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Full text of "Encyclopédie méthodique, ou par ordre de matières: par une société de gens de lettres, de savans et d'artistes .."

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r 


L.^ 


ENCYCLOPEDIE 

MÉTHODIQUE, 

OU 

PAR  ORDRE  DES  MATIÈRES: 

PAR    UNE    SOCIÉTÉ    DE    GENS    DE    LETTRES, 
DE    SAVANS    ET    D'ARTISTES; 

Précidét  ^u/z  Vocabulaire  univerfel,  fervant  de  Table  pour  tout 
t Ouvrage  ;  ornée  des  Portraits  de  MM.  Djderot  & 
J>* Alem B ERT ,  premiers  Editeurs  de  /'Encyclopédie. 


Il    ~  H. 


ENCYCLOPEDIE 

MÉTHODIQUE, 


ARTS 

E  T 

MÉTIERS    MÉCANIQUES, 

DÉDIÉS   •ET      PRÉSENTÉS 

A  Monsieur  LE  NOIR,  Conseiller  d'État, 
ANCIEN  Lieutenant  général  i>e  Police,  &c. 

TOME     CINQUIEME. 


A      PARIS, 

Chez  PanckOUCKE,  Libraire,  hôtel  de  TIiou,  rue  des  Poitevins-; 

A     Liège, 

Chez  Plomteux,  Imprimeur  des  États. 

M.      D  C  C.      L  X  X  X  V  I  I  I. 
Avec   Approbation,   et    Privilège    du    Roi- 


MERCURE»    (  Son  emploi  dans  les  Ans.  ) 


i 


l-j  E  mnturt ,  autrement  le  vif-argtnt  ,  eft  une 

iaUhîiZt  métallique ,  d'un  blanc  éclatant,  abfolu- 

mSBi fembUble  à  celui  de  largent.  Il  cft  habituel- 

IcBieni  rtiinîc.  C*eft ,  après  Torfit  la  platine ,  la  fubf- 

laflce  la  plus  peiânte. 

NiTair,  ni  Tcau,  ne  paroiflent  point  faire  d*ira- 

cjîion  fenfible  fur  k  mercure,  il  n'eft  pas  plus 

table  de  rouille  que  les  métaux  parfaits.  Il  le 

t ,  ou  de\  ient  convexe  à  fa  furface.  Il  cft  d*une 

diviûbilitè  prod^icufe  ,  ôt  fe  partage  en  globules 

parfaitement  fpht^riques-  Il  n'a  ni  faveur,  ni  odeur,  Il 

cft  liquide  ,  &  cependant  il  ne  mouille  point  les 

doigts  lorfqu  on  les  trempe  dedans. 

S  fa  furface  fe  ternit  quelquefois ,  c'efl  à  caufe 
de  It  pouOiére  ou  de  rhumiditè  de  Tair  ;  mais  on 
débarraïTe  aiicment  le  mercure  de  ces  matières 
étrangères  ,  en  le  faifant  paffer  à  travers  d'une  toile 
neuve  &  ferrée  »  &  le  faifant  chauffer.  Ainfi  puri- 
fié ,  il  reprend  fa  âuidité  &  fa  grande  mobilité. 

Le  mercure  expofé  à  une  chaleur  qui  excède 
c^lle  de  Teau  bouilbinte ,  fe  diffipe  en  vapeurs  corn- 
ue tous  les  corps  volatils ,  mais  sans  fe  détruire. 

On  sVft  aHuré  par  différentes  expériences  les  plus 
iQtheDtiqties  ,  qu'il  ne  faut  au  mercure  qu'un  degré 
de  froid  lufBfant ,  pour  le  rendre  folide  6t  malléa- 
ble comme  les  autres  métaux.  On  parvint  même 
en  décembre  1759 ,  par  un  très-grand  froid ,  à  Saint 
PétcTsbourg ,  à  hger  le  mercure  ,  &  à  Tétcndre  Se 
a  rapl^tlr  ious  le  marteau. 

On  a  reconnu  dans  ce  métal  des  propriétés  ef- 
fentielïes  ,  qui  l'ont  fait  employer  avec  fuccés  dans 
diffcrcotes  préparations  prefcrites  par  la  médecine  , 
ou  employées  par  la  chirurgie.  Le  mercure  eft  anfTi 
d  un  grand  ufage  dans  les  arts  «  &  c'eA  ce  qui  nous 
amorife  a  en  parler  dans  ce  didîonnaire. 

Le  mercure  ne  peut  contraéler  aucune  union 
avec  les  fubAances  terreufes,  ni  avec  les  terres  des 
métaux  ,  ni  avec  le  fer  ;  mais  il  s'allie  très-bien 
avec  Tor  ,  l'argent ,  le  plomb  ,  Tétain  ,  le  cuivre  , 
le  iLnc»  le  régule  d'antimoine.  Il  fe  combine  très* 
facdcment  avec  le  fouffire,  %l  forme  dans  cette 
combinaifon  ,  foit  naturelle  ,  foit  artificielle,  une 
fubflance  d'un  rouge  plus  ou  moins  vif ,  que  Ton 
nomme  cmnabre. 

Les  alliages  du  mercure  avec  les  métaux  portent 
k  nom  d'*imal^éimcs  ;  ils  font  la  plupart  d'un  ufage 
inoftant.  Les  amalgames  d*or  èi  (l'argent  fervent 
à  k  damrt ,  à  Vjrgenturc  »  &  pour  l'extraflion  de 
ces  deux  métaux  parfaits  de  leur  mine.  L'amalga* 
roc  de  Targent  fert  pour  l'arbre  de  Diane  ;  celui 
d'étaim ,  pour  Tctaroage  des  glaces  ,  3cc, 

Le  mercure ,  à  caule  de  fa  grande  raréfaé^ion  , 
eft  aitOî  employé  trés-utilement  dans  la  conftruc- 
lion  da  baromètre  &  du  thermomètre ,  ainfi  qu'il 
fiût. 

Ans  4f  Mitïtn.    Tome  V.    Parth  L 


Pour  faire  un  baromètre  »  on  remplit  de  mercure 
un  tuyau  de  verre ,  fermé  hermétiquement  par  fa 
partie  fupérieure ,  ayant  fon  diamètre  d'environ 
un  dixième  de  pouce ,  ôc  fa  longueur  au  moins  de 
trente-un.  On  remplit  ce  tuyau  de  manière  qu^l 
ne  refle  point  à' m  mêlé  avec  le  mercure ,  8c  qu'au- 
cun autre  corpufcule  ne  s'attache  aux  parois  du 
tuyau. 

Pour  y  réuffir ,  on  peut  fe  fervir  d'un  enton- 
noir de  verre  ,  terminé  par  un  tuyau  capillaire ,  6c 
remplir  le  tube  par  le  moyen  de  cet  entonnoir. 

On  peut  encore  chaffer  les  bulles  d'air  par  deux 
autres  méthodes  j  la  plus  ordinaire  ^  de  remplir 
de  vif-argent  tout  le  tube  ,  à  la  réferve  d*un  pouce 
environ  qu*on  lailTc  plein  d'air  ;  on  bouche  avec 
le  doigt  Torlfice  du  tuyau  ;  on  le  renvcrfe  «  &  en 
faifant  promener  la  bulle ,  on  lui  fait  entraîner  avec 
elle  toutes  les  petites  bulles  imperceptibles  ;  après 
quoi,  on  achève  de  remplir  le  tube. 

L'autre  méthode  confifle  à  faire  chauffer  un  tube , 
prefque  plein,  fur  un  brafier  couvert  de  cendres; 
on  le  tourne  continuellement  ;  &  la  chaleur  rare' 
fiant  les  petites  bulles  d'air ,  les  fait  fortir  par  l'o- 
rifice. 

Quand  on  a  ainfi  rempli  le  tuyau  jufqiraubord  , 
on  bouche  exaéiement ,  avec  le  doigt ,  fon  orifice  » 
enforte  qu'il  ne  puiiTe  s'introduire  d'air  entre  le 
doigt  8c  le  mercure.  Enfin  ,  on  plonge  le  tuyau 
dans  un  vaifTeau  plein  de  mercure  ^  de  façon  ce- 
pendant que  le  tuyau  ne  touche  pas  Le  fond  du 

A  la  dïftance  de  vingt-huit  pouces  de  la  furface 
du  mercure ,  font  attachées  deux  bandes  divifèes 
en  trois  pouces  ,  dL  ces  pouces  font  fubdivifés 
en  un  certain  nombre  de  plus  petites  parties  ;  en- 
fin ,  on  applique  le  tuyau  fur  une  planche  de  bois  , 
pour  empêcher  qu'il  ne  fe  brife  :  on  laiflc  dé* 
couvert  le  vaifleau  oii  le  tuyau  eft  plonge  ,  ou  , 
fi  l'on  veut ,  on  le  couvre  ,  afin  qu'il  n'y  entre 
poïiit  de  pouflière  ;  Sf.  le  baromètre  eft  achevé. 

Au  lieu  de  plonger  le  tuyau  dans  un  vaifleau , 
on  fe  contente  fouvcnt  d'en  recourber  rextrcmité  , 
de  forte  que  le  tuyau  a  deux  branches  verticales  , 
dont  Tune  eft  beaucoup  plus  petite  que  l'autre  , 
8c  fe  termine  par  une  efpèce  d'entonnoir  foft  large 
qui  fe  trouve  rempli  de  mercure  ,  fur  la  furface 
duquel  ratmofphère  preffe  »  &  fait  monter  ou  def- 
cendre  le  mercure  du  tuyau  ,  d'une  manière  d  au- 
tant plus  fenfible  ,  que  la  vanatïon  du  poids  de 
l'atmofphère  eft  plus  grande  î  c'eft  le  baromètre  fim- 
pic  ou  ordinaire. 

Quant  au  thcrmomUre  ^  comparez  celui  d'cfprit 
de  vin ,  avec  un  thermomètre  de  mercure  :  yo\xs  les 
trouverez  peu  difcordans  ,  aflcx  cependant  pour 
faire  remarquer,  à  certaines  diftancet,  comme  de 


2  MER 

dix  en  dix  degrés  >  que  les  accrolflemens  de  cha- 
leur,  qui  font  marqués  fur  le  thermomètre  de  mer- 
cure ,  par  des  degrés  égaux ,  le  font  fur  le  thermo- 
mètre d*eiprit  de  vin ,  par  des  degrés  qui  vont  en 
croiflant.  D'ailleurs  »  le  mercure ,  depuis  fa  congé- 
lation jufqu'à  fon  ébullition ,  fouffre  488  degrés  de 
chaleur ,  fans  qu'il  en  foit  plus  raréfié  que  l'efprit 
de  vin  confidéré  fou^  un  nombre  de  degrés  quatre 
fois  moins  grand. 

D'après  ces  réfultats  ,  vous  conclurez  facile- 
ment que  la  raréfaAion  du  mercure  s'accorde  mieux 
avec  la  chaleur ,  que  la  raréfadhon  de  l'efprit  de 
Tîn. 

En  comparant  de  la  même  manière  le  mercure 
avec  toute  autre  liqueur ,  on  lui  trouvera  le  même 
avantage. 

Il  faut  cependant  convenir  que  le  mercure  a 
quelques  propriétés  qui  nuifent  un  peu  à  la  régu- 
larité de  fa  marche.  Il  eft  pefant ,  &  fon  poids  ne 
loi  permet  pas  de  monter  au  terme  de  la  chaleur 
dont  il  eft  affeôé.  Soit  un  thermomètre  de  mercu- 
re, qui  ait  25  ou  30  pouces  de  longueur  ;  tenez 
ce  thermomètre  dans  une  fituation  à  peu  près  ho- 
rizontale ,  &  marquez  le  point  où  la  liqueur  fe  fera 
arrêtée  ;  relevez  le  thermomètre ,  &  tenez-le  dans 
une  fituation  verticale  ;  vous  verrez  que  la  liqueur 
defcendra  d'autant  plus  que  la  boule  fera  plus 

{;rofle ,  relativement  au  diamètre  du  tuyau ,  &  que 
a  liqueur  fera  plus  élevée  au  deflus  de  la  boule* 
Cet  abaiflement  de  mercure ,  qui  peut  aller  à  deux 
lignes ,  à  trois  lignes ,  &c.  eA  certainement  l'effet 
de  la  pefanteur.  £ft-ce  le  poids  du  cylindre  de 
mercure  qui ,  comprimant  le  mercure  contenu 
dans  la  boule ,  le  réduit  à  un  plus  petit  efpace } 
ou  ,  ce  qui  eft  plus  vraifemblable ,  eft-ce  le  poids 
de  ce  cylindre  qui  >  agiflant  fur  les  parois  inté- 
rieures de  la  boule  ,  en  écarte  les  parties ,  et  en 
augmente  la  capacité  ?  C'eft  ce  qu'il  importe  peu 
de  décider  ici.  On  dira  feulement  que  le  défaut 
n'eft  pas.  fenfible  dans  un  petit  thermomètre  ,  & 
qu'on  le  corrigera  dans  un  grand ,  en  tenant  le 
tube  incliné. 

Le  mercure  a  un  autre  défaut  relatif  au  thermo- 
mètre ;  c'eft  de  s'attacher  quelquefois  à  la  furface 
du  verre  ,  &  d'y  dépofer  des  molécules  qui ,  dimi- 
nuant le  volume  de  la  liqueur ,  dérangent  nécef- 
fairement  la  graduation.  (Je  défaut  que  l'on  attri- 
bue mal  à  propos  aux  impuretés  du  mercure ,  ne 
vient  guère  que  de  l'humidité.  On  y  remédiera 
à  coup  fur ,  en  chargeant  le  thermomètre  félon  la 
méthode  fuivante. 

Je  fiippofe  un  tube  capillaire,  garni  à  l'une  de 
fes  ^trémités ,  d'une  boule  convenable  ,  félon  la 
foi^e  ordinaiix:.  Je  fouffle  à  l'autre  extrémité  une 
bouteille  ouverte  ,  communicante  ,  &  recourbée 
en-haut ,  comme  la  boule  des  baromètres.  Cette 
bouteille  ne  doit  pas  relier ,  elle  doit  feulement 
fervir  à  charger  le  thermomètre.  Je  l'appellerai 
rifervoir ,  pour  marquer  fon  ufage  ,  &  la  diftinguer 
de  la  vraie  boule  eflentielle  au  thermomètre.  Ce 


MER 

réfervoir  doit  être  grand  ;  il  doit  avoir  au  moins 
quatre  fois  plus  de  capacité  que  la  boule.  C'eft 
dans  ce  réfervoir  que  je  verfe  le  mercure,  pour 
le  faire  monter  de  là  dans  la  boule  du  thermo- 
mètre. 

Après  avoir  préparé  un  brafier  de  la  longueur 
du  tube  &  avoir  attaché  au  deffous  de  la  bou- 
teille un  fil-de-fer ,  je  couche  le  tube  fur  le  bra- 
fier ,  &  je  fais  bouillir  le  mercure  contenu  dans 
le  réfervoir.  Pendant  ce  temps ,  j'ai  l'attention  de 
modérer  l'ardeur  du  brafier ,  de  manière  que  le 
verre  ne  s'y  échauffe  pas  au  point  de  l'amollir. 
Quand  le  mercure  a  bien  bouilli ,  je  prends  le 
fil- de-fer ,  &,  par  fon  moyen ,  je  lève  le  tube  de 
defilus  le  brafier  y  tenant  la  boule  en  haut ,  &  le 
réfervoir  en  bas.  Alors  le  tube  fe  refroidit ,  il  fe 
fait  un  vuide  dans  la  boule ,  &  l'air  extérieur  pref- 
fant  fur  le  mercure  du  réfervoir  ,  le  force  de 
monter. 

Quand  le  mercure  cefTe  de  monter  dans  la  bou- 
le ,  je  reporte  le  tube  fur  le  brafier ,  &  je  le  laifle 
en  cette  difpofition ,  jufqu'à  ce  que  le  mercure 
bouille  avec  force  dans  la  boule  &  dans  le  réfer- 
voir. Alors  je  relève  le  tube ,  ainfi  tiue  j'ai  déjà 
fait  >  $c  je  laifle  monter  le  mercure  dans  la  boule  , 
qui ,  par  cette  féconde  opération ,  fe  trouve  ordi- 
nairement remplie.  Je  ne  m'en  tiens  pas  là  :  je 
f>orte  encore  mon  tube  fur  le  brafier ,  &  j'anime 
e  feu ,  jufqu'à  volatilifer  le  mercure  ,  &  le  faire 
pafier  en  vapeurs,  de  la  boule  dans  le  réfervoir, 
avec  un  fifflement  femblable  à  celui  d'un  éolipyle. 
Quand  il  ne  refte  plus  dans  la  boule  qu'à  peu 
près  uii  tiers  du  mercure  ,  je  relève  le  tube  ,  & 
alors  le  mercure  de  la  boule  efl  forcé ,  par  les 
vapeurs  ,  à  defcendre  dans  le  réfervoir.  Il  re- 
monte enfuite  dans  la  boule ,  &  la  remplit  entiè- 
rement. 

Cette  troifième  opération  ne  fuffit  pas  ordinai- 
rement. Je  la  répète  autant  de  fois  que  je  le  juge 
néceftaire  pour  difEper  parfaitement  l'humidité, 
&  enlever ,  par  le  frottement  du  mercure  bouil- 
lant ,  les  faletés  adhérentes  aux  parois  intérieures 
du  tuyau. 

J  enime  que  le  mercure  a  aflez  bouilli ,  lorfque 
paffant  en  vapeurs  de  la  boule  dans  le  réfervoir , 
il  laifle  appercevoir  une  lueur  éleârique ,  &  qu'en 
remontant  du  réfervoir  dans  la  boule ,  il  ne  fe  di- 
vife  point ,  &  ne  jette  aucun  bouillon. 

Quand  le  thermomètre  eft  chargé ,  la  bouteille 
qui  a  fervi  de  réfervoir ,  devient  inutile  :  je  l'en- 
lève ;  en  obfervant  de  laiffer  le  tube  plein  de  mer- 
cure ,  afin  que  l'air  extérieur  ne  puifte  y  péné- 
trer y  &  y  dépofer  de  l'humidité.  Je  tiens  le  tube 
ainfi  rempli  jufqu'au  moment  oîi  je  veux  le 
.fceller  ;  alors  je  prends  les  précautions  fui- 
vantes. 

Je  porte  à  la  lampe  l'extrémité  du  tube ,  &  je 
la  réduis  en  un  filet  très-mince ,  que  je  laiffe  ou- 
vert ;  puis  je  plonge  doucement  le  thermomètre 
dans  de  Teau  bouillante  ;  ou  plutôt ,  de  peur  que 


I 


MER 

Il  nrè&ftion  trop  fabite  du  mercure  ne  caiïe  la 
boole  »  )c  plooee  le  thermomètre  dans  de  Veau 
froide  ,  que  je  fais  enfuite  échauffer  par  degrés  , 
jufqua  ce  qu'elle  bouille.  La  chaleur  de  i'eau  fait 
form  en  iHcrniométre  le  vif-argent  fuperflu  :  j*ai 
fur  une  table  un  réchaud  plein  de  charbons  ar- 
deos ,  6c  une  lampe  allumée ,  pofée  à  une  diflance 
CQnv^enable. 

Quand  le  mercure  cefle  de  couler,  je  retire  le 
thermomètre  de  Teau  bouillante  «  &  j'en  prérente 
ta  boule  à  la  chaleur  du  réchaud  ,  afin  d'en  faire 
fonir  encore  uti  peu  de  vif  argent.  Je  le  retire  en- 
fuite  ,  &  pendant  que  le  mercure  coule  encore , 
je  porte  rextrémitè  capillaire  du  tuyau  à  la  flam- 
me de  U  lampe.  Cette  extrémité  tond  au^itôt  , 
&  le  thermomètre  fe  trouve  fermé  hermétique- 
ment »  fans  que  Tair  extérieur  ait  pu  y  pénétrer. 

Il  arrive  quelquefois  qu'on  fait  forttr  trop  de 
vif-argent  ou  que  le  tube  eft  trop  court  relatif 
fument  à  la  groiTeur  de  la  boule ,  ai  qu'en  con- 
fiquence  on  ne  peut  marquer  le  terme  de  la  glace. 
Pour  prévenir  cet  inconvénient ,  U  feroit  bon  d  ef- 
fayer  les  tubes  avant  de  prendre  toutes  les  peines 

dont  on  vient  de  parler. 

Ce  fetoit  de  commencer  par  les  remplir  de  mer- 
cure à  la  manière  ordinaire  ,  de  les  plonger  en- 
f  ûte  dans  la  glace  pilée  &  daus  l'eau  bouillante. 
On  verroit ,  par  ce  moyen  ,  fi  le  tube  feroit  afîez 
long  pour  porter  à  ces  deux  termes,  &  à  quelle 
hauteur  on  pourroit  tes  axer* 

Quant  à  la  graduation  du  thermomètre,  elle 
fuppofe  la  connoi^ance  au  moins  d'un  terme  fîxe 
de  chaleur  ou  de  froid  ,  par  lequel  on  puifTe  corn- 
mencer  k  compter  les  degrés.  La  nature  en  offre 
deux  trés-aifés  à  prendre  ;  celui  de  la  glace  qui 
commence  à  fondre  y  &  celui  de  Veau  bouillante. 
Ces  deux  termes  font  affez  conflans  ;  cependant  on 
a  remarqué  que  la  chaleur  de  Teau  bouillante  va- 
rioit  UD  peu  ,  félon  les  difTèrentes  prenons  de  Tair 
environnant  ;  que  l'eau  bouillante  étoit  plus  chau- 
de ,  lorfque  le  baromètre  étoit  à  vingt-huit  pouces, 
qoe  lorfquil  étoit  à  vingt-fept  >  &  que  la  différence 
«oit  à  peu  près  d'un  demi-degré  »  félon  le  ther- 
momètre de  Réaumur.  Mais  on  pourroit  convenir 
de  prendre  le  terme  de  l'eau  bouillante ,  lorfque 
le  baromètre  eft  à  vingt-fept  pouces  &  demi  ;  alors 
ce  terme  fc  trouveroit  toujours  le  même. 

La  glace  a  auffi  fes  variations.  Si  on  la  prend 
im  une  forte  gelée  j  elle  eft  beaucoup  plus 

^tde  que  celle  qui  commence  à  fondre.  Il  faut  la 
tnnfporter  dans  un  lieu  tempéré,  pour  avoir  ce 
point  de  chaleur  qu'on  dit  être  fixe.  Mats  la  glace 
caipofee  à  un  air  chaud  ,  en  reçoit  à  chaque  inf- 
ime un  nouveau  degré  de  chaleur  ^  jufqu*à  ce 
^s'étant  amollie,  puis  réfolue  en  eau  ,  elle  ait 
pris  U  température  oie  l'air  environnant. 

Dans  cette  communication  fucceiTive  de  chaleur  p 
COttmenf  trouver  un  point  lixe  ?  Il  faut  au  moins 
iBifiâart  d*heure ,  à  un  petit  thermomètre  de  mer- 


MER 


3 


cure,  pour  prendre  le  froid  de  la  glace  :  ne  peut- 
il  pas  arriver  ,  pendant  ce  temps ,  que  la  glace  de- 
vienne un  peu  moins  froide  y  ou  que  Tair  logé  en- 
tre les  petits  glaçons  ,  devienne  un  peu  plus 
chaud  ?  Réglez  les  thermomètres  à  la  glace  pilée 
pendant  l'hiver  ;  remettez  ces  thermomètres  dans 
de  la  glace  pilée  pendant  l'été  ;  vous  trouverez 
que  la  glace  ,  pendant  Tété ,  ne  fera  pas  defcen- 
dre  la  liqueur  au  point  ou  elle  l'avoit  fait  defcendre 
pendant  i  hiver.  Si ,  pendant  l'hiver  vous  avez  pris 
le  terme  de  la  glace  à  une  température  de  quinze 
ou  vingt  degrés ,  la  diâfércncc  fera  d'environ  un 
degré. 

Fdlfifiçation  du  mercun. 

Le  mercure  ,  comme  on  vient  de  le  voir  , 
étant  d'un  grand  ufage  pour  la  fabrication  des  ba- 
romètres &  thermomètres  ,  Se  pour  diverfes  ex- 
périences de  pbyfique  ,  il  eft  effentiel  de  recon- 
noitre  celui  qui  efl  falfitiè  dans  le  commerce ,  ôc 
de  favoir  la  manière  dont  on  le  falftfie,  pour  s'en 
préferver. 

On  altère  cette  fubfîance  métallique  ,  fuivant 
la  remarque  de  M.  Baume,  avec  du  plomb  par 
rincermède  du  bismuth.  Les  fabicateurs  tunt  fondre 
enfemble,  dans  une  marmite  de  fer,  partie  égale 
de  plomb  Ôc  de  bifmuth  ;  ils  y  ajoutent  du  mer- 
cure jufqu'à  concurrence  de  moitié  du  poids  de 
la  maflTe  totale ,  St  remuent  le  mélange  ,  jufqu'à 
ce  qu'il  foit  refroidi  ;  il  en  réfukc  un  amalgame 
fluide,  qui  ne  prend  point  de  confiflance  à  l'air, 
&  qui  peut  pafTer  prefque  entièrement  à  travers 
les  pores  d'une  peau  de  chamois  ,  comme  feroit 
le  mercure  coulant.  Cet  amalgame  laiffe  néanmoins 
échapper  une  certaine  quantité  de  bifmuth  ,  qui 
vient  nager  ,  au  bout  d'un  certain  temps ,  à  la 
fur  fa  ce  du  mercure ,  fous  la  forme  d'une  pouiTière 
grife-cendrée  ;  mais  le  plomb  y  refte  toujours  cou- 
lant. 

Ce  mercure  falfrfié  cfl  facile  à  reconnottre.  t'*.  En 
ce  qu'il  eft  fpécifiquem^t  moins  pefant  que  Je 
mercure  ordinaire. 

2°*  Lorfqu'on  le  fait  couler  doucement  fur  une 
afTiette  de  faïence ,  dans  un  vafe  de  verre  à  fond 
plat ,  il  laifTe  après  lui  une  légère  poufTière  métal- 
lique ,  qui  lui  fait  faire  la  queue  ,  c'ell-àdire,  que 
chaque  goutte  de  ce  mercure  a  une  efpèce  de 
petit  pédicule ,  au  lieu  d'être  parfaitement  ronde, 

3".  Enfin  ,  en  mettant  un  peu  de  ce  mercure 
dans  une  petite  cuiller  de  fer  ,  &  le  faifant  cliauf- 
fer,  le  mercure  fe  diilipe  ,  &  les  matières  mé- 
talliques qui  lui  étoient  unies ,  reflem  au  fond  de 
la  cuiller. 

Purification  du  mercure^ 

Le  mercure  qui  eA  dans  le  commerce ,  fe  trouve 
ordinairement  allez  pur  pour  l'ufâge  qu'on  en  fait 
en  phyfique»  Il  fufhc  de  le  faire  pafTer  une  fois  ou 

A  ij 


A 


4  MER 

deux  au  travers  d'un  linge  fin  &  blanc  de  leffi- 
ye  ,  ou  par  une  peau  de  chamois  paffée  à 
rhuUe. 

Pour  avoir  le  mercure  plus  pur  >  on  peut  le  la- 
ver, en  Renfermant  dans  une  bouteille  de  verre 
avec  de  Teau  bien  nette.  On  Tagite  pendant  quel- 
ques minutes ,  &  Ton  renouvelle  Teau  ^uiquà  ce 
qu'elle  ne  fe  charge  plus  d'aucune  faletè. 

Le  mercure  ainfi  lavé  dans  deux  ou  trois  eaux , 
fe  féche  en  paflant  plufieurs  fois  par  un  linge  fin , 
&  pour  achever  de  lui  enlever  le  peu  d*humidit^ 
qu*il  pourroit  avoir  gardé ,  on  le  chauffe  dans  une 
capfuie  de  verre ,  de  grès  ou  de  porcelaine ,  fur 
un  bain  de  fabje ,  en  lui  donnant  un  degré  de  cha- 
leur au  deflbus  de  celui  qui  Ëitt  bouillir  reau 

Le  meraire  étant  bien  lavé  &  féché.,  on  peut 
encore  réprouver  en  le  faifant  couler  en  petite 
quantité  fur  une  affiette  de  fiuence  ou  dé  porce- 
laine bien  nette.  S'il  contient  quelque  chofe  de 
gras ,  &  fnrface  n*aura  pas  le  brillant  qu'elle  doit 
avoir  ;  s*il  eft  mêlé  avec  du  plomb  ,  ou  quelque  au- 
tre matière  métallique  ,  fa  fluidité  fera  altérée , 
il  ne  coulera  pas  avec  la  même  liberté  ,  &  laiffera 
des  traces  noirâtres  fur  les  endroits  où  il  aura 
paffé. 


MER 

Quand  le  mercure  a  ces  défauts ,  il  faut ,  pour 
Ten  débarrafler ,  recourir  à  la  diftillation  de  la  ma- 
nière fuivante. 

On  met  la  quantité  de  mercure  qu'on  veut  pu- 
rifier y  dans  une  petite  cornue  de  verre ,  avec  un 
égal  poids  de  limaille  de  fer  bien  net ,  &  qui  n'ait 
encore  comraâé  aucune  rouille. 

On  place  cette  cornue ,  qui  ne  doit  être  emplie 
gu*à  moitié  ou  aux  deux  tiers  »  fur  un  bain  de 
iable ,  dans  un  fourneau  de  réverbère ,  en  lui  te- 
nant le  bec  fort  incliné.  On  y  adapte  un  récipient 
plein  d'eau  claire ,  de  manière  que  le  bec  y  tombe , 
à  un  travers  de  doiet  près. 

Il  faut  chauffer  d  abord  par  un  feu  doux ,  que 
l'on  augmente  par  degrés  ,  jufqu'au  point  de  faire 
un  peu  rougir  le  ventre  de  la  cornue. 

Par  ce  moyen  on  fait  paffer  tout  le  mercure  en 
vapeurs ,  qui  fe  convertirent  en  gouttes  dans  l'eau , 
&  qui  fe  réuniffent  au  fond  du  récipient.  La  dif- 
tillation  étant  finie ,  &  les  vaiffoiux  refroidis ,  on 
décahtera  la  plus  grande  partie  de  l'eau  ,  en- 
fuite  on  sèche  le  mercure  comme  il  a  été  dit  ci- 
deffus. 

Il  faut  avoir  foin ,  dans  l'emploi  du  mercure , 
qu'il  ne  touche  aucun  métal ,  si  ce  n'eft  du  fer ,  avec 
lequel  il  ne  contraâe  aucune  union. 


MÉTAL    BLANC.    (  An  du  ) 


I  E  métal  blanc  ,  dont  il  s'agit  ici ,  cA  principa- 
d*ufage  pour  les  inflruinens  de  catoptrique, 

Void  b  manière  de  le  compofer  fuivant  Vm~ 
£cadoi3  donnée  par  M.  Tabbé  Nollet  dans  fon 
sn  des  cipcricnces. 

II  n*y  a  point  d'étain  abfolument  pur  dans  le 
commerce,  mais  on  en  peut  avoir  qui  contienne 
peu  d*alliage ,  tel  qnc  Tétain  pUné ,  ou  celui  qu  on 
▼end  en  petits  pains  ,  &  qui  s*appelle  étain  en 
p€iuw  chaptéiux» 

On  met  cet  éuin  en  grenailles»  en  le  faifant 
baàm  dans  un  creufet  ,  &  en  le  coulant  à  tra- 
rtn  un  balai  de  bouleau  qu*on  tient  au  dcfl'us 
d'une  terrioc  remplie  d'eau. 

On  prend  de  cet  éuin  en  grenailles  le  plus  pur 
ftt^on  puifle  avoir. -  *  ï8  onces. 

Du  cuivre  de  rofcue 40  onces. 

Et  de  rarfenic  blanc.  .  #  .  .  ,  16  onces. 

On  réduit  le  cuivre  de  rofecte  en  petites  lames  , 
afin  quHt  (e  fonde  plus  aifément. 

Oo  péfe  Tarfenic ,  Se  Ton  en  fait  trois  portions 
égales  9  qu*il  faut  envelopper  féparèment  dans  du 

Enfujieon  fe  munît  d'une  petite  cuiller  ou  d^un 
crochet  de  fer  aplati  par  le  bout  ,  avec  lequel 
on  pulITe  remuer  Le  métal  fondu  ,  &  Fécumer  ; 
ea  obtervant  de  n'y  plonger  jamais  cet  infïrumcni»' 
a  moins  qu^il  n^ait  été  chauffé  auparavant  jufqu'à 
rougir. 

Lorfque  tout  eft  préparé ,  on  met  le  creufet  dans 
k  fourneau  de  fufion  fous  un  large  manteau  de 
cheminée^  ou  dans  un  endroit  ouvert j  mais  non 
cxpofè  au  vent;  on  le  laiffe  d'abord  s'échaulFer  à 
petit  feu  y  puis  à  un  plus  grand  ^  jufqu'à  ce  qu'il 
loir  rouge  ;  &  après  M|ftùir  examiné ,  û  Von  voit 
qull  foit  bien  entier ,  en  y  met  le  cuivre  ik  on 
le  bk  fendre* 


Dans  le  cuivre  fondu  on  verfe  Tétai n  qu'on 

aura  fait  fondre  féparèment;  on  remue  ces  deux 
métaux  enfemble  avec  la  baguette  ou  crochet  de 
fer  rouge. 

On  écume  le  mélange  de  ces  deux  métaux  >  & 
Ton  y  jette  le  premier  paquet  d'arfenic  ,  ayant  foin 
de  couvrir  aimuàt  le  creufet  :  quelques  inftans 
après  on  met  le  fécond  paquet ,  on  couvre  le  creu* 
fet  ;  &  peu  de  temps  après  on  y  jette  le  troifiéme 
paquet. 

Le  creufet  ayant  encore  reflé  couvert  pendant 
quelques  momens  ,  il  faut  le  découvrir  ,  remuer  le 
métal  avec  la  baguette  de  fer,  &  le  couler  dans 
le  moule. 

Quand  on  a  commencé  à  mettre  de  Tarfenic 
dans  le  creufet  il  faut  bien  fe  garantir  de  la  vapeur  ^ 
qui  s'en  exhale  ;  elle  eA  très-dangereufe ,  6t  même 
mortelle.  C'eû  pourquoi  on  a  confeillé  de  faire 
cette  fonte  fous  un  large  manteau  de  cheminée. 
Si  on  le  fait  ailleurs ,  il  faut  fe  tenir  au  deflus  du 
courant  dVir ,  &  retenir  fon  haleine  dans  les  inf- 
tans oii  Ton  eu  obligé  de  porter  k  vifage  au  deffus 
du  fourneau. 

Si  les  pièces  qu'on  fait  avec  ce  métal  cotiipofé 
font  petites  ;  fur- tout  fi  Ton  en  a  un  ceruin  nombre 
à  faire  ,  on  doit  auparavant  préparer  les  moules 
en  cuivre  &  les  tenir  un  peu  chauds  pour  recevoir 
le  métal  en  fufion  :  car  quand  il  fe  refroidit  trop 
promptement,  fa  dcnfité  ne  refte  point  égale  dans 
toute  répailTeur*  Les  fuperficies  font  alors  plus 
ferrées  ,  &  quand  elles  font  enlevées  par  le  travail  > 
la  furface  du  miroir  fe  trouve  pleine  de  petits 
trous. 

Il  faut  au0i  avoir  Tattention  de  ne  point  couler 
ïe  métal  trop  chaud  dans  des  moules  froids ,  parce 
que  le  métal  devient  caflant  &  fujet  à  fe  brifer* 


M  E  U  L  I  E  R.    (  Art  du  ) 


Lj'aiit  do  meuVur  confifte  à  tailler  des  meules 
dans  les  rochers  ,  ou  à  ajufter  des  quartiers  de 
pierre  pour  en  faire  des  meules*  Cet  art  eft  devenu 
précieux  depuis  rinveniion  des  moulins. 

Les  anciens  écraToient  les  grains  entre  deui 
caillouJE ,  comme  le  font  encore  les  nègres  de  l*A- 
mèrique;  ils  imaginèrent  enluite  de  petites  meules, 
n'ayant  que  lo  pouces  de  diamètre ,  qu  ils  faifoient 
aller  à  force  de  bras  ;  ils  employoient  à  cette 
znanciuvre  des  efclaves  oa  des  prifonniers  de 
guerre. 

Enfin  on  parvint  à  conftruire  des  machines  oii 
les  meules  turent  mifes  en  mouvement ,  foit  par 
des  chevaux ,  (bit  par  la  feule  force  du  vent  ou 
de  Teau. 

On  fe  Tort  ordinairement  pour  faire  de  grandes 
meules  de  moulins,  de  la  pierre  meulière,  qui  eft 
r^împlie  de  trous  &  d'inégalités. 

Cependant,  pour  les  meules ,  on  peut  fe  fervir 
aufîi  de  pierres  de  différentes  efpéces  ,  pourvu 
qu'elles  aient  la  dureté  &  U  rudefle  néceffaire  pour 
mordre  fur  les  grains  &  les  brifer. 

Dans  les  pays  ou  le  /çt.j/ii>  eft  commun,  on  en 
fait  de  bonnes  meules*  Dans  d'autres  cantons  on 
emploie  un  grès  compare  &  à  gros  grains, 

A  Bordeaux  on  fait  ufage  d*une  pierre  à  fufd 
qui  fc  trouve  du  c5té  des  Pyrénées,  &  qu'on 
tait  defcendre  par  la  Garonne  fur  des  radeaux  ou 
trains.  Mais  comme  cette  efpèce  de  pierre  à  fufil 
ne  peut  fournir  que  des  quartiers,  quand  le  meu- 
licr  veut  en  former  une  meule  de  fix  pieds  ou  de 
fix  pieds  &  demi  de  diamètre ,  il  commence  à  en 
parer  les  côtés  deftinès  à  former  les  joints  ;  pour 
quoi  il  a  un  marteau  pointu  par  les  deux  bouts , 
ic  très- bien  acéré. 

Lorfqu^'d  a  préparé  tous  les  quartiers  qu*il  lui 
faut  pour  former  la  circonférence  de  fa  meule , 
il  les  adapte  à  une  pierre  dure ,  taillée  quarrément , 
ayant  dans  (ox\  centre  un  trou  qu'on  appelle  rail 
d€  la  meule,  Ccft  dans  ce  trou  qu  on  place  Taxe 
qui  doit  faire  tourner  la  meule. 

Ces  pierres  étant  difpofécs  comme  il  convient , 
on  les  joint  cnfemblc  avec  du  plâtre  ;  &  afin 
qu'elles  ne  puiffcnt  pas  fc  féparer  par  leur  mou- 
vemcnt  circulaire  ,  on  les  revêt  de  deux  ou  trois 
cercles  de  fer  aifez  forts  pour  xéùCtcr  aux  coups 
de  maillet  que  l'on  donne  fur  les  coins  de  bois , 
dont  Toffice  cft  de  ferrer  davantage  la  meule 
entre  les  cerceaux  de  fer  qui  Tenvironnent. 

Les  meuUs  en  ufagc  aux  environs  de  Paris  font 
de  pierres  qui  viennent  de  Houlbcc,  prés  de  Pacy 
en  Normandie,  ou  de  la  Fcrtè  fous Jouarrc.  On 


tire  ces  pierres  de  la  carrière ,  en  meules  toutes 
formées. 

Cette  pierre  cft  de  la  nature  du  caillou  ;  elle  cft 
opaque,  très -dure,  &  remplie  de  petits  trous. 
Elle  fe  trouve  par  grands  bloc,  dans  la  carrière. 
Quand  on  en  veut  taire  une  mtïulc  ,  on  commence 
par  cerner  un  bloc,  auquel  on  donne  le  diamètre 
convenable  ;  puis  on  en  détermine  1  cpaitTeur  en 
la  dépouillant  de  la  terre  qui  Tenvironne. 

On  forme  enfuitc  à  coups  de  cifeaux  une  en- 
taille tout  autour  de  la  pierre  arrondie  j  on  fait 
entrer  dans  cette  entaille  des  coins  de  bois  de 
chêne  ou  de  bois  blanc  bien  fec  ;  on  remplit  le 
creux  avec  de  l'eau  ,  qui  faifant  gonfler  les  coins 
de  bois  forcent  la  meule  à  fendre  horizontalement, 
fie  à  fe  détacher  du  bloc ,  malgré  l'étendue  de  fon 
adhéfion  au  banc  de  pierre.  ' 

On  continue  les  mêmes  procédés  pour  obtenir 
d*autres  meules  d'un  grand  bloc  de  pierre. 

Le  meulter  peut  aurïî  fe  fervir  avec  avantage 
de  U  méthode  fui  vante.  Il  fait  dans  le  rocher  une 
entaille  circulaire  de  deux  pouces  environ  de  lar- 
geur ,  &  de  trois  pouces  de  profondeur ,  dans 
un  diamètre  de  plus  de  fix  pieds  &  demi  :  on 
enfonce  dans  cette  entaille  des  coins  de  fer,  garnb 
fur  chicune  de  leur  faces,  de  morceaux  de  bois  , 
^6c  on  frappe  fur  ces  coins  jufqu'a  ce  que  les 
meules  fe  détachent. 

Quand  ta  meule  eft  détachée ,  on  continue  de 
h  travailler  dans  la  carrière  même  ,  en  ôrant  tout 
ce  quelle  pourroit  avoir  d'irrégulier.  Il  y  a  des 
carrières  oii  ,  pour  en  tirer  des  meules,  on  cft 
obligé  de  creufer  des  puits  qui  ont  quarante  pieds 
de  profondeur  &  même  plus. 

Les  meuUs  des  miroitia^  lunettîers  font  faites 
d'un  grés  propre  à  arr<inaiT  la  circonférence  des 
verres  de  lunettes  &  autres  ouvrages  d'optique* 
Ces  meules  fe  tirent  communément  de  la  Lorraine, 

Les  taillandiers  &  les  couteliers  emploient  au(H 
des  meules  de  pierre  ;  ils  appellent  meules  les 
plus  petites  i  celles  au  deflus  fe  nomment  meuUaux 
♦u  aillards  ;  les  meuUnUs  viennent  enfuite.  Les 
meulitrds  font  les  plus  grandes  meuîes, 

La  meule  des  diamantaires  eft  toute  de  fer. 

Celle  des  charrons  efl  de  pierre,  montée  fur  un 
chaffis  ;  die  eft  mue  par  une  barre  de  fer  faite 
en  manivelle  ;  ils  s'en  fervent  pour  donner  le  fil 
&  le  tranchant  à  leurs  outih* 

La  meule  des  cloutiers  d'épingle  eft  d'un  actcr 
trempé,  montée  fur  deux  tampons  «  &  mife  en 
mouvement  par  une  grande  roue  de  bois  tournée 
par  toute  la  force  d'un  homme.  Cette  meule  eft 


M  E  U 

à  quelque  diflance  vis-à  vis  de  îa  meule 
'  ^  celle-ci  C&  ouverte  des  deux  côtés ,  & 
|facée  au  deffus  d*un  chaHis  de  planches  d*ou  pend 
B&  Terre  pour  garantir  Touvrier  des  parcelles  de 
ter  ctAzmmés  que  la  meule  déuche  des  clous 
y'oa  y  affine. 

la.  meule  des  épinglicrs  eft  de  fer ,  jSi  taîllandée 
fefes  fiiFËLCes  eQ  dents  plus  ou  moins  vives ,  félon 
fdtge  auquel  on  remploie  quand  on  s*en  sert 
fm  fèbaucliage.  Il  faut  que  ces  meules  foient 

fi1ra0cltaDtes  &  plus  douces  quand  ii  faut  faire 
Aage. 
Ce  qa*aa  nomme  /mules  de  fondeur  de  cloches , 


M  E  u 

font  des  maflifs  de  maçonnerie  pour  y  affujettir 
un  piquet  de  bois ,  fur  lequel  tourne  comme  fur 
un  pivot  une  des  branches  du  compas  de  conf- 
truftîon ,  fer\'ant  à  former  le  moule  d'une  cloche. 

Nous  n'enîrerons  pas  dans  de  plus  grands  détails 
fur  toutes  les  différentes  meules  employées  dans 
les  arts',  d*autant  quon  en  fait  mention  dans  la 
defcription  de  chacun  des  arts  en  particulier  aux- 
quels ces  meules  appartiennent.  11  fuffit  ici  d'avoir 
lait  connoitre  les  procédés  fort  fimpks  dont  le 
meulier  fe  (tn  pour  conftruire  ou  détacher  dans 
la  carrière  les  meules  de  pierre. 


VOCABULAIRE, 


IjIeulard^  meule  d'un  grand  diamètre, 
MEtJLikR0Ei  meule  d'un  diamètre  moyen. 
Miule;  bioc  de  pierre,  d'acier  ou  de  fer,  taillé 

€11  rond ,  &  d^une  épailTeur  plus  ou  moins  grande , 

kmm  à  broyer  ,   à    moudre   ou  à  aiguifcr  les 

corps  durs. 


Meuleau  ;  meule  d'un  petit  diamètre. 

CEiL  DE  LA  MEULE  ;  on  nomme  ainfi  le  trou 
pratique  au  centre  d'une  meule  pour  y  placer  l'axe 
qui  doit  la  faire  tourner. 

ŒïLLARD  ;  c'eft  xinç  meule  d'une  grandeur 
moyenne. 


MEUNIER.    (  Art  du  ) 


l_j  E  mtûnUr  cft  GCÏuî  qui  exerce  Tart  de  réduire 
le  graio  en  forinc  ,  &  de  U  féparer  du  (on. 

L'art  de  réduire  le  grain  en  poudre  êft  très-an* 
den  ',  on  Ignore  à  qui  Toa  doit  cette  invention  ii 
utile  :  on  iatt  feulement  que  les  Egyptiens  favoient 
faire  le  paîn  avant  aucune  des  nations  contempo- 
raines ;  qu-i  cet  art  patTa  de  chez  eux  chez  les 
Grecs  ,  éi  que  ceux-ci  le  traiifmirent  aux  Ro- 
mains.  L'art  du  meunier  fuivit  nécessairement  la 
même  route  ,  Ô£  même  il  précéda  de  tort  loin 
celui  du  boulanger  ;  car  on  ufa  longtemps  de 
gruaux  &  de  farine  avant  que  d'en  favoir  faire 
du  pain. 

on  ne  s'avifa  pas  d* abord  de  concalTer  le  grain" 
pour  en  faire  ufage  ;  on  fe  comgjua  de  le  fé- 
parer de  fa  pellicule  ,  ou  de  ^n  eiïvtloppe , 
comme  on  fait  pour  manger  des  noix ,  des  aman- 
des,  8cc.  ;  pour  cet  effet,  on  le  faifoit  torréfier, 
ainsi  que  les  Sauvages  le  pratiquent  encore  aujour- 
d'hui. On  le  concaiTa  enfutte  Se  on  en  fit  des 
cfpéces  de  gruaux  ,  fembbbles  à  ceux  que  nous 
faiibns  encore  avec  Tavoine, 

En  pilant  davantage  les  grains  dans  des  mor- 
tiers ,  on  les  rèdtiifit  en  une  efpéce  de  poudre , 
3u*on  nomma  fan  m  ,  du  mot  far  ,  qui  eft  le  nom 
'une  forte  de  bled  dont  on  fe  fcrvoit  le  plys  ,  & 
quon  préparolt  ainfi  le  plus  communément    • 

On  peneâionna  dans  la  fuite  les  moyens  de 
convertir  les  grains  en  farine.  Il  paroi t  par  un 
paffage  d'Homère»  qu'on  a  été  dans  Tufage  d*é- 
crafer  le  grain  avec  des  rouleaux  fur  des  pierres 
taillées  en  tables,  au  lieu  de  le  faire  dans  des 
mortiers  avec  des  pilons  ;  ce  qui  vralfemblable- 
ment  conduifit  à  le  broyer  entre  deux  meuLcs  , 
dont  on  fait  tourner  ta  fupèrieure  sur  Tinférieure. 

Le  rravail  de  moudre  atn^  le  grain  étolc  fort 
pénible i  c'étoft  ordinairement  remplordes  efclavcs, 
ik  même  on  y  faisoît  servir  des  criminels,  comme 
on  en  fait  fervir  aâuellemcnt,  dans  quelques  états , 
aui  gïlcrcs. 

On  n'a  fu  ,  à  proprement  parler  ,  réduire  le 
grain  en  farine  ,  que  -îoriqu'on  a  fu  le  moudre  par 
je  moyen  des  meule*  couchées  Tune  fur  l'autre  » 
dont  on  faifoIt  tourner  à  force  de  bras  la  fupé- 
rieute  fur  Tinférieure. 

Dans  les  premiers  temps  la  m?ulc  fupèrieure 
n'étoit  que  de  bois  ,  8c  elle  ét->tt  armée  avec  des 
cfpéces  de  têtes  de  clous  de  fer  :  dans  la  fuite 
on  les  a  prifes  toutes  les  deux  de  pierre  j  elles  n'é- 
toicnt  alors  que  d'un  pied  k  un  pied  &  demi  de 
diamètre  :  mais  on  trouva  bientôt  le  moyen  i\z 
mouvoir  ces  machines   autrement  qu'à  force  de 


bras  ,  &  avec  moins  de  peine  ;  cela  donna 
à  augmenter  le  diamètre  de  ces  meules  :  on 
fit  tourner  par  des  chevaux  &  par  des  ânes;  c'cft 
pourquoi  on  lit  dans  les  auteurs  latins  «  mola  ju- 
ment ans  ^  mola  ajinina* 

On  ne  tarda  pas  à  imaginer  d'employer  la  force 
de  Teau  courante  pour  mouvoir  des  meules  plus 
grandes  encore  que  celles  qu* on  faifolt  tourner  par 
âcs  animaux;  enfulte  on  a  appris  à  se  servir  pour 
cela  non-fculem^nt  de  l'eau,  mais  auflî  du  vent. 

On  muhiplia  alnfi  les  moyens  de  moudre  les 
grains  :  les  peflors  (  c^étoit  ainfi  que  l'on  nommoit 
en  gaulois  ceux  qui  tiroient  la  farine  du  grain  , 
du  \^i\n  pijhrcs  )  qui  étoient  les  fariniers ,  conti- 
mencërent  à  les  moudre  fans  les  monder  ;  & 
pour  féparer  la  plus  fine  farine  de  h  grolTc& 
du  fon  ^  fe  fervirent  de  gros  linges  clairs ,  qu  oa 
nomme  des  canevas  ;  ils  inventèrent  en  même 
temps  des  tamis  qu'on  avoit  fait  en  Egypte  avec 
des  filets  d'écorce  d'arbre  i  en  Afie  ,  avec  des 
fils  de  foie^  en  Europe  ,  avec  du  crin  de  cheval; 
dans  la  fuite  avec  des  fils  de  poil  de  chèvre  ,  & 
avec  des  foies  de  cochon ,  d'où  cft  venu  le  nom 
de /dj ,  que  Ton  donne  à  une  efcéce  de  tamis. 

L'ufage  du  pain ,  étant  devena  général  par-tout 
oiï  l'on  avoit  du  grain ,  augmenta  cxtraordinaire- 
ment  la  confommafion  de  la  î:kT\nt  &  l'emploi 
des  moulins  ;  c'eft  pourquoi  on  multiplia  les  mou* 
lins  à  eau  et  à  vent.  ' 

Tout  cela  ne  fe  fit  point  fans  que  la  moutnrc 
des  grains  ne  fe  perfeaionnât  :  on  ajufta  aux 
moulins  des  bluicaux  pour  tamifer  la  farine  à 
mefurc  que  le»  meules  moulent  le  grain  :  on  cefla 
prefque  de  tamifer  à  la  main  >  comme  on  avoit  ceffé 
de  moudre  à  bras  ;  et  comme  il  en  coûtoit  moins 
de  moudre  dans  les  moulins  à  eiu  ou  à  vent  , 
qu'à  moudre  chez  fol  à  bras  ,  ou  par  des  ani- 
maux ,  on  fe  mit  dans  Tufagc  de  moudre  fou 
grain  dans  ces  grands  moulins,  qui  devinrent  pu- 
blics ,  moyennant  une  rétribution. 

D'après  Texpofé  ci-deffus  ,  on  vcit  qu'il  fiiui 
que  le  grain  lubilfe  bien  des  changemcns  avant^ 
que  d'être  transformé  en  pain  :  on  doit  nécef- 
laircmcnt  commencer  par  le  réduire  en  farine.  Pour 
convertir  le  grain  en  farine ,  &  pour  féparer  la 
farine  du  fon ,  on  cft  obligé  d'employer  plus  de 
moyens ,  &  d  y  mettre  plus  d'intelligence  qu*oii 
ne  croit  :  c  cft  l*art  du  meunier. 

Ls  moût  un  en  géncraL 

On  n'Imagincroii  pas  ,  fi  rexpériencc  ne  l'ap- 
prenoit  tons  les  jours  ,  que  le  broiement  feul  « 

parti 


M  E  U 

* 

porté  i  ua  cemîn  point ,  peut  changer  jufqu'aux 
^■aHtès  des  chofcs  qu'on  pulvérife. 

La^  dtviTion  tend  à  la  décompofirion  ,  &  taut 
fe  dèfMt  par  elle  '.  on  peut  dire  autïï  q'je  tout 
khlt  par  fon  moyen ,  piiitque  la  divifion  précéd:; 
flèccflâiremem  ta  combinai  fon  par  laquelle  tout  fe 
wmpofc  &  fe  forme  ;  U  divifion  eft  un  principe 
lie  franfmutation. 

La  diviftbiUté  par  la  mouture  peut  aller  juf- 
ça'aïur  parties  fpécifiques ,  intégrantes  des  grains 
eo  Emne  ;  c'eft  pourquoi  il  faut  favoir  qu'il  eft  un 
fcnoe,  dans  la  mouture  comme  dans  tout ,  au-delà 
duquel  on  ne  doit  pas  aller;  autrement  on  dé- 
co«poferoit  en  que-que  forte  le  eraîn  ;  au  lieu 
qu'il  faut  feulement  le  réduire  fuffifamment  en 
poudre  »  fans  en  détruire  la  qualité. 

Poor  raottdre  te  grain  »  on  le  fait  tomber  de  la 
atime  du  moulin ,  par  Taugct ,  entre  les  meules  ; 
ce  qui  s'en  détache  d*abord  par  le  froifTcmcnt , 
C&  la  première  peau  du  bled  qui  fait  le  gros  fon, 

La  partie  blanche  intérieure  du  grain  eii  réduite 
en  far*ae  en  même  temps  que  fon  écorce  efl  di- 
▼îlcc  en  fon  :  la  farine  Si  le  fon  enfemble  tom- 
kcot  p^  Tanche  dans  le  bluteau  &  dans  la  huche. 

Ck^Lx  des  grains  pour  moudre* 

Pour  connoître  la  nature  des  farines  ,  &  pour 
fivoir  quelles  qualités  de  pain  on  en  peut  faire,  il 
h^t  connoirrc  aulTi  la  nature  des  grains  qui  ks 
fomïâScau  La  différence  des  grains  influe  effen* 
ticlknieat  fur  la  qualité  de  U  farine ,  &  par  une 
&iiç  fiécdTaire,  fur  celle  du  pain;  c'eft  pourquui 
H  Ta  du  choix  à  fi»ire  du  grain  à  moudre. 

Tous  le*  grains  ne  font  pas  propres  à  faire  du 
bon  pain  ;  Sl  même  le*  meilleurs ,  comme  le  riz  & 
FaToLne ,  n  y  font  pas  tous  bons  ;  tout  le  monde  con- 
BOit  la  boilté  du  riz  &  du  gmau  d'avoine  :  autant 
iU  font  bons  ik  profitables  mangés  cuits  ,  foit  dans 
de  l'eau  ,  foit  dans  du  bouillon  ,  autant  iJs  font 
inauTab  en  pain  :  on  peut  f^irc  du  pain  tfavoine  , 
MiAi  non  p  s  du  pain  de  riz. 

Le  froment  ert  en  général  le  meilleur  des  grains 

rir  faire  i^u  pain  ;  ceft  celui  dont  la  pâte  lève 
mieux.  U  faut  le  choifir  fec ,  dur  &:  pefant  : 
dUis  le  bîé  pèf^  ,  plus  il  a  de  farine  ;  plus  cetie 
farine  boit  d'eap  ,  &  plus  il  en  réfultc  de  pain , 
&  mcill^^ur  en  eft  le  pain. 

Lcau  dans  laquelle  on  a  fait  bouillir  du  froment , 
eft  moins  fujette  à  s'aigrir  que  c»^lle  dans  laquelle 
on  auroit  fiit  bouilâr  quel:ju*ua  des  autres  grains  : 
c'eft  pourquoi  Teau  panée  faite  avec  du  pain  de* 
fixMDcot  eit  meilleure  que  celle  qui  ell  préparée 
,  Jvec  tcut  autre  pain. 

\  On  lire  par  la  coâion  plus  de  gélatineux  du 
I  fionent  que  des  autres  grains ,  fi  on  les  fait  cuire 
de  ncéme  dans  de  Ve^u  ;  &i  ce  gélatineux  eft  la 
psanîe  oourriffante  du  grain  ;  d'où  Ton  doit  natu* 
rellenient  conclure  que  le  froment  eft  le  plus  nour- 
fifiaoi  de  tous  les  grains ,  comme  il  ell  le  plus 
'■""'  ï  a  éûre  de  bon  pain  ;  ce  qui  cependant  ne 
Àru  &  MitUrs.     Tome  P\     Partît  L 


M  EU  9 

peut  fe  dire  quVn  général  ;  car  tous  les  grains  ont 
des  qualités  plus  différentes  dans  un  pay.  que 
d.ins  un  autre  ;  différentes  encore  félon  1  :s  diverfes 
efpc:es  de  chaque  forte  de  grains  par  rapport  au 
pays  ;  d*oii  eft  venue  la  variété  étonnante  des  sen- 
tim-^ns  des  auteurs  qui  ont  écrit  dans  dts  climats 
différens  far  les  propriétés  des  mém^s  grains. 

L'orge  HU  contraire  eft  en  général  le  moins  nour- 
rîffant  ;  c*eft  pourquoi  les  anciens  avoient  raifo» 
d  employer  Torge  pour  tout  aliment  dans  les  ma- 
laaies  aiguës 

Les  gros  blés  ne  font  pas  à  préférer  aux  petits , 
(i  ce  vkcù  à  ceux  qui  font  minces ,  &  alongès  :  les 
meilleurs  fromens  font  les  petits  ,  ramaffés  & 
prefque  ronis.  Les  boulangers  &  les  fariniers  difem 
en  proverbe  :  gros  bli ,  peth  pain* 

On  nomme  hU  glacé  une  efpéce  de  petit  blé 
dur  &  pffant ,  qui  a  une  qouleur  grife,  tenant  de 
celle  t!u  verre*  Le  blé  glacé  a  peu  de  fon  ;  ce 
grain  donne  par  la  mouture  beaucoup  de  farine; 
'  au  contraire ,  les  blés  gras  ^  longs  &  jaunes  font 
légers ,  ils  donnent  moins  de  farine  âc  beaucoup 
de  fon;  ceft  pourquoi  on  les  nomme  auffi  tUs 
fonneux.  On  nonim-;  aussi  hic  fonneux  un  froment 
long  ,  mince  &  defféché ,  ce  qui  provient  de  ce 
que  quand  ce  grain  étoit  en  lait ,  il  a  été  faifi  par 
1  ardeur  du  foleil  ^  ce  qui  fait  qu  d  a  moins  de  corp^ 
&  plus  d'ccorce, 

£a  Brie ,  le  meilleur  froment  eft  gris  «  glacé  & 
plein-  Cette  efpéce  de  blé  vient  fur-tout  des  terreins 
pierreux  ^  que  les  laboure Jrs  et  les  marchands 
notnment  groaéuux  y  &  le  blé  qui  en  provient  eft 
nommé  hie  de  grouetie.  On  préfère  ce  blé ,  &  il 
eft  plus  cher  que  ne  le  font  les  blés  de  terres 
fort  js  ,  parce  que  le  produit  du  blé  de  grouette  eft 
niiiiUeur,  k  proportion  de  la  mefure  fie  du  poids. 

Les  grains ,  comme  les  vins,  font  diffcrens  félon 
les  divers  climats  &  félon  les  terroirs  qui  les  ont 
produits*  Les  fromens  des  p^ys  chauds  valent 
mieux  que  ceux  des  pays  froide.  Les  blés  qui 
viennent  de  fordî  humidt^s  ne  valent  pas  ceux  qui 
viennent  de  phines  élevées. 

Il  faut  diffinguer  ici  le  froment  d'hiver  &  le 
froment  d*été.  Le  dernier  n  eft  pas  aufti  facile  à 
préparer  que  rautre.  Tout  dépend  de  la  m^^niêrc 
de  moudre  &  des  précautions  q  je  Ton  prend ^avînt 
avant  que  de  Tenvoyer  au  moulin. 

Si  le  grain  eft  blanc  ,  c'eft  une  marque  qu'il  a 
moins  d'écnrce  &  qu'il  donnera  plus  de  tarinc. 
Ce  grain  blanc  eft  une  efpéce  patticuliè  e  ,  fort 
eftimée  en  Siléfie  ^où  on  le  féme  prcférabkment  k 
tout  autre. 

Pour  juger  de  la  bonté  du  froment,  on  examine 
s*il  foniîe  lorfqu*on  le  fait  fauter  dans  Id  main.  Si, 
en  fermant  U  main  qui  le  c  mi  nt ,  il  s'cchappc 
çromptement,  Si  prefque  t  nalemem  ,  &  fi  en  en- 
fonçant le  bras  dans  le  fac  de  blé  on  peut  \c  ,  orter 
au  tond  ;  dans  ces  cas  on  peut  juger  que  b  Med 
eft  bon. 

Le  meilleur  froment,  félon  Pline,  Lxviij,  c,  xjày, 
fi 


lo  M  E  U 

cft  celui  qui  eft  de  couleur  d*or ,  &  qui ,  caffé  fous 
les  dents ,  conferve  cette  couleur  dans  fou  intérieur. 
Le  plus  mauvais  eft  ceUii  oij  Von  aperçoit  au 
contraire  plus  de  bbnc  y  larfqu*on  Ta  ainfi  caiTè, 
Ou  n*a  point  en  France  de  ces  blés  jaunes  en 
dedans  ^  ce  font  les  meilleurs  pour  faire  !es  pâtes  , 
les  vermicelles,  les  lazagnes  éc  les  macaronis. 
1^;  Djj3s  le  chuix  qit*on  fait  du  grain  pour  moudre  , 
on  doit  préférer  le  vieux  au  nouveau*  On  a  même 
préicndu  quM  n*eA  pas  à  propos  de  moudre  les 

i crains  dans  Tannée  de  leur  récolte  ,  et  qu'il  faut 
cur  donner  le  temps  de  fe  bonifier. 

On  feiîi  dire  en  général  qu'il  faut  que  le  blé 
sût  au  moins  palTé  Thiver  avant  que  de  l*employcr; 
roîfqu'tl  a  palfé  Tannée ,  il  cft  plus  fec,  il  a  moins 
de  fon  ,  il  cft  plus  nourrilTant. 

On  ne  peut  tirer  autant  de  farine  des  grains  nou- 
veaux que  des  vieux  ,  parce  que  les  blés  nouveaux 
font  moins  fecs  &  moins  parfaits.  Les  blés  vieux 
donnent  au  mrins  un  xo'^,  de  farine  p'us  que  n'en 
donnent  les  noirveaux;  il  y  a  même  des  années  où 
ce  défaut  fiit  perdre  jufou'à  un  tiers  de  farine. 

La  totalité  du  grain  eft  en  plus  grande  quantité 
aufTifôt  après  la  récolte,  au  commencement  de 
fon  ^nnéc  ,  qu  à  la  iin  ;  la  maiTe  ptrd  de  fon  vo> 
iume  &  de  fon  poids  ,  parce  que  le  grain  en 
vicilîitTant  perd  de  fon  humide:  m^is  les  mêmes 
xncfurcs  de  ce  même  gr*iin  péfent  moins  au  com- 
mencement de  Tannée  qu'à  la  fin  ;  ce  blé  étant 
fec,  produit  plus  de  farine»  Se  la  farine  en  cft  de 
meilleure  qualité. 

Pour  ce  qui  cft  des  orges  *  il  y  a  prcfque  tou- 
jours un  qu:irt  de  perte  à  les  employer  nouveaux, 

A  qualité  égale  »  le  vieux  grain  donne  de  meil- 
leure farine  que  ne  fait  le  bled  nouveau  ,  &  il 
n'eA  pas  échauffant;  je  dis  ï  qualité  égale,  par 
rapport  au  terroir ,  à  la  température  de  Tannée , 
au  climat  «  &c.  Il  n'eft  pas  douteux  que  du  grain , 
quoique  vieux  ,  mais  provenant  d*un  fonds  &  d*un 
pays  froid  ,  &  dans  une  année  humide  ,  ne  vaut 
pa»  un  grain  d^une  année  chaude  &  fèche,  d'une 
pUine  élevée  ^  &  d'un  terrcin  pierreux  «  quand 
même  ce  grain  fcroit  nouveau. 

Cette  obfervatron  fur  la  qualité  des  grains  qui 
font  meilleurs  lorfiju'ils  font  vieux ,  eft  encore  plus 
*lrtttitt1re  à  Tuivrc  pour  le  fcigle  que  pour  les 
autres  grains,  parce  que  le  feigle  a  quelque  chofe 
de  plus  mauvais  que  le  froment ,  quand  il  n'a 
pis  retTué, 

'  Il  ne  faut  cependant  pas  ,  poiir  avoir  de  belle 
*Êirinc ,  &  pour  faire  de  bon  pain ,  que  les  grains 
foicnt  trop  vicyx  :  tout  demande  une  certaine 
maturilé ,  avant  bquelle  les  chofes  ne  font  point 
parfaites  ;  mais  il  cft  à  propos  de  lâcher  de  les 
prendre  dans  cet  état  de  ptrfcâion ,  parce  qu'en 
vicilliffant  tout  s'affoiblit  &  fe  détériore  j  les  bonnes 

Jualltés  du  grain  diminuent  après  un  ccnain  t-emp*; , 
f  enfin  fc  perdent  entièrement  :  au  rcftç ,  cela  dé- 
pend teaucoiip  des  magaûns  dans  Icfqueis  le  gr:iîn 
A  iià  terril  II  peut  être  coofcrvé  fon  long-temps 


M  E  u 

fans  rien  perdre  de  (k  qualité ,  dans  des  lieux  où 
il  eft  prèiervé  des  variations  de  Tair  &  d'autres 
accîdens  fâcheux. 

La  plupart  des  blés  de  France  font  dans  leur 
pcrfeûion  la  2'.  ou  la  3*.  année  ;  après  ce  temps , 
ils  ne  profitent  plus.  Ils  dégénèrent  même  plus  ou 
moins  promptement ,  félon  le  terroir  &  félon  I2 
température  de  Tannée  où  ils  font  venus.  Il  en 
cû  y  à  cet  égard  ,  des  grains  comme  des  vins  ;  il 
y  en  a  qui  font  vieux  à  la  féconde  année  »  au  lieu 
que  d'autres  ne  le  font  qu'à  la  fixièrae» 

On  a  vu  en  1764  Texpérience  d'un  vieux  blé  de 
Chevreufe  dans  le  Hurepolx  ,  qui  avoit  été  gardé  & 
conferve  foigneufement  huit  ans  :  on  ne  put  en  faire 
de  bon  pain  ,  comme  on  en  fait  ordinairement  danf 
ce  pays  avec  le  même  froment  pris  les  premières 
années  :  il  fallut ,  pour  employer  ce  vieux  grain  , 
quoique  bien  conditionné ,  k  mêler  avec  la  moitié, 
&  même  les  deux  tiers  de  blé  nouveau- 

Le  froment  fe  conferve  beaucoup  mieux  dans 
fon  épi  aue  battu.  Pline  ,  L  xviii.  C.  Xiv.  dit 
d'après  Varon  ,  que  le  blé  peut  fe  conferver  JO 
ans  dans  (on  épi.  On  conçoit  que  le  blé  fe  per* 
feâ  tonne  encore  mi  ux  dans  Té  pi ,  que  lorfqu'U 
eft  battu  ;  on  ne  devroit  le  battre  que  la  féconde 
année ,  fi  ce  n'eft  pour  la  paille ,  qui  efl  meilleure  U 
première  année  ,  même  dès  trois  ou  quatre  mois 
après  la  moïlTon, 

En^n  f  il  eft  un  terme  au '^ delà  duquel  le  blé 
perd  à  vieillir;  ce  terme  eft  différent  félon  la 
qualité  du  blé ,  &  félon  la  façon  dont  il  a  été 
conferve.  Ceft  un  inconvénient  &  un  des  plus 
grands  qu  il  y  ait ,  par  rapport  aux  magafins  de 
blé  :  ce  qui  engage  le  gouvernement  à  en  procurer 
la  confommation  pour  le  renouveler. 

AJfonlmcnt  &  rtu lange  des  grains  a  moudn. 

Pour  avoir  du  bon  pain  ,  on  emploie  des  blés 
mêlés ,  dont  on  fait  Taffortimcnt  &  le  mélange 
avant  que  de  les  moudre.  Les  particuliers  font  plus 
dans  cette  obligation  que  ne  l:  font  les  meuniers  ^ 
parce  qu'on  n'eft  pas  dans  le  cas ,  pour  une  maifon 
particulière  »  de  faire  moudre  les  grains  féparé- 
ment ,  &  d'en  mêler  enfuitc  les  farines;  cependant 
lorfqu'on  a  une  bonne  forte  de  blé  ,  il  faut  le 
mêler»  dans  Tefpérance  de  le  rendre. meilleur* 

Il  eft  certain  qu'en  général  il  y  a  à  gagner  à 
connoître  les  rapports  des  grains  les  uns  aux  au- 
tres ,  leurs  affinités  fit  leurs  contrariétés.  Dans 
diffèrens  effais ,  en  les  roclant  enfemble ,  on  peut 
trouver  par  diverfcs  proportions  à  en  faire  le  pain 
de  meilleur  goût ,  &  quelquefois  même  en  plus 

Ï'rande  quantité,  parce  que  les  fir.aes  de  ces  dif- 
érens  fromens ,  pourront  par  ce  mébnge  ,  prendre 
plus  d'eau  &  dair  en  les  pétrilTant ,  ou  parce 
que  la  pâte  en  lèvera  mieux. 

Pour  bien  moudre  à  profit,  il  ne  faut  pas  que 
le  grain  foie  eiceftivcment  fec  ni  humide  :  lorf- 
qu'on  moud  du  blé  trop  fec  ,  une  partie  de  foo 
écorce  qui  doit  faire  k  fon  ^  fe  met  en  poudre  fine  p 


¥ 


I 


M  E  U 

Ile  &il  partie  de  la  f-aine  en  paflant  avec  elle  par 
tr  bltiieau  ;  d'ailleurs  il  fe  difTipe  plus  de  folle  fa* 
fine  de  ce  blé  fcc  en  le  moulant. 

Quand  au  contraire  le  blé  cil  humide,  il  ne  fe 
hrote  pas  bien  ,  &  il  donne  une  farine  molle  , 
Btoffière  j  qui  einpâte  les  meules  ,  qui  graifTe  le 
Uateau  ,  qui  fe  blute  mal ,  &  qui  ne  fe  garde  pas. 

On  remédie  à  tous  ces  inconvéniens  en  mêlant 
enfemble  des  blés  différons  en  fécherefle  ,  pour 
eue  Tun  corrige  Fautre  :  par  exemple  ,  pour  mou- 
ore  du  blé  gris  ou  glacé  »  qui  eft  dur  ,  il  eA  bon 
de  le  mêler  avec  du  blé  jaune,  tendre  &  moins 
fec ,  parce  que  cela  retient  la  farine  du  blé  gris. 
n  fe  Uit  plus  de  difTtpation  en  moulant  un  blé  lec , 
^^eo  moulant  un  blé  tendre  ;  on  eft  obligé  de 
moudre  plus  fort  un  blé  dur ,  qu  un  blé  tendre. 

Lorfque  le  blé  n'eft  pas  d'une  année  trés-fèclic , 
ît  fe  moud  mieux ,  la  meule  le  met  plus  aifément 
en  farine  ;  &  le  grain  fe  moulant  plus  facilement , 
ii  fit  met  moins  de  fon  en  poudre  »  qui  altère  la  blan- 
cheur de  la  farine  ;  d'aiikurs  la  chaleur  de  la  meule , 
CQ  iBoulant  fort  le  grain ,  dimmue  encore  la  blan- 
àiear  de  la  farine  ;  c'eÔ  ce  que  Ton  nomme  en 
leraie  de  Tan  i  rougir  la  farlnt, 

Lorfqu^mTant  la  mouture ,  on  mêle  enfemble 
diffirei»  grains  pour  mieux  moudre  »  &  pour  avoir 
de  oieîtleure  farine ,  il  ne  faut  faire  ce  mélange  que 
lorfqu  on  eft  totit  prêt  à  les  moudre,  parce  qu*ils  fe 
giteroieni ,  G  on  les  gardoit  enfemble  ;  par  exemple , 
sa  blé  nouveau  avec  du  vieux*  Il  faut  auffi  ne 
pas  tarder  à  en  employer  la  farine ,  parce  qu'elle 
ne  pourroît  fe  conterver ,  elle  fermenteroit* 

F  réparation  du  èU  pour  moudre. 

Il  a*eft  pas  néceflaire  de  recommander  de  net- 
toyer le  gnin  avant  que  de  le  donner  à  moudre , 
pour  le  fèparer  de  la  pouiHère  ou  du  mauvais 
griîa  étranger ,  &  de  toute  ordure.  Il  y  en  a  qui 
miC  aiaâl  dans  Tufage  de  iaver  le  froment ,  dans 
ki  pays  où  Ton  a  coutume  de  battre  les  grains 
dehors  9  fur  la  terre ,  &  oii  Ton  ne  fait  pas  vanner , 
ai  cribler  auffi  bien  qu  autour  de  Paris  ;  ils  font 
enfuite  (echer  au  foleit  ce  grain  lavé  ,  avant  que 
de  le  moudre* 

Dans  les  climats  chauds ,  oii  les  blés  font  excef- 
fiTanent  fccs,  on  eft  obligé  de  les  humeéler  avec 
im  peu  d^eau ,  quelques  heures  avant  que  de  les 
noodre ,  pour  que  V'écorce  s'en  détache  mieux  » 
tt  «lue  U  farine  en  foit  plus  blanche* 

M*  Duhamel,  dans  (on  fupplément  à  la  con- 
{errsnon  des  grains,  dit  que  pour  procurer  au 
ptaLa  fait  de  blé  étuvé  une  blanchetir  égale  à 
celle  du  pain  fait  avec  du  blé  non  étuvé ,  &  pour 
iioùnuer  le  déchet  du  moulage,  il  n'y  a  qu'à  jeter 
cinq  livres  d'eau  fur  cent  livres  de  blé ,  24  heures 
avant  que  de  donner  à  moudre.  Pline  dit  auifi 
ça*il  £aat  arrofer  le  grain ,  du  moins  Torge ,  avec 
u  oittîéaie  d^eau ,  avant  que  de  le  moudre^ 

Le  produit  du  blé  ainfi  mouillé  tû  plus  grand 
ùnnc ,  &  non  point  en  pain ,  parce  que  cela 


M  E  u  I, 

n  a  fait  que  gonfler  un  peu  le  giiùn,  La  farine  ert 
ell  plus  blanche ,  paVcc  que  le  ion  s'en  eft  dérsché 
plus  aifément,  &  il  s'en  met  nuins  en  poudre  ; 
mais  cette  farine  nxR  pas  bonne  a  garder  ,  elle 

fïcrd  promptemcnt  de  fa  qualité  ,  &  elle  eft  dans 
c  cas  de  la  farine  d'un  grain  d'une  année  humide, 
que  ne  fe  blute  pas  bien.  Le  blé  qui  a  été  mouillé  , 
a  perdu  par  Teau  ce  prtacipe  fptritueux,  qui  dans  le 
grain  germé  j  donne  à  Teau  ,  pour  faire  la  bicre ,  la 
qualité  fermentante.  Ceft  pourquoi  la  patc  faite  avec 
de  ta  farine  de  blé  qui  a  été  mouillé  ,  ne  lève  pas. 
Si  Ton  a  mouillé  le  grain  de  beaucoup  dVau  , 
&  ft  on  Ta  gardé  mouillé  plus  de  douze  ou  quinze 
heures,  par  un  temps  chaud,  non-feulcmcnt  le  fon 
s'amollit ,  mais  encore  la  farine  du  contour  du 
grain  s'attendrit,  6c  elle  colle  le  fon,  qui  devient 
ainfi  plus  difficile  à  détacher  :  de  cette  façon  on  a 
moins  de  farine  du  blé  trop  mouillé ,  &  le  déchet 
en  eft  plus  grand  ,  comme  quand  au  contraire  le 
blé  eft  irop  fcc.  En  toutes  chofes  les  extrémités 
fe  reffembleni  ;  il  faut  les  éviter. 

Des  différentes  moulures» 

La  fcience  du  meunier  confifte  à  favoîr  tîrer 
d'une  certaine  quantité  de  grains  le  plus  qu'il  eft 
pofTible  de  bonne  farine  propre  à  ta  nutrition.  Pour 
atteindre  ce  but ,  on  a  imaginé  différentes  manières 
de  moudre ,  dont  nous  allons  parler  maintenant. 

De  toutes  les  moutures  aucune  n'étant  auflj 
partaite  que  la  Saxonne ,  qui  d'ailleurs  eft  encore  1 
d'ufage  dans  d'autres  parties  de  l'Allemagne ,  noua 
nous  nous  contenterons  de  donner  une  idée  fuc- 
cinfte  de  quelques  autres  qui  font  fuivies  en  France  ; 
après  cela  nous  exporerons  plus  au  long  celle 
qui  paffe  pour  la  meilleure. 

On  dillingue  ordinairement  différentes  mou- 
turcs;  favoir,  U  méridionale  &  la  fepientrhnale. 
Celle-ci  eft  de  deux  efpèces  ;  Fune  eft  nommée 
mouture  en  greffe  ,  Tautre  mouture  econùmhpie  ou 
mouture  par  économie.  Ce  qui  diftingue  la  première 
de  la  féconde,  c'eft  que  dans  celle-là  on  moud  le 
grain  en  une  fois,  &  que  dans  celk-cî  on  le  moud 
plufieurs  fois. 

On  diftingue  encore  dans  ce  pays-là,  la  mou* 
iurt  en  groffc  proprement  dite ,  de  la  mouture  en 
groffe  de  payfan  ,  ou  mouture  rufl'ique. 

La-  mouture  en  groffe  diffère  de  la  mouture 
ruftique  ,  en  ce  que  pour  la  mouture  ruffique 
on  n'emploie  qu'un  bluteau ,  &  que  dans  la  mou- 
ture en  groffe  proprement  dite  ,  on  en  emploie 
plufieurs ,  &  de  différentes  groffeurs. 

Dans  la  mouture  ruftique  il  n'y  a  qu'un  feul 
bluteau  ,  attaché  obliquement  au  moulage ,  où  îl 
reçoit  par  Tanche  ce  qui  tombe  des  meules  qui 
moulent  le  grain. 

Ce  bluteau  eR  compofé  d'une  étaminc  de  laine  , 
qui  eft  plus  large  au  bout  fupérieur  où  eft  Tanche, 
&  plus  étroite  à  Tautre  extrémité.  Il  y  a  deux 
cordes  parallèles  auxquelles  ce  bluteau  eft  attaché 
dans  fa  longueur ,  qui  eft  d'environ  huit  pieds. 
B  t j 


la  M  E  U 

A  la  grande  eitfèmtié  fupéneurc  dn  bluteau  »  | 
îl  J  a  en  travers  un  bacon,  par  Uquel  le  bluteau 
tient  à  ce  moulage. 

A  rext:émité  inférieure  font  deujt  petites  cordes 

!|ui  le  tiennent  attaché  en  dehors  où  tombe  le 
on  i  il  y  a  deux  attaches  de  cuir  pour  le  fufpen- 
dre  dans  fa  longueur 

La  faiine  la  plus  fine  ou  la  plus  blanche  pafle 
au  travers  de  la  partie  fupérieure  du  bluteau,  La 
farine  la  plus  groffe  &  la  plus  bife  eil  tamifée  par 
le  rcAe  du  blutoir  dans  Tautre  extrémité ,  ^ai  efl 
Tinférieure- 

Le  fon  eft  jeté  hors  du  bluteau  par  Tonvcrture 
inférieure. 

Ce  fon  »  qui  contient  encore  de  la  grofle  farine  / 
eft  ce  qu'on  nomtne  fon  ^as,  - 

On  di flingue  en  deux  parties  la  farine  qui  a  pa/Té 
par  le  bluteau  ,  &  qui  eft  tombée  dans  la  huche. 

Il  y  a  la  première  farine ,  faifant  les  deux  tiers 
de  la  totalité,  qu'on  nomme  dans  la  mouture  ruf- 
tique  la  fietir  de  farint  ou  la  première  farine* 

L'autre  tiers  ell  la  féconde  farine  ou  le  his-hUnç, 

Ordinairement  on  mèlc  ces  deux  farines  ^  on  les 
prend  enfemble, 

La  mouture  rufllque  eft  de  trois  fortes  ;  favoir , 
la  mouture  pour  le  pauvre  ,  celle  pour  le  bourgeois  ,  & 
celle  pour  U  riche.  Ce  qui  distingue  ces  différentes 
moutures  ,  c'eft  la  différence  groffeur  des  bluteaux. 

Lorfqu'il  eft  affez  gros  pour  laiiTer  paffer  le  gruau 
&  la  groffe  farine  avec  la  fine  »  il  s*échappe  beau- 
couD  de  fon  avec;  c'eft  la  mouture  pour  le  pauvre. 

Quand  au  contraire  le  bluteau  eft  affez  fin  pour 
retenir  tout  le  fon  &  ne  laiffer  paffer  que  la  fine 
fleur  de  la  farine  ,  c'eft  la  mouture  pour  le  riche  : 
mais  le  gruau  &  beaucoup  de  farine  i eftent  avec 
ce  fon. 

Pour  U  mouture  du  bourgeois ,  le  blutoir  n*eft  pas 
fi  fin  que  celui  pour  la  mouture  du  riche  ,  ni  fi  gros 

3ue  celui  de  la  mouture  du  pauvre  ;  de  forte  que 
ans  cette  mouture  il  paffe  du  fon  avec  de  la  farine , 
&  il  refle  de  la  farine  avec  le  fon. 

On  voit  d'abord  en  quoi  toutes  ces  moutures 
pèchent ,  &  particulièrement  les  deux  dernières  ; 
c^cft  qu*ïl  rcrfe  beaucoup  de  farine  dans  le  fon. 

Quant  à  la  mouture  du  pauvre^  le  fon  contient 
encore  du  gruau,  mais  moins  que  les  aui:es. 

DVilleurs  il  vaudroit  mieux  fc  fervir  d'un  blutoir 
moins  gros  ,  &  ne  pas  laiffer  paffer  tant  de  fon 
avec  la  farine  ;  il  faudroil  en  tirer  le  gruau  &  le 
remoudre ,  ce  qui ,  avec  la  première  farine ,  feroit 
un  paio  beaucoup  meilleur  que  dVH  celui  que  Ton 
prépare  avec  la  farine  faite  pour  U  mouture  or- 
dinaire du  pauvre* 

La  mouture  en  grojfe  proprement  dite  ,  i  été  la 
première  ,  &  elle  eft  encore  la  plus  ordinaire. 

Après  avoir  moulu  le  grain  au  moulin»  on  alloit 
dan;^  les  maifons  féparer  le  fon  de  ta  farine ,  par 
des  fas  ou  des  tamis  de  groffcurs  différentes  i  & 
aujourd'hui  cVft  par  des  bluteaux  de  diverfes 
fioUres ,  &  en  bien  plus  grand  nombre. 


M  E  u 

Au  refte  ^  ft  les  bluteaux  dont  on  fe  fert  em 
France  étoient  faits  comme  ceux  d'Allemagne  ,  il 
ne  feroit  pas  néceffaire  d'en  employer  autant  dam 
cete  opération. 

Ce  font  des  cerceaux  qui  forment  le  blutoir; 
il  eft  parfaitement  cylindrique  ;  ôt  comme  il  eft 
mis  en  mouvement  par  une  manivelle  attachée  à 
Taxe,  la  farine  eft  pouftée  vers  la  circonférence 
par  ce  mouvement  circulaire  :  par-là  même  elle 
paffe  bien  davantage  au-cravers  du  blutoir  que  félon 
la  tnéthode  allemande ,  oîi  le  blutoir  reffcmble  i 
un  fac ,  attache  au  moulin  dans  une  poficion  un 
peu  inclinée. 

Les  blutoirs  dont  on  fe  fert  en  France  font  donc 
défe^ueux ,  en  ce  que  le  fon  fort  plus  facilement 
avec  la  farine  que  par  les  autres  blutoirs  à  Tallc* 
mande. 

Four  bluter  dans  la  mouture  en  grojfe  proprement 
dite  on  emploie  ordinairement  quatre  bluteaux  ^ 
chacuns  delq^uel  eft  compofé  de  plufieurs  étaminef 
de  diverfes  groffeurs 

La  première  farine  dite  de  blé  ^  ^hfecçndefarint 
de  blé,  paffent  par  le  premier  des  bluteaux. 

La  farine  dite  bis  blanc  eft  tamifce  par  le  fécond. 

Le  blé  concaffé  qui  n'eu  pas  réduit  en  farine 
affez  fine  ,  eft  ce  qu'on  nomme  du  gruau  dans 
la  mouture  feptentrionale  chez  les  meuniers  & 
chez  les  boulangers;  ailleurs,  c'eft-à-dirc  >  chex 
les  marchands ,  chez  les  vermiceîiers ,  &  chez  les 
amateurs  des  pâtes,  ce  gruau  purifié  eit  connu  fous 
le  nom  de  femoule. 

Par  le  troifième  bluteau ,  qui  eft  compofé  de 
trois  étamines  différentes ,  paffent  d'abord  le  gruau 
blanc  f  enfuîteie  gruau  gris  ^  &  enfin  le  gruau  bUm 

Le  quatrième  blutoir  ,  qui  eft  beaucoup  plus 
gros  que  tous  les  autres  ,  fèpare  les  recoupettes  & 
les  recoupes  du  gros  fon  »  qui  eft  le  fon  fec  ,  le 
fon  maigre. 

Les  gruaux  qu'on  fépare ,  &  qu'on  reprend ,  foît 
pour  les  employer  tels  quMs  font,  foit  pour  les 
rem  ou  dre ,  lonc  ce  qu'on  nomme  reprifes. 

Ce  qui  refte  des  moutures  après  la  farine  ,  eft 
ce  qu*on  nomme  les  iffues  ;  les  ions ,  les  recoupes 
6c  les  recoupettes  font  les  iffues  de  la  mouture  du 
grain. 

Dans  la  mouture  en  groffe  proprement  dite  , 
on  repaffe  les  gruaux  par  des  fas  t  on  en  a  ordi- 
nairement deux  de  groffeurs  diffemblables  pour 
paffer  les  dîfférens  gruaux  ,  qu^on  fépare ,  par  ce 
moyen ,  d'une  efpèce  de  rccoupcftc. 

Ce  n'eft  pas  feulement  pour  diftiaguer  les  (a* 
rines  &  les  gruaux  »  c  eft  pour  les  féparer  entiè- 
rement des  Ions  ,  ce  qui  ne  s'exécuteroit  point 
auffi  parfaittfment  fi  cela  ne  fe  faifoit  pas  eh  plu* 
fieurs  temps  ,  par  parties  »  dans  divers  bluteaux» 
en  féparant  d^abord  les  farines ,  puis  les  gruau^ , 
eu6n  les  recoupettes  &  les  recoupes. 

La  mouture  économique  ou  par  économie ,  cfl 
moderne  ;  elle  f  ft  moins  en  ufage  que  la  mouture* 
en-groffe« 


À 


) 


* 


M  E  U 

La  BatiruFe  èconointque  fe  pratique  plus  aux 
environs  tic  Paris  ;  fit  la  mouture  ru  (tique  ,  par  la- 
foeik  on  blute  auffi  au  moulin ,  fe  pratique  plus 
îans  le  fond  des  provinces. 

On  oe  fubdtviie  pas  la  momure  économique  ;  îl 
my  a  potot  plufieurs  fortes  de  cette  mouture  ;  mais 
ii  y  a  plufieurs  façons  de  U  pratiquer ,  qu'il  faut 
di&irguer. 

D  y  a  deux  bluteaux  dans  la  mouture  écono- 
BÎque.  Par  le  premier  de  ces  bluieauat  paffe  la 
|remîére  farine,  dite  vulgairement  y^rwe  de  bU  ^ 
pocT  la  diAinguer  de  la  farine  de  gruau  remoulu  , 
([u*«n  n'a  que  par  la  mouture  économique.  On 
nomme  auifi  cette  fiirine  du  premier  bluteau  ,  du 
HêKi€  Emplemenr* 

Le  refle  du  grain  moulu  ,  qui  e(V  le  fon  gras , 
fon  par  le  bout  inférieur  de  ce  premier  bluteau , 
&  rentre  par  le  bout  fupérieur  du  fécond  bluteau , 
placé  fous  le  premier* 

Le  fécond  bluteau  eft  plus  lâche  que  le  pre- 
laicr  :  il  a  le  même  mouvement.  Ce  mouvement 
efl  celui  fcéme  du  moulin ,  auquel  ils  font  atta- 
chés l'un  fit  l'autre. 

On  nomme  dodinage  ce  fécond  bluteau  de  la 
aouture  économique  :  il  eft  toujours  plus  gros 
fitr  le  premier  bluteau.  Le  dodin^ge  efl  ordinai- 
rement de  trois,  fouvant  de  quatre  ,  &  dans  quel- 
ques moulins  ,  de  cinq  groffeurs  différentes.  Le 
gruau  fin  ,  qiii  eft  le  gruau  blanc ,  paffe  par  la 
première  partie  du  dodînaee  ;  le  eniau  gris  tombe 
de  la  féconde  ;  le  gruau  bis  de  la  troifième  ;  la 
recoupctte  de  la  quatrième ,  &  la  recoupe  de  la 
cinquième  partie  ;  enfin  le  gros  fon  fort  dehors 
par  Textrémité  de  ce  bluteau. 

On  ne  connoît  en  Allemagne ,  ni  ce  fécond  blu- 
teau ,  ni  cette  manière  de  moudre.  En  Saxe  les 
ineuniers  n'ont  qu*un  blutoir  de  h  mcme  fînefie 

four  chaque  forte  de  mouture.  Mais  ils  ont  un 
lutoir  pour  le  froment  &  un  autre  pour  le  feigle. 
Celui  dont  ils  fe  fervent  pour  le  bourgeois  eA 
plus  fin  que  celui  du  boulanger*  Ils  rcmoulcnt  plus 
vmrftm  que  les  François ,  le  froment  jufqu'à  fjx 
&  neuf  lois.  Ainfi  la  farine  ei\  également  fine  , 
qt:oîqu*clîe  ne  foit  pas  toujours  de  la  même  blan- 
cheur ,  ce  qui  n'a  pas  Heu  avec  les  blutoirs  à  la 
Frinçoîfe. 

Eq  pluileurs  endroits  de  TAtlemagne  on  a  des 
bhiieaax  coropofés  de  quatre  pièces  de  différentes 
^oe^Tes  ,  &  la  huche  dans  laquelle  tombe  ta  farine 
a  autant  de  divîfions  que  le  bluteau*  On  voit  clai- 
rement  par-là  que  les  blutoirs  plus  groifiers  biffent 
paffcr  de  la  farine  groffière ,  qui  doit  être  re moulue. 
Ccfl  ce  que  les  François  ne  peuvent  pas  faire  auffi 
fouvent  que  les  Allemands,  à  caufe  du  poids 
èDorae  de  leurs  meules  »  qui  échauffent  trop  le 
grain* 

0  y  a  des  meuniers  qui  ne  prennent  le  dodi- 
aage  que  de  trois  >  même  feulement  de  deux 
podcuis  »  &  qui  ne  remoulent  qu'une  fois  ou 
fiexuu 


M  E  u 


n 


Il  y  en  1  qui,  après  avoir  tiré  ainfi  tous  lés 

gruaux  féparément ,  les  remélent  &  les  font  te- 
moudre  enfemblc  ,  ce  qui  en  général  n'efl  pas 
une  mauvaife  pratique. 

La  plupart  des  boulangers  font  remoudre  le 
gruau  k  part  ;  il  y  en  a  même  qui  tirent  un  fé- 
cond gruau  du  premier  en  le  remoulant ,  comme 
on  tire  ce  premier  en  moulant  le  grain, 

La  farine  qu  on  tire  du  premier  gruau  »  cft 
nommée  première  féirlne  de  gruau ,  ou  farine  de 
bourgeois  ,  ou   communément  du  Blanc  bourgeois^ 

11  eft  des  meuniers  qui  remoulent  jutqu*à  fept 
fois  :  on  remood  ,  fur- tout  dans  les  années  de 
difette  ,  les  recoupettes  ,  &  même  les  recoupes , 
pour  qu'étant  mifes  ainû  en  farine ,  elles  fe  pé- 
iriffent  plus  aifément  ;  on  les  mêle  aufli  avec  une 
partie  d'autre  farine  ,  pour  en  faire  de  meilleur 
pain. 

La  bonté  de  la  farine  8t  du  gruau  dépend  beau- 
coup de  ta  façon  de  moudre  le  grain  :  la  farine 
ei\  différente  félon  que  Ton  a  moulu  plus  haut 
ou  plus  bas ,  plus  vite  ou  plus  lentement  :  en 
général ,  il  vaut  mieux  moudre  plus  haut ,  parce 
qu'on  perd  ainfi  moins  de  farine*  Cîpendant  en 
moulant  bas  &  doucement ,  la  farine  en  eft  meil- 
leure. Mais  auffi  quand  on  moud  lenrcment» 
il  y  3  plus  de  folle  farine  pour  le  meunier.  Il  eft  en 
général  un  milieu  à  garder  en  cela  ,  comme  dans 
tout. 

Dans  la  mouture  économique  ^  il  faut  commencer 
par  mettre  la  mcuîe  plus  haut  que  dans  la  mou- 
turc  en  groffe  ^  pour  faire  d*abord  la  première 
farine  de  blé  >  avec  le  gruau  &t  le  fon, 

Enfuite  on  tient»  pour  remoudre  le  gruau,  la 
meule  plus  bas  môme  que  dans  la  mouture  en 
groffe;  alors  le  moulin  va  plus  vite»  parce  que 
le  f^ruau  eft  plus  aifé  à  moudre  que  le  grain. 

£n  moulant  haut,  on  fait  plus  de  gruau ,  parce 
qu  ainfi  l'on  concaffe  ;  au  lieu  qu'en  moulant 
h2%  ^  on  fait  plus  de -farine,  parce  que  Ton  écrafe 
plus  le  grain. 

On  moud  rond  ,  quand  on  ne  moud  ni  trop 
haut  ni  trop  bas,  ni  trop  vite  j  ni  trop  lentement. 
Ators^  on   ne  fait  pas   tant  de  gruau  que  fi  on^ 
mouloit  bas  &  lentement. 

Il  y  en  a  qui ,  par  moudre  rond  ,  entendent 
moudre  vite  ;  mais  ce  n'eft  pas  la  façon  la  plus 
ordinaire  de  s'exprimer   pour  dire  moudre  vite,  ^^^ 

Il  ne  fuffit  pas  ,  pour  avoir  beaucoup  de  farine  ^ 
&  pour  Tavoir  bonne ,  de  la  paffe  r  par  phi  fleurs 
hluteaux  ;  il  faut  auffi  en  faire  la  mouture  à  plu- 
fleurs  reprifes  ;  car  fi  on  moud  le  grain  en  une 
feule   fois  ,  de   façon  qu^on  le   réduHe  tout  en 
farine  ,  c'eft  -  à  -  dire  ,  fi  on    approche  affez  les 
meules  »  ^  fi  on  fait  aller  le  moulin  aftez  fort 
pour  qu'il  ne  fe  faffe  point  de  gruau,  on  moud  auffi. 
en  même  temps  du  fon  ,  qui  paffe  avec  la  farinç' 
par  le  bluteau  ,  même  le  plus  fin  r  la  farine  méléè- 
de  ce  fon  pulvérifè  eft  moins   blanche;  8c  elle 
prend  auffi  de  la  chaleur  uvcc  Todeur  &  le  go&t 


<.L  M  E  U 

d<îi  meuks  »  par  la  viteiTe  &  par  la  force  du 

ffiouUge. 

On  eft  donc  obligé  d'approcher  moins  les  meules 
en  moulant  k  blc  ;  ce  qui  fait  du  gruau ,  qu*il 
faut  remoudre  pour  le  réduire  en  une  farine 
qui  foit  plus  facile  &  pîuî  propre  à  être  mife 
en  pâte  pour  en  faire  du  pain. 

Ce  que  Ton  nomms  U  frtmiht  farine  dt  hil^ 
eft  la  partie  la  plus  tendre  ,  la  plus  douce  du 
grain;  elle  vieni  plus  de  riniéneur  du  blé  lorf- 
qu  ïl  eft  fec. 

Le  fécond  gruau ,  qui  eft  moins  blanc  par  la 
féconde  écorce  du  blé  ,  qui  y  eft  attachée  ,  & 
par  un  peu  de  germe ,  auquel  il  eft  mêlé  ,  vient 
encore  moins  du  centre  du  grain  ,  que  le  premier 
gruau^  que  le  gruau  blanc,  qui  ne  participe  plus 
à  Técorcc  du  grain  ,  &  qui  en  eft  comme  Ta* 
mande. 

C'eft  ce  qui  fait  auc  le  fccond  gruau  donne  le 
flcura^<  ,  lorfqu  on  le  remoud  ;  c*cft  encore  la 
raifon  pour  laquelle  ce  fccond  gruau  bpit  plus 
d'eau  ,  qu  tl  a  plus  de  goût  &  qu  il  eft  préféré 
par  les  pàûftiers. 

Le  fleuraje  ou  le  remoulage  eft  donc  le  fon  du 
gruau  ;  c*eft  une  t(Tue  de  la  mouture  du  gruau , 
comme  le  fon  ordinaire  Tefl  du  grain. 

On  a  été  long-temps  avant  de  favoir  tirer  le 
gruau  du  fon  gras.  Autrefois  le  fon  gras  ne  fcrvoit 
qu'a  faire  de  l'amidon  &  à  en  ertgraifler  des 
bcftiaux.  Enfuîic  un  elTaya  de  faire  du  pain  avec 
fa  groifc  farine  qu  on  avoir  taché  de  fèparer  de  ce 
fon  ;  mais  le  tamis  qui  croît  alTez  gros  pour  laiftcr 

Eafter  le  gruau ,  laiHoit  paflcr  en  mimt  temps 
eaucoup  de  fon. 
D'ailleurs  ^  indépendamment  de  ce  fon  dans 
lequel  fe  trouve  mêlé  le  gruau ,  il  y  en  a  encore 
qui  eft  attaché  à  une  grande  partie  du  gruau  , 
ce  qui  fait  le  gruau  bis  :  &  on  ne  peut  fèparer 
ce  fon  qu*en  moulant  le  gruau ,  comme  on  a  moulu 
le  grain ,  ce  qu'on  nomme  rcngrener. 

C'eft  à  Senîis  qu'on  a  commencé  à  fèparer  le 
gruau  t  &  à  le  remoudre  avec  fuccés  «  il  y  a  en- 
viron un  fiècle  i  ce  fut  un  des  ancêtres  des  Pi^eauts, 
^uL  font  encore  de  bons  &  riches  meuniers  à 
cnlis,  &  qu'on  peut  regarder  en  France,  comme 
on  regardoit  les  Pifons  en  Italie.  Cette  mêtliodc 
de  fèparer  le  gruau  &  de  le  remoudre  fijt  portée 
dans  le  voiûnage  de  cette  ville  ,  à  Bcaumont  Sl 
à  Charobli  ,  par  des  garçons  meuniers  fortis  de 
Senlii. 

Il  Y  eut  dans  les  commencemens  des  meuniers 
qui  nrcnt  remoudre  le  fon  gras ,  tel  qull  eft ,  pour 
CCI  avoir  la  farine  y  mais  n'ayant  point  encore  Tart 
de  bluter  comme  on  la  perfeâionné  depuis  »  cette 
farine  étoit  toujours  groftiére  &  mêlée  de  (on^ 

Quelques  boulangers,  au  lieu  de  faire  remoudre 
&  de  tamifer  le  fon  gras ,  le  mirent  tremper  avec 
de  Teau  dans  des  tincs  «  pour ,  par  ce  moyen  » 
en  &tûr  le  plus  gros  &  le  plus  léger  foa ,  qui 
Atfnageoit. 


s 


M  E  u 

Eftfuice  ils  prenoient  le  gruiu  amolli  ^  &  apréi 
avoir  délayé  les  levains ,  ils  le  pétriiToient  en  y 
ajoutant  de  la  farine,  &  ils  en  faifoient  du  pain. 
Le  pain  provenant  du  gruau  ainfi  trempé  chei 
quelques  boulangers»  ou  tamifé  &  remoulu  par 
d'autres ,  écoit  le  pain  du  gruau  qu  on  nommoit 
vulgairement  U  gruau* 

On  fait  encore  aducllement  de  ce  pain  de  gruau 
en  Bretagne  ;  on  le  nomme  aujourd'hui  pain 
mouJf*nit* 

C'étoit  le  pain  le  plus  gros  &  le  plus  bis  ;  mais 
malgré  le  préjugé  ,  &  la  mauvaife  fabrication 
de  ce  pain  ,  il  n  étoit  pas  le  plus  mauvais  ^u*il 
y  eût ,  parce  que  le  gruau  qu'il  contenoit  lui  don- 
noit  du  goût* 

Néanmoins  c'é toit  pré vtriquer ,  que  de  faire  dit 
pain  avec  du  gruau  :  on  s*en  cachoit ,  &  on  it'o- 
loit  y  travailler  que  de  nuit.  Ce  fut  pendant  la 
mauvaife  année  de  1709  »  que  cette  fraude  eut 
lieu  plus  que  jamais. 

Dans  la  fuite  l'indigence  particulière  fit  cont!*' 
nuer  ce  que  la  difette  publique  avott  occafionné  : 
la  néceffité  perpétua  Texpérience.  Rien  n*eft  plus 
propre  à  inftruire  ,  que  rcipérience  &  la  néceffité. 

On  profita  encore  plus  de  ces  recherches  quel- 
ques années  après ,  dans  la  difette  fuivante ,  qui 
fut  en  1725  :  on  perfedionna  beaucoup  alors  ces 
connoiftanccs  par  les  efforts  nouveaux  qu'on  fit 
cette  année-là. 

La  plupart  des  boulangers  &  des  meuniers  ^ 
qui  vendoicnt  leur  fon  pour  faire  de  l'amidon  ,  ou 
pour  nourrir  les  beftiaux  »  difoient  que  rcmoudrc 
du  fon  gras  »  c'étoît  vouloir  faire  de  la  iàrine 
avec  du  fon  ;  faire  manger  aux  hommes  ce  qui 
ne  devoir  fervir  de  nourriture  qu'aux  bêtes  ;  enfin  ^ 
que  c'étoit  tirer  d*un  fac  deux  moutures  ;  ce  qui 
pourtant  ne  doit  s'entendre  que  des  meuniers 
qui  recevant  de  Targent  pour  moudre ,  prennent 
encore  de  la  farine. 

Quelques  marchands  de  fon  ,  du  nombre  dcf- 
quels  a  été  M.  Maliffet  ,  s'aviférent  de  fèparer  le 
gruau  des  fans  qu'ils  achetoîent ,  8t  ils  fc  mirent 
dans  l'ufage  de  le  faire  remoudre  pour  le  revendre 
eu  farine.  Ils  étoient  d'autant  plus  encouragés  à 
ce  travail ,  qu*il  leur  reftoit  encore  à  peu-prés  la 
même  mefure  de  fon  après  en  avoir  retiré  le 
gruau  ;  ce  qui  leur  faifoit  un  profit  affuré ,  parce 
que  ,  quoique  le  fon  gras  fe  vende  plus  cher  que 
le  gros  fon ,  que  le  um  maigre ,  on  ne  le  vencf 
jamais  à  proportion  du  gniau  qu'on  en  peut  tirer, 
fur- tout  parce  qu'on  l'achète  à  U  mefure  &  ooa 
au  poids. 

Les  marchands  qui  font  ce  commerce  de  fon  , 
qui  en  tirent  le  gruau  ;  &  qui  font  remoudre  ce 
gruau ,  font  nommés  grena'dUurs  :  c'eft  ordinaire- 
ment dans  les  moulins- à-vent  qu'ils  font  remoudre 
leurs  gruaux  ,  dont  ils  revendent  la  farine  aus 
boulangers  9  fouvent  à  ceux  même  de  qui  ils  ont 
acheté  le  gruau  ou  le  fon  gras. 


I 


M  E  U 

Li  plupart  des  meuniers  &  des  boulangers  ap- 
pfcaint  dans  U  faite  que  les  marchands  de  (on 
prràioîcm  beaucoup  fur  le  gruau  qu'ils  retiroîent 
de  leur  ion  ^  fc  mirent  depuis  à  bluter  &  à  re- 
tîter  euir*in^m»  le  Ton  du  gruau ,  pour  le  vendre 
tti  potir  remployer, 

Oo  a  ainfi  tenté  bien  des  moyens  diffèrens  avant 
Jétre  parvenu  à  tirer  le  gruau  pur  du  fon  gras , 
&  à  le  rcinoudre.  Ces  navaux  ont  été  diamant 
plus  utiles  ,  que  le  gruau  donne  en  Je  retnoulant , 
h  plus  belle  &  la  meilleure  fcrine  :  elle  efl  plus 
fabAantielte  &  plus  féche  que  la  première  fanne 
mimt  qu'on  tire  du  blé  :  elle  boit  plus ,  &  par 
confi^Bem  elle  fait  une  plus  grande  quantité  de 
paÎA. 

A  PaHs  &  aux  environs  »  les  meuniers  8c  les 
boulargers  favcnttous  préfentement  tirer  le  gruau 
du  foa  y  &  ta  plupart  le  font  remoudre. 

Plus  loin  que  dix  a  douLc  lieues  de  la  capitale  , 
Us  boolangers  qui  favent  faire  ou  tirer  les  gruaux 
fbi  (on  gras,  les  vendent  aux  grenailleurs  ;  cn6n 
30<de)à  de  cette  difVance  de  Paris,  non-feulement 
00  n'.:ft  pas  dans  Tufige  de  remoudre  les  gruaux , 
IBÛ  ofi  ne  fait  pas  même  les  tirer  du  fou  gras  ; 
HQ  fie  moud  qu  a  la  grofTe  ruflique. 

Enfin  on  peut  dire  en  général  qu'on  moui  & 
qu'oa  btute  d'autant  plus  mal,  on  lire  d*autanc 
moins  de  farine-  lies  grains ,  qu'on  eft  plus  éloi- 

!pé  de  la  capitale  :  dans  les  campagnes  qui  nca 
ont  pas  voilincs  ,  les  fons  reftent  chargés  d*une 
partie  farineufe  ft  confidérable  ,  qu'on  boulanger 
iMminé  Marin ,  qui  ert  allé  s*établir,  il  y  a  quel- 

Îesaoïtèes,  à  Nangis,  qui  n'eft  qu'à  douie  lieues 
Paris,  n'achetoit  ni  grain  ni  farine  pour  faire 
du  pain  ;  il  achetoit  feulement  du  fon  gras ,  dont 
ildroîile  gruau,  qu'il  faifoit  remoudre  pour  en 
Un  du  pain  ;  &  ce  boulanger  de  Nangis  eut  la 
riptttation  de  faire  le  meilleur  pain  d'.i  pays- 

Oeû  donc  à  jufte  titre  que  k  méthode  de  fè- 
parer  le  gruau  du  fon,  &  de  le  remoudre,  cft 
AOmoaee  mauturc  économique  ,  puifqu'ellc  ménage 
plus  de  farine  ,  &  qu  elle  la  donne  meilleure  , 
poiirvy  qu''on  ne  remoule  pas  trop  de  fois. 

D'après  ce  qui  vient  d'être  dit ,  on  peut  diflin- 
guer  trois  claflcs  de  meuniers  ;  la  première  cA  de 
ceux  qui  ne  favent  moudre  qu'en  ^tojfe  rnpqne. 

La  fccooie  ,  de  ceux  qui  favent  mouitre  & 
rcmoodre ,  mais  qui  ne  favent  point  faire  TalTor- 
tixaent  des  farines. 

La  troiijéme,  de  ceux  qui  non-feulement  font 
dans  Tufage  de  moudre  ik  de  remoudre  ,  mais 
^  enopre  favent  faire  un^bon  mélange  des  farines* 

Soivanc  la  mouture  méridionale ,  on  moud  le  blé 
preaaèérement ,  &  on  le  blute  enfuite  à  part,  Cttte 
nourtire  eft  pratiquée  dans  quelques  pays  mért* 
dtonaux  ,  où  lart  de  la  meunerie  s'efl  plutôt  pcr- 
(pâîonnê  par  la  façon  de  bluter  que  par  celle  de 

Afffés  que  le  grain  eft  moulu  ,  on  hiCCc  paiTer 
fod^puB  temps  avant  que  de  procéder  au  blutage  ; 


M  E  u 


ï^ 


(le  cette  façon  ,  on  retire  de  la  rame  (  c'eft  le 
nom  que  Ton  donne  à  la  farine  &  au  fon  qui  ne 
font  point  fcparés  )  plus  de  farine,  &  de  meil- 
leure qualité» 

Au  fortir  du  moulin  la  f2.me  eft  chaude ,  c'eft 
pourquoi  on  la  lailTe  refroidir  ;  mais  elle  com- 
mence bientôt  à  fermenter  d*elle-mème ,  &  pour 
que  la  chaleur  ne  foit  pas  plus  forte  au  milieu 
du  tas  qu  au  dehors ,  on  a  foin  de  remuer  la  rame 
de  temps  en  temps. 

Quand  cette  fermentaiion  a  cefTé  ,  &  que  la 
rame  n'eft  plus  chaude,  on  examine  ù  elle  eft 
en  ctat  d  être  blutée  j  pour  cet  effet ,  on  en  met 
une  poignée  fur  iinç  palette,  &  on  la  fait  fauter 
en  Tair  :  ft  la  farine  retombe  la  première  fur  U 
palcne  ,  &  que  le  fon  paroilTc  être  fins  farine  , 
on  peut  alors  la  bluter. 

Pour  tirer  les  farines  de  la  rame ,  on  la  fait 
parter  par  un  bluteau  qui  eft  de  trois  groffeurs 
différentes  qui  fe  fuivent. 

La  farine  qui  tombe  la  première  par  la  partie 
la  plus  une  du  bhiteau  ,  eft  la  farine  du  minot , 
qu'on  envoie  en  Amérique. 

Celle  qui  pafte  par  la  partie  du  blutoir  qui 
eft  moins  fine  que  la  première ,  fe  nomme  firme 
fimple  i  c'eft  pour  le  bourgeois  ou  pour  le  bou- 
langer. 

Enfin  la  troifièmc  farine  ,  qui  eft  la  plus  groffe  ^ 
eft  celle  que  Ton  non: me  le  ^réfiUon  ,  dont  le 
pauvre  fait  fon  pain» 

Le  fon  fort  par  le  bout  du  bluteau  ,  il  eft  en- 
core mêlé  avec  une  groffe  farine  que  Ton  nomme 
rep.i  *Jt ,  parce  que  Ton  repafTe  cette  farine  par 
un  blutoir  qui  la  fépare  du  fon. 

Dt  la  mouture  Saxonne  pour  U  froments 

La  manière  de  moudre  le  froment  pour  les 
boulangers  eft  celle-ci  :  avant  que  et  le  conduire 
au  moulin  ,  on  le  nettoie  ,  c'eft  à-dire  ,  on  le 
vanne  ,  afin  qu*il  n*y  rcfte  aucune  femence  étran* 
gère  ,  après  quoi  on  le  lave  :  fi  le  grain  eft  plus  fcc 
qu  humide,  on  n'en  humcâe  que  la  moitié.  Voici 
comment  on  procède  à  c^tte  dernière  opération. 

Un  boiffeau  de  Drefdc  eft  partagé  en  deux 
portions  égales  :  on  en  met  la  moitié  dans  un 
tonneau ,  &  on  verfe  deflTus  de  l'eau  bien  pure  p 
que  Ton  agite  fortement  avec  une  pelle  ou  avec 
les  mains ,  pour  détacher  toute  la  pouffière  qui 
pourroit  erre  adhérente  au  grain  ,  enforte  que  le 
froment  refte  entièrement  net.  On  laiffe  écouler 
l'eau  ,  &  Ton  jette  fur  le  grain  mouillé  rautre 
moitié  du  boiffeau ,  qui  a  été  vannée  encore  une 
fois.  On  mèlc  bien  ces  deux  parties  Tune  avec 
l'autre  ,  afin  que  celle  qui  eft  mouillée  hume^le 
Tautre.  On  couvre  le  froment  avec  des  facs ,  & 
on  le  laiffe  repofer  ainfi  pendant  vingt -quatre 
heures* 

Si  le  grain  eft  plus  fec  qu*humide  on  en  lave 
les  trois  quarts  ,  6c  on  y  mêle  Tautre  quart  encore 
fcc  ,  après  Tavoir  nettoyé  avec  le  plus  grand  foin. 


i6 


M  EU 


Si  le  graîn  étoît  excelllvemcnt  foc,  on  Iivcro't 
le  botiTca^  tout  entier,  6c  on  le  bifleroit  couvert 
pendant  un  jour. 

^uand  le  froment  cJi  trop  fec  lorfqu'on  le 
rnçt  fur  le  moulin,  non  feule  m  *;  m  U  farine  s'en 
va  en  poufllère,  mais  elle  eft  moins  blanche  fie 
récôrce  ne  fe  fèpare  pas  fi  bien. 

Pour  favoir  fi  le  nit^Unge  de  froment  eft  affez 
hun^eÂé,  les  boulangers  plongent  la  main  dan$  le 
fac;  ii  s  y  attache  beaucoup  ùe  grain  lorf^u'il  efl 
aâez  humide  ;  s'il  ne  s*cn  attache  que  peu  ou 
point ,  c^eft  une  marque  que  le  grain  eA  encore 
trop  feci  dans  ce  cas,  on  y  remet  de  Icau  ,  on 
agite  de  nouveau  le  grain  ,  après  quoi  on  laiffe 
écouler  Teau* 

Afin  que  cet  écoulement  puiffe  fc  faire  plus 
exaSement ,  les  boulangers  ont  une  caifTe  faîte 
exprés  ,  que  Ton  nomme  à  Leîpfick  ,  la  fcknct  8c 
dans  d'autres  lieux  de  Saxe  rkumefîoln 

Cette  machine  porte  un  fond  de  fil-de  fer,  & 
fur  les  cotés  on  y  adapte  deux  perches  pour  ta 
iranfporter  plus  commodément  d'un  lieu  à  un 
autre  :  elle  ci^  aiïez  grande  pour  contenir  à  Taife 
un  boiiTeau  de  Drefde. 

Lorfqu'#n  a  fait  écouler  Peau  du  tonneau  dans 
lequel  on  lave  le  grain ,  on  pofe  la  caifle  ou  l'hu- 
mcft^>ir  prés  du  tonneau  :  on  jette  le  grain  ;  & 
quand  il  e{l  bien  ègoutté  »  on  y  mêle  la  portion 
qu'on  a  réfcrvéc  sechc. 

Après  avoir  laiiTc  repofer  le  grain  aflcz  long- 
temps pour  que  l  humidité  fe  répande  également 
par  tout  j  on  le  met  fur  le  moulin.  On  ne  prend 
pas  pour  cela  un  feul  botiïeau  à  la  f.>is  ,  on 
engrené  dans  les  grands  moulins  jufqu'à  fix  ou 
même  fcpt  boifleaux.  Communément  on  en  livre 
vingt- huit  boifieaux  pour  quatre  moutures. 

Cette  mèthoie  eft  devenue  néccfiaire  à  caufe 
de  la  grande  confommation  qu'en  font  les  bou- 
langers ;  car  la  farine  de  ce  grain  humeftè  ne  fc 
conferve  pas  long-temps  ;  il  faut  remployer  im- 
médiatement après* 

D  ailleurs  les  boulangers  font  bien  aifes  que 
Von  repique  les  meules  avant  que  d'engrener  pour 
eux,  Lorfque  les  meules  font  émouffées ,  elles 
écrafent  le  grain  plutôt  que  lic  le  cafler ,  enibrte 
qu'il  n'cft  point  moulu  comme  il  faut. 

Après  que  les  meules  ont  été  repiquées ,  on 
engrène  du  fon ,  pour  enlever  les  petites  parti- 
cules de  pierre  qui  ie  détachent  aux  premiers 
tours ,  après  le  r'hëbiUemenr, 

On  continue  à  remoudre  du  fon  ,  jufqu^à  ce 
qu'on  le  rciïorte  aufli  net  qu'on  Ta  mis  fur  le 
moulin  :  alors  on  jette  fur  le  moulin  les  fept  boîf- 
feaui  deilînés  pour  le  premier  tour. 

Si  le  iromeot  a  quetque  défaut  »  fur*touc  s'il 
eft  attaqué  de  k  nielle ,  on  met  un  bluttau  exprés  ^ 
fait  de  fi!  dc-fcr ,  ou  de  quelqu'ctoffe  groltière. 
Ceux  de  fil*de-fer  font  les  meilleurs ,  iU  élèvent 
tellement  la  meule,  que  le  grain  paflç  le  plus 
fouvent  tout  entier» 


M  E  u 

Le  frottement  fait  tomber  la  pointe  des  graînt 

Le*  falctés  »  qui  font  abfolument  noires  lorfque 
le  grain  cfi  fort  attaqué  de  cette  maUdic ,  ym- 
bent  dans  la  huche  à  travers  le  bluteiu  »  tandis 
que  le  froment  fort  par  Touverture  du  blutoir. 

Op  arpellc  le  grain  ainfi  préparé  »  du  fromem 
é pointé, 

Lorfqu'ileA  tout  pafle,  on  le  raflemblc,  on  ôte 
le  blutcau  de  fil -de -fer,  on  enlève  citaâcment 
toutes  les  faletés ,  &  Ton  met  fur  le  moulin  un 
bluteau  p!us  clair. 

Si  le  froment  eft  bien  pur  &  fens  aucun  dé- 
faut ,  Topèration  que  Ton  vient  de  décrire  devient 
inutile. 

Après  cette  préparation ,  on  remet  fur  le  mouUn 
U  froment  é pointe  y  &  on  le  fait  égruger.  On  le 
paiTc  enfuite  dans  un  crible  exprès  tau  de  fil-de- 
fer  ou  de  biton ,  que  Ton  nomme  dans  le  pays 
crïhU  a  gruau. 

Le  fon  qui  refte  dans  le  crible  eft  mis  de  côté  ; 
on  l'appelle /o/i  igmgi  ;  ce  qui  pafte  au  travers  du 
crible  eft  le  ^ruau* 

Après  que  tout  le  froment  a  été  égrugé  ,  on 
met  pour  la  première  fois  le  gruau  fur  le  mou- 
lin ♦  &  on  remoud  :  on  tire  de  la  huche  la  fartttC 
qui  porte  le  nom  de  farine  égrug^e. 

Quant  au  gruau  qui  tombe  par  rcxtrèm'tè  du 
blutoir ,  on  le  fait  paflTer  par  un  tamis  plus  Eâ  a 
que  le  précédent.  Le  gruau  qui  refte  dans  le  tamis 
s*appellc  du  fon  époinié  ;  on  le  mçi  de  côté , 
comme  on  a  fait  pour  le  fon  égrugi.  Toutes  cet 
opérations  fe  nomment  la  pr^^miirc  pjjfée. 

On  remet  après  cela  pour  la  féconde  fois- le 
gruau  qui  a  paiTè  au  moulin  ,  pour  en  tirer  la 
Urine  ;  c'eft  la  meilleure  efpéce,  à  qui  Ton  donne 
le  nom  de  première  farine  de  gruau. 

Quand  le  gruau  a  paCté  pour  la  féconde  fois  au 
mouUn ,  c'cft  ce  qu*on  appelle  la  fécond*  p*ijpie  ;  OU 
tire  de  nouveau  la  farrnc  de  la  huche,  &  on  remet 
le  gruau  pour  la  troifième  fo.s.  Si  la  farine  qui 
en  fort  eft  encore  fine ,  on  la  mêle  avec  la  bianciie , 
&  cette  paffée  fc  nomme  h  trûifième  pajffee  pour 
la  fine  farine.  Cela  ne  peut  avoir  lieu  que  quand 
le  blé  eft  bon  Ôt  farineux  ;  s'il  a  beaucoup  d*é- 
corce ,  la  farine  qui  fort  à  cette  troifième  paflee 
n  eft  pas  affex  blanche  pour  être  mêlée  avec  U 
fine  farine. 

Qn  mêle  enfemble  toutes  ces  diftïrcntes  fortes 
de  farines  ;  &  l'on  juge  fans  peine  de  reïcellentc 
qualité  du  pain  compofè  des  farines  de  la  prc* 
mière  ou  des  deux  premières  paffécs. 

On  reprend  les  gruaux  épointés  dont  nous  avons 
parlé  plus  haut ,  que  Von  mêle  avec  le  gruau  quj 
a  paué  pour  la  troifième  fois  fur  le  moulin  ;  oa 
fait  pafler  ce  mélange  encore  deux  ou  trois  fois  » 
6t  Ion  en  tire  de  trois  fortes  de  farines ,  qui  font 
une  féconde  farine  de  gruau.  Le  gruau  qui  refte 
après  toutes  ces  opérations  fc  nommt  fon  de  cruatu 
Après  avoir  tiré  du  gruau  tout  ce  qu  il  eft 
pofliblc ,  on  fait  paffcr  deux  ou  avémc  trois  fok 


¥ 


I 


M  E  U 

;  on  prend  en fenabie  le  produit  de 
trois  paiTécs  ;  on  les  moud ,  &  on 
eà  retire  une  boanc  farine  moyenne  ,  que  Ton 
fliêie  avec  la  féconde  farine  de  gruau  ,  dont  nous 
ftDons  de  parler* 

Où  peut  encore  faire  pafler  le  ibri  deux  &  trois 
(ûn$ ,  ou  même  davantage  ,  pour  en  tirer  de  la 
kffdiUt ,  qui  eft  une  farine  noire. 

Suivant  cette  méthode,  on  retire  d*un  boiffeau 
àttromctïî  douze  mefures  de  farine  blanche  »  trois 
Oii  même  quatre  mefures  de  farine  moyenne  > 
îînc  oo  deux  mefures  de  bifaille.  Chaque  mefurc 
de  farine  blanche  péfe  jufquà  fcpt  livres  trois 
«pins;  la  bifatUe  un  peu  moins ,  &  le  fon  quatre 
Brres  &  demie  jufqu'i  cinq  livres,  fuivant  qu'on 
la  reptfle  avec  plus  ou  moins  d'exaâitude  èc  de 

Du  feigU* 

Oa  commence  par  le  nettoyer  foîgneufement , 
enfoite  on  îliumeàe  avec  de  Teau  au  point  qu*il 
s'aftacbe  aux  doigts  Iorfqu*on  y  met  la  main  :  on 
le  laj^e  dans  les  fa  es  vtngt^uatre  heures  &  plus 

Srès  cette  préparation  ;  au  bout  de  ce  temps  il 
:jprct  à  être  moulu: 

Si  Ton  veut  faire  un  pain  blanc  de  la  première 
qualité,  on  commence  par  Tépointer,  comme  on 
a  pu  ]e  Toir  ci-dedus ,  où  nous  avons  rapporté 
la  mmére  de  moudre  le  froment. 

Lorfque  Ton  a  pris  toutes  ces  précautions ,  oo 
ère  la  tarine  de  la  huche,  on  met  au  moulin  un 
Uitteau  très-6ji ,  après  quoi  on  jette  dans  la  trémie 
b  £iftne  égrugée  ,  &  on  la  moud  régulièrement 

LorfquVlle  a  paHe  pour  la  féconde  fois  par  le 
floolla  ^  on  emporte  la  farine»  blanche  qui  eA  def- 
tbèc  à  faire  le  pain  le  plus  blanc.  On  ôte  alors 
le  blmeau  fin  ,  &  on  en  fubAitue  un  ordinaire  , 
ctâ  n*efl  pas  de  la  même  £neffe.  On  remet  la 
urine  i{uatre  ,  cinq  fois  ou  même  davantage , 
fittraot  Tufage  qu  on  en  veut  faire ,  &  on  la  fait 

Ia,  farine  qu*on  tire  de  ces  quatre  paâ'ées  eft 
m^tè  enfemble  pour  en  faire  du  pain  de  ménage ,, 
ou  de  gros  pains  que  Ton  porte  au  marché. 

La  tarine  qu  on  a  tirée  de  la  féconde  pafTéc 
donne  un  pain  plus  blanc ,  mais  qui  titÙ.  pas  û 
htm  iiue  lorfqu'on  moud  toute  la  provifion  à  la 
fitis ,  8t  qu'on  mêle  toutes  les  paiTées. 

De  cène  manière  on  tire  toute  la  farine  d*un 
botfleaii  de  feigle  ;  il  ne  reAe  que  neuf  ou  dix  livres 
de  ton  t  fouvent  même  il  n'y  en  a  que  fîx  ou 
fepc  livres.  Le  déchet  fur  chaque  boîHeau ,  à  caufe 
iù  U  ^fine  qui  s'en  va  en  pouffiére  ,  eft  d'en- 
viron cifiq  livres. 

Qoam  au  droit  du  meunier  ,  il  y  a  une  diffé- 
rtxice  qu^il  faut  remarquer.  Si  des  particuliers  qui 
flc  fom  pas  boulangers  de  profeflion  font  moudre 
éa  EfaÎQ  ,  on  en  retient  la  feizième  partie  pour 
k  marc  du  mmnier. 

Potir  le$  antres  droits  du  moulin ,  le  boulanger 
^m  &  Mdntru     Tom  F.     Part,  L 


^jM  E  U  ^17 

donne  ,  fur^  ving-huit  boifTeaux  de  froment  »  un 
tonneau  de  f6n  qui  contient  a  peu  prés  deux 
boiHcaux  de  Drefde;  il  en  délivre  tout  autant  pour 
le  feigle. 

Le  premier  garçon  du  moulin  retire  de  chaque 
boiiïeau  de  grain  qui  vient  au  moulin ,  utie  grofchc 
d'étrennes^  &  fi  te  propriétaire  du  grain  ne  moud 
pas  lui-même,  on  donne  encore  une  grofche  par 
boiiïeau  pour  le  travail  de  toutes  les  opérations 
que  nous  venons  de  décrire. 

Manière  de  moudre  â  Wlmmherg. 

La  table  fuivante  montre  exactement  les  divers 

procédés  établis  dans  cette  ville ,  lorfqu'on  veut 
moudre  du  froment.  Il  fera  facile  de  les  com- 
prendre ,  après  la  defcription  détaillée  que  nows 
avons  donnée  ci-defltis  de  la  manière  de  moudre 
à  Leipfick  &  en  d'autres  Lieux  de  la  ^axe. 


Passées 

OK    ENCRi»! 

Il  passe 

DANS 
LEBLUTEAU 

Il  sort 

PAU     L*EXTlltMITÉ 

DO  BLUTEAU 

L 

Froment. 

Farine 
ëpointtfep 

Ble  ép ointe  , 
que  Ton  passe  au 
tamis  ;  et  il  reste 
dans  le  crible  du 
son  époinîé  ,  ou 
iVcorcedup;rain. 

IL 

Froment 

épointé. 

Farine 
égrugée. 

Bléegrugéjon 
le  tamise  ;lcson| 
de  çruau  demeu- 
re dans  le  tarais, 
et  le  gruau  en 
sort. 

in. 

Gruau, 

Farine  de 
^ruaujaplus 
fine  farine. 

Gruau. 

IV. 

Gruau. 

Farine 

blanche 

ordinaire. 

Son  de  gruau. 

V, 

Son  de  gruau 
auquel  on 

ajoute  le  son 
de  ^ruau 
du  u".  T^* 

Farine 
moyenne. 

Fin  son. 

VI. 

Fin  sou. 

Farine  noire. 

Farine  gros- 
sière ou  bi' 
saille. 

Gros  son. 

Obfervez  que  la  farine  épointèe  du  n*.  L  fe 
joint  à  la  blfaillc  du  ^^  IV.  U  froment  pur  & 
de  bonne  qualité  n'a  pas  befoin  d*ètre  épointé. 

La  première  &  la  féconde  paffée  du  gruau  fe 
prennent  toujours  enfemble ,  &  donnent  de  la 
farine  blanche  ordinaire. 

La  farine  moyenne  eft  pafTée  deux  fois<  Souvent 
même  la  farine  noire  ou  bifaille  fc  met  auffi  deux 

C 


i8 


M  E  U 


fois  fur  le  moulin  ;  quelques-uns  h  joignent  à  la 
farine  de  fctgle. 

Le  gruau  eft  de  dilTérentes  qualités  »  mais  on 
ne  lui  donne  pas  des  noms  différcns^ 

Il  y  a  deux  fortes  de  fon  de  gruau ,  n^  Il  & 
IV.  On  les  remet  au  moulin  avec  le  n\  V, 

Toute  U  mouture  paffcpar  le  même  bluteau; 
par  conféquent  toute  la  farine  eft  également  fine  , 
quoiqu'elle  ne  foit  pas  de  la  même  blancheur. 

On  ne  connoît  à  Wiciemberg  que  deux  fortes 
de  farine  de  feigle  \  favoir ,  la  farine  proprement 
dite ,  que  Ton  patfe  jufqu*à  cinq  fois  ;  &  la  bifailU  , 
que  Ton  tire  de  la  fixiéme  &  dernière  paffée, 

On  fait  pafler  le  feigle  fix  fois  »  &  le  froment 
jufqu*à  huit. 

Li  produit  des  meut  uns* 

En  général  le  produit  des  moutures  en  farine ,  eft 
les  trois  quarts  du  poids  du  grain  ;  &  Taurre  quart 
eft  en  fon  &  en  déchet  ;  cela  varie  toutefois  félon 
la  bonté  &  fclon  Tordoonance  drs  moulins  ,  félon 
le  favoir-faire  des  meuniers  ,  &  félon  les  différentes 
méthodes  de  moudre  ,  qui  font  beaucoup  plus 
qu'on  ne  le  croit  encore  à  la  quantité  &  à  la  qua- 
lité des  Cannes,  Il  y  a  une  djflfèrence  étonnante 
du  produit  de  la  mouture  ruAique  aux  produits 
des  autres  moutures,  tant  de  la  mouture  écono- 
mique que  de  la  mouture  en  groiTe  proprement 
dite  ,  &  de  la  mouture  méridionale. 

Il  y  a  des  moulins  qui  d*un  fetier  de  blé,  pe- 
fant  240  livres ,  ne  rendent  par  la  moulure  ruf- 
tique ,  que  80  à  90  livres  de  farine  ,  &  1^50  à 
j6o  livres  de  fon.  Les  meuniers  les  moins  mal- 
appris tirent  de  cette  quantité  de  blé  par  la  mou- 
ture ruftique,  au  plus  120  livres  de  farine ,  &  le 
refte  en  fon ,  â  moins  qu'ils  ne  fe  fervent  d*un 
gros  blutoir  comme  pour  le  pauvre. 

Au  lieu  que  par  la  mouture  économique  on 
peut  tirer  de  la  même  quantité  de  grain,  c'e/là- 
dire,  de  240  livres  de  blé,  jufquà  i8ç  livres  de 
farine  ,  &  ^o  livres  de  fon  :  favoir  ,  huit  boiileaux 
de  première  farine  dire  de  blé  ^  quatre  boiâfeaux  de 
premier  gruau  ,  ou  gruau  blanc  ,  deux  boifleaux 
de  fécond  gruau  ou  gruau  gris«  ëc  un  bolfTeau  de 
gruau  bis  ;  plus,  deux  boiileaux  de  recoupcttes  Si 
2c  recoupes ,  fix  hoiffeaux  de  eros  fon ,  &  enfin 
un  boiiïeau  de  re moulage  ou  iteurage. 

Le  produit  de  la  mouture  méridionale  eft  à 
peu-près  le  même  que  celui  de  là  mouture  éco- 
nomique :  d'un  fetier  de  blé  pcfart  J40  libres  on 
lire  ordinairement  par  la  mouture  méridionale 
i8o  livres  de '{arme  &  ^o  livres  de  fon. 

Le  produit  eft  plus  grand  de  la  mouture  éco- 
nomique que  de  toute  autre  mouture  :  ^e  dis  le 
produit  »  &  en  mefurc  &  en  poids ,  de  farine  &  de 
gruau»  mais  fur-tout  en  meuire,  parce  que  la  di- 
vifion  augmente  le  volume  des  corps  fol  ides  qu*oa 
divifc  ;  Of  la  mouture  économique  divxfe  plus  les 
grains  que  ne  font  les*  autres  moutures. 

La  qiiantiié  ou  le  poids  même  de  li  faitne  eft 


M  E  u 

augmenté  par  la  mouture  économique ,  parce  qu'y 
moulant  plus  ,  on  moud  du  fon  même ,  qui  aug* 
mente  la  quantité  &  le  poids  de  la  farine  oii  it 
eft  entré  ,  quoique  la  mouture  économique  pro- 
duife  plus  d'évaporatian  8t  de  déchet  que  ne  font 
les  autres  moutures. 

La  mouture  donne  du  volume  au  grain  Se  au 
gruau.  Vingt -cinq  boîfleaux  de  gruau  donnent 
trente-dcux  boiffeaux  de  farine  en  le  remoulant. 
Le  grain  &  le  gruau  occupent  plus  de  place  lort 
qu  ils  font  moutus  que  lorfqu'ils  font  entiers  ;  & 
après  avoir  été  tanciifés  ils  occupent  plus  de  place 
encore  que  lorfqu'ils  ne  font  que  moulus. 

Parallèle  dis  dijférenies  moutures. 

Il  eft  fi  difficile  de  fe  mettre  au  fait  de  toutes 

les  pratiques  des  différentes  moutures,  que  ceux 
qui  en  font  profcftion,  les  farinïersSc  les  meuniers 
même,  ont  peine  à  comprendre  les  méthodes  de 
moudre  des  autres ,  celles  qulls  ne  font  point  dans 
Tufage  de    pratiquer  dans  leurs  moulins. 

En  général,  on  &  plus  travaillé  à  perfectionner 
la  mouture  feptentrionale  que  la  méridionale  ;  mais 
la  méthode  de  moudre  eft  plus  fimple  dans  la 
méridionale  que  dans  la  feptentrionalet 

On  emploie  de  plus  grandes  meute >  pour  la  mou- 
ture feptentrionale  que  pour  la  méridionale  ;  maîf 
les  pierres  des  meules  pour  la  mouture  feptentrio- 
nale font  plus  graveleufes  que  celles  delà  mouture 
méridionale,  qui  font  plus  dure*. 

On  ne  pique  pas  régulièrement  en  rayons  les 
meules ,  pour  la  mouture  miéridionale  ,  comme, 
on  fait  pour  la  feptentrionale  aux  environs  d9 
Paris* 

L'avantage  de  la  méthode  d*at tacher  les  blurcaux 
au  moulin  ,  comme  on  fait  dans  la  mouture  ruftique 
6l  dans  l'économique,  pour  bluter  la  farine  &  fe 
fon  en  même  temps  qu'on  moud  le  grain,  c'eil 
d'épargner  le  tems  ôila  main-d'œuvre ,  &de  don- 
ner aux  bluteaux  un  mouvement  plus  égal  que 
lorfquon  blute  à  la  main  hors  du  moulin,  commo- 
on  fait  dans  la  mouture  méridionale  &  dans  la 
mouture  en  groffe  proprement  dite. 

Blutera  la  main  :  c^cft tourner  le  blutoir rfvec  anc 
manivelle  dans  un  appartement  deftlné  à  cet  ufagc- 

II  y  a.  dans  la  mouture  économique  &  dans  la 
ruftique  y  la  difficulté  d'accorder  le  blutage  avec 
le  moulage  :  il  faut,  pour  que  cda  réuftide  ,  que 
îc  blutcau  foit  proportionné  à  la  force  du  moulin: 
il  faut  que  le  premier  bïuteau  &  le  dodinagc  fotent 
bien  placés,  &  que  leurs  mouvemens  répondent 
au  mouvement  de  la  meule  j  cc^  qui  demande  de 
Tcxpérience  &  de  radreffe. 

D'ailleurs  la  farine  ne  fe  blute  pas  fi  bien  ctarrt 
chaude ,  que  fi  elle  avait  eu  le  temps  de  fe  refroidir 
avant  qu'on  la  pafTe,  parce  que  tout  a  plus  de 
volume  »c'eft- à -dire,  cil  plus  g^os,  étant  chaud 
que  froid. 

La  farine  fort  toujours  chaude  d'entre  les  meules^ 
de  quelque  façon  qu'ion  moule  ;  c*cft  une  dtt 


â 


F    *^ 


M  EU 


M  E  U 


»9 


» 


«bafo  oii  le  iBo  *re  le  plus  ThabUetè  du  meunier , 
flie  fie  moudre  de  Lqon  quÛ  faife  la  farine 
moim  chaude  ;  plus  les  meules  travaillent  h  farine, 

fis  elles  réchauffent,  &  plus  elles  en  altèrent 
qualité  ^  en  révaporajnt  pat  le  mouvemenc  & 
pat  b  diviûon. 

Je  le  répète  »  plus  on  moud ,  plus  on  fait  la 
fartoe  chaude»  plus  on  fait  de  déchet  &  d*éva- 
^Oration  ;  &  il  faut  favoir  que  la  farine  qui  a  été 
eduiifTée  par  les  meules  prend  moins  d'eau  ;  elle 

ril  fan  propre  goût,  oc  elle  prend  Todeur  de 
pierre  des  meules  qui  fent  échauffées  eîles- 
aièixies  par  le  frottement;  de  forte  qu'une  partie 
delà  qualité  de  la  farine,  la  plus  fubcile  &  la 
ineiQcure ,  fe  diiEpe  û  Von  moud  trop.  L'expérience 
journalière  nous  Tapprend  :  on  mange  quelque- 
fotl du  pain  qui ,  quoique  blanc,  bien  fait  &  bien 
oift,  a  peu  de  goût;  ce  qui  vient  de  ce  qwe  la 
bnise  en  a  été  ainfi  évaporée. 

En  un  mot ,  ù  Ton  remoyd  trop  >  on  fait  tort 
k  la  qualité ,  non  •  feulement  par  le  fon  qu'on  y 
mclc  en  le  moulant  fin  comme  la  farine,  mais 
luffi  parce  quen  moulant  trop,  on  décompofe 
la  farine ,  &  on  en  évapore  Tefprit ,  qui  en  fait 
h  melUeore  aualhé* 

La  bonté  oc  la  farine  qui  dépend  de  celle  du 
puati  qui  y  eft  mêlé ,  eft  plus  confervée  par  la 
ttocifiire  en  grofle;  mais  la  qualité  de  la  farine 
qm  dépend  de  la  fineffe,  eft  plus  grande  par  la 
Bouture  économique,  qui  moud  plus. 

PUîs  on  fait  de  gruaux,  ou  plus  on  les  remoud, 
pics  il  fe  fait  de  diilîpatîon;  d'ailleurs  cela  eft 
plus  long  ,  plus  pénible  ,  &  occupe  plus  un  mou- 
lin; au  lieu  qu'en  fe  fervanr  d  un  bluteau  plus 
gros ,  on  ne  fait  qu  une  ou  deux  fortes  de  gruaux, 
&  ainfi  on  ne  remoud  qu*une  ou  deux  fois. 

On  eft  plus  long-teros  à  moudre  par  écono- 
mie qu*en  groffe;  mais  on  eft  plus  long-tems  k 
Uoter  en  groffe  que  par  économie ,  où  Ton  blu- 
te en  même  temps  qu'on  moud. 

11  eft  vrai  qu'en  blutant  au  moulin  en  môme 
leaps  qu'on  moud ,  on  épargne  le  temps  qu  on 
Jiieon>ît  à  bluter  hors  le  moulin  après  Ja  mou- 
tire  ;  mais  le  blutage  ne  peut  fe  faire  auffi  bien 
fit  par  un  auiïi  grand  nombre  de  bluteaujç  au 
soûlin  qac  dans  >jne  blutcrie,  comme  on  fait 
par  la  itioumre  en  groffe  proprement  dite. 

S'il  en  coûte  plus  dans  la  mouture  en  groffe^ 
parce  qu'on  y  blute  à  la  main ,  il  en  coûte  plus 
suffi  pour  la  mouture  économique ,  parce  que  l'on 
y  met  plus  de  temps  &  de  travail  ;  il  faut  payer 
SB  nouHn  pour  la  mouture  économique  au  moins 
tta  tiers  de  plus  que  pour  la  mouture  en  groffe 
proprement  dite. 

Le  moulin  ne  va  pas  fi  long -temps  dans  la 
mouture  en  groffe,  que  dans  la  mouture  éco- 
ooϔqae;  mais  il  va  plus  fort  dans  la  mouture 
co  f^offe  que  dans  la  mouture  économique. 

Efl  général ,  on  travaille  plus  proprement  dans 
h9  Provinces  méridionales  ;   on  y  eft  fuigneux 


de  recevoir  les  différences  urines  dans  des  cafcs 
diftinguées  &  mieux  fermées  :  on  évente  moins 
les  farines  par  la  moulure  méridionale.  Il  eft  vrai 

3UC  Je  pays  étant  plus  chaud  ,  on  a  plus  befoin 
e  cette  attention, 

Paur  réfumer  ce  qui  vient  d'être  dit  des  mou- 
tures, on  doit  obferver  que  les  produits  de  la 
mouture  économique  &  de  la  méridionale  fur- 
paffent  celui  de  la  mouture  en  groffe  propre- 
ment dite,  quoique  cette  mouture  approche  bien 
des  deux  autres  par  la  quantité,  &  qu'elle  foie 
trés-fupérieure  à  la  mouture  ruflîque  par  la  blu- 
terie ,  au  moyen  de  laquelle  la  mouture  en  groffe» 
comme  la  mouture  méridionale  ,  tire  toute  la  fa- 
rine &  les  gruaux  du  fon;  ce  qu'on  ne  fait  point 
par  la  mouture  ruftiquc  »  qui  n*a  qu'un  bluteau  , 
qui  blute  auffitôt  après  qu'on  a  moulu  ,  ou  en 
moulant. 

La  mouture  économique  ne  fait  pas  tort  aux 
riches,  parce  qu'elle  leur  procure  du  pain  plus 
à  leur  goût,  qui  efl  fait  du  gruau  remouUi; 
mais  cette  mouture  en  fait  au  public ,  pour  le- 
quel il  ferait  bon,  après  avoir  féparélefon  du  gruau 
&  de  la  farine  ^  &  après  avoir  rcmoulu  le  gruau  ^ 
de  recombiner  les  farines  &les  gruaux  différem- 
ment, félonies  différentes  qualités  des  grains, 
par  rapport  au  terroir  &  au  climat  ,  &  feloa 
les   diverfes  fortes  de  pain ,  qu'on  a  à  faire. 

La  mouture  en  groffe  proprement  dite  eft  plus 
favorable  au  public  que  n'eft  la  mouture  économi- 
que t  parce  que  ta  mouture  en  groffe  fournit  plus  de 
farine  bife  que  de  blanche,  &  qu'au  contraire  la 
mouture  économique  tire  plus  de  farine  blanche 
que  de  bife. 

On  peut  dire  en  général ,  que  la  mouture  éco- 
nomique eft  plus  profitable  pour  les  boulangers 
&  pour  les  marchands  de  farine,  que  pour  les 
acheteurs  :  en  tout  le  vendeur  prohte  plus  que 
l'acheteur  par  la  mouture  économique  ;  &  encore 
une  fois  elle  eft  auffi  plus  avantageufe  aux  riches 
qu'aux  pauvres  ,  parce  qu'elle  fait  confommer  la 
meilleure  partie  du  grain  par  les  riches  ,  dont  elle 
ne  fait  pas  la  principale  nourriture ,  comme  elle 
fait  celle  des  pauvres. 

La  mouture  économique  donne  un  pain  plus 
blanc  que  celui  de  la  mouture  en  groffe,  parce 
qu'elle  dlvife  plus  la  farine,  ce  qui  la  blanchit  ; 
mais  le  pain  qui  réfultc  de  la  mouture  en  groffe 
a  plus  de  ^oût.  A  juger  de  la  bonté  du  pain  par 
les  yeux,  on  aimera  mieux  celui  qui  vient  de 
la  mouture  économique,  parce  qu'il  eft  plus  blanc. 
Mais  à  en  juger  par  le  goût  &  par  la  quantité^ 
fï  l'on  aime  ce  qu'on  nomme  pain' de -ménage ^ 
on  prèiercra  le  pain  de  la  mouture  en  groffe 
au  pain  de  la  mouture  économique. 

La,  mouture  méridionale  réunit  deux  avan- 
tages ;  l'un  de  donner  une  farine  plus  blanche 
encore  que  celle  de  la  mouture  économique  ,  parce 
que  la  farine  delà  mouture  méridionale  ell  mieux 
purgée  de  fon  :  Vautre    avatuage,  c'eft  d'avoir 

C  ij 


lo  M  E  U 

coni«rvi  la  qualité  de  la  farine,  comme  on  fait  dans 
la  moumre  en  greffe  proprement  dite ,  parce  que 
ta  farine  a  été  moins  échauffée  &  moins  évaporée 
par  les  meules  que  dans  la  mouture  économique. 
Le  pain  qui  réfulte  de  la  mouture  méridionale 
cft  aulTi  blanc  que  celui  de  la  mouture  économi- 
que ,  parce  que  la  farine  en  eft  auffi  divifée. 

Enfin ,  U  perfeélion  qu'on  a  mifc  à  moudre 
&  à  bluter,  peut  augmenter  Tabondance  d'envi- 
ron un  tiers.  Ceux  qui  favent  bien  moudre, 
bien  bluter,  &  bien  pétrir,  peuvent  faire  amant 
de  pain  avec  deux  fetiers  de  blé  ,  qu'on  en 
faifoit  avunt  le  fiècîe  préfem  avec  trois  fetiers, 
parce  qifon  fait  tirer  aujourd'hui  plus  de  farine 
du  grain ,  &  plus  de  paîn  de  la  farine. 

D<s  moulins  en  gtnéraL 

Le  mouUn  cft  un  inAniment  dcftinè  à  îa  pré- 
paration du  premier  &  du  plus  nécefTaîre  des 
aljmens.  Il  y  a  bien  delà  différence  entre  piler 
fimpleraent  le  grain  dans  un  mortier  ,  comme  Ton 
faifoit  autrefois ,  ou  le  moudre  &  bluter ,  com- 
me on  le  fait  aujourd'hui.  Pour  comprendre  l'art 
du  meunier,  il  faut  favoir  ce  que  c'cfl  qu'un 
moulin  ,  &  connaître  en  général  le  mècanifmc 
de  cette  machine,  qui  cfl  très  -  compofée. 

Les  parties  principales  d'un  moulin,  font  i', 
U  trémie,  La  trémie  proprement  dkc  â  tumendo , 
cft,  correâemcnt  parlant,  ce  que  Ton  nomme 
VauM^  qui  a  du  mouvement  par  celui  des  meu- 
les .Aiais  ce  que  Ton  nomme  aujourd'hui  la  trémie 
eft  une  efpéce  d*auge  carrée  faite  en  entonnoir , 
dans  laquelle  on  verle  le  grain  à  moudre  ,  &  dont 
Foy verture  inférieure  donne  dans  un  auget ,  par 
lequel  le  grain  tombe  de  la  trémie  entre  les  meu- 
les pour  être  réduit  en  farine. 

a  °  Les  meules ,  qui  font  pofées  horizontalement 
l*unc  fur  Tautre ,  dont  la  fupérieure  tourne  fur 
rinférieure.  Celle  de  defTous  cft  immobile  ;  il  nV 
a  que  celle  de  deifus  qui  foit  en  mouvement ,  &. 
qu'on  peut  élever  ou  atterrer»  c'efl-i-dirc  ,  abaif- 
fcr  fclon  le  befoin. 

On  nomme  mcuU  ^ifante  la  meule  de  defTous, 
&  Ton  appelle  meule  courante  la  meule  de  deffus. 
La  meule  gifame  eft  environnée  d'un  cercle 
d*ais,  vers  lequel  la  meule  courante  envoie  le 
grain  moulu  ,  à  mefure  qu'elle  le  pulvcrife  ,  & 
il  eft  déterminé  par  ctxit  prefllon  &  par  le  mou- 
vement circulaire  de  la  meule  fupérieure  du  cen- 
tre où  il  eft  reçu,  vers  le  bord  de  Tinférieure, 
auquel  cft  une  ouverture  par  laquelle  forient 
la  wrine  &  le  fon  cnfemblc. 

Si  ce  qui  environne  &  renferme  les  meules 
n'était  pas  rond,  i)  s'amafîerait  dans  les  coins, 
de  la  farine  qui  ponrroit  étfé  un  profit  illégitime 
du    meunier. 

Cela  arriveroit  auffi ,  fi  ce  qui  cirvironne  les 
•icules  étoit  trop  éloigné-  (  Le  règlement  publié 
CQ  Saïc,  Tan   ijôS,  ordonne   que  \ç  cercU  m 


M  E  u 

fera  éiûigné  des  meules  que  de  deux  poucei  ^  ce 
qui  a  été  adopté  dans  rordonnnnce  de  police  de 
Magdcbourg  en  1688,  dans  le  rêglemcut  des 
meuniers  de  Bavière  &  ailleurs.  ) 

Le  même  inconvénient  arrivera,  fi  les  aïs  (lUi 
font  ce  cercle  pour  contenir  la  farine,  fantfenclus 
ou  troués  ailleurs  que  vis-à-vis  Tauget  par  lequel 
eJle  tombe  dans  la  huche,  oîi  on  U  ramafTe 
pour  le  proprlitaire ,  qui  ne  profite  pas  de  ce 
qui  s'eft  répandu  par  ailleurs. 

Ce  que  l'on  nomme  vulgairement  le  haflîan^ 
ou  le  battant^  efl  agité  parle  même  mouvement 

Êar  lequel  tourne  la  meule  de  deffus  :  le  battant  fait 
attre  l'auget ,  qui  par  ce  mouvement  reçoit  de  la 
trémie  le  grain,  &  le  laiffe  tomber  entre  les  meules. 
Il  y  a  au  moulin  une  fon  net  te ,  à  laquelle 
cft  attachée  une  petite  corde,  qui  lie  par  Vautre 
bout  un  poids  ,  que  fon  met  fur  le  grain  , 
dans  la  trémie ,  de  forte  que  ce  poids  baifTe  peu  à 

f>eu  comme  le  grain  à  mefure  qu'il  fe  moud  ;&  ainfi, 
orfqu'il  n'y  a  prefque  plus  de  grain  dans  la  trémie  » 
le  poids  tirant  la  corde,  fait  fonner  la  petite  cloche, 
qui  avertit  îe  garde* moulin. 

Les  meules  font  différentes  dans  les  différens 
moulins,  par  leur  grandeur,  par  la  nature  des 
pierres  dont  elles  font  compofees,  par  les  diver- 
fes  façons  dont  elles  font  montées,  oc  félon  qu'el* 
les  ont  été. travaillées,  c'cft-à-dire,  qu'elles  ont 
été  piquées ,  battues  ou  r^  habillée  s  ^  qui  font  iâ 
termes  fynonymes. 

Dans  les  provinces  orientales  du  royaume,  on 
fe  ferr,  pour  la  mouture  méridionale ,  de  meules 

f^lus  petites  que  celles  qui  font  en  ufage  dans 
es  provinces  du  Nord  pour  la  mouture  feptcn» 
trionaîe ,  ou  les  meules  ont  ordinairement  depuis 
fix  pieds  deux  pouces  jufqu'à  fut  pieds  quatre 
pouces  de  diamètre;  au  lieu  que  les  meules  pour 
la  mouture  méridionale  n'ont  que  cinq  pîeds 
tout*an-p1us. 

Les  meules  dont  on  fe  fert  dans  les  provinces 
méridionales  tiennent  plus  de  la  nature  des  pier- 
res i  fufil  j  &  font  compofees  de  plus  petits  morceau* 
que  ne  le  font  celles  des  provinces  du  Nord,  qui 
quelquefois  font  d'une  feule  pierre  ,  quoique  plus 
grandes  que  celles  de  la  mouture  méridionale. 
Les  meules  de  la  mouture  feptentrionale  font  plus 
fujettes  à  être  çravcleufcs  que  celles  de  la  mou- 
turc  méridionale. 

On  nomme  moulage  Taftion  du  moulin ,  parti- 
culièrement celle  des  meules  qui  peuvent  travail-^ 
1er  difTéremment,  Le  moul^ige  dépend,  &  de  la 
nature,  &  de  h  pofuion,  &  du  mouvement  des 
meules  dans  le  moulin. 

On  peut  regarder  comme  une  règle  générale ,  que 
pour  taire  un  bon  moulage ,  il  faut  que  la  meule 
gifunte  ne  foit  pas  fi  ardente  que  la  courante* 

Une  meule  plus  ardente  cft  une  meule  plus 
coupante  par  les  inégalités  qu'elle  a  natureUemcmt 
&  par  celles  qu'on  a  faites  en  la  piquant.  Les 
meules  de  moulin  font  plus  ardentes  à  proportion 


^ 


M  E  U 

S  dont  elles  font  compofées  font  dures , 
^  leïoti  cu'ily  a  plus  ou  moins  long-temps  qu'elles 
a'ûor  éie  rebatracf. 

Les  pierres  de  meulière  blonde,  oeil  de  per- 
dra ,  icmt  de  leur  nature  plus  ardeotes  »  elles 
Ùtm  plus  trouées  &  plus  coupantes  :  elles  font 
propres  à  faire  tes  meules  courante^.  La  pierre 
dont  U  meule  gifante  eu  compofce  >  eft  commu- 
oéoiem  d'un  grain  bleu  8c  blanc. 

Dans  tous  les  moulins  en  général  ^  il  faut ,  pour 
Uta  faire  ^  que  la  meule  de  deiTus  foit  d*une  meil- 
leure qualité  que  celle  de  deflbus. 

U  y  a  à  prendre  garde  quHl  ne  faut  pas  que 
les  ncules  aient  des  éraillnres  ou  des  trous  grands 
&  trop  profonds,  qui  ren  fer  m  croient  trop  de  grain 
CDoer  ian»  le  moudre, 

iorfiju^on  a  à  remédier  à  cet  inconvénient ,  on 
lemplat  en  partie  ces  trous  avec  une  pâte  com-- 
foCèç  de  farine  de  feiglé,  &  d*une  diffolution 
époifle  8c  nouvelle  de  chaux;  de  forte  que  cette 
paie  foutienne  les  grains  dans  les  enfoncemens 
des  meules  à  portée  des  orifice»  tranchans  qui 
les  palvérifenr. 

Les  meuniers  allemands  font  cette  pâte  avec 
da  firomage  maigre,  qui  fe  durcit  comme  de 
b  pierre    lorfqu*on  y  mêle  de  la  farine  de  feigle. 

Dans  les  lieux  oii  it  ne  fe  trouve  point  de 
pieme  à  meule  ,  on  fait  une  forme  de  bois  que 
Ion  remplît  de  pierres»  On  y  vetfe  enfuîte  un 
ornent  propre  à  les  unir  eniemble.  Quand  il 
cft  durci ,  on  ôte  la  forme  &  on  coupe  la  pierre 
GOUUBe  on  la  veut  avoir-  Mais  ce  ciment  eft  fi 
cher»  ijue  les  meules  coûtent  le  triple  de  ce  qu^elles 
auroieof  coûté  fans  cela. 

Pow  bien  moudre ,  il  faut  que  les  meules  ne 
bicmt  fit  ardentes  ni  douces  :  dans  cet  état  elles 
ècrafem  le  grain  en  le  cafTant ,  elles  font  la  farine 
plm  loogue^  &  elles  développent  le  foo  en  le 
décoopani  moins  :  le  fon  fait  ainfi  par  des  meu- 
fa  qui  ne  font  ni  trop  ardentes  ni  trop  polies» 
parob  au  microfcope  être  frifé  comme  des  ou- 
bli» «  &  il  y  refte  moins  de  farine  attachée, 

Lorfque  les  meules  font  trop  unies ,  qu*elles 
Oiit  bcToin  d^ètre  rebattues  ,  elles  font  un  foo 
plat  8c  moins  vidé  de  farine  :  ces  meuîes  écra- 
feof  ie   grain  plutôt  <^u  elles  ne    le  ca/Tcnt, 

Si  au  contraire  le  fon  eft  fait   par   des  meu- 
les trop  ardentes  ,  il  eft  haché ,  &  plus  blanc  par 
b  &rine  qui  y  eft  attachée  :  les  meules  arden- 
tes  coupent  le  grain  plutôt  qu'elles   ne  le    caf- 
^ieiK    &    qu*elles  ne  le   pulvénfent    en    farine. 
BLcf  obfirrvations  qui  font  relatives  à  la  difterence 
^Mes  meules ,  font  plus  fenfiblcs  dans  le  fon  que 
|Hda»s   U  farine  même  qu^eiles  produifent. 
~     n  faut    que  l'ardeur  des  meules   fort  encore 
froportsoonée  à  ta  force  des  moulins  ou  elles  font 
atmiéei «laquelle  force  dépend  de  la  conftruôton 
éei  nuMilins  fit  de  laftion  de  ce  qui  les  fait  mou- 
voir,  qui  le  plus  fouvem  eft  une  eau  courante. 

Les    neufliers    difent  que   lorfque  Us    deux 


M  E  U 


2T 


meules  font  de  même  ardeur,  h  raeiilc  cou- 
rante tourne  en  approchant  ;  au  lieu  que  quand 
elles  ne  font  pas  de  même  ardeur  ,  lorfque  la 
meule  courante  eft  ,  comme  eile  doit  être,  plus 
ardente  que  la  meule  gifante,  elle  tourne  en 
allégeant, 

(Juand  la  meule  allège  ,  c'eft  qu'elle  eft  C 
bien  montée,  fi  bien  équilibrée,  que  le  moindre 
mouvement  ou  la  moindre  réfiftance  plus  d'un  côté 
que  de  Tautre ,  la  fait  un  peu  lever  de*  ce  côté  un 
inftant,  &  elle  fe  remet  auffitôt  de  niveau;  c'eft 
figne  que  le  moulage  va  bien. 

Les  meules  ne  prennent  de  poli,  c'eft -à-dire, 
le  raboteux  de  leur  furface,  leur  âpreté ,  ne 
s'adoucifTent ,  ou  les  tranchans  des  orifices  de 
leurs  trous  ne  s'émouff^nt ,  que  parce  que  ces 
inégalités  s'aplaniffent  en  fe  mettant  en  pou- 
dre fine  par  le  frottement  de  l'une  contre  l'au- 
tre i  c'eft  ce  qui  fait  le  gravier  Sl  Todeur  de 
meule  qu'on  trouve  quelquetois  dans  la  farine  faite 
par  des  meules  neuves  ou  nouvellement  r'habillées. 
,  On  requiert  dans  le  meunier  TadreiTe  de  faire 
de  bons  r'habiUages  des  meules ,  qui  ne  foienr 
pas  trop  enfoncés  j  ni  trop  inégaux.  Il  y  a  en 
général  deux  manières  de  re battre  les  meules 
de  moulin  :  en  France,  c'eft  ou  à  coups  perdus  , 
fdonFufage  des  provinces  ;  ou  en  rayons  ,  comme 
on  fait  aux  environs  de  la  capitale. 

On  r'habilie  à  coups  perdus,  c'efl- à-dire ,  k 
coups  irréguliers,  en  donnant  des  coups  avec  une 
cfpéce  de  marteau  tait  exprés  fur  les  endroits 
les  plus  unis  de  la  meule,  pour  y  faire  des 
inégalités  tranchantes. 

Pour  rebattre  les  meules  en  rayons  du  centre 
à  la  circonférence ,  on  laiflTc  des  intervalles  réguliers 
d'environ  deux  pouces ,  fi  la  meule  eft  naturel- 
lement ardente,  c'eft-à-dire,  inégale;  û  au  con- 
traire elle  eft  plus  unie  ,  il  faut  faire  les  inter- 
valles des  rayons  la  moitié  moins  grands  ;  c  eft 
ce  qu  on  doit  régler  aufli  félon  ks  grains  qu'on  eft 
dans  Tufage  de  moudre. 

On  efl  ordinairement  deux  mois  fansrMubiller 
les  meules  dun  moulin;  quelquefois  on  neft  que 
fix  femaines  ;  fou  vent  aufti  on  eft  trois  mois  :  enfin 
on  eft  plus  ou  moins  de  temps  ,  félon  la  natiu-e  des 
meules,  &  félon  Temploi  du  moulin. 

Un  bon  moulin  moud  ordinairement  fit  re- 
moud,'c'eft-à- dire  >  moud  par  économie,  i8  à 
20  fetiers  en  24  heures;  &  il  moud  en  grofte 
un  tiers  de  plus,  c'eft-à-dire,  30  fetiers  :  il 
peut  aller  à  trois  mujds,à  36  fetiers,  en  hiver; 
mais  il  iroît  trop  vite  &  trop  fort ,  s'il  mouloit 
quatre  muids  par  jour,  fur-tout  en  été;  il  cchauf- 
feroit  la  farine;  car  un  des  plus  grands  încon- 
vénîens  de  la  mouture  ,  c*eft  d'échauffer  la  fari- 
ne par  le  frottement  ,  qui  joint  à  la  preftion 
de  la  meule,  qui  eft  de  trois  à  quatre  mille 
pefant ,  fait  fortir  l'huile  du  grain ,  &  le  décompofe. 

