
Pour achever de faire connoître tout ce qui
doit meubler la chambre de cuve , & ce qui eft
néceflaire à la fabrication du papier, nous allons
nous occuper des formas & des feutres dans deux
articles ftparés.*
Des formes, ^
Les formes font compofécs d'un chaflSs , d'une
toile de laiton qu'on nomme vergure ^ enfin d'un
cadre ou couverte mobile. C'eft avec ce moule
qu'on puife dans la cuve la pâ:e qui fert à com-
pofcr les feuilles de papier , comme nous le ver-
rons par la fuite.
Le chafils eft un aflcmblage de quatre tringles
de bois , dont deux font les grands c6th , &
deux autres les petits cotés. Ces tringles font de
bois de chêne, qu'on a laiflï tremper long-temps
dans l'eau après avoir été débité & féché à di-
vcrfcs repriies , pour qu'il ne fût pas fujet à fe
déjeter.
Ce chaflis , mefuré fur toutes fes faces prlfes
en dedans , eft d'environ quatre lignes plus
Î;rand que la feuille de papier à la fabricatio:- de
aquelle la forme eft deftinée. Les tringles ont
environ huit lignes de largeur fur quatre lign::s
dépaifleur; les longs côtés font un peu convexes
dans le milieu , & les petits côtés , au contraire ,
un peu concaves.
p A î»
Les longs côtés font percés d*an certain nom-
bre de trous pour recevoir les extrémités d au-
tant de barres de fapin qui font arrondies &
Eroportionnées à la capacité de ces trous: ces
arres font taillées , à leur partie fupérieure , eo
vive-arête , comme le tranchant d'un couteau,
& leur partie inférieure eft arrondie. On les
nomme pontufejux : ces différentes pièces font
aflemblé^s par des mortaifes 9 & clouées les unes
avec les autres , foit avec de petites chevilles
de bois , foit avec des clous d'épingles en hi-
ton. Le fer , à caufe de la rouille , doit en être
banni. On appelle fût de la forme , le cbffis
armé de fes p^ntuieaux. Il eft queftion mainte-
nant de tracer & d'établir fur cette efpèce ci?
charpente la toile de laiton ou verjure qui
coniiitue proprement la forme ou moule du
papier.
A l'une des extrémités de chaque pontuf^au,
fur la face fupérieure d'un des deux grands c&tib
du chaflis 9 on perce autant de trous qu'il y a de
pontufeaux , & l'on y plante des chevilles de bois^
auxquelles on attache des fils de laiton très-délics,
roulés fur de petites bobines 9 & qu'on nomm:
manicorJlon. Chaque cheville a deux fils & dtux
bobines , difpofées de manière que l'une e& aa
deflbus il Tautre au-deiTus de la pl.«ce que doi-
vent occuper les brins de laiton qui forment la
toile.
Je dois obferver qu^on a percé outre cela , aux
deux extrémités du grand côté , de femblabks
trous qui correfpondent aux deux chaio:tte$ da
tranchcfil, leiquels occupent l'intervalle entre les
pontufeaux. Ces trous reçoivent de même de
petit<;s chevilles pour tendre le trancHefii, & y at-
tacher les petites bobines du manicordion doct
nous avons parlé.
Le forma ire a eu foin de préparer les fils de
laiton qui doivent compofer la toile , de les drif
fer par le moyen d'un dreffoir dont le deffus
eft un peu convexe ; de leur don.rer un psu de
recuit pour les rendre plus doux & plus flexibles;
enfin , de les couper par brins aufîi longs que
le chaflis.
Tous ces préparatifs & toutes ces dtfpcfitions
étant faits, le formaire place le chaflis de la for-
me devant lui dans une fituation inclinée ; &
ayant écarté les bobines , il prend m des hnv&
de la verdure & le préfente , fur toute fa lon-
gueur , dans l'ouverture que lui cfiFie les deux
nls du manicordion , roulés fur les bobines; ci-
fuite paflant une bobine du dedans en ccIiDrs,
& l'autre du dehors en dedans , il afifujettit le
brin de roilc , & aux tranchefiîs , & vis^vis
chaque pontufeau : après avoir ferré les fils des
bobines , il les entrouvre de nouveau pour rece-
voir un fécond brin de la toile qu'il afruietth de
même , & il continue cette manœuvre en pla-
Îfant toujours parallèlement les brins de lairoa
es uns aux au:res, ji^fqu'à ce que le chaflL c«
P A P
>it emî&retticnt rcmpU , ôc que coûte la toile
cît foritiwe. On (leut voir lObs ce^ détails j plan»
he LX,tinc dans h vignt^ife que dans lev figure*.
l«es bouu de cliaqtie briii de ia caile ^appuient fur
I» petits côtés tlu tùi, où iU font tixè^ 6c rccou-
r^Tfs d*une bmc de cuivre iittachée par des clous
Icfingle de laiton.
, Les pontufeaux font percés fur leur lorgueur
de plufieiits irojis vers la partie (upêric^ire ,
lans lefqucls on paiïe un h\ de laiton tort hii.
Pour achever la forme , il ne relie plus qu'à
tendre fortement les chaînettes le long des vtve-
trétes des pontiifeaux • qu'à fixer Leurs extrèmi*
Dés par de petites chevilles de bois qu^on intro-
dtïîi dans ies trocs du grand côté oppnfè au
premier fur lequel on s*eft établi d*abord ; enfin ,
lu'i coudre la toile par un fil de Uhoa très-dc-
lé qui , payant fur les chaînettes , fit repalfant
dans les trous dont chaque poutufeau eR perce,
ttrc i tenir la toile ai^ttjcitie par tous ces poitrs,
éloignés tes uns des autres d*environ dx Ugr»tîi.
Enfuite, tant pour recouvrir Icj eitTrémitês des
brins de ta toile le long des petits coi^s du
^h^ifis^ que pour contenir les cheville:* qui fixent
es ch^tinettes .kx cxirêmiiés des pontufcaux , on
ittachc avec de» clou'i d^^p(ng!c de petites lames
le Liton dans tout le pourtour dti ciuÛTts : ces
amcs firvent aufîi à tonifier raiîembb^e des
quatre cAiés du chalTis. A chaque paire détonnes,
ea adapte un cadre dont les feuillures reçoi-
vent lo quatre côtes du chaflls. Le bois dont
:c cadre cA compofà , a environ buît lignes de
argeur , fur qt aif e à cinq lignes d^éjj-i/Teur.
Vctic feuillure lecouvre même» fur una largeur
il; deux Ugnes , la toile de la forni. , Cert pour
C^h qiic cette toile exiele de ces deux lignes en
fous tciM, comme nous lavons dit, les dimen-
jfions de U fcudie de papier*
^ Au moyen de ccttjS avance du cajre fur la
•oile de U k.rme » la feuille de papier efl entié-
^cmeot placée fur cette toile , ôc détachée de
tous côtes du chalTis ; ce qui eft trés-clTcnticl ,
pour que U pâte put lie s'é^outtcr, Si Ja feuille
le coucher fur le feutre fans être retenue par au-
cuns des bords*
On fait que ce cadre eu defiîné i retenir la
vatière dont on fabrique le papier fur la toile ,
& à la retenir en quantité convenable à Tépaif-
leur qu'il doit avoir. Il cft bien effemiei que le
cadre joigne trés-exaôtrment aux bords de la
fbnne * pour que la pâte ne s*infutue pas entre
Je* bords & la feuillure , ce qui rend les bordu-
res des feuilles de papier baveufes & mal ter-
viînées.
Nous remarquerons ici que c'eft fur la longueur
#u la plus grande dimenfion de la forme, qui cor-
refpovd k la plus grande dimenfion de la feuille
de papier , que font placés paraUélement entre eux
les fils de laiton qui compofent la toile de la forme.
Cg^^fpofction des brins c(k bien entendue ; elle
p A p
495
rend facile le travail du coucheur « cosnme noui»
le verrons par la fuite , pour dért»c*ier la feuille de
papier de la forme , en l'appliquant fur le feutra
Non-feulement il la détache en faifant parcourir
à la forme fa plus petite dimenfion , mais encore
en dégageant à-la-fois la pâte fucctfiivement de
chaque intervalle entre les verjures : fuivant toute
autre direction , le coucheur ne détacheroit U
feuille que par lambeaux , outre qu'il alongeroit
infiniment la peine & fon travail.
Il me rcrte à expofer ici quelques-uns des princi-
pes qui guident les fabricans ÔC les ibrmaires datrs
la conArudion des formes , Si particulièrement
dans la déterniinition du calibre des fils de la ver-
jure & des intervalles de ces fils ; objets foit im*
Î)ortans , & qui influent plus qu'on ne penfe fur
es belles & les bonnes qualités des papiers,
La verjure doit être arrangée fi^r la forme , d'à*
prés le fyfiême de tant plein que vide , qui con-
vient dans tous les cas ou l'on fabrique les petites
Si les moyennes fortes peu étoôées i mais quand
on fabrique des papiers un peu forts; il convient
de tenir les intervalles un peu plus large« cne le
diamètre des brins de la toile , pour que la feuille
de papier prenne une certaine épaiHeur au moyen
du plus grand viic, qui abforbera une plus grande
quantiié de pâte lorfque l'ouvreur envergera; car
la pâte qui entre d.»ns la comb^ofirion des feuilles
de papier, eu toujours en raifon des intervalles
qu*on a lailTès entre les brins de U toile de la
forme,
Ainfî , lorfqu'on veut fabriquer les mèmet
fortes à des poids différens , on a foin de varier
fur* tout l'intervalle des fils de la verjure , & mcmc
le calibre de ces fils ; par exemple » pour fabri-
quer de Técu à treize livres environ, on choilu
une verjure fine» & Ton en fait un tilTu où il y
ait autant de vide que de plein : pour fabriquer
la même forte à dix- huit livres , on adopte une
verîure plus gtoffe & des intervalles plus grands:
il e(V vifible que c'ed la pâte qui occupe les
intervalles des verjures , qui contribue à rendre
le papier plus ép?is , & à grolBr fon grain. L'art
a trois moyens de donner plus de force & plus
d'épâl^tur au paper^ les iQtervalles qu'on latfTe
entre les brins de la verjure, répaifleur du cadre
de U forme qui retient plus ou moins de matière,
enfin* le travail de la cuve à grande eau ou à
petite eau.
Un autre principe auflR important , efl qu'on
doit proportionner la veijure aux pâics qu'on
emploie, Ainfi une pâte un peu longue demande
une verjure un peu forte, te des intervalles un
peu plus larges que le calibre de cette verjure :
de même une pâte courte demande une verjure
fine avec des intervalles proportionnés ; ce qui ,
dans ces deux cas , produit un grain amorti aux
pâtes & à la forte de papier.
Lorfque les formes font falcs , il efl bien eifdA-
tlelde les nettoyer; comme Us parties fines de U
Rrr i
çoo
P A P
fiu fe logent le plus fouvent dans quelques
Tcd^nts dt; la verjurc ou de renfeignc, elles oc-
csAonncnt des raies blanches irrèguliéres , qui
produifent un affoibliffement de la feuille de papier
dans ces parties ;& comme ces défauts font occa-
fionnés par des amas de pâte qui ^roflllTcnt, ces
différentes raies s'agrandilTent à toiiît:s les feuilles
qu'on fiibrique avec ces formes : le fcul remède
cA de les nettoyer. On fe fert pour cela d*i:ne
lefllve de cendres , dans hqueîle on met tremper
d'abord les formes^ &i avec laquelle on les frotte
su moyen d'une broffc fort douce; il y en a qui
font uLge de vinaigre, mais il faut pour lors
employer les formes fur-le-champ , car fans cela
le vinaigre pou rroit endommager les fits de laiton
de la toîlc, s'il agiHoit long-temps fur le métal.
Des feutres.
Les feutres font des morceaux d^étoffe de lai-
ne que îe coucheur étend fur chaque feuille de
i>apier, & fui l'*fquels ilrenverfe ces feuilles pour
es dctacher de la forme , & leur faire perdre une
partie de Teau furabondante dont la pâte fe
trouve encore f'irchargé? : ils fervent aufTi à boire
& à rendre une autre partie de cette eau, lorf-
qu on met fous la preffe la porfe-feutrc*
Les feutres ont deux furfiices ditTèrcmnient gar-
nies de poils. Celle dont îe poil eil le plus long,
s'applique fur les feuilles qui font couchées ; 6c
cVft fur la furface dont les poils font courts ,
que fc couchent les nouvelles feuilles. Si Ton chan-
gcoit les feutres de dif^ofition , & que Ton cou-
chât les feuilles de fap cr fur le coté qui eft gar-
ni de longs poils, no:j-feul:ment elles ne s'appli-
queroient pas exa^emcnt (ht le feutre , mais en-
core les poils longs & roides ou perceroicnt les
feuilles , ou produiraient des houtcdUs qui en al-
téreroient le lilTu ; au contraire , les feuilles , en
s'appHqyant exactement fur le coté à poils courts,
qui boit Teau furabondinte » y acquièrent une
première confiflance qui fuSt pour Tinilant.
CVA aufTi de delTus cette furface à poils courts
que le le V eur détache les feuilles de papier après
que la porfea pafTé fous la preile^ 5i après quil
a enlevé le feutre qui les Couvroit par le côté i
longs poils , en forte que la dilTé rente garniture
des furfaccs des feutres , contribue à facilirer les
opérations du Icvcur comme celles du cou-
cheur,
L'étoffe des feutres doit être affcz ferme pour
s'étendre bien exaflement fur les feuilles, fans
former de plis & fans avoir bcfoin d'être dépla-
çât» Outre cela , elle doit être affez fouple pour
fe prêter à l'effort du coucheur , qui appuie fa
forme fucccflivemem d'un bord du feutre à IVa-
trc fur tous les points intermédiaires. Comme les
feuîrci doivent réfifler à Teffort réitéré du cou-
cheur & de la preffe, il paroit oéceffaire que la
cbainc de ces étoffes foit très- forte , & par c«nfé- ,
P A P
quent de laine peignée 8c bîen tordue. lyuna^^ji,
trc côté , comme ces étoffes doivent erre pro*
près à Ijoire une certaine quantité d'eau afIVx.
promptement , & à la rendre de même , il (^«jc
que leur trame foit de laine cardée, filée à cord^
lâche , & tiffée à-peu-près comme celle des dr^p^
londrins. Il en rcfuhe qu*; la trame peut girtiir
abondamment Tétoffe èiL couvrir la chainc , de
manière que fon tiffo ne s'imprime pas fur les
feuilles dt: papier , ce qui en aîtércroit le grain ^
par rempreintc irrégulîère d'une chaîne & d'une
trame à découvert ; ce que j'ai vu fouvem dans
certaines fabriques , où Ton faifoit ufage de feu*
très qui n'étoient pas tiffés fuivant ces prindpes.
Jufqu'à préfent , les feutres fabriqués à Beau*
vais font ceux qui ont le mieux fatisfait à foq
tes les conditions que je viens d'expo fer , pafi
que ces étoffes font compofées tomme ]t \
dit ci-deffus : on comprend facilement <jue les
étoffes à chaîne d'étain, qui ne foulent que trei-peu ,
& qui font d'un tïffu lâche & ouvert , fi on les
trame avec une bine longue & douce , font trè>-
propresà boire promptement l'eau furabondante et
la feuille de papier qu'on couche deffus , & a ren-
dre cène eau à la preffe.
Une étoffe qui feroit trop feutrée , comme^ Ki
draps ordinaire?, même les plus fins , ne boiroitlVu»
ni affez p:ompiement ni affez abondamment pour
que les feuilles de papier y adhéraffent & priiTent
une certaine confiftance ; c'eft par cette raîAït»
que les draps de Orcaffonne ont fort bien fait i
& que les draps de Louviers , foulés , dont Je
liffu étoit ferré , n'ont pu recevoir les feuilles ^^
papier que Ton couchoit deffus , parce que Te a*
n'y pénéiroît pas fuffifammetit. Il eft bien effe*^'
tiel que la chaîne des étoffes deftinées à foire I^*
feutres , foit forte & réfiftante , afin que C^*"
étoffes foi^ni d'un bon fervice, St durent un c^*"
tain temps, ^^
11 paroi t , par le nom qu'on a confcrvè à C*^
éioffes , que les premiers feutres qu*on a «î*^^
ploycs dans la papeterie n'étoiem pas des ti»^
fus compofes fur le métier d'une chaîne & d'ui^*^^
trame , mais des morceaux d'étoffes compofé^^^
de laines arçonnées & feutrées comme cc'I^
des chapeaux. Par lafuitc^on fentiiapparcmmec»'
Îju'on pouvoit leur fubffituer des tiffus fabriqué^
ur le métier » comme les fergcs, les draps ; maî5
Tancienne dénomination efl rcflée , quoique la
compofition & la fabrication des feutres aient
été dirigées fur d'àUtrcs principes.
Lorfqu'on a des feutres neufs , on les lave
avant que d'en faire ufage ; il faut même qu*ili
foient humeâés à un certain point pour qu'ils puif-
fent fcrvir. Dans ce cas , Teau introduire dam
les feutres , les difpofe à s'imbiber de l'eau de»
feuilles de papier. .
On doit prendre des feutres neufs & bien
vés , lorfqu'on fabrique des papiers forts & épiai
fi les feutres ont perdu une gnn^e
P A P
tî^ ic leur lainage & de leur force cfimkibîtîon ,
an les emploie aux papiers ininces ,qui ont moins
à*C2iî % perdre , & moins befoin que les feutres
quî les reçotveot folent es état d'ea boire une
certaine qiiantité.
Cette quantité d'eau que retiennent les feuilles
Ses papiers forts fur la forme , & dont il faut
les dépcLiiîler par le moyen des feutres , ert une
à^s difficultés qu'on rencontre dans la fabrication
des papiers forts.
Après cinq ou fix jours de travail , les feutres
contraâent de la grai ffe » & s'emparent d'une cer-
taîtie quantité de niatière fine. On s'en aperçoit
lûrfqu'ils boivent longuement ik incomplètement
Tciu de la feuille de papier que le coucheur y
applique , ou bien lorfquils fe détachent de ces
fsailics avec un certain effort, qui s'annonce par
une efpèce de cri qu entend le leveur : il faut
alors les paffer k une leffive compofée de favon
fie d'huile de poiffon. Pour lefliver une porfe de
reçu ou du carré d'impreffion , on fait fondre
deux livres & demie de favon dans de l'eau chau-
de , fie Ton y ajoure une livre d'I. nie de poif-
Ton- On augmente cette dofc à proportion pour
les porfes des grandes fortes , & on la diminue
pour les porfes des petites.
Après que les feutres ont été bien pénétrés de
cette lefTïve , on les y laiffc tremper environ
une demi -heure* puis on les en retire un à un,
pour Ici battre avec un battoir ordinaire , en les
retournant fur toutes les faces; enfin on les tord
pour exprimer l'eau de ta leffive, qui en fort
on chargée de graiffe. Apres cette première opé-
itton « on les trempe de nouveau dans la IcC-
ivc , éi on les en retire aulTitôt pour les battre ,
«ar les tordre , & achever de les débarraflcr
toutes les faletés qui y refient encore ^ Se qui
n foncnt abondamment ; de là ils font portés à h
rivière, & après avoir été rincés dans l'eau cou-
rante • on les tord légèrement. Enfin , on les pore
i la chambre de cuve, ou , après avoir été mis
ttt Us fur le trapan , on les fait paffer fous ia
weSe pour en exprimer , le plus qu'il eft pofli-
Ûc , leau farabondanre^
On a remarqué qu il faltoit employer fur-le-
^kamp les feutres après leur leiTive , éi que sMs
«échoient k Tétendoir fans avoir fervi , ils ac-
itiéroîcnt une dureté qui leur faifoit perdre la
oupleffe qu'ils doivent avoir, A la première porfe
rs (cvtrcs IciTivés boivent pcuj au II» les feuilles
«*on couche defTus font • elles fu jettes k bou-
siller* Pour qu'ils tirent bien l'eau , & quMs
bîent d*un bon fervice, il faut qu'ils aient fervi
&briqucr deux ou trots porfes.
Fabrication du fafur*
Lorfque ta pâte dont on doit fabriquer le pa-
kr a reçu la préparation qui lut convient, foit
bos la pile de l'ouvrier ou affleurante , foii dans
cylindres raffincurs , alors on fournit la cuve
P A P
501
avec cette pâte ; on la t'u-e de la caiffc de dép6t
qui eft à portée de la cuve, ILn Auvergne , on fc
fcrt d'une petite gerle de bois , qu'on mène fur
une brouette, 6t on la décharge dans la cuve.
Dans les moulins 5 c^'lindres conflruits avec intel-
ligence, ^ d'après le fyCième des nolîandois, on
cunduit ta piîte de la p:le du cylindre raffincur
dans lescalITes de dépôt de la chambre de cuve,
& on la puife dans cjs caiffcs pour en fournir la
cuve à ouvrer de ia quantité néceffairc. Ce qu'on
ajoute de pâte à la cuve , chaque fois qu'on la
fournit, erf à-peu-près la quantité qu'on en em-
ploie pour la fabrication d une porfe ,. ou bien
feulement une partie de cette quantité, fi on la
fournit plufieurs fois pendant qu'on travaille à la
porfe , ce qui a lieu dans la fabrication des graivl
des fortes.
Lorfque la cuve eft fournie de pâte^Vouvrier
ajoute la quantité d'eau convenable à li forte de
fjapier qu'il doit faire , fi Ion n'en a pas mis fuf-
fifammsnt dans la préparation de la pare à la pile
affleurante ou à celle du cylindre raffineur. Oa
fent cjue le papier qui eft foit & étoffé , exige une
pâte plus épaiffe ^ une moindre quantité de véhi-
cule ; fic'efi un papier mince fie léger, comme les
grand & petit cornet # la coquille , &c. il faut
que la pâte flotte dans une grande quantité d'eau.
Outre cette différence, obfervée affer générale-
ment dans la quantité de véhicule qu'on donne à
ia pâte , relaiivemcm ;\ la forte de papier étoffé
ou mince qu'on fc propofe de fabriquer, il y a
deux fyftémes fuivis dans les différens moulins
fur ce point de fabrication; l'un, qui confifte à
travailler toujours à grande eau , & par conf^-
quent à faire raffiner la pâte dans un véhicule
abondant , afin d*cviter les parons & l'irrégularité
dans la dîAribution de la matière ftir la forme ;
pour obtenir en un mot une étoffe ée^ale & iranf-
parente. Ces fabricans fuivent fur-tout ce fyfteme
quand ils travaillent des pâtes non pourries , ou
pourries très-légèrement.
Uautre ^^ftéme eft la pratique de tons les fabri-
cans qui font ufage de pâtes pourries , & qui
font plus jaloux d'expédier le travail de la cuve
que de lui donner un certain degré de perfeftion.
Je fuis fâché d'être obligé d'avouer ici que c'eft
la pratique du plus grand nombre des ^bricans
françoîs , qui ne fentent pas affez quels avaptag^sils
trouvcroient à foigner cette partie de la fabrication,
La cuve étant fournie de pâte convenablement,
on la braffc avec deux outils , dont Tun eft un
fimplc bâton, & l'autre un bâton armèà fon extré-
mité d'un morceau de planche arrondi & troué.
Le leveur d*uncàté , ScTapprentidc l'autre, exécu-
tent ordinairement cette opération en faisant mou-
voir route la pâte & l'agitant de fond en comble ,
fit fur-tout aux environs du piftolet. Lorfque la pâte
fe précipite au fond de la cuve , on h braffe de
nouvi^au à mi-porfe » afin de la ramener affei abo«-
502
P A P
d-miment à la furfiCC, où Touvrler piùCe la «latièrâ
des fcuillsîS qu'il fabrique.
C*cft aprdj quon a bratTé la cuve qu^on peut
voir, î h matiivrc dont la pâte s*/ trouve difiri-
buce, ù elle cil bien ou mai battue , bien ou mal
raiHnée, Lorfqutîlj tlorts en llocons ferres &
prefque cuntmus , c'eil une preuve qu e!Ie a été
tien é^aleincnt tnturde. On peut préfumer le con-
traire , il les flocons forment tle grands vides entre-
eux , 6c iiSih ne foicnt pas ouverts uniformé-
ment ; on y dillingue autli pour Jors les pâtoas au
ton bunchàtre qui tranche fur les filamensiibrcux
bien divifés. On peut reconnoîre aulfi k's pariics
du Hn 6: du chanvre auxquelles il relie, malgré
la trituration , il eîle a été bien coniutte, la lon-
gueur néceflTiiire pour s'entrelacer tfc s*unir, dés
ïjue Teau les îaiive prôcîpiter fur la verjure de la
forme. Cette difpjfjtion à compoier une étjffe
ferme Si foUde , fe pcrdroit par une lonijae tritura-
tian des parties fjurtufes , comme t:\\c fe trouve
di^cruîtcdans celles qui coulent par le kas^ 6( dans
celles qui s engagent dans îcs int.riuccs des feutres
& qui les empâtent*
Nous allons pafTer maintenant au tmva.l des
ouvriers de la cuve , pour en prèfenter ks détails
{k la correfpondancc,
Lcf bras nuds jufqu'au coude , l'ouvreur »/jf, i ,
planche X > prend une des deux formes ganuede
fa couverte , pi«r le mitlcu des petits côtés , &
appuyant avec les ponces & faifant joindre la cou-
verte à la forme, il lapbnge obliquement à qua-
tre ou cinq pouces de prorondeur dans la cuve,
en commençant par le long côté qui cil tourné
vers lui* Apres Timmerfion, il la relève de niveau;
fur ces mouvemcns il enlève fur fa forme toutes
es parties de la pâte qui flottoient dans Teau &
qu'il y a rencontrées » & dés que la forme eit
hors de la liqueur, Peau s'écoule à travers la tOile
& le fuperflu de la pàïepar-defTus les bords de U
couverte, pendant que la partie nècelTaire à la
cotrpoinon de la feuille de papier s'affiife fur la
tOile. On voit par-là que le plus ou moins d'épaif-
C:uT de la feuille de papier, provient de la quari'^
tité de matière qui tlotte d<.ns une quuntué d*eau «
ainfà que de la quaniiré de matière que l'ouvrier
lailTc fur la form j après quM a puifè dans la cuvr.
Les parties fibreuTcs de la matière s'arrangent ré-
gul.èrement fur li verjure de la forme, non-feu-
lement à mefure que l'eau s'écoule à travers , mats
encore à mefure que l'ouvreur fivorife cet effet
p f de petites fecoufles en lon^ ik ca large de la
forme; ainfi les panies fibreufes fc didribuent les
unes fur les autres ^ foii par !e mouvement d'en-
verjure qui fe fait dins ce feus de fa îo«f,uevr de
la forme » fou par le mfluvcment de pouffer en
av^nt qui s'cxccme fur fa largeur.
Enfuite ayant pofé fa forme fur la planchette
d c, cnfcne qu'elle y Toit en équilibre, Touvrcur
6te la couverte , ôc lance cette forme en la fiifant
glifferdu càté du coucheur « qui ayant étendu au*
p A p
paravant & dans cette attente, fLr le rr^fn
une pièce d'étoffe de Uine qu'on ;ppd e ftutiij
foulève.de la main gauche cette forme cbarfi
de pâte pour en faire repofcr un des lon^s c^\ ^
fur l'égoutioir Jl Pendant cette opjratiofi , foiE
vreur,/^. i , applique la couverte iur une autre
forme, 6t recommence les mêmes opérations que
nous avons décrites ci-delTus pour fabricuer uœ
féconde feuille de papier. Le coucheur lâifit m
iriii.fit poLr prendre de la main gauche la forme
fuflfifi»mment égoutiéc , &: l'ayant retouruàe (m
delTus-dclfous , OC amenée devant lui , il \i reprcdd
de la main droite par le milieu du long côté qui
s'applique fur Tégouttoir , 8c appuyant le long cèté
oppolé fur le bord du feutre , il faifit de la giucbî
!e premier lorg cuté » 6i de la droite , TiUire op*
polé, & couche fuccedivement toutes les parties de
la feuille de papi» fur toutes les parties du f-ijr-.'
dans le fens de leur largeur ; s'étant relevé
avoir retourné la forme, il la lance & U féit
le long du trapan de la cuve M d ,/^. 6, ^
qu'ici le arrive vis-à-vis de la nageoire de louvr^ur^
qui la reprerid Sc y applique La couverte , aprct
avoir lancé le long de la pl.»rch::tte la feton4j
forme chargée de pâte du côté du coucheur, ^il^
du même temps, la relève & U (m repoier im
r ego u noir.
Pendant que cette forme égoutte , & que Ytû*
vreur lève une nouvelle fet tile de papier far b
fjrme renvoyée par le coucheur > celui-ci preïuï
un feutre F fur la planche BE , qu'on appelle
muie , 6t rétend fur la feuille de papier qall i
couchée fur le premier feutre. Ceft cet inftint
que la vignette repréfcnte ; on y voit Touvrcuf
qui lève une feuille de papier fur îa f:
forme , tindis que la première ert fur Tégr
Si que le coucheur écend le feutre fur le ^
ces différentes opérations correfpondantes u
vreur & du cou '.heur , s'exécutent avec bcâii-
ctup de célérité, & fe réitèretit *fufqu*à ce quô
tous les f Ltres qui compofetu une porfc foicct
employas. Or, ce u mbre vane beaucoup futvast
les dimcnfions & le poids des papiers. Nous ci
donnerons un tableau par la fuite.
Lorfque le trapan Q , /^. 5 t cft chargé de
toutes les feuilles de papier qui doivent compofer
la porfe, 6l que la dernière feuillecA coitvencdii
dernier feutte , les ouvriers de la cuve & îht*
niff.nt, l'un enlève la planche BE, les aiuresti*
rcnt le trapan Q par les poignées qu'on y v«ii,
Ji^, j , & l amènent fous le banc de jprelfe GH,
en le faifant glilTer ftr les poulains Tn Tn avec
U porfe dont il ell chargé. Ceft alors qu'on «Kt
dellus îa porfe un autre trapan f , />. \ , qn'iifl
couvre d'une pièce de bois fort épaîfie p, qii'iMi
appelle mtft , 6c fur laquelle on abaliTe lîe btoc
de la preffe , en fatfant tourner la vis. Go cmb*
mence d'abord à preffcr avec un moyen levkr,
& puis avec un plus grand levier d*eiiTift«
quinze pieds de longueur , dont on faific rcsiré*
P A P
mifè psr la corde du cabei^an : on prelTe plus
icnt , ce qui exprime Teau de la porfe , &
aux feuilles de papier une certaine con-
ncc , en raifon de ta comprefTion qu*eUes
^proavent. C'cft maintenant que nous allons voir
figurer an troifiême ouvrier , appelé Icvettr , qui va
retirer ces feuilles de papier d'entre les rtiîircs.
Le Icveur , fi^, 3 , s'occupe d^abori à lirer la
>orfe de deflTous la preffe, en remitiaiii h miic p
ur le billot 0 ^ tandis que le coucheur , aidé de
^ouvreur, int:t le trépan ^, qui couvre la p^rfe ,
L Ja place du trapan Q ./î^. î , 6t vis-i-vis la na-
[colre du coucheur, Lnfuirc le levetir, aiié du
îoucheur , prend le irapin qui pone la porfe f\
k le place comme 0.1 ie voit en ç, Jig, 5 , fur b
Ifiik py il ne refîe plus au leveur qu'a placer
mtre les jumelles de la prtiTe , la planche BE qui
lepofe fur des taff.-aux* Lorfque toutes ces dif-
lofmons font faites , il prend devant lui une
rfféce de chevalet de peintre, r u , fig, 3 » qu'on
tppelle pn^U€i , de quatorze f ouce^ de largeur
ur deux pieds & demi de longueur « dont on
^oii la partie poAérieure dans la Jlg. 4. Il place
a ne planche fur les chevilles de te chevalet ; &
iprcs en avoir hume^é rextrêmiié fupirleiirj , Si
«vé le premier teutrc , qu'il jette fur la planche
îEde la prî^flc, il levé la feuille de papier qu'il
létàche du fécond feutre, d'abord en la pinçant
k ia foulvvant de la drolie par un an^le , puis
ivcc les deux mains ; enfin il la place fur la p!a:jchc
i lever, 011 Tadhérence qu*occàfionne lliumidité
^ fait tenir ; il continue cette m.mœuvre pour
f^tacher des feutres , & placer ces feuilles de
^pier /, jufqu'à ce qu*il ait entièremeût levé là
f^rfe r, qu'il ait fiparé les feuilles de papier des
fc»itr€S,<i: qu*il tes ait rejetas tous fur la muU ou plan-
te de laprc/Te , où le coucheur les prend à mefure
*^c l'ouvreur lui donne occ^fjou de les employer ,
^1 formant par ce moyen une nouvelle porfe avec
•^ Uicmes feutres qui ont fervi à former la prc-
fïicrc. Lcîi opérerons des deux premi-rs ouvriers
^ni néccfiairement liées enftmb!e ; mais Ir leveur
l^ui aller plus vite que ks deux aurres,
Apré> que les dix porfes font faites ou la
[ifioiric de h journée , on les met de nouveau
*fjtis prcile en un Ceul paquet , Ôi c'eft ce que
Jon appelle pre<Ter en porfts hUnckcs ^ comme on
le v©ii en M, On emploie quelquefois pour cela
Jes mêmes pr cites qni ont fervi vl\\% porfes feutres \
Hais fou vent on a d'autres preûes , telles qu*on
e* voit dans la vi2;n£ne de la planche X , dont
c feuil K & le lommier P R , de huit pieds
é ]:>n^ueur, fur douze pouces de gfos , cr>n-
«m deux ccroux , ce qui forme deux prêtes
erollées enfemble ; les deux montans EF des
SXTémltéSf dont on n'a repréfentj qu*un feulda'^s
I 6gure» font élè^ifi fur huit pouc^^s de gro:; ,
%'ec renforts au-deiUis &. audefTous du fcuil &
!u fommicr. Lr montant du milieu RH cfl aflemblé
ayt £( bas a queue d'arande , & avec des ceins
p A P
503
î comme en G» La table de ces prefles , qui a deux
I pieds de largeur , eft foutenue à deux pieds d'é-
lévation au-defTcs du rei-de-chiulfèc , par une
mife ou bloc de bois L , vis -à vis MN , à la rète
de laquelle on a fufpendti un b.inc de preiTe»
Un feui h'jmme peur faire manccuvrer ces pref-
fes , ce qui , dans bien des cas , ne fuffit pas
pour fécher comme il convient les porfes bUnches-
0.1 a recours alors à la preiïe de la cuve , comme
on Ta déjà dit-
Dos matières grajfa.
Outre les parties de la fobftancc des chîffbflf
connues fous le nom de ^^aljft en papeterie, &
qui fonent par le kas pendant la trituration des
pâtes ^ il en reAe encore d'adhérentes à ces pàtei ,
â: qui, comme no«« le verrons par la fuite,
gênent pîus ou moins les opérations de la cuve»
Nous avons une preuve convaincante que cette
graifTe nefl pas tellement unie k la partie fibreufe
de> pâtes » qu'elle ne s'en détache pour fc préci-
piter au fond & fur les parois intérieures de la
cuve : ces précipités font d'autant plus abonJans
âf épais, que les pâtes qu'on a mifes en œuvf^e
ont été plus chargées de grjiffe , 81 que le travail
de la cuve a été interrompu par de plus longs
repos qui les ont favori fés ; c'efl ce qui oblige
les ouvriers à rw£tr leur cuve très- ex*âcnieiu,
pour enlever les faletés Si fur-tout h graifle , dans
Kl crainte que, lors du braff^gc de la cuve, ces
madères ne fe mêlent de nouveau à Touvragc &
ne le gâtent.
Du ri/jcape de la cuve*
On rince les cuves à-peu -près tous les quinze
jours, Sl Ton choifit ordinairement la veille d'ime
fcîe où il doit y avoir ceiTarion de travail. Cette
opération fe fait au.Ti fur la fin de la journée, &
elle tient lieu d'un certain nombre de portes qii'on
rabit fur la tâche journal'^ère.
CTn*me les cuves renferment à-peu près, lorf-
cu'cHei font pleines, la msiière de trois porfes,
iur la En de la journée où on diiit rincer h cuve,
on travaille la première porfe à lordinaire , put*
au lieu de fournir la cuve de nouveau , on enlève
l'eau fu-abi:)ndanti qui noyeroit la pâte , & OA
tâche de ne laifr;;r que b me me quaniiré de vé-
hicule qu'elle d^ît avoir lorfque la cuve eft pleine
d'ouvrage , pour lors on travaille l'ouvrage dans
cet état, en pclfant feulement à une certaine
profondeur, & Ton parvient à fabriquer encore
une porfe de papier paCtble»
On continue à enlever toujours leau furabon*
dante qui rcfle après la feconde porfe; on ouvre
pour lors les bondes qui font à diiTértns degrés
de piofondcur dans la cuve , pour fa-re écouler
leau ; & afin que In matiéf c ne forte pas en
^ m-^mc-temps, on a fma de m^^t&rc devant les
504
P A P
bondes une forme qu'on garnit de chiffon. Apres
cju'on a ruffifamment vidé Teau , on travaille à
b troifièmc porfe i mais il eft bien difficile de fa-
briquer avec toute la matière qui rcilc dans la
cuve» du papier de bonne qualité, malgré raitention
d*cn lever Teuu furabondante ; lors donc qu'on
voit que Touvr^gc cil fale , gras fit de mauvaife
qualité, on couch.e feuilles fur feuilles fans intcr-
pofition de feutres , & il eÔ mis en réfervc pour
les bulles eu les maculatures.
Sitôt que la cuve efl dèbarra^Tée de toutes ces
matières, on commence à la laver & à la rincer
d^abord à grande eau pour entraîner les ordures,
ks faletés du fond , les rouilles du piflolet , puis
avçe de fortes broftcs on déuche les graiffes qui
font abondantes & adhérentes aux paroisintérieures
& au fond ; on nettoyé auiîi le piilolct.
Dans «fietques fabriques de Hollande & des
Pays'bas, on ne travaille guère que deux porfes^
puis on puife avec des bafTines Touvrage qui rcfte,8c
on le mec en dépôt dans un cuvler jufqu'à ce qu'on ait
tout enlevé » tk. ^u on fott parvenu aux faletés du
fond, puis on rincî bien b citve; après quoi on
remet b matière qu'on a dipofée dans le cuvier,
& Ton continue de fournir fa cuve à Tordinaire.
Comme les cuves font beaucoup plus chargées
de graille en France , on n'ofe pas employer les
matières de b troifième porte à charger b cuve ;
on y emploie de nouvelle m*itière que fournitfent
deux affleurées, fi le pnpier quon fabrique eft de
moyenne forte, ôc Ton paiTc Peau qu'on ajoute à
h pâte , à travers un gros drap qui arrête au palTage
les impuretés dont eile peut être chargée.
Dis dïffcniucs qualiîh d:s pAies rcUiîvement au
tra\.id de la cuve*
Nous n^avons décrit jufqu'à préfent que les
Cmples m3ncciT\res du travail de b cuve : il
convient maintenant de parler des ditiPérentes
qualités des pares qu'on y emploie , 6l de b
meilleure manière de les traiter. AinCi , après avoir
Indiqué les principes générai ux qui gutdeat les
habiles fabricans dans la fi*bric3tion des pâtes ,
je reprendrai , dans autant d*ariicles fé^jarés , les
fonélions de chacun des ouvriers de la cuve « &
je tâcherai de montrer plus particulièrement l'ef-
prit de leurs opérations, les modi6cations qu'elles
éprouvent fuivant bs qualités dcî pâtes ; de faire
connohre en un mot tout ce qui , dans ces points
importans j peut fervtr à développer ik établir h
ihéoHe de Tart.
On diflinguc , dans les matières qui fervent à
la fabrication , deux états qui înBuent fur les
o{}érations des ouvriers, & particulièrement fur
leurs réfultats. Le premier eft celui des patcs
ftif^etf c'eft-à-dire, des pâtes qui, n'ayant pas de
erai^e , quittent Tcau avec b plus grande facilité.
Le fécond efi celui des pâtes graiTcs qui retiennent
l'esy ab^ndiTiiment & long-icmps. On fent que
p A p
ces états font plus on moins décidés , (nlmnt <joe
b graiiTc eft adhérente aux parties fibrciil^s de
b pâte dans une proportion plus ou moins grinde.
Ce fc't ces différent états èc leurs nuam^çs q/il
importe de bien connoître; 6t il me fcmbleque
toute cette étude fe réduit à déterminer li mi-
nière dont les pâtes fe comportent avec l'can qat
leur fert de véhicule dans le travail de la cuve;
plufieurs habiles fabricans , les ouvriers mèoie
intelligens , fe font appliqués , depuis qudçjc
temps t à la recherche des moyens les plus proptei
à malirifer ces différentes pâtes ; & l'on peut dire
qu*à dater d^ cette même époque , V^n de ti
papeterie s'eft pcrfeftionné, fur-tout reUttYemcm
à ces points importans*
Les pâtes bien triturées, exemptes de grai&,
qui quittent l'eau affez promptemcnt, en on m'7i|
les pdtes furgcs , font faciles à travailler, mèmepir
des ouvriers médiocres ; cependant il eft â re-
marquer que leur fabrication ne Cjtoh pas ûm
inconvéniens fi elles quittoicnt Teau trop pron^^-
tement & complettement , car Touvreur u'atir^k
pas le temps de diftribuer b matière fur la (orne
comme il convient : en fécond lieu , îe coucheur
auroit de la peine à couche^ fa feuille fur k
feutre , parce qu'elle n'y adhéreroit pas , fiait
d'une certaine quantité d'eau que doit boire Tétoffe
de laine pour fe faifir de la feuille de papier*
Comme ces pâtes furges font plus commuoei
en France que les pâtes graffes, c*eft en gènénl
pour cette raifon que le travail de la cuve y cft
fort expédiîif, attendu que, comme nous veooa*
de le remarquer, ces pâtes ont btfoin d'être ouvrèo
& couchées promptement. Auiîi, lorfque Us ou-
vriers françois rencontrent des matières un peo
graffes , comme ils font accoutumés à bndqucr
leurs mancTJvres , ils font beaucoup de pxfiicff
defeélucux, Q on ne les ramène pas a La méitodc
longue & lente des Holbndois.
Les matières graffes fe montretîf fingulîéraiinr
dans le travail de la cuve ; d'abord l'ouvf cm d
oblige de balancer un certain temps fa forme
avant que Touvragc ait pu s*y fixer ; c^ il îtm
qu*il faci^tc lécoulcment de Icau furabandanK ,
qui quille difficilement b pâte. Le coudieur, i»
contraire , eft obligé découcher prn— -'-^--'î,
parce que b matière n'ayant pris qi :y
de confîiiancc fur la forme, ftroit luj.it^ x k
déranger s'il ne prccipitoit fes mouvcmens, ^
s*il ne couchoit pas à plat , ce que nous explifprrûffl
par b fuite.
Comme les Holl and nîs, quî ne p<r' ^i
leurs chiffons, font accoutumée à de i
ou moins graffes , le travail d^ b cave ^
bnde eft beaucoup moins c.\péd;tif qu'en î ,--.,-
on eft étonné des mouvemciis que t\h Vo\i>U0f
pour fe débarrailcr de l'eau que fa -- : tîf
avec opiniâtreté. Le couchciîr ne fc ^ .ri
plus autint qu'en France, & foi^nc bciL: H
dtfpofition dis feutres de fa por^^
lu
A -F
prtflaees font aufli fort longs en Hollande,
prct qu'il clt nècefTairc de faire mouvoir la prciîe
Icnrement 6c fortement pour féchct les porfes
compotécs d'une matière qui ne fe défaifit de Peau
I que par des progrès infeiifiblcs. Mais ces premières
^^p^ritîons étzm bien foignées , le leveur , en Hol-
^plaQcie^ ne uouve prefque plus de dificulté, & lève
^ipielqucfois la double porfe pendajit que les deux
ouvriers la fabriquent»
On peut fe convaincre, par ces aperçus, que
les fâbricans ont reconnu , par expérience » k
nèceiTifc de modifier leurs manœuvres fuivant la
difcrcnte quai. te dss pâtes ; ainfi l'art de li pa-
peterie doit étr»; confidérè » non comme une fuite
âe manipulations appliquées à une matière toujours
la même , 8l aûujeities à une routine f:in% refle-
»oo» mais comme un compofe de procédés va-
riables, âc dèpcndans de Tétat des matières fur
bfquelles on opère, J*aî déjà indiqué les reffources
de Tart dans remploi des matières, relativement
m différens degrés de pourrilTage dans mon
fecond mémoire; aujourdhui je dois embrafler
Wufcs les cîrconflancvi qui fe rcnconireut dans
U prèparaîion & dans la fitbilcation des pâtes,
Je vais fuivre dans ces vues les opération^ des
trois ouvriers de la cuve; je ne craindrai pas les
Méritions en parlant de teur^ foi:<.^ions , des que ces
tails pourront fcrvir à indiquer les principes qui
me paroilTent les plus propres à diriger ces
" t> Af3«f«A«^«
Ouvreur,
l'ouvreur tient, comme nous Tavons dît, la
ferme à deux mnins , & par les deux petits côtés ,
^\rec le cadre ou la couverte appliquée cjcafte-
Kni deflus; puis rinclinant im peu vers lui, il
)longe dans la cuve. Quand il commence fa
^ fe, il hïi fa feuille en deux temps ; i ". il plonge
** abord la mauvaifc rive ou le grand cûté le plus
IjT-oche de lui ; a^ après avoir retiré la firme ,
^^ plonge de nouveau la bonne rive ou le grand
^""^ïéoppofé ; mais après les vingt premières feuilles
*» fait les autres en un feul temps.
Ai vu des ouvreurs qui abrégoient ces ma-
^teuvres en mettant une bafline d*eau dans la
^ve, à Fcndroit même où ils ploageoient la
lorme, &, par ce moyen, iis fe irouvoicnt en
train dès les premières feuilles.
Dans le travail ordinaire , l'ouvreur plonge
feulement la mauvaife rive de fa forme, & la
relève horifontalcmeot chargée de l'ouvrage dont
le fuperflu s*ècoulc à Tinilant de tous c6iès , &
àom la quantité fuffifante efl retenue par le contour
de la couverte & par fon épaiffeur ; 1 ouvreur faci-
lite en même-temps & hât« la dlAribution de la
pâte fur la verjure , en balançant de droite à
gauche, puis de gauche à droite, ce que Ton appelle
€nvcrgcr^ Se pouiTant enfuite d'avant en arrière âc
dTacrière en avant, l'eau achève de s'écouler , &
Aru 4' Mimn. Tmf T. Péwùu IL
la mstîère de s*unir & de fe ferrer. Tous ctt
mouvemenj s'exécutent plus ou moins vito, fuîvani
tïue Tcau quinc facilement la pâte^ &i qu*elb
labardonnc fur la toile de la forme ; il efi «f^
«ie v#ir , pendant ces manœuvres , la matière s'a f*
faiffer ialbnfiblement , fes petits filamens fc lier 6f
s^égalifer, St prendre fous la forme d*nne feuille
de papier,
L ouvreur doit avoir Tattention , en dîftrlbuant
la matière fur la veijure, de renforcer le bon
coin, c'cft-à-dîre, le coin de la f^fuille qui eft à
droite du grand coté le plus éloigné de lui. C'eA
ce coin , comme nous le verrons par la fuite »
que Ton pince en levant ks ft:uilles , en les re-
levant & en les étendant; fans cette reflburcc du
bon canon , il fecaiTcroit beaucoup de papter dans
toutes ces o^^èration délicates.
L'ouvreur doit éviter auflî d'enlever trop oti
trop peu de matière avec fa forme , & il faut
avouer que l'habitude lui donne à ce fu jet une
précidon étonnante* 11 doit fe régler auiîi for U
facilité avec laquelle l'eau quitte la matière , pour
accélérer ou retarder fes mouvemens, ik fur-toiii
ceux par Icfquels il étend l'ouvrage fur la former
C£r il eft néceiTsire que la dinribution régahèrtr
en foit faite avant que l'eau folt écoulée , & que
la matière foit affaiffée. Ceci exige que chriqiic
fois qu'il change depâfc, il en étudie la qualité',
afin de régîer en conféquencc les hianœu%^rcSr
Lorfque la forme eft chargée d^ la matière ,
il faut éviter foigneutement de lui faire éprouver
le moindre choc, & fur- tout de frapper Tégouttoir >
car elle peut être dérangée par ces chocs, allez
fenfibiement pour obiiger de recommencer la
feuille.
Il eft bien important auffi que l'ouvreur fouîève
la couverte fans oftenfcr les bordures des feuillo,
car il ar;ive foiivent qu'elles font dentelées le
long de la mauvaife rive* faute de cette attention-
Les mouvemens de l'ouvreur fc réduifent ,
comme nous l'avons vu , à deux princïpauy, à
celui d'en verger , & à celui de poulfer en avant.
En envcrgeant , la pâte s'introduit fjcilement &
abondamment dans les intervalles de la verjure;
mais en même temps la matière s^accumulant
le long des traces tlu manicordion , les ombres
fe fortifient fur ces mêmes lignes.
Lorfque l'ouvreur poufîe en xvant , toute la
feuille fe nettoie & s'écUircit, parce que , dans
ce fens , aucun obftacle ne s^oppofe à la dtAribution
égale & régulière de la pâte,
Li y a des ouvreurs qui envergent plus qu'ils
ne pouffent en avant, & il -en réfulte que les
feuilles produites par leur travail font fort char*
gées d'ombres , non-feulement aux deux c6tés des
poatufeaux , mais auili dazis les intervalles d'ua
pontufeau à l'autre*
Au contraire, fi les ouvreurs pouffent plus en
avait qu'ils n'envergent , les kuiîles ont beau-
coup moins d^ombresj fit ta coaféquenco d'une
Sss
jbâ
P A P
ëîAribtinon légiilière de li pitCf elles prennent
une belle tranfparance.
Les feuilles beaucoup envergécs » paroiffcni
plus épaiflcs que celles fabriquées par l'autre fyf-
tcme de balancement , car les ifiues des inter -
Yaîles de la vergure étant obflfuées affez promp-
tement par la pâte qui s'y engage lorfqu on en*
vcfgc » ÔL ne laiflant pas d'écoulement à Teau »
il neftpas étoncant que les feuilles en retiennent
confidérablemenr.
Lorlque Touvrenr pouiTe en avant , il doit
fur-tout avoir attention de le faire à petits coups»
parce qii'alors , au lieu de nettoyer fa feuille ,
comtne je IVi dit , il y féme des nuages ôc
des jours locaux , produits infailliblement par
une dlllribuilon inégale & irrégulière de la nia-
lièrc.
On fcnt maintenant que le travail de la cuve
doit di^ïrer par les qualités & les défauts que
Je viens d'Indiquer , fuivant que les ouvreurs
adoptent de préférence un des deux fyftêines de
balancement; mais il cik aifè de voir, en même
temps, que les divcrfes ccmbinaifons des deux
jnétnotles , doivent n>odlâer fa compofïtion des
feuilles de papier. En conféquence, ne convicn-
droit-iLpas d'afTujtttir un ouvriïur à cnverger
d'abord par deux ou trois baîancemcns fetilt;-
inent , enfuite à poufltr en avant par pludeurs
coups ménagés qui , fe fucccdant régulièrement,
.termlr croient la fabrication de la feuille en b
nettoyant ? Il réfulteroit c^e ce CyiUme de fabrica-
tion les plus grands avantages*
L ouvronr puife la matière par le grand côté de
la forme, parce qu'il \bvc aînfi plus aifément la
pâte ncce^î'i^jfe à la formation de la feuille^ &
q>i*il la maitrife prom^tement au moyen d'une lé-
gère in clin a ifnn , ou vers la droite, ou vers la
gauche ; oiure cela , cette difpofition de la forme
entre les mains de l'ouvreur , iaciliie infiniment les
deux mouvcmens d'tnvciger ëi de pou0er en
avant.
L'ouvrage de la cuve (é rrsvaillc plus vite à
petite eau qu'à grande eau ; aufli les ouvreurs
diminuent- ils quelquefois la quantité du véhicule
paur expédier leur travail ; miis comme la ma-
tière ne fc diAribue p^îs pour lors ^uiT\ bien fur
la vcrjure , ^ ijue la fabrication cfl plus impar<
faite , k dircôcur des moulins doit être attenitf
fur ce poinr.
Lorfquc la pâteeft/ii/;^e, c'cfl-i-dire, qu'elle n'a
jas de graine . & que l'eau ta quitte très v île ,
rouvrcur ri'a pas fouvert îe temps fiiffifant pour
ttire fa feuille ; b mitiére un peu graffe lui don-
. Beroif le loiTi ' ''r»uvemens nèceflai-
rci pour fa ^rc. 11 feroit donc
îm^iortant de nouver ii^n^ «ti^cas un moyen de
donner k h pâte un peu d^ graifTe , foit en la
Ifiiuranf plus long^tcmps , foit en la pourriffant
njoins, foîi aijmc en vcifatst un peu d'huile dans
k cuve»
A P
Nous avons dit que l'ouvreirr envergeant trçp
long-temps , accumuîoit uae grande quantité ùc mi-
tière le long du manicordion , ce qui produtibit <l«i
ombres fenfibles fur deux lignes qui corrcipon-
dentaux pontu féaux. & qu'il èviterott une grsjide
partie de cette défeâuofitè dans la difiribuiion de
la pâte , s*îl envergeoit doucement comme on le
fait en Hollande ; mais on a trouve un nouvciB
moyen d'éviter totalement ce défaut de fabrica-
tion , en faifant ufage de certaines formes , où le
parfile du manicordion ne s'oppofe pas aux mus-
vemens uniformes de la pâte. Je me propoicdc^ "
connoitre incedamment les détails oc les priai
de conflrudion de ces formes : elles nous doi
ront par la fuite une grande facilite de fabi
des feuilles de la plus belle cranfparence,
Couchtur*
vu H.
riqiiM
Le coucheur prend la forme fitr îe trapan de
la cuve, & la foulève doucement de '^ ''^tn P^'
che en rinclinant fur le bon caron ; cnfelte Û
Vappuie contre l'égoutroir , la mauvaife riveponc
fur le trapan , Ql la bonne rive appuie contre te
chevilles de l'égouttoir, La forme refle en cet état
Tefpace de deux ou trois fécondes de icoip»
pour s'égoutter , pendant que le coucheur pitij^
un feutre fur la mule , le renverfe & Tètcnti &^
le triipan ; après quoi il fe faifit de la (aime &
couche la feuille fur le feutre.
On diftlnguc deux manières de coucher, à h
fuitTc & à la françoife : coucher à la fuiSe « cA
renvcrfcr la forme Si la pofer prefque-à*la foti»
en l'appuyant , fur toute la furface du linifrt* Ceec
méthode eft nèceffaire dans le cas où Ton opcit
fur une matière qui retient l'eau abondamiDClKt
6l qui demande une certaine célérité ifiii qudk
ne s'cbouk pas fur les bords»
Couchera la françoife , c'eft appuyer la bofiot nn
de la forme fur le bord du fcmrc , puis fur les
parties de h feuille pour détacher fucccffiven
feuilbe de la forme , êc en charger auflifucceflivi
le feutre. La feuille,da05 ces deux cas, acquiert OK
certaine confiftance k mefure que le fcittrc * J«*
tache i elle en buvant l'eau fttraLoadaaie éam
elle eft pénétrée.
Le coucheur relève fa forme par U h^^m
rive , Ô£ iUa rend à rou^*TCUf ; il irouirc 9kn |
fur le trapan de la cuve une auirc feuiUc
Touvrcur a faite pendant qu'ti couchoit. Il '
enfuite fur cette forme , chatftèe d*ttO« fî
comme fur U première. Ainfi Ton vo«t yV*
moyen de dei:^ formes en
ment, 1 ouvreur & le couc
ment occupés* Pendant nt.
dans la cuve pour être cni
fe renverfe fur le feutre , pour en
gée. QuanJ Touvreiîr paffc ui^ foime
gée de pâte au coucheur, H tù rr^k mk m^
cnwmm
P A P
▼îrt, for laquelle il pofe la couTCtte pour Ii
pltnger de nouveau.
Ces opérations que nous venons d*inJîqucr ,
font en général très -promptes ; nous avons fait
voir les cas où il faut hâter le fr*vait , Si ceux
où il convient d'aller plus icmeiient ; ce font,
comme nous Tavons dit, tes qualités des pâtes
qui commandent aux ouvriers ; ainfi Von ne
pourroic rien régler , riea préfcrire fur cet article
que ce que nous avons dît.
Le coucheur prend fur la muïe les feutres
qu*il étend d'abord fur le trap.m , cnfuitc fur
les feuilles qu*îl a couchées ; ces feutrer; lui font
I fournis à mcfure par le levcur, qui les deiache
des feuilles de papier. Le couclieur cfl obbgé
dfi l^s renverfer, pour les mettre dans la poii-
tjon qui leur convient , & pour que U face qui
doit c:tre fur ta feuille couchée» y foit a-^pliquée
(ans erreur.
Le coucheur a befoio de beaucoup d'adreffc
ic d'attention fuivie : pour éviter les gouttes d'eau
oui peuvent tomber de fes mains ou de ia farme,
fût la feuille qu'il vient découcher , car ces goût-
ées laîflcroient fur cette feu t lie une imprcnîon
qui en altéreroit le tiffu * pour éviter duis les
commcncemens de la porfe de UilTer de Tair
ifirerpofé entre te feutre 6l la ieutlle quM cou-
che t ^c ^ui produiroît des bouteilles ; pour cvi-
ler aulTi de biffer gUffer la form fur le feutre,
etifin d*endomm:iger les bo:dures de la feuille ,
foit lcrfqu*elle e(l fur la forme , foit lorfqu ïl la
couche , ou de caufer le moindre ducange*
ment dam une maficre qui a bitn peu de confif-
taxice lorfqu'îl étend dc^^% le feutre dediné à la
couviir
Les deux méthodes de coucher , que nous avons
dîfltnguécs ci-devant , tiennent à des circonrtances
fur Icfquelles je croîs devoir infifler pour faire
cofinoiire ce» reiTources de Tart.
Lorfque U pâte prend d'abord fur la forme
quelque confîAance , p;rce que Veau U quitte
proimptemem & abondamment^ on couche fui-
vant la féconde méthode; & comme la plupart
I* de nos pites pourries fe comportent ainfi , àc fe
précipitent fou vite fur la verjure , on tte con-
naît guère que cette méthode en France ,où t on eR
clans l'habitude de pourrir beaucoup ; au contraire,
les pâtes non pourries retenant Vczn avec une
certaine opiniâtreté , & reUant mobiles à un cer-
fito point fur la forme , le coucheur doit renver-
fcr U forme le plus promptcmem qtnl efl poiG-
Me t pour éviter que les pâtes ne fe dérangent
»s*il tenott pendant un certain temps la forme in-
cUoèc en diBèrcos fens , comme cela a lieu dans
b iccoode méthode.
' CTcft ainfi que les manipulations des ouvriers
dt ta cuve ont dû varier fuiiraDt la natare des
pites, 8c fnr-tout fuivant li manière dont elles
le comportent avec leur véhicule. C'eft pour cette
ràkCàù qu*en Hollande & en Flandre oa coudie
p A P
507
à plat , Se que ceux des fabricans François qui
fuivront ex^ftemeat eu tous points les procédés
Holhndoii» , doivent faire uu|^e de cette nié*
tiiodc.
D*un autre cdtè, tl feue obferver qu*il faut
couchçr ailei promptement, lorfque Teau quitte
h pâte très-fàCilemeat; car comme la feuille doit
retenir une certaiiîe quantité d*eau pour adW-
rcr au feutre ^ elle pourrait ^tre trop fiche fi on
retardoit de la coucher.
Pendint tous fes mouvcmcns , le coucheur a
foin , comme Touvreur ,que la forme chargée de
pâte mobile, n^èprouve pas le moindre choc m tl
mjîndre fecoufîe; caria pâte , difpoféc régulière-
lî eut par Totivrcur ,fe:Git dérargée pins ou moins à
h fuite de ces chocs , de manière qu'on fcro/t forcé
de recommincer !a R:uille. Toute difporition faite
par l'eau » de molécules très fines & très^divifées ,
produit une efpéce J'orgaiiifation , quoiqu; ces
molécules foicut brutes, pourvu quelles foicnt
bien homogènes; elles ont une facilité de fe lier «
de s\mir & de s'arranger de manière à former
une étoSe tranfpurentc : eHet combiné de Teau
& des parties adhérentes à Tcau. Or , c'cft cette
difpofit'on régulière que le molndie choc dét
range.
Pour empêcher que les premières feuilles d'une
porf;: couchées fur les premiers feutres , ne fment
pas evpofécs à contraâer plufieurs dèfeâuontés 1
il fwroit bon de garnir le trauan de quelques feu-
tres doubles » au moyen deiquels on préviendrott
la perte des deux on trois premières feuilles ; &
pour que de fumblablcs feutres fuffent prêts à fer-
vir pour la porfe fuivante , il feroit néccffaire d'en
avoir de doubles qu'on placeroit deffous le dec*
nier trapan. Par ce moyen le coucheur les trouve*
roit les premiers fur la mule dès qu'il recommen-
cer oit faporfe.
Le coucheur doit non feulement foigner let
bordures des feuilles Si les couper nettes» mata
encore les placer eKaâ<.ment les unes furies autres,
de miinièfe qu'elles n*ex cèdent pas tantôt d'un
coté , rantât de Tautre ; car » pour peu que lei
bordures excêdaffeni , elles ne feroieni pas preffèes,
& par conféquent féchées par nne comprcflîoii
égale par-tout, elles feroieot ftijeties à fe cafler
lorfque le leveur les détachcroit des feutres.
li faut que le coucheur ait la même attention
pour les feutres qu*il doit placer les uns fur les
autres » enforte que Taftion de la preffe poire fur
une mafîe également épaiffe, & përticulièrcmant
le loug des bords pour que Teau f^rte cgalemcnr
de tous les points du contour de U porfe petidanfi
la comprcfTton; c*e(l auiB pour obtenir les mêmes
avantages qu*un bon coucheur a foin que les
bordures des feutres foient maintenues i une
épaiffeur égale par- tout , ce qu'il obtient foit tn
repliant les feutres fur les bords » foit en y ajoutant
des bandes d*éioffe qu'il ticat en rcferve à cette
d^iiiiuûoii^
3ss t|
P A P
Par h manière dont le coucheur faifit la forme
& la pofc fur le feutre, tes parties de ta femtle
auî recouvrent les verjures & qui font cngîigées
flans leurs intervalles, fc détachent de toute leur
longueur à-la-fois, ce qui aiTure le fuccès de cette
opération hardie îk délicate; car.fi le coucheur
prtfentoit la feuille par le petit côte , & tentoit
4c la détacher en découvrant à'la*fois une petite
portion de tomes les verjures , & vidant auffi tous
les intervalles, il eft de fait qu'il ne pourroii vaincre
tant d*obAacIes fans cafTer la feuille. D'après ces
principes , le coucheur applique toujours fes
formes fur le côté parallèle aux brins de la ver-
furc y & fuit dans le mouvement qu'il fait pour
coucher toute fa feuille, une marche perpendiculaire
à ces brins & à leurs intervalles*
Outre ce premier avantage , tiré de b facilité
qu'a le coucheur de décather la feuille de la
forme en l'appliquant par le grand cuté^ il eft
vifi'r b qu'il en trouve encore un autre bien im-
portant , qui eft de ne faire prcourir à la forme
fur le feutre que la longueur des petits câtés, &
en général la plus ]»eiite dimenfion des formes ,
ce qui accélère fon travail confidérablement*
C'eft fur ces principes qu'on s'eft réglé aufli
dans rarrangement des brins de la toiîe dis formes
doubles & dans leur travail* On a été forcé à
les doubler fur ta grande dimenûon , a^n de ne
rencontreraucun des inconvénicns que nous venons
de faire en vifager ci deiïus.
Nous avons déjà dit que lorfque la porfe eft
faire , c eft - à - dire , que le coucheur a interpofe
entre un cenain nombre de feutres un égal nombre
de feuilles de papier , il eft qucftion de fa mettre
fous la pre^Te ^ & qu^alors tous les ouvriers de b
cuve fe rèuniâent; j'ajoure ici qu'on ne peut trop
recommander la plus grande attention jjour que
k pr4.(rage des feuilles foit aufti complet qu'il tfl
néce^'Hire, qu'elles fe fcchent convenablement ,
& acquièrent une certaine confiftance égale par-
tout.
, Si'i&î que k porfe eft bien preflee > on paffe
fout autour un racloirde bois, pour exprimer du
fcord des feutres Ime parâe de Tcau dont il eft
pénélrè, puis en bchant la vis & la fsifant re-
monter d'elle-même , la porfe » par le relTort des
leutres, remonte auflî, & ce qui refte de Teau
qui, lors de Ta^iion de la preffe^ s'ètoit portée
abondamment dans toutes les bordures des feuilles,
rentre auftV-tôt dans le corps de ces feuilles; au
moyen d cette diftriburion rapide de Teau , les
bordures des feuilles ne font pas plus molles que
tt ccntie, & pas plus adhérentes aux feutres j ce
qui r^cilifc'les opérations 4ia leveur.
Leveur,
Les fonâtons du leveur font, comme nous Tavons
dri 5 t**. de de tacher les feuilles de papier des f-cutres
anatqtids le coucheur 6c Taéiion vive de b prelfe les
p A p
ont appliquées; en feconi lieu d*cn former
quets , en les plaçant immédiatement les Lnes
les ;ïUtres*
Dans certaines fabriques , le vtreur ou apprenti
commence p^r kvcr les feutres » afin que le
le V car puifte plus aifémcnt détacher les feuil-
les* Ils opèrent ainfi Tu»», fur lesCeutres qull en-
lève & qu'il jette à fa gauche fur la mule , &.
Fautre fur les teuilles dont il forme des paqiict^
qu'on nomme porfes bUnçhcs, Fort fou vent le le — .
veur eJl privé du fccours deT^pprenri ; cepcn— .
danî les manœuvres du leveur ont befoia de c^
fecours , parce qu'elles ciit^ent beaucoup J'adrcffe
& une atiemion continuelle pour éviter les déchets
que peuvent occaûonner les moindres fautes d^
cet ouvrier.
Le leveur pince te coin de b feuille qui eft de
fon côté , & que nous avons déjà nommé hom
caron , & le pince avec le pouce & riodcx (fe
b main droite ; dés que ce coin eft détache en-
tièrement du f(.utre, il faifit ce coin de la mi.ii
gauche, foiilève du même mouvement b feutlie
en gliftant en même-temps b main droite juCqu'à
l'autre coin ; lorfque b feuille eft détachée au ricrî,
il Tcnlève hardiment des dtux mains, & Ictcnd
fur b planche ; il place fa feuille en deux temps
pour qu'elle s'applique exaâemcnt fur f autre ,
fansqu*il y ait de Tair imerpofé, qui occafionncroit
des mufettcs & des fronces.
Puur que les premières feuilles qu'il pbce ia*
médiatement fur b planchette de b felle ne
gliftent pas, te leveur y jette un peu d'eau quif
en les humeÔant, fait qu'elles adhérent db qu'il
les préfente.
Le plus fouvcnt> lorfque le leveur a pbcc atflfi
b moitié de fa porfe , il b couvre avec deci
feutres, & appuie de toute fa force fes maJM
pour uachtr , c'eft adiré , appbtir b porfe daiil
toute rétendue des feuilles; cette dcmi-po;fe ea
devient plus ferme & plus difpofée & recevoir
Tadion de b prefte pour b féconde fois.
Le leveur foulève de temps-en-temps les ^
de b porfc-feutre , principalement celles de Te**
trémiié qui tft de fon coté, afin de pincer |*
aifément le bon caron , ik de détacher ainlii
bordures fans les endommager.
Le leveur doit placer très-eia^cmem les feu
de fa porfe blanche les unes fur les filtres/
manière que les coins & les rives ou hordiirei fe
correrpondent exadL ment, tant du côté des inarw
que du c6té des pieds; car fi ccf bc^*tUïre^ n'c*
toicnt pas égalemtrir bien a; frir
les autres» lorfqu'on mer Its i J$
la pjciie pour la féconde foi%, elles oe tc^lvcroicnt
pas, ce qui occjlîonneroit beaucoup, de Ciffï?*
foit à l'étendoir , foit après le coU^e*
Le leveur doit i^édder fi le pn
été prefté fuffiJamnKnt en porf-
eft dans le cas d'en juger par k cui.Ui^uc<
P A P
(mWti » & par la fiicUIté plus ou moins grande
qull trouve à les détacher des feutrer,
C'eft lui aui£ qui avertit lorfqu il hm ktlWer les
feutres t attendu qu'il s^aperçolt inFaitiiblemcnt
fltt'iU ont çootraclé de la graille, far le .cri que
font les feuilles loifc|uHl les détache des teucres.
Dans les fabriques ou l'on ne fait point ufîiee
lie preileties» on attend qu'il y ait dU porfes de
fiifcs ou U moitié de h journée, pour les fou-
mettre ainfi en porfes blanches a la mcmc preffc
a laquelle ces mcmcs feuilles ont été foumifes
en porfes 'feutres ^ &L c'eA cette pp<iranon qui
achève de donner une certaine confiildncc à Ictoffe
èi papier» 6i ^ dans ce cas , ce fort tous les ou-
niers de la cuve qui concourent au travail .de la
irêÏÏe.
Le leveur efl chargé d'apporter ta pâte ;qu*il
tilt de h pile aiHeuranTe , de la verfcr dans la
Cave à chaque porfe , & de rincer le tour de la
Oive toutes les fois qu'on quitte Touvrage,
On diAingue deux manièics de lever ; la pre-
«jiëre, qui efl ufi:éc dans prefque toutes nos fa-
briques françoifes » eA au piauet ou à felle inclinée*
Cette felle reflcmhîe au chevalet d'un peintre ,
iîar les chevilles duquel on met un trapan aiTez
léger ^ qui reçoit 1e^ feuilies qu^on y arrange cp
éealifant leurs bordures, à quoi ta fituation la-
iclinéc eft favorable , fur-toui lorfquc le travail
cJa levage s*exéaue par un feiïHiomme: on a vu
'ïc détail de cette opération ci-devant.
La féconde méthode eft à felle pUte;cVft la
[vrièthode holUndoif:: , qui patoît beaucoup '^îus
avamagcufe que la première, Lorfiju'cWe ciï cxé-
i^utée pïT un Içvcur habile, elle ne dèforînc pa*
iles feuilles comme ta première, car, i^ le levetir
î-»e laiîîe pas fur rextrémité drs feuilles rimprcf-
£ûii de fes pouces ; en fccond lieu, il ne donne
pas aux deux coins une extenfion forcée, comme
il le fait iorfqn'il ;ipplique au piquet les ieutil(;s
, k$ unes fur 1?$ antres» ' ' ' ^
u-Suivant ta fcconde méthode , k léveth' prend
Hlfieuilîe fi.r les deux doigts -tndesc , en la dé-
^bchant du feutre, 6c it la phce fur iftn pïateâU'
qui eft dans une fituation norifonia'C : il ajuftï
ieukroent le bord qui efl de fon cuté & ce! ni
qui eft à fa droite, zvcc les bords éts feuilles qui
iùQi déjà placées.
] Aûn que h feuille puifle obéir aifément aux
1 is0uveinens que le Icveur lyi donne pour l'égalifer
^ au% autres , un aick, qui cd en f*ce de lui, de
Tautre cûcé du plàrtau, cù chargé de placer à
rextrémité ûppof:e des i^cuilics, uae petite pl^n-
cl|cttey c*eft fur cette planchette quj le Itveiir
jette Texrr Imité de la feuille qu'il vient de dé*
taclier du fi-^tître ; Si comme elle n'éprouve aucfîji
fr " bnchcttc^elle eft bientôt ajuftée
! c . Sitôt que le leveùr a quiiié
Il fcuiil^ pour en prendre une autre , l'aide ou
apprefiti tire la planchette de dciTous îa feuille &
la pofc dciTus j en la laiffïint déborder d'envirou
A P
509
une ligne & demie; le leveur ajufle une autre
feuille , l îiide tire la planchette de deflous iùn
extrémité, la remet delfus; & alternativement le
leveur & Taide continuent ces deux opérations
concfpondijiies avec une célérité ejctréme.
Le Icveur prend de temps-en-temps la planchette,
éc comprime légèrement le< feuilles qu*il a placées ,
en commençant par le miîieti , & finiffant d^écachcr
par les dcLX cxtrémiks , pour que Tair ptiiffe
s^échapper eooonféqucnce de cette cémpreirion
fucccfùve,
Lorfque ta porfe efl levée , en met un feutre
deflus, 6l avec une pUnehctte plus large, plus
longue Se plus épai^e que la première, le leveur
com prune la porfe le plus qu^il peiM ; iTtù alors
que dans les fabhques de Hollande il mcfure Té-
pailfeur de la totalité de la porfe , Si qu'il juge
à «peu-près par cette épaifïeur û le papier cil
du poids aiufi que de U force qui conviennent.
Pour pouvoir juggr ainfi du poids quanta le
papier pîr l'épaifieur des porfes -blanches , ilfaut
que Topèration de la preffe ait été faite réguliè-
remeot 6: avec le même degré de compreffion*
/'oMbliois de dire que Taide eft occupé en même
temps à lever les feutres , fie à les jeter fur la
mule où les prend le coucheur.
/*aj reir:arquè que le plateau fur lequel le leveur
place les fgutiks qu'il détache des feutras, étoit
dans une fituation horjfontale ; cependant on peut
Jiû donner 6c on lui donne affoz fouvem une
certaine inclinaifon, 6c parriculréremenr lorfqu'on
lève les grandes fortes, en mettant deffous le
trapan un morceau de bois d une él^aiffcur plus
ou moins cor-fid érable. ♦
J'ai dit ci^dciTt» que le leveur fe conrenfolt !ie
raccorder feulement deux bords des feuilles qu'il
place fur le plateau, c'ett à-dire, celiii qui eft de
fon côiè» 6l celui qui eft à fa droite^ i! ne s'in-
quiète p3S des deux autres cxVés, peif- rié que
h les teuilies ont été bien fabriquée»- 5f bîcjt{
couchées-, les deux autres côré< p ^vx
deux premiers qui le guiùcutj conv i iuilî
de même* .
On met pluficurs porfes les unes firr les autres
jiifqu'à ce quon ait formé des paquets de- cinq
cents feuilles , ccii-à-dire» d'une timc pcm les
lortes qui pèfcm juiqu'à vmgt 6£ vingt-deux livres.
Les paquets des papiers d'un poids audeffr^ ]ud
qu'à cinquante livres , n*onr que deux t :rs de
rames, 6l ceux au-dcîà ne renferment que J* tiers
ou mcmc le quart des r^mel Û€ ces gra.ides
foitçs.
Ces paquetf font portés enfuîtc dans râtelier
où Ion s'occupe de l'échange, & fur- tout du
r.kvdge- J'ai décrit (fort en détail les attentions
du leveur en Holhnde àc fes^ diverfes manîpu-
I Ijtions ,^parcttique lqi:<mvnefs qui font ch.if|;^é$
de relever le papier, tes fuivent très-««aÔomerit,
ce qui rne difpcnfera de les décrire de nouviau
lorique je traiterai dçs opérations de lech-nge.
510
f il P
Si» r Jure s de 4 "^v''/.!
J'ji dit quM cioh bietv cî.entici que le Icveur
pUçit exa<ii«menc ks bordures de» feinlîes (et
unes fur les autres , & dans toute Tépaifleur des
jiorros bboclic, i'^i oUferv»^ <|ue, fans cctrc at-
icmion , Ici parties de bordures qui excède roi e nt ,
n'éprouvent pas fous U pre.Tc une comprcfliûii
égale â ccKe qiï éprouvem Jcs autres, ne feroient
pas féches , ne prendroicnr pas une certaine con-
lîftance, ce qui occaiionnerolt des inconvéniens
dans les itiani publions fubréquentes du relevage
II, av2nt & après b colle.
Mais s*il y a des horrlures baveufes ou tuai
d^cidàes, Inégales ^ iir^guiîères, VI ne dcpend pas
du leveur dy remcdicr. Il eft donc également
eATcniiel que le coucheur n'ècorche pas certaines
bordures, & ne les écrafe pas en les alongeanr.
Ces mauvaifcf bordures peuvent être encore re-
jetêes fur louvreur qui lève négligemment le cadre
^L éboule les bordures de U rive qui cA de fon
côté ; ea^n , quelquefois ces défeâuofités font la
ixmi de U ind^vaife tournure du cadre & des
C'cft atnfi que toutes les opérations font liées
dans la papeterie , & dépendantes les unes àt%
a4itres. Xin bon fabricant eft celui qui , con-
Qoiflant cette dépendance ^ & qui faclunt que
les dcfeûuofités panTent d*un ouvrier à un autres
d'un atelier à un autre, veille par-tout pour pré-
venir les fuîtes de ces négligences ou et ces
mal-adreiTes qui mulùplieni les déchets âc les
pertes.
On voit par-là que tous les ouvriers de la cuve
contribuent k rendre une feuille de papier parfaite
ou dércélucufe , fuivant qu*lls font attentifs à leurs
fonâlojis ; que cette attention plus ou moins
foutenue iniîue fur le fuccés des manipulations
f>oftérieurcs , tels tbnt fur- tout ie relevage &
'étendigs après la colle : on voit d'un coup-d^ceil
combien les bordures. des feuilles de papier bien
foîgnées , bien égalifées , fervent à épargner les
cailes & même les autres dèfcÔuortiés qui dé-
pendent des manipulations polUrieures.
Quelle que foie la préciuon avec laquelle les
bordures des feuilles de papier aient été coupées
par les ouvriers de la cuve, on peut remarquer
que les At\i% bordures des deux grands c5tés des
teuilles , diflFèrem aiTez fenfiblemcnt : que celle
qui occupe le haut des mains efï bien plus nette
& plus unie que celle qui eft au bas « laquelle
ed le plus fou vent dentelée & même uo peu
baveufe. Cette différence vient de ce que l'ouvrier
Î|ui couche les feuilles après avoir appliqué la
orme fur le premier bord du feutre , la lève un
peu en traînant lorfqu'il eft parvenu lu bord op-
r A pi
I pofè. D'ailleurs , eft promenant Fi fcfrnf tfitr
bord à Ttîutre , le coueheur dàf '^
porter vers le fécond ho/d , eniV ^
' piui hnmide fe troiiVi: expofce ri s'cboukr U i
sV tendre. C*e(i è ces cîrconftances qtictl duc \~
diiTèrence des deux bordures du haut & A\x
des feuilles.
J'ajouteroîs même ici que l'ouvreur, enlevan-^
le cadre de la forme, dérange affez fouvcnt k
régularité de cette même bordure par le cbik in-
fetieur du cadre qu'il lève le dernier, & qui en-
traîne de petites parties de ceitc bordure lorf^aï
eu détaché négligemment. ^
Tâche joumaltèrt du Oîtvritri de U cuvt,
La quantîî ; de papier que les ouvriers de U cut^
doivent fabriquer ch.^que jour, eft fixée par ^m
ufage aflez gJrnéral en France. Cependant, oun^
cette tâche , il leur eft libre de faire qudquci
porfesde phn dans un grand nombre de f.ibrlquci-
mais des fabncaos habiles ne fe p»r rx
facilement à ces augmentations de tr ,n
qu'ils ont lieu de craindre qu'elles ne uuî^^m à
la tâche ordinaire dont ils fe contentent, pourvu
qu'elle foit bien faite.
Je vais donner un tableau des tâches joutai-
lîéres de la fabrication des différentes fortes , telkl !
aue Tufage les a établies & les maintiem dans la
fabriques de rAngoumois.
La première colonne indique le poids ordîni^H
àt% rames ^ la féconde, le nombre des feutrol^l
' des feuilles dont chaque porfe eft compofèe; la
trofiéme , le nombre de qujiu ou quarterons; la
quatrième , le nombre de rames , mains & féuîUes
qui fe fabriquent en un jour ; la cinquième , ks
avantages qu on accorde aux ouvriers , en co#*
féquence de cette fabrication i la fLxiéme , le potdt
total de la matière employée dans une journée
à fabriquer telle ou telle forte de papier; U fep»
tième, le nombre des affleurées. On fabritme
toujours vingt porfes par Jour, mais le nombre
des feuilles comprlfes dans la porfe ^ vane cootoe
le nombre de quais ou de vingt - cinq feuiBéf
qui entrent dans la compofirtoa d'une porfe.
Il eft d'ufage» aînft que ie l'ai dit et ^devant t
d'avoir un ouvrier particulier poiïr fuivre le tra-
vail de la pile affleurante » lorfque Ton fabrique tes
ÛJL premières fortes.
Outre cela , les fortes qui fe fabriquent à (cA
les doubles exigent deux leveur^*
Comme le tableau fuivant ne renferme pas k
grandai^le, je ne dois pas oublier quelescmmen
ne fourniffent par jour qu'une ramt de ce papicx»
qui pèfe environ cent trente Uvres U rame.
P A P
TABLEAU
De la fabrUalion des différentes sortes de papier en Angoumois*
Sortes di papier.
Giand colombier
Petit chapelet
\itm
Impihal
Super-royal ,
Royal-fin.
Royal
Grand compte
Idem ,....,
Cartier à double feuille . . . ,
Double lis . ,
Lombard ...,,.
Carré ,
Icicm ♦ , . *
ïdcin • . ♦ , *•♦..•...♦..,
CZTîocbe double & grand à la main ^ ,
l^etîi à Ja main , ..•.,..♦.
Couronne , écu double , moyen compte ....
l-cs mimes , ,
lEc» l . . .
Ecu , cardinal , cornet à deux empreintes
Cornet» cloche, grilFan» grande ter 1ère
Petit compte & teillérc à double fctfîlîe
Petit cornet , petit lis , ramiainc à double fcoille ....
Petit compte, peiîte teillére ,pto-patria , feuille fimple.
Cartier à feuille fimpîe , , . .
Petit cornet, petit lis, romaine
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III
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V A
On voit par ce tableau, que le nombre de feuil-
les iSc de quais qui conipofcrt les porfes , eft
beaucoup plus conhJérable dans les petites "fortes
que d;ins les mojrcnnes , &c.
Le même tarif peut fervir i guider les <^bri-
icans , lorfqu*ils coupert les feutres qu'ils defti-
nent à la fabrIc:vtlon des petites » des moyennes au
deî grandes fortes , piiilque les feutres doivent être
en mcoie nombre <juc les fauiilcs de papier conte-
nues dans 1e$ porfe!;*
Lorfqu'on travaille à formes doubles, on coupe
en mîmc nombre de feutres que pour les formes
impies, en obferVatfl cqjendant de leur donner
«fie longueur double dc^ la feuUIe » plus , l inter-
na îe de la couverte qui féyarc li^s deux forbiaiSj
le tciui fur la Urgeur ordinaîr?, j
r Dans , \ks moulins Hj^uarulofi ^ la journée
'moyenne Jqne cuve eHj d'environ cent cinquante
[livres à^ matière. Conimb oft y fait «fage- de
,fgrnîcs doubles pour la ^fabrication de toutes
,Ics petites fortes , & mqrtie de qLCigues-uûcS de
'moyennes dimsnfions, tl ti\ vifibîc qu'on y Citi-
ploie beaucoiip plus de matière qu il ne s'en em-
ploie dtns nos cuves « eu la lournée raoyenne n'cft
gtèrîque de cent dix à cent vingt livres : ce qui fait
|cu>iren trente livres de matière mife en œuvre
idans une cuve HoJIandeife , de plus qup dans uwe
'Fracçoîfc, mal^r^i la vîreiTc avec liquelle on
travaille k la cûvc en Fr:tnce. Outre cela, il falit
confidcrer que des taches journalières des ouvriers
HoUandois , il en reftc beaucoup plus k la fal!e>
que des lach^s qui fc fabriquent dans un grand
nombre de nos moulins , où il y a tant de papier
dcfcélncnx , 8t une fi grande proportion cfc «af-
fis rdativcment nu bon ; ainfi l*on voit qu'il en
rèfultc encore un défavantagc de et cc^t<i-là pour
les fabricarisFrarçoTS. Un bon fabricant, qui fait
apprécier le travail de fcs mouèiujS^ ne doit fairq
entrer en ligne de compte qr.c le papier qui refle
à la fallc , qui forme des rames ^ en un mot qui
leil d*un débit avaf^tageux. Je ne fais fi Ton peut
^iconfulérCT les additions à la tâche ordinaire ,
comme un vrai gain pour la m^in^d'oQUvre des
papeteries cii France,
Grain du p^pi^r,
La pâte qui feri a former une feuille de papier,
cft reçue, comme nous l'avons dit, fur une toile
de fils dj laiton pîiis ou moins fins , tendue &
aiTttjettîe par les extrémités à un cadre de bois,
ÔL foutenue dans le milieu par plufieurs traverfcs
auffi de bois^ qu'on nomme pomuftaux : en confè-
qntace de cette conflruftion , il cft aifé de fentir
3 ne ta ftniUe de papier formce fur cette toile ,
câf prendre &conferver les impreffionsde toutes
les pièces qui compofent fon ti Jii , & des vides
qui fe trouvent entre ces pièces.
Les traces des fils de laiton font en creux fur
le câté de la feuille adhèrent à U forme , & cha-
cune de ces traces cft féparéc par one Qlie
que broduit ja pâte, qui slnfmuc da.i2s les in:^*
valles des iîls"/e laiton : enforte que 11 fcuiUc
préfente rafpeft d'une étoffe cannelée.
Sur la face Gppoféc, ai| contraire, ta trace des
verjures efl relevée en boflc, & forme un liïem*
blage d'éminences parallèles Sf arrondies *iui cou*
vrent la moiric de la feuille. Il en cft detrtcjric
de la trace en relief dumanuorJion ,des Icurcî,
& des enfcîgnes.
Voilà'donc h première ébauche de la fcuil1«
de papier qui fe trouve foumifc à toutes les opé-
rations fubfjquemes de la papeterie; c*eft de ctix
bafe qujl faut partit û Toa veut connairre plm
paniculiérement refprit de certaines manipula*
tiens que irons avons vues , 6:^ de certains ap-
prêts dont nous nous occuperons par la fuite*
Comme dans le papier qui a reçu fcs derniérti
préparations , on* feconnoit encore^ la régaUmé
de ces iiTiprcffions , il cft vlfiblc q^^e xrrj'\ h
apprêts auxquels on fouraet la feuilî: '\
nont.d'ai;rrc but que d'adoucir ces , u
fans les dhruifé. Il importe donc de huvre les
principales nuances du travail qui agir furcci
imjîreir.ons.
Le cojchsur , en renverfant fur le feutre h
forme cli^rgée de la feuille de papier , iplatiiufl
peu les émiiiûuces arrondies qui font eu rdirf
fur une de fés furfaces , 6t fait qu*unc partie dç» _
creux produits .par U v.crjurç fuc Tautre , fe rémpi||^l
en même temps. Cependant Teffort quM f^it p*)^^
détacher de la forme les parties de la pitc «pi
fe n cuvent en|3gé<;s entre les fiîs de la vcrjurci
produit une innnitè de petits poils diflribués fer
ien bords des parues fai liantes..
Sous la prcife , avec les feutres d'abord, civ
fuite en porf^is blanches^ fans les feutres, ce tra-
vail fc continuelles veft^ges des ba|uctfcs a^
rondies qui font le relief des verjure^ , s>pU'
tlffcnt toraleaent, &, ce qui en eft une fuite JtJ
creux fur la face oppofée difparoiflen^
mais les traces des parties faillanrcs !
dans rintcrvallc des fils de la verjurc , dû\ ksi-
nent app^itsmes des deux côtés , en confèqrucnce
de leur épaiffeur , Se s*arrondiffcnt par l\ff« fc
la prefle. On trouve donc enfuite fur les dçui
faces des feuilles de papier , deux fyftcmcs de
baguettes pruhninentes , dont on voit aifémem la
caufe. Apr^s que les feuilles des poifcf blanches
ont padé ft>U5 la pr^r/Te de la cuve , il s'en feut
bien que toutes les afpériiés , tous les pa<its fili'
mens occnfi>nnés par Teffort du coucheur akm
difpARi ; & comm^ c'eft à ces feules op^ratiûas
que fe bt rncnt, dans la plupait des iabriqucs de
France, tous les apprêts qui ont pour but d*ad<W-
cir la furface du papier » il n'eil î:as èeonfiaoi
qu'elle le foii ù peu. Les Hollandots ne UtStm
pas leurs papiers dans cet état dlmperfeâion.
Nous aurons occafion de faire coonoitre par h
fuite» les principales manipulations dont tU font
«fite
^
P A P
fige pour corapîett;:r les apprûci de leurs
ILTS.
es baguettes aplar Les , tracées des deux côtés
e b feuitie de papier par h pâte engagée dans
fiîiftrvallc des fils cle laiton , 6: qu'en peut l'utvrc
fcrc&il fur la furface du papier, même apprêté,
ferment ce que Ton appejlc le grain du capier ^
[fiio que \ci inanipularions doivent adoucir »
îôinmc je l'ai déjà obfervé , fans b faire dîfpt-
f>trrc ; grain qui fe détruit entièrement fous ta
itCc èL fous le marteau. CVU ce grain , rccon-
(loUTable dans les papiers de Hollande les plus
moxLX » qui a fervi ï me prouver que les Hollan-
piois ne tes adouciiïbiem pas par le lî/fage ni
par le battage, maïs par des manœuvres infifli-
ment Amples 8c ingémeufes,
i Le grain dn papier eft fouvert défiguré par
les -écutres, îorfque ces étofl'es n'étant pas gar-
pics f l'un lainage abonclsnt qui en doit couvrir
t*'"^ """nt le ïi0u intérieur, en IniiTcnt aufli les
I ns fur le papier. Si Ton couche' les
nnif!s de papier deÛus ces fortes d'êroffes peu
amies de laine, & qu'on les fouraetteà Taftion
e U preiîe ^ bu milieu de ces étoffes , elles pren-
leflc la trace de la chaîne & de la rrame de ces
ofles mal couvertes , & c.s nouvelles cmpreln-
s réunies à celles du f 'j-i/: , compofent une ef-
èce de furface chagrinée irrégulièrcmcrt. Pour
ircvcnir cet inconvénient , il eft bien imporrant ,
îommc nous Tavons dit k Particle 6cs feutres ,
'c compofer la trame de ces étoffes de bines
ligues qui recouvrent facilement & abondam-
;m le tîffiT,
Le p-ain du papier fert à d^s yeux exercés
rcconnoitre la fineffe & régallté de la pâte ,
tir-tout îcrfquo ce grain a été adouci & per-
^^ionné,pour ainfî dire, par l'échange, comme
ns le ferons Voir dans Tarticle fuivant.
Tous ceux qui font ufage du papier , ont pu
tpprécier les avantages de celui q\ïi a fon grain
idouci , Sl ia préférence quM mérite fur le pa-
^i«r gm » l'avant prefquc perdu totalement fous
la Une ou u>us le marteau , ne préfente qu'une
Turface unie , fur laquelle les mouvemens de la
|>Iume font incertains. D'un autre côté , ils ont fenti
les obftacles qu'un graîn trop gros, inégal, couvert
le iîlamens mal couchés , oppole a ces mouvemens.
II réfulte de-là, que Tare de la papeterie doit
fcnfcrmcr les procédés propres à communiquer
«Il papier le degré d'apprêts le plus favorable à
b confctvatinn de fon grain , & à fon adoucif-
fcmcnt» Les Hollandois ont enrichi Tart de ces
B' roc'idés , que nous allons laii c connoîrre en
'f Echange*
k Au travail de la cuvo fucct;de celuî de fè-
Ihange , opération qnc nous avons empruntée
les Holhndois , & qui n*eft bien connue en
France que depuis la puWicatioa de mon pre-
|( Ans & Métiers , T^m€ K Partît IL
P A P 515
micr mémoire fur la papeterie , en i774, Ccft
en préfentant les mêmes détails qui (e trouvent
dans ce mémoire avec quelques addîtir^ns impor-
tantes, qite je me propofe de donner une idée de
cette opération zuiTi utile qu'itïgénieufe.
Un ouvrier, ( c^'eft ordinairement celui qui
préûde à tous les travaux de la papeterie , )
prend !e papier après qu'il a pafTé deux fois fou»
la preiie de la cuve , comme en France, le tranf-
perte dans une falle, qui ordinairement eik fèpa*
rOe de la chambre de cuve : elle cA garnie de
plufieurs preffes d'une force moyenne , &l d'une
table p«u large & fort longue. L'ouvrier arrange
fur cette table le papier nouvellement -fibriquc
par piles . tjui contiennent huit à dix porfes ; cha*
que porfj cft dftinguée p;ir un feutre :il établit
deux piles à côté Tune de Tiiuire, fous chacune
des preHeS ; lorfqu*elles font garnies , il les fait
jouer fur le papier » en ménageant d'aborfl la
eompreffion ; il revient aux prciTes plufieurs
fois , & il exprime, par leur aÔion fucceflîve , l'eau
furabondante qui fort des porfes blanches. Après
que le papier a féjournè fou-s les preiTes le
temps qu'il juge convenable, ce même ouvrier
le retire par parties d'une ou de deux porfes , &
les diliribue le leng de la table ;cnfuite il s'atta*
che à la porfe la plus avancée, & la prenant
par un des coins, il en détache les feuilles , puis
levant feuille 4 feuille, il forme à coté de lui»
fur la gauche, une nouvelle porfe, qui ne diffère
de la première qu*en ce que les furfaces des
feuilles qui fe touchoient & qui ont été preffècs
les unes contre les autres , correfi^ondent à d'au-
tres furfaces. En entremêlant ainfi les feuilles
pr.r une diflribution dfférentet les furfjces de
chaque feuille font détachées des furfices conti-
gues auxquelles elles adiîéroiem , tL (om txpo*
fées à d'autres furfaccs , contre Icfquelîcs elles
font comprimées de nouveau par Taflion de la
prefTe-
Ceft Ja fuite de ces deux opérations, U prt/^
fag€ & U nievag^ , qui coriftitue ce que j'appelle
échangt: , & qui fait le fond de Ja méthode des
Hollandois, pour les ap. rets de leurs papiers*
Apres que l'ouvrier a fait paffer ainft à l'échange
toutes les porfes d*unc pile , il fou met les au-
tres piles à la fuire des mêmes manipubtions ,
& les arrange de nouveau fous les preif^s. Je
dois obferver ici , qu'il fe fait aider fort fouvcnt
pour le relevage, par des apprentis , par les aides
du leveur , lefqucls relèvent avec beaucoup d'a-
dreffe & de célérité.
A la féconde preffée^il ménage moins la eom-
preffion , mais iî a foin de ra.ug;menter par des
progrès infenfibîes. Au travail de la prcffe , fuc»
cède celui du rekvage , & ces deux opéraiionf
fc réitèrent .fufqu'à trois ou quatre fois, fuivant
la forte du papier, fon èpaiffcur & h qualité de
la pâte. Plus la parc cft fine , plus le papier cft
mince * moins il a befoiti d'être preiTè 6l relevé.
Tit
5 '4
P A P
Paur l£s grar.dcs fortes « telles que U ch^odtt ^
T impérial^ U colombier , U grand-MgU ^ îl cil im-
portant (ie prciTcr Ôc de relever plufieurs fois ,
parce que le grain en eA (»lus gros « & que d';%îl-
leurs , pour Tufi^e du detlin , auquel ces papiers
font fouvent deftii^cs, leur furfice doit èîic adou-
cie avec attention.
robferverai id,!*». que Touvrier^en replaçant
' les porfes fous la preue,a foin de mettre a la
partie fupèrieure des piles , les porfes qui en oc-
cupoient le milieu,^ de varier autsnt qu*il cft
poinble, d*une preffèc à l'autre , i^arrang^ment
des porfes, afin que les effets du preffage foient
uniformes dans toutes les parties des piles.
%^. Que cet ouvrier garnit avec attention les
bordures des porfes avec des bandes de feutres,
pour que la compreiTjoc foit égale fur 'toute \a
itiaffe des piles , car le milieu d'une pile de porfes
blaiclies étant touioufs plus élevé que tes bords ,
îi eO ucceiTaire, pour mettre toutes les parties de
la pile de niveau , d avoir recoiu^ à ces bandes
de feutres , qui fuppléent à la moindre épaiifeur
des bordures, S^ns cette précaution , la compret
£ion n^agidant que fur je milieu > les feuilles de
toute une pile , encore humides , fe caiferoient
dans cette partie en fe partageant par la moitié*
Un feul homme , avec quatre à cinq prelTes ,
peut échanger tout le papier fabriqué dans deux
cuves , fur-tout s'il a été bien predé & bien levé
à la cuve. Le travail de rechange duré ordinai-
fejntrf.t deux jours entiers , fur une quantité
lionncc de paj/ier : bien entendu qu*on y fouraet
. chaque jour les porfes qui fe fabriquent r on a
loin (eutement de diûinguer les pirties de pa*
I pier fuîvant les différens degrés d*apprét$ quelles
► ont reçtîs , â( le temps qu'on a commencé à les
\ kur -onner,
Lc'tfque le papier a fubî toutes ces manipula^
[lions , il e(l non^feulement adouci à fa furface,
[mais encore bien téurré 6c adoupli dans finté-
[rieur tie rétoffe. Enfin , il à pcr4u une très-
grande quantité de Teau furabotidame donc il
^toit pénétré en fortant des oj èr«tions de la
cuve,
^entends par le feutrage du papier que pro-
fduit récharge ^ le rapprochement des libres de
[ia pâte dans le fens de répaiiTcur des feuilles ,
& leur adhérence entre elles. Le papier ne fe
feutre qu à mefure que Teau s*écoule ; tant qu'elle
^cii interpofée entre les filamens, ils rcftent ccar-
ès : aiau ^ le progrés du feutrage eiL en même
[raifori que Técoulement de Tcau, 6c ces deux ef-
fets font produits par Taftion réitérée & ména-
|ée de la preffe. Les molécules d'eau abandon-
Bant les fibres de la pâte, celles-ci fe rapprochent
h îk'affaiflent Tune contre Tautre par la çompref-
lon. On conçoit donc aîfément pg^f^^ûi le pa-
pier qui a pafTé par les épreuves de Péchangc , eft
artonoeux. Par une raifon contraire» le papier
|ui n'a pas été échangé & qui féche rapidement
F A p
dans l état d^humldltê fcirabondante , nç éf^t ^
être feutré ni crtrtonneux; cep-
change de dimcrfion par Xi
éprouve dans nos étcndoirs, "^q
un trente- deuxième fur f* r ft
largeur; mais malgré cette retraite , U s'en faut
bien que les fibmens de la p^te foicnr rap;iffa*
chés autant qu il eft poffiblc de le faire. Il eû
n^ccffaire d'employer un« force extérieure qui
Tafie que les vides fe rcmpliffint à mefure qu jlt
fe forment , & les preffes agtftant fur le ppéer
dans l'état d'humidité , font très* propres a pro»
duire cet effet: faute d'avoir éprouvé cette ciin>-
prerûon graduée des preffes, le papier a des pores
piui ouvciits , ôc étant compofé de (ilamcns mouis
adhérens , il ne neut offrir une étoffe ferme &
cartonneufe. C eit aux différcns éuts ou fe trou-
vent les papiers de France 3l de Hollande, en
confé^ijucnce- des opérations de rechange qu'on
fait lubir à Tuo , i^k auxquelles Tautre n eft p^
fournis > qu'on peut attribuer une granJe partie
des qualités des papiers de Hollande t âc des dé*
fauts des pa|jters de France.
MM. de Mongolfier ont éti tes - ^ j
adopter l'échange, même fur des fa
qués avec des matières pourries, /c trouv.
leur fabrique un ateher d'échange tout -, .
en 1779; "^^i^ ^^ 17S1, nous avons rccooûu
que réchange sVxécurou avec beaucoup^ plus de
fuccés & moins de pertes fur les papien
compofès de pâtes non pourries & triturées asi
cylindres. Le relevage étoit plus facile* âc occi-
fionnoit beaucoup moins de caffés* D'aiUeura 1
ladouciffement du grain des papiers èdiangès
étoit tel, que ces papiers offrûiem ce velouté âc
ce glacé mate qui caraâ^iûreut les paprers Huh -
lacdois. On a échan|;éaulîi dans U mcmc Cibri- -
que, & à la même époque > les papiers »pres ta ^
colk ^ pariiculiéremçnt les moyennes ii \z% gpn*
des forrcs , & c'ell alors G;r tout » qut iVn ptn
fe cotiVâiucre ailémcnt que ceiic 11*
plettoit l<3 effets de T^Ji^^e av.i ^ij
empêchant ie gratji de le rcptodutrc* /ain«is i*ac»
lion de la preiTe fur je papier colîé o'cApiinnoit
la colle du papier, ûirtout quand ceue acuoci
étoit bien mcnairê^: : au «lontraîre» elle a paru ia*
ciliter rintroduàion des parties collantes dass
Téioive du papitr; on pouvoit même cAfen-cr
que le vernis de la colle fe fixoit à fa furfacc ,
ÔC s'y luftfoit convenablemeui à mcfura qy gq
eaécutoit les différentes manipubiuoâs de l'c-
change.
Depuis ce temps çeçte opération parok avoif
été introduite dans tous les moulins d'Anson^y^
& dans plufieurs autres du Djuphiné^ de l'Aw
vcrgne 6c de l'Angoumois * & il e» à dédr^r ^ék
fe répande de plus en plus, ^^
Le releveur décide» comme le lerçur » de U
quantité de preff^ge tiu'on doit donner tu iiattcr
defliné à réchange. Vu irouve que la mi^
P A P
ajhéreiit trop cnfemblc , il fe plaint de ce qu'en
I trop ménagé la prefTe ; car ces feuilles adhè-
reit fouvent par Us entremîtes & les bordures
qui ne font pas afTez féches,
l^^ur éviter cet înconvénletit, il faut prefler
^Hecmern d'r.bord« enfutre donner un coup de
^mRr plus fort , 6c laiflTcr la prcfiTc fc relever
racidtmenT , comme à la cuv*f. L'eau qui 5*é-
É portée vers les boj d$ des porfes , &L qui
'croit pas écoulée au dehors , rentre au cen-
..w , les feuilles , au fonir clc ta prtiT;; ainfi dirigée >
i^m également féches par-tout , &c leur relevage
■Bècute fans dîAculté*
^Ritvant rétat de fécbcrefle oîi fc trouvent les
p^iffes an fortir de la chnmlre de cuve, on
ffciTc avaiît le re^evage , ou bien on relève tout
cîc fuite > puis on prt^ffc. Cïtte opération du
prelfagc doit fe téitèrer, tk fe faire avec beau-
coup de ménagement ; car il cû à craindre , en
Iéral , que ttans Tétat de itiollefîc ou font les
Hles des porfes blanches , on ne détruife leur
m par une aâion de la prcffe i^eu ménagée,
^ qu'on ne leur faifc perdre leur trarfparahcc en
oblitérant Timprelfion des ver jures. On fciit quJ
^^ion réciproque de ces feuilles, couchées les
^Kh fur les autres » peut produire ces effets à
^Kongue,
^^Dn ne tifque pas d'éprouver Ces inconveniens
||IWc]u*on preife le papier entre les f-utrcs, parce
que ics feutres fe prêtent à la comprcliion , &
Tendent leau. Ainfi on peut , fans cramte , oreffcr
fonement à la cuve, le papier qu*on dcflti^e à
réchange.
Un autre principe auifi eflentiel pour le ft:C-
ccs de réchange , efl que le grain du papier
qu'on relevé foir bien prononcé. Ceft thns C€s
vues que la toile des formes Hollandcife*^ ,
Éen généi^ tîiTuc avec un fil de vcrjurc d'un
brc plus gros qu'en France, Toutes chofes
Heurs égales, iis gagnent par là une belle
' tranfparencc , & l'avantage de ne pas craindre h
" imélion du grain m les nébulolné^ qui en font
fuirc. Outre cela , les Hollandois ont foin que
froiïcur de la verjurc foit proportionnée à Té-
Heur des papiers , en fuppolant les formats
ttix. On fcnt bien que ces principes de fabri-
i>ii fcroient mal ralfonnés « dans le cas où le
fage ne fuccéderoir pas au rravail de h cuve^
tit'iueroti le gros grain dans fon ér^it primitif.
™ faut relever les papiers échangés à leîle pîare ,
^omme je Tai dé|a dit. JVi dit outre cc'.a > qu'on
Ivoit donner au plateau telle inclinaifon qui
b vient le plus à l'ouvrier qui relève , & à la
de papier. Cependant les petites fortes fe
Ivent ordînaVremeor en Hollande & en Fîan-
tout à p'aL Lis griindes (ortcs fe relèvent
même à plat , mais à deux ouvriers. Si Von
pas à fa difpofition ces ouvriers , on incline
hfcatiairci confidérabl e ment 113 n feul homme
iûtç k releyage , vb^'h il faut qu'il al; i:rte
p A p
5'5
grande adrelTe &l une longue habitude de cette
opération. Les petits formats fe relèvent avec
une grande vitcfle par les plus jeunes apprentis.
On ne peut prelcrire ici le nombre des reicva-
ges & lies preUages auxquels on doit foumettre le
papier: ceci dépend de répaiffeur du papier, de la
faillie du grain 61 de la longueur de la pâte : toutes
chofes fur lesquelles l'échange agît , èi qu'il doit
modifier plus ou moins pour produire de bons effets.
Une des grandes attentions qu'on doit avoir
lorfqu'on fait ufage de l'échange # cA de relever
les porfes blanches à mefure qu'elles font tirées
des feutres. En Hollande , l'ouvrier principat
ch*-irgé de cette opération , tranfportc dans ion
atclitr les porfes à mefure , & conduit les opé-
rations du rclcvage âc du présage, fans relâche
jufqu'à ce qu'on portt les porfes à Tétendoir.
Lorfqu'on prend les porfes blanches au fortir
de la chambre de cuve , il faut les renvcrfer
pour que le bon coin , étant à la droite du rele-
veur , puiH'e être pincé & levé par la main droite
d*abord > puis par l'autre main : il n'y aura
rien de dérangé enfuite , quant aux difpo&ùons
des porfes, fi en les portant à l'étendoir après
l'échange , on les étend en pages fiàus les re-
tourner.
/'ai beaucoup vanté les avantages de l'échange ,
parce que j'ai cru que ces manipulations pouvoient
contribuer à la perfeâion de nos papiers : effeâi ve-
xent , je fuis perfuadè que la plupart des papiers
de nos grandes & belles fabriques, qui manquent
fouvent de cet apprêt , font aflcz bien fabriqués,
quant à la qualité dei pâtes 61 au travail de la
cuve, pour recevoir des opérations de rechange
jne amàlioraiion fenfiblc, & une perfeÔion qui
eu rendroiî Tufage plus agréable. Mais )t dois
dire ici , que tous les papiers ne font pas a be^u-
*^up près fufceptibles de cette amélioration, Hicn
"oin. que dans certains cas l'échange faife rctTiit
d'un véritable apprêt » il eft au contraire un
moyen ,'de montrer &i de mettre en évidence les
clétauts d\ine fabricatioa négligée. Urtc pâte iné-
gale , remplie de pâiom , wric pâte ftche & ap-
pauvrie par la déperdition des p^riie^ fines,
u^acquiert à la fuite des opérations de l'échange «
qu*irn hiftre inégal , un adouciiTement local , &
encore moins ce velouté que prend tOLi;ours une
maticr* peu ou point pourrie » ëi dont li tritu-
rniion a été bien conduite & opérée par de
bonnes pd^cliines..
Après que les porfes blanches oiu été preffées
convcnabî^mcDC dans certaines fabriques Je gou*
verncur, du moulin , & dans d'acres des ouvriers
qu'on notnmQ éiendeurs dt porfes, les portent il
1 étendoir ; c'eft ce que fait l'ouvrier , vignette ,
planche XII, Jîg. i. DD eft la fclleite fur la- '
queîk f ofe le trapan léger qui fert à traiirponcr '
Tir i^
^
5i6
P A P
les porfcs de la chambre de cave à rètendoîr*
Ce lont des poteaux garnis de Uceaux » dans les
entailles defquels on fgit entrer les e«trèmiti>
des perches ; ces perches (ont percées de trous,
dans Icfqneîs on pafTe les cordes di manière
qn'csles fe trouvent tcndiits le plus quM eil poifi-
ble ;lorfque ces deux psrches font dans les entaiî-
Ics des liteaux , l'étendeur de porfcs prend quatre à
cinq fcudks de papier à la fois furfon ferkc , ouiil
fcprèfcnté /^. j de la planche Xlï , Si bs pbce
fur les cordes ; c'eft ce que Ton appelle tî:ndre
en pj^cs g cVil "i-dire , les feuilles deiic'ièes de
la pjrlc dans Tètat d'humîdité, & collées c-nfsm*
ble au nombre de cinq à fix«
Au^fortir de la chambre de cuve, les feuilles
de papier qui cornoofènt les porfcs biancbes , ont
trop peu de conlii^ance, mùm» après avoir été
prelîces une féconde fois, pour itre «étendues une
à une. On a donc èié torcè ic les placer fur
les cordes par petits paquets de cinq à fix , ou
de deux à trois , quand ce font de grsndes fortes;
ces paquets fécliés fervent au fuctès de Topéra-
tion de la coUe, comme nûus le verrons dans
la fuite.
L*ctcndeur commence par les cordes les plus éle-
vées , comme on peut le voir planche XÎI. Tl prend
delà main droite un petit ferlât , Ô: détache de la
gauche la page , en faifittant les feuilles par le bon
caron j ai les place fur le ferlet ; puis faifiUant de la
gauche , devenue libre , deux cor Jes , il étend
delTus la pa^e avec le ferlée qti^il tient toujours de
la droite. Pour les papes des grandes fortes , il
prend trois cordes , afin qu'étant emr'ouvcrics
davantage , elles puilTem mieux féchcr.
Apres que le papier cfl féché ainfi en pages ,
•nie ramajfâ ^ c'eft-àdire, qu'on le tire de deûTus
les cordes , 8c qu'on en fait des tas , dans lefquels
00 a foin que toutes les feuilles foient tournées do !
siéme cété que deiTus la fellc du levcur , & deiïus
les cordes de Tétendoir , ce qui fc reconnoît iflez
facilement par rimpreinon des pouces du levcur
qui rcâe aux deux coins des feuiilcs quand on lève
à fellc inclinée ; onlai(re les tas des pages appuyés
contre les piliers de Tétendoir , en attendant qu'on
vienne les difpofer à recevoir la colle.
Rijlixlons fur n&s éundoUs 6* fur ceux de HolUndt,
Suivant la pratîgue cotisante des martufaélures
Yranifoifes» on tranlpoi te, comme on Ta vu, à Téten-
doir le papier dès qu'il a piiTé rapidement fous
la prefTe de la cuve ; dans cet état , il conferve
beaucoup d'inégalités & d'afpèrîtès à fa furface ,
parce que fon grain n'a pas été adcuci par l'échange :
enfin , il cU encore pénétré d'une très- grande quan-
tité d'eau furabondanic^Lcs étcndoirs, en France ,
font fort élevés, de régnent ordinairement fur les
autres l^dtimens delà papeterie ^ outre cela oi tes
p A p :
ferme avec dûs planches mobiles qui blfleat be:
coup d^ouvertures , par lefquelles Tair extcritt
peut pénétrer tréi-aifément , & en affcï. grande
quantité pour y porter une tempcxaturc prefque
égaie à cdle qni régne au dehors , cnfortc que ic
papier étendu fur les cordes , s*y trouve cxpofé
fouvent a la chaleur ou au froid , fans qu'en ait
penfé à en mèingcr les effet?. Comme le grala
n'en a pas été adouci p:îr T échange .cette étt^e,
en féchant par l'action d'îifrc chaleur vive, acouîcrt
une roideur 6c une dureté prefque inflexibles. Il ré*
fuite delà ^quc dès le commencement des apprêts ^
la dt/Ticcation promnie Î4t complitc cj n'éprouve le
papier , donne aux aipérités 6c aux inégaUtcs de
fa furface, une confilbnce cjui fait qu'elles réftf^
tent à toutes les manipulations deRiné.s à les dé^
truire.
Nous avons vu qne les HollandoSs préviennent
ces inconvéntens par le moyen de l'échange »qui ,
en adouciaanr la uirfLce de leurs papier* , îeur f;iiT
perdre auiTi une partie de leur eau fur*^^
& ils complètent ces bons effets en les
cher graduellement dans leurs étendoirs.
Ce font des galeries conftruites au rez-de-cluuf»
fée à côté des autres falles , fermées par des con-
trevents & des jalouCes qui joignent très-civ^f-
ment,8: qui laifîcnt irés-peu de pafTage à ViiT i
rieur. La réduâion du toit eft oïdioairemem lufi
élevée, & occupe prcf^^ue la raoï'jé de toute \l
hauteur du bâtiment ; par le fyftème de ccirc
conftruélion , ils font parvenus à ménager b cIji-
leur 8c l'évaporation autant qu'ils le iiïgem con-
venable , & autant que Texige la température ex-
térieure.
Avec la reflburce de leurs èreodoirs, les H4)W
landois peuvent obtenir non-feulcmcm que leurs
papiers fèchent doucement, mais encore qu*il»
fcchent pas trop ; en forte que ces papiers en pag<
tirés de Tétendoir avant la colle , confcrvcnt u
fouplefie très grande* J'ai remarqué ct^corc oulls
s'étoient procuré d'autres avantages dans Icint
étendoirs. On étend, corn menous lavons vu, dans
nos moulins le papier en pages, qu'on pL
des cordes en paquets de lept à huit Tl,. . .
comme on n'a pas foin de ménager U deifn
les premières teuilles expofées à l'air comf
à fécher par les bords , & la de£5ccati'jn
centre. Les autres feuilles recouvetics par
mières , confervent la plus grande partie de
humidité dans le m^hcu^Sc tur-toui celles ottitcii*
chcnt aux cordes. Lorfque les prcoMères teiûlSâ
font entièrement fèch^rs , âc ont changé de dimed*
fions en éprouvant une retraite d cnvir ojï un treote-
deuxième, comme elles rcH
autres encore humides 6c p
occaConnent des plis qui font \c
férence des dim^iilîpns d'une feu.,
feuille hnmidc : en fuivani la marche fim^ik U
ces eile s , on découvre noa-feulcmcnt la oui
des plis & àt% rides ^ niais tncote la nif^n pc^'
^P A P
lodle ces plis & ces rides affeacnt prcfquctou*
*irs le milicii des feuilles de papier.
Les pU* & les rides ont encore une autre caufe
Mnbîfx^^ svec ces premières circonSances ; nos
rndoîrs font gstnis de cordes de chanvre » qui
9tvcm d*abord rhumidité dti | apicr , Se qui la
li rendent â mefiîre qu il fèchc. Les feuilles infé-
rures des pages refterr, en ccnrèqaerjce , hu-
lidcs pendant un certain temps le long de la ligne
le leur coataft avec les cordes ; elles y confèr-
ent donc une cxtcnficn plus grande que dans les
Btrcs panies de leur fuîface , & beaucoup plus
pnde encore que celle des feuilles fupérieures
pi font eipolces a l'air libr;:. L'effet de cette ex-
^loa cil de forcer les dimcnfions des feuilles
(iférieures dans ces panies humides ; & comme
lies adhérent par les extrémités aux autres feuilles
É courtes & fèches , cet excès doit être occupé
Rairemem par des plis & des rides qui ne fe
lifcnt pas , quoique la dcificcatioa entière
ienoe à la fuite.
Oïl étend en pages dans les fabriques Hollan-
lolfes; cependant on volt rarement des plis & des
fides fur leurs papiers. J'indiquerai ici trois moyens
principaux , qui contribuent â préferver ces pa-
piers de ce défaut , fit qui pourroient produire les
iTièmes avanuges dans nos fabriques fi oa les
tdaproif.
Le premier moyen eft que les Hollan dois font
lei3rs pages beaucoup moins épaifTes que les isà*
1res,
[ Le fécond tû que les feuilles des porfes blan-
ches, en Hollande» ayant été foumifes à plu-
lîeors rcpnfcs a la preife, dans rechange, elles
font très-peu humides quand on les poite à l'é-
irodoir ;eDforte que par les progrès d une delTtc-
cition ménaeée , elles acquièrent très -peu d*a-
ihétence cnfcmble. D'ailleurs , comme elles ont
^crdu une cenaine quantité d*eau dans rechange ,
tUcs n'éprouvent pas une retraite fi grande pour
^anrenir à Tétat de defftccation convenable La
sÂirence entre leurs dimeafions , lorfqu'on les
^cnd & lorfqu*oa les retire des étendoirs, eft
coup moindre que celle qui fe trouve entre
tmenfions de nos papiers dans ces deui cir-
lt«nces ; car ils font plus humides lorfqu'on
rs étend , & plus fccs lorfqa*on en fait la cueil-
îftc-
Le fraifième moyen ell que les HoUandois ont
;irnt leurs étendoirs de cordes de rotin cirées ,
|UJ ont cinq à fix lignes d'épaiiïcur. Ces cordes
l'jbforbam pas l'humidité des papiers qu'on étend
IdTtjS, cette humidité ne féjourne pas long-temps
c long de la ligne du contaft du papier avec les
:ofdes>& n*y produit pas des excenfions forcées
1c des olis qui en font la fuite.
An (urplus , la gro^eur de la corde nVft j^as
loc circanflance indiffércnie. On ne vtit guère
tue d« petites cordes dans nos moulins ; &l locf*
u*oa étend en pages , on eo pUce deux ou troi»
P A P
5'7
^ous les pages: en muUi/.li.int aînfi les poltii:» tle
^onta£l, on multiplie les ptîs & les rides: aufïi
n voit -on plufiCLrs rringécs qui dènotcnï la
trace de plufï<;;urs cordes, Lc-s groPes cord^-s me
paroiiTcnt préférables aux petites » en ce qu'en-
trouvrant les pages, elles tncilîttnt b circubnon
de Tair par dtfious , ce qui produit di hâte la
dcfficcaiion unifcrrae de toutes les parties de ces
p.îges. C*eft à toutes ces attentions qu on doit attri-
buer CCS dos bien arrondis qu'on trouve aux nii^ius
de papier de Hollande , quand on eu déballe Us
rames.
De faulter de la colle fi* du collage^
Lorfque le papier èundu en vdges eft fee , on le
recueille» on le redreiTe, on le rompt , on Taf-
fouplit, fit on le remet par paquets dans la cham-
bre de colle. C*eft l'atelier & la manœuvre des
ouvriers colleurs , que la planche XI reprcfente,
L. eft un fourneau de maçonnerie , fur lequel eft
montée la chaudière K, de 5 pieds de diamètre
& de trois pieds de profondeur, dïins laquelle
on fait cuire la colle. On voit en F, la porte
du foyer & du cendrier du fourneau* La colle»
comme Ton fait , eft faite avec les rognures des
peaux que les tanneurs, les mégitTiers fiic les par-
cheminiers préparent : on a foin de fiirc te triage
de ces différentes rognures , en écartant fur- tout
les morceaux pourris, qui pourroient infcfter le
bouillon de la colle \ on en tire auftj la chaux
quon peut en détacher. Après ce triage^ on met
ces morceaux dans le panier de la /^. 7. , qu'on
voit, fi^ t'*. de la vignette , fuf^cndu au dcf-
fus de la chaudière, à une corde emortillée fur
le treuil horifontal M N. Ce treuil porte une cf-
Îièce de dévidoir femblabîe à Tengin des mou-
ins à vent, fur lequel s'eiuoule une autre corde»
par le moyen de laquelle on abaitTe oti Trin
élève avec facilité le panier E , pour le placer
dans la chaudière; on Ten retire après que la
colle eii cuite. L*avantage de ce panier, qui neft
pas en ufage dans toute les papeteries, eft de
pouvoir retirer du bouilbn de la polie , les ma*
tières dont la cuiffon a fourni les parties collan-
tes, & qu'on norrsmc tripes ;ce qui fait qjc leur
métange ne trouble pas ce bouillon , quM iroponc
tant d'ohcerîf clair 8c limpide. Dailleurs, au
moyen de ce panier , on peut s'^ffurcr fi les tri-
pes fotit entièrement cuites, ou ont fourni toutes
ks p^irties collantes qu'elles peuvent donner.
Lorfqu*on s'en eft affuré, on retire la chau*
dicie, hi aptes un certain temps de repos, on
lire le bouillon de la colle , par le moyen du
robinet 6, dans la baffine H, d*où rouvrivr Isi
retire avec les petites baffines C , pour la filtrer
ù travers la paffotre , qu'on place fur ta d^ifTc A,
O-ite pmffoire eft compofée d'une pièce d*étofte
' de laine, fourmue par un ch^^ftis 1,1,-^,4,
garni de cordes lâches. On voit eu O ce chaifttSt
■^1
5i8
P A P
dont la largeur eft de a8 pouces , & la longueur
de deux pieds.
La caiffe A , dans laquelle on met comme en
dépôt la colle , eft on de cuivre rouge ou de
bois. Sa longueur eft d'environ fix pieds , fa lar-
geur de trois & fa profondeur de deux. Il fcroit
à défirer qu*on donnât le temps k la colle de
s*èpurer & de s^éclaircir , en la laifTant refroidir
dans de pareilles caifles; mais le préjuge de^ fa-
bricans eft contraire à cette pratique , qui eft
cependant celle des fabricans HoUandois , comme
nous le dirons par la fuite.
Avant d*être employée à coller le papier, la
colle eft encore filtrée de même , lorfqu*on la
verfe dans la chaudière ou mouilloir dans le-
quel fe fait Topération. Ce mouilloir eft de cui-
vre rouge ; il a environ trois pieds de diamètre
(k 20 pouces de profondeur. Il eft pofé fur un
trépied de fer de huit pouces d'élévation. On met
deflbus le mouilloir un réchaud » loifqu*il en eft
befoin , pour entretenir la colle dans un degré de
chaleur convenable. Le mouilloir fe place prdi-
nairement à cÀté de la prefle a b ^ afin nue ^la
colle qui s'écoule de la poignée qu*en tire le
coUeur^ puifle retomber fur la table de la prefle,
. ëc ne foit pas perdue dans le trajeu
La prefle de la chambre de colle eft compo-
fée de deux montans, comme ab ou A B « fig. a &
4, de dix pieds de hauteur, élégis fur 7 piedi,
& confcrvés à dix pouceS dans les autres ptircies;
ce qui forme des rcMforts , où le feuil C & l'é-
crou P trouvent des points d'appui folidcs. Le
feuil a un pied d*épaifleur, fur quinze pouces
de largeur, & Técrou 15 pouces de gros, Tun
& Tautre 5 pieds deux pouces de longueur; ce
qui fait que les jumelles font éloignées Tune de
Tautre de trois pieds & demi. Sur le feuil C eft
^ un tafleau D« qui foutient la table £, de huit
pouces d'épafleur. Cette table, dont la furface
fupèrieure eft élevée au deffus du rez-de-chiuf-
fée d'environ deux pieds & demi, eft aflcmblée
^ fourchette & doubles tenons , embrevés dans
les jumelles, & eft entourée d'une rainure d'un
demi-pouce de large, fur autant de profondeur.
Oeft par cette rainure que la colle fupcrflue prend
foQ écoulement, pour rentrer dans le mouilloir
par le goulot 5 , vers lequel toutes les parties de
la rigole doivent être inclinées.
L'efpace renfermé en dedans delà rainure , a 18
pouces de large , fur 27 à a8 pouces de lon-
gueur. Ccft dans cet efpace que Ton pofe les
porfes f , F , au fortir du mouilloir , & qu'en
les empilant on forme ce que l'bn appelle une
mouillée : elle confiftè ordinairement en 10 ou 13
porfes ; & pour les reconnoitre & les féparer , on
met entre elles de petits morceaux de bois on de
feutres. Sur lc> loi la porfes , on met un trapan
b H , puis en faifant tourner la vis N R , on fait
deu:;cndre dcfius le banc de prefle K L, furpendu
p A p
en M , à la tête de la vis que l'on tourne avec u
levier , comme on peut le voir dans la /^. 3 .
Avant de plonger les porfes dans le mouilloir
qu'on a rempli de colle, on a foin d'y faire fon^
dre une certaine quantité d'alun ; d;.:s fabricant
y ajoutent de la coiinerofe blanche r u viçnol Ae
zinc ; alors Fouvrier colleur prend une des pori^
en page , telles qu'elles ont été tirées de l'éteo-
doir , redreflées 61 aflouplies x , & placées fut
la fellette y , & la tenant de la main ^ucheaver
une des trois palettes de \^ fig* 6 en dcHbus, il
plonge cette porfe dans la colle par le milieu, ob-
fervant d'écarter avec la main drciie les pages de
cette porfe , afin qtic la colle pu'.iTe s'introduire 1
entre elles, & il fubmerge emièrcmeiit le côté j ]
de la porfj ( J{g, 2 , ) en plongeant f.i main dam |
U colle. Enfuitc il enlève cette po-fe ou poîjjnce j
de la main gauche 2, & la tient fi.fpendue (urie
mouilloir , où elle s'égoutte un peu , ce qui fairraf*
fembler les p»ges. Alors il prefente rextrémité ]
de la porfe fur une des palettes qui flotte fur k
colle , & prenant la troifiéme, il faifit cette extré-
mité pénétrée de colle à L'aide des deux palettes;
& ayant abandonné l'extrémité 1 de la porfe
qu'il tenoit de la main gauche, il en-écane aulE
les pages, & plonge la main droite dans la coite»
avec cette extrémité , & Tayant tirée de la colle,
il la tient fufpendue pour laiffer égouttcr & rrf
fertïblcr Us pages, puis avec la mjin gauche &
une paletre, il foulève rextrémité 2 , & tranfjporte
ainfi avec les deux nuins la porfe çol.ée , & h
pofc fur la table de h prefle. V continue de !a
même manière à coller les autres porfes , juf-
qu'à ce qu'il en ait trempé ainfi dix k diouifc
Alçrs , en preffant comme h\t l'ouvrier , fig, 3 ,
il fait pénétrer la colle dins les porfes , &
en exprime en même temps le fnperfln , qui re-
tombe dans le mouilloir par le goulot /. Cette
opération demande beaucoup d'attention : car ci
prcfiant trop , on feroit fortir une trop grande
quantité de colle. Une raine »iie grand raifin doc-
ble qui pèfe 35 à ^8 livres , prend environ dctt
livres & demie de parties collantes , c'eft à dii<
qu'elle pèfe cette quantité de plus , après avoir
été collée & féchée , qu'avant de paffer par Cette
opération. La fig. 7 fait voir plus en !»rand le
panier qui fert à la cuiflbn de la colle , « par le
moyen duquel on retire de la chaudière les tripes
ou matières animales qui n'ont pu fournir da
bouillon par rébullition. Ce panier, qui eftd'ofi.-r,
entre dans une cage de fer fu(pendue à la corde
du treuil par quatre chaînes.
Dg réteniangc après la colle.
A Topération de col'er le papier , fuccè Je cdlc
de l'étendre feuille à feuille, que la planche XIl,
déjà citée , repréfente. Pour cela les falèraotes em-
ployées à cet ouvrage , portent aux étendoirs les
porfes que les colleurs leur délivrerK » & les éten-
dent fur les cordes feuille à feuille» Les faléraores.
P A P
pMf «réctiter ce trîivail délic^r^s'aflocicm àtiat
a 4cui » 6l cette a^ocution le nomme /.r//e :
lirrfi Ton dit nou^ avons dciîx felUs , trois Telles à
iicotle, Slc, La fal6rante//;. 3» commence à
pincer 11 première feuille de la porfe par le coin
ou la cornière qui eft à fa droite , û ia porfe eft
hcn toarr»<ie , et la détache doticemenr iuf^u^à
nojnè, puis la jette fur ?a irav^rfe du ferler»/^. ^ ,
«ïtte lui préfçme la (lilérantî, /^* 2, qui défiche
If nftc de la feuille avec U ferler, pms la pkce
*iiT une des cordef de réteiidoir qu^eiic approche
& écarte de Tautre main*
Comme les étendoirs ont pluf^ettrs rangées de
perclies 6c de cordes , on commence d'ahord à
pmr les cordes ks plus élevées, puis de fuite
in dcfcendant : autre cela on place fur la lon-
Rucur de la même corde , trois » quatre, cinq ou
I feuilles de fuite avant que de paiTer à Tautre
corde, fuivant les dimenfiar^s que peuvent avoir
Il feuilles de papier. On voie d'après cela que
It perches étant placées à d.ffcrens degrés de
iiueyr , fétendoir doit être pourvu de bancs de
Ilic, de feîleitcs de différentes élévations, tant
»ur pr.fer les trapans fur lefqucis on traiirpûtte
H jioffcs , que pour que les falérantes pui lient
Itcindre aux cordes. Dans certaines' fabriquvs de
iandre & dans toute la Hollande, on fut ulage
cf:rlets à langue queue, avec lefquelson atteint
Hx cordes qui font à douze ou treize pîcds àu-
€u. du pi;incher.
La «îoure 4 de la m^me planche XII, fait
aiion , le plan & le prcfil d*une des
w Tctcndoir, avec les grilles qui fervent
lt$ tenïicr. ACKt cft un ch^flis dormant,
mies cotes ainfi que la travcrle dormante DF,
tt une rainure dans laquelle gliilent Jes quatre
icàecs, comme on le voit par le profil K FC,
i cit à cÔLé. Le ch3flîs dormant a anfli d^>
iux fixes afi"çmhié!> dans le^ trois rtaverfes ,
^ €ipacà , tant plein que visio , comm- on le
BStt pr te plan. Li moitié C H ii A de la cruifèe
n filmée » parce que Ton a pouiî'é les guichets
nobiks» de ma n ère que leurs bureaux fuient
l-^vis des i mer Villes de ceux ai< cliwfTis dor-
Hîu Les deux parti. s K H EF Si E F B C . fnnt
rrcrtes , parce que les harreaux Se ks vides du
fichct font pîacés vis-à-vis deî^ barreaux 6t des
des dw chaffis dormant. On voit à cuié un ^ui-
ît fôparé, compofe de deux emboitures (i\ ee,
deiix montans £c» fc, dune entre-toife C,
de a nn barreaux qui s'a ffe m Me m dans les em-
Iturei ik. dans renire-ioife. Les cTuboiturts
o'tv^cn au£ lis cxtrcmitcs des montans dans
c-toifc cih affembièe : le profil ou
^ nioncant du guichet , qui eA à
~, Gît c CCI détails*
-•• /' nuire cùltaze Avec la prau^ue des
Uollandms.
iLarfqnQn veut coiler le papier, 9a fait dans
t» A p
519
nos jsioulins la cueillette des pages > fans s em-
barrafTer beaucoup du degré de fécberene qt^eilc^i
ont acquife \ cependant la plupart des fabâcaai
fa vent par eipcrience que les pages irc?p fèches
freunenr moins bîea la colle, & qu*elle s'imbibt
I lus abondamment, Ôc fe diiVibue plus égaJe-
mcnt dans les papiers où il relie encore une lé-
gère humidité; mais la confirudion de leurs éten-
doirs ne leur permettant pas de profiter de
cette obfervaiion , ils n'en tiennent aucun compte
dans la pratique.
Un aistre déikvantage de cette deiTtccation des
paj^es, c'ci^ qu'elles tormeot dans cet état des
espèces de carions fort durs , qu'on ne peut af*
fouplir pour les difpofer à boire la colle* Il n eli
donc pas étonnant qu'en trempant dans la colle
un paquet compofe de ces pages , elle ne les
pénètre que très- difficilement oc très-i«égalcmem.
On commence, en Hollande, par faire ramr.ffcr
les pages à rétendoir , & après avoir aiToupii &
entrouvert les feuilles des pages , & avoir détruit
une grande partie de leur adhérence , les ou-
vriers occupés du collage les diftribuent par pot*
Qnées ou paquets deûinés à chaque trempage, U
paroit que dans cette prépararion des poignées ,
on a pour but d'écarter tous les obnacles qui
pourrolent s*oppofer à Umbibition de la colle ^
car le papier de pâte non pourrie prend ta colle
trés-difîicilement , même lorfqull tû préfenté au
meuilioir prefque feuille à feuille. Cette dîffi*
culte eft telle , que fi Ton plongeoit dans le
mouil!oir des pages formées de feuilles nombreu-
I fcs & fortement adhérentes entre elles » comme
font les notre* , & qu'elles fuifcnt compofécs de
papiers fabriqués avec ces pâtes non pourries *
il feroii impolfible dy fsire pénétrer la colle,
Outre ces précautions, on a foin tfe joindre à
chaque poignée , deux feuilles de papier gris d'un
formai égal à celui du papier delUné à la colle.
Ce papier gris , ferme , fulide , & déjà- collé »
I Uicé aux deux eûtes des poignées , fert à en main*
ttf ir les feuilles.
Dans lacuiiTon de la colle, lesHollandoiç n'ont
rrtii de particulier; mais ils diffèrent de nous, en
c<^ qu'âpres cette cuiffon ils tranfvafcnt leur colle
i\\ci que les trij^es & les matières les plus grof-
ft-rcs fe font précipitées au fond de ia chaudière
01 1 fofaii la cuite* Ls la meftertrepoferÔt refroidir
û^ï\% un^uvicr de bois ou dans une ba0ine de
cuivre fort large & peu profonde. A mefure
que ta colle fe refroidit, elle dépofe fur le fond
de ce vaiiTeau un fédimcnt de matières qui
nuiroieni à fa tranfparence , 6c qui communique-
ioient un ton jaunâtre au papier : ils verfwnt cn-
fuite cette colle purifiée dans une chaudière pour
la réchauÔ'er au degré convenable lorfqu'iîs en
veulent faire ufage. Cette pratique eâ oppciee
aux idées de prefque tous les fabricant François ,
qui prétendent que de faire réchauffer la colle,
c'cft i aâoiblir au point quelle ne peut plus fer
520
P A P
vir. Ccft par fuite de cse préjugés qu*oiî ne
tranfvafc prcfqae point la colle dins nos mou-
lins , qu'on U laiffe fur les tripes, & qu'on l'em-
ploie le plus fou vent en cure chargée de matiè-
res étrangères qui tcrnlfTent fcnfiblement ïe blarx
naturel de nos plus belles pâtes. Les fuccès de
h pratique contraire des HoIi;indoiç, prouvent que
nous pourrions laîner prendre à la colle toure
fa iranfparcnce par un refroidiiTemeût infenfible
& bien jxiènagè , fans rifquer de laffolblir beiu*
coup.
L'ouvrier qui veut coller en Hollande, prend
une des poignées, & la plonge dans le motiillojr
plein de colle clarifiée âtrtchauffic commeon vient
de voir; il entrouvre la plus grande partie des
feuilles de la poignée, afin de faciliter Tintroduc-
tion de îa liqueur par toutes les furfaces, C'eft
à ce but que tendent enfuite les petites manœu-
vres dont il eft occup6 pendant tout le temps
du trempage.
Comme le colleur tourne & retourne fa poi-
Îjnec dans tous les fens , il étoit nècefifaire que
e papier grîs contint, pendant ces divers mouve-
mens , les feuilles des bords qui , n'ayant plus
d'adhérence avec les feuilles intérieures, au-
roient flotté féparément dans la colle , ce qui au-
mit occafionné des cajpî ; cette précaution a été
d ajllciirs infplriïe par la confidération du long
féjour que le papier de Hollande fait dans le
mouIUoir, avant d'avoir pris une quantité fuf-
fifante de colle.
Ce n*eftpas aureAe pour le ramolliflement de
rétolFe dans la colle, qu on a pris ces précautions ,
car elle conferve toujours , même après avoir
bu une fuffifanre dofe de C0II2, adez de fermeté
pour réfifler aux tranfports ordinaires : au(G nVi-je
pas remarqué que pendant le collage il fe cif-
ftr aucune feuille fimple , i plus forte raifon on
ne voit pas des pag'îs cnt cres fe caffer; ces ac-
cidcns, que nous éprouvons aflcz fouvent avec
nos pâtes pourries , prouvent que c*eft k la nature
& à ta conQicutioQ des pltc> que Ton doit ces
différences»
Lorfque les poignées font collées fuffifammer»t ,
on les retire du mouiUoir avec les papiers gris ,
qui les fui vent même fous la prefiV. J*ai pblervé
que la quantité de liqueur qui fc dégage d*cUe-
in£;me du p,ipier , Icrfqn'on le foulèvs,6c qui
retombe dans le mouiUoir , cO infarmient moins
abondante que ccWe qui quitte pour lors les poi-
gnées de nos pâtes pourries & fp^^ngieufes.
Quand les papiers font placés fous la prefle ,
on la fnit a^îr doucement d\ibord , cnfuîtc plus
on moins vigourcufement , fui vaut leur force &L
leur capicîiê : on ]itge des nuances de ces états,
par le temps q\\*l\ leur a fa\lu pour fe pénétrer
de ta colle. Plus ils font de temps, plus on prelTc
futtemcnt , zftn âc Uxrc lyitttctn^r êgalfmcm les
prtrcipci coUans daf»s4'étf ffc, {k do tire dégor*
î;
p A p
cr en même temps au dehors la partie fiiraliôô»
amc.
Quoique le papier de Hollande boive dirnd
lement la colle » il peut en prendre fuffifammew
au moyen du long féjour qu*il fait dans W
mouilloir; cependant , la quantité qu'il en prenif
eil beaucoup moindre que celle qu abfarbeni nos
papiers; mais cette moindre quantité lui iuffit,
parce quM la conferve plus fidèlement; il rend
aufli fort peu de liqueur par l'effort de la prefit
On remarque même » que comme ce papier l'dl
renflé à la colle par Teffet de fon reffort nati*
rel, il ne perd que très-peu de cette augmenta*
tîon de volume » ni fous la preffe , ni pendant ti
defficcatlon- Ccft tout le contraire pour les pa*
piers de pâtes pourries , qui ont été gonfiéf
par la liqueur , Hc qui perdent , quant à l'cpaif-
îeur , à mefure qu ils paffent fous la preffe ou I
lerendoir.
On laiffe le papier de Hollande au fflot»
un quart'd'heure tous la preffe t après quoi oo
Tenlève par paquets , dont les feuilles de piplcr
gris fervent toujours z déterminer rèpaiffeur,&
Ton en fait des piles particulières » qu'on arraiîje
tout autour de la table dcfl inée au relevagc de
réchange , afin que les ouv riers occupes de ce
dernier apprêt, putffent fe partager leurs tâches.
Réflexions fur fittndjfe après ia coUe.
Dès que les porfes font collées , nous les por^
tons à rétendoir , 6c Ton a pour principe de les
placer toutes chaudes de colle fur les cord^
Le papier, ai nfi placé par tes étendeufes feuiUe k
feuille , féclie très-rapidement & perd , oâr îi
circon fiance d*une cvaporation aulFt peu
gée, une grande partie de la fubilancc '-.
qui avoir pinhrè rintérieur de l'étoffe t^
verni ffoit à fi furface. Quoique rétendou /m
fermé pour lors, comme il reçoit rimpreiEoii
de la température extérieure par des ciuvcroim
mulfi^>liées qui font diftri buées de tomes piTO,
la coite ou s "évapore , ou coule à terre , 6cc.
On a cru pouvoir éviter ces tneonvêniens ev
intioduifant Tufage de Coller de grand fnadn,& dy
occtiper tous les ouvriers pour pr-éveoir le ctn^
de la chaleur: on choifit d'ailleurs un temp% pia
chaud , & où il ne règne pas benalns venif
qui font trop defféchans; maïs il s'en faut bça»*'
coup qu'on toit parvenu , avec ces précautîoiis , i
fe mettre â l'abn de tout accident ; t^* pfttcc
qu'il rcAe encore beaucoup de papier Oit 11 col*
1er ou â étendre, lorfque la chaleur - te fait feh
tir; a"». p?.rce que fouvent le temps» qui ai
çoit une température douce, fc décide à Ta
lorfque Li colle eft cuite, On obvie-
en clïapg'ant la conftruflion des ci
font la principale caufe du mal , & en té^ifk
celle des ctcndoirsHoUandois , avec îaquclîe-
n'a rien à redouter dt; la chalsur eiitoçiii;.
à^m
P A
Di rechange après la coîîe*
Un aurrî avantage que les IlolUndois ont en-
core fur nous , c'elt la pratique de 1 échange fur
le papier qui vient d'ètfc colle.
Oo comnnence cette opération par relever
feuille i feuille les papiers des poignées, on les
relève, ou encore chauds de colle» ou bien lorf*
qu'ils font refroidis. La pr,itique des fabricans
HoILandoLS n'a rien de conft.int fur ce point;
niais après le relevage «on a ta plus grande at-
tent:on de ne foumcttre k la preiTe les piles des
poignées, que lorfqu 'elles ont entièrement perdu
la chaleur de la colle ; car ft la colle étoît en-
core un peu chaude ^ liquide , elle pourroit ,
fous l'effort de ta prcfle de l'échange , ou fonir
du pipter, ou bien éprouver à la furfacc des
!cs une nouvelle diftribution qui y cauferoit
- coup d*inégaUtès & dètrniroit le bon effet
«le i'cchang;^. Il Vâut mieux que le papier, encore
chaud de colle , prenne pendant les relevagcs
une censiae coDfilhnce, 6c que le vernis de la
colle s'affcrmilTe à mefurc que s'opère le refrot-
«fiCeiiicnt de toute l étoffe: qu'enUiite ces effets
fe perfeâionnent fous la preife , qui achève de
donner au papier le glacé matte C\ convenable
|H>ur Iccriture 6i pour le dcffin. CeA donc par
tu>c fuite de relevages & de preiïages , que le
grain des papiers collés devient égal Si doux ,
oue la colle prend corps , s'étend 6c fe fixe fur la
iurf;ice du papier de Hollande*
D'après ces confidérations « i! me femble que
rechange après la cotle eA d'une très-grande
miportancc, par les avantages qu il procure. AuiTi
citècute-t*on aflcz généralement en Hollande ,
toutes les fortes dep;ipier,au lieu quon le
rime quelquefois pour les porfes blanches
peiiies for ïcs q;ii fechent fans inconvénient
am la colle : L'apprêt du fécond échange
irite d'autant plus d*étre foigné^ qu'il re (le in-
iriablemcnt fur les papiers , & qu'il n'efl pas
Itère par des opérations fubféquentes,
/c dois dire que , malgré ces avantages , on fe
fpcnfe cepencfanr,d.in$ on grand nombre de mou-
Hollandois » du fécond échange , fur-tout lorf-
ije le premier a été bien foigné. £n France , ou
ijc tj-nroit pas auflî occupé d'adoucir la furface
r , c'cA fur-toLH iprès la colle que j'ai '
w an plus grand nombre d^afpéritès, lorf-
I ieteuie tance fur le ferler les feuilles im-
y de coltc , lefquelles fe détachent avec peine
unes des autres , à caufe de la grande adlié-
ce quelles ont contraÛée en fcchant dans
de pages. On voit, en fe plaçant de ma-
f qu'on (oit oppofé au jour, qu'elles fontpref-
ïfcxites hériffécs d'une mfinité de petits poils,
ic !a colle & Teffort brufqué de la jcteufc con-
îiruetit a faire lever dans toute retendue de leur
nrfacc Sédièes enfuite rapidement & Intiini»-
dfiM & Maitrs, T*fmt K P^riU IL
p A P
521
ment , ces feuilles confcn^ent les mêmes a^pérliés ;
qui ne fe dctruifent que très-i m par faî cément fous
la preflTe de la fallc ; car on foumet k cette preffe
le papier dans un état de féchcrcffe fi complette ^
que les poils ne peuvent plus rentrer dans Tè-
loffe , trés-roide 8c très-dure. Les Hollandois , au
contraire, ont foin de faire la cueillette de leurs
papiers lorfqu*ils font moins fecs, & qu'ils peu-
vent obéir à Talion de la preffe de la falîc ,
ou ils achèvent de prendre ce beau luftrcquilcs
fait rechercher dans toute ITurope.
De réundagt en pages après la coUe,
Lorfaue le papier coîlé & relevé a palTé quatre
à cinq heures fous la prefî"e,on l'en retire 6c on
le porte à réicndoir; là, on le diftribue fur les
cordes en pages de deux, de trois, de cinq
feuilles , fuivant la grandeur du format. Les petites
fortes s'étendent à cinq feuilles & les grandes à
deux feuilles feulement. Cet ctendage fe fait avec
la plus grande facilité , au moyen de ferlées dont
les manches font ailez longs pour que le faleram
attcigtie aux divers rangs des cordages. Le pa-
pier fèchc doucement en cet état , & la colle^^sy
conferve très-bien, fans un déchet fenfible, parce
que les feuilles des pages fe pré fervent récipro-
quement d'une delTiccation trop fubite. Comme
la colle a déjà pris corps , & s'eft fixée ï la far-
face du papier pendant toutes les opérations de
réchange, les prcgrés infcnfibles d'une deflicca-
(ion ménagée , ne font ^nt perfcftlonncr ces bons
effets à mefure que ces feuilles fe défceuvrent
d'elles-mêmes*
Les Hollandois, en étendant ainfi en pages le
Ijapier collé ôt échangé, évitent très-adroitement
l'opération la plus pénible 6c la plus hafardeufe
de la méthode françoife.
Quoique le papier de France foit en général
fort moUaffe, fur tout lorfqu'ii fort du mouilloir,
cependant la fuite de nos procédés nous a mis dans
la néceflité de fépirer pour lors chacune des feuil-
les qui compofent les poignées, & de les étendre
alnfi toutes féparées; fans cela , au lieu de feuU-
Ics minces fie légères, on n'obtiendroit après la
cf cfTiccatian qre des efpèces de cnrtons , ou aflem-
blâges de feuilles cxaâement collées cnfemble, £n
Hollande, la facilité de manier le papier, même
après h colle, a introduit l'échange, qui, quant
aux rclcvages , reffemble affez à notre manière
d'étendre feuille à feuille; n?ais il s'en faut bien
au'il entraîne les mêmes inconvéniens , foit dans
les effets, foit quant à la manière de l'exécuter. Prc-
mlèremcnr, les manipulations de l'échange après
la colie, font moins p^nbles, exigent moins de
coopérst^urs que celles qui y correfpondent en
France* Trois ouvriers peuvent faire en Hollande
le travail que quatre ne pourroicnt pas exécuter en
France. Il faut moins Je temps pour relever les
papiers collés, pour les mettre fous prcffc, pour
T TT
532
P A P
les étendre en pages , que pour étendre feule-
ment la même quantité de porfes en France, après
en avoir féparé les feuilles dans l'état de moîlcffi
& d'adhérence oîi elles fe trouvent, Ainfl , en
fuivant la méthode Hollandoife,on a non-feule-
mjnt les bons effets de Inchangé, mais encore le
bénéfice de la main-d'œuvre. Toutes nos opéra-
tions aprèî la colle , ne font que des manipu-
lations de pure nécefllté; aucune ne tend à Ta-
mélioration do Tétoffo : on expédie le tr.iv;.il fans
pcnf-r que, par des manoeuvres irèi-imparfiitcs ,
on détériore les papiei-s.
Nous avons vu combien la fèparatlon brufquée
des feuilles de papier nouvellement collées fti-
foit lever de poils à leur fuperficie , & combien
elle groflîffoit le grain dans les fabriques de
France, Nous avons remarqué aufli que ces iné-
galités , expofëes enfuite à une de/Hccation rapide ,
fe trouvoient invari^.blem^nt fixées en cet état
après ia colle. Il n'cft donc pas étonnant qu'il
réfulte le plus fouvent de toutes ces opérations
peu réfléchies , une étoffe dure , fèche , fans
aucune douceur à la furfacc , au lieu d*une étoffe
fouple & ferme , d*un grain uni & liffe , qu'on
auroit pu obtenir par cette fuite d'apprêts que
nous venons d'expofer.
Si Ton joint à ces confidérations celle des caf^
fis , ou des autres défeâuofités qui font la fuite
de rétendage fait feuille à feuille après la colb,
malgré Tadrcffe fmguUère de nos falerantes, on
fera encore plus frappé de l'avantage que ré-
change a procuré aux HoUandois. Outre les feuil-
les eafféts entièrement & qu'on met au rebut »
combien n'en voit-on pas dont les coins ou par-
tie des bords font enlevés & déchirés , au mi-
lieu des efforts continuels qu'il fâut faire pour
exécuter cette longue & pénible féparation? C'eA,
il eA vrai, à la nature de leurs pâtes non pour-
ries, que les HoUandois doivent l'avantaee d'a-
voir fupprimé notre étendage fcu'dle à Quille,
Î>arce que leurs papiers peuvent fe prêter à toutes
es m-inipulations qu'exigent les apprêts qu'ib ont
fubftitués auffi avantageufoment à cet étendage;
au lieu qu'avec nos pâtes pourries , nous fomnies
réduits à ne point aaopter ces apprêts fans Incon-
yéniens , quoique nos papiers en aient un fi grand
befoin.
Dts papiers cajfés.
On peut fe rappeler que dans les différens détails
de nos procédés , foit de fabrication , foit d'ap-
prêts , j'ai fouvent fait mention des papiers cajfés.
On a vu les leveurs occupés à détacher des
feutres les feuilles qui adhèroient, & affez fou-
vent déchirer ces feuilles par les coins , ou bien
arracher feulement des portions de bordures , qui
Ifs pouvoicnt foutenir l'effort néceflaire pour dé-
gager la feuille entière.
La même étoffe de pâtes pourries , foumife de nou-
p A p
veau en porfes blanches à la pr«fle , o*a pis encore
acquis une folidité fuiRfante pour être relevée fans»
que les ca£és fo multiplient à un certain poim.
korfque nous étendons en pages , nous déchi-»
rons encore affez fouveiu les feuilles fur tout^
leur longueur, parce qu'une moitié s'enlève pen«
dâut que l'autre refte adhérente à la porfe. D'ail*
leurs « nous comptons toujours que deux à trois
feuilles de l'extrémîtc de chaque porfe qui frot-
tent fur le trapan,ouqui portent fur le plancher
de Térendolr lorfqu'on ramsffe les pages , font
déchirées de manière à ne plus fervir que de nu-
cuhtures. C'elt un facrifice que notre oégligeace
femble faire fans regret.
Dans le collage , nous, cailbns auffi quelques
rcuilies des poignées , fur-tout fi nous les laift^cs
flotter un trop long-temps dans le fnoutlloir,&
û les poignées font compofées de pages trop
êpaiffes & peu affouplies,on voit quelquefiMS k
ces pages entières fe cajfcr.
Enfin, nous avons fait voir combien TuCigeoii
nous étions de féparer chaque feutUe des p<MgDiei
après la colle» produîfoit de caffés» & les as-
tres défeâuofités lemblables , & nous avons mMtfé
cette perte comme une fuite de ta néthodcdc
pourrir.
D'après tous ces détails , on ne fera pas étotiii
de nous voir porter ici les papiers caflès ou de*
chirés , au quinzième de la fabrication totale di
papier qui fe fait en France.
£■ Hollande, les fabricans ne comptent gtiie
que fur un foixantiéme au plus de papier caA
ou déchiré » quoique leurs papiers foîenc ezpoAs
de plus que les nôtres , aux manipulations ds
relevages & des preffages de deux échanges. Oo
n'aura pas de peine à compter fur cette évahB*
tion modérée des pertes des HoUandois, fi To*
réfléchit à la folidité de leurs étoffes , à la fid-
lité avec laquelle le leveur détache les feuilles
des feutres , à la commodité du rekvage dans te
deux échanges, & aux deux étendages en paps
après les écnan^es.
Outre cela , je dois faire remarquer que les t
bricans HoUandois ont la plus grande atteonoo
pour que leurs porfes ne foient jamais placées
immédiatement fur les plateaux ou trapans , krf*
Su'après l'échange on les porte à l'étcndcir : «pK
es feutres ou des papitrs gris bien collés, ks
préfervcnt d'être déchirés par les frottemeos de
toute efpèce auxqu;:l3 les différens tranfports
les expofent ; que ces mêmes papiers gris les firi*
vent dans la préparation des poignées, dans k
collage, dans les opérations de l'échange après b
colle , h, enfin dans Tétendage , &c.
On doit fentir , d'après ces détails , cotfibieo il
feroit important pour nos fabricans, de prévenir
les caflés , non-feulement dans les manipulanoos
ordinaires de la fabrication ou des apprêts, nais
encore dans les tranfports & dans les fronemecs
P A P
ijrqueU une étoffe auflfi folble ne peut pas rè-
* ^r faos de grajidcs précautions.
Des travaux de la falie*
Après que le papier eft féché feuîUe à feuille
mT cordes de Tétendoir , on le recueille & on
m fait des paquets, qu'on porte à la falle , où il
Wjoît fe$ derniers apprêts, qui confident d*abord
I le fiîre pafler fous la preiTe , à le trier , a Vé-
plucheri à le plier, à le compter 6c à le mettre
ca ntaîn. Il y a quelques fabriques où on le li^Te ,
où on le bat , 6c où on Tébarbe j mais cela nVft
pu général, & il y en a beaucoup même où Von
ifapprimè des prép?.rations qui fe fuppléent avan-
Ugeufement par a .autres. Tels font le lîffage &
ie battage , qui ont ère retranchés depuis que , par
les manipulations de rechange, on cft parvenu
i adoucir le grain du papier beaucoup mieux
que par ces deux opérations. Nous nous borne-
roos donc ici à indiquer les opérations de la
fille, qui font e^Tentielles âc indifpenfables.
^ fi^* J repréfente les preÛes de la falle & le
falerant , qui met en prefîe les papiers , foit au
fcriir de Tctendoir, foit après quils ont pafTê par
Ws mains des falerames. Cette opération e(l trés-
iaportante , parce qu'elle fait difparoitre beaïi-
ODup d^ faux ptii, les inégalités,, les grandes af-
péricés du grain du papier. C'cfî aufli par cette
laifon que les preffes de cet atelier font très-
fortes & doubles , comme on le voit à la fig, ç, ,
fcdans ia vignette de la planche XIIL II y a dans
cet atelier deux doubles preffes , placées paral-
Weiucnt Tune à côté de Tautre. Les deux mou-
lins AB & <i^ des extrémités de chacune de ces
pcfles , ont douze pieds de longueur, Ôc font élé-
p & équarris à onze pouces fur neuf pieds de
»ng,avec renforts , boiîages & embrévement au-
Wus de récrou Dd , & fous le km\ dont la
foface fopérieurc affleure prefque le rez-de chauf-
fe, ou il eil fcellé dans une forte maçonnerie ,
'aufli bien que les boffages des extrémités inférieur
iîçs des montans ou jumelle 5* Le feuil a ûqi\%
>icds de largeur fur dix-huit pouces d'épaideur,
k huit pieds neuf pouces de longueur, ainfi que
^écrou Dd , qui eft de bois dWme, & qui a dix-
Bir pouces d'épaiflcur fur vingt» un pouces de
trgcur. Il eft percé de trois trous , deux foi;t
traudès pour recevoir les vis de la prefîe ; le
K>i{ième eft une moftaife qui reçoit le tenon
ipérieur en queue d'aronde , lequel termine le
lontant du milieu, & au moyen duquel il eft
frète par des clefs. Le tenon intérieur du même
lonrant eft fixé au feuil par des clefs qui entrent
iCfoixs le feuil : il y a fix pieds de dtftance de la
irfacc fupérieure du feuil jufqu*à la furface in-
fîeure de l'écrou, & trois pieds de diftaoce d'un
konunt à Tautre* Les faces oppofces des mon-
Hs font à rainure, pour recevoir & fcrvir de fili-
aux bancs de prefle entre lefqncls & le £uil
p A p
5-
fc fait la compreflion des piles de papief F f qu'on
y place. On ne voit dans la vignene quun feiJ*
montant C E, des trois qui compof^'nt la féconda
preffe parallèle à la première; dans la /^. i''\on
voit une faleraute qui eÛ afiife ï côté d une table ,
qui trie âc qui épluche le papier , c'eft-à dire »
qu'elle en fait plufieurs lots, fuivani les dlfl*érens
dvgrés de perfeôion ou de défauts qu'elle y re*
marque ; elle en ôte auffi les nœuds , les boifes |
les fils ^ les matières hétérogènes qui peuvent gâter
les feuilles ; elle fe fen pour cch d'un grattoir a ^
<]u*oii voit par terre en h , fig^ ^ , enfuite elle pli^
feuille à feuille , &met chacune de ces feuilles dans
leloiquileurconvicnt» La /V. repréfente une faîe-
rante qui paffe la UHe fur ime feuille de papier. Elle eft
debout devant la table qu'on appelle liffoir ^ du
hoïA de laquelle pend une peau de bafane en /»
& qu'elle relève & étend fur la table. C'efl fur
cette peau qu'elle place la feuille qu*elle veut lifler,
puis avec une pierre dure & polie , elle frotte en
tous fsEis la feuille qui n^acquietl pas par ce tnoycn
un grand apprêt. On voit en a^fig^ %, la forme
de la pierre à lifTer. La /^. j eft une falerante oc-
cupée à ployer le papier en deux ; elle fe fert d'un
morceau de bois dur, poîi & d'une forme fem-
blable à celle des pierres à liiTer, que Ton appelle
auffi pierre ; c eft avec ce morceau de bois qu en
paiïant le long du milieu de la feuille , donc elle
a rapproché les deux bords en les mettant Tua
fur l'autre, qu'elle forme le pli des feuilles. Elle a
devant elle deux piles c d de papier ; dans la
première les feuilles font dans toute leur érendue^
ik dans la féconde d , chaque feuille eft pliée :
c'eft dans ces derniers tas que prend la falerantc
(à^> 4») ^^i compte ks feuilles pour en former
les mains de 15 feuilles : 10 de ces mains font une
rame oiircharide , qui contient par conféquent
5C0 feuilles.
Lorfqii'on a un certain nombre de ces mains,
on les porte fous la preflPe peur recevoir le dernier
apprêt , & lé plus grand aplatiftement qu'il foit
polllble; c'eft dans cet état qu'on en fait des pa-
quets en rames» en les enveloppant de maculatu-
res , Si en aftujettîftant cette enveloppe par une
ficelle en croix. Le papier eft alors en état d^ètrc
livré & envoyé k fa defttnatîom
Il y a des fortes de papier dont on laifte les
feuilles dans toute leur étendue , fans les plier; 8c
il eft à dèfirer que cet ufage , non-feulement fc
maintienne, mûi même s'ctabliftc plus générale-
ment, fur- tout quant aux fortes de papiers deftinèe^
h desufages auxquels le pli nuit beaucoup, comme
les papiers deftinès au deftîn , aux tapifteries , aux
cartes , 8c même à Timpreffion des placards , ficc.
Dans le bas de la planche XIII , fi^, 6 Si j, on
voit le plan & le profil d'une machine , p;4r le
moyen de laquelle on peut battre le papier; cct^e
machine, qui fait mouvoir un marteau, confiTe
en un arbre fur lequel eft fixée une lanterne de
12 fîifeaux; cette lanterne engraine dans une roue
Vvv ij
524
P A P
dentée B , je 96 dents : cette roue en conduit une
autre C » qui a 36 dents : Taxe de cette dernière
roue porte une noix de cuivre G , à trois levés ,
qui venant à paffer fur le rouleau mobile à Tex-
trèmitè de la fourchette du manche C D Ë du
marteau , élèvent & laiflent retomber fucceffive-
mént ce marteau j dont la tête bat le papier pofé
ifur le marbre F , ce qui en adoucit & en détruit
même le grain. Le marteau' a fix pouces en carré
à fa bafe , & 7 pouces de haut. Le marbre efl
encaltré dans un billot de bois , oii on peut le
caler , de manière que fa furface foit parallèle à
celle de la tête du maneau. Dans quelques fabri-
ques on fait mouvoir ce marteau par le moyen
d'une portion d'axe coudé , qu*on adapte à 1 ex-
trémité de l'arbre des maillets , & cette opération
fait fort bien dans les grandes fortes , comme le
Erand-aigle , le colombier , le nom de Jefus , dont
i grain e& fort gros , & a befoin d*être abattu ,
particulièrement u l'on n'a pas fournis à l'échange
CCS grandes fortes deftindcs aux cartes de géo-
graphie & aux eitampes ; mais elle dégrade le pa-
pier d'écriture
Dél'tfage.
Le principal travail des falerantes efi le déli^
fage des papiers , c'eA pour cela qu'on les appelle
déliJIftufcs; il confifte à mettre à part, comme nous
l'avons dit ,' le papier fuivant fes qualités & ks
défauts : ces femmes en font cinq lots , le bon ,
le mrié , le gros rctrié , le chantonné ou U triage ,
& le (uijé.
Le lot du bon comprend tout le papier qui n'a
pas de défaut marqué.
Le lot du retrié n'a que de très- légers défauts ,
comme de petites gouttes du coucheur, de petites
dentelures dans les bordures & les traces de quel-
ques pâtons qu'on a enlevés.
Le lot du gros récrié peut renfermer des feuil-
les qui ont de petites bouteilles , quelques gouttes
du coucheur , des nébulofités locales , trop ou trop
peu d'épaiiTeur.
On met dans le chantonné ou le triage , le pa-
pier où fe trouvent les fronces , les rides , les ta-
ches de rouille les moins marquées , les gouttes de
l'ouvrier, &c.
Enfin , on met dans le lof des caffés , les feuil-
les auxquelles il manque quelques-unes de leurs
parties par des déchirures quelconques ; celles
qui ont de grandes rides , de grandes bouteilles,
même percées à jour , celles qui font brûlccs dj
colle , battues de feutre , & enfin noyées d'eau.
L'une des déliffeufes fe charge du tas des papiers
courts & caffés qu'on a mis de côté : elle nettoie cjs
papiers , les épluche de même que ceux des autres
tas, après quoi on les met en rame comme l'autre
papier. Dans certaines fortes, particulièrement
celles qui fervent à l'écriture , on a foin de mettre
tpzTt les bonnes demi-feuilles dont on compofe
p A p
des cahiers de papier à lettre. C*eft ainfi qii*on
évite la perte de la moitié des papiers caflès. Q^iant
aux autres moitiés , on les refond dans certaines
fabriques. On commence par les mettre tremper
dans une cuve, qu'on remplit d'eau boiûUame,
pour en délayer la colle , & on les £ût repafler
fous les moulins. Mais lorfqu'on a des cylindres,
cette opération s'exécute très-facilement par le
cylindre raffineur. Il eft trèi-cflenderde laver la
matière pour enlever la colle , & de la travailler
fur-le-cliamp ,.afin d'éviter l'odeur infeâe qu'elle
prendroit fi elle féjournoii long-temps dans les câf-
fes de dépôt. Malgré les attentions qu'on a pour
accélérer la fabrication de la matière des caffés,
on n'en obtient guère que des papiers d'une qua-
lité inférieure à celle qu'avoient les papiers prit
miiifs.
Des Compteufes»
Les falerantes qui comptent les feuïïles de pa-
pier & qui les affembleht pour en former les mains,
font les plus habiles , parce qu'elles font defiinées
en même temps à contrôler l'ouvrage des i&ir
feufes.
Elles prennent les lots faits par les déliffeafes,
& en forment des mains de vingt-cinq, feuilles.
Pour cela elles faififfent de la droite les feuilles
pliées , les examinent , les dépofent fur le bras
gauche pour les affembler , cnfuite elles les fc-
couent, les égalifent , & dépofent les paquets for-
més fur la table. Elles obfervent défaire les osai»
avec les feuilles de chacun des lots dont nous
avons parlé ci-deffus , & elles les portent aux fa-
lerantes dans l'ordre qui convient. Pour difticguer
les mains , on a foin de les oppofer de dos à barbe;
fi l'on rcnge fix mains de bon, il y aura trois
mains qui auront leur dos à droite , & trois mains
qi:i auront cnfuite leur barbe du n.ême côté.
IJnQ bonne compteufe peut fournir les mains
de dix-huit :i vingt rames par jour , s'il n'y a pas
beaucoup d'incxaâltude dans le travail des dc-
liffeufes.
De la formation des rames.
Le falcran ou maître de falle qui efl chargé de
donner l'armure au papier , c'eft-à-dire , d'en en-
velopper les rames , & de le mettre fous ficelle,
le met d'abord par mains en prefTe pendant hiui
ou dix heures.
Dans la formation des rames , il fait ectrtr
des mains de bon retrié , de gros retrié , &c.
fuivant les arrangemens de commerce que le h
bricant peut avoir avec fes correfpon dans. Quand
les rnmes font faites , on les met fous la preCe
pendant douze heures , & plus encore fi on en a
le temps , on les plie dans deux feuilles de naci:-
Liures, on les ficelle en croix, & Ton met fur
f tfnrcloppe rcrpècc de papier , le nom du ni*itre
iWcant , & fouveni celui de h province.
Pour le papier à la main , le petit k la main ,
& plufieurs fortes en bulle , on n'emploie qu'une
feile^euille de macukture » & on lie U rame à
ito fcal tour de ficelle.
Le papier en rame ie met encore fous prefle ,
piiS 11 feroit à déûrer qu'on Vy mît plus tôt , fit
|B*ily reflât plus long-temps > fur-tout au fortir de
'étendoîr. La prefTe cfl d*un grand fecours pour
donner du luflre au papier , Ôt adoucir fon grain ;
ipaîs c'eA dans un temps où il peut obéir à (on
tÔion. Lorfqu'ii a pris une entière defficcation ,
'îl efl trop tard*
Après toutes ces manipulations, îe papier fe porte
'jjins un magafin bien fec , 6c il peot y refter long-
Nnjps fans perdre de fa qualité. Il n'en devient
lème que meilleur s'il efl bien fec ; car s*il étoit
^lié humide , il feroit expofé à fe piquer^
Diffcrentes numtres d*adoucir le grain du papier*
Autrefois on liffoit à la maîn , comme nous Ta-
oos dit , les papiers qui péfent moins de dix-huit
Ivres la rame ^ mais ce liffâge étoit Ci imparfait ,
Ru'il ne donnott ni luflre ni douceur au papier.
Tell ce dont on peut s'affûter en examinant les
wpicrs de quelques fabriques d'Auvergne , qui ont
tonfervé cette pratique.
Il y a d'autres fabriques où on liffe le papier
avec un marteau à la main , à la façon des relieurs ,
mais cette opération détruit une partie de la colîe
& ternit le ton de blanc des papiers.
On hffe aula à la méthode des cartlcrs, avec
L différence que la perche eft armée a fon extré-
mité d*un rouleau de fer qu'on promène des deux
xDains fur le papier. Mais cette méthode produit
beaucoup de caffés.
Il parott que toutes ces fauffes reffources pour
itiîfquer les défauts d*une fabrication imparfaite,
^bmun peu tombées en difcréditen France, depuis
^r-tout qu'on connoît l'échange & fcs bonv ef-
fets, qti*on fait qu'au moyen des relevages 8l
àtî prcffages , le papier , encore imprégné d'une
tcftaine humidité, prend un grand adoucIlTcment
ïl^cifon grain, & même ufi certain glacé matte
^liienrend Tufage infiniment commode & agréa*
We pour l*ccrîture &c le deffm.
Des pfùpriiiés & des ufaf^ts des différens papiers ,
CQnpéiris relativement aux pâtes pourries ou non
pifurrics qui entrent dans leur comportions
Tai Indiqué dans plufieurs articles de l'art de
papeterie , les propriétés des pâtes pourries &
ion-pourries , & j*ai penfé qu'il pouvoir être
îk'Îc de montrer les réfidrats de leur fabrication,
qiialitè êi les ufagcs des étoffes confidcrées
ptè% ce point de vue net & précis» Suivant ce
jûèiLG d^ dif^ribuiion des produits de nos fa-
briques i je croîs devoir divifcr les différentes fortes
de papiers en deux claffes gétiérales,
La première coinprendra ceux qui peuvent
éprouver quelque enort fans céder à un certain
point i cette dcllination exige, comme nous Tavons
prouvé j qu'ils foient fabriqués avec une pâte non
pourrie ou très*peu poiu-rie.
Je placerai dans la féconde claffe les papiers'
deftinés à recevoir rimprcfîion de quelque effort
&i à s*y prêter. Suivant les principes cxpofés
ci-defTus , ces papiers doivent être fabriqués
avec des pâtes creufes , mollaffes , & par confé-
quent produites par la trituration d'un chiffon
pourrîp
Les papiers propres à l'écriture , au deflîn , le
papier à lucre, ceux deftinés à plier les étoffes p'
à doubler les vaiffcaux ^ les cartons d'apprêts
pour les étoffes de laine, font de la première
claffe.
Lîs papiers propres à Vimprcffion , aux cartes
géographiques , aux eftampes , aux cartes à jouer,
(ont les réfultats les plus précieux de la méthode
Françoife. En parcourant chacune de ces fortes,
je décrirai avec plus de préciHon ce qui les
caraétérife pariiculiéremenE.
Piipiers propres à r écrit ur^.
Les papiers propres à fécriture doivent être
fabriqués fans nœuds ^ fans pâtons , (uns plii ^
ùm rides, d'une étoffe fouple, dont la fupcr-
fîcic préfeute un grain uniforme & fuivi , qui foit
adouci par l'échange , & nullement détruit par
la liffe : le fond de ce papier fera blanc, ou bien
offrira la nuance d'un bleu très-léger , qui ajoute
à Féclat du blanc naturel 11 eft très-important
qa'il fbit bien & cxaâement collé , pour que ré-
criture foit nette , & que les contours des lettres
ne foient ni indécis, ni baveux» En indiquant les
qualités qui font effentielles au papier d'écriture,
jai indiqué les qualités du papier de Hollande:
on lui reproche, il eft vrai, d'être caffant & de
fe couper dans fes plis; mais on ne peut guère
éviter ces défauts qu'en facrifiant quelques -unes
de ces quahtés , oli du moins l'art de la pape-
terie n'eÔ pas encore parvenu jufque-là.
Ce papier doit être fabrique avec des pâtes
non pourries, qui prennent un beau grain, qui
s'échangent avec fucccs , qui fe collent bien éga-
lement, enfin qui fe féchem fans plis & fans rides
après rechange-
Papiers propres au dejjtn 6^ aux enluminures*
Les papiers propres au deffiti (ont de deux for-
tes ; les uns font formés d*une feule paie blanche»
fine ou moyenne ; les litres font compofés de
deux ou trois pâtes de diverfe* cuuleuts : les
Holiandois font prcfque feuls en poffcffion de
j fabriquer ces papiers* Ces ^rçffvS lénniffant les
526
P A P
me mes qualités que les papiers d'écriture , 0 £iut
que leur grain foit bien prononcé, quotqu'adoud
par rechange , car fans ce grain , le crayon ne
λourroit y lai (Ter les traces des objets que le def-
inateur a voulu figurer. Il convient que le col-
lage en foit^fotgné, pour aue les delllns à Fen-
cre ou au lavis aient de la netteté , & ne s'af*
foibUflent pas par Tiflibibition de Tencrc Si
des couleurs qui pénétreroient irrégulièrement
dans Tétoffe.
Depuis quelques années , nos papiers à deflîncr
ont un grain moins gros , parce qu'on les a fou-
rnis à réchange , mais ils font toujours un peu
H)ou^ & d'un collage peu fur. Il n'y a guère
que M- Henry à Angoulème, & M, Cuvelier à
Lille, qui ayent approché du travail HoUandois,
parce qu'ils pourriileof peu , & qu'lU ont adopté
réchange,
Papurs peints.
Il feroit ^ déCrer que les papiers peints , de
tentures & de décoration , fuffent fabriqués avec
des pâtes non pourries j les couleurs qu'on im-
prime fur ces papiers, auroient plus de folidité
& d'éclat : d'ailleurs , ils prendroient un Uffage
plus vif ; d'un autre côté, Tétoffe faite de ces paies ,
leroît plus en état de réfifter à toutes les opé-
rations de la pdmure. Il feroit même convena-
ble que ces papiers AiiTcnt bien feutrés & adou*
cis par l'échange , pour prendre plus exaftement
les contours des défTins. Cette circonftance
ajoutée à coûtes les améliorations qu'a remues
cette indudrie en France, y mettroit^ce me fem-
ble , le dernier degré de perfection.
Papier â fucre»
Le papier h fucre que les Hollandois nous
apportent , a de la fouplefle & de la folidité ; il
fe plie fans fc rompre : aufli emploienr-iïs à fa
fabrication un cljiffon groffier non pourri, qu'ils
triturent avec des cylindres bien cou pans ; ils le
collent avec foin & le foumettent à l'échange ,
non feulement pour en adoucir la furface, mais
fur-tout pour le feutrer intimement. Le papier
4 fucre qu'on fabrique en France, n*efl fait fur
aucun priiicipe ; c'cft un aflfcmblage de pâtes
groHières , pournes à l'excès , & qui n'ont ni
confidance , ni liaifon ^aufTi s'ouvre t-il dans les
plis , au moindre elTort , & met à découvert les
pains de fucre.
Canons pour les apprêts des étoffes de Uine.
Il y a quelque temps quVn s'occupe en France
de la fabrication des cartons propres aux apprêts
des étoffes de laine : ks appréteurs défirent que
ces cartons refirent à l'eflfort de la prcHc , &
qu'ils réagifl'ent contre la furface des étoffes au
;é3H
rtcinl
P A P
milieu desquelles on les pface poirr tes acattp
On feni aifémcnt, partout ce que j'ai dit ci
devant » qu'un carton compofé de pâtes no^
pourries , eA feul en érat de remplir toutes ce^
vues ; que dans notre fyftême de fabrication , î| j
ne nous a pas été pofflblc de fatisfairc aux défirs
des apprêteurs , puifque nous leur avons pré*
firnté aes cartons compofés de pâtes pourrtei i
l'excès j ou même de rognures de papier & de
maculacures qu'on foumct encore à un fcconitf
pQUrriffage,
Les Hollandois & les Anglots ont eu, aucoo*
traire, dans ce genre, les pTu5 grands fuccès, &
ils les doivent au principe général d^ fabricatioo
qu'ils ont adopté,plutôt qu'à des recherches pirrici^
liéres* Leurs cartons font , ou fabriqués dans toaie
leur épaiJTeuravec une feule maffe ue pâte aflein-
blée fur la forme, ou bien ne font que raflemblige
de pluûeurs feuilles de papier collées enfemblc;
dans l'un & l'autre cas » ils font compofés arec
des matières groffiéres non pourries , & triffl»
rées par des cylindres armés de lames acéréei:
on les échange & on les lifle i par cet apprà
long-temps continué , les Hollandois & les / "
glois obtiennent des étoffas folides fit gUcéi
qui ne s'écrafent plus entre les plis du drap
qui n y adhérent point. Comme ces cancini
doivent recevoir un Uffagt vif, on ne ménaee
pas l'aélîon des preifes lors de l'échange, to
fuivant ce plan de fabrication , on peut procurer
i nos manufafliires de draps un carton auffi pro*
pre à leurs apprêts que les carrons Anglois &
Hollandois» Comme les recherches qu'on a faites
fur cet objet important, n'ont été dirigées fu"^
aucun principe , il n'eft pas étonnant qu'elles
n'aient pas eu un fuccés bien décidé: tels font^*
au reAe , les principes qu'il faut fuivre dans ÏCM
épreuves qu'on entreprenderoit à ce fujet.
Les pâtes non pourries ont encore un avari'
rage qui cft effenticl pour ces cartons , c'cft d^
réïifter très -long- temps à Talion de la chaleur
qu'ils éprouvent entre les feuillets des éiofo
fans fc ternir , fans s'oblitérer , & par conféqueof
d'être d'un bon ufage & long-temps foutenil*
C'eft même à ce genre d'épreuve qu'on pourn
reconnoitre fi les fabricans qui entreprendront
d'imiter en France les canons Anglois , ou
reuHl»
Payons maintenant à la féconde clafle dei
papiers que nous avons difiinguès ci-deiTus.
Papier limpre^on^
Je place à la tête des papiers de cette claCet
le papier d'imprefTion , parce que c'cfl le chef-
d'œuvre de la méthode Françoife : ce pa^kr
doit être étoffé , bien uni , fans plis , fan* riik$«
d'un blanc naturel » fans aucune nuance (fe Weu,
collé moins fortement que le papier -•,
mais affex bien cependant pour qu : -es
■lit
P A P
araâént dlmprimerie avec netteté ; ce qu'il ne
ut fas faire s'il ci> rooîlaflTc & mal collé ;d*ail-
tur^ f il nre fi fcrmttc platot de fa colle , que
nsturc àç \x pdte dont il eft coruporè, la-
ïc doit itrecrCLfe, & furccprible de fe prè*
f tn s*écr;ifant à Tintrocluftlon des cirafièrcs.
Ces qijalitès dans la pâte dont cil coni^jofée le
ipicr «imprcffion, exigent que le chiffon ^paffc
I pciirniîajc , & qu'il fuit trituré aux pilons
tmôt qu'aux cylindres , parce qu'ca général
s pàfcs pourries , triturées sux cylindres, éprou-
eru dans la dedkcaiion une retraite plus confi-
inblc qii^ les mêmes paies triturées aux mail-
cs ; leurs nlr^mens font donc moins rapprochés
dam le dernier cas que dnns le premier. Le pa-
pier r,jbni]iii avec ces précautions , cède a(Tez à
P A P
5^7
prcffc de Timprimcur, pour prendre une quan-
Itîté dVncrc ffi^Lmte. Il ûut avoir feulement foin
Îjiiç la pite foit triturée fans graiffe » 8c qu elle
oit ouvrée avec une certaine lenteur pour qu'elle
fc dîilf ibue uniformimenr fur la verjure , & qu'elle
If prenne un grAÎn net & régulier r fans cela les
jÉaraCléref ne fcroicrt pas prononcés également
pans touces les parties de la feuille; d^tillcurs^
B la pite étoit un peu graflc, le collage feroit
mégai âc imparfait. Il y a des fabricans qui ont
foomis ce papier à l'échange > pour lui oter avec
la groifeur de foii grain , toutes les inégalités de
fi fitffacc qui peuvent nuire à la netteté de
I *i>n, fit qui lont fait avec fuccès. Je dois
vjuc c'ell d*aprés mes avis, qu*on a rc-
cvé ce même papier apiei l*impremon , pour
mire autant qu*i! falloit tes creux du foulage
le relief des lettres ; mais j'ai recommandé
faire avec modération , & de manière à ré-
feulement le papier dans l'état où il étoit
iyâm nmprcffion , fans détruire l'étoffe du pa-
pier, fa conftitutîon première par des apprêts
PjpUr pour ta gravure^
La gravure cxiçe un papier qui ait les mêmes
tialîtés que celui d'imprcffion , relativement ^
Téiat de fa pâte, qui doit être pourrie k un ccr-
llaio degré i car it eft prouvé par rexpérîence,
bue la gravure ne prcndroît point fur un papier
fait de patc non pourrie. La pâte , outre cela , doit
ftrc pure, fans nœuds, fans pitons ; le grain
fans rides : pour cela le
. , ment dans des endroits bas,
aiin que k grain ne forte pas trop pendant la
É:\fTî ii.iîicn; fiTon emploie rechange , il faut en
les effets avec foin: on doit outre cela
^- ^li i> .4vr égptemcni l'aftion des deux premiers
prcA^ages;on a vu que fans cette condition, îe
papier inégalement impr^^gné d'humidité, au cen-
tre & fur les bords, contradoit des rides & des
jlis p:nJjrr l.i dcfTiccatton. Il doîi être aulTi collé
^ un cjrî;.. point. En rcmpliiTant ces conditions.
les traits des tailles «douces pourront ^imprimer
nettement, & avec tous les toni quVxigent les
ceintes 6i les demi-ceintes*
Le papier mou 6i creux de l'Auvergne réunît
aflfez bien ces avantages : les Anglois ôc les Hoî-
landois tirent de Fr^ince ce papier , ainfi que ce*
lui d'imprefTion. On fcnt bkn maintenant pour-
(juoi les papiers de ces deux nations « qui ne
ttbriquent que d:s pâtes non pourries , ne font
pas propres ï recevoir feff^t de la gravure* Une
pâte verte , qui ne cède & ne prête que très- peu
Ji TaÔion de la planche gravée , ne rend aucun trait
dans le ton qu'il convient.
PapUr Cartier & papUr peins Uffù
Ces fortes de papiers tiennent en quelque fa-
çon le milieu entre les papiers de la première
claffe & ceux de la féconde j il faut que le papier
Cartier foit fabriqué de façon à prendre le lillage,
par conféquent il convient qu'il foit compofé
cl'ufi# pâte un peu creufe ; mais le littage doit
être vit , afin que les cartes coulent légeremecc
É^s unes fur les autres lorfqu^oo les mêler le papier
Cartier ne foutiendrou p^s fans fc dcchivcr ,
TcfFort qui lui communique ce liffage, fi la pâte
ne confervoit pas encore une certauie fermeté ;
en un mot, il faut que ce papier c.nicr cède
difficilement à la li^e ; car le bon eilef de ta liiTe eO ,
jufqu à un certain point, en raifon de la difficulté
duiiffagc; aufli les cartiers rebutent-ils touî papier
mou Ôc fans confift^nce. Une bonne colle eli au tli
eiTentielli: à ces papiers , puifqu'elie tient lieu xx*\xn
vernis auquel le lilTage donne un ton luifant & gla-
cé ; enfin , il efl de la plus grande importance (;ue
la pâte fwit ^xite , car lans cela beaucoup de chines
remplies de caches , paiTerolent au rebut.
Pour remplir toutes les conditions que la dcf-
rination du papier Cartier femble impofer aux
fubncans , on conçoit qu'ils doivent pourur
très-peu leur chilibn , enfuite le triturer dans des
moutini bien montés, & dont les pilons fuient
armés de clous comme ceux de la Gueldrc : en*
fin le fécher dans des étendoirs un peu aérés , pour
obtenir un papier ferme & fonnant après la colle*
Jufqu'à préfent TAngoumois eftprefquc la feule
province qui vende dans le nord du papier car-
tier , du moins le papier de cette province eA le
feul qui Çoxi recherché par les Hollandois; auflî les
chiffon'i de TAngoumoisne lont point ftifceptibles
de prendre de ia molJeHe en pourn0ant , & les
moulins de cette province triturent adez bien les
peilles un peu vertes. Les moulins des environs
de Tulle , réuiSffcnt aulft fort bien dans le même
genre de fabrication, parce qu'ils ont les nuimei
reffoufccs. Enfin , il en feroit de m^mc en l^our-
gognc , il les fabricans de cette province favoicnt
profiter de la bonne qualité de leurs chiffons» qui
mont paru confcrver beaucoup de confiflaucc
après un pourriiTage ménagé.
528
P A P
Les papiers deftinés à être peints & llfles, exi-
gent les mêmes qualités de pâtes & les mêmes
apprêts que le papier cartier. Pajouterois cepen-
dant à la préparation de ce dernier papier , les
apprêts de l'échange , parce que les papiers liiTés
ont befoin d'un grain adouci; outre cela , j'en mé-
nagerois la defliccation dans un étendoir bas , pour
fiue les feuilles n'en fuflent pas déformées dans
eurs dimenfions , ce qui nuit à leur aflemblafi
lorfqu'on lès colle pour en faire des rouleaux. Ces
papiers ainfi fabriqués prendroient les couleurs ,
lans les altérer par une imbibition irrégulière , &
reccvroient un beau Uffage fans fe cafler.
Il réfulte de tous ces détails , qu*à la lumière
des faits expofês ci-devant , Ton pourra fixer par
la fuite les opérations de la papeterie , dans des
limites affez précifes pour en diriger & en aÔiirer
les réfultats ; qu'il fera auffi facile do fubftituer à
une routine aveugle , & qui ne réuffli toujours
que par le concours fortuit de quelques circonf-
tances heureufes , des principes raifonnès qui
éclaireront également fur les caufcs des défauts du
papier , comme fur celles des qualités efiimables
qui le rendent propre à tel ufage.
I>ES REGLEMENS pour la fabrication du papier^ le I
commerce du chffon & la police des ouvriers.
€^ que nous avons préfenté jufqu'à préfent fur
les reflources de l'an , fur les différentes modifica-
tions qu'il a reçues , peut nous convaincre qu'il
faut laifler un libre cours à l'induftrie , & qu'en
vain voudroit-on en gêner les opérations- Nous
avons cru cependant devoir joindre ici les princi-
paux réglemcns qui ont été faits en difFérens temps
fur la fabrication du papier en France , & nous
les avons imprimé ici dans leur entier , en y
joignant ccpeadant quelques remarques. Plufieurs
articles pourront paroître inutiles , mais nous
îi'avons pas cru devoir les fupprimer , dans des
lois qu'il faut toujours prèfenier telles qu'elles
ont été portées, & avec louslcs caraftéres d'au-
thenticité. ^
Arrêt du CONSEit d'état du roi , portantTré-
element pour les différentes fortes de papiers qui fe
Fabriquent dans le royaume. Da 17 janvier 1739.
Extrait des regiflres du confeil d'état.
Le roi s'étant fait repréfenter , en fon confeil ,
les réglemens ci-devant faits pour les différen-
tes fortes de papiers qui fe fabriquent dans le
royaume , autorités par arrêt du confeil , du 21
Juillet 1671 , & les autres réglemens & arrêts ren-
dus depuis , concernant la fabrique defdits papiers :
& fa majeflé étant informée que les précautions
prifes par ces réglemens & arrêts ne font pas fuffi-
fantes pour affurer la bonne qualité des papiers , &
qu'il eft néçeffaire d'y ajouter de nouvelles difpo-
fidons , pour porter cette manufafture à un plus
haut degré de perfeôion; à quoi defirant pourvoir.
Oui le rapport du fieur Orry, confeiller d'état, &
P A P ,
ordinaire au confeil royal, contrôleur géniral des
finances, le roi étant en fon confoil, a ordonnée
ordonne ce qui fuit :
Art. t . A Tavenir , & à commencer du jour de U
publication du préfent arrêt, les drapeaux, cUf-
tbns , peilles ou drilles defiinés à la fabricatioB
des différentes fortes & qualités de papiers qui fe
font dans le royaume , feront préparés de façon
que lefdites matières foient parfaitement déchirées,
effilochées , broyées & affinées, en fe fervantdes
pilles ordinaires , ou en y employant d'autres nu-
chines propres à ces opérations , après néanmoins
avoir obtenu la permilfion du roi, de faire u(àge
defdites machines : faifant fa majefté défenfes de &
fervir d'aucune machine tranchante , pour autre
ufage que pour préparer les matières à être effilo-
chées , broyées oc affinées ; le tout à peine decon-
fifcation defdites machines , & de deux cens li-
vres d'amende.
Art. 1. Les pilles ou autres machines fervanti
Ici fabrication de toutes fortes de papiers, mène
des papiers gris , traffes & cartons , & les pounif-
foirs dans les moulins où l'on fait pourrir les dra-
peaux , feront placés dans des lieux dos & coo-
verts : faifant fa majefté très-expreffes inhibitions
& défenfes de fabriquer aucuns papiers & canons
dans les moulins dont les pilles , ou autres madii-
nés, & les pourriffoirs feroient à découvert, &
expofés aux injures de l'air & à la pou{Iière,à
peine de trois milles livres d'amende contre les
propriétaires des moulins qui les auroient donnés
a loyer dans cet état, & de mille livres d'amende
contre les maîtres fabricans.
Art. 3. Seront tenus les maîtres fabricans ,
de faire purifier j'eau dont ils fe ferviront, tant
pour le lavage de la pâte dcflinée à fabriquer le
papier , que pour détremper la colle , en faiûnt
paffer lacite eau dans quatre différens vaifTeaux
ou réfervoiîs , dont le dernier au moins fera fabli
pour la faire repofer dans les premiers , & filtrer
à travers le fable du dernier: à peine, en cas de
contravention , de cinquante livres d'amende con-
tre lefdits maîtres fabricans.
Art. 4. L'eau au fortir defdits vaifleaux ou rc-
f^rvoirs , fera introduite dans les pilles ou autres
machines fervant à broyer les drapeaux , à tra-
vers d'un linge appelé couloir , à peine de trois
livres d'amende.
Art. 5. Défend fa majcftc de mêler avec les
drapeaux ou chiffons , ou avec la pâte dedinée
à la fabrication des différentes fortes de papiers,
mcmc des papiers gris, traffes & cartons, au-
cune forte de chaux, ou autres ingrédiens corro-
fits ; à peine, en cas de contravention , de confif-
cation defdits drapeaux ou chiffons & pâte dan*«
lefqucîs il en auroit été mcîé, 8c même des pa-
piers qui auroient été fabriqués avec lefdites ms-
tières > & de trois cens livres d'amende conne
lefdits maîtres fabricans.
Art. 6. Veut fa majefté qu à Tavenir , 8c i com-
mencer
P A P
iieactr du )oiir de la pubUcatioii do préfent
trrèt , les roaities fabricans foient tenus de tiùre
:ol;er également les papiers des diâ^rentes
OTtes ik quaUtés destinés pour rimprimcric, pour
e tirage djs cllampes , & pour récriture , à
icioe de conâfcation des papiers dcftincs pour
rimprimgrie & pour le tirage des cftampcs , qui
Ce leroicnt pas aurtî parfaitement collés que ceux
our récriture, Ôt de cent livres d'amende,
7. Défend i)i majc/ié auxëits maures fabri-
ans , de fe fervir d'aucufïe gfiiïïc ou favon pour
L-flTer les papiers ; à peine , en cas de coiîtraven-
:ion» de confifcation defdlts papiers, & de çtnt
livres d'amende contre lel'Jits mnitres fabricans ,
& de dix livres contre louvrier , appelé f Altran^
qui en suroît employé*
8. Toutes les diâfërcntes fortes de papiers qui
fc fabriquent dans le royaume, feront à Tavenir
^es largeurs , hauteurs tic poids ^%h% par le tarif
Lttachc fous le contre-iccl du préfeot artôt ; à ref-
let de quoi , ordonne fa mijcilé que dans le délai
We fijt mcii!^, à compter du jour de la publication
■du prcf^.it arrêt , toutes les formes deftinées à la
(Éabncation des papiers, feront réformées, & fai-
tes fur les largeurs de hauteurs mentionnées audit
^anf , à peine de confifcation > tant des formes»
(qui, après ledit délai de (\x mois expiré , feroient
Irouvécs ou trop grandes ou trop petites, lef-
«uelles feront brifées , que des papiers qui fe fa-
briquemient dans kfdites formes , ou d'un poids
di^érexit de ceux fixés par ledit tarif» & de cent
iivres d'amende contre les maitres fabricans :
pourront néanmoins lefdits maîtres fabricans ,
^\te des papiers de largeurs & Iiauteurs au deiTus
►de celles hxées par ledit tarif, pour le papier ap-
,pelé grand-aigU ; à k charge que le poids des rames
,iefdits papiers fera augmenté àproportionde Taug-
iinentation de la largeur âc de la hauteur des feuilles,
[ ^* N'entend néanmoins fa ma je Aé que les maî-
tres fabricans puilTent être pourfuivis dans les
fis où les feuilles de leurs papiers fe trouveront
4e quelques lignes au-deflus ou au-de^ous des
dimen&ons portées par ledit tarif , lorfqu'il paroi-
^ra que leidites augmentations ou dimir^urions
peuvent provenir de la faifon dans laquelle les
Bapiers auront été fabriqués , & non du défaut des
ormes & de la mauvaife qualité de la matière,
Si ne caufent pas une différence de poids de cha-
ique rame au-delà d'une quarantième partie de
celui fixé par le tarif.
lO- Et afan que les maitres fabricans ne puiflent fe
lervir à Tavenir d'aucunes formes défcfitueufes , '
Drdonnc fa majedé » que dans le délaide fix mois
Ct-deffus prefcrit , elles feront toutes repréfcntèes
jivec leurs cadres volans appelés couvertes , parde-
mirant les juges des manufacturer , en préfence des
Erdes des maitres fabricans ; & que lorlqu elles
ont trouvées conformes aux dimen fions por-
lées par le t^rif, lefdites formes , & leurs cadres
^u couvertes ^ feront marquées ^ feu , & le poin-
Ans & Mésurs\ Tome K Paru 11*
'fiA'il?
Ç29
çdn qui aura fervi k appliquer ladite ctliprerme »
fera dèpofé dans le greffe de ladite iurildi^ion -
faifant fa majefté défènfes à toutes perfonnes ût
contrefaire ladite marque , à peine d'être pourfuè^
vies extraordinaiiv ment comme pour crime de faux;
& à tous maitres fabricans de faire ufago d'au-
cunes formes qui ne foient ainfi marquées^ à peine
de conlifcation des formes » qui feront tompucs
& brifées , & de cent livres d amende contre lef-
dits maitres fabricans , ik de trois livres contre
l'ouvrier qui s'en feroit fcrvi,
1 1. Les maitres fabricans feront tenus démettre
fur le milieu d'un des côtés de chaque feuille des
différentes fortes de papiers qu'ils fabriqueront, la
marque ordinaire pour dèfigner chnque forte de
papier i & fur le milieu de Tautte cote de ladite
feuille» en caradlére de quitre à fix lignes de
hauteur , la première lettre du nom , & le furnom
en entier du martre fabricant , avec l'un de ces
mots , auffi en entier , /in , moyen , hulU , vanant
ou ^ros'ban , fuivant la qualité du papier « êi le
nom de la province : & à l'égard du papier ap-
pelé Cartier an, le luim de la province, la pre*
miére lettre du nom, 6c le furnom en entier du
mâitre fabricant , feront mis à rextrémité de cha-
que feuille : le tout à peine, en cas de contraven-
tion , de confifcation des papiers , & de trois cens
livres d'amende contre les maîtres fabricans: fai-
fant fa majeflé très- expreffes inhibitions & défen^
fcs auxdits maîtres fabricans , de marquer aucuns
papiers de qualités inférieures , du nom farvant
à dèfigner une qualité fupérieure, à peine de con-
fifcation defdits papiers , dc de mille Uvres d'a-
mende , & d'être déchus pour toujours de U fa-
brication & du commerce des papiers.
Il, Défend fa majeflé a tous ma >t; es fabricans,
de mettre les nom âc furnom d'un autre maître
fabricant , ou un nom fuppofé , au lieu du leur'j
fur les papiers qu'ils fabriqueront ou feront fabri-
quer ; comme auiE de faire fabriquer du papier
marqué de leur nom dans d'autres mouhns que
ceux qui leur appaniennent ,"ou qu'ils tiennent à
loyer ; à peine , en cas de contravention , de con-
fiication des papiers , de mille livres d*amcnde ,
& d'éire déchus pour toujours de la fabricaiian
& du commerce des papiers* 1
13. Les veuves des maîtres fabricans qui ,
apièî le décès de leur mari , voudront continuer
à faire fabriquer des papiers, feront tenues de
mettre le mot veuve en entier , avant la pre*
mi ère lettre du nom âc le furnom en entier de
leur mari ; Ôc les fils de maitres fabricans , qui
auront le même nom de baptême que leur père
aétuelleMent vivant , & qui , aptes kur réception
à la maitrtfe , fabriqueront ou feront fabriquer
des papiers pour leur compte particulier, ajoute-
ront le mot fitf en entier , apr€s la première let*
ire du nom & le fut nom de leur père : le tout k
peine ,■ en cas de contravention , de confifcation
des papiers 6c de cent Uvtes d*amcnde.
X xm
A
P A P
f»ro€éd«r » enin prèrencedcfdus juges , à U ptara-
Uté des vûu, il îmtiom de quatre ou lie
d^ux gÀide^ , (a
d fera rè^è par leidiis
fi:ur$ tntcn laOÂ ùc tutiustuIiiiLCs départis , à pro-
portion du riombrtî des maitri^s fabricans qui fr-
ronc établis dans T^^ndue de chaque arrondifle-
ment ; tefquels gardes prêteront ferment parde-
vant Icfdu» l^^p^^ > de fe bien & ûdélemetit ac-
quitter ' • ^ : -^ fonâions , dcles exercerom juf-
qu'au éccmbre 17*59* : -i! t
JQ. Uia jHiic ià m ' «i Tavenlr » Àcà com^
mçnçer au mois de - j »7?9 » d lera tous
les an», depuis le prcmit^r jufqu'au 10 dudit mois,
procéHç , en U for/ne & manière prrfcrite par l'art.
2; , à U nomination de deux nouveaux
g.i' . jTiiJes vdks Êc lieux où il en aura éiè
élu quatre , pour remplacer les deux anciens qui
forïitàïnf Ar- rhirge , 6l entrer en exercice au deux
|«r . avec les deux gardes de la précè*
dfciHt ti*.^ luti , c<t qui fera fjbfcrvé d'année en
anncc , isnfckne qu'il y iiit toujours deux anciens
& dtuxnouve^iux gardes en exercice.
31, Veut fd mA[eAé que le même ordre foSt
cbicrve d;«ns les vtilcs &i lieux ou il n'aura été nom-
ma que deux gardes ,âL quM ^o Toit élu un tous
les ans , pour remplacer celui qui fortira d'exercice.
31. Lcfdits gardes feront au moins quatre vifi-
tcs générales p.ir chacun an « & des vifitei par-
ticulières toutes les fois quMs le jugeront A-propo§,
tani dans les moulins & m.gafins à papier établis
dans U cam!>Hgne , que d^ns les magaftns établis'
dans îes villci qui ieront dans l'étendue de leur
diArîitt f lors dcfquclltâ vifiies , tous les nvaitres
fabricant , les marchands papetiers , commifTion-
naires , ôt autrcf chez lefqucls il y auroit des papiers
dépofés , feront tenus de féiirc auxdits gardes
ouverture de leurs moulins , maifons & magafins;
à peine j en eus de refus , de cinq cens livres dV
fncnde: ik où il fe irouveroit des papiers qui ne
feroiem pas conformes à ce oui eft prefcnt par le
préfenc ariêt^Ôf au tarif attaché fous le contrefcel
d'icciui , lefdifs gardes les feront fatfîr & enlever
par un huiiitcr « 6c en pourfuivront U confîfcaeton
avec les condamnations d^amc ndes portées par le
préfeot arrêt.
3V Ordonne fa maîeflè que les rames dts pa-
piers dont U contifcation aura été ordonnée » fe-
ront pcicétîs d*un poiçondans le milieu , Ôt qu'elles
feront rcmifes dans le moulin à pj^picr , pour y être
employées comme mitre re; & que du prix auquel
elles feront cilimies comme matière , il en appar-
tienne iuoitté anx gardes , & l'autre moitié à
l'hù^ntuï <c plus prochain du lieu où les fugemens
auiont éîé rendus.
34. Nul ne pourra être admis à faire apprcn-
tiil,ige , qu'il n';îit au moins douze ans accom-
I iTé brève: pprentiirige
\ , entre 1 f.^Hncïint et
çw lit qMi < , lequel
bicvtifcr.i , ' _' - . , ; iw-ra tenu
à cet elTrf par les gardes en exercice de thmfm
communauté , en payant par ledit xppfieoti U,
fomme de trois livres pour Icdtr enfeî»tftfciiiCTit.
35. Le tems de Tappr Je quatre
années confécutives , pend ^ l'apprenii
fera tenu de demeurer chez fon maître ^ & de le
fervir fidèlement ; & ceux defdits ippfrnn^ a,^l
quitteront \c\it maître avant le tems dtfd r
années accompli , n'acqu erreront aucun u u t pvur
parvenir à lamaitrife^ & leurs brevets fcrt>m &
demeureront nuls , & rayés du regîflie dim leqikl
ils auront été enregirtrés.
36, Dans le cas où le maître chex lequel l'ap-
prenti auroic commencé fon apprentiffage , ceffie-
roit de tabrtquer ou faire fabriquer du papier
avant le terme de Tapprentiffage accompli , les
gardes en charge placeront ledit apprenti chcx dû
autre ntaître , pour y finir le tems qui reilera à
expirer de fon apprentiffage » ce qui fera pareille*
ment obfervé par Jefdits gardes, ft le maure vient
à décéder , & que fa veuve ou fes enfans ne cocd*
nuent pas à faire f " 1 du papier.
37 Les quatre ! apprenti rtfage exptréet •
Tap ra tenu de Icrvif pî^^
anr les maîtres en quu
38* Les rtis de maîtres qui auront demeuré jtifqu a
i'âgede t6 ans accomplis cbczleur père, ou îear
mère veuve fnifant fabriquer du papier . ferod
réputés avoir fait leur apprentiflage ; & feront oèan*
moins tenus de fervir quatre années en qualité de
compagnons , chct leur père, ou leur méte^etivet
ou chez d'autres mahres.
39* Lafpirant à la nuttrifc, qui fc ptifouifil
pour être reçu ^ fera prèahblement tenu ée repfé»
fenter aux gardes en
très qui ieront nomn-^
maîtres fabrieans , fon brcret r ï »gc , ai
certificat en bonne forme, tii . qu*il n
fait chez les ma très en qualité de compagnoaj 3
^T.r
'^ C
fera enfuiie admis à faire , e^ n
gardes & principaux maîtres t
d*œuvre, qui confinera dans le> (^ ^
tions de la fabrique du papier , & 1
qualité des dirtéreftfes fortrs de ;
kront préfcntécs à cet effet ; & fi ap
ledit afpirant eft trouvé capable par
charge ÔL principaux maître, fabfr
eux pré fer lé aux î»Jges des man'.
prêfcr ferment pardevant eux , if^
tableau des maîtres fiibricans , en l
par Tart. 1^ ci-dcffus « en pay*r
Qx livres pour les droits defdhf juges , & pareilte
fomme pour h communauté.
40. Les 6ls de maîtres qui fe prè(cntçT«nM fûÊtt
être reçus à la muitrife ^ ne n ^^
d œuvre , mai^ feront feulemei inéÈÊt»
ter les CiTtilicats du ier\ r-ti
qualité de eL7mfrr^;f'on^ , '^
mère vcuv itfô/t
interrogés
I
'ni
- ' f
■'deefi
nf»r
, pctir
.m tr
eCcrlf*
me rft
éÊêêÊ
P A P
Ha papier , que fur la qualuè des différentes fortes
de pApicts : & fi , après cet examen » iU font neu-
ves capables , ils iVroni reçus en la forme prcfcrite
λar Tarticle précédent , en payant la lomme de ùx
ivres pour les droits des juges des manufaflures ,
& pareille fooime pour la communauté.
41. Les femmes qui feront payâtes , Tant pour
renre^ilirement des brevets d^apprcmilTage , que
poar ics réceptions à In maîtrife , feront reçues
par Tancien garde en charge , qui en tiendra registre ,
&ciTiployéts auxaftiircs Je la communauté , dont
Ufera tenu de rendre compte à la fin de fon eiercicc
en prêfence des autres gardes 6c des anciens maîtres
ùbrieiiis , qui feront nommés à cet e0et par la
communauté aflembléc : &i fera tenu ledit ancien
Ede , de remettre les deniers qui rcfleront entre
oiJàQS, en celles de Tancien garde qui lui fuccé-
4cf» , ce qui fera exécuté d année en année.
4%, l: étend fa majeilé à tous gardes 6l maî-
tres ^bricans , de prendre , ni recevoir des
afpîrans à la m^iîtrife , aucuns préfcns, ni autres
& plus grands droits que ceux fixés par le préfent
arrît , p©ur quelaue caufeSi: fous quelque orétexie
que ce puiffe être, a pemc ae reilïiuiic«i CSc de cent
lÎTres a amende; cororre auiTi auxdits afpîrans » de
doaner aucuns repas auidits gardes ou mat:res
Êlbficaos , k peine de nuliitî de réception»
43. Les veuves des maîtres fabricans joui-
raof des droiis & prîvUéges de leur mari , &
pourront cominuer de faire fabriquer du papier
tant qu'elles relieront en viduité, fans ncmmoins
pouvoir (aire d'apprentis ; & au cas quelles fe
momem avec quelqu'un qui ne fott pas mattre
nMcint , elles feront déchues defdits droits &
prliriléges.
44. Ordonne fa mafeilé , que les maîtres fabrî*
caef de papiers , leurs fils travaillant dans les
obliques, les colleurs ou faicmns, les ouvriers
qui mettent les matières fur les formes, ceux qui
coucher t les papiers , ceux qui les lèvent » $L ceux
qui préparent les matières qui entrent dans la corn-
pofitton du papier , feront pi rtonncllement exempts
delà coltcéle des tailles , du logement de gens de
SUCTTC ^ de la milice , & qu*ils feront coTrfis d of-
ce i la raille^ par le fieur intendant 6i comniîiTaire
départi dans la provincecù ils feront établis, fui var t
les états qui lui en feront remis tous les ans Vi:iT tes
gM4f«s en charge * fans que les cotes d*ûi!ice
ptiiflent être augmentées par les coDcélcurs*
4«î. Veut ù majeftè que l'ouvrier crpployè à
CitreÔC à réparer Ic^ '" ' 'nn
lies papiers, aptveK m
pfîvi lé^es ^ c xc T M 4 c i*
4tftis,auxmnK .* tiers ^
à Kir^et de quoi ii fera compris dans les étais ordon>
nés par le màtvç article.
An^ 46 F^tfa ma je lié dcfenfcs at)X g.udes , de
i»i5mf-r/.rifîrf. Hpnt l,.iM;*t étais, aucuivf maîtres fa-
br ront pjs à b're fabriquer
P A P
53Î
feront aAuellement travaillans dans les moulins ^
à peine de trois cens livres d'amende,
47» Les ma très fabricans pourront employer
ceux de leurs cotnpagnons 6c apprentis qu'ils
jugeront à propos , à celles des fonctions du mé-
tier de papetier qu'ils trouveront l«ur erre plus
convenables , fans qu*aucuns defdits compagnons
puiiTent s y oppofcr, pour quelque caufe 6;. fous
quelque prétexte que ce foit ; à peine de trois livres
d'amende payable par corps , contre chacun defdits
compagnons qui auroient formé de pareilles oppo*
ftûons , 3l de plus grandes peines s*il y echéoit,
48, Fait fa majellé détenfes aux compagnons
& ouvriers , de quuter leurs maîtres pour aller
chez d'autres » qu'ils ne les ayent avertis fix fe-
maincs auparavant en préfencc de deux témoins ^
à pejne de cent livres d*amende payable par
corps, contre les compagnons 6i ouvriers, & de
trois cens livres contre les maîtres fabricans qui
recevroient à leur fervice & engageroîent aucuns
compagnons 6c ouvriers, qu'ils ne leur aytnt repré-
lenié le congé par écrit du dernier maître chez
lequel lis auront travaillé » ou du juge des lieux « en
cas ue refus mal tonde de la part du ma tre; letdttes
amendesapplicables moitié au profit de famajeOé^
6l fautre moitié au profit des maîtres que les compa-
gnons & ouvriers auroicnt quitté fans congé; feront
auffi tenus les maîtres , d'avenir Icfdits compagnons
& ouvriers en prêfence de deux témoins , Itx fe-
maines avant que de les renvoyer, à peine de leur
payer leurs gages &i nourrirurc pendant kfdiics
fix femaincs.
49. Défend auffi fa majeHé auxdîis maîtres fabri-
cans, de débaucher Us compagnons Oc ouvriers
les uns des autres , en leur promettant des gages
plus forts que ceux qu*ils gagnoieni chez les maîtres
ou i's travailloient , fous les peines portées par
Tarticle précédent , tant contre lefdits maîtres fa-
bricans que contre lefdits compagnons Ôc ouvriers,
50 Ordonne fa majefté , que s*d arrivoit
qu*un compagnon ou ouvrier , pour fcrccr fon
martre i !e congédier avant le temps , ^dt , par
mauvAifc volonté » fon ouvrage , 6i quM en fut
convaincu , tant par la comparai fon de fcs autres
ouvrages, que par la d^ipotrion des autres com-
pagnens & ouvriers travaillans d:\ni le même
moulin , ledit compagnon ou Ouvrier fera con-
damné , outre l' dédt mm.igemeiït , à la même
peine que sM avoir qu t é fon m ait c I' ::^é.
5 1. Veut fa maitOé que le-ç c ,1$ $t
ouvriers papetiers foîcnt tenus de t.iirc le trav-il
de chnque loutnéc, moitié av^int pncfi , 6t Tautrc
'îior midi, fans tiuMs pu i lient forcer leur
tra\ > quelque prétexte que ce ftit, ni !e
quitter pendant le cotrrjrt de la journée, fans le
congé de leur mattre ; à peine , tn r ,. ,1- ^^^nr^,
vcntion , de trois livres d*an .f
corps , contre ^'rfdir'i *---*-" -, ,,,,^. ^ »u^»,,t»;* ,
applicable au profit de de l*fîi^p*taî le plus
ptMbtiii da iteia où les ji^^cn^cns feront rendus.
P A P
P A P
procéder , en ji^ pi èfence defdits juges ^ à li pïnrs-'
Xïih (les voix y f^ Ali numinatiom de quatre ou de
d^ux gardes , fgivaiit qu xi icra Tè^;lè par leldits
(ii\ir% incenkns 6c couWi^ir^Âies dèpaîtis « ^ Pro-
portion du nombre à*;tSt maîtres fabricans qui le»
lonc établis dans Tècendue de chaque arrondifle-
ment y lefqueU gardes prêteront iermenr parde-
vanc lefdus jugç» ^ de le bien & fidèlement ac-
quitter de leurs fondions , ^liis exerceront juf-
qu*au dernier, décembre 1739. ' _ ..f^- *
30. Ordonne U m* jeftè qu'à Tavenir , -Scà co*ï-
mençer au mois de décembre 1739, U l^ra tous*
les aps , depuis le premier jufqu'au 10 dudit mois,
procédé^ en la forinc 6c inaniéie prdcrite par l'art,
a^ cj'deiTus » à la nomination de deux nouveaux
gàr(J^s, ddu^jes villes ëc lieux oîi il en aura été
eiu quatre , pour remplacer les deux anciens qui
foriif^m de charge , fit entrer en exercice au deux
japyi^l^/uiV'Mt^ avec les deux gardes de ia précé-
dente éle*;i)On ; ce qui fera Dbfenré d'année en
année , enferte qu'il y ait toujourv deux anciens
& d'.uX' nouveaux gardes en exercice.
31. Veut U maieAé que le même ordre f6ic
obiervé d*insles villes & lieux ou il n'aura été nom-
mé que deux gardes ,6c quM en fott élu un tous
les ans , p'-^ur remplacer celui qui ibrtlra d'exercice.
3 a. Lefdits gardes feront au moins quatre viA-
tcs gén«:rales pir chacun an ^ & des vifites par-
ticulières toutes les fois qu ils le jugeront à- propos ,
tant dans ks moulins & m.gafins à papier établis
dans U campagne, ane dans les magafins établis
dans les vUlei qui ieront dans Tétendue de leur
diflrict '^\ot^ dcfqutllts vifites , tous les maîtres
fabricans , les marchands papetiers , commifl'ion-
ïiaires » ik autres chct lefquels il y auroit des papiers
dépofés , feront tenus de faire auxdits gardes
ouverture de leurs moulins , maifons & magafins;
à peine , en cas de refus , de cinq cens livres d'a-
mende : iSc oîi il fe irouvçroit des papiers qui ne
feroicnt pas conformes à ce oui eft prefcnt par le
prêtent anèt^Ëif au tarif attaché fous le contrefcel
d'icelui , Icfdits gardes les feront faidr âc enlever
jxar un huitftcr ,. 6c en pourfuivrom la conâfcarion
avec les condamnations d amendes portées par le
préfeot arrêt.
33- Ordonne fa tp^^icrté que les rames d#s pa-
piers dont la contifcation aura été ordonnée, fe-
ront percées d*un poiçondans le milieu , 6c: qu'elles
feront rcmifes dans le moulin à papier , pour y être
emplovées comme muiére; & que du prix auquel
elles Icront edimics comme matière ,ti tn appar-
tienne moitié anx garde*; , ^ l'autre moiriè i
rhô^nt^it !e plus {irocliaiii du lieu ou les jiigemens
auiont été rendus.
34. Nul ne pourra être admis â faire appren-
ttfljge , qu'il n'ait au moins douze ans accom-
pli'^ , et il fcri paiTé brevet dudit apprentiirage
psî'î.ivsrir notaires , entre le miitre tabricnnt &
ù pféfentera pour être apprenti , lequel
i : j cn#ef lArià dtuii le rcgiAre qui liera tenu
.1
à cet elP*t par les gardes en exerciec de cbaqœ
communauté , en payant par leu nti b
fomme de trois livres pour ledit en; ^nt,
55. Le rems de rapprentiiTaee kra de quatre
années confécutlves , pendant lelquelles l'apprenti
fera tenu de demeurer chex fon maure, éi de le
fervir Adèlement ; & ceux defdits apprentis qui
quitteront Iclur maître avant le tems defdires quatre
années accompli , n'acqucrrcront aucun droit pour
parvenir à la maitrife , & leurs brevets {eroot &
demeureront nuls , & rayés du regiflre dans lequel
ils auront été enregiftrés.
56. Dans le cas oii le matrre chez lequel Pip-
prenti auroit commencé fon apprentifTage , ceffe-
roît de fabriquer ou faire fabriquer du papier
avant le terme de Tapprentiflage accompli , les
gardes en charge placeront ledit apprenti cher on
autre maître , pour y finir le tems qui reftcra à
expirer de fon apprentilTage , ce qui fera pareille-
ment obfervé par lefdits gardes, fi le maure vicat
à décéder , & que fa veuve ou fes cnfans ne conti-
nuent pas à faire fabriquer du papier.
37. Les quatre années d'à pprentifiagc expirées I
rappreniî fera tenu de tervir pendant quatre autres
annètîs chez les maîtres en qualité de compagnon.
58* Les fils de maîtres qui auront demc \
Tâgede 16 ans accomplis cbezleur pérv f
mère veuve f^ifant hbriqucr du papier , frrofîl
réputés avoir f;itf leur apprcnrifTage i & feront oéarv-
moins tenus de fervir quatre années en qualité de
compagnons , chez leur père , ou leur méie veuve,
ou chez d'autres maîtres.
59* L'afpirant à la maitrife , qui fe prèfcnten
pour être reçu , fera préalnblement tenu de rcpfè*
feftfer aux gardes en charge , &. aux an
très qui (eront nommés a cet effet par L s
maîtres fabricans , fon brevet d'à pore ntiiï^gc, U le
certificat en bonne forme, du fervice qu^ilautl
fait chez les matrcs en qualité de compagnon : il
fera enfutte admis à faire , en préfence defdiff
gardes & principaux mai très fabricans , fon chc^
d*œuvre, qui confinera dans les di^érentes njpér»-
tons de la fabrique du papier , & interrogé fur II
qualité des dittérenres fortes de papiers qui loi
feront préfcntces à cet effet j 8t fi aj rès cet examen ♦
ledit afpirant ert trouvé capable par ledit garde en
charge & principaux majtrei fabrrc-in* , tl {tf% pat
eux prèfcrté aux j»iges des manv , pôitf
prêter ferment pardevaht eux , tv f^ns If
iable;<u des maîtres fabricans , en !a Iv m^ preferifl
par Tart. il tt-dcffas ^ en payant la fomoie et
fix livres pour les droits defdits juges , & pAmUt
fom me pour la ce mmunauté»
40. Lïs fils de maîtres qui fi? préfienterfKit po«f
être reçus ï la maitrife , ne ferr^-^r ' ^n çhef-
d*œuvTe , mai* feront feulement f^. otcÉHv»
ter les cerr i fcfv»ce * «"O
qualité de '>ns , ch-
mère vcuv ' z d"autr<.
interrogés i ^ les opér.
m
1^
I
P A P
Ba pspler , que fur la qualité des àlSèrtmct fortes
et papiers ; £k fi , après cet examen , ils font trou-
vés capables » îls feront reçus en la forme prefcrice
par l'article précèdent , en payant la fomir.e de (ix
îtvrcs pour les droits des juges des mar.ufaélures ,
& pareille Ibmme pour la communauté.
4t. Les fommes qui feront payées , :ant pour
Vcnregîltremenc des brevets d^appreniuTage , que
pour ics réceptions à !a maitrife , feront reçues
par Tancien garde en charge , qui en tiendra rcgtitre ,
ât employées aux affaires de la communauté , dont
kl fera tenu de rendre compte ï la fin de fon exercice
en préfcnce des autres gardes 6c des anciens maîtres
ÊLbncans , qui feront nommés à cet effet par ta
communauté affcmbléc: & fera tenu ledit ancien
Îpfdc , de remettre les deniers qui referont entre
es mains, en celles de Tancien garde qui lui iuccé-
dera p ce qui fera exécuté d'année en année.
4%, Détend fa majefté à tous gardes 6c maî-
tres fabricans , de prendre , ni recevoir des
afpirans à la murrife , aucuns préfens, ni autres
& plus grands droits que ceux fixés par le préfent
arrêt » pour quelaue caufc& fous quelque orèrexte
que ce nuiffe être, a petne de reftitution 5t de cent
livres a amende; comme auffi auxdits afpirans , de
dooner aucuns repas auxdits gardes ou maîires
fabricans « à peine de nullité de réception.
43. Les vcuvrs des maîtres fabricans joui-
ront des droits & privilèges de leur mari , &
pourront continuer de faire fabriquer du papier
untqu^cHes referont cnvidiûté, fans neanmoms
pouvoir (aire d^apprentis ; ÔC au cas quelles fe
remarient avec quelqu'un qui ne foit pas maître
fabricant , elles feront déchues defdit» droits 6f
pffivilèges,
44. Ordonne fa mtjeflé , que les maîtres febri-
caos de papiers , leurs fils travaillant dans les
6bit<]Qes, les colleurs ou falerans, les ouvriers
qui mettent les matières fur les formes , ceux qui
couchert les papiers^ ceux qui Les lèvent, 6^ ceux
qui préparent les matières qui entrent dans la com-
pofttion du papier , feront pirfonncllemenrexcmpri
de ta collc^le des tailles , du logement de gens de
pierre & de la milice , & qu'ils fcroni cotifés d*of-
fice à la taille, par le fieur intendant fit commttTnirc
départi dam la province cvi ils feront établis, fuivart
les états qui lui en feront remis tous les ans par les
gardes en charge , fans que les cotes d'cffice
ptttffent être augmentées par les collséleurs.
45. Veut fa majeftè que l'ouvrier employé à
Caire ÔC à réparer les formes fervant à ^a fabrication
àf% pipk ri, appelé f'^m^ttn , jot/ifte des mcmî«
prî ^i exempt' -^'cs p-*» r.ir: icle 44 cî-
di < mattrcs t v^ \ Icun ouvriers ,
j i'eârt de quoi il fera compris dans les étais ordon-
«Ci pr Se mûire article.
An. 46 Fait ta majelie défenfes aux g^irdes , de
^^^«.r.^.i^j,^ A'.^nc U{ti(ts éïats, aucuns ma f très fa-
is^ ttnucront pus a faire fabriquer
é%\ ps^^^^^^gjigj^ouvticrs qti%MMfeÉlui
p A p
533
feront aftuellement travaillans dans les moulins ,
à peine de trois cens livres d'amende,
47. Les maîtres fabricans pourront employer
ceux de leurs compagnons Ôt apprentis qu'ils
jugeront à propos , à celles des fonctions du me*
tier de papetier qu'ils trouveront l«ur être plus
convenables , fans qu'aucuns defdits compagnons
puiffcni s'y oppofcr, pour quelque caufc 6c fous
quelque prétexte que ce foit ; à peine de trois livres
d*ameûde payable par corps , contre chacun defdits
compagnons qui auroient forme de pareilles oppo*
Tuions , 6t de plus jurandes peines s'il y échéoit.
48. Fait fa majefté défenfes aux compagnons
& ouvriers , de quiiicr leurs maîtres pour aller
chez d'autres » qu'ils ne les aycnt avertis fix fe*
nuines auparavant en préfencc de deux témoins ,
à peine de cent livres d'amende payable par
corps , contre les compagnons ôt ouvriers , & de
trois cens livres contre les maitres fabricans qui
recevroient à leur fervice & engageroient aucuns
compagnons ôc ouvriers, qu'ils ne leur aytnt repré-
knté le congé par écrit du dernier maître chez
, lequel ils auront travaillé , ou du juge des (icux . en
cas ue refus m^l tonde de la part du ma tre; lefdites
amendesapplicables moitié au profit de famaJeOé,
& Tautre moitié au profit des maîtres que les compa-
gnons & ouvriers auroient quitté fans congé i feront
auffi tenus les maitres , d'avertir Icfdits compagnons
il ouvriers en préfence de deux témoins , tix fe-
maines avant que de les renvoyer, à peine de leur
payer leurs gages Si nourriture pendant lefdites
fix fcmaines.
4*^, Défend auffi fa m^ijené auxdiis maitres fabrî-
Ciins, de débaucher les compagnons & ouvriers
les uns des autres , en leur promettant des gages
pjus forts que ceux qu'ils gagnoient chez les maures
où i's travaiîloient , fous les peints portées par
rarriclc précédent , tant contre lefdits maitres fa*
bricans que contre lefdits compagnons & ouvriers,
50 Ordonne fa majeOé , que s*il arrivoit
qif un compagnon ou ouvrier , pour fcrccr fon
maître ^ le congédier avant le temps , gâtât , par
mauvaifc volonté » fon ouvrage , & quM en fut
convainai , tant par la comparai fon de fcs autres
ouvrjges, que par la dipofrion des autres com-
pagnons & ouvriers iravaillans dans le m^m^
moulin , ledit compiignon ou ouvrier ktx con-
damné , ouTtc 1 dédf mm-igcmeDi , à la même
pcmc que s'il avoir qu t é ion maîr e (ans congé.
$1. Veut fa majtf^é qrie les compagnons &
ouvriers papetiers fuient tenus de faire le travail
de chique |outnèc, moitié 4V^nti>Mdi , & l'autre
mû r midi , fans qu'ils puiiTent forcer leur
tra% > qt!clquc prétexte que ce fcii » ni !c
quitter pendant k coiirjft de la journée, fans le
congé de leur martre ; à pcitie , en ca^ de contra-
vention , de trois Hvres d^amendc p:iyablc par^
corps , cor.trc **:fdirs compagnons 4Sc ouvriers L
applicable au profit des pauvrrs de Tfït^p'râî le pluf,
prochaiH^jyilll-^ii les îagcittens feront rend
534
P A P
Art. 52. Défend fa majedé à tous compagnons
& ouvriers , de commencer leur travail , tant en
hiver , qu'en été , avant trois heures du matin ,
&aux maîtres fabricans de les y admettre avanr
ladite heure , ni d'exiger defdits compagnons &
ouvriers , des tâches extraordinaires appelées
avantages , à peine de cinquante livres d'amende
contre lefdits maitres fabricans , & de trois livres
contre lefdits compagnons & ouvriers , pour
chaque contravention , lefdites amendes applicables
comme ci-deffus.
53. Pourront les mairres fabricans prendre dans
leurs moulins , tel nombre d'apprentis qu'ils
jugeront à propos , foit 61s de compagnons ou
autres; comme aufiîde recevoir dans leurs moulins
les compagnons qui viendroient leur demander du
travail , en repréfentant par eux le congé du der-*
nier maître qu'ils auront quitté., vifé fans frais ,
Ear le juge du lieu du domicile dudit dernier maître,
î tout fans que les autres compagnons & ouvriers
pulfTcnt les inquiéter ou maltraiter , ni exiger d*eux
aucune rétribution , pour quelque caufe & fous
quelque prétexte que ce foit, à peine, en cas de
contravention , de vingt livres d'amende payable
par corps contre chacun defdits compagnons &
ouvriers , & de plus grande peine , s'il y échéoit.
54. Défend fa majefié à tous compagnons , ou-
vriers & apprentis , de vendre aucuns papiers »
ni aucune matière ou colle fervant à la fabrication
defdits papiers , & à tous colporteurs & autres
d'en acheter, à peine de cinquante livres d'amende
payable par corps , même d*èrre lefdits compagnons
ouvriers , apprentis & colporteurs , pourfuivis
extraordinairement , fi le cas y échéoit.
55. Fait pareillement fa majeflé défenfes à
tous aftifans d'acheter pour revendre» aucuns
vieux linges , vieux drapeaux , peilles ou drilles
fervant à la fabrication cku papier » & à tous
merciers & colporteurs d'en acheter dans la
difiance d'une deml-lieue de chaque moulin à
papier , fous quelque prétexte que ce foit , à peine
de confifcation , & de pareille amende de cin-
quante livres contre les contrevenans , payable par
corps , même de plus grande peine , s'il y échéoit.
56. Fait aufTi fa majeilé défenfes à tous maitres
fabricans de vendre , & à toutes perfonnes
d'acheter , fous quelque prétexte que ce foit ,
aucune matière réduite en pâte propre à fabriquer
du papier , à peine de confifcatioo , & de mille
livres d'amende , tant contre le vendeur que con*
tte l'acheteur.
57. 'Permet fa majeAé auxdits maitres fabri-
cans , de fabriquer ou faire fabriquer dans leurs
moulins , foit en laine , coton , poil ou autres ma-
tières , les étoffes deflinées à coucher leurs papiers
au fortir de la forme , appelées fiottes ou feuiret ,
fans néanmoins qu*ils puiffent fabriquer ou faire
fabriquer aucunes autfes fortes d'étoffes avec lef-
dites matières, fous quelque prétexte que ce puifle
p A P
être , même pour leur propre ufage 3 à pdae de
confifcation o: de mille livres d'amende.
58. Les procès -verbaux qui feront drefles
des contraventions faites au préfeot arrêt, feront
mention des articles de l'arrêt auquel il aura été
contrevenu ; & les amendes qui feront prononcèei
pour raifon defdites contraventions , dont l'appli-
cation n'efl pas ordonnée ci-deflns, feront appU-
quées , favoir , un tiers au profit de U majâU,
un tiers au profit des gardes qui auront fait lei
faifies , & l'autre tiers au profit des pauvres de
l'hôpital le plus prochain des lieux pilles jug^mei»
auront été rendus.
59. Veut fa majefié que les regtflres qa
feront tenus par les gardes des maîtres fabricans , .
foiênt en pjjpier commun & non timbré,, cotés
& paraphés fans frais par les juges des lieux ; k
Ïue les procès-verbaux.des nominations de Raudes,
L les expéditions qui pourront en être nita $
foient aufli en papier commun & non dmbré , fin
pouvoir être afTujettis au contrôle , ni à aucuMi
fortes de droits , de quelque luiture qu'ik poiilêm
être.
60. Veut pareillement fa majefié que tooiei
les faifies qui feront faites pour raifon des oomn-
ventions qui feront commifes au préfeih anct ,
& les conteftations qui pourront naître fur Pcxtai'
tion d'icelui , foient ponées , à Paris , pardevimle
fieur lieutenant-général de police , & dans b
provinces , pardevant les fieurs intendans & cou-
midaires départis , pour être par eux jugées , du*
cun en droit foi , définitivemem ,ïanf l'appel lu
confeil , leur en attribuant à cet effet, pendant ciaq
années confécutives , k compter du jour de Ups*
blication du préfent arrêt, toute cour, jurifdi^
& connoiflance , que fa majefié interdit 4 toutes
fes cours & autres juges.
61. Déroge au furplus fa majefié , à tous rè-
glemens , arrêts & fiatuts particuliers , contrai-
res au préfent arrêt , qui fera lu , publié & affiché
par tout où befoin fera. Fait au confeil d*éut du
roi , fa majcflé y étant , tenu à Verfailles le vinji;
feptième jour de janvier mil fcpt cent trente-neot*
Signé PmEUPEAUX.
Autre arrêt du confeil d'état du roi , en inte^
prétation de l'arrêt du confeil du 27 janvier 17)91
portant règlement pour les difttrentes fortes de lit-
piers qui fe fabriquent dans le royaume. Du 18 (ep-
tembre 1741. Extrait des regiftres du coofeil d'état.
Le roi s'étant fait repréfenter , en fon confeil,
l'arrêt rendu en icelui le 27 janvier 1739, portant
règlement pouf les différentes fortes de papiers qti
fe fabriquent dans le royaume , & le tarif du même
jour attaché fous le contre-fcel dudit arrêt, des
largeur & hauteur des feuilles , & du poids des
rames defdits papiers ; & fa majefié étant infor-
mée , par les repréfentations qui lui ont été faites
par les fabricans , que non-feulement il feroit né-
çeffaire de changer les difpofitions de quelquesr
I
^
I
P A P
un% d<îs aftkVes dudit anêt , & dV en ajouter de
oouvellei , mais même , que pour procurer aui-
dtrs (abrtcans plus de fadlué de donner aux rames
ée tcurf papiers les poids fixés par le tairf , il feroit
k propoi de leur accorder un remède fuffifani pour
le poids de chaque rame , & de régler les poids
deidrtes rames par un nouveau tarifa à quoi défi-
rampourvotr : Oui le rapport dufieurOrry , con-
feîUcr d*état , & ordinaire au confelï royal , con-
fr&leur*génèn1 des finance? , le roi étant en foij
confeil , a ordonné Ôt ordonne ce qui fuit :
t. Tomes les différentes fortes de papiers qui
fe fabriquent dans le royaume , feront k Tave-
mr des largeur » hauteur & poids réglés par le
wirif attaché fous le contre-fcel du préfcnt arrêt ,
è peine de confifcatlon , tant des papiers qui n*au-
roient pas Icfdîtcs dimenfions , que des rames qui
fe trouveroient de poids dtfférens de ceux fixés
par ledit tarif. '
î* N*entcnd néanmoins fa majeflé que les maîtres
fabric^tns puiffent être poutfuivis dans les cas où
les feuilles de leurs papiers fe trouveront de quel-
ques lignes au-defTusou au-deffous des dimenfions
portées par le tarif» lorfqu'il paroîtra que leCdites
logmen rations ou diminutions peuvent provenir
éc la faifon dans laquelle les papiers auront été
Êibriqués » & non du défaut des formes & de la
mauvaife quilité de la matière , & ne caufent pas
une différence dans lefdites dimenfions» au-delà
d'une quarantième partie de celles fixées par ledit
tarif.
). Veut fa majefté que les maîtres fabricars,
outre les marques qui , fuivajit Tarticle 1 1 de
rmrrèt du confeil du 27 janvier I7"î9 , doivent
être jnifes fur chaque feuille de papier t foient te-
ints » à commencer au premier janvier prochain ,
d*y ajouter en chiffres miîftpt cent quarante dtux ^
à peine de confifcarion , tant (tes formes dans lef-
quc Iles ladite marque ne fe trouveroit pas » que
des papiers qui auroient été fabriqués avec lefdites
formes , fie de trois cens livres d'amende contre
ledits maîtres fa bricans.
4. Et pour donner aux maîtres fiibricani en-
core plus de facilité pour la vente & le débit
des différentes fortes de papiers qui fe trouveront
cbuis leurs moubns èi magafins au premier janvier
prochain 9 fans avoir les dimenfions ni les poids
fhMA ptr le tarif attaché fous le contre*fcel du
frifcm irrèi * ordonne fa majeAé que dés qu'il
aura èiè con/laté que lefdits maîtres fabricant au-
ram ajouté à leurs formes la marque mil ftp t cent
^Êaranu-dtuxl, ils puiffent vendre & débiter libre-
ment lefdits papiers fans être obligés d'en faire
aucune déclaration : voulant fa majefîé que les
ffuirres fabticans qui , après ledit }our premier
fanvier « fe ferviroient de formes qui n^auroient
pas ladite marque , non-feulement foient condam-
nés aux peines portées par ^article 3 ci-deiTus ,
m^is méioe que tes papiers , quoique d'ancienne
» » qui frrolem trouvés chez eux , foient
p A p
535
faifis , pour en être la confifcatlon ordonnée » avec
trois cens livres d'amende contre chacun des con-
trevenî«n$.
5. Permet fa majeflé aux marchands pape-
tiers , de vendre & débiter tous les papiers qui
n'auront pas la marque milftpt quarante-deux , pref
critc par rarticle 5 ci^deffus , quoiqu'ils n'aient ni
les dimenfions ni les poids réglés par le tarif atta*
dié fous le contre-fcel du prêtent arrêt, fans être
tenus d'eïi faire aucune déclaration.
6. Permet pareillement fa majefté aux martres
fabricans, de compofer des mains & des rames
des feuilles des papiers caffés , troués , ridés ou
autrement défeâueux , même de les envoyer dans
les pays étrangers ; a la charge que chaque rame
defdits papiers fera percée de tiers en tiers» dans
l'étendue de la hauteur des feuilles, de deux trous
faits avec un poinçon de (et de quatre lignes de
diamètre, faifant un pouce de circonférence , &
qu'il fera paffé dans chaque trou une Scelle donr
les deux bouts feront noués enfemble, à l'effet de
quoi , lefdites rames feront emballées féparémcnt,
fans que , fous quelque prétexte que ce foit , il
puiffe être mêlé dans une même balle , aucunes
rames defdits papiers , avec é^s rames de papier
fain & parfait : le tout , à peine, en cas de con-
travcotion , de confifcarion defdits papiers , &L de
cent livres d'amende contre les contrevenions,
7. Fait fa majefié défenfes aux maîtres fabri*
cans, de fabriquer ni faire fabriquer , vendre ni
débiter des papiers d*autres fortes & qualités, ni
d^autres largeurs , hauteurs & poids , que celles
fixées par le tarif attaché fous le contre-fcel du
préfent arrêt, & que lefdits papiers ne foiertcon*
formes à ce qui y çft prefcrit j & à tous marchands ,
d'acheter , vendre ni débiter aucunes des différen-
tes fortes defdits papiers, qu'ils ne foient defditcs
largeurs , hauteurs & poids , Si conformes ù ce
qui eff porté par ledit arrêt : comme au^i , auxdits
maîtres fabricans & marchands , de vendre, ache-
ter ni débiter, fous quelque prétexte que ce foit,
les papiers caffés & de rebut , autrement qu'en la
manière prefcrite par l'article 6 ci-deffus ; le totu
à peine, en cas de contravention , de confifcatlon
dcfditspapiers , & décent livres d'amende.
8. Tous les cartons feront faits des largeur ,
hauteur & poids qui feront demandés par les
ouvriers à l'ufage defquels ils feront defiinés , Sl
feront compofcs , foit de vieux papiers , ou de
rognures de cartes 8c de celles des papiers, foit
de drapeaux » chiffons , pcilles ou drilles.
9. Déroge fa majeffé aux articles S» 9, itf,
19 , 10 , II , 23 & 26 de Parrét du confed
du 27 janvier 1739, ^" ^^ ^^^ y crt de contraire
au préfent arrêt ; comme auiti au tarif attaché fous
le contre-fcel dudit arrêt du 27 janvier 17)9, qui
fera au furplus exécuté félon fa forme & teneur.
10. Enjoint fa majeflé au fieur )ieutenant-gè*
nèrat de police de la ville de Paris, àc aux ficurs
intcndans & commiffaircs départis dansi
536 P A P
vinccs & généralités du royaume , de tenir la
ITiain à ["exécution du préfent arrêt » qui fera lu ,
publié & affiché par-iout où befoîn fora. Fait au
confeil d'état du roi , fa majeiié y étant , tenu à
Verfaillès le dix-huit. eme jour de fcptembre mil
fcpt cent quarante- un. Signé phelypeaux.
Louis, parla grâce de Dieu » roi de France & de
Navarre , dauphm de Viennois , comte de Valen-
tinois & Dyois , Provence , Forcalquîer & terres
adjacentes : à notre amé & féal confeiller en nos
confeils , maître des requêtes ordinaire de notre
hôtel , le fieur de Marville, lieutenant-général de
poUce de notre bonne ville de Paris , & aux fieurs
intendans & commiiTaires départis pour Texécu-
tion de nos ordres dans les provinces 6c généralités
de notre royaume, lalut. Nous vous mandons &
enjoignons par ces préfentes , tignées de Nous , de
tenir » chacun en droit foi , la main à Texécution
de Tarrêt dont extrait efl ci-attaché fous le contre*
fcel de notre chancellerie , cejourd'hui rendu en
notre confeil d'état , Nous y étant , pour les caufes
y contenues : commandons au premier notre huif-
lier ou fergent fur ce requis , de fignifief ledit ar-
rêt à tous qu'il appartiendra , à ce que perfonne
n'en ignore , & de faire pour fon entière exécu-
tion , tous aâes & exploits néccfliaires , fans autre
permifTion » nonobilant clameur de haro , charte
normande éi lettres à ce contraires. Voulons qu*aux
copies dudic arrêt Si des préfentes , coUatîonnées
par Tun de nos amés & féaux confeillers-fecrétai-
rcs » foi foit ajoutée comme aux originaux: cartel
eft notre plaifir. Donné à Verfaillès , le dix-hui-
tième jour de feptembre. Tan de grâce mil fept
cent quarante-un , & de notre régne le vingt-fep-
tième. Signé LOUIS» Et plus bas , par le roi , dau-
pliin , comte de Provence, Signé Phelypeaux,
Et fccUé»
Tarif du poids que fa majefté veut que phent Ut
rames des différentes fortes de papiers qui fe fahri'
quent dans le royaume ^^ fur le pied de la livre pe-
font fei^e onces poids de m^rc ; comme aujjt des
largeur & hauteur que doivent avoir les feuilles de
papier des différentes fortes ci- après fpécifiées^
Le poids fixé pour les rames des différentes fortes de
papiers comprifes dans le préfent tarif ^ fera le
même pour les papiers des différentes qualités iTune
même forte , foit fin * moyen » bulle , vanant ou
gros -bon»
Le papier dénommé Grand aigle , aura trente-»
fix pouces flx lignes de largeur, fur vingt-quatre
pouces neuf lignes de hauteur j la rame peiera cent
trente-une livres & au-deffus , & ne pourra pcfer
moins de cent vlngi-fix livres.
Le papier dénommé grand soleil , aura
trente fix pouces de largeur, fur vingt-quatre pou-
ces dix lignes de hauteur i la rame pefen cent
p A P
douze livres , & ne pourra pefer plus de ceoc
vingt, ni moins de cent cinq livres.
Le papier dénommé au sOLtiL , aura vingt-neuf
pouces hx lignes de largeur , fur vingt pouces qui-
tre lignes de hauteur ; la rame pefera quatre^vingr*
ÛK livres & au-deiTus^ Ôc ne pourra pefer looms
de quatre-vingts livres-
Le papier dénommé petit- solxil, aura vînp*
cinq pouces de largeur, fur dix -fept pouces éi
lignes de hauteur ; la rame pefera fotxante-dnf
livres & aU'defTus , & ne pourra pe&r moins es
cinquante-fix livres.
Le papier dénommé GRAnde-fleur de lis,
aura trente-un pouces de largeur, fur vingt- deui
pouces de hauteur ; la rame pefera foîxanre*dii
livres , Ql ne pourra pefer plus de foiJUiitCH|Ut-
torze, ni moins de foixante-lix livres.
Le papier dénommé grano-COlomsier ou m*
perial , aura trente-un pouces neuf lignes delar-
geur, fur vingt-un pouces trois lignes de hautetirî
la rame pefera quatre-vingt huit livres et au*dcf-
fus , & ne pourra pefer moins de qaatre-vtn|t-
quatre livres»
Le papier dénommé A L'iLÉPHANT , auratrcûfc
pouces de largeur , fur vingt-quatre pouces de
hauteur ; la rame pefera quatre-vingt-cinq livret
& aU'deâfus » ^ ne pourra pefer moins de quln^
vingts livreSi ^
Le papier dénommé chapelet , aura trciitt
pouces de largeur, fur vingt-un pouces ù% ligtici
de hauteur ; la rame pefera foixante fix livres & au*
deflus , Ôc ne pourra pefer moins de foixante livra.
Le papier dénommé petit-chapelit , aum
vingt-neuf pouces de largeur , fur vingt pouces
trois lignes fde hauteur ; ta rame pefera foixaate
livres Ôc au-deHus , & ne pourra pefer oioim de
cinquante-cinq livres.
Le papier dénommé Grand - atlas , tm
vîngt-fcpt pouces ftx lignes de largeur , fur vîlip'
Îruatre pouces ftx lignes de hauteur ; ta rame pc*
era foixante-dix livres êc au-deiFus , & ne povrn
pefer moins de foixante*cinq livres.
Le papier dénommé petit-atlas, aura vingt*
fix pouces quatre lignes de largeur , fur viAgl^dcttt
pouces neuf lignes de hauteur i la rame pefera lot'
xante*;inq livres & a.-Jc;Tus , 6c ne pourra ptfct
moins de foixante livres.
Le papier dénommé grand-îésus ou SUPII-
royal , aura vingt-fix pouces de largeur , fur dii*
neuf pouces fix lignes de hauteur ; la rame pefcri
cinquante-trois livres 6t au-JelTus , & oc pourra
pefer moins de quarante-huit livres.
Le papier dénommé GRaNO-royal ETRAK*
GER , aura vingt-cinq pouces de largeur ^ fur dil*
huit pouces de hauteur ; la rame pefera cinquadte
livres & au-defTus , & ne pourra pcfer moins de
quarantc-fept livres.
Le papier dénommé PETlTiFLEUR DE tiS * aura
vingt-quatre pouces de largeur , fur dix-neuf pou-
ces de hauteur ; la rame pefera tremc-ûx livre» &
au-defltis ,
ÉÉ
A
P A P
ftfi«deffus f èctit pourra pefer pliif de fuaranre
Uvfses , ni sioias de trente-deyi.
Le papier dénommé grand-lombard , aura
vtûgt-deux pouces hait lignes de largeur , fur dîi-
fepc pouces dix lignes de hauteur ; la rame pefera
trentc-fot livres 6c ne pourra pefer plus de qua-
rante livres » ni moins de trcnie-deux.
Le papier dénommé grand royal , anra vingt-
deux pouces huit lignes de largeur, fur dix'fepi
pouces dh lignes de uauteur ; la rame pefera trente-
deux livres £ au-dcflks « & ne pourra pefer moins
de vingt-neuf livres»
Le papier dénommé royal * aura vingt-deux
ponces de largeur fur feize pouces de hauteur ; la
rame pefera trente livres & au-deflus, & ne pourra
pefer moins de vingt-huit livres.
Le papier dénommé petit- royal , aura vingt
pouces de largeur , fur feize pouces de hauteur ;
la rame pefera vingt-deux livres ôc au-deffus , &
oe pourra pefer moins de vingt livres.
Le papier dénommé GRahd-raîsin , aura vingt-
deux pouces huit lig. de largeur , fur dix-fepi pouces
de hauteur ; la rame pefera vingt neuf livres 6i au-
deffus , & ne pourra pefer moins de vingt-cinq
livres.
Le papier dénommé lombard , aura vingt-un
pouces quatre lignes de largeur , fur dix -huit
pouces de hauteur , la rame pefera vingt-quatre
livres & au-dellus , & ne pourra pefer moin:, de
^w-deux livres.
tjs papier dénommé lOmbaro ordinaire ou
grand Carré , aura vingt pouces û% lignes de
largeur , fur feize pouces fit lignes de hauteur ; h
rame pefera vingt deux livres Hl au-deffus , & nv
|»OHrra pefer mois de vingt livres.
Le papier dénomme CAVALIER , aura dix- neuf
pouces ftx lignes de largeur , (ur fevze pouces deux
lignes de hauteur; la rams^ pefera feize livres & au-
dâTas & ne pourra pefer moins de quinze livres.
Le papier dénommé petit cavalier , aura dix-
iept pouces fix li&nes de largeur ^ fur quinze pouces
deux lignes de nauttur ; la rame pefera quinze
livres & au-deflus , & ne pourra pefer moins de
quatorze livres.
Le papier dénommé double^CLOCHE « aura
vingt-un pouces ûx lignes de largeur , fur qua-
torze pouces fix ligues de hauteur ; la rame pefera
dix-huit livres & au-deffus , & ne pourra pefer
oioiiis de fcize livres.
Le papier dénommé grande licokke a la
CLOCHE , aura dix- neuf pouces de largeur , fur
douze pouces de hauteur ; b rame pefera douze
livres oc au-deifus » & ne pourra pefer moins de
onze livres.
Le papier dénommé a la cloche , aura
quatorze pouces fix lignes de larj^cyr , fur dix
pouces neuf lignes de hauteur ; la rame pefer j
neuf livres & au- iclTus , & ne pourra pcf^^r moins
de huit livres.
Le papier jlénommé CARRÉ ou GRAND-COMPTE
Aru^ MétUrr , Tonte K Partit IL
\
537
.1
OU CARRÉ iU RAISIN , & celui dénommé au sa-
bre ou SABRE AU LYON , aura vingt pouces de
largeur , fur quinze pouces fix lignes de hauteur^
le rame pefera dix-huit livres & au-delfus , 6t ne
pourra pefer moins de feize livres*
Le papier dénommé carre trumin.ce , aura les
mêmes largeur 6c hauteur que le carré i 6t la
rame ne pourra pefer que treize livres & au-
de flous.
Le papier dénommé a l'ecu ou moven-compte »
ou COMPTE ou Pomponne , aura dixneuf pouces
de largeur , fur quatorze pouces deux lignes de
hauteur ; la rame pefcia vingt livres & au-delfus »
& ne pourra pefer moins de quinze livres*
Le papier dénommé a l*écu très-mince , aura le«
mêmes largeur & hauteur que le papier à Técu; &
la rame ne pourra pefer que onze Uv* & au^deflbus.
Le papier dénommé au coutelas , aura dix*
iieuf pouces de largeur , fur quatorze pouces deux
lignes de hauteur^ la rame pefera dix-fept livres
Ôt au-deflus , & ne pourra pefer moins de feke
livres,
Le^ papier dénommé GRAND-messel ^ aura dix-
neuf pouces de largeur , fur quinze pouces de
hauteur ; la rame pèlera quinze livres & au defl*us ,
& ne pourra peler moins de quatorze livres*
Le papier dénommé second messel , aura dii-
fept pouces fix lignes de largeur , fur quatorze
pouces de hauteur \ la rame pefera douze livres de
au-delïusp & ne pourra peler moins dj onze livres.
Le papier dénommé a l*étoileou a l'éperon »
ou LONGUET , aura dixhutt pouces fix lignts de
largeor , fur treize pouces dix lignes dj hauteur \ la
rame pefera quatorze livres & au-deATus , 8c ne
pourra pefer moins de treize livres*
Le papier dénommé grand cornet , aura dix-
fept pouces neuf lignes de largeur , fur treize pouces
fix lignes de hauteur ; la rame pefera douze livres,
& ne pourra pefer plus de 14 » ni moins de 10 liv.
Le papier dénommé grand-coenet nh-mince^
aura tes mêmes largeur ôi hauteur que le grand-^
cornet; &la rame ne pourra pefer que huit livres
& au«dc£ous.
Le papier dénommé A la main » aura vingt pouces
trois lignes de largeur , fur treize pouces fix lignes
de hauteur ; la rame pefera treize livres & au-
deflus, & ne pourra pefer moins de douze livres.
Le papier dénommé COURONNE ou GRIFFON ,
aura dix-fepr pouces une ligne de largeur , fur treize
pouces de hauteur; la rame pefera douze livres ^
& au deflus , & ne pourra pefer moins de dix livres*
Le ppier dénommé coimoNNS ou griffon
très^mince , aura les mêmes largeur & hauteur que
la couronne ou griffon ; la rame ne pourra pefer
qu^ fept livres & au-deffous*
Le papier dénommé champy ou bâtard ,
aura feize pouces onze lignes de lareeur , fur treize
pouces deux lignes de hauteur ; la rame pefera
doiize livres & au-defTus y & ne pourra pefer moins
de onze livrai*
Yyy
558
P A P
Le papier dénommé tellïère , grand-
format , aura dix-fcpt pouces quatre lignes de
Margeur , fur treize pouces deux lignes de hauteur i
U rame pefera douze livres & aU'deflfus ^ & ne
pourra pefer moins de dix livres.
Le papier dénommé cadran , aura quinze
pouces trois lignes de largeur , fur douze pouces
huit lignes de hauteur ; la rame pefera on^c livres
& aii-defTus, & ne pourra pefcr ttioins de dix livres.
Le papier dénommé la tellïère , aura feizc
pouces de largeur , fur douze pouces trois lignes
de hauteur ; la rame pefera douze livres & demie
& aii-delTus , & ne pourra pefer moins de onze
livres & demie.
Le papier dénommé pantalon , aiu-a fcize
pouces de largeur , fur douze pouces fix lignes de
hauteur ; h rame pefera onze livres 6l au*defliis ,
& ne pourra pefer moins de «iix livres.
Le p;îpier dénommé petit-raisin , ou baton-
ROYAL ♦ ou PETIT-CORNET A LA GRANDE
SORTE , aura feize pouces de largeur , fur douze
pouces de hauteur ; la rame pèlera neuf livres ^
au*deffus , & ne pourra pefer moins de huit livres.
Le papier dénommé les trois O , ou trois-
RONDS , ou G^NES , aura feize pouces de largetir ,
fur onze pouces fix lignes de hauteur ; la rame
pefera tieuf livres & au-deffus , & ne pourra pefer
moins de huit livres & demie.
Le papier dénommé petit-nom de*ïe$us » aura
quinze pouces une ligne de largeur , fur onze pouces
de hauteur ; la ramt pefera fept livres & demie &
aU'deàus , & oe pourra pefer moins de fept livres.
Le papier dénommé aux armes d'amsterdam ,
PROPATRIA , ou LÎBERTAS, aura quinze pouces
fix lignes de largeur , fur douze pouces une ligne
de hauteur ; la rame pefera douze livres & au-
deffus , & ne pourra peler moins de onze livres.
Le papier dénommé cartier-grand format-
DAUPHINÉ , aura feize pouces de largeur, fur
treize pouces fix lignes de hauteur ; la rame pe-
fera quatorze livres & au-deffus , & ne pourra pefer
moin» de douze livres.
Le papier dénommé cartier grand-format ,
aura feize pouces de largeur , fur douze pouces
fix lignes de hauteur ; la rame pefera treize livres
8c au-deffus , & ne pourra pefer moins de douze llv.
Le papier dénommé Cartier , aura quinze
pouces une ligne de largeur , fur onze pouces fix
lignes de hauteur ; la rame pefera onze livres &
au deffus , & ne pourra pefer moins de dix livres.
Le papier dénommé au pot ou Cartier crdî-
nairc > aura quatorze pouces lix lignes de largeur ,
fur onze pouces fix lignes de hauteur ; la rame pe-
fera dix livres & audcffus , & ne pourra pefer
moins de neuf livres.
Le papier dénommé pigeonne ou romaine ,
aura qdinze pouces deux lignes de largeur , fur
dix pouces quatre lignes de hauteur i la rame pe-
fera kîix livres & au-deffus , & ne pourra pefcr
fiîoins de huit livres & demie.
P a P
Le papier dénommé espagnol » aitra qaatorze
pouces ftx lignes de largeur , fur onze pcniccs fn
lignes de hauteur ; la rame pefera neuf livres &
au'deffus , & ne pourra pefer moins de huit livrer.
Le papier dénommé LE Lis , aura quatorze poucet
une ligne de largeur ^tfur onze pouces ûx lignci
de hauteur ; la rame pefera neuf livres & au diffus,
et ne pourra pefcr moins de huit livres.
Le Tïapier dénommé petit a la ma'!^ , et
MAIN FLEURIE , aura treize pouces hait lignes de
largeur , fur dix pouces huit ligoes de hauteur ;
la rame pefera huit livres ée au-deffus , & ne poum
pefer moins de fept livres Se demie.
Le papier dénommé petit-jésus , aura trcin
fïouces trois lignes de largeur , fur neuf pouces ii
ignés de hauteur ; la rame pefera fix livres Se au*
deffus , & ne pourra pefer moins de cïnsi ^^'^^ ^
demie.
Toutes les différentes fortes de papiers au-deflbuf
de neuf pouces fix lignes de hauteur, feront de
lareeur , nauteur & poids qui feront demandés*
Le papier dénommé trasse , ou tresse , oa
ÉTRE5SE , ou MAIN-^&I/NE , le papier BROUILLAXD
ou A LA DEMOISEILE , & les papiers GRIS & de
COULEUR , feront des largeur » hauteur & fO\à
qui feront demandés.
Fait 6l arrêté au confeil royal des finances >ienû
à Verfailles le dix-huitiéme |Our de fepcembre mJ
fept cent quarante-un. Signé ORRY.
Arrêt du confcil d'état du roi , portant régleracnî
pour la fabrique des papiers de la province d^Att-
vcrgne. Du yo Décembre 1717* Extrait des regis-
tres du confeil d'état.
Le roi s*étant fait repréfenter les réglemeos fei»
pour la fabrique des différent es for tes de papier* de
la province d'Auvergne, &les ar êts du confcildes
21 juillet 167; , & 2t novembre 16SH , qui Ici ont
confirmés & autorifés : & fa majeftè cti»ni infonoèe
que pour faugmentation & la perfe^ion de cette
fabrique, il convient de lui donner des marqueidet
proieûîon , & d*ajouter quelques difpoûtions i
celles qui ont été faites par lefdits réglemeos , i
quoi défirant pourvoir ; vu Tavis du ficur de ^
Grandville, intendant & commiffairedèpanidins
ladite province , après avoir entendu [c% fabrioAS
de papier des villes d'Ambert Se de Thiers , te
obiervations des Idjraires 6i imprimeurs , celte
des marchands de papier delà ville de Paris , «fi-
femble Ta vis des députés du commerce. Oui le
rapport dufieur le Pellericr ,confeiUcr d'état oré*
niiire 81 au confeil royal , contrôlcurgér-éral dts
finances « le roi étant en fon confeil » a ordonoé &
ordonne ce qui fijit: ..»
Art. I* Les fabricans feront tenus de mettre fiff
le milieu de chaque feuille de papier dcsdiffércDMi
fortes qu'ils fabriquent , favoir , fur les UotUâ^^
papier tin , la première lettre de leur nogii ^^iê^^l
iurnom en entier; fur celles du papier moyeiitl^^
premières lettres de leur nom 6c furnoin ; Siùgr
^m^
I
p
t
I
»
P A P
celles du papier appelé bulle » les premières lettres
de leur nom 8c hirnom , féparées par une marque
propre à chagtic tabricant ; 6t à l'égard du papier
fin , appelé Cartier fin , fervant à faire les cartes à
jouer, les Dremîères lettres du nom & furnom du
fabricant leront mifes à rextrémité de chaque
feu il (e ; le routa peine de anq cens livres d'amcndei
Difj^enfons Icfdits fabricans de mettre fur les
feuilles de quelque forte de papier que ce fok ,
r^nnée que le papier aura été fabriqué , ainfi qu*it
cfl ordonné p^r rartide ii du règlement du ai
novembre t6SS , aiiq«jel nous avons dérogé &
dérogeons ï cet égard.
] 3. Les fabricans , les compagnons 8c les ouvriers
trieront cxaâcm<;nt les feuilles dont chaque main
éc papier doit être compose , 8c metironi le fin
avec îe fin , le moyen avec le moyen , 8c le bulle
arec le bulle , de taçon qu*il n'y ait aucun mélange
de CCS différentes qualités dans une même rame ;
leur défendons d*y employer les feuilles qui feront
trop minces ^ trop courtes ou trop étroites , &
celles qui feront calTées ou autrement défc^ucufes »
à peine de confifcadon des rames qui fe trouveront
ainft mêlées , 8c de pareille amende de cinq cens
livres,
1. Défcnfes font faites de rogner à Tavenir fur
U largeur aucune feuille de papier fervant à Hm-
preiCon , en obfervant de preffer les feuilles dans
chaque main de papier , de façon que celtes qui
feront dans le mileu ne fotent pas plus étroites
que les autres.
4, Sur Tenveioppe de chaque ratne de papier ,
fera marqué le poids de ladite rame , le nom 6i
furnom du fabricant , 6c la forte de papier dont la-
dite rame fera compofée , en diÛinguant les qua-
lités de fin , moyen ou bulle ; le tout à peine de
cDn£fcation & de cent livres d'amende.
5, Les fabricans ne pourront contrefaire les
marques les uns d^ cintres » en fubftiiuer d'in-
connues ou fuppofées , ni faire fabriquer du papier
h leur marque dans d'autres moulins qtteceu% qui
leur appartiennt-nt ou qu ils tiennent à loyer , ni
prêter leurs nom» à d'autres fabricans , k peine de
mille livres d'amende pour chaque contravention.
6, Défenfes font faites à tous fabric^s 8c ou-
vriers de changer ni de diminuer les formes 8l les
largeurs ordinaires 8t connues des papiers : pour-
ront néanmoins lefdtts fabricans les augmenter ,
fion leur en demande de plus grands , auquel cas
la matière 8î le poid*. feront aut;mentés en propor-
n<nt de Tétendue » ^fiti qu'ils f >ient plus forts que
ceuK des grandeurs ordinaires.
7 II ne fera fabriqué aucuns papiers au -deffous
des f^ioïds réglés par le tarif attaché fous le contreTccl
du préferH arrêt, ï peine de confifcation , ÔC de
cinq cens livres d^'amende.
8 Fiit famajeftê nrèî-c¥preiïe^ inhibitions 8c dé-
Icnfes I tous anifan\ éi ladite province d'Auvergne,
d'acheter ponr revendre aucuns vieux linges , vieux
drapcicii , drilles , pâtes & colles fervant à la
p A p
539
fabrication des papiers , à peine de cinquante li-
vres d'amende contre chaque contrevenant.
9. Défend auïR fa majeÛé à tous merciers 6: col-
porteurs d'en acheter dans la diflance d'une demi-
lieue de chaque moulin à papier , fous quelque
prétexte que ce foit , à peine de confîfcatîon , 8t de
pareille amende de cinquante livres pour chaque
contravention.
10. Fait fa majeflé aufTi défenfes à tous ouvriers
& compagnons papetiers de commencer leur
travail j tant en hiver qu en été , avant trois heures
du matin , & à tous maîtres des moulins à papier
de les admettre au travail avant ladite heure « i
peine de cinquante livres d'amende contre chacun
des contrcvenans*
1 f . Et attendu que jofqu*i préfent il n'y a eu
aucunes perfonnes prépofées pour faire des vifues
dans les moulins 8c magasins à papier établis fur
les rivières de Chadernolles , Valeyre Se îa Forie*
qui font aux environs de la ville d'Amben , ot
donne fa majeflé qu*un mois après la publicatiott
du préfent arrêt , & les années fuivantes , au jour
3ui fera réglé par le juge écs manufaâures de la-
ite ville , les fabricans s'aHembleront pour procé-
der à la pluralité des voix , pardcvant lui , à la
nomination des trois gardes jurés- vifitcurs , Icf-
quels prêteront ferment devant ledit )uge de faire
au moins tous les ans fix vifites générales » 8c plus
fouvent s*il eft néceffaire » dans tous les moulins &
magafins à papier établis fur lefdites rivières , de
faire faifir & enlever par un huiffief les papiers
qu'ils trouveront non- conformes au préfent arrêt,
& d'en pourfuivre la confifcation & la condamna-
tion d'amende devant ledit juge , fuivant la nature
de la contravention ; à Teffet de quoi les maîtres
fabricans feront tenus de faire auxdits gardes- jurés
vifiteurs Touverture de leurs moulins & magafins ,
à peine de cinq cens livres d*amende- •
1 1. Les amendes qui feront prononcées pour les
contraventions faites au préfent arrêt, feront appli-
quées , fa voir , moitié à fa majellé « un quart
aux g a rdesjur es -vifiteurs des fabricans des pape-
teries de Thiers ou d'Ambcrt, & l'autre quart à
l'hôpiral le plus prochain*
13* Ordonne fa maje^fé que les amendes » con«
fifcations & autres peines portées par le préfent
arrêt , feront prononcées , tant par les juges de
fabrique » que de ceux où li contrfvention fera
découverte.
14. Ordont^e fa majeflé que les maîtres fabricans
de papier de ladite province d'Auvergne , leurs Bis
travaillant dans lefdites fabriques , les colleurs ou
falerans, les ouvriers qui mettent les matières fur
les formes , ceux qui préparent les matières qui
entrent dans la compofition des papiers , ceux qui
couchent les papiers , & ceux qui les lèvent 8c les
fontféchcr , feront perfonnell em en t exempts de
la colleflc des tailles , du logement des gens de
guerre 8i de la milice , & qu'ils feront cotifés
I d'office pour la taille par le ficur intendant âc
Yyy ij
540
P A P
commiffaire dêpanî dans ladite province, fuivam
les états qui lu» en feront remis lous les ans par
kfdits gardes- jurès-vifiteurs , & fans que Icfducs
cotes doffice pmiÎËnt être augmentées par les
collcâeurs.
1 j. Veut Ùl majedé que lefdits maîtres fabncans
ne puiffeîii point prendre d'étrangers pour appren-
tis , qu'au défaut des fils de compagnons ; & en
cas qu il manque des fils de compagnons , Icfdits
maîtres f«bricans pourrofit prendre pour apprentis
des étrangers,
16* Ordonne en outre fa majeflé que le produit
des trente livres qui fe paient pour le droit d*ap-
prentïiTige de chaque particulier non- fils de com-
pagnon, en conféquence defiàrticlc 5 du dit règle-
ment du 21 novembre 1688 , fera dorénavant
diftribué , favoir » les deux tiers enrre kfdits
compagnons , & l'autre tiers fera employé aux frais
de la confrérie des fabricans & ouvriers , & le
furplus dtidit tiers , ù furplus y a , diftribué aux
compagnons nécefliteux*
17. Ordonne au furplus fa majefté que les
réglcmens de 1671 & 1608 , faits pour les fabriques
de papiers de ladite province , de les arrêts du
conteil des 21 juilkt 1671 , & 11 novembre 1688
qai ks ont confirmés & autonfés , feront exécutés
fclon leur forme & teneur en ce qui n'y efl pas
dérogé par le prèfent arrêt.
Enjoint fa majeflè au fieur intendant & commit
faire départi pour rexécution de fes ordres dans la
province d'Auvergne, & aux^arcîcs jurés vifiteurs
cics fabrkans de papier de Tliîers ik d'Ambert j
de tenir » chacun en droit foi « la main à Texécution
du préfent arrêt , qui fera lu , publié & afRché par-
tout oii befoift fera , & fur lequel feront toutes
kttres flccelïaares expédiées. Fait au confeil d'état
du roi , fa majefté y étant » tenu à Verfailks k
H«ntiéme joui- de décembre mil fcpt cent vingt fept.
Signé PHELÏPEAUJW
Tarif du poids ^t fa majefli \^€Ut que jpèftnt Us
mmts ât papUrfervant à limpnjfbon , 6* ctlUs de
papier Û écrire , &ce fur U pied de U livre pef^ini
fuatorit onces,
ChaqiJe rame de papier appelé grand-raîfin fin
& moyen , pefcra trente a trente-deux livres ,
celle <ie bulfe vtngt-huit à trente livres, & celk
des extraordinaires trente-deux à trente-cinq livres.
Cclk des grands raifms ûtn doubks , ou
moyens doubles , quarante-deux à quarante- cinq
Kvres,
, Cclk des lombards i^ vingt-deux k vingtirob.
>i«Ceik des cavalkrs , carrés & écus » fins &
luoyens, dix-huit à dix-neuf livres, 6c les bulles
di:ï-fept à dix-huit livres.
Ccile des carrés fins doubks > ou moyens
doubks * viogi-huiià trente livres.
, Celk des écus fins & moyens ck^bks , vlngt-
dcax à vingt trois livres»
P A P
Celle des couronnes larges, dix-huU i dlx-neof
livres.
Celle des couronnes ordinaires , cadrans &m «
moyens , ou bulles , douze k treiic livres.
Celle des couronnes doubles , telHères fines
ou movennes , quatorze à quinze livres.
CeUe du bâton royal , ou petic-raiân moycQ
ou bulk , dix à onze livres*
Celk des romaines fines & moyennes ^ dii k
onze livres,
Celle du grand-aigk fin ^ cent cinquante à cent
cinquantc-ctnq ; & cclk du bulle , cent trente-cinq
à cent quarante livres.
Celle du colombier , cent à cent cinq livret
Celle du chapelet , fin & moyen , foixaste»
quinze à quatre-vingts livres ; celle du bulle ^
foixante-douze à faixante quinze livres.
Celle des grands- jéfus , foixante à foixante*
cinq livres ; celle du petite jéfus moyen , neuf à
dix livres.
La grande rame du petit- à-la-maîn ^ quinte à
feize livres.
Et celle du cartier fin fervant aux canes a
jouer » douze à treize livres.
Fait à Verfailks , k trentième jour de décembfS
mil fept cent vingt- fept. Signé ph£UP£AVX.
Arrêt du confeil d'état du roi » portant règlement
pour les papiers qui fe fabriauent dans U province
d'Auvergne. Du ly décemore i7)%« Extrait des
rcgiflres du confeil d*étar.
Le roi s*étant fait repréfenter , en fon confeil , IV
réi rendu en icdui le 30 décembre 1727 • portaoi
règlement pour la fabrique des papiers de la pro
vince d'Auvergne ; Si fa ma jeAé étant informée que
pour maintenir l'ordre & la régie dans cette manti*»
fafïure , 6l la porter à une plus grande perfeftioo »
il cft néceiTaire d*y ajouter quelques nouvelles
difpofitions ; à quoi défirvit pourvoir. Vu Vvs4
du fieur Trudaj ne , intendant & commitTaire déptrii
dans ladite province » après avoir en tendu les tabn*
cans de papier des villes d'Ambert i de Tniers^eft*
fembk ks obfervaticns des libraires & imprimeurs*
êi des marchands merciers- papetiers deiivilkd^
Paris , & Tavis des dépiités do commerce. Oai Ve
raptport du fieur Orry ,confcitItrd état ! " liu**
au tt>i>feil royal , contrAleur -général d. .es -•
le roi étant en fon confeil » a ordonné ^i>r»i-aod^'
ce qui fuit :
Art. i,Les fahrica^*^ de papier û
due de la province ,i* Auvergne , 1
commencer fix mois après la publicatic:
arrêt ^ tic mettre fur k milieu de i*un ci^ -
chaque feuille de papier des différentes fj-rt
fabriqueront» favoir, furies feuil!-^^ -^^ --
la première lettre de leur nûtn &
entier ; fur celles du papier moy;n » ix*
prcmié.csktîre^dckur nom & de Iv'ur furnooif
& fur les feuilks de' papirr appelé bnlk p U pre-
mière lettre de kur notti & la preuurre tente #
P A P
leur fufnom> fëparèes par une marque particulière
1 chaque fabricant » & d*y ajouter une F pour le
rpier fin, une M pour le papier moyen , & un
pour le papier buUe , a un pouce de di fiance de
b dernière lettre du nom 6c du furnora , & fur la
gième ligne ; & à Tégard du papier appelé canier
n , iervant à faire les cartes à jouer , les deux
|>re]niéres lettres du nom & le furnom en entier
feront xnis à rextrèmîté de chaque feuille » le tout
jk petJie de cinq cens livres d'ainend.%
I, 2. La rame de toutes les fortes de papiers fera
^OAiporée de vingt mains , chaque main de vtngt-
Cioq feuilles , non compris celks'd'enveloppe qut
f^aettent dtffus Se deflTous : & fur renveloppe de
^BttieVame feront marqués en car^âèrcsliribles ,
|P^îds de ladite rame , fans y comprendre les
enveloppes , ic nom ik le furnon) du fabricant ,
% la forte de papier dont ladite rame fera com-
Wfée , en difttnguani les qualités de lin . moyen &
'mile ; le tout à peine de conâfcadon ÔL de cent
«livres d*amcnde, ' * ^
' 3- Toutes les différentes fortes de papiers feront
i-Jes largeur , hauteur Si po^ds ponés par le tarif
Vtaché fous le contre- fcel du jpréfeïit arrêt *, à
4'cffet de quoi ordonne fa m.jjeftc^ que d^m le
knème dél&i de Cix mois » à compter pareillement
fdu jour de. la pubtïcaiioii dudit arréc , toutes les
formes deOinèes à la fabric<itton des papiers ferom
iTcformées » & faîtes fur les mêmes Urgeur &
^ï-iutcpr mentionnées audit tarif , a peine de
confifcation des formes qui Jcront trouvée^ o« irbp
I grandes ou irqp petites » JefqueUes fcrout çaïï^es ,
I Ût de cinquante livres d'amende i (U Icspaylers
î <lui auront été ^fabriqués dans dês'forinçf trop
. ^fiDcIcs ou tf op pe tires > ou d'un poids au-deflfous
: de ceux fixés par ledit tarif, feront connîqués 8c le
[ fabricant condamné en troî> cens livres d'amende:
f ourrom néanmoins les fabricans augmenter le pa*
?>er dénommé le grand- aigle ^ tant en brgeur
'^ï^^en hauteur , à la charge d^en augnjejiter le ppids
|| » proportion de rérenduc. . .
; j 4^, Et afin que les fabc^an^.ne pulffent fe fervir
• |*ayenir d aucunes formes .dèkftu^^f^^ » ^H^s
feront toutes repréf^ntées pardevam îe juge des
Jïïanufadures , en préfence des gardes- jurés ; &
Jorfqu*elles fçrpnt trouvées conformas aux dimen-
%om portées dans ledit iip( » ctteS feront marquées
JÉf étaloonéc5 av^ec un poinçon de f, qui
^emetirera,dêpofé au greÔc.dela j^urv: , fait
^majèflé défenfes à tous les fabricants çl 3 fç feptir
aycuncsfûrmesfluiÂe.fo,ienî ainfi marquées ^ i
>eiric de ciinquame livres d'amendé ,' Se à joutes
^nnes de comfeia'ire ladite marque , â^peine ,
nd ni V ' ivfamajcflt' 7 '^ '' ' rlcans
trep ilansJtst Jide
' uv.£ront:d5 c au- 1
us des dîme:.: . par
^ tpri\ju'il paroiL' ..i^^cji-
OU di mi nu lions p;uv ^ ; . ^ . i j dal^ùi-
V A P
54»
tan!
fon dans laquelle les papiers auront été fabriqués ,
El non du défaut des formes , ou de la mauvaife
qualité de la matière , & ne caufent pas un excédent
de poids de chaqu<s rame au-delà d^une quaran*
tléme partie de celui porté par le tarif.
6. Ordonne fa majefté qu''il fera fait inceflam-
incnt dans chaque chef-Ueu de manufaâure , &
tans frais , un tableau qui contiendra les noms ,
furnoms 6c marques de lous les fabricans , foît
qu'ils foien^ propriétaires des moulins » ou qu'ils
les tiennent à loyer , lequel tableau ferafigné pai*
le juge Se le greffier , Si par les garde^ -jurés en
charge ^âf lorfqu'il s'établira ufLnbi^vcju fabricant »
il fera tenu ûy feire infcrire fon nom , fon furnem
Sl fa marque , pareillement fans aucun frais ; le-
quel tableau deir^eurera dépofé au greffe de la
prifdiâion , pour y avoir rccoU;s, dans le casoii
il s'agira de découvrir quel cd le fabricaiu ^u pa*
picr qui fera uouvé défcûueux.
7* Les fabricans ne pourront contrefaire les
marques les uns des autres , ni fe fervir de celles
des tabricansqui feront décédés : & les veuves fie
neti^ns qui Vf>iidront continuer la fabrique ^ après
«le décès de leur jnari ou de leur père , feront tenus
de différortcier leur marque ^ (avoir ^ les veuves
en ajoutant la lettre V aux noms de leur mm ,
& les onfa'ns'en quelque autre manière que bon leur
femblera. Défend fa majeAé aux fabricans de fe
fervir de marques inconmies ou fiippofées^ ou de
faire fabriquer du papier à leurmarque dans d'autres
moulins que ceux^qui leur appartiennent , ou qu'ils
tiennent à loyer V ni de prêter leurs noms à d'autres
^^brkans 4 à peine de mi) ïe livres d'amende pour
chaque contravention* 1 ' * ,1 i.
8. Et néanmoins , pour faciliter k vente & ledéhit
des différentes fortes de papiers qui fe trouveront
dans lés modlins'^ tnjigafins def dit s fabricans , fix
m ois après la publication du prêfcnttrrêt, fans y être
conformes , permej fa ina^jeflé auxdits fabricans de
les vendre Ôî débiter pendant une année , à compter
du jour derexfirationdu délai ci- dcffus accordé ,
à la charge par lefdits fibrîcars » défaire dans le
premier mois de ladite année leur déclaration de
la quantité de papiers des différenics fottes qulls
auront' en leur pGffeiBon » pardtTsnt les jages des
manuta^iires qui en drefferom procès -verbal » le-
quel fera par eux direflemem envoyé au fieur
intctïdani bc comm^ffalre départi dans la province:
d'AuVcrgnc ; après îefqueîs délais , tous les papiers
iquine fe îrouveront p?.s conforme^ auprcfent arrêt
feront confifqués /& lç$ contre venaos' condamnés
en cent livres d*amen']e,
^ Fait fa majerte iéfenfes aiix proprîéralres &
maîtres dùS moulins à papier » ^^ débaucher les
xgmpagnqrv.Sc ouvriers les un^ des a>iirf4 , en leur
promettant ^les g;tgcs pUs f<prts que. jeux qu^ils
gagnoient chez les maIite<*Qii îlstravailloiént ^ pour
,s'cn ferrir ^u ipixna pcure de travail auquel ils
^I,çicot emploj Ci çj^az fcijr^t^. tire, précédent , i
542
P A P
pcîne tle trdîs cen?t livres d'amende contre le maître
du niouUn , & de ceni livres contre Touvrier.
10. Fait pareiUement'fa majuAé défenfcs aux ou-
vriers de quitter leurs maîtres, pour aller chez d au-
rcs, qu'ils ne les aient avernsiîx femaines aupara-
vant , en préfence de deux témoins , à peine de cent
livres d*amendc contre l*ouvricr , & détroit cens
livres d*amcndc contre les propriéiaîres des mou-
lins , ou ceux qui les font valoir , lot (qu'ils auront
reçii à leur fervice'ou engagé aucuns ouvriers , fans
s'être préalablement fait repréfenter le congé par
écrit , délivré par le dernier maître chez lequel
lefdtfs ouvriers auront travaillé , ou accordé par
le juge des lieux , en cas de refiis mal fondé de la
pan du maitte ; lefdrtes aanendes applicables , moitié
"au profit des propriétaires ou maîtres des ihoulilis
que les ouvriers auront quittés fans congé, dt
rautrc moitié au profit dé Thopital le plus prochain.
11. Défend aulïï fa majeÀè à toDs ouvriers de
vendre aucuns papiers fabriqués dans les moulins
oii ils travailletif ^ ni aucunes pâtés ou colles fervant
à la fabrication defdits papiers » ni même aucuos
vieux linges » vieux drapeaux ou drilles » & à tom
colporteurs d*en acheter d*autres pcrfonnesquedeîs
fabrican» , à peine de cinqusnie livres d^ameode ,
même d'être lefdits ouvriers & colporteurs pour*
fuivis extraordinaire ment , i\ lècasyéchet.
1%, Les amendes Sl conâfcations qui feront pro-
noncéeé pour ratfon des contraventions faites au
préfent arrêt , dont Tappiication n'eiVpas ci-devant
ordonnée , feront appliquées » favoir , moitié
aux gardes- jurés vifiteurs qui auront fait les faifies ,
âc Taucre moitié à Vhôpiul le plus prochain de«
lieux ou les juge mens feront rendus.
13, Veut fa majefté que les amendes , confif-
cations & autres peines ponées par le préfcm arrêt ,
foient prononcées tant par les juges des lieux de
fabrique » que parceux desUeuxoùla contravention
aura éfé découverte ^ fans qu'elles putïTent être
remifesni modérées, fous quelque prétexte que ce
foit « à peine par Icfdiif juges de répondre en leur
propre & privé nom des amendes & couâfcations
qu'ils auroient dû prononcer,
14. Ordonne au furplus fa roajeAè , que les
^glcmens autorifés par les arrèis des 21 juîUet
1671 , ai novembre 1688, & 30 décembre 1717,
feront exécutés félon leur forme & teneur , en ce
qui n*y e(l pas dérogé par le préfent arrêt : enjoint
ù piajcfté au {îeur intendant 6£ commi^Taîre départi
pour Texécution de fcs ordres dans ladite province
d^Auvergne , de tenir la main k rexécutîon cju
préfent arrêt , qui fera tu » publié & affiché par-
tout où befoin fera , & fur lequel feront toutes
lettres néceflaircs expédiées. Fait au confeil d'état
du roi , fi majeflé y étant , tenu à Verfailles le
Vingt-troifiéme jour de décembre mil fcpt cent
trente-deux. Sîfné phelypeaux.
Louis , parla gricc de Dieu , roi de France &
de Navarre : à notre am( Se féal confeiUeren nos
p A p
confeits , maître des requêtes ordinaire de ootre
hôtel, le fieur Trudainc, intendant & commtflaire
départi pour Texécution de nos ordres dans notre
province d'Auvergne , falut. Nous vous mandons
& enjoîgnors par cespréfentes , ftgnéei de nous, de
tenir la main à Texécution de rarréc ci*attâchc fous
le contre- Icel d^ notre chancellerie , ceiourdluii
donné en notre confeil detat , nous y ér^nt, pour
les câufes y ccr- - commandons au premier
notre huiffierÔL ^ iîiV c:; requis ; de fignificr
ledit arrêt à tous qu'il appartiendra « à ce que
perfonne n*en ignore , & de faire pour fon entière
exécution tous afles & exploits requis & nécef*
faites , fans autre penniffion ; car te! e^ nr*tyç
plaifir. Donné a Verfailles , tè vingt-rr ar
de décembre , Van de grâce mil f^'^^ .^ rire-
deux , & de notre rérne Je du .. 5^
Xouts. El plus ^aSmpttït iou Sign^ FHELiPtAtnc
ficfcdlé. ^" '^Fr,.;..- i ^
Tarif du poids i^ut fa majeflé veut ^uê pHiMt la
rames des papiers fervant tant â Vïmpee^Qn, |a'i
icTÏte ^ ^% ftrontù hrïquis da ns la prevince dA^
vergnc , é» ce , juf k pied de la Itvrt pefmt fes^
. I on^e poids de marc ; c^mme au£i des larfeur & àii»
: . teur que doivent avoir Us JeuUUs de papier des ^tf^
. . rtnt£s fanes ci* apds fpécifièe^. S K \jO ï R , »
. Le papier nommé grand- aigle fin aura treoce*
lept pouces dé large » fur vingt-quatre potiCd
neuf lignes de haut , la rame pcfera cens trcste*
une livres.
Le grand-aicle moyen fera des mtme^ fargeir
8r hauteur que le fin ; la famé peferâ cent vbit*
trois livres-
Le grand-aigle bulle fera des mêmes largeur ft
hauteur que le fin j la ramepefera cent quatorze
livres,
La grande*fieur-de-lîs aura trente-un poucs
Cx lignes de large , fur vingt-deux pouces de haut ;
la rame pefera foixantc-dix livçes. ' '
Le grand-colombier « fiti & moyen ^ lùih,
trente-un pouces neuf lignes de large ,'uir vin^t^ce
pouces trois lignes de haut; la rame pefera quatre^
vingt-huit livres.
' L^ grand'Chapelet aura trente-un j>otlcei fix
lignes de large , fur vingt-deux pouces de haut ;
la rame pèlera foixante-fix" livres.
Le chapelet , fin'& moyen , aura trente po<uc«$
de large , fur vingt-un pouces fix lignfc /î- ï^Mjt^
la rame pefera foixante-fix livres.
Le chapelet bulle fera des méme^ &
hauteur que le pn \ la rame pefera f ac
itvrts.
Le grand'jésuf * fin & moyen , aura ¥in|i-Ci
pouces de large , fur dix- neuf pou ' ' iTH%é$
haut ; la rame pefera ctnquante-tri
La petite fieur- de-lîs aura vin£j-<|: rel
trois lignes de large fur dix neuf pc^ucc^ : . p^
de haut; la rame pcfera quanmc Uvr^s^
Le grand-royal aura vicgt-rrcws podcesadT
^m
)
P A P
Egnes de large » fur dix- huit pouces de hamt; k
mme pefen vinet huit livres.
, Le grand-raihn double fort , un & moyen ,
^ura Tïjigt-dcux pouces huii lignes de large , fur
dîx-feptpQuce& de haut ; la rame pefera trente-cinq
*^ivrcs.
Le grand- ralfin double , fin & moyen , fera
des mêmes largeur & hauiMir que le double fort ;
la rame ptfera trente-une iîvres. ♦
Le graud-raifin fimple, 60 & moyen , fera des
même largeur & hauteur que le double fort ; la
rame pefera vingt-fix livres.
Le grand- raifin bulle fera des mêmes largeur &
hauteur que le double fort ; la rame pefera vingt-
qtiatre livres*
Le grand-raîfin mince fera des mêmes largeur
& hauteur que le double fort i la rame pefera vingt*
deux livres.
Le lombard , fin & moyen , aura vingr pouces
trois lignes de large , fur feizc pouces fix lignes de
baut ; la rame pèlera vingt livres»
Le grand-carré » fin 8c moyen , lutfa vingt-un
pouces deui lignes de large *^ fur quinze pouces
qtiatre lignes de haut ; la r^k pefera vingt-deux
livres.
Le carr^ double fort , fin & moyen , aura vingt
C«ices de large , fur quinze pouces cinq lignes de
ut , la rame pefera vingt-quatre livres.
Le carré double , fin , moyen & bulle , fera des
mlm^s largeur & hauteur que le double fort , la
rame pefera vingt-deux livres.
Le carré fimple , fin & moyen , fera des mêmes
lareeur 61 hauteur que le double fort î la rame
pèlera dix-fcpi livres.
Le carré fimplc Sc bulle fera des mêmes largeur
& hauteur que le double fort ; la rame pefera
quatorze livres.
Le cavalier , fin 8c moyen , aura dix neuf
pouces fix lignes de large , fur feize pouces deux
iignes de haut ; la rame pefera feize livres.
» Le grand-écu , fin, moyen & bulle, aura vingts
deux pouces fix lignes de large , fur quatc rze pouces
huit lignes de haut ; la rame pefera dii-fcpî livres.
L'écu double , fin Si moyen , aura dix-neuf
pouces de large , fur quatorze pouces deux lignes
oc haut; la rame pefera dix-neut livres*
L'écu fimplc , fin & moyen , fera des mêmes
largeur & hauteur que le double > la rame pefera
dix-fept livres.
L*écu fimple bulle fera des mêmes largeur &
humeur que te double ; la rame pefera quinze
livref.
• Le papier appelé couronne large , fine Si
moyenne » aura vingt pouces neuf lignes delari^e»
for treize pouces neuf lignes de haut ; la rame
pefera feize livret, .
Le papier rappelé couronne double , fine 8c
moyenne , aura dix fcpi pouces une ligne de large ,
fur treize pouces de haut ^ la rame pefera qua-
rorte livres, .
p A p
543
Le papier appelé couronne fimple , fine*
moyenne & bulle , fera des mêmes largeur âc hau-
teur que la double ; la rame pefera douze livres.
Le papier appelé couronne trés-mince , fine &
moyenne , fera des mêmes largeur & hauteur
que la double ; la rame pefera fept livres.
Le papier nommé telliére , fine & moyenne ,
aura frize pouces de large , fur douze pouces trois
lignes de haut ; la rame pefera douze livres.
Le cadran , fin , moyen & bulle , aura quinze
pouces trots lignes de large , fur douze pouces huit
lignes de haut y la rame pefera onze livres.
Le papier appelé à la main bulle , aura vingt
ftouces trois lignes de large , fur treize pouces Ux
ignés de haut i la rame pefera treize Livres*
Le Cartier , fin & moyen » aura quinze pouces
une ligne de large , fur onze pouces fix lignes de
haut ; la rame pefera onze livres.
Le petit-raifin ou bâton-royal » fin ^ moyen &
bulle , aura feize pouces de large, fur douze pouces
de haut i la rame pefera neuf livres.
Le papier appelé romaine ou pigeonne , fine &
moyenne , aura quinze pouces deux lignes de large ,
fur ,dix pouces quatre lignes de haut ; la rame pe-
fera neuf livres.
Le papier appelé petit-nom-dc-jé fus moyen » aura
quinze pouces une ligne de large , fur onze pouces
de haut ; la rame pefera huit livres.
Les ferpcmes > fines » moyennes & bulles « feront
des grandeurs fit des poids qu elles feront deman*
dées.
Fait & arrêté au confcil royal des finances , tenu
à Verfailles le feiziéme jour du mois de décembre
mil fept cent trente-deux. Si^né LOUIS. Et p!iu bas ,
PHELYPEAUX.
Arrêt du confeil d'état du roi » portant règle-
ment pour la fabrique des papiers de la province
.du Limoufin & de celle de rAngoumois. Du la
* décembre 1730. Eitratt des regiflres du çonfeli
d*ctat.
Le roi s'étant fait reprcfenter les régie meDs faits
pour la fabrique des différentes fortes de papiers »
& l'arrêt du confeil du 11 juillet 1671 , qui a au-
lorifê ces réglemens : & la majeflé étant informée
que pour Taugmentation fit la perftiftion des fa-
briques fituées dans Tciendue cfe la généralité de
Limoges , il convient de leur donner de nouvelles
marques de fa proteâion , & d'ajouter quelques
difpoficions à celles qui ont été faites par kfdits
réglemens 6£ arrêts ; à quoi défirant pourvoir. Vu
Tavis du Heur Doifay , intendant & coinmiiïaire
départi pour rexécution de fes ordres dans ladite
généralité , après avoir entendu les fabriCâns de
papier des villes de Limoges , Angoulême 6c Tulles,
Vu pareillement les obfervations des marchands
libraires & imprimeurs , & des marchand- s
de la Ville do Paris , enïcmblel'avi^ des d u
commerce. Oui le rapport à\\ ficurOny , confeiUer
€»rdioaireau çonfeil roy^fl , contrôleur général des
'542
P A P
tpcînctle tr^lscens livres d*amcndc contre le maître
;^clu moulin ^ & de ceni livres contre Touvrier.
lo* Fait pareiîkmentfa maj«;;fté dèfenfes aux où-
lévriers de quitter leurs maîtres, pour aller chez d'au-
tres, qu'ils ne les aient avertis fix femaines aupara-
tymt, en préfence de dem rémoins , à peine de cent
Tivres d'amende contre Touvricr , 6t de trois cens
livres d'amende contre les propriétaires des mou-
lins , ou ceux qui les foni valoir , lorfqu'ils auront
cçu à Içurfervice'ou engagé îiucuns ouvriers , fans
Vétfc préalablement fait rcpréfenter le congé par
l'écrit , délivré par le dernier maître chez lequel
ilefdirs ouvriers auront travaillé , ou accordé par
■^le juge des lieux , en cas de refus mal fondé de h
hparr du maître; lefdites amendes applicables ^rnottié
au profit des propriétaires où maîtres des moulins
*t|ue les ouvriers auront quittés fans congé, &
Tautre moitié au profit de riiopital le plus i^rochairi.
II, Défend auflî fa majefté à wiSl% ouvriers de
rvcndre aunms papiers fabriqués dans les moulins
;oii ils tfavaiUehi , ni aucunes pâtes ou colles fervant
Là la fabrication defdits papiers , ni même aucuns
Inrieux lioges , vieuie drapeaux ou drilks, & à eous
colporteurs d'en acheter d'autres personnes que dcîs
l^abricans , a peine de cinquante livres d'amende ,
ncme d*ètre lefdits ouvriers & colponcurs pour-
fîfuivisextraordinaircment , fi Vecasyéchet.
1 1* Les amendes & conûCcations qui feront pro-
noncées pour ratfon des contraventions faites au
bpréfent arrêt , dont lapplicaiion n efl pas ci-devant
^ordonnée , feront appliquées > favoîr , moitié
[^aux gardes- jurés vifiteurs qui auront fait les faiftes ,
J^i& Tautre moitié à rhôpital le plus prochain def
I lieux oîi les jiigemens feront rendus.
15. Veut fa majeBé que les amendes » con/if*
Lcatîons & autres peines portées par le préfent arrêt ,
f foîenc prononcées tant par les juges des lieux de
Lfabrique » que par ceux desHeux où la contravention
Laura été découverte , fanfr qu'elles puiflent être
y,remifeg ni modérées , fous quelque prétexte que ce
foit, àpeinepar kfdirs juges de répondre en leur
Jpropre & privé nom des amendes & confifcatîons
MU ils aurolent du prononcer,
14. Ordonne au furplus fa majeAé , que les
églemens aurorifés par les arrêis des 21 juillet
P671 , Il novembre 1688, & 30 décembre 17^7,
feront exé curé s félon leur forme & teneur , en ce
tqui î\y e(ï pas dérogé par le préfenc arrêt : enjoint
1^ majtfté au fieurjmeridant & commiflaire départi
rf our Texécution de fcs ordres dans ladite province
ud*Auvergnc , de tenir la main h Texécution du
fpréfent arrêt , qui fera lu , publié & affiché par-
tout où befoin fera , & fur lequel feront toutes
lettres néceflTaircs expédiées. Fait au confcil d'état
^u roi , fi majcflé y étant , tenu à VerfaîHcs le
ingt-eroifiéme jour de décembre mil fept cent
rente-deux. Siffné PHELYPEAU^.
Louis , parla grâce de Dieu , roi de'France &
^4e Navarre : à D£»tre amé & féal confeilter çn nos
p A p
confeils , martre des requêtes i^rdinaîre de tïotrt i
hôtel, le fieur Trudaine, imendant 61 commiffaire
départi pour Texécution de nos ordres dans notre
province d*Auvergne,fahit. Nous vous mandons
& enjoignors par ces préfentes , ftgnées de nous, de
teiûr la main à rexécutton de Tarrét ci-attachc fous
le contre-fccî de' notre chancellerie , ccjOiirdTiui
donné en notre confcil d*état , nous y érsnt , pour
les caufes y contcnue> .* comnlandons au premier
notre huîflicr 6u fergent fur cj recjuis ; tîe hgnifi^r
ledit arrêt à Wus qu'il appartiendra , à ce que
perfonne n'en ignore , & cle faire pour fon cotiàe
exécution tous afles & exploits rcquîs & néccf»
faires , fans autre periniflîon ; car tel efl notre
plaifir. Donné à Verfailles , le vinçt-troificmc jour
de décembre, ran de grâce mil lept cent tre^nre*
deux , 8c de notre' rejgné ^ dix huitième, 5^*
1l.ouU: Et pîtù pas ^pii le rot. Sitni Fntitruirn
&fcellé. '^;^'^'^'^^>^^P-'' » ^'»'
Tarif du poids qui fa majejlé veut que flftnt ki
r rames des papiers fervant tant à VimprtJJiçn |i{*i
écrire ^ fuï fetvnt fahrïquis dans la pr^inct /Ài^
vttgne , &ce^ fur le p'ud de la livre ptfanî fe^e
. 1 OM^e poids de marc i c^mme àtt£i des la^feut & Jbà»
I . tcut que doivent avoir les feuilles de papier dtf difi"
, . rentâs fortes ci-après fpécifièes. s A VO i R ,
Le papier nommé grand-aigle fin aura trence-
lept pouces àt large , fur vingt-quatre pcucti
neuf lignes de haut , la rame pefera cent tremc*
une livre!.
Le grand- aigle moyen fera des mêmes larjeitr
& hauteur quele fin ^ la rame pefcracem Tifl|l*
trois livres.
Le grand* aigle bulle fera des mêmes largeur k
hauteur que le fin; la rame pefera cent quatonc
livres,
La grande-fleur-de-lls aura irente-mi pouces
fut lignes de large , fur vingt-deux pouces de haut i
la rame pefera foixame-dix livres.
Le grand-colombier » fin 6c m6yen \ zuh
trente-un pouces neuf Itgnes dfe large ,Tur vin^-iifl
pouces trois lignes de haut; la rame pefera quatre-
vingt-huit livres*
L« grand*chapelét lùra trente-uti pouces fil
lignes de large , fur vingt-deux pouces de ham ;
la rame pèlera foixante-fix livres.
Le chapelet , fin & moyen , ^ra irenré pouç(l
de large » fur vingt-un pouces fix lignes de haiiu
la rame pefera foixartie-fix livres, ^ .
Le chapelet bulle fera des mêmes' targetf^K
hauteur que le fin ; la rame pefera fotxantc uot
'lîwes. - .1
Le grand-jésus , fin 8c moyen, aura vtngi»fii
pouces de large , fur dix- neuf pouces ftx Hgnes Je
haut ; la rame pefera cinquante-trois livrer,
La petite fleur-de-lis aura vingt-q- :eï
trots lignes de large fur dix-neuf pouce ^ ; .^-a
de haut * la rame pefera quarante livras.
Le grand-royal aura vjrgt-trois poacts neuf
â
_ ? AT
i pcîne de cînquame livres d'amende contre chacun
éç% conireven^n^.
14, El pour aiîurer Texècution du prèfcni régie-
fnent, ordonne fa majtAé qu'un mois après la pu-
blication du prèCcnc arrêt & les années fuivantes,
du jour qui fera réglé par les juges des manuf^âures
des vtltcs de Liinoges , Angouléme & Tulles , les
labricans de papier de chacune defdiies villes & des
environs s'airembleront pour procéder , fuivant la
pltiraliiè des voix , a la nomin^ition de trois ^ ou au
I aïoîtis dedcuxgardei-iurès-vifiteurs , lefquelsprc- «
m! 9Btùm(ctmcm devant Icfdits juges , fit feront tenus
W defifireau moins tous les ans tlx vîntes générâtes,
fit fins fouvent s'il cft néceffairc, accompagnés
d*un huifTser» dans tous les moulins & magaftns ^
papier établis dans lefdites villes & aux environs ,
L ^*ûa dreâTcr procès- verbal , & de faire faifir (k
H enlever» après les avoir cachetés , tous les papiers
^ qti*i)s trouveront nor-conformes aupréfent arrêt ,
d en pourfuivrc la conftfcation , la condamnation
& Tamcnde devant lefdits juges » fuivant la nature
de la contravention , à fefTet de quoi les maîtres
fabricans feront tenus de faire l'ouverture de leurs
I moulins & magafins auxdits gardes-jurés-vifiteurs,
H à peine de cinq cens livres d'amende.
P iç. Veut fajmajefléque les ma très fabtlcans de
papier de la généralité de Limoges » un de leurs fils
travaillant dans lefdites fabriques , & un premier
ouvrier > foient petfonneUement exempts de la col-
leâc des tailles , du logement de gens de guerre,
I6l de la milice , & qu'ils foient cotilés d'office pour
la taille par le fieur ictendant & commiflaire départi
dan» bdite génèraTité , fuivant les états qui lui en
feront remis tous les ans par IcTiits gardes^jurés-
vifiteurs , & fans que lefdites cotes d'office puiffent
être augmentées par les coUcâeurs.
i6v Veut pareillement fa majefté que lefdits
SiaStrei fabricans ne puiiïent prendre aucuns érran-
gers p<»uf apprentis , qu'au défaut des fils de com-
pagnons.
17* Fait fa majeAé défenfes aux ouvriers lU
qutner leurs maîtres pour aller cher d'autres, qu'ils
ne les aient avertis fix fcmaines auparavant en pré-
fence de deux témoins , à peine de cent livres
d'amende contre les ouvriers , & de trois cens
livres contre les propriétaires des moulins ou ceux
qui les font valoir , qui recevront à leur fervice &
L engageront aucuns ouvriers qui ne leur aient
■ rcpréfenté le congé par écrit du dernier ma tre où
P CCS ouvriers auront travaillé , ou du juge des
lieux t en cas de refus du maître ; itfdites
amendes applicables» moitiéau profit de famajeflé,
ôi Tautrc moitié au profit des propriétaires ou
maîtres des moulins que lefdits ouvriers auront
quittés fans congé. Seront pareillement tenus les
proprièttircs ou maîtres des moulins , d'avertir les
compagnons & ouvriers en pré fence de deux té-
moins, fix fcmaines avant que de les renvoyer ,
à peînc de leur p^ycr leurs gages 6t nourriture
pendant lefdites lix femaines.
Am & Métiers, Tome K Panic II.
P A P
545
18. Fait fa majeflé auflî défenfes aux proprié-
taires & maîtres des moulins à papier de débau*
cher [es compagnons & ouvriers les uns des autres,
en leur promettant dt s gsgcs plus forts que ceux
quMs gagnoient chez les ma très oii iU travait-
loient , s'ils les emploient au même genre de tra»
vail auquel ils étoient employés chez leur ma. tre
prccédent, & ce à peine de p.ireill€ amende de
trois cens livres contre le maître du moulin , &
de cent ivres contre l'ouvrier,
19. Ordonne fa majefté que , s'il arrivoît qu'an
compagnon , pour forcer fon matire i^ le congédier
avant le temps , vînt à gâter par mauvaife volonté
fon ouvrage , & qu'il en fût convaincu , tant par
là comparaifon de fes autres ouvrages , que parla
dépodtion des autres comp;ignons iravaillans dans
le même moulin , ledit compagnon fera condamné ,
outre le dédommagement, à la même peine que
s'il avoit quitté fon mai tre fans congé.
20. Veut fa majefté que les rames de papier dont la
confifcation aura été ordonnée , foient percées dans
le milieu d'un poinçon ^ 6c qu'elles foient remîfes
dans les moulins à papier comme matières , pour
y être rebanues fous le marteau ; & que du piix
auquel elles feront eftimées comme matières, il en
appartienne moitié aux jurés-viCieurs , & l'autre
moitié à Thôpital le plus prochain des lieux.
11, Et néanmoins , pour faciliter la vente 8c le
débit des dift'érentes fortes de papiers qui fe trou-
veront dans les moulins & magafins defdits fabrî*
cans & marchands , au jour de la publication du
préfent arrêt fans y ctre conformes , permet fa ma-
jefté auxdits marchands 8c fabricans de les vendre
8t débiter pendant Tefpace d'une année , auffi à
con pier dudit jour , à la charge néanmoins par
lefdits marchands &. fabricans de faire dans un mois
pour tout délai , leur déclaration de la quantité de
papiers des différentes fortes qu ils auront en leur
poiTefiion > patdevant les juges des manufaâures
defjites villes de Limoges » Angouléme & Tulles ,
qui en drefferont procès verbal i après lequel délai
d'un an , tous les papiers qui ne fe trouveront pas
conformes au préfent arrêt feront confifqués , &
les conirevenans condamnés en cent livres d'a-
mende.
ai. Les amendes qui feront prononcées pour
punir les contraventions faites au préfent arrêt dont
t application n'cft pas ci-devant ordonnée , feront
appliquées, favoir , moitié à fa majefté » un quart
aux gardes jurés-vifiteurs qui auront hitlesfaifies,
& l'autre quart à Thôpital le plus prochata du lieu
oij les jugcmens feront rendus.
a). Veut fa majefté que les amendes , confif-
cations & autres peines portées par le préfent arrêt
foient prononcées , tant par les juges des lieux
de fabrique , que par ceux des lieux oîi la coiura-
vcntion aura été découverte, uns qu'elles puiifcnt
être remîfes ni modérées « P<^"'' quelque caufc
& fous quelque prétexte que ce foit , » peine p^^r
lefdits juges de répondre en leur propre & pnvc
Z zi
544
P A P
finances , le roi étant en (on confcil , a ordonné &
ordonne ce qui fuit :
Aru i> Les fabricans de papiers établis dam
rétendue de la généralité cîe Limoges , feront tenus
de mettre fur le milieu de chaque femllc de papier
des différentes fortes quTls fabriqueront, favoîr ,
fur les feuilles de papier fin, leur nom éi furnom en
entier ; fur celles de papier moyen ^ les premières
lettres de leur nom & leur furnom en entier ; 6c fur
celles de papier appelé bulle, les premières lettres
de leurnomôt furnom » féparèes par une marque
propre à chaque fabricant , & d'y ajouter un ou
inoyenou bulle au dos de U feuille à un pouce près
du cas , fuivani les qualités des papiers ; & à légard
du papier appelé carder fin fervant à faire les cartes
h. jouer , les premières lettres du nom & le furnom
en entier , feront mifes à l'extrémité de chaque
feuille. Les veuves qui font travailler feront tenues
de mettre un V au-defl"us du nom de feu leur mari,
le tout à peine de cinq cens livres d'amende.
î. La rame de toutes fortes de papiers fera com-
poféede vingt mains, chaque main de vingt-cinq
feuilles » non compris les deuT feuilles d*envcloppe
qui fe mettent deifus & deiTous , & feront îefdites
feuilles des largeur Se hauteur portées par le tarif
attaché fous le contrc*fcel du préfent arrêt*
3. Défend fa maje^ïé de mettre aucunes mains
cailées & retriées deflus & deiTous les rames de
toutes les fortes de papiers qui feront vendus :
n'enteni néanmoins interdire Tufage établi dans le
Limoufin, de donner fur dix rames de carré fcuïc-
tnent fervant à riinprefTion ^iine rame de bon trié.
4. Les fabricans , les compagnons & les ouvriers
trieront cxaél^ment les feuilles dont chaque mam
de papier doit être ccmpofée , & mettront le fin
avec le fin , le moyen avec le moyen , & le bulle
avec le bulle, de taçon quM n*y ait aucun mélange
de ces différentes qualités dans une même rame ;
leur fait fa maje^é défenfes d'y employer des feuilles
trop minces , trop courtes , trop étroites , & celles
qui feroient caffécs , ridées ou autrement défec-
tueufes , à peine de confifcation des rames qui fe
trouveront ainfi mêlées * & de pareille amende de
cinq cens livres.
5. Faitai*ffi défenfes de rogner à Tavenir fur la
largeur aucune feuille de papier fervant à Timpref-
fion ; en obfervant de prefTer les feuilles de chaque
main de papier, de façon que celles qui feront dans
le milieu ne foient pas plus étroites que les autres.
6. Ordonne fa majefté que toutes les rames de
papier feront au moins du poids porté par ledit tarif
Tant y comprendre ks enveloppes , & que fur
rcnvcloppe de diaque rame » fera m:irqué le poids
de ladite rame, le nom &le furnom du fabricant ,
& la forte de papier dont ladite rame qÛ compofée ,
en difiinguant les qualités de fin , moyen oti bulle ,
le tout à peine de confifcation 6c. de cent livres
d'amende,
7. Les fabricans ne pourront contrefaire les"
marques les uns des axitres , eu fubfiitucr dincon-
p A p
nties OU fuppofées , ou faire fabriquer du ptpterâ J
leur marque dans d'autres moulins que ceui qui
leur appartiennent on quMs tiennent à loyer , ni
prêter leur nom à d autres fabricans» à peine de
mîlîe livres d*amtnde pour chaque contra venfion.
8» Défenfes font pareillement faites à tous fabri.
cans & ouvriers » d'augmenter ai diminuer les
largeur & hauteur des papiers des diffèrcmei
fortes , d'en fabriquer au-deiîbus du poids ré|lè
par ledit tarif : pourront néanmoins îefdits fabr -
cans augmenter le papier dénommé legrard*3i||l^
fi on leur en demande de plus grand » ai^qud qi
la matière & le poids feront augmentés à proporriott
de fou étendue , afin qu'il foit plus fort cpic celui
delà grandeur ordinaire » à peine de confifciiioi
& de cinq cens livres d^amende*
9. Et attendu que leau des rulfleaux ouibnt
fitués les modlinsde la ménagère à Aixe, celui de
Lauriére > celui de Chambon ôl celui du fieurAUo*
reiliieras ne font pas propres à faire du papiertidi
défend fa majefté à tous les mairtesdcs mouUiis&
tous ceux qui pourroient tenir des moulins i fait-
nir fur ces ruilfeaux,^*y faire d'autres papiers duii
toutes les fortes , que du moyen & du bulle.
10. Défend fa mafc^léà tous fabricans de ladite
généralité , à tous marchands^papettcrs & autres
particuliers » de faire aucun marché pour tout le
papier qui fe fabrique dans un moulin , ni pottr
une feule forte entière : pourront néanmoins &irc
des marchés pour une certaine quantité , poutTu
qu'elle n*wxcéde pas le quart de ce qui fe fabrique
dans chaque mouUn , à. peine de deux mille livra
d*amende payable , moitié par le vendeur, fit IVnnt
moitié par l'acheteur , applicable moitiéàfama|eU
& 1 autre moitié à Thôpital le plus prochain.
11. Fait fa majefié tres-expreffes inhibitions &
défenfes à tous anilans de ladite généralité à'acbeter
pour revendre aucuns vieux linges , vieui dfi*
peaux , drilles » pâtes ou colles fervant à la fabri-
cation des papiers , Ôc à tous m::rciers & colpor-
teurs d'en acnetcr dans la difiance d*ane demi*
lieue de chaque moulin à papier , fous quclioe
prétexte que ce foit, à pdne de confifcation (k U
cinquante livres d'amende coure chaque contrcf^
nant, même uVmprifonnemem defdin ouvriers t
colporteur? -
1 2* Défend auffî fa majeAé à tous ouvriers de Teft»
dre aucuns papiers fabriqués dans Ici m^ulimeà
ils travui lent , ni aucunes pâtes ou colles rcrvanrl
la fabrication defdits papiers , & à tous colportnrfS
d en acheter d*autres perfonnes que des fabrican* ,
a peine de pareille amende de cinquante livrc« *
même d'être lefdirs ouvriers & colporteurs pourfiP'
visextraordinairement , file cas y cchct*
13. Fait pareillement fa majeAé déftnfin itooi
ouvriers , compagnons papetier* , de commencer
leur travail , tant en h'ver qu*en été , avsn» mi*
heures du matin , & à tous ma trts de w.
papier de les admettre au travail avant ladite à»vu»v ,
i
ri^^
P A P
peme de cinquante livres d'amende contre chacun
les contrcvcoans*
14. Et pouraïTurer Texécution du prèfent règle-
cm, ordonne fa majcAé qu*un mots après ia pu-
iltcation du préicni arrêt & les années fuivantes,
o jour qui fera réglé par les juges des manufadures
'es villes de Limoges , Angouième & Tulles , les
'bricans de papier de Lh^cune defciites villes & des
virons s'aifembleront pour procéder y fuivant la
llurairtê des voix ^ k la nominiition de trois ^ ou au
noios dedeuxgardeî-jurés-vifueurs , lefquelsprè- .
peront ferment devant le(dits juges , & feront tenus
ieûireau moins tous les ans (ix vifues générales,
t jDus fouvent sM eft nécefîaire , accompagnés
rtin huifBer » dans tous les moulins & magafïns à
upier établis dans lefdîtes villes & aux environs ,
fen drefler procès-verbal , & de faire faifir 8c
enlever, après les avoir cachetés , lous les papiers
^u*tl s trouveront non-conformes au préfent arrêt ,
i en pourfuîvre la conftfcation , la condamnation
Be l'amende devant lefdits fuges , fuivant la nature
de la contravention , à leffet de quoi les maiïres
Éibricans feront tenus de faire Touverturcdc leurs
moulins & magafïns auxditsgardes-jurés-viriteursj
peine de cinq cens livres d'amende.
I ç. Veut fajmajeflé que les ma très fabilcans de
pier de ta généralité de Limoges , un de leurs fiis
vaillant dans lefdites fabriques , & un premier
orrîer , foient pet fonnelle ment ejïemp[S de ta col-
câe des tailles, du logement de gens de guerre,
Se de la milice , & qu*iis foient cotises d*ofïice pour
a taille par le fieur intendant & corn mîflaire départi
dans ladite généralité , fuivant les états qui lui en
feront remis tous les ans par lefaits gardes-jurés-
rifiteurs , & fans que lefdites cotes d'office puiflent
lire augmentées par les colkâeurs.
16. Veut pareillement fa majefté que lefdits
maîtres fabricans ne puiiTent prendre aucuns étran-
gers pour apprentis j qu'au défaut d^s HIs de corn-
lagnons.
17. Fait fa majcrté défcnfes aux ouvriers de
quitter leurs maîtres pour aller chez d'autres, qu*ils
In^e les aient avertis fix feniaines auparavant en pré-
fence de deux témoins , k peine de cent livres
d'amende contre les ouvriers , & de trois cens
livres contre les propriétaires des moulins ou ceux
qui les font valoir , qui recevront à leur fervîce &
engageront aucuns ouvriers qui ne îeur aient
rcprèfenté le congé par écrit du dernier ma tre oii
tes ouvriers auront travaille , ou du juge des
lieux » en cas de refus du maître ; lefdites
ftmefi des applicables , moitié au profit de famajeflé,
& Tautrc moitié au profit des propriétaires ou
maîtres des moulins que lefdits ouvriers auront
giflés fans congé. Seront pareillement tenus les
ires ou maîtres des moulins , d'avertir les
gnons & ouvfiei5 en préfcnce de deux té-
\cin% , fix fcmaines avant que de les renvoyer ,
peine de leur p^yer leurs gages & nourriture
lant lefdites lix femalne«;.
Ani & Maiers. Tome K Partie IL
54S
18. Fait fa majeAé auffi défcnfes aux proprié-
taires & maîtres des moulins à papi;^r de débau-
cher les compagnons fit ouvriers les uns des autres»
en leur promettant des gsgcs plus forts que ceux
quMs gagnoient chez \^^ ma très ou ih traviii-
loient , s1ls les emploient au même genre de tra-
vail auquel ils étoient employés chez leur ma. tre
précédent, ôî ce à peine de pareille amende de
trois cens livres contre le raa<tre du moulin , &
de cent livres contre l'ouvrier.
19. Ordonne fa majefté que , s'il arrivoit qu*un
compagnon, pour forcer fon maure aie congédier
avant le temps , vînt i gâter par mauvaife volonté
fou ouvrage , 8t qu il en fût convaincu , tant par
la comparaifon de it% autres ouvrages , que parla
dcpoUtion des autres compagnons travalllans dans
le même moulin , kdit compagnon fera condamné ,
outre le dédommagement, à la même peine que
s'il avoit quitté fon maître fans congé,
ao. Veut fa majefté que les rames de papier dont la
confifcation aura été ordonnée , foient percées dans
le milieu d'yn poinçon , & qu'elles foient rcmifes
dans les moulins à papier comme mariéres, pour
y éire rebattues fous le marteau \ & que du prix
auquel elles feront eflimées comme matières , il en
appartienne moitié aux jurés-vifiiears , & l'autre
moitié à Thôpital le plus prochain des lieux,
ai* Et néanmoins , pour faciliter la vente & le
débit des différentes fortes de papiers qui l'etrOu*
vcront dans les moulins 6t magafïns defdits fabri-
cans & marchands , au jour de la publication du
préfent arrêt fans y être conformes , permet fa ma-
jefté auxdits marchands & fabricans de les vendre
fit débiter pendant Tefpace d'une année , auffi à
corrpier dudit jour , k la charge néanmoins par
lefdits marchands & fabricans de faire dans un mois
pour tout délai , leur déclaration de la quantité de
papiers des différentes fortes qu'ib auront en leur
poffeffion , pardevant les juges des manufdâurcs
défaites villes de Limoges , Angouléme & Tulles ,
qui en dreïTeront procès verbal ; après lequel délai
d'un an , tous les papiers qui ne fe trouveront pas
conformes au préfent arrêt feront confifqués , fie
les contrêvenans condamnés en cent livres d'a-
mende.
23. Les amendes qui feront prononcées pour
punir les contraventions faites au préfent arrêt dont
rapplicationn*eft pas ci-devant ordonnée , feront
appliquées, favoir , moitié à fa majcfté , un quart
aux gardes jurés-vi fi tours qui auront ùxx les faifies^
& Tautre quart à Thôpital le plus prochain du lieu
où les jugcmens forrm rendus,
aj. Veut fa majefté que les amendes , conAf-
cations & autres peines portées par le préfent arrêt
foient prononcées , tant par les juges des lieux
de fabrique , que par ceux des lieux ou la contra-
vention aura été découverte, fans qu'elles puiflent
être remîfes ni modérées , pour quelque caufe
& fous quelque prctcxieque ce foit , a peine p^r
lefdits juges de répondre en leur propre & pnvc
Z zx
546 P A P
nom des amendes & confifcations quUIs auroient dii
prononcer.
24* Ordonne au furplus fa majeilé que les ré-
glemens autorifés par Tarrêt du confeil du 21 juillet
1671 9 feront exécutés félon leur forme S^teneur
en ce qui n*y elt oas dérogé par le préfent arrêt.
Enjoint fa majefté au fieur intendant & commif-
faire départi pour l'exécution de fes ordres dans la
Sénéralité de Limoges , de tenir la main à Texécution
u préfent arrêt , qui fera lu , publié & affiché par-
tout où befoin fera , & fur lequel feront toutes
lettres néceffaires expédiées. Fait au confeil d*état
du roi , fa majefté y étant , tenu à VerfaiUes le
douzième iour de décembre mil fept cent trente*
Signé PHELIPEAUX.
Tarif du poids ^ue fa majefté veut que pjfent les
rames de papier fervant tant à timprej/ion qu^â
écrire , qui Je fabriquent dans la généralité de lÀ»
moges , & ce fur U pied delà livre pefant fei;^
onces , fans y comprendre Us enveloppes ; comme
aujji des largeurs & hauteurs que doivent avoir
les feuilles de papier des différentes fortes ci-après
fpécijiées.
Toutes les rames de papier expliquées ci-aprés ,
feront compofées chacune de vingt mains , &
chaque main de ringt-cinq feuilles , non compris
les envelojpoes , fans aucunes feuilles ca^Tées ni
retriées , lalles ou ridées»
ÉLECTION DE LIMOGES»
Savoir :
Chaque feuille de papier appelé grand foleil fin
aura trent€-fixpouces de largf , la feuille ouverte ,
fur vingt-quatre pouces dix lignes de haut ; la
rame jpefera cent dix livres.
Celle de papier appelé erande fleur-de-lis fine
aura trente-un pouces de large , fur vingt-deux
pouces de haut ; la rame pefera foixante-douze
livres.
Celle de papier appelé chapelet fefaura vingt-
huit pouces & demi de large , fur vingt pouces
un qiiart de haut ; & la rame pefera cinquante
cinq livres.
Celle de papier appelé grand-jéûis fin aura
vingt-fix pouces de large , fur dix-neuf pouces deux
tiers de haut ^ & la rame pefera quarante-deux
livres.
Celle de papier appelé petite fleur-de-lîs fine aura
vingt-trois pouces trois quarts de large , fur dix-
huit pouces dix lignes de haut ; & la ranie pefera
trente-deux livres.
Celle de papier appelé lombard fin aura vingt
Eouces dix lignes de large , fur feize pouces fept
gnes de haut; & larame pefera vingt- d«;ux livres.
Celle de papier appelé lombard-bulle , fervant à
plier , aura vingt pouces de large , fur feize pouces
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cinq lignes de haut ; & la rame pefera vingt livres.'
C^elle de papier appelé cavalier fin ou cornet aunl
dix- neuf pouces & demi de large» fur feize pouces
de haut ; & la rame pefera dix- fept livres.
C^Ue de pap;er appelé carré fin double aura vingt
pouces un quart de large , fur feize pouces de haut;
& la rame pefera vingt- huit livres.
Celle de papier appelé carré ou raifin fin fimple
fera des mêmes largeur & hauteur que le double;
& la rame pefera dix-fept livres.
Celle de papier appelé carré ou raifin moyen fera
aufil des mêmes largeur & hauteur que le fin ^ &
la rame pefera feize livre??.
Celle de papier appelé bulle , pour impreifioo ,
aura dix- neuf pouces & demi, de large , (ur quioze
pouces huit lignes de haut » & la rame pefera qua-
torze livres. 1
La rame de papier violet , pour plier • pefen |
vingt livres.
Et celle de papier bleu pefera douze livres.
Les feuilles de papier moyen de toutes les qualités
ci- defifus feront des mêmes largeur & hauteur, & ^
les rames des mêmes poids que les fins.
ÉLECIJIOK DE TULLE.
Chaque feuille de papier appelé amfierdam, &i
ou bulle , aura quinze pouces & demi de larje ,
fur douze pouce» une ligne de haut ; & la tmc
pefera douze livres & demie.
Celle de papier appelé lis , fin ou bulle , aura
quatorze pouces une ligne' de large , fur ooze
pouces & demi de haut ; & la rame pefera oeuf
livres di demie.
Celle de papier appelé les trois O ou trois ronds
aura feize pouces de large , fur onze pouces & ào^
mi de haut ; & la rame pefera dix livres.
Celle de papier appelé peiit-jéfus-fin aura treiî^
pouces un quart de large « fur neuf pouces & demi
de haut ; & la rame pèlera fix livres & demie.
Celle de papier appelé la trace ou matn-bna^
aura quinze pouces un quart de large , fur douz^
pouces une ligne de haut ; & la rame pefera di^
livres»
ÉLECTI^ON D' ANG^OULêME.
Chaque feuille de papier appelé grand-aigle fil
aura trente-fix pouces & demi de large y la feuille
ouverte , fur vingt-quatre pouces onze lignes de
haut ; & la rame pefera cent quarante livres.
Celle de papier appelé erande fleur- de-lis aura
trente-un pouces & demi de large , fur vingi-deuz
pouces de haut ; & la rame pefera foixante-douic
livres.
Celle de papier appelé impérial fin ou grand-
colombier fin aura trente-un pouces de large» , fur
vingt-un pouces cinq lignes de haut; & la rame
pefera quatre-vingt-quinze livres.
Celle de papier appelé le chapelet aura vingt-
neuf pouces trois quarts de large , fur vingt-ua
P A P
iîc« & demi de haut ; 8c U rame pefcra folxante-
uit livres.
Celle de papier appelé fuper-royal fin ou grand-
jéfus 6n aura vingt-fix pouces de large , fur dix-
jpeuf pouces & demt de haut ^ & la rame pefera
^înmiante*hutt livres.
Celle de papier appelé royal fin ou grand-railln
gn double aura vingr-dt^ux pouces cinq lignes de
larg« » ^"ï" dix-fept pouces de haut ; & la rame pefera
D^ente-huii livres.
> C^ltc de papier appelé royal fin ou grand-raifin
fin G«np'^ »"^^ *^* mêmes largeur & hauteur; & la
rame pcfeï^ vingt" huit livres.
' Celle de papier appelé lombard fin aura vingt
ruccsdc large , Tyrleize pouces & demi de haut ;
ta ra"ic pefera vingt-deux livres.
Celle <*^ papier appelé grand-compte fin ou
carré fin double aura vingt pouces de large , fur
iquinxe ponces & demi de haut ; & la rame pefera
fingt'huit livres.
' Celle de papier appelé grand-compte fin ou carré
fin fimple fe''* des mêmes largeur ik hauteur que le
double » & ^^ ra^n^e pefera dix-fept livres.
► Celle de papier appelé cavalier 6n , pour Tim-
preHion , aura dix-neuf pouces de large , fur feize
DOtiçci de haut ; & la rame pefera dtxfept livres.
^ Celle de papi^^'^PP^l'^ '^fi ni«>y en compte ou écu
lin double aura dix huit puucestroîs quarts de large »
fur quatorze pou^^* "" quart de hauc ; & la rame
pefera vingt-une "V^s*
Celle de papie*" appelé fin moyen-compte à la
fiotnponne ou écu ^^ fimpic fera des mêmes largeur
& hauteur que le double; & la rame pefera dix-
fcuit livres.
Celle de papier appelé grand-cornet fin double
Kura à Tordmaire di>t-fcpt pouces trois quarts de
large, fur treize pouce^ ^ demi de haut ; 8c la
rame pefera quatorze livres.
Celle de papier apP^lé fin grand-cornet fimple
-a des mêmes largeu»" & hauteur que le double;
la rame pefera douze livres.
Celle de papier appelé fine tellicre grand format
i couronne fine double aura dixfept pouces un
tkn de large , fur treize pouces deux lignes de
haut ; fie la rame pefera quatorze livres.
Celle de papier appelé finetcUière grand format
bu couronne fine fimple fera des mêmes largeur S^
teur que la double ; fit U rame pefera douze
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547
Celle de papier appelé fine petite telllère aura
feîre pouces de large fur douze pouces deux tiers
de haut ; & la rame pefera quatorze livres.
Celle de papier appelé aux armes d'Amflerdam
ira quinze pouces trois quarts de large i fur douze
iices quatre lignes & demie de haut ; & la rame
fera qu2torze livres.
Celle de papier appelé fin petit-cornet k la
inde forte ou bàton-royal aufa fcizc pouces de
« fur douze pouces de haut ; Si la rame pefera
a livres*
Ctfîîe de papier appelé fin petit-Us ou catticr fin
aura quinze pouces un quart de large , fur onze
pouces neuf lignes de haut ; Se latame pefera douze
livres.
Celle de papier appelé la romaine fine aura
quinze pouces de large , fur dix pouces im tiers de
haut ; & la rame pefera dix livres.
Celle des papiers féconds fins ou iooyens de
toutes les qualités & fortes de p;ipiers ci-delms
expliquées , feront des mêmes largeur 6l hauteur ,
&c les rames des mêmes poids que les fins*
Celle des papiers traces & bulles de toutes les
qualités âc fortes çî*-de{rus expliquées, feront autU
des mêmes largeur & hauteur , ôt les rames des
racme5 poids que ks fins.
Celle de papier appelé la trace-lombard aura
vingt-deux pouces de large , fur dix-fept pouces
de haut ; & la rame pefera trente livres.
Fait au confeil d'état du Voi , fa majeilé y étant,
tenu à VerfaiOes le douzième jour de décembre
mil fept cent trente. Si^né pheupeaux.
Louis ^ par la grâce de Dieu » roi de France & de
Navarre : A notre amé 6i féal cunfeiller en nos
confeils, maître des requêtes ordinaire de notre
hôtel , le fieur Dorfay , intendant & commifiairc
départi pour l'exécution de nos ordres dans lagé*
néraltté de Limoges ; Salut. Nous vous mandons
Se enjoignons par ces préfentes fignées de Nous » de
tenir la main à Texécuiiôn de Tarrêt ci-attaché fous
le contre-fcci de notre chancellerie > cejourdhui
donné en notre confeil d'état, Nous y étant, pour
les caufes y contenues. Commandons au premier
notre huiiTier ou fcrgent fur ce requis , de lignifier
ledit arrêt a tous quil ap artiendra, à ce que per-
fonne n'en ignore , 6i de faire pour fon entière exé-
cution tous aéles 4k exploita nécefiaires , fans autre
permiflion ; car tel efi notre plaifir. Donné à Ver-
failles , le douzième jour de décembre , Tan de
grâce mil fcp: cent trente , ëi de notre régne le fei-
zième« Si£^n€ LOtJis ; & plus bai , par le roî«
Signé PHELYPEaUX.
Ohf£n*ations fur U tarif des dlffirtntts fortes de
papiers , prefcrit par Us Arrêts du Conjeil , du
iS fcptembre 1^41 , & du 12 décembre 17 ^o»
La première année que je fis Tinfpeâion des
moulins à papier de TAngoumois , je portai dans
cette vifite le défir de connoitre toutes les fortes de
papiers qui s'y fabriquoicnt , &l d*étudieren même-
temps les dtfiPérens procédés de Tart. Mais je fus
trés-furpris de ne pouvoir me (atisfaire fur le 1' '«
article : |e ne trouvai que irés-peu de papier dans les
moulins. Cette foufir;^êkion prefque générale étolt
Teffct de la crainte des faifics que le^ fabricans re-
doutoicnt. Ne connoifiant pas les principes que
j'avois fur la liberté qu'on doit UiiTcrà rindufiric,
ils avoient cru quHiétou deh prudence de meure à
récait tous les papiers qui a*avoicni ni le poids , ni
Zzz a
548
A P
les dîmenficns prefcrîtcs par le tarif de î74T, J'cIîs
la facilite de mtn convaincre en cxamin^nc les
formes > $l d'ailleurs , éuri parvenu par la (nïtQ
à raffur^r les Lbricans fur Tobjttde leurs frayeurs , I
& 1 gagfitr leur confiance , ils m'ont procuré d eujt- ;
méme^ toutes les preuves que je pouvois dèfirer |
de cette coniravemion prcfquc généra'e. Je pus
voir à nio%«aire que les fortes de papiers les plus
en iiiiige n'fttnent f as conformes au tarif , & que
les débiîans & les confommateurs fpècifioient exac-
tement les dimenfions prohibées ou non-prèvMes
par i*drrêt , dans les demandes i,u ils fa^foicm auat
fabricans de telle ou teîie fone de papier*
Pour me mettre en état de reconnottre toutes !e«
fortes qui s'écartoient ainfi du p id;» & des dimen-
lions fixés par le tarif , ils me firent une collt Aîon
d'échantillons , & y joignirent un parallèle de Jeurs
poids & dim^nfioos avec celles prtfcrites par le
tarif,
£nfin ces fabricans me repréfentèrent avec force
la gêne & les entraves où ils fc trou voient depuis
long-temj.»s , & ils m'avouèrent que , dansTalter-
native d erre punis ou de ne pas fuivre le goCit des
confommateurs , ils avoient préféré d*étre plutôt
en conra'J lésion avfc la loi , qu'avec leurs înté-
rctA & ceux de leur fabrique.
Un des grands mo \t\ qui les a votent déterminés
às'écarter de te règlement, quant aux dimenfions ,
aux poids , 6c même aux marques „ c'efl que la plus
grande partie du papier qu'ils fabriquoicnt pal^oit
à Fétranger , comme il y paffe encore. Les de-
mandes de leurs correfpondans qui les «i voient en-
hardis , & quï leur avoient fait naître l*rdcc d:;
plutieurs innovations beureufes , les avoîtnt au/îi
engagés à hafarder pour iaconfommatlon intéri!.ure
des (unes prchibées qui fe débiioi^^nt avec faveur
fous le nom de j ap-crs ttrargers. IK y furent
d'aillèiifs en quelque fcrte forcés par la circoiiûânce
ou ils fe trou, oient de ctjnconrir avec les Hoîl.m-
dois dans la Fiaridre fr^nçtife & autrichienne ,
dans TArtcis & le Ha nmu Les Hollandois , îoti-
Jours libres de varier leurs formats , & (ut-iOut
les poids quMs avoient ti-;èlemeni proportionnés
aux lefcinSjauroientfans cela écarté nosfabrîcans
d'un c mmerce qul"S faifoîent fculs aucrefois.
Tel eil le précis des rtpréfentaiions que je corn-
muuiqoii cans le tem^ s à M. Potier , & la mcrt
Tcmpécha d*y avo»r égard. On voit aifénncnt ,
dans les f^iis qui précèdent , qu'un d. s grand s torts
du tarif, ell d ave ir prétendu rendre fixes des
formes qui doive n: naturelkmem être aiTujctûfS
aux caprices de la mode & des bt foins qu'elle fait
naître. Par contêqucnt il eft vifible cû*on ne peut
fjire un crime à TinduArie , toujours attentive i
confulterle g^ût du public dont tile dépend, de
ce qu'elle a lailTè loin derrière elle une loi gê-
nante, en aniicîpant, pour atnfi dire , l'heureux
moment de fa fupprtfflion.
On trouvera peut èAt que je v;iis trop loin en
hafardant ce mot de fupprcilîon , par rappoit à
ureloi fi préclfc & fi folcnnelle. Je crois «rolT
crt à propos di revenir fur mes pas » & de difcu-
ter louii les pUns d'adminiftration diff-'rens cjuele
gotivcriiemcor peut adojjter à ce fc j^t; je ne rois que
trois partis à prendre , le premier feroit celui de
la tolérance ^ le fécond celui d'une réforme, & le
troifième celui de la fupprcilion d'une gène à la-
quelle fuccédcroît Tancienne liberté.
1 ", Puifqiie rinduftne a pris les devant! , oo
croira peut-C're avoir rempli i' ute juf)ice> en lui
permettant de futvre iranquillement , ou j.lutA?
furtivement la marche » & en tolérant la tta
fion du tarif qu'on lai iTeroit fubfiftcr à côte
mais n'y aurott ii pas lieu de craindre que le Un-
tome de la loi ne fût^ entre les mains d'un mfpec*
t: ur , un épouvantail qui alarmeroit les fabricanf|
dr que la timidité de ceux-ci ne fût pas raffurée
contre les faifies par une fimple tolérance ? D'ail-
leurs cette loi peut, taiat mi'elîefubfiftera , repren-
dre une nouvelle faveur. Enfin , toi:s ks effais que
lindullrie, biflee à elle-même , feroit en état dVn*
treprendre pour perfedionncr les procédés de la
papeterie , ne peuvent être encouragés par la tolé-
rance. Je fais , de plus , que certains tabricanssiLv
torifent du tarif, pour ne pas fournir aux confom-
mateurs des papiers d*un poids au-dctTus de cdi«
qull 1 refcrit , quorqu ils foient convaincus que
par cette augmentation légère ces papiers acqué-
reroient une qualité très-dcfirable. Il ei% donc in-
difptnfable que le gouvernement 6tc tout pè-
texte k la parefTe de ceux-ci , & préfente en mêiu«
temps 2 tous un motif puiff^nt & public d'émuls-
tion ; je ne vois pas que la tolérance puiffe cpérCT
ce d ub!e avantage.
2«. La connoi*ance de l'abus 8f dc§ incon^è-
mens du t.iTif aâucl , pourroit faire prêfumer qu*il
n'a pas été rédigé avec toutes les précautions qu'on
auroit dû apporter d<ins une cpération auflî de*
licate. D après cette confidératton , Tidée de fi'
forme s'ollriroit raturcllement à fefprit , & i'oii
fcroit peut-être tenté de faire mieux en rédi^cinl
un nouveau tarif fur le j^lan que Ls fabricans &
le» con'omm.iteurs traceroienr eux-mèmet à Tjrf'
miniftraiion , & où elle prefenroit les formats ilei
papiers qui font en faveur» 6l qui oc font pas pref*
crits d^ns Tancren.
On me pcrrrettra de faire obferver que Texéctl*
tion de ce fécond projet fcroit beaucoup plus dé*
favanfageufe à Tinduibie que la toi rancc , poif-
qu'elle rcirerrcroit les entraves que *a tolérance htc
réellement. D'ailleurs, fera-t-on plus aifuté de fiiff
aduellement, dans une nouvelle légjflmcn , lab^
Mrrcri^ de la mode & les limitc> des befoins?5
Ton ne fe flatte pas de parvenir à ce but imagi-
naire, coTjment ne redouteroii-on pas potif Tave-
nir , rembarras oii l'on L trouve m^ir " El
fi on le prévoit, e'pérc»t-on qu'on ! un
afleK tôt «.lu moment précise^ U nouveUe l<»t,de^
venue vieille en peu de tempi, cffcra de ifin*
ger riadudric & commencera à la gêner ^
_ P A P
Au rcfte, pour faire fcmlr les inconvéaienf de
K plan dopéraiions, il Tuffit de parcourir les dé-
faillis du tania^uel , & de moucrer qu on n*eft pas
M état de faire mkuY.
k Le urif aéluel fut rédigé en 1741 , dapréi les
■faiifiu^s ordtn lires ufitèes dans te plui grand
pombre des papeteries du royaume ; tt femblc
Îu'après avoir recueilli cet ufiige» le lègiflateur ait
itrart tJl parfait ; il rf y a plus de recherches à
faire : de nouveaux cfTais écatteroient du point de
pcrfcâion quca a atteint; en un mot « tous les
woTm^ti les plus agréabLs 6c les plus commodes
'jat trouvés. Faons les opérations de l'induf'rie ;
'ïcoosla dans des limites fi étroites , qu'elles l'em-
cbcot de déchoir , en même temps qu'elles s'op-
>feront à tout eflbr de fa p,irt. Le légiflateur fe-
'c*tl en état de tenir ce langage fur Tétat aûucl
DOire papeterie ? au côn.raire , n'avons-nous
une infinité de procédh à trouver, d'autres à
fcâjonner , pour être au niveiiU , & des Hol-
adois Se des Anglols ? Que fc;roit-ce donc (x dous
^ulions les furpatter ?
Les belles idées d*yn ardre imaginaire qui
Irotent féduit le Icgifluteur en 1741 , le déter-
Itnérent à compter par lignes les longueurs &
largeurs de routes les lortcs de papier , fan»
affuré fi Touvrier pourroit atteindre aix pré-
^ons qu^il prefcrivoit. Il e(i vrai qu'il admet de
tit* mécomptes , en tolérant comme remcile ^*
varUfion fur les dimenfions prefcrites; mais ce
liraDliéme peut-il fLffirc a toutes les fortes grar.*
Cl petites , ik à routes les qualités de pâtes de
némc forte? Pour ramener tous les cas à des
^ telles que le tarif les exige , il auroit
iîvrer à un grand nombre d*cxpériences
s-dèiicatci ; alors ces cipériences mêmes , faites
rc le plus grand foin » auroient donne à^& réfu!-
i fi dilTjrens cntrc-eux , que l'on auroic été forcé
Tabandonner le projet d'une loi fi févére*
Je pourrois citer ici un grand nombre d'ob-
ratîons f qui prouveroient înconteilablement
ubien on doit être circonfpeft , p )ur tirera cet
ard des cooclufion^ généri»les- Je uis , par €xera-
, que le papier colombier^ fahrlLjué en été 6t fc-
dtns certains temps où Tévaporation cfl con-
trablc, perd un pouce fur fes dimenfion>. J'ai
Jnnu autfi que ceuc même forte » fabriquée en
r, & reAant trèi-long-tcmpsàréten ^oiravam
Dç d'être cntiéremcni féchc, s'y étend de cinq à
i l'gne ; or, le ^' de 39 pouces 9 lignes, lon-
licitT filée pour le colombier dans le tarif, eÙ cn-
ron 9 lignes Se demie : Ainfi v ut papier co orn-
er fait l'été , qui ert le temps propre à ces gran-
s fortes, ç(\ conïre l'arrêt, puifquil tfi plus
ttl de 11 lignes que les fo mes fur UfqucUes il
l'été ouvré.
On peut auiTi conclure de ces faits « qued*une
hlfon 1 l'autre on fabriquera fiir Tes mêmes formes
colombier qut différera de Jix fein ligne,* Un
' îcur , dont toitics les connoiff^oces phy-
P A P
549
fiques fe réduirotent aux diipofitions dy règlement ,
ne pourra jamais fe perluader que ces papiers
aient été fabriqués fur la même furme« & cneta
à la contravention ; cependant , s'il y a quelque
moyen de prévenir les inconvéoiens de ces dif-
formités , il eft à fouhaiter que les fabricans
aient la liberté de faire des recherches propres à
les découvrir en variant les formes, &c. Or, Ir
nouveau tarif pourroit-il ou indiquer ces moyens,
ou les fuppofer connus? On feroii réduit fur ces
faits i la même incertitude où Ton étoit en 1741.
Je pourrois citer » d'ailours , un grand nombre
d'autres fiiits auHi étonnans , qui prouvent que
te papier fait de di€erentes pâtes ne confcrve pas
des dimenfions fixes , que la loi ne pourroit mai-
ff ifer, Pluj ou moins de pourriffage dans le chiffon,
des pâtes plus ou moins fines , une triturât on
plus ou moins fo gnée , font la fource d'anomalies
qui vont à l'infini. Il paroît cependant convenable
de prévoir toutes ces circonftances avant que de
fe décider k rédiger un nouveau r^nf.
On pourroit ajouter aux raifons qui «'oppofent
à ce qu'on fixe dans un tarif le poids des rames
des diftcrenies fortes de papiers, plufieurs autres
motifs tirés des différentes qualités des pâtes ,
fuivant qu elles font plus ou moins pourries ou
plus ou moins graffes.
Une tare beaucoup pourrie tient trés-peu l'eau,
St gonfle moins à l'eau qu'une pâte qui a éprouvé
un moindre pi urnffige; en conféquence la même
forme , le même c^drc employés avec ces deux
(brtes de pâtes , produiront une différence n<9table
dans la quantité de matière de chaque feuille ,
Se dans le poids des rames. Il y a des chtffaiig
qui donnent des pites creufes, & qui pourrtffenc
d fficilement ; c::la tient k la nature première des
chanvres, 6l aux lellives qu'on donne au lirge
pendant Tufage qu'on en f<iit. Les papiers qi i en
réfultent font fort légers , mais ont beaucoup de
main, 6c une épailTeur fuffifante, avec ua poids
au-dclfous de celui du tarif, ou du moins prés
de la limite.
J*at vu une grande partie de carré moyen LU
moufiri, qui ne pcfoii que 15 livres affci con^
lainment ; cependant il a été employé avec fuccés
à Timprcfiion dort j'ai fuivi les détails, & il
douna des réfuhais beaucoup plus faiisfatfans que
des carrés de Rouen très- pourris , & qui pttOKnt
feize livres & au dcffus. Comment fe charger de
régler enfuîte le poids des rames de papier ,
pendant que leur d iïerencc tient à des circon^
tances qui ne dépendeni pas des tabrîcatis i cat
une loi fu; pofe que tout le mom^e puilTj Tcxé'*
enter avec une aircntion orrtinar^v
Autre défjut du tarif. On y fixe les poids de
la rame de chaque forte , 6l (on exige la même
quantité pour le fin , le moyen ^ le bulle de
chaque forte J ccvend^rt i* cil aifé --îe fcntir que
la quanuté de p^te fine o^i groffière duit fui re
des proportion!» différ<.nt€s dans la même foae ,
550
P A P
que ces proportions devrolent être Tobjet d une
recherche très-utile , afin de proportionner U force
du papier a fon grain qui dépend de la pâte. On
n'a donc pas encore aduellemem toutes lesconnoif-
fances théoriques nèceiTaires pour guider la pra-
tique fur ce point important , & le peu de celles
déjà acquifes, prouve que Ton ne peut fe rendre
maître des variations que les papiers éprouvent.
Toutes les pcrfonnes intelligentes que j*ai con-
fultècs, tant bbncans que confomtnateurs , les
imprimeurs, fur-tout, qui ont à cœur les belles
éditions, conviennent que pliifieurs fortes font
indiquées dans le tarif de 1741 , avec une pro-
Îiortion de pâte trop foible , ikqu outre cela les
abricans , Servilement attachés à la loi , s'appro-
chent toujours de la lin/ue qui avoifine la plus
petite quantité de pâte; aînfiles carrés au raifin
font trop foibles pour rimprellion avec le poids
trefcrit , fur-tout les fortes de pâtes fines* Les
[ollandois,plus IntelUgens , parce qu'ils font plus
libres, forcent la quantité de la pâte dans ces
fortes» de manière que leur papier étoffé paff-int à
révhmge > y acquiert un grain uniforme , adouci ,
6c un luftre, vis-à-vis defquels ïe grain amaigri
& inégal de nos fortes correfpondantes avec la
proportion du tarif, ne peut loutenir la compa-
rai(on.
D'un autre côté , fi Ton veut prefcrire une
augmemaiion de poids pour les papiers d'impref-
fiort , d'après ces réflexions on pourroit fe trom-
per groflîérement. J'ai fouvent vu du carré moyen
dans les fabriques de Saint- Léonard , en Limouiin ,
qui ne pefoit que quinze livres, & qui étoit très-
étoffé , & plus étoffé que d'autre qui avoit été
porté jufquà fcize 6f dix-fept hvres : concluons
donc qu il n'eft pas poffible de rédiger un nou-
veau tarif.
5**. Le troifièmc parti qui refle à prendre ell
dotic la fuppreffion du tarif de 1741 ; cette adion
courageufe rétabhra les chofes fur le même pied
où elles ètoient avant 1730, époque d'un premier
tarif particulier au Limoufm fit à rAngoumois ,
ou ulutôt elle remettra tout dans Tétat où Tin-
dufirie fe trou voit en 1671 , première époque des
réglemens fur les papeteries de France. Je ne puis
m'empêcher de rappeler ici un fait, qui ne fera
pas déplacé* Dans cette année 1671 , il fut prc-
fenté au confeil un projet d'arrêt de règlement ,
qui contenoit dix-fept articles : un de ces articles
nxott la grandeur & le poids des différentes fortes
de papier : toutes les difpofitions du projet furent
adoptées par le confeil , à Texception du tarif qui
fut écarté comme inutile , & même dangereux.
Avant 1671 , la fabrication étoit très-animée dans
tout le royaume , ainfi que Texportation du pa-
pier à ^étranger, fans lefecours d'aucune léei fia-
lion; depuis, ce commerce eft déchu infenfiblc-
fucot. Si Ton fi'eA pas fondé à faire retomber cette
p A p
décadence & ce dépérîffement fur les réglemem,
puïfqu'il'eft vîfible qu'il a eu plufieurs autres caufes
combinées , & entre autres la révocation de Tédii
de Nantes , du moins doit-on avouer que ta ma*
nutention exaéte de ces réglemens n'a pu s*op-
pofer aux progrès de ce dépénffement.Cependani,
en 173O, 1739 & 1741» temps où Tindurtrieufe
liberté des Hollandots Ôi leur concurrence rui«
noient nos fabriques, il femble qu*on n'ait trouvé
d'autres moyens de remédier à un fi gmnd lej
^u*en renouvelant les réglemens de 1671 , à
fur-tout en jetant au milieu des fabricans Thydre
du tarif dont on avoit redouté les effets en 1671:
auroit-on en v Liage ces entraves comme une ref*
fource capable d'arrêter le fuccès de nos voifiofi
& la décaiencede nos fabriques?
L'arrêt de 1741 , affujettit auiB les fabricans à
mettre fur chaque forme leur nom , Tannée 1744,
époque de rintrodudion du tarif, la note de b
province où le papier fe fabrique , & la qualité
du papier comme fin , moyen , huiii; Je ne voii
aucune raifon de laiffer fubfifler l'époque de 1745,
6l favoue que je l'ai fait fupprimer autant qu'il
m'a été pofïible.
Les autres difpofitions me paroiflent affcz gê-
nantes : l'on ne peut refufer-aux fabricans la per*
miffion de fupprimer les marques qu'ils jugeroiUE
à propos de faire difparoître pour imiter lespapiets
étrangers , 6c faiisfaire aux demandes de leurs cor*
refpondans ; l'on ne peut non plus rcfufer aus
fabricans la liberté de travailler avec les formes
& les marques d'un autre fabricant, pourvu que
ce foit de fon aveu ou par fes ordres : c'eH une
liberté qui eft cependant interdite par Tariick f
de Tarrêt du confeil du 12 décembre , & que j*ai
rétablie d'après Fautorifation que m'en donna-
M. Potier , pour procurer de l'ouvrage k quel-
ques moulins de Limoges , qui fcrolent reftés dam
rina£tlon , & qui fabriquoient dupctit-lu^ derÀmf'
ierdam , & du petit-nom-de-jéfus » avec les foriM
que les fabricans de TAngoumoîs leur doanoient
eux-mêmes.
Au refle, je préfume qu'on peut s'en rapporter
fur tous ces détails de marques , à ce que i'intèric
des fabricans & le déftr naturel qu ils ont de
répandre la réputation de leurs fabriques , kitr
infpircront. Après la fuppreffion du tarif, il s'en*
blira fur ces points, comme dans toutes Les opàr»<
tions du commerce fur lefquelles il n'y a rien dl
fixé par la loi, une uniformité de conventions qui
doit difpenfer le gouvernement de 6xcr aueim
autre arrangement. Les formats des papiers , les
marques caraÔérifliques des fortes connues &
adoptées par un ufage confiant , fe confervcront
dans ta relation foutenue du confommatcur arec
le fabricant ; il pourra s*opércr fur ces arricicit
des changemens dont les progtés fercnt lnfco£«
bles , fuivant tes révolutions des befotos réâichiii
qui font toujours lentes.
fe termine ici mes cbfervatîons furie tarif du
Ipier; les autres réglemens qui concernent la fa-»
àcation du papier » 6i le commerce de cette mar-
laiidife y rencontrent chaque jour dans leur exé-
ttion de grandes dilHculcés , 6c Tufage les a abrogé
ijnefure que rinduilrie en a fenti les gènes 6c
I ÎDConvéniens. Parmi ces réglemens , îl y a plu-
Surs difpofitions qu^on ne peut maintenir avec
Op d^atteiuion Ô£ de févérité , tandis que d'au*
es font vifiblement contraires à b liberté delà
ibrication Ôc du commerce du papier. Le gou-
emement en eft convaincu , & trés-difpofé à fup-
timer ces entraves furannées.
!
Arrêt du confell d'état Tlu roi , qui défend de
dre fortir à l'étranger des matières propres i la
ibrication du papier 6c à la formation de la colle ,
l fne les droits que lefdiies matières, qui feront
pportées de l'étranger , paieront à leur entrée
ans le royaume. Du vingt -un août 1771* Extrait
•iS regiflres du confed d*ctat.
Le rot étant informé des repréfentations adref-
Ics, tant par les fabricans que par les marchands
de papier , imprimeurs & libraires de la plupart
les principales vilks du royaume , que nonijbftant
b grande quantité de vieux linges , chiffons ,
lieux drapeaux , pâtes , rognures de peaux &
je parchemin , & autres matières propres à la
ibrication du papier & â la formation de la colle
Eie produit la France , les fabriques de papier
^ ut en pénurie de ces matières , qui de jour en
ûttr augmentent confidérablement de prix ; que
cette pénurie eA au point que' plufieur^ moulins
font totalement abandonnés , d*auir,:s prêts à l'être ,
& tous les autres en langueur ; que ce mal vient
i^h grande exportation qui fe fait defdiies mstiè-
tfi à Pétranger , en fraude des droits cxcluiifs im*
fiofe à la foriie du royaume i que cetie exportation
jft facilitée par le iranfport par mer ; qu'au litu
fous prétexte de les porter a une province à une
hitre du royaume , on les port»? à l'étranger, 6c
{Uon fuppofe , par des déclarations faites aux ami-
imés , avoir été forcé par des coups de vents Se des
ros temps de les Jeter à la mer ; que la difcuiTion de
5* déclarations devant les tribunaux ordinaires, &
longueur des procédures, qui , prefque toujours,
ini abandonnées , rendent la fraude impunie &
fraudeur plus hardi. Sa majeflé s étant fait repré-
liter les arrêts rendus en fon confell les 28 mai
S97 & 4 mars 17^7 , par lefquels la fortie
Kdites matières hors du royaume auroit été dé-
ïïiéuc^ fous peine de confifcation & de trois mille
rres d'amende ; Tarrct du 8 mars 1733 » 9"^ ^^-
lit converti la prohibition en un droit de fortie
K trente livres par quintal ; celui du ftx mai X738 ,
^r lequel il auroit été iîotué farce qui regarde les
ms de MarfeilJe de de Dunkcrque ; celui 4u
>oélobre 174a , qui auroit ordonné la perception
idit droit de trente livres fur lefdites matières
5$i
transportées du royaume à Bayonne ; celui du 17
feptembre 1743 , qui auroit défendu les magafmi
6l entrepôts defdites matières dans aucuns lieux
des côtes maritimes de la BaflTe-Normandie , 6c le
tranfport autrement que par terre dans Tétendue
de ladite généralité ; celui du 10 feptembre 1746 ,
qui auroit permis la libre circulation dans le royau-
me, en payajit les droits; celui du 2î décembre
1750 , qui auroit fixé à fix livres du cent pefant les
droits de fortie des rognures de peaux deftinécs
pour rérrtnger ; celui du 18 mars 175^ , qui auroit
étendu la dêfenfc des magafms & entrepôts dans
toutes les provinces du royaume à quatre lieues
des côtes maritimes ^frontières ; larrêt du 17
décembre 1766, qui auroit ordonné que le tranf-
port defdites matières d*un port à Tautre du royau-
me, ne pourroit être fait que fur des bâtimens pontés
& du port au moins de vingt tonneaux , à peine
de payer le droit de trente livres par quintal ,
comme pafTant à Tétranger : & fa majeflé voulant
établir de nouvelles précautions pour remédier à
des abus auffi préjudiciables aux manufaftures de
papier , défiratit même leur procurer encore de
nouveaux encourage mens propres à faire tien-
rir une branche de commerce aufli inrérelVanrfr
pour l'état ; Oui le rapport du ficur abbé Terray ,•
confeiller ordinaire au confcil royal , contrôleur-
général des finances. Le roi étant en fon confeil^
a ordonné & ordonne ce qui fuit:
Art, I, Les arrêts du confeil des iS mai 1697
& quatre mars 1727 , feront exécutés fuivant leur
forme & t«neun En conféquence , fait fa majcfté
irèi-expreffes inhibitions &déienfes de faire fortir ,
à compter du jour de la publication du préfcat ar-
rêt, tant par mer que par terre , hors du royaume
à Térranger, aucuns vieux linges , chiffons , vieux
drapeaux , pâtes , rognures de peaux ik de j.arche-
min » & aunes matières prof-res àL fabricatiourfu
|3>apier 3c à la formation de la colle , à peine de con-
fifcacion defdites marchandifes , navires , barques ,
voitures » chevaux , 6c de trois mille livres S'a mer. de
payable par corps , qui ne pourra être remife ni
modérée , & dont le tier:? appartiendra au dt^non-
ciateur ; dérogeant à cet effet fa majeilé aux arrêts
de (on confeil des 8 mars 1733 6l 32 décembre
1750.
2* Fait fa majeAé pareilles défenfcs , fit fous
les mêmes peines, de faire fortir aucunes defdites
matières du royaume par les villes de Maifcille ,
Baytmne, Dunktrque ; dérogeant pour ce qui
C4 iKerne JVLirfeil'e , à Tarrét du 6 muï 1738 , &
à ctilui du trente o^obre 1742 pour ce qui regarde
Bayonne,
3, Il ne pourra être établi aucune fabrique de
papier d^ns les quatre lieues frontières « foit de
rétr;ingêr, foii dts villes mcmionnccs en Tariicle
précèdent « tant par terre que des côtes m;iri-
ttmc' ; ^c toutes celles qui pourrotenty être établies
feront détruites , pour être reportées plus avant
dans r intérieur du royaume > fauf néanmoins à
552
èrrc fait tel droit qu*il appartiendra far les repré'
fcntatlons qui pourroiem être faites.
4. Il ne pourra être fait , fous les mêmes peines ,
jiticun iranfport ♦ m^i^afin ni entrepôt defdiies
matières dans ladite étendue de^ quatre heucs,
Lei chiffonniers & autres qui font métier de ra-
maiTcr lefdites matières , feront tenus , lorfquMs
en auront amaffè la quantité de cinquante livres
pefant , de les tranfportcr hors de ladite étendue
des quatre lieues , d*en faire dèdaration au bu-
reau des fermes le plus prochain ^ & d'y prendre
acquit à caution pour en afïïirer la conduite & la
rfeftinationdansrintcrieor. Cette difpofition pour
les quatre lieues aura Heu pour la Flandre & le
Hamaiit , comme pour les autres proTinces du
royaume , dérogeant à cet égard k Tarrét du pre-
mier mars 1711»
y Ordonne fa majefté aux cavaliers de maré-
chauffée , & permet à tous autres qui trouvcroient
lefdites matières fortant à Tétran^çcr » ou iranfpor-
técs dans ladite étendue des quatre lieues fron-
tières , au-delà de ladite quantité de cinquante
livres pefant , ou avec cette quantité fans expé-
dition du bureau des Anances , de tes arrêter &
conduire au bureau le plus prochain , pour y être
* dreffé procès-verbal de faifie , à la requête de Tad-
judicataire général des fermes , à Teffet de faire
condamner les contrevenans aux peines portées
par Tarticle premier \ & les deux tiers provenons
dcfdites condamnations prononcées » feront diftri-
bués à ceux qui auront fait Tarrêt defdites matières.
6. Il ne pourra être fait aucun tranfport par
terre defditcs matières , d*une province à une
autre dn royaume , en empruntant le paffage
de rétrangîr , non plys que celui des ports de
Bayorne , Marfeille fit Dunkerqufi , fous les
peines portées par Tarticle premier.
7. Lefdites matières qui feront envoyées par
mer d'une province k une autre du royaume , ne
fîourronj être embarquées & débarquées que dans
es ports ci-aprés dénommés ; favoir , en Picardie ,
dans les ports de Boulogne & Calais ; en Norman-
die , dans les ports du Havre , Rouen 8c Caen ;
en Preiagne , dans ceux de Nantes &Saint-Malo;
en Auni5, dans celui de la Rochelle; en Guyenne ,
dans celui de fordcaux ; cr Lingnedoc , dans ceux
d'Agde & de Cette ; en Provence , dans celui
de Toulon. La défenfe des migafins & entrepôts ,
portée par l'article 4 , n'aura pas Iteu pour les pons
d-deJTus dénommés , où lefdites matières pourront
être amidées & enm^ïgafinées en quelque quantité
quViles puiiTcnt être » en en faifant toutctois dé-
claration.
8. Ccuf qui vcudront iranff orter lefdites ma-
tières par mer , d une i-^rovince à une autre du
royaume , par les pcrts indiques par Tarticle précé-
dent , ne pourront en faire le rranfport qu'autant
Suc le port du déchargement fera un de ceux in-
iques parl*articIepTécédeni , ôcqiie la deflination
derdites matières fera pour une fabrique à papier.
P A P^
Four en juftîfier, ils préfenteront au bureau des
fermes du port de renlévemenr# un certificat de
Tentrepreneur ou fabricant de la papeterie du ta
de la deAination , contenant la quamtté des m**
tiéres qu'il fait venir , & qu^cUes foru deHinèH
pour fa papeterie. Ce certiticat fera légalifè par
le fieur in tendant & commiiîaire départi dam h
provii>ce , ou par fon fubdélégué le plus procbait
du lieu de ladite f^rrque. Ils ceftiAcront b virst
desfignsiuresde ces cettiftcats -, & encas dei'auÀ
fêté def jits certifkrats ou de fignatures d iceuf , à
feront pourfuivîsôi condamnés aux peines fonèd
parles réglemens.
Le tranfport par mer defdites matières ne (m
permis que fur la repréffentation du certitîcat pref*
crit par (article précédent , lequel certificat rcftcn
en dépôt avec la déclaration qui aura été faîteau
bureau des fermes du port de rcnlévenvent. Ea
conféquence » il fera délivré acquit à caution ,
pour affurer le débarquement dans le port défi*
gné & Tarrivée dans le lieu de U f^rtquc. Ccr
acquit à caution fera déchargé dans le port du tl^
barquement , vifé dans les diffèrens bureaux (fà
fjourront fe trouver par terre fur la route , depml
c port du débarquement jufqu*au lieu de U fjbr^
où le fabricant de ladite papeterie donnera au Jof
fon certificat juf^ificatif qu'il a reçu lefdites nu*
ttères en luéme quantité ; à défaut dcfquellei for*
malités , la caution fera pourfuivie 6c condamnée
aux peines portées p-T Tarticle premier*
10. 11 fera fait '!éclaration au bureau des fermes
du port del'enîevement « des quantités que Ton
voudra embarquer. Si par la vériôcation il fc
trouve un eicédent au-dedus du dixième , ce
excédent fera faifi avec amende de troi^ m]k
livres. Si d^ns le port d*arrivéeoù la véniîcatîOO
fera parediemcnt faite il fe trouve un Jtfi^iî , 1»
valeirr de ce deficu lera faific & confifquée IT*
pareille amende de trois mille livres.
11. L'embarquement defdites matières ne pffsm
être fait que dans les navires du port au moîmée
cinquante tonneaux. Si , au lieu de rapporter Icf
acquits à caution déchargés , il eA produit te
dècKiration> faites à quelques amirautés , pcit
êiablir que le jet à la mer defdites matières a tti
forcé par des coups de vent & gros temps , il «
fera fait aucun état defdites déclarations ^ tt U
confifcation , tant de la valeur defdites macièrti,
que do navire , agrès & apparaux p fera poc^
fui vie ôc prononcée avec Tamende de trois mi3r
livres , à moins quM ne foit juflifiè de la peut
réelle ou du débris du navire.
1 2. Ordonne fa majefté , qu'à Tavenir îeûfe
matières , qui feront tranfportécs dsins Ici ék
rentes provinces du royaume » feront eveaptei
à leur pailage & circulation de tous les droits^c
traites , tant dVmr^ée & de fonie des cioqgrtfe
ftrmes » qu'autres locaux dans les
réputées étrangères.
t). Veut fa ma^flê , quà Ti venir cdh»]
iît^ fnatîâres , qui feront apporties de l'étranger ,
il ne (payent pour tous droits uniforroémem k ren-
trée du royaume que deux fols par quintal. Elles
I pourront entrer par tous ports Qc bureaux indif-
tlaâement* Celles qui entreront par les ports dé-
fignés par Tarticle 7 , pourront y refter ik y être
etnmagafinés. Celles qui entreront par d^autres
ports que ceux dc'fignés, ne pourront y être inifes
en magafin » & feront conduites defdits ports hors
de rétendue des quatre lieues des cotes maritimes.
De même , celles qui viendront par terre feront
conduites hors de Téteadue des quatre lieues
frontières de Tétranger ; à Teffet de quoi , pour
en alTurer le tranfport hors de ladite étendue ,
elles feront expédiées par acquit à caution.
14. Ordonne fa majefté que toutes les contra-
ventions concernant Icfjttes matières p feront a
l'avenir portées devant les fteurs intendans &
COmmiiTaires départis dans les différentes pro-
vinces , que fa majeAé a commis 6l commet pour
les juger en première inftance , fauf l'appel au
^nfcîl j leur attribuant à cet effet toute cour, ju-
fifdiâion & connoiiTance , & icelle îmerdifant à
toutes fes cours & autres juges*
' !{• Et fera le prèfent arrêt lu , publié, affiché
partout où befoin fera. Fait au confeil d état du
roi , fa majeilé y étant , tenu à Compîégne , le
Vingt-un août mil fept cent foixante onze.
Si^né^ PhELIPCaux.
Arrêt du confeil d*éiat du roi , qui ordonne
Texécution de celui du 17 janvier 17)9, portant
règlement pour les papeteries , du 14 juin 1771.
Sa majeflé étant informée que pUifieurs ouvriers
employés aux papeteries , formoient des cabales
fii quittoient leurs maîtres , fans fe cofiformer à
ce qui eft pr^^fcnt par arrêt du 57 janvier 1759;
eue cet abus fe multiplloit avec d'autant plus de '
:acilité , auc plufieurs maîtres admetioicnt les com-
pagnons tans congé, ce qui favorifoit la défenion ,
Bt qu'enfin ces compagnons fe ménageoient Tim-
pujîité en changeant de reiTort au0i - tôt quMs
fetoient pourfuivis par leurs maîtres pour les rap-
>eicr à Tciécution dudit arrct i & fa majefté vou-
ant prévenir les fuites d'abus qui ne tendroient
[u'à la ruine des manufaâures : Oui le rapport du
ucur abbé Terray , confeiller ordinaire au confeil
royal, contrûlcur-général^des finances , le roi étant
en fon confeil ^ a ordonné & ordonne que l'arrêt
de fon confeil du 17 janvier 1739 , portant régle-
flient pour les ptpetcries , fera exécuté fuivant fa
forme & teneur : en conféquence a évoqué ôt
évoque fa majeAé à foi & à fon confeil , les de-
mandes fi: contedations qui pourroient fur venir
pour raifon d^ l'exécution dudlt règlement , foit
entre les maîtres vis-à-vis des ouvriers , foit des
ouvriers vis-à-vis des maîtres , & icelles circonf-
tances & dépendances , les a renvoyées & renvoie
pardevantles fieurs intendans & commiffaircs dé-
partis t chacun en droit foi dans leur généralité» à
^is & 0éturft Tûmc K P*ru IL
^^teM
reflet de tenir la main à fon exécution : leur attri-
Kuant à cet effet fa majefté toute cour, jurîfdic-
tion & connoiffance , icelles interdifant à toutes
fes autres cours & juges; fait défenfes aux parties
d^Ce pourvoir ailleurs que pardevani lefdits fieurs
intendans , à peine de nullité , caffit'^on de procé-
dure , de de tous dépens » dommages & intérêts.
Fait au confeiljd^état du%oi , fa msj«îrté y étant, tenu
à Verfaiiles , le vingt-quatrième jour de juin mil
fept cent foixante - douze. Signée PHiLYPgAUX.
Arrêt du confeil d'état du roî # qui condamne en
des amendes fentrepreneur de la maouf^éture de
papier établie à la Motte près Vcrherie, aitjfi que
quelques-uns de fes ouvriers , ci-devant employés
à celle de Courtalin » près Faremobtier en Bric ; Ct
ordonne en outre rexécutîon du règlement du 27
janvier 173 9» concernant les papeteries du royaume.
Du %6 février 1777* Eitrait des rcgiftres du con-
feil d'état.
Le roi ayant été informé que les ouvriers des
manufaâures de papier du royaume, fe font liés
par une affociation générale , au moyen de laquelle
ils arrêtent ou favori lent à leur gré l'exploitation
û(is papeteries, & par-là fe rendent maîtres des
fuccés ou de la ruine des entrepreneurs ; que les
défordres réfultans de cette affociation , viennent
d'éclater récemment dans la fabrique établie par
le fièur Réveillon, marchand de papier à Paris ,
fîtuèe au hameau de Courtalin , près Faremoutier
en Hrie, élection de Coulommiers : Sa majefté a
jpgé devoir réprimer un abus fi contraire aux ré-
glemens ; 6i en conféquence , elle a donné les
ordres néceff^ires pour que les taits imputés auxdits
ouvriers, fuffcnt confiâtes. Il réfulte d*unc infor-
mation fommaire, faite fur les heux te lo novem-
bre dernier , 6c de plufi,;urs pièces jfïintes â' ladite
information , que lefdits ouvriers f; font fait en-
tre eux des régtemens, dont ils maintiennent lob-
fervation pardeï amendes quMs prononcent, tant
contre les m litres qui ont des démêlés avec leurs
ouvriers , que contre les ouvriers qui n'abandon*
nent fas les fabriques oij ces démêlés or^t eu lieu;
que CCS amendes font toujours payées, &l par les
maîtres , qui craignent une ceffation de travail qui
entraineroit leur ruine, & par les ouvriers, à qui
rentrée dans les autres manufaâures ell interdite ,
jufqu*à ce quMs aient fubi la peine pécuniaire qui
leur a été impoféc : que Tcftet de cette police ft-
diiicufe , cft qu'un feul ouvrier mutin 6c entre-
prenant, peut débaucher tous les ouvriers d'une
papetL'rie , empêcher que d'autres ne viennent les
remplacer, & procurer à tout autre éiablilTement
qu'il affcélionne , les meilleurs ouvriers dans cha-
que genre de travail Tous ce^ défordres fe font
réunis pour détruire ta manufaÛure de Courtalin.
Le nommé Pierre Roffc y ayant travaillé en qualité
de contre-maître, fit fes fcrvices , ainfi que ceux
de f I fcmriïc , ne conTcnant pas â Tentreproneur ^
il fe retirai il fit enfuite d'inutiles efforts pour y
Aaaa
T
P A P
rentrer « & enfin s^attacha à former au lieu de îa
Motte , près Vcrbcrie , rétabliffcment d'une noiT-
yelle fabrique de papier , appartenant au fieur
Congniaffe-Desjardins : delà îl écrivit différentes
lettres aux ouvriers de Ccurtnlin , leur envoya
des émiffaircs , notamment le jardinier du pro-
priétaire de la nianufa(^iurc de la Motte, & ne
négligea rien pour les attirer par fcs inftanccs &C
par les avantages quUl leur promeitoir. Quelques*
uns de ces ouvriers demandèrent en effet leur
congé , & allèrent le rejoindre ; ils furent fuccef-
fivcment fui vis de quelques autres , qui fe ren-
dirent à la Mo.te, 8c furent admis à y travailler,
quoiqu'ils n'euffeni point de billets de congé; en
forte que les travaux de la manufacture de Cour-
talin fe trouvèrent fufpendus : le petit nombre de
ceux qui y reftèrent , & notamment le nommé
Cavalier, fe portèrent à de tels excès contre la
veuve de la Garde , laquelle conduit cette entre-
prifc avec fes deux fils , que fur la plainte juri-
dique portée contre ledit Cavalier , & l'informa-
tion faite en conféquence , il fut décrété de prife-
de-corps , arrêté d^ns la manufadure de la Motte ,
& conduit dans les prifons du bailliage de Fare-
inoutier. Malgré cet exemple , un autre ouvrier^
nommé la Déroute, fe porta auui à des voies de
fait contre un des fils de Udite veuve de la Garde;
& après avoir été chaffé > ii ne tarda pas à trouver
du ir;ivail dans la papeterie de la Motte. La nou-
velle de ce qui venoit de fe paffer , avott été pottée
d'avance par le nommé Roche, ouvrier de Cour-
lalin , à ceux de la Motte ; ces derniers faifirent
cette occafion , & en punition de ce que les ou-
vriers qui rcftoienti Courtaltn, n*avoicnt pa» pris le
parti dudit la Déroute , ils les condamnèrent k une
amende de irente*fïx livres chacun , & la veuve
de la Garde elle-même ♦ à une amende de trois
cents livres, te même Roche rapporta une lettre
qui aononçoit cette condamnation , èi la défcnfe
de travailler jufqti'à ce que les amendes euffenr
été payées; en conféquence, les ouvriers cefTè-
rent en effet letir travail pour aller à la minufac-
turc de la Motte , diftante d'environ quatorze
lieues , dans le dcffein de faire modérer leur
amende, & ne revinrent à Courialin que plufieurs
jours après. Sa majefté étant inftruite que l'exer-
cice de cette prétend^ie jurididion fubfifte d^ns
toutes les papeteries du royaume; que des établif-
femcns fi utiles font menacés d'une fubverfion to-
tale , par-tout oii lesmaiircs refufent de céder aux
caprices des ouvrier* qui y font employés , 6t aux
rapines qu*ils fe ptrmeitent fous le nom d'amen-
i^j; que les ouvrcrs de certaines pravinccs exi-
gent , fous le nom de hanvcnuc , rfe ceux qui
viennent d*ailleurs , des femmes arbitraires ^ tou-
jours cxcctTives; quMs empêchent les maîtres des
papeteries de former des4pprentis ^ à moins qu'ils
ne leur payent une fomme quelconque, à iaqueile
il leur plaît de les taxer. A quoi voulant pourvoir:
Vu rinformatian faite le 20 novembre ueraicr , à
p A p
laquelle étoiem joints trois billets & quifisficei
de paiement d'unendes prononcées par des ou-
vriers papetiers, des 17 mai 1767, 15 juin & 11
feptembrc 1776 , datées à Plombiére , à Cha!lc
prés le Mans , &t a Troyes en Champagne ; une
lettre du nommé Roiie, datée de k Motte le 14
octobre 1775 , adrefféc à un ouvrier de G)urtalin,
pour lui, fa femme ik ù% belles-fœurs ; autre
lettre du même , également datée de la Motte le
9 )uin 1776, aulll adrcffèe à un ouvrier de Cour*
talin , pour lui , fa femme ôt fon fils; autre lettre
du 13 novembre 1776, écrite par le nommé Jac-
ques Roufelle, dit /? f/î*î//rif ri , ci-devant ou vner
à Courtalîn , & aâuelicmcnt à la Motte , & adrcf-
fée, au nom de tous les ouvriers de ladite pape-
terie, à ceux de Couttilio , pour confirmer à ces
derniers que chacun d'eux a été condamné à une
amende àcdouit écus ; la déclaration ôf ccnificat
du curé de Pommeufe , dans la parotffe duquel
fc trouve le hameau de Courtalin , au fujet dei
dcfordres qu*il avurétulter, depuis 1767 jufqui
préfent, de raffociation que les ouvriers ont faiw
entre eux , & des amendes quMs font pratiquer
arbitrairement à ceux ^ui travaillent dans les dif-
férentes papeteries ; enfemble la vis du fieur in-
tendant & commiffaire départi en la généralité de
Paris : Oui le rapport du fieur Taboureau , coo-
feiller detat. Se ordinaire au confeil royal, coo*
troleur géncîal des finances; le roi étant en foQ
confeil , a condamné & condamne, conformcmeiil
à rarricleXLVIII du règlement du 17 janvier 1730,
ledit Cougnîafîc-Dcsjardins, propriétaire de la h-
brique de papier de la Motte prés Vcrberie , I
trots cens livres d'amende payable par corps , pour
avoir reçu (k donné du travail à divers ouvriers
de la fabiique de Courtalm , fans congé par écnt
de leur dernier maître, ou du juge des heux ; &
en exécution de Tarticle XLIX du même règle-
ment , condamne les nommés Roiîe , Dcflauriers
ik Roche ^ ci-devant ouvriers à Courtalin , cp
Tamcnde ûe cent livres chacun , p^tyablc -^-•^
ment par corps; favoir , ledit Roffe , pou:
li ébauché 6i attiré lefdits ouvriers à b — '
ture de la Motte , ledit Dvfiiuncrs ,
écrit aux ouvrit:rs de Courtalin , des' k
reproche de n'avoir pas pris le paat
la Déroute lorfqu*il tuf chaffé, d
la condamnation d'amende de
contre chacun deux , avec œci
n*étoient pas pyéus le 17 no-
donner avis aux ouvriers dt
& ledit Roche, pour avoir tnu •
fe patloit à Courialin « en avoir d
de la Motte , & av( r '
de faire tenir les Ici
de ^"outtrthn. Veut (a u.ai;^
du 17 i-nvier 17 J9, foi
dans tous \cy ariicli
rogé» fît no amr
cipUne&lapoiài
P A P
en outre» faitdéfenrcs à tous oumers de for-
mer aucune ailociation , d'exercer aucune efpèce
de police entre eui ^ & à chacun dcfdits ouvriers ,
& à tous en général , de s'immiker diretlement
ni indîreflement dans les difcuiTioiis qui pourroieni
furvcnir entre les maîtres defdites manufactures
& les ouvriers qui y font attachés ; de s^aiîcm-
blcr à cet effet , de détourner leTdits ouvriers, foit
de vive ro'ix, foit par écrit, du travail dont ils
it chargés; de ks condamner à des amendes :
tout fous peine d'emprifonnement, même fous
js -grande peine , s il y échoir. Ordonne à tous
iJtres de manufactures de 'papier , qui auront
anoifTance d'affociations entre leurs ouvriers Si
de quelque autre manufaflure, de complots
rmés pour ^îre caule commune , ou d'amendes
p A P
555
prononcées par Icfdlts ouvriers , fous quelque pré*
texte que ce puiffe être, d'en donner avis fur lo
champ aux officiers de maréchauiïée les plus prc*
chains des lieux , lefquels s'aiTurcront des contre-
venans & les conduiront en prifon , pour y de*
mcurcr jnfqu*à ce qu'il en foit autrement ordonne :
& enjoint aux fieurs intendans & commiffaires
départis » de tenir la main à Inexécution du préfent
arrêt , lequel fera lu , publié par-tout où befoin
fera , & afllchc dans les différens ouvroîrs de cha-
que papeterie , avec dcfenfes aux ouvriers d'ar-
racher iefdites affiches , fous peine de prifon. Fait
au confeil d^état du roi , fa majeftc y étant , tenu
à Verfailles » le vingt fix février mil fept cent
fûixante-dix-fept. SigrU Amelot*
OCABULAIRE RAISONNJE
POUR L'ART DE LA PAPETERIE*
'ans ce vocabulaire , je me fuis appliqué
& fixer bien prccifément. le (^n% des termes de
■art , en développ.int toutes les circonftances des
opérations qu'ils indiquent. J'ai évité très-foigncu-
iemânc auffi vie faire ufage des mêmes mots ,
otir fignificr des cliofes totalement différentes ,
rrfuadé que cette équivoque dars les mots en-
tine une grande confufion dans les idées. Ceft
RÛ que je n'ai employé le rriot cuve , que pour
jîifier le vaiiTeau où fe dépofe h matière avec
^quelle le papier fe fabrique, fit que je me fuis bien
ardé de l'appliquer au vaiffeau où le cylindre tritu*
! le chiffon , à qui \A donné le nom écpUc qui lui
envient, & quant à la forme. Se quant à Pufage,
On \crra tians r;irtjcle pnjfc , toutes les cîr-
CûnAanccs où ces machines font employées. J ai
[ que ces rapprocHemens pouvoicni être utiles»
ar faire comprendre la fuite ôt la corrcfpon-
ince des procédés femb labiés : il en eA de même
îrarticlefr.i/?<2fl,ou Ton parcourt tous les cas dans
'{ueU on fait uf^ge de cet uftenrilo Ç\ fim|»îe ,
vtni a ia
, qtjc lisr k^
rante, foit en adoptant le mouffoir des ffali"^g|S
pag. 496, L'afflturage a été fu ppri m épirlo^»*
landois , qui fc bornent à foigner la in«i*M
de leur pâte dans les piîes à rafiocr* /W^
Affleurante i (pile) cette pîc •'^ W^
nie que de maillets nuds , & le fin» **^*^
au nombre de trois ; il y auroif *^ jj >
d'augmenter le nombre des nuil^ . * •^
ferrer , pag. 496.
Affleurant ; ( cyh'ndrc) (^<
travail & les avantages flio» f
pag. 49Ï' ^ ,.^ ^jy
Affleurée quamïfé dfe p^ T
la pile affleurante, & qa'm^^
reçu fa prépararioo» Mf""^
L'affleurée coûticuf **' ^
toujours proportkwtP^^'^
les porfes , cicepeé à»^^
fortes j d«or fes f^^
affleurées » pig. i^ ""
fabricafioo , fe'*^^*
dans 1-
APi
de la pi e '-
tf c
ceux rt
|iourrîcâ
moires q*
voient étA
.1, & \\ hvLt
tures dépend
Ctll s qui rc*
luverte cft
i
A
t5<
P A P
Ïoîds de ces mêmes matières : enforte qu*il fem-
leroit que le papier de pâtes oon-pourries exi-
Seroit y pour être Lien collé , plus d'alun & moins
. [e colle, que le papier de pâtes pourries , & que
ce dernier auroit befoln d'une plus grande quantité
de colle & d*une moindre quantité d*alun. Ce
au'il y a de certain , c'eft qu*avcc les dofes d'alun
oC.de colle que nous employons, nous n'avons
pas les .mêmes fucçi^s qu'obtiennent affez conf-
tamment les Hollandais avec leur colle bien pu-
rifiée & bien fluide, & la dofe d*alun indiquée
ci-deiTus. L'a(up rend le papier plus caillé , plus
ferme & plus pétillant ; mais un peu forcé de
dofe , il le rend dii&cile à écrire , parce qu'il fa-
tigue la plume. On a foin de n'employer que
Talun de Rome , parce qu'il eft le plus pur , &
qu'il ne nuit poict au blanc du papier comme
l'alun de roche.
AmphitheatiLiquc , ( papier ) fort^ de pap'cr
d'Egypte , ainfi nommé , à caufe du lieu ou il fe
préparoit, pag. 465..
A MSTERDAM , forte de papier âinfi nommé «
parce qu'il porte pour enfeigne les armes d^y^mf'
tçrdam : on a défiguré ce mot dans les fabriques
du Périgord . où on Tappelle le Stradam , &c.
Voyez le tarit , pag. 538.
Andouilles , fortes de pâtons alongés & adké-
rens aux feuilles de papier. Voyczpdions , où l'on
indique la caufe & la formation des andouilles.
Apprenti de cuve : leveur de fiuires , vIreurAl
aide le leveur, en détachant les feutres de la
porfe , en brafTant la cuve , en furveiliant Taffleu-
rtge.. En Hollande , il préfente la planchette au
leveur qui lève à fcHfc plate. Voyez pag. 509 ,
& article r éleveur.
' Ahme^; (papier aux armes d'Amflerdam ) on
rappelle auffi iiidiflinâtment papier aux armes ,
ou Jmfterdam , petite forte qu'on a imitée des
Hollandois , & qui fe fabrique pour eux avec
leurs enfeignes. Voyez le tarif ^ pag. 538.
Armure ; c'eft l'enveloppe des rames de pa-
pier,-qui fe fait ordinairement avec des macula-
turcs bleuet ou grifes , fuivant la forte de papier
qu'on enveloppe , pag. 514.
Arquet , chaffis ae corde, fur lequel on étend
un drap pour pafTer la colle , avant que de la
mettre dans le mouilloir, pag. 517.
Avantages ; travail extraordinaire des ouvriers
de U cuve , & qui leur vaut une certaine augmen-
tation de falaire. Voyez le tableau des lâches jour-
nalières, pag. 511.
Atlas > grande forte de papier qui fert fur-tout
à^rimpreffion des cartes géographiques ; c'eft delà
qu'il a pris fon nom : il y en a de deux formats , le
grand Atlas & le petit Atlas. Voyez U tarif, p. 5 36.
Auguste , nom qu'on donnoit au papier d'E-
gypte, qui avoit reçu certains apprêts à Rome,
pag. 465.
Azur, couleur que lesHollandoîs, enfuîte les
fabiicans Allemands & Fran^çois à leuf imitation ,
P A P
ont mêlé à la pâte du papier , pour faire difpa-
roître la teinte jaunâtre on même rougeitre de
certains chifFoas ; mais ils s'en faut bien que ces
imitateurs fe foient maintenus dans les Domes
dont les Hollandois leur avoient donné l'exemple:
ils ont tellement forcé les dofes du bleu qu'ils
mêlent à leurs pâtes , qu'au lieu d'un blanc de
lait ou d'un blanc légéremment azuré & conftam-
ment le même , nos papiers ont*préfenté une teinte
d'un bleu pâle , dont les nuances ont varié , même
pendant le temps nue duroit 1» fabrication d'une
porfe; bien plus, le bleu porté à ce ton dans la
pâte, a offert fouven( une nuance qui varioit d'une
face de la feuille à l'autre , enforte que la ficc
qui touchoit à la^ verjure , & qui avoit été le plus
long-temps expofée à l'impreffion des matières co-
lorantes, étoit plus bleue que celle de la ftce
fupérieure qui avoit été moins frappée de h
couleur.
Je connoîs peu de fabrîcans qui aient eu un
certain fuccês dans l'adminiftration du bleu , &
qui aient mis un certain choix dans les matières
colorantes dont ils ont fait ufage : au lieu de bien
d'émail ou d'azur , ils ont employé le bleu de
Pruffe , dont la compofuion étoit trop chargée de
matières étrangères , pour produire une tante
claire & unie fur la pâte & fur les papiers.
Ces défauts , ces mauvais fuccés ont détermioé
plufieurs imprimeurs à n'employer que des papiers
d'un blanc naturel , pour n'être pas expofés au
défaerément de réunir prefque toutes les nuances
de bleu dans les mêmes volumes.
Les Hollandois mêlent le bleu d'émail à la pâte
dans la pile à rafEner ; nos fabricatis mêlent le
bleu de Prufle à la cuve feulement.
Bachat , ancien mot , dont on fe fervoit autrfr
fois pour indiquer une pile. Voyez pile.
Bachasson., petite caiiTe de bois qui donne
de l'eau aux piles , pag. 489.
Ballon , quantité de papier qui renferme deux
porfes ou bien une rame de fabrication , & que
les falerantes tranfportent de la chambre de colle
aux étcndoirs. Voy^z porfe.
Bambou , efpéce de rofeau dont la culture &
enfuîte la préparation fournirent abondamment la
matière qui fert à la fabrication d'une forte de
papier de la Chine , qui eft dans le commerce &
qui vient en Europe, pag. 473.
Cette plante donne une iubilance douce &
fibreufe qu'on a prife pour de la foie en Europe.
Les papiers qui en (ont fal^riqués font encore
réputés dans le commerce pour des papiers de
. foie , ce qui eft une erreur.
Banc de presse, forte de plateau fort épais,
fufpendu à la tête de la vis par un boulon de
fer , & qui vient s'appuyer fur les mifes dont la
porîe- feutre eft couverte , pag. 497.
Barbes , parties du bord des feuilles , où la
difpofition régulière & tranfparente de la pâte a
été détruite , & qui n'offrent qu'un amas de ma-
I
I
P A P
ûirc nnte & dèforganifée , pour ainfi dire. Ces
harlus fe trouvent fur trois côtés de la feuille pUée
en deux , fit le quatrième côté , qui ell rextérieur
du pli des feuilles ^ fe nomme le dos. Ces barbes
fe rognent avec de çros cifeaux à la falle , fur-tout
dans les moulins , ou , par une fabncation négli-
gée , elles ont une certaine largeur i les Hollan*
dois » qui foignent leurs bordures , fe gardent bien
de rogner ainli leurs papiers , & je vois que plu-
fieurs bons fabricans s'atlachent à fuivrc leur
exemple. Voyez bordures,
Bas a homme ; bas a femme , papiers demi-
blancs colles , de pâtes bulles , qui fervent particu-
licrement pour envelopper b bonneterie , & fur-
tout les bas de coton , de fil & de laine. Voyez ^
quant à leurs dimenfions, Tarticie {^enveloppe pa-
piers demi'blancs ).
Bâtard , forte moyenne ^n\ eft particulière-
ment deilinée à Timprcffion. Elle diffère peu du
carré au raifm. Voyei le tarif, pag. Ç37.
Bâton royal » forte de papier deftiné parti-
culièrement à récriture. Voytz le tarif quant à Îq^
dimennons , pag. $38.
Batterie ; c'cft Taffemblage des rouages & des
tnichines qui fervent à triturer les chiflbiis pour
kl réduire en pâte. Les roues , les piles y Les mail-
lets forment la batterie d'un moulin. C'eJl en cou-
féquence qu on dit d'une pâte qui fort de ces équi-
pages » qu^eUe c (l trop ou trop peu battue i i|u*on
dit que la batterie eft arrêtée , quand on empêche
les mâilltts de jouer dans les pile^*
On exige que toutes les pièces d*une batterie fe
meuvent avec une certaine viteiTe , pour que l'ou^
vrage circule dans les piles, de manière â être la-
v^ CSc trituré dans un temps donné, & pariiculié-
rcment que le jeu des maillets f:>it animé à un cer-
tain point* Le gouverneur du moulin & le fabri-
cant fontf^rr aitertifs au bruit cadencé qui en ré-
fuhc » pour juger de la bonté de leur travaiL
On répare les batteries d'un moulin tous les
deux ans. Cette réparation conftfle à blanchir Tin-
térieur des piles , en enlevant les parties du bois
que l'eau a pourries ; à blanchir de même les
queues & les têtes des maillets , en un mot , à
remettre en état toutes les pièces qui fervent au
travail de la batterie. Je ne parle pas ici des répa-
rations journalières fit fréquentes , telles que cel-
les des levées , des fontaines , & encore plus fou-
vent des telleues qui s*engorgcnt ou qui crèvent.
Battre le papier. C'eft une préparation que
les, marchands de papier des villes lui donnent
aflcz(buvent:&fouspréicxied*cn rendre la furf.ice
unie & glacée , ils en dctruifcnt totalement le
grain. Ils fe fervent pour cel.i d un marteau â tète
large 8c pefante & à manche court, avec lequel
ils frappent une petite quantité de papier qu'ils
placent fur un Woc de pierre tort uni- Cette opé-
ration a encore Vir.convénicnt de ternir le ton de
blancheur éa papier , & de détruire avec le grain
une ferande partie du collage.
p A p
557
Bdttfi U papur. Cette opération s'exécute dans
certains moulins , & fur-tout dans ceux où Von
fabrique de grandes fortes » comme le colombier ,
le chapelet, le nom de jéfus , le grand-aigle, 3c
elle a pour but d'adoucir la furface de ces papiers,
dont le grain efl très-gros j & parce qu'ils font fa-
briqués avec des pâtes longues & peu raSinées , &
avec des formes dont les intervalles des brins de
h verjure font peut-être trop larges. On fe fert
pour cela d'une efpéce de maillet a grofle tète de
bois B , fort pefiute. Se emmanchée d'une longue
queue C, auffi de bois, auquel Tarbre delà roue
qui fait jouer les ma.llets ordinaires dans les piles ^
donne le mouvement. Voyez PI. XUI , y/^. ^ & 7,
& pag. p3.
C*c(l une pratique prefque généralement adop-
tée dans les moulins d Italie, de battre ainfi toutes
les fortes de papier qu'on y fabrique : auffi le pa-
pier fur lequel on écrit y eft luifant Si liflé, au
point qu'il ne biffe à la plume & à la main qui
trace des caraâères aucun point d'appui ^ parce que
le grain des papiers eft détruit entièrement.
fi paroit qu on commence depuis quelque temps
i fentir en France les inconvénitns d'apprêter le
papier par le battage. On a reconnu que c'efl un
mauvais fupplément à une mauvaife lahricaiion,
fur-tout depuis qu'on a été à portée de voir la fupé-
riorité des aopréti de Véchan^e adminiftré avec in*
telligcnce , ql ta manière dont il adoucit le grain du
papier, fans nuire à l'étûffî: comme le marteau.
Battu de feutre i nébulofités uiftribuées dans
certaines parties des feuilLcs de papier, lorfque le
coucheur , en pofant les feutres qui les recou-
vrent, frappe la p«ite & dérange la difpofition ré-
gulière qui en fait la tranfparence.
Bourdonne ; ( papier ) c'eft un papier ridé.
Boire : on dit que le papier boa , lorfqu'éiani
mal collé, il fe laiile aifément pénétrer par l'eau
ou par Tencre. Ce défaut a àt% nuances fenfibles j
quelquefois Tencre paflTe k travers le papier , &les
lettres fe montrent de l'autre côté \ d'autres fois ,
1^ caractères des lettres grolfirtent, & ne confer-
vent pas la netteté & les contours déliés qu'elles
doivent avoir. Ce défaut fe remarque fur^out par
ceujt qui font jaloux de mettre de la propreté
dans ce qu'ils écrivent. Tous ces défauts annon-
cent un mauvais collage» Certains papiers à dcffi-
oer boivent par places, parce que la colie a man-
qué dans ces parties feulement» où les lavis ne
cocfcrvent pas des teintes égales & uniformes , ce
qui gâte les dellms. J'ai remarqué qu'en général
les papiers fabriqués avec des pâtes de chiffon
pourri ètoient plus fujetres à boire que ceux fabri*
qués avec des pâtes naturelles ou non pourries.
Bordures* J'ai dit dans mes mémoires que
les bordures des feuilles de papier dévoient être
coupées nettes lors de leur fabrication , & il faut
ajouter ici que le fuccés de ces bordures dépenr!
particulièrement de l'état des pâtes. Celles qui re-
tiennent Teau éprouvent » fitôt que la couverte eft
55«
P A P
enlevée par l'ouvreur , un éboulement aflez con-
fidérable , de manière que le coucheur étend les
bordures baveufes fur le feutre. Si au contraire
Teau abandonne la pâte aflez pour que les feuilles
f prennent une certaine confittance lur la forme ,
es bordures fe confervent bien nettes, & le cou-
cheur les pofe ainfi fur le feutre , pour peu qu'il y
nette de foin & d'adrefle.
Le leveur peut nuire aux bordures , s'il n'a
pas l'attention de les ménager lorfqu'ellcs ne font
pas lèches , & s'il ne les couche pas exaôoment
les unes fur les autres , de manière que, ne rece-
vant pas Tactîon de la prefle , elles reOent mol-
lafles , fe déforganifentpar l'impreffion des doigts ,
lorfqu'on tranlport;. les papiers à Tétendoir , et
qu'on les met en pages, ou même loifqu'on les
relève pour les échanger.
La netteté des bordcies prouve donc que la fa-
brication a été foignée par les trois ouvriers de
la cuve , que la pâte n'étoit pas trop graflie , ou
qne du moins les ouvriers ont fu la maitrifer
comme il convenoit , pour éviter les obftacles
^ qu'elle pouvoit oppoier au fuccès d'une bonne
fabrication.
Bouillie ; c'eft ainfi qu'on appelle quelquefois
dact les cartonneries & dans les papeteries les pâtes
qu'on retire des chiffons ou des anciens papiers.
Ce terme , & l'idée qu'il renferme , peuvent bien
convenir au travail des cartonniers , qui emploient
d'anciens papiers qu'ils font pourrir pour la fé-
conde fois , ainfi qu'à celui des fabricans de pa-
pier qui triturent le chiffon fans mefure« La pâte
qui fert à fabriquer le papier ne peut pas être
confidérée comme une bouillie , fans une grande
méprife ; car lorfque les matières qni entrent
dans fa cempofition font triturées au point con-
venable , elles offrent encore de petits élémens
fibreux qui , fufpendus dans l'eau , en vertu
d'une ténuité plus ou moins grande , confervent
toujours une certaine longueur. Cette même forme
fibreufe convient aufll aux parties de la pâte que les
Chinois retirent du bambou , de même qu'à celle que
l'arbre à papier donne aux Japonnois. Ceft en
vertu de cette forme que les élémens d'une feuille
de papier , fe raccrochant dans tous les fens ,
produit'ent une étoffe d'une force & d'une con-
fittance très-confidérables;
BouTEiLLER , fe dit d'une feuille de papier
qui eft couchée fur un feutre , de manière qu'il
fe trouve des vides pleins d'air entre quelques
parties de cette feuille & le feutre. Comme ces
y\\Q% font difpofés de telle forte que l'air n'a
pas d'iiïue , quand en met un feiure fur la feuille ,
qu'on couche enfuite une nouvelle feuille fur le
feutre, l'effort que fait le coucheur fuffir pour pro-
duire , par la compreffion de la bulle d'air ,
une dilatation forcée dans la partie de la feuille y
& lui donner la forme d*une bouteille. Fort fou-
vent même l'étoffe de la feuille s'entrouvre. Ces
vides s'alongent toujours dans le fens fuivant
p A p
lequel le coucheur applique la feuille fur le
feutre , c'efi- à-dire , dans le fens de fa droite à
fa gauche. Outre cela , l'arroodiilement le plus
grand des bouteilles eft vers l'extrémité aloogèe
par la compreflion du coucheur.
Ce font fur-tout les premières feuilles d'une
porfe qui bouttilUnt. Il parole certain qu*on évi-
teroit cet inconvénient , fi Von étendoit deux ou
trois feutres fur le trapan avant de les coucher.
11 fe formeroit auffi des bouteilles , (î le coucheur
pofoit en deffus la furface des feutres garnis de
poil , car ces poils occafionneroient plufieon
vides entre l'étoffe du feutre & la feuille qu'oa
coucheroit deffus.
Toutes les bouteilles montrent dans leur chaop
les empreintes des brins de la. verinre , quotqoe
ces brins n'y confervent pas toujours la difpofi-
tion qu'ils ont fur la forme. Ceci femblerok
contraire à ce que j'ai reinarqué à Tardcle des
gouiies du coucheur , qui n'oi^t aucune marque
de cette même vet jure. Il eft aîfé cependant de
faire fentir que les circonftances font diffitreoics
par rapport aux gouttes du coucheur ^ & au
bouteilles dont il eft queftton , quoique les tfoes
& les autres foient des fautes dues au même
ouvrier. Dans les gouttes du coucheur , l'eai
eft fi abondante , qu'elle délaie la pâte de noo-
Yeau , & détruit les impreflîons de la verjure ;
au lieu que dans les bouteilles » l'aâion de fait
foulèvela feuille d'abord par-deflbus iansdètrwie
fon tiffu , & par confèquent les traces de la ver-
jure. Elles doivent donc fubûfter toujours , nul*
gré l'extenfion forcée qui furvient lors delà com-
preflion du coucheur. Les traces de la verjure ae
difparoiffent guère que dans les endroits ou la
bouteille a crevé.
Il paroitqne les bouteilles fe forment quelqoe*
fois , parce que les feuilles n'ont pas donné affes'
d'eau au feutre pour le faire adhérer. On ne
peut guère éviter Us bouteilles occafionoées par
ces circonAances , qu'en leflîvant les feutres.
On éprouve le même accident des bouteilles ^
lorfque les feutres font compofés d'une étoffe
trop foulée , & qui n'eft pas tiffue de manière
à bofre l'eau furabondante de la feuille qu'oa
couche deffus.
Brasser la cuve ; c'eft , après qu'elle eft four-
nie , remuer & agiter l'ouvrage , de manière
qu'il foit diftribué également & uniformément
dans Teau qui lui fert de véhicule , & pour qne
cet ouvrage réfide fur-tout dans les parties de la
furface de la cuve que l'ouvreur peut atteindre
avec la forme. C'efl le leveur qui , conjointe-
ment avec Tapprenti , braffe la cuve , l'un avec
un palan ou bâton armé à fon eiirémité d'ua
morceau de planche arrondi & percé de trous »
l'autre avec un fimple bâton.
Quelquefois l'apprenti braffe la cuve à moirié
porfe , pour faire remonter Touvrage à la fur-
P A P
559
face de h cuve , lorTque tenant peu Veau « il
ne fe foutient pas dans ce véhicule.
Lorfqn*on fabrique de grandes forces , comme
on eft obligé de fournir la cuve à plufieurs repriies ,
on la braue auflî à chaque fois qu'on la fournit-
On a remarqué qu'il falloir donner le temps
à TouTrage de fe raffeoir , après qu'on avoir
brafiè la cuve. Sans cette attention , le papier
qu*oafabrlqueroit feroit fort nébuleux ; car , comme
nous l'avons dit , ce n'eft qu'après wn certain
repos que la pire , puîfée par Touvrcur , donne
vil papier iranfparenr & égaU On voit par-là
qu*tl peut y avoir des in*.onvéniens à brafler
^^ fûDvcnt la cuve, celui fur-tout de gâter plufieurs
H faillies , avant que l'ouvrier /air ce qu'il appelle
^Ê Après que la cuve eft bralTéc , on peut voir ,
P à U forme des flocons de la pâte & des vides
qui fe trouvent entre eux , en quel état elt cette
pâte. Si les flocons font continus fit également
difperfés dans f^au » qu'ils ne forment pas des
piquets réparés , c'eft une marque que la pâte eft
tien battue. On peut s'affurer auifi pour lors
fi die eft longue ou courte , Sic.
Ekouillard, ( papier) forte de papier gris qui
n'eft pa!i collé* U y en a de pluficurs fortes. Les
un* d*une pâte grofllère pour les plisgcs, les au-
ttesd'upc pâte fine pour les paptUottes , &c. : c'eft
pour cel.i qu'on nomme cette {qï%^ pamcr à la dc-
moifeUc. On fe fert de la première iorte un peu
pcrfcâionnée , quant au choix & à la préparation
de b pâte , pour empêcher Tcncre de gâter , dans
kl livres de compte , récriture de la feuille
oppofée. L'inteipolition d'une feuille de papier
brouillard avec les feuilles de papier propre à
^écritore , fait mieux que toutes les poudres polFi-
i, Ccft dans ces vues que les Anglais, fur-tout
féi avoir ptrfeâionné cette forte , en ont fait
livres & des cahiers , compofês alternative-
t d'une feuille de ce papier, ⣠d'une feuille
apicr d*écriture.
n fabrique auili une forte de papier brouillard
"uDc pâte bulle pour filtrer les liqueurs. Les apo-
Aicaires , les chimiftes , en font un grand ufage,
*infi que les officiers. On le connoît particulière-
ttent (bus le nom de papier JofipL Voyez les ar-
ticles de ces différens papiers.
Erulê de colle. On indique par ces mots un
çfiei aflTez fingulier de la colle fur le papier. Les
feuilles de papier atteintes de ce défaut , femblent
pénétrées d'une fubflance qui en détruit la blan-
cheur comme feroit rhutle , excepté que les taches
tJe ifruîé de colU , ont des limites fixes & ne s'éten-
dent pas indéfiniment. On ne connoit pas la caufe
de ces taches, qui gâtent fouvent de grandes par*
fies de papier après le collage. Les mots dont on
fe fcrt pour indiquer ce défaut , nous porteroient
Ià croire qu'on l'attribue à l'emploi d'une culle trop
diaude.
Bulle; (chitToii) c*efl ordinaireinem dans le
te
triage des chiffons k troifième lot. Cette forte de
chiftbn fe pourrit plus facilement que celui des
lots du fin 6c du moyen , & fufc en conféquence,
fi Ton ne modère pas les effets de la fermentation.
fiULLC ; { papier ) c'eft celui qui fe fiibrique
avec les matières bulles : c*eft la dernière qualité
des papiers d'écriture & d'impreffion.
Cadran , moyenne forte. Voyez le tarif, p. 5 58.
Cadre de la forme. Voyez couverte* Un feul
fuffit pour une paire de formes , pag. 499.
Caillé ; ( papier ) papier d'une étoffe ferme
& folide « & qui a beaucoup de maniement : il
I peut avoir ces qualités lorfque le chiffon n'a pas
été trop pourri , que la pâte , triturée fans beau*
coup de graiffe » a permis â l'ouvreur de ferrer &
fie donner de la liaifon à Touvrage fur la forme ;
enfin , lorfque le papier a été coUé & échangé
avec foin.
Caisses de dépôt ; ces caiiTes font de deun
fortes ; les premières font deflinées à recevoir la
matière effilochée feulement : comme cette ma-
tière perd toute l'eau qui fert de véhicule pour la
transporter dans ces cailles, elles font garnies att
fond d'une efpèce de grillage , qui donne iffue à
l'eau.
Les autres deflinées à recevoir la pâte raffinée »
& 3 la conferver avec fon véhicule, font fcellées
exactement par-tout de manière à contenir Teau.
On a foîn tie couvrir les unes & les autres »
pour que la matière ne foit pas expofée à rece-
voir les faletès que pourroicnt occafionner les opé*
rations qui fe font dans râtelier ûti font ces
caiffes.
On peut les confiruire de difTérerrs matériaux ;
mats fi l'on emploie le bois , il faut éviier de
faire ufagc du chêne , qui , dans les premiers temps
fur-tout , fourniroit un extrait aiïez abondant pour
colorer la pâte. Le bois de fapinvaut mieux, quoi-
qu'il dure moins « parce qu'il n'a pas les mêmes
mconvénienf. Voyez pag. 492 , la defcriptioti
é'^un^ caifTe de dépôt pour la pâte effilochée, telle
qu'elle efl établie dans un moulin à cylindre,
Camelottier ; forte de papier pour envelop-
pes. Voyez enveloppes , pâte grife.
Cardinal (papier). On le fabrique ordinaire-
ment fort mince , parce quil eft particulièrement
deftiné â faire du pnpier â lettre pour ks négo-
cians. Il eft fait de pâtes fines.
Carré au raisin ; forte moyenne » d'une fa*
brication & d'un uf.ge fort communs. On ne l'em-
ploie que pour rimprcifion. Plié in* 4*. , in-îi**.
6c in-ii , il donne des formats d'une très -belle pro-
portion ; on en a varié d*ailleurs le poids, fuivant
les demandes des imprimeurs. Tarif, pag. 537.
Carre ilakc fluant j il a les mêmes dimen*
fiops que le précédent ; mais il ne péfe que 1 3 à
14 livres- On l'emploie pour rimprcÂîon djsalma-
nachs & d^ ta bibliothèque bleue.
CaeR£ gris ; il a 13 pouces & demi fur j( &
56o P A P
demi, & pèfe de 17 à x8 livres la rame. II fert
auflî pour enveloppes.
Carré très-mince , du même format que le
précédent. Voyez le tarif, pag. 537.
Carré ; d'un format plus petit pour envelop-
pes. Voyez enveloppes , pâtes grifes.
Carré musc ; iorte de papier fabriqué de dé-
bris de cordages & de filets de pêcheurs. Il a 31
pouces & demi fur 22 pouces & demi , & péfe
de 4c à 42 livres la rame : il fert à &ire des (acs
& des enveloppes.
Il n*y a que le carré mufc qui foit réellement
carré , & dont les deux dimenfions foient égales.
Dans les autres , la hauteur diffère de la longueur
affez fenfiblement.
Cartier ; papier qui fert à la fabrication des
cartes à jouer : il y en a de plufieurs formats ; le
grand cartier-dauphinc ; le carr'ur grand format^ 8c
le Cartier ordinaire d*un plus petit format : ces for-
tes fervent à faire le dos des cartes. Voyez le ta-
rif, pag. S38 , & outre cela, ce que j'ai dit des
principes qui doivent diriger le choix & la prépa-
ration des pâtes qu'il convient d'employer à fa
fabrication , pae. 527. Les fabricans de i'Angou-
mois ont perfeftionné cette forte.
On a donné auffi le nom de cartier ordinaire au
papier au pot qui fert k couvrir le dedans des cartes.
Voyez /7o/, & le tarif, pag. 538.
Il y a enfin un cartier qui s*expédie au levant
par le port de Marfeilie , & qui a des dimenfions
différentes des précédens.
Cartons pour les apprêts des étoffes de draps;
fur quels principes ils doivent être fabriqués.
Voyez pag. K%6.
casser , ugnifie dans les papeteries , déchirer ou
féparer des portions quelconques des feuilles de
papier. C'eft dans ce fens que Ton dit : on ne peut
le hafarder à laiffer long-temps féjourner les poi-
gnées dans la colle , fans courir le rifque d'en caf-
fer une partie , &c.
Cassés ( papiers ) ; ce font ceux qui font dé-
chirés , tant fur les bordures que dans l'intérieur
des feuilles. Ces papiers font le dernier lot de ceux
qui fe trient à la falle par les déliffeufcs. Il renferme
ceux à qui il manque ou quelques-unes de leurs
parties , ou qui font percés ou déchirés fur les
Lords & dans l'intérieur , ou bien qui ont quelques
défauts trés-marqués. Voyez déliJJ'er, Comparaifon
de la quantité des cajfcs dans nos fabriques avec
ceux des fabriques de Hollande, pag. 524.
Cassots , fortes de caiffes en compartimcns ,
ou les trieufcs mettent les différens lots de chif-
fon, pag. 483.
Cavalier ; il y en a de deux formats : le cava-
lier & le petit cavalier. Ces fortes paroiffent occu-
per le milieu entre les grandes & les moyennes.
Voyez le tarif, pag. 537.
CUEILLETTE DU CHIFFON; la Cueillette du chif-
fon cft aiïujétie à certaines limités autour des pa-
peteries qui font les centres de confommation de
F A P
cette denrée , pa^. 483. Elle peut encore s^tibCr
dans plufieurs vides en France ; & un moyen
d'augmenter nos papeteries feroit une dîftribu-
tion de ces établlflemens , réglée fur les reflbnrcçi
des nouvelles cueillettes , ibid.
Cueillette des pages. Voyez ramajfer les pages.
Cueillette du papier. Voyez recueillir le papier.
Champi ; moyenne forte donc on fait beaucoop
d*ufage. Elle eft du môme format que le èâtarL
Voyez le tarif, pag. 537.
Chantonné ; ( papier) papier défedueuz, &
dont on fait le troiuéme lot dans certaines fabri-
ques.
Chapelet , grande forte dont on fait un grand
ufagc pour i'imjpreifion des canes géographiqna
& même pour le deflin. On le fabrique de deux
tbrmats. lï y z le chapelet & le petit cUpelet.
Voyez le tarif, pag. 536.
Chapiteau , boite arrondie qui fert k recoo-
vrir le cylindre , & à contenir les chiffons & b
pâte qu'il fait circuler. Le chapiteau renferme à
Tune de fes extrémités deux chafiis , dont Tun
porte une verjure en fils de laiton , & Tautre une
toile de crin pour arrêter les matières que le non-
vement de révolution du cylindre lance contre ces
obfiacles , mais qui donnent en même temps ifliie
à Teau fale.
Les chapiteaux des cylindres raffiaeurs , ob
n'ont point de chaffis , ou font garnis en méma
temps d'une planche qui ferme toute iffue à Teaa
dans laquelle la pâte circule , pag, 492 , 493 fil
494.
La différente hauteur de la voûte du chapiteaOi
détermine la quantité de chiffon qui retombe dans
la pile pour rentrer dans le torrent de la circoli*
tioB , & celle qui parvient jufqu^aux chaffis.
Châssis, (papier à ) Ce papier fert à garnir
les croifées , & â donner un jour fort doux anz
ouvriers , lorfqu'il a été huilé. On Temploie fa^
tout à Lyon & dans certaines villes du Dauphinéi
où il y a des fabriques , & même dans les villa-
ges : il peut être de différens formats ; mais on a
foin qu'il ne foit pas trop étoffé , & que la pitf
en foit blanche & pure.
Châssis du chapiteau, font de deux fortes,
Tun garni d'une toile en fils de laiton , & Tautrc
d'une toile de crin , pag. 492. Quelques chapi-
teaux de cylindres à ramner n^ont point de cet
chafHs , parce qu'ils ne donnent point d^iiTuc J
Teau au-dehors : ceux qui ont de ces chaifis ren-
ferment auffi dans une double coulilTe une cfpèce
de vanne, qui en ferme l'ouverture , &*pr.r cooic-
quent intercepte toute communication de la nu*
tière avec le dehors : j'obferve que la toile en û.^
de laiton '^ doit être ferme & folide , & qu'il fauti
pour lui donner ces qualités , que non-feuiement
les brins foient d'un moyen calibre , mils encortf
écrouis à la filière.
Châssis de la forme ; c*eft raflTemblagc ce
quatre tringles de bois à angles droits, ionxàtni
(or
P A P
t les grands côtés » & deux autres les petits
:ôtèf. Ce châffis cft fortirié par des barres de fa-
Î;in, qui traverient d'un grand côté à l'autre. CeÛ
ur ce chaHis qu on établit la toile de lakon qui
lert à faire le papier» Voyez pag. 498»
Chiffonnures ; femmes qui tom dans les
^mpagnes la cuetlletxe du chiffon. Leur induflrie
là ce fujet, pag, 462. On appelle au0ï (hijfonnièrcs
Pbelles qui font le triage du cbiibn dans les fabn>
ques»
Chiffons ; ce font de vieux morceaux de toile
de chanvre, de lin ou de coton , qu'on ramage
pour en faire une pâte, avec laquelle fe fabrique
U papier d'Europe.
-_ Cueillette & commerce des chiffons , pag. 48a ,
nbnt plus abondans dans les campgnes que dans
■es villes , ihU. Différentes qualiiés des chiffons
nulvant les provinces d'où on les drc , relative-
ment au pourriffnge » à la nature des pâtes & aux
qualités des papiers qui en réfultenr , ibid, Certai-
Lues provinces en fouroiffem plus que d'autres »
■en conféquence de ces différentes qualités , ibiJ,
Blatiérc précieufe, & qui ne coûtant prelque que
■b peine quoccafionne la cueillette, ne peut être
remplacée par les plantes brutes ou par les dé-
pouilles des arbres 6l arbuftes, 483. Sa cueillette
ne s'étend que dans la proportion du prix qu'y
peuvent mettre les fabriques, ibU, Son triage en
différens lotv , Se les avantages de Texaditude de
ce triage , thid & 484,
Chine , ( papier de la ) belle étoffe propre à dif-
férens nfages. Je parle ici du papier fait avec ta
matière précieufe du bambou , qu'on a prtfe en
France pour de la foie. Les Chinois fabriquent
auiïî dans les différentes provinces de cet einpire,
toutes les efpéccs de papier que nous connotffons :
dans les provinces du nord des papiers de chiffon,
foit de chanvre , foit de coton : ailleurs iïs cm-
|iloiem l'écorce intérieure d'un marier & de Tar-
brc à coton , pag, 473 Mais ce qui doit nous in-
téreffer le plus , ce font les détails curieux des
procédés que ce peuple tnduflrieux emploie pour
préparer U matière du bambou 6f de récorce in-
térieure des arbres, pag. 474. Les manipolarions
fimples de la fabrication du papier de la Chine ,
ibnt une fuite de la qualiLé des matières du bam-
bou Bl du mûrier , pag, 479, Elles doivent nous fer-
vif de modèle dans remploi qu*on tenter oit de
£itre en Europe âcs fubff^nces femblables tirées
écs Tofeaux & de l'écorce intérieure des arbres ,
iàiJ. Apprêts de ce papier , pag. 474 & 479*
Manière dont les Chinois font ufage de leurs
papiers, pag, 475 •
Circulation du chiffon & de b pire dans les
Elles. Elle s'exécute dans les piles à maillets par
r mouvement fucceiVif des maillets ^ par ta diOn-
btition inégale de Teau dans les plies ; enfin parle
T&hicvie qui pénètre inégalement la matière , pag.
490. Elle s'opère dans les piles à cylindres par la
fèvolution rapide du cylindre qui afpirc louvrage
jêftê & Métiers, T&me K P^nie IL
d*u« cité poar le rejeter de Tautre, Le lavage 4c
la trituration des matières font en raifon de Tacti'
vite Si de la fuite de cette circulation ^ pag. 49O ,
493 & fui van tes.
Claudien , (papier) la plus belle forte du
papier d'Egypte , oc la plus perfeâionnèe fous
Tempereur Claude , pag. 46^.
Cloche ; ( papier à la ) forte moyenne parti-
culièrement deffinée à l'écriture, 11 y a auffi un pz-
picr i la douhU cloche , qui eft d'un format plus
grand , & /j grande licorne à U cloche. Voyez le
tarif, pag, 537.
Enfin un papier i la cloche , qui s'expédie au
levant , & dont tes dimenfions différent des fortes
qui précèdenr.
Coin , bon coin , bonne cornière , bon earron. Le
bon coin eft fur le haut de U forme à droite de
louvreur. Le coucheur le met fur le haut de la
porfe aufTi à fa droite. Après qu'on a preffé la
porfe-feurre , le bon carron fe trouva à portée du
leveur qui le pince de la droite , le faiftt de la
gauche , ôc le place k fa gauche dans I^e haut de la
telle qu'on appelle les mains. Lorfqu on relève ,
on renverfe la porfe ^ pour que le bon coin foit
au bas & à droite du releveur : cnforte que le re-
leveur qui fe place en face de la porfe, peut faifir
ce bon coin de la droite & le coin oppofé de la
gauche pour foulever la feuille entière. Lorfqu'on
porte à rétendoir les porfes blanches après re-
change, on les étend en pages fatis les retourner.
Quand on recueille les pages , & qu*on les dé-
plie , on met le bon coin à gauche. Il faut donc ,
après la colle , retourner les rames pour mettre le
bon coin à droite au bas de la feuille, Qfeft alors
que la jeteufe , après avoir pincé le bon coin de
la main gauche , jette la feuille de la droite. Il
eft aifé de voir que tous les changemens de ûtua-
tion des porfes fe font pour que dans toutes les
circonflances le bon coin fe préfente dans une pc-
fition favorable aux opérations du leveur , du rô-
leveur & de Fétendeur,
Collage j apprêt qu'on donne au papier , &
qui non-feulement le rend propre à recevoir Técri*
turc fans boire , mais encore lui communique une
certaine fermeté néceffairc dans un grand no mbrç
d^aufrcs ufages auxquels on rapplique.
Le collage des Hollandois s'exécute fur des prin-
cipes affortis à la nature de leurs papiers faits de
pâte non-pourrie , pag. 519 & S^o , fuivant les
réglemens le alliage doit être égal, pag, 519. Il
faut moins de colle pour le collage des papiers
bulles & gris , que pour celui des papiers Ans &
moyens.
Le cêllage des papiers de la Chine & du Japon fe
fait feuille à feuille au moyen de matières muciïa-
gîncufes fournies par les végétaux. L*étoffe de ces
papiers comporte ce collage feuille à feuille & les
colles végétales : le collage du papier d'Europe ne
peut fe faire feuiUe à Quille fans rifquer de le
Bbkb
562
P A P
<affer * 8t les matières collantes fe tirent des fubf-
tances animales , pag, 474.
CoLLi ; ( chambre de ) c'cft TatcUer ôîi Ton
fait cuire la colle , & où Ton colle k papier* Il eil
meublé d'une ou de deux chaudières de cuivre
montées fur un fourneau ; de deux b^tifincs de
cuivre qu'on nomme mouïUoir , avec un nèpitd ou
réchaud ; d*yn couloir pour pafler la colie ; enfin
d'une prefle de moyenne force, J*ajouterois un
rcpofoir op cuvicr de bois fort large & peu pro-
fond , pour y mettre en dépôi la colle. Voyez pag.
j J7 & fuivantes.
11 fcroir à défirer que le fourneau fiirteqLiel font
montées les chaudières deAinées à la cuiiTon de
la colle j fut conf^ruit de manière à ménager en
même temps fe corabuflible , & à procurer le
degré de chaleur le plus convenable à Textrâdion
des parties collantes» Voyez, pag. 518, les détails
de ta conAruâion de h preàe ⣠de fes manoeu-
vres.
Le repofoir ne fe trouve guère que dans les
tnouUns HolUadois, où il fert à recevoir le bouil-
lon de la colle , qu'on y tranfvafe encore chaud*
^ mefure que la cuifTon s'opère. Ce cuvier efl
trés-proprc» parfa conflruâion en boîs^ à ménager
le refroîdiflement de la colle , & à favorifet par
ce moyen la jpréctpitanon des matières étrangères
ijui la terniffent lorfqu'on la retire de la chau-
dière y & qui communiqueroient au papier le plus
blanc y une teinte jaunâtre fi on employoit la colle
fans la lai (Ter purifier par le retroidiO'ement. On
fe fert aiiiTi d\me des cl^audiéres de la chambre
de colle pour chiuffer la leiTive des feutres,
CoLi^Ufv ; (c'eft le falèran) ouvrier qui plonge
dans la colie les poignées des pages, ⣠qui ^ p r
des manœuvres très-délicates , lei r fait boire la
colle en évitant de ca^er les feuilles , pag. 51S.
Les manoeuvres des colleurs Hollandois différent
des nôtres « & font appropriées à ce que peuvent
comporter les étoffes de leurs papiers fermes &
foUd:s, parce quelles font formées de pâtes na-
turelles ou non-pouriies ^ pag, 510*
Colombier; (grand) forte de papier qui »
ap'és le grand-aigie , eft le plus employé à l'im-
prelllon des cartes géographiques, des cilampes ,
& 2iîx defïîi s. Voyex le rari/\p. 536. On le fait de
pâtes fines tk moyennes , ainfi que les grandes
fones qui ont les mêmes deAinations.
Compte; ( papier grand ) forte aflei étoffée ,
& qui fert particulière ment à former les livres des
marchands , tes états des différens comptes : il efl
fabriqué de pâtes fînes & moyennes.
Il y a auffi un moyen compte ou fimplcmcnt
eomp!< , d'un format plus petit. Voyez écu 6l le
tarif, pag. 537.
CoMPTEUSES ^ femmes de la falk qui aïïem-
kleni les feiiilles de papier plièes en deui , pour
en former des mains , pag. 524,
Cordages des étcn doits. On fc fert communé-
ment en France de cordages de chauvre poui en
p A P
garnir les étendotrs « & dans quelques fabrîquef
on les garnit avec des cordes de Técorce de til-
leul , qui durent davantage que les premières ; mais
il faut avoir attention de les faire bouillir dans une
leffive de manière à enlever la partie coloraote
qui pourroit lacher le papier.
Un fait auffi nfage de cordes de jonc & de
fpart ; mais il ell néceffaire de les cirer 6iignrufe-
ment pour empêcher que les extrémités des bnm
qui entrent dans la compofitjon de ces cordages»
6c qui ont beaucoup de roideur » ne percent en
débordant les feuilles de papier qu on èteadroit
deffus. Au moyen de la préparation du cirage «
ces cordages ont été employés avec fuccès, &
ont fait un long fer vice. D'ailleurs on a remarqué
que le cirage a encore cet avantage, qu'il empê-
che la matière de ces cordes d'attirer ITiumiditè
du papier , & de la rendre , comme font les cordes
de chanvre , à mefure qu'il fèche , ce qui occa*
fionne, comme nous Tavons obfervè » les froncti
6i les rides.
Je crois que le plus ordinairement on emploie
des cordages d*un trop petit calibre , ce qui nuit
au féchage égal des pages , qui auroit lieu, ft une
plys groffc corde ccarioii davantage les deu« feuil-
lets des pages ©u même des fimples feuilles après
la colle» C*eA en partie pour remédier à cet in*
convénient, que Ton prend jufqu'à trois cord«l-
la-fois pour étendre les grandes fortes ; isais ccb
ne fumt pas. •
La m:ifière du chanvre a encore le défavanrige
de changer de dimenfions , de fe raccourcir ou de
s'étendre fuivant Tétat de féchereffe ou d^humi-
dité de latmofphére ; ce qui fait que ces cordes
font fujettes à fe courber & à déformer les feuilles
du papier qu'on étend deiïus.
Dans les papeteries oii Ton fabrique communé-
ment de grandes fortes, on a fenti la nécelTité de
remédier à cette courbure qui devient plus grande
fous le poiJs des papiers torts, Au lieu de corda-
ges , on fe fert de perches de deux pouces envi-
ron de largeur^ à dos arrondi par la partie fupé-
rieure , & qui offrent des faces planes fur les deuf
côtés. Au moyen de ces perches , le grand-aigîe^
le colombier , le nom-de-jéfus , &c* s'ttendcm ÔC
fe fèchem fans inconvénient dans les belles fabri*
ques de Thomas Dupuy en Auvergne.
Coréens ;(les) fabriquent à Timitation des CK-
nois des papiers plus forts & plus folides que crut
de la Chine , pag, 47c. Leurs papiers fervent noû*
feulement à récrit ure & au delîin , mais encore I
garnir les chaflis des fenêtres , à ^ite de groflcf
enveloppes & les garnitures intérieures des kibits.
nu.
Cornet , grand & pttit'Comei. Quoique ces
deux fortes diffèrent beaucoup quant au formttt
elles conviennent Tune & l'autre en ce qu*ofl le*
fabrique fort minces , parce que leur principal «fife
eft en papier à lettre. Voyer le tarif, pag. 5 J7.
Coton ; ( arbre à ) il tournit la matière dii pt* ^
I
k
P A P
pîer de la Chine le plus blanc , le plus fin , le plus
uni & le moins fujet à fe cafTer , à prendre l hu-
iiitdtîé de Tair, & i être rongé par les vers » pag,
473-
COTON ; (papier de) époque de fon inven-
tion , pag, 471, Son ufage fait tomber le papier
d*Egypte , ;^i</. Nous ne conDoiïïbns pas les pro-
cédés de fa fabrication dans le Levant , pag. 471.
Se fabrique auffi dans certaines provinces de la
Chine , pag. 474.
Coucheur ; fécond ouvrier de la cuve , qui
reaverfe la forme chargée d'une feuikle de papier ,
& l'applique fur les feutres , pag, 502. Ses tonc-
dans mécaniques dans le trmvail de la cuve , ihiJ,
Principes d*après lefquels le coucheur doit opérer
fut van t la qualité des pâtes & d autres circenilan-
ces , pag, 506 6i fuivames.
Couloir pourpafTer la colle. On emploie, dans
Hotention de purifier la colle , une étone de drap
ou de ferge qui n'cft propre qu'à arr^rer au pai^
fage les plus grofîes faktés. Il s'en faut bien que
ce couloir ferve à éclairclr le bouillon de la colle ,
en la dépurant des matières étrangères qui en trou-
blent la tranfparence , & qui font tel le ment divi-
fies dans la liqueur , qu'elles paiTeni ih travers Tétoffe
mêlées aux parties collantes qu'elles continuent de
ternir fit de gâter.
Ce n*eft que par le moyen du repos & d'un rc-
froidiiTement lent ^ que ces fèces peuvent fe pré-
cipiter en abandonnant la colle , & qu*on l'obtient
claire & d'une belle tranfparence ; enforte que le
papier , après avoir reçu une colle ainfi purifiée ,,
conferve , à très-peu de chofe près , le ion de
hbnc qu'il avoit î ce qui me paroit un trés*grand
avantage pour le débit des papiers.
Je crois , au furplus , que ces matières étrangères
mêlées à la colle , peuvent nuire à l'introdu^on
des parties collantes dans rétoffe du papier « &
lur-tout à fon introdu^on égale & uniforme.
Couronne ; cette forte fe fabrique ou étoffée '
ou mince : elle fert principalement à l'écriture : on
imprime auffi quelquefois fur la couronne étoffée.
Voyez le tarif, pag. 557*
On envoie auÔi dans le Levant du papier cou-
ronne , qui diffère , quant ail format , du précé-
dent.
Coutelas ; forte moyenne, voy. le tarif, p. 537.
Coutures » doivent être féparées des mor-
ceaux de chiffon dans le triage , 6c triturées fépa-
fément avec les maiOets, Ces machines triturent
mieux y quoique plus lentement , les nœuds des âls
à coudre que les cylindres , qui ne peuvent les at-
fénuer 8c les détruire , mais leur donnent feule-
ment une forme ronde.
Couverte ; affemblage de quatre tringles de
bois jointes enfemble à angles droit, fit ëvidées
par-deffous en feuillures , de manière à s'appli^
quer eiaâement fur les quatre bords de ta forme.
Avant que de plonger fa forme dans la cuve , Tou-
vrcur place la couyerie deffus, pour qu'elfe re-
p A P
563
tienne la quantité de matière qui convient à la
forte de papier quM fabrique , & pour que la pâte
ne tombe pas le long des bords pendant les diffé-
rentes fccouffes qu'il donne à la forme pour Téga-
lifer & faire écouler l'eau furabondante. Ce n*efl
que lorfque la pâte cft affaiffée fur la forme , &
que l'eau eft égouttée , qu'il lève la couverte pour
la replacer fur une autre forme. Il eft effentiel
que la couverte joigne bien ex^éicment , fans cela
la pâte s^infmuerou entre les bords de la forme
&!es trîneles de la couverte , & dans ce cas les bor-
dures des feuilles feroient bavcufes & mal tet«
minées.
Uouvreur évite foigneufement , lorfqu'il lève la
couverte de dcffus la forme» d'offenfer les bor-
dures, & de laiffcr tomber fur ta feuille des gouttes
d'eau qui y feroient une imprcffion qy*on ne peut
détruire par aucun moyen.
Croissant , (papier aux trois croiffans ) façon
de Venife, forte qu'on envoie dans le lev.HU. Elle
s 17 pouces fur 12 & demi, & pefant au moins^iÔ
livres.
Papser aux trots croijfars ou trois lunes , a 1 6
pouces fur 12, Scpéfant au moins quatorze livres
10 onces.
Crgisette ; forte qui sVxpédie au levant comme
les précédentes : eïle a 15 pouces 5 lignes fur ti
pouces & demi , & péfe au moins fept livres fix
onces.
Cuve ; { chambre de ) c'eft TateHer où le pa-
pier fe fabrique 6l reçoit fes premières façons.
Cette chambre cft meublée , i**. de la cuve oii Ton
dépofe l'ouvrage que l'on puife avec les formes ;
1". De la preffe fous taquetle on fait palTer d'a-
bord les feuilles de papier au milieu des feutres ,
ce que Ton nomm^ porfes-fetares ; enfuite les feuil-
les de papier tirées des feutres, dont les paquets
fe nomment purfes blanches ;
3°. D*un tour ou cabeftan pour ferrer ! a preffe ;
4". Enfin » d'une caiffe de dépôt pour y placer la
provifton d'ouvrage affleuré qu'on defline à four*
nir la cuve.
Dans certaines fabriques on y place auffi le dé*^
rompoir, ou cette table Earnie d'une faulx avec
laquelle on coupe le chiffon pourri,
C'eil dans cet atelier ainfi meublé , que tra«
vaillent les trois ouvriers qui fabriquent le pa-
pier , Touvreur , le coucheur & le kveur. L*ou-
vreur doit être en face du coucheur. Il convient
que Tun & Tautre ouvrier foient éclairés par un
jour dired ou latéral ; quant au levcur , comme
il efï phcè au-delà de la preffe fur la même ligne
que l'ouvreur & tourné du même côté, il profite
du même jour.
Cuve ; vaiffeau de bois dans lequel on dépofe
la matière du papier , & ou rouvreur la puife pour
le fabriquer. En France les cuves font rondes dans
tout leur contour, ce qui eft une forme défavo-
rable au travail de Touvreur , fur-tout quand il
fait de grandes fortes , ou bien qu'il travaille à
^- Bbbbii
5<54
P A P
larmes doubles i car alors la longueur ijes formas i
fait que , pour peu qu il les approche du rebord de
la nageoire, il court rifque de frapper les deux
extrémités de la courbure de la cuve. Pour remé-
dier à cet inconvénient , il convient, à Timita*
lion des Hollandjïis , de conllruire la cuve plate
dans toute la partie qui correfpond à la nageoire
de l'ouvreur. Je n'ai pas remarqué que dans ces
fortes de cuves la matière tournât avec moins de
facilité , lorfqu'on les brafle , & quelle fe mêlât
moins Ijfien avec Ton véhicule-
En fuivant la méthode aâuelle de fournir la
cuve , il y a un inconvénient aflfez grand qui fem*
ble s'oppofer à ce quefouvreur fabrique des feuil-
les bien égales en épaiffcur ; à mefure qu*it puife
dans la cuve avec la forme de (on cadre , il en-
lève une certaine quantité de pâte qui laiffe retom-
ber une certaine quantité d*eau j par conféquent le
véhicule de la pâte qui relie , augmente conti-
nuellement , tandis que la pâte diminue ; fi donc
Touvreur enlève toujours avec fa forme un vo-
lume égal d'ouvrage , comme la matière diminue
& que i'cau augmente» il doit réfuïter de ce tra-
vail une fuiîc de feuilles très-inégales en épaif-
feur , à moins que l*ouvrcur ne le comporte de
manière à remédier continuellement à ce défavan-
tage. On voit effeOivement plufieurs habiles pa-
petiers , obtenir cette égalité dans un très-grand
nombre de feuilles , enfortc que les rames qu ils
fabriquent , ne di6fèrent pas d*un quart de jivrc
fur dix-fept. J'ai vérifié fort fou vent ces réfuUats
éconnaris j Si dans certains moulins du Limoufin ,
ou Ton ne fabrique prefque toute Tannée que du
carré au raîlin pour Timprelfion , je n*ai pas trouvé
une variation de plus d'un quart délivre fur if.
Il cil vrai que cette fabrication a voit éié faite par
les mêmes ouvriers » & qu'un gouverneur habile
préfidoit au pourrilïage Se k la trituration des ma-
tières ; mais je dois dire en même temps que j'ai
vu fabriquer dans la même cuve 8l avec la même
matière ùu carré de 1 4, de 16 , de 17 & de 18
livres la rame , & qu'alors on étoit obligé de faire
trier ces différens réfultats par Its f* ! crantes , qui
ayant Thabitude d'eflîmer par le mti TépaiiTeur des
feuilles » en font des !ots 011 les feuilles font bien
afibrties ; c'e/l même la pratique ordinaire des
meilleures fabriques , particulièrement à l'égard du
papier d'imprellion. Ainfi Ton voit, par ces diffé-
rens fiits , que la main de l'ouvreur n'cJl pas tou-
jours fùre , & que fon travail ell quelquefois af-
fuju^i , quant aux réfultats , aux changemens con-
tinuels qui arrivent dans la fourniture de la cuve.
Il fcroit donc utile de trouver un moyen de tenir
ia cuve également chargée d'un ouvrage ot] la ma-
tière & le véhicule fuffent toujours en même rai-
fon. On apcnfé qu'en introdurfant dans la cuve à
chaque initant de nouvelle pâte , au même état
ou clic eft fur b forme , lorfqirelle fe trouve débar-
radie de Teau furabond^ntc, on rcmédieroitàtout
ïfic0nvinies]t ', cependant je doisobferver que cette
P A
nouvelle pâte introduite dans la cinre à chaque
inf^ant , ne fe trouveroitpas pour cela mêlée au vé-
hicule néceffaire pour la délayer au même poiar
que l'autre , & par conféquent ne pourroit rentrer
dans la tnalle totale ÔL fervir à la fabrication. Je
vois toujours dans l'endroit où plonge l'ouvrier «
une furabondance de véhicule qui tend à rendre
ks fjuilks de papier de plus en plus minces.
D'un autre côté , fi Ton agitoii la rsafle d'ou-
vrage , pour que l'eau qui retombe à chaque inf-
tant délayât la nouvelle pâte qu*on y iniroduirou ,
ces agitations irréguUéres nuiroient nèccITatremeDt
au travail de la fabrication , en s^oppofant à Li
netteté 6c à la tranfparencedes feuilles de papier «
& à la diftnbution uniforme de la pâte fur la ver»
jure ; car on fait qu'après chaque braiTage l'ou-
vreur doit attendre que louvrage foit raiïîs avant
que de plonger la forme, & même il efl rare que
les premières feuilles qu'il fabrique ne Cotent pas
défeûueufes. D'après ces confidérations. Ton voii
qu'il y a quelques inconvéniens à fournir fotivoit
la cuve ; d'ailleurs d'habiles ouvriers précendeot
qu*il y a autant de feuilles inégales au commea-
cernent d'une porfe que fur la fin ^ & qu'au moyen
de plufieurs coups de main donnés adroîtctneot
autour de la nageoire, ils parviennent aifèmemâ
écarter leau furabondante , &L â faire affluer Ï0fi*
vrage qui leur eft néceffaire, Ccft ainfi que IV
dreife de l'expérience font parvenues fou vent dans
les atSjà parer aux inconvéniens qui fom (am
remèdes ^ ou dont les remèdes feroîent de oon-
veaux inconvéniens.
Cuve , fe prend auffi pour le travail qui fe feit
dans une cuve; ainfi Ion dit : Cette papeterie et
à une cuve ou à deux. On fait dans tel moulin cuve
êi demie , c'eft-àdire, que les ouvriers travaUlent
de manière à fabriquer non -feulement la tâche or^
dinaire, mais encore la moitié de cette tâche. 11 jr
a des cuves oii Ton fait lemploi de t^ k y mil-
liers de chiffon , & d'autres où Ton en confomme
de 50 a foixante. C'cA dans ce fens qu'on difoii
en 1776, qu'ily avoit 900 cuves dans le royaume*
Il refulte delà que te travail des papeteries s'indi*
que &s'eflime par cuve.
On auroit tort tk fe fervir de ce terme , comme
Font fait certains écrivains , pour indiquer les vaif-
féaux ou travaillent les cylindres , & ceux où Von
met en dépôt les matières, foit eA loc bées ^ fait
raffinées. Les premiers éoivent avoir la dènami-
nation de piUs qui lenr convient , 8c quam k U
forme, & quant a l'ufage, comme aux vaîfleaiix
où jouent les maillets. Voyez piief. Le* féconds
ont la dénomination de caiffis Je dépôt. VoyeiCCf
article. £n fixant ainfi les mots , oo prennent U
confufion des idées*
Ctlindre , machine avec laquelle on réduit le
chiffon en une pâte plus ou moins courte, ElIecA
compofée d'un rouleau d«f bois armé de lame
fer ou de métal , fixées à la circonférence du 1
leau. On creufe fur la face extérieure des I
PJi p
A
h ics cannelures , au moyen dâfque|lcs le chiMHe
coup€ & fe divifeen petits èlémens Abreux , par la
rencontre de feinbtsft^Ies canneiures creu fées à la
furfacc de la platine.
La conâruâioa de cette machine me paroit
avoir été dirigée non-feulement dans Tinten-
rîon de lui faire produire le plus grand effet
poUible y mais encore de pouvoir ragrêer les can-
nelures a mefurc qu*elles semouirent par le
travail» d en renouveler les lames, & d*cn repla-
cer d'autres lorfqu'elics font ufées. Je dois taire
remarquer à cette occafton que des maciiintAes ^
qui avQient perdu de vue ce principe, ont jeté
ptuiîeurs entrepreneurs de manufafhires dans des
dèpenfes confidérables , en conflruifant des cylin-
dres d'une feule pièce » & de fer fonda ^ qui, ufés à
certain peint au bout de quelques mois ^ n ont pu
être ni ragréés ni réparés , & font devenus des
pièces dereboc totalement inutiles qui fervent de
bornes à la porte des moulins ; j'ajoute ici que
ces machines , même neuves & entières , ne don-
Aoicnt pas des pâtes égales.
Tel a été le premier établi ffement de papeterie
fait à EiTontie , auquel feu M, FEcrcviffe > habile
conftruâeur HoUandois , a ftibfthué des cylindres
& des rouages exécutés fur les meilleurs princi-
pes. C*cft avec ces belles machines que M. Didot
le Jeune s'occupe utilement à pcrfedioncer les
diffère n s papiers qui fe fabriquent dans cette ma-
Cylindre 'f fon emplacemeot dans la pile, pag.
492. Syflème des rouages qui le font mouvoir ^
ihsJ, Détails de fa conftrudion , pag. 493 Se 494 ;
moyens d'en diriger les mouvemens ik les opéra-
tion* , thid. Son travail dans une pile , ikid. Gou-
veraement du cylindre dans les progrès de la tri-
turation & du raflEnage des pâtes , pag. 494 ; ceux
de Montargis , mconvèniens de leur grande vi-
îeffe & de leur légèreté : ceust de Sardam , plus
pefans , ont moitié moins de viteffe, îi>id. Cylin-
dres effilocheurs & ralîîneurs ^ confiruits {iir des
principes différens Scaffortis à leurs opérations par-
ticulières, tifid. Se gouvernent au (Ti dans leur tra-
vail par des principes différens, pag, 49^. Avan-
tages des cylindres fur les maillets, ihid,
Dart , forte de papier de pâte grife. Voyez
( enveloppes ^ pâte griie ),
DÉCHETS. Ileft rare que les fabricans comptent
afTf^z avec eux-mêmes pour ètrealTurés, par leur
propre expérience, de h quaoïiié précife de déchets
qtills éprouvent fur le chiffon qu'ils emploient
dans le triage, dans le pourriffage Sl dansbtrt*
luration. Je ne connois guère qu'un feul fabricant
qui ait fuîvi ce travail au milieu des autres détails
de la papeterie. 11 a bien voulu m'en faire part,
ëc je trouve que les déchets des triages varient
depuis 4 fufqu'à 17 pour cent; ce qui paroit dé-
i^endre non-ft-ulemefnt des chiffons, mais encore de
rixaâttude plus ou moins grande qu'on mettoit
lUoi cette ûpération.
p A p
565
Les déchets du pourriffage & de la trituration 1
ont varié de même depuis xi jusqu'à 49; & lorf-
qu*on a pu déterminer leparément le déchet dta ,
pourriffage , cette opération a occafionné une 1
perte de 16 pour cent dans les pâtes moyennes;
car les déchets des bulles font bien plus confidé- I
râbles encore. En général, on évalue en Auvergne
h perte du chiffon par le triage, qui y t& très-
imparfait , le pourriuage, qu'on commence â régler»
& la trituration , a 40 pour cent, ce qui me paroît
porté au plus basj car dans plu fieurs moulins par-
ticuliers, tant de cette province que duLimoufin,
je fais que les déchets montent affeifouvent au-delà
de 50 pour cent.
Il faut efpérer que nous aurons par la fuite des
détails plus précis, lorfquon laura bien apprécier
toutes les circon/lances cffemïellcs, & en fuivre
à part les rèfultats, ^
D£LiS5ER, ^i.//rf, principal travail des falérantc*^
qu'on nomme aulîl pour certe rai fon ^/t/i^w/^i. U
confifte a mettre à part te papier fuivant fes qua-
lités &fes défauts. Ces femmes en font cinq lots;
le ùon , le bon retrlé , le gros renié , le triage dc
!e cap.
Le lot du hn\ comprend tout le papier qui n'a
pas de dé^ut marqué.
Le lot du rarié n'a que de très- légers défauts»
comme de petites gouttes du coucheur, de petites !
dentelures dans les bordures, &c.
Le lot du gros rcirié peut avoir de petites bou-
teilles , quelques gouttes du coucheur, des nébulo- ■
fîtes locales , un peu trop d'épaiffeur.
On met dans le triage le papier oii fe trouvent
les fronces, les rides , les taches de rouille les moins
marquées , les grandes gouttes deTouvreur, &'C.
Enfin on range dans le lot des caffes toutes les
feuilles auxquelles il matïque quelques-unes de
leur partie par des déchirures quelconques : celles
qui ont de f.randes rides, de grandes bouteilles,
même percées à jour , ou des taches de rouille coi>-
fidérabïes : celles qui font brûlées de colle , bat-
tues de feutre ou noyées d>au. En faifant ce triage j
les déliffeufes enlèvent tous les pâtons du papier ^ i
toutes les matières étrangères, & les faletés qui '
n'adhèrent pas au corps de Tétoffe, & dont rent*
lèvement n'occafionne pas un trou. Elles font auiH
difparoirre les fronces & les plis qui ne font pas '
trop adhércns aux feuilles. Elles emploient pour '
cela un morceau de pierre poli ou de bois qu'elles 1
appellent leur pierre: c'étoit avec ces petits outils
qu*on lijfoit le papier autrefois, & c'eA de-làque'
la falle où s'exécutent ces apprêts , s'a^clle encorr
lijfûir. Voyez ce mot, pag, 514,
Les déliffeufes étabhffent auffi des lots relati-
vcment à Tépaiffeur des papiers j car malgré l'a--
drcffe de l'ouvreur, &rbabitude qu'il a de fabri»
quer telle ou telle forte dun poids donné, il luî^
arrive fouvent de fabriquer dans la mcme cuve*
également chargée , du carré de i4>d^ j<î, de 17 *
Sk de 2 8 livres laramç* Ce^ falérauffA-poç acquis^ |
566 . P A P
par un long ufage , la facilité de juger du degré
d'épaiflTeur des papiers par le taift , & Ton e il tout
étonné que les rames (c tr<»uvent, après la réu*
nion des mêmes lots , du poids quelles avoient
► cftimé. Il eftbîen elTentieï de ne pas négliger ce
triage , fur-tout pour le papier d'imprelîîon.
Demoiselle, ( papier i la) fe fabrique ;iiix en-
virons de Rouen , avec les débris des filets de
pêcheurs & des cordages ufés des navires. Il a
i>io pouces & demi fur 15. On en diftingae de
deux fortes ; Tune mince , dont la paie eil fine
ijuoiqu encore alTez longue: elle feri à faire des
[^apîllottesjraiitre/ûrf<r, d'une pâte plus longue &
plus rembrunie, avec les mêmes dimenfions : elle
pèfe deux fols davantage que la précédente* On
remploie fur-tout à faire des calottes.
Dentelée, ( bordure) Lorique Touvreur ôte mal
la couverte, il enlève quelques petites parties de
I4a bordure inférieure ou de la mauvaife rive » &
rcn conféquence elle fe trouve dentelée; de mèniQ
lie coucheur t en tramant la forme, opère lei^me
^cffet ou complète ïe maL Voyez pag. ^ro^t'eft
1 pour ces ralCons que la mauvaife rive eft ordinai-
f remcnt baveufe.
DiaoMFOm ; efpèce de table , garnie de rebords
de trois côtés , & adoiïée à un mur , fur le de-
. vant de laquelle cft attachée verticalement une
UàuU pour couper le chiffon en petits morceaux*
[Voyez pag. 487.
[ Derompre > c'efl couper le chiffon pourri en
Îctits morceaux avant de le porter dans les piles
efftlocher. Voyez la manière dont le gouverneur
lu moulin exécute cette opération , pag. 487. Cette
opération pourroit être fupprimée par un triage
[bien foigne» ihid. EU impoiTible , quand on ne
ourrît pas , tlfid,
Desœuvrer, c'efl féparer les feuilles de papier
. es unes des autres , & dans ce fens déjhtuvremene
fignifie la féparation de ces feuilles. On a foin
que les feuilles des pages ne foient pas défauvrits
avant la colle , parce qu'il eft à craindre que les
feuilles, en cet état de féparation, se fe cafTent
lorfqu'on les plonge dans la colle* Les Hollaodois
ne redoutent pas autant que nous ce défœuvumcmi
parce qu'ilsfavent par expérience que Téioffe de leurs
|»apier$ a aflez de confiftance pour que les feuilles
difauvréts ne fe calTent pas i la colle. Ces mêmes
fabricans étendent en pages après la colle, inftraits
de même quen fècbant, ouïes feuilles des pages
fe défauvrcrmt d'elles-mêmes , ou qu'on pourraies
défmuvrtr fans effort , lorfqu'on en fera la cueillette
à rétendoir. L'échange facilite le défœuvremmt des
feuilles de ces pages parles relevages, qui dètruifent
la forte adhérence que les feuilles non relevées
dans les pages ordinaires , confcf vent entre elles.
Voyeipag. 511.
Dessin; (papier pour le ) il y a plufieurs fortes
de papiers qui fervent à cetufage. ,
1**. Le papUr a dcjftntr teinté. Ceft un papier
blanc fur lequel on palTç une éponge ckargée d'eau I
P A P
aie;
, cette teinte fert au deiTioJteur de fend
pour les ombrest Au moyen de ce fond , il ne
s*occupe qu'à relever les objets avec du crayon
blanc, fuivani qu*ils font plus ou moins éclairés,
ou qu^ils font de demi ou de grand relief.* oa
voit que le fond du papier teinté abrège Touvragc
d*un defEn à deux ou trois crayons.
1*'. Papier bleu ou gris pour le dciTin. Ces
fortes font fabriquées avec un mélange de dctii
pâtes, Tune bleue ou grife , fit l'autre blanche.
On emploie pour la pâte bleue en Hollande , les
chiffons que fournirent les chemifes des matelots
teintes en bleu : on a foin de raffiner complète-
ment chacune de ces pâtes , & d^adoucir le grain
de ces papiers par l'échange , enfin de les bien coUer.
On a fabriqué de ces papiers avec fuccès dam
quelques-uns de nos moulins , & fur tout dus
ceux de Lille & d'Annonay.
Doublage i (papier de) ce papier fe fabrieue
en Hollande avec des étoffes groffières,compoiécf
d'une chaîne de fils de chanvre & d^une trame
de laine. Ces matiérei s^affocient affez bien dini
la fabrication de ce papier. Il fert à douhUr Ita
navires devinés à des voyages de long cours, ù
papier n'eft pas collé , parce qu*on Tenduit de brit
avant de remployer. On en fait wnt couchet qu'on
attache au bordage des valffeaux , & on la recoufte
avec des planches de faoin légères : par le
moyen de ce papier , on eft parvenu à préferrer
les valffeaux de la piqûre des vers tarets qui , après
avoir percé les planches de fapin , fom arrêtés fit
cette étoffe, laquelle ne convient pas à leur travail
Drapeaux \ on indique par ce mot lef chiffoiif
dont on fait le papier.
DRAPELiàRES. Voyez chiffonnières.
Eau y élévation oc diitributton de IVao dun
ies moulins ( pag. 48S ) : dans les piles par les
fontanelles , pag. 4S9. Sa circulation dans les piles »
pag, 490. Les effets de cette circulation relanve-
ment à la trituration du chiffon , ihid* Ses effets
dans les piles à cylindres, pag. 49).
Eau ; grande eau , petite eau. On dit qnVii
travaille à grande eau , lorfque Teau , dans laqueSli
la matière du papier nage , eA abondante relative-
ment à la quantité de oette matière : c eA tout le
contraire lorfqu'on travaille â petite eau , la paie
efl plus abondante , quant à fon véhicule, Incoih
vénient de la féconde méthode, & avantages de
la première, pag, 501 & 506.
J'a}'outerai ici le détail d'une expérience bien
décifive à ce fujet. J'ai vu fabriquer fucceifite-
ment avec la même pâte, qui étoit affea loD|Me
& fibreufe, i\ du petit-cornet & du papier let-
pente ; 2^. du propatria. Les deux premières foftci
furent travaillées à grande tau , & les papiers qu'on
obtint par ce travail , nous offrirent des tiOÊm biei
égales fans brocs ni pitons « & de la plus bdlt
tranfparence. Le provatria de 14 livres , plu
étoffé que les deux (orref précédentes , & tri'
vaille k petite eau avec la même pâte « ao«i s
P A P
iru m contraire chargé de patons , d*un gram &
une épaiffeur inégales : enobfervant le degré de
crfeâion que le travail de la cuve avoit acqoîs
r la Ample addition d*un véhicule abondant ,
us fumes bien convaincus de Fimponance » 6c
»eut'ètre de La nècefFué de travailler à grande
tt , fur-tout les papiers d'écriture* .
ÊBAR3ER ; c'eft rogner légèrement avec de gros
lifeaux les bordures des feuilles de papier , lorf-
'elles font pliécs en mains , & avant que de
empaqueter en rames. Cette opération désho-
TC , félon moi , le papier , & annonce une fa-
irication négligée dans les bordures. Les parties
u'on eharhe font celles où la dïfpofition réguliire
tranfparenie de la pâte a été détruite par les
ivriersdc la cuve, & qui n'offrent qu'un amas
matière matte & dèforganifée , pour ainfidire.
I Hollandois » qui mettent tant de propreté dans
pliage de leurs mains & dans Tarrangement de
ïiirs rames, fabriquent leur papier avec affez
foin 6c de fuccés , pour qu'ils foient difpenfès
Vébarher^ Voyez hordurcs.
ECACHER ; fe dit de la compreffion des porfes
hanches par le leveur. D'abord cet ouvrier , à mot-
îéporfe, couvre d'un feu:re les fe illes qinl a pla-
cées fur la planchette de la felle , & les comprime
plus quil peut, afin qu'elles fe touchent bien
aâement, fans aucune intcrpofuîon d'air. Il fait
même chofe lorfque la porfe eft kvée en
Sntier : enfin , il achève d'écacher la porfe lorfqu'il
» met en tas fur les autres. Cette opération eft
pécetffaire pour que l'effet de la prcfîc fur les
k)rfe$^ blanches foïi plus égal ^ plus complet.
în Hollande , le leveur écache avec plus de foin
kd attention cncorejd'abr rd il comprime les tas des
filles avec une petite plincheiie , & k pliifieurs
teprifes; enfuite, avec une planche plus large &
»lus forte, A\i moyen de ces planches , non*feu-
cment kl écache plus exaftement qu'on ne peut
le faire avec un feutre , mais encore, par la marche
ble ùs comprelTions , il efi iur de dunner liTue à
*air , & de prévenir les défeétuofités que fon in-
erpofiiion pourroit occafionner ^ telles que les
îiifiius , 6tc. Voyez pag. Ç09.
Échange 4 fuite de manipulations qui ont pour
)but d'adoucir le grain du papier. Si de procurer
en même-temps au fond de Tétoffe nn feutrage
qui la rende ferme 8c carton neufi'. Ces manipu-
lations , dont les Hollandois ont enrichi Tart
de la papeterie » & que nous avons' empruntées
à*Cùx , fe réduifent à deux principales opcrations,
les rc levages & les preHagcs. Lorf]ue le papier a
été fournis plufieurs fois à ces manipulations , il
eft non-feulement adouci & lulVé à fa furfice,
SDais encore débarralîé d'une partie de l'eau fura-
iKXndame dont il ètoit encore pénétré en fortant
^es opérations de la cuve, ce qiii le difpofe à une
tlf^cca^ion égale 6i uniforme dans Fétendoir. LV-
than^c s'exécute avec beaucoup plus de fuccés &
^oxas depette fur les papiers de pâtes naturelles
P A P
567
ou non pourries , que fur les papiers fabriqués
avec des pâtes pourries. Il fart auflî très-bien
après la colle, parce qu'il facilite rintroduétlon
de ta fubflance codante dans Téroffc du papier,
& qu'il contribue à la fixer à fa furface, fous
la forme d'un vernis mat. Enfin, je finirai par
obferverque l'échange ne donne au papier un hou
apprêt j qu'autant qu'il vient à la fuite d'une fa-
brication foignéeSc conduite avec intelïigence.Voy.
p j t4 & 5 fç , les attentions & les manœuvres qui
aflurent le fuccès de l'échange^ Voyez les mots
relevage & prejfage.
Echanger, c*eft foumetrre le papier aux ma-
nipulations de réchange : papier échangé , cil un
papier qui a reçu Tapprêt de ['échange.
Ecorce; (papier d' ) forte de papier à tiflii
naturel , comme le papier d'Egypte. Il étoit fait
du liber ou de Técorce intérieure de certains ar-
bres, pag, 47a. Ses ufages anciens , ihîj. Se &-
brique encore chez quelques peuples , ilfid»
Ecu ; moyenne forte, d'une grande confom-
maticn. 11 y en a de mince & d'r/ajpr. Voyez le
tarif, pag. 537,
Effilocher ; c'eft détruire la toîle ou le tiflii
des chiffons, & les réduire aux élémens des fils.
Cette opération fe fait d»ns les piles particulièrei ,
qu'an nomme piles à e^lochtr ^ piles à drapeaux,
piles À drapeUr ^ piles à battre en défilé ^ pag. 489
& 494 , tk dans les piles où tournent les cylm-
dres effilocheurs.
Effilocheur ; (cylindre ) il eft armé de lames
de fer qui n'ont qu'une cannelure & un fort talon
à leur face extérieure , & dont les intervalles font
très-larges. Toutes circonftances afforties au tra-
vail de Teffilochagc, pag 494.
EgouttOIR y planche placée- debout fur une par-
tie du tour de la cuve , & dans laquelle il y a
plufieurs entailles où le couclieur appuie dans une
fituation inclinée les formes de diverfes grandeurs ,
pour que Teau de la pâte, dont ces former font
chargées , puiffe légoutter pendant qu'il pofe les
feutres Voyez pag, 497,
Egypte ,( papier d' ) papier formé des tiiTus
naturels du papyrus i les procédés de fa prépara-
tion & de fes apprêti^ confervés par Pline, pag,
465, Il prend différeos noms, fuiv.<nt fes différen-
tes dîmenfions & fes apprêts , Ibid, & 466. Ses
ufages , fon commerce & fa durcc , ihU. Se fabri-
quoit en Egypte , & fe préparait enfuite à Rome ,
ibld.
Eléphant ; grande forte. Voyez le tarif, pag,
Ensbigni. C'eft Taffcmblage d'un tîffu de fil
de laiton , qui comprend ordinairement la marque
du papier , la qualité du papier , commc^Vi , moyen ,
bulle y le nom du fabricant & celui de la province.
Ce tiffu fe coud à la ver jure par un fii forr fin.
Plufieiirs f-ibricans , frappés des inconvénicns de$
longues enfcignes ^ fujettes ou à fe découdre ou à
s'empàier d'ouvrage , ont fort abrège tous ces dé[ails
? A P
Êênans ; fie FaoiiriiiiHraticn des manu fâiîlu tes y a
Pçofilenti. Elle a can(enti égaleineEit à h (upprcf-
fion de Tannée 1742 , époque du rarif, à laquelle
plufieurs fabrîGam ont i'ubAituè Tannée de la fa-
brication du papier.
Enveloppe, (papier d') On fabrique dans les
moulins des environs de Lyon , trois fort<îs de
papiers d* enveloppe , dont la roanufaâure de Lyon
tait un grand uiage pour le pliage de Tes étoffes,
La première forte eu de onze vin gc (quatrièmes
d*aune* - r
La féconde de dnq douzièmes.
Latroifième de cinq huitièmes.
Ces fortes de papiers font employés pour les
étoffes auxquelles leurs dimendons font alTor des ;
mais les étoffes de trois huitièmes & les fcpt dou-
ziémes n'ayant pas de papierà particuliers, on e/l
obligé de couper quelques-unes des fortes ci*def-
fus pour les réduire aux dimenfions.xle ces deux
cfpèces ; cependant leur confommation & leur
débit font afîtz confidé râbles pour déterminer les
propiiétaires des moulins à fabriquer des fortes
affonles , ce qui éviteroit les pertes qu occafton-
nent les rognures.
Il refle maintenant les étoffes trois-^uarts , fept
huittèmes & quatre quarts, qui n'ont point & ne
peuvent guère avoir de papiers affortis ^ vu leurs
grandes largeurs*
On y pourvoit en les enveloppant par dou-
bles feuilles des trois fortes dont nous avons
parlé au commencement de cet article.
Enveloppe» ( papier d'enveloppe pour les do*
nires ) On emploie auffi à Lyon un papier donx ,
mou» d'un blanc mat, qui» quoique fans colle^
reçoit dans la fabrique un certain liffage. Toutes
ces qualités le rendent propre à garnir les diffé»
rcns plis des étoffes en dorures, &: même les ta-.
Ions , pour en confervcr Téclnt , & prévenir les
jnconvéniens du coniaél réciproque» Il a auffi
l'avantage d'une pâte pure 8c fans mélange d'au*
eu ne teinte de bleu , laquelle nuit effeâivement
aux dorures, en lesterniffant. Ce papier fe fabri-
que dans les moulins dts environs de Nantua.
Enveloppe, (papier d"") Les Hollandois , &
fur-tout les Anglois , fabriquent depuis quelques
années des papiers d*enveloppe de diffèrtais for-
mats , avec la matière des cordages & des voiles
ÛQS barques & des vaiffeaux. La pâte de ces pa-
piers eft feulement effilochée par un cylindre dont
les lames ^ont très*acérées. Par ce moyen les fila-
mcns étant plus longs » letoffc en tft plus forte
& plus folïde. Outre cela elle n'eft pas lavée pen-
dant la trituration , attendu que la matière peut
confervcr , fans inconvénient » fa couleur tannée
& fon odeur de goudron.
Les Anglois font un grand iifage de ces papiers , ^
furtout pour envelopper leurs quincailleries, tant
les communes que les plus précieufcs^ Ils préten-
dent même que le goudron» dont font pénétrés
CCS papiers , contribue à prèfcrver de U rouille
[ësroârcnândîftfs qu'ils enveloppent , ce qui m«
paroit très probable , parce que dans cet étal
ces papiers font moins fujets à prendra rbumi*
dite de Tair , & à la tranfmettre. tes papiers foni
collés plus ou moins, ât plus ou moins étoffés,
fuivant les différens ufagcs auxquels Us peuvent
fetvir. En général , je dois dire à cette occaûon
que les Anglois ont varié la fabrication de leurs
papiers avec une grande intelligence , & Tont aflfor-
tie généralement , autant qu U eu poiUbie ^ à to||S
les befoins de leur commet ce.
Enveloppe ; ( demi'blanc5 collés pour ) la
FLEUR -DE-Lis, de i8 pouccs fur 14^ & du potdf
de 40 à 42 livres ; bas a homme de i6 & d^mt
fur 10 , & du poids de 30 à |8 liv, , bas a FEMMI
de 14 pouces 5^^ demi fur 1 8 & demi , & du poids
de 25 à 26 livres j raisin COLLÉ de 16 pouc€S&
demi fur 18 & demi, & du poids de iç à 26 Uv.
la rame; longuet de 15 & demi fur 2) , âf ds
poids de 25 à 26; JOSEPH de 14 & demi fur iS6c
demi , & du poids de fiize à 17 livres.
Enveloppe i ( pâte grife) U FUurd€4U de il
pouces & demi , fur 24 â^ demi , du poids de 4%
à 45 livres ; Ralfin de 16 & demi fur 20 & demi ^
du poids de 25 à 26; Ddn de 27 pouces & demi
fur 24 y & du poids de 40 k 42 livres ; Cdmelôùer
de 14 pouces & demi fur 18, & du poids de
17 à *l8 livres la rame ^ Carre' de 13 pouces &
demi fur 16 & demi, & du poids de 17 à 18;
GargGucke de 1 6 & demi fur 20 & demi , & dii
poids de II à 18. Tous ces papiei^ fervent pour
enveloppe- Le dernier eft auffi employé à calfi-
ter les vaiffeaux, & fur-tout à faire des fufécs &
autres artifices : on mêle aux pâtes , dont font
fabriqués ces papiers , une affez grande qu»omè
de terre.
Enveloppe ; ( papier gris de Maur ) au bouc*
de- Paris -clair- Les Holl;fndois fourniffent à U ma*
nufaâure de Saint Quentin âc à quelques autres
de la Flandre , de grandes parties de ce papier potir
fervtr à envelopper leurs toiles ; & malgré ra))OEkf
dance Bi la certitude du débit , aucun de nos £1-
brîcanS} dans ces provinces , ne s'e^ occupé à imi^
ter en cela les Holîandois. Ce papier c d une pitç
Tiffez fînef, & adoucie par les apprêts de l*échaoec.
Je ne facile que M. Befuquet à Rouen , qui lit
imité , en 1775 , quant à la couleur, dont le pro-
cédé lui avoir été donné par M. de ^ Foiie* llrd^
toit à ce fabricant à donner plus de douceur &dc
foupleffc k ion étoffe ^ cç qui lui étoît facile » et
adoptant l'échange. Je ne fais ou en font reliés (ts
prejuiers eff^is ; mais c*étoit un #bjet de fabria*
tion qui mcritoit les plus crands encouragemcm^
car dans la feule ville de Valetidenncs lit
de Hollande à cette époque , pl^s de i\ 1^?
TzmQ%é^ ce papier gris de Maur lOuSik^^ASt &
à 21 livres la rame.
En% EEGER ; opération par laquelle Touvrcarfet
baUnçani; (a forme de droite à gauçfaç & de fU*
che â droite , détcrmioe la «tatière à s'étcodi»
P A P
lâm le fem da brins de la verjure , & fur-tout à
riûtTodtiire dans les intervalles de ces brins. Cette
Opèracton contribue à rendre les feuilles de papier
)lus épaiiTes & pîus chargées d'ombres le long
l^^ pontufeaux , parce que la matière » balancée
tor»tre le? tiflus excedens des chaînettes & di» ma-
icordton , s'accumule abondamment le long de
SCS t.iTus. Voyez pac; 505 & ^06,
Espagnol; petite forte de papier. Voyez le
irif, pag. 55g,
EssiRNÉ ; ( papier) c'eft tîn papier incomplet,
tronque , qui n'a pas la grandeur de la forme
fcutc de matière.