Lorfqu'un  moulin  ne  moud  qu'un  muîd  en  24 
•.heures ,  il  ne  mo\id    pas  aftcz  :  il  y  en  a  cepen- 


22  M  E  U 

dant  qui  tray^illent  f\  mal ,  qu*ils  n'en  débitent 
que  fix  fedcrs.  Ceb  dépend  beaucoup  de  la 
deittérité  du  meunier ,  qui  par  {4,  manceuvre 
avantage  ou  dcfavantage  fon  moulin.  La  meule 
courante  doit  parcourir  ^0  à  60  tours  par  tninuce. 
Un  mouîifî  va  plus  ou  moins  fort ,  moud 
plus  ou  moins  rond  ,  félon,  qu'il  a  plus  ou 
moins  d'eau  ou  de  veni.  Il  ne  faut  pas  qu*il 
aille  trop  fort  ni  trop  foiblement ,  pour  faire  une 
bonne  mouture  ;  plus  on  moud  fort ,  plus  il  fe 
fait  d'évaporation  j  d'ailleurs ,  comme  nous  IV 
vons  déjà  dit,  quand  le  moulin  va  trop  fort, 
la  farine  qu'il  fait  eft  groffe  &  moins  blanche; 
c'efl  ce  que  les  meuniers  appellent  rougir  la 
farine.  Cela  arrive  fur- tout  i'orf qu'on  remoud  trop 
fouvent. 

On  peut  dire  en  général  que  le  défaut  le 
plus  ordinaire  des  meuniers  qui  moulent  mal , 
c'efl  de  faire  aller  le  moulin  trop  fort*  La  farine 
faite  trop  fortement  par  des  meules  tenues  baf- 
fes &  qui  vont  vîte^  boit  moins  d*eau  &  a 
moins  de  goût,  eft  moins  nourriffante  &  moins 
faioe  ,  parce  qu'elle  a  perdu  fon  huile  fit  fon 
volaiiL 

Il  eft  à  obfcr\'cr  qu'un  moulin  qui  moud 
par  économie  ,  moud    un  tiers   moins  de  grain 

3ue  lorfqu  il  ne  remoud  point  ;  &  il  moud 
'autant  moins  de  grain ,  qu'il  en  remoud  plus 
de  gruaux  »  parce  qu'il  faut  du  temps  pour 
rcmoudrc ,  fur-tout  fi  on  remoud  plufieurs  (oh. 

Les  meules  font  différemment  montées  dans 
les  diiférens  modins ,  félon  les  différentes  métho- 
des qu'on  a  de  moudre  :  on  monte  autrement 
les  meules  dans  les  moulins  oii  Von  remoud, 
que  dans  ceux  où  Ton  ne  remoud  point  » 
ëc  encore  autrement  lorfquc  l'on  veut  moudre 
pour  faire  du  pain  de  munition ,  que  lorfqu'on 
moud  pour  enfuite  fèparer  le  fon  de  la  farine. 
Quand  la  meule  eft  tenue  baffe,  &  que  le  moulin 
ne  va  pas  trop  fort ,  il  ne  fe  fait  prefque  pas 
de  fon  ;  c'eft  ce  qui  fe  pratique  pour  le  pain 
de  munition. 

On  con<y'oit  aifément  que  Taflion  &  les  effets 
de  ces  meules  font  différens  félon  qu'on  les 
approche ,  &  félon  qu^on  les  fait  aller  plus  ou 
moins  fort  :  d'approcher  les  meules  dans  Li  mou- 
ture fimple,  n  ^quivaudroit  pas  à  la  remouture, 
parce  que  lorfque  le  grain  efl  bien  fec,  le  fon 
paffc  en  poudre  avec  la  farine.  Lorfqu'au  con- 
traire le  grain  n'eft  pas  fcç,  il  fe  met  un  peu 
en  pâte ,  61  les  meules  s'engraiffcnt  lorfque  ion 
moud  fort  &  bas* 

3  Ml  y  a  dans  tous  les  moulins  des  provinces 
du  Nord  de  la  France  une  partie  principale , 
qui  cft  un  bluteauqui  reçoit  à  un  de  fcs  bouts,  par 
une  anche  ce  que  les  meules  ont  moulu ,  &  qui 
rend  par  un  autre  bout  le  fon  féparc  de  la  farine. 

Pour  la  mouture  économique,  on  joint  k  ce 
premier  blutoir,  qui  cfl  de  b  mouture  ruflique^ 


M  E  u 

un  fécond  bluteau ,  plus  lâche  que  le  premier  ; 
&  qui  en  reçoit  le  ton  gras. 

Ce  fon  cft  tamifé  par  ce  fécond  blutoir,  cjui  en 
tire  les  gruaux  féparémcnt,  &  qui  rejette  le 
gros  fon,  le  fon  fec  qui  fort  par  Tcxtrémité 
inférieure:  ce  fécond  bluteau  eft  le  dodinage. 

Dans  les  moulins  où  Ton  ne  remoud  point» 
oli  Ion  ne  moud  que  pour  le  farinier  ou  pour 
le  boulanger  >  qui  blutent  chez  eux ,  comme  tout 
le  monde  fait  dans  les  provinces  méridionales, 
il  n'y  a  aucun  bluteau  au  moulin;  le  produit 
du  moulage  fe  porte  dans  les  bluteries,  ou  U 
eft   tamifé  chez  chaque  particulier. 

4''.  Enfîn,  il  ne  faut  pas  omettre  la  huche  du 
moulin,  qui  eft  une  erpècc  de  coffre  oii  tom* 
be  le  grain  moulu  à  mefure  qu'il  fort  d'entre 
les  meules,  ou  qui  reçoit  la  farine  &  les  gruaux 
qui  paffent  au  travers  des  bluteaux  ,  &  qui  font 
retenus  par  les  bandes  de  toile. 

Ordinairement  les  huches  des  moulins  font  de 
fept  pieds  ;  il  y  en  a  de  huit  pieds  de  longueur , 
fur  trois  pieds   &   demi  de  largeur. 

Il  y  a  trois    différentes  fortes   de   moulins  à . 
diftinguer ,  par  les  diverfes  méthodes  de  moudre 
qu'on  y  pratique.  Il  y  a,  i  ",    les   moulins    qui 
ne  moulent  qu'en  groffe  i  ils  font  en  plus  grand 
nombre  que  les  autres. 

2".  Les  moult QS  qui  ne  moulent  que  les  gruaux  ; 
ce  font  la  plupart  des  moulins  à  vent  autour  de 
Paris. 

}  °,  Enfin,  ceux  qui  moulent  &  le  grain  &  le 
gruau  ^  c'eft- à -dire,  qui  moulent  &  remoulent , 
dans  lefquels  cft  étabUe  la  moulure  économique. 

Il  y  a  aduellemeni  dans  le  reffort  du  Châtelet 
de  Paris  ,  environ  quatre  mille  moulins  ,  dont  trois 
mille  font  des  moulins  à  eau ,  &  mille  moulins  à 
vent» 

Les  moulins  à  eau  valent  mieux  en  général 
que  les  moulins  à  vent ,  parce  que  le  cours  de 
Teau  efl  plus  égal  que  celui  du  vent,  qui  eft 
fujet  à  aller  pariecouues,  ce  qui  caufc  de  Vint- 
galitc  dans  le  moulage.  Cependant  on  fe  fett 
ordinairement  plus  des  moulins  à  vent  pour 
re moudre  les  gruaux ,  que  des  moulins  à  eau. 

Il  eft  utile  d'avoir  des  moulins  à  vent  poîir 
les  cas  de  féchereffe  &  de  gelée  :  il  eft  indirpco- 
fable  d'en  avoir  dans  les  pays  où  il  n'y  a  point 
d'eau. 

Les  moulins  à  vent  tirent  leur  origine  des 
pays  orientaux  où  il  y  a  peu  de  rivières  i  TuCi- 
ge  de  ces  moulins  fut  apporté  en  France  au 
retour  des  croifades ,  vers  le  milieu  du  onzième 
Cécle. 

Outre  les  moulins  à  vent  &  les  moulins  à 
eau ,  il  eft  néccffaire  que  le  gouvernement  pour- 
voie auffi  à  ce  qu'il  y  ait  toujours  dans  le» 
villes  des  moulins  qu'on  puiffe  faire  aller  à  bras 
ou  par  des  animaux,  oour  prévenir  la  famine 
qui  peut  arriver  par  cics  fécbereffcs  , .  par  des 
inondations   &    par  des  gelées   extraordinaires. 


M  E  U 

Cette  prévoyance  eft  néccffaire  dans  d'autres  cas 
encore ,  comme  dans  ceux  d*iniemiption  de  toute 
eoniBiraîtation  y  pour  contagion  ,  âicc. 

En  1741 ,  M*  le  contrôleur  général  des  finan- 
ce! propoja  à  U  ville  de  Paris  d'avoir  des  moulins 
i  bras,  &  il  y  fut  réfolu  de  s'en  pourvoir;  on 
viCDOzt  d*en  feniir  la  grande  utilité  par  Hnonda- 
Mil  éc  1740  &  par  la  longue  gelée  de  1741.  Cela 
a^a  p9S  été  exécuté»  parce  que  la  guerre  furvînt* 
Dépôts  U  paix,  on  n'y  penfe  plus,  parce  qu'on 
1  réparé  les  autres  maux  de  la  guerre  ,  &  parce 
<jtic  l^omme  ne  connoit  le  bien  que  lorfqu'il  fent 
knaL 

Moulin  a  hras  pour  moudre  U  Fromem* 

Ce  mouUn  a  été  inventé  par  Samuel  &  Samp- 
t»  Freeth  de  Birmingham. 

n  eft  compofê  d'une  manivelle»  laquelle  fait 
nioovoir  un  cylindre  dans  deux  forts  crampons  de 
fer,  qui  tiennent  au  poteau  qui  porte  le  moulin» 

A  fautre  extrémité  de  Taxe  eft  une  roue,  & 
ï  Foulroît  de  la  manivelle ,  une  roue  ou  cou- 
teau qui  fait  mouvoir  une  autre  roue,  laquelle 
tiecic  au  rouleau,  qui  Te  m^t  dans  une  boite. 

Cette  boite  eft  fermée  aux  deux  eitrémités 
par  deux  plaques  de  cuivre* 

A  rextrémitè  de  Tune,  eft  une  vis  qui  porte 
U»  le  centre  da  rouleau ,  &  qui  fcn  à  accélérer 
Oit  à  ralentir  fon  mouvement. 

ILe  rotUeau,  de  même   que  la  botte   dans  la- 
fMiie  il  tourne  ,  vont  en  appetiiTant ,  &  font  gar- 
I      m  de  dents,  dont   la   groiïeur  diminue  en  ap* 
I      prodiaot  do  centre.  Elles  broient  le  grain  plus 
on  moifts  fin,  félon  qu^on  lâche  ou  qu'on  ferre 
récroc. 

Un  homme  fuffit  pour  faire  agir  ce  moulLn, 
&  b  fâritie  fort ,  fans  avoir  eu  le  temps  de  s'é- 
duoSer,  par  Tauget  de  la  trémie. 

En    1574,  il   fut  défendu   de    donner    ni  de 

prendre  plus  de    fcpt  fous  fix   deniers  pour    la 

Moomre  de  chaque  fetier  de  bled  ;  mais  aujour- 

Am,   depuis    1705  ,    on    donne   ordinairement 

éÊm  les  environs   de  la  Capitale  ,    20  fols ,  & 

ai    Province,   &  pour  les  Hôpitaux,   10    fols 

aux  meuniers  pour  moudre  un  fetier  de   bled; 

^Air  quoi  il  y  a  moitié    pour  la  voiture.  Il  y  a 

Btoe    ordonnance    du  Roi   de  1703  ,  qui  faiUm 

Hdcfeiife  à    tous    feigneurs    d^obliger    les    muni- 

■  lÂocciaires    de    faire   moudre   z  leurs    mouîins, 

^  défend  en  même  temps  à  fous  n&eunîcrs,  même 

éê  ttomalne  ,    d'exiger    plus  grand    droit    que 

idoi  de    quatre  pour  cent ,   avec  inioné^tion  de 

icadre  P^ds  de  farine   ⣠ fon ,   pour  poids  de 

Ueily   oc  d*aller  prendre  le  grain,  &  reporter 

h  Ëirine  &  te  fon. 

Le  poids  des  farines  ,  oii  Ton  pèfe  tout  le  bkd 
foi  en  porté  au  moulin  &  toute  la  farine  qu^on 
en  rapporte ,  eft  une  excellente  précaution  que 
b  police  doit  prendre.  L'ufage  en  eft  fort  an- 
ciâi  ea  ÂUemagneî  il  ea  eft  fait  mention  dans 


M  E  u 


23 


un  règlement  de  Police  de  Saxe-Welmar  de  Tan 
1589-  En  1719»  Gûdfroi  Parco  dans  fon  corn- 
pendium  œc(?Aam/iC ,  propofa  de  pefer  le  grain  que 
l'on  fait  moudre,  &  Tannée  fuivante  Tufage  en 
fut  introduit  dans  tout  le  Brandebourg.  Mais 
il  y  a  bien  des  pays  où  cela  nVft  point  connu* 

En  général ,  pour  le  commerce  du  grain  ,  il 
faudroit  avoir  égard  au  poids,  pîuiot  qu'à  la 
niefure  ;  quelqu'un  en  a  très  -  bien  démontré  la 
nécefticé  dans  le  magafin  de  Hanovre  ,  de 
1767,  p.  1250.  Il  eft  facile  de  s*en  convaincre, 
(i  l'on  daigne  y   réfléchir  avec  foin. 

Cependant  le  prix  doit  changer ,  parce  qu'il 
y  a  une  variation  de  la  valeur  de  Targent  Se 
du  prix  des  grains;  mais  il  n^appartlent  jamais 
au  meunier  que  le  fciziéme  pour  droit  de 
mouture  ,  &  ce  fcixième  eft  eflîmé  félon  la  va- 
leur  afîuelle  des    grains. 

Les  particuliers  ont  coutume  de  payer  au 
moulin  en  fubflance ,  c'eft-à*dire,  en  grain  ou 
en  farine;  mais  c*eft  un  mauvais  ufage;  il  vau- 
dront mieux  payer  en  argent  les' meuniers  ,  & 
les  obliger  à  rendre  en  total  ce  quils  ont  reçu 
poids  pour  poids  »  au  déchet  près  de  la  mouture. 

Comme  on  a  défenfla  aux  mefureiirs  de  fe 
faire  payer  autrement  qu'en  argent,  &  de  prendre 
du  grain  pou  rieur  paiement,  il  dcvroit  être  défendu^ 
de  même  aux  meuniers  de  fe  faire  payer  autrement 
qu'en  argent.  11  y  a  déjà  long-rems  qye  Ton  connoît 
Tabus  où  Ton  eft  fur  cela ,  puifque  par  Arrêts  du 
parlement  des  1 1  Février  &  aS  Mars  1719,  la  cour 
ordonna  que  dorénavant  les  moutures  feroient 
payées  aux  meuniers  en  argent ,  &  non  en  blé. 

Obftrvaûom^ 

Il  ne  fera  pas  inutile  de  faire  mention  de  quel- 
ques défauts  qui  fe  rencontrent  dans  les  moitlins  , 
&  qui  ont  particulièrement  lieu  dans  ceux  que  Ton 
a  en  France  :  ils  nui  font  beaucoup  à  la  mouture  » 
tant  à  regard  de  la  qualité  de  la  farine  que  Toii 
obtient ,  que  de  la  quantité. 

Il  faut  obferver  de  ne  pas  prendre  des  meules 
courantes  trop  pefantes  ;  car  la  farine. qui  fort  de 
telles  meules  ,  eft  confidérablement  échauffée  par 
le  frottement  qu'occafionne  leur  trop  grand  poids» 
C'cft  le  défaut  des  meules  que  Ton  a  en  France 
&  dans  bien  d^autres  endroits  ;  elles  ont  fix  pieds 
de  dis  mètre  &  quelquefois  davantage  ,  &  elles^ 
pcfent  de  trente  à  quarante  quintaux  ;  celles  de 
^axe  ,  au  contraire  ,  n'ont  que  trois  pieds  &  demi 
de  diamètre  ^  &  elles  ne  pèfent  guère  plus  de  neuf 
à  dix  quintaux. 

Aulh  trouve- 1- on  que  ces  meules ,  qnl  font 
jufqu  à  foixante  tours  par  minute  ,  ècbauflent  fi 
fort  la  farine ,  qu'elle  ne  peut  pas  fe  bluter  com- 
me il  faut  à  mefure  qu'on  moud.  C'eft  pourquoi 
on  confelllc  d'abandonner  Tufage  de  bluter  aiB 
moulin,  &  de  îaiffer  refioidir  b  farine,  po«r  la 
biuxcc  enfiiise.  D'ailleurs ,,  on  ei^ploîc  daui  içtfùr 


24 


E  U 


ques  pays  un  fi  grand  nombre  de  blutoirs  »  que 
les  moulins  ne  peuvent  pas  les  faire  mouvair  fans 
inconvénient. 

Mais  il  y  a  un  moyen  d'éviter  toutes  ces  dif- 
ficultés ;  c'eft  d  adopter  la  mouture  laatonne  ,  & 
de  chercher  pour  cela  à  la  bien  connoitre.  La  fa- 
rine ne  s'échauffe  point  avec  les  moulins  que  Ton 
a  en  Saxe.  Pour  empêcher  qu'elle  ne  fe  blute  par- 
faitement à  mefure  qu'on  moud  ,  elle  entre  im- 
médiatement dans  le  blutoir  en  fortant  de  deflbus 
les  meules  ;  au  lieu  que  dans  quelques  moulins  , 
elle  pafle  dans  un  canal  pour  y  aller  ;  ce  qui  Té- 
chaulfe  plus  facilement. 

En  Saxe ,  Ton  n*a  point  cette  multitude  de  blu- 
toirs ;  Ton  n*en  a  qu'un  pour  chaque  forte  de 
mouture  ,  favoir  ,  un  pour  le  froment ,  &  un  au* 
tre  pour  le  feigle. 

Cleluî  dont  on  fe  fert  pour  le  bourgeois  efl  plus 
fin  que  celui  pour  le  boulanger.  Mais  comme  on 
Ta  vu  précédemment  »  on  repaie  plus  fouvent  en 
Saxe  la  farine  au  moulin  ,  en  forte  qu'elle  eft 
toute  également  fine,  quoiqu'elle  ne  foit  pas  toute 
de  la  même  blancheur. 

Tout  cela  ne  peut  pas  fe  pratiquer  dans  les 
moulins  dont  les  meules  colorantes  font  fi  pefantes , 
parce  que  la  farine  s'échaufferoit  à  un  tel  point , 
u  on  la  faifoit  paifer  auffi  fouvent  au  moulin  , 
qu'elle  en  feroit  altérée* 

On  nomme  mcuU  ardente  celle  qui  eft  plus  mor- 
dante par  les  Inégalités  qu'elle  a  naturellement  «  6c 
par  celles  qu'on  a  faites  en  la  piquant.  Et  on  dit 
en  France  que  pour  faire  une  bonne  mouture ,  il 
faut  que  la  meule  courante  foit  plus  ardente  que 
U  pfante. 

Ce  n'efl  pas  la  même  chofe  pour  tes  meules 
d'Allemagne.  Les  deux  meules  doivent  être  éga- 
lement ardentes  ^  on  dit  alors  qutUcs  tournent  en- 
fcmhte.  Cette  différence  vient  de  la  nature  des 
pierres,  celles  de  France  dc\'enani  plus  pefantes 
&  plus  faciles  à  échauffer  lorfqu'elles  font  trop 
ardentes. 

C'eft  fans  doute  pour  cette  raifon  que  Ton  pré- 
fére  dans  ce  pays-là ,  pour  avoir  de  belle  farine , 
de  fe  fcrvir  d*un  moulin  qui  a  moulu  pendant  fept 
ou  huit  jours  après  avoir  eufes  meules  r*habillées, 
c'eft-à  dire  ,  piquées  nouvellement  ,  plutôt  que 
d'un  autre  qui  n*a  fervi  que  fort  peu  de  temps. 

Ceft  le  contraire  en  Saxe  ,  oii  l'on  r'habille  les 
meules  toutes  les  vingt-quatre  heures  ,  fi  l'on  moud 
de  fuite. 

Il  paroic ,  après  cela  ,  bien  étrange  de  voir  qu'on 
les  biffe  en  France  quelquefois  deux  ou  trois  mois 
avant  que  d'y  toucher.  Ces  meules  émouffées  , 
avjec  le  poids  confid érable  qu'elles  ont ,  doivent 
fléceffairement  échauffer  fortement  la  farine.  Auiïï 
Ton  dit  en  Saxe  qu'une  meule  émouffée  hmU , 
&  qu'une  meule  nouvellement  piquée  moud 
frais* 

Eji  Allemagne,  un  mouUn  qui  a  fuffifamment 
^eau  ,  6c  dont  U  meule  courante  n'efi  point  trop 


M  E  u 

ufée  ,  peut  moudre  dix-huit  feriers  de  Dresde  en 
vingt-quatre  heures.  En  France, il  en  moud  dans 
le  m^mc  temps  ,  dix- huit  à  vingt  fetiers  de  Paris 
par  économie  ,  &  un  tiers  de  plus  fi  c  eft  en  gros. 
Mais  on  ne  peut  guère  faire  ici  de  comparaison  ; 
car  la  mouture  faxonne  eu  encore  bien  différente 
de  la  mouture  économique* 

La  quantité  de  farine  qu'un  moulin  fournit  dans 
un  temps  déterminé  ,  dépend  beaucoup  de  fa  conf- 
truâion.  Pour  en  donner  une  idée ,  nous  entre- 
rons dans  un  petit  détail. 

Il  faut  oblerver  que  la  meule  courante  a  un 
double  mouvement  :  elle  tourne  fur  fon  axe  ,  & 
elle  s'élève  &  fe  baiiTe  perpendiculairement.  Ce 
dernier  mouvement  ,  qui  pourroit  être  appelé 
trcmhlûjit ,  cft  produit  par  le  mouvement  du  palier 
qui  porte  la  lanterne  ,  le  frein  &  la  meule  elle- 
même 

Lorfque  le  palier  eft  tellement  coigné  par  d^- 
fous ,  qu'il  ne  peut  plus  fe  plier ,  la  meule  cou- 
rante ne  s'spproche  &  ne  s'éloigne  plus  alternati- 
vement de  la  meule  gifante  ,  &  le  moulin  ne  don* 
ne  pas  de  la  farine ,  mais  du  bkd  égrugé*  La  juûe 
proportion  du  palier  contribue  beaucoup  à  fournir 
dans  un  temps  donné  ,  la  plus  grande  quantité 
poiTible  de  farine.  Peu  de  meuniers  faifilTent  cette 
différence,  &  ceux  qui  la  connoiffent  en  font  un 
myftère.  Si  le  palier  eft  trop  fort  »  il  donne  pcm 
de  ferine  ,  tout  comme  s'il  étoit  trop  foible. 

Pour  trouver  la  jufte  proportion ,  il  faut  faire 
des  effais  jufqu'à  ce  quon  ait  attrapé  le  point. 
On  a  obfervé  qu*un  moulin  bien  fait  dans  cette 
partie  ,  moud  trois  fetiers  de  plus  en  vingt-qua- 
tre heures. 

Un  4iabile  meunier  faxon  entend  parfaitemeitt 
toutes  ces  chofes  ;  non  feulement  il  fait  r  habiller 
fes  meules  ,  mais  il  eft  encore  en  état  de  conf- 
truire  le  moulin  ,  ou  tout  au  moins  de  réparer 
beaucoup  de  chofes  qui,  par  un  frottement  con- 
fidérable  ,  font  bientôt  ufées. 

Il  feroit  à  fouhaiter  que  quelque  habile  meunier 
de  ce  pays-là  voulut  donner  au  public  un  traire 
de  la  conftruôion  des  moulins;  car  quoiqu'on  en 
trouve  de  bonnes  defcriptions  dans  les  ouvrages 
allemands  fur  la  conftu^ion  des  moulins  ,  cepen- 
dant il  faut  convenir  qu'il  n'y  a  point  de  traité 
complet. 

La  biuterie. 

Comme  l'on  fe  propofe  par  la  mouture  de  rè* 
duire  tout  le  grain  en  farine  &  en  fon ,  on  cher- 
che de  même  par  la  bluterie  k  féparcr  toute  U  £i^ 
rine  du  fon. 

On  peut  dire  que  plus  la  partie  farineufe  du 
grain  eft  féparée  de  (on  écorce  ,  qui  fait  le  fon  , 
&  que  plus  elle  eft  épurée  aufiî  du  germe  ,  qui 
compofe  en  partie  les  recoupettes  «  plus  elle  eft 
blanche.  Cefl  pourquoi  ce  qu  om  tire  de  plus  blanc 
des  grains  »  eft  la  première  farine  de  gruau  &  Ta- 
midon. 


M  E  U 

la  £irîne  d'amidon  cfl  encore  pîu^  blanche  que 
tâk  de  gruiii  *  comme  U  première  farine  de  gruau 
cA  plos  blanche  que  la  première  de  bkd ,  parce 
qm  la  farine  d'iinidon  tiï  encore  plus  épurée  de 
fiMiquû  n'cA  le  gruau  ,  comme  la  première  farine  ' 
it  graatt  cA  plui  purgée  de  fon  que  la  première 
£uiiie  de  bled  :  en  rédutûnt  le  gruau  blanc  en 
&niie«  on  aen  tire  aucun  fon.  Si  ce  gruau  éroic 
pvr^  il  ne  pourroîr  y  avoir  que  quelques  filets  im* 
pcrccpttb'es  ,  provenant  des  pellicules  qui  renfer- 
nenr  les  globules  de  farine  dans  le  grain. 

Pour  le  gruau  gris,  îl  donne  du  fon  lorfqu'on 
le  ftoioud  ,  parce  que  c^cA  ce  fon  qui  le  rend 
gris.  Le  gruau  bis  a  encore  plus  de  fon  que  le 
fpA  ;  il  contient  plus  du  germe ,  qui  en  altère 
infi  la  blancheur  »  non  la  qualité. 

Par  le  moyen  d'une  bluterie  bien  entendue  , 
on  purge  toute  la  farine  du  fon ,  &  on  en  fêpare 
les  gruaux ,  qu*on  peut  enfuite  pétrir  pour  en 
turt  du  pain  pour  le  baurg;:ois ,  qui  e{%  ce  qu'on 
tiommc  pain  Je  ménage  ;  ce  pain  bl&*blanc  ,  qui 
ni^liz  ainfi  de  ta  mouture-en-groffe  proprement 
dne ,  a  meilleur  goût  que  le  pain  blanc  qui  e(t 
k  produit  tic  la  mouture  économique,  parce  que 
k  furine  n*a  pas  perdu ,  par  trop  de  moutures  , 
(m  goût  naturel, 

j^infi  la  mouture  en  groffc  proprement  dite ,  qui 
traTaiile  autant  par  les  blutaux  que  par  les  meu- 
les ,  oa  pas  les  înconyénîens  non  plus  de  la  mou- 
lure rtmic|ue  ,  qui  ne  f::  fervant  pas  bien  des 
inciiks ,  ni  alTez  des  bluteaux  ,  met  dans  le  cas 
d'employer  à  nourrir  des  befliaux  ou  à  faire  de 
TaiDidoa  ,  ce  qui  peut  fervir  à  nourrir  mieux  les 
hommes. 

La  blaterlc  ne  fefait  nulle  part  aulE  bien  quen 
France ,  pas  même  dans  les  pays  où  Ton  fait  re- 
jnaudre  ;  on  n'y  fait  pas  bien  nettoyer  les  gruaux 
tvcc  les  blutoirs. 

Pendant  qu*on  a  perfeftionné  les  moyens  de 
woudre  les  grains  ,  on  a  appris  aufli  à  en  bluter 
la  Êirine:  on  sert  fervi  d'abord  pour  cela  de  ces 
loilcs  claires  qu*on  nomrne  canevas  ^  &  on  a  em- 
ployé auffi  des  tamis  de  crin  :  on  a  encore  fait 
pour  cet  ufage  des  efpéces  de  cribles  avec  des 
peaux  apprêtées  &  trouées*  On  a  nommé  fas  di- 
vers tamis  ,  du  nom  faa  ,  foie  ^  p^rce  qu'on  en 
a  fait  autrefois  avec  des  foies  de  cochon  &  de 
&iigUer. 

On  a  fabriqué  depuis  des  étamtnes  plus  6nes 
ai  Uioc  ,    en  poil  de  chèvre  ôt  en  foie. 

Enfin  on  a  Imaginé  de  donner  à  toutes  ces  diffé- 
mmes  efpéces  d'étamines  8c  de  toiîes  à  tamifer 
BOe  forme  cylindrique ,  Si  Ton  en  fait  ce  qu'on 
somme  Hutoir  ou  hîu*eau  »  qui  eft  coiopofc  d'un 
arbfi  tournant ,  de  fuf^ aux ,  de  cercles  »  de  bâtons , 
dTttoe  baguette  ,  d*une  manivelle  ,  d'une  trémie 
&  d'un  auge  t. 

On  fait  des  bluteaux  de  deux  à  trois  pieds  de 
Aaaétre,  qui  font  compofés  de  plufieu.s  échantil- 
loo»,  cVfl  à-dire  ,  qui  ont  dans  leur  longueur  plu- 
Ans  &  Métiers.  Tome  K  Pâme  L 


U  K  M 


'-') 


fieurs  lés  ou  largeurs  d'étamin^  &  de  canevas, 
placés  de  façon  que  ce  qui  f^lt  la  largeur  des 
étamtnes  compofc  ta  longueur  des  blutoirs  ;  ils 
ont  depuis  cinq  pieds  jufqu'à  neuf  de  longueur, 

0(i  attache  des  cordes  ou  des  baguettes  dans 
ces  bluteaux  ,  pour  aider  à  agiter  &  à  féparer  les 
farines  &le  fon  ,  qui  fe  mettent  en  pelottes  ;  d'ail- 
leurs ces  cordes  foutiennent  auiïi  les  blutoirs  ; 
il  ne  faut  pas  quHh  foîent  lourds  ôc  matériels  ;  iU 
ne  fauroicnt  être  trop  leiies. 

Il  faut  les  bien  monter  ,  &  leur  donner  environ 
un  pouce  de  pente  par  pied  ,  fuivanc  la  longueur 
de  la  huche.  On  donne  au  tluteau  »  dans  une 
huche  de  huit  pieds  ,  huit  pouces  de  pente. 

Les  étamines  à  bluteau  portent  ordmasrement 
un  tiers  de  largeur;  il  y  a  de  ces  étamines  qui  n'ont 
qu'un  quart  ,  6l  elles  font  de  vingt  aunes  à  la 
pièce. 

Les  étamines  font  de  diÔerentcs  fine/Tes  ;  on 
les  défigne  ordinairement  depuis  le  n'^.  ii  ,  juf- 
qu'au  n^  44  ,  c'eft-à-dire ,  elles  ont  depuis  1 1  juf- 
qu'à  44  fils  dans  chaque  portée  ;  &  elles  ont  douze 
à  quinze  portées* 

Ces  portées  font  les  bouts  des  fils  doiu  eft  corn- 
pofée  l'éramine ,  &  qui  font  raflemblés  en  petits 
paquets  ,  qu'on  peut  voir  aii  bout  de  chaque  pièce 
d'étamine* 

On  conçoit  aifément  que  moins  les  étamines 
ont  de  fils  dans  la  même  largeur ,  moins  les  bïo- 
toirs  font  fins ,  parce  que  les  Intervalles  des  fils 
font  d'autant  plus  grands ,  qu  il  y  a  moins  de  fils  de 
même  grofïeur  dans  la  même  étendue.  Ces  étamines 
font  faites  de  laine  ûnCs 

Le  bluteau  pour  le  blanc  &  pour  le  blanc  bour- 
geois eft  ordinairement  du  n°  38,  c'eil  à-dire  ,  que 
ce  bluteau  efl  aujourd'hui  compofé  de  38  fils;  ce 
qui  cependant  eft  fujet  à  varier. 

Les  étamine*»  de  foie  portent  un  quart  &  demï  en 
largeur  ^  &  environ  un  pouce  de  plus  »  ce  qui  fait 
un  pied  cinq  pouces  ;  il  y  en  a  de  cinq  fortes 
différentes  en  fineffe. 

Ordinairement  les  meuniers  fe  fervent  de  tamîi 
de  laine  de  mouton  ,  &  les  boulangers  emploient 
des  tamis  de  foie  Se  des  quintins. 

Les  bluteaux  de  foie  font  employés  pour  les 
farines  les  plus  fines  »  pour  les  farines  de  gruau.  Où 
fe  fert  aujourd'hui  de  blutoirs  de  foie  ^  beaucoup 
plus  qu'on  ne  faifoit  autrefois  ;  les  bluteaux  de  foie 
durent  plus  long-temps  que  les  autres  ;  c'eft  ce  qui 
fait  qulls  coûtent  moins  >  quoique  le  premier  achat 
en  foit  plus  cher. 

Les  étamines  à  bluteau  en  bine  fc  fabriquent  à 
Rheims  'y  on   y  en  fait  aufti    de  foie  ;    m^is  les 
tamis 
Pjris. 


de    foie    fe    font    plus    communément   à 


Pour  ce  qui  eft  des  canevas  ,  îl  y  en  a  d'un  quart 
&  demi  j  d'une  demi-aune ,  de  deux  tiers  tk  de'  trois 
quarts. 

Le  quintïn  eft  une  efpèce  de  canevas  ;  c'eft  une 
toile  apprêtée  &  bleue  ,  qui  a  une  demi-aune  moins 


un  fcizièine.  Lcf  quînci  ns  font  aînfi  nommés  du 
pays  où  on  lei  fabrique ,  qui  ell  en  Bretagne.  Il  y 
a  des  quindns  de  différentes  grolfeurs ,  depuis  le 
n^  18  jufqu'au  n<*.  10* 

C*cA  fur-tout  en  imaginant  de  nouveaux  blutoirs 
pour  ftparer  plus  parfaitement  la  farine  St  le  grtiau 
du  fon  ,  qu'on  a  pcrfeélionnè  Fan  de  moudre  le 
erain  ôt  de  remoudre  le  gruau.  On  employa  d*a- 
bord  des  blutcau%  différens  en  grofTeur  les  uns  des 
autres  ,  puis  on  inventa  des  bluteaux  de  plufieurs 
grofTeurs  chacun. 

On  emploie  encore  plus  de  blutoirs  dans  ta 
mouture  feptentrîonale  que  dans  ta  méridionale* 
On  ne  fe  ftri  que  de  deux  bluteaux  dans  la  mou- 
ture méridionale»  par  le  premier  defqucU  on  tire  , 
comme  je  Tai  déjà  dît  »  la  farine  de  mlnot  ;  puis 
ta  farine  qu'on  nomme  le  /îmvle  ;  enfin  le  gréllllon. 
Par  le  fécond  bluicau ,  on  fepare  feulement  la  re- 
paie du  fon* 

Pour  bien  bluter,  il  faut  un  mouvement  réglé 
Sl  proportionné  ;  il  faut  que  le  grain  moulu  tom- 
be par  une  trémie  ,  &  il  faut  avoir  foin  de  ren- 
tre tenir  pleine  pour  qu'elle  fournîlTe  à  Tauget  à 
mefure  q*i*il  le  vide  *,  or  Taugct  fe  vide  par  le 
itiéme  mouvement  par  lequel  on  fait  mouvoir  le 
btuti^au  tournant  ;  c*eft  pourquoi  la  trémie  eft 
entretenue  par  une  poche  qui  reçoit  d'un  tas 
dans  un  grenier,  par  un  trou  au  plancher,  la  fa- 
rine &  le  fon  y  qui  ,  confondus  enfemble  ,  tom- 
bent fans  interruption  &L  plus  également.  Il  faut 
environ  une  heure  de  temps  pour  bluter  un  fetier 
de  farine  de  cette  façon. 

Quand  au  contraire  on  rcngrène ,  foit  à  la  cor- 
beille ,  foit  à  la  pelle  ,  il  ne  faut  pas  Le  faire  de 
façon  que  cela  tombe  tout  à-coup  dans  le  blutoir , 
ce  qui  Tengorgeroit ,  ou  du  moins  cela  troit  iné- 
galement. Il  faut  que  cela  tombe  fucceflîvement 
Se  continuellement  ^  de  forte  que  le  bluteau  foit 
toujours  garni  proportionnellement  dans  toute  fa 
longueur  ,  pour  qu*il  ne  fe  trouve  pas  être  plein 
dans  fon  commencement ,  &  vide  dans  fon  ex- 
trémité. 

Pour  concevoir  l*ordre  avec  lequel  s'exécute  une 
bhucrie  bien  entendue ,  il  faut  fe  figurer  la  difpo- 
fiiton  des  btuteaux. 

On  fait  tomber  par  une  trémie ,  dans  le  premier 
de  ces  blutoirs ,  le  grain  moulu ,  tel  quil  eft  forti 
d'entre  les  meules  en  farine  &  en  fon  confondus 
enfemble ,  ce  que  Ton  nomme  h  ramt  dans  la  mou- 
ture méridionale. 

On  tourne  par  une  manivelle  ce  bluteau  fur  fon 
aie.  Le  fon  &  la  farine  étant  agités  par  ce  mou- 
vement dans  le  blutoir ,  ta  plus  fine  farine  p^fle 
au  travers  :  c'eft  ce  qu'on  nomme  ia  farine  dt  iUd , 
&   U  féconde  farine  paffe  dans  une  autre  partie. 

Ce  qui  n*a  peint  paffc  au  travers  de  ce  premier 
bluteau  cA  le  fon  gris ,  qui  conitem  du  gruau  & 
de  la  farine. 


Ce  fon  gras  fort  par  Textrémité  du  premier  Ma» 
toir ,  &  il  entre  ou  il  rengrène  dans  un  autre  blu- 
teau moins  fin  ;  c'cA  par  ce  fécond  bluteau  que 
paiTe  la  farine  qu'on  nomme  bh- blanc  ,  qui  tA 
compofée  de  farine  &L  d'un  peu  de. fon  converti 
en  farine, 

Dans  quelques  blineries ,  les  premières  étamî- 
nés  du  premier  bluteau  font  plus  grofTes  que  ne 
le  font  les  étamines  fui  vantes ,  quoique  ce  foit  la 
farine  la  plus  fine  qui  pa0e  la  première  par  ces 
groffes  étamines  ,  &  que  h  farine  la  plus  gro/Tç , 
qui  eA  la  bife  »  pafle  enfuite  par  les  étamines  qui 
iont  plus  fines  :  ce  qui  arrive  parce  que  la  farine 
étant  en  plus  grande  quantité  dans  la  première 
partie  du  bluteau,  elle  paffe  par  fa  fineflc  la  pre- 
mière ,  encore  plus  aifément  que  celle  qui  eft  moins 
fine  avec  laq^iielle  elle  eft. 

Tonte  la  bne  farine  ne  paiïeroit  pas  affez  tôt ,  il 
s'en  poneroit  avec  la  farine  bife  dans  la  fuite  du 
bluteau  ,  s'il  étoit  fin  dans  fon  commencement.  La 
farine  qui  eft  plus  groflTe  paffe  enfuite  par  le  refte 
du  blureau  qui  eft  plus  fin  ,  parce  que  cette  fa- 
rine eft  la  moins  groffe  de  ce  qui  refte  à  paffér. 

Dans  le  fcond  blutoir ,  qui  eft  pour  le  bis-blanc  ^ 
rétamine  la  plus  fine  eft  toujours  placée  la  pre- 
mière ,  8t  la  groffe  la  dernière  ,  parce  que  le  fc^ 
cond  bluteau  étant  moins  plein  que  le  premier  ^ 
les  farines  fe  féparent  plus  librement  des  gruaux 
&  du  fon.  Mais  dans  run  &  dans  l'autre  de  ces 
bluteaux ,  dans  tous  ,  la  farine  la  plus  fine  paffe 
toulours  U  première. 

Ce  qui  refte  après  le  bis-blanc  «  c'eftà-dîre,  ce 
dont  le  bis-blanc  a  été  féparé  dans  le  fécond  bluteau , 
eft  le  fon  mêlé  encore  avec  un  peu  de  farine  &  avec 
le  gruau. 

On  met  ce  qui  eft  fortî  par  rextréraîiè  du  Ce» 
cond  bluteau  après  avoir  bluté  le  bis-blanc  ,  dans 
un  troifième  blutpir'',  dont  b  première  étamine 
eft  encore  affez  fine  ,  &  eft  cfeftinée  à  tamifer 
ce  qui  eft  refté  de  farine  »  pour  U  remettre  avec 
le    bis- blanc. 

Ce  bluteau  eft  plus  gros  que  le  fécond  par  trois 
étamines  qui  font  graduellement  plus  grolies  Tune 
que  l'autre  ,  pour  taiffer  paffer  le  gruau  blanc  »  le 
gruau  gris  &  le  gruau  bis. 

Ce  qui  refte  de  ces  gruaux  contient  avec  le  foit 
quelque  chofe  de  farineux  encore  ,  dont  on  le  ft* 
pare  par  un  quatrième  blutoir  beaucoup  plus  gros 

aue  les  autres  ,  qui  eft  compoféf  de  canevas  de 
ifférentes  groffeurs ,  par  lef^uets  on  féparc  les 
recoupettes  &  les  recoupes  du  fon  maigre ,  qui  efl 
le  gros  fon  ,  ou  fon  fec. 

On  repaffe  encore  les  gruaux  par  des  fas  entre 
les  bras  :  on  a  ordinairement  deux  f^s  de  groffeurs 
différentes  pour  paffer  les  différens  gnuux  ,  qu'on 
féj3are  ,  par  ce  moyen ,  d'une  efptce  de  recoii- 
petcc. 

Les  inconvemîens  d'une  Wuterîe  font  qu*aii  y 
emploie  des  ouvriers  &  du  temps  ,  ce  qui  n'ar 


» 


» 


w  loriqo'on  blute  par  le  mouvcmcBt  du 
!a  ,  &  encore  les  hommes  font  fujcts  à  tout- 
'  taègalèfnent  les  blutoirs  ;  maïs  d'un  autre  côté , 
l)ioi4ÔTinitç  eft  contraire  ,  lorfque  le  bluteau  s'en- 
goac.  Dans  la  mouture  ruftique,  &  pir  Tècono- 
fiique,  la  farine  fe  trouve  blutée  fans  main-d'œu- 
fTC,  par  le  mouvement  même  du  moulin  :  le  pre- 
mier bluteau  fèpare  les  fonnes  ,  &  le  dodinage 
Attngue  les  gruaux.  Le  bluteau  &  le  dodinage 
«oclfcè»  au  moulage  font  comme  une  bluierie  au 

IBOtlI|I}«  ^ 

Il  y  a  de  la  difficulté  de  proportîomjcr  la  grof- 
tctu  des  bluteaui  à  la  force  des  moulins  ;  car  plus 
uti  motiHn  moud  fort  &  vite ,  plus  il  faut  que  le 
blutoir  débite  à  proportion  ,  &  il  faut  par  confé- 
queot  qu'il  foit  un  peu  plus  gros ,  parce  qu'il  eft 
itkeffûrc  qn*il  laifle  paiTer  vire  la  farine,  puifqu'il 
s'en  préfente  plus  dans  le  même  temps  fi  les  meu- 
ics  vont  vite,  &  fi  elles  moulent  promptement  : 
im  mouHo  qui  cflSeure  bien  ,  fouffre  un  blu- 
teau plus  gros  ,  fans  que  la  farine  en  foit  plus 
bife. 

Dam  Torigtoe  de  la  mouture  économique  ,  les 
Uiiteaiix  dont  on  fe  fervoit  pour  tirer  la  première 
fanae  de  bled  étoîent  bien  plus  gros  qu*ils  ne  font 
asjottnfhui  ;  &  par  un  petit  dodinage,  on  tiroit 
fettleiiiein  en  petit  le  gruau  bis  qu'on  remoubit , 
&  mime  on  ne  favoit  cela  alors  qu'à  Senlis  ,  à 
BeauDonc  &  à  Chambli.  Eofuite  on  a  perfc6Honnè 
cette  pratique  ,  &  on  Ta  fuivie  ailleurs ,  comme 
a  Pomoîfe, 

Mali  il  paroît  que  c'eft  à  Melun  que  Ton  a 
commencé  à  bien  bluter  &  à  bien  afl*Drttr  les  fa- 
fines  ,  comme  c'eft  à  Senlis  qu'on  a  commencé 
è  (avotr  remoudre.  Je  veux  dire  qu'il  y  a  appa- 
teocc  que  c'eft  à  Melun  que  la  mouture- engrofîe 
proprement  dite  a  pris  fon  origine,  on  du  moins 
foe  c*cfl  dans  cette  ville  qu  elle  s'eft  pcrfeftion- 
née  ,  comme  c'eft  à  Senlis  que  la  mouture 
écooomjtpje  a  pris  naiflance  &  s'eft  perfec- 
lîoiioéc*  I 

Il  faut  des  bluteaui  plus  ou  moins  fins  ,  non- 
feolement  félon  la  force  du  moulin ,  mais  encore 
fieioo  b  CcchcreiTc  du  grain  ,  &  même  félon  la 
£ûfo]3  8c  la  température  de  l'air  :  lorfque  le  bié 
€&  kc  ^  il  faut  des  blutoirs  déliés  j  &  au  con- 
traire  pour  des  blés  tendres ,  il  les  faut  plus  ronds  , 
c'eil4-dire  ,  plus  gros  ;  en  un  mot ,  il  faut  des 
bltitoirs  plus  fins  dans  un  temps  fec  ,  que  dans  un 
temps  humide* 

Tout  confidéfè  ,  on  fera  bien  d'abandonner  Tu- 
Cigc  de  bluter* au  moulin  à  mefure  qu'on  moud  » 
parce  qu'on  ne  peut  bien  bluter  une  farine  tant 

Sï'dïc  eft  chaude,  comme  elle  l'ell  toujours  au 
^  rrir  des  meules.  On  eft  obligé  d'abandonner 
lavamage  qu^on  en  tirerolt  par  rapport  à  la  main- 
f  ttinrre  &  au  temps  ^  parce  que  le  défavantage 
«a  cfl  plus  grand  par  la  perte  de  la  farine. 

n  ne  faut  pas  craindre  dans  ce  cas  d'avoir  à  em- 
ployer les  hommes  y  parce  que  c'eft  un  moyen  de 


leur  faire  gagner  leur  vie  ;  contme  il  ne  faut  pas 
craindre  d'employer  des  machines  au  lieu  d'hom- 
mes ,  lorfqu'on  le  peut ,  parce  que  le  bien  public  » 
par  lequel  doit  être  réglé  le  bien  particulier,  fe 
trouve  dans  l'un  &  dans  Tauti;^. 

Jamais  la  bluterie  ne  peut  bien  fe  foirfe  dans 
le  moulin  ,  quand  même  on  laiflcroît  refroidir  la 
farine  avant  de  ta  bluter  «  ce  qui  demande  plus 
d'un  jour  »  pujfqu'une  farine  n'eft  reccvable  qu'a- 
près ^4  heures  qu'elle  a  été  moulue  ,  à  caufe 
de  cet  inconvénient  de  la  chaleur  >  qui  eft,  très- 
forte  par  une  meule  qui  pèfe  environ  3700  livres  , 
&  qui  fait  plus  de  foixante  tours  en  une  minute. 

Le  même  mouvemtïnt  du  moulin  ne  peut ,  fans 
inconvéniens ,  faire  mouvoir  le  grand  nombre  de 
blutoirs  qu'il  eft  néce flaire  d'employer  pour  bien 
blutçr  les  farines  ,  les  gruaux  ,  les  recoupeties  fie 
les  recoupes  ^  ce  grand  nombre  de  bluteaux  &  de 
fas  qu'il  faut  employer ,  formeroit  dans  le  mou- 
lin un  embarras  qui  rend  la  chofe  impraticable. 
D'ailleurs  »  de  bluter  au  moulin  donne  occafion 
de  faire  tort  à  ceux  pour  qui  on  moud  &  pour 
qui  Ton  blute  ;  il  eft  bien  plus  fimple  &  plus  fôr 
de  rendre  tout  enfemble  au  poids  ,  que  par  parties 
divifées. 

Il  faut  néceflairement  une  bluterie  hors  le  mou- 
lin ;  &  pour  s'y  épargner  la  main-d'œuvre  ,  il 
faudrolt  fe  fervlr  d'un  tôurne-blutcau  ,  compofé 
comme  un  tourne-broche, 

La  farim  en  général» 

Tout  le  monde  fait  qu'on  entend  ordinairement 
par  firine  une  efpèce  de  poudre  nourrllTante,  qui 
eft  plus  ou  moins  fine  &  blanche.  Sa  dénomina- 
tion vient  du  mot  fir ,  qui  étoit  le  nom  d'un  îro* 
ment  qui  fut  le  premier  qu'on  imagina  de  réduire 
en  poudre  ,  pour  s'en  servir  dans  le  temps  qu'on 
mangeait  encore  les  grains  entiers  ,  mondés  ou 
concaffés  en  gruaux. 

On  ne  doit  pas  compter  au  nombre  des  farines 
alimentaires  ,  ce  que  quelques  auteurs  nomment 
farines  minérales:,  ce  qui  n'cft  qu'une  efpéce  de 
marne  en  poudre  fine  qui  fe  trouve  dans  quelques 
endroits  de  l'Allemagne  à  la  furface  de  la  terre 
6c  dans  les  fentes  des  montagnes. 

Comme  il  n'eft  pas  de  farine  minérale  propre- 
ment dite  ,  on  conçoit  qu'on  ne  doit  pas ,  à  Fexem- 
pie  de  quelques  auteurs  ,  nommer  farine  animaU 
la  poudre  de  poiflbns  fecs  ,  dont  viveitt  certains 
peuples ,  après  l'avoir  mêlée  avec  de  Técorce  de 
pins. 

Pour  ce  qui  eft  de  la  farine  d'os ,  dont  quelques 
hiftoriens  font  entendre  qu'on  fit  du  pain  dans  le 
temps  du  fiégc  de  Paris  en  1590,  on  peut  dire 
feulement  que  les  aftiègés  furent  réduits  à  une 
telle  difette ,  que  quelques-uns  cherchèrent  de  la 
nourriture  dans  les  os  mêmes  éc^  morts  ,  &  vou- 
i  lurent  en  faire  dn  pain  après  les  avoir  réduits  en 
\  poudre;  mais  ce  tui  une  tentative  de  défefpèrés: 

Dij 


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oo  n*a  pu  trouver  dans  les  os  d'hommes  morts 
de  maladie  ou  de  mlfère  pour  la.  plupart  ,  un 
aliment  propre  à  nourrir  les  vivans. 

Les  farines  vé|ètalc5  font  les  feules  dont  on  faffe 
Aiî  pain  proprement  dit  ;  les  farines  des  grains  font 
en  général  les  meilleures  fie  les  plus  en  ufage,  du 
moins  en  Europe. 

La  partie  farineufe  des  végétaux  rèfidc  dans  dif- 
férentes parties  des  plantes ,  félon  les  différentes 
plantes.  On  tire  les  farines ,  ou  des  grains  »  com- 
me du  froment ,  du  feigle ,  de  Tépeautre ,  de  Toige  , 
de  Tavoine  ,  du  millet ,  du  farrazin ,  du  mats  &  du 
riz  ;  ou  de  certains  fruits  ,  comme  de  ceux  de  Tar- 
bre-à-paia ,  comme  des  châtaignes  dc  des  faînes  ; 
ou  des  troncs  de  quelques*  arbres  ,  comme  des 
palmiers,  dont  il  y  a  un  grand  nombre  d'efpèces 
différentes  qui  contiennent  une  moelle  farineufe  , 
d'où  vient  le  Sagou* 

On  peut  tirer  aufli  des  farines  de  plufieurs 
fortes  de  racines  ,  comme  de  celles  de  magnoc , 
de  Tjruca ,  du  falep ,  des  pommes  de  terre ,  &c. 

Des  différentes  farines. 

On  peut  tirer  du  même  grain  divcrfes  ferînes 
pour  la  mouture  ;  le  même  blé  donnera  dans  un 
moulin  de  la  farine  revêche  ,  &  par  un  autre 
moulin ,  une  bonne  forme  ordinaire  ;  enfin  >  la 
farine  feri  dlfTéreute  par  le  même  moulin  j  félon 
qu*il  fera  mené. 

i-€s  différences  de  ces  farines  ne  font  pas  feu- 
lement en  blancheur  &  en  fineffe ,  mais  aufld  en 
confiflancc  &  en  propriétés  particulières.  Les  fa- 
rines font  différentes  encore  félon  les  années, 
iefon  les  territoires  »  les  climats ,  &  les  diverfes 
efpèces  de  blé. 

On  nomme  différemment  les  diverfes  sortes  de 
farines  ,  félon  les  différens  pays  &  félon  les  diffé- 
rentes méthodes  par  lefquelles  elles  ont  été  moulues 
&  blutées*  On  peut  dire  en  général  ,  qu'aujour- 
d'hui ,  fie  fur-tout  dans  les  environs  de  la  capitale, 
il  y  a  quatre  fortes  de  farines  ;  favoir  (  félon  la 
mouture  en  groffe  proprement  dite),  i"*,  La  pre- 
mière farine  ,  qui  eft  le  blanc,  l^  La  féconde  fa- 
rine, qui  eft  îi  his'hUnc,  3*"  La  troLfiéme  farine, 
qu'on  nomme  première  de  gruau,  4**.  £nfixi ,  la 
quairième,  qui  efl  le  gruau  bis. 

Dans  la  mouture  économique  »  on  nomme  ta 
première  farine  ,  farine  de  blé  ;  la  féconde ,  fui- 
vant  Tordre  de  la  fabrication  par  la  mouture ,  eft 
la  premièfe  de  gruau,  La  troifiéme  eft  la  féconde 
farine  de  gruau;  fie  la  quatrième  eft  la  dernière 
farine  des  gruaux* 

Dans  la  mouture  méridionale  »  la  première  fa- 
rine eft  la  farine  de  mtnot*  La  fecon  Je  farine  eft 
celle  qu'on  nomme  du  fimple.  La  troifiéme  ^d' le 
gréfiUon ,  &  la  quatrième  eft  U  rip,ijfc, 

t>ans  la  mouture  en  grofle  proprement  dite ,  il 
y  2  des  farines  en  gruaux,  &  dans  la  mouture 
méridionale ,  il  y  a  des  farines  en  gréfillon  fie  en 
te|)affe« 


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Pour  la  mouture  ruftlque ,  ou  Ton  ne  fait  pai 
remoudre ,  8e  ou  Ton  blute  mal ,  il  n*y  a  ordi- 
nairement qu*une  farine  i  le  refte  fort  avec  le  fon. 

Les  recoupettcs  fie  les  recoupes  font  à^  cfpéces 
de  firlnes,  qu'on  nomme  aufli  petites  farines  ;  il  y 
en  a  qui ,  au  lieu  de  compter  les  recoupettes  fit  les 
recoupes  au  nombre  des  farines  ,  les  mettent  au 
contraire  au  nombre  des  fons. 

On  diflingue  aufft  les  diverfes  &rines  fous  les 
noms ,  r.  de  fieur  de  farine  ;  **•  de  farine  blanche  ^ 
j""-  de  farine  bifeP 

Il  y  a  donc  farine  blanche,  bis -blanc,  gruau 
blanc ,  gros  gruau  ou  gruau  gris  ,  recoupettes  > 
recoupes ,  ^  eniîn  le  fan  ou  bran. 

Lorfque  le  bluteau  au  moulin  eft  de  deux 
fincffcs  ,  la  farine  de  blé  eft  de  deux  fortes  :  la 

Eremiére  eft  la  fine  fleur  de  farine  ,  qui  eft  la  plus 
lanche  ;  la  féconde  eft  un  peu  bifc  ,  elle  n*eft 
pas  A  douce  au  toucher ,  fie  eUe  fait  le  paîn  bis- 
blanc  ;  fa  quantité  eft  ordinairement  le  double  de 
celle  de  la  âeur  de  farine. 

La  fine  fleur  de  farine  eft  toujours  la  plus  belle, 
mais  elle  diffère  félon  les  différentes  fortes  de- 
mouture  :  dans  la  mouture  méridionale  ,  la  fleur 
de  farine  eft  la  farine  de  minot  ;  dans  la  mouture 
économique ,  la  fleur  de  farine  eft  la  féconde  farine  , 
qui  eft  la  première  de  gruau  ;  fit  dans  la  mouture  ei» 
groffe»  la  fleur  de  farine  eft  toujours  la  première. 
Il  faut  favoir  que  dans  toutes  les  moutures  ce 
qu'on  nomme  U  blanc  eft  la  première  farine  ;  on 
nomme  blanc-bourgeois  la  farine  du  premier  gruau  » 
qui  eft  un  produit  de  la  mouture  économique  :  la 
première  farine  de  blé,  le  blanc  ^  n'eft  pas  plus 
fin  que  le  blanc-boureeois  ,  que  la  première  fa- 
rine de  gruau;  maisie  blanc  eft  plus  doux  aa 
toucher ,  ^  le  blanc  bourgeois  a  plus  de  corps. 

La  bifaiUe  eft  la  dernière  farine;  elle  eft  com- 
poféc  (ur-tout  du  germe  du  grain  ^  d  un  peu 
de  fon  ,  moulus  ^  môles  avec  un  peu  de  farine. 
La  bifaille  a  de  la  qualité ,  clic  eft  bonne  par  le 
peu  de  farine  qu  elle  contient ,  ^  par  le  germe 
qui  y  eft  en  farine;  mais  la  bifaille  eft  mauvaife 
par  le  fon  qui  y  eft  en  poudre  îm^^ 
'  Le  bis  de  la  farine ,  vient  ou  de  la  meule  ,  qui  , 
étant  trop  ardente,  a  mis  du  fon  en  farine;  ou 
du  bluteau ,  qui ,  étant  çros  ,  a  laiffc  paffer  du 
fon  fin  avec  de  la  farine.  Il  y  a  cependant  des  fa- 
rines bien  épurées  de  fon  qui  font  bifes.  Les  farines 
peuvent  être  bifes  par  d'autres  caufes;  favoir,  ou 
parce  que  le  grain  dont  elles  font  fortîes  étoit 
naturellement  moins  blanc  intérieurenfient;  ou  ,  g< 
qui  arrive  fouvent,  elles  font  bifes,  parce  qull 
y  a  dans  ces  farines  un  peu  de  germe  moulu,  & 
elles  en  font  meilleures, 

La  farine  piquée  eft  différente  de  la  bife  :  la 
farine  piquée  eft  comme  tachée,  par  des  parties 
de  foo  ancz  groffières  qui  relèvent  la  blancheur 
de  la  farine  ;  ce  défaut  vient  du  bluteau ,  qui  eft 
troué  ou  éraillé* 


* 


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La  fimoe  btfe  eft  de  momdre  qualhÀ  que  la 
ktinc  piqi^ce  :  le  fon  n*eft  pas  en  aulfi  grande 
quactîtè  ,  quoique  plus  gros  ,  dans  U  farina  pi- 
quée, que  dans  la  farine  bife.  La  farine  piquée 
ne  peut  Tenir  que  ûa  bluteau  qui  étoit  trop  gros 
dam  quelqu'une  de  fcs  parties  ,  qui  n'étoit  pas 
è|al ,  qui  ècoit  ufè  ou  troué  f  au  lieu  que  les 
aines  bifes  viennent  Ôc  du  blmeau  &  de  la  meule , 
nats  fur  tout  de  la  meule,  lorfqu'on  moud  trop 
foft  8i  trop  de  fob- 

H  cft  encore  d'autres  farines  qui  portent  diffé- 
rcQs  m>ins  félon  les  diverfes  qualités  dont  elles 
iooi  dou^e;  :  il  y  a  farints  crcufcs  ou  molles  ,  fa- 
rtMês  dures  ou  gmauUufes ,  &  farines  rcvêches. 

Lès  urines  que  quelques-uns  nomment  creufes  ^ 
iom  des  fimnes  molles  6l  légères ,  comme  font  les 
premières  farines  de  blé  »  iur-tout  celles  des  gros 
blés  tendres. 

Les  farines  gruauleufes  &  dures  font  des  farines 
lie  gruaux  ,  ou  de  blés  fecs ,  gris  ou  glacés.  Ces 
Êirines  ne  font  pas  fi  douces  au  toucher;  elles 
ont  plus  de  poids  &  plus  de  corps, 

Les  fariaes  rcvèches  font  des  farines  qui  ne  font 
pas  à  Tordinalre  ,  &  qui ,  en  général ,  font  plus 
oifidles  à  traiter  par  quelque  qualité  que  ce  foît. 
Ufe  trouve  des  farines  rcvêcnes  dans  les  efpéces  des 
Ixiûncs  firmes ,  &  dans  les  efpéces  des  mauvaifes, 
L  lires  farines  font  fouvent  celles  qui  font 

çlui  ^. i  à  traiter;  il  y  a  encore  de  mauvaifes 

tai-ines  difficiles  à  traiter,  qu'on  nomme  revêches. 

Une  farine  revêchc  cft  plus  difficile  à  travailler , 
ï  pétrir  &  â  cuire  ;  elle  demande  en  la  pétri flant 
idas  de  levain  ,  &  il  le  faut  plus  }eune  ,  fi  elle 
cft  de  l'efpéce  des  mauvaifes  urines  :  pour  les 
bûoses  farines  ,  lorfqu*el!es  font  revéches ,  elles 
demandent  plus  de  travail  pour  les  bien  pétrir  ^ 
&  plus  d*apprét« 

U  y  a  au£  éts  blés  rcvèches  »  comme  font  ceux 
des  cetfcs  nouvellement  marnées  ;  les  farines  de 
ces  blés  font  revéches  auflî  :  une  farine  de  blé 
reviche  vaut  mieux  en  général  ,  qu'une  farine 
de  blé  de  foible  qualité. 

D  faut  traiter  les  farines  revéches  di^eremment 
(àxm  ce  qui  les  rend  revéches ,  comme  nous  Tex* 
|lqi»erom  dans  la  fuite.  Toute  farine  revêche  doit 
être  traitée  autrement  qu'on  ne  travaille  les  bonnes 
farines  ordinaires  ;  mais  il  y  a  telle  farine  revêche 
fin  d^oiaTKle  de  Tcau  plus  chaude  ;  Tautre  a  befoin 
^'cUe  foit  plus  froide  qu'on  ne  remploie  ordi- 
nrêmem  ;  il  faut  aux  unes  le  four  moins  chaud  ; 
mr  la  plupart  il  le  faut  plus  chaud  j  ce  qu'ils  appel- 
rat  le  fctir  chauffé  plus  roi  Je* 

Quoiqu'on  entende  le  plus  fouvent  par  farine 
nvicke  une  bonne  farine  qu'il  faut  traiter  extraor- 
éiltûremem  »  cependant  les  meilleures  farines  font 
ceBesqui  ne  foot  ni  trop  faciles  »  ni  trop  difficiles  à 
fnvaîUer  ;  en  un  mot  ,  il  eft  de  bonnes  farines  qui 
i^  {ipai  point  revéches  «  même  les  meilleures. 

Au  rerte  »  les  défavaniages  de  la  farine  revêche  > 
ODt  vkrmca:  de  ù.  dureté  8c  de  fa  force ,  font 


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bien  compenfts  par  l'avantage  qu*ils  procnrenr 
de  faire  de  bon  pain  t  la  croûte  du  pain  de  fa- 
rine revêche  a  moms  de  couleur  ,  quelque  chaud 
qu'ait  été  le  four  ,  mais  le  pain  en  eft  meilleur 
au  goût, 

La  farine  des  blés  de  B^auce  eft  fujette  à  être 
revêche.  Se  fon  gruau  aufii.  Il  y  en  a  qui  croient 
que  U  farine  de  Picardie  ell  encore  plus  revêche 
que  celle  de  Beauce  :  ce  n'eft  pas  qu'elle  f^it 
meilleure  ;  elle  eft  revêche  par  une  autre  caufe , 
qui  la  rend  encore  plus  extraordinaire  h  mettre 
en  oeuvre.  Les  farines  de  Mc;lun  ,  du  Soiiîonnois 
&  de  riile-de- France,  paftent  pour  être  moins 
fujettes  à  être  revéches. 

Le  choix  de  la  farine* 

Pour  faire  choix  de  la  farine ,  il  faut  favoir 
diflingucr  la  bonne  de  la  mauvaife ,  &  conjïoîtrc 
en  quoi  conûJle  fa  bonté  ,  ce  qui  demande  une 
grande  expérience. 

Les  farines  font  bonnes  ou  mauvaifes ,  &  par  la 
qualité  du  grain  dont  ont  les  a  tirées,  &  par  la 
façon  dont  elles  ont  été  moulues  ;  en  général  , 
une  bonne  fatine  ed  celle  qui  a  été  faite  d'un  bon 
grain  ,  &  qui  a  été  tirée  par  une  bonne  mouture* 

La  farine  d'un  grain  qui  eft  venu  d'une  terre 
fumée  ne  vaut  pas  celle  d'un  grain  de  terre  non 
fumée  ;  celle  d*un  grain  provenant  d'une  terre  oit 
l'on  a  vidé  des  latrines ,  fait  un  pain  qui  ne  lève 
pas  bien  6c  qui  fent  mauvais,  Ceit  ce  qui  a  donné 
lieu  à  une  ordonnance  4^  police,  du  13  décem- 
bre 1698  ,  qui  défend  de  fumer  les  terres  à  blé 
avec  des  maûéres  de  la  voirie  ,  ni  avec  les  vi* 
d  anges  des  foftes  de  latrines  ;  mais  il  elt  permb 
d*empIoyer  ces  matières  à  fumer  les  terres  pour 
l'avoine  &  pour  Tefcourgeon  ;  &  il  eft  défendu 
de  fe  fcrvir  des  grains  des  environs  de  Paris  k 
d'autres  ufages  qu'à  enfemencer  les  terres  &  à 
nourrir  des  beftiaux. 

Tous  îcs  meuniers  &  boulangers ,  aiurcs  que 
ceux  de  Paris ,  ne  connoiffent  pas  encore  la  farine 
de  gruau  ;  mais  tous  ceux  qui  la  connoiffent  ^ 
conviennent  que  c'eft  la  meilleure  des  farines.  Les 
Pâtiftiers ,  qui  ont  coutume  d'employer  pour  les 

fiièces  de  four  la  plus  belle  farine ,  de  même  que 
es  boulangers  pour  faire  les  petits  pains  mollets  ^ 
préfèrent  celle  du  gmau  à  la  plus  ûm  fatine 
ordinaîrei, 

Quand  on  ne  moutoit  que  par  Ta  mouture  ruf* 
tique ,  avant  qu'on  fût  bien  bluter  comme  on 
fait  aujourd'hui  dans  la  mouture  en  groifc  pro- 
prcmeiîE  dite,  8c  dans  la  mouture  méridionale, 
ce  gruau  confondu  avec  le  (on ,  ne  fervoit  qu'a 
faire  de  l'amidon,  ou  à  nourrir  des  beftiaiix,  fur- 
tout  avant  que  Ton  fût  remoudre  comme  l'on  fait 
à  préfent  dans  la  mouture  économique.. 

M  y  a  50  à  60  ans ,  quand  en  fu&  mieux  bîitter  ^ 
&  qu'on  commença  à  remoudre  le  gf  uau  ,  on  «t'en 


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e&imolt  point  encore  h  forine  autant  qu'on  reftîme 
k  préfcnt  ;  au  contraire ,  on  re^ardoit  la  farine  de 
gruau  comme  une  marchandUe  de  contrebaiide  ; 
on  la  défignott  alors  (bus  le  nom  de  farine  de 
Champdgnt ,  qui  eil  une  expreffion  de  mépris  dans 
le  commerce. 

Autrefois  les  farîniers  avoîent  peine  à  engager 
les  boulangers  à  prendre  de  la  farine  de  gruau , 
&  ils  la  vendoient  meilleur  marché  que  l'autre. 
Aujourd'hui  ils  n'en  ont  pas  pour  les  demandeurs, 
&  ils  la  vendent  plus  cher.  La  convention  la  plus 
ordinaire  des  bons  boulangers  de  Paris  avec  les 
marchands  de  farine  »  c'eft  de  leur  livrer  le  tiers 
en  farine  de  gruau,  avec  les  deux  tiers  en  farine  de 
blé  »  &  les  boulangers  qui  ne  font  prefque  que 
du  pain  mollet  ,  ont  leur  marche  fait  pour 
avoir  la  moitié  en  blanc-bourgeois  ,  qui  eft  la  fa- 
fine  de  premier  gruau  ,  8c  Tautre  moitié  en  blanc  , 
qui  cft  la  première  hnnc  de  blé. 

On  tire  du  eruau  plus  de  farine  à  proportion , 
&  une  plus  belle  farine ,  que  du  grain  ;  parce  que 
le  gruau  a  moins  de  fon  ou  d*écorcc  que  le  grain  ; 
le  grau  blanc  n^en  a  même  pas. 

La  farine  de  gruau  eft  plus  légère  que  la  pre- 
mière farine  de  blé ,  quoique  le  gruau  foit  plus 
Iicfant.  Le  gruau  pèfe  environ  feize  livres  le  boif- 
leau  )  &  la  farine  de  blé  ,  douze  livres  &  demi  a 
treize  livres  ;  pour  la  farine  de  gruau ,  elle  ne 
pèfe  qu'onze  à  douze  livres  le  boiifeaUt 

Il  faut  prendre  garde  dans  le  choix  qu'on  fait 
de  la  farine ,  qu  elle  ne  foii  point  mêlée  de  fable  , 
ce  qui  feroîi  un  pain  graveleux  &  mauvais  ,  quand 
bien  même  la  Cirine  icrolt  bonne  d'ailleurs. 

Ceux  des  boulangers  qui  ,  malgré  la  défenfe 
de  1658,  mettoient  de  \^  farine  de  Champagne, 
c'cft-à-dirc  y  du  gruau  dans  leur  farine  ,  s*en  ca- 
choient,  même  de  leurs  compagnons.  Cependant 
ayant  obfcrvè  que  le  pain  n'en  étoit  pas  plus 
mauvais,  que  même  il  en  ètoit  meilleur ^  rem- 
ploi du  gruau  devint  plus  commun. 

Enfuite  on  ne  s*en  cacha  plus»  Tufage  en  devint 
général  à  Paris  r  Tinflinâ  des  ouvriers,  foutenu  de 
Texpérience  ,  établit  fouvent  dans  les  arts  des 
règles  générales  qui  dérogent  quelquefois  aux  ré- 
glemens  particuliers.  On  ne  peut  mieux  faire  alors 
que  d'adopter  ces  règles  générales  dii5tées  par 
rexpéricnce. 

Elle  avoir  appris  que  le  gruau  n*eft  point  d'une 
mauvaife  qualité  ,  comme  on  Tavoit  cru  long- 
temps. Le  mimftère  public  ordonna  même  en 
1740  ,  que  le  gruau  feroit  pris  avec  la  farine  or- 
dinaire ,  &  il  prefcrivït  Tufage  d'un  bluteau  qui 
Uiilbir  paAer  le  gruau  avec  la  farine,  &  qui  ne 
rejetoit  que  le  ion  le  plus  gros  ;  c'eft  ce  qu*on 
nomma  ie  bluteau  it ordonnance. 

On  fut  obligé ,  dans  cette  année  de  difette  , 
de  vifer  à  l'abondance  ,  &  cela  fit  un  bon  pain 
qui  tenoit  de  celui  qu'on  nomme  pain  de  ménage , 
parce  que  pour  Us  ménages  on  fe  fert  au  moulin 
d'un  bluteau  plus  gros  que  celui  qu'on  met  pour 


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le  riche  ;  ce  qui  fait  pour  le  bourgeois  un  paia 
moins  blanc  «  par  un  peu  de  fon  qu'il  contient; 
mais  ce  pain  cil  fort  bon,  par  le  gruau ,  qui  en  faif 
une  partie  conUdérable. 

Pour  le  choix  qu'on  fait  des  farines,  il  efl  bon 
de  favoir  que  les  meilleures  font  celles  qui  font 
d'un  blanc-jaune-citron  clair  ;  la  farine  purement 
blanche  n'eft  pas  fi  bonne.  11  faut  que  la  farine 
tire  fur  le  Jaune-citron  ;  c'eft  fouvent  la  couleur 

?[ue  lui  donne  le  germe  ,  qui  fait  bien  dans  la 
arîne. 

Naturellement  chaque  meunier  fait  valoir  fa 
farine,  &  chaque  boulanger  vante  celle  qu'il  a 
coutume  d'employer.  Les  meilleures  farines  des 
environs  de  Taris  font  aujourd'hui  celles  de  Ver- 
failles  ,  de  Senlis ,  de  Goneffe ,  de  Pontoife  &  d<f 
Melun.  Selon  quelques-uns,  les  meilleures  farines 
de  Paris  font  celles  qui  viennent  de  Beauce ,  du 
Hurepoix  &  de  Provins. 

En  général ,  les  excellentes  farines  font  ordinai- 
rement celles  qui  prennent  plus  d'eau  j  cependant  > 
quoique  ce  foit  une  bonne  qualité  dans  les  farines 
que  de  con^iimcj:  plus  d'eau  ,  on  fait  que  les  fa- 
rines blanches  qui  en  général  font  préférées  atui 
bifcs  t  boivent  moins  d'eau  que  les  bifes. 

Mais  on  peut  dire  que  les  farines  blanches 
comparées  entre  elles ,  &  les  farines  bifes  com- 
parées aux  bifes ,  celles  qui  prennent  plus  d'eau 
font  dans  leur  efpèce  les  meilleures,  comme  la 
farine  de  gruau  qui  eft  le  blanc- bourgeois ,  com- 
parée à  la  première  farine  de  blé  ,  qui  eft  1^ 
blanc  »  eft  la  meilleure  &  boit  plus  d'eau. 

Si  l'on  pèfe  un  quarteron  de  chacune  des 
quatre  farines  j  favoir ,  de  farine  de  blé  »  de  pre- 
mière de  gruau  ,  de  féconde  de  gruau  ,  &  de  bis- 
blanc  ,  &  fi  Ton  en  fait  féparèment  de  la  pâte  , 
on  verra  que  la  première  boira  moins  d'eau  que 
la  féconde  ,  la  féconde  moins  que  la  troifiémc  , 
la  iroiftème  moins  que  la  quatrième ,  &  qu'elles 
fourniront  une  moindre  quantité  de  pain ,  luivant 
la  même  proportion. 

La  première  farine  de  blé  reçoit  ordinairement 
dix  onces  &  demie  d'eau  par  livre  de  farine  ,  fi  00 
les  travaille  bien  enfemble  ;  celle  du  premier 
gruau  en  confomme  environ  onze  onces  ;  les  fa- 
rines des  autres  gruaux  en  boivent  encore  pltis  ; 
ce  qui  varie  félon  qu'on  pétrit  plus  ou  moins  , 
&  qu'on  veut  faire  de  la  pâte  plus  ou  moins 
ferme,  &  du  pain  plus  ou  moins  mollet. 

Les  mauvaifes  farines ,  comme  font  celles  des 
blés  qui  ont  été  mouillés  ,  font  une  pâte  qui 
mollit  &  qui  colle  aux  doigts  avec  lefquels  on 
la  touche ,  au  lieu  que  U  bonne  {aidne  fait  une 
pâte  qui  s'affermit. 

Les  farines  des  années  &  des  climats  chauds 
boivent  beaucoup  plus  d'eau  que  les  autres. 

En  général ,  on  doit  plus  eftimer  une  farine 
qui  prend  plus  d'eau  &  qui  fermente  plus,  aue 
celle  qui  en  prend  moins  &  fermente  moins.  Lof 


M  E  U 

firîfles  bt&s  lèvent  plus  d'elles-mêmes  que  les 
wiflcs  blanches  »  &  ellis  font  plus  de  pain  ;  treize 
Ihrres  de  ferine  bis- blanc  font  vingt -deux  livres 
4e  pain  bis-blanc* 

Vus  farines  bafes  par  le  Ton  »  ne  boivent  pas  plus 
«oc  les  urines  blanches  i  au  contraire,  U  faut  en 
aire  la  pâte  plus  ferme  :  elle  ne  demande  pas  à 
arc  baffînèe  »  &  il  faut  moins  tarder  à  la  faire 
cuire  ;  mats  les  farines  bifes  par  le  gruau  gris 
&  parle  germe,  boivent  plus  que  les  blanches» 
f9r€c  qtie  le  eruau  boit  plus  que  b  farine. 

Il  y  a  des  farines  qui  donnent  le  patn  plus  ou 
mota»  bon  ,  à  raifon  de  ce  que  le  levain  leur 
ciMrfient  plus  ou  moins.  Il  n'y  a  que  l'expérience 
i|iû  pciâfe  faire  connoitre  celles  à  qui  les  acides 
coQvicfment  davantage  ,  ou  conviennent  moins. 

r[  V épreuve  de  la  farine* 

Poar  aflbrer  le  choix  iVune  farine  ,  il  fatît  en 
bire  des  efîais ,  &  favoir  réprouver  >  parce  que 
«dk  farine  donne  plus  âc  de  meilleur  pain  qu'une 
«Qtre  ;  ce  qull  fumt  de  connoitre  pour  choifir  la 
&nne  dam  on  a  befoÎQ  »  quoique  la  connoiffance 
de  U  nature  même  des  fermes  y  fut  utile  au{î1. 

La  manière  ordinaire  des  boulangers  pour  con- 
sobre  û  une  farine  eit  bonne,  c*eA  dVn  prendre 
\  me  paignée  qu'ils  ferrent  dans  la  main  :  H  la 
iiriiie  rmc  en  une  efpèce  de  pelocte  ,  ils  Icfli- 
■Kst  meilleure  que  celle  qui  fort  de  la  miin  plus 
aftment  entre  les  doigts.  La  farine  de  gruau , 
par  exemple  »  y  refle  plus  que  la  farine  de  blé^ 
La  hrîne  efl  naturellement  fi  peu  mobile  lorf- 
qu'elle  eil  prcfféc,  que  la  manière  ordinaire  dans 
le  commerce  ,  pour  examiner  de  la  farine ,  c*efl 
de  crerer  le  Tac  qui  la  contient  :  la  farine  ne 
s'échappe  pas  par  te  trou  qu'on  a  fait  au  fac 
potzr  en  tirer. 

Les  marchands  examinent  encore  la  couleur  de 
h  lidne ,  âc  au  taâ  la  douceur ,  en  traînant  le 
pooee  ftir  la  farine  foutenue  du  doigt  index  :  ils 
Tculefit  la  trouver  douce ,  cependant  matérielle , 
ce  qa*ik  nomment  gruauUafc  Celle  qui  efl  Jouce 
te  nolle  t  ils  l'appellent  creufe ,  &  elle  ell  d'une 
•ulrté  Inférieure.  Il  faut  que  le  grain  de  la  farine 
im  ^n  aux  yeux ,  &  fec  au  toucher. 

Ccâ  aulli  par  le  goût  qu'il  faut  juger  les  &- 
noei  :  celles  qui  ont  le  plus  de  faveur  »  font  en 

(céaérai  les  meilleures.  Il  m*a  femhléque  la  farine 
de  pMzu  a  plus  de  goûr  ,  qu  elle  eit  plus  falée 
qoe  la  première  de  blé.  Le  (el  naturel  étant  par- 
«niHèremcnt  effentiet  à  la  bonne  qualîto  de  la 
£wtne  »  il  cH  à  propos  de  la  juger  par  le  goûi,  qui 
ffem  fur-tout  du  fel. 

Le  goût  des  farinas  bifes  vient  beaucoup  du 
|eiine  »  qui  eft  un  peu  fucré.  La  dernière  brine 
a  plus  de  goût  que  les  premières  ,  parce  qu'il  entre 
^m  de  germe  dans  la  dernière  farine  que  dans 
ItÊ  atirres.  Or  ,  le  germe  eft  la  partie  du  blc  qui 
z  le  pins  de  g^ùt  ;  c'cft  pourquoi  auflî  cette  der- 
oJéfc  farine  donne  on  pain  moins  blanc ,  mais  qui 


M  E  u  51 

eH  plus  fuave  ;  c^eft  fur- tout  ce  qui  fait  le  goût  dti 
pain  de  ménage. 

L'odeur  delà  farine  efl  auffi  à  confidérer  pour 
juger  de  fa  bonté*  La  farine  de  chaque  efpèce  de 
grain  a  fon  odeur  particulière.  La  farine  de  feigle 
a  plus  d'odeur  que  celle  du  froment ,  d'orge  ou 
d'avoine  :  l'odeur  de  la  farine  de  feigle  lient  de 
celle  de  la  violette'. 

Pour  mieux  connoitre  la  farine ,  pour  mieuie 
TefTayer  ,  on  a  coutume  d'en  faire  un  peu  de 
pâte  avec  de  Teau.  Dans  cet  état  «  on  la  goûte 
mieux,  on  voit  plus  diftinôement  Ci  elle  eft  pi- 
quée ^  on  voit  mieux  fa  couleur ,  on  fent  mieux 
auffi  quelle  odeur  elle  a  ,  que  fi  elle  étoit  fèche 
en  farine.  Une  bonne  farine  donne  une  pâte  qui 
a  une  bonne  odeur ,  au  lieu  que  la  pâte  des  fa- 
rines de  grains  gâtés  ou  qui  font  venus  dans  de& 
terrestres-fumées,  a  uae  mauvaife  odeur. 

On  trouve  que  la  farine  eft  bonne,  file  grain 
de  la  pâte  eA  blanc ,  tirant  fur  le  jaune  ,  &  non 
pas  fur  le  brun. 

On  reconnoît  aufll  que  la  farine  eft  bonne  iorf- 
que  la  pâte  qu*on  en  a  fait  durcit  ^  parce  que 
c'cft  figne  que  la  farine  boit  plus  d'eau  ,  8c  qu  elle 
peut  fournir  plus  de  pain.  Une  mauvaife  farine 
donne  une  pâté  qui ,  laiiïee  quelque  temps ,  pa- 
roit  s'amollir  au  lieu  de  durcir  :  il  faut  audî  que 
la  pâte  n'en  foit  pas  friable  ou  trop  caftante  ;  il 
faut,  lorfqu 'on  la  tire  en  falongeant ,  qu'elle  ne 
ne  fe  caffe  pas  en  foibrijfant^  pour  fe  fervir  de  Tex- 
preftion  des  boulangers. 

La  pâte  de  la  première  farine  de  blé  eft  plus 
longue  que  celle  de  la  farine  de  gniau ,  mais  elle 
eft  moins  dure,  &  elle  foibltt  plus  ;  elle  s'af- 
fermit moins  en  Talongeant ,  que  ne  fait  la  pâte 
de  la  farine  de  gruau  ;  ce  qui  vient  vraifcmbla- 
blement  de  ce  que  la  première  farine  de  blé  con- 
tient plus  de  la  partie  qui  fait  l'amidon  ,  &  de 
ce  que  la  farine  de  gruau  contient  plus  de  celle 
qui  eft  la  partie  collante  qui  fe  trouve  dans  la 
décompofition  de  la  farine. 

Mathiole  dit  des  farines  :  «  La  meilleure  eft 
n  celle  qui  n'eft  pas  trop  moulue  ,  ne  fraîche 
ïï  moulue  ,  ne  trop  gardée  auftl  ;  car  la  farine  par 
»  trop  moulue  fait  le  pain  comme  s'il  étoit  de 
«  fon  :  celle  qui  eft  trop  fraîche  retient  encore 
n  quelque  chofe  de  la  meule.  Si  elle  eft  trop 
»  grirdée  ,  fera  gâtée  ,  ou  par  poudre  ,  ou  par 
w  moifift"ure ,  ou  fera  artifanéc ,  ou  aura  quelque 
n  mauvaife  fentcur.»  Comm.  fur  Diofcoride  ^  L  ill, 

C.   LXXVIII. 

De  U  confervaûon  des  firmes, 

La  farine  efl  une  poudre  très-fufceptiblc  de  fer- 
mentation. Les  farines  font  fujettes  ï  s'echanffer 
&  à  fe  gâter,  fur-tout  en  été,  lorfque  l'air  eft 
humide,  6c  dans  des  temps  d'orage.  Ceft  dans 
les  mois  de  mai  &  de  juin  que  les  farines  fe 
gâtent  le  pluîî.  Il  fe  fait  en  elles  un  travail  plus 
intime  ,  plus  interne  dans  les  mois  de  mars  6c 


32 


M  E  U 


d'a\nl;  mais  le  travail  externe  par  Taîr  s*y  wS 
les  deux  mois  fui  vans ,  &  les  gâte  davantage. 

Pour  conferver  h  farine  il  faut  la  garder  fur 
un  plancher  de  bois;  elle  ne  fe  confervc  pas  auiïî 
bien  fur  les  carreauY  que  fur  les  planches  i  il  faut 
môme  avoir  attt:ntion  qu'elle  ne  touche  point  les 
murs  ,  parce  que  ,  futvant  Pline  ,  la  chaux  ç(ï  con- 
traire à  la  confcrvation  de  U  farine.  11  ne  faut 
pas  que  le  plancher  du  grenier  où  i*on  garde  la 
farine  foit  fur  une  étable  un  à  portée  d'un  fumier  : 
on  a  Texpérience  d*nn  blé  qui  avoit  été  gardé  dans 
une  chambre  fur  une  bergerie;  ce  blé,  qui  étoit  très- 
beau  &  qui  paroifToit  bon  j  ayant  été  moulu  en  fa- 
fine  ,  &  la  farine  pétrie  à  Tordinaire ,  la  pâte  ne  leva 
point  I  &  fit  du  pain  qui  n'étoit  pas  mangeable, 

La  farine  de  blé  germé  ne  fe  conferve  pas  ; 
&  convertie  en  pàtc ,  elle  ne  lève  pas  mieux  que 
celle  d*une  farine  de  blé  qui  a  été  ferré  fur  une 
bergerie ,  ou  à  portée  des  fumiers ,  ou  iofcdé  par 
un  mauvais  air. 

On  a  remarqué  à  Paris  que  les  fournées  de  pain 
faites  par  les  boulangers  du  faubourg  St.  Jacques, 
où  Ton  avoit  fait  en  même  temps  une  viaange 
qui  avoit  infcâé  ce  quartier,  manquèrent  cntic- 
icment.  Le  pain  étoit  plat  &  maffif. 

Cette  obfervatïon  eft  utile  à  faire  pour  la  police 
d'une  grande  ville.  Les  boulangers  avertis  à  temps 
par  les  gadouards  ,  changeroient  Theure  de  la 
préparation  des  levains,  que  cette  odeur  fait  man- 
quer ,  au  préjudice  du  public  6c  du  particulier. 

La  farine  peut  s'échauffer  elle-même  &  fe  gâter. 
Quand,  on  veut  favoir  fi  une  farine  ne  s'échauffe 
point ,  il  f^ut  y  enfoncer  la  main  ;  Ôc  G  Von  fent 
qu'elle  a  dans  le  milieu  du  monceau  plus  de  cha- 
leur y  ou  fi  elle  eA  moins  fraîche  en  dedans  qu'en 
dehors  ,  il  faut  la  remuer  avec  la  pelle  oc  la 
changer  de  place.  On  dit  que  les  farines  dont  la 
pâte  lève  promptement  s'échauffent  auffi  plus 
promptcmeni  à  proportion. 

Il  ne  faut  point  enfachcr  la  farine  toute  chaude 
au  fonir  des  meules  >  il  faut  la  laîffer  refroidir 
auparavant  «  pour  la  conferver  :  à  la  rigueur»  une 
farine  n'eft  reccvable  que  vingt -quatre  heures 
après  av^r  éié  moulue  ;  il  faut  lui  laiffer  exhaler 
un  air  chaud  &  humide  que  le  poids  &  la  rapi- 
dité de  la  meule  ont  cauié. 

On  a  dit  qu'il  ne  falloit  pas  employer  les  blés 
trop  nouveaux  ;  les  blés  donnent  lo  ,  iî  à  15 
livres  de  farine  de  plus  par  fetiçr ,  mefure  de 
Paris  ,  s*ils  ont  été  confervés  jufqu'à  la  fin  de 
Tannée ,  ayant  fait  alors  tout  leur  effet ,  avant  de 
les  moudre.  Or  ,  comme  le  grain  doit  avoir  un 
an  poiîr  être  plus  propre  à  faire  de  la  farine  en 

?  général  ,  Im  farine  doit  avoir  un  mois  p^ur  en 
abriquer  du  pain  ou  pour  en  faire  de  la  bouillie  ou 
de  lapàtifferie  :  la  farine  «avant  ce  temps, a  encore, 
ilifent  les  farinicrs ,  l'odeur  de  la  meule  ;  elle  a 
moins  de  corps ,  elle  ne  produit  point  la  même 
jyuaotjté  f  ni  U  mime  qualité  de  pain. 


^^_^      M  E  u 

TatîtTaroîr  que  les  far*  nés  de  vieux  blé  n*ont 
pas  befoin  d*érre  gardées  •  long-ttmp^  pour  faire 
leur  effet ,  comme  en  ont  befoin  celtes  des  blè$ 
nouveaux  qui  n'ont  pas  fait  leur  effet. 

La  farine  en  vieilliffan^  fe  dcfféche  &  diminue 
de  poids  ;  mih  cite  fournit  cependant  plus  de 
pain  ,  parce  qu'elle  boit  plus  d'eau.  La  farine  qui 
eft  employée  chaude  foriant  du  moulin,  boit  moins 
en  la  pétriffant ,  elle  lève  moins  en  pâte  ,  fit  cette 
pâte  donne  de  mauvais  pain  :  il  faut,  avant  que 
d'employer  la  farine  ,  la  laiffer  refroidir  Si  h 
garder  quelque  temps. 

Mais  il  y  a  des  farines  qui  viennent  de  fi 
mauvais  blés ,  comme  pour  avoir  été  mouiîlès  , 
qu'on  eff  obligé  de  les  employer  auffitôt  apréi 
qu^elles  ont  été  moulues  ;  car  à  peine  peuvent-elles 
attendre  le  temps  de  fe  refroidir  après  la  mouture. 
Ces  farines  ^  par  la  peine  qu'on  prendrolt  de  les 
remuer  ou  de  les  fécher  par  le  feu  ,  pourroient  fe 
conferver  tout  au  plus  quinze  jours. 

Les  f4rines  des  blés  moins  mauvais  peuvent, 
par  ces  foins  ,  fe  garder  un  mois.  On  peut  auffi, 
avec  ces  attentions ,  conferver  deux  mois  les  fatines 
de  blés  communs* 

Les  férines  des  bons  blés,  &  fur-tout  les  farines 
de  gruaux,  fe  confcrvcrant ,  avec  la  moitié  moins 
de  travail  ,  quatre  mois  ;  &   les  farines  de  blés 
d'une  qualité  fupérieure  ,  comme  for.t  ceux  des 
années  feches  ,  qui  font  durs ,  gris  ou  glacés  &  | 
pefans ,  qui  ont  fait  leur  effet  &  qui  font  venus  ) 
de  terreins  pierreux  ,  peuvent  fe  garier  huit  mois, 
même  Tannée  entière  ,  en  confervant  ces  farines  1 
féchement. 

On  a  l'expérience  de  farines  de  vieux  blés  qui 
avoient  été  deux  mois  &   demi  dans    des    facs,> 
en  pile  fans  s'échauffer  ^   &  qui  avoient  été  mou- 
lues fix  femaines  avant  qu'on  les  mit  ainfi. 

On  peut  même  dire  iqu'une  farine  qui  a  fait  fon 
effet ,  c'eft-4  dire  ,  qui  a  paffé  le  temps  pendant 
lequel  elle  perd  non-feulement  la  chaleur  &  ro-| 
dcur  de  la  meule,  mais  encore  une  certaine  hu-l 
miditè  fuperflue,  n'a  plus  befoîn  d'être  travaillée;! 
elle  ne  fe  gare  plus,  fi  elle  eft  naturellement  d'une! 
bonne  qualité  ,  &  bien  épurée  de  fon  ,  &  fi  cal 
la  ferre  bien,  comme  celle  qu'on  met  en  minoc' 
pour  paffcr  la  mer.  Il  cfl  indifpenfable  ,  P^^ur  que 
la  farine   de    minot  foit  bonne  à  fa   dcrtinstion  ^ 
qu'elle  ait  fait  fon  effet  avant  de  Tenfcrmcr  dans 
les  minots. 

Au  contraire ,  fi  cic  n'cft  pas  exaôement  ren- 
fermée, les  vers  s'y  mettent.  Elle  change  de  coii^ 
leur  6c  ell.'  fe  perf^lle ,  fi  lorfqu'on  l'a  renfermée,' 
elle  n'étoit  pas  fèche  ,  ou  h  elle  na  point  é»* 
préfervée  de  rhumidité* 

Il  eft  dr  fait  que  la  farine  provenante  des  hU 
nouveaux,  faite  en  feptembrc  ,  fe  conferve  juM 
qu'au    mois    de   mars   (uivant   dans   les   grenjcr»| 
fans  s'échauffer ,  même  pendant  les  plus  gratides 
chaleurs  :  elle  ne  commence  à   fermenter  qu'au 
printemps ,  plus  ou  moins ,  fuivant  la  féchcrcfle 


M  E  U 

des  Wéi  dont  on  Ta  tirée  :  plus  le  blé    eft  fçç 
&  rhivcr  froid ,  moins  la  farine  fermente. 

la  fart  ne  qui  vient  des  blés  vieux  d*iin  an  ,  fe 
coorerve  beaucoup  mieux ,  le  blé  étant  reffiiyé , 
fotc  dans  fa  paille  »  foit  au  grenier  ;  elle  ne  fer- 
■ente  un  peu  qu'au  bout  de  fix  mois ,  vers  les 

^mms  de  juiUet  &  août ,  quand  même  Thlver  auroit 
àcédoux  &  Tété  d  une  grande  chaleur.  Il  y  a  même 
des  aanèes  où  les  farines  de  blés  vieux  ne  fer- 
inemeot  point  dans  la  première  année  de  la  mou- 
mrt  »  &  encore  moins  dans  les  fui  vantes.  On  peut 
iflfirer  de-Ià  que  les  blés  dont  il  ell  queflion  étant 
-  de  trois  ou  quatre  ans  ,  la  farine  qui  en  proviendra 

Courra  fe  confcrver  relativement  à  Tancienneté  du 
le  ;  il  efl  même  conAant  qu^ine  farine  qui  a  été 
un  an  fans  fermenter  ,  ne  fera  jamais  d'effet  » 
ccfl-^îre,  ne  fermentera  point,  mais  elle  dépérira 
da«  ta  fuite  ,  comme  tout  dépérit  par  le  temps. 

Lorfque  les  farines  font  bifes  de  fon  ,  lorf- 
qo^elles  n'ont  pas  été  bien  blutées  (  ou  parce 
ifue  le  blé  étant  trop  fec  ,  ou  les  meules  du 
0ouHn  trop  approchées  ,  on  a  moulu  du  fon  avec 
la  &rine  )  «  alors  ces  urines  bifes  fe  gardent  moins 
^  les  blanches* 

D  y  a  apparence  que  la  farine  s'a0îne  d'abord 
en  la  gardant  j  non-feulement  le  fon  fe  détache 
■LÎeiuc  de  la  farine  après  un  certain  temps ,  mais 
suffi  la  farine  s'iiffine  pendant  ce  temps-là;  c'eft 
eo  &t£int  fon  effet  qu'elle  s'affine.  Elle  s'affine 
mfi  en  (àîiant  fon  effet ,  fans  être  mêlée  avec 
le  foo  ;  mais  je  crois  qu'elle  fait  plutôt  (on  effet 
étant  jointe  au  fon ,  que  lorfqu'clle  en  e{l  féparée* 

Peut-être  perd-elle  un  peu  de  fa  qualité  étant 
mêlée  avec  le  gros  fon  ,  c'eft  pourquoi  on  pourroit 
tirer  la  première  farine  de  blé,  comme  dans  la  mou- 
ture rïjftique  ,  &  garder  pendant  quelque  temps 
k  fon  gras  avant  d'en  tirer  les  gruaux ,  qui  sV 

kiDolUroient  pegdant  ce  terops^là. 
La  confervation  des  fat i nés  cd  proportionnée 
à  la  quantité  d'eau  quelles  peuvent  boire  plus  les 
Boes  que  les  autres. 
Eo  général  ,  les  farines  qui  fe  confervent  le 
■lieux  (ont  la  plupart  celles  qui  boivent  plus  d'eau , 
aoo-feutentent  parce  qu'elles  font  plus  fèches  , 
nais  encore  parce  qu'elles  font  plus  fubAantîelles  , 
<m  parce  qu'elles  font  mieux  moulues.  Les  farines 
1c$  plus  féches  à  la  main  ne  font  pas  toujours , 
COiBinie  le  grain ,  les  plus  féches  en  elles-mêmes  j 
ces  Cirines  ne  font  pas  toujours  celles  qui  prennent 
|lfais  d*cau  ;  cooiîdérations  qu'il  faut  avoir  par 
rapport  au  pain  qui  eft  plus  ou  moins  bon  ^  & 
dont  U  quantité  cfi  différente ,  félon  que  les  farines 
bm  plus  ou  moins  féches ,  &  plus  ou  moins 
Ibbftaxnieltes  »  ou  félon  qu'elles  boiveni  plus  ou 
ï      soins  dTeau, 

I  Les  fimnes  s'échauffent  d'autant  moins  ,  qu'elles 

prennent  plus  d'eau  ;  6c  elles  boivent  d'autant  plus 
ifean  ,  qu'elles  font  plus  bifes.  La  première  farine 
de  blé  s'échauffe  plus  que  ta  première  de  gruau. 
La  première  farine  fermente  ordinairement  un 
ArtJ  &  Mùiiri,     Tom*  V.     PanU  /, 


M  E  U 


35 


mois  avant  la  féconde ,  la  féconde  quinze  jours 

avant  la  troifièmc ,  la  troifiéme  trois  fem^iines 
avant  ta  quatrième  ,  &  la  quatrième  un  mois  avant 
les  recoupes, 

Confen'dilon  des  grains  &  des  farines  en  facs 
ifcUs  ,  avec  la  conjlruélion  d'un  p'tnicr  à  cet 
c^tt  ;  extrait  de  la  méthode  de  confcrver  cei 
crains  ,  par  M*  Parhïïintibr, 

Eclairé  par  le  vice  de  toutes  les  méthodes  de 
conferver  les  grains  6c  les  fariaes  ,  M.  Broc  a 
pris  le  parti  de  les  renfermer  dans  des  facs  ifolés  « 
exaftement  fermas  ,  &  de  les  garder  ainfi  juf- 
qu'au  moment  de  leur  emploi;  mais  s'ils  pro- 
viennent d'une  récolte  pluvieufe  &  froide,  qu'il 
régne  t^es  chaleurs  vives  accompagnées  d'orages  , 
on  déplace  les  facs  &  on  les  retourne  cul  fur 
gueule. 

Ce  moyen  fimple  qui  affurc ,  à  fi  peu  de  frais , 
la  confervation  des  grains  &  des  farines  ,  cft 
exempt  de  tout  danger ,  pare  à  tous  les  Incon- 
vcniens  ,  &  procure  tous  les  avantages  qu'où 
defire  ;  l'air  ne  pouvant  pénétrer  dans  des  maffes 
de  blés  8c  de  farines  répandues  en  tas  ou  en  cou- 
ches ,  circule  librement  autour  du  fac ,  diminue 
&  entretient  au- dedans  une  fraîcheur  falutaire  : 
ainfi ,  on  évite  par- là  les  déchets  ocçaConnés  , 
foit  par  les  animaux,,  foit  par  les  manœuvres  du 
grenier  ,  &  on  efl  à  l'abri  de  mille  autres  acci- 
dcns  qui  détériorent  la  denrée ,  renchériffent  fon 
prix  &  diminuent  nos  reffources. 

Les  épreuves  faites  devant  M.  Duverney  , 
alors  intendant  de  l'Ecole  militaire  aux  Invalides, 
devant  M.  Tillet ,  de  l'Académie  des  Sciences  , 
devant  les  députés  des  Etats  du  Languedoc ,  &c. 
prouvent  femcacité  d'un  moyen  au0I  fimple  , 
ioYiàh  fur  une  longue  pratique  ,  fif  qui  eft  fms 
réplique.  On  tïouvera  ci-après  le  détail  de  tous 
tes  avantages  qui  en  réfuhent. 

Du  grenier.  En  obfervant  que  ce  ne  font  pas* 
les  grains  qui  manquent  dans  le  royaume ,  mai» 
les  greniers  propres  à  les  ferrer ,  &  les  moyens 
efficaces  pour  en  affurer  la  confervation  pendant 
un  certain  temps  »  fans  préjudicier  à  leur  qualité 
fpécifique;  on  a  droit  dètre  furpris  que  les  an- 
ciens,  qui  fe  font  tant  fignalés  à  l'égard  de  la 
confiruétion  des  greniers  publics  ^  n'aient  pas 
tranfmis  à  la  pofléritè  des  notions  auffi  claires 
&  auffi  exaâes  que  celles  que  nous  poffédons 
aujourd'hui,  Aufli  qu'arrive-t-il  ?  C'eft  que  les  blés 
récoltés  dans  le  meilleur  état ,  fe  détériorent  in- 
fenfiblcment  en  coûtant  du  temps,  des  foins  & 
des  dépenfes  en  pure  perte.  J'ai  beaucoup  vu 
de  greniers  ;  j*avoue  en  même  temps  n'en  avoir 
pas  rencontré  un  feul  qui  femble  av«ir  été  écî- 
tiné  pour  remplir  cet  objet  ;  parce  que ,  en  conf- 
truifant  un  édmce,  on  a  toujours  cru  que  le  grenier 
de  voit  être  le  faîte  du  bâtiment ,  fans  trop  foncer  ' 
à  U  nature  de  la  denrée  qu'on  deroit  y  dépokr,  ' 


34 


M  E  U 


Je  vais  m'y  arrêter  un  moment  ,  en  cas  que  par 
la  fiiî:e  on  foit  tenté  de  former  de  grands  éta- 
bliflemens  de  greniers* 

De  la  conjîruHion  du  grcnUr,  Les  greniers  ordi- 
naires font  des  efpèces  de  galeries  au-deffous  de 
la  toiture  ,  avec  des  fenêtres  &  des  portes  mat 
djAribuées  &  trop  grandes  ;  enfone  que  pendant 
l*é:é  il  y  régne  une  clialeur  ctouftanre  ,  les  înfeôes 
fc  multiplient  de  toutes  parts,  &  comme  le  comble 
leur  fcrt  de  retraite  ,  il  cft  extrêmement  difficile 
de  les  détruire  entière  mem. 

Si  Ton  étoît  déterminé  à  conflruire  exprès  un 
magafin  à  blé  &  à  farine ,  îl  feroit  d'abord  né- 
cenaîre  que  le  fol  fur  lequel  feroit  élevé  le  bâti- 
tùQnx  ,  ne  fut  pas  humide  ,  Se  que  U  charpente  fût 
de  bois  coupé  dans  la  bonne  Gifon  ,  parce,  que 
cehîi  qui  eft  trop  verd  eft  fujet  à  produire  des 
infeAes  »  qui  s*attachent  aux  poteaux  ,  £c  fe  com- 
muniquent'enfuite  au  grenier  i  la  charpente  vieille 
a  le  m«lme  inconvénient. 

Il  faudroit  encore  que  le  toît  fût  revêtu  intérieu- 
rement de  païUafTons ,  afin  d^empccher  Tair  chaud  ^ 
humide  de  pénétrer  à  travers  j  qu'il  fût  plafonné  ; 
oue  les  murs  n'eufTent  aucune  crevaffe ,  aucune 
tente  capable  de  receler  les  infeftes  »  &  de  favori- 
fer  leur  ponte  ;  il  eft  bon  fur-tout  qu  il  n'y  ait  pas 
fous  le  grenier  ,  d'écuries  ,  d'étables  ,  aucunes 
matières  végétales  ou  animales  en  putréfaâton. 

Le  grenier  devroit ,  félon  le  précepte  de  Colu- 
mefU ,  être  garni  de  fenêtres  petites  ,  6c  rrés-mul* 
tioUces  du  côté  du  nord,  parce  que  cet  afpeéè 
eft  froid  fit  fec  ;  il  fuffiroit  feulement  qu*il  y  eût 
aux  deux  extrémités  oppofées  ,  une  ouverture  qui 
produiroit  Icffet  du  ventilateur  :  on  adapteroit 
aux  fenêtres  une  double  croifée ,  dont  l'une  en 
chiflîs  feroit  extérieure  ,  &  Tautre  en  vitrage  re- 
vêtu de  coutil ,  qu'on  ouvriroit  &  fermeroit  al- 
lemativcmem  félon  le  temps  &  les  opérations  du 
grenier. 

On  devroit  préférer  de  plaochétcr  le  grenier  » 
parce  que  le  carreau  le  dégrade  aifémcnt ,  & 
revient  à  la  longue  plus  cher  que  le  bois;  mé- 
nager entre  le  plancher  &  le  loi  un  intervalle 
pour  établir  fous  les  facs  de  petites  trappes  qu*on 
ouvriroit  d'efpaces  en  efpace ,  ce  qui  ifoleroit  de 
toutes  parts  les  facs  ^  &  produiroit  en  même  temps 
que  les  ventoufes  un  courant  d'a'.r  frais  ,  et  em- 
pêcheroit  qu'en  aucun  temps  on  ne  fût  obligé 
douvrir  &  de  déplacer  les  facs. 

EntrttUn  du  grmUn  Si  l'emplacement  &  la 
bonne  conilruâion  des  endroits  où  Ton  met  en 
dépôt  hs  provifions  influent  fur  la  durée  de  leur 
garde»  on  ne  peut  non  plus  fc  difpenfer  de  con- 
venir que  les  foin^  (ju'on  apporte  à  la  bonne  te- 
nue du  magafin ,  o'ajouteroient  encore  aux  effets 
dcf  autres  moyens  qu  on  y  emploie  ordinairement* 

n  faudroit  »  avec  d^s  balais  ,  nettoyer  de  temps 
eo  temps  les  murs  ,  afin  d'enlever  li  poufliére 
q^  y  adhère,  alnfi  que  les  papillons  qui  ont  befoin 
pour  i*accouplcr  d  être  fixés  &L  en  repos  ;  brofler 


M  E  u 

fou  vent  les  facs,  8e  ne  laiifer  fur  le  phnchcr  au- 
cunes ordures  qui  puiffent  exhaler  de  l'odeur  ; 
enfin  il  faudroit  intercepter  les  rayons  du  foleil 
dans  les  temps  chauds ,  &  produire  dans  le  grenier 
la  plus  grande  obfcurité. 

Un  grenier  fitué  ,  conflruit&  entretenu  fuivant 
ces  principes ,  feroit  propre  ,  non- feulement  à  la 
conlervation  des  grains,  mais  encore  à  celle  des 
farines  ,  qui  ne  fe  détériorent  fouvent  que  par  Tio- 
fluence  du  local;  ce  qui  donneroit  à  la  méthode 
que  nous  avons  propofée ,  les  avantages  qu'il  eft 
poilible  de  dcfircr.  Terminons  ce  mémoire  par  les 
expofer, 

DtJ  avantages  de  la  méthode  des  facs  ifolcs. 

Cette  méthode  de  conferver  les  grains  &  léi 
farines  ,  réunit  plufieurs  avantages  que  je  crois 
devoir  préfenter  ici  fous  le  point  de  vue  le  plus 
rapproché  ,  afin  qu'on  pui^e  les  comparer  aux  in« 
convéniens'des  autres  pratiques  ufitées, 

i''.  On  peut  placer  dans  le  même  endroit  les 
grains  ,  ainfi  que  les  farines  de  différentes  qualités, 
provenant  de  deux  récoltes  ,  fans  confufion  ni 
mélange. 

a".  Un  fcul  grenier ,  quelle  que  foit  fa  conf- 
truiflion  ,  fuffit  pour  ferrer  le  blé  &  la  farine. 

3*.  Les  fermiers  feront  à  portée  de  conferver 
les  produits  de  leurs  moiiïons  d  une  année  à  Tau- 
tre  ,  fans  danger  ,  fans  frais  »  fans  quitter  leur 
champ  un  jour  favorable  aux  labours ,  aux  enfè- 
mencemcns  ,  à  la  récolte* 

4°.  Les  particuliers  étroitement  logés ,  auront 
la  faailté  de  conferver ,  à  peu  de  frais  ,  leur  pro- 
vtfion  dans  tous  les  endroits  de  la  maifon  ,  fans 
courir  aucuns  rifques  de  la  part  du  locaL 

5°.  Il  eft  poffible  d'entrer  à  chaque  inft^nt 
dans  le  grenier  ,  fans  que  Taftion  d'y  marcher 
gâte  les  grains  &  les  farines. 

6**,  On  a  la  facilité  de  %ifitcr  les  facs  quand 
l'on  veut,  de  les  examiner ,  de  les  déplacer  8c  de 
les  remuer ,  fans  occafionner  de  déchet. 

7**.  Toutes  les  réparations  tjue  le  grenier  exige  , 
peuvent  fe  faire  fans  être  obligé  d'en  retirer  les 
grains  6c  les  farines ,  fans  que  ceux-ci  en  fouflfrent* 

8",  On  peut  ouvrir  ou  fermer  le  grenier  ,  le 
rfettoyer,  fans  craindre  d'introduire  dans  les  fa- 
rines des  ordures  &  de  l'humidité  »  qiû  en  accé- 
lèrent le  dépériffement. 

9**,  Les  grains  bien  fecs  &  parfaitement  nettoyés  ^ 
la  farine  douée  de  toutes  tes  propriétés  »  ne  de- 
mandent plus  ni  foins  ni  dépcnles  ;  ils  n'éprou 
vent  aucun  déchet  ;  enfin ,  on  peut  prefquc  le 
oublier- 

lo'^.  Le  grain  étant  bien  criblé  &  parfaîtement 
ntt  »  ne  fe  charge  plus  d'aucune  poufiière  :  oo 
peut  l'envoyer  au  marché  ou  au  moulin ,  iins 
aucune  nouvelle  opération  préalable» 

11^.  Les  farines  étant  marquées  &  inimèrotécf] 
0»  voit  tout  d^un  coup  le  grain  d*oû  eUes  pro 


I 


I 


ment ,  k  pays  &  rannée  de  Ta  récolte  ,  le  nom  du 
marchand  qui  les  i  vendues ,  U  date  de  la  mou- 
ture &  Tachât. 

II*'.  Si  les  rats  &  les  fourîs  percent  un  fac , 
3s  ne  poufTom  s'y  retrancher  long -temps  fans 
Itrc  aperçus  ;  s'ils  parviennent  à  établir  leur  do- 
micile daiis  le  grenier ,  les  chats  leur  feront  la 
diaâe  avec  plus  de  facilité  :  on  pourra  daiOeurs 
fc  fcrrir ,  pour  les  exterminer ,  de  tous  les  moyens 
connus  ,  (ins  auains  danger  pour  la  denrée. 

15^  Ces  animaux  ne  pourront  plus  dépofer 
leurs  ftcrêtions  dans  les  grains  &  les  farines  , 
ni  leur  coromuniauer  cette  odeur  &  ce  goût  dé- 
fagrèable  ,  qu'il  eft  fouvent  très-difficile  dVnéantir 
entâérement. 

î4*-  Toutes  ces  ordures  oui  tombent  du  plan- 
dicf  t  &  qui  faliflTent  la  fuperhcie  du  tas  de  farine, 
^  dépoferont  fur  les  facs,  &  on  les  nettoiera  de 
de  temps  en  temps, 

15*»  L'énorme  déchet  occafionné  dans  les  grains 
&  lés  farines ,  foit  par  les  infcfles ,  folt  par  la 
fier meiitat ion  ,  foit  par  le  remuage ,  tous  les  ac- 
odeoi  qui  en  diminuent  la  qualité  &  le  prix  « 
iiErofit  anéantis  par  ce  moyen. 

i6*.  Les  grains  &  les  farines  renfermés  ne  ré- 
pandront plus  au  loin  une  odeur  qui  allèche  les 
înfeâes  ;  cette  odeur  »  qu'on  peut  comparer  à  Tef- 
pît  reâeur ,  fera  autant  de  gagné  pour  la  faveur 
^hiblc  du  pain. 

17**-  En  fuppofant  qu'il  foit  poflTible  aux  pa- 
pïUons  qui  voltigent  en  automne  au  déclin  du 
pocr,  aux  fenêtres  du  grenier,  dy  pénétrer,  ils 
ne  pourront  pas  dépoter  leur  pcAerité  dans  le 
pixn  &  dans  ta  farine. 

*  I8^  Un  grain  gâté  peut  agir  à  la  manière  des 
kraÎDs  fj^tet  la  corruption  dans  des  maflcs  ou 
tl  cft  dimcile  d'arrêter  fes  effets ,  tandis  que  dans 
ce  cas  il  n'y  auroit  qu'un  fac  à  féparer  oc  à  tra- 
vaiUer. 

19*,  Si  un  fac  placé  au  fond  d'un  bateau  ,  ou 
itié  un  certain  temps  près  du  mur ,  a  déjà  con- 
tn&k  par  rhumidité  une  difpofmon  à  fe  moifir , 
00  penc  l'éloigner  des  autres  facs ,  le  remplacer  ou 
remployer  ,  tans  que  la  totalité  puifle  en  recevoir 
de  dommage. 

ao*.  Le  nombre  des  facs  pouvant  fe  compter 
par  rangées ,  &  le  vide  qu'un  feul  occafionné  roi  t 
aevenant  trés-fcnfible ,  on  s  apercevroît  à  Tinf- 
ta4if  du  tort  qui  fe  feroit  au  grenier* 

il*.  Comme  il  eft  inconteAablement  démontré 
que  les  farines  fe  bonifient  à  la  longue  ,  on  pour- 
Toît  en  avoir  en  avance  au  deflus  de  la  confom- 
BUtioti ,  fans  courir  aucuns  rifques* 

la*.  On  pourra  profiter  du  temps  favorable  aux 
iBOutures,  faire  des  amas  de  farines,  Sl  fe  pré- 
caimoruier  fur-tout  contre  ces  difettes  inOantanées 
qae  fait  naître ,  au  feîn  même  de  Tabondance , 
le  chommage  des  moulins. 


M  E  u 

a}**.  Dans  un  jour  chaud  &  orageux  il  ne  fera 
pas  néceffaire  de  vider  un  fac  pour  s*afiurer  fi  la 
farine  du  milieu  &  du  fond  eft  aufiî  fraîche  que 
celle  de  la  fuperficie  ;  on  faura  btentdt ,  à  la  fa- 
veur d'une  fonde ,  ce  qui  s'y  pafle. 

14**.  S'il  eft  néceffaire  de  déplacer  les  facs  ,  de 
les  remuer  fens  deffus  deffous ,  ce  qui  n'arrivera 
que  fort  rarement ,  cette  opération  ne  fera  pas 
auffi  préjudiciable  à  la  fanté  des  ouvriers  ,  comme 
celle  du  rcmuage  à  Taîr  libre  ,  qui  fait  avaler  , 
par  les  voies  de  la  trachée  8c  de  la  déglutition  , 
une  pouffiére  ténue  ,  sèche  &  abforbante. 

aç'\  Quand  il  s'agira  de  faire  des  mélanges 
de  farine  provenante  de  blé  nouveau  ou  vieux  , 
de  blé  fec  ou  humide  ,  de  blé  revêche  ou  tendre  ^ 
il  fuffira  de  déterminer  la  quantité  de  facs  à  vider. 

a6'\  On  peut  en  un  clin  d'oeil ,  vérifier  Téut 
du  magafio ,  &  fe  rendre  compte  à  volonté  de 
la  recette  ,  de  la  confommanon  &  de  ce  qui  refte 
au  bout  du  mois  ,  du  quartier  ou  de  l'année. 

27°,  Les  grains  &  les  farines  fe  trouvant  en 
petites  maffes ,  ils  ne  peuvent  jamais  fe  nuire  par 
leurs  qualités  différentes  :  les  facs  ifolès  doivent 
être  confidérés  comme  autant  de  petits  greniers 
renfermés  dans  un  grand. 

a8^  Ceux  qui  auront  la  direéUon  des  magafins, 
n'auront  plus  de  prétexte  pour  compter  des  frais 
d'entretien  &  de  déchet  qui  vont  fouvent  à  dcût' 
pour  cent. 

29".  La  méthode  dont  il  s'agit  ,  peut  êtr^ 
adoptée  dans  tous  les  climats  ,  dans  tous  les  payi* 
8c  par  les  citoyens  de  tous  les  ordres, 

30",  Enfin,  c'eft  le  feul  moyen  de  mettre  en 
réierve  ,  &  fans  fi'ais  ,  le  fuperfiu  des  bonnes 
années  ,  pour  fubvenir  aux  befoins  prcflTans  que  les 
maovaifes  occafionnent. 

Moyen  pour  faire  fuir  Us  mues  de  la  farina 

On  confeille  de  mettre  dans  les  tas  de  farine 
des  verges  ou  rameaux  d'érable  dépouillés  de 
feuilles.  Après  une  demi  journée  de  ce  mélange, 
on  prétend  que  les  mites  abandonneront  les  fa- 
rines ,  ne  pouvant  fupporter  l'odeur  de  férable. 

La  priparamn  ou  le  mélange  des  farines. 

Nous  avons  fait  voir  que  fouvent  il  étoit  bon 
de  mêler  enfcmble  différens  blés  avant  de  les 
moudre  en  farine  \  mais  il  y  a  un  bien  plus  grand 
avantage  à  mélanger  les  farines  avant  de  les  em- 
ployer, foit  en  bouillie ,  foit  en  pain.  Pour  faire  de 
bon  pain  ,  il  faut  des  blés  mêlés  ,  fur-tout  à  Paris  , 
moins  à  Verfailles  oii  l'on  a  du  bon  blé  de  Beauce. 

Il  faut  le  mélange  de  diverfes  farines  pour  faire 
de  bon  pain;  la  diverfité  des  farines  vient,  comme 
il  a  été  expliqué  ,  ou  de  la  mouture  qui  eft  dif- 
férente ,  est  qui  tire  du  même  grain  différentes 
farines ,  ou  de  la  drverfiTé  des  grains  dont  elles 
ont  été  tirées,  ou  de  leur  ancienneté. 

Pline  favoit  qu'en  mêlant  deux  fortes  de  blés 
Eli 


mm 


396 


M  £  U 


enfemble  ,  il  arrive  fouvent  qu'on  fait  plus  de  pain 
que  chacun  nen  produtroîr  fèparément  ,  oc  il 
apporte  pour  citemplc ,  /.  xviii ,  c,  vu ,  que  les 
blés  de  Cypre  &  d'Alexandrie  n  en  donnent  pas 
plus  de  vingt  livres  chacun  au  boiiTeau  ;  qu'outre 
cela  le  blè  de  Cypre  eft  bnin  ,  &  produit  du 
pain  noir  ;  mais  que  fi  on  le  mêle  avec  celui 
d'Alexandrie ,  qui  le  donne  trés-bhnc  ,  ils  font 
enfemble  du  pain  blanc  >  &  quM$  en  donnent 
ving-cinq  livres  par  boiiTeau*  Pline  ajoute  que  le 
froment  de  la  Thèbatde  ,  mèlè  avec  un  autre  ^ 
en  rend  ving-fix  Uvres. 

On  ne  veut  cependant  pas  conclure  de  ces 
expériences ,  oue  le  mélange  des  grains  avant  de 
les  moudre,  &  la  combijaaifon  des  farines  avant 
de  les  pétrir ,  produtfent  toujours  une  augmenta- 
tion en  pain  ;  on  ne  peut  en  être  certain  qu'après 
avoir  fait  TeiTai  des  grains  6l  de&  farines  qu'on 
doit  employer. 

CeA  une  bonne  méthode  que  de  faire  fépa- 
rêment  toutes  les  farines  ;  mais  il  efl  bon  après 
cela  de  les  combiner  enlemble  avant  de  les  em- 
ployer. Toutes  les  farines  d'un  même  grain  fem- 
blcnt  avoir  été  faites  pour  être  enfemble  ;  elles 
font  analogues  les  unes  aux  autres ,  &  fe  prêtent 
mutuellement* 

Les  trois  premières  farines  mêlées  enfemble 
font  de  très-bon  &  de  très- beau  pain*  La  qua* 
rrième  farine  en  fait  auiTi   de   bon  (  mais  d'une 

2 u  alite  inférieure  )  »  en  la  mêlant  avec  la  troi- 
éme  ou  avec  la  première. 

Il  y  a  des  boulangers  qui ,  après  avoir  bluté , 
remêlent  enfemble  les  farines ,  les  gruaux  ,  les 
recoupettes  «  &  même  les  recoupes ,  &  qui  les 
combinent  pour  en  compofer  les  diverfcs  fortes  de 
pain  qu'ils  ont  coutume  de  vendre.  Ils  font  re- 
moudre feulement  le  premier  gruau  pour  faire  le 
pain  mollet.  Ils  fe  fervent  tie  la  première  farine  de 
blé  pour  faire  le  pain  blanc ,  &L  ils  mêlent  les  au- 
tres farines  &  gruaux  pour  en  foire  le  pain  bis- 
blanc»  mais  il  eft  mieux  de  remoudre  les  gruaux  » 
&  de  fe  fervir  de  plus  de  bluteaux. 

Ils  emploient  les  farines  une  quinzaine  de  jours 
après  qu'elles  ont  étés  moulues  ;  ils  n'cmploiertt 
que  des  blés  qui  ont  fait  leur  effet  :  le  plus  fou- 
vent  ,  à  Paris ,  ils  mêlent  enfemble  des  blés  de 
Brie  &  de  Beauce. 

Le  plus  grand  art  des  marchands  de  farine  n*eft 
pas  feulement  de  connoitrc  les  différente»  farines 
ce  leurs  qualités,  mais  auOî  de  les  combiner  fuivant 
les  différentes  proportions  relativement  à  ces  di- 
verfcs qualités,  pour  en  faire  ce  qu'on  nomme  un< 
konnc  mut\hind'ife.  C'cft  de  ceitc  habileté  à  com- 
biner les  différentes  firincs  ♦  après  les  avoir  mou* 
.ucs  &  blutées  à  profit,  que  dépend  la  richcffe 
des  boulangers  &  des  fariniers  ,  parce  que ,  pour 
faire  de  bon  pain  «  U  faut  le  compofer  de  toutes 
les  farines  qu'on  tire  du  mêm^  grain ,  qui ,  par  la 
mouture  Se  le  blutage  ,  donne  quatre  fortes  de 
li^rincs  plus  parfaites  its  unes  que  les  autres. 


M  E  u 

Le  mélange  de  farines  ,  qui  eft  fi  néceffaire  pour 
faire  de  bon  pain,  fe  trouve  dans  la  mouture  pour 
le  bourgeois;  c'eft  pourquoi  le  pain  de  ménage 
a  le  meilleur  goût  en  général  :  mais  ce  mélange 
ne  fe  fait  ni  û  bien  ^  ni  fi  à  profit ,  que  quand  on 
a  féparé  d'abord  les  farines  du  fon»  avant  de  les 
mêler» 

La  plupart  des  boulangers  de  Paris  achètent  de< 
meuniers  les  farines  toutes  mélangées  différem- 
ment ,  pour  en  faire  les  diverfes  fortes  de  pains 
qui  font  en  ufage  dans  cette  ville. 

Il  faut  que  les  farines  aient  non  -  feulement 
perdu  la  chaleur  &  Fodeur  des  meules  ,  mais  en- 
core qu'elles  aient  produit  leur  effet  avant  d'en 
faire  le  mélange ,  à  moins  que  ces  farines  ne 
viennent  des  blés  qui ,  avant  de  Ici  moudre  ,  _ 
avoient  h'\i  leur  effet.  ^H 

Il  faut  auffi  combiner  ce  mélange  des  &rines  dani^^| 
le  grenier ,  &  non  pas  dans  le  pétrin  »  pour  plus 
grande  commodité. 

On  ne  doit  mêler  enfemble  des  farines  bien 
différentes ,  que  lorqu'on  efl  fur  le  point  de  les 
employer ,  comme  lorfqu'on  eft  obligé  de  mêler 
de  nouvelles  farines  avec  des  vieilles ,  des  farines 
de  blés  nouveaux  avec  des  farines  de  vieux  blés  , 
qui  fc  gâteroient  enfemble. 

On  (e  fert ,  félon  les  différens  pays  où  l'on  eft, 
de  diverfes  farines  mcîées  enfemble  ;  mais  il  en 
faut  toujours  au  moins  deux  ,  comme  celles  de 
Seixlis  &  de  Fontoife.  D'autres  mêlent  celles  de 
Rambouillet,  qui  font  bonnes  &  qui  font  le  paia 
jaune  ,  avec  des  farines  de  Picardie  ,  qui  ne  font 
pas  fi  bonnes.  Il  y  en  a  qui  emploient  les  farines 
de  Pomoife  6£.  de  Beauce  enfemble. 

On  fait  de  très-bon  pain  avec  le  gruau  gris  ^ 
ui  efl  le  fécond  gruau  «  mêlé  avec  la  première 
arine  de  blé  ,  qui  eft  la  plus  blanche  :  &  pour 
taire  un  bon  pain  bis»  on  doit  mêler  trois  par- 
ties de  la  première  farine  de  blé  avec  huit  de  U 
quatrième  farine. 

Les  farines  de  Melun  »  du  Soiffonnois,  de  rifle 
de  France  *  font  douces  :  elles  font  bien  propres 
à  être  mêlées  avec  celles  des  blés  de  Beauce,  qui 
font  revêches  :  ceux  à\x  Vexin  François,  entre 
Rouen  &  Magni  font  plus  revêches  encore. 

11  y  a  des  farines  qui  étoient  réputées  autre- 
fols  les  meilleures ,  &  qui  ne  font  plus  aujourd'hui 
regardées  que  comme  médiocres ,  parce  qu'on 
a  depuis  perfcdionné  ailleurs  b  mouture ,  fc 
blutage  &  rafforriment  des  farines  ,  &  peut- 
être  aulfr  parce  que  le  choix  des  blés  ,  &  le 
mélange  des  farines  ne  fe  fait  plus  fi  bien,  dans 
les  lieux  qui  ont  perdu  leur  renommée  pour  la 
bonne  farine. 

Ce  n'eft  pas  feulement  pour  faire  le  pain,  qu'il 
efl  à  propos  d'affortir  différentes  farines;  il  eft 
bon  auffi  de  le  faire  pour  bien  préparer  les  bouil- 
lies. Les  Romains  ,  qui  étoient  de  grands  mangeurs 
de  bouillies,  &  qui  par  conféqucnt  s'y  connoif- 
foient,  avoient  coutume  de  la  compofer  avec  par- 


i 


I 


M  E  U 

ûç$  égftks  de  fanne  d*orge  &  de  celle  de  fromem  ; 
Bs jr  Jnèloieat  lulH  de  celle  de  fève. 

Le$  Grecs  mêloient  fur  vingt  livres  d'orge, 
troLi  livres  de  graine  de  lin ,  demi  -  livre  de  co- 
riandre &L  deux  oncei  de  fcl  j  &  fuivant  Galicn , 
do  AîUct. 

Li  Son^ 

Comme  Ton  peut  diftinguer  quatre  forres  de 
hnnts  eo  gênerai  tirées  du  même  grain  ,  il  eft 
fo&blc  auffi  d*en  féparer  trois  fons  différens  ; 
OToîj-j  t%  le  fon  commun,  a*,  le  remoulage 
on  âeorage ,  3  ^,  les  recoupes. 

Le  fon  Ordinaire  eft  pour  la  plus  grande  partie 
h  prejfuère  écorce  du  blé,  &  il  eft  fouvent 
loMir  à  de  la  farine  :  lorfqu'il  eft  dans  cet  état , 
00  le  namme  fon  gras;  Se  lorfqu'au  contraire  il 
et  bieii  fcparé  de  la  farine ,  on  le  nomme  gras 
fan^  enfin  ftc^  ou  bran.  Le  fon  gras  eft  ce  qui 
fort  après  la  première  farine  de  blé  par  la  mou- 
ture ruftxque.  Le  gros  Ton  ou  fonfec  a  été  féparé  des 
6uiaes  &  des  gruaux,  foit  par  la  mouture-en* 
grofle  proprement  dite ,  foit  par  la  mouture  éco- 
iM>iiiique,  Ibît  par  la  mouture  méridionale. 

Le  fécond  fon  eft  compofé ,  pour  la  plus  grande 
pirtie ,  de  la  féconde  écorce  du  grain,  qui  eft 
comme  une  fine  pelure  d'oignon;  c*eft  pourquoi 
il  eft  moins  jaune  que  le  premier  fon.  Ce  fécond 
foo  eft  le  produit  de  la  mouture  économique, 
reftanc  des  gruaux  qu^on  nomme  reprifa ,  parce 
qu^on  les  reprend  pour  les  remoudre  i  c'eft  pourquoi 
00  nomme  aufTi  ce  fécond  fon ,  nmoitUge  ;  on  le 
nomme  encore  ficurag^  ^  parce  quon  s'en  fert 
pour  fleurer  le  delTous  des  pains,  en  les  mettant 
dans  les  pannetons,  dans  les  plateaux,  &  dans 
le*  ficbiles;  c'eft  aufli  du  fleurage  qu'il  faut  jeter 
im  la  pelle  avant  d'y  mettre  le  pain  pour  ÎVn- 
biinser. 

Le  trcifiéme  fon  eft  nommé  rtcoupc  ;  ils  appel- 
lemen  Brcu^nc  furfas ,  ce  qu'on  nomme  recoupes 
ailleurs  ;  c*cft  le  fon  féparé  du  gruau  Si  des  recou- 
penes  par  le  blutoir»  Ce  fon  eft  le  moins  jaune, 
a  eft  plus  blanchâtre,  parce  quil  eft  compofé 
de  ^îne ,  du  germe  du  grain ,  &  d'un  peu  de 
fcs  écorces. 

Les  fons  font  plus  ou  moins  jaunes,  comme 
iei  £uines  font  plus  ou  moins  blanches,  La  farine 
C2Dfliiea(  toufours  plus  ou  moins  de  fon,  &  le  (en 
p'us  ou  moins  de  farine  ;  la  farine  eft  d'autant 
plus  bifc,  qu'elle  contient  plus  de  fon,  &  le  fon 
t(î  d'aoïane  plus  blanchâtre ,  qu'ii  contient  plus 
et  brine,  foit  que  cette  farine  y  foit  at.achée, 
OB  qu'elle  y  foit  funpîemcnt  mêlée.  Lcirfqu*on 
icpftfle  pluiieurs  fois  les  recoupes,  il  ne  refte 
fît  U  balle,  4ut  eA  pur  fon. 

Un  blé  qui  a  pîus  d'écorce  &  qui  Ta  plus 
épaifle,  donr>e  plus  de  fon  par  la  monture;  c*eft 
ce  qu*on  nomme  hlé  fonnettx  6t  hîé  bouffi  ;  plus 
»  hkk  eft  fonneux ,  plus  il  eft  léger  1,  de  lorte 


M  E  u 


?? 


que  moins  un  blé  pcfe,  plus  il  donne  de  fon  à 
proportion ,  &  moins  il  produit  de  farine. 

Non-feulement  les  blés  donnent  d'autant  plus 
de  fon,  qu'ils  font  plus  légers;  mais  aufli  ils  le 
donnent  d'autant  plus  mauvais  ;  les  fons  des  blés 
de  aïo  livres  le  fetier  ne  fe  confervent  que 
huit  jours,  ceux  de  130  livres  fe  confervent 
quinze  jours.  Ceux  de  240  livres, un  mois;  & 
ceux  de  %\o  livres,  deux  mois.  Il  faut  avoir 
foin  de  remuer  les  fons  plus  fouvent  que  les 
farines  :  il  faut  les  remuer  tous  les  deux  ou  trois 
jours. 

Les  vieux  blés  font  moins  (onnQMX  que  les 
nouveaux;  ies  fons  des  blés  nouveaux  font  plus 
pcfans  que  les  fons  des  vieux  blés  ,  parce  que 
les  f*ns  des  vieux  blés  font  plus  fecs ,  &  parce 
qu^îls  tiennent  ï  moins  de  farine  ,  qui  eft  plus 
pefante  que  le  fon. 

On  tire  ordinairement  par  !a  mouture  écono- 
mique de  la  boiffeaux  de  blé  ,  neuf  boiffeaux  de 
fon  i  favoir ,  fix  boiffeaux  de  gros  fon ,  un  boil- 
feau  de  remoulage,  &  deuït  boiffeaux  de  recoupes- 
Suivant  la  gradation  du  produit  en  fon  par  les 
blés  de  différens  poids  ,  le  fetier  de  blé  pefant  210 
livres  ,  rend  foixante-dix  livres  de  fon  des  trois 
fortes  :  le  blé  pefant  deux  -  cents  *  vingt  livres , 
donne  67  à  68  livres  de  fon  :  le  blé  de  23 a 
livres  ,  en  donne  65  livres  :  le  blé  de  24a 
livres  donne  62  à  63  livres  de  fon;  &.  le  bled 
de  250  livres  n'en  donne  que  60  livres.  Quand 
on  moud  bien  ,  &  que  Ton  blute  bien  ,  ces  quanti- 
tés relatives  de  fon,  font  encore  moindres.  Les 
blés  des  pays  chauds,  qui  péfent  jufqu'à  17a 
livres  le  ictier,  ne  donnent  que  35  à  40  livres 
de  fon.  Le  blé  d'Andaloufie  donne  un  fon  d'une 
fi  nèfle  extraordinaire  :  ce  fon  ne  péfe  que  trois 
livres  le  boifTcau ,  au  lieu  que  le  fon  des  blés 
de  France  pèf*  quatre  livres  le  boiffeau. 

D  faut  que  Iw  fon  ne  pèfe  que  quatre  livres 
le  boiffcau  ;  s'il  péfe  davantage»  c'eft  ^  ou  qu'il 
a  été  mal  mcfuré,  ou  qu'on  Ta  mal  moulu  & 
mal  bluté  ;  iorfqu'il  pèfe  plus  de  3  livres  & 
demie  à  quatre  livres ,  on  eft  certain  qu'il  y 
eft  refté  de  la  farine  ,  comme  cela  arrive  toujours 
par  la  mouture  ruftique,  qui  donne  un  fon  gras^ 
pefant  ordinairement  fept  livres  le  boiffeau  ;  favoir  > 
le  double  du  fon  fec ,  produit  ou  p.ir  la  mouture  en 
gro/Fe  proprement  dite,  ou  par  la  mouture  éco- 
nomique ,  ou  par  la  mouture  méridionale.  C'eft- 
à-dire,  chacjue  boiffeau  de  fon  gras  de  la  mou- 
ture ruftiquc  contrent  environ  trois  livres  8c  demie 
de  farine  &  de  gruau  ,  qui  feroîent  environ  cinq 
livres  de  pain;  &  de  irèsbon  pain,  parce  que 
c'eft  la  meilleure  farine  du  grain  qu'on  biffe 
alnfi  dans  le  fon  gras  f^r  la  mouture   ruilique.. 

Le  gros  fon  doit  être  bien  évidé  &  tortillé^ 
comme  des  oublies  ou  des  gauffres ,  ce  qui  dé- 
note un  bon  moulin,  &  ce  ion  fe  mefure  bien. 

Plus  le  fon  proprement  dit  eft  léger,  moins 
il  contient  de  farine,  moins  il  eft  haché  &  moins 


38 


M  E  U 


tl  cA  dur  ;  on  nomme  fon  dur^  un  fon  auquel 
il  tient  plus  de  farine,  &  dans  lequel  il  y  a  du 
gruau  ;  ce  qui  le  rend  moins  doux  &  moins  mollet 
dans  la  irïain. 

La  mouture  ru/tique  donne  plus  de  Ton  pour 
le  poids  que  n^en  donnent  les  autres  moutures^ 
maïs  elle  n'en  donne  pas  plus  à  la  mefurc , 
parce  qu'en  général  U  mouture  donne  du  volume 
au  graîn  &  au  fon. 

Le  Ton  acquiert  plus  de  yolpmepar  la  divifion; 
cependant  C  on  continuolt  à  le  divifcr  ,  il  revien- 
droit  à  avoir  moins  de  volume*  Le  (oa  a  beau- 
coup de  volume ,  fur- tout  le  gros  fon  ;  mais  ce 
fon  remoulu  ,  en  devenant  plus  fin ,  perd  de  fon 
volume  &  reprend  plus  de  poids  :  on  conçoit 
pourquoi  il  faut  une  mefure  moindre  pour  con- 
tenir un  corps,  s'il  e(l  en  poudre,  que  s'il  tCcd 
que  concaffè.  Plus  le  fon  cft  fin,  plus  W  eft  périt* 
plus  II  pé£e  :  le  fac  de  gros  fon  péfe  155  livres  ; 
le  fac  de  remoulage  péfe  %^\  livres;  Hl  le  fac 
de  recoupe  péfe  28 5  livres,  le  plus  fouvent.  Le 
petit  fon  eft  plus  pefant  que  le  gros  fon,  comme 
le  gruau  eA  plus  pcfant  que  la  farine« 

Les  économes  prétendent  que  le  fon  remoulu 
eft  pïus  nourriflant  que  celui  qui  ne  Ta  pas  été. 
Le  ion  pénètre  &  amolli  par  Teau  dans  laquelle 
on  Ta  mis  tremper,  devient  encore  plus  nour- 
rllTant  pour  les  oeftisux. 

Ces  économes  difent  au(Iî  que  le  gros  fon  eft 
pour  les  chevaux  ;  que  les  autres  fons  fe  mettent 
trop  en  pâte.  Selon  eux,  les  vaches  mâchent 
mieux  que  les  chevaux  le  remoulage  ou  fleurage; 
mats  ils  prétendent  que  les  vaches  ne  mangent 
pas  fi  bien  les  recoupes  que  les  cochons;  &  ils 
trouvent  que  les  recoupes  conviennent  mieux  au^i 
pour  engraiftcr  les  vobiUes,  Les  connoiffances 
les  plus  utiles  ne  font  pas  celles  qui  plaîfent  le 
plus;  mais  on  ne  doit  pas  les  négliger 

Les  recoupes  prennent  plus  d'eau  que  la  farine: 
une  livre  de  16' onces  de  ce  petit  fon ,  boit  13 
onces  d'eau.  Les  recoupes  fe  lient  bien  en  pâtons, 
6c  elles  engraiilbnt  parfaitement  les  volailles. 

Le  prix  des  fons  n*eft  pas  proportionné  à  leur 
poids:  Je  fécond  fonfçVenJ  plus  cher  que  le  premier, 
&  le  troiftëme  plus  cher  que  le  fécond ,  i  la  mefure; 
mak  par  rapport  à  leurs  poids  réciproques,  le 

Î premier  fon ,  le  gros  fon ,  le  vend  plus  cher  que 
e  fécond ,  &  le  iccond  plus  cher  que  le  troifiéme. 

tl  y  a,  dçs  fons  gras  qui  péfent  60  livres  de 
plus  (lar  fetier  le^  uns  que  les  autres;  ces  60 
livres  d*eïcédent  font  60  livres  de  farioes,  qui 
font  plus  de  80  livres  de  pain  cuit.  Le  fetier  de 
fon,  oui,  à  la  vérité,  cft  de  25  boifleaux«  qui 
péfe  00  livres  de  plus  qu*un  autre,  n*eft  pas 
vendu  plus  dans  Texafte  proportion  ,  parce  qu'on 
le  vend  à  la  mefure ,  ^  non  au  poids. 

Le  fon  le  plus  pcfant  eft  celui  de  la  mouture 
rufttque  ,  &  les  fons  les  moins  pcfans  viennent  de 
la  mouturc-en  groffc  proprement  dite,  de  la  mou- 


M  E  u 

ture  économique ,  &  de  la  mouture  méridionale. . 

Les  farines  mêlées  de  fon  fin,  boivent  pltis 
d'eau,  &  font  par  conféquent  plus  de  pain*  Le 
fon  réduit  en  parties  extrêmement  fines  eft  plui 
homogène  à  la  tarlne  avec  laquelle  il  eft  confondu, 
aue  ne  Icft  le  gros  fon  :  on  Tapperçoit  moin* 
dans  le  pain  à  U  vue  &  au  goût,  lorfqu'il  eft 
bien  divifc»  Il  y  a  des  fons  qui ,  par  leur  nature  , 
pourroicnt  entrer  dans  la  compofition  du  pain  fans 
le  bifer ,  lui  donnant  feulement  une  couleur 
blonde;  tels  font  les  fons  provenans  des  blés  de 
Flandre  &  d*Andaloufie. 

On  fait  que  dans  tous  les  temps  &  dans  tous 
les  pays  on  a  fait  le  pain  de  munition  avec  la 
farine  &  le  fon  enfemble;  ce  qui  fait  de  bon 
pain  ,  s'il  eft  bien  prépare. 

Le  fon  cil  ordinairement  moins  fec  que  la  &• 
rine ,  ce  qui  cependant  n*efl  pas  conftant;  il  y 
a  des  années  où  le  grain  eft  moins  fec  imériett- 
renient  qu'extérieurement ,  félon  que  la  tempé- 
rature de  IVir  a  ctc  plus  ou  moins  féche  depuis 
le  temps  de  la  fleur  du  blé. 

Le  gros  fon  fe  gâte  plus  promptement  que 
ne  font  les  petits  fons  &  les  farineit  M.  Ma- 
liflet  m*a  rapporté  qu  il  a  fait  l'expérience  que  le 
gros  fon  s'échauffe  ,  c'eft  -  ï  *  dire  ,  fe  corrompt 
plus  promptement  que  ne  fait  le  fleurage;  ot 
que  les  recoupes  fe  cot rompent  moins  que  Ici 


farines ,  ôt  que  le  gros  fon  peut  s'échauffer  juf- 

3u'à  prendre  feu.  tl  eft  vrai  qu'on  a  moins  foin 
e  remuer  le  fon  aue  la  faiine;  &  au  contraire,  le 
fon  auroit  befoin  d  être  plus  fouvent  remué  que  la 
farine  ;  il  m'a  dit  aufli  c|ue  le  fon  de  feigle  fe  garde 
mieux  que  le  fon  de  froment.  Il  croit  que  plus  le 
fon  eft  menu  ,  que  plus  il  eft  divifé,  moins  il  fer- 
mente. Le  fleurage  s'échauffe  moins  que  la  farine  ; 
c*cft  pourquoi  les  farines  qui  font  bifes  par  le  petit 
fon  ,  par  le  ûeurage,  fe  gâtent  moins  que  les  farines 
blanches. 

Je  crois  que  le  fon  aide  beaucoup  à  la  fermen- 
tation de  la  farine ,  l'orfqu'il  eft  mêlé  avec  elle  : 
naturellement  le  gros  fon  fermente  plus  que  U 
farine,  &  lorfqu'il  eft  mêlé,  il  la  fait  plus  fer- 
menter, &  il  la  ferait  gâter,  fi  Ton  n'avoit  foin 
de  les  remuer. 

Il  n  arrivait  autrefois  à  Paris ,  dans  les  marchés 
&  fur  les  ports  ,  que  du  blé  ou  des  farines 
qui  n'avoient  point  été  blutées,  qui  étoient telles 
quelles  étoient  fonies  d'entre  les  meules  avec 
tout  leur  fon  :  ce  n'eft  que  depuis  î6^o,  qu'on 
a  commencé  d'amener  dans  cette  ville  de  la 
farine  blutée.  On  prétendoît  autrefois  que  U 
farine  féparée  du  fon  étoit  plus  facile  à  fe  cor- 
rompre, &  à  fe  gâter  fur  les  chemins  &  dam 
les  marchés. 

Le  fon  eft  la  partie  da  froment  la  plus  huileufe; 
la  partie  collante  de  la  farine  eft ,  après  le  fod  , 
ce  qu'il  y  a  de  plus  huileux  dans  le  blé  ,  âê 
elle  eii  aufti  la  plus  fufceptible  de  fermentation  8c 
de  pourriture,    parce  quelle  contient  moins  de 


M  E  U 

fcl;  U  y  a  plus  de  ici  à  proportion  dans  le  fon, 
que  dans  la  partie  collance  de  la  farine. 

Ce&  pour  cette  raifon  que  b  fermentation 
ifat  fon  avec  U  fariae  rend  la  farine  meilleure, 
flMHOS  rcvèchc,  La  fermemaiion  de  la  rame  donne 
■ne  qualité  à  la  farine  pour  être  plus  propre  à  faire 
ic  boa  pain ,  pour  diiToudre  le  coilam  de  la  fa- 
nne,  H  faut  joindre  du  falin  au  collint  pour  le 
rendre  gélitineux ,  pour  le  rendre  nourriflanc*  Les 
farifMrs  de\*iennent  plus  falèes  dans  la  mouture 
jnéridionale  ,  où  on  les  garde  avant  de  les  bluter. 

Les  fans  de  feigle,  d'orge  ^'avoine  ik  de  far- 
raaiji,  font  moins  bons  que  celui  de  Moment, 
dans  une  proportion  encore  plus  grande  que  les 
farines  de  Icigle ,  d'orge  ,  d'avoine ,  &  de  farrazln 

pie   m 


M  E  U 


39 


I 


Du  déchet. 


moruvemcnt  eft  le  principe  de  tout  déchet; 
moaTcment    des  meules  de  moulin  &  celui 
des  bluteaux  «  font  celui  dont  il  s*agit  ici. 

La  diifipation  efl  plus  grande  dans  un  moulin  neuf, 
dont  les  meules  font  nouvellement  r'habillées, 
c'cû-i-dtre,  rabattues,  parce  qu'il  faut  que  les 
ftotis  ks  pics  profonds  des  meules  ^e  remplif- 
fcftt  d'abord* 

Le  déchet  eft  moindre  dans  un  moulin  qui  eft 
cA  train  de  bien  aller  y  &  dont  les  meules  n^ont 
pas  befoin  d'être  repiquées;  car  quand  elles  en 
mm  befoui,  on  eft  obligé  de  moudre  plus  près 
8c  plus  fort ,  ce  qui  fait  aufti  de  la  dîÔlpation. 

Il  faut  encore  obferver  que  le  déchet  de  ce  que 
Ton  donne  à  moudre ,  vient  moins  de  la  diflipation 
delà  farine  par  le  mouvement  du  moulin ,  que  des 
rUques  qtû  arrivent  prefque  toujours  par  défaut 
d'attention  &  de  prècifion  ;  il  eft  bien  difficile, 
loriqu'on  moud  pour  plufieurs  particuliers^ ,  de 
fiToir  au  îufte  ce  qu'il  y  en  a  pour  chacun  :  il 
hm  que  le  garde-moulin  qui  le  régie  foit  préfent , 
âc  prêt  à  mettre  dans  la  trémie  le  grain  qui  doit 
fooEèder  à  celui  qu'on  moud;  il  laut  qu'il  foit 
tou^oufs  c%îÛ  &  prêt  à  en  recevoir  féparément 
le  produit ,  a6n  de  rendre  à  chacun  la  farine  & 
fe  too  qui  lui  appartiennent, 

Il'doîi  commencer  par  connoitre  ce  qui  peut 
ètrt  fcflé  dans  les  meules  ,  pour  les  arrêter  à 
la  prochaine  mouture  dans  le  même  état;  il  faut 
qiid  prenne  garde  qu'il  ne  foit  refté  de  la  farine, 
n  du  grain ,  dans  les  autres  panies  du  moulage. 
Il  n'y  a  guère  plus  de  déchet  par  la  mouture 
CB  grand  que  par  celle  qui  fe  fait  en  petit  ;  quel- 
mefois  même  il  n'y  a  prefque  pas  de  déchet , 
Fcn^qu^on  moud  beaucoup  &tout  de  fuite  ,  comme 
9m  iih  pour  les  fariniers  &  pour  les  boulangers  : 
alors  on  peur  favoir  précifi-ment  ctr  qu'il  y  a  de 
déxhct ,  ou  plutôt  on  fait  qu*il  n*y  en  a  prefque 
pas»  à  proportion  de  la  quaiititè  de  grain  qu'on 
1  iBoula  :  on  cftime  ordiiiairemem  le  déchet  à 
éswt  lÏTres  par  iac* 


Par  une  ordonnance  de  police  de  1438 ,  il  fut 
enjoint  aux  meuniers  de  rendre  en  farine  &  en 
fon  le  même  poids  que  celui  du  grain  quils 
avoient  re^u ,  à  deux  livres  près  par  feticr  :  ce 
qui  fm  confirmé  Tannée  fuivante  par  une  ordonnan- 
ce de  Charles  VII;  &  en  IÇ77,  Henri  111  donna 
un  règlement  par  lequel  il  orionnoit  que  Us  Juges 
ou  ojficurs  de  police  ajfembleront  Us  meuniers  & 
boulangers ,  pour  avîfer  quel  poids  &  mefure  devra 
rendre  la  mouture  pour  U  bU  ou  autres  crains* 

La  mouture  ruftique  eft  celle  par  laquelle  il 
fe  fait  le  moins  de  déchet,  parce  qu'on  n'y  moud 
qu'une  fois  ,  &  qu'on  y  blute  par  un  feul  bluteau. 
Le  déchet  n'y  eit  que  d'une  ou  de  deux  livres.  On 
accorde  aux  meuniers  dans  les  provinces,  deux 
livres' de  déchet  par  fetier  de  230  à  260  livres. 

Le  déchet  au  moulin  eft  plus  confidérable  par 
la  mouture  économique,  parce  qu'il  y  a  plus  de 
travail  dans  cette  mouture ,  ce  qui  fèche  la  farine* 
La  farine  s'échaufte,  s'évapore,  &  perd  de  fon 
humidité  par  le  mouvement  entre  les  meules ,  qui 
en  même  temps  la  rendent  plus  graffe  extérieure- 
ment en  exprimant  Fhuile  du  grain. 

Le  déchet  n  eft  pas  feulement  proportionné  au 
nombre  des  moutures ,  il  Tell  encore  à  la  forte 
de  mouture.  La  mouture  en  grofle,  où  Ton  ne 
remoud  point ,  diifipe  plus,  proportion  gardée, 
que  la  mouture  économique ,  parce  qu'en  général 
la  meule  va  plus  fort  dans  la  mouture  en  groffe , 
que  dans  la  mouture  économique. 

D'ailleurs,  dans  la  mouture  en  grolTe  propre- 
ment dite,  il  fe  fait  à- peu -prés  autant  de  diftîpa- 
tion  par  les  bluteaux  que  par  les  meules. 

Le  déchet  par  la  mouture  méridionale  efl  moin- 
dre ,  parce  qu'on  y  moud  moins  que  par  la  mou- 
turc  économique ,  &  moins  fort  que  par  la  mou- 
ture en  grofte  proprement  dite.  On  difiipe  moins 
aufti  par  les  bluteaux  dans  la  mouture  méridio- 
nale ;  mais  il  s'y  fait  une  ditîipation  qui  n'a  pas 
heu  dans  les  autres  moutures,  qui  vient  de  ce 
qu'on  eft  obligé  de  remuer  de  temps  en  temps  la 
rame,  pour  qu'elle  ne  fe  gâte  pas  dans  le  long 
efpace  de  temps  pendant  lequel  on  la  garde,  pour 
qu'elle  faffe  Ion  eftet  avant  de  la  bluter  y  &  afin 
d'en  féparcr  les  farines ,  le  gréfillon  êi  la  repafle» 

Il  fe  fait  ilu  déchet  en  blutant  les  farines,  les 
gruaux  &  les  fons,  ce  que  nous  avons  rapporté 
dans  le  chapitre  de  la  bluterie*  Il  y  a  déchet  en 
pétriffant  la  farine  ;  il  y  a  déchet  de  la  pâte  en 
cuifant  le  pain ,  &  il  y  a  encore  déchet  du  pain 
en  fe  refroidi  liant. 

Des  poids  6-   me  fur  e  des  blés  &  de  la  farine* 

i 

En  général ,  le  poids  eft  toujours  quelque  chofe 
de  plus  certain  que  la  mefure,  pour  tout,  par- 
ticrliérement  pour  la  boulangerie;  parce  que  le 
pain  étant  vendu  au  poids,  il  y  a  une  propor- 
tion plus  exaéle  entre  le  poids  du  pain  ik  celuî 


40 


M  E  U 


de  la  farine ,  que  fi  Ton  prend  la  urine  k  U  mcfure; 
puifqu'il  y  a  telle  farine  dont  le  boiffeau  pèfc 
plus  que  le  botûTeau  d*une  autre  farine,  non  feule- 
ment parce  que  la  farine  eft  plus  ou  moins  féche, 
mais  auflt  parce  quelle  eft  plus  ou  moins  fub- 
flantietle  :  or  la  tarins  qui  eft  fèche  8c  qui  eft 
plus  pefante,  eft  la  meilleure,  parce  quelle  a  plus 
de  corpç»  parce  qu'elle  fait  plus  de  pain  ,  &  parce 
qu'elle  le  fournit  ordinairement  meilleurl  De  mcme^ 
plusleblèeftpefant»  à  mefures  égales,  meilleur  il 
eft;  plus  il  donne  de  farine,  meilleure  elle  e(li& 
plus  elle  boit  d'eau ,  plus  elle  donne  de  pain. 

Plus  les  pays  font  policés,  plus  le  commerce 
s'y  fait  au  poids,  &  moins  il  fe  fait  à  la  me- 
fure.  A  la  Chine,  prcfque  tout  fe  vend  au  poids  : 
on  a  toujours  fu  qu'il  étoit  plus  fur  de  commercer 
au  poids  qu'à  la  mcfure*  11  avoit  été  ordonné 
autrefois  aux  meuniers  de  recevoir  le  grain  au 
poids,  &  de  rendre  auûî  la  farine  &  le  fon  au 

Î>oid$.  Par  les  Ordonnancei  du  Roi  concernant 
es  munitions  des  vivres,  il  eft  enjoint  aux  entre- 
preneurl  ,fourmffeur5&commi{ïiûnnaires ,  dt  livrer 
Uur  bU  fur  U  balance ,  pour  y  être  ptfù  en  leur 
préftnce, 

La  mefure  eft  fi  peu  certaine,  que,  félon  To- 
pinion  commune ,  elle  eft  plus  forte  au  marché» 
qu^au  grenier ,  parce  qu'on  n'a  pas  au  marché  p 
comme  au  grenier ,  la  commodité  &  Tefpace  con- 
venables pour  mefurer  exaftement  ;  ce  qui  va  au 
détriment  du  vendeur,  qui  ordinairement  a  moins 
d'ufageS:  d'adreffe  que  n'en  a  l'acheteur,  qui  eft 
le  plus  fouvent  un  marchand  ou  un  fadeur. 

La  température  de  Tair  fait  au  poids  &  à  la 
mefure  :  Thumidiié  augmente  en  général  le  poids 
de  la  marchandife,  6c  la  fécherefte  le  diminue; 
mais  ce  qui  fugmente  encore  plus  rinccrtitude 
fur  la  quantité  réelle  des  grains^  des  farines, 
&  des  Ions,  pris  à  la  mefure,  c'eft  la  manière 
de  mefurer ,  qui  avec  l'apparence  d'être  la  même  , 
eft  cependant  très  diiFé rente ,  félon  l'adrefte  des 
perfonnes  qui  mefureni. 

Le  mefurage  eft  la  fource  principale  du  profit 
des  regratiers,  c'eft-à-dire,  des  revendeurs*  Il 
faut  favotr  que  la  quantité  du  grain  ,  de  la  farine 
&  du  fon,  mefurcs  à  la  pelle  ou  avec  la  main, 
cfi  plus  grande  que  lorfqu'on  fait  tomber  dou* 
cernent  du  fac  dans  la  mefure;  c'eft  ce  qui  fatt 
ou  il  emre  beaucoup  moins  de  fon  dans  le  boiiTeau 
il  on  le  place  au  bout  du  blureau  pour  recevoir 
le  fon  à  mefure  qu'il  en  fort. 

Un  blé  remué  remplit  plus  la  mefure  qu'un 
blé  qui  ne  l'a  pas  été,  parce  que  l'air,  dans  un 
tas  de  blé  amaUé  depuis  long-temps,  efl  refoulé 
par  le  poids  des  grains  dont  l'air  occupe  les  in- 
terftices. 

L'humidité  qui  fe  fait  dans  le  monceau  de 
blé  pendant  qu'il  fait  fon  effet  ,  ou  quand  il 
s^échaiifTe,  mouillant  les  parties  d'air  contenues 
dans  les  imervalles  des  grains,  en  6fe  le  reftbrt; 


M  E  U 

elles  réfiftent  moins  au  poids  du  grain,  elles 
s'affiifTent,  elles  fe  condenUnt,  &  elles  occupent 
moins  de  place;  jufqu'à  ce  quon  les  relève,  & 
qu'on  les  féche  en  rerouant  le  bled  ^  &  en  re-» 
nou vêlant  Pair,  qui  reprend  fon  reffort  en  fâ- 
chant en  liberté* 

Dés  1350,  le  roi  Jean  avoît  donné  une  or- 
donnance pour  rétabliiTement  d'un  poids  public  « 
connu  aujourd'hui  fous  le  nom  de  poids-du-roi , 
ou  poïds-îe-rol  :  la  guerte  empêcha  que  ce  fage 
établiffcment  n'eût  lieu*  Il  fut  encore  ordonné 
en  t4j8  &  en  1439^ mai«»  les  troubles  qu'apporte 
toujours  la  guerre,  s'oppofcrent  chaque  fois  au 
bon  ordre  qu'un  objet  ii  utile  dcmandolt.  Cela 
eut  befoin  d'être  encore  renouvelé  en  154^  • 
en  1630,  1639  &  1667.  Entîn  en  1760  le  gou- 
vernement  a  de  nouveau  été  obligé  d'en  ordonner 
le   rctabliffement  à  Paris, 

On  doit  faire  obferver  îci  qu'il  y  a  cependant 
un  inconvénient  d'acheter  la  farine  au  poids,  qui 
eft  qu*on  peut  tromper  plus  alfêment  fur  la  qualité 
de  cette  marchanaifc  en  la  vendant  au  poids  « 
que  lorfqu'on  la  livre  à  la  mefure  ;  la  farine  eft 
renfermée  dans  des  facs  lorfqu'on  la  pcfe,  &  on 
l'expofe  à  la  vue  quand  on  la  mefure. 

Les  anciens  fe  fcrvoient  de  liquides  pour  ex- 
primer la  contiiîence  de  leurs  mefures,  même  de 
celles  qui  ne  fervoient  qu'à  mefurer  les  chofcs  (o* 
lîdes  ;  le  poids  des  fluides  eft  plus  certain  que 
celui  des  chofes  dures  ,  les  parties  des  fluides 
ayant  plus  d'égllités  &  s'arrangeant  mieux  dans 
la  mefure  ;  cependant  il  y  a  encore  de  rmégalité 
dans  les  fluides  ;  c'eft  pourquoi  le  poids  cil  plus 
certain  que  la  mefure ,  pour  tout. 

Il  y  a  des  inconvéniens  dans  tout,  il  6iuf 
éviter  les  plus  grands  ;  or,  ceux  d'acheter  la  farine 
à  la  meuire  font  plus  grands  encore  que  ceux 
de  la  recevoir  au  poids ,  parce  que  le  poids  eft 
toujours   plus  iûfle  que  la  mefure* 

On  fait  que  le  boift'eau  eft  Je  16  litrons;  le 
minot  de  froment ,  de  trois  boiffeaux  ;  la  mine  ,  de 
deux  minots  ou  de  fix  boiffeaux  ;  le  fetier,  de 
quatre  minots,  de  deux  mines,  de  douze  boif- 
Ceaux  ;  &:  le  muid  »  de  douze  fetiers. 

Le  fetier  de  farine  eft  comme  le  fetier  de  blé  , 
de  douze  boifleaux  ;  mais  le  dernier  boift'eau  du 
fetier  fe  mefure  comble. 

Le  fetier  d'avoine  eft  de  14  boifleaux,  &  le 
minot  de  ftx. 

Le  fetier  de  fon  eft  encore  plus  grand  ;  il 
eft  de  vingt-cinq  boifleaux. 

Le  fac  de  farine  eft  de  315  livres  ,  &  on  pafle 
cinq  livres  pour  le  déchet  du  fac.  Vn  fac  de 
farine  étoit  autrefois  le  produit  de  plus  de  deux 
fetiers  de  blé  ;  aujourd'hui  on  fait  tirer  de  deux 
fetiers  de  blé  plus  de  370  livres  de  farine. 

Le  muid  de  bon  blé  pèfe  4800  livres  ,  le 
fetier  140  livres  ,  la  mine  lao  livres,  le  minot 
60  livres,  le  boiffeau  ao  livres,  8c  le  litron  10 
onces ,  ou  une  livre  &  un  quarteron* 

Ordinairement 


ï 


f 


M  E  U 

Oniiaairement  le  poids  du  bolflTcau  de  blé 
fraoïent  eft  de  20  à  11  livres»  celui  de  ta  farine 
tft  de  la  il  15  livres^  celui  du  gruau  de  16  à 
17  ttrrcs  y  Sl  celui  du  gros  fon  de  trois  Uvrcs  & 
liîeatie  à  quatre  livres. 

Dam  le  commerce  fur  mer,  il  y  a  «ne  mefure 
doQC  on  ne  fait  pomt  ufage  dans  te  trafic  de  terre 
pour  les  grains  :  on  compte  Cur  mer  par  tonneaux , 
OQiPBie  ToQ  compte  fur  terre  par  fetiers  :  fui  van  t 
rordoomnce  de  i68r  »  Le  tonneau  d^:  mer  eft 
cfiiné  peicr»  dans  toute  U  France  en  genéraU 
éevx  nulle  livres  ;  il  contient  quarame*deux  pieds 
citbew 

Le  tonnean  de  froment  eft  différent  dans  les 
£ir£rexts  ports  de  mer  :  le  tonneau  de  Nantes 
CQmeet  dix  fericrs,  &  il  péfe  2150  livres;  au 
fieuqtie  cetui  de  Rennes  ne  pefe  que  21  ao  livres 
de  bîc  ordioairemcni. 

Le  grain,  par  la  dividon  qui  sVn  fait  en  le 
moulant,  occupe  plus  de  place  que  toffqu'il  £toit 
esirtcr*  On  conçoit  aifcmcnt  que  le  volume  du 
%rzm  augmente  par  la  mouture  qui  le  divife; 
flxaîs  il  eu  étonnant  que  ce  foit  du  tiers  «  mcme 
éa  double  :  un  fetier  de  douze  boiifeaux  de  blé 
donne  j  après  qu*il  e(l  moulu,  dii- huit  bolffeaiix, 
lant  en  iârine  qu'en  gruau  âc  en  fon  confondus 
enfemble. 

El  li«on  les  fëpare  par  les  blutoirs,  le  volume 
en  Cera  encore  plus  |rand«  Après  avoir  remoulu 
le  gru^Q  &  bluté  la  farine  «  on  a  quinze  ou  feize 
boilTeaux  de  farine,  &  huit  ou  neuf  boiffcaux 
de  fon;  le  tout  faifant  mefure  prefque  double  dâ 
celle  du  grain  qu'on  a  mis  au  moulm. 

On  a  encore  un  exemple  de  cette  augmentation 
du  %'alume  dans  la  mouture  économique  :  fi  Ton 
remoud  25  bolifeiux  de  gruau  gris^  on  aura  31 
hoUSaux  de  farine  &  3  boilleaux  de  fon  fin,  qui 
eft  te  âeurage. 

Tranfpori   des  Farine  s  > 

Voiei  un   moyen    employé  avec  fuccès  pour 
le  tranfpon  des  farines  fur   mer,    ou  dans  des 
y  loimatnf, 

^a  mec  la  urine  dans  un  grand  tonneau  par  llfs 
3e  dnq  on  ûx  poucefi  d*épaiiTeur;  on  les  (erre  & 
on  tes  réduit  en  maiTe  par  le  moyen  d*un  grand 
faiùa  de  bois. 

Le  tonneau  étant  atnfi  rempli  de  divers  lits 
de  farine,  on  le  ftrme  avec  un  couvercle  qui 
predc  fortement  la  firine,  &  on  l'enduit  extérieu- 
rtneni  de  goudron.  Lair  ne  peut  plus  pénétrer 
dioi  le  tonneau* 

On  peut  mettre  cette  farine  à  la  cave  fans  re- 
ûo  '  '  iimidiié.  On  prétend  qu'elle  fe  cotifer- 

Vl  .   très  long*tems, 

L«ir^u'on  en  veut  taire  ufagc ,  on  coupe  avec 
fin  i-ic  €tm  farine  qui  cil  en  maiTe  i  on  Tccrafe  , 
oii  la  paâe  au  tamis,  ^Ba  quelle  fc  délaie  bien 
daoi  Vc^u ,  &  on  en  fait  dexcelknr  pain. 
jlns  &  Métiers.   Tome  K  Ptirtie  L 


M  E  u 


41 


Ce  procédé  a  été  longnems  regardé  comme 
le  meilleur.  Cependant,  comme  la  farine  du  blé 
n'eft  point  par  elle-même  parfaitement  féche,  tk 
quelle  relient  toujours  un  peu  d^bumidîré,  il 
n'arrive  que  trop  fouvent  que  ceU<?  qu^aji  embar- 
que ,  foit  pour  le  fervice  des  vaiffeaux  ,  Toit  pour 
les  colonies ,  s'altère  confidérablement  pendant  îe 
voyage,  quelquefois  même  au  point  de  n'être  p^us 
propre  à  en  faire  du  pain.  M.  Duhamel  a  paré 
à  cet  inconvénient ,  en  appliquant  à  ia  farine  la  mé- 
thode qu  il  a  donnée  pour  la  confervation  du  blé , 
par  le  moyen  de  la  deflication  dans  une  étuve. 

Trois  parties  de  farine  provenant  du  même 
blé  ont  été  embarquées  fur  un  vaiâeau  qui  les 
a  tranfportécs  en  Amérique  &  rapportées  ecfiiire 
en  France.     . 

L'une  n'avoit  reçu  d'autre  préparation  que 
celle  quon  a  coutume  de  lui  donner  pour  le 
tranfport  par  mer;  elle  s'eft  trouvée  entièrement 
gâtée, 

Vnz  autre  avoit  été  faite  avec  du  blé  fécîié 
par  la  méthode  de  M.  Duhamel;  elle  étoit  infi- 
niment moins  altérée. 

La  troifiéme,  qui  avoit  été  féchèe  à  1  eruve  avant 
détre  mife  dans  les  barriques,  étoit  dans  Tctat  le 
plus  parfait. 

Ces  différences  fi  effeniietles  prouvent  quec'eft 
rhumidité  naturelle  de  la  farine  qui  contribue  prin- 
cipalement ï  fa  dégradation  dans  Iss  voyages  par 
mer,  puifquc  de  trois  parties  de  la  mkmt  farine 
embarquées  dans  le  même  vaifleau  &  dans  le 
même  lien  du  vaifTeau,  celle  qui  n'avoit  reçu  au- 
cune deiliccation  s'c/l  abfolument  gâtée  ;  celle 
qui  avoit  été  tirée  du  blé  defTéchè  s'cft  beau- 
coup mieux  comportée  j  ôt  celle  enfin  qui  avoît 
été  {i^chéc  elle-même  dans  Tétuve  de  M.  Duha- 
mel n'a  reçu  aucune  efpéce  d'altération. 

Des  dijprentes  efpects  de  moulins ,  leur  conjliiution 
&  leur  produit. 

Il  y  a  des  moulins  qui  font  mus  par  les  c:iux, 
&  d'aurres  qui  le  font  par  Pair;  ce  qui  conAttue 
deuxefpéces  principales  de  moulins  ,  les  moulin* 
à  eau ,  &  les  moulins  à  venr* 

Moulins  â  eau* 

On  les  diflingue  en  moulins  de  pied  ferme ,  & 
moulins  fur  Liteau, 

Les  moulins  de  pied  ferme  font  ainfi  nommés 
pîirce  qu'ils  font  bâtis  folideraenT  fur  !e  bord  dc$ 
rivitres.  Il  y  en  a  de  q^iatre  fortes;  favoîr  ; 

i**.  Les  moulins  en  dc£ous  ,  dont  la  rone  à  aubes 
tourne  dans  une  reillère  ,  courfier  ou  courant 
d*eau  ,  qui  la  prend  par  fîefTcus. 

2°*  Les  moulins  en  dijfis ,  dont  la  roue  k  pots 
ou  augets  reçoit  Teau  en  deHirs  par  un  condiMt 
au  canal,  lorfquVlle  a  îifil::  de  chute  &  pas  afl-z 
de  volume  poujr  faire  tourner  en  deAbus« 

F 


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M  E  U 


5^  Lia  mauiins  pendans  placés  fous  les  ponts 
^es  nvièrei  navigables  ,  &  dont  k  roue  à  aubes 
f'éléve  ou  s*abaiiTe  fuivant  la  hauteur  de  Teau. 

4".  l^j  moulins  à  cuvttu.  Comme  ils  ne  font 
connus  «dit  M*  Bucquet,  que  dans  nos  Provinces 
méridiofifles  où  Ton  en  fait  ufage ,  je  vais  en  don- 
ner une  idée, 

L*arbre  tournant  de  ce  moulin  eft  vertical  , 
fon  bout  fupérieur  eft  armé  d'un  fer  d*environ 
deux  pouces  en  quarrc  qui  porte  la  meule  courante 
horizontalement  ;  vers  le  bas  il  pone  une  roue 
horizontale  d'environ  trois  pieds  de  diamètre. 
L*cxiréniitè  inférieure  de  cet  arbre  fe  termine  par 
un  pivot  de  fer  tournant  fur  une  crapaudînc  d'acier 
fixée  fur  un  palier  au  bas  de  la  cuvette,  La  roue 
de  ces  moulins  eft  à  aubes  inclinées  ;  elle  eft  en- 
fermée dans  une  cuvette  ou  tonneau  en  maçonnerie 
fans  fond  ,  auquel  aboutit  un  courGer  aufll  en 
maçonnerie  ,  d'environ  un  pied  de  diamètre  plus 
ou  moins  y  félon  la  force  de  l'eau  qui  entre  avec 
précipitation  &  obliquement  par  ce  courficr  dans 
ia  cuvette ,  où  ,  ne  trouvant  pas  pour  fortir  d'ou- 
verture auHt  grande  que  celle  par  laquelle  elle 
eft  entrée  ,  elle  fe  gor>^e  8t  forme  dans  cette 
cuvette  un  rourbill  m  qui  force  la  roue  de  tourner 
avec  elle;  en  même  t^ms  elle  s'échappe  par  les 
intervalles  que  les  aubes  ont  entre  elles  ;  elle  fort 
par  le  fond  de  la  cuvette,  &  s'écoule  par  le  côté 
a  aval ,  où  Ton  a  ménagé  une  pente. 

Ces  moulins  ont  des  défauts  dont  je  parleras 
en  faifant  la  defcription  du  gros  de  (qî  &  de 
l'anille ,  &  à  l'article  qui  traite  des  défauts  des 
moulins  ordinaires  à  cuvette ,  &c. 

Pour  me  renfermer  dans  le  programme  de  l'aca- 
démie ,  je  ne  décrirai  que  les  moulins  en  deftbns 
&  en  deftus,  dont  la  conftru^iion  eft  la  même, 
avec  U  feule  différence  ci-devant  énoncée.  Ils  font 
de  tous  les  moulins  ceux  qui  font  le  meilleur  fer- 
vice  &  le  plus  continuel. 

Les  moulins  de  pied  ferme  ont  fur  tous  les 
autres  un  grand  avantage  ,  c'eft  de  pouvoir  établir 
dans  leur  partie  fupérteure  des  magafins  dans  lef- 
quels  on   peut   à   peu    de    frais   manœuvrer   les 

Î;rains  ,  les  rafraîchir ,  cribler  &  nettoyer  avant  de 
es  moudre.  Je  vais  d'abord  en  décrire  les  diffé- 
rentes parties. 

Pefçrfpt'ton   dt  iou*ts  lès  pièces  et  un   Moulin   éc^- 
nomi^uc  ^  d* après  U  Mémoirt  imprimé  de  M,  de 

Ls  roue.  Dans  une  grande  partie  des  provinces  de 
France  on  cil  dans  Tufaee  d'employer  des  roues  de 
dix  à  do.  «e  pieds  de  (fiamétre,  &des  rouets  qui 
n'ont  qu'environ  quatre  pieds  de  diamètre  j  cette 
difproporiion  dans  la  hauteur  de  ta  roue  défavan- 
lagc  le  moulin. 

Lorfque  le  lieu  le  permet,  il  faut  donner  à  la 
roue  un  plus  grand  diamètre  ;  il  eft  plus  avan- 
tageux priLir  la  force  de  Tc^u  &  pour  celle  du 
moulin  dont  U  roue  eft  le  kvïer.  Plus  un  levier  f 


M  E  u 

eft  long ,  plus  il  opère  de  force.  Aiiifi ,  lorfque 
Feau  eft  aftez  forte  ,  il  faut  donner  à  la  roue  un 
diamètre  dedix-fcpc  pieds  quatre  pouces  ou  environ 
jufqu'à  l'extrémité  des  aubes  ,  fur  vingt  à  vingr- 
quatrc  pouces  d'aubage  ;  c*eft-à-dire ,  de  la  largeur 
de  la  reillère  ou  du  courfier  ;  &  la  roue  doit 
avoir  vingt  •  quatre  aubes  d'environ  deux  pieds 
de  largeur  chacune. 

Si  au  contraire  il  y  a  peu  d'eau  »  ou  ipie  fa 
chute  ne  foit  pas  aflez  forte  ,  Taubage  &  le  fond 
du  glacis  ne  doit  avoir  que  douze  à  quinze  pouces 
de  largeur  ^  le  diamètre  de  la  roue  ne  fera  que  d*en-» 
viron  treize  pieds  ai  demi  ;  on  y  pourra  mettre 
trente  aubes  au  lieu  de  vingt-quatre  :  il  cfteHenriel 
qu'elles  foicnt  d'une  bonne  longueur,  telle  que  celle 
de  dix- huit  à  vingt- quatre  pouces  ,  afin  d'éviter 
le  retlux  de  l'eau  ,  &  que  le  ceintre  de  la  roue  ne 
touche  point  j  ou  très-peu  ,  ï  leau  :  fi  on  met  toit 
un  plus  grand  nombre  d'aubes ,  Feau  pajotteroit 
dans  leurs  intervalles  ,  ce  qui  augment'^roit  la 
réfiilance  de  la  roue,  &  rctarderoit  le  mouvement 
du  moulin:  en  général,  plus  Tcau  eft  forte  ,  & 
moins  il  faut  d'aubes. 

Lorfque  la  chute  d'eiu  d*un  moulin  en  deflbus 
efl  foible  ,  quoiqu'il  y  en  ait  beaucoup  ,  il  eft 
effintitl  de  tenir  h  roue  &  les  aubes  fort  larges^ 
c'cft-à-dire  ,  d'environ  trois  à  quatre  pieds  ,  & 
la  reillère  à  proportion  ;  alors  le  volume  d'eau 
fupplée  à  la  chute,  &  accélère  le  mouvement  de 
la  roue. 

Les  aubes.  L'aube  doit  être  faire  de  boîs 
dorme  ;  c'eft  une  petite  planche  attachée  aux 
coyatix  fur  le  ccintre  ou  jantes  de  la  roue. 

Les  aubes  font  les  bras  du  levier;  elles  font 
aux  moulins  à  eau  ce  que  les  ailes  font  aux 
moulins  à  vent  ;  elles  doivent  être  placées  droites 
fur  U  roue  ,  Ôt  non  inclinées  ;  leur  inclinaifon 
feroit  pajotter  l'eau  ,  6c  retardefoit  le  mouvement 
de  la  roue. 

Une  roue  dont  le  nombre  d'aubes  eft  double > 
tourac  plus  vite  que  celle  dont  le  nombre  d*aubes 
efl  fimple  ;  il  faut  qu'elles  foient  difpofées  de 
façon  que  deux  aubes  fuient  dans  Teau  pendant 
que  celle  d'avant  y  entre  ,  &  que  celle  d'après  en 
ion;  en  tout  quatre  aubes  agiflTantes  à-la-fois  , 
une  qui  entre  da/is  l'eau  ,  deux  qui  font  dans  l'eau  , 
&  la  quatrième  qui  en  fort, 

Let  coyaux  font  deux  petites  pièces  de  bois 
entaillées  fur  ta  roue. 

J  es  auges.  A  l'égard  des  moulins  en  deffus,  ti 
faut  que  l'ouverture  des  auges  au  pots  de  la  rotie 
foit  pioportionnée  à  la  fo'-cc  &  à  la  q^janritè  de 
Tcau.  Lorfque  les  pots  ne  font  pas  affez  ouverts, 
Teau  rejaillit ,  fort  de  la  roue  ,  <k  nuit  k  fcn 
mouvement,  qui  doit  tou  ours  être  leftc  A  Tégard 
de  leur  nombre  ,  il  faut  fuivre  les  mêmes  règles 
que  pour  les  aubes* 

Larbre  tournant  eft  l'axe  de  h  roue  &  du  rouet 
qui  font  en  dedans  du  moulin  :  cet  arbre  eft 
le  centre  du  mouvement  du  moulin  ;  ainft  11  doit 


M  E  Û 

erre  proponlonni  à  fa  force  &  k  celle  de  toutes 
Jeu  pièces  fur  Icfquelles  11  agît  ;  il  doit  avoir  environ 
tçuc  à  vingt  pouces  de  gros  en  quarré. 

Ltr  tùuriUans  &  Us  plumarts.  Les  tourillons  * 
qui  font  les  bouts  de  fer  dont  les  extrémités 
de  l'arbre  tournant  font  armées  ,  doivent  être 
dans  (on  plein  milieu  ;  ils  font  fupportés  par  des 
plnmns  de  fonte  ou  de  cuivre  «qui  doivent  leur 
lervir  de  chevet  pour  les  faire  tourner  plus  gai 
&  avec  moins  de  frottement.  La  forme  ordinaire 
de  ces  touriUons  eft  dèfavantageufe  pour  les  petits 
moulins  fur  -  tout ,  en  ce  qu'elle  occafionne  un 
froctemenc  qu'il  eft  eiîentîel  de  diminuer  Ces  tou- 
fîHoiis  ont  ordnairement  Cix  à  huit  pouces  de  cour» 
&  pOftent  fur  des  plumarts  de  fix  à  huit  pouces  de 
longueur.  Lorfque  ces  plumarts  font  de  ter  ou  de 
cuivre  «  le  frottement  eft  encore  confidèrable  ^  mais 
lorfqulls  font  de  bois,  comme  dans  la  plupart  des 
moulins  ,  alors  le   frottement  efl  bien  plus 

idérable  ,  &  retarde  beaucoup  le  jeu  du 
lia. 

Pour  remédier  k  ces  inconvéniens  ,  il  fau droit 
qtie  les  tourillons  furent  moins  gros  ,  moins 
bugs  »  &  qu'ils  fuffent  terminés  par  une  boule 
d*acier  qui  portcroît  fur  des  plumarts  de  cuivre 
îocrxidés  furie  clievrcfier  qui  les  tieodroit  en  équi- 
libre ;  ces  rouriltons  nauroient  ainfi  pas  plus 
d*ttn  pouce  de  frottement ,  &  les  petits  moulins 
fur  tout  y  gagneroient  beaucoup. 

Le  rûu<:t  eA  une  roue  à  dents  ou  aluchons  , 
adaptée  fur  Tarbre  tournant  dans  ia  cave  du 
nouEn  ,  pour  engtener  dans  les  fufeaux  de 
h  lanterne.  Ses  dents  ,  aluchons  ou  chevilles  , 
feot  de  petites  pièces  de  bois  taillées  ,  fott  quar- 
rcment ,  fort  en  plan  incliné.  Le  diamètre  du 
rouet  doit  être  proportionné  à  celui  de  la  roue  : 
ainii ,  en  fuppofant  le  diamètre  de  la  roue  de 
dtx^fepi  pieds  quatre  pouces ,  tel  qu'il  eft  indiqué 
ei-devant ,  celui  du  rouet  doit  être  de  huit  pieds , 
e*etl*i-dire  ,  toujours  un  peu  moins  de  la  moitié 
du  diamètre  de  la  roue.  Quand  on  tut  donne  la 
noltiè  }ufte  du  diamètre  de  la  roue»  cela  diminue 
la  force  du  levier  ou  de  la  roue  ,  &  ratemit  fou 
mouvement. 

Si  ïe  moUiin  a  beaucoup  d'eau ,  le  rouet  doit 
avotr  quarante- huit  dents  à  fix  pouces  de  pas  ou 
dlntervalle  Tune  de  l'autre  ;  il  eft  né  ce  flaire  que. 
ces  dents  aient  une  ligne  de  peme  par  pouce  , 
&iivant  Tépaiffeur  du  rouet  »  c*eftrà-dire  que  ,  fi  le 
ceiatre  ,  la  bande  ,  le  parement ,  ou  le  chanteau  , 
(  tennes  fynonymes  )  a  fix  ou  huit  pouces  de  large  » 
h,  tient  aura  ftx  à  huit  lignes  de  pente»  afin  que 
les  fafeaux  de  la  lanterne  quittent  plus  facilement 
les  dents  du  rouet  ;  il  eft  plus  avantageux  de 
d(Uifier  cette  pente  aux  lumières  ou  trous  que  Ton 
ùâx  dans  le  chanteau  du  rouet  pour  y  enfoncer 
les  dents  »  que  fur  la  tète  des  dents  mômes  ; 
cependant  «»a  donne  quelquefois  cette  pente  aux 


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4) 


deots  plutôt  qu'à  leurs  alvéoles  ,  parce  que  cela 
eft  plus  facile. 

Si  le  moulin  a  peu  d'eau ,  le  rouet  doit  avoir 
jufqu'à  ^6  &  môme  60  chevilles*  En  général ,  fi 
feau  eft  forte  «  le  pas  du  rouet  doit  être  long  & 
par  conféquent  avoir  moins  de  chevilles  ;  &  fi 
reau  eft  foibïe ,  fon  pas  doit  être  plus  court ,  il 
doit  avoir  plus  de  chevilles. 

Les  tmhrâfurts  du  rouet  font  des  pièces  de 
bois  qui  fe  croifeot  pour  foutcnir  la  circonférence 
du  rouet  ;  elles  doivent  être  fortes  à  proportion 
de  fa  groffeur, 

La  idntrrnc  eft  un  pignon  à  jour  fait  en  forme 
de  lanterne  ,  compofé  de  deux  tourtes  ou  pièces 
de  bois  rondes  autour  defquelles  font  les  (ufeaux 
dans  lef(|uels  engrènent  les  dents  du  rouet.  Cette 
lanterne  eft  fixée  fur  ïe  gros  fer  qui  traverfe  les 
meules  dans  leur  point  de  centre  ,  Qc  qui  fup- 
porte  Qc  fait  tourner  la  meule  courante. 

Diaprés  les  proportions  du  rouet  ci -devant 
indiquées  ,  la  lanterne  doit  avoir  dix  -  huit  à 
dix- neuf  pouces  de  diamètre  ,  avec  huit  fufeaux 
de  même  pas  absolument  que  les  dents  du  rouet, 

Lorfque  le  moulin  a  beaucoup  d'eau,  &  qu'il 
va  fort ,  on  peut  mettre  jufcju'à  dix  &mème  douze 
fufeaux  à  la  lanterne ,  &  toujours  de  même  pas 
que  les  dents  du  rouet  ;  le  moulin  fera  plus  doux, 
la  meule  tournera  plus  rondement ,  elle  s' u  fera 
moins ,  la  mouture  fe  fera  mieux  ,  &  ce  qu'on 
perdra  en  vîtefte  ,  on  le  gagnera  par  la  qualité 
de  la  mouture ,  &  par  un  plus  long  fcrvice  du 
mouHn. 

Les  proportions  entre  la  roue  »  le  rouet  ,  la 
lanterne  &  la  meule  courante  ,  doivent  être  telles 
que  40  ou  48  dents  do  rouet  &  huit  fiifeaux  de 
la  lanterne  opèrent  cinq  ou  fix  tours  de  la  lanterne 
fit  de  la  meule  contre  un  tour  de  la  roue.  D'après 
cette  règle ,  on  doit  préférer  le  nombre  pair  des 
dents  du  rouet  &  des  fufeaux  de  la  lanterne  au 
nombre  impair. 

Il  y  a  deux  manières  de  faire  la  lanterne  , 
favoir  ,  à  fufeaux  droits ,  &  à  fufeaux  inclinés.. 
Celle  à  fufeaux  inclines  fe  nomme  lanterne  â  fc 

On  fait  aulfi  les  tufeaux  en  bois  ou  en  fer  : 
ceux  de  fer  durent  pluslong^tems  ,  &  sVfent  moins 
que  ceux  de  bois  i  mais  ceux-ci  ont  le  mouvement 
plus  doux,  &  ceux  de  bois  de  gayac  fur  -  tout 
font  préférables ,  parce  que  le  frottement  en  eft 
plus  doux  6c  plus  folide. 

Les  dents  du  rouet  &  les  fufeaux  de  la  lanterne 
ayant  la  même  inclinaifon  ,  le  choc  plein  qu'ils 
fe  donnent  en  tournant  eft  auffi  vif  que  des  coups 
de  maillet  ;  &  fi  les  fufeaux  font  de  fer»  ce  choc 
caufe  au  rouet  un  ébranlement  qui  occafionne  fou 
écanement ,  à  moins  qu'il  ne  foit  ètréfillonné  ou 
foutenu  par  derrière  avec  des  pièces  de  boîs 
qu*on  nomme  étrifiîlons  ,  qui  prennent  dans  le 
milieu  des  deux  embrâfures ,  un  bout  à  la  roue 
&  lautre  au  rouer.  Ce  choc  ,  faifant  te  même 

Fij 


^ 


M  E  U 


«ffet  fur  Tarbre  tournant  &  fur  le  gros  fer ,  le$ 
fiit  vaciller,  leur  lait  faire  des  hcurtcmens,  des 
foubrcfauts,  fait  bourdonner  ta  meule»  ÔC  ia  nnou- 
lure  eft  inégale  &  groirière,  fcr-toui  lorfque  la 
Toue  a  beaucoup  de  viiefTe, 

L^  dcrangem  m  n'eft  pas  C  confidcrabîe  !orf* 

Ïue  la  chute  de  le  courant  d*eau  font  fuibles , 
tqtic  les  fuCeaux  font  de  boisj  mais  la  lanterne 
à  fcreine  eft  toujours  fu jette  à  fe  déranger  de 

fïas,  lorfqu'on  dcfcend  le  fef,  ou  que  Ton  cale 
0  chevrejl^r,  c'eA-à-dirc,  la  pièce  de  bois  qui 
lui  fcrt  de  chevet,  &  fur  laquelle  pofc  Taxe 
ou  le  grand  arbre  du  mouUn.  Ainft  il  faut  pré- 
férer les  lanternes  à  fufeaux  &  de  bois ,  qu  on  peut 
étréfillonner  lorCqu'ils  dardent  un  peu,  c'eft-à- 
dire  qu'on  ctaîe  ces  fwfcaux  par  de  petits  étrcfil- 
lons  qu'on  place  horiiontalement ,  &  quon  fait 
entrer  de  force  entre  chaque  fufeau. 

Le  palier  eft  une  pièce  de  boW  d'environ  un 
pied  carré  fur  neuf  pieds  de  longueur  entre  fes 
deux  appuis,  6c  dont  les  deux  bouts,  tailles  en 
dos  de  carpe,  pofent  fur  deux  pièces  de  bois 
qu*on  no/nmc  braie!.  Cette  forme  de  dos  de 
c.irpe  eft  nécelTaire  pour  alléger  U  meule  plus 
droite. 

Le  paKer  fcrvam  à  porterie  gros  fer  fur  lequel 
la  lanterne  &  la  meule  courante  font  arrêtées  >  il 
eft  évident  que  la  force  doit  être  proportionnée 
à  lapefanteurdcs  meules  &à  la  force  du  moulin* 
Les  deux  brjUs^  qui  fupportent  le  palier,  font 
deux  pièces  de  bois  chacune  de  fa  pouces  en  quarré  > 
pofées  en  travers  Auhèfroi^diin  lequel  elles  enirejit 
par  une  rainure  à  coulillc- 

Le  hé  frai  eft  conipofé  de  quatre  piliers  de  pierre 
ou  de  bois  debout,  qui  fouticnncnt  la  charpente 
du  moulin  ,  ou  l'étage  des  meules. 

La  tnmpure  eil  une  pièce  de  bois  de  cinq  à  ftx 
pouces  de  gros  &  d'environ  neuf  pieds  de  long,  qui 
Éait  Veffet  d'une  bafcule  ou  d'un  levier;  il  fert  à 
hauH'cr  8c  bailTer  le  palier  à  volonté.  La  trempure 
craverfe  fous  le  pUncher  des  meules ,  &  reçoit  dans 
Tun  de  fes  bouts  une  pièce  de  fer  debout,  qu'on 
nomme  ipèede  U  tnmpurx^  qui  paffe  à  travers  d  une 
des  braies,  A  Tautrc  bout  de  fa  trempure  eft  attachée 
une  corde  qui  va  s'arrêter  à  cr^té  de  la  huche ,  & 

Îju'on  chugc  d*un  poids  par  le  moyen  duquel  on 
oulére  cette  trempure,  Quind  on  tire  ce  poids , 
on  fouîève  Ij  braie  qui  porterie  palier,  6c  l'on 
écarte  ainfi  plus  ou  moîn>  la  meule  courante* 

On  m'a  propofè,  il  y  a  Umg-ttms  ,  d'empluycr 
pour  Talléi^cmejit  de  la  meule  une  efpèce  décrie 
fous  te  palier,  au  droit  de  la  pointe  de  fer  :  je  n'en 
tî  point  aç^prouvé  Tufage,  i".  parce  que  ce  cric 
eft  plus  coûteux  que  U  trempure^  i''.  parce  que 
fufat^e  de  la  trempure  eft  phis  facile  pour  le  garde- 
moulin',  3".  parce  que  le  garile-moulin  doit  con- 
duire à  la  foii  &  fans  fonir  de  place ,  les  trois 
f0uvfrftattx  du  moulïn  ^  favoir  ,  V anche  ^  le  haït- 
tléSc  \sitf empare;  il  doit  avoir  une  main  à  l'anche, 
pour  tâicr  U  mouiure  &  en  juger  la  qualité  î  il 


M  E  u 

doit  tenir  de  Tautre  main  le  bail- blé  &  la  corde  13 
1,1  trempure;  le  bail  bic,  pour  donner  plus  ou  moins 
de  blé  dans  la  meule,  félon  le  broiement  qui  Von 
veut  taire  ,  &  là  trempure  pour  allégef  ou  appro- 
cher,  c'ell-à-dire  hauffcr  ou  baîiîer  la  meule ,  (cîoa 
que  la  modture  l'exige;  4^,  c'eft  que  le  gardc- 
lîioulin  ne  pourroit  pas  gouverner  fi  facilement 
ce  cric  avec  l'anche  oc  le  bail-bW. 

•  Le  gros  -fer.  La  meule  courante  eft  fupportée 
par  un  arbre  de  fer,  ou  gros  fer,  dont  le  bout 
lupérieur  fe  nommç papillon  ;  la  partie  au-deftbu$ 
du  papillon  fe  nomme  /**  fufée ;  le  bout  inférieur 
de  cet  arbre  fe  nomme  le  pivot  ^  &  la  parue  qui 
eft  entre  U  fuféc  &  le  pivot  fe  nomme  U  cotfs 
de  V arbre* 

Le  papillon  entre  dans  Vanille  ^  &  porte  la 
mcuîe  courante.  ^ 

Dans  un  moulin  d'une  force  ordinaire  »  le  corpi 
de  Tarbrc  de  fer  doit  avoir  environ  trois  pouces 
de  largeur  fur  un  pOiîce  6l  demi  d'épaifreur ,  depuis 
la  fu(ec  jufqu'au  commencement  du  pivot. 

Le  pivot  du  gros  fer  porte  fur  une  efpècc  de 
p3S  de  métal  qu*on  nomme  crapaudtnt  ;  il  cil 
eftentid  que  cette  crapaudine  foit  dans  le  plein 
mitieu  du  palier,  afin  que  la  pointe  du  gros  fer 
foit  bien  droite  &  au  niveau  du  mdii?u  de  farbrc 
tournant. 

La  fuféc  du  gros  fer  doit  être  ronde,  elle  doit 
avoir  environ  ux  à  huit  pouces  de  long  fur  dix 
pouces  &  demi  de  circonférence,  toujours  fuivant 
la  force  du  moulin  :  il  faut  lui  donner  environ 
deux  lignes  de  plus  dans  le  haut  que  dans  le  baf,^ 
Si  cette  augm;fntation  du  haut  de  la  î\i{cc  étoic 
plus  fenfible  ,  elle  allégeroit  trop  la  meule ,  U 
feroit  bourdonner,  &  en  môme  tcms  cela  pour- 
roit fiirc  grenery  c'eft-à-dire,  faire  paffer  le  grain 
entre  les  bottes  Se  la  fufée  ,  pour  venir  tomber 
fe  perdre  fur  la  lanterne*  Si  l'eau  eft  foible,  oa^ 
fera  ta  fufée  plus  petite,  le  moulin  en  tournera 
plus  leftement. 

On  di (lingue  dans  le  papillon  les  plats  &  les 
houtî ;  les phts  font  les  côtés  les  plus  larges,  6c 
les  bouts  (ont  les  côtés  les  plus  étroits. 

Le  papillon  doit  avoir  deux  pouces  de  large 
par  en  bas  fur  les  plats,  revenant  à  deux poucis 
m/ms  un  quart  par  le  haut ,  6c  un  pouce  âc  demi 
par  en  bas  fur  les  bouts,  venant  à  un  pouce  âc 
un  qu  ait  vers  le  haut.  De  cette  manière,  l'anille 
ne  porte  pas  fur  les  épautemens  ou  rebords  de  la 
fufée ,  8c  la  meule  fe  dreiïe  facilemcnr,  Lorfquc, 
par  le  frorcment ,  la  fufée  s'ufc  plus  d'un  côté 
que  de  l'autre  &  qu'il  fe  forme  vers  le  haut,  des 
îhrts  ou  retords ,  ces  rebords  portent  fur  les 
boitillons,  font  échauffer  le  fer,  &  gênent  pour 
.ipprocher  la  meule  ;  le  moyen  d*y  reméiier  çÛ 
de  faire  porter  le  fer  à  la  forge,  de  faire  bien 
arrondir  la  fufce  ,  bien  limer  Hi  adoucir  les  inS 
galités.  &  de  remeftre  le  i^r  dans  le  plein  (Sibi:;a 
de  la  meule  gi faute. 


J 


I 


t 


M  £  U 

hht  &  Us  hoitdlofu  fenrcnt  à  contenir  la 
fisfie  dans  Tœilhird  du  gU«  ;  la  hoiî€  eft  une 
cfpéce  de  noyau  ou  de  moyeu  rojid  de  bois  d'orme, 
le  milieu ,  ou  Ton  place  deux  panneau n 
de  bois  de  cormier^  allant  de  boni: 
ca  b^iii  ,  de  3  à  4  pouces  en  carré  fur  6  à  y 
pouces  de  longueur,  pour  contenir  la  fufcc.  On 
t^  dsos  Tufajc  de  faire  une  boîte  ronde;  mais 
fai  obfervé  qu'en  la  faifant  quarrée  ^  dans  la 
longueur  des  deux  tiers  de  rèpalireur  de  la  meule  j 
&  le.reA^  rond,  la  boite  durolt  dix  fois  plus,  & 
o*ifoit  pas  fi  fujette  à  deffèrer  le  fer.  Les  deux 
bchîUons  font  contrebandes  par  deux  autres  mor* 
ceaux  de  bais  pofès  en  fens  contraires  ou  de  pUt 
cûolaî,  qui  fe  ïïomxntnx  ftiux  boU.Uons;  ils  fervent 
â  ioutcnir  les  boitillons  ai  le  bourrage  de  chanvre 
&  de  gniffe  ,  dont  on  garnit  la  fufèc  du  gros- 
fer.  On  peut  employer,  pour  faire  la  boite,  un 
Ik>o  vieux  moyeu  de  charrette»  parce  qu'ayant  fait 
€(>n  effet ,  il  n'efl  plus  fi  fujet  à  travailler  que 
le  bois  nruf  qui,  en  fe  gonflant,  pourroit  faire 
£rf}(L*e  la  meuk.  Pour  éviter  cet  effort  de  la  boîte, 
il  bmt  encore  avoir  la  précaution  de  la  fréter  , 
cVll-â*dirc  ,  de  la  cercler  de  fer  bien  cxaâcment. 
L'é^n  i V  eft  une  pièce  de  fer  ayant  la  forme  de 
deux  C  adoffès  ^iC ,  au  milieu  de  laquelle  cfl  un 
vrou  carré  qu  on  Domme  Toeil  de  Tanille  ,  &  dans 
lequel  entre  le  bout  du  papillon. 
L^ajikJlc  eft  incruflèe  &  fcelièe  avec  du  plâtre  ou 
plomb  «  dans  le  milieu  de  la  partie  intérieure  de 
la  meule  courante;  fa  grandeur  6^  fa  forme  doivent 
être  '-  roporrionnè^  à  la  grandeur  &  épailleur  de  la 
ie  »  &  à  la  grandeur  de  l'œiliard  ou  trou  de  la 
iculc. 

On  diftingue  ,  dans  Tamlle ,  le  corps  &  les 
àrms i  le  corps  eti  la  partie  du  milieu,  &  qui  a 
cla^ns  ioQ  ;uâe  miiteu  un  trou  quarré.  La  longueur 
^rps  de  Tamlle  doit  être  d'environ  quinze 
|KMice%*  non  compris  les  bras,  qui  doivent  avoir 
la  même  longueur  au  plus.  SMs  et  oient  plus  longs  , 
la  Aïeule  ne  fe  manierott  pas  û  bien  ;  ils  emp^< 
chcroient  de  drcifer  la  meule  j  &  û^tn  pefer  les 
boiits  avec  tacillté, 

Jhtfftr  U  meuU  ,  c'eft  la  charger  du  côté 
Mpoie  à  celui  qui  bai  (Te.  Pcftr  la  metiU ,  c'eft 
cfeercher  ion  équilibre  en  appuyant  fur  les  quatre 
pipiofs  »  pour  voir  û  elle  ne  pèfe  pas  plus  d'un  càté 
fl»  de    Taatre. 

L'aiiîlle,  dans  toutes  fes  parties,  doit  avoir en- 
irtFon  deux  ponces  &  demi  d'épi iiTeur,  fur  environ 
cmq   pouces   6c  demi  de  large. 

Les   qMotr^  plpfs.  Pour  drctTer  les  meules  con- 
^venabcinenf ,  on  fe  fert  de  quatre   petits  coins 
fcr,    qu^on  n<^mme  pipes.  Ils  doivent   avoir 
■  nn    trois    lignes  d'épailleur  fur  deux  pouces 
r ,  être  p!us  minces  en  bas  qu*en  hiut  ; 
ûc  iciî  à  coups  de  miffe  entre  le  papillon 

&  ev?r  ou  r^baifter  la  meule  du 

t^'i.  .  ^  bouts  qui  Texigent,  La  largeur 


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de  ces  coins  doit  être  moindre  que  celle  d^i 
papillon,  afin  de  pouvoir  les  ferrer  au  befoin. 

Depuis  quelques  années  on  a  trouvé  une  manié  rt 
plus  commode  de  Greffer  le  fer  de  la  meule  fans 
donner  aucun  coup  de  mafle^  ôc  par  le  moyen 
de  vis  placées  ainfi  qu  il  fuit- 

La  crapjndine  eft  encadrée  dans  une  boite  qu'on 
nomme  paéktte  ;  cette  boîte  eft  dans  un  chàfhs  de 
cuivre  ou  de  fer  à  travers  duquel  paftent  deux  vis  de 
preiVion  de  chaque  côté  fur  h  longueur,  6c  une 
autre  à  chaque  bout  fur  la  largeur  ,  pour  faire 
couler  la  poèlette;  ces  vis  fe  ferrent  avec  dzi  clçfs. 
Cette  machine  épargne  beaucoup  de  main  d'œuvrc, 
diminue  le  ch^mmsg^  du  moulin ,  &  minage  la 
crr.paudine. 

Pjr  économie  ,  on  fait  faire  la  crapaudlne  à 
trois  pas;  quand  elle  n'en  a  q»*un,  quatre  vis 
fuffilent  ftir  fa  longueur.  Il  arrive  quelquefois 
qu^  [a  pointe  du  fer  filiie  ,  ou  fait  du  bruit  en 
tournant,  &  qu*alors  la  meule  s'allège  ou  fe  fou- 
lé ve  toute  feule  fans  y  toucher;  en  voici  la  raifon  : 
quand  l'acier  eft  dans  le  feu ,  il  fe  gonfle  &  s'a- 
ionge  ;  de  même  Tacier  de  la  pointe  du  gros-fer 
s'éthaiiftc  &  fegonileen  tournant  j&  occafionne 
le  foulcvement  de  b  meule». mais  cela  ne  dure 
pas  long'tems  ,  parce  que  l'acier  s'ufe,  &  la  meule 
fe  rapproche  toute  feule.  En  pareil  cas,  lorfqu'on 
voit  que  le  ftr  s'échautfc  trop,  il  faut  arrêter  le 
moulin,  vider  le  pas,  c'eft- à -dire,  ôtcr   l'huile 

?[ui  s'y  eft  encraffée  ,  &  le  rafraîchir  avec  de  feau 
roide;  cela  durcit  Tacler  du  pas  &  de  b  pointe, 
cnfjiic  on  les  effuie  ,  &  Ton  y  remet  de  la 
nouvelle  huile  d  olive. 

11  convient  que  la  pointe  du  fer  folt  en  pointe 
d*oeuf ,  plus  ou  moins  Une  félon  la  force  du  mou- 
lin &  la  pefanteurde  la  meule;  car,  dans  un  mou- 
Isn  foible,  {\  la  pointe  du  fer  eft  grofte  ,  elle  le 
dcfavanfage*  Pour  remédier  à  l'inconvénient  de 
réchauôcment  de  cette  pointe ,  de  fon  fiftkmeuc 
Si  du  foulcvement  de  la  meuie  ^  on  a  imaginé  de 
faire  faire  le  pas  ou  la  crapaudine  d  un  métal  com- 
pofée  de  cuivre ,  d'ét^iin  fin  &  de  régule  d*anti- 
moine  fondus  cnfemble  ;  ces  cri^paudines  durent 
beaucoup  plus  iong-temps  ,  ÔL  pour  les  ménager 
encore  ,  on  a  foin  ,  chaque  fois  qu'on  fait  recharger 
d'acier  la  pointé  du  gros-fer ,  de  le  faire  tourner 
pendant  huit  jours  fur  une  crapaudine  d'acier  pour 
le  polir,  l'adoucir,  afin  que  Ion  frottement  fur  le 
pas  métalUque  foit  enfuttç  plus  doux. Quoique  cette 
crapaudine  de  métal  foit  meilleure,  on  fe  fert  en- 
core généralement  de  celle  d'acier. 

Les  mentes.  Il  y  a  dans  un  moulin  deux  meules 
placées  horizontalement  Tune  fur  l'aiître  ;  la  meule 
inférieure  eft  à  demeure ,  &  fe  noinmîr  la  mcn/e 
^finte  ou  le  gîte.  La  meule  fupérîeure  eft  mobile 
Ôc  tourne  fur  Tautre  ;  on  la  nomme  par  cette  raifoor 
la  meule  courante»  •  -* 

Il  faut  beaucoup  de  connoi  flan  ces  riiéoriqucs  fit 
pratiques  pour  bien  chotiir  les  meules* 


^ 


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-En  général  ,  ellci  font  n»édiocres  lorfqu  elles 
font  rougcitrcs ,  noirâtres  &  2  grands  trous ,  & 
elles  font  bonnes  lorfqu*eUes  Jbnt  à  petits  trous 
&  bien  perfiUêes  ;  on  en  trouve  de  femblablcs  à 
Qerac  ,  Nerac  &  Bergerac.  Il  y  a  auffi  dans  ces 
provinces  une  autre  efpèce  de  pierrre  dont  on 
fait  des  meules  plus  tranchantes  ,  &  qui  fervent 
k  moudre  enfenime  le  feigle ,  le  mats  ou  blé  de 
Turquie  ,  les  pois  &  les  Fèves,  dont  les  pauvres 
font  leur  pain  dans  ces  provinces^  Ces  meules 
font  Cl  tranchantes  t  qu'elles  ne  donnent  que  quinze 
à  Vingt  livres  de  ion  par  quintal  de  ^rain. 

Les  meules  de  la  Fertè  lous  Jouare  ^  en  Brîe  , 
font  les  meilleures  pour  U  mouture  des  blés 
feptentrionaux  ,  elles  développent  mieux  le  fon  au 
broiement;  il  y  a  encore  d'aflfez  bonnes  carrières 
de  pierres  à  faire  des  meules  à  Montmirail  & 
fur  les  frontières  de  la  Champagne  ,  mais  elles 
ne  font  pas  fi  bonnes  que  celles  de  la  Fcrié  fous 
Jouare. 

Il  y  a  une  autre  catriêre  meulière  ï  Oulbec 
en  Normandie  ;  la  pierre  en  cft  trop  tendre  , 
elle  fait  la  farine  molle  &  lourde  ;  cependant , 
étant  bien  choifies  ,  ces  meules  feroient  un  bon 
moulage  pour  les  bics  étuvés  &  trésfecs*  JVi 
vu  employer  les  meilleures  mtulcs  d^Oulbec  en 
gîte  avec  une  meule  courante  de  la  Ferté  fous 
Jou«re  ;  elles  faifoient  un  très-bon  moulage. 

La  meule  gifanre  doit  erre  d'un  grain  blanc- 
bleu  foncé  >  plein  &  doux  ;  elle  doit  cire  moins 
ardente  ou  moins  tranchante  que  la  meule  cou- 
rante, pour  en  foutenir  l'effort. 

Une  meule  ardente  c&  une  meule  coupante  par 
fes  inégalités  naturelles ,  &  par  ceîlef  qu'on  y  a 
faites  en  la  piquant.  Les  menhs  font  plus  ardentes 
à  proportion  que  la  pierre  dont  elles  font  compo- 
fées  cft  plus  dure  ,  &  qu  il  faut  les  rebattre  , 
repiquer  ou  rliabiller  moins  fouvent.  Ced  la  quan- 
titc  &  la  petitcfledes  trous  qui  rendent  une  meule 
bien  ardente.  Ces  petits  trous ,  en  terme  de  meu- 
nerie ^  fe  nomment  évàllurts  ;  amfi  une  meule 
bien  éveillée  cft  une  meule  bien  ardente»  Une  meule 
à  petits  trous  >  s'éclate  moins  &  prend  mieux  fon 
marteau. 

Pour  les  meules  ardentes  ,  il  faut  préférer  les 
pierres  meulières  blondes  ,  œil  de  perdrix  ,  un  peu 
tranfparcntes  ,  femécs  de  petites  parties  bleues  & 
blanches  &  tic  petits  trous  »  parce  qu'elles  font  plus 
ferries  &  plus  approchantes  de  la  nature  du 
caillou. 

Comme  les  meules  d'un  graîn  égal  font  très- 
rares  ,  &  que  la  plupart  fe  trouvent  mêlées  de 
veines  dures  &  tendres^  de  grands  Ôt  petits  trous, 
on  eft  obligé  de  travailler  ces  meules ,  qui  après 
ce  travail  ne  font  pas  toujours  fans  défauts.  Les 
iabrîcans  de  meules  en  compofent  de  plufteurs  mor* 
ccaux  femblablcs  ,  qu*tU  choifiitcnt ,  appareillent , 
lient  &  mjftiquerit  cpfcmblc  avec  du  plâtre-  Ces 
meules  font  cxccllcnies  U  rfqu'cîles  ont  été  compo- 
fées  avec  foiii  ;  mais  le  plâtre  employé  pour  les  maf- 


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tiquer ,  retenant  beaucoup  d*eau ,  ces  meules  font 
plus  long  temps  à  fécher  »  &  j'en  parlerai  cncot%  à 
rarticle  du  féchement  des  meules. 

Lorfque  les  deux  meules  font  également  arden- 
tes ,  cela  défavantage  le  moulin;  il  tourne  en  ap- 
prochant ,  au  lieu  de  tourner  en  allégeant ,  ce  qui 
rougit  la  farine  &  les  gruaux  par  les  particules  de 
fon  qui  s*y  mêlent  :  on  confomme  le  grtin  en 
recoupes. 

Les  deux  meules  doivent  être  abfolumem  de 
même  diamètre  ;  autrement  la  plus  large  feroit  ufée 
par  le  frottement  de  la  plus  étroite  ,  ce  qui  lui  fe- 
roit prendre  des  lèvres ,  faillies  ou  rebords ,  qui  em- 
pècheroicnt  la  farine  de  s'échapper  d*entr'ellt?$  à 
fur  &  mefurc  du  broiement,  l'échai^fferoient  & 
la  rendroient  fableufe. 

Des  meules  de  fix  pieds  deux  #11  trois  pouces 
de  diamètre^ fur  douze  à  quinze  pouces  d*épaiffcur, 
pour  la  meule  courante ,  &  de  quinze  à  dix-huit 
pouces  pour  la  meule  gifantc,  font  d'une  bonne 
proportion  pour  un  moulin  qui  doit  moudre  quînxe 
à  vingt  fetiers  par  jour  ;  mais  au  defTous  de  quinie 
fetters  ,  elles  doivent  être  plus  petites  &  moms 
lourdes  ,  ainfi  que  toutes  les  autres  pièces  du  mou* 
lin  3  dont  la  force  doit  être  proportionnée  à  celle 
de  la  chuic  &  du  courant  d'eau* 

Lorfque  Ton  a  fait  choix  de  bonnes  meules  ,  il 
faut  les  préparer  ,  les  faire  féchcr  ,  ks  piquer,  les 
monter  ,  toutes  opérations  dont  je  traiterai  lorf- 
que j'aurai  fait  la  dcfcription  des  autres  pièces  du 
moulin. 

Lts  4trchurts,  Lorfque  les  meules  font  bien  mon* 
tées ,  on  pofe  les  archures  autour  dVltes.  Les  archii^ 
rcs  font  une  efpèce  de  coffre  ou  de  caiffc  tonde  qui 
environne  les  meule?. 

Lis  couverçaux.  Les  planches  avec  lefquelles  en 
couvre  &  ferme  cette  caiiïe  j  fe  nomment  les 
couven\iux  ;  elles  doivent  être  bien  jointes  & 
bien  clofcs  ,  pour  empêcher  révaporation  de  la 
farine. 

Lis  trémionj  ,  porii-trémhns  &  [rayon.  Au  deffus 
des  archures  ,  on  place  les  trémicns  ouchevronsqui 
fouiiennent  la  trémie  &  les  poru-trémions  ou  fup- 
ports  des  trémions,au  milieu  defquels cft  X^frayan^ 
qui  doit  être  dans  le  milieu  de  roeillard.  Le  frayoti 
cft  une  cfpéce  de  pignon  incrufté  dans  le  bas  au 
corps  de  ranille»  &  qui  frotte  contre  Ciiuga  poar 
faire  tomterlc  blé. 

Vixu^ct  eft  une  boue  longue  ,  inclinée,  &  placée 
fous  la  pointe  de  la  trémie  ,  pour  recevoir  le  blé 
&  le  conduire  dans  rœillard  ;  il  doit  être  bien 
fufpcndu  ,  fans  toucher  au  cul  de  la  trémie,  pour 
qu'il  puitTe  bien  fe  régler  à  prendre  également  lo 
blé  ou  le  gruau  quand  on  le  remoud. 

La  trémie  eft  un  entonnoir  quarré  de  boîf  ,^ 
dans  lequel  on  verfe  le  grain  ou  le  gruau  It 
doit  être  placé  bien  dirc^ement  fur  l'auget.  Faute 
de  cette  précaution  on  rifquc  de  faire  aller  le 
moulin  à  drux  airs  ,  c'eftàdire,  plus  ou  moini 
fort  ,  ce  qui  fait  battre  le  frayon  plus  ou  moins 


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bn  contre  lauget.  Cela  arrive  quand  le  moulin 
Dteod  plus  DU  moins  de  blé  alcernattvemem. 
yotùjjoc  le  garde-moulin  entend  que  le  moulin 
ri  i  deux  airs ,  il  élève  ou  bailTe  Tauget  par  le 
Muyea  de  deux  ficelles,  dont  Tune  fe  nomme  le 
kÊÎl'êù  ,  pour  donner  plus  de  blé  fi  le  moulin 
1^  trop  vite  »  ou  pour  en  diminuer  la  chute  ,  fi  le 
HKMilfQ  va  lentement  ,  afin  d*alléger  les  meules  ; 
uaàs  ,  daas  cous  les  cas  ,  il  aura  grand  f®in  que 
Taugec  ae  donne  pas  fou  bled  alternativement  Ôc 
par  kcouffc. 

Le  moalîn  va  auffi  è  deux  airs  quand  ta  meule 
courante  a  des  lourds  ou  des  queux  par  lefquelles 
eUe  déborde  ,  ou  bien  quand  la  roue  qui  prend 
l'eau  cil  inégale  &  qu'elle  pafle  plus  vite  dans 
un  reiDp5  que  dans  un  autre ,  ou  que  le  tourillon 
nVA  pas  dans  le  plein  mijieu  de  Tarbre  tournant , 
ou  qu'il  cft  trop  lâche ,  ce  qui  donne  des  fecouffes  , 
et  fmk  aller  le  moulin  à  deux  airs  ,  à  quoi  on 
tenèdie  par  les  moyens  que  je  dirai  k  T article  de 
Ja  flMMiture  des  meules* 

Il  £iut  eofuite  placer  Tanche  convenablemenr. 

ifmmcke  cfi  un  conduit  de  bois  ou  de  ftr-blanc 
^oforoiL'  de  languette,  qui  fert  à  conduire  le  blé 
moulu  dans  le  bluteau.  Il  faut  que  Tanche  foît 
bien  en  pente  ,  pour  que  la  farine  tombe  facilement 
rfajQf  le  bluteau ,  &  qu'elle  ne  remonte  point  dans 
les  meules  ,  ce  qui  les  engraiflcroit  &  échaufferoit 
le  moulin. 

Voe  meule  s*engraifre  ou  prend  crappe  quand 
la  &rioe,  fuffifamment  a(Enèe  »  paiTe  pluùeurs  fois 
for  U  meule  gifante  6c  s'y  arrête  ,  ce  qui  fait 
que  la  farine  qui  vient  après  gliflTe  defîus  fans  rcce- 
TOir  la  Éiç>n*  Lorfque  les  meules  font  engraiflfées  , 
dks  donnent  la  plus  mauvaife  mouture  «  le  grain 
^dk  qu*ap!ais,  le  fon  n'efl  point  écuré ,  la  farine 
eft  graffc  &  fe  corrompt  facilement ,  elle  fait  peu 
4e  pain  ,  &  il  cA  mauvais, 

La  hucki,  A  coté  &  p!us  bas  que  les  meules  eft 
une  huche  de  fept  à  huit  pieds  de  longueur  &  de 
nthS  à  quatre  pieds  de  large  ,  dans  laquelle  eft  un 
h  bluteau  à  trois  grands  lés  ou  à  quatre  petits  lés  d'é- 
^  tuaiiie ,  façonnés  en  forme  de  fac,dont  louverturc 
cA  coufue  par  un  bout  fur  le  cerceau  qui  joint  au 
irtMi  de  la  bûche»  par  où  fort  le  fon ^  qui  tombe  dans 
Tanche,  bquelle  conduit  dans  ledodinage  ou  dans 
h  btutene  cylindrique  placce  dans  la  pariie  infé- 
rieure de  la  même  huche. 

Dans  le  haut  de  cette  huche,  on  place  un  p*i- 
kmmur  fup porté  par  des  accouples  de  fer  ,  de  cui^ 
▼re  »  ou  m^me  de  corde ,  qui  tiennent  à  la  huche  & 
IB  palonnicr. 

Le  paîonnicr  efl  un  morceau  de  boîs  blanc  bien 
fec  &  bien  léger  «  d^environ  quatre  pouces  de  tar 

E;  H  fert  à  foutenir  la  corde  du  M  .teau  »  qu'il 
déborder  aux  deux  bouts ,  tant  h.  caufe  des 
aeeoitples  qui  le  foudennent  par  des  cordons  ,, 
^'à  caufe  des  paffemcjis  qui  font  le  tour  du 
ftloBJiler, 


M  E  u 


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Lii  pêff^mtns  font  la  partie  duc#rdeau  qui  fou< 
tient  le  bluteau  j>  renforcé  d'une  longe  de  <uir  de 
Hongrie  qui  doit  aller  le  long  du  bluttau  &  fou- 
tenir les  attaches  de  cuir  qui  tiennent  à  la  ba- 
guette. La  dernière  attache  du  bluteau  doit  être 
au  bout  de  la  baguette  ,  &  Tautre  à  environ  quinze 
pouces  de  dlftancc;  il  eft  à  propoj  que^  la  longe 
de  cuir  ait  dép  fervi ,  afin  qu^ayam  £;iit  fon  effet , 
elle  s'alonge  moins. 

Il  faut  réduire  le  palomiier  à  un  pouce  d'épaifTeur 
entre  les  deux  paffemens  ;  il  fera  plus  léger,  Ôt  le 
btuteau  tamifera  mieux  ;  il  fufHt  qu'il  ait  de  la  force 
aux  accouples  {k  fous  les  paftemen;. 

Il  ne  faut  pas  mettre  de  paftemens  de  Tautre  coté 
des  attaches  ,  à  moins^  que  ce  ne  foit  un  moulin 
très-fort;  car  quand  le  bluteau  eft  fermé  d'un  paf- 
fcment  des  deux  côtés ,  il  ne  commence  fouvent  k 
bluter  qu'aux  attaches. 

Les  bluttaux.  11  y  en  a  qui  préfèrent  les  bluteau x 
à  quatre  petits  lés  &  deux  palonniers  à  châftls  ,  en 
ce  qu'étant  bien  ouverts ,  Us  doivent  mieux  bluter; 
mais  ces  blutcaux  font  tjés-îourds  pour  des  moulins 
de  moyenne  force.  Le  poids  de  deux  palonniers  à 
chiiTis  furcharge  trop  ,  &  un  blutage  ne  fauroit  être 
trop  lefte.  Quoiqu*il  n  y  ait  qu'un  paflemenf ,  on  ne 
doit  pas  craindre  que  te  bluteau  fe  déchire ,  s'il  eft 
bien  monté. 

La  pente  qu'on  donne  au  bluteau  doit  être  d'en- 
viron un  pouce  par  pied ,  c'eft  à-dlre  qu'une  huche 
de  huit  pieds  doit  avoir  huit  pouces  de  pente.  Si 
cependant  le  moulin  va  irès-forij  on  peut  donner 
quelques  pouces  de  pente  de  plus  au  bluteau  ,  afin 
qu  il  ne  îc  charge  pas  tant ,  tk  qu'il  débite  à  mefure 
que  les  meules  travaillenL  £n  conféqiience  auffi 
la  grofteur  du  bluteau  doit  être  proportionnée  à  la 
force  du  moulin* 

Quand  le  moulin  moud  fort  &  vite,  le  bluteau 
doit  être  un  peu  plus  gros  ,  afin  qu'il  laiiTc  pafTer 
vite  ta  farine.  Un  moulin  qui  afiîeure  bien,  fouffre 
un  bluteau  plus  gros  »  fans  que  la  farine  en  foit  pour 
cela  plus  bife,  La  qualité  &  la  BneiFe  des  bluteaux 
doit  aufti  varier,  fuivaat  la  fcchcrelTe  des  blés ,  fui- 
van  t  la  p:qure  dts  meules  ,  &  fuivant  qu*un  blu- 
teau.eft  bien  ou  mal  mont^. 

Pour  les  blés  fccs  ,  il  faut  des  bliueaux  plus 
fins  ,  il  en  faut  de  plus  ronds  quand  ils  font 
tendres» 

Des  meules  piquées  convenablement  ,  bien 
dreffées  &  bien  montées  ,  peuvent  fouftrir  un 
bluteau  plus  rond ,  fans  pour  cela  faire  rougir  la 
farine. 

On  peut  faire  bluter  également  un  bluteau  de 
deux  échani liions  plus  fins  Tun  que  Tautre ,  avec  le 
même  blé  &  force  égale  de  moulin;  cela  dépend 
de  la  bonne  monture  des  bluteaux. 

V  et  aminé  ou  étoffe  de  laîne  à  deux  étaîns  , 
dont  on  fait  les  bluteaux  ,  fe  fabrique  fur- tout  à 
Rhcims  &  en  Auvergne  ;  elle  porte  un  tiers  ou 
un  quart  de  large.  Il  y  en  a  douze  échantillons 
déterminés  pour  les  bluteaux  :  ces  échantillons 


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M  E  U 


vont  en  itigmentant  de  fincffc  dcpuî*  k  num^lro 
U  jufquau  numéro  41  ,  c*cft  à-dirc  qu'elle  a 
depuis  onze  jiifq  j'à  quannce-deux  fils  dans  cluque 
ponce.  Les  derniers  numéros  font  les  plus  fins , 
parce  que  plus  il  y  a  de  6ls  dans  une  portée  «  plus 
les  intervalles  entr'eux  font  étroits.  On  prend  ces 
dcrnkrs  numéros  pour  les  bluteaux  fupérieurs  qui 
tamiient  U  fleur  de  farine  ,  &  Ton  emploie  depuis 
le  numéro  n  jufquau  numéro  18  pour  le  dodi- 
nage  ou  bluteau  qui  doit  tamifer  les  gruaux  & 
recoupes. 

Depuis  pUifieurs  années  j  les  fabricans  d'éta- 
mine  à  Rhcims  en  ont  changé  les  numéros,  de 
manière  que  les  meuniers  ne  pouvant  aller  choi- 
fir  celles  dont  ils  ont  bcfoio  ^  font  fon  embarraffés 
pour  fe  les  procurer  par  lettres  ;  ce  qui  caufe  des 
erreurs  &  des  pênes  fréquentes  ,  qui  nauront 
plus  lieu  ,  lorfque  les  infpeâeurs  du  commt^rce  & 
des  minufa^lures  voudront  bien  préférer  rintérêt 
public. 

Quelques  meuniers  ont  cflayc  de  fubtlituer  des 
bliireaux  cylindriques  de  foie  à  ceux  de  laine  ; 
mais  il  s'en  faut  bien  que  le  produit  en  farines 
blanches  foit  auHî  avantageux  ,  t^nc  pour  la  qua- 
lité que  pour  U  quantité.  Après  le  rcmoulage 
des  gruaux  »  qui  ,  en  grattant  &  frottant  conti* 
nuetlement  la  foie  ,  facilitent  le  padâge  de  la 
fleur ,  ces  bluteaux  font  engraiOTés  »  &  ne  tami* 
fent  plus  ou  très- peu  »  en  comparaifon  de  ceux 
d'étaroine. 

On  a  fait  dans  un  moulin  répreuve  de  deux 
bluteaux  dans  le  premier  étage  d'une  huche  debout 
de  fept  piCvis  de  large  fur  fept  à  huit  de  long ,  un  ba- 
billard à  mont-Vtûu^  &  l'autre  avaUnt-Veau  ,  à  côté 
de  rarbre-tournanr.  U  y  a  auffi  deux  anches  qui, 
à  raide  d'une  couliiïc  adaptée  à  h  pièce  d'enchevê- 
trure ,  dirîgcrt  la  farine  pour  Ja  faire  tomber  égale- 
ment  dans  les  deux  blutciux. 

Le  fvîcortd  bluteau  cil  &  doit  être  plus  fin  que 
le  premier ,  attentiu  que  la  première  anche  du  coré 
de  la  poufiee  de  la  m^ule  ,  eft  celle  oii  eil  la 
coolilTe  ^  &  par  où  la  fl^ur  tombe  toujours  la 
premières  Par  le  moyen  de  cettû  couUffe  ^on  charg* 
le  fécond  bluteau  tant  ^  fi  peu  qu'on  veut  ;  il 
faut  tenir  ces  bluteaux  à  trois  les  bien  ouverts , 
avec  des  palonnlers  larges  ,  £c  ainli  quil  eft  dit  ci- 
devant» 

Avant  cet  arrangement,  la  huche  de  ce  moulin 
ètoii  de  travers,  au  liru  d'être  en  long  %  de  forte 
que  n  étant  pas  poiKble  d'approcher  le  babillard 
prè^  les  tounUons,  à  caufe  d'un  mur  qui  en  em- 
pérhoit,  il  failoit  retirer  beaucoup  de  blé  au  mou- 
lin pour  faire  bluter  le  bluteau  ,  ce  qui  rougtiToit  la 
farine  j  £c  ce  moulin  ne  pouvoir  moudre  alors  que 
37  fetiers  en  14  heures  »  au  Ucu  qua  depuis  qu'il 
cft  monté  de  cette  nouvelle  façon  ^  il  peut  mt»udre 
rjrtnv  la  bonne  eau  jufqu'a  j{  âc  60  ieiiers  ,  6c  U 
1. 1  ne  eft  meilleure. 

i\  rèful'c  de  cette  obfcrvatian ,  que  pour  opérer 
tm  pareil  changemcm  dans  un  gnotjUa  »  il  faut 


M  E  u 

qu^îl  aille  fort ,  &  que  les  meules  folent  bien  ardeft* 
tes  à  proportion  ,  pour  bien  affleurer  &  ècurer  lei 
fons^  &  cela  parce  qu'il  faut  augmenter  le  débit  du 
bluteau  à  proportion  de  la  force  du  moulin  ;  ton* 
tefois  ,  je  le  répète ,  la  farine  d'un  moulin  écono* 
mique ,  qui  moud  aç  à  40  fetiers ,  eft  de  meilleure 
qualité  que  celle  d'un  moulin  qui  en  débite  juf- 
qu'à  60. 

Lt  Jodina^e,  Uétage  fupérieur  de  la  huche  eft 
pour  les  bluteaux  fins  deftlnés  à  tirer  la  première 
farine  du  blé  ;  on  place  dans  Tétage  inférieur  de 
U  huche  un  dodiiiags  ou  bluteau  lâche  «  d'une  éta- 
mine  plus  ouverte^  &  de  deux  ou  trois  grofleur»! 
pour  fèparer  les  gru^iux  &  les  recoupes* 

Ce  codinage  peut  être  fait  &  monté  commt 
le  grand  bluteau ,  à  l'exception  que  ta  lumière  de 
la  baguette  ne  doit  pcÀfic  être  à  plomb  à  celle  de 
la  batte  ;  mais  elle  doi^érc  percée  un  peu  en  équer- 
re  ,  fui  vaut  la  lumière  de  la  batte  ,  c'eft-à-dire  ,  v^ 
nant  de  la  croire  ,  afin  de  donner  au  bout  de  lt 
baguette  une  plus  grande  diftance  de  fon  moteur  « 
ce  qui  donne  plus  de  mouvement  au  doJinage  ,  &C 
le  fait  mieux  tamifer. 

Si  le  grand  babillard  eft,  comme  on  Ta  dit»  i 
mont-Teau,  celui  du  dodinage  doit  être  ava- 
lant -  Beau  ,  parce  qu'il  faut  les  pofer  en  (but 
contraires. 

Blkune  cylindrique.  Dans  tous  les  cas  ,  foie 
qu'on  ait  une  huche  debout  ou  de  plat ,  on  doit 
préiérer  une  blutene  cylindrique  à  un  dodinage  , 
fui -tout  fi  Ton  vife  au  blanc  6l  à  l'exaâe  diviiioii 
des  matières.  Cette  blutcrie  fe  met  en  mouve- 
ment, comme  on  Ta  dit  ci-devant,  par  une  la»- 
terne  emmanchée  à  rcxtrcmité  de  l'arbre  tour» 
nant ,  6l  engrenant  dans  les  dents  d'un  petit  bé* 
rilToH  pofé  près  les  tourillons  dudit  arbre  tour- 
nant, ou  bien  on  fupj^lée  la  lanterne  &  le  hériitoa 
par  deux  poulies  unies  par  un  pignon  engrenstot 
dans  les  dents  du  grantl  rouet,  oc  par  des  pou* 
lies  de  renvoi ,  ainfî  qu  il  eft  dit  à  l'anicle  des 
bluteaux. 

Avec  cette  bluterie,  on  a  toujours  un  gi 

lus  parfait  qu'avec  un  dodinnge  ;  mats  il  faut 
ien  prendre  garde  que  la  bluterie  ne  fe  gomme 
ou  ne  s'cngrallfe  par  des  gruaux  trop  mous  ;  ce 
qui  arrive  encore  lorfque  le  bluieau  fupérieur  ne 
blute  pas  fuffifamment^  ou  blute  mal  »  parce  qu*a- 
lors  il  tombe  dans  la  bluterie  cylindrique  de  I9 
farine  de  blû  «  ou  de  la  fi:;ur  avec  les  gruaux  , 
ce  qui  gomme  la  foie. 

Pour  parvenir  à  faire  bien  bluter  un  moulin  , 
il  faut  que  le  pivot  du  babillard  foit  placé  fur  le 
cbevrefier  du  dedans  ou  à  côté  ,  Se  le  plus  prêt 
pofttble,  à  fix  ou  huit  pouces  des  tourillons  de 
l'arbre  tournant. 

Premier  BabUlard,  Le  babillard  eft  une  pièce 
de  bots  pofàc  perpendiculairement ,  &  qui  fe 
en  bas  fur  un  pivot,  &  en  haut  dans  un  eallec 
de  fer  ou  de  bois  dur  attaché  an  béfrot  ;  il  eft 
percé  en  haut   d'iine  lumière  ou  trou  quarre» 


t 


M  E  U 

Mf  OÙ  paffe  la  baguette  ou  chgnc  attachée  ail 
Uiiteau. 

5i  h  moulin  eft  cn-deiTous  avec  une  hache 
d^out ,  il  faut  mettre  le  babillard  k  fnGot-leau; 
fi  c  eft  un  moulin  cn-deiTous  ,  il  faut  placer  le 
habillard  avaknt-rcau  ;  enfin ,  fi  la  huche  eft  de 
*plat  an  ïicu  dèrre  debout,  le  babillard  doit  être 
à  iBom*reaa ,  le  mouvement  en  eft  bien  plus 
éous. 

Lts  crmifiis;  il  faut  donner  au  babillard  une 
«r»^;  cette  croîféeeft  faite  d'une  tourte  ou  rond 
de  bois  d*omie  ,  d'^cnvrron  a*  pouces  de  dla- 
WÊbMC  ,  ayant  trois  bras  égaux  ,  &  a  diftance 
^gak ,  de  huit  à  dix  pouces  de  long ,  en  obfer- 
vaai  de  percer  dans  le  milieu  la  lumière  ou  le 
trou  par  où  doit  paffcr  le  fer  du  moulin.  Par  cet 
smagemeot ,  le  blutage  fera  régulier  &  doux. 

Je  dis  qu'il  eft  préférable  de  ne  donner  que 
trois  bras  à  U  croilée,  parce  que,  lorfqull  y  en 
i  quatre ,  &  que  le  moulin  va  fort ,  les  coups 
j  VO^  frcquens  caHem  fouvent  le  blutcau,  qui  n'a 
pas  k  temps  de  bien  tamife^  fur-tout  quand  le 
aottlin  paffc  vingt  à  trente  tetiers. 

On  peut  faire  la  croifce  de  trois  morceaux  de 
JUMC  «le  roue ,  elle  fera  moin'ï  fujette  à  fe  fendre 
fae  fi  elle  n*étoii  que  d*une  feule  pièce  ;  on  la 
«ooiblideTa  par  le  moyen  de  trois  boulons  de  fer, 
it  deux  à  trois  pouces  de  tour,  retenus  chacun 
pif  un  bon  écrou  ,  &  qui  prenne  depuis  raiTiéte 
<lu  deifous  de  la  lanterne  jufque  deffus  les  bras 
i:  la  croifée.  Pour  donner  à  cette  croiféc  plus  de 
toidite  »  an  applique  deflus  une  èquerre  de  fer 
fiVa  arrête  avec  des  écrous;  cette  croifée  rend 
k  Biauvement  plus  égal,  plus  doux,  8t  ménage 
darastsge  le  blureau.  En  effet ,  à  chaque  coup 
de  koterae  »  la  croifée  heurte  trois  fois  contre  la 
ktie ,  ce  qui  tait  remuer  trois  fois  le  babillard , 
b  baguette  &  par  conféqueni  le  bluteau  ;  & 
comme  il  faut  que  ce  blutcau  aille  &  vienne  , 
jleft  évident  que,  lorfque  le  moulin  va  vite,  le 
Uoeeau  na  pas  le  temps  de  revenir,  &  la  farine 
m  (e  remue  pas  bien. 

Béîu  6^  Sdguetu;  pour  monter  la  katu  &  la 
èêputf  dans  une  îufte  proportion ,  il  faut  ap- 
puyer la  baguette  d'un  côté  contre  la  huche,  & 
fBrfitrer  la  batte  contre  la  croifée  ,  de  façon 
^11  y  ait  à  -  peu  •  prés  deux  pouces  de  dis- 
tance au  bout  de  ta  batte  au  bout  de  la  croifée  ; 
eo  biffe   alors   revenir  le  babillard  de  manière 

rla  batte  prenne  de  quatre  à  cinq  pouces 
le  bras  de  la  croiféc,  8c  Ton  eft  fur  alors  que 
b  haeuette  doit  remuer  la  bluterie  dans  une  jufie 
Tîieâe,  âc  qu'elle  ne  peut  toucher  contre  la  huche 
en  tottffunt,  ce  qu*il  faut  éviter  avec  foin. 

Il  faut  que  la  force  de  la  batte  foit  propor- 
tJaooÀe  à  celle  du  moulin ,  &  même  qu'elle  ne 
fiait  pis  û  forte,  parce  que  cette  partie  doit  erre 

.      Sg^oad  Babillard;    on  ajoute  un  fécond  babU- 
tmé  auprès  du  premier ,  quand  on  fe  fert  d^uti 
Ans  &  MàUrs^     Tt^me  K     Pêrtu  L 


M  E  u 


49 


dodlnage  eu  bluteau  lâche  ,  pour  tamlfer  les 
gruaux ,  en  obfervant  que  ,  fi  le  grand  babilhri 
qui  donne  la  fecoufle  au  bluteau  fupérieur ,  eft  à 
mont-reau ,  à  côté  de  Tarbre  tournant ,  il  faut 
que  celui  du  dodinage  foit  avalaot-Vcau  ;  fi  au 
contraire  le  grand  eft  avalant-Peau ,  Tautre  doit 
être  à  mont-l'eau.  Mais  je  confeille  de  préférer 
au  dodinage  une  petite  bluterie  cylindrique  qu*on 
fait  tourner  par  le  moyen  d*une  petite  lanterne 
de  vingt  à  vingt- deux  pouces  de  diamètre,  avec» 
futvant  la  force  du  moulin ,  huit  à  douze  fufeatix 
qui  s*engfènent  dans  les  dents  d'un  petit  hériflbn 
de  vingt-quatre  à  vingt-cinq  chevilles,  pofé  au- 
tour de  Tarbre  tournant,  près  les  tourillons  du 
dedans. 

Si  le  bâtiment  du  moulin  a  un  étage  dcftiné  au 
nettoyage  des  grains  j  on  pourroit  monter  un  petit 
hériflon  pareil  à  celui  ci-deffus  à  l'autre  bout  de 
Tarbre  tournant  ^  en  dehors  j  cet  hériffon,  avec 
une  lanterne  adaptée,  fcroit  mouvoir  les  cribles 
dans  lé  grenier. 

Cette  dernière  méthode  du  blutage  eft  tris- 
bonne  lorfque  la  huche  eft  debout ,  ceft-à*dire, 
lorfque  les  blutcaox  font  fur  k  même  ligne  que 
Tarbre  du  moulin;  mais  fi  la  huche  eft  de  plat, 
ou  pofée  en  fens  contraire  de  F  arbre  du  moulin, 
de  manière  qu'elle  le  coupe  à  angle  droit,  alors 
on  pourra  faire  engrener  une  p-ute  lanterne  on 
un  petit  hériffon  dans  les  dents  du  grand  rouet; 
cette  lanterne  fera  tourner  à  Fautrc  bont  une 
pouUc  qui ,  par  le  moyen  d*unc  corde  ,  ira  prendre 
Tautre  poulie  adaptée  à  Tarbre  de  la  bhitsrie  cj" 
îindrlque,  pour  lui  communiquer  le  même  mou-* 
vement. 

Prix   commun   des  Machines   d'an   Moulut   écona* 
mlq^iic. 

On  ne  peut  point  déterminer  le  prix  de  la  conP» 

nir^on  de  la  cage  &  des  hâtimcns  d  un  moulin 
à  eau  de  pied-ferme;  cela  dépend  de  la  grandeur 
plus  ou  moins  confidérable  de  ces  bâtimens ,  du 
prix  de  la  main-d'œuvre ,  phis  chère  dans  un  pays 
que  dans  un  autre ,  ainfi  que  des  prix  du  bots , 
du  fer,  &c, 

La  roue  &  fon  arbre  tournant  peuvent  coûrcr 
260  à  300  livres ,  fuivant  la  hauteur  de  la  roue  , 
la  groftcur  de  Tarbre  &  les  fers  qu'on  y 
met,   ci 300L 

Le  rouet  &  la  lanterne  environ  200  à 
2Ç0  Uv<  fuivant  la  hauteur  du  rouet,  U 
qualité  des  bois,  son  boulonnement,  les 
ferrures  de  la  lanterne,  &c.  cl.     .     •     .     îj© 

Le  béfroi  peut  être  en  maçonnerie, 

Le  palier,  les  deux  braies  &  la  treiflpure 
peuvetit  coûter  50  à  60  liv*  ci  •    .    .     . 


60 


610U 


50  M  E  U 

Ci-contre, 6iol. 

Le  gros  fer ,  Tanille ,  le  pas  ou  la  cra- 

f^audine  ,  environ  i  )o  à  200  liy.  iuivant 
eiir  force,  ci 200 

Le  châifis  à  dreffer  les  meoles  9  avec  fes 
vis ,  châffis  de  fer ,  poélette  de.  cuivre  & 
crapaudine  métallique;  le  tout  environ  60 
à  80  liv.  ci 80 

Les  deux  meules ,  de  bonne  qualité  & 
bien  mifes  en  moulage,  coûtent  800  1.  à 
1000  liv.  ci 1000 

Les  cercles  des  meules,  couvercles,  fre- 
inions, porte-trémions,  trémie,  auget  & 
frayon ,  environ  aoo  liv.  ci    ...     .    200 

La  huche  &  fa  bluterie  de  deflbus,  ou 
dodinage ,  environ  90  à  100  liv.   ci   .     .     100 

Les  bluteaux,  de  15  à  24  liv.  pièce ,  fui- 
vant  leur  fineffe;  ci 48 

Le  babillard  nud  1 5  liv. ,  &  ferré  3oliv.  ci.       30 

En  y  joignant  les  machines  néceÂaires 
pour  cribler  &  nettoyer  les  grains ,  il  fau- 
dra une  lanterne  qui  prenne  dans  le  rouet, 
un  petit  arbre  de  couche ,  poulies ,  cordages , 
ventilateur ,  un  cylindre  d'environ  douze 
pieds  de  long  fur  deux  &  demi  de  gros, 
garni  de  feuilles  de  fer  blanc  piqué  ;  un 
crible  d'Allemagne,  un  crible  des  Chartreux  ; 
toutes  ces  machines  peuvent  coûter  de  300 
à  800  liv.  fuivant  leur  qualité,  ci  .     .     .     800 

Total  des  prix f  environ     .     •.   .     •      3068 L 


Précis    des    Opérations    qui    doivent    précéder    la 
conftruâion  d'un  Moulin  à  eau  de  pied  ferme. 

Avant  de  conftruire  un  moulin  h  eau  de  pied 
ferme  fur  le  bord  d'une  rivière,  il  faut  niveler 
l'eau  qu'on  veut  employer  à  le  faire  mouvoir ,  ?S\n 
de  voir  à  quelle  hauteur  on  pourra  faire  gonfler 
cette  eau  à  l'aide  d'une  éclufe ,  d'une  digue  ou 
d'une  chauffée. 

D'après  ce  nivellement ,  on  jugera  du  lieu  oîi 
l'on  doit  placer  le  moulin  &  où  la  chute  d'eau 
fera  plus  convenable  au  propriétaire,  fans  nuire  à 
fes  voifms. 

n  faut  niveler ,  mefurer  l'eau  ,  plutôt  en  été 
qu'en  hiver  ;  mais  il  faut  connoître  auflî  l'état  de 
cette  eau  dans  les  faifons  pîuvieufes. 

En  mefurant  le  produit  de  l'eau,  il  faut  la  con- 
traindre à  ne  s'écouter  que  par  un  endroit ,  afin 
de  voir  combien  il  en  paffe  de  pieds  cubes  dans 
une  minute,  un  quart  d'heure,  &c. 

En  tout  état  des  chofes,  à  côté  de  l'éclufe  qui 
doit  foutenir  Teau  dcftinée  à  faire  tourner  la 
roue  du  moulin,  il  faut  faire  un  déchargeoir,  & 
même  deux,  s'il  eft  be foin ,  pour  faciliter  l'écou- 
lement du  fuperflu  de  l'eau  ,  fur-tout  dans  les 
tems  de  crues ,  &  pour  éviter  de  noyer  les  ter- 
reins  voiûns. 


M  E  u 

Quand  on  connoit  la  quai^tité  d'eau  dont  on 
peut  difpofer ,  la  hauteur  de  fa  chute  &  fon  poids  « 
il  faut  voir  fi  la  dépenfe  qui  s'en  fera  par  un 
pertuis  de  largeur  égale  à  la  fuperficie  d'une  des 
aubes  ou  auges  de  Ta  roue ,  ne  Fexcédera  pas. 

Quand  l'eau  n'eft  pas  abondante ,  on  peut  en 
augmenter  la  force  en  faifant  le  pertuis  plus  étroit  ; 
alors  l'eau  étant  plus  ferrée  ,  Ion  cours  eil  plus 
roi  de  ^  il  a  plus  de  viteffe  &  de  force. 

Lorfqiîe  l'eau  n'eA  pas  aiTez  abondante  pour 
faire  tourner  la  roue  par-dcffous  ,  fi  fa  chute  le 
permet ,  on  conduit  l'eau  audeffus  de  la  roue 
par  une  auge  inclinée  ,  dont  l'entrée  fe  ferme 
avec  une  vanne  de  même  largeur  que  l'aube  de 
la  roue. 

Le  col  de  cygne  au  faut  du  moulin  doit  être 
fait  en  chanfrein  d'environ  trois  pouces  ;  l'eair 
tombera  plus  roide  fur  les  aubes  que  fi  le  faut 
étoit  droit. 

Entre  la  vanne  &  la  roue  il  ne  doit  y  avoir 
que  le  mofns  d'intervalle  poifible,  afin  que  l'eau 
en  fortant  du  pertuj^  ,  frappe  les  aubes  &  foit 
toute  employée  à  faire  tourner  la  roue,  fans  qu'ils 
s'en  perde. 

La  vanne-mouloir  aura  de  vingt  à  trente  pouces 
de  large ,  iuivant  la  force  de  Teau  ;  car  s'il  y  a 
peu  d'eau ,  la  vanne  doit  être  plus  étroite  ,  & 
plus  large  au  contraire  s'il  y  en  a  beaucoup. 

A  la  fuite  de  la  vanne-mouloir ,  fera  conduit 
un  glacis  ,  une  reillière  ou  courfier  en  bonne 
pierre  dure  plate  &  en  chaux  vive ,  le  fond  & 
les  côtés  de  même. 

Il  faut  conduire  la  reillière  depuis  le  bas  de 
la  roue  jufqu'à  vingt-quatre  à  trente  pieds  de 
longueur  au-cfeflbus,  &  même  plus,  s'il  fe  peut, 
&  lui  donner  une  pente  d'environ  un  pouce  & 
demi  par  toife ,  pour  faciliter  &  précipiter  le  cours 
de  l'eau  ,  afin  qu'elle  fuie  des  aubes  fans  faire 
aucun  obftacle. 

Au  lieu  de  faire  cette  confirudion  ^n  dalles  de 
pierres  ,  on  peut  la  faire  en  madriers  de  bois  ; 
mais  alors  elle  dure  moins. 

Il  faut  que  le  courfier  aille  en  s'élargi^Tant  vers 
fes  deux  extrémités  >  pour  faciliter  l'entrée  &  la 
fortie  de  l'eau. 

Il  ne  faut  donner  entre  les  bords  de  l'aube  & 
le  coffre  du  courfier,  que  le  jeu  néceffaire  pour  le 
mouvement  de  la  roue ,  afin  que  toute  l'eau  foit 
un-quement  employée  à  la  faire  tourner. 

Il  faut  qu^ï  les  aubes  de  la  roue  ne  fotent  qu'en 
nombre  fuififant,  &  qu'elles  foient  difiribuées  de 
manière  qu'elles  ne  fe  nuifcnt  point ,  qu'elles  ne 
fe  rejettent  point  l'eau  les  unes  fur  les  autres 
cela  empêcheroit  la  roue  de  recevoir  toute  la 
force  du  courant  de  l'eau ,  &  retarderoit  fon  mou- 
vement. 

La  viteffe  de  la  roue  &  de  la  meule  tournante 
eft  toujours  en  raifon,  i".  de  la  puilTmcc  mo- 
trice, ou  do  la  force  de  la  chute  &  du<ouranr 
d'eau  qui  les  fait  tourner  ;   a°.  de  la  bonne  dî£^ 


»  ajuflage  &  propordais  des  aubes  ou 
^\  de  la  rèftHaoce  de  la  meule  par  fon 
Pf^àsi  4\  de  fou  équilibre  fur  fon  pivor  ;  5^  de 
U  rèCitUace  du  grain  par  fa  dureté;  6\  de  h 
reûilance  qu'occafionnent  par  leur  frottement 
toutes  les  parties  du  moulin  qui  concourent  à 
moudre  Je  grain. 
En  général  ,  la  puiffance  doit  être  plus  forte 

Se  b  rcfiftance,  afin  t!e  lajiincre  :  ainfi  la  roue, 
I  arbre  tournant,  les  tiMlMl  6c  toutes  les  autres 
C'éces  du  moulin ,  doiv^Htre  proportionnées  à 
pyiffance  ou  à  la  C^F^de  Teau  qui  doit  les 
6îre  igîr. 

J'ai  vu  dcuf  moulins  k  côté  l'un  de  l'autre,  ils 
avQàefir  la  même  chute  d'eau  i  Tun  étoit  d'une 
moCâm^uc  légère,  fes  meules  n'avoient  que  cinq 
|HL  '  \    pouces    de   diamètre   &   (\x  pouces 

d'<-x  >  l'autre,  qu'on  nommoit  le  grand  mou- 

lift  «  «;£oi£  d'une  mécanique  plus  forte,  fes  meules 
avoicnc  fix  pieds  quatre  pouces  de  diamètre  & 
fijt  poaces  d'épaiiTeur  ;  la  qualité  des  meules  des 
deux  moulins  étoit  à-peu-près  la  même;  cepen- 
dant le  grand  moulin  faifoit  un  tiers  moins  d'ou- 
TOge  que  l'autre. 

Four  faciliter  reAîinarion  de  la  quantité  de 
(erîeis  de  grain  que  peut  moudre  en  14  heures 
on  moulin  économique  bien  dreiTé  ,  dont  toutes 
les  pièces  font  en  bon  état ,  &  dont  on  connoit 
iatorce  motrice,  ou  la  quantité  de  pouces  cubes 
deau  qvii  le  fait  mouvoir,  je  vais  faire  connoître 
la  quantité  de  grain  qu  ont  moulu  >  dans  un  tems 
donné,  deux  moulins  économiques,  l'un  en  def- 
fus,  rautrc  en  de^bus,  bien  conditionnés,  &  b 
quantité  de  pouces  cubes  dVau  qui  ont  produit 
<ctie  mouture.  Cette  dcfcrîption  fera  peut-être 
plus  irftuélive  pour  les  Meùmers  que  les  favans 
calculs  âi:%  hydraulifles  ;  d'ailleurs  je  ne  puis  tk 
œ  veux  dire  que  ce  que  je  fais. 

Mottlin  ayant  l'eau  en  dcjfous*- 

Sonavint-bec  ou  glacis  porte  55  pieds  de  long 
fur  fix  de  large  à  fon  entrée ,  revenant  à  17  pouces 
a  la  vannc-mouloin 

La  vanne  mouloir  a  pareillement  17  pouces 
Jouvenure ,  &  dix  pouces  d'eau  de  hauteur  près 
la  vanne. 

La  reilliére  ou  le  courfier ,  à  la  difla^ce  de  18 
pouces  de  la  vanne  mouloir,  porte  1^  pouces  dix 
iTgocs  de  large,  fcpt  pieds  de  long,  &  le  furplus  , 
qui  cft  de  14  pieds  de  long ,  fe  termine  à  fon 
embouchure  à  50  pouces  de  largeur;  enfin  cette 
rcîtliére  a  4  pouces  de  pente  fur  fa  longueur. 

Le  faut  ou  la  chute  a'eau  de  ce  moulin  efl 
de  $  pieds  4  pouces ,  depuis  l'aplomb  de  Farbre 
IBomant  jufquà  l'entrée  du  col  de  cygne. 

L*arbre  tournant  a  17  pouces  de  gros  ou  en 
€xnc, 

La  roue  ,  y  compris  fon  aubage  ,  a  14  pieds 
de  diamètre;  fâvoir^  lo  pieds  &  demi  de  ceintre> 


I  8c  5  pieds  8c  demi  d'aibage;  ccpendint  les  aubei 
n'ont  que  at  pouces  de  long  ;  mais  elles  font 
répétées  deux  lois  fur  la  fuperficie  de  la  roue. 

Le  rouet  a  6  pieds  6  pouces  &  quelquei»  lignes 
de  diamètre  ,  6  pottces  6  lignes  d'épaiffeur ,  & 
44  dents  ou  chevilles ,  dout  chacune  a  5  pouces 
4  lignes  de  pas  ou  de  diftance  de  lune  à  rautre* 

La  lanterne  a  8  fufeaux  de  même  pas  que  les 
dents  du  rouet, 

La  meule  courante  a  6  pieds  j  pouces  de  dia- 
mètre ,  fur  II  pouces  aépaifleur.  Toutes  les 
f>teces  8c  ferrures  de  ce  moulin  font  de  la  mcil- 
eure  conflruÛion. 

Ce  moulin ,  ayant  dix  pouces  d'eau  de  hauteur 
à  la  vannc-mouloir ,  fournit  170  pouces  cubes  à 
la  roue  ;  ces  170  pouces  d'eau  ont  moulu  120  li- 
vres de  blé  ,  poids  net,  en  ^S  minutes  ,  ce  qui 
fait  12  feiiers  &  99  livres  de  blé  en  14  heures; 
le  fetier  pefant  140  livres. 

Ce  produit  n'eft  pas  le  même  depuîs  le  com- 
mencement de  r'habillagc  des  meul-s  jufqu'i  ce 
qu'elles  foient  ufées.  Ce  produit  eft  cehii  du  mi- 
lieu du  r*habillage  ;  car  les  premiers  jours  ,  la 
meule,  étant  plus  coupante,  moud  plus  de  bled, 
&  fur  la  fin  dti  rhabillage,  la  meule,  étant  liffe, 
moud  moin». 

Il  faut  encore  faire  attention  que  ce  produit  eft 
aufli  celui  d'un  blc  qui  neil  ni  trop  fec ,  ni  trop 
mou;  car  l'un  &  lautre  influe  fur  la  qualité  &c 
quantité  de  la  farine. 

J*obfcrve  encore  que  ce  calcul  eft  appliqué  à 
la  mouture  fur  blé  leulement ,  dont  le  fon  ne 
pèfe  qu  environ  cinq  livres  le  boiffeau,  mcfure 
de  Paris ,  ainft  qu'il  fe  pratique  ou  doit  fe  pra- 
tiquer dans  la  mouture  économique;  car  fi  l'on 
entend  mouture  économique  finie,  le  calcul  doit 
comprendre  auffi  le  plus  ou  moins  de  fine/Te  des 
blutcaux.  Si  Ton  emploie  des  bluteaux  trèsfins, 
St  qu'on  faiTe  moudre  cinq  ou  ftx  fois  les  gruaux, 
cela  alonge  la  mouture,  &  ne  fait  pas  toujours 
la  meilleure  farine  ;  elle  eft  trop  dilatée  ,  elle 
perd  fon  goût  de  fruit  ,  elle  fe  conft^rve  plu« 
difficilement ,  8c  le  pain  en  eft  moins  bon  :  ainfî 
je  ne  calcule  que  fur  la  mouiurc  à  blé  ,  le  re- 
moulage des  gruaux  étant  arbitraire. 

Autrefois  on  comptoit  la  mouture  fur  blé 
comme  les  deux  tiers  de  louvrage  fait  ;  mais  de- 
puis que  le  luxe  emploie  des  bluteaux  plus  fins , 
la  mouture  fur  blé  n'efl  gtïère  que  k  moitié  de 
fouvrage ,  8c  Touvragc  en  eft  moins  bon ,  par 
les  ralfons  que  je  viens  de  dire. 

Moulins  en  dcjfus, 

L'avant'bec  de  ce  moulin  335  pîeds  de  l^ng 

fur  13  pieds  à  fon  entrée,  &  ^  pieds  6  pouces  à 

fon  embouchure  ;  il  y  a  3  pieds  d'eau  de  hautené 

à  rentrée,  6c    i   pied    près   la   vanne-mouloir ; 

I  7  pouces  à  la  diftance  d'un  pied   de  la  vanne, 

I  &  4  povccs  ajj  milieu  de  Taiig^. 

G  î] 


53 

La  ranne-mouloir  a  17  pouces  d'ouverture  , 
iinC  que  Tauge  qui  fc  réduit  à  %6  pouces  à  (on 
embouchure. 

L'auge  a  13  jpîcds  de  long  ^  &  a  pouces  6  lignes 
8e  pente  fur  ia  longueur. 

La  roue  a  9  pieds  de  haut,  3  pieds  6  pouces 
de  large  hors  d'ceuvre  ;  chaque  coté ,  y  compris 
la  doublure ,  a  trois  pouces  d'épaiiîeur  fur  un 
pied  de  hauteur^  cette  roue  efl  chargée  de  30  pots 
ft  cuîs-de-hotte ,  ayant  chacun  17  pouces  de  haut , 
&  5  pouces  de  large,  d'entrée  oc  de  fond. 

L^arbre  tournant  a  15  pouces  de  gros. 

Le  rouet  a  6  pieds  8  pouces  de  diamètre  ^  7 
pouces  d'épaiffieur,  44  chevilles ,  &  j  pouces  5  pe- 
tites lignes  de  pas. 

La  lanterne  a  9  (ufcaux  dfi  même  pas. 

La  meule  couraote  a  6  pieds  3  pouces  de  dîa* 
mètre ,  &  1 3  pouces  d'épaiâeur. 

La  vanne-mouloir  fournit  à  la  roue  117  pouces 
cubes  d'eau  ,  qui  ont  moulu  120  livres  de  blé 
en  23  minutes  ,  Sl  donne  par  conféquent  ,  en 
a^  heures,  une  mouture  de  31  fetiers,  &  64  li- 
vres  de  blé  de  bonne  qualité. 

robfen'c  que  Tavani^bec  de  ce  moul-n  ncft 
point  un  glacis  ordinaire,  mais  fculementun  pont 
qui  précède  la  vanne  «  dont  le  fouliard  ou  les 
pierres  d'aiTife  font  à  plus  de  trois  pieds  au  dcf- 
fous  de  la  vanne  ,  en  forte  que  l'eau  ne  prend 
fa  rapidité  qu'en  fortant  de  ladite  vanne  &  dans 
Tauge.  Toutes  les  pièces  Se  ferrures  de  ce  moulm 
font  d  ailkms  de  la  meilleure  conilruâion. 

Préparation  des  MeuUs^ 

Avant  d'employer  les  meules  «  il  faut  les  tra- 
vailler ainfi  qu'il  fuit. 

l".  Il  faut  les  placer  fur  un  plancher  bien  égal, 
&  qui  n'ait  point  de  pente  ;  2'\  les  niveler  ; 
3**.  les  bien  dreflTer  des  qunçre  faces  ;  4^  en  dé- 
terminer Se  marquer  le  jufle  milieu,  en  mettant 
«ne  petite  planche  au  milieu  de  Toeillard,  avec 
un  bâton  debout ,  bien  droit ,  d'environ  trois  ou 
quatre  pouces  de  circonférence  ,  ayant  un  petit 
tourillon  dans  le  bas  ,  afin  de  pouvoir  tourner 
dans  le  milieu  de  la  planche  poféc  dans  l'œillardi 
5'.  !c  bâton  fera  aulli  aCTiijctti  dans  le  haut  du 
plancher  avec  us  tourillon  ,  afin  de  pouvoir  tour- 
lîcr  (ans  fc  dérarger  ni  qui  1  ter  le  centre. 

6".  On  attachera  enfuite  au  bâton  une  règle 
de  ta  moitié  de  la  longueur  de  ta  meule  gifante  ; 
le  bout  de  la  régie  fera  d'environ  fix  lignes  plus 
bas  fur  la  feuillure  qu'à  recillard ,  ce  qui  ta  rendra 
convexe. 

7'*.  Pour  la  meule  cour;inte ,  le  hom  de  la  règle 
aura  au  contraire  huit  lignes  de  plus  haut ,  ce 
qui  la  rendra  concave. 

On  peut  également  fc  fervir  d'une  régie  qui 
auroit  tout  te  diamètre  de  la  meule  «  &  qui  fcroit 
coavcxc  d'un  côté,  &  concave  de  l'autre. 


E  U  __ 

8*.  On  fait  tourner  la  règle  à  mefure  qu'on 
bat  la  meule  à  blanc;  c'efl-à-dire ,  fans  faire  de 
rayons  i  on  rend  ainfi  les  meules  convexes  ou 
concaves  »  avec  toute  la  jufteffe  poÛiblb. 

9"*.  En  deux  riblages  ou  tours  de  menle  6r 
blé,   les  meules,  étant  montées ,   fc  trouveront^ 
bien  frayées ,    adoucies  &  en  état  d'être  rayon* 
nées  félon  les  règles  données  ci-après  ^  mais  avant 
de  monter  les  meul^ttwuves ,  il  faut  les  fécher , 
& ,  pour  cela  »  voiqHknne  il  faut  s'y  prendre, 

Scchemintais  Meules. 

Avant  de  monter  les  meiks ,  il  faut  les  laLiTcr 

ficher  Ôc  mûrir  à  Tair  &  à  l'abri  des  injures  dtij 
temps ,  pendant  fix  mots  8c  méoie  plus  ;  cette  pré^^ 
caution  eft  eiTe nticîle  ;  elles  travaillent  mieux»  U 
farine  çfl  plus  fèchc.  Les  meules  neuves ,  cm* 
pioyées  avant  d  être  parfaitement  fèchcs ,  s'eii'J 
graiifent,  font  une  mauvaife  mouture,  une  mau4 
vaife  farine,  &  plus  mauvaife  encore  lorfque  kd 
grains  font  humides. 

La  plupart  des  Meuniers  n'achetant  des  meules 
que  pour  les  employer  auffitùt  ,  ait  ne  pouvant 
point  attendre  leur  féchement  naturel ,  Je  vais 
expliquer  les  moyens  de  les  deffécher  en  huit 
jours.   Il  faut, 

1°,  Que  fes  meules  foîenc  battues  à  la  règle, 
que  l'une  foit  convexe  Se  l'autre  concave ,  ainft  . 
qu'il  eft  dit  ci- devant. 

%'\  Placer  &  fceller  la  meule  gifante  dans  les 
enchevêtrures. 

y.  Placer  fur  cette  meule,  à  diftances  égales, 
quatre  rouleaux  de  bois  d'environ  iç  pouces  de 
haut ,  fur  lefquels  on  pofera  la  meule  courante. 

4**.  Placer,  entre  chique  rouleau,  des  terrines 
ou  grands  plats  de  braile  amortie  d'abord  ,  en- 
fuite  moins  amortie,  enfuite  un  peu  ardente,  Bl 
enfin  plus  ardente,  mais  qui  ne  jettent  jamais  ni 
flamme ,  ni  fumée. 

y.  Ne  point  laiffer  refroidir  les  meules,  entre- 
tenir leur  fcchement  par  une  chaleur  douce  & 
coniinuelle,  qui  les  pénètre  itifenfiblcmcnt,  & 
éviter  une  trop  grande  chaleur,  qui  les  feroic 
éclater. 

&\  Couvrir  les  places  qui  fe  trouvent  entre  tes 
rouleaux  Se  les  terrines ,  de  morceaux  de  vieille 
étoffe  dd  laine  ou  de  loiîr,  pour  boire  Thumi* 
diié  des  meules. 

7^  Changer  fouvent  de  place  les  rouleaux  & 
les  terrines  ,  afin  que  les  meules  féchcnt  égale- 
ment par  tout, 

8*»-  Changer  les  étoffes  au  V tôt  qu'elles  font 
Inirniics,  ne  point  les  laiffer  fécher  fur  tes  meules, 
&  les  remplacer  par  d'autres  qui  foient  fèches. 

o",  Lortque  les  meules  ne  rendent  plus  d'eau, 

•l  tauî  les  entourer  avec  de  groATe  toile,  ou  des 

facs  de  coutil ,  èi  laiiïer  les  oeillards  des  meules 

ouverts ,  pour  fervir  de  vcntoufc ,  &  attirer  Vhu* 

l  midltà  plus  promptcmcnr. 


I 


» 


M  E  U 

Jt>\  Quand  les  meules  ne  rende at  plus  aucune 
hnniîdîté,  &  24  beares  après,  ob  peuc  les  pi* 
fuer  &  ray^nner- 

II*'.  Ennn,  je  le  répète,  il  faut  avoir  attention 
lie  D*échattiffer  les  meules  que  peu- à- peu ,  éviter 
cne  chaleur  fubîte  ,  y  entretenir  toujours  une 
chjîeitr  douce  qui  les  pcnérre  &  les  deflféche 
petit  à  petit  ;  il  faut  bien  éponger  Teau  qu'elles 
fcodcfit  à  fur  à  mefurc  qu'elles  tuent  ;  changer 
les  étoffes  dés  qu  elles  font  mouillées  »  les  rcm- 
pÎKCr  Dar  d^autres  qui  foient  féches ,  changer  de 
place  les  rouleaux  8c  les  plats  de  braife  aulli 
iTCTetît  au*il  efl  nêcefTaire. 

Ce  fèchetncnt  cft  plus  long  pour  les  meules 
campoiècs  d*échaniillons  appareillés  Se  mailiqués 
cnfemble ,  parce  quelles  confervcnt  beaucoup 
iTIiBinJditè ,  &  qu'elles  en  j-rem^nt  encore  dans 
les  icirn  humides  &  de  dégel  ;  ainfi  leur  féche- 
flieac  doit  être  fait  avec  plus  d*attention ,  8c  e(l 
abrolument  néce^atre  avant  de  tes  employer  à 
U  rootittire.  Qu'on  ne  dife  pas  que  les  meules 
fe  fechcnt  à  force  de  sèvhauffer  en  toiiriîant, 
es  trsvailUnt; car,  i**.  les  meules  étant  humides, 
U  première  mruture  les  engraifîe  ;  cette  mouture 
cfl  iTun  moîiidre  produit,  tant  au  moulin  q'j^u 
pétrin  ,  &  le  pain  qui  en  provient  eft  mauvais, 
2*.  La  chaleur  que  produit  la  mouture ,  concentre 
Ilitimidtté  des  meules  au  heu  de  Tévaporer,  & 
cette  humidité  reûbrt  dans  le  repos  du  moulin, 
&  renouvelle  TengraiiTage  des  meules. 

Pour  entendre  ce  qui  fuit ,  il  faut  fa  voir  qu'on 
diAir.gue  dans  les  meules  quatre  faces  ,  favoir 
^eux  plats  Se  deux  bouts.  Des  deux  pUts  ^  Tun 
fc  nomme  plat  à  mont -i' eau  ^  &  Tauire  avalant 

Des  dctix  bouts ,  l'un  fe  nomme  le  haut  fur 
Fsockc  i  &  l'autre  le  bout  fur  Ja  roue. 

Le  pUi  a  mont-rtati  en  le  câté  de  la  meule 
00  Tune  des  fleurs  de  Tanille  eft  pofée  ,  &  qui 
regarde  te  coté  d'où  vient  Veau* 

Le  pLt  avalane-tcsu  eft  le  côté  oppofé  qui 
reprdc  l'eau  qui  fuir* 

Xc  bout  du  côté  où  la  farine  tombe  dans  le 
Mneati,  tfe  nomme  le  bout*  fur  tancht.  Le  bout 
M|M»fi,  qui  cil  du  côté  de  la  roue  du  moulin, 
f  appelle  le  hcut  fur  la  roue  ou  fur  la  tempane; 
on  nemine  tcmpa/it  le  inur  du  moulin  qui  t:û  du 
CDCé  de  la  roue. 

Les  marques  qu*on  fait  fur  Tanille  &  le  papillon» 
toat  néceilaires  pour  ne  pas  changer  les  aires  , 
ccft-à-dire  ,  pour  rcconnoîire  la  poluion  qui  con* 
Tient  à  la  meule  courante  quand  on.  la  remanie. 

AioA,  ïorfqu'on  dit  qu'une  nieule  doit  être  bien 
bordée  de  niveau  fur  fes  quatre  faces ,  cela  figmfie 

Ee  la  feuillure  ou  la  partie  qui  avoifine  les  bords 
tt  erre  plus  pleine  que  Tentre-pied  6f  le  coeur* 
On  diiungue  le  plat  de  ta  meule  en  trois  par- 
tics^  on  nomme  feuillure  les  fix  premiers  pouces  de 
h  iargrur  de  la  m  jule  prés  du  bord. 
Dc-U  à  un  pied  en  avant  vers  le  cœur ,  cette 


M  E  u 


53 


largeur  d*un  pied  fe    nomme  Vcutn-pied  de  la 

meule,  &  le  relte,  jtifqu'à  Toeil  ou  trou  de  la 

metile ,  fe  nomme  le  c^zur. 

Le  cœur  de  la  meule  concafle  le  blé. 

L'entre-pied  le  raffine  &  forme  le  gruau, 

La  feuillure  ^  lorfqu'elle  eft  bien  bordée  de  niveau, 

alonge  la  farine,  &  détache  le  fon. 

De  la  m*tnière  de  rayonner  &  rhabiller  Us  Meules^ 

Pour  bien  piquer,  rayonner  &  r*habiller  le* 
meules,  il  faut  au  meunier  autant  de  raifoonement 
qne  d'expérience.  Excepté  dans  Paris  &  dans  fes 
environs ,  on  a  !a  mauvaife  méthode  de  piquer 
les  meules  à  coups  perdus.  On  en  verra  ailleurs 
les  défavantages.  Voici  comment  doit  fe  faire  cette 
opération. 

Les  habiles  meuniers  piquent  leurs  meules  en 
rayons  de  douze  k  quinze  lignes  de  larg?  au  bord 
de  la  feuillure»  &  allant  loujoiA-s  en  diminuant 
vers  le  centre  à  quelques  pouces  de  Tanillc.  Ces 
rayons  font  communément  h  deux  pouces  de  dif- 
tance  Tun  de  Tautre.  Au  furplus,  la  force  des 
rayons  dépend  de  la  qualité  des  meules,  de  celle 
des  faifons,  du  plus  ou  moins  de  fécherefte  des 
grains  ,  &  de  leurs  différens  mélanges  dans  la 
mouture. 

Si  la  meule  eft  ardente,  le  rayon  peut  avoir  la 
largeur  ci-deiTus  indiquée  ;  maisUl  faut  le  réduire 
à  dix  ou  douze  lignes  »  û  la  meule  efl  pleine  8ç 
peu  remplie  de  trous. 

Le  meunier  doit  proportionner  I0  r'habillage  à 
Tardeur  de  les  meules  »  à  la  force  de  fon  moulin, 
&  à  la  qualité  des  grains  à  moudre  i  il  aura  foin 
I  que  la  feuillure  foit  bien  garnie  &  quVlle  ait  du 
corps,  parce  que  cette  partie  fouflfre  les  coups 
delà  trempure,&  fatigue  le  plus. 

Lorsqu'on  repique  au  r'habille  les  meules  ,  il 
faut  faire  enforie  que  les  rayons  ne  faffent  qu'ef* 
fleurer  la  r'habilhire;  c'est-à-dire,  que  les  rayons 
doivent  èttc  plus  élevés  au-deftus  du  plan  de  la 
meule;  car  s'ils  rcxcédoieni ,  il  en  rcfiilteroit  un 
bourdonnement  capable  d'écliauffer  les  meules; 
elles  agiroient  en  approchant,  au  lieu  d'allcger, 
&  feroient  un  fon  fin  qui  fe  mèleroit  avtc  la 
farine. 

L'épaifteur  d'une  feuille  de  papier  fuffit  pour  une 
bonne  r'habillure  ;  quand  elle  cil  trop  ouverte, 
ceft-à-dirc,  quand  rouril  eft  trop  marqué  Cur  la 
nieule  à  côté  du  rayon ,  elle  fait  la  farine  m&ins 
douce. 

Pour  le  moulafi;e  plein  &  ferré,  qui  ne  convient 
qu^atix  moulins  foi  blés ,  le  r'habillage  au  cœur  6c 
k  Tentre-pied  feulement  doit  être  plus  foncé. 

Dans  une  année  pluvieufc ,  lorfque  les  grains 
font  humides ,  il  convient  de  tenir  les  rayons 
moins  larges  que  poyr  les  blés  fecs  ,  le  fon  s'écure 
mieux. 

Il  faut  auftî  un  r'habillage  diftérent  pour  les 
feî^les  ,  mitteiîs ,    &c. ,    que  pour  le  froment , 


54 


M  E  U 


ainfi  qu'on  le  verra  aux  articles  de  la  mouture 
des  blés  humtdes  «  des  bids  trèsfecs  ,  &  dc$ 
menus  grains. 

Tout  ce  que  jVt  obfervé  jurqu'icl  fur  le  rayon- 
nement des  meules  i  ne  regirdc  que  les  maulins 
de  moyenne  force,  dsns  lefquels  on  moud»  en 
Î.4  heures,  depuis  10  jufqua  30  &  35  feticrs  fur 
blé;  c'eft-à-dire,  fans  remoudre  les  gruaux;  car 
pour  les  moulins  qui  vont  très-fort,  6c  dans 
Icfquels  on  moud  de  30  à  50  fetiers  &  plus,  en 
24  heures ,  il  faut  que  tes  rayons  aient  depuis 
deux  pouces  &  demi  jufquà  trois  pouces  &  demi 
de  diflance  Vnn  de  Tauire,  &  proportionnellement 
à  l'augmentation  de  la  force  du  moulin.  Il  faut 
en  mcmc  temps  bien  ouvrir  la  cœur  &  rentre- 
pied  pour  faciliter  rentrée  du  b!é  dans  les  meules  , 
&pour  éviter  que  la  farine  s'cchauffe. 

On  r'habille  les  meules  plus  avantageufemem  & 
plus  commodément  avec  des  marteaux  à  fix  pannes 
ou  denrs,  dont -la  tète  a  environ  18  à  ao  lignes 
de  long  fur  15  de  large;  avec  ce  marteau^  un 
homme  fait  autant  d'ouvrage  que  trois.  Avec  le 
côté  de  ce  marteau  qui  n  a  qu  une  pomte  ,  on 
taille  les  rayons  &  les  parties  dures  de  la  meule. 
Cette  r'habillure  n'éclate  point  la  pierre;  elle  eft 
plus  douce  &  fupéricure  à  toute  autre,  fur- tout 
pour  les  meules  ircs-ardentes  ;  car,  pour  celles 
qui  le  font  médiocrement,  les  marteaux  firaples 
6: ordinaires  fojs  préférables,  ils  font  kr'habîlture 
plus  nette. 

*  Quoique  la  piqûre  des  meules  en  rayons  foit 
recommandée  comme  la  meilleure,  cependant  il 
y  a  des  meules  molles  ,  telles  que  celles  dont  on 
ïc  fert  en  Périgord  ,  en  Poitou  &  autres  Provinces , 
qu'il  vaut  mieux  r'habiller  à  coups  perdus,  psrce 
qec  les  rayons  fur  ces  pierres  molles,  ne  faifant 
qu'aplatir  feulement  le  blé,  la  farina  fart  graffe, 
&  le  fon  refte  chargé  de  farine,  à  moins  qu'on 
ne  faffe  des  rayons  très-fins,  &  à  un  pouce  de 
diflance  l'un  de  l'autre;  &  quoique  ce  r'habillage 
donne  quatre  fois  plus  d'ouvrage  qu'un  autre,  je 
le  préfère. 

Il  faut  obfervcr  que  les  meules  molles,  piquées 
à  coups  perdus,  ne  peuvent  moudre  que  le  h\è 
leulement,  &  qu'il  iaut  abfolumem  des  rayons 
pour  moudre  les  gruaux  &  pour  en  enlcvtr  la 
pellicule;  fans  quoi  la  farine  efl  grofle,  molîc , 
compacte ,  mal  évidée  ,  fuivant  les  expériences  qui 
en  ont  été  faites  en  Périgord  &  en  Poitou* 

Les  meules  ordinaires,  qui  ont  depuis  cinq 
jufqu'à  fcpt  pieds  de  diamètre,  fur  douze,  quirze 
&   dix- huit   pouces  d'cpainTcur,   durent  environ 

trente-cinq  à  quarante  ans-  Cette  durée  des  meules 
dépend  toutefois  de  leur  dureté ,  de  la  manière 

dont  elles  ont  été  montées ,  r'habillées  &  foignées, 

de  la  manière  de  moudre  plus  ou  moins  gros; 

enfin,  de  la  force  des  moulins,  de  la  qualité  des 

Î;rains  &L  de  rintclligcncc  des  meuniers*  Lorfque 
es  meules  ont  tourné  long-temps,  6c  que  Itur 
épaiiTeur  eft  coAÛdérabicmeat  diminuée  1  on  les 


M  E  U 

taille  de  nouveau,  pour  leur  donner  une  furfacc 
oppofée  à  celle  qu'elles  avotcm;  &  les  faire  fervir 
de  meules  gifantcs  encore  pluficurs  années. 

Ces  détails  prouvent  combien  il  cft  elTcntiel  de 
favoir  r'habiller  &  rayonner  les  meules  à  propos, 
&  cet  art  cft   prcfque  inconnu* 

Ces  détails,  toutefois,  n^  concernent  que  la 
monture  ,ï  blanc ,  qu'on  nomme  auflî  mouture  des 
riches;  mais  comme  un  meunier  doit  favoir  prati- 
quer toutes  fortes  de  moutures ,  &  travailler  pour 
les  pauvres  encore  mieux  que  pour  les  riches, 
j'indiquerai  aux  articles  des  différentes  efpéces 
de  moutures ,  les  diôerens  r  habillages  qui  leur 
conviennent. 

On  a  confeillé  de  piquer  les  meules  en  rond« 
en  commençmt  le  premier  cercle  à  ToeJUard  ,  Ctt 
continuant  jufqu'à  rcxtrémitéde  la  feuillure  ,  Ôc  ta 
lai/Tant  entre  chaque  cercle  une  diflance  égale. 

Je  n'approuve  point  ce  r'habillage  pour  la  mou 
ture  économique ,  âf.  je  doute  que  ceux  qui  l'onf 
confeillé  en  connoilleiu  bien  les  procédés  &  les 
réfultats. 

Ma  critique  cft  fondée  fur  ce  que,  par  cette 
rhabillure  ,  les  produits  du  blé  rcJlcroient  dans 
les  meules  plus  long-temps  que  par  le  r'habillage 
en  rayons  du  centre  à  la  circonférence,  &  s'y 
échaufFeroient. 

Ce  r'habillagc  pourroît  cependant  être   bon  à 
quelque  chofe  ;  mais  ce  ncd  point  ici  le  lieu  d' 
parler. 

Mouture  des  hUuUs, 

Avant  de  monter  la  meule  gifante,  il  faut  bien 
drefler  l'arbre  tournant,  c'eft-à-dire ,  mettre  les 
tourillons  vis-à-vis  l'un  de  l'autre. 

Mettre  la  roue  bien  juflc  dans  la  reilliére  an 
faut  de  l'eau. 

Pofer  h  meule  gifante  bien  jufte  fur  le  béfrou 

Jeter  un  niveau  lurles  quatre  faces  ,  &  on  autre 
niveau  par  le  milieu  de  Tceillard,  qui  tombe  ju/le 
au  milieu  de  l'arbre  tournant,  c'eft-à-dirc »  entre 
les  deux  tourillons. 

Prendre  garde  que  la  meule  gifante  ne  foit 
enfoncée  dans  les  énchevôtrurcs  ;  ce  qui  feroii 
rougir  la  farine. 

Monter  la  boite  &  les  boitillons  qui  doivent 
contenir  la  fufée  dans  l'œillard  à\\  gîte  :  prendrc^ 
garde  que  la  boite  foit  bien  droite  dans  le  milieu 
de  la  meule  gifante. 

Après  avoir  monté  les  boîte  8c  boitiltont,  & 
mis  la  fufée  dans  le  plein  milieu  de  Tanille  de  la 
mcul;  courante  ,  on  drelle  le  rouet,  et  Ton  enai<r 
quelques  tours  pour  faire  engrener  les  dents  biei 
également  dans  la  lanterne.  Il  faut  faire  enfortd 
que  le  rouet  paiTe  bien,  &  qu'il  embraffc  juflefon 
(ufcau  ;  fans  cela  il  cahottroit  ;  ce  cahotera 
feroit  pencher  la  meule,  et  feroit  un  fon  dur. 

On  s'occupe  cnfuite  de  la  meule  courautf  ^ 
la  fuppofant  piquée  &  rayonnée  fclon  îcv  principe* 
ci'dcvaot  expliqués;  on  la  pèfc,  on  U  ài^Hc  d« 


M  E  U 

iihrran;  tn  U  pelkm,  on  examine  ft  elle  a  ia 
hardi  ^  c  cft*2*dtre ,  A  elle  pèfe  plus  d'un  coté  que 
de  Fantrc  ;  parce  qu  clk  peut  être  plus  compare 
duo  €ÛC€  que  de  Tautre»  ou  p;irce  qu'elle  peut 
irotr  inrèrieurement  de  grands  trous  qui  emp^- 
91  régalitè  du  poids, 

lourds  ûccafionncm  beaucoup  d'inconvé- 
l^,  la  pente  qui  fait  ufer  les  meules  plus 
fun  côte  que  de  Taurre;  2*".  ils  font  ctr;ingl€r  la 
fsiCc  do  haut  eo  bas»  c'eil-à-dire,  qu'ils  lufent 
plus  d*un  côté  que  de  Tautre  par  un  plus  grand 
frotîcinent ,  ce  qui  produit  dans  le  bas  de  la  fofée 
des  lippes ,  lèvres  ou  rebords ,  qui  font  foulever , 
botxrdoiiDer  6t  grener  la  meule  en  abngcani  Si 
les  lippes  ou  lèvres  fe  trouvent  dans  le  haut  de  la 
fîtftc»  elles  portent  fur  les  boitillons,  elles  échauf- 
tcnt  le  fer  &  gcneni  rapprochement  des  meule«* 

Ponr  connoitre  les  lourds,  on  met  la  meule 
cc"  r  un  pointa),  pour  la  contre-pefer, 

i  :/  eA  un  morceau  de  fer  en  forme  de 

pain-dc-lccrc  ,  qu'on  met  à  la  place  du  fer  fur  les 
ogitillons,  &  r^ui  (ait  le  chandelier  à  la  place  de 
b  liafée.  On  mtt  enfuite  dans  l'œil  de  lanille  un 
morceau  de  fer  concave  ,  en  chandelier,  qu'on  y 
affiaîettic.  On  y  fait  entrer  de  force  un  petit  mor- 
ceau de  bots  bien  dur ,  dans  lequel  on  fait  un 
trou  avec  une  tarière  pour  y  faire  entrer  le  bout 
do  poîmai  ;  alors  on  mec  la  meule  fur  le  pointai , 
&  on  le  fait  tourner,  pourvoir  de  quel  côté  font 
les   lourds. 

Qoand  on  a  remarqué  les  lourds,  on  y  coule 
ûu  plomb  fondu  ou  du  plâtre  fur  la  partie  la  plus 
légère,  fufquà  ce  quelle  foit  égale  en  poids  à 
Tautre  partie. 

Oa  abat  les  lippes  que  les  lourds  ont  pu  for- 
mer fur  ta  fufée  quand  les  meules  ont  déjà  tourné , 
car  quand  elles  font  neuve?,  il  n'y  a  point  de  lippes , 
Ik  quand  la  fufée  eft  bien  arrondie,  on  la  place 
flans  k  plein  milieu  de  la  meule  gîtante.  Se  on 
'  £ak  cisrrcT  le  papillon  dans  le  irou  quarré  de  Tanille 
Âiée  à  ta  meule  courante  ;  enfin ,  on  fait  faire 
•  quelques  tours  à  la  meule  pour  vérifier  s'il  n'y  a 
plus  de  lourds. 

U  faut  que  ta  meule  gifante  foit  bien  bordée 
fie  niveau  fur  les  quatre  faces  >  c'eft-à-dirc,  qu'elle 
foit  égale  par  les  bord%. 

Quelques  meuniers  font  dans  Tufage ,  en  bor- 
dant les  meules,  de  ménager  deux  lignes  de  pente 
£iT  Tanche,  pour  faciliter  la  chute  de  la  farine; 
jsais  cette  pente  doit  être  prefque  infenfible  ,  &  il 
cfi  mieux  de  bien  border  les  meules  de  niveau. 
-  Le  bord  de  la  meule  gifantc  doit  être  plus 
haut  cfue  les  enchevêtrures ,  ou  les  pièces  de  bois 
oii  la  fouriennent,  dans  lefquelles  elle  cA  enca* 
drce  &  aifujcttie  avec  de  la  maçonnerie  dans  ks 
angles. 

Il  hvt  que  la  meule  gifantc  foit  houdïmkre^ 
c'eft-à-dirc,  convexe  de  trois  ou  quatre  lignes  au 
c^ur,  en  allant  toujours  en  diminuant ,  &  venant 
à  rien  à  la  an  de  Tentrepied* 


ME  u 


55 


La  meule  courante  doit  au  contraire  être  fia- 
niire y  c'elt-à- dire,  concave  proportionnellement  k 
la  convexité  de  la  meule  gifante  6c  dans  la  même 
étendue  ;  &  pour  que  cela  faflfe  plus  d'effet ,  il  faut 
que  la  meule  courante  foit  un  peu  plus  concave 
que  la  gifante  n'eft  convexe,  afin  de  donner  au 
grain  la  facilité  d  entrer  dans  les  meules,  &  qu'elles 
puident  bien  prendre  le  blé  ègaletnenr. 

Pour  mettre  \^  meule  courante  en  bon  mou* 
hge,  il  eft  effentiel  de  bien  mettre  ranille  dans 
k  plein  milieu  de  la  meule;  fans  cela  elle  cahote- 
ro:t  &  feroit  la  queue,  c'eft-à-dire,  qu'elle  débor* 
deroit  d'un  côté. 

La  meule  courante,  pour  bien  opérer,  doitêtr^ 
pofée  bien  droite,  excepté  lorfque  le  moulin  ert 
en*deflus  ;  alors  le  fer  doit  avoir  un  peu  de  pente 
avalant-Teau.  Il  faut  au  contraire  que  la  pente  du 
fer  foit  à  jnont-Feau  lorfque  le  moulin  eft  en- 
deffous.  Cette  pente  du  fer  n'cft  utile  que  pour 
foutenir  k  poids  de  l'eau  lorfque  les  chevilles  du 
rouet  prennent  les  fufeaux  delà  lanterne,  &  qu'il 
s'agit  de  metrre  le  moulin  en  mouvement  ;  car 
chaque  coup  de  rouet  contre  la  lanterne,  frappant 
le  fer  par  en-bas,  redrefle  fa  pointe  par  en-haut, 
&  par  conféqutnt  la  meule  dans  le  fens  oppcfé 
oii  le  rouet  frappe  le  fer.  Il  faut  en  même  temps 
avoir  attention  que  cette  înclinaifon  du  fer  fott 
proportionnée  à  la  force  du  mouvement  du  mou- 
lin ,  c'eft-à-dire,  qu'il  faat  incliner  le  fer  de  huit 
à  dix  lignes  pour  un  moulin  de  moyenne  force  ou 
qui  moud  t^  àij  feiiers  en  vingt-quatre  heures, 
èc  en  fuppofant  que  le  rouet  &  la  lanterne  mar- 
chent bien  ,  car  (i  leur  marche  eft  gênée,  la  pente 
doit  être  un  peu  plus  lourde.  En  général,  pour  un 
moulin  qui  marcfie  très-bien ,  le  fer  doit  avoir 
moins  de  pente  ,  attendu  qu'il  ne  fait  point  de 
faut, 

La  plupart  des  meuniers,  fous  prétexte  d'em- 
pêcher leur  moulin  de  s'échauffer,  ouvrent  trop 
leurs  meules  &  rc  leur  font  commencer  à  prendre 
blé  que  vers  la  fin  de  Tentra-pied ,  ou  le  grain 
coule  entier  fans  avoir  été  caffé;  enconféquence, 
la  feuillure  trouve  à  travailler  tout-a-la- fois  gruau, 
fon  ^  farine,  8c  le  tout  fe  fait  mal. 

Si  dans  les  meules  il  n'y  avoit  que  ta  feuillure 
ni  dut  travailler,   il  feroit  Inutile  de  leur  donner 
IX  pieds  deux  ou  trois  pouces  de  diamèrrc. 

La  meule  doit  faire  à  la  fois  trois  opérations 
de  monture;  en  fortant  des  bras  de  l'anille  & 
îi  quelques  pouces  plus  loin ,  la  meule  doit  com- 
mencer à  cafTer  le  blé^  c'eft  l'ouvrage  du  cœur; 
enftiitc  le  blé  fe  raffine  à  Tcntre-pied,  qui  fair  le 
gruau;  enfin,  il  tombe  à  la  feuillure,  qui  ne  fait 
plus  qu'écurer ,  roukr  le  fon  &  faire  la  fleur- 

Lorfque  chaque  partie  de  la  meuk  fait  ainfi  fon 
ouvrage,  un  moulin  va  t  ujours  en  allégeant  t  il 
faut  cependant  obferver,  i"*,  qu'un  moulin  qui  va 
très-fort  doit  être  un  peu  plus  ouvert  â:  en  pro* 
portion  de  fa  force,  afin  d'empêcher  qu'il  s'échauffe: 
a^  que  fi  le  moulin  eA  très-fort^  &  les  metil«l 


2 


5^  ME  U 

trés-irdentes  ^  il  eft  à  propos  qu'elles  comnieiicent 
à  caffer  le  blé  un  peu  plus  loin  de  Fanille  que 
dans  un  moulage  plein ,  fur-tout  lorfque  Ton  veut 
ftire  des  farines  très-blanches  ;  par  ce  moyen ,  le 
blé  n*eil  pas  tant  haché»  ni  le  gruau  rougi»  ni 
la  farine  piquée  de  fon, 

La  meule  courante  ,  en  tournant»  fait  deux 
niouvemtns  à  la  fois  :  en  tournant  fur  fon  pivot , 
elle  hadTe  6i  bailTe  alternativement,  parce  que  le 

Î>alier  fur  lequel  porte  ion  pivot  ert  éiaftiquc  Se  fait 
'effet  du  reiîbrt;  il  fléchit  &  fait  fléchir  la  meule 
lorfqu'elle  écrafe  le  blé,  il  fe  relève  6c  relève  h 
meule  lorfque  le  blé  eft  écrafé  ;  en  mtmc  temps  la 
vîceffe  de  la  meule  agite  fortement  Tair ,  qui  chaffe 
la  farine  hors  des  meules. 

Lorfque  la  meule  courante  eft  un  peu  trop  ar* 
dente,  on  peut  en  diminuer  Tardeur  en  garniffant 
les  trous  avec  un  maflic  de  chaux  vive  &  Je  farine 
de  feigle  délayées  cnfemble;  le  moulin  affleurera 
mieux ,  c*efl-à-dire,  fera  une  farine  plus  alongée  » 
plus  douce  au  toucher,  La  farine  courte  cù.  celle 
qui  eit  dure  au  tadt  ;  on  réprouve  encore  plus  sû- 
rement en  en  faifant  un  peu  de  pâte  avec  de  l'eau 
dans  le  creux  de  la  main  ;  û  la  pâte  $*étend  aifé- 
roent  »  la  farine  eft  bien  alongée  ;  fi  elle  fe  cafle 
&  fe  défunit  facilement ,  alors  la  farine  eft  courte. 
Toute  farine  alongée  fait  toujours  blanc  ;  la  fa- 
rine courte  fait  rouge,  Se  ne  fe  conferve  point; 
fon  oeil  rouge  vient  des  particules  de  Ton  qui  s  y 
font  mêlées. 

Pour  faire  une  bonne  mouture  ,  il  faut  mt 
chaque  coup  de  meule  enlève  Técorcc  du  blé, 
fans  y  laiffer  de  farine. 

La  mouture  fera  à  fon  plus  haut  point  de  per- 
feftion,  A  Ton  parvient  à  ne  faire  pour  un  grain 
de  blé  qu'une  feule  écaille  de  fon  écorce,  fans  y 
laiffer  aucune  farine. 

Les  meules  des  petits  mouJins ,  &  fur>tout  les 
meules  gifantes,  ne  doivent  pas  être  ù  ardentes 
que  celles  des  grands  moulins,  parce  que  ces  meules 
n'ayant  point  leur  mouture,  c'cft-à-dire ,  venant 
à  manquer  de  blé,  font  fujettes  à  grogner  ù  elles 
font  ardentes  j  elles  hachent  le  fon ,  &  il  tache 
Ifl  farine. 

Du  nettoyage  des  Grdins» 

Le  nettoyage  des  grains  ,  qui  doit  précéder 
Iciar  mouture  ,  s*opère  par  quatre  efpéces  de 
cribles,  favoir,  le  crible  norm.ind  ,  le  crible  cy- 
lindrique ,  le  crible  aUemand  3l  le  tarare  ou  ven- 
tilateur. 

Le  meunier  économe  qui  fabrique  des  farines 
pour  fon  compte  ou  pour  les  vendre,  doit  faire 
ufage  de  ces  cribles ,  fi  fon  blé  n*eft  pas  nettoyé; 
mais  ,  pour  économifer  la  main-d'œuvre ,  il  faut 
que  le  même  moteur  qui  fait  tourner  les  meules, 
faffe  auffi  tourner  &  mouvoir  ces  cribles ,  &  pour 
CCI  effet  ^  il  faut  que  Con  mouUn  ait  un  étage  uipé' 
rieur  dans  lequel  ces  cribles  foient  placés. 


M  É  u 

Si  je  recommande  cette  pratique  aux  meunlert 
qui  fabriquent  pour  leur  compte,  ce  n*eft  pas  que 
ceux  des  moulins  banaux  ne  doivent  fuivre  égale- 
ment ces  confeils  ;  mais  ils  croient  avoir  plus  d'in- 
térêt à  hâter  le  moulage ,  qui ,  bien  ou  mal  fait , 
leur  eft  également  payé  ;  au  lieu  que  les  fabricaos 
&  marchands  de  farine  femcnt  l'intcrèt  qu  ils  ont 
à  les  perfeâlonner. 

Dans  le  commerce  on  diftingue  trois  qualités 
de  blé,  favoir^  blé  de  U  tiie^  hU  dU  miluu  ^  & 
blé  de  la  dernière  qualité* 

Les  deux  premiers  cribles  divifent  le  blé  en  ces 
trois  qualités. 

En  fuppofant  donc  qu*on  ait  acheté  ou  récolté 
du  blé  taîe,  voici  comment  on  le  nettoiera* 

On  fait  d'abord  ufaze  du  crible  normand.  Il  eft 
de  forme  ronde  j  le  tond  eft  une  peau  percée  de 
trous  plus  petits  qit  un  grain  de  beau  froment. 
Pour  en  faciliter  Vufage ,  on  le  fufpend  avec 
à%\\x  ficelles  attachées  aux  extrémités  de  foa 
diamètre. 

Ce  crible  ne  conferve  que  le  gros  grain»  & 
laiffe  aller  le  plus  petit ,  j^fi  que  les  mauvaifes 
graines.  Ainfi ,  le  tas  formé  par  ce  crible  ne  fert 
qu  à  faire  de  petites  farines  bifcs  de  dernière  qua- 
lité, dont  les  cultivateurs  fe  nourriffcnt,  tant  Ils 
font  pauvres,  &  dont  ils  nourriront  leurs  volailles 
lorfqu'îls  pourront ,  félon  le  vœu  d*Henri  IV,  avoir 
•la  poule  au  pot. 

Vn  autre  avantage  de  Tufage  de  ce  crible ,  c'cll 
que  le  coup  de  poignet  fait  venir  du  bord  au- 
deffus  du  bon  blé,  la  paille,  les  boufes ,  le  blé 
mort,  Tergot  &  la  cloque ,  c'eft-à-dire,  Tenveloppe 
du  blé  charbonnè,  dont  la  pouffière  fétide  nuiroic 
à  la  qualité  des  farines  &  à  la  falubriié  du  paLo  ^ 
&  par  conféquent  à  la  fantc, 

Lorfque  le  coup  de  poignet  a  raffemblé  toutes 
ces  falctés  au-deffus  du  bon  grain,  parce  qu'elles 
font  plus  légères  que  lui,  on  les  enlevé  à  la  maio. 
Le  marchand  de  farine  &  le  boulanger,  qui 
achètent  le  blé  tout  nettoyé,  peuvent  fe  paffer  de 
ce  crible  ,  &  les  cri  Mes  fuivans  peuvent  leur  fuffire. 
Après  cette  opération,  on  verfe  le  grain  qui  n*a 
pu  paffer  par  le  crible  normand ,  dans  un  crible 
d^Aliemagne. 

Ce  crible  efl  compofé  d*une  trémie  dans  laquelle 
on  verfe  le  grain,  qui  fe  répand  petit  à  petit  en 
nappe  fur  un  plan  incliné  d'environ  45  degrés^ 
formé  de  lîls  d'archal  ranges  parallèlement  âc  affes 
près  les  uns  des  autres  pour  que  les  meilleurs 
grains  ne  puiffenc  pas  paiTer  au  travers.  Les  mau- 
vais grains  tombent  fur  un  cuir  tendu  à  trois 
pouces  de  diftance  fous  le  crible,  &  fe  rendeot 
dans  une  chaudière  que  Ton  place  deffous. 

En  fuite  le  grain  eft  vcrfé  dans  un  bluteau  cy* 
Undrique.  Ce(l  un  grand  cyUndre  de  i  ou  3  pieds 
de  diamètre,  garni  alternativement  de  feuilles  de 
tôle  piauées  comme  une  râpe  à  fucre ,  âc  de  fils 
d'archal,  pofccs  parallèlement  pour  laiffer  paffer 
les  Immondices  &  les  graines  plus  menues  que  le 

fromem 


M  E  U 

fn>mtnu  II  cft  plos  avantageux  de  piquer  les  feuilles 
lie  fer-blacK:  une  ligne  d'un  côte  &  une  de  Tautre , 
afio  qu'elles  rapcni  des  deux  côtés.  Oa  verfe 
le  grain  dans  une  trémie,  doii  il  coule  dans  ce 
cyliodrc  pofe  en  pente  qu'on  fait  tourner  avec 
noe  «UtiiveUe*  Dans  le  trajet  du  cylindre,  le  blé 
ell  gratté  par  les  râpes ,  la  pouflîére  &  les  petits 
grains  fortem  pir  les  grilles  de  fild'archal,  &  le 
k»lé  forr  clair  &  propre  par  rextrcmicé  du  cy- 
Endrc,  &  tombe  dans  la  trémie  d'un  tarare. 

3**  Le  tarare  oy  ventilateur  cft  un  inftrument 
tr^'ingcnicux.  Pour  s*eji  faire  une  idée  claire  , 
qa*Oci  (c  figure  un  homme  faifant  tourner  avec  la 
mucyeUe  une  roue  dentée  en  hériffon,  laquelle 
cogrèpc  dans  la  lanterne  qui  eft  placée  au-dciTus, 
&<|us  fait  tourner  très-vîie  les  ailes  &  la  petite 
roue  co<hée  qui ,  par  le  ievier ,  fait  tremoufler  le 
crible  fupéheur.  Un  autre  homme  verfe  dans  la 
trènûe,  du  froment,  qui  coule  peu-à-peu  furie 
crible  fupérieur,  un  peu  incliné  vers  Tavant.  Ce 
crible,  eu  trèmouiTant  continueUement ,  tamife  le 
grain  en  forme  de  pluie;  il  traverfe,  en  tombant , 
»n  tourbillon  de  vent  occafionné  par  les  ailes , 
&  tombe  fur  un  plan  incliné  ,  où  il  y  a  un  fécond 
crible  qui  fcpare  le  gros  grain  du  périt. 

Pour  mieux  faire  connoitre  cet  inftrumenr , 
nous  ajouterons  ce  qui  fuit.  On  met  le  froment 
daiu  la  trémie  ,  il  en  fort  par  une  petite  ouver- 
nirc  à  couîiiTe;  au  Cortir  de  la  trémie,  le  grain 
fc  répand  fur  un  premier  crible ,  fait  en  maitic 
de  laiton  ,  alTw'z  large  pour  que  le  bon  grain  puiffe 
y  paiTcr.  Ce  crible  fe  hauffe  6:  fe  bailTe  à  volonté 
pir  le  moyen  de  la  roue  dentée  ;  il  reçoit  un 
nouvement  de  trémoutlemtm  par  un  levier  brifé , 
auqael  il  eft  attaché,  &  dont  le  bout  inférieur, 
jppuyè  fur  le^  coches  ou  dentures  de  la  roue ,  eft 
raarbrè  à  Textrémîté  de  Teftleti ,  qu'on  fait  tourner 
avec  U  maaivcllc. 

Le  trèmouïïement  fait  couler  le  grain  peu- à-peu  ; 
les  corps  étrangers ,  trop  gros  pour  paiîer  au  travers 
des  mailles  ,  tombent  par  une  extrémité  en  forme 
de  nappe,  fur  un  plan  incliné ,  qui  les  jette  dehors. 
Ce  qiu  a  pafTé  par  le  crible  fupérieur  ,  tombe  en 
farme  de  pluie  îur  un  autre  plan  incliné,  d'environ 
45  dégrés,  où  le  grain  trouve  une  autre  grille  ou 
treitlis  de  ni  d'archal,  dont  les  miilles  font   un 

ra  plus  étroites  que  celles  du  premier,  afin  que 
petit  grain  pulfie  tomber  Cous  la  caifïe,  tandis 
qtie  le  plus  gros  Çc  répand  derrière  le  crible. 
Sur  un  d*.$  c^tés  de  la  caiflTe  eft  un^  manivelle 

El  fait  lourner  une  roue  dentée  ,  laquelle  engrène 
as  une  lanterne  ûxéc  Car  rcftieu ,  faifant  mouvoir 
à  foo  extrémité  la  petite  roue  cocliée  qui  imprime 
le  r-«fiiioiiiï;rmcnt  aux  cribles.  Le  grand  c^Hcu, 
q  -*  très- vite   au   moyen  de  la  lanterne, 

\  '  S  ailes,  formées  de  planches  minces, 

i;  a  tournant  un  vent  confidérable,  qui 

t  ixicla  poufttère ,   la  paille   Scies  corps 

qui  fe  irou\'ent  dans  le  grain. 
Quelques  meuniers  fupptiment  le  crible  d*Atle- 
Ans  &  Mttltrj.     Tome  K    Parût  L 


M  E  u 


57 


magne  &  le  bkueau  cylindrique,  &  fe  contentent 
du  ventilateur. 

Le  criblage  &  nettoyage  du  grain  en  augmen- 
teroit  la  valeur ,  sM  devoit  è:re  fait  à  main  d'hommes  ; 
mais  on  peut  f^ire  mouvoir  ces  cribles  par  la 
même  force  motrice  qui  fait  tourner  la  roue  du 
moulin  §c  en  même  temps  ,  en  forte  que  le  même 
moteur  nettoie  le  grain  ,  le  moud ,  Ôi  blute  à 
la  fois  la  farine,  ainfi  qu'on  le  verrti  ci-aprés. 

Pour  ces  effets ,  on  adapte  à  rextémiié  d*un 
arbre  de  couche  ou  horizontal ,  d'environ  trois  à 
quatre  pouces  de  gros,  faifant  un  angle  droit  avec 
le  grand  arbre  tournant  du  moulin ,  une  petite 
lanterne  de  dix-huit  à  vingt  pouces  de  diamètre, 
plus  ou  moins ,  fui  vaut  la  force  du  moulin  ,  afin 
que  les  fufeaux  de  cette  lanterne ,  prenant  les 
dents  du  rouet ,  faffcnt  tourner  Tarbre  de  couche, 
dans  lequel  font  emmanchées  trois  poulies  dans 
lefquelles  on  paffe  des  cordes  fans  fin  qui  cor- 
refpondent  aux  poulies  des  cribles  &  des  bluteaux* 

Ces  poulies  peuvent  fe  prendre  dans  une  môme 
tourte  de  bois  d'orme,  quand  la  bluterie  à  fon 
gras  eft  direftement  fous  le  tarare;  lorfqu'elle 
n'y  eft  pas,  on  place  fa  poulie  furTarbrede  couche, 
au  droit  de  lad  te  bluterie,  avec  des  poulies  de 
renvoi.  Les  poulies  de  Tarbre  de  couche  doivent 
être ,  autant  qu'il  eft  poffible ,  dircftemcnt  au 
deftbus  des  poulies  adaptées  aux  autres  machines 
qu'elles  doivent  mettre  en  mouvement  ;  car ,  fi 
ces  poulies  ne  pou  voient  pas  être  placées  direfte- 
ment  les  unes  fous  les  autres,  il  faudrolt  abfo- 
lument  (e  fervîr  de  poulies  de  renvoi,  pour  re- 
gagner la  perpendiculaire  ,  ce  qui  eft  très-facile. 

La  poulie  d'en  -  bas  du  tarare  peut  avoir  trente 
pouces  de  diamètre  ,  &  celle  qui  eft  emmanchée 
dans  le  tourillon  de  l'arbre  tournant  du  tarare,  doit 
avoir  doute  pouces  de  diamètre  ;  celle  de  l'arbre 
de  couche ,  dellinée  à  faire  mouvoir  le  cylindre  de 
fer-blanc,  doit  avoir  vingt-quatre  pouces  de  diamè- 
tre, &  celle  emmanchée  dans  le  bout  de  l'arbre 
tournant  dudit  cylindre  de  fer -blanc,  vingt-huit 
pouces.  On  peut  faite  cette  dernière  poulie  d'une 
tourte  plus  épailTe,  afin  d'y  ménager  une  féconde 
poulie  de  renvoi  j  qui  ira  faire  tourner  le  grand 
crible  de  fer  pofé  en  fens  contraire  de  celui  de 
fcr*blanc. 

La  poulie  qui   fait  tourner  la  bluterie  ,  doit 
avoir  ^^  pouces  de   diamètre,  &  celle  qui  fera 
emmanchée  dans  le  bout  de  l'arbre  tournant  de 
ladite  bluterie,  doit  avoir  26  pouces  de  diamètre* 
Tous  ces  diamètres  &  mefures  peuvent  varier 
fclon  la  force  &:  la  différence  des  moulins,  des 
machines  &t  des  mouvcmcns  ;  mais  ce  qu'il  eft 
cffentiel   d'obferver  ,  c'eft   que   la   grandeur   de» 
poulies   doit    être    calculée   fuivant  la  force  dcS 
moulins  ,   &  que  les  cribles  &  bluteaUx   cylin- 
driques doivent  faire  25  à  30  tours  par  minute- 
Si  les  cribles  cylindriques  vent  trop  tort  ou  trop 
I  doucement,  ils  criblent  mal. 
'  H 


58 


M  E  U 


Le  tarare  doît  faire  Bo  ï  loo  toun  par  minute  : 
s'il  va  plus  vite»  U  chafle  le  bon  blè  avec  les 
cri bl  lires  ^  %i\  va  plus  doucement ,  îl  ne  nettoie  pas 
bien  le  blé* 

En  général,  fi  le  moiivemeot  eft  trop  rapide, 
!l  faut  tenir  les  poulies  plus  grandes  en  haut,  ou 
diminuer  celles  du  basj  cela  ralentira  le  mouve- 
ment. Si  le  mouvement  au  contraire  eft  trop  leot , 
on  diminue  la  poulie  d'en-haut,  eu  l'on  en  metrra 
de  plus  grandes  en-bas.  Les  poulies  doivent  être 
faites  en  pattes  d'écrevifl*e;  c*efl-à-dire  que  la 
rainure  doit  être  large  cl*entrèc,  &  aller  toujours 
en  diminuant  f  afin  uue  les  cordes  ferrent  mieux 
&  tournent  plus  facilement. 

Il  faudroi^  auiîi  n'employer  que  des  cordes  qui 
euffem  dè>à  fcrvi  ;  elles  font  moins  dures  6l 
tournent  plus  rondtmenu 

Les  cordes  fe  raccourcirent  dans  les  temps  hu- 
mides ,  &  s'alongent  dans  les  temps  fecs.  Pour 
remédier  àcesinconvèniens*  on  met  au  bout  d'une 
corde  une  paue  de  cuir  de  Hongrie ,  &  une  longe 
de  nijme  cuir  à  l'autre  bout;  par  ce  moyen»  on 
allonge  ou  raccourcit  les  cordes  fuivantle  temps. 

Si  Je  tarare  ne  tourne  point  afTcz  vite,  on 
raccourcit  les  cordes;  s'il  va  trop  vite,  on  les 
ralonge. 

Cet  arrangement  eft  préférable,  fans  compa* 
raifon  ,  aux  rouages  8c  aux  petits  hènnbns  qu'on 
pourroit   employer  dans   ces  cas ,  parce  que  les 

f jouîtes  coûtent  bien  moins  «  durent  plus^  &  font 
aciles  à  faire,  à  conduire  &  entretenir,  au  lieu 
qu^il  faut  un  habile  charpentier  mécanicien  pour 
exécuter  un  hériffon  ,  qui  eft  fujet  à  fe  déranger^ 
plus  difficile  à  conduire  ,  &  parce  qu'enfin ,  avec 
àùs  cordes  &  des  poulies  qui  coûtent  environ 
48  liv, ,  on  fait  autant  d*ouvrage  qu'avec  des 
hérifTons  qui  coûtent  vingt  à  trente  louis. 

Telle  eft  en  général  la  méthode  du  nettoyage 
des  grains, fi  négligé  par  les  iabou retirs,  excepté  ceux 
de  la  Brie,  de  la  Beauce,  de  Tlfle  de  France  & 
de  la  Picardie. 

Voyons  maintenant  les  procédés  du  blutage , 
puifqu'ils  fe  Uent  avec  ceux  du  nettoyage  des 
grains. 

Pfùccdis  du  Blutait, 

Que  les  grains  foient  parfaitement  nettoyés, que 
les  meules  foient  de  bonne  qualité  ,  qu'elles  foient 
bien  rayonnées ,  bien  montées  ,  bien  drefécs  ,  que 
leur  mouvement  folt  régulier ,  cela  ne  fuffit  point  ; 
U  faut  que  le  blutage  foit  aufTi  parfait  ;  c'eftluiquî 
donne  à  la  mouture  économique  le  degré  de  per- 
fcftion  qui  la  diftingue  de  toute  autre  mouture^ 

11  y  a  déjà  un  grand  nombre  de  moulins  éco- 
nomiques ,  mais  la  plupart  pèchent  par  le  blutag^c, 
dont  Kart  eft  encore  généralement  inconnu.  Tà^ 
chons  d'en  parler  d'une  manière  inftnjflivc. 

Il  ne  faut  pas  que  le  blutage  commande  le 
moulin  en  allant  trop  vite  ou  trop  lentement.  Il 
faut  que  les  bluteaux  tamtfent  la  même  quantité 


M  E  U 

de  farine  que  les  meules  en  font.  Si  le  bluteau 
ne  tamifc  pas-  aufti  vire  que  te  moulin  moud,  U 
faut  relever  Tauget  de  la  trémie,  pour  empêcher 
qu  il  ne  tombe  tant  de  blé  dans  les  meules;  alors 
les  meules  n^ayant  plus  une  nourriture  fuâfifantc, 
ou  manquant  de  blé^  le  fon  fe  broie  très- fin,  fe 
mêle  à  la  Éarine,  la  rougit,  La  rend  hife  &  mauvaife. 

Si  au  contraire  le  bluteau  tamife  plus  vite  que 
le  moulin  ne  fournit,  il  tamife  trop  fec«  &  lame 
pa^Ter  du  fon  avec  la  fleur. 

Il  eft  donc  trés<efîentiel  que  les  bluteaux  répon* 
dent  à  la  finefle  de  leur  étamine  &  à  la  force  du 
moulin;  il  eft  très-eftentiel  que  les  bluteaux  & 
les  meules  foient  d'un  accord  parfait. 

En  général,  pour  le  blutage,  il  faut  examiner: 

i"*.  Si  le  babillard  du  bluteau  fupérieur  n'cft 
éloigné  du  tourillon  de  Tarbre  tournant  que  de 
6 ,  8  à  10  pouces  au  plus, 

2"",  Si  la  bluterie  déchiroît  les  bluteaux,  ou  s'ils 
biutoient  trop  fort,  il  faudroit  débrayer  la  boiic 
ou  la  baguette ,  pour  ralentir  &  diminuer  leurs 
coups.  fl 

DthrayerSc  remhayer ,  c'efl  ferrer  plus  ou  moins    1 
la  barre  fur  la  croifée,  ou  ferrer  la  baguette  plus 
ou  moins  près  de  la  huche  du  côté  de  ta  crotfce. 

£n  général ,  plus  on  blute  &  plus  on  fait  de 
farine  blanche;  mais  pour  bluter,  il  faut  que  les 
gruaux  foient  fermes;  autrement  ils  s'engraiiTent, 
au  lieu  que  les  blutcries  otent  aifément  les  rougeurs. 

La  bluterie  ett  encore  d'une  grande  milité  lort 
ou  il  y  a  des  recoupes  qui  font  dures ,  ce  qui  eft 
fouvcnt  occafionné  par  une  r'habillure  trop  foncée  » 
ou  par  la  nature  du  blé. 

Le  plus  sûr  moyen  pour  avoir  du  blanc*,  eft  de 
faftcr  les  gruaux  gris ,  pour  en  ôter  les  rougeurs 
avant  de  les  moudre;  quand  ces  rougeurs  ont  été 
féparées,  on  peut  enfutte  dans  le  moulage  appro- 
cher  les  meules  tant  qu'QU  veut,  pour  atteindre 
les  petits  gruaux  qui  ont  échappé  aux  premières 
moutures* 

Le  premier  lés  de  la  bluterie  &it  en  dernier 
travail  un  gruau  clair  &  an,  qu*on  peut  mêler 
en  fécond. 

I^  fécond  lés  fait  un  fécond  gruau,  qui  eft  bon 
pour  le  pain  bis- blanc,  &  une  partie  du  refle 
pour  le  bis.  Au  lieu  qu'avec  le  dodinage  îes  gruaux 
reftans  du  rcmoulage  font  bien  plus  rouges  ,  6c  oc 
peuvent  plus  être  employés  qu  en  bis. 

Lorfqu'on  veut  remoudre  les  recoupes  en  em- 
ployant un  dodinage,  on  eft  obligé  d'approcher  Je 
moulin  ,  ce  qui  le  fatigue  beaucoup  &  rougir 
la  i^irine  qui  provient  de  ces  recoupes  ,  au  hea 
quQ  par  le  moyen  d'une  bluterie  ,  le  moulin  va 
toujours  en  allégeant ,  fans  que  Ton  remette  tes 
rougeurs  fous  la  meule,  ce  qui  fait  la  farine  d^ 
recoupes  bien  plus  claire. 

On  trouve  encore  par  le  remoulage,  au  premier 
lés  de  la  bluterie,  de  petits  gruaux  bons  à  mettre 
en  bis-bianc,  &  le  refle  en  bis,  ce  qui  avantage 
beaucoup  un  moulin^  parce  que  rien  d*cA  perdu  » 


M  E  U 

k  <pi*otf  ne  remoud  que  ce  qtiî  eft  bon  à  remou- 
dre. II  cft  vrai  que  cette  méthode  occafionne  des 
ér^pom%on%i  maïs  on  en  eft  amplement  dcdom- 
flOgé  par  la  qualité  &  quantité  des  farines.  D'aiU 
bars,  il  ne  feut  pas  perdre  de  vue  qu'on  n*cntcnd 
patler  ici  que  d*un  moulin  à  bbnc;  car  pour  un 
flUMiUn  à  his  ou  à  bis-blanc ,  le  dodinage  luffit  «  & 
ûo  peut  tirer  par  Ton  ufage  la  eotallté  des  farines. 

Lorfcju'on  fe  fert  d'un  dodinage ,  les  gruaux ,  & 
fiir*tout  les  fecoDdi,  font  fouvcnt  mélès  de  rou- 
geurs que  la  bluterie  fépare  exa^ement;  &  quand 
oo  fait  remoudre  ces  gruaux ,  qui  font  durs  &  petits , 
on  cft  obligé  d'approcher  le»  meules  pour  pou- 
voir les  remoudre ,  &  l'on  rougit  la  f.irine  en  pul- 
TènCim  les  rougeurs  que  le  dodinage  a  mêlées 
lUx  gruaux  bis ,  ce  qu'on  évite  avec  la  bluterie, 

Sitis  rejeter  le  dodinage ,  on  eft  affuré  par  Tcx- 
péricnce,  que  la  bluterie  fait  les  gruaux  plus  clairs. 
Quelques  meuniers  fe  fervent  d'abord  du  dodi- 
nage pour  dégrailTer  les  fonsgras,  &  cnfuited'uno 
Uuterie^  &  cette  manière  de  travailler  eft  très- 
boooe. 

I*aî  bUrné  précédemment  la  méthode  de  ceux 
qui  prèfèrcfit  les  bluteaux  de  foie  à  ceux  d'étamino  ; 
mais  il  s*«gidfoit  alors  du  bluteau  fupéri^^ur  qui , 
dans  tous  les  cas,  doit  être  de  laine,  parce  qu'il 
cô  deftiné  à  ramifer  la  fleur  de  farine  de  blé, 
qui  gommeroît  la  foie.  Ici  au  contraire  il  ne  s*agit 
que  du  bluteau  inférieur  pour  les  gruaux  &  re- 
coupes, dont  le  bluteau  fupérieur  a  ôté  la  fine 
Aeiir  de  farine,  gralTe  par  elle-même,  &  qui  a 
bcibln  d'une  forte  fecouflfe  pour  être  bien  blutée, 
ao  lieu  que  la  bluterie  cylindrique  fulEt  pour  les 
gruaux  fecs  &  les  fons  durs. 

IXaiUeiirs  les  foies ,  quintlns  ou  canevas  des 
cylindres  à  gruaux,  doivent  être  plus  ouverts  que 
ceux  qu'on  cmploieroit  à  ramifer  la  farine  de  blé, 
&,  par  cela  même,  ils  font  moins  fujets  à  s'en- 
graifler. 

Ceax  quionrun  emplacement  affcz  grand,  feront 
bien  de  taiiïer  fermenter  le  fon  gras  avant  de  le 
païïier  auic  bluteries  du  magafm  d'en-haut,  qui 
ibnt  mtfes  en  mouvement  par  les  poulies  dont  j'ai 
parié  ci-devant;  &,  fi  remplacement  le  permet, 
00  fera  bien  d*avoir  deux  bluteries  au-deflus  l'une 
de  Taiirre;  le  gruau  fe  fépare  mieux,  &  le  fon 
fAù  plus  fec. 

La  thèone  8t  la  pratique  que  je  viens  de  dé- 
crire, conviennent  à  tous  les  meuniers,  &  ils  ne 
peuvetit  faire  une  bonne  mouture  fan  s  les  pratiquer; 
jBÛs  les  points  capitaux,  qui  diAinguent  b  mou- 
are  économique  de  toute  autre,  confiflent  en 
liots  opérations  effentlelles  ;  favoir  ;  i  **,  à  bien 
Mttoyerles  grains  avant  de  les  moudre  ;  i  *'.à  broyer 
les  grsin%  convenablement  ;  3  ^.  à  bien  féparer , 
parles  dtffércns  bluteaux,  les  farines  des  fons, 
recoapes  6l  gruaux,  pont  pouvoir  remoudre  ces 
derniers  ftparément  Se  a-propos,  ainfi  que  je  l'ai 
A^à  dky  &  qu*on  le  verra  dans  le  chapitre  fuivant. 


M  E  U 


59 


Développement  des  procédèt  de  U  mouture  économique , 
d'après  U  mémoire  de  Af.  Suqutt* 

Le  premier  procédé  confiile  à  cribler  Se  nettoyer 
le  blé  avant  quil  tombe  dans  U  trémie  des 
meules. 

Le  fécond  ,  à  le  moudre  de  manière  qu'il  ne  puifle 
ni  s'échautfer,  ni  contraâcr  aucune  mauvaife  qvia- 
lité,  ni  fouflPrir  trop  d'évaporation  &.dc  déchet. 
Le  troifième ,  à  bluter  en  même  temps  que  les 
meules  travaillent,  pour  féparer  les  diverles  qualités 
de  farines  &  de  gruaux. 

Le  quatrième  ,  à  remoudre  les  différens  gruaux 
pour  en  tirer  de  nouvelles  farines. 

la  première  opération  du  nettoyage  des  blés  fc 
fait  en  tranfportant  les  facs  au  fécond  étage  du 
moulin,  ou  font  les  cribles.  Deux  ouvriers,  Fun 
en-bas ,  l'autre  en-haut ,  font  tout  ce  fervicc.  L'un , 
avec  une  brouette,  mène  les  facs  jufqa'au  pied 
du  mur  du  moulin,  &  deffous  la  croifée  du  gre- 
nier par  où  le  fac  doit  entrer  ^  le  fac  arrivé ,  il 
l'attache  au  crochet  du  cable  qui  doit  l'enlever, 
AufTuôt  l'ouvrier  qui  eft  cn^haut,  en  tirant  une 
corde,  fait  engrener  dans  un  rouet  la  lanterne 
d'un  treuil  qui  monte  fur  le  champ  le  fac  attaché 
au  cable;  lorfqu'il  cfl  arrivé  à  la  croifée  du  gre- 
nier, l'ouvrier  lâche  la  corde  pour  dèfcrgrener  la 
lanterne  ;  il  détache  le  fac ,  &  le  vide  dans  h 
grenier. 

Le  blé  cft  criblé  deux  fois;  la  première,  dans 
le  crible  normand  à  la  main,  &  le  réfidu  de  cette 
criblure  forme  la  dernière  q  taltté  du  hU\  La  féconde 
fois,  dans  le  grand  crible  cylindrique,  qui  nettoie 
encore  le  grain,  &  le  fépare  en  fesdeux  autres 
qualités,  Tune  dite  tête  du  hlé^  &  Tautre  bli  du 
milieu,  Çnfuite  il  coule  à  travers  le  plancher  par  un 
conduit,  dans  la  trémie  du  tarare  ,  où  il  eft  éventé 
par  les  ailes  du  ventilateur  ,  qui  le  nettoie  en  chaf- 
fant la  poufliére ,  les  pailles,  la  cloque,  les  grains 
légers  ou  rongés  par  les  infcâcs,  <k  fépare,  pAr 
fes  grilles,  la  plupart  des  grains  étrangers.  Enfin 
il  tombe  pur  &  net  dans  la  trémie  des  meules. 

Le  nettoy;^ge  des  grains  peut  fe  Lire  à  peu  de 
frais,  ainfi  que  je  l'ai  dit  ci-devant,  &  doit  fo 
faire  au  moulin,  s'il  n'a  pas  été  fait  au  greiiier 
ni  dans  la  grange. 

ta  féconde  opération  confilte  a  moudre  le  grain 
fans  échauffer  la  farine. 

Les  meules  entre  lefqudlcs  le  blé  eft  introduit, 
font  piquées  en  rayons  réguliers;  elles  font  dref- 
fées  felon  la  méthode  ci-devant  pr^fcrire  pour  les 
mettre  en  bon  moulage  ;  ces  meules  bien  m  -nt;e$ 
&  bien  dreftées,  vont  toujours  en  allégeant.  L:ur 
piqûre  ,  plus  fine  que  celle  des  meules  ordinaires  , 
fabrique  mieux  la  farine  ,  fans  couper  le  grain  , 
ni  hscher  le  fon.  A  quelques  pouces  de  Vanille  ^ 
le  blé  commence  à  être  concaftc  ;  au  milieu  de  l'en- 
trépied ,  fe  font  les  gruaux  ;  enfin  la  fuuiUute  aiBeure 
la  farine ,  &  ècurc  le  fon. 

H  I) 


6o 


M  E  U 


Comme  on  doit  remoudre  les  différens  gniaux , 
on  n'eft  point  forcé  de  ferrer  ni  de  rapprocher 
les  meules ,  comme  dans  la  méthode  ordinaire  où 
Ton  veut  tirer  tout  le  produit  par  une  ieulc  mou- 
ture. Ici  au  contraire  le  premier  moulage  eli  fort 
gai ,  la  farine  qu'il  produit  n'eft  point  échauffée , 
Hl  conferve  toute  fa  qualité. 

Par  la  troijîèmc  opération ,  on  tamifela  farine ,  & 
Ton  fépare  les  gruaux  en  même  temps  que  Ton 
moud ,  en  accordant  le  blutage  avec  le  moulage , 
fuivant  les  principes  expliqués  ci-devant ,  afin  que 
le  bluteau  ne  débite  ni  plus  ni  moins  que  les  meules. 

La  farine,  mêlée  avec  fes  gruaux,  fon  &  re- 
coupes ,  tombe ,  au  fortir  des  meules ,  par  Tanche 
dans  le  premier  bluteau  placé  dans  la  partie  fu- 
périeure  de  la  hucKe.  Le  bluteau  reçoit  fon  mou- 
vement de  la  batte ,  qui ,  en  frappant  liir  !es  bras  de 
la  croifée  placée  fur  la  lanterne,  fait  agir  le  babil- 
lard &  la  baguette  attachée  au  bluteau. 

La  farine  qui  paife  par  le  bluteau,  tombe  dans 
la  liijche;  elle  eft  d'une  grande  finefle,  &  a  toute 
la  pcr/eâion  ;  on  la  nomme  farine  de  blé ,  parce 
qu  elle  cA  produite  par  la  mouture  fur  le  blé , 
ce  qui  la  diliingue  de  \z  farine  de  gruau;  elle  va 
à  peu  près  à  la  moitié  du  produit.  Le  refle  du  gruau 
moulu  fe  nomme  le  fon  gras  ;  il  fort  par  le  bout 
inférieur  du  premier  bluteau,  &  tombe,  par  un 
conduit,  dans  un  fécond  nommé  dttdinage^  qui 
efl  plus  gros  &  plus  lâche  que  le  précédent;  il 
efl  ordinairement  compofé  de  diflférentes  groffours 
d'étamine  ou  canevas ,  qui  divifent  fa  longueur  en 
trois  parties  égales. 

Dans  le  moulin  entièrement  monté  félon  la 
méthode  économique,  au  lieu  d'un  dodinace,on 
emploie  une  bluterie  cjriindrique ,  qui  efl  préférable, 
en  ce  qu'elle  fait  un  plus  beau  gruau  que  ce  dodi- 
nage.  Cette  bluterie  s'emploie  de  même ,  &  par 

Préférence ,  pour  bluter  les  fons  gras ,  aiufi  que  je 
ai  dit  ci-devant;  elle  efl  garnie  par  tiers  de  foie 
ronde,  d'un  quintin  &  d'un  canevas.  Cette  blute- 
rie tourne  par  le  moyen  d'un  hérifTon  dont  les 
dents  s'engrènent  dans  les  fufcaux  de  la  petite 
lanterne  qui  termine  l'axe  de  la  bluterie  cylindri- 
que,  ou  par  des  poulies. 

U  doit  fortir  trois  gruaux  des  diviflons  du  blu- 
teau inférieur,  foit  dodinage,  foit  bluterie  cylin- 
drique ;  la  première  efl  le  gruau  blanc  qui  fe  trouve 
à  la  tête  du  bluteau;  la  deuxième,  le  gruau  gris 
qui  fe  prend  dans  le  milieu,  &  la  troifiême,  les 
recoupes  à  l'extrémité  du  bluteau. 

La  quatrième  opération  confifle.  à  remqudre  les 
diflférens  gruaux  pour  en  tirer  de  nouvelles  farines. 