Etendoirs y ce font des g.^ertes qui régnent
ordinairement fui Ls hâiimens de la papeterie ; on
r f t^blit des piucrs & des perches , qui fervent
placer des cordages fur lefquels on étend les
«ces ou les feuilles de papier après ta colle.
L'emménagement d'un étendoir doit être com-
ofé de pîufieurs piliers, p'acés à une certaine
liilance les uns des autres , & portant dans des
ïntailles des perches , & d-ns les trous des per-
îhcs des cordages. Voyez perches & cordages,
^intervalle des rangées de piîiers doit être tel,
|ue les cordes tendues fur les perches puiflent
recevoir fept feuilles de carn* Il eft bon, outre
:cta , de laiiTer lout-au-tour de Tétendotr , entre
et piliers & les murs , une diliance de trois pieds ,
ur que Tétendeur puifle circuler Ubrtment avec
I porfes blanches , ou avec les rames des mouil-
fccs.
D'une perche à l'autre , on peut , avec deux
-4//fi, garnir de papier toute la longueur des
M)rdage$ : on y étend ordinairement huit feuilles
ticu , de griffon , de rr^ patria , Cf'c, ce qui fait
[Uarre feuilles l^our chaque fclle ; & lorfquon
rend du petit-cornet, comme on peut en placer
leuf feuilles fur la même longueur de cordes , une
elle en étend cinq , pendant que l'autre n'en place
jue quatre ; de même pour le carré , comme la
nême longueur ne peut en contenir que fept,
me fclle en étend quatre & l'autre trois.
Les etendoirs doivent être fermés , le plus
txaÔement qu*il ed polTible , par des jaloufies
ui n'y laliTent entrer que la quantité d'air ne-
ctaire pour le fécbage des pages & des feuilles
!e papier.
Plufieurs fortes de jaloufies rempliffent égalè-
rent bien l'objet dont je viens de parler , pourvu
u'on ait foin de les entretenir.
Les HoHandois font ufage d'étendoirs fitués
i rcZ'de-chaufTée , comme les autres ateliers de
n moulins ; auiTi le féchage de leurs papiers y
ïfl-il bien ménagé. Ils font termes par des jalou-
ses qui permettent la circulation d'un air frais ,
iu moyen duquel on ne brufque point la deflîc-
lion des papiers; foit avant, foit après la colle.
La rédué^ion du toit des etendoirs , très-étevé ,
Tffnet d'établir plufieurs rangs de perches &
\ cordages les uns fur tes autres ; & on fait
Ans & Métiers, Tome K Fêrûe IL
TA?
569
ufage pour lors de ferlcts.dont les manches font
fort longs , de manière que Tétendeur peut attein-
dre jufqij'au* cordages les plus élevés, en s'aidant
encore d'une felle de quatre à cinq pieds de haut ,
pag* "ïit.
Un certain nombre de perches chargées de cordes
fe nomme bandage. Voyez perches , cordages. Voyez
la comparaifon de nos étcr.doirs avec ceux des
moulins HoHandois, relativement aux effets delà
dtrCiccatîon, pag. ^ 16,
Etendeurs , Etekdeuses ; ce font les ouvriets
& les ouvrières qui placent fur les cordes les pages
ou le papier feuille à feuille après la colle.
Etoile : forte de papier qui porte aufTi la déno-
mination de lonptety mais elle diÔerc beaucoup ,
quant au poids & au format,du longuet d'enveloppe.
Voyez le tarif, pag, ^37 6: enveloppes.
Etrhsse; forte de papier dt paie grife 8c collée:
elle fen à faire l'âme des cartes à jouer. VoyciTar-
tîcle gr'tS'CQÎlés.
Faux plis , fronces & rides ; tel eft Tordre de ces
défauts dans le papier.
Les faux-ptis font ou fort longs , ou fort larges.
i; crt quelquefois poflible de les faire difparoîtrc
fi Ton lire les feuilles fur leur largeur, & qu'on
dètruife leur trace par le moyen cfe la pierre, &
enfuiteparlafliondela preffe; car il eft rare oue
les faux-plis tiennent au corps de l'étoffe. L'effet
ordinaire des faux-plis, eft d'en frrmcr d^autres
fur les feuilles contigiies , qui cependant vont tou-
jours en s'affoibliffant : d'uivcôté les faux-plis font
en relief, & de l'autre ils font en creux.
h-^A fronces font de faux-plis plus multipliés &
moins faillans que ceux dont nous venons de
faire mention , mais aufïî plus adhércns au corps
de la feuille. Les fronces font formées, aînfi que les
faux-pliî,dans les tranfpons des porfes blanches de
la ch,irabre de cuve à l'ctendoir, fans plateaux &
fans cartons ; les mêmes accidens ont lieu aufli
dans les tranfports des ballons de la chambre de
colle aux etendoirs , lorfqu*on ne prend pas les
précautions de tranfporter les ballons nouvelle-
ment collés fur des plateaux*
Les fronces font auili ducs au leveur , qui donne
natffance à CCS plis obliques, foit en plaçant mal
les feuilles fur la fcUe, foit en les icachantmû^
foit en ferrant trop les mains.
Les rides font ordinairement dlfperfées îe long
de la ligne oij chacune des feuilles a touché aux
cordes de l'étendoir. Elles font vifiblcraent l'effet
d'une deAlccation inégale dans les feuilles des pages
par le contai des cordes; les feuilles fupérieutes
des pages fcchant plus vite que les feuilles infé-
rieures , & éprouvant une retraite affez fenfible ,
elles occafionnent néceffaircment des plis dans les
feuilles qui n'ont pas changé de dimenfions. Lorfque
les plis font confidérables, on les regarde comme
des fronces» pag. 516.
Il y a auffi des rides le long des bordisres du
papier > lorfque Ic Icvcur étend mal les feuilles
*Cccc
570
P A P
les unes fur les autres , & qu*il les déplace fans
les détacher entièrement.
Ferlet ; inftrument en forme de T , fur lequel
Tétendeufe reçoit les feuilles que la jeteufe lui
lance à, mefure qu*elle les détache des porfes
collées ; il fert aufli à celui qui étend en pages.
Voyez pag. çi6. & 591.
Cet inftrument eft fort utile pour ces opérations ;
maisL il me femble qu*en général fon manche eft
trop court pour l'étendage après la colle. J'ai exa«
miné dans plufieurs fabriques les paquets de
feuilles qu'on avoit recueillies « & ]'ai prefque
toujours remarqué que les moitiés des feuilles
qui retombant fur le ferlet & fyr la main de Té-
tend;;ufc qui le tient , montroient les traces de
faux-plis aflcz nombreux & alTez fenfibles, que
la forme de et inftrument & la manière de le te-
nir a voient occafionnés. Ces faux-plis difparoiftent»
il efl vrai , la plupart ^ après que le papier a paffé
fous la prefle de la falle ; mais il eft prefqu'impos -
fible de les détruire lorfque Tétoffe du papier a
été feutrée , & fa fu|;face adoucie par rechange.
Ces inconvéniens m*ont fait penfer à changer
la forme du ferlet , fott en le f tifant tout plein
fans le vider autour du manche, foit en alon-
geant fon manche. Au moyen de ce double chan-
gement , les moitiés de rculUes retomberont fur
une furface unie & pleine, & ne rencontreront
plus ni la tige du ierlet» ni la main de Téten-
deufe; par conféquent il n'y aura pas lieu aux
faux plis , qu'il eft important d'éviter dans une
fabrication foignée. Je crois devoir rendre attentif
à ces inconvéniens & à leur réforme , parce que
plufieurs fabricans , ou n^ont pas remarqué ces
faux-plis 9 ou n'en ont pas reconnu la cauie.
Feutres. Je ne répéterai pas ce que j'ai dit , pag.
500 , fur les qualités que doivent avoir les étoftes
dont on fait les feutres. J'ajouterai feulement ici une
confidération qui fera fentir que ces étoffes doivent
être également difpofées, & à boire l'eau, & à
la rendre. Si la pâte eft graife , & qu'elle retienne
l'eau abondamment , les feutres s'en pénètrent
tellement que , lors de la légère comprefTion du
coucheur , ils fe vident par la bordure qui eft à la
gauche de cet ouvrier.
Les feutres & les feuilles de papier étant tranf-
portés fous la prefTe, à la moindre compreiTion
de la porfe l'eau s'écoule de tous côtés ; & par
le progrès de la comprefllon , les feutres conti-
nuent , & à prendre l'eau des feuilles , & à la
rendre par les bords. Cène double opération a lieu
tant que la prefTe agit.
En même-temps que le pspier fe fèche , & prend
une confiftance fuffifante pour que le leveur
puifle le détacher des feutres , & Ijueer par-là
de leur difpofition à boire l'eau de la Veuille , les
•feutres eux - mêmes , par le reffort des parties
de l'étoffe, ont quitté à un certain point l'eau
qui les pénctroit , & s'en font débar.aiïés aflez ,
pour qu'ils puiflçnt fervir k la fabrication d'une
p A P
nouvelle porfe, & boire comme il courSentren
des feuilles qu'on couche deifus. Ceft par la foc-
ceffion de ces deux états de féchereffe &d'unbî-
bition des feutres , que s'exécutent des opérations
très-délicates. ^
Il eft aifé de voir fur la feuille nouV^llcmcm
couchée , le progrès & la vitefle plus ou moins
grande de l'imbibition.
Je dois faire remarquer que les feutres, en
paiTant fous la prefle , retiennent une certaine
quantité d'eau qui les difpofe à en boire encoïc
davantage.
D'après ces détails, on volt qu'il n*eft pas éton-
nant que les feutres chargés de graifte , empâtés
de matière fine, enfin privés de leur refert,
refiifent le fervice , & dérangent à un certain point
le travail de la cuve. Voyez, pag. 501 , la n^
thode qu'on fuit pour les leffiver , lorfqu'Ûs font
dans cet état de graiffe , &c.
L'effort continuel que fait le coucheur en ap-
pliquant la forme fur les feutres , leur donne une
extcnfion confidérable dans le fens de leur \w
geur , fur-tout quand la largeur de ces feutres efl
pnfe d'une lifière de l'étoffe à l'autre; cesétoffi»
étant tiiTées en trame de laine cardée , cèdent beau-
coup davantage en ce fens, que ne pourroitâire
la chaîne de laine peignée. Il réfulte de ceœ
confidération, que fi les feutres étoient toujoun
coupés de manière que leur plus grande dimen-
fion fût prife dans la largeur de l'étoffe , 0t
la plus petite fur la longueur , ils s'aloneeroîeoc
beaucoup 'moins fur leur petite dimenuon, &
feroient d'un meilleur fervice. On comprend ai-
fément que la chaîne de l'étoffe eft plus propre,
par le degré détord qu'elle a re^, i, rêfifter aux
efforts du coucheur, fi elle fe trouve difpofée fui-
vant leur direôion. Voyez, pag. 51 y, U règle
qu'on doit fuivre lorfqu'on coupe les feutres pour
les différentes fortes de papiers, tant à formes
fimples qu'à formes doubles. '
Fleur-de-lis. Il y en a de deux formats: la
Î grande flcur-de-lis & la pctUe flcur-de-lls. Voyet
e tarif, pag. 536. J'ajouterai un troifième format
qui fert dans les demi- blancs collés^ 6l dans les
pâtes grifes pour enveloppe. Voyez enveloppe.
Floran; (pile) pile oii l'on met la matière
pour être raffinée: voyez pilc&L raffiner.
Fluant; ( papier) c'eft celui qui n'a pas reça
l'apprêt de la colle , ou qui la mal reçu. On peai
mettre dans la première claffe les hùncs-Jiujns^
dont je citerai ici trois principales fortes : le^ raijîn ,
de 16 pouces & demi fur 20 pouces & demi, &
du poids de 20 à 22 livres , dont on fe ftn pour
faire le papier marbré; le papier-jofeph , de if
pouces fur 19^ & du poids de 14 à 15 livres, qui
fert à filtrer les liqueurs ; le carré ^ de 13 pouces
& demi fur 16 & demi , & du poids de
I 1} à 14 livres, avec lequel on imprime la bibK*-
I
I
^
^<
P A P
iKèqoç bleue & quelques almanachs. Le papier
f&f<fh sVmploie auH'i à ces marnes ufages.
^ FoRMAtiiE ; c'cft l'ouvrier qui conlbuit les
for.Ties av^c lefqiKllcs on fabrique le papier,
Format; cVft le réfultat des deux dimenfions
4'anc feuille de papier , foit q^i'elle foit coiifervée
dans fa grandeur in*folio , foit qu'elle foie pliée
in-4^ in 8*p ou in 12 , &c. Oo fcnt aif^ment que
,ces différens pliages iloivent varier comme b gran-
deur première in-fulio: ainfi rin-4*'» & l'in-S**. du
^rand-rajfifi^ difî^rent de 1*10*4**. ^ dcl in Ô**. du
carré ^ comme Tin folio des deux fortes ; d^ même
rin-4^ àl l'in-S*^. de h couronne , diffécent de
II11-4**, âc de Tin- 6®. du carré &c du grand-
RÎfin , comme les iii-hdi') des trois forres : ces dif-
lerem formats font tcilemeiu variés , qu'ils peuvent
£liisfaife à tous nos b-foins.
Formes ; ce font l^s moules avec lefquels Tou-
vrcur parvient à com, oicr u'k feui^lv d-; papier ,
CD djflâbuant deffiis une mnière qui tîotte dans
reau. Les formes fonf composes d'un/«f, d'ans
isiU de fih de laiton, quori ramm^vcrjure ^ &
à*ûn^îQu\'erte owc^dr , Wuyti^ pag-ipS, la fuite des
mmîpuUtions du form tire , raii'» u cûnrtru*5èion
des formes y <k pag,499, les principes m^^ gMÏdeiu
dans le choix & rarrangement des Ois de uiton ;
^enfindans ta difpofition de ces fils, relativement
aux grands ou aux psiits côtés de la forme. Voyez
aufîî %'crjurt. Les formes font fbjett s à s^empitcr,
& eo conféquence f»n eft obligé de les faire paAlr
à des k0îves qui les ncttoyent , 6l dgbarralTent
les fcrtns de la veijure & les filigranes des en-
seignes » des matières qui les malquent allez fou-
vent , pag. 499.
N©U5 diîlinguerons ici trois fy lié mes adoptés ,
depuis quelque temps , dans la conAruâîon des
formes dont on faitaâuellsment uf*ge. Les formes
ordinaires fimples, dont il vient d être queflion ,
les formes â papier fanj ombres ^ & les formes ti
papUr vdin. Les formes ordinaires fimples préfen*
i€Dt » comme je Tai dit article pontufcaux , un in-
convénient de fabrication a(Te£ confidérable dans
les deu% bandes d*ombresa(Tuietties aux deux côtés
des pontufeaux. Ces ombres font produites par Tac-
cumubtion de la pâte diOribuée irrégulièrement
le long des tiiTus du manicordion , qui excédent
les parties de la verjure voi fines des pontufeaux.
Pour peu qu on ait été infïruit de ces défauts de
fabrication ^qu'nccafion ne, comme on voit, h conf-
triiâion de* formes ordinaires , on a fait des vœux
pour qu*on pûi trouver des moyens propres à
Varier ces défauts; <k ce font ces moyeas Amples
que nous offrent depuis quelque temps tes forifies
à p^spur fias ombres^ E^les nous donnent la plus
grande fàolité de didribuer la pâte régulièrement
& uniformément fur toute la furface de la forme,
de manière qu*îl en réfulte une étoSe régulière ,
& é'un grain b en égal dans toutes f^s parties.
Cette forme eft compose d'une verjure ordinaire ,
i*oa établit fur uoe vicdk toile ou fur une toile
PAR
57»
claire , & qu'on fixe fur cette bafe , par le moyen
de petits liens de laiton difperfés ég lemeut d*ns
chacjue partie de la toile, Ôc qui n'y forment pas
des tiilus continus corn m,* a la forme ordinaire.
Ces liens par conféquent ne préfentent aucun obflacle
à la pâte que Touvreur yoiAribue par fesd«6féiens
mou vc mens.
Les formes à pap'ur vélin font composée * d^une
toile d\in tiffu tiès-ferré, qu'on établit de mé ue
que dans la forme précédente , ou fur de v*tiile$
toiles , ou fur des todes bien claires. D'atlcU s les
châiTis des deux formes dont je ven^ de p.rler ,
fnnt conJlruits com;ne ceux de furm - rr îi 1 ires.
Au relte, je décnrai par la fuite la coiur ^liua
de ces formes > que les fabricans doive n s\in^iQk cr
de connoitre & d'adopter, fur-tout cciles tîcs pt*
piers Lns ombres.
Formes Chinoises ; moules avec Icfquels lei
Chinois fabriquent leurs papi;jrs, pag 473 ; font
à .Joubles feuilles pour les petits format* , thiJ. ; peu-
vent être d unegra'n leur eAtrat^rdinaire, vu la légè-
reté des matéiiauxavec lefqtiels elles fontconltrui-
ics^tytj. Leurs manœuvres s exécutent par pi ufieurs
ouvriers ou par des contre- poids ^ihtd, Formu def
Jjponoiï alTez femblables^ pas, 476.
Fo/ï MU LE, (papier de) ce font les papiers<}iie
l'Adminiftratiort ucs Domaines fait fabriquer pour
le papier timbré. On en diflingui de trois fortes ;
le granJ papier ^ qm a 17 pouces fur quatorze; il
doit être dune pâte moyenne, non azurée ,& dti
poids de 1^ livras li onces la rame»
Le moyen papier 2 16 pouces fur ix, format dn
bâiQn-royal ^ du petit ratfin; il doit être de |pâte
moyenne» azurée, & pcfer dix livres la rame*
Le j^etit papier de formule a 1 3 pouces &i demi
fur 9 ;' Se en cela il eft femblable au peilt-jèfus :
il doit écre de pâte bulle non azurée, 6i du poids
de huit livres la rame. Ces trois fortes font patticu-
Uères à la Généralité de Paris.
Les Généralités de Châlons & de SoifTbns, &
probablement les autres, ont, corn ne celle de Paris
trois fortes de papiers à formule j mais ils font fa-
briqués fur un règlement pariiculier.
Le ^rand papier a les mêmes ditnenfions que
celui de la GL:q|ralité de Paris , mitis il ne péfe
que 1} livres la rame» & il neA que de pâte
buUe.
Le moyen papiers les mcmes hauteur & largeur
que celui de la Généraîité de Pans. Il pète huit
livres & demie la rame, ôt n'eft que de pâte bulle.
Le petit papier^ du même for.nat qt^ie celui de
la GénérxUté île Paris, n^eïl fabuque quj dépare
bulle , 6l ne péfe que fix livres 6c d^mie La
rame.
Fournir la Cuve ; c'eft , après une porfe ou
la moitié d*une porfe , verfer dans la cuve une
quantité d ouvrage équivalente à celle oui a été
employée à la fabrication de cette porte, di ne
fournit la cave qu'une fois, lorfqu'on travaille ^ux
petites âctux moyennes fortes ^ on la fouroii
ccc if
57*
P A P
jttfqu*à deux ou trois fois lorfqu*on travaille aux
grandes fortes , qui confomment plus de matière.
C*eft le leveur qui eft chargé d'apporter la pâte
affleurée, de la verfer dans la cuve> oc de la braffer
conjointement avec l'apprenti.
En fburniflant la cuve , on détermine la pro-
|>onion de la pâte à fon véhicule» & on l'entre-
dent fuivant qu'on fait du papier mince ou épais ,
ou bien fuivant qu'on travaille en général à grande
tau ou à pet'ut eau.
On a remarqué que plus la cuve eft fournie
de pâte j moins les feuilles de papier font nettes
At^ mnfparentes , moins la fabrication peut être
foignée ; il y a fur-tout un point fur lequel l'ou-
vreur peut moins atteindre à une certaine exaâi-
Tude , c'eft l'égalité des feuilles ; plus l'ouvreur ren-
contre de pâte dans le lieu oii il puife , plus il eft
expofé à faire des feuilles inégales , quelque adrefle
& quelque habitude qu'il ait.
Fut ; c'eft le châfiîs de la forme armé de fes
pontufeaux.
Gargouche ; forte de papier de pâte très;
commune, qui fert fur-tout aux artificiers. Voyez
Tarticle envefgppe (pâte-grife) : on y mêle de la terre.
GÈNES y ou les trois O de G^/i^^; forte qui fe fabrl-
fue en grande quantité dans les moulins de la ri-
vière du Ponant de l'état de Gènes. Nous l'imitons
fort bien dans les fabriques des environs d'Auch &
de Bayonne. Elle s'exporte abondamment aux Indes
Efpagnoles, oii elle fert principalement à former
les cigares , c'efl-à-dire , à envelopper de petits
paquets de tabac, avec lefquels les Indiens fument
en mettant le feu au papier. VV>y. le tarif, p. 538.
GODÉE , GODAGE ; forme défedoeufe & gauche
Se prennent les papiers, fur-tout les grandes
rtes , lorfqu'on les étend fans qu'ils aient éprouvé
fous la preue une defliccation égale au centre &
vers les bords.
Les feuilles de papier étant preiTées entre les
feutres , dont l'épaifleBr n'eft pas égale au centre
& fur les bords , éprouvent une compreffion iné-
gale ; elles font donc plus féches au milieu que le
long des bords , qui reftent moUaïïes & fans
confiftance: dès que la defticcation de ces feuilles,
étendues dans cet état , commenik à s'opérer , elles
fe retirent le long des extrémités , de manière qu'il
s'y forme un encadrement qui reflerre le milieu
& le fait goder.
Cet effet eft encore plus fenfîble fur les papiers
de pâtes pourries , que fur ceux fabriqués d'une
pâte non-pourrie ; car les premières fortes re-
tiennent les 'dernières eaux plus fortement que
les fécondes fortes.
En conféquence de cette retraite inégale, le
dos des pages préfente une élévation bien mar-
quée du milieu au-defTus des deux extrémités.
Lorfqu'on bat le papier aînfi féché , par l'apla-
rifTcment & l'extenfion des parties du centre,
il réfulte que le godage fe diflribue dans tout le
•contour des bordures , ce qui gâte encore phis
p A P
les feuilles. On peut fe convaincre par>là que te
mal eft fans remède, & que le centre & les exp
trémités des feuilles ont pris une concexture par*
ticulière qui ne peut jamais fe raccorder enfembk.
Pour obvier a cet inconvénient, il faut preflcr
également les porfes au centre & fur les oords,
en garniftant les bords des feutres par des bandes
d'étoffes , qui font que la porfe-fêutre éprouve une
égale compreflion , & que le papier perd égato-
ment par- tout l'eau furabondante qui le pénétroit
On l'évite encore mieux en adminifbant les pref^
fages de l'échange , avant & après la colle , avec
intelligence & mr les principes que }*ai expofii
ailleurs. (Vo^ez échange^ On parvient par ces foioi
& ces attentions , à n'offirir l la defficcation dci
étendoirs , qu'un papier à qui il refte très-pei
d'humidité, & également diftribuée par-touc
En voulant rétablir un papier fin , format in-ia, ,
après l'impreflion , j'ai rencontré les mêmes dtft i
cultes du go Jage dont je viens de parler ; elles n'om <
difparu qu'en trempant également dans toutes leni
parties les ftuilles, & en fuivant les opérations de
l'échange avec foin.
Tai remarqué auiH une efpèce de go.iage aifii
fenfîble dans les bandes des feuilles qui fetrouvem
correfpondre aux intervalles des pontufeaiui, ft
qui font d'un tifTu différent de la parue ombrée
plus épaiffe , laquelle fait, auant à ces bandeii
l'effet d'un cadre qui ne s'eft pas prêté égalemett
à la defficcation. Cette defeâuofité paroit tUfÀm
dans les papiers étoffés.
Gouverneur du moulin ; (le) ouvrier chaijè
de plufieurs opérations importantes : c'eft lui qn
fait defcendre le chiffon dans le pourriffoir, qm
fuit le chiiFon dans tous les progrès du pourriflage,
jufqu à ce qu'il le porte au dérompoir , oii il le
coupe par petits morceaux, avant que d'en gvnir
les piles à effilocher : c'eft lui qui conduit le trafail
de ces piles , qui veille à ce que la matière y
circule , y foit lavée , blanchie & battue , qui fiiscc
à plufieurs reprifes les bords des piles , les maillets,
les couloirs. Le même ouvrier eft auffi chargé do
travail des piles à raffiner , qui fe £ût en même-
temps que celui des piles à effilocher , & d'après
des principes différens. Voyez pag. 49 r. On feot
combien cet ouvrier doit être occupé, fur-fout
lorfqu'on confidère que les moulins (ont en mou-
vement la nuit comme le jour ; & c'eft pour cent
raifon qu'on lui donne un aide dans 1 apprenti,
fur-tout lorfqu'il doit fournir la matière à deux
cuves, & gouverner cinquante à quatre- vingts
maillets. Le fuccès de la fabrication dépend par-
ticulièrement de l'intelligence, de la force & de
l'aâivité de cet ouvrier, dont le repos eft fouvett
interrompu par la néceffité de remuer les piles à
effilocher, ou de remonter les piles à raffiner.
Ceft lui qui doit fournir aux ouvriers de la cuve
une pâte qui fe prête à leurs manœuvres, &qui
ne foit pas fur- tout trop chargée de eraiflie.
Les moulins à cilyndre ont auffi leur goovCP
P A P
-fieur^ qm vcUte ^ h conduite du triviil de ces
machines , fli qui doit y apporter d'autant* plus de
foin 6l d'intelligence , que ics cylindres exécutent
d^ opérations plus délicates & plus précifes que
les maillets. Voyez pag. 494 & 495. Voyez /?i/^/,
^^ittnc , &c*
' Gouttes, On nomme ainfi certaines marques
rondes , où Tétoffe du papier a été dérangée fit
rendue plus mince & plus claire par b chute d'une
goutte d'eau. Il y a deux fortes dcgûuttes: celles
que fait Vouvreur, & celles que fait le coucheur.
Les premières font plus grandes, plus claires ,&
om un rebord plus marqué & plus relevé que les
fecondcs , qui , ordinairement fort petites , ont une
kordLte moins diftmguèe du fond de la feuille. On
_|otl fcntir la raifon de ces différences :1a feuille de
ipicr eft encore pleine d>au lorfque Touvreur
lient de la former , & qu'il retire la couverte,
le laquelle tombent ordinairement tes gouttes; ainfi
"cur chute doit faire beaucoup plus d*imprefnon
ttL déranger plus profondément une matière mobile
[& noyée d'eau, que lorfque la feuille, étant dè-
uchée de la forme , & rcnverfee fur le feutre ,
a dc)a pris une certaine conftAance ; car elle a
perdu une partie de fon eau furahondante par
[rîjnbibition da feutre.
On difttngue encore les gouttes de Touvreur , en
t qu*ellesconfervent dans leur champ l'empreinte
Prie la verjure , qui « foutenant la pâte , a pu y
iaiiTer fes traces au milieu du défordre que la goutte
dTeau y a eau fè Celles du coucheur, au contraire,
<i(Erent un champ net , parce que la feuille qui
k Ws a reçues étant fur le feutre, rien n'a pu
B conferver les proéminences de la pâte formées dans
" les intervalles des brins de la vcrjure.
Je dois rapporter aux gouttes les bulles d'eau
fui (fc forment quelquefois lorfque l'ouvreur puife
dans la cuve , qu^i! enlève fur la forme , & qui , en
Crevant, dérangent l'ouvrage ,& laifTeni Tapparence
de gounes mal terminées|fur leurs bords , quoiqu'af-
fcz grandes , & confervant les traces de la verjurc,
Graik du papier* ( Pour faire connoitre plus
particulièrement ce que c'tftquc U ^ra'm dufapicr^
il faut remonter jufqu'a fa formation. )
Ûimprellion de la ver jure Ôc celle du manicor'
dion s aperçoivent fur une feuille de papier,
Jorfqu'on regarde le jour à travers cette feuiUc.
^L*impreflxon de la ver jure y paroit comme une
B^uIiiTude de lignes chires , parallèles entre ellesj
& dirigées dans le fens de la longueur de la feuille.
^Lc tiifu des chaîiettes fit du manicordion (c fa-t
iKremarquer de diliance en diltance fur fa largeur,
Kpar une ligrc fort claire entre deux bandes plus
opaques qi c le refte ; ces apparences font pro-
(duiccs pat la moindre cpaiOeur de la pâte fur les
£ls de laiton de la ver[tire, & fur le tiiïu du ma-
1 ^^n* Les lignes d'ombres ^ au contraire, font
1 c la plus ^rjnde cpaiiTtrur de la pâte datis
les iiictfvalles \ides des fi<s de laiton , oii cHe
â\n infinuéc abondamment. Cette difpufulon de
p A p
573
li pâte n*eft pas feulement fenfibte à travers le pa-
pier , mais elle ed aufH remarquable à la furface de
!a feuille , ou Ton voit une fuite d'éminences &
de baguettes parallèles , qui font plus ou moins
faillantes & plus ou moins émouifées : c*ei) |ce
que Ton appelle grain du papier -^ c^dQ^graïn que
réchange a principalement pour but d'adoucir ; c'eft
ce ^aïn qui nuit à récriture & à rimpreiCon,lorfqu'il
eft trop gros Ôc tropinégal;mais c'eft ce graîn qui em-
pêche les mouvemens de la plume d*ètre incer-
tains , par la douce réfiftance qu'oppofent les iné«
galités des baguettes qui le forment , lorfqu'elles
font adoucies par la preffe. Toutes les opérations
qui détruifent entièrement le ^rain du papier , font
au^i mal conçues que mal conduites. Telles font
le battage , U lijjdge^ le cyîindragc & le Jatinagt ^
comme nous le ferons voir à ces articles.
Graisse. Une pâte trop long-temps rafHnée prend
de la graijfe : il cniréfulte qu'elle eA moins propre
à faire du papier , comme nous Tavons dit , pag.
504. La ^raijje fort non-feulement des piles par le
kas , mais encore , adhérente à Touvrage en ccr-
taine proportion , elle fe précipite fur les parois
de la cuve, pag. 503. Ceft la graijfe^ unie à la
matière iibreufe du chanvre fie du lin, qui modifie
le travail des ouvriers de la cuve , pag, 504 &
fuivantes. La graijfs fait que la niatière adhère plus
avec fon véhicule, ce qui la rend utile dans Cer-
taines occafions , ibid.
Griffon ; forte de même format que la cou*
ronne. Elle eft d'un très-grand ufage pour récriture.
Voyez le tarif, pag- 537, & V^rxïdt couronne.
Grippe^ ; pièces de bois placées debout aux
deux côtés des piles , fie taillées en crénaux ; les
unes portent les queues des maillets,fif les autres en
dirigent les tètes, pag. 4S8; les premières portent
auiîi des crochets pour tenir les maillets ful'pendus
lorfqu'on retire tes madères des piles , p. 48p. On
appelle les premières grippes de derrière , âc les
fécondes grippes de devant ^ pag. 489.
Gris (papier): voyez enveloppes,
Ghis COLLÉS, (papiers) On connoit fous cette
dénomination le raifin ^ de 16 pouces fie demi
fur^io fit demi, du poids de 30 à 1% hvres, qui
fert pour enveloppes; la main-irune^ de 1 1 ^jouces
fie demi fur 14 6c demi , & ait poids dt 9 à to liv.
lV/r^<f, qui, avec les rrjcmes dinKnfionsque la forte
précédente, pèfe de iS a 20 livrcf. Ces deux fortes
fervent à faire le dedans des cadts à jouer.
Grobin ; nom qu'on donne en certaines
provinces , au< lots de ch;rïon qui réfuitent
du travail des trieufes. On en diftingue trois,
Qu'on appelle grobin fin , gr^km ftcond^ grobin irai'
filme.
(.es exprefTions ne font plus ^it^ ufitées dans
nos fabriques.
Hiératique; forte de papier d^gyptc, tpii
rtceviîit le moins d'apprèï!^ , pag. 4^1^.
HoLtAKDE j (. apier dt ) c tft une êtofTc Cibrî-
quce avc€ mîe {«àte tirée d'uncl^Ron non-pourri ,
574
P A P
& foum'ife aux apprêts de rechange. On voit ,
par cette dénnition , qui ne peut être bien
entendue que des fabricar.s inUruits, combien
fontfauires les idées qu*on a voulu donner de la
fabrication & des apprêts. du papier de Hollande,
dans des écrits qui dévoient cependant être rédigés
avec plus de foin Se d*<xadlitude. On a dit, I^ que
le papier de Hollande ètoit fabriqué avec des pâtes
exccfTivement broyées , qui n'avoient point de
ténacité, & qu'on n*avoit pas fu£raniaient lavées,
parce que les Hollandois ne s'attachoient pas à
donner un beau blanc à leurs papiers.
Je réponds qu'un grand nombre de papiers de
Hollande font de pâtes longues , fibreufes &d'un
beau blanc; car lesfabricans Hollandois peuvent,
avec leurs cylindres , donner aux pâtes toutes les
qualités qu'exigent les différentes fortes de papiers
qu'ils nous envoient. Le jugement défavantageux
que je viens de citer, eft fondé fur l'examen de
quelques fortes que nous vendent les Hollandois,
telles que le pro j>atna , le pctn-comet , certaines
ielliercs , qui font faites de matières inférieures ,
mais qui ont reçu les apprêts les plus foienés. Bien
loin donc d'inculper ainfi ces habiles fabricans ,
on auroit dû s'attacher à les imiter. Je fais que ,
dans U fabrication de ces papiers , les Hollandois
emploient des chiffons moyens & bulles blancs ,
qu'ils les lavent le plus qu il cA poffible , & qu'ils
les raffinent auflî pour obtenir , par le double
travail des cylindres , des étoffes d'une belle ap-
(carence, & d'un ufage commode & agréable , par
es apprêts qu'ils leur donnent. Us triturent d'abord
du chiffon moyen , qu'ils tâchent de pouffer à un
degré de ténuité confidérable , pour le blanchir
autant qu il eft poffible. Ils triturent auflî forte-
ment du chiffon bulle , & c'eft en mêlant ces deux
qualités de pâtes , qu'ils font parvenus à fabri-
quer les petites fortes dont )'ai parlé, d'un ap-
prêt féduifant & d'un ufage commode. Doit-on
être étonné, après cela , que ces papiers foient d'une
nédiocre blancheur , & qu'ils fe coupent auflî al-
itement.
La cherté des chiffons en Hollande , a forcé les
fabricans à ces fortes de mélanges de pâtes , que
je confidère comme une perfeâion de l'art , en
même-temps qu'un moyen d'économifer les ma-
tières. Je propofe le même travail à ceux qui ont
inculpé les Hollandois ; & je les attends aux ré-
fultats.
&"• On prétend que les papiers de Hollande
font plus épais & plus étoffés que les nâtres, parce
que leurs caidres (ont plus élevés ; on ajoute même
ue cette épaiffeur eftnéceffaire, à caufe du peu
e ténacité qu'ont les molécules de leurs pâtes.
Je réponds que les pâtes non-pourries clés Hol-
landois, contribuent à l'épaiffeur de leurs papiers
qui , avec moins de matière que les fortes cor-
refpondantes fabriquées en France , font plus étof-
fés. Si les cadres (ont dIus élevés en Hollande ,
c*eft parce qu'on travaille à grande eau.
î
p A p
3^. On prétend que l'on ne fabrique dans
les cuves HoUandoifes que trois ou quatre rimci par
jour.
J'avoue que le travail de la cuve en Hollande
eft fort lent, mais par d'autres rations que celles
qu'on allègue ; il ne s'enfuit pas delà qu'on n'y
fabrique par jour qu'une très-petite quantité ib
papier. Je fais même irès-cectainement que h
journée moyenne d'un ouvreur Hollandois eft oeas-
coup plus confidérable que la journée moyenae
de nos ouvriers: voyez pag. 512.
4°. On attribue le velouté des papiers de Hot 1
lande aux matières moins lavées , quoique broyées
plus long-temps.
7e réponds que les Hollandois ont le plus gniid
foin d'éviter la graiffe, & de laver en coni&qaenci
leurs pâtesàmefure qu'ils leur donnent un plv
grand degré de ténuité. Il eft vrai que , fur ]a£a
du raffinage , ils ferment l'iffue des châfEs du di^
piteau; mais alors la matièf'e a pu acquérir, fu
le lavage qui a précédé , toute la blanchenr éom
elle eft fuiceptible. Le velouté de leurs papioi
eft d(k principalement à la qualité des pâtes nai
pourries , à l'égalité parfaite qu'elles acquièicQt '
affez promptcment au moyen de leurs cylindid
raffineurs , & enfin aux apprêts de l'échange.
5<'. On dit que le papier de Hollande fe coupe,
parce qu il ell fabriqué avec les eaux fauaâaci
de Saardam , & que c'eft le mélange du fiel qd
produit la facilité qu'il a de fe déchirer.
Il eft facile de voir que tous ces raifonncuiev
ne font fondés ni fur les principes d'une bonne
phyfique , ni fur l'expérience. Les eaux de Sm-
dam reçoivent toutes les purifications pof&Ua
avant que d'être employées à la fabrication da
papier. On les tire d*une. grande profondeur, ea
les fait paffer à travers de grandes caiffes rea*
plies de table ; enfin , elles n'ont ni falure ni aoier*
tume. D'ailleurs , quand même ces eaux (eroiem
encore un peu faumâtres , la petite quantité M
fel qui s'v trouveroit diffoute , ne pourroic pas
produire l'effet qu'on lui attribue.
J'afoute ici que les papiers fabriqués dans les
moulins de Gueldres , dont on ne peut pasfonp-
çonner les eaux d'être faumâtres , fe coupent ^ufi
aifément. Difons donc que les caufes qui rendèm
le papier de Hollande caffant, font l'état desmo- j
lécules de la pâte naturelle , qui ne cèdent pal ;
aux plis, leur feutrage & leur rapprochement pir
les apprêts de l'échange.
6^. On ajoute que le papier de Hollande (è di-
chire aifément.
Je réponds que c'eft â tort qu'on confond id
deux chofes , & qu'on conclut que le papier de
Hollande doit fe déchirer aifément, de ce qœ
quelques-unes des petites & grandes fortes fe eos-
peut. Nous favons d'ibord que les papiers de pâ-
tes naturelles , comme font ceux des Hollandois,
réfiftent beaucoup mieux aux différens applétsdc
la papeterie que les notrest Ces papiers se & dfr
P A P
llrent donc pas auflî atfément. D'ailleurs , <|u*on
l^mparc ks papiers à fucre des Hollandois » leurs
iculamrcs ôt les autres papiers d enveloppe ,
es fortes correipondantes de France , &. Ton
d'un coté des étoffes folides & cartonneu-
& de Tautre des s mas de pâtes mollaiTes
il s'entrouvrent de tous côtés. J'ai vu un grand-
act très- mince , fabriqué en Hollande , qui fer-
ait à copier des delTins & même au lavis , &
ti ne fe coupoit pas dans les plis , quoique peu
fé, parce qu'il étoit d'une pâte fort long,ue.
j"* On dit que c'eft avec une teinture clari-
' ; , filtrée , repofée , qu on donne en Hollande
i œil bleuâtre au papier. On ignoroit fai!s doute
cVfl avec le bUu d'émail que Ton azuré en
dlande les pâtes des papiers, /ajoute que la
%fe modérée de cette matière colorante , produit
tmc un bon eftlt fur djs pâtes fort blanches
leurs. Voyez a^ur^
8\ On a voulu nous pcrfuadcr qu'en Hol-
nde on liiToit le papier , en le faifant pafTer en-
deux cylindres , & que c'étoiî par cette efpèce
de laminage qu'il acquéroit de la force, ou luf-
ât une égale cpailTeur.
Je réponds que le laminoir ne peut pas pro-
duire ces effets fur un papier fabriqué à l'ordi-
IJïife, & qui n*acqniert toutes ces belles qualités,
Ifue pendant qu'il ti\ en état de fe prêter aux re-
' Tagcs & aux preiTages de i'cchangc , par un
d'humidité & (►^ molle fle<
9". Enfin , lorfqu'on avoue que le papier de
Hollande eflplus doux , plus fin , plus uni, plus
Ptranfparent que les nôtres, on attribue ces qua-
fcfés aux chiffons des toiles fines de lin.
Cependant nous avons remarqué ci-devant, que
\e pro patr â n'étoit pas fabriqué avec des matières
bien fines , fit que malgré cela les apprêts que
ïui don noient les Hollandois , le rendoient fort
doux , fort uni , & d'un ufage très-agréable , parce
uM étoit formé de pâtes raffinées avec intelli-
Cficc , ic que fon grain avoit été adouci conve*
ablcmem par les manipulations de l'échange.
J'ai cru devoir détruire dans cet article toutes
alertions erronées fur le papier de Hollande ,
^1 qu'on nous les avoit données comme des prin-
*$ lumineux & inftruftifs propres à guider les
icans François dans les efforts qu'ils font pour
liter les papiers de Hollande, Comment a-t-on
que des affertions aufH vagues , qui ne font
ondées ni fur l'obfervation précife , ni fur l'ex-
icnce , pouvoicnt être de quelque utilité pour
ccélérer l introduâion en France d'une nouvelle
idoftrie, qui, pour être connue, cxigeoit bien
Pautres moyens ? Heurcufement que des circonf-
fîKtt favorables font venues au fecours de nos
bîks fabricans. Je me propofc de les expofer
»ns un onvrpge qui ne tardera pas à paroîrre.
[HotLAWDÉ ( papier ) ; c'eft celui dont le grain
lètè adouci par le moyen de Yàkangi : voyez
P A P
Î75
Japon; ( papier du ) ce papier cft fait avec
Técorcc intèneure d'un u*ùrier. L'analyfe fine &
adroite que les Japo.nnois ont mife en ufage dans
la préparation de cett;; matière, auroit dû fcrvir
de modèle à ceux qui ont prétendu fubAituer au
chiffon le liber ou fécorce intérieure de certains
arbres , & qui Tout entrepris fans vues , fans intel-
ligence, comme fans fuccès, pag. 475 & 479 ;
les procédés de fa fabrication décrics par Kempfer,
pag, 47 j î arbres qui fourniffent des matériaux pour
ce papier , pag, 477 Ôc fuivantes ; préparation de
fa matière, pag, 47 S & 476 i fa fabrication au
travail de la cuve , ibid , fes apprêts ; 476 6c 577 ,
cft une étoffe d'une grande force ; ilU , fes dif-
férens ufages ; ihid,
JÉSUS, (petit nom de) papier d'écriture dans
les petites lortes. Voyez le tarif, pag, 5}8,
Jésus , (grand) grande forte ; il a autfi la déno*
mtnation de fuptr-wy.il : on en fait un affez^ grand
ufage. Voyez le tant, pag. 536.
Jisusj (petit-Jéfus ) c'eitune très-petite forte,
qui fert à 1 écriture. Voyez le tarif, pag. 538.
Jeteuse; c'eil celle des deux étendeufcs dont
une fclle cflcompofée, qui détache ik icpareles
feuilles des rames de colle, & qui Ici. lance fur
le fcrlet que lui préfente l'autre tîendeufc* il faut
beaucoup d'adrelie pour féparer chaque iéuille
en la pii)çani par le bon cum , ik pour détruire
fon adhérence fans la caffer* La jeteufc commence
par placer les porfes fur la felle , & à les tourner
de manière qu elles préfentcnt le bon coin à
droite \ elle pince de la gauche le bon coin , fou-
léve une petite portion de la feuille , & après
avoir détaché environ la moitié de la feuille ,
elle la jette fur le fcrieti Tautre éiendeufc fait le
reAe.
Impression, (papier d') On indique ordinaire-
ment fous cette dénomiiîation le cane au Kiifln ^
dont on fait le plus grand ufage pour rimpreifioo
des livres les plus communs : c cft fous cette ac-
ception que les proprîétain.s des moulins difent
fou vent qu'ils fabriquent de t^mpnjjion. Il y a pîu»
fieurs moulins en Angoumois, e^i Auvergne &
en Limoufin, dont le travail tll borné zn pjplfr
d^impreffiûrt , & qui , en conféquerce , le font cTun
poids affez égal Hk de ironne qualitf,
JosEPH-MUSC ; forte de papier faite avec le fé-
cond lot des débris de filrt^ ^ de cordjges ufés
des navires, La paie en eft ^cu r-ffin^c. Il a qua-
tofzc pouces & demi fur dixhuit & demi, &
péfe de 30 à ii livres la rame. U fert à taire les
enveloppes des toiles de Saint Quentin fit de Beau-
vais, parce que fa couleur rembrunie fait reffortir
davantage la blancheur de ces toilef.
On le fabrique avec une pâte teinte en bleue p
8t il fcrt aufli pour enveloppes.
Joseph- FLUANT , fe fabrique fur les mêmes di-
menftnns &t du poids de 14 à 15 livres» avec une
pâte blanche & fans colle : on l'emploie , comme
on fait , pour filtrer les liqueurs , aiuft que pour
576 P A P
TimprefTion des almanachs de Ltége , du bon Labou-
reur & de la Bibliothèque bleue Les chimifies qui
remploient , ont trouvé'avec raifon , que le mé-
lange d*une fubdance calcaire blanche à la pâte
de ce papier , occafionnoit bien des mécomptes
dans les réfultats de leurs expériences.
La même forte collée, miis au poids de i6 à
17 livres , fe fabrique en demi-blanc pour fones
enveloppes.
Journée moyenne ; la quantité moyenne de
matière employée par jour dans les cuves Hol-
landoifes, eft d'environ 150 livres. En France,
elle ne va guère qu'à 120 livres , pag. f 12. Voyez
Hollande ( papier de ).
Kas j chafiis garni de toile de crin , & qui donne
îfTue à Teau fa le & à la gr^iffe fournies par la
matière qui fe triture dans les piles à efElocher &
à raffiner , pag. 4S9.
Ko-T£NG , plante qui fournit aux Chinois une
fubflance mucilagineule , qu'ils mêlent à la matière
fibreufe retirée du bambou & des écorces intérieu-
res de Tarbre à coton , & du kuchu , pag. 475.
Cette addition de mucilage facilite la réunion
des filamens fibreux de la pâte fur la forme.
J*en 4évelopperai quelque jour les effets ; de
manière à éclairer la théorie de la fabrication du
papier de la Chine , & en générai de tous ce«, ?
qui font fabriqués avec les matières de. la mèm z
effjéce.
KU'CHU , arbre de la Chine , dont la peau inté-
rieure fournit la matière du papier qui eft le plus
commun dans cet empire. Cette peau intérieure fe
prépare de même que la matière du bambeu , pag.
473- 1
Labouré , défaut d*un papier mal couché. i
Lâché , coulé , labouré , écrafé , défauts du pa-
{»er produits par le coucheur , qui , n*ayant pas
a main (ure« laifle un peu glifler la forme fur ie
feutre.
Lames dont eft armé le rouleau du cylindre.
Comment elles s*ajuftent fur ce rouleau , pag. 493
& 494. Leur face extérieure eft garnie d'une ou de
deux cannelures avec un talon , ibid* Celles du
cylindre effilocheur font de fer ; celles du cylin-
dre raffineur de métal compofé d'^tain & de cui-
vre rouge, pag. 494 & 495. Celles-ci font plus
èpaifTes que les premières , ibid.
Lavage du chiffon ; prinicpes qu*on doit fui-
vre dans cette opération fi négligée, pag. 485.
Lavage des pâtes : comment il s'opère dans les pi-
les à maillets , pag: 479 & 490 ; dans les piles à cy-
lindres, pag. 493*
LkvES , cames , fervent à foulever les maillets
pour les laiiTer retomber dans les piles fur le chif-
fon. On diftribue fur l'arbre des roues , les lèves ,
de manière que l'effort de la roue foit toujours le
même , & qu'elle ne foulève à chaque inftant que
le même nombre de maillets , pae. 490. On règle
auffi la longueur des lèves fur le degré de hau-
teur auquçl d convient de faire panrenir les mail:
P A P
lets. On a coutume , par exemple , de Caire les lé*
ves plus longues pour les maillets qni font au nom-
bre de quatre dans les piles effilocheufes, que pour
les maillets qui , au nombre de trois , garniffent les
piles à raffiner. Auffi dans le premier cas , il n*y a
que cinq lèves fur la circonférence de IVbre , tan-
dis qu'il y en a fix dans le fécond cas. Telle efl
du moins la prarique de TAngoumois dans la oonf-
truftion des batteries. Voyez batterie.
Il faut avoir foin de remettre fouvent à nenf
les lèves , parcô qu'elles s'ufbiit fort prompteme^
Cette réparadon eft du nombrede celles <iiii IÎmk •
journalières.
LEVEtra , troifième ouvrier de la cuve, onift-
pare les feuilles de papier des feutres , & en tonK
des paquets qu'on nomme porfes bUnchts. D eC
charêé auffi du travail de la pile affleurante & da
brafiage de la cuve , pag. 509.
Ses fondions fuivant qu'il lève à felle plate oi
à felle inclinée j ibid.
Leveur de feutres ; c^eft , dans certaines fr*
briques, l'apprenti de la cuve , pag. {08. U tiest
auffi en Hollande la planchette , pour aider le le*
veur à felle plate , pag. $09.
Licorne ; (grande licorne à la cloche) papier
d'écriture dans les moyennes fortes. Voyez leta-
"f » pag- ÏÎ7-
Lis ; {petit'lis ) papier d'écriture ; petite fime.
Vover le tarif, pag. 538.
Lisse. On a donné ce nom à différentes au-
chines & outils avec lefqnels on a prétendu adou-
cir la furface des papiers ; mais aucune ii*a pro-
duit un fi bel apprêt que l'échange. Voyez pag.
51J & 525. Voyez échange.
Lissé ; ( papier ) le papier battu & lijféx pafll
fous le maneau des marcnands papetiers. Voyes
battre. Pour lui donner ce faux apprêt , on n'en
foumet guère à la liffe des carriers , ni aux cylin-
dres laminoirs,
Lissoir ; (chambre du) elle n'eft plus guère
connue que fous le nom de falle ; c*eft-là qu'os
fait l'examen & le déliffage des papiers ; qu'on
affemble les feuilles qui doivent compofer kf
mains, pag. 533. Comme on ne liffe plus guère
le papier , ce terme n'eft plus d'ufage. Ceft auffi
pour cette raifon qu'an mot de lijfeujes on a fubi^
titué celui de fallerantes. Voyez ce mot & celm de
falle.
Lïjjoir. On donnoit ce nom à une table cob-
verte d'une peau de bafanne , & fur laquelle la
fallerante placoit les feuilles de papier à meteè
qu'elle les lifloit.
Li viEN ; ( papier ) forte de papier d'Egypte 1
d'un bel apprêt , pag. 46^.
• Lombard. Il y a trois formats différens qaî
{>ortent-ce nom , d'abord le grand lombard , pois
e lombard , enfin le lombard ordinaire. On fiuvi-
que dans les moulins du Ltmoufin , & en piies
bulles , de grandes parties des deux dernières (br-
tes. On y emploie fur-tout les chiffons qui foot
coloiis
I» A P
talonés par la vapeur des châtaignes-» & qui ont
lime teinte grife. Voyez le tarif, pag. ijj.
1 Longuet ; forte en demi* blanc collé ; fou for-
fnat diffère de celui du longuet » réglé par le tarif.
Voyez le tarif, pag. 537, & rarticle envthppe ^
(demi-blancs collés),
Maculature ; (papier de) cette forte cft faite
de pâte* fort groflîére. On la tient d'une certaine
épailTeur , attendu qu elle cû principalement def-
tinée à fervir d enveloppe aux rames des papiers
&Q5 & moyens.
Les maculatures fe fabriquent en Hollande avec
autant de foin que d'intelligence , parce qu'on y
I emploie un chiflfon non-pourri , qui doone une
^étoffe folide ÔL cartonneuie.
^LAIaillets -y leurs formes Se dimeniîons , pag.
^■B. Pièces qui contribuent à leur jeu , iBid, Leur
^HRnire varie» fuivant leur fervicc , dans les piles
I effilocher ou à raffiner > p. 48^^. La tète du ton a
Bon-fculemcnt cinq ou fix Itgnes de plus que les
^titres en épaiffeur , mais encore il efl levé plus
luutpar une came plus longue , p. 4S9 & 490. Le
piaiiUtdu DCiUieu , en comprimant la matière con-
tre le kas , en exprime les eaux fales ôc la graille ,
p. 489 , le jeu fucceiTif des mailltts contribue au
9}auvement de la pâte dans les piles , p^g* 490.
Maillets, Nous ne décrirons ici ni la forme
générale , ni le jeu des maillets. On peut voir ces
détails , pag* 4SS & fuivantes. Nous nous conteu'*
ferons de préfenter quelques réflexions fur diffé-
rentes circonAances de leur emploi.
Dans tes fabriques dj TAngoumois » fituées fur
des rivières dont Teau eHpeu abondante, & où cette
force motrice a peu d'avantage , les maillets font
fort petits 8c fort multipliés pour le fer vice d'iinc
cuve* Âinft, d'après un dépouillement de tous les
moulins, Je trouve pour le fervice d'une cuve
deux roues, fix piles & vingt maiUers par roue ,
par conféquent » douze piles & quarante maillets
par cuve,
Ccft'à-dire, une aflleurante à*** 3 maillets.
Quatre effilocheufes i quatre maît-
lets.. , 16
Sept raffineufes à trois maillets* . / 11
p A P
577
[ Total 40
Par un femblable état des moulins du Poitou
& du Limoufin , je trouve deux roues» trois piles
par roue, & en tout fix piles à quatre maillées,
& vingt-quatre maillets par cuve,
Dins le Mans , il n'y a guère par cuve que
cinq piles & demie & vingt-deux maillets.
On voit que plus ell grande la force de Teiu ,
moins on a de piies & de maillets pour le fervice
ci*iine cuve * mais auifi plus tes maillets font forts
Bt fieiknts. Outre cela , plus i! y a de piles , moins
il y a de maillets dans les pitcs.
On voit cffedivemcnt des piles à trois, à quatre »
fiL même à cinq maillets* Le mouvement du chif-
Aru & Màurs , Tome F, Pan, IL
fon eft p!us grand dans les pi'.es à cinq que dans
lus piles à quatre; &.dans celles-ci , k circuîatîoti
du chiffon cil plus animée que dans les piles à
trois ; mais le pktis grand nombre des piles cft k
trois & à quatre maillets.
Les piles à trois maillets font ordinairement em-
ployées à raffiner ta matière effilochée » qui a plus
betoin d'être triturée que lavée , oc qui par con-
féquent n'exige pas une circulation bien animée.
Au contraire» les piles à quatre maillets font em-
ployées à leflilochigc du chiffon, qui, pour être
bien tavé , exige un grand mouvement; à quoi
contribuent les quatre maillets.
Lôrfqu*on a une certaine force 4'^au , on fait
lever les maillets jufqu'à un certain degré de hau- *
teur i pour augmenter leur effet par une chuto plus
grande , 6c accélérer la trituration & le lavage de
la pâte , par un déplacement plus long Se plus
confidérable de la téie des maillets ; mais on fent
qu'il y a des limites qu'on nf peut pas franchir,
éi que la roue qui fait mouvoir les maillets ayant
une certaine Viteffe, il faut que les mailbts ayent
le temps de produire teur effet, avant le retour
des lèves qui les font mouvoir.
On donne aulFi de Tavantage aux maillets , en
augmentant leur tète d*un pouce fur chaque face,
& en alongeant leur manche ou leur queue de
deux à trois pouces* Il paroît même que ces dif-
pofittonsfont adoptées affez généralement par-toat
ou elles ont pu rétrc ; mais avant de les entre-
prendre , il faut être bien affuré de Tcffet de i*eau
dont on peut difpofer toute Tannée,
Suivint le fyflème de conffruâton de t'An-
goumois, il y a cinq lèves par maillet dans les
piles à quatre , &i ftx dans les piles à trois. Il m'a
femblé que cet arrangement nuifoit à b ckcula-
lion de la matière dans les piles , parce que les
maillets n'a voient pas le temps qu'il leur falloit
poyr produire tout leur eff^et. On tireroit plus
d'avantage des maillets , fi Ton donnoit quatre
lèves à ceux qui font quatre dans une pile , & cinq
lèves feulement à ceux qui fotit trois. Alors cha-
cun des maillets pourroit être levé affez haut
pour laiffer tomber la matière dans les vides qui
s'opèrent par leur déplacement , & pour la faire
mouvoir d'autant.
On a propofc de changer la difpofiiîon de la
cheville autour de laquelle jouent tes queues de^
maillets. Dans l'état afiuel, les queues des mail*
lets jouent autour des chevilles qui font fixées Cic
immobiles dans les grippes de devant. Il en eflré-
fulté que les trous a es queues des maillets s'ufcnt
& 5*agrandiffent , de manière que leur mouve-
ment n'a plus de préctfion, &qu*ik frottent con-
tre les grippes , faute d'un point d appui affiiré.
C'efl pour remédier à cet inconvénient , qu'on efl
oblige de mettre des pièces aux queues des mail-
lets , ou d'en fubffitucr de nouvelles, ce qui en*
traîne une dépenfe confidérable; mais ne icroif*i}
pas plus fimiilc de faire oiouvoir les maillets fur
Dddd
578
P A P
les deux extrémités de la cheville, qui entreroit
carrément daas la queue ; Si pour que chaque
raailki eût un mouvement particulier fur les deux
extrémités d'une cheville, il feroit facile de faire
des entailles dans les dems des grippes , de les
garnir de deux paliers de cuivre rouge , Se d'af-
iLijettir les deux dcmi-parters par le moyen d*un
morceau de bois , avec deux boulons de (er arron-
dis j au moyen dcfquels on ferreroit fuivaot le
befoin les paliers.
On empécheroit, par cette précaution* que les
maillets ne changeanent de diipolition refpe^iye ,
& ne joualTent en frottant contre les grippes ; &
d'ailleurs il y auroit de l'économie à ne renou-
veler que les chevilles , quand leurs extrémités fe-
roïcnt ufées. Je penfe que des chevilles de fer
rendrui^ni cette nouvelle conftru^ion bien plus
durahle , & le ftTvice des maillets bien plus exaâ.
Oa peut crmhint r le travail des maillets avec
celiii de* cy'indrt:«. On le fait avec fuccës dans la
Gueldre & en AKace : on effiloche aux cylindres >
& on n{finc aux maillets.
Nous avoiïs parié des différens fyftêmes de conf-
truéiion des moulina » dans ïefquels les maUlets
varient , foii qaant à Itur forme, foit quant i leur
nombre» Il pourroit être utile de joindre à ca con-
fidêraiion* » celles des paies qui réfuhçnt de conf--
trudions auffi variées^ On vcrroîten même temps
quelles font les relTources de Tart dans certains
cas, foit pour tirer parti de tel ou teliéfuliat ,fott
pour remédier à tel ou tel inconvénient , foit enfin
four compcnftr un dcf^ivaniage par un avantage,
l me femble que ces difcuflîons Ck ces rapproche -
mens poLtroicni fournir phificurs vues utiles pour
la connoiflance Si îa perkftîon Cq Tart.
Main ; papier à Ij main , moyenne forte, p. 537.
Main-brune ; forte de papier f^tbnqué avec
une pâte grifc , & qu'on emploie pour faire Tame
des cartes :i jouer. La paie en doit erre bien tritu-
rée 8t exempte de pâtons , afin qu'ils ne nuifent
pas au lin'age égal des caries. Outre cela la main
àrune , pour donner une cef laine fermeté aux car-
tes , doit être bien collée ; ce qui efl facile» parce
que ces fortes de pâtes prennent aifément la colle.
Main-fleurie ; paît â h main ; deux petites
fortes propres à Técriture. Voyez le tarif, pag,
53S.
Mains ; ( les ) c'eft le petit c6té d'une feuille
qui tient au ifon ctrron^ & qui fe trouve effeélive*
■»*ent faifi par Us tnatns du leveur.
Maiv de PAPi£;t ; c*elt , comme tout le monde
fait, un p^qUvt de vingt- cinq fsruilles de papier
Sïliécs en deux. Il faut vingt de ces mains p:>ur
aire une rame L:s HolUndois favent plier les
feuilles de papter , foiir en former des mains , de
manière qtie les dos foieni bien ronds & les bords
des ^euiilii bien épaUfès ; pour cela ils placent 'es
vingt-cinq feuilles les unts fur les autres, fie les
plient toutes à-la-fois ; au lieu qu'en France» on
plie d'abord chacune des feuilles féparémçïit , &
p A p
puis, en les afTcmblant les unes dans les autres »
on en fait un paquet où les feuilles s*ajuilem mal»
& pour le dos & pour les bordures. Ainfi ncê
mains font , comme on voit , le réfuttat de vingt-
cinq pliages differens , faits à la hâte» de chacune
des feuilles qui entrent dans leur compofition \ au
lieu qu'en Hollande » la main de papier e^ le ré*
fuUat d*un feul pliage , fait avec aitemion , de
toutes les feuilles après qu'on en a bien égalifé les
bords.
On diRingue dans une main de papier , U ios
& /j haihi. Le doi cfl formé par le plis des deux
pages de la feuille ; les deux rives ou bordures de
ces deux pages» font ce que Ton entend par U
bar h tu
Maroquins j riJes qui fe formem fur les feuil-
les des pages qui touchent aux cordes de réfti>>
doir , lorfque ces pages font trop épaiffes ; ces ri-
des proJuifent a la furface des feuilles » & fur-
tout dans la hgne du pli , un grain chagriné coismc
les peaux de maroquin. Voyez rïdts^
Messel ; moyenne forte : il y en a de deux
formats : U grand mtjfcl , St le fécond mfjfd ; celui*
ci efl d'un affîsz grand ufage pour riniprelBoii»
Voyez le tarif, pag ^37.
Mise ; forte de trapan fort épais , dont on c^n»
vre ia porfe feutre lorfquelle cfl fous la prcfle,
& contre lequel vient s'appuyer le banc de prcflr*
Voyez p>3g. 502* Il cfl bien eff^nîîel que le nom»
bre &L répaiileur des w/fi foieni bien déterminés»
afin qu'on puiife régler l'aélion de U prefle, pif
la defcente du banc de prifc & par les t'>tïrî de
la vis , St régi' r le degré de dellîccaiion qu*è*
prouve la matjère des feuilles de papier au radittt
des feutres » par une compreflîon dont on coo*
noilTe Téten-lue & la mefwre. Chaque forte de pa-
pier doit , fuivant ces princi^^ts, exiger des mtfcs
différentes , 6t une différente marche dans U vis
de la prejle. Sans cela le leveur ne pourra rèpoo*
dvù de fa riche, & le papier fera mal fabriqué en
général. Voyez P^tjfe & godagL\
Mouillée. Ce terme a deux acceptions diffl-
rentes : il fe prend d'abord pour la quanriré de
chiffon trié qu'on fait defcendre au pournffoir à
certaines époques, & dont on forme des tas par-
ticuliers qu'on atrofe de temps en rti^rps. On dit:
nous avons def.endu une moujlice de fui , de
moyen » au pourrifToir, On demande au maître de
la tabiiquc , quelle efl la mon !Ut quM faut preo-
dre pour en commencer la inturiition* Lorfqu*oti
defcend au pourrifToîr une nouvelle EùouUlèc , OU
l'arrange deiïous les anciennes.
MouHUc , fe pr^nd suffi pour ta q'^utrité de
poipils dont le f;*ilerant chA'ge ia p elTe de la
chamhre de colle, Ccff fous ccrte acccptum qu*oil
dit: ilfatu prcffer la moui1éç:ivcC un cenatnilkfr*
nagement ; il faut fw'parcr par des ntnrccaiix de
feutre les rames dont U moalUe cil eom|iolîe*
Cefl de cette mouiUét que les falleraiîes, qui
étendent les porfcs collées fur les cordes , ciîixs*
iMâ^^^l
^
P A P
dent parler, lorfqu'ellcs dîfent qu*cHcs ent fait
t&Dt de porfcs fur la mouillée*
Moulins ; f^randes michînes pour la tritura-
tion du chifton» Il y en a de deux fortes : les mou-
lins à maillets & les moulins à cylindres. Defcrip-
tion d'un moulin à maillets , pag. 487. Voyez pi-
les , mail Ut j 8c grippes.
Defcripdon d*un mouUn à cylindres : rouages qui
font mouvoir les cylindres, p. 491* Les moulins à
cylindres plus avantageux que ceux à maillets ,
pag. 4çy. Voyez piUs a cylindres ik platines. Ce
mot figmfie au:!v les fabriques i & Von dit dans
ce fens: il y a trois moulins fur ce riiilTeau*
Mule ; planche qu*on place entre les jumelles
de la prefle de cuve» Si fur laquelle le leveur ou
fon apprenti dépofe ks feutres que le coucheur y
pfCiid à mefure qu*il en a belbin. Voyez pag.
joi.
Musettes ; petites bouteilles occafionnccs par
IVîr comprimé enîre la feuille & ïe feutre , lorf-
que la feuille n'adhère pas exadcment au feutre
dans toutes fes pariie";. Voyez bouteilles. Il s'en
forme auflî lorfque le leveur éc4ihe mal , pag.
Nageoire ; c'eft une efpèce de caiffe, dont
les parties font difpofçes à côté de la cuvCj de
manière à recevoir Touvreur , & à le mettre à
portée d'exécuter toutes fes manœuvres , comme
de plonger la forme dans ta cuve , ôic. Voyez pag>
497-
NduDS ; parties des fils à coudre, qui n ont
pu être triturées par les cylindres , & auxqueiles
CCS machines donnent feulement une forme ronde*
Ils font fort fcnfibles à ia furface de certains pa*
piers, qu*ils percent quelquefois entièrement. Il
oy a qu'un triage fèvére ÔC exaô qui puiiTe pré*
ferver ks fabricans de cette défeûuofitè qui tn-
(c€te les meilleures pâtes* On ne peut détruire ks
nœuds qu*en triturant les fils & ks coutyres aux
maillets.
Noyé d'eau ; fortes de nébulofités , occafion-
nées par une quantité d'eau furabondante qui
nùie la pare entre ks feutres , & en produit le
dérangement. *
O- ( trois O de Gènes ). Voyez Gènes , & le
tarif, pag. 538.
ORENi ; plante qui fournît une matière mu-
cilagineufe , que ks Japonois mêlent à ta pâte
de leurs papiers » avec Te x trait gélatineux du
riz* Cette addition de mucilage paroit néccffaire
J>our qu*on puiiTe former des feuilles de papier
ènncs & folide^ , avec la matière fibreufe retirée
de récorce intérieure des arbres , furtout après
qt]*on Ta privée de toute fubflance analogue aux
mucilages > par des kllives réitérées. Je difcuterai
quelque jour ks raifons phyfiques de ce mélange ,
éc je montrerai ks effets qu*iî produit.
Ouvrage. On f; fert en papeterie de ce terme ,
Lpeur indiquer la pâtcf réfidente dans la cuve de
ïotivreur , & foumife à fes opérations. Ainfi
p A p
579
Ton dît : fi Touvreur sVpcrçoit que Yotivrage Ce
précipite au fond de la cuve , it la fait bra<fer à
moitié porfe : Youvragc ntÙ bien écLirci , lorf-
que la cuve vient d'être bradée > qu'après que
Touvreur a fabriqué ks quinze ou vingt premiè*
rcs feuilles , ou bien après qu'il a jeté autour de
la nageoire une baffine d*eau, La cuve fe fournit
d'ouvrage à chaque porfe , en quantité éqtiivaknte
à celle que la porfe dêpenfc, Vouvra^e retient
Feau lorfquil efl un peu gras. Lorfque "la pite
eft fans aucune graiffe fenhble , Si qu'elle quitte
i'eau rapidement , on dit que Vouvrage eûfurge.
Il tiï mieux que Vouvra^e (oh travaillé à grande
eau qu'à petite eau , &c.
Il eft aifé de' voir dans toutes ces phrafes , qui
ioni autant de principes ou de faits utiks à rap-
peler en papeterie, quelle ell l'acception du mot
Ouvreur ; premier ouvrier de la cuve. Ses
fomSiom à la cuve , pag, 502. Principes d'après
lefquels il doit opérer , fuivant la qualité des pâ-
tes , fit fuivant ks autres circonflances , pag, joy.
Pages ; paquets de quatre à cinq feuilles, qui ,
en féchant à Tctendoir , fe collent enfcmbk &
forment , dans cet état , des efpèces de cartons*
Il faut que ces pagfs ne foicnt pas trop cpai/Tes ,
parce que cela occafionneroit des rides & Jjs fron*
ces dans les feuilles qui touchent aux cordes , &
qui ne peuvent pis féçher en mêtnc temps 6c de
la même manière que les autres.
Pour k fuccès d une dciTiccaeion égale dans ks
/?j^«, il eft bien effentiel auffi queks porfes blan-
ches d'où on les lire , foient prefféo dans leccn*
tre comme vers les bords ; à que lorfque Tcau
rentre des bords vers k centre, elle rentre le plus
uniformément qull efl poffible. Si les différentes
parties des fcudks qui compofent les pages , font
inégalement pénétrées d'eau, la dtfficcation des
pages fe fait rrès-irréguîièrement. Le centre, fé-
chant d'abord , fe trouve enveloppé par les bor-
dures qui font ipoins fèches & il en réfulre un go-
dage remarquabk , oui fubftfte touours , mal-
gré une deiTiccation plus complète. Le collage ne
fait point difparoître ces défeàuofirés , parce que
CCS fortes de p^ges fe collent mal & inégakmenr.
Pour prévenir ces inconvéniens , on ne preffe
pas trop ks paies qui ne réabforbent pas l'eau
également. C'eft donc Fétat de ces matières qui
doit diriger les ouvriers dans ks preffages , foit à
la cuve , foit aux rekvagcs de Techaniçc,
J'ai déjà dit qu*il importoit beaucoup que kf
feuilles reflailem collées phffîcursenfemMe en pa-
ges y pour pouvoir être plongées dans k mauil-
ioir , & fe pénétrer de colle fans fe caffer. Ceci
eff vrai fur- tout pour les pâtes produites p:tr Ja
trituration des chiffons pourris , qui font en ^éné*
rai plus molles , 8c ont beaucoup moins de con*
finance que celles qu'on obtient des chiffon* non-
pourris. C'efl pour cela queks feuilles de papier,
fabriquées avec des pàte^ n^tn relier ^ peuvent être
Ddddîj
^Bô
P'A P
défceuvrées ou détachées les unes des autres , avant |
que d^ctre plongées dans la colle , même y r^^fter
un temps Tuffifant pour être bien collées fans
fe caiïer. Ce qui contribue auifî à féparcr ces feuil-
les les unes des autres , ce îbnt les relevages de
rechange feuille à feuille , qui détruifent leur
adhcrence enfcmble , à mefisre quVUes éprouvent
la deflîccatioïi fur les cordes* Ainfi, deux circonf-
tances foot que le papier a moins befoin de former
des pages : la confifïance de la matière première
non-pourrie , en fécond lieu le feutrage qu'cile
acquiert par les relevages réitères. C*eit par cette
raifon que dans les étendoirs de Hollande & de
Flandre , on trouve la plus grande partie des feuil-
les des pages défoeuvrées , parce que les pâtes font
produites par des chiffons non-pourris , & qu'où*
tre cela Us porfe s blanches ont été relevées avant
d'être portées à Fétendoir.
Ces fabricans font mcme Ci affiirés du dé-
fœuvrement des feuilles de leurs papiers , qu ils
cteçdent en pages après la coîle , fans crain-
dre que ces feuilles reftenr adhérentes, &oppo-
fent la moindre dif&culté à leur réparation. Voyez
pag. 511.
pANTALOK ; ce papier eft fait ordinairement
de pâte moyenne en Angoumois & en Périgord r
il porte le plus fou vent pour enfeignc les armes
de ta ville a Amllerdam, étant deftiné particuliè-
rement pour des marchands HoUandois qui en en-
lèvent de grandes partie?. On l'appelie aulfi Àmjlcr-
•/jm,ou funplement papier aux armes ^ pag. 538,
Papeterîf. Ce terme a deux acceptions ; il fc
prend pour les bàtimcns mêmes de la f Abri que,
pu:s pour la fuite des procèdes & des manipula-
tions qui concourent à ia fabrication & aux ap-
prêts du papier.
On dit , fuivant la première acception : cette
papeterie eft fuuée, non-feulement fur un ruïiTeau
qui ne trouble pas, & dent la chute eâ coniidé-
rable , mais encore dans utic belle plaine , ou le
vent fefait fcntir convenablement. Pans un autre
fens, on dit Fart de U Paptttrit fe perfetîîlionnc
tous tes jours. Il a été enrichi par les Holbn-
dois, qui y ont introduit les manipulations de ré-
change , avec lefquelles ils adouciâfent le grain de
leurs papiers fans le détruire, La p^ipeurie Françoift
s*eft procuré, depuis quelques années, de nouveaux
moyens de triturer les pâtes » en adoptant les cy-
lindres Holbndois , quM faut bien diilingucr des
cylindres François de Montargis*
Papetier; ce mot s'applique aux ouvriers ou
compagnons iravaillans dans les moulins; ainfi Voa
dit les ouvriers papetiers , les compagnons papetiers
commencent leur [ournée de bonne heure, & la
finiiTent auiTt de trèsbonne heure , à moins qu'ils
ne faiTent journée & demie.
On rapplique auflTi aux marchands de papier des
villes : aînfi Ton peut dire que les march^tnds Pa^
petit rs de Pans gâtent te papier à écrire , en le
kattant avec un large m^irteau. Vuyci iattre.
P A P
Papier. On peut cti diftînguer de dcuxefpéces,
ceux faits de tiffus naturels , & ceux formés de
la réunion de certains principes homogènes, tiret
des végétaux. Le papier d'Egypte, & celui fiit dt
liber U^t de la première claiTe. On pourroit y
joindre d*3Utres papiers dont les feuilles decertainf
arbres , ou même les dépouilles des auimaux
fourniiTent les étoffes. Le papier de la Chine , cditi
du Japon, celui de Coton , cnûn celui qui fe ^-
brtque généralement en Europe avec le chiffon,
font de la féconde claffe. Voyei paj. 463 ft
fuivantes.
Papier de chiffok ; époque de fon inveotioo,
& de Tiatroduétion de fa fabrication en Europei
pag. 480*
Papiers ; leur difUnfïion, prife de la nutiiéfe
dent ils font fabriqués , confidèrée comjn# pourrie
ou non-pourrie , pag* 515.
Papiers de paies non-pourries :
Pour récriture.
Pour le dedin.
Pour les enluminures.
Pour tentures.
Pour enveloppes.
Cartons pour les étoffes.
Papier de pâtet pourries :
I
Pour rimpreflîon*
Pour la gravure.
Pour les cartes a jouer.
Pour être peints & liffés.
Papier fin ; papier fait de pare proauitc pac
les lots de chiffon fin*
Papier moyen; papier fabriqué avec des pire»
moyennes , qui font le refultai de U trituratioa
du chiffon de moyenne qualité»
Papier bulle; papier de U trolfiéine ^il!ii«
de pâte produite par la trituration du chiffon Mk
VoyczbuUe,
Papier a lettres i moyenne & petite forte,
pliée en deux : ainfi la rame de papier à knres
n eff qu'une demi-rame.
Papier a poulet ; ce font ordicrairemeot les
caffés des petits papiers à lettres , dont on plk kl
bonnes demi-feuilles, & qu*on rogne : on en fini
auffi avec la pigeonne ou rotmine ^ c'cft inémcreiH^
feigne de la pigeonne qui a donné Beu à b M-
nomî nation de papier à poulet.
Papyrus ; plante qui fourntffott le« tiffut nait-
rels dont on formoit le papier d'Egypte ; m»
466. Recherches fur cette plante & fur ccUc oe II
même efpèce; pag, 467 & fuivantes.
Pâte; c*e(l, en papeterie, le réfult^tde li m*
turarionduchiffon,quon réduit, ou pairl^iiiiilkfS
ou par les cylindres, à un étM de tènuitéplDiP*
moins confidérablc , fuivant les i(ycyc% d£ p^f*^
quon fe propc^fedc fabriquer.
P A P
On diAinguc ordinairement trois fortes de pâtes,
fuîvmt la ûne(ïe & ]a blancheur des chlfFons
qo'on a foumis à la trituration. Les pâtes fnts ,
les pâtes moyennes , & les pâtis huiles ; & Ton dit
en conféquence , que tel papier eft fabriqué avec
tine pâte fine » ou moyenne , ou hulU , &c, & on
lapprécie auffi d'après les difTércntes qualiiês de
ces matières,
Quant au travail de !a cuve, on dlilingvie deui
fones de pâtes : les pâtes furges , 6t les pâtes char-
gées de graiffe. Les preniiéres quitteai l'eau faci-
lement , 6l fe travaillent avec une certaine aifance ;
les autres 'retiennent l'eau de manière à gêner
l»ea.u€Oiip le trmvail des ouvriers de la cuve, &
jartkulièrement ï ouvreur & le coucheur. Voyez
pag, 504 & fui van tes. Lorfque le triage du chifïbn
Jï'a pas été foignè à un certain point, & que les
pâtes font chargées de matières étrangères à la
nibftance du chanvre ou du lin, on dit que ces
pJtts font impures.
Xc diRingue aufli les pâtes faites avec du chiffon
qui a été pourri^ des pâtes qui réfultent de la tri-
turation d un chiffon non-pourri .'J'appelle celles-ci
faits naturelles , & les autres / *ift-f pourries : ces
deux fortes de pâtes fe coniponenc bien diffère m*
ment dafis les diverfes opérations de la papeterie,
ainij que je Tai fait voir dans mon fécond mé-
moire ; & elles fournîlTcnt des papiers dont les
qualités différent beaucoup. On appelle pJie verte ^
celle que donne un thiffon qui n'a pas été fuffi-
fammene pourri, & qui , par le progrès de la tri-
turation dans nos piles, a pris une acrtaine quan-
tité de graiffe. Cette pdte verte s'annonce par des
nébulofitès multipliées qui font vifiblls lorfqu on
cicamine les feuilles de papier contre le jour* Ces
nébulofitès difperfées font la fuite de la difpefi-
rion irrèguhère de la matière, qui, retenant Tcau
trop abondamment, ne s'affalffe pas fur la verjure
comme il convient , pour que la feuille ac-
quière une belle tranfparcnce. Il eft vifible , par
,ce que j'ai dit fur les pâtes , que les défeéluofités
principales des papiers , viennent des dîfférens
euts des pâtes.
On peut mêler avec avaniage les pâtes qui ré-
fultent des diffère ns lots de chiffon , pourvu que
les pâtes des lots fuperieurs ne dominent pas ,
dans ces mélanges , lur celles des lois inférieurs ;
pag. 485. Circon^ances qui, dans les moulins à
maillets, concourent à la circulation des pâtes dans
tes piles; pap. 490. Les pâtes pnlf^nt fucceffivement
dans trois fortes de piles à maillets , avant que
dfttre propres a la fabrication du papier , ihtJ,
mais il fuffit qu'elles paffent dans deux piles à
cylindres , pour être préparées convenablement.
Patons, FRETILLONS. Il y a deuit fortes de pâ*
ions ; les uns font de petits paquets de pâte i dont
les filamens ont été roulés en femble, de manière
ipills ne peuvent plus fe iréler à le^u ni à la paie
—^-''—- ^ -mih font des corps à part»
P A P 581
Les autres font proprement des parties de ta
fubftance du chanvre ou du lin , qui ont reçu
une trituration imparfaite*
On muhiplie beaucoup les pâtons de la première
efpèce, quand on charge Taffleuranfe d'une trop
grande quantité de pâte > relativement à fon véh^
cule , 6^ quand le travail de la cuve fe fait k
petite eau.
L*ouvreur en fait auïïi beaucoup avec fa forme
& (on cadre, iorfque les pâtes font graffes, 6l
que Feau n'entrai ne pns routes les molécules, de
manière à nettoyer la forme ; car alors comme elles
fe rencontrent fous les doigts de Touvreur , elles $*y
trouvent écrafées Ôctroiffées les unes fur les autres.
Les tranfportsdcs pâtes de Tiiffleurante à la cuve,
ou des piles aux caiffes de dépots , occafionnent
des pâtons. C'eft pour les éviter, que les Hollan-
dois conduifent l'ouvrage , par le moyen de dal*
Ions , de la pile des cylindres raffineurs aux caiffes
de dépôt voifines de la cuve , & qu'ils le conduifent
avec tout fon véhicule , pour que l'ouvrier le puife
dans ces caiffes , lorfqu'il fournit fa cuve. C eft
-pour fe procurer ces avantages , que les piles des
cityndres raffineurs font tou|ours , dans la diflri-
bution d*une papeterie Hollandoifc , à un ni-
veau au deffus de celui des caiffes de dépôt &
des cuves. Par ces pentes ménagées , on facilite
la conduite de la fâte, aiofi que nous venons de
le dire.
Une pâte triturée lentement, & avec un mo-
teur foible , comme pïufieurs papeteries l'éprouvent
en été & en automne , eft fouvent chargée des
pâtons de la féconde efpèce.
On eftexpofé aux mêmes pâtons , l^rfque dans
le dèhffage des chiffons , on n*a pas foin de mettre
à part les nœuds des fils à coudre, les coutures
& même tes chiffons durs ; dans ce cas , les pâtons
font longs , lorfque Ion triture ces matières avec
les maillets ; & ils font ronds lorfqu'oa emploie
les cilyndres. Voyez natuds.
Les pâtons annoncent une fabrication négligée :
on les découvre aifément fur le papier , par le ton
de blancheur mate qui les détache du fond de Té-
loffe , outre la faillie plus ou moins grar.dj qu'iU
ont fur ce fond. Les pâtons gâtent les plus belles
pâtes 8i le plus beau travail
Pattes ; nom qu on donne aux chiffons dans
certaines provinces.
Pattières ; femmes qui font la cueillettes des
chiffons*
Peîlles ; nom qu'on donne aux chiffons dans
rAngoumo s, le Périgord Si leLimoufiri ;p3g* 4^3.
Ce mot , dans le patois de ces provinces , fignilie
haillons & habits déchirés^ U peilla,
Plrchis des étendoin ; ce font des pièces de
bois de trois à quatre pouces de face , 8c percées
de plufieurs trous , dans lefqueh on fait pafferdes
cordes qui fe correfpondent d'une perche à Tautre,
Lorfqu'on place dans les enuilles des piliers ctf
perches , elles ferment à tenir les cordes bandées ^
ri
582
P A P
et; m^nUrc que ces cordes peuvent foutenlr les
teuilles de papier quon y étend » fans prendre
ime certaine courbure ; car les fe ni lie s , en féchant
fur des cordes trop courbées, fe déformeroienc»
On établit ordinairement deux rangs de perches
dans la largeur d'un èteadoir , & trois rangs fur
la hauteur.
Les perches font éloignées les unes des autres
de [3 à to pouces; & dans ce fyAèms de diftri-
bu; ion , les cordes peuvent fervir à Tétendage
de toutes les fortes , jufqu'au grand compte ; mais
lorfqu'on fabrique de grandes fortes qui péfeni
depuis trente jufquW foixante livres, on fupprioie
le rang des perches du milieu , & on trouve aÛez
d'efpacc cmre ies deux rangées de cordages qui
rcftent pour étendre fans embarras ces papiers.
Pieds ( les ) ; on indique par ce mot le périt côté
oppofé à cehu i/ii le trouve le bon caron : ta po*
fition de ce petit côté placé fur la felle inclinée
proche les pieds du Icv^ur ^ Ta fait ainfi nommen
Pied de-chèvre; défaut des feuilles qui font
fendues dans les coins par la jeceufe, ou mQsnQ
fimpîement trouées
Pigeonne; papier de très-petit format» C*eftU
pigeonne dont on tait ordinairement U papier à
pouUt ^ 6c dont Tenfeigne, qui eft un pigeon fort
fefftmbUnt à un poulet , peut avoir donné lieu à
cette déRomination. Voye^ le tarif, pag. 538.
Pile. On dîftingue deux fortes de ptles , celles
ou jouent les maillets , & celles ou tournent les cy-
lindre?\
Les premières piles font des mortiers creufés
dans de fortes pièces de bois , où fe met le chiffon
pu bien i^pace qui doivent être lavés par l'eau
qui y circule , & triturés par les maillets. Il y a
trois fortes de pites a maillets.
1% Les pïUs à drapeaux ou à effilocher ^ où Ton
ébauche la trituration du chiffon , en àéjiUnt les
morceaux de toile , Ô£ les réduifant â des fibmens
d'une certaine longue\jr. Ceft au*!i dans ces piles
qu'on donne à la matière duchitTon la plus grande
partie du degré de blancheur dont elle efl fufcep-
tible,
a''. Les piles â raffiner , oii h pâte achève de
prendre le degré de ténuiti convenable.
3"*, Les troîfièmes fortes de piles font les pîîes
affleurâtes , les pïlts de foavrUr ^ qui fervent à
conncr la dernière préparation à la matière du pa-
pier , îivant qu'elle foit ponce à la cuve.
On dulinguc aufli les piîes par le nombre de
maillets qui y jouent» vu que ce nombre con-
tribue plus ou moins au travail de la trituration
des pâtes. Il y a des piles à trois , à quatre & même
à cinq maillets , & plus il y a de maillets, plus la
circulation de la matière y eft animêct
La (ormfi de ces piles eft très-importante pour
le fuccès de la trituration des paies. On y a pra-
tiqué des iffues , qu'on ferme avec des toiles de
cnn qui retiennent la pâte , 8c qui donnent paf-
lage aux falciés , qu on nominte la ^r^iffc.
P A P
Enffn tl y a des fontaines » par lerquelleson ia*
troduh Teau qui fert à laver , <k à faire circuler 11
matière qu'on triture dans ces piles.
Les piles où tournent les cylindres , ont été dé-
crites en détail , pag. 491 6l 4^}, Nous y ren*
voyons* •
Le nombre de piles néceffaires pour fourcilr as
travail d'une cuve , varie d'une province à une
autre. Il dépend fur-tout de la force de Teau, do
poids des maillets ai de la longueur de leur irait;
Dans certaines provinces, cinq piles fuArem,
deux effilocheufes , avec trois raffineufes. Dans
d'autres, il faut douze piles, cinq à effilocher &
fcpt à raffiner , &c. Voyez maillets.
Les piles à efElocher fe chargent à plufieursfoti
de la quantité de chiffon dont elles doivent écre
garnies , pour qu'elles ne foient pas engorgées, Ou-
tre cela , les gouverneurs ont foin de triturer
dans ces piles t à grande eau, parce que la oii*
tiére doit être lavée à mefure qu'elle le divîfe.
Il n'en efl pas de même des piles k raffiner, oti
Ton donne moins d*eau à la pâte , parce qu'eUe a
plus befoin d'ctre atténuée, que lavée.
Ce 11 pour la même raifon qu'on ne met que
trots maillets aux piles raffineufes , & une feule
conduite d eau ; parce qu'avec ces moyens la
pâte eft plus battue & plus atténuée que lavée.
PlL£s ; leurs dimenfions & leurs formes , Tuivant
qu elles ont trois ou quatre maillets ; pag. 4S8«
Sont garnies au fond par une platine de Ccr, ihid.
Leurs coopes , pag. 489 , font percées par uoe
ouverture qui donne iffue aux eaux fales & â U
graîffe , Ôc qui admet dans des couliffes le chaffis
du kas , ihtd.
Files des cylindres ; leurs dimenfions , leurs for-
mes » pag. 491. Sont partagées en deux parties
par une cloifon, ibid. Se garniffentintérieurcnBent
de lames de plomb, de cuivre, &c. Détails de
toutes les pièces qui contribuent au travail d*ooc
pile à cylindre , p. 49'^ & 494. Les piles d^s cylin-
dres raffîneurs font plus chargées de matière que
celles des cylindres effilocheurs. A-peu-près par
les mêmes raifons qu'on charge plus les piles à
maillets qui raffinent , que celles qui ef&lochent t
pae. 49^. ^
Filon ; voyez maillet* Le travail aux pllofn
comparé à celui des cylindres , pag. 495.
Pince du kas ; efpéce d'entaille ou de poi-
gnée, avec lefquelles on faîfit le chaffis du kas,
lorfqu'on veut Tester pour renouveler ou nettoyer
la telîette. Voyez pag. 489.
Piqué; (papier) c'eft celui qui, étant fer|^
trop tôt dans un magafin un peu humide , coq*
tra^c quelques taches de moififfure , pag. ^ij.
Pistolet ; forte de chaudron qui fait ToAce
d'un fourneau, pour chauffer Tcau de la cuve à
ouvrer , & y entretenir pendant tout le temps dtt
travail une certaine température douce * pag.
En Hollande » on en lupprime Tufagi
^
P A P
Télé , quoique ptfut Itrelc véhicule des pâtes Hol-
landoifes au plus befoin d'èrre chauffé que cckïi
des pitcs poyrri|i i mats les Hoilandoi s ayant pris
le parti de fabriquer lentement , ils n*ont pas tou-
jours recours à une chaleur qui , dans nos fabrî
ques, a pour but d'accélérer le travail, en don-
nant à Teau une plus grande facilité d'abandonner
b jpâîe. «
Plan incliné ascendant; cVft celui fur le-
quel le cylindre fait monter la matière par fon mou-
vement de révolution , pour être coupée & dé-
chirée entre fcs lames 6l h platine , pag. 491.
Plan incline descendant ; c'eft la rouie que
fuit une partie de la m.iiiirc qui a été entraînée
Bar lu cylindre , & qui rentre dans le torrent de
u circulruion » ibid,
fLANTES BRUTES : On a voulu , en diflférens
temps , its fubfliruer au chiffon , alnfi que les écor-
ces d'arbres. On Ta fait fans vue ëi fans analyfe ,
Inconvéniens de Tufage des plantes brutes dans
nos paptitcries ; pag. 482.
Platine. J^ dois rappeler ici deux fortes de
platines, ^ui icmplilTent le même objet par des
formes diffèrcnies ; i**. les platines propres aux
piles à mailtets ; a^ celles qui font placées dans
Tes plies à cylindres. Les premières font de gran-
des plaqueî» de fer fondu, &L encore mieux de fer
forgé , qui garnirent îe fond des piles à maillets ,
& qui y font fiàées par quatre gros clous qu'on
nomme agraffts, Ceft entre ces platines & la iei-
Ture d^ la tête des maillets , que le chiffon fe tri-
ture, ou que U pare fe raffine. Voyez pag. 488.
Les fécondes font des pièces de métal compofé
dVtain & de cuivre rouge cannelées à leur furface ,
& dont les Cinnelures rencontrant celles des lames
des cylindres, font Teflet des cifeai:x pour cou-
per les ch^tTons , que le mouvement du cylindre
entraîne cMre fts lamtrs & la pUûnt. hç% platines
ont ordinairement deux fyftêmes de cannelures ^
pour qu'on puiffe ks changer de fituation & les
taire fctvir dans les deux cas. Elles ont environ
ét\xx lignes de profondeur , & fe terminent en
rranchans couchés , à-peu-pres comme les dents
d*unccrémaiUiére ; la moitié des arrêtes eft inclinée
d'un côfé , & l'autre moitié vers le côté oppofé.
Il eft nécefiaire de r a gréer fou vent & de rétablir
la vivc-arrèîe des cannelures f*e la platine , qui
contribuent à couper les chiffori^ ; & comme
elle diminue d'èpaifTeur à mefure quun laragrée,
on eft obligé Ai lui donner un fuppori ou
coulËnec plus épais , afin qu*eUc fe confcrve à
une diAance toujours la même des lames du cy-
lindre > & qu'elle opère également avec ces
lames , foii pour Teffilochage , foit pour le raffi-
nage des pâtes*
On évite en Hollande de fe fefvir de platînes
de fer , même avec les cylindres cffibc heurs ,
parce qu'alors la rencontre de cette platine de
ikt avec les lames de fer du cylindre noirciffeni
P A P
5S.I
!c chiffon â mefure qu*il fe coupe & quM fe bat
en défilé.
On a foin auflî que le métal qui fert ^ compo-
fer les pbtincs des cylindres raffineurs , foit moins
dur que celui qui fert à former leurs lames; car,
comme il cfl de principe qu'une dureté égale
dans les lames des cylindres & des platines ,
nuit au fuccès de b trituration é\\ chiffon , on a
préféré de faire les kmes des cylindres plus du-
res , parce qu*on ne peut pas les renouveler aufii
facilement que les platines* Cefl pour cette rai-
fon qu*on tient les platines d'un métal plus doux.
Quant au cylindre effilochcur* il eft aifé de don-
lier à fes Irimes ,qui font de fer , une fupériorité de
dureté A:r la platine qui eft de métal ccmpofc.
Voyez pag. 491 & fui vantes.
Plumer ; défaut de fabrication , qui a lîeulorf-
quon enlève fur j*cpaiffcur des feuilles encore
mouillées , de certaines parties de pare , de ma-
nière que ce qui refte foit, en conféquence , ou
appauvri ou couvert de poils. On plume dans deux
Cïrconftances j i^ lorfquc le coucheur enlève avec
îa forme quelques légères parties de la feuille quM
couche* Le papier trop mince eft fujct à être plumé ;
& en général , le coucheur plum^ toutes les parties
des feuilles qui n*ont pas été fournies de matière
comme le reile. Eïvfin , ft la feuille ik féchc trop
vite ^ &' qu'elle ne 5'applique pas bien au feutre,
parce qu'elle ne lui fournit pas de Teau fu£fam*
ment, le coucheur plume,
La féconde circonflance du plumer, eft lorfque
le gouverneur du moulin , en féparant les pages
des porfes blanches , rencontre des feuilles trop
adhérentes enfemble, & qui , fe défœuvrant avec
effort , fe chargent d'un duvet abondant. Cet in-
convénient a lieu toutes les fois que \€.s porfes
blanches ont été mal preftecs , & n'ont reçu
quune defficcation incomplète.
Poignées; ce font les paquets ou les porfcf
que Je fjilerant trempe dans le mouilloir à cha-
que fois qu'il colle. Deux de ces poignées ou por-
ksfont une rame* Lefallerant a foin de les tenir
féparées par le moyen de bandes de feutres, ou
d'autres marques qu'il place dans la mouillée ou
pile de feuilles collées , à mefure qu'il l'arrange
fur la table de la prcffe.
Ces ranges, que Us Crerantesporient i rétcîî-
doit , étant dépendantes de» porlcs , rcnfermen
un norïibre de feuilles qui varie comme les fortes
de papier j & c'eft pour les diftribucr fans mé-
compte , que le tallerarj! les tient féparées fort
exaél-'Hient; c?t la tâche éc% éiendeufcs fe compte
par ces ramts , qui n'ont rien de commun avec Icît
rames du commerce.
Les grandes firtes ne fe coilenc 01 par pjt^
gnèes ^ ni par porles.
Poî^TtsfeAU ; harre de fapîn qui» «" cet^îm
nombre iovt variable , travcrfe d'un grand cM
du cha!i;s de la foçme à IVutre, Les poniufcaux
ferVesi Don -feulement à confclider les pièce»
'5S4
P A P
du chaflis, mais encore à lier h toile de laiton,
& à ia foutenir lors des eflforts du coucheur ,qm
rappuie fucccfTivemcnt contre les feutr^-s.
C eA le lorg des pootufcaux que l'on remarque
deux traces d ombres , parce que les iils de la chaî-
nette êi du matiïcordîon , qui formetit une proémi-
nence fur la toile , arrêtent la pâte aux deux côtés
des pontufeaux,& font qu'elle > y accumule, fur-tout
lorfque Touvrcur balance fa forme pour en verger. Il
rèfuUc de cetic accuoiubtlon de la pâte , des om-
bres bien fenfiblcs. Outre ceïa , la difpofition ir-
rég^lière de la pâte , en conféquence de cette ac-
cumulation portée à un certain point , fait que les
feuilles de papier n*oflFrent pas une étoffe égale
dans toutes leurs parties , fur- tout lorfqu*on fait
ufagc de certaines pâtes. C*eft pour cette raifon
que les parties des Veuilles de papier qui corref-
poûdent aux pontufeaux » font lujettes à goder. Ce
font effectivement des tiffus qui différent , & qu^nt
à l'arrangement des molécules de la pâte , & quant
à leur épaiffeur, d^ ceux qui occupent les bandes
mitoyennes entre tes portufeaux , & qui font
d*une belle tranfparence ; parce qoe la matière y
ell difpoféc régiiliérement , 8t fur une moindre
épaiffcur que le long des pontufeaux. Le godait
ert la fuite des lîlfférens états où fe trouvent ces
deux tiffus contîgus. Voyez gojage,
foRSEfponio; c*ell une certaine quantité de feuil-
les dç^papier , ou couchées entre les feutres , ou for-
mant aes paquets fans l*tnterpofition des feutres. Dans
Je premier état, on les nomms porfis-fetixrcs ; dans
le fécond , porftj^bîjnches, Porfe fert auffi à indi-
quer le nombre de feutres avec lefquels on fabri-
que les porfei de telle ou telle forte de papier,
C'efldans ce fens qu'on dit qu'il eff bon de rincer
les porfts après le travail de la journée ; qu'il f^ut
lertiver les porfcs après quelques jours de travail
On continue à donner le nom de porfes aux paquets
de pages qu'on a ramaffès & préparés pour la colle ,
lorlqu'ils renferment le même nombre de feuilles
que les porfes blanches de la cuv|: : deux de ces
porfes forment une rame à la colle. Q*t(k fur le
compte de ces rames que Von paye les fallerantes
qui étendent le papier collé* La journée des ou-
vriers eft toujours de vingt porfes; mais le nom-
bre des quaits ou quarterons qui cooftituent une
porfe , diffère d'une forte de papier à rautrc* Voyez
le tableau de ce que Tufage a réglf à ce fujet ,
pag, çii.
On voit , par ce tableau , que le nombre des
quaits ou de vingt-fix feuilles qui compofent la
porfe des petites fortes « eft plus conftdérable que
k nombre des quaits qui compofent la porfe des
moyennes fortes , 6c celui-ci beaucoup plus con-
iidërable encore que le nombre des quaits qui
entrent dans la comporition des porfes des grandes
fortes.
On fuit le même tarif lorfqu'on coupe les
feutres 9 dont la réunion forme les porfes qui doi-
vent fcrvir à la fabrication des divcrfes fortes de
P A P
papiers ; car ils font en même nombre que les feuil-
les de papier qu*on compte dans ces mêmes porfes.
J'ai déjà remarquai & je le i^ète ici, que le
nombre des quaits qui entrent dffiiis ïes portes des
dtverfes fortes , paroi t avoir été réglé d'après des
combioaifons fort juiles Si bien raifonnécs.
Pot. (papier au pot) Cette forte fert au Gr-
tier pour l'imprcffion â^i figures 8t des points de
(a cartes. li eft aâuellement fourni en France
par les régtlTeurs du droit fur les cartes ; 6c e'cft
dans le bureau de la régie à Paris » que lesGr-
ticrs portent leurs moules , & envoient leurs ou-
vriers pour faire imprimer les 6gures & les poims
fur ce papier qu'on leur donne : il paroîi qu'il ofl
fabrique avec des pâtes inférieures ; ce qui peut
nuire au débit de nos cartes à Tétranger. Xoya
le tarif» pag. 5^,
PouRRissoia; c'eft un endroit bas & fermé,
011 Ton met le chiffon trié & lavé, en ris plusoa
moins confidérables , qu*on ippcHc mouillées ^pirct
qu'on les artofe de temps en temps» afin qu'ilj
s*édiauffent &pourriffent. Il n'eft pas étonnant aue
les pratiques défedueufes et peu raifonnèes quon
fuit dans le gouvernement des ppf^m^ir^ , don-
nent des réfultats fort variables , qui occaâonneat
de femblablc» variations dans les prodiiiti d'un;
fabrication foignée d^ailleurs^ pag. 486. Mimere
de conftruire des pourriffoirs , où Ton pCL^
la fermentation fuivant la qualité des chu
la faifon , pag. 487*
PoyRRissAGE du chîffoTT. Les différentes fm-
ques du poutnjfjge ne font dirigées par aucun
principe confiant , pag. 4B6 ; inconvemeos qui
réfuhent de Femploi des parties de chiffon loé-
gaiement pourries , ïbtd. ; a été fupprimé par les
Ho 1 la n dois , ihid. ; manière dont on pourroit en
modérer & en régler les effets, pag,48^.
Pousser îk avant ; c'eft le mouvement par
lequel l'ouvreur balance fa forme » chargée de tna-
tières encore mobiles , dans le fens d^avant ea
arriére , & d'arrière en avant. Voyez les effets
que produit ce balancement fur tes feuilles , pag.
pRESSAGH ; ufage de la prcffe dans la fabrica-
tion & dans les apprêts du papier. Nous ne le con-
fidéreronsici que comme la féconde manrpulitjoa
de l'échange qui fuccède au relcvage , 8c qui eô
complète l'effet. Le prejffage doit être ménagé d'a-
bord après le premier relevige ; mais enftiite oi
l'augmente par des progtès infenftbles pour que
Tcau s'écoule , & que les molécules de la plie (é
rapprochant » elles forment une étoffe ferme , foUe
& cartonneufe- Le^ preffages ont d^autant fim
d'effet ^ qu'ils ont lieu fur des étoffes encore ^H
les , âz qui fe prêtent facilement à la moifl^i
compreiTion qu'on leur fait fubir.
Quoique le papier reçoive par les preffiss (éi
premières façons ^ & enfuite fes apprêts, cepcm*
daot une aftion immodérée de ces machîno « ^
détruifant fou grain , détrulroit en laiiDC lonp
ÉÉ
P A P
1 bïancheur , fa tranfparencc , & même TacSite*
A\nCi le prcjfj^e dojt le f<»irc £5c fe réitérer dans
|l'èwhange avec le plu^ grnnd ménagemenc ; car
^le blaac natt<r6l du papier ^c icrnh l'en fi blême lu ^
,& la belle tranrpareiicc des eioffes s'obfcurui à
^insfure que le<» tracts de la verjme s'oblitèrent
par une forte compreifjon. Je pourrais citer , Ciïmme
^d^ss preuves de ce travail inconfidéré , les |/apiers
qui ont éprouvé les manip«Jatiom de ce qu'on
fppciicfati/itigi^ traTail où Ton a tout outré. J'opp -
ler^is à C€% mauvais effet\ » les heureux futctjs dt:s
felcvagës'iic tics prcfTige*» de M, Didot , Taîtié ,
qui scOtcnu dans Uts limites qui lui ètûicnt pref-
Crires par les ptincipes que j.- vtens de rappeler,
en fe bornant a rêrabiir les pkp^crs imprimés d^iis
Veut fu ds ctoient avant le ft.uiag di. I imprcf'
■on, CTefl fur-tOLtdansles/jr.^^j^exde rechange fit
idans [tilt bonne idminiikaiion, qu'on ^leut fe eon-
vaincre quelle eft 1 Uiflu^^iicc deraél.on des pr-iïes
furies a^)picts du pa, icr , 6t corn >ien il importe de
perfeaionnerces machines ,tx d'en bien diriger le
travail.
PressîS. On f.iii ufagc de plufieurs preifes dans
les tiiflf'_rens atelier v d'une papeterie* Dars la
chambre de cuve ^ il y en a de fortes puur les
Rorfes- feutres , de plus petites pour Ls porres-
lanches ; d'autres d'une force moyenne pour U
chambre de réchâng;e , atoG que pour h chambre
de coile ; enfin les pi us fortes fervent à la {* Ile,
Les premières doivent pr^fTer le papier, de ma-
fiière à donner à une pâte molle la Krmeté 6i la
confiftance d'une étoffe plus ou moins folide. Celles
de l'échange donnent plus de corps à cette étoffe,
€n adouci1r.int fon grain , & lufirant fa furface ;
mais leur a ûon dnt être mcn^igée. Les prelles
de la cliambre de colle ne ferv ent qu'à Cumpri-
©icr doûccm.vnt les mouillées, pour faire pénéircr
également la co'le dans la totalité des feuilles ^tk
Siire écouler cell:! qui CÛ furabondante ; enfin les
ïîciTes de la fa lie fervent à compléter les apprêts
lu papier y en fi.ifint difp arôme plufieurs dcfec-
tuofités les moins adhérentes au corps de rètoftV.
Il feroit à dtfirer qu^on pût inLroduire dans la plu-
(part de nos fabriques , foir à la cuve » (bit a la
lalle , des preffes à vis de ft^r & à ècrou de cuivre ;
f^ en fircroit de grands avantages , qui didom-
imageroient amplement des avances primitives- D'a-
)K>rd ces preiTes exigent moins de force pour être
conduites , que celles à vis de bois. En fécond
lieu , avec ces prcffts à vis de ter , on n*ell pas
fexpofe à ceffer tout à-coup le travail de la cuve ,
leomme on y eA expofè avec les prc^fTes dchois » qui
caiTem fubitement.
En troifiême lieu » on peut prefler beaucoup
|Aus avec les premières preifes qu'avec les fécon-
des ; ce qui cil effentiel , fur-tout lorfqu'on tra-
iraille à formes doubles, ou à des fortes étoffées qui
tiennent l'eau plus fortement quelcs minces. Erjiin ,
Itcs ne font pas fu Jettes à des réparations auflî fié-
[ucntes que les preffes en bois.
Arts & Méûen, Tome K Partît IL
p A
585
Il But oSferver que dans le tnvaiî de toutes
les prelles , la face des feuilles de papier qui eA
oppûfée direôement à Tadlion des bancs de preffe,
eli plus unie , plus adoucie que celle qui eff tour-
née vers le foullrait ou feuil de la prefle* D*abord
dans le pr-nijs;r preffage , les feuilles de pa;,iier
en porfes- feutres oppolent au banc de preffe les
faces qui ont le pîu^ d'inégalités , puifqac ce font
celles qu'elles ont contraéléesiur la forme , & par-
ticuiièfemeni dans les intervalles des brins de la
vtrjurc. Le mèm^ effet fe continua fur les feuil -
Its en porfes-blanches , p irce qu elles oppofent lef
mêmes faces à Tsclion du banc de prefît\
J'ai examine jes papiers reîevés, Ôc j'ai trouvé
confbmment que la face fupèrieure des feuille*
qui compc4bimn les porfes , 6c contre lefquellci
la preffî: a voit agi , étoit beaucoup plus adoucie
que celle qui écoit oppofée au feuil de la preffe,
De même à la falîe, on peut remarquer que la
iace des feuiUes placée vers le hairt fous la preffe,
a un grain minns gros que celle qui efl tournée vers
le bas : 3t comme la première face fe met dans l'in-
térieur des mains, lorjqy'on établit fous la preffe
des piles de mains , c'ell une nouvelle face que le
fallerarit préfente *u banc de preffe , & i\^ s'a-
doucît à renérieurdes maln*i, mais trop foiblemcnt.
Promenir j c'eft paffcr de Taâion d'en verger
i celle de pouifer en avant , de telle forte qu en
variant doucement les mouvement ^ la matière foit
promenée & diUribuée également fur la forme.
PrO PATRIA ; forte ue papier étoffé, de fabri-
cation Hollaiidoife , & qui correfpond à norrercl-
lière ou papier de tninillre. Il a pour enfeigiieles
armes de la république , le lion , & le bonnet de
la liberté , avec cette légende : vro patnJ. Voyet
le tarif, pag. 538. Cette forte , fabriquée en Hol-
lande , n'èft pas d'un trèï-beau blanc , mais d'un
apprêt foi gué. Voyez papkr de Holiandt, Ra^ner^
QuAlT i nombre conitant de vingt-frx fj ni Iles
de papier , de quelque forte que ce foit. Je le
crois , paf cette rai fon , c^rrefpoadant au mot quar-
teron , Se peut-être dérivé de là. Le nomîire des
quaits contenus dans une porfe , varie d'une forte
à l'autre, comme le nombre des feuilles contenues
dans ces mêmes porfes. Le mot quaic indique
donc, comme on voit, une main de papier qui eft
de vingt-fix feuilles dans la fabrication. C'efl auffi
par quait que les ouvriers de la cuve comptent
leur travail & leurs tâches journalières. Nous avons
donné, pag. 511 » <ians le tabieau de fabrication
de l'Angoumois , le nombre de quaits contenus
dans les porfes de toutes les fortes. Oa peut voir
combien tous ces comptes varient. Au reftc, quoi-
que cette manière de compter n'intéreffe que les
ouvriers & les fabricans , elle eft fondée fur des
combinaifons juftes & raifonnabtes,
QuEUi des maillets ; fes dimcnfions , pae. 488 ;
eft armée , à fes eitrémités , de frettcs de fer, qui
la prèfcrvent de Tufure des lèves d'un côté , &
de Tautre , de fe fendre lorfqu'on fait ufage de
Ë e e c
58(
P A P
Vengin, îhU.i clic ne peut s'alonger ^uk un ccr-
tam point. Voyez malUtt.
Raffiner ; c'cft réduire à une plus grande té-
nuité la matière du chiffon effilochée. On raffine
avec les maillets comme avec les cylindres , mais
toujours fur les mêmes principes. Ain(i l'on raf-
fine à petite eau dans les piles à maillets comme
dans les piles à cylindres. Plus il y a de matière
à proportion de Teau «jui lui fcrt de véhicule ,
plus les maillets & les cylindres ont de prifc, 6t
plus le travail qui dépend du ces machines, s'ex-
pédie prompiemcnt. Il eft vifible que les maillets
Ci les cylindres faififTcnt mieux la pâte ferrée , &
la coupent avec d'autant plus de facilité , qu'elle
cft abondante à un certain point. Outre cela ,
comme les pâtes peuvent circuler aifément , à me-
lure qu*elles acquièrent un plus grand degré de
ténuité , il s'enfuit qu'on doit charger les piles au*
tant qu'elles peuvent en contenir , & autant que
les maillets ou les cylindres peuvent en faire cir-
culer fans embarras.
Ceft en raffinant les pâtes fur ces principes , que
les HoUandois font parvenus , avec des chiffons
moyens ou bulles bien bai rus ^ à fabriquer du pro
parnâ d*un grand débit. Cette petite forte nert
pas bien blanche » à la vérité ; mais comme elle a
une certaine épailTcur, une légère teinte de bleu
d'émail fuffit pour la monter au ton de blancheur
qui lui convient. De même , les petits cornets fa-
briqués par Us Hollandoi^ font des mélanges de
chiffons moyens 8l bulles battus féparément, &
ouffés au degré de ténuité qu'exige le plus grand
avage. CeA pour cela que ces papiers fe coupent
très-facilement , étant d'une pâte trés-courre.
Je finirai par faire remarquer que le ra^na^e des
pâtes doit être fait avec des cylindres bien ragréés ,
pour qu*élies fe confervent dans l'état fibreux. En
fécond lieu , qu'il doit être porté à diffèrens de-
grés de ténuiié , fuivani les fortes de papier qu on
le prcpofe de fabriquer. Ceft fur cet article que
Tinte! ligence des fahricans parojt davantage.
Raffineur* (cylindre ) Il eft armé de lames de
métal compûfê de cuivre rouge & d'étain. Ces
lames préfcntect à leur face cxiérîeurc deux can-
nelures & un talon : enfin , les intervalles centre
chacune à^^ lames foint moins larges à proportion,
que dans le cyliAdre effilocheur ; pag. 4^SS^
Raffineuses ; ( piles ) ce font celles ou Ton ré*
duit la matière emlochée à un degré de ténuité
plus ou moins grand , par les maillets ou par les
cylindres. Voyez pag. 489 , & pag. 404 & 495.
RAGRâER les cannelures des lames des cylin-
dres & des platines , c'eil les entretenir , autant
qu*il eft poiTiDle» dans leur vive-arrète* 11 eft trés-
imponant de r^^r^^^r fou vent ces machines , pour
qu'elles foient toujours en état de couper^ &non
de broyer. Il eft vrai qu'on ufe promptement les
lames &les platines en les ra^rJjnt fouveiït; mais
il vaut mieux perdre du métal 4|ue de la pâte. Les
Holiandois n obtiennent leurs beaux papiers qu'en
la
P A P
entretenant aînfi leurs machines , & ils en font
bien dédommagés par la vente de ces papiers.
Voici les principes d'après hfqucls ils fe condui-
fent. Ils favent par expérience que les matières
broyées par les lames émouffées & non traochan'
tes , font emportées en grande partie par le lavage
des cylindres ; au lieu que les matières coupées
par les lames ragréées & tranchantt^s , refteni tou-
jours fib/eufes , réfiftent au lavage, & oeuvcnt être
blanchies fans un déchet fenfible. Obiervation tm»
portante , non- feulement quant à Véconoinie des
matières , mais encore quant aux réfultats de leur
fabrication^
Je dois obfcrver auffi qu'en ragréant les lames
des cylindres , on ménage les frotteme«s de ces
machines , & que Ton facilite confidérablemeni leur
travail.
RAtsiN ; (grand) ce pipicr eft d'une graode
confortiHiation. On remploie fur -tout en pâtes
moyennes ôt bulles pour les papiers de temtirt&
de décoration ; & Ton ùït que c'eft un objet <k
commerce confidérable , fur-tout depuis que MM.
Arthur ôt Réveillon ont perfectionné Tart des pi-
pi ers peints & tontiffes.
On remploie auftl pour rimprcflion & poutre-
criture , en pâtes fine» & moyennes. Voytt kur
rif, pag* Ç37.
Raisin-musc; forte de papier fait de coflsj^
& de filets : il a 16 pouces & demi fur 20 & demi,
6i péfe de 30 à 31 livres la rame : Il fert 3 faite
des facs & des enveloppes.
On le fabrique aufli au même poids & aun ntèfflcs
ditnenfi^ns, en gns-coUé pour cnvelo^-pes,
Rajsin bUu ; cette forte a les mêmes dimenftoiH
que les prècédens; mais elle ne pèfe que i$ aï6
livres ; on l'emploie pour enveloppes. On en &•
brique auftî de fembUbe avec des pites grifes;
mais il n'eft pas collé : on en fait ufage petit ùx^
6l enveloppes.
Raisin ; ( paît ) forte qui a lej mêmes di*
m^nfions que le ha ton -royal , ou le pctk-comit J
grande fo ru. Vuyez le tarif, pag. Jjé.
Ramasser les pages ; c'eA tirer les pages ifc
deiïus ks cordes de Tétendoir, & les mcitrc ea
ras le long des piliers. Le fallcrant eft chaigé de
cette opéra lion. Comme les pages , en féchaOi ,
ont pris un pSi fur les cordes , on a fon de les dref-
fer en Ics' rompant , & de les aftbuplir le plus qti*oa
peut, pour les difpofer , par cette préparation,
à boire plus aifément la colle* En même temps ,
on doit avoir Tattentlon de ne pas défœuvrer les
fcuilks des pages , afin d'éviter les caiTés dans le
collcjge.
Rame. On appelle ainfi, dans les fabiiqaefde
papier, la réunion de deux porfes de b cure, 1**
quelle f^it ?.ul?i deux poignées a U colle. On doore
ces rames en compte aux fallerantes qui étendemle
p;)pier apfès la colle. •
Ces rames diflFérent beaucoup des rames de la
falle 9 qui renferment cinq cens feuilles , de quelque
P A P
587
I»
forte de papier que ce foit ; au lieu que celles - ci
renferment un Rombre de feuilles ^l'autam moin-
dre , que la forte de papier eft plus étoffée. Voyez
le tarif du travail de la cuve ,pag. çi i. Lorfquon
forme à la falle les rames qui (ont connues dans le
commerce» on a foin de placer les mains les unes
fur les autres , en ctiingeant de poûtion les dos &
les barbes , pour qtie le paquet foit également épais
des deux côtés ; enfuite on les couvre de macu-
la tures. En Hollande, les rames fom bien défendues
par leurs couvertures; car les chiffons des macu-
laturcs n'étant pas pourris , forment de* c-rtons
d*une grande réfiftaiice. Outre cela , les dos des
mains étant bien arrondis , & les bordures unies
& égalifées , leur affembUge en rames fait un pa-
quet réduit aux plus petites dimensions poCiblcs.
le ne connois guère que les fàbricans d'Aimonay
qui , fur ce point , aient bien imité les HoHandois.
Recueillir le papier; c*eff le prendre feuille
i feuille dedeffus les cordes de Tétendoir , où il a
été étondu après la colle. Cette opération s'exécute
parles fallerantes , qui font de gros tas des papiers
qu^elïes ïranfporteni enfuiie à la falle , pag. ^13.
Refondre le papier ; ce travail confirte à re-
mettre de nouveau au pilon les feuilles de papier,
qui font tel ïe me m caiîées , quelles ne peuvent
être d'aucun ufage. Le cylindre raffineur exécute
beaucoup mieux ce travail que les pilons. Voyez
pag, 524. Quelques perfonnes , peu inllruires d'ail-
leurs des procédés de la papeterie , ont propofé
de nfondre le papier imprimé ; mais la matière
de ce papier , pour être débarraffée de Tencre par
les leffives qu'ils propofoicnt , auroît çfus coûté
quelc plus beau chifton neuf; en conséquence,
on n'a pas accueilli cette prétendue découverte.
Je dois annoncer ici ^ a ceux qui croiroient devoir
entreprendre cetre refonte des papiers imprimés ,
qu'au moyen d'un cylindre rafRneur qui puiffe
laver , fit dont la pile ait un chaf5s ouvert > on
obtiendra la pâte du papier dlmpreflion bien dé-
barraffèe des grumeaux d'encre quife détachent par
le fiinple mouvement du cylindre , & que le tor-
rent de Teau du lavage emporte au dehors de l;i
pile.
RÈGLEMENT pour la fabrication des papiers , du
^7 janvier 1739. Voyez pag. 528 , & 18 feptembre
iT^ï» pag. 534-^
En Ufant ces régîemens , & comparant leurs dif-
pofiiions avec Tétat aduelde b papeterie en Fran-
ce , on fent aiféraent combien il eft dangereux de
vouloir diriger linduffrie, en faifant une loi de
certains procédés , de petites mantpuîaiiojis , que
flci vues nouvelles , de nouveaux befoins obii
gent de changer & de perfcâionncr chaque jour.
L*art chemine , fait des progrès , en adoptant pour
moyens ce qui étoît envifagé auparavant comme
abudf ou dangereux ; mais la loi rcfte ; elle eene ,
ou bien elle eft mife à l'écart» CVft ce qui en heu-
rcufemcnt arrivé à la papeterie Françoife. L'art
qui fut rçglè en 2739 6c 1741 > n cû pas l'art que
nous avons dans plufieurs fabriques du royaume*
Il peut donc être utile de n^ontrer fuccintement
en quoi certaines difpofmons de ces rcglemens font
devenues gênantes « â: pourquoi elles o ont plus
dVxécution.
Dans Taiticle premier du règlement de 1739 , il
fembte qu*on ait voulu borner le travail des pâtes
aux feuls maillets , & qu*on ait craint rintroduc-
tion des cylindres Hollaodois » contre lefquels il
y t eu réellement des préjugés que la lot parotc
avoir encore entretenus. Il eft vrai que depuis ,
on a donné y par une autre loi » la liberté générale
d'adopter toutes fortes ds machines pour la pré**
paration des pites : liberté qu on avott déjà prife ,
8c dont on a proâré urilement dans quatre ou cinq
fabriques , dont les fticcès & la célébrité doivent
fervir d'encouragement aux autre*,
L'articîe v détend de mêler de la chaux , foit
au chiffon , foit à la matîcre réduite tn paie, J-e
fais que malgré cette défente , quelques fabricans ,
qui avoleni fans doute obtenu ta peimi.fiOn de faire
ufage de la chaux , s'en font fort bien rronvés.
Le chiffon leffivé avec la chaux a acquis un degré
de blancheur 6c de douceur » qu'on n'auroit
pu lui donner par le pourriffage 6: les lavages or-
dinaires ijits machines. On na pas remarquj que
ces matières fuffent énervées pour avoir pafTé par
la chaux. Je publierai quelque jour la fuite de ces
opérations avec la chaux.
Outre cela , les matières effilochées , mêlées à
la chaux , fe confervent très-long temps fans fc
gâter; ce qui cfl d*u ne très-grande reffource pour
certaines fabriques, qui font obligées de préparer
leurs matières Thivcr , parce qu'elles manquent
d'eau ré té.
L'article vj, qui ordonne de coller également
les différentes fortes de papier , n'a pas eu d'exé-
cution , parce que plufieurs imprimeurs denian*
dent que tes papiers d'imprelHon ne foieni pas collas
à colle entière ; 6l on a cru devoir fe conformer
a leurs demandes : à quoi j'ajoute , que malgré
les artentlons des fabricans ^ ils ne peuvent pas
fouvent répondre * u fuccèsde leurs collages, fur-
tout pour les papiers de pâtes fines. Sévir contre
eux , ce feroit févir contre Timperfeâion de Tart.
L'article viij : fe$ difpofitions ne font plus exé-
cutées. Voyez les réflexions fur le tarif, pag. J47,
L^articleix n'a pas plus d'exécution que le pré-
cédent. Les fabricans ont bieniot fenti l'embarras
des longues enfeignes , & fur-tout ceux qui, ré-
fidant dans des moulins éLdîgnés des villes , n'é-
toient pas à portée des formaires » & par confé-
quent d*einretenjr en bon état les enfeignes 6l
les marques prefcrites par cet article, Les filigr-ércs
fe découfeot aifément » & fouvent les btin^ des
fils percent de grandes parues de papier ^ fi Ton
n'y prend garde. Outre cela, la pâte fe loge diOS
ie^ réduits des coutures & des additions faites a
la vcrjure. D' près ces inconvéniens , Its plus
habiles t^rîcans ont réduit les enft:g;ie3 a^u
Eccci;
588 P A P
formes les plus fimplcs , & leurs noms à iirte
feule lettre initiale : le gouvernement a bien voulu
avoir éga:d aux raifons de ces f^bricans.
L article xij. On voit tous les jours plufieurs
de no> fabiicans emprunter les noms àé^ tabricans
Hoilandois;&:je le leur pardonne, toutes les fois
qu'ils les imitent également dans U beauté de la
pâte & dans fes apprêts. Outre cela , je dois dire
que dans plufieurs moulins du Limoufm , où Ton
travaille pour les fabricans de TAngoumois , on
fe fîirt communément de leurs formes.
Les articles xvj du règlement de 1739, & vj
du règlement de 1741 , n'ont pas eu d'exécution.
Le commerce des cafles fe fait fans contradiction
& fans les percer. Il eft même avoué du gou-
vernement, attendu que les droits fur les papiers
CaiTès font réduits à moitié de ceux fur les papiers
des autres lots.
Les difpofitions de Tartide xvîij , ne s'exécutent
![ue dans certains moulins , & Teuicment pour des
ortes de papiers fuperfins qu on veut annoncer.
Quant aux autres papiers d'un commerce courant ,
on a fupprimé tous ces longs détails qui deman-
dent du temps & des attentions fcrupuleufes.
Les articles xxvij , xlij , ne font plus exécutés,
attendu que les maicrifes n*ont plus lieu daas l'état
de la papeterie ; mais les articles xlvij , xlviij ,
xlix , 1 , liij , ne fauroient être maintenus avec
trop d'attention & d'exaâitude pour le bien réci-
proque des maîtres & des ouvriers.
Les articles Ij , li) , ne font pas exécutés dans
plufieurs fabriques , depuis fur- tout que les ou-
vriers ont été admis à des augmentations de tâches
réglées de gré à gré entre les maîtres fabricans &
les compagnons papetiers. Sur cet article , le gou-
vernement a donné la plus grande liberté , comme
fur beaucoup d*uutres , fur lelquels je me fuis per-
mis de faire les obfervatlons qui précédent.
Relevage ; c'eft la première opération de ré-
change. L'ouvrier qui exécute le rcUvagt^ détache
les feuilles des portes blanches , en \cs levant une
à une , & forme à côté de nouvelles porfes , où
les furfaccs de chacune des feuilles , qui fe tou-
choient d'abord , & qui ont été preâfées les unes
contre les autres à la cuve , eorrefpondent à d'au-
tres furfaccs. Il efl aifé de fentir que les contaôs
fucceffifs doivent contribuer à bien adoucir la fur-
fiice du papier. En fécond lieu , que par ce défau-
vrtment , cnacune des feuilles expofées à l'air , y
perd une petite partie de l'humidité qui réfidoit à
fa furfâce. Cette opération eft celle de l'échange ,
qui demande le plus d'adreife ; elle pourroit même
eccafionner beaucoup de perte en caiïés , fi Ton
y foumettoit des pâtes molles & trop pourries ;.
jnais elle^ s'exécute très-facilement & fans perte
fur des pâtes non-pourries. A mefure qu'on exé-
cute les relevages, on peut obferver les progrés de
l'adouciflement du erain & de la formation du
glacé mat ^ à la furface de chacune des feuilles
de papier ; effets qui caraâèrifent le papier de HoU
PAP
lande. Ces effets font encore plus vifiblcs » lorlipt
les relevages fe font après la colle.
Quelques fabricans , pour abréger ropération
du releuage , relèvent pUfieurs feuilles à la fois;
mais ils ont dû remarquer que Tapprèi de l'échange
n'étoit bien complet que fur les furfaces des feuilles
qui avoient été défœuvrées. Voyez pag. 514.
Remonter ; fe dit des pile* raffineiifes , lort
qu'après 18 à 20 heures de travail , le gouvernew
du moulin enlève la pâte qui s'y trouve réduite \ on
degré de ténuité fuffifant , pour y fubltituer la ma-
tîère cffi'ochée qu'il prend dans les caiffcs de dépôt.
En conféquence> on appelle remontée la quantité
de pâte qu'on tire des piles raffineufes » chaque fiiil
qu'on en met de nouvelle. C'eft le gouverneur èi
mouliiiKiui eft chaigé de cette opération , aîôfi qip
de la fuivante.
Remuer ; fe dit de la matière qui fe triture dan
les piles eftilocheufes , quand, toutes les huit henre^
irpeu-près , on l'en retire , pour y fubftitiier di
chiffon pourri qu'on a coupé lu dèrompoir. Gb
terme remuer paroît avoir été employé parnculii'
rement par la raifon que le gouverneur dn iiiofr*
lih , après avoir chargé ces piles de matière » vk
leur travail en la remuant , pour lui donner 11
mouvement de circulaton convenable.
Renforcer le bon carron ; c*eft faire coukr n
peu plys de matière vers l'angle qui doit fouffirir II
plus aux étendages. L'ouvreur a cette atteimoi
en formant fa feuille. En vain prétendroit-on qoe
la difpofition de la forme , appuyée contre l'égoBl-
toir , contribueroit à renforcer le bon carron.
Retrié ; ( papier ) c'eft le fécond lot (te
papiers triés à la falle. On n'y admet que des
feuilles dont les défeôuofités foient fort légères «
comme les petices gouttes du coucheur , de pentes
dentelures aux bordures , quelques pâtons , &C
Retrié ; ( gros ) c'eft le troifième lot du triage
de la falle. Le papier qu'on y met, peut avoir de
petites bouteilles , quelques gouttes du coucheur,
des nébulofités diCperfées irrégulièrement , comme
celles des battus 4c feutres & des noyés d'eau. D
m'a paru qu'en eénéral les défauts qu*on tolère
dans le ^ros retrié ^ font à-peu près les mêmes que
ceux du retrié , excepté qu'ik peuvent itre plus
nombreux & plus marqués*
Rêver CHER ; c'eft un faux mouvement de l'oih
vreur , qui fait reftuer la pâte trop abondamment
vers là mauvaife rive.
Rides ; ce font des plis fort petits & fouvenc
nombreux qui fe trouvent ordinairement fur le mi-
lieu des feuilles. Voyttfdux plu^ iundoirs ^ pages ^
maroquins. ..
Rincer. Ce terme s'applique également à phn
fieurs opérations effentielles en papeterie. Le gou-
verneur du moulin rince fréquemment les piles,
les^ maillets & les couloirs , en jetant deffus des
baf&nes d'eau. Les ouvriers de lacuveUriiu<»r,
après l'avoir vidée de ce qu'elle condent de pâte
& d'eau. Voyez pag. {03. Oa risKe les feutres
P A P
es la le^Tive , en ks p-iHant danis Veîu courante.
nfin Où r:nc€ chaque jour le^ feutres qui t^nr fcrvi
rr;iViil Jç U cuve , U en les met cgouttcr
ndant U nuit. Voyei^jf. 4^1 , 501*
Rjve; ce mot indique les ^rirtk côtés de k
Kiille 6£ 'Je {4 forme On clif-in^ac b bonne rive
U ©âuvaiic rive. La in.iuvaile rive ell le bord
la feuille 6^ de la foruic qui tA du c^ié de
'uvreur; & U bonne rîv*:* le bord oppoû. Lou-
eur fcrtHe \a bonne rive , en y faîlant co 1er
de matière qut: v^rs la mauvailc rïvc, Ccfl
la bonne rive que le coucheur appuie la forme
U feuille , quand il L'applique fur ic feutre.
ROMMNE ; pe:ite forte de p:^pi<;r à écrire.
>y^Z pigeonne ^ le tanf, pa^, ^38.
0UILLK ( tache cfc) li y .* deux furtes de taches de
illc : {es unes font produues par le fer des clous
Il font girois les mûllcts , & par la platine qui
it le io..â des j i: s i ks autres par le métal
inpofè des Ismcs des cylindres fit de leurs pla-
Celles produitL'S far le fer font très dangc-
ïufes , parce qu'elles fe communiquent d*une
buille de la porfe à Pau ire , & quelles fe font jour
uelqutf 'is à travers quinze à iJ»ze feuilles qu'elles
îtcnL^Celies du métal comp ^fé ne s*èier:dcnt pas
uiant. Oa les reconnaît par une teinte Vv^r lâire Se
uelquefois tirant fur le bleu. Lrs taches de rouille
arquées à un certain point » font rebuter !e pa-
r , & renvoyer les feuilles qui en font atteintes ,
ins le lot des cadés.
Ce défaut eft aiTcz commun dans le papier des
lices fabriques» & fur-tout de celles dont le tra-
" n'cft pas continuel. La fétTure des maillets étant
pofèe à fe rouiller pendant rinterrupiion des
uvemens de la batterie, elle fe décharge fur la
tte à U rcprifc du travail. Certaines efpéces de
, fujcttcs à s'ég;rainer , g^âtcnt auifi la pâte,
me au mlleu d*un travail foutcuu. Ceci nous
ouvc quM faut choilir le fer de la batterie » ëi Cm-
m s*attacher i et lui qui n*eA pas trop aigre.
RoTAL. Il y a plufieufs fortes de papier de ce
lOin ^ le grAnd-roy.iî êtran^tr » le gmnd- royal , le
E^j/» &le p€tU-royaL On peut ajouter à ces quatre
îrtcs le superroyul , qui cû connu au JS fous la dé-
^mi^aiion de ^a/ii/-j/,«tfi. Voyez le i.irif, p, 536.
SaÏ0 ; (papier de ) forte de papier d'Egypte ,
briqué dans cetie ville ypag. 4^5.
SifcLLERAKT , ouvrier qui préfide aux travaux
la falle , éi en g;énéral a tous les apprêts du
lier : il veille à la cueillette du papier en pages ,
a cuite de la colle & au cotbge : il conduit Té-
pdigc dit papier co^îé : il le fait recueillir & met-
fous b preffe de la falle , le diftribueaux fem-
!$ , pour qu^elles en faiTent le délifîage & le pliage
feuilles : tn6n , il le met eo mains , & le fait
ppaquetei par rames.
Sall£Rantes ; ce font des femmes qui concou-
t^fous la direâion du fallcrant , à donner au
pi«r tous les apprêts dont je viens de faire men-
u Etksétcjidcni quelquefois le papkr en pages ^
p A P
589
elles le recueillent & le portent à la chambre de
colle. Elles retendent de nouveau feuille à feuille
après le collage. Elles le ramaiTent lorfqu'il cû
iufiîfammcnt fec de colle ; enfin , elles en font le
triage par lots 6l le pliage y lorfqu on Ta tiré de
delîous U preffe. Dans es dernières opérations ,
elles examinent les fcuillLS de papier les unes après
les autres pour enlever If, s pâtons & les autres fa-
leiés peu adhérentes , en détruire les fronces 61 les
rides, qui peuvent difparoitre en frottant avec un
morceau de pierre po^ie ou de bois liifc. Voyez
déiïjfage , dclijfeafci ; pour le' reftc des opérations
des falkrames f voyez pag. 533.
Salle , atelier où Ton donne au papier fci
derniers apprêts , Icfquels confillent d'abord à le
nvettre foui la preffe , puis à en former diiïérens
lots , après lavoir épluché , lifle & plié feuille à
feuille : enfin à te compter , à le mettre en mains &
en rame. Cet atelier doit être meublé de fortes
preiies & de tables , autour defquclies font diftri-
buées les fallerantes. Voyez pag. 513 t & i^* mots
ddijfcufei & compitufa.
SÉCHAGE ; celui du papier de la Chine fe fait
fur un mur échauffé par un feu d'étuve ou parle
foleil ; celui du papier d'Europe s exécute a Tair
libre, dans les érendoirs» pag, 474, Voyez éttndoirsm
Selle. On donne ce nom à trois équipages
diftérens. Il jr a U fdU du Uvcur ^ la fâU dt U
pnjp > 6l h Jllic de Icundoir,
b€ ledit Uvcur-y il y en a de i^cux fortes : \^ fille
inctin€€ , ôi hfilU pLu, La ftlU itidmie ell un cqui*
page qui refftmlj c au chevalet d uu peintre^ & qui
porte une plan(,he qu^on incline plus ou moins »
par le rnuy^n de chevilles ftxées a différentes hau-
teurs du chtValet. CVft fur cette planche que ïe
leveur pofe le^ feuilles qu'il éve, pag. ^03. lA/cUe
plau fe rJ;duit a une petite table , fur laquelle ft
met horifonulement la planche ou le trapan , oii le
leveur phice avec un aide ou même fans le fecours
de cet aide , les feuilles qu'il lève , pag. 509.
StlU de h pre£e , mouton , ou èa/ic di preffe. Voyez
l^anc de prejffc.
Selle Dr l'etendoir ; cVft un trapan monté
fur trois pieds plus ou moins longs , & qui fcrt
principalement à étendre le papier avant ou après
la colle. . ^
Cet e felle eft fetviepar deux fallerantes, dont
Tune détache les feuilles les unes afrés les
autres , fit les prenant par le bon coin » les jette
fur le ferlei i l'autre tient & préfente le fcrlet d'une
main , potir recevoir la feuille qu'on lui jette , &
faififlTant les cordes de l'autre , place deffus la
feuiîle.
En conféquence , on appelle auflîy#/& la réu-
nion de CCS deux étcndeufes , & Ton dit qu'on
mène trois a quatre filUs à Téiendoir , lorfqu on
a trois ou quatre afiociations dt deux étcndeufes ^
dont Tune déiache & jette le?» feuilles , ^ l'autre
les reçoit & les place fur les cordes* Chacune de
590
P A P
ces bandes d'étendeufes a auffi un trapan k trois
pieds, ou une felie. Voyez jeteufe.
Serpente; ( papier) cette forie prend fon nom
du ferpent qui lui feri d*enfeigne. Comme elle
eft furtout deftinéé pour les éventails , on la tient
fort mince , & on )a colle avec foin. Sa fabrica-
tion demande beaucoup d'adreffe & d'intelligence.
Aoïfi n'a- t-elle lieu que dans certains moulins
©h Ton eft inftruit des procédés particuliers qui
en aiïurent le fuccès. Ceft furtout en Auvergne
que l'on réuflit le mieux à fabriquer le papier Jer-
pente ; mais les Hollandoi§ peuvent être encore
nos maitres dans cette partie. Ten ai vu de deux
efpèces , dont on fe fervoit avec beaucoup de
fuccès pour les dcffins lavés-; celui qui avoit le
plus de corps, venoit de Hollande. Des ingénieurs
militaires qui en faifoient ufage , m'affurèrent qu'il
ne fc coupoit point dans les plis. L'autre forte ,
plus mince encore , fupportoit le lavis aufli-bien
que le premier ; elle éioit même tits-commode ,
vu fa belle tranfparence , pour copier promptement
le trait d'un deam quelconque. Tous les papiers
vernis fe caffent : ceux qui font huilés graiffent
les papiers qu'ils touchent. Celui-ci étoit exempt
de ces inconvénicns. Il feroit à défirer que nos
fabricant s'appliquaffcnt ^ imiter ces fortes HoU
landoifes ; mais ce ne peut être qu'avec des chif-
fons non pourris, & au moyen des cylindres , qui,
en raffinant la pâte, la laiffentdans l'état fibreux.
Voyez ragréer,
bERRER ; fe dit de l'ouvreur qui , par de petits
coups & de légers balancemens , achève de faire
écouler l'eau furabondante , & de rapprocher en
même raifon les molécules de la .matière fur la
forme. On dit auflTi que la matière fe ferre fur la
forme par de petits coups.
Soleil ; ( grand foUil ) papier d'un très-grand
format. Il y a anfli le p^ipicr au foleil , qui diffère
par le poids & la grandeur. Voyez le tarif,
pag. 536 &fuiv.
SOLLES , grandes & fortes pièces de bois , fur
lefquelles font établies les piles dans les moulins
à maillets , pag. 4^H. ^ ^ . ^. , _,.
Sortes. Ce terme fert à indiquer les divers
papiers , relativement à leurs dimenfions & au
poids des rames. Alnfi le tarif que nous avons
publié contient un tableau des diverfes /lïrrw. Les
pet tes frtes font celles dont les rames pèlent de-
puis (ix jufqu'à douze & quatorze livres , & font
dun très petit format. On en fabrique 9 à 10 ra-
mes piir joiir. Les moyennes fortes font celles dont
les rameb pèfent depuis 15 jufqu'à 27 livres, &
qui font de moyenne grandeur : on n'en fabrique
guère que fix à fept rames par jour.
Erîfin , les grandes fortes pèfent depuis trente juf-
qu à 80 , & mcme cent livres la rame , & varient
beaucoup quant à leurs dimenfions : on n'en fa-
brique que depuis d<;ux jufqu'à cinq rames &
demie par jour. . . , r
Ce terme , employé en papeterie dans le lens
p AP
qu*on vient de faire connoître par les développe-
mens précédens , convient beaucoup mieux que
le mot efvjtcts , qui ne pourroit pas y être fubSitoé
auffi exaâement.
On diAingue auflî des fortes de papier > relative-
ment à leur ufage. Nous avons joint ici, par ordre
alphabétique , les principales fortes confidéries
fous ce point de vue.
Sucre ; ( pajpier à ) blanc ou hku. Ceft une forte
de papier qui le fabrique avec deux formes , co»
me les cartons de pâtes. Le bleu n*eftpas ordiiih
rement de bon teint , & la pâte en eft fort grat
fière : c'eft un mélange de bulle & de trace. Oi
devroit le coller avec foin. Lorfque les matières fi
fervent à fa fabrication n'ont pas été poonicii
il eft ferme & carconneux. Ceft particulièreaM
pour cette raifon que les papiers à fucre , qniâM
viennent de Hollande , font ii forts & (i folidet ,fc»
par ces qualités , obtiennent la préférence for hl
papiers à fucre fabriqués en France , qni , éttK
faits de pâte pourrie & ordinairement trop jtfV*
rie , comme cela arrive fréquemment aux chft^
bulles & traces, font mollafles & fans lucunefini-
On voit au'il feroit facile de perfeâkmfier cMri
forte en France , en fupprimant le poufrifigti
& en fubflituant à nos foibles maillets île hoaicf*
lindres effilocheurs , mus par un fort com fem
Les fabriques des çnvirons d'Orléans anroiemhl*
foin de cette réforme , & d'une perfonne ininÉi
Sii pût y préfider & y introduire les piocMl
ollandois, comme ils ont été introduits dm II
fabrique de M. Cuvelicr à Lille , pour h tiri^
cation du papier à fucre. M. Cibot , fabricant èl
Limoufin , eft parvenu à perfeftionner le mml
des papiers à fucre, foit quant à la' cooleur, ik
quant au collage ; mais il lui manque un cylinèe
effilocheur , au moyen duquel il pourroit être £r
penfé de pourrir.
SuRGE ; ( pâte ) c'eft une pâte qui , n'ayaflt pis
de graiffe , quitte l'eau très-promptement. Oâd'
ques auteurs Tont appelée [l:he , ce qui n'cftpi»
exaâ dans tous les cas ; car fouvent cène paie»
après qu'elle s'eft affaiifée fur la forme , peut être
couchée fans inconvénient , ce qui fuppole qu'eût
fournit aflfez d'eau aux feutres pour que Ic^
feuilles de papier que le coucheur y appli((oe 3
adhèrent par^tout également : or, les feuilles»^
pourroient pas s'y prêter , fi la pâte étoit /Jck ^
un certain point. La pâte furge demande aurc^^
à être couchée à plat, & très-vite. Voyez, p^^
504 , comme ces fortes de pâtes modifient^
travail de la cuve , & comme l'art & l'indutf^
ont paré à certains inconvéniens que peuvem ^^
cafionner ces matières.
Tasche JOURNALIÈRE des ouvriers de la ca¥^
c'eft la quantité de papier que les ouvriers de
cuve fabriquent en un jour , fuivant les différor^
fortes. Voyez le tableau de ces tâches , pag. Jt ^ *
Tarif ; règlement qui prefcrit le poids des rai^*^
& les dimenfions des di^érentcs fortes deppi^^
/
I
P A P
Voyez pa§. 5](S. Les Fabricans & les confomnia*
tcurs s'écartent chaque jour des clirpofitions de
cette loi , page 547*
Tellett£S ; toiles de crin dont on garnit les
chafBs du kas , & à travers krquelles Peau fale s'é-
coule des piles , pag. 489, Celles dont on garnit le
lus des plies à raffine?» font plus ûm^s que celles
des piles à efiUocher, afin de perdre moins de
matière à jnefure qu'elle s'atténue davantage ,
pag. 491 ; font fujettes à s'empâter par l'ouvrage
trop atténué, 8t par la grai^Te , ihU, ; fe crèvent
lorique la tête du maillet du milieu eft trop prés
du bord de la pile , thtJ,
TcLLETTfS du chapiteau des cylindres : font liffécs
de 11 même manière , & rcmpliiTent les mêmes
▼nés,
Tellîere i forte de papier dont on fait un ufage
Irèquem.ll y en a de deux formats : la tellure grand
finmM ^ éi la telle e ordinaire ou papier de minifire.
Voy. le tarif, p. 537, Les fabncansdc f Angoumois,
par reconnoiiiance , ont mis à cette forte les armes
de M* Turgot pour enfetgne , & rappellent en con-
séquence papiiT TurgoL Ce miniilre s'iniéreiToic
au progiè> de la papeterie dans la généralité de
limoges , & comme adminifVateur , & comme
cocmotlTeur.
Tire des maillets ; fes dîmenfions ' varient ,
qttanc à fon épai^Teur , dans les différentes fabri-
ques , ihid. La tète du fort a cinq ou ftx lignes
en épaiifeur de plus que les autres , pag. 490.
"Voyci Maillet,
TOUR DE LA CUVE ; aflcmblage de diverfes
I^Linches établies fur une partie du bord fupérieur
dé U cuve , pour fervîr particulièrement au tranf-
pon des formes de Touvreur au coucheur » &
ou coucheur au leveur , ainfi qu*à porter rehaut-
r. Voyez pag. 497.
TuACEax^ trejft ; papier Jris qui fert à faire Tiff»
fîeur des cartes à jouer. Ce A une forte dont les
imcnftons font arbitraires. Voy. U tarif, p. 5 ^8. 11
jîi être f;}briqué d'une pâte bien égale âc fans gru-
icauit « afin de ne pas nuire au litTage des cates*'
cela » il doit être bien collé , pour donner
corps & du maniement aux cartes*
"rapans 9 non drapons ; fortes de planches plus
moins cpaidiiS , qui fervent à différentes opé-
ions de la papcïcrie. Trapan figr,i6nu planche
ncien langage , & il s*cA confcrvè dans nos
s,
OiJ appelle trapjn une planche du tour de la
vc qui fcrtau trunfport de laiorme de Touvrcur
a coucheur. iJcd fur un trapan ou pUtcau
ts que le coucheur commence à placer les
tfcs , pour rctivcrfcr delTus les feuilles de pa-
ptCTt Ccit fur ce même trapan que ta porfe 6nie
eft irarïl'ptirtée fous la pretlV. Avant de defcendre
le banr de prefTc « on garnit la partie fupérieure
de cette pofie de t râpa s qu'on appelle mi/es. Ceû
«uiTi fur un trapan que le leycur place les feuil-
Ws de papier, lurfqud lève ai felle plate , ou qu*il
p A P
591
[cpat!
ifeuri
met les porfes blanches lorfqu^il lève à felte In-
clinée.
Enfin , on met de forts trapms deffo^s 8c deiïtis
les porfes blanches , lorfqu on les place fous la
preffe. lî faut que fur un Ctmblabie trapan le
gouverneur do m;>utin porte à Téfendoir les pt.r-
i^s pour les mttire en psge*. Lorfqu'on exécute
les opérations de réchange d^ns une fabrique» il
eft bien effentiel qu'elle foit meublée en t-apans
ou ploiesux , tant pour les relev^^es que pour les
prefTages ; car on doit avoir pour principe de ne
manier aucune porfe fans le fecours des plateaux
ou trapans. En tranfportmt les porfes à nu fur
la tète , on court rifquc d*occafionncr des fronces
ou des caiTés , ou cnun d*cn écrafer les bordures.
On doit pareillement fe fervir de irtipans pour
tranfporter les mouillées à réteadoir , & pour les
placer fur la felle.
Eifin » fi i^on veutaiTurerlc fuccès des apprêts que
le papier doit recevoir à la fa!!e , il efl utile d'a-
voir un grand nombre de trapans oik plateaux plus
ou moins épais, plus ou moins forts; Us fervent à
prefferavec plus d'effet les p^^piiTS , qu'rfnprcffc fou-
vent fans fuccès , parce qu'on les arrange par piles
élevées fans Tinte rpofit ion d*aucun irapan, C'eft
faute de cts traparu , dont les Hollandois font un
ufage fi utile . que nos prcfles de faile , quelque
fortes quVJ les foient,non*feuîement ne donnent pas
un bel apprêt aux papiers , mais même ne détrui*
fent pas les moindres plis qui relient fur les feuilles.
Il eft biçn elTentiel que les trapans, qui font
Toffice de plateauit , foient formés d'une feule plan-
che , & fans aucun alT(;:m!jlagc ; car la ligne des
languettes s'entrouVrant par le fer vice , occa-
fioiine plufieurs faux plis aux porfes qu*oii met
dcffus.
Les plateaux ou trapms légers , fjîts de bols de
rapici , foQt de bon ufage » maïs les plateau i un peu
(ons doiv<?nt être de bots de chêne.
Triage du chjfim ; opération qui confiile à
féparer le chitTon en différens lots » fuivant la fi-
nelTe & la blancheur des toiles , & particulière
ment fuivant qu'elles font plus ou moins ufées,
6i d'une trituration plus ou moins facile. On doit
mettre à part en même temps tout fil^ coudre, &
«détacher toutes les coutures : enfin , on finit par
réduire tous les chiffons en morceaux d'un petit
volume. Le nombre des lots de ce triage varie
fuivant le travail des papeteries , b quantité & La
quotité dws chiffons* Le triage ordinaire en fait
trois lots : celui des firis , celui des moyens , Si
celui di.s buîls^ D'autres fois on diftingue Us fu^
ptrjns , Ax fins ^ Ls mifnSy les moytfU , les btiUeg
g ishUn s , Us^kiàlUs gris , Us traies ^ Us coutures ^ Us
maculaturs iu Us déchets groiTjer> , pag. 4^4 , &c,
. Triage; c^elt le quatrième lot des papiers dé*
liffés à U ûlle- Voy et déllff^r.
Trievses \ femmes occupées ^ faire la fépara-
tion des chiffons par lots ^ comme nous venons
de l'indiquer ci-devam« au motir;^^. Je crois qu'il
592
P A P
conviendrolt de laifler le mot tr'uufes pour le triage
du chiffon ; & en conféquence confacrcr cebi
de délijfcufes pour le travail de la falle. On èvite-
roit de confondre des opérations , par Tëquivoque
des termes qui indiquent les ouvrières occupées
de ces opérations.
Tripes ; réfidu de la cuite de la colle. On ne
tire pas , à beaucoup prés « toute la fubAance col-
lante qu*elles pourroient fournir. On peut recon-
noitre qu'elles en font totalement épuifées , lorf-
qu'elles ne fe replient plus Cur elles-mêmes , &
qu'elles n'ont pas confervé le moindre reflort.
Trituration du chiffon ; elle s'ébauche dans
les piles à effilocher , pa g. 490 ^^491 ; fo conti-
tinue dans les piles à raffiner , ib.d. Moyens de
reconnoitre fi elle elt égale & complette, ihid.
Cette trituration doit Te faire plutôt par des ma-
chines tranchantes qui coupent^ que par des ma-
chines émoufTées qui broient.
TuRGOT ; ( papier ) forte qui fe fabrique
en Angoumois , & qui porte pour enfeigne
les armes de Turgot. don format eft à-peu*prés
celui de la Telliére. CeA un monument de la re-
connoiffance des fabricans de rAngoumois pour
ce digne minifire.
Vanante ; ( pâte ) eft la pâte de baffe qualité.
CeA celle qui réfulte de la trituration des chiffons
qui font dans les derniers lots. Au refie , ce mot
n'eft plus guère en ufage , non plus que groskon ,
qui lui eft fynonyme.
Vanant ; ( papier ) forte fiibriquée avec les
fixes vanantes.
VcRjURE ; toile formée de fils de laiton pa-
ndléles , & qui fert à garnir les formes avec lef-
p a p
miellés on fabrique le papier. Oa fuit plafien
fyflémes dans la difpofition des fils de laiton , <
dans la proportion du calibre de ces fils mvec k
vides ou intervalles qu'on réferve entr^-eux
Eag. 499. Influence de cette dii'pofitioo fur la qit:
ce des papiers , relativement â l'épaiffeur de
feuilles » à la groiicur du grain , &c. Ihid.
Les verjures (ont fujettes à fe déranger & à pa
dre leur parai iélifme.
Pour lors deux brins de la toile fe rapprocheotA
fecollent enfcmble.Cet accidenr^iffez commun Sm
les vieilles formes fur-tout i produit d'aÛez graofa
irrégularités d^ins le giain des papiers qu'on fat»
que avec les formes dont les virjures font wÊt
dérangées. Les intervalles entre les brins dt k
toile 9 devenus plus grand» par leur rapprocfe
ment , groffiffent le grain dans ces parties. Lb
deux fils de la ver jure rapprochés appauvriffent fèi
toffe dans d'autres : ceci eft vifible à la fuiflMB
des feuilles dv: papier ; & lorfqu*on les reprfp
contre le jour , on voit des ombres fenfiMes à \
alongées , qui marquent la trace des baoeiis
épaifles de la pâte qui s'eft infinuèe dans ks Hp
des élargis, & à côté« des jours aufi aloii|ii|
formés par les verjures rapprochées. Le ki
moyen d'évitef ces dé&uts , leroit de ne pas te
recuire les fils de laiton de la verjure, &dc ior
laiffer la confiftance que peut leur donner Fé*
crouiffage de la filière. C'eft la pratique des Hok
landois , comme je l'expliquerai ailleurs.
' ViREUR. On appelle ainfi en Angomnois F»
prenti de la cuve qui lève les feutres, ft Ml
le leyeur;.v/Wr, fignifiant /^icm^r. FirtMrétbt
très , eft celui oui retourne les feutres , povki
mettre fur la mule.
Par M. Desmarest y Inspecteur-gênéral des Manufactures , 1788,
QUELQUES
VA?
T A P
59T^
ÏELQUES PROCÉDÉS NOUVEAUX
CONCERNANT LE PAPIER.
rîv;mt/*J/f/i< Marhrturde pdfter-Domlnô*
tiv de ce Diâionaaire , pd^c 584 & fuiv.
is r?ppnrt6 les p.océdès pour faire k pa-
^ ûTgmtè , le papitr peint , le papier de
i , le papier brilla/a À fieun 6* <t A ^^^ t
tsrbré^ ie papier tn mofaîque , \tpapi*rtùn*
me.
pcore quelques autres petîts procédés con-
I papier, que Ton rrouvc dans les ouvrages
Et ilci f;^r<iis des arts , & que nous avons
r rap.>roi her & réunir à la fuite de la dcf-
^e M, De^'marets vient de donner de
>riquer le papier.
mdéjf^ur empi^kitr le papier de hnre,
II qu^une des préparations du papier efl
pr , afin de tut donner la confiâaoce né-
Qur contenir Teiïcre » faos que rbuaiidità
?•
i ^ »e papier ma! collé eft fujet à boîre ou
rhirmîdité ; mais ron remédie à cet in-
it » qui nuit beaucoup k L'écriture » par le
[utvanc
fondre un ntorctaïs d'alun de roclie ,
le La grofleur d'une noiv , dam un yçtr^
e , Ôc à proporricn , fuivant U quantité
qu on veut préparer*
eôe le papier de cette eau aîunêe avec
ige fine , 6t on le laifiTc fécher. Ccft de
iîère que les pfpeiiers de Paris préparent
à deiTiUf appelés papcrs Uvês,
qui a fervi à fimpreffion cil fujet \ boîre,
quM c(l moins collé qiie cdui dcftiné
kre, fuit 'Muflî p^rcc qu*îl a ptrdu de la colle
-pATit avant d'imprimer, ou qu'ila retenu
*huftiidiié.
riqu'oo veut écrire fur ce papier d*îm-
ou fur un autre papier qui eft trop frais,
~[oudre un peu de gomme dans rencre
PdpUr verni pour Cécrhuri,
ionner a ce papkr un vernis brillant qui
C à. I*écriiurc , on prend, dw beau papier .
Méêiers. Tome m- m. IL
- ordinaire, bien net, bien uni, fans taches fins fiUrr-
dres.On étend les rcinlles fur un ais l>i«n nci; > après
avoir mis dans ujîe terrine du vernis battu , cVfl-à*
dire » du faodaraque réduic en poudre , oa en
frotte ces feuilles avec une patte de Uévre.
Enfuite^fi l'on veut préparer une rxmede pa-
pier , on met fur (ix pintes d'eau huit onces d a-^
lun de roche & «ne once de fucr# candî bUnc*
Apres avoir donné un bouîUon , on-rrtire cette
liqueur de deiïus le feu ; ^ torfque Teau eA tiède ^
on en lave les feuilles avec une éponge fine, du
côté que te papier a été vermiTé , & Ton pofe ces
feuilles les unes fur )es autres.
Quand toute La rame eft lavée , on la met en
prefîe Tefpace d'un demi jour ; on fctend fur des
cordes , feuille à feuille» atinqu*elles sédicnt ; on
les met cnfuite ^n prefle quelques jours pour
pouvoir les bien étendre , & on les donne à
battre au relieur.
Ce papier n'ell bon à employer qtse trois Ott
quatre mois après qu'on Ta préparée
Papur préparé pour deffifier.
Les Peintres préparent du papier far lequel ii$
deifinem , & lui donnent un tond 4»fnbré qut leur
épargne beaucoup de crayon dans les endroiti
ou les ombres font néceffaires.
Pour cet effet , ils prennent du papier Wanc^
fur lequel ils paiîcnt une éponge imbibée d eau
de fuie, le biffent Pécher, & d^ffmcnt deilits :
tils forment les clairs avec de la chaux blanclie.
Ils prennent auifi pour deffmer une efpèce de
papier que Ton appelle pdpier tJmé^
C*ett du papier fur lequel on a paffé une cou-
leur légère pour en ôter Tàcrcté du blanc ,à l'effet
de rehaulTerce deffin avec du blanc dans les par-
lies qui, étant fuppofées le plus en avant , doivent
recevoir toute la lumière.
Cette méthode (ga paioitrc les abjets plus ei
reUef & plus lumineui*
Papier itffofe p9uf e^atrulrer un -dejfin»
La méthode li plus fréquente & la plus com-
mode pour contretirerun deffin » e(l de fefcrvtf.
d*un papier huilé.
Une perfonue qui ne fait nulle rcgîc de dét-
ail t ou qui fc trouve preffée pour te moment.
f fff
594
P AP
Tient à bout de tirer une copie très-précifômcnt
èctrès-promptement par le procédé fuivant.
La tnaniêre de préparer le papier à cet effet *
confifte à prendre du papiei bien mince & bien
uni , connu fous le nom de papier Serpthtt , à
Timbibcf d'une cainpaTitioa faite de deux parties
d'huile de noix » fur une partie d'huile de téré-
benthîne # qu'on a eu foin de bien mêler en*
fembte.
L'on étendra fur une table bien unie , reco««
▼erte d*un cartoft deAine à cet ufage , une feuille
de papier, fjr laquelle on mettra deux feuilles de
celui qu'on veut préparer.
Sur toute Tétendue d'une de ces feuilles, on
pafl'era une couche d'builc proprement avec
une éponge 6ne : comme cette huile pénétre, elle
«A fuffUante pour les deux feuilles.
On peut concîmier aiofi , & pofer enfuite fur
letoutun carton très-fort , que Ton aura foin, de
charger pour mettre le tout en preffe pendant
quelques jours.
On les retire !orfqu*on juge que le tout eft fec ,
ce qui arriye en peu de Jours ^ parce que ces deux
huiles font fort tleinccativcs.
Ce papier étant ainft préparé , fert à contretîrer
très prompte ment & irés-correûement toutes for-
tes de âgures & de. plans* parce qu'étant très*
tranfparent , on aperçoit tous les traits du deflin ,
fie qu'on peut les copier (acilemeut avec la plus
|rand< exaâitude*
Papier IncomhuJlihU*
On prépare une efpéce de papier qui ne prend
feu que trés-difficiiemcnt , & qui eft trés-proprc ,
par conrèquenr,à envelopper des matières qui pren-
nent feu à la moindre étincelle; telle eA h pou*
dte à tirer: on peut encore fe fervir de ce pafïîer
inconîbuAible ou difHcile à brûler , pour renfer-
mer des effets précieux ^ comme des contrats, des
bUlets de caiffe ÈSt autres.
La manière dont oii apprête ce papier eft très-
fimple. Il ne s'agit que de faire diïïbudre de l'alun
avec trois parties d'eau , de paffer du papier or-
dinaire deux fois dans cette eau bouillante char*
Î[ée de ce. fel , &l de le faire cnfuitc fécher, Ce
elj qui n'ell point inflammable, en recouvrant toute
U furface du papier ;, k rend eB'iquclqtie forte
încombuftible. »it.^»^ ; . /
Il euLfte réellement un papier încombuflible qu'on
fait avec de l'amiante >^ cipécçdefubftancétoflîic
qu'on trouve en divers pays , dans Icsr.entrailjes
4e la terre* Ce papier feroit fins ilonite btile pour
tous les a£les publics & particuliers , d*oii dépend
la fortune des citoyens ; mais il faudroit au(B
trouver i;ne encre qui pûtr riiîiter aux ûanuues
iam en^tre détruitct , av , £**-
F A P
Pour faire le papier d'amiante ou d*asbeffe ; OB
le broie & on le pile , pour ramener à Técat
d'une matière cotonneufe. Les parties qu'il comieat
étant broyées, paiTent à travers le tamis , & il oe
re()e que Tasbefie : enfniie on en fait une pâte,
& on le travaille cmme le papier ordinaire ; nuis
jufqu'à préfent ce papier eft gris & caffant : on pour*
roit peut-être parvenir à le perfcâionner.
Moyen de rendre hlanc U papier împrimL
M. Claproth , profeffeur de droit en runlverCtl
de Gottîngue , a trouvé le moyen de rendre
blanc le papier imprimé , de manière qu on peut
le faire réimprimer plulieurs fois , fans qu*U y reJle
aucune trace des impreïTions précédentes ; La mè*
thode qu'il fuit eft très facile & peu difpendieulê.
II fuffit de remettre au pilon le papier imprimi»
é\n féparer la couleur de l'imprcifion ,au n
de l'eau & de la terre à foulon , & de f.
nouveau papier avec U paie qui eft devcaue
blanche.
L'inventeur affure qu'il n'a employé qtie U n*
leur de deux gros de cette terre pour reblanchir
pîufteurs r^mes de papier imprimé- Il a feif rc»
mettre à l'Académie Royale des Stfences & bel-
les-lettres de Berlin , du papier reblanchi après
avoir été imprimé , & du papier réimprimé après
avoir été reblanchi fuivant la méthode qui viem
d être décrite.
Moyen d'enUver tencre àe Jejfus U fMfîtfn
Si c'eft îa faifon du verjus , ou <« frottera b
tache tout de fuite, en y mêlant un peu d'eau »
tandis que l'encre eft fraîche , ôt elle s'cnlcvcnw
Au défaut de verjus , on peut fe fervir plus fore-
Tifent du fel de verjus diiTout dans de Teau* Oo
emploie auftî lofeilie , mais elle o'eft pas aii&
bonne. '
Ou prenez de Teaii claire*, ^aos iaquellc
aurez fait dinbudrc du fel decuifiaeenégalequa»?
ti:é à Icau , & fronei-en la lache,
Eniin , fi la ta^he eft^èchc , & que >es acUbf
nommés ct-deiTusi ne puillent pas Tcnlever» ferves*
vous d'eau-forte^ que vous aurez afibiblle avec d»
l'eau commune \ vous retendrez avec U barbe
d'une plume ou un pinceau fur ^ lachc^ qiufi^
délayera & difparotua aulU-tot*
■ ■ ' ' ' '•
♦ Mi>y^ d:çur ks uches d'kmli de ieffus U pâfifii
Vous brûlerez des os de brebis » & iro<u« to
pulvenferez ;* vous firôtteiea de cette poudre U
tache des deux côtésdu papier : enfuiir - ^'
I trex l'eftampe^ ou papier tacfié entre i\
d^- papier blaiiç^ca preffe ^ YOU^ les Ualc£<^^^«
jâce dVne ouït ; & la uche $*en îm ; fi elle pi^ ^
roiffoît encore un peu , on rccommcnceroit les
JiaêiDes .procédés.
êiatdirc de faïn pnndre ta couleur fur U papier
r
On prend un peu de fiel de carpe ou de bro*
<tiet , on le mêle avec la couleur ; & comme ces
liibftances font de nature favoaneufe, elles dif-
folvcnt les matières graffcs dû papier j & don*
nent Heu à la couleur «le s^étendre & de s'ap-
pliquer*
Papier à dkouUUr»
^^Hllii a imaginé de préparer du papier qui eft
^T«-commode pour dérouiller te fer ; il fe fait en
imprégnant d'une eau gommée eu de quelque au--
trc fubiiance tenace du gros papier , que l'on
Mupoudre enfuite avec de 1 cmeril an & du grjs
Ipulvarifé.
Ce papier détache , par le frottenrent « les parti-
cales Fouillées ou privées de phlogîftique , dé^
polies fur le fer , qui , dans ces circonftaaces , D*eft
altéré & décompofé qu a (a furface.
Papier prépare p<mr imprimer aujp. via fu*m km.
Méthode de M^frmklin,
M. V Abbé Rochon dit dans fes Mémoires: Sans
M* Franklin, je ne me ferois peut- être jamais occupé
ée Tart de b gravure j mais cet homme célèbre
piqua ma curiouté en me montrant des eifaîs qu'il
aiToit faits en Amérique» pour imprimer aujp vite ^ue
ton écrit.
Le moyen qu*il paroît avoir employé, confifle
à écrire fur du papier avec de l'encre gommée.
n faupoudre fon écriture avec du fablon ou de
1& pouiiiire de fer fondu , tamifée 8c pulvérifée,
qui! enferme entre deux planches.
L'une de ces planches , deftinée à recevoir la
gravure « doit être de bois ou de métal tendre , tel
que rétatn ou le cuivre ; l'autre plaque peut être
de pierre dure ou de fer : toutes deux > foumifes
h raÔion d'une prefle , forceront l'écriture de s'in-
crufïer dans ce métal tendre.
L'on aura donc la contre-épreuve de fon écri*
fure fur la planche de bois ou de métal » & cette
planche fervira , en employant la méthode ufitée
par les graveurs , à donner autant d'exemplaires
que la profondeur de la gravure le permettra ; car
on fait qu'elle s'ufe au tirage , & qu'elle ne peut
jamais être bien profonde.
Si ceue séihodc remplit Tobjet principal qu'on
A P
fe pf opofe ; c*eft-à-dire « la célérité dans TevécuJ
tion.. Ton eft forcé de ÇQnvcnir,gu*elJ<^piéfç;j^
des copies^ bien défagréablet^ à k vue. J-'at eu re
cours à un moyen qui n'a pas le même inconvé-
nient.
Méthode de M* TAIfbé Rackon*
récris , dit M, l'abbé Rochon , fur une planche
de cuivre rouge verniffée félon la méthode des
graveurs : ce vei^is , à laide d'une pointe d acier »
s'enlève très-facilement , & Ton peut écrire avec
une pointe fur une planche verniffée , aufE vite
qu*on écrit fur le papier avec de Tcncrc & une
plume.
On couvre enfuite la planche d'eau*forte un peu
affoiblie ; on laiffe l'eau* forte mordre le temps
néccffalre pour incrufter les lettres aufli profondé-
ment qu'on en a befoin ; cette planche eft alors
gravée , & on tire , par le moyen de la preffe à
rouleau» autant de copies ou d'épreuves qu'on en
peut fouhaiter.
Toutes ces copies ou épreuves font furie papier
à contre-fens , de manière qu'elles deviennent par-
là inutiles ; mais rien n'eft plus facile que de les
avoir dans le fens qu'on déftrc : par exemple, je
lire dbuse copies , & tandis que lencre eft encore
fraîche , Je mets deffus autant de feuilles de papier
blanc, mouillées & préparées, que je difpofe en tas»
de forte que chaque feuille de papier blanc fépare
alternativement les copies ; alors d'un feul coup
de preffe j'obtiens doute contre-épreuves , qui
font très-propres Se très-lifibles, quand même la
planche n'auroit pas été bien effuyée , pourvu
toutefois que la gravure fott affez profonde pour
fournir à la copie un tel degré de noir qu'elle
donne de bonnes contre-épreuves.
Cette métfaede n'éciuîvaudra jamais fans doute
à la gravure , mais elle peut être d'une grande
milité dans les armées de terre & de mer , & dans
tous les cas oii il s'agit de multiplier promptemeot
les copies.
Lerédaâeur de la Bibliothêque-phyfico-économi-
que obferve qu'on lircroit également des copies de
pîufieurs manières ; d'abordjcn fefervant des preffe»
de relieur ou autres , enforte que les copies fraî-
ches & le papier bîanc moite entremêlés , fe trou-
vant entre deux marbres ou deux als de bois dur 8c
bien uni , puiffent éprouver une grande preffion.
En fécond lieu^ au défaut de preffes, en char-
geant d'un très* grand poids le papier qui feroif
également entre deux ais ; ou enfin en déchaf*
géant deffus un ou plufieurs coups fubits d'ua
lourd maneau ou d'un corps pefant* Mais # à U
vérité , dans tous ces oti « les copies feroteac
foibles*
Ffffs
PAPILLONS.
( Art concernant les )
XjCS ?ÀPtUûKS , par Vèctat & la dlverfuè de
leurs couleurs , cschcnt Fattentîon & radmîraiîon
des curieux , & des amateurs de rKiftoire natu-
relle. On dèfire dans cette vue de fixer ces êtres
Il volages f & ro;i aime à faire des lableaux de
leurs ailes brillantes » ou du* moins dé les pofer
pour modèfts , pour en tirer des peintures & des
devins fidèles.
Tels font les rapports fous lefqiiels nous alloos
ef({iii0er Tart conceroant les papitk ns,
Chaffe aux papiihns.
Il eft difficile de faifir le papillon dans fon vol
ÎRcertatn , & la main qui rîfquerott de le prendre»
e&ceroit ea mènre-temps cette ponlTiére colorée
^ut fait la richeffe de fes ailes, il faut donc trou-
ver un moyen de T-irréter fans l'endommager.
liôs Aileraand^« qui fe font particulièrement ap-
pliqués à la defcrîption & à la reprèftnration
des papH Ions, ont imaginé de faire (crvir à leur
ch'jffj de pandes raquettes circulaires, avec un
fil de fer d\ine certaine groffeur ^ & couvertes
d'une toile aiTez mince.
Le manche, formé par la continu- té du fil de fer,
peut avoir deux pieds de bng. Le ch.iiÎLrur qui eft
ordinairement un enfant , tient de chaque main
une de ces longues raquettes , & prend au vol
le pa^ llloB qu'i' poiirfuit.
Au lien de raquettes» on parvient auflî à prendre
le p^pîlW au vol , en fe lerv.mt d\in filet duo
Eetu léfeau de foii^ ou g^z^ de huit pouces de
irgc , moniéfur un fil dWchal cmmaoché d'un
bâton léger»
On prend légèremest Tinftfle » et ontuîcom-
fiTHBie du bout des doigts le corfcler ; ^nfu^ie on
e pcTCC d'une épingle , & on le lalSe mourir &
ëefféc^ïcr en le fix.iut fur un carton ; ou Ct on yeui
le confcr^cr en vie »on le place fur utre plan^.hc ,
dans laiiuclte on a pratiqué une cavité ca >able
de recevoir fon corps , St Ton étend fes ailes du
fhiem quM «A pofljble.
Comme il eft nécenfaîre qu'elles reftent bien dé-
veloppèes i «n applique deflus un fil d'arcbalj
3 lie Ton retient par les deux bouts avec tut pe»
e cire.
l'infeâe ainft arrêté, ne peut pins s*agvfer, k
laî(Te au naturalise ou à Tarrifte le temps d« k
peindre avec toute )a variété de fes coideurs.
Les ailes du papillon , qui font loufours au noa*
bre de quatre , lui conflitueni un genre particu-
lier parmi les înfedes ailés « en ce qu'elles ne faut
point couvertes d'étuis , mais feuieisent d*t<np
pouOiére farineufe » opaque» qui s'attache facil^
ment aux doigts imprude^u qui les touchent.
Cette prétendue pouffiérei confidétéc au mic^ofr
cope, eft un affembîage trèî^réguUer & ofpslft
de petites écailles colorées , taillées fuf dt&ftoi
modèles , couchées & implantées fur un t '
gaze , folide , transparente 8c à rainure , çuo
trémement fine& légère* C'efi la duietéSt lepou
de ces petites écailles qui les rendent fi brilr
jantes.
Le de(Tus & le deflbus des ailes en font égale*
ment garnis.
Il y a une efpéce de papillons qui porte in
ailes vitTies , ainfi nommées , parce que n'étant pif
entièrement couvertes d'écaillés » les p;inies qui
en font dégarnies feinblent autant devkrcs*
Une autre efpéce de petit papillon » provenant
d'une ttiene qui vit dans Tépiiifftur des fetiilîa
d'orme & de pommier , porte des ailes qui pit*
fentent au microfcope tout ce qu'on peut im gi*
ner de plus riche en or , en argent , en aturîccû
nacre.
Ferais pour Tthaujpr les couleurs du ailiS^du ^
papillons^
On trouve dans un ouvrage ItsKcn îc nrf^cèii
pour la compofition de ce vernît.
Prenez une certaine quantité ne vcniis ortii-
naire à refprit*de-vin,
Ajoiit^z-y une double dofc du même efpTit,ll
plus rcAifié qu'il foît pofTible , ^fin de le rt^^^
plu<; fiuide, èi qu'il ne sèche pas auflt faci'
Fates-le chauffer prefque ]ufqu*i ébuiuuvi.,
pour en augmenter la nuidicé.
P AP
ke trempcz-y les foies de la ver gctte ; tio-
U cfl encore chaud, 8cafpcrgez-en les pa-
de U manière prefcritc par M» Loriot ;
Taveas rapportée à Tarticle Paftet )«
nd la première afperfion fera fèchc, ajou-
fucceflivement une féconde , puis une troi-
ic jufqu'à ce que la turface des ailes des
^ foit brilUnte & entièrement filée,
rant cette méthode , dit fauteur Italien ,
parvenu à donner aux ailes des papillons
Il vernis qyi les rend plus folides , & j'ofe
plus mcmbrancufes ^ fans que leur coulctir
iltèrèe en un fcul point.
remis , pourvu qu'il foir blanc 8t bien
ï^ ne peut que leur donner plus de vivacité
I
tde fixer fur UpJpier Us ailts dts papillons ,
& dt Us upnjtruer au uaturtL
iRioanaire de Hnduilrle rapporte qu'un curé
tfovince de Brefle , apercevant un papillon
iir on baromètre réc^-mment verni*, Tat*
L rinftaniavec une épingle au baromètre ,
lifla ainfi pu^ndant la ouir.
pndemaiq, lorfqu il voulut ô ter Finfcéle , il
les pctiies plumes qui recouvrent ta furface
:5 s*écoient liaces dans le vefuis , & con-
m leur arrange; ment 4Sc leurs couleurs. L't-
t vint de Axer ^linfi les ailes du papillon ,
I former fur des feuilles de papier des col-*
; d*hifloire nacurelle. ^
ïbofe lut rèuiTit ; mais il reconnut bientôt
vernis altéroît un peu les couleurs du pa-
les jatïOïffolt , fit ne pouvoir fixer cciles
\% phalènes , tels que !e grand paoa
unateur chercha donc une liqueur plus coi-
ï , & en compofa une donc voici la re«
P A P
^9r
i
un verre d'eau bien claire ; farurez-la
e gomme arabique \ aJoutez-y enfuite de
Mn pur , de la groffeur d'une ftvt j mettez
j fel ordinaire , mais bîanc 6l bien mirifiè ,
^que ^ ous vous aperceviez que fa gom
is de brillant quand vous rappliquez
papier ; vlJez ce mélange dans une petite
u la pouifière ne puiflTe pénèner i ayez
rtout que cette eau foit bien tranfpareflte ,
tk ne dèpofe pas.
■liant voici la manière d'opérer*
enezunï^pctite ftuéltede papier de Hollande,
y &£ paiTez fortement le doîgt fur le pli ^
i;i feuille ^ & pofcz-U fur une maîa de pa*
nmuu.
Ms aurez foin de ne p^s altérer les ailes »
Kt vos papillons avec f épÎQgle dont vous
terea au travers du corfelet.
Lorfque vous voudrez opérer, pt^nez le papillcfn
avec Tépingle ; coupez avec des cifcauxfins les ailei
très-près du corps ; pofez-les fur un papier prctpie»
Si le corps du papillon eQ peu volumineux f es
foin devient inutile.
3®, Prenez de la liqueur dont on vient de parler
avec un pinceau de cheveux à poils courts : hu»
meâtz légèrement les deux faces oppofées de U
feuille du papier de Hollande que vous avez pliée
fit dépliée. Elle doit être imbue de la liqueur de
chaque côté oppofé » à égale diAance du pli &
4e 1 étendue des ailes ouvertes des papillons.
4». Prenez enfuite une des ailes fans la tou-
cher avec les doigts , mais feulement avec un pin-
ceau légèrement trempé dans la même liqueur ^
& avec lequel vous faifitez la partie de l'aile qui
adhéroic au corps.
Placez de cette manière une des grandes aîles
fur rendroit que vous venez d'humeéler ; arrangez
de même la féconde , avec Tattention de laiuer
entre elles ta diftance proportion ne tle du corps*
Vous placerez de b même façon les deux petites
dans leur pofuion refpe^ive*
j^. Repliez enfuite b feuille fur le plî que vous
avez formé , puis appuyez légèrement la paume
de la main iur la feuille i fans cependant la
frapper,
6'. Après avoir mis du papier ordinaire fur U
feuille de papier de Hollande pour empêcher
qu'elle ne glifle, placez le tout fur une main de pa*
pier ; prefiez alors en tout fens Tefpace d'une mi-
nute *, fcrvez' vouS| fi cela vous eA plus commode »
d un rouleau de bois : vous ne frapperez jamais*
j'*. Ouvrez la feuille , & enlevez avec un canif
les parties membraneufes des ailes. Si vous avez
opéré jtifte, vous trouverez le deiTus & le deiTous
du papillon repréfemés dans toute leur vérité
& au naturel.
8^ Il faudra enfuite peindre le corps , les an-
rennes , la bouche & les jambes, ce qui cft très-
facile , puifqu'on a le modèle fous les yeux.
Pour cotte dernière opération , vous vous fer-
virez d*un pinceau de cheveux très fins , & vous
aurez une petite palette d*ivoire, pour faire Ïem6«
Unge des coule^^rs.
Voici rênumération de celles qui doivent y
entrer: t"^. Terre d ombre i a'', la mcme calcinée;
3°. ochre ; 4 .ochrc calciné; 5", maificot; 6 '.bleu
de Prufle ; 7*. Il que fine ; 8*. vermillon ; j"". encre
l!c' la Chine ; lO*, blanc de cérufe.
Cts couleurs, employées feules ou mélangées
entre-elles , donnent toutes les teintes néceffaires
pour exprimer les parties du corps de TanimaU
U eft très- difficile de détaclier les plumes dts
^Ues des papillons defféchés , & encore pHts rare
d réuCir parfaitemcm 1 s'ils font morts depuîi
long temps»
f9»
PA^
On objeAefa peut-être qa*ea fiiifunt cette iiit«
idère de procèder| on ne voit que k^parde inté-
iiepre de la pfanie , c'eA-l-dire, le cAté <[ui recou-
re U partie membi^neufe de Taile. Ueipérience
fnivante démontre que les plumes ont les mêmes
couleurs» la même vivacité, les mêmes teintes»
jtant en deflus qu'en deflbus.
Paflèz du vernis fur une feuille de papier ; ap-
pliquez^y une des ailes préparées fuivant le pro-
cède décrit ci-deflus , fit qu'elle foit bien (èche ;
pijîs appu^e^ fortement & laiffez fécher le tout»
PAP
Lorfqae le vêmis fera, iêc , monlftes le
, immé^reaudélaverala gomme fit le papier,
un fie Tautre fe détacheront du vemb q
tiendm^ les plumes , parce que Teau n'a a
aâion fur les réfines qui le compofent ; cl
font folubles que dans les efprits arden».
On pourra alors juger û en effet la coul
la plume n'eft pas à l'extérieur la même q
côté de la membrane. On le répète » le verni
me le plus blanc» altère la couleur dca plun
5ÔL eft un petit meuble portatif ^ de-
irand ufagc pour fc garantir de 1 ar-
iletl.
ferture ronde eft une cfpèce de petit
lève au-deffus d'un bâton que Von tient
i faire des parafais en papier , en paille >
I & autres matières légères i mais pour
kiis , qui peuvent fcrvir auiTi de pa-
ftcmploLC le cuir , la lolîe cirée, le taf-
Itres toiles compares & gommées, fuf-
Têtre bien tendues-
»n qui fupponc le parapluie ou le para-
ne feule pièce ; cependant il peut être
k fe plier au moyen d'une charnière ;
cette couverture portative par le moyen
les bfins de baleine, ou denls de cuivre
qui la foutiennent.
:ur de parafols con»^*nce par préparer
î, qu*il conftnjittou^^ d'une pièce , ou
cde trois, lorfqu'il veut le faire pliant,
cr bâton , qu'on pciu dreflcr & plier à
fc divifc en trois pièces , qui font la pot-
nitieu & le mât.
née I ainfi que le dèfignc fon nom , eft
jb tient ordinairement à la main lorf-
^rt du parafoL
tu eft la partie qui fe trouve entre la pol-
I mât*
^ft la pièce d'en- haut , où Ton met une
livre pour attacher les baleines. Il eS cou-
me plaque de cuivre qui fe viffe-^, & au
aquelle il y a un anneau*
c par une économie mal t nrendue , pnif-
rcafionne le peu de durée d'un parafol ,
ne met point la noix au haut do mât où
:nt les baleines'-, mais qu*à la place il y
ux petite anneaui de fer diamétralement
» U arrive fouvent que ces anneaux ,
la fonction de U noix , & qui n'en ont
iiditè » font fujets à faire caffcr fréqucm-
l do ter qui paflTe dans les trous des ba-
: qui tes tient aiTujetties ait haut dtt 0am
IjUii du parafol«
Il y a des ouvriers qui, à la place de la aoîi
de cuivre ou des anneaux de fer, (c fervent de noir
de bois ; mab comme on a obfervé quVlles n'é*
toient pas d'un bon ufage , on y a fubftituékf
noix de cuivre , dont les crd/ts ou fépararions font
faits pour que les baleines foient également dif-
lantes les unes des autres.
Dans les bâtons ou manches qui font tout d'une
pièce t on ne met point de coulant , mats feule«
ment une petite lame d'acier ou de fil de fer pour
tenir les baleines étendues.
Dans le bâton qui fe plie en trois • il y a deux
coutans , ou deux grandes viroles de cuivre oui
faifilTent les extrémités , favoir , la première , celtes
de la poignée fupérieure avec Tinférieure du milieu ^
âc la féconde lextrémité fupérieure du milieu avec
l*inférieure du mât,
Pour que ces viroles foient fixes , & quVIIei
tiennent le bâton droit autant qu'on le juge à-pro-
pos » elles font furmontées par un reftbrt de fil
de fer qui les arrête , & les empêche de couler le
long du bâton , d'où leur eft venu le nom de
coulant.
Dans les parafols dont la couverture fe plie en
deux , il y a deui reflbrts de cuivre , dont le pre-
mier, qui senchâfte dans la noix^fe nomme ^^rnî
fOur Ugaturt*
Le fécond , qui fait que la couverture fe plie
précifément en deux , fe nomme garni diffouê
l'arc-hputarJ,
Les premiers la-^/ïii, qui font ordinairement plus
courts que les leconds , font arrêtés autour de la
noix , au moyen d'un fil de fer ou de laiton » At
les féconds font faits en forme de charnière.
Entre les deux garnis , & prefque dans Vin*
tervalle qui les fépare par le milieu , on attache
des baleines « des fils de laiton un peu gros , ou
de légères plaques longues , du même métal, quVa
appelle au-hutans.
Ceux qui font de métal fe diftinguent, parrap'
port à leur fort.ie ou à leur tîgure, en arc^kcutsMé
ronds 9 6c en arc boutant à feurchtttts»
Les premiers font compofés de deux fTls de
laiton féprés «qui embranent une baleine par uo
bout ) £c vom fe joindre par Tautre bout à une fe^
à
609
P A R
condc noix de cuivre mobile , & inférieure k ecUe
qui eil à la tèie du mâtf
Les féconds iom placés comme les premiers,
mais ils ont leurs extrémités fendues ca forme de
fourchette'
hc taffetas ou Tétoffe dont on fc fert pour cou*
vrir les parjifois doit être taillé en giron, c'cft-à-
dire à anf^les droits , afin que les pointes fe réu-
ntifent dans le centre*
L'ouverture de chaque angle fuffi.t pour faire
U circonférence du parafol
Ces pièces ainft gironnëcs font coufues les fines
«ux autres ; & après qu'on a paffé leur Centre dans
le haut du mât , on les arrête en fes coufart à
trois endroits fur chaque baleine, dont rcxtrémitc
efl garnie , vers la circonférence, d'un petit mon-
ceau de cuivre qu'on nomme un haut ^ afin que
le parafol portant par terre p le taffetas ou 1 etofiê
se s'ufe point, .
Quoique les faifeur» de parafols foicnt en dr^it
de tondre ou de fabriquer tout ce qui concerna
ce meuble »iU achettent cependant des fondeurs en
cuivre» ou des autres marchands , les dlverfcs piéccx
dontils ont befoin , &oe fe mêlent guère que de Ici
ajufter enfemble pour faire un tout compicr.
Comme rindultrie fe perfeâionne toHi les jours,
on a imaginé , pour la plus grande commodité d^;s
voyageurs^ des parafols qui ont conteniîsdanb une
canne ; de manière qu'en pou fiant un rcfïort qui
rt adhérent à la canne qui fer i d'étut au parafol ,
on fait rentrer ou fortir celui ci fuivant qu on le
iwge à- propos ou qu*on en a befoin; ainC Tinf-
trument qui , auparavant, fcrvoir de point-d'appui
pour fûiihger la marche du voyageur , eft changé
tout à-coup en un autre pour le mettre à cou-
vert de Tardeur du foleil , OM de rincommodité
^e la pluie*
PAR
On a autti trouvé le moyeo de faire des pan^
fols &des parapluies entanVtas » dont le itiai»cli.%
toux de fer » rentre dans la tige creufe qui fupponf
la couverture» laquelle s'ouvre & s'€tend d elle-
même , étant en Iièerti , p^r le moyeu de rciïons
ik de détente» y dicter a|r liés en defToui en forme
de pacte doie ren^crfè^ ; mécanique ingénicufe
ik fimple, dont tci.t Tartifice, confifi;: à être en Um
contraire de fon aâion ; enforre qu^étint ^cn^ti d si
fon repos , cll^ fe développe quaf^d elle cft libre
On ramènvj cette convirrure par une boucle
qui réunit quatre brins de cordon , attachés pirJ<
ieiemcnt vers le quart d*<n*baut« de deui ea
deux branches <1 acier qui fouticniient & icuécflt
la couvert lire.
On peut replier aufTi le tafTettis dï ces non*
veau p ira lois par le moyen des ciurfiièrei pb-
cé^s dans le milieu des brins di fil de fer ou k
bîton qui ferveur à foutenir le pavillon.
Ces peurs meubles , réduits au plus mince vo-
lume fjollîble , quoique d'ailleurs très-foUdeSt 8c
fufiitamment erands ^ fe logent aifémem dans ufl
Ui , ou dans les ailes d*UQ chapeau , ou dans b
poche » ou dans le creux d'un b&ton ou d'une
canne IIi deviennent ainû pour les voyageurs, des
contp^guons qui ne font ni apparens ni incom*
modes , maïs toujours prêts à leur porter un prompt
recours contre lardeur du folcti , Ik contre les
furprifcs d\m temps pluvieux 6c nébuleux.
Par redit du II août 177<S, les Gantiers - Bom*
fiers & Ceinturîers font réunis en corps de coa-
munjuté, & ceft à eux qu'appartient le dmii
de faire âc de ven ira ces meubles « connus fous le
nom de pamfûU & ike pardpluier cfl uffetas , loilc
p^ autrement.
r O C A B U L A I R E.
X\rc*boutan$ ; ce font les baleînes ou les fiîi
de Uiton un peu gros , ou de légères plaques
longues de même métal» qui foutiennent oc éten-
dent la couverture d*un parafol ou d'un para-
pluie,
Arc-boutans rofids'^ ce font les arc-botitans com-
pofés de deux fils de laiton féparés , qui embraf-
fent une baleine par un botit , %L vont fe joindre
par Tautre bout à une noix de cuivre mobile , &
inférieure à celle qui eft à la tête du mâf-
AKC'jiOVthlisàfjurchnus ; ils fontauflî com*
pofés de deux fils de laiton fèparés , avec la dif-
fi^rence q«*ils ont leurs extrémités fendues en for-
me de fourchette^
Bout ; petit morceau de cuivre qui couvre
de garantit Textrèmité de chaque baleine , fervant
d'arcboufam & d*appui 4 \^ couverture d'us
pirafoL
Coulants ; on nomme ainfi les vîrolcs demi-
vrc qui faififfent les extrémités ,favo;r, de U t'Ot-
gnée fupérieure du manche avec rtutétienre tia
milieu « & rextrémitè fupérieure du milieu ivcC
l'inférieure du ïrât.
Garni pour Ugamn : on défigne par ceimocSi
dans les parafols dont la couveriurc fc pUe efl
deux , le rcflTort qui s enchâife dans la noîx.
Garni dijfous Varc houunt ;Qn défigne alnfi le
report de cuivre qui fait que la couverture df^
parapluie fe plie précif^ment en deux.
Giron ; (taffetas taflléen) c\ft-à-difeiingkf
droits , afin que les pointes ^ léunîdem daiw k
centre,
Manche d'un parapluie ou d*un uarafol;c*eft
le bâton qui foutient la couvertur«. On le £Ïic o«
d'une feule pièce , ou de plufieurs , quand on voir
te rendre plianu
rita^k
PAR
Mast ; c'cft la pièce d'cn-hairt d'an parafol où
pou met un mât de cuivre pour attichef les balei-
s. n eft couvert par une plaque de cuivre qui
vîiTe avec un anneau en de0'us.
Milieu ; c'eft, dans le manche d'un parapluie, la
panie qui fe trouve entre la poignée & le mJî,
Noix ife cutvrt ; c eft un rond de cuivre qu'on
place au-deiTus du mât d'un parapluie. Ce rond a
des crans ou réparations pour y maintenir les ba-
* eincs de la couverture à une égale diflance les
es des autres,
Parapluïe ; c'eft une couverture de toïle ou de
feus» étendue en rond , qu'on tient, par le moyen
PAR
6ot
d'un manche , aii-delTus de li tite , pour fe garantir
de la pluie*
Parasol; petît meuble portatif pour fe garan-
tir de Tardeur du foleil , en le tenant ait deius de
la tète.
PoiGNiE ; c'eft la partie du manche d*un para-
fol ou d'un parapluie qu'on item à la main quand
on veut s'en fervir.
Ressort de fil ât fer ^ on pradque dans le boîi
qui fait le manche d'un parapluie , «n ou plufieurs
re£hns de filée ftr ^ pour rendre les viroles fue£ »
& les empêcher de couler le long du biloo»
Ans & Miilm. Tome IL Part. Ih
Gggg
6oa
PAR
PAR
PARATONNERRK (Art du)
Aj a matière éleârique eft renfermée dans le fein
(te là terre : elle nage dans ratmofphére. Si elle
confcrvoît un équilibre parfait entre ces deux ré-
Îjîans, les commotions terreftres & le tonnerre
eroient des }jhéno mènes inconnus.
Mais pendant l*été , dans les climats chauds, le
foleii élève des fleuves d'^au de la furface du
globe ; condenfée dans les régions froides » cette
eau forme les nuée*.
Les conduéleurs les plus puifTans de la matière
éledtrîqne font Teau réduite en %aieiir , Teau
dans Yètn d'agrégation « enfin ks fubftances mé-
talliques.
Cecijpofâ, on conçoit que le fluide çkârîque
doit p^iTer conTinuctlementdufein de la terre dans
ratmofphére , à U faveur de Teau fans ceffe va-
pcTÎfée par le foleii i que les nuées deviennent
le réfervoir de cette matière éleÛrique , en même
temps qu'elles en font te condudeur.
Or, deujc nuages éleélrifés dans des propor-
tions différentes , venant à fe heurter , à fc com-
muniquer , engendrent les échirs , la foudre &
tous Us autres météores ; car , comme t'a démontré
M. Quinquei , la pluie , la ntige , la grèle , &c. ,
ne font que Teffet de l*éleâncité de ratmofphére.
Au moyen d'une machine éle%ique & d*un degré
de froid donné , M. Quinqtict imite , dit-il > ces
phénomènes de h narure.
Si la nuée eft bafTe, fi la matière éleârîquc
qu'elle porte en abondance dans fon fein, & qui
n'attend , pour faire explofit n » que la plus I j-
«ère communication, vient à rencontrer à la fur*
face du globe un corps é le Jtri fable , ce corps €Û
foudroyé, à moins que ce corps , perméable i
la matière du tonnerre , n'en fiivorife la hbrc cir-
cula tior.
Or s les CondLSl.ws armls de fotntes méulVques ,
•nr cette propriété de foutirer continuellement ,
fans explofion , & même à une très - grande dif-
tance , la matière du tonnerre ; de ne lui oppo-
fer aucune réfiflance ^ de la recevoir comme un
canal , comme un tuyiu reçoit Teau ; d'en dirî-
Çer , d'en prefcrire la marche , & par-lâ de ren-
are abfoiunem nuls les effets redoutables de la
foudre.
Les accidtrns ft communs du tonnerre ,, prou-
vent la première de ces propofitions , qu'un corps
éleârifable eA foudroyé quand il eff en commu-
nication avec la nuée qui porte la foudre : en
effet, un arbre au milieu d'un champ, contre le-
quel s'abrite un voyageur furpris par Toraje , un
vaiilêaii {\xx mer ^ un bâtiii),eni ifolé 9 ^^ moaii-
ment élevé , & principalement une ègllfe, font
des afyles dangereux contre la foudre; fur-tout fi
on a l'imprudence de fonner , la corde deviem le
conducteur de la matière éleé^rique , que Télé va* 1
tion du clocher & l'état métallique des cloches atti'
reni puiffamment , & le fonneurcft tué.
L'expérience prouve également en faveur deli
féconde propofitîon ; fa voir, que des conduâeun
atmésde pointes métalliques, mettent à Tabridei
accidens du tonnerre tout ce qui en cil armé. U
fonneur ne feroit pas tué, s'il régnoit un fil de fer
autour de la corde. Un homme expofè au danetr
du tonnerre, peut s^en prèferver au moyen dan
parafol armé.
Maintenant établiffons le paraionnem : une bifc
de fer terminée en pointe de 1 j à 10 peids de
hauteur y d'un pouce d'épaiffcur , fera élevée fur
le faite de la maifoo. M sis comme le fer fe roiuillc
aifèment, & qu'alors il perd de fa vertu conduc-
trice; coinme d'ailleurs la matière du tonnerre le
fait aifément entrer eu fufion , il eft prudent de
fouder à rexirémité de cette barre une pointe de
cuivre de j à 6 pouces. Pour plus de précaution
on U dorera,
La pointe folidement établie , on y ajoute le
cùnduà':uT , c'eft-à-dire , une chaîne de fer,
mieux encore une treffe de fil de laiton , ou enfin
des barrei de fer viffées l'une dans rautre,dont
Textrémité inférieure aboutiffe à de l'eau , c'eft-
à-dire à une rivière , un ruificaii , un étang, une
marre , un foffé , un puits , enfin à une profoiH
<^eur telle que la terre y foit conflamment htt»
mi de.
On conçoit que k communication ne doit pas
être interrompue , & qu'il faut une continuité de
métal depuis la pointe Jufqu'â l'extrémité du con-
dufteur.
On préfervc de la rouille la partie du con lue*
teur enfouie en terre , en Tenfermini dans un
tuyau de plomb, ou en reatourantdepouiGërede
charbon.
La pointe dans cet appareil foutîre la matière
du tonnerre , la fait écouler , & la cranfmet, par le
moyen an trondudieur, du fein de la nue ou etlt
efl accumulét, dans le fein de la terre.
Si toute «ne ville èioit armée de paratOAnerrcs 1
on n'y enteadroit jamais le tonnerre , parce que
la matière éleéïrique feroit, par cette mâhiplicicé
de pointes^ fans ceJTe reportée de TatAiofphére i
la terre.
Tel eft Tart par lequel le céltbrc Franklin a fa
enlever U foudrt à la Due( trlpuit cah fidmin )
j
PA R
& «Tcii préfcrver les bidmcns les plus élevisJ
Ecouton^-le lui-même. Si on place , die ce grand
phyficien , une verge de fer à rextrèfuit; d'un bâ-
timent , fans interruption depuis fon fommet juf-
quk la terre humide, dans une direflion droite ou
courbe , en s'accommodant à h forme du toic ou
Ides autres parties du bâtiment , elle recevra h
foudre à fon extrémité fupérieure , en ratiirant de
manière à Pempccher de frapper aucun autre en-
droit : & en lui fourniilant un bon conduit jufque
dans la terre , elle Tem péchera d*endoiiimager une
Igrand-^ partie du bâtiment,
La verge , ajoute-t-il , doit erre attachée k
la muraille , à k cheminée » &c, avec des
Crampons de fer, La foudre n'abandonnera pas
la verge , qui eft un bon conduéteur , pour paner
ail travers des crampons ,dans le mur, qui ell un
•lauvais conducteur, SU y avoit de ce fluide dans
la muraille « il pafTeroit plutôt de- là dans la verge ,
pour arriver plus facilemeiit par le conduâeur
I dans la terre.
tSi le bâtimeot cft fort grand & fort étendu ,
on peut y placer deux ou plufieurs verges en dif-
fère ns endroits , pour plus grande fureté.
Enfin , la partie inférieure de la verge doit péné-
trer affez avant dans îa terre, pour arriver à un
endroit humide , peut-être à deux ou trois pieds
de profondeur; & fi on la courbe, lorfquVlIe
cft parvenue au-deflou* de la fuperficie, pour
l'étendre en ligne horiionfale à fix ou huit pieds
de diftance du mur , elle garantira de tout dom-
mage toutes les pierres de fondation,
I L'expéfience a confacré l'uillîté des condufteurs
" de la foudre* Leur ufage eft adopté prefque gé-
néralement dans les colonies angloifes de TAmé-
rique feptentrionale , oii l'éleélrictté de Tair &
la fréquence des orages, beaucoup plus confidé-
râbles que dans nos climats^ rendent cette pré-
caution plus nécefiTaire, 8c fourniflent en même
^tcm« plus d'occafions d*en prouver l'utilité.
Ce même ufage s'eA introduit en Angleterre;
indépendamment de la cathédrale de Saint -Paul
de Londres , qui eft , comme on le fait ^ le morceau
iTarchitefture le plus vafte et k plus beau qui
foit dans toute la Grande Bretagne, Féglife de
Saint Jacques , le palais de la reine , le château de
Bieânheim , beaucoup de maîfons de gentilshom-
mes i la campagne & aux environs de la ville ,
font armés de conduéleurs ou préfervatifs de la
foudre. Les vaiffeaux deftinés pour les Indes orîen-
(taies & occidentales , pour la côte de Guinée , &c.
fe muniffent de chaînes deûinées au même effet ,
furtottt depuis le retour de MM, Banks & Solander,
<{m ont cru avec raifon que leur vaifTeau avoit éic
préfervé par une de ces chaînes, dun malheur
lemblable à celui du vaiffeau le Dutch , mouillé
près delà rade de Batavia «& qui fut prefque dé-
truit par la foudre. Effeétivement , il fe trouvoit
en même tems dans cette radj deux vatlTeaux fort
à portée Vun de Tautrc ; Tun appartenoît à la cgjn-
VA R
6^03
»
L
pîgnie ttoHandoife , Fautre étoir cettii in Capitaine
Cook , qui avoit fait le tour du monde, La foudre
tomba fur tous deux ^ celui de la compagnie hol-
landoife fut fort endommagé» celui du ca;jitaine
Cook , qui avoit déployé fa chaîne , fut préfervé.
Ce même capitaine raconte le fjit dans fon voyagç.
Le grand-duc de Tofcane ayant reconnu ruiilité
des condufleurs de la matière du tonnerre» en ai
fait placer fur tous les magaAns à poudre de fes
états; ils font fixés à des perches féparées des ma-
gsfnîs.
L*exemple de ce fouverain a été fuivi de la plu*
part de ceux de TEurope, Sa majesté Louis XVI a
tait élever de f;:mblables condviàciirs , non-feule»
ment fur quelquesuHS de fes mag^ifins à poudre,
mais au0i far plufteurs palais ou châteaux^ parmi
lefquels nous diilinguerons Fanciennc demeure de
nos rois, à Paris , 1e Louvre , dont la belle archi-
tcélure & la vaÂe étendue font TadmlratioA de
tous les étrangers. Enfin , beaucoup de particuliers
dans cette capitale, dansfjs environs ik dans dif*
férens pays > ont adopié Tufage de c^s appareils.
Si de fimples fils de ùt de fon net ces ont pu , com^^
me on Tafi fouvent obfcrvé, conduire La foudre
à travers tout uti bâtiment , Ôt rcmpcchet de faire
aucun dégât dans tous les endroits qu'elle traver-
foit, que ne doit-on pas attendre dune barre de
fer pointue plantée fur le fommet d'un bâtiment , fit
à laquelle cil attaché un gros fil de métal , conduit
fans interruption jufque dans Teau ou la terre hu-
mide? Apurement elle doit lui offrir un paffage li-
bre & fCiTt fitTempècher de fe porter fur aucun
autre corps.
Un conduâeur , dont la pdnte s*élevtit au-def'
fus du toit de M, ff^cjl ^ en Penftlvanic , & dont
rextrémké inférieure s*enfonçoit de quatre à cinq
pieds fur le pavé de la rue « fut frappé d'un coup
de foudre des plus terribles , & qui ne produiCt
d*autre effet que d'en fondre la pointe.
Cependant M. Barbkrctoxi quM nous manque en-
core bien des obfervaiions pour fixer exaftdient
les dimenftons d*un conduâetir, tel qu'il ne puiffa
jamais être détruit par la foudre ; mais il penfc
qu'on peut , d'après celles qu'on a recueillies juf-
qulci, donner un à*peu*prés fuffifant pour ta pra-
tique^
Dans le petit nombre de relations connues de
coups de foudre tombés fur des maifons armées
de conduéleurs , on rapporte que des fils métallt*
qu es minces qui en faifoient partie » ont été fonduf
ou diffipés.
Dans d'autres exemples de ce genre « ajoute M«
Sarb'ur^ on a vu des coups de foudre , qui paroif-
foient de la plus grande violence, travetler des
conuuéteuTS du diamètre d'une tringle ordinaire ,
& de celui d'un dtmi-pouce, fans tes endomma-
ger; & Tôt] n'a pas connoiff^nce que des conduc*
tenrs de ce vokme aient jamais fouffert de la
foudre. On peut donc raiforinablemint croire que
cette dernière dimeaGan peut fulBre; néarmoini^
6o4 PAR
pour plus d e fureté , on donnera à un tel conduc-
teur jufqu'ih un ponce de diamètre.
Pour qu'on condudeur puiffc tranfmetfrc en
en ier une explofion quelconque de b foudre ,
& prcrer.cr complcftement un bâtiment > il faut,
du M» Barb'ur ^ que rien n*y arrête le paifage
du fluide éleétrique, & que celui ci , dès qu'iï
eA ^ïixh dans le condufkeur , puifie le rraverfcr
lîbemenc & fe répanMre à Finflant dans toute la
malTe du elobc.
On s'cH imaginé que rintcrieur de la terre, à
tine ceriaine profondeur, étant toujours humide,
il fuffifoit que ;C conduéleurpût communiquer avec
cette humidité, pour être en état de rtraplir fa
fonftion. En efer, cela peut arriver fouvent,
M.iis , comme robferve M, Barbier , une explo-
fion ék brique, en traverfant une couche d'eau irés-
mince , la diflipe en vapeurs : il peut donc arriver
«ju'une féconde explofion de la foudre » ne trouvant
plus Vhumidité qui a voit fervi à conduire la pre-
mière , déploie fon énergie contre le bâtiment
ÇH^on vouloit préferver.
Cette humidité d'ailleurs» outre quelk efl va-
riable, offre toujours à la foudre yn p.i^age moins
libre qu'un grand volume d'eau. LorCqu'il s'agira
doiK de préferver un bâtiment d*une certaine im-
portance, je confelUerai toujours , dit M. Barbur^
d obferver fcrupuleufcment la communication du
conducteur avec Teau.
On voit dans les expériences éleÔriques , lorf-
qu'on fait vafler une explofion par un con-
duf^eur dont tes parties ne font que foiblement
conriguës , tel qu'une chaîne , des tiges de
métal fimplement accrochées , &c. qu'à cha-
que point de contact il éclate ujie petite étin-
celle , qui indique un obÛacle , 6c par confj-
Î[uent un retardement dans le mouvement de lé*
eÔricité.
Far la même rai fon » ta foudre éprouvera plus
de difficuîté à fe mouvoir dans un couduâeur
dont ks différentes pièces n'auront qu'un conraéï
imparfait, ôt pourra par conféquent Tendommager ,
f\il s*y trouve quelque partie foibte.
Toutes les fois donc» dit M. Barbier^ qu'on
voudra fe procurer le plus grand degré de fureté
poffible , je confeîUe d'établir la continuité la
plus exacte entre les différentes parties du con«
duAeiu- : cela ie fait trcs-aifcment , en coupant
en bec de flûte les extrémités de chacui e des bar-
res jqui le compofent , en les applinuant fune
contre Tautre , Ôi en les ferrant avec des vis,
On peut même, pour plus de précautiao, in-
terpofer entre les joims des lames de plomb qui
ic-'Hront le contact plus parfait.
Quelques phyficiens regardent comme une
condition indifpenfable d'unir & dt lier tou-
tes les portions de snétal qui font partie d'un
bâtiment , avec le conduôeur qui doit le pré-
ferver des ravages de la foudre. Suivant eux ,
fi b foudre vient attaquer ki unes ou les autres
PAR
de ces parties métalliques , d!c fe diff pcra ti*
citement & fans caufet aucun dommage , ott
le conduâeur auquel elles feront liées» ^^rs
cette précaution n*e/î rigou eufemcm néceffaite
que pour les parties métalliqyes que la foudre peut
rencontrer dans fon chemin en fe portant au coa-
duÔ ur Si avant d'y être parvenue*
Quant iï celles qui ont toute autre fituation , 01
peut fe difpenferde les faire communiquer avec
<e conduâeur; car ileft certain que» même à dit
tance égale, la foudre fe jettera de préférence fur
ceiui-ci » à caufe de fa coniinuiié , & de Tiffuc bbtc
61 aifée qu il lui procurera.
Le feul motif qui pût porter à ifoîer te condiie*
teur , ce feroit la crainte de l'effet latéral de Tci*
plofion qui le traverfe.
En effet , fi le conduileur, defliné à préferver
un édifice , pèche par un trop petit volume , pir
un défaut de continuité ou pour n'être pas co*
foncé juf^u'à Teau , il eft poffibtc qu'une explo-
fion violente de la foudre produife un effet laié»
rai , qui aille même jufqu'à endommager Tàdi'
fice.
On en a vu Texemple plus d^une fois ; mais,
comme lobCerve trés-bîen M, Barbier , un con-
duâcur conUruit avec toutes les précautions dont
nous avons parlé , fera en état de tranfmcttrc
librement 6l inftantanément tout le feu répanio
par une eiplofion de la foudre, & celui-ci nk-
prouvant aucun obftacle dans (on mouvememi
ne fera aucun effort 1 itérai , & ne caufera aucune
a'tératîon aux corps qui environnent le côûdu>
teur & qui lui feront contigus»
Ainh la précaution d'jfoLr un condufteur biea
fait, ou de Téloigner du corps du bàtimi^ni , e&
abfolumem inutile» fit Ton peut . fans courir aucun
rifque , le faire defcendre en-dehors ou cn-dciaai
du bâtiment , fuivant la commodiré.
Dans I application des conduAeurs »u« édifi»
ces, on peut, dit AL Ba-bier ^ fe propofcr dcui
objets : Tun ♦ d:; préferver uniquement un bàfc*
ment de la foudre » en offrant à une explofioo
quelconque qui viendra le frapper , un chcmiii
qui la conduife en entier dans Tmiérieur de i»
terre ^ fans danger pour le bâtiment » Tautre »
de diminuer Télcéb-icité que contient le nuage
«rageux , & par eonfequcni le danger^ de fou
explofion , même pour les édifices qui cmon-
rent jufqu a une certaine diAance celvi ^i eft
armé.
Il eft certain ^ ajoute le même Savant, que pour
rismplir compiettement le premier objet , Tuligt
des pointes n*eft pasnécêffairc.
Lorfqu'un édihce fera garni d'un condtxAeiir
métallique d'une capacité fuffifame, bien conti»
nu , en contad parfait avec le* eaux de Tintéiteur
du globe , àc qui fe préfeiitera de tous cotés à 11
foudre , de préférence à toute autre partie du bâtii*
ment , quelle que fort la violence du coup (|tii
pourra raffidlir , & quelle que foii U ior^
PAR
éa condufteur^ pointue ou obtufc , ce coup pourri
bien Uiffcr qucl4Uts traces de (on entrée dans le
con^uâeur, ^ qutliiue marque de fufioo ; mais
une fois en ré , i Me traverlera fans eâFet fenfibie,
& fam danger pour le bâtiment»
Pourquoi cependant s'en tenir à ce premier effet,
fi , Cns augmenter les rifqucs , on peut fe pro-
mettre de lempiir jufqu'à un certain point le fe-
cond , dont ruiilité ne peut être contcflée ? Or,
il n'y a que les pointes qai foicnt en état de lef-
£eâuer.
Un conduâcur qui eiî cft dépourvu, n'a aucune
aâion fur la nuée, qui ne fe trouve pas afïez à fa
portée pour lui donner une ex plofion ; les pointes,
sa contraire , apffent à une grande diftance fur
rèkébicité des nuages , en la loueirant. M. Sarkut
en fournit la preuve dans un condufteur quM a
lait élever au-de^us de fa maifon y qui excède
de douze pieds le toit, & qui fe termine par cinq
pointes émargent de la longueur de fix pouces. Ses
iroiûos , nous dit-il , ont vu une flamme au fom-
met de chacune de ces pointes , dans un mo-
ment où un nuage orageux , qui d ailleurs ne fit
aucun dégât , paJfoit au-deiTus.
Quant à ce qui concerne rélèvation du con-
duâcur au-deffus du bâtiment , M, Barbïtr croit,
& avec raifon , que lurfqu il fe lerminera en pointe,
co fer* bien de Télé ver autant qu'il fera poiTible:
plus il fera élevé, plits il pourra déployer fon pou-
voir préiervatif.
Lorfqu'au contraire on fera fon extrémité ob-
tufe , on ne Télevcra qu'autai t qu it etl nécefTaire
' pour qu'il fe préfenee à h toudre , de préférence
à toute autre partie du bâtiment , Tobjet alors n e-
I taiit pas d'aller au devant de l'explofion , maisck'
I lui préfenter feulement une ilîue qui put^Te la
tranimettre à la terre direôemcnt & fans danger-
Un condljâeur obtus prélerve le bâtiment au-
quel il cft adapté , fans augmenter le danger de
j_ ceux qui Tenvironnent i un conduâeur pointu le
^ diminue*
11 neft guère polible de fixer la diftance à
laquelle un conduAeur pointu peut étendre fon
I pouvoir préfervatif ; elle dépend d'irne inHniré
[de circonftances variables , de la grandeur des
I nuages f de leur éloignement , de la quantité
I d*élcârictté qu*ils conûennent , de leur direc-
tion , de leur mouvement , de la manière dont
ils fe présentent aux pointes ; car il eft certain
aue Talion de ceiles-ci fe trouve extrêmement
oiminuée lorfqu'elles ne fe préfentem point per*
pendiculatrement au nuage orageux , & c*ell ta
ratfon pour laquelle M* Éarkier a terminé le con-
duâeur de fa maifon par des pointes inclinées en
différens fens*
Elles font au nombre de cinq , comme nous Ta-
von* obfervé. Or , Tune cft venicale , & le» quatre
autres font difpcfèesen croix, faifant avec la pre-
mire un angle de foixante degrés , pour fc pré*
PAR
605
fenter avantageufement aux différentes direé^ons
par lefquelles les nuages peuvent sVn approcher.
On kra bien , en général , lorfqti'on voudra
acquérir le plus grajid degré de lûreté pofllble
pour un bâtiment tort long» d*y élever une barre
pointi;e à chaque extréniitè , 6i d'établir entre ces
barres une communication métallique*
Pour un bâtiment ordinaire , on fe contente , dit
M* Barh'ur , de donner à la foudre qui pourroit le
frapper , un conduit & une iiïue qui puiiTent la
transmettre jufque dans l'intérieur de la terre*
On ne craint pas que ce conduit folt contigu
au bâtiment ou paflTe dans fon intérieur ; on ne
craint pas même d'y pratiquer quelque légère in-
terruption , pour obierver la marche & le pbéno*
mène de réicélricité de Taimofphére.
Mais il n'en e(l pas de même des magafins à
poudre ; la plus petite étincelle éleârique qui écla-
tcrott dans leur intérieur , pourroit être la caufe
d'un accident terrible , & Ton doit y pouffer les
précautions julqu'au fcrupule.
Lorfqu'un condufleur eft d'une capacité fuffifan-
te, bien continu, & qu'il plonge exaâemenc dans
Tcau^on ne conçoit pas qu'il puiffe $*en échapper la
moir.dre étincelle de feu ékttîtrique. Comme ce-
pendant cela pourroit arriver par quelque caufe
înconnue ^ M. Barbier penfe qu'il fera préférable
de placer le condu61eur extérieurement , & d*en
établir deux , un à chaque extrémité du bâtiment,
conAruits avec toutes les précautions qui ont été
recommandées.
11 croit encore qu'ils peuvent fans danger erre
contigus au bâtiment , & qu'il oVft pas néceffaire
de les établir , comme on Ta propofé, fur de^ mâts
Axés â une certaine diflance.
Il fcroit a défixer que les magafinf â poudre
n^euffent, dans leur conflrutttion , aucune par-
tie métallique extérieure faillante , & expo-
fée par canféquent â être frappée immédiate*
ment par la foudre. S'il s'en trouvoit cependant ,
il faudroit avoir foin de les réunir au conduéleur
p:ir un lien métallique , dont on rendroir la con-
tinuité parfaitement établie avec Tune 6c Tautre.
M. Barber penfe qu'au moyen de ces précau*
tions , L*s magaiins feront garantis des dangers
de la toudre.
Cet amat'izurdiAîngué nous fournit encore deux
obfervat ons relatives ï la conÛruâion des conduc*-
teurs de la foudre,
La première cft que les gouttières & les tuyaux
de décharge , dont bien des édifices font garnis ,
forment d'excellens coniuÔeurs qu'il ne s'agit plus
que de rendre continus , dVmer d'une pointe
dans le haut, & de faire communiquer avec feaii
dans le bfts , pour les rendre bien parfaits,
Atnfi, en conftruifant un édifice, on fera bien,
dit M. B^rbliT^ de difpofer tout de fuite ces gout-
tières & ces tuyaux de manière â pouvoir rem*
plir également U double fon£fcioa de conduire tça
6o6
PAR
eaux & de décharger îa foudre ; cela évitera les
frais d'une conflruAîon parttcnlière pour ce dernier
objet.
Le bâtiment le plus coniplettement armé, fcroît
eeîui fur le fommct du toit duquel régneroit tout
du long une bande de p!onib fervant de faîtière ,
corn my ni quant à de femblables bandes qui en
rccouvriresLent les arrêtes , & vlendroient aboutir
à des gouttières régnant tout autour « ayant
aux angtes des chaîneaux ou tuyaux de décharge
qui viendroient jufqii*à terre ; de rexirémité de
ceux* ci on pratiqueroit une communication mé-
tallique jufqu'à Tenu , &i au fommet de chaque
extrémité du bâtiment on éleveroît une liarre de
fer haute , & tertninée par plufieurs poijues d*un
métal qui ne pût pas fe détruire ou le rouiller à
Tair.
La féconde obfervatton de M. BarhUr , cft que
lorfqu*on ^voudra pratiquer un condiafteur à un
édifice , fuï-toyt lorfqu'on l^établira pendant Tété ,
& que fa conftruftion devra durer quelque temps ,
on fera bien de commenter par fa partie inférieure
en prenant depuis Peau & en remontant. En com-
mençant parle haut, on ponrroit craindre qu*il ne
furvint dans rintervalle quelque coup de foudre
qui frappât la partie fupérieure encore ifoléc , &
n endommageât Tédifice.
Nous ajouterons à ces obfcrvaiions , que s*il
n'ell pas toujours poflible de faire commimiquer
un conduAeur avec une mafle d'eau telle que
celle que préfente un puits , une citerne ou uiî
fofîé régnant autour d'un château qu'on voudroit
garantir des effets de la l\;udre , on pourra à ce
Séfaut fe contenter de faire communiquer ce con-
du6teur avec la terre humide , par le moyen d*une
barre de fer qu'on y enfoncera profondément.
Quoique cette communication ne toit point auffi
exade que fa première , eUe mériic néanmoins
quelque confiance.
Mais on ne peut tr^p recommander d'éloigner
cetie barre de fer des fondations de 1 édifice.
Celles-ci font fouvent baignées d*eau , & il feroit
k craindre que la foudre ayant fuivi la barre de
fer en terre , ne fe portât par préférence vers ces
fondations » fit qu elles ne s'en reffentiflenr.
On fera en fureté à leur égard , fi la barre en eft
éloignée de fept à huit'piedSi
Enfin , les conduâcurs propofés auront le pou*
voir de diilipcr en filence, non-feulement la fou-
dre qui vient des nuages , mais aulTi celle quîs^'é-
îéve de terre.
Que le feu du tonnerre ait fa direftion de la
nuée à la terre, ou bien qu'il Tait de la terre à la
nuéCj il eft évident que Feffêtdes moyens pré-
fervatifs doit être à-peu-près le même Ext. dt la
BibL PyyUcQ'EcQnomïbue*
Quelques nouvelles obfervations que nous ne
devons pas omeure , vieedront à Tappui de cet
an imj^ortaot.
PAR
Nouvelles ohftTVâtlênll
On a vu le tonnerre tomber avec ua hvA
épouvantable fur ur^e maifon armée d'un para*
lonittrre , fond-#e la pointe du coniiufteur de b
longueur de fix pouces , & fuivrc après cela îei
barres de métal > fans caufer aucun dom-
maj£;e.
M, W. Maine ayant armé fa maîfoft d'uûi
pointe métallique , & n'ayant porté les barres cpa»
du£triccs quà tiois pieds fous le terrain , le ton-
nerre fe jeta de préférence fur la verge élcâriqiie<
il fui vil Tapp^reil préfervateur ; inais la matiàe
fulminante accumulée à l'extrémité inférieure fc
explofïon ; un< partie laboura la fuperficiedelt
terre en manière de fillon 6iy fit des trous i aûe
f)artie s'infmua entre les briques des fondations^
es fit fauter,
Cela nous apprend , dit M. Franklin , â qwt
on avoit manque principalement en établiÂlut
cette verge , la pièce inférieure n*ét3nî pas aflit
longue pour parvenir jufqu'à Teau , ou jufqu'à uoc
grande èteniue dj terrain affez humide pour ^^
ccvoir la quantité de fluide éleâriq«e qu'elle con-
duifoit.
M. de Mo: veau, célèbre académicien de Dijon,
a obfcrvé , ;ii 177'îi que le tonnerre étant tombé
Air îe fdîte d'u»:- maîlbn à Dijon , avoîrmartjaè
fa route fur un des côtés du toit en brifant &
difperfant les luiLs ; qu'il avoit fuivi après ccii
les chameaux de fer blanc dans toute leur loo-
gaeur, fans laiffer aucune trace ; qu'il étoit def*
cendu de même paifiblement le long du corps du
tuyau de fer blanc ; de forte que s'il eût été porté
julqu'à la terre humide , la matière èleânqufi
i> fcroil infailliblement difperfée fans bruit \ mais
ce tuyau fe terminoit à huit pieds au-dcffiif
du niveau de la terre ; la matière amoncelée à fou
extrémité fit cxplofion , fillonoa profondémeni le
mur , fe porta fur la crampon de la poulie d'm
puits voilin, & fuivitaprès cela la chaîne de mé-
tal jufqu'au fond de l'eau fans faire le moindre
défiât.
La matière métallique eft donc capable d'attirer
& de conduire le fiuide éleÛrique qui lut eft ap*
porté par le toanene , lors-même qu'elle n*ç<
pas en pointe ; à plus forte rai fon détermincn*
t-clle fa direâion » lorfqu'on lui aura donné cctii
forme dont nous avons conftaté la puiftance : il
n'en faut pas davantage pour démontrer à tovi
homme raifonnable » la fureté & l'utilité da
condufteurs métalliques ou paratonnerres.
On établit deux efpéces de conduûeurs , door li
conftruLtion eft différente fuivant leur objet : le
premier ne fert abfolument qu'à garantir de li
foudre , c'eft le véritable pararormirrc*
Le fécond fert à faire des obfervations fur Tè-
leâricité atmofphériquc : c'eft le ion^u(kur ifdL
Pour conftruire le conduâeur pardi^nnerre ^ il
fufttt» codme on l'a dit û-delfus» d*ékver ùt
PAR
VédiBcc qu'on veut préfervcr» une barre de niéi-1
terminée en pointe ; il nexige orcî'inairemeni
qu'une élévation de f^ à 20 pieds au deffus du
laite, à moifls que la maifon qu'on veut armer
ne foit dominée ; & dans ce ca« on pofeh barre
métallique fur un mât ou perche de fapm atta-
cbée à une des aiguilles de la char pence.
La pointe dott être fine ; & comme la rouille
pourrok la détruire en peu de temps , îl eft plus
avantageux de faire fouder à fon extrémité un
morceau de cuivre jaune , de la longueur
d'environ cinq ou fix pouces. On peut # pour plus
grande précaution, la faire dorer, ou même y
a'tufter un gratn d'argent pur qui la termineroit.
Les expériences de M. HenUy annoncent que c*eft
celui de tous les métaux qui jouit de la plus
irande force conduÔrice , & qui réftfte plus à la
fii£on éleâriqué.
A l'extrémîté inférieure de la barre de fer qui
fc termine en poiste , on réferve une bouîe pour
attacher la chaîne ou trèfle qui doit communiquer
au barreau cooduOeur.
On a obfervè que les trèfles de fil de métal
étoient préférables , parce que le fluide s'y écoule
avec plus de rapidité ; au lieu que s'il fe trouvoit
très-abondant , il pourroit faire éclater quelques-
tins des anneauxcufautaniderunà autre» de forte
^'U faudroît leur donner plus de grofleur pour
prévenir cet accident.
M. d€ Saujfur€ penfe que les treffes de fil de
laiton font moins expofées ï être fondues ëi ca^
ci nées, qu'une treffe de fil de fer , même beaucoup
plus groiTe ; elle a de plus Favantage d'être moins
fujette à la rouille.
Cette treiTe s'écarte du mât qui porte k pointe,
6t vfent s'attacher fur unebarre de fercarrée^d'un
pouce d'épaifl"eur^ qyi eft furmontèe d'un chapeau
de fer blanc pour empêcher la fihration de la
pluie, & qui fe prolonge continuellement jufque
Ioans la terre.
Les barres.de fer conduftrices doivent être por-
Ices jufque dans l'eau , ou à une profondeur oîi
la terre foit conflamment humide^
On ne doit pas Cfaindre que le fluide éleâri-
^e communique à Teau aucune qualité nuirible.
Les phyficiens faveot qu'elle ne fait que le franf-
nettre^ & qu'elle n*en retient que ce qoi lui eft
K fiéceiTairc pour femctire en équilibre avec les corps
KcommuniquanSa
H SM eft à prapos de fouder la barre ton*
^duôrice pour la faire paCTer fous terre jofqu'à
Tendrok oîj elle doit trouver Tcau ^ il eft bon,
coflorae ou Ta déjà obfervé , de la préferver de
la rouille ^ fok en la mettant dans un tuyau de
plomb , foit en l'environnant fjmplemcnt de toutes
pans de pouûlére de charbon, qui eE très-propre
i^ar lui-même à défendre le métal , 6£ même à
on défaut, ce charbon fervlrok de condndsur-
CeE fur ces principes que Ton a établi en
Bourgogne beaucoup ae conduâeurs pour pi^fer*
PAR
607
ver les édifices , & Ton ne pouvoit mieux faire
que de prendre pour modèle celuiqui a été pofé
fur l'hôtel de facad initie de Di|on , aux frais de
M*Dupbx dcBacqu^ncourt , intendant d% cette
province.
Paratûnnc rei pour Us clocbirs dts i^llfu.
Comme les clachersdcs égîiresfoot le plus cx-
pofés , foii par leur élévation , foit par rapport au
bruit des cloches que Ton eft dans rufage de fon-
ner pendant les Orage», & qui paroiiTent décider
la chute de la foudre , il ne fera pas inutile d'indi-
quer la méthode la plus fimple , la plus commode
& la plus fure d*armet ces fortes d'édifices. Il
fuffit pour cela de décrire le paratonnerre fur le
clocher de Teglife paroiflialc de St. Philibert de
Dijon I qui ne fait pas moins honneur au citoyen
éclairé ( M. dt Sdïsy ) qui s'eil chargé de la dé-
penfe, quaux adminiflratcurs de cette églife, qui
fe font élevés au-deflus des préjugés populaires ;
& en acceptant ce bienfait , iU ont donné le premier
exemple en France , de mettre fous la fauve-garde
de cette belle invention les temples , ceux qui les
fréquentent , & ceux qui babitent les maifons
voifines.
La pointe métallique efl exaôement eti forme
de bayonnettc , c'eit-à-dire, terminée au bas par
une efpèce de canon que Ton enfile au-deflbus du
coq, 5c fuffifarament coudé pour lui laifl!er fou
jeu. Cette pointe eft de fer ; on y a feulenacnt
foudé au petit bout un morceau de cuivre jaune
de fil pouces de longueur* Elle excède le coq
d*environ quatre pieds^
Au-deffous du canon eft un crochet qui fufpend
une trèfle décent- cinquante pieds. Cette treff*
eft à tous égards préférable aux chaîner , aux trin-
gles , &c , comme formant un çondufleur plus
fur , plus continu , plus folide , & cliargeant beati-
coup moins la pointe. Cette treffe eit \int vraie
corde de £1 de fer aniftcment fabriquée à trente-
fix brins- Elle vient s'attacher à une barre de kr
de dix lignes de groffeur, placée perpendiculai-
rement fur la face extérieure de \\\n des grands
pignons de Teglife , & qui eft prolongée jufqu'i
douze pieds fous terre.
Pardtenfttrre pou^r Us mi^ajlns â pettdrt.
M* de Saiziïure a communiqué à M de Mor-
veau le mémoire d*après lequel 00 a armé les
magafins à poudre de la vtUe de Genève : ce
favant , bien convaincu de Fuiilité 8c de l'efficacité
des comïuHeurs ordinaires ou fimples pa^atonner"
rei , infifte cependant fur des précautions mèmt
furabondantes ,lorfqu*»l s'agit d^armjr ces édiAces.
Il veut qu'on porte les mâts à quelque diflance
des biktiraens , comm? à deux ou trois pieds , Se
qu'on n épargne rien pour les rendre inébranla-
bles par les plus violens orages. U défire que U
pointe métallique fott fixée au haut du mit par
des asoeaux de fer » &L non par des £bus gui
8o6
PAR
pourroîeot condwîre h matière élefttîqae dans rin-
térleur do bois & le faire éclater.
Il propofe d*ent*r les différentes barres qui doi-
vent conduire, en les entaillant en bifeaii , 8f les
TcimiiTant psr le moyen d'une vis j après avoir
interpofé une lame de plomb pour rendre le cou-
lant plus parfait ; ce qui efl préférable à ce qu*on
a pratiqué dans les magafins à poudre de Par-
fleet en Angleterre, où les ]>arres entrent à vis
les unes dans les autres ^ de manière qu*on ne
peut en enlever une fans les déranger toutes.
Ces barres ainfi aflemblées doivent » fyivant
M, deSiiujfurc , être fimplement appliquées contre
le mât , ^ fixées fans clous m crampons , par le
moyen de plufieurs colliers de fer.
Il place également dans un tuy:ïu de plomb
le condu*âeur qui doit pafler fous terre pour aller
chercher le puits ou autre rèfcrvoîr d'eau.
Dans ie cas où Ton feroii forcé de chercher
la terre humide , il recommande de dîvifer Tcx-
frémi té inférieure du tuyau de plomb en cinq ou
{\T rameiux de deux ou trois pieds , que Ton auroit
foin de faire diverger.
Il place un femblable appareil de l'autre côté
du m3g.iftn , à la même diftance des murs dont
le conduOcur peutfc réunir fous terre au premier.
Enfin » fans rien chanj;er au faîte ou couronne-
ment du toit du migafin ^ M,, dt Sauffure i^în zm-
chcr foUdement au pied des girouettes quatre
fi!s de cuivre de la groffcur du peut doigt, qui
defcendent de quatre cotés diffèrens te long du
tOfi 6t des murs , fans aucune inierruption }uf-
ifu'au pied du bâiimcnti où ils se plongent en terre
pour aller r^oindre le conducicur de plomb.