Après  que  les  blnteaux  ont  féparé  toutes  les 

Sualités ,  &  que  le  meunier  a  mis  à  part  la  farine 
e  blé,  il  rengrène  les  gruaux  blancs  trois  fois 
féparément  des  autres  efpèces  de  gruaux,  &  tou- 
jours de  la  même  façon;  mais  en  ne  faifànt  commu- 
nément ufage  dans  tout  le  refle  des  opérations  que 
du  premier  bluteau.  » 


t 


M  E  u 

Je  dis  communément^  parce  que  les  râeunierf 
^  t  vifent  à  une  grande  qualité  de  blancheur ,  laif- 
'ent  encore  pafler  à  chaque  opération  les  gruaux 
à  travers  les  bluteries  cylindriques  ou  le  dodinage , 
pour  en  extraire  les  rougeurs  ou  les  parties  de  Ion 
qui  s  y  trouvent ,  d'où  il  refulte  que  la  féconde 
&  la  troifième  farine  de  gruau  font  bien  plus  claires. 

Le  premier  rengrenage  du  gruau  donne  une  farine 
fupérieure  en  qualité  à  la  farine  de  blé  ;  on  nomme 
ceite  farine  de  premier  gruau,  blanc  bourgeois^ 
pour  la  diflinguer  de  la  farine  de  blé ,  qu'on  nomme 
le  blanc  y  ce  blanc  n'efl  pas  plus  fin  que  le  blanc 
bourgeois ,  mais  celui-ci  a  plus  de  corps  &  de  faveur. 

Le  fécond  rengrenage  du  refiant  du  premier  gruau 
produit  une  farine  d'une  qualité  un  peu  inférieure  à 
la  précédente ,  &  le  troifième  rengrenage  donne 
une  farine  encore  au  defTous,  mais  fans  mélange 
de  fon  ,  pirce  que  le  gruau  blanc  n'en  a  point. 

Le  gruau  gris  fe  rengrène  féparement,  &  fe  moud 
légèrement ,  pour  en  extraire,  par  un  tour  de  blute- 
rie ,  les  rougeurs  ;  de  manière  que  la  tête  de  cette 
bluterie  peut  rentrer  avec  le  gruau  blanc  fous  les 
meules. 

Enfin  le  refle  du  gruau  gris,  après  avoir  été 
repalfé  fous  la  meule,  donne  une  farine  bife,  mais 
purgée  de  fon ,  par  l'attention  qu'on  a  de  moudre 
les  gruaux  gris  légèrement  la  première  fois,  & 
d'en  extraire  le  fon  par  la  bluterie. 

Les  farines  de  blé  des  premiers  &  féconds 
gruaux,  mêlées  enfemble,  forment  le  pain  blanc 
de  quatre  livres ,  quon  vend  à  Paris. 

Les  recoupes  fe  rengrènent  de  même  fépare- 
ment une  feule  fois  y  8l  produifent  une  farine  bife 
égale  à-peu- près  à  la  deuxième  qualité  du  grumu 
gris  9  &  toujours  fans  mélange  de  fon.  Comme 
il  tombe,  à  chaque  opération  du  blutage,  de 
gros  gruaux  qui  ont  échappé  à  la  meule,  on  les 
ramaSe  encore  pour  les  remoudre ,  c'efl  ce  qu'on 
nomme  remoulage  de  gruaux.  Il  réfulte  de  la  mou- 
ture des  derniers  gruaux  ,  un  petit  fon  qu'on 
nomme  fleurage. 

Pendant  ces  différens  moulages  ,  il  faut  être 
attentif  à  fixer  l'affiette  des  meules ,  à  en  diriger 
les  mouvemens  avec  égaUté ,  à  les  faire  approcher 
plus  ou  moins ,  afin  d'empêcher ,  dans  tous  les 
cas,  que  la  farine  ne  foit  courte  &  échaufFéé, 
&  pour  qu'elle  foit  au  contraire  fratche ,  alongèe» 
&  qu'elle  produife  un  gros  fon  doux. 

Pendant  le  premier  moulage  fur  blé ,  il  fiiut 
avoir  foin  de  tenir  la  meule  courantcun  peu 
haute  ;  c'efl-à-du-e ,  de  ne  pas  la  feffSr  beau- 
coup ,  afin  d'enlever  la  pellicule  du  grain ,  &  de 
faire  de  plus  beaux  gruaux  ;  il  faut  au  contraire 
tenir  les  meules  plus  ferrées  lors  de  la  mouture 
des  gruaux,  vu  que  les  parties  font  plus  petites 
&  plus  dures.  Cependant  les  meules  bien  r'ha* 
billées  demandent  fouvent  à  alléger  un  quart* 
d'heure  après  avoir  pris  fleur» 


r 

I 


I 


Kieéfktdsmn  du  changemens  fttccefflfs  ^u  éprouve 
/<•  klé  pour  donner  fcj  divers  produits  par  la 
momttrt  économique* 

En  fopporajit  un  moulin  à  eau  de  pied-ferme  ^ 
tfkni  des  greniers  au-dcffus  pour  le  nettoyage 
des  grains  ^  le  blé  ,  après  avoir  été  enlevé  en 
hc  cUns  Tètage  fupérieur,  y  ell  criblé  &  féparé 
€û  fcs  trois  qu;tlités  de  téu  de  hU  ^  hU  du  mi- 
Ù£M ,  &  àU  de  U  dernière  cLJfc ,  par  le  crible 
normand  ,  fie  le  grand  crible  cylindrique  ;  de-là 
il  cil  verfc: 

!•.  Dans  U  trémie  du  tarare  ou  ventilateur ,  qui 
en  eoléve  la  poufTière  &  ta  balle;  d  où  il  tombe, 

^•.  Dans  le  crible  d'Allemagne  incliné >  au  bas 
duquel  eft  un  émoteux  ;  de-là , 

5*.  Dans  la  trémie  é&%  meules,  qui  le  verfe  par 
fasiget  agite  par  le  Trayon. 

4*.  Dans  rœidard  ou  trou  de  la  meule  Courante, 
4  travcfs  les  bras  de  ranille;  d*ou  il  coule, 

5*'.  Sut  le  cœur  de  U  meule  gifame,  où  il  fe 

6*-  Enfuite  dans  Tentrepied  des  meules,  où  il 
s*2ftfie  &  le  forme  en  gruau;  de-là, 

7*,  Dans  la  feuillure  des  meules  où  le  gruau 
l'^afflesre  par  l*écurage  des  fons ,  &  fe  convertit 
ta  6iiîne  ;  de>lâ, 

8*-  Dans  Tanche  où  la  mouture  entière  eft 
chaâ^e  par  le  mouvement  circulaire  des  meules  ; 
4e-là, 

9^,  Dans  te  bluteau  fupérieur  de  la  huche  qui 
lèpare  la  farine  de  blé  du  fon  gras  ;  la  farine 
lOinlic  dans  la  huche ,  6c  le  fon  gras , 

to^.  Dans  le  dod  nage  ou  dans  la  bluterie  cy- 
Imdrîqiie,  qui  diflingue  le  fon  gras  &  fcs  trois 
gmaox  6c  recoupes* 

II**.  Et  enfin  au  bout  du  bluteau  inférieur,  par 
<Hi  fon  le  fon  maigre  bien  évidé  de  farine- 

Quand  on  a  retiré  ces  divers  produits  du 
piaiii  ,  on  met  à  part  la  farine  de  blé  ou  le 
bbnc  tiré  par  le  bluteau  fupèrieur;  enfuite  on 
iffClld  le  gruau  blanc  pour  le  faire  repayer  fous 
les  fsieoles,  &  le  produit  de  ce  premier  gruau 
tâk  le  même  chemin  que  le  produit  du  ble  ;  il 
dûiïne  »  par  le  bluteau  fupèrieur  »  une  première 
&noc  bien  fupérieure  à  la  première  larine  de 
Ué  ;  oc  b  nomme  première  farine  de  gruau. 
^  Ce  qui  n'a  pas  paffè  k  travers  le  bluteau  fupé- 
ricoT  fiî  remet  encore  fous  la  meule  pour  le  re* 
moudre  une  féconde  fois ,  &  Ion  obtient  la  fe- 
oos^  Êirine  de  gruau  ,  qui  eft  un  peu  moins 
Uaiiche  que  la  précédente. 

Le  réiîda  de  cette  féconde  farine  de  gruau  fe 
tcp^c  une  troifième  fois  fous  la  meule  ,  lorf- 
^'on  veut  tirer  la  plus  grande  quantité  de  blanc; 
«lis  ordî oairement  ce  réfidu  fe  mêle  avec  le 
pvau  gris ,  ce  qui  forme  une  troifième  farine  de 

vaoBL  moïm  blanche  encore  que  la  féconde. 

On  psflc  une  féconde  fois  fous  ia  meule  le 


M  E  u  6ï 

réfidu  du  gruau  gris,  pour  avoir  une  quatrième 
farine  qui  eft  bife,  &  Ion  y  mêîe  encore  le  pro- 
duit des  gruaux  bis  6t  des  recoupettes  ,  qti*on  re- 
moud une  feule  fois. 

Il  refte ,  à  la  fin  de  toutes  ces  opérations ,  un 
petit  fon  qu'on  nomme  fleurage  ou  remoulage 
de  gruaux ,  qui  eft  bon  pour  empâter  la  volaille. 

Réfultat  des  Produits  de  la  Mouture  éconùmi^ue. 

En  exécutant  tous  les  procédés  de  la  mouture 
économique ,  ainfi  que  je  viens  de  les  décrire, 
uo  fetier  de  bon  blé ,  pefant  240  livres ,  mcfurc 
de  Paris ,  doit  donner  communément  en  totalité 
de  farines  tant  bifes  que  blanches , 

ci 175  à  iSoliv* 

En  fon,  recoupes  Sciffues,  environ!    .     ,     55 

En  déchet )    ,     ^  a  6 

Poids  égal  à  celui  du  blé 240  liv. 

Si  la  bluterie  fupérieure  fépare  bien  les  iffues 
du  premier  bluteau  en  trois  gruaux ,  recoupcttts 
&  recoupes,  alors  ces  differens  produits  moment 
en  détail,  favoir: 

En  fleur  ou  farine  de  blé.     .     .    •  100  ^ 

Eo  farine  de  premier  gruau,  )     *  4^  f 
En  farine  de  fécond  gurau ,  i^envir.  20  y  ^^o  Uy, 

Enfarinedetrojfiéme gruau,  )     ,  io  f 

En  farine  de  remoulage  de  gruaux  \ 

&  recou  pertes,  .    »    ,    .    .•  10/ 

En  fon  de  différentes  efpèces.    .     .  îï  )    60 

En  déchet ,     .  5  r 

Poids  égal  à  celui  du  blé,  ci     •     .     ,     ,     240  liv. 

Par  le  remoulage  de  toutes  ces  fortes  de  qua- 
lités,  on  fait  ordinairement  quatre  efpèces  de 
farine ,  favoir  : 

i**,  La  farine  de  blé  ou  le  blanc, 

2**.  La  farine  de  rengrenage  de  premier  gruau, 
nommée  blanc  bourgeois. 

3  "*  La  farine  de  fécond  grusu ,  que  Ton  mélc 
fou  vent  avec  le  blanc  bourgeois,  quand  le  meu- 
nier a  eu  afTez  d'adreiTe  pour  moudre  légèrement 
le  gros  gruau  ,  &  pour  en  fé parer  les  rougeurs* 

4^*  La  farine  bife  qui  réfulte  du  mélange  des 
farines  des  derniers  gruaux ,  n^moulages  de  recou- 
pettes. 

Lts  fons  reftans  fe  trouvent  auffi  de  trois 
efpèces,  favoir,  le  gros  fon,  les  recoupes  &  k 
petit  fon  ou  fleurage. 

Il  y  a  beaucoup  de  variations  fur  les  déchets , 
fur*tout  fi  les  farines  ont  été  tranfportées  de  ç  , 
10,  15  ou  20  lieues,  par  la  chaleur,  qui,  avec 
les  fecouflfes  de  la  voiture ,  contribue  beaucoup 
aux  déchets  :  fou  vent  auffi  Terreur  vient  de  Tinexac- 
ritude  de  la  pefée  ,  8c  du  retard  après  la  mou  cure* 

On  fent  aiiiment  que  les  produits  de  la  mou- 


62 


M  EU 


turc  économique  ne  peuvent  pas  être  toujours 
uniformes,  unt  en  farine  qu*en  fon.  Les  diffé- 
rentes £iÇons  de  moudre  &  remoudre ,  Thabileté 
du  meunier,  la  bonté  des  meules  &  du  moulin  « 
le  jeu  &  la  perfeâion  de  fes  différentes  pièces , 
les  différentes  qualités  des  grains  plus  ou  moins 
fecs,  plus  ou  moins  pefans  9  vieux,  &c. ,  ap- 
portent toujours  des  différences  confidérables  dans 
les  produits;  on  va,  par  cette  raifon,  examiner 
encore  les  divers  produits  de  la  mouture  écono- 
mique ,  eu  égard  aux  trois  différentes  claffes  ou 
qualités  de  blé  qu'on  difiingue  dans  le  com- 
merce >  en  fe  bornant  pour  chacune  au  terme 
moyen  de  comparaifon* 

Tableau  de  comparai/on  des  divers  produits  des 
trois  différentes  qualités  de  blé  pan  la  mouture 
économique* 

I"  Classe.       Il*  Classe.    IIP  Classe. 


Blé  de  la  tête. 

PoiHs  du  «tier ,  ann^e 
comm.     240      Hv. 


175  à  180 

SS 
bk     6 


Produit  en 

farine. 
Produit  en 

SCO. 

Dcchet. 
Produit 

celui  du 
blé. 


Blé  marchand. 


Poids  du  «tier,  année 
comm.     a3o      liv. 

Produit  en 
farine. 

Produit  en 
son. 

Déchet. 

Pioluit 

celui  du 


i65  à  170 

65 
5â     6 


^    blé. 


23o 


Blé  commun. 


Poids  do  Kticr ,  année 
comm.     320     Uv. 
Produit  en 

farine.      iS5  à  160 
Produit  en 

Co 
7 


Détbet 
Produit 

celui  da 

blé. 


55  & 
5à 


Tableau  de  comparai/on  du  produit  de  la  mouture 
économique  avec  celui  de  la  mouture  ordinaire  ou 
ruftique. 

Un  quintal  de  blé  froment  de  la  deuxième 
claffe ,  moulu  à  la  manière  ordinaire ,  &  la  même 
quantité  de  loo  livres  du  même  blé ,  moulu  fuivant 
la  méthode  économique ,  ont  rendu  en  farine , 


pMT  U  mouture  ordtnMln  ou  ni/tique. 

Farine  à  faire  do  pain  liv.  onc.  gr. 

blanc.  58    i3 

Farine  i  pain  bis- 
blanc.  7     3 

Farine  k  pain  bia.  o 

Gro»  loa.  3i     7     4 

Total.  "97     f 
Déchet.  a     8 

Total  égal  aa  poids  — — 

du  ble.  100 


Par  la  mouturt  i€onowùqu«. 


Farine  fine  et  à  gruau 

blanc. 
Farine  à  pain  bit- 

hlanc. 
(truaux  1^9  et  bis. 
(;ros  et  i)etit  son. 
Total. 
Déchet 

Total  égal  au  poids 
■    blé. 


Uv.  onc.  gr. 
55      i 


o 

23 

97" 


10 


du  1 


M  E  U 

Tableau  de  comparaifon  des  produits  de  yii  Ihrêt 
de  blé  froment  des  Provinces  méridionales» 


Par  la  mouturt  k  la  projft. 


Farine  &  faire  du  p»in 
blanc. 

Farine  à  pain  bis- 
blanc. 

Farine  «1  pain  bis. 

Gros  son. 

Total. 
Déchet. 

Total  égal  au  poida 
du  blé. 


\w. 

(me. 

119 

3 

17a 

3 

118 

U 

97 

607 

4 

>4 

12 

5sa 


Par  U  mouture  iconomiqwtm 


Farine  fine  et  gniaa 

blanc. 

Farine  à  pain  bis- 
blanc. 

Farine  bise. 

Gros  et  petit  son. 

Total. 
Déchet. 

l'oral  égal  au  poida 
du  blc. 


liv.  OBCI 
345     m 


0 

ca 

10 

99 

la 

609 

A 

la 

8 

ftu 


Tableau  de  comparaifon  des  produits  de  $60  livru 
de  blé  froment  feptentrionai. 


Par  U  mouture  à  la  grojpt. 


Farine  fine  i  pain  bir  liv. 

blanc.  as 

Farine  à  pain  bis-blanc.  iSi 

Toul. 


onc. 
8 


a4a     9 


Par  U  mouture  ieonomlfmtt 

liv.  eue. 

87     6 


vji    xS 


Tableau  de  comparaifon  des  produits  ,  en  farine , 
d'un  quintal  dejeigle  de  deuxième  qualité. 


■Far  U  wtomtÊTt  rtÊfique, 


Farine 
Son. 

Total. 
DedMt. 

Total  égal  au  ix>ids 
d«èâé. 


Hr.  onc.  gf. 
53  i3  4 
44      3 


99 


i5 


Par  la  monture  isonomique. 


Fsrioe. 

Son. 

Total. 
IJtrhct. 

i  o;j1  rgal  au  poids 
du  blé. 


liv.  onc.  gr. 

71      3      4 

_»' 4 

^9-7      4 
3    12 

100 


Il  y  a  cette  différence  entre  la  mouture  à  la 
groffe  &  la  mouture  ruftique ,  que  les  moulins  où 
1  on  pratique  la  mouture  à  la  groffe ,  n'ont  point 
de  bluteau ,  enforte  qu'on  rapporte  chez  foi  la  fa*- 
rine  mêlée  avec  les  ions  &  gruaux  ;  au  lieu  que 
les  moulins  oii  fe  pratique  fa  mouture  ruAique, 
ont  une  huche  au-deffous  des  meules  ,  avec  ua 
bluteau  d*éramine.  Si  cette  étamine  eft  affez  groffe 
pour  laiffer  paffer  le  gruau  &  la  groffe  farine  avec 
beaucoup  cle  fon,  on  l'appelle  la  mouture  des 
pauvres,'  fi  le  bluteau,  moins  gros,  fépare  le 
ion ,  les  recoupes  &  rccoupettes ,  on  la  nomme 
mouture  des  bourgeois  ;  enfin ,  f\  Tétamine  eft  affex 
fine  pour  ne  laiffer  paffer  que  la  fleur  de  farine  9 
on  l'appelle  mouture  des  riches. 

On  a  cherché  à  rendre  la  mouture  économique 
encore  plus  profitable  au  peuple ,  &  Ton  eft  par« 
venu  à  en  porter  les  produits,  en  toute  farine ^ 
à  190  &  même  194  livres,  en  faifant  paffer  les 
fons  gras  par  une  bluterie  cylindrique,  au  lieu 
d'un  dodinaee ,  &  au  lieu  d'en  remoudre  toute 
la  maffe  entemble  ;  en  remoulant  deux  fois  les 
deux  premiers  gruaux  blancs  ;  en  repaffant  ibus 
la  meule  tout  à  la  fois  le  gruau  gris,  la  recon- 
pette  ,  les  recoupes  &  les  fons ,  &  en  employant 
des  bluteaux  un  peu  plus  ronds  ;  enfin  en  mêlant 
enfemble  toutes  ces  tannes  ^  on  en  a  fait  un  ex- 
cellent pain  de  ménage  ,  qui  ,  à  la  blancheur 
prés,  a  été  trouvé  de  bon  goût,  trés-falubre, 
très-nourriflant ,  &  préférable  à  tout  autre  pour  la 
nourriture  du  peuple. 

J'obferverai  encore  qu'il  y  a  une  grande  diffé- 
rence entre  le  produit  du  blé  nouveau  ,  &  celui 
du  blé  qui  a  paffé  Tannée,  qui  a  rcffué,  &  qui 
a  été  foigneufement  travaille  dans  le  grenier. 

En  général  »  les  grains  rafHnem  tellement  par 
la  manipulation  &  la  vieilleffe ,  qu*au  bout  de  fix 
mois»  ao  muids  ou  %q  fetiers  de  blé  fe  réduifent 


M  E  U 

I  enTiroii  19  ;  miis  le  produit  en  failne  cR  plus 
confidérahle.  Au  bout  de  Tannée ,  les  10  muids 
fc  trouvent  environ  à  19  &dcmi;  le  produit  en 
^ne  augmente  en  proportion. 

En  17^8  ^  deux  fetiers  de  blé  de  U  féconde 
qualité  ont  été  moulus  à  la  tin  de  Tannée  de  la 
tccolre^  &  ont  produit  en  farine,  ci    .     311  iiv. 

Deux  fetiers  de  la  même  récolte  & 
de  la   même  qualité  »   qui   avoicnt   été 
iBOulus  étant  nouveaux ,  n'avoienc  pro- 
doit  que,  d    «..*....•    306  lîv. 
Différence    .    *     .     ij  liv. 

ff9€édis   &  Réfuttats   de   U  Moutun   iconomlque 
des  hléé  humides^ 

Les  procédés  ordinaires  de  la  mouture  écono- 
Btque  ne  conviennent  que  pour  les  blés  o\îne 
ftchereffc  ordinaire ,  tels  que  ceux  du  nord  &  de 
b  plupart  des  provinces  de  France. 

La  mouture  des  blés  humides  exige  jdes  pro- 
cédés différens  :  celle  des  blés  étuvés  &  celle  des 
fcl£s  méridionaux  en  exigent  d'autres  encore  que 
je  décrirai  fucccfiivemenr. 

Dans  les  années  1744»  1771  >  1779  ^  ^781» 
les  rècoltirs  des  grains  ont  été  humides  ^  les  blés 
&  farines  fe  font  échauffés ,  on  en  a  perdu  pour 
éei  fommes  îmmenfeSy  faute  de  favoir  les  moudre 
&  manoeuvrer. 

Dans  la  plupart  de  nos  provinces  on  ne  fait 
i£&ge  que  de  la  mouture  à  U  grofle,  &  Ton  ù'a 
icpaia  du  peuple  avec  des  gruaux  qui  n*ont  point 
Clé  remoulus.'  Ces  groffes  farines  n*étant  point 
-attcz  dilatées  j  ne  prennent  point  affez  d*eau  au 
I  pérria  ,  font  de  mauvais  pain ,  &i  en  font  un  quin- 
xiémc  environ  de  moins  que  la  farine  fuffifamment 
d.Urêc  &  de  bonne  qualité. 

Lorfque  les  blés  humides  ne  font  pas  féchés, 
comme  je  le  dirai  à  l'article  des  blés  étuvés,  la 
mooture  s'en  fait  mal  ^  les  meutes  s'engratHent^ 
les  farines  redent  humides,  s*échauffent,  les  fons 
refienf  gras  ôc  fe  corrompent ,  les  farines  qui  y 
fifte&t  attachées  font  une  perte  confidérabte ,  ol 
ton  évitera  tous  ces  inconvénicns  cû  procédant 
lififi  qu*'i\  (mu 

!••  Il  faut  que  les  meules  foient  r'habiUées  ou 
imquécs  un  peu  plus  profondément  ;  cela  s'ap- 
pâte, en  terme  de  meunerie,  nettoyer  un  peu 
fias  les  rayons  des  meuks,  ou  les  faire  de  3  dv 
4  liglies  moins  larges  que  pour  la  mouture  or- 
vmire« 

^•,  Le  blé  Humide  doit  être  moulu  un  peu 
md,  de  manière  que  le  boiffeaii  de  fon,  me- 
tmt  de  Paris  «  qu'il  produira,  pèfe  environ  7  a 
8  &vref ,  au  lieu  de  5  livres  environ  qu'il  pèfe 
Otdînaireinenr. 

3\  U  réfulte  de  cette  mouture  un  peu  ronde, 
«se  U  brine  cil  plus  féche  &  de  meilleure  con- 
ienmaon  ,  elle  fait  plus  de  pain  &  il  eA  mei!- 
feof  t  ks  gruaux  font  plus  lecs  »  les  meules  ne 


M  E  U 


63 


s'cngraiffent  point,  les  remoulages  &  recoupes 
des  gruaux  moulus  chacun  féparémcnt  font  plus 
aifés  à  remoudre. 

4**,  On  moud  les  fons  &  recoupes  avec  un  do- 
dinage  &  une  bluterie,  pour  en  tirer  les  parties 
féparément,  Se  ne  remoudre  que  ce  qui  eft  en- 
core chargé  de  farine.  Le  fon  étant  bien  écuré  par 
un  broiement  propre  à  cette  mouture,  ne  fe  cor- 
rompra point  i  la  farine  n^ayant  point  été  en- 
grain  ée  dans  les  meules,  s'échauffera  moins  dans 
les  facs ,  &  Ton  tirera  de  ces  blés  humides  le 
meilleur  parti  poffible. 

5**.  La  mouture  que  je  confcille  efl  un  peu  plus 
longue,  mais  pas  tant  qu*on  fe  Timagine ,  parce  que 
les  meules  ne  s'engraiffant  point,  il  n'y  a  point 
de  temps  à  perdre  pour  les  dcgraiffer,  comme 
à  la  mouture  ordinaire ,  &  la  mouture  s*en  fait 
plus  vite. 

Le  meunier  rejettera  peut-être  cette  mouture 
fous  prétexte  qu'elle  eft  trop  longue ,  &  le  bou- 
langer fous  prétexte  qu  elle  donne  plus  de  farine 
bife ,  &  que  trouvant  plus  de  bénéfice  à  vendre 
du  pain  molîet  que  du  pain  de  ménage»  il  pré- 
fère de  ne  tirer  qu'une  moindre  quantité  de  fa- 
rine blanche ,  fâchant  bien  fe  dédommager  fur 
les  riches  de  la  perte  qu'il  fait  au  préjudice  des 
pauvres.  Je  vais  tâcher  de  leur  prouver  leur  erreur 
par  le  calcul  des  bénéfices  qui  réfultent  des  pro- 
cédés que  je  confcille* 

On  fuppofe  que  par  la  mouture  ordinaire  ils 
puilTent  tirer  du  fetier  de  blé  humide  155  livres 
de  farine  blanche  &  12  à  15  livres  de  farine  bife. 

1''.  Les  155  livres  de  farine  blanche  étant 
molle  &  terne  fe  vendront  moins  que  la  bonne 
farine» 

a'\  Je  n*aurai  par  mes  procédés  que  140  à  14J 
livres  de  farine  blanche;  mais  j'aurai  30  à  35  liv. 
de  farine  tant  bis-bJanc  que  bife ,  &  toutes  ces 
farines  étant  mêlées  enfemble,  feront  vendues  au 
moins  zo  à  30  fols  par  quintal  plus  que  la  farine 
blanche  &  molle, 

3*",  Je  tirerai  au  moins  dix  à  quinze  livres  de 
toutes  farines  de  plus  qu  en  ne  hïfiun  que  de  U 
farine  blanche, 

4"".  Ma  farine  fe  confervera  plus  long-temps, 
le  pain  en  fera  meilleur ,  j'en  ferai  une  plus 
grande  quantité,  &  mon  fon  bien  écuré  fe  cor- 
rompra moins. 

Si  Ton  a  voit  fait  ufage  de  cette  mouture  dans 
les  années  humides  ,  &  notamment  pour  la  ré- 
colte de  J782,  que  de  bié  8i  de  farine  gâtés  ne 
îeuiTent  point  été  de  combien  d'épidémies  popu- 
laires on  fe  feroit  préfervél  que  d'hommes  & 
tie  richeffes  on  ciit  épargnés  ! 

Mouture  icQfiomîque  des  hlis  éiuvJs, 

La  mouture  des  blés  humides  feroit  plus  avan- 
tageufe,  s*ils  éioiem  préalablement  bien  féchêi 
dans  les  étuves. 


64 


M  E  U 


La  mcuture  des  blés  étuvès  demande  une  at-  1 
tention  particulière.  Autant  qu'il  eft  pofllble ,  il  ' 
faut  avoir  d^  meules  trés-douces,  à  caufe  de  la 
fécherefTe  du  grain  ;  il  faut  faire  des  rayons  fort 
larges,  afin  que  .Je  blé  ne  (bit  point  haché  en  le 
moulant.  Si  les  meules  ne'  font  pas  auffi  douces 
qu'on  pouroit  le  défirer  ,  il  faut  y  faire  des 
rayons  de  vingt  à  vingt- quatre  lignes  de  largeur 
fur  la  feuillure ,  &  de  trois  pouces  de  diAance , 
au  moins. 

Il  faut  une  r*habillure  très-douce ,  &  avoir  foin 
de  bien  garnir  les  trous  des  meules  avec  le  maflic 
de  farine,  de  fcigle  &  de  chaux  vive*,  afin  que 
Ton  puiffe  faire  un  gros  fon. 

Il  faut  aufTi  tenir  les  meules  ouvertes  de  ma- 
nière qu'elles  ne  puiffent  moudre  que  huit  à  dix 
pouces ,  afin  que  le  blé  fe  concafle  moins  & 
taffc  le  fon  plus  gros. 

Il  ftut  en  outre  avoir  foin  de  fe  fervîr  de  blu- 
teaux  très-âns>  parce  qu'en  ^général  les  blés  fecs 
l'exigenf. 

Ces  bluteaux  fins  donneront  une  bonne  quan- 
tité de  gruaux,  &  des  farines  très-fines  oc  de 
bonne  qualité;  en  remoulant  les  gruaux  jufqu'à 
quatre  fois»  on  eft  fur  de  tirer  tout  le  produit 
poi&ble ,  &  de  l'avoir  de  bonne  qualité. 

Ces  procédés  ne  font  confeillés,  ainfi  que  tous 
les  autres ,  que  d'après  les  épreuves  qui  en  ont 
été  faites  avec  foin. 

Mouture  écor.omiquc  des  blés  méridionaux. 

Les  l^lés  d'Italie,  d'Afiîaue  ou  de  Barbarie,  & 
•  même  des  provinces  méridionales  de  la  France^ 
exigent  d'autres  procédés  en  raifon  de  leur  grande 
féchcrcfie  &  dureté. 

Il  y  a  quarante  ans,  on  ne  favolt  point  affleurer 
ces  blés  par  la  meule  ,  &  pour  les  moudre  on 
étoit  obligé  d'en  attendrir  Técorce  en  les  humec- 
tant. C'cto.t  une  mauvaife  opération  ;  car  la  fa- 
rine des  blés  qui  ont  pris  de  l'eau  avant  la  mou- 
ture, en  prend  moins  au  pétrin;  d'ailleurs  cet^e 
eau  fait  fermenter  les  grains^  &  leur  fait  perdre  leur 
goût. 

Voici  comment  il  faut  moudre  ces  blés. 

Difpofcz  les  meules  comme  pour  la  mouture 
des  blés  étvués  ;  ne  les  r'habillez  que  de  deux 
rayons  l'un  ;  le  rayon  r'habillé  concafle  le  grain  > 
l'autre  fait  la  fleur ,  &  la  feuillure  nettoie  le  fon  ; 
la  farine  en  fera  longue  &  point  gr^uleufe ,  comme 
dans  la  mouture  ordinaire. 

Les  blés  de  Barbarie  étant  encore  plus  durs 
que  ceux  d'Italie ,  il  faut  un  r'habillage  plus  doux  » 
il  fer:i  de  deux  rayons  l'un,  ainfi  qu'il  eft  dit  ci% 
defifus ,  mais  à  la  meule  courante  feulement. 

Lr.ilïïz  le  cœur  des  moules  &  l'entre-pied  bien 
ouvctt*^;  les  meules  ne  moulant  qu'environ  un 
pied,  il  faut  les  bien  garnir  de  pâte  de  feigle 
&  de  chaux  vive ,  fi  Ton  veut  avoir  une  farine 
longue. 


M  E  u 

Les  blés  du  midi  font  ordinairement  la  fariae 
jaune  >  mais  elle  le  fera  moins  par  les  procédés 
que  je  confeille  ;  elle  fera  bien  dilatée ,  (ans  l'être 
trop ,  elle  fera  plus  de  pain ,  il  fera  meilleur  & 
plus  blanc ,  le  gruau  fera  fec  &  le  fon  doux.  Les 
moulins  d'une  rotation  un  peu  forte  affleurent 
mieux  le  blé  de  cette  efpèce,  dilatent  mieux  leur 
farine ,  &  en  nettoient  mieux  le  fon  que  les  mou- 
lins foibles» 

Mouture  économique  des  feigles ,  orges ,  méteils  ,  &c* 

Tout  ce  qu'on  a  dit  jufqu'ici  fur  la  moutnre 
économique,  ne  concerne  que  les  fromens;  à  l'é- 
gard des  menus  grains ,  les  procédés  &  les  réfut 
tats  en  font  un  peu  différens. 

Commç  il  y  a  plus  d'un  cinquième  du  royauine 
qui  ne  vit  que  de  feigle ,  il  eft  eflendel  de  faire 
connoître  la  mouture  de  ce  grain ,  qui  par  {à 
forme  mince  &  alongée  perd  bien  plus  que  le  fit>- 
ment  par  la  mouture  ordinaire. 

Pour  la  bonne  mouture  des  feigles ,  il  faut  : 
i^*.  Tenir  les  rayons  des  meules  plus  prés  les 
uns  des  autres  &  plus  petits  que  pour  moudre  le 
froment  ;  le  moulage  affleurera  mieux ,  fera  plus 
doux,  produira  plus  de  farine  &  un  petit  fou 
mieux  évidé. 

2"*.  On  commence  par  moudre  fans  dodinage* 
3''.  Après  le  premier  broiement,  on  en  Êiitua 
fécond  de  la  totalité  des  fons  &  des  gruaux  «  & 
l'on  ne  fait  aller  le  dodinage  ou  la  bluterie  que 
cette  féconde  fois ,  pour  en  tirer  tous  les  gruaux 
&  recoupes^ 

4"*.  On  remoud  ces  gruaux  &  recoupes  féparé* 
ment  deux  fob,  afin  de  les  tirer  à  fec.  La  ndlba 
effentielle  des  différens  procédés  de  cette  mou- 
ture des  feigles ,  c'eft  que  leur  écorce  ou  fon  ^ 
tient  mieux  à  la  farine  que  celle  du  froment.  Un 
premier  broiement  fuffit  pour  détacher  le  fon  du 
froment,  au  lieu  que  celui  du  feigle  refte  ton- 
jours  chargé  de  farine  ;  c'eft  pourquoi  il  faut  le  ' 
faire  repaffer  fous  la  meule ,  avec  les  recoupes 
&  gruaux. 

Dans  les  provinces  où  l'on  fait  ufage  de  It 
mouture  ruftique ,  elle  caufe  une  très  -  grande 
perte  dans  la  mouture  des  feigles ,  ainfi  qu'on  le 
voit  par  le  troifième  tableau  de  comparaifoo  d» 
devant  ;  la  farine  en  eft  compofée ,  pour  la  nm- 
^Ptxre  partie ,  de  gruaux  entiers  &  de  recoupes 
qui  ne  prennent  pas  l'eau  au  pétrin,  ne  lèvent 
point ,  empêchent  le  bouffemenc  de  la  pâte  &  la 
bonne  fiibrication  du  pain ,  qui  par  fa  mauvaife 
qualité ,  eft  préjudiciable  k  la  fanté  des  citoyens 
les  plus  utiles.  Enfin ,  en  employant  les  gros  S( 
petits  gruaux  en  nature  9  il  y  a  un  douzième  ou 
quinzième  de  perte  fur  la  quantité  Jans  la  fabrication 
du  pain.  Ainfi  ceux  qui  font  ufage  de  la  mou* 
ture  ruftique ,  devroient  au  moins  remoudre  toute 
la  quantité  de  fons  &  gruaux  une  ou  deux  fois ,  & 
bien  alonger  la  farine. 

Quant 


M  E  U 

Qttanr  a  la  mouture  à  la  groffc  »  comme  on 
ne  L^j^T^  p^s  les  ions  au  moulin  ,  on  ne  peut 
pas  le*  ùiTC  rêmoudrc ,  St  la  perte  qu  elle  fait 
fur  les  fcî^es  eft  inévitable  &  beaucoup  plus  con- 
itisrabie, 

Pu^rque  b  mouture  des  feigles  doit  être  dîffé- 
rcnic  de  celle  dei»  fromens ,  que  le  r'Kabîllage  êi 
U  rajonnemem  des  meules  doivent  varier  eu  rai- 
(on  des  diHcren^ei  forme»  6c  qualités  des  grains; 
îl  eu  êvidexu  que  les  mélanges  de  feigles  &  de 
fromeûc,  connus  fous  le  nom  de  méuïl^  méléard, 
ÊUiU^  ctf/^^eaa^  cû£egutly  &€*  font  toujours  d'une 
acuîur e  dé  f •  v  an  t ag .  u fe. 

Le  t^efavantagc  eit  icnfible ,  fi  Yon  rèâéchtt  d^une 
^rt  qo  à  chaque  broiemerif  des  parties  de  fto> 
meut»  fott  entiers»  foit  en  gruauic ,  i^adreife  du 
neumer  co  Jiftc  dans  Tare  dVnlevcr  légèrement  la 
seliiculc  ejtértcure;  d'autre  part»  que  dans  le 
Idgle  ,  le  fon  étant  pkjs  adhérent  à  la  farine  qui 
cA  giralTCf  il  faut  un  Drôlement  plus  fort  &  plus 
fcrré  pour  Tcn  détacher. 

U  e&  doMC  intéreffant  de  faire  moudre  les 
leigles  &  les  fromens  chacun  féparément;  fans 
ceb  t  les  diâPérences  en  forme  &  qualité  de  ce% 
deujt  cfpêces  de  grains,  font  que  l'un  ell  broyé  & 
loche  lotis  la  meule ^  tandis  que  Tautre  e{l  à 
peioe  coDcaflé  ;  ce  qui  produit  une  perce  conG- 
dérahle  dans  les  moulins  ordinaires  &  même  dan^ 
la  moutiire  économique  «  quoique  moins  grande 
dans  celle-ci,  parce  qu'elle  tamife  &  rcmoud  les 
gruaux  à  plufieurs  reprifes*  La  mouture  écono- 
«û|tie  des  orges  demande  auffi  des  attentions  par- 
ôculières;  il  fauE  bien  fe  girder  de  remoudre  la 
lota^Iifé  des  fons«  comme  dans  celle  des  feigles , 
parce  que  la  paille  de  Torge  pafTeroit  dans  le 
bticeao  &  feroit  préjudiciable  à  la  confcrvation 
des  farines  &  à  la  bonté  du  pam  ,  excepté  lorf- 
me  les  orges  font  trés-humtdes.  Il  faut  nécef- 
lairement  mettre  un  dodînage  ou  un  bluteau , 
pour  en  tirer  la  paille  ;  enfuitc  on  fait  remoudre 
detnc  fois  les  gruaux  bis  ^  blancs  »  en  ayant  foin 
lie  1^  bien  aineurer.  Puis  on  remoud  les  recoupes 
«lie  feule  fois  6c  fort  légèrement ,  en  n'approthint 
Uf  meules  que  très-peu ,  a6n  qii^en  repaCTant  toute 
la  mafîe  au  dodinage  ou  à  la  bluteriei  on  puifTe 
eocare  en  tirer  les  petits  gruaux  qui  pourroient 
s'y  rrottver. 

Pour  la  motiture  des  blocailles ,  farrafin  ou  b!é 
aoîr  &  des  avoines  ,  il  faut  fuivre  les  mêmes 
pocèdès  que  pour  celle  des  orges. 

O^ji^hns  contre  U  m^uturt  économiques  & 
Rtpon/a, 

On  a  critiqué  la  mouture  économique ,  &  on 
lui  a  reproché  de  faire  une  farine  chaude  qui  fe 
Uiee  mal,  d^occaftonner  beaucoup  d'évaporation 
ft  de  déchet ,  &  que  fon  attirail  de  blutcrie  gè- 
mmt  le  moulin* 

lUponfes.  Le  premier  reproche  ne  convient 
Ans  &  Métiers.     Tome  V,     Partit  I, 


M  E  u 


65 


p^int  à  la  mouture  économique ,  qui  Ta  f oujonrs 
en  allégeant  »  mais  bien  à  la  mouture  brute  ordt* 
naire ,  qui  broie  fouvent  ma!  le  gram,  qui  moud 
en  approchant  «  qui  brùie  la  farine»  &  fépare  mal 
le  fon. 

Le  fécond  reproche  edaulfi  mal  fondé,  &  con- 
vient particulièrement  à  la  mouture  à  la  groffe^ 
parce  qu'outre  U  perte  des  recoupes  fit  gruaux , 
il  y  a  bien  plus  de  déchet  dans  les  bluteries  qui 
fe  font  hors  du  moulin ,  comme  il  fc  pratique  pour 
cctie  mouture» 

Le  troifieme  reproche  eft  auiîi  mal  fondé, 
puifi^ue  tout  ce  prétendu  attirail  de  blutcrie  eft 
renfermé  dans  une  feule  huche  de  fept  à  huit 
purds  d^  longueur. 

Pour  nous ,  nous  reprochons  avec  la  plus  exafte 
vérité  à  toutes  les  moutures  ordinaires»  ds  con- 
fommer  e«  pure  perte  un  quart,  un  fixéme,  un 
buinéme,  un  dixième  de  grains  de  plus  qu'elles 
ne  le  devroient  ,  ce  que  (*ai  prouvé  par  mes 
tableaux  de  comparaifon  ,  Si  cela  fuflic  pour  prou- 
ver rutilité  de  la  mouture  économique  ^  &  de  la 
connoïiTance  de  fes  différens  procédés,  félon  les 
différantes  qualités  des  grains, 

Réjhrmes  a  faire  aux  Mêulins  ordinaires ,  i  ceux 
À  cuvette^  &  aux  Moulins  pendans^ 

Pour  exécuter  a  peu  de  frais  la  mouture  écono- 
mique dans  les  moulins  ordinaires ,  il  efl  nécef- 
faire  d'y  faire  quelques  cbaogemens. 

Si  Ton  peut  élever  un  étage  au-deHus  des 
meules ,  on  y  placera  au  moins  un  crible  nor- 
mand,  un  c/ible  de  fer-blanc  piqué  &  un  tarare^ 
&  Ion  fera  mouvoir  les  deux  derniers  par  le 
même  moteur  des  meules. 

SU  eft  impo0ible  de  pratiquer  cet  étage  fupé- 
rieur  au- de  (Tus  de  la  trémie  des  meules,  il  faudra 
apporter  les  grains  au  moulin  bien  n.:ctoyés  ;  fans 
cela  on  ne  peut  faire  de  bonne  farine. 

Pour  la  mouture  du  blé ,  il  faut  que  les  meules 
foient  piquées ,  non  à  coups  perdus  j  mais  en  éven- 
tail ou  rayons  compafTis  du  centre  à  la  circon- 
férence. 

Il  faut  ajouter  fous  les  meules  une  huche  é\* 
vifée  fur  fa  largeur  en  deux  parties.  Dans  la 
partie  fupérieurc  de  la  huche ,  on  placera  un 
bluteau  d'une  feule  ctaminc,  pour  tirer  toute  la 
farine  de  blé.  Dans  la  partie  inférieure  de  la 
huche  il  faut  mettre  une  blutetie  cylindrique^ 
garnie  de  trois  différentes  étoffes  ,  la  première 
de  foie,  la  féconde  de  quintin^  &  la'troifiéme 
de  canevas,  ou  un  dodinage, 

Ces  blute  aux  feront  également  mis  en  mouve- 
ment par  le  même  moteur  des  meules. 

Tel  eft  le  mécanifme  à  ajouter  aux  moulins 
ordinaires  à  eau  &  de  pied  ferme  ,  pour  y  pra- 
tiquer la  mouture  économique ,  après  en  avoir 
réfûrjné  les  défauts  dont  je  vais  parler, 

Ceft  eiïcntie  lie  ment   dans  les  proportions  Ac 


66 


M  E  U 


dans  la  fliantuiie  de  Tarbre  &  de  Tanille,  que 
confiltent  les  plu§  grands  dcfauts  de  la  plupart 
des  moulins  ordinaires  &  de  ceux  à  cuvette. 

Dans  la  plupart  de»  moulins  ordinaires,  ratiille 
porte    fyr   les   épaulemens    de   la   fufèe  ,    parce 

a  De  Tune  &  Tauirc  font  mal  faites.  11  réfulte 
c  CCS  vices  de  conliruftion ,  qu il  n'efl  pas  pof- 
(ible  de  bien  dreflcr  ia  menle  ,  qu'elle  penche 
plus  d'un  cuté  qiM  de  l'autre,  qu'elle  cahotce  en 
tournaot  ,  Ik  que  le  broiement  4\i  blé  fe  fait 
mal. 

Il  y  a  quarante  ans  que  le  fieur  Rouleau ,  Meu- 
nier à  Siiint  Denis,  Vhomme  le  plus  inftruit  alors 
en  méckntque  de  moulina  ,  réforma  ces  défauts 
de  conllruAion  en  perfcÔionnant  les  quatre  petits 
coini  ds  f«r,  qu'on  ntjmme  pipes  ^  dont  il  com- 
bina la  forme  avec  celle  de  Tanille  &  du  papil- 
lon ,  tellement  qu'il  vint  à  bout  d'ajuiVer  fes 
meules  de  manière  que  la  meule  courante  ,  en 
repos  ou  en  mouvement,  refte  toujours  mieux  en 
équilibre  fur  fon  pivot ,  qu'elle  rCy  étoit  an  para- 
Viim  ;  il  fit  part  de  cette  reforme  à  ceux  de  fes 
confrères  qu'il  connoitToît  ;  on  en  ût  ufage  dans 
plafieurs  moulins.  Mais  cette  réforme  eft  encore 
inconnue  dans  une  grande  panle  du  royaume,  où 
les  meules  font  encore  cahotrantes  Si  montées  à 
Fancienne  mode  ;  ainfi  il  eft  eff-ntiel  de  faire  con- 
noître  les  moyens  de  corriger  ces  défauts,  8c  de 
étciXi.T  les  meules  de  manière  qu'elles  exécutent 
facilement  ta  meilleure  mouture.  C'eft  ce  que  j'ai 
tâchi  de  faire  en  faifant  connoitre  les  défauts  des 
plumars  &  des  tourillons  ,  lorfque  j'en  ai  fait  la 
defcrîprîon  à  leurs  articles  ,  &  en  donnant  les 
fmportionc  exa^s  de  touîes  les  parties  de  l'arbre , 
du  fer,  de  Tanille,  de  la  crapaudine,  &  de  toutes 
les  pièces  qui  concourent  avec  elles  aux  effets  dé- 
lires. Je  vais  maintenant  faire  conookre  les  défauts 
des  moulins  à  cuvette. 

Dcfuttts  des  Moulins  â  cuvetie* 

Les  meules  de  ces  moulins  ont  ordînaîrement 
de  4  i  5  pieds  de  duraéire  ,  fur  8  à  to  pouces 
d"ê  aiiTeur;  eilcs  font  ordinairement  mal  piquées 
&  mal  dreffce».  On  ne  pratique  dans  ces  mou- 
lins que  la  mouture  à  la  groife  ;  ils  font  p!us 
fyjcts  qi:e  les  autres  a  chommer  dam  les  temps 
de  fàchcreïTe ,  parce  qu'il  leur  faut  plus  d'eau  3t 
de  rapulité  pour  les  faire  tourner,  à  proportion 
de  l'QU!Vf?ee  qu'ils  font*  Pour  en  dieifer  les 
flNDlcs,  ,  we,  comme  dans  la  plupart  des 

«oulir.s  •'  ,  de  coins  de  bois,  au  lieu  de 

pipe§  de  ftir  ;  aulfi  ces  meules  ont-elles  tmijours 
de  la  penrc ,  &  font  des  farines  irés-échauflRèes. 

Pour  remédier  aux  dcfriuts  de  conftruâion  Si 
de  mouture  de  ces  -moulins,  il  faut,  i^.  em- 
ployer un  arbre  debout  d'une  force  convenable , 
ceii*i^-dire  d'environ  8  à  lO  pouces  de  gros  ou 
en  quarré, 

i'.  Que  cet  arbre  foit  placé  bictr  perpcndicu* 
tatremem  ûit  fa  crapaudine. 


M  E  u 

3*.  Que  fort  bout  d'en  haut»  de  U  grofleitr 
dVnviron  deux  pouces  en  quarré,  foit  contenu 
par  une  traverfe  de  t>ois,  &  dans  un  chapeao 
de  boi5.  M 

4".  Que  ce  chapeau  ou  trou  de  bois,  fujet  &  | 
s'ufer  par  le  frottement,  foit  garni  d*un  boitUloa 
de  fer  aifez  large  pour  qu'on  puiffc  le  garnir  ett« 
dedans  de  bourre  &  de  graiifc  ,  pour  adoucir 
le  mouvement,  &  pour  pouvoir  y  inférer  des 
pipes  ou  petits  coins  de  fer^  pour  contenir  8c 
drelTer  les  meules. 

5^  u  faut  ajouter  à  Tarbre  debout  un  rouet 
de  couche  du  diamètre  poiïible ,  pour  ne  pas  gê- 
ner le  beffroi  des  meules. 

6*».  Ajouter  encore  à  l'arbre  tournant ,  une  laa» 
terne  avec  huit  fu  féaux  qui  foient  bien  de  pat 
avec  les  dents  du  rouet. 

7**.  Que  les  meules  foienrbten  placées  au  droit 
de  ia  cuvette  avabnt  Teau. 

S"*.  Que  l'anîlle  &  les  ferrures  foîent  condi* 
lionnèes  ainfi  qu'il  eft  dit  k  l'article  de  l  anillc. 

9"*.  Que  le  mouvement  du  bloteau  par  la  crût* 
fée  fur  la  lanterne,  fuit  régulier. 

10"-  Que  le  petit  crible  à  cylindre  placé  fous 
la  huche,  au  lieu  du  dodinage,  prenne  fon  mou* 
vem^ïnt  pa^^  des  poulies  de  renvoi  >  &  faffe  eir- 
virou  15  à  30  tours  par  minute^  ainû  que  Ici 
autres  moulins. 

Après  avoir  réformé  les  défauts  de  ces  mou» 
lins  ,  &  pour  y  pratiquer  le  criblage  des  erains , 
la  mouture  &  la  blucerie  des  gruaux ,    il  uut  : 

i^  Un  hérlffon  qui  prenne  dans  le  rouet  de 
couche  qui  fait  tourner  la  meule ,  avtc  un  treaU 
de  couche  ,  tenant  d'un  bout  dans  l'hériffod , 
Tautre  bout  k  tourillon  de  fer  tenant  foit  au 
mur,   foit  dans  un  poteau  debout. 

2*.  II  faut  emmancher  au  treuil  les  poulies  né* 
ceffaires  pour  foire  tourner  un  ventilateur  ,  un 
crible  cylijrdri:;ue,  une  blurerie  à  fon,  &  toutes 
les  machines  neceffaires  à  ta  perfeftion  de  U 
mouture. 

3^  Enfin  il  ftiut,  atnft  que  je  iVi  dit  aux  wf* 
ticles  de  criblage  Si  blutage ,  que  le  mouvement 
de  rotation  de  ces  machines  foit  régulier  8c  par* 
faitement  d'accord  entfclles. 

Moulins  fur  bateau*  *  1 

Quant  aux  moulins  pen dans  &  fur  bateau ,  te 
criblage  &  le  blutage  peuvent  s'y  exécuter  pat 
des  poulies  de  renvoi  ou  par  un  petit  rouage  qui 
reçoit  foa  mouvement  du  tnhtn^  moteur  des  iiicU' 
les  ;  Si  le  meunier  intelligent  y  peut  pratiquer 
très-bien  la  mouture  économique  ,  ainfi  qu*OQ 
peut  s*en  convaincre  par  quelques-uns  de  ces 
moulins  qui  font  fur  la  Seine  :  cependant  on 
préférera  toujours  les  moulins  de  pied -ferme. 

iVl  B.  Nous  le  répétons  :  tout  cet  article  des  wojr- 
lim  à  cau^  fi  intéreilant  à  confervcr  dans  le  dèuèf 
général  des  fcience^  &  des  arts  »  eft  tiré  de  I  eji^ 


M  E  U 

traité  de  M.  Céfar  BLicqiier ,  auteur  de  plu- 
bons  ouTrages  fur  les  grains  Si  les  £iriacs. 

MûuUnj  À  vent* 

La  mécanique  des  moulins  à  vent  a  beaucoup 
it  rapport,  pour  la  canflruâîon  intèneure»  avec 
«Ik  des  moulins  à  eau  ;  mats  la  puIflTance  étant 
«a  antre  élément ,  il  a  fallu  une  autre  mécanique 
pour  en  profiter, 

Toote  la  charpente  du  moulin  à  vent  eft  fou- 
ttutic  par  une  uès-forte  pièce  de  bois  qui  la  tra- 
ftiic  en  partie ,  &  autour  de  laquelle  ou  peut  la 
feîrc  tourner  à  volonté  pour  préfenter  les  ailes  au 
Tcut ,  félon  que  h  cours  en  vient  d'un  côté  ou 
if  wi  antre. 

A  ta  queue  du  moulin  cA  attachée  une  longue 
I  pièce  de  boîs  ,  faîfant  Teffet  d'un  très-long  levier , 
f  a  côté  de  laquelle  eft  placée  réchclle  qui  fert  à 
monter  au  moulin. 

Le  meunier  pouiTe  cette  longue  pièce  de  bois, 
on  ta  tire  à  Tair^e  d*un  tourniquet ,  ce  diiî  fuffit 
poor  mettre  t*arbfe  des  ailes  dans  la  aireâioii 
éa  vent. 

Dans  rintéricur  du  mouHn ,  on  rencontre  au 
premier  étage  la  pièce  de  bois  fur  laquelle  tourne 
le  moulin  :  fur  le  devant  eA  li  huche  pofé<^  fous 
les  meules  pour  recevoir  la  farine. 

Dans  le  fccond  étage  ,  on  trouve  le  coffre  aux 
menles  ,  la  iTéraie  Si  Ta  lanterne  au  bas  du  rouet. 

Dans  le  troifiéme  eft  Parbre  des  ailes  ,  le  rouet  » 
k  cerceau  qui  embrafle  le  rouet  pour  le  lâcher 
00  pour  l'arrêter  ,  &  un  engin  à  tirer  le  blé ,  qui 
nçoîi  fon  mouvement  du  rouet. 

Totitc  La  beauté  de  Tinvention  de  cette  efpéce 
de  moulin  confifle,  i''.  dans  le  parf^iît  cquihbre  de 
la  maiTe  du  moulin ,  qui  fe  foutient  &  joue  en 
Tair  lur  un  fimple  pivot. 

i".  Dans  la  difpofition  des  ailes  pour  recevoir 
le  vem- 

3*.  Dans  le  rapport  de  la  force  mouvante  avec 

réftÉiance  des  meules  &  des  froitemens. 

Afin  que  la  charpente  du  moulin  fût  dans  un 

pifiâjt  équilibre  autour  de  fon  pivot  ^  on  n'a  point 

'  fUcè  ce  pivot  au  milieu  ,  mais  beaucoup  plus  en 

irricre  qu'en  devant ,  parce  que  Ténormc  levier 

[  it$  ailes  &  le  poids  des  meules  aoroit  tout  en- 

^mîoè  par  devant. 

Les  qaatre  grandes  ailes  du  moulin  font  placées 

6JI  arbre  ,  autour  duquel,  dans  Vintéricur  du 
[^■oelin,  cû  attaché  un  rouet  qui  fait  mouvoir  la 
^luttroe  à   laquelle  eft  attaché  Taxe  de   fer  qui 
set  ta  meule  en  jeu. 

Les  ailes  du  moulin  préfentent  à  volonté  plus 
m  mmns  de  furface  au  vent,  fclon  qu'on  étend 
kl  voiles.  Toute  la  libené  du  vol  des  ailes  dé-^ 
pend  de  Tinclina  îfon  à  Thoriion  de  Taxe  de  larbre 
qm  Ici  fouticot ,  Si  de  rinclinaifon  de  la  furface 
éc§  aikf  fur  cet  axef 

La  preuve  en  eft  démonflfAtlve  :  la  plupart  des 


M  E  u 

vents  >  au  lien  de  rouler  fur  une  ligne  parallèle  à 
rhorizon  »  font  un  angle  avec  Thorizon  :  on  s*cn 
aflure,  û,  lorfque  le  vent  eft  un  peu  yi£^  on 
prèfente  la  main  au  vent  en  la  tenant  d'aplomb  » 
ou  pofée  perpendiculairement  :  on  éprouve  alors 
que  rimpreirton  du  vent  n^efl  pas  auffi  forte  quVlIc 
peut  Tétre  ;  mais  fi ,  en  continuant  à  la  tenir  bien 
ouverte  «  on  en  incline  le  dehors  en  arriére ,  on 
éprouve  une  impreSon  beaucoup  plus  forte  , 
parce  qu'alors  le  dedans  de  la  main  eftexaâemene 
oppofé  à  la  direélion  du  vent. 

Telle  eft  la  rai  fon  fort  fimple  de  la  pofition 
des  ailes  ;  l'axe  qui  les  porte  étant  incliné  à  Tho- 
rizon  j  fe  trouve  dans  la  direfllon  du  vent,  Se 
oppofe  la  furface  des  ailes  à  cette  direÔlon. 

Cette  incUnaifon  de  Taxe  ne  fuffit  point  :  fi  les 
ailes  du  moulin  étoient  toutes  quatre  placées  à 
angle  droit  fur  l'axe ,  l'effort  du  vent  qui  agiroit 
fur  les  ailes  fe  détruiroit  lui-même  :  mais  li  des 
deux  ailes  oppofèes  Qc  parallèles  à  rhori^on^  lune 
détourne  fa  furface  de  quelques  degrés  de  1  angle 
droit,  en  regardant  h  terre  «  ëc  l'autre  en  rwgar* 
dant  le  ciel  ^  le  vent  en  heurtant  contre  la  fur- 
face  qui  Vincline  vers  la  terre  ,  la  fait  monter,  & 
fe  gU^am  de  même  contre  la  furface  de  Taile 
oppofée  qu'il  trouve  inclinée  en  fens  conirai^e  , 
il  la  difpofe  à  ëefcendre  :  une  aftion  aide  Tautre* 
Si  les  di^ùfi  ailes  oppofèes  &  pUcées  de  cette  ma- 
nière, commencent  à  ébranler  la  meule  ,  les  deux 
autres  difpofées  de  même  produifcnt  un  effet 
double. 

Tel  eft  Tartifice  fort  fimple  &l  en  même  temps 
très- beau,  du  jeu  des  meules ,  de  l'équilibre  de 
la  charpente  , .  &  du  vol  des  ailes  du  moulin  à 
vent» 

Quoique  ces  moulins  de  différentes  efpèces 
procurent  à  la  focièié  des  avantages  confid  érable  s, 
ils  n'en  font  pas  moins  fujcis  à  des  inconvéniens 
infurmontables ,  qui  arrêtent  ordinairement  leur 
travail ,  Si  qui  Cùm  inféparabtes  desélémens  dont 
les  forces  font  employées  à  îes  faire  mouvoir  , 
&  qui  les  rédutfent  fou  vent  à  Tinaftion. 

Perfoone  n'ignore  que  les  moulms  à  tau  font 
expofés  à  chommer  une  grande  partie  de  l'année  ^  à 
caufe  des  inondations ,  ou  du  défaut  d'une  tau 
futfifame  ,  occafionné  par  la  féchereiTe  ;  quelque* 
fois  ,  même  dans  les  hivers  ,  grand  nombre  de  ces 
moulins  font  brifés  par  les  glaces. 

Les  moulins  à  vent  chomment  ordinairement 
pendant  un  tiers  de  l'année»  pour  ne  pas  avoir 
affez  de  vent ,  ou  pour  être  renverfés  par  la  vio- 
lence des  vents  impétueux  &  des  ouragans  ;  ce 
qui  occafionné  des  réparations  toujours  fort  lon- 
gues, &  fufpend  néceflTairement  leur  travail  Com- 
bien de  funeftes  expériences  ont  prouvé  la  vérité 
de  ces  faits,  &  ont  foovent  mis  les  habitans  des 
lieux  voifins  au  point  de  manquer  de  farine  ? 

Pour  obviera  ces  inconvéniens,  le  fieur  Antoine 
Macary  ,  micankien  privilégié  de  Sa  MajeAé,  & 
I  ij 


68 


M  E  U 


autorlfé  d*uii  arrit  du  confeil  d*état  du  Roi» 
du  14  arril  1770  y  propofa  au  public  une  nou- 
velle conftruâion  de  moulins  »  qui ,  pour  être 
mis  en  mouvement  «  n'auroient  befoin  ni  du  fe- 
cours  des  e^ ux  ,  ni  de  celui  des  vents  ,  dont  le 
fervice  continuel  feroit  à  Tabri  de  toute  inter- 
ruption y  en  quelque  temps  que  ce  fût }  qui ,  ayant 
toujours  un  mouvement  uniforme  ,  donneroient 
dans  tou$   les  temps  une  farine  égale  >  &  telle 

Î|ue  ]es  autres  moulins  ne  peuvent  jamais  la 
ournir ,  à  caufe  de  Finègalité  naturelle  &  de  la 
variation  dans  la  force  de  l'eau  &  du  vent  qui 
les  fait  mouvoir. 

Les  moulins  oue  le  (leur  Macary  s^eft  propofè 
d*exècuter  non-leulement  aux  environs  de  la  ca- 
pitale y  pour  quelle  ne  puiiTe  jamais  manquer  de 
farine  néceflaire  à  fa  lubfiflance  ,  mais  encore 
dans  différens  endroits  du  royaume  ,  &  notam- 
ment dans  les  villes  de  guerre  >  font  fi  expéditifs , 
&  deviendroient  fi  utiles  dans  Tëvènement  d*un 
iiége ,  quM  a  été  démontré  aux  commiiTaires  de 
l'académie  des  fciences ,  qu'un  feul  de  ces  mou- 
lins peut ,  dans  une  année  de  travail ,  fournir  aflez 
de  tarine  pour  nourrir  plus  de  foixante  mille 
hommes ,  &  qu'il  a  été  reconnu  par  des  experts , 
charpentiers  de  moulins  ^  &des  meuliers  »  que  ces 
moulins  furpaflent  par  leur  vltefle  pour  la  mou- 
ture y  tous  les  moulins  qu'ils  ont  faits  ou  vus  juf- 
qu'à  préfent ,  en  ce  qu'on  y  a  fupprimé  les  trois 
quarts  du  frottement   des  moulias   ordinaires  ; 

Îue  dans  leur  conflruâion  tout  porte  fur  pivot, 
c  qu'il  n'y  a  point  d'arbre  couché.  En  confé- 
quence  de  quoi  les  fufdits  experts  ont  efiimé  que 
tr<Ms  chevaux  peuvent  faire  tourner  deux  meulesr, 
que  chaque  meule  peut  faire  facilement  &  con- 
tinuellement cinquante  à  foixante  fetiers  de  fa- 
rine toutes  les  vingt- quatre  heures. 

• 

Description  des  Planches  de  TArt  du 

Meunier ^  tome  III  des  Gravures^ 


PLANCHE    PREMIER?;. 

Mouûn  à  eau* 

La  vignette  repréfente  l'élévation  d'un  moulin 
vu  en  dehors.  A ,  arc  tournant.  B ,  roue  du  de- 
hors. C  »  aubes  &  coyaux.  I> ,  homme  qui  lève 
la  vanne.  E  ,  pont  de  j^ierre.  F  ,  logement  du 
meunier.  G ,  corde  fervant  à  monter  les  facs. 

Bar  de  la  planckt. 

Fig.  I ,  plan  des  meules  qui  rendent  Ta  farine 
rouge ,  le  ion  lourd  &  mal  écuré;  ce  qui  provient 
de  la  manv^ife  qualité  des  meules  ,  de  la  manière 
de  les  r'habiUer  &  de  Tirrégutarité  des  rayons» 


ME  U 

Fîff.  1 ,  plan  des  meules  à  moudre  par  économie; 
*  A ,  meule  courante» 
Bf  l'anille  ou  place  de  la  cleC^fg.u 

B ,  l'anille  fcellée  fur  la  meule ,  fg.  2. 

C ,  meule  eifante. 

Dy  plfce  ou  l'on  met  la  boite»  fg.  1. 

D ,  boîte  &  boitillons ,  fig,  2. 

E  y  coupe  de  la  meule'courante  avec  les  engra-* 
vures  de  Tanille.  F ,  fe.  # • 

La  même  garnie  de  l'anille ,  fig,  2. 

G ,  coupe  de  la  meule  gifante ,  avec  la  place 
de  la  boite.  H  ^  fig.  /. 

La  même  garnie  de  fa  boite ,  Boitillon  &  faux 
boîtillon ,  fig.  2. 

PLANCHE     IL 

Coupe  du  moulin  fur  la  largeuri 

A  y  pont  de  bois. 

B ,  vaofie  de  décharge. 

C9  pont  de  pierre  qui  con^^uit  à  la  vanoe 
mouloire. 

D  9  entrée  principale» 

E  y  efcalier  pour  monter  au  premier  étage* 

F  y  rouet  avec  chevilles. 

G ,  arbre  tournant. 

H ,  tourillon. 

I ,  hérifTon  &  chevilles. 

K,  lanterne  à  fufeaux  pour  faire  tourner  Isi 
petite  bluterie. 

L  y  lanterne  à  faire  tourner  la  meule. 

M ,  croifée. 

N,fer, 

0,  palier. 

P  F,  les  deux  braies. 

Q ,  lanterne  à  faire  monter  les  /acs  , 

S ,  arbre  de  couche  portant  une  lanterne  &  de^ 
poulies  ,  fervant  à  faire  tourner  les  bluteries  6c 
tarare  des  éuges  fupérieurs. 

T,  meule  gifante. 

V  y  meule  courante»  .  . 

X,  enchevêtrure, 

Y,  aniile. 

Z,  archures  &  couvercles  qui  entourent  & 
couvrent  les  meules. 

&  &  ,  trémions  &  porte- trèmions* 

1 ,  auget. 
1 ,  trémie, 

3  ,  crible  de  fîl  de  fer ,  ou  crlbîe  d'Allemagne^ 
4 ,  moulintt  pour  lever  la  meule, 

5  ,  bluterie  à  fon  gras. 

6  ,  augst  de  !a  bluterie. 

7 ,  trémie  de  la  mtime  bhiferie. 
S  y  tarare  fervant  à  nettoyer  le  blé. 
9  ,  ailes  du  tarare, 
iP,  poulie. 

1 1  ,  corde  à  faire  tourner  le  <arare, 

12  >  trémie  6c  auget. 


M  E  U 

1)  ;  incfac  qot  conduit  le  blë  du  tarare  dans  le 
bioieau  de  icfhhnc, 

14 ,  bimeau  de  fer-blanc  à  paffer  le  blé. 

15  ,  poulie  &  corde  fervant  à  (aire  tourner  le 
nèrne  bluteau. 

16  s  ouvrier  qtu  jette  du  blé  dans  la  trémie* 

17  ,  bafcule  k  monter  les  facs* 

iS  ,  garouenne  de  dehors  pour  stonter  les  facs* 

19  ,  c#rde  à  pareil  ufage. 

ao»  garouenne  du  dedans. 

SI  ,  rouleau  à  faciliter  le  cable. 

aij  ouvrier  qui  engrène  le  cable. 

2)  ,  autre  qui  verf«  du  blé  dans  le  tarare. 

PLANCHE    IIL 

Coupe  du  moulin  fur  la  lonpteuri 

A  ,  ouvrier  qui  avance  ou  recule  le  chevrefCen 

B  ,  chcvrefBer  du  dehors» 

C,  ckaife  qui  porte  Tarbre  tournant* 

D  ,  arbre  tournant. 

E,  lourillon* 

F,  maflif  fervant  à  porter  la  chaife.   ^ 
G  »  roue  à  vanne, 

H  H  «  aubes.  ^ 

I  I  «  coyaux« 

K  ,  niveau  de  Tcau  qui  fait  tourner  la  grande 

I#,  rottet,  cmbrafurcs  &  chevilles. 
M  ,  cherreffier  du  dedans. 
N ,  hètiSon  fervant  à  faire  tourner  U  bluterie 
de  deflbus* 
O,  palier. 

P  f  kncerne  à  monter  le  blé. 
Q ,  les  deux  braies. 
R ,  beffroi. 

5  *  batte  &  croîfée, 
T  ,  lanterne. 

y  ,  babillard. 

X ,  baguette  pour  remuer  le  bluteau  qui  tamifc 
la  £irine. 

Y  f  bafcule  pour  engrener  la  ladternè  qui  fait 
tourner  la  bluterie  du  deHous. 

Z,  bluteau  fupérieur. 

6  ,  partie  fupérieure  de  la  huche,  où  tombe  la 
&rine  lorfqu'ellc  fc  tamife. 

s  ,  accouples  du  blucesu. 

h  ,  bluiene  cylinfirique  tournante. 

t  ^  anche  qui  conduit  les  ilTues  d^ns  la  bluterie 
Ab  deiVous. 

d  J  ^^€^  d  fférens  gruaux. 

#  y  Unrerne  à  faire  tourner  la  bluterie  du  dciîous. 

ff  chaife  du  dedans. 

g  y  poutre  &  corde  à  faire  monter  le  blé. 

à^  cofde  à  monter  les  facs. 

i ,  anche  des  tneulcs  »  ou  conduite  de  la  farine 
dans  le  bintcau* 

k^  cordages  &  poulies  faifanc  tourner  les  blu- 
lerKTS  au  4çSm. 


M  E  u 

l  »  trcmpure  pour  approcher  les  meules* 

M ,  meule  gifante. 

n  ,  meule  courante.,  vue  en  coupe« 

0 ,  enchevêtrure. 

p  )  anilte. 

q  ,  frayon. 

r,  archures. 

//,  trémions  &  porte-trcmions. 

t ,  poulie  &  corde  fervant  à  élever  ou  baîfler 
Vauget. 

u^  auget. 

X  ,  trémie. 

y ,  crible  de  fer. 

l  »  moulinet ,  cable  &  vindeane  z  élever  la  meule 
pour  r'habiller. 

/  ,  bluterie  à  fon  gras. 

2 ,  auget. 

y  ,  trémie* 

4  ,  fonnette  avec  une  corde  pour  avertir  lorf* 
qu'il  n  y  a  plus  de  blé  dans  la  trémie. 

f ,  tarrare  fervant  à  nettoyer  le  blé. 

6  »  ailes  du  tarare. 

7  ,  trémie  du  tarare 
8 ,  auget  du  tarare, 

^  ,  bluteau  de  f<;r-bîanc  pour  cribler  le  blé. 

*o ,  ouvrier  qui  renverfe  un  fac  de  fon  gras 
dans  une  trémie. 

f*  ,  deffous  de  Tefcalier.    ^ 

12  ,  bafcule  à  faire  monteMes  fac$# 

f?  >  garouennc  à  tirer  les  facs. 

14,  ouvrier  qui  engrène  le  cable  pour  faire 
monter  les  facs» 

If  ,  corde  a  monter  les  fccs, 

16 ,  palier  de  Tcfcilier. 

i/  p  ouvrier  qui  ramaffe  le  fon. 

PLANCHE    IV. 

Nouvdli  crapaud tn^  (errant  à  porter  h  plvQt  9iâ 
U  pomte  de  fiu 

La  ftp  *  donne  le  plan  de  la  tfapaudîtte* 

A,  crapaudine  ou  pas  qui  porte  ta  pointe  du  (et* 

B  ,  botte  ou  poëlettc  ,  dans  laquelle  efl  enfermée 
la  crapaudinÇi 

C ,  chatîis  de  cuivre ,  k  travers  duquel  pafFenf 
les  vis  de  preffion, 

D  D  ,  vis  depreflî#n  pour  faitfl  couler  la  poë* 
letrc  du  coté  néceffaire  pour  dreffer  les  meules. 

E  E ,  boulon  pour  arrêter  le  châiTis  fur  le  palier* 

F  F  ,  grofle  pièce  de  bois  ou  palier ,  fur  lequel 
fe  pofe  la  crapaudine. 

fc  »  plaque  de  lôle  »  ou  Je  fer-blaoc  battu  ,  pouf 
faciliter  la  poélette  à  couler  avec  plus  d'aifance. 

H  ,  quirré  ponÔué  qui  défigne  le  pïan  du  fcf* 
Il  efl  à  obferver  que  lorfque  les  crapaudines^  n'oiK 
qu^'un  feizl  pas  ,  quatre  vis  fuififenf. 

Les  f^,  a  &  j  ^  rcprèfenient  difïérenie4  cle& 
pour  ferrer  plu*  ou  moins  les  vis  dd  preflioH* 

fis*  4  9  principale  mécanique  du  Utouliiif 


M  E  U 

A  ,  coupe  ic  h  intule  courante 
fi  «  coupe  de  la  meule  gifantg. 

C ,  anille  ou  d^  4i  U  ^leul^  cpumiite; 

D ,  papilloa  du  gros  fer. 
E  ,  fuièc, 

F ,  pointe  du  fer. 

G  ,  boicc  &  boîtUIon, 

H  ,  faui-boiùUon  de  tùlf* 

1 9  frayoo  à  remuer  T^ugcc. 

K ,  trémie  où  1  on  met  le  blé. 

L ,  auget  qui  conduit  le  blé  dans  TgiiUard  de 
U  meule. 

M ,  corde  du  baille-blé  »  (errant  à  élever  plus 
ou  moins  Tauget. 

N  t  anche  qui  conduit  la  farine  dans  1^  bluteau 
mouvant. 

O ,  lanterne  k  fufeaux  pour  faire  tourner  U 
meule* 

P ,  baguette  povr  fecouer  le  bluteau. 

Q ,  croifée  pour  faire  mouvoir  le  babillard* 

R  f  le  pas  ou  crapaudiue  pour  poner  U  pivot 
ou  la  pointe  du  fer* 

S  j  palier  &  les  deux  braiet , 

T,  arbre  tournant. 

U  ,  rouet  ^  embraCures  &c  chevilles. 

V  y  hcri^on  &  chevilles  ,  pour  faire  tourner  la 
laatcrne  8 ,  qui  elt  au  deiTus< 

X  y  tourillon.  ^ 

Y  ,  plumard  de  cum-e  pour  porter  le  tourillon* 
Z  y  chevreffier  ou  chaiie  de  Tarbre  tournant* 
& ,  babillard» 

t ,  batte. 

2 1  baguette  ou  cligne» 

f  ,  bluteau  mouvant. 

4  «  accouples  du  bluteau. 

f  »  huche  où  tombe  la  farine  lorfqu'elle  fe  tamîfe, 

â  »  petite  porte  à  couUfle ,  pour  tirer  la  farine 
hors  cle  la  huche, 

7  y  bluterie  tournaiHe  pour  tamifer  les  différens 
gruaux. 

S ,  lanterne  de  la  bluterie  à  gruaux. 

p ,  baicule  pour  engrener  la  lanterne  dans  The* 
rifloa  «  à  dciTein  de  faire  tourner  la  bluterie. 

10 ,  épée  de  la  trempiu-c,  pour  élever  plus  ou 
moins  la  meule  courante  par  le  moyen  d'une 
bafcule  1 1 ,  &  de  fon  contrepoids  ii. 

tj  «  beffroi ,  pour  porter  le  plancher  des  meules. 

i4 ,  pied  droit  ou  pilier  en  pierre. 

PL4NCHE    y. 

Dljpnns   dcfails   &  outtîu 

f^^i-  '  »  orgueil  «  ou  crémaillère  qui  fcrt  d*appui 
à  la  pince  pour  lever  U  meule. 

F»g.  a,  ftayon, 

Fi^.  7 ,  coin  de  levée  qui  f«n  à  caler  U  meule 
à  mefure  quoa  la  lève. 

//^.  4  t  une  des  chevilles  du  rouet» 

fêf.  S I  coupe  de  U  boite. 


M  E  u 

Ftg.  6^  le  gros  fer.  4  ,  papilloa.  ^,  fnfée.  e,  fof  ' 
d^  pointe  du  fer.  e ,  pas  ou  crapaudLne* 

Fig.  7 ,  Êifeau  de  la  lanterne. 

^^i*  ^ M  P^^  de  la  boite. 

Fig,  g  ,  rouleau  fervant  à  monter  ou  defcendre 
la  meule  i  mefure  qu'on  U  lève. 

Fig.  10  «  pipe  ou  petit  coin  de  fer  fervant  è 
ferrfr  1^  meule  courante. 

Fig,  tt ,  pUn  de  ranille. 

Flg.  îz ,  marteau  fervant  à  piquer  les  meules*  ^ 

Fig,  tj ,  maffe  de  fer  fervaot  à  frapper  fur 
pipoîr, 

^^§'  '4  f  plumard  de  cuivre  fervant  fous 
tourillons. 

Flg.  4/ ,  de  l*arbrc  tournant. 

Flg.  i6  ,  tourillon. 

Fig.  ly  y  petits  coins  de  fer  pour  drefler  la  meu 

Fig.  tS ,  plan  de  la  crapaudine. 

Fig,  tp  ,  marteau  à   grain  d'orge  ,   fervant 
engraver  ranille, 

/'i^.  20 ,  marteau  à  i^habiller  les  meules. 

Ffg.  2t ,  pince  pour  lever  la  meule. 

Fig,  22 ,  5j  j  pipoir  qui  fert  à  ferrer  les  pîp 
ou  petits  coins. 

Ohftrvatïons  fur  Us  moulins  i  €4U* 

Il  y  a  pîufieurs  fortes  de  moulins  â  eau  ^  Mon 
les  lieux  où  ils  font  placés ,  &  le  plus  ou  moini 
d  abondance  d'eau  pour  les  faire  mouvoir ,  &  le 
plus  ou  moins  de  vîteffe  d^  cette  eau. 

Celui  repréfemé  pL  l ,  eft  fuppofc  conftniît 
fur  une  rivière  navigable  ,  à  la  partie  d*aval 
d'une  arche  de  pont*,  ou  entre  deux  piliers  de 
maçonnerie  ^  ou  enfin  entre  deux  paUes  ,  comme 
font  placées  les  machines  hydrauliques  du  pont 
N.  D.  à  Paris. 

Sur  les  pieds  droits  de  maçonnerie  ou  fur  les 
chaperons  des  palées  ,  on  conftruit  un  plancher  de 
poutres,  foUves  &  madriers  :  ce  madrier  eft  percé 
defix  ouvertures,  par  cinq  defquelles  defcendent 
de  longues  pièces  de  bois,  fervant  de  chaine  affez 
longue  pour  atteindre  depuis  le  plancher  jufqu'à 
la  uirface  des  plus  ba^es  eaur. 

Ces  chaînes,  dont  quatre  fufpcttdent  le  cbâffis 
qui  porte  la  grands  roue  à  aubes ,  6£  la  cînqLiéfie 
qui  fufpcnd  la  vanne ,  avec  laquelle  on  ferme  le 
couifier,  font  percées  de  trois  quarrés  fur  deux 
rangées  parallèles ,  diftans  Tun  de  Tautre  de  fi» 
pouces  environ  t  ceA  dans  ces  trous  que  Ton  f.ît 
entrer  les  verroux  ,  qui  fixent  le  chjkflîs  à  unt_ 
hauteur  convenable  ,  pour  que  les  aubes  inférieure 
foient  plongées  dans  Teau  ,  8t  reçoivent  par  coti^ 
fèquent  rimprcffion  du  couram  ,  premier  moteur 
de  toute  la  machine. 

On  élève  le  chafîis  &  la  ^nne  par  le  raovefl 
des  crics,  comme  à  la  machine  du  pont  N.  D. # 
pu  avec  des  vérins ,  qui  l'ont  de  fortes  vis  de  bcni 
de  charpcnteric*  Le*  cris  ou  les  vérins  font  pUcétf 
fur  le  plancher  du  premier  étage ,  ai  les  vetroufl 
pofent  fur  letirs  femelles* 


M  E  U 

La  gfiBde  roue  »  cooipofôe  4e  plurieuri  aflfem'* 

(  de  chirpcntc,   porte  les  aubes    de  trois 

«le  hauteur ,  fur  environ  quinze  pieds  de 

cur  ;  &  auiTi  un  rauct  dont   les  aluchons  ^ 

i  nombre  de  faixame  »  engrènent  dans  les  fufeaux 

de  h  grande  bnf^rne ,  qui  (ont  au  nombre  de  feize. 

L'arbre  vertical  de  cette  lanterne  porte  par  fon 
pWot  Inférieur  fur  uT^  palier  garni  aune  crapau- 
dific;  &  pv  fa  partie  fupérieore  traverfe  le  moyeu 
de  U  roue  horizontale  qui  engrène  dans  la  lanterne 
des  meules* 

La  partie  inférieure  du  moyeu  de  la  roue  ho- 
itioatale  efl  arrondie ,  de  roule  entre  deux  moifes 
qui  ferment  la  fuiéme  ouverture  qui  eft  au 
pbnclier. 

Les  meules  &  les  archures  oa  tonneaux  qui  les 
leafami^m  ,  font  placées  fur  an  fort  afTembUgc  de 
dorpevtie  de  4  pteds  d'élévation ,  fur  6  ou  7  en 

5[uarré  ,  formant  une  csge  à  jour ,  dont  la  face 
îipéneure  fermée  par  des  madriers  de  trois  pouces 
d'épais ,  pofèes  fur  des  carrelés  ou  folives  de  dx 
pcmœs  de  gros,  eft  le  plancher  des  meules. 

Le  hèfiiTon  entre  dans  le  vide  de  cette  cage  par 
une  des  faces  latérales  ,  pour  engrener  avec  les 
bfeaux  de  la  bnrefne  enarbrée  fur  Taxe  ou  fer 
de  la  metilc  roulante.  Ce  fer,  porte  par  fon  pivot 
iflftrkur  ùït  le  palier ,  qui  e(l  garni  d'une  cra- 
paudine. 

Le  palier,  dont  les  deux  extrémités  font  termi* 
nées  en  tenons,  eA  emmortoifé  dans  les  deux 
bnks,  dont  les  mortoifes  font  plus  longues  qiie 
les  tenons  n*ont  de  largeur ,  &  où  ils  font  fixés 
par  des  coins  ou  cîefs.  On  fait  ainfi  cet  aflembtage 
poof  pouvo'u- ,  avec  facilité  ,  redifier  lengrenage 
de  rtiérifTon  avec  la  lanterne ,  en  rapprochant  ou 
TéloigDaDl  autant  qu*il  eft  nécelTaire. 

Les  deux  hr^es  font  mobiles  dans  de  longues  raî- 
mires  pratiquées  aux  faces  intérieures  oppofées  des 
poteaux  corniers,  où  elles  abourilTent.  Ces  quatre 
iNDceanx  corniers  font  aiîemblés  par  leur  bout  in- 
térieur dans  les  femelles  ou  patins ,  qui  font  eux- 
nêmes  alTemblés  à  mi  -  bois ,  &  ils  font  affermis 
du3s  la  iîruation  verticale  par  huit  liens  aifemblès  à 
leioiis  &  mortoifes  ^  embrevés  dans  les  poteaux 
&  dam  les  patins. 

Les  poteaux  corniers  font  aulli  reliés  enfemble 
dei»  à  deux  par  des  chapeaux  »  dont  la  longueur 
dt  pcrpendîcutatre  à  la  ligne  qui  joint  enfemble 
la  ecotrcs  de  Thériffi^n  &  de  la  lanterne.  Les  cha- 
peaax  font  joints  par  deux  entretoifes  Si  les  folî- 
▼ei  cpii  compofenr  le  fond  du  plancher  des  meules. 

Do  côté  oppolé  à  rhériflbn,  fe  trouve  la  huciie 
dii»  laquelle  tombe  la  ^rine  mêlée  au  fon;  car 
k  motilifi  n*a  pas  de  blutoir. 

S  on  vouloir  y  en  adapter  un  ,  il  faudroit  placer 
fe  treuil  vcnical  du  blutoir  près  d'un  des  angles 
de  la  cage ,  &  le  blutoir  paifcroit  fous  le  plan- 
cfaer  ries  meules  pour  aller  rencontrer  quelques- 
m»  des  fufeaux  de  la  lanterne ,  prolongés  au  cleffus 
dTiiiie  des  tourtes  qui  la  compofem^  le  reûe  du 


M  E  u 


7» 


blutoir  fcroît  difnofé  comme  il  a  été  dit ,  en  par» 
lant  du  blutoir  du  moulin  à  renu 

La  trémie  &  Vauget  difpofès ,  par  rapport  aux 
meules ,  de  la  même  manière  que  dans  le  mouîîn 
à  vem»  font  fupportés  par  le  plancher  fupérieur, 
auquel  on  monte  par  un  efcalier  pratiqué  dans  un 
des  angles  du  bitiment.  Ce  plaocher  ell  percé  d*unc 
ouverture  ,  dans  laquelle  eft  placée  la  trémie.  Il 
y  a  aulTi  une  autre  ouventfte  que  Ton  ferme  avec 
une  trappe  ,  par  laquelle  &  au  moyen  d'un  engin 
ou  treuil  5  mu  par  rhériffon  liorizontal ,  on  par- 
vient à  monter  les  fa  es  de  blé  non  moulu  au 
(econd  étage  ,  pout  être  verfé  dans  la  trémie, 
JLes  moulins  conflruits  fur  des  bateaux  ne  dif- 
férent de  ceux-ci  qu'en  ce  que  la  roue  à  aubes 
eft  double ,  c*eft-à-drre  qu'il  y  ert  a  deux ,  une  à 
chaque  botJt  de  Tarbre  honiootal  qui  traverfe  le 
bateau  :  cet  arbre  a  deux  colliers  »  garnis  d'allu- 
melles,  qui  roulent  fur  deux  femefics  fixes  fur 
les  plats* bords  du  bateau  ^  il  porte  un  hérîflon 
dont  les  dents  engrènent  dans  une  lanterne  fixée 
fur  un  autre  arbre  horizontal  &  parallèle  au  pre- 
mier. Cet  arbre  porte  un  rouet  dont  les  dents 
conduifent  la  lanterne  dc^  meules  ;  il  y  a  un  frein 
autour  de  ce  rouer,  dont  les  extrémités  font  atta- 
chées auifi  bien  que  la  bafcute  qui  le  roîdit ,  à  la 
cage  de  charpente  qui  foutient  les  meules*  Le  refte 
comm:  dans  celui  que  nous  venons  de  décrire. 

Il  y  a  des  moulins  à  eau  d*une  autre  conftruc- 
tion  pîos  fimpie  que  la  précédente  ;  mais  ils  ne 
peuvent  être  établis  que  dans  les  lieux  où  on  a 
une  cîmte  d*eau  de  quatre  ou  cina  pieds  de  hau- 
teur au  moins.  Ayant  donc  conftruit  en  bonne 
maçonnerie  la  cage  du  moulin  &  le  contre-mur , 
qui  »  avec  une  des  faces  du  bâtiment ,  forme  le 
canal  ou  courfter ,  dans  lequel  la  roue  à  aubes 
doit  être  placée  &  dans  lequel  Teau  doit  couler  ; 
ce  courfier  eft  fermé  par  une  vanne  que  Ton  ouvre 
quand  on  veut  laifler  tourner  le  moulin.  Il  y  a  aufli 
dans  le  canal  fupérieur  une  autre  vanne  que  celle 
qui  répond  au  courfier  ,  par  laquelle  on  peut  vider 
le  canal ,  &  un  déchargeoir  pour  laîffer  écouler 
feau  fuperfluc. 

La  roue  à  aubes  de  15  ou  18  pieds  de  dia- 
mètre ,  eft  compofée  de  deux  cercles  de  char- 
pente affemblés  parallèlement  fur  Taxe  horizontal 
qui  traverfe  le  courfier  Sur  la  circonférence  de 
cette  roue  formée  de  planches,  font  fixés  perpen- 
diculairement les  aubes  au  nombre  de  leiie  ou 
vingt  ;  le  même  axe  porte  un  rouet  de  neuf  pieds 
de  diamètre ,  placé  dans,  la  cave  du  moulin  :  ce 
même  rotiet,  qui  a  48  aluchons  «  mène  une  lan* 
terne  de  9  ou  10  fufeaux ,  fixés  fur  l'arbre  de  fer 
de  la  meule  fupérieure  :  le  pivot  inférieur  de  cet 
arbre  de  fer  tourne  dans  une  crapaudinc  pofée  fur 
un  palier  ;  k  palier  eft  fupponé  par  une  braie 
qui  cÛ  elle- même  fufpendue ,  au  moyeft  d'une 
épée  de  fer ,  à  une  trempure  dans  Tétage  fupérieur , 
dont  la  corde  va  fe  fixer  quelque  part  auprès  de 
la  huche  :  le  bout  fupèrieur  du  fer  j  moins  gros 


72 


M  E  U 


qae  le  relie,  cotre  dans  le  iro«  quirrè  de  TX, 
ou  anille  de  fer  fceUèe  à  U  partie  inférieure  de  U 
meule  fupérieure.  Le  rede  de  ces  mouLifis  cd  km* 
bbble  à  ceux  décrits  ci-tlefTus. 

Lorfque  Teau  dedinée  k  faire  tourner  un  moulin 
n*e^  p^s  abondante,  &  que  U  chute  a  bâsiucoup 
de  hauteur  ,  on  la  conduit  au  delfus  de  la  roue 
par  une  bufe  ou  canal  de  bois  ,  dont  lentrée  fe 
fenîic  avec  une  vanne  quand  on  veut  arrêter 
le  moulin.  La  circonférence  des  pntcs  de  la  roue 
eft  couverte  de  planches  »  &  forme  un  cylicidre 
ou  tambour ,  dont  la  furface  fert  de  fond  à  un 
grand  nombre  d^auges  conipofées  de  planches 
btéraks  qui  font  tout  le  tour  de  la  roue,  6c^de 
planches  tranfverfales  comme  des  aubes  ,  i^ts 
înclinées  du  côt»^  de  la  bufe  y  par  où  Teau  vient. 
L*eau  venant  à  to  nber  au  haut  de  la  roue  dans 
les  auges  qu'on  appelle  pots  ,  Ton  choc  &  fon 
poids  la  font  tourner ,  6l  par  conféquent  le  reAe 
du  moulin  comme  celui  ci-dcffus. 

Maïs  fi  Vciu  a  beaucoup  de  cliute,  &  qu'elle 
foit  en  quantité  fuiUfante,  qn  peut  conAruire  un 
moulin  avec  encore  moins  de  frais  »  comme  ceux  , 
par  exemple,  conflruits  en  Provence  Si  en  Dau- 
phiné  ;  ils  n'ont  qu'une  feule  roue  horizontale  de 
u%  ou  fept  pieds  de  diamètre  &  dont  les  aubes 
font  taitcs  eu  cuillers ,  pour  mieux  recevoir  le  choc 
de  Peau  qui  coule  dans  une  bufe,  tuyau  ou  canal, 
d*un  pied  environ  d  ouverture ,  dirigée  à  la  con- 
cavité des  cuillers,  Uaxe  de  cette  roue,  fur  le- 
quel la  meule  eft  aufU  fixée  ,  terminé  en  bas  par 
un  pivot ,  roule  fur  une  crapaudine  placée  fur  un 
fommier  ,  dont  une  des  extrémités  pofe  fur  un 
fcuii  dans  la  cave  du  moulin  ;  Tautre  extrémité 
du  même  fommier  pofe  fur  une  braie  ,  ou  eft 
fufpcndue  par  une  épée  à  une  trcmpure ,  par  le 
moyen  de  laquelle  on  approche  ou  on  éîoigne  la 
meule  tournante  de  la  meule  gifante-  On  arrête 
ces  fortes  de  moulins  en  interceptant  le  cours  de 
Teau  par  le  moyen  d*uae  vanne  ou  d*un  clapet 
k  bafcule  ,  que  Ton  peut  mettre  en  mouvement 
de  dedans  le  bâtiment  mcme  du  moulin.  L'eau 
étant  arrêtée  ou  obligée  de  prendre  un  autre  cours  , 
le  moulin  ceilera  de  tourner  ;  quant  à  celle  qui 
vient  frapper  les  cuillers  ou  aubes  de  la  roue  qui 
ef)  dans  la  cave  du  moulin  ,  elle  s'écoule  par  une 
ouverture  pratiquée  à  une  des  murailles  de  cette 
cave. 

Ou  trouve  au  Bafacle  ,  à  Touloufe  ,  des 
moulins  de  cette  efpèce ,  qui  font  ce  qu*tl  y  a  de 
mieux  imaginé  Si  de  plus  Cmple  jufqu'à  préfcnt. 

It  y  a  aux  moulins  du  Bafacle  fi^izc  meutes  de 
front,  placées  dans  un  même  bâtiment  en  travers 
de  la  nviére  ;  tic  comme  elles  font  toutes  mues 
de  même  par  la  force  du  courant ,  il  fuffira  d'ex- 
pf^quer  ce  qui  convient  à  deux  ou  trois  de  ces 
jnp  les. 

On  a  conflruit  pluficurs  piles  de  maçonnerie  , 
qui  fervent  de  pieds  «droits  à  des  arcades  de  trois 
à  ttoti  ^ieds  &L  demi  de  largeur  t  qui  divîfent  le 


M  E  tri 

canal  en  fetze  canaux  dilFéreas  :  lés  avaat  & 
arriére*  becs  des  plies  font  éloignés  Tua  de  lautrc 
de  cinq  &.  demi  environ. 

Ces  arcades  fon:  ùrmées  du  cdtè  tfamonc  i 
par  des  vannes  qui  delct^ndent  daos  les  couliilcs, 
6c  qu^on  lève  quand  on  veut  laiiTer  touroer  Ic 
mouiin. 

Le  toirfier  va  en  retrlcilTant  jufqu'à  Tendroit 
ou  il  aboutit  à  U  cirto^iRr^fuce  d'un  cylindre  ota 
tonneau  de  maçoofi^iie  fans  tond,  «ans  lequel 
cil  placée  une  roue  horizontale,  dor«t  iaxe  ver* 
tical  concentrique  à  ce  cylindre ,  porte  la  meule 
fupérieurt.  L'eau  rtrtenuedcriièrela  vanne,  paflûiOt 
pat  le  perttiis  qu'elle  laitle  ouvert  lotfqu'ellc  èft 
levée  ,  entre  avec  précipitation  dans  le  courfier  di- 
rigé obliquement,  fuivant  la  tangente  au  cylindre  , 
&  ne  trouvant  point  pour  fortir  une  ouverture  auA 
grande  que  celle  par  laquelle  elle  eft  emrée,  gonfle 
6l  s^'introduit  avec  plus  de  force  dans  le  cylindre  i 
en  formant  un  tourbillon ,  elle  contraint  la  roue 
horizontale  qui  y  elt ,  de  tourner  avec  elle. 

L'eau ,  après  avoir  fait  plufteirrs  tours ,  fit  frappé 
les  aubcs  de  la  roue ,  s'jchappe  par  le  vide  que 
ces  mêmes  aubes  laiifent  entre  elles  ,  fort  par  le 
trou  du  cylindre,  &  s'écoule  du  côté  d'aval,  oit 
on  a  ménagé  une  pente. 

L*e(Iîeu ,  ou  arbre  de  la  roue ,  laquelle  a  ftx>if 
pieds  âç  diamètre,  eA  terminé  par  un  pivot  tour* 
nant  fur  une  crapaudine  fixée  lur  un  paUer  :  ce 
palier  repofe  par  une  de  fes  extrémités  fur  un  fcuil, 
où  il  elt  encaflré  de  quelques  pouces  ;  Taucre 
extrémité  de  ce  palier  efl  iufpendue  par  un  po* 
teau  ou  épée  de  bois ,  boulonnée  à  une  braie  qui 
eft  elle  -  même  fufpendue  par  un  autre  poteau  » 
ou  épée  retenue  fur  le  plaacher  par  un  boulon 
qui  la  tnvi^r(e ,  ou  fur  une  trempure.  Toutes  ces 
pièces  fervent ,  comme  dans  les  autres  moultm  , 
à  élever  ou  à  baitfer  la  meule  fupéricurep 

La  roue  k  aubes  intérieures ,  de  trois  pieds  de 
diamètre  ,  eA  d'une  feule  pièce  de  bois  de  dix 
pouces  d'épailTcur  :  cette  pièce  de  bots  efl  un  M 
tronçon  de  gros  arbre ,  que  Ton  garnit  en  haut  &  ■ 
en  bas  d'une  frctte  ou  bande  de  fer  ,  pour  fcn»* 
pêcher  de  fendre  :  on  y  taille  les  aubes,  que  Toa 
incline  à  Taxe  d'environ  cinquante-quatre  degrés  , 
ou  pour  le  mieux ,  Tindinaifon  doit  être  telle  que 
la  diagonale  du  parallélogramme  fait  fur  les  direc* 
tions  horizontales  circulaires  de  l'eau ,  &  fur  fa  direc- 
tion verticale,  y  foit  perpendiculaire ,  les  c5tés  da 
parallélogramme  étant  proportionnels  aux  virefTes* 

Enfin ,  on  a  inventé  aans  ces  derniers  tempe 
d'employer  le  flux  &  le  refiu«  de  la  mer ,  à  filtre 
tourner  les  moulins^  invention  très- heureufe  ,  & 
très-utile  ,  attribuée  à  un  nommé  Perfe ,  maître 
charpentier  k  Dunkerque;  il  faut  pour  cela  avoir 
un  heu  bas ,  d'une  étendue  Tufliunte  pour  con* 
tenir  aflez  d'eau  :  on  ferme  la  communication  de 
ce  lieu  à  la  mer  par  une  chaufllàe ,  dans  le  tra* 
vers  de  laquelle  on  pratique  trois  canaux  paraU 
lélcs  :  celui  du  milieu  fert  de  courfier  à  U  roue  ; 

un 


» 


» 


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ti  des  deux  lutres  qui  cotiimunic[ttCnt  à  h  mer , 
&  ([ue  nous  appellerons  canal  de  flot  ^  communique 
pirdeux  branches  aux  deux  extrémircs  du  courficr. 
Le  troîdéme  canal,  appelé  canal  de  juftnt^  corn- 
Btmtquc  à  un  b^Ufin  ou  rèfcrvoir  ,  &  31101  aux 
deux  extrénihés  du  courGcr  par  deux  branches* 
Le  coarilcr  cA  fêparé  des  canaux  par  deux  vannes 
placées  dans  les  branche*  decommumcation.  Après 
qce  le  flux  efl  oionté  d*une  quantité  Tuffifante  ,  on 
mirre  la  Tanne  du  canal  de  flot  qui  communique  au 
tomùtT  du  curé  par  ou  l'eau  doit  y  entrer  ,  6c  on 
fenne  la  féconde  Ju  même  canal  ;  on  ouvre  auOl 
ceUe  du  canal  de  jufant  ,  qui  communique  à  ]a  i 
fiwtic  du  courûcT,  &  on  ferme  rautre  du  même 
cim).  En  cet  état ,  Tètang  étant  fuppofc  vide  , 
rcasi  de  la  mer  à  marée  montante ,  entrera  par 
le  caôml  de  flot ,  &  paiTera  dans  le  courficr  fous 
U#oae quelle  fera  mouvoir,  &  du  courfier  entrera 
danf  récang;  ce  qui  fera  tourner  le  moulin  pendant 
cmriron  quatre  des  fix  heures  que  dure  le  flot. 

On  ouvrira  alors  toutes  les  autres  vannes , 
sfia  que  pendant  les  deux  heures  qui  reflcnt  à 
écouler  jufqu  à  la  pleine  mer ,  Teau  puiiTe  entrer 
c»  abondance  dans  Tétang,  &  quelle  foit  au 
naveaitde  la  pleine  mer  ;  on  fermera  enfuitc  toutes 
les  Tannes  pour  retenir  Wzu ,  ]ufqu'*i  ce  que  le 
jti£uiî,  ou  reflux;  ayant  fait  baîiïer  les  eaux  cMa 
Hier  pendant  deux  heures ,  au  deflbus  du  niveau  de 
celles  contenues  dans  Tétang ,  on  puiiTe  ouvrir  la 
Tanne  du  canal  de  jufant,  qui  communique  à  ren- 
trée du  courfier ,  &  auffi  celle  qui  communique 
delà  fonic  du  même  courfier  au  canal  de  flot. 

Les  deux  autres  vannes  demeurant  fermées  , 
Teau  de  Tètang  paiTant  dans  le  courtier ,  fera  tour- 
ner la  roue  du  même  fens  qu'auparavant ,  avec 
eue  VîteiTe  proportionnelle  à  b  chute  que  les 
A0irens  niveaux  de  l'eau  contenue  dans  fctarg 
&  \a  mer  ,  pourront  lui  procurer  ,  6c  le  moulin 
toortiera  jufqu'à  la  baffe  mer  ,  fi  ieaii  contenue 
dans  Vctane  eil  fuflifante ,  ou  feulement  jufqu'à 
ce  qu^elle  lott  épuifée. 

Une  heure  environ  avant  la  baffe  mer,  on 
OQTrîra  toiJtes  les  vannes  pour  laiffer  écouler  en- 
ment  toute  Teau  de  fêtang  à  la  mer,  ou  du 
__  zs  qu'elle  fe  mette  de  niveau  aux  plus  baffes 
?itx  où  le  jufant  puiffi  les  abaiffer  :  on  refermera 
alors  toutes  les  vannes,  que  Ton  biffera  fermées 
fÉb\uk  ce  que  Je  tlot  ayant  affez  élevé  les  eaux  Je 
Il  mer  pour  leur  procurer  une  chute  fuflifaDte  daps 
rètang  »  on  rouvrira  celle  du  canal  de  flot,  qui 
communique  à  l'entrée  du  couifier^  ^  celle  du 
canal  de  jufant ,  qui  communique  à  la  fortie  du 
màmc  courfier ,  les  deux  autres  demeurant  fermées  ; 
fie  le  moulin  tournera  comme  au pn rivant ,  &  du 
sième  fcns,  foit  de  flot  ou  de  jufanr. 

Ceft  là  ,  fans  doute ,  ce  que  rinventeur  s'efl 
fnufatt  ;  on  peut  fim];lifîer  encore  cette  in- 
Ten6an»  ainft  que  nous  allons  l'expliquer  ;  mais 
alors  le  maulin  tournera  pendant  le  Ont ,  d^iin  cer- 
citii  tcifs  »  8c  pendant  le  jiifant  ,  dans  le  fens 
dns  &  Méturu  Tome    K  Farm  h 


M  E  U 


73 


oppofé  ;  ce  qui  n'entraîne  aucun  Inconvénient , 
étant  facile  de  difpofer  les  engrenages  des  roues 
&  des  lanrernes  pour  cela  :  ce  qui  même  ne  peut 
que  tendre  à  leur  c:>nferv;ition.  Il  y  aura  donc  un 
feul  canal  en  travers  de  la  chauffée  de  l'étang. 
Ce  canal  fera  fermé  par  deux  vannes  ,  une  du 
côté  de  la  mer,  qui  fera  nommée  vanne  de, flot, 
&  une  autre  du  côté  de  Tétang ,  appelée  vanne  de 
jufant,  qui  fermeront  de  part  El  d'autre  U  courGer. 
Les  deux  parties  du  canal ,  hors  les  vannes  ,  com- 
muniqueront cnfemble  par  une  branche  qui  fera 
fermée  auiB  par  une  vanne.  L'étang  étant  fuppofè 
vido,  b  mer  biffe,  &  toutes  les  vannes  fermées» 
excepté  celle  de  jufant  ,  on  attendra  que  le  flot 
foit  affez  monté ,  pour  que  la  différence  des  ni- 
veaux de  la  mer  &  de  1  étang  foit  fuffifante  afin 
que  la  chute  des  eaux  pulffe  faire  tourner  le 
moulin  :  on  ouvrira  alors  la  vanne  de  flot  du 
courfier ,  celle  de  la  branche  de  communication 
demeurant  fermée  ;  &  Feau  de  b  mer  psffmt 
fous  b  roue  dans  le  courfier ,  b  fera  tourner 
prefque  jufqu'au  temps  de  b  pleine  mer.  Quel- 
que temps  auparavant  ,  on  ouvrira  b  vanne 
qui  fermoit  b  branche  de  communication  des 
deux  parties  du  canal,  pour  que  l'eau  de  fétang 
puiiTe  fe  mettre  de  niveau  aux  plus  hautes  eaux 
du  flot  :  on  les  y  retiendra  alors  en  fermant  cette 
vanne  &  celle  de  jufant ,  jufqu'à  ce  que  le  reflux 
ait  abaiffé  les  eaux  de  b  mer  d'une  quantité  fufH* 
fan  te  pour  procurer  à  celles  de  Férang  affez  de 
chute  dans  le  courfier  ;  alors  on  ouvrira  b  vanne  de 
jufant ,  &  feaii  de  l'étang  s'é coulant  dans  le  courfier 
à  la  mer,  fera  tourner  b  roue  du  mouîin  en  fens 
contraire.  Quelque  temps  avant  b  baffe  mer,  on 
ouvrira  b  %'annc  de  b  branche  de  communication , 
afin  de  biffer  écouler  entièrement  à  la  mer  l'eau 
PI  eft  contenue  dans  l'étang  ;  6t  à  l'inflant  oij  le 
ot  fuivant  recommence ,  on  b  refermera  &  celle 
du  flot,  jufqu'à  ce  que  fa  hauteur  au-deffus  de  b 
furface  de  l'étang  puiffe  procurer  affez  de  chute 
pour  faire  tourner  b  roue  dans  fa  première  di- 
rection; on  ouvrira  alors  la  vanne  de  flot  pour 
recommencer  b  même  opération ,  &  faire  provi- 
sion d'eau  dans  Téiang  pour  fufflre  à  faire  tourner 
le  luûulin  pendant  le  temps  du  reflux  fuivant. 

PLT^NCHE  VI,  Vn,Vm,  IX,  X. 

Vue  extérieure  d'un  moulin  à  vent ,  pL  VL 

Coupe  vienicale  du  moulin  fur  fa  longueur, 
pL  fIL 

Coupe  verticale  du  moulin  fur  fa  brgeur*  Se 
engin  à  tirer  au  vent ,  pi.  ri  IL 

Fig*  t2  ,  treuil- 

Ftg.  ij  ,  chaperon. 

ft^,  64  t  jambes. 

Ftg,  60  y  efficu-  f* 

K  ,  poteau  debout. 

1  ,  liens, 

^^i^  ^%  3^  femelles. 

Fi^\  Cj ,  roues. 


3: 


74 


M  E  U 


Ftg*  ^9  >  pîcinr. 

Vue  peripeâîvc  de  rîntérieur  d*uii  jnouliii  » 

fL  IX 

PLANCHE    IX. 

A,  SolJes,  pL  yil\  nu,  IX. 

B  ,  attaches ,  fL  idim, 

C  »  liens  f  pL  Uewim 

4  ,  chatfes  ,  pL  idem* 

ï  ,  cherrons  de  pied ,  pL  VIL  Vllt 

6^  traites,  pL  VU,  VIII,  IX. 

7  ,  c<»uillards  ,  pL  idfm. 

8  ,  doubleaux  ,  pi  idem, 

9  ,  poteaux  corniers ,  pL  idem  m 

10  ,  fou  pentes  ,  p/.  idem» 
i  1  ,  cnir^toifes ,  pL  idem. 
D  ,  queue  ,  pL  VII ,  IX, 

■  E ,  limoti  de  la  montée ,  pL  VIL 
14,  bras  du  chevalet,  pL  idtm, 
F,  chevalet,  pL  idtm, 
15  ,  ffipport  de  la  momie  »  pL  idem* 
169  emr«coîfe,  pL  idem. 

17  ,  chaperon  ,  pL  idem. 

1 8  ,  lien  du  roriîgnol ,  pL  tdem^ 

19  ,  poteau  d'angle,  pi,  idem, 

ao  ,  appui  du  taux  pont ,  pL  Fil ,  IX. 

ai  ,  lieu  fous  la  fablîére  de  la  galerie  j  pi,  VII, 

2a  ,  planchers,  /?^.  VII,  VIII ^  IX. 

a)  ,  panncrtes  ,  pL  idem* 

14  ,  guettes ,  pL  idem, 

15  ,  poteaux  de  rempliflage  ,  pL  idim, 
a  6  ,  ibmmler  ,  pî.  idem, 

27,  faux  fommicr,  pL  l'II ,  /X 
aS  ,  poteau  du  faux  lomœier,  pi*  W/,  /X 
^9  ,  pallier ,  pi.  VIL 

30 ,  ibuche.  a ,  petit  fer  &  chevilles  du   blu- 
ioif,  pi,  VIL 

5 1  ,  poteau  de  la  braic ,  />/.  VII ,  VIIL 

j2  ,  btaie  ,  pi.  idem^ 

53  ,  bafcule  du  frein ,  pL  W/,  VÎIÏ ,  IX. 

34  ,  épèe  de  b  baicule  de  frein  ,  pi.  VII,  VIIL 

35  ,  petite  poulie  du  frein ,  pi,  /X 

36,  plancher  des   meules  compofe  de  quatre 
quartcll<ps ,  pi,  PII ,  IX, 

37  f  la  huche  fif  le  blutoir,  pî,  idem, 

38  ,  ancb;,  //.  VIL 

*\^  ,  montre  du  fccond  étage  ,  pî*  VII ,  IX* 

40  ,  colliers ,  pi,  idem, 

41  ,  pannes  meulières,  pi,  f'JI ,  l^II ^  IX, 
4a  ,  cntretoife ,  pi,  VIL 

43  ,  poteau  de  croifée  de  la  galerie  ,  pi,  idem, 

44  »  tubUére  d*apput,  /,  fablicre  du  haut  de  la 
galerie ,  pt*  VII ,  IX, 

45  ,  îabliére  du  bas  de  la  ealcrîe ,  pi^  idem, 
46 ,  hautes  pannes,  pi,  vfl^  Vltl ^  IX, 

47  ,  colliers  5  pi,  idem, 

48  ,  jeu  ,  pi.  tdem, 

49,  palier  de  gros  fer.  b,  gros  fer,  pi,  VII ^  IX, 

50 ,  marbre  (m  lcf|ucl  pofe  le  colkt  de  Tarbre 
tournant,  pi.  VII ^  IX* 


M  E  u 

jî  ,  pailler  du  petit  collet ,  pî*  idem, 
52,  iemelle  du  petit  collet,  pi,  idem* 
^j,  pallier  de  heurtoir,  pi,  idem, 
54  ,  heurtoir,  pi,  idem, 
55 ,  lutons,  pL  VU,  VIII,  IX* 
k6  ,  arbre  tournant ,  pi,  VII ,  IX* 
H,  rouet,/?/.  VII,  VJII ,  X. 
j7,  chameaux,/?/.  VIIL 

58  ,  paremens,  pi,  idem, 

59  ,  gouflets  ,  pL  idem, 
6t,  embrsflTures,  pi.  idem, 
K  ,  lanterne,  pL  VII,  VIII ,  IX* 
6a  ,  tourtes  ,  pi.  VIL 
65,  frein,  pi,  VII,  VIII,  IX, 

66  ,  archurcs  ,  pî,  idem, 

67  ,  trcmpurcs ,  pi.  idem, 
68,  dos-d'ane,  W.  VIII,  IX. 

L,  M  ,  N  ,  O,  les  ailes,  pL  Vil  .  f7//,  IX, 

70  ,  épée  de  fer  ,  pi,  IX* 

71 ,  trémions,  pL  VII  ^  VIIL 

71 ,  trémie  ,  pi.  idem* 

73  I  auget  ,  pLldem, 

74  ,  clef  des  palien ,  pU  VIL 

75  ,  jambes  de  force,  pL  l^II ,  IX* 

76,  cnrrait ,  pL  VII  ^  IX, 

77,  poinçon,  pi,  VII ^  IlU ,  /X 

78,  liens,  pi.  Vif,  IX* 
79  ,  faite  ,  pL  idem, 
80 ,  chevrons  du  comble  ,  pL  idem, 

81  ,  planches  fur  lefquclles  pofent  les  bardeaux^' 
pl,  VI, 

82  ,  bardeaux  ,  pL  îdcm* 

83  ,  aix  à  couteau ,  pi,  idem* 
84,  volans,  2>A   VI ,  VIL 

85  ,  antes  ,  pl  VIIL 

86  ,  cotrets  ,  pi,  idtm* 

87  ,  lattes ,  pi*  idem, 

h,  g,  q ,  abre  de  Tengin  cour  monter  îc  Hé 
dan^  le  moulin,  h  ,  hériiTon,  f,  levier  fur  lequel 
repofe  le  collet  de  Taibre. /,  m  ^  Uy  autre  levier 
fur  lequel  repofe  le  premier,  m,  k^  barre  d« 
fer  par  laquelle  le  levier  efl  fufpendu,  ^,  tam- 
bour ou  oévidoir  ,  fur  lequel  paiic  la  corde  fans 
fin  ,  appeUe  la  vindcntif.  u  ,  p  ,  ccrdc  par  laf;ufcl!c 
on  gouverne  cette  m;icbinc.  q  ,  i* ,  corde  deftinéc 
à  monter  les  facs  dans  le  moulin,  fig*  a ,  ^^ 

PLANCHE     X. 

Détails  généraux  cQneernant  les  mottlins  s  vnu 
6^  a  edu* 

Ft^.  f ,  vue  perfpcflîve  de  la  cage  de  charpente 
qui  foutient  les  meules  des  moulins  à  eau  ',  des 
meules  ^  archures  de  la  trémie ,  Ê:c. 

f\  anche  par  laquelle  la  farine  tombe  dans  II 
huche ,  cotée  38  dans  les  planches  précède nte».. 
d ,  fcf . 

C  D,  au^et. 

CE,  C  B ,  cordes  pour  donner  plus  ou  moiot 
U  blé. 


^ 


M  E  U 

Il ,  corde  qui  fufpend  le  morceau  de  boU  qui 
r&it  fonner  la  fonnettc. 
A,  la  foDoettc, 

2,6,  corde  par  laquelle  le  morceau  de  bois  tire 
la  fonnette. 

4 ,  |iûne  de  la  trémie ,  furpendue  par  uœ  corde 
m  poim  3. 
66,  les  archures, 
G  ,  extrémités  de  U  trempure. 
Fig*  2  ,  les  mêmes  objets  yus  de  profil. 
C  D ,  ranger. 
^6,  les  archurcs, 
H  G ,  la  trempure, 

70  .  épce.  I 

L  M  ,  la  braie, 

N,  la  lanterne.  ^ 

Fiê,  j  ,  coupe  des  meules  &  du  boScillon*  a  »  le 
bcitSloo. 

Ftg.  4,  la  cage  dit  blutoir  du  moulin  à  veut 
en  pcrfpeâive. 
A  B  »  chaude  du  blutoir. 
C ,  entonnoir  de  la  chauffe. 
X ,  aufre  ouverture  dans  laquelle  on  conduit 
k  manche  de  Tanche  quand  on  ne  veut  pas  bîuter. 
E  D  ,  portes  par  lefquelles  on  retire  la  farirse. 
Fi§>  /»  la  chauiïe  en  perfpeftivc ,  les  treuils  par 
lefqoels  elle  efl  tendue  ,  &  les  bât#ns  qui  la  mu- 
«nt  en  mouvement. 
A  B ,  la  chaufle, 
C,  l'entonnoir- 

O  P ,  cordes  qui  paiTent  dam  les  fourreaux  de 
h  chaufle. 

a  b ,  c  d ,  petits  treuils  par  le  moyen  desquels 
#a  tend  !a  chauffe. 
F  H  ,  la  baguette. 

F  G ,  attaches  cfui  reçoivent  la  baguette. 
K  L ,  bâtons. 
M  N,  arbre  vert i cal, 

Fif^  6^  plan  de  la  chauffe*  Les  lettres  comme 
la  bgure  précédente. 

Fig.  ?  ,  le  gros  fer  8t  fa  lanterne  :  oft  le  foppafe 
rompa  en  b ,  afin  de  rapporer  les  extrémités. 
Ft^.  8 ,  Tanille. 

^^$*  P>  le  petit  fer.  a ,  la  t#urte  dont  les  fufeaux 
rencumrent  1  extrémité  K  du  bâton  K  L ,  /g.  /, 
Ftg.  io ,  fer  d'un  moulin  keau. 

Ditmh   panïculiirs    de    la   mécaniqîte   du    moulin 
à  vent. 

Les  i^titeî  qui  tournent  fuivaflt  Tordre  des  lettres 
L»  M  »  N  ,  O  »  /?/,  n'//,  oat  huit  pieds  de  large  i 
e^lcs  font  coinpofées  de  deux  volans  {  84  p  8^  )  , 
qui  ont  chacun  quarante  pieds,  fut  do^^ze  à  treize 
pouces  de  gros  ,  fie  qui  palfent  au  travers  de  la  tète 
de  Tarbre  tournant,  où  on  les  arrête  avec  des  coins, 

Auï  quatre  bouts  des  deux  vobnSj  on  sffem- 
blc,  avec  des  frettes  de  fer,  les  anus  (  85  )  ,  qui 
om  %i  pieds  de  long  »  y  compris  les  joints  fur  les 
iraJâiis,  qui  font  de  7  à  S  pouces. 


M  E  u 


75 


Pour  fjire  ces  anres  »  on  prend  du  bols  fec ,  qui 
ait  21  pieds  de  long,  &  10  pouces  de  gros  :  on 
le  refend  en  deux,  ce  qui  fait  deux  antes. 

Les  Utus  (87,  pL  FUI)  ont  huit  pieds  de 
long  fur  deux  pouces  de  gros,  &  font  au  nnmbre 
de  29  à  chaque  aile,  La  diflance  des  unes  aux 
autres  c(ï  d*un  pied;  la  première  c(i  éloignée  du 
centre  de  Tarbre  de  4  pieds  6  pouces. 

Chaque  aile  a  54  pieds  de 'long. 

On  met  k  chaque  aile  quatre  côtras  (86)  pour 
entretenir  les  lattes  >  ils  ont  chacun  1  ^  pieds  de 
long ,  deux  pouces  de  large ,  &  i  pouce  d'épaif* 
km.  Les  volans  font  perpendiculaires  à  Taxe ,  & 
rinclînaîfon  du  plan  de  chaque  aileeflde  54"".  ou  &** 

li  faut  lao  aunes  de  toile  pour  hahdUr  un  mou- 
tin  :  cette  toile  e(l  un  gros  coutil,  qui  a  la  largeur 
de  la  mokié  d*une  des  ailes* 

Au.  Jtuxième  étage ,  le  rouet  H ,  eft  fait  de  quatre 
pièces  de  bois  (  57  ,  pL  flîl  )  ,  qu'on  appelle 
chameaux  ,  de  9  pieds  de  long  ,  26  pouces  de 
large ,  fit  5  pouces  d'épais ,  affemblès  quarrément , 
&  dont  le  bord  extérieur  eA  circulaire. 

Quand  les  chameaux  n'ont  pas  26  pouces  de 
large»  on  y  met  des  goufTets  (  59  )  ,  qui  font 
quatre  pièces  de  bois  triangulaires, qu*on  aifemble 
avec  les  chanteaux  dans  Tes  quatres  angles  qu  il 
fait  ;  ce  qui  rend  le  dedans  du  rouet  oélogone. 

On  applique  fur  la  partie  du  rouet  qui  regarde 
la  lanterne  K,  quatre  ou  cinq  panmens  (58), 
qui  font  de  même  circonférence  que  les  chameaux  ^ 
&  qui  font  tout  le  tour  de  la  roue  \  ils  n*ont  que 
la  moitié  de  la  largeur  des  chanteaux  ,  6c  ont  4 
pouces  d  épais  i  ils  y  font  ftxés  avec  lo  boulons 
de  fer  à  tête  6^  à  vis. 

Les  chanteaux  fe  font  ordinairement  de  bois 
d'ormt. 

Le  rouet  a  neuf  pîeds  de  diamètre  de  dehors 
en  dehors ,  &  a  fur  fon  bord  48  ailuchons  de  bois 
de  cornier ,  néflcer ,  ou  altfierj  d'environ  i  j  pouces 
de  long ,  y  compris  les  queues ,  fur  3  à  4  pouces 
de  gros  :  ils  font  plantés  perpendiculairement  fur 
le  plan  du  rouet ,  car  le  moyen  de  leur  queue 
qtiarrée  qui  traverfe  tes  chanteaux  %l  les  parc- 
mens.  La  queue  ell  etle-méme  retenue  par  uû€ 
cheville  qui  la  traverfe. 

Le  frein  (  65  ,  pL  FUI)  ,  eft  un  morceau  de 
bois  d'orme  de  32  pieds  de  long  ,  6  pouces 
de  large  ,  t  ^  d'épais  ,  apphqué  dans  toute  la 
circon^rence  :  Il  eA  Yià  par  un  de  fet  bouts  à 
une  des  hautes  pannes  (  46  ,  pL  VîU  ) ,  par 
le  moyen  du  harJeau ,  qui  eil  une  corde  attachée 
au  bout  du  frein  par  un  boulon  de  fer  qui  le  tra- 
verfe, &  enfuiie  s'unit  à  une  des  hatites  pannes* 
Par  Fautre  bout  il  efl  attaché  à  rextrémitc  d'une 
pièce  de  bois  (  34  >  f^-  ^^^^  )  ,  affez  mince, 
appelée  Tèpée  de  la  b  a  feule  du  frein  ,  qui  pa^Tç 
dans  la  chambre  de  deflus ,  oii  Tautre  bout  entre 
dans  une  mortoife  ,  dans  laquelle  il  eA  immobile 
fur  un  boulon  de  fer. 

Cette  monoîfe  eft  faite  dans  une  pièce  de  bois 
K  ij 


75  M  E  U 

(  3î  ,  pL  P71) ,  de  15  pieds  de  ïorg  fur  8  pouces 

de  b;<nîciir  fit  4  pcuccs  d'épaifTeur ,  appelée  la 
b;ifcule  du  frein ,  dont  urr  des  bouts  entre  Jans 
une  mortolfe  faite  dans  on  des  poteaux  cormtrs  » 
où  il  eft  immobile  fur  un  boulon  de  fer  qui  eft 
le  point  d^apput  du  levier  éloigné  de  U  mor- 
tcne,  où  entre  Tèpèe  de  deux  pieds,   • 

L'arbre  tournant  (  56,  pL  ^77.),  a  18  pi^ds 
de  long  fur  lo  pouces  de  gros  :  il  porte  les 
vohns  &  le  rouet.  On  y  prit»que  deux  grandes 
mortoîfcs,  dans  lefquellrs  entrent  les  deux  pièces 
(  61  ,  pL  VU!)  ,  appelées  cmbrajur^s  ,  qui  font 
la  croifée  du  rouet. 

Ces  pièces»  om  9  pieds  de  long,  11  pouces  de 
large  et  5  pouces  d'è[>ai(Teur.  Le  refte  du  %^ide 
de  ces  mortoifes  eft  rempli  avec  des  coins  de  9 
poucc5  de  long  ,  fur  3  à  6  pouces  de  gros. 

L'a'^brc  tournant  a  deux  coll;;t5  ;  celui  dVn*haut 
eft  éloigne  du  flanc  du  rouet  d'un  dt mi- pied  ,  8t  a 
19  pouces  de  diamètre;  il  cli  garni  de  16  Lllumclles, 
qui  (cm  des  blindes  de  fer  attachées  fuivant  la  lon- 
gueur ,  &  eiicaHrées  de  toute  leur  épaiiTcur  dans 
e  bois. 

Tl  pôfe  fur  un  morceau  de  marbre  (  50 ,  ;:A  PIII) 
de  15  pouces  en  qu»rré  >  de  9  pouces  d'épnis  , 
attaché  jp.ir  une  agraffe  de  fer  fur  une  pièce  de 
bois  (  4Ô  )  ,  de  1 5  pouces  de  gros ,  appelée,  le/Vw , 
&  emmortoiféc  dans  les  hautes  pannes ,'  au  milieu 
de  laquelle  ij  eft  pis  ce. 

Ou  m.t  ordinairement  une  frettc  de  lien  de  fer 
CTïtre  le  collet  fii  le  rouet. 

Il  y  a  à  chaque  c^té  du  colbt  de  Tarbre  une 
pièce  de  bois  (  5  f  ,  ;?/.  /7/)  ,  appelée  luon  »  de  3 
pieds  de  long  fur  4  i  6  pouces  de  gro5  ,  emmor- 
tolfée  par  un  bout  dans  le  jeu ,  &  par  Tautrc  dans 
un  petit  entrait  qui  eil  au  de(7us  ;  elle  fcrt  a 
maintenir  Tarbre,  &  empêche  qu'il  ne  forte  de 
dj^us  le  marbre  où  il  eft  pofé. 

Environ  8  pieds  loin  du  plan  du  rouet,  on  fait 
à  l'arbre  tournant  le  collet  d*cn-bis  de  7  à  8 
pouces  de  gros,  &  de  i]  pouces  de  long,  garni 
de  quatre  allumclles  de  fer,  &  pofam  moîtié 
dans  une  concavité  faire  au  palier  du  petit  coller. 

Ce  paUer  (51,/?/  ^7/)  a  11  pieds  de  long  fur 
douze  pouces  de  gros  ,  6c  eft  emmortoifé  dan<;  les 
hautes  panne*.  On  applique  fur  ce  palier,  à  Ten- 
droit  où  on  pofe  le  collet ,  une  femelle  (çi)  de 
%  pieds  de  long  fur  Cx  pouces  d'épaiffcur,  tk  11 

Îïouccs  de  largo,  avec  unc^concavltè  pour  y  loger 
'aurre  ifloitiè  du  collet  de  l'arbre, 

Environ  à  14  pouces  loin  du  palier  du  petit 
col!ct,  en  cft  un  autre  (53  ,  pL  FIT)  qu'on  nomme 
le  paiuT  Je  heurtoir ^  de  même  lorgueur  &  grof- 
feur  que  le  premier ,  &  cmmortoifè  dans  les  hautes 
pannes  :  on  Tappetls  ainfi,  parce  qu*il  porte  dans 
fon  milieu  une  femelle  enchàfîèc  en  queue  d*a- 
ronde  ,  à  he^utlle  iU  fiié  le  heurtoir  (54  ,  pi.  Fil) 
fait  de  ntflicr  ,  de  4  pouces  de  gms  ,  fur  6  à  7 
p>uces  de  lon^.  C*cft  c  omrc  ce  heurtoir  que  vient 
i*;vppiiy.T  k  Loui  de  i*ibrc  icuroant ,  coupé  per- 


M  E  U 

pcndiculairement ,  &  garni  d'une  plaque  de, fer* 

Il  but  remarquer  que  Tarbrc  tournant  cft  iô» 
clinè  à  rhoriion  vers  le  moulin  d'un  angle  dVn- 
viron  10".  Cette  incliuaifon  fait  que  les  aiies  prciïf* 
nent  mi^ux  le  vent. 

Il  faut  encore  obferver  que  les  deux  paliers 
dont  nous  venons  de  parler,  &  celui  du  gros  fcr^ 
peuvent  s'avancer  ou  reculer  quand  on  veut , 
parce  que  ks  mortaîfcs  dans  lefquelîes  entrent 
leurs  tenons  ,  font  fort  longues  :  on  les  remplit 
d*un  côté  ou  d'autre  de  morceaux  de  bois  appelés 
cié/s  ,  auftl  épais  que  les  tenons,  8t  dune  lorgueur 
convenable. 

La  lanterne  (K ,  p/.  fH!)  efl  compofée  de  dcii« 
pièces  circulaires  (6z)  ,  appelées  tourtes^  dont  la 
fupérieure  a  vingt-deux  pouces  de  diamètre  ,  8c 
inférieure  5a  pouces ,  fur  4  pouces  chacune  d'é- 
paiffeur.  Elles  lont  percées  chacune  de  dix  trous, 
pour  y  iiincre  les  dix  fufeijux  ,  qui  ont  15  à  i6 
pouces  de  long,  répaiffîur  des  tourtes  comprifc, 
fur  a  7  pouces  de  diamètre. 

On  m:^t  dans  la  lanterne  un  morceau  de  bois 
qu'on  appelle  tourteau^  qiîi  entretient  les  tourtes, 
au  vioyeji  de  quatre  boulons  de  fer  qui  paflctit 
au  travers  de  ces  quatre  pièces,  &  font  arrêtes 
par  deflTus  avec  dc!.  clavettes, 

11  faut  que  le  milieu  de  la  lamcrne  foit  placé 
djns  la  ligne  à- plomb  qui  paiïe  par  le  centre  de 
larbre  tournant. 

Le  gros  f*:r  {h.pLVIÏ)  terminé  en  fourchette , 
de  j  pouces  fur  quaire  ponces  de  gros,  &  7 
pieds  de  long ,  pafîe  au  travers  des  tourtes  &  dy 
tourteau,  qui  y  font  arrêtés  ferme;  il  eft  perpen- 
diculaire à  Taxe  de  Tarbre  tournant  ,  &  le  meut 
par  le  bout  fupé rieur  dans  la  pièce  (49,  pL  P^H) 
qu  on  appelle  U  palitr  du  ^ros  jer^  qui  a  un  pied  de 
gros,  &  s'emmortolfe  dans  les  hautes  pannes  ,  & 
par  le  bout  inférieur  eft  terminé  en  fourchette. 

Il  prend  Vx  de  fer  ou  anillc  (//^  S,  pi,  X)  ,  qui 
eft  fcellé  dans  la  partie  de  de^Tous  de  la  meule 
fupérieure  ,  laquelle  eft  percé*  d'un  trou  afles 
grand  au  milieu. 

Cet  X  a  un  trou  carré  au  milieu ,  dans  lequel 
entre  un  des  bouts  de  petit  fer  (**.  /^'  p  ,  f /.  JST  )  > 
qui  palTe  au  travers  de  ta  meule  inférieure  ,  fie 
pofe  (ûT  une  crapaudine. 

On  voir,  par  ce  moy^n,  que  la  meule  fupé- 
rieure eft  foutenue  en  lair  iur  le  petit  fer,  & 
qu'elle  tourne  îorfque  le  gros  (cr  tourne. 

On  appelle  h/rc  ou  boîtdlon  le  morceau  de 
bois  au  travers  duquel  puiTe  le  petu  fer  C**»/^^*  P» 
pL  X) ,  &  qui  reoipUc  te  trou  de  lu  tncule  iiifè* 
rieure. 

La  trémie  (jiy  pi  ^7/.),  dont  les  dlmenfiont 
font  arbifVaires,  a  ordinairement  qvjatre  pieds  en 


f'Il)  dans  lequel  donne  f,*  pointe  au  fomriiti. 
L*auBçt(CD,/^.  i,/'/.  jr),3  3Ïîçdsde  long. 


M  E  U 

15  pouces  de  lar^c  par  le  haut,  &  9  pence»  pir 
;  le  bas ,  qui  efl  Tcadroit  ou  11  couche  le  grov  fer  a^ 
Ifg.  id.  ^  qui  eA  carré;  ce  qui  fait  que  lotfqu'il 
tourne  Y  il  donne  des  fccoafîes  à  l'auger  qui  pen- 
che Ters  le  gros  fer  ,  &  par  ce  moyen  fait  tomber 
tle  blé  d'entre  Its  meules»  ou  U  ell  enfuitc  écrafé. 
Mais  comme  on  a  befoin  quelquefois  de  faire 
toaiber  plus  ou  moîns  de  blé  enif i^ les  meules, 
on  a  trouvé  l'invention  de  le  faire  fort  airémenr» 
Ily  aaa  bout  de  faugei  deux  petites  cordes  (CB, 
C  t ,  fig.  t  *  1»/.  X)  ,  qi\'i  y  (ont  attachées  ,  à  qui 
ptiTcnt  de  telle  manière  fur  des  morceaux  de  bois  ^ 
que  de  U  huche  où  elles  vont  aboutir,  lorfqu'on  les 
orc,  Tuoe  CE  ferre  le^jout  de  Tauget  contre  le 
eros  fer  «  &  lui  fait  donner  des  fecou^fes  plus 
fones  ,  on  t'appelle  le  hailU-bU;  l'autre  C  B  ,  au 
contraire ,  s'éloigne  du  gros  fer  ,  &  fait  donner 
des  fecoulTes  rnoins  fones.  On  les  arrête  toutes 
dcoji  à  côté  de  ta  trémie  au  point  oîi  Ton  veut* 

On  avoiï  encore  befoin  de  fa  voir  quand  il  n'y 
avoît  p!tJ5  guère  éc  blé  dans  la  trémie,  fans  être 
obligé  d'y  regarder;  ce  qu'on  auroit  pu  oublier, 
bi  ce  qui  pourroit  caijfer  la  perte  (lu  moulin ,  à 
caiife  que  les  meules  lournant  fans  rien  entre  elles, 
pourroîent  fiiire  feu  ,  âc  le  communiquer  au 
mouUn.  f 

On  a  donc  pendu  une  petite  fonnette  A ,  jî"^,  / , 
fl,  X^  à  quelque  endroit  du  moulin  le  plus  com- 
mode pour  qu'elle  fut  entendue  ,  à  laquelle  on 
a  attaché  une  petite  coide  (  6 ,  a  ,  p/.  Id,)  qui  vient 
s'itrêter  à  un  petit  morceau  de  oois  2,  appliqué 
eomre  le  fer  du  côté  de  la  trémie,  &  auquel  on 
1  attaché  une  petite  corde  2^1,  qui  entre  par  un 
trou  dans  la  trémie,  à  un  pied  environ  du  bas. 

U  y  a  au  bout  de  cette  corde  un  gueniUon  ou 
lifige  qui  y  efl  attaché*  Il  faut  remarquer  que  la 
corde  qui  vient  de  la  fonnette  jufqu'au  morceau 
it  bois  ,  n'cft  point  lâche. 

Cela  étant  alnfi  difpofé,  quand  on  met  le  blé 
dans  la  trémie ,  &  qu'il  efl  à  U  hauteur  du  trou 
par  où  pafle  la  corde  ,  on  la  tire  &  on  l'engage 
daas  le  blé ,  ce  qui  élève  le  morceau  de  bois  2 , 
qui  ne  touche  plus  au  gros  fef  ;  mais  quand  la 
trémie  s'eft  vidée  jufqu'à  ce  point  où  eit  le  chiffon  » 
en  même  temps  que  le  gueniUon  échappe  ,  le 
morceau  de  bois  retombe  contre  le  gros  ter,  qui 
lui  donne  des  fecou^Tes,  &  fait,  par  ce  moyen, 
fenner  la  petite  fonnette. 

la  cheville  \  porte  alors  fur  le  petit  morceau 
de  bois  y  le  fait  tourner  fur  lui  même,  &  panant 
Oie  la  corde  a»  6,  qui  répond  à  la  fonnette, 

Ati  deiTus  &  tout  au  travers  des  meules,  font 
pbcès  les  trtimiofjs  {ji  ^  pi,  FIL)  qui  portent  h 
trémie  ;  fis  ont  chac»m  7  pieds  de  long  ,  fur  4 
pouces  3e  gros;  ils  font  foutenus  à  chaque  bout 
par  un  affemblage  compufé  de  deux  monrans  de 
trct*  pieds  de  haut,  fur  1  8t  3  pouces  de  gros  , 
aiTîinb'cf  dans  une  des  folives  du  plancher,  & 
Junc  travcrfe  de  deux  pieds  de  long ,  fur  2  à  6 
fooces  de  gros. 


M  E  1/ 


77 


L;s  fur  faces  oppofées  des  deux  meules  entre 
lefquelles  le  blé  ell  moulu,  ne  font  point  planes. 
La  farfice  de  la  meule  ir.fcrieure  tfl  convexe ,  & 
celle  de  la  fupérieure  cA  concave*  comme  le  fait 
voir  la  /^.  y ,  pL  X  L'une  &  l'autre  de  forme 
conique  ,  mais  ues-pi;u  éUvées,  puifque  les  meules 
ayant  6  pieds  de  diamètre  ,  la  mtuic  de  defTou»* 
qu'on  appelle  gjfdntc  ^  na  guère  que  9  lignes  de 
relief,  est  celle  de  delTm  un  pouce  de  creux  j  ainfi , 
les  deux  meules  vont  en  s'approchant  de  plus  e» 
plus  Tune  de  l'autre  vers  leur  circonférence. 

Cette  plus  grande  diflance  qui  fe  trouve  au 
centre,  efl  ce  qui  facilite  au  blé  qui  tombe  de  la 
trémie  ,  de  s'infmucr  Jufque  fur  les  deux  tiers  du 
rayon  des  meules,  Ôc  c'cft  où  il  commence  i  fe 
rompre  ,  rintervalle  des  meules  n'étant,  en  cet 
endroit,  que  de  deux  tiers  ou  de  trois  quarts  de 
Tépai^eur  d'un  grain  de  blé* 

On  augmente  ou  on  diminue  cet  intervalle  fe-, 
Ion  que  l'on  veut  que  la  farine  foit  plus  ou  moins 
grofle,  en  baiffant  ou  en  élevant  la  trempure. 

La  meule  tournante  a  afîez  de  vîtefie  (i  elle  fait 
50  ou  (iO  tours  par  minute;  une  plus  grande  vi- 
teile  échauffe  trop  la  farine. 

Les  meules  ordinaires  ont  depuis  ç  jufqu'ii  ypiedf 
de  diamètre ,  fur  12  ,  1 5 ,  ou  lè  pouces  depaiiïeur, 
&  peuvent  pefer  depuis  30CO  à  4500* 

Si  celle  de  450D  fait  5)  tours  par  minute,  elle 
peut  moudre  en  24  heures  120  fctiers  de  hit ,  du 
poids  de  75  livres  chacun  ,  quand  la  meule 
efl  nouvellement  piquée ,  &  qu  elle  eft  de  bonne 
qualité  ;  rexpérience  faifsnt  voir  que  les  plus  dures 
&  les  plus  fpongieufes  font  préférables  aux  autres. 
Voyez  le  jirofil  des  meules  {ftg>  J  y  P^*  -^)» 

On  enferme  les  meules  avec  les  ankurts  (  66  , 
fg.  2y  pL  X);  c'eH  une  mcnuiferie  de  2  pieds  de 
haut  fur  20  pieds  de  pourtour  environ  ;  cela  dépend 
de  la  grandeur  des  meules ,  qui  ont  environ  6  pieds 
de  diàmèire  ;  eKe  fe  démonte  en  trois  pariivS 
quand  on  veut  reb^tTe  les  meuîes  ;  elle  cii  taite 
de  6  toîfcs  4  pieds  de  courbes,  qui  ont  3  pouces 
de  gros  :  on  comprend  dans  ces  6  loiles  4  pieds , 
les  cintres  dans  lefquels  il  y  a  uns  rainure  pour 
y  loger  les  trente  doives  ou  panneaux  qui  font 
le  pourtour  des  meules  ;  ces  courbes  for^t  entre- 
tenues par  neuf  travcrfes  de  24*'poàiccs  de  loiig , 
fur  2  &  3  pouces  de  gros. 

On  met  fur  les  archures  les  coKvercçdux  ,  qui 
font  quatre  planches  d'un  pouce  d'épais ,  dont  2 
font  devant ,  ik  deux  derrière  ,  8t  qui  fervent  à 
enfermer  les  mcuUs. 

Au  defTus  des  ?,rchuref  ,  &  derrière  la  trémie , 
eft  la  tnmpLfe  (  6y ,  pL  yill  ) ,  qui  ei\  une  pièce 
de  bois  ae  9  pieds  de  long ,  fur  6^4  pouc;s  de 
gros,  dans  un  des  bcuîs  é<  iaquelie  ,  favoir ,  celui 
qtii  cft  derrière  la  trémie,  entre  l'épie  de  fcr 
^  70 ,  pL  ïdi  m,) 

A  6  pouces  de  loin  de  cet  endroit  tft  le  por, 
teau  deboiri  (68,  pt,  iJim"),  qui  porte  le  cos- 
d'àtie  fur  lequel  porte  U  trempure. 


78 


M  E  U 


A  Vautre  bout  cft  attachée  une  corde  qui  paffc 
an  travers  du  plancher  ,  &  va  s'arrêter  à  côte  de 
la  huchiî ,  ou  bien  eft  chargée  d'un  poids. 

Un  peu  au  deflus  de  la  trempure ,  eft  une  grande 
gouttière  de  bois  qui  fort  hors  du  moulin  ,  pour 
ëgoutter  les  eaux  de  la  pluie,  qui  pourroient  couler 
]8  long  de  larbre  tournant ,  6c  tomber  fur  les 
meules. 

Au  premier  étage,  derrière,  &  à  fix  pouces 
î#in  de  rattache  (B  ,  pL  IX)  ,  qui  a  3  toifes  de 
long  fur  24  pouces  de  eros  ,  ÔL  autour  de  laquelle 
tourne  le  moulin ,  cft  le  poteau  du  faui  fooimier 
(  fis*  ^8)  de  6  pouces  de  long  ,  ti  pouces  de 
Hfge  t  ôc  G X  pouces  d^épaifleur,  cmmortoifé  par 
un  bout  dans  le  taux  fommier  (  26  )  qui  a  11  pieds 
de  long  fur  6  &  7  pouces  de  gros  ,  &  qui  fouiicni 
ïê  plancher  drîs  meules  ,  &  par  Tautre  dans  un  dou- 
blcau»  qui  efi  une  tics  pièces  qui  forment  le  plan- 
cher du  premier  érage. 

Dans  ce  poteau ,  environ  à  )  pieds  du  faux  fom- 
mier >  eft  cmmortôifé  par  un  bout  à  tenons  &  mor- 
toife  double  ♦  fans  être  chevillé,  le  palier  30  du  petit 
fer  {pLVlI). 

Ce  palier  a  6  pieds  de  long  fur  6  pouces  de  gros  , 
8t  pane  par  Tauirc  boui  fur  la  braie  32  (  />/.  idem  )  , 
laquelle  a  6  pieds  de  long  fur  6  pouces  de  gros , 
&  qui  eft  emmortoifée  par  urt  bout  dans  fon  poteau 
3  I  ,  qui  a  7  pieds  de  haut ,  fur  8  à  9  pouces  de  gros. 

La  braîe  par  Vautre  bout  eft  foutcnue  par  Tépée 
de  fer  (  ";o,  pL  l'IIf.  )  qui  paffc  au  travers. 

Cette  àpét  a  $  pieds  7  de  long ,  3  pouces  de 
hree  ,  un  demi-pouce  d'épais. 

Le  p  ilier  eft  guidé  du  côté  de  la  braic  par  une  cou- 
liiïe  verticale ,  pratiquée  dans  le  poteau  cie  rempbge, 
qui  fait  partie  du  pan  de  bois  derrière  b  braie' 

Un  tenon  pratiqué  à  Textrémité  du  palier  entre 
dans  cette  couiiflc ,  où  il  peut  fe  mouvoir  verti- 
calement. 

Au  milieu  du  palier  du  petit  fer  eft  la  fouche 
(  30  ,  pL  VII  )  ,  qui  cft  un  morceau  de  bois  de 
Ij  pouces  de  diaraèt  e ,  fur  6  pouces  d'épab^  au 
iniheu  de  laquelle  e(l  te  pas  ou  la  crapaudine  , 
dans  laquelle  tourne  le  bout  iaférieur  du  petit  fer. 

L'épéc  qui  >  comme  nous  avons  dit ,  entre  par 
le  bout  fupérieur  dans  la  trempure,  tic  par  Tirtf^- 
rieur  dans  le  bout  de  )a  braîe  ,  fert  de  planche. 

Cette  ouverture  circulaire  a  le  même  diamètre 
ifue  la  chau(re  qu*on  y  fait  paffer  toute  entière  j 
&  dont  rcxtrèmiié  ,  garnie  de  peau  &  d'un  cerceau , 
eft  retenue  par  ce  cerceau  qui  forme  un  bourlet 
d'un  diamètre  plus  grand  que  celui  de  l'ouvertiRC  ; 
en  étend  enfui  te  la  chauffe  en  long  dans  la  lon- 

ftcur  de  la  huche  ,  obfervant  de  taire  entrer   la 
tgoctte  dans  les  boucles  {f  G  ^  fi^,  s,  pL  X) 
ou  attaches  deflinées  à  la  retenir. 

On  accroche  les  quatre  extrémités  des  deux  lon-^ 
gués  barres  du  châlfii  aux  lanières  des  treuils  qui 
^o^vent  les  recevoir ,  êc  qu*on  aura  lâchés  pour 
ccne  opération ,  on  fait  cnfuite  entrer  l'entonnoir 
déO^  le  trou  pratlqaé  k  h  furf^çe  fapérieure  de 


M  E  u 

la  cage ,  qui  répond  à  Tanche ,  où  cet  entonnoir 
eft  retenu  par  le  bourlet  dont  il  eft  garni. 

On  dirige  Tanche  dans  cet  entonnoir,  ou  le 
manche  qui  lui  fert  de  prolongement  «  atin  que  U 
farine  qui  fort  par-!à  d  entre  les  meuks  ,  entre 
dans  la  chauffe  du  blutoir. 

On  accroche  aufft  aux  chevilles  les  deux  longues 
cordes  (  O  P")  qui  côtoient  dans  des  fourreaux 
la  longueur  de  la  chauffe  ,  &  on  loidit  cc9 
cordes  à  difcrétiôn  ,  en  faifanr  tourner  plus  ou 
moins  les  petits  treuils  qui  tirent  le  châlTis  ,  & 
dont  les  étoiles  font  retenues  par  les  cliquets  qui 
leur  répondent  :  en  cet  état  le  blutoir  en  monté* 

Il  y  a  une  tourte  (a^fig,  ç  ,  pL  X)  de  2a 
pouces  de  diamètre,  frétée  d*une  bande  de  fer, 
oui  cft  fixée  fur  le  petit  fer  des  meules  au  deffus 
de  la  fouche ,  6c  au  deffous  des  cartelles  qiu 
foutiennent  le  plancher  des  meules. 

Cette  tourte  eft  traverfée  par  quatre  chevilles 
de  bois  de  cornîer  oualizier,  comme  les  fu féaux 
de  la  lanterne  »  ou  les  alluchons  du  rouer  ;  à  ces 
chevilles  répond  rcxtrémité  K  d'un  bâton  K  L« 
fê*  $  »  p^*  X  j  fixée  par  des  coins  dans  un  arbre 
Ou  treuil  vertical  M  N ,  placé  du  côté  de  la  baf- 
cule  du  frein ,  dont  les  pivots  roulent  «  favoir  «  celui 
d  en-bas  fur  une  crapaudine  fixée  fur  le  fécond 
doubleau  du  plancher  inférieur ,  ou  fur  une  fe- 
melle ,  dont  les  extrémités  portent  fur  le  premier 
&  le  fécond  doubleau.  Le  tourillon  fupérieur  du 
même  axe  roule  dans  un  collet  pratiqué  à  une  àc% 
faces  d'une  des  cartelles  qoi  foutiennent  les  meules* 

Le  même  treuil  pone ,  comme  nous  avons  dit, 
lin  autre  bâton  appelé  bdguatt    (  F  G  ,  fig*  /  ,    , 
pL  X)  ^  qui  entre  dans  la  cage  du  blutoir  ,  &  va 
paffer  dans  les  attaches  qui  l^nt  coufues  fur  uno 
des  longues  cordes. 

La  tourte  (  a  ,  fg,  ç  ^  pi  X)  ^  qui  tourne  avec 
la  meule  fupérieure  ,  éloigne  horizontalemenr 
quatre  fois  à  chaque  révolution  Textrémité  K  du 
baron  qui  lui  répond  »  ce  oui  fait  tourner  un  peu  le 
treuil  vertical ,  Ôt  par  conséquent  la  baguette  qui  y 
ed  fixée.  Cette  baguette  tire  donc  la  chauffe  norî* 
zonfalement  jufcfua  ce  que  la  cheville  qui  répond 
au  bâton  fupérieur ,  venant  a  échapper  »  Taâion 
élaftique  des  longues  cordes  qui  ont  été  tendues 
hors  de  la  dire^ion  reâiligne  que  la  bande  par 
le  petit  treuil  leur  a  donnée,  ramène  la  bagucrc^ 
dans  le  fcns  oppofé  ;  ce  qui  fera  retourner  le 
treuil  &  le  bâton  en  fens  contraire  »  jufqu'à  ce 
que  celui-ci  foît  arrêté  par  une  des  chevilles  de 
la  tourte  a  ,  c^ui  «  en  tournant  »  fe  préfente  à 
lui ,  &  fur  laquelle  il  tombe  avec  une  force  pro* 
portionnée  â  la  tenfion  des  longues  cordes* 

Ces  ofciliations  horizontales ,  répétées  quatre 
fois  K  chaque  tour  de  meule,  font  que  la  tarioe 
mêlée  au  Ion ,  qui  eft  entrée  par  Tentonnoir  de  la 
chauffe ,  eft  promenée  en  long  &  en  large  dans 
la  chauffe  ,  &  qu'elle  paffc  au  travers  comme  au 
travers  d*un  tamis  ^  Si  tombe  dans  la  huche. 

Le   fon  beaucoup  plus  gros  ,   ne  pouvant  y 


M  E  U 

falcr ,  efl  promené  en  long  &  en  large  dans  la 
ckmffie  ;  en  long  »  parce  que  U  longueur  de  la 
dtu^  eft  inclinée  à  Thoriion ,  &  fort  enfin  par 
Fouvcrture  annulaire  où  eft  le  cerceau ,  &  Ce  ré- 
paad  fur  le  plancher  ou  dans  les  facs  deflinés  à 
le  recevoir. 

On  garnit  de  peau  de  mouton  les  extrémités  de 
là  chautTe ,  parce  que  les  parties  fléchies  un  grand 
noobre  de  lois  en  fcni  contraire ,  feroient  bientôt 
xûmpyes  ,  fi  elles  étoicnt  feulement  d'éramine. 

CiJimme  ce  failemecK  continuel  élève  cotnme  en 
T9fmu  lei  parties  Ui  plo^  lincs  do  la  i'arine ,  on  a 
fita  de  clore  la  cage  du  blutoir  «  foit  avec  des 
plsochef  pour  le  deiîus ,  ou  avec  des  toiki  epai^Ies 
pour  te  tour  d*?  cette  cage» 

Même  on  met  un  morceau  de  toile  devant 
roinrenure  par  laquelle  fort  le  fon ,  pour  empêcher 
de  ce  côté  la  pêne  de  la  folle  farine  :  ce  loorceau 
de  tOile  eft  feulement  attadié  par  fa  partie  fopè- 
notre ,  &  pend  comme  un  tablier  dtvant  Tau* 
vcnure  de  la  cIuufTe ,  par  laquelle  le  fon  s'échappe. 
Ce  (bnc  les  chutes  du  bâton  fur  les  chevilles 
«jui  cadrent  le  bruit  que  Ton  entend  dans  les 
lûoolms  »  lorfqu'on  laifl'e  agir  le  blutoir  :  car  lorf- 
OHM  oc  veut  pas  féparer  le  fon  de  la  farine ,  on 
ui%eiid  r«fet  du  blutoir ,  en  éloignant  le  levier 
des  dirvîlle$  par  le  moyen  dïine  peûie  corde  que 
Ton  attache  à  quelque  partie  du  moulin;  on  fait 
iiiffi  pailer  le  manche  de  Tanche  dans  une  autre 
anwcnure  (X,  Jîf,  4  ,  pi.  X)  ,  au  haut  de  la 
cage  de  U  huche  ,  que  celle  qui  répond  à  la  chauiTe 
élu  blutoir,  &  la  farine  mêlée  avec  le  fon  eft 
tecue  dans  la  huche. 

Pour  i*en  retirer  ,  il  y  a  vers  les  extrémités  de  la 
boche  des  ouvertures  (D  E,  ^/,  îd,)  pratiquées  dans 
U  face  anrêxicure,  6c  fermées  par  des  planches 
mobiles  dans  les  couliflTes  que  Ton  pouffe  d'un 
côré  ou  d'autre  pour  ouvrir  ou  fermer  ;  c'efî  par 
ces  ouvertures  que  Ton  retire  la  farine ,  que 
ron  met  dans  des  facs  pour  la  tranfporter  ou  Ton 
jtî^c  à  propos. 

La  huc/ii  repréfentée  en  grand  ,/^.  4,  pi  X^ 
<pti  reçoit  la  farine ,  eft  de  menuifcric.  Les  plan- 
ches qui  to  font  b  fermeture  ont  un  pouce  d  épais: 
les  quatre  pieds  &  les  huit  traverfes  font  des 
pUncfics  de  deia  pouces  d'épais ,  qui  funt  refendues. 
On  appelle  Tanche,  fîg,  1  ,  pL  A\  h  conduite 
par  laquelle  la  farine  tombe  dans  la  huche  ou  dans 
le  blutoir ,  par  le  moyen  de  la  trernpurc ,  qui  eit  un 
levier  à  lever  la  meule  fupérieure  ;  ce  qui  fait 
voudre  plus  gros  ou  plus  menu  ,  parce  que  le 
petit  fer  fouitunt  h  meule  fupérieure* 

Le  petit  fer  pofe  fur  Ton  palii^r,  qui  pofe  fur 
h  braie,  il  fera  levé  fi  on  tire  la  cords:  qui  ert 
anicbéc  au  bout  de  U  trempure. 

Le  hlatoir  eft  une  chautTe  prefque  cylindrique 

(  A  B  ,  f^,  4  f  S  ^  ^  y  P^-  ^)  d'étamine  plus  ou 

moins  tîne  ,  d'environ  8  pieds  de  longueur,  qui  eft 

placée  ciî  long  dans  la  cage ,  au  deiFus  de  la  huche. 

Cette  chaufle ,  compoféc  de  trois  ou  quatre  lés 


M  E  u 


79 


d'étamine ,  eft  terminée  par  le  bou*  B ,  par  un 
cerceau  d'environ  18  pouces  de  diamètre;  6c  de 
raurrc  bont  A  ,  par  un  châffis  quadra'ngulaire  , 
d'environ  8  pieds  de  lon^  fur  7  à  8  pouces  de 
large. 

Ce  châftîs  &  U  cerceau  font  bordés  de  peau 
de  mouton  ,  longue  du  c6té  du  cerceau  d'environ 
3  pouces ,  6t  à  laquelle  l'étamine  efl  réunie  psr 
une  couture  double.  Du  côté  du  cltânis ,  qui  elt 
lui-même  f#rmé  par  une  pièce  de  pareille  peau  , 
clouée  avec  rivet  furie  bols,  eft  auft"i  une  (^m- 
btabk  bande  de  peau  ,  mais  plus  Urgc,  fur  la  cir> 
confér&nce  de  laquelle  la  chaufte  eft  également 
arrêtée  par  tKie  double  couture. 

Œtte  bande  de  peau  eft  percée  à  la  partie  fupé- 
rieure ,  d'une  ouverture  circulaire  d'environ  \ 
pouce*  de  diamètre,  à  laquelle  on  ajuHe  un  en- 
tonnoir (  C  ,  fg,  S  >  p^*  ^)  f  ^^*^^  *J^  pc^tj  de 
naoutofi,  ^  tertniné  par  un  bourlet  d*un  pouctf 
ou  un  pouce  &  demi  de  grolT':;ur- 

Ce  bourlei  fert  à  retenir  ^entonnoir  a  Touvcr- 
turc  pratiquée  à  la  face  fiipérieure  de  la  cage  du 
blutoir ,  comme  on  voit ,  jig,  4.  Cette  ouverture 
répond  à  Tanche  par  laquelle  la  farine ,  mêlée  au 
fon  ,  fort  de  dedans  les  archures  q^i  renferment 
les  meules. 

Le  long  de  U  chauffe  &  de  chaque  côté,  depmi 
le  milieu  des  traverfes  verticales  du  châftis  jus- 
qu'aux extrémités  du  diamètre  horiionttl  du  cer- 
ceiîi  qui  termine  la  chauffe  ,  s'étendent  deux  cordes 
(  O  P  ,  /^*,  f  ,  tf ,  />/•  ^  )  ,  de  7  à  8  lignes  de  dia- 
raétre,  qui  fom  renfermées  dans  des  fourreaux  de 
peau  de  mouton  ,  coufus  fur  la  longueur  de  U 
chauft*e  ,  fui  vaut  les  lifiéres  de  l'étamine.  Ces 
cardes  font  arrêtées  par  un  nœud  fur  les  traverfes 
du  châflis ,  Se  de  Tauire  bout  fur  quelques  cht- 
villes ,  près  de  Touverture  latérale  ,  à  laquelle  le 
cerceau  de  la  chaufTe  ell  ajullé. 

Sur  le  milieu  de  la  chiuile  ,  &  fur  le  fourreau 
qui  renferme  la  plus  proiTe  de  ces  cordes  dent  on 
a  parlé,  on  coud  ,  à  8  eu  10  pouces  de  diftance 
Tune  de  Taturej  deux  attaches  (  F  G  ,  f^\  S  ->  ^  t 
pL  if  ) ,  ou  boucles  de  cuir  de  cheval ,  du  lîe  peiu 
d'anguille  ,  dont  rouvert ure  fok  alTcz  grande  pour 
recevoir  !*extrémjté  d'un  baron  qu'on  appelle  ôj- 
pietu  y  d'un  demi -pouce  environ  de  groflTeur  :  ce 
bâton  eft  fixe  par  fon  antre  extrémité  dans  une 
mortoife  pratiqi^ce  à  Tarbrc  vertical  M  N  ,  qui 
fait  agir  le  blutoir. 

Jî  y  a  du  coté  de  la  cage  qiû  répond  au  chiKi^ 
de  îa  chaufie  ,  deux  petits  treuils  {a  h  ^  c  ti  ^  Jt\^  ^  , 
pi  X)  horizontaux  ,  d'un  pouce  ÔL  demi  de  gros  , 
doni  les  collets  font  arrêtés  dans  des  entailles  pra- 
tiquées aux  faces  extérieures  des  deux  poteaux 
co  nicrs  de  la  face  latérale  de  la  cage  du  blutoir  , 
&  où  ces  collets  font  retenus  par  de  petites  fe- 
melles qui  les  recouvrent.  Ces  deux  treuils  portent 
chacun  à  leur  extrémité  une  roue  de  4  ou  ^  poiicc^ 
de  diamètre  ,  dentée  en  rocher,  que  Ton  appelle 
<f;s>î/<r,  h.  chacune  defqucHes  répond  un  c!iqit;fr ,  4k 


M  E  U 

par  leur  moyen  an  fixe  ces  petits  treuils  ùxi  l'on 
vciu. 

Chacune  des  quatre  extrémirés  des  longues 
barres  du  châfTis  de  la  chauffe ,  &  qui  excède  au 
delà  du  travers  d'environ  un  demi- pouce  ,  eft 
arrondie  en  façon  de  poulie.  C'eft  fur  ces  efpéces 
de  poulies  que  Ton  fait  paffer  des  cordelettes  ou 
d^s  lanières  de  peau  d^anguUle  ou  de  cuir ,  dont 
une  des  extrémités  eft  accrochée  à  une  entre- toife 
fixée  aux  montans  de  la  cage  ,  &  l'autre  extrémité 
ed  attachée  à  un  des  petîs  treuils  ^  favoir  ,  les  deux 
fupéneures ,  aui  répondent  aux  extrémités  de  la 
longue  barre  fupérieure  au  treuil  fupérieur  (a  b), 
&  les  deux  autres  au  treuil  inférieur  (  c  d ,  fig*  S  , 

Pour  monter  la  chauffe  du  blutoir  dan^la  cage, 
on  fait  premièrement  paffer  de  dehors  en  dedans , 
le  chàms,  par  l'ouverture  circulaire  pratiquée  dans 
une  des  faces  latérales  de  la  huche  fermée  en  cet 
endroit. 

Tout  ce  que  Ton  vient  d'expliquer  ne  regarde 
que  la  machine  du  moulin* 

De  la  maçonntrlc  qui  foutUnt  la  cage  du  moulin* 

On  t>âtit  ci|-culairement  un  mur  de  moellons, 
d'environ  urv  demt-pied  d'épaiffeur  fur  ti  pieds 
de  haut  :  Tcfpacc  en  dedans  oeuvre  qu'il  renferme , 
cfl  de  21  pieds  de  diamètre.  On  divife  cette  cir* 
conférence  en  quatre  parties  égales, &  en  bâtiffint  le 
mur  ^  on  bâtit  auffi  quatre  gros  piliers  de  pierres  de 
même  hauteur  que  le  mur ,  mais  faillans  en  dedans 
hors  du  mur ,  d'environ  )  pieds  fur  z  pieds  de 

On  met  à  Téquerre  fur  ces  quatre  piliers  élevés  de 
m^me  hauteur ,  &  dreffés  de  niveau  deux  à  deux  ; 
favoir,  ceux  qui  font  diamétralement  oppofès  , 
les  folles  {AfpL  IX  )  »  de  4  tojfes  de  long  fur 
iç  à  16  pouces  de  gros,  fur  le  milieu  desquels 
eft  encadrée  fattache  B  , 
fur  deux  pieds  de  gros  , 
tourne  le  moulin. 

Aux  quatre  b^uts  des  folles  ,  dans  la  face 
fupérieure  ,  on  fait  deux  mortoifes  cmbrevèes 
Tune  après  l'autre;  on  en  fait  aufli  deux.  Tune 
au  deffus  de  l'autre ,  dans  chaque  fjcc  de  l'attache 
qui  eft  quarrée  ;  &  dans  ces  mortoifes  font  emmor- 
foifés  huit  liens  (CC,  pL  iJem)^  dont  les  quatre 
f^pé^jeurs  ont  la  pieds  de  longueur  fur  15  à  16 
pouces  de  gros;  oc  les  quatre  inférieurs,  9  pieds 
de  long  fur  1 2  pouces  de  gros  ;  ils  tiennent  rat- 
tache bien  ferme  &  bien  à  plomb. 

Sur  ces  liens,  jufte  autour  de  Tattache  qui  eA 
arrondie  à  16  ou  20  pans  ,  eft  un  affemblage 
quat  ré  de  quatre  pièces  de  bois  (yî^.  4 ,  pL  Vîfl)  , 
appelle  il  chaîfe  ,  de  5  pieds  de  long  fur  11  pouces 
de  gros  :  cet  alTcmhîage  eft  à  tenons  et  mortoifes 
douoles  ;  mais  îcv  ferions  fortent  affcj  pour  y  mettre 
deux  groffcs  chevilles  quarrées*  La  partie  fupérieure 
de  la  chaifc  cfl  airondie  cylindriqucm^ent  fur  Tépaif- 
fçur ,  dVnviron  4  ou  ^  pouces^ 


ut  a  3  toifes  de  long 
autour  de  laquelle 


M  E  u 

Sur  la  chaife  font  pofôes  parallèlement  les  traites 
(Jî^,  6  t  d,  pi,  VIL  ),  de  3  toifes  de  long  fur 
j  5  à  16  pouces  de  gros ,  éloignées  Tune  de  Taurre 
eu  diamèrre  de  Tattache  ;  dans  les  deux  trattes 
font  affemblés  d'équerre  à  tenons  &  mortoifes  , 
les  deux  couillards  (/^.  7  ,  7  ^pL  idem)  ^  de  trots; 
pieds  de  long ,  y  compris  les  tenons  ,  fur  quinze 
à  16  pouces  de  gros. 

Cela  fait  avec  les  trattes  un  quatre  qui  renferme 
l'attache. 

On  pofe  fur  les  trattes  les  huit  doubleaux  {fig.8  ^ 
pL  VU)  ou  fûlives,  chacun  de  ïi  pieds  de  long 
fur  7  &  8  pouces  de  gros ,  aui  font  le  plancher 
du  premier  étag«k»  &  fur  les  doubleaux  on  y  mec 
des  plandies  d'un  pouce  d'épais  ,  qui  font  le 
plancher. 

Les  quatre  poteaux  cornîers  {fîg.  p  ,  pL  idem  ) 
font  les  quatre  poteaux  qui  font  les  angles  de 
la  cage,  &  qui  en  font  la  hauteur;  ils  ont  19 
pieds  6l  demi  de  long  fur  10  à  1 1  pouces  de  gros. 

Dans  les  bouts  de  ces  poteaux  ^  qui  font  plus 
bas  que  les  trattes,  s'affemblent  trois  petites  fou* 
pentes  {jîg,  10,  pL  idem  )  de  15  pieds  de  long 
pour  les  deux ,  qui  font  la  longuetir  du  moulin  « 
6c  de  il  pieds  pour  celle  qui  en  fait  la  largeur 
du  côté  des  ailes  ;  elles  font  garnies  chacune  de 
3  potelcts  ,  ou  entretoîfes  (11  pL  idem  )  de  3 
pieds  de  long  ,  affemblés  d'un  bout  dans  les 
foupentes ,  &  de  Tautre  dans  les  panncttes.  Pour 
ceux  qui  font  dans  la  longueur  du  moulin ,  &  pour 
ceux  qui  font  dans  fa  largeur,  ils  font  affemblèi 
dans  le  dernier  doubleau  vers  les  ailes. 

Tant  les  foupentcs  que  les  pocelets ,  ont  j  à  4 
pouces  de  gros. 

lï  y  a  une  quatrième  foupcnte  {e ,  pL  idem  ) 
de  II  pieds  de  long  fur  8  à  to  pouces  de  gros  , 
emmortoifée  dans  les  deux  poteaux  cornîers  qui 
font  vers  la  queue  du  moulin  »  Se  qui  fert  à  U 
porter  ,  parce  qu'elle  eft  pofée  dtffus  ,  &  de  phi» 
parce  qu  il  y  a  un  boulon  de  fer  qui  eft  arrêté  » 
par  une  groffc  tête  qull  a ,  dans  le  premier  dou* 
blcau ,  en  allant  de  derrière  en  devant ,  &  qui 
paffe  au  travers  de  la  quetae  6l  de  fa  foupcnte  ^ 
&  eft  arrêté  par  deffous  avec  une  clavette. 

La  queue  (  D  D ,  /?/.  idem  )  a  38  pieds  de  long 
fur  I  ç  pouces  de  gros  par  le  bout ,  qui  efl  a(- 
femblé  diins  le  couiiîard  où  elle  eft  attachée  ;  cUc 
va  un  peu  en  diminuant  par  l'autre  bout ,  au- 
quel tient  une  corde  avec  laquelle  on  met  le  mou- 
lin au  vent. 

Des  deux  côtés  de  la  queue  font  les  limonf 
{E  ^  pi,  id<m)  de  la  momêe ,  de  la  longueur  dont 
il  eft  befoin  pour  aller  depuis  Iç  rcz-de-  chauffée 
jufque  dans  le  moulin  ,  fur  la  pouces  de  large  & 
ç  d  épais  i  ils  font  pofés  de  champ,  &  font  affem- 
blés dans  les  deux  bouts  dt:s  traites;  on  les  t«iUe 
par  dents  de  10  pouces  de  hauteur ,  depuis  le  haot^ 
|ufqu*en-bas  ,  pour  y  placer  les  marches  ^  qui  oni 
fix  pieds  de  long  &  un  pouce  d'épais, 

Vert 


^IMI 


M  E  U 

Vers  le  milieu  de  la  queue ,  tû  un  aflembla^e 
«ic  diarpeme  (F^  pL  idem  )  apelé  ckevdUt ^  qui 
fisn  à  cmretenlr  li  montée  avec  la  queue  :  U  efl 
cootpolc  de  deux  bras  (  14,/»/*  idem  )  de  8  pieds 
rfc  lâog  ruf  4  8c  6  pouces  de  grès  »  appliqués  aux 
^cnx  côtes  de  la  queue  d^une  cntrêtolle  (i6) 
aflcmblèe  à  tenons  6l  mortoifes  embrevée  dans 
les  bris ,  &  pofée  fur  la  queue  ;  elle  a  de  long 
Il  liTgeiir  de  U  queue  en  cet  endroir ,  fur  3 
&  (fu^rre  pouces  de  gros  au  delTus  de  rcntretoife. 

Sur  le  bouts  des  bras  eft  afTemblé  le  ch3pcron 
17  ,  de  2  pieds  de  lorg  fur  4  &  6  pouces  de  gros* 

Dans  les  bout  inférieurs  des  bras  e^  a/Tenibié 
le  fo?port  15  de  la  montée  ,  qui  a  6  pieds  de 
lonjg  kir  4  &  6  pouces  de  gros  ;  &  pour  le  mieux 
Tcikr  arec  les  bras ,  il  y  a  des  étriers  de  fer  qui 
reodsrsâcm  par  deflbus ,  &  qui  font  attachés  fur 

là  llflS, 

Sur  le  bouc  des  trattes  au  haut  de  la  montée , 
eft  placé  le  faux  poni ,  de  trois  pieds  &.  demi  de 
large  »  fur  8  pieds  de  long  \  les  planches  qui  en 
font  le  plancher  ont  un  pouce  d'épais  ;  elles  por- 
teoT  par  un  bout  fur  les  trattes ,  &  de  Tautre  fur 
tmc  pnite  fabliére  de  3  pieds  4  pouces  environ 
de  loiigueuf  »  fur  ^  &  6  pouces  de  gros  ,  aflem- 
fc  ée  dans  Je  poteau  cornier,  &  foutenue  par  defTous 
arec  on  lien  de  4  pieds  de  long  fur/  864  pouces  de 
gn»  p  cmmortoitc  dans  la  fabliére  ,  &  dans  le  bout 
<la  poteau  cornier. 

Dans  les  bouts  des  fablières ,  tant  de  celle  qui 
porte  le  faux  pont ,  que  de  celle  qui  porte  la  galerie, 
m&  afliemblè  le  poteau  d'angle  (19,/?/.  iirm  )  du 
&IUC  pont,  de  huit  pieds  de  long  fur  quatre  pouces 
de  gros;  dans  ce  poteau  &  dans  le  poteau  cornier 
ellaâremblérappui(io)dufaux  pont^  de  trois  pieds 
de  long  fur  quatre  6l  trois  pouces  de  gros* 

II  y  a  une  petite  guette  qui  ed  afTcmblee  dans  cet 
^ppuî  &  dans  la  petite  fabliére  qui  eft  deiïous  ; 
elle  1  rrob  pieds  quatre  pouces  de  long ,  fur  quatre 
8c  trois  pouces  de  gros  :  il  y  a  encore  à  l'entrée  du 
£atar  pont ,  un  autre  poteau  égal  &  parallèle  au  po- 
teau d^angle^  avec  un  appui  qui  les  )aînt^ 

Sur  les  extrémités  des  doubleaux  font  pofées  les 
paaisetxes  (  23  ) ,  de  quinze  pieds  de  long  fur  fept  à 
Duk  pouces  de  gros ,  aiïemblécs  à  tenons  de  mortoi- 
feSt  cmbrevèes  dans  les  poteaux  corniers. 

Le  pan  de  bois  au  pourtour  du  premier  étage ,  eft 
eosnpofé  de  quatorze  euettes  (  14,  pL  idem)  de 
hait  pteds  de  long;  de  (ept  poteaux  de  remplage,  y 
compris  ceux  d'huifferie  de  fept  pieds  de  long,  Si  du 
Itmeau  de  la  porte  »  fur  quatre  &  neuf  pouces  de 
gros#  tant  les  uns  que  les  autres. 

L^  guettes  &  les  poteaux  qui  font  dans  les  lon^ 
lues  faces  du  moulin  font  alTemblés  dans  les  pan- 
nettes  &  dans  les  pannes  meulières  (  41 ,  pL idem); 
&  celles  &  ceux  qui  font  dans  la  largeur  du  moulin  ^ 
iboe  ilTefiiblés  dans  te  premier  &  dernier  doiibleau , 
&dins  les  colliers  (40). 

Sfirleboutde  Taitache  eft  pofé  le  fommîer(i6), 
ée  dotue  pieds  de  long  fur  vingt  -  quatre  pouces 
Aru  &  Miiiirs*     Tomi  V.     Fanit  L 


M  E  u 


81 


dcg  os,dans  lequel  entre  fon  mamelon :c'eft  fur 

le  fommicr  que  le  moulin  tourne  »  &  que  porte 
une  partie  de  fa  pefanietir  ;  ccll  ce  qui  fait  qn'on 
le  garnit  d'une  plaque  de  cuivre  à  Tendroit  où  U 
pofe  fur  rattache. 

Derrière  &  paral'èlement  au  fommicr,  à  Cx  pou- 
ces loin,  e/l  placé  le  faux  fommier  {jfrg,  2j ,  pL 
VI!)  y  de  douze  pieds  de  long  fur  fix  à  fept  pouces 
de  gros;  il  cfl  cmmortoifè  dans  deux  poteaux  qui 
font  au  pourtour  du  premier  étaîçe  \  il  foutient  les 
bouts  des  quatre  cat  telles  36,  de  Ux  pieds  de  long  , 
fept  pouc.s  de  large,  6i  fix  pouces  d'épais ,  qui  fou- 
tiennent  les  meules. 

La  montée  qui  va  du  premier  étage  au  fccond , 
eft  compofée  de  deux  limons  (39 ,  pL  idem  )  de  neuf 
pieds  de  long  fur  quatre  &  fix  pouces  de  gros;  de 
dix  marche*  faites  de  planches  de  deux  pieds  & 
demi  de  long  fur  un  pouce  d*épais. 

Explication  des  pUcts  qui  font  au  fécond  fi»  au  dernier 
étage. 

Au  defllis  du  pan  de  bois  du  ^*^  étage,  font 
aflemblés,  dans  les  poteaux  corniers,  les  deux 
colliers  {fg.  40  ,  pL  VU)  de  douze  pieds  de  long  , 
fur  le  devant,  1  autre  derrière  le  moulin:  celui  du 
côté  des  volans  porte  les  bouts  des  cartel  les  fur  lef- 
quelles  les  meules  repofent  ;  celui  qui  eft  du  côré  de 
la  montée  porte  les  fept  folives  (  /;%  22 ,  pL  idem  ) 
de  dix  pieds  de  long  fur  cinq  6c  fept  pouces  de 
gros,  qui  compofentle  plancher  du  fécond  étage; 
elles  font  affemblées  d'un  bout  dans  le  fommier 
qu'elles  afl^urem  en  deffus  ;  &  de  Tautrc  bout» 
après  avoir  pafTé  fur  le  cellier ,  elles  ont  trois  pieds 
de  faillie  pour  former  la  galerie.  Sur  les  folives 
font  atTachées  des  planches  d*un  pouce  d'épais, 
qui  forment^  plancher. 

Ce  plancnfr  a  deux  ouvertures,  Tune  par  la- 
quelle on  monte  du  premier  étage  au  fécond  ,  8c 
Tautre  par  laquelle  on  tire  le  blé. 

Immédiatement  au  deïTusdu  plancher  du  fécond 
éta^e,  le  long  des  côtés  du  moulin,  font  aiïcm* 
blécs  à  tenons  &  mortoifcs  embrevées  dans  les 
poteaux  corniers  j  les  pannes  meulières  (^fg^t^ 
pL  Fil)  de  quinze  pieds  de  long  fur  neuf  &  dix- 
hutt  pouces  de  gros  ;  elles  font  pofées  de  champ 
fur  les  deux  bouts  du  fommîen 

Prés  les  pannes  meulières,  du  coié  des  volans, 
eft  une  entretoile  {  Jig*  42,  pL  VU)  de  douze 
pieds  de  long  fur  fept  à  huit  pouces  de  gros,  fer- 
vant  de  fabhére  ;  elle  eft  emmortoifée  dans  les 
poteaux  corniers. 

Le  pan  de  bois  au  pourtour  de  cet  étage,  eft 
compofé  de  douze  gue.tes  {fig.  24,  pL  idem^  )  de 
fept  pieds  &  demi  de  long  fur  quatre  &  fix  pouces 
de  gros  ,  &  trois  poteaux  de  remplage ;  il  eft  aflem- 
blé  pour  les  côtés  dans  les  pannes  meulières 
&  dans  les  hautes  pannes  (46),  &  pour  le  côté 
du  volant  dans  rentretoife  (41  )  ât  le  collier  fupé- 
rieur  (47).  qui  eft  au  dcftous  du  jeu. 

Uo  des  poteaux  ;  favoir ,  celui  qui  eft  du  côté 


82 


M  E 


des  valant ,  a  fept  pieds  &  demi  de  loflg ,  fur  quatre 
&  ûx  pouces  de  gros  ;  les  deux  autres  (  25  )  à  boila- 
ges  parle  Kaut ,  ont  la  mcxne  longueur  ,  fur  huit  à 
Heut  pouces  de  gros. 

Le  pan  de  bois ,  dans  la  face  de  la  galerie ,  cû 
coni pofé  de  trois  fabliéres ,  dont  la  première  (4 5  ) ,  efV 
à  la  hauteur  du  plancher ,  &  pôle  Lr  rextrèmiié  en 
faillie  des  folives;  la  féconde  (44)  fert  d'appui  aux 
croifécs  de  la  galerie  ;  8c  la  iroiftème  (/)  ,  qui  cft  à 
la  hauteur  des  hautes  pannes,  s'aiTcmble  en  en- 
taille avec  elles.  Ces  trois  fabliéres  ont  chacune 
douze  pieds  de  long  fur  crois  &  quatre  pouces  de 
gros  pour  les  deux  inférieures ,  &  quatre  fur  fiji 
pour  celle  qui  cft  à  la  hauteur  des  hautes  pannes. 
Elles  font  emmortoifces  dans  deux  poteaux  (43  ) 
de  neuf  pieds  de  long  fur  cinq  &  ù%  pouces  de 
gros,  qui  fcr%*cnt  de  poteaux  corniers  \  la  galerie  ; 
ils  (ont  affemblés  par  le  bout  d'en- haut,  dans  le 
bout  dts  hautes  pannes  «&  par  le  bout  d^en-bas, 
dans  deux  .petites  fabliéres  de  trois  pieds  6c  demi 
de  long ,  fur  quatre  &:  fix  pouces  de  gros ,  qui  font 
k  la  hauteur  du  platicher ,  &  qui  tiennent  à  tenons 
&  mortoifes  dans  les  gros  poteaux  corniers»  Elles 
foutieonent  les  ailes  de  la  galerie ,  ôc  ont  un  lien 
par-delTous  qui  a  quatre  pieds  de  long  fur  fept  & 
quatre  pouces  de  gros. 

Dans  les  petites  fabliéres  &  dans  le  bout  des 
hautes  pannes,  font  affemblées  deux  guettes»  une 
de  chaque  côté;  elles  ont  neuf  pieds  de  long  fur 
quatre  pouces  de  gros;  elles^  fom  ks  côtés  de  la 
galerie. 

■  Outre  les  trois  fabliéres  de  la  face  de  ia  galerie, 
il  y  a  encore  cinq  potclcis»  dont  1  qui  tont  les 
fenêtres,  ont  5  pieds  6c  demi  de  long,  &  font 
éloignés  les  uns  des  autres  de  1  pieds;  les  deux  autres, 
qui  font  sou^  les  milieux  des  fenêtres  > ont  3  pieds  6c 
demi  de  lon^.  Il  y  a  encore  quatre  gueoJks,  dont  deux 
qui  ont  5  pieds  8c  demi  de  long  ,  font  afferablées 
dans  les  fabliéres  d'appui  ,.&  à  la  hauteur  des  hautes 
rrînnes;  les  deux  autres  ont  3  pieds  &  demi  de  long , 
Ci.  font  aHemblées  dans  la  face  inférieure  de  la  fa- 
blière  d'appui  &  dans  celle  qui  pofe  fur  le  plancher  : 
toutes  ces  pièces  ont  trois  fur  quatJ  e  pouces  cie  gro^. 

Les  deux  hautes  pannes  (y/^^,  46,  même  pL  ),qui 
fervent  d'entablement,  ont  trois  toifci  de  lorg  Cur 
»4  pouces  de  gros.  C'cfl  dans  ces  deux  pièces  que 
font  affcmbUes ,  dan>  les  fa  ces  btéralcs  intérieures  , 
les  trois  p^hcrs  Scie  jeu  ;  &  dans  les  t,4C«5  inférieu- 
res ,  les  quatres  poteaux  corniers. 

Il  y  a  encore,  fous  les  quatres  hautes  pannes, 
l'un  devant,  Tautre  derrière,  deux  coHïçrs(/f^\ 
47 ,  pL  idem  )  de  i  ^  pieds  de  long  fur  8  a  9  pouces 
de  gros,  qui  font  afftmblés  dans  les  potejux  cor- 
niers. Celui  qui  eft  du  côte  de  \à  galerie ,  cft  fout enu 
par  deux  liens  de  3  pieds  de  long  fur  6  &  7 
pouces  de  gros  :  une  des  fermes  du  comble  pofe 
deiTiXs* 

Explication  4u  comhh* 

Le  C0mklt  eft  compoic  de  trol»  fermes.  Li  pru- 


M  Et; 

mîè?e,  en  commençant  du  c&té  des  ailes;  iioft- 
fur  le  jeu ,  &  eft  compofée  de  deux  arbalétriers  (  figm 
75  ,;»/.  IX)  de  9  pieds  de  long  à- peu-près  ;  d'un 
entrait  de  5  pieds  de  long,  &  d'un  poinçon  {fig* 
7)» de  3  a  4 pieds; le  tout fur4  &  6pcucesdcgf os* 

La  féconde  ,  qui  cft  au  milieu  du  moulin  ,  pofe 
fur  les  hautes  pannes  k  l'endroit  où  les  poteaux  de 
rem  plage  (25)  (ont  em  mortoifes  dans  les  hautes  pan- 
nes. Ces  poteaux  ont  un  boifage  par  le  haut,  pour 
mieux  foutenir  les  hautes  pannes. 

La  ferme  eft  compofée  de  àcn%  arbalétriers  ,  d'un 
demi-entrait  (76),  &  d'un  poinçon  qui  a  un  liei 
(78)  de  chaque  côté  ,  qui  s'cmmorioifc  dans  le  faîic 

(79)* 

La  troifiéme  ferme  pofe  fur  le  collier ,  &  eft  com* 
poféc  de  deux  arbalétriers,  d'un  poinçon  &  de 
deux  cntraits  ;  le  poinçon  a  un  lien  qui  prend  ut» 
peu  au  de  (Tus  de  rentrait ,  Se  va  foutenir  le  chevroiv 
de  la  croupe,  qui  eft  au  de^Tus  de  la  galerie  :  il 
y  a  encore,  à  cette  croupe,  deux  empanons  qui 
ont  5  à  4  pouces  de  gros ,  auffi  bien  que  le  chevron. 
de  croupe.  Il  y  a  lui  fake  ,  dont  la  longueur  eft 
de  iç  pieds,  far  7  &  5  ponces  de  gros,  &  fcize 
chevrons  {  f'if.  80,  pi.  IX)  de  11  pieds  de  long 
fur  3  Û£  4  pouces  de  gros. 

îi  faut  pour  retendue  de  la  couverture  ,111  toifesr 
de  planches  appliquées  fur  les  chevrons;  elles  fer- 
vent de  lattes  pour  attacher  les  bardeaux,  quionù 
10  pouces  de  long  &  3  pouces  de  large  :  ils  font 
pofes  en  pnreau  ordinaire  de  4  pouces;^  il  en  faui 
4500  pour  toute  la  couverture. 

Il  faut  auffi  pour  le  houff^àge,  fermeture  ou  dô* 
tu re  du  moulin  ,  1 27  ais  à  couteau  ;favoir»  t6de  15 
pieds  de  long,  48  de  18  pieds,  58  de  ta  PJ^ds* 
6i  5  de  3  pieds  pour  le  devant  du  faux  pont.  Tous- 
ces  ais  ont  dix  pouces  de  larg::,  9  lignes  d'é- 
paiiTeur  par  le  dos,  &  3  P^^r  le  lailUnt. 

Explication  de  Ctn^in  à  tirer  îè  hU* 

L'on  monte  le  blé  dans  le  fécond  étage  du  mouli# 
parle  moyen  d'une  machine  placée  àzns  les  fermes* 
du  comblt^,  &  dont  voici  la  defcripiion.  Cette  ma» 
chine  eft  compofée  dun  grand  arbre  Çftli^hgqpl, 
F//)  d'environ  6  pouces  de  diamètre,  oc  dont  l^ 
longueur  e&  depuis  le  plan  des  dents  du  rouet»  îuf* 
qu^à  la  croupe  dn  moulin. 

Cet  arbre  porte  en  /^,  du  ct^tè  du  rouet  ^  un  péril 
hériflbn  qu'on  appelle  la  machine ^  d'environ  a  piedt. 
de  diamètre,  &  dont  les  dcrts  peuvent  engr^iner 
intérieurement  dans  celles  du  rouet ,  lorfquVn  fou- 
lève  le  collet  fur  lequel  pofe  le  tourillon  de  cet  axe,. 
ce  qui  fe  fait  par  la  mécanique  fulvante. 

Le  cotlct  de  Taxe  eil  porrê  par  une  pièce 
bois  /  (  même  pL  \  mobile  par  une  de  fes  extrémité 
fur  un  boulon  tfe  fer  qui  traverfe  ,  &  un  des  che- 
vrons du  comble^  dans  lequel  on  a  pratiqué  une 
mo  toife,  ce  qui  fait  un  le\ ier  du  fécond  genre. 

L'exiréml'è  de  ce  levier  ctl  portée  parcelle  d'uii 
autre  levier /m  n ,  du  |:femier  genre ,  dont  le  point 
â'appui  m.  eil  une  petite  barre  de  kt  m  k  Ciilaot^ 


< 


M  E  U 

îdTct  iTune  chiSnc  par  laquelle  U  eft  fufpendu  i 
^elqucs-uns  des  cnevrens  du  comble  ;  Tautre 
cxtrèmUé  de  ce  fécond  levier ,  eft  armée  d'une  corde 
B^,  OUI  deicend  à  portée  de  la  main;  âc  que  Ton 
pcwt  mer  à  un  crochet ,  pour  laifTer  tourner  la  ma- 
cbine  tant  qu^on  en  a  befoin, 

L*mue  extrémité  ^  de  Tarbrc  eft  mobile  fur  un 
tout  de  chevron  cmmortoifé  dans  le  chevron  de  la 
croupe  ,  &  un  des  em panons  ;  ta  pirtîe  ^  (76)  de 
cet  arbre,  compriCe  depuis  cette  extrémité,  julqu  a 
Tcfidroît  cil  il  iraverfe  la  Éermure  de  croupe ,  fert  de 
treuil  fur  lequel  s*enroule  la  corde  q  G  r,  à  Texiré- 
tuitè  de  laquelle  eft  artachce  une  S  de  fer*  par  le 
moyen  de  liquclle  fie  de  la  corde  qui  pâlie  par 
Tav  :  de  cetïc  S  ,  on  faifit  le  lac  de  blé  que 

Tq^  lônicr  dans  le  mouhn. 

Cette  corde  païïe  fur  un  rouleau  mobile  par  un 
bautdxns  un  des  arbalétriers  de  la  ferme  de  croupe» 
Se,  éc  Tautre  dans  ta  fablière  de  ta  galerie,  qui 
eft  a  la  hauteur  des  hautes  pannes  ;  ce  rouleau  ren- 
yoic  U  corde  ,  ^  fait  qu*elle  defcend  à  plomb  du 
cenire  de  l'ouvert  are  de  ta  galerie, 

St}r  lemème  arbre,  entre  la  fermure  de  croupe  & 
celle  du  milieu  du  moulin»  eft  un  tambour  (g),  com- 
pmCè  de  différentes  lattes  qui  traverfent  Farbre  de 
rbrmetit  »  avec  d'autres  qui  leur  fervent  d'entre- 
toifes,  comme  une  efpcce  de  grand  dévidoir,  fur 
laquelle  la  corde  fans  fin  appelée  v/;7ic/i;7f,  fait  plu- 
fictirs  tours  :  cette  corde  defcend ,  fi  on  veut ,  aulîi 
bien  que  celle  du  levier,  dans  le 'premier  étage, 
la  TÎndenne  par  deux  trous,  ik  celle  de  la  bafcule 
par  un  feulement,  afin  de  pouvoir  manœuvrer 
cette  macHine ,  foit  du  premier  ou  du  fcconi  étage. 

Lors  d-onc  que  Ton  veut  monter  un  fac  dans  le 
iBoalin  ôc  par  le  moyen  du  vent ,  on  cire  la  corde 
m  p ,  fie  la  bafcule  de  ThéritTon ,  ce  qui  le  fouléve 
&  mer  fes  dents  en  prifeavec  celles  du  rouet  qui 
le  ^t  alors  tourner;  &  le  treuil  pratiqué  à  Ta  titre 
extrémité  de  Tarbre,  fur  lequel  la  corde  à  laquelle 
le  fac  eft  fufpendu,  s'enroule  pend^int  cette  opé- 
radon  ,  la  vindcnne  ou  corde  fans  fin  s'enroule 
é*tin  c6té  fur  le  tambour,  &  fe  déroule  de  Tayrre, 
co  forte  qu'il  y  a  toujours  le  même  nombre  de  tours 
fur  le  tambour  Si  en  nombre  fulHlant  pour  que 
cette  carde  ne  puifle  pas  glifler. 

Veut- on  cefferde  monter  le  fac?  il  n'y  a  qu*à 
lâcher  la  corde  de  la  bafcule ,  8c  le  poids  de  Thé- 
fiflcm  &  de  fes  agréts  1  te  faifant  aufTjtut  defcendre^ 
dégagera  fes  dents  de  celles  du  rouet,  il  cefTera 
de  tourner  :  mais  il  faut  alors  faifir  ta  vindenoe, 
faits  quc^i  le  poids  du  blé  contenu  dans  le  fac  feroit 
profnptemem  rétrograder  l'arbre  de  Thèriflon,  ce 
qib  feroit  dcfccndre  le  fac  avec  rapidité. 

On  peut  aufB  monter  le  blé  dans  le  moulin, 
^Boiqu^îl  ne  fafte  point  de  vent  :  il  ne  fauf  pour  cela 
oiie  manoeuvrer  Tarbre  par  le  moyen  de  la  vin- 
étnsm^  obfervant  que  les  dents  de  ThériiTon  ne 
lb«eDt  pas  en  prife  avec  les  dents  du  rouer. 

On  te  fert  de  la  mèmQ  machine  pour  defccndre 
l  11  ^âoe  au  bas  du  moulin. 


M  E  u  83 

Dr  tcngrin  ou  cabtfian  à  virer  4ir  vinK 

Venpn  à  virer  au  vent  eft  compofé  d'un  ereufl 
(/ig,  1%^  pi,  FIJI)  de  3  pieds  de  haut  fur  7  pouces 
de  diamérre  »  &  dont  U  tête  eft  garnie  d'une  frette 
de  fer,  pour  Tempéchcr  d*écUier  lorfqu'on  met  le 
levier  dans  Vocil  pour  le  tourner;  d'un  chaperon 
(M'  ï 3) *  tie  1  pieds  de  long  fur  4  pouces  de  gros, 
dans  lequel  font  affemblèes  par  le  haut,  les  jambes 
(^fig*  64) ,  qui  ont  2  pieds  de  long  fur  3  &  4  pouces 
de  gros  :  elles  font  aulfi  afTcmblées  par  le  bas ,  dans 
Telueu  Çfig.  60)  ,  qui  a  à  chacune  de  fes  extré- 
mités une  roue  (  fi^»  63  )-  d'un  pied  de  diamètre 
fur  3  pouces  d'ép;âs ,  pour  pouvoir  le  mener  plus  . 
faciement  où  Ton  veut. 

Dans  cet  eflicu  eft  afleniblée  la  femelle  {fig>  1  )  , 
dans  un  trou  de  laquelle  tourne  le  pivot  d*en  -  bas 
du  treuil;  celle  d'en  haut  (^J/g.  3),  eft  de  deur 
pièces  ,  pourembrafler  le  cohei  du  treuil  :  elles  font 
entrenues  par  le  poteau  du  bout  Çjig»  K)  ,qui  eft 
lui-même  arrêté  dans  la  femelle  par  deux  Uens{/^,  i). 
Ce  poicau  a  2  pieds  &  demi  de  haut  fur  4  a  ç 
pouces  de  gros;  les  liens  ont  4  pouces  de  gros 
fur  1  pied  &  demi  de  longueur.  On  amarre  cet 
engin  par  une  corde  à  un  des  poteaux  {fig.  69)  ^ 
dont  il  y  en  a  douze  femblablcs  fichés  en  terre  dans 
la  circonférence  que  rextrémité  de  la  queue  décrit 
fur  le  terrain. 

Au  lieu  de  poteaux  de  boisson  en  met  ordinaire* 
ment  de  pierre. 

Il  y  a  des  moulins  à  vent  conflruits  dans  une 
tour  de  pierre,  &  dont  la  conftrndion  ne  difTére 
de  ceux  ci ,  qu'en  ce  que  cVft  feulement  le  comble 
qui  tourne  pour  mettre  les  ailes  au  vent. 

Dans  ces  moulins,  IV/rbre  tournant,  le  rouet  & 
le  frein  fuivent  le  comble;  8c  les  meules,  la  lanterne 
qui  les  fait  tourner  ,font  placées  au  centrede  la  tour. 

Le  comble  entier  &  la  queue  qui  y  eft  afîemblée , 
font  portés  par  des  roulettes ,  qui  roulent  dans  une 
rainure  circulaire,  pratiquée  à  une  fepielie  qui  re- 
couvre la  maçonnerie  de  la  tour. 

A\B\  On  a  profité  dans  b  rédaflion  &  la  defcrîptîon 
des  procédés  de  Fart  du  meunier ,  non-feulement 
des  obfervations  de  Tancienne  encyclopédie,  mais 
encore  des  traités  fa  vans  de  MM,  Malouin  ,  Du- 
hamel ,  Kucquct  Si  d^autres  habiles  Economiftes, 

Nous  ajouterons  à  tour  ce  qui  a  été  dit  ci- 
deiîus  un  nouvel  arrêt  du  Parlement  de  Paris, 
concernant  les  mcunkrs  de  Civray ,  lequel  con- 
tient des  détails  de  l'art ,  &  des  difpofitions  de 
Police  qu*il  eft  aulTi  important  qu'intérciTant  de 
connoitre. 

Arrêt  de  U  cour  de  P^irhment ,   du  fi  pi  Août  mil 
fept  cent  quatrC'vingt-fepr» 

Vu  par  la  Cour  la  Requête  préfentée  par  le  pro- 
cureur-général du  Roi ,    contenant  que  le  treize 
Juillet  de  la  préfente  année  mil  fept  cent  quatre- 
vingt- fept,  il  a  été  rendu,  par  les  ofliciers  de  la 
'  fèûéchauftTéc   de  Civray  ,   une  ordanoance    qui 

L  ij 


84 


M  E  U 


oblige  les  meunrers  à  prendre  le  blé  au  poWs,  & 
k  renjre  le  mcme  poids  en  farine,  à  U  dèduâion 
du  droît  de  inauture  qui  leur  cft  accordé  &  fixe 
par  ladite  ordonnance  ;  que  fe»  difporition&  étant 
c  informes  à  plufieurs  règlement  de  Police  rendus 
en  pareille  mittére ,  Si  homologues  par  arrêt  de 
ta  Cour,  le  procureur- général  du  Roi  croit  de- 
voir lui  propofer  de  procurer  à  cette  ordonnance 
fa  pleine  &  entière  exécution  :  A  ces  caufes , 
requéroit  le  procureur- général  du  Roi  qu'il  plût 
à  la  Cour  ordonner  que  ladite  ordonnance  du  treize 
Juillet  mil  fept  cent  quatrc-vingt-fept,  fera  homo- 
loguée, pour  être  exécutée  félon  fa  forme  &  te- 
neur ;  enjoindre  à  tous  huilTieri  6i  fergens  d'af- 
fifter  les  commilTaires  de  Police  lorfqu'ils  en  fe- 
ront requis  ,  8c  aux  cavaliers  de  nnaréchauffèe  de 
prêter  main-fone,  cn  cas  de  befoin,  pour  Texé- 
cution  de  ladite  ordonnance  y  ordonner  que  Tarrêi 
à  intervenir,  enfcmble  ladite  ordonnance  ,  feront 
imprimtîs ,  publiés  âc  affichés  par^tout  oii  befoin 
fera,  &  notimmcnt  dans  la  ville,  faux  bourgs  & 
b:inlieue  deCivray^  ainfi  que  dans  les  bourgs  6c 
villages  ûtués  dans  Tétendue  du  refTort  de  la  Ce- 
nédiauiïée  de  ladite  ville.  Ladite  requête  (Ignée 
du  procureur-général  du  Roi. 

Suit  la  teneur  de  ladite  ordonnance. 

O'Jjfi/idnce  de  mejjteurj  Us  off.cUrs  du  ftige  royal 
di  U  finéiàuuffce  de  Civray ,  concernant  Us  meu- 
niers ,  &  portant  que  ioiis  particuliers  pourront 
txig;<r  quïls  prennent  U  bU  au  poids  ^  &  rendent 
•  U  farine  au  même  poids ,  fous  U  dèduâion  d'un 
fei^ième  pour  droit  de  mouture  lorfquds  iront  cher- 
cher Us  ^raifts  &  retourneront  la  farine ,  ou  d*un 
trenîc-deaxume  lorfque  ce  feront  Us  particuliers 
eux-mêmes  qui  leur  porteront  U  LU  &  iront  cher- 
cher Uur  farbic. 

Du  1)  Juillet  1787. 

A  manjleur  le  Lieutenant- Général  de  la  fin  échauffée 
6'  fiége  royal  de  Civray, 

Vous  remontre  le  procureur  du  Roi,  que  par 
les  articles  XXXVI  &  XXXVll  d.  noire  coutu.rie, 
le  droit  di  moutage  que  peuvent  orendte  les  ineu> 
niers  a  été  fixé  de  manière  qu'ils  doivent  rendre 
du  boî^Tv'au  de  blé  ras  un  bo.lT.au  comble  de  fa- 
rine, ik  *Ic  deux  boinTcaux  Tun  de  Udite  farine 
une  foi*  empli,  caché  St  prcflé  avec  les  deux 
mains  mifes  en  croix  ,  &  derechef  comblé  ,  & 
pour  faire  kfdiies  mcfurcs ,  le  boiflcau  doit  avoir 
de  parfond  le  tiers  de  fon  large  &  loutre  ,  plus 
doit  feulement  retenir  le  meumcr  qui  doit  dail- 
Icurs  tenir  fon  moulin  à  point  lond. 

Mais  la  perception  de  ce  droit  eft ,  pour  ainfi 
dire,  devenue  imprjiicablc  dans  cette  h>rmc  :  il 
faudrôit  que  le  meunier ,  en  retournant  la  farine 
ch«  les  particuliers,  portât  avec  lui  un  boilTeau 
ifcrcieroni  que  ceux-ci  en  euiîint  un  chez  eux, 
*.c  qui  Tcroit  gênant  &  difpcndicux ,  de  forte  eue 


.    M  E  U- 

la  difficulté  de  fe  confortner  à  noire  loi  mumcjpate  ^ 
a  rendu  arbitraire  la  perception  des  meuniers.  Et 
cet  arbitraire  va  quelquefois  jufqw'à  la  quator- 
zième, douzième,  dixième  même  partie  du  boif- 
feau.  Heureux  encore  quand  le  farinicr  &  les  Vi- 
lets  du  meunier  ne  prennent  pas  pour  eux  UQ6 
nouvelle  portion  lorfque  leur  maître  a  pris  b 
Tienne* 

Le  feuî  moyen  de  remédier  à  ces  abus  dont  le 
public  fe  plaint  avec  tant  d'amertume  ,  étoit,  ainfi 
qu'on  le  pratique  dans  la  maic;ure  partie  des  autres 
provinces,  de  forcer  les  meuniers  à  pefcr  le  blé, 
&  à  rendre  un  égal  poids  de  farine,  fous  la  dè- 
duâion de  ta  portion  qui  leur  revenoit  légltlinî- 
ment  pour  leur  droit  de  moutage.  D^érens  cfTais 
faits  iur  ce  qui  refloit  au  meunier  d*aprés  le  me- 
furage  fait  fuivant  les  difpofulons  de  notre  cou- 
tume ,  avoient  démontré  que  ce  refiant  éioît  aa 
plus  d'un  dix-feptième  ou  dix-huitième  de  ceqult 
a  voit  reçu,  &  a  déterminé  à  fixer  ce  droit  à  un 
feizième  ;  il  réfulte  de-là  que  les  meuniers  du 
Poitou  &  de  quelques  provinces  voifines  où  cç 
droit  eA  fixé  par  le  texte  des  coutumes  ï  la  fei- 
zième  partie ,  font  plus  favorablement  traités  que 
ceux  de  quelques  autres  villes,  6l  notamment 
ceux|dc  Bayonne  ,OLi  le  meunier  n'a  que  la  dix* 
ïïuinèmc  partie ,  &  ceux  de  Valence  ,  où  par  arrêt 
du  fix  Septembre  mil  fept  cent  foixantc-feizc^leilf 
dtoit  a  été  fixé  à  la  vingr-quatrièmc. 

CeA  par  de  pareils  mottis  que  le  Parlement  s*eft 
déterminé  à  rendre  commun  par  fon  arrêt  da 
vingt-un  Août  mil  fept  c^nt  quarant^-neuf,ea  fa- 
veur des  hahitans  de  Chàtellcrault ,  le  règlement 
de  Police  de  la  ville  d'Angoulême ,  homologué 
par  arrêt  de  la  Cour  du  vui^t-quatrc  Mai  mil  lepc 
cent  vingt-quatre. 

L'article  LXXXIl  de  ce  règlement  porte  que  totu 
les  meuniers  feront  tenus*,  lorfqulls  remettront  U 
farine  ou  la  retourneront,  de  la  mefurer ,  ou  1 
faute  de  ce ,  les  maiires  fi:  maîrretTes  ,  fervitcuri 
ou  fervantes  »  auxquels  ladite  farine  aura  été  re* 
mife  ,  feront  crus  à  leur  ferment  de  ce  qui  fe  fera 
moins  trouvé  de  ladite  farine  ,  fi  mieux  n'almctït 
lefdits  meuniers  prendre  le  blé  au  poids  &  rendie 
la  farine  au  txitmt  poids,  fur  lequel  fera  déduit 
une  feizième  partie,  à  quoi  revient  le  droit  de 
mouture  y  &  pourront  les  particuliers  obliger  lef- 
dits meuniers  de  prendre  leur  blé  au  poids  âr 
rendre  la  farine  à  la  fufdlte  réducTion .  le  tout  à 
peine  de  cinquante  livres  d'amende  contre  les 
meuniers  contre venans  ;  leur  eft  pareillement  dé» 
fendu  de  mettre  dans  la  farine  aucun  fable ,  pierre 
ou  auire  chofc ,  ni  de  tremper  la  farine  pour  h 
rendre  plus  pcfante  à  peine  de  cent  livres  dTar 
mcnde  6i  de  punition  corporelle. 

Les  difpofitions  de  ce  règlement,  déjà  approu 
vées  par  la  Cour,  font  trop  fagcs,  trop  mifc^  au 
public,  pour  ne  devoir  pas  être  exécuLées  daoi 
toutes   lïs   fénéchaufTées   du  reffort  ;    c*cA  donc 
pour  faire  jouir  les  habitans  de  celle  de  Civray 


MED 

de  l  aTiûtage  qu'elles  ont  procuré  ailleurs  ,  que 
këk  procureur  du  Roi  requiert  que  : 

Ce  condàttè  ,    Monfieur  ,    il  vous  platfe  lui 
êoancr  liîc  du  contenu  en  la  préfente  ;  dire  que 
ks  anîcics  XXXV 1  Se  XXXVII  de  U  coutume  de 
cette  provtQ<:e    feront  exécutés  ;    enjoindre    en 
conlequence  t  tous  tes  meuniers  de  cette  Cènç' 
duutïâe  dz  s'y  conformer  i  ordonner  néa^nmoins 
aitfdits  meuniers,  fous  le  bon  platfir  de  la  Cour, 
de  prendre  le  blé  au  poids  »   Icrfque  les  panicu- 
liers  qui  le  leur  donneront  voudront  l'exiger ,  & 
de  rendre  U  farine  au  même  poids  »  fur  lequel 
(m  déduit  une  feiziéme  partie ,  pour  le  droit  de 
mouitue ,  torfque  lefdits  meuniers  iront,  fuivanc 
ramde  XXXV  de  notre  coutume ,  quérir  le  blé 
&  rootinieront  les  farines ,  &  ce  conformément 
à  l'articic  LXXXII   du  règlement  d*Angouléme„ 
reodu  commun  pour  Châtelierauk  par  arrêt  de  la 
Cour  du  vingt-un  Août  "mil  fept  cent  quarante- 
Eicuf ,  lequel  article  fera  également  exécuté  dans 
Vètesdue  de  cette  ienéchauilée  dans  tout  fon  con- 
fçmi  ;  &  une  trente-deuxième  partie  feulement 
lorfqu*OQ  leur  portera  les  grains  fie  qu'on  repren- 
dra cliex  eux  les  farines  ;   leur  faire  dêfenies  de 
po^evoir   un  plus  fort  droit  ,   à  peine   de  cin- 
quante livres  d'amende  pour  la  première  contra- 
vention, &  d'être  pourfuivis  extraordinaircment 
ca  cas  de  récidive  ;   enjoindre  aux  otHciers  des 
prévôtés  royales  d'Aunay,Chizé,  Melle  fii  Uffon, 
&  à  ceux  des  Hautes- Juftices  de  cette  fén échauffée , 
de  icnir  la  main,  chacun  en  ce  qui  les  concerne, 
à  rcjcècutioa  de  votre  ordonnance  a   intervenir» 
qm  fera  imprimée ,  tue,  publiée  &  affichée  aux 
portes    des   égiifes    &   des   moulins    fitués  dans 
ràrendue  de  bdite  fénécKau(rée  ;  ordonner  au  fur- 
lus  qu'expédition  de  ladite  ordonnance  fera  préa- 
Mement  envoyée  à  monfeigneur  le  procureur- 
^     lèral  •  pour  qu'il  daigne  y  donner  fon  agré- 
wtzm  &  la  foire  homologuer  par  la  Cour. 

Si^né  y  Lelong,  procureur  du  Roi. 

Soit  communiqué  à  la  chambre.  A  Civray ,  le 
fixe  Juillet  mil  (ept  cent  quatre- vingt  fept.  Signe ^ 

IDIN  t>%  BeLABKE, 

Vu    par  la  chambre  la  remontrance  du  procu- 
ir du  Rot,  ftgnée  Lelong,  ordonnons  que  les 
idcs  XXXV 1  ck  XXX Vil  de  ta  coutume  de  cette 
fovixicc  feront  eiécutés  félon  leur  £ofmQ  &  te- 
dans  toute  l'étendue  de  notre  reflbrt  ;  en- 
en  conféquence  à  tous  meuniers  ou  gens 
•oulîn,  foit  à  titre  de  propriété,   foit  1 
dfe  ftrmc ,    de  s'y  conformer  ;    leur  faifons 
iCti%  de  percevoir  autres  &  plus  grands  droiLs 
moutage  que  ceux  qui  y  font  hxés  ;  &  cc- 
--r,   pour  la  plus  grande  f.icHité  du  public, 
on%    que   Tariicle  LXXXII   du   règlement 
pour  la  ftnéchauiTce  d*Angoulémc ,  homo- 
i  pau-  Tiirrct  de  UCour  du  vingt-quatre  Mai  mil 
^Cè^  vin^t-quairc,  Ôt  rendu  commun  à 

Uàv    -  ic  Ch;itcUeraut  par  autre  arrct  delà 


M  EU 


85 


plus 


Cour  du  vingt-un  Août  mil  fept  cent  quarante- 
neuf,  fera  (ious  le  bon  plaifir  de  noiïeigneurs  du 
Parkment ,  qui  feront  fuppliés  de  vouloir  homo- 
loguer notre  préfcnc  règlement  )  exécuté  dans 
toute  rétendue  de  notre  reflbrt  ;  qu'en  confé- 
quence il  fera  libre  à  tous  particuliers  de  pefer 
leur  blé  avant  de  le  confier  aux  meuniers,  &  d'exi- 
ger defJits  meuniers  le  même  poids  en  farine , 
fous  la  retenue  cependant  de  la  feiziéme  partie 
dudit  blé  au  poids  de  fariue  pour  te  droit  de  mou- 
tage,  lorfque  lefdits  meuniers  iront  quérir  le  blé 
ÔL  rendre  la  farine  cheî  lefdits  particuliers;  de 
la  trente  deuxième  panie  feulement  lorfque  lef- 
dits particuliers  tranf porteront  eux-mêmes  leur 
blé  au  moulin  &  iront  y  chercher  leur  farine  ; 
faifons,  en  ce  cas,  défenles  auxdits  meuniers  ou 
gens  tenant  moulin,  de  percevoir  autre  6f  plus 
tort  droit  que  celui  fixé  par  Tarticle  LXXXII  du- 
dit règlement  d'Angoulcme  ,  &  de  mêler  dans  la 
farine,  fable,  pierres  ou  autre  corps  pefant ,  ou 
de  la  tremper  d'eau  pour  en  augmenter  le  poids, 
fous  peine  de  cinquante  livres  d'amende  pour  la 
première  contravention ,  &  de  peine  corporelle 
en  cas  de  récidive;  &  pour  donner  plus  dVurhen- 
licité  au  prèfent  règlement,  ordonnons  qu'il  fera 
imprimé,  k  &  publié  l'audience  tenant;  qu'af- 
fiches en  feront  faites  par-tout  où  befoin  fera, 
iSc  que  copies  colbtïonnées  en  feront  envoyées 
aux  prévôtés  royales  &  juftices  rciïortiiTantes  de 
ce  fiége ,  pour  y  être  exécuté  feion  fa  forme  6c 
teneur.  Donné  &L  fait  à  la  chambre  du  Confeil  du 
Palais-Royal  de  la  fénéchauffèc  de  Civray,  le 
treize  Juillet  mil  fept  cent  quatre-vingt-l'ept,  Ainfi 
figné  en  ïa  minute  des  préfentes .  Pontenier  de 
LA  GiRAHDiERE,  confeiller  du  Roi.  Sureau  de 
LA  MiRAUDE,  confeiller,  Laubier  de  Grand- 
PIEF,  lieutenant-général  de  Police,  &  Fradih 
deBelabre,  lieutenant  général.  Scellé  4  Civray 
le  treize  Juillet  mil  fept  cent  quatre-vingts  fept. 
Pra  R^'t,  Signé ,  DE  LA  Farre,  Au-dejfous  eft  écrit  : 
Collationné,  Jigné  Bkiakde,  grcf!ier,'  avec  pa- 
raphe. 

Oui  le  rapport  de  M*.  Adrien^Louis  Lefebvre , 
confciller  :  Tout  confidéré. 

La  Cour  a  homologué  &  homologue  ladite 
ordonnance  du  treize  Juillet  mil  fepî  cent  quatre- 
vingt- fept  ,  pour  erre  exécutée  félon  fa  forme  Sc 
teneur;  enjoint  à  tous  huifîiers  &  fcrgens  d'af- 
fifter  les  commîflTaires  de  Police,  lorfqii*ils  en  fe- 
ront requis,  &  aux  cavaliers  de  maréchauiïée  de 
prêter  main-forte  ,  en  cas  de  befoin  ,  pour  rexécu- 
tion  de  ladite  ordonnance  ;  ordonne  que  le  prè- 
fent arrêt ,  enfemble  hdite  ordonnance  ,  feront 
imprimas  «  publiés  &  alEchès  par  tout  où  befoin 
fera,  &  notamment  dans  la  ville,  faubourgs  & 
banlieue  de  Civray ,  ainfi  que  dans  les  bourg;  & 
villages  fitués  dans  létendue  du  reflbrt  de  k  fé- 
néchauiîée  de  ladite  ville,  F;*it  en  Parlement  îe 
fept  Août  mi!  fept  cent  quatre- vingt-fept. 


M^E  U 


M  E  U 


VOCABULAIRE   de  l'An  du  Meunier, 


jTVccOUPLESv  nom  que  Ton  donne  aux  fupports 
qui  fervent  à  attacher  le  palonnier  du  blute^u 
contre  la  tête  de  la  huche.  On  les  fait  en  fer 
dans  les  grands  moulins;  d'acier  de  Hongtic  dans 
ies  moyens»  &.  feulement  de  cordes  dans  les  pe- 
tîis.  Les  meilleures  accouples  font  de  (^r.  On  les 
forme  avec  deux  petites  plaques  d'une  èpaidcur 
convenable  percée  de  trous  en  échiquiers.  Au 
bout  de  chaque  plaque  pend  un  fort  anneau  de  fer 
pour  accrocher  les  accouples  aux  deux  extrémités 
du  palonier. 

AiLts  ;  ce  font  quatre  leviers  compofés  de 
deux  volans  qui  paflcnt  au  travers  de  l'arbre 
tournant  du  moulin,  avec  des  lattes  qui  reçoi- 
vent les  toiles  contre  lefquellcs  le  vent  vient 
frapper. 

Ailes  de  Tarare;  ce  font  des  planches  fort 
minces  qui  partent  de  Taxe  du  tarare,  &  fe  ter- 
minent à  fa  circonférence. 

AlLER  â  deux  airs  ;  cela  fe  dit  d*un  moulin 
qui  va  plus  ou  moins  fort,  &  qui  prend  plus 
ou  moins  de  b!è  aliernacivement. 

Alluchons;  pointes  ou  chevilles  qui  font 
plantées  perpendiculairement  fur  le  plan  du  rouet 
d*un  moulin  à  vent. 

On  nomme  auffi  alluchons  les  dents  d'un  hérif- 
fon ,  lefquelles  falfilTeiit  les  fanaux  d'une  lan- 
icrne, 

AiLUMELLEs;  ce  font  dans  un  moulin  à  vent 
deux  bandes  de  fer  encadrées  dans  TépaiiTeur 
du  bois  du  rouet. 

Amont;  terme  dont  on  fe  fert  pour  exprimer 
le  côté  par  où  Teau  arrive  au  moulin. 

Anche  ,  ou  eouttîere  des  archures  ;  c*eft  un 
petit  canal  en  rorme  de  gouttière  »  pofè  fur  un 
plan  incliné,  fous  une  ouverture  fjîte  dans  les 
archures,  prefque  à  la  hauteur  du  dcilus  de  b 
meule  gifante,  à  Tcndroit  où  le  bluteau  en  ap- 
proche le  plus,  pour  que  le  grain  moulu,  en  for- 
tant  d'entre  les  meutes  ,  puifle  tomber  dedans. 
Pour  cet  effet,  on  amène  ce  canal  jufqu'au  def- 
fus  de  la  gueulctte  de  la  manche  du  bluteau, 

Anchi  ;,c'eft  auffi  ,  dans  un  moulin,  un  conduit 
de  bois  ou  de  fer  blanc  par  lequel  la  ^ine  tombe 
dans  la  huche  ou  dans  le  blutoir. 

Amiixe  ;  c'eA  une  pièce  de  kr  ayant  la  forme 
de  deuxC  adoifés  (3C),  au  milieu  de  laquelle  e(l 
un  trou  csrré  qu'on  nomme  Tœil  de  ranllle,  LV 
nille  c£l  incmftée  &  fcelïée  avec  du  pîarrc  ou  du 
plomb  dans  le  milieu  de  la  partie  intérieure  de 
la  meule  courante^ 

Antes  ;  longues  pièces  de  bois  qui  font  par- 
les des  ailes  dun  moulin  à  vent. 

ArbR£  tournant  ;  c  efl  Taxe  de  la  roue  &  du 


rouet  qui  font  en-dedans  du  moulin.  Cet  af^ 
bre  eft  le  centre  du  mouvement  du  monlîn« 
On  Tarme  de  cercles  de  fer  vers  fes  ejfirémiiés  , 
pour  le  fortifier,  &  on  place  ;\  chacun  de  fes  bouts 
dans  leur  centre  un  tourillon  de  fer*  Comme  A 
cft  couché  horizontaicmcnt ,  c'<ill  fur  ces  touril- 
lons qu'il  fe  meut. 

Archures;  c'ell  dans  un  ttK)u1in  une  menuî- 
fcrie  de  deux  pieds  de  haut  fur  lo  pieds  de  pour* 
lour  environ  ,  qui  enferme  les  deux  meules.  Ccc 
alTemblage  de  fortes  planches  çû  pofé  fur  le  châifis 
qui  foutient  les  meules.  Il  empêche  que  la  farine 
Si  les  gruaux  provenant  du  grain  moulu  ne  A 
perdent.  Oa  alTemble  les  archures  de  manière 
qu'on  puiiTc  les  démonter  facilement  lorfqu^oa 
veut  travailler  aux  meules. 

AssoRTiMD<îT  du  grain.  Les  meuniers  qui  mou- 
lent pour  leur  compte,  achètent  diverfes  fortes 
de  froment,  &  les  mêlent  enfcmble  dans  les  pro- 
portions que  leur  expérience  Ôc  leur  habileté  leur 
ont  fait  apprécier.  Par  raffonimcnt  bien  entenda 
des  blés ,  non-feulement  on  fait  de  meilleure  fa- 
rine, mais  même  on  en  retire  davantage. 

Attaches  du  bluteau;  ce  font  de  petits  ailf 
neaux  de  cuir  fortement  coufus  à  la  bordure  du 
bluteau,  &  qui  fervent  à  y  afTujettir  la  baguette* 
On  en  met  deux,  au  plus  trois  i  chaque  bluteau. 

Atterrer  Us  meules  ;  c'eft  lailTer  moins  de 
vide  entre  elîes,  en  approchant  davantage  la  meule 
courante  de  la  gifante.  H  faut  plus  a f terrer  let 
meules  pour  repaifer  les  gruaux ,  que  pour  mon* 
dre  le  grain. 

Aval  ou  avalant  ;  ce  terme  fignifie  le  côeè 
par  où  Teau  s^échappe  du  moulin. 

AvAKT- PLANCHER  ;  ceft  U  nom  qu'on  donne 
à  un  faux  plancher  établi  par  dcilus  la  huche  p 
quand  celui  du  beffroi  tCcd  pas  aiTc£  grand  paur 
pouvoir  faire  le  fervicc  des  meules. 

AtJBES  d'un  moulin  à  eau  ;  ce  font  des  pat* 
lettes  de  bois  inclinées  &  anachies  à  la  roue  dm 
moulin. 

Auge  ;  conduite  de  bois  qui  reçoit  Teau  de  1a 
reillcre.  Elle  cft  ouverte  par  fon  extrémité  ,  pour 
que  Teau  qui  s'en  échappe,  tombe  dans  les  godets 
de  la  roue.  On  tient  rextrémîté  par  où  Teaiu 
tombe  fur  la  roue,  plus  ferrée,  afin  de  lui  don- 
ner plus  de  force  dans  fa  chute  ;  fi  lauge  a  un 
pied  de  large  à  Tendroit  où  elle  joint  la  reillere^ 
on  la  réduit  à  6 ,  7  ou  8  pouces  ,  à  celui  où  Teaia 
fe  jette  dans  les  godets.  On  fait  tomber  ordi* 
nairement  cette  eau  dans  le  goder  qui  cor refpond  à 
U  perpendiculaire  qui  feroii  abaiffée  de  la  circ«infe- 
rence  de  la  roue,  à  celle  de  Tarbre  avalant  l'cati. 

Avcet;   Taugety  appelé  dans  quelques    en* 


M  E  tJ 

lroil$  f^àhoi ,  cft  une  petite  trémie  fermée  en  Jef- 
Ibes,  mais  ouverte  d'un  côté,  qu'on  pofc  au  def- 
ibos  de  la  grande  trémie  ;  Touverture  de  FaiTget 
fe  place  prés  de  Toeiilard  des  meules,  où  le  grain 
lOftbe  par  petite  quantité,  dans  une  proportion 
féglée  par  le  mouvement  de  trépidation  que  Tauget 
feçcnt,  au  moyen  du  frayon  :  &  pour  que  le 
frzyovk  puifTe  le  feire  mouvoir ,  on  prolonge  un 
^lles  cÀtès  de  l*auget  joignant  Ton  ouverture. 
H  Ceite  faillie  que  le  frayon  aneint  en  tournant, 
s*appelle  Lg  main  de  Vaugct^ 

AuGET  dt  ur^Tc  ;  il  fe  place  fous  la  trémie 
dit  tarare ,  &  en  reçoit  le  grain ,  qu'il  reverfe 
liir  les  ailés  du  tarare. 

Axi  4t  la  Unurnc  ;  c*eft  Teflieu  de  fer  qui 
trairerfe  la  lanterne  &  les  «neules. 

Bajiixard  ;   on  appelle  amfi  un  petit  arbre 

^pofi  verticalement,  &  terminé  par  deux  pivots, 

^Haot  celui  d*cn-bas  joue  fur  le  petit  palier  ,  près 

Hfe^roitnllofi  du  dedans  du  grand  arbre,   &  celui 

Hd*CA-tiaQt  eft  reçu  dans  un  collet  fixé  à  une  des 

foliée»  du  plancher  du  beffroi.  On  y  adapte  deuit 

Bras»  dont  Tun  répondant  à  la  cioifée  de  la  bn- 

teme ,  s^appelle  hatie ,    &  l'autre ,   qui  tient  au 

Uoteau ,  s*appelle  baguette, 

Daos  beaucoup  de  moulins,  le  babtllnrd  fe 
place  en  dehors  du  beffroi.  Alors  on  fait  jouer 
le  pîvaff  ct*en-bas  dans  un  morceau  de  hois ,  joint 
à  teiioas  &  mortoif^is,  au  dehors  de  la  foie  du  bcf- 
fmif  &  celui  d'en-haur,  dans  une  bourdonniére 
tenninée  en  queue  d  aronde ,  tk.  chevillée  dans 
U  pièce  d  cmpoutrerie  du  dehors  du  beffroi.  Le 
babiUard   ainfi  placé,    étant  plus  reculé,  la  ba- 

Ette   entre    plus  aifémeni  dan^  la  huche  pour 
r  le  bhiteau  ,  8c  il  n'eft  pas  befoin  d'établir 
un  retii  palier. 
Babillard   du  dodinage  ;    il   fe  place  fur  le 

Et  palier,  ordinairement  à  mont-Teau  :  mais 
qœ  le  babillard  du  premier  blutage  u{ï  placé 
pr  aèceffité  à  mont-Teau,  on  pofe  celui  du  do- 
lhifl|i  STalant-reau.  Le  babillard  du  dodinage 
k  pbce  auiTi  fouvent  en  dehors  du  beffroi ,  & 
«pcr<:quemmcnt,  fouvent  fur  le  petit  palier, 

Baouetti  ;  cVff  le  bras  du  babillard  qui  tient 
M  bltticau  «  Si  qui  lui  imprime  le  mouvement 
ÇK  le  bahtlUrd  reçoit  de  la  batte.  On  attache 
ordiDairement  la  baguette  à  feize  ou  dix-huit 
fkHkcti  du  pafunnkr. 

BaGUITTE  d<  dodinagt  ;  c'èft  celle  attachée  au 
Ustesu  •  qui  porte  ce  nom  ,  &  par  laquelle  tt  efl 
aô  en  ntoavemenr. 

Bailxi:  BLÉ;  c'tâ  une  petite  tringle  de  bois, 
dotiée  d*iia  bout  à  un  des  trémillons,  fli  arrêtée 
ie  Uatstre,  dans  les  hoches  ou  dents  d'une  cré* 
Kiiliére  de  bois ,  clouée  fur  le  trémillon  oppofé  ; 
là  <m  attache  à  la  main  de  Tanget ,  une  lanière 
4c  i   va  fe  terminer  fur  un  petit  moulin, 

d'  -hors  de  renchevètrure  ou  châffis  des 

ncui^i ,  près  Tanche,  &  on  fsit  paffer  cette  la- 
tier»  par  deffus  le  baiUe- blé  ^  fur  lequel  oe  U 


M  E  U  îy 

roîdîr.  Tout  étant  ainfi  difpofé ,  le  moulin  mis 
en  mouvement,  le  frayon,  en  frappant  la  main 
du  baiOe-bié,  fait  remuer  Taugct,  8c  tomber  le 
grain  quil  contient  dans  l'oeil  lard  de  la  meule 
courante.  Le  meunier  régie  la  quantiié  qui  en 
doit  tomber  à  chatjue  fecoulTe  que  donne  le  trayon 
à  Tauget ,  en  potant  à  des  hoches  différentes  de 
la  crémaillère,  le  bout  du  baille-blé.  S'il  amène 
le  baille-blé  vers  Tocillard,  alors  il  relève  Tauget, 
&  il  verfe  peu  de  grain*  S*il  ramène  au  contraire 
fon  bout  vers  la  feuillure  Je  la  meule,  U  baiffe 
Tauget ,  qui  verfe  alors  plus  de  grain. 

Bascule  de  U  trempure  ;  c'eil  une  pièce  de  bois 
formant  levier ,  qui  en  placée  audeffus  du  beffroi. 

Bastïan  ;  quelquels  meuniers  appeUeni  ainfi 
le  frayon  ,  qui  cA  un  morceau  de  bois  taillé  quarré- 
mant,  faifant  chapeau  furie  papillon  du  gros  fer. 

Batte;  c'efl  le  bras  du  babillard  du  premier 
bluteau  j  qui  reçoit  fon  mouvement  de  la  croifée 
pofée  deffus  ou  deffous  la  lanterne.  Le  bruit  que 
fait  cette  batte  ,  a  fait  donner  le  nom  de  babil- 
lard à  Tarbre  d  où  elle  part.  Dans  les  moulins  qui 
expédient  beaucoup  ,  on  donne  trois  bras  feule- 
ment à  la  croifée.  Dans  ceux  qui  ont  moins  de 
viteffe,  on  lui  en  donne  quatre,  cinq,  &  même 
jnfqu'à  fix.  Un  meunier  inûruit  fait  toujours  ré-* 
gler  les  proportions  de  la  batte  &  de  la  croifée , 
&  fent  toute  Timportance  de  cette  difpofmon^ 
pour  opérer  un  bon  blutage. 

Batte  du  dodinage;  c'eft  celle  do  babillard, 
dont  le  jeu  donne  le  mouvement  à  ce  blutage; 
elle  frappe  fur  une  croifée  placée  ordinairemenr 
fous  La  lanterne,  du  gros  fer.  Quand  on  peut  foire 
frapper  la  batte  du  dodinage  fur  la  même  croifée 
que  celle  qui  krt  à  la  batte  du  premier  bluteau^ 
oc  la.  épargne  une  croifée,  dégage  le  moulin,  & 
vaut  bien  mieux,  C'cft  de  la  difpofition  de  la 
huche  que  cet  artangemem  dépend  ptincipale^- 
ment. 

Beffroi;  c'efl  un  affemblage  de  charpente,, 
compofè  de  pieds  droits  &  de  pièces  d'enchevê- 
trure ,  qui  fou  tient  le  meuîage» 

filSAiLLE  ;  c*eft  la  dernière  des  farines  ;  on  la 
nomme  ainfi  à  caufe  de  fon  d«;faut  de  blancheur,.' 
&  parce  que  le  pain  qu'on  en  fait  efl  bîs<  La  bi- 
faillc  fait  un  bon  pain  St  de  bon  g'^ût ,  quand  c'cft: 
du  germe  du  blé,  qu'elle  tirej^nncipalement  fa 
couleur.  Mais  h  bifaille  ne  donne  qu'un  pain  bis 
Se  de  mauvais  gont ,  lorfque  la  farine  eftbife,  foit 
parce  que  les  meules  trop  ardentes  ont  échauffé  li 
farine ,  &  pulverifé  le  fon ,  foit  p^r  )a  raauvaife 
qualité  du  grain  dont  Viaterieiir  eff  attaqué. 

BîS-BLANCi  ce  font  les  deuxièmes  6t  troifîèmey 
farines  tirées  du  froment.  On  les  nomme  ainfi,» 
parce  qu  elles  font  moins  blanches  que  h  fleur  oiv 
première  farine ,  &  qiiïl  s'y  trouve  quelques  pe- 
tites parties  de  fon  puWérifè  par  les  meules ,  & 
qui  paffent  au  travers  du  bluteau  ,  avec  la  fa- 
nue,   Le  bis-blanc  e  A- moins  fui  que  la  prenaièr^- 


88  

farine,  mais  il  a  plus  de  goût,  à  caufe  des  por- 
tions du  germe  cju  il  contient. 

BtscuiT  ^  nom  des  galettes  de  pain,  dont  chacune 
pêfe  dix-htiît  onces,  poids  de  marc.  Elles  fervent 
à  la  nourriti^rc  des  équipages  à  la  mer ,  ou  des 
troupes  dans  les  fié^es  &  dans  les  marches  lon- 
gues. Pour  faire  le  bifcuit ,  on  n'emploie  que  la 
fleur  de  farine.  On  y  met,  pour  la  pétrir,  la  moitié 
moins  d'eau  que  pour  faire  le  pain  ordinaire. 
Comme  on  tient  le  bifctiît  deux  beures  au  moini 
au  four  ,  toute  Teau  s*évapore  ,  &  en  outre,  près 
d'un  vingtième  du  poids  de  ta  farine,  ou  piutAt 
rhumide  propre  qu'elle  contient.  On  a  foin  de 
piquer  les  galettes  avant  de  les  mettre  au  four, 
pour  qu'elles  ne  fc  fendent  &  ne  fe  bourfouffient 
point;  ce  qui  les  feroit  caiïer,  &  nuiroit  à  leur 
confervation.  Le  travail  du  bifcuit  cft  plus  con- 
fidérable  que  celui  du  pain,  par  la  diâiculté  de 
le  pétrir ,  6c  par  le  foin  &  le  temps  qiren  de- 
mande la  cuiCTon.  Quand  le  bifcuit  eft  bien  fait, 
ÔL  gardé  dans  un  heu  lec  ,  il  fe  conferve  aifc- 
ment  un  an,  fans  s'altérer,  ni  fe  moifir.  Mais  en 
vicilliflant,  îl  perd  beaucoup  de  fon  goût. 

On  fait  plus  cuire  le  bilcuit  deftiné  pour  les 
campagnes  de  mer  ,  que  celui  qu'on  donne  aux 
troupes  de  terre ,  par  la  raifon  que  celui  de  mer 
a  befoln  de  fe  conterver  plus  long-temps.  Le  bif- 
cuit en  pâte  doit  pefcr  24  onces,  ann  quêtant 
cuit,  il  puiHe  en  rendre  dix- huit, 

Blai^c  ou  U  Hdnc  ;  c'ed  la  première  farine  ou 
U  fleur. 

Blakc-bourgiois  ;  c  cft  la  farine  qu'on  tire 
du  premier  gruau. 

Blé  ;  mot  générique  ,  qui  défignc  tous  les 
grains  propres  à  faire  du  pain. 

Ble  bouffi  ;  on  nomme  ainfi  les  fromens  qui 
font  gros ,  jaunes  &  légers ,  &  qui  rendent 
au  moulage  beaucoup  de  fon.  La  farine  en  eft 
moins  abondante  &  moins  bonne. 

Blé  tf'ruvtf  ;  c'eft  à  dire ,  celui  qu*on  a  paffc 
à  Tétuve  pour  k  fécher ,  ô;  pouvoir  mieux  le 
conferver.  Il  rend  moins  de  fleur  de  farine: 
mais  étant  moulu  économiquement,  il  rend  plus 
de  farine  que  le  blc  ordinaire  :  cette  farine  prend 
lufll  plus  d'eau. 

Ble  gUcé  ;  c*eft  un  froment  dont  le  grain  eft 
court,  &  la  peau  mince,  approchant  plus  de  la 
couleur  grifc  gue  de  la  jaune  :  il  efl  lourd ,  rend 
beaucoiip  de  farine  8c  peu  de  fon.  Les  fromens 
qui  fe  iémtm  en  mars  ,  &  dans  les  terres  pier- 
ff^ufcs,  dite"i  grouettes,  produifent  beaucoup  de 
grains  de  ce  genre.  Ce»  celui  qui  eft  le  plus 
recherché  par  les  Meuniers  &  les  Boulangers. 

Blé  nvcche  ;  e'cft  un  blé  dur  à  moudre, 
&  dont  la  farine  demande  plus  de  travail  pour 
prendre  Teau  &  fe  bien  boulanger.  Il  fait  de 
meilleur  pain  que  les  blés  gras  &  boufBs.  Les 
terres  nouvellement  marnées ,  &  les  grouettes 
font  celles  qui  co  rendent  le  plus*  Ce  terme 
s'étend  au  froment  »  au  fcigle  &  à  l'orge. 


Blés  fonnsux  ;  ce  terme  s'applique  k  tfm% 
les  grains  dont  on  fait  de  la  farine  ik  du  pain. 
Il  défigne  1:5  grains  fecs  &  alongès  qui  ont  *«é 
faifis  ou  havis  par  1  ardeur  du  foleil,  lorfijuc  le 
grain  étot  en  lait,  &  qui  n'ont  point  pri%  de 
nourriture  ou  du  moins  très-peu.  Ils  fe  tîouvciît 
communérnsnt  au  fommjt  d^  épis.  Les  bièi 
verféi  en  rendent  aufTi  beaucou»^.  Oi^  les  appelle 
foniKux ,  parce  cjirils  produifent  6cauccUi>  de  fon, 
fit  (on  peu  de  farine. 

Blé  de  ^rouctus  ;  bon  fromînt,  qui  eft  gfîs , 
glacé  &  plein.  Ccft  un  fromint  qui  fc  récolte 
dans  les  terres  pierreufes  dites  groaettts, 

BLUTE/iU  OU  blutoir  ;  il  fert  À  féparer  la  fa- 
rine des  fons  &  gruaux*  Pour  en  tirer  cet  avan- 
tage  ,  on  le  compofe  d'une  forte  étaminc  de 
laine  ,  alTez  claire  pour  donner  paflagc  i  U  (a- 
rioe,  &  trop  ferrée  pour  le  permettte  aux  fous 
&  gruaux. 

Le  bluteau  a  la  forme  d'un  fac  \  on  coud  une 
petite  manche  dans  fa  partie  fupéricurc ,  qui  eft 
terminée  par  un  cercle  de  trois  à  dix  pouces  de 
diamètre.  Ceft  par  cette  manche  qu'entre  le 
grain  moulu.  L'extrémité  inférieure  du  bluteatt 
reRe  ouverte  ,  au  moyen  d'un  cercle  de  bois  de 
8  à  la  pouces,  8c  même  d'un  plus  grand  dia- 
mètre,  Qu'on  y  adapte,  &  qu'on  couvre,  en  y 
aflujettiflant  les  bouts  de  l'étamine.  On  étend 
au  contraire  ï  plat  rextrémité  fupcrieurc  du  b\u* 
teau,  &  on  y  attache  un  rouleau  de  bois  nomme 
palonnier.  Pour  rendre  le  bluteau  folide ,  on  en 
renforce  non  feulement  toutes  les  coutures, 
mais  on  foutient  de  plus  fes  côtés  &  la  panie 
qui  cft  ouverte  ,  par  des  bordures  de  fangle. 

Le  bluteau  fe  place  dans  la  huche,  fur  un 
plan  incliné  d'un  pouce  par  pied  de  fa  longueur, 
qui  eft  de  ^  à  8  pieds  :  pour  cet  effet,  on  attache 
vers  le  fommet  de  la  tète  de  la  huche,  le  pa- 
lonnier  du  bluteau  avec  des  accouples  de  fer, 
de  cuir  ou  de  cordes  ;  &  enfuitc  on  étend  te 
btuteau  ,  Ton  fait  fortir  le  cercle  qui  le  termine 
&  forme  fa  gueulette,  par  le  pertuis  ou  trou 
pratiqué  pour  le  recevoir  ,  dans  la  cloifon  au 
pied  de  la  huche,  où  il  eft  fortement  afluiettJ* 

Le  bluteau  étant  ainfi  tendu  dans  la  huche  & 
incliné  de  la  tête  au  pied,  on  attache  le  bout  de 
la  baguette  du  babillard,  à  un  de  fes  côtés,  avec 
des  courroies  de  cuir ,  coufues  au  bluteau  pour 
le  recevoir,  à  16  ou  18  pouces  du  palonnier: 
on  fait  fortir  auffi  par  le  deflus  de  la  huche,  l'oft* 
fice  ou  gueulette  de  la  manche  ,  dont  on  a  parlé 
cî-dc<Tus  :  on  l'y  affujcttit ,  de  manière  qu'il 
réponde  cxaélement  à  l'extrémité  de  l'anche* 

Mettant  enfuite  le  moulio  en  mouvement  ,  le 
grain  moulu  tombe  dans  la  manche  du  bluteau, 
&  pénètre  par  fon  poids  ,  dans  rintéricur,  La 
baguette  attachée  au  bluteau  ,  lui  donne  «1 
même  temps, un  mouvement  de  trépidation  tré9> 
vif,  par  la  communication  de  celui  quelle  reçoit 
dy  jeu  du  babillard  ;  alors  la  farine  travcrfc  en 

poudlére 


^ 


M  E  U 

pâniCere  très-fine  ,  par  rètaminc  du  bluteau: 
MM  contraire ,  les  Tons  6c  gruaux  &*am.i0ant  en- 
iêmblc,  dcfcendent  en  fulvant  le  plan  de  fon 
îadinalfan  ^  &  ayant  gagné  i*oriËce  ou  gueu* 
Isac  qut  tient  au  pîed  de  la  huche  ,  ils  fortent  ôl 
OMibem  daa»  un  lac  placé  au  deffous  pour  les 
meroîr. 

Blutcâu  dt  dodlndg€  ;  il  a  à  peu  près  la 
flième  forme  que  celui  de  la  huche  fupèricure  ; 
mats  comme  il  eft  deftiné  à  féjparer  les  gruaux , 
&  à  en  rejeter  le  fon  ,  on  le  tait  premièrement 
d^ètam^ne  plus  claire  que  celle  du  bluteau  fypè- 
pieur.  Secondement  y  on  le  forme  avec  deux  èta- 
mines  différences,  compofant  la  moitié  {upérieure 
d^tttie  ètamine  plus  douce  que  la  moitié  inférieure. 
Par  cette  précaution  ,  on  parvient  à  féparer  les 
gpaux.  Les  plus  fins  iraverfent  la  partie  fupé- 
[re,  &  tombent  dans  la  portion  de  la  huche 
qui  en  approche  la  tête,  tandis  que  les  plus  gros 
tombent  dans  la  partie  de  la  huche  qui  en  avoi- 
ùxm  le  pied.    Pour  que  ces  gruaux  ne  fe  mêlent 

ru  on  &it  au  deflTous  du  bluteau,  au  milieu  de 
bûche  V  une  petite  cloafon  de  voliche.  A  Té- 
gard  du  gros  fon  ,  comme  le  bluteau  eft  com- 
poiè  V  dans  fes  deux  parties ,  d'étamines  afTez 
écoles  pour  ne  lui  pas  donner  paiTage ,  il  cft  re- 
jeté par  le  mouvement  &  la  pente  du  bluteau , 
ton  de  la  huche  ,  &  tombe  dans  un  fac  ou 
€imer  difpofé  pour  le  recevoir  à  fa  fortie  de 
rorifice  ou  gueulette  inférieure. 

Bluteau  cylindrique;  on  le  nomme  ainfi,  à 
çiaiic  de  fa  forme  ;  on  en  fait  ufage  dans  les 
g<nods  moulins.  La  conftruâion  de  fa  mouture 
ou  carcaffe,  reifemble  beaucoup  à  celle  du  crible 
cytifidrique  ;  on  ta  couvre  de  canevas  ou  d'éta- 
Pline  de  foie  ,  divifée  çn  trois  parties  de  di- 
vines denfltés ,  dont  les  lés  fe  joignent  fuccef- 
fivefnént,  de  manière  que  Tétamine  la  plus  fer- 
rée fait  placée  vers  la  tête  du  bluteau,  celle 
qot  Teft  moins  enfuite  >  &  que  la  plus  claire  le 
fcrmine.  On  pratique  trois  divifions  fur  le  fol  du 
plsnctier  de  la  huche»  qui  contient  ce  bluteau, 
MOT  tenir  les  gruaux  qu'il  tamife  fé parés.  Les 
RMH  ,  recoupes  &  recoupettes  qu'il  rejette ,  font 
veÇQSy  à  ^n  extrémité  «  dans  un  fac  ou  cuvier 
placé  au  deCTous.  Pour  faciliter  ce  rejet  «  on  le 
tient,  lorfqu'il  travaille,  fur  un  plan  incliné, 
nais  ua  peu  moins  que  les  autres  bluteaux,  &  on 
biffe  foo  extrémité  inférieure  ouverte*  On  donne 
a  Ge«  blureaux ,  depuis  7  jufqu  à  to  pieds  de 
longuetir  &  1  pieds  de  diamètre,  peu  plus,  peu 


M  E  u 


B9 


rar 

"  CUÎ  ( 

I 


IHj3S  plufieurs  moulins,  on  les  emploie  pour 
ropéraiion  du  dodinage  *  qui  alors  partage  les 
puatut  en  trois  claiïes  ;  au  lieu  que  dans  les  do- 
faaftes  ordin^res ,  on  ne  les  divife  qu'en  deux 
ptmcars^ 

Bluter  à  la  main  ;  c*eA  tourner  le  blutoir 
avec  une  manivelle  dans  un  appartement  deviné 
i  cet  oïage. 

jim  &  MhUrSn     Tome  K     Part.  /. 


Boite  dt  ta  meuU  ;  efpece  de  moyeu  creufé 
dans  fon  centre  ;  qui  fe  place  au  milieu  du  gîte 
ou  meule  gifante.  On  y  adapte  di^ux  panneaux 
de  bois  nommés  hoînllons  ,  allant  de  bout  en 
bout ,  de  3  à  4  pouces  de  gros  ,  far  6  à  7  de 
long.  Ces  panneaux  font  contrebandes  par  deux 
autres  morceaux  pofés  en  fens  contraire,  dit  de 
plat  en  plat,  nommés  faux  boudbns ;  ils  fervent 
i  foutcnir  les  boitillons ,  &  complètent  le  bour- 
rage qui  empêcha  la  m^ule  de  grener,  c'eft-à- 
aire,  que  le  grjin  ne  paiTe- au  travers  de  rϔU 
lard,  èi  ne  fe  perde.  La  boîte  doit  être  de  bon 
bois  d'orme  ;  on  peut  la  faire  avec  un  vieux 
moyeu  de  charrette. 

^^ISSEAU  ;  mefure  en  ufage  pour  les  grains 
&  ^^«"ines;  il  varie  dans  fa  grandeur,  fuivant  les 
lieux. 

Le  boifTeau  de  Paris  a  8  pouces  a  lignes  &  de- 
mie de  haut»  fur  10  pouces  de  diamètre  ou  de 
largeur.   H  contient  16  litrons. 

Boitillons  ;  ce  font  deux  petits  panneaux  qui 
fervent   a  bourrer   ou  remplir    la  boîte  du  gke* 

Bord  d'une  mcuU  ;  c'eft  fa  circonférence  ex- 
térieure. 

Bordure  ou  janus  du  rouet.  Comme  tout  le 
moulage  s^ opère  par  le  mouvement  du  rouet; 
pour  lurmonter  la  réfifkance  qu'il  a  à  vaincre,  il 
faut  que  cette  pièce  foit  trés-IoUde,  Afin  de  forti- 
fier les  chanteaux  qui  en  compofent  la  circonfe^ 
rence ,  on  pofe  defltis  des  jantes  qui  y  font  forte- 
ment chevillées  ;  en  outre,  les  chevilles  ou  allu- 
chons  qui  les  traverfent ,  ainft  que  les  chanteaux  ^ 
contribuent  encore  à  la  foUdité  de  cet  aiïem- 
blage  ;  au  moyen  de  quoi ,  on  fe  contente  de 
faire  joindre  bout  à  bout  les  jantes  Tune  contre 
Tautre.  On  donne  à  ces  jantes,  depuis  7  jufqu*à 
9^10  pouces  de  larg<:ur ,  fur  3  à  4  pouces  d'é- 
pai  fleur. 

BouDiKiERE  (fffc«/f)  ;  c'eft  !a  meule  gifante  con* 
vexe  de  trois  ou  quatre  lignes  au  cœur,  en  allant 
toujours  en  diminuant. 

Bourrage;  on  ie  fert  de  ce  mot  pour  dé- 
figner  les  pièces  qui  rempliflent  Toeillard  de  la 
meule  gifanie ,  de  manière  qu'il  n*y  relie  plus 
que  le  vide  néceffatre ,  pour  le  jeu  du  gros  (^ 
qui  y  paHe.  Le  bourrage  ef^  compofè  de  la  boite , 
des  boitillons  &  faux  boitillons. 

Bourdokniere;  c'eft  un  fupport  de  bois  at* 
taché  à  une  poutre  ou  folive  du  plancher  de  ta 
falle  du  moulin.  On  en  pofe  plufieurs  dans  un 
moulin. 

Bout  fur  Tanche  ;    c'cft  le  bout  de  la  m;ule 
du  coté  où  la  farine  tombe  dans  le  bluteau. 
Bout  fur  la  roue  ;    c'eft  le  bout  de  la  meule 

qui  eft  du  coté  de  la  roue  du  moulin. 

Bouts    du  papillon   du  gros  fer  ;    ce   font   les 

deux  côtés  par  lefqueb   il  touche  à  Tanille  :  on 

les  oriente  comme  les  bouts  de  la  meule  cou- 
^  rante  »  parallèlemeat  au  grand  arbre. 

M 


5K> 


M  E  U 


Bran  ;  nom  que  les  Meuniers  de  quelques  can* 
tons  donnent  au  gros  fon  >  lorfqu'ii  eft  bien  fec 
&  bien  purgé  de  farine  &  de  gruau. 

Branle  ,  hafcule  ou  trtmvure  ;  pièce  de  bois 
formant  levier ,  placée  au  defliis  du  beffroi ,  pa- 
rallèlement à  la  braie  de  trempure.  L'épèe  ou 
fer  de  la  trempure  y  tient  yers  fon  extrémité, 
du  côté  de  la  tampane.  A  l'extrémité .  oppofée , 
cft  un  cordage  qui  fert ,  en  pefànt  defflus ,  ou  le 
lâchant,  à  mouvoir  la  branle  ou  bafcule,  &  à 
faire  lever  ou  baifler  répée  de  trempure,  quon 
fixe  au  point  defîré,  en  arrêtant  ce  cordage  fur 
une  cheville  frappée  fur  le  montant  ou  pilier  du 
beffroi  y  répondant.  La  branle  faifant  1  effet  du 
levier,  on  Tappelle  par  cette  raifou,  en  beaucoup 
d'endroits ,.  bafculc. 

Braye  ;  ce  font  deux  traverfes*  de  charpente 

{^lacées  dans  le  bas  des  piliers  du  beffroi ,  parai- 
élément  au  grand  arbre.  Tune  âmont,  1  autre 
avalant  Teau  ;  elles  foutiennent  le  palier..  Celle 
d*aval  eff  la  plus  effentielk ,  parce  quelle  reçoit 
du  côté  de  la  tampane ,  Tépée  de  trempure ,  qui 
fert  à  rapprocher  ou  atterrer  les  meules.  Les  braies 
peuvent  s'élever  du  côté  de  l'intérieur  du  moulin, 
au  moyen  de  grandes  mortaifes. en  lumière,  pra- 
tiquées dans  les  piliers  du  beffroi,  oii  leurs  tenons 
entrent  fiins  y  être  chevillés.  Leur  autre  extré- 
mité eft  placée  dans  d^autres  mortaifes  creufées  dans 
les  piliers  eppofés ,  joignant  la  tampane. 

En  chaffant  deffous  les  braies  des  coins  plus 
bu  moins  fortement,  on  fait  aller  avec  plus  ou 
moins  d'ardeur  les  meules  ;  la  manière  dont  ces 
coins  font  chaffés,  augmentant  ou  diminuant  la 
réfiftance  que  Teau  de  la  roue  a  à  vaincre  pour 
faire  mouvoir  les  virans  &  travaîUanf .  On  par- 
vient même  par  ce  moyen  à  forcer  l'eau  à  paf- 
fer  par  deffus  la  roue  t,.  Ouïs  pouvoir  la  faire 
tourner. 

Brouette;  les  brouettes  des  moulins  n*bnt 
pas  la  forme  des  brouettes  ordinaires  ;  leur  roue 
eft  fort  baffe ,  &  leur  corps  reffemble  à.  une  ci- 
vière, dont  les  bords  &  les  bras  feroient  fort 
cambrés.  Elles  fervent  à  tranfporter  les  facs  d'un 
côté  à  l'autre  des  falles  du  moulin. 

Cage  ^  on  entend  par  ce  mot,  le  corp»  entier 
des  bâtimens  d*un  moulin ,  &  plus  particulière- 
ment le  lieu  oii  eA  placé  le  beffroi ,  &  tout  ce 
qui  a  rapport  au  mécanifme  du  moulin.  Il  eft 
effemiel ,  en  conftruifant  un  moulin  ,.  de  don- 
ner à  la  (aile  du  moulage ,  la  grandeur  &  la  hau- 
teur convenable ,  pour  que  le  fervice  ne  foit 
point  gêné  dans  aucune'  partie.. 

Canevas  ;  toile  claire  dont  on  fe  fert  pour 
faire  des.  bluteaux;   on  ne  l'emploie   plus  que 

Eour    les  bluteaux   ronds   ou   cylindriques.    Les 
luteaux  de  la  première  huche ,  &  ceux  du  do- 
dinage ,.  fe  compofeot  presque  généralement  d'éta- 
sijne  de  laine. 
Cases.;,  ce  font  les  fé£^ratk)ns  qu'on  fiit  dans 


M  E  u 

les  huches,  pour  empêcher  le  mélange  des  (^ 
rines  &  des  divers  eruaux. 

Cerces  ;  nom  quxm  donne  aux  archures  ;  c'eft- 
à-dire,  à  la  menuiferie  qui  entoure  les  deux  meules.. 
Cerces  de  meules  ;  on  appelle  ainfi  un  fort 
cerceau  de  bois  ,  ou  un  grand  cercle  de  fer  ^ 
dont  on  entoure  la  meule  courante  quand  elle  cft 
compofée  de  plufieurs  morceaux  :  cela  fe  fait 
pour  en  mieux  foutenir  l'affemblage  ,  &  em- 
pêcher qu'en  tournant,  aucuns  carreaux  ou  pièces 
ne  s'écartent. 

Chable  ;  c'eft  une  groffe  corde  ou  hauffiére 
compofée  de  plufieurs  torons  :  l'une  de  fes  extré- 
mités eft  arrêtée  &  folidement  fixée  fur  l'arbre 
du  treuil  d'en-haut  de  la  falle  du  moulin  ;  l'autre. 
s'attache  à  la  meule,  lorfqu'on  veut  Tôter  de  fa 
place  ;-  en  virant  fur  le  treuil ,  &  faifant  tourner 
fon  arbre  ou  axe,  ce  chable  s'fenvcloppe  autour». 
enlevé  la  meule,  &  facilite  le  moyen  de  la  pofer 
&  renverfer  où  on  veut. 

Chaîne  de  bluteau  cylindrique  ;  on  le  fait  mou-^ 
voir  plutôt  au  moyen  d'une  chaîne  de  fer,  que- 
par  une  corde  ,  fur-tout  lorfqu'il  reçoit  fon  ac- 
tioji  par  un  rouet  de  ^poulie ,  placé  fur  le  grand 
arbre  du  moulin,,  entré  la  tampane  &  le  rouet:, 
cette  chaîne,  qui  effuie.ua frottement  auquel  une 
corde,  ne  réfifteroii  pas,  s[élève  en  panant  fur 
plufieurs  poulies  de  renvoi  du  bas  du  moulin,  à 
^endroit  où  le  bluteau  cylindrique  eft  placé ,  & 
fait  marcher  la  poulie  adaptée  à  fon  tampon. 

Chaise;  c'eft  dans  un  moulin  un  anembla|e' 
quarré  de  quatre  pièces  de  bois ,  dont  la  parue 
fupérieure  eft  arrondie  cylindriquement  pour  foo- 
tenir  la  cage  d'un  moulin. 

Chaises  ;  ce  font  des  traverfes  ou  tringles  de 
bois  appliqiiées  en  dehors  fur  le  plafond  de  b 
roue ,  oc  clouées  aux  embrafures  :  elles  fervent 
à  renforcer  l'affemblage  de,  la.  circonférence  de 
la  roue. 

Chaise  d'arbre/,,  c'èft  une  pièce  de  b*îs  qu*oit 
place  deffous  l«is  chevetfiers  ;  il  n'y  en  a  pas 
fous  tous  les  grands  arbres  :  l'on  n*en  met  que 
Idrfque  cela  devient  néceffaire ,.  pour  élever  da- 
vantage l'arbre  ,.  &  donner  un  jeu  plus  libre  à. 
la  roue. 
'  Chante  AUX  de  rouet  ;  ce  font  quatre  efpèces 
de  jantes  qui  en  compofentla  circonférence  :  on 
les  He  à  plat-joint,  en  formant  des  empatemens 
pratiqués  à  demi  -  épaiffeur  du  bois  ,  auxquels 
on  donne  15  à  18  pouce»,  fuivant  que  la  circon- 
férence plus  ou  moins  grande  du  rouet  le  permet; 
pour  mieux  foutenir  les  chanteaux  ,  &  les  lier 
dans  les  angles  qu'ils  forment ,  eu  fe  joignant  à 
leur  extrémité  concentrique  ,  on  fortifie  cette 
jonftion  de  gouffets  emmanchés  par  leurs  tenons  « 
dans  des  mortaifes  pratiquées  dans  Tépaiffeur  des 
chanteaux  &  bien  chevillés  :  on  donne  aux  chan- 
teaux le  plus  de  largeur  qu'on  peut,  fuivant  que- 
le  bois  qu'on  a  à  employer  a  d'équarriffagc ,  &: 


M  E  a 

ncîw  depuis  i8  jufqu*à  12  pDUCc§  »  fur 
^  liiTeur  de  3  à  4  pouces. 

Crafiau  oa  chapeau  de  chtvafitr  ;  cVft  un 
motçcëu  de  bois  amovible,  avec  lequel  on  couvre 
le  Ottli^u  du  chevetfier,  où  pofe  le  tourillon  de 
rarisfe  de  la  roue  :  on  y  fait  une  entaille  en 
daiit<-cerde ,  pour  qull  ne  touche  point  au  lou- 
hllocL 

Chaperon  de  Jîache  ;  les  Charpentiers  ,  pour 
fOlfarccr  rafiemblage  de  leur  charpente,  ont  foin 
^tie  les  pièces  qui  arcboutent  ou  portent  fur  celles 
qui  ont  des  flaches,  foient  entaillées  de  manière 
que  reniai Uure  couvre  la  iiache.  Cette  entaillure 
s'appelle  chaperon. 

Chaferon  defrdyon  ;  c*cft  le  deffus  du  frayon , 
tfoii  fon  une  cheville  ou  dent,  qui  fait  mouvoir 
le  haîUe-ble. 

CsAPiROK  de  trmii  ;  c'eftun  morceau  de  bois 
creufê  exprès,  pour  pouvoir  en  couvrir  les  tou- 
HD««s,  dans  Tcndroit  oii  ils  portent,  fans  nuire 
à  îctiT  jeu. 

Châssis  ;  alTemblage  de  quatre  pièces  d'en- 
cbevètrure  placées  fur  le  plancher  du  beffroi  :  on 

Efc  d'aplomb  fur  ce  châiFis  la  meule  gifante  ,  & 
archures  qui  entourent  les  deux  meules. 

Chaussée;  c'eft  dans  un  moulin  à  vent,  une 
é%éce  de  fac  que  Ton  couche  dans  la  huche, 

Chzvalet;  c'eft  dans  un  moulin  un  afTem- 
Wage  de  charpente  qui  fert  à  entretenir  la  mon- 
tée arec  la  queue. 

CHtVETSïER  ;  ce  font  des  pièces  de  bois  pla- 
cées horizontaleraent  aux  deux  extrémités  du 
gFUMl  arbre  ,  fur  lefquelles  pofent  fes  tourillons  ; 
#11  y  &h  ,  pour  les  recevoir  ,  une  entaille  en 
demt-cercle  ,  où  Ton  met  de  la  grailfe  ou  du 
vieux  oing,  pour  que  les  tourillons  n  éprouvent 
pmnt  de  réfmancc  en  tournant. 

CHr\*rrsiER  Ju  dedans  ;  eft  Celui  qui  reçoit  le 
toitfillon  de  Tarbre  placé  dans  la  faile  du  moulin, 
fous  fon  beffroi. 

Crevetsier  du  dehors  ;  eft  celui  qui  reçoit  le 
lourillon  de  Tarbre  en  dehors  du  moulin,  &  qui 
cA  pofè  comme  un  linteau  fur  la  contreft.arpe 
de  la  courftère*  Il  efl  ordinairement  le  plus  fort, 
&  on  lui  donne  plus  de  longueur  qu'à  celui  du 
dedaiis, 

Cheviixes  de  rou€t  ;  les  chevilles  ou  dents  du 
louct  font  placées  fur  fa  face  intérieure ,  &  s  en- 
grenant dans  les  fufeaux  de  la  lanterne ,  elles  la 
font  tourner  :  on  les  fait  de  pommier  ou  autre 
bois  dur. 

Chommer;  terme  qui  fignifie  que  le  moulin 
travaille  pa^s,  faute  d  ouvrage,  ou  à  caule  de 
'qnes  réparations  qui  font  à  y  faire. 
JEL  dt  hotte  ;  eft  le  norti  qu'on  donne  au  fond 
éo  godet ,  dont  la  forme  reffeinble  affez  à  celle 
iTiine  hane*  Ce  ciel  eft  formé  par  une  tringle 
de  bois  clouée  fur  le  plafond  ou  doublage  des 
«ellules  ,  fur  lequel  les  deux  jantillcs  s'appuîeni 
&  W  terminent. 


M  E  U 


91 


Ciseau  à  tranchant  par  U  hûut  ;  propre  à  cou- 
per le  bois  &  la  pierre  î  on  en  tient  plufieurs 
dans  un  moulin  ,  le  meunier  étant  dans  le  cas 
d'en  avoir  fouvcnt  befoin. 

Ciseau  â  pipes  /  c'eft  un  cifeau  à  froid,  doiK 
on  fe  fert  pour  chafler  les  pipes  ou  les  lever. 

Clef  de  meule  ;  c  eft  la  même  ch^fe  que  IV 
nilîe  ;  ce  dernier  terme  eft  le  plus  ufité. 

Clés  ;  c'eft  dans  un  moulin  les  morceaux  de 
bois  que  Ton  fait  entrer  dans  des  mortoifes  te- 
nant aux  pièces  du  rouet. 

Cloisons  de  godeu  ;  ce  font  de  petites  plan- 
ches qui  fervent  à  les  former,  &  qui  font  placées 
dans  les  rainures  ou  couliffes  que  Ton  pratique 
dans  les  jantilles  pour  les.  recevoir.  La  clollOR 
fait  la  féparation  de  chaque  godet. 

Cœur  de  la  meule;  c'eft  fon  centre.  Il  com- 
mence à  Tentrepied ,  &  finît  à  r»ilbrd.  Le  grai« 
commence  à  s'écrafer  au  cœur  de  la  meule. 

Coin  de  hraie  ;  ce  font  des  coins  de  bois 
qu'on  chalTe  deffiis  ou  deffous  les  braies,  pour 
faire  mieux  prendre  aux  meules  leur  aplomb. 

Coins  à  foulever  ou  à  foutenir  ;  ce  font  des 
coins  de  bois  ;  i!  y  en  a  toujours  une  couple  au 
moins  dans  chaque  moulin,  de  groffeur  diffé- 
rente ,  qu  on  pkce  entre  les  meules  ,  lorfqu  on 
veut  lever ,  &  fur-tout  replacer  la  meule  cou- 
rante ,  pour  fe  mieux  gouverner  dans  cette  opé- 
ration ,  ^  foutenir  cette  meule  lorfqu  elle  porte 
à  faux. 

Collet;  c'eft  un  morceau  de  bois  rond  oit 
quarré,  percé  dans  fon  milieu  pour  recevoir  un 
pivot ,  &  qu'il  puiffe  y  jouer.  Quand  les  pièce» 
à  pivot  ne  fout  pas  d'un  grands  poids ,  ou  n'ont 
p3S  dans  leur  mouvement  une  forte  réfiftanee 
à  vaincre  ,  on  fdic  tourner  leur  pivot  dans  UR 
collet. 

Collet  du  hahllUrd;  il  s'attache  à  une  folivt 
du  plancher  du  beffroi ,  pour  rccevo'ur  le  pivot 
d*en-haut  du  babillard. 

Conservation  du  hU  ;  pour  conferver  le 
grain  ^  on  le  met  en  tas  dans  des  greniers;  l'on 
a  foin  qu'il  ne  foit  pas  expofé  à  rhumidîté;  on 
le  remue  fréquemment ,  &  on  y  renouvelle  fou- 
vent  Tair, 

Conservation  des  farines  ;  pour  confcrTCf 
la  farine  ,  il  faut  la  garder  fur  un  plancher  de 
bois  ;  avoir  attention  qu'elle  ne  touche  point  le 
mur  ,  &  n'approche  rien  qui  puilTe  lui  donner 
de  l'odeur  ou  en  exciter  la  fermentation.  Quané 
on  veut  voir  îi  la  farine  s'échauffe,  il  faut  cnfon- 
cer  la  main  dedans  j  fi  elle  a  plus  de  chaleur 
dans  riniérieur  du  monceau  qu'au  deffus ,  il  con- 
vient alors  de  la  remuer.  Le  temps  où  la  farine 
fermente  le  plus,  eft  en  mai  &  en  juin. 

Contrescarpe  de  la  courficre  ;  c'eft  le  mur 
de  dehors  de  la  courfière  du  moulin,  qui  fait 
face  à  la  tampane. 


Corde  du  taille -hU, 
baiffer  l'auget ,    &  par  - 


elle  fert  k  élever  on 
confèquent  à  lui  faire 
M  ij 


9» 


M  E  U 


verfer  plus  ou  moins  de  graîo  dans  roeîlîaf d  :  on 
(e  (en  également  d*une  lanière  de  cuir  pour 
régler  le  mouvement  de  Tauget, 

CordeS  de  poulies  de  renvoi  &  autres  ;  elles  font 
proportionnées  à  b  gorge  du  rouet  de  la  poulte; 
ceft  par  leur  moyen  que  s^éxécutent  tous  les 
mouvemens  qu'on  fe  procure  par  les  poulies.  Il 
faut  étudier  dans  chaque  moulin  leur  pafTagc, 
pour  concevoir  le  fecours  qu'on  en  tire. 

Corde  de  tarare  ;  c'cfl  celle  qui  le  fait  mou- 
voir» 

Corde  de  trempure  ;  on  Tattache  à  rcxtrémiié 
de  la  branle  ou  rrempure  ,  du  côté  oppofé  à 
Fépée  ;  elle  fert  à  mouvoir  la  branle  &  à  pefer 
deïTus. 

CoTRETS;  morceau:!  de  bois  qui  font  partie 
des  ailes  d'un  mo  lin  à  vent«  &  qui  font  deAinés 
à  entretenir  les  lattes* 

Courtier!  î  c'efl  refpace  oîi  la  roue  au  mou- 
lin tourne  ;  fon  fonds  cfl  en  plan  incliné  ,  afin 
q\ie  Te  au  ne  s  y  arrête  pas, 

CouvERSEAUX  ;  cc  font  des  planches  minces, 
dont  on  forme  un  couvercle  aux  meules  ;  ces 
planches  s'affemblent  de  façon  qu'on  puiife  les 
lever  ou  abattre  facilement ,  pour  viûter  les  meu- 
les &  faire  le  fcrvice  du  moulin  i  on  laiiTc  au 
milieu  une  ouvenure ,  afin  que  le  frayon  puiffc 
jouer,   &  le  grain  tomber  entre  les  mtules, 

COYAUX  ;  ce  font  deux  petites  pièces  de  bois 
entailiéss  fur  la  roue* 

Crapaudine  ;  cette  pièce ,  qui  doit  être  d'un 
acier  excellent ,  fe  place  au  milieu  de  la  poilette 
fur  le  palier,  elle  reçoit  le  pivot  du  fer  de  h  lan- 
terne appelé,  £ros  fer;  il  y  tourne  fur  un  des 
ronds  qui  y  font  creufés  en  forme  de  fe^flion 
fpliérlque,  &  devinés  à  le  recev<  tr.  On  pratique 
ordinairement  trois  de  ces  ronds  appelés  p^s^ 
dans  chaque  crapaudine,  pour  quelle  puifTe  fer- 
vir  plus  long-temps  ;  on  place  à  voloûtc ,  fur  ce- 
lui qu'on  veut,  le  pivot  du  gros  fer,  lorfqu'on 
a  relevé  la  meule  courante  &c  quon  peut  le 
remuer. 

Crappe  (meule  qui  prend);  c^cft  une  meule 
qui  s'engratlfe  &  qui  arrête  trop  la  farine. 

Crémaillère;  c'eft  une  petite  pièce  de  bois 
de  chcne  ou  de  pommier  ,  taillée  en  gradins, 
qu*on  place  entre  les  n-.eules,  lorfqu*on  lève  ou 
rabat  la  meuîe  courante  ;  elle  fert  principalement 
à  appuyer  le  levier  qu'on  emploie  pour  U  fou- 
lever  ,  ou  la  remuer ,  lorfqu 'on  veut  lui  faire 
prendre  fon  aplomb. 

CuEMAiLLËnE  de  hdilU'hié  ;  c'cft  une  petite 
tringle  de  bois  clouée  fur  un  des  trémions,  qui 
a  des  dents  ou  hoches  comme  une  crémaillère  or- 
dinaire ;  on  fait  porter  le  baille-blé  fur  Tune  de 
Tes  hoches ,  &  on  Karréte  au  point  convenable 
pour  faire  verfcr  fuffifa.mmcnt  de  grain  par  Tau- 
gct  dans  laillard  de  la  meute  courante. 

Crible  ;  on  a  dans  tous  tes  moulins  des  cribles 


M  E  u 

ordînaîrc' ,  pour  pouvoir  retirer  les  priticlpalcf 
ordures  du  grain. 

Crible  cylindrique  ;  on  lui  donne  fept  à  huit 
pieds  de  longueur  fur  deux  pieds  quelques  pou- 
ces de  dianiétre  ;  fa  circonférence  cft  formée 
de  planches  de  fer-blanc  ,  percées  comme  une 
paffoire  de  batterie  de  cmfîne.  On  le  place  dans 
un  chaiTis  fur  un  plan  incliné  ,  comme  les  blu- 
teaux  dans  la  huche  ;  les  deux  cercles  qui  tcr^ 
minent  ce  crible  ,  reftent  ouverts  ,  6c  iormem 
deux  orifices  égaux. 

Au  centre  du  cylindre  on  place  un  axe,  qui 
cft  contre-tenu  de  diftance  en  diftance,  par  quatre 
rayons  qui  fe  croifent  en  allant  fe  terminer  à  la 
circonférence  :  on  met ,  dans  le  chafïïs  qui  reçoit 
ce  crible  ,  une  traverfe  fur  laquelle  repofe  Tex- 
trémité  fupérieure  de  Taxe  ;  on  fait  fortir  au  con- 
traire du  châifis  Textrémiié  inférieure,  &  repofer 
le  bout  inférieur  de  Taxe  fur  une  traverfe,  fou- 
tenue  par  des  fupports  en  faillie  en  dehors  du 
chàflis  ,  &  placés  h  la  demande  de  rinclinaifoit 
qu'on  donne  au  crible  :  enfuirc  on  pofe  à  fon 
lommet  une  trémie,  pour  y  verfer  le  grain  ;  fous 
la  trémie  on  ajufle  un  auget  dont  le  bec  eatfc 
dans  rintérieur  du  crible ,  &  y  verfe  le  graia 
qull  a  reçu  de  la  trémie. 

Pour  (aire  mouvoir  le  crible,  on  adapte  une 
manivelle  à  Teitrémitè  fupérieure  de  raxe ,  fie 
lorsqu'elle  cft  vivement  tournée ,  le  crible  en  le 
motivant  rejette  toute  la  pouftière  ,  les  corpi 
étrangers  &  les  mauvais  grains,  par  les  trous 
des  planches  de  fer-blanc  ,  formant  fa  circonfe- 
rencc  ;  êi  le  bon  grain  tombe  &  fe  ramaffe  en 
tas  en  dehors  du  chalTis ,  deffous  U  traverfe  in- 
férieure. 

Chible  à  pied  &  trémie  ;  c'eft  un  grand  crible  1 
à  grille  de  fil  d'archal,  monté  fur  un  chàiris  à  ^ 
pied.  Ce  crible  auquel  on  donne  depuis  fix  juf- 
qu'à  ftpt  pieds  de  long,  fur  deux  pieds  à  deu» 
pieds  Ôi  demi  de  large,  efl  placé  fur  un  plan 
incliné  de  trois  à  quatre  pouces  par  pied*  Il  reçoit 
le  grain  qu*on  verfe  deffus  par  une  grande  tré- 
mie placée  à  fon  fommet  ;  le  gram  roule  fur  fon 
trcilhge  ,  &  tombe  au  pied  du  crible  ;  les  or- 
dures traverfcnt  le  treillage  :  les  plus  légères  fe 
perdent  en  route;  les  plus  groffes  fe  ralîemblent 
dans  un  petit  cuviér  ou  baquet  placé  fous  le  trcil* 
lage ,  dans  le  bas  ,  vers  fon  extrémité. 

Croisse;  c*eft  une  pièce  de  bois  dur  qui  a  la 
forme  d*une  étoile:  on  la  place  deffus  ou  dciTous 
la  lanterne  ,  Se  elle*  fait  autant  de  tours  qu  clic. 
Cette  pièce  reçoit  dans  fes  angles  rentrans  ou 
bras  ,  la  batte  du  babillard  ,  èc  lui  donne  fou 
mouvement. 

Croisée  de  dadindge  ;  c'eft  celle  fur  laquetl* 
s*engraine  la  batte  de  ce  blutage.  La  huche  du 
dodinage  étant  au  deffous  de  celle  du  premier 
blutai;e  ,  il  s*enfyit  que  la  place  naturelle  de  la 
croifie  du  dodinage  doit  être  fous  la  lantcme 
du  gros  fer. 


i 


M  E  U 

Crouc  d€  Si*  André  ;  ce  font  des  pièces  de 
charpente  qui  ie  croifem,  &  qu'on  place  en  de- 
dans d*yo  atTemblage  pour  le  coûcre-îbutcnLr  tnté- 
icrieurcmenr. 

DifiRAYER  &  rtmhtaycr  ;  c'cft  ferrer  plus  ou 
nittiîs  U  barre  fur  U  croifée  ,  ou  ferrer  la  ba- 
gnrtce  plus  ou  moins  prés  de  la  huche  du  côte 
rie  U  croifèe. 

Dec  H  ET  des  crains  par  U  mouture  ;  on  eflime 
ordixiaiieoient  ce  déchet  dans  la  mouture  com- 
mune ou  ruûique,  à  deux  livres  par  fetier  de 
Paris;  elle  ne  dois  jamais  paûfer  trois  livres;  le 
dccbet  cô  plus  confidèrable  dans  la  mouture  ico- 
aomîqoe ,  parce  que  le  grain  étant  repaiîé  plu- 
iseuTS  fois  fous  la  meule ,  il  y  a  plus  d'évapora* 
fioiL  PUis  le  mouvement  de  la  meute  efl  vif, 
plus  le  déchet  eA  confidèrable  ;  car  en  échauf- 
om  h,  farine ,  elle  di{Hpe  une  partie  du  volatil 
&  de  L*humide  qu'elle  renferme-  On  eftime  le 
dècjict  par  la  mouture  économique  de  cinq  à  fept 
livres  par  fetier  ;  mais  on  regagne  cette  perte 
avec  ufure,  par  le  furcroît  de  tarine  qu'elle  pro- 
cure«  On  comprend  dans  les  déchets  dont  on 
parle  ^  celui  qm  provient  du  blutage  ;  car  le  mou- 
Temenc  des  bluteaux  occaftonne  auÂî  une  perte. 
Qoand  les  meules  font  nouvellement  rebattues , 
lotiqu'eUes  font  ardentes  &  fort  rapprochées  ou 
xtrerrées,  te  déchet  efl  plus  confidèrable.  Il  faut 
encore  obferver  que  le  déchet  eft  plus  fort  fur  les 
l)Us  bien  fecs  »  que  fur  les  blés  nouveaux  ;  la 
cioalité  des  blés  influe  auOt  fur  le  déchet  ,  & 
il  y  dj  à  cet  égards  fouvent  une  di^erence  de 
é/^ux  ou  trois  livres  entre  ceux  d'une  rècolfe  & 
cemc  d'une  autre* 

DâvEiisoiR;  c*eft  une  ouverture  que  Ton  pra- 
tique à  un  des  côtés  de  la  reiUere ,  &  que  Ton 
»  terme  avec  un  empalement  qui  fe  lève  pour  laif- 
lêr  échapper  Tcau ,  lorfqu'on  ne  veut  pas  qu'elle 
anive  fur  U  roue  du  moulin.  Dans  beaucoup  de 
«nooUns,  la  petite  vanne  ou  empalement  qui  fert 
à  Jenner  le  dcverfoir,  fert  auflî  à  arrêter  la  com- 
VMiiiîcaiion  de  Teau  à  Tauge  du  moulin.  Pour 
cela  on  ne  fait  que  la  lever  d'une  place,  pour 
la  pofer  dans  Tautre. 

DoDlNAGE»  c'eft  l'appareil  d*un  fécond  blu- 
leifi  qu'on  place  fous  le  premier ,  &  qui  fert  à 
Icparer  les  gruaux  du  gros  fon. 

DouBLXAUX  ;  efpèce  de  foUves  fervant  à  for- 
mer le  plancher  d*un  moclin  à  vent. 

Dji£5srR  la  meule;  c'cft  la  charger  du  côté 
mofé  à  celui  qui  baiffe. 

Èmb RASSURES  de  Id  grande  roue  ;  c'eft  Taffem- 
Uage  de  deux  raies  de  cette  roue.  Les  raies  de 
la  grande  roue  d*un  moulin  font  toujours  placées 
par  couples  parallèlement  l'une  &  l'autre ,  dans 
de»  monoifes  pratiquées  dans  l'arbre.  La  diftance 
de  ces  morroifes  eli  fixée  par  la  largeur  du  pla* 
feod  de  U  roue*  Chaque  couple  de  raies  allant 
le  leraiîfler  fur  les  jantilles  au  point  où  defcend 
le  fivet  t  cootretienneni  »  foutiennent  &  embraf- 


M  E  u 


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fent  le  plafond  &  les  jantilles  ;  c'efi  ce  qui  leur 
a  fait  donner  le  nom  dVmbrafTures. 

£mbrassure  de  la  fignolle  ;  on  entend  par  ce 
mot^  deux  raies  parallèles  qui  tiennent  à  une 
même  traverfe ,  fit  qui  embniïent  conféqucm- 
ment  fon  ceintre,  formé  par  fes  traverfes  :  il  y  a 
donc  autant  d'ambraiTures  qu'il  y  a  de  rraverfes» 

£mbrassur£$  du  fouet  ;  ce  font  les  quatre 
rayons  placés  dans  des  lumières  pratiquées  au 
grand  arbre,  &  qui  abouti iïent  à  la  circonfcrencr 
du  routt  quMs  coupent  à  angle  droit.  On  les  ap- 
pelle embrajfures ,  par  imitation  du  même  terme 
dont  on  fe  fert  pour  exprimer  les  raies  de  U 
grande  roue;  cependant,  n'étant  point  doubles» 
elles  n'embraffent  rien.  On  fait  paff^rr  les  cmbraf- 
fures  derrière  on  en  dehors  de  la  bordure  du 
rouet,  en  l'entaillant  &  le  réduifant  à  mi-bois 
ou  à  peu  près,  jufqu'â  ce  qu'elles  foient  parve- 
nue^ à  l'extrémité  de  la  circonférence  du  rouet, 
où  elles  font  encaftrées  en  queue  d  arondc  ;  on 
les  attache  à  la  bordure  avec  des  chevilles  de  bois 
ou  de  fer. 

Empalement;  c'eft  une  petite  vanne.  On  fait, 
vis-à-vis  d'un  petit  courant  ou  foible  retenue  d*eau 
ou  on  veut  arrêter  ou  fixer ,  avec  une  planche 
fouvent  très-petite,  ce  qu'on  fait  avec  une  vanne 
vis-à-vis  d'une  maffe  plus  confidèrable  ;  &  c'cft 
cette  planche  ou  petite  vanne  >  qu'on  appelle  em- 
palement* 

Empoutrerie  i  ce  font  les  deux  poutres  qui 
foutiennent  le  plancher  du  beffroi;  elles  forment 
chapeau  fur  les  piliers;  on  y  taille  en  deflbus  des 
mortoifes  pour  en  recevoir  les  t^înons. 

Engin  ;  c'eft  une  machine  pl-cée  dans  le  comble 
d*un  moulin,  deftinée  à  monter  le  blé. 

Engin  â  virer  au  vent  ;  c*eft  un  treuil  dont  on 
fe  fert  pour  faire  tourner  un  moulin. 

Engrainir  ;  c'eft  verfer  du  grain  dans  la  tré- 
mie pour  donner  de  Vouvragc  au  mouïio. 

EntrepiEO  d'aune  meule  ;  c'eft  la  partie  qui  joint 
la  feuillure  concentrîquement  ëi  qui  fe  termine  au 
coeur  t   les  gruaux  fe  forment  dans  cetîe  partie, 

Fpée  de  irempure  i  c'eft  une  barre  de  fer  pofée 
verticalement  en  haut  dans  la  branle ,  &  par  bas 
dans  la  braie  d'aval,  à  leurs  extrémités  vers  ta 
tampane  :  elle  fert ,  par  le  mouvement  qu'on  lui 
donne  avec  la  corde  de  trempure,  à  foulever  eu 
abaiffer  la  meule  fupérieure  ou  courante ,  &  â  lui 
faire  prendre  mieux  fon  aplomb. 

Épie  de  la  ha  feule  du  frein  ;  c'eft  dans  un 
moulin  à  vent  une  pièce  de  bois  de  1 5  pieds  de 
long  fur  %  pouces  de  hauteur  &  4  pouces  d't- 
paiiTeur  ,  dont  un  des  bouts  entre  dans  une  mor- 
toife  faite  dans  un  des  poteaux  corniers. 

ÉPREUVE  de  la  farine  ;  on  juge  de  la  qualité 
de  la  farine,  à  la  couleur,  â  Todorat  &  au  goût; 
plus  elle  eft  blanche  ,*  plus  elle  cft  eftimée.  Ce- 
pendant les  farines  de  gruaux  ,  qui  font  moins 
blanches,  font  de  meilleur  pain  &  qui  a  plus  de 
goût.   Il  faut  que  la  farine  a  ait  aucune  odeur 


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M  E  U 


qui  indique  «lu'ellc  foit  échauffée  ou  qu*el!c  ait 
ioufferi  de  l  numiditi ,  ni  qu'elle  laiffe  aucun 
muvais  goût  en  en  mettant  un  peu  dans  la  bouche, 

ET  A  MINE  à  Uuuau  ;  ce  font  des  étoffes  claires, 
de  laine  ^  de  poil  de  chèvre  ou  de  foie  >  fabriquées 
exprés  pour  former  les  bluteaux. 

Les  étamiiics  pour  les  bluceaux  de  la  première 
huche,  ou  bluteaux  à  blanc  ou  fleur  de  farine, 
font  de  laine ,  &  portent  de  largeur  depuis  un 
quart,  jufqu'à  une  demi-aune  de  Paris  :  on  choi- 
fir  pour  ces  bluteaux  ,  les  plus  ferrées  ,  c'efl-à- 
clire ,  celles  qsi  contiennent  les  plus  de  fils  dans 
une  même  portée  &  ordinairement  36  à  44I 

Les  èumines  des  bluteaux  de  dodinage  font 
beaucoup  plus  claires.  Ces  étamines  fe  tirent, 
pour  la  plus  grande  partie  «  des  fabriques  de 
khcims  :  on  le  fert  peu  d*étamines  de  poil  de 
chèvre;  Tufage  de  celles  de  foie  cil  plus  com- 
mun ;  on  les  emploie  principalement  pour  les 
fcluteaux  ronds.  Ces  dernières  étamines  font  beau- 
coup plus  larges ,   &  fe  fabriquent  à  Paris. 

Étoile  ;  c'eft  dans  un  moulin  une  petite  roue 
de  4  ou  5  pouces  de  diamètre  dentée  en  rochet. 

ÉVEtLLURE  ;  on  appelle  ainfi  les  petits  trous  ou 
pores  remarquables  des  meules ,  qui  les  rendent 
plus  mordantes» 

ExiLLON  ;  c'eft  une  pièce  de  bois  mobile  à 
volonté,  qu*on  arc-boute  fur  le  palier  du  moulin 
d'un  bout,  &  de  Tautre  fur  un  pilier  du  beffroi 
placé  exprès  pour  le  recevoir»  vis-à-vis  Fextré- 
mité  du  palier;  enfuite  on  chaffe  à  demande  un 
coin  entre  ce  poteau  8c  Texillon,  &  par  ce  moyen, 
on  fait  porter  un  peu  plus  amont  ou  aval  le  gros 
fer,  autant  qu'il  efl  befoin  pour  bien  orienter  les 
meules  &  fixer  leur  aplomb.  Souvent  dans  les 
moulins  mal  aménages  ,  ce  pilier  manque  au 
beffroi  ;  alors  on  met  *  pour  y  fuppléer  ,  une 
planche  contre  le  mur  de  goutte,  &  on  fait  por- 
ter un  des  bouts  de  Texillon  deffus»  &  on  chaffe 
un  coin  entre  la  planche  &  le  bout  de  Texillon  , 
pour  exécuter  la  manœuvre  dont  on  vient  de 
parler. 

Farine  ;  c'cft  îa  poudre  nourrlffante  qui  forme 
rintérieur  des  grains,  &  qu'on  parvient  à  retirer, 
cû  la  détachant  &  fé parant  par  le  moulage  &  le 
blutage  de  leurs  écorces  appelées  fon. 

Farine  alongèc ;  c'eft  la  meilleure;  on  appelle 
ainfi  U  farine,  dont  la  pâte  s'alongc  étant  tirée 
dans  tous  les  fcns  fans  fe  brifer. 

Farine  dt  gruaux  eu  des  premiers  ^uaux  ; 
c'eft  celle  qu'on  appelle  dans  la  mouture  écono- 
mique fecûJtdt  farine  ,  &  qui  provient  des  pre- 
miers gruaux  repaffés  fous  la  meule  :  elle  eft 
moins  blanche  que  la  tleur,  parce  qu'elle  efl  mê- 
lée avec  la  farine  du  germe  ou  celle  qui  l'ap- 
proche ;  miis  elle  a  plu^  de  goût ,  elle  prend 
audl  plu5  d'eau  que  la  fleur  ou  première  farine, 
&  en  leçoit  fufqu*â  onze  onces  par  livre  poids 
de  maxc. 

FARINE  de  m'mm  ;  c*eft  le  nom  adopté  dans 


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nos  provinces  méndîonales  ,  pour  exprimer  h 
plus  belle  farine  :  c  eft  la  Heur  de  farine  qui  fc 
tire  de  grains  choifis  ;  elle  doit  être  douce  &  bien 
alongée.  Les  farines  de  minot  de  Nérac  &  de 
Moiïfac  font  celles  qui  ont  le  plus  de  répu- 
tation. 

Farine  piquée;  on  appelle  ainfî  celle  ou  Yen. 
remarque  des  taches  ;  c'eft  un  défaut  qui  la  dé- 
prîfe.  Si  ces  taches  font  noires  ,  elles  indiquent 
qu'elle  efl  échauffée ,  qu  elle  eft  mauvaife  ou  ail 
moins  quelle  a  fouffert.  Si  elles  ne  font  que 
grifcs  ou  jaunâtres  ^  elles  indiquent  qu'elle  a  été 
mal  blutée  ,  que  les  bluteaux  ont  latffé  paffer  dit 
fon  qu!  s'y  eft  mêlé. 

Farines  nvûhes  ^  ce  font  des  farines  plus  dik 
6ciles  à  traiter,  par  quelle  qualité  que  ce  foit* 

V AKi'SB  JtmpU  ;  on  appelle  ainfi  la  farine  qui 
cff  moins  âne  que  celle  dite  de  minot. 

Faux  hoùiiUns  ;  ce  font  deux  morceaux  de  botf 
pofés  en  fens  contraires  ou  de  plat  en  plat  qtu 
ferrent  à  foutenir  les  boitillons  &  le  bourrage 
de  chanvre  fie  de  graiffe  dont  on  garnît  la  fufée 
du  gros  fer. 

Faux-pont;  c'eft  dans  un  moulin  la  partie 
qui  eà  au  haut  de  la  montée ,  &  qui  a  )  pieds 
&  demi  de  large  fur  8  pieds  de  long. 

Fer  (le  gros)  c*eft  l'arbre  de  fer  qui  fupporte 
la  meule  courante. 

Feuillure  d*une  meule  ;  c*eft  la  partie  de  la 
meule  qtJi  joint  concentriquement  la  bordure. 
Les  gruaux  étant  pouffes  de  Tentrepied  dan» 
cette  partie  ,  par  le  mouvement  de  rotation  & 
la  force  centrifuge,  s'y  convertiffent  en  fleur  de 
farine* 

FlacHE  figntfie  U  vide  qui  fe  trouve  dsns  Fi^ 
quarrijfage  J*une  p'ùce  de  charpente^  Un  arbre 
n'eft  jamais  d'une  groffeur  égale ,.  ni  parfaitement 
droit;  pour  perdre  moins  fur  la  longueur  &  la 
groff«ur  des  pièces  qu'on  en  tire  ,  on  ne  les 
équarrit  pas  exaéïement  :  les  vides  qui  empè* 
client  qu'elles  ne  faffent  des  parallélipîpèdes  par- 
faits ,  s'appellent  flaches. 

Flanihr^  {meule)  ;  c'eft  la  meule  courante 
qu'on  rend  concave  proportionnellement  à  la  con- 
vexité de  la  meule  gtfante,  &  dans  la  même 
étendue. 

Fléau  de  baguette  de  hluteau  &  ^  dod)nAp  ; 
lorfque  dans  un  moulin»  les  huches  de  blutage, 
au  lieu  d'être  orientées  dans  le  fens  de  Tarbre, 
ont  au  contraire  leurs  tètes  &  leurs  pieds  amom 
&  avalant  l'eau ,  il  faut  néceffalrement  employer 
deux  morceaux  de  bois  pour  communiquer  aux 
bluteaux  le  mouvement  qu'ils  doivent  recevoir 
des  babillards  \  la  tringle  qui  engrène  dans  ta 
crotfèe,  retient  le  nom  de  batte,  celle  qui  joint 
la  baguette  ,  &  qui  fait  alors  angle  droit  avec 
elle ,  prend  le  nom  de  fléau.  Pour  que  le  fleaitl 
puiffe  imprimer  à  la  baguette  le  mouvement 
qu*il  reçoit  du  jeu  du  babillard,  on  y  doue  foi» 
tement ,  comme  à  un  fléau  à  battre  le  blé , 


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double  de  cuir,  qui  faifit  rcxtrémîic  de 
^  k  IkigtictTe  vers  la  tète  de  la  huche. 

Fliur  //  farincy  ou  fieur  ;  ceft  ta  farine  que 
^  nodmt  le  premier  moulage  »  qui  e(l  la  plus 
i  nflcfae  ,  &  la  plus  une  ;  elle  ne  fait  pas  cepen- 
éwt  le  pato  qui  a  le  plus  de  goût ,  parce  que  le 
tpnas  du  graia  s^ècrafe  rarement  au  premier  mou- 
bgpv  &  que  c>ft  fa  farine  que  rend  le  germe, 
fBÎ  doQne  le  plus  de  faveur  au  pain,  quoiqu'elle 
ne  (oil  pas  ù  blanche  que  la  fieur  qui  fore  du 
€ùtf%  d&a  grain.  Li  bonne  fleur  de  farine  de 
bûOÈcnt  prend  dix  onces  &  demie  d'eau  par 
lm«. 

FuiXRiiaE^  cefl  une  iffue  de  la  mouture  du 
gruïu  »  on  poVir  mieux  dire  le  fon  du  gruau* 

Fraton;  c'eft  un  morceau  de  bois  dur,  taillé 
^liarrictent ,  faifant  chaptau  fur  le  papillon  du 
gros  fer<  On  fortifie  les  angles  du  frayon  par 
des  targeues  de  fer  ;  il  fert  à  donner  le  raouve- 
laenf  ncceffaire  à  Tauget ,  afin  que  le  grain 
vuïCk  tomber  dani  rœinard  ;  pour  cet  effets  on 
ic  i^lace  de  minière  qu'en  tournant  ^  fes  angles 
frappent  U  main  de  Tauget  J  le  frayon  coiffe  le 
fros  (er,  8c  pofe  fur  ranille,  il  eft  affu^etri  de 
«aotére  quM  ne  vacille  point ,  mais  quVn  puiiïe 
i«A  tcnlerer  facilement  quand  on  veut. 

Frein  i  morceau  de  bois  de  31  pieds  de  long, 
6  pouces  de  large,  &  ^  depaitfeur,  qui  s'ajuile 
avec  le  rouet  du  moulin  à  vent. 

FaETOS  ;  ce  font  de  fons  cercles  de  fer,  dont 
an  axme  les  deux  emrèmitès  du  grand  aibre, 
pour  les  fortifier  &  empêcher  qu'elles  ne  fe  fen- 
«fexif  ;  on  en  met  ordinairement  trois  dans  la  par- 
r  tie  de  Tarbre  en  dehors  de  la  roue  ,  &  deux 
\  leulemem  a  Texu émûé  donnant  dans  riniérieur 
du  moulin. 

FrxttES  Je  la  lanterne  ;  on  donne  ce  nom  à 
tun  fon  cercle  de  fer,  qui  entoure  la  circonfé- 
i mce  de  chaque  tourteau ,  pour  en  foutenir  laf* 
>  feiiéilage. 

Fuseaux  de  U  Unurne  ;  ce  font  des  bâtons 
fonds  ,  de  bois  dur ,  ordinairement  de  pommier 
00  de  poirier,  placés  dans  la  circonférence  de  la 
laïuerae  ,  contre-tenus  par  les  deux  tourteaux, 
où  ils  fonc  afTemblcs  ;  les  chevilles  du  rouet  s'y 
csigrènctit  ,  &  font  par  ce  moyen  tourner  la 
koremc^ 

Fusée  du  gros  ftr;  c'eft  la  partie  du  gros  fer 
^  traverie  la  meule  gifante. 

Gaï  ;  terme  en  ufage  pour  exprimer  le  mouvc- 
muTéi  du  oiouîin  ;  on  dît,  par  exemple:  Ce  mon- 
fea  va  g»ù  ;  cela  fignîfie  qu'il  va  bien ,  ^  que  fa 
BeaJc  fotirne  vite.  Obtenir  un  mouvemcfit  plus 
pk  »  cela  veut  dire ,  parvenir  à  faire  tourner  la 
jDeole  plus  vite. 

Garouennb^  nom  qu'on  a  donné  à  une  pièce 
d«  bois«  au  bout  de  laquelle  efl  une  grande  mor* 
ttstlic  qui  fcrr  de  moune  à  un  rouet  de  poulie, 
fiif  kqucl  païïe  la  corde  employée  à  monier  les 
iu9^  dans  le  moulin  ^  ou  j^  les  defcendre. 


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GarOUEKNî  du  dedans  ;  c'eft  celle  qui  fert  à 
monter  ou  dcfcendre  les  facs  dans  Tinférieur  de 
la  cage  du  moulin,  d'une  chambre  à  une  autre; 
on  la  place  de  manière  que  la  corde  de  fa  poulie 
à  laquelle  le  croc  pour  faifir  les  facs  eft  attaché, 
pafle  dans  le  centre  des  trapes  par  lefquelles  ils 
iloivent  être  enlevés  ou  dcfcendre. 

Garouenke  du  dehors  ;  c'eft  celle  qui  fen  pour 
monter  les  facs  du  dehors  de  la  c.ige  du  moulin 
dans  les  greniers  ou  chambres  ;  on  la  place  de 
manière  qu'elle  ait  une  faillie  fufhfantc  en  dehors 
du  bâtiment ,  en  même  temps  qu'on  lie  folide- 
mcnt  fon  extrémité  oppofée  à  la  charpente  du  faitfr 
du  bâtiment  «  au  de^ïts  des  linteaux  de  la  fe- 
nêtre ou  ouverture  par  laquelle  on  reçoit  oa 
defcend  les  facs, 

GiT£  ou  U  Ghe  ;  façon  abn'gce  de  défigner  la 
meule  gifante,  fort  en  ufage  parmi  les  meuniers.^ 
Godets  ow  pots '^  ce  font,  dans  les  moulina 
à  eau  ,  des  cellules  pratiquées  entre  les  deux^ 
cours  des  jantilles,  La  proportion  à  Ickir  donnci^ 
neft  pas  indiiféreate  Pluûeurs  mécaniciens  pen- 
fent  qu'on  doit  en  fixer  ta  profondeur  aux  deu^r 
quinzièmes  du  diamètre  de  la  roue ,  &  que  la 
diftance  de  leur  féparation  doit  être' d*un  dixième 
de  ce  diamètre.  Leur  plan  efl  excentrique ,  £c 
coupe  obliquement  les  jantes  de  la  roue.  On  forme 
ces  godets  au  moyen  d'une  planche  qiii  s'emboîte 
dans  des  rainures  creufées  dans  répaitîeur  des  jan- 
tilles  ;  les  qualkcs  eflentielîes  des  godets  font, 
qu'ils  fe  rempli iTent  fans  perte  d*eau ,  8c  qu'ils 
foient  totalement  vuides,  lorfquils  font  parvenu» 
au  bas  de  la  courtière. 

Gousset  ;  on  donne  ce  rom  k  de  petites 
pièces  de  charpente,  cintnèes,  ou  faifant  angle 
droit,  qui  ont  deux  tenons  à  leurs  extrémités, 
reçus  dans  les  morioifes  de  deux  pièces  de  char- 
pente différentes.  On  place  les  gouffets  au-def- 
fous  de  la  jonâion  des  grandes  pièces  qui  s'unif»- 
fent  par  tenons  6c  moriOifes  ,  pdiir  fortifier  cette 
jonélion, 

Grenailleurs  ;  nom  qu'on  donne  au3f  mar- 
chands qui  font  un  cojnmerce  de  fon  gras  dont 
ils  tirent  le  gruau,  qu*iïs  font  enfyite  remoudre. 

Grener  ;  terme  dont  fe  fervent  les  meuniers 
pour  défigner  que  le  bourrage  de  la  mcyle  gi- 
fante ell  mal  fait  ,  &  qu'il  paffe  ou  fe  perd  du 
grain  au  travers  de  (on  œtllard, 

GKBSlLLO^f  ;  c*eA  le  nom  qu'on  donne  à  la 
troifiéme  farine,  dans  la  mouture  des  pays  irtcri- 
dianaux  de  la  France. 

Gresillon/ti  ;  terme  en  ufage  dans  les  pays 
méridionaux  du  Royaume,  pour  expritri^r  le  mé*^ 
lange  de  la  farine  hmple,  qui  elt  dans  les  mou- 
tures de  ces  cantons  la  féconde,  avec  le  gréfil- 
Ion,   qui  efl  la  troifième. 

Gros  /cr;  fort  effieu  de  (çr,  qui  travcrfe  îa 
lanterne  &  les  meules  ;  fa  partie  inférieure ,- qui' 
cÛ  bien  acérée ,  fe  termine  en  pivot  t<  pofe  vit- 
une  cragaudinc  enchâilée  dans  le  palier;  i    paffo^ 


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dans  le  centre  de  la  lanterne  par  ^eux  orifices 
garnis  de  fer ,  pratiquée  au  mitteu  des  tourteaux  « 
où  il  efl  afîiijttti ,  fans  avoir  aucun  jeu,  afin  qu*U 
Toit  forcé  de  tourner  avec  elle.  Il  traverfe  en- 
iuite  la  meule  inférieure  ou  te  gîte ,  par  une  ou- 
verture ronde  apptiée  œilUrd  >  formée  à  fon 
centre.  On  place  une  boite  dans  l'œlliard,  qui 
empêche  avec  {on  bourrage  ^  le  gros  fer  de  fe 
deverfer  &  le  blé  de  fe  perdre.  La  meule  fu» 
pcrieure  eft  percée  ainfi  que  la  première,  mais 
ion  aîliârd  eit  difpofé  en  deuous  pour  rece- 
voir une  rofette  de  fer  acérée,  terminée  par  des 
branches  à  crampons  ,  qu'on  appelle  nille  ou 
anille.  On  pofe  Tanille  fur  le  papillon  du  gros 
fer ,  comme  une  roue  de  voiture  dans  fon  eflieu  : 
&  pour  que  Tanille  &  la  meute  qu'elle  faifit^ 
tournent  avec  le  fer  dont  elles  reçoivent  leur 
mouvement  »  on  chafle  entre  le  papillon  du  gros 
fer  &  Tanilte  ,  des  peiits  coins  de  fer  qu*oa 
appelle  pipes  ;  ils  fervent  à  les  aflujettir  &  fer- 
rtr  de  façon  qu'ils  puiiTent  bien  tourner  en- 
femblc ,  (k  mettre  la  meute  de  deffus ,  ou  cou- 
rante ,  en  bon  moulage ,  quand  elle  cit  bien 
emboitce  dans  lanille.  L'extrémité  fupérieure  du 
papillon  ,  qui  efl  auflî  celte  du  gros  fer ,  fe  ter- 
mine en  pointe  arrondie ,  &  n^excéde  TanlUe  que 
d*un  demi  pouce. 

Les  parties  principales  du  gros  fer  font ,   fon 

fùvot,  fon  fût,  qui  efl  qmrré  6c  qui  traverfe  la 
antcrne,  fa  fufée  qui  e(l  ronde,  &£  qui  piffe  au 
travers  de  la  meule  gifante,  &  fon  papillon  qui 
tA  aplati  &  reçoit  1  anille* 

Gruaux  ;  ce  font  les  portions  de  grains  con- 
c ailés  &  brifcs  par  les  meules ,  qui  forte nt  par 
Tanche  ,  fans  avoir  été  réduits  en  farine.  On  les 
repalTe  au  moulin  :  comme  ils  ont   moins  de* 

I laideur  que  le  grain  «  on  a  foin  de  rapprocher 
es  meules  pour  quHls  foient  bien  broyés.  Cette 
opération  n'exigeant  pas  autant  de  force  que  le 
premier  moulage  du  gratn  »  elle  fe  fiit  plus  vite. 
Il  ne  faut  pour  repaiTer  les  gruaux ,  que  les  deux 
tiers  du  temps  qu'on  emploieront  pour  moudre  une 
jnefure  égale  de  grain. 

Gruaux  his  ;  ces  gruaux  font  féparés  par  le 
bluteau  cylindrique.  Comme  on  pratique  trois 
réparations  dans  fa  huche  «  on  les  diflingue  en 
première,  féconde  &  troifiéme  qualités.  On  tes 
appelle  gruau  bis ,  parce  que  la  farine  qu^ils  pro- 
duifent  eft  bife  »  ces  gruaux  contenant  les  parties 
les  plus  dures  du  germe,  &  prefque  toute  la  fé- 
conde écorce  du  froment  ;  la  farine  qui  en  pro- 
vient a  bon  goût  ,  quoiqu'elle  foit  inférieure  : 
elle  prend  plus  d'eau  que  toutes  les  autres. 

Gruaux  fins  ;  ce  font  les  plus  petits  &  les 
plui  blancs.  Ils  font  féparés  par  l'opération  du 
flodînagc,  &  paflcnt  par  la  partie  la  plus  ferrée 
du  fécond  bluteau  ;  ils  tombent  dans  la  fèparation 
qui  leur  cil  marquée  vers  la  tcte  de  U  huche, 
ëc  font  tormés  par  la  partie  la  plus  ferme  du 
grain  «  qui  enveloppe  le  germe* 


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GHUAUX  gris ,  ou  féconds  Gruaux  ;  ce  font  les 
plus  gros>  qui  palTam  à  l'opération  du  dodînage, 
par  ta  partie  la  plus  claire  du  fécond  bluteau, 
tombent  dans  la  fèparation  qui  leur  eft  affignée  vetf 
le  pied  de  la  huche.  Us  font  compofés  de  la  por* 
tion  ta  plus  proche  de  fécorce  du  grain  &  d^ 
quelques  parties  du  germe. 

GuEULETTE  \  00  appelle  ainfi  les  orifices  é^ 
la  manche  6c  de  rextrémité  inférieure  du  bluteati. 

Habiller  un  moulin  ;  c'efl  en  garnir  les  aîkf 
avec  environ  iio  aunes  de  toile. 

Hardzau  ;  corde  attachée  au  bout  du  freui 
d*un  moulin  à  vent, 

HÉRISSON  ;  c'ed  une  roue  dentelée  fur  (à  cir- 
conférence ,  comme  on  en  voit  dans  les  tourne- 
broches  &  les  horloges.  On  fait  tes  hériffons  de 
différentes  grandeurs ,  fuivant  le  fervice  au  quel  ils 
font  deftinés  ;  leur  plus  grande  différence  avec 
les  rouets,  eft  que  les  chevilles  de  ces  dernières 
roues  font  placées  dans  répailTeur  dts.  jantes, 
fur  leur  plat  :  les  uns  &  les  autres  fervent  égale* 
ment  à  mukiplier  le  mouvement  par  Tcngrène- 
ment  de  leurs  chevilles  &  dents  dans  les  fureaux 
des  lanternes. 

Heurtoir  ;  cVft  dans  un  moulin  une  pléee 
de  bois  contre  laquelle  s*appuie  le  bout  de  Tarbrç 
tournant  coupé  perpendiculairement  Si  garni  d'une 
plaoue  de  fer. 

Huche  ;  on  déft^ne  par  ce  mot  «  une  caîflb 
ou  coffre  oblong,  toutenu  fur  quatre  piliers  ou 
pieds  droits,  dans  lequel  on  place  le  bluieail* 
La  huche  fe  pofe  près  les  meules  &  on  la  tjeor 
fermée,  pour  que  la  farine  ne  fe  perde  pas;  on 
perce  une  ouverture  dans  fon  deffus  pour  faire 
fortir  la  manche  du  bluteau,  de  manière  que  le 
produit  total  de  la  mouture  puiffe  tomber  dedans; 
te  bluteau  fe  terminant  à  rextrémité  de  la  huche, 
on  fait  une  ouverture  dans  la  planche  qui  ferme 
fon  pied  ,  pour  v  adapter  la  gueulette  du  bluteau  « 
6c  que  les  ions  &,  gruaux  puiffent  tomber  dans  % 
fac  qu'on  attache  fous  cette  ouverture  ;  un  di 
côtés  de  la  huche  ne  fe  ferme  que  par  un  ri« 
deau  ou  par  des  planches  brifées  qui  fe  meuvent 
dans  des  coulJflTcs ,  afin  de  pouvoir,  en  levant  le 
rideau,  ou  tirant  ces  planches,  ramaffer  la  farine 
qui  tombe  dans  la  huche,  en  paffant  au  travers 
de  rétamine  qui  forme  le  bluteau.  On  oricoie 
tes  huches  de  deui  manières ,  fuivant  l'crpaca 
qu^on  a  :  fi  ta  cage  du  moulin  cft  grande ,  un 
place  la  tète  de  la  huche  prés  les  archures  »  &  on 
oriente  fes  câtés  amont  &  aval  l'eau  ,  cVfl  l& 
meilleure  manière.  Si  lefpace  manque ,  on  oriente 
la  huche  en  fens  contraire,  la  tète  amont  &  le 
pied  aval. 

Huche  de  dodinage  \  elle  fe  place  foos 
du  premier  bluteau  ,   en  fens  contraire  ,  c'cfl-à« 
dire,  que  fa  tête  doit  répondre  au  pied  dr 
huche  fupérieure  ;  on  fait  excéder  la  tête  dr 
huche  du  dodinage  de  quelques  pouces   le  | 
de  la  huche  du  premier  bluteau  *  abn  que  les  k 


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«aux  f^e  rejetcc  le  bluteau  t!c  h  première 
il  tomber  iians  Torifice  de  U  munthc 
£  dodinage.    On  fait,  dans  lous  les 
,  dans  la  huche  du  dodinivge,  une 
%iT  ,1  milieu,   defTous   le  biuîcau  ,   ronr 

qoc  i«  gr«aux   fins  tamifës  dans  la  partie  itipé- 

Iticvre  de  ce  blutcau  ,  rcftant  fôpatés  des  pUis 
|n»,  ttavcrfent  fa  partie  luférieuri,  qui  cil  ta i te 
iTêc  tifie  étjimîne  plus  claire. 
ÎAjfTiLLt  ;  on  appelle  Jantîlles ,  les  plinc:he$ 
^  Âmnetir  les  côiis  de  la  circonférence  d*une 
fOiie  à  pot. 
Jfv;  on  appelle  ainfi  dans  un  moulin  à  vent, 
uûc  pièce  de  bois  qui  cfi  etnmortoifée  djii:s  les 
hiutes  pannes  des  ait  es. 

/oc  ou  i  /û^  ;  terme  dont  on  fe  fert ,  pour 
«priflîeT  que  le  moulin  ne  va  pas  :  OTeitrc  le 
mouhn  à  joc,  c*eft  rarrèrer, 

Issujrs  i  OD  donne  ce  nom  à  ce  qui  refle  des 
«Otitiires  après  la  farine. 

LArrtRXE;  pignon  à  jour  fait  en  forme  de 
UDieme*  Elle  cA  compofée  de  deujt  plafonds 
cgaa^c,  appelés  tourttaux  ^  percés  de  trous  à  des 
dtibncei  égales  dans  leurs  ctr confér ences ,  pour 
recevoir   ks   fufcaux  ,   placés  verticalement ,   & 

r  fixent   la  diilance  entre  le  plafond  d*en-bas 
cdui  d*en-haut,  qui  couvrent  horizontalement 
€«s  fnfcAux  :  au  centre  de  chaque  tourteau  «    efl 
oce  o^verrorc  garnie  de  fer;   elle  fert  à  y  faire 
païïer  le  groi  1er  qui   traverfc  les  meules  ,   & 
€oiiimumque  â  celle  de  deflîjs   le  mouvement 
qoe  U  laiïterne  reçoit  du  rouet, 
^m      LAKT£K^£  de  hluierh  ;   c'cft  une  lanterne  qui 
^■engrené  diins   un  bénlTon   adapté  exprès  fur  le 
^■Mod  arbre  pour  en  faifir  les  fufeaux  &  ta  faire 
^^^P^ier  ;    par  ce   moyen  ,    avec  des  chaines  ou 
cordages ,   fit  des  poulies  de  renvoi  qui  corref- 

Enécnx  à  cette  lanterne  ,  on  fait  mouvoir  des 
îierics  rondes  &  autres ,  qu'on  place  dans  les 
dtajnbres  des  grands  raoulitis  ;  quelquefois  on  fait 
iBotnair  auili  la  bluterie  du  dodinage  par  une 
laDternc  qui  engrène  dans  un  hériiTon. 

Ij^yTEAKE  À  monter  h  kUd  ;  on  l'établit  de  ma- 

;  ..    -u  elle  puiffe  engrener  horizontalement  dans 

î  i    fon  axe  eS  prolongé   comme   Tarbre 

îrcoil  :   on  y  attache  une  corde  qui  répond 

les  poulies  de  renvoi  à  la  cliambrc  ou  gre* 

ol  Te   le  blé  ou   la    farine. 

00  prs:  .  .  ^iïîs  les  planchers  pour 
^ooncr  pilUge  aux  facs  enlevés  par  cette  méca- 
nique; &  lorfqu^on  veut  lui  donner  du  mouve- 
ment ,  00  fait  engrener  tes  fufeaux  de  la  tan- 
terne  rîan^.  |es  chevilles  du  rouet;  alors  la  corde 
^                  fac  qti*on  veut  enlever,    fe  roulant 

de  U  lanterne ,  en  un  inûant  le  fac 
cft  uns  le  lieu  oîi  il  doit  être  placé  :  on 

1  iDin  o  arracher  au  fac  une  petite  corde ,  qu^un 
bMrme  tient  dans  la  faite  d'où  part  le  fac  :  elle 
W  Tpier  fon  mouvement  de  manière 
fi-  vhc  point  aux  bords  des  trappe^, 


Ni  E  u 

&  qifil  y  paffe  fans  difficulté  i  un  autre  homme 
le  reçoit  au  lieu  ciu  il  cfl  apporté  ,  &  le  range 
pendant  qu'il  cfl  encore  foutcciu  en  l'air  au  lieu 
ou  il  doit  reftcr ,  au  moyen  de  ce  quon  lâche 
la  corde  qui  le  fouticnt ,  fuivant  fa  demande. 
Quand  le  fjc  eft  arrivé  à  la  hauteur  dcfirée  »  ta 
lanterne  cft  repoufl^e  du  rouet ,  par  unti  mècha- 
nique  fimpîe ,  &  elle  reprend  fa  place  de  repos« 
Lorfqu'on  peut  faire  cet  établiiTcment  dans  un 
moulin,  on  y  fupprime  le  travail  pour  monter  les 
facs  faits  à  l'ordinaire,  qui  demande  beaucoup 
plus  de  temps  &  de  mains  d  hommes. 

Lanterne  de  tarare \    c'eft  une  lanterne    mue' 
par  le  rouet  ou  par  un  héri^bn  ,  qui  par  fon  jeu 
commande  fon  mouvement  au  tarare. 

Lattes  ;  morceaux  de  bois  de  traverfe  dans  le* 
ailes  d'un  moulin  ,  pour  recevoir  les  toiles  contre  \ 
lefquelles  frappe  le  vent. 

Litron  ;  le  litron ,  mefure  de  Paris ,  efl  la  fei^ 
ziéme  partie  du  boi^Teau. 

Lourd  deî  meules  ;  on  entend  par  lourds,  le*1 
parties  les  plus  dcnfes  d'une  meule ,  qui  coofé*  1 
quemment  ayant  plus  de  pefanteur  ,  rompent  1 
TéquiUbre  du  tout.  Pour  remédier  à  ce  défaut , 
qui  nuit  eiTenticUemcnt  au  moulage,  parce  qu'il  I 
empêche  de  mettre  facilement  d^aplomb  la  meuloJ 
courante,  on  coule  du  plomb  fur  les  parties  Ic^J 
plus  légères  de  la  meule  ,  atin  de  rétablir  Tè^j 
quilibre,  -J 

Lumière  j  c'eA  une  ouverture  taitc  dans  une] 
pièce  de  charpente  qui  U  perce  de  part  en  partîj 
ce  qui  la  dillingue  de  ta  mortolfe  qui  n'a  qu'une] 
protondeur  pénétrant  feulement  une  partie  de  1^ 
pièce.  ' 

LuON  ;  c*eft  dans  un  moulin  à  vent  une  piéc^ 
de  bois  de  trois  de  long  fur  4a  6  pouces  de  grossi 
laquelle  eft  emmortoifee  par  un  bout  dans  uni 
autre  pièce  de  bols  près  du  rouet* 

Machiner  c'eA  le  nom  qu'on  donne  à  u^l 
petit  héri{ron  de  fer  d'environ  %  pieds  de  dia^^J 
mètre,  &  dont  les  dents  engrènent  dans  cellet  1 
du  rouet ,  pour  enlever  le  blé  dans  le  comble  disl 
mouUn. 

Main  de  Fauget  ;  c'eft  le  côté  de  Tauget  ava.-^ 
lant'feau  «  qui  cil  prolongé  pour  que  le  frayoal 
en  tournant  puifle  le  frapper. 

Manc^  de  bluteau;   oa  adapte  aux  bluteauÉ 
placés  dans  tes  huches  ,  une  petite  manche  dani 
fa  panic  fupérieure  *   à  peu   ite  di  ftance  du  pa^ 
ionnier ,  qui  fert  à    rece%"oir   les  grains  moulti 
à  la  fortie  de  l'anche  des  meutes. 

Marteaux  ordinaires  ;    on  en  tient   toujour 
3  ou  4  de  grolTeurs  différentes  dans  un  nijuling^ 
pour  le  fervice  qu'exige  perpétuelkmjnt  les  di^ 
verfes  manoeuvres  &  ouvrages  à  y  faire. 

Marteau  à  retattre  j  c'eu  celui  qui  fert  à  _ 
quer  8t  rayonner  les  meules  ;  fa  tère  efl  mincij 
5c  fon  plat  afHié.  On  en  a  toujours  deux  o4 
trois  dans  ttn  moulin  j  un  peu  diSérens  en  pro- 
partions* 


f  8  M  E  U 

Masse;  c'cft  un  des  outils  néceffalres  à  un 
sieuntcr  :  elle  (en  i  cbaiTer  les  coins  de  braies  » 
ceux  qu*on  infcre  entre  les  meules  ,  lorfqu'on 
veut  lever  ta  meule  courante ,  &  à  plufieurs 
imres  gros  ouvrages, 

MÉCANISME  du  moulin  éï  tan  ;  pour  le  conce- 
voir il  faut  faire  plufteurs  obfervations» 

i*.  Cette  mackinc  hydraulique  reçoit  fon  mou- 
vemcnt  de  leau  qui  arrive  fur  h  roue ,  remplit 
ies  godets  âc  la  fait  tourner. 

i".  L'arbre  qui  fert  d*elTieu  à  cette  roue,  eft 
auAi  Taie  du  rouet.  Le  rouet  fait  donc  autant  de 
tours  que  la  roue. 

)*.  Le  rouet  étant  garni  de  dents  ou  chevilles 
qui  engrènent  dans  les  fufcaux  de  la  lanierne, 
cette  lanterne  fait  beaucoup  plus  de  cours  que  le 
rouet  V   parce  qu'elle  a  peu  de  fufeaux  «   tandis 

3ue  le  rouet  a  un  grand  nombre  de  chevilles. 
Linft ,  quoique  le  nombre  des  cJievilles  du  rouet 
%L  cetui  des  fufeaux  de  la  lanterne  ne  foirât  pas 
réglés  dans  tous  les  moulins  dans  une  proportion 
femblable,  pour  prendre  un  exemple  fur  des  rap- 
ports des  plus  oréin aires  ,  fi  le  rouet  a  56  che- 
villes &  la  lanterne  8  fufcaux  ,  la  lanterne  fera 
7  tours  contre  le  rouet  un. 

4'.  Le  gros  fer  formant  Taxe  de  Is»  lanterne,  & 
étant  placé  de  manière  quil  pivote  fur  le  pa- 
lier ,  il  s*enfuit  qu'il  fait  autant  de  tours  que  la 
lanterne. 

5°,  Le  gros  fer  étant  coiffé  de  lanlllc  »  &  Ta- 
DÎlle  faifiliaiit  la  meule  courante  «  il  eft  clair  que 
cette  mcuie  fait  autant  de  tours  que  le  gros  f^r. 
De  ces  obfervacions  il  rérultc,  que  d'un  coté 
la  meule  courante^  le  gros  fer  &  la  lanterne  mis 
en  mouvement  font  un  nombre  de  tours  égaux , 
&  que  dun  autre,  le  rouet  du  moulin  fait  autant 
de  tours  que  la  roue.    Si  Ton   prend  donc  un 
temps  donné,   par  exemple  une  minute,  &  que 
dans  cet  efpace  la  roue  du  moulin  fa^e  8  tours, 
fi  le  rouet  a  56  chevilles,  la  lanterne  8  fufcauf  , 
comme  on  Ta  fuppofé  ci-dciTus ,  là  meule  cou- 
rante fera  7  fois  8  tours  ou  56  tours  dans  une 
«linute,  ce  qui  eA  un  bon  mouvement.  Si  la  roue 
fait  9  tours  dans  une  minute,  alors  la  meule  cou- 
rame  tournera  plus  giiement ,  &  fera  7  tours  de 
plus  dans  une  minute,   ou  au  total  6^  :  enfin, 
it  la  roue  ^it    10  tours  par  minme  ^  la  meule 
couMnte  en  fera  70  j  ce  qui  efl  un  mouvement 
rrèï-gaî ,  &  qu'on  ne  doit  p.is  paffer ,  car  alors 
ie  mouvement  dcsiendrou  trop  vif  3i  la  farine 
s'éch  lufferoit  en  fe  formant.    Les  meilleurs  meu- 
niers penfent   que   lorfqu'on   a   obtenu  pour  la 
meule  courante  60  tours  par  minute ,  on  ne  doit 
pas  chercher  à  parvenir  au-delà  :  maisauni,  Ç\  on 
tombe  aiT'deffous  ,  le  moulage  en  fe  ralentiilant 
devient  pauvre  «  tes  fons  relient  gras ,  &  le  grain 
s'aplatit   plutôt  qu'il  ne  fe  pulvérife  :  enfin,  au- 
de^otis  de  fo  tours,  un  mouitn  n'cA  propre  qu'à 
la  mouture  cniumtine. 
i^prés  avoir  expliqué  la  manière  dont  U  meule 


M  E  u 

courante ,  qui  tourne  perpétuellement  (iir  la  meul 
giffante ,  reçoit  fon  mouvement ,  &  à  quel  poîaf 
U  convient  de  le  fixer,  il  faut  donner  une  idé^ 
de  ce  qui  a  rapport  au  débit  des  meules  «  c'cA-à* 
dire  ,  à  la  quantité  de  grain  qu'un  mouUn  peut 
moudre  dans  un  temps  quelconaue,  comme  par 
exemple  14  heures.  Cela  dépencant  de  pluGcurs 
caufes,  il  eft  néceflatre  de  voir  travailler  un  m^u 
lin  pour  l'apprécier.  Il  y  a  des  moulins  qui  mou«- 
lent  un  fetier  en  un  jour  «  &  d'autres  qui  en 
moulent  jufqu  à  40.  En  général  le  bon  débit 
d'un  moulin ,  dépend  de  la  quantité  d^eau  qui  y 
arrive  ,  de  la  hauteur  de  la  chute ,  de  la  per- 
feftion  de  fon  mècanifme  &  de  la  manière  dont 
il  eft  conduit.  Un  mécanicien  bon  géomètre  voit 
&  calcule  tous  les  réfultats  ciu  il  peut  attendre  de 
ce  que  lui  préfente  le  local  d'un  emplacement 
où  on  le  charge  de  conAruire  un  moulin  :  & 
d'après  les  avantages  &  les  défavaniages  qu'il  t 
reconnus,  il  proportionne  toutes  les  parties  &  les 
pièces  qui  entrent  dans  cette  conllruâion,  U  iia 
s'agit  point  ici  d'entrer  dans  aucun  calcul  mathé* 
manque  ,  mais  de  donner  ft:ulement  des  idées  des 
points  fur  lefquels  on  peut  fe  régler. 

Lorfque  l'eau  abonde  dans  un  moulin  ,&  qtiVUe 
a  une  iorte  chute ,  on  y  fixe  d'abord  le  mouve* 
ment  9u  degré  de  viteue  qu'exige  un  bon  moi»* 
lage.  Comme  on  y  peut  faire  agir  une  force  capable 
de  furmonter  les  ràfiAances ,  on  y  emploie  di 
meules  plus  épaiffes  &  plus  fortes,  qui  poir 
recevoir  plus  de  grain,  peuvent  auâî  le  mo 
fans  perdre  rien  de  Tadivité  de  leur  mouve* 
ment.  Linclinaifon  plus  ou  moins  grande  qu'on 
peut  donner  à  Tauget  en  le  fufpendant,  &  Je 
mouvement  plus  ou  moins  vif  qu'il  peut  recevoir 
du  frayon ,  fervent  à  régler  ce  qu'il  faut  verier 
de^rain  fur  les  meules. 

Si  l'eau  eft  trop  forte  dans  un  mouHti  t  k 
Mécanicien  qui  le  conftruit  remédie  à  ce  d^ 
faut ,  en  multipliant  les  fufeaux  de  la  lanten]<  , 
&  les  porunt  au  nombre  de  to  ,  la  &  même 
plus  ,  ou  en  donnant  moins  de  diamètre  «u 
rouet ,  ou  en  efpaçant  tes  pas  de  fes  cbcvilt^ 
un  peu  plus  largement. 

Si  l'eau  n'eft  pas  abondante  dans  un  nioulta . 
le  mécanicien  conftruâeur  cherche  à  regagner 
de  la  vitefte  en  donnant  à  fa  roue  le  plus  grand 
diamètre  qu'il  lui  eft  poffible.en  tenant  coiïd- 
quemment  fon  rouet  plus  grand»  en  ferratit  da- 
vantage les  pat  de  fes  chevilles,  en  dimimiaiic 
les  fufeaux  de  la  lanterne,  &  les  rédulfant  à  7 
ou  à  6;  en  employant  dts  meules  plus  mînccf 
&  d'un  poids  moindre.  Miis  fi  tous  ces  foitu 
produifent  des  avantages,  ils  ne  compenfcot  ja- 
mais celui  de  l'abondance  de  Teau.  Ainfi  li 
meilleure  opération  quand  l'eau  eft  coune,  efl  de 
la  retenir  sll  eft  poftible  pendant  un  temps, 
pour  en  avoir  une  quantité  fuffifante  ,  aân  qiM 
lorfqu'on  la  donne ,  le  moulin  travaille  bien  : 
il  y  a  alors  un  gain  fciïiiblc ,  foti  pour  b  qualité 


( 


\ 


fcb  fânne ,  foir pour  la  quintîté  qu'on  en  p«ue 
wrç*  l!  Tarn  beaucoup  mieux  ne  faire  travailler 
■0  Dioulin  que  12  ,  15  ou  t$  heures  par  Jour,  & 
fini  mjf che  bien  »  que  de  le  (aire  travailler  per- 
péfacJeitieni»  éc  quHl  marche  mat 

L*h4hUef6  du  meunier  oti  du  garde-moulin, 
cwmibue  beaucoup  au  plus  grand  débit  8t  au 
fcw  moulage  du  grain  ,  foit  par  fes  foins  à  ce 
|iic  les  meules  foicm  bien  d*aplomb«  rapprochées 
miTcaahleinent  Tune  de  l'autre  ,  bien  piquées 
8t  em^jonxiées  »  que  tous  les  virans  8c  travail- 
M$  joocm  aifement,  &  marchent  comme  ils  le 
wirem^  foit  en  remédiant  à  propos  aux  plus 
pttilft  încoiTvéntens ,  &  à  tout  ce  qui  peut  Uirc 
fi3ÎfTcdes  réfîflances;  enfin»  il  donne  perpétuelle- 
wcai  atix  meules  une  quantité  de  grain  propor- 
tioeaeUc  à  leur  mouvement  Sl  4  leur  force. 

MfviES  ;  les  œ^ules  font  des  tronçons  cylin- 
M 1?^  *^  piûire  dure  ,  grifc  »  rougeânre  ou 
wQcHe,  de  d  à  tS  pouces  d'épai/Teur,  &  de 
fipicdt  i  6  pieds  6  pouces  de  diamètre  ;  leur 
oSœ  cÛ  de  brifer  le  grain  fit  de  détacher  la  fa- 
ffac  de  fes  fons  &  enveloppes.  Les  meules  de 
pcrre  grifcs  &  rougeâires  font  les  meilleures  , 
91SS  elles  font  communément  plus  ardentes  que 
C^tt  de  pierre  blanche;  ces  dernières  font  plus 
*wces  &  font  en  général  de  la  farine  plus 
«anche,   rmh  elles  débitent  moins. 

Chaque  moulin  a  deux  meules  égales  en  dia- 
•^n^  »  pofées  bien  de  niveau ,  &  placées  de  ma- 


Sue  leur  aie  mathématique  toit  eiadement 
I  même  ligne  verticale,  ^inférieure  fe 
Bùmts^e  b  gijf4nu  ou  le  pte ,  parce  qu'elle  eft 
«Bobile  ;  la  fupérieure ,  oui  pivote  for  le  papil- 
loii  du  gros  fer  au  moyen  de  fanille ,  fe  nomme  la 
€9mrsnit  ,  &  reçoit  Ion  mouvement  du  jeu  de 
la  Unrerne  &  du  rouet  j  la  première  a  fa  furface 
lupéficurc  relevée  en  cône  droit  de  quatre  lignes 
a»  cœur;  on  la  nomme  pour  cela  boudinière  : 
■«ourante  au  contraire  efl  concave,  &  même  elle 
•oit  avoir  un  peu  plus  de  creux  que  la  boudinière 
n^a  de  CliUie,  pour  permettre  le  paflâge  au  grain: 

^Qaque  meule  a  quatre  parties  diflînéics»  le 
wnJ  ,  la  feuillure ,  l'cntre-pied  ut  le  cœur.  Le 
•Ofd  eft  U  dreonférence  cxtérietu-e  de  la  meule. 
La  fimniare  efl  à  6  pouces  en  de- là,  en  allant  vers 
i«  centre^  L'entre-pied  vient  enfuite  ;  &  enfin  le 
«car  qnî  eft  la  partie  voifine  de  rœillard.  La 
neale  commence  à  écrafer  le  grain  vers  le  cœur; 
le  gruau  fe  forme  à  Tentre-pied  ;  la  farine  s'af- 
fc«re  8c  fe  fait  à  la  feuillure  &  jufqu  au  bord. 
Le  produit  total  de  la  mouture  eft  emporté  cn- 
fitetc  par  b  force  centrifuge  dans  Torifice  prati- 
«pé  aux  archures  au  droit  de  la  anche ,  &  fc  dé- 
gorge par  cette  ouverture. 