Il n'y a perfonne qui ne fente combien cette
armure cd en effet avaniageufe , 8c qui ne penfe
comme M, dt Saufarc^ que Ton neldoit abfotu-
ment rîen négHger pour prévenir un accident auffi
fuïieflc que fexpbfion d'un magaftn à poudre,
pes CQ/iduSeun ifoUs*
Oa appelle çondufl'UrifoL\ct\u\qm ne touche que
des matières nonéleftrifabîes par communication ,
qui conferve par conféquent prefquc toute la ma-
tière élcélrique qu il reçoit , qui peut être furchargé
de ce fluide « d'autant plus aifèment que la pointe
conferve fon effet fur les nuages , 0£ qui, étant
linfi difpofé à fe décharger fpontanément avec
explofion fur les métaux & fur les animaux qui
fe trouvent à fa proximité , peut être dans de cer- ^
tains inftans très-dangereux.
Un phyftcien » M. Richmman , a été foudroyé
par un de ces appareils. Plufieurs autres phyfi-
ciens ont éprouvé des fecoufles violentes pour
s'être un peu trop approchés dî pareiOes barres
fulminantes.
La pîuJencc femble exiger que l'cj! mette à
câté de la barre ifoljc une autre barre m'"tallir,ue
capable de receioir la matière de Texplofion , &
PAR.
de la tranfmettre enfuite fani Intermptlofi jiifr
que dans Teau ou dans la terre humide.
Ceft fm ce plan que M. de Morvcau a bk
établir Cm fa maifon un conduâecir ifolé qui cl
en même-temps paratonnerrt,
La defcription qu on va en donner , fufilra pour
guidâr ceux qui voudroienc en faire conftniire de
femblable*.
L*appareil d'un fimplc paratonnerre tel qu'êt
vient de le rapporter^con vient pareillement aucoa*
àttÛQur ifûlé ; alnft paffons à fes particularités dV
prés Texplication de M. de Morveaii.
La pointe de mon condufljur ^ dit ce favantao»
dcmicieu , eft faite d'un morceau de biton de fct
pouces de longueur , de quatre lignes de diamè-
tre j rapporté au bout de la verge de fer ptr m
tenon Se une goupille , & enfuite foudè à ïèai»
pour prévenir la rouille.
Cette pointe eft élevée à la hauteur de qlIao^
vîngt-fix pieds au-dcflus du pavé;Ô£ j*obferve^tic
les effets fenfibles que Ton dédre dépendent bcjïH
coup de Félévation , parce que les matériaux des
édinces attirent eux-mêmes & di0lpem par con*
féquent la plus grande portion du fluide él«C*
trique qui s*en approche à un certain point*
Pour fixer la verge de fer fur un mât de ma-
nière à la tejiir ifolée , j'ai pris ( aioute Ni. ds
Morveau ) fuivant le confeil de M. de Sauffure,
un morceau de bois d'alifier , de dix-huit poucti
de longueur « & de trois pouces de diamètre ;
après l'avoir fait fucceffivement tremper dans Teaii
oc fécher au four à plufieurs repriies , je lui ai
fait prendre jufqu à une livre & demie d*tiuile de
térébenthine en farrofanc , tandis qu'il ètoii!expo&
k la chaleur d*un bon feu* Je l'ai couvert d'ua
large ruban de foie , & i*ai pofé fur le tout plu-
fieurs couches de gomme - laque.
Le petit bout de cylindre avott été creuie ea
fon milieu de la profondeur de quatre pouces pour
recevoir la verge de fer ; mais avant que de Vf
introduire , je crus devoir doubler cette cavité d'an
canon de verre, & garnir auiïi de lames de %'erre
le bout du cylindre lur lequel dcvoit repofcr l'cin-
bafe de la verge de fer.
Au-deffus de cette embafe on avoir foudé tifl
chapeau de fer blanc de quatorze pouces de dia-
mètre « de/liné à garantir de ta pluie le cylindre
ifobnc , & au-defftis du chapeau » ta verge de fer
port oit un manche de huit pouces p9ur reccvw
la treffe de fil de laiton.
La réunion du cylindre d'alifier au mit de fapifli'
s*eft faite par le moyen d'un goujon de fer &
d*une virole à griffes, portant deux bratiches ^
ont été clouées fur le mât*
Le gou jon & la virote ne prenant ainfi q\ic deux
pouces fur cette extrémité du cylindre , il efl rcflé
en effet une interruption de toute matière cotn-
muniquante de la longueur de quatorze pouces
jufqu à la virole fupéricure.
Pour empêcher qu'un coup de vent Aefojlevat
Â
SiJ
R
p Ar
cfispeau » la verge ^ft fer a éié pofcc k bain
maûic chaud. J'en ai cûaiè danii le dciius du
fbBpeiu f jufqii'â la hauteur l'e li virole , Si il
ctè encore forcé par deux forrs rubans de foie,
liTès dà[\:» des boiiteilles foudèes h la furface
férieure du fer bîatit: .
La barre de fer ^ laquelle efl artaclvé l'autre
out de la trelTe , & qui trjvcrfc le toit 6c le plan-
her de l appartement oii fe trouva Pappareii des
imbres , eA de douze à treize lignes dfe groiTeiir.
ilte porte de même un chapeau de fer blanc, feu- ^
[fiiene plus rapproché du toîc, pour qu'il puîfTe
lettre plus fure ment à Tabride la pluie cette partie
le^U barre âc rifotoir , qui s'éloigne de toute ma-
" c communicîlnte*
Cet ifoloir elt une boîte carrée de dix- huit,
luccs de haut , de fix pouces de îa^-ge , de fix
luces de toute ficc , au milieu de laquelle fai
ce des f uy-iux de verre par du maflic fait de fciure,
ï réfifie ik de verre pulverifé.
Le carton fupé rieur ell armé d'un collet
oar recevoir la clavette qui traverfe la barre ,
: la fufpend en entier» puifqu*elle ne doit avoir
cootaâ d*auci:ne autre matière.
Une boile pareille fert à ifolcr la même barre
la hauteur du plancher , & toutes les deux ont
609
été pofées avec le moins de ferrures , & le plus
éloignées qu'ii a été poilible.
On n'a pas befoin d^averttr que ces trois Ifo»
loirs doivent être éprouvée par la machine élec-
trique avant d'être placés.
La conrtrudion de la barre Inférieure cft ab-
folument la même que celle d*un pdra*mncrre non
ifolé ; elle cft terminée à la partie fupérieu^e
par un timbre correfpondant à celui qui termiûe
la barre ifolée.
On fufpeni entre les deux une boule de métal,
ou cfpèce de battant accompa né d un morceaa
de fil de fer tordu autour de la barre ifolée, &
recouvert d'un canon de verre auquel la foie
cft attachée. Il cfl bon d'y placer encore deux
petites boules de moële de fureau , également fuf-
pendues par des fils parallèles dont le jeu eft plus
fcnfible.
Enfin, on pratique une brifurc depuis % pouces
environ au-defTus du timbre de U baf^ non ifo*
lée, qui s'arrête par une vis de preffion à la dif*
tance que l*on dèftrc i qui lailfe par confcquent
la facilité de la rapprocher à volonté de l'autre
timbre , même fufdu*au contaifl immédiat , & de
faire aiiifi ce^Ter rifoiement & tous les phén^oi^
nés qui en dépendent*
rOCABVLAIRE.
>utir
/ONDUCTEUR ; chaîne de fer ou de laiton , pour
Tirer la matière du tonnerre , Si !a conduire fans
,^lofion^ dans un enjroit humide ou elle fe perd.
Conducteur isolé ; c eft une chaîne de métal
lui ne touche que des matléref non éleârifables
Dar commun icatioo.
pARATO^'NEllRE ; c'cfl urtc barre de fer termî*
née en nointe, qu'on élève au-defTus des édifices,
6c à laquelle on joint un conduBeurcyn une chaîne
de fer pour attirer fans explofion , dans des temps
dorage, la matière du tonnerre, fit en préferver
lesbiiimcns.
Ans & Mhlcrs , Tjm: K Par:. M
Hhhh
élO
PAR
►T A R
PARCAGE. (Art du)
X L faut entendre par le mot Parcage , Tart de
tenfcrmcr ks bête^. à laine dans une enceinte de
claies , à l'air lilre , fur la portion de terrain qu'on
veut fertilifer.
Pour le développement de cet art , nous ne
pouvons mieux faire que de rapprocher ici plufi-urs
petits traies très inrtruftifs , qui donneront une
connoiffance fuffifante fur les avantages & les ïn-
convèniens du parcage^
InJltuHion fur h Parcage des téus â lame > publiée
par ordre du roi , en tj^j*
Si Tufage de faire parquer les bêtes à laine fur
les terres diûinées à la culture du froment , &
même de beaucoup d'autres pîantes , cft avanta-
geux dans les années ordinaires , il devient indif-
pen fable pour fupplèer à la dilette des pailles ,
& pour empêcher que les défaflres de la féche-
rené n'influent fur les récoltes Xuivantes.
CeA dans la vue de répandre de plus en plus
cette pratique importante, de l'introduire dans les
Provinces où elle n*a pas lieu , d*cngager dans les
autres, les cultivateurs à mettre plus de bètes à
laine au parc ; enftn ,pour leur donner des princi-
es certains qui puilTent leur lervir de régie , que
ia préfenie iniVu^on a été rédigée.
E
De l'étendue du parc , & de la manière de lefirmer.
Faire parquer les moutons , c'eft ïcs renfermer
dnns une enceinte de claies, fur k portion de
terrain qu^on veut fertilifer.
Une béte i laine peut fumer dans un parc en-
viron dix pieds carrés de furfece ; un troupeau
de trois cems bêtes féconde roi r par conféquent
trois mille pieds carrés en un feul parc ; 6i fi on
le changée de place trois fpis dans le> vingt-4ua-
tre-heures, il ne faudra guère plus de cinq jour^
pour fumer un arpent , mefure de roi ^ c'eft-à*dite^
\Mi efpace de cent perches carrées > de yifigt-
deux. pieds chacune : on fumera donc avec troi*
cents bctcs , environ fu arpens par mois , & com-
me le parc peut durer trois à quatre mois , un
fermier qui a trois cents hères à laine fumera fa-
cilement vingt arpens.
Les claies qui forment le parc ,. doivent réunir
ieux qualités ; »l faut qu'elles foicnt afîez hautes
pour que les loups ne puliTent pasTautcr par-def-
i\ii^ & ea même-tciEigs qu'elles foleni aâez légè*
res pour que le berger puiiTe les tranfportcr hà^
lement ; la prop(. rtion la plus ordinaire tfi et
uu^itre pieds & demi à cinq pieds de hatireur«&
de fcpt , huit ou reuf de longueur i ob les cop^
truii de bajguettes de coudrier , ou de tout autn
bois léger oc flexible ^ entrelacées tut$c des ao»*
tans un peu plus gr.s que les baguettes. On ci
fait aunH avec des voliges ailemblées ou clorioi
fur des monta ns.
On laifle aux claiei faites avec le coudrier M»
ouvertures placées à la hauteur de quatre ptcJi;
Tune au milieu , de fix pouces de large fur un pied
de longiieur ; les dctist autres aux deux bouts :oei
deux dernières, de trois pouces feulement de li^
gorir fur un pied de longueur , fervent à pafler k
bout dws croiTes deilinées àfoutenîr les claies*
On donne le nom de crojfts à des bâtoni de*
fcpt 5 huit à neuf pieds de longueur , ayant aa
gros bout une courbure qui forme patte, quieft
percée d*un trou , ^ qu'ion Axe en terre avec us
piquet ; Ife bout Te plus menu, defliné à paOerdans
les ouvertures des claies, efl percé de deuxtroiis
ou Ton place des chevilles de neuf à dix pouccsèc
long' : ces chevilles font efpacées & difpofécs de
manière qu'en faifant anticiper deux cbies Tuoe
fur l'autre, au point que Touverture de la droite
de Tune réponde à celle de la gauche de l'autre,
* les deiix claies fe trouvent ferrées Puoe fur Tautre
par les deux chevilles lorfquc le gros bout de h
croiïe touche à terre,
Lorfqu'un berger veut former un parc , il Ir
commence communément au coin du champs U
y difpofe fcs claies c;irrémcnt , en auacham ccl-
ies de l'angle avec des ficelles ; il fouttent loiitei
les autres par le moyen des crofles.
La cro/îe entre aifémcnt toute armée de fes-
chevilles dans les ouvertures corref pondantes des
deux claies, en préfentant les cheviller fcloa U
longueur ; on ne fait pafTer que la première cke-
ville , & retournant la croiTe ^ Téquerre » on tii
les deux claies prifes entre les deux cKeviUes qui
débordant de trois à quatre pouces de chaque coié
les deux monuns * l'ouverture étant moîm largt
que longue : Tune de ces dtevilles fe trouve ain£
derrière le montant , & l'autre devant ; eniaiie
on abaiffe contre terre le gros bout de U croAe ,
& Ton enfonce avec un maillet la clé ou le pi-
quet qui , traverfant la paite de U crofle « affiirt
tout l'édifice.
Pour tranfporter chaque claîê » Je berpr p&Ge
J
PAR
Tïout de fa houlcrte , ou foiu^ent même le bout
ne croffe , lorfqu elle* font :*ffei fortes , dans
iJTerturc qui eft au milrcu de la claie ; il ap-
îc (on dos contre cetre claie , il la fouiève & la
rte en fatfant paifer ta houlette fur fon épaule ,
Se. en 11 tenant ferm^ avec les deux mains ; ['on
?^ur auffi tranfponer les claies en paffant Je bras
à^Tok à travers la voie du milieu.
Lorfque le parc a été une fois commencé au
^oin du champ , on le continue de proche eti pro-
' che dan5 toute fon étendue, en ne relevant jamais
i chaque changement que trois côtés des claies ,
h quatrième ferr pour le nouveau parc.
Le berger doit toujours avoir foin de tracer
parc pendant le jour , & d*en marqtter les ex-
Imités avec des piquets garnis de chiffons bîancs,
o qu'il les puifle apercevoir pendant la nuit
11 changera le parc. Se quils lui fervent
fide.
On peut éviter cette difficulté , & ménager la
ine du berger, en faifant le jour un parc divifé
m deux parries par une cloifon de cLies ; h ber-
er n'a qu'à faire paffcr les moutons de lu ne dans
_ autre jpour les changer de parc : cette pratique
'«Il iDdilpenfable dans quelques provinces , peur
éviter que les bêtes ii l^n^ ne foient expofées à
devenir la proie des lou|is' pendant qu'on change
le parc : elle a un autre avantage , c*eil de fumer
lavec plus d'égalité*
I On a obfcrvè que les bêtes à laine fument beau-
Icoup plus abondamment dans la première moitié
r de la nuit que dans la féconde ; on dtfpofe donc
la rangée intérieure des claies qui féparc le parc
du foir de celui du matin , de façon que la fur-
lace de celui-ci foit à celle du premier dans la pro-
portion de deuxi trois , alors hfumurt fc trouve
très-égale.
Ceft la méthode d^Angleterre & celle du pays
de Caux ; eïle exige un plus grand nombre de
claies , mais la répanition plus égrJe de Fengrais,
la fureté des moutons dans les pays expofés aux
loups , & en tout pays ta diminution de la peiiie
du berger, qui n*a quune claie intérieure à lever
pour clianger fes moutons du parc, & q^ii , par
'conféquent , fait fon devoir avec plus d'exaôiiu-
tde , doit faire pr^érer généralement cette mé-
ffaode,
La grandeur du parc doit être proportionnée
3i la quantité de bêtes à laine que fon veut faire
E arquer , 6c à la quantité de terre que chaque
êtc fertilife ; on a vu plus haut que chaque bête
h lajnc pouvoit ferttlifer une étendue de dix pieds
^c&rr«s ; ce calcul eft relatif au parc du foir.
Ueftaifé, d'après cela, de proportionner le nom*
bre des claies à la force du trdupeau : par exem-
ple , il fam pour un parc de cinquante bétes ,
douze claies de fept à huit pieds de long , ou de
neuf à dix pieds ; oc pour un parc de quaire-vingt-
dix bêtes, douze claies de dix pieds ; il en faut
dci^i de plus & tes claies n'ont que neuf pieds , &
PAR
6iï
quatre îe plus it cLw n'^'' ont que hm t. Il eft
™;fé de calculer de même ce qu'a léZl . claiei
pour un parc double , quand on veut éviter au
berger ta peine de le changer pendant la nuit.
Ces calculs font encore fufceptibles de quelques
variations , félon la taille & la force des bétes à
laine; il faut un plus grand efpacc pour la haute
& longue efpèce angloife & 6amande ; Il en faut
un moindre pour la petite efpéce berrichone ou
efpagnole,
L'imelligence du propriétaire doit fuppléer à
ce qu'on ne peut lui dire avec précifion , faute
de connoîtrc de quelle race font fes moutons.
Le parc le p!us petit que Ton puifîe faire eft de
cinquante bêfcs ; autrement la dépenfe néceflaire
pour l'entretien du berger cxcéJeroit le bénéfice i
mais plufteurs cultivateurs peuvent réunir leurs
troupeaux pour les faire parquer enfemble fous la
conduite d'un même berger ; de même un culti-
vateur induilrieux peut louer des moutons pour
le temps du parc feulement , & réunir plufteurs
petits troupeaux pour former un parc plus coafb.
dérable.
De la mâniin dt gouverner un parc*
La mamére de gouverner le parc n*eft pas ta
même dans toutes les faifons : dans les longs jours
on y fait entrer le troupeau une heure après le
Soleil couché , c'eft-à-dire , vers neuf heures ;
alors , comme les herbes ont beaucoup de fuc ,
comme la fiente & les urines font très-abondan-
tes I un parc de quatre heures fuffit pour amender
la terre , & on le change trois fois depuis le foir }uf*
^a^n matin ; la première à une heure du matin »
la féconde à cinq heures , & la iroifième à neuf
heures du matin.
Le dernier parc fe fait de jour, & on peut
même fedifpenfer de Tenfermer de claies « parce
qu'on n'a point également \ craindre d'être fur-
pris par le loup : il {uSt de placer les chiens de
manière qu'ils contiejment les mohtons dans l'ef-
pace deflinè au parc » c'efl ce qu on nomme /?jr-
qutr en blanc : on peut au furoluf avancer ou recu-
ler ie changement du parc lorfqu'on le juge à-
propos ^ mais il (^v^i alors les faire de grandeurs
inégales, 8c leur donner d'autant plus d'éten-
due que les bétes doivent y féjourner plus long-
temps.
Lorfque le mois de Septembre arrive , les niilts
font plus longues , les bêtes à laine ont moins
de temps pour pâturer , les herbes ont moins de
fuc , les urines & ta iiente font moitis abondantes;
il faut alors ne faire que deux parcs par nuit, 6c
î% Ton continuoit ï parquer pendant î hiver, on
n'en feroit qu'un par vingt -quatre heures.
La cabane du berger doit toujours ixttïçoit
du parc , afin qu'en ouvrant Tune des deux portC-s
il puifle voir le troupeau ; elle doit être très-légère,
& pofée fur des roues povr être d'un tranfporc
Hhhli {^
facile : on la conftruit en bois , & il fuffit fl-'éîii
ait fit pieds de long , ,rol« *; i^^; j^ 53^^^" gj
au elle fou £<>^*" 11 L j ^'
^ « ^ w** __^^gyte en paille ou en bardeau t eue
doit comenÎT un matelas ^ des draps » une cou-
verture. & une tablette pour placer quelques bar-
des & des provlfions de bouche : les portes en doi-
vent fermer k clef.
Les bergers^ font dans Tufage de faire coucher
[«§ chîer*i à Talr dans le parc y ou en dehors près
de leur cabane : ces anîmaux , que la nature n*a
point prémunis , comme les moutons , contre les
intempéries des faifons , en font quelquefois in-
commodés , 6l cet inconvénient deviendroit d'au-
tant pïus grand , qu'on prolongerolt !e pjrc pbs
avant dans Thiver : il feroit polfible d*avoir une
petite loge extrêmement légère , qu'on placeroit à
Taoglc oppofé à c Jui ou feroit b cabane du ber-
ger , di" l'autre côté du parc.
On fait forfir les mourons du parc le matin
pour les mener au pâturrige lorfque la rofée eA
patTée « & on les gouvcrnt; au furplus de la même
manière que s*ils vivoicnt dans les étabies* On
doit avoir foin en été , de les meure à l'ombre
dans k m lit:u du jour , pour les préferver de la
chaleur du foleiL
Di la f réparation des terres avant St après U
partage,
C^mrae les terres que Ton fe propofe de par-
quer font en général deiVinées à recevoir du bïé ,
ii faut commencer, avant d*y mettre le parc , par
leur donner ^u moins deux bons Ubours à plat ,
afin que Turine pénètre plus facilement la terre.
Il eu important de labourer promptçment le
champ après que te parc y a pafTè , atin ce mêler
la fiente 6c l'urine avec la terre avant qu'il y ait
cvaporatîon ; d'ailleurs , pour peu que le terrain
foit en pente, s'il vient des averfes avant que le
champ ait été labouré , une partie du crottin efl
emporté.
Des agriculteurs , dont Tautorité efl d\in grand
poids , affurert qu'on peut parquer !es terres à
blé , même aprèi que la plante a pou (Té , & juf-
qu*à ce qu'elle ait atteint un pouce de hauteur ,
pourvu que ce foit par un temps fec ; on Ta effayé
en Argleterre : U^ moutons brcutcnt l'herbe » mais
on allure qu'ils font bien à la racine en fouhnt
les terres , 6l qu'ils écartant les vers par leur
odeur.
Ce n*eft qu'avec beaucoup de rèfervc, & dV
bord fur de pérîtes portions de terrrin , qu'on
doit tenter cette méthode ; il en rcfulfcroîc de fi
grands avantages, qu M fcrf^it a fcuhait.r que Tc^-
pérîcnce en confirmât b bon'é ^ & que* quelques
perfonnes riches en vcuîuiTent faire î'efiai fur de
petites parties : fi elle r^ufTiiroit , la facilité de
continuer à faire parquer les bêtes ;• laine fur les
tcrri:s à blé pendar,t prcfquc tout rhWtj , offriroit
DD profit de h plus grande importance.
PAR
Il eft bien procvi stijourd^hui que cet Atiii
fupportept fsni încoRvénient les rigueurs «lu
& rintempèrie des faifons.
Du parcage des prairies naturtlles & artifiàeUes*
Le parcage dans les prés hauts e(t trés-avanct-
geux , fur-tout pour leur rendre de la vigtteur lors-
qu'ils font épuifés ; mais il faut que la durie da
parc foit beaucoup plus longue fur tes prc» que
fur les terres labourables.
Dans les temps fecs» on peut laiffcr le trwii
peau dans le même parc pendant deux ou trM
nuits ; mais dans les temps humides il &ut ks
changer tous les jours » parce que les excrèaieii
de la veille faliroient les moutons : cette inecbode
fertilife admirablement les prairies , & on pciK
l'appliquer avec fuccés aux luzernes , au raygras,
aux trcfiei, au fomentai i toutes ces plantes coik
fervent leur verdure Thiver, brfqu'clles ont éiè
parquées : il n'en efl pas de même pour le fainfoia,
les moutons font les enuemis de cette plante , êc
le parcage la ôétruit au lieu de ramcUorer* Oa
doit éviter d'ctablir le parcage dans les prés bas,
leur humidité feroit nuifiblc aux bctes à laine
Des avantages du parcage dans l'exploitation i^wm
erme»
L'avantage du parcage eft de fumer les terrei
fans confommcr de paille , & cet avantage c5
inappréciable , parce que c'eft la paille qui m»n-
que prefque loujours dans l'exploitation d*uû€
ferme.
En fuppofant qu'un cultivateur fafle valoir une
ferme de deux charmes , ou de cinquante arpeos
par foie , mefure de roi i qu'il ait un troupeaa
de trois cents bètesàlaiae êl dix à douze vacnes,
il peut efpérer , dans une année ordinaire , 6c
dans des terres d^; fcrtiUté commune , d'obtenir
deux cents voitures de fumier , chacune de qua-
rante à cinquante pieds cubes; cette quantité, ré-
pandue fur les cinquante arpens dei^incs à ètrecn-
femencés en blé , ne donnera pour chacun que
quatre voiturts de fumier» & avec aufîi peu d'en-
grais il ne peut efjjérer que de trés-médiocrci
récoltes ; mais fi ce cultivateur envoie fon trou-
peau au parc pendant quatre mois de i'anoéCt
d'après les calculs qui ont été préfemés ci-de^tti»
il filmera environ vingt arpens ;il ne lui en reftcrt
plus par conféquent que trente à fumer , fur cha-
cun dtfquelsii pourra répandre fix à fept voiturei
de fumier ; cnfortc que fon indufîrie aura produit^,
fans augnicntation de dépenfe * le me nie cffict
que fi fes pailles culte nt été augmentées de p^
d'un tiers.
Indépendamment de ces si va nf âge*, leparc^
a cc*i#i de donner aux terres i^ne fumure pliii
di!>-.b!e , & l^s avoines Oi^'on sème la feconte
année s'en rcffcncenc encore fenfiblement* U fcroii
foMhaitcr qu^on pût parquer de noii^ea^ les
XDêraes terres au bout de trois ans « & on prétend
qu'elles fer oient améliorées pour longtemps ; mais
lai plupart des cultivatenrs n'onr pas arïe^ de bef-
tiaux pour parquer ainfi toutes leurs terres, &
fUr-toui pour les parquer deux f^Is de fuite,
|/>tf parcagt de qudquts au&ts animaux domifllquts.
Les betes à laine ne font pas les feuls amin;iux
a*on puifTe mettre au parc; on pratique en An-
rterre la même méthode pour les vaches 8f pour
cochons ; le terrain où ils ont féjourné fe trou-
bien amendé & produit de riches récoltes.
Dinme le parcage de ces animaux n'exige aucune
:aution particulière y on n'entrera dans aucun
il à ce fujet.
foffiydité & avantages de tenir les moutons à l'air
toute l'année , & du parc domtfi qie. Extrait des
Mimoirts de M DaumeNTON & de/on inpuHion
faur les Bergers,
En faifant parquer les troupeaux toute Tannée ,
n augmente le produit de» pâturages & des
terres , & on rend les bêtes plus robufles ; leur
laioe doit être plus abondante , de meilleure qua-
lité , ^ leur chair de meilleur gour«
On épargne les irais de cunttruélion & d'entre-
tien des étabks » Ôt on préferve les bêtes des maïa-
téies caufées par le mauvais air des bergeries où
priles font en très-grand nombre , Ôl fur des fu-
miers ou liiiércs trop 'confommées.' Il faut fubf-
lituer aux etables durant le printemps , l'été &
Fautomnc , le parc ordinaire fur les champs à amen*
der ; & pour Thiver un parc domelliquc , c'eft-
à-dire^un enclos fermé de murs ^ ou le troupeau
foit jour Ôc nuit À IVir , mais garanti du loup. On
peut le faire dans un clos tenant à la ferme ou
dans une partie de la cour d une ferme ^ s'il e^
dans une encoignure , il y aura un mur de deux
côtés « 6c les dvux autres côtés feront fermés par
des claies.
L On attachera des râteliers aux murs , ou même
faux claies. Le terrain fera en p4.^nte pour Tecou-
lement des eaux de pluie : iL tû à-propos de le
battre &dc lefabkr.
Si l'on n'a ps de quoi faire de litière auflli fou-
▼ent que le t^;mps ou les pluies le rendent nécef-
faire , il fera balayé tous les jours pour enlever
le crottin.
On a tenu alnfi toute rannéc , en plein air ,
jour & nuit , près Muntbird , ville de Bourgo-
g|ie t ^*"s aucun couvert , 6c pendant qua-
torze ans» depuis 1767 jufquVn 1781 , un trou-
peau d'environ trois cents bétes ; il n*a eu d'autrtî
logement qu'une baflc-cour fermée de murs , où
il eA encore à préfent Les râteliers y font air.'-
aux murs fans aucun couvert : les brebis y om
bas : les agneaux y font toujours reliés , 6l
toiil55 ^es bètes s*y font maintenues en meilleur
état qu'elles n'â^r?^*^* ^'^it dans des ètables icT-
mécs , quoiqu'elles aycnt éprouvC v<îî» iaûccs
tfès-pluvietifes & des hivers trés-ftoids > fur-tout
celui de 1776.
La laine les défend affez des injures de Tair par
fon épaiffeur » fa lonaueur , ài par la graiïïe ou le
fuint ; de forte que les flocons ne font ni froids ,
ni morcelles prés de la peau , tandrs que k refte
efl charge d'eau ou de glace , ou couvert dt givrc
ou de neige : les moutons font tomber i'cau 61 la
neige de leur das en fe fecouant ; mais quand la
neige tombe fi abondamment qu'elle les couvre *
ils en reftent couverts pendant du temps fans
périr.
Le grand froid pourroit faire du mal aux parties
du corps privées dt^ laine » aux jimbc;»» pieds,
mufeau » oreilles ; mais étant couches fur la Uiiére,
ils raflemblent leurs jambes fous leur corps, en
fe ferrant les uns contre les autres i ils mtttent
leur tête & leurs oreilles à Tabri du froid d 4ns les
iniervalles qui relient entre eux , enfonçant le bout
de leur mufeau dans la laine.
L*étendue du parc domeftîque doit être
réglée fur le nombre des bétes , U en partie fur la
quantité de litière qu'on peut leur fournir j lorf-
que la litière n'eit pas abondante , on efl obligé
de reflerrer le parc , mais il faut au moins fix
pieds carrés pour ch^ique mouron de moyenne
race : ft l'on peut fournir plus de litière , on agran*
dira le parc Jufqu'à donner huit, dix ou douze
pieds carrés par mooron : les bctes peuvent fe
mouvoir aifément ôt changer de place , elles falif.*
fent &£ ufent moins leur laine ; les brebis pltines
ik les agneaux font moins fufets à être blel?é$«
Les meilîeures expofuions pour le parc domef-
tique font le midi, le fud oueA & le fudefl, où
les murs du parc garantirent le troupeau des vents
de bife & de galerne,.
Tant qu'il y a du fumier dans le parc , il faut y
renouveler la litière pour empêcher que les mou-
tons ne foient fur la boue & le crottin ; mais quand
la litiér* manque, il faut mettre le fumier hors du
parc , enfuite le balayer tous les matins.
Si le terrain du parc n^ed pas folide par ù na-
ture t ou s'il n'a pa^ été bartu comme un acre à
battr<^ le blé, à jmttr à la boule » il faut le fabier
ournellement de fable kc^
Le fumiet qui fe fût en plein air n'cft pas fujet »
comme celui des ètables tJc bergeries , à fe trt p
éch iijlïer , à perdre fa qnaliic ; les pluies , la neige
on fo!U un meilleur engrais.
Qusnt aux tâteli-^rs*, aux auges, qui doivent
cîrc c^ie/Toiis , on doit les faire à rordînaire , en
quartïté fît grandeur proportionnéL s au troupeau*
Qunnd il y a des brebis qui agnèlent dans le
temps le plus froid , le berger veillera pour bs
retirer, ou il mettra les brebis prêtes à ag'içkr
dans un bàtîment ou fk>us un appentis ft'piré dit
troupeau par des claies ; s^il y a ût& bctcs ma*
6i4
PAR
lades , il les metffa également à l'abri de k plute
âe des vents froide. •
Faits ^iii confirmtnt la pojfthiîhé 6» les avantages de
unir Us troupiaux de moutons jour& nuit su grand
air tn toute faifan , for M Qi/ATREM£R£
vlSlOHVAl,
Les expériences de M. Daiibemon ont éci
fautes à Monibard^ La plupart des bêtes i lainage «
réunies dans Ta bergerie , ètoient de belles & de
bonnes raceji , toutes de dlverfcs Provinces de la
France le des Royauni'js étrangers > où ces ani>
maux feint vigoureux & de haute taille: on pré-
cendoic ne pouvaîr rien en conclure pour ta bèce à
laine de petite tatUe & foible.
Pour prouver combien une pareille objeftion étoit
peu fondée , M. d'Isjonval a choîfi le Berry
comme la Pjovtnce oii Tefpèce cil la plus
chéttve fous tous les rapports ; en conféquen ce
U a fait fonir , \^ premier Décembre 1782 , d'une
bergerie chaude & étouffée » comme elles le font
touies dans cette Province , cent deui bétes à
laine. Ce troupeau a été établi dans un clos que
M, dl>jonval pofséde près Paris , c*efl à-dire à
foixnote- quatorze lieues plus nord que leur pays
natii. A dater du 9 Décembre qu*elles font
arrivées dans ce clos , elles ont été expofées à tou-
tes les injures de Tair ; & cet hiver, remarqua-
ble par une humidité froide , par la cominuicé
du vent de nord-oueft, le feul défagréable au
' mouton , étoit par cela même le moins favorable à
Texpérience. Cependant au premier avril un fcul
de ces moutons étoit mort.
M.Daubeotonconfem qu*on abrite le troupeau ,
pour quelquesjours , dans les mauvais temps ^ ^pi'és
iatont^. M. dlsjonvâl n*a pas cru devoir fe permet-
tre cette condefcendance pour le fien j d'ailleurs elle
lui étoit interdite par le fait : à Tcxception d'un
très-petit logement pour le berger , il n'y a
pas d'abri d;^ns le clos dont il s'agit ; en confé-
fêqueiKc M» dlsjonval a fait tondre ce troupeau
le premier avril , par un froid très-vif & très-pé-
nétrant : il eA tombé la nuit fuirante de la neige
fondue , & te tout fans inconvénient.
Ce troupeau ^ qui , pendant tout Thivcr , exci-
toît U pitié du voifinage , en di radmiration à
Tautomnc fuivant , que M. dlsjonval s'en défit»
Li paroi iTe de Viîledieu cA connue pour pof-
fcder rcfpéce de mouton la plus délicate OL la
plus chctive du Berry ; c'cfllà que M, dlsjonval
a été chercher le troupeau quHl vouloît mettre
en expérience pour Tannée iulvante : il étoit de
cent foixante-dlx bêtes , & prefquVntièrement
compofé de brebis. Ce troupeau, arrivé dans les
premiers leurs de décembre , na pas tardé à rece-
voir les frimats & la neige , qui ont été le pré-
lude de cet hiver , dont la rigueur fera fi long-
temps mémorable. L'cfpccedont il s'agit n'a guère
que quinze pouces de haut , lanlmal étant fur
PAR •
fes ]ambes , & fept ou huit quand il eft couché;
Or , comme il tomba , pendant la nuit du 31 dé-
cembre 6t ceUe du 31 janvier fuivam , neuf pou-
ces de neige , il tn ch réfulté que le lendemaia
matin le troupcâu étoir invifibte , mais il ne
donnoit aucun fÎEne de déptaifance ou de dou*
leur.
Dans le nombre de ces bétes» M. dlsjonval m
avoit exprés choifi vingt qui paroiffoicnt nacnacécf
de la pourriture ou pu Imo nie ; les trots quarts ocr
guéri, cinq brebis feulement ont fuccombé.
Une troifiéme expérience , celle que M. dlsjo
val a faite Thiver dernier , porte jufqu'à la
monftratîon , que ni Tâge^ ni Tétat le plus Ibil
dans le mouton , ni la privation même totale de (
laine ne le mettent en danger de périr , quoîqu*cx*
pofé à toutes les rigueurs de Is pluie ou d«
froid.
M- rArchevôqae de Bourges , gui ne croit pif
Textenfion des connolAances phyiiques étrangère
au devoir d'un prélat, dans une grande province,
tait fuivre oepuîs trois ans » avec autant de focs
que de fuccés , prés de Bourges , les expérieneei
de M. Daubenton. M. dlsjonval a pris , dans ce
troupeau nombreux, ceni foixantc-cînq béces^
routes fortement atteintes de la gale la plus opl*
niàtre , inconvénient qui provenoit de rachat f^
foigné de quelques béliers.
Quoique la plupart fulTentdes 2gneaux de htari
neuf mois, ils ont été tranfportés prés Paris : Il
moitié du troupeau étoit nu en janvier fit fcrncr;
la gale dont ils étoient couverts ayant fait tosbcr
leur hine, ils ont reçu dans cet état les plûief
& les neiges de 1 hiver ; & ils font dans le nO*
ment aéiuel bien portans ât vigoureux*
M. dlvjonval ù propofe de confcrrcr ce troa*
peau pendant tout le printemps & une partie île
Tété , pour que la capitale ait fous les yeux cette
preuve , que le régime à Tair , par totices les lu"
fons» ei^ le feul moyen d'amélioration^ tajsi pour
ranimai que pour le lainage.
On ne pourra s*empéchcr d'être Airprîs que \m
étables , c'efl-à-dire le parti le plus «iifpeiMlteitl
pour la conflruâion , le plus rifquable du cAté des
incendies , aient prévalu & prévalent dans tout
le Royaume.
On peut aflfurer que dans cent ans U nVxîflert
pas une bergerie en France ; mais pourquoi ne
pas jouir dès-à-prefcni de cet avantage ? le voM
de la nature n'efl-il pas fuâifamment cxprieé i
En couvrant le mouton d'une épai^Te foumifti
en abreuvant cette fourrure d^un luint « d'utie In-
meur oné^ueufe qui la rend impénétrable à Peut «
n'indique- t-elle pas fuffifammem rèducation qui
lui convient ?
Enfin l'expérience de TEfpagne , deFADglctinç
dont la température c(l différente , ne prxwt^
t'elle pas que cette éducation convient à lotts In
climats }
Tout propriétaire ou cultivateur %ywm no ^
I
I
I
PAR
térSt perfonnel ï fume ces expériences , & à con*
lïoîrpe les déraiîs de cette éducation , peut fe trans-
porter au clos de M d hjonval , fnué à une petite
lieue de Vins , au-deiTus du moulin JanfèmAc »
eotre Vanvres & CUmard* Les habitons de Van-
TTCS partîcuUérem«nt , rindîqueront au jufle.
Sulit it Ccxpofé dt M. d*ïsjonvMl fur [on troupeau
. tn €xpincn:c^
' Les horn&s que je m'étots prefcrtte^ dans le
Mémouc que [Vi lu à la dernière féance publi-
que de Tacadimie des Sciences , ne m'ont pas
permis d'y inférer im fait fur lequel , d'ailleurs j
f^ms bien moins avancé qu^aujourd'hui. Les
agneaux que jVi expofcs pendant tout Thiver ,
lins aitcua abri , ont enci rc mbî le plus grand froid,
ce qiit fera , fclon quelques pcrfonnts , une rigueur
de plus que toutes celle» dont )"ai expofé le détail
Tant que la force des celées n'a pas été telle
Jue le berger n*ali pu enfoncer dans la terre les
ches qui aflTurenr les claies é\\ parc, Si notam-
fiient éans toutes les nuits de pluie ou de dégels,
!e troupeau a conflamment parqué fur une por-
tion de pré qiie j*avois deftinée i m'cclaircir fur
une autre opinion, Cen eA iiae générakment ac-
créditée parmi les propriétaires ou culrivateurs ,
que û on fait parquer des moutons fur un pré
ou une portion de prairie » par une fatalité bien
éigne d^cflTrayer fi elle étoit réelle, les moutons
& la portion d'herbage parquée périflent égale-
DieDt. l'ai dévoué un arpent du clos dont j'ai parlé
précédemment , à être parqué pendant deux nuits
île fuite par chaque place : fît chnû la portion la
plus haute du clos , ainfi qu'il cft déterminé par
la pente d'un rulfTeau , afin que cène partie
0ÛC route efpèce de défaveur , par comparaifon
Wù refle du pré plus h^s , & par conféquenr plus
propre à ta fertilité des herbages. Mais quelle eA
jna fattsfiâion , en ce moment d*une calamité
générale paur les pâturages & les befliaux , de
pouvoir annoncer que la p.irtte parquée offre au
moins trois fols plus de fourrage que la por-
tion qui lui cil immédiatement contiguè î la vue
^u carré parqué & celle du terrain voifîn , pré-
lentent Kimage de deux provinces ou fols » dont
Tun n*auroit abfolument rien de commun avec
raaire; la couleur des herbes, leur touffu, font
.atiffi diffèreos que G ce n'étoiem pas les mêmes
plantes.
Oh/rrvaiiù/is fter le choix des ktUers , Us avantages
ie ini.9nvénunM de unir Us troupeaux èCabrï^
durant Us froids vtolens ^ Us grandes pluies,
M. Datibenton avoit fcnti là néccffiré , pmtr
pcff^oâionnerrcfpfce d.s bétei à Wmc en France,
de fe- procurer des béliers de Maroc , d'Efpa-
gne , d'Angleterre. Enhirdr par fes premiers
loâccésy par L beauté des bctes provenues de a
PAR
615
accouplement , par la qualité de leurs laines »
M. Daubenton a cru pouvoir n>us affranchir de
cette fcrvitude , en nVxigcant plus d'autres bé-
liers que ceux de la Fbndie & du RouiHUon pour
relever , dans les provinces de France , les efpéces
communes des troupeaux»
Plus févére fur cet objet , M. de Lormoy veut
qu'on ait des béliers de ces belles races étran-
eères i que tous les mâles qui en proviennent
foient toupés , Si que le même bélier confnue
de couvrir les femelles qui proviennent de fa
race , tk cela pendant plufieurs générations : ce
n'eft pas qu'une brebis du pays , couverte par
un bélier de pure race , ne donne accidentelle-
ment de très-beaux mâles , mais refpèce n«5 tard»
pas à retomber d^ns la médiocrité.
Si M. de Lormoy eA plus rigide que M, Dau-
benton fur le choix des races de bélitr , il TcA
moins que lui fur Téducaiion des troupeaux. M*
Daubenton leur interdit tout abri dans les faifons
les plus froides» dans les temps les plus pluvieux.
M. de Lormov , tout en condamnant , avec M.
Daubenton , les bergeries, accorde aux troupeaux
un hangar où ils puiffent s'abriter , au m^ins
quand ils le veulent, les abandonnant à cet égard
à leur inflinét* M. de Lormoy obferve que les
plus belles bines proviennent des pays les plus
chauds ; que la chaleur du climat contribue à
porter le luint depuis la naiffance de la laine juf-
qu'à fon extrémité ; que c*eft ce fuint qui donne
aux laines la fineffe , la foupleffe , rélafticiié &
la foUdité qui en font le prix ; que les laines du
nord , celles de Suéde , du Danemarck font dures
& féches , 61 que les laines d'Angleterre , ou
les troupeaux n ont point d*abrî ^ tiennent de ces
défauts-là.
M, de Lormoy ajoute qu*îl n*a jamais vud^ours
fortîr de fa tanière , lorfquc le froid eft à trente-
deux degrés j 8c que û un animal auffi robufte,
auAi fauvage , qui paroit deAiné à f^pporter les
froids du nord , fe met à Tabri de fes rig'jeurs , à
combien plus forte raifon le mouton drni-il en
chercher un , lui dont ta conAttution eA itiHoi-
ment plus délicate.
Cependant M. de Lormoy regarde le froid
comme bien moins préjudiciable aux troujeiux
que les pluies ; il obferve que fi les ro(èei àc lei
pluies douces CQntribuent à la bonté de la laine »
il n*cn eA pas de même des neiges, des frimats,
des brouillards , & fur* tout de Ta continuité des
pluifs ; que les Angîois perdent, & que lu* même
a perdu, dans les années phivieuies , beaucoup
de bêtes, lyaiHeurs M. é^ Lorm<^y remarouc qu'a
la fuite des hivers pluvieux , la laine ell infini-
ment moins belle.
M. de Lormoy a pour fuiune expéfîef^re de
ti-ente années , depuis lefqiielles il fe 1'
docation d:$ troupeaux , & la cOmparm d*y
a été à portée de faire d^nS les divans pays dt^
t
CtS
Par
obrcfviicur ècUîre ; enforte que fes réflcKÎoni
à cet égard deviennent Uiâniment précieufes.
Lettre fur VExf^éncnct Je M. d'Isjo^val , & U
m f port qud en a fait ; pdf M* 1>B Lormot,
' On ne peut domier trop d'éloges au ièîe
pauiotLque de M. Quatremire iPïsjonyal , 6: aux
vccs utiles qui ont ^uidè Tes expcriences fur les
tètes à lame & fur l^amèlioration des prairies ;
avec d: Uls fenLmens , je me perfuaJe qiiil verra,
fdfit peine qutîqies réfiextans fur Us d<itx Mémoires
quil a féi^i tm primer»
Ld psem.hre qutfe prèfente # efi que fs txpérkn:es
n'ont pas encore eu la datée neLtJfdire pour co/tjta-
ter Us faits qu*U mit ea avant , & qti*Ù crait avoir
etabl'u.
Le hm de M, Quatremere i'Jijonvai irnnt d'éclairer
fts concitoyens ^ il ûuroit été à difirer qu'il neiu r/c/i
manqué a fes épreuves ; & je ne puis di£imuLr qu'el-
les ne font pas ajfe^ compieties pour pouvoir ftaïuer
fur Uttfs réfu^tats,
LiS expériences de ce genre exigent d* autre s pré-
cautions , & U;ie fuite beaucoup plus longue,
M. Quatrenoère d'hjonval a fait vcflîr » en dé-
cembre 178a , des moutons du Berry , quiavolent
eu une m^iuvaife ngurruure ^ & en petite quannU, Ce
iroupeau a été établi dans un clos prés Paris « où
il a 6tc nourri abondamment avec du foin & de
la pÀiiie ^ couché |àla vérité, fans toit ,mais ren-
ferme dans un petit cfpace le long d'un mur , à
Tabri des vents de nord & nord-oueft , & entouré
de palifTides.
En 1783 ^ en 17^49 M. dlsjonvala répétéla
inéme expérience , qui , à bien l'apprécier , ne
confiflé qu*à acheter des moutons maigres pour
les engraiiïer , & les vendre enfuit e au marché de
Sceaux, Ce procédé nefl pas nouveau ; la plupart des
fermiers qui n\nt pat un local propre à faire des élèves »
ue pratiquent également. Jl neft pas nouveau non plus de
fairt coucher les betes a laine â l'air toute l^année ;
tout le monde fa t que les Anglois f>nt coucher la plu -
part de leurs troupeaux dehors ; & il y a trente an-
nées que y en ai auffi fait Vejfai*
U aurott fallu , pour donner à reipèrîence de
M* dlsjonvat tout s rutiUté défirable , prendre un
troupeau de jeunes moutons » le garder au moins
quatre années , fans trop U poujfer de nourriture ,
QU bien fe procurer un troupeau de brebis avec des bé*
tiers enfuj^fante quantité^ le gardtrfix à fept ans, ne tirer
face que de beau en beau « fuivre les produétions. yoiU
Us vrais moyens d'améliorer l'efpèce & les latnes , ou
de connohre les lêifons qui s'y oppofent ; parce que
dans cetefpace de temps ^ s'il furvtent des révolutions^
0ti efl à portée d'en ttulter les caufcs 6r Us cffit4^
V expérience m'a appris que Us laines des trou*
peaux expofés au froid ^ eux intempérus de l'air ,
font dures & sèches , parce que Us pluies continues
&lesfrhn4ts emfi.hoientU fuint de monter ; & dans
le/ait, Cfite du troupeau que fat vu dans leschs de
'PAR
Af, Quatnmère d*îs}onval , quil qualifie dt fmpiffmt
dans fon mémoire lu à l'Académie des fcàtntes ^ Utâ
avril dernier ^ n'tft rien moins que telle qu'il f annon-
ce , pwfq:/elie ejl dure & sèche , & fans aucune ap-
parence defuint,
Ce(l ^JJi diaprés mon expirUnce que j'ai fouinm^
dans ma lettre fur les bêtes à Uine ^ & dans mai$
mémoire fur l'apiculture , imprimé en 1774 ^&réim*
primé en 1779 • f"^ ^^ moyen S'obtenir dts laines f^
per fines ejl de laijfer les iroupîau^ à l'air , uiau ts
liberté , avec des abris de dt fiance en diflaïKe , oè
ces animaux peuvent aller fe réfugier quand il leai
plait , en obfervant de nettoyer cous les (aors co
abris 1 la propreté étant eueatleUe à U ùmk it
toute efpècc d'animaux»
Je fut s néanmoins forcé de convenir que ^ ' jr
n; peut être mife en pratrque auc par des - ^.
riches , & qUi le dfaut d^afmce empêchera i4H^*^n
Us fermiers ( cette ciiffe d'hommes fi uiiU ) de lajm*
vrt. En tffet , qui donnera à ces cultivateuri itmfem
Us moyens eU former de vajla enceintes fhouf y tmf*
fer leurs troupeaux en liberti pendant la nu'^^ emk
faire de grande établijfemeris d^nâ Ufqutlê mtfm
coucher des bergers & des ehiena «^ d'm êUh^
ter les loups ?
Mais a l'égard de cette claffe de eitoyests mSgmt^
qui n'a pas Us facultés néceffaires pomr f^mr» et
grands établffemens , fat indiqué dans m^n mdtÊtke
un autre moyen plus à Uuf portée ; c\ft de ciMi^qél
des bergeries plus vafles que celles d^ufmge ûrdiSÊmt^
^ percées de beaucoup d'ouvertures , afim qm ter
ptt\ffey entrer , 6* circuler de manière que te tmmpemt m
éprouve Us avantages fans être expop amx («nw
dites refait ante s des inie m pertes qui lui firmeai am»
fibUs, Tobferve néanmoins que ces auveMares daevem
éire à une hauteur qui Us rende inaccejiàéei mM
loups ^
Il parois que Af. d*lsjonval a oublié ce cèMMjt
important ; aujfï plufiiU'S perfonius ofU bt etmtem
plus grande fur p ri fe Vajfeftïon contenue dana U ménitt
de M, d'Is/onval ^ que, d'aprcs fes expéremtM^m
fentiro!t l'intitUité des bergeries , 4r fue dasu ce%t Af
il n'y en aw^oit plus en France m H faUait d^ve qâ'i
donnât les moyens de détruire totale rnem Us iatspâ \ It
d\mpécher pjur jamais ceux des pays étrsngere H
entrer.
Quant à la gale opiniâtre dont M. Qnilfcmfcl
dlsjoDval annonce que fon troupeau étott at
il a vraifemblablement été induit en erreur.
indique que ce n étoit qu'une maladie de pciQ
fée par U mifère, puifquelle a été gtiètte par èt$
friâions avec de Thoîle & du tartre i au lictt tpn
n c'eût été une gale farcîneufe , oti nrmrestfa
dun vice dans le (ang, non -feulement ce m»*
fement ne Tauroit pas guérie , mais lei frMi &
les intempéries , en interceptant b Tr:inrntritM 4ê
ces animaux, les aurotent tous t OMji^
met cette objervatlon a MM* U^ ^' ^-ij*
La découveru de M* Quatre /ociW jfir/V
méUoration des prairies ^ m*s en^wrt rien d* aerne^
ù
M
PAR
Ct pfûciiie ejl annoncé dans mon mémotn fur Vap'kuî-
iure , C' pratique depuis long' temps par Us meilleurs
€tUiivateurs*
On iatt géoéralenient qu'il n'y a point d'en-
grais plus parfait que celui des bètes à laine ,
f&ème fur les hauteurs , quand le fol n*cn eft pas
tro^ fec.
Il faut feulement obferver de ne jamais faire
pirqucr les prairies & les pâtures dans le pria*
temps, parce que \c goût que rhcrbe auroit con-
fexvé, empê.hcroit les autres bertiaux & les che-
naux , 6c même les brebis de la manger. Il ne
faut faire parquer qu*en automne , parce que les
pluies , les neiges de la longueur de l^hiver en
emportent rod.;ur, &que bailleurs ta force du foie II
émfnntempM & de l'été en évapore les fets que les neiges
& tes pluies de l'hiver font pénétrer en terre,
Jelpére que ces réHexions ne déplairont point
à M- d'hjonval , qui rcconnoîira , fans doute ,
^'animèdu même efprit qui a didé fes mémoires,
je ne cherche qu a donner plus d'étendue & d'u-
dliie à Çc% expériences , en y ajoutant le fruit des
miennes, & des connotiTances quej*ai acquifes par
trente années de travail,
P, S, Je viens de lire dans le Journal de Paris »
du jeudi 7 de ce mois , une réponfe de M, Qua-
trcmère ti'hjonval , dans laquelle il propofe de
«ire décider par Ç\x manufafluners occupés dans
\c% différentes parties du royaume à fabriquer des
laines félon b méthode de M. Daubcnton » fi elles
£b trouveront manquer de finejfe , de foupleffe , dU-
Ufi^citè 6* de fd'diiéf comme |e fai avance en pro>
près termes.
Je fuis bien éloigné de récufer le témoignage
it ces ùx manufacturiers ; mais je crois être en
droii de demander à mon tour qu'un plus grand
I nombre encore, pour ne pas dire même le corps
I eotier des manufacturiers » prononce fur cette quef-
lioo qui mérite Vcxsmtn le plus attentif; car il n'en
«ft guère qui foit plus intéreilanic pour la lîchclTe
^Â la orofpériié de TEtat,
Il (eroit encore également important d*avoir la
oècifiondesmanufaéuriers Angîois , qui emploient
lieulement^ pour leurs draps fupeifins, ainfi que
Mes Hoilandois ^ des laines d'Efpagne , fufccpti-
Ues de prendre tous les apprêts , qnolqu'avec
^aiicoup de fuint. Enfin , on devroit avoir le
Ifenfimeôt des teinturiers, lequel ne doit pas être
lîjiditfêrent 9 puifque les belles teintures , comme
kelles des Gobelios > ne fefont qu'avec des laines
I tf ETpagne*^
^hfervations fur U gouvernement des motaoni.
Daubenton s'cft propofé de chercher &
d'employer les moyens d*améliorer la race des
momons de France , ou de leur en fuhflituer une
meilleure, 8c d'améliorer les tainî^s que fournif
fcm les troupeaux àt ce pays* Durant quatorze
2m qu il a donné une grande attt^nrion à tout ce j
Ans & Himrs. Tvme K Péirtte IL
PAR
617
qui eft relatif k cet objetsUmportans » il a pu écu*
dier & jitger une partie des bonnes Se mauvaifes
pratiques dans le gouvernement des moutonss ;
du moins autant que le peut faire une perfonne
qui , n'étant ni berger , ni nourricier , ne voyant
ni tous les jours, ni à toute heure fon troupeau ^
cil obligé de s*en rapporter à dts gens qui font en
général peu attentifs » & q«i fe font un devoir de
tromper ce qu'ils appellent le Bourgeois^
Il ne fcroît pas étonnant que, malgré toute fa
vigilance, fes foins , fon attention à voir & à in-
terroger , il fe fut trompé , ou eût été trompé.
Une perfonne « qui paroit avoir des connoifTan-
ces pratiques fur le gouvernement des troupeaux ,
a publié les réflexions ou obfervarions d'un vieux
berger fur l'ouvrage de M* Daubcnton. Voici les
principaux objets fur lefquels le vieux berger
penfe difTôremment du naturalîfle : peut-être auffi
le berger coud a mnc-t- il par préjugé, par routine»
les idées & les pratiques qui ne tom pas les
fie n nés.
Les étrangers , fpédatement les Anglois , ont
fait fur la même inltruâion pour les bergers, des
remarques importantes qui fe trouveront dans !*£•
canomie rurale & civile ^ k V^rtich da goMvemement
des têtes a laine,
L*ouvrage fraflçou dont nous allons préfenter
quelques article5,a pour titre : remarques fur t infime*
lion de Af. Daubenton pour Us bergers 6* les propriétai'
rcs de troupeaux ; par AI, Carlier ^ inS^. î7M*
// faut , filon /instruction , apprendre Us
chiens a faijir Us moutons â i'oreilU , ou aux jambes
de devant.
Ohfervat;on du BergeR. Le chien , d*un pre-
mitr coup de dents , croqucroit ou emportcroit
Toreille, C eft-là qu'eft imprimée la principale mar-
c^uc de propriété. Le chien , habitué à laifir aux
j;imbes de devant , doit être promptement réformé.
La moindre plaie devient dangercufe. Le mouton
blcBTé fe baiiïc avec peine pour pâturer ; tout le
poids du corps incliné fe porte fur ces deux mem-
bres. L'animal , lorfqu*il fe couche pour prendre
fon repos , plie ordinairement les deux jambes de
devant : ble^Tées ou enflées , Il ne peut plus les
plier qu*avec peine & douleur.
Le mouton mordu par devant , fuît en irriire ,
ce qui ciufe du défordre & de la confufion : pincé
par derrière , il fuit en avant fur la direction & U
marche do troupeau. Les morfures faites aux jarrets
ou aux jambes de derrière , féchent 8c fe guérif-
riient en peu de temps.
u On peut, félon TiNSTRUCTlON , nourrir les
■ chiens par économie ^ en leur donnant de la chair dt
n cheval^ ou de ^e qui r^e après la fonte des fui f s n.
Il faut bien s'en garder , dit le Berger. Il eft
d^eipérience que les cliietis nourris de chair , mê-
me de crétons, boyaux , ou iOTues d'animaux ,
font des plaies profondes , & emportent fou vent
la pièce. Ils deviennent puans» dégoûrans , fujets
au rouvietxx ou rogne» &aux autres maladies de ce
Itu
«i8
PAR
Senre. Oa ne doit lel^imenter que de pain &
e foupe»
m H vaudroîi mieux , filon Tinstruction , lalf-
m fit Injn^utans pcrpituifkment ixfops au grand
» air 1»,
Oifervsfwn du BlRGER* Cela ne fe peut pas en
France ; tous les grands troupeaux appartiennent
à des laboureurs , fermiers ou cultivateurs. La
Uine n'cft , pour eux , qu'un troifième objer de
profit. Le fumier , foit du parc , foit de la bergerie,
cft le premier. Le fécond eft celui de la vente des
bêles engraîlTées , ou de réforme*
Lapréfcrenctdccordi'c aux hangars fur les hr^ tries ,
ne paroit pas fondée. Il n'eft ici queftion que des
bergeries où régne un courant d'air perpétuel, où
la propreté elt entretenue par un renouvel le-
jDcm de litière , telle que le pays le comporte :
il eft indubitable que les bergeries de cette forte
remportent en utilité fur les Kangars.Cela eil facile
à prouver.
1^ Le principal tnconvénîcnt des hangars à jour
de toutes parts , eft que la pluie , fur-tout lorfqu'clle
eft accompagnée de vent , mouille les fourrages
tk les mangcailleSp Le bétail n'en ufe plus avec le
»êmc appétit ; la qualité en eft altérée ; les dé-
fourrures humides , hécsen bottes» fe chauflfou-
rent , fe noircifTent , & ne peuvent plus fervir
même pour la litière : elles rendent une odeur de
corruption, un goût de relan plus dangereux que
la vapeur du rumier. Le fourrage mouillé eft un
germe de pourriture 6i de confomption.
1**. Les bergeries font plus sûres que les hangars*
Une frayeur fubite agitant les moutons , les por-
tera à forcer les clôtures des hangars* Les murs de
la bergerie raturent le propriétaire contre les vols
Tiodurnes & les diverfes pertes sLCcidentelles de
ce genre,
5^ Les forts laboureurs favent tîrer parti de
leurs bergeries ; ils y ferrent toutes fortes ne récol-
tes pendant le parc, depuis la faint- Jean Jufqu'au
retour du troupeau. On y bat le bled & les grains
pour les remailles ; opération qui rend le logement
libre pour ïc quartier d*hîver : on y met auffi à
f abri des injures de Taîr beaucoup de meubles &
d'uftenfiles dVgriculture. Les bergeries peuvent
également fervir de fouleries pour les vendanges.
Ces propriétés manquent aux hangars.
Une raifon économique décide un grand nom-
bre de laboureurs à préférer les bergeries aux han-^
gars à jour > aux parcs domeftiques & aux parçr
en plein champ, en fuppofant qu'ils puîffcnt a^ir
lieu pendant rhïver. L'air libre & vif double" l'ap-
pétit des moutons ,& la confervaticD dos'fourra-
ges par conféquent. Les parcs d'hiver ne fument
pas les terres également. Les bètes s'amaflentpar
pelotons le long du côté où les claies Us garan-
tirent du vent & des frimats-
II y a des tUfles de bêtes à faîne qui prennent
graifté plus prompiement aux bergeries qiv'au parc
& aux hangais. Inférons de-là qu*il ne faut point
PAR
troubler chaque province, chaque cimoii dam ta
pratique des ufages ralfonnablts , ni établir des
règles générales iur des connoiiïances locales &
fur des expériences particulières.
En France, les hivers font excraordînalremm
rigoureux , fur-tout dans fa partie feptcntïionale,
qui eil la plus étendue ; on y nounii au Ibc cet
animaux ; le parcage d^^hiver coûteroir imi
ment ; il eft impraticable dans b plupart des
tons ! il n'y auroit pas de sûreté à TétabUr peih
dant les longues nuits d'hiver ; c*eft pourquoi Toit
eft & Ton fera toujours nécefttté à renferincr les
troupeaux dans les bergeries , lauf à tes rendre ploi
faines & plus aérées, en renouvetanc fouvcfii b
litière , éc en y perçant des jours iiul ne nasifeiK
pas à la fureté.
Ce raifonnement fuflit pour démontrer qulldt
diiHcilc d'améliorer les laines de foutes nosprovi**
ces , au degré fuperân.
Ce n'eft pas qu'on veuille révoquer en docte
la vérité de tout ce qui eft raconté du troupe»
de Monibard* Le territoire quM occupe eft , éit-OOt
montueux , élevé , le fol fec & maigre ; Tair y ci
falubre , les herbes fines & de boone qualité:»
y fupplée aux pâturages, plus er -juis qu*abondai»,
par des fourrages choiiîs , qui doivent coûter fen
cher. Un pareil local eft rare en France. Le rég^
me & la méthode iont trop difpendicux pour
être par- tout adoptés , & pour faire iUi pcoii4
rétar.
Voici en outre ce qtic rexpérknce ippccnl,
touchant les parcs d'hiver , lorique cette fatfoii Uh
licipe de quelques quinzaines fur le temps dcfs-
mener le troupeau à It bergerie*
Le mouton ne peut foutenir la rigueur do ftoid,
qu'en lui donnant double ration d^ une nourrioK
choific, & en prenant pour fa conferrst]<»ii
foins & des peines qui abforberont donxe (nib
valeur de û laine.
Ce fyftéme eft pour la laine , comme fcopvi
des moutons de fieauvais en fait de pâture
grars à Tétable.
Cet engrais peut fe pratiquer par-totjt au oojq
des provendes abondantes ; mais la viai
moutons ainft engraîftes revient k %o tk
la livre au lieu de 4 & ^ fais qii#
automne la meiileurc chair de moutMs gn»
bages , conduits dans les pittiraees ordinaires^
Ne vaut- il pas mieux acheter de rètranger de ï
laine fuperfrne au prix dun éctt U livre, qiirit
h payer 10& i^ francs, pour H &tia&â»oe M
la faire crohre chci foi ?
Il eft beauccnp plus sCtr 8t phn prîidem de i'<t
tenir à la pratique ufuclle de reiiouveler & dV
mélïorer par des béKers formés fur les lîeiîx » m
cxtrshs du voifin:ige. 11 f;iut corrv^incre kioettr'
ricicrs & les laboureurs de b viérifè fie df i tfolîte
de ce principe , Ù les déterminer à n'ifitrf^
aucun foin. Pou? peu tjuM y ait de coikot ff"
tre eux * les facilités qoi fe prèCencem dciki^^
luraejq
nnàm
A^
PAR
« fc perpétueront fans intcrruptioii. On ùh-
idrx à boo compte des béliers acclî mités &
rtîs aux pâturages : la bonne noumture per-
iâionnera ou fou tiendra la nature.
ilfsiu^ftlon fmsTRUCTiON , mettre tes moutaru
r ombre durant la plus grande ardeur du folc'sL
Obfervanon du ÉekGER. L'ombre elî fiinefte
ttoupeaui de nourriture > même en plein midi :
repas peut caufer aux moutons les dangereu-
oiaUdies de goëtre , dliydropifie & de pout-
re ; il rend le bétail mou & foible.
Il ne s'agît ici m des troupeaux d*engraîs , ni
plaines brûlantes du midi , ni des étés extraor-
iref qui defléchent les herbes des pbtnes. L'a ri-
les coteaux de Montbard ne doit pas faire foi
le refle du royaume. Qr qui eit boa aux
îpeaux des bouchers , eA peroicieux pour ceux
!$ laboureurs.
Les nourricière du midi abandonnent les plaines
sndant Tété : leurs troupeaux féjournent aux
ontagnes durant quatre k cinq mois. Dans le
ifte de la France , les chaleurs vives des étés
irent au plus trois ou quatre jours ; elles font
dinairemear modérées par des courans d*3in
A chaleur eft moins vive , mai^ plus écoutante
: abris des haies , des bofquets ou des arbres.
mouton n'y eft pas plus fenfiblc que les che-
, les vaches & les bêtes aftnes , qui paîflent
i toutes faifons & à toute heure du jour dans
(paris communs des paroifTes.
Il eu de Tintérêt du cultivateur que le trou-
U prenne le repos du midi en pleio air, fur
terres façonnées , parce que ce repos opère
fumure ; elle feroit en pure perte à côté des
ici , fur des friches ou places incultes.
Les lieux ombragés font jprcfquc toujours în-
de mouches & d'infeacs qui tourmentent
moutons , les piquent jufqu'au fang , caufcnt
ampoules & de petites plaies , dont la dou-
larleifatt bondir; ils viennent alors d'être tondus.
ts infc<^es fuient Tardeur du foleil.
Qu*on ne dife pas que fes rayons caufent le
Urny : cette maladie cfl une efpéce de pourri-
tre qui , dans les jeunes bêccs , attaque le cer-
Uu , au lieu du foie dans les bêtes faites, ^^
Sehn VîHSTRUCTION ,« h paille d'avamt efî
U meilleure ^ parcequelk efl plus ttndn ; la palile
dt fâgle vaut mieux que celle Uj froment , pa^ce
^*elle nUfi pas fi dure ^ (f qu'il refle dans Us épis
quelques crains , que ton appelle des éperons ; la
palU d*orge peut être nuifivlt à caufe des barbes
qU4 peuvent tomber fur la laine ♦«.
Il fc peut faire, dit le Berger , que les envi-
>RS de Montbard produifent des bleds inférieurs
ceux de ta Bauce» &du refle d«i royaume. Ce
m efl pas moins une vérité généralement recon-
e, que le bled efl la tête <ies grains » la nour-
tire la plus fubAantielle , & que la paille pjirti-
pe de la force 6c de ta qualité des grains, La
iUe de bled a toujoun paiïé pour être ta plus
PAR 619
«ourrîffante. Celle de feigle vient cnfuite , parce
que le grain nVfl autre chofe qu'un bled maigre.
n eu également certain , 6c de fait , que la
paille d'avoine étant plus molle que les précé-
dentes » nourrit moins « lâche te ventre des
animaux , ce qui les aflFoiblit, La paille d'orge eft
rarement admini^rée par la même raifon , & fur*
tout parce que les barbes des épis battus peuvent
s'arrêter dans le gofter des moutons.
La meilleure paille pour les moutons eft tou-
jours celle qui en eft garnie. Les animaux s'en
nourrirent & mangent peu de paille.
La préférence des piturages verds aux pâtura*
ges fecs eft aufll décidée par Tétat des années 6c
oes territoires. Lorfque les pluies font continues ,
le fec eft préférable au verd. Une laine molle &
très -douce dénote un tempérament foi ble ; le cul-
livateur propriétaire n'jr trouve pas fo« compte ,
parce que cela arrive (ou vent au préjudice de U
fan té des animaux.
Leur chair eft plus flafque , la graifte plus molle ,
& le fumier plus liquide , & moins fubftantieL
Dans TlNSTRUCTlON, le foin efl propofé comme la
bafe de la nourri tute du mouton,
Ohfervatiûn du Bercer. Il faut FaJmîiiiflrer le
plus rarement poftîble. Il donne à la longue trop
de ven^e , caufe la toux 8c une foif immodérée.
Les Nourriciers 8c les Laboureurs ont un inté-
rêt fenfible à en agir autrement. Ils réfervent le
foin pour les chevaux , qui n'en perdent aucune
panie. Les bétes blanches » au contraire , en jon*
chent ^ en perdent plus qu'elles n*en mangent.
Mal -à* propos relègue -t-on l'eau de pluie 8c de
mare dans la dernière claft'e des boiiïons. Ce font
indubitablement les meilleures » lorfqu Viles ont
toutes les qualités des bonnes eaux de citerne.
Moins crues » elles ne provoquent pas tant à boire
que Tean de rivière,
DufeL La principale remarque eft que les mou-
tons peuvent trcs*bien sVn paffer. Son premier
effet efl d'aiguifcr Tappétit , ce qui occafionne \xnt
grande confommation de fourrage ; il allume la
toïf ; il rend plus^aîguès ^ plus dangcrcufes les
maladies de feu ou de chaleur externe & interne»
comme Téry fipéle , la gale , 8cc* » le mal de rate ,
les coups 8c fîux de fang , tiz.
Il eft donc inutile de donner des moyens pour
réparer différentes fortes de fcls artificieU , quand
e fel marin manque. L'urine humaine feroit la
meilleure falaîfon. L'ufige des leftives de cendre
eft à réprouver , fans en excepter celles de far»
ment. On l'emploie contre la pourriture ; fes bons
eftets font rares. L'eau de chaux , même féconde ,
eft très-dangereufe i peu de gens la favcnt faire.
L'instruction propofe d'exciter à taccoupU-
ment , tes béliers & Us brebis lents oufoibUè , par des
fourrages ou aHmerrs échauffons*
Obfervation du Berger. Il faut bien s'en garder.
La brebis ainfi provoquée ne conçoit pas , ou portç
un mauvais fruit.
liiî &
r.
3
^20
PAR
LVifage du biberon , confeîllé dans TiNSTRUC-
f ION pour faire avaler àtx lait aux agneaux qui
re furent de eétcr » ne doit pas être admis.
11 exige plus d'adrefTe & de patience qu'on rfen
peut efpèrcr des domcftiques tîe fcrmr- 11 faut
le contenter d'introduire dans la bouche de Ta*
gneau un doigt mouillé de hit, & de lui prèfen*
ter enfuite un vafe rempli de tait tiède.
Le BerGfr ne croit pas bonne la première ma-
nière , que donne l instbuction , de châtrer les
agneaux mâles » parce qu'il reAe fou vent aflVz
des organes de la génération pour qu*ils confer-
vent la même ardeur que le bélier ; ils tourmen-
tent ks brebis Van^ utilité , fe battent avec les bé-
liers « & s'excèdent de fatigues.
Sehn l'iNSTHVCrWN , cha^Ui bitc ptm fumer
dlxfïtdi carres : le Bekoer réduit cette étendue à
trois pieds.
Examen des Confeds ^u*on a publiés ^ de tenir Us
moutans au pire tûute Vannée ou dans des cours avec
hangars ouverts , & maniire ufitèe de les gouverner
chc{ de bons propf lit aires ou fermiers de troupeaux i par
^L de LameivdUm
ExfJtJiT de fes êhftTvaùofà fur Us hites à lalnt
dans le Berry^
Ceux qui ont avancé que la laine s^affineà Tair ,
fe lonr, je crois « trompés pour Us climats froids
èi orageux y pour ks nôtres* Il m'a paru qu elle
ttoit pius propre h&bituLl!cnicnt ât plus fine dans
les bergeries Uincs. Je nt fuis pas le Teul Agricul-
teur qui penfe ainfi. Le Guide du Fermier dit. page
lai i - lis ont , dans la province de Gîocefter , la
bonne méthode de faire rentrer les moutons dans
la bergerie pour palîer la nuit ^ & de leur faire
chaque folr un« bonne litière. On a beau dire
que la laine s'afïine à Tair , elle y prend au con-
traire de la rudellt. Elle s*adou cil dans la bergerie
£c devient plus fine. •»
Il n*en eil pas des bêtes à laine comme du
lapin, de la belette» du chevreuil* & de tous les
animaux fauvages à poil ras. La brebis n*a ni l'inf-
tinét^ ni les mufcies flexibles de ces qu^drUf^édes
pour fe foigner comme eux. Se couche- t-elle après
ia pluie fur une terre légère ? elle o(Tre rimage
d'un animal quia éré traîné dans la boue.
La hine fe charge de terre ^ de pouiTiére & de
foutes les orrfvites que les vents diCperfenr , & que
les pluies délaient ; & plus la laine eft grciTière , âc
plus elle s'en charge.
Quand les brebis feroient nuit & jour fans
abri » 8t, qu'ex pofèes à toute Talion de Vair , elles
f roicnt plus robuiles , cela ne prouveroit point
que ccrte coutume fût par-tout fans inconvénient ;
cela ne pronveroit point que leur toifon y foit
plus propre, meilleure & plus fine aue l' rfqn'cl-
les i^ repofent à Tabri , au moins la nuil» fous
4e$ iwngars fermés & garnis de VUiète.
PAR
Ce fut & c*eft encore Tufage de beaucoup de
propriétaires chez les Anglois , long-tempi no%
martres , mais non pas inbillibtes en agriculture.
Si Ton n'eA pas tout-à-fait d'accord fur la maaîért
dont ils conduifent leurs béces i laine, c'eft parce
qu'on n'a pas aiTez diflinguéqu'U y ena iruis races
en Angleterre : les brebis de race Efpagoolc , les
grandes brebis indigènes, & les méiifTes de ces dcus
races*
Or , les Angloîs traitent beaucoup moins ligoo*
reufement leurs étrangères & leurs métiiTes , qoe
les indigènes : les unes ont des hangars , &ici
autres n'ont, en beaucoup d^endroits, qu*un parc
pour retraite , & la voûte des cieux pour toit.
S'ils refufoient un abri aux bètes à latot qaî
viennent de quitter un pays plus chaud que Vha*
I gleterre , je les- plaindrois : ils trahlroiexit leim
I intérêts. Ils les ferviroient , félon moi , en les
mettant toutes à couvert , à moins qu*tls n'aien
pour but de fortifier toujours le tempérament et
quelques indiviflus , au tifquc d'eji pertire beau*
coup« pour entretenir leur race la plus préaeafe
d;^ns toute la vigueur naturelle , par le croifeincsi
des animaux qui rèfiltent aux outrages ée^ hi-
vers.
Je vois que la namre a hsbillé les bcres à latae
d*un tilTu capable de les garantir du froid ; ipîs
je vois aurïî que le même vêtement eft une époiiee
prompte à s'imbiber de rhumidité « de b pli^S
des brouillards pernicieux. La graiife de cent
éponge ncmpêcheroit pas les pluies froidci 4 6i-
quentes des hivers de pénétrer jufqo'à la pcm
des bètes à laine , de tremper leurs jambes flc lev
tète , âc de les difpof::r à des maladies pcttrîdes.
Cette graïAe ou le fuînt qu*ofi dit être tref
abondant dans tes bergeries , me paroi i utile à û
bonté & à la foupleiïe des ouvrages auxquels b
laine eft employée* C*cft la perfection de Vanifc
manufaâurier de l'en dégager fans la rendre atiit
La difficulté n'eA vaincue que lorfque la préparaéoc
de l'art a eu lieu , & n*a point altère U maiiàt
première.
L'ufage apprend qu'un drmp moèUeux cfi Hm
fupèrieuràundrap fec , quoique bien tetnt. CiS
à la main & non à lœd à juger de u boote- Ch
diftingue towt de fuite , au toucher , le» drap» A
Ségovie de ceux d'Angleterre même. La doir
ceur Scia fouptclTc de la latue d'Efp4lgiiefb0t#
qui la fait tant rechercher.
Il efl connu que les plus beaux béliers éc \àM
fupcrfine & les plus belles brebis des mêmes race,
nous viennent de Indes orientales» de BarbtfiCt
dTfpagne » & de tout pays où b lâioe a pljJi A
fuint que dans les bergeries iaisef^
La laine fèche fcroit ptu^ facile \ reinéfr , V
parc feroit ainfi plus avantageux aux artiftci war
nufnâurters ; mais la fueur efl in&pirmble ér h
Uine Âne C^ vivante. Ainû Ta votait! k OMiift *
p
^
I
PAR
en pbçant cet mîmd dans des climats chauds ^ & '
lui donnaiit un habit très-ëpais.
Au rcfte, le bélier à laine fine n'eftipais le feul
antioal de qui la robe foît en contradîâîon avec
la température du climat qu*il habite. La nature
forme les efpèces j les événemens en tranfplantent
quelques individus , & il fe forme de nouvelles
races.
De plus , les climats changent peut -être , & ce
S 11 nous piroii une erreur de la nature , n*eft
ors qu un effet néceff^aire de rimmutabilité des
principes phyfiques qui conflituent les êtres divers,
& iiac fuite des révolutions lentes & continuel-
les que notre globe éprouve , en viciUiiTant , par
les mouvemens de fon axe. Formés d'abord pour
ttn tel climat , les animaux peuvent ainfi fe trou-
Tcr dans un autre. Us doivent, en ces révolu-
fiuns infenfibleî, & perdre & gagner des avan-
tages.
On obferve en effet que la taille de ces ani-
naux augmente fouvent , & que leur laine s'a-
looge en allant du midi au nord dans de meil*
leurs pâturages , mais que leur laine perd toujours
un peu de fa fine (Te ; ce qui fembkroit annoncer
que , itialgrè qu'ils foienc répandus aujourd'hui fur
toute ta terre par les foins àc les befotns de Thom-
fne , ils ont été formés pour tes climats froids ,
nais avec une laine groffière j s*il efl vrai que Ten-
droit du globe où la taille d*une efpéce d'ani*
X&aux acquiert un plus grand développement,
loit le lieu de fon origne.
Quoi qu*il en foit , que tes bêtes à laine aient
ou niaient pas originairement habité des pays
firoids , quolqu elles foient du nombre des ani-
siaux qui peuvent vivre fous toutes les zones ,
avec quelques différences dans leur taille & dans
leur robe , j'ai lieu de penfer qu'un climat tem-
|>èfé efl celui qui maimenant leur convient le
Mieux 9 éc fi je ne nie point que le froid fortifie
leurs corps ( ce que je crois avec des reftriâions ) ,
oo ne peut pas conteffer que la chaleur adoucit
leur laine*
Vous pouvetUre dans le Diaionnaire d*hifloire
naturelle de M* de Baumare , que • plus les cli-
oiats font froids & peu herbeux « & plus les
moutons font couverts d'une laine roide, peu
m blanche , courte & mauvaîfe ; mais que plus tes
•• cUm;.ts font doux & les pâuirages abondans, 6c
m plus la laine des moutons & le poil des chèvres
• font fins 9 tendres* longs & de belle.qualité *
Ce qui prouve que les climats tempérés & les
ibb à herbe délicate font les plus propices à la
beauté de leur laine,
Tout ainfi me porte ï croire , je le répète ,
que leur cf|.èce , fuiguéc des diff^ércnces c|u*cllc a
épTOuvées dans les diverfes températures ou elle a
pa{ré,ptcfére aujourd'hui cette qui, fans doute, con-
vient le plus ^ beaucoup d*étfcs , la température
qui eu à une égale dlAunce des extrêmes , ou le
PAR
62-1
régne du printemps. Enfin il m'a femblé qu'il fal-
loit opter entre une laine fuperfine , & une race
de la plus grande tiille, parmi ces animaux bien
gouvernés ou totalement abandonnés a la na-
ture.
Ainfi , dans rimpoflîbilitè de faire jouir les bêtes
à laine de tous les avantages que les diHérent
climats pourroient leur procurer , )e me fuis décidé
pour la manière de les gouverner qui préfcntc
moins de rifques , & qui , fans altérer leur conf-
titution , permet à leur laine d'acquérir à-peu-prèi
toute la hneffe dont elle eft fufceptible, qualité
très-précieufe pour les riches dans toute fociétè
ou les arts & le luxe ont pénétré.
Mais > pourroit*on m*objcfter , n'ayons du
moins f à l'exemple des Anglois» que des appen*
tis , ou des hangiirs » ou des parcs portatifs Si cou*
verts. Je dirois alors que ce qui eff ufité en An-
gleterre > tile d'où la race des loups a été extirpée,
n*eft pas facile à exécuter en Bcrry , où ils fonr
très-communs , & que cette raifon fuffiroit feule
pour déterminer en faveur de la bergerie tout
propriétaire animé d'une fage inquiétude,
J'ajouterois que tous les appentis femblables aux
chenils ordinaires , avec une cour entourée de
murs , feroient auffi coûteux que la bergerie » &
que les brebis n'auroicnt pas I infime de s*y met-
tre à couvert. Je monircroîs que les appentis moins
fimples , foutenus de trois reurs , & fermés par
une large barrière obéilfTante , en place du qua-
trième mur , ne feroient ni plus aérés , ni plus fains
que mes bergeries.
Tobferverois que les parcs couverts 8c porta»
tifs font embarraflans » fujets à beaucoup de pe-
tites réparations ^ & peu défenfifs par eux-mêmes.
Je conviendrons que le hangar vaAe , placé au mi-
lieu d'une cour murée , fouienu par de forts po-
teaux , & entouré de barreaux très-hauts & de
réfiflance , tic que dèpaderoit de beaucoup un
toit de chaume fort épais, me paroîtroit le feul
abri préférable à tout autre, s*il n^entrainoit plus
de premières dèpenfes # plus de réparations de
la part des propriétaires en général peu riches , &
s'il ne demandoit plus de foins conAans , dont
les Colons du Berry font peu capables , & que
par- tout peut'étre on exigeroît eu valo des gens
de la campagne.
J'expoferois qu'un changement fi extrême , fut*il
praticable, ne pourroit s'opérer tout de fuite,
Bl que t dans tous les cas , il feroit falutaire pour
les brebis , que les propriétaires comrr.ençaffent
par leur faire habiter des bergeries faines.
Les Icâeurs qui auront tes Géorgiquesj)réfentef
à rcfprit , ne feront point furpris de me voir atra*
ché aux bergeries. Virgiic , véritablement agri-
culteur dans fon poème recommande, en beaux
vers détenir , durant Thiver , Ic^ brebis dans des
la
PAR
bcrgcrîcs (i). Il rapporte bien que les paAeurs de
Ta ride & brûlante Libic gardent leurs troupeaux
dans des déferts fans aucune retratce pendant des
mois entiers ; mais il ajoute que les bergers de
h Scythie & tous les peuples feptentrionaux ont
la bonne coutume de tenir leurs troupeaux ren-
tçj mes dans des éiables. Vanière donne fur cet
objet les mêmes préceptes que Virgile.
La bergerie faine a pour but de prèferver les
bcic& à laine de Tattaque de leurs ennemis , de
leur aifurcr une retraite où le doux printemps les
vivifie fans interruption , & de Amplifier les foins
<[\ion prend d'elles. Elle doit donc, fi tout ce aue
i'ai explique cl delTus efl vrai , paroître préférable
au parc en cette province , raffiner la laine fans
occafionner des maladies, effet très-commun des
bergeries mal faines , & entrer dans les vues d*é*
conomie & de commodité de tout bon agricul-
teur,
Je ne quitte point la qucftion. D'une part ,
ta commodité que le parcage des bêtes à laine
procure au colon n'eft que partiï^lle ; d'autre
part , le gain qu'il croit en retirer cA plus fpé-
cieux que réel. La litière mêlée avec les excré-
mens , augmente fùrcmcnt la quantiié des engrais.
Se probablement leur qualité,
Seroic il bien vrai que Tengrals naturel fut auffi
propice aux terres , dépofè par Tanimal fur les
jachères , que lorfqu'il a rcrmentè convenablement
étant raftemblé en un tas confidèrabk ? Son huile
& (çs fels , enveloppés dans la litière , ue fe
marient-ils pas avantagcufement cnfemble?
Se n'ai point dît qu'il n'y ait pas quelques
terres froides & humides» auxquolles le fumier
un peu chaud oc convienne ; cependant , pour ces
terres mêmes ^ je crois le fumier brûlant moins
bon que l'engrais refroidi jufqu'à un certain point.
Ce dernier , de plus , a l'avantage de pourrir avec
le temps les mauvaifes graines tombées du râte-
lier, 6t. de n'en point infefter les terres.
Le tems que vous perdez à iranfporter le fumier
cfl une des obje fiions prépondérantes contre la
bergerie ; mais il faut charrier les claies continuel-
lement du parc , à moins que le berger ne patque
de proche en proche , ce qui ne fe peut pas
toujours ; vous ne pouvez fumer les terres baifes
d*un domaine en y faifam parquer votre trou-
peau , fans IVxpofer aux maladies les plus dan-
gereufes ; la laine feroit endommagée furies terres
(0 Inclphns fiûkulh eifeo trt mattUnt hgr^âm
Catptrt otcf , dum mnx/randù/a rtiuihtif ajlat ;
Et ntuf^r iuramflipuïâ ffilUumqtie m^niplît
S:ernt* t fttbtf humum ^ gfaeifs ntfrîgiiia Ijtiiai
êiiflk ;^c#*nf 4 fi ûlfHmqut ferai , turpfffutpndagfOÉ»
V m G I L i.
PAR
glaîfcufes & argîleufes^tTès-cofflmtmes rmom oc
pourriez faire parquer votre troupeau * en toute
faifon , fur les terres labourées à raies profoodes;
& combien de terres qu'on laboure toujours de
cette manière en Berry , en Rourbonnois f
Comment mettre ^ Tété , à l'abri du foleil toi
bêtes à laine parquées , dans une provtace dè<
nuée de haies & de bocages , comme l'cft le Berry
en bien des cantons ? Quel embarras me prcfco-
teroit point la divifioa des agneaux , des agaellet ,
des béliers & des brebis dans un parc ^ ou corn*
bien de parcs dîfîérens ne faudroit-il pas l Cûflbè
bien de bcreers l quelle dépenfc 1
La féconde objcâioa conftdérable contre TuCaje
des bergeries, tient à la conilruâion & à b répa-
ration des bâtimcns à charge aux propriétaires»
On ne peut nier qu'il ne fat trèf -avantageux de
fupprimer ces dépcnfes ; toutefois elles font moin-
dres qu'on ne croiroit- Quelques greniers font oé*
ceffaires pour mettre du moins une partie du four-
rage k couvert ^ & le rcz-de-chaufféc fous ces erc*
niers devient une bergerie à peu de frais, Ccr-
lainement ce ne font ni les premières dépenfes,
ni les dèpeufes annuelles des réparations desber-
Jeries qui ont ruiné les anciens propriètiires m
ïerry.
Il fuît de cetexpofô ^ que la coutume de pirqncr
peut convenir à cenatnes bêtes à laine , en certait s
climats , dans certaines faifons , pour le temps àc
l'engrais , fur certains fols , & qu'elle peut être
très-hafardée fur d'autres fols, en d'autres climats
Se dans des hivers rigoureux.
Je regrette d'être en ceci d'un avis contnirc i
M. Daubenton ; il efl affligeant pour moi » qui fuis
Cl glorieux de m'être rencontré avec lui dans toos
les grands principes , de ne pouvoir , fans traJût
mon fenciment, placer fon parc domefliquc &
fon parc des champs , autant an^deflfus de met
bergeries faines , que je mets fes connoiitancesaii-
deflus des miennes* Je dèfsre que les ob|eâion
que j ai rhonneur de lui faire foient dignes it
mériter fon attention.
A tout ce que je viens d'expofcr en &vc«f
bergeries faines , j'aiouterai que le parc , folf
champs , foit domeOique , n'eft point entléreneot
exempt de ces exhaîaifons fubtiles » acres & pé*
nétrantcs , qui s'élèvent des lieux oii les bêtei I
laine demeurent renfermées t ni des maladies cof
tagleufes*
de
1
D'jdbord que tes brebîi , I courert fbui leurt to\n ,
fufqtt'ju priatcmi nouv^cau fe nourriflenc d*heibi^ ;
Qy*ync molle fougère Se qu*un cptîsfcuilb^
Sous kurt corps déUcacs ^ étendus par u itutn,
Eendeat leur lie moitts dur , tcur àff\c pltis 6ùi,
Traiuaian de M. tAhH ÙM LSttt*
PAR
On I vu régner en Normandie , dam un pire
es chimps » une maladie épidèmlque fi deftnic-
LVt, qu^elte cmportoit d\m feul troupeau une
ouzaine de moutons par femaine. On en attri-
bua la caufe à la mauvaife aiHète du parc fur d#s
rres trop humides , & à Ton trop long féjour fur
es près bas» 11 eft partout de mauvais bergers,
le parc il0 champs a le défaut de ne pouvoir
tre aufli-bien furveillé qu*une bergerie qui eft
ans Tenceinte de la ferme.
Dans mes bergeries , les vapeurs ne font guère
lus abondantes & plus adives que dans le parc
lomeftique , où les murs de la cour àc le toit
abri les concentrent du moins un peu , puif^ue
i parc des champs en plein air & entouré defim*
tes claies, fe fait fen tir d'affez loin.
J*ai lu quelque p:irt , que , pour bien juger de
fenfation du froid £c du chaud , il ne fumt pas
: confidèrer la température de L'atmofphère , mais
a*it faut encore avoir égard à fa pureté & à fon
iouvement. Or , dans mes bergeries aérées par
taatrc grandes fenêtres , qui font des e^éces de
^uffiets fans ccfle en aâion , fi Fair eft un peu
EOins pur & un peu plus chaud que dans le parc ,
eâ auiîi plus agité , & la fenfation que îes bétes
laine éprouvent dans ces divers lieux ^ doit être à
cu-près la même*
Il me femble au furplus qu'il ne faut pas fe per-
îiadcr que les bêtes à laine foient incommodées
le Todeur de leurs excrémens & de leurs excré-
tons , aufli fortement qu'elle nous incommode. Si
tur fenfibiiité à cet égard égaloit la nôtre,il y auroir
ïng-temsque leur tfpécc n exifteroit plus cnBerry.
La vralfemblance ne dit-elle pas que , pourvu
«e l*air fe renouvelle librement & continuelle-
îent dans la bergerie tenue avec propreté , les
►êtes à laine n'y font point malheureufes ? Je ne
>er<ls' pas plus de la vingtième partie de mes
l^neaux pendant leur nourriture » 6c je ne vois
lOint que les propriétaires des parcs en puiffent
ire autant.
Une autre raifon eft favorable aux bergeries.*
>n croit qu'on ne peut faire parquer utilement
ioins de cinquante bêces à bine , 6c je penfe-
Ois qu*ii faudroic en reunir au moins cent cin-
Dante en Berry pour fe dédommager amplement
c la dépenfe du berger. Combien de manoeuvres
m n'ont que vingt-cinq brebis t ils feroient obli-
i% de fe réunir fix pour former le parc. Cette
inion & cette confiance entière de fix pauvres
©lonsdans le même berger , font ce qu'on ne peut
Etendre généralement : mais tous peuvent avoir
ne bergerie faine , proportionnée au nombre de
rur troupeau.
Le parc ne regarde donc que les grands pro-
riécaireSf tandis que les bergeries faines peu-
ent appartenir au plus pauvre comme au plus
Iche, Ne feroit-il point à défirer que tous les
rojets d'agriculture fatisfilTent à peu-près le pau-
Te aiufi que te riche i Sans cela le pauvre ic
f A R
625
rebmt , il s*obftine , il nefait, m ne tente jamais
rien pour les progrès de fa fortune & de fon bon-
heur.
Ce qui , fans réplique , devroit décider pour
les parcs tK^ns propriétaires , feroit le pouvoir que
plufieurs pcifonnes aflurent qu'ils ont de raffiner
la laine. Four moi ^ je perfifte à croire que Tha-
bîtudâ de tenir jour & nuit les bêtes à laine cx-
pofées en plein air, peut bien fortitîer leur laine,
mais non pas la raffiner. Tout peut fe comparer.
Jugeons de la qucHlon par les obfervations que
Tefpèce humaine nous préfente. Voyons A Tépi-
derme & les cheveux de nos Citadins cafaniers
ne font pas plus doux , même fans apprêt , que
ceux de nos ruftiques laboureurs. Voyons fi le
poil du cheval fauvage eft aulTi fin que le poil dm
cheval que panfe un bon palefrenier.
La litière renouvelée à-propos « & les foins
affidus qu'on a des bergeries, font rétrille ^ le pei-
gne & rèp onge pour les bêtes à laine , & la doute
température de leur afyle entretient fur leur épir
derme une moiteur continuelle & abondante , qui
contribue à la douceur & à la âne{re de leur laine ,
puifque cette fueur douce eft une huile naturelle
de laquelle elle eft humcftée fans ceOè.
En fuppofant même » pour un moment , qut
la laine s'affinât à Tair , il ne devroit alors y avoir
que de la laine fine dans les pays froids « Ou les
bêtes k laine reftent jour Bi nuit en plein air de*
puis des fiècles ; ce qui eft bien élcigné des faits.
Si Ton rctorquoit Targument contre les bergeries»
je tépondrois que l'effet des bergeries faines ne
peut encore être aflez conftatc. Elles ne font éta-
blies qu'en peu d'endroits.
L'argument ne peut attaquer que les bergenos
mal tenues , & les extrêmes produifcnt }c$ mt-
mes eflêts : la chaleur fuffoquanie eft aufTi k re*
douter que le froid exceffif ; elle defséche le fàng
fïeu -à-peu , tk l'effet de la circulation trop accé-
érèe > eft de rendre Tépiderme ^ride. Ce o*cft
point feulement Taôion de h chalrur qui coh-
îribue à la fineflc de la laine de certaines racçs
dans les beaux climats , c'eft cette chaleur modi-
fiée par les vents tempàrés , par les douces rofées ,
par la fraîcheur reflaurante des nuits , par des
ombrages épais ; c'eft , en irn mot , l'influence Ah.
ciel entièrement favorable , (ou$ le<quel ceî races
de bêtes à laine vivent depuis une grande conti-
'niiité de fiècles.
D'ailleurs , ne nous le diflijhulons point dafi*
h diverfité de nos opinions ; il eft indubitable
que les divers climats ayant , depuis un temps
immémoriiàl , modifié cette efpêce y il y aura tou-
jours des races &i des individus de différente laine
que la température de leur afyle » les fi)ins , la
nourriture pourront bien améliorer , mais que le
crrtifemcnt renouvelé de races a feul le pouvoir
dechans;er tout*à-f:iir* *' '
Ce n*cft point par tiprîtlfe parti que faî adojrt*»
le fyftime des bergeries faines. Demain tourti
624
PAR
rai
mes bètcs à Ulne parqueroîent , û ]e cmyoU cette
caurume h meilleiire # fi je ne voyois qu'elle n'eft
même pas d^m U nature* Tous les êtres animés
craignent le froid extrême ÔC Textrcme chaleur,
A Pétersbourg, neuf mois delannce^ des poêles
trés-ardens réchauffent les maifons ; 1 Alexandrie ^
une chambre aërée , fans feu , e(l toujours Tha-
bltation des hommes. Les chevaux ^ les bœufs
livrés à cux-oicmes , cherchent les ombrages en
juillet , & les rayons du foleil en janvier. Ce
n'efl pas tour , les bèies à laine craignent princi-
palement rhumidiic.
On lit dans un mémoire fur la Rumination ,
robfervacion fui vante : t* Pài écarté les flocons
" de la loifon des bêtes à laine pour toucher leur
• peiu, jamais je ne Tai fentie mouillée » la laine
» ctoit toujours chaude & fèche autant qu^elle peut
« l'être y fur la longueur de prés d'un pouce au-
m deiTus de fa racine »• Une même obfervation
eut-elle avoir Lieu pour nos bêtes à lame brionnes,
qui n*ont à peine à iji tome qu'un pouce de hauteur
de laine f
L'humidité de la terre & de Tatr^ dans une
province couverte d'une immenfe quantité d'é-
tangs & de marais » & Therbe de leur pâturage
imprégnée trop fouvent de cette humidité, ne
produîrolcm-elles point ,dans lesbètesà laine, ces
vtficules d'eau , caufes Ti fréquentes de leur vie
languiiTance & de leur mort fubite î
On veut les rendre à la nature , mais ce R*eft
Us livrer qu'à fes excès : mais la nature conferve-
t*elle dans tous les climats également tout ce qu'elle
produit ? A Mon treuil , fur ce beau pécher efpalé ,
je vois édore mille charmantes fleurs» dont au-
cune ne fe nouera , s'il n eft revêtu d'un (ur abri.
Cet arbre , en plein vent dans la Perfe , auroit
autant de fruits que de fleurs.
Le climat heureux & les belles plaines de TAfie
font fans doute trés-propices à la multipUcarton
& à la fanté des bêtes à laine , Bc là le parc eft la
feule bergerie néceflaire. Les plaines du Berry &
fon climar om-ils les mêmes avantages i Ceft à
quoi fe réduit la que Aion.
l£ complément de mon opinion efl, que non-
feulement par rapport à la âneffe de la laine ,
mais encore pour la confervation des animaux
qui la portent » le degré de froid auquel on les
expofe rhiver , doit être proportionné à la bonté
de la nourriture qu'on leur donne.
Il fe pourroit qu en élevât des agneaux fur la
Î^lace avec fuccés » en les nourrifTant , alnfi que
eurs mères , de luzerne & d'avoine non battue ;
mais un payfan , qm à peine peut fcire fubfifler
fes brebis dans les hivers rigoureux , rifqueroit
trop de les ezpofer à toutes les injures de l air.
Ce font les alimensfeuls qui empêchent le mou-
Tement du fang de cclTer ; & nous ne voyons
Ïue trop fouvent parmi nous un homme indigent
t foible vaincu par le degré de froid auquel l'hom-
me qui ne manque de rien , fait rcûilcr.
PAR
Enfin » Je crois cp]*on fe trompera prefqtre tou-
jours en jugeant, par la robe d'un animal « de Ci
fenfibilité plus ou moins grande »ux divcrfcs trm*
pératures. Je penfe qu'on pourroit, en beaMCOM
de cif confiances , interpréter, tout autrement qu'on
ne f^ît , Tintention de la nature à cet égard. Si
un homme eft plus vêtu que le climat ne le coi»-
porte , ne dues- vous pas qu il eft Sicux , c*eiU*
dire, que fon épiderme eA foible ?
La bête à laine relTemble ï cet homme trop ràll
à vos yeux i fous la laine longue ^ elle a réelle*
ment la peau mtnce : un daim 6t un cerf, au con-
traire , ne vous donnent-ils point, fous un poil nx,
une peau trés-épaifle fie très-forte ? Ceft doDC k
peau , bien plutôt que la robe , qui prouve fi H
animal ell armé ou non contre le froid.
Si je me demande maintenant comment les hom*
mes font parvenus en agnculture à dev excès co&>
traires , je crois m'e xp tiquer ai nfi cette contradk-
don. Les animaux» dans i^etat de nature « oefo»
point fans abri«
Le< peuples chaHeurs en pourrotent rendie tt*
moignage* Les peuples paRcurs , n'ayant pooi
abri que des toits trés<ff agiles & très- bornés dan
leurs courfes vagabondes » furent les (.«remiers I
s*écarter de Tordre naturel, à gêner la liberté des
animaux , & à les obliger d'affronter , coocbéi
au-dehors de leurs teittes » toutes les ngtteur^ du
climats ou ils erroient.
L homme, devenu agriculteur, fe créa un qp-
micile permanent , & , par fiif été , par tmérèi , k
partagea , avec fes troupeaux. Sa mlfèrc fit fa né*
gligence firent bientôt un cloaque infeâc dcsétt*
blés ; & des hommes éclairés , révoltés de ce
afpefl dégoûtant , ne virent plm de remcde I
ce mal « que dans une extrémité toute Offott$»
OhfirViitlons fur dts bnhis tenuis i^mt toMmih m
plein air , dans des htrgerUs à clairts^v^its ,■ fà^
M* DE Heil,
Au mots de novembre tj66 , Je fenaat m
petit parc de 10 à 11 toifes carrées « entotiri k
paliffades» dans lequel je mis, te 11 dtt mèm
mois, Il brebis ordinaires du pays , dont !
efl petite. Elles n'en fortoient que pour ai
pâture avec le troupeau « & paffoient loytci la
nuits fous le ciel dans ce parc.
Elles mirent bas vers Noël : tous lears petài
moururent Pen fis part ï M, Daubenton : il m'ct»
horta « dans fa réponfe , à continuer mon erpè^
rience. L^exemple de plufieurs tfpdces de pJtm
vêtu beaucoup moins chaudement que les hrebis*
& le dèfir ardent de favoir fi je ne fcrok pal f^
heureux avec les agneaux , après que tes Mrci
auroient pafle toute Tannée fous le ciel « me fifOi
réA(ler aux lamentations du berger « de toute m
famille 6c de tous les habitans du tîeti. La t|
brebis re{\ércnt eii plein air ^ & Tcrs Voà éf
mm
I
PAR
fannie fuîvante, j'ctfi la fansfaûiondcvoîr naître
& de confervcr Ici agneaux dans la neige.
Ce fuccès m'engagea d*agrandlr le parc, Scde
le placer à côte de la principale rue du village
d^'Hufingen , ou je demeuroîs alors* Je ne le fer-
mai qu^avec des lattes dn côté de la rue » quoi-
qu elle fût au nord , pour le mettre fous les yeux
de tous les palans. Depuis cette époque , je aai
plus eu d*autre bercail y & toutes mes bétes à laine
Qm reftè expofécs à la pluie & à la neige durant
faute Tannée. Il n'y a voit dans tout le parc rien
de couvert que le râtelier oy la crèche * qui Tétoit
tvcc des planches , dans la largeur d'environ 2
pieds.
Pendant i J ou 14 ans que cette expérience a
duré , je n'ai pas perdu une feule bètc , ni eu de
malade. Je ne crois pas avoir obtenu plus de pe-
tits qu*à lordinaire; mais on trouvoit les agneaux
& les moutons beaucoup meilleurs que ceux ren-
fermés dans les établei*
J'ai fait faire , en ma préfence , l'anatom'e d'un
MODton de trois ans par le ileur Simon » Mi3e*
CiJi vétérinaire , & qui a reconnu Tanimal très-
ikin , ïte lui a trouvé dans la véficule du fiel
ijuc «rois vers plats , dont le nombre , fuivant
Louis Beglin , boucher , qui avoit tué ce mouton,
▼a quelquefois à plus de 60 dans une bètc du
n^me âge.
Quant à ta laine , je l'aï fait eiaminer par des
Fabrîcans de drip de B*fle & de Mulhiufen ,
<|ut OUI unanimement reconnu qu'elle étoit de
licaucoup fupèrièMre à celle des bétes élevées de
la mamére ordinaire du pays.
• Par la comparaifon que )*en ai faîte mol même,
î^î trouvé que les foies de mes loifons ètoient
fort liffcs; fi j'en tiroîs une entre les doigts , elle
gttflbit légèrement & rencîoit un petit fon c':air ;
nu lieu qu une fore des moutons élevés dans les
étables , rendoit un petit fon plus obfcur & cra*
quctoit fous les doigts.
La caufe de cette différence s'aperccvoii à la
vue fimple, auJÎi bien qu*au taA : on remarquoit
facilement que les foies des bétes étevées dans
les étables, étoient plus épaiilesque les miennes j
qu'elles étoient rabotcufcs.
La différence étoit frappante à la loupe : les
tniennes rciTcmbîcnt à ce verre capillaire dont on
ImU les aigrettes , tant elles étoient nettes & dia-
Iphmes : les autres étoient ternes & couvertes de
corps étrangers , que j'ai regardés comme une cf-
pèce de tartre ; même après les avoir fortement
lavées » on apcrcevoit des taches qui m'ont paru
être les places ou ce tartre étoit attaché.
Je n'ai pas eu l'attention de faire évaporer Teau
dtns laqudUe |'ai lavé ces laines.
Quant à U force , j*aî remarqué que ma laine
Ireroportoit de beaucoup fur Tautre. Voici comment
fC m'y fuis pris : j'ai arrêté des foies par un bout
AfU & Métiers^ Tmc K Paru Ih
,
I
PAR 62s
avec de la cire d'Efpagne à une règle fixce ho-
rifontalement ; j'ai attaché à l'autre cxtrémiié un
61 par tes deux bDUts > & formé un anneau auquel
j'ai fufpendu des clous âc des épingles recourbés
du coté de la pointe , & j'en ai ajouté jufqu à ce
que les foies fe foient caflTées. Je ne me rappelle
|>as la dlR'^rence de poids qui a caufé la caflure ;
je fais irès-bien qu'il en a fallu au moins un quart
de plus pour caUer les miennes , que pour caifer
les autres. Il m'a encore paru que les premières s'a-
longeotent plus que les fécondes avant leur caf«
furc ; ce qui efl un avantage particulier , en ce
qu^cIles font ébftiques , & conlequemment plus
propres à faire de bonne marcha ndife.
Il y a cinq ans que ces cffais , & beaucoup
d'autres fur l'économie rurale dont j'éiois occupé,
ont été initnompus, A mon retour en Alface ,
je n'ai vu d*autre changement dans le traitement
des bé!**s à laine ^ que ceux arrivés avant mon de-
part. M. le Comte de Mmtjoye • Seigneur d'H;r-
fingcn , au lieu de tenir durant la ntJit fon trou*
peau dans des étabîes prefque hermètique;nint »
ainG qu'on le pratique ordinairement en Aluce ,
a fait faire une bi^rgerie fermée avec des httes
des quatre côtés » & couverte d'un toit » de ma-
nière que tous les vents la traverfcnt , &. qu'clîe
n*eft à Fabri que de la pluie & en partie de Ja
neige.
Je fais que depu'ts ce temps*Ià , il n'a p!us eu de
maladie dans fa bergerie. Quant ï la laine , je n ai
pas été à portée de l'examiner.
D'un autre côté , M. î'Evèquc de Bafle a fait
faire dans fes bergeries à Becrol » prés de Porcn-
trui , des cheminées , crt^y^nt que l'air méphui-
que que refptrent les animaux qui font renfermés
« laifles pendant cinq à fix mois fur leur fumier,
s'évaporeroît par les tuy kux. Je doute que cette
précaution ait amélioré les laines âc U fanté de fcs
moutons*
Lettre fur une façon pankulihre i élever Us hrthU &
Us apieaux ; pur M. REGSAUD'LÀC^nDLTTZ ^
à Cédueur de U BibL PkyJicO'êcorwmiqtie*
Le choix du bon rend votre ouvrage précieux
aux artiftcs , au phyficien , au médecin fit à l'A-
griculteur ; c cft en cette dernière qualité que i*aî
rhonneur de vous communiquer • pour la rendre
publi^ife , une manière d'clcver les brebis & les
agneaux , qui , lom d'être oppofée à celle de M.
dlsjonval , peut parer à divers inconvémens qui
pourroient réfulter de cette édacation Je ne doute
point que la méthode d élever les bétes à Lûr^e e«
plein air , n'ait les avantages donr parle ce phitofo*
phe agriculteur, 6c qu'à ta longue elle ne fott adop-
tée dans toute les provinces de France* Je dis i la
longue , car la marche lente de HnoculaLion , par
exemple , annonce combien ditlicilement le peuple
quitte fes anciennes crreuiy.
Kkkk
626
PAR
ht Dauphifté produit p«a de foint , & il eft
reconnu que leur chené r^nd réducatîon ordinaire
des brebis plus a cha-^g* quà profit ; on répare
les troupeaux par des agneaux de Provence. Q^ant
à moi , les brebis us me caïuent pas ptus à nourrir
que les moutons ; elles ont aiïea de latt, & élè-
vent de très-bcîux agneaui qui réfiftent fac le-
ment à l*hiver qui fuit leur naifTance : YOici ma mé-
thode.
récarte le bé'îer de mon troupeau jurqu'au
comment?ment de novembre , temps auruel je le
mcle p.tmi mes *^rebis Pendant 1 hiver , peu épui-
fées par leur fé Ui , qui eft epxore d*un fort pciit
vol lime , ell s ne fonc nourries , ainfi q' e es mou-
tonij quavec de la paille &i des fetiilles de cbâne
en fagots.
Elles ont leurs agneaux dans le mois davril ;
cVft e^.vi oa huit jours avant 6c hiût j luts après
leur naiiTance » que Ton donne d^* U méLe a..x
mère. ; elle> font enf. i e gardics avec leurs Ag ^aut
djns les champ'^ de ré ervc ; 1 herbe , q i alors
comm:nce à fuilîie à ces beÂiaiuc , eft auiE leur
unique nourriture*
C'eft iu mois de m/i qu'il faut voir Le jet éton-
nant de ce, jjunes animaux, qui commencent à
paître 'herbe cendre , & épuifcnt plufieyrs fois
dans te pur des mimilles remplies d^ bit ; on
Ïés fépare de leurs mères au mois de juin , en ob-
iervant de ne pas entièrement faire traire les
farebs.
La portion de lait qui refte aux agneaux , fo
Srolorge plus long-tsmpi , & fait le plus grand
îen aux jcjnes nojrrilions ; ils font en ièrcmcnt
fevrés dans le mois d*août , 6l Ion fait traire les
brebis lout le mois d;: fepttmbre.
On diflingue au coup d œil Tagncau mâle de
Tagneau femelle ( au moins pour fefpèce qui eft
en Daupliiné ) ^ en ce que le mâle a ordinaire-
ment la \êtc armée de co nés : il paiTe pour cer*
tain en ces pays » quil p'rit beaucoup plus d*a-
gneaux mâles que dt femi^les dans lliivcr qui &it
leur naiflTance.
On en d4>nne cette raifon : les cornes des
agneaux croiffent jufqu'à ce qu ils foient coupés ;
elles font extrêmement tendres dans la partie
croiiTiDte » cVft-àdire » près de la téie |
PAR
leurs bouries oirent encore au firoid ooe
Êattie très- délicate , de force que Ton penfe, en
buphiné , qu*on ne doit pas expofer les agneaux
miles aux frima rs , qu*on doit au contraire les
tenir dans des réduits chauds.
Je pare à cet inconvénient , en faifant couper
les miens avant Thiver ; au moyen de quoi ils oe
s'èchauffect p^s auprès de leurs femelles , ne fe
j'oguent point ^ ne maigriffent pas , & réfiflcnt
fiCilemenc aux grands troîds ; ils ne pértflcm ni
pjr leurs cornes ^qui dés-lors fe duiciflcnf , ni par
leurs bourfes qui font vides.
Selon la manière ufités en Dauphinè & dans
les provinces voifînes » d'élever les brebis « clks
mettent bas dans les mois de décembre & de jan-
vier f de quelle quantité de foins ne doivent pas
être pourvus les âgricukeurs qui veulent élever
un cerrain nomJ>re de brebis qui confervent leur
iaine & leur lait ? Quelle confommartoo ne font*
elles pAS» & les agneaux eux-mêmes i II n y a
pas à balancer; il eA beaucoup plus avantageux
de fe procurer des agneaux par U voie de Ta-
chât,
£n fuîvant la méthode que f*tndlqiie » il n*dl
guère plus coûteux d'hiverner des brebis que dtî
moutons : elles font hors de Thiver avant falii-
ttment i ik ce n'eft qu'alors , cell-àdirc, dass
le temps qu'elles alait-'nt , qu^cîlcs maigriiTcnt»
perdent leur laine , lorfqu elUs ne font ^.as aboo»
darnment nourrits. Les miennes arrivent au moif
d^ mai avant aucun épuifement; & à cette épo-
que elles trouvent au-dehnrs de quoi fuffire à
lem- propre nourrituie Sl à ralaiiement.
Cette manière d*èlever les brebis a donc b
nombreux avantages détre moins dilpcndicufc
pour leur nouiriture , & celle des agneaux ^ ccui*
ci ne faifant aucune dépenfe la première année i
d'en poirvoir conCéquemment élever une plus
grande quantité, de procurer plus de tait , pIn
de laine , de fouiïraire les agneaux naiâans lui
rigueurs de î hiver , & de leur faire fupponcf
fins crainte celles de Thiver fuivaut. Les borna
d'une lettre ne me permettent pas de m'éfend/f
longuement fur ces divers faits ; ils feront fedli-
m:;nt compris par les agriculteurs, D^^llcun ,
cctie méthode peut très-bien s^accordex avcccek
de M. d'isjonval-
VOCABULAIRE.
DERGinrE ; endroit fermé pour retirer les mou-
tons à Tabri des iN)UFes de Pair , & les garantir
des snim-îux carnaciers,
CABANE Di; BimGE£L i elle doit erre légère » &
poféc fwr des roues , pour être d un iranfport
facile.
Claies ; ce fotit des baguettes de coudrier ou
4c tout ï\iue boid léger & ûeiibîe ^ de 4 à }
pieds de haut , entrelacées entre ét^ montani •
peu plus élevés , powr clore un parc , ou uitf <^
Ceinte qui doit renfermer un rroupeati^
Crossxs j on ai- pelle ainft des bâtons de Wl
à neuf pieds de longueur , don^ oa fe (en f^
foute nir les ckies du parc*
FuMUAE ; c'eft l'engrais produit pfwr la Wi*
k laine /cafeiiD^cs dans tm parc»
fAR
HAHGAm; c*eft un efpace de terratallbre , feule-
iVKtit abrité psr un toit, où les troupeaux peuvent
& retirer pour fe garantir de la pluie , de la neige ,
ém Tent , & oiéme du froid.
* Paac; c'eil un tfeace dr terrain , datis un
champ clrconfcrit par clés claies.
Parc domestique ; enclos fermé de murs ,
cik te troupeau peut être jour & nuit à Fair , mais
ganuui du loup*
1^ A R
617
Parc dOVRLe ; c'eft un parc ou un ofpace
de champ fermé par des claus , à c6té d'une
autre pareille enceinte.
Parcage ; c'eft Tau de faice parquer les mou«
tons à Tair libre « dans une enceinte de claies.
Parquer en blanc ; c^eft placer les chiens ;
gardiens d'un trcmpeau , de manière qu'ils con-
tiennent les moutons dans fefpace defllné mi
parç«
Kkkkîl
PARFAISEUR
DE PEIGNES DE CANNE, D' ACIER ETAUTR
POUR LES ETOFFES.
Art du P
N.
_ 1 o u s allons réunir dans cet article les procé-
dés de l'art da F^igntr ^ autrement du partaifeur
de peigne» , tant de canne , que d*acier 6c autres ,
pour le fcrvicc des fabriques d*étofFes. Il en a
été donné une defcriprion fom maire , avec des
obfervations, dans le tome L du traité des Ma-
nufaftures , par M. Reland de la Platiére i mais
ce favant académicien n'a pas cru devoir entrer
dans tous les détails mécaniques de la fabrica-
tion de ces peignes , s'attachant de préférence à
faire connoitreîeur ufage & leur em^ploî.
Cependant, comme c'eft un objet important
que M, Paulet , deirmateur& fabricant en étoffes
de foie de la ville deNismes^ a publié & décrit
d'après foo expérience , avec autant de connoif-
fance que de recherches & de foins , nous avons
cru néceffaire de profiter de Tes lumières & de
fon travail déjà confignè dans le recueil de Neu-
châtel,pour en enrichir notre dictionnaire, où cet
art du relouer doit auflî prendre fon rang.
L'uiienfiîe dont il eft queftlon , eft connu
dans les différentes manufaâures où il eft en
ufage , fous différentes dénominations- Les dra-
piers rappellent communémeot rot , pluGeurs étof-
iîers le nomment r^itiîet ; mais le plus grand nom-
bre , comme fabricans en étoffes de foie , tiffe-
rans, rubaniers , gaiiers , galoniiîerSj &c. lui ont
confkrvé le nom de peigne. On avra aitemlonde
ne fe fervir , dans le cours de cet art , que du
terme de pàgn€ » fous lequel les leâcurs doivent
comprendre les deux autres dont on vient de par-
ler, comme étant trois fynonymes qui préfcntent
la même idée.
Ctfl au moyen de cet uflenfilej qu^on con-
ftrve Tordre que doivent garder entre eux ks fils
de li chaîne , & qu*on vient à bout de placer cha-
que duite de la trame dans La pofitlon oîi elle
doit être : ce font les Hffes qui confervent la lar-
geur qu'occupe la chaîne fuivant celle de Tétoffe ;
mais le peigne » en méme^ temps qu'il lie la trame
avec la chaîne , détermine irrévQcabknaieiit la
eignen
largeur de Tétoffe ; en un mot , c*eft lui qui , pi».
prement parlant , fabrique 1 étoffe; & tous les au-
tres font des acceffoires Lndifpenfables , à la vérité;
mats c'eft en quelque forte de la perfeâion du
peigne que dépend ablblument celle de Tétoffe,
On peut affurer que de tous les uftenfilcs (pu
font en ufage dans la fabrique des étoffes en |é»
néral , le peigne çÛ fans contredit celui qui exige
te plus de ft&ins pour être confirutt comme il
faut.
La forme qu*on donne aux peignes , pour gucl-
que genre de tiffu qu*dn les de Ai ne , eft touj^ran
la même ; mais ils varie/it dans leur grandeur »
dans leur conflruâi on &daos le nombre dedenti»
Cette variété n*a pas feulement lieu dans lei
différentes étoffes auxquelles on les emploie ,
mais dans une feule ^ les largeurs èraot très-dif*
férentes les unes des autres ; enforte que tclll
étoffe dont le peigne, fur une largeur de dix-buii
pouces, contient huit cents denrs , pourrotr, sur
une même largeur, être fabriquée par un qui c*
contint jufqu à neuf cents ou mille, "
On doit compter parmi les ans auxquels ces
gf^s foni utiles, i**, les tifferands : on comprend f<
ce nom les fabricant di' toiles de îin & de cotoi
de mouffeliues , linons , batiiles , &c. %*, Les
bricansde draps , qui comprennent toutes les éi .,
fes de laine, les pannes, &Lc. y. Les rubanîcrtL.
qui ne font qu un feul & même corps avec Id
pafTem entiers 6l les galon mers , & autres parties
du tîffage, 4^. Les gaxiers , qui fabriquent b
gazes , uiarlis , crêpes , toiles de crin pour les
tamis, toiles d'or, d'argent , &c. Et enfin k fa-
bricant d*étoffes de foie , qui lui feui fabrique plm
de deux cents genres.
Il efl aifé de juger , par ce détail , de la variéti
que le peigner eft obligé de mettre dans la fibti'
3ue du même uftenAle , puifqu'on remploie à tut
*ufages.
Il n'cA pas poffible de détailler touicf IcsUr*
P» A R
geufs que chacun des genres exige pour le peigne ; \
aiûfi que tous les comptes des dents dont on le
compofc. On choifira trois ou quatre eKemples
des plus difficiles , pour cclaircir ce qvi en fera dit
lar la faite : Ql quoique ces etemples Soient pris
ur les peignes des étoffes de foie , ils n'en feront
)» moins applicables a toutes ks au.res ; puifque
a régularité U la perfeâioa qu'ils exigent , n^ pcu-
Vitnt que contribuer à en faire fcntir les difficultés.
Malgré TénumératioB qu*on vient de faire de
Tufagc auquel on emploie les peignes , il efl à-
propos de favoir qu'il n y en a , à proprement
parier » que de fix efpèces , qu'on diAtngue tant
par la matière dont on les compofc , que par la
Siamére dont on les conflruit.
Un peigne efi une cfpéce de râteau pareil à
ceux dont le plieur de cnaines pour les étoffes de
(ùit (c Ctn,
Son ufagc eft de ferrer les duites de la trame
les unes contre les autres à^mefure qu*oQ les phce
dans les croifemens que le mouvement qu'on
donne à la chaîne ?u moyen des lifles , préfente
fans ceiTc. Ceil en appuyant plus ou moins fort
ce peigne contrs Tétofle , qu'elle acquiert plus ou
moins de force & de roideur ; mais ce n'eA pas
ici le lieu d'entrer dans ces détails. Il y a (ix fones
die peignes, qui font , i\ les peienes de canne ;
a*, ceujc de rofeau ; 3**. ceux d'ivoire ou d*os ;
4*, ceux de cuivre ; y. ceux d'acier liés *, & enfin
ceux d'acier fondu*
Les peignes de canne font ceux dont les dents
font faites :ivec de la canne ; de même que ceux
«Ti voire , d'os , de cuivre , d'acier , font ceux dont
les dents font faites avec de Tivoire , de Fos , du
CQÎvre ou de Tacier.
Les peignes qu'on nomme £achr fondu ^ font
ceux donc les dents font d'acier comme aux pré-
cèdens » mais ou ce^ dents font retenues dans
lieux tringles de métal qui fe jettent en moule»
Ces deux tringles fe nomment en terme de ma-
jïutaâure coromlUs on jumcIUs,
Tous les ouvriers qui fe fervent de peignes ,
cuvent fe fervir de Cv*s fix cfpice^ în<]ii'é!*cm-
mcDf ; mais comme chaque talent a 0:% uia<;es ,
& chaque profcÛion fes outils particuliers , il eft
mStz ordinaire de voir les galonniers ou ruba-
1ers employer des peignes d'ivoVre & de cuivre,
ru certaines fwrtiesde leur fabrique feulement,
ceux d'acier ou de canne pour tous les autres
ouvrages « ainfi que les autres ouvriers en tiifus.
La canne eft li matière dont on a le plus an*
ciennemeni f^it des peignes ; on n'imagina de les
lâîre en ackt , que parce que les dents des lifié^^
rcs « quoique pic; fortes , mais toujours de caune,
pilotent vhii facikyaeot que celles du coqis du
petgtkc. O^ avoit dés-lor« pris le foiti , i^ni fub-
ûAc eucore , de le^ fairg «.u fer ; & ccmmï on
#VA apen^a que ce mctal réutTufoit très*blca ,
les iabrîcans ne tardèrent pas à fubftitucrks oefits
fer à celles de caujie.
PAR
629
Il ny a pas long-temps qu^on a Imaginé en
Angleterre de faire les corondks des peignes avec <
une matière femblable à celle dont on fait les I
caraélércs d'imprimerie. Cette invention ingé^l
nieiïfe eft remplie de difficultés pour rcuffir commç
il faut , attendu qu'on a befoin pour cela d*ua ^
moule dans lequel on arrange les dents d^acierdan^
un ordre bien précis , après quoi oh les fixe en y
coulant la matière qui en forme la monture ; mais ^
dans le refle de l'Europe on monte ka peignes I
d*ac!er comme ceux de rofeau , de canne >dV
voire , &c*
Des fitgnis en genérah
Le peigne eft une cfpèce de râteau , au tra« j
vers des dents duquel paHent tous les fils d*uneJ
chaîne , & qui conferve leur pofition refpeâivc m
c'eft lui qui fixe la largeur de Tétoffe, I
Les dents qui le compofent font placées lc#|
unes à côté des autres fur une même ligne , entrçj
quatre tringles qu*on nomm^ jumtiUs ou c^roneU
les , & retenues dans un écartement parfaitement
égal fit déterminé # au moyen d'un fil de Un enfl
duit de poit , qu'on nomme llgneul^ pareil à celui
dont fe fervent les cordonniers.
Ce n*eft pas aiTez pour la folidité d*un peigne
d^avoir arrêté toutes fes dents Tune après Tautre
haut & bas entre les jumelles , il faut encore
garantir les extrémités contre la pointe de fer
dont eft armée une navette « qui endommageroit
conltdérablement les premières dents , lorfque
Touvricr lance cette navette de droite à gauUie
fit de gauche à droite.
On a pour cet effet imaginé deux montons
qu'on nomme ^dfirj , qui , en mhmc temps qu'elles
préfervent les dent* , contribuent enccwe à la fo-
iiâité du peigne ; la hauteur de ces gardes détermi-
ne celle du peigne , en même temps qu'elles fer-
vent à fa confervstion.
Ces gardes font faites de canne', de ho\9 ^ d'os y
d'ivoire , fie quelquefois de laiton ou de bronze.
Il eft arfé de fentir que la matière h plus dure
eft toujours la mcUleurc » quoiqu'elle n'influe en
rien fur la bonté intrlnféque du pei£ne; il fuffit
que les gardes foieni bien faites , égales entre
elles, fi: fur-iout qu'elles foîent placées bien d'é*
querrc avec k jumelle , Se folldement arrêtées ço
leur place.
Comme il eft à -propos d'ivitcr que !a navette
ne frappe contre ï^% deux bouts du peigne , on a
t5ché de donner a ces gardes une forme extérieure
qui ^\xi rcmèéttr i cet in':« t. C'cft p- ur-
c|UȔ on leur donne i'arrc' i;t d*un grand
cercle, ^
Quelques ouvriers donnent aux deux gaides
mifes en rrlacc , la fo^me o^ogone . dont les dtux
fjices prînti pales fLiiit plusbrges qi:c les fix au-
tft\ Mau lette f^irme eft abfjlu^ient défcc*
4 luciift \}\%Mftt cÙQQtt leur donnent uut fori
630
PAR
elliptique ; mats la première e& fans contre-
dit préférable.
Il eft vrai qu'il y a plus à craindre que le bout de
la naveiie , quoiqu'il lott d'acier , ne s^émoufle con-
tre les gardes du peigne , que quand elles font
ë'une matière fort dure, comme de cuivre , d*a-
cier ou de bronze ; mais i\ l'on préfère de les
faire de canne» d*05 ou d'ivoire, elles feront elles-
mêmes endommagées par la pointe de la navette »
& en peu de temps les premières dents de chaque
côté du peigne ne manqueront pas d*etre atta-
quées : aulii femble-t-ii que le nom de gardes ,
qu on a donné à ces deux picces , leur vient
de remploi qu'elles ont de garder ou préferver
les dents.
Lorfqii*on veut abfolument faire tes gardes avec
de la canne ,iî eft certain que les faces extérieu-
res arrondies fe trouvent tout naturellement far
cette canne ; & alor^ , pour L avoir plus dure ^
on doit prendre les tuyaux du bas , parce qu^ils
ont plus de corps ; mais on ne fauroit dans ce
cas leur donner une forme plus avantageufe que
celle où la partie ronde de la canne fe trouve
en-dehors pour rejeter la navette lorfque Tou-
Vrier la lance mal- adroitement.
Plufieurs peigners ont rhabitude de faire les
jumelles avec de la canne , comme les dents mê-
mes; & pour cela ils ont foin de la refendre, de
runir,8£ de tenir ces jumeUes d'une égale épaif-
feur dans toute leur longueur. Quelque fom qu'on
y appone , les nœuds dont la canne efl remplie
ie diftance en diftance, ne permettent pas qu on
les dreffe comme il convient.
Le bots eft préférable à plufieurs égards ; il
eft fiifceptible de fe drefler parfaitement ; Ql avec
de Tattention on peut lui donner une égalité d'é-
paifleur à laquelle on ne parvient prefque jamais
avec de 11 canne: d'ailleurs, k tigneul fe trouve
bien plus fixe lorfque ces ju nielles font bien
dreffées*
La largeur des dents dont un peigne e(l com-
pofé » doit être parfaitement égale j mais la grande
difficulté conftfte à leur donner une égale épaif-
fcur : chacune de ces lames eft fi mince, que le
moindre coup les réduit à rien , fi Vom n*y porte
la plus grande attention , fur-tout lorfqu*on les
fait de c^nne.
Quant à leur longueur , on n'oft pas obligé de
fuivre précifémeni celle qu'elles doivent avoir
foivant le peigne : on les tient toujours un peu
plus longues ; & quand le peigne eft fini , on les
rogne à une égale hauteur.
Pour applaair les difficultés & faciliter lesopè*
niions, on a imaginé plufieurs outils ^ tant pour
ks jumelles & les gardes , que pour les d^nts.
On fe fcrt aufli d'un métier pour monter le
peigne » lorfque toutes fcs parties font pré-
I^ar^es, & pour les arrêter commodément avec
^ligneuU
PAR
Manlèif de fulrt Us jumJliit
L^rfqu'on fait les Jumelles avec du bois 9 o«ift
fert ordinairement de bois de hérre , parce quH
eft très- liant , que fes fi >res (om courtes & fe$
porres ferrés , ce qui lui donne de lé'.aftkité
en mèm^-temps qi$e de la conHilince. Il faji
croife qMe Texpéri^nce a dhcrmitté les ouvrkn
à fe fervir de ce bois par prèfcrcoce , aprèi ei
avoir effayê plufieurs autres.
Les jumt^lks des peignes pour les étoffes ée
foie n'ont guère plus de deux lignes & demie «l'è*
paiiïeur, fur trois ou trois & démit de Urgeitf.
Quant à leur longueur , c'eft celle cpi*oci veuf
donner au peigne , comme trois ou quatre piedf .
& quelquefois davantage ; mais cette longueir
n'eft pas celle dont il faut les f^lre d'abord ' on 1
coutume , pour la facilité du travail » de W
donner environ un pied de plus qu'il ne faut*
Le c5té des jumelles qui doit appuyer furb
rangée à^s dents , doit être aplati & bien drdB «
& le côté extérieur eft arrondi*
n y a quelques peigners qui îont eux-mêmes Isi
jumelles , mais la plupart les font faire par à»
menuifierl. Auftl font-elles fouvent mieux taiteSp
parce que ces ouvriers ont plus d'habitude detrir
vailler le bois , & font plus en état de iuger é(
celui qui ell le plus convenable à cet ufage.
Voici comment on doit 5*y prendre. On dfe&
?|uatre règles de bois > chacune fur leurs posent
aces , puis les pofant à plat fur un ètmbti , M
abat les angles fur une face ; & enfin on arroo^
cette face avec un rabot dont le fer foit d'«t«
courbure convenable «6c qu*on nonune , en tertae
de menuferie m:tucheiu*
Lorfque les peigners font les jumellef avccJt
la canne , iU n ont pas recoun au travail du A^
nuifier , parce que cette manerc m par-«l4:bcn I
peu*prés la forme rcquifc. Elle prèf^nte une fv
face unie , interrompue par des nceuds ^ ÔL id
à les aplanir que le peigner doit s occuper ifi^
tout.
Il faut bien fe donner de garde d'entamer
furface qui eft très-dure ; & lorfqu*on apUnti
nœuds , qui ne font autre chofc que les aitTellcs
feuiiies de cette plante , on doit ne toucher
nœud , & même quelques ouvrivvs négbj
ter ces inégalités , mais cela ne porte
aucun préjudice fenfible.
Luf;ige des peignes , dont toutei Xef
font faites de canne , eft plus univerfeUemeoît
dans le Languedoc , la Provence » le eoniAlVi
nntifin , & dans les provinces méridiooilfii t
ks cannes naiiï^ent en abondance.
On a dans ces endroits la facilité de ebotfir
cannes les plus droites , aînû que Ic^ |ihu
fes , & celles oii les nœuds (ont te plt» '
les uns des autres , pour en faire les fum
celles enfin qui» par leur pasfaitc vi4cantà»0iil
PAR
p1tt< gntnde confiftance , qui les rend propret
à être acnlncie^ pour tarincr les dents.
Pour (d\tc CCS fumeilc^ 4e canne , rouvrter
Cottpe une tige à peu * prés à U longueur convc-
ni-ble ; pu^s fuyant refendue en quatre pirtics
è^les , il les y trouve toutes quatre ; par ce
moyen tes noeuds fe rencontrant au màcne endroit à
diaque couple , on lA a0uréque le ligneul embraf
^<ra parCuum.nt chaque dent , (k les tiendra plus
éfplcm:;itx ferrées ^uc fi les nœuds de dilFérenies
tiges fe trouvoicnt dans divers endroits de leur
longueur.
La précaution recommandée ici neft pas auffi
indiffèreniL' à la bonne conAru^ion qu'on pourroit
\t penfer , il pourroits*tnfuivre une inégalité dans
VècartciTicnt des dcnis , & de- là une très-grande
dckâu^fné dans réïoflfe : car, pour te dire en
fêSêHî. f de quelle sutre fource procèdent ces dé*
nais qu m volt zfC^ z fou vent fur la longueur d'une
étoffe t finon de la mai-façon du peigne qui règle
la iKitition refpe five de tous tes fils de la chaîne ?
Lorfqu^on a fvnia en quatre parties égales une
ûg' de cabine , on les aife Tune après l'autre
tlaas une cfpèce de filière , pour les mettre d e-
gale largeur ; après quoi on le^ rend le plus unies
quM cït pQlfible , fur la face intérieure de la canne ,
les palfant dans une autre iîliè e , afin qu'elles
f par-tout d'une éga^e èpaiifeur.
>ici co/nm nt (ont or Im^îrement faites ces
ièrcs. Dans une pièce de bois eft folidt;mcnt
;ie la Um^ d*un ratoir , viw vis d'un morceau
fer ^ dont Técartement avec la ianne détermine
aîHeur de la jumelle , en le rapprochant à
ïomh par le moyen d*iine vh*
^Ix>rfqu*un dégro bi les fa^nelle^ | on a Coin de
jr fur l'un 3c l'autre feo^pUis écaitées ces deuît
ces t & lorf ^uM ne *>*agit plus que de les linir ,
arrête la vis au point le plus convenable.
Si la différence de la largeur qu'il convient de
rfiner aiu Jumelles efl trop grande par rapport
^cur épaitTcitr pour qu*une feule filière puiiTe
r 1 un Si Wiïtrc effet , on peut en avoir deux ,
Tune fervin pour la largeur , & Tautre pour
iffeur ; mais comme Tune (k Taut-^e de ces
nfion^i peuvent varier conTidérablement , il eft
à propos de pUcer à chienne de ces filières
iiM'rccau de fer qui , avançant Sl reculant i
méau moyen d'une vis aiTure invariablement
rgeurou rèp;*UTcur.
Comme le tirage de U canne à la filière ne fau-
(ç faire fans quc^ucs ifForts , on réferve au
d« U pièce de bois dont on la forme « un fort
non carré, au moyen duquel on la place dans
le des monaifcs pratiquées fur la table , dont
allons nows entretenir,
eft aifè dcfentir que le moyen le plus fimple
ir ei» jèclîcrquc cette table & ta filière ne vacîl«
aoi eff^ufs mufiiphésqu*on leur fait éprouver ,
U faire fort lourde & fort fotidc : auliî a*t-on
Bede prendre pour cela un jnotceau de boit
R 631
carri en furface , jk dont Tépaiffcur lui doone de
raiTicrtc.
On le monte fur quatre pieds entres à force dans
des trous pratiqués vers les quatrc^^les» & fur
cette table on perce différentes tnortaifes pour re-
cevoir le tenon de la filière qui doit y entrer j»iile:
par ce moyen l'ouvrier peut , pour plus grande
commodité, la changer de place , & même avec
une féconde filière ,ua autre ouvrier peut travailler
à la même table*
La grandeur qu^on doit donner à cette tabk peut
varier fuivant l'idée des ouvriers ; mais ordinaire-
menr elles ont deux pieds & demi de long , fur,
dix-huit à vingt pouces de large ; & étant niontée
(m fes quatre pieds , elle doit avoir par*deffus
deux pieds deux pouces: ce qui , avec environ
dix pouces qu'on donne aux filières » fait une
élévation totale de trois pieds.
Cette hauteur eft fuffifante pour qu*un ouvrier
puîiTe pa^Tcr , les jumelles iunt debout , pour plus
de coxnjnodité.
Manière Ji/airt Us gardes,
Lorfqu*on les fait de boîs , il eft à propos de Tes
faire toutes deux à un même morcevu , pour
qu'elles foient plus parfaitement femblables , &
pour pouvoir les couper fans crainte «on les tient
un peu plus longues ; de manière que lorfqu'oQ
a marqué fur cène pièce la longueur exafte des
4eux girdes , on les coupe , & on fait tes
i^iatrc tenons un peu plus longs qu'il ne faur-
II faut avoir grande attention de donner aux
tenons lépaifiTeur fuffifante pour que les jumelies
putlTem contenir les dents fans ballotter ; ainfi
cette épaiffeur doit être égale à U largeur d^
dents, , . •:.., 1 . , • . . .
H &ùe anflî que le corps des gafies contena
entre les deux tenons foît parfahèmént ég,il , &
art la hauteur qu'on veut donner de foule au pei-
gne , car ce font ces ganles qui la déterminent ;
& lorfque le peigne eft achevé , les dents excè-
dent d'environ une ligne au-delfus des jumelles
pour retenir chaque tour de ligneuL
Les gardes quon fait avec de la canne doîvem
être faites à peu - près comme celles de bois , fi ce
n*cft qu'on ne touche pointa la partie polie de la
canne , & qu'on a foin de les choifir entre deux
nceuds ; 6u refte il eft ï propos de les prendre
auflî toutes deux au même morceau , refendu
en plufieurs parties égales.
On y forme les tenons comme on vient de le
voir , mais ils ne font pas auffi faciles à faire
qu'aux gardes en bois.
Il faut choifir des morceaux de canne gros Se
épais , entamer la y^ruc polie qu'on met en-dchoïs
du peigne , Ôr y pratiquer un tenon , tant (ur la
partie convexe que fur la partie concave , hn%
quoi on ne pourroir fixer folidcment les dcu*
iumelles à un écactemeot convenable.
6xz
PAR
Les gardes <ros[ôu d'ivoire font faites de la même f
manière que les précédentes ; on fe fert , pour les
travailler , dç râpes à bois ou de limes , dotn les
dents foient^ild peu fortes : fi Içs os font aftez
longs pour ^on puiffc trouver les deux gardes
Tune au bout de Tautre , il c(\ k propos de les faire
ainil y elles en font toujours mieux traitées*
Les pcrfonnes qui ont quelque ufagc du travail
des mains, favent par eupèrience qu'une pièce «n
peu longue fe façonne plus aifcm^nt qu'une courte ,
& qu'il n'eft prefque pas poflîble de (aire féparè-
ment deux pièces parfaitement femblables.
LorfquVllcs font finies , on les coupe , & on
fait les tenons.
Les gardes de htton ou de bronze fe J4;cent en
moule dans du fable « comme toutes les pièces
de fonte ; mais il cft peu d*ouvrters qui puifTcnt
faire eux-mêmes ce travail ; alnfi Ton fait faire un
modèle en bois comme on veut qu'elles foient ,
ayant foin de le tenir un peu plus fort, parce q^e
la croûte que forme le fable , & qu'il faut ôter à
la lime, duntnuerolt trop ces pièces , fi Ton n'y
av;ttt pourvu d*avance.
On le donne au fondeur , ijui fouvent même
étant pourvu des uftenfiles n^îceilaires pour travailler
le métal , tels qu'un étau Si des limes de toute
éfpéce , peut mieux que le peigner la finir comme
tt convi-jnt ; mais dans ce cas on lui donne un
(ccond modèle de bois, dont les dîmenfions foient
jiiftrs, & il n'a qu'à fc régler dedus.
• H faut que ces gardes fuient polies fur le devant ,
pour diminuer les frottement qu'y éprouveroit fans
cela b pointe de la navette.
MdfiUn de cou fer Us cannes a la îongumr que Us
dents doivent iit^oir pour monter Us peignes*
Dans les villes voifmes des endroits où Ton cul*
tîve les cannes , on les vend aux' peîgners cou-
vertes de leurs feuilles; elles fe confervcnt mieux
dans cet état que fi elles en étoient dépouillées.
Quand on veut choifir les tuyaux propres à faire
des dents , on a foin de les effeuiller d'aibord & de
les bien racler & p^Iir , pour les jnetxre en état
de fervir.
Mais quelque befoîn cju'on ait de eannes , on
ne les dépouille jamais de leurs feuilles qu'un an
après avoir été coupées fur pied ; 6c quoiqu'on
les cueille fuffifammcnt mûres , il leur faut cet
intervalle ponr les bien fecher , & leur procurer la
conftftance & la dureté qu'on leur voir.
Pendant qu'elles font en magafin , il faut les
préfervcr de toute humidité ; car fi Técorce avoic
fouffert la moindre atteinte de moififfure » elles ne
pourroient plus fervir à faire des dents de pei-
gne.
Pour àter les feuilles de deffus les cannes , on
commence par les arracher avec les mains le plus
quM cfl poffiblc , ce qui eft affcz facile ; puis avec
luî couteau l'on coupe tou: ce qui tient davantage
PAR
aux nœuds qui féparenc ks tuyaux dont la ciiiae
femble être compofée comme d*auranc de bouts*
£niin , on coupe chaque canne en deux fur û
longueur, faifant attention de feparer le coté k
plus mince du plus gros ; car la moifii %^crs le
pied e/l d'une bonne groffeur, 8c l'autre cft oré-
nalrement trop menue; pour cela on prend prric
fi les tuyaux dont on veut fe fervir , peuvent ibur*'
nir aux dents une écorce ftit&famment longue .
l^rge & épaiûfe ; car ce n'eft que de Técorce ^udi
fe fert pour faire les dents d'un pdf;ne.
Lorfqve les cannes font coupées par moitié «
on coupe toutes celles qu'on deflinc à faire ila
dents » en autant de bouts qu'on y rencontre di
nœuds fur la longueur; & fi quelques-uns de ta
bouts font^ffez locgs pour donner deux \onfpvm%
de dents » on les caupe le plus prés d^ coevè
qu'il cA pofTîble , pour leur donner plos éi k#*
gueur , ce qui en facilite le travail , itu.'^ cepm*
dant fans anticiper fur la partie non v«rnk^ii
feuille a découverte.
S'il n'eft pas poffible A'cn trouver decx lon-
gueurs « on les coupe le plus loin l'cs nfxudf fK
h longueur des dents peut le ptrtccttre.
Pour couper les cannes comme il f:i«if , on fc
fert d'un couteau en f:)rme de f pareil I
celui dont on fe fert pour ractct . is*
On tient ce couteau de la m -/m droite, esfase
que le tranchant foit en delTus; puis prenitK «k
canne de la main gauche « on appuie le posée
droit fur la canne qui« pn* ce moyen, fetroofe
preiTée fortement contre le tranchant <do coins»*
En même tems on fait tourner la canne fur de*
même avec la main gauche, ce qui îtnprinKfiff
Técorce une entaille circulaire ; après quoi «a
fépare les deux morceaux au moin ire effort ^ a
les tenant des deux murts prés é^ rcntailk, peor
prévenir les éclats qui pourroient fe faire finieait
précaution •
Chaque fols que Touvrier coupe les caoeespiv
en féparer les tuyaux , il a foin de fèparcr b
nœuds qu'U îecte à terre : eomoe ils ne fontpr^
près qu'à être brûlés, on ne prend aucun (ouêé^
les ranger» & on \c^ ramaff^ en balayant.
Aux pieds de l'ouvrier e(l une corbeille» Ant'
laquelle il jette les bouts à mefure qu'il les co«pc»
pour , après cela , en faire un chatx*
Quelques ouvriers commencecr par fèptrer or
deux les cann3 fur leur hauteur « & myamoÀi
part la partie d'cn*bas qui peut fervir , ils la cxmpoB
enfuite par longueurs ; mais d'autres ne pieonqi
pas cette précaution , & coupent \e% canpet fit
bouts, jufqu'à ce qu'ils voienr nue ce qat tefc i
g;auche eft trop menu pour ruLage aui|yel ik le
deAinent : alors ils iettent cet cxoèdeiit en us \
devant eux,
L'xpériencc a appris qu'une mèfise cuiot nVi^St
pas Técorce également dure dan% toute ikloagMori
& en fui vint la nature dan> fa rairche, tl eft àft
, de s'apercevoir que le bas dait toujoun tes i^
ma
PAR
fort. En effet, placé plus près de la racine , il eft
plus abreuvé de iucs nourriciers qui lui donnent
cm peii de tems une perfedton que le fommet de
la plJince n'acquiert jaifiats , n'étant nourh que des
Aies les plus fubiiU qui ont ta force d'y attein-
dre«
D*apré< ctite obfervatlonjes tuyaux qu an coupe
par bouts , auront Iciar écorcc d*aut;int plus dure
» qu'ils appnochcront plus près de U racine ; & c eft
cet adToifiinent qu il eft à propos de faire , en choi-
fiflant 6i métrant cnfemb'î ceux d'une même
i^Uâlké; maison ne faurait mr ccb établir de règle
Ag^ticrale , 6c conclure q^i'à un? même huuieur les
^Hoyaux feront également forti ;car dans une nième
tSîiffe de cannes , il y en a toujours de mieui
wnirries que les autres, 6f c'eft â l'ouvrier intel-
lîljem à déterminer celtes qu'il doit mettre enfcmble.
Pour bien connoitre Tégalité des tuyaux qu*on
diaifit pour un genre de peigne , on regarde Técorce
pir le bout coupé , & l'on compare ceuic où elle
^ d*UDe même èpallfeur , doni le brillant & la cou-
leur font les mêmes » la fine<fe ou b groflièreté des
fiUjnens fembUbles , & dont enfin 1 écorce feniblc
également làcbe ou comp^^u^
Parce moyen on par\*ient à appareiller les qu a-
Ittéf autant qu'il eft poiTîble ; ëi dans ua nombre
snâni de tuyaux , il n*eft pas difficile d'en trouver
de cinq ou fix efpéces « plus ou moins , félon la
«jnantité de tuyaux ou la nature des canneç.
Ces différentes efpéces font bonnes chacune
pour différentes fortes de peignes ; Si pour donner
iJ-deffus des idées générales , on convient que
ceux dont l'écorce eft plus 6 ne & plus mince ,
Id'jîvcnt être employés à des peigies où , dans une
longueur donnée, on doit faire entrer une plus grande
<|itantiié de dents : ainfi , par exemple , u cans
virgt pouces on doit faire entrer miile dents , il
cfi évident qu'elles doivent être plus minces que fi ,
iiir une mime longueur , on r/cn mettoit que huit
cents.
Par cet exemple on comprendra que les cîenrs
qa*on tire des tuyaux dont lecorce eft la plus épaîffe
fie u plus grotliére , ( & elle peut être Tune fans
I l'autre ) doivent entrer dans les^ peignes qui , en
cn^m^ atAiion d.-s mimes longueurs , exigent un
inoindre nombre de dcnts.
Lorfque Us qualités font bien afTorties, il faut
encore» auunt qu^on le peut « affonirles ntyaux
fOmr U groffeur ; ce choix eft fort difficile a faire ,
A Aoiiis qu'on ne s*y prenne comme on va l'ex-
pitqiser.
Quand on fait le choix des qualités , on n a
• aucun égard à la groiTjur des tjyaux , parce que
fouvent Têcorce des deux tuyaux eft d'une mime
épitffeur , dVne même finefte , &c, âc cependant
étant pris fur des cannes d* diffàrens diamètres ou
i des hautenrs différentes , ils ne font pas d'une
vième groffeur : alors tl faut faire le fécond choix
entre les qualités déjà choifies ; & fi , f^rexcm*
pic , ^n ^ f^psré cinq qualités différentes , il peut
Artâ & Mcth€U , lQm€ l\ Pan. //.
PAR
53}
y a^olr dans chacune des tuyaux de trois ou
quatre groffcurs , dont chacune doit être employée
a différens peignes*
Celte précaution eft d'autant plut importante
que , quoiqu*on devise un gros tuyau en plus de
parties qu*un petit , les dents qui proviennent d'un
peur font plus épaiffes que celles d'un plus gros ,
parce que la circonférence du gros donne une fur-
fjce moins convexe que Tautre*
Pour rendre ceite remarque plus fcnfible , tra-
cez deux cercles , dont Tun ait , par exemple , deux
pouces de diamètre , & l'autre trois ; un même
cf|.»ace de deux lignes , pris fur la circonférence du
petit, fera beaucoup plus convexe que furie grand ;
ik fi l'on veut donner une éga'e épaiffeur à ces
deux parties , il faut que la première devienne
nécedairement plus étroite , ou que la féconde
refte plus épaiffe t voila la raifon pour laquelle les
peigners prennent un auffi grand foin pour affortir
tes groffeurs des tuyaux deftinés à un oicme
Indépendamment éxi triage dont on vient de
parler , il y a encore dei déteduofitès particulières
qui empêchent un tuyau de pouvoir fervir* C^ux
qui font tarés , c'cft-à-dire , percés de vers , dont
l*écorce eft raboteufe, car on a vu plus haut qu'on
ne fe permet pas d'y toucher , même pour la
polir ; ceux dont le 61 n*cft pss droit , ce qu'on
reconnoît lorfque quelque nœud ou œil, autre
que ceux que laiftent les feuilles, fe trouve fur
Il partie vernie, ou enfin qui ont d'autres défauts ,
doivent être entièrement rejerés*
Il y a encore ûqs tuyaux dont Técorce eft trop
tendre j & qui fe réduit en pouffiére en la frot-
tant ou la grattant avec l'ongle ; il faut abfolu-
ment les mettre de côté , parce que les dents n*au-
roient pas affez de confiftance pour foutenir le
ffottement continuel de la chaine d une étoffe ;
on ne doit pas même hafarder d'employer un tuyau
dont Técorcc paroît poudreufe , parce qu'ordinai-
rement cet effet eft produit par quelque humidité
q*ii a féjourné entre la feuille & le tuyau, & que
ceft Tindication d'un commencement de pourri^
lure.
Quand même ce défaut ne fe rcficontreroii qiîe
dans une partie du tuyau , il eft plus prudent dé
n'employer ancunc des parties , même celles qui
ne parotffént aucunement affeâées , de oeur qu'el-
les ne participent du défaut qui leur cil (i voifin.
On ne fiuroit prendre trop de précautions pour
donner aux Dcigncs toutes les qualités néccffaircs ,
puifque c'eft de tous les uftenfiles qui fervent à
la fabrication des étoffes , celui qui contribtîc le
plus à fa pcrfedion ; c'eft pourquoi on a dû pré-
venir tous les inconvéntens qui peuvent réfuUer
du choix des matières qu'on y emploie.
Il rcftc à obfcrver qu'il faut avoir grande trtcr-
tion que les endroits 011 Ton tient ta canne cou-
pée , ne foient humides ; l'humidité attaque d'a-
bord la partie intérieure du tuyau , qui eft fort
Lia
634
PAR
fpongîeufejpuis ternît & altère en peu de temps
récorce Se la mzt hors d'état d;; (ctvïr*
On coanoitra fi la canne ei\ dans un endroit
trop humide , par Vϕ\ terne qu'elle prend fur fa
furface ; & même en y paiTant le doigt , on s'a
percevra d'une fleur alTez femblable à la vapeur
qui» rhiver , couvre les vitres d'un appanement.
On doit avoir la m^^me précautioi pour les
cannes, & lesconferver dans des endroUs aérés ,
comme drs greniers ou chambres hautes, loin de
rb imîJifé ; 6i mcm- il c(k à propos de les tenir
plutôt debout cooire le mur, que couchées fur le
plancher»
Il y a des peàgners qui coi;pent d*abord les
cannes à Tendroii où leur groiTcur permet de les
emph ycr aux dents de pe'gne , fans les dépouiller
de Ici.rs feuilles ; puis , les ayant liées par boites
de fept ou huit, i:s mettent en tas debout con-
tre un mur , de haut en bas * c*eft-à-dtre > le
côté de la racine en haut « & Taucre contre
terre.
Quelques autres , avec les mêmes précautions ,
au lieu de les drelTer par bottes contre un mur ,
les fufpendenr par paquets au plancher avec toutes
leurs Veuilles t & prétendent qu'il eft également
nuifiblc de les drelTer contre le mur dans le feni
où elles croîiTent , pirce qo'iï y a toujours dans
raiflelle de chaque ftuiUe un peu d'humidité qui
ne peut que comnbuer à la longue au dépériUe-
ment des cannes , & d;: les effeuiller entièremenr,
parcQ que le graad air altère en peu de temps
récorce.
Cette obfcrvation eîl due au hafard qui, ayant
découvert quelques cannes de leurs feuilles , tan-
dis qued*autre5 en font refléLS couvertes , cellesci
ont confervé toute leur beauté Si tout leur lui-
fanr , au lieu que les autres ont dépéri & noirci
confidérablcmcnt : ù eft donc à-propos de les met-
tre de bas en haut > & même encore plus fitr de
^ ie$ fufpendre au plancher fans ôter les feuilles.
On a dit plus haut que l'ouvrier qui coupe les
cannes par bouts , Les jette à mefure dans un
pa^^ier,
Lorfque ce panier eft plein ^ on renverfe à terre
tous ces tuyaux ; un autre ouvrier ayant autour
de lui autant de corbeilles qu il veut faire d^ parts
différentes» fe met à genoujc , & choillll4nt tous
les tuyaux les uns après les autres « il les met
dans k's paniers* Lorfque le triage eft fini j on
met des étiq^tîcttes fur les corbeilles pour recon-
noitre les différentes qualités des tuyaux qu'elles
contiennent.
Ceux qui font commerce de cannes pour Us f are
paffer dans les parties feprentrionales d^ la France ,
où il n'en croit pas , 1rs coupent piir tuyaux ,
comme les peigners le font eux-mêmes i mai>
comme tls n*oiit p;is une coiinoiffmce bien parti-
cuhère des parties qu'on peut employer, ils ne
prennent pis la peine d'en 'aire le choix ; 8i après
le$ avoir fait débiter far bouts ^ ils les embaUent
PAR
dans de grands facs & les envoient à leur deflî*
nation , oit on les achète à h livre.
G eft pour épargner les frais de voiture , aînti
que les droits , qu'on a trouvé cotivenable de
n envoyer que ce qui peut fervir à pûo~pré>; f-ni
quai ce qui feroit inutile augmenter oit d'autani II
prix de la partie utile.
Quelques commerçans ont la précaufton d(
faite fdire des paquets de ces tuyaux , ou par
com te , ou par poids , & les emballent par ce
moyen plus facilement.
A Paris , ces tuyaux fe vendent depuis hiiil
juf^u'à douze fols la livrc\
Cette différence de prix vient du plus ou moim
d^abondance de cette produâion ^ plutôt que ée
la qualité ^ quoiqu'on prétende que les cannes qiâ
viennent d'Efpagne, font meilleures que celles dil
Languedoc & de la Provence.
Il eff vrai que du côté de Perpignan an en cul-
tive beaucoup , & qu^on en f^it de grands envois
dans toutes les parties de l'Europe , qui ne peu-
vent s*en procurer que par la voie du comnierce;
Les cannes fe vendent à la livre : auffi les mar-
chands qui zn tiennent de grandes provifions.oDt-îff
intérêt dt les tenir dans un endroit plutôt frais qoff
fec 'y mats pour ne pas nuire à la qualité , ils doivent
en même temps les préferverderhumidlcèquileur
porteroit un domtnage renfible.
Il eft bon d*éire averti , parce qu'un cuvtier
qui achète un cent pefaru de marcha ndife, feroct
tort furpris de ne plus trouver fon compte »u
bout de quelque temps ; & le b-is prix auquel pr»
a acheté, n*elL pis capable de dédommager de U
perrc réelle qu'on éprouve enfuite.
En général , les marchands ne TauroieTit tenir
les cannes dans un état d*humidiié habituelle ;caf
à inoins que d*en avoir un très- prompt débit , ello
dépénroient pour leur compte , 8c ils ocpûiï^
roicnt bientôt plus les vendre.
Les commerçans en cannes 8t les petgnersofli
un intérêt particulier de tenir leurs cannes iuâ
des endroits fecs ; c*eft pourquoi ces derniers ,f|d
font obligés de les acheter coupées par tuyaux «
ont foin de les placer fur des planches fixées au
haut des ateliers en forme de rayons , ahn qti:
ccî tuyaux ne reçoivent aucune ai teinte de rhumi-
dite ; âc comme ils favene faire le choix des qua*
lités & des groffcurs , \U diftribucnt ces pbndKI
par cafés, enforte que chacune contient une difi-
rcnte grotTeur de tuyau : fit pour reconnoiirelei
qiKiUtés p rticuliéres qu'on y a placées ^ cha<|ai
cafc e(! nutnèrotée de telle façon que le pdfgver
fait tour de tinte dms quelle café de fes rayooi
il doit prendre les tuyaux de canne qu*tl raat
em^jloyerpour faire les dents du compte de pcr
gnc quM veut exécuter.
Mamèrt dt nfinân ta cûnnë^
Lorfque tous les tuyaux font coupjs pir fcw^
gueurs d^ d^ats^^Miki |iiQt tous eo pièces à pei
.V, »• \.H # .; , .
rita
PAR
ffi% de la largeur qu'on veut donner aux d^nts^
pour les paffer en fui ce à ta filière , & leur donner
vne parfaite égalité de largeur & d'épaiCTeur ; il faut
lonc refendre ces tuyaux fur leur circonférence
en autant de parties que cette circonférence peut
en produire.
Mais pour faire cette divifion avec quelque exac-
_hîtiide, il a fallu employer des outils toujours plus
lîirs que la vue Cmple ; encore n*obtient-on que
des à peu*près que h filière corrige enfuîtc.
"^ Voici comment on s'y prend. Si les dents du pei-
qu*on veut monter doivent avoir deux lignes
largeur quand elles feront finies , il ell à pro-
I de leur donner d'ahord deux lignes & demie
ind on les refend , de peur qu'en les refendant
premier coup au point Jufte ou il les faut, le
ne fe trouvant pas parfaitement droit , la fente
fe jette k droite ou à gauche , ce qui augmen-
oit la brgeur écs unes aux dépens des autres :
ii£ avec une demi-ligne de plus quil ne leur
: , quand Ja canne elt bien choiûe ^ on ne craint
i cet inconvénient , & on les amène aifément à
favoir que deux lignes jufte en les paffant par
lufîeurs filières s*il eft néceflairç.
Voyons maintenant quels font les moyens & les
iftrumcns qu'on emploie pour les fendre à une
le largeur.
}a fc fcrvoît anciennement , pour refendre les
aux des cannes , d*une méthode à laquelle quel-
ouvriers tiennent encore. Elle confifte à pren-
\ un couteau de la main droite , & tenant debout
tuyau appuyé fur le billot ou table devant la-
selle l'ouvrier eft affis , ou , pour mieux dire , qu'il
lace efiire fes Jambes ^ puis appuyant le couceau
ir le tuyau , toute fon attention confifte â le divi-
tr en deux parties bien égales fans les féparer.
Lorfquc la fente eil defcendue à trois ou quatre
n du bas , ce qui ne demande pas que le cou-
dcfcende auffi bas , ï caufe de fon épaifTeur
fait l'ofHce d\in coin , il retire le couteau de h
lec , & le p!ace fur le même bout fupcrîeur de
canne « à environ deux lignes & demie de la
ftme fente.
Il ne faut pas placer le couteau du même côté ,
décrire fur cette circonférence ce que les géo-
ètrcs nomment une cordt ; mais le couteau doit
, en paiïanc par le centre, donner un dia-
-^ouvrier continue fur toute ta circonférence à
fendre la canne à des di fiances de deux lignes &
f , en faifant toujour*s dcfcendre la fente au
! degré quVn a dit de la première, jufqu*à ce
a'cnfin il ait divifé toute cette clirconérenc^^ en
latorre punies ègiles de trois lignes moins un
«art ou environ chacune ; car il n eft pas poHible
cette méthode de rencontrer parfaifemeni
Lorfque la canne cA ainfi diviféc , on finir dsla
-parer avec tes doigs, ou hifn c^t\ fait entrer le
ncht du couteau j qtti dans ce cas cJt un peu
PAR
63 f
conique , & pour peu qu^on force un peu » toutes
les parties fe fôparent aifément.
Si , comme il ne matiquc pas d* arriver > toutes
les parties ne fe féparent pas , on les achève'avec
les doigts. Mais comme en fe fervant du manche da
couteau pour écarter toutes les oartics , on pour-
roit fe couper avec la lame, il en à propos d avoir
nnrtpoujfoir tourné , avec lequel on ne court aucun
rifquc de fe blefTer , fie Ton produit un écartemenf
de toutes les parties.
A mefure qu'on refend aînG des tuyaux , on
met les morceaux fur une table ; enfuîte on en
forme des paquets pour s'en fervir au befoln ;
après quoi , pour les préferver de rhumiditc , il eft
bon de ks ferrer dans des boîtes ou tiroirs , qu'il
vaut cependant mieux tenir découvertes , pour
donner àt l'air aux csnnes.
La boîte qu'on emploie a Atnt parties , dont
Tune efl remplie de morceaux de canne, & l'autre
eft vide. Comoie il efl effentiel de ne pas mêler
hs qualités des tuyaux au'on a triés avec foin ,
il feroît impofHble de s y reconnottre fi on les
mêloit après les avoir refendus : c*cft pour éviter
cette confufion qu'on a coutume d'avoir des boîtes
à double compartiment , parce que quand on pade
ces pièces à lanUète » on les remet finies dans l'autre
tôte du tiroir » & Ton efl afTuré de fc reconnottre
pour l'emploi qu^on en veut faire.
Comme les fibres de la canne font placées fut*
vant la longueur des tuyaux , & que fi Ton n'y pre-
noit garde Jcs parties fe féparcf oient fort aifcmcnt,
pour peu qu*on fît entrer le couteau , il faut éviter
cet inconvénient, qui cmpccheroit qu'on ne pût
continuer la divifion fur la circonférence.
H eft vrai queje mal qui réfulteroit n'eft pas de
grande conféqucnce ; mais on divife beaucoup
mieux & beaucoup plus vite toutes les punies en-
fembie que quand elles font fépsréc^.
Ainfi » dès que le couteau eft placé à Tendroît
nécefîaire, on élève les deux main**i favoir, celle
qui tient le couteau , &l la gauthc qui tient le inyau
fortement par en-bas . ôc on fr jppc qucL{ues couf.H
fur le billot : en peu de tems le couteau entre , &
!a main gauche empêche la fente d'alicr loiu àw
long du tuyau ; ce qui ne msnaueroit pis d'arriver ,
malgré cela , fi on n cnfon^joii le couteau qu'autant
quil eft nécefTairc pour conduire U fcnic k quel-
que diftancc du bout; car le cjar t nèccf*
fai renient plus épais vers le d#k.- le tran-
chant , il fait Tomce d*un cor- cfl défi
fort ouverte dans la partie* t ique le
cnufeau ne foit pas encore Tr* qu'à
peine y at il la plus petite i 5,
Maigre les foins de cn;x qui emplinent cette me*
thode , leur prompiit.id'^r â refendre les cannes , &
leurcx^f^itudc i le, bl«:n dlv'fcr , j.4miis on oc Y^nxxt
avancer autan: , ni divifcr aulTi également , qu*i»vec
rinftrumcnt qu'on nomme roja^i » donc on va voir
l'ufagc.
Lin ij
€^6 ^ PAR
J^efcripthn dts rofeiies*
Quoîqu on ait dit que le couteau à refendre
•fl courbe , néanmoins ce n^eft pas une néceflité ;
et le premier couteau , pourvu qu'il foie un peu
mince , peux très - bien opérer le jnèrae effet , mais
)amai5 il ne peut rendre le même (èrvice que les
rofettes.
Les rofettes font de petits cylindres de fer , au*^
tour defquels font diilrîboès à égale diftance des
rayons tranchans par un côté j & pris au même
morceau.
Une rofetteeA compofé de feîze rayons écartés
cntre-eux d^environ deux lignes & demie vers leur
fommet; car tous rayons divergens doivent être
plus rapprochés vers leur bafe.
On conçoit que , fi ces rayons d'acier font bien
tranchans , & qu'on les pofe fur le bout d*un tuyau
de même diamètre à peu-près » Ils le diviferont en
feîze parties égales d*un feu! 6c mèine coup.
Au centre de cette rofette , eft un trou carré
çii reçoit le tenon du manche de fer abattu à huit
pans inégaux, pour que les vives-arêtes ne bleffent
pas les mains dans Tufage*
La queue de ce fer terminée en pointe, fert à
le planter dans un billot pour s'en lervir*
Le tenon carré du manche de fer entre jufte dans
b trou de la rofette qui repofé fur l'épaulement ;
fie pour pouvoir changer cette rofette au befoin^
on lient ce tenon un peu plus long que la rofette n*eil
èpaifle , & on le termine en pointe k quatre pans
un peu arrondis.
Comme le diamètre des tuyaux varie confidéra-
blement , il efl néceffa ire d'avoir pluficurs rofettes
de différentes grandeurs , ik les plus grandes ont
p'us de rayons ou pointes que ïet autres , parce
qu'il efl clair qti*UR grand cercle fe divife eiiiplus
de panies données qu'un petit*
» On a erdinairement des rofettes depuis dix ]i£;nes
de diamètre jufqu'à dix*huit & vingt ^ & depuis dix
rayons jufqu a vingt , & ce diamètre fe prend fans
compter les rayons , qui doivent être tous égilc-
ment éloignés le? uns des autres , pour divifer les
tuyaun en parties bien égales entre t\lcs.
Quoique le nombre des rayons varie faivant la
grandeur des rofeiies, il ne faut pas pour cela que
i ecartemtnt do ces rayons loit le même à toutes
les rofettes ^ car comme on a befoin de différentes
largeurs de d«?ttesî«*vant les peignes qu'on veut
ùire , ii y aorniV trop de perte, fi toutes les par-
tics refendues avoient la même largeur*
Satis entrer ici dans des calcuU de mathéma'
tiques qui feroicnt déplacés , on fait que le rap*
port du dîamétrc à h circonfcfrcnce cftà-peuprés
comme 113 à 335* Mais pour la pratique il fuffit
aux ouvriers de fa voir que le diamètre eil un peu
plus, do tiers de la circonférence.
Cela, établi ,. fappofci. qu'une rofette ait dix-
iHaïflig.ncs de diamètre ,. elle en aura cinqjianic-
PA R
Cinq ou environ de circonfôrence J ce cpii &k
quatre pouces & demi & quelque cfaofe.
Si donc on veut que récartement des rayons
foit de deux lignes & demie y on en tumren
vingt- deux fur la circonférence ^ & les tuyiox
qu'on refendra avec cette rofette , feront parta-
gés en vîngt^deitx panies égales ; nuis ù Ton
veut leur donner trois lignes d'écarcemenc , oti
n'en trouvera que dix-huit , qui diviferonr tes
tuyaux en dix-huit parties.
Si elle n'a qu'un pouce de diamètre , ceqm
donne trois pouces ou trente-fix lignes potif Ir
circonférence, & qu'on veuille encore doiuier
aux rayons deux lignes & demie d*écarreinem, on
n*en trouvera que quatorze , un peu à Taife , ii-
tendu la fraélion qui relie. Si on leur donne troti
lignes d'écariement , on n'en aura que douze, &
ainH pour les autres grofleurs*
Il faut donc fe pourvoir de rofettes de tons les
dhmétres pour toutes fortes de tuyaux ; c^ fi Ton
veut en refendre un gt^nd avec une petite ro-
fette» îe nombre des parties fera trop petit » est
parties Itop grandes ». & on auri bea^icoup de
perte.
Mais pour ne pis multiplier à HnSni la dépeoCe^
on a imaginé de faire des roft^ittes qui peiiras
fe placer toutes fur un même manthe.
IJ y a des peigners qui , avec les mêmes rofcttn ^
obtiennent de<s parties plus ou moins larges duif
les tuyaux qu ils refendent , parce qu^ les Uaies
des rofettes font plus étendues qu'à rordinairt;
il eft facile de concevoir qu'alors fur une mtm/i
rofette on refend des tuyaux de plufteurs dix*
métrés , & que ceux dont les diamètre fom plai
grands , n^étant dlvifés qu'en un nombre de paf*^
ries égales à ceux dont le diamérreeft plus peu ^
les parties doivent être plus larges ; mais ccwe
méthode tfl fujetce à un grand inconvéniem, m
ce qu'on rifque de ne point avoir toutes tes par*
tes d'une é^«le largeur , a moins d'apporter à
cette opération une attention particulière.
En effet , fi Ton place le tuyau en le refendamim
peu plus d un côté de la rofette que de i autre , le
ccié de la circonférence qui fera le plus êloienè da
centre produira des parties fenfiblemcnr plus hf^
gcs que celui qui en fera plus rapproché , ce qÂ
peut devenir conféquent pour la fuite de rmrrraft;.
c'efl-à-dirc , qu'il peut occafiorner un dégât i h
canne, & une difficulté à tinsr les dents de lit*
geur & d'épaiffeur » parce que f» le nryiu s'i
pas été pofitivecnent placé fur la rofette dj«i
un écartement égal du centre^ aucunes despof-
ties refendues ne feront égaies entre elles en bf
geur, à caufequ^cUes auront été r^C^nduci da--
cune au point de ces lamc^ plus ou aoîii$.ébi*»
gné du centre.
Ear cette r:?ifon elle» aruront acquis d»p|fie
plus ou. moins de largeur , puîfquc rttCxrtci
dc^ Acux, cannes cntreL lêfquelles cUac:iine.dc
PAR
*f^n^c$ z été forcée de paffer , eft pim large en
- s'éloignam de la bafe qui !es contient , qucn$*cn
rapprochant , & que cette différence de largeur
cil Tcffet de tous les rayoni diverge ns»
Comme il eft affez difficile de rencontrer juûe
la rofettc qui convient à chaque tuyau , on a
imaginé un moyen tf es- ingénieux , qui en mcme-
tcmps qiril prévient toute mcprife à ce fujet, rend
I encore plus folide la pofitlon de la rofette fur
Bfon manche , dont le tenon , à force de chan^et
^m rofcttes , diminue infenfibleme nt, & les rofei-
HB||]]'y tiennent plus«
^^HOn fait le tenon de ces manches un peu plus
Wng qu il ne faut , on en taraude le bout i &
fsand la rofec^e efl a fa place , on 1 y arrête avec
ito ècTOu qui fc termine par- dehors un peu en cône.
Le cirré adjptè au manche , entre dans la
Drette, & eft un peu moins haut qu'elle n'eft
paiffe , pour donner lieu à Técrou de la ferrer.
Une partie cÙ taraudée jufqu'au bout pour recc-
roir Técrou qui étant terminé en cône , fert h
régler la rofettc qui convient à tel ou tel tuyau , puif-
[çu*ii ne lui permet pas de fendre un tuyau dans le
Icreiix duquel elle ne fauroic entrer ; & de plus elle fert
jffi à centrer comme ïl faut cette rofette , qtîe
l'ians cela on pourrolc placer d*un coté ou duri
ftutre.
Il cil vrai cpic , pour mettre ce moyen en ufage ,
>n doit avoir autant d'écrous dîfférens qu'on a
i rofeties » & qu'étant fur le même pa^s-Je vis »
iront tous fur le même manche : fans cela il
ludroit autant derofettcs» de manches & d'é-
3US , qu'on auroic de tuyaux différens à rc-
endre.
Il faut encore avoir foin que ctt écrou , qu'il
leroit à-propos de faire au tour , ne prenne point
liif les rayons, & ne couvre abfolumenr que la
trtie pleine de la rofette ; fans cela il gêneroft
hoilice lies rayons coupanf.
Cet écrou conique mis en place , ne faurott
rn'rer dans un tuyau , pour permettre aux rayons
le le |endre, quM n'ait îe diamètre requis: par
moyen la rofttte h de^c^nd bien perpcn-
[sUinm^n dans le tuy^u , & forme des parties
lien égales en tout fens-
Quelques peigners fc fervent encore d'un écrou
rjtiercment conique tk termine en pointe ; mais
o*eft pas taraudé en-dsdans plus avant que
_^ eux dont on vient de parler plus haut ; il na
"tien qui dosvc lui donner la préférence fur l'autre «
& le chuix un parcit fort arbitraire.
H Le» cmailies faites à Técrou » ftrvenr à recevoir
Hpn £911' e vis , dont le manche eft fcniblable à celui
^Uyne vrille, au milieaduquel efl emmanchée bien
^^^tti .: fivcc pir-defTii^ une tig*j carrée ,
^l^r aux. courts qu on eft oM>gé défaire
PAR 63;
PremurelmanUu éi ufindrt Us tuyaux it canne
MVu Us rofttus.
Après avoir donné la d-fcript:on des rofctres &
de leur emploi, il eft à propos de détailler la ma-
nière de $*en fervir ; & comme les ouvriers mtmc
qui en ont de paretlles sVn fervent différemment ,
on va les patTcr en revue.
On doit ic rappeler que le manche de la rofcne
a par le bas une partie terminée en pointe ; c'efl
par là qu on la plante debout dans une table.
Ce tenon carré entre dans l'un des trous de cette
table ; la rofette repofe fur Tépaulement formé par
la forte partie du manche » & par ce moyen refine
aux coups multipliés de la canne qn'on appuie fur
la rofette ; fans quoi elle auroit bienti^t agrandi
fon trou , &t pafte au travers de la table.
Lorfqij'à la fuite du tems les trous s'agrand*(^
fent , les rofettes ne tiennent plus foîidemcni ;
on y remédie en les affujertiitant par de peiiri
coins f^lts avec de petits morceaux de canne oti
de bois , ou bien on enveloppe le teron avec une
bande de papier , de façon qu'il entre bien jufîe.
Il y a des ouvriers qui , au lieu d j pointes car-
rées f font terminer en vis le bas du manche ; h
VIS tiem lieu du tenon , & le corps du manche fert
d*ép3ulcmcnt pour appuyer fur la table.
Mais on conçoit que ces vis , à force de ferrer p
auroient en peu de tems mangé les pas de leur'
écrou , fi la table feule leur en tenoii lieu.
Pour obvier à cet inconvénient , on fait faire des
écrous dont la tige eft carrée , & tient à une p'r.-
que auflt carrée « & on la fixe au moyen de quatre
petits clous aux quatre coin» j le dedans eft ta*-
raudé au pas de la vis.^
Comme la tige entre juRe & même ttn peu 1^
force dans un trou carré de même grofTcur qu'on*
pratique dans répaiiTeur de la table , il n'eft pas
poftîble que la rofette fe dérange , lorfqu'avcc ime
clef, dont Varier emhraffc le corps du manche ,.
l^buvrier la ferre ferrement fur la tabie.
On fait encore des rofcttes domlef manches fort
difflèrens dans leur partie fupèrieurc, en ce qn*aii*
lieu que le bout qui excède la rofetre foit tôraudi
en vis, il Teft en écrou , pour recevoir le cha-
peau , ta vis qulTaccomp^gne, la rondelle qtii appuicî
fur la rofttte , le carré qui fert à le ferrer au nroyen
du tourne-vis » enfin le bout coT^îque qui îe let^
mine, le tout fait d'un fcul morc??u de ùr,
Antè^ avoir recommande qtie lt;s écrcus a\*ec
Icfqucls on fixe les rofettes, nVxécdcnt point le
plein , & ne couvrent peint les rayons , il eft
prcrqu'inuti*c d avertir que la rondelle ne do:r par
couvrir les mime rayoni..
Dj refte, ces rof:*ftcs fe placent fur la nWe ^
comme on vient de le r'irc , & même 1 ouvrier
en a de trois ou quâiregrf-ftrcursdlffércfîrc* ,,con'
féqucmccnf de différent nombres de nv) on*^ pitr
, i*cn fervir à mefure que W tiiyauif qui repréfui-*
L
638 * PAR
œnt font plus ou moins gros, 8c ne pas changer
de place fouvcnt , ou n'êire pas obligé de ne
fendre que ceux qui feroicnt de grolTeur conve-
nable à la rofeite quM auroit aftuellement fous la
main ; ce qui prend roit beaucoup de texs.
La hauteur la plus ordinaire de ces manches eft
telle , qu'étant en place, les rofettss fe trouvent
élevées à environ quatre pouces de la table.
Voyons mainrenant ropératton.
L'ouvrier eft affis devante table, où font plan-
tées trots ou quatre rofctres;à fa gauche eft une
corbeille remplie de tuyaux ; & pour qu*cl!e foit
plus à fa portée , il Li place fur un tabouret.
A mefure qu'il en a tendu une ceruiiie quan-
tité « il jette toutes ces parties dans une autre cor-
beille qu'il a à fa droite.
Pour les fendre il en prend un de la main gau-
che, le place fur la rofette qui lui convient , &
frapp*; quelques coups de la palette qu*il tient de
U main droite , fur le bout oppof • de ce tuyau ,
qui bientôt efl fépnré en autant de parties quM
y a de rayons à la rofette.
L'ouvrier ne fe donne pas la peine de ratnaffer
les parties à mefure qu'il leî refjnd , pour ménager
le tems , mais iî les laiile tomber ,iu ha fard fur la
table ; & quand il y en a une grande quantité qui
Îtourroit lui nuire , il tes jeEte par poignées dans
a corbeille placée à terre à fa droite.
La palette eft faite de bois , & d'une forme con-
venable. On auroit fans doute pu fe fcrvir d'un inf-
trument d^ fer , mais en bois il ménage mieux le
bout dcî tuyaux , on cft plus maitre tîe diminuer
la force du coup ; & fi par inadvertance on frap-
poit plus fort qu'il ne faut , & que la canne fe
tendît promptement, on rifquetoi^ de donner fur
la rofette un coup qui Tendommageroit ; au lieu
qu'étant dQ bois , la palette feule reçoit le dom-
mage, ce qui nVft pas de grande conféquence.
Quelques-uns lui donnent la forme d'une petite
celle , d'autres fe fer^'cnt d'un maillet j, mais il
femble que la palette frappe plus également.
Comme les morceaux refendus reftent fur la
table , 8c qu'on eft obligé de tems en teros de les
ramarter , ce qui perd du tems , il y a des peigners
qui ont une table dont la furfice forme deux plans
inclinés , &L au fommet defquels font plantées les
rofettcs : par ce moyen, à mefure que les tuyaux
font fendus , les parties tombent à terre par leur
propre poids , 8t l'Ouvrier n'eft obligé de les ra-
matfer qu'i l'heure des repas ou au bout de la jour-
iiéc ; quelques-uns économifert le tetnps jufqu'à
étendre une toile par terre pour ramafler tous ces
morceaux dans un inftanc , ik les mettre dans la
corbeille tout à la fois.
^utrc manUn de manier Us ro fétus & de s'en fervïn
Les peigners de certaines provinces fe fervent
d'une autre forte de rûf:.Mtc, dont la différence avec
les précédentes ne confillc que d.ins la manière
dont eilps font montées, L: nunche efl fat: de ma*
PAR
nière qu'on place k chaque bout une rofette d'usé
grandeur & d'un nombre de rayotîs dUTcTcns.
Chacune de ces rofettes tient Heu de deux da
autres ; mais en revanche il faut être bien adroit k
bien attentif: la moindre négligence peut blefa
l'ouvrier ; cependant leur commodité les a hm
adopter dans beaucoup d'endroits , & mèoie la
des principaux peigners de Paris s'éa feir {or
préférence.
Les manches de ces rofettcs ont orétaweiDCK
dti pouces de longueur ; ou environ , & pcHtr être
tenus plus commodément p on obferve au ntiâc»
un renflement qui va en mourant vers chaque
jufqu'aux rofettcs; ce renflement , qu'on m
poignée de Vouvi ^ fcrt à deux ufages , on les
plus facilement , 6c ceui groiîeur contrîbiîe à U^n
éclater les tuyaux quand la rofette eft entrée
qu'à un certain point.
Comme ces rofettcs font doubles , il cft
qu'on ne fauroit atlei les garantir contre l'ap]
de tout corps dur, ou de tomber à terre,
brifcroit les lames en très-peu de tems :
eft'il dangereux de les gaidcr dans àc% botret tet
unes contre les autres ; les ouvriers ont grand foâ
de les fufpenjre à ^t^ râteliers, dont chaque cil^
ville eA une pièce de bois de cinq à fiv poocesée
long , fans le tenon , & de quatre de largeur 00
environ , fur un pouce ou quinie lignes d'épaifTeis^.
Au milieu eft percé un trou rond , plus pttt
que le renflement du manche des ro{ettes, &
auquel communique une entaille plus petitr . pom
qu'une fois mifes en place , ces rofette^ ne pttificsi
pas en forrir.
Cette cheville eft aflemblée dans une monatfe
qu'on pratique fur une pièce de bois , fixée cdoin
un mur au moyeu d^ pattes coudées > 6c elle y
eft chevillée pour plus d: fureté.
Quelquefois on accroche les rofetres aux di^
villes , de manière qu'elles repofent fur les roAno
même. Mais cette méthode eft moins bonne i|at
la première, parce que les rayons de ces ro£eM
doivent être très^mînces , & par confèquent fut
ceptibles de fe gâter au moindre choc , qu'on m
pourroit guère éviter en les ôtam & remettaa
fouvent à leur place.
D'autres enfin lient ces rofettcs pUiftcurs ttr
femble » & les fufpendent hors de toute attcimt*
Lorfqu'on veut fe fervir de ces dernières n>-
foftes , on en prend fur une table près éc ^- •**
aftez grand nombre, pour n'être pas oL
fe déranger à chique inftant ; puis ayant U tajoç
à fa droite , l'ouvrier place entre fe» jambe» M
billot monté fur trois pieds , & appuyat)t de la
main gauche les tuyjux deft^us , il préfente pour
les fendre la rofette qui leur convient » & èkWsi
un peu le tuyau & la rofette cnfemhie, û fnffÊ
quelques coups fur le billoit , au tnayen de fM
la rofette entre dans cette canne.
Abrs il U lîche de la m/m gauche , 8c €08$»*
nue de frapper lîe la droite , )afcju*à ce ^wt kl
640
PAR
& Wunc Lci reçoit à mefure qu'il les met d'é*
pailTear.
Li pofuion dci filières devant l'ouvrier doit
être relie que le bout de fer fc trouve â droite ,
Wla lame du rafoir à gauche , le dos vers l'ou-
vrier , qui procède comme on va le voir,
lî prend dans la boue une poignée des dents
qui ne font que refendues , & Jcs met fur la table ;
il les p'.ffe à la filière Tune après Tautre , ayant
foin q^:e l'êcorce touche le bout du fer , & non pas
Ja lame du rafoir , parce que c'eft cette «^corce
qui 9 par fa dureté , donne de laconG^ance aux
dents ; & quelquefois mêms lorfqu'elles doi-
vent être fort minces , cette écorce refte prefque
feule*
Il n'eft pas poffible de tirer la dent d'èpai Teur
d*tin bout à Taurre du premier coup , car li faut
toujours la place des Hoigt» qui la tiennent ; &
Hième à caufe de i^eSbu qu*on a à faire, cette
place peut avoir un pouce ou un pouce & demi
de long*
On ne fait donc guère paffer dans la filière
ds la première fois qu'environ ics deux tiers de
la longueur , cnfuite on h retourne bout pour
bout , l'ccorce toujours du côté du fer , &
on enlève répatiTcur qui étoit reftèc entre les
doigts.
Cctre fjçon n'eft pas fulBfantc pour donner
aux dent! répaifîcur qu'elles doivent ivojr;&, quel-
que foin qu'on y apporte , on ne fauroit du pre-
mier coup les rendre parûitsment égales d'un
bout à i'autrc : il faut de toute nkeffué les paf-
fer dans d'autres âlières qui ne margcnt que
fort peu , 6t par ce iTiOyen on eft aflTiiré d'une
égalité d'èpaiifcur qu*une opération trop préci-
pitée ne ponrroit jamais leur procurer*
Quoique h <ilière femblc fuflfif^nte pour don-
ner aux dents la largeur & TépaifTeur qui lear
font néceffaircs » il ell certain que radrefle de
l'ouvrier y contribue beaucoup ; ainfi, fans une
grande attention 6c même beaucoup d'habicudi;
de ce travail , il eft affez difficile de tirer les dents
û\me largeur & d'une épaifTcur bien égales :
fouvrier termine d*abord toutes les dents îur leur
largeur f puis fur leur èpai^eur , & les met dans
une boîte pf>ur confcrver raiToriiment qu'il en a voit
fait d*aborden les refendaiit à la rofette ou atitre-
menf.
Pouropèrerjouvrlert'entde la main gauche une
poignée de dents qutl va y pafler, pour n'être pas
obligé de Içs prendre une ï une. Comme ce travail eft
«fte£fatig;int pour les mains , il c fi à propos d'avoir
un doigticr de t^eau au pouce & à Tindex # pour n'ê-
tre pav coupé par les vives-arètes des dents qui
gîiiîent tant loit peu entre les doigts»
On a vu qu*il falloit q«c le fer des filières fût
plus élevé que U lame du rafoir d'environ deux
ponces ; il eft à propos d'en ufer ainfi à toutes»
Vc même au moyeu d*un petit coin de bois pla*
PAR
cé entre ces deux pièces « on lesr procttre un peu
plus d'écartement par le haut que par le bas ,
afin qu*en paffant une dent , on ne foit pas oUi^
de la réduire du premier coupa rèpailltur qu'eW
le doit avoir ; & comme il ci\ à propos , poar
la perfeâion du travail , d*y parvenir pciil à p^
tit , on en vient à bout en defcendant ta^^nâ-
blement la dent dans la partie plus étroite , ce
qui mange peu-à-peu rcacédcoi de ce qiiék
doit avoir do groffeur.
Pour être fur de defcendre toujours à uftmtes
point , on a foin de tenir ce morceau ou coio
de bois un peu en pente du côté de TcHivricr:
par ce moyen il ny a que ta panie élevée qté
arrête la dent à une même éleva ûon ; ce qui œ
feroît pas suffi eiaâ , û Too s*y prcfioit ëe tooic
anrre manière.
Ce moyen fournit un expèdîen! p ompt & (ut pour
donner aux dents un peu plus ou an ^cu aïoinsd'è*
paiiTeur; car en mettant un morceau de Ikks ^uês
épailTeur convenable fur le coin qui y cfi dè{a,li
dent defcendra plus ou motos épaiflfe, fç^sob
befoin»
On fera donc maifre alors de déterminer à oi
degré bien exaâ Tépaiffeur des dents ; iiui% tl ùm
faire attention de ne pas faifc décrire par la laoK
de rafoir 6c la pièce de fer un angle bteo Ottfcni
caries dents fur leur épaiiTeur^au Iteu d^étrrib^
nés » fe trouveroient avoir une furface iodiMi I
l'autre » ce qui fcroit dêfeâueux.
Quand même on cherchtroit i y mnédier^i
fair;int paHer au fond de I.1 iîlière le câté<|iii MWi
été au premier coup en-deflus , on n'oboendfM
pas un« ftirfjce plane, mais on verroit afnitkfKt
un ang<<. formé par la rencontre de driuc plans t»*
clînés,cequi devient înfenftble lorfque l'ècafie-
ment des pièces de la filière efl peu confidéraMb
On peut encore , par un autre moyen , donntr
plus ou tnoins d epaiiTcur aux dents , lors màa
quon n'a pas de filières de tous les écmrfciiit:!
poflifales i Se c'eft ainfi <!ue les ouvriers en «oa
genre viennent à bout de fuppléer , par un pei
d'induftrie ,au nombre d'outils dont ils oc M
pas fuififamment pourvus.
Ce moyen confifte à tirer la dent ôbli
à la filière du côté du fer ; ce plus oa
d^obliquitè fait mordre la lame de rafoir plus m
moins , d'cii fuit une épaiiïeur telle qu*ott la ddbc»
Il ne faut cependant pas ufer de cet rjipèdial
habituellemem ; car comme on ne fauroie ri^
parfaitement Tubliquité qu'on prend , 0*1 aMivit
éct dents plus minces, àc d'autres plus èpaulot
ce qui t(\. dune très-grande confôqueoce , ctunflB
nous le dirons lorfque nous en ferons au jwrfy
des peignes.
Comme cette première opération ne Cert qa\
ébducher les dents « on nV apporte pas tous )m
foins pofHbles ^ c*c:ft à les nrtr qu on doôsc taOÊ
Tattentioû qui leur efl oécciTaire*
is oeM
7U mB
M
PAR
Manière Je pajftr les dents en Urgcur,
Apres avoir tiré !cs dents d*épaifleur , comme
en vient de le voir , on tes paH^e en largeur ;
& pour cet effet on fe fcrt d'une filière.
Elle cfl ordinairement compofée de deux tames
de rafoir ^ Ôt toute la différance ne confifle qw
«lanf récartem»nt de ces deux pièces « plus cor-
fidèriible fuiv^nt h largeur qu il eft à propos de
danncr aux dents»
Les tranchans de ces lames doivent être pofts
obliquement Tun à Tautre , comme les deux jam-
bages d*un V , qui ne feroient pas réunis par en
^tes, mais qui tendroîent ieutemenc i Te réunir 9
^■c cVA r^fpace qui xk^c entre ces deux lames ,
^■pi détermine ta largeur des dents*
V^ Voyens la manière depafTcr les dents p^r cette
nfljèrc.
On place la filière par fon tenon fur ia table ;
rouvricT s'aflfied en fïce de la table ; & prenant
les dents l'une après Tautre dans une boite, de
U main droite , il les fait pa^er dans la riliére
en tirant à lui ; & pour être plus fur de ne pas
varier dans ce travail , il tient de la main gau-
ciic un petit bâton qu^îl appuie fur la dent ,
ce qui la force d*ctrc bien à plat fur un petit mor-
ceau de bois , qui , comme à la filière dont
nous nous entretenions fur la fin de Tarticle
I précèdent , détermine fécartement , en forçant les
amcs d*étre un peu plus écartées du h^ut pour
faciliter l'entrée de la dent ; & par ce procédé il
c<l (\\f de donner une largeur parfaitement égale
à toutes celles qu*il paflfe dans cette filière,
! 11 ne faut pas que le petit bâton avance avec
Hi denr, à mefure que (a main droite la tire ;
^■iiii îl doit toujours être appuyé ferme fur le coin
Hc bois entre les deux lames » pour empèdicr la
Kuine de s'élever à droite ou à gauche » & fixer
Hliu lurement ropération,
^ Lorfquc la dent efl mife de largeur par un bout ,
on la piHTe par Tautre avec les mêmes précau-
Hions , & ce procédé « qu'il efl aiTez long de bien
l^b^re I e(l fort court par lui-même.
^^Bfaui avoir atteniif>n en finifTant» que Técor-
Ww la dent fe trouve en-deflbus ; & pot;; ne
rico laifler à défirer fur cette opération , il eft
propos de favoir qu'on doit paflcr chaque dent
If ia largeur , quatre fois à la filière au moins ,
'oir,dcux fois par un bout, récnrcc en-def-
j puis en deflbuSf & deux fois de la même
lîiffqu'on Ta chmgèe bout pour bout,
fcmble qu'il devroit fuffire de ne les pafler
deux fois en tout dans ia filière ; mais (i
£tlt attention que les lames font plus écar-
par le haut que par le bas , on fenttra la né-
ffitè de corriger par un fécond paiTage Tanglc
que le premier a laiiïé.
le n at infifté fur lei détails de cette opéra-
tion » que parce que beaucoup de peigners ne
portent pas jufque * là leur attention ; le bifeau
Aru fr Midm* Tome K Paru ÎL
PAR
641
ou talut qui refle aux dents » les rend plus foî*|
blés à cet endroit ; 8c quand on vient à monter ]
les peignes , la force dont on ferre le fil pour
arrêter les dents entre les jumelles, fait écailler (
cette partie qui fe trouve trop foible \ les jumelles j
fe rapprochent , le ligneul qui les entoure fe re* j
lâche , les dents vacillent & fe couchent enfin ^
d'un côté ou de l'autre.
Cefl ainfi qu'en rapportant tes u fa ges^ je tâche ^
toujours de corriger les erreurs, \
Quel remède efl - il polTihle d'apporter ï cet >
inconvénient , s'il arrive pendant la fabricatioti
d'une pièce d'étoffe , de toile? Comment dèpaflcr
la chaîner Et quand cela feroit facile, le change- '
ment de peigne n'opéreroit-il pas toujours quel* ,
que défaut à Tétoffe ? Que de raifons pour don* i
ner aux peignes toute l'attention dont ils font fuf*
ceptïblea !
n faut donc faire avec foin toutes les opéra* '
tions qu'on fait fubir aux dents , & prendre garde ,
de ne pas trop en emporter fur la largeur ni fur
TépaiiTeur.
Si elles font trop étroites, elles n^appuieront pas
fur les jumelles, 5c ballottant fans ceffe, elles
périront prompte ment ; fi elles font trop min»
ces, une même longueur de peigne n'en contien-
dra pas une même quantité : enfin le moindre dé*
faut dans les parties , entraîne la défeâuofitè
totale du peigne.
Voyons maintenant la dernière façon qu'il con-
vient de donner aux dents avaat de monter le
peigne.
Manière de faffcr Us dents  la filière , pour leur
donner rêpafjfeur convenable à tel ou tel compte
de pet pie aufUel on les defime* '
Les filières dans lefqtielles on paflTe les dents »
ne fervent qu'à les préparer , du moins pour leur
épaiiTeur.
La première fois qu*on les pafle , s^appetle
ébaucher ou dégrs^JJtr les dents ; la féconde fert à
les lirer de largeur, & latroifiémc fert à les finir
ou affiner.
C'eft de cette dernière opération quM faut met-
tre le détail fous les yeux du Icéleur,
La filière qu'on emploie à cet ufage » diffère de
celles qu'on a vues plus haut , eu ce que le
bout de fer efl mobile , & peut s'avancer ou fe
reculer par le fecours d'une vis ; la lame de rafoir
cft immobile comme aux autres.
Par ce moyen on eft affuré de donner à toutes
les dents une parfaite égalité d'épaiiTcur qu'aucun
autre moyen ne pourroit leur procurer.
La pièce dans laquelle paffe la vis pour faire
mouvoir l'autre pièce , étant très-forte , ne per-
met aucun écart emcnt forcé , d'où fuivroit de la
variété dans l'épaiffeur des dents. Du relie , Ofl
paffe les dents comme aux autres filières.
Il faut , dan! toutes les opérations qu^on fait
M mm m
L
642
PAR
fubir aux dents pour les tirer d'épaîiTeur , avoir
foin que Técorce foit toujours du côté du fer ,
& qu'elle ne touche jamais à la lame de rafoir.
On fe fert d*une efpèce de filière , dont
la vis paflfe dans un morceau de fer qui eft tarau-
dé 9 & poufle une pièce dans laquelle entre un
collet qu*on pratique au bout de la vis y & qui
étant rivé par-deiTus , fans cependant avoir perdu
la liberté de tourner , rappelle cette pièce q aand
on dhor.rne la vis pour donner plus d*écartement
à la filière.
La méthode que je rapporte ici efl fans con-
tredit la meilleure pour s'aifurcr de Tépaifleur des
dents ; mais par un malheur attaché à tous les
Jbons procédés , elle n'eft prefque pas en ufage :
les peigners fe fervent ordinairement des filières à
jèbaucher , avec lefquellcs ils terminent les dents ,
en s*afiiirant du mieux qu'il leur eft poffible de
récartement dont ils ont befoia.
Puifque nous en fommes au point cffentiel de
la fabrique des peignes, je veux dire TépaiiTeur
qu^il convient de donner aux dents , félon le nom-
bre qu*on doit en faire entrer dans une longueur
donnée du peigne , il eft à propos de remarquer
que c'eft à ce travail qu'on diftingue Thabile
nomme de Tignorant, Tcuvrier que gui Je le gé-
nie , de celui qui ne fuit qu*une aveugle routine.
La détermination de Tépainfeur convenable aux
différentes dents n'eft pas une chofe aifée à faire :
il femble naturel que celles dont on fera tenir
une plus grande quantité dans un pouce de pei-
!jne , par exemple , doivent être plus minces que
1 dans le même efpace on en faifoit entrer beau-
coup moins; ce nVft cependant pas toujours cette
règle qu'il faut fuivre : il ne s*agit pas ici de Té-
paiiieur d«:s parties que le peigne doit contenir ,
mais de Itur nature.
Il faut d ne difttnguer fi le peigne qu*on fe pro-
pofc de fair£ doit ftr viraux étoffes de foie , à celles
de laine , aux toiles dw* fii , ou à celles de coton ;
& pour donner là-deflus quelques notions géné-
rales y on fait que le^ brins de foie font tout d'une
longueur , & qu'étant dépourvus de leur gom-
me par le décruage de la teinture , ils font réu-
nis par un double tors qu'on leur donne.
Aiffi desfeizâ & quelquefois vingt brins dont
on compofe chaque âivifion d'une chaîne , &
qui paffent entre dam dents , on n'en forme pas
un leul & même brin, & ils ont la libeitè de
iè porter fuiv^nt la hauteur d^s dents : on n*eit
donc point gêné pour Técarrement , & l'on
peut en faire entrer jufqu'à cinquante dans un
pouce de long. Les ouvriers fe fervent dans ce
cas , de cette exprcffion : la matière de la chaîne
a' emplit pas.
Le fil de lin ou de chanvre , dont on fait des
toiles, quoique dans la filature chaque brin ne
foit pas couché de toute fa longueur , mnis pris
par Ion milieu & couché double , eft cependant
plus dur & plus ferré.
PAR
Il n*eA perfonne qui n'ait vu travailler an cor-
dier ; voici comme il s'y prend : il entoure fon
corps d'une certaine quantité de fils de lin , on
de chanvre , qui ont été paffés au finin , & feot
par conféquent entre eux à peu-prés parallèles ; il
noue les bouts des plus longs aerriére fon dos,
& arrête ainfi le tout à la hauteur de fa cein-
ture ; il prend ion fil au milieu de tous les brins
qu'il a devant lui , & qui par ce moyen fe nroii-
vent fans ceffe doubles.
Une femme à la quenouille s'y prend de la
même façon , elle ne tire jamais fon fil des bouts
de la fiiafle , mais du milieu ; raifon pour laquelle
un voit au fil moins ti'élaiticité & plus de roideur
qu'à toute autre matière.
Ceft pourquoi les dents du peigne pour les
toiles doivent avoir plus de confiftance & d'é-
paiffeur que pour les toiles de coton ou les étof-
fes de laine , dont la matière eft par elle-même
très-èlaftique ; les parties qui en compofem les
brins , font toujours fêparées les unes des autres ,
& Von ne parvient à les unir qu'à force de
les tordre ; encore s'aperçoit on que « pour pea
qu'elles ceiTent d'être tendues, le brin groffit
à vue d*œil.
Auffi dans lafabricatton a-t-on fouvent befoia de
les coller ou de les huiler , pour qu'elles fe prê-
tent plus aifément à l'emploi qu'on en veut fane.
De toutes ces obfervations il fuit que les dents
pour une étoffe de foie ne doivent pa^ être aufli
minces à proportion que pour une étoffe de laine
ou de coton ; & en uip'>ofant qu'on voufiit &ire
un peiene pour une étoffe de foie qui ex!g<.àt
vingt dents par pouce , il ne faudroic pas Liffer
un aufiî grand efpace entre chaque dent, que fi
pour une même étoffe on devoit y faire entrer
cinquante dents : il faudroit que les premières
fuffent une fois & demie plus épaiffes que les
autres.
Mais fi avec le premier peigne on vouloit fa-
briquer une étoffe de laine, on n*en pourroitpas
venir à bout» à caufe de l'ép Jffeur do ces dents,
ou plutôt parce qu'elles n'auroient pas affez d'6
cartement entre elles.
11 faut donc que le peigner fâche ce qu'il con*
vient de déterminer pour le genre auquel ondet
tine le peigne qu'il entreprend , & qu'il tire ks
dents d une épaiffeur convenable à chacun , k
d'une largeur proportionnée ; car c'eft un principe
reçu , que ce qu'elles perdent en épaiffeur , on
le leur donne en kirgeur : par ce moyen la fortt
en eft un peu auginentée.
Telle eft la méthode que l'expérience, de cofr
cert avec la théorie la mieux enten.lue , a fût
adopter par n ^s plus h^' biles peigncrs , & ils ont
fur cela établi des règles dont ils ne s'éc^neot
que dans cueiques occafions.
Pour fuivre la méthode dont je viens de par-
1er , on fe fert d'une )auge » dans l'entaille de la-
quelle on place un nombre déterminé de dcno :
t AK
Buîs ûa jk eu foin auparavant Je s'aiïurer que
pour tel compte de peigne cetie eniatlle , qui
o*a ordmaircinent qu'un puuc« dj large ^ doit
^ conccnir un nombre connu de dcni^.
m Si elle en contient moins que k nombre connu,
ccft un figne afluré quelles font un peu trop
épaiflcs pour le p-gne qu'on veut Lire; fi au
contraire cllci tiennent trop au large, on en con-
clut avec raifon qu'elles font trop milices i il faut
donc reilcrrer ou relâcher la nliere JufLju a ce
^ que la J4;.ge fe trouve ètre.b melure exaâc de
H ce nombre de dt.nr«.
" Il ert certain que par un femblaWe prccîdé Ton
OC rifque pas d: faire rouvr.)§e au haf^rd/
On n'emploie que les ilents qui ont été jaugées :
exiles qui kî font trouvées trop épailTjs , peuvent
Itre repaiTées à la fiiicre i mais celles qui luni tro|>
mmces ooivent être abfolument rcjctècs & mifts
en referve pour un autre peigne , auquel elles
pourront ccft^inement convenir.
Il arrive fou vent que Teniai^le ou jauge doit
conte.iif un plus petit nombre di dents par rap-
port à certains peignes , que par rapport à un
autre : je m\xplique,
G>mme nous venons de voir que Tépa'lTjur dcs
dents ne dépcndoir pas toujours du nombre qu*i*
doit en cntrtr dans un cfpace déterminé du peigne ,
nuï% de remploi qu'on doit leur donner, 6c que
te efp.ces qui doivent les fèparer les unes des
atitres fiint l'objet auquel on doit faire attention ,
tOLies th:)fcs égiiles d'^illeyrs , 6l Us combinai-
foos étant une lois faites de Tépaiffeur des dents
& de rècartemeit qu'on doit obferver entre elles ,
il cft toujours à pio^jos âc vider un peigne autant
3u'il t(l pt.lfiblc , pourvu que ce n: foit pas aux
épens di. l.i folidite; car il cil conilant que plus
les dents font larges & épaiffes , p'us le peigne
a de foiiditè.
D'ailleurs > en chercham à vider aînft les
I peignes , on peut donner aux dents une courbure
^Ui leur foit préjudiciable , 8c les fils de la chaîne
Jie feront pas mus auHi librement que fi Tcfpace
è piTco^tu àtoit libre ^ il fuit de ce défaut une
raie fur route la longueur de l étoffe ; & fi !^ miime
défaut fc répète plufieurs fois dans un même p^ngne,
ce font autant de défeAuofirés, telles qu'on en voit
Ibuveni dans les petite^ étoffes qui en font plus fuf
ceprihlcs » même les taffetas des Indes , &c.
Ce que je dis eft fi vrai , que j'ai connu plu-
iteur» pcigncrs qui n'ont jamais pu réuflïr à f^ire
paffer un peigne paffabic dans les comptes fi m , &
l'ai eu occafion de m'a^jercevoir que ce défaut
provenotr de l'inégalité dans répaiffeur des d:nts ,
ainfi que dans leur largeur.
La connoîffance cflentiellc pour les peignera ,
cd donc répaiffeur relative à donner aui diffé-
Ifcoies dents fuivjnt les différent petgnes ; fans
cette connoiffance , ils ne parviendront jamais
à travailler que par routine.
Lotfqu'oQ a tiré une certaine quantité de dents
PAR ^4)
à répaiffeur qu'on croit convenable dans ta der*
mère filièr«,on en met un nombre connu dans
la jauge; 8c fj elle en contient plus qu'il ne faut »
luuvrier écarte un tant foit peu k lame de la filière »
& Us rend par ce moyen un peu plus épaiffes;
il la refferreau contraire , fi elles fc font trouvées
trop épaiffes ; mais il eft certain que les dents
irop minces ne fiuroient qu'être miles à part pour
un autre peigne.
Quant à celles qui font trop épaiffes « on peut
ou les réferver pour un autre peigne^ ou les rc*
paffer ila filière.
La variété d'épaiffeur d*s dents ne provient
pas toii;oursde l'ecarrcment de la filière: la mân
de Touvrier y cof)^'îbue beaucoup ; car fi » comme
nous Tavons déji dit , il ne tire pas bjcn droit
à lui les dents qu'il f<iit pafftr k la filière, il leur
c'onne plus ou moins d'èp^iiffcur fclon qu'il s'eft
plus ou moins écarté de cette ligne dtreéte.
Mais p€ur n être pas obligé de recommencer
la b^fogne f»iie ^ quand on en a beaucoup « on
le^ î^uge » & ce qui eA bon eft mis à part pour
le peigne a:;uel^ ôt toutes les jaugées où il s*cn
trouve plus ou moins font ferrées dans des boîtei
av^c des numéros pour fervir au befoin, ôc c'eft
de la befogne d'avance*
On a pour cela des boîtes à double comparti*
ment , qu'on place fur des rayons contre le mur ,
C< dont on peut former un corps de tiroirs.
Si Ton fuppofe que les dents font parfaitement
tirées à Tépaiffeur convenable , on n'a pas encore
pour cela atteint le butquon fe propole par rap*
port à la précîfion que ce travail exige.
Si les dents font d'une telle èpaiffeur qu'elles rem-*
pliffent le compte quele peigne exige ttl faut encore
avoir attention à la groifeur du ni ou ligncul qui
doit les entourer , & qui doit lui - même être
alTujeiii à des groffeurs différentes » félon les
différens comptes ; fans cette précaution ,
vingt dents , par exemple , qui doivent oc-
cuper une demi pouce, en occuperont un tout
entier , fi le fil dont on les entoure cft trop gros.
Mais ce ligneul varie lui même de groffcur félon
qu*il doit entrer un plus ou moins grand nombre
de dents dans un efp.ice détermine , 6c lelon l'ef-
pacc qu il coLVient de réferver entre les dcntf.
Nous venons de voir que le m >yen qu*on met
en lifage pour s'affurer de Tèpaificur des dcnis «
eft de les p^ffer à la jauge : c*eft auffi une [auge
dont on le fert pour mcfurcr la gfoiTcur da
li^ncul ; mais elle eft d'une conftruâion toute
différente.
Voici Topération, On couvre en partie de ligneul
le cylindre de la jaug: ; on le ferre comme t(
doit être fur le peigne; on compte le nombre de
tour^ quM contient; & après s'être affuré du ra|H
port de cet inftrument avec Us jumelles, on f^îf
que telle groffeur conviendra ou ne conviendra
pas au peigne dont il f*agit.
M m m m ij
^44
P Aft
Il me rcfte à parler de la dernière préparation
qu*on donne aux dents avant de monter le peigne.
Birniire façon à donner aux dents ayant de les
employer.
Lorfqu*OR deftine les peignes à des étoffes grof-
fières , on emploie les dents dans Tétat oii la
dernière préparation dont je viens de parler les |
a mifes ; il n*y a que les étoffes de foie qui exi« |
gent une plus eranHe délicateffe : auffi , lorfque ,
c^eft à ces étoffes qu*on deftine un peigne , les
ouvriers ont - ils foin , après leur avoir donné
répaiffeur & la largeur que les opérations que
BOUS avons décrites leur ont procurées , de leur
donner une douceur & une fou^^leffe capables de
ménager une matière auffi délicate.
Cette dernière façon n*eA pas la même chez tous
les ouvriers , chacun fait myflère de la fienne : à
Tentendre , c'eft un fecret que fon voifm ne pof-
iiède pas au même degré que luL
Quoi qu'il en foit de ces prétendus fecrets que
chacun cache avec grand foin , j'en ai décou-
vert (quelques-uns; £ pour ne pas me rendre
complice de charlatanerie » je vais les publier
tels que je les ai appris.
Quelques peigners font fondre du favon gras
dans \xmt certaine quantité d*eau bouillante , &
dès qu'il eft fondu , ils jettent dans cette chau-
dière ou marmue une poignée ou plus de dents
oui aient reçu toutes les préparations ordinaiies,
oc la font bouillir deux ( u trois heures environ ;
ils rerirent la chaudière du feu , laiffcnt refroidir
le tout , & retirent les dents pour les mettre
. fèchcr ï l'ardeur du foleil , fi cela efl poflible , ou
devant un feu modéré (i le foleil ne donne pas ,
ou enfin au moyen d'un poèlc ; quand elles font
bien fèches , on les ferre dans des boîtes ou tiroirs ,
comme nous l'avons déjà dit , en les préfervant
foigneufcment de Thumiditè.
Il cft certain que cette préparation donne aux
dents une foupleffe & une éîafticité très-avanta-
Seufes à la foie, & qui contribuent beaucoup à la
urée des peienes ; fans cette précaution , la vive-
arête que con?erve chaque dent, & la rudeffe de
la canne , font très - préjudiciables à la chamc ,
jufqu'à ce qu*un peu de travail les ait èmoufTècs
& adoucies : c'cft pour cela que quelques ouvriers
frottant les peignes neufs avec du bois bUnc ,
comme du faule ou de Tofier , quand ils n'y fa vent
^s donner d'autre façon.
On peut encore préparer les dents avec une
ieflive compofée d'urine & d*eau , dans laquelle
•n metfondte du favon & du fuif de chandelle ;
on y ajoute une quantité affcx confidèrable de
ftfiçv & lorfque le favon & le fuif font fon;!us ,
tH y jette les dents , & on les y laifle jufqu'à
ce qu'elles aient acquis une couleur brunt ; alors
ï> A R
ôft les retire^ & on les met fécher cooimc on Fa
vu ci-deffus.
Comme on en prépare ordinairement beaucoup 4
la fois y on a foin de les tenir en garde contre
rhumidiië.
Des deux procédés que je viens de rapporter;
il eft certain que le fécond eA prèiibable au
premier , l'expérience m'en a fait pcMter ce ju-
gement.
Il y a une troifiéme préparation qui approche
affez de la dernière , & qui rend les dents à-peu
près aiiffi douces : toute la différence confifle à
mettre dans la compofition un peu de fel dans
l'eau y au lieu d'urine ; mais on y met U mtee
dofe de fuie , de favon & de fuif.
Ceux qui préfèrent cette dernière recette , n*oiic
pas le défâgrément de fentir l'odeur infupporta»
ble de l'urine , qui ell très-fcrte quand elle ei
chaude.
Tels font les procédés que f ai recudlUs de
divers peigners.
Quelques-uns m'ont affuré qu'à ces ingrédiens
on pouvoir ajouter de l'alun de Rome ; d'autres
m'ont dit que fa nature caufiique nuifoic plutôt
qu'elle n'étoit favorable ; mais ceux qui l'en*
ploient, alTurent que Talun n'attaque aucunemeot
l'écorccde la canne «& qu'elle ne s'attache qu'à
la partie intérieure ; que comme il eft effemid
de ne laiiTer aux dents que l'écorce , on s'affnre
fiar ce moyen de la durée des dents , dans les
rottemens multipliés que leur emploi leur bà
effuyer.
Cfette remarque n'eft pas dépourvue de fbo*
dément ; car en examinant un vieux peigne , oa
s'aperçoit qu'il n'y a que la partie inférieure de
la canne qui foit endommagée , & que l'ccorce
n'eft prefque pas attaquée.
Quoi qu'il en foit , il eft certain que les dents
ainfi préparées rendent un peigne bien meilleur,
plus toupie il plus doux.
J'ai cependant connu des peigners qui igno-
roient qu*on pût donner aux doms d'autres pré-
parations que de les p^ifter à la filière & A*en Lire
un choix convenable.
Je n'ai jamais eu occcafion de favoir £i , poer
les étoffes de laine , pour les toiles , &c, on prfr
paroit les dents des peignes comme je viens de
le rapporter; mais je pcnfeque cette méthode oc
fauroit être qu'avantageufe à tous les peignes ,
puifque ce n'eft pas Tétoffe feule qui en reçoit
de l'avantage , mais que le peigne lui-même ei
acquiert plus de folidité & dure davantage.
Je dois cependant avertir que les recenesqne
je viens de rapporter , m'ont été données par
des ouvriers dont j'admirois les peignes , mab
je ne les ai jamais pratiquées moi-même.
En comparant leurs ouvrages avec ceux des
autres , ;e n'ai pu me défendre de leur accorder
une très- grande fupériorité.
PAR
l&yifts four affembUr Us fils du ItgneuU,
[Le ligncul cft , comme on Ta dcjà dit , le fil
pi fixe Its dents haut & bas entre tes quatre
ftmellcs, 6c qui fert en roémc temps à îcs cfpacer
comme iJ faut. Cela pofé , on doit fentir que la
groBeur de ce Itgncul varie félon IVcartement
qu'en vert obfervcr entre les dents : il faut donc
l«i donner cette groOcur par des procédés que
je vais dttaillcr.
Ce que je vais dire du lîgneul propre aux diffé-
ttns peignes , ne doit s'entendre que du corps
peigne ; car qu;5nt aux dents des lifières , on
coutume de les arrêter avec le ligneul au moins
bic en grolTeur , tant pour la tbrce que pour
ineinent : auiTi a-t-on coutume de faire deux
urs à chaque dent peut les tenir plus écartées,
.fil dont on fait le ligncul teut être indif-
^Ément de chanvre ou de lin , filé au rouet
•O i la quenouille, peu importe; maïs on ne lui
doone aucun -apprêt : il doit être d une certaine
fincfle , pour quen ajoutant au brin qu*on veut
compofer un ou pluficurs fils , on fuive une gra-
dation plus infcnliblc . 8t par ce moyen faifir plus
précifément la groflVur dont on a befoin*
CcA pourquoi , Ci k fx brins le ligncul étoit
trop fin ^ 6c que le feptiéme qu'on ajouteroit fût
•n peu gros , il arriveroit qu'à fix il feroit trop
^0 t & trop gros à fept.
P Pour faire rafTcmbUgc des brins , îl faut que
te fil fuit dcvidé fur des tochets. On met une
quantité convenable de ces rochets fur une petite
camre»& alTemblant les bouts du nombre de ces
rechcts qu*on a déterminé , on tord tous ces brins
Van (ur l'autre avec un rouet à filer , & on les
^ychc ainfi , ne faifant plus qu'un brin fur le
ïchct, qts'on place fur la broche*
On ne donne a ce ligneul qu'autant de tcrs
ail lui en faut pour aflembler ces brins , & n*eD
kire qu*un ; mais il cft ciTcnticl que dans toute fa
pisgucuril foit également tordu : ce qu*il eA aifè
rêglet en comptant le nombre de tours dî
»ue qu'on donne pour tordre la longueur qui
eft entre labroihe fit la main de rouvriere.
Qu^nd cette longueur a reçu fou tors, on le
Miclic fur le rochet, on en prend une nous'clle,
Jnî eft réglée par Téeendue du bras ; mais il faut
^oîr grand loin de ne pas dciTcrrer les dnif-s
ans cc^^ opémfion , fans quoi le tors ' !
-delà de la maia fur ta partie cornp
main & la caairc: par ce moyen , on safîurc
Téglité de tors, éc le fil eft très uni cjans
»tite U longucTir.
On obfcrvc de ne pas trop tordre le ligneul ,
pjfccqu*tl dc\ieni trop dur, çc quîflc rend difllî-
^Uc à employer.
■F 11 tac faut pas tordre également le lignetiî de
Roiitcs les groflTciirs ; car le plus fin ftroit trdp
inoit , fit le plus ^ros trop tlur : on a chez îcs .
pctgners des à pcu-préi qui font toujours fuffi- J
PAR
945
fans » & dont les femmes , à qui ce travail efl or-
dinairement abandonné , ne s'écartent guère.
Sans cette attention , Touvricr en montant fon
peigne ne feroit pas maître d*aplatir ce fil pour
le forcer à ne pas tenir plus de place qu'il ne
faut entre les dents. Il n*eil pas poHible d'établir
des régies précifes pour la groffeur de ce fil ; car
les peignes varient fi fort dans le compte des dents
qu'ils contiennent * & dans récartemenr qu^on
obferve entre elles , que Tcxpérience feule peut
infiruire un ouvrier qui chctcheroit ici «i s'ca
rendre par&itemcnt au fait*
Manière de dévider U filwfdii^
Le tors qu'il eA à-propos de donner au fil
pour en former le ligneul , lui donne beaucoup
de roideur fii de dureté \ c'eA la raîfon f*.ns doute
pour laquelle les peigners n'ont pas adopté les dë<
vidoirs dont Tufage cfi fi ordinaire par-iout ; ils
en conftruifent de très -forts fit très - fôlidcs j tel
que celui- ci.
Sur ta circonférence d'un œoveti , font pratiqués
quatre trous à angles droits , oeux par acux , fur
deux lignes , pour qu'ils ne fc rencontrent pas
au travers do moyeu : ces trous doivent erre
carrés \ ils reçoivent à fiotiemcnt un peu jufte
les quatres ailes qui forment In cr^ix » 6l au bout
dcfquelles font affembiés à tenons 6£ mortaifes
quatre croiiTanSj placés fuivant la longueur du
moveu.
Cette tournette peut changer de dumètre à
volonté , & fe prêter à la grandeur des éche-*
veaux ^ qui varient fuivant les guinires ou ils ont
été fiits; il ne s'agit pour cela que de poufi!er ou
de tirer à foi chacune de ces aitef*
Il cil encore néccfTairc de pouffer une des û*
les , quand on ireut mettre un écheveau fur ce
dévidoir ou l'en retirer ; fit qyand il y cA placé ,
on doit U retirer au point convenable.
Ce dévidoir tourne verticalement fur un axe
qui paiTe p;ir le centre du moyeu \ & pour qu*il
n'approche pas trop du montant , on réfcrvc i
cet arbre ua renflement qui pofe contre le mon
tant, fie à Tautre bout eft un tenon carré par oti
il entre ('.ans ce montant» gui lui-même eft planté
dins un billot ou dans une pierre affe; lourde
pour dofincr de la foliditè à toute la machine*
On arrête la tournette fur fon axe au moyen
d*une cheville de bois qu'on met dans le trou qui
eA au bout de Taxe.
Pour fe fcrvir de cette machine , H en faut
une autre , dont voici la defcription.Sur une plan-
che', font plantés deux momans à huit ou dix
pouces de dtAancc Tun de Taurre ; au haut de
chicun eft une entaille , ;»roprc à recevoir les
Cûlkts de l'arbre où il cft retenu par les chc-
viltes*
Ettfuir^ du collet eft rèfervée une partie car*
réc, fur laquelle on place la roue , dontl'of^
64.S PAR
récartemenr efl à-peu près ègJ au diamètre fu-
Î>érieiir de la marmite , pour qu'en tirant le fil
a planche ne puifle pas fe déranger. Au milieu de
cette planche (ont pratiqués pluiieurs trous de dif.
férens diamètres pour toutes les grofTcurs de ligneuU
Au moyen de celte planche , on a les mains libres
pour diriger îe Itgneul fur un afple , comme à la pré-
cédente manière , ou fur un rouet, qui n'a pas le
même inconvénient.
Un autre avantage que procure Tufagé de la
planche qui fert de filière , eft d'y attacher la
fourchette entre les pointes de laquelle paffe le
iil au fond de la marmite.
On eft difpenfé par-là d'arrêter la fourcherte.
Aînfi , quand on vctit palTer le fil fous la four-
chette j on enlève la planche 6c Ja fourchette à
la fois.
Un autre avantage efl, que cette planche fer-
vant de couvercle à la marmite , s'échauffe , & le
trou par oii parte le ligneul n'eft jamais bouché
par la poix qui retombe à mefurc dans la mar-
mite.
Il faut avoir foîn de placer le rouet bien en
face de la marmite» afin que le ligneul ne lombe
pas à droite ou à gauche i & même pour le phcer
plus également, on fe fert d'une baguette fur la-
quelle il glifle & qui le dirige à volonté,
La conltruSion de ce rouet efl on ne peut pas
Elus fimple ; ce neft autre chofe qu'un bâtis de
ois , compofé de d^ux pièces aiTembièes par les
traverfesà tenons & mortaifcs , fur lequel s'élè-
vent quatre montans aflTcmblés par le haut au
moyen de àtux traverfes , au milieu defqoelles
crt une entaille où fe place Taxe du rouet ; cet
axe eft retenu par un lalfeau qu'on fixe avec deux
chevilles.
Quant à la roue , c'eft à-peurprès celle d'un
rouet ordinaire, compofée d*un moyeu , au centre
duquel paiTe Tarbre , & fur fa circonférence
font aflemblés fix rayons , au bout riefquels efl
retenue la cercc ou cercle de bois mince avec
quelques clous d^cpingte ; les deux bouts de ce
cercle font amincis pour être Tun fur lautre , fans
en augmenter répailTcun
La manivelle eft formée d*un morceau de bois
de fix à fcpt pouces de long , à Tun des bouts
duauel ell un trou carré qui reçoit le bout de
TarDrc , & l'autre reçoit une longue cheville à
tcte ^ qui paffe au travers du manche , & lui per-
met de tourner qu^nd on la tient dans la main.
Il efl cert^iin que l'ufage de ce rou«t eft pré-
férable à celui de Tafple , parce que lafurface fur
laq^ielle fe couche le fil , étant continue , force
la poix de fe ^xtr à Tendrolt où la filière Ta placé i
au lieu que les vides qui fe trouvent à Tafpîe ,
lui permettent de couler vers les aîlej, La ma-
nière de relever le fil de deffus ce rouet eft la
même dont on a parlé précédemment.
On vient de veir trois manières d'enduire le
ligneul La première confifle à Tétaler par terr^ à
P A"R
mefure qu'on le retire de la marmite , b fecof\ic
en le dévidant fur un afple « U tielfièfiic enfifl
en le recevant fur un rouet.
Ces trois opéra irions exigent que ce travail fe
faffe dans une chambre, où le fcul remède cofifte
Todeur forte que cette compofitton exhale ^ 1 été
de placer la marmite dans une chemîi^èc , pat oa
le courant de Talr en emporte la plus gr.inde pat»
tic i mais cette odeur fe fait encore bien fcntif
à tout le voifinage« inilgré cette précaution ;c*dl
pour cela que pluficurs pcigners ont coutume de
faire ce travail dans une cour ou jardin , oà le
grand air didlpe promptement cette odeur : or
pourroit même conftrutre un hangar propre I
cela , qui ne demanderoit pas beaucoup de pltct*
Manllu dt pù'ffcr U fi dam une iour Q» j^fJ^
Lorfqu'on poîffe le ligneul en plein ajr^ Wbë
fubflituer un fourneau à la cheminée ^ non pza
cependant que cela foit indifpcnfable , puifquûf
pourroit en conftruire une fous un liangir ; ttaà
pour plus de commodité on fe fert de rourneaut.
Chaque pays a encore fes uftenfiles pinîce-
lîcrs ; ici on fe fert de fourneaux de tôle, h et
terre, & autre part de ceux qu'on voir commo*
nément jans lescuifincs , conflrults en pUtie,it
montés fur quatre pîeds pour être pltJs portatift»
Ceux de tôle ne font autre chofe qu'un cylhi*
dre de fer battu qu*on nomme toU, Le fond A
monté fur trois pieds , & emboîte à ^ccO€lfr^
ment le corps du cylindre » qui y eft attache tfCC
des rivures.
On a auffî coutume, pour plus de foltiI:é,dc
mettre fur la hauteur deux cercles de fer , 1^
au bord f^pirieur , & l'antre en bas.
h peu- près au tiers de fa hauteur eft nmAi
en-dedans un cercle de fer , ou au mokof éa
portions de cercle » pour foutenir It grille i|n
n'eft elle-même qu*un cercle de fer afllcz fqn^
fur lequel eft foifdèe à la forge ou rivée im
quantité plus ou moins grande àc tnr«l<^ rS
de ÎCT , qu'il eft à propos de placer -
ment , & non à plat , ahn que la cenL
deux plans inclinés , tombe & ne bouche p« kl
intervalles , ce qui ralentit Taifdvîté du ïc%t
Sur le devant du fourneau, c'cftàdÎT.
côté oppofé à la jointure des deux boui> ùi. *
tôle» eft pratiquée une ouverture plus kauteqse
large « qu on ferme au befoin svec une pcmc c^
trée ; & même à cette porte qui fert à mct?rt le
bois ou le charbon dans le fourneau » on en pn*
tique une plus petite , comme à un pocîc ofé^
natre.
Cette dernière fert à donner de Talr lu fêii , (^
fans cela s'èteindrort , ou du moins fc r.
beaucoup. La manière dont 00 ferme ..*> -
portes avec de petits loques , eft conaoc de te»
le monde.
Pour poiivmt tranfporter ce foume^ti pltii co*
modément « ony attiene à dcuxpoiois app«fti drÀ
cbcoafiiûait
F*
PAR
cf^confôrcnce , des aofes de fer , ^u^on faîjlt avec
des poignées de bais ou quelques chîfFons » pour
ne pas ie brûler.
Il y a des ouvriers qm , quand ils placent la mar-
fiiire fur ce fourneau , avant d'allumer le feu , lut-
tent les bords avec Je la terre à four, ou autre,
pour concentrer mieux la cluleur.
Cet expédient ert fort bon en luî-mènie ; maïs
fi Ton n^avort point attention , ou de lalfTer une
^it deux ouvertures oppofées fur la circonférence ,
mi de pratiquer quelques trous au haut du four-
neau « on verroit infcnfiblement le feu s*éteindre >
ou pour mieux dire > on ne fauroit venir à bout
é€ l'allumer , car tout le monde fait qu*il lui faut
«n courant d'air,
La marmite étant fur le fourneau , îl eA indif-
|Ci]fable d*avoir un point d'appui pour placer le
fûchct fur lequel ed Je f\\ ; c'eft à quoi Ton a
pourvu , en imaginant de fe fervir d'une efpèce
éc petite camre; ôf quand on veut travailler , on
place au-deiîus de la marmite la même planche
dont nous avons déjà parlé , & qui y efl rete-
nue au moyen de deux taiTeaux qui y font attachés.
Le rouet fur lequel on enveloppe le ligneul ,
mû entièrement fcmbiable à celui d«nt nous avons
déjà donné la defcription ; mais comme ie four-
neau fur lequel on place h marmite eA beaucoup
litus hautque le trépied fur lequel on la mettoit,Sc
^u*it efl néceffdire que cette marmite foit beaucoup
plui baffe que le rouet, il a fallu ohaufTerce rouet au
nioycn des quatre pieds qu'on a plantés fous fa bafe*
Je dis qu il faut que le rouet foir plus haut que
b planche ou 51iére qui c(\ fur la marmite : en
effet , la dircéVion fuivant laquelle il faut que le
6\ en forte pour que le ligneul fviit rond , efl la
ligne perpendiculaire» fans quoi ni la rondeur ni
lagroncur des trous qu'on auroït déterminés n m-
ilacrcicQt fur celles du ligneul , qui fe frouveroîi
fd*aytant plus aplati & menu, que cette dirc«fiioii
Tctôît plus oblique.
Auili le khon que tient l'ouvrier 1 fa matn
gauchie , fcrt autant à relever le fil enfortant 4^
la fî^:\:ic , qu'à le diAfibuer également fur îe rouet.
L'ouvrier en opération met à côté de lui une
Corbeille remplie de rochets pleins de fil , & plus
in un autre panier rempli de charbons pouren-
enir un feu égal fous la marmite.
Lorfgu'on ne veut pas f;iire la dépenfe d'un ,
lirai tourneau > on peut fç fervir d'uji réchaud
terre de oreufet, dont Tufagc cft fi commufT ;^
d'autres fe fervent de celui quon voit dans pref-i
3UC toutes les ctiifîncs ; mai« on y ajoute une.
ouble porte pour régler plus fûreinctjt la force!
àii feu*
On peut avec ces fortes de fourneaux tirer le
Itj^neui des trois manières dont i\ii p^r^é ci-dcvanr.
fe place où Ton veut ; l'odeur s'évapore pïuv
meni , le jour c(k plus beau » Ôt It poix eft,
fcien plus tôt refroidie : ainû tout engage à prc-,
Ctrer cette méthode.
Aiu & Hmêrs , Tfmt K Pan, Ik
PAR
649
Les peîgners 1 à qui il importe fi fort que ie
ligneul foit d'égale groiTcurdans toute fa longueur,
prcférent celui qui a été fait dans im tems froid ^
à celui qu'on a fait dans Tété ou dans une cham-
bre échauffée.
Il eft cerraiti que quand il fait froid ^ la poix
cft fur-lc-champ figée , & que le ligneul eft à la
grofleur où b élière Ta mis. Cette obfcrvatîon m'a
fait penfer que dans Tune & Tautre faifon , (\ l'on
avoit foin de faire paffcr le ligneul Aans de Teau en
fortant de la filière , on lui procurcroit cette
égalité fi recherchée , & qu'on obtient fi diflici-
leraenr. Je vais propofer au leâeur mes idées à
ce fujet,
ALyens Je rmJrt îe Upteul toujours égdU
Le premier moyen propre à refVoidir prompte-
m^nt le ligneul , eft de monter Tafple ou îe rouet
fur une auge de bois remplie d'eau : pour cela il
fuffit de pratiquer au milieu de TépaifiTeur des
deux grands côtés une moruife arfez profonde
pour recevoir les tenons arrafés à^% montans ,
dans lefquels eft une entaille où repofe Taxe.
On voit que le fil ne fcroir pas plutôt fur
l'afple , qu'étant porté dans Teau , il feroît promp-
tement refroidi , & que la poix acquerroit de la
confiilance. D'ailleurs , même avant d^arrivcr à
Teau , le fil placé à côté d*autre déjà très-froid
& mouillé, (eroit lui-même refroidi, 6t ne pour-
roit s'attacher au fil voifm.