Les  meules  s'orientent  comme  le  papillon  du 
pof  fer  ;  elle*  ont  leurs  bouts  &  leur^  plats 
comme  lui.  Quand  on  les  met  en  moulage ,  on 
tA(€Tt^  de  placer  les  plats  du  papillon  parallèle* 


raent  à  la  roue,  &  les  bouts  parallèlement  à  fan 
arbre,  en  bordant  bi«n  de  niveau,  ccft-à-dire, 
en  mettant  bien  de  niveau  les  bords  de  la  meule 
courante. 

Ce  piquage  &  rayonnement  des  meules  fe  fait 
en  menant  du  cœur  vqts  les  bords  des  rayons  : 
ces  rayons  doivent  avoir  15  lignes  de  largeur  à 
Textrémité  de  la  feuillure,  &  être  fèparés  dans 
cette  partie  de  deux  pouces  à  deux  pouces  & 
demi  entre  eux.  Ils  doivent  avoir  aurtl  une  faillie 
de  répai^eur  d*une  feuille  de  papier.  Quand  on 
moud  des  menus  grains  plats  ,  il  faut  faire  les 
rayons  de  9  à  10  lignes,  &  les  efpacer  de  t8  à 
ao  lignes,  cVft-â  dire^  les  rapprocher  ^  les  rauU 
tiplier  dav;inrage. 

Les  meules  d'une  feule  pièce  étant  rares  ,  on 
trouve  dans  beaucoup  de  moulins  des  meules 
compofées  de  pluûeurs  carreaux  joints  enfemble  ; 
mais  ces  fortes  de  meules  ne  font  jamais  d*auflf 
bonne  farine  que  celles  qui  ne  font  que  d*une 
feule  pièce*  La  pierre  dont  on  forme  les  meules 
étant  une  efpèce  de  meulière  ,  elle  eA  fujetce  à 
avoir  des  petits  trous  ou  pores  ;  on  les  appelle 
éveillures  :  quand  elles  font  trop  fortes ,  on  les 
remplit  avec  un  maftic  compoft  de  farine  de 
feigle  &  de  chaux. 

La  meule  courante  s*ufe  plus  vite  que  la  gîf- 
fante  ;  une  bonne  meule  courante  dure  dans  un 
moulin  ,  travaillant  bien  ,  25  ans,  &  la  gifTante  50. 
£n  donnant  ci-de(lus  les  proportions  ordinaires 
des  meules,  on  na  entendu  parler  que  de  celles 
des  moulins  des  provinces  feptentrionales  :  elles 
font  en  général  plus  petites  dans  les  provinces 
méridionales  ;  on  ne  leur  y  donne  guère  que 
4  pieds  à  4  pieds  Ôt  demi  de  diamètre,  mais  on 
leur  donne  plus  d  epaiflfeur. 

MiULEs  ardcnus  ;  ce  font  celles  qui  font  fort 
coupantes  ,  &  plutôt  encore  par  les  inégalités 
naturelles  de  la  pierre  t  ^ue  par  U  manière  dont 
elles  font  rebattues. 

Meule  houdimcrt  \  nom  qu'on  donne  à  la  meule 
giiTante  ,  parce  que  fa  furface  de  deflîis  efi  un 
peu  convexe. 

Meule  courante  \  c'eft  le  nom  cpi^on  donne  à 
la  meule  de  deiTus ,  qui  ed  la  feule  qui  tourne. 

Meule  fldntcrt  ;  nom  qu'on  donne  à  la  meule 
courante  ,  parce  que  fa  furface  inférieure ,  qui 
joue  &  tourne  fur  la  meule  giflante ,  eft  laa  peu 
concave. 

Meule  gîjfdnte  ou  giu  ;  c'eft  le  nom  qu'on 
donne  à  celle  de  deffous  ;  elle  repofe  de^us  um 
châ0is  placé  fur  le  plancher  du  beA:oî  ;  on  l'ap- 
pelle §îjfdni€  ,  parce  qu'elle  eft  fixée  à  demeure  » 
8l  ne  tourne  point. 

Meteil;  c'eft  un  mélange  de  froment  &  de 
feigle.  On  fème  beaucoup  de  métell  dans  les  fer- 
mes ,  &  les  petits  habitans  en  fèment  quantité 
dans  leur  champs  »  quorqu'en  général  le  feigle 
mùriffe  un  peu  plus  tôt  que  le  froment ,  &  qu*oa 
Ibit  alors  forcé  de  les  récolter  enfemble;  le  mi« 
Nii 


100  M  E  U 

teil  eft  pour  Tordinaire  réfervé  pour  la  nourriture 
du  cultivateur. 

Mesurage;  fi  on  a  établi  des  règles  pour 
fixer  les  mefures ,  il  n*y  en  a  point  de  certaines 
pour  le  mefurage.  La  manière  de  le  faire,  ojïèrc 
une  grande  didérence  dans  le  poids  ,    fur-tout 

Eour  ÏQS  grains  &  farines.  Un  marchand  &  un 
ourgeois ,  étant  dans  le  cas  d'acheter  des  objets 
confidérables ,  pour  éviter  d*étre  trompés ,  doivent 
faire  tous  leurs  marchés  au  poids  ;   par-là  ils  fe 

(garantiront  des  tricheries  &  tours  d*adrefles,  fur 
efquels  les  revendeurs  &  regratiers  fondent  leurs 
plus  grands  profits.  Mais  il  eft  bon  qu'ils  fafl'ent 
mcfurer  auiïï,  parce  que  dans  l'opération  du  me- 
furage ,  on  eft  plus  à  portée  de  bien  examiner  la 
qualité  de  ce  qu'on  achète. 

Meunier  ;  c'efi  l'homme  qui  conduit  un  mou- 
lin, ou  comme  propriétaire  ou  comme  fermier. 
Dans  les  grandes  villes  &  leurs  environs ,  on  les 
paie  communément  en  argent.  L'abondance  des 
moutures  fait  qu'en  général  le  prix  y  eft  moins 
cher  que  dans  les  cantons  peu  peuplés.  A  Paris 
&  aux  environs  ,  on  paie  depuis  1 5  fols  jufqu'à 
20  f.  pour  la  mouture  fimple  d'un  fetier,  &  30  fols 
pour  la  mouture  économique.  Dans  les  provinces 
&  dans  les  pleines  campagnes ,  on  paie  en  grain , 
&  le  meunier  prend  depuis  la  douzième  jufqu'à 
la  ving»-quatrieme  panie  du  grain  pour  ion  fa- 
laire  ,  avant  de  vider  le  fac  tic  d'engrener ,  fui- 
vant  la  variété  des  ufaee^  des  lieux. 

Mine  ;  mefure  de  Paris ,  c*eft  la  moitié  d'un 
fetier ,  pour  la  farine  comme  pour  le  grain. 

MiNOT  ;  efpéce  de  farine. 

Minot;  mefure  de  Paris  >  il  eft  de  trois  boif- 
feaux  pour  le  froment ,  le  feigle ,  l'orge  »  la  fa- 
rine &  pour  tous  les  grains  en  eénéral ,  excepté 
l'avoine ,  dont  le  minot  eft  de  6  ooifteaux. 

Minute  ;  c'eft  un  petit  hériftbn.  On  place  fou- 
vent  à  la  tète  de  la  huche  en  dehors  un  rouleau 
de  bois ,  fiir  lequel  on  arrête  les  attaches  du  blu- 
teau ,  &  on  fait  fervir  un  des  bouts  de  ce  rou- 
leau d*axe  à  une  minute  :  alors  ce  petit  hériftbn 
s'emploie,  en  le  montant  ou  lâchant  de  quelques 
crans ,  à  tendre  &  roidir  le  bluteau  au  point  con- 
venable pour  qu'il  blute  bien.  On  fe  fert  encore 
de  minutes  pour  beaucoup  d'autres  opérations 
dans  un  moulin  »  lorfqu'elles  n'exigent  pas  une 
grande  force. 

Moudre  gras  ;  lorfque  les  meules  font  fati- 
guées, &  que  le  rayonnement  eft  ufé*  elles  apla- 
tirent le  grain  au  lieu  de  le  réduire  en  pouf- 
fière  ou  fleur  de  farine  ;  c'eft  ce  qui  annonce 
qu'elles  ont  befoin  d'être  rebattues ,  &  ce  qu'on 
apnelle  moudre  gras. 

Moudre  rond;  c'eft  un  moyen  moulage.  Lorf- 
que la  meule  courante  ne  tourne  ni  trop  vite ,  ni 
trop  lentement,  qu'il  n'eft  pas  nécefl^ire  de  trop 
rapprocher  les  meules  ni  de  les  trop  élever  lune 
de  l'autre  pour  qu'elles  aillent  aifément«  on  dit 
que  le  moulin  moud  rondement. 


M  E  u 

Moulage;  ce  mot  a  trois  fens  principaux. 
1°.  On  s'en  fert  pour  défigner  l'aftion  des  meules; 
2**.  ce  que  cette  aâion  produit;  c'eft-à-dire,  qu'on 
défigne  fouvent  par  ce  mot  le  grain  broyé ,  dans 
l'état  oïl  il  fe  trouve  lorfqu'il  fort  de  deftous  la 
meule;  3**.  l'enfemble  des  parties  du  moulin  , qui 
agiffent  &  fervent  à  produire  le  moulage. 

Moulage  pour  pain  de  munition  ;  il  doit  être 
fait ,  les  meules  fort  rapprochées  ou  atterrées  ,  à 
caufe  qu'on  ne  retranche  point  le  fon  dans  le 
pain  de  munition  ,  &  qu'on  cherche  à  le  pulvc- 
rifer  autant  qu'il  eft  poilible  ;  au  lieu  que  dans 
les  autres  moutures ,  on  tend  à  Tenlever  légère- 
ment de  deflus  le  grain  >  fans  qu'il  retienne  de 
fubftance  farineufe. 

Par  une  Ordonnance  du  aa  mars  1776,  la  ra- 
tion du  foldat,  toujours  fixée  à  14  onces  de  pain» 
devoit  être  compof^^e  de  moitié  ri  ornent  &  moitié 
feigle ,  dont  la  farine  feroit  blutée  à  raifon  de 
Textraftion  de  20  livres  de  fon  fur  200  livres  de 
grain  :  mais  depuis  le  premier 'janvier  1779»  le 
miniftère  a  fait  fufpendre  l'exécution  de  cette  or- 
donnance ,  &  on  a  fourni  aux  troupes  le  pain  de 
munition  fur  le  pied  de  trois  quarts  de  fromenc 
&  un  quart  de  feigle ,  fans  aucune  extraâioo 
de  fon. 

Les  gens  les  plus  inflruits ,  qui  ont  le  mteuit 
étudié  cette  matière ,  &  qu'aucun  intérêt  pant^ 
culier  ne  domine ,  penfent  que  la  vraie  nroportién 
feroit  de  ne  mettre  que  deux  tiers  cle  fromenc 
contre  un  tiers  de  leigle,  félon  Tancien  ufag^ 
avant  1776,  &  d'extraire  du  grain  un  dixième 
de  gros  fon  ;  cela  formeroit  un  pain  très-faîa 
pour  les  troupes ,  &  ne  feroit  pas  une  différence 
fenfible  dans  ta  dépenfe.  Le  fon  ne  nourrit  point; 
ainfi  il  eft  jufte  de  le  fouftraire.  Si  on  met  trop  de 
feigle  dans  le  pain ,  comme  moitié ,  il  fermente 
promptement ,  &  l'acide  de  ce  grain  le  fait  moi— 
fir,  en  été  fur-tout.  Une  fone  proportion  de  fro- 
ment ,  jointe  à  Textraâlon  du  gros  fon ,  renchè- 
riroit  trop  la  ration.  La  mixtion  de  deux  tiers 
froment  èc  d'un  tiers  feigle,  avec  l'cxtraSion  d'un 
dixième  de  fon  ,  lève  toutes  ces  difficultés  , 
&  procure  un  pain  falubre  à-peu-près  au  même 
prix ,  la  différence  d*une  ration  à  l'autre  n'èianc 
pas  d'un  vingtième. 

Quant  à  la  fabrication  du  pain  de  munidon^ 
fur  un  fac  de  farine  pefant  200  livres ,  on  mec 
115  liv.  d'eau,  &  on  fait  90  pams  de  munition  « 
formant  chacun  deux  rations ,  &  pefant  tr<ns  li- 
vres ,  ou  enfemble  270  livres. 

MouuN  ;  c'eft  une  forte  machine  qui,  opé- 
rant un  grand  travail ,  épargne  la  main  d^eeuvre 
dans  beaucoup  d*arts  ;  il  y  en  a  de  bien  des 
efpèces  différentes  ;  mais  relativement  à  U  pré- 
paration des  grains  ,  ils  fe  réduifent  à  quatre 
fortes  •  les  moulins  à  eau  dont  Tufege  eft 
très -ancien  en  France;  les  moulins  à  vent» 
dont  l'ufage  n'eft  connu  en  Europe  que  d^ 
pois  les  croUadeSy  &  qui  ont  été  inventés  eA 


M  E  U 

A£e  ;  les  moulins  à  chevaux  ou  bœufs  f  qui  Tant 
Ici  motns  en  ufage ,  fur-tout  en  Europe  v  6t  les 
moulins  à  brai  auxciucls  on  n'a  g;uére  recours 
cj^ue  dans  les  cis  de  ncceiTué ,  parce  qu'un  homme 
iriTailIanc  bien  ne  peuc  pas  moudre  plus  de  15  li- 
vres de  arment  en  une  heure  de  temps. 

Les  motiltm  à  eau  reçoivent  leur  mouvement 
f  un  courant  d'eau ,  qui  paiTe  deHbus  la  roue»  ou 
atwc  dcffus ,  ce  qui  les  divife  en  deux  efpéceç, 
Lorfque  la  rooe  plonge  dans  un  courant  qui 
piâe  au-deffous  du  moulin  ^  on  la  fait  marcher 
au  moven  d'aubes  qui  y  font  adaptés  i  c  eft  et 
cjtti  a  nit  appeler  cette  ibrte  de  moulin,  moulins 
M  dah  ou  mouims  tn-deffous.  Si  Tcau  arrive  au- 
dcâbs  de  la  roue  du  moulin  ,  on  la  reçoit  dans 
ies  celtules^  ou  godets  formans   des  efpéces  de 

rs  pratiqués  dans  h  circonférence  de  la  roue, 
qui  fc  rcmpUifant  ,  la  font  tourner.  On  ap- 
pelle ce^  moulins  par  cette  raifon  ^  mouims  à  pots 
m  .      ■  ■^.  •-. 

s  b^n^ux  ;  ce  font  ceux  qui  appar- 
deii(>cnt  a  un  Seigneur  par  droit  de  Ton  fief,  & 
^  fous  fes  vaiTaux  font  obligés  de  faire  moudre 
leurs  grains ,  fous  utie  redevance  fixée  par  k^ 
tiircs. 

MouUNS  d€S  environs  de  Paris.  A  10  lieues  à 
b  ronjc  de  Paris  ,  fur  une  furf^ce  contenant  en- 
viron 500  lieues  quarrées ,  on  compte  500  à  550 
moulins  à  eau  ^  dont  on  ellime  la  mouture  à 
dou^e  cent  mille  ft tiers.  Il  y  a  au  moins  au- 
tant de  moulins  à  vent,  dont  la  mouture  n*efl 
diimée  qu'au  tiers  ;  ainfi  cette  quantité  de  mou- 
Ubi  ne  peut  pas  fournir  aux  befoins  du  pays,  & 
*  ceux  des  Tilles  de  Paris  ,  de  Verfailles  &  des 

|ue$    villes   de  cet  arrondiflement  ;  aufli  ap- 

WiC't-on  à  Paris  des  farines  de  plus  loin.  Cette 
ol>fervanon  devroit  exciter  beaucoup  de  meu- 
i^«TS  Se  de  propriétaires  de  moulins*  qui  fe  bor- 
flenr  à  la  mouture  ruftique ,  à  entreprendre  Ja 
mouxure  économique  dans  leurs  meilleurs  mou- 
lins ,  iBn  de  faire  de  belles  farines  pour  la  capi- 
uïè  &  les  villes  qui  TavoiAnent,  ce  qui  leur  le- 
loit  d'un  plus  grand  profit. 

Mouiltr  â  pots  ;  c*eft  un  moulin  dont  la  grande 
roue  reçoit  Teau  par  en-haut  :  c*eft  ce  qui  le  fait 
ajppeler  auffi  moulin  en-dejfus*  On  n'établit  ces 
iarics  de  moulins  que  dans  les  lieux  où  Teau 
câ  peu  abondante  ,  mais  oîi  Ton  difpofe  d'une 
pande  chute.  La  force  de  la  chute  de  Teau  con- 
w^c  beaucoup  a  la  vitefle  du  mouvement  de  la 
tooc  On  a  obfcrvè  dans  un  moulin  dont  la 
diiiic  ètoit  de  16  pieds  ,  qu'il  ne  dépenfoit  que 
fe  bcfs  de  Teau  d'un  moulin  de  8  pieds  de 
ckote  ,    pour    moudre    une   quantité   égale    de 

V  ;  ^;  Içs  meuniers  attentifs  ont  foin  d*en 

«^  urs  dans  leur  moulin  de  préparée  & 

%^  t^^e,  pour  boucher  tous  les  petits  trous 

&     .  rcs  par  kfquds  Teau  fervant  à  leur 


M  E  u  loi 

traviU  peut  fe  perdre,  ioxt  dans  la  retUere,  fuit 
dans  Tauge  ^  foit  dans  les  godets  de  la  roue, 
tenant  toutes  les  jonctions  de  pierres  ou  de  plan- 
ches bien  calfeutrées  comme  ks  coutures  du  bor* 
dage  d*un  bateau* 

Mouture  à  U  grojfc  ;  c'cft  celle  qui  fe  pra- 
tique dans  les  moulins  où  il  n'y  a  point  de  blu- 
tcau.  Le  grain  rnoulu  s'emporte  daus  les  mailon:* 
des  boulangers  ou  des  boûre^oîs  l  comme  il  fort 
de  deffous  la  meule,  &  c'en  chez  eux  que  fc  fait 
le  blutage.  Cette  forte  de  mouture  crt  fort  en 
ufage  dans  nos  provinces  mcridionali's  &  dans 
plufieurs  autres  cantons.  Aux  environs  de  Go- 
neflei  il  y  a  beaucoup  de  moulins  où  on  moud 
à  la  grofle  pour  les  boulangers  de  ce  lieu. 

Mouture  mcrïdtonjîc  ;  c*eft  celle  où  Ton  moud 
le  blé  premièrement»  &  où  on  le  blute  enfuite  a 
part. 

Mouture  feptentrtonAU  ;  c'eft  celle  oi»  on  fc 
fert  de  meules  beaucoup  plus  grandes  que  dans 
la  mouture  méridionale. 

Mouture  pour  h  bourgeois  ;  c*eft  lorfque  le 
blutoir  n*eft  pas  fi  fin  que  celui  pour  la  mouturo 
du  riche,  ni  fi  gros  que  celui  de  la  mouture  du 
pauvre,  en  forte  qii^tlpafle  du  fon  avec  la  farine. 

Mouture  pour  U  riche  ;  c'eft  lorf]ue  le  blu- 
teau  eft  affez  fin  pour  ne  laiffer  pafler  que  la 
fine  tleur  de  la  farine. 

Mouture  pour  U  pauvre  ;  c'eft  lorfque  le  blu* 
teau  eft  affez  gros  pour  laiffer  paflTer  le  gruau  fit 
h  ^rolTe  farine  avec  partie  du  fon, 

MovTV Vit  économique  ^  cette  mouture  eft  h 
plus  profitable  de  toutes.  On  parvient,  au  moyen 
des  diffère n$  blutages  qu'on  y  emploie  ,  à  fépa- 
rer  parfaitement  les  fons  des  gruaux  ;  &  en  rC" 
paffant  à  la  meule  tous  les  gruaux  que  rendent 
ces  divers  blutages  ,  on  tire  beaucoup  davan- 
tage de  farine  ;  on  la  tient  divifce  fuivant  fes 
qualités. 

Un  fetîer  de  fi-orocnt  pefaat  240  livres  poids 
de  marc,  moulu  économiquement,  doit  rendre 
i8ç  livres  de  farine  &  ^o  livres  de  fon;  fa- 
voir,  8  boifTcaux  ou  100  livres  de  fleur  ou 
première  farine  ,  4  boilTeaux  ou  48  livres  de 
farina  de  premier  g'Uau  ou  gruau  blanc  i  deux 
boiffeaux  ou  2^  livres  de  farine  de  fécond 
gruau  ou  gruau  gris,  &  un  boifTeau  ou  la  li- 
vres de  farine  de  gruau  bis;  6  boiiTeaut  de  gros 
fon ,  pefant  24  livres  ;  un  boiffeau  de  remou- 
l.ige  ou  fécond  fon  ,  pefanr  7  livres  ;  2  boiffeaux 
de  recoupes  &  rccoupettes,  pefant  19  livres.  Si 
on  additionne  toutes  ces  pefées ,  on  trouvera  un 
déchet  de  5  livres  occafionné  par  le  travail  du 
moulage,  du  remoulage  ^  def  bluteaux. 

Il  n'y  a  guère  plus  d*un  fiéc!e  que  la  mou- 
ture économique  eft  devenue  en  ufage  ;  elle  a 
trouvé  ^  m;ilgré  fon  utilité ,  de  roppofition  dans 
fon  établiiVemcnt  ,  comme  il  arrive  d  ord maire 
pour  toutes  les  idées  nouvelles.  Il  faut  un  temps 
pour  furmonier  Terreur  &  détruire  ks  préjugés* 


to2  M  E  U 

On  appelloit  par  dèrifion,  fdnrn  dt  Champapit^ 
les  farioes  provenant  des  gruaux»  8c  il  éroit  dé* 
fendu  aux  bouUngers  de  ks  employer.  La  mou- 
turc  économique  a  enfin  pris  le  detrus  fur  toutes 
les  autres  ;  elle  s'eA  fort  multipliée  &  perfedion* 
n^e  depuis  quelques  années. 

Mouture  mflïque  ou  de  payfan  ;  elle  ne  dif- 
fère de  la  mouture  en  groiTc  ,  que  parce  que  le 
moulin  fdit  travailler  un  blutcau  commun ,  où  le 
grain  moulu  eft  tamifè  en  fortant  des  meules. 
Cette  mouture  eft  fi  imparfaite,  que  d'un  fctier 
pefant  240  livres ,  elle  ne  rend  que  depuis  80 
jufqu'à  110  liv.  de  farine;  tom  le  rcflc  palîc  en 
fan  ou  recoupes. 

MuiD  de  grain;  \\  eft  compofé  de  ii  fctiers. 
Le  miiid  de  froment  doit  pefer  au  moins  aSoo  Uv. 

(SiLLARD  ;  c'eft  l'ouverture  qui  eft  au  centre 
des  meules  ;  celui  de  la  meule  giflante  eft  rempli 
par  la  boite  Se  les  boitillons;  mais  celui  de  ia 
meule  courante  refte  ouvert  des  deux  côtés  de 
l'anille  ,  pour  que  le  grain  fort;»ni  de  Taugct, 
tombe  dedans»  &  puiilc  arriver  entre  les  deux 
meules* 

Orge  ;  L'orge  eft  plus  légère  que  le  firoraent  : 
le  fetler»  mefure  de  Paris,  ne  pcfe  que  ziî  à 
%\%  livres;  elle  rend  beaucoup  de  fon.  Pir  la 
mouture  ruftique,  on  n'en  tire  que  70  à  75  livres 
de  farine  du  fetier,  fie  par  la  mouture  ècono* 
otioue  110  à  i]0  tivtes. 

Orgueil  ou  tremaUllae;  outil  fcrvant  d'appui 
t  la  pince  pour  lever  la  meule, 

Pajotage;  on  entend  par  ce  mot,  la  fubver- 
fion  des  jantilles  de  la  grande  roue  dans  Tcau , 
au  fond  de  la  courfière  ,  foit  par  le  défaut  de 
pente  fuflifante  à  cette  courfiére  ou  au  canal  qui 
reçoit  (t%  eaux»  ce  qui  occaftonnc  un  refoule- 
ment. Le  pajotage  eft  fort  nuifible  au  mouvement 
d'un  moulin  »  parce  qu'il  oppofe  une  force  qui 
agit  en  fens  contraire  à  celle  de  Icau  qui  fort 
de  l'auge  &  qui  remplit  les  godets*  La  roue  eft 
donc  obligée  de  vaincre  cette  réfiftance ,  ce  qui 
retarde  d'autant  fon  fflouvcment. 

Palier  ;  c'eft,  dans  un  moulin,  une  pièce  de 
bois,  d'un  demi-pied  de  largeur  &  cinq  pouces 
d'épaiileur»  fur  neuf  pieds  de  longueur,  entre  fes 
deux  appuis,  &  dont  tes  deux  bouts ^  tailles  en  dos 
de  carpe ,  portent  fur  deux  pièces  de  bois  qu'on 
nomme  braies.  Le  palier  fe  plie  fit  devient  élas- 
tique fous  te  poids  de  la  meule  >  de  b  lanterne 
&:  de  Taxe  du  itt  qu'il  fupporte. 

Palier  de  heurtoir  ;  pièce  de  bois  cmmortot- 
fêe  dans  les  hautes  pannes ,  ayant  dans  fon  mi- 
lieu une  femelle  à  laquelle  eft  fixé  le  heurtoir- 

Palonniee  ;  c'cft  un  rouleau  de  bois  reffcm- 
blant  au  palonnier  d'une  voiture,  qu'on  «itache  à 
Tcxtrémitè  fupéricure  du  bluteau  ,  &  qui  fert , 
au  moyen  des  accouples ,  à  le  contenir  ferme* 
ment  vers  la  tète  de  la  huche. 

Pankeaux  ;  pièces  de  menulfcric  qni  font  le 
pourtour  des  meules. 


M  E  u 

Papillon  du  gros  fer  ;  on  appelle  ainfi  la  par- 
tie du  fer  qui  paft*e  dans  l'anille  ;  on  iminclt  le 
gros  fer  dans  cette  partie ,  en  rapUiiffant ,  paur 
qu'tl  s'ajufte  mieux  dans  ranille. 

Paremens;  morceaux  de  bois  qu'on  ajufte 
avec  les  chanteaux  pour  fermer  le  rouet  du  mou- 
lin  à  vent. 

Pas  ;  c'eft  la  diflance  qui  fe  trouve  entre  cha- 
que cheville  du  rouer.  On  donne  au  plus  grand 
5  pouces  Se  au  plus  petit  au  moins  4*  On  rèele 
proportionnément  de  même  la  diflance  des  lu- 
féaux  de  la  lanterne  ,  pour  que  l'engrenage  fe 
faffc  facilement  fans  fecouffe  ni  foubrcfaut. 

Pas  de  crapdudine  ;  ce  font  plaficurs  petits  creur 
placés  dans  la  crapaudine.  Le  meunier  fait  poncr 
le  pivot  du  gros  fer,  tantôt  dans  un  pas.  taiH 
tôt  dans  un  autre ,  fuivanc  qu'il  fe  fatigue  ou 
s'ufc  :  cela  fait  que  la  crapaudine  fert  plus  long» 
temps  ,  fans  quon  foit  forcé  de  la  démonter  oc 
reforger, 

Passemens  ;  ce  font  de  petits  cordages  ou 
cordons  qui- fervent  k  mieux  afTujenir  &  contre* 
tenir  les  orifices  de  la  manche  &  du  pied  du 
blmeiu ,  afin  qu'ils  ne  vacillent  po  nt  ftc  que  le 
blutage  fe  faïTe  bien*  On  les  bride  plus  ou  moins 
pour  trouver  la  meilleure  pofition  poftîble  du 
bluteau  &  en  faciliter  le  travail.  La  plus  grande 
partie  des  meuniers  les  fuppriment ,  &  trouvent 
moyen  d'aflfujettir  leurs  bluteaux  fans  y  fmadre 
des  paftcmens. 

Pertuis;  ancien  terme  qui  figmfie  une  ou«r^ 
tîire ,  un  orifice  ;  on  Ta  confervé  dans  le  lan* 
gage  des  arts.  Le  pertuis  d*une  vanne  d*un  em* 
paiement,  eft  l'ouverture  par  laquelle  Teau  s'é« 
chappe. 

Peser  la  meule  ;  c'eft  chercher  fon  équilibre 
en  apuyant  fur  les  quatre  points  »  pour  voir  fi  elle 
ne  péfe  pas  plus  d'un  côté  que  de  l'autre. 

Petit  cLiMe  ;  c'cft  celui  du  treuil  qui  fert  ^ 
monter  les  facs. 

Petit  palier  ;  on  a  donné  ce  nom  à  une  (b* 
live  placée  parallèlement  au  grand  palier  ,  qui 
fert  à  foutenir  le  pivot  inférieur  du  babillard. 

Petit  treuil  ou  treuil  d^en-has  ;  on  Tappelfe 
aufti  moulinet.  Il  eft  armé  de  quatre  barres;  oti 
y  fait  aboutir  un  des  bouts  de  là  vindenne  qu'on 
vire  deftus  pour  faire  tourner  le  grand  treuil •  Le 
petit  treuil  fe  place  ordinairement  horizontale- 
ment ,  en  faifant  porter  un  des  tourillons  de  fon 
arbre  dans  le  mur  de  goutte  avalant-l'eau  de  U 
falle  du  moulin  ;  on  foutient  l'autre  bout  par  un 
pilier  ou  pied  droit  fcellé  dans  U  foie  de  cette 
falle. 

Pied  de  U  huche  ;  c*eft  la  partie  où  aboutir  To- 
rifice  du  bluteau ,  pa.r  lequel  il  fe  décharge  des 
fons  &  gruaux. 

Pince  ;  on  a  toujours  befoîn  dans  un  moullfl 
d'une  forte  pince  ;  elle  fert  dans  les  manœuviit 
à  foulever  les  meules   & 
vrages. 


aux  autres  groi  o«« 


M  E  U 

Ams  ^  ce  font  de  petits  coins  de  fer  qae  Ton 
cUfe  entre  Tanille  &  les  plats  du  papiUoa,  pour 
les  fuer  eafembk. 

PiPOift  ;  ouril  fcrvant  à  ferrer  les  pîpes  ou 
poits  coin»  de  U  meule  d'un  moulin  à  eau» 

Piquage  6^  rayonnantm  ;  il  fe  fait  en  rebae- 

tant  les  mstiies*   Four  cet  effet,  on  conduit  «  du 

Cistir  de  U  meule  à   rcztrémitè  de  ia  feuillure, 

des  nyons  qui  s'èbrgilTent  en  oroportion  égale, 

es  gignaat  la  ctrcontèrence.    Oo   ne  les  creufe 

qvc  de  rêpaUTeur  d'une  fone  feuille   de  papier; 

Ittkmeot   qu*ll  y  ait  alternativement  un  rayon 

creojc  &  on  plat  formé   par  la  fuperiïcie  de  la 

meule  y    quon  laiffe  intaae*    On  ne  donne   aux 

K     riyocii  creux  que  la  moitié  de  la  largeur  qu  on 

H^  Uiâe  2UX  rayons  plats*    Une  meule  bien  repiquée 

^^^p  rebaltue  ,    expédie   davantage  «    c*eft-à-dire , 

^^Vl^dJe  moud  plus  de  grain  dans  le  même  efpace 

«  temps  «  fajis  que  la  roue  tourne  plus  vite;  on 

CD  a  fait  rexpérieûce  dans  des  moulins  ou  on  a 

trouvé  que  cela  alioit  à  plus  de  moitié  en  fus, 

qoifHi  l  ouvrage  ètoit  bien  fait.    Lorsqu'un  mou- 

bn  va  fort  gaiement ,  il  faut  repiquer  les  meules 

HKis  les  1  5  jours  ou  toutes  les  trois  femaines. 

Plafond  ou  éouhiagt  de  la  roue;  c*eft  \\n  af- 
fembUgc  de  planches  de  chêne,  fur  lefquelles  on 
«loue  ou  cheville  les  jantilles.  Le  plafond  déter- 
nioe  ia  brgeur  ou  épaiiïeur  de  la  roue  à  por  ; 
4M  la  régie  fur  Tabondance  de  Teau  qui  arrive 
fm  b  roue  ;  c'eft  fur  le  plafond  que  le  ciel  des 
aiigets  eA  cloué. 

Plats  de  U  m^uU  ;  on  entend  par  cette  ex- 
prefioo  les  étvtx  extrémités  du  diamètre  de  la 
m&ï\€,  pris  dans  la  même  direâion  que  les  plats 
do  ptpiUon  du  gros  fer* 

Plat  J  mom  Veau;  on  appelle  aînfi  dans  un 
■Mmltii  à  eau  9  le  côté  de  la  meule  où  lune  des 
icm%  de  l'anilk  eft  pofée ,  &  qui  regarde  le  côté 
é*mi  vie  m  Teau. 

Plat  araUni  Peau  ;  c'cft  le  côté  oppofé  qui  re- 
garde Fcau  qui  (mt. 

Pi-ATS  du  ifapithn  du  gros  fer  ;  ce  font  les  co- 
lis I«  plus  larges  de  la  partie  où  il  eA  aminci* 
On  oriente  les  plats  du  papillon  parallèlement  à 
la  roue  du  moulin  »  avant  de  mettre  la  meule 
cotisante  ea  moulage. 

Plumauts;  ce  font  des  pièces  de  fonte  de 
citivre  ou  de  bois,  fcrvant  de  chevet  aux  touril- 
lont  qui  arment  les  extrémités  de  Farbre  tour- 
oajic  d'un  moulin, 

PoiLrrrEi  on  appelle  ainfi  une  boite  de  fer 
cnclritUe  &  clouée  dans  le  palier ,  au  milieu  de 
laquelle  eft  placée  la  crapaudine  ,  fur  laquelle 
tourne  le  pivot  du  gros  fer. 

PoîHTî  ou  pivot  du  gros  fer  ;  c'eft  fon  extré- 
mâîé  inférieure  qu'on  acéré  fortement,  &  qu'on 
termine  en  pointe  ,  pour  qu'il  puifîe  rouler  fa- 
cà!çQiefit  dans  le  pas  de  la  erapaudiae  placée  fur 
te  paStr. 


M  E  U 


103 


Porte-Tremïllon  ;  ce  font  deux  iravçrfes  qui 
paflTent  d'un  des  trémillons  à  l'autre ,  &  fur  lef- 
qucls  ils  font  cloués;  i's  fervent  à  les  élever,  à 
les  contretenir  ,  &  forment  avec  eux  une  éfpéce 
de  chaiTis ,  au  miUeu  duquel  on  place  la  trémie* 

Poteau  d'exUhn  ;  on  place  les  poteaux  d'exil- 
lon  à  mont  &  avalant  du  beffroi ,  vis-à-vis  les 
extrémités  du  palier  :  leurs  tenons  font  reçus  haut 
&  bas  dans  des  mortoifes  taillées  dans  les  tra- 
verfes  du  beffroi  ;  ils  fervent  à  arc-bouter  Texillon, 

Poteaux  corniers  ,*  on  appelle  ainfi  les  poteaux 
qui  font  aux  angles  de  la  cage  d'un  moulin;  ils 
ont  19  pieds  de  long  fur  10  à  11  pouces  de  gros. 

Poulie  de  renvoi  ;  il  y  en  a  beaucoup  de  pla- 
cées dans  un  grani  moulin,  fuivant  les  différentes 
mécaniques  qu*on  établit  fur  fon  rouage.  Ceft 
Thabiletè  du  meunier  ou  du  mécanicien  qu 
emploie  à  l'aménagement  de  fon  moulin  ,  qu 
décide  le  lieu  où  il  les  faut  fixer  pour  produire 
un  bon  effet. 

Poulie  de  renvoi  du  treuil  à  monter  iet  facs  ; 
c'cft  une  poulie  attachée  au  plancher  de  la  cage 
du  moulin,  à  quelque  diftance  de  ce  tteuil,  iur 
le  rouet  de  laquelle  paffe  une  corde  qui  tient  au 
fac  de  fariae  ou  de  grain  qu'on  a  élevé  en  Taîr, 
au  moyen  de  quoi»  on  le  fnt  arriver  dans  l'en- 
droit ou  on  %  eut  le  d^pofer ,  en  halant  deffus 
cette  corde  ou  la  lâchant- 

Poutrelle;  on  donne  ce  nom  à  une  foltve 
plus  ou  moins  forte,  fcellèe  dans  les  murs  dV 
mont  &i  d'aval  du  moulin ,  qui  fert  à  foutenir 
un  des  bouts  de  l'arbre  du  treuil  d'en  haut. 

Prespiratïqk  ;  c'efl  la  pénétration  de  l'eau 
dans  les  terres  qui  l'avoifincnt.  On  fait  un  quai  » 
un  mur  dont  les  pierres  font  liées  à  chaux  & 
ciment,  ou  un  courroi  de  glaife^pour  retenir  l'eau 
d'un  canal ,  ou  d'un  courant  d'eau  ,  &  empêcher 
qu'elle  ne  fe  perde  par  la?  prefptration* 

Produit  du  froment  en  vain  ;  on  eflime  en 
général  ce  produit  à- peu- près  égal  au  poids  du 
grain  ,  parce  que  l'eau  qui  s'incorpore  dans  le 
pain  à  la  fabrication ,  rem  jj  la  ce  le  fon  qu'on  fé- 

Earc  &  diilrait  dans  la  mouture  par  le  blutage. 
e  produit,  quand  les  farines  prennent  bien  Teau, 
excède  même  le  poids  du  grain  d'un  feiziàme  ou 
un  diX'huiiième  par  ta  mouture  économique*  Un 
feticr  de  blé  <  mefure  de  Paris  »  doit  rendre 
185  livres  de  farine  :  on  met  les  deux  cinquièmes 
d'eau  pour  le  moins  en  fus  du  |roids  d^  la  farine 
en  fabriquant  le  pain.  Il  s'évapore  dans  la  cuif» 
fon  la  moitié  de  l'eau  employée  pour  pétrir; 
donc,  avec  185  livres  de  farine^  on  doit  f^ire  au 
moins  246  livres  de  p<  in.  Par  ce  calcul  il  fe 
trouve  6  livrer  de  pain  d'excédant  fur  le  poids 
ordinaire  du  fetier»  qui  cft  de  140  livres.. 

QuEKOUtLLE  c'eft  la  même  chofe  que  la  ba- 
guette du  blute^u  ;   ce  mat  efl  peu  en  ufage. 

Quêter  mouture  ;  dins  beaucoup  de  cantons» 
&  fur-tout  da  ^s  les  vil  âges  éloignes  des  gr;.nr!e$ 
villes,  ks  meuniers  qui  août  point  de  moulins 


104 


M  E  U 


banaux ,  font  en  iifagc  de  courir  les  villages  & 
habitations  avec  des  bètes  de  fomme,  pour  de- 
mander aux  habitans  leurs  grains,  dont  ils  leur 
rapportent  cnfuite  la  farine  ;  c*eft  ce  qu'on  ap- 
pelle quêter  mouture. 

QuiNTiN  ;  efpèce  de  canevas  apprêté  en  cou- 
leur bleue  ;  il  porte  le  nom  de  la  ville  de  Bre- 
tagne oii  il  s*en  fabrique  le  plus.  Il  a  une  demi- 
aune  de  large  ou  à-psu-prés>  &  fert  principale- 
ment pour  les  bluteaux  ronds  »  &  fur-tout  ceux 
de  dodinage. 

Rame;  c*e(l  le  terme  dont  on  fe  fert  dans  les 
provinces  méridionales  du  royaume,  pour  dé- 
iigner  le  grain  moulu  ,  fortant  de  deflbus  la 
meule.  Dans  ces  pays  on  n'eil  point  dans  Tufage 
d'adapter  des  bluteaux  aux  moulins;  le  blutage 
fe  fsHt  chez  le  bourgeois  ou  chez  le  boulanger. 
On  met  la  rame  en  tas  ;  on  la  laifle  fermenter  & 
fe  refroidir  ;  on  ne  la  blute  que  5  ou  6  femaincs 
après  qu'elle  eft  fortie  des  meules.  Cet  ufagc, 
imité  dans  les  provinces  fcptentrionales  ,  feroit 
dangereux  à  caufe  de  la  grande  humidité  &  de 
la  différence  de  température. 

Rebattre  ley  meules  ;  c'eft  les  repiquer,  pour 
qu'elles  puiflent  moudre  le  grain  plus  facilement. 
Recoupe  ou  petit  fon  ;  c'eft  le  fon  qui  pro- 
vient des  gruaux  appelés  bis  ou  gros  gruaux  , 
lorfqu'ils  ont  été  repaffés  fous  la  meule  ou  re- 
blutés au  bluteau  cylindrique.  Nous  difons  reblu- 
tés ,  car  beaucoup  de  meuniers  ne  portent  pas 
leur  travail  &  leur  économie  jufqu'à  remoudre 
les  gruaux  bis.  La  recoupe  pèfe  6 ,  7  &  jufqu'à 
8 livres  le  boiffeau,  fuivant  la  qualité  du  blé. 

Recoupette  ;  on  a  donné  ce  nom  au  fon  que 
rejette  le  bluteau  cylindrique  ,  &  à  celui  qui 
provient  des  gruaux  que  fon  blutage  produit. 
C'eft  le  plus  mince  de  tous  les  fons ,  ce  qui  fans 
doute  a  déterminé  à  fe  fervir  d'un  diminutif  pour 
le  défigner. 

Reillere;  conduite  de  pierres  ou  de  bois; 
par  oii  l'eau  eft  amenée  fur  la  roue  d'un  moulin 
a  pots. 

KEMOULAGE  ;  c'eft  le  fécond  fon  qui  eft  com- 
pofé  principalement  de  la  féconde  écorce  du  blé. 
Il  provient  des  gruaux  blancs ,  autrement  appe- 
lés gruaux  fins  ;  on  le  confond  &  mêle  fouvent 
avec  les  recoupes ,  mais  ce  n'cA  pas  une  écono- 
mie. Le  remoulage  mis  à  part,  pèfe  7  à  9 livres 
le  boiffeau ,  mefure  de  Paris.  Comme  il  y  refte 
un  peu  de  farine ,  ce  que  fa  couleur  blanche  an- 
nonce ,  on  l'achète  par  préférence  pour  engraiffer 
les  volailles. 

Ren'GRENER;  c'eft  remoudre  le  gruau,  comme 
on  a  moulu  le  grain. 

Repassage  des  fons  &  gruaux  ;  dans  les  pe- 
tits moulins  où  l'on  ne  moud  que  pour  les  gens 
de  campagne  &  le  petit  peuple,  &  oii  l'on  moud 
peu  de  froment ,  mais  beaucoup  de  grains  me- 
l^s,  feiglc,  orge  &  autres  efpèces,  on  n  opère 
bas  anm  éconon^iquemcnt  que  dans  les  grands 


M  E  u 

moulips  ,  qui  fourniiTent  la  farine  de  froment 
aux  villes  &  préparent  celle  qui  fait  le  plus  beav 
pain.  Le  plus  fouvent  on  ne  fe  fert  que  d'un  feul 
bluteau  dans  les  petits  moulins,  &  il  n'y  a  point 
de  dodinage.  Comme  il  s'enfuivroit  qu'on  per^ 
droit  une  quantité  confidérable  de  farine ,  fi  on 
ne  repaflbit  pas  fous  la  meule  les  fons  &  gruaiir 
qui  proviennent  du  premier  blutage ,  tous  les  pc* 
tits  meuniers  attentits  à  leur  intérêt ,  ont  ce  foin  , 
pour  conferver  leurs  pratiques  &  diminuer  la  orè- 
vention  fur  leur  infidélité.  Pour  faire  ce  repaifage 
ils  altèrent  un  peu  les  meules ,  mais  ils  ne  char* 
gént  point  le  bluteau. 

Repasse  ;   on  nomme  ainft  une  grofle  farine . 
que  Ton  rçpafle  par  un  blutoir,  pour  la  fcparer 
du  fon. 

Reprises  ;  les  meuniers  fe  fervent  de  ce  ternie 
pour  exprimer  les  fons  &  gruaux  qui  reftent  après 
ta  première  mouture  dn  grain ,  quand  on  a  tiré 
au  bluteau  la  fleur  ou  la  première  farine. 

Rhabiller  des  meules  ;  c'eft  les  rebattre  &  les 
mettre  en  état  de  fervice. 

Rivet  (/^,)  ou  les  rivets  ;  ce  font  des  planches, 
de  bois  dur  qui  ont  à-peu-près  la  moitié  de  U 
largeur  des  jantilles ,  &  qu'on  y  cloue  par  defliis 
pour  les  confolider  ,  en  les.  pofant  à  fleur  de  la 
circonférence  extérieure  de  la  roue ,  &  les  failanc 
aboutir  fur  le  bout  des  embrafurcs. 

Roue  ou  la  roiie  à  pot;  eft  la  grande  roue 
placée  à  l'extérieur  du  moulin,  laquelle  reçoit 
l'eau  de  la  reillere  ;  elle  a  pour  eflicu  l'arbre  da 
moulin ,  pour  raies  fes  embraflTures ,  pour  jantes 
les  jantilles  foutenues*  de  leur  rivet  &  plafond. 

Rouet;  c'eft  le  nom  ou*on  donne  à  une  grande 
roue  dentée,  adaptée  à  l'arbre  de  la  roue  a  pot, 
&  placée  dans  l'intérieur  du  moulin  parallèlement 
à  celle-ci.  Ces  dents  ou  chevilles  font  perpendi- 
culaires au  ceintre  de  fes  jantes ,  &  elles  font 
efpacées  comme  les  fufeaux  de  la  lameme  qu*elles 
engrènent,  pour  imprimer  le  mouvement  à  la 
meule  courante ,  dont  l'axe  eft  commun  avec 
celui  de  la  lanterne.  Le  rouet  doit  avoir  à-pea- 
près  la  moitié  du  diamètre  de  la  roue  à  pot. 

Rovet  de  bluteau  cylindrique  ;  il  eft  fimple 
cornme  celui  d'une  poulie  ;  on  le  place  ordinaire- 
ment entre  le  grand  rouet  &  le  mur  de  tampane  : 
on  lui  donne  le  diamètre  qui  lui  eft  néceflUre 
pour  que  le  bluteau  ait  un  bon  mouvement;  il 
eft  formé  avec  des  planches  de  chêne  de  deux 
ou  trois  pouces  d'épaifleur ,  bien  afliirées  fur  le 
grand  arbre  qui  lui  fert  d'axe  ou  de  moyeu  :  on 
creufe  une  gorge  fur  toute  la  circonférence  de  ce 
rouet ,  où  l'on  place  la  chaîne  du  bluteau  lorf- 

J[u'oi)  veut  le  faire  travailler, .  Cette  chaîne  pai^ 
ant  en  même  temps  fur  la  gorge  du  rouet  prati- 
qué dans  le  tampon  de  l'axe  du  bluteau  ,  (k  ce 
dernier  rouet  ayant  un  diamètre  très-petit  en 
comparaifon  de  celui  établi  fur  le  grand  arbre  9 
il  fait  mouvoir  très-vite  le  bluteau ,  parce  que 
fes  révolutions  font  bieft  plus  courtes. 

{iQULSAy. 


ROCGUL  U  forint  ;  quand  le  mouvement  des 
flcakl  cft  trop  vtf,  elles  rougiflent  U  farine 
fifrikt  font  »  foit  piTce  qu'elles  pulvèrifent  le  ton 

Cfe  grand  mouvement  de  ta  meule  courante, 
parce  qu'elles  échauffent  la  farine  ;  c'eft  un 
ftmA  défaut  qull  faut  éviter  dans  la  mouture. 

RoirtEAU  i/ex  mtides  ;  cef^  un  rouleiu  de  bois 
fdkmiÀixa  à  un  boulet  ramé ,  qu*on  pade  entre 
kimeaks,  loifqu'on  lève  ou  rabat  la  meule  cou- 


SaBOT  ;  mot  en  nfage  ,  principalement  dans 
Pfts  proirinces  méridionales ,  &  dont  on  fe  fert 
anlieii  de  celui  d'auget. 

Sac  i  /!>/?  ;  c  cft  un  fac  qu'on  attache  à  Tex- 
frèmicé  de  la  huche  »  &  qui  reçoit  tout  ce  que  le 
Uoie^ti  rejette*  ^ 

Sac  de  forint  ;  il  doit  contenir ,  fuivant  le  poids 
aihtîs  à  U  halle  de  Paris,  310  livres  de  farine» 
ftpefer  32c  livres  :  on  psffe  ^  livres  pour  la  tare 
éï  lac  Cependant  Tuiage  fait  qu'on  accorde 
15  Imes  pour  le  fac  dans  les  ventes  qui  fe  font 
aiir  lull^  ^  le  fac  de  farine  devant  contenir 
34  botflcaux  ,  pefant  13  livres  poids  de  marc. 

Sa$;  c*eft  à  proprement  parler  un  tarais  de 
iok  de  cochon  ou  de  fanglier  ;  ce  terme  «  qui  efl 
aoden  ,  ne  s'emploie  plus  par  les  ouwiers  qui 
l'tfi  fervetit»  que  rynooymement  à  celui  de  tamis. 
Seigle;  il  péfe  fouveni  plus  que  le  fromem, 
rarement  moins.  Un  fctier  de  bon  fcjgîe ,  mefiire 
de  Paris  «  ne  rend  par  la  mouture  rnOîque  que 
no  à  130  livres  de  farine,  Ôc  par  la  mouture 
ècôi&Omique  180  à  185  Uyres,  Sa  farine  doit 
avoir ,  lort'qu^il  cft  bien  cîioiil ,  une  odeur  agréa- 
ble  de  violette  ;  il  la  perd  ^en  partie  par  h  mou^ 
nur  économique  »  qui  difiîpe  par  le  repaiTage  ou 
ranouljge  la  fubftance  la  plus  volatile  du  grain. 
SsLLETTE  ;  chaûis  de  menue  charpente  qyi  fert 
à  a0u)ettir  le  liaui  du  frayon. 

5mER ,  mtfurt  de  Paris  ;  efl  de  1 1  boiiïcaux 
pCMir  la  farine  âc  tous  les  grains  de  mémo ,  ex- 
cepté l'avoine ,  dont  le  fetier  eft  de  14  hoiffeaux* 
Le  Teticr  de  fon  fe  livre  à  la  mefure  de  25  boif- 
femz ,  camme  la  farine. 

Sigkolle;  efpèce  de  dévidoir  confttuit  fur 
Taxe  oa  arbre  du  grand  treuil  »  pour  que  la  vin- 
aine  avec  laquelle  on  le  fait  mouvoir  »  puiiTc  i^*en- 
vcloppcr  défîtes.  Pour  cet  effet  on  monic  fur  une 
des  excrétnités  de  Farbre  dî  ce  treuil  quatre  raies 
qu'on  allure  fermement  dans  les  muftaifes  à 
\  pieds  p!us  ou  moins  ;  on  en  place  de  même 
4  sirtres  par^lièlement  aux  premicres  ;  cnfuite  on 
lœich^  d'une  raie  à  l'autre  4  traverfe^  iur  leur 
ntièoiitc  fupérieMre^  &  fa  ccrde,  diic  vlotaine» 
f enroule  ou  fe  dévide  deffus  ces  traverfc,^.  Dans 
beaucoup  de  moulins,  fur-toiit  lorfoue  les  meules 
iom  giraitdes  ik  épaiffes»  on  fonine  la  (ignolle 
ntr  des  ircs-houtans  qui  vont  d  une  traverfe  à 
ritnrc  ^  6c  même  par  des  jantes  qui  enveloppent 
ki  nies* 

Aru  if  MàUrs^     Tome  K    PartU  h 


Soles  <fi*  heffroi;  ce  font  deux  poutres  parai* 
ïèles  à  celles  dites  empoucreries ,  qui  foutiennent 
par  en<-bts  Taffemblage  du  beffïoi  ;  on  y  pratique 
des  mortaifcs  pour  recevoir  les  tenons  des  piliers. 
Sommier;  pièce  de  bois  de  12  pieds  de  long 
fur  34  pouces  de  gros  ,  fur  lequel  le  moulin 
tourne. 

Son  ;  le  fon  eft  la  peau  du  grain  ;  il  eft  fé^ 
paré  parfaitement  par  le  dodinage  ;  on  le  met , 
après  cette  opération ,  à  part  dans  le  moulin*  Le 
grain  eft  mal  moulu  lorsqu'il  refte  au  fon  quel- 
ques parties  de  farine»  Par  Texamen  du  fon  fortant 
du  bluceau ,  on  voit  fi  le  grain  eft  moulu  gras^ 
&  fi  les  meules  ont  befoin  d'être  rebattues. 

Son  s^ras  ;  terme  adopté  pour  défigner  le  fdn 
qui  retient  beaucoup  de  farine  par  le  mauvais 
moulage  y  ce  qui  arrive  principalement ,  lorfque 
le  grain  s*applatit  plutôt  qoll  ne  fe  broie  entre 
les  meules.  Les  blés  humides  rendent  aulfi  du 
fon  gras ,  fans  que  cela  provienne  du  mauvais 
état  des  meules  y  mais  de  fon  humidité  qui  em* 
pèche  la  farine  de  fe  pulvérifer. 

Son  lourd;  c'eft  le  terme  dont  les  meuniers 
fe  fervent  pour  défigner  celui  dont  la  pefameur 
provient  plutôt  dp  Tépaiffeur  de  Técorce  du  grain  « 
que  de  la  quantité  de  âirine  qu^il  retient. 

Son  maigre  ;  quand ,  par  Topéraiion  d''un  bon 
moulage ,  la  première  peau  du  blé  a  été  enlevée 
fans  qu*il  y  foit  rcfts  de  farine  ,  on  diftingiie  ce 
fon  par  le  nom  de  fon  maigre;  il  eft  féparé  en- 
fuite  des  farines  &  gruaux  par  le  travail  des  blu- 
teaux.  Si  ce  fon  eft  long  ou  roulé  en  petites 
feuilles  comme  des  copeaux,  c*eft  une  marque 
d'une  excellente  mouture. 

Son  de  menu  grain  ;  les  fons  du  feigle  ,  de 
Torgc,  de  ravoine  ,  font  fort  înfériturs  en  qua- 
lité à  ceux  du  froment  ;  &  celui  du  farafin  eft 
moins  bon  encore.  Comme  la  valeur  de  ces  fons 
eft  foible,  on  ne  les  partage  pas  en  cbffes  ou 
efpèces ,  ainfi  que  ceux  du  froment. 

Sonnette;  on  établit  toujours  une  fonneuc 
près  le  moulage ,  pour  avertir  le  garde-moulin 
d*cngraincr,  s'il  s'endort,  ou  s'il  néglige  de  re- 
garder à  temps  fi  le  graia  mis  dans  la  trémie 
finit  d'être  mcu!u*  Pour  qu'elle  ne  fonne  que 
lorfqu'tl  cft  convenable  d*engralncr ,  on  enfonce 
la  corde  qui  y  rtpond»  dans  le  grain ,  de  manière 
qu'elle  ne  s'échappe  &  ne  redevient  tendue,  que 
quand  il  n'y  a  plus  de  grain  qui  la  eouvre. 
Comme  ceiti  corde  lient  à  Tauget  ou  au  baille- 
blé,  &  à  un  tourniquet  atr:iché  fur  la  trémie,  le 
frayon  lui  donne  un  mouvement  fuffifant  pour 
faire  tinter  contimidlcment  la  fon  nette. 

On  a  une  féconde  fonnette  dans  les  moulins  où 
Ton  eft  en  ufage  d'aller  quêter  mouture  ,  que  le 
!  garçon   qui   va   en   chercher   dans   les   villages  » 
.  ion  ne  devant  les  portes  de  chaque  habitant* 

Souche  ;  c'eft,  dans  un  moulin  ,  un  morceau 

de  bois  de  15  pouces  de  diamètre  fur  6  pouces 

I  d'épais,  placé  au  milieu  du  palier  dv  paît  fcfi 


io6 


M  EU 


lyant  daoi  foa  milieu  un  pis  ou  la  crapafKdSné  J 
dans  laquelle  tourne  le  bout  inférieur  du  petit  fer. 

Tambour  de  tarare  ;  c'eft  un  tronçon  cylin- 
drique &  creux  comme  la  caide  d'un  tambour, 
&  ouvert  des  deux  bouts  >  qui  forme  la  boite 
de  cette  machine.  Les  ailes  du  tarare  jouent  au 
mi  ieu  de  ce  tambour. 

Tamis;  on  s'en  fervoit,  avant  qu'on  eût  in- 
venté Ks  b'iitcaux  ,  pour  fcparer  les  farines  & 
gruaux  eu  Ton.  Il  y  en  avoit  de  diverfes  efpéces, 
de  crin,  de  toile  dite  canevas,  même  de  peau 
apprêtée  &  piquée  comme  les  cribles. 

Tampane  ;  c'cfl  lo  pignon  de  la  cage  du  mou- 
lin, que  le  g'..nd  atbre  iraverfe,  &  qui  forme  un 
des  côtés  de  la  courfièrc ,  où  la  roue  du  moulin 
tourne. 

Tampon;  c'eft  un  morceau  de  bois  ronJ,  ou 
chipeau,  appliqué  au  fommec  de  Taxe  d'un  blu- 
teau  ou  d'un  crib!e  cylindrique  &  d'un  tarare  : 
on  y  pratique  uje  gorge  pour  lui  faire  faire 
l'eiFet  d'un  rouet ,  &  pouvoir  par  ce  moyen  faire 
tourner  ces  machines. 

Tarare;  efpéce  di  ventilateur  à  ailes,  d'un 
bois  Icger  &  fort  mince ,  qui  e(l  renfermé  dans 
\\\\  tambour  ouvert  dos  deux  bouts  ;  il  fert  à 
nctoycr  le  grain  :  on  le  meut,  ou  à  bras«  au 
moyen  d'une  manivelle  qu'on  p^ace  à  l'extrcmité 
fupérieure  de  fon  axe  ,  ou  on  lui  imprime  du 
mouvement  par  quelque  mécantime  adapté  aux 
virans  &  travaillans  du  moulin. 

Souvent  il  fe  meut  au  moyen  d'une  petite  lan- 
terne placée  hoiizontaemcnt  au-defTous  du  pa- 
lier ,  dont  les  fufeaux  engrènent  dans  Ls  che- 
villes du  rouet  à  mefure  qu'elles  arrivent  à  l'extré- 
mité de  fon  diamètre  horizontal  ;  fur  l'arbre  de 
cette  lanterne  efl  une  poulie  qui  reçoit  fnr  fon 
rouet  une  corde ,  laquelle  répond  à  une  autre 
poulie  tenant  à  l'axe  du  tarare ,  &  qui  le  fait 
tourner. 

Dans  d'autres  moulins,  on  pofe  une  grande 
poulie  horizontalement  fur  la  tète  du  frayon  ; 
«lie  répond  par  des  cordes  à  d'autres  poulies  de 
renvoi ,  dont  une  tient  à  l'axe  ou  au  tampon  du 
tarare ,  qui,  par  leur  jeu  ,  eft  mis  plus  Amplement 
&  tout  auifi  vivement  en  mouvement  q«e  par 
une  lanterne. 

Au-deflus  du  tarare  on  place  une  trémie ,  où  fe 
verfe  le  grain  à  vanner  &  nétoyer  ;  &  fous  cette 
trémie ,  on  ajufte  un  auget  qui  reçoit  le  grain  de 
la  trémie  &  le  reverfe  fur  les  ailes  du  tarare  près 
fon  axe.  Quelquefois  on  fupprime  cet  auget; 
mais  alors  l'oritice  de  la  trémie  doit  être  plus 
étroit. 

TÈTE  de  la  hkche  ;  c'eft  la  partie  où  font  at- 
tachés le  palonnier  &  le  fommet  du  bluteau. 

Terres  propres  à  nourrir  ;  les  peuples  qui  s'en 
fervent  pour  leur  fubfiftance ,  les  ont  prefque  tou- 
jours employées  dans  des  compofiîions  d'alimens , 
Î)lut6t  qu'en  nourriture  fimple.  Tel  étoit  chc» 
es  anciens  l'alicat  tel  eft  le  fromage  de  csichouj 


MEU 

les  nids  d^hiroadelle  à  la  Chine,  &  les  ttrTt%  hifh 
laires  dont  font  ufage  les  Mogols ,  les  Perfansj 
les  Turcs  &  les  Tartares,  Mais  comme  cet  article 
a  peu  de  rapport  à  ceux  que  nous  traitons  ici,* 
il  luftit  d'obferver  qu«  ces  terres  ont  befoin  d'être 
moulues ,  bien  préparées  &  purgées  de  toutes  les 
parties  qui  ne  font  pas  nourrilfantes ,  de  même 
qu'on  extrait  les  fons  des  grains. 

On  trouve  de  ces  terres  en  beaucoup  d'en* 
droits ,  en  Europe ,  aux  environs  du  Véfuve,  aux 
environs  de  Lisbonne,  où  elles  font  appelées  terres 
deBucfaros.  Suivant  les  relations  des  voyageurs, 
on  en  trouve  en  Egypte ,  aux  environs  du  Cap<^. 
Verd ,  en  Guinée  6i  plufteurs  autres  endroits  de 
l'Afrique.  L'Afie  en  produit  encore  davantage» 
fur  tout  ^Arménie ,  le  Bengale  &  la  Chine  :  en- 
fin en  plufiours  lieux  de  la  Terre- ferme  de  VAsnkr 
rique  on  en  a  découvert.  Dans  tous  ces  p^ys, 
les  peuples  qui  les  habitent  en  font  ufage  comme 
d'une  nourriture  animale.  Les  phyficiens  &  plti- 
fieurs  fa  vans  penfent  que  ces  terres  ne  font  que 
le  produit  des  volcans;  ce  qu'il  y  a  de  certain , 
c'eft  qu'on  en  renconire  plus  comntunément  dans, 
leur  voifinage. 

Tirasses;  ce  font  de  petites  plaques  de  fer 
percéej  de  trous  qu'on  attache  au  palonier  da 
bluteau,  qui,  traverfant  la  cloifon  de  la  tête  de  la' 
huche,  fortcnt  en  dehors.  On  les  arrête  en  plaçant  * 
une  cheville  de  fer  dans  un  de  leurs  trous  :  elles 
fervent  à  roidîr  le  bluteau  ou  à  le  lâcher  au  point 
où  on  le  dcCre. 

Toiles  des  ailes  cTun  moulin  à  vept  ;  c'eft  UA 
gros  coutil  qui  a  la  largeur  de  la  moitié  d'une 
des  ailes. 

Tourillons  ;  ce  font  deux  fortes  chevilles  de 
fer  enfoncées  dans  le  cœur  de  l'arbre  du  moulin 
à  chacune  de  fes  extrémités,  limées,  arrondies 
&  polies  dans  l'extrémité  faillante  :  on  fait  porter 
le  grand  arbre  fur  fes  deux  tourillons.  Pour  qu'it 
puifie  tourner  facilement  ,  ils  doivent  être  bien 
exaélcment  fixés  au  centre  de  l'arbre,  &  le  mettre 
dans  un  parfait  équilibre. 

Tourillons  du  treuil  d'en  -  haut  ;  dans  les 
grands  moulins,  où  les  meules  font  larges  &  forr 
pefaotes,  ces  tourillons  font  de  fer  acéré  &  poli 
comme  ceux  de  l'arbre  du  moulin.  Mais  dans  les 
petits  moulins  on  les  forme  dans  le  corps  du  bois, 
de  l'arbre  du  treuil ,  en  arrondiffant  ces  extrémi*» 
tés  comme  on  fait  celles  de  l'eftîeu  de  bois  d'une 
charrette  ou  d'un  tomberepu. 

Tourniquet  defonnctte;  on  l'attache  de  façon 
qu'avec  la  corde  qui  y  tient,  il  puiflc  tourner 
par  le  mouvement  que  lui  communique  le  frayon  , 
&  qu'en  faifant  fonner  la  fonnette ,  il  réveille  l'at-* 
tention  du  garde- moul'm ,  &  l'avertiffe  qu'il  eft 
temps  d'engrainer. 

Tourteaux;  nom  que  l'on  donne  au  plafond 
d'en-bas  d'une  lanterne  &  à  celui  qui  en  forme 
le  deffus  :  on  fait  ceux  de  la  lanterne  des  meules 
de  morceaux  de  boid  de  chêne  bien  aâembltjs  fie 


f 

I 

I 


M  E  U 

M  de  4  pdtices  (k  même  plus ,  pour  donrter 

«  de  force  à  cette  lanterne. 

Tourtes;  on  donne  dans  un  mouUn  ce  nom 
^'or  deux  pièces  circulaires  de  la  lanterne  qui  font 
éefl'nccs  a  recevoir  les  fufeaux. 

TâATTEs  ;  ce  font  deux  pièces  de  bois  qui  font 
pvtàc  de  la  chaife  fervant  à  fupponcr  la  cage  d'un 
moalifl. 

Trav£rses  iTtmpôutrcric  ;  ce  font  des  pièces 
is  charpente  placées  dans  le  fens  de  Tarbre  du 
«oulin  ,  qui  font  Taffemblage  des  pièces  d'empou- 
açrie,  iclquelles  en  reçoivent  les  lenonç. 

JBAvrRSEs  Je  fii^nclU  i  ce  font  des  barres  ou 
tnngles  de  bois  pofées  parallèlement  à  Tarbre  oir 
cflku  du  treuil  fur  rcxtrémité  des  raics^  &  qui 
iV  rt;une  raie  à  Tautre, 

SES  de  foUs  ;  pièces  de  charpente  pla- 
■;-'  &  avabm  l'eau  du  moulin,  formant 

**'•  ,'  de  U  foie  du  beffroi,    leurs  tenons 

^*^',  «^MS   «lans   des   mortaifcs    ouvertes   vers 
resctrètnitè  des  d?ux  foies- 

Trémie;  c'eft  une  auge  dont  les  bafes  font 
<îuarrées,  &  qui  a  k  forme  d'une  pyramide  trou- 
ve &  renverfèe.  Sa  bafe  iufèrijure  torme  une 
ouverture  étroite  par  hquelle  le  grain  tombe  dans 
l'auget  pîacé  dciT^us.  Il  efl  tiVcniiul  que  la  trè- 
Wac  foir  toujours  bien  fufpendue  au-deffus  des 
meules. 

TremïI  Je  tjrare  ;  on  la  place  au-dcHus  du 
tirarc,  fii  Ton  y  verfc   le  gra'in  qu'il  doit  nétcycr. 

Tr£Milloîss;  ce  font  deux  iraverfes  ou  bar- 
res de  bois  pofèes  parailèlcm,;nt  amont  &  ava- 
tant  Teau  ,  qui  fervent  à  foutenir  la  trémie  du 
iROuttn. 

Trempvri  (U)i  pièce  de  bois  de  cinq  à  fix 
pouces  de  gros  6t  d*envlron  neuf  pieds  de  long, 

S'  fait  l'effet  d*une  bafcule  ou  d'un  levier.  Il 
i  hauffer  &  baiiTer  k  volonté  le  palier  d'un 
inotilîa. 

Treutl  fervant  â  lever  les  mcuUs  ;  on  Tappeile 
auiTi  grand  ueuil  ;  il  eft  poié  horizontalt;ment 
dam  le  haut  de  la  cage  du  moulin  :  on  fait  ordi- 
sakcmcnt  entrer  un  des  bouts  de  fon  arbre  ôc 
fan  tourillon  dans  le  mur  de  tampane  ;  on  établît 
l'autre  bout  &  fon  tourillon  fur  une  poutrelle 
iceiJée  dans  les  nturs  de  goûte  de  la  cage  du 
iMouîin. 

Treuil  fervant  à  enlever  les  facs  ;  la  con- 
Bfoâion  en  eft  arbitraire.  Ordinarrement  &  dans 
Itt  petits  moulins  fur-[0ut ,  fou  arbre  fert  de 
illoyeu  à  une  roue  dont  Its  jantes  f  Jin  foute- 
ancs  de  <îuatre  raies  formant  entr'elles  des  angles 
droits.  Sur  rextèrieur  des  «antes  ou  de  h  cir- 
Cpoliérence  de  la  roue,  on  cloue  15  ou  16  pieds  de 


E  U 


107 


b"c^es,  quî  fefvcnt  k  contenir  une  corde  lâche, 
fur  laquelle  on  péfe  pour  fa-rc  tourner  cette 
roue.  Pur  fon  mouvement  le  chtble  fe  ronle  au* 
tour  de  Tarlire  d'j  treuil ,  5l  ci.*êvc  alori  le  f*;c  à 
la  hiutenr  défirée  ;  enfuite  on  le  condtir  ,  au 
moyen  d'une  cotde  qui  y  c^  attachée  6c  qui 
pafle  par  une  poulie  de  renvoi  ,  foit  fur  le  plan- 
cher du  beffroi ,  folt  en  telle  autre  place  que  Toa 
veut- 
Un  des  bouts  de  l'arbre  de  ce  treuil  eft  reçu 
dans  un  des  murs  de  la  Cëg^  du  m  nilln  ,  ^  Tantre 
bout  eft  foutenu  par  une  potence  de  fer  qui  eft 
attachée  au  plancher,  ou  par  uii.fu|>pon  de  bois 
qu^on  appelle  Bourdannièn* 

Vaxne;  c'eft  une  planche  ou  TaffeinM-g^  de 
plufieurs  planches,  qu*on  fait  ruouvoir  à  volonté 
dans  une  cjuliiic  ou  rainure,  64  qui  barrant  xia 
courant  dVau ,  fert  à  rarrêièr  totalement  ou  en 
partie. 

Vann'E  de  décharge  ;  elle  fert  à  fermer  le  pcr- 
tuls  du  dèverfoir ,  alin  que  toute  Teau  aille  aa 
moulin. 

Vanne  moulo'r;  on  la  pofe  à  r^rrivéc  de  Teau  ; 
à  Tenirée  de  la  reillere,  &  on  la  lè^/e  plus  ou 
moins,  fuivant  la  quantité  d'eau  qu'on  veut  don- 
ner au  moulin. 

Verrins  ;  font  de  fortes  vis  de  bois  de  char- 
penterie. 

ViNDENNE  ;  c'eft  une  corde  groH'e  ati  plus 
comme  le  tiers  du  chaWe.  Elle  eft  fixée  Se  ar- 
rêtée d'un  bout  folid^iUcini  fur  L\  fic'oîle  :  après 
avoir   fait  faire  plufieurs  tours  à  (  '     liir 

la  fignolle ,  on  arrê^t:  fon  autre  exit.  .  ,.  .ur  un 
tourniquet  ou  petit  cabcftin;  on  force  t*nfuiîe, 
en  virant ,  la  vinJonne  de  fe  rouler  ou  dévidLT  fur 
l'axe  du  p  itt  Càbeftr.n  :  en  même  temp^  le  ch  Me 
fe  roule  fur  l'arbre  du  grand  treuil ,  6c  enîé^'c  ta 
meule  à  Uquelle  il  eft  attaché*  On  conçoii  Énciîe- 
ment  que  cet  appareil  nnî'tlp'ie  ks  forces  & 
donne  le  moyen ,  avec  le  fcc^^urs  de  pvu  d'hom- 
mes ,  de  foalever  &  tranfpurter  même  une 
meule. 

VoLANs;  ce  font  de  longues  pièces  de  bois 
qui  font  partie  des  ailes  d'un  moulin  à  vent. 

Usine  ;  terme  géviéiique  par  lequel  on  ddfigne 
nor-fculement  la  cag  -  du  inonlin,  m4is  aujVj  le 
log,nicnr  du  meunier,  les  gnnicrs  à  blè  ou  fa- 
rine, les  écuries,' crab'es,  'a  cour,  en  un  mdt 
tous  les  bâimens  qui  dcpei^dent  du  moulin. 

Ce  tcimc  ei\  fort  ^^ncicn  d^ns  notre  largue,  & 
s'empîo.e  pour  exprimer  l'en  eu»!: le  des  Iiàrlmcns 
qui  ct-)mpoft:m  tou»-  forie  d'éraLliffemens  domcf- 
tiques,  oC  d'ateliers  de  maïuii.  clitrC:»    i)^ 


(O  Ce  Vocabulaire  est  extrait  en  grande  partie  du  Mattutl  des  Muaiins  a  ^otf  iiiyunic  en  17^61 


.t^'^ 


Oif 


]VI   I  E  Lt    (Art  de  la  récolte  et  de  la  confection  du) 


J-i  E  miel  cft  un  fuc  fucré  que  les  abeîlîes  recueil- 
lent fur  les  fleurs  des  plantes ,  &  que  i  on  lire  des 
gâteaux  de  cire  qui  font  dans  leur  ruche. 

Les  abeilles  entrent  dans  les  fleurs  pour  y  pom- 
per, par  le  moyen  de  leur  trompe,  une  liqueur 
niiellée  qui  cR  dans  des  glandes,  &  des  rèfervoirs 
pbcci  au  fond  de  la  fleur,  ou  qui  eft  épanchée  fur 
dificrentes  autres  parties  ayant  tranfpiré  au  trav*ers 
des  membranes  des  cellules  qui  la  renfcrmoicm. 

La  trompe  de  rabetlie  ayant  donc  ramaffé  les 
gouttelettes  de  miel ,  les  conduit  à  la  bouche  où 
H  y  a  une  langue  qui  fait  pafTer  ce  miel  dans  Vœ- 
fophage.  Cette  partie  s*étfnd  dans  les  abeiUes  & 
dans  les  mouches  en  gèncraî,  depuis  la  bouche  juf- 
qu  au  bout  du  corfelct ,  &  aboutit  à  feAomac  qui 
cil  placé  dans  le  corps  près  du  corfelet. 

Dans  les  abeilles  il  y  a  encore  un  fécond  eflo- 
mac  plus  loin.  Laifque  le  premier  efl  vuide,  il  ne 
forme  aucun  rcnflcmem  ;  il  reflemble  à  un  fil  blanc 
&  délie  :  mais  lorfquM  eft  bien  rempli  de  miel  » 
lia  la  figure  d*une  vcilic  oblongue.Ses  parois  font 
fi  minces ,  que  la  couleur  de  la  liqueur  qu'elles 
4;ontîennent  paroit  à  travers. 

Ce  premier  eAomac  eft  féparè  du  fécond  par 
un  étranglement.  Ceft  dans  le  fécond  eflomac  & 
jdans  lesintefllns  que  fe  trouve  la  cira  brute.  Il  n'y 
a  jamais  qne  du  miel  dans  le  premiei^ 

Il  faut  qu  une  abeille  p.ircoure  fuccefTivement 
pluûcurt  fleurs  avant  de  fe  remplir  de  miel;  enfuite 
elle  revient  a  la  ruche ,  &  cherche  un  alvéok  dans 
lequel  elle  puifle  fe  dégorger. 

Elle  fe  place  fur  le  bord  de  Talvéole  ;  elle  fait 
entrer  fa  tcte  dedans,  8c  y  verfe  par  la  bouche 
le  miel  qui  eft  dans  reflomac»  &  qui  en  fort  à 
IVide  des  contrarions  de  cette  partie. 

Il  y  a  lieu  de  croire  quM  nen  fort  pas  tel  qu'il 
y  cft  entré  i  mais  qu  il  ell  digéré  &  épailTi  par  une 
coAion. 

Les  abeilles  fuirent  ordinairement  un  ceria'n 
ordre  en  remp'i^ani  de  miel  les  alvéoles.  Elles  com- 
mencent par  ceux  qui  font  à  la  partie  fupérieure  des 
gâteaux  du  defl'us  »  lorfqu'il  y  a  pludcurs  rangs  de 
giteaujc. 

Pour  qu'un  alvéole  foit  plein  de  xniel^ilfautque 
pluficurs  abeilles  viennent  y  verfer  celui  qu^elles 
ont  recueilli  6l  préparé. 

A  quelque  degré  que  Talvéole  foit  rempli ,  on 
voit  toujours  que  la  dernière  couche  de  miel  efl 
différente  du  reftc.  E  le  fcmblc  être  ce  que  la  crè- 
me cA  fur  te  lait  ;  elle  efl  plus  épaiiTe  que  le  refle.  Il 
y  a  lieu  de  croire  qu'elle  efl  nite  d^un  miel  qui  a 

S  lus  de  confiiiance  que  le  miel  des  autres  couches  ^ 
i  lOQtns  de  dirpofulon  a  couler. 


Toutes  lef  abeiUes  qui  apportent  du  miel  dans  U 
ruche ,  ne  le  verfent  pas  dans  un  alvcole  ;  il  y  en 
a  qui  le  donnent  à  manger  aux  travailleufes  qui  foiu 
occupées  au  dedans  de  la  ruche ,  &  qui ,  fans  cette 
rencontre  ^iroient  en  prendre  dans  des  alvéoles  ;  car 
il  y  a  des  aJvéoles  remplis  de  miel ,  &  ouvetts  pour 
la  c^^nfommation  joumaliére. 

Toutes  les  abeilles  de  la  ruche  s'en  nourriffcnt 
dans  les  temps  ouïes  fleurs  manquent^  &  mcme 
dans  le  temps  des  fleurs  lorfque  le  froid  ou  la  pluie 
empêchent  les  abeilles  de  f#  mettre  en  campagne. 

Les  autres  alvéoles  remplis  de  miel  font  ferméi 
par  un  cercle  de  cire  qui  empêche  qu'il  ne  s'évapore, 
6i  qu'il  ne  devienne  dur  &  graine  avant  la  fin  de 
rhiver.  ■ 

Le  miel  que  les  anciens  eflimoient  le  plus ,  écoie   I 
celui  du  montHimeiteen  Attique  j  après  celui-U,ils 
rechcrchoicnt  le  miel  des  Cyclades,  8c  celui  de  Si- 
cile ,  connu  fous  nom  de  mid  du  mont  Hyhla^ 

Le  bon  miel  doit  être  doux  &  en  mtmc  temps 
un  peu  piquant;  il  doit  être  odoriférant,  jaunâtre, 
non  liquidCi  mais  glutineux  &  ferme,  &  fi  vifqueux, 
que  lorfqu'on  le  touche  du  doigt ,  il  s'y  attache  &  le 
fuit. 

Le  meilleur  miel  de  France  eA  celui  du  Langue- 
doc, du  Dauphinè  &  de  Narbonne;  ce  dernier  efl 
trèb-blanCf  âc  préférable  pour  la  table  &  la  médecine. 

Le  miel  des  autres  provinces  ett  jaune.  Celui  de 
Champagne  eft  d'une  couleur  jaune  dorée,  d'une 
odeur  gracieufe,  d*une  conûftance  ferme  &  graflfe  : 
jL  doit  éire  nouveau. 

Le  miel  de  Normandie  efl  d*unc  couleur  rougeâ- 
trc  ;  fon  odeur  efl  peu  agréable  ;  il  a  le  goût  de  cire. 

Aureite,  lesdinéremes  qualités  du  miel  vienncm 
moins  de  la  température  du  climat,  que  de  U façon 
de  le  récolter  it  de  le  manœuvrer. 

On  appelle  mul  vierge  ^  le  miel  blanc  qui  a  êlé 
tiré  des  ruches  fans  feu. 

On  donne  auflTi  ce  nom  au  mî^l  cju^on  recueille 
des  jeunes  abeilles.  11  cfl  de  couleur  jaune  tirant  fur 
le  blanc. 
D£    LA  CONFECTION  DU  MIEL. 

On  ramafl'e  ordinairement  dans  le  diocèfc  de  Nar- 
bonne &  dans  le  Rouflillon,  une  fois  chaque  aïK 
née,  &  quelquefois  deux,  quand  Tannée  efl  Ck 
vorablc* 

La  première  récolte  fe  fait  vers  le  commene»* 
ment  cfu  mois  de  mai;  &  la  féconde  dans  le  moii 
de  fcptembre. 

Le  miel  du  printemps  efl  toujours  lephis  beaa, 
le  plus  blanc ,  &  le  meilleur.  Celm  de  feptembre 
efi  touiours  roux. 


M  I  E 

Le  deçfè  do  beauté  &  les  autres  qualités  dépen- 
dent de  ï  ann^  Un  printemps  doui,  donnant  l>eau* 
coup  de  âeurs  &  de  rofées,  eft  le  plus  favorable 
potu-  le  rendre  parfait. 

Pour  ramaiïer  »  on  ôte  le  couvercle  de  la  ruche, 
wrété  fur  les  montans  avec  deux  clous ,  de  façon 
à  renlever  aifément ,  &  recouvert  d'une  pierre  plate, 
ïdlc  qu'elle  puiffe  défendre  la  ruche  contre  b  pluie. 
Ou  tiche  en  mcme-temps  d'introduire  de  la  fumée 
psf-là,  en  fouffiant  conftam ment  fur  des  matières 
ïJJomées  &  propres  à  reiciter.  On  contraint  ainfi 
Us  abeilles ,  attachées  à  élever  ou  remplir  les  eà- 
teaoji ,  de  defcendre  vers  le  bas  de  la  ruche  quon 
ircut  leur  conferver. 

Des  qu'on  juge  avoir  rempli  cet  objet,  on  châtre 
ivecufl  fer  tranchant  leur  nouveau  travail  ;  on  Ten- 
Uve  &  on  le  dépofe  de  fuite  dans  des  vafes  qu'on  re- 
coiiirfc  de  manière  à  empêcher  que  les  abeilles 
puîtTeat  y  reprendre  de  ce  qu'elles  viennent  de  per- 
dre, &  les  préferver  en  même-temps  de  leur  perte, 
oîi  les  entraîne  leur  inûtiabilité  naturelle ,  en  les 
exciiafit  à  s'enfoncer  dans  le  volume  perdu  pour  elles. 

Les  vafes  pleins»  on  les  porte  là  où  le  miel 
doit  être  féparé  des  rayons  entremêlés  ,  &  l'on 
Mpcnd  dans  ces  endroits  un» deux,  &c.  paniers, 
Cfl  forme  de  cône  tronqué,  ouverts  par  la  grande 
hafe,  ayant  deux  anfes  diamétralement  oppofées  , 
dans  teiquelles  on  piflc  un  bâton ,  par  où  Ton  fuf- 
pàid  chaque  panier  dans  un  grand  vafe  de  terre , 
m  les  hotàs  duquel  les  deux  bouts  du  bâton  repo- 
fcnt,  &  dans  lequel  le  panier  doit  être  au  large. 

On  remplît  enluire  le  panier  du  mieî  fit  des  rayons 
CUtreméUs ,  qu'on  prend  foin  de  brifer  à  mefure.  Il 
décottle  à  travers  tous  les  vides  du  panier  Je  miel 

Ei ,  tombant  dans  le  fond  du  vafe ,  en  fort  en  filant 
m  uo  autre  vafe  mis  au  de/Tous  pour  le  recevoir. 

Cetïe  pratique  n'eft  pas  fans  de  grands  incoji- 
V^tetts. 

Le  premier  &  le  plus  grand  de  tous,  vient  de  ce 
qu'on  oe  peut ,  quelque  foin  qu'on  fe  donne ,  cha{rer 
louies  les  abeilles  hors  des  gâteaux  qu'on  veut 
cfaiirer  :  tl  yen  refte  toujours  beaucoup  ^  malgré 
b  Aimée  qu'y  chaife  en  foufflani  un  homme  qui 
lient  à  la  main  des  matières  propres  à  en  fournir  ^ 
tu  forte  que  celui  qui  châtre ,  tue,  malgré  lui ,  une 

Ertie  des  opiniâtres  avec  fon  fer  tranchant ,  &  noie 
»  autres  dans  le  vafe  où  il  dépofe  le  mieL 

UeneApeude  celles-ci  qui  fe  fauve  nt ,  malgré 
fcun  mouvemcns  pour  fe  dégager  du  gouffre  où  e5es 
fv  '  luties*  Enfin,  elles  fuccombent  après  de 

k  àins  efforts. 

11  en  t  il  pourtant  pirmi  elles  qui ,  peu  enfoncées  , 
pounoient  fs  dégager;  mais,  foit  avidité,  foit  défaut 
de  conduite,  la  plupart  s*embourbent  plus  fort.  En- 
fin, mêlées  &c  comme  pétries  par  ceîix'qûi  rempîif- 
&m  les  paniers ,  elles  périfTent;  Le  miel  en  reçoit 
ap^xaremment  un  goût  défavantaeeux,  augmenté 

Fit  le  couvain ,  quand  il  y  en  a,  ielon  la  durée  de 
ècoitlemenr. 
Un  autre  inconvénient  vient  de  rijidiflerenee 


TH/L  I  E 


109 


qu'on  a  de  mettre ,  fans  didinflton ,  dans  les  vafes 
tout  le  miel  à  mefure  qu'on  le  tire  des  ruches  # 
quoique  les  gâteaux  foicnt  de  différentes  nuances 
du  blanc  au  roux,  certains  tirant  même  fut  le  noir. 
On  fcroit  bien  de  faire  choix  de  ces  divers  gâ- 
teaux ,  &  de  mettre  chaque  qualité  à  part  pour  le 
faire  couler  féparémenc,  ou  bien ,  mêlant  tout,  pour 
aller  plus  vite  en  befogne  (car  les  abeilles  tâchent 
de  regagner  remplacement  qu'elles  ont  quitté  par 
la  force  de  la  ^imiée  )  ^  il  faut  féparcr  fans  délai ,  diâ 
vafe  où  tout  aura  été  confondu,  le  beau  de  celtù 
qui  ne  l'efl  pas. 

On  pourrojt  en  mémetcmps  occuper  des  gens  à 
fauver  du  naufrage  les  abeilles  qui  femblent  s'y 
précipiter,  en  tirant  avec  leurs  doigts  ces  pauvre» 
animaux ,  qui ,  en  les  mettant  en  lieu  fec ,  fe  déga- 
geront en  marchant^  du  mteldont  elles  fe  font  en« 
duites,  &  s'envoleront. 

Cette  voie ,  quoique  utile ,  ne  peut  que  diminuer 
foibîement  la  perte  ,  parce  que ,  malgré  nos  empref- 
femens ,  on  ne  fauroit  fouiller  dans  les  vafes  fans 
engloutir  de  plus  fort  celles  qu'on  voudra  fauver. 

Tour  cela  nous  montre  le  défaut  de  ropératioii 
de  lever  le  miel ,  en  ce  qu  il  n'y  a  pas  affcz  de  fu- 
mée pour  chaffer  tous  ces  animaux* 

Le  fouffîe  de  Tbomme  ne  ful^t  pas  contre  les 
opiniâtres  au  moyen  de  la  fumée,  lîfaudroit  donc 
tâcher  d'en  augmenter  le  volume.  C'cftàquoi  Ton 
parviendra  par  rexpètîieut  fuivani. 

Employons  un  foufflet  qui,  par  fon  afpiration , 
reçoive  dans  fa  capacité  la  fumée  qu'on  excitera 
dehors ,  &  qui ,  par  fa  compreOion ,  la  chaïTe  dans  k 
ruche. 

Il  s'agit  donc  d'un  moyen  pour  introduire  la  fu* 
mée  du  foufflet ,  à  quoi  me  paroît  très-propre  un 
petit  poêle,  fembbble  3  ceux  de  nos  appanemens, 
ayant  comme  eux  un  tuyau  defHné  a  porter  la  fu- 
mée ,  dont  le  bout  d*en-haut  s'cmboitâr  dans  !*ou- 
verturedu  panneau  où  fera  la  foupr:pi  du  UmiRct, 

On  mettra  enfuife  fur  la  grille   quelque  petite 
braife  recouverte  de  quelque  matière  propre  à  fu- 
mer, comm 
btsuf,  &c. 


mer,  comme  font  le  plantes  vertes,  la  âeme  de 


e  pr< 
,  la 


Après  quoi  ,faifant  afpirer  le  foufflet,  8c lou ver- 
tu re  du  poêle  ouverte,  la  fumée  s*excitera  &  mon- 
tera par  le  tuyau,  dans  le  foufflet  qu'on  fuppofe 
arrêté  fixement  au  fourneau  fur  trois  bras  de  fer  en 
trépied  affet;  hauts,  afin  que  le  canon  du  foufflet 
porte  la  fumée  à  fa  defli  nation* 

Ce  qm  exige  que  le  couvercle  de  la  ruche  fojt 
percé  dans  fon  milieu  d'un  trou  rond,  &  propre  à 
recevoir  exaélement  le  bout  du  canon ,  qui,  à  caufe 
de  cela ,  doit  être  coudé. 

L'opération  faite ,  on  pourra  retirer  le  canon  de  ce 
trou ,  qu'on  bouchera  pour  remettre  de  fuite  le  cou* 
vercle  à  fa  place. 

Au  moyen  d'un  pareil  foufflet,  on  pourra  porter 
autant  &  fi  peu  de  fiimèa  qu'on  voudra  dans  la 
ruche  ,  ôt  par  la  force  de  la  comprefiHon ,  forcer  les 
abeilles  à  le  retrancher  vers  le  fond,  ou  d'eu  fortir. 


iio  MIE 

On  peuî  commencer  cette  fumigation  avant  que 
d*ouvnr  la  ruche ,  &  lu  continuer  à  Vaife  pendant  que 
Ton  enlèvera  le  niiol,  fans  embrirrafler  Topera tcur. 
On  aura  ainfi  le  temps  dechoifir  à  (on  aife  les  gâteaux, 
d'en  réparer  les  différentes  couleurs  ,  6l  par  deffus- 
tout,  de  fauverla  vie  à  un  grand  nombre  d'abeilles. 

Il  doit  piroitre  fmgulier  que  les  gâteaux  étant 
élevés  ordinairement  en  mcme-temps  dans  une  ru- 
che, foient  fi  différemment  nuancés,  quoique  ce 
Ibientles  mêmes  matières  &  les  mêmes  ouvrières  qui 
•  es  ont  formés  ;  ne  peut-on  pas  attribuer  en  panic  ces 
diflirentes  couleurs  aux  diflférens  volumes  des  ^«i- 
tcaux  que  laiflc  Thomme  qui  lève  le  miel,  félon  qu  il 
Vcntcn  J ,  &  relativement  à  la  conftuution  de  Tannée  ? 

Il  tranche  profondément  quand  les  ruches  font 
pleines ,  jufqu*à  la  croix  faire  de  deux  barons  tou- 
fomh  mife  au  milieu  de  la  ruche,  &  traverfant  les 
qui-rreais. 

L'expérience  a  fait  voir  qu'il  ne  faut  jamais  s'en- 
foncer plus  bas,  &  fouvent  moins,  parce  que  la 
féchcrcflTo  du  printemps  eft  ordinaire  en  ce  climat  ; 
par  où  Ton  voit  quilcft  des  années  où  Ton- retranche 
des  morceaux  des  vieux  gâteaux  qu'on  avoit  eu 
raifon  d'épargner  Tannée  précédente. 

Ce  long  il'jour  leur  donne  une  couleur  jaune.  Ce 
qui  le  prouve ,  font  les  gâteaux  fous  la  croix ,  qu'on 
ne  détruit  pas;  ils  font  roux  de  plus  en  plus,  jiifqu'à 
devenir  prefque  noirs  à  mefure  qu'ils  vieilliuent. 

J'ai  remarqué  d'ailleurs  que  le  miel  des  effaims  eft 
toujours  le  plus  blanc  ;  ce  qui  confirme  de  plus  en 
plus  que  les  différentes  couleurs  des  gâteaux  dans  la 
même  ruche  viennent  de  leurs  différents  âges. 

Il  y  a  apparence  que  le  miel  de  Tautomne  étant 
toujours  roux,  comraôe,  indépendamment  de  la 
qualité  des  fleurs,  cette  couleur  par  le  chaui  de 
lété,  qui  agit  fur  les  gâteaux  que  les  abeilles  fe 
font  empreflécs  d'élever  d'abord  après  qu'on  leur  a 
enlevé  le  miel  du  printemps. 

Cela  nous  conduit  à  confeillcr  de  plus  fort  de 
lever  le  miel  à  reprifes ,  en  commençant  toujours  par 
les  ruches  qui  ont  donné  les  premiers  effaims  ,  afin 
d'éviter  fon  féjour  trop  long  dans  les  gâteaux  ,  où 
il  contr^âe  par-là  une  couleur  moins  belle ,  &  un 
goût  moins  agréable. 

Lorfqu'il  ne  découle  plus  du  miel  de  nos  vafes , 
nous  croyons  Tavoir  tout  tiré ,  &  Ton  porte  ce  que 
contiennent  les  paniers  dans  une  chaudière  pour  eii 
faire  là  cire. 

Il  eft  pourtant  certain  que  cet  entaiTement  des 
gâteaux  qui  ont  été  lacérés ,  malgré  les  grands  vides 
qu'ils  laKfent  entre  eux  dans  les  paniers ,  n'ont  pu 
luffirc  pour  laifler  écouler  tout  le  miel  de  Tentre- 
deux  :  de  forte  que  ce  qui  y  refte  fe  perd  dans  les 
eaux  dans  lefquelles  on  tait  tondre  la  cire. 

On  le  gagn.roit  fans  doute  par  des  lotions  avec 
de  Teau ,  qui ,  mêlées  avec  celle  où  les  gens  qui 
font  le  miel  lavent  leurs  mains ,  produiroient  enfem- 
Me  une  eau  emmiellée,  qu'il  faudroit  réduire  enfuite 
à  une  certaine  confiftance  par  Taôion  du  feu,  afin 
qu'elle  fc  confcrvât  pour  leryir  de  nourriture  aux 
abeilles  pendant  Thiver. 


M  I  E 

On  pôut  encore  extraire  ce  miel  par  etpretRonl 
en  mettant  dans  un  fac  de  toile  claire,  à  diverfes  re- 
prifes &  partie  par  partie,  ce  qui  eft  dans  les 
paniers  ,  pour  le  faire  preft'cr. 

Le  peu  qui  en  découlera  fera  roux,  &  c'e  la  der- 
nière qualité.  Ort  peut  en  extraire  un  plus  grand 
volume,  &  Tavoir  bien  moins  roux,fi  Ton  donne 
des  pafTages  libres  à  ce  miel ,  afin  qu  il  coule  vue  , 
&  afin  qu  il  refte  moins  de  temps  mêlé  avec  la  ma- 
tière qui  compofe  les  gâteaux. 

Je  voudrois,à  cette  fin,qu'on  fe  fervît  d'une  caifte 
plus  grande,  mais  femblable  à  celles  de  ces  grandes 
râpes  quarrées  longues  avec  lefquelles  on  râpe  le 
tabac ,  &  qu'on  mit  à  la  place  du  chaftTis  mobile  qiii 
porte  la  feuille  de  tôle  ou  de  fer-blanc ,  un  chaftîs 
en  boisa  haut  bord,  avec  des  fils  de  fer  arrangés 
entre  eux  fur  le  fond  à  la  place  de  la  grille  de  tôle , 
comme  ils  le  font  aux  cribles  avec  trémie  pour  le 
blé ,  fur  lefquels  dépofent  le  réfidu  des  gâteaux  en 
couche  mince. 

On  verroit  découler  defTous  dans  la  caiflTe  le  miel 
entremêlé ,  d'où  il  s'écouleroit  en  inclinant  la  ma- 
chine dans  un  vafe  mis  au  deffous.  Ce  même  crible» 
ou  plufîeurs  enfemble ,  feroit  favorable  pour  hâter 
l'écoulement  de  tout  le  miel. 

Il  en  réfulteroit  fans  doute  plus  de  beauté  en 
diminuant  la  durée  du  mélange  avec  la  matière  des 
gâteaux.  S'il  paftbit  plus  de  parties  de  cire  par  ce 
crible ,  mêlées  avec  le  miel ,  qu'il  n'en  paffe  par  la 
méthode  ordinaire,  on  auroit  la  même  rciieurce' 
qu'on  a  en  celle-ci,  d'écumer  et  de  faire  filtrer  les 
écumes ,  en  les  remettant  fur  les  parties  qui  refter 
ront  fur  le  crible. 

Il  nous  refte  à  confeiller  un  autre  épurement  da 
miel  que  j'ai  vu  faite  à  uneperfonne  à  qui  j'en  avois 
envoyé  un  baril. 

Quoiqu'il  fût  beau ,  elle  voulut  Tavoir  encore  plus 
beau ,  &  le  filtra  au  moyen  d'une  toile  de  canevas.  Il 
en  devint  en  effet  bien  plus  beau  ;  le  canevas  arrêta 
des  patries  mêlées  de  pluficurs  couleurs ,  qui  n'a- 
voient  pu  s'en  féparer  fans  cela. 

Ce  que  j'en  ai  vu,  m'a  déterminé  de  faire  à  l'ave- 
nir quelque  chofe  de  femblable.  Tai  fait  faire 
deux  chauffes  d'hipocrat  de  canevas ,  dont  l'ouver- 
ture de  chaulfe  eii  un  cercle  de  bois  d'environ  quatre 
pouces  de  diamètre ,  autour  duquel  j'ai  attaché  cha- 
cune ayant  environ  un  pied  de  longueur. 

J'ai  attaché  auffi  fur  le  cercle  une  anfede  ruban  de 
fil,  pr.r  lequel  je  veux  fufpendre  cette  chauffe  *u  cou 
du  vafe  où  loge  le  panier ,  &  par  où  coule  le  miel 
qui  en  fort.  En  paflant  dans  cette  chauffe ,  il  y  dépo- 
fera  les  falctcs  6c  les  écumes ,  qu'on  videra  à  me- 
fure qu'elles  s'y  entafleront ,  ou  dans  les  paniers 
ou  dans  les  cribles  que  je  propofe ,  ou  dans  unj  autre 
chauffe ,  tandis  que  le  miel  épuré  tombera  dans  le 
vafe  au-deffous. 

Article  de  Al.  B  ART  H  ES  le  père ,  de  la  focUté  royal^ 
1  desfcie/ices  de  Montpellier. 


MIROITIER.    (  Art  du  ) 


HT 


1^  E  miroitier  eft  celui  qui  Eût  ou  qui  vend  des 
miroirs. 

Le  miroir  eft  un  corps  dont  la  furface  repré- 
ièiKe ,  par  réflexion ,  les  images  des  objets  qu'on 
met  au-deTaot. 

Miroir  ,  dans  un  fens  moins  étendu ,  fignifie 
une  g^ce  de  verre  fort  unie ,  &  étamée  par-der- 
rière ,  reprëfentant  les  objets  qui  y  font  offerts. 

Miroir  encatoptrique  iîgniâe  un  corps  poli  qui 
se  donne  point  paifage  aux  rayons  de  lumière , 
&  qui  par  confèquent  les  réfléchit. 

La  fcience  des  miroirs  eft  fondée  fur  les  prin- 
dpes  généraux  fuivans.  i^.  La  lumière  fe  réfléchit 
fur  un  miroir ,  de  façon  que  Tangle  dUncidence 
eft  égal  à  Tangle  de  réflexion. 

i\  Il  tombe  fur  un  même  point  du  miroir,  des 
r&yons  qui  partent  de  chaque  point  de  Tobjet 
radieux ,  &  qui  fe  réfléchiflent ,  &  par  confèquent 
piûfque  les  rayons  qui  partent  de  différens  points 
d'un  même  objet  &  qui  tombent  fur  un  même 
point  du  miroir ,  ne  peuvent  fe  réfléchir  en  arriére 
▼ers  un  même  point  ;  il  s'enfuit  dc-là  que  les  rayons 
emroyés  par  différens  points  de  Tobjet,  fe  lépa- 
leioat  de  nouveau  après  la  réflexion  ,  de  façon 
que  la  fituation  de  chacun  des  points  où  il  par- 
Tiendra  ,  pourra  indiquer  ceux  dont  ils  font  partis. 

De-là  vient  que  les  rayons  réfléchis  par  les 
air«irs  représentent  les  objets  à  la  vue  :  il  s'en- 
lini  encore  que  les  corps  dont  la  furface  efl  ra- 
boteufe  &  inégale ,  doivent  réfléchir  la  lumière , 
de  bçoa  que  les  rayons  qui  partent  de  différens 
points  fe  mêlent  confufément  les  uns  avec  les 
autres. 

Les  miroirs  peuvent  être  diftingués  en  miroirs 
plans ,  concaves  ,  convexes  ,  cylindriques  ,  co- 
niques 9  paraboliques  ,  elliptiques  ,  miroirs  à 
rouei ,    &c. 

Les  miroirs  plans  font  ceux  dont  la  furface  eflr 
plane  :  on  les  appelle  ordinairement  miroirs  , 
tout  coure  ;  nous  allons  principalement  nous  en 
occuper  ,  ayant  parlé  des  autres  dans  Tart  du 
îvu.tcr  opticien ,  tome  4  de  ce  diâionnaire  des  arts 
&  métiers  9  p.  256. 

Les  premiers  miroirs  artiflciels  furent  de  métal. 
Cceroa  en  attribue  l'invention  au  premier  Efcukpe. 
Une  preuve  plus  inconteliable  de  leur  a;>nquité , 
^cft  l'endroit  de  l'Exode  ,  chap.  xxxviii ,  où  il 
efl  dit  qu*on  fondit  les  miroirs  des  fcmm.s  qui 
fervoier.t  à  l'entrée  du  tabernacle  ,  iJc  qu  on  en 
ft  un  baifin  d'airain  avec  fa  baie. 

Ouirc  l*airaia  on   employa  Tétain   &  le  fer 


bruni  ;  on  en  flt  dépuis  qui  étoient  mêlés  d'ai- 
rain &  d'étain.  Ceux  qui  fe  fabriquoient  à  Brindes 
paffèrent  long-temps  pour  les  meilleurs  de  cette 
dernière  efpèce  \  mais  on  donna  cnfiiitc  la  pré- 
lérence  à  ceux  qui  étoient  faits  d\irg:i  t  ;  &  ce 
fut  Praxitelle ,  différent  du  célèbre  lculp:e  jr  de 
ce  nom ,  qui  les  inventa  ;  il  étoit  contemporain 
de  Pompée  le  Grand. 

Le  luxe  ne  négligea  pas  d'embellir  les  miroirs  ; 
il  y  prodigua  l'or ,  1  argent ,  les  pierreries ,  ai  enfin 
des  bijoux  d'uu  grand  prix.  Sonéque  dit  qu'on 
en  voyoit  dont  la  valeur  furpaffoit  la  dot  que  le 
Sénat  avoit  affignée  des  deniers  publics  -à  la  fille  . 
de  Cn.  Scipion. 

On  ornoit  de  miroirs  les  murs  desappartemcns  ; 
on  en  incrufloit  les  plats  ou  les  baffuis  dans 
lefquels  on  fervoit  les  viandes  fur  la  i.ible  ;  on 
en  revètoit  les  taffes  &  les  gobelets  ,  qui  multi- 
plioient  ainfi  les  images  des  convives. 

II  paroît  que  la  forme  des  miroirs  anciens  ctoit 
ronde  ou  ovale.  Vitruve  dît  que  les  murs  dwS 
chambres  étoient  ornés  de  miroirs  &  d'.<baques  , 
qui  faifoient  un  mélange  alternatif  de  iii^uies 
rondes  ,  &  de  figures  quarrées.  Ce  qui  nous 
refte  des  miroirs  des  anci.ns  prouve  la  mêrue  choie. 

En  1647  o"  découvrit  à  Nimègu*î  uîi  tombjau, 
où  fe  trouva  entr'autrcs  meubks  un  miroir  d'à  ;ier 
ou  de  fer  pur,  de  forme  orbiculaire ,  dont  le  dli- 
mètre  étoir  de  cinq  pouces  romains  :  le  rcvx.rs 
en  étoit  concave  '^:  couvert  de  Lui'-les  d  art^cnt , 
avec  quelques  ornemcns. 

Quoique  ie  métal  fût  longtemps  h  fei:le  mi- 
fière  employée  pour  les  miroirs  ,  il  eft  pou»tï.'t 
inconteftable  que  le  verre  a  éié  loiuiu  dans  les  rcr>  psi 
les  plus  reculés.  Le  hafaicl  rît  découvrir  ccrte  \  d.îh- 
rable  matière,  environ  mille  ans  avant  réj.o([.ie 
chrétienne 

Phne  dit  que  des  marchands  de  nirre ,  qui  tra* 
verfoient  la  Phcmcie ,  s'étant  arbores  fur  le  bo-d 
du  fleuve  Relus ,  &  ayant  vou  u  L'ijcq  cuire  Xvwrs- 
viandes,  nii»enr,  au  dotant  de;. ierre, des  rr.urctw.x, 
de  nurc  p-^ur  foutcnir  leur  vsfc ,  èi  que  c*  nii^c, 
méJé  iîvec  It;  r;ibie,  ayant  été  «^mbr^fé  par  îc  ^c.  y 
fc  fondit,  &  forma  ur}t;  liqn.iir  c*  irt:  ...  rr  p^  ..- 
rente  ,  qui  fe  fi^ca ,  &  d^.nra  L  prem  èr.  >.  . 
la  façon  du  ve-rr. 

U  elt   d'aurant   plus  éo  niint  qu-    !..  -    - 

n'aient  pas  connu  «'r--  u-  re;  d  i    •--  '*• 
à  confervcr  la  rc»  rcf  r-  j.ioi  d..-  «^ 
quant  Vî:X.\v\  d^rnicie  ï->  {.      : 
d"  la   dlcouvertc  Uu  v.r  . 

i  fort  loin» 


112  MIE 

Queis  beaux  ouvrages  ne  fit-on  pas  avec  cette 
matière  I  Quelle  magnificence  que  celle  du  théâtre 
de  M,  Scaurus,  dont  le  fécond  étage  étoit  entière- 
ment incrufté  de  verre  î  Quoi  de  plus  fuperbe , 
fuivant  le  récit  de  St.  Clément  d'Alexandrie ,  que 
ces  colonnes  de  verre ,  d'une  grandeur  &  d'une 
grofleur  extraordinaires  »  qui  ornoient  le  temple 
de  Tifte  d'Aradus  ! 

Il  n\(ï  pas  moins  farprenant  que  les  anciens 
connoiffant  i'ufage  du  cridalt  plus  propre  encore  que 
le  verre  à  êire  employé  dans  la  fabrication  des  mi- 
roirs ,  ils  ne  s'en  loient  pas  fervi  pourcet  objet. 

Nous  ignorons  le  temps  oii  les  anciens  commen- 
cèrent à  Faire  des  miroirs  de  verre.  Nous  favons 
feulement  que  ce  fut  des  verreries  de  Sidon  que 
Sortirent  les  premiers  miroirs  de  cette  matière  : 
on  y  trvaiilott  très-bien  le  verre ,  &  on  en  faifoit 
de  très-beaux  ouvrages  ,  qu'on  poli/Toît  au  tour , 
avec  des  figures  &  des  ornemens  de  plat  &  de 
îclicf ,  comme  on  auroit  pu  fabe  fur  des  vafes  d*or 
&  d'argent. 

Les  anciens  avoient  encore  connu  une  forte  de 
miroir,  qui  étoitd'un  verre  que  Pline  appelle  vhmm 
Qbjtdianum^àu.  nom  d'Obfidius  qui  Ta  voit  découvert 
en  Ethiopie  ;  mais  on  ne  peut  lui  donner  qu*îm- 
proprement  le  nom  de  verre.  La  matière  qu*on  y 
employoit  étoit  notre  comme  le  jais  »  &  ne  ren- 
doit  que  des  repréfentations  fort  imparfaites. 

Il  ne  faut  pas  confondre  Us  miroirs  des  anciens 
tvec  la  pierre  fpéculaire  :  cette  pierre  étoit  d'une 
nature  toute  diftérente  ^  &  employée  à  un  tout 
autre  ufage  :  on  ne  lui  donnoît  le  nom  àc  fpc- 
ctiUrïs  qu'à  caufe  de  fa  tranfparcnce  ;  c'étoit  une 
forte  de  pierre  blanche  &  tranfparente ,  qui  fe 
coupoit  par  feuilles,  mais  qui  ne  réfifloit  point  au 
feu.  Ceci  doit  la  faire  diftinguer  du  talc,  qui  en  a 
bien  la  blancheur  &  la  tranfparence,  maïs  qui  réfifte 
à  la  violence  des  flammes. 

On  doit  rapporter  au  temps  de  Scnèque  l'origine 
de  Tufage  des  pierres  fpéculaires  ;  fon  témoignage 

Îr  eft  formel.  Les  Romains  s'en  fervoient  à  garnir 
eurs  ienétres  ,  comme  nous  nous  fetvons  du 
verre  ;  fur*tout  dans  les  falles  à  manger  pendant 
rhiver ,  pour  fe  garantir  des  pluies  &  des  orages 
et  la  faîion  :  Us  s'en  fervoient  auiTi  pour  les  li- 
tières des  dames  «  comme  nous  mettons  des  gtaces 
à  nos  carroffes  j  il  les  empluyoicnt  encore  pour 
les  ruches,  afin  d'y  pouvoir  confidérer  ringénicux 
ttxvall  des  abeilles. 

L'uCige  des  pierres  fpéculaires  étoit  fî  général , 
^u'il  y  avoit  des  ouvriers  dont  la  profeftion  n'a- 
voit  d'autre  objet  que  celui  de  \ci  travailler,  & 
de  les  mettre  en  pi  ace. 

Outre  U  pierre  appelée  fpéculaire ,  les  anciens  en 
connoiffoiein  une  antre  appclîée  phcupth^  qui  ne  ce- 
doitpas4  h  premii^rccntranfparenccronlatiroitdc 
UCappidocc;  dic  hon  blanc!)C  ât  avoit  la  dureté 
du  marbre.  L'uf^gc  en  comment^a  du  temps  de 
Néron  ;  il  s'en  fervit  pour  conAruirc  le  temple  de 
U  F«»rtuae  ,  rcufcrmcc  dans  i'cnccinte  immezife 


M  r  E 

de  ee  rîche  palais  qu'il  appela  U  maifan  dorée* 
Ces  pierres  répandoient  une  lumière  éclatante  dan* 
rintérieur  du  temple  :  il  fembloit,  félon  Torpref* 
fion  de  Pline,  que  le  jour  y  étoit  plutôt  renfermé 
qu'introduit ,  tanquam  inclufâ  luce ,  nân  tranftruJJ'J* 
Nous  n'avons  pas  de  preuves  que  la  pierre 
fpéculaire  ait  été  employée  pour  les  m'trairj  ;  mai* 
1  hifloire  nous  apprend  ciue  Domitien  ,  dévoré 
d'inquiétudes ,  &  agité  de  frayeurs,  avoit  fait  gar i&r 
de  carreaux  de  pierre  pheugiu  les  murs  ce  lis 
portiques ,  pour  appercevoir ,  lorfqu  il  s'y  proiBC- 
noit ,  tout  ce  qui  fe  faifoit  derrière  lui  ,  &.  iç 
prémunir  contre  les  dangers  dont  fa  me 
menacée. 

Etamagt. 

L'étamage  des  miroirs  ou  des  glaces ,  confifte  1 
appliquer  un  amalgame  d*étain  &  de  mercure  fur 
une  de  leurs  furfoccs  ;  ce  qui  les  rend  infiniment  j 
plus   propres  à  refléchir  les  rayons  de  lumière,! 
&  par  conféquent  à  repréfenter,  d'une  maniéni, 
très-vive  &  très-nette ,  les  images  des  objets.       \ 

Cette  propriété  de  i'étamage  des  glaces  eft  tondcc 
fur  ce  que  les  fubflances  métalliques  ,  étant  les 
corps  les  plus  opaques  de  la  nature  ,  laiiïcnt  paiTer 
à  travers  leur  fubftance  infiniment  moins  de  rayons 
de  lumière  ,  &L  par  conféquent  en  réfléchiflcnt 
beaucoup  davantage  que  toute  autre  matière. 

Pour  éiamer  les  glaces  ,  ce  qui  s'appelle  le» 
mettre  au  tain  ,  on  les  pofe  fur  des  tables  dans 
une  fituation  horizontale,  parfaitement  de  niveau , 
après  avoir  nétoyé  très-exaftement  la  furface  fu- 
péricure  qui  doit  recevoir  le  tain  ;  ou  mieux 
encore ,  l'on  a  pour  éramer  une  pierre  bien  drûtte 
8c  bien  unie ,  entourée  d'un  cadre  de  bois ,  qol^ 
préfente  autour  des  trois  côtés  de  la  pierre  m^ 
petite  rigole  percée  à  deux  des  coins.  ^fll 

Cette   efpèce  de  table  eil  tellement  difpl^B 
fur  les  pieds  qui  la  foutiennent  ,  qu'on   petite 
volonté  la  metrre  de  niveau  ,  ou  lui  donner  d« 
la  pente  du  côté  ou  font  les  trous.  ^ 

On  couvre  la  furface  de  la  glace  de  feuilto* 
d'étaîn  ,  qui  font  aufTi  minces  que  du  papier,  âc 
qui  doivent  être  très  nettes ,  &  ne  pas  fon 
moindre  pli. 

On  verfe  par-olcfrus  une  quantité  de  mi 
fuffifante  pour  couvrir  le  tout  cxaûcmeni  ; 
frotte  légèrement  avec  une  patte  de  lièvre* 
l'y  laiffe  fejourncr  affei  long-temps  pour  qu'il  $'a« 
malgame  parfaitement  avec  les  feuilles  d'aaisi| 
qui  devient  très-brillant. 

Alors  on  donne  un  petit  degré  d'inclinaifon  I 
la  glace ,  pour  faire  écouler  doucement  le  incrcurq 
furabondant  r  on  augmente  peu  h  peu  cette  îikIs^ 
naifon  à  mefure  gue  le  mercure  s  écoule;  cn&n, 
on  parvient  à  poier  la  glace  verticale  m  cm  ,  Si  an 
la  lailfe  s'égouter  entièrement  dans  cette  d*rmèr4 
fituation. 

Quflqucfoismêînconch''-      "  ne», 

ou  de  plaques  de  plomb  qu>  v  dQ 

iu 


MI  R 

ter  9  en  fnetnnt  une  pièce  de  ftanelie  ou  de  ferge 
CQOcU  gUcc  Se  CCS  poids;  opération  aéceffàkepour 
me  U  gUce  l'applique  plus  immècltatement  à  la 
raulle  4*êcaîii ,  oc  que  le  mercure  (upctÛM   en 

Éi¥^^  plus  de  facilité  ;  c  cft  pour  cette  dcr- 
rmîTon  que  Ton  penche  la  table  lorfque  la 
efl  chargée.  Le  mercure  fuperflu  coule  dans 
;ole  y  £k  te  décharge  »  par  les  rrous  qui  y  font 
|aès ,  dans  des  baiTins  de  bois. 
LoHqu'on  tuge  Tétamage  aflez  parfait  &  foUde , 
on  décikarge  la  glace  &  on  la  pofe  fur  des  cgout- 
rotrs  de  bois ,  dont  on  rend  la  pente  plus  ou  moins 
rapide ,  à  volonté  ,  &  fur  lefqutls  elle  achève  de 
perdre  le  mercure  fuperflu  qui  pourroit  lui  refter» 
Par  cette  manoeuvre ,  il  ne  rcfte  de  mercure  que 
la  ponîofi  qui  s*eil  véritahlement  amalgamée  avec 
la  CDtiche  d*étain ,  qui  devient  alors  trés-bnllanre. 
Comme  cet  amalgame  a  un  contaâ  parfait  avec 
1a  furface  de  la  glice»  atrendu  que  cette  furface  efl 
txe^poue  ,  cet  enduit  métaiVique  y  adhère  à  raifon 
de  ce  coma^l  exaâ ,  &  la  partie  amalgamée  du 
iBercure    ne    s'écoule   point  ,    parce   qu'elle    eiî 
j     retenue  par  fadhèrence  qu*cile  a  contraftée  avec 
■  rétaln. 

B      1]  fuSît  d'environ  deux  onces  de  vif  argent  pour 
comrrtr  trois  pieds  de  glace. 

La  réuiGte  de  cette  opération  dépend  beaucoup 
îk  la  netteté  de  la  furtace  de  la  glace  ;  car  il 
efl  certain  que  la  moindre  ordure,  les  parcelles 
it  poii^iêre  interpolées  entre  Tamalgame  &  la 
ibrUce  de  la  glace,  empécheroient  abfolument 
Fidliéreac^  de  concaâ  entre  ces  deux  corps. 

Comme  les  matières  vitrifiées  ,  telles  que  le  font 
leigLces^  ne  peuvent  point  s*unir  intimement  avec 
Jcs  fuHIances  métalliques ,  il  s'en  f;iut  beaucoup  que 
l'adhérence  de  rétamage  des  glaces  foit  auifi  forte 
^  celle  de  Tadhérence  de  métaux  fur  mèteaux  ^ 
idkciu'clU  fe  trouve  dans  Tétama^e  du  cuivre  Si 
da  fer  ;  dans  ce  dernier  cas  il  y  a  diffolution ,  pé- 
nétration »  union  intime  de  Tétain  avec  la  furface  du 
inétal  ètamé;  dans  celui  des  glaces  ,  au  contraire  , 
il  n'y  a  que  Tadhérence  de  Ample  cootad  ou  do 
îvxta*pofition  exaâe  »  qui  peut  avoir  lieu  entre  les 
corp^  quelconques  ,  quoique  de  nature  hétérogène 
par  ^application  immédiate  &  juAe  de  leurs  furbces 
pobes.  \n(ii  le  tain  des  glaces  eil-il  fort  fujet  à  s'enle- 
Tcr:ilfaut»siron  veut  le  conferver  ,  qu'il  foit  à 
l'abri  de  rhumidlté&  des  frottemeos»  même  les  plus 
lég^en*  Ce  A  par  cette  raifon  qu'il  cÛ  rrès-eOeniiel  « 
Iûnqu*on  met  tes  glaces  au  tain ,  de  ne  faire  écouler 
le  merotre  fur  abondant  que  fort  doucement ,  8i 
fion  lentemeni  ;  autrement  cette  matière  feroit 
cipaMe  d'enirainer  avec  elle  prefque  tout  Téta- 
BBft  p€r  fon  feul  poids. 

Kunckel ,  dans  les  remarques  fur  1  art  de  la 
▼trrerîe,  dit  que  pour  étamer  des  hulcs  ou  dts 
tùmeUi€4  dt  verre  ,  il  faut , 

m\  Fondre  dans  un  creufec  un  quart-d^once 
f  ccaiii  ài  autant  de  piumb. 

Ans  fr  MéttiTs*     Tomt  V»    Partit  L 


M  I  R 


113 


1".  Y  joindre  cnfuite  demi-once  de  blfmudi, 

5^  Retirez  le  creufet  du  feu  ;  &  lorfque  la  ma- 
tière fera  prefque  froide ,  vous  y  verferez  peu  à 
peu  une  once  de  vif  argenr« 

4"*  Vous  ferez  un  peu  chauffer  la  boule  de 
verre,  qui  doit  être  bien  nette  ^  bien  fèche ,  & 
vous  y  inférerez >  par  le  moyen  d'un  entonnoir, 
Tamalgame  ci  -  defflis  ,  bien  doucement ,  en  cm* 
péchant  qu'il  ne  s'écarte  du  fond  de  la  bouteille  ; 
car  s'il  tomboit  avec  force  fur  du  verre  froid ,  il 
le  ferait  éclater* 

ç*".  Enfuite  vous  roulerez  la  bouteille  dans  vos 
mains  »  afin  que  Tamalgame  étamc  »  &  s'éiende 
également  par- tout. 

Si  la  matière  fe  grumeloit  ^  on  chaufferoit  un 
peu  la  bouteille  pour  rendre  cette  matière  liquide. 

Si  Tama^gamc  cft  trop  liqui.e  ,  on  pourra  y 
ajouter  ,  en  même  proportion,  du  bifm.th,  du 
plomb  6c  de  fétain. 

6  '.  On  verfe  dans  un  vafe  Tamalgame  qui  eft 
inutile. 

*  Dlfferens  iumagts* 

Voîcî  quelques  procédés  que  la  pTiyfique  expé- 
rimentaie  ne  permet  pas  d'omettre  »  en  traitant 
de  l'art  tiu  miroitier. 

Quoique  ces  procédés  foient  fimples,  &  d'une 
exécution  facile  ,  les  ouvriers  »  fur^tout  ceux  des 
provinces ,  qui  ne  manient  que  des  gbces  planes, 
s'y  trouveroient  arrêtés.  L'amateur  empreffé  de 
jouir ,  fera  volontiers  leur  guide,  &l*Eacyclopédic 
doit  le  mettre  fur  la  voie. 

1*.  De  rétamage  d* tint  glace  dans  fa  concavité. 

Prenez  du  plâtre  bien  recuit  &  bien  pulvérifc , 
partez  fur  toute  ta  furface  creufe  du  verre  une 
légère  couche  d'huile.  Formez  avec  le  plâtre  dé- 
trempé f  un  moule  exaâ ,  en  appuyant  fur  chaque 
point  de  la  concavité.  Pour  épaiffir  le  moule  , 
rechargez-le  de  matière  ,  &  que  fon  diamètre  ne 
furpa^e  pas  celui  de  la  glace. 

Vous  Tenlèverez  lorfqu'il  fera  fec;  maïs  comme 
le  verre  pourroit  n'être  point  parfaitement  régu- 
lier »  ne  féparez  pas  le  verre  du  plâtre  ,  qu'au- 
paravant vous  nayez  tracé  fur  tous  deux  une 
ligne  de  retrouve. 

La  concavité  de  la  glace  imprimera  néceffaire^ 
ment  au  moule  une  figure  convexe  :  on  applique 
fur  cette  convexité  une  feuille  d'étatn  coupée  cir- 
çulairement,  Se  dans  des*dimenfions  qui  l'excédent; 
pour  la  fixer  invariablement  ,  on  en  replie  les 
bords  autour  du  plâtre  ;  quelques  boulettes  de 
cire  les  y  attachent  fuffifamment. 

Que  cette  feuille  foit  étendue  avec  foin  :  ta  moin- 
dre crifpatlon  produiroit  une  tache  ,  &  gâteroit 
l'ouvrage.  Preuez  donc  uniformément  fa  furface  ; 
rétain  tendre  ^  duétiîe  s'emboutira  fans  con- 
tracter de  dcfcftuofités. 

Ce  petit  arrangement  fini  ,  placez  de  niTcau 


114 


M  I  R 


fur  un  fac  plein  At  (ablt ,  &  bien  fermé ,  le 
côté  bombé  de  la  glace  ;  en  pefanr  fur  fes  exué- 
mités  oppofces ,  VtSort  des  dolgrs  Tenfoncera 
malçré  la  toile  ,  &  lui  donnera  plus  d^afliette  ; 
vericz  alors  dans  la  concavité  ,  que  je  fuppofe 
eiïuyce ,  une  portion  de  mercure  qui  la  comble 
entiéremenr. 

Reprenez  le  moule  chargé  de  Tétain  ,  &  le 
plongez  dans  le  même  fluide  :  quand  la  feuille 
en  fera  bien  avivée,  faites- la  rentrer,  à  Taide  du 
moule ,  dans  le  creux  de  la  glace  :  que  cette 
rentrée  s'opère  par  un  mouvement  oblique ,  plutôt 
que  vertical  ;  que  l'étain ,  pour  mieux  dire ,  re- 
poufle  le  mercure  &  gliffe  fur  le  verre ,  tant  que 
les  centres  fe  rencontrent.  En  raffemblant  les  lignes 
dont  nous  avons  parlé ,  le  rapprochement  ne  doit 
laiffer  abfolument  aucun  vide. 

Il  ne  refte  qu'à  renverfer  tout  à-ia-fois  le  moule , 
la  glace  &  le  fac ,  mais  fans  les  féparer  :  un  fup- 
port  y  haut  de  quatre  à  cinqf  pouces  ,  recevra  le 
deffus  du  moule ,  qui ,  par  ce  renverfement  , 
occupera  le  bas.  Le  poids  du  fable,  auquel  il  efl 
aifé  d'ajouter  encore  ,  continuera  de  preffer  la 
feuille  contre  la  glace  :  il  expulfera  les  bulles  d'air, 
&  forcera  le  fuperflu  du  mercure  à  s*égoutte.*  :  au 
bout  de  quelques  heures  ,  l'étain  fera  confoUdé  ; 
vous  pourrei  enlever  le  fac  &  retirer  le  moule  ; 
mais  longez  que  la  feuille  eft  adhérente  au  plâtre  ; 
dégagez  fa  circonférence,  que  vous  retrancherez 
enfuite  comme  inutile. 

a®.  Df  l'étama^e  d'une  glace  fur  fa  convexité. 

Cette  opération  s'éloigne  peu  de  la  précédente. 
Difpofez  le  moule  d'après  le  verre  ;  fa  furface 
deviendra  concave.  Etendez  dans  l'enfoncement 
la  feuille  d'étain  ,  &  ne  lui  laifTez  ni  rides  ni 
bouffiîTures;  couvrez  la  de  mercure,  &  poufTez- 
y  la  glace  en  appuyant  toujours ,  jufqu'à  ce  qu'elle 
parvienne  au  milieu  ;  la  majeure  partie  du  mer- 
cure s'épanchera  :  mais  ce  n'eft  point  âffez  ;  il 
faut ,  comme  précédemment ,  renverfer  tout  en- 
femble ,  &  le  moule  &  le  verre  ;  pofer  le  verre 
fur  le  fnpport,  dont  le  diamètre  doit  être  moindre, 
&  charger  le  moule  du  fac  rempli  de  fable.  Ici 
le  fupport  eft  en  contaA  avec  la  glace  ;  garniiTez 
fon  lommet  d'un  tampon  ,  ou  de  laine  ou  de 
coton ,  &  vous  préviendrez  toute  rupture. 

Pour  étamer  fur  fa  convexité  une  glace  dont  le 
diamètre  iroit  à  trente  ou  quarante  pouces,  le 
travail  eft  différent.  On  confh-uit ,  foit  en  fer ,  foit 
en  bois ,  un  cadre  circulaire ,  double  au  moins  de 
la  glace ,  &  fupporté  par  trois  montans  ou  pieds. 
On  tire  d'une  toile  épaifTe  un  morceau  qu'on  dé- 
coupe fur  le  cadre  un  peu  plus  en  petit  :  on  fortifie 
par  un  cordon  les  bords  de  la  toue ,  &  contre  le 
cordon  on  perce  des  aillets  :  on  peut  enfuite ,  avec 
un  bon  lacet ,  tendre  à  fon  gré  la  toile  dans  le 
cercle.  La  tenfion  ne  doit  cependant  pas  être  ou- 
trée ,  fur-tout  il  la  courbure  du  verre  eft  forte. 


M  I  R 

Cet' appareil  placé  horizontalement,  il  ne  s*agit 
que  de  coucher  fa  feuille  d'étain  fuf  la  toile,  d'à* 
vivcr  de  mercure  le  métal ,  &  d'afTeoir  la  glace  : 
fon  poids  &  les  poids  additionnels  afTaifteront  ré- 
gulièrement la  toile  ;  &  le  verre  ,  de  toute  part, 
touchera  Tétain  noyé  de  mercure. 

L'art  du  lunettier-opticien  enfeigne  la  manière 
dont  on  rend  convexe  ou  concave  les  verres  plans, 
au  moyen  des  baf&ns  &  des  fphères  qui  les  ufeilL 
par  le  frottement.  Le  procédé  uu'on  met  en  œuvre 
pour  les  courber  en  les  amolliflant  au  feu  ,  mérite 
d'être  connu  :  je  Texpoferai  dans  un  article  par- 
ticulier. Voyez  ci-après  :  verre  au  fourneau  (  Art 
d'a/noUir  le  ). 

}^«  De  rétamage  d'un  globe  dans  fon  intêruuTm 

Ces  globes  figuroicnt  autrefois  dans  nos  apparu 
temens  ;  leur  préparation  étoit  même  un  fecret. 
M.  Southwel  la  publia  le  premier ,  de  la  manière 
fuivante,  en  l'imprimant  dans  les  tranfaâions  phi« 
lofophiques ,  N^  245. 

Le  mélange  dont  il  fe  fert  eft  coppofé  de  mer- 
cure &  de  marcaftite  d'argent ,  trois  onces  de 
chaque;  d'étain  &  de  plomb  ,  une  demi -once 
de  chaque  :  on  jette  fur  ces  deux  dernières  matières 
la  marcaffite  ,  6l  enfuite  le  mercure  ;  on  les  mêle 
&  on  les  remue  bien  enfemble  fur  le  feu  :  mais 
avant  que  d  y  mettre  le  mercure,  il  faut  les  retirer 
de  defius  le  feu  &  attendre  qu'eUes  foient  prefque 
refroidies. 

Pour  en  faire  ufage  ,  le  verre  doit  être  bien 
chaud  &  bien  fec.  L  opération  réufTiroit  pourtant 
fur  un  verre  froid ,  quoiqu'elle  fe  fit  avec  beau- 
coup plus  de  iuccès  fur  un  verre  chaud. 

La  méthode  que  je  trace ,  di£férente  pour  les 
dofes ,  réuffit  mieux  encore. 

Faites  fondre  une  once  d'étain  &  aunnt  do 
plomb  dans  une  cuiller  de  fer  :  à  ces  métaux 
fondus, vous  joindrez  une  once  de  bifmuthconcafiré  ; 
le  bifmuth  fe  liquéfiera  prefque  aufiîtôt.  Quand 
le  mélange  ne  fera  plus  que  tiède ,  ajoutez-y  deux 
onces  de  mercure  exempt  de  toute  humidité ,  il 
nétovez  les  faletés  qui  s'élèveront  à  la  furfiice. 

Chauffez  modérément  le  globe  :  qu'il  ibie 
très-fec  en  dedans ,  &  qu'il  ne  recèle  aucun  corps 
étranger. 

Les  globes  dont  eft  queftion  portent,  comme 
les  bouteilles ,  un  goulot  alongé.  Amenez-en  l'en- 
trée fous  le  bec  de  la  cuiller  :  verfez-y  le  mélange 
à  petite  quantité  :  fa  fluidité ,  qu'on  entretiendra 
par  une  chaleur  continue ,  permettra  de  le  pro* 
mener  dans  l'intérieur,  &  tous  les  points  qu'il 
parcourra  fuccefCvement ,  fe  trouveront  étamés. 

L'introduâion  en  verfant ,  fuppofe  au  goulot 
une  ouverture  de  plufieurs  lignes  :  fi  cette  ouver- 
ture étoit  capillaire  ,  on  chauffcroit  davantage  le 
vaifTeau  :  en  plongeant  fon  orifice  dans  la  cuiller  » 
la  preftlon  feule  de  l'atmofphère  fera  monter  le 
mélange. 


M  I  R 

Cet  éttm^ge  n^efl  point  à  comparer  k  celui  des 

fbces  ;  mab  U  flruâure  du  vafe  n'admet  pas 
alternat:  ve, 
*{  Article   d€  M.BLASdVART    DE    SePTPOS* 
TÀiSls  ^  gcntiihùmmt  d<  CArdrcJls^  ) 

Okf€rvsthns  cùnurnant  ran   6*  U  commerce  d^ 
mirouur, 

les  miroitiers  ne  font  point  les  cadres  des  mi- 
roirs» tl$  les  achectent  de  certa.in$  ouvriers  qui  ne 
■  ccupenc  qu  a  ce  genre  de  travail  ,  dont  la  plu- 
t  à  Paris  habitent  le  faubourg  Saint- Antoine, 
monter  un  miroir ,  on  pofe  la  glace  dans 
eo  la  f^ifant  entrer  par  derrière  dans 
lillures  qui  lui  font  de(linées  ;  fi  elle  eft  trop 
ite,  on  la  cale  tout  autour  avec  de  petits  mor- 
CcTu.T  de  bois  ou  de  papier  :  on  applique  enfuiie 
des  bandes  de  flanelle ,  larges  d*un  pouce  environ , 
totii  autaur  de  la  gUce ,  6i  deux  en  travers. 
.  On  met  deïïus  cette  flanelle  une  planche  bien 
ice  »  âf  on  6xe  le  tout  avec  des  pointes  de  fer. 
eUces  du  plus  grand  volume,  telles  tfue 
foiii  ccUei  des  cheminées,  fe  montent  dtifèrem- 
ment  :  on  les  place  fur  un  panjuie .  qui  eft  une 
eriôde  planche  traverfèe  de  dirfèrentes  bandes  de 
bois  :  oa  garnit  ces  bandes  de  flanelle  ;  on  y  pofe 

111 glace  t  fit  on  najuile  le  cadre  qu'après ,coyp , 
iTW  des  vis  à  tête  dorée. 
On  donne  divers  noms  aux  miroirs  fuîvant  les 
endroits  ou  ils  fe  placent  dans  les  appât temens  » 
tu  fuivant  leur  uiage* 
Les  irumtaiix  font  de  grands  miroirs  plus  hauts 
^  larges ,  qui  fe  mettent  pour  Tordinaire  entre 
les  aoifees ,  d*o[i  ils  ont  pris  leur  nom ,  cet  efpace 
qid  i«^pare  Les  croîfées  sappeiant  un  trumeau  eo 
lÉfiBc  dTarchite^ure. 
t  de  cheminées  font  celles  qui  fe  pla- 

i     €tr,  Jus  des  tablettes  des   cheminées  dans 

M  ta  appartemerc. 

I  Les  places  qui  confervent  le  nom  de  miroirs  , 
H  ùxtt  celles  defiinées  à  être  placées  au-deflTus  des 
H  râflimodcs  ou  tables  des  appartemens. 
■  Afitrcfoti  on  ornoit  ces  miroirs  de  beaux  cha- 
HpLteiax  ,  de  riches  bordures  de  bronze  ,  ou  de 
HgUcei  divcrfemem  taillées  ;  aujourdliui  on  fe  con- 
Hieete  ordinairement  de  les  encadrer  dïins  des 
Hiniigtes  de  bois  doré  ,  ornées  de  moulures  ou  de 
"fcolprurcs. 

Les    mîrç'trf    de    tûUctte   font    des    miroirs    de 
moy  indeur,plus  hauts  que  larges  :  les  plus 

jrar  -  .  edent  guère  dixhuit  ou  vingt  pouces. 

Entia  ,  les  miroirs  dt  poche  font  de  très  *  petits 
wmÎTi  9  le  plus  fouvent  de  figure  ovale ,  enfer- 
més dms  des  boites  d*or ,  d'argent ,  d'ccaillc  de 
«kmjcs,  ou  de  chagrin ,  diverfement  enrichies  de  pi* 
«tûresde  tètes  de  clous  d'or^  ou  même  de  pierreries. 
t*-  -'  ;re  éfoit  autrefois  fcuîe  en  poffeffton 
.ik  r  des   glaces   courbées  ;  mais  depuis 

^li  i'dt  cfabli  à  Paris  ,  avec  un  privilège  du 
*  ,  une  manuiaâure  de  miroirs  co/uaves  ^   on 


M  ÏR  'fiç 

y  courte  des  glaces  de  toute  grandeur  ,  pour 
les  pendules  en  cartel  &  autres  meubles  qui  ont 
befoin  de  verres  concaves  ou  convexes.  Cette 
manufa^re  prend  de  jour  en  jour  plus  de  faveur. 
Les  glaces  qui  en  fortent  font  déjà  plus  recher- 
chées que  celles  d*Angleterre. 

Les  miroirs  fphérîques  y  reçoivent  un  tain  par- 
ticulier j  qui  eu  celui  qui  lui  convient  le  mieux. 

On  eft  prefque  dans  rimpoJTibilité  de  fiire  des 
lentilles  de  verre  d'une  certaine  grandeur  &  d'une 
certaine  épaiffeur,  &  rarement  font-elles  aflTer 
égnles  pour  laifier  pafler  également  par -tout  les 
rayons  de  lumière  »  ce  qui  ne  donne  pas  h  ces 
lentilles  toute  la  force  poflible  pour  réunir  les 
rayons  folaires  en  un  feul  point  »  &  y  produire 
ce  feb  fupérieur  à  tous  nos  feux  techniques»  On 
fait  dans  cette  manufafture  des  lentilles  de  verre 
très-grandes  ,  &  dont  rèpaifleurefl  remplie  dVau 
diftillée  ;  ce  qui  les  fait  nommer  loupes  d'cdu. 

Suivant  rexpérience  qui  en  fut  faite  devant  le 
Roi  ,  une  de  ces  loupes ,  cxpofée  au  foleil ,  fit 
couler  des  gouttes  de  fer  fondu  d'une  barre  de 
fer  de  la  groffeur  du  bras ,  dans  Tefpace  de  deux    , 
fécondes. 

On  a  imaginé  dans  cette  manufcfture  de  faire 
des  luflres  de  glaces  courbées,  dans  lefquels  un 
petit  nombre  de  bougies  font  Teffet  d'une  très- 
grandc  quantité ,  par  les  refle^lions  multipliées.  De 
pîus,  les  bougies  y  étant  àfabri  du  vent,  ne  font 
point  fujettes  à  couler ,  Se  jettent  dans  les  a/Tem- 
blées,  même  au  milieu  d'un  courant  d*alr ,  le  plus 
grand  éclat  polTible. 

Les  compagnies  des  glaces  »  du  grand  &  petit 
volume  ,  établies  par  les  lettres -patentes  de 
Louis  XIV  ,  prétendirent  »  avant  &  après  leur 
réunion ,  être  en  droit  de  mettre  leurs  glaces  au 
tain ,  de  les  faire  monter  en  miroirs ,  &  de  les 
vendre ,  ainfi  que  leurs  glaces ,  en  blanc ,  à  qui- 
conque voudroit  en  acheter  ;  mais  elles  furent 
déboutées  de  leurs  prétentions  par  un  arrêt  en 
forme  de  règlement ,  que  les  maîtres  miroitiers 
obtinrent  le  31  décembre  ijiô* 

Par  cet  arrêt ,  il  eft  défendu  à  la  compignie 
des  glaces ,  &  à  fes  commis ,  fous  peine  de  quinze 
cents  livres  d'amende  ,  &  d'èirc  révoqués  de  leur 
commiilion,  de  vendre  à  d'autres  qu'à  des  miroitiers 
les  glaces  de  leur  fabrique ,  ni  de  tes  faire  mettre 
au  tain  ,  à  Texception  de  celles  deftinécs  pour  les 
maîfons  royales  de  Sa  Majefté  ,  ou  pour  être 
envoyées  à  fétranger. 

Par  le  tarif  de  1664,  l^s  miroirs  d'ébènc  & 
d'autres  bois  avec  leurs  glaces ,  enrichis  ou  non 
enrichis  d'or  ,  d'argent  &  de  cuivre  doré  , 
pay oient  en  France  ks  droits  d'entrée ,  ï  raifon 
de  cinq  pour  cent  de  leur  valeur;  mais  depuis, 
par  la  déclaration  du  Roi ,  en  forme  de  nouveau 
tarif,  du  18  avril  1667,  les  droits  furent  réglés 
fur  le  pied  de  la  grandeur  des  glaces;  favoir: 

Celles  de  30  pouces  &  au  deffus  ,  .  .  25  liv* 

Celles  de  20  à  30  pouces «  •  ij  liv* 

P  ij 


.1x6 


M  I  R 


Celles  de  14  jusqu'à  20  pouces  .  •  •  2    a  Im 

Et  celles  de  douze  pouces  &  au-deflbus, 
U  douzaine 9  liv. 

Ce  règlement  pour  les  droits  d*entrée  des  gla- 
ces de  miroirs ,  n*eut  lui-même  lieu  que  îufqu'en 
1672,  qu'il  fut  défendu  par  arrêt  du  Confeil  du 
Roi  du  6  septembre  ,  de  faire  entrer  dans  le 
royaume  aucunes  glaces  à  miroirs  étrangères  pen- 
dant les  vingt  années  du  privilège  de  la  com- 
pagnie des  glaces ,  fous  peine  de  confifcation  ,  & 
de  trois  mille  livres  d'amende  contre  les  contre - 
venans. 

Enfin ,  par  l'article  7  du  titre  8  de  l'ordonnance 
de  1687,  les  glaces  de  miroirs  de  toutes  fortes 
furent  mifes  au  nombre  des  marchandifes  de  con- 
trebande ,  dont  l'entrée  eft  défendue  dans  le 
royaume. 

Les  bois  de  miroirs  fans  enrichi flement ,  ne 
paient  d'entrée  que  fur  le  pied  de  mercerie, 
c'eft-à-dire,  xo  livres  du  cent  pefant,  conformé- 
ment à  l'arrêt  du  3  juillet  1692. 

A  l'égard  des  droits  de  fonie ,  n'ayant  point  été 
dérogé  à  cet  égard  au  tarif  de  1664,  par  celui 
de  1667,  ils  fe  paient  toujours;  fa  voir,  pour  les 
miroirs  avec  leurs  glaces ,  fix  pour  cent  de  leur 
eflimation ,  &  trois  livres  comme  mercerie ,  le 
cent  pefant  «  pour  les  miroirs  communs  ,  à  moins 
qu'ils  ne  foient  deftinés  &  déc'arés  pour  les  pays 
étrangers,  auquel  cas  ils  ne  paient  que  2  livres, 
conformément  à  l'arrêt  du  3  Juillet  1692. 

Les  entrepreneurs  de  la  manufaâure  des  glaces 
de  France,  ont  un  Mn/ contenant  toutes  les  lar- 

Seurs  &  hauteurs  des  glaces  qu'ils  font  fabriquer^ 
L  le  prix  qu'ils  les  vendent. 

MÉMOIRE  (iir  la  conflruCtion  dts  miroirs  à  rifle ftian , 
qui  rC offrent  qu'une  feule  image  bien  nette  &  par- 
Jaitement  terminée ,  par  Af.  /*.  proftffeur  de  ma- 
ihimatiques^  &c^ 

Nevton ,  après  avoir  découvert ,  au  moyen  du 
prifme  ,  que  les  rayons  de  lumière  dans  leur 
tranfméation  au  travers  du  verre,  ne  fui  voient 
pas  la  même  route  après  en  être  fortis ,  crut 
qu'on  ne  pouvoit  point  efpèrer  de  perfeâionner 
les  téltfcopes  dioptriques:  car,  pour  avoir  une 
image  bien  diflinâe  &  bien  terminée,  il  faudrolt 

3ue  tous  les  rayons  qui  partent  d'un  même  point 
e  l'objet,  pulfent  après  leur  traverfée  dans  îe 
verre,  fe  réunir  bien  exaâement  au  même  point 
qu'on  appelle  foyer  :  or  c'eft  ce  qui  n'arrive 
point,  car  les  rayons  qui  tombent  le  plus  près 
de  U  lentille,  fe  réunirent  plus  loin  que  ceux 
qui  tombent  plus  loin  de  cet  axe.  D'un  autre  côté, 
ces  rayons  fe  décompofant  dans  la  traverfée  du 
verre ,  les  rayons  violets  fe  réunifient  plus  tôt  que 
les  autres  ;  c'eA-à-dire  que  leur  foyer  eft  plus 
près  de  la  lentille,  &  que  le  foyer  des  rayons 
rouges  en  eft  plus  éloigné.  Les  rayons  des  auties 
couleurs  ayant  leur  foyer  entre  ces  deux  pre- 


M  IR 

mîers  ;  fuîvant  le  degré  de  leur  tk(nS&otk  i  C6 
même  auteur  a  trouvé  par  le  calcul,  quererreor 
caufée  par  la  réfraâion ,  eft  infiniinent  plus  grande 
que  celle  qui  provient  de  la  fphéricité,  enfinte 
que  quand  on  emploieroit  des  lentilles  parabo*» 
liques  ou  de  toute  autre  courbure,  &  quonpauv 
viendroit  enfin  à  détruire ,  ou  totalement  corriger 
Terreur  de  fphéricité ,  on  n'en  feroit  pas  fenfirae« 
ment  plus  avancé,  tant  qu'on  ne  pourra  efpérer 
de  corriger  l'erreur  provenante  de  la  réfraoton. 
Ces  réflexions  le  portèrent  à  recourir  au  mirmr 
de  reflet ,  oii  il  n'y  a  que  l'erreur  de  fphéricité  » 
qui  eft  incomparablement  moindre  que  celle  de 
la  réfraâion. 

Si,  d'après  les  obfervations  du  célèbre  EuUri 
&  les  travaux  de  Dollond,  on  eft  parvenu  à  &ire 
des  télefcopes  dioptriques,  connus  fous  le  nom 
de  lunettes  acromaiiques ,  on  a  d'abord  trop 
efpéré ,  &  le  défu*  ardent  de  voir  la  dioptrique 
perfeôionnée ,  a  fait  illufion  à  nos  meilleurs  au«^ 
teurs.  Les  travaux  opiniâtres  des  meilleurs  arS 
tift^s  ,  &  les  formules  algébriques  des  Smith p 
Clairautj  d*Alembert  ^  Euler  ^  Bofcovich^  &c.  ont 
fait  voir  à  la  longue ,  que  le  fuccès  n'eft  pas  celui 

3u'on  attendoir.  Le  favant  Bofcovich  a  démontré  9 
'après  une  foule  d'expériences  ingénieufemenr 
faites  avec  le  vitromètre  ,  inftrument  de  foa 
invention ,  auquel  il  a  appliqué  un  héliofiat^ 
pour  ne  rien  précipiter  dans  (es  opérations,  & 
en  bien  examiner  l'eflet  à  loifir,  que  les  rayons 
folaires  ne  peuvent  s'unir  après  la  traverfée  da 
vitromètre ,  ou  prifme ,  compofé  de  deux  diffé* 
rentes  fubAances  diaphanes,  que  deux  à  deux» 
U  augure  qu'on  pourroit  en  réunir  trois  avec  trois 
fubftances  diaphanes  de  diflièrentes  forces  réfrac* 
tives  ;  c'eft  ce  qui  n'a  pas  encore  été  tenté ,  qne 
je  fâche.  Les  expériences  que  j'ai  faites  à  ce  fujer^ 
me  portent  à  le  croire.  Un  excellent  obieâif,  ope 
j'appelle  acromatique ,  pour  me  conformer  à  l*u* 
fage ,  compofë  de  trois  matières  dift'éremment  ré* 
frangU^les,  fait  un  effet  fupcrisur.  Malheureufe- 
ment  le  foyer  eft  trop  court,  n'étant  que  de  deux 
pieds  ;  mais  ceci  eft  un  ouvrage  à  part,  &  n*ap* 
partient  pas  au  fujet  que  )'envifage  aduellemenc. 
Quoi  qu*il  en  foit ,  les  objeâifs  acromaiiques  » 
tels  (ju'ils  ont  paru  jufqu'ici ,  font  rarement  bons  ^ 
&  font  très-chérs,  foit  à  raifon  de  la  difiiculré 
au^on  trouve  à  les  conftruire,  foit  à  raifon  de 
1  extrême  rareté  du  bon  flint-glafs  :  d'un  autre 
côté  les  télefcopes  catoptriques  que  l'on  a  fubiH- 
rués  aux  dioptriques ,  pour  évirer  le  grand  incoo* 
vénient  des  rcfraâions,  ont  auifi  un  défavantage 
marqué,  outre  Qu'ils  font  difllciles  à  conftruire, 
&  par-là  trés-difpendieux  ;  les  miroirs  métalli- 
ques ,  compofés  ordinairement  de  rofete  ou  cuivre 
rouge  avec  une  certaine  quantité  d^écain,  de  une 
&  de  bismuth ,  font  très-fuiets  à  fe  ternir  ;  l'aîr^ 
rhumidite  &  la  brume  de  U  mer  en  minent  la 
fuperficie ,  au  point  qu'ils  ne  peuvent  plus  fervitt 
qu'à  la  fonte» 


M  I  R 

Oo  erpirok,  Il  n'y  a  pas  encore  long- temps, 

qaua  noaVQiu  métal  quon  a  lantôt  appelé  or- 

fliîijiff^  à  caufc  de  fa  couleur  jaune  tk  de  fon  poids , 

^ntfit  ^r^€nt*piéUifu  ,  à  caufe  de  (on  infériorité  à 

ror  vén:>blc  »  qroiqu*U  en  ait  la  couleur  8c  fcn- 

mcm  la  p-*fanteur;  on  etpéroit ,  dts  je ,  que 

nètal ,  qu'on  dit  incorrupiibîe  ,   ou  du  moins 

r  moins  corruptible  des  mètnux  connus,   lervi- 

roit  i  faire  d*ci£cc!lens  miroirs  catoptrîques.   Mais 

d'aprcs   ks   expériences   faites    à  Paris    fur  cette 

mxnère ,  on  a  reconnu  qu*il  ne  peut  être  mis  en 

ùsAon   tans  y  ajourer   d  autres   métaux ,    ce  qui 

iormcroit  tou  ours  une  compofition  »    qui  par*là 

même  annonce  très*probablement  une  décompo- 

^Âtioa    par   les   caufes    ordinaires*     D'ailleurs  les 

H'vues  politiques  de  rEfpagne  ont  fermé  les  mines 

Vde  ce  nouveau  métal ,  &  nous  privent  des  avan- 

f  tigc^  qu'on  auroit  peut-être  tirés   de  fa  préteo- 

doj  ptibilité* 

L  -  -  js  points  de  fait,  il  paroî  t  réfuUer  qu'on 

tcm^fê^ca  raln  de  (aire  des  miroirs  de  télcfcope  avec 
do  mttii  quelconque  f^ul  ou  combiné  avec  d*au- 
ffFS,  hns  avoir  à  craindre  les  mêmes  inconvéniens 
qw  ceux  que  nous  remarquons  dans  les  miroirs  en 
uÙM*  Les  tentatives  qu'ont  faites  tes  grands  génies 
de  dernier  Aèclc  Se  de  celui-ci ,  font  décourageantes. 
K<wrcn  ,  rebuté  de  toutes  ces  difficultés,  fit  des 
1rs  de  verre  d'une  concavité  &  d'une  con- 
ité  igiles»  leurs  deux  furfaces  ètint  par  ce 
iVléles,  la  partie  concave  expoléc  aux 
ny  icm  fenfiblement  parallèles,  de  voit  les 

ni?C4Ui»leff  en  un  point  que  Ton  favoit  devoir  être 
uqiiarr  du  diamètre  de  courbure,  tant  que  le  feg- 
»ent  fphérique  cft  d'un  petit  nombre  de  degrés  ;  la 
pfikuppofée  étant  convexe  d'un  même  rayon  de 
courbure  &  bien  étamée ,  devoir  renvoyer  aulfi  les 
rayons  au  quart  du  diamètre  de  courbure.  Cjs  deux 
foyers  ne  dévoie n^ccpendant  pas  coïncider  au  mime 
point,  à  cauf<^  de  TepaiiTeur  du  miroir.  Apres  les 
cxpéfîences  faites  on  s'apperçut  qu'effeitiveoit^ntces 
dcujc  foyers  étoient  difFérens  ;  que  celui  de  la  furface 
Cûocive  étoit  plus  éloigné,  &  celui  de  la  furi^ice 
et;  s  proche  du  miroir  ;  ce  qui  devoit  caufer 

anv  1  »n  dans  rimage.  On  auroit  pu  réparer 

cette  mcprite^  en  donnant  un  peu  plus  de  longueur 
«tt  diamètre  de  fphéricité  de  la  partie  convexe  du 
miTOtr;  &  cette  idée  fe  préfenta  peut-être  d'abord; 
QUts  ce  qui  fit  pourfuivre  le  projet,  c'cA  qu'on 
«i^nfa  la  rttleâion  des  rayons  par  la  furfacc  anté- 
Ôenre  ;  on  c^mptnit  que  cette  réfleâion  n'étoit  pref- 

Sfien  en  compar^ifon  de  celle  produite  par  la 
ICC  ct^mèe  :  il  arriva  pourtant  que  Tefftt  decette 
rèâedion  mi^prift*c  trot  bloit  confidèrablcmeot  Tef- 
ht  de  Paurre ,  &  que  Newton  lui-même  n'en  fut  pss 
fjiHfît^, 

1  ' nfcovic h, '^a*;s fa  quatrième differtatîon, 

iir  Vienne  en  Aytriche  en  1767,  donne  une 

ar-iiode  de  cnrcéï.on,  au  moyeu  de  laquelle  il 
CfOii  qu*oa  pourroit  employer  le  verre  commun, 
(0II11ILC  on  emploie  te  métÀU  Rapportons  fcs  pto* 


M  î  R  117 

près  expreHions  :  Nunc  quldtm  foU  mctallîca 
jpc:ulii  funt  in  ufu,  quis  tamen  ingt/is  /ube/iî  m* 
commodum,  ex  eo  quûd  nimis  facile  nitorcm  illum 
iimittant  »  qui  <fi  nimium  nectffarius  ad  habcndam  imii- 
ginis  cUritatim.  J'itrea  hoc  quidcm  incomtnodum  non 
habcnni ,  6*  in  i^fis ,  cum  habcutur  pto  vU'idïorc  ima- 
gi/ie  duplex  rc/rafiio  vnzîcr  tejîtHionem  ^  haèetur  In- 
commodum  divirfa  refranpbUuaàs ,  ut  duplicis  imagî- 
nis,  pratererrorcmf^ufajphenca,  &  crajjttadinctnvitn^ 
qua  duo  funt  communiai  eiiam  Untïbus  dloptricorum 
icUjcopiomm,  Verùm  fi  ht  Ipfi  errons  ad  trutinam 
rcvûcentur^  ac  eorum  imapncs  cakulo  definiantur, 
videri  poterit  ,  quid  pnflari  dtbeat ,  ut  coniganture 
quantum  fieri  potefl.  Operd  geomeiria  &  calculi 
vtdendum  quid  in  to  ^cnert  obtint  ri  pojjit*  Mulîà 
enim  diutius  perdurarcnt  ejufmodi  teUfzopta^  obfcr^ 
vationibus  idonca  ;  n<c  us  que  a  de  à  ab  kumido  aère 
ipfis  timendum  effet  per  noHem  uti  nunc  meialUcis 
tïmere  cogimur. 

Cet  auteur ,  après  avoir  déduit  de  la  théorie  des 
formules  compliquées  dans  lefquelles  négligeant 
plufieurs  petites  quantités,  il  tire,  au  moyen  du  cal- 
cul différentiel,  lethioré  me  fuivanr  ;  tn  fpeculisvJtreis 
ad  corrigendum  errorem  dtverfet  refrangibilitatis  pro 
radiis  axi  proximis  débet  alura  fuperficits  tjfc  cava , 
altéra  convexa  ^  fecundm  fupertii.ui  radiiu  ejfelongior 
radio  prima  \  crajfitudmis  vtt/u 

L'expérience  a  cependant  démontré  qu*onne  peut 
l^arvenir  à  corriger  les  erreurs  caufées  par  la  double 
réfraélion  de  la  lumière;  favoir,  la  première,  dans 
la  traverfée  de  la  lumière  jufqu'à  rétamage;  la 
féconde ,  pour  fortlr  du  verre  après  la  r*;tleéàion  faite 
pir  la  furface  ètamèc;  ce  qui  peut  venir  en  partie 
des  défauts  qui  fe  trouvent  dans  le  verre,  C'eil  ce 
qu'éprouva  Newton,  &  ce  qui  Tobligca  à  recourir 
au  miroir  de  métal. 

Les  miroirs  de  meta!  réfléchîtTent  une  lumière  i- 
peu-prês  égale  à  celte  que  réfléchiroit  un  miroir  de 
verre  étamé  ror,  celle-ci  eft  à-peu-prés  triple  de 
celle  que  réfièchiroit  la  furface  antérieure  de  ce 
même  verre.  Pour  s'en  convaincre,  il  n*y  a  qu'à 
préf::nter  une  bougie  allumée  devant  une  glace, 
à  la  diilance  ii*cnviron  18  à  2^  pouces,  &  fe 
placer  de  l'autre  côté  de  la  g!  a  ce  ;  à  une  dif- 
tance  de  la  glace  un  peu  moindre  ,  on  apercevra 
deux  lumières  trè^-diftinfes  qui  paru^fent  erre  der- 
rière la  gLice*  La  plus  foible  des  deux  lumières,  8c 
b  plus  proche  de  la  glice,eft  celle  caufée  p-ir  li  ré- 
flcîâion  de  la  furface  antérieure  decette  mèmeg^^ice; 
b  lumière  la  plus  éloignée  ,  dont  réclat  paroit  fen- 
fiblement triple, e(^  caulée  par  La  réfledlion  de  U 
furface  CJamée. 

Or,  M,  hoigner  a  fait  voir  par  expérience  que 
la  lumière  rtfî jcbie  par  la  furface  d'une  lentille  de 
verre  t  u\fl  que  la  quaranticoie  p:iitîc  de  cclk  qui 
rraverfe  le  verre  de  ia  Icntilie.  Hureuf  ment  les 
miroirs  métalliques  n'étant  affectas  qi,e  ■  eî  erreur 
de  fpbéncité  ,  qui  eft  in*;omp.irablemeDt  plus  petiu: 
que  celle  de  taréfradi^ir.  fupporreiit  une  ouvci  tune 
quarante  fois  plus  grande,  puif^^ue^  comme  o/oiis 


ii8 


M  I  R 


l'apprend  ia  géométrie ,  les  furfaces  font  entre-elles 
comme  les  quarrés  des  diamètres  ^  qui  font  ici  les 
lignes  homologues.  Or,  un  objeéÛf  dioptique  ordi- 
naire de  trois  pieds  fupporte  à  peine  une  ouverture 
d\in  pouce»  tandis  qu*un  télescope  à  réfleéiion  de 
même  foyer,  peut  uipporter  une  ouverture  de  fix 
pouces  &  trois  lignes  :  leurs  furfaces  font  donc 
entr  elles  comme  l'unité  eft  à  quarante,  à  très  -  peu 


près. 


D'où  il  eA  facile  de  conclure  qu'un  miroir  de 
verre  dont  on  n'emploieroit  que  la  furface  concave 
feule ,  en  fupprimant  la  furface  étamée ,  ne  fourni- 
Toit  à  fon  foyer  que  le  tiers  de  la  lumière  que  four- 
nit un  miroir  métallique  de  même  dimenfion.  Par 
conféquent  on  ne  pourroit  y  employer  qu'un  ocu- 
laire aun  plus  lon^  foyer,  &  fous  la  même  lon- 
gueur fon  effet  feroit  triple  ;  mais  auffi ,  fur  mer,  on 
n'a  pas  befoin  d'un  téleUope  qui  groffifle  confidéra- 
blement.  Les  plus  grands  vaiiïeaux  difparoiflent  aux 
yeux  du  fpeâateur  avant  d'être  à  quatre  lieues  du 
rivage,  i  **.  Il  ne  faut  pas  qu'un  télescope  foit  d'une 
grande  longueur  pour  apercevoir  les  fateliites  de 
Jupiter,  dont  les  éclipfes  peuvent  déterminer  les 
longitudes,  a**.  Sur  terre  ,les  agronomes  peuvent  en 
avoir  aifément  &  à  peu  de  frais ,  de  telle  longueur 
qu'il  leur  plaira ,  fuivant  la  nature  des  obfervations 
qu*ils  auront  à  faire.  U  fufEroit ,  pour  l'odinaire ,  d'en 
avoir  de  fix  pieds.  3^.  Ces  miroirs  auroient  de  plus 
un  avantage ,  qui  compenferoît  d'une  part  une  ps^- 
tie  de  ce  qu'ils  perdent  de  l'autre;  car  on  peut  don- 
ner au  verre  qu'on  travaille  dans  des  baf&ns  exaâs  & 
faits  au  tour  une  fphéricité  beaucoup  plus  exaâe  que 
celle  des  miroirs  de  métal.  Les  plus  habiles  fondeurs 
conviennent  qu'un  métal  fondu,  jeté  dans  le  moule, 
fe  retire  en  fe  refroidiflant,  &  ne  fe  retire  pas  égale- 
ment, fur-tout  quand  rèpaifTeur  n'efl  pas  égale  par- 
tout. Or  les  miroirs  métalliques  ayant  une  rois  pris 
la  forme  du  moule,  ne  peuvent  plus  qu'être  polis. 
On  ne  fauroit  remédier  au  défaut  de  parfaite  fphé- 
ricité fans  les  remettre  à  la  fonte  :  de* là  vient  que 
l'erreur  inévitable  de  la  fphéricité  devient  par  cet 
inconvénient  double  &  quelquefois  triple  de  celle 
d'un  miroir  concave  de  verre. 

D'après  cette  confidération ,  &  de  cette  théorie 
pratique,  j'ai  conilruit  deux  miroirs  concaves  de 
verre,  l'un  de  dix -neuf  pouces  de  foyer,  l'autre 
de  quarante- fix  ;  &  au  lieu  d'étamer  la  furface  poflé- 
ricurc ,  comme  avott  fait  infruâueufement  New- 
ton &  plufieurs  autres ,  je  n'ai  fait  que  lui  ôter  fon 
poli  pour  rendre  fa  réfleâlon  nulle;  c'eft-à-dire, 
qu'en  lui  donnant  une  courbure  convexe  arbitraire , 
je  l'ai  Amplement  mife  en  état  d'être  polie,  ou,  com- 
me parlent  les  ouvriers ,  je  lui  ai  fimplcment  donné 
le  clernier  doucis.  Plaçant  enfuite  ce  miroir  per- 
pendiculairement fur  le  bout  d'une  longue  règle , 
&  dans  l'axe  de  ce  miroir,  à  une  diflancc  convena- 
ble, un  petit  miroir  plan  étamé,  incliné  à  cet  axe 
de  quarante  -  cinq  degrés ,  fuivant  la  méthode  de 
Newton ,  j'ai  vu  avec  plaifir  que  l'efFct  eftle  même 
que  celui  des  télefcopes  i  miroir  de  métal.  11  m'a 


M  I  R 

femblé  que  la  diflinâion  étoit  plus  marqu  ée.  Mais 
comme  le  jugement  dépend  d'un  coup-d'œil,  \c 
crains  de  me  faite  illufion;  &  l'expérieDce,  avec 
la  confrontation ,  apprendra  mieux  ce  qu'il  enfimr 
croire. 

Je  ne  doute  point  qu'en  plaçant,  au  lieu  de  ce 
miroir  plan ,  un  miroir  concave  de  verre  d'un  (oytr 
beaucoup  plus  court ,  &  fuivant  les  propornons 
ordinaires,  à  la  manière  de  Gregori,quieft  la  fer- 
me qu'on  leur  donne  aâuellemen»,  le  célefcope  M 
réuflifle  tout  auffi  bien. 

Il  eft  facile  de  voir  que  cette  efpèce  de  mirair 
peut  également  fervir  à  la  chambre  d'ombre,  flt 
pour  réi9échir  la  lumière  du  foleil  dans  les  miiâùf' 
copes  folaires ,  en  lui  donnant  la  forme  qu'on  deùrt^ 
plan  ou  fphérique,  pourvu  qu'on  aitle  foin  de  rendra 
nulle  la  réflexion  de  la  furface  poftérieure  en  loi 
donnant  un  fin  poli.  Comme  je  ne  propofe  poiàc 
ici  une  nouvelle  compofition  de  matière  à  faire  de» 
miroirs,  ni  un  procédé  nouveau  de  les  polir,  il 
feroit  inutile  d'en  parler.  On  verra  fans  peine ,  qu'en 
faifant  faire  au  verre  lafonâion  de  métal ,  c'eft-à« 
dire ,  en  n'employant  qu'une  feule  furface ,  toiite 
forte  de  verre,  môme  de  rebut  pour  tout  antre 
ufage ,  e A  également  bon  pour  les  miroirs ,  lés  verres 
filandreux ,  gélatineux,  ceux  qui  ont  des  âries, des 
bulles  »  &c.  ;  car  ces  défauts ,  très-grands  quand  il  dft  * 
queftion  de  réfraâion ,  deviennent  nuls  quand  il' 
n'y  a  qu'une  fimple  réfleâion.  Ainfi  ces  miroirs  an* 
ront  1  avantage  des  miroirs  métalliques,  (ans  en 
avoir  les  inconvéniens.  Us  feront  légers,  peu  dit 
pendieux,  durables,  quoique  plus  fragiles,  facilei 
à  être  remplacés  dans  la  même  monture  en  cas  d*ao- 
cidenr. 

L'avantage  dont  on  vient  de  parler,  n'empèchn 
pas  qu'on  ne  continue  à  faire  des  recherches  fur  la 
compofition  du  flintglafs  ;  cette  féconde  découverto 
feroit  toujours  très-précieufe  ,»parce  qu'avec  lès 
meilleurs  télefcopes  de  métal  ou  de  verre,  onefl 
long-temps  à  pointer,  principalement  fur  mer;  au 
lieu  qu'avec  les  télefcopes  dioptriques  acromatiques» 
quoique  moins  parfaits ,  on  découvre  l'objet  avec 
plus  d'aifance  &  de  promptitude.  Ceux  qui  ont 
voyagé  fur  mer  nous  diroient  que  le  mouvement 
du  vaifleau,  provenant  du  roulis  &  du  tangage» 
augmente  la  première  difficulté ,  &  fe  Êiit  moins 
fentir  dans  les  télefcopes  dioptriques  acromatiquea» 

Crlfiaux  de  Montre. 

Les  criflaux  anglois  font  préfentement  imités 
par  les  François  de  façon  à  ne  laifTer  rien  à 
défirer. 

Les  verres  de  montre  formoîent  fcals  une  branche 
de  commerce  confidérable ,  dont  TAnglcterre  étoit 
en  pofTefTion ,  &  qu*on  eftimc  à  environ  un  mil* 
lion  par  année. 

M.  Alard^  horloger,  s'efl  livré  à  ce  genre  d'in* 
duftrie  avec  autant  de  zèle  que  de  fuccès  ;  Ce% 
criAaux  ne  le  cèdent  pas  aux  plus  beaux  criflaus 


M  I  R 

h  toùnnc  inglois.  Il  a  fu  dreffer  des  ouvriers 
&  tut  iTcnercr  en  concurrence  avec  les  étran- 
len^  &  <ic  former  par  la  iulte  des  êtabU(Teniens 
ca^  no5  provioces ,  où  la  main-d'œuvre,  moins 
chxre  qu'a  Paris  ,  rendra  la  concurrence  des  crif- 
UQi  de  montre  françoîs  difficile  &  même  impof- 
Sbîe  t  "-  tn 

M  r>ii  à  M.  ÂUrJ  la  matière  première, 

«a  c  rait ,   &  c*eft  la  manufa^ure  royale 

itc  S,  s  en  Lorraine  oui  le  lui  fournit. 

Vo4€4  quelques   détails  relatifs  à  Tart  de  fabrî- 
Jes  crtflatu  de  montre. 
ûit  qoc  la  matière   première   confifte   en 
voies   creufes  de  criflal  parfait  ^   ces  boules 

iittm  erre  parfaitement  fphériques  ;  leur  vo- 
^Ipme  cfl  proportionné  i  la  grandeur  des  criftaux. 

Un  criital    dVne  grande  furface  ,   fur  tout  s'il 
M  iflati ,  exige  une  boule  d*un  grand  diamètre, 
cbqîie  boule  fournit  plufieurs  crilUux,   Telle  efl 
il  ttamérc  de  les  féparer. 

Cmq  ou  Ax  tuyaux  de  pipe  font  placés  dans 
tn  pcrit  fourneau  ,  au  milieu  de  charbons  allu- 
a»^  Une  femme  prend  une  boule  de  la  main 
Lndie,  pofe  à  la  furface  lui  modèle;  à  Taidc 
Pïon  tuyau  de  pipe  qu'elle  retire  du  feu  tout 
n^ge,  elle  fmît  éclater  circulât  rem  en  i  le  criAai 
lie  détache;  elle  reporte  fon  mo^iéle  plus  loin, 
&  rè|»«te  la  même  opération  Jufqu'à  ce  que  la 
ttcilàè  do  la  boule  folt  diviiee  en  autant  de 
[fdUtu  de  montre  qu  elle  a  dû  en  détacher. 

Uoc  autre  femme  pixnd  des  cifeaux  ,  coupe 
I  te»  bords  irrèeuliers  du  criûal  qui  s'égrife  &  yole 
I  a  Mn£E4re  fous  le  coup  des  cifeaux. 

Les  cnAaux  portés  à  Tattlier ,  on  les  aiTujettlt 

^f  du  mailic,  par  la  partie  concave  ,  fur  une 
^ifec  (uf>e  petite  bobine  en  bois);  on  ébauche 
1ê  liifeaD  du  bord  ;  au  moyen  de  la  pierre  ponce 
I  &  i  Faide  du  tour ,  on  leur  donne  une  parfaite 
[éjîibé  dam  la  crTConférence. 

EfiÊn  on  tes  détache  de  de^us  la  poupée,  oti 
lenîéve  le  maAic,  on  les  polit  à  deux  divers  po- 
Ifiggîn,  &  le  criiial  eft  fabriqué. 

Ht  dts  MlroitUn  *  Lmutticrs  •  optkUns. 

La  communauté  des  miroitiers  e^  compofée  de 
Icdk  des  bimblotiers»  &  de  celle  des  doreurs 
er  cuir. 
Par  cette  union,  les  miroitiers  ont  la  qualité  de 
iiroiûcTs-lunettiers-bimblotiers  ,  doreurs  fur  cuir, 
enjoliveurs ,  de  la  ville  ,  faubourgs , 
^  revoté  de  Paris. 
^fiù%l  par  TEdit  du  ij  Août  1776,  il  font 
^miionauté  avee  les  tapilîiers ,  &  les  frippiers 
meubles  &  uAenfiles. 

V%  oTï*  qt?3tre  jurés,  dont  Téle^ion  de  dieux  fe 

ri  n née  ^  enforte  qu'ils  rsflent  chacun 

Ll._  de  fuite  en  charge ,  gouvernent  la 

ipaticè,  donnent  les  chef-d'ceuvres^  rcçoi- 

Ics  inaiaes ,  &  font  les  vifites ,  dans  lef- 


M  I  R 


119 


quelles ,  lorfqull  fe  fait  quelque  faSfii  ,  Us  font 
obligés  d'en  ratre  le  ri^pport  dans  les  vingt-quatre 
heures. 

Nul  ne  peut  vendre  miroirs,  lunettes  ou  bira- 
blots,  s'il  n'eft  maître,  &  s*il  n'a  fait  chef  d*Œuvre 
de  l'un  de  ces  trois,  auquel  tous  font  tenus,  à 
la  réfcrve  des  fiU  de  maîtres ,  qui  ne  doivent  que 
fimple  expérience,  m^is  qui  font  néanmoins  obU- 
gés  de  payer  les  droits  du  Roi  &  des  jurés. 
Chaque  maître  ne  peut  obliger  qu'un  fcul  apprenti 
à  la  fois  :  il  eft  toutefois  permis  d'en  prendre  un 
fécond  la  dernière  année  du  premier, 

Uapprentiflage  eft  de  cinq  années  entières  & 
confècutives , après  lesquelles  Tapprenti  peutafpirer 
à  maitrife,  &  demander  chef-d'œuvre,  qu'on  lui 
donne  fuivant  la^^artie  du  métier  qu'il  a  choifie 
6c  qu*il  a  apprife. 

Les  compagnons,  mcm^  ceux  qui  fontaprentîs 
de  Paris,  ne  peuvent  travailler  pour  eux,  mais 
feulement  pour  les  maîtres  ;  &  les  maîtres  ne 
peuvent  non  plus  leur  donner  d'ouvrage  à  faira 
en  chambre  ,  ni  autre  part  qu'en  leur  boutique. 

Les  veuves  ont  droit  de  tenir  boutique  ou- 
verte ,  &  d  y  faire  travailler  par  des  compagnons 
6t  apprentis. 

Les  ouvrages  permis  aux  maîtres  de  la  com- 
munauté, à  Texclufton  de  tous  autres,  font  des 
miroirs  d*acier  &  de  tous  autres  métaux;  comme 
auiïï  des  miroirs  dt  verre  ,  de  criftal  &  de 
cnftalljn,  avec  leurs  montures,  bordures,  cou- 
vertures ,  6c  crirlchiffemens  ;  des  boutons  pareille- 
ment de  verre  &  de  crift^'l  ;  des  lunettes  &  des 
béûcles  de  toute*  fortes,  montées  en  cuivre,  corno 
6c  écaille  de  tortue ,  les  unes  &  les  autres  de 
criftal  de  roche,  de  criftalîn  ou  de  fimple  verre; 
enfin  tout  ce  qu'on  peut  appeler  ouvrage  de  bim- 
bloterie  d'étain  mêlé  d'aloi,  comme  boutons  ,  fon- 
nettes,  annelets,  aiguilles  6c  autres  petits  jouets- 
d'cnfans,  qu'ils  nomment  leur  ménage  &  leur 
chapelle^  même  des  ilacons  d'étain  fervantà  mettre 
vin  Se  eau  ,  cuillers ,  falieres  &  autres  légères 
bagatelles  d'étain  de  petit  poids,  &  à  la  charge 
que  les  falieres  entre  autres  ne  feront  hautes  que 
d*un  demi-doigt  ,  &  ne  pourront  pefer  qu'une 
livre  &  demi  la  douzaine. 

Les  jurés  font  obligés  de  faire  la  vifite  des  ou- 
vrages apportés  par  les  marchrinds  forains,  &  de 
vaquer  au  lotiftage  de  ces  jnarchandifes  &  matières 
propres  au  métier,  arrivant  dans  la  ville  de  Paris- 
Four  cette  raifan,  ils  font  déchargés  pendant  les 
deux  années  de  leur  jurande,  du  foin  des  boues  & 
lanternes. 

Les  découvertes  d'optique  8c  d'aftronomie  ont 
beaucoup  augmenté  les  ouvrages  des  maîtres  mi- 
roitiers- lunetiiers,  à  caufe  delà  taille  des  verres, 
&  de  la  fabrique  des  miroirs  de  métal ,  dont  les 
aftronomes  6c  les  opticiens  ont  befoin,  les  uns  pour 
leurs  expériences  6i  les  autres  pour  leurs  obferva- 
tions  céleftes;  c'eft  pourquoi  ils  ont  pris  la  qua- 
lité de  mTohUrs-luncttUrs-ëpticUns. 


I20  M  I  R 

Outre  les  verres  oculaires  &  ob)eâtfs  qui  fe 
trouvent  dans  leurs  boutiqpies,  comme  lunettes 
fimples,  télefcopes  ou  lunettes  de  longue  vue» 
les  binocles,  les  lorgnettes,  les  mlcroicopes  & 
autres  femblables  qu*ils  vendent  tout  montés ,  il 
ont  aufiî  fournis  de  cylindres  ,  de  cônes ,  de 
pyramides  polygones ,  de  boîtes  à  defllner ,  de  lan- 
ternes magiques  j  de  miroirs  ardens  ,  foit  de  mé- 
tal ou  de  verre,  de  prifmes ,  de  loupes,  de  verres 
à  facettes ,  enfin  de  tout  ce  que  Tart  a  pu  inven- 
ter de  curieux  &  d'utile  dans  Toptiquo. 

Les  outils ,  inArumens  &  machines  dont  fe  fer- 
vent les  maîtres  miroitiers -lunettiers- opticiens, 
font  le  tour,  les  baffins  de  cuivre,  de  fer  ou  de 
métal  compofés  ;  les  molettes ,  le  rondeau  de 
fonte  ou  de  fer  forgé  ,  le  compas  ordinaire ,  le 
compas  coupant ,  le  gravoir  ,  le  poliflbir ,  les 
Iphéres  ou  boules ,  divers  moules  de  bois  pour 
raire  les  tubes  ;  enfin  la  meule  de  grés  doux. 

Les  matières  qu'ils  emploient  pour  travailler 
leurs  verres ,  les  adoucir  &  les  polir,  font  le  grés , 
l'émeri  ,  la  potée  d*éuin ,  le  tripoli ,'  le  leutre 
&  le  papier. 

E-xplication  des  Planches  de  VAn  du 
Miroitier-metteur  au  Tain.  Tome  III 
des  Gravures. 


PLANCHE   PREMIÈRE. 

Le  haut  de  cette  planche  repréfente  un  atelier 
où  plufieurs  ouvriers  mettent  aes  g*aces  au  tain. 

\jn  en  a  occupé  à  déeraifler  le  tain ,  un  en  ^, 
à  verfer  le  vif-argent  (ur  la  feuille  d'étain  ;  un 
en  c,  à  pofer  la  glace  fur  la  même  feuille  d'é- 
tain ,  d'autres  en  d,  à  pofer  les  glaces  fur  Té- 
Sputtoir  ;  un  autre  en  c ,  à  ranger  des  glaces  mi- 
es &  à  mettre  au  tain  au  fond  de  Tattelier. 

En  /,  eft  une  uble  oii  font  plufieurs  glaces 
chargées  que  Ton  vient  de  mettre  au  tain.  A  Top- 
pofite  en  ^,  eft  un  égouttoir  où  font  pofées  les 
glaces.  Sur  le  devant  en  A ,  eA  une  trémie  à  fé- 
parer  le  vif-argent  des  ordures. 

La  fig.  I ,  au  bas  de  la  planche ,  repréfente  une 
des  tables  fervant  à  mettre  les  glaces  au  tain; 
tf,  étain  couvert  de  vif-argent;  ^,  feuille  de  pa- 
pier; c,  glace  mife  au  tain;  i,  glace  chargée. 
i  e  ,  &c.  pierres  &  boulets  fervant  à  charger;  //, 
le  châffis  de  la  table;  gg^  les  pieds. 

fîf.  2,  vue  de  rintérieur  de  la  table,  a  a,  le 
chams;  hb^  les  traverfes;  ce,  le  fond. 

PLANCHE    IL 

Fîg.  I ,  table  de  pierre. 

Fiff.  2 ,  boulon  fervant  k  mettre  la  table  en  équi- 
libre; tf,  la  tète;  *,  la  tige;  c,  la  vis;  i,récrou. 


M  I  R 

Fig.  s  i  tréteau  de  la  table  ;  aa^les  plec 
traverfe. 

Fig.  4,  tafleau;  4,  le  trou  du  boulon; 
pattes. 

Fig.  /,  boulet  de  fonte. 

Fig.  6  ,  billot  ;  tf  <x ,  les  frettes. 

Fig.  7 ,  pierres  à  charger. 

Fig.  8^  brofie;  tf ,  la  brofle;  ^,  le  ma 

^^-  9 1  febile  à  queue  ;  ii ,  la  febile 
queue. 

Fig.  10 ,  febile  à  vif- argent. 

Fig.  Il  ,  fupport  de  la  (ebile  à  vif-arg< 

Fig.  12,  égouttoir  fimple;  tf,régouttoir 
cordages. 

Fig.  1^,  égouttoir  compofé;  ^rii ,  les  égc 
bh^  &c.  les  montans  du  chaflls;  ce,  &c. 
verfes  du  chaflls;  dd,  &c.  les  boulons 
de  fupports. 

Fi0.  14,  dégraiflbir. 

Fig.  //,  trémie  à  fèparer  le  vif-argent 
dures;  « ,  la  trémie;  bbj  le  fupport;  c,  I 

PLANCHE    II  L 

Flgnetu. 

Fig.  I ,  ouvriers  qui  équarriffent  une  ( 
une  pierre. 

Fig.  2  y  ouvriers  qui  nétoient  une  feuille 

Fig.  ^ ,  miroitiers  qui  mettent  une  g 
tain. 

^jf«  4  9  gl^cc  que  l'on  pofe  contre  le  n 
la  laifler  égoutter. 

Fig.  s%  pierres  &  boulets  pour  chai 
glaces. 

Bas  d€  la  Planche. 

Fig.  I ,  N^.  1.  grande  table  ou  pierre 

PLANCHE    IV. 

Fig.  2 ,  coupe  de  la  table. 

^^i'  3  9  pî^ds  qui  ponent  toute  la  table 

Fig.  4 ,  glace  avec  feuille  d'étain. 

^'^-  S  9  teuille  d'étain. 

Fig.  6,  billot  à  foutenir  la  table,  lo: 
eft  penchée. 

Fig.  7 ,  pierre  à  charger  les  glaces. 

Fie.  8 ,  lambeau  de  chapeau  pour  déci 
fiîuille  d'étain. 

Fig*  9  >  febile  de  bob  pour  mettre  te  vi 

Fig.  10  j  boulet  à  charger  les  glaces. 

^^g*  "9  grandeur  des  glaces. 

PLANCHE    V. 

Fig.  12  y  table  pour  dégraiflcr  les  glac 
un  tapis  de  fianelle. 

Fig.  ijy  coupes  de  la  table,  N'.  la. 

Fig.  14,  chilien. 

Fi^.  //,  fac  rempli  de  cendres,  qui  fe 
toyer  les  glaces. 


M  I  R 

fw,  id,  plaiicbe  à  porter  les  glaces  ea  yUk. 
1^.  fT,  cUie  pour  couvrir  les  glaces, 
iif,  iif  p4[âcr  ictrznt  à  èumer* 

PLANCHE    VL 

iç^  couloir  fervant  k>  ègoutter  les  gUces« 
/ïf.  jo,  g- a  ce  convexe. 
/"».  Mi  »  moue  de  plaire  pour  étamer  les  glaces 
nbccs» 

2j  ,  mor-^cAu  de  flanelle  Tervant  à  couvrir 
pour  Its  ch:i'ger. 
^ijf.  2|^  couloi    p  ui^  les  petites  glaces. 
Fàg,  juf ,  ég  uf«'ir  pour  le  vif*  argent, 
'"/•  ^/»   au  rc  cgouiosr  à  pendre  au  mur. 
/^.  ^ ,  pUtioe  de  fonce  Servant  à  bomber  les 

PLANCHE    VIL 

f^  jf ,  Diamant. 

«;  aS,  équerre. 

f^  a^ ,  pinnier  à  mettre  les  boulets, 

^*  jo,  boulet. 

fj^.  ;i ,  rabot. 

J*^.  ^a ,  couiEo  à  pofer  les  glaces. 

%  17 ,  fcie. 


M   I   R  111 

Ftg.  34  I  Vilebrequin. 
Fïg.  jf,  règle  ployante. 
^^'  J*^»  rondeau  fervant  à  aiguifer  les  glacer 
par  les  bords. 

Ftg.  17  »  tonneau  fervant  à  porter  le  tondeau- 
^f^'  t^  »  morceau  de  boîs  couveit  de  bufle. 
Fig*  ^p ,  émeri  pour  polir  les  glaces. 
fïg^.  40,  morceau  de  glace  à  broyer  rémerî. 
Fign  4/,  fer  du  vilebrequin. 

PLANCHE     VIIL 

Flg.  41  y  gouge  ou  fermoir* 
^^^'  4y»  marteau. 
ffg.  44,  vis. 
^'g*  4S  *  pointe, 
Fig,  46  >  tour  ne- vis, 
Fig.  47  ,  pinces. 

Fig.  48 ,  autres  pinces  nécdTaires. 
Fig.  4P,  grattoir  pour   ôtcr    le   vif  argent  de 
defliis  les  vieilles  glaces_, 
^'^*  S^  »  poinçon. 
^'^-  /'  »  gt^îge  ronde. 
F/^,  j2,  patte- de-liévre. 
Fig,  fj ,  broflfe  pour  nètoycr  rétiîji* 
Fig,  54»  couteau. 
Fig.  fs  %  pi^^flfc- 


VOCABULAIRE. 


Avri'AOI  ;  c*eft  la  première  façon  que  le  mt- 
nifiOT  éoftfie  à  la  feuille  d'ètaln  :  pour  cet  effet 
isrvad  lioc  pelottc  de  ferge,  il  s'en  fert  pour 
«uever,  delà  fébillef  du  vif- argent  ;  il  en  frotte 
kiwalle  d*ctain  légèrement  &  fans  ta  charger; 
lcbr^*cfi  frottant  il  a  rends  la  feuille  brillante, 
dk  di  avivée. 

BATTtVft  é^éutn  ;  c'cfl  Touvrier  qui ,  chez  les 
ftiroiti^r^f  étend  fur  un  marbre  Tétain  »  qui  doit 
eue  a^ltquè  en  feuille  très  mince  derrrière  les 
llMes. 

Cit4JtGtR  U  gUc€  ;  c'eft,  chc^  les  mimtiers , 
fbecr  des  poids  fur  la  furface  d*une  glace  nou- 
vdenieni  mife  an  tain,  pour  en  faire  écouler  le 
viF-ifient  fuperilu ,  &  occaiîonner  par- tout  un 
tamJSt  de  parties ,  foit  de  la  petite  couche  de 
fîf-irg^fii  contre  la  glace  ^  foit  de  la  feuille  mince 
€éaAn  contre  cette  couche  »  en  conftqaence  du- 
I    fMl  fiOBt  y  demeure  appliqué. 

Crtstaux  Je  montres  ;  verres  demi  fphériques 
I  fie  Ton  place  fur  les  cadrans  de  montres. 
H  Culot;  tn  termt  d^  miroitier ^  figoifie  une  ef- 
■•kc  dWcabdk  fans  fond,  fur  laquelle  on  pofe 
Hk  fibbilie  dans  laquelle  on  conferve  le  vif  argent 
rpoor  mettre  les  glaces  au  tain.  Il  eil  p'acê  au 
coui  de  b  table  à  ctamer,  où  aboutiiTenc  les  pe* 
Ans  &  Méùers.  Tamt  K  Ptirnt  L 


ttts  canaux  par  lefquels  s^écoule  le  vif-argent 
lorfqoe  la  glace  a  été  pofée  dcHiis. 

DÉBRUTlR  ou  dcbwunr ;  en  termes  de  miroitier^ 
c'ell  commencer  à  dégrolîîr  les  glaces  de  mi- 
roirs. 

DebRUTissement  i  fignifie  ïan  d'adoucir  ou 
de  polir  jufqu'â  un  certain  point  la  furface  d*un 
corps  folide  9  &  fur-iout  les  glaces,  mtioirs,  &c. 

Suivant  la  nouvelle  mèihode  de  faire  de  gran- 
des glaces  en  les  jettant ,  pour  ainfi  dire  ,  en 
moule,  àpcu-près  de  la  rnèmc  manière  que  Ton 
jette  le  plomb  &  d'autres  métaux  ,  leur  furface  de- 
meurant inégale  &:  r^boteufe,  elles  ont  befoin 
d'être  débruties  èi  polies. 

Pour  cet  effet ,  la  p  èce  de  glace  fe  met  hori- 
zontalement fur  une  pierre  en  forme  de  labl»,  tk. 
on  la  fcelle  en  plâtre  ou  en  maftic  afin  de  Ta/Tu- 
rer  davantage,  &  airelle  ne  branle  &  ne  fe  dé- 
(►lacc  point  par  rcffort  de  l'ouvrier ,  ou  de  la 
machine  dont  il  fe  fett  pour  la  dcbrurir.  Oa  met 
autour  une  forte  bordure  de  bois  qui  foutienc  la 
glace,  &  qui  eA  d'un  pouce  ou  ckux  plus  haut 
qu'elle.  Le  fond  ou  la  bafe  de  la  machine  avee 
laquelle  on  dêbiurit  »  eft  «ne  glace  brute  qui 
a  environ  la  moitié  des  dimenhans  de  l'autre: 
on  y  attache  une  planche  avec  du  cim;rnt  :  on 
charge  cetre  planche  d*tm  poidï  nécc  flaire  pour 
faciliter  k  ffOicement  ^  &  on  lui  donne  du  mou- 


122  M   I  R 

vement  par  le  moyen  d'ane  roue;  cette  roue i 
<jui  a  vM  moins  5  ou  6  pouces  de  diamètre ,  eft 
hiîc  d'un  bois  fort  dur  6c  fort  Ug^r  t  elle  cft  ma- 
nice  par  deux  ouvriers  qui  font  pbccs  Tun  vis-à- 
vis  de  Tautre ,  &  qui  la  poiilTcnt  &  îa  tirent  al- 
fc^rii^îLivemcnt  »  de  forte  cependant  quMs  la  font 
tourner  quelquefois  en  rond  faivar*  que  l'opêra- 
tn}a  le  demande  :  par  ces  moyens  U  y  a  une  st- 
rriiion  confiante  &  rècipToque  ent/c  ks  deux 
gLccs  ,  laquelle  cA  facilitée  encore  par  Tcau  & 
le  fabie  que  Ton  y  emploie.  A  msfurc  que  lou* 
vrage  s^avance  on  fe  fcrt  de  faL^le  plus  menu, 
enfin  on  prend  de  la  poudre  d'cmcri. 

1!  n'eft  pas  neceffaire  d'ajouter  que  la  petite 
gînce  fupéricurc  venant  k  fe  polir  à  mcfure  p*r 
l'atfr' tîon  ,  on  doit  en  prendre  de  ten--pî  en  temps 
îine  autre  plus  brute  ;  mais  il  f.iut  ol) fer  ver  que 
Ton  ne  dêbrufit  ainfi  par  le  moulin  que  les  pltfs 
îgrandes  pièces  de  glace;  car  pour  ce  qui  cft  des 
yièces  de  la  moyenne  ài  de  la  petite  efpéce ,  on  les 
travaille  à  la  main,  &C  pour  cet  clïct  on  arraclie 
nux  coins  de  la  planche  qui  couvre  la  glace  fu- 
péricirre  ,  quatre  anfes  .dà  bois  qn^  les  ouvriers 
empoignent  pour  lui  ilonner  les  mouvcmcns  ne- 
ccHaires. 

Dressoir  ou  fer  à  drtjftr^  termt  cV  mirohUr, 
C'eft  un  inftrument  de  ter  en  Forme  de  demi- 
cercle,  de  huit  ou  dix  pouces  de  large  dans  fon 
erand  diaiTiètrc ,  de  quatre  à  cinq  lignes  d'cp^^if- 
icur,  uni  &  fort  p(»U  du  côiè  de  la  icélion»  dont 
les  ouvriers  qui  mettent  les  glaces  au  tain  fe  fer- 
vent pour  àtendte  &  drcfltr  fur  la  pierre  de  Hais 
il  feuille  d'ètain  qu*iU  difpofent  à  recevoir  le  vif- 
«fj^iiat, 

Egout*  urmc  de  miroUhr*    L*$  ouvriers  qui 

intiîcnt  les  glaces  au  tain ,  appellent  de  la  forte 
une  grande  t.ble  de  bois  fans  chaiEs  ,  fur  laquelle 
ils  mettent  la  glace  vingt-quatre  heures  après 
qu'elle  a  <Ltè  écamée,  pour  en  faire  égoutter  le 
vif- argent, 

C;:tie  table»  poportionnéc  aux  glaces  du  plus 
grsind  volume,  a  des  crochets  de  fer  à  chaque 
encoignure,  qui  fcrvt:nt  à  Tèlevcr  &  à  la  lenir 
fufpcndue  di^gcnalemcnt ,  c'eô-à-dirc  en  pen- 
chant autant  6c  fi  peu  qu'il  cft  oéccffaire  pour  l  c- 
conlcmcut  de  ce  mifu^rah 

Pour  que  ctt  écoulement  fe  farte  f^ins  que  îe 
tatn  »  encore  trais  &  coîTime  liquide  ,  ne  puiiTe 
fe  rider  ni  &*écaiHcr,  on  clçve  ions  les  jours  l'un 
des  bouf«  de  la  table  d'un  demi-pîcd,  ou  envt- 
tôfi ,  en  Tatiachiint  par  le  moy^n  de  les  crochets 
aiu  noeuds  des  cordes  qui  font  pendues  au  plan- 
cher, directement  au-de£^us  de  chaque  angle  de 

Egoutter  une  glacê;  urme  de^mlrùbnr:  c'eft 

en  fîire  K  *        '                 on  a  mis  de  Tr«  p 

fur  îa  fcii  c  m  l'éi^mc.  On 

f      ■'  '  -.;;us  tcmp5.  Prcm»<?re- 

il,,.,  L.  I  .   i.  ic  viceju  d'i;ti€  aii^  fuc 


M  I  R 

le  vif-argent ,  &  qu*on  l'a  arrêtée  avee  les  bon* 
lets  de  canon»  ce  que  Ton  fait  en  retirant  un  peu 
les  coins  qui  tiennent  la  pierre  de  liais  de  niveaii 
fur  rétîbli.  En  fécond  iicu»  vingî*quatre  heure* 
après  quVUv  a  été  étamée,  en  Tôtant  de  defTus  11 
pierre ,  &  la  portant  fur  la  table  de  Tég^ut, 

EtameR  dts  miroirs  ;  c'eft  y  étendre  tur  le  der- 
rière une  compofuion  qui  s*y  attache  bien  étroite- 
ment, ôc  qui  Cert  à  rèrtéchir  Timige  des  objets. 

La  couche  que  Ton  applique  ainfi  fur  le  der- 
rérc  d*un  miroir ,  s'appelle  feuiiU  ;  elle  fe  fait 
ordinairement  de  vif-argent ,  mêlé  avec  d'autre* 
ingrédlens- 

Feuilli  ;  en  arme  de  miroitier  ^  c'eft  une  couche 
d'étain,  de  vif-argent,  &c.  que  Ion  appîii^uc  far 
le  derrière  d'un  miroir,  afin  qu'il  ré^lécht^  les 
rayons  de  Imnière  avec  plus  d*abondancc. 

pLANffLESj  on  appelle /?*i/if//tfj  parmi  les  ou- 
vriers qui  mettent  les  gbces  au  tain  ,  tes  pièces 
d'étoffe  de  laine,  mollettes  &  peu  ferrées ,  à  trâ- 
vers  defquelles  fe  filtre  le  vif- argent  flui  coule 
de  deflous  une  glice  «itamée.  Eîles  fervent  à  pu- 
rifier ce  minerai  éc<^  ordures  qu'il  a  cbntraftêcf 
pendant  le  peu  de  temps  qu'il  a  refté  fur  la  teuille 
d'erain.  On  les  appelle  y/j^f/Z^j ,  parce  qu^elles 
font  allez  fondent  de  cette  efpèce  détofFc  -,  aînfi 
elles  portent  toujours  ce  nom  ,  de  quclqu'ctofie 
qu'on  fe  ferve. 

On  nomme  aufli  flAindle ,  l'étoffe  qu'on  met 
fur  la  gUce  avant  dt  h  charger  de  plomb  ou  de 
boulets  de  canon  ,  quoiqu'on  y  emploie  auffi 
d'autrei  ètotfcs,  comme  du  molleton,  de  ta  ' 
vèche  &  de  la  ferge. 

Glace  de  chcmtme  ;  celle  qu'on  place  au-d( 
de  la  tablette   d'une  cheminée  dans  ua  appar 
temcnt. 

Loupes  d'eau;  ce  font  des  lentilles  de  Terre 

trét-gr^ndes,  &  dom  PêpaiiTeur  eft  remplie  d*ea« 
dillilléj. 

Lustrer  unegiacc  ;  c'eft  la  rechercher  avec  le 
luftroirj  après  qu'on  l'a  entièrement  .polie.  ' 

LusTROlR  ;  on  appelle  ainfi  dans  les  manu* 
fa^ures  de  gb.ce ,  une  petite  règle  de  bois  don» 
blèe  de  chapea  J  ,  de  trois  pouces  de  long ,  fur 
un  pouce  6:  demi  de  large,  dont  ont  le  fert 
pour  rechcrchsT  les  gbces  après  qu  elles  ont  éiè 
poîies ,  &  pour  enlever  Ijs  taches  qui  ont  échappé 
au  poliiïuir.  Cet  inûrum^ntife  nomme  au.fi  mo- 
U  ne. 

Maebre  ;  on  appelle  ainfi  parmi  les  ouvriers 
qui  préparent  les  feuilles  pour  mettre  les  glaces 
au  tain,  un  bloc  de  marhre  fur  lequel  on  allonge 
&  on  applatîc  fous  le  marteau  les  tables  d^étaia 
que  Ton  veut  réduire  en  feuilles. 

Miroir;  c'cfl  xant  glace  de  verre  éraméc^  rc- 
préfentant  les  objets  qui  y  font  cfferts. 

On  donne  proprement  le  nom  de  miroirs  atiir 
glaces  qui  repoftînt  au-de(îus  d'une  commode  on 
d'une  tdble  dans  un  r^ppartcment. 


M  I  R 

MlIOlRS  de  pûthe  ;  petits  miroirs ,  le  plus  fou- 
veot  de  figure  ovale ,  enfermés  dans  des  boites 
for,  ii*irgent»  d'ècaîllc  de  tortue,  de  chagria,  &c. 

Miroir  Ji  toiUiu  v  c*eA  un  mrroir  de  mo* 
renne  graadeur,  plus  haut  que  large»  fervant  à 
la  DoJletre  ,  &  paur  cet  effci  attaché  à  une  table» 
QO  porté  fur  un  pied. 

Miroitirie;  profeffion  de  miroitier  >  ou  com- 
oerce  des  miroirs. 

MoLETTfR  une  glace;  c'eft  Tadoucir  ou  U  po- 
lir arec  le  luAroir»  qu  on  nomme  awiTi  molette. 

Papijer  ;  terme  de  mirohter  ;  c*eft  une  longue 
bflde  as  papier  (on  y  compofée  de  plufieurs  mor- 
ceiizx  collés  enfembic ,  dont  la  largeur  n  eil  guères 
fpÊC  de  fept  ou  huit  pouces  »  âc  la  longueur  pro- 
ponîoaaée  au  volume  des  glaces  qu'on  veut  éta- 
user,  enforte  néanmoins  qu'elles  les  padent  de 
huk  ou  dix  pouces  de  chaque  côté.  Ce  p-^pî^r 
fen  à  couvrir  le  bord  de  devant  de  U  feuille 
^'étain  après  qu'elle  a  été  chargée  dj  vif-argent, 
aSa  dTy  pofer  la  glace  ,  &  qu'en  la  gUlTaiit  la 
fcnille  ne  puLiTe  être  endommagée. 

Parquet  de  glace  ;  c'eil  une  grande  planche 
ttïverfcc  de  différentes  bandes  de  bois ,  pour  y 
pofer  une  gjace  d*un  grand  volume. 

Plombs  i  charger  ;  Ton  appelle  plombs  parmi 
k»  ouvrim-s  qui  mettent  les  glaces  au  tain  ,  des 
plaques  de  pîomb  longues  dun  pied,  larges  de 
MQà  fix  pouces^  &  de  trois  à  quatre  Irgnes  d*é- 
pltlleur,  avec  une  polgnie  de  fer  par-deiius  pour 
kf  prendre  &  manier  commodément. 

Ces  plombs  fervent  à  charger  la  glace  quand 
dk  a  été  placée  fur  le  vif-argent,  après, néan- 
moins avoir  pris  la  précaution  de  la  couvrir  de 
mrécfae  ou  de  molleton ,  de  crainte  qu  ils  ne  la 
nyeni  ou  ne  la  gâtent.  Quelques-uns  mettent 
d»  boulets  de  canons  pofés  dans  des  efpéces  de 
ttiles  de  bois ,  à  la  place  des  phmhs  ;  mais  les 
bons  ouvriers  ne  fe  fervent  de  Douleis  que  pour 
arrêter  les  glaces ,  &  non  pour  les  charger, 

RajiOT  Çdiamant  i  )  ;  le  diamant  à  ratot  eA  un 
Snfirument  dont  fe  fervent  les  miroitiers  pour 
c^airir  leurs  glaces  ,  &  les  vitriers,   pour  cou- 


M  I  R 


12}^ 


pcr  les  verres  épais ,  comme  ceUii  qu  on  nomme 
verr^  de  Lorraine»  On  TappeUé  dîamunt ,  parce  que 
vérîtablement  la  principale  pièce  confifte  en  une 
pièce  de  diamant  fin. 

Sa  BILLE  ;  les  ouvriers  qui  mettent  îes  glaces  au 
tain ,  fe  fervent  de  diveries  fortes  de  fibtlles  ;  les 
unes  très-grandes,  &  au  moins  d'un  pied  ou  dix- 
huit  pouces  de  diamètre  j  les  autres  petites  &  lé- 
gères,  qui  n'ont  que  quatre  ou  cinq  pouces;  ce 
font  proprement  des  fébùUs  à  main  :  c*eil  dans 
les  grandes  que  Ton  conferve  le  vif- argent,  ou 
qu'on  le  reçoit ,  !orfqu*il  s'écoule  de  deffous  la' 
glace  qu'on  a  mife  an  teint.  Les  fcbilUs  k  main 
fervent^  à  puifer  le  vif-argent  dans  les  grandes  Z^ 
billes^  pour  en  charger  U  %iitle  d'éiain  quand 
elle  eft  avivée.  - 

Table i/<ri  miroluers  ;U%  miroitiers  qni  mafctit 
les  glaces  au  tain  ,  nomment  pareUlcmcnt  /ai/r, 
une  efpèce  de  long  &  large  établi  de  bois  de 
chêne,  foutenu  dun  fort  chaflis  auflî  de  bois, 
fur  lequel  eft  pofée  en  bafcule  la  pierre  de  lia^s 
oii  Ton  met  les  glaces  au  tain. 

Tain  ;  fçuilîe  ou  lame  d'éiain^  fort  mince  i 
qu'on  applique  derrière  la  glace  *d'nn  miroîf  j 
pour  y  fixer  la  repréfentation  des  objets* 

Tain  (mettre  une  glace  au)  ;  c'eft  mettre  une 
lame  ou  feuille  d'étiiin  derrière  la  glace,  6l  appli- 
quer enfultc  du  vif-argent  deffus ,  au  moyeu  de 
quoi  Ton  volt  les  objets  dans  la  glace  de  miroir. 

Tarif.  La  compagnie  des  glaces  établie  à  Pjris, 
a  fon  tarifa  qui  contient  toutes  les  larf^eufs  Se 
hauteurs  des  glaces  qu  elle  fait  fabriquer ,  & 
le  prix  qu*elle  Tes  vend,  ce  qui  eft  d'une  grande 
commodité  pour  les  bourgeois  &  pour  les  ib'^- 
roitïers. 

Trumeau  ;  on  donne  ce  nom  à  un  grand  mi- 
roir plus  haut  que  large ,  de  Aîné  à  erre  placé 
entre  les  ccoifées  d*un  appartement. 

Valet  ;  les  mlroh'urs  appellent  ainfi  ce  mon- 
ceau de  bois  qui  eft  attaché  derrière  un  nnroi-r 
de  toilette ,  &  qui  fcrt  à  le  fomenir  quand  or 
le  pofe  fur  la  table. 


îJ^I^ 


Q  > 


1.24 


MIROIRS    DE    MÉTAL, 

(  Art  de  construire  les  ) 


1-jes  glices  om  fur  Icf  iriiroirs  d€  métal  plu- 
£eurs  avantages  uKonreftables.  Leur  travail  coure 
rnolns  :  elles  ttttédijfitni  plus  vivement  les  ob- 
jets :  leur  furf^ce  ne  craint  rien  du  co«itaâ  de 
Tair. 

Le  métal ,  au  contraiic ,  perd  aifément  le  poli 
qu'il  a  reçu.  Il  néceflîre  des  foins  perpèmeû  ;  8c 
ces  foins  m^mes ,  à  H  longue  ^  Tufent  6i  le  de- 
truifent. 

Cependant  pour  les  expériences  où  la  préctfion 
eft  de  rigueur:  5*il  s'agit»  par  exemple  ,  d'exami- 
ner les  proprtéiés  de  la  lumière,  le  métal  fert 
bien  mieux  robfervatenr;  les  glaces,  telles  minces 
qu'elles  foicnt ,  froduîfent  une  double  réflexion  j 
Hmage  des  objets  eft  rendue  par  les  deux  fur- 
faces*  Le  métai  eft  exempt  de  cet  inconvénienL 
L*optique  d'ailleurs  ne  formeroit  avec  le  verre 
aucun  de  ces  miroirs  pnfmatiques ,  pyramidaux 
ik  nurrc^,  dont  les  curieux  embellîlîent  leurs  ca- 
binet?. Jamais  des  morceaux  de  glaces  rapprochés  » 
réunis  à  bifeau ,  ne  compoferoiem  un  enfemblc 
parfait.  Les  bords,  privés  d*étain  &  trop  épais, 
dégradefcient  toujours  les  tableaux;  le  métal,  à 
cet  égard»  ne  hilic  rien  à  defircr. 

Si  le  cryftal  d*une  eau  claire  &  tranqniîle  fut 
te  premier  miroir  offert  à  Tbomme  par  la- nature, 
il  faut  avouer  qu*en  Timitant  »  lart  a  finguliérc- 
mrnr  fttrpaffé  le  modèle;  les  plaques  de  métal, 
hs  glaces  étamées  ,  en  reprtS^fcmant  bien  plus 
iîtlélcmcnt  tout  ce  qtii  s'y  peint  ,  ont  encore 
tranfporté  dans  nos  appartemcns  des  effets  en- 
chanteurs ,  &  qui  ne  frappoient  guères  que  des 
yeux  niftiques  &  gro (Tiers.  Le  philofophe  le  plus 
tévère  fc  déride  aujourd'hui  dans  la  demeure  d  un 
homme  opulent,  lorfqu'entouré  de  glaces  pla- 
cées avec  intqlligence ,  il  apperçoit  prefqu  à  tra- 
vers les  murs ,  des  batîmens ,  de  fupcrbcs  jar- 
dins^ des  perlpc£tives  immenfes;  il  pardonne  au 
Une  fcs  profuuons  .•  il  ne  peut  qu'admirer.  f^a>  r^ 
fakhé  NolUt  ^  wmc  V ^  de  f<s  Itçons  de  phyjîque. 
Quoique  le  verre  ait  été  connu  dès  la  plus 
haute  antiquité ,  Us  métaux  furent  longtemps 
l'unique  mr.nèrc  eniploycc  pour  les  miroirs*  Ci- 
cêron  en  fait  remonter  l'u^ge  aux  fiécks  fabu- 
leux; un  monument  plus  refpcélable  attcftc  mieux 
encore  leur  extrême  ancienneté.  Le  baïfin  que 
Moffc  p!a<5a  dans   le  parvis  du  tabernacle  »   fut 


conflruît  des  miroîrs  dont  fe  dépouillèrent  les 
^mmes  qui  veiUoient  à  la  porte,  Cumfpeculu^  âtc^ 
exoJ*  chap^  j8. 

Il  paroi t  que  Taîrain  feul  entra  d'abord  darw 
leur  compofition  ;  chaque  art  a  fon  enfance.  Ce 
métal  a  d*ailleurs  été  découvert  avant  toiis  Ici 
autres* 

Depuis ,  on  mèia  Tétain  k  l'airain ,  &  c*éîoit 
un  grand  pas  vers  la  pcrfeftioo.  Ceux  qrte  fe- 
briquoit  Brindes  *  en  Italie  ,  paffoient  pour  fu- 
péri  eu  rs- 

Sur  la  fin  de  la  république  Romaine ,  époque 
oii  le  fa  fie  avoit  banni  toute  idée  de  fimpUcité, 
on  les  fit  en  argent;  mais  cette  matière,  trop 
molle  quand  elle  eft  pure,  ne  dut  fatisfaire  que 
t'oAcntaiion.  Ce  fut,  fuivant  Plîne  ,  un  Praxi- 
téles  qui  les  mit  en  vogue.  Sous  Wcron ,  Vor  & 
les  pierreries  leur  fervoientd'acceffolres  8c  d'orne* 
mens.  On  en  voyoit ,  au  rappcn  de  Séncque ,  dont 
la  valeur  furpaflbit  la  dot  que  reçut  du  fén»t  la 
fille  d'un  des  Scipions- 

Tcl  eft  le  peu  que  Thifloire  nous  a  trattsmis  fiir 
les  miroirs  des  anciens,  j'entends  les  miroirs  en 
mhn\.  Quant  à  ceux  en  verre ,  rorigtne  en  cÛ 
ignorée.  On  fiit  feulement  qu  ils  font  nicn  poftè- 
rieinrs  aux  autres*  &  l'opinion  commune  eft  4^ 
îes  premiers  d  entr'eux  fortirent  ûe^  attcliers  « 
Sidon  ,  ville  renommée  jadis  par  fes  manufaâurei 
&  par  rUabikté  de  fes  artiftes  en  tout  genre. 

Les  Indiens  de  Caravaro  &  de  Catiba ,  dat» 
le  nouveau  monde,  porroient  au  cou  des  miroirs 
d*or;  leur  païi  n'étoit  point  avare  de  Cîite  ma- 
tière. Au  commencement  du  lé^'.fiécle,  les  £f- 
pagnols  en  rapportèrent  en  Europe»  Ces  petits 
ouvrages  étoient  auili  précieux  par  leur  fini  que 
par  le  métal  qu'on  y  confacroit. 

L*induftric  des  anciens  Péruviens  employoit  au 
lieu  des  métaux  ,  certaines  pierres  tirucs  des  ce-- 
virons  de  Quito.  Ces  pierres  étoient  la  piUïn^ct 
Bl  rinça.  Toutes  deux,  fous  leurs  mains  a  tiroiies, 
fe  fiçonnoient  en  miroirs  phncs  ou  courbes. 
Dom  Antoine  d'Ulloa  dit  en  avoir  vu  un  dincat 
dont  le  diamètre  avoir  i8  pouces.  Il  éfolt  concave 
fur  une  fice,  &  travaillé  comme  il  atircit  pu  Tètrc 
h  IVide  des  inftrumens  &  des  principes  dj  no* 
artiftes.  Le  Cabinet  du  Roi  en  renferme  an  autre 
j   de  gallinace,  trouvé  dans  une  Gu^qne^  ou  tom* 


I 


j 


M  I  R 

liMi  «  fur  b  AOOtBgne  de  Picheocba ,  les  dtiin 
cAiès  fofif  coinreiiss  ;  mais  le  peli  fe  reAcnt  du 
IcMig  Ce^om  fpi'tl  a  £Éîi  dans  la  terre*  Foyc^  H<r- 

Heprcoocite  mÎTOtn  de  faèeal,  6c  paSbns  aux 
procèdci  4es  nodemes. 

Tai  dk  phis  baut  que  le  mélange   de  rèrain 
a'vec  raîrain  étoit  on  grand  acheminement  à  la 
pcffeâson  ;  OD  coorïpofc  tu  effet  d'aflcz  bons  mi* 
nws,  en  alliant  rimplement  te  cuivre  jaime  de 
BMfcafié» à l'ètajji yie  les  Anglois  nomment  Ihktin* 
Ces  deux  clpèces  s^uniiTcnt  complotiemcnt ,  Ôc  ne 
GPturaâem   dans   Le  moule  ni  fentes   ni  foutHu- 
!€•*  La  même  union  n'auroit  pas  lieu  entre  d*âu^ 
tMft  dpcces  indii^inâc^menr»   &  les  ouTrters  ne 
l^§flOfC3»  point*  Ajoutaos  que  le  mîxee  aâuel  ac- 
qoeira  d'autant  plus  de  blancheur  &  de  dureté, 
^w  le  bltiktin  y  abondera  davantage*   On  n'ou- 
tfei%]KMmantpasla  mcfure;  le  cuivre  doit  toujours 
damipfT ,  a^jcrement  la  lime  n'auroit  aucune  prtfe 
fiir  r^iavrs^  ;   il  feroit  en  outre  trop  c  a  (Tant, 
Le  cuivre  tiré  des  grandes  pièces  de  monnoîe 
frappe  en  Suède ,  ëc  mêlé  avec  Tétairr  de 
i ,    produit  pour  les  miroirs   xxvi  ensemble 
i«p  meilleur  encore  que  le  pécedent*    I! 
dÊk  ptu»  blanc,   6c  fc  polit  plus  rcgiiliéremcnt; 
maàm  oes  vatiètès   exigent  d'autres   proportions. 
L*è«o  ki  ne  peut  entrer  da^s  Talliage  au  plus 
qw  po«»r  un  quart. 

n  eft  e<Tentiel  de  ne  point  haiarder  le  mélange 
d*ctaim  diffêrens:  par  exemple,  celui  dcMalaciftt 
leblokcbi  ne  s'âtiieroîetst  jamais.  La  pièce  qui  en 
lètiiifrnii  feroif  remplie  d  aspérités  tk  de  vuîdes  : 
iHiflriire  df épreuves  conrècutivcs  ont  con6rmc  ee 
^se  j'avance,    Voytr  Mufchtniroeck  ,  chap,  21, 

Le  ce  ébrc  abbîNolkt,  toujours  îMé  qu2nd  il 
croycHt  pouvoir  étendre  les  connoliTances  pliyfi- 
^  S'occupa  de  la  perfcdion  des  miroirs  en 
L  II  imagina  divers  effais  cour  rencontrer  un 
^e  qui  ne  lai/Târ  rien  à  ddîrer.  Ses  tentatives 
le  contemcrcnt  point ,  ik  les  ouvriers  de  la 
s  »  livras  au»  m  a  mes  recherches  ,  ne  furent 
gpaii«$  p'< us  heureux*  L-^s  Anglois  cependant  pof- 
fciiôîene  le  vèriiable  fecret.  Un  de  leurs  unitles 
'^»r 'amies ,  Edouart  Scarht  >  e^celloit  dans  ta 
OPOi^oûtîoa  de  ces  inflrumcns.  Le  phyficien 
êmiMSàis  ,  par  h  voie  du  do^^eur  Dèfggullers» 
«Étilir  la  recette  anglotfe.  Sa  fupértoritè  fur  les 
ufèréilfrrrT  e(l  inconteilable. 

Prend  en  cuivre  rofetce  ,      ,   ,  .  10  panies. 

e»  étato  plané o 

ea  arfenic  blanc 8 

On  sppelle  d^ns  le  commerce    cuivre  rcfette^ 
1  qui  a  foute  nu  plulteurs  fois  le  feu,  qui  c(i 
r  'TAcwx  wv:'sé  de  toutes  fufcftances  hétérogènes, 
;         L  .     vr-  îc  r.lus  net  ôt  te  pUîs  pur, 

L  igue  aifèment  pnr  fa  légé- 

f^.  s  de  Critcs ,  fa  pefjnieur 

Cpécîti^iue  eti  -■  Icau  pluviale  comm^ 731 

isda  100.  f^\'  -  -.1  coniiëBi  plus  de  plomb. 


I  R 


I2î 


8c   fera  d*amam  moins  propre  à  Tusage  dont  îl 
s'agit. 

Quant  à  farfemc  >  oofairqu^tl  en  est  de  dcui 
fortes  :  te  rouge,  ïe  jatme,  le  noir  &  le  blanc* 
Le  dernier  eft  le  feuî  qull  foille  employer, 

La  fonte  de  ces  matières  exige  quelques  prépa- 
rations. 

i''.  Le  cuivre  doit  être  réduit  en  petites  lame» 
Il  entrera  pïus  facilement  en  fuiîon, 

à",  L'étairr  doit  être  mis  en  gri/ialiUé^  Pour 
cela ,  faites  le  fondre  &  couler  à  travers  un  ba- 
lai de  bouleau;  qu'en  tombant ,  il  foit  reçu  daas 
un  vafe  rempli  d'eau  froide, 

Pcfez  alors  Fétain,  le  cuivre  &  rarfenic  For- 
mez de  Tarfenic  trois  portions  égales,  Ôt  les  ea- 
vcioppez  dans  autant  de  cornets  de  papier. 

Lés  chofes  étant  ainfi  difpcfées,  %'oos  placerez 
le  creufët  daas  le  fourneau*  En  commençam , 
modérez  le  feu.  Vous  Taugmenterez  cnfuire  juf- 
qu*^  ce  que  le  creufct  foit  rouge.  SM  ti>uticnt 
cette  épreuve  fans  éclater ,  jetez  y  U  cuivre  & 
Vy  hilîez  fondre;  menez  également,  nuis  ^pa- 
rémeut  ,  Tétain  en  fafion ,  6t  verfcz^le  dans  le 
GUivrc*  Remuez  les  deux  métaux  avec  une  cuiller 
de  fer ,  6c  nettoyez  récume  qui  s'clevcra  fur  leur 
furfece.  Ré[>andc7.  alors  dans  la  fufion  le  premier 
paquet  d' arfenic  ,  &  couvrez  pr#mptemciit  le 
creufet*  Au  bout  d'un  inllant,  répandez -y  le 
fécond ,  puis  le  rroifième  ,  ea  obfervant  chaque 
fois  de  recouvar  le  cri^uf^rt  au  plutôt. 

Après  quelques  momens ,  le  couvert  peur  cfrc 
i^té.  On  mêle  de  nouveau  lia  matière  ^  qui  fe  trouve 
en  état  d'éire  coulée. 

On  n'oubliera  jamais  de  chauffer  6r  de  faîie 
même  rougir  la  cuiller  avant  de  toucher  avec  cite 
un  métal  en  iufion  ;  cette  précaution  ne  peut  pa^ 
être  négligée  fans  rifque  d^ac^idens.  Il  eir  encore 
important  de  ne  point  s'expofer  à  la  vnpciir  du 
métal  ,  fur-tout  quaod  Tarfenic  y  eft  joir.t.  Oh 
n  opérera  donc  autour  du  crcufer,  qu'en  f.  maf- 
quint  les  narines  Se  la  bottche.  Le  fourneau  d'îiil- 
leurs  fera  établi  ions  un  large  manteau  de  che- 
minée ,  ou  dans  un  courrint  d'air  audeffus  du- 
quel on  fe  tiendra» 

Larticle  du  fondeur  en  fable,  tome  3  ,  pnge  18 
de  cette  Encyclopédie,  fes  renvois  à  d'auircs  ar- 
ticles, &  les  gravures  correfpondamcs  en  feignent 
tout  ce  qui  concerne  le  fourneau»  l'apprêt  des 
moules  j  Ôt  le  verft  du  métal* 

L'abbé  Nollet  voudroit  que,  pour  les  pluies 
pièces  ,  «n  comp-^fat  les  raouîes  en  cuivre:  i  tl  eft 
certain  que  l'objet  en  fortiroit  infiniment  plus  net^ 
&  que  fa  denfité  feroit  bien  plus  égile.  Mais  et- 
moyen  cfl  frayeu»,  &  j*ai  l'expénenee  que  Teo:- 
ploi  du  plâtre  réuflit  prefqu'cgakminif,  Queliue 
paVti  qu'on  prenne ,  on  aura  foin  que  les  moules 
foiem  chauds  ,  &  que  le  métal  ne  le  foit  pa^ 
rrop.  Sans  cette  double  attcniion  ,  ks  fuptrficics 
*  dcvkndtoient  plus  ferrées  que  rintérieur,  fit  lorf- 


[26 


M  I  R 


que  i*ounl  le»  auroic  ennmces ,  elles  fe  trouve* 
Toîent  criblées  de  petits  trous.  Il  pourroic  mènie 
arriver  ce  qui  arrive  aux  Urmes  Lifavtqucs  qui 
éclatent  auflî^6t  que  leur  furface  eft  rompue,  yoyt:^ 
larmes  batavlques  dans  te  diâlonnalrc  de  phyfiquc , 
6*  Fan  dis  expériences  ^  par  PahU  Noilet,  Tom,  », 

Si  le  moule  s'exécute  en  table ,  on  formera 
les  modèles  avec  les  corps  les  moins  poreux.  On 
prèfirera  donc  le  bois  dur  au  bois  tendre ,  &  Va- 
tain  ou  le  plomb  au  bois*  Le  poliiïage  à&i  pièces 
en  ira  beaucoup  plus  vite* 

La  matière  des  miroirs,  quoiquVigre  &  difficile 
à  travailler,  ne  réfifte  pourtant  pas  à  la  lime.  Oa 
évitera  feulement  d'en  emploi er  de  trop  âpres: 
elles  déchireroient  le  métal  au  lieu  de  Tègaler. 
En  les  menant  fur  diffèrens  fens,  en  faifant  fuc- 
céder  celles  qui  font  plus  douces  a  celles  qui  le 
font  moins  ,  on  parvient  à  emporter  les  plus 
grands  traits*  Pour  conferver  les  figures,  on  ap- 
pliquera fouvent  un  calibre  aux  endroits  fur  lef- 
?(uels  on  agit.  L'ouvrage  une  fois  déerofli ,  on  le 
rottera  avec  du  grès  pû^  6f  mouillé  deau,*à  Taîde 
de  moleties  de  plomb  accommodées  à  fa  furfàce. 
Le  grés  qu'on  renouvelle  quand  il  ceffe  de  mor- 
dre ,  répare  en  partie  les  filions  qu*a  laiflTès  la 
lime.  On  lave  la  molette  &  le  miroir,  &  Ton 
remplace  le  grés  par  de  la  ponce  broyée  qu'ion 
change  aulTi  de  temps  en  temps.  Ces  moyens  fuc- 
Ctffife  adouciffent  les  fuperficie*.  Bientôt  il  ne  refte 
plus  qu*à  les  frotter  avec  du  charbon  tendre  ôt 
oui  ne  raie  point ,  enfuie  avec  le  buffle  ou  le  feutre 
&  de  la  potce  rouge  hume^ftée  d'eau.  Pour  der- 
nièrc  opéraûon  on  fera  ufage  de  la  pou:  d'étaln 
à  fcc. 

Si  la  pièce  finie  atrrapoit  quelques  taches,  on 
les  enlcvcroit  avec  une  sranche  de  liège  chargée 
d'une  peu  d'huib  6c  de  tnpoU  réduit  en  poucire* 
7'oVf^  it  même  volume  de  Vart  des  expériences. 

Toutes  les  fols  que  la  forme  des  miroirs  per- 
mettra de  les  travailler  au  tour  ,  cetre  voie  fera 
la  plus  expéditive  :  l'ariiAe  n'en  cherchera  point 
d^fiutre.  Dcfire-ton,  par  exemple,  de  ces  demt- 
cylindres  de  mtu\  auxquels  on  préfente  des  figu- 
res deflinccs  irrégulièrement  fur  un  carton  ,  ik 
qui  Us  réflêchificnt  fous  des  contours  agréables 
èc  naturels?  Le  mieux  cïl  de  couler  le  cylindre 
en  entier,  Le  mouvement  du  tour  accélérera  le 
poliffagc»  &,  pour  autre  avantage  encore,  en 
partageant  la  pi}ce  parallèlement  à  fon  a,\e,  on 
aura  deux  miroirs  au  lieu  d'i^n  feul. 

Je  m'arrêtcrois  volontiers  à  décrire  la  méthode 
de  tracer  les  carrons  dont  je  parle.  Mais  ces  pro- 
cèdes ^pp^ttienncnt  aux  didionu^îres  de  mathé- 
matique &  é<:  Dhyfiqiïe.  l'oyez  dans  ces  parties  de 
r£nçy:lopedU  ht.  mois  anamorphofe  &  miroirs, 
éinfi  q:ic  iessfLtftMs  fui  fervent  â  Cklairciffemcnt 
du  texte. 

Si  k  tour  eonvîetit  à  polir  les  cylindres,  il 
ccnvicnt  agilement  pour  les  fur  faces  coniques  & 
pour  les  miroirs  concaves  8c  convexes.    On  pic* 


M  I  R 

fume  bien  que  h  rotation  e/l  k  ménager  «  de  mtmm 
que  la  preifion  du  burin  ,  &  que  la  règle  ou  le 
pairon  doit  fou  vent  être  portée  fur  le  métal, 

La  dépcnfe  6c  les  embarras  de  la  fonte  ont  fait 
imaginer,  du  moins  pour  les  miroir9^ardens  ^  des 
moyens  fimples  &  qui  les  mettent  à  la  portée  de 
tout  le  monde.  J'ai  vu  de  ces  miroirs  formés  de 
lam^s  de  paille  appliquées  avec  un  collage  &  û 
artirtement  jointes ,  que  Tceil  à  peine  pouvoir  Cû- 
fir  les  points  de  féparation.  La  chaleur  que  rcn- 
voyoit  le  brillant  de  la  paille  étoit  aflez  vive  pour 
allumer  de  la  poudre  à  canon« 

Les  mém^s  inilrumens  ,  compofés  de  carton 
ou  de  plâtre  doré,  produifent  de  plus  grands  ef- 
fets. Ils  ne  font  pas  difpendieux  &  durent  des  an* 
nées,  quand  on  les  garantit, de  la  pouiTiére  6c 
princtpaîement  de  rhumiditè. 

Pour  les  conilryire ,  on  dilpofe  avant  tout  un 
moule  circulaire,  foit  en  bois,  foit  en  pierre.  En 
fuppofant  qu'on  adopte  le  bois,  &  qa*on  veuille 
donner  au  miroir  un  diamètre  de  quinze  pouces, 
il  cft  prcrqu'impoflible  que  le  moule  ,  qui  de- 
mande autant ,  fo  i  d'une  feule  pièce.  Au  refte 
il  importe  peu  qu'il  foit  de  pktftcurs  morceaux  ^ 
fi  leur  jouâion  eft  exai5le  &  fol î de:  En  employant 
une  bonne  coUe  &  des  chevilles  ,  en  barrant  l'at 
fcmblage  en  deiibus,  il  acquerra  toute  la  con- 
fiilance  dont  il  a  bclbiû.  Trois  pouces  fuffi^icj 
pour  fon  épaiOeur  au  miUeu;  quant  au  bois, 
plus  convenable  e(l  le  bois  tendre  &  fans  nœuds  ^ 
tel  que  le  tilleul  &  l'aune. 

Dans  cet  état,  le  moule  imparfait  ne  prèfente 
qu'une  efpèce  de  meule,  l'our  l'achever,  on  ren- 
dra convexe  la  furface  ou  ne  fe  trouvent  point 
les  barres,  La  hache  &  le  cifeau  commenceront 
Tèbauche  ;  le  tour  fcrott  trop  lent,  il  ne  fcrvîra 
qu'à  hmr.  Je  n'obfcrverai  pas  que  la  conduite 
régulière  de  l'ouvrage  exige  indifpenfablement  oa 
caUbrc  bien  fah,  6c  que  l'on  coufultera  fréquem- 
ment. Pour  un  miroir  de  quinze  pouces,  lechan- 
crure  du  calibre  fera  tracée  par  un  r;;yon  de  dcu 
pieds  àL  demi.  La  fig,  19,  pL  i*'%  du  lunetUi 
donne,  en  périt,  une  idée  du  moule  encore  bru 
la  fig,  10  le  reprcfcnte  achevé. 

A  i'cg.ird  du  pourtour ,  ou  bord  extérieur  du 
monle,  que  j'appellerai  la  tranche^  il  doit  être 
laillé  parallclcmcnt  à  l'axe,  &  foigné  comme  le 
reHc.  On  lui  confcrvera  d^ailleurs  tout  ce  que  U 
courbe  lui  aura  laide  d'épaiffcu^  Des  trois  pouces» 
cette  courbe  n'en  enlèvera  pas  plus  d'un. 

Si  Ton  étoit  à  portée  de  certaines  carrières  qui 
fourniiT^nt  une  pierre  connue  d^ns  b  picardie  6l 
dans  bien  d^autres  endroits  ,  fous  le  nom  de  pierrt 
bUtncht  ou  modlon^  il  faudroit  Tadopter  de  pré- 
férence au  bois.  Cette  pierre  eft  tendre  U  (b 
tourne  parfaitement.  J'en  conferve  une  fur  !•-> 
qu;;lle  j'ai  fait  un  de  cas  miroirs  ardens  :  fon  tra- 
vail entier  oc  m'a  pas  pns  trois  quarts-d'hrurc. 

De  quelque  matière  que  foit  le  moule ,  vous 
le  poferc£  4  plat ,  &  vous  enfoncerez  verticale* 


H- 

y 


M  I  R 

mtnt  dans  (an  milieu  une  broche  de  fer,  ronde 
6c  ioa^ue  de  y  pouces,  dont  la  moitié  pourtant 
(ieincurera  failUnte  en  tleflus. 

Enduiiei  toute  la  convexité  du  moule  &  ù 
tranche,  d*une  couche  de  favon  blanc  ,  èpaiJTc 
û*unc  dtoii-lrgne.  Recouvrez  cet  enduit  de  pa- 
pier vulgairement  appelé  papier  Je  foie  ,  coupe 
cucul^trcroent  d'un  feul  morceau  s'il  eft  polTiblc, 
4k  que  d'avance  vous  aurez  imbibé  d'eau.  Tachez 
de  ne  laîtTer  aucuns  plis ,  6i  rabattez  fon  pour- 
tour fur  La  tranche  du  moule,  en  l'y  rendant  ad* 
lièrent  par  un  paiFement  qui  fera  trois  ou  quatre 
révolutions*  Ce  qui  excMera  le  bas  de  la  tranche 
€Û  à  fupprimer. 

ïl  oc  fera  pas  inutile  de  doubler  cette  efpèce  de 
revêtement;  on  appliquera  donc  (encore  à  leau) 
une  féconde  feuille  du  môme  pap;er  fur  la  pre- 
rniere ,  ài  le  paflFenicnt  qu'on  détachera  fera 
remis  fur  cette  teuillc  nouvelle. 

Pour  obliger  le  papier  a  joindre  également  par- 
VPUta  reavertez  le  moule  fur  une  grofife  toile, 
fendue  mollement  dans  un  cerceau,  La  toile  qui 
Cchira.  pretTera  chaque  point  de  la  convexité- 

Quand  les  feuilles  feront  féchces ,  rticrurnez  le 
moule,  &  palTcz  fur  la  petite  broche  de  (cr  Tex- 
uèmiié  d'une  rcj;,/t-  a  centre ^  aHez  pliante  pour  fe 
prêter  à  la  cotjrbiire  du  moule.  Divifez  le  moule , 
ou  plutôt  le  papier  qui  le  cache,  en  ï6  parties; 
portez  la  règle  fur  chacun  des  traits ,  Ô:  i^ms  la 
•'^^S^*'  *΀  fon  pivot,  lirez  au  crayon  16  lignes 
ailaiu  du  centre  à  h  clrconférv^nce .   Cette  cpéra- 
ô<>n  ,  camme  on  le  voit ,  formera  feize  triangles 
pareils.  Etendez  fur  l'un  d'eux  une  pièce  de  feutre 
qui  le  recouvre  entièrement  tk  fans  vuide.   Re- 
placez la  lègle  fur  cet  ajouté,   6c  tracez-y  deux 
nouvel  les  lignes  qui  correfpond^nt  fidèlement  aux 
deux  qui  fe  trouvent  par  dcffaus.  Que  le  feutre  en 
«ifrc  excède  le  diamètre  de  h  pierre  ou  du  bois, 
d'une  couple  de  pouces.  En  retranchant  au  feutre 
tout  ce  qui  dépalle  les  traces,  vous  aurez  un  pa- 
TTOii  diaprés  lequel  vous  découperez  régulièrement 
des  dcmi'fufedux  qui ,  cumulés  &  collés  les  uns  fur 
les  autres  avec   des  feuilles  de  gros  papier  in- 
ttnnédîaires,  compoferont  la  charpente  du  miroir. 
Le  feuire  eft  fuicepttble  d'être  amhouii^  6c  dans 
le  cal  préfent  teftc  propriété  n*e(l  pas  indifférente. 
Son   app'ication  fur  une  fuperBcie  bombée,   fera 
bien  plus  prècîfe. , 

Le5  demi -fu féaux  s'exécutent  en  carton.  On  choî- 
fira  le  plus  comïn»jn  ;  il  prendra  mieux  la  co!le 
qoc  celui  qui  eft  spprctà ,  fur-tout  s'il  cft  mince 
&  aejtible. 

Vous   découperez  une  ccnta^n^  de  ces  demi* 

Ibfcaux.  Le  psiror.  guidera  rinOrument  :  ils  feront 

tous  uniformes.    Eu  quadruplant  le  carton  avant 

de  faire  agir  le  couteau  ,   vous  abrégi^rez  la  he- 

r^Roe«    Si  J'on  craint  que  le  pairon  ne  remue  foas 

nifliain,  <^n  te  \\%c  invariableincnta  en  le  çhar- 

gmif  d'une  ^  p!omb. 

Atcc  cUi.  il,  quelques  fèuiiîcs  de  pa- 


M  I  R 


ivj 


pier  d*embalUge ,  &  de  la  colle  de  farine  claire 
Ôc  bien  cJdite  ,  on  peut  commencer  le  miroir* 

Pour  début ,  on  retire  le  paflTemcnt  d^autout 
de  la  tranche ,  ti  Ton  étend  fur  le  papier  une 
légère  couche  de  colle.  On  en  enduit  auffi  feiz^ 
dcmi-fufcaux  ,  qu'on  arrange  foigneufement  fur  le 
moule,  chacun  dans  un  çles  triangles  marqués  au 
crayon. 

Le  carton  obéira  mieux  fi,  lorr:ïiril  efl  encollé, 
on  le  laifle  repofec  quelques  minutes  avant  de 
rappliquer. 

Le  plus  difficile  eft  Tétente  exafte  des  i6polntcs  : 
un  peu  de  patience  en  vient  a  l^ut.  Ces  pointes 
une  fois  placées,  on  enfile  aumiôt  fur  Taxe  une 
rondelle  de  canon  de  5  pouces  de  diamètre, 
qu'on  fait  dcfcendre  fur  clits,  &  qui,  pénétrée 
de  ccille,  les  arrête  immuablement.  La  bafe  dci 
fufeaux  fe  replie  fur  la  tranche,  ÔC  le  pafTement 
Ty  contient.  Pour  empêcher  ks  rides,  on  entaille 
cette  bafe  avec  des  cif;;aux, 

La  rondelle  dont  je  viens  de  parler ,  ajoutant 
Ton  épaiffeur  à  Tépaiffeur  de  la  première  couche 
en  carton  ,  les  fufeaux  de  la  fcconde  couche 
doivent  cire  tronqués  à  leur  fommet.  \5t\  com- 
pas ouvert  de  2  pouces  Sidemje,  à  compter  de 
r  extrémité  de  ces  fommets  ,  marquera  ce  qu*U 
faut  fouflraire. 

Ces  nouveaux  fufeaux ,  bîert  encollés,  feront 
pofès  fur  Us  préccdens  de  façon  qt;e  leurs  bords 
tombent  fur  le  plein  des  autrci.  De  cctie  liaifun 
dépend  la  folidué  de  l  ouvrage.  On  ne  rabaitra 
la  bafe  fur  la  tranche  qirapre>  avoir  encore  de- 
taché  le  pafftmenl,  &  de  iiite  on  en  ceindra  la 
couche  récente. 

Quoique  le  carton  dont  nous  avons  fait  choix 
folt  aiTez  mou ,  le  plus  fÙr  eft  cependant  de  l'entre- 
'  mêler  de  papier.  On  en  étendra  donc  uriC  feuille 
fur  les  deux  épaiileurs  qui  viennent  d*ctre  arran- 
gées. Les  jjJis  ne  feront  jamais  allez  ions  pour 
tirer  à  conféquence.  Il  fera  d  atlleurs  aifé  de  les 
adoucir,  fi  le  papier  eft  pénètre  de  colle  à  fond- 
La  circo^féence  do  papier  fe  rabat  comme 
celle  du  carton.  On  rentourc  de  la  Uliére  ,  ^ 
cette  troifième  mlfe  achève  la  première  couche. 
On  laiiïe  fecher  le  tout  r.aturellcment ,  mais 
dins  le  cerceau,  le  mouh  rcnvcrfé  ;  ^  pour  ob- 
vier a  ce  que  la  convexité  n'attache  ,  on  fau- 
ppudre  la  toi'e  d'une  poignée  de  fouine.  La  lifiére  , 
fi  le  papier  perçoit,  p^ur  oit  également  fe  trou* 
ver  pri(c*  L'embarras  de  Tenlevcr  ne  fera  pas  le 
même  i  on  la  voit,  il  eft  plus  facile  d'y  tra- 
vailler» 

La  conduite  d'une  couchs  enfeîgne  à  former 
les  couches  fubféquemes.  On  redivife  en  i(*  la 
fiirface  ieclièe  ;  on  remplît  ks  triangles  de  dcmU 
fufeaux  entiers  :  un  cercle  de  carton  afTujétti: 
leurs  pointes;  on  tronque  les  fufeaux  du  fécond 
Isf  ;  les  bafes  font  repliées  fur  la  tranche,  Ût. 
coaipricnées  par  le  paiTem^nr;  enân  une  feuille  de 


)28 


M  I  B 


grand  papkr  recouvre  les  joints,  &  le  snmile  efl 
remis  en  prelTep 

Cinq  ou  Cix  de  cef  couches  donneront  au  mi- 
roir une  èpailTeur  rufnfante.  Quand  il  iera  com- 
plettcment  fcc ,  on  Tupprimera  les  deux  tiers  ou 
environ  de  la  portion  repliée  fur  la  tranche  du 
moule.  La  largeur  dc'dcuK  pouces  étoit  ndcef- 
faite  pour  majirifçr  le  carfon  ;  mais  une  fois  dom- 
pte £k^  fèché ,  cette  grande  largeur  n*ai  plus  d'ob* 
)eî.  On  la  réduit  cTo ne  à  fcpt  on  huit  lignes  ^ 
c*eft  tout  ce  quM  faut  pouf  contenir  le  miroir 
dans  un  cercle  de  cuivre  ^  qui  »  en  lui  fcrvajit  de 
ftipport ,  Tempèchera  encore  de  fe  tourmenter. 
Un  hontrufqulrf^  armé  d*une  petite  lame  aiguë, 
au  lieu  de  pointe,  fépare  la  bande  avec  netteté* 

En  fr;ippant  feulement  du  plat  de  la  main 
fur  la  conveiïitè  du  carton,  il  quitte  prefqu'auflTi- 
tôt  le  moule.  On  détache  la  feuille  de  papier  qui 
tou choit  au  favon ,  &  le  doreur  fur  bois  dore  & 
Irunit  rintérieur.  Les  procédés  de  cet  artiûe  font 
décrits  ci-devant,  tome  i ,  page  150  &  fuivamcs, 
jy  renvoie  le  kâcur. 

On  exécute  beaucoup  plus  promptemeni  d*au- 
très  miroirs  ardens  ,  en  fubilituant  le  plâtre  au 
carton  ,  &  bientôt  on  verra  que  la  promptitude 
de  Texécuiion  n*eft  pas  le  feul  avantage  qui  mi- 
lite en  faveur  du  pldtrc. 

Pour  les  former,  procurer- vous  un  cercle  de 
fer-blanc,  d*un  diamètre  un  peu  moindre  que  celui 
du  moule,  &  de  18  lignes  de  largeur.  Faites  river 
de  diftance  en  diAance  ,  fur  fon  pourtour,  fept 
à  huit  clous,  de  manière  que  les  pointes  payant 
en  dedans ,  préfemeiït  des  portions  de  rayons. 
Qu'au  dehors  il  n'y  ait  que  les  tivures. 


M  I  R 

Couvrez  le  laoule  de  deux  on  trois  feuiUci  de 
papier  a€oupli  par  un  moment  d'ionmeriîon  daai 
l'eau  tiède;  applaniiTez  les  rides.  Le  papier  étant 
fec,  vous  fcnduirez  d'huile  de  lin,  que  vous  Uif- 
fercz  auffi  féchcr.  Placez  le  cercle  fur  cet  appa- 
reil ,  qu  il  s'y  applique  avec  juflclTe;  6c  de  crainte 
qu'il  ne  gliiTe ,  aiïurez-le  par  quatre  petits  crochets 
de  fer  qui  faifiront  le  bord  fupèricur,  6c  que  vous 
recourberez  en  defîbus  du  moule  ,  en  Les  obli- 
geant à  tirer. 

Il  û'cfl  plus  queâton  que  de  remplir  le  cerde 
avec  du  plâtre  râblé ^  cuit  à  propos,  &  qui  n*ait 
point  été  éventé.  On  le  détrempe  de  forte  qu*il 
ne  foit  ni  trop  clair  ni  trop  épais  ;  on  le  verfe^  Ôc, 

fioitr  mieux  raiTaiiTcr ,  on  promène  long  temps 
a  truelle  fur  toute  fa  fuperfecie.  ^ffyei  ÎV/  ifi 
expcr,  tome  y , 

Quand  il  fera  pris,  on  enlèvera  les  crochets. 
Si  la  mafle  abandonnera  le  papier;  les  clous  qtti 
fe  trouvent  fccllés  dans  Tiniérieur  ,  retiendront 
le  cercle  à  perpétuité*  Le  rcfte  eft  du  refTort  du 
doreur, 

Plufieurs  raifons  doivent  déterminet  à  préféi«r 
le  p'âtrc  au  carton.  L'expérience  a  prouvé  que  les 
miroirs  ardens  produifent  de  plus  grands  effets 
lotfquils  font  froids  ,  que  lorfqu'ils  font  échauf- 
fés. Or  le  plâtre  s'échauffe  beaucoup  plus  lente- 
ment  que  le  carton.  Il  eft  d*aiUeurs  moins  poreux  ; 
à  tous  égards  ;  il  ahforbe  donc  moins  de  rayotH 
folaires.  S*il  eft  vrai ,  comme  l'avance  Mufchen- 
brocck  ,  que  les  meilleurs  miroirs  renvoient  à 
peine  b  moitié  des  rayons  incidens ,  rien  de  cette 
moitié  du  moins  tie  doit  être  facriâée  volon- 
tairement. 


VO  C  A  B  U  L  A  I  R  E. 


/\.  IRA  IN  ;  ce  nom  que  nous  appliquons  fpéctale- 
ment  â  la  compofition  des  flarues,  des  cloches^  &:c*, 
lie  fignifioit  autrefois  que  le  cuivre. 

AMBOUTin  ;  c'eft  imprimer  à  des  pièces  planes 
un  enfoncement,  en  les  frappant  fur  une  forme 
concave  avec  un  marteau  arrondi. 

BrscAU  ;  deux  h  mes  de  verre  font  réunies  à 
bifeau  quand  les  bords  qui  fe  tranchent  ont  au- 
par3vaTït  été  coupés  en  talus. 

Buffle  ,  pris  ici  pour  la  peau  de  Tanimal  dn 
mêtne  nom.  Cette  peau  paifée  à  Thuile  conferve 
beaucoup  de  fouplcHe  &  fert  à  polir. 

Caubre;  le  calibre  qui  règle  la  convexité  du 
moule  ou  de  pierre  ou  de  bols  ,  d^nt  j  Vi  parlé , 
n*cft  rien  autre  chofc  quune  planche  mince, 
longue  de  vingt  pouces,  large  de  trois,  &  dé- 
coupée for  la  Urgcur  d*aprss  un  trait  de  compas 
ouvert  à  deux  pieds  &  demi. 

Demi-fuseau  ;  la  planche  i'**.  fig-  4»  5  &  ^» 
tome  2  dfs  gravures  (an  de  coaftrutre  les  globes) 


repréfente  des  demi-fufeaux  joints  enfemble.   Il 
n'efl  queftion  que  de  les  fuppofcr  fép^trés* 

Feutre  ;  le  bord  d'un  vieux  chapeau  fourjui 
tout  le  feutre  dont  on  a  bcfoin  ici. 

Grès  ;  le  grè>  qu'on  emploie  pour  digroffir 
le  métal ,  doit  être  mis  en  poudre.  Il  faut  cbotfir 
le  plus  tendre.  Une  meule  de  coutelier  hors  d^ 
fervice ,  cf)  excellente  a  cet  ufage. 

Miroirs.  Je  nVi  point  parlé,  dans  Tarticle, 
de  ces  grands  miroirs  ardens  qu*on  coodruit  ca 
réunîffant  les  unes  à  cc^té  des  autres  ,  de  Cms 
qu'il  y  paroifle,  plufieurs  plaques  de  cuivre  jaune^ 
attachées  far  une  force  de  charpente  folidc  8c  de 
forme  concave.  Ces  infltumens ,  quand  le  poli 
répond  â  leur  étendue ,  produifent  des  effets  tur* 
prcnans  :  ils  m*£toient  échappés,  Je  les  rappelle 
aâuellement,  &  le  peu  que  j'en  dis  fuffira  pour 
en  donner  une  idée.  On  a  porté  le  diamètre  do 
ces  miroirs  jufqu'à  11  pieds. 

Modèle*  On  appelle  modèle,   en  foadcnc» 

la] 


3 


M  I  R 

h  repréfentadon  exade  de  la  pièce  qii*on  veut 
couler.  Pour  une  boule ,  le  moaèle  fera  pareîlle- 
nient  une  boule;  une  poire»  pour  une  poire,  &c. 

MoLSTTE.  Les  molettes  dont  il  -eft  parlé  plus 
hauty  reffemblent  affez  à  reTpèce  de  cône  dont  les 
peintres  font  ufage  pour  broyer  leurs  couleurs  ; 
nais  ici  la  bafe  feule  eft  en  plomb  ;  le  refie  en  bois. 

Moule  ;  portion  de  cylindre  épais  de  trois 
pouces  à  fon  centre ,  plan  en  deflbus ,  convexe 
en  deffus,  la  convexité  réglée  d'après  Téchan* 
cmre  du  calibre* 

Patron.  Ce  qui  conduit  la  figure  de  Touvrage* 

Ponce.  Pierre  grife ,  poreufe  &  tellement  lé- 
gère qtt*elle  flotte  fur  Fean.  On  en  trouve  com- 
munément fur  les  bords  de  la  méditerranée,  en 
Sicile,  vers  le  mont  Véfuve,  &c.,  &  en  général 
dans  le  Yoifinage  des  volcans. 

PotÎe  JtttMn  ;  la  chaux  de  ce  métal.  On  doit 
choifir  la  plus  fine  ,  la  plus  blanche  ,  &  la  laver 
cacore  avant  de  la  mettre  en  œuvre. 


M  I  R 


129 


Potée  rouge;  réfiJu  qui  fe  trouve  dans  les 
cornues  après  la  diflillation  de  Teau  forte. 

Rable  :  on  dit  du  plâtre  qu'il  cû  rabU,  quand 
on  Fa  nétoyé  du  charbon  dont  il  s*eft  chargé 
dans  le  four. 

Rondelle;  morceau  de  carton  découpé  cîr- 
culairement ,  percé  dans  fon  centre ,  qu*on  en- 
file fur  Taxe  du  moule ,  &  qui ,  bien  enduit  de 
colle ,  retient  les  demi-fufeaux. 

Tranche  ;  nom  introduit  dans  cet  article  pour 
exprimer  le  contour  du  moule,  ou  la  partie  par 
rallèle  à  fon  axe. 

Tripoli  ;  efpèce  de  bois  foflile ,  fuivant  M^ 
Garidel.  D'autres  regardent  le  tripoli  comme  une 
terre.  Celui  qui  ne  renferme  point  de  fable ,  qui 
eft  tendre  &  facile  à  pulvérUer ,  mérite  la  pré< 
férence. 

Trusquin  ;  cet  outil  eft  repréfenté  fig.  7  &  8; 
pi.  1 3  du  menuifier  en  bâtimens.  La  petite  lame 
eft  mife  en  la  place  de  la  pointe  B  de  ces  figures* 


{Article  de  Af.  Blanqvart  de  Sept-Fontjines ^  GcntUhomfnc  de  VArdrifis.  ) 


Ans  et  Métiers'.    Tome  V.    Punit  /; 


130 


MONNOYAGE.    (Art  du) 

o  u 
DE  LA  FABRICATION  DES  MONNOIES 

ET    DES    MÉDAILLES. 


J-iA  monnole  efl  le  Agne  reprefemstif  de  la 
valeur  des  choies  qui  entrent  dans  k  commerce. 

Lorfque  les  échanges  en  nature  furent  devenues 
impraticables  par  la  multiplication  des  hommes 
&îa  divcrfitè  de  leurs  befoins  ;  lorfquc  d'ailleurs 
il  fut  impoflTible  de  conferver  les  chofes  échan- 
gées,  fur-tout  celles  fujettes  à  s'altérer  &  à  fc 
corrompre  ,  il  fallut  bien  chercher  mnc  matière 
facile  à  tranfporter,  peu  volumîneufe,  d'une  garde 
aiféc,  incorruptible,  utile  à  di€érens  ufages  de 
la  vie,  &  qui  pût  être  à  U  fois  le  figne  &  le 
gaee  des  chofes  commercées. 

Les  métaux  ayant  ces  propriétés»  furent  adop- 
tés ,  dès  Torigine  des  grandes  fociétés  ,  par  tou- 
tes les  nations  clviUiées ,  parce  qu^îls  s'ufcnt 
peu  par  le  fervîce,  &  quoR  peut  les  diyifejr  com- 
modément en  petites  pièces. 

On  donna  la  préférence  à  For  &  à  Targent ,  à 
caufe  de  leur  prix  Se  de  leur  qualité ,  qui  étant 
fupérieurs  aux  autres  métaux,  exigent  un  vo- 
lume moins  confidérable  ,  pour  garantir  la  va- 
leur des  chofes  qu'ils  repréfentcnt. 

L*écriture-fai nte  fait  mention  de  mîllc  pièces 
d'argent  qu'Abimelcch  donna  à  Sara  ;  de  quatre 
cents  ficles  d*argent  qu* Abraham  donna  au  poids 
aux  enfans  d'Ephron;  &  de  cent  pièces  d*argent 
marquées  d'un  agneau,  que  Jacob  donna  aux  en- 
fans  d'Hemor  :  ce  qui  prouve  affez  Tantiquiié 
de  Tufage  de  la  monnoie  d*argent. 

Cependant  ces  métaux  précieux  pouvant  être 
altérés  par  différentes  proportions  d'alliage,  il  a 
paru  convenable  &  même  néccffaire  que  chaque 
pièce  de  monnoie  fût  accompagnée  d'une  marque 
authentique  de  fon  titre  &  de  fon  poids. 

La  première  marque  des  monnoics  étoit  com- 
poféc  de  points  ;  mais  comme  autrefois  les  plus 
grandes  richeffes  confiftoicnt  en  bcftiaux  ,  le 
commerce  s*en  falfoit  principalement  par  échan- 
ges ,  &  à  la  p^ace  des  points  qui  déftgnoient  la 
valeur  des  oiéces  d'argent,  on  imprima  fur  h 
monnoie  la  figure  ou  la  tête  de  plufieurs  fortes  d'a- 
nimaux. Ceft  pourquoi  on  la  no mm^  p€CUfua^  du 
mot  f€€tis  y  qui  ftgniâe  bétaiU 


Dans  la  fuite,  le  commerce  s*étant  étendu ,  le 
légiflateur  crut  devoir  mettre  fon  empreinte  fur 
chaque  pièce  de  monnoie,  comme  un  figne  ccr* 
tain  de  fa  valeur ,  &  pour  Tem pécher  d'être  al- 
térée ou  falfifiée.  Ces  pièces  ainfi  marquées  ont 
été  nommées  monnoie,  moncta^  du  mot  latin  mo* 
ncre^  qui  fïgnifie  avertir;  parce  que  le  fouverain 
avertit  du  titre  &  du  poids  de  chaque  pièce  de 
monnoie* 

Il  faut  obferver  que  le  caraftère  de  la  fouve» 
raineté  imprime  fur  chaque  monnoie,  en  défigm 
bien  ,  comma  on  vient  de  le  dire»  le  poids  et 
le  titre ,  mais  il  ne  détermine  point  fa  valeur  in* 
trinfèque, 

La  monnoie  royale  ou  Farifis ,  étoit  autre* 
fois  en  France  plus  forte  d'un  quart  que  la  mon- 
noie t0urrtoifej  ce  qui  rendoit  le  commerce  des 
efpéces  plus  difHcile ,  &  ce  qui  étoit  caufe  que 
dans  les  vieux  titres  on  Aipoloit  en  quelles  ef- 
péces les  rentes  feroient  payables. 

L'autorité  publique  peut  bien  donner  à  ttne 
pièce  de  quelque  métal  que  ce  foit^  le  nom  qu'il 
lui  plaira ,  &  permettre  le  cours  de  cette  pièce  à 
tin  certain  prix  ,  mais  elle  ne  pe«t  forcer  les 
fujcts  à  donner  telle  quantité  de  marcha ndifês 
pour  telle  pièce. 

Il  faut  en  conclure  que  rechange  efl  toujottrt 
en  raifon  de  la  valeur  intrinféque  de  la  mon* 
noie  y  &  jamais  fuivant  la  valeur  que  le  Priaee 
a  jugé  à  propos  de  lui  fixer. 

La  dénomination  de  la  monnoie  fut  d'abord 
relative  à  fon  poids,  c'eft-à-dire,  que  ce  qui  sap- 
peloit  une  Lvre  pefoit  une  Uvre.  Les  m;:taifx 
ayant  enfuite  changé  de  prix  fuivant  leur  plus 
ou  moins  d'abondance ,  on  a  confervé  bs  mêmes 
dénominations  eu  variant  le  poids  des  pièces. 

Les  mon  noies  d'or  &  d'argent  font  prefque 
toujours  alliées  avec  une  certaine  quantité  de 
cuivre;  ainfi  il  faut  diOingucr  dans  ces  monnoîes 
deux  efpéces  de  valeur,  la  valeur  réelle  6^  U 
valeur  n-méraire. 

La  valeur  réelle  efl  la  quantité  d'or  ou  d'argent 
pur  qui  fe  trouve  dans  chaque  ef|)éce  de  p  éwcs  d« 


MON 

iOBQole  ,  c*cft  fur  ce  pied  que  les  nations  évi- 

Iluem  les  monnoies  qu'elles  re<^olvent  en  échange, 
Eîîcs  ne  comotent  pour  rien  le  cuivre  qui  fea  d'al- 
liage, 6c  n'citiment  l'or  6c  Targent  des  monnoies 
que  comme  matière,  fuivant  le  prii  que  CCi  nié- 
taox  précieux  ont  dans  le  commerce» 
L-i  valeur  numéraire  eil  celle  qu  il  plaît  au  fou 
rcrain  de  donner  à  telle  pièce  de  monnoie  y  & 
CCKC  valeur  arbitraire  doit  s'écarter  très-peu  de 
^   la  valeur  intrinsèque. 

H  Les  ûjjets  d'un  état  commercent  entre  eux  fur 
~  la  raleuf  numéraire,  fit  avec  les  étrangers  fur  la 
vakur  réelle  des  monnoies.  D*où  il  fuit  que  la  na- 
tion qui  met  plus  d  alliage  »  qu  une  autre  dans  fes 
monoûtes,  perd  auili  davantage  dans  fes  échanges. 
Rica  oVft  donc  fi  pernicieux  au  commerce  d'un 

■  pays  ,  qu'une  monooie  qui  eft  au-deflbus  du 
tixre  des  moanoîes  des  peuples  avec  lefquels  il 
trafique. 

CTcô  un  axiome  en  politique  qull  ne  faut  pas 
toucher  aux  monnoies. 

Cependant ,  lorfqu'il  furvîent  des  variations  dans 
la  valeur  de  For  Ik  de  Targent,  foit  par  Tabon- 
dacice  ou  par  Ja  rareté  de  ces  métaux,  il  efl  alors 
dt   la  prudence  du   fouverain    de  diminuer  ou 

rd'aogflif mer  la  valeur  numéraire  des  cfpéces ,  afin 
^  maintenir  la  juile  proportion  qu*il  doit  tou- 
jour%  y  avoir  entre  le  prix  de  Tor  &  de  Targent 
fOfS  ca  lingot ,  &  le  prix  de  ces  métaix  monnoyés. 
Ea  Europe  on  emploie  pour  la  fabrique  de  la 
Mk&onolc  l'or,  Targcnt  &  le  cuivre. 

^^^K^  ces  trois  métaux  ,  il  n'y  a  que  le  cuivre 
^HV  dont  on  fait  en  France  les  gros  fols ,  les 
Hpiéccs  de  deux  liards  »  les  liards  oc  les  deniers. 
^te  mètal^  fen  encore  à  faire  Talliage  des  pièces 
cTor  ÔL  d'argeoL 

Le   mélange  d^une  grande  quantité  de  cuivre 
&  d'uoe  petite  quantité  d*argent,  forme  l'alliage 
Bou*oa  nomme  le  hillun  ;   il  iert  à  la  fabrique  des 
^^îéces   de  ûx  liards  ^  de  deux  fols. 

Oq  a  foin  d'y  mettre  des  proportions  d'argent 
refpc<ftives  à  la  quantité  de  cuivre  ;  de  manière 
que  les  pièces  qu'on  en  forme  approchent  beau- 
coup de  la  valeur  qu'on  leur  donne. 

On  eft  convenu  de  certaines  mefures  idéales 
potv  nommer  &  apprécier  la  qualité  ou  la  pureté 
de  For  &  de  Targent. 

L'«T  fe  qualifie  par  le  nambrc  des  karats  ou 

dei  parties  qu'il  tient  de  fin.    Il  n'y  a  que  24  ka- 

fMâ  pcnif  exprimer   tous  fes  degrés  de  pureté; 

aiaG  Vor  à  24  karats  el^  Tor  le  plus  fin.   Chaque 

kjfat  fc  divife  en  demi  karat ,  en  quart,  en  hui- 

mne,  en  feizième,  en  trente- deuxième  de  karat, 

L'argent    fe  qualifie   par  le  nombre  de  deniers 

on  de  parties  qu'il  tient  de  fia  :  on  ne  compte 

^  dtittzfi  deniers  ;    ainfi  l'argent  à   douze  de- 

mtn  cft  Targent  le  plus  fin. 

Chaque    denier    le    divife    en    vingt  -  quatre 
paiof  *,   de  fime   que  Targent    à  onze  deniers 


MON  i^i' 

vingt-trois  grains,  fcroit  extrêmement  fin, ne  te- 
nant qu'un  grain  d'alliage. 

La  chofe  la  plus  elfeniielle  pour  un  maître  ou 
direC:teur  des  monnoies,  ell  de  connoitre  les  pro- 
cédés par  lefquels  on  peut  s'alTurer  de  Taffinagc 
de  Tor  6c  de  Targent,  &  de  favoir  faire  les  al- 
liages de  ces  métaux  dans  la  proportion  conve- 
nable. Il  eft  donc  important  d'entrer  dans  quel- 
ques détails  fur  Tart  de  les  purifier,  &  fur  lei 
moyens  d'en  reconnoitre  le  titre  ou  le  degré  de 
pureté,  avant  de  palTer  aux  opérations  du  mon- 
noyage. 

De  Vaffindge* 

n  y  a  différens  moyens ,  dit  M.  Macquer  dans 
fon  did,  de  chymle ,  d'affiner  les  métaux  par- 
faits indeAruftibles,  tels  que  Tor  &:  l'argent.  Ces 
moyens  font  tous  fondés  fur  les  propriétés  de 
ces  métaux,  8t  prentiem  différens  noms  fuivant 
leurs  efpèces;  ainfi ,  par  exemple,  l'or  ayant  k 
propriété  que  nVnt  par  les  autres  métaux,  m  l'ar* 
gent  même,  dt  réftlier  à  Taélion  du  foufre ,  de 
Tantimoine,  de  l'acide  nitreux,  de  Tacide  marin  , 
ces  fubllances  deviennent  des  agens  propres  à 
purifier  lor  de  l'alliage  de  toute  autre  fubflance 
métaftique,  &  par  conféquent  à  raffintr. 

Pareillement  l'argent  ayant  Li  propriété  que 
n'ont  pas  les  métaux  imparfaits  de  réfilier  à  l'ac- 
tion du  nitre,  ou  peut  l'affiner  par  le  moyen  de 
ce  fel. 

Mais  on  a  affeSé  particulièrement  le  nom  d^af- 
fîfiMgc  à  la  purification  de  l'or  &  de  Targcnt  par 
le  moyen  du  plomb  dans  la  coupelle  i  &  ce 
moyen  étant  le  plus  ufiié,  c'eA  à  celui-là  que 
nous  devons  nous  arrêter. 

L'affinage  de  lor  6c  de  l'argent  par  le  plomb 
dans  la  coupelle,  fe  fait  parla  deftrudiion,  la  vi* 
tnfication  &  la  fcorification  de  tout  ce  que  cej 
métaux  contiennent  de  fubftances  métallique» 
étrangères  &  dcûruélibles. 

Comme  il  n'y  a  que  les  métaux  parfa'its  qui  pul/ 
fent  réfifter  à  l'avion  combinée  de  Tatr  8c  du  feu 
fans  fe  brûler,  fans  perdre  leur  principe  îniîam- 
mable  ,  leur  forme  ^  leurs  propriétés  métalli- 
ques ,  &  fans  fe  changer  en  matières  terreufes 
ou  vitrifiées,  qui  ne  peuvent  plus  refter  unîe« 
avec  les  fubflances  dans  l'état  métallique*  OH 
pourroit  à  la  rigueur,  par  l'aOton  du  feuSt  leçon- 
cours  de  l'air,  purifier  l'or  &  l'argent  de  T^lliagc 
de  tout  métal  imparfait  \  il  ne  s'agiroit  pour" 
cela  que  détenir  ces  métaux  au  feu,  jufqu'à  ce 
que  tout  leur  alliage  fut  entièrement  détruit; 
mais  cette  purification  feroit  très  •  difpcn  dieu  fe* 
à  caufc  de  la  grande  conforamation  des  nirttièrefi 
combuûibles,  &  d'ailleurs  d'une  longueur  infinie. 
Cet  affinage  de  Tor  &  de  l'argent  par  la  fimplc 
a<Siion  du  feu  ,  la  feule  néanmoins  qu'on  coi  nût 
dans  l'ancien  temps  ,  ét*.nt  prefqu impraticable , 
on  a  cherché  8t  trouvé  un  moyen  beaucoup 
Rij 


132 


MON 


plus  court  &  plus  avantageux  pour  parrenîr  ffu 
même  but. 

Ce  moyen  confifte  à  ajouter  à  Tor  &  à  Tar- 
dent allié  une  certaine  quantité  de  plomb ,  & 
d'expofer  enfuite  ce  mélange  à  l'aâion  du  feu. 

Le  plomb  eft  un  des  métaux  qui  perd  le  plus 
prômptemcnt  &  le  plus  facilement  aflez  de  fon 
principe  inflammable  pour  cefler  d'être  dans  Tétat 
métallique  ;  mais  en  même- temps  ce  métal  a  la 
propriéti  remarquable  de  retenir,  malgré  Taôion 
du  feu ,  affez  de  ce  même  principe  inflammable 
pour  (t  fondre  aifément  en  une  matière  vitrifiée 
Ôt  très-vitrifiante  qu'on  nomme  Utkarge. 

Cela  pofé ,  le  plomb  qu'on  ajoute  à  l'or  &  à 
l'argent  qu'on  veut  affiner ,  ou  qui  fe  trouve  na- 
turellement mêlé  avec  ces  métaux,  produit  pour 
leur  affinage  les  avantages  fuivans: 

i^.  En  augmentant  la  proportion  des  métaux 
imparfaits^  il  empêche  que  leurs  parties  ne  folent 
au  li  bien  recouvertes  &  défendues  par  celle  des 
métaux  parfaits. 

2^  En  s'unifTant  à  ces  métaux  imparfaits ,.  il  les 
fait  participer  à  la  propriété  qu'il  a  lui-même  de 
perdre  la  plus  grande  partie  de  fon  principe  in- 
flammable avec  une  très-grande  facilité. 

3*".  Enfin,  en  vertu  de  la  propriété  vitrefcente 
&  fondante ,  qui  s'exerce  avec  toute  fa  force  fur  les 
parties  calcinées  &  naturellement  réfraâaires  des 
autres  métaux^  il  facilite  &  accélère  infiniment 
la  fonte,  la  fcorification  &  la  féparation  de  ces 
mêmes  métaux  :  tels  font  en  général  les  avan- 
tages que  procure  le  plomb  dans  l'affinage  de 
l'or  &  de  l'argent. 

A  mefure  que  le  plomb  dans  cette  opération 
ie  fcoriiie ,  &  (ctrifie  avec  lui  les  métaux  imparfaits, 
il  fe  fépare  de  la  mafTe  métallique  avec  laquelle 
il  ne  peut  plus  fèfler  uni.  Il  vient  nager  à  la 
furface ,  parce  qu'ayant  perdu  une  partie  de  fon 
phl^giflique,  il  a  perdu  auffi  une  partie  de  fa 
pelanteur  métallique;  enfin  il  s'y  vitrifie. 

Ces  matières  vitrifiées  &  fondues  s'accumule- 
roier.t  de  plus  en  plus  à  la  furface  du  métal  à 
mefure  que  l'opération  avanceroit;  elles  garan- 
tiroiîint  par  conféquent  cette  furface  du  contaâ 
de  l'air,  abfolumcnt  néceflaire  pour  la  fcorifica- 
tion du  refte ,  &  arrêteroient  ainfi  l'opération ,  qui 
ne  finiroit  jamais  ,  fi  l'on  n'avoit  trouvé  moyen 
de  lui  donner  un  écoulement. 

On  lui  procure  cet  écoulement  ou  par  la  na- 
ture même  du  vaifTeau  dans  lequel  la  mafTe  mé- 
tallique eA  contenue,  8l  qui  étant  poreux ,  abforbe 
&  imbibe  la  matière  fcorifiée  à  mefure  qu'elle  fe 
forme,  ou  par  une  échancnire  pratiquée  à  fon 
bord ,  &  qui  laiffe  couler  cette  même  matière. 

Le  vaifTeau  dans  lequel  on  fait  l'affinage  tû 
plat  &  évafé ,  afin  que  la  matière  qu'il  contient  pré- 
îentc  à  Tair  la  plus  granje  furface  poffible.  Cette 
forme  le  faîtrcnembler  à  une  coupe  i  &  lui  a  fait 
donner  le  nom  de  coupelle 

A  i'cjard  du  four  ou  fourneau,  il  doit  être  en 


M  O'N 

• 

forme  de  voûte ,  afin  que  la  chaleur  fe  porte  fur  la 
furface  du  métal  pendant  tout  le  temps  de  l'affinage. 

Il  fe  forme  perpétuellement  à  la  furface  du 
métal ,  une  efpéce  de  croûte  o«  peau  obfcure  ; 
mais  dans  le  moment  oii  tout  ce  qu'il  y  a  de 
métaux  imparfaits  efl  détruit,  &  où  par  confé- 
quent la  fcorification  cefTe,  la  furface  des  métaux 
parfaits  fe  découvre,  fe  nétoie,  &  paroit  beau- 
coup plus  brillante;  cela  forme  une  efpèce  d'é- 
clair, qu'on  nomme  efFeftivement  éclair  ^  fa^gf^' 
ration ,  corrufcation  ;  c'eft  à  cette  marque  qu*on 
reconnoit  que  le  métal  efi  affiné. 
"  Si  l'opération  efl  conduite  de  manière  que  le 
métal  n'éprouve  que  le  jufte  degré  de  chaleur. 
nécefTaire  pour  le  tenir  fondu  avant  qu'il  foîc 
fin ,  on  obferve  qu'il  fe  fige  fubitement  dans  le 
moment  de  Téclair,  parce  qu'il  faut  moins  do 
chaleur  pour  tenir  en  fufion  l'or  ou  l'argent  alliés 
de  plomb,  que  lorfqu'ils  font  purs. 

M.  Paerner,  chimifte  allemand,  prétend  que  lorf-* 
que  l'or  &  l'argent  font  alliés  de  fer,  l'affinago 
par  le  plomb  feul  ne  peut  les  en  débarraffer  cooi' 
plettemenc ,  mais  qu'on  réuf&t  en  ajoutant  dtf 
bifmuth.  ^  , 

L'affinage  fe'^faît  en  petit  ou  en  grand  :. cesdeuz 
opérations  font  fondées  fur  les  il  ^  mes  principes 
généraux  dont  ont  vient  de  parler  ;  &  fe  font 
à-peu-près  de  même ,  quoiqu'il  y  ait  quelques  di£> 
férences  dans  les  manipulations. 

Mais  l'affinage  en  grand  fe  faifant  à  la  fuite 
des  opérations  par  Icfquelles  on  a  tiré  l'argent 
de  fa  mine,  nous  ne  devons  pas  nous  y  arrêter; 
&  pour  ne  pas  nous  écarter  de  notre  objet ,  nous 
allons  expoier  ,  toujours  d'après  M.  Macquèr» 
la  manière  del  faire  Vejfai  de  l'or  &  de  l'argent  ; 
cet  ejfai  n'étant  lui-même  qu'un  affinage  très* 
exaâ  ,  &  fait  avec  toute  l'attention  poffible  » 
comme  il  le  faut  dans  les  monnoies. 

Ejfai  du  titre  de  l'argerU. 

La  méthode  ufitée  pour  déterminer  le  degré 
de  pureté  de  l'argent,  qu'on  appelle  fon  titre ^ 
confifle  à  mêler  cet  argent  avec  une  quantité  de 
plomb  proportionnée  à  la  quantité  de  métaux  im- 
parfaits avec  lefquels  ou  foupçonne  qu'il  eft  allié  ; 
à  pafTer  enfuite  ce  mélange  à  la  coupelle ,  &  à. 
pefer  après  cela  le  bouton  d'argent  fin  qui  refte. 
La  perte  que  cet  argent  fait  par  la  coupellatîon  » 
fait  connoître  la  quantité  de  métaux  imparfaits 
dont  il  étoit  allié  ,  &  par  conféquent  à  quel  iUre 
il  étoit* 

On  voit  par-là  que  l'efTai  de  l'argent  n'eft  autre 
chofe  que  l'affinage  de  ce  métal  par  la  coupel* 
lation. 

La  feule  différence  qu'il  y  ait  entre  ces  deux 
opérations,  c'efl  que,  quand  on  coupelle  de  l'ar- 
genr  uniquement  pour  l'affiner ,  ordinairement  on 
connolt  fon  titre  ;  l'on  y  mêle  la  quantité  de 
plomb  convenable,  &  on  le  pafTc  à  la  coupelle. 


MON 


i33 


I 


être  affiijcttl  à  avoir  les  attentions   conve- 

mtblcs  pour  s\^trurer  de  ton  déchet  pendant  IV 
péraijo-  ru  que  dans  ïcihï  il  eil  abfolu- 

n>«oi  0  -  dVmpIoyer  tous  les  moyens  pof- 

fibk»  pour  saûitter,  avec  la  deraiëre  exactitude, 
éc  la  pcne  que  fut  l'argent  par  b  coupellation, 

La  première  de  ces  opérations ,  ou  le  ftuiple 
affinage  de  rargeot ,  fe  fait  en  grand  dans  Tex- 
ploitatioo  des  tntnes  d'argent,  ou  dans  Les  mon- 
noies,  où  Ton  a  fouvent  une  grande  quantité  d'ar- 
gent à  affiner, 

La  féconde  ne  fe  fait  jamais  qu'en  petit,  parce 
^uc  les  frais  font  moindres  ,  &  qa*il  cft  d'ail- 
leurs plus  facile  d'opérer  avec  toutes  les  attén- 
uons 6c  toute  rexaûitudc  requîfe:>.  C'eA  de  cette 
opération  qu'il  s'agit  à  prcfcnt  :  voici  comment 
elle  ie  fait. 

Ofl  fuppofe  d*abord  nue  la  maffe  ou  le  lingot 
d'argent  dont  on  veut  taire  reiTai ,  eft  compofe 
de  douze  parties  par  toi  te  me  tu  égales  ,  quel  q^ue 
foit  d'ailleurs  le  poids  ablblu  de  ce  lingot;  6c  ces 

I  douze  patries  s'appellent  les  deniers. 
Si  ie  kngot  d'argent  eA  d'une  once  »  chacun  de 
«es  detiiefs  fera  un  douzième  d*once  ;  s'il  cil 
4  un  marCj  chacun  de  ces  deniers  fera  un  Jou- 
2irme  de  marc;  s'il  eft  de  lo  marcs,  chacun  de 
CCS  denieri  fera  un  douzième  de  lo  marcs ,  &c. 
Par  la  môme  raifon,  fi  ia  maffe  d'argent  eft 
exempte  de  tout  alliage  &  abfolument  pure, 
^ct  argent  fe  nomme  de  Cargmt  â  ta  deniers  ; 
^  elle  contient  un  douzième  de  fon  poids  d'al- 
liage ,  on  dit  que  cet  argent  eft  à  onze  deniers  ; 
iî  cUe  comietit  deu^i  douzièmes  ou  im  fixlème 
cTaiiisge ,  l'argent  n'efl  qu'à  dix  deniers  ;  &  ces 
dçfûers  ou  parties  d'argent  pur  s'appellent  de- 
mien  Je  fin. 

Il  cil  à  propos  d'obfervcr  au  fujet  de  ces  de- 
mhrs^  que  les  cfl^ayeurs  nomment  aulTi  denier  un 
fmds  de24gniins  réels,  c'eft-à-dlre,  le  tiers  d'un 

r^s ,  qu'on  nomme  en  médecine  un  fcrupuU. 
f^ut  prendre  garde  d«  confondre  ce  denier 
poids  réel ,  avec  le  denier  de  fin,  qui  n'ef!  qu'un 
poids  idéal  ou  proportionnel ,  ce  qui  p^ut  arri» 
ver  d'autant  plus  facilement  ,    que  ,   pour  plus 

rndc  ptécifion,  le  denier  de  fin  fe  divife  comme 
denier  réel  en  24  crains.  Mais  les  grains  du 
émxT  «le  fio  font  fictifs  Se  proportionnels  de 
néme   que  ce  denier  ,    &  f e    nomment   grains 

(Un  lingot  d'irgent  fin  ou  à  11  deniers  >  con- 
"^  d€mc  a88  grains  d^  lin»  Si  ce  lingot  con- 
Tvr  d'-tlliflge,  on  dir  qu'il  eft  à  11  deniers 
1^  gr:iias  ;  s*il  cornent  7^^  ou  ~  d'alliage  ,  Tar- 
|cct  «VU  qu^  OHM  déni»  '^  ^2  crauis;  s'il  contient 
Tfy  cru  7^  d'.illi  ce  ,  il  ïicK  qu'à  11  deniers 
10  grains  ,6;  ['uitc.    Enfin  le  grain  de 

Su   a    auifi    fc5  .    à  1  ordinaire  ^,   ^  de 

gnin,  ^c* 

Il  faut  fa  voir  encore  que  ,  comme  les'  effaîs 
pour  le  titre  de  Targeat  fe  font  toujours  en  pe- 


tit, les  eiïayeurs  ne  prennent  qu'une  petite  por- 
tion d'un  lingot  pour  le  foumettre  à  l'épreuve; 
6c  Tufage  eft,  du  moins  en  France,  d'en  prendre 
un  demi-gros  ou  36  grains  réels*  En  confèquence 
le  plus  fort  poids  qu  ils  ayent  pour  pefer  l'argent 
pour  les  effais,  eft  d'un  demi-gros  ou  de  36  grains 
réels.  Cs  poids  répond  ii  12  deniers  de  fin.  Ce 
poids  eli  fubdivifè  en  un  nombre  fuffifant  d'au* 
très  poids  plus  petits,  lcfc|uels  répondent  par 
confèquent  à  diiiFérentes  frayions  des  deniers  & 
des  grains  de  fin  :  ainfi  le  poidt  de  18  grains 
réels,  qui  eft  la  moiiiè  du  précédent,  répond  à 
6  deniers  de  fin  :  celui  de  trois  grains  répond  à 
un  denier  ou  à  14  grains  de  fin  :  celui  d*un  grain 
&  demi,  toujours  poids  réel,  répond  à  ii  grains 
de  fin  :  &  ainfi  de  fuite,  jufqu'à  ^  de  g'-ain 
réel  ,  qui  répond  à  J  de  grain  de  fin ,  lequel 
quart  de  grain  de  fin ,  nVft  que  ^  d'une  maffe 
de  12  deniers.  Ce  poids  réel  d'effai  pour  l'argent, 
avec  fes  divifions ,  fe  nomme  femelle  ou  poids 
de  femelU  pour  l'argent ,  parce  qu'il  y  en  a  un 
autre  pout  Tor ,  que  l'on  nomme  p^ids  de  fe- 
melle pour  Vor, 

On  fcnt  bien  que  des  poids  fi  petits ,  ainfi  que 
les  balances  deftlnées  à  les  pefer,  &  qu'on  nomme 
hdlances  d'effai ,  doivent  être  de  la  plus  grande 
jurtcil.'.  Ces  balances  font  fort  petites,  lufpen- 
dues  &  enfermées  dans  une  boete  vitrée,  laon 
feulement  pour  les  garantir  de  la  poufliére,  mais 
encore  pour  empêcher  que  le  mouvement  de  Tair 
ne  les  agite,  6c  n'en  trouble  l'opération  quand  on 
s*en  fen. 

Lorfqu'il  eft  queftton  de  faire  reffai  d^une 
mafie  ou  d'un  lingot  d'argent ,  Tufage  eft  de  faire 
cet  effai  double  ;  pour  cela ,  on  en  coupe  deux 
demi  marcs  fic^tifs,  qui  peuvent  être  chacun  de 
36  grains  réels  ou  égaux  su  principal  poids  de 
femelle*  Ces  deux  portions  d'areént  doivent  être 
pefées  avec  la  pîus  grande  exiélitude,  &  avoir 
été  prifes  l'une  en  delTus ,  &  Tautre  en  defibus 
de  la  malTe  ou  du  lingot. 

Ceux  qui  font  accoutumés  à  ces  fortes  de  tra- 
vaux,  connoiffent,  prefque  aufimple  coup-d'oeit, 
â  quel  titre  eft  l'argent,  ou  peuvens  fe  fervir  de 
la  pierre  de  touche  pour  le  connoîire  à  peu-prés; 
&  cela  règle  b  quantité  de  plomb  qu'on  doit 
employer  pour  refiai ,  cette  quantité  devant  être 
en  général  proportionnée  à  celle  de  Talliage  de 
Tardent* 

Cependant,  il  n'y  a  rten  de  déterminé  au  jufte 
fur  cette  proportion  du  plomb  avec  celle  de  Tal- 
liage;  les  auteurs  qui  ont  traité  de  cette  matière 
varient  entre-eux  :  ceux  qui  demandent  la  plus 
grande  quantité  de  plomb,  fe  fondent  fur  ce  qu'on 
eft  plus  fur  par  là  de  détruire  tout  Talliage  die 
l'argent  ;  ceux  qui  en  prtfcrivent  la  plus  petirg 
quantité,  afiTurent  que  cela  eft  nécenairc  ,  par  la 
raifon  que  le  plomb  emporte  ton  fours  un  peu  de 
fin.  Les  efTaycurs  eux-mêmes  ont  chacun  leur 
pratique  particuiière ,  à  laquelle  ils  font  attachés. 


MON 

Les  mimArcs  ccUirés,  dans  les  départemens 
defquels  font  ces  objets ,  fenunt  tous  les  incon- 
vénicns  qui  doivent  rélultcr  de  pareilles  inccr- 
citucJcs ,  ont  pris  les  mefures  les  plus  fages  pour 
les  faire  cefTer. 

Trois  chtmiftcs  de  racadémie  des  fdences, 
MM,  Hellot,  Tilict  &^acquer,  ont  été  nom- 
més pour  condater  tout  ce  qui  a  rapport  aux 
eiîats  d'or  &  d'argent ,  par  des  expériences  an- 
ihenciquesj  faites  fous  les  yeux  de  Thomme  d'éfat 
qui  avoit  ce  département  »  &  en  prèfence  des 
maeiilrats  de  ta  cour  des  monnoies. 

Il  a  été  conAatê  par  ces  recherches ,  que  le 
plomb  fait  toujours  entrer  un  peu  d^argcnt  dans 
là  coupelle  ;  &t  le  règlemcnc  qui  cft  intervenu ,  a 
û%è  que  : 

Pour  de  Tareent  d'affinage ,  il  faut  deux  par- 
ties de  plomb  fur  une  dVgent. 

Pour  de  Targent  de  vaiiîtllc  à  lï  deniers 
Il  grains,  quatre  parties. 

Pour  de  Targent  à  1 1  deniers  &  au-deâbus , 
Cix  parties. 

Pour  celui  à  lo  deniers  &  au-denbus ,  huit 
parties* 

Pour  celui  ï  o  deniers,  û\x  parties. 

Pour  celui  à  o  deniers,  douze  parties. 

Pour  celui  à  7  deniers ,  quatorze  parties. 

EnHn  ,  pour  celui  à  6  deniers  &  au-deflbus, 
feize  parties  de  plomb. 

On  choifit  deux  coupelles  égales  de  grandeur 
&  de  poids  ;  Tufage  cA  de  prendre  des  coupelles 
qui  fèfcnt  autant  que  le  plomb  qu*on  emploie 
dans  Teflai,  parce  qu'on  a  obfervé  que  ce  font 
celles  qui  peuvent  boire  toute  la  Litharge  qui  fe 
forme  penciant  Topération, 

On  tes  place  l'une  à  coté  de  Tautre  »  fous  la 
mouflie ,  dans  un  fourneau  d'eflai  :  on  allume  le 
fourneau»  on  fait  rougir  les  coupelles ,  &  on  les 
tient  rouges  pendant  une  bonne  demi  -  heure 
avant  d'y  nen  mettre. 

Cette  précaution  cft  ncceifaîre  pour  les  sécher 
&  calciner  parfaitement .  attendu  que  fi  elles 
contCQoient  quelques  parties  d*humldttè  ou  de 
matière  inflammable,  cela  occaftonneroit  du  bouil- 
lonnement &  de  reffervefcence  dans  l*eflai. 

Quand  les  coupelles  font  rouges  k  blanc  »  on 
met  dans  chacune  d'elles  ta  quantité  de  plomb 
qu'on  a  dctermioéc  :  on  tianne  chaud ^  ce  qui  fe 
fait  en  admettant  beaucoup  d'air  par  le  cendrier, 
dont  on  ouvre  les  portes  pour  cet  effet,  jufqu'à 
ce  que  le  plomb ,  qui  e^  bientôt  fondu ,  foit 
rouge,  fumant  &  agité  d*un  mouvement  qu'on 
appelle  cïrcuUnort^  ik  bien  découvert,  c'eR-à- 
dire,  que  fa  furface  foit  unie  &  affez  nette* 

On  met  alors  dans  chaque  coupelle  l'argent 
réduit  en  petites  lames ,  afin  qull  fe  fonde  plus 
promptcment,  en  continuant  à  donner  chaud  ,  %l 
même  en  augmentant  la  chaleur,  parle  moyen  de 
charbons  ardcns  qu'on  place  à  Tentrée  de  la  raouffle  r 
#n  fûittient  cette  chaleur  juûju'à  ce  que  l'argent 


I 


MON 

I  foit  tntfi  dans  U  plomk  ^  c'c(l*i-dire,  bien  fondii  j 
6c  parfaitement  mêlé  avec  ce  métal  ;  quand  Tcfoi 
cA  bien  circulant ^  ou  diminue  la  chaleur,  en  atant 
en  tout  ou  en  partie  les  charbons  qui  font  à  ren- 
trée de  la  moufflc ,  &  fermant  plus  ou  moins  Us 
portes  du  fourneau. 

On  doit  gouverner  la  chaleur  de  manière  que 
les  effais  aient  une  furface  fcnfiblement  convexe, 
&  parotfTent  ardens  dans  les  coupelles,  qui  alors 
font  moins  rouges  j  que  la  fumée  qui  sVn  éiève 
monte  prcfque  jufqu'à  la  voûte  de  la  moufflc; 
quil  fe  faite  coniinueltement  une  ondulation  en 
tous  fens  à  la  furface  des  eiTais,  ce  qui  s'appelle 
circuler  ;  que  leur  milieu  foit  Jiffe ,  &  qu'ils 
foient  entourés  d*un  petit  cercle  de  litharge  qui 
s'imbibe  cominuellement  dans  Us  coupelles. 

On  foutîent  les  effais    en  cet  état   iuf^'à   U    ^ 
fin  de  l'opération  ,   c'eil-à-dire  ,   jufqu  à  ce  que   ■ 
le  plomb    &  l'alliage  de  fin  qui   fe  fige   alors  »   ^ 
n  étant  plus  recouverte  d'une  pellicule  de  titharge, 
foit  êtL'w^nwt  tout-d'un-coup   vive ,   brillante  & 
d'un  beau  luifant ,   ce  qui  s'appelle  l'éclair;  ât  0 
l'opération  a  été  bien  conduite ,    les  deux  e^ats 
doivent  faire  leur  éclair  en  même-temps  ,   ou  i 
trcs-peu  d'intervalle  l'un  de  l'autre. 

Lorfque  l'argent  a  été  bien  a^îné,  on  voit  \m* 
médiatement  après  l'éclair ,  la  furface  du  bouton 
toute  couverte  de  couleurs  d'iris  ,  qui  ondulent 
&  s'entre-croifent  avec  beaucoup  de  rapidité,  8| 
alors  le  bouton  fe  fige. 

La  conduite  du  feu  cft  un  article  efTentiel  dans 
tes  ciTais;  il  eft  important  qu'il  n'y  ait  ni  trop^ 
ni  trop  peu  de  chaleur,  parce  que  s  il  y  a  trop  de 
chaleur  ,  le  plomb  fe  fcorifie  &  paiTe  dans  la  cou- 
pelle fi  promptement ,  qu'il  n'a  pas  le  temps  de 
fcorifier  &  d'emporter  avec  lui  t ou t^  l'alliage  de 
l'argent. 

Vil  n'y  a  pas  affez  de  chaleur,  la  litharge  $'a» 
malTe  à  la  furface,  &  ne  pénètre  point  li  cou- 
pelle :  les  effayeurs  difent  qu'alors  l'eflai  çft  aouj^ 
ou  noyé. 

Dans  ce  cas  Teflai  n'avance  pas,  parce  que  ta 
tiiharge  recouvrant  la  furface  du  métal ,  la  ga- 
rantit du  contaô  de  Tair*  qui  eft  abfolumcm  né- 
ceffaire  pour  la  calcination  des  métaux. 

On  rcconnoit  qu'un  effai  a  trop  chaud  ,  lorf- 
que la  furface  du  métal  fondu  eft  extrémemenr 
convexe,  qu'il  eft  agité  par  une  circulation  trés- 
fortc  ;  que  la  coupelle  eft  fi  ardente ,  qu'on  ne 
peut  dillinguer  tes  couleurs  que  la  litharge  lut 
donne  en  U  pénétrant;  enfin,  lorfque  la  fumée 
qui  s'élève  de  dcffus  Teflai ,  va  jufqu'à  la  vofuo 
de  la  mouflle,  ou  qu'on  ne  Tapperçoit  point  du 
tout  :  ce  qui  arrive,  non  parce  qu'il  n'y  en  a 
plus  alors ,  mais  parce  qu'elle  eft  fi  rouge  fii  ft 
ardente,  ainfi  que  tout  l'intérieur  de  U  mouffle» 
qu'on  ne  peut  ta  diftinguer. 

On  doit  diminuer  dans  ce  cas  ta  chaleur  eo 
fermant  le  cendrier;  quelques  ciTayeurs  mettcM 


ifa 


MON 

amoBf  des  coupelles  de  petits  morceaux 
obloiigs  Sl  froids  d'argille  cuite ,  qu*U$  appellent 

S  30  contraire  Je  métal  fondu  a  une  furface 
afipbnc  &  très- peu  fphérique  par  rapport  à  fa 
mmc^  me  la  coupelle  paroifle  fombre,  que  la 
bnée  oe  TeiTal  ne  faife  que  ramper  à  fa  fur- 
£ice  ,  que  ta  circulation  foît  trés-foibîe,  que  ks 
fcoiies  qui  paroitTcni  comme  des  gomtes  bril- 
lâmes n'aient  qu'un  mouvement  lent  &  ne  i'im- 
^bent  point  éèm  ta  coupelle  ,  on  peut  èirc  af- 
^"^^  qiw  la  chaleur  eft  trop  foible,  à  plus  forte 
oûe  le  métal  fe  fige  au  ù  congèle  ^  comme 
estent  les  cflayeiirs.  On  doit  alors  laugmcnter 
co  ourruit  le  cendrier  ,  en  plaçant  de  gros  char- 
bons ardens  à  l'entrée  de  la  mouffie  »  ou  même 
en  metuot  de  pareils  charbons  en  travers  fur  les 
coupelles  ;  mais  il  vaut  encore  beaucoup  mieux , 
coflune  le  remarque  fort  bien  M.  Ptjcrnsr  ^  éviter 
de  tomber  dans  ce  dernier  iRconvénioBt,  en  don- 
nant plufdc  une  chaleur  trop  forte  que  trop  foibîe , 
parce  que  Texcés  de  chaleur  ne  préjudicie  point 
il  feiifibtcffîent  à  reifai. 

On  commence  pM  ^donner  chauJ  aufTitôtquc  le 
plomb  di  dans  les  coupelles ,  parce  qu'il  les  re- 
^mUt ,  6c  qu'il  cil^néceffaire  qu'il  fe  fonde  prompte- 
meiit,   fie  même  que  la  chaux  qui  fe  forme  à  fa 

ȣmhcc  aufliiot  qu'il  eft  fondu ,  fe  fonde  elle- 
mUme  &  fe  convertiffc  en  litharge,  parce  que 
cette  chaux  étant  beaucoup  moins  fufible  que  le 
plôinb^  dcvlendroit  fort  difficile  à  fondre,  û  elle 
s'aAmlTolr  en  une  certaine  quantité, 

Loffqu*on  a  mis  largent  dans  le  plomb  décou- 
vert ,  il  faut  donner  encore  plus  chaud  ^  non- 
leoleiiiem  parce  que  cet  argent  refroidit  beau- 
coap,  mijs  encore  parce  quil  eft  bien  moins  fu- 
fiblc  que  le  plomb  ;  &  comme  on  doit  produire 
totis  ces  effets  le  plus  promptement  qu'il  efl  pof- 
libie ,  an  eA  dans  le  cas  de  donner  plus  de  cha- 
leur tiu*jl  n*en  faut  «  &  cVIl  par  cette  raifoo 
quet  iorfque  Targent  cft  intrê  dans  U  plomb  ,  on 
d^Kuig  ffvU  pour  remettre  les  elTais  au  degré  de 
cfaaleur   convenable. 

Pendant  toute  cette  opération ,  la  chaleur  doit 

aller  tottjours  en  augmentant  par  degrés  |ufqu'à 

la  fin  «   tant  parce  que  le  mélange  métallique  de- 

TÎeot  diamant  moins  fufible,  que  la  quantité  de 

plomb  diminue  davantage  ^   que  parce  que  plus 

k  proporîien  d'argent  devient  grande  ,    par  rap- 

pcn  à  celle  du  plomb,  &  plus  ce  dernier  métal, 

nratin  par  le  premier,   devient  difficile  à  fcori- 

feet.    On  fait  tnionc  «  p^r  cette  raifon  ,   que  les 

c&t9   aient  ut%  chaud  dans  k  temps   de   leur 

Quand  Topératton  eft  achevée ,  on  '  lalfle  en- 
rôle les  coupelles   au  même  degré  de  chaleur, 
'  Ht  quelques  momens ,  pour  donner  le  temps 
dernières  portions  de  fitharge   de  s'imbiber 
enrier ,  anendu  que  »  s'U  en  reftoit  un  peu 
(mb  kn  boiuons  de  fin ,  ils  y  ferolent  adhcrens* 


MON 


135 


Après  cela  on  ceffe  le  feu  ,  on  fait  refroidir 
les  coupelles  par  degrés  »  jufqu'à  ce  que  les  bou- 
tons de  fin  foient  figés  entièrement,  fur-tout  s^ils 
font  un  peu  gros  ,  parce  que  s'ils  fe  refroidirent 
trop  promptement  ,  leur  furface  extérieure  ve- 
nant à  fe  hger  &  à  prendre  de  la  retraite,  avaat 
que  la  partie  intérieure  fût  dans  le  même  état, 
comprimeroit  fortement  cette  dernière ,  qui  s'é- 
chapperoit  avec  effort ,  formeroit  des  végétations 
&  même  des  jets ,  en  crevant  ta  partie  exté* 
rieure  figée. 

Cet  inconvénient  s'appelle  écartement  ou  végé- 
tation  de  hontons^  On  doit  Té  virer  avec  grand  foin 
d2ns  les  cflais  v  parce  que  quelquefois  il  s'élance 
de  petites  parties  d'argent  hois  de  la  coupelle* 

Enfin,  quand  on  crt  affiiré  que  les  boutons  d'ef- 
fai  font  bien  figés  jufques  dans  leur  intérieur, 
on  les  foulève  avec  un  petit  outil  de  fer ,  pour 
les  détacher  de  la  coupelle,  lorfqu'ils  font  en- 
core trcs-chauds ,  parce  qu'alors  ils  s'en  détachent 
facilement;  au  lieu-que  quand  tout  eft  refroidi, 
il  arrive  fouvent  qu'ils  adhérent  à  la  coupelle, 
de  manière  qu'ils  en  emportent  avec  eux  de  pe- 
ntes parties  ,  ce  qui  oblige  de  les  nétoycr  par- 
faitement avec  la  grat:c-hjfe. 

Il  ne  s*agii  plus  après  cela  que  de  pefer  bien 
cxaftemcnt  ces  boutons  à  la  balance  d'eflaij  la 
quantité  dont  ils  auront  diminué  par  la  coupel- 
lation  ,  indiquera  au  juAe  le  titre  de  la  maH'e  oa 
du  lingot  d'argent  effayé» 

Il  uut  obfcrver  que  comme  il  tî*y  a  prefquc 
point  de  plomb  qui  ne  contienne  naturellement 
de  l'argent,  &  qu'après  la  coupellation  cet  ar- 
gent du  plomb  fe  trouve  coiïfondu  avec  le  hou» 
ton  du  hn  ,  dont  d  augmente  le  poids  ,  il  ck 
trcs-efTenticl  de  connoitre,  avant  que  d'employer 
du  plomb  dans  des  effais,  la  quantité  d'argent 
quM  contient  naturellement,  pour  la  défalquer 
du  poids  du  bouton  d'eHai. 

Pour  cela,  les  effayeurs  paflknt  une  certaine 
quantité  de  leur  plomb  tout  f.ul  à  la  coupelle, 
pèfent  avec  exaaitude  le  petit  bouton  d^  tin 
qu'ils  laiflent  :  ou  bien  on  peut  mettre  dans  une 
troîfiéme  coupelle  du  même  plomb  qu'on  em- 
ploie dans  les  effais ,  &  en  poids  égal  k  celui  qui 
entre  dans  un  effai  ;  &  après  l'opération  ,  lorf- 
qu'il  s'dgit  de  pefer,  ou  met  du  côté  da  poids 
le  petit  bouton  de  fin  lailTé  par  ie  plomb  feul: 
on  rappelle  Je  témoin ,  cela  évite  des  calculs. 

Pour  éviter  ces  petits  embarras,  les  eflayeu:s 
fe  procurent  ordinairement  du  plomb  qui  ne  coti- 
lient  poifit  d'argent,  tel  qu'efl  ,  à  ce  qu'on  aflurc, 
celui  de  Willach,  enCarinthie,  qui  efl  recherché 
par  les  effayeurs  à  caufe  de  cela. 

On  remarquera  en  fécond  lieu,  qu'il  paiTe  tou- 
jours une  certaine  quantité  de  fin  dans  le:i  cou* 
pelles  ,  alnfi  qu'on  Ta  remarqué  depuis  long- 
temps dans  les  affinages  en  grand,  ÔL  que  la 
même  chofe  a  lieu  aufli  dans  les  effais  ou  épreuves 
en  petit  ;  que  cette  quantité  peut  varier ,  fuivant 


t36 


MON 


la  matière  Sl  la  forme  des  coupelles  :  objets  qui 

ont  été  déterminés  avec  U  plus  grande  pricifion 
dans  le  travail  dont  on  a  parlé  ci-deiïus,  & 
que  M.  Tillet  a  fulvis  encore  depuis  avec  une 
cxiftinide  fcropuleufe ,  comme  on  peut  le  voir 
dans  les  mémoires  de  Tacadèmie  ,  année  176} 
&  17(59- 

La  coupellation  qu'on  vient  de  décrire  ,  eft 
exaâement  la  même  pour  les  enfaîs  par  Icfquels 
on  dÀtefmine  le  produit  d'une  mine  a  argent ,  ou 
d*une  mine  tenant  argent.  Mais  comme  il  n'eA  pas 
rare  que  ces  mines  contiennent  aufli  de  Por ,  quel- 
quefois même  en  quantité  aiTez  conftdérable,  il  eA 
à  propos  ,  lortqu  on  fait  ces  fortes  d  effais ,  de 
faire  enfuite  le  départ  des  boutons  de  iîn  qu^bn  a 
obtenus*  On  peut  être  aiTuré  d'avance  que  Tar- 
gent  effayé  eil  fort  riche  en  or,  quand  les  bou* 
tons  de  fin  ont  un  petit  œil  jaunâtre. 

Effai  du  t'un  d^  ton 

Le  poids  fiftif  pour  déterminer  le  tkre  de  ^ox^ 
&  le  poids  de  femelle  pour  Teffai  de  ce  métal, 
font  différens  de  ceux  de  Targent  :  une  ma^e 
quelconque ,  ou  un  lingot  d'or  fuppofé  parfaite- 
ment pur,  ou  ne  contenir  aucune  partie  d alliage, 
fe  divife  idéalement  en  14  parties  ,  qu*on  nomme 
karàti  :  cet  or  pur  eft  par  confcqucnt  de  Tor  à 
24  karats.  S'il  contient  un  vingt-quatrième  de 
fon  poids  d'alliage ,  il  n'eft  qu'à  23  karat*  ;  s'il 
en  contient  deux  vingt-quairiémes  ou  un  dou- 
zième,  il  n*eA  qu'à  22  karats,  &  ainâ  de  fuite. 

On  voit  par  \k  que  le  karat  de  l'or  n'eft  qu*un 
poids  relatif  &  proportionnel  ;  en  forte  que  le 
poids  réel  du  karat  varie  fuivant  le  poids  total 
de  la  maffe  d'or  qu'on  examine.  Si  cette  maflTe 
d  or  eft  d'un  marc ,  le  poids  réel  du  karat  fera 
un  vingt  quatrième  de  huit  onces  ,  ou  2  gros 
2  deniers,  à  24  grains  le  denier  ;  fi  la  maife  d'or 
eft  d'une  once  ,  fon  karat  pefera  réellement  un 
vin^t-quatriéme  d*once ,  ou  24  grains  ;  fi  elle 
n'eft  que  d'un  denier  ou  de  24  grains,  le  poids 
réel  de  foQ  kirat  fera  d'un  grain ,  &  ainfi  de 
fuite. 

Pour  plus  grande  précifion  ,  le  karat  de  Tor 
fe  divife  en  32  parties,  qui  n'ont  pas  d'autre  nom 
que  des  trcnu-dcuxièmi  dt  karats  :  ces  trente- 
déuxicmcs  font  des  poids  proportionnels  &  rela- 
tifs ,  comme  le  karat  dont  ils  font  les  diviftons; 
ainfi  jT  de  karat  d'or  cft  jj  de  t;  ou  rg-f  d'une 
«laflc  d'or  quelconque  >  6t  de  l'or  qui  ne  con- 
tient que  yji  d'^liage,  s'appelle  de  for  h  n.}  ka- 
rats Y7  ;  de  l'or  qui  ne  contient  que  tîT  ^"  TïT 
rf'ailtagc»  s'appelle  de  Tor  à  i]  karats  j^p  m 
ainfi  de  fuite. 

En  france ,  le  poids  réel  ou  de  femelle  qui  eft 
ordonné  pour  l'or ,    eft  de  24  grains  ,  poids  de 
émnrc.    Ce  poids  repréfcnte  par  confcquent ,  ou 
pUitAt   réalife  les  24  karats;   chaque    karat  dé- 
laient pr  là  uo  gru'in  réel  ;  diaquc  treme*dey 


MON 

xiême  de  karat  devient  un  trente-deuxième  ém 
grain ,  &c. 

On  tolère  cependi|pt  que  les  enTayeurf  ne  pren* 
nent  que  11  grains,  &  mèms  6  grains  pour  leur 
poids  de  femelle  ;  mais  la  juflefe  &  la  fenCbt-' 
ïité  de  leurs  balances  doivent  erre  bien  grarnlci 
pour  des  poids  aufli  petits  que  ceux  dcî  Ir^iflioni 
d'un  poids  principal  de  femelle,  quiefl  lui-même 
fi  petit, 

Lorfqu*îl  eft  queftion  de  faire  Teffaî  d^nne 
marte  ou  d'un  lingot  d'or,  on  en  coupe  ou  on 
en  doit  couper  24  grains,  qu'on  pëfe  exaélement* 

On  pèfe  d'une  autre  part,  72  grains  d'argent 
fin  :  on  pafle  ces  deux  métaux  enfemble  à  la 
coupelle,  en  employant  à-pei;-près  dix  fois  plii^ 
de  plomb  qu'il  n'y  a  d'or» 

On  conduit  cette  coupellation  ,  précifément 
comme  celle  pour  l'effai  du  titre  de  l'argent,  fi 
ce  n'eft  qu'on  chauffe  un  peu  plus  vivement  fur 
la  lin. 

Lorfque  rcffai  eft  prêt  à  faire  fon  éclair,  Tor 
fe  trouve  après  cela  débarrafTé  de  tout  autre  tl; 
liace  que  de  l'argent. 

Si  on  eft  curieux  de  voir  combien  il  contenoit 
de  cuivre  ou  autre  alliage  deftruÔible  à  la  cou- 
pelle, on  pèfe  exaftcment  le  bouton  de  fin  qui 
reftc  ;  la  diminution  qui  fe  trouve  fur  la  fomme 
du  poids  de  Tor  6c  de  l'argent ,  donne  la  quaA* 
tité  de  cet  alliage. 

Apres  cela ,  on  applatit  ce  bouton  de  fin  fur 
le  tas  d'acier  ,  en  le  faifant  recuire  .à  mcfurç 
qu'iiyécrouit,  de  peur  qu'il  ne  fende. 

On  le  réduit  par  ce  moyen  en  une  petite  tainv 
qu'on  roule  enfuite  en  forme  de  cornet ,  puis  on 
en  fait  le  départ  par  l'eau  forte. 

La  diminution  qui  fe  trouve  fur  le  poids  de 
l'or  ,  après  le  départ ,  fait  connoître  la  quantité 
d'alliage  que  cet  or  contenoit. 

L'eifaî  du  titre  de  l'or  fe  fait  donc  par  deiut 
opérations ,  dont  la  première ,  qui  eft  une  coupel* 
lation  ,  lut  cniève  tout  ce  qu'il  contient  de  mé- 
taux imparfaits;  &  la  féconde  ,  qui  eft  le  départ, 
en  féparc  tout  ce  qu'il  contient  d'argent. 

II  y  a  une  autre  opération ,  qui  eft  la  purificft» 
tion  de  l'or  par  l'antimoine  ,  laquelle  eft  une 
efpèce  de  départ  fec. 

On  fépare,  par  cette  feule  opération, en  même- 
temps  les  métaux  imparftits  &  l'argent  alliés  avec 
lor;  mais  cette  purification  r'eft  pas  ftifccptible 
d'une  aifcz  •  hon  pour  pouvoir  fervir 

à  TeiTai  ou  i  Jition  du  titre  de  Yor* 

fgrmaHi/ï  jvrc  Uf^itia  on  r.'^^r^'if ,  gant  à  la  fi» 

jugemfni  de   <t 


mis  en  fonte  une  certaine 
^  qu'elles  fe  trouvent  rè- 
'  P'      *       '  gouiic  que  l'aft 
jm  viiaj. 

On 


MON 

Ofl  foutient»  pendant  le  temps  que  dure  fan 
opératioa  ,  Iç  degré  de  chaleur  nècefTaire  pour 
eiifrercnir  la  matière  dans  le  mcme  état  {uiqu'à 
ce  00*11  au  donné  fon  rapport. 

Ce  rapport  détermine  à  ajouter  du  fin  ou  de 
TiUiaee ,  fi  la  matière  efl  a  un  titre  au-deHus  ou 
ao-deubus  de  celui  que  doivent  avoir  les  efpèces; 
B  eQe  fe  trouve  au  titre ,  on  la  coule  dans  les 
moules  à  ce  deflinés. 

Quand  la  fonte  cfl  réduite  en  iamcs^  Teffayeuf 
en  Uit  un  nouvel  cffai  ;  &  s'il  en  réfulte  qu'elle 
ne  fc  trouve  pns  au  liîre  fiié  par  la  loi ,  il  en 
donne  avis  aux  juges -gardes,  qui  la  font  refondre 
ea  leur  ptéfencc ,  ëi  y  font  ajouter  la  quantiié  de 
&i  oèce^Taire  pour  la  porter  au  titre. 

C^tc  nouvelle  fonte  étant  coulée,  Teflayeur 
en  lîit  un  nouvel  effai  &  en  donne  fon  rapport  ; 
s*îl  cfl  favorable  ,  on  envoie  les  lames  ay  lami- 
nair  pour  les  y  dègroiTir  ;  on  les  fait  recuire  en 
fuite,  apr^  quoi  on  les  fait  repaffer  de  nouveau 
au  Uaiinoir ,  afin  de  les  ré  juirc  à  Tépaiffeur 
que  doivent  avoir  les  efpèces  que  Ton  fe  pro- 
pofe  de  fabriquer. 

Ces  tames  ainfi  réduites ,   on  les  pafTe  au  cou- 
p9êr  ^   où  elles  font  coupées  en  flans  de  la  gran- 
i  <kitr    &   ï  peu -prés   de  la    pefameur   desdites 
^efpèces. 

On  livre  cnfuîte  ces  flans  aux  ajufleurs^  qui  vé- 
fievif  exa^ement  leur  poids.  Ils  mettent  au  rebut 
qui  fe  trouvent  trop  foi  blés ,   &  réduifent 
"avec  U  lime  ceux  qui  font  trop  forts* 

Ces  flans  ainfi  ajuftés  paffent  de  leurs  mains 
dans  celles  de  leur  prévôt  ou  de  fon  lieutenant, 
qui  les  Têrîfie  encore  pièce  par  pièce. 

Ces   mêmes  flans   tubiffent,    après  tajuflage  ^ 
un  nouveau  recuit  ;  ils  paJTent  enuiite  au  blanchi- 
€tii  ,  &  delÀ  à  la  marque  fur  trAnche ,  après  quoi 
I  font  livrés  aux  monnoyeurs. 
Dès  que  Fon  commence  à  monnoyer ,  tcjfdycur 
cft  a%"crti  de  venir  prendre  fa  ptuilU ,  afin  d'en 
faire  TelTai  \  il  doit  la  prendre  au  hafard. 

Cette  peuille  repréfcnte  par  fon  iitre ,  celui  de 
^Moces  les  pièces  qui  compofent  la  hrtvc  dont  elle 
B&jt  partie* 

^Ê  L*cflaycîir  fait  Teffai  de  cette  peuille,  &  s'il 
^pa  trouve  au  titre,  toute  la  brève  eA  réputée 
^^dsTH  l'j  "   ;   il  en  prévient  les  juges-gardes , 

iL  Ton  -  ^  de  monnoyer. 

S*îl  arrive  aue  la  peuille   fe  trouve  hors  des 
mnédes,    &  lur  Favis  que  TeiTayeur  en  donne 
I       iBX  iuges-gardes,  ils  U  font  refondre,  &  y  font 
iincrtL^r  îe  fin  i]ui  manque. 

brtvt  eft  monnoyée,  c*eft- à-dire, 
«uj  iL^  ^iwccs  qui  la  compofent  ont  reçu  l'em- 
'■im»  *l^i  poinçon î  d'effigie    &  d'écufTbn ,.    les 
j  U  p*  aux  ju^cs'gSrJes ,  qui  vé- 

•*  »  ces  pièces  Tune  après 

•ut  celles  qu*ils  trouvent 
ou  trop  fortes. 
é*ra  ff  ^,     Partie  /, 


MON 


157 


Cette  vérification  faite,  les  juges«gardes  dref* 
fent  un  procès-verbal  de  délivrance,  par  lequel 
ils  annoncent  la  quantité  de  pièces  qu'ils  délivrent 
au  dire^eur ,  la  nature  de  ces  pièces ,  leur  poids , 
6c  le  titre  auquel  Teffayeur  les  a  rapportées  avant 
de  faire  la  délivrance  d'une  brève  au  dire^eur; 
les  juges-gardes  en  retiennent  un  certain  nombre 
de  pièces  ,  qui  a  été  fixé  par  un  arrêt  de  la  cour 
des  monnoies,  du  22  août  1750 ,  dans  les  propor-* 
tions  fuivantes ,  favoir  : 

Pour  Vor  ;  fur  une  délivrance  qui  n'excède  pas 
400  pièces,  deux  pièces  ;  fur  celle  qui  eicède 
400  &  n'excède  pas  600  pièces ,  irois  mèces  ,■  fuf 
celle  qui  excède  600  &  n'excède  pas  800  pièces, 
quatre  pièces  ;  &  ainfi  à  proportion  ,  fi  les  déli- 
vr^-rKcs  font  plus  fortes. 

Pour  Purgent  ;  une  pièce  fur  une  délivrance  qui 
n'excède  pas  ço  marcs  ;  deux  pièces  fur  celle  qui 
excède  50  ,  &  n'excède  pas  100  marcs  ;  trou 
pièces  fur  celle  qui  excède  100  &  n'excède  pas 
1  yo  marcs  ;  &  ainfi  à  proportion ,  fi  les  délivrances 
font  plus  fortes. 

Sur  chaque  délivrance  de  demi-écus,  qui  n*ex-» 
cédera  pas  50  marcs,  deux  pièces  ;  fur  celle  qui 
excédera  ço  &  n'excédera  pas  loo  marcs,  quatre 
pièces  ;   &  ^fi  à  proportion. 

Quant  aux  cinquièmes ,  dixièmes  Si  vingtièmes 
d'écus  ,  l'arrêt  ordonne  qu'il  fera  retenu  cinq 
pièces  des  premiers ,  dix  des  féconds  ,  6c  vingt  des 
trcifièmes,  par  chaque  délivrance  qui  n'excédera 

f)as  50  marcs  ;  &  ainfi  à  propoi tion ,  fi  les  dé- 
ivrances  font  plus  fortes;  &  à  l'égard  du  hillon^ 
il  doit  être  retenu  fix  pièces  de  vingt-quatre  de- 
niers ^  fur  chaque  délivrance  qui  n'excédera  pas 
50  marcs ,  &  ainfi  à  proportion ,  fi  les  délivrances 
font  plus  fortes. 

Toutes  ces  pièces  font  mîfes  à  part ,  &  après 
avoir  été  étiquetées,  on  les  enferme  dans  une 
boîte,  pour  fervir  au  jugement  du  travail;  c'e/l 
ce  que  Ton  nommî  deniers  de  botte  ^  ou  denien 
emboîtés. 

Le  procès-verbal  de  délivrance  doit  être  fignè 
des  deux  juges-gardes  ,  du  direfteur,  do  contré- 
leur-contre- garde  &  de  reiTayeur»  &  f>orté  far 
un  regiâre  à  ce  defliné. 

Lorfque  l'eflayeur  eft  appelé  fNiBr  figner  ce 
procès-verbal  ,  il  apporte  la  peoBle ,  Il  l'enve- 
loppe en  préfence  des  juges-ginles  dam  un  p^ 
pier  qu'il  cacheté ,  &  fur  lefoel  3  écm  cette  1^ 

mule  :  du  .  ^  ,  tj P''^  dtmm  kmm 

de   .  *  .  .    louis  ou  écÊs  it  m  m  •  P^f^^  *  -  -- 
marcs  au  titre  de  ,  ,  ^  ,  &  îi  f^m» 

Cette  peuille   ell 
coffre  fermant  à  trob  defr,  fw^ 
entre  les  matos  des  j^ps-f^^do^  k  4 
Tautre,  &  refiE^cori 

Les  denien  4fe  " 
à  la  cour  des  1 
très  efpèces  et  \ 
mèncMBÊeft 


38 


MON 


huon  (c*cft  ce  que  Ton  nomme  des  dtnîcrs  fu- 
rans)  ^  afin  de  procéder  fur  les  lanes  comme  fur 
îes  autres»  au  jugement  du  rravaif. 

On  commence  par  ^ire  la  vénficaûoti  du  poids , 
Cjx  pcfant  un  marc  de  pièces  de  cll^quâ  eCpécCf 
prîfes  au  hafard ,  d'ahord  lur  tes  deniers  de  boite  » 
éc  enfuite  (ur  les  deniers  courans;  on  compare  le 
poids  reconnu  par  la  peféc,  à  celui  que  les  juges- 
gardes  ont  annoDçè  par  le  rcgiftre  des  déli- 
vrances. 

Ces  peftcs  fe  font  par  le  greffier  en  chef  de  la 
Cour,  en  préfence,  tant  du  cojifciller  quelle  a 
com.nis  au  jugement  de  la  boice  que  du  procu- 
reur gciîè*al. 

Si  les  oflSciers  de  la  mrnnoie  ou  ces  cfpéces 
onr  été  fabriquées ,  fe  trouvent  à  Paris  ,  il  leur 
cil  permis  d'aflifter  à  cette  vérification ,  la  cour  y 
fait  mbmc  appeler  les  officiers  de  la  monnoie  de 
Paris,  Jorf|u'il  cft  queflion  de  leur  boîte. 

Le*  dîreâeurs  ét^nt  tenus  de  fabriquer  droit  de 
ffoJf^  iî  leurs  eCpéccs  font  jugées  fnibles  djuis 
les  rcntédcs,  la  cour  les  condamne  à  refluer  au 
Roi  le  moniant  de  ce  falbhs^e  fur  tout  leur  tra- 
vail de  Tannée  ;  eile  ètabUt  ce  foiblage  en  com- 
parant ,  foit  le  poids  qui  rèfulte  de  la  pefèc 
qu'elle  a  fait  faire  ,  foit  celui  qui  fd  porté  par 
le  régi  (Ire  des  délivrances  ^  avec  celui  auquel 
le  dirt.ftcur  a  dû  travailler  :  elle  prend  toujours 
pour  bafe  le  plus  foible  de  ces  trois  poids. 

Si  le  iravjil  efl  jugé  hor*  des  remèdes  ,  U  di- 
fcfteur  cfl  condamné  a  reftttuer  au  Roi  le  mon- 
tant de  tout  le  foihU^i ,  &  à  payer  folidaîrement 
avec  les  juges-gardes^  une  amende  telle  quil  plaît 
à  ia  cour  de  Ki  Axer* 

La  véiification  du  titre  des  deniers  de  boite  ^  & 
des  deniers  couans,  fe  fait  conjointement  par 
Teflayeurgcnérwl  des  monnoics  ,  6l  Teffayeur 
pari>culier  oe  la  tnonnoie  de  Paris* 

Lorfqii'il  eft  quet'^ion  d'y  procéder,  le  confeil- 
1er  qui  a  été  commis  au  jugement  de  la  boiie^ 
fe  tranfporte  au  griffe  de  la  cour  ,  ii  y  prend 
au  hafard  tel  nombre  qu'il  \eut  de  dtnurs  dt 
boite  &  de  dtmers  courans;  m.is  il  ne  hcut  pas 
en  prendre  moins  de  deux  de  chaque  efpèce  :  il 
fait  couper ,  de  chacune  des  pièces  qu'il  a  choi- 
fiev  »  un  petit  morceau  que  Ton  nomme  prife 
dfJfAt  ;  il  enferme  enfuite  chacune  de  ces  pièces 
d^ns  un  cornée  particulier  qu'il  numérote ,  il  en- 
veloppe particulièrcmcm  chaque  prijc  ScJfM  dans 
un  cornet  particulier,  auque)  il  donne  un  numéro 
correfpondant  à  celui  que  p<  rtc  le  cornet  de  la 
pièce  qui  Ta  fournie;  tous  ces  prèj)ar;4tif.  fc  font 
avec  les  précautions  néccÛTaires  pour  empêcher  que 
les  cflayeurs  ne  devinent  le  r^m  de  la  monnoie 
lont  ils  vont  vér;fier  le  travaiL  Les  chofes  ainfi 
iifpofécs,  le  coflimilTairc  de  la  cour  leur  remet  les 
>rifes  d'eâ!ai  fur  Icfquelles  Us  doivent  opérer;  ils 
n  conrtaient  le  titre  en  fa  préfervce  oc  en  font 
;ur  rapport,  dont  on  rédige  enfuite  un  procès- 


MON 

verbal;    M.   le  procureur  général  efl  prSr^m 

toutes  ces  opérations. 

Si  le  ture  a  été  rapporté  échari  dans  les  ne* 
mèdes  ,  le  dire^eur  eft  condamné  à  reftituer  au 
Roi  le  montant  de  cette  écharfaté  ;  s'il  efl  trouvé 
èchars  liors  des  remèdes,  la  cour  le  condamae 
non- feulement  à  reflituer  le  montant  de  Téchar- 
feté  ,  mais  encore  à  payer  une  amende,  qui» 
conformément  i  Tédii  de  feptembre  1778,  ne 
peut  être  moindre  du  double  du  montant  de  la 
reDitution.  L'ciTaycur  cù  aulG  condamné  en  une 
amende  arbitraire. 

Dans  ce  dernier  cas ,  la  cour  ordonne  tou joQfi 
une  féconde  vérification  ,  que  Ton  nomme  rcprifi 
d^Jfai  ;  on  y  procède  avec  les  mêmes  formalités 
qu'à  la  première ,  &  en  préfence  du  diredeur  Sc 
de  rcflayeur ,  ou  eux  duemcnt  appelés,  en  vertu 
d*unc  aÔlgnatlon  qui  leur  eft  donnée  à  la  requête 
du  procureur-général. 

Si  par  le  réfultat  de  cette  rcprife  d'effaî ,  les 
deniers  reviennent  dans  les  remèdes  de  loi ,  on 
n  a  aucun  égard  aux  premiers  rapports  ,  &  Tè* 
chiirfeté  du  travail  efl  arrêtée ,  comme  pour  k* 
ccharfetès  dans  les  remèdes. 

Si  les  rapports  des  féconds  cflaîs  fe  trauvear 
plus  hauts  ou  plus  bas  que  les  premiers ,  &  tc- 
pcndant  toujours  hors  des  remèdes ,  Técharfeté 
de  tout  !e  travail  eft  arrêtée,  conformément  à 
Tarr*  10  de  la  déclaration  du  10  mars  1774,  fur 
le  pied  du  titre  de  la  pièce  la  plus  écharfe ,  ca 
préférant  néanmoins  le  titre  le  plus  haut  auquel 
elle  a  été  rapportée,  foit  par  le  premier  edâi», 
foit  par  le  fécond. 

L'article  9  de  Tédit  de  feptembre  1778  ,  auîo- 
rife  TeiTayeur  à  demander  qu*il  lui  foït  permis  de 
faire  ;»pporter  fes  peuillcs  pour  être  effayèes, 
fous  les  yeux  de  la  cour,  &  le  décharge  de  IV 
mende  fi  elles  fe  trouvent  dans  les  remèdes,  (i) 

Il  efl  temps  de  mirqucr  toutes  les  circonl- 
tances  qui  doivent  être  obrcrvécs  d-ins  le  caurs 
de  la  fabrication  des  efpéces,  tant  par  les  maîtres 
des  monnoics  &  les  commis  aux  régies ,  que  par 
ks  officiers  des  monnoies,  alnfi  qu'ils  y  font  ooU- 
gés  par  les  ordonnances. 

Ce  Je  de  i  année  1566,  veut  que  les  matUrts 
d'or  &  d'argcni  iful  feront  portées  dans  Ut  mon- 
nuits  ^  y  foient  converties  en  efplccs  aux  coins  & 
armes  du  Roi, 

M.iis  cftmme  ces  matières  font  ordinairement 
de  diffàrcns  titres,  les  miitres  ou  commis  en 
font  Talliage  fur  le  pied  du  ture  des  efpéces  à 
fabriquer,  •  ^* 

On  péfe  à  cet  cflFn  les  matières  d'or  Apart^ 
ment,  félon  leur  qualité  &  la  différence  de  loir 
titre  ,  6t  on  tait  un  calcul  exaâ  des  trente* 
deuxièmes,  qui  font  au  deflns  du  titre  dts  i-fpécei 
il  fabriquer,  &  des  treatc  deuxièmes  qui  fom  au* 


(t)  Extrait  Àt  Pélutaméik  4ts  M^nnoitM^ 


_      je  "• 

I 


I 


I 


I 


MON 

dettotis  du  mcme  tar^  ;  enforte  que  le  plus 
in<  rnèlésenfemble,'ne  foient  ni  au-defTus  ni 
du  litre  des  erpèccs,  mais  autant  juftes 
i-L  .wOt  èire. 

"e^ird  des  matières  d'argent»  on  les  pèfe 
ÛDirèment  félon  leur  qualité  &  la  diffé- 
rence de  leur  titre,  &  on  fait  un  calcul  exaâ 
des  grains  de  hn  qui  font  au-deiïiis  du  titre  des 
xfpéocs  k  fabriquer  »  &  des  grairfs  de  un  qui 
foQ!  au-deiTous  du  même  titre  »  afin  que  te  plus 
&  ïe  tnoias  alliés  enfemble  ,  ne  foient  ni  au-deffus 
m  au-ddTous  du  titre  des  efpéccs,  mats  autant 
lloRts  quVs  peuvent  être. 

Quand  les  matières  ont  été  altîèes,  on  les  fond 
dans  les  creufcts  de  fer  ou  de  terre ,  que  Ton  met 
dam  des  fourneaux  de  briques  ^  qui  font  bâtis 
contre  le  mur  fous  de  grands  manteaux  de  che- 
minées :  ces  fourneaux  font  â  vent  ou  à  foufflei. 

Ce  qu'on  appelle  creufei  de  terre,  n'eft  autre 
ttiole  qu*v/i  vaijfeau  en  manière  de  pyramide ,  ou  de 
cent  ratverfi ,  qui  eft  fait  de  terre  glaife  &  de  pots 
di  j^ès  pi  Us  6*  tamifès  ,  &  qui  efl  prapre  à  fondre 
far^  r argent  &  autres  métaux, 

Qoant  au  creufet  de  fer,  c'eft  un  vaijfeau  en 
manurf  de  petit  feau  fant  anfe  ,  qui  ej}  de  fer 
fi^r^é  »  6*  qui  efi  propre  â  fondre  les  métaux  â  la 
réfcTyre  de  Cor  »  parce  qiiil  s*y  aifriroh, 

II  y  a  des  crcufets  de  terre  qui  tiennent  juf- 
tfa*M  trois  â  quatre  cents  marcs  j  mais  on  ne  fc 
Icrt  djns  les  monnoies  que  de  ceux  de  cent  marcs 
pour  fondre   Tor ,    quoiqu^on   en    ait    une    plus 

randc  quantîic,  afin  que  fi  le  creufet  fe  caiTe 
y  ait  moins  de  perte  ;  on  obferv^e  même  de 
n'eo  mettre  que  95  marcs  au  plus  dans  un  creu- 
(ci  de  100  marcs  ;  parce  que  Tor  pétille  beaucoup 
l0rfi|u*il  eft  au  plus  haut  degré  de  chaleur ,  & 
que  le  fondeur  en  pourroit  répandre  en  le  rejy- 
rant  du  feu  pour  le  jeter  en  lames  ,  joint  à  cela 
que  Ton  y  brafle  bien  mieux  Tor  quand  il  cA  en 
bai  a. 

L*or  fc  fond  ordinairement  dans  un  creufet  de 
lerrc  bien  recuit ,  doublé  d'un  autre  pour  plus 
grande  fureté.  Ce  creufet  fe  met  dans  un  four- 
neau creux ^  dont  le  feu,  excité  par  un  foufflet , 
apÎT  puiiTamment  ;  on  remplit  le  fourneau  de 
mtbon  >  &  le  feu  y  étant,  on  ne  difcontirue 
point  de  fouiBer,  que  Tor  ne  foit  fondu  &  aflez 
Ûuldc  pour  le  jeter  en  lames. 

On  appelle  or  en  bain  ^  For  entièrement  fondu; 
8c  quancl  il  eft  prêt  à  fondre ,  on  dit  de  [or  en 
pdie.  On  dit  de  même  de  fargent  en  bain  ou  de 
Pjrgwnt  tn  pâte* 

raur  Targent  on  fc  fert  ordî-nairement  de  four- 
neaux à  vent,  pour  lesquels  il  n*y  a  point  de 
foufflccs. 

On  emploie  à  prèfent  dans  toutes  les  mon- 
tmics  de  france ,  des  creufets  de  fer  pour  fondre 
Tardent  &  Ton  y  trouve  mieux  fon  compte* 

La  première  fois  qu'on  fe  fert  d'un  creufet  de 
fe*  il  ponc  4  à  5  marcs  de  déchet  plus  qu'à 


M  O  N 


n 


le  plus  &      rordînaîre,  parce  qu'une  partie  de  l'argent  s'tm- 
*"       '       bibe   dans  les  porcs  du  ter,   d'où   on   le  retire 
comme  on  verra  ci-après. 

Ce  que  Ton  entend  par  hraffer  ^  c'eft  bien  re- 
muer les  matières  en  bain ,  ahn  qu'elles  puîfTent 
être  également  fines  par-tout  ;  mais  on  obferve 
de  ne  brader  l'or  en  bain  qu'avec  une  manière 
de  canne  de  terre  cuite  appelée  hrajfoir  »  parce 
<\u^  ft  elle  étoit  de  fer ,  cela  aigriroit  [*or  ;  & 
même  on  fait  bien  chauffer  cette  canne,  car  autre- 
ment lor  pétilleroit  &  s*écarteroit.  A  Tégard  de 
Targent  on  fe  fert  d*un  brajfoir  de  fer ,  ou  une 
cuiller  percée  comme  une  pafToire,  parce  qu'il  n*y 
a  pas  d'inconvénient  ,  mais  on  les  fait  chautîcr 
pour  les  raifons  que  je  viens  de  marquer. 