Ce moyen eft fujet à un inconvénient , c'eft
que la rotation élève Tcau & en répand au loin
de tous côtés: par rapport à l*afple ^ il ny a de
remède qu*à tenir la manivelle un peu longue ,
& s'éloigner de l'auge pour n'être pis mouillé.
Quant au rouet , on peut fe fervir du même
remède, 6c de plus, placer à quelque diftancc
de ta roue fur le bord de l*aiîg2 une planch'? ou
autre chofe qui rabatte la plus grande partie de
l'eau ; ce que les couteliers ^ dont la meule trempe
fans ccffe dans l'eau , appeUent rj^*j/-f«iii*
Lt fécond moyen cft un peu plus compliqué ,
mais il n'cft pas fujet aux inconvéniens du pre»
mier. D^^ibord on place le rochet fur une broche
de f^r , au haut d'une cantre , de li le fil va an
fond de la marmite s*abreuver de poîx^ôc paffe
par la filière dont j'ai déjà parlé,
A cité du fourneau eft placée une auge de bois
fur fon pied, & fur lebout,prè> dt tamarmice,
s'élève un montant affeniblé à tenons S: m ^-^ ,
au haut duquel eft un cnfoufcbemi-nt ^ :
une poulie de ^twx ou trois pouces de long.
Cette poulie a la liberrè de tourner fur une
brochî de fer qui paffe dans répaiffeur du mon-
tant : au fond de Tcugc eft ;«trachè un bâtis de
bois , qui porte une poulie foUs laquelle piff: le
lîgntuî au fond de l'eau ; enfin ce ligieul va fe
dévîier fur l'afple que Touviier f.»it tourner avec
la mitn droite tu moyen d'une manivelle , tandis
650
PAR
qu*2vec une baguette il dirige le ligneul de la
main gauche.
Le bâtis du fond de Tauge e(l compofé d'une
pièce de bois , fur laquelle s'élèvent deux moti-
tans percés par le haut , pour recevoir Taxe qui
porte h poulie i ainfi récaricment de ces montans
doit être à peu-prés égal à la longueur de cette
poulie.
Il eft abfolument nécelTaire de faire paffer le
fil fur une poulie avant d'entrer dans Teau ; car
comme alors la poix ed encore liquide , û on k
faîfoit gUffer fur le bord de Tauge ou autre part ,
il perdroit toute la poix qui a pafTé par la
filière , & s'aplatiroit du côté du frottement.
Manitre d< monta Us peignes.
•Le métier à naonter les peignes eil une table
peu élevée , montée fur quatre pieds aiTemblès par
le bas au moyen de iraverfes , & par le haut a
tenons &L mortaifes dans une forte planche.
Cette table efl uni« au rabot, & entourée d*un
rebord dont h largeur, outre celle de la planche ,
cft environ d un pouce ou d'un pouce & demi ,
pour qu'aucun des outils ne puilTe tombera terre.
Au milieu de la largeur & fur la longueur
font pratiqués quatre trous carrés propres à re*
cevoîr les tenons des monta ns ou poupées , qu'on
y arrête au moyen de clefî ou coins qui en-
trent dans leurs entailles , en defTous de la table ,
comme les poupées d'un tour.
Au haut de ces poupées & fuivant la lon-
gueur de la table » eft pratiqué un trou d'un dia-
mètre ûiffifant pour recevoir le canon de fer , à
l'un des bouts duquel eft foudêe une pièce car-
rée, qui entre de toute {on èpaifTeur dans une
des faces de la poupée , & y eft retenue par
quatre vis à tète noyée . au moyen de quatre
trous qu'on y voit, Li longueur totale de ce ca-
non , y compris fa tète , cil égale à L'épaiUeur de
la poupée qui le reçoit,
C'eli dans ce canon que palTe le boulon de
fer, dont une partie cft ronde & unie, & le
rcfte cft taraudé dans toute fa longueur ; à la par-
tie pleine , eft une mortaife carrée , un peu alon-
^ée , dans laquelle paiïe la clavette dont on con-
voi tra bientôt l'ufage.
On conçoit que le diamètre de ce boulon ,
tant delà partie pleine que delà partie taraudée,
doit être tel qu'il puiiTe couler aifément datis le ca-
non à mcfure que l'écrou k creille rappelle.
Les clavettes fervent à conicnir les jumelles du
peigne , & te boulon étant attiré par l'écrou ,
leur donne autant de tenfion qu'on en a hcfoin
pour monter le peigne*
La longueur des boulons doit être telle qu'on
puiiTe s'en fervir pour toutes les longueurs du
pt;igne , en ch:ingeant les poupées de place.
Je m'c)!p!ique : il faut qu'on puîlTe tenir avec
les claverrcs un peigne qui fer os t plus court que
depuis la première entaille de la table d*un côté ,
PAR
jufqu'à la féconde de l'autre côtéf & plus lor!|
cependant que l'intervalle compris entre te deui
du milieu : par ce moyen il n'eil pas de longueur
qu'on ne puîlTe faifir.
Ce te manière de monter les poupées du miém
eft fans contredit la meilleure ; mais ces boulofli
courent un peu cher; & ^our épargner la t)è-
penfe, beaucoup de pelgtiers fc comencem Jua
comme ceux dont nous venons de parler j 6c rautre
eft un br>ulon i tête : cette tète repofe contre la
poupce, âi r>utiem l'efTec que fait îe tirage de
l'autre qui cil à Vis*
On ne fauroit abfolument b!âmer cette méthode ^
qui remplace f:>rt bien l'autre, âc même onpcitf^
roit y trouver de Téconomie de temps , p«tf-
qu'on m touche qu'au montant à droite^ V^am
reibni immobile.
La table ou le métier dont je viens de doniMT
la defcripiion , n'eft pas d'une gandeur luffifaoït
pour y fabriquer des peignes de toutes les loo-
gueurs;aunri plufieurs ouvriers ont-ils, chaam
félon fon génie , cherché à fe procurer les com-
modités néce^aires à ce travail.
Les boulons à vis que nous venons de ym^
font on ne peut pas plus commodes ; on donne
par leur moyen autant & aulfi peu de teniifMl
qu'on en a bcfoin.
Ceae tenfion , qu'on crolroit avoir détermloil
d'une minière fû.e au miyen des vis, augmesti
à mefure qu'on place des d^nts dans le peigne ^
ainft qu'un le verra en fon lieu ; Il fiUt donc que
l'ouvrier lâche la visTnfenfiblemtnt , fa n^ quoi kl
coronelles ou jumelles ne pouvant plus fup
porter un pareil effort , cafferoient blent&t.
D*;r plus , pour faire un peigne , on a befoî«&
paflbr enrre ces jumelles un imlrumentqu*on noin*
me fjule , & qui leur donne ricanement convr-
n<ibe: cet uflenfite ^ en les écartant, les riccovP
cit encore & augmente la tenfion.
On fe fert d'un autre métier qui réti nh î'ant'
tage de pouvoir tendre & détendre înfcfifiblcoieQ
le* jumelles au moyen du boulon à vis h
mintiiic , & de le prêter plus facilemoi
à toutes les longueurs de peignes* Voici coo-
ment.
Chaque montant etl fixé foUdemcm au ni#fcf
de tenons à enfourchement , fur une paiecf
qui le déborde de trois côtés , favotr , dt dctf
côtés parallèles aux boulons, d*cnviroa dcuxpP^
ces , éi fur la face intérieure de quatre po«CO
au moins.
Sur les deux petjts côtés cft praiîquic 01
feuillure qui gUfte fous une autre pratiquée ea tbi
contraire 10 us, les tringles» au moyen de quoios
poupées peuvent s'avancer d'une au liî petite qoii^
tité qu'on le juge à propos le long de ces wm
glcs , qui doivent être clouées fur li cable bia
parallèlement entre elles.
Lorfqu'on veut les 6jtcr , on ferre eonoe il
table une y\à à tête carrée ^ qui t^tïXx^ dans un écM
I
PAR
plâcè folidement pir defTous la ptancke ou bafe
de la poupée de foute (on épaiflieur , qui doit
ttre cependant moindre que cette planche.
Oo le fcn d une clef pour ferrer cette vis ; &
pour ne pas ufer le bois à force de vliTer & dé-
Tiffer , on met fous la tête de cette vis une
rondelle de cuivre qui en fupporte tout le froi-
tcinciit.
En parcourant les diffèrens atelters, j^avois
regardé le métier que Je viens de décrire, comme
le plus parfait & le plus commode ; mais je
Tais en décrire un autre que ta plus grande partîe
des ouvriers etliment davantage , à ciuCç de fa
grande fimplicité.
La table de ce mèiîcr refTemble parfaitement
iu banc d*un tour. On pratique au milieu une
fainure de dix-huit lignes de large ou environ ,
ât prcfque auflî longue que la table mèmt; les
■lontans dont on (c Un , ne font autre chofe que les
poupées d'un tour. Sa clef ef! faite un peu en coin
»Our ferrer la poupée fur la table ?n entrant dins
reotatUc ; du rtde « les boulons paiTent dans les
poupées , comme aux autres métiers. Il y a cc-
Eendant quelques ouvriers qui , pour diminuer
i dcpenfe , font faire ces boulons en boîs.
Ccft un coÀtt percé dune mortalfc où entre
la clivette fur bcjuelle on met les jumeHes; cn-
luire eft une partie cylindrique delà grofleurdu
rrou de la poupée , & enfin le reiie eft taraudé
à la filière en bois; Ôc on fe fert , pour ten ire
les jumelles » d'un écrou de bois. Le métier
atnii monté , n'cft certainement pas aulTi folide
au'en fer ; mais aufli la dépcnfe eft bien moin-
rc : c*eft ce qui engage beaucoup d*ouvriers à
le préférer.
Les métiers dont j*ai parlé jufqu^lci , font com-
munément conftruits dans la proportion de quatre
pieds ou quatre pieds & d:mi ; mais cette lon-
gueur neil pas lufEfante pour beaucoup de pei-
gnes ^ qui ont fouvent jufqu*à trois aunes & de-
jnîe de long.
II faut des métiers capables de les contenir ;
suis comme lis tiendroient trop déplace, on les
£aj| ordinairement de plufieurs pièces , qu'on afTem-
ble Ôc qu'on démonte à volonté , fuivant le befoin.
Un méfier eft compofé de trois parties , dont les
1 deux citrémiiés s'aiîembknt au moyen détenons
H^ui entient dans dcsmortaifes pratiquées fur Té-
^ntiffeur de la partie du milieu.
^r Aux parties de droite & de gauche eft pratî*
■ i|oè un certain nombre d*entaiUes, pour recevoir
le montans » & le boulon à vis fupplée à leur
iBobiljié.
La longueur totale de ces trois parties doit être
de quatorze pieds trois pouces, pour y fabriquer
il rali'e un peigne de trois aunes & demie de
long, qui ne font que douze pieds fut pouces ;
il rcfte donc dix-fcpt pouces , tant pour Icslmon*
fans, que pour la diflance des preoiiéres entailles
^muM tttriisités.
VA R
65.
^
Quelque -iiriseonftruifent ce baftcde manière que la
partie du milieu eA affemblée avec des charnières
à Tune des deux autres , & fe replie par-delTus.
Quand on veut s'en fervir , on ahaifTe ce
milieu qui vient fe joindre à l'autre , au moyen
des tenons & mortaifes : on peut encore fépa-
rer la partie du miliea en deux , & en faire te-
nir une à un bout , & Paucre à Tautre.
On fe fert encore d'une autre efpéce de métier ,
avec lequel on peut faire des peignes de toutes
les longueurs ; ce n'eft autre chofe que deux mon-
tans plantés folidement chacun dans tme planche
un peu large, pour pouvoir les retenir à Técar-
tementdont on a beloin , au moyen d'une gro^Te
pierre dont on les charge ; ou , en place de
pierre , le montant à droite efl fine au moyen
d un crochet de fer enfoncé dans le plancher ,
& Tautre eft chargé d'une pierre
Comme f ouvrier, en travaillant , a befoin de
plufieurs uflenfiles , ainfi que d'une certaine quan-
tité de d^nts qui doivent compofcr le peigne ^
on a imaginé de conflruire une table fort petite »
qu'on promène de tous côrés , & qui eft beau*
coup plus baffe que les boulons des montans.
ljorfqu*on fait de ces peignes de longueur extra*
ordinaire , il eft ncceffaire de tenir les jumelles
un peu plus larges & plus épailTes , & même
on leur donne un peu plus de foule ( qui eft
la hauteur du peigne ) \ leur longue portée les
fait plier; & fi Tonner apportoit remède, le pei»
gne, après être fait,(eroit un peu courbe : c*eft
fjour prévenir cet inconvénient, qu'on place fous
es jumelles un fupport auquel on eft maître
de donner telle élévation qu'on déftre, par les
moyens qu'on va voir.
Un prend une planche à peu-près carrée » aurni*
lieu de laquelle onfaitunemortiife qyi reçoit le te-
non du montant , & au haut de ce montant eft une
entaille en cnfourchement, propre à recevoir une
planche fur fon épaifteur : cette planche eft retenu au
moyen de la cheville qui paffe dedans & dans le mon-
tant ; mais pour atteindre plus exaâement la hauteur
des jumelles , au lieu d'un trou rond dans la
planche , on y fait une rainure , & on la fait
monter ou defcendre à volonté au moyen de
coins de bois ou de canne plus ou moins épais ^
dont on la calle par-deffou$.
On foutient encore ces jumelles avec un C0uf
fin^ qui n'eft autre qu'un morceau de bois de la
forme d'un paralléUpipède , qu'on met fur la
table à mefure que le peigne avance , tandis
qu'avec le fupport on foutient la partie faite , &
fouvent même on en met un fécond entre la
table & l'autre montant , lorfque les peignes font
forts long% ; mais tl faut avoir grand foin decon-
ferver au peigne une poGtioo bien horifontale
& bien droite.
j^près avoir décrit toutes les opérations & uf-
tenfiles néceftalros à la fabrication des peignes «
je paffe à la manière de les monter*
N n n n i}
► 52
PAR
Pour cet effet, dans h mortalfe du bout de
chaque boulon, on place un tenon éc fer plus
long que la plus grands hauteur des peignes » &
dont Tépiiffeur doit être égale a la moindre lar-
geur des dents de canne ; au lieu que, s'ils étoîeni
trop épais » on ne pourroit pas $*en fervir pour
des dents plus étroites. *
Il faut d'abord avoir foin que les jumelles foient
placées bien horift^ntalcment , ce qui dépend en
grande partie de la hauteur des poupées le de
la pofttion des tenons. Il taut auiH que les ju*
nclles, dont Técorce eft en dehors, loient bien
parallèles , & fanent un angle droit avec les te*
nons , car de là dépend la perfeâion du pei-
gne.
On attache les femelles deax à deux par leurs
bouts avec de la ficelle; & pour que la tenfion
des boulons ne la puiffe pa^» taire gliffer, oo fait
une encoche au bout de ces jumelles , où fe loge
la ficelle qui ne peut plus en fortir. Dans cet état
il ]i*eit plus qucilion que de mettre les dents
en place.
Pour s*afri]rer d'un icarrement égal entre cha-
que couple de jumelles , oo fe fert d'un inftru-
ment qu'on nomme faufe , qui n'eft autre chofe
qu'un morceau de bois entaillé àcffus âc defTous
de rainures qui reçoivent les jumelles: ces rai*
nures doivent è:rc bien parallèles entre elles 6l
avec celleit de l'autre fece ; c'eft leur écartement
qui régie la hiureur du peigne , & Ton déter*
mine par une ligne ^ ce qu'on appelle en terme
de fabrique Lt hauteur de la foule.
On ne court aucun rifqu5 de faire ces entailles
un peu plus larges que les juraelles qu'on y
place y car comme elles appuient vers les faces
intérieures, c\A toujours U ligne qui règle Té-
carte ment.
Les pîigners ont ordinairement pluficurs fouhs
fulvanc les différentes hauteurs qu'ils veulent don-
ner aux peignes. Ces hauteurs foiat quelquefois^
données par les fiibricans eux-mêmes i raaiscom*
mu n entent c^es varient fui vaut le genre d'étoffj
auquel on doit employer le peigne , ou fcloi.
réjjaiffîur qu'on doit ffonner aux de its.
Voici comment cela doit s entendre. Si le pei-
ne doit conieuir les dents tris- fines, & pur con-
équeî'-r plus Ijrges u*à rorjtn^irc, ou qu'on ait
befoin àj plus le hiUt-ur, c'eft la foule qv«i la
règle; G au contra-rr les dcn^s doivent itrc minces
& étroites , il faut que fc peigne f^it moins
h.^ut , pour qu'il p;ij.7c tkûA^f aux coups multi
plies qu'il éprouve contre la tram^; ik fi Ton n^*
fuivoit pas de règles certainci là deiTus , un pei-
gne dèpérîroit bij^ntût»
On ne peut s'en écarter qu'en donnant plm
de largeur aux dents quand «rtles font minces, ^
ce qu'on perd d'un côté fe retrouve de Tautre.
Il eA vr^ii que ks fîU de la chaîne e^Tuient p^us
de frûttcmeat entre des deois larges , que quand
fi
elles font plus étroites j mais la folîdîti do p^*
gne eft une loi dont on ne fauroit s'icartcr. U
règle générale eft que, toutes les dimenfioDs ob^
fcrvécs, il ell bon de donner plutôt plus de hav*
teur que moins.
Une autre difficulté que tous les peigners m
font pas en état de furmonter , c'cft le rapport de
la hauteur qu'on doit donner aux peignes avec
leur longueur; car fi Ton veut donner deux poveoi
& demi de foule k un peigne qui doit avoir vii^
pouces de long , & qu'avec de pareilles demi oc
veuille en faiie un de trente pouces de lanèas
foule , il eft certain que le pcigtie ne fera p^
aflei folide , pulfqu'avec les mêmes disseoGomS
eft d'un tiers plus long.
Il faut donc dans ce cas tenir les jim elles li
peu plus larges , èi donner un peu iii< ms de lb«ikL
Ce que je dis ici de ces deux peignes » doit sW
tendre en cas qu'ils foient aufti en proponki
par rapport aux dents , & que celui de vingt p9i*
ces «n ait huit cents , & l'autre douze cents*
Tous ces foins font du refTort du faliricant |
puifquM y a fi peu de peiguers en état de ce»*
duire des peignes fuivant ces régies.
If faut encore éviter un défaut dans lequel «fl
tombe, pour vouloir donner de la folidltèàna
peigne, c'eft de laiiîcr trop de canne : on doit
l'évider autant qu'il eft poifible ; car fi la foicct
houchonmiife , ou qu'elle n'ait pas tour Tappcèt
convenable , fi les dents font trop larges outrof
épaiffes , eUes ne permettent pas aux h^uc^m et
piHTer , & même elles écorcheni la fote dont k
peu de tors ne lui permet pas de réfiilet.
Ce que je dis ici eft applicable à toutes fortes
de peignes , tant pour les étoffes de foie que pont
TOUS les autres tiUu» , parce qu'il n'eft point 4e
matière ou il ne fe rencontre des inégalités ; lixfi
on ne fauroit y donner trop d'atientioii.
J'en reviens au montage des peignes.
Nous venons de voir que le pr^ncipal f:h0>
de la foule eft de déterminer la nautear tin •>*•-
gne i un autre avantage «on moîni confi
cil de procurer affez d*écarîemcni ch!
que couple de jumelles pour y paiTer la bas»
svec laquelle on letre les dents lei uni» tmm
les autres.
Cette batte n'eft autre chofe qu'il rie Ume de fe
à peu-près de l'épaifteur des dents qu'on ca iWie*
iVL d'/iit la largeur d'environ deux poi ' \àt
d'un bout à l'iuire; fa longueur cA c\ m
.ouces. On y réferve une foie pour rcgtmàaJet
comme un couteau,
I Lorf^ue tout cil dtfpofé comme on vîctttëik
jiie , on pLce la première |arde , & on en an€8t
}es tenon*^ entre les quatre lumctlcs au m yeudi
trois ou quatre tours de tigticul qui fe Cïciîlfift
les uns Us autres , & qu'on ferre avec fmc^
Il cil ciTentlel que Ici tenons de ce» g4fdc« Ci'
cèdent la largeur des jumcUcs ^ taiu pcMir an&ff
n
JAR
B^AîR
^n
le llgnepl , çue foxxr fcrvir de mcfiire à la hau-
teur des dems dans toute la longueur du peigne ;
le îc corps de ces gardes doit être parfaitement
é«l à ta hauteur de la foute « puifqu'une fois
pbcies par un bout , elles ea icrvçnt elles-
mtmtcf.
Quand II preoilère garde eft atnC zuèiic , on
fait encore deux ou trois tours de ligaeul , tant
peur Itri donner plus de folldité , que pour meurt
une diftance entre elle 5c la première dent ; on
fsrtc ce tigneul , 6t prenant la baue de la main
d/otte» on la fait pafîer entre les quatre jumel
^^ , êî. Von frappe fur le lîgneul pour appro*
H^bcr les tours ïti uns des autres : on fe fcrt de
^lancs de différentes épaiffeurs félon la larg^-ur des
dents , pour que le coup porte par-tout également.
ÉLa première dent , qu'on nomme dent de force ^
Itft pas une de celles qui compoferont le pei-
ic , & cft beaucoup plus êpaine fur ta même
rgeur ; on Tarrêtc par deux tturs de ligneul ,
en ff-pDant k chacun ; puis on met huit ou dia
dents tie lifière , entre chacune d:fquelies on
pimce un tour de ligneul en frappant toujours avec
^Ja balte : cet d;nts de lifière doivent avoir en-
Bifiron le double d*épaifleur de celles du corps
rên peigne.
La^ méthode de ceux qui font ces dents avec
ién fi\ d*archal aplati , ett préférable à ceDe de
ne mettre que de la canne, parce qwe ces dents
hppontni la plus grande fatigue ; il feroit même
^lus à propos de les f^ire .ivec du fil d'acier
iptari , qui eft toujours plui uni que le fer.
Il faut , après avoir mis les dents à des
Ilifières en place , examiner fi elles occupent Tef-
mace qu'elles doivent y occuper fur chaque couple
ïdc jumelles ; & Q elles font plus écartées furies
innés que fur les autres , on les force avec la
l^ne à s'arranger comme il convient,
I Quand cette opération eft faite » on marque
I un Doint fur chaque jumelle endefTus > tout contre
pJa dernière dent qu*on vient de placer , & c'efl
deli qu'on fiie la longueur qtic le peigne doit
•T<itr , en pofant fur ce point le bout de hmc
\ fore qui doit lui fervir de règle ; 6l rextrémitc
I de cette mefurc qu'on m.irqne par un point , efl
IVfidruit où on doit placer la dernière dent du
perco*.
K tnfmte, avec un compas , on prend la diflance
B qu a:ciioe'*t les dents des iifiéres qu'on a déjà
~ pliî on II porte à Tautre bout, pour
oe que de très. • fymàtrique &c dé^J,
a faut aprèv cela divifcr tout cet ctpace en
poticts , demipoyces & quarts de pouces , &
marquer toutes ces divîfioos par desHgnes diffc-
• wcn$ , pour ne les pas confondre.
On peut , par exempte, marquer toutes les
dîflanccs d'un pouce par quelque ligne. Cette
insn,êrede m-ir^uer les divifions fur les jumelles
vane ^ Tùifini , futvant Tidce de chaque ou-
Trier» ki uns font toutes les dlflanccs & ne
Ici marquent pas par des points : d'autres font
trois points en largeur aux pouces , deux aiix deiiû*
pouces , Se un atix quarts de pouce* D autres di*
vifent leurs peignes par portées & par denû'(
portées.
Ces portées ne font autre chofe qu'un nom-
bre déterminé & connu de dents , comme pa^
vingt ou par quarante : il y' a des province*
où la portée eft de quarante dents ^ dans d'au*
très elle efl de vingt , & dans d autres elle eft
de dix.
Ainfi ceux qui divifent la portée en quarante •
dents , ayant à fabriquer un peigne de mille
dents , par exemple , rappelleront de ving-cinci
ponécs; ceux qui h divifent en vingt, rappel-
leront de cinquaiitc portées ; & enhn , fi la port (
tée en contient dix , ce même peigne fc fiotnT.
mera cent portées : }*ai dû prévenir de touti^s cesl
différences, pour rendre compte des ufages dçJ
tous les pays* 1
Cetre détermination des portées eft fufccptiblè I
de repréfenter diuérens nombres, même parmâJ
les ouvriers d'une m6me province , fuivî»nt ledè-l
nominatcur des frjfiions qu*elles repréfenient |J
ainft la portée que nous venons de voir être IçJ
vingt-clnquicme d*un peigne de mille dents, 8cj
en contenir quarante ; fi le peigne eft à huit cents ml
la portée de quarante denrs fera ijn vingtième ^ I
celle de vingt , un quarantième , 6cc, enf<jrteT
que es rapport fuit celui de la fr.âion à la porfl
lée.
On a au m coutume de fe fervir dans les fat
briques , d'exprclTions qui indiquent le ncmbr
de denti donc un peigne eft compofé, la poriéfj
étant, comme on dit, un vingt de peigne, ug|1
quarante, &c. fans les Iifiéres, ou avec les li^J
fïères , parce qu'elles paflTcnt ordinairement pot
une , pour deux ou pour quatre portées*
Ceux qui comptent les portées d un peigne [
quarante dents , t egardent les deux Itfières comm^
une portée ; ceux qui les comptent par vingt , "
comptent par deux portées , ficc
On a jugé à propos de divifer ainfi les dent
des peignes par portées , par rapport au nombre
des n!s des chaînes auxquelles ils doivent fervir j
on trouvera que dans certaines provinces le
portées font de quarante fils , & dans d'autre
elles font de quatre-vinets, tandis que beaucou^^i
de fabricans d'étoft^es de laine & de ttfterandi]
les fixent touits â vingt.
n eft peu de genres d'étoffes, de la chaîne
laquelle on |»uifte placer moins de deux fils dac
chaque dcm ùu peigne ; il fuît de là t^e c
font les comptes des portées des chaînes qu
ont déterminé ceux des dents ^ & pour s'e
convaincre, il ne faut que faire attention qu*un
portée de quatre-vingts fJs occupe quarante £
ààn% le peigne , une de quarante en occupe vingt ,
& ainfi des autres : du U vient que ceux ont
^ compofent la portée d' uoc iliainç de quarante fils.
654
PAR
par exemple , appellent un peigne de mille detits
du nom de cinquanie porrées ; & Ci ces portées
de la chaîne font compofées de vingt fils , le
même peigne fe nommera de cent portéci.
Cette variété caufe un embarras afTez grand à
ceux qui parcourent les différentes provinces :
il feroit à fouhaiter que les dénominations & les
idées qu'on y attache fuffent uniformes.
Les fabricans de Paris ont remédié à cet incon-
vénient ; ils défignent leurs peignes par le nom-
bre de dents dont ils font compofès : ainfi Ton
dit un mille, un neuf-cents, &c<
La feule diiHculté e(k ^ que quelques-uns compren-
nent dans ce nombre les Ulières , & les autres ne
les y comprennent pas ; mais plus ordinairement ,
quel que foit le nombre par lequel on défigne
un peigne , on n*y comprend pas les lifières; &
Ton regarde comme étrangère à Tétoife , cette
partie qui ne fert qu'a en faciliter la fabrication ,
puifqu^on la caupe ou remploie toujours.
Les peigners qui divifent la longueur des ju-
melles par portées , doivent fur-tout connottre
combien il en faut placer en:re les lifîéres ; alors
ils divifent cette diflance en autant de parties
égales qu^elle doit contenir de portées.
Par exemple , û Ton veut faire un mill^ de pei-
gne ( expreffion adoptée qui fignifie un peigne à
mille dents , & non pas un millier de peignes »
comme il feroit plus exaft ) , on divife fon éten-
due en vingt-cinq parties égales; pour un huit cents
onledivifeenvingt;;jourunneyfccntsenvin^tdeux
& demi , dont chacune contiendra qiiaranic dents.
Mais comme il feroit difficile de les y placer
toutes > parce qu'on ne fauroit ]uger dans un
aufTi grand efpace fi on le^ ferre comme le nom-
bre Tciige » il eil plus fur de fubdivifer chaque
divifion en deux parties ^ dont chacune doit cou*
tenir vingt dents.
Il y a même des peigners qui , pour plus d exac-
titude , fubdivifent en quatre lie même en huit par-
ties : ils font plus fùrs d'obferver récartement
convenable entre chaque dent ^ au li^u que les
dtvifions étant grandes , on n3 s'aperçoit qu a
la fin A le nombre requis de dents pourra ou
ne pourra pas y entrer; 8t s\\ ne peut y en-
trer, on force av4c la h?ne les dernières à fe
rapprocher plus qu*il ne f-ut , tandii que les
yrem ères lom trop efpacées.
Cette régularité f>cuc cependant devenir mlnu-
ticufe, fur-tout lorfque les comptes des peignes
f>nt fort Jtrif ; car fi pour un mille , fur vingt
pouces de Urgcur , on fait une divifion pour cha-
que cinq ds:nis, chaque divifion aura à peu près
une ligne de large , puifque chaque pouce doit
contenir cinquanie dents , ce qui fait quatre
dents & un fixiéme dans chaque ligne ; & il
faudrott dans TcTpace de vingt pouces deux cents
diilances^ dont chacune contint un peu plus de
quatre dents,
11 femble qu'il fcroît plus à propos de dîvîfcr l
PAR
la longueur des jumelles en pouces , demi-p^BCCS
& ou arts de pouces ^ parce qu'on peut ^voirnoe
meiure d'une aune toute divifée , qu*tl fuAt àt
préfenter aux jumelles pour y tracer les dirifiom
qui font toutes faites ; & moyennant cette ûpè
ration , il fuffit au peigner de Civoir coizibiea te
peigne qu'il va faire » doit contenir de detiis ptr
pouce; & comme on a vu que les d€m% & le
lîgneul ont dû être jaugés fui vaut U pUce qnik
doivent occuper furie peigne, U lui eft facile <le
s'y accorder,
Suppofons qull ait à faire un douze ceots ta
trente pouces , il entrera quarante dents par potioei
fi c'eft un neuf cents fur vingt pouces, u y a
entrera quarante-cinq. £t pour tous les c^ tl fo^
fit de favoîr le total des dents & le nombre dei
pouces ; on en conclura atfément pour les deait
6l les quarts de pouce.
Il ed à propos de divifer les [um elles en de-
mis & en quarts de pouces , pour être plus fit
de la luflefte des opérations; néanmoins , conuoe
ces foufdivifions donnent fouvent des fraâiofis,
je vais prendre pour exemple deux cas ou tl sa
rencontre.
Nous venons de voir iiu*un neuf cents , for
vingt pouces de largeur, dmt contenir qul^utt^
cinq dents par pouce, ce fera vingt -deux le
demi par demi pouce , & onze un quart par qtcirt
de pouce; il faut avoir attention k chaque qtnn
de pouce , û Ton remplit à infiniment peu préf
t'efpace déterminé , de même aux demi-pôacef ,
& enfin on vient à bout de tomber jufle aux
pouces.
Le fécond exemple que je vais propofer efl td,
que les fraiflions qui viennent à chaque ponce ,
s'accordent avec quelques-uns & ne s'accordefll
pas à d'aytres : je m'explique. Ces fradtons fbo
telles , que de pouce en pouce elles ne tombcit
pas jufle , & ne compofent pas un nombre en*
tier de dents; mais dans un retour ég^l d'à
certain nombre de pouces , les fraâions s*iti*
noui^Tenr.
Soit un huit cent? dents de peigne fur dêls
huit pouces de longueur , chaque pouce coi ^
dra quarante-quatre dents J , & ces f
ne formeront de nombre complet qu*à l
du peigne , parce que de tous les nombrai
lefquels on peut divifer dix-huît pouces « il ■%
en a que neuf qui donnent un nombre entier, â
que les autres font tous fra£tionnaires«
On ne fauroit éviter ces frayions ni & iSk
penfer de cette exaélltude , lorfqu^on monte ms
peigne ; car comme les largeurs des itoles fod
ordinairement limitées , on ne s^en écarte ne
trèsrarement : d*ailleurs les peigners oefempi
maîtres d'ajouter des dents , ni d*ea retranchai
pour rendre leurs nombres ronds , parce que k
nombre de dents doit s*accorder avec celui éa
fiU qu*on met à la chaîne & avec U larKv^t
rétoffe. •
I
I
II cft vrai cependant que , fyritnc quantité de
dents fon minces, on peut en ajourer une ou
deux ; mais fi dans le dernier exemple on né-
gltgeoit ta h-aâion | par pouce , il manqueroit
fur U totalî é du peigne huit dents ^ & ij on
voulait les ajouter au bout du peif;ne , on le
rendroit trop \on% d'environ deux lignes & de-
mie : ainfi Ton totubefolt toujours dans le même
ÎDConvénienr.
Plus le nombre de dents eft confidérable dans
Il tot^îifc du peigne , moins les traéïtons devien-
nent fcnfiblei fi on le* néglige ; & quand ce
nombre tï\ petit , il faut en tcmr compte foi-
goeufement.
On vient de voîr que fur un peigne de huit
IDCfits dents » les fraélions négligées tiifoient une
différence de plus de deux lignes ; H ce peigne
a'avoit que cinq dents fur la nie me largeur , il
comîendro.t vin^t-fept dents } par pouce i cette
fiadion , négligée à thique dent , donncroit un
délîcft de quatorze deiits ; & fi on vouloir les
m|Outer enfuite» le peigne auroit prè< d'un dcmî-
pouce de plus qu1l ne doit avoir.
On peut éviter les fraélions dans beaucoup de
cas , en remplilTant néanmoins la longueur du pei-
gne du noinore de dents qu'il doit avoir : voici
comme il faut s*y prendre.
Je fuppofe que*le nombre de dents donne une
' fraction par pouce, qui rende le rfa\ail diUîcilc ;
: on peut alors abandonner la divifion par pauces,
^ & le fervir de ceïle par portées ^ demi-portées,
I quarts , &c. ou tel autre nombre.
Les fubdiv fions que je recommande font très-
utiles p lur corriger les erreurs que rinêgalitc des
coups de batte occafionne fouvent; & lorfqua
chaque fubdivifion on s^aperçott qu^on ne fe
rencontre pas juf!c fur chaque paire de jumel-
les , on frappe un peu plus fur le côté qui avance
frop.
Il peut arriver auffi # quoique très - rarement ,
t)u*on ait trop frappé avec la batte , & qu'alors
t)es dents occupent moins d*efpace que la fubdivi-
fion ne marquait. Lorfqu*on s'en aperçoit , c'eft
une preuve , non pas qu'on a trop ferré , car on
ne fauroit trop le faire , mais que te ligneul cù
trop menu , & alors il faut en prendre de plus
gros.
Lorfqu'un ouvrier a une fois adopté une ma-^
nîére de divifer la longueur de fon peigne , il
doit continuer de s'en lervir « fans quoi il rifque
de confondre Tune avec Tautre , 6c de fe tromper
dans le nombre de dents.
Il cft certain que (a divifion par pouces , demi-
|K>uces , &c. efl plus fûre que celle par portées ,
parce que celle-ci ne contient pas un efp^ce égal
dans toutes fortes de comptes de peignes , &
mi elle virie dans prefque tous. Je vais rendre cela
icnfible par des exemples.
Ayant à confiruire deux peignes , dont Tun ait
mille dencs fur vingt pouces i & l'autre .quinze
cents fur trente, les portée? de l'un fe rappor-
teront avec celles de Tau ire ; mais fi Ton veut
faire un neuf cents fur vingt pouces, ou un mille
fur dix - neuf ou fur vingt-deux pouces, ou un
neuf cents fur dix-huit pouces, il n'eA pas poA
fiblc de trouver de rapport entre les portées des
uns & des autres : il faudra donc autant de dif-
férentes mefures pour dtvifer chacun par portées ;
ou pluiôt , il fa ut à chaque changement de pet*
gne , combiner les moyens de divifer les ju-
melles en autant de parties qu'elles doivent con-
tenir de quarantaines^ de vingtaines, de dtxaines
de dents, &c.
Cette difficulté n*ciiftoit pas autrefois, parce
que ks ccmptcs des peignes étoient f rcfque fixés
pour toutes fortes d'éttffes > \ts largeurs & le
nombre des brins dent une chntne dcvoit être
compofée , étoîer t même filés par des artéts 6c
édits, ainfi qu*on( peut le voir par les ftatuts Si
réglemens de toutes les cr mmunauiés des fi^bti-
cans d'étoffes qui font en jurande.
Les pcigncrs avoicni desdivifions faites pourcha-
que compte de peignes en particulier , nuis à pré*
icm que les f^tbrîcans ont la liberté de donner aux
ètolTes la largeur qu'ils jugent à propos , & d'em-
ployer ^ des chaînes, à tel nombte dv: brins quHls
Veulent , en trouve une variété infinie dans la
longueur des peignes , parce que tel fabricant eft
libre de mettre foixante portées pour un taffetas
en demt-aune de largeur , pour lequel fon con-
hère n'en met cjuc cinquante • cinq. Il faut donc
que le peigner qui travaille pour tous deux, faiî'e
deux peignes dift'érens pour un même uf^^ge.
Un fabricnnt fera fon taffetas de la même lar-
geur qu*un autre i mais pour trouver moyen de
lâcher quelque chofc du prix courant fans y per-
dre, il affamera la chaire du nombre de brins qu'elle
devroit avoir, ce qui rend Pétoffe moins bonns;
iSc ^acheteur croit avoir bon marché d'une étoffe
dont la largeur le féduiiÔt la modicité du prix le
détermine , ne pouvant apprécier i la main la
différence des deux. Cette libené a fes inconvé-
niens , fans doute , mais c'efl à Tacheteur à fe
tenir fur fes gardes: du rcftc, elle a influé beau»
coup fur la perfedion des manufactures , en ré*
pandant une variété infinie fur les trffus de tout
^j^Qnrc * ^. le génie n'a plus connu de bornes à fci
produdions*
Les ouvriers fe fervent ordinairement d'un com-
pas pour divifer la longueur de leurs jumelles.
ilçi inftiument tû trop connu pourqu*on s*arréte
i le décrire r il faut avoir grande attention dam
cette opération , que le compas ne varie pas » &
que la main foit bien fûre ; la plus petite erreur
devient de la plus grande conféquence , parce
que dVrreur^ en erreurs les différences devien-
nent trés-fenfibles«
Indépendamment de Végalité que doivent avoir
les divifions & fubJivifions entre elles & fur les
jumelles I il faut eucore que chacune réponde à
*v
fa correfpondame fur l'autre jumelle , k angles
droits ; fans quoi le peigne feroit plus long par
un bout que par Tautre , & les dents ne feroient
pas bien perpendxutaîres aux jumelles.
Occupé (un ceffe de mon art , j'ai fait diffé-
rentes recherches. Qu'il me foit permis de pro-
pofer urt indrument de mon invention , à Taide
duquel il n*cfl pas poflîble de faire mal ces divi*
fions fur les jumelks.
Cet inflrumeat eft fort fimple; c'efl une règle
de bois , divifée fur b longueur irès-exadement
co pouces , dçmi- pouces & quarts de pouces» en
cette manière éprenez une règle de bois, fur
lepaiffcur de laquelle oiî fait une rangée de trous
à trois lignes d'écutcment les uns des autres ;
puis à toutes les difiances d'un pouce, on y fiche
une lame tranchante de deux lignes de largeur
environ : à tous ks demî-pouces , on en met une
pareille pour ic tranchant , mais un peu moins
large ; enfin aux quarts de pouces font de petits
poinçons qui , quand on les appuie j ne marquent
qu'un point.
L'eflentiel , dans la conAruôion de cet uften-
file , eft d'obfcrver un ècartement égal entre toutes
les parties, & de tenir toutes ks iames à une
égale hauteur , pour être bien fût qu*en appu-
yant un tant foit peu cette règle fur les jumelles,
toutes puiffeni faire une empreinte*
Il e(l à propos de faire cetre régie en couteau du
côté des lames, pour pouvoir » quand on rappli-
que fur les jumelles, voir aifément où on place
les tranchans : trop d'épaiiTeur les cacherpit. Il
faut avoir foin de placer la première lame préci-
fément à l'endroit oii , après les dents des lifiè-
,Te5 j doit être la prtmèrc du corps du peigne*
On peut conflruire de ces règles de plufiîurs
longueurs , pour ne pas s'embarrjjlTer d'une
grande , quand on a un petit pt^igne à faire , 6c
parce qu'une petite ne conviendront pas pour un
grand peigne-
On pourra peut-être trouver un peu de difficulté
à appuyer cette règle far les jumelles qui plient au
moindre effort i mais en mettant deflbus le fup-
port ou le couftin dont nous avons parlé plus haut ,
on, en viendra fcicilcmtnt a bout. On peut même,
pour plus d'exaâitudc , fâiic ces marques fur les
|umclles , avant de les mettre fi;r le métier; il ne
3*agira plus que de les bien placer vis-à-vis Us unes
des autres , ce qui fera afTez facile en réglant l'en-
coche par où elles font retenues fur le tenon , à i
une diftance é-^ale dw'S dernières marquer à cluque'
bout i du rtfle , chacun s*y prc/.dra comme ion
génie îui fuggèrera.
La longueur qu'il cfl plus à propos de donner à
ce divîfcur , efl de trente pouces; car il eA inutile
de penfcr à en faire de trois aunes & demie qu'on
donne 4iJic'p)us grands peignes; & après avoir
mirqiié une longueur de régie , on placera la pre-
^«uèrc lame fur la dernière marque ^ & tinCi de
fuite : par ce moyen on viendra à bouc de dirlfa
toutes fortes de peignes.
Quant aux peignes qui auront moins de treot:
pouces, la règle peur encore fervîr^ car il firfin
de compter vingt efpaces d'un pouce» & dcc^o-
tremarquer le relte, pour n*y avoir aucun èg;ard:
ainfi cet uftenfilc me paroit devoir ècrç fon
utile.
Il feroit bien pofTible d'ôter 8t de remcffrc la
lames à volonté, pour n'en laifTer que le nomkf
dont on auroit befoin r mais de deux chofcs Tnm;
ou les trous qui les reçalvent feroient agr»ll£l,
& par conféquent les ccartemens peu juRt^ ; ce
bien ce qu'il en coùteroit pour le faire co
en cuivre ou en aci^r , ou chaque dent ft , ,
tetiuc à vis , ne cctnpenfercir pas Tavaniage qii^of
en retireroit , & le temps qu on perdroit a le m»
ter Se démonter.
Si la conftruftion de ce divifcur , tout fimpfe
qu'il eft , paroit trop difpendicufe » je vais en prc-
pofer un fécond moins embarrafiant ^ Biaif ^é
va moins vite.
C'eft une palette d'environ qui me on ^a
de long , fur l'épai^cur de laquelle i jci
cinq lames, fsvoir, les deux des exti i>
ges & écartées d un pouce ; celle dti xîi ..... m
large, pour marquer le dcmi-jiouce , & en:] :s
deujt points qui marqaent les qitarti de pouct*
Cette palette eft faiie en couteau , « o*d! ,
à proprement parler , qu'une partie de la règle ^
je viens de propofer. Sur le cote épais 8c au mUteo
de fa lorigueur, eft un trou propre à recevoir le
tenon de manche.
Pour divifer un peigne avec cetînftrument , îlfaai
Tappuyer ftir^ la longueur des jumclltî autaatdt
fois quelles ont de pouces , en mettant tonpon
lapremière lame fur la dernière marque. II ncm^àfr
panient pas dj taire Téloge de cet tnRmmtnt ;
mais à le comparei avecTufage du compas» qo'ï
faitt porter qii;nre fois dans rcfpace ^fun pouce*
& que le moindre choc peut déranger . je pcflil
qtilî ne peut manquer tî'étrc adopté.
Il étoit nécelfaire de faire' connaître touîcsld
divifions qu'on peut faire fur la longueur d*wr
peigne : achevons maintenant dVn décrire b coflf
truction.
Lorfqu^on a placé la dert^ière dent de lifiétti
on fait deux tours de ligneul fur les iumena ,
pour la retenir en place & la féparcr de la fft*
miére de celles du corps de peigne ; enfuirc et
place une dent qu'on arrête pf.r an trf>tir de 6*
gneul , puis une fecotide , ; ' .^1
Stnfi des autres jufqu' à !a fin , jci
enfemble les deux bouts des dcnrn , qui
ceb\ occafionncioient une cotifufioo Enfiote ,
Ton fc contcntoît de lîtr le premier bout d*abord|
6c qu'on voulût cnfiiitc eh venir nv f* ntf.
A chaque deux dcnu on frappe .
* des coups égauï , pour que les unes ne luit;
•plui fenées ou plus- lâches que 4es autres ,
PAR
qoe la booré d*un peigne dépend en grande par*
lie de l'égalité qui règne entre les dents.
Une difficulté que rencontrent affcz fou vent
beaucoup d'ouvriers dans Tufage de la batte , eft
de frapper égalemeni à chaque bout des dents ;
il faut de Miabitudc pour régler le coup & ne
pai ferrer plus en baut qu^en bas , encore cfl il à
propos d'examiner fans ccffe û Ton fe rapportera
aux marques ; & iorfqu'on y eft arrivé » raiten'
tion qu'on a eue doit diminuer les erreurs, fit la
dernière dent dcch,ique portée doit être vis-à vis
des m.rqncs fur chaque couple de Jumelles,
Si clic avance plus par un bout que par Tau-
tre , on frappe un peu plus de ce c6ié ; & û Ton
lie pouvoir venir à bout de la faire rentrer , il n'y
a de remcdc^ qti*eu defaifant quelques dents , &
COrtigeani rcrreitr de plus loin : û ce défaut vient
de Ttivégalité de grciïeur du ligr.eul , on coupe la
priie trr.p groCTc , & on ne fe fert que de ce qui
convier t,
A mtfure que le peigne avance , les jumellt;*
foni d*un côté couvertes de ligneul ; ainfj dès
qu'on efl arrive à une marque quelconque , on
ne peut plus juger de fon écartement avec la fui*
vante , puifqu'on ne la voit plus ; & alors on ne
peut pas , à la vérité , fe tromper pour faire bien
rapporter le» dents ; mais faute de favoir où eft la
dernière marque , on ne fàuroit s'iffurer du nom-
l>ie de dents ; A a donc fallu fe procurer des
moyens de s'y reconnoître.
Quelques ouvriers mettent entre les deux der*
niéres dents de la dernière divifion une dent de
bout y qui forme une tête par-dcflTus ; & comme
ils font aiTurés de ta marque qui fuit » ils comptent
les dents depuis cette marque. D'autres attachent
un fil à ta garde du bout du peigne par oii ils
le commenccrnty & cbaque fols qu'ils arrivent à
une divifion , ils placent ce fil fur la dernière
fient , au moyen de quoi ils ne peuvent fe
tromper.
Il faut avoir foin de bien ferrer le lîgneul fur
les dents quand on les entoure ; mats ^1 faut en-
core le tenir tendu quand on entoure les autres
îuioelles Ôc quand on fe fert de li batte ; fans
quoi ce ïil venant à fc lâcher , rcndroit te peigne
abfolument défectueux.
Pour être le maître de diriger le fil comme on
le dèfire , comme les bouts font affez longs , îl
ne faut pas le latlfer pendre , ce qui le dépoifr
feroit à force dt frotter fur les dents, & on ne
manqueront pas de mêler les deux bouts cnfem-
ble.
Il eft ionc à propos d'en faire de petits pa-
quets qu'on tient tacitement dans la main , &
qu'on fait pafier 8c rcpafter plus commodément
à mefure qu'on l'emploie ; ces petits paquets
font plus commodes à tenir de la main quand on fe
H fO't d-: la batie.
H Comme en coupant la canne pour refendre les
H dents» ou a foin de les tenir plus longues qu'il ne
L
PAR 657
faut , on n'eft pas obligé » en montant te peigne ,
à les placer bien également les unes aux autres
par leur bout entre i.s jumelles; elles ne pour*
roientferapponerqued'i-n côfé, puifqu'on nes'âf»
trcint pas à leur donner une égAc longueur : tl
efl donc fort initile de chercher à aligner les
bouts ;& lorfque le peigne eft athw-vé de mon-
ter r on les rogne lous , comme nous le verrotis
bientôt.
On peut même profiter de ce trop de longueur
pour placer d'un côté ou d*un autre une dent, à
lun dci bouts de laquelle on apercevroit quel-
que léger défaut ; car , comaie je l'ai déjà die ,
s\[ eft un peu confidèrable , il ;:ft toujours plus
prudent de la rejcrer , pour que le peigne n'en
foit pas endommagé.
Il faut avo:r foin que récorce des dents foit
lournée d'un mcme côté , îufqu'à la moitié du
peigne ; & les peigners ont coutume de la tourner
du coté du bout par où ils commencent.
Lorfqu'on eft parvenu à îa moitié de la lon-
gueur du peigne , on les change de dtreaîon »
de façon que l'écorce de la moitié des ixnt^
regarde un des bouts du peigne , & celle de
Kautrc moitié regarde l'autre bout ; aînfi les
deux dents du milieu font à plat vis à-vîs Tune
de l'autre , & le dedans de la canne fe regarde
à chacune : en voici la raifon.
Lorfque le peigne efl en travail , ce font les
deux extrémués qui fatiguent le plus , enfortc
que le milieu n'éprouve cette fatigue que pargra»
dation* Or , comme le frottement vient des extré-
mités vers le çilieu , il a f^llu lui oppofer une
plus grande réfiftance , je veux dire l'écorce de la
canne, que j*ai dit ailleurs être peu fufccptibic de
s*endommager*
Ce que je dis ici eft ft connu de tous les ou-
vriers en tout genre de riHus , qu'il n'en eft pas ,
depuis les plus délicats jufqu'aux plus groftiers ,
aux peignes defqucis les dents des lifières ne
foient plus du double plus fortes , comme de-
vant fupporter îei plus grands efforts; & par U
même raifon les fabricaos de toute efpècc ont
foin de faire les|fils de hfières trois ou quatre fois
plus forts que ceux de Tétoffe,
Ceft pour cela que non-feulement elles font
plus groftiéres dans tous les tiffus , mais aiiflî qu'on
les fait d'une couleur oppoféc i rétoffe.
J'ai recommandé de l'aire les dents dc5 lifières
plus fortes à tous ks peignes : ce foin rtga- de
les ouvriers. Les fabricans favcnt qu'il faut que
les brins des lifières foient aufti plus forts ; les
premiers peuvent en ignorer la raifon » fans con-
fèqucnce pour leur ouvrage : l'expérience Ta ap-
prife aux autres; mais il eft à propos d'inflruTre
le commun des leâeurs de U raifon phyfique de
cette pratique*
Toutes les étofl",s récréciffcnt h mefure qu'on
les fabrique: la première caufe qui produit cet
eÔct , fft ta tenfion qu'on donne à la trame : maié
Oooa
658
PAR
ce qui y contribue le plus > c*eft la preffion que 1
les fiU de la chaîne font fur cette traBie ; preffion II
qui , jointe à celle (\uy fait le coup de baitant ,
lorfque pour en joindre les duiics on frappe le
peîgne contre avec afTez de force , la raccourcit
néceflairement , parce que cette trame fe replie
un tant folt peu entre chaque brin de la chaîne j
& iTiême chaque dent du peigne produit aulTi
autant de repliemcn'^.
Tous ces repliciTiens , multipliés n Finfini, ne
peuvent fe faire qu'aux dépens de la longueur de
la trame. D*un autre côté , il n*cft pas poflible
d'ajouter à chaque coup de navette de qui i fup-
pléer a ce raccou^cifTement , parce que cet efftt cÛ
opéré fi rapidement qu*on a peine à l'ipercevotr :
d'ailleurs le batt-jnt frappe à-la-foîs fur tcuie ia
largeur de Té-offe ; & quelque foin qu*on y ap-
porte, on ne fauroit éviter tous ces replis,
11 y a cependant des éroffev qui fe réiréofTent
fi fort, qu'il a fallu imaginer des moyens pour en
prévenir une partie : mais , comme je le dis , ori
ne le prévient qu*en partie.
Les étoffes qiki fe réirécitTent le plus , font celles
3ui (tînt ie moins fournies en chamt ; ce qui prouve
'une manière fenfible le repliement de la trame :
car pour prendre des exemples parmi des étoffes
de foie , les gros-dc*î^aples , ni les gros-de Tours ,
dont h chï^ine t A îrèi-foumie , ne fe rétréclffent
qu'à proportion de la irame qu'on y emploie ; &
pour le dire en paffant, plus on trame gros une
chaîne , & plus Tétoffe conferve la largeur que
le peigne lui a donnée ; & fi i cette groffe trame
en joint une chaîne fournie , le rètréciffement efl
de peu de conféquence i mais fi IVn fait un taffe-
tas à deux fils par dent, & qu'on ne trame qu'a
deux bouts de Joie fine , on eft forcé de travailler
de la manière qu'en terme de fabrique on nomme
à pied ouvert : fans cette précaution les lifiéres ,
quoique très-fournies en corn parai fon du refle de
rètoffe , fe caffent ÔC l étoffe fe déchire.
On appelle travailler a pied ouvert lorfque la
chaîne d'une étoffe eft peu lournle , & la trame
très-fine , Tattention qu*a Touvricr qui fabrique
l'étoffe » de donner le coup de battant fur la
trame , fans joindre les deux parties de b chaîne
qui Toni reçue , qu'après que le coup efl donné »
je mVxpUque : on fait que , pour incorporer h
trame dans une étoffe, il faut féparer la chaîne
çn deux parties égales , ou autrement » fuivant
Fétoffe , par le moyen des liffes , & qu on lance
dans cette féparaiion la navette qui y porte cette
trame.
Il efl certain que , û on hiifTe rejoindre ces
deux parties de la chaîne avant que de ferrer
U trame avec le battant , cette trame fera rete-
nue par la chaîne, & le coup du battant ne
pourra la faire joindre aux duites déjà paffêes,
fans fobliger à ie raccourcir , à caufe des replis
que nous avons déjà vu que le peigne lui fait
^tre ', suais fi au contraire on donne le coup de
PAR
battint avant que d*avolr fait rejoindre les deta
parties de la chaîne , on eft iffuré que les repSi
qu*occafmnne le peigne à la trame , feront prlï
en grande partie fur la longueur noti encore
fixée de cette tram^, qui n'ert retenue que dy
côté d*ou vient la navette , & aucunement de
celui où elle fe trouve ;c'efl pourquoi elle four-
nit de la longue>ir au repliement qv'occafionne
le peigne.
Ceux qui ont fabriqué ou vu fabriquer ^ fareni
la facilité qu'éprouve l'ouvrier qui travaille i
piti ouvert , ÔC au contraire la peine qu'il éprouve
L|iiand il travaille à pied clos , qui efl le coor
traire.
Il faut donc travailler à pied ouvert toutes le*
étoffes qui ne font pas beaucoup fowrrirs en
chjme, ou celles qui Tétant convenaHeroent ,
ne font pas tramées en proportioa de leui
cîïjîne.
Par ce moyen , ron-feulement on trouve plui
d j facilité dans le travail , mais encore rètoffe
en a beauco >p plus d'éclat; & fi Ton adopK
fouvcnt l'autre manière de travailler, ce oe(
que pour faire paroitre fétoffe plus fonc qu'elle
n'efl en effet.
Pour fc convaincre de la vérité de ce que jV
vance, il fuffit d'effiler une certaine quaniicé de
fîk de trame : on verra que chaque fil de li
chame y efl marqué par autant de finuofitèt:n
n'elï perfonne qui n'ait effilé de la toile , & qol
n'ait remarqué cet effet-
M;ilgré les précautions que je recommande ,
rètoffe tend toujours à fe rétrécir ; auffi les ou-
vriers en comiennent4ls la largeur au moyea
d'unuftenfile qu'on nomme temom, qu'ils avan-
cent tout contre le bord à meuire qu'ils en oot
fait un pouce ou deux tour au plus.
Voilà pourquoi les dents des lifiëres doivent
être plus fortes que celles du corps de l'étoffe ;
voilà pourquoi on tourne Técorce vers le bOBt
du peigne : encore, malgré ces précautions, s's*
fent-elïes beaucoup plos & pluspromptecnentauy
extrémités : St lorfqu'un peigne efl hors d'ètit
de fervir , on fe contente de changer les denti
d'un pouce ou deux de long à chaque bout» ce
qui le rend prefqne neuf : on appelle cette Oftè*
ration enter un peigne.
SU eff quelquefois néceffalre d'enter un pei-
gne parce que lêi dents des extrémités font ufèes»
fouvent auffl ne le fait-on que porce qu'eîles Oflt
contraâé un peu de courbure, ou qu'elles font
devenues trop fou pies & trop foiblc^ ; fouvem
même cette réparation, quand elle eA bien faite»
rend un peigne meilleur qu'un neuf , & elle eft
très-économirjuc.
Quatid on a rempli le peigne du nombre de
dents ^\\l\ doit contenir , on Te fiîâi tiar un 000-
bre de dents de lifièrcs égal aa pr micr , sSt dt
la même groffeur , puis on en mer une trcs-grotîe
comme la première de l'autre bout \ en&i
PAR
met h garde de la même manière qu'on a prati-
qué en commençant le peigne qyi k trouve ainfî
terminé, du moins quant au montage; car il a
encore , dans l'état où nous le fuppofons à pré*
fcnt , bien des façons à recevoir*
On commence par le démonter de deffiis le
inèrier, ce qui fe tait d'abord en fciant les ju-
melles du côté où Von vient de finir j car j'ai ou-
blié , en parlant des jumciles , d'avertir qu'on
doit les tenir beaucoup plus longues que le pei-
gne ne doit être , tant pour pouvoir les arrêter
lur les montans du métier par des points qu^on
ne met pas à profit, que pour donner du jeu à
la bîttc dont on fe fert jiifquà la dernière dent,
& de la place à ta foule qui y refle jufqu à la
fin.
L'ouvrier fcie donc les jumelles à environ trois
quarts de pouce des gardes par chaque bout du
(ceigne > en le tenant toujours tendu ; d^aucres
âchent les vis ; mais de l*une & de l'autre ma-
aière il faut ttriir le couteau- fte de la miin droite ,
& fouienir ferme le peigne avec la gauche ,
fans quoi on rifqueroic de le calTer.
Voilà quels font les procédés qu*on emploie
ordinairement pour monter un peigne ; il y en a
auelques-uns paniculÎLrs , dont | aurai occafion
de parler dans la féconde panic de ce traire ,
auquel je me réfère pour éviter les répéti-
tions. Voyons mitintenant comment on rogne ks
tlent'i.
On a vu dans la fuite des opérations <juc je
viens de décrire » que les d^nts n'étoicnt pmais
coupées à la longueur qu*cFei doivent avoir , parce
que quand on coupe les cannes » on ne fait pas
à quel peigne elies font deftînées , & que cette
hauteur varie \ de plus, on ne prend aucune at-
tention à couper ces cannes d*une égale longeur :
ainfi il eft ordinaire , lorfqu^un peigne cfl fait ,
de voir déborder ks dents fur les jumelles plus
ou moins.
On fe fert , pour rogner cet excédant des dents ,
d'un couteau courbe, & on ne laiflTe au - dciTus
des jumelks qu'une ligne ou une ligne St étmïe.
On ne coupe pas ces extrémités à angles droits ,
flsais à pans, ou bien en poînie*
Par ce moyen k peigne qu'on place debout
dans la rainure du battant , cffuie moins de frot-
tement à caufc de ion peu de fjrface à cetie
partie , & fe prête plus lîfément à tous les mou-
vement qu'on lui (kn efîuyer.
Si ks dents étoient coupées carrément^ il y
atiroit à craindre qu'eUe* ne s'acçrochaflent en
quelque endroit de la rainure du battant , où le
peigne ne tient que par fon propre poids.
Pour rogner un peigne, l'ouvrier s'aflied devant
une table» 8c appuyant un des bouts du peigne
contre fon eftomac , il abat tous les boucs du
c6të droit à angle aigu , avec le couteau qu'il
tient de la main droite en le tirant vers lui , tan-
dis qu avec ta gauche il fomknt le peigne.
PAR
^59
Ce côté étant coupé, il retourne le peigne^
bout pour bout , & coupe l'autre côté de U'i
même fjçon ; apri^ quoi les dents font formées J
en pointe*
Ceux qui veulent que les dents fotept polniuef^'l
n'ajoutent rien à cette opération ; ils fe conten- r
tet^t d^en faire autant de l*autre c5(é ^ mais ceui^
qui veulent que les dents foient arrondies ^1
abattent la pointe que les deux piemters coupi]
de couîêau avoient biffée. \\
Pour bien faire cette opération , il faut tenlf
îe peigne bîjn horifontakment fur fa longueur ^
8t verticalement fur fa hauteur , fans quoi on j
rognerott plus par un bout que par l'autre.
Il y a des ouvriers qui rognent leurs peignci
en les tenant perpendiculairement fur une taDle*,;
fur un banc ou autre uflenfik femblable, ô£ ils'
fe fervent pour cela d'une lame de rafoir plantée I
folidement dans un manche» en commençancf
par k haut du peigne.
Celte manière parou plus commode taue la 1
précédente, parce que k point dVppui cft ptut j
ferme ; mais chacun fuit à cet égard l*habttud«f
qu'il a conrraâée.
En faifant ropèratlon qu'on vknt de voir, itj
n'eft prefque pas polfible de ne pas laiffer quel^
ques rebarbes , quelque net que c«?upe l'outil dont]
on fe fert ; on les ô te pour approprier le peigne |^|
avec un canif un peu courbé.
Il efl une troifiéme méthode dont quelques]
peîgners fe fervent pour rogner ks peignes, S^j
qui me femble la plus fûre » elfe confiile à con^l
tenir k peigne entre deux tringles dans rcniaillM
de deux montans.
La con(lru6tion de cette efpéce de mèrier eft]
trés-fimpk ; k peigne aînii arrêté ne fauroit va«]
ciller, 0£ Ton eil affuré de couper toutes les]
dents irés'égakment & fans fatiguer le peigne ^1
mais pour cette opération , on ne fe fert pas des
inflrumons qu^on vient de voir , mais d*une
efpèce de pbne, qui n*t:ft autre chofe qu'une
lam; tranchante, aux deux bouts de laqueik eft
une foie qui reçoit ks manches.
La longueur des tringles doit être pareille \
celle du hanc , pour que fouvrier puiffe être en
force en ks appuyant conire fon ventre , Sc
mjme pour pouvoir fervir à différentes longueurs
du peigne. Leur largeur doit être moindre de peu
de chofe que la hauteur de la fouîe » pour que
k peigne étant faifi contre les dents» repofe fur
les jumelles ; au moyen de quoi Ten taille des
montans qui reçoivem k tout, doit être à peu
près de cette largeur ; 6c fi les tringlts n*y font
pa» contenues un peu jude, on les force avec
un coin de bots ou de canne par cbaque
bout.
Il ne fiU! pas que k« tringks preffent ks ju-
melles, parce quVlks déra'»g:roitnt le ligncul
& par confequent les dcntî.
Le peigne étaut auid arréré fur le métier ^ Tua*
Oooo y
669
PAR
vner coupe toutes les d^nts en bîfeau avec la
plane , en commençant par le bom du peigne
qui lui td oppofé; Ôc quand ce côté eA fait , il
coup« Tautre auiTi en bifeau > foît en re fiant à
fa place , foit, comme quelques ouvriers le font,
en allant à Tautrc bout du gnètîer*
En6n , quaid ces deux cotés font rognés » il
cbarbc la pointe qui eft rertée , par un coup de
plane donné à pîat, & termine îes inégalités qui
peuvent fe rencontrer avec le canif,
Qtiand ce côié du peigne cil rogne , il retire
les \nngles des entailles fans déranger le peigne ,
8l le remet Ans-deiTos deffouSj les afTnicttit de
même , & y fait la même opération.
Il eft bon d arrondir le bord extérieur des trin-
gles , pour qu'en penchant la plane à droite
ik k gauche on n'en rencontre pas la qiiarre.
Le métier dont il cÛ queilion , ne fer t que
pour des peignes de vingt-fept k vingt- huit pou-
ces , qui font la longueur ordinairet
Lorfqiron en a de fort long*; , il n'eft pas nécef-
faire d*avoir de métiers fait*, exprés, on fe fert
amplement de ceîin fin lequel on a monté le pei-
gne , en Abftituant d'autres raontans à ceux qui
portent les boulons a vis , & les y fixant de la
même manière, c*e Ai- dire, avec des clefs ; mais
dans ce cas , la longueur du peigoe ne lui per-
met pas de fe mettre au bout du métier 5 mais
il fe met au milieu d'un côté ; il fe penche de
manière que fes deux bras fe trouvent à peu-prés
dans la même pofiiton que s^il ctott au bout ,
& s'y prend à plufieurs fois en reculant à
chaque.
Cette manière eA fans contredit la meilleure
qu'on puîiïe mettre en ufage » & la plus expé-
ditive.
En parlartt des différentes méthodes ufîtées
pour rogner les peignes , je n'ai rien dit des
gardes.
Il efl à propos de les couper d'abord à part ,
à la hauttur qu'on juge à propos de leur don-
ner : cette hauteur eft ordinairement celle des
dents même , ainfi que leur forme ; mais je
penfe qu*il feroit plus avantageux de les tenir
d'une bonne demi-ligne plus longues , pour que
le peigne étant placé dans la rainure eu battant ,
elles en effuyailent tout le poids , ainfi que les
chocs multipliés qu'il y épreuve ; fes dents fe-
roicnt psr-là ménagées , d. on ne les verroit
pas , au bout de fort peu c temps, percer le
papier dont nous verroos biemôt qu'on entouie
es jumelles &t le bout des dems, & loucher ,
comme on dit en terna*:s d'ouvriers : ce qui ar-
rive quand elles rongent 1^ papier en touchant
au fond de la rainure.
Qii^tt à la longueur des jumelles, on leur
donne ' rdinairtmeni un demi-pouc; ;iprès Ils
garde* , & on aura occafion ik voir par la fuite ,
qu'il cft de qu que conflquencc que cette Ion-
k
gueur foit la même aux deux de chacfue bout ,
pour placer le peigne bien au milieu du bat-
tant.
Manun dt plii/:er les peignes,
Lorfqu'un peigne cA monté» il n'a pi« pour
cela atteint la pt^rfeÔion dont il cil fulcopttble;
& quelque foin qu'on ait pris pour tirer les dcflig
de largeur à la fiuère, & pour les pUccr comiie
il faut dans ks jumt;llts , on ne fau^otr du pr^
micr coup leur procurer cet alignement refpcâif
qui fait que chaque duite dw la tfa;ne , frappée
par le piigne , va fe placer ea ligne droite <oa«
tre la précédente.
Sans Topération dont nous allons nous occo*
per, cette duite feroit remplie de finuofités <iui
rendrolent l'étoffe défeélueufe. Il a donc fallu
planer les peignes pour les égaîifer» & mime
pour diminuer un peu de la largeur que U filière
a donnée aux dcnîf.
Cette opération demantfe beaucoup de foins ,
& ex'ge des outils bien trancha ns pour couper
vif bi fans rebarbes les bords des dents.
Prcfque tous les jpcigners ont chacun une mé-
thode particulière, & des outils différens : il fe-
roit fans doute trop long de paffer le tout en f^
vue ; & parmi les différentes méthodes, f en
rapporterai quatre qui m'ont paru les mû*
leurcs»
Première muhodfm
Le couteau dont on fe fert pour planer, ref*
femble affez au tranchct des cordonniers ; il n'y
a que la partie courbe qui foit tranchante , &
le bifeau n'eft que d un côté , fur la partie çoa-
cave ; car indépendamment de la courbure fut
l'élévation ^ il y en a une autre en plan.
La longueur totale de cet outil , fans (en
manche, cft d'environ dix pouces.
Pour fe fervir de ce couteau , rouvricr k tient
par le milieu de la lame , la courbure totiroéc
vers lui, te la convexité pofte fur le peigne»
au moyen de quoi il le tire à lui ; le bifeau fk
trouve en-dehors , & le vif de Toutil pofe (m
Touvrage.
L'ouvrier tient le peigne de la main gauditi
ayant le coude appuyé fur la table, tandis qu'a-
vec la droite il eil occupe à, planer. I fout cw
per la canne fuivant la longueur des dents ; ctff
fi on fuivoit cellt du peigne , on rifqueroit if
les écorcher.
On ne coitpe pas ces dents de toute leur toa*
Ë^ueur d'un même coup , mais en cummcnçim
a quelques lignes prés des jumelles extérteurei |
on ramène le couteau contre celles qui toucfaeot
à la poitrine ; & quand ce côté cft fini , on re-
tourne le peigne bout pour bout» & oq ttùkft
PAR
ce que la première opération a voit laîiïé ; mais
en amenant ainfi les copeaux près des iumelles ,
iJ faut avoir foin de les dégager par un coup
de la pointe de Toutil donné fur toute la Ion-
guenr du peigne contre les jumelks ; & pour
ne pas endommager les dents par une coupure
trop profonde y il vaut miteux y revenir à plu-
fieurs fois / jufqu'à ce que tous c:s copeaux
tembent d'eux-mêmes.
Il faut aulTi , dans cette opération , prendre bien
garde d'endommager le ligneul qm retient toutes
les dents : îa perîe^ion de cette opération con-
fia*; à ne îaiflTer fur h longueur du peigne aucune
inégalité provenant de ce qu'on en auroît ôté
plus dans certains endroits que dans d'autres ;
eriAn , après avoir plané une des faces du peigne »
on en fart autant à Tantre,
Cette méthode cfl fujette à plufieurs inconvc-
niens : premièrement le peigne n*eft pas aflez
ibiîdement retenu dans les mains de l'ouvrier ,
1>aur qu'il n'en fouffrc pas quelque atteinte ; enfin
e coup de couteau n\fl pas fur, & ronrifqur:
de couper le ligneul , au grand dommage du
peigne,
La méthode qu'on va voir, me paroh infini-
lem préférable.
PAR
66 1
Seconde méthode^
r
■ Poitr fe fcrvir plus fûrement du couteau dont
^ riens de parler, quelques ouvriers fixent le
peigne fur une table , fous une coulifTe dont un
cdte cfi immobile, & Tautre fe meut au moyen
de vis , qui glilîcnt dans les entailles pour fe prê-
ter au différentes largeurs des peignes : en-def-
fous de la table font quatre écrous & autant
de vis I dout le chapeau repofe fur la tringle
mobile , vont s*y loger ; & comme leur tête eft
carrée , on les ferre & deflerre â volonté par le
moyen de la clef ; & pour que les écrous ne
puKTent pas tourner avec la vis, on y pratique
de chaque côté un épaulement qui les rend ca-
pables de couler dans les entailles.
L'ouvrier , pendant cette opération , a îa faculté
de travailler ams , & n*a d'autre foin qâie de bien
conduire fon couteau , pour n'enlever fur les dents
que ce qui convient.
Lorfqu'un coté du peîgne eÛ fini fur une mé-
c face , on l'ôce de fa place , 8t on le retourne
>ut pour bout pour achever cotte face.
Il paroi t qu*il feroit plus fimple ou de porter
ù chaîfe de l'autre côté de la table, ou de re-
tourner cette table qui n*t(k pas fort lourde ; mais
les têtes des vis gcneroient la main de rouvrier,
& même on a foin de terminer en bifeau la trin-
gle immobile fur fa longueur, pour que le cou-
teau puitTe approcher de plus près des jumelles
fans gêner rouvrlcr. La longueur de cette table
cil proportionnée à celle des peignes qu'on fa-
brique le plus communément.
Quelques ouvriers fe fervent du métier fur
lequel ils fabriquent leurs peignes , comme de
cette table ; mais Us fe contentent tl'appuyer les
jumelles contre la tringle de devant , 6t tien»
nent le peigne à plat avec la main gauche , tan-
dis qu'avec la droite ils fe fervent du couteau
pour le planer.
Trùifdme méthode,
La mcîhode que je vais rapporter ne diffère
prefque des précédentes que par les inftrumcn»
qu'on y emploie ; car les métiers fur lefquels
on arrête les peignes, font à peu^-prés les mê-
mes : au lieu du couteau en forme de trancher >
dont nous avons parlé , quelques ouvriers fe fer-
vent d un couteau qui reffemble aiïez à un outil fort
commun qu*on nomme pLine ; il n'a qu'un bifeau
& deux tenons pris fur la même pièce.
A Fun c(ï un trou qui reçoit la goupille, par
ou il eft arrêté d'un bout fur les deux pièces de
bois ou de corne, au moyen d'une goupille qui
eft rivée de chaque coté , de façon cependant
que» comme h lame d'un rafoîr, il ait la faculté
de tourner à frottement dur ; l'autre tenon va
repofer fur l'une des deux autres goupilles qu'on
voit à Tautre bout.
Pour tenir cette c/i//^ dans un écarte ment con-
venable , en même temps qii*on met les goupilles ,
on y enfile une languette de fer» au moyen des
trous qui corrtfpondcnt à ceux du manche, 8c
on les rive ainfi qu'on Ta fait à l'autre bout :
répatffeur de cette languette doit cire égale à
celle de la hme, pour que çuand on travaille ,
elîe ne balotte pas; & pour plus de fureté , otî
enfile dans chaque bout du manche un cercle de
forte peau ou de cuir-
La manière de fe fervir de ce couteau n'eft
pas la même pai-mi tous les ouvriers .-quelques-
uns le tiennent d'une feule main , d'autres le tien-
nent à deux mains.
^ L'habitude feule peut déterminer en faveur de
Tune & de 1 autre méthode ; mais dans tous les
cas, le tranchant doit être contre les dents, &
le bifeau en-defu^.
On emploie encore au même ufagc un autre
couteau, peu différent du couteau précédent.
La lame eft à peu -prés la même, mais le
manche fe fépare en deux fur la goupille de la
tête , comme une lancette, & nVS point arrête
par le bas , au moyen de quoi on pett donner
à la lame tel degré d'obliquité par rapport au
manche, qu'on juge à propos, & on en retient
les deux parnes avec un anneau de cuîr comme
au précédent : la longueur du manche de chaque
couteau eft de neuf pouces . favoir, trms à chaque
bout, & trois pour la lame : ce qui fuffit, foit
qu'on le tienne à une ou à deux main«.
Lorfqu'on a uni les dents autanr qu'on le peut
avec le couteau , on y donne le dernier coup
PAR
Rtvec un canif, & on enlève tons lei copeau if
i«n pafTant ce canif le long des jumelles , pre-
|nant bien garde d'endommager le ligneul*
Quatrième mttkoJe,
Elle confiAe entièrement dans Tufage d*un outil
ft particulier à quelques ouvriers. Cet iiften-
qu'iis nomment plan^ , cft un paralléb-
Igui eft particulier à quelques ouvriers. Cet iiften-
fnltf , qu'ils nomment p}an^ , cft un paralléb-
Irampie tranchant par lïm d^ fes grands côtés ,
à Tautre font deux manches recourbés qui
[entrent dans les poignées qu*oa tient des deux
Vmatn5.
Avant âz pafler aux opérations qull efl nécef*
liaire de faire »uît peignes pour leur procurer une
icntiére perfedion, je crois quil eft à propos de
[donner la manière de planer les peignes d'une
[ longueur 'exraordinaîre,
11 n'ell pis poiFible aux ouvriers de fe pourvoir
|jde tous L$ uflenfiles donc ils peuvent avoir fce-
[foin dans d^s cas extraordinaires ; il leur faffit
^d'avoir îes plus courans : ajiTi , lorsqu'il fe préfente
fian peigne plus long que de coutume à faire ,
Ibous avons vu â: queîle minière on fubflitue
[aux poupées oa montons à boulons qui fe pla-
icent fur U table , d'autres montons qu'on fixe à
I tel écartement qu'on îe défire , au moyen de pier-
I res dont on les charge , ou de crampons plantés
I dans le plancher.
Les efforts du planage font plus confidérables
J[ue ceux du montage, auffi eft-il néceffaire de
outenir ces efforts au moyen d'une efpèce de
\ fable.
Cette table eft formée par Taffemblage de deux
' potences , plantées fur une planche , & qui portent
une autre planche qui fe trouve parfaitement k
la hauteur du deffous du peigne ; Si comme les
efforts de roucil portent auffi contre les jumelles
qui font du côté de fouvrier , on y remédie en
attachant fur la petite table une tringle qui retient
les jumelles.
Lorfqu'on a plané d'un côté , il faut de toute
nèceffiié que l'ouvrier paffe de Tautre , & change
fa table de pofition , à caufe de la tringle qui doit
toujours fe trouver de fon côté i & quand toute
une face du peigne eft finie , on le retourne fens-
deffuS' deffous de la manière fui vante.
L'ouvrier lâche la vis du bouîon ; & comme ,
en faiûnt tourner le peigne fur lui-même, on rif-
querolt de le caffer , ou au moins de le gauchir ,
un fécond ouvrier fe met à un bout & Taurrc à
l'autre , & tous deux enfemble fom tourner le
f»eigne 'i<vec beaucoup d'attention ; puis on relTcrre
a vis pour tendre le peigne: on remet la table ^
& on achève de le planer,
JVt oublié , en fuivant Tordre des opérations ,
de dire qu'avant de pîaner le peigne » il eft à
ptopos de rogner les diints , ce qu*on ne fauroit
taire qii en tourn^"t le peigne fur fon champ ou
(nv la hauteur » & fuivant la manière qu'oit a
PAR
enfeignèe plus haut ; & pour cela il faut auffi I^
cher la vis & erre deux.
Ce n*eft pas qu*on ne pût le rogoer aptes qg%
cR phné ^ mais comme nous venons de roit <\uoê
le rerient contre la tringle de la petite table «une
ligne droite s*adapie mieux fur une pareille Ûgi
droite , & on évite les tremblemens.
Lorfque le peigne cft parfaitemenr plané , Po*
pération fui va me conftfte à Texcarner-
Il f^mble bizarre de tirer lesdeqis avec tant de
foin à une certaine largeur , pour les rédutrt
enfui te k la moitié de cette largeur , car ce qu'oa
en me fur chaq«e face du peigne , va à peu-prèt
au quart ; mais on peut rendre pludeurs raifom
de ce procédé.
La prt^miére , eft que ces tenons qui ttÛeat
larges entre les jumelles les y retiennent ptui fo-
lidement , parce que plus un levier a de lon-
gueur, & plus il a de rorce ; l'expérience a docc
appris que cette largeur meitoit les dents plus i
portée de réfilter aux chocs muitipUés qu*clfei
éprouvent d« la part des tou:hons , des nauds i
des tenues & autres accldens ; 6c que fani uxtt
précaution un peigrre ne rendroît pas U moi-
tié du fervice qu'on eft en droit à^^n atfcodrc.
\}n^ autre raifon cft , qu*étant obligé de pro-
curer aux peignes une égalité parfaite dans touK
leur longueur » &. n'étant pas poffible de tirer Ici
dents d'une largeur parfaitement égate « il a âlhi
fnppléer à ce dcfiut par une opération partictt*
liére ; de plus, ft les dents étoient trop Urpi|
elles faiigucroient trop la chaîne, & on a micni
aimé leur cri donner d'abord un peu plus, pour
les réduire enfuke à celle qui leur convient.
Les outils dont on fe fert pour planer bt pei-
gnes , doivent être d'une bonne trempe fit bifn
aftîlés , tant parce que la matière qu'on a à Ou*
per eft fort dure* que pour que les dems foicit
coupées vif & fans rebarbes ; auffi les DrvT.;rf
ont-ils coutume d avoir devant eux une pienc
qu'on nomme affiloir , avec lequel ils avlven
de tempi en temps le tranchant de ces outui.
Quelque foin qu'on prenne à bien planer çj
peigne , il n eft pas poffible de n'y pas lalffer de|
t^s arêtes qui nuiroient à la chaîne ; il a donc
excarner les dents , aVnfi qu on va le voir.
Le terme û\x:arn€r , aux yeux des perfc
inftruites , indique fa fignification ; il i
ridée d*une opération p.ir laquelle or
chair ou te bois des dents , pour ne Utffer ^
récorce.
Le foin qu'on apporte à amincir les i&à
quand on les tire à la filière, ne les fa ur oit ré*
duirc à n'avoir que Técnrce , dont on a umaufr
ment befoki ; la largeur à laquelle on cft obVue
de les tenir » ne les réduit pas au degré d cpii**
feur oh Ton doit les porter ; je vais ^ffayer et
me faire entendre.
L*ècorce des dents préfento une p^^nion ée
cercle : nous avons vu qu'en les paiLot a it 6-
PAR
1 ne les entanie pas de ce côté ; le de^
t la canne feiil efl mangé par Vomï\ ,
corce eft un arc dont le dedans eft la
il fuit de là , que ks exuéinhès de la
de CCS dïînts offrent un arg'e très -aigu.
dans cet état qti*on les pbce fur le f,ej-
lais û une opération poAérkure au mon-
:lle que le .planage , vient à entamer ces
iir leur angle , elles prendront la forme
rallélogramme mîitiligne. On pourroit tt-
lignt: parallèle à îa droite des deux bouts
: ; c'crt cette ligne droite qu'il s^agtt de
\n quelque fone , en ôiant le fupertîu j
n nomme excdmtr Us dint^,
fe fert pour ce travail d*une efpèce de
mmanché ; il faut avoir grand foin de
ôter plus de matière dsn?î une enJroit
ns un autre , pour que chaque coiè des
)it bien parallèle à Tautre ; mais il faut
endre garde à ne pas endommager le
l'ècorce auquel le canif ne d»)it nulle-
>ucher.
Première mdnière.
n fe repréfente un ouvrier aflls à côté
:ib]c j & tenant de la main gauche un
ïrefque droit , & appuyé fur fes genoux ,
que de la droite il conduit le canif entre
es dents Tune apris l'autre i ôc pour n'en
aucune, on commence par un des bouts
ne jufqu à la moitié , ou on doit fe fou-
ju'eîlcs font tournées en fcns contraire :
1 retourne le peigne bout pour bout , &
l'autre côté : on tient le canif entre les
rmiers doigts à peu-prés comme une plume
>n écrit,
bon de finir d*abord le peigne fur une
lis on le retourne pour voir s*il n'y a
légaliiés à Tautre lurfacc ; & fi ion en
t quelqu'une, on l'ôte avec le canif ; il
îmc des ouvriers qui fe piquent de tra-
avec déhcateffe , qui le nniffent entière -
îT une face , 6l le repailent entièrement
rre , fans cependant affamer pour cela les
je ne faurois recommanJer trop d'atteo-
mr n'en pas ôter plus à quelques denrs
otres ; car de là viennent fouvcnt ces raies
[)erçottfur toute la longueur d'une étoffe ,
a rendent déftftneufe : il n'y a de re-
ce malheur que de rejeter le peigne.
Seconde manière^
sxécute cette féconde manière en pofant
ne horifontalement fur une i.ible , 6i l y
t au moyen d*un poids ou d\]n plomb ;
I fe fert d'un canif, comme nous Tavons
ats cette méthode cft très-défcâueufe , en
PAR 66$
ce que le peigne pofant immédiatement fur la
table j ne permet pas à finflrument tout le jeu
qui lui efl néceffaire ; pour peu que fouvrier
renfonce un peu plus qu il ne faut , il rencontre
la table , ce qui dérange Topération,
Quelques peigners plus intelligens ont imagt*
né d'élever le peigne pour qu'il fût libre par*
deffous.
Pour cet effet on pofe le peigne dans une fituation
horifomale , fur deux p^rallétipipcdes de bois de
trois pouces à peu- prés de grolTtur , fur huit à
neuf de long. Chacun u'cux cft percé aux deux
eitrémités d'un trou c^rré pour recevoir des
boulons , dont la tète les reti.vnt en place.
Ces boulons font taraudés de toute la longueur
qui fort du bois , pour , au moyen d'écrous à
oreilles , ferrer autant qu'on le veut une petite
traverfc , & par conféquent retenir folidement
le peigne entr'elle $l la pièce de bois.
Le tout efl poTè fur une table ; Touvrier n*eft
aucunement gêné pour cxcarner ; & lorfqu'il a
fait les psiriies qui ne touchent point aux fup-
ports j il lâche les vis & change le peigne de
place.
Il fembleroir plus naturel de retenir le pjpignc
dans cette efpèce de preffe par fes extrémités ;
mais la pefanteur des mains » quelque foin qu'on
y apporte ^ ne fauroit manquer de le fatiguer ,
& de lui faire prendre utîe tournure défedueufe ;
au lieu que Tefpace contenu entre ces appuis
étant plus court , il ne rifque pas de fe caiïer.
Il y a cependant des ouvriers qui placent le pei-
gne fur les deux extrémités ; & pour ne pas le
fatiguer du poids des mains , ils fc fervent de
Teipédient que voici.
Sur la longueur d'une table , & de la m oit le
de fon épaiffeur , font praiiquèes deux rainures ,
dans lefqueUes entre le côré étroit de deux cou-
liffes , & féparément on pratique en-deffous de
ces coulifles une feuillure propre à recevoir les
tenons d'une pièce de bois , qui gtiffe fur la
table.
La largeur des entailles eA égale à Tépaiffeur
de la partie large des couflffes qu'elles reçoi-
vent , au moyen de quoi cette pièce de bois ne
ghffe qu'avec un peu de frottement.
L'auire pièce de bois li'eft qu*un parallèlipl-
pédc fiiiè fur la table au moyen des têtes catrées
des deux boulons à vis qui entrent dans l*épaif-
feur en-deffous de cette table , & paffent au tra^
vers dans des trous pratiqués exprès ; les trin-
gles font apptiyécs par leur bout contre cette
pièce immobile , & les rainiitcs ne commencent
que de là.
Dans les boulons de chaque pièce de hois ,
l'une mobile , & l'autre immobile , entrent deux
tringl-s de bois , dont l'office cù de retenir le
peigne au moyen des écrcus à oreilles.
Les preffes peuvent fc prêter à toutes les lon-
gueurs pofftbles du peigne , au moyen de la fa*
^
664
PAR
culte qu a la pièce fupérleure de gUffer entre les
tringles parallèles. Pour que la longueur du pei-
gne & la pefanteur des malni n'y Éaftcnc aucun
tort, rouvrier met un, deux & même trois couf-
fins de boîs , fur lefquels porte le peigne, &
qui! a la liberté de cKanger de place à volonté:
il peut même fans crainte appuyer le coude gau-
che fur fon ouvrage , en pîaçint un couffin à
ce^t endroit.
Il eil aifé de fentir que les vis de la pièce mobile
se doivent avoir aucune communication avec
la table , non plus qu avec les tringles ; mais les
tètes fom encaftrées de toute leur épaiffeur dans
le de (Tous de la pièce de bois , au moyen de
quoi elles n'apportent aucun obAacle à ce que
cette pièce puifle glitTer.
Comme ce métier eft fort étroit, il eft peu
cmbarr^^fTint , & Ton peut l'approcher d*une fenêtre
pour fe procurer un beau jour » dont on a grand
befoln pour cette opéraiion; & quand on a fini une
moitié de la longueur du peigne , on retourne le mé-
tier pour faire Tautre. Il y a même des ouvriers qui ,
fans rien déranger , finirent un peigne fur toute
fa longueur. Comme nous avons vu que la moi-
tié des dents efl tournée vers un bout & Ta ti-
tre vers Tautre , il faut pour cela s*accoutumer à
tenir Toutil également bien des deux fens , ce
que beaucoup d'ouvriers ne peuvent faire.
On excarne chaque dent en commençant par
un bout ; puis reprenant Tautre bout, on retourne
le canif pour les dents dont Técorce eft à droite,
& du fens oppofé pour les autres. On en ufe
zinfi pour qu'elles le trouvent parfaiiemet évi-
dées dans toute leur longueur ; car comme il
n*eft pas polïïble de commencer tout contre les
jumelles, H on n*y repaffoit le canif, cet endroit
fe trouvcroii plus épais , & cette inégalité endom-
mageroit la chaîne, fur-tout dans une étoffe de
foie i maïs dans tous les cas , il faut, quand une
face du peigne ed finie ^ Tôter de fa place pour
le retourner d; l'autre côté.
On ne faurott apporter trop d'atreiuion à bien
finir un peigne ; les difficultés augmentent en
proportion du nombre de dents dont ils font
campofés;& plus les dents font multipliées &
Hnes , plus elles doivent être finies, à caufe du
peu de paffagc qu'elles laiffcnt aux fils de la
tfcaîrje-
Trotfèmt manîlrc*
La troifième manière d*excarner les peignes eft ,
pour le fond dcTopération » la même que celle que
nous venons de voir , puifqu'tl s'agit toujours
d'évidor les dents Tune après l'autre; mais celle-ci
cônïifte à placer la main en-tleffous du peigne ,
de m.aniére que la Lrae du canif étant pafféc en-
tre chaque dent, on la faffe mouvoir de bas en
haut, au lieu qu'elle avoit une uireaion contraire ;
poïM* cela il eu nêceffaîrc que ces peignes foient
PAR
à une certaine èlévâtton du métier «pour dons»
un paffage libre à la main.
Le métier dont on fe fert pour ceî« n'a rîea
de particulier , ce n'eft tutrc chofc que celiïî fur
lequel on a monté le peigne. On y voit mèms U$
poupées qui ne gênent aucunement pour ce tra-
vail ; il eft feulement à propos de faire connoirrc
la conftruélion & la pofiiion des montans qm
portent le peigne.
Chacun de ces montans eft un morceau de bois
à peu-près carré » dont la longueur nVft pas dé-
terminée ; elle dépend de la nauteur du métier
fur lequel on les placer mais en général elle «iosr
être telle qu'un ouvrier a(Hs puiffe y travilllrr
commodément.
Au bas de ce montant eft un tenon par oj ti
entre jufte dans une des mortaifes qui font fur
le métier i ils n'ont pas befoin de plus de faiidité,
car ils ne font aucun effort.
Au haut de ces mêmes montans eft ane mot-
taife carrée , propre à recevoir jufte le tcnoo
du fupport qui repofe contre le monnnt ,
au moyen d un fort épaulement , & va en di*
minuant vers lautre bout , par-deftbus, pourqwe
l'ouvrier , en promenant fes mains , ae rcocootrc
rien qui le bleffe.
Il faut avoir attention que te dcffus de ce fup-
port foit bien à angle droit avec le montam où
ïî eft affemblé.
On en place fur le devant du métier quatre 1
fix ou huit , fuivam la longueur du peigne , U
pour cela on pratique fur la longueur une raQ|^
de trous carrés dans une même ligne.
Comme il faut que le peigne repofe for ces
fupports , on a foin quiis loient tous à ègak
hauteur.
Quelques ouvriers y arrêtent le peigne an
moyen d'un poids de fer ou de plomb ; (Tai^
très fe contentent de retenir le peigne avec la
main gauche , tandis que la droite travaille.
Il y a encore une autre manière de placer le pd'
gne dans cette pofition horifontale ; elle nediâïfe
prefque pas de celle que nous venons de voir ; inaîi
la manière de placer les montans eft plus rcchtr-
cbée , & peut-être plus commode.
Aux deux extrémités d'une table » font pi
des montans , dont le premier a la forme 1
croix dont te grand croiullon s élève au^dcfli
métier , à peu-près de h hauteur des moj
dont nous parlions il n*y a qu'un inftant « &
le fupport , fait à peu* près comme celui
a vu ^ mais il eft un peu plus large.
Le croifiilon oppofé entre dans U m^Titaift
faîte au bout de la table , & ce montant
fur les deux autres croifillons.
A l'autre bout eft tine croix fcmbUble
première , & qu*on pUce de même ; mais ft
croifiilon fupé rieur eft fort coun.
I
I
I
PAR
Sur les dcox èpaiilem*ns qui forment ces
croifîllons . repofent dîrux trinjjles carrées qui
y font chevillées par les bruts.
Dans rentre -deux de ces tringles gltile Je
Diontam ; Ôe pour pouvoir Tarrèter oii l'on veut ,
fui vaut U longueur Je peigne y on pratique au
croiiîllon inférictir » St fur fort cpailTt:ur, «ne mor-
laifc oii paffe la clef qui le ferre contre les trin-
gles.
Au haut eft une monaife pareille à celle qu'on
a vue au précédent » pour recevoir un fopport ;
ati miiïeu de la largeur de ce fupport , 6c aflfez près
du montant ^ eft un trou oii p.ilTe ie bouîon à tête ,
taraudé de plus de la moitié de fa longueur ; ce
Boulon étant en place, la tôtc cn-dtfT^us , reçoit
sruili l'autre pièce de bois, qui étant preflTée par
Fécrou â oreilles , retient ïe peigne p^r les deux
extrémités fur le montant , à rècai tcmeot qui déter-
mine fa longueur.
Pour ne pas fatiguer le peigne en appuyant les
mains deiTus quand on travaille , on fait paiter entre
les tringles pluûeurs fupports a(ïez longs pour que
Je peigne pofe deffus fans le forcer; fit comme
rien ue les retient , on a la liberté de ks f&ire
couler à mefure qu on en a befoln.
Le métier à excarner , que je viens de décrire ,
n'étant monté que fur une planche qui lui ferr de
bafe* on a la liberté de le placer fur un métier
à monter les peignes , ou fur des tréteaux , comme
on le trouve plus commode.
Qu*il me foit permis, en finî/Tant cet article ,
de h^ifarcler mon femiment* Li mulripliciié dis
vilenfiies dans tous les arts me fcmblc une char-
laraneriedoni il feroit à fouhaiter qu'on fe défit :
pourquoi , par exemple , tant de métiers pour
eicarner les peignes ?
Un peigner un peu occupé ,. qui (c pîqueroît
de raffembler tous les ufteufilcs de fa profefljon ,
trouveroit à peine de b place pour les loger ;
fie feroit - il pas p!us fimple de ûire Topération
dont la defcripîion vient de nous occuper , for
le m;bricr même fur lequci on a monté le pei-
gne ? Le dernier des méiiers que nous venons de
âéctire , reffcmble fi fort à celui à poupées »^qu'iï
femble qu'on n'ait eu en vue que de multiplier les
embarras. Je vais offrir au leéleur quelques ré-
'exions fur les trots manières d'excarticr que je
Viens de rapporter.
Comme cctre opération CJiige que le peigne ^
ait wnt pofition afTurce , & que le moindre mou-
vemeut produit des inégalités fur la longueur des
dents , il eft certainque la méthode de ceux qui tien-
nent le peigne fur leur genoa , cil dcfctîlueufe ; auOi
ai-jc connu un habile peigner ^ qui » faute de con-
notre les moyens de hxer le peigne, vouloit
qu^ju moins on fa^puyât foli dément contre un
œnr, une tnbîc , un banc , àc.
La feonde manière e(l fans confredit préférable
à la première , parce que le peigne étant 6xé dans \
Arié ^ Miikrs , Jùmt K i dft. Il,
PAR
665
une pofition hotifontale , on eft p!u5 afluré d*o-
pérer également fur toutes les dents ; mais d'un
autre côté on ne peut pas juger parFatîcm:nt de la
quantité de iTiJtiére qu*on emporte avec le canif,
puifquebnjiin ca;Iiv lendroit oii foc travaille;
au lieu que pjr la troîfiémc on voit à découvert
tout le peigne , 6c Ton ^ut voir par degrés les
dents acquérir la foyme qu'on a dcHUn de leur
donner.
Il eft fi important de ne pas faire de dents plus
épaiiïes ou plus minces dans la totalité de ce S les
qui compofent un peigne , que pour peu qu'il en
échappe quelques - unes , on s'en aperçoit aufll-
tôt fur Tétoife ; une dent trop mince étant preffée
par la chaîne , la rapproche de fa voifine , Ôc de
là viennent ces nuances qu'on aperçoit dans les
érofles qui ne fe mettent point à la foule ; ces
nuances ne font produites par aucun changement
de couleur résî » foit dans b chaîne , foit dani
h trame ; mais comme il ne fauroit arriver ou une
dent foit trop proche de fa voifine d'un côté ,
qu'elle ne foit en même temps trop éloignée de
fa voifine de Taurre côté, de -là deux enets qui
produifent un changement de nuances qui n'cd
qu'apparent;
La raie fombre eft produite par les fils qui font
trop ferrés entre les djnts , Si la raie plus claire
qui b fuit, provient du trop d'écartemeni qu*ORC
entre eux les ûls ciui paient dans b dent écartée.
La raifon en eft , que les couleurs de b trame
rrcs-ferrcc entre les fils de la ch;iine , qui eft tres-
fcrrce elle-mlmc , n'ont pas autant de Jeu que
lorfqa'elîe eft pîus lâche ; alnfi ces effets devien-
nent d'amant pîus fcnfibks k la vue> que l'étoffe
câ fabriquée avec phis de rg ubrité.
L'inégalité d*écartemt:nt d'une ou de quelques
dents dans b totilué d'ttn peigne, ne îe met ce-
pendant par h'ïrs défit de fcrvir- On peut en
fubllituer une autre à l^. pbce de celle qu'on a
trop amincie en cxcarnant. J'cnfeignerai ti- après ,
b manière de remettre des dentsfans démonter
le peigne.
Lof iqu'une dent efl trop ipaîffe , il eft fort facile
de IVmincir ; lorfqu'elle cfl trop écartée » on ne fau-
roit rapprocher les autres fans ébranler tout le
peigne. Mais quand il y en a cptelqucs-unes de
trop rapprochées des autres , on peut y remédier
en les rendant un peu plus minces ; par ce moyen
on obtient un écartement à-peu-pr^s égal , 6c Hr^
régularité devient moins fcnfible : malgré tous ces
foins ^ on ne peut que rendre un pareil peigne
paflabic . il ne lera jamais parfait.
Manîèn de couvrir U$ jumelles avtT iUs handts de
papier ^^ de rtàrtffer L t dents.
Rien n'eH auHi aifé que de coller lîes bandri
de papier fur les jumelles d'un peigne ; il fuflit
d'apporter à ce travail quelque attcrUion , pour
P PPP
666
PAR
que ce papier , en entourant les jumelles, vienne
tout contre les dents fans pofer deiîus.
Pour cela on prend avec un peu de papier ou
autrement , la circonférence de ces jumelles d'une
face du peigne à l'autre , ce qui détermine la lar-
geur des bandes de p*ipier.
On en coupe une certaine quantité , que l'ouvrier
qui les colie, 6xe fur la tab'e avec un morceau
de piomb ou autre cliofe de pefant ; pui« ks
cnduifant de colle d'un côté , il les laifie fur la
table ,& pofe le peigne au milieu de chaque b; nde
fur la hauteur ; apre^ quoi il le couche de fou côté
fans perdre le milieu de b bande, & en appuyant
fur ta longueur des jumelles » il les force à iaifir
le papier ; enfin il retourne le peigne de Tauire
côté , ce qui achève de coucher le papier tout au-
tour des jumelles.
Il eft difficile de coller ces bandes dâ papier
fans qu'il s'y forme quelques plis ; aullii, pour les
faire difparoitre , & pour forcer le papier à pren-
dre la formd des jumelles, on prend une autre bande
de papier plus larg^' , qu'oii pofe fur ctlle qui ell
collée , & on frotte en tous fens pour bien f un^r
fans crainte de rien déchirer ; mai* il faut pour
cela que ceilc de deffus foit bien feche : quand
cette première bande eA collée , on en place une
autre au bout , 6i ainfi de fuite aux autres ju-
melles.
Comme nous avons vu que les grofTeurs du
ligneul varient fuivant le ^tms de peignes qu'on
fabriquées: p.ir d'autres raifcms qu on doit fe r ap-
peler , il cft évident que la circonférence des ju-
melies doit fuivre cette variation : aufli les bandes
de papier , poi:r entourer cette circonférence , doi-
vent-elles être plus ou muins larges.
Mais on ne fauruic leur procurer cette égalité
de largeur en les coupant avec des clfcaui ,
ou avec un couteau en pliant le papier par ban-
des ; les peigners ont imaginé 1 uftenfde que je
vais décrire , tart pour aller plus vite , que pour
mieux régler ces largeurs.
Aiix deux extrémités d*une table , font deux
trous carrés » propres à recevoir les têtes carrées
de deux vis qui paflent dans les trous correfpon-
dans d'une inî^gle.
On place une certaine quatîtiié de feuilles de pa-
pier Tune fur lautre , & on n'en laitTc déborder
que ce qu'on veut donner de laigeur à chaque
bout au moyen d'un compas , pui» on ferre leit
ècrot^s à oreille , qui, en prtfTant fur la tringle,
empêchent le papier de charger de pofition ,àvec
un outil dont la lame redémble afltzà celle d'un
grattoir, mais dont h foi£ efl très - forte & enne
dars le manche garni ^ e viroles :il en fépare d'un
feul coup une aflez^ grande quantité.
Cette lame a deui tranchans , parce que rîen
n'émouiTe autant les outils que de couper du papier
ou du carton ; auffi eA-il fort fou vent obligé de les
paffer fur un affiloir.Lorfque toutes les feuilles de
papier font coupées , on deiferre les vis ^ on reprend
PAR
une autre largeur de bandes qu'on coupe de mètnc!
& ainfi de fuite jufqu'à la fin , ayant eu foin «
avant l'opération , de marquer fur la prontért
feuiîle avec le même écariement du compas^ tou-
tes les largeurs des bandes qu'on peut y trouver.
On ferre à part toutes les bandes de chaque lar-
geur , & oùéme on a foin de s'en pourvoir abon-
damment de toutes, depuis un pouce jufqtrà drux,
de demi'ligne en demi-ligne , qu*on oumé oce
depuis un fiïfqu'à vingt-quatre , pour les recon-
noiire au befo^ni
La méthode que je viens de rapporter cft ce
ufage dans beaucoup de provinces , ou , fjuic
de reflTources , les ouvriers font oblrgés de faire
tout eux-mêmes ; mais dans les grandes viUcs ib
font couper ce papier par bandes par des papctieti
ou par des relieurs « dont la prene & le couteau à
rogner font bien plus furs & plus expêditifs*
On eft afTuré par ce moyen de faire ces bandci
bîeu égales de largeur > Ô£ on en peut couper t(i)c
bien plus grande quantité d'un coup* puift^n'ofi
rogne unetiim^ de papier i-la-fois II f^ut pèferiref
ces bandes ainii coupées , de Thumidité ; le mleuiei
de les mettre fuivant leurs numéros dans les cafo
numérotées d'une grande boîte.
Quelques ouvriers , plus recherchés dans leur m-
vail , fe fervent d'une autre mérhode pour couvrir
de papier les j'm.lles dj leurs peignes* Au bord
d'une table, on plante deux morceaux de bois
dont rtnfourchemenr faifit jufte Tépaiffeur de
cette table , Se s'il devient un peu lâche , on peut
y gliifer une ou deux cartes à jouer ; puis avec
deux chevilles de bois on y fixe un chaûis an
moyen de deux trous.
Les deux monta ns font aifemhlés aiTex (ample-
ment par une traverfe ; mais au haut de ces moft-
rans efl une entaille , où l on place le peigne fur b
hauteur.
Dans cette pofition l'ouvrier couvre fcs juindlci
de papier, 6c i la hb^-rté de faire tourner le p«K
gne avec le chaiTis , & de régler fon papier en-
delTus & en deftous k (a volonté. Cette méthode «ft
fort bonne ; mais avec de Tactention, toutes dcus
peuvent très-bien remplir le même objet.
Quelques peigners s*y prent^ent diffjrcmineiit;
les uns tiennent le p;;igne entre leurs genoux ,
d'autres le font tenir par quelqu'un , tandis qu'il!
collent le papier ; enfin , pourvu que la pcrfeâiM
s'y trouve , peu importe comment on vy preaoe:
leffeniiel eA quM n*y ait point de pli^ furlalo^
gueur des bandes , car elles nuiroient au p^tfOt
quand on fabrique l'étoffe.
Manière ât rcdrtjftr Us dcms.
L'opération du planage « ainft que celle d*e
ner les dents , quelque loin qu'on y apporte , £it»*]
guc nécetTairement les dents : auffi , loriqQ*cia pei- j
gne efl fini, on y voit beaucoup de dcno qià\
ont pris un certain degré de courbure qui fajiy
PAR
fort nuîfible à la fabrique , fi l'on n'y avoit pourvu
par la dernière des opérations qu'il eil à propos
de faire 1 un peij»ne » celle d'en redretTcrles dc^n*.
Entre les différentes méthodes qu'on a adop-
tées fiour cela , je n'en ai remarqué que deux
qui inv*ntent d'éire r.ipportèes : les voici*
Pour la première, un ouvrier rient de la main gauche
un peigne par le milieu , dont un bout eft appuyé
contre fon cflomac , tandis que de la main droite
il pafTe un drr£oir efltre 1î;s dénis qui fe font cour-
We$*
Ce dreflbir n efl autre chofe qu'une pièce de fei
fcice comme une piiette ou comme unt fpatule
fore mince par le bouc , pour pouvoir entrer entre
les dents les plus ferrées , & qui va en épaîf-
fiflTatu infenfiblement^jjfquàrendroit ouTon voit
fa largeur diminuer par deax plans inclinés » qui
cft beaucoup plus épais.
La lige , qui par l'autre bout entre dans Iq
manche , eil carrée , & terminée en pointe
pour qu*on puifle Tentrer à force dans fon manche.
Ces fortes d'outils s'emploient chauds ; &
comme ils font fort minces , ils fe refroidi flem
promptement r c'eil, pourquoi il eft à propos
d'en avoir au moi:is quatre qui chauffent alter-
nativement pendant qu'on fe fert de Fun ; &
f>our plus de commcdltc, Touvriêr a k côté de
ui un réchaud de feu oii on les met.
Il faut bien prendre garde de fe fervîr de ces
fers trop chauds j on biuleroit les dents ; il ne
faut que les échauffer j^our faire tant' foit peu
fondre la poix -du lîgnéul, & par ce moyen fa-
ciliter la* dent à fe reircffer par fa qualité cUf-
tique.
On à auffi des dreffoirs terminés à peu - prés
en poime , pour qu'on pui{re plus aifément Tin-
(înuer entre le? dents.
LafeconJe mairère eft abfoUiment f:;mblable a
la première; le drefToir feul en fait la différence»
aînfi que la pofuion du peigne.
Le peigne cA d^ns une pofition horîfontalc ,
fit cft retenu à l'aifc dans des entatUes, avec nu
tenon qui s'AJuHe à des trous pratiqués fur
la table.
On conçoit que dans cette opération on a b>
foin que les dreiToirs f:)ient courhés , pour que
ta palette fe pic mène entre les dents parjiiélc-
ment à ellus mêmes»
Ce drefToir , dans fa conftruflîon , ne diffère
du précédent que par la courhur? : il cfl
finmanché de même ; oC commj la chaleur fait
éjeter le bois, il ne ticndroit bientôt nlu5 dans
fon manche , (I Ton n'avoir U précaution de le
r^ar par le bout de ce mAncbe.
Tels font ks prccêdêi quon met en ufage
pour porter les pi.;lgnc§ à la pcrfeflion qui kur
câ néceffaire.
Il me rcfte, en fîniffant , à rendre compte d'uoe
dcrmèrc précaution que quelques ouvriers, p!^s
cuiîeux de ia perfcâion que les kutres^ preonenc
PAR
667
pour que leurs peignes ne fouffrent aucun dom-
mage dans la rainure du banant» ou il éprouve
des faccades confidèrables & muUipIiées.
Le papier dont nous avons dit qu*on couvre
les jumelles # fert autant à la foUdité du peigne,
qu'à empêcher la poix de couler lorfqu'on redref-
le les dents ; mais fans une grande attention pour
tien coller ce papier , la poix durcie s'écailleroit
à force de recevoir mille contre-coups : c*eft pour
cela que quelques ouvriers collent une féconde
bande de papier pardeffits les premières ; mais
ils ont aacnâon que le premier foit plus foibîe,
fans quoi le fécond ne tîendroît pas , 6c même
ils fe décoUeroie.it tous deux.
Des peignes d'acier*
Les peignes de canne , dont on a détaillé
la conOrdàion plus haut , font ceux dont
on s*cil fervi le plus anciennement , & même
untverfellement. Ils font t;ès-bo:;s pour fabri-
quer toutes fortef d*éioffes , 3c font encore en
u'age d*ins pref^ue toutes les manufaâures de
rEuropc. On p.'i!t même d^e que, pour cer-
tiins genres , ils font préférables à ceux d'acier;
mais fur la fin du fiècle dernier, on vit éclore
pkifieiirs genres d*étoffes, dont il paroit que nos
anciens n*ont jamais eu connoiffance ; la méca-
nique, portée au plus haut degré de perfedion ,
a fans doute aplani les difficultés qu'ils n*a-
voicnt peut-être pas pu vaincre jufquà ce mo^
menu
La néceffité d'exécuter les étoffes qu*on venoît
d*irîventer * a rendu infoilîfans , à beaucoup d'é-
gards , les peignes de canne » dont on ne peut
cependant fe paffer pour toutes les auires ; 6c
TobUgation de reffcrrerdans un cfpacc fort étroit
une quantité ir^'^^nfe de dents, qu'on ne pou-
voit plus faire ea canne fans leur otjr leur prin*
cipale qualité, la force, a dû naajrellement l^ur
fctii-e fubftituer Tacier, que rindullrie des hommes
gouverne à fon gré, Si dont on eft venu à bout
de former du fil suffi fin que des ch€v;nx*
Malgré les foins que j^ai pris pour fixnr l'épo-
que iie rinvcntîon des peignes d*acicr , & en
faire connoître Tauteur, je n'ai pu venir à bout
d'en fuivre h trace : les uns affurcnt que la ■
Franc: en a le mérite ; d*autrcs prétendejit que
nous la devons à V Angleterre ; d'auîres enfin
fouticnnent que les Italiens les ont le» premiers
mis en ufage, (-i donnant pour preuve de cette
afferiion , que Us Fr?^:^Çlis n'ont connu les peU
gnes d'acicr quo par les Lucquois , dont ils oni
appris i fabriquer le velours ^i le damas.
Il eft vrai qu^ cette ville a fourni à TEnropc
entière dt granJes connollîances fur h fabrique
di'i éioffîs de foie r les Génois ont auffl contri-
bué à Tavan cernent de nos manufaâures ; &c il
parort aflez vrâiferablable que ces deux villes, en
communiquant leurs procédés , auront auffi fait
part des inrtrumens qaiUy emploient,
PPPP 'I
668
PAR
Ce que ]*3vance kl , auroît faas doute befoîn j
i : l'appui de q idquc auteur digne de foi ,. ou de ]
Sjuelque monument hiîlonquc, qui en conftata^ '
ent rauthentiché ; mais la iranfmîgratioo dtrs
manufactures cÙ ù moderne, eR fi connue, que
j'ai moi-même parlé à des ouvriers qui avoietii
vu quelques-uns de ces Lucquois qui étoiem
pafTés en France pour y c6ininunîquer leurs opê-
rjtions.
Quant aux Génois , jVi eu occafion de cor-
noîîre une partie de ceux qui nous ont donné
les connoiîTances les plus étendues fur les ve-
lours pten & à jdrdin^ dont nous avons tiré les
velours mlgrtature.
Parmi ces Génois , quelques-uns font encore
cxiÛans à Lyon : ils étoient alors d^ux frères ,
qTi ont fabriqué les premiers les velours pUia
ù â jardin , & leur père ctoit employé à rjfir le
velours plein. Ils avoieni d*abord paOéàTours;
mais attirés par la renommée de Ja ville de Lyon »
ils y vinrent , & furent accueillis comme on y
reçoit ordinairement les talens fupérieurs. Ces
détapls.que j'ajoute ici, n'oct pour but que de
rappeler à ceux qui les conrtoiflkm , une époque
qu*ils ne peuvent avoir oubliée entièremetit »
& de déterminer par des faits connas ce que je
oVi pas craint d'avancer.
Quant au paflae,e des Lucquois en France , 1!
parort qu*on peut le fixer à la fin du fiècle der-
nier. Ils vinrent à Avignon ; mais ayant trouvé
cette Ville d^jà habile d?ns le tilent qu'ils vou»
loient y exercer , ils n'y furent par cette raifon
reçus avec aucune a:.tre difïinàîon que celle
dliabiles ouvriï^rs,
il n'cfl pas vraifemblabîe , comme îc préten-
dent les Avignonn;îis , que les rrsmlers peignes
d*acier aitnt été fabriqués dû! f cette ville ; on
n'y en a trouvé aucune marque ni aucun uften-
flic : niiis il peut être vrai qu'ils î'en foicnt fer-
vis les prem:cri en France , Ô: qu'ils les aient
tirés de ritalie , avec laquelle ils ont tou ojrs
eu une très - gr«:nie liaifon, comme étant fous
une mime doi"nination.
Quelques Piémontois ont prétendu que la
connoiiTancc des peignes d*acicr en Europe
étoit auffi ancicrrne que celle de In fabrique des
étoffes de foie ; ils îîiTurent que le» Véniitens
& ies Cakbrois ont les premiers fabriqué en
E'iTope de ces èioft'es , & quMs cnr eu en
m^m- temps connoilîancc des peignes d'acier ,
parce que, dlfent ils, les indiens, les Chinois
& les Perfes s>n fervoient alors.
Il cft fans doute poifiblc que ces trois peu-
ples , chez qui Tar: de fabriquer les étoffes de
foie cli beaucoup plus ancien qu'en Eufope ,
puif iuc c'cft À'u^ que les Européens en ont eu les
pr^th.ires conri.ikTniîces , aient employé les p:-i-
tars d'acier dans leurs mauufaâurcs ; mrâs du
nioi'is ri':n , à mon avis/ne prouve que l'ufsge
lie Cil uiki:fils i'^n ,^ifB ^Jincn ci: France que
PAR
nos fabriques, en adoptant même Pidée des fa-
bricans qui prétendent que rinveni'^on nous eâ
appanitn:.
lis préiL nient que le dipériiïement très-prompt
des denti des l-ùeres , uni qu'on les a faites en
canne , a engtgé à aplatir au marteau du Aide
ftr , pour Iv-s fairt; avec ce métal ; qu'cnfuitc k
laminage de l'or & de l'arcent a fait raitic ridc<
de taminer du fiî de ft.r S de remployer j>oiif
ies dents des peignes* Il cft vrai q:c le lafr^iniji
de l'or & de l'argent a un rapport immé ^iat
avec celui des dents de peignes ; mais on n'en
peut ri:^n conclure pour le icmps & le iicu de
cette invention.
Quoi qu'il en foit de l'invention des peignci
d'acier, il eft certain qu'elle a procuré aux mi-
nufa^ures d'étoffes de foie un avantage d'auîuît
plus considérable , que ces fortes de peignes rtv.-
àtnt unç, très-grande quantité d'étones, â li fi
brîcation defqucllcs on les emploie pjr prcf<;'
rence, plus parfaites que ceux qu'on fait Ofdi*
nairement en canne : mais cette utilité à fes bor*
nés ; & telle étoffe réuflît très -bien avec ua
peigne de canne , qui T*cn sdmettroit point dV
cier j c'cfl à l'ouvrier intelligent à faite ce à^
cernemenr.
Les peignes d'acier ne font à ma connoitTanct
que dans les fabriques d'étoffes de foie. Je ne
crois pas iiiéme qu*on puiffc les employer pciir
les étoffes de coton, de bine ou de fil ; ou s'il
y en a quelques - unes , le nombre en cfl fort
petit ; car ces inafiéres fent peu capables d'ef-
fuyer le choc d*un peigne , qui ne faut oit avoii
autant d'èîailkité que ceux de canne ^ les £r«>
lemens même déchireroient Ui brins de lackaiftti
fie Jes msitroiem ho s d état dcfervir.
D'ailleurs, ces étoffes ne font pis fufcepttblei
d'un maniment camux^ comme b font celles
foie : il ne s*agit dans leur fabvicarion que de
XzuT donner une certaine épaifltur , & de féite
joindre également les dunes de la iramv
toute il longueur de l'étoffe , pour leur
toute la perfedion dont elles font fufccptiblct :
au furplus , les fih de la chaîne de ces fortes d'c-
toffîs ne font ordinairement paffés entre les dcn»
que deuk par deux , & n y cffuicnt pas des
frotte mens confidérables ; c'cft pourquoi kl
peigne» dont les dents font de canne , 8t p
qi'ent ikxibles , leur coivviennent b.nu^
pourvu que leurs hauteur , largeur wii
foient déterminées dans de Juites prcp
On pourroit , fans contredit » employer Is*
peie;ne5 d*acier à la fal"r.quc de toutes lbr:cs £tr
loffes de foie , même é^n% les coiitpres l.s
plus fin<î , fans que leur qjalité ei i\t aucvi^i*
ment altérée ; & même celles qui oat été 2\t£:
fabriquées , ont un maniment p'uscatteux, L t*i
éclat aii'deilus de celle» auxquelles oq a cmf bji
des peignes de canne.
Cet ^^^rantRge eA ailurément cai^&bli:
PAR
I miner Ict febrican*. à se fc fervir que de pçîgnes
d* acier ; ma^s toirc^ 'e^ ibrtes lîe foie ne (bot
pis Mû élit de (ujjporier le ironemcnt de leurs
<lent$. Je lî- j^afi- pas ntcmc du nombre de
brios qu'on jnitrroi: entre cbaciuîc ; car deux
fis d'u:ve CL^rUîne qualité de ioie pourrciem ne
^p\% palTer entre dciin dtnti* tjndls qu'on y en
feroit mouvoir h ut ou é\x d\ï.ie sutrc qua^ié ,
6c même dont les brias îerc/i.::t ^lus gros, fans
recevoir b moindre ancintc.
Il faut , dans la fabrkadon d*s étoffes , em-
ployer les foies de toutes les qualités , fuivanc
qu'on bs a préparées pour les chaînes des dif-
ftrentcs étoffes : elles difTérent entre des en
grolîeur, en nerf, en apprêt j & ces diff«^renccs
1 exigent plus ou moins de mèn-igcment dans
■ remploi qu'on en fait : îl faut combiner les (rot-
" lemens que peuvent effuyer telle ou telle efpèce
de foie, Ql que les uûenfiles qu'on y emploie
feient proportionnés à l^ur force. Si , par exem-
ple « on vouloit faire une étoffe avec une foie
fine & qui eût reçu peu d*apprêt , (k qu'on vou-
lût y employer un lemîfTc de gros Bi & un pei-
gne À forces dents , il efl certain qu;: les diffi-
cultés feroi^nt fans nombre , 6c Tétoffe dèfec-
^tueufe & fans éclat.
Lorfque la foie eA iîne , quVlïe a reçu peu
dapprêt , & quVUe a été ourdie fimple « on doit
»ie ÙTvvr de peignes de cannsî par préférence à
ceux d'acier : il y a encore une rai fou détermi-
mnie pour les fabricans , qui leur fait préférer
Jes premiers aux autres, cefl que ceux d*acicr
font les plus coûteux ; mais il me femble que
cette différence ne dcvroit faire imprefTion que
fur les ouvriers , qui font quelquefois obligés de
fe fournir de peignes ; car les fabricans retrou-
vent aifément fur la fupériorité de leurs étoffes , ce
I qu'un peigne d'acier leur coûte de plui : zufTi
m beaucoup de fabricans ont-ils pris te p4.rti de les
p fojrnir eux- mêmes à leurs ouvri-rs, à qui la
modicité du gain ne permet fou vent pas de faire
L cette dépenfe,
■ Les peignes d'acier conviennent parfaitement
P à la fabrication des gros-de- Tours , des gros-
de - Florence , des gros-de-Naples , des moërcs ,
éet gros faiins , auxquels on ne doore aucun ap-
prêt après ks avoir fabriqués j des velours de
tout ^ÇQïQ , fur - tout quand on veut les rendre
(aruux : car fi on veut les rendre modUux ^ le
Peigne d'acier leur devient contraire.
On peut établir pour régie générale, que tou-
tes les étoffes qu'on fabrique à la tire , <?: qui
font fufccptiblcs d'avoir un corp^ carteux , doi-
vciit être faites avec des p^ignei d'acier ; m.iis
celles qui après la fabrication dm vent t^ccvoir
un apprôt , feront faites avec ks |jcigncs de
canne.
Le peigne d'acier, employé dans ta fabtica
tion des cfoffcs de foie qui ne fjnt p^s Tuf*-
Ce^tlbîes d*;^pprêt , n'a lu? csux d^ canue aucm
L
PAR
66^
autre avantage que de donner à l'étoffe iin^ ^
force plus coufidérable , 6t de tenir la quantité
des fils qui patient entre chaque dei.t , écar-
tés les uns des autres : cnforic/|uc , fi on a mis,
par exemple , huit fiîs entre chaque dent , ces
huit fils ne forment f oiot un cordon ; mais ils
font diftinfts & féparés les uns des autres ; &
même on en rcconuoîtra la pofîtion fur Tétaffe 4
l'aide d*un microfcope : par conféquent la tra-
me eft mieux 6c plus fortement contenue par det
fils qui s'étcRdent en furface , que par d'autres
qui ne forment , pour ainfi dire , qu*un fcui brin j
Ût tous les intervalbs qui régnent entre chaqL©
fil de cet aiTemblage, forment une régularité fur
Tctoffe, qui en sugmenie encore la beauté*
Les peignes de canne ne fauroient produirtf
le mctne effet , parce que la flexibilité des dents
ne permet pas aujc fils de la trame de Çc joindre
aufîl intimement , & même les fils qui fe meur
vent entre chaque dent , couvrent la trame eiï
entier, parce que les dents fléchiffani fous le
coup de battant , les brins de fuie fc trouvent
à crt tiiAanc moins refferrés ^ s'écartent à droite
& a gauche » & ne gardent aucun ordre eutra
eux.
LorfquVn aperçoit fur T étoffe quelque trace
produite par l cpaiffcur des dents , on juge que
le peigne de canne qui la fabrique cû turc de
dents , ce qui provient de ce que la foie trop'
gênée entre elles n'y coule pas avec la facilité
qui lui cft néceffaire ; ôc fi ces traces fijnt iné-
gales, c'efl une preuve que hs deàits n*ont pa»
été tirées parfit lem sut d'é^j^iiffeur-
J'ai dit qu'on ti'employoit pas de peignes d'a-
cier à la fabrication des étoffes qui font defli*
nées à -recevoir de l'apprêt ; en voici la r.i*f«»n«
Ces étoffes font ordinairement les plus légères ^
auiqueHeS l'apprct répare ce qui manque dis
coté de la matière; cet apprêt dérarge Toidrer
que le peigne a voit établi entre Its tU de \%
chaîne daas toute la longueur de rétcffc ^ &
rexpérience a appris que » lorfquune pareille
étoffe eff fabriquée avec un peigne de c^nne ^
Ijs fils de la chaîne fe rangent , poor ainfi dire ^
d'eux-mêmes fur la trame, & ne font preique
plus fufccptiijles de fe déranger ; âc comme i]j&
fe trouvent moins intimement liés , ils fc pénè-
trent plus attemeot d:s drogues qui entrent dans
la compofition de cet apptétr
Toutes les étuff^s dont le fond eiî fatin , fe-
ront mieux fabriquées avec à^ peignes de canine p
parce que la beauté du fatin dépend de Téga-^
il té dans la difperfton de la chu; ne , ce qirt tait
qu'on n'y voit aucunement la trame i aufîî plus
la chame couvre la trame, pics le fattn eA v#'
Ceai qui fabriquent des Ltir.s avec des pei*-
gnes d'acier» ont intentioîi de leur donner dr
b force , que ceux de canne ce Teur danneos '
jainals ; mats &b n'acqulèreat cette: force i^aaios ^
670
«Jépens de la beauté & de Ti^dat qui caraScrî*
fent fi agréablement le fatin.
Il efl i\ vrai que c'ell la cliaîne qui conAitue
VciÏQnct du ùî\n , qu'on, en fait paroirre à peu-
près les Ccpt huitièmes fur un huiiiéme de trame
du côr^i de ^endroit ; mais on y emploie les
peignes les plus fins , Gns crainte des irrégula-
rités qui (û rencontrent dans le nombre des fils
qu*ort pa(Te dans cbaquj deni : les unes en con-
tiennent fix, d'autr*;s cinq, & d'autres enfin en
coniiennent fepti quelquefois ces nombres fe re-
pèrent fuWant une ahernaiîve réglée ; quelque-
fois aulîi cette alternative n*a pas heu dans toute
la largeur de rétoffe,â caufe tlvi peu d'accord
qni fc trouve entre U qu.iniîtè des d^nts des
pt^^ignes , & le nombre de iîîs dont la chaîne c[\
ccmpofée i & voici comment on en fait la ré-
partition.
Supposons qu'on ait 6400 fiU à pafier dans un
pdgne de 800 dents ^ en mettant huit fils par
dent , on trouvera Temploi jude de tous les fils»
puilque 800 fois 8 donnent 6400 ; mais (1 la
chaîne n cfl que de 6000 fils , ôc que îe peigne
foit le mème^ il faut en mettre alternativement
fjpt dans une & huit d^ns l'autre dans lout^ la
iongutur du pti^ne : ainfi on aura quatre cents
dents a fept h!s & quatre cents à huit ; les qua-
tre cents dents à fept en emploieront deux mille
huit cents, & les quatre cems à huit fils en con-
tiendront trois mille deui cents : ainfi ces deux
fommes faifant cdle de fix mille , conviendront
au Tiombre total de la chaîne*
Si Ton a voit fix mille quatre cents fils à dif-
trîbu'^r d.ins un peigne de neuf cents dents» il
faudinîr nictire lept fils cans huit cents dent? ,
& huit dans les cent autres : on met le moîn*
dre nombre vers les extrémités , alternativem'snt
avec les pins forts \ d'^iutres mettent les divi-
fions de fept fils au milieu ; mais dans tous les
CT^ on a loin de garder rattcrnative de fept &
de huit.
Je ne ferois p:;s entré dans ces détails, qui
convie ndroîent mîeux à l'endroit où il s'agira ,
dans.la fabrique des étoffes de foie , de monter
un m-i^tier pour du fatin ; mitîs j'ai eu deiïcin de
rendre fenfible Tinutiliré des peignes d'acier pour
le Tarin , fi ce n'cft, comme je Tai déjà dit ,
dans les petits fatins , dont Tapprct fait toute la
conftf^ance.
Il eft cependant vrai ^\\n fatin tramé à un
fcul brrn peut l'aire coucher bs dents d*mî pei-
gne de tanne plus vite que celles d'un peigne
d^acîer ; mais il faut opter entre U crainte d'ufer
le peigne un peu plus vite, & celle» de faire le
fatin moins beau, & je ne crois pas qu'il y
ait à balancer entre U dèpenfe d*an peigne &
h vente d'une étoffe*
D'ailleurs , cette économie eft fort mal enten-
due, puifque (i un peigne d'acier dure deux
fois autant [qu'un de canne , en revanche il
coûte le double ; d*un autre côté une trame foi-
ble ne fauroic réfiiler aux efforts d'un peigne
d'acier comme à ceux d'un de canne.
Comme Tan du peigner que je traire n'cft
pas un art ifolé , & qu'il tient de très-près à b
fabrique des étoffes de foie, fi d*un côié ic ne né-
glige rien pour décrire tous les procédé, qui k
conÛiruent , je crois que Ton ne peut me favoir
mauvais gré de tourner principalefuent mes vues
du côté de fart le plus précieux parmi ceui
auxquels il a rapport.
Tout ce que les fabricans d^étc^ffes de moiet-
dre conféquence pourront me rcpiochcr , c'efl
d'avoir exigé ,trop de foins [jour les peignes
qu'ils mettent en œuvre : mais ils p U
raffurer; les ouvriers en rabattront touj ^1
la perfeâion n*eff jamais un défaut* La pcricc-
tion des étoffes de foie dépend de tant de foîrn»
qu'aucun ne faurmt être négligé fans cooff*
quence.
Ceft mal- à-propos qu*on nomme ^ g'its ^*^
cUr ceux donc la dcrfcription va nous occii-
f>er ; car on fe fèrt fort peu d'acier pour fcirt
es dcnrs : elles font prtfque toutes de fer^fok
qu*il fott moins cher , ou que le fil d'acier foii
plus aifé à caffcr.
Quoi qu'il en foit, les peignes d^^cier , ar
c'el\ ainfi qu'on les nomme dans toute » les nu*
nufacture* , fe monter t a peu-prés comme ceux
de canne : 6c cependant les peigners qui font
les uns , ne font ordiraTCment pas Ici ainres*
Cerx qui ennt prennent ces deux cfpèccs n'y
rèuffiffcnt pas également, 6t fouvenf même ils
ne réuffifient à aucune, la préparation des dentf
& la manière de les monter étant abfolument
différentes.
Li préparation des gardes , des loraelles & dw
litmcul eft abfolument la même qu'aux petgres
de canne ; les dents font pbcées bc retenuci de
la même manière : amfi je ne répéterai ici rico
de ce que j'ai dît dans la partie précédente , %
laquelle je me réfère à cet égard.
Les métiers dont j*ai donné la defcriptioif ,
peuvent fervir aux peignes d*acier ; mais com»e
i! y a des ufagcs particuliers quî je fuis obligé
de rap^iOTter , je mettrai fous le* yeix du leâeur
trois manières qui font généralement adcpiéei
parmi les ouvriers de ce genre.
Les dents font, comme je l'ai déjà dit^ for-
mées avec du fil - d'aï chai a^îlati , & mis d*
largeur & d'épaîffeur convenables : ce font c«
deux opérations que je vais décrire.
Du choix du fil - éarchal propre à féin lu
dcrts*
Le fil d'archal dont on fç fcrt poor les dcfl»
des peignes , doit erre d'un fer doux , point paiî*
leux , & le plus égal qu'on peut rencontrer.
U ne faut pourtant pas qu'il foit trop doux >
PAR
*^parcc oue !e moindre effort feroit pUer les den« ,
qui , n ayant prtique pâs d'cbiViché , reflet oient
courbces ; & pour en f^ire VçiX^i « on prend im
bout de fil de fer de trois pouces de long ou en-
viron i on le courbe un tant foit pwU , en le
tenant par les deux bouts ; pui» 1 13/3111 lâché, il
doit (t redrcfîer parfaittmjat comine il étoit au-
paravant.
L 'attention que je recommande de ne fe fervir
que de fil de fer bien éUilîque , cil de la plus
l^nde conféquence ; fans cela les d(.nts une fois
courbées , ne fc redreflent plus , & les fils de
la chitne,trop ferrés entre les un^s , écartés en-
tre les autres , produifent fur toute b longueur
es Tétofie des raies qu^if eA impoûible d*ê-
rUcr.
Ce n*eft pas feulement fur la Targeur que les
dents peuveiit fe courber ; lorfque le fîl-d*archal
eft trop mou , elles fe courbent aulTj fur leur
èpaîiTcur*
Le défaut que cela produit fur récoffe eft d*une
autre efjièce; la trame qui doit à chaque duice
être incorporée avec la chaîne Suivant une ligne
droite I déterminée par Talignemcac des dents du
peigne, forme à Tcndroit 3e la courbure une fi-
nuoitté qui , fe répétant à chaque datte » produit
fur la longueur de rétoffe une raie auffî défec*
fueufe que celles dotit j'ai déjà parlé,
La courbure dont je parle ne fauroit guère ar-
river aux dents d'un peigne que pir quelque acci-
dent étranger à la fabrication , car comme toutes
les dents d'un peigne portent à la-fois contre la
irime, il c(l pref^iue impoltible qu'elles fe fauf-
fcm dans ce iens en travaillant*
U faut donc n'employer que de très-bon fil»
td^irchal , & même ce!ui d'acier feroit infiniment
meilleur à beaucoup d égards. Premièrement il a
les porcs pîus ferrés , fît par con(^quent eft fuf-
ceptible dune plus grande clani.îté; il prend un
t>lus beau poli , 6l par conféquent il ufc moins
es fils de la chaîna ; enfin il eft moins fujct aux
pailles «aux rugofités* &, étant mis à uoe très-
fuibîc é|^;iitTeurj eft plus fufcv^ptible de toîdeur
& de force : n;iais le préjugé s oppofc encore en
cert^ paitie k Tavancemcnt de nos manufaâures ^
pciit être qu'un jour on reconnoitra cette erreur.
Un autre inconvénient , auquel ics peignes d^
fer font trèi-fujets » c*efl ta rouille ^ p -ur peu
?ju'uii piigne ccfle de travailler, quoiquM reftc
ur le initier , & que la chaîne fou pMXèç dedans «
fi Tendroît nVft pis parf»itcmçm ùc, il ell auf-
fit6t faiû de la rouille.
Ceujt d^acijr n*y font pas auflî fuiets , & mcme
avec un peu de foin on poarroÎE les en garaïuîr
fort aifém^nf.
Il eft un moyen de dérouiller les peignes , oui
n'eft pas facile à pratiquer, à cau(é de la hnetîe o.s
dents; mats pour ne rien laifTer à déGrer fiir cet
art , je do:inerai à la an de ce traité les moyens
qu*on met en afage pour cela*
FAR
6ji
Après avoir choîfi la qualité du fer dort on
forme les dents , il faut déterminer les grolTcurs
qui leur conviennent ; ces grolTeurs varicrt fui-
vaut 1 épaiffeur qu'elles drivent avoir. Le peignier
doit conc fa voir quti numéro d^ Al de ter con-
vient a telle épaifTcur d^ dents, fuivant le compte
du peigne.
Les tféfileurs ou lîreurs de fil le dlvifent en
vingt-neuf groffeurs différentes , & îU afflgnent à
chacune un numéro , depuis 1 qui eft le plus fin ♦
jufqu'à 19 qui eft le plus gros : c*eft dans ces dif-
férentes groficurs que le peigner doic ccnnoitre
celle qui convient k telle pu telle épiiiTcur de
dents , f..ivantle compte du peigne quil doit fa-
fa rimler.
Tous les ouvriers n'emploient pas à un même
compte de dents du fil de fer d*unc égale grof-
f^ur , ou , pour mieux dire , d'un même numéro :
les un^ prétendent qu*il faut remployer plus hn ,
d*autrcs plus gros ; & cependant tous deux rem-
pliiTtiiE le même objer.
Qu^^ me foit permis d'établir ici une règle gé-
néra e y que je n*at puifée ch?z aucun fabricant ,
que je mVttends à voir contredire par le plus
grand nombre d'entre eux ; mais j'en appelle au
public éclairé « que je vais faire juge de mon feri-
timent.
Je fuppofe qu'il s'agiffe de fabriquer un peigne
de huit cents d.nis fur vingr pouces de longueur^
iic qu'il réufliiîc très-bieu avec du fil de fer du
ri*V 3* 11 el\ aftez ordinaire de rencontrer des ou-
vriers qui le ferort avec un âl du n*^. 4 ; maiv p^ijr
Diu qu*on y réfléchifle, les dénis de a dernier
feront plus épaiffcs eu plus larges, pulfquj d;in^
une même long tcur donnée il y a plus de ma-
tière : fi elles font plus épaifTes, la chaîne n'ai^ra
pas la même liberté entre les dents; Si ù e^îe^ font
plus larges^ elle y cffulera p'us d;: frottement : il
viut Cependant mieux tomber dans le défaut de
plus de larg:ur que de trop d'épalfTcur; on eg eft
quitte pour tenir la foule u:i peu plus haute » ce
qui y remédie en partie»
On tombii-olt dans un défaut oppofé » fi au
lieu d'i'n fil numéro 3 , que je fuppofe ctrc celui
qui convient, on vouloit en employer un du n^.
2 ; les dents fcroient trop folble* , les étoffes ne
prendioicnt pas fuRfifamment âcquatué^ les dents j
au moindre effort » fetortueroient&deviendroient
courbes, & le peigne entier fe cwwfAcroi/ dans
toute fa longueur» Il faut donc éviter avec foîn ce
double inco::vcn cnt qui peut faire un tort égal à
un pcii^ne; fit comme i) n*cft pas de mal-façon à
hq^elle on ne puiiTe apporter que qu^ retnéde ,
nous avons va que auand les dents font trop
larges j il f *ut tenir la foule un ptu plus hiute.
un emp!o>ra l'expédient comrairc , fi elles
font d'un ni un peu trop foi ble ; & p^r ce moyen
on leur rend un p;:u de la coofUiaoce que trop d$
hauteur leur auroit utée.
De quelque compte de dents que foit ua
,672 PAR
p2ign5 , il ne km leur donner guère plus d'une
dînTÏ-ligno de large; mais par rapport à la fincHe ,
il n'eit p-is poilible de la déterminer cxaélc-
ment : c'cfl d*apr^s le nombre de dents & la
l(»ngMeur du peigne qit*on doit régler, êi c'eft
alors qu*on varie avec intelligence b groffeur du
fil de fer.
Il eft certaîa, par exemple, qu'un peigne de
faille dents lur' vingt pouces, ne doit pas être
fklt avec le n\èiîic numéro que celui de huit
centî fur »a mcme longueur ; & pour opérer
avec certitude, les peigners ont une jauge , dont
remaille doit contenir un nombre connu de
dents ; & fi elle cfi contient foixante & douze
pour un mille dents fur vingt pouces , elle
n'en contiendra que cinquante-dmx d'un 800
l'ur b même longueur , & toutes k h même
largeur.
La différence ne doit donc na'tre que de Té-
patlTeur, & par conféquenr des diâférens numé*
rôs du fil t^e ter ; & l'ouvrier doit favoir à quelles
largeur & épaiffeor fera réduit tel ou tel numéro
de fil au fortlr du laminoir » que , pour me con-
former aux termes reçus dans les manufaftures,
j'aprcllcrni dorénavant moulin.
' Toute Tatteniion du fabricant de peignes d'a-
cier , €Û dé-nfempbyer que des dems dtint la
grofTeur Toit proportionnée à leur nombre j Se
quf iqu il foît pofllble de faire un peigne d'un '
moindre nombre de dents avec des dents plus
fines, puifqu il fuffit alors d'employer de plus
gros ligneuï » Si de tenir la foule un peu plus
baffe , il vaut toujours mieux amortir les grolTeurs
"aux comptes de peigne , i^i ne donner de la
foule que convenablement à leur fioeffe.
" Si Ton veut donner la même foule à un 800
qu'à un mille , ïe premier fera trop foibie ; Tun
oppolera trop de réfiHance aiix fils de la chaîne ,
ôc Tautre fléchira trop aifément : de là vient ^
pour le dire en paffant , que certains fabricans
font fyrpris que tel qui pafle pour bon ouvrier ,
tfe fabri:^uc pîîs chez eux d'auflî belles étoffes
qu'il en f^briquoit ailleurs : on s'en prend à la
qualité des foies , à l'ouvrier ; mais c'eft au p;;i-
gne qu'il faut imputer les défauts dont on fe plaint.
Comme dans la defcription d'un art, ce qu*il
y au roi t de plus avantageux feroit d'établir des
régies générales fur tous les procédés , & que
cela n\il pas fou vent pofTible , je ne manquerai
Jamais de faire connoitre celles qu'on peut ad-
mettre.
On peut donc dire en général quVn peigne
d'acier de mille dents, fur vingt pouces de hau-
teur , doit avoir de dix- huit à dix -neuf ligne»
de foule ; & que ceux à huit cents dents doi-
vent en avcir depuis vingt jufqu'à vingc-deiut :
cela futïira , je penfe , pour fervir de régie
à tous !es autres j & plus les comptes font fins,
moins on doit donner de f>ule , pour compenfcr
par la hauteur ce qu'on ajoute eu force.
'PAR
De la maaiirt d\tpUtir le fil-d'arckil pânr IrJ
dents des pcij^fus^
Les peigners en canne ont coutume « comm
on l'a vu, de faire en acier les dents des lîfièrei
mais comme le r ombre de ces dents cil fort pet'
relativement à celui des dents du peigne , iîi i
contentent d'splatir le fil de fer avec on nstf
teau à tcre plate . fiir une bigorne , monrécfurw
billot à la haureur convenable i un ouvrier q«
travaille alTF,
Cette lEanière d*aplatir les dents cft trés-tia*
parfaite ; ma;S elle fuffit pour celles des lificrei
quand les peignes font de canne : d'aiîtciirs Ja
dépenfe A* un Umirtotr ou moulin , tels que ce^
dont on va voir la defc-iption, ert trop fjfit
pour un ufage auiîi borné. Les moindres rcric»*
nent à 400 liv, ou environ ; 8c îarfqu'tls {^»
bien traites , ils vont iufqu'à 6co liv.
Cette différence de prix vient auiû de H M*
férence de leur c^nftrutlton ; car la variérè «jas
nous avons déjà vue p irmi les uflenfiles dont on
a donné h defcription rè^ne encore dans l«
moulins que nous allons païfcr en revue : rou>
fuïHfent à la rigueur ; mais ceux qui foai plm
parfaits, contribuent bien plus fûremcnti Ufjgj
fe^ion des p;i^ncs, a nfi qu'on k verra lot ftp
déiaiilant les différences, je ferai remarquer
inconvéniens & les défauts.
DcfcripÙBi, ^un moîdln propre â apî^£f k
de fer.
1
Sur une forte planche , affemViée par f;;s dcn
extrémités dans les pièces de bois qui débord cni
fa largeur pour donner pîns d'amètc à la ma-
chine , font plantés deux torts montans au{& de
bois , retenus par-deTous la bafe au moyen de
clavettes qui entrent dans les teriOns de chactifi:
toute cette cage eft portée par quatre pom-
melles.
Au haut de ces montans eft une entatHe qtâ
dçfcend prefquc jufqu'au renflement qu'on y mé*
nage fur leur largeur. Cette forme a été jugéî
convenable pour donner plus de force à !'€«•
fïatremenc dans la bafe ; mais comme trop de
argeur par le hiur auroit entièremctu caché lo
meules , on a diminué cette largeur comme es
le voit : c'eft d^n^ cette entaille q je font pbceet
les deux m:ules, dont il faut faire connoior
h forme avant de parler du chatTis qui les pocts.
Chacune de ces m :ules eft d*acier très * fin ,
d'environ C\% pouces de diamètre fur deitt
à trois pouces d epaîffeur ; elles doive-r* * — -
faites au tour , & parfaitement cy^ind--.
après qu'on lis a forgées fie drcffées A ^ *
la lime ^ on perce au centre un trotî .^
viron un pouce de grandeur; on y fait eiU; .
ce la partie carrée d'un arbre , qu'on a t
? AI R
Rimé 8c tourné à part ; je d(is tourné , car les deux
colkts doi veut être parfaitement ronds <Sk d un égal
dîjmétrc.
Vers un dis bouts d'un des arbres , on a réfervé
un pcti de lonçucur, où Ton pratique un tenon
iom le carré eit infcrit au cercle du collet , & qui
- f ne en vis pour retenir la manivelle en fa
mme on le dètaiHera. plus bas. Il faut , en
ini libre t co nier ver le$ deux points décen-
te U on l'a mis au tour ; car c eft fur les
cmcs <[uii faut tourner la mçulc. On a ^rand
tùin de tourner Tarbre avant de tourner la meu-
le » fans cela on ne rendrolt pas les collets auflî ^
^onds.
Ou termine donc ces meules fur le tour , Se on
£olii fur leur circonférence , autant qu'il e(l pof-
; après quoi on les trempa ,^ c'e A à qtioi il
apporter la plus grande attention pour qù'et-
e gauchirent que le moins tjuM efl poihbîc :
on ne leur donne point de rccuu , 6c on les
ikC tôiAtc leur force ; après quoi On les remet
lo loUT p^'^^ corriger ce cjuM pourroît y avoir
degiuche , ce cjui ^fltiés - diffKÎlc', attendu kur du*
reii (Se la diiEculté de les entamer. '
Je Tuppcfe qu'elles n'ont pris aucun, gauche ;
Il pourroit changer'
I celui qui convient
aux meules , en le jetuit un t^int foît pju de côté
ou «d'autre: dans ce cas , ilfauirpit retourner les col-
lets qui , étant de fer, n'auroîent pas pris dej
rrcmpe, • ■ ' î ^
Quelques pelgncrs ont cflTayé de faire forger les
meules 6l kur arbre d*un^ feule pièce ,& de
les faire tourner dans cci état. On ne fauroit dif-
convcnir qu'elles ne foient par ce moyen beau-
coup plus fnildes: maislo^fqu'à la longue la meule
s'ufc Se qu'il faut en fiicilituer une autre , on perd
rarhre & la roue ; au lieu qu'en les faifant de
deux pièces , on en cil quitte pour changer de
meule , & Tarbrc fert toujours.
Les meules lont placées Tune au-deffusde Pau-
tre , dans un chaflis qui lut*niêrne fe place dans
les entailles des deux montant. Pour hiirc mieux
icatir h conftmâion de cette machine, )d v«s la
prendre pjtr détàik < t - bj|T m î/
Au huut Je chacun des ijeux monifinSy cft une
entaille iur répaifTvruf do laquelle eA une rainure
à droite (k à gauche , qui reçoit les languettes de
la pièce de fer , qui y entrant ]ui\^ , tant pour la
hauteur & largeur que pour r, ,
Cette pl^ce de fer eft < àj cmaillée
comme le montant, &c a en-dedans de l*eniaille ^
fur fon éiauTv-ur, des r;«inur. s , comme c<:lt:5 du
pjomanirceft dans ces :,
& fans balotter, unépie^- ^.:. « .» .«^^.,w u^ fe
bauiTcr & bailTer. , ,; , ,' • / , i
, Toutes ces piiâces itant mîfes en pbce clans l'en*
imillc des m>nti]ns « il ne 9 igit plus que de cou-
ronner te tout par une pièce de bois carrée, aux
quatre coins de laquelle, fuivant fa longueur* eft
Ans & Mésim. Tome F. Part. IL
ikA
I
une monoire qui reçoliks tenons au haut des
montans , & pour que l'effort du travail tic puifffii
pas faire fortir cette pièce de fa place» ou la
cheville \ enttn Ton aji^Ae au centre de cette
plancher un forr écrbu de fer « dans lequel en*
irc une vis a litc. Cet écrou a de hauteur toute
répai^Teur dç , la pUnche dans laquelle il doit
être encaflrc : les tebcrds entrent de loutc leur
épaiffeut <Jans çcîle ^c la ^^ — *— , «' y fpm
retenus par quatie vis aux ; âe fa-
çon que, ' t écrou eit ça ^:3lc * apç
atHeure t- i planche*
Au haut ûcU vi<.eft un anneau , dar.s lequel on
païTc un levier pour ta faire tourner ; & à l'au-
tre bout eft un collet qui entre dans le trou
de la traverfe , 6c repofe fur fon épaulcment ;
enfiiifc eft une patrie de moindre diamètre, qui
r-çoir la rondel!e qu'on ti^vc en fa place, au
mnyen d^me chvette qift c^ne au bout de
cette vis , par-defTous h rondelle,
La machine étant ainfi montée, fi l'on tourne
lin tant frrt peu la vis , elle monte ou defcend
dans ftifi écrou qui efl immoSiîe ; mais comme
cette vis crt retenue dans la traverfe , il faut de
toute ncceiïîté quVUc remmène <1ans foo mou-
vcmenr^ & aVt-c elle le ^ *^< la mculc-
"P-ir Ce TTT^en' ,'lorff]nV7n ^. ncr^ pli:^ en
moi n
la m.-.: ■ '
•!ît*.- •'- 'V— • :^ ■ i^ - '^ ■
On ne Hiurott conrtruirc ces fortes de ...,.^,...,
avec Trop de prècifiofi j 6c Vil étoit fujet à fe
lâcher , on ne pourroit jamais compter fur Té-
paiiïeur des dents qui varient à chaque inflant,
6t le peigne feroit par conféquent rempli d'îrré-
gularkès. Tetl» <ft la coni^rucMon du premier
moulin à tirer les denrs d'cpaiffeur* Je vais co-
faire cormtfirrr rcrf'.^mt^îc*
l'o-
. 1' / ' ' . _ ■ ' ■-'■.'.■ ''«ît
,di;ttinè,i on leptira que | lorsqu'une meule
penche plus tîVn c* ^ m ^^ A^ Tautrc, le fil de
kï ' ne fauroi leur , quand il cil
aplati, 8c qv* .t ^. ,i, Mv.vv..,.ifcmcm prendre li
fcimc 4'ur>e ViStit de couteau ; miis pour Icpr
, procurer c^it ; ' ': îtfpeâlve de leur circon-
i<?rcncc ^ il i nà s'aiTurer que la prc*
miiire meule tu pot^c bien horixonialement ;
ce qui dans tous moulins n'efl pas fort dît?! ni?? ,
puiiquon peut caler à droite ou à g
chaffis qui la porte, jufqu'i ce qu'on a, t
le véritable point,
Il n'en eO pas de même de la meule fupé*
fleure ; car à moins qu on ne fafTe puffcr le fil
de fer abfolum«;m au inillw de la furface que
prèfente leur circorfcrcnce , il eft ctttam qu'elle
ne peut manqMcr dç pencher du c^ié oppose »
& c efl à quoi cd fujct le inoultn qu'on vient
de voir ; ce qL>i nVm pèche pas le plus grand
nombre des ttiivricrs de, i'eo icrvîr.
Qqqq
1
fn^
PAR
^fi développant le fil « le prèfeme du fens où il
doit être.
« Un gnindro y pour sVn fenrir commodèmeÀc ,
doit èïrc rrès*fort t autrement il pUeroit , & fc cûf-
Icroit irés* prompte ment,
Vfayt dts mouiins à hafcuU,
Djin» le moulina b3fcuIc,l*ouvriet4i^eâ<tcaipô
qu'à lourncr les meules , entre Icfqudles il a eu
ioin , en commençant » de placer le bout du 61
de fer, après IWeir ^iplati au murreau.
, Le cyliodn^^Tur lequel à été déride le fil de
fjcr» e)\ porté par deux montais, dont la h.iu-
teur efl lelle qu'il f^ trouve à celle du guide*
Ce fil , apptîc fans ceiTe par la rotation des
r ^ ' le tuyau que
^ droite pour
I en lame ; & par un ufapcjtrès-
L>iai'ubktmt<i>Ufi)Verr<£llement a^Joptè^ on Tahan'
doiuie à (bit pmpre poids au fortir du moalio ^
de forte qu'il traîne à terre pcndam Topèration ^
après U'juellâ on le recueille ca rouleaux pour
s'en fcrvîr au befoin.
Je dis qu'on a lort d abandonner le fil laminé
à fon propre poids: il vaudroit mieux qa'un cn*^
fant , une femme, ou quelqu'un dont l'induftrie
ne fut x}i cbére ni précieufe ^ le tint par le bout »
& reculani à mcfure qu'il fort du laminoir y rèten*
dit pat terre par longueurs.
Après avoir coupé les dents de longueur , il
faut s'occuper à les redrefTer parfaitement : cette
Opération ne iaoroitêtre nifi longue , ni fi difficile» fi
Von avoic prî^ la précaution dont je viens de par-
ler- C'cfl ordinairement le' maftre , ou du moins
un ouvrier habile & de confiance^ à qui on aban*
donne Topération de red rester les dents , tint elle
eft ciïenriellc à la perf.âinn du pcii^nc ; mais
enfin c'cft amfi qu'on en ufe , tk jt: ne puis aue
faire connoitre ce qu'il y a de vicieux dans cha-
que uGge,
Pour fuivre Tidéc que Je propofe , fi Ton trouve
que le temps du fécond ouvrier eft aiTez inutile-
rocnt employé à cet ouvrage , on peut fubftiruer
à ce moyen une infinité d*antrcs moyens qui dé-
pendront du local de râtelier & de 1 indu Une des
Ouvriers. Of\ peut , par exemple » pofer , à une dif*
tance convenable du moulin , une efpéce de cen-
tre , au haut de Uqueilf efl une poulie oit paiTe
une ficelle qui d'un bout tient à une, piè^e 6c de
Tauire à un contre • poids t[ui > ^ mcfure que le fij
De lamine t l*3tcîre à lui.
La cintre dont il eft ici quefllon ,.nVA autre
chofe que rafTcmblage de deux montans plantés
folidement dans une planche longue , large ôt
épaUTe CuffifAmmciU pour donnrr à cet uftcnfile
a(îez de foliditè : cts montans font percés par le
haut pour recevoir une broche de kt » qui fert
4*axe à une poulie. auHi longue que les montans
IP AK
ont d'ècartcment , & fur laquelle glifle b ficelle
au bout de laquelle eA le coi; is.
Si CCI atelier où on lamttc t>e*i tonp ^
on peut écarter la cantTc à quil:^
moulin ; &£ comme le contre • p^
itSi arrivé en-bas, on pvut lui taire parcoanr d«
plus grands efpa et s ^ ou, dans une mo^ndr?
courfe faire déplfiy^*r bcaui:oiip de corde.
On pourroit , fi l'atelier eft «u haut d'âne mii-
Top , fair^e d^fcendre ic poids par la fenêtre: nuH
ce qui rèuiîira le mieux , c'cft d* attacher une
pouLc au pUndier ^ 6^ au lieu que )e poids fik
asuchè au bout de la corde » ce poids pcincroic
une goulie , & le bout de la corde feroii feè
^u plancher : par ce moyen le poids . en par-
courant un atTcz court efpace , dèvelopperoii
beaucoup de corde. On pourroit auiTt nouAr
toutes ces poulies ; inaisi je reviens à ropéTati0iu
La pièce avec laquelle on faifu le éil de fcr,
fait re (Tort par le boutinfé/icuf , & tend à ^e6erol^
verte. Le coulant ou boucle -gliffe fiir (a IcHiguenr^
6^ }a,iorcc derefter fermée, quand on y a pmk
la lame dans l'ouverture ; à Tautre bout eft w
crochet que faifit un rtoeud qu'on pratique a tsa
bouc de la corde ; à chaque longueur on co«pc
la lame 8c on la couche par terre ea un tas,
enfutre on en fait un paquet lié de pluGeurs fieai^
Quelques pctgners placent en - devant du fsoO'
lin un' fécond guindre horizonta! , fur lequel 2i
enveloppent le fil ï mefure qu'il fort du mo»
\\n : lorfquon fe fert du moulin fans bafcole ,
on monte ces guindrcs fur des pieds » dont b
hauteur égale celle des meules ; mais quand on
fe -iert du moulin à ba feule , on peut fur let
deux montans de devantplaccr un cylindre ,
on voit celui de derrière ; & pour les foire
voir tous deux , voici comme on s^y prend.
A Ton des bouts des deux cylindres efl iisii
poulie pbcêe fur Tave du cylindre » & * frf.
mètre efl plus petit à celui qut n^ÇAit la , /J
celui qui contient le fil de fer ; Si ccU jiân qa^il
aille un p<u plus vite : en volet !i r.itri^n
Le fil en paffant par le îair -ija
aux dépens de fon diamètre r;
il faut donc que le cylindre c
aille un tant foie peu plu!t - , »- -
qu'en Aippofant' qu'il y eut
de fer , on peut trouver qiu
rante-buît tour* de lame.
Ces deux cylindfcs fo-^ -r
d'une corde fans fin , (!
lies ; & la lame qui a t
mém^ anir«ie par fautit
Il n'eft pas aifé tî»
port du diamètre d\
povilic;mîiis il n'y a piis ui
à craindre. Il vaut micu« qu
dre qui reçoit la lame , loir *
grande : car fi étant un peu ,
minée à tourner plus vite ifue U lame ne lui pc^'
s deA
vce
Î4Î t.r. cl! eue*
PAR
met , en tenant la corde fans fin un ptu lâche ,
elle gUiïera fur fa poulie , & n'ira pas plus vite
qu'il ne faur.
On a cou m me de fe précautionner d*un cer-
tain nombre de poulies qu'on changea volonté ,
Blîblon que l'un des deux cylindres va trop vite ou
^^rop doucement ; Se pour cela chaque poulie a à
fan centre un trou carré , jufte à la groffeur du
— carré pratiqué fur l*iin des bouts de Taxe des cy-
■ On fijte ces poulies en place » au moyen d'une
cheville qui paiT^ au travers de Taxe , en dehors
de la poulie qui , par ce moyen, fe trouve retenu
folidement»
Tai dit plus haut que Ton fe fervott d'une
1, )auge pour apprécier TépailTeur des dents qu'on
■bvoU à employer pour tel ou tel compte de pci-
Cet ufage eft adopté géoéralement par tous
Iti peîgners en acier : mais il faut ob fer ver que
Rpctte jauge n'efl pas fufHfante pour cette appré-
Htiatton , parce qu'elle ne peut décider que d'une
B^rande quantité enfemhle ; c'eA-à-dire qu'il faut
■que fon entaille foit remplie de dents , pour fa-
■^oir le nombre qu^elle en contient.
Ce moyen n*efl pas propre à décider de Té-
paiffcur qu'il faut leur donner, parce qu'il fau-
droii laminer tout de fuite une longueur de fit
aflfi grande pour la couper & en hhc des
dents , & les jauger enfuiîe toutes à la fois.
Cette opération exige trop de temps , & je
doute même qu'elle foit auïfi précife qu'une mé-
thode que j'ai vue pratiquer ch^z un des meîN
leurs pcjgners en acier qui ait encore paru, &
que la fabrique de Lyon a eu le malheur de
perdre prefqu*à la fleur de fon âge : je veux
parler du fieur Mnngeot père. Je reviens à ta mé-
thode du ficur Mangeot pour régler (an mou-
^lîo* & pour le procurer lesépaiifeurs des dents ,
Hcoovenables aux comptes des peignes qu'il vou*
^k>ît exécuter. Outre les connoifïances particu-
lières fur les moulins à vis & fur ceux à bafcule ^
dont il pofTédoic parfaitement les propriétés , il
r avoir des procédés particuliers , de entre autres
Kvne jauge qui nVA autre chofe qu\m gros fil
Kde fer formant une efpèce d'S , dont une des
ouvertures détermine TépaiiTeur des dents ; il
Ïavoic plufieurs de ces jauges dont chaque
bout numéroté indiquait les différentes épaif-
feurs qui pouvoient y entrer.
On peut avoir une jauge qui comprenne de
fuite tous les numéros polTibles, connue fous
le nom de calshe , où tous les écartemens
de chaque tour vont en diminuani infenfiblc-
ment,
11 cft bon, avant de finir Tarticle du lami-
nage I d'obferver que quand par malheur on
s^aperçoit que le fil o*a pas été réduit en la-
mes de lepailTèur réquife^ on peut le palTer une
féconde (on au moulin ; mais il faut à cette fe*
PAR
677
conde fois apporter beaucoup d*attention 1 & ne
pas abandonner la bafcule au même poids , fani
quoi il deviendroit tout de fuite trop mince : il
faut donc eifayer à quel point le contre -poids
doit être place pour donner TépaiiTeur convena-
ble ; & fi c'e^ au moulin à vis qu*on laminel»
on court moins de rifque â la vérité ; mais il
faut encore tâtonner, en ferrant p*u à peu ,
jufqu*à ce qu'on ait acquis le degré jufte.
L'inconvénient le plus ordinaire, quand on
repaie le fil une féconde fois au moulin^ ell
de lui occafionner des finuofités fur le tranchant
de la lame, qtii le rendent entièrement défec-
tueux, & le mettent hors d'état de fervii : mais
enfin , quand le mal ell fait, il faut y chercher
un remède ; &qua.id, par oubli, ou par négli-
gence» on a manqué fon épaiffeur du premier
coup , il faut s*y reprendre , 6c tout ce qu'on
peut employer ell autant de moins de perdu.
Le laminige dt;s bijoutiers & des orfèvres
ell tout difiérentdu nôtre : ici, il faut obtenir du
premier coup l epaiiïcur de la lame qui n*a fou-
vent qu'une dcmie-hgne de large ; au lieu que
le clinquant, ou autre partie d'or ou d'argent
qu\jn paiïe au laminoir, a fouvent 6 , 7 , fit
même 8 pouces de large , fie on ne la réduit
aolB mince qu on la voit , que par degrés , &C en
changeant fans ceHe la preiBon.
Di la manier* de couper les deais de hn-
futur*
Quelle que fou la manière dont on reçoit la
lame au fortlr du moulin , ^opération confifte
A la couper par longueurs pour en former les
dems \ cette longueur, comme on Ta déjà dit ,
varie fuivnit la hauteur de la foule ; c'eA-â-
dire qje cett;: foule elle-même chang: fuivant
la fineiTe des dents : mais enfin cette hauteur
de foule une fois déterminée , il faut faire le
calcul fui van r. f
Ju* fuppofe que cette hauteur doive être de
19 lignes ; chaque jumelle peut avoir environ
3 lignes ik demie ou 3 lignes 3 quarts de lar*
geur,.ce qui fait 7 lignes fit demie pour les
deux : le li)2;neul peut occuper une demi-ligne,
& enfin les d^ots doivent déborder d'une ligue
haut èi bas ; ce qui « cumpté tout enfemble p
fait 39 lignes.
Ce calcul ert nécelfaîre chaque fois qu on fait
un peigne d'une hauteur de foule différente ,
fit les peigners un peu occupés ont toujours dett
dents coupées à toutes ces longueurs, fuivant
leur degré de finefle.
Il n'en eÛ pas des dents de fil de fer comme
de celles de canne , que nous avons vu qu*on
n"e<i pas obligé de couper aufll exactement de
longueur , puifque , quand le peigne ert fini, on
rogne Texcédant des de tics par chaque bout :
ki» cela n*cA point praticable ^ ou du moins oo
.6yS
PAR
I ne le fait pas ; auffi faut - il apporter la plus
> grande attention à les couper parfaitement de
longueur : voici comment il faut s'y pren-
dre.
Je fuppofe d*âbord qu'on a reçu le fil par lon-
• gueurs , au fort ir du laminoir rrouvrier'qui eft afiis >
fient de la main gauche un petit morceau de
'.bois , dont la longueur eft connue , & déter-
mine celle qu'on doit donner aux dents ; il ap-
plique dclTus h lame , ayant foin qu*elle affleure
eiadement par le bout celui de la mefurt ; &
avec des ciiailtes , qu'il tient de la main droite,
il coupe toutes les longueurs , ayant foin de ne
pas laliïer échapper le bout qu'il feroit obligé
de ramaiïer à terre à chaque dent. A mefure que
Touvrier coupe les dents , il les jette dans une
boîte qu1la à côté de lui , pour empêcher qu'el-
les ne fe gâtent en trainant par terre.
Je ne laurois trop recommander de couper
toutes les dents fur la mefure qu'on s*eft faite,
6c non pas fur des dents qu'on coupe à mefure,
comme le font beaucoup d'ouvriers.
Il n'eft pas poffible que l'épaiflcur de la ci-
faille permette d'approcher tout contre le bout
de la mefure , d*oÎJ s'enfuit un peu plus de
longueur ; & comme on a compté ou dû compter
fur cet excédant , les dents ne fe trouvent qu'à
la longueur néceffaire : au lieu que fi Ton fe
fert pour mefure Indifféremment des dents der-
nières coupées , chaque excédant , ajouté à la
fomme des précédents» fait qu'au bout d'une cer-
taine quantité , on trouve les dents d*une &
quelquefois deux lignes plus longues que les
premières ; ce qu'il eit toujours aifé d'éviter quand
• on ne change pas la mefure,
• Je n'ai vu employer , dans les ateliers que
^l^ai parcourus , que la méthode que je viens de
rapporter : mais un habile fabricant m'a donné
la defcrtptlon d'une méthode qu'il a vu prati-
quer , & que je ne faurois UiïTer ignorer au
lefleur. Cette méthode eft préférable à la pré-
cédente, & pour la jufteïïe qu'elle procure aux
dents , Ô£ pour la cclériié ; puifqu'un ouvrier ,
même ordinaire , peut y couper quatre fois plus
de dents , dans un temps donné, que le plus ha-
bile n'en fauroit faire dans le même temps ;
encore ne lui eft-il pa^ polTible ^ fans une mal-
adreflc extrême , ou une inattenilon impardon*
nable t de les couper plus ou moins longues qu'il
ne fiut.
Siconàt manière de couper Us dents des pei-
gnes.
Pour couper les dents fuivam la féconde mé-
thode » on le fsrt d*infirument nommé coupoir ,
faute de favoir le nom que fon auteur lui a
donné.
Ce font deux lames jointes enfemble en un
point I comme des cifeaux , au moyen d'une vis
PAR
affez forte pour réftfter aux efforts fiitilri^btf|
qu'on leur fait éprouver. La première lame di ter-
minée ,par un de fes bouts , par une qQCue,à
Textrémité de laquelle eft un trou dont on fera
connoitre autre part Tufage ; l'autre botit ,
qui, quand on l'a forgé , a été réfervé fembUble
au premier, eft relevé & arrondi dans certaiiis
endroits , & va fe terminer en une pointe aifc*
fine pour entrer dans toute la longueur dti
manche , garni d'une virole par un bout , & par
l'autre d'une contre-rivure, fur laquelle ell nH
le bout de la queue ou foie.
L'épaiffeur de cette lame peut être de eîo^
4 fix lignes » & fa partie intérieure fe termine
en blfeau très -obtus , pour que le tranchant ne
s'émouffe pas aifé ment.
L'autre lame eft un parallélogramme de mi*
me épaiâeur que la première lame , & beau*
coup plus long. Â-peu-prés au milieu de fa lar*
geur , eft un bifeau aufTi long qu'à l'autre laMi
& fait de même : on y a fait un trou tarasiié,
dans lequel entre une vis ; enfin > aujc qiaoe
angles eft un trou par où on fixe ce coupoir
fur les mon tans deftinés à le porter.
Pour que la lame première ne defcendc p^s trof
bai , quand on l'abandonne à fon propre poîdi, oo
réferve un épautement à la naiiTance du mu-
che, par où elle rcpofe fur l'autre lame. II oc
s'agit plus que de faire fentîr de quelle manière
ce coupoir doit être monté.
Sur une bafe forte & pefante , eft aflembli à
tenons & mortoîfes un très - fort montant, a»
haut duquel font fixées toutes les pièces qoi
compofent ce coupoir. Les angles de devant da
deux joues de l'entaille qu on y a pratiquée ,
font armés de fortes équcrres de fer.
Ces équerres font fixées en place par-de(Tui,
au moyen d'une vis qui entre dans un troy «
' & qui fe vilTe dans le bois ; & pardcvant ^ an
moyen d'une broche de fer ^ qui , paiTant dans Té*
paillcur de chacune des joues du montant , tm*
file un trou correfpondant , pratiqué Car le cdiè
de réquerre.
Quant aux deux trous pratiqués fur le deram
de réquerre , ils font taraudés , & au même ec*^
tenient que ceux qui font au bout de U lamet
pour fervir à la tenir en place,
Refte a décrire un autre moyen auffi finqpk
qu'ingénieux , qui fert à déterminer la longuecr
qu'il convient de donner aux dents félon le be*
foin.
Quelle que foit la méthode dont on s'efl fenri
pour laminer le fil de fer , il faut avoir graôA
foin de le préfenter au coupoir , de façon qne
la courbure foit commune s'il fortoit de deCus ni
cylindre : le rebord qu'on a pratiqué an bai de
la plaque ^ eft une précaution nà:eflatre ; ûm
cela y le fil montant plus ou moins haiit , on
»!
PAR
lomberoît dans linconvénkm que l'on a un Ci
grjind iaièrèt d'éviter*
Se ne pcnfe pas que U première méthode
puilTc rupporier la comparaifon avec celle -et :
Tune eft lente^ ennuyeiife, & fatigue extrême-
ment la main droite qui tient la cifaille ; au
lieu que Tautre méthode n'ayant pas befoin
de mcfure , eft p!us aifèe $l p1u$ expédirive.
On pourroît même , en tirant le ûi par lon-
gueurs , paflTcr dans le coupoir trois ou quatre
lames à la fois , & alors il ftiffifoit de s'aiTurer
qu'elles appuient exa6tcm*-nt toutes contre la
plaque, pour leur procurer une égale longueur.
Enfin , foit prévention ou autre feutiment mieux
Oiîé, je ne penfe pss qu'on puilTe imaginer de
méthode plus fimple & plus expédltive. Il me refte
k décrire ropération qu'on fait aux dents après
qu'ion les a coupées de longueur.
PAR
679
^mj}is façons à donner aux dents quand elirs font
^Ê coupées de longueur,
Paur peu que Touvrier aille un peu vite en
coupant les dents de longueur , il faut qu'il
Yide fon tiroir alTez fou vent , fnns quoi ellcîs
monteroicnt jufqucs aupre'i du tranchant du cou-
^poir , & lui nuiroicnt infailliblement.
H 11 a donc foin de temps en temps de les mtt-
^trc djns quelque grande boite ; & quand cette
première opération cft finie , il les choifit une
Ka une, le* redrefle , fi elles ont coniraflè un peu
Hde courbure, & les examine attentivement pour
Hrolr fi ellei n'ont point de pailles , de fentes ou de
Fgerçures : auquel cas il faut abfolument les
meirre au rebut,
^ Parmi les dents oit Ton apperçott des gerçu-
Hr<?5 , il y en a en qui ce ne font que des pail-
Hles fort légères : on ne met point celles là au
■ rebut ; mais les ayant toutes mifes fur une ta-
V hle bien unie , on y jette un tant foit peu de
pierre ponce en poudre , & avec un morceau
de liège de la forme d'un bouchon, mais un
peu plus gros, on les frotte fur leurs deux faces;
& comme cette opération feroit trop longue , fi
on les poliiToit i'une après Tautre , on en prend
plufieurs à la fois , & on ïes retourne fens def-
^fiis de^Tous , & bout pour bout. Quand on les a
^Bsnfi toutes frottées , on les examine de nou-
^Veaw , on met à part celles en qui cette opé*
ration a f,iit dirparoltre les pailles, & on rejette
abfolument les autres ; on les effuie, on ote
cette ponce, & on les nettoie avec un autre
houcbon qu'on frotte fur une plaque de plomb :
d*autres les frottent avec un morceau de plomb
même , en les tenant toujours bien à plat fur
la table , pour ne leur faire contrafter aucune
courbure. Enfin on les e^uie parfaitement & on
Ict met parmi les autres dont elles ont, par ces
prèparaiiont , acquis la perfc^ion.
Je n*ai jamais pu concevoir qu'elle pouvoîc
être la raifon de Vufage du plomb pour polir les
dents : la pierre ponce ctt très- incifive , & a la
propriété d'ufer en fort peu de temps la furface
à laquelle on l'applique , avec le moindre frotte-
ment ; mais fi cette poudre raie les dents ,
a-t-on prétendu remplir ces raies ou ces inégalités
avec le plomb } Je ncn crois rien: d'ailleurs , en
prenant ainfi le plomb à fimple frottement, on
n'en enlève que des parties fi déliées , qu'on
n'en a guère que la teinture i & le moindre
attouchement qu'effuieront ks dents , la leur
fera perdre. Je crois pouvoir ranger cette recette
parmi ces vieux procédés que l'ignorance a in-
troduits, que l'ufage perpétue, & dont on ne
fauroir donner aucune raifon,
L'ufagc de certains ouvriers de mêler en fcmble
les dents qui du premier inftant fe font trouvées
bonnes , avec celles à qui il a fallu donner l'ap-
prêt dont nous venons de parler pour qu'on pût s'en
fervir , eft très-dcfedueux ; quelque peu que ce
poli diminue fur chaque furface , il diminue enfin ;
& fur la quantité de ces dents , on ne fauroit man-
quer de s'en apercevoir : le mieux eft donc
de les mettre k part ^ pour fervir à Tépailléur
où elles fe trouvent réduites.
Quoique i*ufage de la jauge en fott fort bon , il
eft toujours plus fur , après que les dcnrs ont
été coupées de longueur, de les jauger encore
dans rentaille ; après cela on les range dans des
botes ou tiroirs ni^mérorcs fuivant les numéros
des dents elles-mêmes , fie dans lefquels on doit
ies ptéf^rver avec grand foin contre la moindre
humidité.
Lés ouvriers ont la précaution , pour empêcher
la rouille , d*entcrrer les dents dans du fon
où elles fe confervent très - bien ; le parti le
plus fur efl de ne pas tirer beaucoup plus de
dents d'épailleur qu'on n'en a befoin.
J'infifte un peu là-deffus , parce que j'ai vu
beaucoup de peigners , dont Tufage cfl de faire
de très - grandes provifions de toutes longueurs
6c épaiïTeurs : il eft vrai qu'on peut les enve-
lopper librement dans un papier gris , un peu
imbibé d*huile d'olive, 6t même il cft bon d'en
répandre quelques gouttes fur les dents » & de
les remuer enfuite pour répandre également cette
hutle ; & quand on veut monter un peigne , il
faut les fécher avec grand foin , fans quoi la poix du
ligneul ne prendrott pas , 6c elles feroicnt fu)et-
les àgliiïer,!ors même qu'elles feroicnt entre ks
jumelles.
C eft donc une attention qu'on «c fauroîr avoir
trop grande pour préferver les dents de la rouille ;
& fi , maigre toutes les précautions , elles en font
pnfes, il faut faite un choix de celles où il n'y a
que la fuperficie d'entamée , d*avec celles où
ayant pénétré un peu avant dans Tépaifteur , 11
faudroit fe fervir de limes aux dépens de cette
même épaifleur , ce qui les mettroit hors dctai
68o
PAR
de fervlr ; & fi la fineflc à laquelle elles fe trou-
vcroicnt réduites , ne Icsrendoit pas entièrement
défeôueufts , le temps qu'on cmpioieroit k les
limer & polir, re feroit pas coinpenfé par leur
valeur intrinf^que.
Quant à celles qui ne font que légèrement atta-
quées de la ! ouille , voici la manière d*ôter cette
rouille : on enduit ces dents d'huile d*olive ; enfuice
on les met dans une boite, dar.s d-' la farine, ^
on les expolc deux -fOur^i de fuite à l'ardeur du
Iblcil , ou à un grand feu pendant Th.ver ; &
quand on voit que la farine qui s*é(oit attachée
autour de chaque dent , cft un peu lachéi par la
rouille , on les retire ; & en les eîTuyant , on a
la fatisfaôion de voir difparoitre prefque toute
cette rouille. Si cette opération ne réuflit.pas
dès la première fois, on la répète une féconde,
& on peut être afTuré d'une parfaite réuifite.
Si quelqu'une réfifte à ces opérations , il faut
voir fi c'cft que la rouille ell trop enracinée ,
ou (i le frottement de la pierre ponce en poudre,
é^ comme nous Tavons vu plus haut , ne la feroit
pas entièrem::nt difparo trc : mais quoique dans
tous les arts on poliffe l'acier 6c le cuivre avec
la ponce & l'huile , les peigners ont l'habitude
de l'employer à fec ; ils prétendent que la ponce ,
s'imbibant d'huile , fait une pâte qui èmoufle le
tranchant de cette poudre , & l'empêche de
mordre auffi bien. Ils ont bien raifon à cet égard;
mais c'eft par - là qu'on empêche que l'ouvrage
ne foit rayé , ce qui à fcc ne peut manquer d'ar-
river ; c'efi auflî par la même raifon que quand
on polit à la lime douce , on l'induit de quel-
ques gouttes d'huile pour polir, plus fin : Tufage
eft contraire , je dois fans doute le rapporter ;
mais je ne me crois pas obligé d;; l'approuver.
De la manière de mor.ur les peignes d'acier.
Les peignes dont les dents font d'acier , fe
montent fur leurs jumolîcs avec du ligneul tel
que celui dont on a parlé pour les peignes de
canni . 11 feroit fans doute très-déplacé d'entre-
tenir ici le leéhiîr de tous les procédés qui font
communs aux uns & ai:x autres ; le plus fimple
eft d*y renvoyer.
Li manière de monter les peignes eft à-peu-prè$
femblable à h première : je ne ferai donc ici que
rapporter en peu de mots les particularités adop-
tées par les peigners en acier , particularités qui
confiflcnt en q^ielques machines & quelques
procédés qu'ils fs font ren lus propres à eux fetls.
A la rigueur , on peut monter les peignes d'acier
fur les mêmes métiers oîi on monte ceux de canne :
mais on va voir que les moyens dont on fc fert
pour frapper les dents , ainfi que les autres opéra-
tions , font difTérens.
Le métier à monter les peigne? d'scier eft com-
me celui employé pour le< peignes de canne.
On a foin de tenir la tnHe de ce métier un
PAR
peu large > |iour y placer les deux coulifles for-
mées par les rainures des deux tringles.
C'eft fous ces coulKTes que gUlTe une planche
qu'il eft à propos d'examiner k part » pour en
fentir mieux la conftru^ion.
Aux deux bouts de cette planche eft une feuil-
lure dont l'épaillcur de la languette coule aifè-
ment dans la rainure cies deux tringles : au miiin
de cette bafe eft piantèc une équerre de fer ,
qui porte la bartc dont nous allor.s parler ; mais
comme cette pièce eft f&ns celfe en mouvement,
& qu'elle fr«ppe fans celle des coups redoubles
contre les dents du peigne , elle a befoin d*ètre
très-folidement fixée dans fa bafe : pour cet efe,
le bout inférieur de cette équerre eft uraudlf
& ajufté au trou de la « pièce de f^r carrée ,
fans cependant ^'y viiïer.
Le carré de cette pièce entre jufte dans une en-
taille de pareilles dimenfions , pratiquée fur l'épaii^
feur de cette plaque d'cjiviron trois lignes ,
& par - detlous eft arrêtée au moyen d*un ccim
carré.
Enfuitc eft une autre plaque de fer ds dein
ou trois lignes d'épailTeur , entrée en - dcffinii
de la bafe de toute fon cpailFjur dans le bois,
6c arrctcc par les quatre coins.
Cette plaque reçoit, diins le trr u;du centre ,
le boLt de Téquerre ; au moyen de quoi la biite
ne faiiroit s'incliner en-devant ou en-arrière.
La plaque de fer eft auflî noyée de loate
fon épaiiïeur endc^Tus de la bafe , pour plus (k
propreté : à l'autre boiit de l'équerre eft un tenon
qui reçoit une pièce de fer , aux deux bouts de
laquelle on a refervé une mafiTe de fer pour Im
don lier de la péfanteur.
La mortoife qui reçoit le tenon .!oît être bien
jufte i & au milieu de la lorigueur de la pièce ;
de là dépend l'égalité des dents , par rappon à
leur épaiftcur , comme nous le verrons dans
l'opération.
Cette pièce eft fixée en place , au moyen dure
cheville de fer.
Quand on veut mettre la batte en place » on
l'entre par le bout des tringles qui ne vont
pas contre la poupée à gauche ; miis elles y
vont tout-àfait par l'autre bout pour donner fto
de courfe à la batte.
La pièce de fer gUfte entre les jumelles , poor
aller frapper contre les dents dont elle doit avoir
tout au plus répaiftcur ; mais pour gagner de la
folidité 9 on la' tient fort largo , fans qnoi dk
plieroit au moindre choc , & ne rempliroit ptf
fon objet.
Le plan de la table de ce métier , & celui de
defTous la bafe , ne fauroient être trop unis poer
diminuer les frottemcns ; & même il eft à pm-
f>os de frotter de favon tant ces deux plans qas
es deux coulifles : la hauteur clc cette batte doit
être telle que la lame puiiTe glifler paralièlemes
aux deux jumelles ; & pour fe régler , on pot
precdr:
PAR
prendre la hauteur des tcnorts des deux poupées.
Il faut encore avoir grand foin que rèqfcerre
foit montée fur fa bafe ^ parfaitement à angles droits
avec les poupées , pour qu'en frappant fur les
dems , on f-^i* fur de leur procurer une pofiiion per-
pendiculaire «vec les jumelies.
D€ U màfiuTt il monter Us peignes m ft fendant
de la batte*
Les préparnïifs néceflaires avant de monter les
peignes d^acicr , font abfolument les mêmes que
Eouf les peignes de canne : le métier efi le même,
1% montans font garnis de vis Se de tenons »
fiir Jefquelson fiitchs jumelles, en les attachant
Tufie ï faurreavcc une ficelle dans des encoches ,
ainil qu'on Ta vu plus haut : îes gardes fe pofent
de la même minière , & on les lixe , ainii que
les dents des Ufières ^ comme aux peignes de
caone.
Il fiut au^Ti, avanttoutes ces opérations , marquer
furies jumelles de delTus , lesdivifions par pouces ,
demi- pouces , &c, ou par portées, demi portées,
avec les in II ru mens qu*on a rapportés à ce fujet. Les
dents fe placent enfuies de la même manière, en
les entourant chacune d'un tour de ligneul , Ô£ frap-
ipant avec la batte , pendant qu'on tient les deux
petits paquets de ligneul de la main gauche un
Ipeu tendus ; mais comme cette opération ne dif-
Ixére des précédentes que par lufage & la forme
Tf!c la batte ( car Ici dents, quoique d'une autre
|inatiére , fe placent de même) , c'eft à cela (gu\
lie nous nous arrêterons.
L'ouvrier prend la batte au milieu de fa hau-
ttcur , & la faifant glilTer fur fa hafe , il appuie &
frappe, le plus également qu'il lui ert pofflible, con-
Itre les dfnts; & pour cela il aplufieurs précautions
à prendre»
Premièrement , comme le frottement qu'eduie
la bafe de la batte dans fa coultiTe^ diminue la force
qu*on lui imprime , il faut s'habituer à bien régler
fon coup , îi pour cela prendre fon élan k une
égale diiiancc : fccondement , avoir attention de
prendre la tige au milieu de fa hauteur ; car fi ,
pour avoir plus de force , on vouloît la prendre
l'un peu plus haut , la bafe ne fuivant plus un mou-
vement paraUéle , s'engagcroit entre îes tringles ,
& Topération feruît retardée.
Si au contraire on la prend trop bas , le levier
de Va réfillance étant plus long que celui de la
puin^ncs , on ne frappera plus , même avec d'affez
grands efforts, que de foibîes coups , & Ton ne
^ pourra ferrer les dents autant qu*il efl néccfTaire.
Il y a des ouvriers qui , pour ne pas prendre
les dents Tune après l'autre fur le métier , ou daxis
une boite qu'ils ont h côté d'eux , en prennent une
petite poignée de la main gauche , quoiquMs tien-
jseat de cecte main les deux petits paquets de
p ligncul.
■ Ans & Métiers , TQ/ne V^ Part» IL
PAR
68i
Cette pratique cft fort cxpédltlvc quand on
peut en prendre Thabitude : mais la main droite
doit être libre pour empoigr*er la tige de la batte*
îlya pourtantun inconvénient, dans cet ufage ,
pour certaines perfonnes qui fucnt des mains ,
& donnent par-là lieu à la rouille : d.ins ce cas ,
il vaut mieux plactrr les dents fur une tringle de
bois fur le métier, pour qu ayint un bout en Tair ,
on puiïTe les prendre fans peine.
Chacun en ufe fulvant rh^bitudc qu'il a con-
iradèe : mais je penfe qu'en effet cet inconvénient
mérite confidérarîon ; car les dents une fois pla-
cées ne peuvent plus être efluyées ; & avec beau-
coup de foins depuis que te peigne eft fait, 0«
cft fort furpris de le voir rouiller*
Les attentions que je recommande fi fort, pa-
roitront fans doute minuticufcs à bien des per-
fonnes ; mai» elles font effcmt elles pour l'ouvrier ,
qui ne peut trouver fon bénéâce que dans la cé-
lérité. S'il s'agifluit de me déterminer fur It pré-
férence qu*on doit accordera l'une des battes dont
nous avons indiqué Tufage , tant pour les pei-
gnes de canne que pour ceux d*acicr , il me ferru
ble que la dernière eft préférable à beaucoup d e*
gards ; mais d'un autre côté l'habitude peut rendre
l'ouvrier aulirhabile avec Tune qu'avec Tautre. Un
avantage réel avec la dernière, c*eft que fi elle eft bien
faite Se pofée bien d*équerre en tout fcns , elle dif-
penfe du foin particulier de placer les dents à angles
droits avec les jumelles , puifquc cela ne peut
manquer d'arriver. L'ouvrier na d'autre attention
que de bien ferrer fon ligneul , & de faire tomber
jufte fur chaque divifion marquée, le nombre de
dents qui leur convient. Quelle attention ne faut il
pas pour frapper également fur chaque extrémité
des dents , lorfque le bras qui conduit la batte ,
décrit un arc de cercle ? Il efi fort difficile de cor-
riger cette courbure , 8c le moindre défaut cft
confidérablc.
Enfin , pendant que l'ouvrier place & entoure
îes dents de ligneul » la batte repofe entre le«i ju-
melles ; & ce poids , quoi<£ue peu confidérable ,
imprime infenfihlemenr pu peigne une courbure
que tout peigner, qui démonte le métier, a foin
au premier inftant de redrclfcr, fans même s*in-
quiéter de cette caufe. Mais cet înconvénîerit, qui
paroit de û peu de confiqucnce , devient confi-
dérable i & n arrive-t il pas pir là que chaque dent
change de pofiiion rcfpeâivc avec les dents voi-
fines , & que le ligneul f^ îâchc , & ne les fâifii
plus avec autant de force ^ fur-tout au milieu du
peigne où la courbure éto't plus grande îc le dé*
placement plus confidérable*
* Ce n*eft pas quand le peigne fort des mains
de Touvricr qu'on peut juger de ce dérangement;
mais il dt^vicnt plus fea&ble quand il a travaillé
quelque temps,
Rrrr
d
682 PAR
Autre mctitr À monter les peignes.
Le métier que ja vais décrire me fcmblc le
plus ingénieux de tous ceux que j'ai vus ; &
cependant je dois avouer que dans nos grandes
villes de manufââures , il n*efl aucunement mis
en ufage , & peut • être mènfie n*y efl pas connu.
Il n'y a pas dix ans qu*un peigner d*Anvers
Tin venta , & en fit conftruire un : Ton exemple
fut aufTuôr fuivi par tous fcs conftères de la même
ville. La b-fs de ce métier ert une efpècc
de tréteau compofé de deux pièces de bois ,
montées fur quatre pieds.
Au milieu des pièces de bois ^ eft une en-
taille en queue d'aronde , de quatre à cinq pou-
ces de large à fa partie fupérieure , qui eit plus
étroite , & de deux pouces plus large au fond.
Tout contre les deux joues de cette entaille ,
font aiïemblées deux longues traverfes : les faces
intérieures de ces traveries font inclinées comme
celles de l'entaille , & c*eft là aue gliffe une
autre pièce de bois dont nous parlerons bientôt.
Sur rèpaiflcur de chacune des traverfes , &
en - dehors , eft une rainure à deux pouces de
fa face fupérieure , dans laquelle s'aflemble à
languette , ainfi que Tépaiffeur des pièces , une
p-anche fur le bord de laquelle on attache avec
des clous une tringle , q li alfleure le deffus &
le bout des pièces de bois , ^ forme une efpèce
de tiroir, dans lequel on entrepofe les dents &
autres outils.
Dans la coulifle que' forment les deux tra-
verfes, eft- une longue pièce de bois à queue
dVonde, qui y glilTo ni trop jufle ni trop ai-
fément ; à chacun de fes bouts efl planté un
montant , ou poupée ; à chacune efl un boulon
à vis avec un tenon ; & quand le peigne efl
folidement retenu entre les deux poupées , il a
la liberté d'avancer & de reculer , au moyen d'une
crémaillère fixé par les deux extrémités fur une
pièce mobile , à qui un réglet de fer ne permet
f>;is de changer de place fans la volonté de
'ouvrier.
Tout contre l'entaille de la pièce de bois , à
droite, font plantés deux montans , au haut
defquels eft un enfourchcment qui reçoit une
des poulies , fur lefquelles paffe une corde.
Cette corde paffe au travers d'un trou prati-
qué fur Tépaiffeur de la batte , & eft arrêtée
de l'autre côté au moyen d'un nœud ; l'autre bout
de ces cordes , après avoir pafTé dans un anneau ,
de peur qu'elles ne fe dérangent , va pafter au
travers de la marche , en - deftbus de laquelle
elles font auQi arrêtées par un nœud.
La marche ne doit pas être plus Ipnguc que
les deux tiers du métier ou environ , parce que
fi elle étoit de toute fa longbeur, le pied au-
foit trop de chemin à parcourir pour lui faire
PAR
décrire un arc égal à celui qu'elle décric , à la
longueur que je recommande.
On la fixe en un point , au moyen d'une bro-
che de f;:r qui pafte au travers de fon épaifleur,
^ roule dans les pitons qui font enfonce dans
le plancher.
La batte eft une planche large & mince t as
milieu de laquelle eft rèfervée une épaîflcnr
dans laquelle 6n pratique un trou » dans ieqoel
paftent les deux cordés auxquelles font fufpen*
dus des contre -poids retenus par un nœud.
A-peu-près au tiers de la longueur des deux
traverfes , eft plantée une pièce de bois , en-de-
hors de laquelle , & près de fes ailles , fonc
deux poulies ; au - dcflus font deux autres
poulies placées horizontalement , fur lefquelles
paftent les cordes.
Les traverfes fonc percées perpendiculaire^
ment aux poulies, pour laifler paflcr les cordes
auxquelles , quand elles y font , l'on attache les
conire-poids. Pour achever de décrire cette ma-
chine, je vais la fuppofer en mouvement.
Suppofons donc qu'entre les deux poupées^
on a placé les jumelles d'un peigne aux denx
tenons : on tend ces jumelles , au ^oyen de l'è-
crou qui eft au boulon à vis de la poupée ï
gauche ; l'ouvrier attache les gardes de ce côté,
& appuyant le pied fur la marche , il place les
dents des lifières , pi>is celle du peigne même |
& chaque fois qu'il en a placé une , il levé le
pied de dcfius la marche qui eft auftît6t atti-
rée par le contre - poids ; & comme le peigne
peut avancer & reculer à volonté avec la pièce
de bois qui porte les jumelles, on le met au
degré convenable , par le moyen de la crémail-
lère qu'on fixe par le règlet qui , pris lui-mê-
me entre les deux entailles , ne fauroit êprou*
ver , ni permettre aucun balottemtnr.
La batte eft placée entre les jumelles , & n'a
pas plus d'épaiileur que les dents ; & étant ap-
pelée fortement contre les dents , elle rie ûiu-
roit s'écarter du parallélifme , & frappe aufll
fort qu'on le défire : après quoi , l'ouvrier rcmft
le pied fur la marche, & attire la batte vers
lautre bout du métier, ce qui lui dcmne delà
place pour opérer commodément , & placer uoe
nouvelle dent qu'il frappe de même , & ainfi des
autres ; mais comme le peigne fe garnit infeo-
fiblcmcnt de dents , la batte n*a bientôt plu$a(^
fez de courfe : l'ouvrier foulève le réglet , &
fait gliffer d'un cran la pièce de bois , & par con-
féquent avancer le peigne ; ce qui donne tou-
jours la même force pour frapper les dents.
11 faut cependant prendre garde de ne pas
trop tirer le peigne vert la droite; car la mar*
cbe pourroit toucher à terre , fans appuyer fur-
fifamment , ou même aucunement , contre les
dents : un peu d'expérience met bientôt aa
fait.
Il eft nêceflaire 9 dans la confiruâion de cnic
I
PAR
machine , d'en dîfpofer les pièces de mamère j
q»je la batte fe meuve bien parallèlement au
banc du métier, ou, pour mieux m'expnoier ,
dans la même ligne des boulons à vis qui tien-
nent le peigne ; & pour cela * il faut avoir égard
zux épâiiïeurs des bots ^ des cordes , & à la po-
(ilton des poulies ; aind , qi^oique la pofition des
monrans foit à la hauteur des boulons à vis ,
il faut encore que les entailles qu on y voit , foient
telles que les poulies débordent un peu ieur
bout, pour que Taxe de la corde réponde bien
parallèlement attie deux tenons ; fans quoi la
batte frottera contre les jumelles de deifus ou
de dciTous.
Il faut auflTi prendre fes dimenfions pour pla-
cer les poulies ; car comme les cordes , qui paf-
fcnt delFus , prennent leur origine au-delTus de
rèpaiiTcur de la batte, on doit tenir compte de
cette épai fleur , & «{ue les rainures des poulies,
répondent au trou où paient ces cordes* Ce n'efl
pas tout; il faut pofer une règle fur chaque
bout des tenons de chaque boulon des poupées,
aptes s'être aiTuré de leur parallélifmc , Sl voir
A la batte fuit bien également le bord de cette
régie ; avec toutes ces précautions on peut être
aiïuré de Texaélttude de la maclûne ^ & des pei-
gnes qui feront fabriqués.
IPour un ariifte intelligent 41 n'y a rîen à né-
gliger ; une fomme d'erreurs iofenfibles eft une
erreur confidèrable qu*on appcrçoit bien , & dont
on ne peut fouvent pas deviner la caufc. Il eft
à propos , en fini (Tant , d avertir que louvrier doit
être , en travaillant , a (fis plutôt plus haut que
trop bas, fans quoi le mouvement du pied fera
gêné ; au lieu que plus la pmbe & la cuiiTe
approcheront d'être en ligne droite, moins les
mufcles emploieront d'ctforts pour obtenir de
grands cfTers.
Il paroi tra peut-être furprenant qu'on métier auffi
bien entendti & auOi commode foit à peine
^onnu dans les principales villes de manufac-
tures , Si qu'il n'y foit pas mis en ufage ; mais
iroici la raifon que j'en fcmpçonne : le nombre
des ouvriers en peignes ncû pis fort confidé-
rable ;& comme chrîcun d^eux efl à- peu -près
fixé dans la province oij le fort ou bien fa
fiaiiT^nce Ta placé , attaché aux méthodes qu'il
a adoptées , il les préfère à celtes dont il n'a
d*autre occafion pour lesconnoitre , que d'en en-
tendre parler* Un ouvrier un peu habile peut
faire un peu plus d'un peigne par jour : ainfi
le nombre des maîtres , dans cet art, qui fuivent
les villes de fabrique, cil toujours furafant pour
les entretenir de cet uflenfi'e*
J'ai dit que le dernier métier étoit préférable
aux autres. En effet , Touvrier ayant à placer des
dents auxquelles on eft forcé de donner, du pre-
mier coup, Talignement qu'elles doivent avoir, a
bien plus de facilit-é à les aligner lorfqu'il a les
deux mains libres , que quand îl e^A obligé de
PAR
683
quitter & de reprendre fans ceffe U batte; il
peut, s'il le veut, avoir devant lui une règle
qui s'appuie fur les dents déjà placées , di dé-
termine la pofition de celles qwil va mettre. A
la monture des peignes de canne , ce foin n'eft
aucunement nécefifaire : on a la facilité de les
rogner , quand le peigne eft fini ; mais les dents
d*acier une fois miles en place , ne peuvent plus
recevoir de façon j & fi ce peigne eft mal , c'cû
un peigne gâté , ou qu'il faut démonter.
De la manicre de polir les peigna d'acier»
Quana un peigne eft monté » l'opération fui-
vantc confifte à le polir avec de la pierre pon-
ce. Quelques pcigners incelligens couvrent au-
paravant les jumellei avec des band.s de papier,
comme nous Tavons enfeigné en parlant des pei«
gnes de canne ; d'autres aiment mieux ne les
couvrir qu'après les avoir polts. S'il m'eft per-
mis de dire ce que j'en penfe , ces derniers ont
tort , parce que la ponce , mife en poudre ,
s'attache au ligneul , & ronge infenfiblement, à
caufedes frotteraens réitérés que le peigne^prouvc
dans la rainure du battant. Je ne répéterai ici ^
rien de ce qui a été dit des moyens ufiiés pour
couper les bandes de papier & pour en couvrir
les iumelles,
Lorfque J'ai détaillé la manicre d'aplatir les
dents au laminoir ou moulin, j'ai dit que leur
épaiflTeur ne recevoit aucune forte d'appièt : or-
dinairement elles font fur cette dimenfion très-
minces ; & à les regarder chacune en particu-
lier , après que le triage en eft fait , on n'y
aperçoit rien : cependant , quand le peigne elt
montêon \roit qu'elles ont befoîn d'une légère façon
pour préfenter enfemble une furface unie. Cette
opération rient lieu du planage qu'on fait aux dents
de canne. Voici comment on by prend.
Quelques ouvriers fe contentent de pofer le
peigne à plat fur une table , &. le tenant de la
main gauche , ils frottent les dents avec la pierre
ponce. Cette méthode eft vicicufe , en ce que
quelqae force qu'on y emploie, on ne fauroit
enii^échcr le peigne de remuer fur un plan où
rien ne lui fert de point d'appui : la ponce fe
met en poudre » qui en peu de temps ronj^e le
papier , & même le lîgneul qui entoure les ju-
melles.
D*autres fixent le peigne fur la table , par
les mêmes moyens qtic ceux qu'on a vu em-
çtoycr pour placer les peignes de canne fous la
feuillure d'une tringle nxe & d'une mobile qu'on
arrête avec des vis : avec cette attention l'on
ne craint pas que les jumelles reçoivent aucune
atteinte.
Il reftc à dire comment onfc fert de la ponce:
on choiftt les pierres les plus légères ^ 6i qui
foient fans veines ; on les dreiTc fur une face
Rrrr îf
684
P A K,
avec une groffe lime plate , & on frotte les dents
ïuivant leur longueur , & non pas fuivant celle
du peigne.
Il faut avoir grande attention de ne pas aller
frapper contre les jumelles ; car l'angle aigu ,
qui forme le plan inférieur de la pierre avec
fes côtés , auroit bientôt coupé le ligneul y
c'eA pourquoi il eft à propos d'y mettre une
bande de papier qu'on peut renouveler ou re-
couvrir. Cl eiie fe trouve un tant foi peu eridoni-
magce.
Il ne faut pas promener la pierre fuivant la
longueur du peigne , parce que les dents con-'
tractcroient une couburc qu'il ne feroit plus pof-
fible ds redreffer : d'ailleuri , eu ufant un tant
foit peu de répaiflcur , ce mouvement jeteroit
entre les dents une rebarbe qui déchireroit la
foie qu'on y enfile ; ainfi tout engage à pren-
dre les plus grandes précautions dans ce tra-
vail.
Lorfquc le peigne eft poft fur une face , on
Tôte de fa pUce , 6l on retire , a/ec un balai de
plume , la ponce que ce travail a mife en pou-
dre , & en y donne la môme façon ; après quoi
on le retire encore pour nettoyer la place , &
ramafTer la pouOTiére qu'on pafTe au tamis de
foie , pour qu'elle foit plus fine.
Pour nei;oyer le ptigne pariaiteraent , on fc
fert d'une forte vergetie ou brofle à poil.de fan-
glier, qui pénétre entre les dents, & ôte toute
la ponce qui pouroit y dtre reftée : alors on
remet encore le peigne fous les tringles ; puis
aminciffant , en forme de bifcau 9 un morceau de
bois blanc, tel que di faule qui eA fore bon
pour cela, d'un pouce ou un pouce & demi
de large , & enterrant , pour ainfi dire , le pei-
gne dans cette poufiière fort fine , on frotte
les dents avec ce bâton , jufqu'à ce que les
dents entrent dans le bois , & qu'on foit fur
de leur avoir procuré une forme arrondie fur
leur épaiffciir.
On paffe enfuite à d'autres , mais fans
abandonner celles qui font finies, dont on prend
encore quelques-unes pour que le peigne ne
foit pas onde fur fa longueur , & l'on continue
jufqn*au bout, en prodiguant la poulfiére qui
qui n'eft pas perdue , & qu'on ramafle pour une
autre fois.
A mefure que le bâton s'ufe , & que le bi-
feau quon y avoir formé, eft fendu par les
dents , on le refait avec un couteau pour s'en
fervir jufqu'au bout.
On fait la même opération fur les deux faces
du peigne, après quoi on le brofle bien ; de ma-
nière que les poils de la broffe s'infinuent entre
les dcots & contre les jumelles, ce mû n'eft
pas diifici'e , s'ils font longs & roides ; & quand
çn eft afluré qu'il ne refte plus de ponce , on
refait le bifeau du bâton de faule, & on le
pafle à fec fur les dents , fuivant leur longueur ,
PAR
comme on l'a toujours dû pratiquer ; enfin
l'ayant refait une autre fois, on y mec nm UDt
foit peu d'huile , & on le repafle encore fur les
dents.
On prétend que cette dernière façon préferre
les dents de la rouille : cela eft aûfé à conçe*
voir ; mais il f?ut mettre bien peu d'huile ,
autrement la chaîne de l'éroâe en feroii ti-
chée.
Il y a des ouvriers qui , au lieu d*huile«pour
dernière façon à donner aux dents , prèpareu
un morceau de plomb de la forme du bâton de
iàule, & les frottent aflVz rbtt. J'ai déjà, dans
un endroit de cette partie , dit ce que je penfe
de cette recette infuffifante ; mais une autre qui
n'eft pas dépourvue de bon fens , c*eft de pren-
dre un bouchon de liège, de le faire un pea
brûler à la chandelle , & d'en frotter les dents ;
& quand la partie charbonneufe eft ufëe , on le
brûle de nouveau pour répéter la même opéra*
tion. Ici , le liège brûlé eft une poudre impalpa*
ble , qui , à l'aide du liège qui n a pas été brolé,
peut produire un peu de luilic ; au furplus je
rapporte un procédé reçu.
Quand toutes ces opérations font finies, oa
prend une vergette à longs poils, & on Tinfi-
nue de tous fens dans l'intervalle des dents ,
& fur -tout entre, les jumelles, peur en faire
fortir la ponce ou le liège qui pourroient s'y
être introduis.
Il eft à propos, en finififant cet anicle, de
faire remarquer que pendant qu*on polit les
dents fur une face du peigne , l'autre face fe
trouve portée à faux , puifque les jumella
font une épaifleur. Il feroit bon de faire une
cacnelure de chaque côté, fur la longueur d'une
planche , pour que les dénis pailant deifus , oe
pu/Tent recevoir aucun dommage.
Dans l'état où nous venons de quitter le pei-
gne, il n'eft pas encore fini : la nature du mé-
tal dont font faites les dents , ne lui perma
pas d*être aufli docile aux volontés de l'ouvrier,
qu'on le défireroit ; on a beau dreft'er parfaite*
ment les dents , Us monteur avec beaucoup de
foin , Ton eft tout furpris , après tout cela , de les
voir fe porter à drbite ou à gauche , & , en
touchant leur voifme , empêcher la chaîne de
, fe mouvoir comme il eft nércffaire. j
Nous avons vu qu'on redrclTe celles de canne I
avec un fer chaud : nous allons erifeigner la
même opération pour celles de fe? ; mais il y a
c|ue!ques manipulations particulières qu'il ne
taut pas omettre.
Le luâeur doit fe fouvcnir de la manière
dont j'ai fait voir qu'on rcdrefte les dents des
peignes de canne : alors la courbure venoit de
la nature élaftique tk fibr^ufe de la canoë ',
mais au peigne d'acier. Ton ne fauroit venir à
bout de rcdreffcr qui: les dents qui , ayant cié
un peu forcées par le ferrement du lign(;uI,ou
conrrAfic une Icjsère courbure : il faut donc ap*
porter une très-grande attention pour ne les forcer
contre aucun corps dur ; ou autrement, les dents
qui , ayant été d*abord bien drelTées , ne fe font
courbées que par la gêne où les tient Le ligneul ^
doivent néceflairement par leur claAicité tendre
à fc redrciTtr » pour peu qu'où leur en facilite
les moyen* j c'cft ce qu'on fc procure au tnoycn
d*un fer chaud qui , faifant fondre le ligneul, per;
met aujc dents de s*ètendre*
On le feft donc de fers à drcffer , femblables
à ceux qu^on u déjà vus : on les fait chauler plus
tibrt que pour la canne , mais cependant pas affci
>tir donner du rccuti aux dents ; ce qui leur
tnt perdre de îtur cîaf^iciié , 6i les empcchetoit
fc rcdrefTtr , quand les chocs quelles éprou-
PQt en travaiiUnc » les courbent un tatit foit
eu*
A moins d'avoir Tufagc de travailler les méiaui,
on fera peut-être en ptir,e des moyens de s'aper-
cevoir quand une dent s'échauffe trop : voici à q^uoi
on peut ^en tenir* Le fer ou Tacier , quand ils iont
lloHs, prennent au feu différentes couleurs , fuivanr
^Kciegré de chaleur qu'on leur donne: quand on y
lait attention , on les voit devenir petit jaune ,
efiftïite couleur de paille , puis couleur d'or, puis
gorge de pigeon , cnfuite violet , après cela bleu ,
iSc entin gris.
CeH d'après ces différentes couleurs que les
Oilvhers en métaux s'affurent de la dureté qu il
convient de donner à leurs outils tranchans , ou
nitrcit On peut fc convaincre aifément du tort
e fait le recuit aux Urnes de fci* dont on fait
dents : il fuffit pour cela de prendre une dent
mon chauffée par un bout , entre les doigts , &
avec l'autre main de la tirer un peu en -devant;
Û elle eli de Don fer ou d'acier , elle doit retour-
ner à fa place , c'cft-à-dirc, en ligne droite^
^rès une ccrt-ini quantité de vibrations ; mais
fi la chaleur Ta plus ou moins détrempée, elle
fera très -peu de vibrations , & refiera plus ou
nains courbe, fe!on qu'elle aura été plus ou moins
wcuite.
Il y a des pet^ners qui « pour redrefler les
dent», au iicu de les chautTer avec un fer, comme
ie viens de le dire , font chauffer les jumelles d*un
bout à l'autre ; & quand ils jugent que la poix
peut erre trci-amoUie , ils tordent le peigne en
différens fens « ûc prétendent par là rendre aox
denti la facilité de (e redrclTcr. lis ont raifon à
cet égard : mais ft le ligneul conftitue l'écarté-
ment des dents , la [oix y entre affurément pour
quelque chofe ; & quand elle cA fondue , eUe
strilnue par- tout indifféremment, 6l Ton ne
peut être affuré que le peij^ne étant réfroidi ,
foit auffi fondement monté qu'il Tétoii aupar
vaut*
J'ai rapporté cette méthode ♦ toute vicieufe
i^tiVtle eii, pour Toppofcr à celle dont j'ai pré-
càdemniem rendu compte. Le poli que je viens de
PAR ^^^~ 685
faire voir quM convient de donner aux dents ,
cft la dernière opération qu on y fait. Quel-
ques ouvriers terminent letir ouvrage par coller
de fécondes bandes de papier fur les jumelles ;
cette précaution efl fort bonne & les conferve
très- bien* Il ne refte plus qu'a ferrer ces peignes
dans des builes bien clofes , 6c à Tabri de toute
humidité, dans du fon , pour prévenir la rouiîle.
/e pa/Tc à d'autres fortes de pirigncs qui fervent
pour les pafTementiers , les rubatiiers & pour les
gâlunnicrs.
De Idfthnqut dts pn^ms propres aux pjjjimintlcrs ,
aux ruhmnitfs , aux galonrturu
Le rubanier eft celui qui fabrique tous les
rubans tant eu foie qu'en fil , unis & rayés, ainfi
que les chenilles de foie 6i de laine. Le paife-
memicr fabrique les rubans à fleurs brochées, on
autrement , & le galonniâr fatt les galons , tes
fyfîêmzs & les livrées. Chacun de ces fabricans
emploie des pdgnes différcns ,tant pour les dents
que pour la mor-jre , qui fe font par les mê-
mes ouvriers. Les uns fe fervent de peigne d'os^
d'autres de cuivre , ât d'autres enfin d acien
La fa<;on de ces derniers ne reffemble guère
à ceux dont on vient de yoir la defcripiion.
Les dents fe préparent d'une toute autre manière j
& même » depuis quelque temps , on a adopté une
nouvelle manière de les monter: c'eft ce que je
vais décrire affez brièvement. Je commence par
les peignes des rubaniers & des paiTcmentiers ;
car ceux de cuivre, d'acier & d'os , appartiennent
aux galonr.îtr<«
Des pet pi t s pour Us rubans^
On peut dire en général que les peigne» pro-
pres à fabriquer les rubans, font, à la longueur
prés , femblables en tout à ceux des étoffes de
foie \ les dents en font ordinairement de canne
les jumelles de bois ; on les monte avec le li-
gneul , & la fineffe des dents dépend de la fi^
neffe des rubans qu'on veut fabriquer.
Les rubans fe diftingucnt par numéros, & les
plus larges ont le plus fort nombre : il c/l en-
core généralement vrai que les numéros des ru-
bans, fit par confé(^ucnt leur largeur, ne chan-
gent rien à leur hneffe ; 6c le grain en étant
une fois déterminé , un ruban large reffemble
parfaitement à un plus éuoif.
On diilingue , dans la rubancrie » les rubans unis
5c brodés t \t% non pareilles ^ les faveurs, &c. les
rubans à gros grain , les rubans à cordon bleu ,
ceux pour les bourfes à cheveux , &c. &c. Après
eux viennent les rubans farinés , cannelés 9i
ceux à grain d'orge ; les rubans façonnés par
une doubb chanc, ceux brochés en foie, les
brochés en or & en argent. Toutes ces efpéc^s
de rubans exigenr autant de fortes de peignes
685
PAR
parcîculîâres , tant dans le compte des dents que
dans les largeurs ; c'eft au peigner intelligent à
lesconnoitre toutes ^ pour n'être point embarrafTé
dans leur fabrication.
Il y a cependant des rubaniers qui ont des
comptes de peignes particuliers : dans ce cas , il
eft de toute nécefTité d'en donner l'explication
aux peigners > qui ne les font que. quand ils
leur font commandés ; au lieu qu'on trouve des
peignes tout faits pour les efpéces courantes de
nibanerie, fur-tout dans le pays ou ce genre de
commerce eft en pleine vigueur , comme à Pa-
ris , à Lyon , à Tours , à Saint-Etienne en Forez ,
à Saint - Chaumont , &c.
Comme le nombre des dents dont un peigne
à rubans eft compofé , eft peu confidërable , il ne
feroit pas poflîble , ou du moins il feroit trop vé-
tilleux de monter fans cefle ces peignes 'l'un après
l'autre ; c'eft pour cela que quand les jumelles font
une fois montées fur les poupées > on fait tout
de fuite huit , dix , douze , plus ou moins de
peignes , & quand ils font tous finis , on les
lépare les uns des autres arec une fcie , comme
on le dira en fon lieu.
On n'eft pas adreint à faire tous ces peignes
du même compte , ni d'une même largeur : comme
ils n'ont rien de commun entre eux que les jumelles»
en eft abfolument maître d'efpacer les dents à
volonté. Lors donc qu'un peigner fe propofe de
monter un certain nombre de peignes , il met
fes poupées au plus grand écartement poftible ,
& il y proportionne les jumelles , pour y trou-
ver un plus grand nombre de peignes. Il divife
les jumelles en autant de parties qu'elles peuvent
contenir de peignes , y c^ftipris un demi-pouçe
ou environ de diftance qu'il doit y avoir entre
chacun ; puis il marque U place des gardes ,
& enfin celle des deux ou trois dents de lifiè-
res ; & pour être plus fur d'efpacer, comme il
faut , le petit nombre de dents qu'un aufli petit
peigne contient , il divife l'efpace deftiné aux
dents en parties égales , dans chacune defquel-
les il puiiTe placer un nombre connu de dents ;
ou ft le nombre étoit impair , ou ne pouvoit pas
fe divifer en parties égales , il fera des diviftons
égales 9 & mettra le refte dans un efpace qui y
ait rapport.
Il n'eft , je crois , pas néceflairc de dire qu'il
faut commencer par le peigne du bout à gauche ;
ce qu'on a déjà vu de la manière de monter
ceux dont nous avons parlé, fuffit pour faire
comprendre qu'on ne peut s'y prendre autrement :
lorfqu ils font tous finis , on les fépare avec une
fcie les uns des autres. Les peignes étant ainû
féparés , on les rogne , enfuitc on les plane &
on les excarne , enfin on les couvre de ban-
des de papier, comme ceux des étoffes qu'on
a vus.
Si pour ces fortes de peignes pour la rubane-
rie ou la paflementerie , on emploie des dents
PAR
d*acier , on peut fe fervir de celles des peignes
d'étoffes , pourvu que le compte fe rappone. Ce
que j'ai dit qu'il falloit montée tout de fuite le
nombre de peignes que peuvent contenir les jn-
melles , ne doit pas fe prendre à la lettre : on
pourroit les monter les uns après les autres, ft
les féparer à mefure ; mais on perdroit trop
de temps à remettre les jumelles fur' les tenons,
& à les bien dreifer ; d'ailleurs on perdroit anffi
de la longueur des jumeHes : ainu ce que fai
recommandé , n'a pour but que l'économie da
tems & de la matière.
Des peignes pour faire les chenilles»
Les peignes pour la chenille font formés pv
quatre dents placées comme à l'ordinaire , & ci
laifTe entre elles & les quatre fuivantes uo ef-
pace de deux dents : mais pour parler d'une
manière plus générale , on réterve entre chaqw
couple ae dents un efpace égal à elles ft
à la diftance qu'elles tiendroient avec lem
voiftnes.
La foule ou hauteur de ces peignes eft pbi
forte qu'à tous autres , ce qui donne plus a»*
fance à les fabriquer ; mais en revanche les dents
font beaucoup plus groftes , & le peigne a trèf-
peu d'étendue : quant au nombre de paires de
dents , il varie fuivant l'idée des fabricaDs,&
félon les grofTeurs des chenilles qu'on veut fa-
briquer ; cette groffeur provient plutôt de la
longueur qu'on laitTe au poil qui velouté, qu'à
la groffeur du fil qui le contient.
Plus les paires de dents font écartées les unes
des autres, plus la chenille eft groffe » parce que
ces intervalles étant plus confidérables , laiffent
plus d'étendue à la trame , & que c'eft la trame
qui forme le velouté de la chenille : ainfî on
met ordinairement depuis fîx jufqu'à douze &
quatorze paires de dents ; & de là réfulte une
chenille très-groffe ou très- petite.
Manière de monter les pagnes pour la chenille.
La manière de monter les peignes pour h
chenille eft abfolument la même que pour le m»
ban ; mais comme les epfaces qu'il convient
d'obferver , en con/lituent toute la différence , je
vais en peu de mots pafTer en revue l'opéra*
tion. On a coutume, comme aux prècédens^de
faire, fur une longueur de jumelles, à la fuite les
uns des autres , autant de peignes qu elles en
peuvent contenir : on place d'abord une garde
au bout à gauche ; & comme on a dû marquer
fur les jumelles les efpaces qu'il faut obferver,
on entoure les jumelles de ligneul , l'efpace de
huit à neuf à lignes , & à chacug on le frappe
avec la batte , comme fi Ton plaçoit des dents;
on met , enfuite deux ou qu.trc dents , félon
l'idée du fabricant pour qui le peigne eft def*
tiné; & à chaque deux ou quatre dents, on fak
iiJi cfpace réglé par trois, quatre, plus ou moins
de tours de Ifgncuh
Quand le nombre de <^nt5 nécciïaîres eft
reippli » on 6nit par autant de tours de ligneul
fï'on en a mis en commençant ; enfuite de
loi vient la féconde garde, qu'on attache auliî
lidemenr que la première ; puis on laifle un
efjjace devfK à huit lignes , après quoi on met
«ne nouvelle girJe pour un fécond peigne, &
ainfi de fuî^e jufqu'à la fin.
Quand les pegnes font montés , on les fé-
pare , on les rogne , excarne & plane comme
les autres, & enfin on y colle des bandes de
apier,
I Certains fahrlcans prétendent que les peignes
quatre dents font plus parfaits que ceux à
n% : on ne laide entre chaque quatre dents
kie Tefpace d*une dent, La raifon de fupériorité
lll$ en apportent e/t , que les trois hls de foie
ri licûi la chenille, c'ert-à-dire , la trame qui
forme étant plus rcirerrèe au milieu de ces qua-
B dents , par le mouvement des deux fils de lin
li font padés dans les deux voifmcs , font plus
llidcment retenus en leur place , & conféquem-
lent le velouté de [a chenille cfl plus fin &
lus beau : d'ailleurs , difent - ils , le fil de lin
[Il paflc dans la dillancc obfervée entre chaque
Temblage de dents, tient le tiflfu plus large en
n endroit , & facilite davantage le paflTage des
ifcaux ou forces dont on fe fert pour décou-
"per les cordons qui forment autant de brins de che-
nille , ce qui n'arriveroir pas , ù ces deux fiîs fe mou-
▼oient entre deux dents efpacécs comme à Tordi-
_iiairc,
l« peignes en acier ^ & di C€UX tn culvrt ou
laiwn.
Les dents de laiton & celles d'acier, dont on
lit les peignes pour h^ galon nie rs » ne fe pré*
arent pas comme celles pour les étoffes de
>ie. Ici , ce ne font phis des brins de fil d'ar-
bhal qu'on paffe au laminoir & qu'on monte
fcnfuiie : voici comment on s'y prend. Je com-
fDence par les dents de cuivre.
Les peigncrs ne fe chargent pas de régler
répaiffeur dçs dents , ou du moins des pièces
de cuivre dans lefquelles on les prend ; ils aché*
:nt du cuivre en plaque, battu & forgé à une
bertaine épaiiTctir qu'ils ordonnent ; Si quand ces
■laques font fuiîitamment écrouics , ils les dif-
rîbuent par lamss de trois lignes de largeur ou
environ . pir lu fecouts de fortes cifaillcs , fcm*
Mables à celles avec lefquelles les cliaudcron-
îers coupent ou rognent leurs pièces.
Les ouvriers qui fc chargent de préparer le
cuivre pour les dents , ont coutume de prendre
me pUque de quinze à vingt pouces de lon-
Eucur , fur un pied ou même moins de largeur,
Js forgent cette plaque fur un tas bien drelle ^
& avec un marteau convenable , jufqu à ce
quMs fentent que la maiière, ne cédant pins ^
répercute les coups qu'on lui donne : Tufage
apprend à ne s'y pas tromper.
On fent bien que cette opération, qui dimi-
nue répaiiîeur , doit néceiTairement at^gmenter
les deux autres dimenfions, longueur & largeur;
auffi la plaque , après cela , a-t-ellc acquis vingt-
quatre ou vingt -fix pouces, fui quinze ou feizc
Ue large.
Enfuite on polit cette plaque» tant pourdreffcr
parfaitement fcs deux plans , que pour les unir
parfaitement ; après quoi , on la coupe par lon-
gueurs de quatre pouces fur la largeur, 6t de
toute la longueur de la plaque ; c\i\ d^ns cet
état que le peigner achète le cuivre, & cVft à
lui à couper les dents à même cette plaque, à
la mcfure qu'il juge convenable.
La largeur à laquelle on coupe ces dents à
même les plaques, ncft pas celte qui convient
de donner aux dents : on aime mieux les te-
nir trop larges pour les dreiîèr Ôi les polir fur
leur épaiffeur ; car la ci faille ne fauroit couper
aflez net, 6l Von n*eft Jamais affuré de les couper
aïTcz droit, pour qu'on ne foit pas obligé de
leur donner une façon avant de les employer.
Manière de mettre Us lames de eulvft à igaUs
longueur 6» , Largeur , pjur en former les dents.
Pour donner aux demi de cuivre la largeur
qu'elles doivent avoir , on en prend une certaine
quantité entre deux tringles de fer. A chaque
bout de ces tringles , eft un renflement circulaire,
au centre duquel efl un trou uni à Tune des
tringles, & taraudé à IVnre* Il faut que ces
quatre trous fc correfpondcnt parfaitement dsux
à deux, pour recevoir les vis, à Taide dcfquel*
les on fatfit les dents, entre les tringles. Les fur-
faces fupérieures & infiricures de ces deux rè-
gles doivent être bien dreflees , car de là dépend
la perfe^ion des dents.
Pour fe fcrvir de cet outil , on defTerre les
deux vis ; on pîace entre les tringles quatre ou
fix dents , plus ou moins, de manière quelles dé-
bordent toijtes autant en-defTns qu'en-dcffous :
on les ferre en place ; puis mettant le tout en-
tre les mâchoires d'un crau, on îîmc Te/cédant
avec une lime dont le grain ne foit ni trop fort
ni trpp fin , jufqu*à ce qu'on îtffleure îa fupcrfi-
cie des dents , fans cependant Tentamer ; &
?[tund on a limé un coté , on retourne l'outil
cns deilus dcflbus , ^ on en fa.t autant de
l'antre coté-
Il y a des peigners qui , au lien de vis pour
retenir les dents entre ces trîngVs , rre fe fer%*ent
que de goupilles, & les affuj^ttiffent dans l'étau
d'une m^iniére invuriahle : d'durres ne fe fervent
point d'étiu, ëc fe contentent du ferrement pro*
duit par U vis î mais comcoe ils ne peuvent U-
6$8
PAR
mer qu'avec une main , l'autre étant occupée à
tenir l'ouvrage , ils ne font jamais adurès de
dreffer parfaitement les dents.
Après avoir rapporté la méthode & Tuften-
file , je vais en faire fentîr la défeâuofité. Il n'eft
perfonne qui ne fente que quelque attention qu'on
y apporte, il n'eft pas pofflble de ne point en-
dommager infenfiblement les régies : au bout
de foit peu de temps elles devienent ondées^ &
les dents contractent la même inégalité.
Pour remédier à cet inconvénient, je voudroîs
que ces règles fuffent d'acier trempé : alors ,
quand on auroit ufé tout le cuivre excédant ,
on ne pourroit entamer leur furface , & toujours
les dents feroient parfaitement droites.
Je fais bien auffi qu'il n*eft pas poffible d'af-
fleurer les dents aux deux régies , fans que la li-
me ne les touche un tant foit peu , & que cette
lime , touchant un corps très -dur, perd de fon
âpreté , & ne mord bientôt plus ; mais , à cela deux
réponfes ; i°. on peut acquérir affez d'habitude
pour que l'attouchement de la lime^e réduife
prefque à zàro ; fecondement , une lime n'eft pas
un objet fort cher , & les ouvriers qui en con-
fomment beaucoup , trouvent encore à les ven-
dre y quand elles ne peuvent plus leur fer-
vir.
Il eft rare que les dents n'aient pas contraâé
une certaine courbure lorfqu'on les coupe à la
cifailte : aufii eft - il à propos de les redreflcr
avant de les mettre à la largeur ; & le ferre-
ment qu'on leur fait éprouver dans l'étau , eft
fuffifant pour achever de les rendre droites.
On les drefle fur une enclume ou tas , garni d'a-
cier trempé de tout fon dur & poli, avec un
marteau uni , qui ne gâte aucunement le poli
qu'on a d'abord donné à U plaque.
Quant à la manière de couper les dents à la
longueur qu'elles doivent avoir , les peigners ont
preîquc tous des méiliodes différentes : les uns
îe fervent de cifailles , avec la mefure dont on
a parlé à l'article des dents d'acier ; d'autres ,
jnais c'eft le plus petit nombre, ont un inftrt.-
ment qu'ils nomment appareilUur , & qiii me
femble le plus fur de tous. Cet inftrument n'eft
autre chofe qu'un fragment des règles , entre
lefquelles nous venoni de voir qu'on égale les
dents de largeur.
Les deux tringles tournent fur un clou qui
entre jufte dans leur tête , '& font l'effet d'une
charnière.
On voit aifément que les dents qu'on peut ,
pour plus de diligence , y placer par quatre ou
fix à la fois 9 pount contre^e clou , ne fauroient
être rognées à une plus ou moins grande lon-
gueur que le bout des régies ne le permet.
Quand les dents font faifies entre ces règles ,
on met le tout debout dans un étau , pour
empêcher le tremblement , & avec une lime
PAR
moyenne , on ufe le bout jufqu*à ce qu'il affleure
les règles.
Les têtes de ces deux règles ne font pas éga-
lement percées : l'une a un trou quarré dsns le-
quel entre jufte la pièce princlpato , & Tan-
tre règle eft taraudée , & reçoit la vis de U
même pièce ; mais en fabricant cet înftrumem,
il faut avoir attention que , quand la yîs repofc
fur fon épaulement , la face la plus large du te-
non réponde à angles droits aux faces intérieu-
res des deux réeles , pour que les dents repofent
fur cette face d une manière fixe.
Il eft aifé de faifir entre ces deux règles noe
quantité plus ou moins grande de dents, pov-
vu qu'on ait eu foin de dreffer d'abord le bov
qui repofe fur la tringle ; & en rognant l'ex-
cédant , on ne craint pas d'en trouver de phi
courtes les unes que les autres.
Lorfqu'à force de fervir, la vis vient à s*nfi»',
& que la face de la tringle n'eft plus d^équerre
avec la longueur des deux règles , on y remé-
die aifément , en enfilant , entre la tête & répao-
lement de la vis» une rondelle de carte ou depi-
pier , plus ou moins , & mieux encore de eni-
vre mince , au centre de laquelle on fait ni
trou.
Quelques ouvriers, pour s'affurer davantap
que les bouts des dents font limés bien d'équene
par rapport à leur longueur , après avoir rogné
les dents par un bout, les retirent d'entre te
tringles > & les y remettent bout pour bout ; &
comme elles n'excéderoient pas l'extrémité des
règles , fi l'on fuppofe qu'elles y ont déjà été
affleurées , ils mettent entre le clou ou tige , &
le bout déjà dreffé des dents , une ca!le plus on
moins épaiffe , félon la longueur que les dents
doivent avoir : l'autre bout des dents excède
d'autant « & offre de la matière à rogner.
Il eft certain qu'au fortir de cette opération,
les extrémités des dents font très - vives ; auffi
a-t-on foin de les paffer une à une fur luie Urne
bien douce , pour émouffer les angles & les vi-
ves-arrètes : on en ufe de même fur la longueur
des dents. Je paffe à la préparation des deots
d'acier.
Manière de préparer les dents d'acier pour Us
gahnniers.
Les dents d'acier dont on fait les peignes poor
les galon nicrs , font prifes en grande partie
dans des bouts de refforts de pendules.
Quelques taillandiers qui fabriquent des li-
mes de fcies, font asffi des plaques d'acier on
de fer, à l'épaiffeur qu'on leur commande; fie
enfuite c'elt l'affaire du peigner de les déUter
par loiieueurs & largeurs , félon les dents : mais
foit dimculté ou manque d'ufage , on ne tronn
guère .de ces plaques plus larges que de deux
pouces & demi , & par conféquent , au lien de
• prendre
PAR
prendre la longueur des dents en travrers de ces
plaques y comme nous avons vu qu'on le prati-
que aux plaques de cuivre ; on coupe les pla-
ques d'acier par longueurs, fuivant celles des
dents , & on les refeni fur leur largeur pour y
trouver plus ou moins de dents.
Comme la matière efl fort dure , on apporte
la plus grande attention à les couper à fort peu-
pres de la largeur convenable , à quoi Ton ne
prenoît pas garde de fi près aux dents de cui-
vre, tant parce que la matière n'cft -pas fort
dure , que parce que la cifaiUe les force un
peu fur leur longueur.
Quand on a coupé un certain nombre de
dents , on les lime à la largeur convenable dans
un outil fembbble à celui dont on fe fert pour
ccBci de cuivre ; &, pour le dire en un mot,
ao y fait les mêmes préparations.
Les vives - arrêtes qui fe trouvent néceffaire-
m€nt fur Tépaiffeur des dents , ne s'abattent pas
à la lime, mais avec la ponce en pierre, quand
le peigne eft monté, comme nous Tavons vu aux
peignes d'acier.
Après ce que j'ai dit de la manière de mon-
ter toutes fortes de peignes, je n'ai rien à ajou-
ter de particulier pour ceux- ci; je me rèferve
feulement de rapporter une invention ingénieufc,
qui m'a été communiquée par l'auteur même ,
kibile peigner à P^iris ; mais il faut auparavant
parler des dents d os 6c d'ivoire»
Dts dents d'as & d'ivotre,
Uufage des dents d'os & d'ivoire n'eft pas fort
commun dans les fabriques ; mais enfin il y a
des fabricans qui tiennent à cent méthode , &
je dois en dire quel a ne chofe.
Il ncÛ pas du rcÎTort du peigner de refendre
Vos ou Tivoire en lames propres aux dents ; il
fcroit difficile qu'ils s'en 'acqLîitaiïcnt aulTi bien
& à ft bon marché que les marchands de qui on
les tire: ce font les table tiers, ou du moins
quelques-uns d*entre eux, qui débitent , en h~
tacs de toutes lorgacurs 8t tpaiffeurs , de fort
gros morceaux d'ivoire , & les vendent à û
bon marché 9 que ce ftroit duperie de s'en occu-
per.
Ces lames fervent pour des jetons, des évan-
tails & beaucoup dVi titres objets qu'il eft
inutile de rapporter : on peut comprendre parla
comment un ouvrier, qui travaille à un même
objet toute fa vie, y acquiert une perfedion
que Kart imiteroii avec peine.
Ces ouvriers font tellement habitués à mener
leur fcie, que les lames qui en fortent ont l'air
d^ivoir été polies ; et ce qu'il y a de plus furpre-
HPnt (;ncore, c'ei la parfaite égalité d'épâilVeur
il laquelle elles font refendues.
J'en ai \ni qui n'avoient pas mime un tiers
de ligne ; & fans un paiallélifme partait dr^ns le
Aru 6» Métiers , Tvmc V. Fart. IL
PAR CSy
mouvement de la fcic, elles vicndroîent à rien
fur le bord: c*eïl de ces ouvriers que les peigneri
fe fourniffent de lames dont on fait les dents.
On les commande à Tépaifleur qu'on veut ;
Ô£ pour être phyliqucment fur de cette épaif-
feur f il fufiît de les jauger » & de racler un
tant foit peu celles qui en ont befoin.
Quant.au montage des peignes d'ivoire, il cH
le même qu'aux autres ; quelques peigner* ce-
pendant fe fervent de ligneul moitié plus fin
qu'il ne fau droit , pour faire deux tours à cha-
que : jls en ufent de même pour les peignes de
cuivre, & quelauefois pour ceux d'acier ; ils
prétendent par - la remédier à l'effort de la batte
qui frappant quelquefois la dent à faux , en
cafTe quelque -unes.
Les galonniers qui fe fervent de peignes d'a-
cier , de cuivre ou d'ivoire , n'abandonnent pas
pour cela ceux de canne ; il y a même certains
galons qui ne peuvent (e fabriquer qu'avec de
pareils peignes : ils reffembLent à ceux deilinés
aux étoffes , mais on les tient plus larges &
plus épais.
Nouvelle méthode pour monter les peines propres
jiux galonniers » inventée par h Jtcur Gourdet ,
peigner à Parts ^
Li manière de monter les peignes propres aux
galonniers, inventés par le fieur Gonrdet, e(l
fi inpénicufe que, dans h province même, elle
eft très - connue j quoique lous le nom de mon-
ture Je Paris, Les matériaux qu'on emploie
pour ces peignes , fort les mêmes que pour les
autres ; ce n'ert que la minière de les monter
qui la fait rechercher* Voici en quoi cor. fille
la monture de cet uflenfilc.
Deux pièces de bo^s fervent de jumelks , Se
au hout de chacune cft me mortoifc dans la-
quelle entrent les tenons pratiqués ï chaque ex-
trémité des deux garcîc^^. La feuillure de cha-
que pièce fervant de jumelles, cft affcz pro-
fonde pour recevoir la traverfe dcmeîée, dort
l'épaiffeur eft telle qu^eHe rfïîcure lès épaule-
mens : elles font retenues en place pu le moyen
de deux petites ningies qui s'appliquent fur celle
qui entre dans la feuillure.
On conçoit aifément que quand ces trineles
font en place, elles appuient contre Tépaifîcur
des denïs qui par confé^uent ne peuvent plus
fortir de place ; mais ces tringles font eller-
mémcs retenues par trois vis , tant en haut
au en bas , qui tournent dans autant de trous
formés fur les tringles , & don: les pas pren-
nent dans les jumelles.
Il faut aflcmbïer les gardes de façon qu'cllei
affleurent rintérieur, des fcuilhires, pour que la
tringle ne foit pas écartée , & même pour plus
de foUditè , les deux vis des extr^^mités entrent
Sïf
690
PAR
en mêtne tems dans les tenons des gardes , aux-
({jjetles elles fervent de chevilles.
O a imaginé de ne placer ces dents que d'une
manière ailée à démonter , pour les changer de
place à volonté, ainû que nous le verrons in-
ceiTamment : il faut, avant de ôirer tes tringles
dentelées dans leurs feuillures, s'affurer que les
cmalUes fupérieures correfpondent bien parfatie-
nient avec celles d'en-bas, pour que les dents
foient placées bleu à angles droits avec les ju-
melles i auffi, pour plus d exsélitude » fait -on
ces entailles aux deux tringles d'un même coup ,
ca les pinçant dans un étau , après quoi on
les âxe en plice avec de la colle forte , ou
bien avec des clous d'épingles.
Il fuffit d'avertir que toutes ces pièces doivent être
conftruites dans U plus grande perfedion ; qu'elles
ibient toutes bien drerîées pour qu'elles s'ap-
pliquent parfaitement les unes fur les aurres »
6c par - là éviter le balottage ; Hc quand ce pci*
gne QÛ tout monté, les pièces de bois fervant
de jumelles, doivent être arrondies extérieure-
menr.
De toute cette machine , c*cft aax tringles dentées
c^u'on doit apporter le plus grand foin. L*aitcn*
tion de rouviier doit rouler prefque toute fur
la divifion , la largeur àL la profondeur des
dents.
Comme fai recommandé de faire les pièces ,
qui tiennent lieu de jumelles, rondes par * de-
hors feulement , elles n'eifiâent prefque pas ds
frotte mens dans la rainure du battant, quand on
fabrique Tétoffe.
L'yflenftle que je \iem de décrire a fur tous
les autres peignes beaucoup de fupèrioriré : lors-
que U monture en elt bien faite, elle peut ufcr
2uatrc garnitures de dents , ^ifent-elks d*acier.
a faculté quon a de changer les dents, d'en
ôter & d*en ajouter, foii par ufure, foit fuivant
l'ouvrage , lui affurent l'avantage fiu- tous les au-
nes* Ua peut avec un tel peigne fabriquer
tourei fcrtes de galons, dont le compte de fils
fc rapporte avec celui des. dents ; mais fi ïe
nombre vient à changer , on peut aifément aux
tringles en fubllituer d'autres dont la divifion foit
conforme au nombre defirc , quoique fur les
mêmes dtmenfions extérieures : du re^e , quand
on veut faire un galon étroit , on ne peut met-
tre au peigne que le nombre de dents nécef-
faire , & Taugmenrer bu diminuer à volonté.
Ces peignes font ordinat renient faits pour les
plus forts nombres de dents qu'on puiife em-
ployer au galon ; ainfi , dans tous les cas, on
n'en jamais embarraiïé.
De U marùère dt monur les ca^a paur ht galon*
nUrs»
Les galonniers appellent cajpti ce que les au-
tres fabricans en tiffus nonunem ptignes. Li né-
PAR
ceffiléouils font, pour ce genre de tmriU, d'é-
largir & de rétrécir fans ceiTc leurs gâtons, &
par conftquent les peignes , a fait itnaginer cette
machine : voici en quoi elle con£Ae.
C^efl une efpèce do râtelier formé de TalTeai-
blage de deux planches: vers les deux extrémités,
c(L une entaille carrée, propre à lecevoir Icii t^
nons des gardes. Chacune de ces planches cAeo^
taillée dun nombre déterminé de traits de fût
dans lefquels on place les dcnis : ces pbnclxs
font retenues en place fur Tépaulemcm é€% te-
nons des gardes, & fixées par le me yui de dctn
tours de ligneul croifés : il faut fur-tout avofrfob
que les deux planches à emaillcs aifieurent par-
faitement les gardes ; & pour que le ligneol m
nuife pas à cet effet par U groflTeur, on entaiit
un tant foit peu la place qu'il doit tmbnSkt
haut & bas.
Les chofes étant en cet état, on recooTrtla
dents d une petit? tringle qui les empêche de
tomber en 'devant, fans leur ôrer la factiJcé de
s enlever par en - haut , fuivaiit les cas.
Comme on n'a pas befoin, pour dèpticcrles
dents, d'ôter les tringles, on les fixe très-fiMK-
raent avec un ou deux tours de ligneitU
Voyons maimenam comment on place &^
place les dents.
Les dints dont on garnit cette caiTe font d'adcriir*
diiîairtment, comme celles des autres pdg«ci;
miiis elles font plus longues & plus larges: elles
ne font que paiTer dans les entailles des den
rareiux, haut 6c bas, & ny font retenues que
par -- devant^ au moyen des deux mnelet éi
fer.
Dans cet état , il ne feroit prefque pas pofi*
ble de changer ce peigne de place , uns cratoa
que les dents ne gliiïaifent de leurs Cfitaillet oè
elles font ordinairement peu ferrées ; auiï a*i-*«o
coutume de coller, en-deffous des tenons tofi-
rieurs des deu\ gardes , une bsnde de fort pa-
pier, qui en même temps qu'elle leur fcrt d^
puî , ré^échit un peu de lumière dans la ntnw
du battant , pour faire apperçevoir les cncaîto
quand on déplace quelqu'une des dents.
Il eA aifé de voir que cette manière de (bp*
porter les dents cft vtcieufe. Comme eUei m
font pas retenues fortement dans leurs entailki,
& qu'elles éprouvent k chaque coup de battue
des fecouâfes conftdérabtes • le papier cft biei^
tr^c percé , & c'eft toujours à recomoieficer. fea
ai conféré avec le fieur Lemaire , habile peip^
à Paris , de qui je tiens tous les détaîli & mm
les procédés que je rapporte fur les peigwi des
galonniers , & de concert nous avoai imfiflé
les corrections qu*on va voir , 8c <{u*il a loi-aèiK
exécutées*
Les deux râteaux , qui contiennent le« desis,
ont , par leurs extrémités , des tenons à enlbsfckr*
ment , qui entrent dans des mort oifet Ai utm
pratiquées à chaque bout des gardes, A roindt
I
PAR
giTdes , font deux tnortoîfes qu5 travtrfent d*ou-
cre en outr^ , & qui reçoivent le tenon du miliey
des bouts de chaque râteau ; on y a pratiqué des
enf ailles dêilinées au même ufage : quand ces
pièces font en place , on les y reiienr au moyen
de dcft , en-dehors des g:ifdcîr,
Au-defTous de ces raieaux eft une triverfequt
s'aflemble aiiiHà tenons Si monoifes , à fîx lignes
plus bas qu'eux dins les g?.rdes , ôt qui fert à
lupporter les dents ; & pour ne pas perdre Fa van*
tage du papier blanc qui réfléchit les rayons du
joor , pour (aire appercevoT les entailles j on peut
la couvrir également dune bande de même
papier , qui tera le même ^Œt^t : mais comme
fkn n'eft auffi gênant que de faire le nœud de
la ficelle qui retient les tringles de fer, en-devant,
nous fommcs convenus de faire repofer ces trin-
gles fur deuit crochets de fer chacune , qui en
même- temps les tint ferrées ik contre les gardes
& contre les dents ; ëc comme ces tringles
poiif roient gUffcr à droite ou à gauche , on réferve
à chaque râteau un épaulement aux deux bouts,
jnfte à !a longueur de ces rringîes : par ce moyen
le peigne fera rendu trés-foîide.
Quanta la matière dont font fjîts les râteaux^
c^eft ordinairement de corne ; la préparation qu'on
leur donne n'cll pas du rellort du peigner : Us
aichétent ces morceaux de corne chez les table*
tiers qui font les peignes à cheveux ; mais cette
matière n'cÛ pas fort bonne & fe dèjette ei^eu
de temps à Thumidité ou à la chaleur : aufTi
le fieur Lemarre m*a-i-ll-fait part de la monture
qu*il fubflituc à celle de corne.
Je crois devoir aux perfonnes qu'un long ufage
détermine à fç fervir de ces dernières, le dé-
tail des moyens qn'on em loie pour les redref-
fer lorfqu'ils fe font courbés : on chauffe un
peu fort ces pièces de cornes fur un réchaud , &
an les met refroidir entre deux planches dans
uae pre^e . Ci Ton en a la C0mmoditè ; il vau-
droit mieux encore les preffer entre deux pla-
«fties de fer ou de cuivre un peu épatiles , qu'on
auroit fait chauffer*
Neuville manière de m^nur ies cajfis^
Comme la manière de monter la nouvelle
cafle pourroît embarralTer quelques ouvriers , je
▼aif en peu de mots leur en indiquer les
moyens. On kit couper, à même une planche de
cuivre dune ligne & demie d'épaifleur, deux
régies de longueur & largeur fuffifantes ( on
trouve de c«tte efpéce de cuivre dans toutes les gran-
des villes) ; on le bat fortement avec un marteau
uni fur un tas ou fnclLime, auffi très-uni ; ce
«ju^on appelle forcer une pièce ou l'écrouir,
Lorfqu'aprés avoir paffé le marteau fur tous
les points de la fuperficie , on fent que la ma-
tière réfirte, le morceau eft ruffifammcnt dur. A
cette opération , Ton doit s^attendre
PAR
69 f
de voir augmenter en longueur & en largeur
chaque pièce ; ce qui fe fait aux dépens de Tè-
pailTeur qui eA confidérablement diminuée.
On fait, avec un furet d*acier trempé , à chaque
bout, un trou qui correfpond aux deux plaques,
ou , pour mieux dire ^ on les pince dans un étau ,
& on les perce par chaque bout toutes deux à
U fois dans un endroit où par la fuite on n'aie
ni dent ni entaille à pratiquer, mais dans une
partie qui doive refter pleine : avec un clou de
cuivre ou de fer on rive ces deux régies Tune
fur Tauîre , pour être plus affuré de les faire
égales entre elles*
On fait d'abord tes deux ép aulemens , puis
ayant marqué tres-exaâement , avec un compas ,
les divifions des dents , on refend les entailles
avec une fcic tremp^^e, dont U denture foit un
peu fine ; tii fuite ,avec la mémefde, on refend
les entaillas a chaque bout à une ég-ile prgfon*
deur.
Ce n'efl pas aflcz : il faut que tes entatlles
foient également profondes , & pour s*en affu-
rer mieux, on enchaflc entre deux règles de cui-
vre un bout de lame d acier dentée très-ûne , de
manière qu'elle déborde de ta quantité dont on
veut enfoncer ces entailles \ 6c comme 1; bord
de devant a dû erre bien dreffé. Ton fait entrer
cette fcie , qu'en terme d'ateliers de mécanique
on nomifie lime à dQJptr^ jufqu'à ce que les rè-
gles appuient fur le bord de la pièce : on dreïFe
l'autre bord des plaques , on recaîe les tenons
pour quïls foient bien droits , enfin on fait ,
avec yo foret » deux trous aux deux bouts ;
mats comme ces trous font ronds , & qu'il les
faut quarrés , voici la manière de les équar-
rir*
On lime un petit morceau d'acier de la forme
qu'on veut donner à la clavette , plus gros que
le trou qu'on a fait : on le met au feu de char-
bon ; & quand il eft d'un rouge couleur de c^
rife , on te jette précipitamment dans de Feau
froide ^ nette , puis on polît un tant foi peu
ce mandrin , non pas avec des times qui n'y
mordrolent pas, mais avec un peu de pierre
ponce ou de grès ; & quand il cil blanchi fur
fes quatre faces , on le tient au-dctTus d'un feu
de charbon fur un morceau de tûle , le remuant
fans cefTe pour qu il chauffe également- Dan*
cette dernière opération , il ne faut pas perdre la
pièce de vue un feul moment ; car on la voit
d*abord devenir petit jaune , cnfuite plus foncé ,
que les ouvriers appellent couleur d*Qr , bientôt
pourpre , & enfin bleu, ce qui fc fait prefqu'en
un ciin d'œtl : dès qu'elle commence à bleuir , on
la jeire dans de la graine ou de Thuile , & Ton
peut être adurè de la trempe, fl l'acier tù.
bon*
Comme on a du, lorfqu'on a formé ce man-
1^ drin i la hme , le faire plus menu d'un bout
que dun autre, on le fait entrer carréir*"
Sfff ij
6^3
FAR
c'eft-à-dîre , fuivant le carre de la plaque , dans
Je trou qu'on rend carré à coups de marteau ,
ce qu'on nrimnie tîa^p:( un trou ; on lime en-
fuite ce^ pièces fur toutes les parties qui leur
font communes, ik enfin on lime les rivures , &
on fépare ie^ deux râteaux : on les lime fur le
pht defliis & tïelTov:s avec une lime bâtarde , puis
avec ime ilme d^uce on abnt touies les vires-
arêtes ; & dans cet ctat, il ne s'agit plus que de
faire les gardes en bols ; mais il fei'oit bien plus
propre à: plus fulide de Its faîte en cuivre :
dan^ ce cas , on en fait une en bois , & on la
éo^x\c pour modèle au fondeur qui en coule
deux toutes pareilles , que Ton réparc & ajufte
aifément enfui te.
Quant aux tringles qui retiennent les dents ,
elles feront mieux en acier , dont on trouve
chez les marchandj de petites tringles d'un pied
de long & de toutes groffcurf-
Enfin , la régie fur laquelle repofent les
dents, peut-être de cuivre \ mais, je le répète,
il fiut être un peu habitué à travailler les mé-
taux, ou bien adroit, pour monter comme il
fïiflt une pareille czÇ^c , dotît tout le mérite eft
la f-^^ liditè , qui dépend de rajuflage des pièces
qui la compofent. Je penfe que cet uflenfile étant
fait foïgnexilemcnt , ne UiifTcra rien à déflrer aux
ourricis qui le mettent en œuvre,
DtfcTÏptton d*un peigne partlculur à certains tijfus.
T-C peigne dont je v:iîs ditaîUer la conflruftîon,
fen pour quelques étoffes, & pour des ^aies à
bardes. Dans !?< étoffes, il fert à fuppléer aux
inégalités des bandes qui font quelqirefois plus &
quelquefois moins fournies que le fond. Il a donc
fallu mettre plus de brins à la chaîne dans certains
endroits que dan<.d'jiut'''*s ; quant aux gazes ou
Ton ne mjt g«iére qu'un ou t\eux fils par dent ,
il a f il!u fournir les bandes un peu plus , ou queU
quefois le ff>nd p'»>s qnt les bandes.
Q»iniq';e d.ins b tabriq'îe des étoffes on ait
coutMme , quand le befoin l'exige ^ de faire paffcr
plus de fils dans certains endroits d'un peigne que
dans dVîUtres , il c(l cenarn qu'on ne réuiTu jamais
aufTi bien que quand ïe peigne efl fait exprès ;
fiiai'i la dépenfe devi^fîdroït immenfi , {% 1 on vot*-
loit faire faire un peigne chaque fois que telle
ou telle r-^yurc IVx ge.
Ce n'elt pîs ici le lieu d'exnliquer ce méca-
nifme ; i! fu4it , pour faire efitend e le peigne qui
Y fert , d'en donner une légi^re notion.
On dcir donc favoir qu'il y a des étoffes où ,
pour varier agréablement , on fait une bande de
laffeta? , une de fat in » une de ferge ou de can-
nelé, Ôt quM feroitâ defirer que , dans un même
peigne cliaque partie de la chaîne (m fabriquée
par une partie de peigne propre à chaque genre :
d'autres fois ^ c'eft lorlqu'on fabrique des étoffes à
kandes en or ou argent, 6i il ell certain que la
PAR
hme tient plus de place que de fimplei fils ée
foie.
QuVn fe repréfente un peigne defTiDé dans li
;)ropor ion de quatre pouces par pied , Quies destf
font divcrfement efpacé^'S , Ic^ dents des pifiîei
qui doivent former lesbaridjs , font plus frcéci
que Celles qui font del i tées à former le fond.
On peut aifément concevoir un peigne cm
les dents fuffent dans une difpoCtion inveric
de celuî-ci ; telle efl la différence qui fc trotafe
entre ces fortes de peignes ^ qui d^aillcurs fc fa-
briquent de 11 manière qu*on a vue , & ceux dont
nous avuns traité jufqa'ici : il lauc cependant
avouer que ce peigne , qui fer voit beaucoup aottt-
fois , commence à être profcrit de la fabrique dei
étoffes de foie, & qu'il eft prefque eniièrcmeiit
abandonné aux gaziers , qui même , à caufe de 11
variété qui s'eA introdu'^te dans ce geare de uflUv
ne s'en fervent pas très- fou vent.
Oj monre ces fortes d^ peignes abfoîumrot
comme t^us les autres r on y obfcrve feuï^moft
de teoir les dents un peu plus fortes dans If s eih
droits oii elles font plus efpacces ; Se pour trouver
plus d'écattement entre îd unjs qu'entre les au-
tres , on fïi fert d'autant de fartes de ligneali
qu'on a d'écartemens différées â produire,
Suppofons , p^r exemple , un peigne ou la
parrie des bandes foit en proportion ^^e huit
cents derts , fur vingt pouces ; les dents «^oi
y entreront feront celles qui auroient compofe
un ^'gne p^ii^ du même c^^mpte , air fi que te
ligneul dont en %y feroit fervi : Ci le fond ré-
pond à un douze cent fur la mt>me largeur, Id
dents & le ligneul feront dans la même propor*
tlon.
îl fuffir donc, d^ns ce cas , au peigner de bien
fuire fes divifions ^ pour qye lesb»ndci & le
fond occupent les places qui leur fonrdcrtinées, 8t
qu'il n'y entre pas plus ou moins de dents qull
n'y en doir avoir.
C'cff ordinairement le fabricant lui - méiv
qui donne au peigner les proporîint»s du pei-
gne qu'il vent faire cenAruire ;ce5 divîfions fe mf*
qiient fur une bande de papier c»u fur Mnz^if^A
de bo"s , & à chaque divifion Ton écrit k lîOii-
bre de dents qui doit y entrer,
Ap^és avoir parcouru toittes les fabrications def
pe'.gncs dans tous les genres , il ne reAe p^atqci
parler, en finiffant , delà manière d'entretenir le»
peignes ,& de les raccotnmoder lorfquM leur iiriiw
quelque accident*
De L'entretien & du raccommodage des ftïgnu^
Les dents des bords d*un peigne s'ufcm bcai»-
coup plus vite que celles du milieu ; il fsiot.dio»
ce cas p leur en fubftituer d'autres : c'cft de qvoi
nous allons doms occuper en peu de Biôtf*
En réfléchiffant fur les effets de rîncot^
de la trame dans ta chaîne ,on voit que cette
J tend fans ceffe à faire rétrécir l'ètaffc , &
p
I
PAR
rétrètiffement fc fait particultèrcment rcflcmlr fur
les bords : de là viennent ces défauts » fouveni
légers ^ qu'on apperçoit aux étofFirs prés des deux
likères; ce même rûtrécifleincni entraîne avec lui
les dents , & kur fait courra^wr une cotitîiure qui
auit au mouvemeut des brins de la chaîne, fur-
tout dans ïc< étoffes de foie.
Les dents de canne s'ufent en fort peu de temps ;
celles d'acier mèinu à la longue n'y fauroîent ré-
ûûer , 6c font fu jettes à fc coucher fur les bords.
C'efl improprement qu'on a donné à ce défaut
du peigne le nom de cathure, La véritable couchure
cil cell« qui provient de la fuEbletle du montage
ii'un peigne dont le ligneul venant à fe relâcher ,
6it perdre aux dents la direéiion d'équerre qu'elle
forme avec les jume'les ; & dans ce cas une ju-
luelle 5*avance par un bout , & Tautre par Tauire.
Lors donc que quelque dent du corps du pei>
Îjne ( car celles des lifiéres étant beaucoup plus
ones , ne font point fu;et?es à ce défaut ) vient
à fc courber , faufFcr , ou contracter quel lue autre
défeftuofité , il faut la changer ; & fi l'on croit
oblig<^ d'aller chercher un peiener pourccrie opé-
ration , Ton n'auroît jam^iis fîni.
Il eR à propos qu'un fabricant lui-même fach
rcmetiro les dents , p:ircc qu'aucun ouvrier nVft
en état comme lui de ménager b chamede i'éoffe ,
cet ouvrage devant fe faire fur le métier même.
Ce n'eft pas un fecret , quoi qu*en difent quel-
ques ou-vriers ; ou , s*ils en font un , voici en
quoi il conftAe.
On commence par retirer ie peigne de îa rai-
nure du battant pour travailler plus à fon atfe ;
fit ayant choifi quelque bonne dent d'un vîcuîï
peigne, en même compte de dents & de la même
foule , on les fiibftitueaui mauvaifts : pour cela ,
on coupe au miTieu la dent qu'on veut ôrer , &
Ton en fait fonir les deux parties , l'une par en-
haut , Tautre par eo-bas ; ce qui n*eil pas difficile ,
fi Ton fe rappelle que les dents de canne forment psr
leurs deux bouts une efpece de pe»le ^ mais il fatjr
auparavant avoir déchiré le papier qui couvre le
ligneul , à cet endroit feulement. Il n'eft pas pof
£ble de mettre la nouvelle dent darrs la pUce de
l'ancienne ; il faut agrandir cette place : on ft-
fert pour cela d'un poinçon aplati , que Ton en*
fonce entre les jumelles en - haut & en -bas ; ^
quand on juge que la place eft fuffifante ^on laii
entrer la djut ; & dès qu'elle paiTe en dt;dans de
la foule du peigne , on la faifit avec d.s pinces
fort plates & fort minces , on l'amène vers Ls au-
tres jumelles ^ & on la fait entrer dans le fécond
trou.
On peut faciliter In dtfcetî'c d« la dent par quel-
ques petits coups i m-*!*' comm? cela fatigue le pei*
gne , il vaut mieux s'en abfttnir. On change airfi
de fyice toutes les dents qu'on a à fubflituer ; &
comme le poinçon leur forme une ouverture dans
laquelle elles ballotent , on fe fctt d'un autre poin-
çon arec lequel on écarte un peu les dents voi-
PAR
695
fines , pour rendre aux dernières récartemcnt uni-
forme à toutes celles du peigne.
Avec un peu d'attention dans ce travail , on
n'cfl pas obligé de c-iïer le^ brins de la chaîne;
& il l'on a eu (o-.n à^ conf^rver la féparation de
chaq^ie dent qu'on dc[4a-e , on en rcmvt une nou-
velle dins le môme cndruit, & Tétoffe n'en eft
aucun :m,înt endommagée.
Il n'eft guère pofllble au fabricant de raccom-
moder ainfi plus de trois ou quatre dcnî» de
fuite» attendu la difficulté de rencontrer les mè» ,
mes ècaftcmens ; mjis comme il arrive quel-
quefois à des ouvriers de cnvir des peignes ,
c'eft - à - dire, de caiTtr on f^uller des dents Tef-
pace d'un pouce ou même plus • on peut le rac-
commoder fur le méiier même, ce q i eft très-
dilHcllc à bien«faire ; ou enfin on coupe ta chaîne
pour remonter le peigne plus à fon aifc*
Cette opération eft du rcilort du peigner , &
il eft a'Tez rare qu*un ouv ier ordinaire fuit af-
f.z cntônda pour la bien exécuter^ Dans ce ca^ ,
on ne prend point de dents à un vieux peigne;
on en fait d,^ neuves que l'on ég^difc d'cpaif-
fcur & de largeur , autant qu'il elt polfible » &
on les rogne, p!anc» & (imt d'excarner quand
elles fnr.t en place , même Gns fonir du mé-
tier Mais , je le répète , cette opération eft très-
dîiEcile , & demande la ni^nn la plus légère &
l'ouvrier le plus intelligent.
Ce que je viens de dire, de fubftîtucr dcf
dents neuves à celles q li fmt cafTécs , doit s'en-
tvndie du milieu dn peigne ; car quand ce font
ceîies des bords qui Omt ufccs , on entt ou ufit
les deux bouts. Ces deux expreifions, qui font
fynonymes , ne foit ccpandant pas adoptées
dans toutes les fabriques de peignes : je les rap-
potté pour les faire entendra*
Cette opération fe îAt de plufieurs manières »
mais ie n^en rapporterai que deux : Turie eft
fui vie par tous les ouvriers , quoi|ue m nns
bonne ; la féconde m'a été enf igiéc pir le
fieur Lemairc; peigner de Pari*, dort j'ai déjà
parlé , & qui a eu la complMif uic^ de la faire
exécuter à loifir f^us mes yeux. Ce font ces
deux méihôdes qnj vont faire h matière des
deux articles fuivans.
Prtmlèrt manicre de ufier ou enter Ls pnpîiSm
Pour enter un pcigrte , on commence par bttf
la g:trde d'un i\c\ bouis par tù Ton veut com»
mjhCCT ; en'^uife on reftrc les dents des lifières,
que Ton gird'- .fi elles font d'acier , fans quoi on
les néglige ; enfin on coupe avec un fort canif
les dents de c-nne juf^u'i î*endrott ou le peigne a
befoin d'être r^tcomm Je : maïs, avan'' toutes ces
opérations . il vft rjéceftivire é^ s's^u-^r diicnmp*c
de dejits que contient le pe gnc; âc pour ne crm-
mettre aucune erreur, on compte bien ejt.âe*
694
PAR
ïnent les dents qu'on retire , pour n'en lemartre
rà plus ni moins.
On coupe les dents haut & bas , presque tout
contre le ligneul qui , ne trouvant plus d'obfta-
ct« . fe déroule aifément , pour peu qu'on le tire
fuivant b longueur des jumelles ; ao moyen de
quoi, les eT^rrémltés des dents quîètoient renées
entre lei jumelles , tombent à terre*
Quand on a fait cette opération haut & bas ,
«n coupe k ligneul qui ne peut fcrvir , tout con-
tre la première des dents qui reûent , & on le
joint au nouveau , dont -on va fe fervir , par le
iRoyen d'un nœud très-foUdc , comme de tifle-
rand , de charretier , &c» En plaçant les dents
qu il doit avoir apprêtées du même compte , ou
prendre dans un vieux peigne cvi elîes foient en-
core bonnes , l'ouvrier doit fe guider fur ks an-
ciennes marques qu'il doit retrouver fur fes ju-
melle!! , & qui ont réglé ie premier montage : dés
qu'il i*€ft affurè du nombre que chaque divifion
doit contenir de dents , il proctde à remettre des
dents ; mais fi les marques étoieni totalement eflfa-
cées , il doit , fuivant la méthode qu il pratique
ordinairement > les remarquer , pour ne pas tra-
Yailler au ha fard.
Tout étant alnfi difpofé , il s'afïied devant une
tabSe , fur 1 2 quelle eft lout ce dont 11 peut avoîr
befoin , comme de dents , d'un canif, de la garde
Îfu'il a retirée , ^ ainft éa refte ; puis prenant fous
on bras le peigne » il tient contre fa main gau*
che le bout ou il va opérer , 6i en même temps
tient dans cette main les deux bouts de Ugneul ;
puis il ibce une dent, Tcntoure de ligneul haut
$( bas , & frappe avec la fourchette qui tîeni ici
M place de la batte.
L ouvrier prend cette fourchette parle manclse ,
lait palier la lame entre les jumelles, & frappe
tu tant de coups qu'il eil oècelTaire pour donner
lux dents récartcmcnt qui leur convient, préci-
fément comme on a fait avec la batte»
On répète cette opèr^uon à chaque dent ; &
quand elles font toutes en pîacc , on remet les
dcms de lifiércs , fi on ks a confervées , fmon des
neuves ; & pour les efpacer ce m me il faut , on
les entoure de deux tours de ligneul : af rès quoi ,
on met la garde que ïon arrête trcs-folidement ,
& enfin on rogne les dents ^ on les plane & ei-
carne, coiume on Ta dit plus haut » & l'on en fait
autant à fautr* bout du peigne ; car il efl rare qu'il
n*en ait befoin que par un bout : néanmoins il y
a des ouvriers qui ne Ttifent que d*un côté.
Seconde manièrt de tejler les peignes.
Celte manière de tefterou enter les peignes nedif-
fére de la précédente que par la pofuion du pei-
gne pendant ropèration.
Il faut commencer par défaire les vieilles dents ,
après quoi on place le peigne kir une pièce de
PAR
bois qu'on met fur le banc du métier à momer
les peignes.
On fixe la pièce de bois par fon tenon , dam
une mortoîfe pratiquée exprés fur la longueur du
banc, où on Taffuietiit au moyen de fa clavette*
Le peigne eft faifi entre la pièce de bois & celle
de fer , comme dans une preffe , puifque les écroui
la ferrent à volonté, au moyen des vis dont la
têie eft placée dans les entailles de la pièce de
bois , & recouverte par un morceau de bois qui y
entre à force.
On place le peigne dans un alignement cootî*
nabk , comme elks Tont entre les deux poupéw
des autres métiers. Une pièce de bois n'cf^ pUcée
là qtie pour y pofer la batte , quand la main eft
occupée à placer une dent. On met la batte à cctit
hauteur , pour imiter mieux la pofuion qu'elle tient
entre les Jumelles quarid on fait un peigne neu ,
& parce que Touvrier eft habitué à cette hautcuf
à chaque dent qu'il place , il gUflc la batte entre
les Jumelles & frappe convenablement à Técart^-
menc qu'il faut donner aux dents ; il les entoure
toutes d'un tour de ligneul qu*il tient tendu dt la
main gauche pendant qu'il frappe^ 3c enfin il aiet
les dents des lifières 6f les gardes, comme onl'a
déjà dit; & quand le peigne eft ainfi raccommodé
par les deux bouts , il recouvre les jumelles afec
une ou deux bandes de papier-
Cette méthode «ft infiniment préférable à b
première , en ce qu'elle eft plus cxpèditivc Si oc
fatigue cas tant les peignes. Je fuis perfuadè qu'elk
n*a hcfoin , pour erre univerfellcment adoptée f
que d^êtrc connue de tous les ouf riers.
Troifiime manièrt*
Quoique je n'aie promis de rapporter que dcei
manières d'enter les peignes , )e ne faurois làCiÙa
h l'envie d'en rapporter une troifième , que je ns
tiens que par le récit qu'on m'en a fAt : U voici.
Apré^i avoir défait les deats par un bout auifi avsot
qu'il ellnéceiTaire, on monte l'autre bout , qui rdie
encore entier , fur le tenon du boulon à vti des
poupées fur lefquelles <>n monte ordinairement aa
peigne f & profitant d^ renraille qui , au bout de
chaque jumelle , fert à retenir k lien des gardes «
on y attache quatre bouts de jumelles «^ fix à
huit pouces de long , auxquels on fak auffi det
entailles pour qu'ils ne s'échappent pas.
Les chofcs étant en cet état, on moote ce pei-
gne fur les poupées , comme ù on en aJloU tnon*
ter un neuf: on le tend, rut^nt qu*il cfl nèccff. rc,
8î on a U facilité de raccommoder le peigne comai;
fi on le finiffûlt neuf; mais comms la ba*^ OC
pourroît pas glliTer aifément entre les juitutks ,
on fait les quatre bouts qu'on y ajoute^ du de uW
plus épais que les jumelles mém^^s^ 8e ayant m*
tiqué une entaille au bout qui tient ces juinelkSv
I
p
I
PAR
leurs becs Intérieures s'affleurent , & ne préfeii*
tert atrcun obflacle à \a bicte quand on la fait
glitler.
• Quand un bout dn peigne eft fini , on le re-
tourne bout pour b#ut , &. on en fait iutant k fau-
tre , ie rcrvaiît des premières fauflcs jumelles ,
ainil que des fécondes » pour le fixer fur les pou-
pées ; & lorfquc le peigne eft achevé, on le dé-
monte entièrement pour y mettre les gardes : ce
que le peu oc longueur qui reftc, ne permet pas
de faire fur le métier mCme,
Quoique les dems d'acier fcient bien plus d;
réIiJiancc que ceUes de canne , on pourroit très-
bien enter les pcignci d*acier comme ceux de
canne ; mais il cil rare qu*on les raccommode par
lef bouts feulement r un préfère de les f-ire re-
monter entièrement, en ncconfervantquc les dents
& les gardes. J'en dirai un mot dans la fuite , api es
avoir rapporté les moyens mis en ufage pour dé*
rauiîjcr les peignes qu on n a pu défendre contre
cet accident.
MoAtère de déromlUr Us peignes £d:Ur^
Lîs peignes d'acier exigent le plus grand foin
pour n'erre pas en peu de temps attaqués de la
rouille. J'ai recommandé de ïes tenir dans des lieux
fecs. Cette précaution eft bonne quand ils ne ira-
vaillent pas j mais qmnd ils font placés ftir le mé-
tier , pour peu que Tendroît foh humide , ou qu*on
foit quelque temps fans s'en fervir /ils deviennent
tout rouilles, & pourroient même déchirer Us Hls
de la chaîne, fi l'on n'y remédioit.
On ôïc ic peigne de fa place, & avec atten-
tion iVn frotte les dents dliuile d'olîve , de ma*
niére qu'il n*en vienne pas jufqu*aux jumelles »
car la poix feroit en peu de temps rendue liquide, &:
le peigne fe lâcheroit. On couvre les dents de
ce côte avec de la farine ; on en fait autant dt
Fautre coté, & on laiâle ce peigne au folell ou
à la chaleur d'un poêle ou é*nn feu modéré ,
pendant deux ou trois fois vingt- quartes heu-
res , iufqu'â ce qu*on voie que la farine devien*
fOu/Tâtre , & tombe par petits grumeaux : alors
#n met le peigne à plat , avec les précautions
que 1*41 dé;a rapportées, & on le frotte avec
un bAton de faulc , coupé en bifeau de chaque
coté.
Si Ton s*apperçott que Topiniâtreté de la rouille
ne lui permette pas de céder d^ premier coup ,
on réitère Topératton ; enfin on fe fert de la
pierre ponce, fi ces elTais font infructueux.
Quand les peignes font revenus 4 leur ancien
poli » on recouvre les îumellcs avec de nouvel-
les bander de papier , atendu que les anciennes » im-
bibées d'huile , ne peuvent plus fervir , & gâtc-
roient la fiiie.
Comme les dents des peignes peuvent , par
une interruption de travail , fe rouiller fur le
miiicr p lors même que la cbaine y eft paAce »
PAR
695
fi cette rouille eft confidérable , il faut couper la
chitne pour y faire lopération qu'on vient de
voir ; nuis h ce ne font que quelques parties ,
on peut employer les moyens indiqués fur le
métier même , en prenant beaucoup de précau-
tions pour ne faire aucun tort à h chaîne.
Lorfque les dents d'acitr des lifiéres , aux
peignes de canne, font trés-rouillées , on ne fe
donne ^?% la peine de leur Câre cette opération ;
on démonte le peigne par les deux bouts, 6c
Ton y met d'autres dents , fuivant les méthodes
qu'on vient de rapporter.
Manure de remonter les peîgn:s d'acien
Pour peu qu'on réfléchi/Te fur la manière dont
la chaîne eft placée par rapport au peigne, fur-
lout da«s rinftjnt fans ce(fe répété du coup de
battant, on verra quil doit s'ufer îieaucoup plus
vite par les deux bouts qu'au milieu : il y a de
cet effet pluficurs raifons k donner ; mais ces dé-
tails feront beaucoup mieux placés, lorfque je trai-
terai de la fabrique des étoffes. Il me fuffii de
dire pour Tinflant , que l'ufure produite psr la
chàine ne rend pas les dent, tellement dèfe^ueu-
fes, qi/cUes re puifftnt plus fervir r nu con-
traire même , Ôr il y a des fibricans qui , quand
ils font faire un peigne neuf, recommandent au
peigner de fe pourvoir de vieux peignes , dont
ils prennent les dents pour en faire un nouveau;
alors il fuflit de mettre les dents des extrémités
au milieu» & celles-ci à la place des premiè-
res; on eft affuré que le po*i que leur a pro-
curé la chainc , fans ccffc en mouvement , les a
rendues infiniment préférables à toutes celles qu oa
pourroit avoir poh par d'autres moyens.
J'ai dit en queiqu'endroit de ce traité , que le fer-
rement du pas de la chaîne faifoii tendre les
dents de chaque bout vers le milieu du peigne,
à peu -prés comme une infinité de triangles ,
dont les fils de la chaîne font les cotés , le le
peigne eft la bafe : mais , par une fuie d: cette
obfervation. Ton trouvera que les dents feront
d'autant plus ufées , qu'elles approcheront plus
des bouts du peigne , & qu'elles feront ufées ,
non pas parillétement à leur largeur , mais du
côté qui regarde l'étoffe. Auffi, quand un pei-
gner intelligent démonte un vieux peigne , ne
mêle-t-il pas les dents & ne les replacent il pas
indiftinélement? Indépendamment deTufure qu'on
y appcrçoit , elles ont contrafté une certaine cour-
bure que leur élafttcité ne fauroit leur faire per-
dre, à qui tes dirige toutes vers le centre.
Par une raifon inverfe , il faut remonter le pet'
gne dans un ordre oppofé , fit par ce moyen on
difpofcra toutes les courbures en fens contraire
vers chaque bout , & le cuté nfé vers la face
de derrière du peigne. Ainfi l'on profite de la
perfeâioQ qu'a procurée aux dents un long tra-
vail , & on réduit à zéro les défauts qu'il leur
696
avôit occafîonnés : telles font les reffources ic
VintcUigence. Je n'ai infifté fur ces détails , que
parce que fort peu d ouvriers les conooiffent Sl
les mettent en praiique , & que je tie ctfTerai
d*avoir devant les yeux ravanremetie de mon
art.
Quelques fabricans ont imagmè de faire mon-
ter les dents des vieux peignes qu'ils font défaire ,
à d'autres d'un compte plus hn , puifque , difcnt-
ils, Tufage a aminci les dents. Ils ont raifon à
quelques égards ; mais les têtes de c«?5 dents ,
enfermées entre les jumelles , n'ont affu-
rément pas diangé : ainfj , fi Ton n'a la précau-
tion de fciîre remonter les peignes avec du li-
gneul plus fin qu^il ne faudroit pour !c compte
qu'on demande , les dents fe trouveront trop
écartées,
Ceft une raifon d'économie qui engnge les
fabricans k fiftre remonter leurs vieux pesgncs :
il ne leur en coûte que la façon ; & c'eit tou-
jours unt; ép/rgne des deux tiers de la valeur
d'un neuf II elt vrai que quand ils font cla iger
le compte des dcnc\ de leurs peignes , pour les
remettre dins de plus fins, Us doivent fournir
hs dents qui y entrerom de plus , & qu'il eft
toufours vicieux de mêler des dents neuves avec
des vieilles , qiï Jqjie bien calibrées qu'elles foient :
alors on fait fcrvvr deux ou trois peignes ; par
exemple , de trois huit cents , on tera deux pei-
gnes d*un mille . & les dents de furplus com-
pinfent celles qui fe trouvent toujours fauffées,
M fée s , ou autrement hors d'état de fervir.
Puur monitr à neuf un vieux peigne, l'ouvrier
déchire le papier qui couvre ks jumelles , &
avec la lame d'un canif il coupe le ligneuî d'un
bout à r;mtre haut &i bas ; au moyen de quoi
les dents ne tenant plus à rien , il peut en faire
le choix convenable : mais s'il veut garder Tor-
dre que je viens d'indiquer , il met ce peigne
aiiifi t^émonté devant lui fur le métier , & pour
pouvoir placer celles des bouts au milieu , &
celles du n ilieu aux bouts , il coupe ce peigne
exadlcmcnt par la mciné, 6c prend par- ia Ils
dents qu'il mût au bout à g.uche, après celles
des lifièref, Quand il a fini cette première m^n-
iré , comme il fe trouve au milieu du nouveau
peigne , il doit continuer par le bout d« la fc-
conde, qui fe trouvera ainC placé au milieu ,
& ainft de fuite jufqu'â la B \ On n« rejetie
que les dents hors d'état de fervir ; du refte le
Dtigne fe finit, comme on l'a dit, en enfeignant
a les monter.
Mdmère de remonter les fds,n£s de canne ou d'acier
fur le métier même.
Il n'efV point de talens, point d'arts, ou des
accidens inopinés ne vie.Tnstit quelquefois dé-
ranger k& prfcauions les plus f;igcs, rtnverfer
les mécaniimcs les mieux cjUcudus. Quand la
ch^ne d'une étoffe e(l une fois paffée dam ïït
peigne , que par un bout il y en a une certaiae
quantité de fabriqué , & de l'autre le rcfte de
la chaîne roulé fur TenfuDle » quel réméde appo-f-
ter à un peigne auquel uibitcment il arrive qocl-
qu acciJent ? On n'en a long- temps connu d*io-
tre que de couper la cha re pour fubAifuçr iia
autre peigne. Enfin , après m'èrre occupé, dèf
mon enfance, de ce que la fabrique a de plut
curieux ôc de plus intéreiTant, ['avoue qu*d a'y
a pas plus d'un an que j'ai apprjs qu'on poovotr
fubltîiutr un autre peigne fans couper la cha>ae.
Je tiens cette utile découverte d'un habile hbô-
cant d'étoffes de Fans , qui l'a vu mettre en «s*
vrc par le (leur Bordier, ancien peigner à Tours,
fur un métier de â?.mi% troché.
Voici le cas où cet expédient cft néceffaire*
Un ouvrier, négligent dans la conduite de foo
étoffe , laiffe perdre la carrure de fon n
ce qui p-ovient de ce qne les êtaies qui ...«.«.
tiflent carrément le métier en tous Cens, fe rcl^
chent fur quelqu'un des angles : alors le baïuni
qui ne frappe jutte fur la largeur de Tètoff'e , qu aa*
tant que le métier eff carrément pofé^ s*i1 vîc«t
à prendre une pofition hors d'équerre , le pcs|irc
frappant plus d'un côté que de l'autre, Pétofc
n'avance que de ce coté , tandis que Paotrc cli
fort lâLhe : bientôt le peigne fatigué des conpi
redoublés que lui donne l'ouvrier, pour regagna
cette inégalité , fe couche entièrement vers 110
bout , & ne peut plus fervir.
Cet accident peut arriver dans la longoew
d'une demi-aune d'étoffe : j'ai vu , dans une h*
brique qui m^appartenoit , un peigne de caiu>e
fe calTer au militu des dents , d'une longueur <tc
trois ou quatre pouces , en fabriquant du damas.
J'ai vu une autre fois les jumtlles fe cafTer. Pavouc
que je n'ai fu trouver d'autre moyen pour placer
un au ire peigne , que de couper U chaîne*
Dès qu'on s'apperçoit de Tentièrc couchure d*»
peigne, qui le met hors d'état de fervir , tl Ixat
difcontinuerrouvrage, & avertir promptemcTii li
peigner* Celui-ci fabriqvie un peigne dt la mtmt
largeur , de la même foule , & du nréfue o^a*
bre de dents ; 6c prenant » devant le métier où et
le peigne caïTé, la place de Vauvrier , îî eoapck
vieux peigne par le milieu , pour le fcpsrcr s^
detîx parties fur fa longueur, fans cnJammxgef
la chaîne , après en avoir ôté les gardes & kl
dents des lifiérel , ft elle; font d'acier; cnfitite îl
coupe le ligncul tout du long des jumelle» f^pè»
rieures du nouveau peigne, retire cc% juaielkl »
ôc le met dans l'état de celui dont \c^ d;.ati hé
font plus retenues que dans lei jumeUes d'co^bas:
i. remet ce peigne a l'ouvrier qui fabrique rètnffft
à qui .appartient le foin de d.tlribucr Cz iih^hit
dans îes dents du nouve.iu peigne.
Il fiirpend fon peigne eudcffouf de lachJtnr,
1 les dents en*hauE , taire la partie qui cft iM*
PAR
qnic &le reniiiîe qui ùh inotn-oîrla chaîne ^ de
nantèreque \t% dents putifent carrer comme délies*
»èmcs entre les fils de b chaîne qui > pcndini cette
opération, doit être un peu lâche , atïn de pouvoir
la dîvifer en pctitespartic* , fans craindre de rien
caiTer ; 6i pour plus de taciliic , il ne donne pns
â fou peigne ttne pofirion horizontale , irt^is un
i.pcu penchée de droite à gauche : au moyen de
[quoi U moine du peigne à-peu- prés paile au trs^
^ers de U chaîne ^ tandis q\ic l'autre aïoiiiéi eA
I par-debout.
I L*ouvrier prend une cinquantaine de fils , & l€&
place dins une dent près des lifièr^i , puis une
«uue cinquantaine quM place dans une autre » &
làiofi de fuite » jufquau dernier fil , fans obferver
[dans cette divifion aucune régie , finon que cha-
[que cordon foit placé à-peu-prês en ligne droite «
[ot non pas d\in ou d'autre côté , ce qui tiraille-
[roit la chaîne. A mtfure quon diftribue ainfi tou*
iict ces parties, on relève le peigne, jufqu'à ce
Mfi^èiant arrivé a U fin , il fe trouve dans uiie po-
fatico à-pcu-pré% horizontale.
Quand toute cette première dlvifion efl faite ,
Fauvrier place crure chaque dent tous les nls à
la place quM^ occupoient dans le vieux pcis^ne ,
& pour cela il doit favoir cxaltemcnt combien
chacune doit contenir de fib , tant de la chaîne
que du poil , s'il y en a un , pour n'en pas dèran>
Ser un feul , en commençant par un de» bouts
u peigne.
La manière la plus folide 6c la plus commndc
àt faire tenir le peigne pendant cette o^éat^on,
,eA de rattacher à deux montans fembiables à
jts pieds à pcrruQue, parce qu'on e(l fâr de
Fréca it6 & de la habilité.
Il cft aifé de fentir que les dents n*ètant rc-
tf eiïucs que par un bout ^ ne préfcntent pas un
écsrtcmcnt bien uniforme, & que par cônfécjuent
rien n'cft autTi difficile que de f^irc entrer ces
£U entre let dents : voici comnietit on y remé-
die. L'ouvrier lient de h main eauche le fil quHl
r;wi p'acer , ouvre les dems ou il veut le mèt-
re , avec U pointe d'un poinçon , & continue
PuinC jufqu*à ce que toute li chaîne fojt remifc
en p'acc ; mail pendant tout ce travail il faut
1 que lii chaîne foit un tant foit peu tendi*ei pour
Hque lev Ait fe tiennent à la plaf:e oii on tes place :
^Hilorf le peigner recomnaeLce ropêr^tion qui eft
^kte fon reiTatt, c'eA-à-dir^, de finir de moater
le Pîigne.
Il pi
prend la place de Tcavrier fahric^m « qdi eft
fi plus comn^de ; il fiie les deux jumelles qu'il
avoii ut^es , far les gardes par chaque bout , &
ache te peigne très- folide me m fur dcuE mon»
>m <» pour qu^aucun effort ne le puiHe faite
[VOir en devant ou eo arrière : enfuiie il
entre les jumelles un petit morceau de
is d'un pouce de grofi'eur ^ ou environ, pour
les tenir écartées , & avoir plus de liberté â fat-
firafecla pointe du poinçon fe bout de chacuoe»
Ans & mùitrs , Tomt K Pan, II,
PAR 6^
k meAire que vient fou tour d'écre entourée avec
le ligncul qu'on ferre foîtemenr*
A chaque dent , L ouvrier appuie ATec un des
bouts de b même fourchette dont j'ai déjà psi r lé
en traitant la manière dVmcr ou ttiler Ict pei-
gnes j mais il doit fur-tout prendre bien garde
à fe rencontrer jufle avec le» marques qu*il a
faites fur les jumelles, ^ qu'il doit avoir de\'3nt
lui y âc fur* tout il doit prendr égard:; que les dents
tbîcntbien àangks droits arec ics fomelies* • • %
Quand le peigner cft à- peu- près au milieu àe
la lotîgueur du î«e'gne , il détache les jumelles
dt d^iïm h garde de ce côté « pour que récar*
tetflcnt produit par le petit coin dr i>ois ne force
pas trop les iumclles ; ëc quand ou eft à deux
ou trois pouces de U fin, on ôte e*itiércment
la g-irde, pour avoir plus d'aifance ^ opérer, fie
c^n ne U reme: que quand toutes les dents ipnt
en place r après quoi^oj couvre cc< jumelles de
bandes de papier ♦ celles qui ont reftè ayant dû
en être cou vert ;;s auparavant.
Qi;etque attention qu'on apporte I cette opé*
ration , le peigne n'efl jamais aufli fc^Iide que
que quand il cil monté fur le métier ; j'ai ce-
pendar^t entendu dire qu'on avnit fabriqué beaL-
coup d*ctoff.^s avec un pareil peigne. Quoi qu'il
en fait ^ c*eft beaucoup que d'être vcuu à bout
dç rèp^rrr un pareil «icctd^n ; 6l le peigne ne fi-
oit-i! que ti pièce commencée , c*cft htaaroup
fî^g'icr* Cate THV.n ton tft une des plus heu-
ït'ufcs de toute la fabriqHe des étoÂTes.
ObftrvAtlom générales fur fdrt du peigner^
Les pelgners qui veulent traiter leurs peignes
avec toute U régalante poiTibie , au lieu de
f.ire le hgncul avec du fil de Uù » comme nous
i'a/ons vu , chmfiflfent la foie h plus égale
dans les foies fines « Ôc eti afiemblent pluficurs
brins , jufquà ce qu'ils aient atteint la grofleur
nécefiaire : ils tordent tous ces brins » pour
n'en former qu'un ieul quîis poiffuni enfuttc d^
la manière qu'on a vue.
On fe f;rt de ces fortes de lîgreuls panr les
peignes dciîjocs à fai-c des chenitlcs très -fines,
qji defliandent la plus grande régularité de la
pan du peigner,
Qoant a remploi du ligrfeul , ce que j'en ai
rapporté ne coodcnt que les règles générales ;
Oîi s'en écarte quelquefois. Dans lliivcr, p:ir
exemple, la poîx fe brife Se s'en va en pouf-»
ftère, en toutnant en tous fwns le fil : audî les
iHivncrs curieux de leur ouvrage, ou ne font
point de peignes dans les geléev, ou mettent
fur le métier des réchauds rcmp^ii de fcu« qui
ctUfcticnueQt autour du peigne une tem-
pérature movérée, Léié , au contraire , k li-
^neul eft i\ mm , q^t'on ne faurolt y loudxr
\]k}% chanjcr i ir que la fiiîére avoit ré-
glée : auui tr^ ks pa^'juett de lignetil
dans de Icau fraidie ; & louvtîcr, qua4,d il
Tttt
698
PAR
fem que les doits s'échauffent , les y trempe auffi
de temps en temps.
Le fieur Lemaire y dpnt î*ai parlé » a coutume
de mettre d*auunt plus de réfine dans la poix ,
que le froid eft plus grand , & il en diminue la
dofe , jufqu'à Tanéantir même , ^uand . il fait
chaud. On pourroit , Thiver , travailler dans un
endroit où la chaleur modérée 'd'un poêle ren-
dit la température convenable ; on peut fe régler
au moyen d'un thermomètre.
Les peigners ont coutume de marquer fur
les gardes le nombre de dents que contient le'
peigne ; les uns marquent le nombre de ponées ,
& d'autres celui des dents. Cette méthode eft
fon bonne ; mais on pourroit marquer fur la
longueur du peigne chaqae centaine par une
dent teinte dans de la fuie , ou bien mettre une
dent d'acier auï peignes de canne, ou une de
canne à ceux d'acie^ : p«r ce moyen on np
confondroit jamais les peignes. Cette précau-
tion feroit avantageufe aux fabricans d'étoffes
de foie, qui fournirent leurs ouvriers de pei«
gnes , dont les comptes varient prodigieufe-
ment.
l'A R
Il arrive fouvent que quelques ouTriers nféot
les gardes , d autres en font mettre d*antres , &
dans tous ces cas , le numéro marqué Ile serd :
on n'a plus de reflburce qu'4 compter l«s aeo:s,
ce qui eft fort difficile , fur - tout lorfque les fa-
bricans , à qui Ton rend ces peignes > les mêlent
tous enfemble. D'autres écrivent fur les jumel-
les ; mais cette précaution eft bientôt anéantie,
lorfque les ouvriers, voyant le papier s'uier 1
en recollent afliz fouvent de nouveau.
^ L'expédient que je fuppofe n'cfl pas de mon in-
vention , je l'ai vu mettre en ufage* trè^-arams-
geufement , & rien n'eA auffi rebutant que de
compter fix ou huit peignes de fuite pour trouver
celui qu'on cherche. Lotfque les gardes foci de
cuivre ou de bronze , on n'a pas il craindre cène
inconvénient , fur-tout fi l'on met ce numéro au-
defTous de la portée du coup de navette : au fur*
Î^lus , on peut les marquer devant & derrière.
Men des peigners ont coutume de mettre leurs j
noms fur leurs peignes ; cet ufage eft fort utile » &
met les fabricans dans le cas oe juger lequel de
pluficurs peigners travaille le mieux.'
V O C A B U L A I R E.
Acier ( peigne d" ) ; c'efl un peigne dont les
dents d'acier font retenus dans deux tringles de
métal.
AppAREiiXEUR ; on nomme alnA un inflru-
ment qui n'cft autre chofe qu'un fragment des
règles entre lesquelles : on égale les dents de
la largeu- du peigne d'acier.
AsPLE ; c'eft une forte de rouet à dévider.
Cantre ( /ii ) ; on nomme ainfi i'afTemblage
de deux montans , plantés dans une forte plan-
che.
Casses ; les galonniers appellent cajfes , ce
que les autres fabricans en tifTus nomment pei-
CoRONFLLES ; nom qu'on donne aux trin-
gks de métal » qui retiennent les dents du peigne
d'acier.
CouCHURE ; défaut des dents des peignes
d'acier qui fe renvcrfent ou fe courbent.
Couteau -scie; outil du peigner : c'efl une
lame de couteau auquel on a fait des dents de
fcie.
Crever un peigne ; c'cft en c::fler ou faufler les
dent«.
Dent de force ; c'efl la première dent du
pt'i^nc.
Dents ; ce font les parties parallèles d'un
peigne , en plus ou moins erand nombre» entre
Lfq" elles on fait pafler les fils de la cha ne d'une
éiotîc qu'on fahri.;ue.
Dressoir \ c'cft une piice de fer « comme
une fpatule fort mince par le bout » que l'on fait
pafTer entre les dents trop ferrées d'un peigne.
Ebaucher ou dégrojjir les dents du peigne ;
c'eft paffer pour la première fois les dents à U
filière , afin de leur donner TépaiiTeur con?i-
nable.
Enter un peigne ; c'eH changer les dents da
peigne de rofeau , d'i-n pouce ou decx de long
à chaque bout ; ce qui le rend prefque neuf.
Excarner ; en terme de peigner c'efl ôter !e
bois des dents du peigne de rofeau pour ne laKTâr
que Fécorce.
Filière ; pour les peignes d? canne , c'eft une
pièce de bois dans laquelle efl fîxce la lame d'un
rafoir , vis-à-vis d'on niorceau de £cr qu'on peut
écarter , eu avancer par le moyen d'une vis.
Foule ; on donne ce nom à un morceau de
bois entaillé deffus et defibus des rainures qui
reçoivent les jumelles d'un métier à monter les
peignes.
Gardes ; on nomme ainfi les deux montans
qui prèfervent les dents du peigne , Si contri-
buent à le rendre plus fo!ide.
Jumelles ; nom de d«?ux tringles de métal ,
dans lefquelles font enchâiTécs les dents du pei-
gne d'acier.
LiGNEUL , fil de lin enduit de poix.
Mille de peigne ; exprelHon ^uî défigne on
peigne à mille dents.
Peigve; efpéce de râteau plus ou moins lorg«
PAR
éùût les dents confenrent Tordre mie doivent
^rder entre eux les fib de la chaîne d'une étoffe.
• taGmsR ; ou Cûfeur de peignes » tant de canne
^e d'acier , pour la fabrique des étoffes.
Plane ; outil du faifeur de peignes dé canne :
c'eflun parallélograniflie tranchant par Tun de fes
grands cotés ; Se à Tautre font deux manches re-
courbés qui entrent dans les poignées que Fou-
▼rier tient des deux mains.
POIGN^DE L*OUTIL DE LA ROSETTE; C*eft le
renflement qui eft am miUeu du manche de la
ffolètte.
PAR
699
Ratelet; nom donné par plufieurs manu&c-
turicrs au peigne de .canne.
Rosette ; on nomme ainfi de petits cylin-
dres de fer » autour defquels font diftribués , à égale
diftance y fcize rayons tranchans par un côté &
pris au même morceau.
Rot ; nom qu'on donne » dans certaines manu«-
£iâures , au peigne de canne.
Te^er un peigne : c*eft le réubUr 1 en lui fiibf-
tituant d*autre dents.
Ttttii
700
PL A
PL A
B&QI
P L A T I N E. ( Art de là )
X/EAUCOUP d*arts utiles à la fociëti .éfant fon*
dés fur différentes propriétés reconnues des m^
taux , nous nous fommes attachés , dans le cours
de cet ouvrage , à les examiner fuccefTivement
dans leurs rapports avec les objets que nous
avio::s à traiter.
Il ne paroîtra donc point étranger au plan de
ce diûior.naire des arts , d'y développer les con-
noiflances nouvellement acqulfes d*un métal ré-
ccccment découveit , dont l'expciience 8c la pra-
tique pourront tirer des avantages fenûbles , & faire
des applications heureufes.
Pour remplir ce devoir intércflant , dans toute
fon éter.dac , à Tégard de la Platine , nous n'avons
d'autre parti à prendre que de réclamer le traité
favant tk bien dctiillc de M. Lewis , célèbre chy-
mifte & phyficicn anglois » en y ajoutant quel-
ques expériences faites depuis fon travail inter-
prété en françois par M. de Puifieux; ■- ,/ '
Cemémoire fe trouve dans un excellent recueil
d'expériences cbymiques & phyfiqucs , publié par
Dedaint , libraire , en 1768.
CcA M. Lewis qui va enfeîgqer lui - même
fur ce mhal précieux (jl dcâriiie-TuAiii^eufe.
La Pldtlnc.
An commencement de l'arntc 1749 , ou ap-
pma c!c la Jam..iqL-,e en Anglctcni: une qu;:n-
litc d'une fubiUuce métallique blanche en grains ,
qui étoit à peine connue jufqu'a'ors en Europj ,
éc quVm nous dit étic une production des Indes
^ccioent'dlts efpagnolcs , oii elle cil appeiîe f'/.ï-
tind , P'jund ùc P'into , ou Jujn bî^nco.
Le nom dci FUtina paro.i être un diminutif de
PLitJ , qui figrifie argent, & confequ::mment cx-
prln-er rapparcnce la plus fcnùble de ce corrs ,
de ce métal en pttiis grains 6c de couleur ci'ir-
gent.
Le nom de Pi:i:o qu'o;: y joint , peut faire fup-
p( 1er que c'cli ainfi qu'on appelle quelque canton
ou diftrid p:.rticilicr cii on le trouve. Je n'ai
porriant rcnf entre ce ncm dans aucune dos def-
cripticiis OU'» j'ji lue^ de l'Amérique cfpagnole ;
mais M. Crcnftedt , dans un eFai pour i.n nou-
veau fyftèmv; minerai public depuis peu en Suède ,
en parlant de la platine dans le cours de fon fyf-
téme 9 appelle le lieu d'où on l'appoite Rio Ji
Pin:o,
'■ S071 'auti'e nom de 'Juan planco, vient f>eut*éire
dfe quelques fraudés qu'on a' pratiquées avec cette
matière , à caufe de la difficulté donr il eft de
féparer Tor qui s'y trouve mêlé , ou parce qu elle
eft réfrafl.\ire entre les mains des ouvriers : car
de même que chez nous on appelle taut com-
munément Black'Jdch , une terre de couleur
brune ^ c'eft à-dire^ un minéral qui a l'apparence
d'une mine métallique » mais qui foutient toutes
les fortes d'elT^is fans donner aucun métal , les
Efpagnol s peuvent bien de la même manière avoir
donné le nom de Juan blanco , Jean blanc , ou
efpèce de métal blanc , à ce corps métallique
fingulier qui » quoique avec l'apparence & la
pefanteur vraiment métallique , & en quelque
forte malléable , a pourtant réfiÂé à tous leseffais
pour le fonJre ou le mettre en fuHon.
CnarlcG Wood , grand eflayeur à la Jamaïque ,
a va datisi cette ifle un peu de Platine , huit on
neuf ans avant qu'on en ait apporté en Angle-
terre. Il di^ qu'elle avoit été apportée de Cardia-
gène ; que les £fpagnois avoient une méthode
de la fondre & 4*en jeter en moule différentes
(brtes de:bl]oux ; que ces bijoux font fort com-
mues dan» le«|lrides occidenralesefprgnoIcs;que
l'on avoit Vp porté à Carthagène quelques livrts
de ce métal p6ur moins que* le même poids d'ar-
gent, & qu'on le vendoit précédemment a besu-
coiip plus bar. prix : il en donna quelques éclu:-
tillons au doàUur Brownrigg , qui en fit préfent, ea
1750, à la Société Royale.
Le peu de rapport qu'il y a entre ce dét..il &
le préîie'J^nt , par rapport à la fufibllité de li
platine y fc Cvnciiie atiement en examinant les
échantillons de M. Wood. Quelques-uns d'eux
étoicnt de la vériuble platine en grains, appelée
Platine native ou minérale « que nous avons tOLt
ii'jii de croire que les Efpagnols n'ont jaosa'S c:î
en état de fondre. Mais il y en avoii un d'us
mjtal a^uiel coulé y qui étoit un morceau dj
pommcLu d'une épée. On m'en envoya une por-
tion pour en faire l'eiTai , & par Ja fuite je fus
gratifié d'un grand morceau d'un lingot de à
même efpèce ce métal , par milord comte it
Macclesfield , ci-devant préfident de la Sociûc
Royale. Je tronvai que ce métal fondo.t aTtc
beaucoup de facilité ;(k, félon les apparences , c£
n'ctoit pas de la véritable platine , mais une com-
pofidon de pl?.tine avec quelques autres corps a:-
ulliques.
P L A
Comme on a iouvent confondu le métal com-
pofè avec la plituie même , & qu^on lui a donne
* ic même nom , U en cft rtifalté quelques mépn-
ic$ coofidéraMcs par rapport aux propriétés delà
platlnt , dont je ferai dj tem^s en temps la re-
marque dmi le couis de nos expériences, lî me
fu^r ici d'avoir obfcrvè que le'mètal coulé diffère
niwrieUement de la véritable platine qui fait
l'objet de ce mémoire.
La platine ne carda point à attirer rariention
écs pbilofophcs 6: des mètallurgiftes , parce qu on
lui trouva du rapport avec Tor, dans plufieurs
panicuUrirès remarcujblcs.
Cette convenance qu'elle a avec Tor , Ta fait ap-
peler par quelques-uns or hlun:.
Bi^;^llCGup de gens aulB ont été cng;igcs par là
à pcnfcr qu*cn tffsjt la pbtine n'ctoit iiutre chofe
Iquc de l'or déguifé par une enveloppe de qucî-
«uc matière éiiiingèrc ; Ôt on a cfpérc pouvoir
llécouvnr des moyens de la dépouilkr de cette
eftvcloppe , 6i 4e mettre a déccuvert l*or qu'un
luppotoit y être Cî.chè.
Mais pius en Tei^mme, p!us cette notion a
paru ridicule & peu probable, & plus on a trouvé
•deraifons pour croire que la platine efï un meta]
dune cfpéce pariculièrc^ diftinguà d'avec l'or
par ia nature , auffi bien que d'av«.c les autres
I métaux , quoique revêfu des proprictcs qu*on a
C/a fufqu a prêtent conititucr le* véritabltç carac-
tères-de Tor , ou n*ètre pofîcdées qi>e pir Vor feu! ;
^lie forte qu'on rapporte que qi^clquc^ois on a
(«mêlé fraudulcufemcnt de ce nouveau métal ivcc
l'or dans une quantité fort coofidcrable , fans quM
fiu. podible de Tcn féparer , ni de le diflïneucr
•p^r aucune ét% méthodes quon emploie ordî-
nairement pour clT4yèr IW ou pour le rafiner.
Lcxamcn complet d'un pareil cox^i a paru de
I U dcrnitrc importance , parce quM regarde non-
feulement la découverte des diverfcs propriétés
de la platine , objet déjà afTcz întéreiTant par lui*
mà.iic, maisoarciJlcmenr, ce qui Tefl encore pluji,
le moyen dVmpécherles abus auxquels elle pour-
rait donner lieu , & de s'aiïurcr de la finefic &'
1 et de la valeur du précieux métal j en forte que
H il on ne parvient pas à bire de la plaiÎGe une
IK^narchandife utile , du moins elle ne puiiTe pas
. davantage en être une dangereufe. ,
Pl*ai coirimer:cé cet examen en 1749,. mais Je
fl^ai pas eu 31 lors la commodité de me procurer
affe^ de platine , pour pouffer mes cipéricoct:s
aittilî loin que je me propofois ; car uo métal fi ex»
cmtnt nouveau, du moins
! TTiOf»'^e , dont on ne con-
'lérales , 6i en-
, méritoit d*éfte
<à toutes ^ d opérations que Ion
lie fur jcs nu'iaui , £ç à tous Jes
p^cns dcuc on trouve que les autres métauit font
afisftéfi .
hfx cânnnenccfaent de Tannée 1754» (on ex*
P L A
701
crllcnce le général Wall , pour \on ambaiTadeur
d'Efpapnc me mt en état de pcmrfuivrc mes ex-
périences , en mVn envoyant environ cent onces ,
6c dans la fuite J'en rc^us encore des quantîtés
plus confidérables par le moyen de quelques autres
perfonnes.
Les chymi/ics les plus habiles & les plus ex-
perts de rEuropc, fuivirent mon exemple , dés
qu'ils purent fe procurer de ce nouveau métal ,
èi plufieurs d'entre eux ont déjà de temps en temps
publié le iruit de leurs recherches*
La première chofe que j'ai vu imprimée for
cette matière» cftîe mémoire de M» Wood , dans
le 44/ volume d«s Tranfttftions philo Jophïquti^
pour les années 1749 ^ '75^* ^^^^ teiuarqucv
hîftoriques dont je viens de donner Tvxtrait ,
M* Wood ajoute quelques expériences faites en
partie , comme on peut le piclumer par leur évé-
nement , fur la véritable platine en gr*;inï , 6c
en partie fur le métal coulé. Une de cts expé-
riences , favoir^ le traitement du métal coulé avec
du plomb â la coupelle ^ a été rvpécéc depuis
avec pl'is de circonfpeÂion { ar le doâcur
Brownrigg,
On a tnféré , daos la féconde partie du quaram^
huitième volums des Trdn fanions pour Tannée
17^4 , le détiil des principales cxpcficnces que
j a\oîs faitL's ulors fur la platine. F - di-
vifécs en quatre mcmcî^^î^, qui ont - .de
deux autres» qui fuiit Imprimés dans m voiiMBc
fmv^nr.
Après avoir publié les quatre premiers » je fus
infoimé que M* SchclTer avott auiVi donné un
eXTimen de ce métal dans ït HandlinCétr ^ de Taca-
dcmie des fciences en Suéde pour l'année 1753.
Ccs livres n'étant pas faciles a fe procurer dans
ce pays*ci , 6c d*aïUcufS étant écrits dans une
langue que je n'entends pas , il s cil pa(Te quel-
que temps avant r iTe tirer aucun avan-
tage tU frç rccbet . \ài irouvécb curieufés
&t irr s , fie pouces , quoique moins que
je n*. . haité, beaucoup plus loin pourtant
que je ne m'y attendois , d*autant plus que pour
i*«ire fes principaics expériences, il n'avoit que
cent grains de métal crud . dont il ne put tirer
que quarante |;ratns de platine fur quoi triàvailier «
bt ^ue d'abord il r'avoit aucune notion qu'elle
pôdédat aucunes propriétés lemarquables , mais
la rcgardoii d'abord comme un minerai qui oon-
tenoit du fer. Il e(l vrai que dans la fuite ii en
obtint un peu plus , mai» ce ne fut encore qu'une
autre peiîie qu;!ntité*
Ces cxpi^riences furent hittê à h rtetititmanth-
tion de M. TaiTciTcur P *fi-
fbmié dépars peu » dan^ Im »
qnti apporta la platmc de 5 >
environ auaTfc anv avant *\' - çn
un éL% vobmt^s fut va ni du
A.,. ^, , :.,v^uis , il y ^ i^n stutr^ mémoifc
du même faraat| contenant des oblervations fur
703
P L A
quelques panles de la mine , concernant les gn-
viiéi fpécifiques des mélanges de platine avec
d^autres corps métalliques.
On a publié à ParU,en 1758, une traduftîon
françoife de tous les mémoires ci-defTus , e^cccptè
du dernier de M, Schetfer,& de mes deux dcf-
niers qui n'étoicni pas venus à la connoiffance
du traduéleur , le tout fous le tiire de la pLi-
fine , or blanc ou huitième métah On a ajouté à
ce traité Teitrait d'une lettre de Veniie , con-
tenant ce qu'on peut appeler Thil^oire alchy-
mïque delà platine» qui ne renferme aucuns faits
nouveaux , mats feulement quelques réflexions
lirces de ceux que î*âi rapporté*.
Le profeileur Marggraf , de racadémîc des fclcn-
ces de Eerlin , ayant obtenu de Londres une
certaine quanfiiè de pîatine, HtdelTus une grande
fuite d'eïpérienccs , en répétant; ou plutôt, fui-
vant qvielque'-unes des miennes , il en ajoura
beaucoup de nouvelles. Elles parurent d'abord
dans une traduéllon françoife parmi les mémoires
de racadèmie di Berlin , pour Tannée 1757, im-
primés en 1759. Depuis elles ont été publiées
plus correflement ,en leur langue originaire alle-
niard:^d.ms le premier y&lume d*une colle^ion
de fcs ouvrages chymiques, dont on attend avec
empreflement la continuation.
Il y a, dans les mémoiies de Tacadèmie des
fciences de Paris ponr 1758 , imprimas en ij6y y '
un mémoire fur ce métal par MAL Macqucr &
Daumé ^ conjointement, qui outre qu'ils ont ré-
pète ^ varié plufieurs de mes expériences, donc
ils ont tiré quelques nouvelles conféqucrnccs » ont
expofé la platine à un agent que les autres
n'ont pas eu la commocité d*c(?ayer, je veux
dire , i un grand miroir ardent concave, Tls avoient
reçu leur platmc de Madrid , dou on leur en
avoit envoyé une livre.
Voilà à ma connoiOaiice les feuls écrivains qui
Aient traité de la platiitt exprcdcmcnt ^ fit en
aienr fait des expériences. Quelques aurres cr ont
parlé par i>cc«fion feulement , particulièrement
M» Cronftedt & M, Vogel , dans leurs nouveaux
(yrtémes minéraux. Le premier en a donné en
général un dctail fort exa^ ; mais le dernier me
* paroit s*être mépris en plufietirs points ^ dont je
ferai mention en leur lieu.
Dcf^uis la publication de mes expériences dans
les Tran/afiions philoft?fhiqufs ^ j'en ai à diffé*
rentes fovs ^^outé d'autres, 6t j'ai tâché d'afler-
tiord" quelques propriétés de la platine qu'on n'avoit
encore touchées que Tuperficiellement. Maintenant
• il ne manque plus rien ^ par ra^poii à ce métal ex-
fraordinaite , qu'une hiilairc régulière de ce qu'on
a tait jurqu'ici , ou un coup d'oeil fuivi des expé-
riences qu'on a effayces fur cette matière. V<Dilà
rob]Ct que je me propofe ici i je citerai par-
tout les auteurs des faits qui ne font pas lires
de mon propre journal ; &t quand je rencontre-
lal quelques doutes en comparant les différens
p L A
détails , je ferai de nouveaux eflaU par
même*
Defcriptwn de U Platine»
La platine en grains , telle qu'on f apporte en
Angleterre » eft d'une couleur blancliàiTC bril-
lante , un peu approchante de celle de Tardent,
mais moîns blanche ; c'eft probablement de cette
relTembiance , qui devient beaucoup plus gtande
quand ia platine a paiïc par certaines opcratiom,
Qu'elle a probablement tiré fon nom ^ comme ûd
la déjî remarqué. M. Macquer, compare fa cou*
leur à ctllc de la grolTe limaille de fer non tooîl*
lée i mais tout ce que j'en ai vu ètoit de beau-
coup plus blanc qu'aucune limaille de fer* Ccttt
diftérencc d'avec le fer a été aulTi reoiarqttèt
evprciïèment par M, Scheffer ; car dam le teapi
même qu'il ne (oupçonnoit pas encore la pbbne
d'érre un nouveau métal diAingué des aurres ,
il difoit Tavoir prife pour du ivr qui avoir été
bbnchi extérieurement par quelque accideoc
M« Marggraf ditcuc la couleur en e(l d'un bbiç
qui tire un peu fur celui du plomb.
Autant que j*at pu le remarquer. Pair, Vhù'
midiié , ni aucunes des exhalaifons qui fomrépaih
dues communément dans rathmofphere , ne a^
nitrcTvt ni naltètent la couleur de la pianos. Êlk
réiifîe aux vapeurs qui décolorent TargeiiT , à
par oit auffi permanente oue celle de Vot pur.
Les grains font de aiffé rentes grofTeurs. D j
en a d^auïTi gros que de la graine de Un , mÎA
U plupart font beaucoup plus petits. Leur figure
aulTi eA variée & irrèguliére ; les uns approcheiK
de la forme triangulaire , & d'autres plutôt de
la circulaire. La plupart font plats ^ jartiais do-
butatrcs > 6t bien peu ont une convexité remarqua*
ble. La furface en e{l unie ^ & les bords & ks
angles en font généralement arrondis. En les a>
minant au microfcope , la furface parott en qtic^
ques endroits raboteufc ; les préémîneiices en
ont Tair brilhnt & poli ; les cavités font nte
& d'une couleur fombre , comme ft oq eût ^
ché une matière poudreufepar-de{Fus. J*at m 00
petit nombre de grains qui ont été attirés, quoi*
que ttès - foiblcment, par uoe barre de fer ér
mante.
Suhjlanccs miUtt avu U platiné luthu
Il fe trouve plufieurs matières hètéro^éfieiefllf^
mêlées avec les grains de platine. Quc&qite»-vMi
font cfi petites particules ou poufTière , qu^ot ci
peut f^ parer avec un tamis fin : d'autres (rat
plus ^rande^ 6c peuvent fe distinguer à ta Vtti
ëi même en é^re triées. Ces fubilances « da «min
dans les différentes parties de platine que )'&
vues« étoient les fulvantes :
t^. Une quantité confidérabte de pouflîète M»-
tàire I qui paroiffoit compofée do deitt fi»Ub*»
P L A
ccf fIiiïembUbt€$ , une partie ayant été attirée
vi^oureufement par une b^rre magnétique , & le
rcrfîe ne rayant point éié du tout, La partie attirée eA
' d'une couleur noire brillante & toncàe qui rsf-
ft^mble beaucoup au fable noir de la Virginie : le
rcrte a un; nuance brunâtre , avec plufieurs par-
licules huilantes cotre - mêlées , qui paroiuenr
I être des fragmens des grains de la platine elle*
I même.
U cA probable que la rude(û: Sl U couleur nbf-
»ciife des cavicés des grains de platine , & h qua-
lité magiéiique de quelques-uns de cesgraius^
pro^icnrent di quelque portion de ces poudres
étrangères » qui y font adhérenreSt
i*^. Ou a oiiftrvé parrrt les plus gros gr.iîns de
platine ^ répares par le moyen d'un tamis clair ,
■ ' * s particules Li^une couleur obfcurc » irré-
I , quelques-unes noirârrcs , d'autres avec
KLjit. a ;4nce de rouge brunâtre , reffemblant en ap-
B|iarcfjce à des fr^igmens d'cmcril ou d* pierre de
fouche. Quelque:: uns de cwuxci éroieni atiirés
par raimant fort faibUm^nt , 6c les autres point
idu tout, Li pouiïiére non magnétique du para-
igraphe précédent paroit n'être que des fragmens
Ipîus petits de cette dernière efpèce de m^rîèrc.
I 3*. Il y avoit quelques psrricules j-^jnes tk ru-
lil^s , fort maUé^Kcs f qui paroi (Toit être de Tor^
lniils non far.s un mélange de platine. On don-
Incra ci après un plus gratid cx*,iuen de c-s par-
[ûcules d'or. Leur qi^antltc diffère dans différenies
[parties du minéral. Douze onces du plus riche qui
une fait patTc par «es ma ns ?yant été triées avec
t£o\n avwc r^idc d'une loupe « les grains jaunes ,
Icnti^rcment nu en pittic , n*ont monté qu*â en-
ivlron la pcfantcur di diux deniers , ou une par-
|tk fur Cent vingt du mucte.
4*, Peu de globules de vif-argent contenant de
For f »vec qnclqucs particbles de platine entre-
isaèliîes & très-fortement adhérentes. Mitg^raf
[a obfcrvé pareillement un peu de vif-argent parmi
le la pLtine quM a examinée « zyant été indi.tt
Ejk U regarder avec aaeiiticn , en tr uv^nt q^ue
Icuand i! eut pouifé une or.cc de pl.-:ine k un tcu
PL A
705
pouïl
eu
fvîolcnc , dans une retarte de verre , il paiT.; dans
le rccîjicm un peu de véritable mercure coi^-
1mm. Vogcl a rangé ^u nombre d^s proîiiéiés
ncHivcltcs de la platine , ctccouvcrtes par Mr.rg-
Etaf, qu'elle dunne du vif-af^cnt , & qu'elle con-
[tient quelques parties ma^nctiqucs , quoique la
Lprcmtere de ces dirux choies foii apportée parti-
iciilîerement dans le premier de me< milmoires , im-
f>rîïTièv d a ni les Tr^fffjÛItïns p f^'cfs^fhiques ^ &que
_ a f ► conde foît non feulement en cet endroit ,
i4is cfiCjre qû*elîe ait été reconnue par fou5 ceux
|tat ont donné Je détail de leurs expériences fur
' ce rrMuraL
^*. Quelques belles parrîçuks tr^nfparentcs &
rf^ns couleur , qui fe taff- ' nent fous
le uianeau , & fur lefqrv te n'^gif-
{oïi pas fcAlibtemeot. Ce iuat prôi^ai^tciDenf des
fragmens de Tefpcce dure de pierre , qui enve-
loppe fréquemment le métal dans les mines » &
dans lefquels on trouve le plus fouvent logé Tor
natif que les allemands appellent quart^ , mais
à qui op n*a point encore * que je fâche ^ donné
en anglois aucun nom diAinàtf.
6 , Fort peu de particules irréguliéres d'une
couleur noire d'* jayet, Cdles-ci fe calToicnt bien
sifémcDt, & reiïemblolent à des efpéces fines de
chirbon de terre. Mifes fur un fer rouge , i^lie*
ietérent une fumée jaunâtre , 6c t jpndiftnt une
odeur comme du charbon brûlant.
Les obfervations précédentes do nnenr quelques
raifcns de foupçonn-rr que ce minéral n\ft pas
Venu jufqu'à nous d.ms fa forme naturelle \ qu'il
a été probihlemeni broyé dans les moulins , 6c
travaillé avec le mercure , pour en ot aire les
particules d*or qui y étôîent mêlées. Mais nous
confidérerofTS plus parriculiércment fon hiAoîre
minérale, quanu nousaurons fini rhifioire des expé-
riences ; car jufquc-lâ certains points ne peu-
vent pas être fuflrifainment entendus. Il faut feu-
lement faire attention ici que toutes ces matiè-
res font abfolument aivcntices à la platine ; que
leurs quantités varient beaucoup , & que d^ns cer-
taines parc J!es il femble en manquer une ou plu-
ficurs enfemble : h matière magnérlque ou ler-
rugin'ufe cfl toujours la plus confidérabîc , &
peut-être le feul mélange conAant Je ce métal.
Grav'ué fptjklque de U flatme.
Le minéral appelé pLtlnt étant , comme on là
dc]i vu , Mn mélange de miuercs fort diFcmbla-
h'es , qui ne font pas umf »rmément fondues en-
fem!;*e , j'en ai pefé hydrùAiiiiqucoient plufii^urs
parccîUs diScrenics , prenant tantôt quatre ou
cinq onces pour une expérience » & dans une
autre douze onces. DAns la plupart des effats
la gravité *>ft trouvée à celle de Teau , à peu-
près comme 17 à \ ; cilc n'j jamais été mjmdre
que 16, soo ♦ ni plus g^^aHc qu- 17, 2.0a. La gra-
vité de U platine a étc*ciïr*minée aufîi par Je
do^^cu^ Pcmberton & M. Elliçott • qui tou« les
dc^ux <^ni rapporté qnVlir éîoit cftviron 17. Feu
M. Sparkcs m'a \v\tormk qu'un échaniiUon dont il
a h%t TcfTai » n avoit rendu que 16 ; âc le do^Slrur
Davîes dit qu*il eu a pcfé une parcelle dant la
gravité fe trouva é*re 17,13^.
Pouf.ipprocher, autant qu'il cA poAîble^de U
pefantcur fpéc ifique de la platine pure , j'ai fl*prré
itn^ quantité des p!us gros grains avec un lAmis
groAîer , & j'ai tâché de Irv ncftoyer de la pouV
ficrc qui pouvolt y i;trc .idhcrcote, en les faifsnt
b::)uvJλ'' ^^^^ l'cï»" f<^nc » & les mêlant avec du
fcl ammoniac , 6t fofçint le ftl d*cn f-ntr par le
(c\A M & cnfuite Us bv, nt cî.^ns oc TeatiJ* i m uvé ,
après bien des cCai* , que la griviré de c^iii*ci
étoit de plus de t8 , quoique avî:c le m crfccpc
on découvrit encore une portion de matière aot*
704
P L A
râtre dans leurs cavités. Le thermomètre de Fah-
renheit étant à 40 degrés , une quantité de ces
grains , qui dans Tair p^foit 642 , pefa dans l'eau
diftillée 606 \ , ce qui fait revenir la gravité fpé-
cifiquc «1 iS , 213. Ce fut fans doute les plus gros
& les plu? pu. s que M. Mar(|;graf examina, quand
il ('xa la gravité de la platine à celle de Ter , comme
18 \ cit à 19.
La pefanteur remarqu ble de la pUtine parolt
avoir été principalement ce qui a fait croire qu'elle
où riche e.i or ; & beaucoup de gens infiAcnt en-
core fur ce point , comme une preuve qu'elle l'eft
en effet , conformément à Taxiome général dort
on a déji fiit mention dans l'hiitoire de Tor , qui
a été unlverfellemcnt adopté depuis fi long-temps ,
qu'on ne peut pas f;: perfuader aifément qu'il foit
faux ; favoir , que comme le mercure eft de tous
les corps connus jufqu'ici , cdui dont la pefan-
teur approche le plus de l'or , tout corps qui eft
plus pefant quî le mercuredont la gravité eft en-
viron 14 , doit «léceîTairCment contenir de l'or. En
confcqucnc2 on a a'Turé que la platine contient
un vingtième , un dixième ; d autres ont même
été jufqu'à prétendre qu'elle contencit un quart
d'or pur , le* refte n'étant qu'une matière ferru-
gincufe qui enveloppa l'cr.
Mais n 0/1 fuppofe que la platine contient
même cette dernière quantité d or , je conçois
que la même difHcultc fubfillera encore ; & que
l'axiome fera auffi efficacement détruit que fi elle
n'en contenoit point du tout. Si la mntiérc, mêlée
avec l'or dans la platine^ eit ferrugineufj , on ne
peut pas admettre que fa gravité fpéciâque foit
plus que 8 ; car le fer pur feul re monte pas à
cette pefanteur. Or fi huit parties de cette matière
perdent x dans Teau , 30,000 parties perdront
5750 , & 10,000 parties d'or ( la gravité de ce
métal étant 19,300 ) perdront, 0518 ; de forte
que 40,000 parties du compofé perdront 4268 :
ainfi^en divifant 40,000 par 4268 , rous avons
9,372 pour la gravité du compofé. La gi^avité
lie la platine ne devroit pas être plus forte que
cela , fi fa compofuion étoit telle qu'on la fup-
pofe ; de forte qu'une partie d'or enveloppée
dans trois de matière ferrugineufe eft bien éloi-
gnée d'expliquer la pefanteur du minéral. Pour
taire que fa gravité (oit 17 , il faudroit que la
quantité dor fût de dix parties dans 11 de la
ma (Te.
Si on fuppofe que la matûère mêlée avec l'or ,
n'fft point du fwr , mais quelque chofe d'une
nature plus pefante , examinons quelle doit être
fa pefanteur. Si l'or eft mêlé avec trois fois fa
pcunteur d'un autre matière, & que la gravité
du mixte foit 17 , alors 4 parties ^ d'or , & xa Jde
l'autre matière, perdront enfemble 1 dans de l'eau.
Lis 4 i ou 4 , 25 d'or perdent 22 dans l'eau ;
de forte que 12,75 de l'autre m:itiére doivent per-
dre 78 , d'où la gravité de cette dernière revient
à plus de j6: par conféquent fi on fuppofe que
P L A
la platine contient de l'or , parce qu'elle appro*
che de l'or, pour fa pefanteur (nècinquey il faut
encore admettre qu'il y a une lubftance qui fait
le même effet , quoiqu'elle ne coiuîeifce point d'or.
On a objeâé contre cette inaniére de raifon-
ner l'or dégradi de M. Boyle ) qui cependant ne
me paroit point du tout aff~âer l'argument; cv
dans le procéda deBoyle,la gravité de l'or, par
le mélange d'une quantité peu conCdcrable de
matière étrangère , éprouva une diminution d'en-
tre la cinquième & la fixième partie , probabl^
nentpar les cavités accidentelles qui ètoientdai»
la maiTe : au lieu qu'ici » fuivant la fuppofition
dont nous avons parlé, la gravité du compofé,
loin d'être diminuée 9 eft augmentée prefque as
double de ce qu'elle devroit être.
Il peut y avoir à la vérité quelque ▼ariation de
gravité par le mélange de deux corps l'un avec
Tautre ; mais je ne crois pas qu'il y ait auau
exemple d'un accroiffement tel que celui-là. La
grande pefanteur de la platine , au lieu d'être uik
preuve qu'elle contienne de l'or , fournit plurôc
une préfomption que c'eft un corps pefanc , dit
tinâ de lor.
Malléabilité de la Platine.
Quelques-uns des grains plus purs de platine,
en les battant k coups modérés avec un marteau
plat fur une enclume unie , fupporcent d'être
étendus en plaques minces , uns le brifer ni k
fendre fur les bords : quelques-uns fe font ger-
fés avant que d'être beaucoup aplatis , & ont dé-
couvert intérieurement un timi ferré & greno ;
d'autres fe font trouvés Ç\ caftans , qu'ils ont été
réduits en pouJre fans beaucoup de difficul».
Lts plus lizns même fe font brifês par de rudes
coups dans un mortier de fer ; & ils ont p:ru
tous être plus caftiin^ quand ils étoient rouges.
qu'À froid.
M. Schiffer, avec fa petite quartiié de p^atir.e .
n'a pas remarqué que les grains fuffent plusl'anslrf
uns que les autres. Les particules qu il a e^Tayjes
s'étant trouvées de l'efpèce la plus malléable , i! :
dit en général que la platine eft un métal z\:\.\
malléib'e que ic meilleur fer. M. Macquer f:ir-
ble auffi n'avoir fait l'effai que d'un feul graî.^
Il dit qu'il a pris un grain des plus gros, & quî
l'ayant battu à coups modérés fur une erclun»;
d'acier , il a trouvé qu'il fe laiftbic aplatir m
une lame affcz mince , qui cependant s*étoitge^
fée en continuant de \\ battre. Mais M. Marg-
graf en a tximiné plufieurs grains, & a remar-
qué la même différence que moi dans leur mal-
léabilité : les uns fe font étendus confidérabie-
mcnt ; d'autres fort peu , &. ont été brifês aprè?
quelques c^ups , tandis que d^'autres ont fupp^in.
d'être étendus en lames fort minces : il remarçj:
que CCS derniers , pour la plupart , cioiect le»
grains convexes.
■s^
r LA
Ad rtttc , comine beaucoup de cet gftini fooc
CD aip4rc;nce é'une malléabilité conCidzrMc , 6l
Sue U qualité c^^Tante des «ut^s provient , Taiis
ouic , de quelque caufc accidentelle , nous ne
pouvons en jit>cime manière refurer à la pLitloe
le ivt^ de métal malléable, quoiqu'il ne pi^ifle
pis rè^uUer de cette propriété un grand avan-
tage, à moms qii*on ne trouve des moyeos d'unir
Ici grains cnfemblc pour en former de plus gran-
H^i ma Ses.
I ta pldwjt ixpope au feu dans des valffcaux.
l\ Une once de platînî » contenant fon mè-
lanjge ordinaire de pouiFière mignétique, fut ex-
posée pendant quclqae temps fur un feu rouge m^-
<lèrèdansunecui!lcr de fer L^s grains blancs derîn-
tcnt d'une couleur obfcure, & perdirent prcfque
ItfUT éclat métaJlique; 6t TaLmant ne fembluitplui
attirer aucune paiite du mixte : à d'autres égards
on ï\y remarqua point de changement.
a*. On poutfa jufqu'à une forte chaleur it>uge »
Ïlufieurs onces de la plarine purgée de la pouf-
ère noire , & dans laquelle on ne voyoit point
de particules jaunes ; enfuite on ks éteignit
iMiM de Furine. La platine perdit fon brillant
comoie auparavant : beaucoup de fcs grains pa-
ir«isi I30tritres , d'autres d'un brun reuillé ou
tougcitre , ÔC quelques-uns d'une forte couleur
" ne; ces derniers (c trouvèrent plus malléables
î|uc la platine « & fcmblérenc àue co grande par-
fie à'or.
Surpris de cet événement, & imaginant d*abord ,
ïonf^ormément k l'opinion commune , que la pla-
tine ivoit fouffert une décompofition , ou s*étoit
Jépouillccde fon enveloppe» je répétai Tignition
& rcxtinâ:on plus de trente fois » ètanchant la
matière lajirdt dans riirine , tantôt dans une fol u-
fion de fcl ammoniac & d*autres liqueurs falinci :
Il platine lefta toujours de la couleur obfcure
qiiVIe avoit cor.traâée d*dbofd , & on n*y put
apercevoir davaniage aucuns gr^iins d or.
En cEaminant ic rc fiant du paquet de cette pla-
tine , Vor que la première iguition avoit donné ,
fui irés-facr^e à expliquer. Les particules d'or mê-
lées naturellcmcut dins h platine , étaient cou-
ver rci de miTiure qui faos doute , avoit été
•jouié d^n^ le d^^lfein de Pcx traire ; & le m^r*
cure s'éva^orant ai fcu , avoit laiffc Ï'qt fous Taf-
pcâ qui lui e/l propre*
Il cfl poffiblc que d'autres pviiïent avoir été
trompés pir de femblables apparence! , & aient
peufé qu ds avoicnt produit de l'or de la fubOance
de U p'a ine méJiCi au lieu qu'ils s'avoicnt fait
que rjilTcnblcr dci graine d'or, qui doivent être
iC^atdjs corn m ^ ent ercmeit adventices à la pUtine.
3*, Li platine ayant perdu fa couleur par lej
dcui eipéfiences pr^cédcrrtcs , fut mife dans un
creuftt qui ècott couvert , & tenue pendant une
demi bcure à un feu affci vif , ïui^i'itn pour
iDCttre en fi^ftofi du fer coulé. La ptaùnc perdit
/iru 6t Métit/i , TQ^t K Paru IL
P L A
705
■ tin
h
U mauvalfe couleur qu'elle avoir contr^Aée à une
cluleur plus foible , Oc devint plus biiîlante &
plu^ blanche quVlle r/avoic été d'abord. Les grains
îb loignireni cnfcmble, de façon à forrir du crcu-»
fct en une mafTe j mais ils fe féparèrentde nou-
veau fort aifcmcnt, d'un feul petit coup » £k ne
p;injreiU pas avoir été du tout fondus , ni avoir
cliangd de ^gurc.
4*. Un peu de cette platine brillime , tenue
pciuiant une heure fur un fieu rouge modéré ,
contraûa une mauv^fc couleur comme aupara<»
vaut ; enfuite ayant été pouïïce vivement à un
feu violent» elle eQ redevenue brillante prefque
comme de l'argent. J'ai effaye la mallêabiliré de
pluCcurs des grains , tant dans leur état décoloré
que dans leur état brillant ; j'ai trouvé que dans
i un & dans l'autre « comme dans le minéral crud ,
quelques-uns ont fouffert d'être étendus coofidé-
rablcment, tandis que d'autres fe font getf^s, ou
ont été brifôs par un ou deux coups de marteau.
5". J'ai poursuivi àcffayer l'effet des degrés de
chaleur plus violens , ayant approprié pour cet
effet un fourneau ou forge avec dem paires de
grands foufflets. J'ai pouue dans ce fonmcau avec
un feu de charbon de terre , pendant plus d'une
heure , une once de plattae dans un crcofet de
plomb noir.
La chaleur étoit fi vleîentc , que le crcufet
fe vitrifia en partie \ & le morceau de brique
de Windfor » dont il étoit couvert , quoique rc*
vêtu d'une couche mince d'argile de Sturbridgc ,
de même que les parties intérieures du fourneau
vts-à-vis des fouflieis , le fondirent 8c coulèrent.
Les grains de platine demeurèrent fans être fon-
dus , n'étant que fuperficiellement unis en une
maffe de la forme du fond du creufct, leur cou-
leur étant de beaucoup plus brillante & plus ar-
gentine qu'elle n étoit d'abord ; fie ils parurent
unis plus fermement que ceux de rarticle } ci-
deffus f qui avoient (outenu une chaleur plus
' foible.
6*** L'expérience précédente fut répétée pltj*
fieurs fois dans différentes fortes de crcufcts ,
tant d'Allemagne que d'Angleterre , avec des
feux de charbon de bois , & de charbon de xcne
de toutes fortes. Dans tous les feux les plus vio*
lens que j'ai pu pouffer, tels que ni les meil-
leurs creufets , ni le fourneau ne pouvoicnt les
fupporter long- temps , la platine oc parut ni fe
fondre » ni s'amollir , ni changer de figure, A la
vérité j'ai obtenu quelquefois un jtiit nombre
de gouttes globulaires de U grofleur du petit
plomb , d'une furfacc unie , qui fe caffoient aifé-
inent fur Icaclumc, & étoient en-dedans d'une
couleur grife : ces gouttes avoient été évidcm*
laent fondues ; mais il cft probable que ce n'éroît
pas de la platine pure ^ 6c que la tijfion étoit
duc à un mélange de la partie ferri^gincufe du
mméral ou des grains d'or ; car uuand on em-
ploya ks grains de pUtlnc uiié* & les plus pues »
Vvvv
jo6
P L A
jamais on ne vit aucune apparence de particules
f<>ndues j & ces parcelles de minéral qui avoient
donné une fois quelques gouttes fondues » ne
pouToieut plus jamais en fournir davantage «
quoique pouiïèes avec des feux au moins aufG
violens que la première fois,
La cohéfion des grains de platine parut com-
mencer à une chaleur rouge paffablemcnt forte ,
& devenir de plus en plus ferme , à nfcfure que
le feu étoit pouflTé plus violemment , quoique
Jamais je ne les ai trouvés affez cohére ns pour
réfifler à un petit coup de marteau. La couleur ^
après le feu violent , en étoit toujours blanche
& brillante « excepté à la furface de la maiTe qui
étoit fou vent changée en un brunâtre obftur ,
avec quelquefois une foible nuance de jaunâtre.
Dans une expérience fur-tout , le métal ^ après
avoir été chauffé vivement , ayant été éteint dans
Teau froide « les grains qui compofoient la par-
tie inrérieure de la maile , acquirent une couleur
violette- ou pourpre.
7*'. J'ai lire des particules les plus grande*^ &
les plu% brillantes de plaiine , jL.fqu'à la pefan-
teur d'environ cinquante grains , & je les ai éta-
lés fur le fond d'un crc ufet uni. Le vai eau
étant couvcrf » 5c tenu à un feu véhément , comme
dans les eipCTicnces ci-dêlTu«i , pendant environ
une heure , la' platine ne (e lia que très-légére-
ment ; Ôt ayant été r^mife d^ns la balance , elle
l'emporta en quelque forte fur fon propre poids
qu'on avoit lailTé dans le plateau de h balance.
D'aprèi cette expérience qui fut répétée deux
ou trob fois avec le même fuccès , j*ai conclu ,
d^ns mon premier mémoire pubHé dans les
Ttdiifddhns pk.lofjfh .juts , que h plitine ne
perd pas de fon poids dan> L* feu. MM, M-irg-
jraf à *Micijuer ont trouvé depuis qtç non-
culement elle ne perd pas , mais au contraire
qu'elle acquiert té Uemeni de la pefanteur , &
que quând le feu cû comi nuè un peu long temps ,
le g«iin quelle fait eil fort conftdérable*
S*». M. Me.rggraf a mi't deui onces de pla-
tine crue dans une alTi^ite à fcorificr fous une
innutfle , fît a pouiTé un feu violent pendant d.ux
heutés » remuant de temps en temps la platine
avec une b. guette de fer. Il a remarqué qu'il
iï*en fortoir aucune fumée ; que quand elle fut
refroidie, la platine avoit T^ir de hachures de
plomb réunies enfembte , mais plus noires &
fans leur lullre méialhque ; & que fon poid* »
loin d'être diminué , èioit augmenté ; car elle
pefoii 1 onces lo grains > ou uu ^ plus qu'aupa-
ravant.
9Û. îl répéta reypcrience avec une once de
latine d ns un creufet couvert , placé fur un
uj port convenah'c , djn% un û'urneau de fu^on ,
qui, au moyen d*un long luyau fous le cendrier
pour y j ortcr l'iir , & d'une chs-minéc longue
& étroite au fommwt , do a ne un feu f lus violent
f;
tu
PL A
que tous les autres fourneaux de (on UhonSi
loire*
Ayant entretenu le feu dans fa plus grmde
violence , entre trois & quatre heures , l^ pU*
tine fe trouva attachée enfemble , mais fao% êtr«
fondue , & pefoit cinq ou près de ùx grains dt
plu§ que d'abord » ce qui fait p(us d'ujic Wt
partie.
Il remarque que les grains furent affei facile^
ment féparès d'un feul coup de marteau ; q«t
ceux qui éi oient dans Tiniéneur de la maflTe étoknt
plus blancs qu'ils n'ttoicni d'abord , mais qiillf
avoient lotijours conicr%'é kur première forme |
6l que quelquci uns d'eu^ (oufFrireni d'éat
aplatis fous le marteau*
lo^ M. Macquer a mis une once de plattm
dans un creufet d Allemagne , ik f^ espufée I
un feu violent pendant einquante hcurc% , dam
un fourneau dont la chaleur , quand elle fut eofi*
tinuée pend.nt un tel ti^mps, étoit capable de
fondre les mélanges que M, Pott dit , dan» U
LiihQgeognaJta , lui avoir donné les verre» Id
plus durs et les moins fuitbks. En examinani h
platine après cet eifai » tl trouva qu'elle n'ètoit
pas fondue » & que Les grains n'èîorent que coLltt
enfemble» de manière a ne formt^r qu'une feule
mafTe qui avoit eiaftement la 6gurc du hat
du creufet » & qui s*étott retirée au point de fonir
librement du vafe ; que toute la Turfiace de cette
maïTe étoit fa^ie & noircie, & s'étoit ihangéx ett
une couleur d ardoife, avec dimirution de rêctx
métal lique ; que la partie intérieure du creufcf
où la platine l avoit touché « étoit teinte ci^miiii
f» on y eût cakiné de la limaille d^ fer ; U qii't»
pefant la plafiffef après L'opération « on Tavoig
trouver augmentée de quatorze grains , c*e&-è»
dire , d'environ un 41* de Von poids.
La mêm- platine» foumifc k une autre opéré'
tion fcmblablc à la précédente , a reçu une auf
meniation de 2 grains ^\ds forte» TaugiAtoutipa
totale étant de 16 grains ou d'un 36 « Il ne peut
pas y avoir de fuu^çon , dit- il , qu*it y Toit nfliM
ni charbons ni cendres , parce que le cr<:'iirct ètett
dans une patrie du fourneau oii ces maiiere^ ot
pouvoîent poi r avoir d'accès , 6i parce qi*!
éroit atfTi couvert ifés-ci âemetir , qtJt»i |iieDift
lutté. Comme raccroilTcment n*a pas è è totith
dérjble dai.s la féconde opération , il juge mH
y en aur<iît eu bien peu ou point du tout d«tt
une troHième Tépèrition,
On p ut ajourer que, puifque après einqistfi»
heures de feu violent , une plus grjnde c«H)iti«ui*
t»OM de chaleur a encore occafionné ut e jugmeiK
tatton fort fcnfible de pefanreur , U diifertocK
entre Le réfulrat de cette expérieuee 5e de celle
de M. M.irggriif , par rapport i la quânttfè 4ê
raijgmentation , peut aifémcnt sVxpliquerpar kl
différentes longueurs de temps que le fe#j àé
coQciiiué*
I
P L A
!!•. les chymlftcs connolfleni très-bien que
les métaux appelés imparfiits , ou ceux qm fe cal-
cinent au feu , gigneni de la pefanteur dans la
calcinarion , phénomène qui nVfl. pas peu furpre-
lunc, 8c don^ ils n*ont pas été capables de nous
aifigner aucune caui'e probable , i moins que ce
ae fuit rabiorprîon de l'air.
Comme la platine paroir clairement , par beau-
coup de fes propriétés , n*èire pas un des métaux
impartaits , M. Xlacquer fupçonne avec jufte rai-
ion que Faugmentation de pefanteur , dans les
expériences ci*dei!^us , étoit due à la calci nation
de quelques fubliances hétérogènes , mêlées avec
la platine» L*enduit tcrrugiiicux qu elle laifla dans
le creufet , & robrcurciitcment de la couleur ,
•ot paru confirmer cette conjcduie ; il remarque
de plus qu'après la féconde calcination il fe trouva
aueJques grains de matière friable , femblable à des
ccailles de fer , & que le fable magnétique ceflTa
d'être noir & brillant , mais devint de la même
couleur grife d'ardoife que la platine. On peut
obferver ici que s'il n'y a point eu d*erreur dans
les poids de M. Macquer^ la quantité de cette
njattère cakinable hétérogène dévoie erre fort
confidérablc.
De toutes les expériences que je puis me rap-
peler fur la caicination des corps , il o*y en a
pas une feule dans laquelle raugmemation ait
été Cl grande que celle que M. Scheffer accorde
au fcr^ favoir»un tiers de fa pefanteur, comme
Bout le verrons ci-après.
En admettant même cette augmentation
à la matière calcinable dans la platine »
l^ quantité de cette matière , pour produire une
augmentation de i6 grains fur i once, doit écre
de 48 grains ou une ii*" partie de la platine.
la**. Les explications qui font raponées ci-
deïïus , expliquent ta différence entre mes
expériences de l article 7 , & celles de MM. Marg-
fjraf ^ Macquer , dans les articles 8 , 9 & 10 ,
es miennes ayant été faites avec des grains plus
rafinés,&lef leurs, avec le minéral entier, con-
tenant ion mélange ordinaire de parties calcinâ-
mes.
Pour plus grande fatisfa^ion fur ce poïnt , j*al
C'f 360 grains des particules les plus groifes &
plus brillances , triées de la platine, & la
même quantité de pouiïière noirâtre qui en avoit
été féparèe par le moyen d un tamis ; les deux
^parcelles, mifes fous deux vafes i fcorifier unis »
furent entretenues fous une mouffle à une cha-
leur très-forte pendant cinq heures i & afin que
toutes les deux punTcnc recevoir une chaleur aulTi
égale qu'il ètoit poiîible , on changea de place
les deux vaiiTcaux pendant le temps « & vers le
«lilieu de Topéraiion. Quand ils furent réfi-oidis ,
ta platine triée , péfée avec beaucoup d exaâitude ,
fut trouvée avoir gagné % grains , ou la 180*
ûe de foa poids ; uadis que U poui&ère ctoU
p L A
707
augmentée de près de 9 grains ^ ou d*une 49*
partie.
On remarque que la platine triée étoit deve*
nue d*une couleur plus chargée qu'elle ne Tétoit
d*abord , & la pouiiière de beaucoup plus pâle ,
& que la platine triée fe colloit fort légèrement ;
au lieu que la pouffière s'étoii collée fit mafliquée
en un gâteau ferme qui n'étoit pas feciVp à broyer
entre les doigts. Il faut obferver que ce qu'oa
appelle ici poujjtère , contient une portion con*
fïdérable de vraie platine , divifée en particules
zuiTi Bncs que celles de la matière impure » &
conféquemment que la quantité de matière im-
pure qui cA d^ni la platine triée , ne peut pas
être déterminée par les augmentations propor-
tionnelles que les deux parcelles ont reçues da.ns
le feu.
Mais nous allons ceffer une recherche qui ne
parott pas adex Importante pour mériter qu'on
prenne la peine de la pouuer plus loin , d'au*
tant plus que nous trouverons par la fuite les
moyens d'attaquer ces parties cakinables plut
efficacement que par la (impie chaleur.
ij**. Les expériences que fai faites dans les
n*' 5 & 6 de cet article , femblcnt prouver qu'il
n*e{\ pas poflible d*amener la platine à l'état de
fufion » dans les creufets ordinaires , par aucun de-
gré de chaleur que les vaiffcaux eux-mêmes puif-
lent fupporter. M, Scheffer conclud aufîi , d'après
fes propres effais , qu'il eft impoflîble de la fon-
dre dans un creufet, puifqu'clle rcfifte même à
un feu plus fort que celui qui vitrifie les meil-
leurs creufets faits déterre dî Waldcnbourg &
de quartz , que l'on doit fuppofer , ^i*aptès la ma-
nière donc il en parle , être d'une très bonne
efpëce.
Néanmoins , comme la fufion de la platine « (i
elle pouvolt fe faire , feroit une acquifitioit ttês-
importante, par rappon à fon hiiloire chymique
& aux ufages méchaniqucs , M. Macquer a taie
encore quelques autres tentatives dans cette in-
tention^ Il a expofé la platine à un feu de ver*
rerie , pendant cinq jours 6c cinq nuits , fans aper*
cevoîr aucunes altérations autres que celles dont
on a déjà fait mention ; & en effet on ne pou*
voit pas s'attendre que le feu de verrerie pût
vaincre ce métal réfraâairc , qui avoit déjà ré h Aé
à des feux beaucoup pitts forts que le tourneaii
de verrerie n'en peut produire « & plus grandi
que fes ma érîaux ou fes vai^Tcaux ne peuvent
les fupporter.
14*, Pour dernier effort , M. Macquer a eu re-
cours à une forge , en augmentant Tadivité du feu;
il panagea le vent des fuufllets en deux tuyaux qtû
entroient dans le fourneau par deux côtés oppofés ;
& il difpofa deux autres grands foufflcts de telle ma-
nière que leurs courans de vent entroieot encore
par deux c<^>tés opposes aux deux autres. Ayant
j>lacé au milieu du fourneau quatre onces de plâj
Vyv? H
;o8
P L A
fine dans un creufet de Heiïe , il excita le feu i
au moyen des foufflets , jufqu'à un tel degré ,
qn*en moins d'une heure & un quart , tonte la
partie intérieure du fourneau tondit & coula
vers le fond , formant, k la partie la plusbafle>
des mafles de yerre qui bouchant les orifices
des tuyaux à vent , le contraignirent de difcoa-
tinuer l'expérience.
Le creufet qui étoit tout vitrifié, ayant été ôté quel*
re temps après , parut encore d'une blancheur
éblouiflame, que l'œil ne pou voit en fourenir
l'éclat : cependant malgré ce feu extrême que h
platine avoit efluyé » eUe n'étoit pas plus fondue
que dans les expériences précédentes , excepté
que dans les vitrifications qui environnoient le
creufet , on trouva quelques grains d'une blan-
cheur argentine , parfaitement ronds , qui paru-
rent avoir eu une fufion parfaitement bonne ,
mais qui d'un feul petit coup de marteau fur une
enclume d'acier tombèrent en pouffière. Il fem-
ble donc que dans ce dernier effort M. Macquer
n'a pas pu produire d'autres effets que ceux que
i'avois obtenus ; & fcs effais concourent avec les
autres à prouver que les meilleurs fourneaux or-
dinaires, & les plus exceUens vaiffeaux à fondre,
fe fondront eux-mêmes plutôt que la platine qui
y eft contenue.
La platine cxpofie au feu en contaSi avec les ma-
iiè/es combuftibles.
Comme le contaâ immédiat des matières com-
buftibles qui nourriffent le feu , & Timpuifion
de l'air fur les corps tant métalliques que ter-
reftres , augmentent confidérablement la puiffance
du feu , on a expofé la platine à fon aâioa dans
ces circonflances. M. Schtffer femble regretter de
n'avoir pas eu quelques livres du métal , pour en
faire un effai de cette nature , mais on peut con-
duire le procédé, de manière qu'une fort petite
quantité (bit fuffifante.
J'ai placé fur le côté , parmi les matières com-
buftibles qui fervoient d^alimcnt au feu , un creu-
fet dans lequel j'avois mis d'abord un lit de char-
bon de bois , dans un bon fourneau , avec fon
entrée tournée vers le nez des foufflets , &
j'ai étalé fur le charbon quatre onces de platine.
J'ai pouffé le feu avec violence pendant plus d'une
heure , durant lequel temps une chalenr blanche
très-vive paffoit à travers le creufet , & fur-tout
par une ouverture pratiquée exprès à fon cxfré-
mité. Une grande partie du creufet fut vitrifiée ;
mais les grsins de platine ne furent que fuperfi-
cicllement collés enlemble, & devinrent plus bril-
L.ns , fans qu'ils paruffent du tout s'être amollis
ni avoir changé de figure.
L'expérience fut répétée plufieurs fois & va-
riée : je jetai fur les charbons , devant l'embou-
chure du vafe , du fel commun , dont on fait
^ue les fumées faciitent la vitrification des creu-^
PL A
fets mêmes ; j'en pouffai fortement les famées
fur la platine : des morceaux de platine qui mvoîent
déjà effuyé les précédentes opérations , furent je-
tés devant le nex des foufflets , dans des fesx
de charbon de 4>ois Se de terre violefliment ex-
cités , & il forts , quils fondirent prefque à Tiof-
tant un morceau du bout de la baguette de fer
forgé , dont je me fervob de temps en teopi
pour attifer les charbons.
La platine refta toujours (ànt fe fondre & (ans
changer de figure , excepté que j'y vis queUpe
fois un petit nombre de gouttes globulaires fnsh
blablesà celles dont on a fait mention dansfaiti*.
cle précédent.
La platine expo/ee au verre ardent.
Après toutes ces tenudves infruâueufes pour
parvenir à mettre la platine en fufion , U ne refit
{ilus d'autre reffource , pour décider de (à fiifibî-
ité eu non fufibilité , que Taâion des grands
verres ardens ou des miroirs concaves : c^eft ni
effai que j'ai fouvent regretté de ne pouvoir p»«
dans ce pays , trouver la commodité de lui faire
effuyer. Mais ce que défirent {\ ardemm^^nt vtm
ceux que 1 appât du gain , la curiofité ou l'amoar
de la fcience intereflent dans ces fortes de re>
cherches , M. Macquer & M. Baume ont tidii
de le fuppléer.
Us fe font fervi d'une plaque de verre cofr
cave bien argenté , de vingt- deux pouces de dia*
mètre & de vingt-huit .|]touces de foyer. Avaat
que de procéder à en effayer les etfeis fur la
platine , ils ont expofé ^ fon aâion plufieurs an-
tres corps , afin d; pouvoir porter quelque ju-
gement fur fa force.
Du Côillou noir , réduit en poudre pour l'en-
pêcher de fe brifer & de fauter à la ronde ,
& bien affuré dans un gros morceau de charbon
de bois , a formé des bulles , & coulé en ua
verre tranfparent dans moins d'une demi-minute.
Les crcufets de Heffe & les pots d;: verrerie fc
font vitrifiés complètement en trois o*! quatre
fccondes. Ou fer forgé, a fumé fondu^ bouiili, ^ ^*cft
changé en fcorie femblable à du verre y aufiîiut
qu'il a été eitpofé au foyer.
1« gypf«i de Montmartre, quand oo-préfenra
au miroir les côtés plats des feuillets dont il A
compofc , n'a pas fait voir la moinrlre difnoâ-
tion à fe fondre ; mais en en préfentant la coupe
tranverfale ou les bords des feuillets, il a fonda
dans Tinflant , avec une forte de fifflement , en uoe
matière d'un jaune brunâtre.
Les pierres calcaires ne fe font pas fondues
complètement, mAs il s'en eft détaché un cer-
cle plus compaâ que te refte de la maffe, &
de la grandeur du foyer , dont la féparar'on
fembloit être occafionnée par le retîrement de la
matière qui avoit commencé à entrer en fik-
fion.
P L A
La chaux i^lancîie d'arnîmainc, appelée com-
Ktunèment antimoine diaphoritiqtu , fe fondit
jnicux que les pierres calcaires , & fe changea
en une fubdance opaqtie affez luilaiite & fcmbla-
ble à de l'émail blanc.
11$ obfervent que la blancheur de« pierres ca!-
^CatreSt fc de la chaux d'aoïlmoîne efl fort dé-
^Eivortbie à leur fufion , en rétlcchiiTant une par-
tie des rayons du foleil , de forte que le iyjct
oe peut pat éprouver toute Taiftivité de la cha-
leur que le miroir ardent jette fur lui ; que la
même chofe arrive aux corps métalliques, qui
(e fondent avec d'autant plus de dîmcultè au
foyer, qu'ils font plus bhncs 8c plus poHs; que
'este différence efl fi remarquable, que dans ie
lb|^er du miroir concave donc nous avons rap-
Wié les effets, un métal auffi fufible que Tar-
ne s*cfl point du tout fondu quand fa fur-
étoit polie , & que la blancheur de la pla-
tine auroit fans doute de la même manière af-
foibli confidérabîement l'aéiion du miroir fur elle.
C*ell pourquoi MM, Micquer & Baume ont
pris de la platine qu'ils avoient tenu auparavant^
|>cad3nt cinq )Ours » dans un fourneau de ver*
iTèrie , & qui , tandis qu'elle s*étoic ramalTèe en
Boc maflc aflfez groffe pour pouvoir éirc tenue
lu foyer , éiôit en même temps devenue f^le &
brune k la furface , de manière à être dans le-
at le plus favorable pour leur expérten.ce. Voici
détail qu'ils ont donné de leur opération ^ &
réfult^t.
" Quand b platine commença à fcntîr Tafli-
^ vite du foyvr , elle parut d*une blancheur
_• ébtotiilf.inte j de temps à a itre il en forto.t
B» des étincelles de feu . & il s*en éleva une fu*
Ki mée fort fenfible , & même i.ffez confidirable :
•• en ^11 elle entra dans une bonne & pleine fu-
y» fion , m;iis ce ne fut qu'au boi t d'une minute
^L & demie que cette fi fim eut lieu. Nous en
\m fondîmes de ctt e manière en cinq ou dx en-
p. droits ; cependant aucune des parties fondues
m ne coula jufqu'à terre, Tokites' demeurèrent
I fixées au morceau de platine ; probablement
parce qu*elles fe po Soient & durci flbient auih-
lôt qu'elles néinient p'us expofées au centre
du foyer On (liAingooit ces parties fondues
d'avec les autres» pjt un brillant d'argent &
une furface arrondie » luifante & polie* Nous
frappâmes la plus grofle de ces malTes fondues
•* ftir ure er.cîume d'iècier , pour en examiner la
t, dualité. Elle s*aptatit ^i^'ément, & firt réduite
•• en une plaque fort mince, fans fe caflTer ni fe
t* gcrfcr le moins du monde , de forte que ce
*• métal nous parut infiniment plus malléa-
M ble que ne le font les grains de platine dans
• leur érat naturel ; & nous crûmes qu'on pour-
M ro.t retendre en pUques auflî minces qtte l'or
*• St ra*g:nr. Cette platine devint duré & roide
M fous les coups du marteau, comme foufTor^
*• Targcnt 8l les autres métaux. Cette roldcur
p L^
70^
t> fut aifément détruite par la méthode qtie Ton
- pratique pour Tor & l'argent , c'ell-à-dire, ert
" M chauffant jusqu'à une chaleur blanche , &
»* la biffant réfroiclir. •• M. Baume, dans fon Ma*
nue! de Chymie , imprimé en 1763 , parle d'une
autre propriété de la platine ainû fondue ; fa-
voir , qu'on trouve qu'elle efl d'une pefanteur
fpéciBque , approchante ou jtmhlabU à celle de
For ; on ne fauroit pourtant faire un grand foorl
fur ce rapport , puifqu'il a dt auparavant, ert
parlant des grains cruds de platine , que leur
pefanteur fpécifique eft égale à celle de Tor,
L'expérience cidcffus , toute curicufc & inté-
rcffante qu'elle eft , «'eft pourtant pas entière-
ment fatisfaifante, 11 feroii à fouhaiicr que Ton
fit encore quelques autres effàis avec des mi-
roirs ardens d'une plus grande torce , pour aïïurer
avec plus <Je précîfion la fufion réelle de la pla-
tine, & pour obtenir quelque quantité du Mé-
tal fondu , aiîn de pouvoir examiner d'une ma-
nière plus fatisfaifant.'î fa dudilité , fa gravité ,
(à dureté à f.s autres propriétés. Ainli il me
femble fort cla'r , par cette expérience , que Ii
pUtine eft plus difficile de beaucoup à metrrc en B:-«
fion que te caillou , & le caillou beaucoup plus qre
le gypfe ; 6t comme on n'a point encore trouvé
les moyens de pouffer le feu commun à un de-
gré alkz fort pour produire, foit dant le caillou,
toit dans le gypfe , la moindre apparence de fu*
fion , fans le concours dtf parties falines ou ter-
rcfhes de lalîm^iît du feu , qui fervent coirm^
de fl-x à ces corps, quoique non à la platiné ;
il n'y a pas lieu vraifcmblablement d'efpérer ,
comme TAutcuT femble le faire fur la in de
fon Mémoire ,aue t'on foit ji^maîs en érat d^ifon-
drc la plaîine dans de grandi fourneaux*
îl i'enfttit encore que les gouttes f€»ndues que
M. Macquer <k moi avons obtenues dans noi
tourneaujt, ne ] oiivoieni pas étie de la piétine
puie ; c^r , quoiqu on ne puîffe pa^ penfcr que
noi feux tulîent d'une mtenfitè égale à ce fie a
laquelle a été exporée ici ta platine , nos gout-
tes ont fouffert une fufion plus parfaite que ne
|>aroiffent avoir fait ces parties qui ont été fotl'
dues au foyer du vtrrc ardent.
Pareil Icmertr les gouttes n'avoi^t rîen de la
malléabilité ^^ue l* pUtine tondue par le miroir
ardent pofTé<^e , à ce quon prétend, dans un
degré fi remarquable ; au contraire , tiies font
tombées en pouffiére fous le m.:irteau. Si la fu-
fion dans un cvs tue procurée par le mélange
de quelque matière méc^llique étrangère avec
la platme , nous ne pouvons pa* éfic fûrs que la
même cauf^ ne puiffe pas avoir acffi concouru dans
Fautre , quoique d^n*» un mau^tre degré ; âc par
conféqueii il eft poiU! le que la platine pure de-
mande une chaleur encore plus violente pour
être m-U en fuAon.
D'après les expériences rapportées dans cet»
feAion I je penfe qu'on peur conclure que la
7IO
L A
pUnnc cft un métal de la couleur de l'argent ,
d'une duâilitè confidérable qui nefi point fu*
fible aux feux les plus viole ns qui puîlTent être
excités dans les fourneaux, ou foutcnus par les
vai/Teaux chymifles ou des ouvriers -, qu elle ap-
proche de l'or par un de ces caractères qu*on a
toujours regardé comme le plus diftinâif, Sa-
voir la pefanreur fpécifique ; & qu'elle a de
commun avec Tor & Fargcnt ^ d*étre fixe 6t
point calcinablc par le feu,
La piatînc avec l'acide vîtrioi'ique.
On a expofé plufieurs parcelles de grains de
platine bs plus purs ^ pendant quelques heures, a
une chileur douce , avec l'efprit concentré ap-
pelé huile de vitriol , & avec le même efprit
délayé dans différentes quantités d*eau. lï nen
cft point réfuUé de folution , ni aucune aïté-
ration , foit ûitns les liqueurs , foit dans k
Giétal.
a."^. On a fait bouillir , pendant quelques heu-
res , trois onces de forte huile de virrtol avec
une once de platine dans un vaideau de verre à
col long 8c étroîr, La liqueur ell reflée à-peu*
près d^iis la même quantité qu'auparavant ; Ôk
on n'a pas pu y apercevoir aucun changement
non plus que dans la platine.
y^. Ayant coupé le verre un peu au-deflTus
de la furface de la liqueur, on a augmenté le
feu par degrés , jufqu'à ce que la liqueur , qui
Îîour lors commença à s'évaporer librement ,
e fut entièrement exhalée en cinq ou ûx heu-
res de temps » & eut Uidè la platine fèche &
rouge.
1^ métal , quand il fut refroidi y a)^ant été
lavé avec de Teau , & cnfuhe féché , on trouva
fon poids le même qu'il étoit d'abord , & la
furface des grains ne fit voir aucune marque de
cofrofion.
La feule altération qu*on y remarqua , fut »
que plufieurs des grains devinrent brunâtres &
d'une coiiîeur fale , effet que la fimple chaleur
produit, comme on Ta déjà vu, & qui par con-
léquent ne doit pas être imputé à Talion du
corps ajouté , quand on a employé en même
temps un degré de chaleur fufhfant pour le
produire.
Il parfiit donc que la platine rêfîlle à Tacide
pur du vitriol qui , par lune ou Tantre des pia-
niêres ci-deffus de l'appliquer, diffout ou ronge
tous les autres corps métalliques connus , excepté
Tar.
ta platine ^vec P acide marin ^
Les cfprits de fel foibles ou fojt^. , étant di-
rigés féparémcnt avec un tiers de leur pefan-
teur de platine , à une chaleur douce , pen-
dant quelques heures de fuite » les liqueurs font
p L A
reftées fans couleur « Se ta platine n'a point rtfi
d'akératîon. On a cnfuitc augmenté la chaleur,
& tenu les liqueurs dans une forte ébullitiao ,
j y fqu'à ce qu'elles ont été entièfcment exhalées^
fins qu ils fe foit fait aucun changement fc«-
fible dans la platine.
Quand le fel commun efl chauffé fortemeot
en mélange avec certaines fubilanccs vîirtol*-
qiies , fon acide > forcé de fortir par Pacide Tiiri^
lîque , de réfolu en fumées par la chaleur ^
corrode certains corps métalliques fur Sefqitdl
il n'avoit point d'aéion dans fon état liquide
Oa a donc mêlé deux parties de fel mann dé*
crépité ou defféché avec trois parties de ritrwl
vert , calciné jufqu*à rougeur .' on a prcfle uni-
ment trois onces du mélange dans un pot à cé-
mentation \ on a étendu uniment y à la furCKie»
une once de Platine qu*on a recouvcnc aw
encore un peu du mélange.
On a couvert & lutté hermétiquement le valfleao,
& on Ta entretenu pendant douze heures à une d»
leur rauge modérée» En l'examinant , quand il fut tfc
troidi , on trouva que le mélange falin %*itm
fondu , de formoit une maiTc uniforme unie ; I»
patine qui étoit tombée au fond, étant fépir^
aVvec le mélange par la lotion , parut n'avotf
éprouvé aucun changement, quoique fa pcûs-
teur eût un peu diminué.
On répéta l'expérience avec un mélange moiits
fufible » appelé le ciment ré^al , coinpofé d*ttne
partie de fel commun , une partie de cokothar ,
ou Vitriol fortement calciné , & quatre de bn-
ques rouges en poudre. Une once de Platine cjy
veloppèe , comme cl-delTus , de fîx onces de
cette compofition , & cémentée dans un Tatffeia
fermé , à une chaleur rouge pendant vîrjgt heurts ,
n*a fouffert aucun changement efleatîel , quoi-
qu'il y eût » comme auparavant , quelque diminih
non dans fa pefanteur.
Beaucoup des grains avoîent perdu leur cou*
leur ; au lieu que dans l'expérience précédente
ils ètoient tous re^és à'peu-près auOî briltii» &
aufTi blancs que d'abord , peut-être à caufc que
le mélange , en fondant , en avoit lavé fit settoj^
les furfaces.
De tous les corps métalliques , Tôt eft le feulqil
réfiAe à l'acide marin dans cette façon de Tappliqucr*
Comme la platine n'a donné aucunes oiarquef
de dinfolution dans ces expériences , on a prf
fumé que ce métal lui avoit pareilletnent fkWt ,
& que le défaut qu'on avoit trouvé dans la p
fauteur, venoit de ce que quelques- uns des plus p^
tits grains avoicnt été emportés par la aiatlcrc «^
talhque pefante du vitrioU On a eo conftquen»
varièrexpérience , en fubûituant aux mélanges prf
cédens le mercure fublimé, qui eil une co<nèî-
naifon de Tacide marin concentré avec le ri*
argent. Quand on mêle cette compoficioa atfC
quelques-uns des métaux communs, excepté l'or,
oc qu on expofe k m^ange à une chaiiur co**
P L A
venaMc , le mercure fe ftparc & s'exhaîc* tin-
di» que Tacidè s*;ir.ît avec te méul.
On a étendu une once de phiinc , fur trois
•ncesde fublimé en poudre , é^ns un vaiïïcau de
▼erre, & Tayant placé fur un feu éi fable mo-
déré , le fubllmc vcihala totalement , lai (Tant ia
ptatine dans fa première pefanteur, &C fans être
rongée, quoiqu'un peu décolorée»
Comme laôton du fublimé fur les corps dé-
fieod non- feulement de ce que Tacide eA capa-
ble de tes ronger , mais encore de ce qu'it a
une affinité plus forte avec eux, qu'il n*en avoit
m\tQ le mercure, cVft*à-dire, une difpofuion a
s*unir avfîc eux préférablement au mercure , >l
eA f^oifible qu*»! le trouve des corps récliement
capables d'être rfvnges |:ar Tacide , mais qui
syant moins d\iifi nié avec lui que n en a le
ffieicure , rèftile^ont par contéquenr à fanion du
fub4m*j. On eut donc recours au ciment régat ;
HàiilAi\ a6n qu'aucun des grains de plitine ne cou
^rût nfque de^re perdu , on fondit avec eux
deux fois leur pe^^nteur d*or , èi on battit ibi-
»gneufement le mèLnge fous le mjrt:.-au , pour
en former une plaque mince. Un m>rceau de
cene phque pf^nt cinquante grains » fui envi-
ffonné de cément régil ; on couvrit Ôc lutta le
creufet « et on le tint à une chaleur rouge pen-
dant vingt heures.
En examinant le métal , on trouva qii*îl con
fcrvoit ta blancheur Ht la qualité caltanre qu.
Por r Çi>it conftamm nt i*une i\ grande quantité
de tlatinc , 6c qu'ti avoit perdu environ un
dcmr grain de fon poids , ou une centième par-
tie* C.^te perte vcno t p-'ut-étre de l'ai' âge em-
ployé dans Por qui étoit au deiTus du titre »
mais piis p-art i m nt iïn , ou peut-ère de U
ditTolution de quelq ie!»-unes dtrs p.àriies hétérogènes
de la p'atine, m^is point du tout de la purine
cUe^méme ; car h mcmc pUque , cémentée en-
core avec un n^u^esu méUngL' pendant le
même cfpace de temp* , n'éprouva pius de i-
Biinution. Si I*acir1e marin étoit çapabie de ron
fer U platine, la corrofion auroi* conttnu^ ^ians
s fécond procédé ; & au lieu d*une centième
par ie , prés d*un tiers auroit éiè rongé.
Ccîf-- c^oéric et détermine donc avec certi-
nidc la éufl4nce de la pfaiîne aux tumêes du
<el marin ; tk que le cément régal, amft nom-
mé parce qu'on fuppofe qu'il pur lie Vm de
tous les corps m-taliiqucf hétérogènes, cft inca-
pable dVn ièparer la platine.
Il y a des circon fiances dans Icfquelles Tor lui-
même c(l diHous par TadJe marin pur ^ p^r
exempte « qu^nd il a été fondu avec de létiiin &
le m^latigt: reduir en poudre ik cAcii è » ou
«|ttand ii a été réduir fous la forme d*une chdux ,
p»f précipiiaTinn d'avec les autres m.nftrue»*. La
ptitine calcinée avec r»c Tétain, & un peu dvs
pf Acif tiAsdc la platine dont cous reodroju compte
p L A
711
dam la feflton prochaine , furent mis en digef*
lion dans Tefpiic de fel, à une chaleur modérée ,
pendant plufieurs heures. La couleur j^une rou*
geâtre que 'a mi:nflrue acquit , fit voir qu^une
partie de la plaiine s'étoit diffoute , quoiqu'elle
parût fe difluudre un peu plus difficilement , &
en moindre quantité que l'or qui feroit traité de
la même manière.
La pîaùni avec raciJt nhrtux*
i^. On a mis de Tefprit de nitrc délayé avec
de i*eau , de l'eau - forte à l'épreuve , 6i de fort
ef^jTjt nitreux fumant , digérer féparémcnt avec
le tiers de leur pefanteur de platine, aune cha-
leur douce pendant plufieurs heures. On remar-
qua, durant la digcftion , quelques petites bouteilles
fe former à la furface, comme fi la dinbluiion
commençoit à fe faire , mais te< liqueurs ne fe
colorèrent point ; 6t le feu ayant été pouÛTé de
hqon à les tenir bouillantes , jufqw a ce q^i'elles
fuiient coïiè ement évaporées, la platine r^fta
fans altération, excepté feulement que pluAeun
des grains avoienc perdu leur couleur.
2^. On traita de même la pla ine avec les ce*
mens nitreux > par des procédés femblablcs
à ceux djns h^fquels elie avoit été eypoféc aux
v.i peurs du fcl mai in. On broya enf.mble une
onire de nitre pur , 8c une onc- & demi; de
vitriol vert, calciné juf^u^a rougeur. On af^pli*
qua uniment • un^î partie du méange dans un
creufct , %L on étendit par dcllus xmt once de
pUtine qui fur recouverte par le reile du mé-
lange. On couvrit le creufct.Ôt on le turti ; puis
on pouffa le feu par degrés , de façon à U\tc
rougir entièrement le vaitîeau , puis on le con*
tinua dans cet état pendant fept ou huit heures*
U fortoir et s fumées nitre ufes rouges abondam-
ment par qu;:lqu s petites ftlures quelles s'é-
toient pratiquées dans le lut.
Le creufet étant refroidi , on trouva le mi*
lange qui n*éioit ni fondu, ni rafTemblé, mais
en poudre ât épirs La platine avait le même
poids & la même apparence qu*au;>aras'ant , ex*
ceptè q^ic plufieurs des gt^-ain-» éioient d venus
d^une couleur fale ou brunâire, comme dam les
expériences précédentes*
Autns txpintnc€ê faiits avec Its acides préçé*
dent^
M Marggraf a doûné fur cette marière quelques
expériences qui ont été conduites d une manière
un peu différente des mi nnes ; autfj a t il re*
marqué quelques pMénomènes qui n<(<Uni pas prè»
lentes à ma vue : loi te^ O' t «rté faite d^ins de
peines cornues de verre , Ai x ;t e> e> il a /oit adapté
Us récipieau j 6c It tcu avoïc cte pouifé graduel-
7i2
P L A
lement , jafqu'i faire rougir CDtièrcmeat les cor-
nues*
De cette manière îl traita la platine avec
huit fois ù peCantcur d^ cha^cun des trois acides
précédens, avec deux fois fon poid* de mercyre
îublimè , avec deux fois (on poids de fel am-
moniac , 8c avec t oi^ fois fa pefanieur du mé-
lange appelé ftl aUmhro: ^ qui eA compofé d'une
partie de mcrcurt; iuhlimè 6c deux de fel am-
moniac. Dms chaque expérience, la quantité de
pUtine éïoit de foixante g:aîns.
Avec les acldt^s nicrLUx & marins , il eut dans
le col de la cornue un fublimè cryAallin bîanc,
qui» vu dans un mycrofcope, reÛembloir à Tar-
fenic cryflaUin , mais dont la quantité étoît trop
pet te pour pouvoir la foumettre à aucun exa-
men ultèii^'Uf. Quand ii fe fervit de l'acide ma-
tin y il y eut aufE un autre fublimè d'une cou-
leur rougeâtrc ; & dans t jus lis cas , la platine
Cjui reAoit , fut changée en partie en une cou*
l^ur brune rou|eâtre. Le mercure fublimè $*éleva
ians couleur , &. laLlTa la platîne d'une couleur
gfifàtre foncée , & rougcâtre ça & là. L^ fel
alembrot s éleva aufB parfaitem.:nt blanc , mais
il fut fuivi d'un peu de matière jaunâtre ; la pla-
^ine reAante étott d'une blancheur éclatante ,
prcfque comme de l'argent. Avec le fel ammo-
niac it y eut un beau fublimè jaune ( appelé
par erreur bleu , dans les M: moires de Berlin )»
îembUble à celui qui s'élève d'un mèlajige de
ce fel avec le fer ; la platine reftante étoit plu-
tôt plus blanche qu'auparavant , & au bout de
quelque temps elle devint un peu humide à
M. Marggraf fait une mention expreAe que
dans ces expériences II employa le métal crud
& fans éire épluché ; au lieu que dans les
miennes je n'a vois employé que les grains blancs
les plus gros , d'entre lefqnels j'avois 6té avec
foin toutes les parties hétérogènes & les grains
de mauvaife couleur , que j'avoîs pu diftinguer
avec ïe fecours d un verre à groiïir Us ob}ets.
Il eft très-certain que les fublimés ne provc-
noîcnt pjs de la platine elle-même , mais de fes
mélanges ; le blanc peut-être des globules mer-
curiels qui fe irouvoient unis avec les acides ;
& le jaune, des parties ferrugineufes. L'auteur
conclud lui-même » d*après ces expériences, que
les acides n'ont point d'aûion fur la véritable
platine , mais attaquent en quelque forte fes par*
tîes ferrugineufes ; 8l que l'acide marin femble
Îiroduire cet effet dans un plus grand degré que
es deux autres.
La pîmlnt avec VEau régale*
L'eau régale , qui cft la propre menftrue de
For, étant verfée fur la platine , commença à
agir fur elle à froid légèrement , & par Taffif-
uoce de la chaleur , elle la diffout kmemeot &
P L A
avec difficuhé, acquérant d'abord une
jaune qui devint foncée pcu-à-peu, à mi
que la mcnArue devenoit plus chargée, & es-
ha finit par être d'un rougt: bruaitre obûur k
prefque opaque.
%\ L'expérience fut répétée pluCrctrs hr%
avec difTérenies fortes d'eau rég<ile , firret ti
difToîvant du lel marin 6t du fc!
parement, dajis quatrefois leur peU-.i-^.
torte , & en extrayant Tcf^rit de mtfe «bit
une retOrre de la même proporrion de cliannr
des fds> Toutes ces menftrues ont dtifovs U
platine , & il ne m'a pas paru que Tun le bi
plus aifèment ni en plus grande mianmé ^
Tautre. M. Macqujr a eHâyè aum p)oli<iin
eaux régales, cumpoféei de dtfferi^ntei pome»
des acides nitreux 6c mirins ; ÔC J a trOttfè
qu'un mélange de deux parries égales des deia
cfprits étoit un de ceux qui lui om rtefH
mieux.
3*^, Pour déternTÎncr la quantité de menflnw
néceiTaîre pour fa dilTofution, j'ai préparé uitc
eau régale, en délayant diz onces & demie d*d*
prit fumant & fort de nitre avec huit
d'eau , & extrayant le mélange de Cx onces 4e
fel commun : cinq onces de cette eau ligak,
qu'on peut eflimer contenir trois onces d*ef|pm
acide très- fort , ont été verfées ftir une oiKe
de platine dans une cornue k iaifuelle étm
adapté un récipient. Y ayant un feu modéré ,
la menftrue agit affez vivement , & il s'en életa
des fumées rouges en abondance, Quijid Ici
deux tiers ou environ de la liqueur furent itfcs»
fon aâion étoit à peine ou point du tout feo-
ûble , quoique le feu fût con&dérableiDCtt
pouffé.
La liqueur diftillée , qui paroiiToit d^one couIcqt
rougeâtre claire , étant encore reverfée dans U
retorte , la dilTolution recommença d^ nouveau;
la vapeur qui s'éleva pour lors , étoit beau-
coup plus pâle que d'abord. Ayant répété lico-
hobation quatre fois ^ la liqueur diftillée devtiu
toujours de plus en plus pâle à chaque fois ;
à la fin > les himées & l'aéion ceffèrent ^ quoi-
que le feu fjt augmenté , & une partie de il
platine re^a fans être diffbute. On ver(â donc
la difTolution hors du vafe , & on ajosta ui
peu plus de la mendrue : on recommeikça b
diAillation Se la cohobation ; & ces procédéi fi^
rent répétés jufqu'à ce que toute la pUtioe pt*
rut être enlevée , a l'exception d'un peu de aa-
rière blanchâtre qui fembloit être fes iififâ-
retés. Les dernières portions de menftrue U
paroiiTant pas être fuffifamment foulées , oa J
ajoura encore un peu de platine ; & apm
que Tacide eût cefTé d'agir , on fit fêch» & ot <
pefa le relie de la platine, pour voir combîca
ii y en avoit eu de diffoute-
On trouva que par cette méthode d*applici*
cion I une once de platine avoii été daibiiic ptf
__ P LA -
liuît onces & un quart de menflrue.; laqueHe
quantité de menflrue , comme il paroît par la
manière de fa préparatloB , étoit compofée de
2uatre onces & demie d^cfprit acide vigoureux ,
élayé avec trois ouces trois quarts d'tMU ; au
lieu que quand la dige^ion étoit f^ite dans des
▼aiflcâux découverte , & qu*on UiiToir échspper
les fumées, il talloit, pour difloudre une onc<5:
de piacinc, environ quatorze onces de ta menf-
true Cï-cleiïus , cnntenarTt prés de hifit onces dVf-
prit acide fort. Il paroit que la plarine en ♦ de-
mande une bien plus grand; quantité qae Vor ,
& qu*elle fe dilTour avec beaucoup plus de dif-
ficulté.
4^, M. Marggraf s'efl ft-rvi d*une eau régale
compofée d'une partie de M ammoniac ôt feize
parties d'eau-forte ; il a trouvé quM falloit vin^t-
qtiaire oncts de ccTte mcnilrue pour diiloudre
une once de plarine.
On ptrwt foupçonner qu'ici la dofe de fel am-
moniac n'étoit pas ftjffifante pour mettre loutc
rcau-foite en état d agSr fur b platine , de
forte que le métal ne fut diiîous que par une
!>ortion cîe la menflrue , le relie étant une eau-
ôrte fuperflue»
L'auteur obferve qu à froid la difTolution Jeta
de petits cryilaux rou^eâtrcs : cependant il en
diflilia la moitié dans une cornue , & ne retnar-
qua pas qu'il foit arrivé dans !e réfidu concen-
tré aucune cryflalhfation ^ d*oii il paroït s enfui-
Vre que la moitié de la liqueur n^étoit point
eiTentielle à la diflbiutîon.
Ç^. M, Micquer a fait une eïpénencc de la
même efpécc , qui fe rapporte mieux avec la
mienne : ftrize onces de ion eau régale , com-
pofée de parties égales des acides nitrcux 6c
marin ont diiTous par digeftion une once de
piatîne; 8c dans mes eflats , j'ai trouvé qu*il n'en
ulloit pas plus de quatorze onces.
Les efprits acides différent fl fort par leur
force , & la circonflance que les vapeurs foient
plus ou moins rentermeci pendant le procédé ,
influe fi confidirabiement fur la diflblutton ,
comme 11 paroit par iexpérience rapportée ci<
deflus t qu*on ne doit pas efpérer d'avoir une
rcffemblance exa^e (ur et point.
^ 6^. Dans toutes les diffoîutions de plattne ,
Teft reflé au fond une portion de m.inére noi-
jatre , foit que la pLirne ait été fcparée ou non
de fa poudre noire. Dans quelques expériences,
où j'avots choifi les grams les plus purs dit mé-
tal , la quantité de cette matière i ndi il jlubîe a monté
àenvironfix grains fur une once, ou une quatre-
vinet fciziémc partit.
Quand je me fuis fervi du minéral entier» fans
en féparer ks mriiiéres hèiérogénes , le réfidu a
été dans un effai de plus d'une quarantième ,
fie dans une autre ^ d'eriviron u e trentième
partie» On ne peut pas en dét.rminer Ij pro H>r
tion avecbcaucoupd exa^irude , p rce que U fubf-
Ans & Mitun. Tumc F, Pêrtk //,
P L A
7^5
tance indiffoluWe défend contre Taftion de Ta-
cide quelques petites particules du métal
même.
7^. Une grande panic de ce réfidu , comme
robferve M» Mirg^raf .cfl attirée par l'aimant,
fon principe ferrugineux ctint probablement
logé par couches dans la matière fahloneirfe , de
forte que Tacide ne peut pas y atteindre. Conme
les grains les plus fins du métal laifTent tn-ipiurs
plus ou moins d*une fubflance indiiTolublc , il
s'enfuit que la d.fTalution rend la plaiinc un peu
pli!s pure.
Toutes les expériences rapportées dans cette
f^6tion concourent à établir un rapport irés-
fort entre b pbtine & Tor. Il y a quelques au-
tres mét^iUf qui , à U vérité , le diffolvent dans
Tenu régale, Ôc avec beaucoup plus de facilité:
mais réfillcr foit à Tacide viirioîiquc pur , ^u à
i'ac» e marin, ou à l^acidc nitrcux , dans les cir-
confia, ces où for & la platine leur réflfîent ,
ce font des propriétés qui font particulières à
ces d^ux mitaux.
Expériences fur la foijtion dt plaùne*
Les folutions de platine dans Tciu régale ^
quand elle efl chargée dit mitai jufqu*^ fatura-
tion , font d une couleur rouge brune , prcfque
opaque 6c obfcure ; quand elles ne font que
légétetnent imprégnées , elles font d'un jriune à-
peu'près femblablc à celui de l'or. Quelques gout-
tes de ia liqueur faturée teignent une grande quan-
tité d'eau d'une belle couleur d'or. Je ne cor-
noîs point d*aiirre corps métaVàquc dont les fo-
lutions dans les acides foicm fi riches fit fi éten*
dues en couleur , ou teignent une û grande quan-*
tiré des fluides aqueux.
Malgré cette faculté de s*étendrc qu*a la cou-
leur de la liqueur même , & fa rcffemblance ^
quand elle eft délayée, aux folutions 'd'or , elle
n*efl pas propre à communiquer aucune couleur
aux antres coi^ps ; Ôt à cet égard la pbtine dif*
fcre confidérablement de Tor, Elle corrode la
peau y la rend rude & dure ; mais je n*ai pas
remarqué qu*elle lui donne aucune teinture , pas
même la faune , que la menflrue feule communique
à h peau. Ui voire , des plumes , de la foie, du bois »
ài Id toile^ont été trempés diins la liqueur délayée,
& cxpofés au foie il ; on a répété la même opé-
ration trois ou quatre fois : tous ces corps font
devenus bruns, î caufe que la matière colorante
de la folutîon s'étoit féchàe k b furface ; mai»
i'eau a fait difpar'^itre promptcment cette teinte,
& laifTé c-s corps fans couleur comme aupara-
vant , excepté que la foie, après avoir été la-
vée . a retenu une ccnatne teinture tirant fur le
brun
Li folutîon verC-e fur du marbre chauffé, J'a
rongé fur-le clump, mais fans lui donner au-
cune couleur. V criée goutte? à goutte d^ns des
7M
P L A
infufions de camomille, bien loin d'en relever
la couleur rouge ou pourpre, elle la détruifit
& la changea en brun ou noirâtre. Quelques-
uns des mélanges , couchés fur le papier avec
un pinceau, parurent à- peu-près de la même cou-
leur que les nuances les plus pâles d*encre de
la Chine.
CryflallifàtiQn de la platine.
Les folutions de platine fe cryftallifent beau-
coup plus aifémeat que celles d*or. Comme il
faut une chaleur confidérable pour faire que
Teau régale fe foule du métal , la folution chargée
dépofe généralement, dans le temps qu'elle fe
refroidit , un fé iiment rouge brunâtre , oui n'eft
autre chofe qu'un nombre de cryflaux fort me-
nus.
Une quantité de la folution ayant été mife
repofer , par un temps chaud , dans un vaifTeau
de verre découvert , Thumidité fuperdue s'ex-
halant par degrés, laiffa des cryflaux paffablc-
ment grands , d'une couleur rouge , obfcurs ,
prefque opaques , & de figures irréguliéres , di-
verfement joints enfemble , la plupart en forme
de feuilles , comme les fleurs de benjoin , mais
plus épais. Leur goût étoit un peu âpre & mau-
vais , mais pas de beaucoup fi corrofif qu'on
l'auroit pu penfer d'après la grande quantité d'aci-
desnitreuxoc marin combinés avec le métal. Lavés
avec de Tefprlt de-vin d'épreuve, ils devinrent un
peu pâles , mais demeurèrent toujours d'une haute
couleur , refieihbîant à celle des filets foncés du
fafran. A une chaleur modérée ils parurent fe
fondre , quoique feulement d'une manière im-
parfaite , & letérent des fumées blanches qui
fentoient refprit de fel. A la longue , ils tombè-
rent en une chaux de couleur grifâtre obfcure ,
qui teignit la pipe de tabac , dans laquelle il fu-
rent expofés au feu, d'une couleur rougeâtre ,
«latte & pâle.
yolatUifition d^ la platine.
Ce métal , auffi fixe au feu par lui-même que
Tor , paroit êire également volari ifé par rabf-
traftion brufaue de l'eau régale faite avec le fel
ammoniac. M. Marggraf a mis , dans une retorte
de verre, fix onces d'une folution de platine ,
faite dans un mélange de feize parues d*eau-
fcne & une partie de fel ammoniac. Ayant mis
la retorte dijns le fable, & y ayant adapté un
réci; ient, il en tira le liquide par un feu gradué
qui à la fin fut augmenté de façon à faire rou-
gir tout-à fait la retorte, & la rendre prête à fe
fondre. Il y demeura au fond une poudre brune
rougeâtre qui , étant encore plus calcinée
fo'js une mouiHe , devint de plus en plus d'une
couleur noirâtre brillante.
p L A
On trouva dans le col de la retorte im fe*
blimé d'un rouge brun , qui ayant été cxpoft à
l'air quelques jours , coula en une liqueur ron-
ge , reiïembl inte à la folution de platine. Il verû
un peu de cette liqueur fur une plaque de cuivre
polie, & trouva qu'au .bout de quelque tempf
la platine fe précipita fur le cuivre , comme il
arrive de fes folutions communes , couvrant
le cuivre d'une poudre noiiâtre brillante.
Solution de platine avec f acide du vkriol.
Sur une folution de platine délayée dans de
l'eau» j'ai ajotté un peu d'cfprit fort , appelé
huile de vitriol ; il ne s*eft enfiîvi ni précipita-
tation , ni chai;g'^ment de couleur, quoiqu'on j
eût fait couler de temps en temps une granér
quantité d'acide , & qu'on Uiflfât le mélange r»
pofer pendant plufieurs jours ^ maïs en sjouraoc
le même efprit viiriolique fort avec une folu-
tion non délayée de platine, la liqueur auflîtdc
devint trouble, & il s'en précipita, peu après,
une matière de couleur fale & obfcure. On ne
fit pas rediiToudre le précipité en y verfant de
l'eau ; on n'empêcha pas non plus la précipita-
tion, en ajoutant l'eau immédiatement après que
l'eau y fût verfée.
Solution de platine avec Falkafi vpUtîL
Les efprîts de fel ammoniac , préparés par la
chaux vive & par les fels alkalis fixes , étant
ajoutés , à des folutions de platine délayées avec
de l'eau , ont précipité une poudre brillante d'ut
rouge obfcur ; mais en quelque quantité qv'oa
y employât les efprits, la précipitation n*a pas
été totale ; il eft toujours relié une quantité
confidérable de platine en di/Tolurion , (k aflex
pour communiquer à la liqueur une fone coulew
jaune.
Le précipité rouge , féché & expofé au feu
dans une cuiller de fer, devint noirâtre , ùm
rien manifeAer de cette puiiïance fulminante
que les précipités d'or préparés de la même ma-
nière , ont dars un degré remarquable.
En lavant un peu du précipiré rui* un filne ,
& y ajoutant de l'ean à plufieurs reprif;;$ , la plas
grande partie $*eft diflToute ; & il n'eft refté fer
le papier qu*une petite quantité de matière noi-
râtre, & la liqueur qui paiïoit à travers fiitd'orc
couleur d'or brillante & foncée. Une petite quae-
tiré de cette couleur a fuffi pour en teindre nœ
fort grande d'eau.
Solution de platine avec le fel aîkali végéta!.
Le fel de tartre, le fel d'abfymhe, le ninc
f xe & le lixi ium fapcnarium de la pharma-
copée de Londres, ont produit fur la folution de
la platine le même effet que lea efprùs volatili ,
I
I
L A
Eramcle précèdent, excepté que les précipités
a votent une couleur rougeâtre bien plus fombre
Gl moins brillante, La prècipitaiion fut égale-
ment imparfaite» la liqueur continua toujours à
être d*une forte couleur jjiine, & la plus grande
pante diJ précipité fut rcdifToLite en y aioatam
de Tcau*
Dans les cxpétiences précédentes, les précîpi-
tés de plafine parles alkalis volatik étoient d*une
couleur rouge obfcure & exircmement brillante j
au lieu que par les alka'is lîxes , ils étoient d*un
roiigeâtre fombre , plus pâle, ave: peu de brillans,
D^ns les détails q^ue d'autres ort donnés de ces
précipitations, on n'a point fuit menton de ces
dilténn es ^ qui par elLs-mémei ne font pas fort
Vmpo;tai.tes» Scheffer appelle les précipités par
les deux alkalis , /m/>/r m tr«/ rouges i & Marggraf,
les app lie toi s Ijs d-tix jaunes orangés ^ terme
<ï^'î ett aflez appUquable aux précipitas que j'ai
obtenus [ ar l'.s alk;$)i^ fixes , mais non à ceux
qii*ont donnés les aikalis voL^tih.
Il fcmb'eroit qu^l y a voit eu quelques diffé-
fCnces réelles dans les apparences de nos pro-
duits 'efpedifs i &L j*ai ima^icé çu- ces ditle-
rcnces étoient prcvenues des différences dan^
les fohitions de piatinc dont nous nous fommts
fcrvis» Queltjues clFais porérieurs ont paru
favorifer ce fouj ç>n \ car tandis que les folo-
fions ordina tes de plaii^ie doiinocr^t des préci-
pités de ïefpéce rouge , u^ie fokuion de^ ^«y*-
taux de pla/ine, faite diins Teau , nen a donné
que des jaunes,
M Macquer explique cette différence de cou-
tieur d une autre manière : il dit que le préc -
pité ne fc trouve rou^e , quequand ralk;*li fixe n*eft
que jullement fuffifant pour raiïafier l'acide ; &
qu'à mefure que Ton ajoute de la liqueur alka-
hnt au-Jeli de ce point, alors le précipité de-
vient de moins en moins rouge. Conformétncnt
à cela, M*r>aiimé,fon coadjuteur , dit enfuite
plus décifivement , dans fon manuel Je càymie ,
qu*avec une julle quantité d'alkali fixe, le pré-
K cipité efl d*un jaune orangé ; & que quand il y
^ en a trop , ii ell d'un jaune pâle. M, Macquer
Jugeant de là que la rougeur éîoit due à une
grande quantité de Tacide retenue par la pïatine ,
m mis en digeftion un peu du précipité rouge
dans une folution de fel alkali fixe : la liqueur
alkaline abforbant Vacide, a détruit La couleur
rauge de la poudre , 8c Ta rendue blanche. On
a connu, depuis long-temps, que les précipités
emportent avec eux une poriion du diffolvant
& du cQrps par lequel ils font précipités*
B L'auteur obferve que cet effet paroit plus fen-
fible d^ns notre précipité de plûtine , du moins
par rapport au diirolvant , que dans la plu-
part des autres ; & que cette ôbfcrvaian dé-
couvre la caufe de beaucoup de phénomènes fin-
^ jtuliers que faW remarqués dans la précipitation
Wmt la platine , & dont Je n ai pas donné la thé-
P L A
715
»
orle ! par exemple, de ce que le précipité rGuge
eu foluble dans l'eau , & qu'une partie de la
platine demeure fufpendue , quelque quanriré
d alkali qu'on y ajoute à froid. Il r^Vrve pour
un autre mémoire le détail & Tv^plicatinn de
ce phénomène , di d'autrts de la m5me natcr .
J'ai fait quelques expériences qui ne cadrenr
paï bien avec cène théorie ; mais je remets a f^ire
m^s autres obfer valions jjfqu^à ce que le mé-
moire de cet auteur parotiïe.
Soluïion de Platme avec Halk^li fixé mïneraf*
Comiue les deux cf^ èct^s précédentes du fel
alkah ne précipitent la platioe qu'en partie , il
y en a un troîfiéme qui n'a pas même cet
c^eu Lakali minéral ou la bafc du fcl marin >
dont nous décrirons la manière de le préparer
dars la fuite de cette hiftoire , ne produit point
de précipitation du tout. Cette estpcrience ref
marquifile que nous devons à M, Marg^raf , fera
ci-après la matière de notre examen.
Solution de la p!a*tnt avec Palkali pmffterr,
M. Maiggraf obferve Que quand la foluiiori
de plarine eit mè'éz & rafiûfiée d'uni lefiTive d*a-
kalt fixe qui a été calciné avec du fang , elle
donne un beau précipité bleu qui * dans cer*
taines circonûances , fe trouve aufii beau que le
meilleur bleu de Prufle , quoiqull y tombe en
méitie temps un peu de matière de couleur
orangée.
£n répétant cette expérience , les liqueurs ,
quand elles furent mêlées , o'abord parurent d*ua
bieua(Tcz foncé, mais quand le précipité eut dé-
pofé, la plus grande pattie avoit un œil jaune ,
fans doute par h railon que la platine dont je
m*érois fervi contenoit moins de matière ferrugi*
neufe, ou que la leffive alkaline étoit moins fou-
lée de la fubiïance qui teint en bleu le fer dtf-
fous , que celle que M» Marggraf avoit em-
ployée.
Pour obtenir une folution foulée de cette fubf-
tance colorante ( ce qu'on ne peut pas s'atten-
dre d'obtenir en calcinant de^ fels alkalis avec
du fang ou autres matières fomblables ), j'ai mis
digérer un peu de bleu de Prufle ordinaire dans
une foXiîion de fel alk^lî fixe , âc dans de Tef-
prit volatifd^ fel ammoniac préparé avec la chaux
vive.
Les deux menflrues devinrent auffitôt jaunes,
8c la bafe de fer du bleu de PruflTc , ainfi déga-
Eçée de fa matière colorante ,dcmejra fous une
forme de rouille. J'ai ajouté fur ces deux tein-
tures un pet] plus de bleu de Pr. {Te , jufqu'à ce
quVlles ccff^rent d*âgir fur lui. L alkali ûx^ ^ en
même temps que la matière teipnante ^ parut avoir
pris un peu du fer , car tl donna une couleur
bleue « avec de bonne eau-forte, avec l'acide du
foufre , 8c avec le vinaigre diAillé , dans lefqueli
Xixx îj
7i6 PL A
il tCy avoit pas lieu de foupçonner qn'il y eût
^ aucun fer contenu 2uparavant.
La teinture volaile parut exempte de fer , car
elle ne produifît aucun changement dans l.'s me-
ules efprits acides , auoiqu à l inflant elle les chan-
geât en bleu , dés qu on y eût fait diiroudre d*abord
un peu de fer.
Cette folution foulée de la fubftance teignante
fut .verfée par d«:erés fur la folution de pla-
tine : la liqueur le changea d'abord en un bleu
foncée ; mais en y ajoutant davantage , elle
devint d*un jaune verdâtre. Le précipité fut de
deux fortes , jaunâtre au fond , Se bleu par le
haut.
Le tout ayant été fecoué enfemble & laiffé
repofcr jufqu*au lendemain , il parut au fond une
matière blanche , au-dcfTus une jaune , & au
fommet une grife , tirant fur le brun , plus abon-
dante. La liqueur fe trouva d'me couleur d'or
foncée.
Solution de platine avec des fels co'^ops.
M. Marggraf a trouvé que des folutiohs d'a-
lun , de fel admirable, de tartre vitriolé , du fel
fufible d^ rine , faites fèparément dan> de l'eau ,
& une folution de craie dans Teau- forte , ne
produifent point de précipitation , ni de change-
ment apparent , dans une folution déUyée de
platine.
Le fel ammoniac , Tun des ingrédiens auxquels
la menftrue devoit fa venu de di^oudre la pla-
tine d'abord , en a précipité une grai dj partie
fous la forme d'une poudre roi.>geà;re, ou jau-
nâtre , à -peu prés femblable à celle que dé^ efent
les alkalis.
Il efl à remarquer que quoique ni le fel am-
moniac, ni les fels alkalis féparément , n'occafion-
nérent pas une précipitation ce mpléee, la liqueur
refiant encore d'une couleur forte ; c pendant ,
quand on ajouta l'une fur la folution reAante
après Taâion de l'autre , il tomba un nouveau
précipité qui laifTa la liqueur abfolumcnt fans
coueur.
Solution de platine arec les efprîts vineux.
Comme on revivifie i*or de fus folutiohs par le
«loyen des efprits vineux, & qu'on le fait mon-
ter à la furface en p<?llicules jaunes , j'ai mêlé
une folution de platine avec une grande propor-
tion d'efprit-de-vin fortement reflifié , & j'ai ex-
pofé le mélange au foleil , pendant pluficurs jours ,
dans un vafe de verre à large embouchure, lé-
gèrement couvert de papier pour en écarter la
pouilière. Il n'y a point eu d'apparence d'aucune
pellicule jaune , & je n'y ai pas remarqué d'au-
tre changement , fi ce n'ed que la platine com-
»cnçoit à crtftallifer par Tévaporation du fluide.
p LA
Supçonnant que quoique la liqueur contint réd»,
lement de l'or , la platine pouvoit fonemem rete*
nircctor, & l'empêcher d'être féparé par rcfprit,
)'ai mêlé trois ou quatre gouttes de (olution d'or
avec deux cents gouttes de folution de platine;
& après les avoir bien fecouées enfemble , j'y
.'i ajouté un peu d'efprit de vin reâifié ; le tout
ayant été expofé au foleil comme ci-deflus , je
remai'quai au bout de quelques jours une pclU-
cule d'or à la furface.
Solution de la platine avec les huiles effiniicUes*
Ayant verfé de l'huile eflemielle de romarin
fans couleur fur environ moitié de fa quantité de
folution de platine , après avoir bien (ccoué le
mélange & l'avoir laiflï repofcr, l'huile s'eft élevée
^ romptement à la furface , f^ns contraâer ancane
cou eur , & l'acide au deflbus eft demeuré co-
loré comme il étoit d'abord.
Une compofition de platine & d'or qui avœent
été fondus enfemble étant diflbute dans l'eau ré-
gale , 3l la folution ayant été traitée de la même
manière , l'or fut imbibé par ThMile» & la platiœ
demeura en diflblution dans l'acide. L'huile char>
gée dor parut d'une belle couleur jaune >& .prés
avoir re(lé pendant quelques heures en repos ,
jeta une grande panie de l'or fur les côtés da
verre , en filandres iaunes brillantes , qui ne pa«
rurent avoir aucun mélange de platine. On a eflayè
pareillement quelques autres hurles diftiUèes» &
on a obtenu le même réfultat.
Solution de la platine avec Véthcr»
On verfa de Téther viiriolique, ou efprît éthéré
d:r vin , dont on a décrit la prépartion à la fin
de la huiiième fedion de l'hiftoire de l'or , fur
une folution de platine , & fur une folution d'une
compofition de platine & d'or. On boucha fur-le-
champ 'es deux phiolos , pour empêcher les par-
ties volatiles de s'évaporer , & on les fecoua lé-
gèrement. L'éiher ne reçut aucune couleur de la
folution de platine , mais celle de platine & d'or
lui donna en un inflant une couleur jaune.
Solution de la platine avec Fétaïn,
Une légère portion d'or contenue dans les foln-
tions acides fe faifant connci:re , en ce qu'avec
l'étain elle leur donne une couleur pourpre «
on jette quelques lames luifantes d'étain por
dans une folution de platine délayée avec de
l'eau. En fort peu de temps ces lames devinrent
d'une couleur olive foncée , & bientôt après fii-
rent toutes couvertes d'une matière d'un bnui
tirant fur le rouge. La liqueur devint d'abord
d'une couleur plus foncée , & enfuite , à mefitre
que le dépôt (e faifoit , elle fe trouva par de-
grés prefque fans couleur » & (ans donner la '
P L A
moindre apparence d*uue couleur rougeatre ni
pourpre.
On mît un peu ilc plaiine en digeftion dans
une quantité deau régale fyffifinte , pf>ur en dif-
Ibiidre à-peu-prés la moitié » & le rcfte fut dit*
fous dans une ncAïVclle portion de la mtnflrue.
Le* deux foluiinns , ira tées de la manière ci-dclTus ,
offrirent des phénomènes un peu diffère ns ; mais
on ne put apercevoir dans Tune ni dam l'autre
aucune tend-ince à une nuarce pourpre,
La dernière folution , qui avoic un œil jaune,
parc^ qu'elle n'étoit pas entièrement ('oiil;e de
pLtine , devint prefi^ue fans couleur quand elle
fur délayée avec de l'eau : cependant en y aiou-
|tani récain, elle redevint jaune de nouveau , ^ui^
Tiio rouge fombre , & enfin d'un rouge brunârrt
'»fcur, beaucoup plus foncé que l'autre fcdution
jilus raturée. A r es avoir repofé quelque temps,
EcUc devint parfatTcmert claire > dépofant un pré-
Iciptfé jiunâixc plus pâle.
Pour déterminer fi la platine étoît capable
d'cmpècher une petite portion d'or de fe décou-
inir dans cette furie d'ctTHi , on laiHa tomber
«ne goutte Je foluiion d*or dans quelques onces
d*une folution délayée de pLitinc. E^ y ajoutant
I quelques plaques d'éirân , la liqueur devint promp-
fcment pourpre.
Les expériences précédentes furent faites avec
pne foluiion Jî gratns choifis de pïaiine. /'aï fou-
rnis aulTi aux quatre derniers ciïais , avec rètain,
I Féther , les huiles eâentîcllcs & les efprtts vr
neux , une folution qui avoit été faite en mct-
|fant digérer dans l'eau régale te minéral- entier
avec fon mélange de particules j^tunes.
Dans tous ces ciTais, la folution a donné exaâc
ment lei mêmes apparences que fit Tatitre folu-
tion , après qu'ellt: eût été d'abord mêlée avec
une fort petite quanrité de folut.on d or , don-
nant une couleur pourpre avec t'étiin , com-
muniquant une teinture laune à Véthwr Se aun
huiles ctTentleltes « 8c produifant une pellicule
|aune avec l'efprtt-dc-vin rcôifié*
Priciphè de phttnt ex pop au foyer Sun miroir
con cave»
Meilleurs Micquer& Bcaumè , pour examiner
Taâion d^ijn m voir ardeur concave fur la pla-
tin-- eue ^ C( mme vn !*a déj* dît ci devant
cxpofèfcnt le précipita ronge de platane, fuit
àircc tes , a^luUs « au foyer du même miroir con-
cave. • Elle cummcnç» ur-c-champ à boutl
m ïir , èc dimmua coi.fiiéraoiemenc de volu
m me : il $*y élevi en méme-tem^'S une vapeur
ft cpaifie & fort abondante , fcntant fort^^m^fnt
19 VtAU régale , 6l qui parut (t kmtneulc 6t fi
19 blaiiche dans le voiûnagc du foyer » que nous
717
11 ne pouvions décider fi ce n*érc!? pas une
V vraie flamme. Le précipité perdit en même
n temps fa couleur rouge , pour reprendre celle
» qui cft naturelle à la pUtine , 6t il avoit alors
n Tapparence d'un ruban métallique. Après avoir
1» reité au foyer , la fumée bLnche fcntant
» IVau régale fit place à une autre fumée ou
n flamme moins abondante Se d'une couleur
If tir^ntfurle violet. P-ru de temps a près, il fe forma,
« à la partie la plus ch^ud-* du fjyer . un
n bouton de matière unie Ôt biilîante , parfaite-
n mt;nt fo.idu , fit alors les vapeurs cefierent,
i> En examinant ce bouton , quand il fut refroidi,
•• nous trouvâmes que c*étoit une matière opa-
• que vtirifimnte , de couleur d'hyacinthe à la
» furfacc , noirâtre & affez compare en-dedan<.
n Nous n'ofons pas aflTurer que ce fut une vé-
» riïab!«^ vitrification de la platine , faite en
• vertu de la matière fallne qui y éto t lointe
» dans le précipité. Il efl à propos de re péter
• rexpériencc avec de la platire pure 1 & avec
1» un verre ou miroir ardent concave |>lus fort
n que celui dont nous nous fervîmes.
En effet , comme la pLitine reprit fon appn*
rence métallique, clic fembVroit avoir été déga-
gée des fels avant le tem;M que la vitrificutiort
comm nça* Peui être ed-il allez facile d'cxpîi*
qucr un bouton de matière vitreufc noirâtre ,
formé dans le milieu du foyer par la chaux fer-
rugineufe , dont on ne peut gi^ere fuppofer que
le précipité ait été cniièrement exempt.
La matière fur laquelle le précipité en poudre
fut expof.: au foyer du miroir concave , peut
bien au{ïï avoir contribué à la vitrification : Tau*
teur ne nous dit pas quelle étoit cette matière*
Les expériences de cette ft£iion indiquent
quelques différences frappai ntws entre la platine &
l'or ^ non*feulement dans la qualité de pouvoir
produire » en diffc lution , une couleur pourpre avec
rétam , & de communiquer une fembUbletcim. re
à différentcfs font v de fuitts non oloréi , pou-
voir , qtii cft remarquable dans Tor , 3£ que la
platine n'a pomt ; mais encore dans de« pro^^né-
lés p us importa* tes & plLS Ciravlcrifliq^ies ,
puifquV'llcs lourniiTcnt des moyens de dt(iinguer
& dv féparcr le d,'U« méi-iux , quand ih fc trou-
vent combi-és t.nfem^*e, Elles nou> ont fait voir
ta pirfttiie iépar«'c en pa tte de fes foluiiuns par
une fubftance qui ne iepare point du t >at l'or;
favolr, 1c ft:l a«timuniaC| At tW fépa é compté-
tentent par des fubila^ ces qui ne (ép.^ren. pojni
du tout 1.1 platine: favotr, Talk.*»! muié^al , ks
ef ris vineux » les hudcs eiTcnuelle» » & Va*
ih^r.
Il p*roît femhlaHement par ces cxpériencci
qu^outre a poufliérc «loire qui refie en arriére
ans la dilToiuti^n de la platine , la partie dîf-
foute n'eft ^m> de la pîatmc pure ; car L cou-*
leur bleue que Talkali prulficn y prodyit, èqui-
7i8
P L A
vaut à une preuve que la folution contient du
fer.
£d platine expo fée aux feux vlolens , avec des corps
fjlks , infiammMes , fulphureux » vitreux &
Urreuxn
Après avoîr vu les effets des acîdés plus purs
fur la platine, & les piopriétès générales de fes
folutions , nous coiitinuefons par y appli-
quer ce qu'on appelé communément flux &
meriftrucs sèches , cVH^à-dire^ les Fubûancôs qui
{provoquent fimplcment la tufion des métaux
lan^ les ronger, ou qui les rongent, & s*uuî(Tent
1 euK quand ils font convenablement chauffés ,
à-peu-pres fur le même principe queles jnenflrues
humides les didolvent.
La platine avec le hrax.
On jeta une demi-once de platine dans une
once de borax fondu » que Ton poufla à un feu
violent pendant une heure, La platine ne parut
avoir fouflTcrt aucune altération ; maïs le borax
fut changé en une couleur bnine noirâtre, fans
doute parce qiul avoir diiTous ik vitrifié un peu
de la pouiïièrc ferrugtncufe.
Le tout fut remis au feu que Ton entretint
très-vîolent pendant encore un lemps confidéra-
ble , juf^u'à ce que le borax eut coule à travers
le creufet : il hi^a les grains de platine d'une
couleur blanche luifante , légèrement adhérens
énfemble , mais fans que leur forme fut ahé-
rée.
La platine anec Patkalu
J*ai traité la platine de la même manière avec
les fels alkalis fixes ordinaires bien purifiés , &
auiTi avec Talkali cauflique préparé par k leOive
évaporante des fabricant de favon ; mais je n'ai
point aperçu que ni Vun^ ni Tiutre méthode
produisît aucun autre câfetquc de contribuer à en
écbircir la couleur.
M. Marggraf a mêlé une dragme de platine
avec une demi once de fel à^ tartre , & leur a
donné un feu violent pendant deux heures dans
un creufet exa^emewi lutè. Quand il fut refroidi,
il trotiva un mîxie dur , d'une couleur verte jau-
nâtre , dans lequel la plarine croit difperfée.
Le tout ayant été fép.iré , autant qii*il étoii pof-
fihle , d'avec les morct-aux du cruuftt , en les grat-
tant & les lavant , l'eau qui étoit au-deffus de la
matière, fut trouvée le lendemain comme de la
gelée : la platine étoit phis blanche qu'à Tordi-
naire, prefquc de la blancheur de Targent, mais
de la figure accoutumée.
La confiiUnce de gelée que Teau acquit dans
cette expèrkoce » & dans quelques-unes des fui-
p L A
vantes , ne vient fans doute pot m de b pUtloc j
m;iis d'une portion de la terre du cretj£ec*<|
la matière faltne avoii difToute.
La platini avec le niire.
Le nitre qui réduit en chaux tous les
métalliques connus , excepté l'or ^ rargeot &
mercure, fut mêlé avec une pcfanteur égale d
platine « Se le mélange fut jeté dans un crciilt
chaud jiifqu'à rougeur ;.puis on enrreiint k fc«j
au même degré pendant un qiî art- d'heure oij
envirOii, Il ne fc fit point de dctlagration i 6t
pîaiiiîe ^ délivrée du ftl par des louons rétls '
dans de l'eau , pann n avoir fouri'ert d'il
changement , fi ce n'efl que fa couleur fut
cte ; effet que la fimple chaleur y auroii
duit. Le nitre fut néanmoins alkalifc en gr^
partie*
On mit dans un creufet quatre onces de
tine , Ôc huit onces du nitre U plus pur. Qa'
couvrit le creulct d*un autre qu*on rcnToiê
par-dclTus , & on *e tint en fonecémencatroa.
dans un fourneau à vent , pendant trnî. joun
octrois nuits, fans dircontinuation. Enfuîre ayiui
fait bouillir la matière da, j de Teau , p«^ur es
fèparer le fel , la platine parut d^uoe cotiicaf
de rouille , & avoit perdu près de la moitié ik
fon poids : la liqueur falinc ayant été 61trée ,
biifa une poudre brunâtre un peu plus qu^éqn»*
valente à cette diminution ; & enfutte ayaoi èà
évaporée jufqu'à ficcité , elle donna une fetm
quantité d'un alkati cauftique verdâtre.
La même platine fut cimentée trois aizim
fois avec de femblables quantités de noaveaa
nitre, &c on continua le feu , à chaque trois fois,
trois jours & trois nuits de fuite. Dans tes deas
premières répétitions , il fe fépara une plus pe*
tîte quantité d'une poudre plus pâle , & le lâé-
tal reliant perdit en grande partie la couloir ée
rouille qn'il avoit contrariée auparavant.
Après le dernière cémentation ^ la petite ^itâft-
tité de métal qui reftoit, avoit prefquc U mèoie
apparence que la platine l'avoi: d'abord : en k
lavant , il ne fe fit prcfque plus ancurve autrç
féparation de matière poudteufe , mats le nître fat
encore alkalifé, On mêla enfuite la pUtire avK
le fel ammoniac & le fel fublimé dans uti flicoa
de Florence ; le fel s'éleva fans couleur » &
laiflTa le métal blanc & brillant.
Les poudres féparées dans la cémctiraitofi fr
rent traitées de la même manière « & la fubfr
mation répétée trente fois avec de oouvdei
quantités de feL
Dans les premières fublimationa , Il s'élrva 4ei
fleurs faunes ferrugineufeî ; m;àts à la An le fd
ne reçut plus de teinture * ëi la poudre idb
d'une couleur de gypfe*
M* Marggraf donne te détail d^itoe expé ie*oi
de la mtme efpèce^ dans laquelle il rejaart{iBt
L A
quelque* phcnoménes i;ni ne (c fo-'-t pa.^ ren*
COfUiès clans les njicnrîts , pu auxJjiielltA Jlj nul
pas fait <l*4ttântion. Il jcna dans un crcilfet rouge
quitre onces de nitre & une once de platine :
I il ne fe fit point de détonation ^ tnais il s*éieva
junc vapeur confidèrable»
Le feu ayant été continué avec prcc^uian
[pour enij^ècheT c[u*il n'y tombât aucun morce-y
I de charbon , la matière , au bout de quelque temps ,
[comm^rtçs à tenâer \ & une portion qu'on en rira
^ parut vcrditre : enfuîte elle fc cb;(ne;ea en vert
d'olive foncé, 6t devint confidcrablement ép:^i it,
h^ dure: après quelques heures d'un feu violent,
^eUe fe trouva aulTi épaiiïe que de h bouillie.
On prit nvec une fpatule de ceile tnaiière
^patfTe f land s qi^elle étoit cha^udc ; elle fe trouva
d*on vert d'olive foncé. On rôinafla , autant que
Von put y de ce qui étoit adhérent au creuff t , &
Ioo le mit digirer avec Tauire dans de Ttiau di^li!-
lée. Le lendemain le tout étoit aiifTi épais que de la
gfflée. Eîant enfuit^ déiiyée avec plus d'ea i , bien
remuée, & enfuiie lailTée repofer, la ïiqueur fui
tranfvafce ; 6c on lépéta la même opér-iion juf-
qu'à ce que toutes les parties légères fniTent em-
portées. Cette matière légère , féparèe de la li-
^- 4jucur faline p.ir ta filtration , bien lavée fur le
Bmtre avec de 1 eau chaude, 6t ïechée enfuite, pefa
^t 3115 grains* Elle ctoiî d'une couleur grife foncée ; 8c
z. pdf une c^lci nation forte fous la moufle , elle dïîvint
-- auffi noire que de ta poix.
i Or broya les parties les plus pefanres dans un
- ftionier dj verre» au mo^en de quoi quelques-
: unes encore devinrent aïî^z fines pour être em-
portées au lavage. Cette porâon fut d'une couleur
brune claire, & monta à trente grains*
h^ plarlne pefcit 310 grains , Ôt confcquemment
lavait pvrdu plus d'un tiers j elîe rcfftimbloit tou-
"foor^ a 1,1 pUiine crue, & con fer voit fan luflre*
L*cnvelop;ie rouiîlée noirâtre , dont la mienne pa-
rut couverte après les premières cémentations ,
ayant été probablement emportée ici par fe broie-
iment , le nitre fui totalement décompofé ^ 6i avoir
acquis tous les cara^éres d'alka licite.
Le creufct & fon fupport ètoienr tciois prefque
]iart0UT d^une couleur d'améthiJie , comme il
arrive d'ordinaire dans la calcination de la man-
pnèfe avtc le nltre.
On traita de la même façon la platine avec trois
OfKcs de nouveau niire. Le creufet Hi (on fupport
furent encore teints d'une couleur d'améthi fie fort
belle ; tç nirre fur totnlcmenr alk.ilifé » Si touie^i
les autres circonftances arrivèrent de même que,
dans la première opération, excepté que les par-
ties plus Icgérc^ , qui furent cm jorrées dVbord ,
ne pcférent que6o grains. Elles devinrent, par la
calcination , d'une noirceur de poix comme au-i
paravanc; la matière poudrcufe reftante étoit d*on
Erii clair, 6l pefoit 4^ grains, La platine encore
rilbnte fe trouva pcfer 115 grains , ou moins
que ia moitié de fa première pefameur.
7ï9
L*6péra!ion fuf répété.- a^ec troî^ mn^es onces
de nitre, bj crcullt 61 {on fupjxort furent ^\rii%
teints moins fortement. Les premières lotions don-
nèrent 2 grains ci*une poudre légère , dont Tap*
parence refferabloit beaucoup k la terre bleue
d*Ecktrtiberg; 8t en frottant le rcfle de la platine
dans l'eau , on y obtint 40 grains d'une poudre lé-
gère , de couleur gris brun.
La platine ne perdit dans cette opération que
cinq grain?. Une diminution fi peu confidèrablc ne
favfanr guère efpérer aucun autre effet par une
rép6tîrion du procédé , on ne pouffa pas plus loin
iVxpérîence.
On a afTuré que la platine eïl un compofé d'or &
de quelque autre matière fi intimement combinés
enfemble , qu'ils ne peuvent être féparés » k moins
qu'on ne trouve d'autres méthodes de procéder que
celle qu'on connoit , & qu on pratique commune*
ment.
Un adepte dans le prétendu art de cette anaîyfe
métalhirgique plus relevée s'ef^ vanté d'avoir dé-
truit la matière hétérogène » au point de lailTer Tor
pur par des cémentations réitérées , & long-tcmjii
coiti nuées avec le nitre*
Pour écarter tous les fcrupuîes fur ce chef, je
lui ai permis de faire rcipèrience dnnr je vient
de donner un détail abrégé» & dont j'ai rîfqué
d'inférer fimplement les partrcularités qui lotît
venues à mes propres ohfwfvarions»
L*expérience avec laquelle celle de Marg2;faf ,
dans toute fon étendue , correfpond fuffiîamment,
a éiê dècifive. Elle nous a montré la plus grande
parâc de fa platine changée en poudre , & U pla*
fine rcftante , auifi éloignée de h nature de for
qu^cîle rétoii d'abord. J;; l'ai cfTayèc tant avec
les acides , que par la coupelle avec le rlomb
( ie donnerai ci-après le détail de ce procédé ) ;
i j*ai trouvé qu*ellc confcrvoitfes propres carr.c-
lères diflinaifs , fiins donner aucune marque d'or
quoiqu'elle parût étreplu^ pure que la platine ncfeft
dans fon état ordinaire. J'aîclTaycauffi par les mêmes
méthodes, les poudres qui ont été féparées d^ins
les cémentations , après en avoir, à plufieurs re-
prifes , foblimé le fel ammoniac que j y avoit
mê^é;& fai trouvé quelles n'étoieni rien aiirro
chofe que de la platine non réduite en chaux ,
mais fim^-lement dVvifée.
On peut préfumer que l'aflion da nitre ne s'eil
pas faite fur la platine fif$me , mais fur la matière
ferrugineufe adhérente a la furface des gra'ms ,
ou p\}s intimement mclée d^ns leur fubftance ;
lefqueîles particules de fer èrani changées en
châtix , la platine qui s'y trouve mêlée devient
divifée avec elle en forme de pnuflièrc,
Cette fuppofirion explique dune manière fatis-
faifante les principaux phénomènes du procédé :
pir exemple , que la fipanrion de la poudre eft
abon^lantc dans h première cémentation , & qu'elle
le devient de moins en moins danb les fuivjntes;
que la prejniére poudre cft d'une couleur foncée
72Ô]
P L A
& les autres pîuV pâles, comme fi le fer domî-
noit dans U première , & la plaiine dans les
autre ; que les poudres donnent des fleurs jaunes
ferrugineufes avec le fél ammoniac , tandis que
la platine qui ell reflée entière , ne donne point
de couleur au fcL
Par rapport aux prétentions d'obtenir de For
par ce procédé, il neft peut-être pas hors de rai-
fon de TuppoCer que la léparation remarquable de
la matière poudrcLife dans la cémentation ,& l'appa-
rence de quelqi?es grains d'or qui fe font trOL»vés
mêlés tout naturellement parmi ceux de la pla-
fine, ont porté des gens d*une imagination chaude
à aniicip£;r les autres effets du procédé ,. & à
pofer une afferiion que les expériences ci-Jeffus
rapportées renvcrlcnt abfolumsnt.
Im platine ave: le fil commun*
Une once de fd commun defféché a été tenue
en fisfion avec une dragme de platme, dans un
Cfcufet bouché, pcindane une heure & d^^mie.
Le Tel a paru jaunâtre ; & » en caiTant la maiïe,
on y a trouvé dans le milieu quelques grains
rouges cryftallins.
La pbiine éioit toute dans le fond du creifet ,
& confcrvoit fa figure , n*ayant fouft'ert d'autre
changement , fi ce n'eft d*èire devenue fort blan-
che. L'eipérience a été répété^ avec ce quon
appelle le feî commun régénéré , Ôl les phéno-
mènes ont été exaélement les mêmes. Ces deux
expériences font d^ M, Mirggraf.
La platine avec les feU vUrloîîqties*
M. Marggraf a mêlé une dragme de platine
avec un peu de fel admirable de Glauber pur «
& a tenu le mélange ï un feu Vient pendant
deux heures. Le fel s'eft iï^finué à travers le creu-
fet , & a laîiTé la platine d'une couleur grife
obfcure. En lavant la platine avec de leau , &
la broyant dans un mortier de verre , il s*en eft fé-
paréun peu de matière légère d* une couleur noirâcre
luifante f & ce qui en reAolt , étoit la pUtine fans
altération.
Une dragme de plaûne & une once de tartre
vitriolé furent rraitées de îa même manière : le
fel fondit fit devint rougcâtre j la platine n'é-
prouva point d'autre changement , fi ce o'efl
qu elle parut un peu plus gofe.
La plaûne avec les huiles ejftntïelles burine.
L'urine putrifiée & épajlBe jufqu'à la confif-
tance de firop donne , par la cryftallifatton , un
concret fa lin fingulier , appelé /-/ fufibU ou
effentid d'urine , ou fel mïcrocQJmiqtie , qui
contient l'acide du phofphore , uni avec un al-
Itali volatil. Ce fel cxpole au feu fe fépare de
(pfl al)tali , fit preni um apparence vitreufe :
p L A
on prétend que dans cet état il ronge tous les
métaux ordinaires en fuûoQ , fans en cftccptcr
For.
On mêla î8o grains de ce fel avec }0 grmi
de platine , & on preffa b tout à un feu violcw,
pendant deux heures , djns un creufef- On troiwi
la platine au fond fans aucun changement , coo-
verte du fel qui ne parut auffi que fort peu at
îérè. Soixante grains de ce fel avec aitUBt ée
borax calciné , & 30 grains de platine , foitst
traités de la même manière ; il y eut tine fisont
vitreufe un peu opaque & d'une couleur "ntfm
jaunâtre : les fels 8c les parties plus légère* ei
étant féparées par la lotion , la platine (hààt
parut fous fa forme rjaturelle , mais p'us Um-
che qu'auparavant.
Après la cryftallifation du fel précédent «TsTfie
l'urine , il s'en cryftaUife un autre qui ne ce>
tient pas Tacide phofphorique , & dont la c*»-
pofuion eft encore inconnue. Ayant poulTé as
fcu vïol.nt trois dr^igmes de ce fel , & une d^
mi-dragme de platine dans un creufet fermé ,
le fel coula tout entier à travers le creufet \ k
la platine , après avoir été broyée dans «m mec-
tier , & lavée avec de leau , parut dans fi ht-
me première , feulement elle étolt un peu pliii
blanche quauparavant.
Une dragme. du fel » une de borax calciné ,
& une de platine , traitées de la môme minière
donnèrent une maffe vitreufe d'un Tcn jaunâtre
de cbrîfolite fombre , fous laquelle étoit b pla-
tine, fans autïe altération, fi ce neft que, cou-
me dans les cas précédens , elle étoit p!us blan*
che qu auparavant. Toutes ces expériences 6»^
d'après Marggrat
La platine avec t acide pha/phorifue.
Quand on met fur le fer du phofphore d'il»
rine fous une cloche de verre , à- peu- pf es
a même manière que Ton a coutume de h
1er le foufrc , pour en obtenir fon acl Je , il doi
des fleurs fpongieufes qui à Texte rieur '
blent à celles du zinc. Ces Heurt , & ce «i
refte de matière fur le plateau de verre, l*
lequel on a placé le phofphore , fe chargent
rhumidité qui vient de IVir , & coulent eiï
liqueur acide épaiife qui, cxpofée au feu,
une matière fèche , laquelle fe fond fous la
me de verre-
M, Marggraf a mêlé 60 pains de pîattoc iffC
deux fois autant de cette liqueur acide , & Ici
a mis dans une retorie , dant la jonâîon r
le récipient n'étoit bouchée qu'avec du papct*
L'humidité aqueufe en étant attirée au flaoye*
d'im feu gradué , la retorte toute rouge Ml
mife fur des charbons ardens , jufqu'à ce qu^dk 1
commençât i fondre : après quoi , étant tiiie A I
feu , il fe fit un écUt de lumière comme i*
éclair , qui remplit à-la- fois la rctortt & It
À
»
P L A
récipient , & une cxplofion violente lui fuc-
cécEa.
L auteur , fort ingénieufement & avec beau-
coup de probabilité » attribue cet e^ei à un phof-
f)hore régénéré , dans lequel le fer, mêlé avec
a platine, a fourni le principe inflammable ; ik
il prétend que l aétion de ce phofphore u*a pu
avoir lieu que quand la diminution de la cha-
leur a laiiïe introduire Tair par la jonâion mal
bouchée*
Après avoir ramage les morceaux de verre ,
le fond de la retorte a paru couvert d'une ma-
tière faline blanche » & quand on Teût grattée ,
on trouva par-^e0bus la platine qui n^avoit point
fouffert d'altération* Il tû évident que la platine
dk-méme n'a contribué en aucune façon à pro-
duire la fulmînation ( Tauceur même n'a pas
fuppofé que cela fût ) , quoique Vogel fait de cetrc
fulminatîon une des nouvtlks prêpriétis de la plaûnc
découverte par Marggraf.
La piatint avec lefiux noir , 6'tf#
On a tenu en fufion , pendant plus d'une heure ,
|liJie certaine quantité de platine dans un crcufci
I fci^é , avec quatre fois fa pefanteur du flux
noir que les chymiRes emploient communément
pour la fufion cfes minéraux (k des chaux métal-
liques , & qui ell compofé d*une partie de nitre
& de deux de tartre » mêlées enfemble & réduites
%u feu dans un creufcc couvcn en charbon al*
kalîn.
On a pris auffi des compofitions de fuie de
^ bois » de poudre de charbon de bois, de fel
commun & de cendres de: bois » que M. de
Réaumur a recommandées pour changer le fer
Ibrgé en acier ; on les a mêlées avec de la pla-
Itine, & fait cimenter pendant ptufieurs heures
rdans des creiifets couverts » tant à des degrés
hmodérés de chaleur , qu'avec des feux excités
r violemment. Dans tous ces ciTais je n'ii pas pu
I remarquer que le métal ait foulferi d autre chan-
tgement , H ce n*eft que fa couleur en fut obf-
I curcie.
La pUunt avic du foufrt*
On étendit une once de platine fur deux
Ponces de foufre , parmi lequel on avoit mêle
d*avance un peu de pouiliére de charbon de
bois . pour rempécher de fe ïiquéHer au feu ,
ail point de biffer tomber La platine au fond.
Le creufet , recouvert à fon entrée par un autre
creufet renverfé avec un trou à fon fond , fut
tenu pendant quelques heures dans un fourneau
de cémentation. Puis l'ayant retiré du feu > on
trouva que le foufre s'étott entièrement évaporé »
& que la plattne féparéc de }a poudre ùe char-
bon par la loiion , avott la même pefanteur
& ta même apparence qu'auparavant , excepi
Ani & Miikrs , Tomt K Fan* IL
P L A
721
que fa couleur ètoit devenue noirâtre. En la
broyant dans unmi>rtier de verre, avec un peu de
fel aikali & d'eau, fa noirceur fut détruite, &
elle reprit fon brillant originel. J'ai varié Tex-
périence, en chauffant fortement la platine dans
un creufet toute feule , & en jetant par-deflTus »
à plufieurs reprifes, dâi morceaux de foufre » elle
eft toujours reftée faas altération , & il a paru que
le foufre n'avolt pas plus d'aéèion fur elle que fur
Tor.
La phtînt avec Valkali foufrL
Comme les fels alkalis fixes mettent le foufre
en état de difïoudre Tor en fufion , j'ai expofè
la platine au feu avec un mélange de parties éga-
les de foufre fie d' aikali fixe , appelé hepar fui'
phurïs , ou foie de foufre. Apres avoir entrete-
nu quelque temps une chaleur confidérable , &
remué de temps à autre la matière avec un tuyau
de pipe net , *fai ôté le creufet du feu fie mis
digérer le mélange dans Teau. Parmi la jnaliére
qui relia fans être diiïbute , je ne pus dillinguer
qu*un petit nombre de particules de platine ; fie
n'avant pas porté plus loin mon examen , quand
jecionnai mes mémoires à la Société Royale, en
1754 , on }ugea que la platine avoit été diiïoute
par lalkali foufre , de même que la plupart des
autres métaux le font. Cependant Texpérience
ne m'ayant pas paru fatisfaifante à une féconde
revue , j*allois la répéter avec plus d'attenuon ,
ruand on me procura la levure du mémoire de
M. Marggraf, ou j*at trouvé qu'il Tavoit répétée
aunî.
M. Marggraf a mêlé d'abord deux onces de
fel de urtre pur » une once de foufre » fie une
demi-once de pbtine , fit a mis le creufet à un
feu de forge avec un autre creufet renverfé &
lutté fur fon embouchure.
Après avoir pouiïé le feu avec véhémence
pendant trois heures, le creufet qui étoit de HefTe ,
fit fon fupport , avec une partie des briques de la for-
ge, furent trouvés fondus enfemble, Ston vit, fur
quelques fragmens , la plaiîne en forme de peti-
tes feuilles d'argent , mais pas bien cohérentes.
Le trop de chaleur ayant rendu cette opération
inutile , il fallut en faire un autre e^ai.
On prcffi, peîidant deux heures, fur un feu
violent , une demi^once de platine , une demi*
once de fleurs de foufre , fit une once de fel
de tartre pur , dans un creufet lutté avec foin
comme aupar»v.int. En ouviant le creufet , la
matière parut s'être fondue ; elle paroilToit jau-
nâtre en dehors , fit quand on Teut ca^Tée , elle
montra çi fit là quelques cryftaux rougtârres. Elle
étoit foliée comme le minéral que les allemands
appellent elfnfahm*
On verfa de^us un peu deau ch^tude , fie oa
continua d'en ajouter aufTi long-temps que U li-
queur eut quelque teinture, La leffivc filtrée
Yyyy
722
P L A
étoit d'une couleur verte jaunâtre , comme la
îulution commune du foie de ibufre. En lavant
.es parties les plus légères de la matière rertée
non difToute , le refte parut eifaéljment comme
le e'ifcnruhm , fous la forme de larges flocons ,
6i douce au toucher* Elle étoît aulfi plus légère
C[uc h platine , & ne lui nr^embloit pas le moins
du monde.
Il mêla quarante grains de cette matière avec
une once do nirre , & jeta peu-s-peu ce mé-
lange d«ns un creufet chaud juCqu'à rougiîur ;
il ne fe fir presque point de détonation. Y iiyrttii
entretenu le f-^u pcn(knr une heure , avec des
préraiJiions pour empêcher qu'il n'y tombât
deviens aucuns morceaux de chc<rbon , on obrn:
enfin une maile grifc t rant fur le verdfirre ; t(
l'ayant rcîfe en digefîion dans de l'eau, diftilîéî /
le fluide devint aulfitôi comme de la g^lée. Et\
délyant ^ lavant la matière , il recouvra
fans altération la platine qu'il avoit cru dé-
truite.
Cette expérience ne paroiflant pas encore déct-
five , j'ai fait quelques autres eflfais :• j'ai mêlé
quatre onces de fleur de foufre avec la même
qu;inrité de fel alkali fixe pur , & j'ai verfé le
mélange peu-à-peu dans un creufet rouge chaud,
couvrant à chaque fois le creufet. Le mélange
itoit en ftifian parfaite , j'y ai ajouté une once
de platine qui avoit été d^ava.nce expofée à
un feu violent , j«i(i{u'ii ce que les grains fuf-
fent joints eri uhe'tnaïAe, & enfuite j'entretins
un degré modéré de chaleur pendant t-ois ou
quatre heures. La maife de platine fut fiivifée
prcmptcment.
Quoique le met;:! ne rcflât pas fufpendu dans
le liîélapge fulphureux , mais qu'il fe prcci^^itât ,
du moins pour la plus grande partie, au fond,
doii on le rcmuoit & on l'enlcvoit de temps à
zuX'C avec la tête d'une pipe de terre, à la fin
le creufet fe geiça & fut en partie rongé.
Après avoir fait bouillir la matière dans envi-
ron une pinte d'eau diOilîée , la liqueer fi'trce
fe trouva d'un^; couleur rougcâtrc foncée : le
rcile, bouilli d«ns de nouvc'les quantités d'eau ,
donna une teiiturc verte olivâtre.
. Ayant réitéré l'ébujluion , (k broyé la matière ^
dans un mortier , jui^['j*à ce qu'elle ne Kit,n r
plus Tcau , la partie :/.ii refta à la fin fans cire
difToure, fut une poiid.e d'ui^e couleur obicure .
qi.i n'avoit rien de i'; p[ arencc de platine , m«i^
q.ii fe trouva ii'ètr«î autre chofe que la p.'aeiue
divifée.
Cette platine fut traitée de la même manière
trois ou quatre foii,avec de nouveau foie. Le.
C'^uftts manque! en t toirours , &: furent beau-
coup ro/:f,cs ; la |.h:ii.?e fut réduite en une
poudre fi fub ile , qu'on ne pou voit la féparer
par la lotion d'avec les parties du creufet ({ul
étoient pilécs avec elle.
p L A
J'aî eflayé pareillement un Me fait \ la mij
thode de Stahl , en faifant fondre du tartre vî«
irloîé avec de la poudre de charbon de bois. Ce
mélange fe fondi: fort aifément , fans aucune ad-
dition de fel ;>lkali ni de fcl commun que l'oa
regarde communément couime nécctTaire pcar
faciliter la fufion ; car quoique le tartre vitriolé
féparément fo:i i è'» difficile à fe fondre , cepen-
dant ici fon acide vitnoii jue s'uniflai:t en fou-
tre avec la.p»rtie iidim lable du charbon de
bcis , la matièic devient un com^iofé de foufre
6t dVikali , Cî fe fond au ii aifément que le
foie , qui efl fait dire»i:Kmcnt avec ces injré-
diens.
La platîne tr?itée avec ce fcîe foulïnt le
même changement que de l'autre minière. Les
creiife's furent cg lement a'térés ; ^c\ folunons
aqueufvS de la m. (Te furent en partie rougtâtres,
& en partie d'une couleur vtrte oiivàtre. Les
grains de platine qui auparoV.*nt étoient c^ liés
en une maffe par un feu violent , furent ('i$-
ioints , & la plus grande partie fut divifce fous
une forme poudreufc.
11 paroît donc que la platine eft divifé*? par
le foie en fufion , à - peu - piès de la même
imanière que par une longue cémentation a.vcc
le nitre.
Il refle à examiner fi quelqu'une de fes par-
ties eft véritablement diffoutc , de façon à être
enlevée par Teau , & emportée avec le méUnge
alkalin falphureux. I*ai filtré les liqueurs deux
fois à travers des papiers doubles , & enftiitc
j'y ai ajouté , par degrés , de l'eip-it-de-fel ,
pour neutralifer Talkali : d'abor J il eA tombé un
préc-iité brunâtre, & enfuite un blanc femMa-
ble au (oufre préciiiié ordin:iire. J'ai faît chaufier
ult peu du précipité brun dans un petit vailTeas
à icotifler, & j'ai sjoi tè .un peu de nître pour
brûler pins efficacement le foufr - : il refla fur
le plat plufieiîrs particules bril'ar.tes , fembl •
blés à de la platine ^ difpeifécs fur toute il
furface.
Le refle du précipité ayant été brûlé de la
a\Qm'z fiçon , j'ai ajouté un peu de plomb pur,
pour ral';.mbler les particules difperfécs de la
plaine , 6c enfi ite j'ai fiiit partir le plomb à II
coL*pelle. Il a Uiilé un grain raboteux & caffast ,
comnie ceux qu'on cbiicnt en coup<:iUnt la pla-
tire crue ar-c du plomb , & dont on donnera
ci-api es l« détail dans la feptîéme feft on. U
paroît fuivre de ces expérience» que le foie
de foufre difibut réellement la platine , quoi-
qu'avec bien de la difficuhé & en fort ptcitc
quantité.
La platine avec des ccrps- terreux.
On a trouvé que cenains corps terreux faci-
litent la fufion non - feulement de quelques
P L A
inlnèraux métalliques , maïs même , dans certai-
nes ctrconAances , de métaux plus purs. Ainli
le fer forgé qu'on ne pourroit pas faire fondre
dans un creufct fans addition y a été amené en
fuiîon , en l'environnant de gypfe ou plâtre de
Paris ; c'eft un fait dont en doit la découverte
à M. deRéaumur.
Pour voir fi la platioe feroit affeftée de quel-
le manière par des fubflances de ce genre ,
î*en ai mêlé une once avec du gypfe 9 ^ je
Tai pouflee à un feu vif > pendant deux heures ,
dans UB fourneau à vapeurs.
Le creufet qui ét':)it de ceux de He(Te , a été rongé
CB plufîeurs endroits , & reiidu auiTi mince que du
Bapier , & çà & U il étoit percé entièrement ,
la matière du creufet & le gypfe s'étant en quel-
<;ue forte vitrifiés enfemble , mais la platine refta
fans altération & fans fe fondre. *
La chaux vive & le caillou calciné furent
cffayés aufTi de la même manière ; mais ils
ne nrent ni l'un ni l'autre aucun changement fur
|g platine.
La platine avec les corps vitreux,
i**. On broya dans un mortier de fer une
demi-once d'un précipité , provenant d'une folu-
tien de platine par l'étain , avec huit fois fa
pefanteur de verre de caillou ordinaire. On mit
ce mélange dans un creufet , qui fut couvert
& lutté , & que l'on plaça dans un fourneau
à vent. Le feu fut poufl'é graduellement, &
entretenu extrêmement fort pendant environ dix
heures : enfuite ayant retiré du feu & caiTé le
creufet » la matière fut trouvée d*une couleur
noirâtre foncée , fans tranfparence , friable , par-
femée d'une fubftance blaachâtre > brillante , &
yifiblement métallique.
Il eft probable que cette mitlère métallique
étoit la platine , & que le verre de voit ion
opacité & fa couleur obfcure non pas à ce
métal , mais à l'étain qui étoit dans le précipité ,
ou à quelques particules de fer détachées du
naortier , ou à quelques autres caufes acciden-
telles.
a<>. Tai broyé , dans un mortier de ytrrç , un
Smart d'once d'un précipité de platine, fait parle
el alkali, avec douze f.is fa pefanteur de verre
de caillou en poudre , & ]*ai fournis ce mélange
«u même feu que le précédent.
Le réfultat a éié un ve^rc nuageux & comr
paft, aflTcz transparent d*ns les morceaux min-
ces , couvert en pArtie d'une enveloppe blanchâtre
mince. Vers la partie fupcri.inre , & tout autour
des côtés , on remarqua plufîeurs particules de
4iét«l y qui paroinoient à Toeil comme de la pla-
tine brillante , & fe trouvèrent dures fous la
pointe d'Hn couteau»
p L A
m
Dans cette expérience , comme dans la pré-
cédente, le verre ne paroiffoit pas avoir rien reçu
de la platine , & le changement n'éioit aune
que celui qui eft caufé » dans le verre de caillou ,
par une légère introduâion de matière inflam-
mable.
3®, M. Marggraf donne une explication des trois
expériences du mélange de la platine avec des
corps vitreux. Cinq dragraes de fel pur de tartre ,
douze de fable net cslciné & bien lavé, une drag-
rae de borax calciné , *deux de nitrc , &. deux de
platine crue, pat été mêlé.s enfemble, & entre-
tenues jplufieurs heures à un feu violent dans
un creufet couvert.
Il en a réfulté une mafTe vîtreufe , un peu ref-
femblante à une opale , & d'une couleur tirant
fur le vert de mer. La platine, qui n'éprouva pas
d'autre changement, fi ce n'eft qu'elle en devint
plus blanche , étoit difperfée , partie; à la furface
du verre , & partie fur les c6té< , 6c environnée
d'une matière vîtreufe diftinde de couleur d'hya-
cinthe foncée.
4". Il efTaya auffi la poudre féparée de la pla-
tine par cémentation avec le nitre,tjlle qu'on Ta
décrite ci-devait. Six grains de cette poudre
furent mêlis avec cent quatre- vingt grains de
fable blanc , & quatre - vingt - dix de (el de tar-
tre. Le mélange fondu à un feu violent, dans un
vaifTeau fermé , fe changea en un verre poreux ,
grifâtre , & non tranfparent.
5^ 11 prépara un précipité de platine & d'é-
tain enfemble, & cfTaya de vît-ifîer ce mélange.
Ayant mis digérer une plaq:.e d'éi«in poli da-ns
une folution de platine, une ja.tie de la pla-
tine fe précipita iur l'étain en forme de poudre
d'un rouge noirâtre , & l'étain au bout de quel-
ques jours fut tout-à-fait rongé.
La liqueur d'une couleur de café foncé ti-
rant fur le noir, étant verfée dans un filtre, piffa
toute noirâtre. Cette folution compofée de platine
& d'étain fut p-ccipitée avec du fel de tartre;
alors la liqueur .afi'a par le filtre fans couleur;
& la matière qui refta fur le papier , étant bien
Javée avec de l'eau chaude , 6c féchée , fut une
fubftance noire, refTemblant prefque , dans fa frac-
ture , à de la poix Cciff^c ou à à^% morceaux de
charbon de terre fin.
On mêlabien cifemblc 40î:riîns de cette fub-
ftance, 60 de !)0';.x cal';ip.c, 120 de nitrepurihé ,
240 de fel de tartre pur , & 4S0 de poudre d^
caillou ; puis on fondit ie tout à un feu vio-
lent.
Il en réfuira un verre grifâtre , dans lequel on
ne pouvoii trouver aucuns grains métalliques :
un morceau mince dc^ce verre, pofé fur l'ongle
& expofé au foleil , préfentoit une couleur d^s-
méthiilc.
Il ne paroit pas , c'après ces expériences ^ qu'au-
Yyyy ij
724
P L A
cune portion de la platine fut véritablement
vitrifiée ; on peut plutôt conclure que fi la pla-
tine a difparu dans les dcfux dernières expériences ,
cela vient de ce qu'elle étoit difperfée par toute
la maiTe, dans Tétat d'une poudre trop déliée
pour être diftinguée : la couleur du verre ne
Peut pas être attribuée à la platine , puirque
expérience du n^ 3 a fourni des couleurs plus
confidérables , quoique les grains de platine
fojent reftés fans aucune altération.
Dans mes expériences , n°* i Si 2, 8c fur-tout
dans U dernière , la platine , quoiqu'elle eût été
atténuée parlafolution & la précipitation avant fon
mélange avec les ingrédiens vîtt Sans, ie fépara du
verre dans la fufion , & fut raiTemblée en particules
fenfiblcs , dont quelques-unes même étotent
du ne grandeur coniidèrable. Cet effet fut encore
marque plus fortement dans une expérience de
Le précipité rouge de platine fait par les alka-
lis , fut mêlé fur une pierre de porphire , avec
un Rux compofé d'une dragme de borax calciné «
une dragme de crème de tartre , & deux dra-
gmesde verre blanc qu'il avoit préparé lui-même,
avec fix parties de fable blanc 6l huit parties de
borax. Il ne fpécifie pas la proporiiun du préci-
pité de platine quM ajouta à ce flux, L^ mé-
lange fut pou (Té à un feu de forge , animé par
plufieurs foufflets pendant 35 minutes ; Ôc la
matière étant alors tranquille 6i en bonne fufion,
il la laîfTa refroidir, La parrit; fupèrieure de la
mafTe fut un verre noirâtre. Il trouva au fond
du crt^ufet un bouton de platine bien rajn^if-
fée > aiTez brtUame & unie à la furface , pefant
96 grains
Ce bouton a voit toute Tapparence d*un mé-
tal qui a reçu une trèr^-^ionne fufion. Cependant»
en eflay lUt de Tétendre fous le marteau , il fe
rompit en deux morceaux » & fit voir une cham-
bre ou cavité ovale dans fon milieu : la ca0ure
reflembloit à ceVIe d'un fer calTant à gros grains.
Elleapprochoit fort du fer coulé, pour la dureté,
car elle rayoit profondément Tor , largent , Je cui-
vre , & le fer même.
Le tiflu f la qualité caffante & la cavité de ce
bouton faifant voir que la platine , quoiqu'elle
eut approclié beaucoup de la fufion , n avoir
pourtant pas éié parfaitement fondue y Fauteur
fe propofe de répéter ropé ration avec un degré
de chakur encore plus tort.
Il faut remarquer dans cette expérience, que
dans le précipité dont on fe fervit , on ne peyt
pas fupuofer que la platine ait été bien pure de
tous autres métaux. Les folutio ns de platine con-
tiennent vifiblement du fer , comme il paroît ,
tn ce qu'elles donnent le bleu avec TaSkali de
P uîTe : les alk^lis, fait 6ie5 ou volatils préct-
pitent ce fer en même temps que ta pbtinc ; &
cumme une partie de la platine demeure dilToute^
PL A
le précipité peut contenir une plus grande p^ro^
portion de fer que n'en contenoîent les grali»
de platine même.
Quoique le fer foit dans un état de chaui ,
foluble par le verre , & incapable de fc mêler
avec les corps mètalliquef dans leur état parC^it,
une légère întroduCiion de matière înflamuLable
fufEt pour le faire revivre, les chaux de fer
paroiiïant plus faciles à ranimer que celles de
tout autre métal. La couleur noire du verre
étoit dure fans doute au fer ; & il ne faudrois
pas être fy rpris fi , dans d'autres eflais , par It (utU
on trouvoit que des préparations de platine tct*
gnoient le verre de toutes les couleurs que le
ter peut communiquer.
Si la piatîne a été réellement fondue , on pcot
attribuer fa fufion a un mélange du même fflé*
tal ; mais il eli très-probable c^ue Tapparencc
de fufion n'éroit autre chofe qu'une conglutun*
tion des atomes impalpables dans IcfqueU b
platine avoir été divifée , femblable à ce qii(
Ton voit arriver^ quand on pouOe le mtoàtà
crud fur un feu violent*
Il paroit , par les expériences rapponées di»
cette feftion» que la platine non-seulement cl
par eik-même réfraÔaire dans le feu ; mais <û-
corc qu el!e réfilie aux additions , & aux maoi»
publions par lefquelles tout autre corps métal-
lique connu eft rongé , diiTous , ou changé en
un état vitreux. Si , comme rcnfcigoem Ici
Alcliymiftes, les métaux font d'autant plus Bar-
faits, qu'ils font plus permanens 6l moins fisKep*
tibles de changemens , on peut afTurer que b
piacme eu le plus parfait Je tous les mèusJL
connus.
Du mélange de U plaûne avtc Us métaux m
La permanence de ce nouveau métal , ia bbfl*
chcur qui ne fe ternit pas , & fa réfidancc aux
liqueurs qui rongent ou diilolvent la plu pan da
autres métaux, fout fans doute de grands avan-
tages ; mais ces avantages font à-peu* près f>Cf*
dus , ou du moins rendus inutiles, par le dct'«izi
de fufibilité qui puifîe mettre les ouvriers en tui
d*en former des vailTeaux ou uftenfiles.
Nous n^avons guère heu d*attendre auotfll
ufages de cette efpéce d'un corps û rèfradairtf
à moins qu'il ne foit combiné avec d*4Utrci tné-
taux , dont les propres qualités pourrom êrtï
amértorées par le mélange de cenaîncs propor-
tions de celui-ci, ou qui pourront fcrvtr «'m*
tennèdes pour lier les parties de la platine, Éwi
faire beaucoup de tort aux propriétés daos 1<(*
quelles coniiite fon excellence.
Ces cfpéranccs ont contribué à mVncoiirager,
& mont fait eiTiyer une fuite pénible d'eipé*
riences, q^i nicnc, fans ces conftdératiom , otf
peuvent manquer de fournir des pbcâotfioef
PL A
îmèreflans. Je regrette fort de n*avoif , dtnf toute
Mpene leâlon , guère autre chofe k rapporter que
^■les propres expériences. MM, Marggraf & Mac-
^buer ne ie font pis livrés à cette recherche , &
BScheffer na p^s pu b pouiTer bien loin, faute
Hi 'avoir de la platine pour y travailler. Les trz-
BraiiJi réunis de ces MeiTieurs nous auroîent fans
doute donné des découvertes bien plus impor-
_santes.
H Comme tl eft queflion de diiïoudre la platine
par les métaux fondus, nous lui appliquerons les
différens corps métalliques , à-peu-prés dans lor-
~Ve de [a facilité quils ont à devenir ftuides au
A, commençant par un fingulier qui fe trouve
lurellement dans Tétat de tufioii.
ta platine avec U mercun*
l*ai fait broyer enfemble dans un mortier
fer une once de platme & fix onces de mer-
Are fin, avec un peu âe fel commun & d*eau ,
quelques gouttes d'efpric de kl. Quand le
roicment eût été continué environ ftx heures ,
grains de pbtme parurent enveloppés de mer*
ire» de manière qulls s'unirent enfemble en
ic efpéce d'amalgame imparfair. Après en avoir
crfé le mercure fluide , j'en ai fait évaporer une
iriie dans une cuiller de ter ; il laifla aprév lui
le quantité conûdérable d*une poudre dt cou
zr obfcure» entremêlée de particules brillan
Une partie du mercure fut palTée à travers un
3gc » o£ une partie fut filtrée à travers un cuir
lin ce* Toutes le:» deux laiJlérent aufli , après Té-
■poration , une poudre femb abie : la portion
lî a voit paifé par un linge , en donna une
lantitè a(7ez confidérable ; mais celle qui avoit
rc k travers le cuir, en donna fort peu,
M, Schelîer a effayé auffi d'amalgamer le mer-
rc avec la ptaiine , & rapporte que fon ope-
Ition n*a pas réu^i , quoique le broltment ait
contint é avec une légère addition d'eau ré
lie , au mt ins deux tbis auffi long-temps qu'il
(aw pour Tamil^^liiation des limailles d'acier
fcc le mercure , quand on y ajoute une folu-
in de vitriol vert.
U parott par l'eipérience cî-deiTus qu'une gran-
pa tie de la platine , mCmi? après avoir été
Tong-ttmps broyée , demeure encore en grains
entiers non di(loi»s , & combinés avec le mer-
irc en une maile q*je l'on <ip elie amulgamf ; mais
fadbeiion du merctre à la furface faïf^ voir une
imté entre eux deux» ou unedifpofiiion a s'u-
ir ; 6c la poudre Ijinoc après révaporation €\u
jrif-afgcnc paiïé par le cuir , cil une preuve qu^il
a eu quelque portioo de la platine véritabk-
mcnt dit oute.
Tar lépétè Texpénence à pluficurs rcprlfcs, &
ymï toujours trouvé qu'une partie delà platiLe étoit
P L A
725
diiïoute par le mercure , & que les grains non
diiïbus en étoient enveloppés.
La platini avec k htfmiuL
Ud mélange de flux noir & de fel commun
ay^nt été mis en fufion dans un creufet , on y
jeta des parties égales de ptattnc âc de bifmuih ,
&. on poufla Topéraiion à un feu vif , fortement
excité par des foufflets. Les deux métaux paru-
rent s'être fondus enfemble au bout de quelques
minutes ; alors ayant retiré du feu fie bilTé re-
froidir le creufet, la maflc métallique qui étoit
au fond, dégagée du ilux, fc trouva pcfer à-peu-
près autant que les ingrcdiens pefoient d'abord ,
& la perte ne monta pas à plus d'une cent-vit:g-
tjéme partie. En la brifant , on ne put aperce-
voir aucun grain de platine ; ce métal parc if-
fou tout'à-fait diiïous & confondu avec le bîf*
muth.
L'expérience fut répétée dans un fourneau à
vent ; mais à cette chaleur graduée les deux mé-
taux ne s'unirent pas bien : i^union ne fut par-
taite ici, que quand (in eut augmenté la dofe du
bifmuih jufqu'i environ trois fois la pefanteur
de la platme. Avec de plus grandes quantités
la platine fut fort aifément di (Toute dans un four-
neau à vent , au^i bien que dans le fourneau à
foufflets ; mais dans tous les cas « il s'en préci pi-
toit une partie , quand on laiïToic refroidir lente*
ment le mélange*
Pai fondu de la platine avec dlverfes propor*
tiens de bifmuth, par exemple, jufqu'à 24 par-
ties du dernier pour une de platine. Tou es cc^
compofuions fe trouvèrent très-caïTantes , û* rr ê-
me que le bifmuih feul : elles ne l'étoicm pas {tn-
fiblement ni plus ni moins l'une que Tautre. El-
les n'étoient guère plus dures fous la lime , que
le bifmuih pur. En les brifant, la furface de la
iVafture paroiApit le plus fou vent compose de
bandes & de lames étroites, placées tranfverfa-
iemt:nt.
Avec de plus fortes proportions de bifmuth «
les bandes 6i les lames étoient grotriéres fit irré*
gulièrcs ; avec de plus petites, elles étoient plus
déliées ; & quand les deux métaux étoient en
qu il nettes ég.les, on ne pouvoit prefque pas les
diéltfjguer du tout.
Quand les maiTes étoient nouvellement cafTeSt
elles paroiâbienr brillantes & etincelances , ex-
cepté les compofuions ou il y avoir une grande
pro^jortion de piatine , qui éf^ it d'une couleur
grifàire , matie & fans aucun brillant. Toutes k
ternitloient à l'air d*une iaçon renrurquable , fe
ch^ngc#Qt en une couleur jaunâire , pourpre ,
bleuâtre , fit a la longue en un noir pourpre.
Chacune d'elles a éprouvé ces changemcns, quoi-
que plus lentement 1^ unes que les autres*
726 P L A
La platine avec tétain.
1^. On a jeté dos parties égales de platine
& d'étain pur dans un mélango de flux noir 6l
de fel commun .mis en forte fufion , & on a
pouffé le tout à un feu vif dans un bon four-
neau à foulllcis. . '
^ Après quelques minutes , les deux métaux pa-
rurent parfaitement fondus ; & ayant été auffi-
tôt verfés dehors , ils coulèrent librement le long
d'un moulç éiroit , formant un lingot uni, à-
peu-prés du mcm^ pcids que la platine & Té-
tain qu'on y avoit em-jloyés.
Le compofé fo trouva exadement caffant , &
fe brifoit aifément en tombant. Quand il étoit
caffé , la fradure avoit une furface ferrée &
douce « quoiqu'mégale , & d'une couleur obfcure.
A la lime ou avec un couteau , il s'écorchoit
aifémwît en une pouflière noirâtre.
2®. On fondoit dans un fourneau à vent une
partie de platine & deux d'étain , couvertes de
flux noir, de borax & de fel commun. La pla-
tine parut parfaitement enlevée par lé ain , auf-
fuôt après que le feu eût été poufTé jufqu'à une
chaleur blanche claire. On trouva que le lingQt
pefoit environ un quacrc-vingt-dixième de moins. I
rcffembloit beaucoup au précédent ; feulement ii
ètoit un peu moins Cc.ffant , & d'une couleur un
peu plus claire.
3^. U.ie once de platine & quatre d'étaîn ,•
couvertes de flux noii & de fel commun , &
relTées à un fer très-vif, fe fondirent enfem-
le fans éprouver à peine aucune perte de leur
poids. Ce compofé s'étendit uh peu fous des
coups foibles d'un marteau plat ; cependant il
nétoit pas liant : un coup rude le cafla en mor-
ceaux, & au couteau il fe grattoit aifément en
pouffière, La furface cafféc étoit raboteufe & d'un
tiffu grenu.
4*^. Une once de platine & huit d'étain . Je-
tées dans un mélange fluid;; de flux noir & do
fel commun , s'unirent , fans aucune perte , en
un compofé aTcz liant , qui ïupporta d'être
aplati confidcrib'icment fous le marteau fans fe
cafi*er , q'.îc i on coupa uniment avec un cifeau
mince , & que Ton put grr^tter avec un couteau.
Quand il fj caff;! , la frf.ciure parut d'un tiffu à
gros grain , étincclant , & d'une couleur un peu
obfcure.
5^. Une partie de platine & douze d'étain ,
traitées de la même man-ère , formèrent un mé-
lange paffabîemcnt duiflile ; mais toujours d'une
couleur matte 5c obfcure , & d'un çrain rude &
grofiler, quoique moins que le précé.lenr.
6^' Un mélange d'une partie de plnine &
vingt^quatre d'éuin s'étendit fous le marteau
i.
PL A
prefqu'auffi aifément que Tétain tout feul, maïs
fe caffoii bien plus aifément en le ployant. Sa
couleur étoit plus blanche & le grain plus fia
ôd p^us uni que ceux des précéientcs compofi-
tions , quoiqu'à ces deux égards , il n^approchoit
pas, à beaucoup près, de l'étain p^r.
7^. Plufieurs de ces compoCtions , couvert»
de flux noir, qui d'avance avoit été fondu fi-
paréo^ent jufqu'à ce quM eût ccffé de bouillir ,
furent cxpofées dans des creufets exaâement lut-
tes à un feu violent dans un fourneau à vew
qu'on avoit déjà mis en état pendant huit heo*
res. En forçant delà on trouva que toutes avoient
fouffert quelque diminution de pefanteur, qui
montoit à environ une quarantièoie partie de
l'étain. Mais pour l'apparence & la qualité, on
n'y aperçut pas d'autre altération , fi ce n'câ
que le grain étoit un' peu plus fin, & le difii
de quelque chofe plus uniforme.
Les mélanges précédens femblent renferoier, :
dans la proportion des deux métaux , une éten-
due fufHfance pour pouvoir découvrir les eâca !
généraux qu'ils font l'un fur l'autre. On peut j
en conclure que , dans cett^ latitude , la platioe 1
diminue la malléabilité de l'éeain , qu'elle en rend
la contextui-e plus groffière , & altère plus eu
moins fa couleur , fclon la proportion plus (m
moins forte de la platine : 6l que quand on
porte la'dofe de platine jufqu'à un tiers de Té*
tain ou au-delà^ la malléabdité que les deoi
métaux avoient féparémem , eft détruite parlesr
corabinaifon réciproque,
La différence dans les couleurs de ces corn-
pofitions n'étoit pas fî fenfiMe fur la pierre de
touche, qu'en confidérant la fraAure des lingots;
quoiqu'en y regardant de bien prés , les marques
lai^fccs fur la pierre paroiffoient auffl toutes d une
couleur plus fombre que celles de i'étain pur ,
& qu'elles l'étoient d'autant plus , que la platiie
dominoit davantage dans le mixte. Conferri»
dans une chambre (i.rmèQ , ou dans des boëtes,
tous les lingots fe terniffoient à la fraâure , &
prenoient une coul'jur jaunâtre ; mais les mor-
ceaux qu'on avoit frottés & polis , ont fouffcn
pendant dix ans fort peu de changement, à Ta-
ception du foui mélange de parties égales de
platine & d'étain , lequel eff devenu extrémemcin
fale & jaune.
Il eft à remarquer que quoique l'étain foit
un métal que le teu détruit aifément , il nes'dl
trouvé prefque aucune perte de fa pefantcïf
dafns la plupart des fi^fions précédentes. On peut
attribuer cet eff.t en partie à ce que le mélan-
ge de platine empêche la fcorifx tion de Fétain,
!5c en partre au flux dont on fit ufage , & à 11
promptitude ou au peu de cor.t nuation de il
chaleur. Les n** 2 & 7 oii la chaleur fut noii-
fée lentement & coniidiuce long-tems , turcoi
P L A
les fcils où la porte s'eft trouvée un peu confi-
La fl.j'.nc avec le plomba
I*. Ayant ;e:é des parues égales de platine
6c de plcmi) dans un mél mge de flux noir &
de fel commLn tu'oii avoit fendus enfcmble
par avance , on cxciia vivement le feu avec
des fouffl-t»;. li fallut un degré de chaleur b.'au-
coup plus fort que pour la ftifion de la platine
. avec une quantité égale d*étain , & h perte fur
^■.^bien p'u> grande , car elle monta à une
,.;(bixante- quatrième parâe du mjlange métalli-
- que. I
!»■» L2 métal céd.nt dliîicilement à la lime , fc
.^.Brîfa par un coup modéré, & à la frrtflure parut
j. d'un tiiTu f.rré , d'une furface inégale , ôi avec
des bord» baveux 6c oenttîés. Sa couleur étoit
fort obfcure avec une naance foible de pour-
a'". Une partie de pl?tine & deux de plomb ,
couvertes de flux noir ài de borax, &L expo-
fées à un teu gtaduêdan<i nn fournc.tu à vent ne
font venues à une bonne rufi jn que quand le feu a
.été poulie à une forte ch . eur blanche. La lon-
gue continuation du feu d.ns cette expérience
Se que la perte fut coi^fidéiabl*?». ik monta prel
que à une vingi-quatr ème p »nie du mélange.
Le lingot fe trouva dur o: CiMant oe même quj
le précèdent ; mais la coi.t.xture éioit à ban-
^des, & les flrics étoient dil'pofécs tranverfaic-
ment.
3*. Une once de platine & trois de plomb ,
traitées de la même manière, demanr.è-Lnt auflî
uce chaleur t. es forte pour opérer leur fufion
tarfaire, & perdl^rent environ un vingt fi^ieme. .
e métal fe enfla avec moins de facilité que
. dans aucuns des prccédens eflais , & s^étendit
en quelque forte fous le marteau. Sa couU.ur
ècoit un peu obfcure & plus tirant fur le pour
pre-
4*>. Une pirtie de p'atine & quatre de plomb ,
. ayant été couvertes d-: flux noir 6t de tel com-
mun , & expofèes au feu dans un fourneau à
vent , la platine, ne parut parfaitement bien fai-
■ fie que quand le (eu eût été poufle à une cha-
leur b-anchc extrêmement forte ; & la perte
fut d'une quarantième partie ou environ.
Les mémc^ proportions des deux moraux jetés
•dans un mélange fl.iide du flux & de f.l , pol^1c
d*avance jjfqii'au degré d*j chaî-.ur qu'on vient
•de dire, fe tondirent prompt. ment , ne perdi-
rent q ï'unc pirtie fur cent foixante. Le lingot
ie trouva bien [.lus liant que le précèdent, fe
"lima f<>rt bien , & fe coupa aflfjz uniment av< c
un cife<4n. En 'c caiTant , la partie fupérieure {.a»
fUt compoféc de plaques brillantes^ & la plus
P L A y2-/
haTc de grains obfcurs Cl tlrciit fur ic pour-
pre.
5**. Vï\2 partie de plr.tine ti h\m de plcmb fe
TCii;-.irjin ailimj::: à un f.ii vlF, 6^ ne perdi-
rent lien ou fort peu g-j cîiofc. Le métal fc
travailla, & paroifioit comme un plomb fort
maiivai<>. En le cafla'nt, le tiflii ' parut compofé
en partie de fibres tranfverfales , & en partie
de grains ; fa couleur étoit fombre & tirant fur
le jourpre.
6^ Une partie de platine & douze de plomb
s'unirent , fans aucune p.rte , en un compofé
fort peu d iférent du prccédcpt. Son tilTn étoit
plus fln , & comp'if'c f-ir-rciit de fibres tranfverfa- 4
IcSj avec fort peu de grains.
■7^. Un mélange cPune partie de platine &
vingt-quatre de pjomb ne fe trouva }is bcTau-
coup ; lus dur que du ploinb d'une m lycnnc
qualité- Li couleur en étcit to.. jours un ,. cm ti-
runt fur le pourpre, & ion ti.:u fibreux ; m<;is
les fibres en étoient fenfibicment p!ui fiirjs que
quand la platine étoit en des proportions piUS
grandes.
8". Les qnatrc premières des compofitions pré-
cédentes étant nouvellement polie» , parurent
d'une couleur de fer fombre , ik bientôt fc ter-
nirent en un jaune brunâtre , en un pourpre
foncé , & enfin elles prirent une couleur noi-
râtre.
Les trois dern'ércs , taillées avec un cifeau ,
parurent d''^ne couleur de^ p'omb qui ne fe ter-
nit que fort peu ; cep'jndan: Ls cafi'urc^ & les
fiirfnccs extérienres de toutes les fept ont
changé à-peu-prés en un noir tirant fur le pour*
pre.
9". E.i remettant une fcccndc fois ces com-
pofifions au feu , on a conllamm^nt obfervé ,
quand elles font arrivées à la fufion parfaite ,
que fi la cîîi^l.ur fc rillcntiiToir un peu, une
grande parric de la'pU-îtine fe dépofoit au fond;
que néanmoins le p!oir.!i dv'cnnté , môme à une
chaleur rtU-deifoi.s de l ij^nijio." , reten<'it tint de
platine , qn*ellc le r-.ndoit d'un tilVu fin & fibreux ,
& d'ime couleur de po.;r;:re.
10". Les dive s ml*langes couverts de fîux
noir, & tenus en fmte f tion dans des creuCts
exH'kem^iit luttes, p.ndaut huit heures, f uffîi-
rent dans Ivur po ..s une diminution qui , dans
la plupart, monta à environ une trentième par-
tie du plomb.
En les brifint , ceux qui avoient «ne grande
pro jortion de platine , p.ir;irci:t .'un tiifu feuil-
leté, 6i Its a-itrcs, d'un iiiTv fin &: fibreux ; ce
qui paro t eu «gérerai être des carzftèrts de l'u-
nion parfait., de la pLiiine Si du p-oxb. Tons
.voient un air plus blmc &. plus hrn'.int qu'au-
.aravant ; mais ils fe ternirent plus vite à
l'air.
728
P L A
Un mélange fuitout de quatre onces de pla-
tiné ëc ûouLZ de ptomb fe cafta en grandes piè-
ces blanche:^, brillaïuts , rembLbIes k du catc ,
qui étant dtpofccs à Tair , changèrent en fort
peu de temps : par exemple , en moins d'une
neure , en rougeàtre , pourpre & bleu foncé ; âc
à la longue, mais lentement, prirent une cou*
leur noirc , obfcure 6l ûrant lur le pourpre.
Il paroit donc que les rapports de la platine
avec rètain fit avec le pbmb font fort diffe-
rens. Quoiqu'une petite proportion en foit fdifie
& tenue fufpendue par le plomb à une chaleur
fort douce, une grande proponion n'en cft pas,
à beaucoup près, fi aifèment di^oute que par
rètain ; & quand ils font unis par une chaleur
forte» elle (e précipite en grande partie lorfque
la chaleur fc rallentii.
Une petite quantité roîdit 8t durcit le plomb
plus qu^elle ne fait Tetain ; mais une erande ne
diutnue pas tant , k beaucoup prés, la malléa*
biUté : un mélange de parties égales de plat t ne
& de plomb , quoiqu'il n'ait rien de la clu6ltlité
que chacun des métaux avoit féparémeot , crt
beaucoup moins fragile que le mélange de par-
ties égales de pbtine & d'étain ; mais les ptté^
noménes les plus r jmarqu.bles dans les mélanges
avec le plomb !^ font le tilTu feuilleté ou fibrcitx ,
& une couleur pourpratre ou bleuâtre , ou la
difpofitîon à acquérir promptement ces couïeurs
à l'air, fie le noir auquel ds fe changent en-
fin.
Le bifmuth , commo on a déjà vu , donne
avec la platine , à-peu- prés les mêmes apparen-
ces, quoique dans un degré un peu inférieur :
& comme aucun des autres corps métalliques
que j^ai mis a Te^ai, ne s'eA trouvé 30'«.^;fr la
platine p ni en être aifeôé de cette manière , on
pourra ajouter ces expériences à celles de M*
G&o0Voi , inférées dans un des derniers volu-
mes des Mémoires de l'académie des fciences ,
aHn d'établir une analogie entre le biùnuth & le
plomb.
la pUiîne mvtc Varfcmc*
L^arfenlc blanc eft une chaux métallique vola-
tile, qu'on peut réduire à fa forme métallique ^
en 1 expofant à une chaleur modérée avec des
«ddîkiDns inflammables. Un mélange d'arfenic
blanc ) & de fel alkali fixe , de chacun un once ,
avec deux onces de poudre de charbon de bois j
étant preffé uniment dans un acufet , on éten-
dit une once de platine par*deiTus. Alors le creu-
fet fut couvert & lutté cxaflemeni , & entre-
tenu douze heures à une chaleur de cémenta-
tion modérée, qui vers la fin de l'opération fur
Augmentée à un degré confidérable.
En (ièparant la platine d'avec le mélange par
des lotions « beaucoup de fes grains parui eut
p L A
dmCés , &L fon poids fut augmenté de
chofe. Etant enluite expofée brufquemcnt
feu trés-rort , elle ne le fondir pas « mais yen
des vapeurs arfenîcales ; ôc aprè^ qu*cUc^ eurent
ce0é , on trouva que la platine pefoit une once |uiU
comme auparavant.
Cette expérience paroiHant montrer qae U plt-
tint âtl'arfenic Ofit quelque difpofuton à ^*ttn*f,
je me difpofois à la pourfuivre, pour vo.r fi uat
plus forte quantité d'arfenic ne pourroit pu U
com riner avec la pbtine , de (zK^on à la mitât
en fufion , lorfau'il mVft tombé entre le» mtm
un mémoire de AI. Scheffer^ dans lequel jcffoinre
fur certe matière une eitpéneiice rcm^irqu^bk. J
M. Marggraf a pareillement «:ffayé depuis Ij
pUiine avec Tarfenic , d'une façon qui ncd pu
fort différente de celle que j'ai rappariée ci-/
M. Marggraf a jnclé une dragme de p?i
avec deux dragmes d'arfenic blanc , âc expoA b
mélange au feu dans une retorte de ve^rc. L'«^
fenic s'eil fublimé fans aucune couleur , 6l a UitH
la platine blanche » & fans diminution de fa pe-
fanreur. Le procédé a été répété avec U WJtmR
quantité de nouvel arfenic ^ ôc le feti iUf*
mente à un degré aulC fort que Ta pu foppof^
ter la retorte garnie ; l'arfenic 1 toujours momk
blanc , mais les grains de platine étotcut alors ét>
venus noirs , quoiqu'ils coniinuaffent encofç à
être malléables , & qu'ils peiaâem atitaitt ^vtmh
paravant«
Une dragme de platine , deux d arfemc & fine
de ioufre , étant bien mêlées enfcmble ât rraitéei
de ta même manière , Tarfenic ôc le foitfre fe
Tl Mimant enfcmble .formèrent un compafe rouget
comme ils font d'ordinaire lorfqu*tU fom iittl
dans ces proportions ; pour la platine ^ elle ie>
vint noirâtre , & fe trouva piilcr enviroo
trentième partie plus qu'elle ne faifoit dTal
11 femble clone que par cette manière de omdi
le pLOcédé, l'arienic a moin'* d'effet fur la pl^
tine que dans mon expérience rapportée Ci-dc^
fus.
M. Scheffer a procédé d'une manière dti
il tit d'abord chauffer fortement la platiAc t<
feule dans un creutet ; enfuite ayant )eté un ^
d'arfenic par-deffus, ils fe fondirem fur^le-cha^
11 remarque que la platine fe fond avec Tiffesc
aulTi aifément que le font le cuivre & le fer
lorfqu'ils font mêlés avec l'arfenic , qu'il n'
pas befotn pour cela d*aucun flux \ qu'utie p
tie d'arfenic blanc cft fuffifame pour ving^iuiii
parties de platine ; 6i que la platine amu fo#*
due avec l'arfenic eft tout-à*fait friable « & fii
une caffure grife , comme i^angent imprégaé d*<^
fenic.
ïl a paru , en répétant cette expérîeiice « V^ %
quoiqu'un ne puiffe pas reprocher à cet att-
teur judicieux aucune méprifc , cependant lepes
de plaûne qu*il avoit pour faire cet eflii » Ti
? L A
ftiîs dans rtinpoffîhllité cïe découvrir les Umtt?- '
tions , avec kfîjucllcs il faut ettrendre cctic ac-
tion forte de Tarfcnic fur la |jlatine*
Quand on n*enipîoîc que quelques grains de
ÏUtine » on a toutes les app^rcncts d'une vraie
ifion ; mais en prenant une groffc quintité ,
on trouve fréquemment que la fufion n'cû que
fuperfîciclle & imparfaite.
Une once de piatîne fut chauffée fortement
Ldans uncreufet, ot on Jeta par-dcfTus.i diver-
ififs reprifes, des morceaux d'arfcnic blanc, »uf-
Iqu'à ce que T^rfenic monia à peu- prés à la
même pefanteur que celle de la platiné : quel-
Vues -uns des fjiL\T}% fe fondirent en goutter ron-
ies ; la plus grande panîe fe joignit en une
aiffc cohérente , différente de cel'es dans lef-
lellcs U pîatine feule fc forme au feu , en ce
îiic fa furtice étoit unie & uniforme i Ôi le%
jrains plus fermement adhérem. J'ii traité une
iatre once de pbtine de la même manière » 6i
r«vec le même fuccés.
La maffc étoit d'une furfacc unie » comme G
elle eût été parfaitement fondue ; mais fa par*
Ltic intérieure étoit totnpofée de grains an f la-
nîfce dans leur forme ordinaire* J'ai mis les diux
iffes dans un crcufet avec de nouvel arfcnic
Imèté de poudre de charbon de bois « & }*aî
l^uffé le tout à un feu violent pendant une
I demi-heure : ils ont coulé en un culot , de la
figure du fond du creufet , uni à Texte ieur ,
\6l d*une couleur blanche brillante comme cetle
la Tif-argcnt , fort caffant , gris en dedans ,
[d'un tiffu fpongîeux » avec un petit nombre de
I grains de platine refiès entiers dans te milieu :
Ile creufet étoit tapiffé i)*un verre noir, qui étoit
l^irobablement une vitrification de la partie fer-
Irugîncufe de la p'a:ine , & plufieurs globules
I métalliques briUans « *dhéren$ k )a matière vi-
I trcufe.
Le culot fut mis enfuite dans un creufet for*
[tcmcnt chauffé , avec i!e nouvel a^fenic 6l du
charbon de bol* puîvérifé ; & on excita le Un
lavcc des foufflcts pendant encore une demi-
"Seore. *
Il fe fondit , comme auparavant « comme une
limffe ncmplie de petits vuides ^ d^n\ laquelle
l<»n ne pou ^ oit plus voir aucuns grains de pla-
le»
El'e fut encore traitée de It même manière
la^ec i: Tarfcnic nouveau , & on effaya de ta
[Terfer du crenCet : mai^ quoiqu*on eut d* nné
^•Wc trè, fone intenfité au feu , le métal ne vou-
lut pis couler hors du creufet ; étant donc
7 pautl.*- k ua feu vif fans aucune addition , la
■ ^it ère vVj-a«,T en un eu et de ta même ap-
parence que celui d'auparavant. Mais un n or-
cca 1 de cette maffe qu'on mie de i cuvcju c';ns
t creufet fortement chauffé , r»c p!»nit j ai
PLA
729
s^amoUîr, ni foufeir luctifi changement dans ft
figure.
Le refte du culot fut enfermé entre deuif |h.*.
morceaux de charbon , à chacun defquels on
a voit pratiqué une cavité pour le recevoir ; le
i^h.rbon fut enfuite girni partout de lut ; &
quand il fut (ce entièrement , on le ^eia parmi
ies autres matières combuftrbles devant le nei
du foufflet : le métal ne changea point de figu-
re , ni ne diminua de pefanteur. Je pris une
dcmi-ODce du métal & je Tarfeniquai encore de
même qu*auparavant » en y ajoutant, à diffé-
rentes foi^, de plus en plus d*arfenic : il coula
en cu'of comme auparavant , roa*s on cuî beau
■lugmenter le feu ^ ou y ajouter de l'arCnic ,
il ne fut pas poilible de rendre la matière af-
{cz claire pour couler hors du creufet* Je pris
L*ncore une demi once de phtine , fit ayant
combiné avec elle autant darfenic que je le
pus par des injeâions réitérées , je rédjifu
la maffe en une poudre grofli^re ; je ta irôlai
avec du 6ux noir & un \tM de nouvel arfenîc ^
& pourrai le tout 4 an feu crés-vif dans un crcu-
fctfernSi,
Le métt»! cotila en une m'ffe fpongfcufe , qui
re;enoit cà & là des ptrricdes du flux da ^< les
cavités , preuve qu^elle n'avoit pas coûté claire
& en liqueur.
U féfulte de tout ceci que la platine fc f^nd
bien avec Tarfemc , nui» moins parfaitement
qu*avec d autres métaux , ÔC qu'il feroit fiart
difficile*, pour ne pa due iinpoâlble, de l'amener,
fur ce fondement , à une tufion fLfIirante pour
la pouvoir verfer dans un moule. Tous les raor-
ceaux imprégnés d^arfcNic font caffans , d'une
cotiteur grifâtre en dedans , & d'an tlffu lâche
& grenu.
I) e^ k remarquer que quoique Tari n*c fe
change bientcVt dans l'air en une coiikur noî*
râtre , & qu'étant mêlée avec d'autres métaux ,
cite difpofc la plupart à fe changer de la même
fiiçon , la platine chargée d'arfenic , ap^è^ -.voir
fcjmirné pendant fept ou huit ans dans une
ch^imbrc lèche , conferve rncore i • peu - *irèf
la même apparence qu'elle a voit d'abord.
La pUtim& avec U ^inc»
Pour unir le zinc avec la plannc , j'ai rff^yé
d'al>ord la mcihotic qu'on obfcrvc com^u ém nt
porr incor orcr le xinc ^vcc le ciii%re , 6i en
tnèmc temps pn4*r punficr îc x*nt d»- ce* aurret
.or s métalliques, qm fe trouvent (jufent tiélcs
av^t lui ; c*cO-à*dirc , %» >nftr a yïè^tnt aut
vapeurs qu'on dcgîige ^v m 'yen du tu Si d 'ad-
dition! iniimjitmablts » d*avci I cal^m.ne » qui
Ztzz
730
P L A
E
z& une des mines les plus pures du zinc» M^Is
pour que ces vapeurs pulVcnt agir plus efficace-
ment fur la platine , j*ai fait quelque chanee-
m^At dzns la façon ordinaire de difpofcr les
matériaux.
J*ai mêlé quatre onces de calamine réduite
en poudre fine avec deux onces de charbon
de bois pulvérifé. Ayant fouvent remarqué
qu'avec cette proportion de charbon de bois ,
la calamine acquiert une efpèce de fluidité au
feu , de forte, que la platine ferolt fujette à fe
précipiter à travers julqu'au fond ; j'ai fait une
maffc de cette poudre avec de l'argile détrem-
7ée un peu claire , & je l'ai comprimée dans
le fond du creufet : au-deflus de cette mafle ,
j'ai garni touf le tour du creufet d'une épaif*
ieur confldérable de lut , de manière à ne bif-
fer qu'un petit pafTage dans le milieu , afin que
les vapeurs do zinc puffcnt en fortir; & quand
le lut fut féché entièrement » j'ai mis dans ce
paflage une once de pUrine«
Le creufet fut couvert & placé dans un four-
seau à vent ; & on y entretint un feu afTez
fort pendant fix heures. Muis cnrf^|^i*ayant
tiré dehors , j*ai trouvé un peu ddlRpurs du
zinc attachées au couvercle : la phaà grande
partie de la platine étoit fondue en petits elo-
oulcs briltans ; & les grains qui retinrent leur
figure , parurent bourfouiflés avec de petites
protubérances globulaires , comme s'ils ne fai-
le ion t que commencer à fe fondre. Sa pefan-
tcur étoit augmentée de plus d'un tiers , de
fcnc qu'elle avoit imbibé environ autant du
zinc , que le cuivre en prend dans le procédé
ordinaire pour faire l'airain.
Trouvant que les vapeurs du zinc agifToient
fi puiffammént fur la platine , j'cffnyai enfuite
le zinc Tous la forme métallique ordinaire. Je
pris une once de platine , & l'ayant couverte
de borax, 8l chauffée d?.ns un fourneau à fouf-
f'ets , jufqu'à une forte chaleur blanche , j'y
jctii une égale quantité de zinc. Il fc fit une
dttlagration violente , & la platine parut diffoute
prcf-{ue en un înflaxit.
Le métal ayant été v«rfé fur-le-champ , coula
aifémcHt dans le moule, & fe trouva avoir per-
du près d'une demi-once de fon poids ; de foîte
que la quantité de zinc qui avoit fuifi pour tenir
la plitine en bonne fufiou , étoit un peu moin-
dre que la moitié de la platine.
J'ai fait pluficurs autres efLis de la même ef-
pèce avec différentes proportions des deux mé-
taux , (bit à un feu vif dans un fourneau à fouf-
flets , ou à un feu plus gradué dans un fourneau
à vent ; le zinc s'efl toujours trouvé une forte
menfirue pour la platine ; quoiqu'il y ait eu
beaucoup de zinc qui s'cft diiîi.vé par la chaleur
rcquife pour rendre le mélange fulfifamment
fluide.
P L A
Uiie once de platine & quatre onces it zinc
étant fondues enfemble dans le fourneau 1 fovf-
flets « comme dans Texpérience cî-defios^, la
perte fut d'une on(e & demi; de forte qu'il oe
refla avec la platine qu'emnron deux onces
de zinc. Ce compofé fut coulé fur une aatre once
de platine fortement chauffée comme ci-devant
avec du borax : le métal verft dehors , conla
clair hors du creufet, & pefa judemem de»
oncçs & demie ; de forte qu'ici la platine fbt
tenue en fufion par un quart de fa quandti de
zinc.
Ce mélange fut mis dans le même creufet avec
le même borax ; il s'enflamma encore , fe fiofl-
dit , & étant verfé dans une lingotiére de (ier«
qui avoit été nouvellement paffée fous la flam-
me d'un flambeau, mais fans avoir été chauSte,
le métal fluide fut difperfé tout autour avec vio-
lence en petites gouttes : cet acddom fàt cavft
probablement « non par aucune qualité particn*
iière du métal , mais par quelque humidité reflk
dans le moule.
Les compofitions de platine avec dlfférenid
proportions de zinc ne difKroient guère tû ap-
parence d'avec le zinc feul , excepté que qiuiid
la quantité de la platine étoit grande > dld
et oient d'un tiflii plus {èrré&d*une couleur pta
mane , avec un peu davantage de nuance bteiâ-
tre. Tenues dix ans dans un endroit fec » dits
n'ont pas paru s'être ternies td avoir changé de
couleur. Elles étoient beaucoup plus dures à !a
lime que Je zioc féparémentt & elles font tom-
bées en pièces fous le marieaa ; fans s'étendre
du tout, quoique le zinc pur lefaffe à un degré
coi^fldérable.
Un vingtième de platine a détruit la mallé?-
bilité du zinc , & un quart de zioc a' détruit ^a
malléabilité de la platine. Dans cet efpace nous
n'svons à attendre aucun degré de duôilité du
mélange de ces deux matièr«5.
La platine avec le régule d*antimoine.
Des parties égales de platine & de régule d*;in*
titr.oii^e ont été jetées dans un mélange fluide
de flux noir & de fel commun ;& on a excite k
feu vivement avec des foufflets. lis fe font fon-
dus parfaitement enfemble, & ont coulé libre-
ment dans le moule. Le compofé avoit une cou-
leur plus terne que le régule ne l'avoir eu d'a-
bord ; & quand il fut caflé , il fit voir une fur-
face ferrée ii uniforme , quoiqu'inégale. Il fe
trouva J>eaucoup plus dur fous la lim^ ; mai* oa
ne remarqua pas qu'il fût beaucoup plus ni moins
fragile fous le marteau.
Une partie de platine & vingt de régule d'an-
timoine ayant été traitées de la même maoière»
P L A
le cotispoft parut p^us hnilint , & d*iin tiH'a
feuîUeiè , peu dînèrent de celui du régule
pur- ""
Les deux métaux furent foodus enfcmble dini
pUiiieurs des proportions irtterinédiaircs , mils on
n'y remarqua point d'autres difl'èrences qae cel-
les ci-defTus ripporiées. Les mélanges avec une
grande proportion de pîa ine étant d*tu":e cou-
pleur terre & d'un tiiïu ferré , & ceux qui en
•voient peu, étant brillans & feuilletés. Tous fc
confervèrent fans fe ternir.
Quoique b pUitUÈ; & le régale paroiffcnt $*in-
rporcr fort bitrn cofemble, cependant quand on
!cs laiflc refroidir lentement, une partie de lapla-
^tsae ell fy jette à tomber iu fond.
Six onces de pUtine & vingt-quatre de régule
'*aïltiniome ayant éic fondues enkmbie avec un
in vif ^ & vcrfccs dans un moule , le cooipofé
amt uniforme partout. Ertnt refondu de nou-
veau, & tenu dans une fufu>n f^imc pendant
cinq ou fix heures, et enfuite ayant refroidi gra-
clueiicmcnt dans le fourneau , la partie fup^^rîeure
de la malTe fe trouva brillante . & d'un tiiTugrund
P& feuilleté, re{renil)lant fort à celui du régule d'a-
bord : le bas éioît bcaucoiîp plus terne ti d un
tîflu jilus ferré , & conte noit en toute appa-
rence .une proportion de platine beaucoup plus
,ra nde.
La platine avec targenn
I 1*4 Vingt grains de platine & la même quan-
tité d'irgiïu pur que j jvoîs revivifié de la lune
|cornue , furent couverts de borax & pouffes à
feu violent dans un fourneau à foufHets. Ils Çc
fondirent difficilement enfcmble , Si ne fe rrou-
iférent pas affcz tluides pour couler librem'.nt
Pdans un moule* Le métal pefoittreme-neut grains,
6c on vit , fur les côtés du creufet , pliîftjurs pe-
Ilitcs particules, qui , autant qu'on en pouvoir juger ^
momoient bien à encore un gran, do forte quM
pie paut pas y avoir aucune perte de pet^n-
leur.
Le compofé étoit dur fous la lime , & fe caflfa
ftu moyen d*un coiip de marteau rude» quoiquV
Vec des coups plus doux il s'croic laillé confidé-
rablement a^jlatir. Il parut cn-dcdans d'une cou-
leur bcaiic©yp plus terne & plus fombre que l'ar-
gent & d'un timi grenu plus grofUer.
a«». Deux parties d'iirgent 6c une de phftne ,
couvertes de nitre 6c d^ fcl commun , ne cou-
Pcrent bien clair que quand le feu fut pouiTé à
lae forte chaleur blanche ; & quund on vcrfi
|e m^hal , il laill^ beaucoup de petites particules
imchéL^ te lon^ des coré^ du creufet. Le métal
fe rrouvi moin% frsgile que le précédent, 8c pas
û dur fous la lime r fon tiiTu étoit grenu, plus
.Un , jk f a couleur plus blanche.
p I> A
75 î
3*, Une partie de platîne Se troî^ dargcnt . de*
mandèrent aufli un feu bien plus fort pour en
venir à une fuGon parfaite ^ & beaucoup de
pinicu'cs de métil furent jeié::s prcf^m jufqu'au
fommet du creufet, comme fi T^i.tion de l'argent
f. r la platine eût été accompagnée d*ime cfpoce
débd lui on ou d'eipbfion. Le compofe étoit dur
& caffant, quotqjfen moindre degré q e le nrc-
cèdent ; en le cnaufTan à diiTcrentc^ reprises, il
efl venu au point d être forgé , ou applnti entre
des rouleaux d*acier en plaques minces.
4**. Une partie de platine & fept d\nrgent fe
fondirert enfcmble aflcz aifément j mais panie
du métal fut jeiéc autour dj creufet» crmîne iu-
p^ravant. Le corapoft fe travailla paf^ahlcmcnt
bien fous le marteau , fe trouva beaucoup plus
dur que largcut , mais p^s fi blanc ni d'un grain
fi fin.
Ç, Dans les expériences précédi:nies , la qtîan-
tité de platine nVtoIt que de dix à vingt grains.
J'elfayai dans celle-ci foixantc grains de platine ,
avec quatre fols , huit fois > douze fois , vingt
fois & trente fois autant d'argent ûn^
Un de ces mélanges fijt traité f?ns aucun flux;
un autre (mî convert de borax ; un autre jîté
dans du borax d^;a mis en fufion d^avance ; un
autre dans du (lut. noir fondu j 8c le dernier
dans du fcl commun fondu. Le feu fut for-
tement excité avec des fouâlers ; ôc tous les me-
ta tiges furent lalfli^s refroidir dans les creu-
fets.
Avec ces quantités plus fortes des deux méraux ,
le phénomène que j'ai rapporté ci-dwffus » fut
plus fcmnwju.iblc , il pantt totijonrf un grand
nombre de globules méiail-ques autour d: Tia-
té rieur des creufcrs , 6i be lucoup auffi fur îci
couvercles. Les dififérenc^s p.ir rapport aux lîux,
& d<in?i ks proportions des deux métaux, ne pa-
rurent faire aucuns diiférence effenticlle à cet
égard.
Quelques-uns des mélanges furent refondus de
nouveau, k plufieurs reprif-'s , dans de nouveaux
creufds. Le nié:al fe di^p^rfa de même à chaque
fois en verfjnt le comj_ofé d.ms des moules , à
moins que h chaleur ne im bien violente,, il en
rcftoît toujours en arriére une partie confiHéra-
ble , l'argent paroiOant quitter la platine quand
la chJeur fe rallcntilfoit. Q.jand b chaleur fe
irouvoit fi forte , que le tout coutoit librement
dans le moule, une portion confidérable de la
platine fe îé^arou & tombo»t au fond en rcfroi-
diiTant# excepré quand le motlc etoir fort large,
de forte que le compofé tommctiç lir i faire pnfe
prefque fiir-le-ch.mp fans dtjnner i la platine le
temps de fe précipiter.
6*. J'ai fondu parcillcmfnt de l'argent avec di-
vcrfcs proportions d'un ^iéi:ip»té de phvntt que
javois obtiîDU en ajoutant du mcrcuie à uncfo-
ZZZL 1/
7ia
PL A
lation de platine dans de Teau régale. L'événe-
ment fut encore le même ici. Le métal fe divifa
en grains , extrêmement menus qui femblèrent en
quelque façon pénétrer le creufet.
7*. Il réfulte de tout ceci qu'il y a une répu-
gnance trés-forte entre la platine & l'argent. MM.
SchefFer a remarqué pareillement la dimculté d'in-
corporer ces deux métaux, quoique la difperfion
du métal , laquelle n'a pas été confidérable dans
mes expériences quand les quantités étoient ^-
tites , ne femble pas avoir été du tout aperçue
dans les Tiennes. Il obferve que la platine le fond
plus difllcilcment avec l'argent qu avec le plomb
ou le cuivre ; qu'il faut trois parties d*argent
pour faire -fondre une partie de platine avec un
chalumeau ; & que le mixte conferve la blan-
cheur qu'a voient auparavant les deux métaux y
mais fe trouve dur & caffant.
Dans tous mes mélanges avec de grandes pro-
portions de platine, la. couleur a été inférieure de
Dcaucoup à celle de l'argent ; d'ailleurs , érant fort
ternes , les mixtes tenoient un peu d'une nuance
jaunâtre ; & cette couleur jaune demeura fenfi-
bîe, même lorfque l'argent montoit ju (qu'à vingt
fois I9 pe fauteur de la platine ; mais une pai-
lle de platine avec trente d'argent fit un mé-
lange auffi hlanc que l'argent mêm^. Aucun d'eux
ne paroit s'ècre terni ou avoir changé de couleur ,
pour avoir été gardé.
La platine avec tor*
Le rapport prochain & remarquable dt l'or
avec la platine, dans beaucoup de piopriétés qu'on
a rup:'ofé jufqu'ici appât tenir à l'or fç'ul , leur con-
trariété aulFi maniflilc dans d autres , & les pré-
jug^îs que dw* Tor a été altéré par le mélange de
quantité confidérable de platine , m'ont engagé
à examiner dans un plus grand détail les effets
de ces deux métaux combii.és avec différentes
proportions de l'un avec l'autre.
Les pro[^ortions ont été a ju fiées fur les poids
de carat , comme il eA exf^liqué dais la feptiè-
rae feâion de Thiftoire de l'or , la Hneffe de l'or
ét'HDi exprimée ordinairement par le nombre des
carats & leurs fubdiviflo^^. Le poids abfolu de
ce qui eft appelé un carat dans ces expériences^
étoit de quatre grains.
1^. Douze carats d'or fin & la même pefan-
teur des grains les plus fins de platine , mis
dans un fourueau à foufflets , furent poufféi pen-
dant près d'ne heure avec un feu fi violent ,
que le morceau de brique de Windfor , dont le
crewfet étoit couvert , commençoit à fe fondre ,
quoiqu'il eut été trempé dans de Tatgle de
iiiirbridge , délayée bien claire : en brifant le
vaiileau , le métal fe trouva en un culot ou paia
P L A
uni , qui ayant été recuit à la chaleur (Tone
lampe ^ & bouilli dans de l'eau d'alun ( liqueur
que les ouvriers emploient communément pour
nettoyer ou éclaircir les mafles d'or ou d*iigeni)
parut , foit dans |a mafle ou fur la pierre de tou-
che, d'une couleur de métal de cloche pâle, (au
aucune rèffemblance à Tor. U ftipporta plufienn
corps & s'étendit confiddrablement fous le mar-
teau , avant de commencer à fe fendre fur kl
bordures.
En ex;iminant la caflure avec un verre à grof-
fir les objets , l'or & la platine parurent inégale*
ment fondus, & on vir diffinâeinent olutHms
petites particules de la dernière ; le mèiange oè
devint pas entièrement uniforme , après avoir été
remis au feu plufieufs fois, & avoir (boitft
plufieurs heures d'une forte fufion.
2^ Dix-huit carats d*or & fiz de platine Aireac
fondus enfemble > comme les précèdens » à nne
chaleur inrenfe continuée près d'une heure. Le
bouton recuit & bouilli fe trouva d*une couleur
moins pâle que le piécèdent, mais il n*avoit rîai
de la couleur d'or. Il fe forgea paffablement biea,
comme de l'or groffier.
A l'ail nud il paroiffoit uniforme ; mais aTCC
une bonne leiitille, on découvroit , dans celui-ci «
aulli bien que dans l'autre, quelqu'inégalité dfi
mélange , quoique la fiifion ait été répétée deux
ou trois fois avec un degré de chaleur aoffi fort
qu'on le puiffe exciter aifémeot avec des fouf-
flets.
3° Vingt carats d*or & quatre de platine fil-
rent tenus perd nt une heure fc demie en fortt
fufion. Ces métaux s'incorporèrent en une ma€e
égale , dans laquelle on ne pouvoit diftineuer
jucun petit gr:<in de platine» ni aucune difletii-
blance de partie^;. La couleur étoit encore fi terne
ôc Ç\ pâle , que l'on ne pouvoit prefque pas i
l'œil juger qu'il contint de l'or.
Il fc forgea affez bien en une plaque fort mince,
mais on ne put pas en tirer un ni d'aucune fi*
netle confidérable,
4^. On fondit vingt-deux carats d*or de. la
même façon avec deux carats de pUtine , qui eft
la même proportion que l'or au titre uoit conte»
nir d'alliage. Le mélange fut uniforme , & avoil
un couleur d'or affâz bonne , mais cependant ua
certain air fombre , par oii Toeil pouvoit en mê-
me temps le diflinguer , non feulement de Tor
fin , mais encore de toutes les efpècès d'or allié»
Il fe travailloit fort bien , fe forgea en une pla-
que mince fans fe gerfer , & fe tira en fil padà-
blement fin.
5<'. Vingt-deux carats & demi d*or & un demi
de plitine, ou quinze parties du premier poiv
une de la dernière , fe fondirent en une maft
uniforme, qui, après avoir été recuite & avoir
bouilli à Tordinaire ^ fe trouva ub peu plus UattC
F L A
que U précédente » & d'une meilleure cou*
leur.
<5**, Vingr trois carats d'or furent fondes avec
Dfi de pUiinc , qui ell à-peu-prés moitié de ta
troporrion que for au litre doit contenir d*aliiagc,
r compofé ù iravai la ttèi-bien ; ma. s on le
ditlinguoir d*avcc l'or fin ou au cure , par quel-
que degré de la mauvaife couleur des deux pré-
biiedens , ou il confcrva encore après des chauf-
|fes » des tiiûons &l des lotiios réitérées.
7*», Vir.gt-troi5 caats 6c ua quart dor & trois
quarts de carat de paiîae^ ou trente & une par<^
If tes du premier pour une de la dernière , formé'
Iren: un mélange égal , bicrn malléable , du^ilc ,
comme les t ois précédens, à chaud auili bien
|u^à fruid , mais pas tour-à-faii exempts de leur
Riauvailc couleur partictiU^ c/
i". Un milange de vii.g -trois carats 8t demi
d'or avtc un demi carat, oa un quarante-feptie-
Imc de f n poids de plaiinc , fe trouva fort doux
*& flexible, d'une bonne corleur , fans aucune
i;>parence de la nuaace dcfagréable qai faifoit
Idtrknguer ai fcm m: à Tœii tous les précédens
dtvec toutes lei fortes à'm allié que j'aie ja-
mais vu.
9', Un mélange de vingt-trois carats ^ trois
quarts d*or avec un quart de carat , ou un quatre-
'
P L A
733
[vingt quiiuiéme di la pefanteur de platine, ne
marteau ,
put pas fe diAinguer à fœil, ni fous
iTa^cc Tor fin féparément,
10*. Dans tous les procédés ci*de0us , même
quand la quantité de platine étoit fort petite ,
Ja fufion ftit faite à un feu violent , aân que la
platine pût lïtre parfaliement ditToute » Si égale*
ment dilpcfte parmi lor. Cette précaution a
>afU fort né^efla rj. Ayant ure fois fondu de
i*or avec un quart de fon poids de platine y
Je bouton ne parut pa^ beaucoup plus pâle que
Tor au titre allié darg:nt ; mais à une féconde
fiifion, il perdit fa couleur jaune, 8i reffembloit
i'pcU'pfès à du méul de cloches* La cuu'eur
iTor ^ arut n'avoir été qui: fuperâcielle, & être venue
ce que le métanee èioit imparfait ; ia plus
tde partie de la plaine ayant été cachée dans
fanie intérieure de la ma^e, & c()uvcne en
quelque forte d'une enveloppe d'or.
1 1^. Dans certaines circonftaaces j^ai vu l*of ,
après avoir éré entièrement mêlé avec ta platine»
la rejeter encore en partie à la furface* Le mé-
lange précèdent de couleur de métal de cloches »
mpre« des fniîons réitérées avec & fans additions ,
& à des degrés diâTcrens de chaleur» eft devenu
tsne toï% jaune i la furfacc. En paiT^ni des mé-
tangcrs de platine & <i'or à U coupelle avec du
plomb y j'ai trouvé plus d*une fois le bouton
Vc fiant couvert d*une peau d'or , & tout le dedans
, d'une couleur grife.
h 12*, En fondant cnfcmblc ta platine & l'or,
m*éto'LS toujours fervi d*an peu de borax pour
. ) ^
flux , avec une addition de nître quî relève un
peu la couleur de Tor , ou du moins empèt^he
le borax de le rendrj pâle. Tai refondu qucl:îues
morceaux de ces mélanges avec da borax f^ul ,
avec du nître feul , avec du fcl commun , avec
du fel alkili fixe , & avec de la poufftère de
charbon de bois : ceux fon c" us avec le borax
parurent les plus pâles , & ceux avec la poulfTére
de charbon furent les mieux colorés « quoi*
que les différences ne ftirtnt pas bien confidé-
râbles.
I 3°, Comme une petite portion de cuivre relève
un peu la couleur de Tor jâlc , t*^i fondu de la
platine aveQ huit fois fa pefanteur d'or au litr^ ,
allié avec du cuivre-; c'ell-â-dire , trois parties
de platine avec vingt-deux d'or fin , & deux de
cuivre. La fufion tut faite , comme dans Us
expériences précédentes, à un feu violent, dans
un crcufet fermé , mais Gns aucun flux , 6l conti-
ruée environ une heure. Le méul parut couvert
d'une croûte noire . & avoir perdu environ une
deux*centième partie de fon poids. Il étoir d une
couleur braucoup plus terne , plus dur fous le
marteau , & fe gerça plutôt fur les bords , que
n^avoicnt fait les mélanges d'or fin avec des
quantifés beaucoup plus conftdérables de platine*
Au moyen d'une tufi on réitérée, &à force d'être
fouvent recuit au feu , il devient un peu plus fou»
pie & plus liant, au point de pouvoir être tiré
en fil aifcz fin ; mais la couleur en etott encore
extrêmement terne, plus reffcmblantc à celle du
cuivre fort mauvais, qu'à celle de ior.
II réfultc de ces expériences , que la pla-
tine diminue beaucoup moins la maltésbilité
dt: l'or, que celle des autres métaux malléa-
bles t fit infiniment moins que le plomb , Té-
tain , le fer , & les métaux fragiles ne font celle
de Tor : que dans des proportions confidérables
elle gâte & déprime la couleur de Tor beaucoup
plus que Talliagc: ordinaire, lui communiquant
un nuuvaife couleur remarquable , 6l qui lui eft
f particulière ; & qu'elle durcit & dégrade la cou*
eur de Tor au liitc , allié de cuivre , beaucoup
plus que for fin : que dajis de petites pcr«
tions fl comme un quarante- fcptiènie & au-delTous ,
elle ne tait pas un préjulice fenfible , ni à la
coubur , ni il U malie^àbi^ué de l'ur ^ & par con*
ilqueut , que de grandes portions de platines
mjlées uvec de l'or , fe peuvent découvrir à roeil;
mus que ^ de petites portions , fi elles font
parfiiiement uries avec l'or , ne fe font connoj-
II e d'elles-mêmes , ni a la vue » ni fous les mains
des ouvriers.
La phii/te avec h cuhre,
1^. Des parties égales de pbtlne & de cuivfi
expiifé^s , fans addition , à un feu vif excité
734
P L A
brufquement par des foufflels , devinrent bientôt
fluides , mais fans être coulantes , & perdirent
envirbn une foixante-quatricme partie. Le métal
fe trouva extrêmement dur fous la lime , fe brifa
difficilement fur Fendume , fe difperfa de côté
& d'autre , en voulant le couper avec un clfeau ,
& parut en-dedans d'un tiffu grenu & grOiTier ,
& d'une couleur blanche.
2». Une once de platine & deux de cuivre ,
pouffées à un feu vif dans un fourneau à fouf-
tîets fans addition , devinrent affez coulantes , &
ne fouffrircnt prefque point de perte. Le métal
écoit toujours fort dur , & ne s'étendit que peu
ious le marteau. II paroiffoit d'une couleur plus
obfcure que le précédent , avec une légère teinte
rougeâtre.
3*. Une once de platine Se quatre de cuîvre ,
traitées de la mcme manière, s'unirent fans au-
cune perte en un compofé aflcz liant qui fe laif-
Ya applatir confidérablemeni , couper au cifeau ,
& courber prefque en deux avant que de fe
gercer. En-dedans il parut d'un tiffu fin , & avoit
une couleur de cuivre fort pâle.
4^ Un mélange d'une once de platine & cinq
de .cuivre s'étendit un peu plus aiiément fous le
marteau ,. gue le précédent » oc parut d'une couleur
,plu$ rouge.
•5^ Eh augmentant la quantité du cuivre j'uf-
qu'à huit fois celle de la platine , le compolé fe
trouva pallablement liant , fe caiTa difficilement,
^ fe travailla fort bien fous le marteau. Il étoit
bes^ucoup plus dur que le cuivre» & d'une couleur
plus pâle.
6"*. Un mélange d'une partie de platine &
.douze de cuîvre s'étendit un peu plus aifément
fous le marteau que le précédent, & fc trouva
i>lus tendre à la lime. Il s'attachoit un peu dans
es dents de la lime , ce qui n'^rlve pas aux
compofitions où il y a une plus grande portion de
platine.
7^. Un mélange d'une partie de platine &
vingt-cinq de cuivre fut encore d'une couleur
un peu plus pâle que le cuivre pur , & beaucoup
plus dur & plus roide , quoique fort malléable.
En augmentant le cuivre un peu davantage , le
mélange a continué d'être lui peu plus dur que
le cuivre feul,& a paru d'une belle couleur de
rofette.
8*. Dans les £iifions précédentes , quoiqu'en
général je ne me fois point fervi de flux , il n'y
a prefque point eu de perte de poids , excepté
an n^. I y où à caufe de la grande proportion
de platine , il a fallu pouiTer le feu à un degré
violent. Cela paroit du, en grande partie, à ce
que la platine empêche la fcorification du cuivre;
car, en fondant du cuivre pur un grand nombre
de fois , foie avec ou fafls flux , j'ai toujours
trouvé un peu de perte.
p L A
9^. Les mélanees avec de grandes ponSoos
de platine s'étendent difficilement (bus le mar*
teau à froid ; & quand ils font rouges chauds ,
ils s'éclatent par morceaux. Ils fupponent n
bon poli , & ne paroiflent point du tout fe
ternir pour être gardés dix ans : la partie po-
lie du mélange de quantités égales fur- tout , con-
tinue d'être tort brillante. Le n*^. 7 s'eft un pM
tïîrni , mais pas tant en apparence qu^auroit fat
Je cuivre feul.
Il paroît donc , d'après ces expériences , qnt
la platine durcit le cuivre , afToibHt (a couleur,
& diminue fa difpofitton à fe ternir ; que m^
lée en petites proportions elle augmente fa dureté
fans faire tort , ni à fa couleur , jii à fa malléa-
bilité ; & qu'en proportions plus grandes eDe
fait moins de préjudice à fa malléabilité qu'à cdk
d'aucun des autres métaux duâiles , excepté l'a
& peut-être l'areent. La platine & le cuivre pa^
roiflent former des compofitions eOimables doOT
je ne doute pas que les artiftes ne puiffent ûrcr
bon parti.
Une perfonne de Londres m*a communîqné h
traduâion d'une lettre qu'elle a reçue d'£f,.'sgiie,
dans laquelle eft le détail d'un» expérience fiv
la platine & le . cuivre , qui , quelque imparCd-
tement rapportée , peut ffiérlter qu'on en £a£e
mention ici.
L'auteur a eflayé d'abord la platine avec ni
poids égal d'argent, & a trouvé qu'ils iê fixi-
doient enfemble • • • . Enfuite il l'a fondue avec
du cuivre, qui s'y incorpora parfaitement bien;
mais eA'ce la platine feule , ou fon mélange avec
l'argent , qui tut fondu avec le cuivre ; c'eft ce
qui ne paroit pas clairement par les termes de
la lettre , quoiqu'en apparence ce doit être le
premier cas.
Le mélange avec le cuivre ^ dit la lettre » en
effayant de le travailler fous le marteau , s^eft
éclatée comme du verre ; mais l'ayant refofidn
de nouveau avec un feu plus fort pendant quel-
que temps , & y ayant jeté un peu de falpétre,
du mercure fublimé , & d*autes corrofifs , il eft
devenu malléable, & alors on en a 'fait des ba-
gues qui ont été portées long-temps, fans falir les
doigts, & qui GonferVent toujours le mène
brillant que celles qu'on aupelte , en Efpaçnol ,
tombagos , qui font compoftes de deyx parties de
cuivre & une d'or.
Un mélange de parties égales *de platine &de
cuivre ( n^. i des expériences ci-deffus ) a été
effiiyé par M. Scheffer , qui rapporte qu'ils fe
font fondus auffi aifément que du cuivre tout
feul, &'que le mélange s'eft uouvé pafTablemetit
malléable , comme des mélanges d'or avec une
égale quantité de cuivre : dans ces deux cas, h
petite quantité qu'il avoit pour fon effai , pour*
PL A
rott bien lui avoir occafionné qiielque mi-
|kre.
^U) afcme que q.:î:ind on pouiTc ce compof^
K MU vent fort » imprimé fur U furface , comme
Bns la purihcation du cuivre devant les fouf-
flcts, il étincelle comme le (ct quand on le chaiif
fe ; & qu'ûQ trouve ces éciucclje» en forme de
grains ronds qui participent dos deux mluux :
pfénonifercs que l or n'oire pcinr quand on le tond
^ec du cuivre.
^prés ccire opération , il a trouvé le mélange
l>ins malléable quaupsravmt, comme du cuivre
pp rafîné.
pDes pirttes égales de platine & d'iirain ,
Te^ de bomi , & eipoTétTS à un feu vif
Ins un fourneau à foufflets , fe font fondues
Srfaiîerreni enfcûible ,^'ofu perdu fort peu de
ar poids.
MLe mîxfe étrit couvert d'une coulear bUnche
lifîrre , croie dur fous la lime comme le métal
\% clodïcs , fe brifa d'un coup de mirteau fin»
tendre ni recevoir aucune impreif^on » & fe mii
pièces quand on eiT-ya de le couper avec un
icaa.
En dedans îl paroiffoit d'un grain dn & uni-
Irmc » d'un ti^u ferré , fie d'une coulftr plus
^knbre que par dehors. 11 fupporta un beau poli ,
\i^ en dix atis de temps , ne paroîi point du tout
î«rni,
a*. Une partie de platine & deux d'airain ,
^ndues enfembe à un feu lent , ont perdu ai^x
avirons d*un irenre- Cxléaie. Le lingot étcU
ITune couTeur plus terne i\}iià le précèdent, avec
[te foible nuance de jaunâtre. Il étoit plus tai-
re à la lime , & fe ca^u moins vite fous le
jfean ; jTiaîï vl fe' gerça St tomba en pièces fous
maritatt. 11 reçut \xîi bon poH & s'eft confcrvé
Ins fe ternir.
3^ Une partie de platine & quatre d'airain ,
luvertesde borax comme auparavant * ^ tixpo^
^es à un fvU vif, fe font fondues enfembJc ^zn%
otcunc perte. Ce compofé fc trouva plus Jiiuns
cjnc l^ yi\k.:Mni , 6i plus rctidr< à la lime. U fe
laî.û r.;î[i.i ;mqu'i uDcccruJoe profondeur ivec
i cîfeaa » avmt de cafTer, & reçut quelque imprt f-
jcn fous le marteau , s'éundunt un peu »
liais bientôt fe gerçant dam diverfcs direc-
j En augmentant la quantité de Tarrain ]uf-
fix fois le poîds de \t platiné , le compofé!
jwr^it plus jaune, quoique tot;jatif« fgr^ pâle. \i
£c trouva pîus tendrt: à la lim*:;s'ètenJit davai-
I j^c fous le marteau , 8l reçut une împrctrLon
P'L A
735
plus profonde da cîfcau | avaqt que de roin.
pre.
5^ Un mèlajîgc d*unc partie de platine &
douze dVirain fiit confidér*bkm^ïvt p!uï pale ,
& bcûiicoup pîui dur que raira^n ; d fe t^lli
fous le cifeau , ^ fe gerça fous \t martc«u avant
de s*étre étendu beaucoup. Cette cômpofition » &
ks deux prècédenrcs , uippotércnt un poli p4r-
fablement bon * & ne fe font pas laiu terni que
Tairain feul u'auroit fe.lt , quoi^u'à ces deux
égards elles n'approcha: rem pas des ri"* t & 2,
Ls plâtmt ai^ic U cuhrt 6t Citam^
1*. 'Onquantc parties de platine, dix-fcpt de
cuivre , & fix d'ctatn , ayant été couvertes de
borax , font devenues fluides l un feu violent ,
6c ont éprouvé fort peu de perte. Le lingot s*c(i
trouvé extrêmement dur , de façon à pçuvoir
à peine être affeâé par U lime , & iort carfant , fe
brifant au moindre coup modéré, d'une furface
rude > & de b couleur terne du métal de cloches,
II fupporta un boa poli , 8c dure encore fans être
terni.
2", Une oiice de platine , autant de cuivre , &
quatre onces d'éiain , fe fondirent parfaitemcut
cnfemble , avec peu ou point de perte. Ce coir-
pofé fe lima aifément 8c librement^ & fe laiflTa
coijper avec xxn couteau ; mais ilcaflbit promp-
tement fur Tenclume : la caffure avoit une fur-
face irrégiilière , & d'une couleur terne 6f blan-
châtre. Etant poli, il avoit Toeilde fer poU ; la'
fraélure fc ternit bientôt & prit une couleur tauni-
tre ; la partie polie devint terne , mais confcrva
fa couleur.
3*, Un mélange de platine & d^ cuivre, de.
cTiacùrt une' partie, & huit d'éta'n , fe trouva
phis tendre quî le précédent , & l'apl^tit un
peu fous le marteau, Caffé i il fit voir uncffar-
Bec fort irrégulért , compofce d'tm ^rand rom-'
bredc plaques blanches brillantes. Il ne piii pus
bien lé poli»
La fraé^ure ne tarda pss à fe ternir , & la par^
tic polie conferva fa couleur. t' '4
La. pUiwt avec U fci
i" Une demi-once de platine 8c uoe once de
fil de fer furent placées fur un lie de gypfe dint
«m creufiât de HeiTe , puis couv^iies c^: encore
environnées dé gxpf.%
Après avoir été paumées dans un fourneau %
foufflct^^ pendant environ nne hci^te, avec.diui .
paires de ibuiBecs , U ctcufet ie trouva vitrthè
en grande partie , & il fe fit uu tr'^u {^r
73^ r L A
le côté , par ou prefque tout le métal avok ^
coulé.
L'expérience fut répéfée quatre ou cinq fois ;
maison ne pur jamais obtenir une imlon parfaite
de la plaîîpe éi iUi fer : le creufet fc trouva
toujours rongé ^ vitrifié par le gypie, avant
que le fer ait coulé aHez liquide pour diflbudre
la platine.
Ofj remarqua que le fer ainfi fondu étoît fort
fnalléable, quoiqu** quelques-uns ont penfè que
le fer ^rgé , mis en fufion , e A de la. même nature
que le ftr coulé ordinaire.
1°. Du fer coulé & de la platme , dans la
quantité de trois onces de chaque » étant ex-
pofés fans aucune addition à un feu violent ,
s'incorporèrent en un fliude épais , qui » en y
ajoutant une once de fer de plus » coula affez
clair.
Le creufet de plomb notr ètott devenu trop
mol par la grande chaleur pour permettre d'être
foulevé avec des tenailles , on y laiiTa refroidir
le méral.
En le cad^nt , on trouva le métal réduit en
un culot d*une furface , non pas convexe , mils »
au contraire ft>rt concave. Son poids étoit d*en-
vtron un feiztème moindre que celui de la pktine
Se du fer qu^on y avoic employés.
Il fe trouva fi exceiTivement dur , que la lime
ne pût pas y mordre , & cependant fi liant »
qu'il ne put être brifè par les coups répétés d'un
fort marteau d*enclume, dont il reçut quelque im-
preifîon.
Chauffé jufqu*à rougeur, il fe caiîa aifément,
& pa ut en dedans d'un tt^u uniforme ^ non
compofé de plaques luifames » comme fétoit
d*ab(vrd le fer , mais de grains d'une couleur
fort obfcure » qui n*avoient point d*éclat métalli-
que.
)\ Une once de platine ayant été jetée fur
quatre onces de fer coule, qui commençoit à fon-
dre , & le feu étant entretenu très-violent , le
tout entra promptement en fufion.
Le compofé , de même que le précédent »
ét**it exceffivement dur , êi parut s'étendre
un peu tous le marteau â' end urne fans fe caf*
fer.
Son liffu écoît grenu comme auparavant ,
man la couleur en étoit moins obfcure.
4* Une partie de platine & d-juze de fer , fe
fondirent fans difficuhé ^ {k avec peu ou point du
tout dj perte*
Ce Biélange fut auflt beiucoup plus dur que
le fer ne Tétoit d'abord, 6c re^ ut quelque imprcf-
ûon du marteau.
De même que les précédent, on ne put pas
k cailer à froid faos une violence extrême , mais
PL A
il fe trouva très fragile quand il fiit chiuii fit&l
qu à rougeur, f
5^ Toutes les compofiùons prècédeaies reçu*
rcnt un bon poli.
^ La première après avoir été gardée dix ans,
n'avoir point fi>uffcrt de changement fenûble ;
h feconie avoir q lelque^ pecires taches de ùld-
fure , ât b troificme étoit un peu | lus ternie t
mais pas tant qu'un morceau du (ér mème«
6*. Enviroa une once d'une compoflcion d*aiie ]
partie de platine & quatre de fer fui environnée]
fiu méUrîge à f^ire Tacier , de M, de Réauffliif,
compofé de huit pariieg de fuie de bois , quatre
parties de cendres de boiv « quatre de pou0iére
de charbon de bois , & tiois de Ici coo*
mun.
Le tout étant aînfi placé dans un creufet , kj
creufet fut couvert, exaélement lutte » Ôt tentl
à une force chaleur rouge pendant douze ben-j
res.
Le métal y gagna une augmentation dVnvîf
une trente-neuvième partie de fon poids, céd»l
à la lime pîus facilement qu'auparavant, parut
ne point recevoir d'augmentation de dureté ,
quoique mis en feu & éteint dans l'eau » fit ne
parut avoir acquis aucune des qualités par ou où.
dirtingue l'acier d*avec le fer.
7". Un morceau caffé du mcme lingot » peiant
aux environs de trois quarts d*oace , fut traîlè
de la même manière avec la poudre , pour actes*
drir le fer coulé ^ c'eft-à-dirc, de la cendre l'os
avec un petit mélange de pouÛîère de
bon»
Le métal fe trouva augmenté tl'envîron an
trente- quatrième partie de fon poids. Il fut
dur i la lime qu auparavant , mats plus du
que la partie qui avolt été cimentée avoc
mélange k faire l'acier.
Il eft à-propos d'obferver que le fer coulé"
n'eft pas du tout un corps métallique pur e«
^mple y comme ceuic dont on a examiné, datt
les articles précédens^ les rapports avec U ph*
t:ne.
Il femble en général contenir un Confire aûn^
rat , auquel , peut àtrç , eft dij princtpaleoem la
fragilité , & que l'on en fépare par le procédé
qui rend le fer malléable.
Comme li platine paroir incapable de contrac-
ter aucune union avec kfoufrepur, f^t f<wf^
qonnh que tandis que la platme 6l le ter couH
s*uni/fent enfemblc , un peti de la matière ùé
phurcufc eu jetée dehors & confumèe ^ & otf
le degré de liant qu on remarque dans fes coi*-
pofés , peut provenir en partie de cette caufc ;
mats les expériences n'ont pas encore été poe^
lées aTez loin pour nous mettre en èiai dTc»-
trer dans des recherches de cette nature |
manière qui foit fatisfaifante.
»
P L A
Si cependant le fer coulé étoît auflî eflRca cé-
ment purifié par la platine , qu'il Teft me me k
la Tafinerie, dans les grandes forges , h qualité
liante des mélanges ne laiiTeroit pas d'être locfours
fort remarquable, en coniiJerant combien la ph-
Itre , quand elle eft cmpîoys^e en grande propor
lion , cft fujette à diminuer cette quarné dans
tous les autres métaux : peut-écre que pour cer-
tains ufagcs la platine pou volt fe trouver nnt
addition avanta^eufe à ce métal le plus utile de
lous , métal au^^uel les ouvriers ne peuvent
communiquer la dareté dont on a fouvent befoin ,
fans le rendre en mcmc temps cafTant & inirai-
tabje.
P L A^
737
La platine avec Us verres méialltijuer»
IM. Marggraf , après N'être bien convaincu que
la phiine réfif^c parfiisement au% flux ordinaires
non métalliques d^ refpéce viireufe & faline ,
aplTé à i'efTii fi le verre de plomb, pîus aflif,
jpourroit lui fervîr de Ûi\x*
Un verre de plomb , préparé avec quatre parties
ie minium le plus un ^ ù. une partie de caillou
piir, t'uî -réduit en p>udre Si paiFé par un timis
in , pour en iéparer tt>us les grains métalliques
(qui pouvaient y rcfter.
]| mêla huit onces de cette poudre avec une
Miçe & demie ou fcp! cent vingt griins en p!a-
îne ; & il pouflTa le mélange à un feu vialr!ni,
pendant deux heures , dans un crcufet bien lut-
Il en obtint nn régule cafTant blanc ou grî-
Ire , couvert d'une Iconc jaunâtre.
Le régule fut refondu de nouveau avec un
ru plus du mèm* verre de plomb , ^ tenu
encore deux heun^s en fufion ; il eut la même
ipparence qu'auparavant , jeta une pareilie fco*
^le jaunâtre ♦ & fe trouva pcfer fut cent fix
grains , ou environ une fixiéme partit; moins que
platine quM a voit employée* Tenu en fufion
Jeux heures dans nia creufet fermé , il perdit
fut grains , ou environ une centième par-
Alors on le battit par morceaux 'dans un mor-
iser de fer , & on le mêla avec une once de
1 verre vert ordinaire , réduit en pondre fine ; le
mélange ayant été tenu en fufion pendant trois
k heures dans un creufet fermé , la fcorie fe trouva
trouble , tirant fur le verdâtre , ÔC en quelques
endroits fur le bleu , te métîl avcit perdu trente
grains , ou environ un vingtième; il fc lima fort
bien , paroiffoit fort blanc dms les îinpreiTions
delà lime, étoit aCez liant, & ne fe caiï^Oit pas
facilement fous le marteau*
Il fut encore cxpofè à un feu violent pendant
deux heures, dans un creufet fermé, avec une
Arts & Mctlcrs, Tome V. Pan. IL
deml-oncô de borax calciné : le borax coula à
travers le creufet, mais le métal ne fe fondit pas
parf»*rcm:înt , & ne fit que fe recuire en une
mafle d'une furfâce rude, Ô£ inégale, porcufe ,
facile à fc calTcr, parfcmèe de couleur gnfe 6c
blanche dans la cafTure , pefant 540 f;ra:ns ; de
forte quM avolt perdu encore plus d*un vmg- .
tiéme de fon poids. Il fut traité encore avec une
demi once de borax calciné , la même quantité
de cailloux blancs pulvétifés , & une once de
fel de tartre.
Le mélange ayant été pouffé deux heures à
un feu violent , dans un creuftt fermé , les fco-
ries furent d'une couleur de topaze tirant un peu
(i\r celle de la chryTollth; : le mîtal fe trouva
d'une belle couleur blanche , fpongicufc, d*une
furface inégale , & pefant 450 grains, de forte
qu'il avoit perdu dans cettJ fuft'jn une fjiitme
partie , & pefoit maintenant trois huitiémei dé
moins que la platine employée d'abord.
On peur préfumer que le mïîA obtenu dans
cette expérience, n'étoii autre chofe qu*un mélan-
ge de partie d^ la platine avec un p,u de plomb
revivifia du verre. Quoique l'auteur air pris foin^
en couvrarfc & luttant le creufet , d'cmpcchcr
qu*il n'y tombât quelque matière inflammable
qui put faire revivre le plomb , il fe peut bien faire
qu'une i.*llc mstière y ait été introduite en pi-
lant ie verre ou en le tamifant ; & indcpsndsm-
ment de tout accident de cette efoéce, il y avoit
peut-être, d^ns la pKiineeîle même, une puiC*
fance fuiïifanïe pour produire cet cfftît.
La platine commune, telle que Marggraf Ta
employée , contient vifiblemenc du fer j 6c en
remuant finipkmcnt le verre de plomb en fufion
avec une baguette de fer, il n'en faut pas dav:in-
tagc pour revivifier une partie de plomb. J*ai
mc'c quelques-uns des grains plus purs d- pla-
tine , tant avec du verr^ de plomb qu'.^vcc du
verre d'aniimoine , & j'ai cxporè les deux mé-
langes à un feu audi fort que j*ai pu l'exci-
ter,
La platine n'a point montré de difpofition k
fe fondre , & les grains ont garié leur apparence
ordinaire. Vogel femble donc avoir mal entendu
les expériences de Ma^-ggraf , quand il m conclut
que la platine donne un régule blanc' avec le
verre de plomb.
M. Marggraf donne aufll une autre expérience
de la fufion de la platine avec un verre de
pîomb arfeniqué. Il a préparé utJ vcrr^, en fon-
dant enfcmble huit onces de m'tntum , deux de
cailloux , âi une d^arf^nic blanc.
Six onces de ce verre réduites en poudre
ont été mêlées a^ec une once de pîarine , 6l le
mélange fondu dans un crLufet, fermé pendant
deux heures.
On olïtini un régule bifant , gtiCatre à U fra^
A aa aa
738
PL A
'î
turc, maïs aflfcz blanc quand il fut limè, pefar.t
28 grains , ou environ un dix-feptèine de plus
que la plaiinc. JL^s fcories ètoient d'une coukur
hrutic obfcure. *
Ici l'augmentation àe pefantcur eft une preuve
entière que la fiSion de la platine venoit d^ ce
qu'elle avolt tiré du verre du plomb ou de Tar-
li-nic. Pour le brillant de fa furface & la couleur
grife de fi panie intérieure , le métr.l de M.
Marggîaf reftembloit à nos maffes de plaiine
at l'en 14 uôw qu'on a d ja décrites; & probablement
rufjge que l'on fait de Tarfenic, dans un état de
vitrification , avec des fubftances qui fervent à le
retenir dans le feu , doit être le moyen le pins effi-
cace pour combiner avec la platine ce corps métal-
lique volatil.
Ohfrvatîons générales fur Us mélanges de platine
avec d'autres métaux»
1®. Il parolt, d'après les expériences précéden-
tes , que la' platine « qui feule n'eA pas fufible
aux feux les plus violens de nos fourcenux , &
qui réfifte aux feux non métalliques les plus ac-
tifs, fe fond ou eft diifoute dans chacun des
corps métalliques ordinaires ; que les différens
métaux 1& diffolvent avec divers dégrés de force ,
aui même ne font pas en proportion du degré
e leur propre fufibilité ; qu*il y a des différences
trè<:-remarquables dans fa relation avec différens
méraux , par rapport au changement qu'elle
produit d.ms la qualité du métal \ qu'elle durcit
& diminue la mailéabilité de tous les métaux
mallé-4Î:lc« , mais paroit communiquer quelque
de^ré de fouplciTe & de liant à un qui par lui-
mcme n'en a point du tout, c'efl-à-dire , au fer
couié ; qu'elle diminue la malléabilité de Tétain
plus , & celle de Tor moins , que celle des au-
tres métaux ; que , dans de certaines quantités ,
elle dcgtidc la coukur de tous les métaux ,
conimiiiiiquant aux uns , comme au cuivre , fa
p'0^>re blancheur , & produiîant une couleur
nouv'Mle avec d'autres, comme avec le bifmuih ,
le plo'nb & lor ; qu'eilc em;jéchc le fer ik ie
cuivre d.» fe ternir ou de fe rouiller à l'air ,
mais (jr/elle fiit ternir le plv>mb Ôi le bifmuth
d'une fdçon très-remarquable.
a«». Quoique la platine , pourvu que la dofe
ne foit pas bien forte , devienne fluide avec ta
p'up«rc des méia;ix à un f^u modéré , il fem-
ble qu'un feu violent foit toujours néceiiaire
pour lui donner une folution parfaite & to-
tale.
Des cnmpofit'ons de cuivre , d'argent & de
plomb avec uiv tiers de leur poids de platine ,
qui aveient coulé aflez clair pour s'étei|dre libre-
PL A
ment dans le mou!e, & qui* pôroiflToîent à Pcetl
pa:f..ltcment mêlées, lorfqu'cn les eût mis digé-
rer dans l'e.'U- forte , jof^u'à ce que la ment
true cefTât d'agir fur eux , ont laifTé plufiems
petits grains de plaiicc dans leur état naturel fit
originaire.
En les confidérant dans un microicope , les
uns ont paru n'avoir fonffert aucune altératîoo ;
tandis que d'autres oni fait voir une multitiide
de petites protubérances g-obuhiires & brillantes,
comme fi elles n'avoient fait que commencera
fondre
s"*. Des mélanges de cuivre , d'argent & de
plomb , avec de pli s petites proportions de Di»*
tine , qui avoicnt été maintenu^ dans une rorie
fufion pendant quelques heures , afin que la pfa-
tine put s'y être bien incorporée , ont été mis a j
digeliion , & bouîll s dans de nouvelles dofes d'eai^
forte , jufqu'à ce que la platine fut reliée toute fer*
le en poudre jaune , dégagée de tout ce que l'aih
forte pouvoit en extraire.
Ces poudres ont été expofées à des feux ofe-
violens « fans addition , avec une addition ife
borax , avec les Tels alkalis , & avec du ferre
de caillou. Elles fe font trouvées auflî pea iaSf
blés que la platine l'étoît d'abord , ne lom fis
fondues , & n'ont point communiqué de coulèff
aux fels ni au verre.
Il paroit donc que la platine nVA que finpk-
ment difToute par les métaux en fufion , & qn'elle
ne devient pas elle - même véritablement nifibk
par leur moyen.
4*. Comme la platine s'unît avec dîA-
rens métaux en des compofés qui ont de oou-
velles qualités que les ingrédiens re pofli-
dent pas féparémcnt , & qu'on ne fçaiiroit conce
voir , d'après aucuns principes méchaniques co«-
nus , que leur (Impie jonâion puifTe les pro*
duirc , 5c comme ces nouvelles propriétés ne fciB-
blent pas être plus vifibles dans aucun mélaDj^
métallique, que dans ceux que la plarinc fournit;
il s'enfuit que la difTolution de la platine par
les métaux n'eft poinv du tout un mélange fupe^
fici: 1 , mais une cca iiion aufîi intime & aufE
parfaite , que nous ayons lieu de croire qaofl
méial quelconque puifTe en avoir avec lucofl
autre.
Des gravités fpécifiques des mélanges de pLuine a^
différens métaux.
Parmi les expériences qui ont été commDO-
quévS à la Socié é royale par M. Wood , il y en
a une remarquable fur la gravité fp^ctfique d*OB
mélange de parties égales de plarine & d'or. La
gravité de la platine la plus pefante qu'il a ea-
I
I* L A
mînfe, étolt h cclls de Teau comme 15 à i ; & i
la gravité cîe lor , comme nous Tavons vu dans
ITiiftoire de pe métal ^ eft environ 19 7^, S i) c
firties de platme perdent 1,0 otarie plon^é^s dr.n
eau, & que 19,3 parties d'or perdant t ; dor.c
Il Icrs deux métaux étoicnc mciés en quantités ègv
les 34,3 d 3 compofé perJroicnt 1 ; ainfi divif,int
54,3 par a, nous avons 17,150 pour la gravité
au compofé.
Tclledoitêtrelagravifé,filesdeux métaux ércieni
unis ftiperficicllemcnti & que chacun d'eux cor-
iervât fon propre volume ; maïs quand ils ont éié
fondus cnfemble , on dit que la pcfa^teur fpéci-
fique de la mafTc s'eft trouvée confiJcrablcrnsn:
plus grande » & qu'elle n*a pus monté à n)oii s
de 19. Si le fait cft cxu^, 19 parties de h maf-
"" fondue ne doivent pas occuper plus d'efpace
^^ ^7 rh faifoient auparavant la fufion ; de
brte qu'il y a près d'un (]uart d*un métal reçu
bus les pores de l'autre, fans augmenter le volu-
sne de la mafie.
On peut foupçonner que la fubllance que M,
^K^ood a pefée rèparcmenr, fous le nom de pla-
inc , éioit le métal coulé plus léger > dont il
été fait meniion au commencement de cette
ifloire , ^ que celle qu'il a fondue avec de
*or étoit de véritable pbûne : auquel cas^ la
•-avitê de la platine étoit 17 , raugmentaiion
e gravité fur le mélange revient à pi es dune
Vingtième partie \ de forte que la platine a per-
du environ la dixième partie de fon volume dans
la ma^e.
Pour me convaincre moi-même fur ce point ,
j*ai pefc liydroftatiquement le iTjé.argt: fbfdit de
parties égales de platme & d*or. La gravité fpé-
cjôque de Tor étott 19,285 ; la platine étoit des
rlus gros grains donr la gravité cîoiti cotrime ou
a vu dans ta premère Icélion , au moins 17, Le
[compofé pe foie à Tair 13 605 » & perdoit dans
rreau 750; par confét|uciit fa gravité étoit 18 140:
{la gravité par le calcul revient à 18,071 ; de forte
que, quoique la gravité de la platine n'eut pas été
f>lus de 17 , r?.ugmeniation de gravité par le mé-
ange n'était pas fort confidérablc. Comme il y
»ftvoit eu un peu de perte d^ns la fufion de ce
mélange , & qu'on ne connoiiïoit pas certaine-
ment la pefanteur fpécîfique de b plafine em-
I ployée , j'ai fait deux nouveaux niHanges avec
' des morceaux coupes de la mLmc maiTe d'or, ik
quelques grains des plus gras de platine, dont la
gravité alloit à piè^ de 1 8.
Un de ces mélinges pefant 5 «19 perdit dar.s
l'eau 176 ; & l*<iutre pefant 6415 , perdit 345 :
ainfi la gravité fpécirique du premier revcnoii ^
18,583 , <if celle du deruîer à < 8,594 ; ce qui -p-
proche aoffi près l'un de î'autrc , qu^il eft poiTihle
de l'attendre dans des expériences de ceite efpèce.
La gravité par le calcul efl 18^622 ; de forte que
les deux mélanges étoieut fpéeiiic^ucm^uc un peu
PL A
759
plus légers, OU étendus en un p!us gran 1 volu-
me, qiie fi les métaux euiTent été pefcs féparé-
ment ou joints enfetnble par fimplc appr;fition
des parties.
Comme ces expériences ont éîé faites avec beau*
coup de foin , on peut préfuirtcr que dans celles
où il a paru y avoir une grandv; augmentation
de gravité, ou contradiûion d:: volume, cela
eft \tn\i de quelque erreur en pefant , ou de ce
que l'or n'avoit pas fatfi toute la platine dans la
fufion*
Jaî au01 p:fé hydroflatiquement les autres noé-
langeî de patine ik d'or, 6c difl'érens méangci
de platane avec divcrfes portions des autres
mctiux.
Les mafTes qui ont pu fupporter le martca-i , ont
éré battues tout doucement , 6f on a pris garde à
ne pas les faire gercer ; car les métaux purs eux-
mêmes après la fufion , fe trouvcrent rare ne nt
airivLT à leur véritable pefanteur fpécifique, juf-
qu'à ce quMs aient acquis una plus grande ( Xï'
dite fous le mritcau.
On en a lime uniment la furface où îl fe trou-
voit quelques cavité i ou irrégularités qui pouvoicnt
peut-être retenir de l'air; & la plupart ont été te-
nus plongés dans Teau pendant une heure ou
plus » afin d'en pouvoir dégager l'air plus effica-
cement, 6c que l'eau y fût appliquée plus intime-
ment*
L'effet de cette précaution fut manifefté dans
quelques eiïais fairs exprès, quand le métalTuf*
pendu dans Peau du bout du fliau a éic bien pu^gè
de toutes les bulles d'air vifibles , & mis exaâe*
ment en équilibre : en repofant une h^ure ou
deux, il s'eft trouvé prépondérer fenfiblcm^nt, &
quelquefois a^Tci confidérablement.
L'eau , dans quelques uns des efîaîs , étoit de
la neige fondue; & d:ïns d'autres, de Tcaa dif-
tilléc, qui toutes les deux fe trouvoient avoir la
même pefanteur fpécifique* La température de
lair étoit depuis 50 jufqu a 60 degrés du ther-
momètre' de Fahrenheit.
La balance dont on fit ufage dans ces expé-
riences , étoit d'une grande fenfibilité » mais les
deux bras n'en étoient pas exatEtement é^aux* Il
peut être ï propos d obfervcr ici que-, quoique
les auteurs qui oniécrit fur les balances, cxigt-nt
& foient même fort fcrupuleux pour obtenir une
é^ilité parfa'tc dans les bras"; cependant» comme
cette égiUté eft cxccffivcment dillieilc , pour ne
p,is dire impoiïible , à obtenir, cite ne me paroit
aucunement nécefTaire pour Texaâuude de TinAru-
ment.
Si diï petits poids cçaux,mfs dans un des pla-
taux , font mis en équilibre par un feul poi^s placé
dans l'autre, & fi nlor^ on ôte les dix poids , â£
que Ton fubftiiue à leur place un morceau d'ar-
gent ou d airaui i il eft é/ident que quand ce
A a a a a ij
740
P L A
morcenu de métal fera devenu en équilibre avec
)e poids de Tautre plateau, il fera exaâement
égal en pefanteur avec les dix , quelque inégaux
que puident être les bras de la balance & con-
féquemment que toute balance à bras inégaux
peut , fur ce principe , avoir une fuite de poids
qui y foient ajullcs , & qui étant employés tou-
jours dans un plateau , f<.ront que rinitrumcnt
fera do la incfne cxa^itude que Ci les bras en
éioient parfaitement égaux. La meilleure façon
(le fe procurer de petits poids égaux, eft de
couper des longueurs femblables d'un fil d'argent
très-fin.
Le fil d'argent , tenu également tendu par un
-corps pefant placé à fon extrémité , peut fe rou-
ler fort ferré autour d*un bout de fil de laiton
plus gros, & on peut couper tous les tours à-la-
tois avec un inftrument tranchant appliqué en
/ongueur. On tire le fil d'argent d'une telle
fineffe , & d'une épaiffeur fi uniforme , que
les poids faits ainfi par la mefure , font d'une
exaàitude plus grande qu'on ne pourroit y at-
teindre en les ajufiant dans une balance. ^
Un morceau de fil de trait, d'une longueur
fort fenfiblc , & capable d'être encore divifée
davantage, n'aura pas afiez de pefanteur pour
donner aucun mouvement vifible à la balance
la plus mobile. Ces petit» morceaux , ou ceux qui
ne font que juAement ébranler la balance quand
elle eft vide , & qui conféquci?iment ne la fe-
ront pas mouvoir du tout quand elle eft chargée ,
font , comme je l'ai éprouvé , un fupplément
utile à une fuite de poids ajuftés.
Quoiqu'une balance femble exaôement en équi-
libre , un côté peut cependant être réellement plus
pefant de toute quantité de force moindre que
celle qu'il faudroit pour vaincre le frottement qui
fe fait au centre ; comme moins de force ajoutée
pourra faire baiffer ce coté plus que l'autre , un des
petits poids, effayé dans l'un & cnfuitedans l'au-
tre plateau , nous mettra en état de juger fi l'é-
quilibre eft exdft, ou de quel côté eii la prépon-
dérance.
Les réfuUats de ces expériences ont été publiés
dans les TranfaElions phdofopliiqucs , en même
* temps que les gravités des diftér;;ns m6la' gcs ,
déduites par le calcul; d'oîi il a p*'iru que !es g-a-
vités ex|jérimentales étoicnt p:e'que toujfnirs
moindres q le celles* du cilcu!. Mais il y a eu
ians ces calculs une erreur qui a rendu les gra
vités calc'lées , trop grandes en général ; car
quoique dins chaque mélange les irg'-édcns aient
été proportionnés les uns arx a.ures par leur
poids, on a fait, par inadvertai'.ce , ies calculs,
comme s'ils cufTcnt été pris p.»r Vz vrlume. La dé-
couverte de cette méprife ell dut a M. S-hefTcr,
qui a donné fur ce fujet un Mémoire en 1757 ,
dans les Tranfaâlions Sucdo':fes.
p L A
Les gravités calculées étant reftifiécs . il pa-
roît fe trouver dans plufieurs des mélarges , à*
peu près ce que les expériences ci-ct^lTus mon-
trent ne point arriver dars ceux où il y a use
égale quantité d'or ; les compofés étant d'urc plus
grande gravité, ou plus reflerrés en volume que
ne le font les deux, métaux confidérés féparé-
menr.
Cet excès des gravités expérimentales fur les
gravités calculées eft attribué , par M. ScheâFer ,
à ce que la graviié de la platine eft plus grande
que celle que je lui ai afifignée. Il imagine que les
particules d'air adhérentes dans les cavités des
grains raboteux: leur ont fait occuper , quand on
les a péfées dans l'eau , un plus grand espace que
celui de leur propre volume ; 6c que quand la
platine a été fondue en une mafife avec d'autces
métaux, elle a alors fait connoitre fa véritable
gravité. Sur ce fondement il tâche de déduire des
pefanteurs fpécifiques des mélanges » celle de la
platine en elle-même, qui eft un des points, à
fon avis , ks^pîus importans dans fon Hiiloi't
philo foph'qie , & que j'avois lailTé encore non
découvert. Quoique j'aie manqué , à caufe de
l'inadvertance ci-de{rus , à atteindre fa véritable
pefanteur , mes expériences , à ce qu'il penfe ,
ne laident p s q le d'y conduire ^ & il conclut,
d'après ces exjcriences» qu'elle ell certainemeat
plus pefante que l'or pur.
Ce point femble demander encore quelque exa-
men : car une telle conféquence ne peut pas être
admife fans être appuyée des preuves les plus
fortes Y &L fi le principe de l'mduâion neft pas
parfaitcmeiit jufte , il peut donner lieu à des er-
reurs bien plus importantes qu'une mèprlfe y daos
la gravité dé la platine.
J'ai donc calculé do nouveau les gravité?, fc
en même-temps la gravué que chaque mélange
donne pour la platine. La première col- n ne dans
chaque des tables fuivratcs ccn rient les pro-
portions des deux miraiu dans les divers mé-
langes, déduftion faite de la perte tfTuyée ,daiis
la tufion , quand il y en a eu ; comme la platine
feule ne fouftre aucune dira ni; ioii d.tns le feu,
c'eft fur la quantité du nwtni dciuiié^.ble mêlé
avec elle , que cette Géd..é^i' n cil f-iite. La
féconde colonne contient Lsj^ravités fpécin-
ques des méJangcs, telles qi;o Ksrîonne Tcx-
yérience;& la tioifiîme, ku:*» g^avi-té» trou-
vées, par le calcul , en fuppofin la graviîc de la
jjUtine à 17 : on fait voir , dans Va qu thème,
la différence ertre les gravités ex é incrt;.!csât
calcu ées ,ivec les marques -}- &. lelo-^ que la
, remière efl plus grandi ou mohi -c que la <.!er-
nièie. La cio.nière colonne djnne l.i s^'avl:^ { : !i
platine déduite, fur le principe de M. Schedfer,
de chacun des mélanges.
I
PLA
OR
1. Or. 2.
»• 3
U ï
K II
I
1}
I.
I.
u 31.
t* 47<
I. 95,
G/fJi;ft! jpcCifiqUi
183 F.
18,613
18,811
18,83 c
i8,9î8.
19,089.
19,118.
19,162.
19 173'
P.7r /c
catctti
18658.
i8,y£Î2
^ 9,071
19,114,
19,177'
19,104.
19,231
19 ivB
Dijfttcnce,
Gravité dt
ia platiné
16 7Î9.
14088.
1^.481.
M. 273
18,711.
18,114
Comme les expériences avec l'or n'érolent pas
j parvenues enrre les mains de M, Schelîer , quand
[il a écrit Ton Mémoire, il étoit dans refpérance
[que quand on feroit ces ex[^ériences , elles don-
jneroient avec ceniiiîde U gravité de In platine,
For érant exempt de quelques-unes des caufcs
1 dVrreur qui fe rtnconircm dans les antres mé-
taux.
Il paroîi, quoiqu'il en foit , par le détail pré-
cédeoi » que de douz^ mélanges de phftne &
d*or, il n'y en a pas eu un feul aiiffi pefant
que l'or febl ; au lieu que fuivant le principe de
M. Schcffer , ils auraient du tous être plus pe-
fans. Il ci^ donc clair, ou que Ij platiue n'cA
pas fi pcfante que l'or , ou que h principe de
'î'inducîion na pas lieu dans les mélanges d'or 8l
éç la platine.
Suivant les deux derniers mélang€i , la gravite
de la platine revient entre 18 6r 19 ; mais on ne
peut pas bien faire fond là^deffus^ parce que la
cUfférence entre la gravi lé expénmcnîale Se ta
calculéeeA fi peu contit!érable , qu*on la peutattil-
huer «ux impcrfcdions inévitables â<,i inftrumens
dent on s'eit fervt pour pefer : car une erreur
de moins qu'une 3o,coo* psnic 4ki poids fait Lne
différence de ,012 dans la gr;,viiè fpécifique du
mélange j & de 1,000 dans celle de la {.latine qui
en cft dé.^uite. li en arrive tout de mcme dans
, les itélangcs avec les autres méiaux , ou la pla-
[fine eft en petite proportion.
Les autres cc>mpofiiions donnent îa gravité de
'la platine moinîre que 17; & comme on trouve
qtie U pLitne feule ell à 17 ou pUis , il parot
s'srnfuivrç f,u il doit jiéctfîùircmejn y avoir une
diminuti*'n de gravité , (roduire par l*UàVion des
deux m taux Tun avec l*auire. Ceci fcîTible con-
firmé par un phénomênu oHcrvô dans la fu-
£on.
PreQi'e tou\ leç cr>rpç métal li,iic.s d^ ^ -
des s^u i:o ^ te retireitt A picr.ï.ent i
coocavc en rcdevenajit rohè<^s : Tor p.
741
peut-être encore plus qu'aucun des antres ; mats
les mélanges d'or & de platine, quand la platînt
y e/i en proportion confidér^We , ont été re-
marque» fe tirer irés'peu : quelques-uns même fe
font Étendus , 6l font devenus convexes.
Il s'enfuit nécefTairemenr de cette cxpenfion ou
dilatiofl de volume , un décroifTcment de gravité
rpécifique.
Comme les grains de platine crue , les plus
purs , font mé'és d'un peu de maiiére hétérogène ,
il elt V'OlTible que cette matière empêche Tunion
intime de la ,platine & de Tor , & ainfi occa-
fionne que les deux méiaux fondus enfemblc
occupent un plus grand volume qu il ne leur ap-
partient naturellement. J'ai donc fondu de lof
avec de la plaine qui avoir déjà effu) é quelques-
unes des opé;ations ci-après décrites ,& qu'on
pouvoir préfumer avoir été par-lâ purifié de prcf-
quc toutes fes parties hétérogènes.
Un des boutons de îa platine les plus nets ;
pafTé à la coupelle avec le plomb ( n^. 5 , de
la Seélion fui vante ) , a été fondu avec une pe-
fanteur égale d'or k un ftu vif, & confervéune
bonne heure en fufion. La mafle éîoit fpongieufe
& fort légère. Je lai refondue àplufieurs repri-
fes avec les feux les plus violens qu'il m'a été
polTible ; & , pq^r en féparer autant que faire fc
pouvoît du plomb , auquel fembloic être due fa
qua'ité fpongieufe, je lai broyée par morceaux ,
je Tai fait boutlbr dans de rcaufurte, & jy ai
jeté pluficurs fois du fublimé^corrofif pendant
la fufion. Malgré cela la mafte c(l toujours rcflée
pleine de pttires cellules, calTants & fpècifique-
ment plus léj^ére que l'or ou même le bouton
de platine , ne Tavoient été d'abord.
Jai précipité, par le moyen du mercure^ de la
plaïine dirfbute dans Teau - régale , fit j'ai fait
bouillir le précipité dans de Tcau-forie , ik cnfuite
je l'ai bien lavé avec de Teau chaude. J'^i fon-^
du vingt' fix grains de ceîie préparaiion, »\eç
quatre fois autant d*or. La pUtme ne paroiflant
mêlés qu* mparfr^ircment , fai réitéré la fufion
trois ou quatre fois , 6f j'ai augmenté h quan-
tité de Tor jufqn à environ huit fois celle de la
platine.
Ce mélange s*eft trouvé auffi pcfant que Tor
mène , ÔÉ même plus. Il pcfot à lair 16,802 ,
& dins Ttaj S5«9J4 : ainfi H jjraviré rcvenottà
c jutfcs pcTibnnc* en firent ,
rîicn ; Ôc tov% convinrent qy*il
pefafu. L;. Codeur Pcml-^trton ,
fort exkâe , tr«>uva que fon
-.uît di if ; Cs îlans
{ « d'. ; nombres fa
^14 Vite f|«^^ wi44i2e revis iu a iVi}J7*
comme ri
éioiTfi ■
74*
P L A
P L A
Gratuité fpécifique.
Gravité
pari'ex'
Pjr U
Différence.
de la pla-
tine ref-
tante.
périeuce.
calcul.
PLOMB
11.386.
I. P/.0,97.
140:9
l3-.<^79
.350 +
18,105.
I. 1,91.
12925
12,838
,087 +
'7.4S9-
I. 3î97.
12,404
12J96
,308 +
19,24a-
I. 8.
11947
11,819
.128 +
19.73a.
I. 12.
Ilv74
11,682.
,092 -h
19.9*3.
I.- 24,
if,S75-
11,538.
,037 +
19.238.
Il paroit par cette table que la platine cnie af-
feâe la grar ité du plomb d'une manière différente
de celle de for ; les mé'angcs avec Tor étant
tels y comme fi les grains cruds a voient une
gravité au-deiTous de 1 7 , & ceux avec le plomb ^
comme s'ils en avoient une plus grande ; de forte
que dans Tun ou dans l'autre cas , ou même
dans tous les d^ux, Talion des deux méraux
Tun fur l'autre , doit nécefTalrement produire une
altération dans le volume.
ARGENT...
1. Ar. 1.
I. 2,
I. 3.
I. 7.
Gravité
par ^expé-
rience,
10,980.
13.53$.
12,452.
11,790.
10,867.
pur U cal'
cul,
13,342.
1 2,449.
12^046.
11,488,
Différence.
.Ï93- +
,003. +
,356- —
,611. —
Nous voyons ici les effets de rébuUition &
de la difperfion de Targent dont il a été fait la
remarque dans Thiftoire de la fufion de la platine
avec ce métal. Le dernier mcLmge cû plus léger
même que l'argent tout feul , preuve que le
métal cft raréfié ou rendu fpongieux par l'aftion
de la platine. La gravité plus grande des deux
premiers mélanges venoit probablement de ce
Ju'une partie de l'argent avoit été jetée dehors
ans la fufion , & que le rcfte n'avoit pas dif-
fous la platine parfaitement. J'ai pris toutes les
précautions poffibles pour préparer une fuite de
niélanges de ces deux métaux , exprès pour faire
cet examen ; mais ils ont toujours jeté tant de
matière hors du creufet , qu'on ne pouvoir pas
faire un fonds certain fur les proportions des deux
qui reftoient dans U maffe*
CUÏVBE.
1.0,0,669
I, 2
I. 4
;: i
1.
1»
t^
^5
p4jF l'ex^ Far le
jé'ioice, cakaL
8,830
1 1,400
iOj4io.
9,693
9.300
8,970,
Gravité ré
fultanu di
lapUttue.
10,514
9768,
9.598
9,318X028 —
.168. ,083 4"
^9*56 ,oi6 —
^69 —
,104 —
140 +
095 +
19 364-
»i,€o7.
M. Scheffer remarque que le cuivre feul ne
peut jamais être coulé bien ferié ; que quand
on le fond à un feu modéré , il fe trouve fi
peu compaâ, qu'il ne peut pas foutlVir le mar*
teau : & que quand c'eft ï un feu vif, avec
l'addition d*une matière inflammable pour le ren-
dre malléable , il fe trouve caverneux en de*
hors.
L'irrégularité qu'on remarque dans cette fuite
d'expériences , femble montrer qu'il arrive quel-
que chofe d'àpeu-prés femblable dans les méUn-
^es de cuivre & de platine , puifque dans les
ept mélanges , quatre étoient plus légers qolls
n*aiîroient du l'être ; fc cela , non par. aucune
aâion uniforme des deux métaux l'un fur l'antre ,
mais en apparence par une porrofité accidentelle.
Tai fondu quelques-uns des mélanges une fécon-
de fois , & j'ai trouvé leurs gravités confidéra-
blement altérées ; celle de 11,400 fut augmen-
tée jufqu'à 11,693 , & celle de 9*^51 fut dimi-
nuée à 8,985. ^Ôn ne peut donc pas faire au-
cun fonds raifonnable d'après ces mélanges , ni
fur la gravité de la platine , ni fur fon enet , en
variant la gravité du cuivre.
?;
Cray né Spécifique. 1
forVex'
car le caj'
Différence,
Gravité ra-
firUnet.
cul.
tante de U
FER
\, F. «295.
7,100.
9^»7.
9,511.
,406 +
platine.
'.3>333-
8,700.
8,20a.
.498 +
20,403.
1.5,150
8,202
7.«4»-
.360 +
34.9^3
1. 10.
7,862.
7.496.
,366+ 1 40951. 1
I. 12
7800.
7,43*- 368+ 1 1
Les compoCtions avec l'argent orit fourni une
[preuve de la diminution de gravité par le mè-
ange , ou de la dilatation de la mafîie , par Fac-
tion des ingrédiens Tun fur Tautre , en un
plus grand volume qu'ils n'occupoient féparè-
ment.
Les comportions ci-deffus avec le fer, ft0«
blent être dp$ exemples au(& frappants d*ua efii
P L A
contraire : la gravité des deux derniers eA telle \
qu'aucune fubftincc, pour peCnte qu cUc foii ,
oe peut pmais en produire d;; pareille par la fim-
ple ;)ppoGtion de (es propres parties fur celle du
fer : car il paroi l dans le calcul que la piadne
& le fer cofejnbk occupent moins de volu-
me que ncn teuoic auparavant le fer tout
feuL
M. Scheffer explique fort ingénicufement ce
(ihénoménc rcm-^rqiiable par une propriété fingu-
iérc du fer. Quand les méT^LH ont éé privé»
de leur phiog?rTiqi?e,ou principe inflammable, pat
la caîcination , !eur pcf^nteur ; biblue eft augmen-
^^éc ; le Ter , après une calcination complette ,
H^ott une augineniatioa d^un tiers de fan
^poids.
Le fer fondu a ceci de particulier , qu*i1 peut
fup/oncr une diflipation confidèrc*bie d^ Ton
?>hl»^gifiique fans fe calciner , ni fans perdre fa
brmc mèt'iilique ; 6c fa pefantcur abfoUie aug-
» mente en proportion de cette dilîipation : or
comme les mèl.4ng:s pefants ci-Jeffus étoieni fon*
dus fans aucune ;id Jîflon inflammable , il pcnfe
qti*unc piriie du phlogiîli jue du fer doit ne-
ccffiirement avoir été brûlé dans la ftifion , &
qu^iinil le métal a acquis un fuppUm:^nt de
pefintcur ; mais que comme on n\ivoif remar-
qué aucun accroiiTement tn le pcfant , une par-
ttie du fer , égale à la pefanicur acquife doit avoir ^
iic fcorifiée & perdue ; & qu'ainfi le volume
du mjtal a été diminué , de fone quM cft reflé
avec h platine une pefanteur de fer aulfi grande
q-^ed*abord, fou* un volume bien moindre.
Pour me convaincre Ci raccroifl*ement de gra-
vita fpécifiquei ou ia diminution de volume étoît
duo eniiéremcrjt k cette caufe » j'ai fait un autre
mihngs : mais vtmime le. fer coulé efi un mèt^l
fort impur , '] àï pris un bout de barre de fer
îc mieux forgé , & yi Tai cimenté avec un mé-
lange de fuie de bois & de charbon en poudre,
îuf'fu'à ce qu'il ^it im''ibé «aitant de la matière
inBfimmaWc qini lui eu falloit pour devenir de
Taci^r ; rèf et jnt la Lémenration avec un nouveau
mcUnge , jufqu'à c^ que Fader fe fondit.
Dins cet état le métal étott fort enflant ; Je
forte que fans beaucoup de peine on pouvoir te
rcdiïire en poudre. Je mêlai une partie de cette
poudre avec de la poudre de charbon , 6t je
la retondis de nouveau. Je méWt pareincmeni
7D00 graips de la poudre d'acier , & looo
Srains de platine avec de ta poudre de charbon^
c je les tondis dans un creulet fermé. La gra-
vité fpccifique du fet forgé éioit 7,79c , qui ,
par Tintroduâion dj ph'oçiRique dans la prtr-
miérc cémenraiion^fiït diminuée fufqu'à 7,618.
La c6m ntationrèpét!e Se la ttdioj) dimmuérej t
la gravité lufqy'a un peu plus de 7* La gravité
de la poudre d^acier fondue avec la poudre de
Ifa
PL A
743
cliarbon étoif 7,032 , à-peu-prés la même qu'a-
vant ccîte dernière fufton.
A regard de la poudre d*acier et de la plattne
fondues avec de la poudre de charbon , la gra-
vité fut 7,760 t qui remporte encore fur lagr.ivité
calculée» quoique dans un degré moins conhdé-
rable que celle des mélanges avec d'aufTi gran-
des proportions de fer coulé. Le mélange fondu
pefa 30 grains moins que ne faifoicnt les deux
ingfédiens avant la fufion , par ta laifon , peut-
être , que quelques petits grains du métal de-
meurèrent difpetfcs dans ta poudre de char-
bon.
Quoiqu'on fuppofe cette perte faire par Tacier
feulement , cependant, comme il y rcftera 697
parties de Tacier avec loo de platine , & que 776
parties du mixte perdent t dans Teau , la gra-
vité de la platine ne revient pas moini par le
calcul qu'à 27,813.
Il paroit donc que le fer varie beaucoup dans
fi pef;inteur fpécmaue » félon les difTérentet
circonfhnces ou il ell fondu ou forge > et i m pré*
gué plus ou moins de phlogiftjque ; mais que
probablement il y a encore quclqu'autre caufe
qui concourt pour varier la gravité des mélanges
qu'on en fait avec la platine.
Peut-être trouvcroit- on cette caufe dans ime pro-
priété remarquable du ùr. Le fer fondu, à Tinflant
qu'il paffcarétat de fo'iidïté.feddatccnunphis grand
volume ^ & utie des marques de cette dilacatioa
cE la convexité de fa furf^ce da!js des circun-
Jiances ou celle des autres métaux eft dépnm:e»
La platine femble détruire cette qualité dans le
fer- Dins le premier mébnge que j'ai fait de fer
coulé & de pUtinc , la furface fe trouva aufïi
affairée que cclU d*aucune maffe métallique
que jj me rap^nlle d*avoîr jamais vue ; ce
phénomène n'a pas été omis dans le détail
des expériences imprimées dans les tranfaâions
philofopbique^. Si donc le fer flaidt s'étend en
fe fixant , et que le mélange de platine îc faf-
fe reffcrrer » ou s'étendre moins , il ne faut pas
être furpris de i*au£mentatioa de gravité dans les
expériences hydro fia tiques.
QrêVitt Jpéctjiquf*
Us crp.
a/ft
Ucaktii
Diffirtnu
Grav'uéJe
ta plmtnc
qui tn ré-
7»t8o.
ftiîn.
ETAIS
1. M, 0,^
to,8ar.
10 119.
.698 +
Il 649*
l 1,966.
«•97*-
8.9ao.
,051 +
17 619,
I. 4
7.794^
8 it7.
*ÎM-
I. 8.
7705-
7,672.
033 -f
18 13.
I. la
7/>n
^S'V
,ÎOO -f
56745.
1. i4
»4 ■*
734%
.laa + 1 -.7.368. 1
744
P L A
Le premier de ces mélanges avec Tétain , eft
celui dont M. Schcffer tâche d'obtenir la vérita-
ble gravité de la platine ; & il trouve quelle
y revient à 21,649. Il remarque que Tctain n'eft
point variable comme le fer , par rapport à fa
gravité ou quantité de phlogiftique , tant qui!
conferve fa forme métallique ; & il en conclut
que quand la platine & Técain font fondus enfem-
ble , Texcès dî la pefanteur fpécifique du mé-
lange audeffus de celle de Tétain, doit donner
la véritable pefanreur fpécifique de la pla-
tine.
Comme Texpérience fur des parties égales
d'éiain & de platine , fi.it monter lur ce principe
la gravité de la platine , au-defTus de 21 , il
femble penfer que tou-; les mélanges dont la
gravité étoit trouvée te h qu'elle rendoit la gra-
vité de la platine moindre que cela, doivent
avoir é é poreux , & qu'ainlî il ne faut point y
avoir d*égard dans l'examen aÔuel.
Il remarque au refle , que quoiqu'on puiffe
déterminer adez exaâement les pefanteurs fpècifi-
ques des fluides par les expériences hydroft.i ti-
ques , on ne peut pas fi bien s'afTurer de celle
des folides , à caufe des cavités , de la difTéie^.ce
de compacité , & des bulles d'air qui y font
adhérentes : que les expériences fur les mélanges
Î>récédens en fourniffent une preuve , puifqus
es miélanges de platine avec un feul & même
métal y font tantôt plus pefants & tantôt plus
légers qu'ils ne doivent être fuivant le calcul ,
& que la même chofe arrive auHl dms les mé-
taux purs & fans mélange , félon qu'ils ont
été coulés à une chaleur plus foible ou plus
forte.
Les gravités des métaux font fans doute affec*
tées affcz puiffamment par des circonHances de
cette nature : & on doit ajouter que , dans les
mélanges avec la platine , il y a une autre caufe
de variation à laquelle on n'a pas encore fait
d'attention.
Quand on fond de la platine avec- d'autres
métaux dans une proportion conHdérable , une
partie de la platine , fi le mélange refroidit bruf-
qucment , eft fujette à fe détacher avant que
le fluide ait fait fa prife ; de forte qu'à moins
de pefcr toute la maffe dans la balance hydrof-
tatique , ce que l'on n'a pas fait dans quelques-
unes des expériences précédentes , on ne peut
pas être fur que la partie qu*on a pefée n'avoit
pas plus ou moins que fa jufte portion de pla-
tine.
Dans les mélanges avec certains métaux , com-
me le plomb , c<tte dîRribution inégale , ou cette
fépararion de la platine eft fort vifible, & on
peut préfumer qu'elle arrive en degré plus ou
moins confidérable, dans les mélanges avec tous
les métaux , quoiqu'on ne puifTe pas toujours s'en
uppercevoir à rosit
p L A
On a verfé dans les moules cylindriques étroits ,
des compofitiôns de pladne 9 avec le zinc » l'é-
tain & le cuivre, dans tous lefquels cas lapliiioe
paroît être aflfez uniformément diffoute : en caiTant
les cylindres en deux , on a trouvé la partie in-
férieure de chacun douée d'une gravité beaucoup
plus grande que la partie fupérieure.
Cependant les expériences démontrent bîea
que , dans certains cas , dans les mélanges arec
l'argent au moins /il y a une vraie diminution
de gravité » eau fée par l'aâion des Lngrédî;fOS les
uns fur les autres ; & fi elles ne démontrent pas »
du moins elles rendent extrêmement probable que»
«dans certains cas , & fur-tout dans les mélanges
avec le fer /il y a une véritable augmentation de
gravité.
S*il arrive un accroiflement ou une dimînutioo
dans les mélanges avec un métal , on ne peut
pas être certain qu'il n'en arrive point auffi dans .
ceux avec un autre ; & par conféquent on ne
peut avec certitude, ni même avec probabilité,
inlïrer la gravité fpécitique de la platine , d'après
celle d'aucun mélange qui s'en faffe avec auccB
métal.
Il y a aufTi dans les autres métaux » quelques
exemples remarquables d*une -varia tionf de gra-
vité produite par le mélange. Du cuivre dont la
gravité fpcc fique étoit 8,830, fut fondu avec moi-
lié de fa pefanteur li'éiain , dont la gravité étoit
7,180 : il y eut peu de perte dans la fufion;DOos
^*avons pas befoin ici d*y faire attention , car le
mélange fe trouva fpécifiquement plus pefant que
le plus pefant des deux métaux ne Tétoit feul, fa
gravité montant à 8,898 : quelqi:es autres per-
tonnes exam.inerent le mélange 8c un morccan
du cuivre ; tous rapportèrent que le méhngc
étoit le plus pefant , quoique , comme il arrirc
ordinairement dans les effais de ce genre , il y
eût quelques différences dans les nombres.
Si nous allions , en partant de la gravité de
mélange , calculer celle de l'ctain qui y fut em-
ployé , nous la déterminerions de plus d'un quart
plus confidérable qu'elle n'eft réellemen».
M. Hooke a fait une expérience du même
genre devant la fociété royale , fur un mélaiigc
d'étain & d'argent. La gravité de Tétain étroit aux
environs de 7 , & celle de l'argent 10,666 : la
gravité de parties égales des deux métaux fondus
enfemble, fe trouva 10,812. En appliquant à a
r mélange le principe de M. Schcffer , fi l'argitt
étoit un métal dont la gravité fût inconnue, cous
conclurions que fa gravité doit être de pîns
de 23.
Le doâeurBirch nous a donné, dans rhifloirt
de la fociété royale , plufieurs autres expériences
fur les gravités des mélanges métalliques ; iBais
le leôeur doit obfervcr qu'on ne doit compter
nulle part fur les gravités déduites par le calcul,
H»
u
I
P L A
M. Hoolcç :»yjm fiic la même méprife, par rap-
^>rta»ix calculs, que i'.ii faite dans les tabies pu-
^IicCi dans les tninfjr£tioni''phLlofophit^acs*
Le doéteur Brantit , d^ns les aéles de Sué le
pour Tannée 1^44, où nous trouvons pareille-
aient une erreur du même genre , dans la méthode
du calcul , donne trois expériences fur les mé-
langes de plomb & tfctain ; il Ce trouve dans
deux une augmentation de gravité fi conriHér;.-
We, qu'elle feroit monter la pefanteur ipécifîque
du plomb à plus de r3 : ôc dans la troifiènie il y
y en a une encore plus remarquable; 531 graine
d'ctain tin perdirenï dans Teau y^{ , de (otte que
100 parties perdirent 14,218: 531 grains d*iin mé-
lange de 87 parties d étain fin & y parties de
plomb , perdirent dans l'eau 77^ , de (orte que 00
parties de ce mélange perdirent 13, 6^* la quan-
tité d'étdin qui y êioit doit avoir perdu davan
fage, ou avoir occupé un plus grand efpace dars
Teau, que ne faifoit tout le mixte entier ; de forte
que le plomb & Tétaîn s'êtoteni retirés dans le
mdange en un volume moindre que n*étoit ce-
lui de rétain tout feuL
11 paroit donc qu'on ne peut jamais déduire
' la gravité d'un métal avec aucune certitude , par
celle de foa mélange avec un autre métal , parce
qu'il peut réCulter une dilatation ou une con-
tradion de volume de kur aftion Tun fur l'au-
tre.
n $*enfuit auflî que quand on fond enfemble
deux métaux dont b gravité eft connue, on ne
peut pas trouver leur proportion par la gravité
du compofé . fans en avoir examiné préabble-
blement, hydroJlatiquementjdes mélanges connus
en différentes proportions ; que conféquemmcnt
la fameufe propofition d'archiméde eft d'un ufage
plus limité quon ne la fupporé communément j
éc qwe la table que M. Scheffer s'eft donne la
peine de calculer dans les a£les de Suède pour
1755, à Tcff^i de déterminer les quantités de
plomb & d'étain qu*il y a dans tous mélanges
donnés de ces deux métaux , par un examen hy-
l droilii tique de ces mélanges» \ n les comparer
avec dc!i mcbrges qui fervent de règle , font des
tables fur lelqueiles d ny a pas beaucoup à com-
pter.
Comme les variations de gravité réfultante du
mélange des métaux ont été attribuées à des cau-
fes qui n'ont pas lieu qua^d il s'agit de 0iitdes ,
il peut être utile dobferver que la même chofc
arrive fouwnt dans les Ûuïdes cux-^nCpTies ; ^
qu*îci TeftVt efV peut- être encore plus fenfible &
Lplus fortement marqué.
\ Une m furc d'eau Ôc une mefure d'efprît de-
vin rv-fl.flé, mêlées enftmb!e , ti.'nnent vifible-
inent m »in& de ^c\\% mtfurcs ; preuve qu^ leur
Tolumecll diminué^ ou que leur pcfa.ireur , fou
un ceal volume %(i augme itèe par le mél nige.
HL Hu* ke a tiouvé qi-e ai m f-res d*epU & 3
4ns ù MctUru T*m€ F. Partit //.
p L A
745
mefures d*hmïe de viiriol , mêlées cnfembîe ,
n ont plus fait que 13 mefures ; de forte qu'une
24*" partie du volume s^cft perdac.
Calcinatlûn dt tétain avtc la pîdiîne*
Comme Vot & l'étain fondus enfemble 8c
tenus à une chaleur fuffifame pour calciner Té-
tain , s'affedcnt Tun Tautre d'une manière a(rci
remarquable » comme le dit le doéleur Brandt
dans les Tranfaâions Suédoifes ; que Tor devient
alors foUible dans Tacide marin pur, auquel for
féparément réfiile , & que Tétain devient aifé-
menr vitrifiible, quoique autrement on ne puiflc
pas le vitrifier du tout ; j*ai traité la platine 8t
rétain d^: la mcme manière.
Deux parties de grains choifiî de platine , &
trois parties d'étain» ont été fondues enfemble j le^
mélange a été réduit en pouJre dans un mortier
de fer bien net ; & yài mis 160 grains de la pou-
dre dans une coupelle, fous une mouffle , à un
degré de chaleur tel qu*Ciî l'emploie pour cou-
pelier l'argent.
La coupelle étant tirée du feu» la matière pa-
rut d'une couleur pourpre obfcure , & une par-
tie setoit collée enfemble en maffe.
Alors je la mis dans un vaiiïeau de porce-
lai»e non verni, & la replaçai fou^ une mouffle ,
en la remuant de temps à autre pendant deux
heures»
On vit çà & là quelques grains briller comme
des morceaux de charbon ardent , phénomène
que l'étatn fournit dordmatre dans fa calcina^
tion.
Quand la poudre fut refroidie , elle parut d'une
couleur mêlée de rougeâtre & de grifatre , où le
rouge domiftoic : elle pefoit 1 3 grains plus que
d'abord ; de forte qu*clle avoit ga^aé un accroif-
fcment de près d'un douzième , îans compter Ii
f proportion qui s'étoit attachée à la coupelle « fc à
a furfacc inégale du vai(reau non verni.
Une partie de k chaux , mife dans un creufet
fermé , fut pouflTée à un feu violent , pendant plus
<J une heure» dans un fourneau à foumer^. Elle ne
fe fondit point du tout ^ & ne fut recuite que
très- légèrement : fa couleur s'obfcutcit & devint
prefque noire.
Les chaux rouge & noire , étant digérées dans
de l'eforit de feï , donnèrent des teintures jaunes
Afftz foncées , comme des folutians lavées de
platine dans Tcau régale ; au lieu que ni les grains
de platine , ni Téiain calciné féparéjneot , ae don?^
nèrent aucune couleur à ractde,
Séparathn du m<rcur€ davtc ta pUîtnu
Un peu de vif-argent qui , par une longue tri4
luratif^n avec h platine « avoit diiTou^uAt; u&rtie^
Bbbbb
74^
du méial , fut inis dans une cuiller de fer, & ex*
pcfé à un f;u modéré. Le mercure s'évaiora ai-
iement, & laiiTa aptes lui ta platine fous La forme
d*une poudre de couleur obfcure , entremêlée de
peiîces particules claires & briilaotes.
On peut préfumer que , par cette diffolutlon
dans le vif-areent ; b platine eA puaiiée d'une
grande partie ae fou fer, qui cft un métal avec
lequel le vlf-argenc a peu de difporidon à s'u*
nir.
Siparathfi de ta^'fcnU (Tavi: la platîm*
DesraorceaiîJidcjplatinequi avoient été fondus
avec de Tarfenic furent pou (Te* à un feu afTez
violeni dans un creufct fermé. Il s*éleva en
abondance , pendant vju::que leinps , des vapeurs
arfenicale^ , qui fe f ai fuient diUir?guer par leur
odeur d'ail. A la ^n les vapeurs cctlêrent abfalu*
«icni , 6l ïa pUcine rcfta en une miife fponj^ieiifc.
J'in;eàaî fur ceftd matïe une nouvclb quantité
d'arfenic , de manière à la mettre en fufion » bi
ayant a'ors wxciré prumptciuent le feu inl^ua ce
que Ici vapeurs ccffaiTent , )e trouv.à la matière
encore fpongieufe , & à-peu*prés de même pe-
fanteur qu'afjrés la première opération, LVk^c
rieiice fut repérée trois ou quittrc fois > 6^ tou
jours avec le même fuccés.
Il ne paroti pas que T-rfenic ait emporté avec
lui aucune partie de platine^ comme il fait de
tous les autres métaux, f*ïis exrepier l'or même ;
mais il paroir que la platine retient une portion
de rarfenic, même à des feux violens.
Quoique la maf'e fût afTez compacte , quand
elle fut fat urée d'arfenic au poiiît d e.re en quel-
que furte fufible » elle eA toujours devenue fpon-
gieufe, quand il y a eu aflez d'arfenic d'évaporé
pour laiuer la platine non fufible. Toutes ces
mades éioient Ipécifiquemetit plus légères que
la platine ne Tétoit d'abord, la gravité de la
plus pefante de toutes n'allant qu'a peu-près à
i6>8oo.
Séparation du u^uU J* antimoine d'avec la pla-
tine.
Un mélange de platine & de régule d'anti-
moine fut fondu à un feu vif , dans un creufet
bas & large : & le bout du fouflîet fut dirigé
obhqucmt'.nt fur la furface du fluide. La matière
continua à couler & à jeter des vapeur* ibon*
dantcs pendant quelques heures, A la fin elle
devint confitlame à une violente chaleur blan*
che , &. ne jeta prefque plus de vapeurs , quoi-
qu'on foufflâi derfus fortement.
La mafl'e étant refroidie , fe cafla aifcment ,
pafut tori poreufe , bourfoufflée, d'une couleur
P L
grifc terne # & pefa beaucoup pluç que h^
quantité de platine qu'on y avoît ctnployèt:. Sa
gravite fpècihque n'étoit qu'environ iç.
Cette eîtpèricnce fut répétée pl^^eur» fois, &
le réfultat tut toujours le même : la pUtinc flOQ*
feulement rétifta , comme frit Tor , à b paiiTj ^
volatilifantc t\u régule d'antimoine , mais c
elle en défendit une partie contre raé^ion du
& de l'air , & rtfufa de fe fondre après qu itoe
certaine quantité cilt été évaporée*
J'ai traité pareillement la platine avec X^m-
moine crud i quatre onces d antimoine & deoi
oncts de platine ayant été tenues quelque: rcmpi
à im feu aflez fortement excité f.ar des fouffletf ,
ne parurent fondues qu'en par ic- J'y ajoucii
encore quatre onces d'antimoine , &: rent>«fd-
lant le feu , je trouvai une matière «
partie au fond & fur les côtés du cr :v ^
partie mêlée parmi les fcories noires ^ fp<»fTp€ii-
les. Le tout hit remis au feu avec un 6ux nûir&
du fel commun : il fondit a'or* paîTablcmait
clair, bt le régule fut fèparé par 'a' t, ment.
Ce régule ne différoit point, en apparence «
d'avec les mélanges de ré;«!e d'antimivnc & is
plaiine fondus enfemble, & off.ïi les ^1êtI^es phé-
nomènes en ciTayant d en fouffler dehors la pifiii
antimoniale.
M. Scheffer a efTayc pareillement \z pbiîae
avec Tan t^ moi ne , & il a eu les mêmes réfuKall
que moi de ies expériences* IT remarque que
comme la platine réfille au fouïr- ^-M
avec l'or, elle ne peut pi"» éi^c fc« .r li
partie fulphureufe de Ta^rim- ine , ût qu\
elle demeure dans le régule, de même que'
mais qu'on ne peut ^ as en fcire lorilr crp€rf-
ment le régule, comme on le fait d'avec ïtx^
parce que la platiae ne cominue pas à dcrotcrer
fluide.
Séparation du ^jiç d'avec ta pîann^
Un mélange de plstlnc & de tînc , rxpn^*T#
quement à un feu violent , a fait «^
paru dans une forte agitation. Cela d'à ^
long-temps ; la matière eA bicotot d^VL-nue Icftiétl
I il na plus été poffible de la fa^ire flucr , m Ai*
flammir le zinc, dont il y reftoit uoc ponton eus*
fidérable. La inafTe fc trouva tré»-caâame , d'iMÉ
CDultur terne, fpongicufe , Si, comtiie Ics.ilcii
précédentes, fpèciâquement pltis légère qtsf b
[/latine crue.
CcupdUfion de la pUtlnt ii\ . , ^ pcm^^
ê
i''. On a coupelle , fous une mouAetUti
lange de platine Si de plomb éAn% un foar»»Of
uciL'u Le procédé alia fort bien quelque tcofi ;
P L A
le plomb fumant modérément , & fe changeant
e« fcones»qul furent jetées fur les eûtes fit ab-
forbècs par U coupelle.
A proporrîon que le ptomb fe difTipoit , la ma-
tière Touîoit un feu plus fort » pour la teoir dans
l'état de fluidité; ëi a la un fe raiTemblant d^eîle-
HJéme en une inaiTe pUte & terne, il ne fut plus
pofFible de la faire flucr, malgré le plus granJ
degré de chaleur que le' fourneau étoit capable
de donner* Le bouton fc cafîa aîfèmeni fous le
«narceau ^ & parue , tant en dedans qu'en de-
hors , d'urc couleur grife marte, 6c d'un tiiTu po-
reux* 11 pefoit pihi d'un cinquième de plus que
la quantité de platine employée.
1^, Cette exj^éience fut répétée & variée plu-
Ceurs fois. J'ai tâché de fcorilitr le plomb dans des
creufets d'cfiai^ par des feux violensdans un four-
neau à foufflets, de le faire ditfiper fur de la cen-
dre d'os , prdfée dans le (onû^ des creufets, &
de la foufflcr dehors fur des tefts , devant le nez
.des fouiHets.
Le fuccès a toujours é:é le même : non-feu-
lemcnt la pUtine a rhCidh k [a puiilance du plomb ,
^qul , dan^ ces occafions , détruit ou fcorifie tout au-
itfc corp; métilhcjue connu , excepté Tor & lar-
dent ; mais ayffi elle a retenu Si empêché une
[partie du plomb même de fe fcorifier,
3". On a remarqué dans THiftoire de la fufion
le la platine avec le p^rmb, que le plomb dé-
Ipofe k une chaleur douce, une grande partie
|de la platine , qui s'étoit unie à une chaleur
forte.
Comme on pourroit foupçonner que la partie
itpû refte fufpenduc dans le plomb diffère d'avec
I celle qui tombe au bas , une quantité de plomb
m été décantée de (klTu?; de nouvelles perdons
We platine aune chaleur au-dcflbtis de llf/iition ;
|& on a fournis féparément à Topération tU la
coupelle , Ir métal décanté , ainft que les réfidus.
Le fuccès a toujours été le même d^ns tous les
. cas ; le métal a pris de la confiilance après que
lie plomb en a été patti , }ufqu*a un certain point,
I& a rctufé de fc fcorifter davantage.
4". D^s mélangei de platine & de plomb qu'on
fa voit fait psflrr à la coupcUc dans un fourneau
' d*eiTai f tant qu*on a pu les entretenir fluides ,
ont été cxpofés à des feux plus forts dans un
fourneau à foufQets , tout feuls , avec de la pou-
dre de ch,irbon, avec du flux noir, avec du bo-
ra^^avec le nîtrc , 5t avec le fcl commun. Au-
cuns n^ont parfaitement fondu, ni fouffcrt aucune
altération conftdérable ; feulement ils font deve-
nus un peu plus poreux, probablement par Fexfu-
dation d'un peu du plomb , Si par une tîquefac-
ïïlon partielle , ou amoîifferaent de la maûTe.
Le conraéi immédiat de Falîment a 'dent , aglié
par des foufflcts , a fait couler quelau :î-uns de ts
^^^k^es » après qu*ils avoidnt refuf: de fe fon*
p L A
747
ôi-e y dans des creufets fur def^ feux rrêfi-vifs :
les grains , par ce moyen ♦ devinrent un peu plus
nets & plus compafts^ mais il s'en cil féparc fort
peu de plomb.
Ç. Les boutons paflTés à la coupelle étoicnt ,
ea général , cafTans & fe brifoient aifémeut fous
le marteau, fans s'étendre d'aucun degré confi-
dérable. Ils étoient d'une couleur griJatre , tant
à la fcrface qtrà la fraOure , mais fort brillans
& blancs à U furface inférieure ; & quand on
les broyoit ou limoir , ils n'avoicnt rien.de cette
nuance pourpre , qu'on remarquoit fi dîflinc-
tement dans les mélanges de platine & de
plomb ; leur couleur ne paroit en rien changée
pour avoir été gardîs dix ans dans les mêmes
cîrconflances où ces mélanges ï^nt été. En les
pefant hydroïlatiquement, les plus fpongicux ont
été trouvés i-peu*prés aufïi pefans que la pîatine
crue. Parmi les plus compares , la gravité de
Tun a été î^.oS} ; celle d'un autre, 19,136, &
celle d'un troiftéme , 1(7,140.
Il cK probable que ces gravités remarquables
venoienr en partie de ce que U platine avoit été
purgée , dans le procédé , de fes mélanges hétéro-
gènes plus légeîs, 8c en partie dune augmen-
tation de gravité occafiotinéc par U coalition de
la platine .ivec le plomb.
Le dernier de ces mélanges, dont la gravtté
é:oit 19,240, eft celui qui fut fondu avec une
quantité dor égaîe à fi pefanteur, comme il eft
expliqua ci-devant.
6\ Un mélange d'une panie de platine &
trois d'or, fut coupelle avec du plomb dans un
fourneau d'efTaL La matière alla fort bien pea-
dant un temps confidèrable ; à la fin elle fe for-
ma d'elle-même en un monceau hèmlfphérique
brillant , qui peu-à-pcu devint plus plat , terne
& raboteux. Le boi;ton ayant éié pefé , fe
trouva contenir à*pcu-pièi une douzième partie
de plomb.
7", L'expérience étant répétée avec un mé-
lange d'une partie de platine & fix dor , il parut
que le bouton avoit encore retenu quelques por-
ttons de ploînb. Il fe trouva plus rond ài plus
brillant que le précédent , & d*unc bonne cou-
leur d'or en dehors ; mais il fe brifa aifément
fous le marteau , J&c parut grifâtre en dedans ;
quelquê<-uns d<s fragment teneicnt enfcmble par
1 enveloppe d*or exrérieure.
8*». Des mélanges de platine & d'argent , fou»
mis an procédé ordinaire de U coupelle , retin-
rent aufTi un peu du picmb* En prenant de la
folidiié ils ont tormé , non des boutons hémîf-
phériques , mais des maflfes phttes , fort raboteu-
fes & cafTifues , & d'une couleur grife terne , tant
en dehors qu'en dcdms.
9". La coupellation de la platine avec le plomîi
étoit une des «périeuccs que fit M. Wood , 6c
Bbbbb if
748
P L A
P L A
^
qu'il commumqua i la fociétè royale en 1750 ;
mais la pfattnc étant alors fort irtiparfakemeni
connue ^ il le gltili quelque errtyr fur ce
poinr.
M. Wood rapporte que la platine ayant été
fondue dai\s un fourneau d'ciTai,fur un r«r/? , avec
du piomb , & expofèe en cet état à un grand
ftn pendant trois heures , îufi|u'à ce que lout
le pI<Mfib fût parti , la platine fut enfuit^ trou-
vée refter au fond du lejl fans avoir foulTeri
llans cette opéfation , nt altération , ni diminu-
tion.
Le doreur Brownrigg fur pris de cctie réfif-
t^nce que la platine taifoit au plomb ^ répéta
cette expér;cnce, l\ fondit vingt fix grains de
platine (ur une coupelle , avec feize fois ù
pefanteur de plomb pur, qu'il avoit lui mèTic
révivi*'ïé de la litb^rge : le plomb étant fcorifié ,
il y reda dans la coupdk , un bouton de platine
pefant %i graias ; de tarte que la platine perdit
dans cette opération près d'une cinquiénae partie
lie fon poid*.
Il conjcélura de cette expérience » & non fans
probabilité , vu le peu que l'on conncilluit alors
des propriétés de ce nouveau met il , qj'une
pbriie de h platine s'étoit fcorititc avec le promb:
que le roti* auroit pu être fcarltié , ^r îles répéti-
lions du procédé, & que cofîféqyemm,n£ on
Fourre i pyrificr de la platine Tor ëi Targi^nt, par
opération delà couptUc , avtc de plus gtaodes
quantités de plootb quon n*en emploie commu-
nénijnr,
L*auieur n'a voit pronoD ceci mode élément ,
que Cf'mme liHJ con;tôure fujnt^aètre réfuté .
ou cootimév par d'autrts e J^î* ; mai^ quclqaes-
"uns Toni pnfe pour une cer iinde ; bieniôt après,
dans une lettre qui fut préfcniée à la Société
Royale , il efl parlé de ce procédé tomme d*un&
mahode découverte par le dofteur Brownrigg
pour féparer la platine d'avec for & Targent.
Il efl clair que cène expérience dij;t avoir été
faire , & Tauseur m'a appris depuis peu qu'en
eflPet e^le Ta é;é , avec le métal coulé dont on a
parlé au commer.c-'ment de cette HiHoirc , que
Von fuppofa alors être la vraie pîatme , ii qui
pcri de fa pefanteur dans te procédé ordinaire.
de la coupelle.
10*». M. Schcffer a eifayé de coupeîler des
Î crains de plarine avec du plomb ; 8c il a eu abfo*
ument le même réfukat que dans mes evpérien-
cey. Le houron étoit d'une couleur fombre , &
raboteux au foui met , blanc au-deflbus , & rcte-
noit une portion de plomh montant à deux ou
trois panie* fur cent» Il obferve qu'avec un feu
ordinaire , on ne peut pas faire qui.ter ce métal
au p*omb , c >mrae on le fait pour Tor & i'ar-
gent,paic q c la platïne ne conkrve pas fa flui-
dité , après que le plomb en a été fép*ré jufqtrâ
lîfi certain point ; & W juge qu'aune chaleur fuffi»
faute p#tir fèparer complètement ces deux mé-
taux , ne peut p;is ère obtenue par aucuns autres
moyens que par de g ands verres ardeQf*
iT'. J'ai dtja obfcrvé ci-d.vant que ta pUtine
dlvifée par cémentation avec le nître » & enfuit^
purifiée par des fublimations réitérée* de fcl tm»
moniac , n'a point paru du tout différente, à It
coupelle, d'avec les grains ordinaires. M* Ma;^-
grat a clfayé la platine atténuée par folytion U
par précipitation.
Le précipité de cotileur orangée , que TalkiS
fixe ïdii tomber de la folution de platine d»«i
Peau regale, ét^nt bien lavé avec de Teaii chiuétt
& amené à l'eut d'ignition fous une moutîle, A
devenu bfnnâtre*
Neuf parties de cette matière oot èiè foodoei
avec une once de plomb, en grenaide pur, &
le mél^tc^e a été exposé au feu dafi% un vafc I
Icoritier, îufqu'à ce qu*une panic coiindérabtc^
plomb a été réiutte en fcories. Le re.tc, traité i
la coupelle , a laîffé un louttn raboteux , doue
coH'i»ir grife blanchâtre , fort f aifanf , & partâ-
t* ment lemblahle à celui qu'on avoit obtenu eo
COI petlant la platine crue : fon poids étoit d*iUi
^rain,
LVypérîercc fut répétée avec un précîpîré 6k
.ivec Talk^i volatil» ai ie fuccés fut le même,
l e(T:iya ai fTi la poudre qui reAoïi en diflilUot
une foîptîun de pLtine jufqu'à ficcit> ; ccit. poih
dre , calcinée fou^ une moi^fflc , acquit une coi-
*ehr noiâire brilla re ; dans Cv*t état on en mèb
t'cntt gra«ns avev viitgr fois autant de plomb en
^ren^ille , 6i le mélange fut traité CAinmccî d:f*
(us, d'abord fur un va te à rcori6<.r , Ik enfaite
dans une coupelle : les fcoricS furent d*une cou-
leur brune rtoiriitrc ; le l outon coupelle fe iroura
Ciiflant*& d'une oulcur grife blanche , comme les
a très, 6i pcfoit quarante dcui grains, ou deux
cin|u<èinc^ de plus que la A t ne qui avcit àà
m^Soyée. Celui- i fut traité de la même on*
niére avec la même quaDtué de plomb cou»
ve^ii.
Les fcories fure/it de la même conteur » & le
bouton ptfa encore tout juftc quaramc-dciS
g-aips,
12*. Le même autevrr donne Je détail d'uni
autre opération da**s laquelle la platine 8c fil-
ger t étoient combinés enfembic ; le méUage 61
m du avec da plomb , le plomb fut (canût , fat-
gent fép^^ré par le moyen de Tcau forte, & b
platine reflifte encore coupellée. Il prit ncntt
gr^iîni de pbtine crue, 6a troi fois autaof de b
combinaifon d'argeat avec Taclde nurla ^ appelé
iune corné/:*
Le mélange étant t%po{é à la p1u« forte clO'
leur que puuvoit fupportcr une retorte devent«
il ne paiTa aucune liqueur dans le lécipiciif j 99i>
I
I
)
P L A
cri peu lit matière blanche fe fublîmi dans fa
partie la plus ba^e du col de la rerorcc , comms
il arrive d'ordinaire quand la lune cornée ell ex-
pofée k une telle chaleur feule. Le mélange çoyh
clair lour entier en und maffe de couleur d*hya-
cinthc jaune obfcur , & paroiiTon bien uni. Le
Verre éîoit teint d'un Jaune obfcur*
Le mélange ftit pilé avec des morceaux de
▼erre, qu'on p'en pouvoir pas féparer aifément ,
dans un mortier éc fer bien net : la poudre fut
inèlée avec dt-ux onces Si demie de plomb en
grenaille , & f>ndi-e dan** un crcufet à uti feù
violent. Les fcories fur m verdâtres*
Le métal , traité dans une coupelle , fe foutint
comme dans les eiFais or^inaïr s d'argent, juf
Sue vers la ^n du |.rocédè, aiquel tem;s il fe
éfonît, dev nt plat & inégal ^ fie (lmb.'ab!e à
de l'areent qui a fan ré fur la coupelle pour avoir
été refroidi trop hrufi]uement ; mais fins avoir
le moindre briU.>nf métallique a b furiace. Il étoic
fort cafTant fous le marteau , mai^ fupporiolt la
lime. Se Ia marque de h lim? parot^roit blanche ;
Il pcfoir lOo giaiit»*» Il fut cuupellé avec tnro^c
UT^e once de plomb , 6l le produit tut le même
qu a>if>aia'^air , avcc p^rte de fept gains de fa
pefanreur.
Ce dernier b^i^ton fur ba^ru en morcf'aur ,
mé ê avec fix dra mes de nitre pur , 6c fondu a
tJi* feu violent. Le méia* avoir ^a h'ancbeur de
l*a^£cnt , & petoir 70 g aiii^. L<.s fcaries et oient
ca '/iirjues , le foie Ci>toré ; & qu^nd il fut liquidé
à ' a r, il parut verHâfe.
Le régule fut f^. nd^» de nouveau avec une de-
mi-once de ritr-; U plus pi r, & une dia^me de
ioraiu L**s fories fc iro: verc-nt m ageules , d-
ratat fur U» ja narre en-de0bus & fur îe verda-
tre en dciïu , Lp f^^gule fc trL>uva d un b au
bïarc , 8f pefoit tncorc 70 ^'a"ns. Il avoir quel-
que chi'ife de ta nc^lier dap^ (on ippa-ence, à
la r rt ice 6i (ht bs corés , qui rettenjbîok au
Cot-ait r,irrié. 1 !>Vtefidit a'TLZ bien fous le mar
tt*au , & fe 'a sTa a-t^laiir en une ulique mince,
m ih t éfoit un peu plus ihit que 1 argent fin. On
mit une p^Tfie de c^-tte plaque digérer canv de
TcÂU'fnru. Lamenftrue devint d'abord d'un verd
de pré foncé ; etfuitc à une chaîc ur bouillante ,
la couleur devrnr n'^ire , fk 1 folution bro'^âTrr,
A la longue ^ Targent ttant daSb s » il y reita an
fond une matière noire, peïaiiie,ftmbiible à de la
cbaiv d'or.
Le conipoie fut entièrement *avé avec de l'eau
di^i'lé^ , cbaude , & ensuite féché , ma^s il ne prit
poirt une coukur d'or. On le mtla avec du
plomb réduit en grena 'e ; 8t le mdan»i.e tra-
vai b bien d*iborcï fur un vafe à fcorifier , &
enfuite fur une coupelle ; il y rrfa un bouton
convexe fans éclat métaSbqu?, cu' rej^i lit fous le
marteau » ài reflfcmb^a au& autrts ^K jurons que l'on
obil nt en travaillajit la platine à la coupelle » avec
le pioiob*
P L A
749
t}\ Il réfulte de tout ceci que les eflais de
Marggraf* pour dégager entièrement ta platine
de tout le plomb, n'ont pas mieux rèuAî que
ceux de ScheflFcr & les miens » y ayant roujours
autant de plomb retenu qu'il en faut pour rendre
le métal (on cafTant , au Ucu que la platine toute
feule, foît dans fon état crud en grains > foit
quand elle tû fondue à la cb.aleur du verre ar«
dent, a une malléabilité confidérable-
MM. Macquer & Baume ont fait une autre ten-
tative : ils a voient envie de voir fi une chaleur con*
tiniiée beaucoup plus long-temps, ne produîroit
pas ce qu'un coup de feu , peut-être plus fort ,
mais d^une durée plus courte , o^avoic pas 'été
capable de produire.
Ils mirent fur une coupelle d'une grandeur
convenable , une once de platine & deux onces
de plomb y Se ayant placé la coupelle daos un
fourneau , femblahle à celui de M, Poti pour
Ea vérification des corps terreux , ils pouffèrent
le feu par degrés , & rcntretinrcnt fans rclâcbe
pendant cinquante heures , de telle forte qu'il
conrinua datïs fa plus ^tandc violence les vingt-
qiia'rc dernières heures.
Enfuite ^yaiit retiré la coupelle du feu « ili
trouvèrent que la pîaiîne , au Itru d'être en un
bouton rond & brilbnt , comme font Tor &'
Targeiit a .rès avoir paflTè à b coupelle , s*ctoit
étendue ôt applatie fur la coup J le. Sa fur face
fupérieure étoit fa lie , d*unc couleur obfcure j
& ridée ; d'où on jugea d'abord que fopéra-
tlon n avoit pas mieux reuffi que celles dont nous
avons parlé : la pUtine fj fépira airtm?nt de !a
coupelle, qtn étnit devenue fo't dure , d'une cou-
leur blanche jaunâtre , demi tranfparente ^ fit fai-
foir du feu comme l'acier.
Mais en pe'ant exactement la pîattne, ils trou-
vèrent , qu'au lieu de recevoir une augmenta ion
de pefinieur par un peu de plomb qtii étoit reOé
fans être dètrnî- ^ elte avoit perdu • :»u con-
traVe, un feticm^ de fon poids ; fa furface en-
deffous ivAt Manche &t argenté. ^
Enfin'elle n'êtoir pas plus aigr* , maîs.fupportoit
aiTcz bit-n d'être étendue fous le mart.au. Ils fi-
rent difloudre une partie de cette platine cou-
pellèe dans de l'eau régale ; & cette dilToluiioii
ne fit pis voir le mmnlre v^-flîge de plomb.
Comme M. Macquer par^'iit avoir employé,
dans cette expérience, la plarine , telle qu'il l'a re-
çue , contcn^ni un g'^and mélange d ftr & au-
tres matières étrangères qui , fans contredis , fe dé-
truifent dans le procédé , il cft fenfih'e qu elle
pouvoir avoir ret?nu une portion (on cMifidéra-
ble du plamb, malgré fa diminution d?? pcf-ntcur :
& Von ne peu' p;.s regard jr Tcau régale comme
une preuve infi lible qu'elle ait èiè bien pur^
gée ^^c plcmi ; c2t il y a des circorïOanccs
t.11 cette menfKup di^Toudra le plomb aniTi hicri
qi»e b ptatine. Mais quoi qu'il en puîlTe cm' ,
I réTêncmem de cette expén;.ace , par rapport
75<
P LA
à h malléabilité de la tnaiTe conpellée y a para trop
intéreffan^c pour être négligée dans cette hif-
toire 9 & ne pas la vérifier par des effais ulté-
rieurs.
14^. Ayant ï ma bienféance un fourneau à
vent fait a'un mélange de glaife de Sturbridge ,
& de pocs de verrerie réduits en poudre , amiré
en dehors par des cercles de fer , d*cnviton deux
pieds de haut.ur depuis la griilc jufqu^au haut
du dôme, de quatorze pouces de largeur dans
le milieu &dix pouces à la griilc , avec une che-
minée de prés du demi diamètre de la gtille &
quatorze pouces de hauteur ; }'ai fait reffai de
fourneau d'abord , & j*en ai trouvé TefFet tel que
je n'eus pas befoin de recourir à aucun autre. J'y
adaptai une mouffle de la manière décrite par
Tingcnieux aureur , dans un ménaoire Air la vi-
trification de l'argile avec la craie , fotmèe de la
même compofuion que le fourneau, de deux
pouces de haut , trois de large , & d'une longueur
à pouvoir atteindre à travers du fourneau, fou-
tenue^ à h hauteur de cinq pouces au-deflus de
la rrillc, par une brique d'argile recuite taillée de
bi.ii> en enbas , afin de couvrir le moins de la grille
qu'il étoit poffiblc,
15". Ays^nt fait rougir une gande coupelle dans
la moufHe pendant près d'une heure ; fy mis
deux onces de plomb , une once des grains'trîéj
de pla'ine « femés dans le plomb fon !u. Pi i^ ayant
pouffé le feu à fon plus haut point avec dé bon
charbon do terre , toute la partie iniéricure de
la mouffle parut d'un éclat cblouiffant, & on ne
pouvoit plus diftinguer la coupelle, jufqu'à ce
que j'y laifTîi pafler l'air froid, en tenant quelque
temps la port« ouverte, ce qui fut fait Icuvcnt
pour faciliter la fcorincation ou la difllpation du
plomb.
la chaleur fut foutenue dans cet état, jufqu'à
ce qu'au bout de cinq ou fix heures , la mouffle ,
pénétrée par la braife vitrifiable du charbon , com-
mença à fc démembrer ; toute fa partie de der-
rière & un peu de la partie intérixrure du four^
ncau fe fondirent , formant en partie des ma fies
vitieufes irréguliéres , & coulant en partie à tra-
vers de la grille en groffes gouttes d'un verre noir
dur. La coupere fe trouva dure, d'un blanc jau-
n "îtrc & demi ttanfparente , comme celle de M.
Alacqucr.
La platine c'oit réduite en un pain plat, cn-
vircnné d:; la matière demi vitrifiée de la cou-
pelle, & des gouttes vitreufes de la mouffle, de
for:e que l'on ne pouvoit rien ji ger de fon poids :
elle fo catTa aFcz facilement fous le marteau , &
ne paroi iToitdifîércr aucunement de celle des au-
tres 'Ou; cllatiors.
1^)". Je tâchai, par une répétition du feu, de
suppléer à ce qui manquoit ici dans fa continua-
tion. Ayant bien broiyé & lavé la platine y je la
PL a:
mis fous une «ouvelle mouffle , fur ua rafe à
fcorifier , & j'entretins le- feu dans toute fi vio*
lence , principalement avec do boit & du char-
bon «Le bois , pendant quatorze heuref.
La plus grande partie de la platine s'ittacba
fi fortement au vaifleau , à^ caufe de la partie du
plomb qui avoit traiîfpirè Se s^étoit vitrifiée , qu'oa
ne put pas la déucher. fans pulvérifer le vafe.
Lorique la platine qui ècott fur le p-at étoit frap-
pée avec un marteall ou Frottée aveè un brunif-
ibir Q*àcier , elle s'étendoit & prefîoit une furface
continue , comme une feuille d'argent ou o'é-
tain. •
Quand la poudre eut été paflée par un tamis
fin , & lavée, en la battant de nouveau on y ap-
perçut quelques erains pl^s Si larges • qui s'étco-
diiCût aii^knent tous le marteau, ât étant cour-
bés avec des pinces , f^ plièrent prefque en don*
b!e, l'un d'eux fe la ffa même rouvrir & cour-
ber de nouveau fans craquer.
Cette poudre , dont les particules paroifToIcct fi
duâiles & fi flexibles , j'efTayai- dm la réunir ea
une mafTe , en la pouftaot à un feu violent dans
un crenfet fermé, peridavt quatre heures : elle for-
ma un bouton de la figure du fond du crenfet,
qui ne s'attacha point eu tout au vaifTcau , âc ne
perdit point fa couleur; le bouton fe caffa,!
la vérité, d'un ou deux coups de marteau, mais
pas bien aifément : il fe lima aiTez uniment , &
reçut le bn.nl comme de l'argent fin.
17^. J'expofii à la coupelle quatre parcelles de
platine avec trois fois leur quantité de ptomb ,
dans un fourntrau d'etfai , jufqu'ii ce qu^clles cef-
fércnt de d.mjurer fluices ; & je répétai la cou-
}>;;;iLtion fur d<.s coupelles avec la même auan-
lirc de plomb , une féconde & une troiftéme
fois.
Les premières coipelUs furent teintes d*ua
conleur de rouile foncée, fans-doute à caufe de
la matière ferrugineafe qui étoit dans la platioe;
les autres devinrent feulrmct jaunâtres , comme
s'il n'y eût eu que du plomb fetl. Les p'aques
de métal , après la première coupcllation, ctoicnt
d'une couleur terne 6c attachées aux coupelles ;
après les opérations elles furent plus brillantes
&i point attachées^.
Les quatre plaques, pcfant 303 r grains, étant
tenues douze heures fur un vaiheau à fcoritîer,à
un feu auflî fort quM fût poiTible de l'exciter dans
un fourneau d'efiai , devinrent plus blanches &
perdirent ^218 grains ; le plat , qui étoit blanc , fut
couvert par tout d'un vernis jaune.
Les plaques , qui n'avoient pas foufTcrt l'appa-
rence de fufion , & qui fe trouvèrent encore fort
caffantes, quoique beaucoup moins qu'elles nel'é-
toient auparavant, furent rompues en pièces plus
petites , & mifes fur quatre coupelles fous uoe
mouffle I dans le fourneau à vent décrit ci-deP
P L A
fuf : pendant hait heures d'un feu violent , les
^de^ % coupoles qui ècotcnt fur le devant du la
BjDOudlc ; lequel ctoit moins chaud que la partie
^ éc derrière, jetèreordti furnéo conlîdcrdbles ^
€001 11^ on le remarqua, au{E Touv^ni qu',»n s'a-
Vifa de UiflTer la porie ourcne ^^oJquj t m;**^ i
mati ri.u* . a r qui pouvoit ^aiTerdais la mouffli
ne d^jinua pas aïï z ia cha tur ébloui fa ne pour
q«*on pût «lifUngucr auwiincs valeurs dans la ^.a:-
Klic d. dtniérc»
^ La voûte & rextrémité la plus éloignée de
la tticufflj furent trouvées vernies ^a r ut , ar lei
^yapctirs, les ccupelL-s étoîent friables ^ ikii lein-
^t€^ ; le mé al d'un b.aac d a gL-nt & aimi^u^ de
105 urams.
Les morctauï des coupelles du devant ètoîent
tncore cafTans ; c^ux des coupelles plus reculées
le laiirércnt app!a ir confidérablement fous le
jnart.aii , & parurent prefque auifi ibuplcs &
Ïlianu que de l'argent aUié*
t8*. J'ai fait beaucoup d^autres coupellau^ns du
même genre ; dont il n'ell pas nécetfairc que je
donne ici un détail particulier , parce qu'il ne s'y
eft pas rencontré d'autres phénomènes remarqua-
^iics que Ceux dont j aï dé,a parlé.
H Ces effats concourent à établir un fait impor-
tant ; favojr , quL% quoique dans le procédé or-
cîinairc de la cou el aîion , même quand on !a
fan avec des fcun plus forts que ne peut en pro-
duire le fourneau de coupelle, & coniinués quel-
ques heures au-delà du ttm>s où !d fixanon du
métal trmble m'intrcr que le fsru a produit lour
ion ciïtt , on a toujours trou/ê qui ja platine re-
tient afFtz de phniD pour rompre foui le mai
«au ; cependant , en continuant ces feux violens
pendant vingt htu e> ou plus ^ il fe (ép^re de ce
pïornb retenu, auau qu'rl en faut , pour ïaifft-r
la platine mahca'jL-. B aucoup du plomb a été
forcé de fonir a>rè* qu.- le mrta' fut devenu Ic-
lide , comme il paroit dans l'expérience n^ 17 .
ou la qua.nité cupaUée des p'aqu:s coupeîlécs,
fans qu'elles fe foient amolies , ni qu'rl c.
(aient chaigc de figure, s'cil monté à pus d u t
dixième de leur pcta ttur. P u^ les p'aques m^-
•a'I ques étoîcni min es»p'uôt & plu< cffi«.ace
meot elles furent [>u o^es du plomb 6c rendues
•ma • aSles.
Danç une coui>el^aMon ^ une partie du mé a'
ayan coulé f'^us a fornc 'u;i fii , après fi« heu
res décida ur t rc ''el> fr^uvé aTcz fl'tibk* peU'
pou\r),r être courre en avant 61 en a riért: p\i-
ficu s fois 'art fe raîcr. au Utu qu'un morctai
é(-as de a mwm«^ iimi''^. , a rcs a^uir re(tè dix-
but heu^e'» pvL l*>-'g*tceu,i' au'cu, éîoit encore
Ca'^ant : q ai ( un ^t;t\t<i, i|ua t té de patine na
Pl^Hie- t^an U'^t c>upc le d'u c t^ra^^dcur pro^jr^r
tKMlé.' a A\i m 'Veti d' îtf fi^urr ^^U -a^fT au ,
forme une malTe a "cï *è^'at J, ce qu cfî arvc
àsdu la plupart de^ cou^^iiauvm picmièics, (d«;*
P L A
75-1
puis le n*. i }ijf^ii au S\ de cet aticlc , ) u.j f»,ii^
violent, cofiiM u^ bcauc u^3 fin long -temps f,uir<
cciui^ de Tcxpéticnce de M. Macqul-r , a été iu-
iulïLa it pour rendie la maL nu'.l aj*e ; traîs *
qua d clic a été rcdu te en p^ udrc ^ jonchée
Ij^eicm^nt, ui f u qui néîoit pa» cxaS;ni.:m
violcni, conc^' u> pwndait dist ou u^ou^c b.urc^,
arc du Iji |>A ticu'es de ^a pr uJrc fi rlulk lt> ,
qu'elles s'éte.idircnt fous le pdo*j en pa.nu-s h-
rics , cOiTvm^ des f a m.ns de fcuil'es dVgcnt;:
la poudre a nfi a plariL* éioit fort dojce ^k cnr-
tu.uf- au toucher, crmarc du ta'c ; ^ éarn fro.-
tce fur le papier , clic s'y colloit au point de nt
pouvoir pas en être d;l'ia:hèc aifé.nent, ce cuf
la uttoîc paroitre fembbbic à ce qu*on appelle
du papier argenté.
Ce fut donc une circonflaicc heureufe dans
l'expérience d.* M. Ma;qu;iî , 6c en cff*.c ciîcn-
tielle à fon fuccès » qu'il 'ait employé un^ quan-
tité confidérablc de pîatlne , de Lç n à fonucr
une pîaque mince (ur Ij foni d*une gra ide cou-
pelle* Il ^*éc]ia;^p£ d'abord bcauioup du plomb
{bu\ une forme vitreuic, qui tcirt & vernit [c
vafe ou la coupelle fur laquelle on a cxpofé !a
pîaqu^î au feu ; mais vers la fin il paruît être
ibrcé iie fortir f.u!fjment en va îcurs , fan^ laiucr
aucune marque vifible fur le ^alift^aii. Il y a eu
une expérience où le métal a perdu environ la
vingt cinquième partie de fon poids , aprè^ qu'il
eût cefTè de donner aucune teioiur^; au safe. ^
19^. Il ne fera paî mal-à*propos dobferver ici,
que dans la plupart d:;$ coupeltations de In plnii-ie
avec le plomb , fur-tout quand la quantité du
mixte é<oit coiifidéribic, 5c qu'on a poufîé lo-
pération à un feu aiTcz fort , les pîaqnes cou-
pcllées ont paru dVme figure fingulicr^- & irré-
gulière à la furface, tell^ qu'aucun a*jtrc méuî ,
ni mélange métallique ne la prend point en d
âxa t.
Il y avoit dans le milieu une déprefTion ur^e
& a ^plitie , avec une borJurc nu mir^i: autour,
corn ne une airiéfo de • - ; & îa bor*
d ;r. étoit ra'fcmée, c. ; , de rangées
rnnfverfalei régulières i^e pciits pmnrs rornn«ï,
L.'v parties unies ctoient en gcncr^l douces &
glilTantcs au toucher.
Coupeïlaùon de fa piiàne avec le hlfntufh.
Les mébnges de plat'tnc avec du bîfmuih
furent lo^mis aux rjpèf,itions o din. ires du la
cou ttl'v' fous un; m'HîHlc , à cellcv àc la fcori-
fica ion dans do crai 'ts d elLî , ik au trjî
devant le icz d'un f ^nlfl-îi, L- r 'fuli,4t en g:iié-
r^l fut à-pcii-p é> te m^iTie que q and un a
irait^ de mi.m U p'-mn: ,it te p om *
Les snéUngcs qui a'abord coulèreat iacilcment ^
'5*
P L A
devinrent de moins en moins fuûbles , h. mefure
?[ue le fotimuth en fut chalTè ; & à la fin il ne
ut plus polTiblc de les tenir fluides à un feu
violent , qiioiqu*cn !es perant ils paruiTjnt refe-
nir encore une quantité de bifmutb confidéra-
ble.
On ne peut nettoyer tout-àfait du biTmotb ,
non plus que du plomb , par le procéda ordinaire
de h coupelle » les mélanges de platine avec fix
fois fa pefanteur d'or ou d*argenr.
Quand on a coupelle une parcelle de platine
avec trois ou quatre nouvelles quantités de bif-
imutb, les premières coupelles étoient toujours
teiistes d*unc coul ur de rouille noirâtre ; les
fuivances étoient pUis^ pales , & les tioXttimes
n'avoient pour la plupart que la couleur jaune
orangée > que le birniutli piir lui-même commu-
nique , èc qui e(\ considérablement plus foncée
x{ue la nuance occadunnée par le plomb.
Dans la plupart des coupellations ^ on a trouvé
la furface du métal couverte d'une fubflance
feuilletée, comme de la Ikliarge , d'une couleur
foncée ; 5c quelquefois ïl y avoit fous la pla-
que coupellée une grolTe quantité de matière
veidàtre , fpon^ieute 6i rode , adhérence forte-
ment à la platine en plufieurs endroits , coulant
daiis les cavités qui étoii^nt au fond, & dms
d'autres , couchée en quelque forte entre les plaques
ou les flocons du m,l:taK
• 11 a paru que le bifmutb » en le coupeîlant
avec la platine , ne fe répandoît ou épancboit
pas f\ clair , ou ne pénètroit pas fi avant que
fait le plomb dans la coupelle ; mais il embralTe
tellement les parties c^u il touche , que cela Vem-
pèche de s*étendre plu» loin, &qu*iU*y ramaiïe
clans fon ét^^t à demi vitrine , reliant quelquefois
fur la coupelle en grande quantité^ quoiqu'une
partie coniîdérable de la coupelle au tond n'en
foie pas teinte : c'eft ce qui ne femble pas arri-
ver quand t^n en f^it partir le bifmuih feul; Se,
par conféquent , cela vient de ce que le métal
«ft une menflrue moins puiflante que le plomb
pour les parties ferrugineufes & autres matières
étrangères mêlées avec la platine.
Bien des coupellations cepsndant ont reuiTi à
fouhait, fans aucunes apparences de cette ef-
pèce , & ont donoé des plaques cafîantes , tan-
tôt d'une couleur terne & tantôt brdlames »
félon qu'on avoit fait pariir plus ou moins du
bifrauth^de furfaces laboteufes, avec de grofTes
protubérances difpofêci avec & quelquefois fans
régiilarité.
Quelques-uns des détails de ces expériences
ayant été perdus , je ne puis pas me rappel 1er
û c'eil avec é^ gt aides ou de petites pro-
portions de bifmutb que le procédé a réulu le
mieux,
D*aprçs l'effet d'uafeu violent long-temps cou-
P L A
tînué fur des mélanges de platine & de plûfiA
dans le précédent aaiclc , je me fuis déctrmlnè
à foumettre aa même traitcm m des méUngn
de platine & de bifmuih, métal qui prooi ttoir
d'être fèparc plus facilement que le plc^niS , coonine
éiant par lui-même ban plus difpofé à i'é»
vaporer au feu,
J ai tenu pendant iîx heures quelques-unes des
plaques coupeîlées des opérations precédentel »
fur quatre coupelles pUcées fous une mouffle »
à une chaleur auffi forte quil fût poflib^e d'ea
produire dans un bon fourneau d'eff^i.
\Jn^ poriion d'une des plaques avoit fendu
& s*eîoit étendu en belles feuilles comme d'argenî
fur le bord de U coupelle j les bords minces de
toutes pouvoient atîVz bitn foutenir le coup de
rtlarreau , & ployèrent confidérablemcnt ava«
que de craquer : les coupelles étoivQi teinco
d'un jaune orangé pâle.
Les plaques étant encore pouffécs pendant Ci
heures fur de nouvelles coupcl'es dans le fo\»«
neau à vent , dont on a f,ât mention ci-devanr,
elles fe trouvèrent routes»cl*une couleur d'argtfit
brillante, 6c fupportéreit bien le marteau dans
leurs partes les plus mincts» ma*s rcflèrtnt encore
caflTantei dans les pa'-ties plus épaillcs : les
coapelles ne furent teintes que très - foibk*
ment.
Il p^roit , d'aptes les expériences rapponéfis
dans cette feôion , que la platine réfifte parfiite-
ment à la puiiTance deftruôtve du plomb & du
bifmutk , qui , avec Taébon concurrente du feu 8c
de Tair , réduit tous les autres corps méraluqiict
connus , excepté Tor & l'argent , en chaux (m
fcories : qu*elle réfide à Tanti moine qui fconâe
Targent aufll bien que les métaux imparfaits t k
qu'on a toujours regardé comme le moyen d'eia^
mcn le plus lévere de lor : qu*ellc n'ell oas vo-
latilifée fenfiblement par Tarfenic , qui , ajnsles
feux viole ns fit brufques, emporte même une po^
tion de l'or : que dans les degrés de ch^lciir coih
fidérablement plus forts & plus long-temps cono*
nues , qu'on a employés jufqu'ici pour ces tone»
d'opérations , la platine confervc mcfOe «jk
partie de ces corps métalliques deflruâibles « es
retenant autant qu'il en faut pour U rendre caf*
fante » mais que par une continuation encore plm
longue d'un feu violent f ces corps « du moins k
plomb & le bifmuth , peuvent être dt^pis eth
tiérement « ou prefque cniiércracnt , de maniéfe
à lailTer la plaûne en une maiTe auSî malléa^
que les grains les plus fins rèioicm auparavaMi
oe peut-être plus encore, parce qu'elle a èiè pe*
rifiée dans lopération , de la maciére (cnup^
neufe, Bc autres matières étrangères» cooisieror
& Fargem le font , par le même moyen ^ de vam
les métaux Imparfaits.
Jufqu'oii cette dilTipation du plomb oa dit tf
mutb peut-elle fe pratiquer en grand , ou for de*
^^^^
Établi
I
I
I
PL A
m ffcs «Tune épai fleur confidirable , c efl ce
qu'on ne peut pas détemimer abfolymenc d*apiès
les cipèrknccs qui ont été faites jufqu'icî ; d'au-
tanr que^ du moins pour ce qui me concerne,
le procédé n'a réufli que fur des pièces minces
du m^^c^L
M* Macqucr femble ne faire aucun doute que,
fur ce tondement^ la platine ne puiffe être rendue
itlinîalile par les ouvriers en grand , au point de
nous fournir dc<î miroirs concaves » des fpécules
pour tes tckfcopcs , une Infinité de vaifleaux &
u/lenfiles pour Tufage de la chyoïic 6c de la
cuifine, & prefque toutes les efpèces d'ouvrages
de ferrurerie.
II ohfcrve que îa pLitinc fcroît une matière ex-
cellente pour ces fortes d'ufages , parce que fon
poli vif & brillant n'eft jamais altéré par au-
cune efpëce de rouille , & qu'elle réfifte , non-
feulement à l'avion de Tair , de Teau , du feu ,
des acides 6l des métaux les plus voraces, auiTi
bien que te fait lor le plus pur ; mais elle joint
à toutes ces qualités admirables , une propriété
encore plus prccieufe que n'a point Ver ; favoir :
la force & la dureté du fer. Dans mes expérien-
ces » les plaques coupellées , foit avec le plonsb ,
foit avec le bifmuth , éioient confidcrablement plus
dures que Tor ou l'argent fin , mais plus tendres
que h fer.
Dfs affimtcs de U pUtint,
On fe propofc, dans cette Se£Hon , da rendre
compte des expériences qui ont été faites relati-
vement aux amnitès comparatives de la platine
& des autres métaux , les uns aux autres , &
avec les difTolvans félins, ïi fépatation de la pla-
tine d*avec un mctaU par Tinter vention d'un au-
tre , ou d'un métal d'avec un autre, par Tinter-
vcntion de la platine ; de ta fépaiation de la
platine par les autres métaux, ou des autres mé-
taux par la platine» d'avec leurs folutions dans les
acides.
Pour plus grande diflinftîon » on a exprimé
dans les titres rcfpeâifs , les réfultatsdes diverfes
expériences* Le corps placé le premier doit tou-
jours être conçu comme ayant plus d'affinité
avec celui qui cû immédiatement au-de0bus de
lui , qu'avec le troifièrae , ou celui qui efl placé
le plus bas ; de manière que fi on combine cn-
femble le premier 6c le troiftème , celui du mi-
lieu , appliqué convenablement , comme il efl
dit dans fexpérience , brifera leur union , &
écartmtîe troiftéme corps, fe joindra de ï ut-même
au premier « quoique cette féparation n'efl pas
toujours complctte.
Quand iï iie paroàt pas dans rexpérience une
telle affinité ou fépararion , alors les dlfférens corps
fç trouvent placés dans ure ligne continuée.
Aru it Méturs. Tarn K Part, Ih
PLA
75}
I. Mercure ,
PUtint i
Plomb,
Une partie de platine & environ ^atre de
plomb » ont été fondues parfaitement enfemble ;
& après que la chaleur mt un peu ralemie, on
verfa le fluide doucement en un petit courant,
dans trois fois fa quantité de vif- argent cbauffé
au point de jeter des vapeurs. En les remuant
avec une baguette de fer, il s'éleva aufTi^tôt à
Lafurface , une poudre noirâtre, qui parut être ptin-
cipalement de fa platine.
En les broyant enfemble dans un mortier de
fer^ il s'en fépara peu-à-peu une nouvelle poin-
dre, qui ayant été de temps en temps emportée
par k lotion, refTembloit beaucoup en apparence
à la précédente ; mais <jfui» en faifant des effais
convenables , fe trouva tenir beaucoup plus abon-
damment du mercure & du plomb, que cfe la platine.
L'amalgame éîoit d'une couleur fort terne, & en
Texpofant au feu dans une cmller de f»r, il ren-
fla â( fautilla à la ronde , quoique la chaleur fût
Il peine fuffifante pour faire évaporer la moin-
dre partie du vif- argent. Cefi pourquoi je as con*
tînuer de le broyer dans une efpéce de moulin ,
campofé d'une plaque de fer mince , taillée en
forme de croix, & qu'on fait tourner dans un
mortier de fer.
La plaque étoie courbée à- peu-prés dans Ta
fjrme du fond du mortier, ot entre deux de
fes bouts ctoit axée une pièce de bois ; les deux
autres étoient en liberté , & s'ajuftoient au mor-
tier au moyen de leur élaflicité. La pièce de
bois reccvoit le bout d'ui noyau droit, lequel
étant aâ[uré par des pièces de traverfe, pour le
tenir dans le militu du mortier « & par un périt
poids tantôt plus grand , tantôt plus petit , placé
au fommct , une roue & une poulie !ui procu*
roient \xn mouvement rapide fans beaucoup de
travail.
Après une agitation confiante dans cette machine,
& avoir renouvelé Teau de temps en temps pendant
fept ou huit jours , l'amalgame parut brillant flc uni-
forme , 8c laiffa exhaler librement le mercure. Le
mercure étant tout évaporé, il rcfla une pou^
dre d'un gris obfcur , qui , i Texameo , fe trouva
être de la platine avec «n peu de plomb : car
une partie de la poudre étaot digérée dans l'eau-
forte , il y e» eut une petite portion de difîomc,
& la Solution ne parut être autre chofe qu'une
folution de plomb ; la partie non dîfToutc , dcve*
nue alors d'une couleur pourpre obfcure » fut en-
levée prefque toute entière par Teau régale , à qui
elle communiqua « non pas à U \hx\xk la cou-
C c c c c
7J4
P L A
leur ordinaire des foluiîons de pladne, mais une
efpece de couleuf olivâtre terne.
Cependant des plaques d'étain découvrirent bien-^
toc que la mttttère dsiToute éton de la p1at:iie , en
occaftonnant un précîpîiè de la triême apparence
3ue celui que Téiain fait tomber des folutions or
inaîres de p'atine. Le reile de la poudre fut fou-
rnis à la coupelle avec du plomb. IL JaliTa une
lïialîe brillante appîaiie Ôc rude qui ne voulut
plus fe fondre , 5c qui refTembloit exaéèement à
celles qu^on obtient en <oupell3nt la pladne crue
avec le "plomb.
On fuppofe qye le mercure a une plus grande
affinité avec le plomb qu avec tout autre corps
métallique, eicepté l'or Ôc i'argem.
Dans cette expérience , il fit voir une plus grande
affinité avec ta platine qu*avec le plomb , puifqu iï
retînt beaucoup de platine Après qur le plomb ,
qui d^abord y etoit en beaucoup plus grande pro-
portion , eût été prefque entièrement emporté.
1 L AUrcuu :
Or:
Un mélange d*unc partie de platine & deux
d'or, qui fe trouvoit fort blanc & caflant, tut
bien recuit , & applati avec foin en plaques min-
ces, qui furent jetées rouges chaudes c^ans» du
mercure bouillant. £n broyant & lavant le tout
avec de Tcau , il s^cn fépa a une poudre» d'abord
en abondance , & enfuiie en plus petite quan-
tité.
Quand le procédé eut été continué environ Vingt-
quatre heutes , il ne fe fit plus de féparation , fi
ce nVft d^un peu de matière noirâtre , dans la-
quelle fe change toujours une partie du mercuie
même , t!ani ces fortes d'opérations. L'ama'game>
qui avoit IVir brillant, fut mis dans un crfofet,
QL le vif argent ayant été évaporé à une thalcur
modérée , û y rcfta une mafte fpongieufe , d*une
haute couleur, qui, étant fondue & ieiée en lingot,
fe trouva fott douce & maléable , de forte que
Fœil ne la pouvuit | as diftinguer d*avec Tor pur
dont on s^étoit f<:rvi.
Nous confidérerons ci -après . jufqu'à quel point ce
procédé eft appliquable à la fcparation de 'a pla-
tine d'avec Tor dans les opéiations des Artines.
Il nous fuffit ici d'avoir établi l'affinité plus grande
du mercure avec l*or qu'avec la platine, & avec
1» platine qu'avec le plomb.
IIL Plaûnt :
Fhmh :
Ftr,
Vn^ once d*un mélange de fer & de platine ,
et deiut onces de plomb , furent couverts de 0ux
P L A
noir, & pouffes à un feu affer fort , mais
n*étoit pourtani^ pas fiiffifant pour la Ajfion de
la platine & du fer ; le plomb ayant été vcrTé
dans un moule cylindrique , la partie inférieure
du cylindre parut d'une couleur plus terne
que n'é oit le pîontb d^bord» & fe trouva fpé*
ci^quement plu5 pefant , dam la potiiQji de 11,59!
à 111386.
Les maffes de fer & de platine furent mêléec
une féconde f o s avec do plomb, 8c exp^f^esà
un feu vigoureux, jufqu'à ce que le tout (ùt
arrivé à une fufion p^rLite,
En faifant refroidir ir( p brufquement le crc»>
fet dans de reau , la matière 6uide tît cxplofion»
6l fit fauter le couvercle ; & on trouva a!of» le
plomb réduit en peti s 6lamcns qui rcmpliiToieiit
le creufet, lequt:! auparavant n'étoit p^s rem^
au quart.
Le régule de fer au fond , éfolt uo morceav
rond, uni 6i fort dur, 6c fembloit retvnir une
portion confidér^ible de la pUtine. Le plomb fon^fo
eu une m a Je avt:c un peu de réfine , parui a (k
gravité fpécifique, & encore plus fcnftbUmi.ni à
la coupelle , «àVoit plus imbibé d:; la plaune, que
le fer n'en retcnoit.
Du fer coulé ayant été jeié dans un méknge
de platine Ik de plomb » couvert de flux noir ,
6l le ftu ayant iîté tenu fort vif jufqu'à ce qtie
le fer fût fondu, pnfque ïoute la platine parut
avoir été rttenue par le plomb , de forte que le
fer n'en prît point du tout , ou du moins fort
peu.
On jugea d'abord que cet effet n'étoit pas ar-
rivé , parce que la platine a voit moins d affirité
avec le fer qu'avec le plomb, mais parce qu'elle
n'ctoit pas venue fuffifamment en cont^â avec
le fer : car nous avons vu ailleurs une grande
partie de la platine tomber au fond * même du
plomb , & le fer flotter à la furface du plomb*
Un méhinge de platine & de fer fm fonda
avec trois fois fa pefanteur de plomb , fur une
coupelle ; & on y cmreiînt un feu violeur »
fufquà ce que le plomb fût entièrement dif-
fipé.
La maffe refiante étott rabotetife & pleine de
cavités ; dans fes cavités & dans le fond étoit»
une quantité fort conGdérable d'une poudre noiri*
tre obfcure, qui avoit une teiote légère de pour»
pre , & qui fut attirée , quoiquWtex fort légè-
rement , par une barre aimantée*
Cette expérience par oh prouver décifivemem
que la pbtiiie a plus d'affinité avec le plodïb quV
vec le fer ; putfqu'elle montre que le fcf , cnii
auparavant avoit été bien combiné avec h pi»-
\ line , cÛ rejeté de nouveau dans fa forœe mè-
' tal:iquef par le plomb.
On peut donc prèfumer que fi, dans la première
expérience ,1e plomb a ahlotbé la platine qui te*
P L A
noît le kr » cela eft venu de cette affinité fupè-
rieyrc de la platine avec le plomb^ St non pas,
comme on ravoit fciiip<;onné d'abord , de ce
quelle avoit une affinité égale avec lous les
deux.
IV» UEau regaU :
Le Zinc :
La Platine,
■a platine, digérée dans une folutîoo faturée
de zinc , faite dans Feau régale , n'a pas paru
rongée le moins du monde ; mais le zinc , mis
dans une folution faturée de platine » commença
auni-tôt à (g diÛbudre fit à précipiter h pla-
tine*
Le précipité fut d'une couleur noire brxmâtre ;
la liqueur , après avoir ccfTé d'agir fur le ztnc ,
continua à être jaune» marque <|uc la précipita-
tion par le zinc n'étoit pa*i totale, pas plus que
dans les précipitans non métalliques de la fec-
tîon troifiémCiP Marggraf a trouvé que^ quand h
folution de zinc dans reau-forte fut mêlée avec
une folution de platine » il iomb;i au fond un pré-
cipité de couleur de brique ou d'un rouge orangé »
la liqueur continuant à être jaune comme dans
4*autre cas.
P L A
755
b*
y. L*Eau régale :
tt Fer :
La Platintm
Une folution faturée de fer dans Tcau ré-
gale « n'a point agi fenfiblement fur h platine ;
une foluiion faturée de platine a rongé prompte-
aent le fer, la platine fe précipitant.
Une bonne quantité d ocre jaune s'eft dépo-
fée au fond » & la partie non dilToute du fer a
paru încruAée d'une matière de conleur obfcure.
On ne pouvoir pas juger par la couleur, ft la pré-
cipitation étoit complette, parce que la fûlutiofi
de plaune & celle de fer ont une grande reffem-
blance enfembk pour la couleur.
VI. La lattnc :
L'Eau régale ,
& la folution de vimûi dt fer ,
l'Or.
La folution de fer dans l'acide vitriolique , ou
faluiionde viirîol de fer verd commun faite dans
Teau , qui précipite totalement Tor dedans Tcrau
régak, n'a point fait de changement fur U folu*
lioa de platine.
Un mélange de platine & d*or; qui ivoit
été fondu cnfemble & tenu en fufion quelques
heures , étant difTous dans l'eau régale , St la
folution vitnolique y étant ajoutée , l'or fut pré-
cipiré , & la platine demeura diiïbute. Les folu-
tions de fer dans les acides ni*reux & marins j
ne précipitent ni la platine ni l'or.
Vil. VEau régale ;
Le Cuivre :
La Platint.
La platine, mife dant une folution de cuivre
dans l'eau régale , ne fut pas fenfiblement atta-
quée : des plaques de cuivre mi Tes dans une fo-
lution de platine j commencèrent promptement à
fe diffoudre , & à précipiter la platine. Le pré-
cipité fut d'une couleur grifâtre obfcure , & » à
Teâfai , fut trouvé contenir une quantité conftdé*
rable du cuivre qui étoit combiné avec lui ; la
liqueur étoit d'un verd plus brun que les folu*
tions de cuivre pur» probablement parce qu^elle
retenoit un peu de ta platine.
Les folutions de cuivre dans les acides végé««
taux» nitreux, marins ôc vitrioliques , mêlées fépa-
rément avec une folution de platine, n'ont pro*
duit ni précipitation , ni troublé la liqueur.
A la vérité , M. Marggraf a trouvé , qu'avec U
folution dans T acide mtreux , il s*eii dépofé à
la longue une poudre de couleur orangée roii*
geâtre : mais il eJl probable que la folution de
cuivre n*a contribué en rien dans cette précipi-
tation ; car la folution de platine , comme il lob-
ferve, donne toute feule » avec le temps « fem«
blabie précipité.
VIU. L'Eau régale ;
L'Etain :
« La Platine,
Nous avons vu dans la troîfiéme SeAîon , que
des plaques d'étain pur précipitent la platine ,
6i qu elles ne produit ent point avec elle la cou-
leur rougi ou pourpre , comme elles font avec
les folutions d or , mais une couleur oLive ou
brunâire obfcure. Il f jut ajouter ici , pour établir
plus pleinement Tal^niié, que quand la platine
cfl digérée dans une folution d'éiain faite dam
l'eau régale, il ne bVnfuit ni précipitation de Tétain^
ni corrofton de la platine. La précipiution par
l'étain neft pas totale, p^s plus que par les mé-
taox mentionnés jufqu*ici ; mais on pourroii dou-
ter û la madère qui demeure en dilTolutton , &
qui donne de la couleur à la liqueur » eft la vraie
platine , ou la fubdance ferrugineufe qui y étoit
mêlée I puifque» dans une expérience précéiente^
Ccccc îj
75<$
PL A
après que les parties les plus folubles du miné-
ral eurent été extraites par Teau régale ^ le ref-
tant y dlflbus dans de nouvelle eau régale > a
paru complètement précipité par Tétain , la li-
queur fe trouvant parfaitement fans couleur.
La folution d'étain mêlée avec de la folution
commune de platine ^ a paru produire à-peu-près
le même effet que Tétain en fubftance ; c'eft-à-
dire , qu'il fe précipita d'une poudre obfcure d'un
orangé rougeatre > parce qu une portion de la
platine , ou fon fer , demeura diflous de façon à
donner une haute couleur à la menArue*
IX. Eau régate:
Mercure :
Platine z
Le mercure y qui , à ce qu'on prétend , ne pré-
cipite de l'eau régale aucun des corps métalliques
communs , excepté l'or » étant mis dans une folu-
tion délayée de platine , a paru être rongé en
peu de temps, & ne plus couler facilement*
Bientôt après il parut couvert d'une madère
Emdreufe gûiàtre, qui fut prife d'abord pour
re un précipité de la platliio ; mais bientôt
après on trouva que ce n'étoit qu'une portion
du mercure , corrodée : en y appliquant une cha-
Isur modérée , tout le vif * argent , dont la quan-
tité étoit fort confidérable , fu^ diffous » fans qu'il
eût aucune précipitation de la platine.
Cette folution des deux métaux étant évapo-
rée un peu , de façon à la difpofcr à brancher ,
donna des çryftaux qui n*étoient point du tout
femblaklcs à ceux de la platine » mais en forme
d'aiguilles , d'une couleur jaunâtre à l'extérieur;
les cryftaux , légèrement lavés avec de l'cfprit de
vin de preuve , devinrent fans couleur : expofés
QU feu, ils jcnèrent des vapeuri blanches trè$-
copieufes, avec un fifflement ou craquement ,
& laiflcrent une quantité fort petite d'une pou-
dre rougeatre, donnant une teinture rouge matte
à de la terre à pipe qui fervoit pour le vaif-
ieau*
Les cryftaux pofés fur le marbre , & chauffSs
à une chaleur rouge ou prefque rouge , hiî don-
nèrent à peine aucune teinture & n'altérèrent
point fon poU.
11 paroît, par cette expérience , que l'eau régale
fcturée de platine efl capable de diffoudre une
quantité confidérable de mercure , & que , dans
la cryflallifaticn , une grande partie du mercure
poufTe Tes cryftaux avant la platine.
J'ai ajouté à une autre quantité de foîuticn de
platine, plus de vif- argent cw'elle n'étoit capa-
ble d'en faiTir. ^
^L A
La platine alors tomba peu-à-pea JpvBu k
mercure no^ diflbus , fous la forme draoe ma-
tière brunâtre foncée , laj^t la liqueur fort pci
colorée.
Donc la platine s'accorde avec l'or, en ce qa*èUe
a moins d'affinité avec l'eau régale que le mer-
cure n'en a , quoiqu'elle diffère dans fon affinité
avec le mercure, l'or, dans cette précipiutîon ,
s'unifTant avec le mercure pour former un amal-
game y au lieu que ki platine demeure en une pou-
dre bien difllnâe.
Cette obfervation explique un phénomène y
que Marggraf a remarqué dans rexpèrience fuî-
vante.
Une demi-once de vif- argent & une once de
folution de platine étant agités enfemble « le mer»
cure a coulé lentement , 6l bientôt après 11 s'eS
dépofé au fond une ceruine quantité de poudre
bhtnche tirant fur le jaune. Ayant mis digérer la
folution , elle a paru un peu verdâtre le lende*
main.
La dteeAion fut continuée un jour de plus »
& le mélange délayé avec de Xfi^u ; la Uquev
claire ayant été décantée , la matière qui éioit
au fond fut entièrement édulcorée ^ & la pondit
blanche jaunâtre fut emportée hors du mercure p
& mlfe fécher.
Le mercure , qui n^avoit pas été corrodé , n*i^
toit point de la nature d un amalgame , mais
coula affez. Hbrement : étant diftillé dans une
retorte , il bifTa après lui un grain métallique fi
petit , que fon apparence ne pouvoir pas être
bien difiinguée fans le fiscoucs d'un microfcope >
qui le fit voir jaune.
La poudre blanche étant mife fublîmcr dans
une autre petite retorte , donna un fublimé d'une
couleur jaune rougeatre dans la partie la pins ^
bafle , & plus blanc au-defTus. Il reita un peu de
matière grife , qui, étant preffée » rcflembloit à im
amalgame. 11 e/l à remarquer que le mercure
avolt fupporté ici un feu très-fort, qui avoit fait
fondre tout le ventre de la retorte , fans cepeo*
dant y faire aucun trou.
Il efl probable que U petit grain jaune fut
étoit reflé après la dlAlllation du mercure non
corrodé , étoit une particule d'or , qui s'étoit
trouvée dans la platine ; & conformèoBont à la
remarque piécédente, la platine & l'or , difTons
enfemble dans l'eau régale , peuvent en être fé-
parés fur ce principe, l'or étant imbibé par le
mercure , tandis que la platine eft précipitée en
poudre , que l'on peut féparer d'avec Tama^gaffle
par la lotion.
Une folution de mercure dans l'eau forte a
rendu trouble , à Tinflant , la folution do platine »
& a précipité une poudre brune grifârre. La fo-
lution de mercure (ublimé dans de Te^iu , verfce
fur une folution de platine , a préc ptté une
\
PL A
Aatlëre rouge avec nombre de ptnîcules bril-
lantes & éïincelantes , la liqueur continuant tou-
jours d'être jaune : le précipité a réfiflé à
la lotion avec de Tcau , fans perdre Ûl couleur
? L A
757
rouge.
X, VEau rigaU :
Le Nickel t
La Planne^
Marggraf rap|ione qu'un morceau de régule
pur dsî cobalt , ou lobaiJ'fperfi , tiré des Manu*
K faâures d*azur à Schnéeberg en Saxe , après avoir
^ été fondu piulleurs fois avec du verre, jufqua
ce qu'on en eût extrait toute fa matière colo-
ranre en bleu , fut ^rompiement attaqué par
la {ûlurion de platine ; le régula perdtt fon bril-
lant & d<;vim noir : il fe prtcipjia une poudre
faunàtre» 6c la liqueur [arut V4:rdatie.
La fubflance qui fit précipiter ki la platine ,
& qui communiqua une coylcur verte à la li-*
queur , avoit été , à ce que j'ai appris , un corps
met îllique, appelle nickJ ^ découvert & décrit
par M. Cronitedt dans ks Tranfaftlons Sucdo}fts
pour les années 175 r & i754t dont un des ca-
raflères eft de fc diAToudre en \ert dans l'eau
régale ^ au lieu que le régule de cobalt , ainfi
nommé ilriâemcnt» donne une folution rougeà-
Irc,
M, Crorftedt remarque que le cobalt contient
en général, outre (on propre régule, ou le mè*
tal qui donne un verre bleu , une quantité de
nickel & de bifmuth ; que le fpeïfe ou métal
Î|ut fe fépare au fond du pot à tondre , en fai-
ant le verre bleu , efl compofé en général de
tous les trois métaux ; le régule de cobalt & le
bifmuth, qui par eux-mêmes fontoppofés à toute
iinton de Tun avec l'autr^.^ étant rendus capa-
bles de fe mêler , par rimervention du nkkei :
que quand on refond encore ce mélange avec
du verre, le régule de cobalt fe vitrifie le pre*
laicr ; le nkkd , qui cfl plus difficile à calciner ou à
vitrîâer » confervant fa forme métallique )ufqu à
la fin. ,-
On peut donc préfumer que les opérations ou
a padé le métal de Marggraf, ont Téparé le vrai
régule de cobalt» & n'ont laiifé que le nukcL
k
XL La Pîmïnii
UOr,
é» tEau régale*
ïarggraf a mis une plaque d'or fin dans
une foîiition ûturéc de pbtine , faite ààn% Teau
régale, 5t a faît d^gircr le tout p^-ndart qucî-
ocf jours a unt cii^leur modérée. \Jo% ne ûit
point du tout attaqué, & il ne fe fit aucune
précipitation de la platine , fi ce n'eil qu'il tomba
au fond un peu de poudre GryflaUine de couleur
orangée obfcure , que la folution de platine au-
roit dépofé toute feule.
Des grains plus purs de platine furent traités
de la même manière « avec une folutîoa faturée
d'or ; révéncment fiit le même ; Tacide ne fit
voir aucune difpofition à quitter Tun ni l'autre
de ces métaux pour attaquer l'autre ; de forte
que fon affinité avec tous les deux femble être
égale.
JVi fondu les deux métaux enfemble ^ & mît
digérer le compofé dans de Tcau régale ; la menf-
true les a difTous tous les deux , mais lor bien
plus volontiers ; car b première portion de la îi-
qucur n'ayant pas été fufBfante pour diffoudre
toute la maffe , & le rcfle étant mis en digef-
tioo dans de nouvelle eau régale , la première
folution fe trouva avoir la plus grande propor*
tion d'or j la féconde Teut de platine.
Quand la quantité d'or fut a/Tcz forte pour
donner au mélange un peu de la couleur d'or «
l'acide rendit bieuiot les pUques blanches , en
rongeant For le premier. Jai mêlé pareillement
enfemble des fol u dons des deux métaux ^ d* je
n'ai pas remarqué qii^d s'enfuivit aucun épaiflj/Tc-
mcnt ni précipitation , quoique M, Marggraf a
trouvé, en répétant l'expérience , un précipité de
couleur orangée, tirant fur le rouge : à cet égard
il peut arriver des variations , par la nature de
Feau régale dont on fe fcrt , comme par une
furdofe de fcl ammoniac dans l'eau régale d^ns
laquelle on dilTout l'or ; car le fel ammoni c ,^
comme on- l'a vu ci-devant , cft fuffifant tout
fcul pour précipiter une partie de la platine.
Quoique je n'aie pu appercevolr aucune fé-
paration en mêlant les deux fokuions , cepen-
dant , en délayant le mélange avec de l'eau , fie
le biffant repofer quelques jours, il fe forma à
fa furface une pellicule brillante de couleur d'or:
je n'aiTurerai pourtant pas que cette pellicule foit
due à l'adion de la platine ; car j'ai vij une fé-
paration des folutions délayées d'or feuL
Tai fait évaporer un peu nî\ autre mélange
de folutions d'or & de platine, de façon à les
difpofcr à pouffer : d'abord il a doni^é de beaux
cryflaux rouges , qui paroiffoient contenir fur-
tout de l'or avec bien peu de platine ; & cnfuiie
des cryfiiux de couleur de fafrao foncé, dan»
kfquels la platine dominoit vifiblcment.
XIL La Platine: tArgint, & Us acides.
La phfîiîe, digérée dans une folution d'argent
faite datis l'eau forte, n'en reçut aucune altéra-
tiou du tout j & on devoit bien s'y attendre ,
758
P L A
puifque lï pUttnc n'eft pas foluble dtns Tacidc
îeul par ce traitement.
Une plaque cl argent , digérée dans une foltition
de platine, tn fut fortement attaquée. Il fe fixa
fur Tareent une chaux blanche qui i'incrufta par-
tout ; oc la plaque fut rongée de minière à de-
venir friable entre les doigts, quoique b liqueur
continuât toujours à être d'une belle couleur
dor.
Cette expérience eft de M, Mirggraf : elle fem-
ble montrer que rargent abforbe Tacide marin de
la foluuon de platine» & que la platine demeure
diffout'e dans Tacide nitrenx ; car fi quelque por-
tion de la platine s'é^oit précipitée , on peut prè-
fumer que la chaux n'auroit pas été bUnche*
Il trouva cependant que quand l'argent fut dîf
fous par av.mce, dans des acides» foït nitrjux ,
foit vitrio'iques , il occafionna pour lors une pré-
cipitation de la platine ; car en mêlant ces fo-
lutions avec une lolution de platine , il tomba
un précipité rouge.
XIIL Platine, Plomb ^ & Us acides^
Des plaques minces de plomb , mifes dans une
folation de plarine » font bientôt rongés , Ôc iï fe
forme au fond des cry^aux blancs entremêlés
d'une matière noirâtre , la liqueur demeurant
jaune.
Lef cryftaux fe diffolvent dans Teau , laiOant
la poudre noirâtre qui paroit être de la platine.
Marggraf » de qui cette expérience efl tirée , a
c^ayé auiïl des folutions de plomb , faîtes dans
1 eau* forte & dans du vinaigre de vin diâUlé ;
&. il rapporte qu'en mêlant ces folutions avec
de la folution de platine, il n'en eft point ré-
futté de précipitation ^ phénomène qui n'efl pas
peu remarquable, parce que ici folutions du plomb ,
lattes dans lune ou rautre des msnftrues ci-
deifus , font en général précipitées par Tcau ré-
gale, ou par les liqueurs qui contiennent de la-
dde marin.
S'il n'y a point eu d'erreur ni de tromperie
dans ces expériences , on en doit conclure qtte
Tadde marin a plus d'atHnité avec la platine j
qull n'en a avec le plomb ; mais che^ moi le
fuccés a été différent.
Une folution de plomb dans Teau-forte, &
une folution dans Feau di^ilée de fucre de fa-
turne cryftallifé , que j'avois préparé moi-mcme »
ayant été verfées fur des portions i^parées de
{olution de platine , les premières gouttes ne pro-
duiiircnt point de changement apparent ; mais en
coniiouant d'ajouter davantage des folutions de
pltjmb » les deux mélanges devinrent troubles Se
lai eux, & expoférent ptomptement des précipi-
tés blancs fort abondais , les liqueurs raflant tou-
P L A
jours jaunes « comme des folutions dé1iyé«i &
platine. Je répétai trois ou quatre fois Ttt-
érience avec différentes folutions de plaiinc « &
es appétences furent toujours les mêmes.
c
XIV. Is PUîiru^ U régule d'Antlmomt & f£«
régale.
M. Marggraf a trouvé qu'un morceau de fé-
cule pur d'antimoine, digéré dans une foluôoii
de platine» fui attaqué par Tacide. Il fe prèopta
au fond beaucoup de poudre blanche , qui ùm
doute étoit , pour la plus grande partie , un
de régule rongé.
Le refle |iu régule fut réduit en petites p;
brîllanies , 8c parut être mêlé de platine
pitée« La liqueur continua à être jaune*
I
XV. La Platine i le Sifmutk^ & Us a^idu*
L'Auteur qu'on vient de citer rapporte , qiilM
digérant du bifmuth dans une folution de pla-
tiné, l'effet fut à-peu-prés le même qu'avec te
régule d*antimoine ; que le bîfmuht parut rongé,
qu'il tomba au fond une poudre blanche, &qoe
ta liqueur continua à être jaune: il dit autlj qu*iuic
folution de bifmuth dans Teau-^orte » étant mêlée
avec une folution de platine ^ il ne fe fit p^
de précipitation.
De la manurt de dljlinguer 6^ de purlferfOrf fënU
il fe trouve mile de Platint.
Nous avons enfin terminé reramcn des pro-
priétés de ce nouveau mèul , & de fes rappocis
avec le5 aunes corps.^
Un des avantages les plus imponans qu'ot
s'attendoit voir réîulter de ces recherches , coo-
fidéré du côté du commerce , étoit de coû&f*
ver la fineffe & la valeur de Tor , ou d'eœpê*
cher qu'on ne Taliérât frauduleafemem , en y
mêlant un corps qui pofTéde tant des caraôerei
qui ont été regardés univerfelîement comtne 40
carafèéres particuliers & tnimitables de ce
précieux.
On a obtenu cet avantage de la manière h
plus complette qu'on pouvoit k fouhaiter ; poifr
qurtes expériences ont indiqué différens moycal
p^r lefqueîs on peut aifément diflinguer de pc*
tites proportions de platine mêlées avec Toi «os
de petites proportions d*or mêlées avec la ptitine;
& par iefquds on peut facilement fêparer tes
deux métaux lun de l'autre , quelque bien «è-
lés qu'ils foient , foit pour rclTai , feuli
ou même en grand au hefoin*
P L A
11 fera utile de raffcmblcr Ici les principaux de
CCS moyens , ^ de les confidêrer plus partitu-
lîérement» par rapport à leur ufagc Ôt à leur ap-
.plication dans la pratL(|ue*
p L A
759
Amalgamation avec le mircurt.
& rèdu
r
■ Dans une expérience qui a été rapportée dans
^la dernière Seftion » ci-devant, un mélarge de
platine & d*or étant uni avec du mercure, &
KjVinalgame étant broyé avec de Teau pendant un
Ktemps confidèrablc , la platine fut rejetée par le
irif-arg^nt , cnais il retînt Tor.
ICe procédé fimple & convenable dans Texécti-
tîon. ^Raccompagné de quelques incertitudes par
tapport à Ton eATei , qui le rend d'un ufage moins
fierai , qu'il ne pouvoit d'abord promettre d^é*
irc* Des répétitions He cette cipérience , ont fait
"Voit que , quoique la féparation f^; faflTc dans cer-
tain cas , elle ne fe fait pas parfaitement dins
fous ; que s'il y a quelque particule de platine
qui ne foit pas pleinement diffoute par for , ce
qui arrivera communément , i moins que la quan-
tité d'or ne foit trots ou quatre fois plus grande
Pque celle de la platine > Si que le tisétange ne
ioit fondu avec un feu violcit , cette partie de-
meurera dans Tamalgame , non diiîoute par le
fnercuse , ni broyée par le pîlon , Sl trop pefante
pour être entraînée fous fa forme groflicre*
Divers mélanges de platire & d'or ont été trai-
tés de la manière ci-deitus décrite, 8c For recoa-
"wrà deramalgamc, fut foumis à d'autres examtns
tikérieurs.
Quand la proportion de platine éto'f gî'ande
d^abord , le microfcope dècouvroîi picfque lou
îours qu'après Tévaporation du mercure , il en
refloit quelques grains avec la maiTe fpongieuft
flW ; & même, quand Tor avoit été fondu &l
rendu afftz fluide pour être verfè dans un moule,
fai qitelquefots vu des grains dtUlnéls de platine
À la fra^flrtre du lingot : quand la proportii»n de
platine avoir été petite , Tor recouvré fe trouvoit
fréquimmcnt pur, mais pas toujours.
Il paroît donc que, quoique le mercure ait une
plus grande affirjlté avec Tor qu'avec la platine ,
et que la plaîine , d'après ce ptincrpe , foit ca-
pable d'être féparée d'avec Tor , le procédé eft
cependant trop vague Sl trop incertain pour être
applicable par manière d'eiTai ; d^aurant que nous
ne pouvons pas avoir de point fixe poi:r le dif-
continuer, & que nous ne pouvons jamais être
fûrs , fans faire un autre eff'ai , fi toute ia platine
aéré féparée ou non*
Cependant , lorfque les quantités rie platine &
d'or i féparer font grandes, ce moyen peut erre
utile , comme opération préparatoire ; puifquc
FoD peut par-làdétacber, lans beaucoup d'embar*
rast U plus forte partie de la p^aùne ^ ô£ réduire
for dans un plus petit efpacc» de façon qu il puiffe
commodément être fournis à urie purification ul-
térieure , par la méthode que nous indiquerons ci-
après.
On peut confidérer ce procédé » comme répon-
dant au même but , par rapport aux mélanges d*or
Sl de platine , que le broiement & le lavage de
la mine métallique, qui ne peut pas être réduite
en mèul pur avantagcufement dans le fourntau ,
que Ton n*en ait préablement féparè une grande
partie de îa matière tcrreflre ou pierreufe \ au
moyen de Teau.
Pour apurer le fuccès , on doit rédujre le
mistte , Vil efl affez friable pour être pulvênfé ,
en une poudre irès<iine , dans des moulins à
broyer , ou dans un mortier de fer ; on ptut en-
core faciliter la pulvérifation , par le moyen de la
chaleur « parce que les grains de platine feuls , &
leur mélange avec d'autrtis métaux , font infini-
ment plus fragiles quand ils font chauds , que
quind ÎU font tVoids ; ou bien , ce qui efî en-
core mieux Se plus facile , on peut fondre le
miïte avec une quantité convenable de plomb
Si foumettre ce compofé à la trituration avec le
mercure Si ce qu*on dît c/l vrai , qu'on a négligé
certaines mines d'or comme iniraiiabics , à caufe
de la platine qu'elles contenaient , ce dernier pro*
cédé pouiroit devenir d'une pratique très-impor-
tante 6l crès-a^antageufe.
Précipitation, par Us alkdts fixes végétaux*
Comme les fels alkalîs fixjs font précipiter l'or
en totatiié , 6t la pUtine feulement en partie , fie
qu'une petite ponîon de plaijne redante en dif-
folution , fuffit pour donner une couleur jaune à
une quantité très conftdérable dujiuide , on pré-
fumoit qu'une petite dofe de platine , mêlée avec
l'c r , pouvoit ailement fe découvrir par ce
moyen.
On a donc mêlé quelques gouttes d*ane diffo-
lution de p atine , avec plus de cent fois autant
d'une folutlon dW , ôc on y a ajouté par degrés un
fet alkali pur , auilt long- temps qu'il y a caufé
quelque cflfcrvefccnce ou préci^juati on, La liqueur
reilame étoit encore fi juine , que Ton jugea
que la platine fe feroir décelée elle-même, quand
même fa proportion auroit été moindre qu'une
mil ièms partie de celle de Tor*
On peut obferver que , quoiqu*il foit ordinaire
de délayer les folutions métalliques aflTcz abon-
damment avec de Teau , pour les iprécipiter ; ce^-
pendanr , comme nous n'avons ici bcfoin que de
voir (i la liqueur confervc encore de l.i couleur
après que le précipité cft entièrement dépofé ^
moins k liqueur eii dHayce, pins oo fera eu
P L A
ètn de diftinguer une plus petite quantité de ma*
ticre colorante.
On a objefté contre rexpériencc ci-deflus ,
que , quoiqu'on pulfTe découvrir la platine quand
elle cft ainfi mclée fuperficieUement avec l'or ,
elle pourroit cependant éluder cette forte d'effai ,
quand clic y eil combinée plus intimement par
la fufton.
On a donc prU des mélanges d*or avec de pe-
tites proportions de platine ; on les a tenus en
fufion pendant plufieurs heures. Se enfuite on
les a dilTous dans Teau régale.
Les folutions furent délayées confidérablement
avec de l'eau , & on y ajouta peu-à-peu d*une
{blutian de fcl alkali nxe pur« tant qu'on y a
appcfçu de rcffjrvefcence ou de répaiiliffe-
ment*
Les liqueurs fc font trouvées plus pâles , que
quand on avoit dilîous les deux métaux féparé*
ment , miis elles conferv^iem aflez de couleur
pour annoncer la platine.
Comme le degré de couleur o'étoît pas fi grand
ici, qu'on auroit pu Fattcndre de la quantité de
platine , qu'on ayoit raifon de croire que le mé-
lange contcnoit , j'ai effayé d'y découvrir la
platine par quelque caraâére plus viûble.
J'aî mîi quelques plaques d'étain pur dans tes
liqueurs filtrées i l'étaîn prit auiîi tôt une couleur
d'olive , 6l dépofa une quantité abondante de
précipité brunâtre # comme il a coutume de
taire des folutions communes de platine : il étoit
remarquable que fouvent les plaques recevoient
une altération fenfible » même quiod la liqueur
étoit fur chargée de fcl alkal'*
On a fuggérè de plus , que puifque les fels al-
kalis iixes précipitent une portion de platine auffi
bien que l'or, s'il ny a que cette partie mêlée
avec Tor, ellj réfiflera à cet elTai , & fera encore
rcjetîée en enbas par les alkalis^ en même-temps
que l'or , d*avec la folution du compofé.
Pour déterminer ce point, j'ai fondu avec de
Tor un précipité de platine fait par ralkali fixe ,
& je les ai tenus dans une forte fufion pendant
une heure 6c demie, lis ont paru s'unir plus ai-
fé aient que ne fait Tor avec la platine crue , 8c
ont formé un bouton net & uni , qui a fouffert
aiTt-T bien les coups de marteau , s'eil étendu en
une plaque mince avant que de fe gercer » & a
paru égal 8c uniforme en dedans.
Ce compofé ét^nt diffous dam de Teau ré-
gale f fa folution délayée dans un peu d'eau, 8c
une folution de fel alkati 6xe y étant ajoutée
j»ar degrés , jufqu'à ce que l'acide en fut plus
que faturée, la liqueur e(l devenue, non pas à la
la vérité fans couleur , mais fi pâle, qu'on pouvoit
à peine juger qu'elle contint de la platine : ce-
pendant, en y plongeant quelques bmes d'étain ,
p L A
eltes Arent bientôt connoitre « comme dans ta
précédente expérience , qu'elle coaienoii une
quantité de platine fort coofidérablc.
Il paroît donc que , dans toutes ces cxpcriencci ,
la platine demeure en partie di (Toute dans la ti*
queur neutralifée ; & que , d'après ce fondemeiif
ou en peut découvrir de petites portions mèto
avec For , foit par la couleur de la liqueur après
la précipitation avec Talkali , foie d'une manière
encore plus fenfible » par une autre préclpttatiofi
de plus avec Tétaiiu
Dans toutes les fxpériences ci-deflfus « les fo-
lutions écoient délayées avec de l'eau ; ce n*eS
pas qu'on recommande' cette clrconflance quaiit ,
il s'agit d'examiner Tor aind , mais cVlt atiiiJ|H
pouvoir établir , aTec plus grande certitude , I1b^^
lité de cette forte d*euai.
Les fels, ou les efpi^ts alkalis Tolatils, produi*
fent le« mêmes effets que les alkalis fixes Cut lei
folutions de platine ; mais leurs e^ets , fur les Pv
luttons d'or , font diflércnis en quelques ciccouf*
tances.
Apres que Tacide a été faturé « Se que toct
Tor eil précipité» fi on ajoute encore un peu d*it*
kali volatil au-c^elà de ce point* U redtflcNlt
quelque partie de Tor, de manière que la liqueur
redevient encore jaune » quoiqu'elle ne contienne
plus du tout de platine, Ceft pourquoi , pour faire
eiTai , il ne faut fe fervir que des alkalis fiies
purs ; car à l'égard de ceux-ci , en quelque quio*
tité que ce foit qu'on en ajoute , on n'a jamais
trouvé qu'ils ûfTent diiToudre de nouveau aa*
cune portion de l'or,
Prédphaûon par ralkali fixi minéraL
Les alkalis fixes végétaux ne -fervent que poot
diftinguer s'il y a de l'or mêlé avec la pbtinç ou
non. Ils font infuffifans pour la purification du
métal précieux , parce qu'ils précipitent toujours
une partie de la platine avec l'or. Il o*en tft p»f
de même de l*alkali minéral ou de la bafe alki*
fine du fel marin.
Quoique cet alkali > commme il paroi t d'après
les expériences de Marggraf , précipite auffi bieil
que l'alkali végétal , tous tes corps métalliques
communs , l'or , Targeni , le cuivre , le fer , Té-
tain , le plomb , le linc , le bifmuth ^ le régule
d'antimoine ^ le cobalt , âcc. cependant il ne pro*
duit,fur la folution de platine, ni précîpiratioo i
ni épaifTiflement ; de forte que quand on nik
cet alkali avec une folution d'or qui condeot de
la platine. For fe précipite, & loitte U
refte dilToute,
On trouvera dans un mutre lieu , la mil
d*extraire cet alkali de l'acide avec lequel
uni dans le fcl mâtin , parce que cela ioti
I
I
P L A
proit trop notre Hiftolre en cet endroit.
* On trouve Talkali minéral natif eo beaucoup
d'endroits, & fur-t^ut dans les pays orientaux »
foit dans un état a iTeï pur, Çok mêlé principalement
avec des fubÛances terreÔrcs , d'oii il eft aifé de
le réparer par une folution dans Teau. M. He*
berdeiï m*a fait le plaifir de me donner une
quantité de ce fcl natif qui lui a voit été envoyé
de Tenerîffe ; & je troove qu'il répond à Tin-
teniion , auïïi efficacement que Talkali extrait du.
fel marin*
La foltitioiî de pîitine a fait eflfervefcence
avec lui : dans quelque proportion que j*aye
mêlé cnfemble la folution de Pâîkali & de la
platine , je n*ai jamais pu remarquer la moindre
précipitation , ni le moindre nuage.
On obiicnt un fel de la même nature , quoi-
qu*en général mêlé de quelques matières faiines
étrangères , dts cendres de certaines plantes ,
appelées kali ^ qui , croiflant fur-toHi dans les
marais falés ou lur le rivage de la mer , s*y
imbibent , à ce qu'on fuppofc , de fel marin ,
& font décompofécs ou iont féparées de leur
acide , en panie par le pouvoir de la végéta-
tion dans la plante clle-mêm^ » & en partie en
les brûbnr,
La m jilleure cfpéce de ces cendres j fe pré-
pare , dit-on , à Alicante en Efpagne , avec une
pLnte annuctle tombante ^ dont ks feuilles font
courtes comme la joubarbe. Les cendres , qui
font une des cfpéces communes de poraiTc en
France » & qu o:i y apptllc (ôuIq (/^i-j) t nous
font apportées en An^lett;rre fous ie nom de
cendres £Fff^u^ne on Ba i^lia ^ en malTcs dures
& fpongitfulcs , en parue bla.ichiues ou grifes ,
&C en partie noirâtres.
On extrait de ces ma(r;:s la partie faline pure
en les pul^érifant & les digérant ciaus de
Fcau.
Quoiqu'on puîfTc foupçonner que ce fcl , en
vertu de ce qu'il contient non fcukment la kali
minéral , mais encore une partie de Talkalî vé-
fétal , précTpiieroit une partie de la platine auïTi
ien que Tor , je n*ai pas pu trouver que U
folution de plaiine en fouffrit la moindre alté-
ration f pai plus que des alkalis natifs ou
marins.
Je n*ai pas encore eu urte expérience directe
jaifqu*OLi ces fels peuvent fnllire pour la Dpar^-
fion parfaite de lor &C de la p1;iiine , qui ont
été intimement incorpoîés enfcmble par la fu-
fion ; mais il peut être à pmnos d obrcrver que,
ouoiqu'cn général on fuppote que Talkali natif
& le bariglia conritnneni un peu de ft^l marin
dans toute leur fuMlantc, ce qui les rend peu
propres à ccrt-Vms uO^;',* , ce f^^l ne paroîi ce-
pendant ici être d'aucun, défavant^^gc ; car le
fcl marin pur n'a point occafionné de précipita*
Mru & Métiers, T«me K Paru IL
P L A
761
tîon ou d'épaiflilTement dans une folution de
platine , pas plus que dans une folution d'or*
La platine qui fut employée dans ces expé-
riences , étoit de celle qui avoit été coupellée
avec du plomb , & cnfuite pouiTée à des feu«
vifs 8c réitérés.
IV. Prcclphéitlon par le fet ammoniac.
Dans les deux articles précèdent les fcls alka*
Us précipitent Tor & laine ni la platine en tota«
licé I ou du moins en partie» difî'outc dans la
liqueur.
Le fel ammoniac produit un effet contraire ,
précipitant une grande partie de la platine & laif*
fant tout Tor diffout ; & d*aprèi ce principe on
peut découvrir la platine dans Tor auÔî fôrement
6c auffi aifémcnt que par Tautre,
Le métal étant diiTout dans Teau régale, ajou-
tCE-y un peu de folution de fel ammoniac faite
dans de l'eau. Si l'or contient de la platine , la
liqueur dans Tmf^ant deviendra trouble ; & il fe
précipitera bien vtte au fond un beau précipité
jaune ou rougeâtre. Si for eft pur, il ne fe fera
ni précipitation t ni aucun changement de cranf-
parcQce*
V, Séparation par 4^s Vqueurs mfiammdlrhs.
Les efprîts inflammables qui font revivre Tor
de fa folution fous la forme d^ pellicules jaa-
nes , ne produifent aucune aflion fur la folution
de platine.
Cette expérience produit une marque certaine
pour d»<>ingucr fi Tor a été faUihé pir la pia-
tine, ou fi U pUiine contient de Tor ; c*eft pa-
reille ment une mcthode inf^iilliblc pour recou-
vrer l'or dans un degré de pureté parfaite.
Si on dilTout le compof^ dans »ie l'eau régale,
U folution nulée a*ec deux fois la qua/itîtcou
mhmc plus d^tfprir de-vin reflific , & k mélange
éiant I^tlfé en repos quelques jours dans ntx
vaU de verre légèrement couvert ^ IW s'élève
à la furfa^e , 6l lal^e la platine en di^olu-
tion, *
On peut ramarerjt's pellicules d'or, en vcr-
fant ic tout dans un nlrrr; a(ïez ^rand ttjut jurtc
pour le confenir. La p'atine diffbute p.affcra ;«
t^rrs , lanTant l'or lur le papier , qu'il faudra
îaver avec de nouvelles portions d*cau chiucfc
jufqu'à ce que la liqueur c^wie au travers, par,
faltemcnt fans couleur, •
Alors on prefTera enfemMe tcs\Tt le pr^p icr. Se
on le fera brùicr danf un ocufj:t , qu*c n aura
auparavant bien froué cn-d^:dans avec de la
craje , pour empêcher les plu« r>«jtîfes panîculci
Ddddd
762
P L A
de Tor de fc loger dins les e;iYités ^ quand
lonte la matière aura tout àf^it tombé au
fond ^ on y ajoutera un peu de nitre , &
9n augmenttra le feu a^n de merrre Tor en
Ce procédé cft fuîvî d'un inconvénient ,
cVft la lenteur de h féparation de Tor davec
la folution.
On peut , en queltfue forte, accélérer Topera-
don ^ en y employant un efprit qui ah cfé di{-
tîllé àt fels yégéraun qui donnent une huUe ef-
fenticlie.
On obtient plus prnmptcmsnt le même réful-
tat avec des huiles erïTentieUeft pureSi Le métal
qu*on veut examiner étart difTout dans ï*eau ré-
Î[ale , ajoutez k fa foktnon environ la moitié de
a quantiié de Quelque huile eiTenrielle fans cou-
leur ; sçitci le tout enf^mble , Scenfuiit; laiS'ez-
Je repoler-
L*hullc morte auflitot à la furface , emportant
Tor avec elle , âc biffant au-rclîous la platine
dif^oute dar.s l'acide, L*huile chargée d*or par oit
dune belle couleur jaune, & en repofant quel-
qties heur s , elle feete une grande partie de Ton
métal en filaedr^s brillantes fur les côtés du
Vafc.
On peut , avant que cette féparaîlon ft fa Te ,
féparcr 1 huile d'avec Tacide ; (ecoutx bien avec
de Teau pour entraîner les parties de la platine
qui peuvent y être adhérentes, & enfuite remet-
tez fur le feu dans un creufer*
Quand le tout fira bien brûlé , vous fonderez
le réfidv avec du nirre » comme dans Tcxpè-
rience précédente. Aprè^ la féparation de T huile
qu'on a voit employé d*abord , il fera à-propoî* ,
pour plus de fûretè, d'en ajouter encore un peu :
elle tmporteta fans y man [uer , ï'or , fuppofe
qu*il en fût reAé quelque portion dans 1 a-
cide.
L'or peut s'enlever encore plus promptement ,
êi peut être plus parfaitement , par le Huide fub-
til appelé éïher ou efpritde-vin éihéré » dont on
a déjà décrit la préparation dans rHiitoire de
Ter.
Quoique ce fluide foît trop coûteux pour être
employé à la purification de for dans la vue du
commerce , on peut s'en fc^ir pour cflayer l'or
qu'on foupçonne d être altéré avec de la pla-
tine. ^
En effet , les purifications avec les efprits vi-
neux ordinaires 6l avec les huiles eiTentielks ,
ne doivent pas fe recommander au rafineur : il
fe trouvera beaucoup mieux pour fon protit de
la méthode qu'on va lui Indiquer dans rarcicle
fuivant.
P L A
V I. Priàpltûtlûn pâ9 U i^Urlot vtn^
La méthode la plut efficace 8c la plus avanta-
ceufe pour purifier Tor des corps méulliques qui
fe trouvent con.munément mêles avec lui , patot
être de le di^oudrc d^ns de i'cau rè^le , tk de
le précipiter avtx une grande proporiiou d'une
foiutton filtrée de vitriol vcrr, Heufcufemeni le
même procédé le purifie de U pta^irc, la f>!o-
lion virrioliquc pécipitant Tor <Sl laiiTant U pla-
tine diflbuie.
Apres lien des répétitions de cette expérienct
avtc des mélanges de difiércmes pi oporti laî dft
deui métaux, je n'ai j mais pu trouver qu'aa*
aine panie de platine . tt été précipitée aVw*c T'ir ,
rï qu*aucune partie de Tor foit rtflée diHou'e
ivcc la p!a ine,
M. Sib^ifer ei! le premier qui ?it découvert
ctttc propriéré de la platine , dz n'ciiC pas préci-
pitée par le virriol vert, & h corféquci' *,e im*
portante de ce fait ne lui a ^ o^ot é<.hapv^. fl pa-
ru t cependrint penfer que U précipitât on de ror
par le vitriol , 6i le lavage parfait du p^écipifè
dàn*i de l'eau , ne fuffil'ent pas pour purtii.r Côfli-
ptétemcnt Tor de la p'^ i^c ; &. confciUe cocore
une autre opérattOTi , qui eft d'amalgamer avec
du mercure le prévipiié lavé ; procédé qi î oe 0e
paroit point à moi « être du tout néce^aire.
Expémncis fur les pjrilcuUs jaunes miUts évu là
platine.
Les particules jaunes erUfemêlécs d*?ns la pb*
tine » telle quVIle nous parvic i , ont été ^nfci
pour de Tor , non-feulement par moi , mars par
tous ceux que |e fiche qui ort examiné ce mé-
tal t excepté firuUment M. Marggr^f, qui dit
qL*eltes reiïemblent k de l'or je plus an ; mais il
n'infiuuc nulle part qu'elles foient de Tor ; 6t
même il rapporic quelqi.^s expériences qui (cm-
bient prouver qu'elles n*êtoicnt pas ce qu*elks
paroiflbicnt être.
Il a verfé , dans un vafe à départ, de Peati
régale îur quelques-uns de ces grains jaunes , flt
les a mis digérer enfemb'e. Mais ciuotqu'U ait fait
bouiDir l*eau régale , les grains en furent peu i^
fc^éî , la U^uctir recevant à peine une teinture
JRune , ôi une folution d'étaîn n'en faifaut ri
précipiter.
Ayant trié les graîns latines d'un peu de pUt^
qui avoir ét^ traitée avec larictic , le fd iUm-
brot , C c. Il les mêla , leur q fantft^ ènw (ort
petite, av:; rf dem -dragme T^r flftglh, & les
coupeila avtfp le plomb.
I
I
P L A
Le procédé fini, le bouton renam fc trouva
d*UJi noir grifâtre , applaii , & gerfé fur les bords ,
coinrQj& ceux qu*on obtient en coupellant la pla-
tine crue, & pefa environ un demi-gralm ,
Ce petit bouton fyt mis fiw une nouvelle cou-
pelle avec un grain d*ûr ijui avait été féparé de
I*argent , fit vingt grains de plomb en gre-
naille.
Après Topération il eut un beau bouton d*or ,
cependant encore un peu plat , roulé , Si avec
«ne efpéce de réfeau fur la fur face , d'une cou-
leur comme celle de Tor , m^is plus pâle , pe*
fant exa&ment deux grains , dur en effet, mais
Cupportant afTez bien d'être réduit en une pîa-
que*
Il y ajouta quatre grains de lame d'argent le
plus fin iSc vingt grains de plomb en grenaille ;
6i en répétant la coupellaiiou , il obtint un bou-
ton qui n éioic pas encore loui-afait rond , 6l pe-
fa nt cinq gmins^
Il rapplaiif, car il étoit fort malléable; & ef-
£aya de le dé artir avec de Tcau forie purifiée ,
après l'avoit fait rougir. Miis rcau- forte , quoi-
Î|ue chauffée jufqu*à bouillir , n agit pas fuffî-
amtncnt diffus ; cefl pourquoi il en vtrfa Teau-
tbrte» 6l trouva la plaque fort peu attaquée.
Après ravoir lavé pluficurs fois avec de iVau
dldîUéc» 6t l'ayant tiit chauffer jufau'a mugir ,
il pefoit quatre grains , tk fut trouvé c:^ffant ; a
peine avoit-il un œil jaurâtre. Il y ajouta encore
£x grain> d'argent fin avec vingt grain* de pïomb
eo grcnaiUe, ik le repaffa à la coupelle: le bou*
ton pefa treize forains Si conféquetnment a voit
gagne un accroiCLment de troi> grains,
h étoit fort malléable , & ay^int été applati ,
mh au feu ^ufqu'â rougir , & digéré dans de feau-
forte puiifiée ; Teau* forte Tattjqua vivement ,
laiilant quelques paques noires » ce qui étant Livé
â^ mis chauffer fous une moufEe , parut d'une
belle couleur d'or , & pefa un grain,
Djns cette dernière expérience , il cft proba-
ble que la pctitetle de la quatïtitc de matière a
occauonné quelque inéprik.
Si on en conclut que les particules jaunes
n^étoient pas d'or , parce qu'ion a retiré for
qui a été mêlé avec elles fans aucun accroiffc-
ment ; il faut conclure par la tnè me rai Ton, ou que
ce n*étoit pas de la platine , ou que la platine
a été détruite dans la coupellation ou diffoute par
p L A
763
K IVau* forte pure.
L'expérience avec Teau régale femblc fu jette à
la métne difficulté ; car fi les grains faunes n'é-
taient pas de l'or , pircc qu'iU ne fc font pas dif-
Tous danr de Feau régale , par la môme taifon
ce n*étoit pas non plus de la pUtJte » ou bien la
platine ne fe diffout pas dans Teau régale.
J'ai dcja fait mention d'^s faits qui m'ont fait
croiie précédemment que lc& pirticul.s jaunes ,
mêlées avec la platine^ étoîcm réelletnent de
lor. Fai répété depuis ces expériences avec le
même foccés ; & j'en ai fait une autre , qui peui^
être fera jugée plus décifive.
J'ai placé fous une inouffle , dans trois vaif-
feaux à fcorifier, 12 onces ou 576e grains de
platine riche en particules jaunes \ je les ai tenu
à une chaleur forte & rouge pendant deux ou
trois heures , afin de diffiper tout b mercure 6l
autre matière étrangère dont pou voient être en-
veloppés quelques-uns de ces grains jaunes.
£n{uite ayant trié toutes les particules jaunes
qu'on pouvoit dîAinguer avec une abonne loupe ,
ce qui occupa deux perfonnes pendant fept eu
huit heures , leur poids fe trouva monter a 47
grains : il y en avoit de jaunes par- tout ; d'au-
tres ne fctoient qu'en partie , & du rcfie fcm-
b aMes aux grains de platine.
J'ai fournis ces particules triées à la coupella*
ti^n , avec un peu plus de troi> fois leur pefao*
teur , c'eft-à'dire » avec 150 grains de plomb ,
qui , en ùx cfTais différens , a voient donné une por-
tion d'argent montant à une 95 ^î^ ou une 9517*
partie de fon poids.
La ma (Te coupellée fut de la forme d'un harri-
cor, grife , rabotcufe » caffante, avec une cavité
dans la p^triie intérieure, corrcrpondante i la
forme de l'extérieur, La maffc ayant été brifée
ea pièces , fut mifc fur une coupelle nouvelle ,
& pouffée à un feu très-violent pendant cinq ou
fix heures. E le fe trouva moins caffante qu'au-
paravant f fe lima uniment , 8c parut d'une cou-
leur jaunâtre pâle.
Enfuîte ayant mis le métal digérer ù. bouillir
avec de Tcau régale dans un Ûicon de Florence ,
la plus grande partie fut d fT^ute, Si il refluai
fond du vai^eau una pettfe quantité de poudre
blanchâtre > qui étoit prubalkment de l'ar-
gent.
La fûlution de couleur d*or étant verfée dans
une folution de viiiiol vert , il tcml a bientôt ati
fond un piccipité f<^mblable à celui de Tor,
Après avoir laiffé ainfi le tout jul'quVu lendd*
main ^ afin que le précipité |,ût fc dépofcT entiè-
rement , on décanta la plus granule partie de la
liqueur, & le rcile , avec le ptccipité , fut vcrfè
fur un filtre.
Quand la liqueur eut coulé à travers, on laTi
la poudre qui éioit reliée fur le filtre > avec de
nouvelles portions d'eau*
QuanJ le tout fut fcc, on mit le filtre avec le
précipité dans un crcyf t d'eiïai ^ 3c on /cnrietînt
à une chaieur rouge , juTqu'à ce qu'un ne vit plus
de lil««mmc ni de ium^e.
Alors on y jeta du nitre peu à peu ; d'jbord
il fe lit une fulmirauon ^é^ète ; à !a lorgac le
tout latut dâfis une iufion tranquille « jC étant
DdJdd il
764
P L A
verfé dans un moule » j'en obtins une maffi d'or
pur, haute en couleur, malléable, pefa^it entre
18 ou 19 grains.
De l'HiJtolre minérale de la platine.
On ne fait encore rîen de certain iar Thiftoire
minérale de ce métal. Quoiqu'il foii nouveau
pour rEurope , THiftoire même de fa découverte
eft auffi obfcure que celle des métaux de lufage
\i plus ancien : on peut préfumer que le peu da-
vantage qui promettoit en devoir, réfulter ^ canfe
de (on difdut de fufibilité , Ta fait négliger d'a-
bopd ; & que les intentions frauduleufes aux']ucl- '
les on a trouvé enfuite qu'il fe pouvoit appli-
quer , furent caufe qu*on chercha à en dérober la
connoiiTa ice.
Qu-lques-uns prétendent quî la platine eft une
produflion des Indes Orientales auflfi bien que de^
Indes Occidentales ; & que fon analogie avec For
a été connue audîd.-puis un temps conddérabh ,
dars les premières j au{Ii bien qu;? dansjes der-
nières.
Ce qui a donné lieu à ce fo'ipçon , t*eft qu •
feu M. S'gravefende , profciTtu. , a •oit en fa pof-
felTion un cor js métallique fort lourd , qu'on ef-
timoit même pli.s pefant que Tor ; & qu'on f.ip-
pofoit être un mélange d'or & d- pliiine, quj
l'on difoit avoir é.é apporté de la Chine p.^r les
vâiffcaux HolUndois dcr la compagnie ds In its
Orientales , & y avoir été venJu à un prix très-
coiilidirab'e.
Le dt)if^eur Brownrîeg ra'app-end cep^nda' t ,
qu'.iyant fait depuis pju des recherches en H ^1-
h'-'^e (\\r cetti fubft.mce , il avoit ppis d.i pro
fflVeur A'icmand , que c'cfl à ia venté un mé-
lange de pl.itine & d*or ; miis (jU'il y avoir de
rerreur par rapport au pay d*où il étoif' venu
q:ii l 'étnit piî les Indes Orientales, mais Ls In-
des Occidcniaies.
Il paroit hors de doute que la p'htine qui a
été apportée en Ano^ieterre ell du produit dc.^
Infle> Occi<lcn:ales E'p ^ro'.es ; mais li s'en faut
bien qu'on cont.oiiTe cl.iirjment cans qut.K lieux
paiiciliers elle vient, ni ft.us qu'e.le forme on
l'y trouVv*.
Q .w^cju suns prétendent qu'on en troi:ve en
grande abon lance con-me le '*able dans ccrraines
Tiv.è''<-S de 11 province de Qujtr. Une perfonne
qui a voy.igé far IvS lieiix m'a app.is qu'elle ve-
noit de» montagnes près de Qviit© , ou entre
Quito & là mer du Sud ; qu'une grande partie
delà terre qui «ft au pied de Cffs montagnes en eii
couverte , p:irce q^e les rorrens qui viernti.t
avec de grolfes pluits, entraînent le miaéral avcc
eux.
Une autre perfonne qui efl intéreffée aufTi dans
PL A
fon exportation , a afTuré qu'on la trcovott Jaot
le Pérou , dans, une mine d*pr qui avoîc été pré-
cédemment détruite par une innondation , & def-
féchée depuis- peu ; & qu'on ne favoic pas fi
originairement elle étoit contenue dans la mioey
ou fi elle y fut apportée par l'innondatioD.
On a rapporté, & fans aucune conrradiâion,
toujours depuis le temps que la platine a été con-
nue ici, que pour empêcher les fraudes qu'en
pouvoit pratiquer avec une fubilarce douée de
ces qualités y le Roi d Efragne avoit ord( nné de
combler les mines qui -a tourniiïenv ; (î on prend
ce rapport à la lettre, il femble (ignifi r que la
platine ne fe trouve pas abondamment fur U fer-
face de la terre.
Quoi qu'il en puiflTe ê?re, foît q*ie la défenfe
ait été faite d'exploiter les mines de platine, oa
d'expoiter la platine qMÎ étoit en évidence , oa
. tous les deî.x enfemb e ; on peut ohfervcr q.iCD
répendant même la re'ite quantixé qui a été rendue
ptib ique jufqu'ici loin de iToduire aucune mao-
vaifes fu tjs , Ça été un moyen d'empêch-r autfi
efficacement les abus auvqueU la pl?tiiic nauroit
pa^ manqué de do-mer occafion. Ta* dis qu'elle
ptoit coiifiiée l'a is une partie fcu'e du monJe ,
&. qu'en généra! on "g loroir p r-iout ailleurs Texif-
icnce d une te L fub'lanc .
Din< les mémoires qui ont été préfentés 1 la
Si^ciété R ya e aulTi-tôi apré-i que la platine fut
arrivée a Lo dru s , il <ft r..p:>orté qu- l't n avoit
':risen pai. menr f'equelques E*pignols,derorqui,
et nt inéé d^ platine, étoit fi callant,que Tonne
pouvoir en rien fa.re ; & que n'^ya^r pu être
affin: à Loiidres, il y ttOit rerté inutile.
J'ai éé mfjim* que les affi leurs Hv^liandois
à Dort ù font p ai^t depuis lo ig temps dj ren-
contrer de l'or fa'ûfié î'Vec une fubOance qu'ils
ne vouvoient pis tn fèp.rer,à q.ji ils avj-.ent
donné le nom de di bj!us méu.lorum , ( dubledes
met X , ) 6l v^i.' > j «ient ailaelem^nt n'jvoir
pas et t au e chofj ^ue la platine ; 6i que ros
Jouai lies, depuis bien des années, ont évi:é
de fw fervir de l'or des Ef j.ignoU pour aucuns o^-
vr?.ges curieux , parce .u'il étoit fiéquem'nent
n^.ê é avec u:ie (ubilance q li le rend introït bc,
ik qui eli fouvenr vifihL' a I œil par de pt :$
grains diftind-» fembl b es à ceux d? pi -i' ;
comme fi I or eût éé foidu à un degré de c*u-
leur trop fo blc pou» d {foudre parrai.wnuii «1
platine , qui étant diiVoufe , auroit donné à la m-lTe
une mauvî^i c couleur.
Plus la plaine eft devenue connue , moins il y
avoit à craindre aucunes fraudes de cette efpéce;
& nous n'avons à prefent rien à redciitc .
Les ex ^ériencts déjà faites nous ont découvert
des moyens acHes po;ir diftin^uer avec certi-
tude , l'or falfitié avec la platire , & pour dè^ur-
tir complettement les deux métaux , de qu;:lqce
L
P L A
minière qu'ils aient pu être mêles enfemblc ^ pir
hafiird ou à deucla.
Uî»ffina^e de Tor d'avec la platine neÙ. pas
plus difficile maintcninr , que de le purifier de
fout autre méral.
L*opînion gi^nèralceft que la piattne fe trouve
fous la mèdic forme qu'elle nous eft apportée.
L^S obrcrv*iio;is fur Tapparence dts grain> &
fies maiié'C'i qui y ("*r\\ miléos , d-mi j'ai fait
rnrion uu commerc mmt de cet eiT.i , mont
porté à crnire^ au prem.er ex^m^n , qnVUc îivot
éîé bradée au m >uUn ^vec du m rcure. M»rg-
Ig-af dont ^a parnc venoit de Lo d cj, ik pr*»-
b^blcment de !« iriumc provifion que celle «lans
liqucL' j*avoî*^ reinaf(:iu; C^s goutcv de vif ar-
Ecr , ptr-»Ji ^ivoir coi ç < un foii_ç jn de l.i mcmc
ferf(iè.e ; car il doute li la plitiae cjI un mincrdl
flittf , ou un fée ément ïTiéM«liqu;r dont les E^'pa-
gnoU o/!t extrait le métal parfait qu'il cont.-
J^i été »nf<?rmé depuis que le vjf-argent qire
nous y ^vîorj>r<im r fuî, ^ qm Dr-s dnj ea^'nir
|fr»ip^»é XLrtigrat -ai tfi bu n que moi, n'ctoit point
fveou des Indes ocù tcni.*!-» mé é avec la pla-
riifie , mas y ^v mi et^ ajoat^i p r le Dro;^iètaifc,
[daas le dc^ein d*en lirer les particules d'or.
T y a ccpend:»nt des rei.itioo^ qui fcmblert
i'jpiiyer l,i conjcfl irc cî-ictTus ; r*v*-»îr , que la
jïlarine fe trouve «n grolTes itudes, & qu'on l'a
Se *uit en gr ins unis à force du* la biittre &L de
Ila broy r ^u nir^u'in*
Dom Antoine de U'ioa appelle la pïitîne une
pierre ; or il p;iroït afuîz ditH ilc d;: dorrnsr ce
ïïiom à une ftjhflince en peut* grains, itlie qu^un
nous ajtpor:e la pla'ine.
U.loa eft le premier auteur que j*aïe encore
rcncofurè qui aii farîé de la platine tous fou
ne m»
Dins nn vovaii^e q'i*il fit dins TAmérique mè-
rîdio-iale en 17^5 Si Us années fui vantes, îl n-p
f>rti', en partat-t des mines d'or Se d'.irgcat de
Juno , quM y a dans le te ritoire de Cht>co ,
flics min ^\ oii '^orf.: t'Ouv*£fi enVkfioppé dans d'uu-
^tres ftjl fti lte^m;n*r^le^., ti^s bitumes & des pi?r*
1res, qu on vfl oVMgî d* mploywr le vif .irgcnr
p Mir l'en ftpnrer ; que quelquefois on trouve
é'- r brtanccs manér-iks qu'on aime mieux «ib.*n-
donn^r, parce qu'elles font mîlèej avec h f h-
'tînc i q e cctt- planne tft une jiierre ( pkdra )
é'uns iclL rcfirta^ce, qu'un co .p du mate^it, a
de la pe ne à U c^/Ter fur W nclume ; qu'clic
n'cft p*^'* t fjfcej.*tibl- d c.Juinat on ; 6t qu'il t (l
fart dffi:i'c à\^ txun^c le métal qu' lie cor-
fient, m.m^ avec beaucoup de travail & de dè-
pcnfe.
Quelques-uni ont (ow qoTini que Is ffd s
de! in^a ou //i:j , dccries pif le iTicme Ameiir
comme non [raniparcme^ , £k d'une couleur liC
P L A 765
plomb, 8t dont les anciens Indiens fe fcrvoient
pour f*É ire des miroirs, cfcîent compofées.dc pla-
tine mêlée avec un^ matière pierrcufe.
Ce minéral ne peut pas être le même à qin
il donne le nom de pLitme dans le paragttphe
fuî^Mnt ; car il fait mention expreiTémcnt que la
pierre dcl in^;a eft tendre , 6t qu'il ne faut qu'un
coup lég-r pour la caiïer,
La pierre w:a q(\ a^uell^ment fort commune,
& , comms obferve le TraduiSleur Frat.çois
des Mémoires fur 1* p'arine, ne paroit pas au-
tre cho'e qu'un mi^è^al ferrug-f^euif , de reTpccc
des pyrit':^s, ou plutôt du mundick.
Alonzo Bjfba i^àt mention d'une fubft:%nce
fou^ le nom de ihumpi , qiû p roir avoir plui
de rMr.mb'a'ice av^^c la pbtine de Ullua. Il dé-
crit \ chifrpî comme une p^e te dure de la* nr-
ture de 1 èmerti , qui tient de celle di f . r ,
.l'i-nt couîîur gîife & un peu brillante , fort dtire
a iraviilFer, p.rce qu'elle réfdlc beaucoup au feu ,
qui îi trouve au P vXi, à Chfyaca , ôc dans
d'.iuirs. lieux , avec d^s mi le* noirâtrcà & rou-
gcitrjs qui tiennent de l'or.
Sj U pbtitic fe trouve rcc^lem^ni tn groffes
maiTc*, foit communCm^nr, ou même de f^jis à
autre j on peut, avec raifon , coTnpier que ces
maiïLS font telles qu'on les décrit ici.
Ce!l peut-être aufl^rn tninéral de la même cf-
péce d'int pltificur^Kîiteurs ont parlé fous le
nrm d'émeril Eftagnol , fm u liifpani j, qui »
d'iprés le compte q t'un en rend , x mlXîiot
n'èire autre chofj que la p*atitie ou fa ma-
trice.
0(i dit que le /mt is fe trouve dm* les ml-
nés d'or, & que l'exportation en cil |.rohibLC :
qfuVlle contient de^ filandres ou veines d'or na-
tif; qu'elle e/i fort recherchée chez les Alchy-
mifles ; que fouvcni on s*cn eft fe vi poiir fal-
frfier l'or ; qu'elle fuppnrfCj .Ttr.fi que le noble
mhal , la couuclbti* n , Lt qvartstiOT» , rantimoinc
fc le ciment royal ; quVïle en eft fép3i;<)iV' par
l .imalgimaiion avec le m^rcLre, qui rv] tte le fni*
rj 6c retient l'or j pro rièiés qui Omr Ic^ c^tac-
tères condans de la pbiine , & qiii n*j parircn-
nent à aucune autre fdhftaace connut\ Becker a
fait mention de cette falNficuti m rie Tor p r r,v-
/ r i flu n/m irid s fi fp j m:i ^di*AhC*ïJ Mmera .t rcn aria
i^ il l'a indiquée bien d.s ivU dinj fa Py/^cj
A la vèriïé , WfcVer & St M appellent laus
deux la fuHftancc que l'or r\ -i: A: **êm'-»i( ,
une terre, au lieu que la plittin tft incont'Jla-
hlem<:nr un métal ; ma s cela n'«*fl'ojb^t poi> t t«a
tjuf nore fupjHfiiiou ; car ils dniTient auiTi le
nom d. terre a U f bilance qae le cuivre reçoit
d- la cataminc qs-nd tui *c ir.n%formt- en «ifai»t ,
laq elle eft aâavlUtncm cunnue po^ir être métaU
lique.
766
P L A
Cet ohfervatîOfïs m'onr condnît à foupçonocr '
que les émeriis d**iuro| e pouvoîç.'nt bien aulB
peut-être tenir une portion de platine. Si cela
étott certain , cela expliqueroii d*uiic manière fà-
tisfaifanie Tuûge qu on prétend que quelques
AlchimiAes ont fait d émeril 6l autres mines fer-
ru^incufes.
Nous n'aurions plus aucun lit:u de douter ni
d'tt e furprfs» qu en traitant Vot avec ces efpè-
ccs de minéraux , ils obtenoient une augmenta-
tion permanente ; que ct;tre atigmtntation , quoi-
qu'elle rcfifsât au plomb, à Tai-timoine, à Tcau-
forte , & atî ciment royal , étoit féparable, comme
ravoue Decker, par le moyen du vif argent, 6i
que quand elle excédmt certaine» bornes , elle
rendoif Tor pâle & c-ffant.
Si rénieril contient de la platine, j'ai imaginé
qu'on ie pourroit découvrir en faifaut bouillir le
mirerai en poudre dans du p'omb fi^ndu ^ & en»
fuite faifant partir le plomb fur le ttil ou dans
une coupelle.
L*ex|.érience a été faite avec huit onces de la
poi.dre b pins fine d*émerl ordinaire , Sl la même
quantité de plomb ^ que l'on couvrit de û u noir
pour em^.ècher la Icorification du plomb, ôi
qu'on pou H a à un feu violent pexiJant deux ou
irojs heures.
Le plomb devint dur, joi^*e, d'une couleur
obfcure , d'un tiffu ^renu^commc &M eût reçu
réellement d;; rémcril lin j^u de platine ; ; miis
à la coupelle il s'év^ipora prefque emièrement ,
ne lailTatu qu un era^n d'environ la grciï^îur d'une
tcre d*épingle , lequel n'éroit autre chote ^ fans
doute, que l'argent con etiu dans le plonrk
J*aî répéti l'expéritn.e avec quelque vati.itian ,
compiant obtenir une téfolutïon plus parfaite de
rémtiilen le vitrifiant avec le piomb. J'ai bien
mc'é enfemble deux onces d'émerd rin , êi fix
onces de minium , & je les pouffai fur un feu
violent à vaiffeau fermé pendant une heure : ils
fc fondirent Si formèrent un verre uniforme
d'une couleur brunâtre obfcure.
Ayant pulvétifé ce verre, j'y méhî quatre on-
ces de ftL aïk.tli fixe & un peu de charbon en
poudre , ÔC rendis le tout dans un nouveau creu-
fer y avec un peu de fel commun a la fur-
face.
Le feu fut fortement excité, mais la fufion ne
fe trouva pas fi parfaite que j'aurois voulu ; il
ny co eut qu'environ deuH^onces de revivi-
fiét
Ce p^omb a voit fouffert à-peu -prés le même
changement que celui de la précédente expé
rience ; & de même q^e lui » il ne donna au-
cune appirence de platine , après avotr paOe à
ta coupelle.
D parort rùfulter de ces expériences, que fé-
meril qu'on y ^voit eaiployc ué coutcuoit point
P L A
de platine , mais » comme on ne doit pas (mp-
pofer que tous les émcrils foienc de la mène
compomion . les autres fortes peuvent inèntcr
d'étie foumifes aux mêmes e0ais.
Comme l'or eft contenu dans certaine parcel-
les des minéraux communs, ÔC qu'on o'cn trouve
pas abfolument dans cous les individus de toute
une eipéce , on ptui bien de la même maniért
trouver de la platine dans certaines mines En*
ropéennes , quoiqu'on n'en ap^ier^oive ^is b
moindre trace dans d'autres parcelle» de La nênK
efpece de mines.
Ohfervathm f,énéraifj,
L'Hiftoire précédente nous a fait connoicre
une futtbnce minérale dont l'afpeâ métallique»
la grande ptifanteur^ la malléabiiiiè & la mifci*
biliié parfaite avec tous les corps mélairiquci
ordinaire*^ , funt des caraâéres fuAfans pOMf
prouver que c'ell un véritable métal ; qui de-
meure lixe ^ fans fe caicmer dans les feux lei
plus violens ; que le nitre p le plf3mb , m ie
bifiniith ne peuvent jamais cilcîncr , ni les C0ffn
vitreux le diifoudre, 6i qui ^ par conrequcm ^
eâ un métal parfait de la môoie chflc que t'or
Ql l'argent , Sc peut être pîus partait ik moifU
altérable qu'eux ; qui , avec la couleur de Tir*
gent » poftéde la pcfanteor fpécitique , & pUt*
fleurs autres des propriétés qu'on regarde cnmmc
les plus ditlin£^ives de l'or ; qui réfiîU aiiiS btea
que for , à beaucoup d'agents qui décolorent t
corrodent , dilTolvent ou fcorifieni l'argent fic
les métaux intérieurs , comme Talr St les exha-
laifons fulfureufes , les acides du nitre , du fcl
marinât du vitriol » foit dans leur état liquide,
ou quand le feu les réfotit en vapeurs , & le fou-
fre iât Tantimoine en fufion , àc.
Avec des propriétés tftimables de l'or» dca
ajoute qi]elque$'Unes à Tor mêine en le retidatit
moins tendre 6i mAm fuftbk , ce qu'aucito ai*
ire aUiage ne peut faire.
Ainfi on fe trouveroit très- bien d'en ajoufet
ure jvût proportion pour écarter Us inccnrt»
niens dont les é mai leurs fe plaignent , qiuoi
ils travaillent fur des plaques , foit d*or éa im
d'or allié*
2*. Quoique b platine appartienne » fans
a-i même genre de corps que i'or & l'ar^
duquel genre on n'a pas encore )ufqu'ici dèCSW*
vert pîu^ que ces trois efpèce> \ 6f quLiiqodBt
fe rap; orte avec l'or djini beaucoup des proprié-
tés qui ont été univcrfelkmw'nt regardées €03fliâ
des taraitères du^inélJt> des cfpèce» » *^ t\
^ pourtant datitrcs c^iaéle^cs datl% l^fiucb CW
ditierc v'sfîhkrr^ent d*;tvcc l'or, '
Si coEileur blanche ; fon défaut de fufiHîiié ;
Ic6 changemenj^ Cnguliers qu^elie proiuit dMi
P L A
qtieTque& uns des autres métaux , & «lans Tor
même,
Lt foi« de loufrc qm diffoût abondamment Vor ,
a^it 'iiificilement & très-ptiu fiirb phtine ; fa fotu-
tio ! difïs Tcau régale dc donne aucune leîrimrc au%
fiïbltaoces que les folurions d'or teignent en rouge
ou en pout-prc ; clïc eft en pjrtie précipitée de
i^ foluTion pjr le fel aminoni^c , qui ni; précipite
pi. ïnt du tour Vor.
Elle n'eA précipitée qu'en partie parles alki-
lis âicts vèg^étaux , ël p^r les alkall^ volatile » &
point du tour par Valkali minéral » ni par la fulu*
fion dc viï ini vert, qui tous précipitent entiè-
rement for : Tcts p, icipités pir les aïkalis n*ont
tien de la puilLncc fulminante, au. lieu que les
èctpTtés d or U piiTédent dans un deg,é pais
étntnent que toure au;re cfpéce connue de ma-
tière : ie$ fo Ultime dans Teau régale ne font au-
cunement déjompofées pir le^ huiles efïertrieles
fii pir réiher , duni l'or fc cliarge dans Tacide ,
ni par les tfp-irs infl mmîb'es qui font revivre
Vor & le rejettent fous fa propre forme.
Qjand elle eft diiToute dans le vif-argent ^ 1?
tniuration h fait rejeter , au lieu que Tor tÛ
toujours retenu , & continue à reficr en dilTo lu-
dion.
Elle eft f(fpirable de For en vertu de ces dî-
"^erfiîés d* mniéi fant augmeniation oi diminu-
tion d.' l\in ni de l'autre métal , aulTi aifément
& au ni parfaitement que tout métal quelconque
eft réparai>le de tout autre : voilà des caraétcrcs
bcaucotkp p'us que fu^/ans pour établir une dif-
férence tpécîfique entre Tor & b platine.
5^ L'Aut.ur de 'a lettre de Vcnife , dont il
a éti fnit menrion ci devant , entre dans quel-
ques fpécuUtions alchymiques fur ce fujet.
U imagine que comme la plaiine tfl une ef-
péce du même genre que Tor , fcs djflféfences
«i*avec l'or ne font qu'accidentelles & provien-
nent , ou de quelque corps héiérogéne radicale-
ment uni avec elle ^ ou du défaut d'un foufrc
clutineut & colorant, 11 ne détermine point à
laquelle de ces caufes cR due fon imperfec-
tion.
Sa pefanteur , qui eft moindre que celle dc
Tor , Icrs points noir5 qy*on' découvre fur fes
grains à T^îde du microfc^pe , & de ce que les
alkâlrs la précipitent en partie avec de Teau ré-
giiic , tandis qiT€ le t€(\l demeure en diiïoîuiion ;
voilà des argumi;ns quM rapijorre comme favori-
fint la première canfe : fon défaut dc fufibilité ;
fa foin! ion qui manque du pouvoir <^e teindre
les fubAances arimaU'^ydk de produire une cou-
leur pourpre avec Tè'iin j fon défaut de fépa ra-
tion d'avec fa fol uf ion par les liquturs inflamma-
ble* qui ont de Taffinité avec les fonfres , font
des preuves fjvor^ibles à la dernière c;>ufe.
r ""
P L A
767
*
de ù matière héférogène ; & dans l'autre , en y
introdùfant le foufre colorant, il penfe que la
platine devi endroit dc Tor.
Le dernier, â fon avis, eft aiTez facile à faire ,
parce qw les eorps ont une difpofuion & une
pente naturelle à recevoir le principe dent ils
manquent pour leur perfeAion.
Mais dans le premier cas il n'y a point d*ef-
poir de réuiîir ; car il convient qu'aucun agent
dans la nature , autre que la pierre des Pliilofo-
phes cl'e même n a le pouvoïr dc déraciner une
matière impure, avec laquelle un métal eft ra-
dicalement combiné d<ins fa formation pre-
Il nom fuffira d'obfcrver fur ces notions , qu'el-
l -S font fondées fur une fuppofition qui ne peut
point être admifc , juiqu^â ce qu'on ait produit
quel ^ues faiis pour la rendre probable , un point
HÏcmM , ûvoir, que tous les métaux înféneurs
ne font autre ch-^i'c que de For vuié par quelque
fiifa'^ance impure»
4**, Vogeî a a ^opté une opinion , que la pla-
fîrii n*eli point un vrii mèï^l , ni un demi*mé-
lal d'une efpéce particu'iérc , m is un minéral
mélangé , le rebut ,ies artclicrs d'amalgamation , où
on féparc Tor de la mine mélangés par le moyen
du vif-argcnr.
Il attribne cette opinion à Marggraf, & on a
dit dans une brochure périorJique» publiée à Lon
dres , que M^rggraf fuppofe que la platine elt ,
non-feulement Teffet dune amilgamation rèiiè*
rée , mais que c'cft une partie même du mercure
lîxè par quelque matière da^s la mne , ou le mé*
tal avec qui elle étoit a nalg:iméc.
Tout ce que je puis trouvtY dans M^rggraf de
relatif à ce point, efl le palTage fuivant.
- Nous ne pouvons pr.s dire avec certitude
- fi la pl.Ttinc eft une mine aduelle , ou fi c'cft
** une portion de minéral qui a été arrachée des
• veines entières » &. entriînée p^r les eaui ,
» ou A en trotfième heu ce ne f^sroit pas un pur
" recrément métalit:|uc , âo^t lesEfpagnols , coin-
» me pro prié t air e«i de ces travaux , out déjà peut*
n être extrait le métal parfait. »>
Je ne comprends pas que la dernière parti-: de
cette ph afe puiÉîe admettre rexpUcation impro-
bible qu'on lut a d nnée«
L'A ïteur me ftm le n'avoir pas voulu dire au-
tre chofe fi ce n^cft que la platine p^^uvoit bien
ne pAî. être parvenue jiifqj'a nou!* d»ns fa forme
naturelle, m^is que peut*ctre elle^ivuit tté brcJyéc
avec du vif-argent pour en enrratner l or qui y
étoit mêlé ; or c\û an foupçon qui m*eft venu
aufTi , ^ qu • l'ai même -^xprtmé é^m lîîon prc-
mit-r Mémoire infé é dans 1» s Tarfffffonj Phih*
f^phliftc: , foupçon que \cs gîobule^ de mercure
iriiuvé parmi la platine ne pou votent manquer
de faire tiattte.
768 P L A
Supplément à rHiflolre de la platine.
En. parlant de la précipitation de la platine
par le moyen du fcl aikali fixe minéral , j'ai ren*
voyé au (iip(ilémv:nt la manière d|obtenir cet ai-
kali de Tacide auquel il eii uni dans le Tel
marin. C'cft ici le lieu de donner cette mé-
thodi:. ^
L PurificMion du fd marin.
Le fel marin pur efl une combinaîfon du Tel al-
kili minéral avec Tacide marin. Mais toutes les
Ibrces ordinaires de ce fel ordinaire contiennent
un. mélange d'une ou plufieurs mitières falines
d*une compofition différente, leur bafe étant une
terre au lieu d'un fel aik^li ; laquelle terre eft
ordinairemeiit la môme que celle appellée ma-
gnéfie, quoiquelle foit quelquefois de Tefpéce
calcaire.
1^. On découvre ces fcls qui ont une bafe
terreûre, en. fondant du fel marin dansreau,&
y verfant d'une folution de quelque fel ai-
kali.
La terre fe précipite , de quelque nature
qu'elle foit : 1 acide qui la tcnoit diifoute
la quitte pour s'unir avec l'alkali furve-
nant ; de forte qu'en continuant d'y verfer en-
core de la folution alkaline , jufqu'à ce qu'elle
celle d'occafionntr ni précipitation, ni nusge ,
o!i produit dms la liqueur, au lieu du fel avec
u.ie bafe terreflre , un vrai fcl neutre avec une
bafe aikali nj.
2'\ dans certaines fortes de f.l marin , l'acidi
uni avec la terre eft celui du vitriol. On peut
le connoitre en verfant fur une folution d^ fcl ,
une folution de craie , ou autre terre calcaire ,
f»iite dans les acides niireux , marin ou végé-
tal.
L'acide vitriolique quitte la terre avec laquelle
il cioii auparavant combiné , & s'unit à la terre
calcaire, formant avec elle un concret félèniti-
quc, qui nci\ point fulubîe , on ne l'cfl que bien
ptu , 6c qui confoqccnmient fe dépofe au fond
en forme de poudre ; de forte qu'en continuant
d'y verfer une juile quantité de. la folution cal-
caire ; tout Tacidc vitriolique peut être féparéavec
la terre calcilre , îandis que la magnéfie, alors
comblnte avec i'acidc , d..ns lt:q«jel la terre cal-
caire c:oit dldoute auparavant , rcfte dans la li-
quei r avec le fel maiin.
3^. Il y a une autre méthode pour pouvoir fé-
parcr facide vitiioiique , ë: cela fans commmu-
P L A
niqucr ï la liqueur aucune imprégnation étran-
gère. Ajoutez à la folution du fèl marin an pco
de force eau de chaux.
L'acide vitriolique s*unit & fe pricifnfe avec
la chaux; & la magnéfie , aiofi privée de fon dif-
folvant acide, fe précipite auffi. '
Quoique ce procédé fimple purifie efficace-
ment le fel des combinaifons vitrioliqaes & de
magnéfte , communément appelées fel amer, il
ne remplit pas fi bien l'objet , quaod il s*igit de
diftinguer purement cet acide, que la méthode
précédente ; parce que l'eau de chaux produit la
précipitation & l'épaiffiflement dans beaucoup de
liqueurs qui ne contiennent point d*acîde vitrio-
lique. •
4^ 11 y a beaucoup de fortes de fel marin ,
où la terre hétérogène eft unie avec le véritable
acic^e marin ; on peut toujours juger que ce cas
arrive quand le moyen d'eflai du n^. i découvre
que le fel contient une |erre , & quand la folo-
tion calcaire ^ n9. %^ en ne produifanc point de
npage, fait voir que l'acide n'eft pas celui do
vitriol.
La combinaifon , foit de magnéfie , foit de terre
calcaire avec l'acide marin, ou avec Tacide ni-
treux , fi un pareil acide peut jamais exifier daos
le fel marin , ne peut être féparée , à mon avis ,
par aucun autre moyen , qu'en la décompofaot
par les alkalis , comme dans le n"". i , ou en la
cryfiallifant avec foin.
Pai trouvé que la combinaîfon de terre avec
l'acide marin eit bien le mélange 1^ plus fréqasct
& le plus confidérable dans les fels marins dont
on fe fert communément chez nous pour la ta-
ble.
Ce compofé fe liquéfie aifément à l'air ; on
fait que c'cA une imperfeâion dans les fones
ordinaires de fels marins , & c*eft cette difpoCrion
à fe liquéfier qui fait en grande partie qu'on peut
le fêparer par la cryfiallifation.
Les fels de baie , cryflallifés par l'évaporation
lente , produite par la chilcur du foltil , on
beauco.ip moins de ce fel fujct.à djfaillancc,&
par- là font beaucoup moins injets à devenir hu-
mides à Tair , que ceux qui font prc;;arés en (ii-
fant bouillir brufquement la faumure ; quoiqiiVs
général ils aient un alTcz grand mélange du ftl
amer , qui fe cryftallife aufli parfaitement , quoi-
que p:îs fi vite que le fel marin lui-même.
C'eft de ce fel amer probablement que dépend
une propriété des fels marins ordinaires , qui a
donné lieu à quelques méprifes par rappon à
leur compofuîon.
Quanl le fel commun a été fondu au fcu.il
fe liquéfie cnfuite fort promptement à l'air, qui -
nirsuparavant il f 1 1 d'une efpèce à être 'tu i'l-
jet à devenir humide.
Gia
h
I
I
P L A
Cela ne paroît pai venir de ce que le fcl ait
été rendu alkaïin , ni qu'il ait rien perdu de ion
«cide » mais d'une tranfpofition de (es acides ,
telle qu'on en voit arriver quand des mélanges
artificiels des mèjnesingrèdiens font traités ds la
flième manière ; Ta ci de vltriotique di fcl amer ,
débara^é de fa terre par la chaleur , s'unit
avec autant qinl en peut prendre de l'atk^lî du
Tel marin ; & Facide marin dégagé par l'autre de
cette parue de TRlkali , s'unit avec la magfléiîe
gue Tacidc vitrlolique a abandonnée , formant
par-là, au lieiî du fel amercryi^alUfable, le com-
pofé fort lîquifîable dont on vient de parler.
On a trouvé, en effet» que le fel commun
donne une portion d'acide mixm > quand on
fait bouillir prompitment fes foiutions , ou qii' n
cipofc le fel fec à un feu violent j mais le corn-
pofé de terre & d'acide marin fe défait d'un peu
de fon acide dans les mêmes circonftancci ; &
M* Baume a fait voir, dans fon ManuctdeChy
mie , qye le fcl marin purifié de ce compofé n'en
lait pas de mém?,
La piirificatîon du fui marîn d'avec fa terre ,
par raddition des felsalkalis, quclqu'utile quelle
puifle être dans les falincs , cfl un moyen au-
quel il ne faut jamais avoir recours pour Timt^ntion
aéludle, a moins qu'on n'ait unalkali exa^ement
le même que l'alkali cxaétement le même que
l'alkalî marin lui-môme ; car de quelque façon
quon puiffe défunir l'alkali marin d'avec fon
acide , on féparera en mcmc-temps cet alkali
étranger ; 5c en effet , on n'a aucun befoin ici
de cette purification ; car en léparani Ta ci de de TaK
kali ^ on le fepare auiB de la terre ; & enfuite
on purifie l'alkîtli de cette terre en mèmc-temps
que de l'autre matière terreftre qu'il a contrac-
tée dans Topération j en le diffolvant dans de
Tcau.
Pour les deux procédés de l'article fuivant, îl
fuffit que le fel fit bien purifié de l'acide vitrio*
lîque;4k pour !e troifiéme, cette purification n'eft
même pas néceifaire.
p ^ A
769
IK Préàp'îtamn eu nhre cuhtque^
On ne peut, atttant que je fâche , ni ejrpnîfer
Uacide du fel commun de fan alkali par le feu ,
ai le tranfporter à aucun autre corpsr.
Mais quoiqu'on ne puiffe pas transférer Tacide
jnarin de falkalt , on peut transférer Tatkali de
l'acide marin à l'acide nitreux» & de ce dernier
acide on peut féparer lalkili pur.
La combinaifon de cet alkili avec Vacide ni-
treux t& appjlèe nitre cubique, de la figure
i)u*îl prend dans la cryAallifatîon*
Ans & fUiUn. rùm< l\ Pan* IL
I». On peut préparer le nitre cubique en met-
tant dans une cornue de verre un peu de fcl com-
mun, dégagé d'acide vitrioKque , entièrement fé-
ciié fur le ïéu fit réduit en poudre ; mtttant la
cornue fur autant de fable qu'il en faut pour la
tenir droite , dans un pot de fer placé dans un
fourneau convenable ; en y verfant trois fois la
pefanteur du ftl , d'un bon efprit fumait de
nitre , & prenant garde d'en éviter les va-
peurs ; luttant immédiatement fur un grand ri-
cipîcnt , dans lequel il y aura un peu d*eau piur
exciter la conderifation des vapeurs , & procé-
dant enfuite à h diflilbiion avec un feu fort
gradué , qu'on augmente à la fin , jylqu'à faire
rougir le fond de 4a cornue.
L'acide marin , avec une partie du nîtreux ,
p^iiTe dans l /écipient ; l'alkali marin avec le
relie de Tacide nitreux , demeure dans la rc-
torte.
11 faut diffoudre la maffe de fcl » Ôt la tirer de
U retorte avec de Teau diflill-je ou de rc*u de
pluie pure ; enfuire on filtre h folution , on la
uit évaporera une chaleur modérée , jufqu'à ce
qu*il commence à paroiire une pellicule à la fur-
face 5 après quoi on la met refrordir*
Le fcl p^uiTe des cryftaux cubiques , ou plu-
lôc rhomboïdes , qui communément font entrclaf-
iés enfemble.
M, Marggraf , dans une differtatîon fur la
meilleure méihode de féparer h fubJlance alka-
li ne du fel commun « a trouvé que deux parties
d'cfprit fumant de nitre , d'une force capable
d'enflammer à Vinftant Thuite pure de girofle ,
fuffifoient pour une par»ie de Tel commun pu-
rifié ; mais à l'égard de rcfprit nlrrtux plus foî-
ble appelle eau forte , il en prefcrît huit fois la
pefanteur du fel.
Il prétend que les cryflaux qu'on obtient avec
Tefprit fumant , (car i} paroiiToit alors n'avoir
pas effayé Tefprit plus fotble ) cfl le nitre cubi- ^
que pur, qui fe bru^c fur un charbon ardent fans
pétiller , & qui n'a pas le moindre mélange de
ielrommun,
yuelques-uns om rapporté que » quoi qu'on
eût employé un efprit de nitre affcz fort danï
une quantué plus que double de la pefanteur
du fcl , le réfidu , après la didillation , confiflott
principalement en fcï marin fan« altération , mêlé
feulement avec une petite proportion de nîrre
cubique.
De quelle caufe procédoit le défaut > le pea
d'expériences que j'ai faites fur ce fujet ne me
mettent pas à portée de le décider ; peut-être
quHl feroit néceiïjirc que Tclprit nitreux fut très-
fort ; cir un acide concentre peut produire des
dccompofirions auffi bien que des cliiTolutions ,
que le même acide délayé n'eu plus capable de
produire.
Eeeec
770
P L A
3*, On f eut auffi obtenir le nîtrc cubique dans
le procédé de changer Targent en lune cornée ,
qui efl le moyen le plus efEcace de puiîtier
Targeot.
Une folution de fel conimiin faîte dans Tcau ,
étant verfte (ut une folition d*argcnt faîte dans
Teau-forte i auffi long-ieins que la liqueur en
e(l troublée , l'acide mirin fe précipite avec l'ar-
gent , comme le vitriolîque faifoit avec la craie ,
aun". 2, du précédent article ; & te refle de la
liqueur eft une folution de nitre cubique mêlée
avec le cuivre que Targem conte nolt» Je n*ai pas
examiné à fond jufqu'à quel point ce cuivre ; our-
roic nuire au but pour lequel pn a befoin ici d'a-
voir le nitre cubique-
3*, La forte affinité de Tacîde vitrioUqiie avec
U terre cakâire fournit une méchode d'obtenir
le nttre cubique , plus favorable qu aucune des
précédentes.
L'offrit de fel fe prépare communément par
la diftilîatîon avec Ta ci de vitriolîque ; & dans
ce cas , ce qui rofte dans la reione eu une
combinatfon de cet acide avec Talkali du fel
marin.
Ce compofé fe trouve dans les boutiques fous
le nom de fel de glauhcr ou fd admîralu.
Si on fait une folution f;irurée de fi^l admira-
ble c^ans Teau , & ou on y ajoute peu-i-peu-
une fol ut ton de craie dans Teau - forte , fi long-
terni qu*eUe occafionnera de Vépainitrcment dans
la liqueur; Tacide vitrîolique 6t h craie fe pré-
cipiteront enfemble, & i'alkali acide & minéral
nitreux demeurera dans la liqueur, qui conféquem-
ment, à la diftillaiioa, donnera un véritable nitre
cubique»
Les folutîons doivent être bien faturées , afin
que l'apparence laiteufe qui devient de plus en
plus foibïe , à mefute qu^oo continue d*y ajouter
davantage delà folution calcaire » pui/Te être mieux
diflinguée » & après que l'épainîiTijment paroti être
entièrement celte , on p^yt y verfer encore
un peu de cette dernière folutfon ; car un tiktit
excès dans fa quantité ne fera point d'inconvé-
nient, au lieu qu'un peu de moins , en laiffanr
une partie du fel admiraHe non dccompofé , feroii
qu:; Talkali minéral, pour leq^iel ce procé À n'tfl
que préparatoire » feroit impur , comme on le
verra dans Topération fuivantc.
in. Séparmton it Faîkali mînird d*aveç U nitre
cuh'tqut.
Ayant travaillé dans les méthodes ci-delTus à
comnmer l*a.kali marin avec Tacide aitrcux , il
P L A
eA queAion d'en fé parer Tacide ptr la delà-
grat'on avec des fubftances tnflamoiâbles.
Mêlez le nitre cubique avec un cinquième
ou un fixiéme de fon poiJs de poudre de char-
bon , les broyant parfaitement enfcmble.
Le charbon éi% fubflanccs animâtes eft pré-
férable à celui des végétaux , parce que le der-
nier , après avoir brûlé , laiife une periic pot-
lion d*un (A alkali d'une nature différente ded
qu'il faut ici.
Jettez de ce mélange , tiéf-peu à U foif , dans
un grand creufet , que Ion a fait fevlemcntroo-
gir , & couvrant Iç creufet , ati{ïï vite 6c moA
exactement que faire fe pourra après chaque In-
jt-dion ^ pour empêcher la matière de fe diniper
par h déflagration violente qui arrive ; quand
le mélange a été entièrement jette dedans ,
& que la détonation a ceifé , on peut aug-
menter le feu & entretenir une forte dit-
leur rouge pendant une demi-heure ou niêffii
plus » taillant le creufet découvert durant et
tenips^
Uacide nïtreux étant aînfi brûlé , il relie
uans le creufet une ma(Te alkali ue d'im vert
hieuàtre , qu'il faut puiifier par une folutioa
dans de leau diftillée.
Elle fe diJTout plus diffiotement que les
alkalis végétaux, & , en évap^^rant , coflRiv
tl faut la folution , elle pouiTc de beaox
criilaux blancs ^ qui ne fe lîquificnt pas à
lair.
Cette dernière propriété de Talkali marin teid
à confirmer robfervarion» dont on a déjaparlét
que la dé^iîllance du fel marin , après la iîiiioa •
ne vient pas de ce qu*une partie de Talkaii vx
été privé de fon acide*
Si le ftl marin , employé pour la prêparaiiai
du nitre cubique par le premier & le fecorJ
procédés , contenoit <.iu fel avec une bafe tertef-
cre , ou fi la luUition de craie dans la troiûénie
méthode ût préparation était cm* loyée en trop
grande quantiié , la cryflalUfarion du nitre cuhf
qtie jépareroic en grande partie ces compoftt
fi jets à défaillance i & en effet , fans cryuaUi-
fafion, à mt^ifure que l'acide nitreux fera diApè
ou détruit daiis le feu , il laifTeia ufiiquefliieiil
avec Ta.kali 'a terre qui fera féparèe , au^ biefl
que lescendre« du charbon par la dtâToluiion
l'eau.
Si le nitre cubique contient un peu de f^l
rtn ou vitriolique » le fel marin , après U d
gr^iîion , demeurera fans ahèration , ôc le iel vi-
triolîque produira avec la matière inflamoubti,
U') compofé f.tlfureux.
Nous ajourerons, pour» compléter les pitiKipa*
les expériences f:iit.^s fur la ptatinc « celtes qot
Macqucr rapporte dans fon Diâionoalre,
la publication du traité de M* Lewîs^
b
P L A
Fujlon dt la plattnt par VArftmc*
M. Lewis» ne fait aucune mention des alïia-
ces de la pbtine, avec rarfemc; mais M. Schef-
fer f allure <(ue fi on fait bien rougir ce mécàl ,
dans un creufet , & qu'on y ajoute de Tarienic ;
quand ce ne feroit que la vingi*quatrième partie
de fon poils» il entre anflîtdt en fufion parfaite ,
fit qu'il en réfulie une matière aigre & grife,
Cttte eipérience très-remarquable , paroît néan-
moins avoir bcfoîn de confirmation ; car M. Marg-
Eraf, ayant traité aufTi , ces deux matières en-
?mble , on ne voit peint qu'il ait remarqué une
pareille a^ion de Tarfinic fur la platine.
Il réfiilte f«:ulemcnt d'une de fes expériences ,
qu^ayaot expofé au gr^nd f^u » pendant deux heu-
tes, un méUnge d'une once de platine ave; un
verre tor.djint ^ compofè de huit onccs de mi-
nium , de deux onces de cailloux « & d*une
once d'arfeiiic blanc, i! a obtenu un cu^ot ou ré-
gule de pliiine , ifiez bien réuni & fondu , qui
peroic une once trente-deux grains, dont la fur-
face étoit unie , blanche & brillante y & Tinté-
rieur g«'is, mais paroliTant néanmoins afifez blanc
quand on le dccouvioit avec la lime.
P L A
771
CoufdlûÛQn dt la plaûnt par le plomb.
La coupellation de la platine par le plomb ,
ètoit une des plus importantes expériences > qu'il
y eût à faire fur ce métal , parce que fi cette
opér?.iion réuirifToii parfaitement , on obiiendroit
Car fon moyen des maffes de platine pures ,
ien compaàes & malléables , dans le même
eut qu'un métal qui a été bien fondu , & dont
on pourroii faire toutes fortes d'urenfilcs , iînon
en la fondant « du moins en la battant éi en la
forgeant t aufTi tous les chymides , qui ont tra-
vraillé (urce métal» & M* Levis, fur- tour, ont-
ils fait Its plus grands efforts pour parvenir a
le bien coupeller ; mais quoiqu ih ayent eu re-
cours ^ tous les expédiens q*ie \a chymie peut
fournir pour appliquer la chaleur la plus forte ,
ils n'ont pîï rèuflîr parfaitement. La feorification
fe faifoit très-bien dans le commencement de l'o-
pération , & prefque comme fi Ton eût coupelle
de Tor ou d^ i*arçent , mais à mefure que cette cou-
pellation avan<joit, elle devcnoit de plus en pins
difficile ^ parce que la quantité du plomh diminuant
la matière • devcnoit , d'une part , de moins en
moins fufible , 6t enfin ce(foit d'être entièrement
fondue , malgré T^dion du feu le plus vio'ent ;
& que» d'une autre part, lorfque la quantité de
la platme étoit devenue fupérieure à celle du
plomb , elle le défendoit , fie rempèchoit de fe
réduire en litharge.
Il réfultoit de là qu'on n'obtenoit jamais qu'un
bouton de platme terne, ridé, adhérent à la cou-
pelle, aigre 6c toujours plus pefant que la quan-
tité de pbtine qu'on avoit employée , à caufe
du plomb qui lui reçoit uni.
Nous avons ^continue M. Macquer, M. Bau-
me & moi, pouffé cette expérience pus loin
que les autres : nous nous fommes fervis pour
cela du deffous de la voûte du grand four à por-
celaine de Sève, oii le ftu eft d'une i ès-grrnje
(qxcq pendant environ cinquante heures* La pla-
tine fe trouva après cette longue coupeibtion p
encore rerne Se ridée à fa (ijrface ; elle étoit
néanmoins blanche 6c brillante j^ar-deffous, fe
détachott de la coupelle , & étoit un peu dimi-
nuée de poids, preuve certaine qu*il n'y étoit
plus reilé de plomb* Cette platme d'aiîîeurs
étoit duôile, p^uvoit i'é tendre fo js le marteau &
fe travailler, CTcfl là par conféquent un moyen
affuré de pouvoir mettre la platine en ufage , 6c
d'en former toutes fortes d'inff rumens 6c d'ul-
tcufïlei,
/
NotivelUs n^Aenhes fur la pefanuur fpiclfiqui di
la pUlifit»
Depuis , M, de Buffon a rendu compte des
expériences au*ii a faites , tant en fon particu-
lier qu'avec M. Tillet de T Académie d«s Scien-
ces , pour déterminer la pcfanteur fpéciftque de
Il platine; elles ont confiflé k la comparer avec
Tor pur , en pefant un égil volume d^ chacune
de ces matières en particulier, où grains à-peu-
près de même forme , fie de même groffcur ; &
dont le volume étoli déterminé par Tcfpace qu'el-
les occupoient dans un tuyau de plume. U
s'eft trouvé des différences affei coiifidêr^ibles
dans les réfultats des différentes pefêcs ; mais
en prenant un milieu , M- de Buffon cilime ,
d'après un eipérience , que la pef^nteur fpé-
cirque de la pbtine eff moindre d'environ un
douzième , que celle de Ton
La pUilne efi^^lh un compofi ior & de fer.
Ayant foigneufement examiné le magnéttf-
me , tant du fable ferrugineux, naturellement
mêlé avec la platine » que des grains de la pb-
tmc elle-même , & après avoir trouvé que pref-
?[ue toutes ces matières étoient plus où moins
enfiblcs à Tadion de Taimant , M. de Buffon ,
conclut d^une obfcrvation, & de pluficurs cx;)é*
riences de M* le comte de Villy , fit de M, de
Morveau , que cette matière métallique , n cft
point un métal paniculier comme l'or , Targent 6c
les autres ; mais un a liage f^it par la nature d'or
fit de fer » dans un état particul er , éi dans une
I combinaifon beaucoup plus intime que celle de
£eece ij
772
P L A
tous les alliages métalliques « que Tart à pu pro*
duire jufqu'à préfent.
Au refte , toutes les expériences paroiflent dé-
montrer y fulvant Teirpérience de M. Macquer ,
que s'il n'eft pas pomble de féparer jufqu'aux
derniers atomes du îtt allié à la platine', on peut
au moins porter cette féparation jufqu'au point
qu*il n*en refte plus qu'une quantité infiniment'
petite & inappréciable.
Mais une remarque qu-il eft bon de faire , c'eft
que fi la platine étoit en effet un alliage d*or &
de fer , elle devroit reprendre les propriétés de
Tor à proportion qu'on détruiroit , & qu'on lui
. enleveroit une plus grande quantité de fon fer ;
il arrive précifément tout le contraire.
Loin d'acquérir la couleur jaune , la fufibilité
& les autres propriétés de for , à mefure qu'on
luienlévçfonfcr, la platine n'en devient que plus
blanche , & les propriétés par lefquelles elle dif-
fère de l'or ^ n'en font que plus marquées.
Emploi & utilité de la platine.
L'ufage de ce nouveau métal,* qui réunira la
fixité & à rindefiructibilité de l'or une dureté» &
une folidité, prefque égales à celle du fer, qui
ne reçoit aucune altération par l'aâion de l'air
& de l'eau, qui n'efi fufceptible d'aucune rouille ,
. qui réfiftr auffi bien que des vaiffeaux de çrab,
ou de verre , à tous les fels , même à l'eau-forte ,
& aux autres acides fimples ; ne pourroit man-
auer de procurer des avantages infinis aux
(ciences , au commerce & aux arts*
Moyen de reconnaître la platine alliée d'or £* de Ven
féparerm
Depuis que les meilleurs chymiftes de l'Eu-
rope , ont exaoainé la platine ; ils ont trouvé &
PL A
publié des moyens certains & faciles de rccofli
noitre la plus^petite quantité de platine , mêlée
avec l'or, & même de féparer exaâemem ces
deux métaux l'un d'avec 1 autre, dans quelque
proportion qn ils foient unis.
Nous rapporterons feulement un de cesHioyens;
des plus commodes & des moins emharraflans.
Il eff fondé f«r la propriété qu'a l'or diflbut , dans
l'eau régale, d'être précipité par le vitriol mar-
tial , tandis que la platine ne Teft point ; 8c for
•celle qu'à la platine diflbutc auffi dans l'tau ré-
gale , d'être précipitée par le fcl ammoniac ; tan-
dis que l'or ne Teft point par ce fel.
Cela pofé , lorfqu'on veut reconnoitre fi ror
eft allié de platine ; il n*y a qu'à le faire diObu-
dre dans l'eau régale. Si cet or eft en effet allié
de piaiiiic , elle Te diffoudra avec lui dans ce
menftrue, & il ne fe formera aucun précipité:
Mais en . y ajoutant du fel ammoniac , diflout
dans l'eau , on verra bientôt la platine fc précipi-
ter fous la forme d'un fédiment couleur de bri-
ques.
Si au contraire , on a de la platine qui con-
tienne de l'or, & qu'on veuille léparer cet or , il
ne s'agit de même que de faire diiToudre cetct
platîac dans l'eau régale , l'or qu'elle pourra coih
tenir, fe diffoudi^ avec elle ; mais en mêlant dans
cette diflfolurion du vitriol martial , rèfoui dins
l'eau , la liqueur fe troublera bientôt après , &
on verra l'or former un précipité^ qu'on fépa-
rera facilement par la décanution & U filtra-
don.
On peut donc affurer , que les «lotifi; qin ok
déterminé le miniftére d'Eipagne , à interdire
lufage de la platine, ne fubfiftent plus ; & il y
a lieu d'efpércr, que quand il en fera affuréja
focièté ne fera point privée d'une matière qui
peut lui être fi avantageufe , & procurer en ^a^ .
nculier , de nouvelles fources de richefles \ la
couronne d'Efpagne , feule propriétaire d'un tré-
lor fi précieux.
[addition a L'ART DU MONNOYAGE
Imprime page i3o et suivantes de ce roi urne.
b
p
I
E rédafteurde l'an du monnoyage ^ a voit ren-
fermé en 73 psges dans la premièrt: piitiedece vo
lume» les procétlès, & bs principes , quil avoii
^Jueé ui'tle de Uire connohre.
Il avoit eu rattemion de confuker à cet égard ,
& de cher les ouvrages des monécaircs » les plus
accrédités y les plus inilniits, les plus intègres.
Il avoit terminé 6l fanâiunnc, en quelque forte»
fa do6lrtac 6t Tes recherches , p;ir un écrit pro-
fond 6l lumineux, aue M. des Rotours , premier
commis .e radminiftraiion générale des finances ,
au département d^s monTiuies , venoit de publier
en novembre 1787 , St que le rédaÔeur , a cm
ployé ti fait imprimer à fon iuf<jLî, Enfin ,1e ré-
dateur n*avoit acciifé, ni inculpé perfonne dan*
foû triité du monnoy^ge , ne s'att^ichant, comme
il s*en eft toujours h'vt une loi, qu'aux intétêis de
Tart & de la vérité. Ce endant , cet article à tel-
lement irrité un critique, quM na pu fe faitstaire
quVn épanchant Ton fîel dans un volume in-^*. ,
de i^ù pagi* annoncé avec beaucoup d'emphafe,
& dédié aux Etats-géuéraux de France.
Quid dignum tanta ftui hic promijfar hlatu }
Il faut Tavouer , Pauteur de cette longue dia-
tribe ne redrcfTe aucun tort eiïentiel , St nh-
tablit aucune vérité. Mais , trompé fans doute,
par des circonflances puiTa gères » il a cru trouver
le prétexte de démûre , ou d'altérer la faine d<^c-
tT\nz qui le tourmente , confjgnée dans le Mé-
moire de M. des Rotours* En effet , c'cfl princi-
palement contre ce monétaire aufîî favant que
t>on patriote , que le critique dirige fes traits 6l
fes efforts impuiffans< Il eft donc jufte , il t(ï
nëceflaire même pour ne laiflTcr aucun doute , (ur
les principes d'un art qui intéreiTe eflertîellc-
jncniradnilniflration & génèralemeni la fociété ,
que M. des Rotours combatte lui me me , avec
les armes de la tai'^on & de b fclt nce , lei er-
reurs dangereufciS , les ftiphifmes révoUans , &
le ton iccufateur de fon adv rfaire.
Quant à quelcues négîig rces , ou fautes ty-
pographiques, que le critique a eu grand foin
de faire remarquer, elles ftront reparées à la ^n
de ce volume^ dais un tnata moins éteuda que
celui de fon ouvrage.
RÉPONSE DU SIEUR ÔE ROTOURS^
Premur commis' dt T^dmini^raion général- du
jlnançts » ait déparument des. morinoits , mtmlrç
de CdCddémU des fclincer^ kelUs-Uttres & arts de
Rouen , à Couvra^^t du jUur BcytrU , doBeur ta
dr&its cùTîfeilUr au parUmem de Nancy , intimUf
t» Effai préliminaire , ou obfervaiions hlfto-
n tiques, politiques, théoriques, Sc critiques,
fur les monnoies , pour ftrvir de fupplément à
1} la première partie du tome V de TEncy*
3» clopédie méthodique , dédié aux Etats gé-
w né taux, n
VcTiUÛ irafci ntfas tfi, Plato , de Rcp. Dial. V.
La lumière 8e rinAruflion natffent, dtt*on , du
cUoc des opinions ; ce n*eft qu*cn difcutam une
qu^Aion que Ton parvient ï réclaircir ( ;) , lorîque
cette difci*ffion fe f^it avec les égards &: Thon-
netèîé que Ton fe doit réciproquement , elle
înfpire un certain intérêt qui compenfe la fatigue
du travail Se des rtcherchcs quVilu eiige ; mr^is
s il arrive que Tcf^rii de parti porte l'un des athlè-
tes à manquer à ces égards , en injuriant fon ad*
verfaire, la crainte <le partager le mépri;» ^^*<-^''
citent toujours d'auHi vils moyens de défcnfc , dé-
termine bientôt celui-ci à quitter faréne , parce
qu*il roiigîroit de %y montrer avec de paretlirs
armes. Tel a été le véritable motif qui m'a em-
pêché de îép jndre aux écrits fabriques , de M»
B, Quoiqu'il Itii pbife de triompher 'de mon
ftlcnce , en le préfentant comme reffei du re-
mords St l'aveu de ma défaite , {h) ;'iifTrts con-
tinué de le garder, ce filcnce , fi que
les auteurs de TEncyclop^dle p^^ ^ . ont
{a) Pige 1 1 des r^ileiîaris préUinîr%iiir«s.
f^) Multo major tjl ootni/a turj^^uj , ^^jo Ji ncn fut£té'
imfuUû (OiOiod. «piA. \tb> IV.)
(774)
fait au mémoire que j*aî publié en 1787, fotis le
titre d'obfervjilons fur la dédaratïan du '^O oSîo-
bn 1785, & fur l'iiugmenUihn pro^r^J/ivc du prix
d€s matiircs d'or & d* argent , depuis le premitr jan-
vier 1726 ; en {'inférant, à mon infçti ,Nlans leur
ouvrage , n'impofûu pas a ma reconnoifTance fo*
bligation de prouver que leur opinion (ut mon
travalt efl abfolum«m conforme au fiigement
qu'en ont porté prefque toutes les chambres du
commerce*
M, B* . . s'étant permis , d'ailleurs , de dédier
aux Etats-eénérauic , Ton indéc-. me 6£ calomiiieufc
critique , je me crois obligé de mettre fous les
yeu3t de cctie augufie afTeniblée , les avis réunis
des repréfentans du plus grand nr>mhre des négo-
cians du royaume, dont Timj aitialité Tera beau-
coup plus propre à 6xer fun attention , 6l celle
du public, que les rifonnemens caprieux & pref*
que toii|ours inconrèquens de M. B. .»|e ne me
livrerai à Tcxamen de tes obferv étions , & de la
réfutation des fieurs M, . . qui fe trouve k leur
fuite , que pour en relever les principales erreurs ,
les contradidions les plus iaillanies , les alertions
& les imputations les plus fau^Tes , ce fera Tobjct
de la première partie de ma réponfc : la féconde
fera compofée des ktrres des chambres du corn
merce, èc de quelques ob/crvation», dont elles
m'ont paru fufceptible^. Comme il pourroît arti-
ver que mon adverfaire f;; permit de dire que
les éloges que ces lettres coniiinnent ont été
mendiés, ainft quil Ta déjà vouhi faire entendre
dans celui de fes écrits , fur la couverture duquel
il a confn;né le défi quM rappelle dans fes ob-
fcrvations (*i) , j*ai cru devoir faire précéder les
copies de ces lettres par celle de la lettre à*tn
voi de Tciivrage auquel elles répondent. Elle
prouvera qu'au Ueu de folliciter des complimens >
je demandois des réflexions * tant pour mon iivi-
tru5lton jartîcu^ière , que pour celle du public.
On y verra d'ailleurs qua la pub ■ici té de mon Hè-
moire , contre laquelle le fieur B. . - dècl ifi»c tf ce
tant de force » & qu'il qualité d'aftcntdt à i'm^-
rfté f a été autorifée par line permiîhoit du priii*
cipal miniftrc', ce que je fuis en étal d< iadaâtf
pat fa lettre du 30 octobre 1787. ^^
PREMIERE PARTIE
Epitre dédicatoirk.
On fc fcroit attendu à ne trouver dans m., .
épitr; de cette nature» adreiïée à Taugaflc allé»- j
blée des repréfentans de la nation , que des pro-r
teflaiion'i de dévr^ucment, de xèle , & de rcfpw;
mais le fieur B. * , toi.r.-ncnté du dcfir de ic pti'
fmta d*if7S /.i Itce^ 5t de s'y r^i^inguer pat tH
amour de la vlrïté {b) , qui le cafaâcrife , i cm
devoir T bTrtuer à ces hommages , des déc^asf
fions & des dénonciation^ ^otirre les abtis U
la liberté de la pre/T* , les cenfcurs, let^tircon
de VEncyclopédic mérhodique» Ta 1 mini il ration.
&c. &c. Les détails dans tefqueh je vai» «itftr»
fur le f4it dont la dén^.nciatiort termine cette
finguliére épitre , ne donneront pas une haute
opinion de fa véracité.
Les ciconllances embarralTantes daits tefqad-
les le gouvernement fe irouvoit à la fin de rit-
née dernière , portèrent radminiflratîofi à ibfr
donner » pour qudqaes mQis ftulement , î tl cai&
. dVfcompte , le bénéfice du fcîgneuriage fur les cf
ia) Cell ^ je le proteAe , avec U plus gr^tnde répugnance
3ue fe répons à cette nouvelle attaque. Entretenir la nûtîon
un défi du fieur B» .!♦,.... La néccflité de me juJlifîer
Tcxige» elle me fervira d'excufe ; voici le fait. Le fteur B. , .
avoit cité dans wnc de fes produ^ioni en Tivcur de la re-
fonte, une lettre <jiie fon père m'avott écrite le 6 décem-
bre 178^ , l'extrait qu'il en avoit donné contenoit (îx mots
& une phrafe entière, ijut ne fe trouvoient pas dans la
lettre originale dont Tétoii porteur i je relevai cette înexac
tirude » Se je d^poUi la lettre chei un notaire , afin que
Ton pût conftater que ce reproche éioît fondé. Il plut au
ficur B, , . de faire imprimer fur la couverture d'une dia-
tribe intitulée réfutation d'an écrit calomnieux , un dé5 conçu
lîiuis ces termes, v* 11 y a 1200 liv. dépoféet chez M. Ra-
M meau notaîfc place des vîé^oires . pour être diftribuées a«x
» pauvres , dans le cas « i**, que te ueur des Rotours ^ proU'
» veroit que daos la citation de la i>ace Ji , de ma lettre à
T» M^deCalonne, tl fe nouve une fy liane (fui ne foi t pas dam
«* roriginal écrit par mon père & joint â la procédure criminelle
»» înjiruite contre Ripait {') « 2^. ifuc ledit fieur des Ro-
%rrtiaîrc , a vtt CQtiâ^van^ . cd ii mille lh*rcï Hi r inti-
ftix, AUX dipttni t c( *uji Itiii d'imprcuioii ei J'.'ii lC
w tours, montreroît une lettre deUnwtii de mon fière, <
M quelle on lirolt qu'il avoît * ' * rr^tifie* <
» quatre trente-deuxièmes récntca
H fieur dç> Roroars. i* Q. e Ittti*
n'efl-ce pjts la lettre t'ont ic i I ftîvl»
e(i adrcffée. La lettre que i . ^ '»^ *^^
de dcpofer ^hct un notaire, ét«tt donc le véri
feul original, elle tie contenoit ni le» nrofrt , r
cité» par \c fieur B. . . mon afiertmii étoit , ccpfc^^fs
tnent, vraie, ie n'av«is rien de plut 4 prouver ; i é«K
abfurde 6t ridicule de me défier de proavct ^e tel* mmi
fe trou voient cbns une pièce indiquée comme mngtuk .
qui ne reçoit , ni ne pouvoit rètt«>
Je fi*.iVois lamais <lit ^ m écrit , ouc j« tuSCt pùnwat ^m»
It^t^re du ficur B, . . père qui contint l«s mots citéf et*
h féconde partie du défi de Ton fi if , ce déli était étne ^
IcmMU ridicule fous cet autre rapport.
(J>} Troifièmc épigraphe du ficur B. . .
[775.
' pèces d*or & d'argent qui feroicnt fabriquées
avec Us matières (juclie feroît vcrfer aux hô-
tels des monnoies , afin de l'engager à en expor-
ter à Tétranger une pîui grande quantité , &
rendre 9 par ces opér-itJiJni, le numéraire plus
abondanr, La jouÉuance de ce béoéBcc, devoit
ceiTcr à la 6n de juin , (cmps oii il y a voit lieu
<ie prcfumer que Us Etars généraux auroient pris
des m^ïCures capab es de faire ceiTer t'emharras qui
exigeotc un parc.l facrifict: ; il n'a défi plus lieu
depuis le premier jtiiUet, 8^ cependant , ccà dans
un ouvrage publié un mois , au moins ^ après
€crte époque, que Ton fe permei dcluppoier que
ICC facniice fubilfte encore , d'en dilfimuler les
motifs , de ieur en fubftiiuer d'autres , qui font
AOtoiremem calomnieux , 6l de le dénoncer à
raffemblée nationale , comme une opération dé-
saftreufe 1 En vain le fieur B, . . cherche roit à s'ex-
cufer , en difant que fou épitre étoit écrite dés
le 8 mars , perfanne n^ croira que la rédaction
d'une épure dédica olre aux. états-généraux , qui
n'écoieni pas affembléi , ait été le premier objet
de fon travail ; en lifant d'ailleurs les deux let-
tres qui la précédent, on ap;jcrçoit tacilement
qu'eiit doit être antidatée*
La malignité, ne cua^éafe pas feule cette
dénonciation ^ elle c(k également marquée au coin
de la fauflcLé ; le fieur B... y fvippofe en eff^^t ,
que l'on a fatt un tiifa'jdii/i total d^j feigneuriage à
la cai^Te d'efcûmpte , tandis qu'il eft notoire , &
qu'il n'ignore pas , qu^ cet abandon n*a eu pour
objet que le bénéfice produit par la converfion
en er^éce^ïdes matières fournies par cette caille»
& non celui provenint de la fabrication des ma-
tiers verfées par le public aux changes & aux
f bôrels des monnoie<i : il donne#nfin à entendre
que cet abandon efl une efpèce de ferme à long
terme , tandis qu'il fait que ce n'e^ qu'un fa-
crîiîce momencané, provoqué par des circonftan-
ces împérieufes : font- ce là les grandes vertus ,
dont H imporu à la nation de prendre connoijfari'
ce ? {a).
Cet cxorde a moins d'analogie avec le frontif-
pifce d'un monument corfuzri â /a venté Qi) , qu'a-
I vec celui du temple qu.- tes Athéniens dédièrent
à Timpudence & aux injures (c).
RÉFLEXIONS PRÉLIMINAIRES
\
DU CRITIQUE.
Ces réflexions ne coniiennent que des apolo-
gies de la conduite du fieur B. .. Ôc de fes amis ;
M, 7 ■ iiiiMm mil
le détail des prétendus motifs qui le partent \
me déchirer, moi ik les auteurs de l'Encyclopé-
die ; réloge de fon défintercflTement, de fon cou-
rage , de fa fermeté , *iSt fur-tout celui de fa vé-
racité ; je viens d'en citer un trait remarquable ;
la ncte de la page lo , m'en fournit un autre
qui ne Tell pas moins. Il y dit que le iréforier
générnl des monnotes, chargé de ri*flembier Jes-
tfj^têccs qui dévoient fervir aux expériences or-
données par l'arrêt du coufetl du premier mars
17Ç8 , pour conflatcr le *t trc des anciens louis ,
faifoît chercher ceux qu'il fivok être de bonnes
fabrications , quM les f/ift ît enr^ite porter au
cl.jnge par en tiers , & quin^ruit du moment
où ce tiers y arrivoir , il fe préfentoit à l inflant
même pour fe les faire remettre pnr le commis
r?ui en fat h* recette ; il eft notoire, au con-
traire , que les ;jriciens louis emptoyés à cas rx-
périencts, n'ont été fi urnis à l*ï>fficter refpcfta-
ble dont on fc peimet àt calomnier ainfi L mé-
moire , que pluficurs jours après la demande
qu'il en avoir faite; il eft de pîus prouvé, par le
procès- verbal de ces expériences, que les four-
ni fleurs de ces efpéces a voient une fi grande con-
fiance dans le choix qulls en avoient fait, que
la crainte qu'on n'en eût fait un triage qui décon-
certât leurs mefures , porta M. le procureur-gé-
néral, de la cour des monnoieSf à demander que
la totalité de ces louis fût foumife aux effais \ ce
qui a eu lieu.
OBSERVATIONS
PREMIERE PARTIE.
Les huit premières feâions de cette paitie ne
font qu'un étalage d'érudition qui ne me paroi t
pas fufceptible de difcudîon \ chacun a fon opi-
nion fur Vorigine des monnoies ; fur ks matié»
res avec lefquelles on a fabriqué les premières ef-
péces qui aient eu cours dans le commerce ; fur
la manière de les fabriquer ; fur leucs emprein-
tes , ikc. &c. Ce que les auteurs de l'Encyclo-
pédie ont dit à cet égard eA fondé fur des au*
lorités,
Perfonne , excepté le fieur B. . . n*appercevra
dans le texte de La neuvième SeAion ^ les abo-
minabUs confêquinces » ni les traits de i'audau /V-
refpeBuâufe qu'il dénonce à la nation ; il Lit très-
biLii ce que les, auteurs de cet article ont voulu
dire, mais le befoin de ks injurier, pour fe ven-
ger de l'accueil qu'ils ont fait à mon Mémoire ,
(à) DeLijtième épigraphe du fieur B. . *
(i) Premier* épigraphe du fi««ir B. »•
f (sj) VojfW Di£iiofU|âire de rEoç^tlûj>^<ÎJc , Tom; 8 l'ii.éj**
C77<5)
#
rtut fsTt*tîrer des çonfqueccî vérîtablcment dhomU
naShs , de cette propofuion: que la monnaU ne rt-
çoit point fa \alcjr Je tautoriié publiijue ; dont
• révïdcnce faifu raiTcmion des perionncs les
moins inflruircs , et eft parfaiiemcnt démontrée à
l'article monnoie , tome , X. p* 644 , de la prc-
mière édition du Diiflionnairc Encyclopédique.
Il critique ave: la même bonnt-foi , le texte
qui fait Tubjet dt la oni eme Scâioa i il fuppofe
que les autjiir» de rEncyclo^édie ont volIu dire »
(ce qui ftrolt une abrurdîté) quM y a deux mon-
noie^ , rucie réelle , & T-uti e numhdïrt , tandis
quMs ont feulen.eat d.i que la monnoie a deux va-
J^leurs* Tane jc.lU ^ & i%u;re nuncralre ; ou , ce
\ qui cft fynonimc , Tune Inirinf que , & l'autre
extrlnfique ; ÔC comme ils ont cxplqué dans la
I phraje lui vante cette diAintVion de valeur , il a
'divifé le tcKte en deux parties pour donner une
l^è.e apparence de fondement a fa critique \ il
eif, je crois, le premier écrivain qui fe foit avif^
de nommer monnoU numer.i:rt , la monnoie idiale
ou de compte. En rapprocbaot , au furplus , tous
les raifonnemens du fieur B,,, on s'a^tp^rcoit ,
qu'au fond , il penfe comme les auteurs qu'il cri-
tique , & quM a fjut de vains efforts» pour facri-
fier fon opinit n au defir de préfenter h leur fous
un jour défavorable»
L'article extrait de mon Aîmanach ; eftle princi-
pal objet fur lequel porte la crit que de la trciième
Seé^ion, Le fieur B* . « me reproche d;; n'être pas
entté dans les dsuiU de U fabrication , de n*avoîr
pas n émt expliqué ce que c*eft qu'une hrhe ^ une
peuïl'e t &c, G.S exp'icationi fc trouvent néanmoins
• dans toutes ks éditions de i*Almana:h dtîs mon-
Hoie$ , immédiatement avant la taBle , excepté
dans celui de 1789 , qui renvoyé, à cet égard »
hk \% p3gî 500 de rédirion de 178$, On conçoit
[^mtémert que jVi du mettre fous les yeux du pu-
Lblic toutes les formalités 6c les précautions qui
[..peuvent le porter |à pr^indre confiance dans le li-
^ire & le poids das efpèces , &L non les détails de
• leur fabrication.
U ny a furement m erreurs^ ni ritianccs ^ ni
'' impruJintiS cofifcautncesy dans le texte de la quin-
b^icme Seélîon, (p^ge la ) mais ces inculpations
fe trouvîinr coiifi^;.ée$ dans le titre de Touvrage
tiu fuur.B; , il fûlloit les prouver, bien, ou mal \
le choix de l'anîck auqiacl il a voulu les^pplîqncr,
ji*e(t pxs heureux ; jî va\s le d;tnontrer : il dit,
(page 25 ) Gu'un marc d'or fin eft payé avec 54
ouis , deux ccu* ( à^ S li v ) , & une pièce de douze
fols; cela eft t%\& : :l préiend enfuite qu^î ces ef-
pèces équivalent à un marc d or fin ; cela efl vrai
quant à leur valeur niimér.iire, ou extrinféque ,
niais non, quant à leur valeur rèelîe, ou intftn—
ieque ; & c'ell précifément ce que les auteurs
critiqué*^ ont voulu dire ; kur texte ne prcfcnte ,
à cet égard , aucune équivoque.
Un marc d*or âa contient 4608 grains de ma-
tière pure. Ijc (îcur B- ♦ . fondent daps ASfcrd» ]
endroits de fcs obfervaîions , qu^un marc de
ne comieiit que 41)8 7 grains d or tin ; 34 loua
&demi« 6c ii ft>us rcprcfentent , d'après ce cal*
cul^ 4464 grains 6c une fraftion dor fin ; fi Ton
fouOrait ctnc quantité de celle de 4^08 , le fé» !
fultâc donntri 1^4 grains ; il y a do-nc f éelk- .
ment, ^ incontcHabitment , 144 et ai ns de
dans rechange d'un lingot d'ur lin , pefafl
marc , contre les cfpcci^s d'or avec
en paye ce pnx. Cette p-rte cxcèd. po
cent , aitift révaluAtion critiquée eft juiU , 6l Id |
errei n ^ Us réticences , & les cûpjt^ertcts Impmdm'
ris r^'exifteat que dans les îaifafin-m^ns 6t lo *f*
ferJorls du critique.
Lés cli.imbrei du commerce s'étant explîqtïétt 1
fur la querfion du furacliat , de mirJèrci ^Rtl
Iai(îer aucun doute fur Ç^s inconvénicns , je mVl
ter dis tout<"S réflexions fur les obfcivatîont ^\
terminent U première partie de l'ouvrage du fient j
B...; puifquM reconnoir ^K de Fontonnjii[
fon maître , je p^^uirois produire une Icttic aoeci]
m,igirtrat me fit fhonneur ^lt m'écrire le Ç dic*^ ,
bre 1787, par laquelle, après m'avoir afliiré ,
qu'il rna lu avec U plus ^rand tmitit , il a joist? ,
qu*il r/? d'accord avec moi fur toas Us pahits ; wâ*
cette produélton feroii inutile , parce Cjue toc*
ceux qui ont lu fes fa vantes 6c utiles rechcrdjo,
& qui prendront la peint de lire mes obfervatkMii
feront bientôt convaincus , que notti ne diffin»
pas d'opinion,
SECONDE PARTIE.
de rmvrage du fitur Jl, . . .
Le compte que le fuur Beyerlé rend à la |»fe
33 des expériences faites, en exécution de V
rètdu premier mars 1780, nVft rien moin^ qu^-i
épifodc ; il eft placé là pour fcrvir de baïe il toei
les raifonnemcns , ^ aux aCTettîons «|ui le ûi*
vent, & fur-tout pour peTfuader que j*ai ce ton
de fuppofer dans mes calculs, que les ancietnloc»
étoicnt fabriqués au liue de ai k*jr-.t^ ||.
J obferverai d abord que cette fuppofition km
fondée fur ,!«§ jugemcns de pluficurs fmk*
mens , chambres des cjmptes 8t coun éa
*iiionncies fur la notorièié publique , & le
Texemp'e des aureur* qiïi avoterr traité ciit
matière avant moi : M M*tct de Ri /- * i^.uA
fon cffai fur le rapport <^e% monn. 'è-
!^s avec les rronnoîes de^ France , cv^îuc k e-
tre des louis à 11 kar;ts ^, c\Ôt^zézTT, i ï:
31 de plus qiv^ m'^î.'PïulVurç cîrc
pèthoient d .iil'ci rs de prendre i
fiance dnns ksréfultats d« cupj
novembre 1781 , €i malgré les ,...
lef^uclles on^t procédé l celles de .
(777)
)
I
I
I
ei!côre k croire que !es anciens louis pns en inaf-
ff , ibient d ion au-deïïbus du titre léi^al , quand
je vois fur-tout le comTîierœ , & les fermiers des
affinages offrir de les prendre fur le pied de j^.
Le fieur B. .. voudroit que dans mes calculs
l'etiiTe regardé conîxne tm|)ioyés les remèdes tant
de poids que de loi, quoiqu'il fâche très bien que
cet emploi n'a jamais Vuu cû totalité; j*;ii dîi pren-
dre, 6l jai pris, un terme moy<.n tonde fur les
rcfultais des comptes de fabrication. A/. M.cé de
Ricn^Bow-g fuppoie que les direéteurs emploient
les i du remède dans la fabrication des efpecas
dor ; fàl adopté cette fuppofuion. Miif fai criî
devoir m'écarcer de celle par laquelle il réduit
ail quart, le remèd:; de poids employé dans b
fibâcstion des écus , 6l porter b quotité de cet
emploi à la moitié du remède, parce que mes re*
cherches m'ont convaincu que cette proportion
fc rapprochoit plus de la vérité ; vo.là les mofife
d*apré^ lerqucls j'ai établi les bafes de mes cal-
culs ; ces motifs paroitront iurement juftts & rai-
fonnables à tous ceux qui ne font pas comme le
fieur B, . prciïes par le bcfoîn de les critiquer. Ce: te
CxplicatioD répond à une infinité d'articles ou ces
bafes lui fervent de prétexte pour arguer de faux
incs calculs, leurs réfultals, & les conféqucnccs
que j'en ai tirées. Il fe garde bien de dire que
les eipéritnces dont il préfente le tableau (ont
podérieures à la publication de mon Mémoire ,
il place au contraire ce tableau avant la difcuf-
ûon de mes obfcrvations , atin d'induire à croire
qu'elles lui font antérieures ^ & que fai commî»
fciemment îes prétendues erreurs qu'il me repro-
che.
Les parallèles qu'il fait pages, 44 & 45, delà
con 'uite que le gouvernem.m a tenue depuis le
premier janvier, jufques au 18 juin 1726* &
de celle qu'il a tenue en 1785 ; fvourroient four-
nir matière à beaucoup de réflexions ; mars je n*en
ferai qu'une d<ns ce moment-ci , c'etlque les opé-
rations de 1726 , croient les dernières convulfjons ,
le* dernier» accè* c'ync a^aladîe très-grave , dont le
gouvernement étoîc attaqué depuis long- temps ,
au lieu que celles de 1785 avoient été précédées
par plus de 60 ans de £)abiliié. On peut com-
parer ces dernières aux remèdes que fait prendre
à un homme robufte, & jouiilant dune bonne
fanté , un médecin ignorant , guidé par un apo-
tîquaire iniérciTè, La circulation de nos louis éoit
parfaitement libre , la prétendue altération de leur
titre n'emuêchoit point qu'ils ne fulTent admi'» en
paiement pour leur valeur numéraire , tant dans
te royaume que cher Tetranper ; rien ne néctni-
lOitconféqucmment le thangement opéré. Bain*
ghem ne dit point , ainfi que TatteAe le fieur B, ,.
( page 46) , que ce fut fur les falliàtaâons du com-
merce , que la remife des quatre deniers pour
livre , fut accordée en 1720 ; mais bien fur fes
nffifcntdtions ^ ce qui préienie un fens abfolu-
Am & Miturs , Tome V. Pari^ //•
ment différent : fdlklter auroh fuppofé un befoin /]
nprJftntir annonçoit une léfion , elle exiftoit en,
effet puisque les changeurs qiu ne faifoient aucuns,
frais pour recevoir les matières , jouiffoient cx-
clufivcment d'une temife à laquelle il parut jufte
de faite participer les négocians , qui payoient
feuU la tîépenCe de Timportation de c*;s matières ;
mais le mot follUiter convenant mieux au fyf-
têmc du fieur B. . , il n'a pa<i héfué de le fubf-
lituer à celui qui fe trouve dan> le texte. Cette
infijélité, & qutlques autres que jaurols pu rele-
ver, mettent un peu en défaut Tcxa^kitude des vé*
rificaâons du ceafeur*
L'édît (.roSotre 1758 ( p» 47) n'a fans doute
aucun rapport avec la refonte de 1785, mais m'é-
tant propofé de rendre compte de toiiS ce qui
sefl fait depuis 1726, je n'ai pas dû négliger de
faire mention d'une loi , en vertu de laquelle on
a fabriqué la très- grande partie du billon qui
extAe dans la circulation.
Ceft vraiment «ne chofe remarquable , que les
contradictions auxquelles la manie de la critique
expofe fouvent le fieur Beyerlé. Compares ce
qu'il dit à la pjge a6 , contre les particuliers
qui projUint d*un peu d'i^norûfiit de ia part des
mlnipfis , pour obtenir des conceffions de fur-
acliapt , avec les prétendues calomnies , dont il
m'accufe d^ns fes réflexions fur la huitième Sec-
tion (page 49 & fuivantes), vous verrez que
j*ai parlé avec la plus grande modération de ces
conceffionnaires , tandi§ qu'au contraire il les
traite d'avides folîïciteurs qiâ ne votent pas feule*
mifit le [orner aïn , ma// tn.ore Us fujas de Veut ,
&c. &c. Par fon épure dédicatoire , il dénonce
contme déf^dreufe une temife inflantanée du
droit de fcigneuriage , que les circonflances ont
rendue indifpcnf^bte ; on le voit ailleurs faire
les plus grands efforts pour ludifier une conccf-
fion de furadupt , provoquée pendant pluHeurs
années » nonobilant les réclamations du com-
merce f ( voyez la lettre de Lille, )
Les lettres des chambres du commerce répondront
fiiffifamment aux affcnions, aux allégations» &
aux ditTertations qui font l'objet des obfervatîons
du fieur B fur les cinq Scftions fuivan-
tes , dans le (quelles le Mémoire de M. VÀbhê
Terrai , fe trouve inféré , quoiqu'il n'ait aucun
rapport avec mes obfervations. Les faits firr lef-
quels elles font fondées , les révolutions du prix
des matières qui y font énoncées font Cîcaâes ;
j'en offre la preuve à ceux qui pourroicnt en dou-
ter : quant aux inditélions que j'en ai tirées ^ &
qu il plaît au fieur B, , . d'imputer à une mi.harf
ceté noire ^ à l'ignorance ^ à la Uîjtrete ^ X l*ineûn»
fîquence , j'ofe cfpércr que ic jugement qu'il ca
porte ne fera conHrmé que par fes cliens & fan
ccnfeur*
Les réflexions fur b Sefllon quatoriiéme, con-
tiennent ujie inculpation dont V oïdacc cft virt*
Fffff
(778)
tablement indéfinlflabl". Le fieur B, .. me fait un
crime d'avoir paru douter que les nouveaux louis
foient fabriqués au titre de ii katats ji , lui qui »
tn parlant du titre de ces mêmes efpéccs , nous
dit (page 45 ) qu*elles font au moins à 21 ka*
rats II ; lui qui a fous les yeux le procès-verbal
des ex^ériepces faites en 1788 , lequel prouve
évidemment que mes doutes étoient fondés. Les
nouvelles lois ont ordonné que Ton ajoutât -^ de
fin au titre des anciens louis , pour porter le ti-
tre des nouveaux à ar karatsf^, le roi paye
en conféquence ces -^ , & cependant le fieur B . • .
veut peruiader à fis ic fleurs que des louis fabri-
Sués au titre de ai karats H ibnt à un degré de
n conforme à refprit de ces lois , & au vœu
du fouverain l in rébus Jubiis plurimi eJiauJa.ia {a).
La dè||tnfe des expériences de 1788 , qull lui
plaît d'évaluer à cent mille livres, ne coûtera pas
le quart de cette forome , & elle ne fera fûrement
pas perdue pour le gouvernement.
Les réflexions qui fuivent la quinzième Seâion,
( P^g^ 71 ) contiennent des aveux intéreflans. \jt
fieur fi... a rsifon de penfcr que le principal ob»
jet de mon travail , a été de prouver que les fur~
achapts font odieux 6» préjudiciables , & quils ont
provoqué Faugmintation du pr'x des métaux.
Il prétend enfui e, 1^. que les furachapts ne font
peint odieux : cela eft vrai , s*ils ne font qu'mlian-
tanés & provoqués par des clrconfiances impé-
rieufes ; mais non s'ils font permanens, inutiles ,
& exclufifs ^ parce qu'alors i's deviennent abufifs,
a». Que Us fiirachats ne caufent qu'une élévation
momentanée' du prijç des métaux , & qu'a la cejfa^
tion du furjchapt , le métal retombe injenfiblement à
fa jufle valeur. Cela cft très-Vïai , je Tai démontré
par des faâs inconteOables , & j'en ai conclu ,
avec raifon , que puifquc les furachapts avoient
fait élever le prix de Tor , en '1784 & 1785 ,
leur furpreflfîon étoit le moyen le plus fimple
de le faire baifferrmais ajouter une nouvelle augmen-
tation à celle qu ils avoient produite , & la ren-
dre permanente par la déclaration du 30 oâobre
1785 , c'eft avoir fait une opération tout à-la-fois
contraire aux intérêts de Tétat & du commerce ,
& aux» principes avoués par le fieur B. . . ; c'eft
avoir rendu le mal incurable , au lieu de concou-
rir à fa guérifon.
On publia quatre tarifs dans l'intervalle du pre-
mif r lanvier au 1 8 juin 1726 : quoique celui de
1771 , Cït le feul qui ait paru depuis cette der-
nière é^^oque, il n'en efl pas moins vrai que le
tarif di juin 1726, a éprouvé deux changcmens
importons par ks difpofitio s des arrêts des mois
de fepiembre 1729, & acût 1755, m^is il eft
ab'^oîument f^ux que le tarif annexé à la déclara-
tion du 30 odobre 1785 , ait été calculé 6c ap-
(tf) Publ. Syri. Scm.
prouvé par le commerce ; les lettres que je produit
prouvent au contraire que le commerce le dêf«p-
prouve, & que conféi^uemment il o'éioit pas né^ef
faire»
Ceft véritablement abufer de la patience des
leâeurs que d'employer quatre grandes pges
(73 ^ 77)^ effaycr de les convaincre par les plus
pitoyables ralfonnemens , que Tor & Targem oe
font pas des matières premières , pour un nom-
bre aflez confidérable d*ouvriers & de manufacr
tures , & qu'il ne leur importe pas d'obtenir ces
matières au plus bas prix pofficie ; il n'y a aue
le fieur B: • • qui puifle fe permettre de prêcher
une pareille doûrine à une nation aulfi éclairée
que la nôtre.
J ai démontré par des faits irrécufables , que
l'augmentation du prix des matières depuis 1726,
étoit l'effet des opérations du Gouvernement. Les
faux raifonnemens du fieur B. .. ( page 77 & 78 )
ne me feront pas changer d'opinion , encore inoias
me rérraâer.
11 eft iurement le feul qui puifle douter qne
l'on ne portât par préférence fes matières aui
hôtels des mon noies > fi le commerce ne les payoit
pas à un prix fiipérieur à celui du tarif 9 Çc qu'il
n'y kit pas une concurrence établie entre les dir
reâeurs das monnoies*8t les artiftes , qui force
ces derniers à augmenter le prix des marières ,
en raifon de l'accroiflcment de celui auquel on
les paye aux hôtels des monnoies.
La page 88 , offre un trait bien remarquable
de noirceur & de faufTeté. Le fieur B... m'ac-
cufe d'avoir eu l'intentioi d'attribuer à la cupUià
du Gouvernement les achats ce piaftres , il fait
imprimer ces mots en lettres italiques, afu de
perfuader que ce font mes propres expreffions,
& il cite , en note , une lettre de moi , pour
infpirer encore plus c'e confiarxe. Voici la co-
pie exaâe de la phrafe de la lettre imprimée ,
que je lui adreffai le 20 mai 1788 . ( 6£ non le
20 mai 1787 , ) tKe fe trOw.ve à la pagj 16.
« Je commencerai par vous obiérvcr qi!c c'eâ
"manquer (.(fjntiellement à raJmiin. ra irn,
** que de préconifer avec autaiK d'kfftâ«ti(*n «jue
• vous le faites, (pages 93» 94 & 95t) u«
» aiïertioo qui ^ fi elle pouvoir être fondée,
». déi.honorer<)it le Gouvernemef*t , puilqu elle as-
>* trihue à fa cupidité 1 altération prétendue du ti-
» tre de nos efpèces d'or. «• Ainfi pour parve-
nir à me faire croire coupable d'avoir calomnié
Tadminiflrrition, le fieur B. . . ofe extraire d'une
phrafe abrolumi:nt étrangère à Toi jet de fa criti-
que , des exprcfTions que j'ai employées , à déten-
dre cette même admini fi ration , a' une imputatbu
calomnie ufe dont il s' eft déclaré le traJuHeur ùCf
diteur : une atrocité aufli réflé' hi« , ell vérimble-
ment une de ces monftruofités y fur l fqudles le ficur
B... convient que la naiure au céjcfpoir v^rje du
larmes de fang. ( page 11. )
J'ai loué Af. Colbert, de ce que voulant pro-
(779
voquer h rentrée des erpèces Narionalei , que la
guerre avoit fait paiTer chez Tétranger, fit aiig-
menter le travail des m on noies , il préféra de
mettre un impôt fur les ouvrages d'or & d'ar-
gent , & d*accordcr la remife du droit de feigfieu-
riage, plutôt que de refotiare les efpéces 6c d'ayg-
mcnt^^r le prix des matières ; le ficur B... ne la-
chant comment foumettre ces faits à fa critique,
jt cru pouvoir fe permettre de fuppofer que j'a-
vois dit, que le pùx de ces miitiêres n'avoit éprou-
vé aucune augmentation » pendant le miniflêre de
Af- Colhet^ Ôc afin dVmpecher qu'on apperçoive
Ila fauiTetê de cette fuppofition , il a fupnmé la
partie du texte de mes obfervations oîi jc ûxc
répoque« depuis laquelle fm entendu dire que
ce prix n avoir fubi aucun changement. J'aurois
pu ajouter, au furplus ^ que pendant tout te cours
de l'a^iminiitration de ce grand Minière, il n*y
i eut ni refonie d*efpèces ^ ni publication d'aucuns
tarifs émanés du conle^l , portant augmentation
du prix des matières* Les tables de Veliai fur les
monnoies par M* Duprc-de-SMnt M^ur , prouvent
( page ai6 ) que les valeurs du mate d'. raient
furent toujours les mêmes dtjpuis 1655 , jjfques
en 1689. Lacgmentation marqtiée fur les tables
IdeU Bianc , 6c de Bû^highcm , que f^i répétée dans
Talm^nach des monnoies a v^aîlembUblement
eu pour bafe le cours du commerc;.
Les efforts que le fieur B.., fuit depuis la page
89, jufques à la iS'. lei5tion , ( page io3 ) pour
embrouiller la queÛion des furachapts , font fou-
verainement radicules ; les ciiarions , les rappro-
kchemens, le méhnge des extraits du texte des
ouvrages de M. N. avec quelques phrafes ou par-
ties de phrafes « prifes dans mes obfervations ,
tout y cil marqué au coin de la mauvaife foi.
Il me femble qu'il a mil pris fon temps , pour
pcrfuader que la fonie dc\ ef éces ne doit pas
è«re libre , comme celle de tous Us autres objets
d'échange.
K Je crains peu W^tt de la dénonct.itton qui
H termine fes réflexions fur la 2^\ fedron. On ne
H trouvctra, fTirement , d.ins les décrets que nous
^ attendons de la fagelT^ de raffemblée nationale j
aucun article qui inflige des pein:s aux citoyens»
qui révèlent des erreurs dont tes confé;4uence§
peuvent compromettre les îrrtéréts de la fociété i
■ mais il ell vraifemblabîe quVlle s'orcupera de la
punition de ces diffamateurs ftipendiatres , qui , de
^ tous let ptrtuhdtiurs du repos public , (j) font véri-
tablement les plus dangereux.
L'erreur que Ton me reproche à la page 1 1 1 ,
{a) Qualification dont le sieur B.., me gratifie, ( page
Cirfummt...,Vis , atqut Injufia quemque
Atfut unie tJtorta tjl , «i tum ^Itrumqm Hvmiu
{ Lucrct* lib. 5* )
n'exifte point. Les valeurs intrinféques & cirrin-
feques des efpéces n'ont éprouvé aucune varia»
finn deoui^i le a/ mai 1716, juîquesau 30 oâobre
1785. Ù.i a employé , ou du employer, la mê-
me quatitité de madère à faire un louis ât un écu.
Le lotus a eu cours [our 24 livres , & Técu pour
6 livres ^ voilà ce que )'ai voulu dire , votli ce
que mon texte exprime , il faut avoir befoin de
le critiquer pour. Tcxpliquer autrement.
On m'accufe dans une note , ( page 113) d'a-
voir blâmé la proportion adoptée par Louii XI f^,
& confequemment U Blanc ^qm l'd vantée; cette
accijfation ell une calomnie ; car je n'ai pas dit
un mot de cette proportion ; je r»?nds hommage
aux connoiffances & aux favantes recherches de
U Blanc ; mais mon admiration n'efl point
fervile, & je n'Iitftterois pas à combattre celle de
fes affertions qui ne me paronroit pas fondée.
Les railbnnemens que Ton emploie pour crirî*
qucr le texte de mes obftrrvaiions , qui compofe
les feftion* 31 , & 31. font fi peu concluanTs ,
q ;e je crois pouvoir me difpcnfer d*y répondre.
Les réflexions fur U 33*. fe^^ion ont principa-
lement pour objet de verger Tamour propre du
faifeur de projets» 6t du mtniflre qu il a trompé.
On commence par m'accufer d'avoir péché con-
tre la chronologie , en difam que le Grand-Henri^
qui étoit mort en 1610, avoit confuhé en 1^41 «
fes principiles villes fur le choix d\n^ propor-
tion, Perfonnc , en me lifant , ne me jugera cou-
pable d\in pareil anacrontfme. J'ai dît qu'en 160 2*,
on confuha , je me fuis fondé fur le paffage de
U Bianc ^ rapporte pages 122 ^113 , j'ai dltquon
confuha en 1641 ^ àl j'en trouve la preuve dam
ce même auteur, ( page 393 ) voici comme il
s'explique, w Lorfi|ii'en 1641 , Louis XlU ^ vou-
» lut faire convertir îes monnoîes étrangères qui
i> avoient C'iurs en France, en d*autres efpéces
M qui portaffcnt fon image, il fit îffembler ce
11 qu'il y a voie de plus habiles gens à Paris ,
»> en fait de monnoies , pour avoir leur avis fur
« la proportion qu'on devoir cbferver entre for
n 8t l'argent , on fit faire des effais de toutes îes
ïi monnoies de nos voifms, en pr^fence des prin-
'»• ctpaux M. niftres d'Etat , pour connoiirc quelle
If étoit leur proportion, «c
Cette affertion eft répétée par BAyn^hcfn , ( pages
108 & Ç56, du fécond volume de (on traité des
monnoies, ) le fieur B.,. ne Tignorc pas, in.iis
il a contraéèé Thonncte habitude de tronquer , Se
les paflages qu'il critique , & les autorités qu'il
,ci£e , toutes les fois que le befoin de déckirtr
Texige,
JVi dit , & je perfiAe à dire que l'on n'a con-
fuite, en r785 , que l'auteur du projet de la re-
fonte, & le* perfonnes qui, appelées à en parta-
ger aveclui les profits, ètoient , comme lui , inté-
reffécs à ce que ce projet fut adopté. Les lettres
Fffffij
(780)
deî Chambres du commerce prouveront fi j'ai eu
lort ou raifon d'annoncer que Tancienne pro-
portion étojc conforme à leur vœu.
Je ne rappellerai point ici ce que 'fài déjà
dit de mon opinion , fur le titre des anciens louis ,
mais je dois obferver fur les raifonnemens aux-
quels fe livre le fieur B. . . à la page 1 29 , que les
réfultats des expériences, faites au mois de no-
vembre 1-85 , H*ont pas pu influer fur la déter-
mination de refondre les eipéces d*or, puifque ces
expériences font poftérieures à la déclaration
qui a ordonné la refonte de ces efpèces : j*a joute-
rai que comme on ne fe plaignoit pas du titre
de ces efpèces , foit dans le Royaume , foit dans
l'étranger , l'infériorité de ce titre ne doit pas être
admife au nombre des motifs qui ont provoqué
la rc fente.
Cvfl une chofe vraiment platfante que de voir
lefieur B... nous aflurer ( page 132 ) que, fi
l'Efpagne & le Portugal vouloient élever le prix
des métaux , les autres puiifances auroient le droit
de les en emêcher, comme fi une puiffance quel-
conque pouvoit fixer le prix de nos denrées , &
nous forcer de les lui donner à ce prix ? fi j'a-
vois befoinde prouver l'inutilité de la refonte de
1785, j'en trouverois l'aveu dans cette phrafe
de la page 136. » Je dois aujji obferver
« quiT nous cft indifférent d'attirer Us piapres
n d*Efpagne , par préférence à Vor Efpa.noi ,
» ou Portugais , parce que Por quifoldera la balance
n de notre commerce ^cr a échangé , quand qn le vou-
» DRA , contre Usplaflres d'un p lys qui , ayant plus
m d'argent que étor^ a intérêt d attirer ce dern'w
n métal g pour maintenir une propO'tum ra:fonab'.een'
n tre les métaux, a Puifqu'il dépendoit de nous d'é-
changer notre argent contre l'or des £fpagnols ,
ou des Portugais , il étoit donc inutile de refon-
dre nos efpèces pour aitirer cet or, & puifque
nous avions Tinte' tion de Tartirer , il étoit in-
conféquent & abfurde d'attacher à fa valeur un
plus haut prix ; rintérèt de celui qui propofe
ou projette un échange n'étant pas d'élever le
prix des propriétés étrangères dont il dcfire ob-
tenir la poffeffion.
Tous les raîfonnements que le fieur B, . . em-
ployé depuis la page 139, j ^fques à celle 14?;
pour peruiader que nou-» n'avons pas été lézes
dans l'échange des anciens louis , contre les nou-
veaux , & que la refonte n'a pas provoqué d'une
manière défaftr»:ufe , l'exportanon de nos efpèces
d'argent , font fi abfurdes , fi contraires à la noto-
riété jjublique , que je me crois difpcnfé de me
livrer ï leur difcuffion. ^
Les papiers ptb.ics d'Angleterre, ont tous an-
noncé que vers la fin de l'année 17S6 , il y étoit
paffé une Ci g»ande quantité de nos écus , qu'ils
y étcioDt plus abondants qu'à Paris, & comme
ces mêmes journaîiftes avoicnt annoncé en ^785 ,
antérieurement à notre refonte , que l'or étoit de-
venu fi abondant à Londres , que la banque avoir
cru devoir en baifler le prix («) , il efl évident (rac
c'eA une portion confidérable de cet or, que loa
eft venu échanger en France contre des ècus ,
parce que cet échange ofiVoit un bénéfice , capa-
ble de tenter les fpécuiatetirs ; il ne me ferott
m^e pas difficile d» prouver qu^indépendam^
ment des anciens louis, que cette fpécalattMi
ruineufe pour notre numéraire, a fait rentrer en
France , elle y a fait apporter pour 20 millions
de gui nées. Cîomment le fieur B. . • peut -il oié-
connoîire les funeûes effets de ces échanges après
êtrft convenu( p2ge 44 ) que l'élévation du prix
des matières en France tourne toujours au pro-
fit de l'étranger.
La lettre delà Chambre du commerce de Ulle,
prouve que le haut prix que nous avons atta-
ché à l'or , a fait pafler une quantité trés-coafi-
dérable de notre numéraire d'argent » dans les
Pays-Bas Autrichiens ; celle de M. le Comte
de Vergennes , que je vais tranfcrire , prouvera
que la refonte a produit le même effet en AI-
face.
n J'ai chargé M. , comme vous l'avez defiré,
n M. de la Gclaiiière de faire conftater , s'il éfoit
19 vrai que le fi>^ur fe fat permis , comine
» on l'aaffijré, de faire porter d'anciens louis d'or
n en Suific— cj Ma^ifirat me marque qu'il ré*
» fuite (!.s éclaircidemens qu'il a pris à ce fu-
» jet qu'il efi non-foulement invraifembiaUe ,
n mais même impoffible , que cette imputation foit
Il fondée ; voici U raifon qu'il en dunne.— ^Les
Il Négocians de Bafl< « ne donncûent guères que
Il 6 ou 7 fols de bénéfice fur les louis dont il s'a-
n git. En les portant à laiaennoiede Stra(bourg,
1» on en recevoir un bénéfice plus confidérable,
)• & celui qu'offroicntles juifs qui parcouroicnt
» l'Alface, alloit jufqu'à 9 & lO fols ; il n'eft
» donc pas croyable que le fieur ait pris
Il la peine de faire porter des efpéce.* ferablabies
Il en SuifTe, pour faire rn gain moindre que c^
»• lui qu'il pouvoit fe procurer fans fortir de cher
Il lui. Je fuis perluadé M. que cette raifon
» vous paroitra fans réplique. Au reAe ^ ) ne
Il crois pas devoir vous laifier ignorer que fi M deU
H Galai^ière penft que , d'spres ces faits , le tranf-
» port des efpèces ci 'or à l'étranger , ne paroit
i> pas à craindre « parce qu'il ne prèfente aucua
Il appât, il n'tn efi pas de même de celui des
efpèces d'ar^ nt. ^Voici ce qu'il me marque
Il à ce fujet. Comme les nouv' aux louis d't>r œ
• font > dit-il , reçus dans les Etats étrangers vtK-
V fins du Rhin , que pour 23 livres, 5 ou fix folSf
» on eft (Tir en y faifant pafier 14 livres , en ef*
n pèces d'argent, d'y recevoir un louis en or.
Il & un bénéfice d'environ 13 fols. Cet amJt ê
Il engagé plnfeurs particuliers , à fiire pajer m
w AlUmjone , d:s fommes confîJK-rab'es en argau
n Cette exportation , en rendant l'or trés-c- n-
(a) Voyez kcexifeur unirerfel, du ao juillet 1785 « aV.iS*
(78>)
mun en A* face y 4 h:am:éup dmnué la ma£e
^ des efpucs d*arg€ni , bc les nègocians fe plai-
» gfiem de ce que la rareté de ces dernières met
» de l'embarras dans le commerce , ik rend fur-
n tout difficiles les paie mens des fommes modi-
n ques. M, de L GaLiiière ajoute quï\ fait tout
j> ce qui dépend de lui pour empêcher ce dèfor-
» dre ; mais que l'appât e{\ û léduifant , & les
n moyens de frauder fi multipliés en Alfacc ,
s» que fes foins & la furveîllance des prèpofés de
V la ferme E^énéraîe , font prefque toujours inu-
«•tilcs Ccft à vous M, à juger qu'elle aiten-
» tion peut mériter cette dénonciation. J'ai
n l'honneur d'être , &c, figné Je Fcr^cnr.es,
Cette lettre n'a pas befoin de commentaire »
elle confirme fous tous ks rapports , la vérité de
mes alTcriioràS , en même temps qu'elle démon-
tre la fauir.t^ de celles du ûeur B, ..6t de fcs
raifonnemens.
Il feroit difficile tic coticilier le troifième mo-
tif de la dcclaratioq ( page 14^ ) , 6c les rcEexions
du fieur B. . . ( page 110) avec fcs aflertions pré-
cédentes , & celles de tous les détraOeurs du ti-
tre de nos anciens louis. Eft-il queflion de prou*
Ver la taéccifitô de la refonte ? le fieur B. ., d'ac-
cord avec le préambule de la déclaration, pré-
leod qu'un des moiils .qui Ta provoquée , c'efl que
nos cfpèces avoleni une valeur intrinfque , fupé'
ricure à Lur vaUur U^alc ^ & qu'il itou conf'qu:m~
ment mJiJpenfihle di Us refondre , afin d^ empêcher
nos voifins de profiter de none ignorance^ 6* de no^
trt inJohncc^ S*agit-il de juftifier la remife des
quatre ircnte-deuxièmes ? ces mêmes perfonnes
foutîennent , qu^un des motifs de la refonte a été
de rétablir le titre de nos efpèces d*or , qui avoît
été confidcrablem^ni altéré depuis 1726,
J*ai dit , (voyez le texte page 147 feâion 45 ) que
nous avons eu lort de renoncer, tn refondant
nos efpèces d'or, 6c en altérant leur poids ^ au
fyAéme de Habilité dont oo avoic ïi autbeniique-
ment recornu Us avaniaçes en 1771* Pour par-
venir à critiquer cette aflertion , qui eft confor-
me aui principes avoués par les plui grands ad-
miniilrateurs^ Ôz les monétaires les f;lus inflrults ,
notamment p»r G r»:i/m. ti/j , dont le fieur ^,,,pri*
tend avoir traduit les ouvrages, & dont il a fait
le plus pompeux é oge » i) donne à entendre que
î^ai voulu parler de la fiabilité du prix des mé-
taux ^ âc il en conclut que mon fy^éme ch auûi
ridicule, que le feroit cctui de la fi.^bt!ité du (rix
du foin. Ce A un fiin,'rtL t-Jeni que celui de la cri-
tique , quand on Texerce avec autant de dé-
loyauté.
Tout le monde fait que le rot a pris fur fes bé-
néfices , rintwiêt des re*ard% que le public a éprou-
vés pendant queiqi! ■ temps dans la rentrée du
produit de (^s loiii» ; mais cert^ ^épcnfe n^au-
Iroit iras eu ieu fi, f«' s auxun autre m^itif que
celui d'accélérer la fabrication, afin de jouir plu- ^^
^
I
I
tôt des gratifications promifes , &c, , «n n'eût
pas furpris la religion du mUiiilre , en le portant
à fixer à un lerme, dont la brièveté étoit vériia*
bleracr.t riditule, U jouifTance du prix de 750 liv, «
que Ton a enfuitc fuccciîvcm^nt prorogé jufques
au ^premier janvier de la (.réfente année, & à
concentrer, d'abord, dan^ c.nq monnoies , fcuïd-
m.nt, tout le travail de la r^ tonte.
On me reproche à la pag. 148 , de ne pas dire
qu*on avoit élevé en 17x6, k feigneuriage à iiç
livres 1 foli 3 deniers, &: ccpeniiant b note ^laquelle
on renvoyé eA extraite de mc^ obfervations ; c'eft
au furplu^ une fing'jjière excufe , que celle de dire
qu'on a eu raifon de faire une mauvaile opération ,
parce qu'on en a f;;ii une plu> mauvai(e encore
dans une autre circonftance.
La fin de cet article, offre une nouvelle preuve
de la facilité avec laquelle le fieur B»., le cor-
tredit, quand cela peut convenir à fcs vues ; il
a dit page 132 , que îi les puiflances propriétaires
des métaux vouloient en poncr \z vakur à un
trop haut prix, on pourroit les en empêcher ; &
il dit ici , que nous foir.mes forcés de (ubir la loi
que ces proprihaires nous impofent , lorfque nous
avons befom des produits de leur minc5.
Les réflexions qui fuivent, ( page 149 ) 1247*,
& dernière fcélion font véritablcmcru du galima-
tias dottbte. Quani au farcafme qui les termine,
le trait part de trop b-s pour atteindre a la hau-
teur du grand minifire , contre lequel il eA
lancé.
TROISIÈME PARTIE.
dis ohfervations critiques.
Craignant fans doute » que fa critique ne pro-
duifit pas tout Teffet quM en atteodoit , s*il con-
tinwoit de copier mon texte, le fieur B,.. a cru
devoir s'en tenir à donner fes décifions fur les
réflexions générales . concernant radminiftration
des monnoics , qui tettninent mes obfervations ;
maïs j*efpérc qu'on re me jugera pas fur fa parole ,
fur-tout d*aprés les preuves multipliées de foo eX'
trrme véracité ^ qi e je viens de rapporter.
La troifième partie de fa critique contient des
obfervations, par Icfque'les il annonce un ou-
vrage irnportam qui cocr prendra tout ce que Ton
peut rarfcmblcr ût dire de plus iniéreffant , fur
l'hifloire, la fabrication , & la léfi^iflaiion des mon-
noic's. L'Af^emblée n-tioral^ regretter* , fans doute ,
qu'il ne foit pas dés-i-préfenr en état de lui com-
muniquer un travail aiiiTi digne de fon attention ;
Tefiai que l'Auteur vient de Ibi dédier , nVfi-il
pa^ propre à en faite cor cevoir une haute opi-
nion.
il y a-t-il pas cependant de la nuil-adrcffe à
conunuer de fi montrer inconféquent à rinflant
(782)
même oîi Ton cherche à infplrer de la confiance ?
Comment le fieur B. . • ne s'eft-il pas apperçu
que la déraonfttation qu'il s cru devoir faire ,
( P^l^^ 154 ) ^^^ avantages de Tadmiflion d'une
monnoie invariable , contraitoit fingulièrement y
Hvec Tindécente déclamation qu'il s t(l permife 9
( page 147 ) contre le fyftôme de ftabiiité dont
j'ai Uit reloge ? (a).
Ceft afficher, fans doute, une grande difcié-
tion , que de s'abftenir de publier un piocés-ver-
bal , quand on s'eit permis d*en faire imprimer
les* réfultats ; les pcrlonnes qui Tout lu ne jpren-
dront iïrement pas le change fur les motifs de
cette hypocrite circonfpedion.
La déclaration, par laquelle le fieur B..* ter-
mine cette dernière partie de fon ouvrage, eft
vraiment un perfifflage du genre le plus odieux.
On a pu fe convaincre que ce n'eft pas i'amcur
de la vérité^ qui le porte à me ^ecA/Ver; il aflfure
dans plufieurs endroits > que ce n*eA pas U haine ;
feroit-ce l'intérêt! quoiqu'il en foit , s'il
me falloit opter de partager fes louinges avec Us
vertueux amis , auxquels il les proftitue , ou de
continuer d'être lep'adron de fa critique , je pré-
férerois , fans héfiter , ce dcri:ier parti.
Réfutation ^une diJfcrtdt:on , &c.
Ce Mémoire , qui eft à U fuite des obfervations
critiques du fieur B. • . , en a vraifemblable-
ment été le canevas ; c'eft l'ouvrage du fieur M.
Auteur du projet de la refonte. Si elle n'y eft pas
défendue avec plus de méthode & de bonne-foi ,
elle Teft au moins avec phis de décence. Ces
deux produâions étant rédigées fur un même plan ,
d'après les mêmes principes , & dans les raêmesvues,
je craindrois de me répéter ft j'entreprenois (ie difcu-
tcr , article par article , celle du fieur M. Je vais feu-
lement relever les inconféquences , les contra-
didions, les faufles afferticns , & les principes
erronés qui lui font propres ; les lettres des cham-
bres du commerce , répondront pour moi au fur-
plus de fa réfutation.
On trouve d*abord page 159, l'aveu d'une vérité
{a) Les avantages de ce fyftême, éroient avoués & recon-
nus dès le douzième fiècle» ( voyez Ze Blanc , page 93. )
MelancUm , & plufieurs autres Auteurs , cités par Jean
Kitielius dans fon traité de jure monetarum y imprimée ^ar-
pourg en 1632, aflurent que les changemens de monnoies ,
font des préfages de fubites révolutions dans les états.
qui ne pouvoir être corteftée que par ie fieor
B. . . ( page 73 ) , c*elt que l'or 6c l^rgent , ftmt
les mat. en s premières de plu/leurs ohjeis d'inJufirU,'
Le fieur M. aflure ( voyez les pages 161 &
162 ) que l'Ângletetre ayant perdu pendant la
guerre beaucoup de guinées , & voulant réparer
cette perte par de fortes fabrications 9 exporta beau-
coup de nos louis en 1784 , & les paya jufques à 14
livres 12 fols. J'ai u^ état irésexaâ du prix des
matières à Londres , pris au dernier jour de cha-
cun des trimeftres des 38 années qui fe (ont
écoulées depuis le premier janvier 1751 ; cet état
prouve que dans Tintervallc du premier janvier
au 30 juin 1784 , le 'prix de l'or baîffa d'un de-
nier & demi fterling par once, que cette dimi-
nution fe foutint jufques au mois de juillet 178) ,
011 elle fe trouva portée à 6 deniers ^ & que ,
depuis cette époque , l'or eft refté au même prix.
Ces faits , dont la vérité eft confignée dans tous
les papiers publics, prouvent que les Anglob ,
beaucoup plus fagês , & plus confèauens que
nous , ont réparé la perte que la maue de leur
numéraire d or avoir éprouvée pendant la guerre,
fans augmenter le prix de certe matière , tandis
que pour parvenir au même but, notis avons ^s
une ropte toute oppofée , puifque nous avons élevé
de 784 livres 11 lois 11 deniers à 828 livres 11
fols , le prix de ce même métai.
Cette différence de conduite , provient de ce
qu'en Angleterre, perfonne ne fpécule fur la fa-
brication des efpéces ; la banque n'en fait frap-
per qu'en raifon des befoins de la circulation ;
n'ayant point de mines d'or & d'argent ; elle fut
que l'augmentation du prix des matières tourne
toujours au profit de l'étranger prof>riétaire de
ces mines , & elle prend , en conféquence , tou-
tes les mefures néceffaires pour s'y oppofer. D
eft fouvent arrivé que lorfque des négociai»
cherchoient à faire hauffer ce prix pour tirer un
meilleur parti de l'or , qu'ils avoient reçu de Té-
trangcr en payement , la banque en faifoit vec-
dre auftîtôt une certaine quantité à un prix plus
bas , pour contrarier ces fpéculattons , & en en-
pêcher l'effet ; en France , au contraire , l'inté-
rêt des fournifteurs de matières , & celui des of-
ficiers qui les convertiffent en efpéces, portent fans
ceile les uns & les autres à en augmenter on
foutenir le prix. Ces vérités ne peuvent être coo-
te/lées que par ceux qui n'ont aucune teinture de
notre adminiftration monétaire, & de celle dei
Anglois.
Puifque dans un temps , où il eft prouvé qne
le prix de l'or baiftbit progreftivement en Ar^e-
terre , au lieu d'auementer , ainfî que le prétend
fauffement le fieur M. «, les Anglois pay oient nos
louis 24 livres 12 fols» eft-il bien vrai que led-
tre 4c ces efpéces fût altéré. ? . . • • Mais « en fop-
pofant que cette altération prétendue exiftât rèd-
( 783 )
lement, dè« qu'elle n'empècholt pas que ces ef-
péccîk n'euir<;nt cours en France pour 24 livres,
& pour une valeur rupéiîeure chex L'érringer ,
ètoit-ii donc néceiTaire de ks refondre ?
Le fieur M. aTiire ( pag s 161 81 162 ) que
Tor éroit rj^e 61 cher en France en ijSi , que
le prix de ce métal» tombé en 17^5 , fe releva
en 1784 ; puîfque ces révolutions étoient Teffet
des r^^éculations , ou des befolns du commerce ,
ne d- voit- on pas s'attendre que raugmentâtion de
î 8ç , ne feroit que momenrarjée comme celles
qui l*a voient précéder , & s*jbllenir de toute opé-
ration tendante à la foutenîr ; cette conduire ètoit
indiquée par la politique et rexpérience , il n'y a
que rmtérêt pcrfonnel qui ait pu porter à en
^^ tracer une autre ; i*homme qui cft forcé de con-
^■V^iiîr , ( rragc 174 ) qL€ comme rien n: pcu*^ empé-
^BcAfr de p^yer en efpè^et Vexcélant de la huhnceJu
^Ê€ fmme ce ^ cete néceifiré o:cafi:nn£ des variations
J^ ^t^eiau:/ûii t'ès'ConfiJé dhics ^ das le prix d: lor 6*
J l ^^er:t fo't i Lond es , foh à Paris , mais ^uauf'
'^lût ffve fcs ctrconftjnCiS qui ont vc:jfionné ces vj-
yriaî uns ctjfent , la valeur des m: taux rent t dans
la p'oportiOn natirelL-,
^m Lî changement de cette proportion eft Tartî-
Bde fur lequel le fiJur M* fv- contredit & dé ai-
" fonne le ilus complètement ; après être convenu
( page 1 64 ) ^{uc lorfqiic 1 Efp^gne , prend une f-rp-
protîonq II n'cll pasrehtiv- s celle dcs autres états ,
clïe finit par être obligée de l\-bindonntT, & de
rcpr^nire ce' le qu'elle a qui ée, il nous dit \ la
pagrj 174, ^/f VEfp^gie & h FotLf^al^ pojfèdam
\ feules les fjuTCcs de l or ^ le prix quel es ont msà
[ i*Qr devient un prix de nécejjité po ir i ut s la piuf"
ftnei qtit /iV/ïf point de mims ; il faut l'aJoptff
^i>ii s\n pajfir. La première de ces afTcriions étant
f vraie, comme l'a prouve le retour d^' TEf^iagne ,
I à Tancienne proportion , qu'elle avoit quittée , il
tn refaite que nous ne dtvions pai rimiî:r lorf-
i qu*cîle a fait ce changement. La leconde aff;rtion
eft contra didoire avec b première, & fa tautîtté
cfl démontrée par la conduue de la Hollande &
dj rAug'ercrre, qui n'ont ni changé leurs propcr-
^|ions, ni élevé le prix de for.
La conduite que le roi de Sardatgne&rEmpereur
ont tenue s'explique par la crainte qu'ils ont eu
de voir palTer tojt leur numéraire d*or en Fran-
ce , ce qui eft prouvé, relativement à TEmpe-
reur , par b lettre de la chambre du commerce
de Lilk- ; i'ii;ouïcrai d'ailleurs que ce fouverain
' ayant des mitres d'or en Hongrie , il lui importe
d^éiever le prix de ce ptécieux métal.
Le fieur M. nous dit à la page i6ç , qu'il ell
dç rinîérét de b France, de mettre à Vor une vj~
Ihuf trèifappo^hèi dt l'argent , âc ii vvut noui
perîua^Ier que la ptûpurti<*n nouvelle , qui éloi-
gne CCS valeurs Turc d^ Tautre , elt co.iforu;e
aux intérêts de la France! il y a peu d'exem*
pies d'une telle înconféquence ; en voici cepen-
dant yn autre trait , non moins remarquable.
Le fieur M blâme , ( pag*: 167 ) b précauiioit
que rou prit en 1771 > de confulter les cham-
bres du commerce , p.jr:e ^ail m s'agtJfo:t^ dit^
il, que d'un Uger changement qui n* et oit provoqué
par aucune caufe étrangère ; il ajoute que c*etoit don-^
ner de V importance à un petit otjct» Et il prétend
que cette confultatioti n^étoit pas néceuaire en
1785, pour un changement qui iniereffoit, non-
feulement le commerce , mais tous les individus du
Roy aune ; révènemeni a prouvé , qu*en pre-
nant le parti de s'en rapporter à fon opinion , oa
a facrifié rtntait général ^ à désintérêts particu»
liers,
Preiïé d; répondre aux reproches que j at faits
aux Auteurs du projet de b refonte de n*avotr
obfcrvé , fou% aucuns rapports , b' proportion nou-
velle quHls venoieuf d'établir^ il préttïid fejuftifier
en d fantp ( p:igo 170 & 171 ) que dans les cal-
culs qui ont iervi de bafe i la fixation de cette
proportion , on a tou ours fuppolé que les an*
ciens& les nouveaux louis étoient fabriqLés au titre
de 21 karats I7. Cet aveu, infiniment précieux ,
eA tièa-propre à ionner une jude iJée, de b vé-
racité àw critique, & de fes afToclés* Le fisur
P.,. me fait un crime depuis le commencement
de fcs obfervations jufjues à U rin,d*iivoir fup-
pofé dans mes calculs , que les anciens fouis fuf-
ftnt fabriqués à 21 karats yj, & il prétend , ainii
que le fieur M. , que c*eft le bas titre de ces ef-
pèces qui a déierminé à ks refondre -^ fi le titre
de 21 karats |^, a réellement fervi de bafe aux
calculs & à la fixation de la proportion nouveUe ,
il ne peut pas être vrai que le bas titre des louis,
ait été un des motifs de la refonte ; il y a tié-
CLfliiremcnt une des deux adertions, qui pèche
contre la vérité ; peut -on fe permettre , d'ar-
guer de taux mes bàfes » lotfqn'elles portent fur
un titre inférieur k celui que le fteur M. prétend
avoir aiopté ?
Les fleurs B,.. & M. ne font pas plus d'accord
furie titre de% nouveaux louis. L'un les (appoÇ^
à 11 kjrats fj, au moins ^ & laune à ~^. Si le
premier a ration , Ôi fi les anciens louis n'étoieni
qu'à 21 kirats 7;* on n*a donc pas fait l'addi-
tion des Yi » payés par le Roi. Si c'eft le fteur
M. qui elt le ^lus véridique , il s'cnfuivroit que
les a;ïcicns louis, feroient à 11 karars yj , puif-
qu'une addition de 3^, les auroit portés à n ka-
rats f|.
Ce dernier nous fait à la page 16S un aveu
plus intéreïTant ; il y convient à* un fait qui prouve
P'us que tous les raifonnemens df»ni je pourrois
faire uf ge , rmutillté de notre ch ngement de
prorortion. Ce bit, qui cft notoire, eil que TEf-
l^3gne, ayant fans dourc , éç% motifs de sctoi-
gner de la proportion ^ à mefure qtic nous nous
(784)
en rapprochons , vient de baifler le titre de fes
cfpèccs dor, ce qui élève par le fait , celle qu'elle
a reprife en 1779. Faut-il qu'en fuîvant fon ex-
emple nous baifllons le titre de nos louis , ou que
nous les refondions encore, pour prendre une
nouvelle proportion ; non \ on fs jcrvira , dît le
fieur M. d'un moyen qui a été en réferve pour ce
cas^ dans Us opérations de la refonte , & que le cenfeur
[^tsioi) na pas éventée On croit en lifant cette
annonce emphatique , que le fieur M. a dépofé
dans le fein de TadminiOration, une de ces dé-
couvertes précicufes , qui honorent également &
leurs Auteurs , & le liècle qui les a vu na tre ?
on fe fent tourmenté du defir de connoître une
ftufli merveilleufe invention, mais fon zèle pa-
triotique ne lui permettant pas de laiiTer long-
temps fes leâcurs dans Tincertitude à cet égard ,
il a bientôt la bonté de les mettre dans fa confi-
dence. Une nouvelle gratification de cent mille
écus , feroit fans doute audeffous l'uu pareil bien-
fait. Ce grand moyen que perfonne n*a éventé ,
qui pafle les bornes de Tefprit humain , confiAe
à prendre fur les bénéfices du feigneuriage , com-
me on Ta fait depuis 1726, ju^ues en 1773 «
Taugmentation du prix de l'or , O altitudo !
Le fieur M. voulant enfuite rendre raifon de
l'augmentation , du feigneuriage nous dit , ( page
176. ) «* Un fécond motif de cet accroiffement du
m feigneuriage f cejl de prévenir toute augmentation
n de l'or ene:^ L'étranger , fans être obligé de rtcou^
n rir À une nouvelle opération en France , au moyen
n de la diminution des bénéfices 'du roi , quon pourra
n faire en augmentant le tarif » Et l'homme qui
deraifonne à ce point, eft celui dont le fieur B...
vante les talens , les grands principes » les con-
noifTinces. &c. &c. !
Quelques réflexions , fur l'utilité de la refonte
terminent cette merveilleufe réfutation. Le fieur
M. a le courage de répéter encore qu'elle a pro«
-curé 12 millions de bénéfice , aux propriétaires
des anciens louis, & xo millions au roi , 6c qu'elle
a augmenté de 36 millions, la mafTe des richef-
fcs du royaume. J'ai fi clairement démontré dans
mes obicrvations , l'abfurdiié de la première &
de la dernière de ces afTertions , que je me crois
difpenfé d'entrer dans de nouveaux détails à cet
éeaid ; je demanderai feulement au fieur M. s'il
efi poflible que tout le monde gagne dans un
échange de cette nature ; Ç\ le roi a pu gagner ,
fans que fes lujets perdirent ; il n'y a que des
enfans , à qui on puifie perfuadcr que la nchefie
du royaume , fe trouveroit doublée s'il plaifoit au
fouverain, de doubler la valeur ^numéraire de
toutes les efpèces courantes^ fans rien ajouter
à leur titre , ni à leur poids. Dans l'état aâuel ,
un louis ancien , fuppofé droit de poids , & au
titre de 21 karats {7 6c demi, pour lequel il efl
admis au change , vaut intrinfèqucment , au prix
du tarif 24 livres 13 fols 1 1 deniers : le louis nou-
veau >^ en le fuppofant également droit de poids j
& en admettant > qu^il Toit fiibriquéy au titre de
21 karats f^, ne vaut intrînfëqaement , tu prix
de ce même tarif, qiie 23 livres 7 fols 3 de-
niers ; il n'efl donc pas vrai que le propriétaire
d'un louis nouveau , foit réellement auffi riche .
que le propriétaire d*un louis ancien , même ea
fuppofant que ce dernier foit à plus bas titre qne
le premier. La refonte a augmenté d*un feiztéme
la mafle numéraire de nos efpèces d*or , niais la
mafle de la matière avec laquelle elles font fa-
briquées étant refiée la même , parce quVUes ont
perdu en poids , ce qu'elles ont gagné en ueoi-
bre , il n'eft pas vrai que notre richefle foit aug-
mentée : Non enim hetc numéro fcd pondère jmÏh
cantur (a). La façon d'une pièce d'orfèvrerie U
donne une valeur idéale qui excède fa valew
réelle ; mais celle-ci confifie unîquemeuc dans k
titre 8c le pcids de la-fliatière.
QUATRIÈME PARTIE.
Copie de ma lettre aux chambres du commerce^
de Tôuloufcy MarfeiUe^ Nanus, Bordeaux^ IMe^
Dunkerque ^ Lyon , lorient , Bayonne , U Havre ^ S.
Malo , Amiens , S. Quentin & Rouen , en date dk
27 oElobre 1787. À laquelle étaient joints des exem-
plaires de mes obfervations.
ce M. M..«.» Monfeîgneur T Archevêque de
n Touloufe , m'ayant autorift k vous coamùni*
n quer mes obfcrvations , fur la déclaration di
n 30 oftobre 1785 , oui a ordonné la refonte
n des efpéces dor. Se fur Taugmentatioa pro-
n greffive du prix des matières d'or & d'argent;
Il l'ai l'honneur de vous en envoyer deux cx-
9» emplaires ; je vous prie de vouloir biea les
w lire, & les examiner avec toute i'attentioo
ti qu'exigent des oueAions auffi intèrefiantes poor
» le commerce, oc de me faire part enfutie des
n réflexions dont elles vous auront paru fufccp-
n tibles. n
Tai t honneur d*êtr€ , &c.
Lettre & obfcrvations , de la chambre du commerce
de BaYOSNE.
N. B, Les réponfes des chambres du commerce du Ha-
vre , d'Amiens , de S, Quentin , S. Malo & Rouen ,
ne me font pas parvenues ; la chambre du comment
de Rouen y par oit néanmoins avoir là mon ouvra^^
pufqu'elle le c.'te avec éloee dans une note qui fe
trouve au bas de la page 8 , de fes cbfervations ptr
la lettre de la chambre du commerce de Normande,
publiées, en 1788.
M. la chambre vous a &it attendre longtemps
fa réponfe , à la lettre que vous lui fites lïiofl-
neur de lui écrire le 27 octobre dernier , parce
qu'elle fe propofoit d'y joindre fes obfervatioai
{a) Cicero deofficiis^ lib. 9»
ftf
(785)
fur le Mimoîre qui raccompagnoît. Li rédac-
tion de celles-ci a éié retardée oai pluficurs eau
fes. Il falloic que !a partie des calculs fut raumîfe
à des vérifications rèirérées , pour en affurer Texac*
titude» & former la bafe des confcquences que
Y10US en avoos déduites ^ à quoi nous avons donné
toute notre attention.
Vous retrouverez, Monlîeur , dans ces obferva-
tions» dont nous vous remettoi s ci joint une co-
pie « les mêmes principes que vous avez adoptés
dans votre Mcmoire , fur les încooveniens de la
refonte de Tor , & fur les conséquences iacbeufes
qui en ont refaite. Nous nous femmes permis feu-
lement de ne pas admettre , au nfvmbr^ de ces
conféquenccs , la haufTe du change d'Efpagne , qui
nous a paru tenir à d*auues caufes. La connoif-
fance immédiate des révolutions qu^éprouv^ le
commerce d'Efpîgne , de leur influence fur fes
changes » dérive de notre GtLauon ^ & des rela-
tions confiantes ^ue nous avons avec lei diver-
fe» places de ce Royaume. Nous aurions pu» pir
cette raifcn , ajouter i vos réfltxions, le dé a!l
des faits qui fe font paffés fcm nos yeui ^ depuis
la refonte. Et en effet , nous avons %'u » immédia*
tement après Tarrêt du 30 of^obre , le prijt de
Tor d'Eif agne fuivre !a progreffion du nouveau
tarif, les quadiuples neuves ayant iié portées de
80 Ijvies ^ fous , à 81 livres ti fous* & Us
rîeilies de 81 à 8) livres ^ fout. Ce:ta bauiTe a
été accrue depuis par les prîmes qui fe font éu-
bîies sur les matières d'or. Elles ont été portées
fucccHivement de j pour ^ à | , laux auqu(.l etîes
fe foutienncm aujourd'hui. Pour cakukr :our le
défivantage de ce furhauncmeot , il fa«;drdrt
ajouter au bénéfice accoidé ï r£*J*ajËne , cehsi
qtie fau l'étranger » au détTÎment de u France^ en
retirant de cçllc-ci , en argent » la folde de fes
exportations » qu'il y a fait verfcr en or par lEf-
paçne.
Le moyen que vous propofez, pour réparer
le mal, en abandonnant au commerce ie droit
de fcigneur a^^e du Roi , tant fur Tor que fur
l'argent, k Tinflar de ce qui fe pratique en Angle-
terre , nous a paru avoir quelques inconvéntens
JK>ur Targcyt^ Le premier effet d*unc pareille in-
novation dans le Royaume, fcroit de faire haufler
le prix de ce métal, & dy attirer une quantité de
numéraire dont la difproportion , avec !a balance
de notre commerce , ftroit baiffer les changes de
la France, avec toute* les nations (^ut fourni^rent ,
conjointement avec elle, en Efpagne, le produit
de leur fol 6c de leur induAric, Cet inconvé-
lient, neft pas le feul , comme vous le vcrrta
d^Af nos observations.; mais en adoptant votre
' ftéme» pour Tor, nous Ta vons. pour ^infi dire, dé*
elop^è ^ en demandant que la fixation du prix
t £ù métal foit déformas attribuée au com-
crce,âc CD éiabUILnt que c\A le véritable
oycn de re^'ouver .ta proportion rcla ive, dant
ù sVft éloigné dans le uoiiVcau tarif.
Nous avons cm devoir profiter de Toccafioii
que faifoît naître la difcuffion de ces objets , pour
attirer ratcention du gouvernement fur les fit-
ncftes effets produits par les furachapts » dont
jouirent les particuliers , 8c par les fervices corn*
mis dans les provinces , pour les anticipations de
fonds au tréfor-royal. Témoins , depuis long-
temps » des p!aies profondes que font au com-
merce les opérations qui en font la fuite , le de-
voir de nos places nous prefcrit d'indiquer U
fource du mal , & d^cmployer tous nos cffotts
pour y apporter le remède , qui ii*eft autre que
[abandon d*un pareil syftéme.
Nous ofons nous flatter , Monfieur , que 005
obfervations mériteront de votre part quelque
indulgence , par le zèle qui nous les a dlAées. Si
vous deviez en fa're ufage auprès du Gouverne-
ment , pour Texécution de quelques nouvelles
vues, nous vous prions d*appuycr nos réclama-
tiens relatives aux furachaptsàc aux fervices , dont
vous agpcrcevrez aifément la juftice & la liaifon
intime avec Tintérét du commerce.
Nous avons Thonneur d*ètre , -avec une parfaite
confîdéf ation » &c»
OBSERVATIONS
Di la chdmhrt du commerce de Baronne , fur um
Mémoire imprimé ^ ayant peur chjet r examen d^
Li dé Urdfwn du jo oélohre 1785 , qui a ordonné
Li refonte des efpèets d'or^& Jts caufs de taug*
mtnt^tlon prQg'eJfive du prix des mdtikres d'or O
dWgent , depuis ie premier jarrfler 1^16*
Quelque Tobjct principal du Mémoire que la
chambre a eu l'honneur de recevoir d'envoi de
M. des Rotours , premier commis des finances ,
au département des mon noies , foit de difcuter
les inconvémcn» de la refonte des cfpéccs d'or ^
eSc^iïéé en vertu de la déclarailon du 50 ofto-
bre 17C5, il a paru que le dévcloppemenr de
cette queAion en avoit lait naître quelques autres
non motn% iaiére(Tarites pour le bien de l'état Se
pour Tavanzage du commerce, Ceft ce qui a dé»
terminé la chambre» à produire les obfervaiions
fuivantcs.
En premier lieu, (ur les eaufcs de l'augmen-
tation fucceffive du prix des tnadéres cTor &
d argent , depuis Tannàe 1716,
En fécond lieu » fur les réfultats du change-
ment de proportion établi par îa rdbme du 30
octobre 1785 , entre le prix des matières d'or âc
des mauércs d'argent.
En troificme Ucu , fur les vériobîcs 8f prirct*
pales eaufcs de Talcération du change de [a France «
(786)
avec la Ho^ande , rAnglcterre & rEfpagne ,
pendant tes anaées 1784, 1785 & 1786.
En quaYriéme Heu , fur le» effets de» divers
furacliipn accordés par le gouvernement à quel-
ques particuliers , 6c des opéfadons faites dans (ei
provinces, pour k compte des banqu îcn ou finan-
ciers chargés de fervices ou aniicipadons de fonds
au trèfor-royal.
En cinquième lieu, fur les avantages ou les
inconvéîiiens que produiroit moralement. Téta-
bliiTemeiK d*un nouveau fyflêmc , pour les ma-
tières d*or, & l'abandon des droits de fcigneu-
riage , fur les efpécei d'or & d*argent*
Des dîverfes caufes qui ont ^ depuis Fannéc
1726 , opéré les augmentations fucceiTives du
prix des matières d'or & d^argent , celle qu'j y
a influe d une manière plus dîrcde » a été la ré-
ëuâion a'uiie partie des droits d^ feigneuriage du
Roî, Ces droits en effet , à Tepoque du 18 juin
de la même année, étant de 51 livres 4 fous par
marc d'or, & de a livres 17 fout 4 deniers par
marc d'argent , furent réduits par le dernier tarif
du 1 ç mai ï 775 à 1 1 livres 7 fous 1 1 deniers fur
For, & à 15 fous 4 denier» fur Targent. Et cette
léduftfon fut cnvîfagée , de la pan du fouverain ,
comme un véritable encouragement accordé au
commerce , & tout à la-fois j comme un moyen
dffuré d'attirer dans k royaume, une plus forte
quantité de numéraire. Au premier coup-d'œil ,
îL paroitroit que ce bènédpe eft en faveur de Té-
t ranger qui apporte fcs matières d'or 6l d'ar-
gent. Mais outre que les faits éiibliffcnt avec
évidence , que depuis 1716 , îa balance du com-
merce de îa France avec les nations voifines ,
Se rEfpagne en particulier , bien loin de dimi-
nuer, s* eu accrue cenfidéiablcmcnt , il n*eft pas
moins vrai que tous les objets repréCcntés par
Tor & Vargent ont participé à la même progref-
fton de valeur , en forte qu'il n*y a eu , dans le
fait , de changé , que les dénominations.
Une féconde ciufe du renchériflement des ma-
tières d'ùf & d'argent dans le coDimcrce , e{l li
confommaion qui en a été faite pour tes cliofes
de lu3te , ou autres produâ-ons de l'induiïrie ; cha-
que année les befolns imaginaires s'étant mul-
tipliés, le commerce a dû, pour s'afTurer uae
préférence ^ excéder k prix auquel les efpèces
étoient admifes aux hâtels dei monnoîes.
L^accroiilement du commerce des compagnies
des Indes , ayant donné lieu à une exporTa:it>n
beaucoup p!us confidérable de piadres, aura cou*
tribué encore à en haulTcr le pria ; & qua^t aux
niaiière? d or, le prix qu elles va'oicnt en Angleterre
depuis 1751 , cité par Tauteur du Mémoire, in-
vhoit néceirairement le commerce à fe tappro*
cher du même niveau , & en f e confo,-«
Texemple dis autres cations , à prcfirnter è l_„__
Qui po^édent les mines , les mém^s avantage»
dans leurs échanges.
Mais bien loin cru*il ait réTultè uo préjudice 1
cet accroiffcment de valeur, la France y a bcaa^
coup gagné , en ce que fEfpagnol , feduii parj
l'apparence d'un bénéfice fur fes e Xpert ati^ :;» ,
les a accumulées, fans s*appcrcevc ir que leatMr-
chandifes qu'il aciietoit en retour , étoient «rê-
vées d'un renchérifFîmcct au sioins égal. Cette
vérité foufire néanmoins quelques exceptioes,
dans les cas où , par de» opérations forcées, h
France ft charge d'une quantité de madères tôt
ic d'argent excédant la balance de f«^fi cosisnerce
avec Téiranger : de quoi il fera parlé ci-apia.
§. n.
L'Efpagne étant débitrice de la France , efl icntte
de fe libérer avec fcs madères d'or et d^argent :
il feroit affex lodifTcrent qu'elle donnât ia préft-
rence à l'un ou à Tautre de ces métaux , fi le»
rapports établis en France entre leur valeur ref*
fiedive , fe trou voient égaux à ceux qu*ont adopté
es nadons auxquclks la France doit une (ol4e
annuelle pour fes importations : alors des con-
venances purement arbiti aires décermineroiea
feules le choix de» métaux employés à ces paye*
mens. Néanmoins le tranfport de l'or étant iki
aifé & moins coûteux, ce dernier fer«tt reciier-
ché dans quelques circonftances & it y aitroit
des inconvéniens k en être abfolument privé*
Si toutefois rEfp;ïgne & le Portugal cnchè-
riffoîent leur or, au point d'en empêcher rcx*
portation, il ne faudroit pas s'en alUrmcr , parce
*qLi*indépendamment de la perte que leur ciufe-
roit une difproportion trop fonc entre ïe pm
de l'or & de l'argent , qui les feroii bientôt re*
venir de leur erreur , ces deut nattans , fc no.-
veroient , avant long-temps , tellemeni furch^»
gées d'or , di appauvries d'argent , qu^elles ne
pourroient fe dtfpenfer de rétablir ui^ oouvàit
proportion.
C'eft donc à confervtr la proportion étabSl
chez \ts tiations, auxquelles la France eft n
vablt d'une folde annuelle, que Ton doit s*a
cher; car une valeur plus forte attribuée à î'of|
ou à l'argent , feroit , ainfi qu'on la déjà dît pmt
l'Effagnc & le Portugal , dirparottre le méîJj
dont le prix feroit moindre ; & fi c'étoct Ti
gent , il en naiiroit nombre d'inconvènicni, (^
parce que l'agent eft d'un u'age plus cpuraât
ëi d'une circulation plus ra:ile, foit parce qui
les valeurs quM repréfcnte étant moindrci, il
ne contribue pas î^vec la même ra;>idicé que Tor,
au renchéritîcment & dc% denrées & de wma
ks cliofes ufu^^Ues ; foit parce que rargem a'à
(787)
•lot pis altn facile à girdcr cpiî Pot, favoiife | l
moins la pafTion clés avares dVnfoulr Iturs ca-
pitaux fit de le§ fouftraire à la circulation ; foit
enfin parce que remploi des matières d'argent
aux objets de luxe , eft beaucoup plus étendu , St
provoque davantage rinduAîîe nationale.
L'Angleterre fie la Hollande onï principalement
fixe laitcntion des auteurs ; la prctu'ére à caufe
de la balance qu'elle retire directement de la
France ; Si la lecande conimc fervant d'agent
intermédiaire au nord , pour reprendre fur la
France celle qui lui rcvieoL
A partir de l'état des chofes avant^ la déclara-
tion du 30 oâobre 1785 , 6^^ en fe iixant , pour
Tor, au titre de 21 karats \{ 5c pour Targctit à
10 tJ , comme le fait l'auteur du Mcnioire , nous
trouvons quî les rapi^orts de ces trois états , êioient
^ammt fuit.
troiivoit nît avtn-
En France^
Le marc d'or à ce titre contenoit 4158 grain»
d€ mat ère Dure , dont fouïlrait 9 grains de re-
mife de poids, rcfie 4149 grains^ qui valent 30
iou5s de 34 li^frcs montant ci. • 710 livres.
Pour ces 739 livres , on avoir 1 10 écus de 6
livres pièce , le marc étoît à la taille de 8 écuî ^
& contenoit 4176 grains de matière pure , dout
fouiïrait 18 grains de remède de poids , fcfte 41 ç8
grains , & d'après cette proportion 120 écus don-
ooient 601 1^ grains |y fous.
Ainfi, 4149 grains d'or» étoîent à 601 tj || grains
iTargem , comme un , à 14 j||^.
En Anghttnt*
Selon le caîail fait par M. Macé de Riche-
bourg, dans foi) eflai fur la qualité des monnoies »
un marc d'or , vaut en matière pure 1 5 marcs ^f|^
argent.
En HoUdndt^
Suivant le même aureuft un marc d'or vaut
14 marcs » , & ainfi on
avott \ Londres jf^l'^-- marc d'argent pour un
marc d'or , de plus qu c:n France; ce qui faifoit
cinq pour cent frêr^-
£n Hollande au contraire on avoit de moins
qu'en France ^^^^'Ij de marc d'argent , pour un
marc d*or , ce qui taifoit v^Jm?'?' pour cent.
D'après ces rapports, il convenoit mitux à l'An-
gleterre de retirer de la France la balance qui
revenoît en Of , pwifqS^
•i^c de plus de cinq pour cent au-deCTus de Tar-
ge^nt. •
Quant à la Hollande , il lui étoit à peuprés
égal, de prendre Vun ou Taurrc, puffquil ny
avoit de dî/férence que d'un \ ouenviron pour cent.
Il paroirîoit donc que ta France ^ auroit dû
prendre un moyen entre ce* deux nations , $C
porter le rapport de Vor à Targenr, comme d'un
Si au lieu de faire une refonte , Ton avott feu-
lement porté les louis de 14 livres a iç livres, le
marc d'or auroît valu 15 ttï/îI ^^^^ d'argent.
Ou , fi , en faifant une refonte , on n'avoir
porté les louis de 14 livres « qu'il la iniUe de 31
au marc, le marc d or n'auroit que 14 f|VH ^^^^
d*argent.
Ce qui feroit beaucoup rapproché dans l'un
& dans l'autre cas du prix moyen ; au îitu auVa
portant ce rapport à 157, comme oa Ta tait ,
on a depaffé le bitv de ^)j Je mire d'argent ^
ce qui revient à ) jlfj} pour cent.
Examinons quel défavantagc il en téfulte « OU
peut en réfulter pour la France : Ôc: à cet effet,
pofons d';.bord tous les rapports afVuels , reljti-
vemcnt à la France ^ rAngletcrrc» & la Hol*
lande.
De Ut France à VAngUttrrt.
Nous avons vu , d'après M, Macé * qu*un marc
d'argent ne vaut en Angleterre, que 15 ^—^ marc
d*argint en matière pure. En France par la der-
nière augmentation de 6 y pK)ur cent» il vaut ac*
tuclkment 15 tîm » ^^ ^<>*'tc qu'il y a une diffc-
rence ^^rrrràrrrî ^^ ^^^^ d'argent , de l'un rap-
port à l'autre ce qui fait un jriinffrvil » ^ en nom-
bre rond un j,
La guinée d'or d'Angleterre valant 15 a de-
niers fterlingi , contient , félon le même auteur ,
"43 fl^ grains de poids François, en miiiére
pur^!, oc te marc dor de 52 lout5 « en contient
4149 grains , portant chaque louis 129 grains j^ ;
(J'a^ rés ce rapport, t louis valant un ccu de 60
foit'i revient à 18 m^\ den. Ûerlîngs ci. , 28 ^J||,
Le fchcling d'atgent Angloit de la dcriTs
fternngs » comiont en matière pu^e » fuîvant le
même auteur J04 ^IH grJn'» poids François : un
marc de 8 écus 7*- de 6 liircs , contient 4178
grains du poids ïrranço , , 6t iuivanc ces rap-
ports > Tecu de ) livras revient^ 18 AW^-
Méme diffàrencc de un -,V'^';,7;;.\7,
Voyooi d'après toutes ces données , la diti'é-^
rence qui réfulteroli ac^tuellemenr de remifes fai-
tes en Angleterre , en or ^u argent.
La fabrication des efpéces fe faifant en Angle-
Ggggg i/
(788)
lerrc , aux frais da goureroefflent » on y donne
aux moonoies la même quantité d*or oib d*ar-
geot qu'on y porte.
Ainfî , un marc de France de 32 louis d'or ,
renfermant 4149 grains de poids François, en
matière pure^ & la guinée en contenant 143
^fH félon les eflais faits à Parts,. de celles con-
tenues dans le médaille monétaire du Roi, rap-
portées par M. Macé de Rtchebourg , on auroit
en échange à la monnoie de Londres, 28 gûinèes
17 fcbetings 4 ^^^ ftcrlings , faifant 30 livres 5
fous 4 deniers \^j tterlings : cnforte que Tonce ,
poids de marc, du titre de 21 karats f^ vaudroit
3 livres ijfousSd. ~^fterHng8,& comme Tor poids
de marc, ne contient que 576 erains, & que
l'once , poids de Troyes , en renferme $85 ~ ,
que cette dernière péze par conféquent f^lus que
la première un rrh P^"*^ ^^"^ > l'once de Troyes
reviendroit à 3Uvres 16 fous iocI.f||f|Y|flerling$,
au lieu que l'auteur du Mémoire fe kxe à 3 li-
vres 16 fous 3 deniers quelle valoit , à ce qu'il
dit , à Londres , en îanvier 1787 ; ce qui fait 7 de-
cela opère
t ceUe de
notre ré-
iultat à celui de l'auteur , page '49^ Et on pour-
rolt croire que cela tenoit à quelque circonftance
particulière, à moins que les eflais, rapportés
par M. Macé , ne fuffent pas exaâs : fixons-nous
y néanmoins & nous aurons ci , .••.........•
30 livres 5 fous 4 deniers f^ fterlings.
Le marc d'argent au titre de
io~Atàlataille dc8écus^,con-
tient , comme nous l'avons vu ,
4158 grains en matière pare :
ainfi, les 128 écus en renfer-
mcient 64123 ff grains & le
fcheling de 1 2 deniers fterlings ,
en contenant, 104 —U fuivant
les effais rapponés par M. Macé ,
en donneroit à la monnoie de
Londres en échange , 604 fche-
lings 5 deniers fterlings, f.iifant
30 livres 14 fous 4 deniers
■KtVJi > ^^^^^ l'once poids de
marc, du titre de 10 ~ revien-
droit à 59 deniers ^ fterlings ,
& fi on y ajoute un pour cent
ce feroit 60 ff pour l'once de
Troyes , au lieu de 60 { de-
niers , auquel le porte l au-
teur , ce qui fait la différence
de près de 2 pour cent , ttt opère
celle de 5 fous 7 deniers qui fe
trouve de fon calcul au notre ,
1, f. d.
.30 14 4
JL1?.3JjL
I 347407
8
aij4J7i889
Ainfi , Pargent tttïAtoxt environ 9 fchèliiis de
plus que l'or : ce qui correfpond exaâemem à
un J^ pour cent de différence, que nous avons
déjà trouvé.
L'auteur du Métnoire que nous examinons , pofe
une livre un foy flerling ; ce oui feroit 3 \ pour
cent ; nous venons d'établir d'où provient la diffi-
rence.
Quoiqu*il en foit , le prix du change pour Far-
Sent étant entre la France & l'Anglv^rerre i 18
^"i«^s îT«H fterlings pour un écu de 3 livres ,
ceux qui ont des remifes à faire dans ce dernisr
royaume , ne préfèrent l'argent aux lettres de
chj^nge, qu'autant qu'il eft au moins far ce pied
U. S'il eft plus haut , le papier leur convie»
mieux. Or , le change étoit à 29 1 Je 4 oâotm
1785 , il a été depuis à 29 ^ , 29 |, ôi *1 eft pré-
fcnten-eat à 29 ^ , cela indique donc qu'il n'dl
point paffé de l'argent en Angleterre par î'cffctds
la refonte , & indique aufli que la différence fe
réduit à l'objet modique de unj pour cent, qui
réfulte de nos combinaifons.
Rapports de ta France à la Hollande.
•
Nous avons déji vu qu'en Hollande un marc
d'pr ne vaut que 14 if marc d'argent , & qu'en
France , par la nouvelle refonte , il a été à
« 5 lisrir- il y a donc une différence de an -riîfHîf
de marc d'argent , ce qui fiiit 6 ^ÎH^ pour
cent & en nombre rond 7 pour cent.
Selon M. Macé de Richebourg , le ducat de
Hollande valant 5 florins 5 fous , argent cou*
rant , contient 63 ^^ grains de poids François
en matière pure , d après les cffûs faits de ceux
ciu médaille monétaire du Roi ; le mire ci'or va-
lant 32 louis, en contient ai 49 & par conféquent
chaque louis 129 grains — , amii, d'après ce rap-
port , le ^ de louis oii l-écu de 3 livres revieiit
^ 53 jHï deniers de gros par écu, & en fuppo-
fant l'agio à J pour cent en argent de banque ,
••••;••• \ 50 nH deniers gros.
suivant le même aateiir, un
florin de 20 fous oouraiu ou
40 deniers de gros courant
contient 175 -^ grains poids
François , en mat.ère pure, &
le marc de 8 W. ^ de 6 lî-
vres, en contient 4158, ainfi
Técu de trois livres ou 60 fous
revient à 57 ^Milh argent
de gros.
- 1' I3196S6 40 —©— •-
courant , oc en banque fous le
même agio , ci 54-|«««|^'» ^^^.^^
Même différence de 6 ^^^\ p^ur cent &
en nombre rond 7 pour cent.
D'après ces données voici quel eft !e réfiîlrat
des remifes en or & en argent de France en HuN
lande.
(789) '
I
Le marc d'or 3ç if ^ Icarats contenant 4149
Îjrains en ii»;iiiérc pure , & à la t^iille tic 31
ouis»6£ le ducat en rcnfcrmanr 6j ^/^ dv-niers , f«n
doit recevoir 65 ducats 19 (ous 13 pour cent, qut ,
à 5 livres 5 fous |tT f^"^ * •..• 342 4 i3 ^77 ar-
gent courant.
Les 128 écus de 6 livres va-*
leur de 30 louis en argent con-
tiennent 641 13 1^ grains d'aigent
en matière pure , & le tl>rin «
afj;ent courant , contenant 175
-^ , on recevroit 366 1 9 -^^
couraoi ci , % 566 a 9 rsim-
Différence 23 17 î^ ItvH^U-
Ce qui fait encore la différence d'environ 7
pour cent , qt'-e l'argent rendroît plus que Ton
Il y a quelques trais de monnoyage en Hol-
lande » dont on ignore la quotité , mais cela efl
peu di chrïfe , 6t cela ne peut pas altérer de beau-
coup ce réfultat.
Cette forte différence doit nèceff iremcnt por-
ter fur la fortie de l'argent^ lorfque la France doit
une haUncc au Nord j ce qui ie rencontre fur-
tout en temps de guerre , à caufe des forts ap-
provifionnemens qu'elte en tire pour la Marine.
On a déjà vu , que le baromètre de cet e cx-
traftion eil le pair du change. Il cÙ à environ
54 I deniers pour Amflcrdam par rapport i l'ar-
gent ; à ce prix , il convient autant cle rcmeiire
trnicus , attendu que les lettres de change , ayant
trois mois à courir font fufreptibles d'un ef*
compte.
D'après cette règle , il paroîtroît que la nou-
velle refonte d*oâobre 17H5 , n'auroit pas fait
paffer une forte qi/antiié d'argent en Holbnde ,
puifque le charrgc fur Acnfterdam j antérieure-
ment à celte époque étoit de 54 j â 54 i > tan-
dis que dans le courant du dit mois d'^ofiobre , il
fût entre 54 | 8c 54 J deniers , 8t qu'aujourd'hui
il roule fur 54 } i S4 i- Cependant Ton n*a poini
vu que cela ait produit Teffet naturel de Textrac-
fion di l'argent» ce qui doit avoir tenu à des
caufes extraordinaires, telles par exemple, que
celle d'une forte babnce que la Frnnce anra eu
à recevoir de fes extradions pour le Nord*
Pour remettre le* chofes dan'> imt* proporticnr
convenable , il fcmbîe que le prix de Tor oevroït
erre diminué, de 32 livres par marc, ce qui
produiroit 20 fous de diminution fur la Vjleur
numérciire de chaque louis d'or > & correfpon droit
à 4 pour cent;eM forte que la France fe trouve-
roit ainû en rapport.
Savoir;
Avec FAn^Teterre ^ de a ^ pour cent que For
y vuudroit moins que l'argent , & ycc la HoU
I.nde d*; 3 pour cent îJcm. Ûe quVf^roit de»
proportiofu à-p;«-nrés ép;ale5 en:re la Ffaacc ât
:es de-îx nations commerçantes j m\^ rmconTè-
nicnt d; toucher d- roaveiiu à rimmutîbiîiuLde
la monnoij, de diminuer une livre par louis d'*;;r ,
.u préjudice des porfefleurs de Ter , pourroit ar*
i èter.
Peut être y auroit-il un moyen de remcdicr a
.cet inconvénient , en adoptant le procédé de
TAngleterre & de ia Hollandt-* , au fujct de l'or.
L*oa trouve dans les recherclies & corLÛdéraiionf
fur les finances de h France , tome VI pnges aSj
& 240, qu'en Angleterre » For fabriqué n'eit pas
monr.oie : que la guinée n'y vaioii originairement
que ao fous fterlings , & que le commerce la-
voit pourtant élevée graduel!em::rt à ai fous f
en proportion de ce que les 1: pports a voient
changé entre l'or ék l'argent ; è préfent , cUe y
cil fixée à 11 fcheling » Ôt déUvfée fur ce cours
d^ns les hôtels des monnoicsu
En Hollande, le ducas cft cer.fé marchandîfet
& ton peut en arbitrer le pru à volonté» fui*
vanc le plus ou moms de de»! inde* Cepcnd;int
il cft couramment einpioyè pour 5 fiorms 5
fous,
N en feroir-il pis de même tn France ^ û Ton
fe bornoit à rendre Targent en mmnoie courante ,
laiifjnt le prix de l*or à la fixation qu*cn feroit
le public ? c'cH-à-rfirc que le mire dor de ai
karats |4 ♦ ^^^ tou;ours à la taille de 3 a louis;
mais que le public y mit la valeur tiumérairc
qu'il jugeroic convenable, & qui fe fixeroit né-
ceffai rement d'après fon rapport réel avec l'ar-
gent, ôt d'après fon utilité. Il eft apparenr , qu'on
verriDÎt le loui^ réduit à ai hvre^, ce qui cor-
rtfpondroit à 636 livres par mnrc. V> prix , ou
tout autre, relatif au cours des louis dars la
circulation , feroit celui auquel l'or feroît admis
dans les hôtels des monnoies- Pir ce moyeu ^
le^ rapports ex^ù^ s'opércroi^nt d'eux même* ^
par un a5ent commun 6f libre , (on% i*tr»terven-
tlon du Gouvernement , qui cft prcfquc toujours
dangereufe par le contre-coup qu'elle peur por-
ter a ropinioii , ou même â la confancc publi-
que.
§• ni.
Quelque darigcr i^uc ptifcme Faccaparement
fait par la Fiance^ pe^«.ant les anriées 1784 ,
1785 «Se 1786, de I2 toîaiiie des tfpeces ducs
par l'Ef^agne tant à rAngleuerre qu'aux autres
nations cornac contes du Nord, pour h balance
de fes importations , n«»us ne f-^^trtans adopter en
entier Topinion de i a^itisur du Mémoire , qyt at-
tribue a ce: te opération feule la baufTe du cl)ange
de rEfpagncaVec la France , 6t U baiffc du chapgt
r79o)
de la France avec l'Anglefterre & h Hollande,
Nous nous permettons 3 obfervcr , que les ba-
fes fur lefqûclles ont été calculées les différen-
ces 8c les pertes qui en ont réfulté , font fau-
tives , en ce qu'elles ne font pas fondées fur les
parités intrinfèques de la valeur des monnoics
de ces différents pays , fetil moyen de trouver
la proportion véritible des ch.mges.
0:i a déji vu que cette parité étoit pour l'An-
gleterre , liî l fterling* : ou environ > pour un écu'
comprnnt, à quoi ajourant | pour cent pour Pef-
compte au terme de 60 jours, auquel font paya-
bles les rembourfemens, on peut rétablir k 2^
deniers.
Et pour la Hollande , moyennant Taddltion
d'un ^, pour cent, pour refcompte de J mois ,
la parité reiTortiroit 154^ deniers.
Quant à rEfpagne » voîci comment on peut
trouver la parité»
Paur tar,
La piftolc d'or au baïancier, ayant cours pour
1 J, piftole de change, contient réellement 115
m grains de matière pure ; ainfi , on peut éva-
luer que chaque j îAolc de change qui eft une
monnoie imaginaire équivaut à 92 -^^-^ grains de
matière pure, & vaut , dans la proportion de
710 livres, le marc de nos louis , contenant 4149
grains d or fin ou de matière
u r. d.
pw^c ..*-.....,. •t6 s Ht
L>m pifïole d*or du Pérou',
idem it) }f; idem 91 ^
idem .15 i<S 4 iff
La piftolc d'or de la fabri-
cation commencée en 17716 ,
ayant cour?i pour une pillole
7 reaux ~ de pUttc idem t r4
;^.idcn,9i|îi| ,, ,8 6
4t t^
47 '^ 4 TTiTSTT?
La pirité commune ell de • . 1 5 18 5 jy^rfH
Lt plaftre effigiée» de mê-
me valeur, contient 451 ^
grains en matière pure , fit
dans la même propL>rtîon la
pillole de change contient
i)6a rr^ 6"^*^"^ ^" matière
pure, d£ vaut idani. . , * , . t6
44 T-» Sî "tti »l
3^ 17 » ioïtm
de
La parité moyenne , eft
16 » 10 xîTîîI
Et par conféquent 1^ parité du change cmit
ta Fraace 6c rEfpagne eft de deux foncs.
Sur les matiires d*or ,
de ....'ï .8 î *i^^^.
Sur les matières d'argent »
de , , * , * • . 1 6 8 10 ^^tiM
La pîaflre aux deux globes vaiif numéraîrement
lO I rcaux de plattc vieille, &i contient 45^ , 7^
(grains de poids d'argent fin-, en matière pure.
Ainfi, on peut évaluer que h pKlole de change,
qui eft une monnoie imaginaire , contient 1 385 ~j
grains de poids matière pure p ôi vaut dans la
proportion de 49 livres 16 fols le marc de nos
écus contenint 4158 grains
d*argent hn , ou dt: mitiére *
P"re t6«'« 4^Hî'
î* 7 3
5 7 £• tS«71ti9S««
1
La parité moyenne, eft
de .,,..16
Ces deux parités font entre cficâi corame lO) ^
ou à-peu-prés, eft à loo ; & cette dîffèiencc pro-
vient de celle qui exifte dans les deux royaumes»
dans la proportion de l'or avec Targcnt.
Prenons donc cette parité moycnae pont terme
de compar^ifon , & l*on
l f. é,
aura , ï6 3 7
M:iis les frais d'cxtra^ion
& de tranfpori|ufqu*àPatis ,
évalués i ^ l pour cent équi-
valent à ,,.»..,, |g 7
Refte. , ^^ ç , qui feroit
la parité du change de Paris, avec Madrid «à
vue ; mais comme Toti tire la majeure partie à
60 jours de date & que Tcfcomptc de ce teriae
à 5 pour cent, équivaut à ^^ pour cent ou 1 foBi
3 deniers par plftole par mots , à 3 C 6 deniers pour
les 60 )QUTS ; h véritable psritj du change dt
Paris avec Madrid , à 60 jours de da^e c£l de i{
livres a fous 6 deniers,
C'ctoit par conféquent dc& caufes extraordi*
naires , qui auroient occafionné la baîfTe du chafi^e
fort au deflbus de cette parité. Dans le m»fiibre,
peut être placée raugtnentation de la valeur nu*
mèraire de Tor en Efpagne , du mois de imllct
1779 i il s'établit dès-lors une nouvelle propor-
tion dans le prix des matières dVr & des mè*
tières d'argent, il en réfulta une différence 4$
! ] deux trois deniers , par plk. de diaM
dans la parité moyenne ; ce qui auroit ferri m
bafe pour la fixaiion du change , s'il y a voit eu «
uitlitê ég^lc à eitraîrc Tor : mais comcne
nouvelle opération devoir empêcher la fortie 1
790
I
Por, romoie d^ailleurs k plu^granîa inaffe de
nuraérairc cfl Fargent , (6c <]ue le» frais font rj-
Jaiifi à ce métal , on peut dire que la révolution
du change duc être légère & unique me nf TeiTct
de fo pi ni on,
A k fuite de cette nonvea'jté , furvînt Téta-
bliffcmenrdu papier monnoie ou des billets royaux ,
opération , cjuï , quoit|ue avancageufe à TEipi-
g ne, par le mouvement quelle imprîmoit à h
circjUtion des tfpèces, dans un pays où î*m-
duftrte ne fauroii fuffiri à Temploî d^s capitaux j
porta une attemte rédle à fon cré iii dans ic-
i ranger, La nation , méconnoiffant danj k prin-
cipe rutilîté d'une pareille? re^ourcc j contribua
elle-même à augmemer Je difcrédit, en établiiîant
des primes de 5 , 6 , 7 , & même jufqu*ii 10 pour
cent, pour la converfiop des billets en efpéces.
Si Ton afouic à c^s deux premières caufcs , la
prtvarton qu'efl'aya TEfpagne des revenus de ies
Colonies, pendant la diSée de la guerre, les
empruots auxquels elle fut obligée de recourir en
Holîande, 6l ù'auucs circonftancjs non moins fa-
cheufes, on ne fcta plus èto.iné dj la révolu
tîon qu*avoit éprouvé le cbjnge, qui eft le ih?r-
moifietie, non - feulement dsî (a profi^érité ha i-
tuelle , mais encore de h fituaiion momentané.'
dei Empires.
Les chofes ayant changé par b paix de 1783,
la coûfiance due aux billets royaux vVranf a-
fcrmie , & les Colonies ayant mis l'Efpagac en
état d'acquitter la dette de fon commerce , il d«-
voit lïéceiTai rement s*opèrer une féconde révo-
lution, pour rétablir le change d'Efpagne, au ni-
veau qui lui étoit afiigné par la nature des chofes.
Peut-être cette tévolutîon nauroit-t-elle pas été
aiiiïj prompte quV-lle le fut en 1784. fi la Fiance
s'étoit bornée à recevoir fa créance , mais elle
devoit fe réîiUler dans un intervalle plus ou
moins long. Nous croyons donc , que la hauffe
du change d*Efpagne , ne doit pas entrer dans le
calcul de la perte qu*a coûté l'accapare m eut des
piaftres en France , attendu que même dans ce
moment I ou rEfpagne doit beaucoup moins aux
autres nations j par U i^agnatioD defon commerwe
avec r Amérique, fes charges fc trouvent encore
au-defTous de h parité établie, n'étant qu'à 14
livres 18 fous , fur Madrid, ï 60 jours, ce qui
■ revient à 15 livres 6 deniers à vue.
P Mais en fc tournant vers rAnglcterrc & la
Hollande , on ne peut que gémir avec T/luteur,
fur les fu nettes effets de l'a:caparcment . 6c voir
comme lui , dan^le réfultat de cette opération »
une perte évidente pour la France , de plufteurs
millions, perte qui doit s'agraver de jour en
jour, par les intérêts dont h France fe conftitue
redevable envers les nations étrangères, pour fes
emprunts annut^ts qui ^thforbent , en p.^rtte , les
bénéfices de fon coinm^rce avec ces nations.
L Avant de terminer cet article , nous nous per
fc_ :
I
mettons défaire une obfervaiion relative aux ic-
caparemens, Cefl que les fabrications extraordinai-
res d'cfpèc^s, qui ont été faites pendant les années
1784, 178^ & 1786, ont du produire un bénc-
iice de y pour cent ou environ , par'ks droits de
feigiteurta^e , frais de tranfport & de c^mlfliOi] ,
dont elles ont été fufcepiioles.
Mais ces foibles dédommagemens ne font rîen
auprès des incon venions qu^iraine le fyUéme
de Taccaparemem d'une nulfe de numéraire trop
confidérable*; aulli crcyons-nous devoir adopter
en entier le vœu de l'juieur du Mémoire, qui
tend à le profcnre. Nous ajouterons que pour y
parvenir plus furemeni , cette reforme doit-ctre
précédée d'une, beaucoup plus effemielle , 6l qui
a été jiifqu*à préfenc la piiricipalt caufe des ac-
caftrcmens. Ce font les furaclupts accordés ex-
clufivement k quelques particuîicfs , au préjudice
du commerce , furachapts dont le premier abus
eft de faire jouir un particulitr d'un droit qui
n'appartient qu'au Roi ^ dont k produit efl ap-
pl.cibe aux befoins de letat^ Se qui doit lui te-
nir Uju d*une autre conaibuiîon de la part du
commerce. Ajoutez à ct:\3 , que le plus fou vent
îc furacheteur , pour jouir d't «e partie du béné-
fice qui lui a été concédé, efl obligé d'en facri-
fier Tautrc portion au b^foin de s'alTurer d'une
forte quantité de matière<i , d'où ré'uhe Taug-
mentation du prix de celle-ci « qui forme une
perte réelle pour la nation* CeA ce que nous
avon^ vu s^flFc^luer Tannée derrière , par le mar-
ché onéreux conclu avec la banque de Madtîd,
dans lequel le prix des pialires a été élevé d'un
6l demi pour cent , au*dcâus des antiées précé-
dentes. Ce neÛ pas tout encore , & uns parler
de iHnjuiïice du privilège cxclufif , dnns le com-
merce qui réclame fans ccfle égalité d'encourage-
ment tk de protet*^on , on peut dire encore ♦ que
Teffct ordinaire du furacha^ t , étant de concen-
trer dans un petit nombre de mains tout le nu-
méraire , il s*enfiiit que le négociant ed à la
merci du luracli^rteur , pour toures tes opèf9t\on$
dans lefquclJcs ce moyen d^tdungc efl indtf-
pen fable ; que c\ft celui-ci , qui raréfie ou f^it
abonder à fon gré Vpr & rargtrnt, qui rench'rit
ou fait biilT^r le crédit , fuivant que cela con-
vient à fe& combinaifons fifca es. Notre Place a
fourni tout récemment un c^emp^e de cette vérité ,
tat^di* que la banque d*Efpagnc y faifolt verfcr
des fommes confidérablcs, le numéraire prove-
nant d:s fabrications , difparoîflroiî tmmédiatcmenr ,
pour (laHcr à la Capitale , fans que ja plu!i pe-
tite partie pût en être détournée pour les befoins
du commette.
Il a réfulié de ces opérations un renchérifTe-
(792)
ment foutenu du piit des matières d'or & d'ar-
gent, qui, joint à Wiïu de celles fi^iî&s dan^. les
provinces pour lis «micipatlons de fonds au
iréfor-royal , ont è'evé le taux de l'irucrèt à
un \ pour c^nt pour 5 mois » ou 7 ^ pour cent
^>our Tari. CVft ici le lieu de réclamer avec force ,
contre de iemblabUs oj^étatioaSt qui , indépen-
d**mmcnr du préjudice qu'elles cauftînt à Téiat ,
par la clicrtc dts Iccours qire!ks lui procurent,
prodmfent d'autres effets non moins allarmans :
elles étouffent l'induftrie , en interdifant à Tin-
diviju, qut n*a que fes bras ou fon talent. Tu-
fagx! du créait i 8l en le pavant du bénéfice
que remploi de dflkioyen lui prccure » elles dé-
truifent le cumiiierce, en lui dcrobaut, par Tap-
pât d*un iiuércc exccfiîf» & plus allié à réAlifer ,
tes capitaux qui Talimentent : eniia elles nuifent
au crédit public , en introduîûnt une défiance
continuelle fur le mérire à^s en;^agcm;^ns con-
tr^iflés par les pr^pons aux fervicts.
En effet le crédit étant ordiraîrcment propor-
tionné, eu à la fortune, de celui qui 4*a fait
tifage , ou à la valeur incrtnféqtie des objets aux-
quels il cil appliqué , lorf^ue cette application eft
connue > il s'enfuit que dés qu'un homme con-
trit j dtsengagemtirts i-ifinimcnt fupérieursâ fesf^i-
cuitès , dès que Tem^loi d^s fonds qu*on lui conii:?,
bien loin d'avoir une app'icarion connue» elKubor-
donné à la bonne foi d\in tiers » aux révolu-
tions du temps & des évènemens, fon crédit di-
minue , la détiinc» s'imrodtiir , & le plus fou-
v^nt fcs progrès font fi ècenlus , que des parti-
culiers , elle reflue jufi^ucs ver» la nation. Nous
croyons donc qu'un pareil difcrédi, eft une é^s
caufes des révolutions extraordinaires^q n'a éprouvé^
le change fur France dansfécranger. Nous avons vu
dans le mois de janvier , de Tannée dernière , que le
papier fur Paris , à courte échcance , valoit à
Amrttrdam 53 -^^ il ne fe négocioit à deux mo.s
q<ic pour 52 I , ct^ic dtlïerence équivalant à un
efcomptedc i ^pour cent , iî s'enfuit que h ¥f,incc
payoit dans l'étrarger , irdépend^imiiicnt des frais
de commiflton , iit atatrcs , un iniérét cj^celfif qui
de voit accTOjtrc fa dnte Cette vérité , qui eft
d'une démfnftrition ri ptnrciufe , nous paroit fuf-
ceptïble de grindes léflexions, |jar l'mfluence
quV-Ue peut avoir fur la tichefle 6l la profpérité
de la nation.
g. V.-
De tous les moyens prcpres à ramener l'ordre
& à rétablir un pjirfait équilibre, il en efl peu ,
fans doute » qui rénniiTent aérant d'avantages fie
qui préfenienF les mêmes faciUtés dans rcxécit-
tion , que cchii que propc-fe l'auteur , qui e/ll'a-
b.ndon au commerce de droits de feigneuriiige du
roi , dans leur lotauié , fans retenue des frais
4e fabriiaûun* Mais ce moyen (.ourioit entraîner
des iDCdnvèmens confidérables , tçîs qu'un rtn-
chériiLment fubitdea { pour cent fu. les mane»
res dor & d'argent , qm , attendu Viuduriric ré-
pandue dans les autres éiats de rEuropcy en ce-
ntrai , poricroit n é ce iTa? renient un p éjudice fco-
iîble à nos manu apures , dans lei. r concurrence avec
Celles de l'étranger, de même qu'i nos ciportê»
tîons dd p:aflre> dans Tliid:;. Uiï fécond incon-
vé nient , ferait une augmentation égale (ut les
changes de l'Effagnc , à Tavantags de ce royau-
me, qui frap;;eroit ^'abord infaillTbVinent le co mp
murce dhcR entre k France & l'Çfpagne , & fuo
ccfTivement cnfuite les a«tres pays étrangers.
Un troifiéme inconvénient , c'eft que le rem-
placement de ces 2 7 pour cent , qui « ccMAme
îobfcrve M. Necker, dans fon ouvrage fur lad*
mmiAracion des Hnances , tome | pages 18 & 191
n'opèie que la légère impofitton d'un ctjiqaiéme
pour cent , fur tes exportations du royaume , d^*
vroit être sî&k fur des objets beaucoup pli:s
onéreux à la nation. Il femble donc que ce
feroit ici le cas d'appliquer la maxime du mime
auteur , page 1 1 , qu'en aduÉintAratlon , il ne
faut jamais favori fer une branche par une dif*
pofuion qui nuit à d'autres intéicts.
£n réunUTaût fous un mtmc point de vire
les obfervations détaillées ci-djeHiis ^ on verra :
Que la progreflîon du prix de l'or & de Tar»
gent en France dérive principalement de la ré-
du^ion du bénéfice du Roi , & que toutes les
chofes repréfentées par le numéraire , ayant fubi
un renchéri (fc ment au moins égal ^ tl ca a ré*
fuUé aucune perte pour la Fiaace :
Que la refonte du 3» oôobre 1785 .a été très-
prcjudiciabte^ eu ce que, elle a^ n#n-fetilefliefl^
élevé tiop haut la proportion relative du prix
de for, mais encore, parce qu'elle a récllcroeot
appauvri la nation de toute la partie de l'^ug*
mentatîon , dont l'étranger a profité 9 en lâibiit
refouler For en France.
Que les acc»paremens de piaftre^, faits peu»
é2.m les années 1784, 178^ & 1786 ; quoique
n'ayant influé que légèrement fur la hajifTe da
change d'Efpagnc, ont été néanmoins funefies
par l'effet qu'ils ont produit fur le change de la
France avec rAngiCtetre & la Hollande.
Que pour y remédier , il cfl iixdtfpen fable dt
fupprimcr les furachapts , qui font auiTi injuflei
qu'onéreux pour la naiîon engénéral^ & le com*
merce en particulier.
Que L'accroifltment du taux de l*lmérèt , de»
venu effrayant pour le commère « a été ptodiiii
par les opérations faites d^ns les Provinces , aôtfi
que dans rètrangcr , pour le compte des ûma*
ciers chargés de fervices au tréfor-royal » qtt*3
réfulie de cet accroiiTcment un ïott des plus jr;
ves peur l'induibicy & Loe pcne pcmr l
tion»
f793)
Enfin rabandofi dei droits de feigneiinage du
roi , fur les miiiére* d'argent , étant ûi'ccptible
de quelques incoiîvénîens , ne faurait èirë adopté ,
mais que le feul moyen de répa er le mal qu'à
produit b refonte du 30 1 ftjbrc 1765 , efl de
ne point fixer îc prix de >'ot , 6t d'en faire un
effet comm^rç^hle, en Te conformant à cet égkrd
à ce qui le pratique en / n^; Cicrre.
Délibéré a B^yonne, dans la chambre du com-
merce , le vingt-aeuf mars mil fept-cem-quatre-
iridgt-huk.
rNûUs avo/H rhonnmr d'être , &ç*
Z^Urt £• réjltxwns des juges ^ confias de
LoRtÉNT,
Nous aTons Fhonneur de voui rer«ettrc , en ré-
ponfe à la lettre que vous nous avez fait ce
lui de nous écrire , le 27 oâobrc dernier, les ré-
âeitions du commerce de cette place, fur lesob-
fervatîons qui y éi oient jointes t loucbant la
refonte des efpèces d'or.
Cette pièce eft précifément adreiïée à Monfei-
gneur TaTchevêque de TouSoufe , & nous vous
prions , Monfieur, de vouloir bien la lui faire par-
venir.
Nous femmes avec une rcfpcftiieufe confidé-
ration , &c*
RéflexiQns fur les ^hftrvathns fur U déclaration
du jo QÛoi^re 1785.
Monfeîgneor , nous avons examiné avec h
plus grande attention , les ob fer valions fur la
déclaration du 10 oftobre 1785 » fur Icfquellei
y ou s paroi flez cicfircr Tavis du commerce.
Nous ne pouvons pis nous difpenfer de con-
venir que fauteur, quel qu'il foit, annonce de
ÎjrandcsconnoiiTanccsfur cette matière. [1 l'a traitée
don fes vrais ptincipes , & fi les faits qull avance
font exa«^s , les conféquences qu il en tire ne peu-
vent quéïre évidentes.
i\près avoir rendu à cet écrivain la juillce quM
Ciérite, nous croyons, Monfeigneur, devoir vous
faire part di* nos monfs d'approbation avec le même
détaîl que fi nous voulions le combattre ; n«us
confidérons le même objet , nous en portons à*
peu-près le rrcmd (ugement ; maii l'obfervant
d'un autre point de vue , nos preuves peuvent
avoir l'avantage de fortifier une doftrine malheu-
rcufc ment trop peu connue , parce qu'on la juge
peut-être très- lifficile , quoiqu'elle fuit, par k$
Ans 6t Métiers^ lom K Part*. IL
I
démonflrations dont elle eft fiïfceptîbic , auffi évi-
dente que les ventés de la géométne*
Mais avant que d'entrer en matière, nous ne
pouvons pas nous difpenfer de faire une obfer-
vation générale fijr la fourcc de prefque toutes
les difputes qu'on élève fur Tobjet des monnoies;
elle confifte en ce que , lorfqu'oa les confidére
d'une manière abftraite j on veut qu'elles ayenc
une valeur fixe, indépeRdanre & abiblue, com-
me elles Tont dans chaque opération paniculiére
du Commerce ; or c'eii une erreur, parce que
les métaux qui font la bafe des monnoyes, font
variables dans leur valeur comme les autres den-
rées, 6t qu'il faut les rajjporier à une autre mc-
fure qui fott comnnune à cette marcbandife, corn-*
me: à touets les autres*
De même qu'une mefurc d^unc toife efl confidé*
rée d une manière abfiraitc , quelle que foit la ma-
rié: e de la mufure phyfi^ue qu'on ^mploye^de même
faut- il faire abflraôion et la Aiatière des mon-
noies , pour ne pas fe faire des illufions fur leurs
vériiablcs tiFet^. Si d'un côté on met pour 100
livres de bled, & de l'autre pour ico livres d'ar-
gvni , on dira que ces objets ont une même va-
leur , comme on diroit que joo -unes de toile,
6t 100 aunes de fatin ont la même longueur.
Il s'enfuit qu'il ne doit y avoir que la mon*
noie de compte qui foit fixe & invariable, c'ell le
nome , ou la régie a laquelle nous devons appliquer
tous les objets de commerce ; elle eft d'ailleurs né-
cefTairemcnt abltraiie , parce qu'elle elt la fuite
a un rapport , hi non pas une fubftancc réetlemenc
exiflante ; c'eft cette mefure à laquelle il ne fal^
loit pas plus toucher qu'a tou es les autres ; car
fi Ton coupe plus de livres dans un marc qu'il
n'y en avoit ci-devant , ce n'ert auirc chofe que
rogner l'aune avec iaquclïc on mefure une étoffe,
toutes les antres gagneront autant de longueur,
& leur rapport ne changera point \ panant l'o-
pération fera tout au moins inuttle fous ce point
de vue , & fi elle ell utile à celui qui rorûoiuie ,
elle ceffe d'être légitime,
Voilà donc en général à quoi abouii0ent tou-
tes les opérations fur les monno^ts ^ elles don-
nent une valeur fi^ive plus élevée aux denrées ,
mais elles ne cbangcnt pas leurs rapports, &
n'en ai^gmentem pas la quantité.
Ce n'eft donc que par habitude & par commo*
dite que l'on s'efl accoutumé à regarder les mé-
taux monnoyes comme la mefure des autres
denrées* Ils ne font repliements que des Litres
de change au porteur ^ que chacun recherche pircc
qu'ils font indeflruÂibks , 6l qu'en échangeant
contre eux le fuperfiu d autres denrées périffa-
bles I on peut ttanlporttr , âc concentrer , pour
ainfi dire, à une époque quelconque» Kures les
jouiffanccs qu'on aurott été obligé de uiffèminer
à fur & mefure de la venue àc% denréts qui
Icules font la matière de nos jouiffauces.
Hhhhh
(794)
Le haut pitx que prefqué tous les hommes met-
tent aux métaux n'eft pas fondé iur leur utilité
réelle , mais fur leur rareté , & fur une conven-
tion prefque audi ancienne que le monde; &
d'après cette convention ils deviennent réellement
précieux , puifque par eux on obtient, à- peu-près
par-tout , ce qu'on peut defirer.
Un état doit donc tâcher de s*en procurer ,
non pas pour avoir des monnoies , mai^ pour les
avoir comme métaux , objets d*une recherche gé-
nérale ; le coin dont on les marque n*eft que la
caution du >poids & du titre ; & n'augmente pas
fenfiblement leur valeur.
Comment fe procure-t-on ces métaux ? c'efi en
donnant des denrées ou du travail. Ayez donc
beaucoup de denrées & beaucoup de gens qui
travaillent « & alors on vous en donnera une re^
préfentation €n efpèces , avec laquelle vous pour-
rez avoir tout^à- la-fois les denrées que vous au-
rez cédées , & le travail que vous aurez fait en
un long laps de temps.
En voici un exemple très- Ample , qui fer vira
de preuve ; fuppofons qu*un homme ait à faire
un ouvrage qui exige le concours de trois indi-
vidus. Il y travailleroit inutilement trois jours y
mais s'il travaille le même temps chez autrui ,
il aura le dro'u de réunir les trois hommes dont
il aura befoin , & fon titre n'e(^ autre chofe que
le falaire qu'il, a reçu & qu'il tranfmet ; l'on voit
aifément que le prix des métaux efi étranger à
cette négociation , c'eft une valeur en compte ; fi
les trois hommes rendent eux-mêmes le travail
qu'on a fait pour eux , c'eft .un revirement ou un
mandat , fi ce font des étrangers.
L'argent , ni l'or , ne contiennent donc pas la ri-
chede d'un état; ils en font le fiene > comme de
belles couleurs font le diagnoAic de la fanté ; v( u-
loir attirer le figne indépendamment xljs circonf-
tances qui doivent feules le déterminer . ce n'eft
autre chofe que de procurer à un moribond une
yvrefle paffagère qui lui fait foulever la paupière ,
ou lui peindre la face avec des couleurs corro-
fives qui achèvent de détruire le peu de vie qui
lui refte.
F^fons trois parts des biens de la France , la
première, qu'elle confomme en nature; la deuxième,
qu'elle échange contre les denrées qui lui man-
quent & dont elle veut jouir ; la troifième , qui
t& excédent des deux autres & quVile échange
contre des métaux pour les conferver.
Il eft évident que fi la maffe des produâîons
eft confiante, en diminuant la première partie par
réconcmie, ûc la féconde par la modération qui
fait quor fe contente des jouiflances de fon pro-
pre loi , il eft évident , dis-j^; , que la troifième
f.ra augii entée de tout ce qu'on gaj;nera fur le*
deux autres 9 fie alors l'argent, figue certain du
travail, de l'abondance , de réconomie & de la
modération, entrera de lui-même. (i).
Donc toute opération violente pour faire en-
trer dans un état plus de méuiix qu'il ne doit
réellement y en avoir , eft abfurde ; ils reflbrti-
ront en nature , pour acquitter la dette contraâée ,
& toujours avec défavantage pour Teniprunteur ,
à moins qu'on n'en donne la valeur en denréest
Or, nous avons vu qu'une feule partie de ces
denrées eft fufceptible d'être échangée contre
des métaux ; fon exiftence ou quotité ne d^>end
pas dû gouvernement : de quelque façon qu û s'y
prenne , l'état perdra donc toujours rintérêt du
temps qu'il a joui de ces métaux , la façon qu'il
y aura mife, & les frais de tranfport qui l'ont
conftitué tour-à-tour débiteur & créditeur» ce
qui repréfente à- peu-près le change.
Nous n'avons encore confidéré qu*un métal,
ou plutôt nous les avons tous confondus en un;
venons aâuellement au rapport qui doit exifier
entre les deux qui font regardés 'comme les plus
précieux , l'or « Pargent.
Ces deux métaux , confidérés comme marchan-
difes , Ôc rapportas à une mefure commune , doi-
vent varier de rapports comme toutes les autres
denrées ; ainfi , toutes les fois qu'on voudra rega^
der un des deux métaux comme ayant une va-
leur fixe & déterminée , il faut absolument que
l'autre foit variable : ainfi nous commençons par
pofer que toute fixation relative fur ces deux mé-
taux , eft aufli impofiible à maintenir , que celle
qu'on établiroit fur deux autres denrées quelcon-
ques , par exemple , fi l'on vouloir que dix mou-
tons valufient toujours un bœuf.
Il eft vrai que la variation eft moins fenfible fur
les métaux , & cela par une raifon toute fimple ;
c'eft qu'étant indeftrudibles de leur nature , étaix
apportés annuellement en Europe en quantités
proportionelles , à peu de chofe près , ils ne font
pas fujets aux révolutions des autres denrées, &
d'ailleurs il y a peu de concurrence ; expliquons-
nous.
Dans chaque état , nous pouvons réduire à deui
le nombre des concurrens, pour l'or & l'argent 4
le gouvernement qui fixe fon prix , & tous les
ouvriers en métaux qu'on peut confidérer comme
une feule & unique perlonne , puifque le prix
de tous ces individus , eft-à-peu-près .le même;
de forte, que dans dix Royaumes, nous ne pou-
Ci) On peut tiret dcHi , la vraie définition du luxe ; car
fi un fiomroc trouve le moyen de coAfbmmer ^ lui fcul au*
tant que dix, s*il fait ou fait faire un travail oifeux , çét
comme s'il znéantiiloit le f)^.nc de valeur , ou commr >'.!
payoit des gcnt pour ne rien faire , dans ce fcni k luxe ul
la raine des Fnipircs.
(795)
I
I
I
I
I
vons trouver que lO acheteurs , dont lo le font
uns befoin urgent , & toujours à prix fixe.
" Il s'enfuit de là deux-confidérations également
importantes.
Le gouvernement recevant toujours des mé-
taux aux hôtels des monnoies , & n'en ayant ja-
mais hefoin , il peut donc , jufqu*à un certain point ,
faîre la loi au vendeur, & ne jamais la recevoir.
Les ouvriers paieront toujours les métaux
plus chers que le gouvernement , parce qu'ils en
ont befoin » & celui-ci n*aura , par la même rai-
fon , que ce que les ouvriers ne pourront pas em-
ployer.
Mais ce partage entre les acheteurs , fuppofe
rcxiftence de Tobjet à marchander, & nous avons
vu ci-defTus comment on fe procuroit les métaux
en général.
Ils entrent pour folder les comptes refpeôifs
des nations , comme nous Tavons fait voir. La
valeur refpeÔ^ivc que l'on doit donc mettre en-
tre eux , dépend des relations qu*on a avec les
différents états avec lefquels on eft en com-
merce* Et cela feul doit rendre très • circonfped
fur tous les change mens qu'on pourroit faire ibus
ce rapport.
Prenons un exemple un peu exagéré , & fuppo-
fons que le Roi déclare tour-à-tour qu'il don*
nera 20 marcs d'argent pour un marc d*or , &
en une autre occafion , leulement 10 marcs d'ar-
gent pour un marc d*or,
1**. Cette évaluation ne change rien au com-
merce général des autres denrées , ainfi en fup-
pofant qu'il y ait aduellement dans l'état cinq
marcs en or 6c 1 00 en argent , il eil bien évident
que les étrangers porteront encore 5 marcs en or
& enlèveront les 100 marcs d*argent , il y aura
alors tû marcs d'or , & point du tout d argent.
2**» Dans le cas où le gouvernement donnera
feulement dix marcs d'argent pour un dW» alors
on lui achètera les cinq marcs d or pour 50 marcs
d'argent ,, & Tor aura difparu.
Quelque moyen qu'on prenne donc fur la va-
leur refpeâîve des métaux , il efl; évident que l'on
ne peut favorifer fun qu'aux dépens de l'autre ,
& que confédérés colleàivement , ils n'entrent ni
plus ni moins abondamment , quelque parti que
pui^e prendre le gouvernement.
L'Auteur des obfervations a prouvé , par le fait ,
que les ouvriers ont payé les métaux, toujours
plus chers que te gouvernement ; nous avons
prouvé que la chofe étoit néceffaire & ne pou-
voit être autrement; nous pouvons donc con-
clure avec lut que la taxe de fa mon noie , éta*
blit toujours le prix de l'or & de l'argent.
Confidérés comme matière première, on doit
toujours tacher de fe procurer ces métaux au
fseiUeur marché poflîble , donc le gouvernement
doit tendre i en abaîffer le prix ; mais ce n'cfl
à coup filf qu'en en augmentant la quantité,
favorifant par conféqueni toutes ks branches ex.
lérieures du commerce, qu'il remplira fon objet ^
Si non par des taxations arbitraires & non fon.
dées.
Mais, fous ce point de vue , la faveur que Ton
donnera à un métal fur l'autre nous paroît abfo*
lum^nt indiflerente , pourvu qu'elle ne paffe pas
certaines bornes très-étroiics , circonfcrites par
des cire on il an ces extérieures, dans l'efpéce gêné-
raie ; nous ne ferions donc pas tout à fait de
l'avis de Fauteur des obfervations, mais en re-
vanche nous approuvons l'application qu'il en
fait au cas particulier & nous reconnoiflbns avec
lui :
l^ Que û les différents états avec lefquels la
France avoit des relations, n'avoient pas touché
depuis longtemps aux rapports des métaux, il
étoit absolument inutile de changer celui qui exif*
toit chez nous.
N'étoit-il pas évident que , puifquc^ous avons
tout à la fois de Tor & de l'argent , leur rapport étoit
néceflairement tel qu'il falloit qu'il fût pour que ces
deux métaux entraient en France dans un rap-
port quelconque , & fi Ion a cru s'appercev<Sîr
que l'or prenoit un peu plus de faveur , il fallolt
l'attribuer à une caufe particulière 6i palTjigére >
puifqu'il étoit abfolument impofTible de Tatt-ibuer
aux caufes extérieures qui n'avoient pas changé,
2*** Que cette caufe paffagère , n'étoit autre
qtie la fauiTe fpéculation du gouvernement , qui
nous a rendu le change défavantageux , par une
introduction forcée des métaux qui ne nous étoienc
pas dûs, & qui nous a conAitués débittursdes
autres nations , au lieu d'être créanciers , comme
nous devons l'être habituellement.
Il fe préfente à ce fujet une queflion impor*
tante à traiter.
Suppofons que Ton reconnoiffe que l'opération
de la refonte des louis a été un peu précipiiéc ,
& même qu'elle cû défavantagcufe , convient-il
aujourd'hui de fanéantir & de remettre les cho*
(^ fur l'ancien pied ?
Nous croyons devoir foutenir la négative : les
métaux doivent toujours entrer en France ^ peu-
près pour une même valeur ; il enrroit ci devant
une certaine quantité de marc d'or 6l d'argent ,
il rentrera un peu moins d*argcnt aujourd'hui 6l
plus d'or: ce qui n*eft pas très-important, ;.u liai que
tout changement quelconque dans les monnoies ,
eft une crife violente qui devient un mal réel
par les effets qui Paccomp gnent. On peut donc
laiffer les choCes comme elles font , puifqu on n'a
pas voulu les laiffer comme elles étoient»
Mais y a-t-iî un moyen de diminuer dans Téiat
aâucl , rinconvénicnt qui réful c pour les fabr;
Hhhblîii
(79«)
ques qui employent Tor^ du furhauflement des
matières premières ?
Nous croyons que Ton peut, fans inconvénient,
diminuer de quelque chofe le prix que le change
accorde à ceux qui portent aux monnoies des
matières d*or & d'argent , & fur-tout pour celles
d'or , dans les circonftances prèfentes.
Nous avons vu que les ouvriers achètent tou-
jours plus cher , afin d'avoir la préférence. SI le
roi , donc , baiiTe de 6 livres , par exemple , le prix
du marc d'or , les ouvriers achèteront 6 livres
meilleur marché , la partie d'or dont ils ont un
befoin indifpenfable , & le roi laifTant aux louis
le même poids , le même titre , il gagnera évidem-
ment 6 livres de plus fur fon droit de feigneu-
nage.
Il n*eft pas clair , confme on pourroit peut-être
le croire , que le roi feroit privé pour cela de ces
métaux , nous avons vu qu'une pente les entraî-
ne en France ; il faut une opération violente
pour Tes en faire forcir, & aufTi-tôt que les ou-
vriers font approvifionnés , le refte doit , de toute
nécelfité , être porté aux monnoies pour recevoir
la forme qui aide à leur circulation.
Nous ne croyons pas que les droits que le roi
retient fous le nom de feigneuriage , foieat d'un
très-grand inconvénient , & nous croyons même
qu'il eft )ufte toutes les fois qu'il n'efi pas exa-
géré ; car enfin l'empreinte de l'écu eft le garant
de fon titre & de fon poids , comme nous l'a-
vons déjà remarqué ; la très-grande commodité
2ui en réfulre pour la rapidité des comptes & la
Lcilité des échanges doit fe payer , puifqu'elle
évite la longueur & les frais aejfa'rs qui feroient
abfolument indifpenfables , fi , comme' en Chine ,
par exemple , on prenoit l'or & Targent au poids
& au titre reconnu d'après Texpérience.
Il faut donc confidérer cette augmentation de
droit de feigneuriage comme un léger impôt dont
l'or fera erevé , & qui redonnera à l'argent la fa-
veur qu'il avoit ci-devant , & qu'il mérite par les
raifoas fuivantes.
i^ L'argent, comme métal , mérite la préférence,
parce qu'il eft plus fréquemment employé dans
les arts.
2^. Comme monnoyage , il circule plus rapi-
dsment, parce qu'il elt d'une garde difiîcile &
incommode ; il efl d'ailleurs convenablement
coupé pour les petits échanges , & par la , à la
portée du plus grand nombre.
3**. L'or , au contraire , fe garde facilement &
n'elt employé ou gardé que par les riches , qui le
recherchent , foit pour les voyages , foit pour le
jeu , foit enfin pour leurs dépenfes , qui fe font
en plus grofies mafTes.
4°. Le vrai moyen d'empêcher la fonte des
efpèces , c'eft évidemment de les charger d'une
façoP ^ui feroit perdue > ce n'elt pas que nous
regardions cette opération comme un crime : loiT-
qu'un ouvrier fc le permet , c'eft fans doute qu*il
res
Çon , Il y , _ .
puifqu'il a travaillé & que quelqu'un payera
fon ouvrage.
On doit defirer feulement que ce cas là n'ar*
rive pasfouvent , par la laifon qu'il y a alors une
feçon perdue , celle donnée aux écus ; les fondre
pour une autre deAlnation , c'eft abattre une mai-
fon pour avoir les matériaux , ce qui n'eft pas
toujours un profit clair , ni pour celui qui l'en-
trepend , ni pour le pays oîi on le fait.
Nous nous écartons donc encore, fur l'article
du feigneuriago, de la façon de penfer de l'Au-
teur des obicrvations , mais bien légèrement ,
comme on voit ; il defireroit que les frais de fa-
brication , fuffent nuls pour le public ; l'incon-
vénient ne feroit pas confidérable pour le fifc ,
& le public y feroit un gain confidérable , en
ceci feulement ; c'eft que le gouvernement per-
droit totalement l'idée de faire des changcmeos
fur un objet qu'il eft fi important de laiffer dans
l'état oîi il eft, quelque foit d'ailleurs cet état-
Nous avons démontré que les métaux font le
figne de l'abondance & de l'nduftrie, (pour les
pays qui ne les retirent pas de leur propre fol ;
pour les autres il en eft tout autrement ). En fa-
vorifant Tagricnhure, les manufaftures & le com-
merce, ces métaux viendront d'eux-mêmes, &
l'excédent de ce qui ne fera oas ouvré fera de
toute néceflité porté aux hôtels des monnoies ;
toute opération violente pour en avoir plus qu'il
n'en vient naturellement , n'eft qu*un véritable
emprunt , & quiconque emprunte eft plus pau-
vre trois mois après , qu'il n'éioit auparavant.
Nous convenons avec l'Auteur des obfcrvï-
tions , que l'appas du gain eft le vrai motif des
projets préfentés fi fouvent au miniftére , bien
plus encore que du gouvernement , puifque ce-
lui-ci a quelquefois abandonné fon droit de fei-
gneuriage k ceux qui promettoient de faire por-
ter plus de métaux aux hôtels des monnoies que
par le paflfé ; l'opération dans ce cas là eft fi fim-
ple , que le mérite de 1 invention ne vaut pas le
prix qu'on y mer.
Suppofons que le Roi prenne trois livres par
marc d'argent monnoyé , & que les frais rétls de
la fabrication fcmontent à i© fous , il y a a livres
lo fous de bénéfice : fi on les abandonne k une
compagnie, ceux-ci n'ont qu'à payer aç fous
par marc de plus , & ils auront une préférence
momentanée , qui leur fera enlevée quelque temps
après par les ouvriers ; alors ils psûeront fuc-
ceffivement 30, 35 , 40*0^* de plus, & perdront
enfuite cet avantage ; & lorfqu'ils feront très-près
des limites du gain abfolu fur le feigneuriage .
foit par-l'augmemaiion du prix accordé parles
(797)
I
I
I
mantifafturkrs , foît par le change qui devient
dêravantageux par des achats forces, ils rcndjonc
leurs comptes bi quitteront la partie. Voilà à-peu-
prés en quoi confifle le Tecret de ces empiriques
politiques.
Puifque ce font les fujets de Tétai qui attirent
les métaux dans le Royaume par leur induftrie ,
il paro^t adcz fimple de laifTer au commerce le
foin de mettre le prix qui convient k chaque ef-
pèce , comme il le iVit pour tout le refle des
denrées, foit quil les exporte, foît quM les in-
troduire en France ; on pourroit , d'après cette
confidération , établir une fois pour toutes , que
les manères portées aux monnoy^^ges , réduires
au titre desefpèces en ufag; , perdroicntuti^ deux ,
trois pour cent , pour frais &c. de fabrication
?ueiconque » ce feroit comme un impôt de ptus
que chacun regagneroit par h commodité qu'on
éprouve dans lutage des méraux tn on noyés , )
dans un pays où il y en a déjà beaucoup, &l celui
là, en piniculier, nous ne croyons pas que de
le fixer d'une oianiére invariable puilfe être un
mal nouveau,
Voihi, Monfeîgneur, une partie des réflexions
que nous a occafionnêes la Iséiure des obfervations
fur la déclaration du ^oûâobte 178 y. Vous verrez
par là que la dij.'tnnede l'Auteur excelle de tous les
gens du métier , car il ei\ impoflible que les au-
tres chambres du commerce , ayent donné un
autre avis. C'cfl celle dont le maiutien inaltéra-
ble importe au public , & par conféquent au gou-
vernement, qui ne peut être riche que de la for-
tune de fes erfani » puifqu*il ne peut prendre
qu'une partie de Tex cèdent de leurs bîens* Les
inaximes contraires , mifes en vogue par d obfcu-
rcs în;tngi:ans , ne peuvent prendre faveur qu' .au-
près de fignorance ou de Hnattention. Que tout
aJminiflrateur qui ne voudra pas fe donner la
peine de réfléchir fur ces matières , en livre h dif-
cuiTion au public , & il verra fuir à jamais ces
proneurs d'arcanes prétendus nouveaux qui , dans
ce genre d'cmpirifme comme dans tous les au-
tres, n'oïît d'utilité réelle que pour celui qui les
▼tnd.
Mais pour mettre les futurs adminiflraîeurs a
jamais à l'abri des atteintes de la cupidité fur ces
objets , il feroit bien convenable de régler tous
les poids & toutes les mefures d*«ne manière
générale , &c indépendante des tnctatix même.
Leur prodigicufe variété ne peut fervir qu'à fur-
precdre la bonne-foi peu éclairée ou matientive ;
i!)L nVA'il pas bien extraordinaire que le but de
la police des empares étant de mettre le foible à
Fabri du fort, on ne veuille pas ta pcifeélionner
au point de mettre auffi , autant quM feroit pof-
fible « rij2;norant à Tabri des • fupercheries de
rhomme inftruir.
Les lois, qui n'ont fongé qu'à remédiera Tiné-
galité des forces phyfiques , n'ont récllemeot opéré
qu'un changement d'ordre , & falfant tout en fa-
veur de b furce morale , elles ont remplacé un
incon^ténicnr par un autre. Si ont lailîé TinL^ga-
lité poliiique fubfiikr dans toute fon étendue.
Nous avons Thonncur d*étrc avec une parfaite
confidération , 6iç,
Lettre & réflexions de la chambre du ccmmerce dé
LroN^
Noiis avons reçu , Monfieur, avec la lettre que
vous nous aver fait Thonneur de nous écrire le
^7 oÔobte dernier, ks dcuît exemplaires qui y
cïoîent joints du mémoire d obfctvaiioiis que
vous ave£ rédigé fur la déclaration du 30 oào«
bie 1785, concernant ks munnoies.
Nous avons ïu ce mémoire avec toute Taiten»
tîon quV\ige un ouvrage auiriin:é( enfant, 6l nous
foigt^otîs ici les feuLs réâexions dont nous le
croyons fufc«^ptlble :
Nous les foumettons, Monfieur , k vos lumiè-
res , 61 nous u'cn foramcs pas moins convaincus du
mérite & de U juiUiTe d^ vos obfervations :
Nous avons Thonneur d'être avec une i^fpec-
tueufe ccnfidèration , &c.
Reflexions de la chambre du commerce de la ville
de ZrOiV, fur le mémoire intitulé otfavJtivns
fur U déclaration iu 30 oBohre 178 j.
L'Auteur du mémoire démontre, d'une manière
aulli foliJe que lumîncufe, le piéjudice énorme
qu'ont caufé au commerce & a Tétar, les fur-
achapti ou remifes que le gouvernement a ac-
cordé trop fouvent & trop légèrement à quel-
ques particuliers.
Le numéraire n'efl fufceptîbîe d'un accroiflement
réei & rtabîe que de la quotité du bénéfice ré-
fultant de la balance du commerce , déduction
faite de la partie des métaux emp'oyée à d'au-
tres ufsges; toute opération tendante à furpsfier
cette mçfurc, n'aboutit qu'a diminuer la crcancc
proportioDclîement à la variation des charges ,
qu'une parcîile opération produit à fon préjudice.
Le mémoire contient aufTi d'excellentes ratfcns
pour détruire le faux préjugé du prétendu pré-
judice que peut caufer à h nation , l'exporta-
tion & la fonte des efpéces ; il eA prouve au
contraire que Tun & Tautre , d.U'î certaines cir-
conilances, bien loin de lui être nuidbies , ne peu-
vent tourner qu'à fon avantage-
Quant â la valeur comparative des métaux >
il fcmble qu'il cft naturel & même utile de fc
rapprocher à un certain degré, de la meftue pro-
portionnelle établie dans les lieux de leur origine.
(798)
car on n'échangcroit pas à Cadix, 16 marc d'ar-
gent, contre un marc de piftolles, pour venir en -
fuite réchanger en France , contre 14 marc, & i
d'argent, fui vaut l'ancien tarif; il s'enfuivroit de
là que les tireurs d*or & les orfèvres, qui au-
roient toujours fous la main des louis dans cette
dernière proportion, ks fondroient, & que la
mafle numéraire de l'or s'épuiferoit fenfible-
meor.
Il paroit qu'à Londres , la valeur de l'or n'eft
pas lout-à-fait élevée au même degré qu'en France;
l'once à 3 livres 18 fous fterlings , poids de troy,
le change à 30 deniers, réputé le pair corref-
pond à- peu-près à 737 livres 15 fous le marc
poids & monnoie de France , & par conféquent
10 livres au-deffous du tarif, ce qui fiût une
différence d'environ i & ^ pour cent. Mais le
prix eft fufceptible de variation, puifque, fulvant
l'expofé , il avoit été porté ci-devant à Londres ,
jufqu'à 4 livres 2 fous fterlings , ce qui fait une
augmentation de 5 pour cent , & de 3 & ^ pour
cent au-defTus de notre tarif ; quoiqu'il en loit y
il n'en réfulteroit pas moins que la yaleur com-
parative des deux métaux n'étoit pas , en France,
dans l'équilibre convenable , & qu'il étoit nécef-
faire d'y remédier.
'On ne conçoit pas trop comment la fuppref-
HoTi du droit de feigneuriage & des frais de fa-
brication , pourroit opérer un avalitage en faveur
des artiftes qui employent cette matière première ;
il paroit au contraire que , bien loin de contri-
buer à en diminuer le prix , elle devroit pro-
duire un effet tout oppofé , puifqu'en rendant
poids pour poids , & titre pour titre , le prix de
for, au lieu de 747 livres fixé par le tarif, s'é-
leveroit à 768 livres prix du marc des louis , &
peut-être au-deffus dans le commerce. D'ailleurs
ce droit prefque infenfible , quand il eft modéré ,
tient lieu d'un impôt qui feroit plus onéreux au
peuple*
L'ouvrage de M. Neckcr, fur l'admîniftratîon
des finances , contient d'excellentes réfiexions à
ce fujet.
Telles font les réflexions que la chambre fou-
mct aux lumières du rcdaâeur.
Délibéré à Lyon , en la chambre du commerce
de ladite ville.
Nous avons Thonneur d'être, avec une parfaite
confidération , &c.
L^t:re & oljcrvat'tons ^ de la chambre du commerce
de DUNKERQUE.
Monfienr, nous avons reçu avec la lettre que
vous nous avez fait Thonneur de nousécôrele 27 du I
viois dernier, les deux exemplaires de vos obrer-
vations fur la déclaration du 30 oâobre 1785.
Nous nous fommes occupés de l'examen de ce
travail avec toute l'attention pôflible , & nous
avons cru même devoir en vérifier les princi-
paux calculs. Nous nous empreffons, Monfieur,
de vous adrefler les réflexions que nous venons
de mettre par écrit ; nous rendons grâce à Mon-
feigneur l'archevêque de Touloufe , de la mar-
que de confiance qu'il a daigné nous donner , en
vous autorifant à nous communiquer Yocre ou-
vrage.
Nous avons l'honneur d'être , avec une parfaite
confidération, &c.
Examen des obfervatîons fur la déclaration du 30
oâobre 1785.
On penfe que c'eft Paris c 1 î
pagne & à l'Angleterre , puifque c'cft d'après les
changes de Paris , fur Cadix & Londres , que nos
calculs ont été faits ; mais 29 deniers -r« & 31
deniers •^, de même que 13 livre 10 fous, (Je
14 livres 8 fous, ne font que des termes extrê-
mes, & il femble qu'il auroit été plus conve-
nable d'employer des termes moyens , comme
30 deniers -j^ & 14 livres 5 fous 6 deniers ,
afin d*approcher davantage du vrai réfulcat de
l'opération des piaflres*
Si Cadix & Madrid , au lieu de recevoir des
remifes de Paris , avoient tiré fur Paris , dans
le courant de l'année 1784 , à 90 jours de date,
& à différents changes , la moitié des 6 millions
de piftolles en tout ou en partie , cela occafion-
neroit une différence , & il faudroît auflli cher-
cher un terme moyen. Londres pourroit fort bien
auffi avoir tiré fur Paris. Il refte une dernière re-
marque à faire, c'eft que l'Angleterre, qui fc
rembourfe ordinairement des envois qu^elle (kit
à TEfpagne à fur & à mefure qu'ils ont lieu ,
n'auroit pas tiré à la fois les 3 millions de pif-
tolles au feul change de 34 deniers \.
Trente des anciens louis contenoieot( à 138-^
grains chacun ) 4149 grains de fin, & 31 ^
nouveaux louis (à 129 |^ grains chacun ) con-
tiennent pareillement 4149 grains de fin , mais
attendu que le marc des anciens louis n'a été
payé au change que 750 livres, & que les 31
nouveaux louis ont été reçus par le public poiff
768 livres , il eft certain que tel qui a porté à la
monnoie un marc d'anciens louis , a dû rendre
18 livres en recevant de la monnoie un maïc
de nouveaux louis.
Il feroit bien à defirer qu'en France , les eipe-
ces fuffent fabriquées , l'or au titre de ft2karats,
6c l'argent à celui de 1 1 deniers » (ans aocna
Ci 99\
remède de loî^m de poids, & que, comme chez
les anciens Romains & chez les Anglais , les
frais de fabrication fuiïent aux dépens de Tétat.
L*©n eft bien éloigné néanmoins d*iiîcliner pour
aucune refonte*
LcttH dt U chambre du commerce de Marseîile,
Monfieor » nous avonç examiné dans noire
chambre, les obfcrvations que Monfcigncur l'ar
chevêque de Touloufe vous a autorité à nous
communiquer» fur I9 déclaration du 30 oftobre
1785 j 6t raugmentation du prix des matières
d'or & d'argent , depuis le premier janvier 1716
Il y paroit prouvé , Monfieur , qu'on doit at-
tribuer aux divers tarifs , & aux changemens fur-
venus dans les monnoies do royaume depuis cette
cpoquet raugmentation progreiTivc du prix des ma-
tières d'or & d*argent^ Le détail que renferment à ce
fujet les obfervations dont il s*agit , ne laiiTe rien
à defirer. Cette matière abfîraite y a été traitée
avec la plus grande clarté, & Ton vous doit des
éloges , Moniieur , d'avoir développé de la ma-
nièrc la plus évidente les caufcs de cette aug-
mbnt^ition , les connoinances que vous avez don*
Décs ne peuvent que devenir utiles. Nous vous
prions particyUèrement , Monfieur » de recevoir
nos rem trci mens du travail ioiérelîant que vous
avez fait à ce fujet.
Nous éviterons, Monfieur # d'entrer dans la
difculTion des motifs de la déclaration du 30 oc-
tobre 1785 , qui ordonne la refonte des anciens
1cm is , pour nous renfcimiîr uniquement \ la ré-
flexion que vous faites , qu'il pourroit con-
venir aâucllement à l artiiîe en France , de fon-
dre les écus de préférence aux piâAres.
En effet cet inconvénient auioit lieu, fi, com
inc vous fexpofez^ 8 écus -j^ au tiire de lî de-
niers ^ fdifoient le marc , car alors pour que les
piaftrc» ne fuflent pas plus chères , jJ ne faudroit
les payer que 49 livres 8 deniers le marc, ou j
livres 7 fous 10 deniers Tune » parce qu'il en faut
9 77 pour faire le marc, 6i qu elles font au ti-
tre de 10 deniers ^ , or il eft confiant qu'elles font
plus chères à Marieillefà Lyon & à Paris. £llet
valent depuis deux ans à Marfeille , de 5 liv» 8
fous , à ^ liv. 8 Tous 6 den. Tune; mais nos écus ,
foit que les directeurs des monnoies employent plus
^de la moitié du remède, foit qu'ils foient ufés
par le frottement, ne font pas du poids de 87^
au mafC. Nous Tommes perfuidés qu'on ncn trou-
vera que peu ou point de ce poids, fit que l'ar-
lide trouvera encore plus d'avantages à fondre
ks piaftres que les écus. Il e(l cependant bien
vrai que le gouvernement devroit s'occuper des
moyens qui , fins gêner ie commerce , pufTent
tenir les piartres à un prix plus modéré* 11 pour-
rait d'abord ne fc départir d'aucun de les droits
envers les dîrefleiirs des monnoks, car en leur
donnant des facilitée, on les cngageroit à acbet-
ter les piaftres au pnx a^uel du commerce , 8t
le commerce , pour avoir la préférence , ne man-
que roi t pas de les meure à tin taux plus hatir.
L'on pourroit encore s'occuper de diminuer Us
frais de tranfport , ils font devenus aujoLrd'hui
prefque infupportablcs par le privilège qu'ont ob-
tenu les fermiers des mefTagerics* Il n'en cou-
toii autrefois au commerce que 7 à 8 livres le
quintal » poids de table , pour les pia0rcs qui
ctoient voiturées de Marfeille à Lyon ; la meffa-
gcrie en exige 30 ïivrss poids de marc, ce qui
fait plus du double. Ces 10 livres joints à ty pour
cent qu'elle fait payer de Lyon à Strafbourg font
environ y^ pour cent , fit cVfl encore plus lorf-
qu'cllcs viennent de Bayonne ou de Bordeaux ,
il en coûte jufqu'à Lyon ou Paris » prés de { pour
cent, & I de Lyon , ou Paris , jufqu à Siralbourg.
Ceii I pour cent , cVft*à-dire près d'un fous par
piaflre , ou plus de 8 fous par marc* On fent
aifcmcnt, Monfieur , que la rcfponfabiliié de la
meffagerie des fi:»mmes qu*onhii confie, ne fau-
roit balancer la charge que fupporte le commerce
par le tranfport qu'elle fait de fes piaAres , &
que ce n'eil pas une latfon pour lui avoir ac-
cordé un privilège qui devient fi onéreux. On
doit s'en rapporter aux mefures que peuvent prcn*
dre les nègocjans, pour aiTurer autant qu'il eft
po Cible , dans le iranfporc, lespiaftres 3i monnoies
qu'ils font chargés d'exp*^dier dans les villcs du
royaume & à l'étranger, on doit leur laiiTer la
liberté de choifirà cet effet des rouliers, comme
ils Tavoient autrefois, ou de fe fervir de la mzÇ-
f^gerîe toutes les fois que, par un prix modéré,
cette voiture pourra leur convenir, & c'cfi ici
le cas de nous élever , Monfieur , contre un pri-
vilège abufif dont aucune raifon ne peut jufti-
fierTétablîffcment , & d'en demander la fuppref-
fion en laiffant la mefiagerie en concurrence avec
les rouliers. L'intérêt évi commerce Fe^fige, mai$
celui du gouvernement, plus prépondérant encore,
femble devoir le déterminer i ufer dts moyens'
qui font à fa difpofition, pour que le prix des
pialircs foit diminué auiatit qu'il cfi poffiDÎe , afin
de fe confcrver de préfé:ence un aliment fi né-
ccfTaire pour la fabrication des monnoies de
France.
En nous bornant à vous faire part de nos ré-
flexions à ce fujet , nous ajouterons feulement ,
Monfieur, en général, que rien n'efl Ç\ intéref-
fant , fi dcftrable que la ftabilité dans le prix
des monnoies. £lles ont une valeur repréfenta-
tive de tous les biens réeh , elle* deviennent une
propriété des citoyens ; leur poitb , leur titre &
leur valeur dcvToient être ablolument invariables,
& lexpériencc na que trop démontré que tou-
tes les fois qu'on y touche » foit par des fjihauC
femens, foit par des aUéfattons, il en réfuite des
préjudices innnis pour beaucoup de citoyens qui
(8oo)
deviennent les triftes viâimes de pareilles déter-
minations.
Nous avons Thonncur d'être , avec une parfaite
confidération , &c.
Lettre de la chambre du commerce de Toulouse,
Nous avons reçu le mémoire que vous novs
avez fau Thonneur de nous adrefler y contenant
vos obfervacions fur la déclaration du roi , qui
ordonne la refonte des efpèces d'or , nous n'a-
vons eu que peu de tem;^s pour le parcourir ,
nais nous y avons reconnu le réfultat des gran-
des recherches & d'une profonde connoiiiance
de la matière , nous allons nous occuper de ré-
diger les obfervations que votre ouvrage nous
înlpirera , Sl nous vous les ferons pafler le plu-
tôt poffible.
Nous avons l'honneur d'être, avec une parfaite
conûdération , &c.
Lettre de la chambre du commerce de Bordeaux.
Monfieur , nous avons reçu , avec la lettre que
vous nous avez fait Thonneur de nous éwrire le 27
du mois d'oftobre dernier , vos obfervations fur la
déclaration du 30 oâobre 1785 ; & vous avez
porté jufqu'à l'évidence l'inutilité & le danger
de la refonte de l'or.
Quand on eft verfé , Monfieur , dans la fcience
monétaire 9 on peut fuivre, ainfi que vous l'a-
vez f iit , tous les inconvéniens d'une révolution
occafionnée dans les monnoies. Vous les avez par-
faitement bien développés ; & il nous a femblé
que vous n'avtz laiffé rien à dire. Vous êtes en-
tré dans des détails qui portent avec eux la con-
viâion , & qui bous ont ramené à ces idées fim-
plcs d'économie politique qui font toujours le ré-
fultat des grandes vérités y quand on trouve quel-
qu'un aum capable que vous de les déveloper.
Nous avons Thonneur d'être avec une parfaite
confidération y &c.
Lettre de la chambre du commerce de Lille.
Monfieur , nous avons lu avec Tattcntion qu'il
m£ri:oit » le mémoire que vous nous avez remis
par votre lettre du 17 oftobre dernier , conte-
nant vos obfervations fur la déclaration du 30
oâobre 1785 , & Taugmentarion progrcfiîve du
prix des matières d'or & d'argent , depuis le
premier de janvier 1716.
Nous ne pouvons , Monfieur , qu*applaudir à
ces obfervitîons : elles fo«t fondée fur une coii-
noiflance profonde des opèraiiors du commerce »
fur les principes qui en règlent la marche , 6c
fur les réfuKats néceffaires des échanges.
Les négociants éclairés ont été pcrfuadés ,
comme vous l'êtes , Monfieur , que le fcul m«;ycn
d'augmenter le numéraire dans un état , étott
d'obtenir , par les échanges , la balance en fa fa-
veur ; & que tout autre moyen ne produifoit
!|u'un effet contraire à celui que l'on fis proDO-
oit ; & notamment les iurachapts , qui ne lom
utiles qu'aux fpéculateurs qui les obtiecnent , &
qui font ruiueux pour l'état & pour le €Ofli«
merce.
Les mémoires que cette chambre a fait pafler
au miniflère , le 14 avril 1767, étoient fondé>fur
les même% principes, & l'opération de 1/849 cA
une preuve frappante de leur }uAcfle.
En effet , il réfulte , alnfi que vous Pobfervcx ,
Monfieur, des furachapts accordés trop légère*
ment à cette époque , une perte énorme fur lei
chanps avec 1 étranger , l'exportation des matié*
res (Tor néccfiitée par le change , & l'augmenu*
tion du prix de l'or, qui étoit la fuite inevin*
ble de Texponation.
Lj (eul effet de ces furachapts, a été d'anc-
menter en apparence le numéraire en argent , de
84 millions en pijiftres ; l'on dit en apparence,
parce que tout ce qui a excédé la balance da
commcice de la France avec l'Efpagne , a dû être
priyé d'une manière ou dune autre à TEipa-
gne même , pu aux nations auxquelles l'Efpa-
gne é oii débitrice : de là la hauffe à des changes'i
Fexportation de l'or , &c.
Nous avons toujours été également perfuadés
que l'exportation de l'or & de l'argent étoit ri-
ceffaire & inévitable , lorlque , par la baliince da
commerce, la France reftoit débitrice envers quel-
que autre nation : il efl évident en effet , que lorf-
que l'on doit . il faut payer y & que ce paemect
ne peut s'effcâuer qu'en argent , dès que l'on ne
peut le faire en éwhanges. Il réfulte que la pro-
hibition de l'exportation ne tend qa*a f«ire per^
dre à l'état qui eft débiteur, les trais & rifquis
de la fraude , qui font toujours à la charge de
celui qui doit payer.
Le projet annoncé à la fin de vos obfervatîom»
nous paroit fagement combiné , pour le bien gé-
néral du royaume ; en accordant au commerce
la liberté abfolue d'importation , d'exportatioo,
8c d'emuloi des matières d'or & d'argent , il ne
peut y (elon nous , en réfulter que les grands
avantages que vous détailLz.
Si ce projet utile s'cxècutoit , Ton doit s'aren-
dre à des réclamations, de la part des direâeurs
des monnoies , dont le bénéfice eft proportionné
au travail ; mais il efl impoffible , que l'intérêt
général ne nuife à l'intérêt de quelques panicu-
lien.
Noos
(8oi)
Nous croyons devoir vous faire connoître les
effets que la refonte des ïouis a produit ici : ils
dérivent nattirellement des principes que vous
avez établis dans vos obfervadons.
Les Flamands- Aytrlchiens vinrent en foule
échangera la monnoie leurs louis vieux, & pen-
dant quelque temps , ils s^obûinérent â n*empor-
ter en retour que des écus y de forte que par-là ,
le numéraire en argent pafla en Flandre, avec le
bénéfice rétuîtant de la refonte ; Tor devint ici
trés-cotîimun , & rargent plus rare : le change ,
qui êtoit ordipairement à | pour cent de perte ,
augmenta |ufqu'à donner j pour cent de béné-
fice.
L'équilibre ne fut rétabli ,. que lorfque le gou-
vernement de Biuxelles, qui avoir fixé d'abord
les louis neufs à 21 livres 10 fols , augmenta , par
erdonnance du S mars 1786 , la valeur numéraire
de fa monnoie d*or, en élevant à livres 15 9—6
de change , ( faifant livres 34 — 4 — 7 — | ) la
double foiîverainc , qui ne valoit auparavant que
florins 15 — 6 de change , ( livres 31 — 15—8 — f )
ce qui la proportionnoit à la valeur réelle de nos
louis neufs » qui depuis tors font reçus en Flandre
pour 14 livres.
Nous avons Tkonneur d'être avec une parfaite
confidéraifon y &c,
Ltttr^ de la Chambre du cammerce de NANTES*
Nous avons lu votre favant mémoire fur les
monnoies » que vous nous avez fiir Thonncur de
nous adreffcr le 17 o^obre dernier j nous au*
rions dcfirévous en accufer la réception plus tôt ,
mais nous l'avions prêcé à plufieurs négocîans
de cette place , qui ont tardé à nous le remet-
tre.
On ne peut, Monfieur, traiter avec plus de
méihode & répandre plus de lumières fur une
matière fi m pie en elle- même , mais que les fyf-
têmes de Téconomie polnique, rignoranGe Ô£ les
erreurs des divers gouvcrnemens , ont rendue
abftraite^ obfcuro , difficile 6c compliquée.
Nous n^eiTayerons pas de vous fuîvre dans la
progrcffion de vos calculs i vous avez épuifé vo-
tre fuiet^ ël donné un guide aSuré dans un la-
byrinthe inextricable.
Nousn*cnvîfagerons votre mémoire « que fous
les rapports généraux des monnoies avec lt*s den-
rées. Ceft la feule partie que nos connoillanccs
cous permettent de faifir.
Les monnoies n*ont éré imaginées par les bom-
mes léunis en foci^tè , que parce qu'elles font ,
coinparativement auit autres objets d'échange »
plus inaltérables 61 d'un moindre volume ; elles
n'ont point de faU-ur fpéciiiquc. Il n'y a aucune
raifon pour que le marc d^argent vaille 10 livres ,
Ans & MiiUrs» Twne F. Partie II,
ço livres ou too Vivres. Ces mots même de marc
èc de livre numéraire , n^expriment jamais que des
idées relatives , lorfqu'ils frappent nos oreilles ;
ils ne fc préfentent à TeTprit que comme fignes
uolverfels de tous les bcfoins de la nature , ou
de toutes les commodités du luxe,
La nation qui poiïéde le plus de ce qu'il faut
pour fatisfaire les befoins de la nature , ou les
bizarres caprices du luxe, dott néccnairemcnt at-
tirer à foi le fignc univerfel de fes voifins, qui,
avec les mêmes partions , n'auront pas les mê-
mes retour ces de territoire ou d'induftrie.
Car ces nations n'ayant pas fufTifammerit de
produélions a échanger , feront obligées de payer
avec des me aux.
C'eft aînfi que TEfpagne & le Portugal, qui
poff^dent les mines & qui ont négligé leurs
manufaflurcs , ne commercent qu'avec des mé-
taux. Ces deux puiffances font devenues tributai-
res des peuples agricoles & commerçans : elles
font en outre dans un état de foibleflfe & de dé-
population confidérable ; parce que les mines ap-
partiennent k un très-petit nombre d'individus,
6c que le tranfport Si la fabrication des métaux
n*exige paS un grand concours d'hommes & de
machines : ce concours, qui fait toute la force
dts peuples commerçans ôc cultivateurs , feroit
une nouvelle caufe de deftruétion peur les na-
ttons qui poiïèdent les mines , parce que dépcnfant
davantage pour leur exploitation , les métaux
leur reviendroient à plus haut prix, & comme
leur valeur feioit réglée par les fournitures étran-
gères, ell.s feroient obligées de donner plus pour
obtenir moins-
II eft donc vrai que Tagncutture St le commerce
font les feules fources de la richelTe, de la popu-
lation & de La force d*un état.
On pourroit encore fimpUfier ce principe , &
dire que le commerce qû Ta me de ce grand corps y
& le moteur unique de tous fes mou ve mens.
En effet, ramenant ce mot de commerce t
fon acception rigoureufe, qui eft celle de Térh-in^e ,
on verra que chaque fois qu'il n'y a p^ncn d'é-
change, c'eil-à-dire, de commerce, il ny a au-
cun motif pour le cultivateur de cultiver au- delà
de fes befoins.
Or, fon travail fe modifiant par fes befoi'^i ,
les fruits feront modiques , parce qje fes beîViir
feront extrêmement bornés ; & n'étant échiuflfé
par aucun efpoir d'échanger fon fuperflu , il ne
fe tourmentera pas pour l'obtenir :
Si nous faifioos un livre, nous développcr'oni
ce principe ; les raifoncemens fe préfgnrcr oient
en foule pour Fécbircir, ôt les exemoles ne man- ^
queroieni pas pour appuyer les raiionnemcns &
leur donner toute la force de la vérité.
Une adminiftration éclairée & fage doit donc
encourager » par tous les moyens poiTiblei , fon
Itii ij
(802)
commerce. C'efl k la pratique conftamc de cette
fimple & graode maxime » que les nmQUS ancien-
nés ont dû leur fpkndeur , que TAnglcterre &
la Hollande doivent toute leur puifTance.
Lorfqu'un gouvernement , par une réunion fu-
nèfle d'erreurs & de cïrconftances , marche vers
le déclin de fa puiffance , & qu'au lieu de s'at-
tacher à la relever par des moyens tirés de b
nature des^ chofes , il veut adopter la reflource in-
fenféc & ruineufe de raliération des monnoies ,
on peut dire qu*il a bouché un trou avec un fer
rouge. Dani le moment de l'application , ce trou
difparoit, mais prefque au même inAani le feu
brûle les parties voifines 6c aggrandit le vide qu'on
vouloit fermer.
Efi effet y )e furhaufTemeni de la valeur, ou
rahération du titre des monnoies, ne peut obli-
ger les nations étrangères* Il n'y a aucun prince
qui puilTe, p;ir la force de fcs arrêts , contraindre
les étrangers, ( les Angîoii par exemple, ) à
prendre pour 24 livres , nos louis qui auront été
réduits à 21 livres. Ils recevront alors le marc
d'or ou d'argent , fur le prix qulls y attachent
eux-mêmes , ôc fi nous tirons d eux plus de den-
rées que nous ne leur en fourni flous > il faudra
foldcr en louis de ^4 livres , qu ils ne prendront
que pour 21 ; cette perte fera fupportée par notïs ,
parce que c'eii Texcédent de la fourniture des den-
rées d'une nation à une autre qui ûxe la valeur
du numéraire* Vous avez , Monfieur, fournis au
calcul cette vérité importante, & nous ne faifons
que raifonner d'après vos principes. Ce font auifi
ceux de M. Necker , dans fon admirable ouvrage
fur radminiftratton des finances de la France, Et ,
pour nous fervir d'une de fes maximes » nous di-
rons que tous Tart du banquier le plus intelligent ,
ne peut ajouter au numéraire, &l le manufadu-
lier qui , par fon induHrie , a augmenté lexporta-
tîon d'une balle de drap» a plus fait que lui
pour îa richeffe nationale.
Le miniilre, par les ordres & fous les aufpices
duquel vous avez travaillé, Monfieur , votre
utile mémoire , eft doué d'un cfprit éclairé &
d'une a me forte ; fes idées font faines ^ ëi fcs
intentions pures ; mais il eft arrivé au gouver-
nement de rétat , dans un moment oîi tous les
reports de cette immenfe machine crient à la
fois ; oii les erreurs ont été confacrées par des
arrêts & des traités ; 01.1 la chaîne des événe-
mens politiques > les embarras intérieurs, exigent
peut-être une prudence confommée.
Quoique chefs du commerce d'une grande ville
Maritime, comnicrçans nous mêmes , 6l que foi s
ce double rspfort nous feulions vivement les
plaies rombrculcsj profondes & prefqu'incura-
bles qu'on a faites à la Nation , en livrant fon
commerce à l'étranger , aux monopoles & a la
filcaliié , nous attendons néanmoins ivec une rcf
pcâueufe confiance que le temps & des circonf-
tances plus favorables i permettent le retour a^
vrais principes. Dans notre extrême miférc , notre
unique voeu eft que le principal miniflre , qve
nous confidérons comme notre libérateur, puîffe
avoir le temps d'entreprendre & de confom*
mer l'ouvrage de la reftauration de la France. Ce
fublime projet eft digne de fon génie & de fet
vertus* Cet efpoir eft le fetii foutten qui nooi
refte contre les malheurs dont on nous a acca*
blés.
Nous avons Thonneur d'être, avec une parfaite
confidération , 6tc-
Ohfirvations fur ks Unns dts chamhrts du am-
Quoîqu'en général toutes les chambres du com-
merce qui ont écrit ces lettres , foicnt du même
avis que moi , quant à rinutilîté de la refonte
de 170 ç , & aux inconvéniens , tant des furachapcs,
que de la nouvelle proportion; celles de Lyon,
Bayonne, Lille & Lorient paroiffent différer de
mon opinion fur quelques articles ; les deux pre-
mières penfent qu'il étoit néceffaire de rapprocher
notre proportion de celle des étrangers ; Tune
( celle de Bayonne) , indique la proportion Qu'elle
croit convenir atix intérêts de la France , hi elle
démontre que celle qui a été adoptée eicéde de
plus de 3 pour cent « le terme auquel on tu*
roit dû la fixer : l'autre ( celle de Lyon )» s cil
contentée d'exprimer fon voeu , fans entrer dans
aucun détail.
Je n'ai point traité à fond cette queftion , j*ai
feulement dit ( èi cela ne peut pas être révo-
qué en doute ] 1 que la proportion que nous venions
de quitter avoir été déterminée d'après l'avis do
commerce , & qu elle étoit conféquemmem con-
forme à fon vœu; on voit, par les letrres des
chambres du commerce de Bayonne & de Lyon,
que fi elles avoieni éié confultées , U nouvelle
proportion ne fe feroit pas fi fort éloignée de
Fanciennc,
On trouvera , au furplus, à la fuite de ces ob-
fervations , un tableau des proportions qui étoieul
obfervées par le plus grand nombre des nanons
commerçantes de l'Europe , à Tépoque de la re-
fonte ; il prouve que la proportion à laquelle
on nous a fait renoncer , étoit , à-peu*prèi » k
terme moyen de toutes les autres* ainfi qtte je
l'ai eipofé, & que ce terme fe rapprochoiibeii^
coup de la fixation propofée par le cammetoc de
Bayonne.
Cttte chambre, ainfi que celles de
Lorient , ne font point d'avis que Von ahai^e
le icîgncunage » les dcuf première* pcnf^ni
cet abandon provoqueroit une augtneitntktn
prix des matières , df toutes les trois conijéércct
(8o3)
I
r
le fcîgneurîage comme une portion des revenus
du roi , que Ton ne pourroit fupprimcr fans le
remplacer par un impôt.
Ces obfervations font très-jufîes , 8c je me les
fuis faites avant de propofer Tabandon qui en
eft l'objet, mais fi j'ètoîs entré dans c^uelques dé-
tails fur rexécution du plan dont je n*ai donné
qu'un apperçu, on auroit vu i^. » que j'enten-
dois qui! ne pourroît-ètre queflion de cet aban*
don total, qu'à la première refonte générale, i** ,
qu'en établiffant de nouvelles bafes, pour le ti-
tre & Je poids des efpèces, il feroit aifé de faire
tourner cet abandon au profit de Tun ou de Tau-
tre, fans qu'il en réfultât aucune augmentation
du prix des matières*
Quant à Tautre objeflion , qui nait de la fup-
f^reilion d'une ponion des revenus du roi , & de
a néceHîté de la remplacer par un impat ; ce
ne feroit pas la première fols que Ton auroit
poné le Souverain à facrîEer à rintèrét général
du commerce & de la faciété , le produit d'un
droit auiïï modique que le feroit celui du fei-
gneuriage,ft la fabricatiou étoit réduite à Tei-
cédent de la balance du commerce , & des be-
foîns des manufaélures.
La chambre du commerce de Bayomie, pro-
pofe de ne plus , à l'avenir , alTigner un prix
aujc efpèces d'or, 6c d'en faire un effet com-
merçable l II faudroir , en ce cas , commencer
par établir , comme en Angletterrc , une propor-
tion invariable entre les efpèces d'or & d'ar-
gent , confidérées comme matières^
Quoique cette màniG chambre femble différer
d'opinion avec moi , fur les caufes de la progref-
fion du prix des matières depuis 1716, nous fom-
inei cependant d'accord ; j'ai voulu prouver en
effet» & je crois avoir démontré » que chaque
opération du gouvernement , tendante à aug-
fiienter la fabrication des efpèces , en fe procu-
rant une plus grande quantité de matières , avoît
provoqué laugmentation du prix de ces matières ;
les furacheter ^ ou abandonner au proât des
fourniffeurs une portion du feîgneuriage , ceil
abfolument la même chofe , & l'effet de ces
snefures étant auffi le même , il s'enfuit que ce-
lui qui fomient que raugmentarion du prix des
matières provient de la remife du feigneuriagc ,
cft d'accord avec celui qui attribue cette aug-
iBêniadonau furachapt* La retnife du feigneuriige ,
étant un véritable furacliapt , puirqu'eTle a pour
objet d'indemnifer celui qui l'obtient de ce qu'il
paye au-de0us du prix du tarif.
Je ne peux pas être de l'avis de la chambre du
commerce de Dunkerque, qui croit que j'auiois
dû prendre pour bafe de mes calculs , le terme
moyen du cours des changes , depuis le premier
fanvier 1784 jufques au 31 décembre de la
même année. Voulant prouver qu*ii exiftoit en-
tre les effets produits par le cours du premier
janvier 1784 , & ceux provenant du cours du
change au 31 décembre, une différence très-con-
fidérablej je n*aurois pas rempli mon objet, fi
j'euffe pris le terme moyen de tous les cours de
rannée ; j'obferverai au furplus que la hauffe du
cours de rEfpagne a commencé dès le mois de
février ; que , dès le mo's d'avril , elle étoit ait
même période qu'à la fm de décembre ; fit qu'elle
s'eft fou tenue pendant Tannée 1785.
Les progrès de la baiffe du change de Lon-
dres , ont été plus gradués.
Je ferai enfin une dernière obfervation , relatt-
' vcmânt k la perte .que le commerce a éprouvée
par la révolution du cours des changes , depuis
le premier janvier 1784 ; c'eft que révaluation
de cette perte, doit-étre le réfuhat de la compa-
raifon du cours du premier janvier 1784» avec
celui du 31 décembre de la même année, &
non le réfultât de la comparaifon de ce dernier
cours avec k pair du change : ce dernier cours ne
préfenteroit aucune perte, puifque fuivant les cal-
culs de la chambre du commerce de Bayonnc ,
le change fur Londres étoit encore à cette épo-
que au-deffus du pair , & celui fur Cadix au-clef-
fous. Le premier réfultât, au contraire» préfente
une perte confidérable , puifqu'à Tépoque du 51
décembre» le change fur Londres étoit baîffé
depuis le premier janvier , de 1 deniers J- flcrlings
par écu, & celui fur Cadix, t'étoit élevé de it
fols par piftole.
TabU du prffporthns qut exïftoïcnt entre Us mon'
noies d*Qr & émargent du. plus grand nombre
des états de V Europe , avant le premier oHobrt
i78ï.
Portugal , I . .à . . 16, ,'
Efpagne , ,, • , ,i..à, ,16, .
Dannemarck i.-i. .ij- ^-^l
Angleterre i. .à, .15. -t^,
Venifc 1 . .à. . 14- .1^-
HoUandc ,.. i . . à . . 1 4 . • ^.
Saxe i..à.,ï4..i^.
Genève i. .à. .14. ,;2Ll,
France.; x. .à. .14. .7^,
Etats du Pape i, .à. *i4. .■^,
Savoyc & Piémont. . - * i , .à. . 14. .t^m
"Bruxelles, 5c Pays-Bas- Autrichiens,! . .à. .14* ^Hz*
Tofcane...., i.. à.. 14-1^.
Augfbourg , Nurembergp ,., . -..i. .à,,i4,,T;^#
liîiî î)
C8o4)
lOO*
AUemagne, pied de convention, .i. .à. .14. .1^.
Tricftc... i..ï..i4..ih
Naples & Sicile. i • .à. .14. .7^
Bavière. i . «à. . 13
Roffie I . .à. . 13
9erlin i..à..i3
Cologne. ; I. .à. . 13 . .^.
La proportion commune de ces vingt-un états
efi d'une livre à 14 rh*
Si Ton Aipprime le Portugal & TEfpagne ; on
trouve que la proportion commune des dix-neuf
smtres états , eft d une livre à 14 ^. {a).
Voici quelle étoit Topinion de Lockt fur la
proportion. Ce profond médiutif. Auquel
l'Angleterre doit le bienfait d'avoir
conseillé au parlement de faire refondre
la monnoie aux dépens du public» sans
£N HAUSSER lE PRIX (^) , » peufoit quc
» quand on iaifle la proportion dans fon cours
9 naturel , fans impofer de loi au commerce , les
s» métaux ne fe perdent jamais , parce que s'il ar-
9 rive qu'une efpéce devienne rare , le coul-
is mercc qui eft , pour ainfi dire » un thermomé-
s» tre journalier , & infiniment fenfible , réforme
« de lui-même » & fans qu'il foit befoin d'aucune
m loi f la propornon , & la réduit , ou plutôt la
s» maintient dans fon jufie équilibre ; au lieu que
« fi pour rappeler dans un état Teijpèce d'or ou
m celle d'argent , on hauflc ou on baifle la pro-
'» portion aauellement courante fur la place, il
■ ■ t . '
(a) Lot proportions énoncées dint cette t^le ibnc ex-
traites de h Métrologie , ou Traité des meTurcs poids ft
monnoies , par M» Pauâon , publié en 1780*
(5) Voyez le nouveau Diôionnaire Hifiorique Tome V ,
page 279 1 édition de 1785,
1» ^ vni que FeTpéce hvorifte pif «m ték
« détermination reparohra bientôt m abondance^
• mais ce ne fera qu'avec une perte èvideme
» pour létat ; car dans ce cas , Fcut ne fait pas
n un fimple échange d'un métal contre no aun
n méul , maU il fouffre rteUement noe pene^fc
" r.x ^y j *" "*"' '"* *^" ^ «•»" lui . & à
m légard de celui qui y rentre; ce qui doit roi-
n ncr les particuliers qui le compofent , & ce
» qui n'arriveroit pas fans la loi : fi , au ceo-
* ï**""^' ** proportion eft maintenue dans foo
9 état naturel , & d'une manière conforme i la
i> venté , il fc fait entre les peuples des échanges
s» dun ffléùl centre un autre» mus ; dans ces
« échanges, on ne court aucun rifqne, parce
n qu 9lon le méul qui fort ne fe donne pas pour
» "•n; &, en fa place, il revient du dehors
» de létat entre les mains du changenrnn jnik
», équivalent, dont il peut fe fervir dans la fuite
» pour &ire d'autres échanges avec les étraneen.
n fans fouffrir la perte b plus légère ......
» Ceft une erreur , que de prétendre que b bi
» puiffe feîre revivre dans un pays les efpéces
n qui femblent s'y perdre , fi on s'écarte de la
» proportion qui s'eft cffcôi vement obfervée fur U
» place ; 81 cejl c< qu'on ne fauro'u jamais faire
» qu'au préjudice de létat (c). «
Il me ieroic fsdle d« citer un grand nombre d'Auceurf
<iuî cous ont pen6 ^^e les monnoies dévoient être fabriquées
aux ^dépens du tré(br-pid>lic On lit dans une Ordonnance
publiée dans l'Empire, en l'année 1559, cette dirpolkion re •
marqyable ; lia à principibus , & quibusiibet fmperioriha
montta eudenda eft, ut ab omni quattu & commodo petidiaii
Jtnt Miieni.
(r) Lettre fur Tintérét du denier ^ Sec part.
FIN DU TOME CINQUIÈME.
(8o5)
TABLE DES ARTICLES
CONTENUS DANS CE VOLUME.
M,
. £ R C u R E ( fon emploi dans les arts ) ,
page I
MÉTAL blanc ( art du ) » J
Meulier ( art du ) , 6
Meunier ( art du ) , 8
Miel ( art de la récolte & de la confeâlon du ) ,
io8
HiRorriMt ( art du ) , 1 1 1
MYroirs de métal ( art de conftruire les) , 124
Monnoyage ( art du ), ou de la fabrication des
monnoiesy 130
Médailles ( des ) , 203
Mordants ( art des ) , 231
Mortellier ( art du ) , 234
Morue , Merluches , Congres ( art de pêcher
& de préparer ces poiflbns ) , 235
Mosaïque ( art de la ) , 241
Moulage ( art du ) , 248
Muets et sourds, et les aveugles, (art d*inP
■ truire les ) , 275
Muscade , Girofle , Canelle , Poivre ,
Gingembre , Vanille , ( art de récolter & de
préparer ces épices ) , 331
Nacre et perles fines, 341
Nattier et Sparterie ( art du ) , 344
Navette et colsa ( art qui concerne ces plan-
. tes), 348
Noir ( art & fabrique du ) , 351
Noix de Ben (,art concernant les ), 356
Noix de Galle ( art concernant les ) , 357
Nourriture économique ( art d*unc), 359
Noyer et noix ( art concernant les ) , 360
Noyés ( art nouveau de fecourir les ) , 363
Œufs ( art de conferver & de faire éclore les ) ,
369
Oiseleur (artdeT), 375
Olivier , et l'huile qu^on en tire ( art con-
cernant r ) 39 j
Orfèvre , Bijoutier , Planeur , ( art de T ) »
359
Orseille et orcanette( art d*en faire «fage ) ,
4SI
Ortie ( art de cultiver & d'employer cette plante ) ^
454
Pain d'ÉPiciER ( art du ) , 457
Papier ( art de fabriquer le ) ,' 463
Papier (quelques procédés nouveaux concer-
nant le ) , 593
Papillons ( art concernant les ) , 596
Parasols et parapluies ( art de faire des ) ,
599
Paratonnerre ( art du ) , 60a
Parcage ( art du ) , 610
Parfaiseur de peignes de canni^ , d'acier et
autres pour les étoffes , ( art du peigner ) ,
6i8
Platine ( art de la ) , 700
Addition a l'art du monn otage. 773
FIN DE LA TABLE.
(8o6}
•^^■»— •■•»■
«■
ERRATA.
P
AGE If 5 » ligne aj , par Teflayeur général
Erépofé de la cour , lijei P^^ l'eflayeur particu-
er.
Page 198 9 ligne 30 & fuivantes. Il y a deux cours
des monnoies , &c. Ufe^ , il n^y a préfentement
qu*une feule cour des monnoies féante à Paris ,
qui connoit de tous les ahus , &c.
Page 207 , à ta fin du mot ajujleur^ ajoute;^ ,
redit de novembre 1785 , pone le droit des
aiufleurs à trois fout par marcd*or, & à deux fous
ux deniers > par marc d'argent.
Page idem , ligne 11 , les frais ne diminuent ,
lifei^ t le f^y ne diminue*
Page 313, ajoute^ au haut de la première co-
lonne y cette ligne enlevée en imprimant.
Heinick ; foit à des univerfités & compagnies
Page idem-^ après favantes^ metui; au lieu d«
point 9 un point & vue virgule (;)•
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