Les  creufets  de  fer  font  ordinairement  plus 
grands  que  ceux  de  terre.  Il  y  en  a  qai  tien- 
nent jufqu  à  quatorze  à  quinîe  cents  marcs  ;  )  en 
ai  même  vu  dans  la  monnoie  de  Paris  ,  qui  te- 
noient  ;urqu'à  1700  marcs  &  plus,  &  qui  y  ont 
fervi  long-temps;  mais  on  obferve  dy  mettre 
toujours  un  peu  moins  d'argent  que  ce  qu'ils  en 
peuvent  tenir ,  afin  de  mieux  bratfer  i'argent  en 
bain  ,  6:  que  fi  leffayeur  trouve  que  le  titre  en 
foit  ou  plus  haut  ou  plus  bas  que  celui  d  js  efpéccs 
à  fabriquer  ,  on  y  puiffc  remettre  ou  du  fin  ou 
de  Talliage ,  jufqu'à  ce  que  Kargent  en  bain  foit 
au  titre  qu'il  doit  être  pour  être  jeté  en  lïmes; 
&  pour  en  juger,  on  en  retire  un  petit  morceau, 
qu'on  appelle  puttt^  afin  d'en  faire  refTai. 

Quart  au  billon  ou  au  cuivre,  comme  il  s'en 
fait  ordinairement  un  grand  travail,  la  fonte  fe 
prarique  autrement  que  celle  de  l'argent. 

Elle  fe  fait  à  la  cajfe^  avec  un  grand  foufflet  difpofé 
de  la  même   manière  que  ceux  des   maréchaux 

A  rendroit  ou  eil  le  feu  vis-^à-visTcmbouchure. 
du  tuyau  du  fouiBet ,  on  pratique  en  terre  graffe 
un  creux  rond  comme  le  cul  d'une  jatte ,  conte- 
nant mîile  à  douze  cents  xfiarcs  ou  davantage  fi 
Ton  veut. 

On  met  dans  ce  creux ,  qu'on  appelle  la  caffc^ 
une  partie  de  cuivre  ou  billon  que  Ton  veut 
fondre  avec  la  quantité  d'argent  requife  ,  puis 
on  le  couvre  de  charbon  ;  Ô£  pour  en  pouvoir 
mettre  davantage,  on  place  defTus  une  cage  de  fer 
ouverte  par  le  haut ,  &  qui  joint  en  demi  cercle 
contre  le  mur  du  fourneau. 

On  remplit  cette  Ciige  de  fer  de  charbon  juf- 
qu'au  faire  ,  &  à  meftire  qu  il  s'affaifie  ,  on  jette 
d'autre  charbon  par-defîus*  Le  foufflet  marche  tou- 
jours pendant  cette  fonte. 

Au  bout  de  deux  heures  ou  environ ,  route 
la  matière  étant  fondue  &  bien  bradée ,  on  fait 
ceffer  le  foufflet ,  on  ôte  la  cage  ,  &  on  en 
prend  des  cueillerées  qu'on  verfe  promptcmcnt 
dans  îes  chaflls  ;  mais  cette  fonte  à  la  caffe  caufc 
plus  de  déchet  que  les  autres. 

En  général  &  quelques  précautions  qu'on  puiiP 
prendre,  il  fe  trouve  toujours  du  déchet  fur  tout'* 

S  K 


140 


MON 


fortes  de  fonte  de  matières  d*or ,  d'argent  &  de 
billon. 

Quand  un  creufet  de  fer  qui  a  fervi  à  la 
fonce  de  l'argent,  n'eft  plus  en  état  de  fervir, 
on  le  met ,  le  fond  en  haut ,  fur  les  barreaux 
d'un  fourneau  à  vent ,  &  on  fatt  grand  feu  »  afin 
de  faire  fondre  l'argent,  qui  eA  attaché  au  creu- 
fet ,  ce  que  Ton  appelle  faire  rejfuer  le  creufet  ; 
après  quoi  on  le  retire  tout  rouge  du  feu,  &  on 
fexfoUe  à  coups  de  marteau ,  c'eft-à-dire,  que  l'on 
en  fait  tomber  la  fuperâcie  en  feuilles ,  que  Ton 
pile  enfuite  pour  en  faire  les  lavures,  ann  d'en 
recirer  jufqu'aux  moindres  parties  d'argent. 

Il  relie  à  remarquer  au  fujet  des  creufets  de 
terre ,  que  quand  ils  font  achevés ,  le  potier  les 
laiffe  fécher  k  l'air  ,  afin  de  leur  donner  une 
première  cniflbn. 

Quand  on  vent  s'en  fervir ,  on  les  met  dans 
un  fourneau  ,  qu'on  emplit  de  charbon.  A  me- 
fure  que  le  charbon  s'allume,  le  creufet  s*échauffe 
&  fe  recuit  ;  &  on  examine  s'il  n*y  a  point  de 
fente  ou  de  rayure  ;  quand  il  eft  au  plus  haut 
degré  de  chaleur ,  alors  il  paroit  fort  blanc ,  & 
on  y  jette  des  matières ,  ce  qu'on  appelle  :  char- 
ger le  creufet  de  matières  ;  on  dit  de  même  char- 
ger  le  fourneau  de  charbon  ,  quand  on  y  en  jette. 

Il  faut  maintenant  examiner  ce  que  Ton  entend 
par  fourneaux  à  foufflet  ou  à  vent. 

Les  fourneaux  à  foufflet  ont  pour  bafe  un 
foyer ,  dont  la  furface  eft  plate ,  où  il  y  a  une 
ouverture  appelée  ventoufe. 

Il  y  a  auffi  une  ouverture  à  fleur  du  foyer  pour 
pafler  le  tuyau  du  foufflet  ;  &  &  environ  demi 
pied  au-demis ,  une  grille  de  fer  plat  en  forme  de 
croix ,  pofèe  de  manière  qu'on  la  peut  mettre  & 
ôter  facilement. 

Ces  fourneaux  font  garnis  de  terre  de  creufet 
en  dedans  ;  &  à  l'endroit  où  on  met  les  creufets , 
ils  ont  «huit  à  neuf  pouces  de  diamé:re  ou  en 
quarré,  environ  deux  pouces  d*efpace  autour  du 
creufet ,  &  quatre  à  cinq  au-deiïus  pourrie  cou- 
vrir de  charbon. 

Lorfqu'on  veut  fondre  des  matières  dans  ces 
fourneaux  ï  foufflet  »  o\\  pof;  une  petite  pla- 
tine de  fer  forgé  fur  la  grille  ,  environ  de  la 
grandeur  du  creufet;  on  met  un  creufet  de  terre 
fur  cette  platine  ;  on  charge  le  creufet  de  ma- 
tières; on  le.  couvre  d'un  couvercle  de  fer  ou  de 
terre ,  où  il  y  a  un  bouton  pour  le  lever  &  le  re- 
mettre plus  racilement ,  &  on  charge  le  fourneau 
de  charbon. 

Quand  le  creufet  eft  recuit  &  bien  chaud ,  on 
bouche  la  vencoufe  du  foyer  avec  un  morceau 
de  terre  proportionné  à  l'ouverture  »  on  le  luce 
bien,  afin  que  le  venc  du  foufflet  aihfi  renfermé, 
rende  le  feu  plus  violent  ;  on  charge  alors  le 
fourneau  de  charbon  rond  ,  parce  que  celui-là 
pétille  moins  ,  ainfi  les  creulets  de  terre  font 
plus  en  (urecé  ;  on  mft  un  couvercle  de  fer 
forgé  fur  le  fourneau  ,  afin  que  le  vent  ainfi  ren- 


MON 

fermé  chaff:  davantage.  On  connoit  par  expé- 
rience que  le  vent  qui  circule  dans  le  foyer,  ren- 
voie toute  la  poumére  &  la  cendre  vers  le  haut 
du  fourneau. 

Quant  aux  fourneaux  à  vent,  ik  ont  un  foyer 
par  bas ,  qui  eft  creux  en  manière  de  coupeUe , 
&uneventoufe  au-devant:  il  ya  àla  hauteur  de 
la  ventoufe  une  erille  de  barreaux  de  fer  quarrés* 
fort  près  les  uns  des  autres ,  qui  entrent  demi-pied 
de  chaque  côté  dans  le  corps  du  fourneau  ,  &  qui 
fcnr  pofés  fur  leur  arrête ,  afin  que  la  pouffiére 
du  charbon  n'y  refte  pas ,  &  que  le  charbon  tombe 
plus  facilement  dans  le  foyer  à  mefure  qu*il  fe 
confume  :  il  y  a  aui&  une  échanclure  par  le  haor, 
pour  charger  le  creufet  de  matières ,  &  le  four* 
neau  de  charbon',  &  même  pour  retirer  le  creu- 
fet plus  commodément  du  fourneau. 

Quand  on  veut  fondre  des  matières  dans  ces 
fourneaux  à  vent ,  on  met  un  creufet  de  fer  ou 
de  terre  fur  la  grille  ;  on  charge  le  creufet  de 
matières  &le  fourneau  de  charbon,  puis  on  couvre 
le  creufet  d*un  couvercle  de  terre  de  creufet  ou 
de  fer  forgé ,  où  il  y  a  un  bouton  pour  le  lever 
&  h  remettre  plus  facilement. 

On  couvre  auffi  le  fourneau ,  d'un  dôme  ap* 
pelé  chape ,  en  deux  parties  égales ,  qui  font  de 
fer  forge  ou  de  terre  de  creufet  ,  au  haut  du^* 
quel  il  y  a  une  ouverture  d'environ  cinq  à  fix 
pouces  de  diamètre  ;  il  y  a  encore  à  la  partie  dn 
devant  ^e  la  chape  deux  petites  ouvertures  pour 
la  retirer  avec  des  tenailles  crochues  par  le  bout» 
lorfqu'on  veut  charger  le  creufet  de  matières» 
ou  le  fourneau  de  charbon,  ou  retirer  le  creufist 
du  fourneau» 

Il  eft  à  observer  que  les  creufets  de  terre 
font  bien  plus  en  fureté  dans  les  fourneaux  à 
vent  que  dans  ceux  qui  font  à  foufflet,  &  néan« 
moins  on  eA  obligé  de  fondre  Tor  dans  des  four- 
neaux à  foufflet,  parce  qu'il  a  befoin  d'une  cha- 
leur plus  forte  éc  plus  violente.  A  l'égard  de  l'ar^ 
]gent ,  on  le  fond  dans  des  fourneaux  à  vent  » 
dont  la  ventoufe  fait  à  peu-près  le  même  effet 
que  le  foufflet. 

Il  faut  obferver  que  quand  on  a  chargé  le  creu* 
fet,  foit  de  matières  d'or  ou  d'argent,  on  les  laifle 
fondre  jufqu'à  ce  qu'elles  foient  en  bain;  alors 
on  charge  le  creu(et  de  nouvelles  matières ,  oa 
charge  pareillement  le  fourneau  de  charbon. 

Quand  ces  métaux  font  en  bain , .  on  charge  le 
creufet  de  nouvelles  matières ,  &  le  fourneau  de 
charbon. 

On  réitère  ainfi  les  mêmes  chofes,  jufqu'à  ce 
qu'il  y  en  ait  fuffifamment  pour  remplir  à  peu- 
près  le  creufet  de  matières  en  bain.  La  raifon  en 
eft  que  les  matières  qui  empliflent  d'abord  le 
creulet,  tiennent  bien  moins  de  place  quand  elles 
font  en  bain ,  &  que  les  matières  en  bain  échauf- 
fent celles  dont  on  charge  le  creufet ,  enforte 
qu'elles  contribuent  beaucoup  à  les  fondre. 


MON 

Tanilis  que  les  matières  fondent  dans  les  creu- 
(et%  0  on  prépare  des  moules  pour  les  jeter  en 
lunes* 

Ces  moules  font  de  deuit  pièces  de  buis ,  dont 
chaciiae  efl  en  manière  de  cadre  appelé  chaHis , 
ée  deux  pieds  de  long  fur  un  &  demi  de  large , 
ayant  des  quatre  côiés  un  rebord  élevé  d'un 
boa  poace ,  i  la  réferve  d*un  endroit  à  Tun  des 
hom%  de  k  longueur ,  ou  il  y  a  une  petite  ou- 
▼ertxiTe  appelée  le  jti  du  moule ,  pour  reeevoir 
les  mari  ères  fondues. 

B  y  a  deux  planches  pour  chaque  moule  »  tin 

lien   de   bots  en    forme  de    petit    cadre   appelé 

firfr  ,   8l  des  coins  de  bois  pour  enfoncer  entre 

la  ferre  6l  les  planches^  afin  de  tenir  le  moule  en 

ètat^  oa  le  prépare  ainfi  qu'il  fuit. 

^^^On  a  du   fable  à  mouler  i   on  fait  fécher  ce 

^^Hk   datïs  un  vaiHeau    de  cuivre  appelé  boiûl- 

^^Br,    pour  en  chafler  la  plus  grande  humidité^ 

parce  que  la  grande  firaicheur  feroit  pétiller  Tor 

&  Fargent  dans  le  moule  «  cnforte  que  les  lames 

devîcndroîent  creufes  &  venteufes ,  &  par  confé- 

meni  inotiles.    On  cil  auffi  obligé  de  mcler  du 

laMe  l:'^  iveau  avec  le  vieux  pour  le  rafraichir^ 

Bl  nie  une  d*y  jefcr  un  peu  d*eau  chaque  fois  que 

Ton  démoule, pour  rhumci5ler&  lui  donner  ainll 

phis  de  Vraifon,  parce  qtie  fans  cela  les  lames  de* 

^iricodroient  toutes  fablées. 

On  pofc  lune  des  planches  du  moule  fur  la 
L  caifle  oïl  cft  le  fable  ;  on  met  l'un  des  chaffis 
Hfbr  b  pbnche ,  &  on  pofe  des  lames  à  diAances 
Vêj^es   fur  U  longueur  de  la  planche  en  dedans 

Cc%  bme5,  appelées  modifier,  font  de  cuivre, 
loitgues  d'environ  quinze  pouces  ,  &  à  pcu-près 
de  l'^paiiZeur  des  ef^  èces  à  fabriquer  ;  on  en  met 
huit  pour  faire  des  lames  de  louis  d'or»  dix  pour 
les  acmi-louis  d'or ,  cinq  pour  les  grands  écus 
d*argenf  ,  fut  pour  les  demi-ccus«  &  huit  pour 
%C3  quarts  d*ècus  ;  on  couvre  ces  modèles  de 
fraie ,  on  en  emplit  le  châjris ,  on  le  foule  avec 
les  poing% ,  on  le  bat  enfuiie  avec  une  bntte'de 
bots  ,  &  on  !e  ratiiTe  par-deiTus  ,  enforte  que  la 
plaochc  puuTc  tenir  le  fdble  également  par- tout. 

Qastna  on  a  pofé  la  planche  fur  le  fable,  on 
metoume  le  châffis  »  afin  que  îa  plajiche  qui 
ètoit  d'abord  dedous ,  fe  trouve  au -défais  ;  on 
lé^e  ccne  planche ,  &  on  découvre  ainfi  les 
ttfldèles  qui  ont  fait  leurs  empreintes  dans  le 

Oa  pofe  après  cela  Tautre  chaHiSî  on  les  em- 

Mte  enfembl^  par  le  moyen  des  chevilles  qui 

ftmt  fur  répuiffeur  de  l'un,  &  des  trous  qui  font 

dam   répaiffeur  de  Tautre  à  Tendroit  des  che- 

viUei;  on  emplit  ce  fécond  cha(ris  de  fable,  on 

Mb  le  fable  avec  les  poings ,  on  le  bat  avec  la 

hmt  de  bois  ,  &  on  le  ratiife  bien ,  a^n  que  la 

|l^che  qu*on  doit  mettre  par  dcffus  puifTe  tenir 

k  Cible  également  par -tout. 

On  ouvre  après^cela:  les  cbaiEs,   &  on  dé- 


MON 


141 


couvre  ainfi  les  modèles,  qui  ont  fait  leur  em- 
preinte dans  le  fable  du  premier  chaffis  ;  on  re- 
tire ces  modèles  adroitement  ;  &  comme  les  ar- 
rêtes des  modèles  iont  adoucies  d'un  coté,  on  les 
lève  facilement  fans  que  les  empreintes  en  foient 
endommagées;  quand  elles  ont  été  levées,  on 
jette  de  la  farine  aux  endroits  des  empreintes ,  pour 
faire  enforte  que  les  matières  d'or  ou  d'argent  ne 
s  attachent  pas  au  fable  ;  on  ne  fe  fert  pas  pour 
cela  de  farine  ordinaire ,  parce  qu'elle  »  y  eu  pas 
propre,  msis  on  emploie  de  celle  qu'on  appelle 
fûlU  farine ,  ou  bien  du  pouffter  de  charbon  paiTè 
au  f^mis  ou  dans  un  nouer  de  toile. 

On  rejoint  enfuiie  les  deux  chilllî ,  de  forte 
qu'ils  fc  trouvent  entre  les  deux  planches  ;  on 
met  la  ferre  par-deffus,  &  on  enfonce  des  coins, 
de  bois  entre  h  ferre  &  les  planches  pour  tenir 
le  moule  en  éc:it;  alors  on  le  pofe  à  terre  fur 
l'un  des  bouts  de  fa  longueur,  de  manière  qtîô 
le  jet  qui  eft  à  l'autre  bout  foit  en  évidence: 
quand  les  matières  d'argent  en  baîn  ont  ét6  bien 
bralïees ,  ou  prend  une  Cuilkr  dont  le  mancha 
de  fix  pouces  de  Ions; ,  e(l  de  bois  par  le  bout ,  8c 
dont  le  cuilleron  cft  de  fer  d'un  bon*  demi  pied 
de  diamètre,  il  prÊfquc  autant  de  profondeur; 
on  fait  rougir  ce  cuilleron  ;  on  fe  fert  de  la  cuil- 
ler pour  retirer  les  matières  d'argent  du  creu- 
fet ,  on  les  jette  par  le  goulot  qui  efl  au  cuille- 
ron dans  \q  jet  du  moule,  &  en  coulant,  l'argent 
remplit  les  creux  des  empreintes  des  modèles, 
dont  il  prend  la  figure  ;  c'eft  ce  qu'on  appelle 
jeter  en  lamts. 

A  regard  des  matières  d  or  en  bain  ,  on  ne 
les  retire  pas  avec  une  cuiller  comme  Targent , 
mais  on  retire  le  creufet  du  fourneau  avc<;  (Il h 
tenailles  en  niaoièrc  de  croiflTant  par  le  bout, 
pour  mieux  embraifer  Si  ferrer  le  creufet  ;  on 
les  verfe  par  \e  jtt  du  moule,  &  en  coulant  elle^ 
remplifTent  les  creux  des  empreintes  des  modèles 
dont  elles  prennent  b  figure  ,  ce  qui  s'appelle 
auffi  jeter  en  Limes, 

Sur  quoi  il  eJl  à  remarquer  que  Tort  jeîte  lor 
en  lames  quand  il  eft  en  bain  ,  parce  que  !e  creu- 
fet de  terre  ne  pouroît  pas  fou  tenir  h  violence 
du  feu  pendant  près  de  deux  heures  qu*il  f^ni 
employer  pour  taire  Teffai  requis  par  Tordon- 
nancc  de  Tan  i^ii  :  «afin  que  fi  Tor  fe  trouve 
«  plus  haut  ou  plus  bas  que  le  titre  des  cfpèces 
«  à  fabriquer,  il  foit  refondu  avec  de  lor  plus 
te  fin  ou  de  l 'alliage,  m 

Mais  il  n*en  efl  pas  de  même  des  madères  dV-^ 
gent;  on  ne  les  jette  pas  en  lames  aufiïtôt  qu'elles 
font  fondues  ,  parce  qu'on  les  fond  dans  des  creu* 
fets  de  fer;  Ik  comme  ces  fortes  de  creufets  peu- 
vent foute  nir  la  violence  du  feu  pendant  le 
temps  qu'il  faut  employer  à  faire  TeiT]!  requis 
par  la  même  ordonnance  de  Tan  1511 ,  &  même 
pendant  plufieurs  jours  s'il  ètoit  nécefTairc ,  Tef-^ 
fayeur  tire  du  creufet  quelques  gouttes  des  ma* 
tiercs  eo  bain  pour  tm  faire  efTaif.  comme  U  fera^ 


142 


MON 


dit  dans  U  fuite  :  &  cela  s^appelle  faire  Vtjfal 
en  bam* 

Cela  fc  pratique  ainfi  pour  s'exempter  de  re- 
fondre les  lames  qu'on  auroit  faites ,  fi  Targent 
fe  frouvoit  au-dciïus  ou  au*delTous  du  titre  des 
cfpéces  à  fabriquer ,  parce  qa'on  n'a  qu*à  Jeter 
de  l'argeni  plus  An ,  ou  de  Talliage  dans  k  creu- 
fct  ;  pour  mettre  la  fonte  au  titre  qu'elle  doit 
ècrc. 

Lorfque  Targent  s*eft  trouvé  au  titre,  on  le 
jette  auflî-iôi  en  lames,  comme  otï  vient  de  le 
marquer* 

Les  maTiéres  de  cutvre  en  bain  fe  jettent  auffi 
en  lames  de  la  même  manière  que  celles  d'or  & 
d'argent. 

Quand  les  matières  on  été  aînfi  jVtèss  en 
lames,  on  les  retire  des  moules,  on  les  èbarbe^ 
&  on  les  broiTe  exaif^cment* 

Comme  les  lames ,  fait  d'or ,  foit  d*argent , 
foît  de  cuivre,  font  toujours  plus  cpaifles  que  les 
efpèces  à  fabriquer,  on  les  paffe  entre  deux  rou- 
leaux d*3cier  en  forme  de  cylindres ,  environ  de 
deux  pouces  d'épaitTeur  &de  quatre  de  diamètre, 
qui  font  fort  ferrés  fur  leur  epàiiteur,  enclavés 
par  le  milieu  dans  des  branches  de  fer  quarrées  » 
À  tournées  par  les  roues  d  un  moulin,  que  des 
chevaux  font  aller  ,  &  toutes  ces  pièces  en^ 
femble  compofent  ce  qu'on  appelle  Umimir. 

Quand  on  veut  étendre  les  lames  d'or ,  on  les 
fait  recuire  dans  une  efpèce  de  fourneau  dont 
râtrç  eft  de  carreaux  ou  de  briques ,  ayant  huit  à 
neuf  pouces  au-deffus  des  barreaux  de  fer  en 
manière  de  grille ,  qui  font  pofés  fur  leur  arrête* 

On  fait  un  feu  de  bois  fous  la  grille  ;  on  jette 
les  lames  deiïus  ;  on  les  couvre  de  braife ,  &  on 
les  lai/Te  en  cet  état  jufqu  à  ce  qu  elles  foient  af- 
fez  recuites  :  alors  on  les  retire  du  fourneau  & 
on  les  jette  dans  un  baquet  plein  d*eau  commune, 
parce  que  cela  les  adoucit,  eafone  qu'elles  s'é- 
tendent plus  facilement. 

On  les  pafle  après  cela  entre  les  rouleaux.  Les 
roues  du  moulin  font  tourner  ces  rouleaux  j  & 
les  lames  s'étendent  ainfi  en  paffant* 

On  les  repaiTe  encore  entre  les  rouleaux  Juf- 
qu'à  ce  qu'elles  foient  à  peu-prés  de  répaiifeur 
des  efpèces  a  fabriquer  j  on  ferre  à  cet  effet  les 
rouleaux  plus  ou  moîns^  par  le  moyen  des  écrouj 
&  des  vis  qui  fervent  à  cela» 

On  en  ufe  de  même  pour  étendre  les  lames 
d^argent  ;  mais  on  fe  fert  d*autres  pareils  lami- 
noirs ;  on  les  paiTe  d'abord  avant  de  les  re- 
cuire, ce  qu'<sn  appelle  pdjfif  en  hUnc  ;  après 
quoi  on  les  fait  recuire  comme  celles  d'or,  mais 
on  les  laiffe  refroidir  fans  les  jeter  dans  l'eau, 
parce  que  cela  les  aigrir  oit  de  manière  qu'elles 
n;  pourroient  plus  s'étendre  facilement,  &  pour- 
roienc  mtmc  fc  cafTcr  en  païïant  entre  les  rou- 
leaux. 

Quand  elles  font  refroidies ,  on  les  paffe  entre 
les  rouleaux ,  jufqu'à  ce  qu'elles  foient  à  peu- 


MON 

prés  de  répalfleur  des  efpèces  à  fabriquer ,  &  eu 
état  d'être  coupées  en  flans  :  on  fe  fert  à  cet  effet 
de  vis  &  d'écrous  pour  ferrer  les  roubaux, 
comme  on  vient  de  Tobfcrver, 

Quant  aux  lames  de  cuivre ,  on  en  ufc  de 
même  que  pour  celles    .'art^enr. 

Lorfquelcs  lames,  foit  d'or,  foit  d'argent,  fmi 
de  cuivre ,  font  à  peu-prés  de  Tcpaiffeur  des  efpèces 
à  fabqquer,  on  en  coupe  des  morceaux  avec  des 
inftnimens  de  fer,  en  manière  d'emporté >  pièces 
appelés  coupQirs  ;  ces  morceaux  font  de  la  gran- 
deur,  de  Lépaideur,  de  la  rondeur,*  âc  à  peu- 
près  du  poids  des  efpèces  à  fabriquer ,  &  font  tou- 
jours nommés  fi^tns ,  jufqu'à  ce  que  leffigtc  du 
Roi  y  ait  été  empreinte. 

Ces  flans  font  mis  entre  les  mains  du  prévâr 
des  ouvriers  ajufteurs,  pour  les  faire  ipùer  ;  U 
maître  de  la  monnoic  doit  faire  mention  fur  fon 
regiftre  du  nom  de  celui  qui  s'en  eft  chargé  flc 
du  poids  des  rtans  ,  le  prévôt  en  doit  auiTi  faire 
mention  fur  fon  regiftre  ^  ainfi  qu'Us  y  font  obli* 
gés  par  fordonnancc  de  if^4. 

Le  prévôt  diflribue  enfuiie  les  flans  aux  ou* 
v^riers  à^  aux  laillerefTes  pour  les  ajufter  au  poids 
des  efpèces;  ils  fe  fervent  de  certains  poids  ap- 
pelés dtnerjitx  pour  les  pefer ,  6c  de  limes  en 
manière  de  râpes  >  avec  des  cannelures  par  angles 
entrans  &  fortans ,  appelées  tjcovcnnes  ,  pour 
limer  les  plus  pefants  jutqu  à  ce  qu'ils  foient  con- 
formes aux  dcncraux  ,  &  ils  reoutent  ceux  qui 
font  trop  foibles* 

Les  flans  ainfi  ajuftés ,  font  remis  par  le  pré- 
vôt entre  les  mains  du  maître,  enfcmble  ceui 
qui  ont  été  rebutés  comme  foi  b  les  6cl  es  limaillety 
le  tout  poids  pour  poids  ,  comme  il  s'en  é^  •» 
chargé  ,   ce  qui  s'appelle  rendrt  la  brève. 

Le  maître  paye  dans  la  fuite  à  ce  prévôt  deii:* 
fois  pour  marc  d'or ,  &  un  fol  pour  marc  d'«r- 
gent,  fur  le  pied  de  ce  qui  eft  paffé  de  net  en 
délivrance  ,  pour  être  diflribué  à  ceux  qui  on 
ajuAé  la  brève  ,  à  proportion  de  leur  travail. 

Ce  terme  de  brève  efi  en  ufage  dans  les  mon* 
noies ,  pour  marquer  le  poids  des  flans  que  le 
maître  donne  au  prévôt  des  ouvriers  pour  ajufter. 
Ou  aux  mon  noyé  urs  pour  monnoyer  ;  par  exemple , 
60  ,  80  dii  100  marcs,  &  parce  que  le  prévôt  & 
le  maître  font  obligés  à'cn  faire  un  bref  êiat  fur 
leurs  régi  ftrcs,  fui  va  nt  l'ordonnance  de  l'an  i|77. 
C'eft  delà  que  Ton  prétend  qu'eff  venu  ce  temie 
de  brève. 

On  porte  les  flaiîs  qui  ont  été  ajullés  dans  tm 
lieu  appelé  le  blanchiment ,  pour  donner  U  coii* 
leur  aux  flans  d'or,  &  blanchir  les  flans  d*ar* 
gent  ;  il  faut  examiner  les  circonftances  qu'on  y 
obferve. 

On  fait  recuire  les  flans ,  foit  d  or ,  foit  d'ar* 
gent,  dans  un  fourneau  d'environ  quatre  pieds  en 
quarré ,  dont  Tâtre  eft  de  barreaux  de  fer  eo  mi* 
nière  de  grille  j  on  y  met  une  poèlc  quarrèe 
&  fans  manche  ,  dont  le  foffi  eft  de  fer  batm 


M  O  iv 

Ûè  ftr  de  lôle ,   &  les  bords  font  d*un  fer 

épats  ;  on  jette  environ  xo    marcs  de  flans 

é^m  cette  poêle  ;  on  fait  un   e  u  de  bois  en  ma- 

•uîére  de  réverbère  pour  les  recuire  ,    6c  on  les 

y  laiflie  jufqu^à  ce  qu*ils  foient  vlÛ'cz  recuits. 

Quaacl  les  flans  font  en  cet  état ,  on  retire 
U  poêle  du  fourneau  avec  de  grofiTes  tenailles 
crochues  par  le  bout  i  on  verfe  les  flans  dans 
ua  crible  de  cuivre  rquge  ,  où  on  les  laiiTe 
refroidir;  6c  quand  ils  font  froids  on  les  jette 
daos  un  autre  vaiiTeau  de  cuivre  appelé  l'autl- 
l^ir  •  rempli  de  même  que  le  premier ,  où  on 
k»  hit  bouillir  pour  achever  de  les  nètoyer  juf- 
qu*à  ce  qu'ils  loient  devenus  taut*à-faît  blancs, 
,€C  qu*on  appelle  donner  U  bômliïmrç. 

Oo  met  fur  un  cuvier  le  crible  de  cuivre ,  & 
Oft  vcffc  l'eau  &  les  flans  du  bouilloir  dans  le 
uJÀe^  de  manière  que  Teau  coule  dans  le  cu- 
vier, &  les  flans  demeurent  dans  le  crible  ;  on 
îecte  du  Cablon  commun  (at  les  flans  \  on  les 
frotte  avec  des  torchons ,  &  on  jette  plufieurs 
fcatut  d'eau  »  jurqu'à  ce  qu'ils  foient  bien  nets. 

Oa  mec  après  cela  le  crible  fur  un  trépied, 
(bus  lequel  on  fiît  un  f;u  de  braife  pour  fécher 
les  flans  ,  &  on  les  frotte  avec  des  torchons 
fsiwik  ce  qu*il$  foient  bien  fecs,  &  qu*iU  ne 
Uiiieot  plus  de  tache  au  linge  ^  c*e^  ce  qu'on 
Ciie  donner  la  couUur  aux  flans  d'or  ^  &  hian- 
^  '  ici  fians  dargenu 

Q^iaDt  aux  tlaus  de  cuivre,  on  en  ufe  de  la 
incitie  manière  que  je  viens  de  le  marquer. 

Autrefois  Tonfàifûtt  recuire  les  flans  d'or  d'une 
nuotére  différente  de  celle  que  l'on  pratique 
iuiourd*hui  ;  on  ne  Te  fervoit  pas  pour  cela  de 
la  même  poèle  que  pour  les  flans  d'argent ,  mats 
iTune  autre  qui  éîoii  de  fer  de  tôle ,  de  f»gure 
dune  grande  coquille  d'un  pied  &  demi  de  dia- 
nètre,  ayant  un  manche  de  bois  de  cinq  pieds 
t  long,  au  bout  duquel  par  où  on  le  prenoit, 
i  y  avoir  une  pièce  de  plomb,  &  à  Tautre  bout 
nx  où  il  icnoit  à  la  poêle ,  il  y  avoit  une  autre 
espèce  de  coquille  plus  petite  que  ta  poêle,  qui 
fck^'oît  perpendiculairement  fur  cette  dernière. 

On  mcttcit  les  flans  d'or  dans  cette  poeie  mê- 
léi  avec  des  charbons  ardens  ,  &  on  vannoit  le 
iDtif  eii  faif  ,  jufqu'à  ce  que  les  flans  fufl^'ent  fort 
rouges  &  alTcz  recuits;  la  coquille  qui  s'élevoit 
m  bout  du  manche  fur  la  poêle,  cmpêchoît  qu'il 
ne  tombât  des  flans  ,  ou  des  charbons  fur  les 
aialns  de  celui  qui  vannoit ,  6c  le  pîomb  fervoit 
de  <ontreûoids  pour  les  vanner  plus  facilement  ; 
&  quand  les  flans  étoient  aflfez  recuits,  on  cefl'oU 
de  les  vanner. 

Cctc^t  là  toute  la  différence  qu'il  y  a  volt  pour 
(une  recuire  les  flans  d'or,  car  à  cela  près  on 
"^'^'^  r<  oit  es  autres  circonftances  qui  fe  pratiquent 
ird'hui* 
Oa  s'cfl  fcrvi  d'une  autre  manitte  pour  donner 
heoulcur  aui  flans  d'or,  &  blanchir  ceux  dar- 
|nit  :  quand  ils  étoient  aUtz  recuits»  ou  les  je* 


MON 


H3 


toît,  favoir,  les  flans  d'or,  dans  un  grand  vaif* 
feau  plein  d'eau  commune  ,  oii  il  y  avoit  huit 
onces  d'eau  forte  pour  ch^ique  feau  d'eau ,  &  les 
flans  d'aigcnt  dans  un  autre  grand  vaifleau  plein 
dVau  commune  ,  où  il  n'y  avoit  que  fix  onces 
d'eau  forte  par  feau  d'eau.  On  appeloit  cette  ma- 
nière tirtpoUy  parce  qu*ellc  attiroit  au  dehors  ce 
qu'il  y  avoit  de  plus  vif  dans  les  ûzns;  mais 
comme  cela  coiuoit  beaucoup  phis  que  la  ma- 
nière dont  on  fe  fert  aujourd'hui ,  &  que  l'eau 
forte  diminuoit  le  poids  des  iins  d*argenc ,  on  a 
ceiTé  de  s'en  fervir. 

Quand  les  flans  d'argent  on  été  blanchis,  & 
les  flans  d'or  mis  en  couleur ,  l'ordonnance  da 
mois  d'odobre  1690  veut  i^utls  foient  livrés  par 
nombre  &  par  poids  â  Ventrepitniur  de  la  machine 
â  marquer  fur  la  tranche  ,  6»  qud  sUn  charge  fur 
le  regiflre  du  commis^  &  fur  celui  qud  thndra  ^  qui 
feront  cotés  &  paraphés  par  les  juges-gardes^ 

Il  faut  examiner  la  manière  de  marquer  les 
flans  d'or  Ôt  d'argent  fur  la  tranche* 

On  fe  fert  d'une  machine  dont  les  principales 
pièces  font  deux  lames  d'acier ,  épaifles  d'envi* 
ron  une  ligne  ,  la  moitié  de  la  légende  ou  du 
cordonnet  ell  gravée  fur  répalflêur  de  Tune  des 
lames,  &  l'autre  mostié  fur  Tépatffeur  de  rautre, 
&  ces  deux  lames  font  droites  ,  quoi  que  les 
flans  qui  en  font  marqués  foient  ronds. 

Quand  on  veut  marquer  un  flan  ,  on  le  met 
entre  les  kmes ,  de  te'le  manière  que  les  deux 
lames  étant  chacune  à  plat^  fur  une  pbque  de 
cuivTe ,  qui  ell  attachée  à  une  table  de  bois  fort 
épais  ,  &  le  flan  étant  mis  aulfi  à  pKit  fur  la 
même  plaque  ,  la  tranche  du  fl-n  touche  de 
chaque  côté  les  deux  lames  par  leur  épaiffeur; 
l\ine  de  ces  lamts  efl  ferme  par  le  moyen 
de  plufieurs  vis ,  &  l'autre  coule  par  le  moyen 
cFune  roue  dentée  ou  à  pignon  ,  qui  engraine 
dan&  les  dénis  qui  font  fur  la  furface  de  la  lame  : 
certe  lame  coûtante  fait  tourner  le  flan ,  qui  fe 
marque  en  tournant ,  de  manière  que  quand  11  a 
fait  le  tour,  il  fe  trouve  marqué  fur  la  tranche. 

Il  faut  obferver  qu'on  ne  peut  marquer  que 
les  écus  &  les  demi- é  eus  de  la  légende  Domine 
falvum  fac  rcgem ,  parce  que  leur  volume  peut 
porter  des  lettres  fur  la  tranche^  mais  le  volume 
ûcs  autres  efpéces  »  tant  d*or  que  d'argent,  ne 
peut  porter  qu'un  cordoni^et  fur  ta  tranche. 

Cette  machine  eft  fi  faci'e  qu'un  feul  homme 
peut  marquer  vingt  mille  fl^ns  en  un  jour  :  elle^ 
eft  de  rinvention  du  fîeur  Caftaing,  ingénieur  du 
Roi  ,  qui  a  commencé  à  s'en  fervir  à  Paris  au 
mois  de  mai  1685-  On  en  a  envoyé  enfuîre  dans 
les  autres  mon  noies  ^  &  Sa  Majelié  a  accordé  k 
rinventeur  de  cette  machine  un  (ù\  pour  marc 
d'or,  &  fix deniers  pour  marc  d'argent»  qui  feront 
marqués  fur  les  tranches,  aux  conditions  portées  par 
Tarrèt  du  Coofeil  du  27  oâobre  i6%6. 

Quand  les  flans ,  tant  d'or  que  d'argent ,  one 
été  marqués  fur  la  tranche ,  l'ordonnance  du  mois 


144 


M  O 


d*oâobre  169O  poitc  :  ^ue  les  ouvriers  monn&yeurs 
feront  umu  de  Us  aller  prendre  dans  la  chambre 
des  ftiachines  ou  Us  s'en  chargeront^  tant  fur  le  re* 
giflre  f(W  tiendra  V entrepreneur  ^  que  fur  celui  qu*ils 
tiendront  de  leur  part ,  lefqucls  regiflres  feront  coth 
O  paraphés  par  Us  commiffairts  ou  juges-gardes , 
&  fignes  à  chaque  Uv raifort ,  tant  des  monnoyeurs 
que  de  V entrepreneur  de  la  marque  fur  la  tranche^ 
qui  en  ce  fatfant  en  demeurera  bien  &  valablement 
décharge  ;  de f quels  regtflres  ledit  entrepreneur  four- 
nira  au  commis  À  la  régie  à  la  fin  de  chaque  jour- 
née un  extrait  figné  &  certifié  de  lui.  Ce  qui  s'ap- 
pelle donner  la  brève  ^  comme  il  a  été  dit  des 
ouvriers  ajitfteurs. 

On  monnoie  les  flans,  tant  d*or  que  d'argent, 
avec  un  balancier^  auquel  les  quarrés  à  monnoyer, 
(vulgairement  appelés  coins)  font  airachés. 

Ctlui  de  l'effigie  eft  en  detfous  du  balancier ^ 
dnns  une  boîte  quarrée  garnie  de  vis  8c  d'é- 
crous,  pour  le  ferrer  &  tenir  en  état  ;  &  IVutre 
en  deÂTus  dans  une  pareille  boite,  auffi  garnie  de 
vis  &  d*écrous,  pour  retenir  le  quarri  à  mon- 
noyer* 

On  pofe  le  flan  fur  le  qnarré  d'effigie^  on 
tourne  à  Tin  fiant  la  barre  du  balancier ,  qui  fait 
tourner  ta  vis  qui  y  eil  enclavée  ;  la  vis  entre 
dans  récrou  qui  eit  au  corps  du  balancier  ^  & 
la  barre  fait  ainfi  tourner  la  vis  avec  tant  de 
force ,  que  pouflant  l'autre  quarré  fur  celui  de 
reffigie,  le  flan,  violemment  preflTé  des  deux  quar- 
rés i  en  reçoit  les  empreintes  dun  feul  coup  en 
un  moment*  Quand  ce  flan  cd  ainfi  monnoyé, 
00  rappelle  :  denUr  de  monnoyage. 

Fabrication  des  monnaies  au  marteau* 

La  manière  de  fabriquer  les  efpéces  au  mar- 
teau «  a  ècé  en  ufage  en  france  jufqu'en  tjj}, 
que  Henri  II  ordonna  «  par  èdit  du  mois  de  juil- 
let de  la  même  année  :  «  qu'il  feroit  fabriqué 
u  des  teflons  avec  le  moulin  dans  fon  palais  à 
u  Paris  I)  »  ce  qui  fut  exécuté  au  mois  de  mars 
fuîvant  ;  &  cette  nouvelle  fabrique  fut  établie  au 
bout  du  jardin  des  étuves^  à  l'endroit  où  font  à 
prèfent  les  galeries  du  louvre. 

Mais  cette  nouvelle  fabrication  ne  fut  pis 
long' temps  pratiquée,  parce  que  Henri  III  dé- 
fendit par  édit  du  mois  de  feptembre  1585»  «  de 
•c  ne  fe  fervir  de  la  fabrication  au  moulin  »  que 
i<  pour  toutes  fortes  de  médailles  antiques  &  mo- 
u  dernes»  pièces  de  plaifir  &  jetons»  fans  qu'il 
■r  pût  être  fabriqué  avec  les  engins  au  moulin ,  au- 
«  cunes  cf^  èces  d*or,  d*argent  ou  de  billon  ayant 
M  cours ,  fi  ce  n*éioit  du  trés-cxprès  commande- 
«  ment  &  permifllon  du  Roi ,  ou  de  l'ordonnance 
u  de  la  cour  des  monnoies ,  fous  les  peines  de 
<t  droit.  «  Ainfi  on  fut  obligé  de  reprendre  Tu- 
fage  du  marteau. 

Cependant  la  fabrication  au  moulin  fut  ré* 
lablie   par  Louis  Xll|  ,    par  édit  du  mois   de 


MON 

décembre  1639  ;  ^  ce  pour  empêcher  que  Us  efpèceM 
ne  fuffent  rognées  on  altérées^  &  pour  les  rendre 
beaucoup  plus  parfaites  quelles  ne  VétoUni  datts 
Us  monnoies  ordinaires. 

Cet  édit  fut  conflrmé  par  déclaration  du  50 
mars  1640^  «  par  laquelle  le  même  Roi  ordonna 
«  qu'il  feroit  fabrique  des  louis  d  or  en  la  moo* 
«  noie  du  moulin  établi  au  château  du  Louvze  » 
u  &  qu'il  n  en  feroit  fabriqué  au  marteau  dan» 
«  les  monnoies  »  que  lorfque  les  ouvriers  en  pour- 
ri roient  battre  en  la  môme  pertcélion  qu'elles 
«  fe  faifoient  au  moulin.  » 

Enfin  cette  ancienne  manière  de  fabriquer  avec 
le  marteau ,  a  été  fupprimée  par  édit  du  mois  de 
mars  164^  :  te  par  lequel  fa  majeflé  défend  aux 
u  ouvriers  &  autres  officiers  des  monnoies  de 
«*  travailler ,  ou  faire  travailler ,  convertir  ou  fa- 
«  briquer  aucune  monnoie  ,  de  quelque  qualité 
<*  qu'elle  puiflc  être,  ailleurs  ni  autrement  que 
«  par  la  voie  du  moulin  ,  fous  la  conduite  & 
M  direftion  de  la  cour ,  &  ce  pour  rendre  toutes 
ti  les  monnoies  conformes ,  &  pour  éviter  tous 
*i  les  abus  qui  s'étoient  commis  jufqu'alors  pcn- 
•«  dant  la  fabrication  au  marteau,  n 

Il  eft  temps  maintenant  d'examiner  ce  qui  fc 
pratiquoit  dans  les  monnoies ,  lorfqu'on  y  fabri* 
quoit  les  efpéces  avec  le  marteau. 

On  allioit  les  matières  d  or  ou  d'ai^ent,  on 
les  fondoit  ,  on  les  jstoit  en  lames  ,  oc  on  ea 
faifoit  des  effais  comme  il  fc  pratique  aujourd'hui* 

On  faifoit  après  cela  recuire  les  lames ,  &  00 
les  étendoit  fur  l'enclume,  ce  qui  t'appeloît 
battre  la  chaude. 

Quand  les  lames  étoîent  étendues  à  peu-près 
de  répaifleur  des  efpéces  à  fabriquer,  le  prévôt 
ou  le  lieutenant  des  ouvriers  s'en  chargeoit,  & 
les  diftribuoit  aux  ouvriers  pour  les  couper  en 
morceaux  à  peu-près  de  la  grandeur  des  eipèces, 
ce  qu^on  appeloît  couper  carreaux» 

On  faifoit  après  cela  recuire  les  carreaux;  on 
les  étendoit  avec  un  marteau  appelé  flatmri 
puis  on  en  coupoit  les  pointes  avec  des  cifoires, 
ce  qui  s'appcloit  adjupcr  carreaux  ,  &  on  les 
reudoit  ainfi  du  poids  jufle  qu'ils  dévoient  être, 
en  les  pefant  avec  les  deneraux  à  mefure  qu'on 
en  coupoit ,  ce  qu'on  appeloît  approcher  csr* 
rtaux*  On  rabattoit  enfuite  les  pointes  des  car- 
reaux pour  les  arrondir  ,  ce  qu'on  appeloit  «'- 
chauffer  carreaux  ;  on  les  pinçoit  pour  cela  avec 
des  tenailles  nommées  efianques ,  que  l'on  cott- 
choit  fur  l'enclume ,  de  manière  qu'en  donnant 
quelques  coups  d'un  marteau  nommé  rechauffoïr  ^ 
fur  la  tranche  des  carreaux ,  on  en  rabattoit  \e% 
pointes  6c  on  les  adouciiToit^  de  forte  qu'ils  fc  ' 
trouvoicnt  du  volume  des  efpéces  »  ce  qu'on  ap* 
peloit  fiattir. 

Quand  les  carreaux  avoient  été  fiastts  »  alorf 
on  les  nommoit  flans  ;  le  prévôt  qui  s'écoit  chargé 
des  lames ,  rendoit  les  flans  &  les  cifaillcs  potoi 
pour  poids  comme  il  s'en  étoit  chargé  »  ce  qitt 

s*appelou 


/^ 


MON 

t*ippelott  rendre  U  Brève  »  &  îc  maître  payoît 
k  ce  prévôt  les  droits  ordinaires  ^  pour  être  diftri- 
bois  à  ceux  qui  avoient  ajuflc  la  brève. 

Après  cela  on  portoit  les  flans  au  blanchiment, 
pooT  donner  la  couleur  aux  flans  d*or,  &  blan- 
chir ceux  d'argent. 

Quand  les  Jf*i/is  ctoîem  en  ^tat  d'être  mon- 
ftoyés»  le  prévôt  des  monnoyeurs  s'en  chargeoit 
par  poids  ik  par  compte,  &  les  diflrlbuoit  1 
ccujt  qui  les  dévoient  monnoyen 

On  fc  fervoit  pour  cela  de  deux  poinçons  ap- 
pelés com^^  qui  étoient  de  groffeur  proportionnée 
aux  efpeces  ,  dont  l'un  étoit  appelé  piU  ,  & 
l'atiire  troujfeau. 

La  fiU  étoit  longue  de  fept  à  huit  pouces* 
lyais  un  rtbord  appelé  tdîon  v^t%  le  milieu  ,  & 
irae  qtieue  en  forme  de  gros  clou  carré ,  pour 
Il  ficher  &  enfoncer  juCqu'au  talon  dans  un  bil- 
lot appelé  cepeau  par  les  anciennes  ordonnan- 
ces» qat  étoit  vers  le  bout  du  banc  du  mon- 
oorcur. 

If  y  aroit  fur  ces  deux  £oms  les  empreintes 
des  efpèces  gravées  en  creux  ;  favoir ,  récuiTon 
for  H  plU  ,  &  la  croix  ou  i*effigie  du  Roi  fur  le 
imrffiau  ,  âe  on  s'en  fervoit  à  mon  noyer  ainfi 
qu'il  fuit: 

On  etifonçoit  la  pile  à  plomb  dïins  te  cepeau; 
ûo  pofoir  le  fian  fur  la  pile ,-  on  raettoit  le  rrûtif- 
fu\»  fur  le  flin  ,  &  on  le  preffoit  ainfi  d'une 
Biia  entre  h  pile  &  le  troujeau^  à  Tendroii  des 
trapretnies;  on  donnoit  de  l'autre  msin  trais  ou 
qi£itre  coups  de  marteau  en  manière  de  petit 
maiMet  de  \tt  fur  le  îroujfeau  ,  &  le  flan  étoit 
tinfi  monnoyé  des  deux  côtés. 

On  retiroit  après  cela  le  flan  monnoyé;  &  s'il 
y  avoit  quelques  endroits  qui  ne  fuffent  pas  bien 
©îrqués  ,  on  le  remcttoit  entre  la  pil<î  6t  le 
trotîlTcau  ,  ce  qu  on  appelolt  rengrtner ,  $c  on 
dâonoit  quelques  coups  du  même  marteau  fur 
h  tfoulTeau  jufqu  à  ce  qu'il  fût  monnoyé  dans  fa 
pcrfcftton. 

On  prétend  que  ces  termes  de  pile  Si  de  ir&uf- 
ftau  viennent,  favoir,  celui  de  pde^  de  ce  qu'elle 
éioit  fous  le  trouffeau  fur  lequel  on  frappoit; 
8c  celui  de  troujfeau ,  parce  qu'on  le  tenoît  & 
iroulToit  de  la  main. 

Quand  les  efpèces  avoicnt  été  aififi  monnoyécs , 
le  piévôt  qui  5*étoit  chargé  de  la  brève  les  fai- 
fojt  porter  dans  la  chambre  des  délivr.inces ,  & 
fci^  remcttoit  entre  les  mains  des  juges-gardes, > 
<|tit  s*cn  chargeoient  fur  le  regillre  :  le  maître  payoît 
à  ce  prévôt  les  droits  ordinaires,  &  après  cela 
^'  juges-gardes  6c  l'eiïayeur  obfervoienr  les 
^mes  circonllances  d'ufage  pour  les  délîvranceSi 

Ce  qu'on  appelle  nngrèncr  ^  c'cft  remettre  les 
tfpéccs  entre  les  carrés,  &  faire  rentrer  îe  gre- 
nttis  &  autres  empreintes  des  efpéces  dan'>  le 
|rcnetb  &  empreintes  des  carrés.  Quand  |çs  em- 
preintes des  efpeces  rentrent  jufie  dans  celles 
des  carrés  ,  &  qu'elles  ne  varient  en  aucune 
Arif  ^  Métiers,     Tome  K     Punit*  L 


MON 


145 


façon ,  on  peut  s'afTurer  que  ce  font  les  mêmes 
fur  lefqnelles  elles  ont  été  monnoyées  ;  mais  qOand 
elles  varient  ce  ne  font  pas  les  mêmes,  C'cft 
aînfi  que  Ton  rentré noît  autrefois  les  efpèces 
fur  le  troujfeau.  &  la  pile  ;  fie  que  Ton  rentrent 
aujourd'hui  for  les  carrés  celles  où  il  y  a  quel* 
'ques  défe^uorités  :  c'eft  pourquoi  les  ordonna  ncef 
veulent  que  les  carrés  qui  ont  fervi  à  monnoyer 
les  efpèces ,  foient  confervés  par  les  fuges-g;rdes , 
jufqu  à  ce  qu'elles  aient  été  jugées  detinitivementp 
après  quoi  ils  doivent  être  difformes ,  &  les  juges- 
gardes  en  peuvent  difpofer  fuivanc  les  mêmes 
ordonnances. 

On  appelle  aurti  ren^cner  ^  quand  on  frappe 
le  poinçon  d'effigie  fur  une  matrice  pour  y  mar- 
quer l'empreinte  de  reffiçie  en  creux ,  ou  quand 
on  frappe  des  poinçons  iur  cette  matrice  pour  y 
marquer  Teffigie  en  relief»  ou  enfin  quand  on  frappe 
ces  poinçons  fur  les  carrés  à  monnoyer  pour  y 
marquer  Telfigie  en  creux  ^  car  fi  l'ouvrier  qut 
donne  les  coups  de  marteau,  ne  f«it  pas  chaque 
fois  îe  rengrénement  ,  il  arrive  que  les  etiigles 
fe  trouvent  doublées ,  ce  qui  s'appelle  trefficr. 

On  doit  pratiquer  de  même  le  rengrcnement  , 
quand  on  frappe  les  poinçons  de  croix ,  ou  d'é- 
cuiTon  ou  de  légende  fur  une  matrice ,  pour  j 
marquer  en  creux  les  empreintes  de  ces  poinçons  ; 
ou  quand  on  frappe  des  poinçon»  fur  cette  ma-- 
trice  pour  les  marquer  d«'S  empreintes  en  relief; 
ou  quand  on  frappe  ces  mêmes  poinçons  fur  les 
carrés  à  monnoyer  pour  y  marquer  les  empreintes 
en  creux. 

Enfin,  on  pratique  le  rengrénement  quand  il 
s'agit  d'un  faux  poinçon,  dont  on  a  marqué  des 
ouvrages  d^or  on  d'argent;  les  experts  nommés 
rengrinent  le  poinçon  dont  il  s'agit  fur  la  table 
de  cuivre  ou  le  véritable  poinçon  a  été  inculqué, 
6c  quand  il  ne  rengréne  pas  jufte,  ils  déclarent 
que  le  poinçon  en  queflion  cû  faux,  &  que  les 
empreintes  qui  en  ont  été  faites  fur  les  ouviag^s 
font  pareillement  fauffes. 

Mormoyage  au  Laminoir  &  au  Balancier, 

Toutes  les  efpèces  deFrance  ont  été  fabriquées, 
comme  on  Ta  déjà  obfervé,  au  marteau»  juîqu'au 
règne  d'Henri  11»  que  les  inconvéniens  ê^  ce 
moonoyage  firent  penfer  à  lui  en  fubRituer  tin 
meîtleur. 

Un  mcnuîûer,  nommé  Aubry Olivier,  inventa 
pour  lors  l'art  de  monnoyer  au  moulin  ;  fie  ce 
fut  Guillaume  deMarilîac,  général  des  motinoies, 
qui  le  produifit  à  la  cour ,  oii  tout  le  monde  ad- 
mira la  beauté  des  eflais  qui!  fit. 

Le  Roi  lui  permit  rétabliflement  de  ce  mon- 
noyage  par  fes  lettres-patentes  du  3  mars  i^n* 
lelquelles  portent  :  w  nous  avons  pourvu  Aubry 
a  Olivier  de  l'office  de  maître  &  conduSeur  des 
u  engins  de  la  monnoie  au  moulin,  71 


1^6 


MON 


Aubry  Olivier  s*^iïocla  Jean  Rondel  &  Etkime 
de  Laulne ,  les  plus  habiles  graveurs  du  temps , 
qui  firent  les  poinçons  &  les  carrés. 

Cette  monnoie  fut  la  plus  belle  qu*on  eût  en- 
core vue  j  mais  parce  que  la  dcpenfe  excédoit 
de  beaucoup  celle  de  la  monnoie  au  marteau , 
il  arriva  qu'en  1585  ,  Henri  III  défendit  de  fairç 
k  ravenir  de  U  monnoie  ^u  moulin,  ôc  les  ma- 
chines d* Aubry  Olivier  ne  ferv^irent  plus  qu'à  frap- 
per des  médailles,  des  jetons,  &  autres  pièces 
de  ce  genre. 

Nicolas  Briot  tâcha,  en  1616  &  en  1623,  de 
faire  recevoir  à  la  monnoie  Tufage  d'une  nou- 
relle  machine  très-propre  au  monnoyage ,  qu'il 
difoii  avoir  inventée  j  mais  n'ayant  pu  la  faire 
goûter  dans  ce  royaume ,  il  fc  rendit  en  Angle- 
terre, où  on  Tapprouva  peu  de  temps  après» 

Les  machines  d'Aubry  Olivier  ayant  paiTé  da 
mains  de  fes  héritiers  dans  celles  de  Warin , 
celui-ci  les  perfectionna,  de  façon  qu'il  n'y  eut 
plus  rien  de  comparable  pour  la  force,  la  vitefTe 
&  la  facilité  avec  lesquelles  on  y  frappoit  toutes 
fortes  de  pièces,  qui  y  reccvoient  rempreint^; 
d  un  feul  coup ,  au  lieu  qu'auparavant  on  ne 
pouvoit  les  marquer  que  par  fept  ou  huit  coups , 
dont  l'un  gâtoit  bien  fouvent  Teoipreinte  des 
autres. 

Des  avantages  fi  fenfibles,  firent  qu'en  1640 
on  commença  à  Paris  à  ne  plus  fe  fervir  que 
du  balancier  &  des  autres  machines  néceïTaires 
pour  monnoycr  au  moulin  ;  &  jufqu'au  mois  de 
mars  1645  *  ^^  fupprima  entièrement  en  France 
l*ufage  du  monnoya^t  au  marteau. 

Pour  lors  Warin-tfut  nommé  maître  &  dîrefteur- 
gènéral  des  monnoies  dans  le  royaume ,  &  nos 
cfpèces  devinrent  ft  belles  &  fi  parfaites ,  qu'elles 
ont  été  admirées  de  toutes  les  nations  policées, 

A  cette  invention  on  en  a  ajouté  une  autre, 
qui  eft  celle  de  marquer  au  cordon  fur  la  tranche 
des  efpeces  d'or  êc  d'argent,  en  même- temps 
qu'on  marque  la  pile,  La  machine  fervant  à  cet 
ufjge  a  été  inventée  par  le  fieur  Giftaing  ,  in- 
génieur du  Roi  :  on  commença  à  remployer  en 
1685. 

Pour  le  monnoyage  au  laminoir  &  au  balan- 
cier ^  il  faut  les  poinçons  des  matrices  ou  des 
carrés  avec  lesquels  on  puiffe  imprimer  fur  les 
Rans  ,  c'efl-i-dire,  fur. les  morceaux  de  métal 
difpofés  k  recevoir  l'effigie  du  prince  ,  &  les  autres 
marques  &  légendes  qui  carààeriCent  les  efpèces,* 
&  qui  règlent  leur  poids    &  leur  prix. 

Les  monnoyeurs  ne  fabriquent  point  d*cfpèccs 
d*or  &  d'argent  fans  alliage ,  &  mettent  toujours 
du  cuivre  avec  ces  deux  métaux.  Les  raifons  de 
ces  coutumes  font  la  rareté  de  ces  métaux ,  la 
néceffité  de  les  rendre  plus  durs  par  le  mélange 
de  quelque  corps  étranger,  6c  en  outre,  par  ce 
moyen,  d'éviter  les  dépenfes  de  la  fubricaiion,  qui 
fc  doivent  prendre  fur  Ici  cfpéces  fabriquées. 


MON 

li  y  a  deux  fortes  d'alliage  qui  fe  font  dans  la 
fiibrique  des  monnoies  :  l'un ,  quand  on  emploie 
des  matières  d*or  St  d'argent  qui  n'ont  point  en- 
core fervi  pour  le  monnoyage  ;& l'autre,  lorfqoe 
l'on  fond  enfemble  divcrfes  fortes  d'efpècçs  oa 
de  lingots  de  différents  titres ,  pour  en  faire  une 
nouvelle  monnoie, 

Levaluaiion,  ou  plutôt  la  proportion  de  l'ai- 
liage  avec  le  fin,  cft  facile  dans  le  premier  cas; 
mais  elle  a  plus  de  difficulté  dans  le  f«cond»  Tous 
les  auteurs  qui  ont  traité  des  monnoies  ,  ont  donné 
des  tables  pour  faire  cette  réduétion  ;  &  les  cal- 
culs donnent  aufTi  des  méthodes  &  formules  d'al* 
liage  dont  on  peut  fe  fervîr. 

Voici  une  méthode  que  Ton  fuît  affex  com- 
munément ,  quand  on  veut  faire  un  alliage  oti 
plutôt  l  évaluation  de  TalUage  pour  ajouter  ou 
diminuer  ce  qui  manque  au  titre  i  on  dreiTc  un 
bordereau  des  matières  quon  veut  fondre,  con- 
tenant leurs  qualités,  leurs  poids  &  leurs  titres; 
on  partage  cnfulte  ce  bordereau  en  deux  autres  » 
dont  l'un  comprend  toutes  les  matières  qui  font 
au-deffus  du  titre  auquel  fc  doit  faire  la  fonte, 
&  l'autre  ,  toutes  celles  qui  font  au  deffous. 

Ayant  calculé  chaque  bordereau  féparément> 
on  voit,  par  le  calcul  des  premières,  ce  que  les 
matières  rones  de  titre  ont  au-deffus  du  titre  or- 
donné ;  &  par  le  calcul  du  fécond  ,  ce  que  les 
matière  foibles  ont  audeffous  ;  enforte  que  les 
deux  réfuhats  étant  comparés,  on  fait  prêcifè* 
ment  par  une  fouftradUon,  combien  il  faut  ajou- 
ter ou  de  fin  ou  d'alltage  pour  réduire  toutes  les 
matières  au  titre  réglé  pour  la  nouvelle  fonte, 

A  l'égard  de  la  fonte ,  fi  c'eft  de  la  monnaie 
d'or ,  elle  fe  fait  dans  les  creufeis  de  terre ,  de 
peur  que  l'or  ne  s*aigri(Tej  mais  d  ceft  de  Tar- 
gcnt ,  du  billon  ou  du  cuivre  ,  on  fe  fer t  du  crcii* 
(et  de  fer  fondu  ,  en  manière  de  petits  féaux 
fans  anfci  »  ou  de  caffes. 

Deux  fortes  de  fourneaux  font  propres  pour  I2 
fonte  des  monnoies  i  ceux  à  vent  &  ceux  à 
foufflct. 

Quand  Tor ,  l'argent ,  ou  les  autres  métaux 
font  en  bain,  c'cft-à-dire,  entièrement  fondus  » 
on  les  braflfe  avec  des  cannes  ou  braffoirs  de  terre 
cuite,  appelés  quilles^  pour  l'or,  &  de  fer,  pour 
largent ,  billon  &  cuivre. 

En  cet  état  on  les  coule  dans  les  moules  ou 
châiBs  pour  faire  les  lames  ;  ce  qui  fc  fait  de  la 
môme  manière  que  les  fondeurs  en  fable,  tant 
pour  les  mafTifs,  crue  pour  la  manière  de  cor- 
royer la  terre  Ôf  d  y  arranger  les  modèles. 

Les  modèles  des  monnoies  font  des  lames  de 
bois  élevées  de  relief  fur  \^  planche  gravit  ^  loneue 
d'environ  quinze  pouces  ,  &  à  peu-prés  de  Vè- 
paiffeur  des  cfpèces  à  fabriquer. 

Les  moules  pour  l*or  &  l'argent  en  ont  coin- 
munément  fept  pour  le  tour  des  louis ,  écus ,  Se 
dix  pour  les  dem't*louis  &  petites  pièces  d'argcat 


•a  de  blU«»  :  on  en  fait  à  proportion  pour  le 
cmrrc. 

la  feule  dîfercnce  quM  y  a  entre  U  maDiére 
tîe  jeter  Tor  en  bme»  &  celle  dont  on  fe  fert 

Cuir  les  autres  métaux  »  c'eft  que  l'argent ,  bil- 
n  CNi  ctûvre  fc  tirtnt  des  creufets  avec  de 
grandes  ctiiUers  k  long  manche ,  pour  les  verfer 
pif  le  Jet  du  moule  ;  &  que  pour  Tor  on  fe  fert 
de  tenatUei  à  croiifant,  faites  comme  celles  da 
fcfldettrs  ,  avec  lefquelles  on  porte  aufli ,  comme 
eux ,  le  creufet  tout  plein  d'or  en  bain  pour  en 
leinplLr  le  moule. 

K  Monnayage  au  laminoir. 

,es  lames  ayant  été  retirées  des  moules ,  les 
ics  baveufes  en  font  emportées  avec  une  ferpe , 
que  Ton  appelle  éhdrhtr  ;  on  les  gratte  Se 
lie  avec  la  gratte-brofle  ;  enfuite  on  les  paffe 
plufieurs  fois  au  laminoir,  pour  les  applatlr^  & 
tbccd&vement  par  diiTérens  laminoirs  ^  pour  les 
riduife  à  la  jufte  épaifTeur  qu'elles  doivent  avoir: 
cet  haes  font  defiinées  à  faire  des  Hans. 

n  liot  obfcrver  que  les  lames  d'or  font  re- 
i&îtes  avant  de  paiTer  au  laminoir. 

Pour  les  recuire ,  on  les  met  fur  un  fourneau 
de  rcctthe  ;  on  les  fait  pretque  rougir  ;  enfuite 
cales  jette  dans  Teau  pour  les  adoucir,  faire 
qu'elles  détendent  plus  facilement ,  &  empêcher 
que  leur  aigreur  ne  les  falTe  caffcr  au  dégroffi, 
ce  qui  arrive  néanmoins  quelquefois,  malgré  cette 
précaution. 

Quant  aux  lames  d'argent  »  elles  paffcnt  en 
blïflc  »  étant  recuites ,  au  degrolTiement  pour  la 
première  fois  ;  enfuite  on  les  recuit ,  on  les  Ulfte 
refroidir  d'elles-mêmes  &  fans  les  metn'c  à  Teau, 
de  crainte  que ,  par  un  effet  contraire  à  Tor^  la 
matière  ne  s^algriffe.  On  tes  recuit  trois  ou  quatre 
fois»  &  on  les  paflTe  fept  ou  huit  au  Lminmr, 
la^tfÇ  lei  planches  7,  8  6c  9,  qui  repréfentcnt 
les  isminoirj ,  à  la  fin  du  tome  3  des  gravures ,  art 
du  v^nnoyage. 

.'Les  lames,  foit  d*or ,  foit  d'argent,  foît  de 
CtiTre,  ayant  été  réduites  autant  qu'il  eft  poffible 
i  répaifTeur  des  efpéces  à  fabriquer  ,  on  les 
ooBpe  avec  la  machine  appelée  cûupoir ,  qui  eft 
f^ite  d'acier  bien  acre  ,  en  forme  d 'emporte- 
pièce  ,  dont  le  dtamétre  eu  proportionné  à  la 
pièce  qu'on  veut  frapper*  ^ 

Le  morccju  de  mêlai  emporté  par  cet  inflru- 
ment  eA  appelé  fian ,  &  ne  prend  le  nom  de 
Mnjtoie*  qu'après  que  Teffigie  du  Roi  y  a  été 
empreinte. 

Le  coupoir  eft  compofè  du  coupoir  dont  on 
vient  de  parler  ;  d'un  arbre  de  fer ,  dont  le  haut 
efl  I  vis  »  &  au  bas  duquel  eft  attaché  le  cou- 
poir ;  d'aune  manivelle  pour  faire  tourner  l'arbre; 
€  im  écrou  oh  s'engraîne  la  partie  de  rarbre  qui 
eft  4  vis;  de  deux  platines  à  travers  defquelîes 
Tarbre  paffc  perpendiculairement;  &  au-deflbus 


du  coiipolr  eft  une  troifièmc  plaiînc  taillée  en 


creux» 


Par  le  milieu  du  diamètre  dti  flan  qu'on  veut 
couper  fur  la  platine  en  creux,  on  appliqué  la  vis  , 
baiiïant  le  debout  du  coupoir  par  le  moyen  de 
la  manivelle. 

L^emporte-pièce  coupe  à  Tendrolt  où  elle  porte 
à  faux. 

Les  flans  coupés ,  on  les  livre  aux  ouvriers 
ajufteurs  &  taifiereffcs  ,  pour  les  rendre  aux 
poids  dinérsux ^  qui  font  des  poids  étalonnés, 
fur  lefqueîs  doivent  être  réglée*  les  monnoics  , 
chacune  félon  fon  ef|i'èce. 

Si  les  flans  font  trop  légers  »  on  les  ctfaille; 
s'ils  font  trop  forts  ^  on  les  lime  avec  une  écouenne, 
qui  eft  une  forte  de  lime. 

Les  ajufteuts  &  les  taîllerefles  répondent  de 
leurs  travaux. 

Après  que  les  flans  ont  été  ajuités  ^  on  les 
porte  à  l'attelier  du  Manchiment ,  c'eft-à-dire ,  ait 
lieu  où  Fon  donne  la  couleur  aux  flans  d'or,  & 
l'on  blanchît  ceux  d'argent  ;  ce  qui  s'exécute  c« 
les  faifant  recuire  dans  un  fourneau,  lorfqu'ils 
ont  été  tirés  &  refroidis ,  en  leur  donnant  la 
bouillitoire. 

Donner  la  hiiUIitoire  aux  flans ,  c'eft  les  faire 
bouillir  fucce04vement  dans  deux  vailTeaux  de 
cuivre  appelés  houiUùïn  ^  avec  de  Teau ,  du  fel 
commun  6c  du  tartre  de  Montpellier  ou  gravellc; 
&  lorfqu^ils  ont  été  bien  épurés  avec  du  fablon  , 
&  bien  lavés  avec  de  l'eau  commune,  tes  faire 
fécher  fur  un  feu  de  braife  qu'on  met  dcHous  ua 
crible  de  cuivre  où  on  les  a  placés  au  fortir  àt% 
boui Hoirs,    *      ' 

Le  Hanchtment  des  flans  fe  falfoit  autrefois 
bien  différemment;  &  même  l'ancienne  manière 
s*eft  encore  confcrvée  parmi  pi uiicurs  orfèvres  eu 
ouvriers  qui  emploient  l'or  oC  l'argent  pour  blajl* 
chir ,  &  donner  cquleur  à  ces  métaux. 

Avant  Tannée  1685 ,  les  flans  qui  avoient  reçu 
la  bouillitoire  étoient  immédiatement  portés  au 
balancier ,  pour  y  être  frappés  8c  y  recevoir  les 
deux  empreintes  de  Vejjigie  8c  de  Vécujfo/t  ;  mais 
depuis  ce  temps  ,  en  conféquence  de  l'ordon- 
naoce  de  1690»  on  les  marque  auparavant  d'une 
légende  ou  d'un  cordonnet  fur  k  tranche  ,  afii^ 
d*eropàchcr  par  cette  nouveîlc  marque ,  la  rognure 
des  cfpèces,  qui  eft  une  des  manières  dont  les 
faux  moanoyeurs  altèrent  les  monnoies, 

La  machine  pour  marquer  les  flans  fur  la 
tranche,  quoique  fi  m  pie,  eft  très- ingénieufe.  Elle 
confifte  en  deux  lames  d'acier  faites  en  forme  de 
rêgîe  èpaifle  dVnviron  une  ligne,  fur  lefquellcs 
font  gravées  les  légendes  ou  les  cordonnets, 
moitié  fur  l'une»  moitié  fur  l'autre;  Tune  de  ce* 
lames  efl  immobile ,  &  fortement  attachée  av«c 
des  vis  fur  une  plaque  de  cuivre ,  qui  l'eft  elle- 
même  à  une  table  fort  épaifle. 

L'autre  lame  eft  mobile»  8c  coule  fur  la  plaque 

Tij 


148 


MON 


ée  cuivre  ;   pat  le  moyen  d'une  manivelle  et  ^ 
d'une  roue  de  fer  à  pignon,  dont  les  dents  sVn- 
gfénent  Mledans  la  denture  qui  eil  fur  la  fuper- 
£de  de  Ta  bme  coulante. 

Le  flan  placé  horizanialement  entre  ces  deux 
lames  ,  cft  entraîné  par  le  mouvement  de  celle 
qui  eft  mobile ,  enforte  que  îorfquM  a  décrit  un 
dcmi-ccrcle ,  il  fe  trouve  entièrement  marqué. 

Cette  machine  eft  fi  commode ,  qu'un  fcul 
homme  peut  marquer  aoooo  flans  en  un  jour» 
Ce  fut,  comme  on  Ta  dit,  Caflaing,  ingénieur,  qui  la 
trouva  :  elle  ftit,commeon  conçoit  facilcmcm^  reçue 
avec  applaudin'emcnt;  on  en  fit  ufage  en  16S5  t  ^ 
l'ordonnance  en  fut  rendue  cinq  ans  après,  Ceft 
ici  Tendroit  de  rendre  jufticc  à  Caftaing.  Les  An- 
glois  prétendent  avoir  eu  la  marque  fur  tranche 
avant  Caftaing. 

Voici  la  preuve  qu'ils  en  donnent,  Olivier  Crom- 
vel,  en  1658,  fit  frapper  des  pièces  appelées  cou- 
tonnes  fit  demi-couronnes,  qui  font  marquées  fur 
tranche.  Mais  long -temps  avant  Cromwd  on 
9V0Ît  marqué  fur  tranche  avec  des  viroles. 

Cette  opération  fe  faifoit  en  mettant  le  flan 
dans  une  virole  juftc  qui  cxcédoit  de  hauteur; 
fie  en  frappant  deflus  plufteurs,  coups  de  ba)  m- 
cier  »  la  matière  s'étendoit,  &  reccvoit  rcmpreîntc 
des  itttrcs  qui  ctoient  gravées  fUr  la  virole. 

Lorfque  les  flans  font  marqués  fur  tranche , 
on  ks  achève  au  balancier»  dont  on  peut  voir 
la  figure  dans  ks  planches  du  monnoyage  , 
tome  )  des  gravures.  Oft  upe  invention  de  la 
fin  du  feizième  ficelé. 

Le  Balancier  efi  une  machine  avec  Uqyelle 
^n  fait  fur  les  flaDS  le$  ^mpceinces  qu  ils  doivent 
porter,  fdon  la  volonté  du  prmce^ 

Cette  machine  eft  compofée  d'un  corps  ou 
-afbre  ordinairement  de  bronze  &  toujours  d'une 
feule  pièce.  Les  deux  montans  s*appellenty«;?îr//r^. 
La  partie  fupérieuce  qui  ferme  la  baie  ou  ouver* 
turc,  fe  nomme  It  fommier ^  clic  doit  avoir  en- 
viron un  pied  d'épaiiTeur. 

La  panic  inférieure  de  la  baie  cft  de  même  fer- 
mée par  un  focle  fondu  avec  le  re/b,  enforte 
que  les  jumdUs ,  le  fommitr  &  le  fade ,  ne  for- 
ment qu'un  tout  ;  ce  qut  donne  au  corps  plui  de 
folldité  &  de  force  que  fi  les  pièces  étoicm  af- 
femblées. 

Le  fodc  a  vers  fes  extrémités  latérales  deux 
émincnccs  qui  fervert  à  Taffermlr  dans  le  plan- 
cher de  raitclier ,  au  moyen  d  un  châffis  de  char- 
pente qiii  remoure  ;  ce  chAffis  de  charpente,  dont 
les  cotés  font  prolongés,  eft  fortement  fceîlé  dans 
le  plancher,  fous  lequel  efl  un  maflif  de  maçon- 
nerie qui  fouticm  toute  la  machine. 

La  baiî  eft  traverfée  horizontalement  par  deux 
moifes  ou  planchers  ordinairement  fondus  de  ta 
même  pièce  que  le  corps.  Ces  deux  moifts  font 
pcrfées  chacune  d'un  irou  cairé  dans  lequel  palTe 
fa  bolic. 


MON 

Les  trous  des  moifes  doivent  répofldre  \  celui 
qui  eft  au  fommier ,  qui  eft  fait  en  écrou  à  deux 
ou  trois  filets  ;  cet  écrou  fe  fait  en  fondant  le 
corps  fur  la  vis  qui  doit  y  entrer ,  6r  qu*on  cn«- 
fume  dans  la  foute  pour  que  le  métal  ne  f*y  at- 
tache point. 

Cette  vis  a  une  partie  cylindrique  qui  pafiTe 
dans  le  corps  de  la  boite ,  &  y  eft  retenue  par 
une  clavette  qui  traverfe  la  boîte,  &  dont  Tex- 
trémité  cft  reçue  dans  une  rainure  pratiquée  fur 
la  furface  de  la  partie  cylindrique.  Ceft  le  même 
méchanifme  qu'à  la  prcffe  d'imprimerie. 

Si  la  boîie  n*eft  point  traverfée  par  une  cla- 
vette qui  la  retienne  au  cylindre  qu*clle  reçoit , 
elle  eft  repoufféc  par  quatre  reflbrts  fixés  fur  la 
moifc  fupéricurc  d'un  bout,  &  appuyant  de  Tautre 
contre  clés  éminences  réfervécs  à  la  partie  fupé* 
rîeure  de  chaque  côté  de  la  boîte,  enforte  qu'elle 
efl  toujours  rcpouffée  en  haut ,  &  obligée  de  liiivr^ 
la  vis  à  mefqre  qu'elle  s*éloigne. 

Ce  fécond  méchanirme  paroit  défeftueux  ;  parce 
que  Taflion  du  balancier^  quand  il  prefte,  eft  di- 
minuée de  la  quantité  de  l'a^^ion  des  petits  ref* 
forts  employés  pour  relever  la  boîte. 

La  partie  fupétieurc  de  la  vis  eft  carrée,  & 
reçoit  le  grand  levier  ou  la  barre  ^  qui  eft  de  fer 
ainil  que  la  vis. 

Cette  barre  a  à  fes  entremîtes  des  «boules  de 
plomb,  dont  lejdiamètre  eft  d'environ  un  pied» 
plus  ou  moins,  félon  ks  cfpèccs  à  monnoyer: 
car  on  a  ordinairement  autant  de  haUncien  que 
de  différentes  monnoies,  quoiqu'on  pût  les  mon- 
noyer  toutes  avec  le  niéme*  ^ 

Les  extrcmiiés  du  levier,  après  ayoir  iraverft 
les  boules  de  plomb,  font  terminées  par  des  aa- 
neaux  mobiles  autour  d*un  boulon  vertical. 

On  attache  à  ces  anneaux  autant  de  cordes  011 
courroies  de  cuir  nattées  en  rond ,  qu'il  y  a  d*Oïi- 
vriers  qui  doivent  fcr\*ir  la  machine. 

La  panic  inférieure  de  la  boîte  cft  crcafe.  Elle 
reçoit  une  des  matrices  ou  coins  qui  porte  Tem- 
prcinie  d'un  des  côtés  de  la  pièce  de  monnoie. 

Cette  matrica  eft  retenue  dans  la  boite  avec 
des  vis;  Tautre  matrice  eft  aflfujettie  dans  ui&t 
autre  boite  auifi  avec  des  vis. 

On  pofc  cette  boite  fur  le  focle  ou  cas  de  la 
baici  QL  qu^on  ne  foit  pas  étonné  qu*tlle  ne  Mt 
que  pcféc  y  Taélion  de  la  vis  étant  toujours  per^ 
pcndicubire,  Ôc  1c  poids  de  la  matrice  aftemblée 
avec  la  bt>ïtc ,  iréscc^nfidcrable ,  il  n'y  a  aucune 
*  raifon  pour  que  cet  affjmblage  fe  déplace. 

Devant  le  ba'ancier  eft  une  profondeur  dam 
laquelle  le  moanoyeur  place  fes  jambes  ,  afin 
d'être  aftis  au  niveau  du  focle  ,  &  de  pouvoir 
placer  cf>mmodcmcnt  le  flan  fur  la  mairicc. 

Tout  étant  dans  cet  état,  en  forte  que  l'axe 
de  U  vis ,  celui  des  boites  foient  dans  une  mém« 
ligne  perpendiculaire  au  plan  du  focle  ,  fi  on 
conçoit  que  des  hommes  foient  appliqués  aux  cor- 
duos  dont  les  extrémités  du  levier  io«t  girnicf  » 


I 


MON 

ti  4fBLi\$  tîreiits  en  forte  que  la  vis  tôurnt  du 
mém€  (cn%  dont  elle  entre  dans  fon  ècrou  ;  U 
matrice  dont  la  boîte  fupérieure  cft  armée  s'ap- 
firodytn  de  Taiitre  ;  &  fi  on  place  uu  ôan  fur 
cfUe-ci  ,  U  fe  trouvera  pris  &  preiTé  entre  les 
«kin  matrices  d'une  force  conGderable  »  puif- 
^*cUe  équivaudra  à  t'aétlon  de  dix  à  douze 
bdfllflies  appliqués  à  Textrèmité  d*ufi  levier  très- 
long,  6c  chargé  par  fes  bouts  de  deux  poids  très- 
lourds. 

Apcés  que  le  ûin  eft  marqué  »  deux  hommes 
firent  m  eiu  des  cordons  dans  un  fens  oppofé, 
&  font  remonter  la  vif* 

Le  ifionnoycur  faîfit  cet  înRint  pour  chaffer  le 
ISan  marqué  de  dcffus  la  matrice  ,  &  y  en  re- 
loeiire  un  autres.  11  doit  (aire  cette  manœuvre 
arec  adrcflc  &  promptitude;  s'il  lui  arrîvoit  de 
n'être  pas  à  temps,  il  laifleroit  le  flan  fur  la  ma- 
frice ,  6t  ce  flan  recevroit  un  fécond  coup  de  ba- 
laoder. 

Les  flans  ont  été  graiffés  d'huile  avant  que 
é'étrc  mb  fur  la  matrice. 

Les  flans  étant  marqués  des  trOls  empreintes, 
de  Vt^gU ,  de  tccujfon  8t  de  la  trandic  ,  de- 
Ttennent  monnoies,  ou»  comme  on  parle  en  terme 
fie  monnoles,  deniers  de  monnayage  ;  maïs  ils  n^ont 
cours  ou  après  la  délivrance,  fit  lorfque  la  cour 
a  dacme  permiiËon  aux  dircâeurs  des  monnoies 
de  les  eapofer  en  public. 

Seipifuriage  6»  hrajfage* 

Ceft  ainfi  qu  on  nommoît  le  profit  que  le  prince 
prend  fur  les  matières,  tant  comme  feigneur^  que 
pcnir  les  fabriquer  en  mon  noie.  Ces  droits  mon- 
tent peul'èire  en  Francs  à  trois  pour  cent  de  la 
Talcuri  félon  cette  fupputaiion,  celui*  qui  porte 
des  matières  à  Tliôtel  de  la  monnoie  pelant  cent 
onces ,  &  du  racme  titre  que  les  efpèces ,  reçoit 
quatre- vingt-dix- fept  onces  fabriquées.  L'Angle- 
terre oc  prend  aucun  profit  de  fc'tgneuridge  ni  de 
hr^ffagi  fur  la  monnoie;  la  fabrique  efl  défrayée 
par  lètai,  &  c'eft  une  excellente  vue  politique. 

Le  droit  de  fei^ntunage  éïoit  non* feulement 
ÎAcannu  aux  anciens ,  mais  même ,  fous  tes  Ro' 
naios  ,  on  ne  prenoit  pas  fur  les  monnoies  les 
frais  de  fabrication,  comme  la  plupart  des  princes 
fom  aujourd'hui;  Tétat  les  payoit  au  particulier 
f^  portott  tme  livre  d'or  nn  à  la  monnoie;  on 
Inî  rendoit  7a  fols  d'or  fin  ,  qui  pcfoient  une 
livre  :  ainfi  Tor  &  l'argent  en  maffe  ou  convertis 
ca  monnoie ,  étolent  de  m^mc  valeur. 

Il  cil  difficile  d*tndiquer  quand  nos  Rois  ont 
comoiencé  à  lever  le  droit  de  feigneuriage  fur 
leurs  monnoies ,  ou  »  pour  mieux  dire ,  fur  leurs 
fumets.  Nûus  n'avons  rien  fur  cela  de  plus  ancien 
qu'un:  crdonnaitce  de  Pépin  :  du  moini  ii  y  a 
apparence  que  les  Rois  de  la  première  race  en 
avotcînt  joui ,  parce  qu'il  n'eft  pas  vraifemblable 
que  Pépia  eut  ofè,  dans  le  commencement  de  fon 


MON 


149 


règne ,  impoCer  un  nouveau  tribut  fur  les  françoii 
qut  venoient  de  lui  donner  la  couronne. 

Dans  tout  ce  qui  nous  reftc  d'ordonnances  des 
Rois  de  la  féconde  race  pour  les  monnoies  ,  il 
n'y  eft  fait  aucune  mention  de  ce  droit  ;  cepen- 
dant la  donation  que  Louis  le  débonnaire  fit  à 
St.  Mcdard  de  Soillons,  du  pouvoir  de  battre 
monnoie,  montre  que  Ton  en  tiroit  quelque  pro- 
fit, puif^u'il  dit  qu'il  leur  accorde  ce  droit  pour 
être  employé  au  fervicc  qui  fe  faifoit  chei  eux 
en  rhonncur  de  St.  Scbaltien  ;  mais  ce  droit, 
qui  cft  quelquefois  appelé  monctapum^  eft  très- 
bien  prouvé  dans  un  bail  que  Phi  lippe- Augdlc 
fit  l'an  1 201 ,  de  la  monnoie  de  tournai  :  nos 
hahebimus  terùam  panem  mon  et  agit  quod  indl  txïct^ 
Tachons  à  préfent  de  découvrir  en  quoi  con* 
fiftoit  ce  droit,  du  moins  fous  quelques  régiies. 

Depuis  Pépin,  qui  prenoit  la  vingt-deuxième 
partie  de  douze  onces,  nous  ne  favons  point  ce 

?|uc  fes  fucceffeurs  jufqu'à  St.  Louis  ,  prirent 
ur  les  monnoies  pour  le  droit  de  feigncuriagt 
Se  pour  les  frais  de  la  fabrication.  Il  eft  difficile 
de  dire  à  quoi  fe  montoit  l'un  &  l'autre  j  car 
cela  a  fort  varié  dans  tous  les  règnes  ,  mkmc 
fous  ceux  où  les  monnoies  n'ont  point  été  af< 
foiblies,  &  oii  elles  ont  été  bien  réglées. 

Cependant  ce  que  Sx,  Louis  leva  fur  les  mon* 
noies  ,  nous  peut  fcrvir  en  quelque  façon  de 
règle ,  puifque  toutes  les  fois  qu  elles  tombèrent 
dans  le  défordre  fous  fes  fuccefTeurs,  ce  qui  ar- 
riva fouvent,  les  peuples  demandèrent  toujours 
qu'on  les  remit  au  même  état  quelles  étoient  dtt 
temps  de  Sr.  Louis, 

Ce  fage  prince  avoit  fixé  le  prix  du  marc  d'ar- 
gent à  <î4  fols  7  deniers  tournois,  &  il  le  faifoit 
valoir  ^8  fols  étant  converti  en  monnoie  ;  de 
foTtc  qu'il  prenoit  fur  chaque  marc  d'argent,  tant 
pour  fon  droit  de  fcigncunage  que  de  hraffage^ 
ou  frais  de  la  fabrication ,  3  fols  5  deniers ,  c*eft-à- 
dîre,  quatre  gros  d'argent,  ou  la  fixième  partie 
du  marc.  On  prenoit  aulTi  à  proportion  un  droit 
de  feigne urUgc  for  les  monnoies  d'or,  M.  Leblanc 
a  donné  des  tables  à  la  fin  de  chique  régne 
qui  confiaient  ce  que  les  fucccfleurs  de  St.  Louis 
ont  Icvéj  tant  fur  les  monnoies  d'argent  que  fur 
celles  d'or. 

Nos  Rois  fe  font  quelquefois  déparris  de  ce 
droit  de  feïgneufiagi ,  retenant  fcylement  quelque 
chofe  pour  la  fabrication  ;  c'eA  ainfi  que  fe  con- 
duifit  Philippe  de  Valois ,  au  commencement  de 
fon  régne.  Toutes  fortes  de  perfonnes  ,  dit-il^ 
porteront  le  tiers  de  kur  vai/Telle  d'argent  à  la 
monnoie  ...  &  feront  payées ,  fans  que  nous  y 
prenions  nul  profit ,  mais  feulement  ce  que  la 
montioie  coûtera  i  fabriquer.  Il  parok,  par  un^ 
autre  ordonnance  du  roi  Jean,  qu'il  fit  la  mime 
chofe  fur  la  fin  de  fon  règne.  Il  y  eil  dit  en 
parlant  des  monnoies  qu'il  venoit  de  faire  fabri* 
quer^  qu*eîles  a  voient  été  mifcs  à  fi  convenable 
&  jude  prix^  que  lui  Roi  n'y  prenoit  aucun  pr<K 


iço 


MON 


fit,  lequel  îl  pouvait  prendre,  s'il  lut  plaifeît  > 
mais  vouloit  au'îl  demeurât  au  peuple»  Louis  XIII 
&  Louis  XIV  ont  fuivi  une  ou  deux  fois  cette 
méthode. 

Il  convient  de  remarquer  que  ce  que  nos  an- 
ciens rois  prenoient  fur  la  fabrication  de  leurs 
monnoies ,  étoit  un  des  principaux  revenus  de  leur 
domaine  r  ce  qui  a  duré  jusqu'à  Charles  VIL 

Auflfit  lorfque  le  bcfoin  de  Tétat  le  demandoit, 
le  Roi  non-feulement  augmeotoit  ce  droit ,  &  le- 
voit  de  plus  gronfes  fommes  fur  la  fabrication 
des  monnoies ,  mais  par  une  politique  bien  mat- 
entendue,  il  les  afTotbliffott ,  c'eft-à-dire,  en  di- 
minuoit  la  bonté  :  c*cft  ce  que  nous  apprend  un 
plaidoyer  fait  en  Tan  1504^  par  le  procureur  du 
roi  Philippe-lc-Bel,  contre  le  comte  de  Nevers, 
qui  avoît  aSbIbti  fa  monnoie  :  »  abaiffier  & 
«  amenutfter  )a  monnoie ,  dit  le  procureur-géné- 
«  rai ,  eft  privilège  cfpéctal  au  Roi  »  de  fon  droit 
«  royal,  fi  que  à  lui  appartient  &  non  à  autre; 
«  8c  encore  en  un  feul  cas ,  c'eft  à  favoir  en 
«  néccIFité ,  &  lors  non  pour  le  convertir  en  fon 
il  profit  efpécial ,  mais  en  la  défenfc  d*un  com- 
«  mun,  » 

Sotts  la  trotfième  race ,  dès  que  les  Rois  man- 
quoient  d*argent  ,  ils  affoibUffoient  leurs  mon- 
noies ,  pour  fubvenir  k  leurs  befoins  ou  à  ceux 
de  Tétat,  nV  ayant  encore  ni  aides,  ni  tailles* 

Charles  VI;  dans  une  de  fes  ordonnances  ,  dé- 
clare qu'il  eft  obligé  d*affoiblir  fes  monnoies,  pour 
réfifter  à  fon  adverfatre  d*Angiecerre ,  &  obvier 
à  fa  damnabic  entreprifc ,  attendu ,  ajoute-il ,  que 
de  prèfcnt  nous  n*avons  aucun  autre  revenu  de 
notre  domaine ,  dont  nous  nous  puiffions  aider. 

Les  grandes  guerres  que  les  fucceffeurs  de 
St.  Louis  eurent  à  foutenir  contre  les  Anglois , 
les  obltgirenc  fou  vent  de  pratiquer  ce  dangereux 
moyen  pour  avoir  de  Targent*  Charles  VU,  dans 
la  prcflfante  néceflité  de  fes  affarres ,  pouâfa  laf- 
foibliiTcment  fi  loin,  &  leva  un  Ci  gros  droit  fur 
les  monnoies,  qu'il  retenoit  les  trois-quans  d*un 
marc  d*argent  pour  fon  droit  de  feignturiage  &  de 
^f*^ff*^S^  >  iï  prcnoit  encore  une  plus  groife  traite 
fur  le  marc  d*or. 

M,  Leblanc  dit  avoîr  lu  dans  un  ftianufcrit  de 
ce  temps- là  ,  que  le  peuple  fe  reiTou venant  de 
rincommodité  oc  des  dommages  infinis  qu'il  avoir 
reçus  de  Tafimbliffement  des  monnoies ,  &  du  fré- 
cpicnt  changement  du  prix  du  marc  d  or  &  d'ar- 
gent ,  pria  le  Roi  de  quitter  ce  droit ,  confcntant 
qu'il  impofât  les  tailles  &  les  aides  :  ce  qui  leur 
fut  accordé;  le  Roi  fe  réferva  feulement  un  droit 
rfc  fcigmun^e  îort  petit,  qui  fut  deftiné  au  paie- 
inent  des  officiers  de  la  monnoie,  &  aux  frais  de 
la  fabrication. 

Un  ancien  regtftre  des  monnoies ,  qui  paroit 
avoir  été  fait  fous  le  règne  de  Charles  VIlï,  dit 
que  :  onques  puis ,  qu€  le  roi  mût  hs  taïlUs  des 
pojjcfftons^  CabonddtKi  des  monnoies  ne  lui.chdlttt 
fku    On  voit   pmrlù   que  rimpofiuon  fixe  des 


MON 

tailles  &  des  aides  fut  fubOituée  à  la  place  d^ita 
tribut  infiniment  plu«  incommode  que  n*étoieiic 
alors  ces  deux  nouvelles  impofitîons. 

Oh  appelle  furachat  la  remife  q^ic  des  parti- 
culiers favent  le  procurer  du  bcné6cc  que  tait  le 
Roi  fur  la  monnoie ,  ou  de  partie  de  ce  béné- 
fice fur  une  quantité  de  marcs  quMs  fe  char- 
gent de  faire  venir  de  l'étranger.  Traçons,  d'après 
r  auteur  des  confidêrjtioni  fur  les  finances  «  les 
idè*^s  faines  qu'il  faut  avoir  fur  une  pareille  opé» 
ration. 

Nul  homme,  dit-Il,  au  fait  des  principes  poU- 
dques  de  lad  mi  tiift  ration,  ne  doute  qu'il  ne  fott 
avantageux  de  payer  au  commerce  les  matières 
au*il  apporte,  fuivant  la  valeur  entière,  c'eft-à* 
dire  ,  de  rendre  poids  pour  poids  ,  titre  pour 
titre;  car  Ci  le  prince  retient  un  bénéfice  fur  it 
monnoie  ,  il  délivre  en  monnoie  une  moindre 
quantité  de  grains  pefant  de  métal  pur,  pour  une 
plus  grande  qui  lui  efl  apportée.  Ainu ,  il  efi 
évident  qu'une  telle  retenue  cft  une  impofiûoB 
fur  le  commerce  avec  les  étrangers  ;  or,  le  com- 
merce avec  les  étrangers  eft  la  Icule  voie  de  faârt 
entrer  Targent  dans  le  royaume  :  d*où  il  eft  atfè 
de  conclure  que  toute  remife  générale  des  droîti 
du  prince  fur  ta  fabrication  de  la  monnoie  ,  eft 
un  encouragement  accordé  à  la  culture  &  ans 
manufaâures;  puifque  le  négociant  eA  en  état^  ^ 
au  moyen  de  cette  remife  ,  ou  de  payer  mieux 
la  marchandife  qu'il  exporte ,  ou  de  procurer  à 
l'état  une  exportation  plus  abondante ,  en  faifant 
meilleur  marché  aux  étrangers  :  unique  moyen  de 
fe  procurer  la  préférence  des  ventes,  &  dés-lors 
du  travail. 

Cette  police  occafionne  encore  des  entrepôts 
de  matières  pour  le  compte  des  autres  natiotu: 
or,  tout  entrepôt  eft  utile  à  celui  qui  entrepofi^ 
On  fe  contente  ici  de  pofer  ces  principes  évideni , 
qui  fuffifcnt  pour  détruire  les  fopliifmcs  que  peu- 
vent fuggérer  fur  ce  fujet  de  petites  vues  io- 
térefTées* 

Dans  ces  matières,  il  n'efl  qu'un  intérêt  à  coii* 
ûdérçr,  c*eft  celui  des  hommes  qui  produifcor , 
c'eft  adiré,  du  cultivateur ,  du  manufaâurier,  de 
Tarmateur  ;  mais  lorfque  Tétat  n'efl  pas  dans  une 
fituaiîon  qui  lui  permette  de  faire  cette  gratifict* 
tioa  entière  au  commerce,  il  eft  dangereux  ooll 
l'accorde  à  des  particuliers  qui  s'offrent  de  taire 
venir  de  grandes  fommes  dans  le  royaume  :  pré- 
texte ridicule  aux  yeux  de  ceux  qui  font  quelque 
ufnge  de  leur  efprit. 

Nous  ne  pouvons  recevoir  de  l'argent  que  ptr 
la  folde  du  commerce ,  lorfqu'il  rend  les  étran- 
gers nos  débiteurs. 

Si  nous  en  recevons  d'eux  qu'ils  ne  nées 
doivent  pas  ,  il  ell  clair  que  nous  devenons  Ictirf 
débiteurs  :  ainfi  ils  auront  plus  Je  Icttrcs-dc* 
cl^nge  fur  nous  que  nous  nen  aurons  fur  eux; 


MON 

par  coafèqyenc  le  change  fera  contre  nous ,  le 
commerce  total  du  loyaume  recevra  moins  de 
rdeur  de  ie$  denrées ,  qu  il  ne  devoh  en  recc- 
▼oir,  Qc  fa  dette  à  Tctranger  lui  coûtera  plus 
cher  î  acquitter. 

Pour  &îre  ccffer  cette  perte,  il  n'y  auroit  qu'un 
feni  moyen,  cVd  de  folder  cette  dette,  en  en- 
voyam  des  marchandifes  ,  ou  en  envoyant  des 
efpèces. 

Si  rétranger  n*a  pas  befoin  de  nos  marchan- 
dîfiss,  oa  bien  cites  y  relieront  invendues,  ce 
^  oe  le  rendra  pas  notre  débiteur  ;  ou  bien 
clk&  y  feront  vendues  à  perte ,  ce  qui  t(ï  tou- 
por%  âcheiix. 

Si  rbranger  a  beOtn  de  nos  marchandifes ,  il 
cft  clair  qu'il  les  adroit  également  achetées, 
foand  mètne  nous  n^aurions  pas  commencé  par 
fjgfloQ  argent  ;  U  eA  ég;alcment  évident  qu  ayant 
fcs  avant  d'avoir  livré ,  nous  aurons  payé 
de  cet  argent  par  le  change  ;  &  dés- 
lof»  non  denrées  ne  nous  autant  pas  rapporté  ce 
qu^eliîs  nous  auroicni  valu  «  fi  nous  ne  nous 
étions  pas  rendus  débiteurs  de  Tétranger  par  des 
tfitrjiàjis  de  matière. 

Si  tious  faifons  fortir  notre  dette  en  nature 
pov  faire  ceiTer  le  défavantagc  du  change ,  iî  eft 
dair  que  Tentrèe  de  cet  argent  n*aura  été  d*au- 
awe  utiltiè  à  Tétat ,  &  qu'elle  aur<i  noublé  le 
coors  du  commerce  général  pour  favorifer  un 
pamcuUer.  Tel  fera  toujours  l'effet  de  toute  Im- 
portation forcée  de  Targent  dans  les  mônnoieî;. 
Concluoiis  qu'il  ne  doit  entrer  que  par  les  béné- 
fices du  commerce  avec  les  étrangers  ,  &  non 
pair  les  emprunts  du  commerce  a  l'étranger. 

Eofin ,  dans  le  cas  où  Tètranger  fe  trouvcroît 
notre  débiteur ,  il  ell  fenfible  que  tout  ftirazhdt 
cft  un  privilège  accordé  à  un  particulier  pour 
&ijç  fon  commerce  avec  plus  d^avamage  que  les 
attires  ;  ce  qui  renverfe  toute  égalité ,  toute  con- 
currence* 

En  effet,  ce  particulier  pouvant,  au  moyen  du 
bcfièficedu  furackat^  payer  les  maréres  plusch^r 
qfne  les  autres,  on  le  rend  maître  du  cours  du 
change ,  &  c  cft  pofuivem-nt  lever  à  fon  profit 
un  impât  fur  la  totalité  du  commerce  national, 
confequemment  fur  la  culture,  les  manufaflures 
6c  la  naTigarion.  Voilà  au  jufle  le  fruit  de  ces 
Ibftes  d'opérations ,  où  les  propofans  ibnt  leurs 
efforts  pour  ne  fiirc  envifager  aux  miniflres  qu'une 
grande  tntrodu^ion  d'argent ,  &  une  grâce  par- 
ûctttiére  qui  ne  coûte  rien  au  prince. 

On  leur  cache  que  le  commerce  perd  réelle- 
mem  tout  ce  qu  ils  gagnent,  &  bien  au-delà.  Et 
peut* on  <iire  férieulement  qu'il  n'en  coûte  rien 
au  p«ince  quand  tous  fes  fujets  perdent ,  6i  qu'un 
fiMiiK>p<^eur  s'enrichit? 

Qm  il  nous  foit  permis  d'ajouter  à  ce  qui  vient 
d'èrrc  dit  fur  le  fur  achat  &  fur  les  droits  de 
ij^c  &  de  irajfa^c  ,  les  excellentes  obfer- 
^  jj^  ii>  pubUées  en  novembre  1787,  par  M.  D,  P, 


MON 


,  i5i 


C.  D.  M.  fur  1  augmentation  progreHive  du  prix 
des  matières  d'or  ti  d*argent  depuis  le  premier 
janvier  1716. 

Cet  écrit  lumineux  doit  être  configné  d^ni 
cette  Encyclopédie  métkodique ,  avec  d'autant  phis 
de  raifon  qu'il  contient  la  véritable  doftrine  fur 
la  refonte  des  mon  noies  ,  &  qu'il  met  en  évi- 
dence les  grands  intérêts  du  prince  &  de  Têtat 
dans  une  matière  fi  délicate,  où  Ion  a  tant  varié 
de  fcntimens  &  commis  tant  d*crreurs  défas- 
rreufes. 

Obfervatlons  fur  U  DicUraiion  du  jo  oHobre  ijSf , 
&  ritugmcntaùon  progrtfftvt  du  prix  des  mu  titres 
d'or  &  d'argent  ^  dcpu's  le  prermer  janvier  IJ26* 

Les  dépenfcs,  &  les  dettes  immenfes'  fous  le 
poids  delquciles  la  Fance  gcmiiToit  à  la  fin  du 
régne  de  Louis  XIV,  £k  pendant  la  minorité  de 
Louis  XV  ,  forcèrent  le  gouvernement  à  em- 
ployer ,  pour  fe  procurer  des  fonds ,  tous  les 
moyens  qui  fembîoient  lui  offrir  quelques  ref- 
fources  :  le  furhaufliîment  des  monnoics  fut  un  de 
ceux  auxquels  on  eut  plus  fréquemment  recour-î. 

On  multiplia  les  rctonics  &  les  reformations 
d'cfpéces  \  ik  fouvcnt  on  vit  piroître,  dans  l'cf- 
pace  de  quinze  jours,  deux  arrciî  qtii  ailignoicnt 
à  la  mém3  monnoic  une  valeur  diffère na%  Ces 
variations  furent  principalement  fenûbïes  pendant 
le  cours  de  radminifliation  de  M,  Lav, 

Les  révolutions  produites  par  le  fyftéme,  por- 
tèrent jufques  à  196}  livres  11  f.  B  den.  le  prix 
du  marc  d'or,  &  à  ito  liv.  18  f,  2  den.  ce'ui  du 
marc  d'argent.  On  oufcrvoit  alors ,  dans  la  fixa- 
tion du  prix  de  ces  matières ,  Ij  proportion 
d'un  k  ly 

La  refonte  générale  ,  commencée  en  {anvier 
1716,  fut  la  dernière  opération  de  cette  nature, 
du  régne  de  Louis  XV  ;  les  difpofitions  de  l'édit 
qui  l'ordonna ,  ont  fervi  de  règlement  pour  la 
fabrication  des  efpèces  d'or  &  d'argent,  depuis 
cette  époque  jufqii*au  ^ooftobre  1785. 

Ces  diipofitions  portoient  que  les  louis  f€* 
roient  fabriqués  au  titre  de  22  karats,  au  remède 
^^  ï7*  C*^^  remède  fur  porté  à  ^7,  par  une  décla- 
ration du  1 1  février  de  la  même  année ,  )  &  à 
la  taille  de  trente  au  marc  ,  »u  remède  de  15 
grains  par  marc  ;  &  les  écus  au  titre  de  11  de- 
niers, au  remède  de  7^  ^^  grains,  &  à  la  taille 
de  8  ,^0  ^ti  tnarc ,  au  remède  de  36  grains  par 
marc,  ce  qui  avolt  établi  entre  les  valeurs  in* 
trinféques  de  ces  efpèces  (confidérées  comme 
matières)  le  rapport  d'un  à  14^^- 

Ce  rapport  eu  fondé  fur  la  fuppofition  que  les 
louis  font  fabriqués  à  21  karats  vingt-un  trente- 
deuxièmes  ,  &  les  écus  à  dix  deniers  vingt-un 
vingt- quatrièmes,  &  que  les  direÛcurs  emploient 
neuf  grains  du  remède  de  poids  dans  la  fabrica- 
tion d'un  marc  de  louis ,  &  dix-huit  grains  de  ce 
même  remède  dans  celle  d*un  marc  d'écus  ;  d  ou 
il  réftiltc  qu^in    marc  de  louis  coatient  4149 


152  MON 

grains  d'or  fin,   &  le  marc  d'éciis  41 58  graîns 
d*areent  fin. 

Cet  èdit  ordonna  que  les  nouveaux  louîs  au- 
rolem  cours  pour  10  liv.,  &  les  écus  pour  5  liv. 
Il  fixa  en  mênie-temps  le  prix  du  marc  d'or  fin 
à  561  liv.  5  C  5  den.  »  &  celui  du  marc  d'argent 
fin  à  38  liv.  17  fols. 

Ces  difpofitions  établirent  entre  les  valeurs  nu- 
méraires des  efpèces  d'or  &  d'argent ,  la  propor- 
tion d^un  à  Mfrl,  &  celle  d'un  à  Utttt^  «"^re 
le  prix  des  manéres  fervant  à  leur  fabrication* 

La  converfion  de  ces  matières  en  cfpéces  pro- 
duifit ,  d'après  ces  bafes ,  93  liv*  8  f.  de  feigneu- 
fiagc  par  marC  de  louis,  &  5  Uv.  1 5  f .  i  den,  par 
marc  d*ècus. 

On  publia,  le  4  février  1726 ,  un  nouveau  tarif, 
qui  réduificle  prix  de  l'or  fin  à  5361iv.  14C  6den., 
ik  celui  de  l'argent  fin ,  337  liv.  i  C  9  den.  ;  il 
en  rèfulta  un  changement  dans  la  proportion  éta- 
blît entre  les  valeurs  de  ces  métaux  ,  qui  fe 
trouva  fi^téc  à  un  marc  d'or  pour  14!?^  marcs 
d*argent. 

Les  valeurs  numéraires  des  efpèces  d*or  &  d'ar- 
gent ,  6c  les  proportions  établies  entre-eUes  par 
ledit  du  moi*  de  janvier  précédent,  n'éprouvè- 
rent aueun  cliangcment  ;  mais  le  feigneuriags  (c 
trouva  porté  à  11;  liv.  o  3  den,  par  marc  de 
louis ,  5t  à  7  liv.  7  C  9  den.  par  marc  d*écus. 

Un  nouveau  taiif ,  publié  le  17  mai  de  la 
même  année,  éleva  le  prix  du  marc  d*or  fin  à 
69J  liv.  9  f.  I  é^n*  ,  &  celui  du  marc  d*argent 
fin  k  48  liv. ,  ce  qui  ètabUt  entre  les  valeurs  de 
CCS  métaux  la  proportion  d*un  à  14-77^^. 

On  ordonna  qu*à  l'avenir  les  louis  auroient 
cours  pour  24  liv. ,  Se  les  écus  pour  6  liv.  ;  le 
rapport  entre  les  valeurs  numéraires  de  ces  tf- 
pèces  fe  trouva  ûxà  ^  par  ces  difpofitions,  dans 
la  proportion  d'un  à  i4f|f.  Il  n'a  point  éprouvé 
de  variations  depuis  cette  époque  jufqu'au 
joo^obre  1785. 

Ces  changemens  réduifirent  le  fclçncurîage  fur 
For ,  à  91  liv.  16  f.  7  den.,  &  celui  lur  l'argent  à 
\  liv,  t4  f,  10  den. 

Le  prix  des  matières  fut  encore  augmenté  par 
un  nouveau  tarif,  publié  le  tS  juin  de  cette 
même  année  ,  qui  porta  le  prix  de  Tor  fin  à 
740  liv.  9  f.  I  den, ,  &  celui  de  l'argent  fin  à  ç  1  liv. 
jf.  3don. ,  ce  qui  établit  la  proportion  d^un  à 
î4T7rj'v  <^""^  ï^*  valeurs  de  ces  métaux* 

Le  kigncuriag;  fe  trouva  réduit  à  51  liv.  4  C 
7  den,  fur  les  clpèces  d'or,  &  à  1  liv,  17^4  den, 
fur  celles  d'argent. 

Les  droits  des  changeurs  furent  fixés,  par  un 
arrêt  du  4  novembre  1727,  à  trois  deniers  fOur 
livre,  pour  ceux  de  ces  oflîciers  qui ,  dcmcurans 
hors  d?s  viSles  ou  étoiciU  établis  les  hôtels  des 
monnoies ,  n'en  étoicnt  pas  éloignés  de  plus  de 
dix  UeuCfï',  &  à  4  deniers  pour  tous  ceux  qui 
éietent  domiciliés  à  dix  lieues  Sfau-dcl^;  le 
Roi  fc  charge^  du  paiement  de  ces  droits,   au 


MON 

moyen  de  quoi  les  particuliers  qu!  portoient  tu 
change  des  efpèces  ou  matières,  en  recevoieot 
la  valeur  entière  fans  aucune  retenue. 

Un  autre  arrêt,  publié  le  10  feptembre  17^9» 
ordonna  que  tous  ceux  qui  vcrferoient  des  efpèces 
ou  matières  aux  hôtels  des  monnoies  «  joulroienrp 
comme  les  changeurs  ,  d'une  remife  de  quatre 
deniers  pour  livre  en  fus  du  prix  porté  par  le 
tarif. 

Ces  difpofitions  produifirent  une  augmencatioo 
de  1 1  Uv,  6  f.  9  den,  par  marc  d*or  tin ,  &  d« 
17  f,  par  marc  d'argent  :  le  prix  du  premier  de 
ces  métaux  fe  trouva  conféquemment  élevé  à 
75a  liv,  iç  f,  10  den.  le  m;u'C  ,  Ôc  celui  de  l'ar- 
gent à  çiliv.  o,  3  den. ,  ce  qui  établit  entre  ieurï 
valeurs  la  proportion  d'un  à  14  jViî^»  le  fcigncu- 
riage  fe  trouva  réduit  à  40  liv.  11  I,  11  den*  ûir 
les  efpèces  d'or,  &  à  a  Uv,  i  f.  11  deo.  fiir 
celles  d'argent. 

On  ordonna,  par  un  édit  du  mois  d'oâobre 
1783  ,  une  fabrication  de  f<»J5,  de  24  deniers^ 
ou  2  fols  au  titre  de  deux  deniers  i-*  au  remède 
de  i*;,  &  à  la  taille  de  112  pièces  au  marc,  au 
remède  de  1 2  pièces  par  marc. 

Si  Ton  a  employé  la  totaUté  du  remède  iê 
loi,  &  moitié  ffulcment  du  remède  de  poidf^ 
&  fi  Ton  n'a  pas  payé  la  remife  de  quatre  de- 
niers pour  liv.  fur  le  prix  de  l'argent  qui  a  fervî 
à  la  fabrication  de  ces  efpèces,  elles  ont  dû  pro- 
duire un  fol  quatre  deniers  de  feigneuriage  par 
marc;  Taugmcntation  du  prix  des  matières  ne 
pcrmettroit  pas  de  continuer  aujourd'hui  cette  fa- 
brication fur  le  même  pied,  fans  y  perdre. 

Un  arrêt  du  Confeil ,  du  premier  août  pricè* 
dent  ,  avoit  fixé  à  18  deniers  la  valeur  nu- 
méraire de  toutes  les  anciennes  efpèces  de 
billon, 

La  remife  accordée  par  l'arrêt  du  20  feptcmbrt 
1729,  tant  aux  changeurs,  qu'aux  parciculiers 
qui  veribient  des  efpèces  &  matières  aux  hôtels 
des  monnoies  ,  fox  doublée  par  un  arrêt  du 
*5  août  t7î5  ,  qui  la  fixa  à  8  deniers  pour  livre; 
cette  augmentation  porta  le  prix  du  marc  d'or  fin 
à  765  liv,  2  f.  7  den.,  &  celui  du  marc  d'argent 
fin  à  52  liv-  17  f.  3  den.  ;  elle  rcdutfit  le  feigneu- 
riage à  28  liv.  19  C  6  den.  fur  Tor,  &  a  1  liv, 
6  L  6  den.  fur  rargcnt  ;  elle  établit  enfin  cntf^ 
les  valeurs   de  ces   métaux  la  propottion  d^uA 

L*or  au  litre  des  louiî  (21  k-|î) 
fe  vendoii  dans  le  comtncrcc,  en 

janvier  175  s»   ^"^'^^^  \^  publica- 

lion  de  ce  dernier  ai  lèt,  ,     •    .  6S9  I,    t  C    4  d. 

On  le  payoit  aux  hôtels  des 
monnoies  depuis  raugmentation 
de  4  deniers  pour  livre ,  établie 
par  arrêt  du  20  feptembre  1729,   ^78     1$ 


6 

DtjfértA€ê\ 


I 


Le  prrx  de  ces  mcmes  ma- 
tières fc  trouvai  élevé  en  janvier 
«7î«»i 

Oo^les  payolt  à  cette  époque 

hatcls  des  mon  noies,  en  eié- 

de  IVrét  du  15  août  17^5. 

Difennct  tn  plus. 

Le  commerce  paya  depuis  ce 
dernier  j  arrêt ^    , 

Il  payoït  auparavant*    . 

D'tffirmct  tn  plus. 

Le  marc  d'argent  au  titre  des 
fcus  (lodeo.  fi),  fe  vendoit 
dans   le  commerce    en    janyier 

'7^ï :  ,  . 

On  te  payoit  aux  hôtels  des 
Aocjiotes  à  cette  même  époque. 

Différence  en  plus.     ,     , 

Le  prix  de  ces  matières  fe 
Ifwv^  élevé  en  janvier  1756,  à 

On  les  pavoii  au  change  à 
cette  même  époque ,  en  exécu- 
i»û  de  rarrèt  du  25  août  175 y. 

Différence  en  plus,     .     . 

Le  commerce  paya  depuis  ce 
dernier  arrêt. 

n  payoit  auparavant.    .     ,     . 

Différence  en  plus,     ,     . 


694    19      o 
690      8      o 


■       4 

It 

Q 

;694 

689 

19 

I 

0 

4 

•     5 

17 

8 

4S  o  o 

47  a  9 

o  17  3 

48  10  o 


47  ïS  a 
021  10 

4810  o 

48  o  D 
O     10  o 


On  permit,  par  une  déclaration  du  7  oftobrc 
r7î5,  ^  *^*"  marchands,  banquiers  &  négocians ^ 
4e  faire  librement  &  fans  aucune  reAriftion  ,  le 
«dHiBcrcc  des  efpéces  étrangères  &  des  matières 
€or  fie  d  argent.  Avant  cette  époque  ,  les  orfé^ 
VTCS  n  a  voient  pas  même  la  liberté  d'acheter  les 
■Mcres  à  un  prix  plus  haut  que  celui  qui  étoit 
iié  par  le  tarif;  cette  loi  avoit  été  annoncée 
par  un  arrêt  du  10  juin  précédent,  qui  en  adop- 
tant les  motifs  &  les  difpofuions  d*un  autre  arrêt 
fendo  fous  le  miniftère  de  M.  Colbert,  le  10  fep- 
«««J^'C  1663»  avoit  provifoiremcnt  aifranchi  ce 
*Oinjnerce  de  tout  ce  qui  pouvoit  en  gôncr  les 
opérations  ,  fie  caffé  en  conféquence  un  jugement 
du  ^oèral-provtncial  de  Touloufe  ,  portant  con- 
yiftoo  de  quelques  monnoies  d'Efpagne  f^ifies 
fe  tu  particulier,  pour  eaufe  de  contravention 
Oit  anciens  règlement  prohibitifs. 
Àm  6^  Mmers*  tome  K  Pan,  L 


Peu  de  temps  après  la  publication  de  rarrêt 
du  a;  août  1755  >  '^  bancfuiers  de  la  cour,  fit 
plufieurs  particuliers  ,  obtinrent ,  fous  prétexte 
de  la  néceiBté  d  augmenter  le  numéraire,  des 
remifes  confidérables  fur  le  prix  des  matières  fie 
des  efpèces  d'or  &  dargent  étrangères  qu'ils  fe- 
roient  vcrfer  dans  les  monnoies  ;  les  mefurcs 
qu*ils  prirent  pour  acaparer  ces  matières^  afin  de 
s^aiTurer  la  joutH'ance  des  remifes,  ou  furachats, 
qui  leur  avoient  été  accordés,  en  firent  fucccffive^ 
ment  augmenter  le  prix  ,  enforte  que  Vor  au 
titre  des  louis ,  qui ,  àommc  on  Fa  vu  ci-devant , 
ne  fe  vendoit  dans  le  commerce ,  en  janvier  17^^ 
que*   . 694  L  1 9  f.  o  dm 

Se  trouva  porté  enjanvicr  17Î9, 
à 708     ly     ^ 


Différence  en  plus. 


ij       6     s 


Et  l'argent  qui  ne  valoit  dans 
te  commerce,  en  janvier  1756, 
que*    ........'*.     48 

Se  trouva  porté  en  janvier  1759 , 
à  •    .    •    ,    *^  ,.    .    .    .    -^    49 


10    o 


10 


Différence  en  plui* 


0     o 


La  difette  de  numéraire  ayant  déterminé  le 
Roi  il  faire  porter  fa  vaiiîelle  à  la  monnoie,  plu- 
ficurs  de  fes  fujets  s'emprefTèr'ent  de  fuivre  fou 
exemple  ;  on  publia  en  conféquence ,  le  26  oQobre 
17^9,  des  lettres-patentes,  par  Icfquelles  Sa  Ma- 
jefté  voulant  rendre  aux  propriétaires  de  ces 
vai (Telles  les  droits  de  contrôle  qu*ils  avoèent 
payés,  lorfqu'tls  en  avoient  fait  Tacquifition,  & 
les  faire  jouir  de  la  remife  de  fon  droit  de  feigreu- 
riage ,  ordonna  que  ces  matières  feroient  reçues 
aux  changes  des  hôtels  des  monnoies  fur  le  pied 
de  86 ï  liv.  7  L  le  marc  d  or  fin  :  &  de  59  iiv.  5  C 
loden.  77  le  marc  d'argent  fin  ;  on  obferva  pour 
la    fixation    de   ces    prix    la   proportion    d'un    à 

*4   14IÎ10' 

Les  efpèces  que  Ton  fabriqua  avec  les  matières 

f)rovenante5  de  ces  vaiffelks,  revinrent,  favoir, 
es  louis  à  1^  liv,  j8  f  6  den.  \~,  &  les  écus  à 
6  îiv,  10  f.  Il  den.*;;    le  taux   commun  de  la 

f>erte  produite  par  la  ttifférencc  qui  exiftoit  entre 
a  valeur  pour  laquelle  ces  efpéces  étoient  livrées 
au  public ,  fiï  le  prix  des  matières  employées  à 
leur  fabrication ,  fut  de  8  f  pour  cent. 

La  totalité  des  vaiiTelles  portées  aux  hôtels  des 
monnoies  ,  s*étant  élevée  à  environ  14  millions, 
la  converfion  de  cette  fommc  en  efpéces  exigea 
conféquemment  un  facnfice  de  1,010,000  Uv,  Et 
comme  il  fallut  payer  comptant  aux  propriétaires 
de  ces  vai^Tf  lies  le  quart  de  leur  valeur  ,  il  ne 
relia  à  la  difpofition  du  trcfor  roya!  que  les 
trois  autres  quarts.   Le  prit  de  ces  iS  mîllioof 

V 


^^ 


^ 


154 


MON 


coûta  donc  à  Vent  2^010,000  liv.»  ou  11  ^  pour 
ce  t  en  fos  de  rimAét  ordinaire, 

Piufieurs  confidérations  relatives  ,  taiu  il  la 
comptabilité  du  tréforier général  &  des  dircâenrs 
particuliers  des  monnaies  ,  qu'atut  chaiigemens 
furvenus  depuis  1726,  dans  le  titre  des  eipèces 
étrangères  portées  fur  le  tarif,  ayant  fait  recon- 
noitre  la  nécelîîté  d^en  rédiger  un  nouveau  ,  on 
s^occupa  d'abord  des  moyens  de  fe  procurer  Ici 
monnoîes  qui  dévoient  y  être  comprifcs,  afin 
d'en  canftater  le  titre  par  de  nouveaux  effais  : 
les  ambaffadeurs  du  Roi  dans  les  cours  étran- 
gères furent  chargés  de  raflfemblct  ces  efpèccs, 
&  ils  les  firent  paffer  fucceiTivcment  à  Tadmi- 
niilration  pendant  le  cours  des  années  1766,  & 
1767. 

On  crut  devoir  confulter  en  mcme-temps  toutes 
lei  chambres  de  cgmiperce  du  royaume  ,  fur  le 
prix  qa*it  conv^noit  d'aflîgncr  aux  matières  ;  on 
leur  aJreffa  en  conféqueooe  un  jnémoirç  dans  le- 
quel on  expofa  :  «que  leBoî^  en  adoptant  le  prin* 
«  cipe  inaltérable  de  la  Aabiiué  du  titre  &  de  la 
«  valeur  numéraire  des  cfpcces  d*or  &  d'argent 
«  frappées  à  fon  coin ,  avoît  eu  la  fatisfadion  de 
«  reconnoître  qu'U  ne  pouvoir  cmbralTer  de  me- 
«  fures  plus  emcaces  pour  aïïurer  la  fonune  Je 
*<  fes  fujcts  ik  Ja  profpérité  de  fon  érat  ;  que 
<«  Sa  Majefté,  également  pârfuadée  que  Tupe' 6c 
<*  l'autre  font  intimement  U^es  aux  encourage^ 
•4  mens  du  commerce ,  avoit  fucccfli vc ment  di- 
«4  minué  fon  droit  de  feigncuriage  fur  les  mon- 
M  noies,  à  mefure  que  les  circoniUnces  Tavoient 
**  permis;  que  c'étoit  dans  cet  efprii  que  Sa  Ma- 
«<  ifAé  avoit  accordé  en  i?>w  i«  8  deniers 
«t  pour  livré  for  le>  '  qui  fcroient 

*  apportées  de  lén  dj  fes  mon* 

«  noies  ^  en  fus  du  pux  du  uni\^y 

On  leur  annonçât  ci^fuitc  que  ces  8  den.  fe- 
rotent  ajoutes  aux  priit  de  Tancten  tarif,  avec  un 
accTOiflcraent  qui  Icroit  pris  fur  les  bénéfices  de 
Sa  Majeflé;  quen  conféquence  b  baie  de  ces 
nouvelles  fijtations  fcroit ,  quant  à  Targem,  que 
U  matière  au  titre  de  10  defltêfs  1%  grains,  fc- 
roit  payée  au  change  4^^  liv,  4  fols  8  den.  au  Heu 
de  43  liv,  1  fol  »o  den.  ^  &  on  finiiToît  par  leur 
demander  fi  on  pouvoit,  fans  inconvci^ienr»  por- 
ter Je  prix  de  la  matière  d'or  au  titre  de  2t  ka- 
rats  '1,  à  709  liv.  au  lieu  de  «591  liv*  1  fol*  3  de- 
niers i  ce  qui  éleveroit  un  peu  U  proportion. 

Cette  ftianlére  de  confuUçr  n*étoit  p^ut*étre|>as 
ccHe  qu'il  auroit  fallu  préférer  ;  il  fcmbîe  qu*il 
eût  été  plus  convenable  d'entrer  dans  mjèlqncs 
éirails,    tant  fur  raugmcntatîon   progremvc  du 

Îjrisi  des  matières  depiiU  le  î8  juin  I72<7,  que 
ur  les  caufcs  qui  l'avoient  provoquée  j  &  de- 
mander s'il  éioit  à  propos  de  comprendre  dans  Iç 
prix  qu'on  alîoit  leur  affigncr  par  ie  nouveau  ta- 
rif,  fes  $  den.  po^r  livre  établis  par  /  anrct  du 
i^  août  17U I  que  d'ahfionccr  qne  Ton  étotr  dè- 


M  O  N 


terpîjné  ,  non  feulement  à  rendre  permanente 
raUgmentatioii  qui  en  étoit  réfultée ,  mais  même 
à  y  ajouter ,  principalement  en  ce  qui  concernoit 
le  prix  des  matières  d*or/ 

Le  réfultat  des  rèponfcs  de  ces  chambres  ée 
commerce ,  &  de  Tavis  de  rafTemblée  de  leurs 
députés  à  Paris,  fut  qu'il  ne  paroiffoît  pas  y 
avoir  d'inconvénient  à'  porter  à  709  liv.  le  prix 
de  la  matière  d'or  au  litre  de  21  karats  54  >  niais 
celles  de  Lyon  &  de  Bayonne  oblervèrent  qu*il 
feroit  convenable  de  porter  en  même-temps  le 
prix  des  piaftres  à  48  liv*  9  fols  ,  parce  que  fi  Von 
augmentoit  la  valeur  de  Tor  fans  toucher  à  celle 
de  Targent*  le  changement  que  ces  difpofitions 
opércroient  dans  la  proportion  que  Ton  avoit 
précédemment  adoptée ,  pourroit  diminuer  Vim» 
poi^tation  des  piaOres ,  que  Ton  dcvoit  au  con* 
traire  chercher  à  rendre  plus  abondante,  ptiif- 
quVlle  alîmenroit  à  b  fois  les  monnoies^  l'ocfè^ 
vrcrie^  &  un  grand  nombre  de  manufaSures. 

Ces  avis  furent  adoptas  :  la  matière  d'or  aa 
titre  de  ai  kafatsy^,  fut  en  confèquence  évaluée 
par  le  nouveau  tarif  à  709  liv.  le  marc  «  &  les 
piaflres  (fur  le  pied  de  10  den»  ai  grains)  à 
4S  liv-  9  fols* 

Le  prit  du  marc  d'or  fin  fe  trouva  éfevé  p: 
ces  drt'pofuions  à  784  liv,   1 1  fois   1 1  den.  *   J 
celui  du  marc  d'argent  fin  ^  53  liv.  9  fols  2. den*, 
ce  qui  établit  entre  les  valeurs  de  ces  métaux  ^ 
la  proportion  d'un  à  14  rêiio* 

Le  titre  de  chacune  des  cfpécei  comprifes  iâm 
le  tarjf,  fut  fixé  diaprés  les  ciVais  qui  en  a  voient 
été  faits  fous  les  yeux  des  commiifaires  nommes 
par  le  Roi  ;  on  obferva  néanmoins  de  laiiTcr  fur 
CCS  titres,  une  cenaine  marge  aux  dire^cms  qri 
leur  otàt  tout  prétexte  de  former  des  récU fTf ci- 
tions,  où  de  demander  des  indemnités,  s'il  artî- 
voit  que ,  dans  le  nombre  des  cfpèces  &  ma* 
tières  qu'ils  recevroient  au  change  ,  il  s'en  trou* 
vât  quelques-unes  d'un  titre  un  peu  foible. 

L'arrêt  du  i  j  feptembre  1771 ,  auquel  ce  non* 
vciu  tarif  fut  annexé,  autorifa  leS  dirt  - 

les  changeurs  à  retenir  les  frais  d'affiua, 
cfpèces  oc  matières  qui  leur  ferorent  appor 
dont  le  titre  fe  rrouverôit  au-deffous  de  ic 
21  grains,  quant  a  l'argent,   &  de  ai  karats  ][ 
pour  l'or*   Il  défendit,  en  conféquence ,  aux  di- 
reâeurs  d'employer  aucuns  frais  d^aflfinages  dans 
leurs  comptes. 

Cette  défcnfc  cm  pour  objet  de  pourvoir  a  ce 
que  ces  officiers  ne  puiïent  fe  pcrincttre  d'cnre- 
gtClrer  des  efpèccs  &  matières  h  haut  titre,   fous 
des  noms  fuppofés,   et  comme   matières  b^" 
pour  s'autorifet   ï  faire   payer   au  Roi  dc% 
nages  qui  nauroicnt  pas  eu  lieu. 

On  fixa  ,  par  Tarrét  ^u  a6  décembre  fc  a 
même  année,  les  droits  des  changeurs;  ils  furert 
autorîfes  à  s'en  faire  payer  par  Tes  propriétaires 
des  matières ,  au  moyen  de  quoi  la  comptabilité 


MON 

é»  dtreâetirs  fc  trouva  débarraffée  de  ces  droits , 
comjne  elle  renoit  de  Tètre  des  frais  d'affinages , 
par  TarTet  du  15  feptembre  précèdent. 

L*2ugmcn ration  du  pnx  des  matières,  rendue 
piermaoeof e  par  le  nouv^eau  tarif ,  réduisît ,  à 
compcer  du  premier  Janvier  177^,  le  feigneuriage 
fur  les  efpèces  d'or  à  1 1  li v,  7 1*.  1 1  den. ,  ^  à  i  ç  fols 
4deo.  celui  fur  les  efpèces  d'argent. 

Le  cominerce  ayant  repris  fon  aftivité  ordt- 
Datre  après  la  paîjt  de  176)  ,  rimportation  des  ma-» 
^étcs  ètoit  devenue  plus  abondance  ;  elles  étaient 
en  confèquence  moins  chères  en  1771  qu'en 
1759;  &  il  y  a  lieu  de  croire  que  leur  prix  fe- 
wm  hêiSt  tiavamage  ,  fi  celui  que  l'on  adopta 
paf  le  tarif,  n'avoir  pas  rendu  cette  diminution 
tnpoffible ,  &  forcé  ^  au  contraire ,  le  commerce 
à  le  poner  à  une  nouvelle  augmentation. 

liv.    fols,    den* 

L'or  an  titre  des  louis  fe  ven- 
doit  dans  le  commerce  «  en  jan- 
vier 1771 ,  (avant  la  publication 
du  nouveau  tarif)  .....  7O0L  17  C    3  d. 

On  le  payoit  à  cette  époque 
au  change ,  conformément  à  Tar-  ' 

...  690      8 


MON 


tSS 


Diffénnce  in  pluu 


10 


Le  prît  de  ces  mêmes  matières 
fe  trouva  élevé  en  janvier  1773 , 
li£)  an  après  rètabliiTement  du 
mouvcau  tarifa  à 70S     11 

On  les  payoit  à  cette  même 
époque    au   change ,    conformé- 

à  ce  ta^if.        707     19 


m 


Différence  en  plus»     .     . 
paya    depuis    le 


commerce 
tarif*     .     ,     , 

Il  payoit  auparavant.    .     .     . 

Diffcrenct  en  fltu,     .     , 

Le  marc  d'argent ,  au  titre  des 
écus,  fe  vendoir  dans  le  com- 
jBcrce,  en  janvier  1771,  (avant 

^la  publication  du  nouveau  tarif). 
On  le  payoit  alors  au  chaOge, 
Ly  compris  les  8  den.  pour  liv.) 


4S 


47 


Différence  en  plus* 


Le  prix  de  ce^  matières  fe 
trouva  élevé  en  janvier  1773  , 
tto  an  après  rétabUflement  du 
nouveau  tarif,  à     *     ...     » 

On  les  payoit  alors  au  change. 

Différence  en  plùs^     •     . 


9 


î6 


3 


tî 

6 

708 

J06 

12 

'7 

3 

7 

14 

9 

16     10 


Le  commerce  i>aya  depuis  le     liv,  fols*   den. 

tarif.      ,     , .     49       ç 

U  payoit  auparavant.    ,     •     .     48     15 


Différence  en  plus 


10 


Quoique  d'après  les  précautions  que  Ton  vc- 
noit  de  prendre  pour  la  fixation  du  prix  des  ma- 
tières employées  dans  le  nouveau  tarif,  il  y  eut 
lieu  de  préfumer  que  radmini/lration  n'adopte- 
roit  aucune  mefure  tendante  à  en  provoquer 
laugm-ntanon  ;  &  quoiqu'après  neuf  années  de 
paix,  il  fût  moins  nccelTaire  que  dans  toute  autre 
circonftance  d'encourager  Timponanon  des  ef- 
pèces d^or  &  d'argent  étrangères ,  le  banquier  de 
la  coar  obtint,  par  décifion  du  12  avril  1772» 
un  furachat  de  9liv.  par  marc  d'or^  &  de  10  fols 
par  marc  d'argent,  qu'il  fcroit  verfer  aux  hôtels 
des  monnoies. 

Ce  furachat,  qui  eut  lieu  depuis  le  ï^  avril 
177a  jufqu'au  premier  mai  1775,  produifit  aux 
conceOîonnaires  927,967  liv. 

M.  Turgot  crut  devoir  fupprimer  tous  les  fura- 
chats  accordés  ,   tant  aux  banquiers  de  la  cour, 

?[u  a  différens  particuliers ,  &  leur  fubflituer  un 
u  rachat  général ,  en  faveur  du  commerce ,  de 
4  iiv,  7  fols  par  marc  dW ,  &  dé  6  fols  par  marc 
d'argent.  Le  Roi  approuva  cet  arrangement ,  par 
une  décifion  du  mois  de  février  1775  1  Se  on  en 
donna  auiïi-tut  avis  à  toutes  les  chambres  du 
commerce» 

Les  motifs  que  Pon  fit  valoir  dans  le  mémoire 
qui  fut -mis  fous  les  yeux  de  Sa  Majcflé  ,  étoient 
"  que  les  furachats  particuliers  engageoient  ceux 
«  qui  les  obtenôîéht ,  à  payer  les  piaftres  plus 
«  qu'elles  ne  valoient  dans  le  commerce,  d*oi] 
«  il  réfultoit  que  ces  efpèces  ,  qui  ne  dévoient 
«  être  que  le  prix  des  marchandifes  ou  denrées, 
«  devcûoient  elles-mêmes  une  marcha ndife  payée 
«  plus  chère  eiî  .raifon  de  la.  remife  que  le  Roi 
»t  accotdoii;  qu'en ,  faifant  jouir  le  commerce  eiî 
<c  général  d'une  porrion  de  celle  que  les  feuk 
«  banquiers  de  la  cour  avoleni  obtenue  cidct 
«  vant ,  on  procurcroii  aux  nêgocians  qui  reti- 
re roient,  par  la  balance  du  commerce,  des  ma- 
«  tières  d'or  8c  d'argent ,  les  mêmes  prix ,  en  les 
«  portant  k  h  mon  noie  ,  qu'ils  en  trou  voient 
<c  dans  le  commerce,  il  n'y  auroit  pas  lieu  de 
il  craindre  qu'on  en  fit  uo  objet  de  commerce 
a  qui  put  préiudicier  à  celui  des  marchandifes 
}>  &  denrées." 

Puifque  cè^miniftre  étoit  perfuadé  que  l'effet 
ordinaire  des  facrifices  que  le  gouvernement  fai- 
foit  pour  fe  rapprocher  du  prix  auquel  les  ma^ 
lières  fe  vendoient  dans  le  commerce,  étoit  d'en 
provoquer  l' augmentation  ,  comment  ne  s*ap- 
perçut-il  pas  qu'une  remife  générale  auroît ,  à 
cet  égard,  les  mêmes  înconvéniens  que  les  rc- 
mifes  particulières  ?  Celles-ci,  confidérces  comme 
privilège  exclufif ,  lui  parurent  fans  doute  oppo- 

Vij 


i56 


MON 


fies  à  Tes  principes  ^  maïs  ètoittl  néceiTdre  de 
leur  fub/Utuer  une  remife  générale? 

Cette  mefure  pouvoit  être  utile  slux  négocîans 
qui  reccvoîent  de  Tetra ngcr  des  matières  d'or  6c 
d'argent,  en  échange  de  leurs  exportations,  mais 
elle  éeoit  contraire  aux  intérêts  des  maniifaâares 
&  des  artiftes  qui  emploient  ces  matières  »  en  ce 
qu*elle  tendoit  à  en  fontenir  ou  à  en  élever  te 
prix.  Si  elle  excltoit  d'ailleurs  ces  nègocians  à 
provoquer  raugmestatiou  du  prix  de  ces  matières 
dans  l'étranger,  par  une  exportation  qui  excédât 
la  foîde  de  leurs  échanges  ,  cUe  étoit  également 
contraire  aux  intérêts  de  Tétac  &  du  commerce  ^ 
parce  que  tout  ce  qui  élève  la  valeur  des  mètiux 
que  la  France  reçoit  en  retour  de  fcs  denréjs  Si 
marchandiCes  ,  diminue  néce^airem^nt  celle  de 
ces  produâions  de  foo  fol  &  de  fon  Iniuflrie. 

Ce  fu rachat  s;èiéral  commença  d*avoîr  !ieu 
le  premier  mai  1775.  Oii  obferva  dans  la  ftxarion 
la  proportion  d'un  à  14^;  il  réduifit  à  7  liv.  o, 
it  d  ti.  le  feigicuri^ge  fur  les  efpèces  d'or,  & 
à  ^(y\  s  4  den.  celui  fur  les  efpéces  d'argent. 

L*or,  au  litre  des  louis ,  fe 
vendoit  dins  le  coihmercc,  en 
janvier  1773 *     •  7081,  11  f» 

On  le  payoït  au  change  ï  cette 
même  époque •  707     19      6 


D'Jfércnct  tn  plus. 


11 


ht  prix  de  ces  matières  <e 
trouva  éLvi  en  jmvier  1778,  à  ji% 

On  te  payoit  alors  auk  hôtets 
dei  mon  noies,  eu  égard  au  fura* 
chat  général,     •      •     .      .     «     «  712 


13     10 


6      6 


Dijfirence  en  plus. 


Le  commerce  payoit  avant  ce 

furachat  général 708     it 

11  paya  depuis 713.     t^ 


10 


Différend  en  plus* 


10 


Le  marc  dVgenr,  au  titre  des 
écus,  fe  vendoit  dans  le  com- 
merce en  janvier  1775*    .     .     *     49       5       o 

On  le  payoit  alors  au  change.     48       ^ 


mffiretue  en  plus*     •     * 


\6 


Le  marc  de  ces  mêmes  ma- 
ficres  fe  vendoit  dans  le  com- 
merce en  janvier'  1778.     .     .     .     ^o       2 

On  le  p^yoit  aux  hôtels  des 
monnoies  à  cette  époque ,  eu 
égard  au  furacliat  général*     *     .     48     15 


Diffirence  en  plus. 


MON 

Le  commerce  payoit  avant  ce 

furachat  général 49       f 

Il  paya  depuis 50       a 


Diffinnce  en  plus* 


«7 


M.  Necker  fe  fit  rendre  compte  des  m^t  fs  qui 
avoient  porte  M.  Turgot  à  accorder  ce  furachat 
généra!  ;  &  comme  ils  ne  lui  parurent  pas  fon- 
dés ,  il  prit  les  ordres  du  Roi  p  >ur  le  faire  cef- 
fer  :  il  écrivit  »  en  conféf  lenco  ,  le  %%  janvier 
1778  ,  à  tous  les  directeurs  des  monnoies  pouf 
les  informer,  «  que  les  m^irères  d*or  &  dVgent 
«  étant  devenues  rares,  Ôt  leur  prix  étant  mante 
a  à  un  dé^îc  dont  le  commerce  fe  pUignoit  avec 
«  r«iifun  »  Sa  M  jeOé  avoit  penfé  qu'il  n'y  avoit 
«  point  de  jiide  motif  pour  continuer  de  les  payer 
«  au-deJrus  du  prix  du  tarif»  &  que  fou  înten* 
M  (ion  étoit,  quà  compter  du  premier  mars  «  ils 
"  ceffan*ent  de  ks  p  yer  au-dciTus  de  ce  prix.i» 

La  fiippreCon  du  (iirachat  général  rétablit  Sa 
Majcilé  dans  U  jouiltince  entière  de  fon  droit 
de  fetgne^riage  ^  révénement  jufVifîa  bientôt  la 
fag  Ile  'e  cetve  mefurè  ;  eîle  influa  d'une  ma- 
nière ai  flî  L  fiblc  que  prompte  fur  le  prix  dei 
matières  :  deux  mois  étoient  k  peine  expirés, 
que  ce  prix  fe  trouva  retombé  au  même  taux 
ou  il  étoit  en  janvier  177 j  ;  «1  éprouva  des 
augmentations  aftez  confidérables  depuis  le  com- 
mencement des  hodilités  entre  la  France  &  TAn- 
gleterre,  jufqu'au  moment  où  Tf/pigne  prit  parc 
i  la  guerre;  mais,  à  compter  de  cette  époque | 
il  d  minua  progrefHvement,  en  forte  qu*à  la  fift 
de  la  première  année  de  la  paii,  il  avoit  déjà 
repris  fon  niveau, 

tes  nouveaui  firrachafs  que  l'on  accorda  en 
1784,  firent  augmenter  le  prix  de  ces  matières 
avec  une  telle  rapidité,  que  le  mire  d*or,  au 
titre  des  louis ,  qui  ne  fe  vendoit  en  décembre 
1783,  que  708  liv.  iifoK,  (mê^ie  prix  qu*ea 
janvier  1773  &  mai  1778),  le  trouva,  le  prc* 
mier  janvier  1785  ,  porté  à.  740  Uv-  5  fols.  Cette 
augmentation  de  3 1  liv,  13  fols  par  marc  s*eft 
fou  tenue  jufqu'au  moment  où  la  publication  da 
tarif  annexé  à  la  déclaration  du  trente  oôobrc, 
en  la  rendant  permanente  ,  y  a  fait  une  addi- 
tion de  7  liv.  8  fols  7  den.  ;  les  matières  à  cê 
titre  étant  évaluées  par  ce  tarifa  747  liv,  ijfoU 
7  den* 

Il  a  été  ordonné  »  par  cetre  décTararton ,  que 
routes  les  efpèces  d'or  fabriquées  depuis  1716» 
feroient  refondues  ;  que  Ton  tabriqueroît  de  non 
veaux  louis  a  la  taille  de  32  au  marc  ^  qui  ad 
roicnt  cours ,  comme  les  anciens,  pour  14  liv.^ 
quoiqu'ils  leur  fuffent  inférieurs  en  poids  ;  qull 
ne  Tcroit  fait  aucun  changement  k  leur  titre  ;  que 
les  mêmes  remèdes  dt  poids  5t  de  loi,  qui  avoient 
été  prefcrits  pour  la  fabrication  des  anciens  louif  « 
feroient  obfervés  ;  qu  i  Tavenir  le  marc  d*or  6si 
feroit  payé  aux  hôtels  des  monnoies  8a8  Uv* 


MON 

It  fols;  &  que  comme  le  prix  du  marc  d*argent 
fin  fcfteron  fixé  à  53  liv,  9  fols  a  den. ,  confor- 
nèfoenc  au  tarif  au  15  fcptembrc  1771  ,  un  marc 
iTor  éqiiivaudroit  215  marcs  &dcmi  d'argent. 

Le  feigneuriage  fur  les  cfpèces  d*or  s'clt  élevé 
par  cçi  cliangcmens  de  valeur  &  de  proponion, 
ï  19  Uv.  17  fols  10  den,  par  marc  »  dédu^on 
hke  du  fypptément  de  droics  accordé  aux  oft- 
dcTs  pir  Védit  du  mois  de  novembre  1785. 

On  Tuppcfe  dans  cette  évaluation  du  feigneu- 
rtage,  que  les  nouveaux  louis  font  fabriqués  su 
titre  de  ai  karats  fj-,  valant  au  prix  du  tarif 
747T1V,  15  fols  7  den.  le  marc,  &  non  750  Uv,, 
prix  auqttel  les  anciens  louis  ont  été,  6c  font  en- 
core payés  au  change. 

Le  piéambule  de  la  déclaration  annonce  que 
les  principaux  motifs  qui  ont  donné  lieu  à  la  re- 
tome de  ces  cfpèces ,  &  à  la  conf«,ftion  d'un 
nouveau  tarif»  font  : 

%\  Que  Tor  cft  augmenté  dajjs  le  commerce 
4epiâi  plufieurs  années. 

a*.  Que  la  proportion  t^u  marc  d'or  au  m^rc 
d*argenf  étant  retiée  la  mcme  en  France ,  nc(k 
vhtf  relative  aujourd'hui  à  celle  qui  a  été  fuccef 
nvcment  adoptée  en  d'autres  pays* 

j*.  Que  les  monnoies  d'or  ont  aôuellement, 
cûflimL-  métal ,  une  valeur  fupérieure  à  celle  que 
leur  dénomination  exprime,  &  fuivant  laquelle 
Qtt  les  échange  contre  les  monnoies  d*argenr. 

Chacun  de  ces  motifs  mérite  un  examen  partî- 
colter;  leur  difcuflîon  fera  connohre  robjet  & 
foiiiité  du  compte  que  Ton  vient  de  rendre  Jes 
tirffs  publiés  depuis  1726,  &  des  effets  qu'ils 
Ottt  produits* 

PREMIER  MOTIF  DE  LA  DÉCLARATION. 

Câ  motif  p^ne  fut  rjupnmtaûon  du  prix  de  for 
dsns'U  càmmirce ^  depuis  queî^uts  années. 

On  a  pu  fe  convaincre,  p»rlts  détails  qui  pré- 
cèdcm,  qu*à  Tépoque  du  30  odobre  178c,  Ter 
li*4iOÎi  pomt  augmenté  depuis  plufieurs  années , 
nfttft  feulement  depuis  le  premier  pnvier  1784 « 
&  que  cette  augmentation  étoii  TeiTet  des  fur- 
acàats  accordes  par  le  gouvernement. 

L'or  &  iWgent  font ,  pour  Torfévrerie  &  pour 
un  grand  nomhre  de  manufactures ,  des  matières 
Bfemtéres,  qiî'il  \t\\T  impoite  d*obtenir  au  plus 
bi$  prÎK  poflible,  afîn  de  fe  mettre  à  poitée  de 
irendre  leiirs  oirsrragcs  concurremment  avec  les 
anifles  et  les  fab^'icans  étrangers  ,  qui  emploient 
ces  mêmes  manières  :  elles  ne  font  point  une  pro- 
lloâion  du  fol  de  la  France  ,  elle  les  reçoit  en 
édiat^ge  des  prodoits  de  îrtr\  agriculture  &  de  fon 
snduftTÎe  ;  aînfi  fon  intérêt  doit  ta  porter  à 
l'abAcoir  de  toute  opération  qui  tende  à  en 
•ttgateutCT  la  valeur,  parce  que  plus  elle  Téléve, 
«•^ifK  clb  re^.t  de  ces  matières  en  paiement 
de  Ces  denrées  &  marchandifes. 


MON 


xSy 


La  conduite  que  Tadminirtration  a  tenue,  prin- 
cipalement depuis  Vannce  1750,  jufqu'à  ravcne* 
ment  de  M.  Neckcr  au  minttlére,  ^  depuis  la 
6n  de  l'année  1783  jufqu*à  ce  jour,  a  ctô  di* 
reflemcnt  contraire  à  ces  principes  ;  à  in^fure 
que  le  commerce  mettoit  un  plus  haut  prix  aux 
matières  »  Tadminiitratlon  élevoit  celui  du  tarif , 
en  prenant  ifiujourb  pour  prétexte  la  nécc0ité  de 
fe  rapprocher  des  prix  du  commerce,  fans  con- 
fidérer  que  rimpoffibiiiié  de  foutenir,  i  prix  égal, 
la  conçut rcnce  avec  les  direéteurs  des  monnoies* 
met  cuntinuellement  les  aniftes  Se  les  manufac- 
tures dans  T'hli galion  de  payer  les  matières  à 
un  crix  au-dcifus  de  celui  qui  eft  fixé  par  le 
tarit ,  pour  en  obtenir  la  préférence.  Ce  qui  s*eft 
paiTé  à  cet  éeard  depuis  le  mois  de  fcptenibre, 
qui  a  précédé  inimédiatemcnc  la  refonte  des 
efpèces  d*or,  jufqu'à  ce  jour,  eft  une  démon- 
flration  de  cette  vérité. 

Le  marc  d'or  au  titre  des  loiiîs, 
fe  vendoit  dans  le  commerce  en 
ftptjmbre  1785.     .*   ,     ,     .     -  740 !•    5  f ,    od. 

La  déclaration  du  30  oAobrc 
fuivant,  a  fixé  le  prix  de  ces 
mêmes  matières  à  ,     *     .     <     -  747     13       7 

Elles  fe  font  vendues  dans  le 
commerce  en  janvier  17S7.  *     .  7^0       i      11 

Le  nouveau  tarit,  en  rendant  permanente  une 
augmentation  qui  n*étoit  qu'accidentelle,  a  donc 
forcé  le  commerce  de  p^yer  le*  marc  d*or  à  ce 
titre,  en  janvier  1787,  9  liv,  16  (ois  11  deti,  de 
plus  qu'en  fepcembre  17^5  ,  &  41  liv,  9  fols 
II  den,  de  plus  qu^en  |an%'ier  1784,  époque  à 
laquelle  on  a  vu  qu  il  ne  fe  vendoit  que  708  liv* 
Il  fols. 

Si  on  fe  reporte  aux  années  17^5  &  1771* 
on  verra  que  les  8  deniers  |.our  livre  accordés 
dtns  la  première  de  ces  années,  &  le  tarif  pu- 
blié dans  le  cours  de  la  féconde  ,  ont  produit 
les  mêmes  effets  ;  ^  ils  fe  rcprodulroient  encore 
aujourdliui,  fï  »  parce  que  le  prix  ^u  carnmercc 
s*éléve  au*dciïus  de  celui  du  tarif,  on  augmen- 
toit  ce  dernier  ;  de  pareiUes  opérations,  répétées 
chaque  année,  doubleroient,  dans  Te  fp  a  ce  d'un 
fiécle ,   le  prix  des  matières. 

L'augmentation  fubhe  de  ce  prix  a  vraifembh- 
blement  été  provoquée  par  des  caufes  étraûgères 
au  commerce;  on  a  vu  qu'à  l'cpoque^du  premier 
janvier  1784,  ces  matières  étoicnt  retombées  au 
même  prix  qu*en  janvier  1773  :  raccroiiïemeot 
de  la  confom.nation  en  objets  de  luxe ,  ou  k 
diminution  de  Tim^  onation  ,  n'a  pas  pu  pro- 
duire ,  dans  le  cuurt  efpace  d'une  antjéc  ,  des 
ttlets  aûTez  prompts,  afT^z  fenfibîes,  pour  don- 
ner lieu  à  une  augmc'  rrtion  de  31  lîv.  13  fols 
par  marc  d  or  ;  elle  n*a  donc  eu  réellement  pour 
principe  que  Texponation  extraordinaire  de  ces 
matières,  excitée  par  la  révolution  qu'ont  occa- 
fionnée  dat.s  le  cours  des  changes,  les  achats 
de  piailres  faits  par  ordre  &  pour  le  compte  du 


jo8 


MON 


touvcrnemcnt ,  qm^  en  1784,  fe  (ont  élevés  à 
4  millionî* 

CctTC  fomme  étant  beaucoup  fupérîeurc  à  celle 
que  TEfpagne  devoir  à  la  Franc(; ,  cette  dernière 
puiiTance  n*a  pu  s*approprier  la  portion  de  ces 
cfpéces,  qui  otcédoit  le  montant  de  fa  créance, 
qu'en  devenant  débitrice  de  cet  excédant  envers 
ks  autres  nations  avec  leCquelks  rEfpagne  a  des 
liaifons  de  commerce. 

Le  change  fur  la  Francs  a  baîffé ,  par  cette 
raîfon ,  chez  ces  différentes  nations  i  &  comme 
dans  cette  pofition  il  y  avoit^  par  exemple,  une 
économie  d'environ  un  demi  pour  cent  à  en- 
voyer des  efpéces  ou  matières  d'or  à  Londres, 
pour  acquitter  les  dettes  que  Ton  y  avoit  con- 
traâées ,  au  lieu  de  faire  tirer  une  lettre  de 
change  fur  cette  ville,  on  a  du  préférer  le  pre- 
mier parti. 

Le  change  de  Paris  fur  Londres  étoit  dans  les 
premiers  jours  de  janvier  1784,  à  31  ^^  deniers 
îlerlings  pour  un  écu  de  trois  livres. 

Le  François  qui  devoit  i  cette  époque  cent 
guinées,  ou  (ce  qui  eft  la  même  chofe)  105  li- 
vres fterlings,  payoit  au  change  ci-delfus  indi- 
qué 1404  liv;  15  f.  5  den.  tournois,  pour  fc  pro- 
curer une  lettre  de  change  de  105  liv,  fterlings 
fur  Londres ,  &  s'acquitter  conféqucmment  des 
100  guinées  dont  il  ctoit  débiteur. 

L'or  au  titre.de  11  karnts  fc  vcndoit,  à  cette 
même  époque ,  à  Londres  fur  le  pied  de  y  liv, 
18  fols  fterlings  Ton  ce ,  poids  de  Troy  ,  qui 
équivaut  à  ^85  grains  —  ,  ou  (ce  qui  eft  la 
même  chofe)  à  une  once  9  grains  -^  du  poids 
de  marc  de  France. 

Au  moyen  de  quoi  il  auroit  faîlu  y  porter 
aj onces  d*or  à  ce  titre,  pour  acquitter  !cs  10 j  liv. 
fterlings  que  Ton  devoit, 

Alml  ces  27  onces  (poids  de  Troy),  équi- 
valent à  3  marcs  3  onces  3  gros  aj  grains  du 
poids  de  marc  de  France. 

.Trois  marcs  5  onces  3  gros  29  grains  d'or, 
au  tîire  de  %%  karats  ,  coutoient  alors  à  Paris 
2468  Uv,  5  fois  7  dcn,  à  raîfon  de  720  liv-  le 
marc  ;  il  y  avoit  conféqucmment  une  économie 
de  6}  îiv,  10  fols  a  den.  ^  à  préférer  de  payer 
les  100  guinées,  ou  Ï05  livres  fterlings,  en  let- 
tres de  change ,  au  lieu  d'exporter  de  For* 

A  l'époque  du  premier  janvier  1785  ,  le  change 
fe  trouvoii  bai  (Té  au  préjudice  de  la  France  ;  il 
étoit  alors  ftxé  a  19  ,*^  deniers  fterlings  pour  un 
écu  de  3  livres. 

liv,     fols,  den* 

Pour  fe  procurer  une  lettre 
de  change  de  loç  liv.  fterlings 
fur  Londres  ^  il  falloit  payer 
d'après  ce  cours ^59^       ^     ^^ 

Si  on  préféroît  de  ^''acquitter 
en  faifant  paftcr  dans  cette  ville 


MON 

3  marcs  3  onces  3  gros  59  grains    liv.    fols,    den* 
d'or,  à  12  karats  ,  qui  y  avoit  - 

la  même  valeur  qu'en  17841 
cette  quantité  de  matières  cou- 
toit  à  raifon  de  75a liv.  le  marc, 

prix  d'alors 2577     19 

Il  y  avoit  donc,  à  prendre 
ce  dernier  parti,  une  économie 
de  ta  liv.  3  fols  3  den.,  faifant 
à'peu-près  un  demi  pour  cent. 


Cl, 


la 


La  lettre  de  change  coûtoît, 
au  cours  qui  avoit  lieu  le  pre- 
mier janvier  1785 1590       2 

Elle  ne  coûtoit  au  cours  du 
premier  janvier  1784,  que.     -  ^4^4     tç 

Dijprence  en  plus  »  au  pré- 
judice de  la  France.  .     .     .     - 


10 


185 


2468      ç      ^1 


109     14 


24C8       5 


zéii      ; 
143     »9      8' 


En  janvier  1784  ,  3  marcs 
j  onces  3  gros  29  grains  d'or^ 
a  22  karats  ,  coutoient.  .     .     • 

Cette  même  quantité  de  ma- 
tières fe  vendoit  dans  le  com- 
merce, en  janvier  1785,     .     # 

Différence  en  plus*    ♦     •     . 

En  janvier  1784 ,  3  marcs 
3  onces  3  gros  29  grains  d'or, 
a  22  karats ,  coûroient,  .     .     , 

Cette  quantité  d'or  au  même 
titre ,  fc  vendoit  dans  le  com- 
merce, en  janvier  1787,  à  rai- 
fon de  762  liv.  le  marc,     •     , 

Différence  en  plus*    .     •     » 

Ainfi  les  ftirachats  avoîent  produit  dans  le 
cours  de  Tannée  1784 ,  une  augmentation  de 
quatre  &  demi  pour  cent  fur  le  prix  de  Vor^ 
laquelle  a  été  portée  à  fix  pour  cent ,  par  Teffu 
de  la  dèclararion  du  jo  oftobre  178J. 

L'inutilité  des  facnfices  que  fait  le  gouverne* 
ment  pour  augmenter  le  numéraire,  en  accor- 
dant des  encouragemens  &  des  rcmifes  confidé- 
rabîcs  il  quelques  particuliers  qui  f#  chargent  de 
faire  vcrler  des  matières  aux  hôtels  des  moo- 
noies,  a  été  démontrée  par  M.  Necker,  dans  fou 
compte  rendu,  avec  autant  d'évidence  que  de  pré- 
cîHon  ;  on  va  effayer  de  prouver  que  cette  ma* 
nièrc  de  favorifcr  rimportation  des  matières» 
produit  des  effets  dircftcment  oppofés  aux  vucf 
de  radminifliaiion, 

Lesiînanciers^  que  le  gouvernement  avoU  char* 
gés  d'alimenter  la  fabrication  des  efpéces  en  1784» 
ont  fait  verfer  dans  les  monnuies  84  mUUofls 
pendaot  le  cours  de  cette  année* 


MON 

On  foppore  qu'à  Tépoque  du  premier  janvier  i 
de  cette  même  année ,  r£lpagne  le  trouvoît  dans  I 
la  nècdBtè  de  payer,  à  valoir  fur  ce  qu'elle  de- 
roit  à  la  FriDce  ëi  à  T Angleterre ,  une  fomme 
de  fix  millions  de  pi  Rôles  »  (valeur  rcpréfema- 
ihrc  des  84  millions  dont  îl  s'agit)  &  quelle  fe 
pioooibit  de  la  partager  également  entre  ces  deux 

Le  change  de  Londres  (ur  Cadix  étoît  à  cette 
èpoqce  à  341  deniers  ilerltngs  pour  une  piallre 
de  huii  rèaux  (  le  quan  de  la  pillole  )  ;  fi  TEipagne 
eût  rtbiis  à  TAnglererre    3  millions    de  pîftoks 

Là  ce  COUTS,    elle  ne  fe  feroit  acquittée  que  de 

[1,706,150  1.  flerlings. 

Le  change  de  Paris    fur  Cadix   ètoit   à   cette 

m^me  époque  a  13  liv.  10  fois  pour  une  piflole; 

fi  rE/p^gne  avoit  remis  à  la  France  3  millions  de 

ifUtolcs  à  ce  cours,    elle  ne  fe  fcroit  acquittée 

[que  de  40*500 ,000  liv, 

La  France  s*étam  emparée  de  la  totalité  des 
fix  tnlUtons  depîfloles,  eil  devenue  débitrice  de 
la  moiùè  de  cette  fomm^t  qui  appanenolt  aux 
Angfois;  &  comme  le  cours  du  change  s'établit 
fOii|(mrs  au  préjudice  du  dchiteur,  le  change  de 
Pteii  fttr  Cadix  s'eft  élevé  i  14  liv,  8  f ,  tandis 
qat  celui  de  Paris  fur  Londres  ,  qui  étoit  à 
31-5^  den,  flerilngs  pour  im  écu,  au  premier  jan- 
▼ier«<i784V  eft  tombé  à  29  t^- 

Dam  cette  pofuion  les  trois  millions  de  piflolcs 
xeveoans  à  la  France  ,  lui  ont  été  livres  ,  au 
coicrs  de  14  liv,  8  foîs,  pour  43,200,000  liv. ,  au 
Eetl  de  40,500*000 1.  ;  elle  a  conféquemment  perdu 
par  cette  révolution  du  change    2,700,000  liv. 

En  lut  remettant  pour  même 
râleur  les  3  millions  de  piflolcs 

2UÎ  appancnotent  à  rAneleteirc, 
c  en  payant  cette  puiftance  en 
lettres  de  change  iur  Paris ,  au 
coftrs  de  19  ^^^d.  flerl.  pour  un 
ècu  t  l'Efpagne  s'efl  acquittée 
CiïTcrs  eîla  de  1,75 1,150  liv.  fler- 
Ijfl^  au-lieu  de  1,706,250  1,  Mer- 
tîjDg^.  Ainû  elle  a  gagné  par  cette 
opérmûoo  45,000  liv.  Acrlings, 
qoe  la  France  a  payées  au  cours 
illdi<|a6  ci-deflus,   valant.     .     .    j, 110,000 

Total   de   la   perte  fur  les 
$4  miîllons.    ..•*.•»    3,8io>ooo 
Ce  qui  revient  à  4^  pour  cent* 
D    rcfuîie   de  différens  états  d'importation  & 
d'exportation  qui  ont  été  mis  fous  les  yeux  du 
puiemenf  d*AngIeterre ,  que  les  denrées  Si  mar- 
citandifes  que  ce  royaume  rccevoit  de  la  France, 
wwwBl  !e  nouveau  traité  de  commerce,  formoient 
^umeUcment   un  objet  d'environ   trois  millions 
de  livres  tournois,    &  que   la  valeur  de   celles 
que  l'Angleterre  vcrfoit   en  France,  fc*élevoit  à 
360^000  liv.  ilcrhngs. 


MON 


109 


Ces  marchandîfes  fe  payent  de  pan  &  d'autre 
en  lettres  de  change  ,  au  cours  qui  a  lieu  ,  fott 
à  Tépoque  ou  ces  lettres  font  tirées  ,  foit  à  celle 
de  la  lïvraifon  des  mirchandifes  ;  ainfi  ^  lorfque 
le  change  eft  bas  ,  c'eit-à-dire ,  lorfque  TAngle- 
terre  donne  moins  de  deniers  llertings  pour  un 
écu ,  la  France  re<;ott  moins,  &  elle  paye  plus, 
Ôl,  vice  verfj  ^  lorfque  le  change  eft  haut,  elle 
reçoit  plus ,  6c  paye  moins* 

En  fuppofmt  que  TAngleterre  dût  à  la  France^ 
pour  fes  tournitures  de  l*année  1784,  une  fommc 
de  trois  millions  de  livres  tournois ,  fi  elle  Teût 
payée  au  change  de  31  f^  den.  licrlings  pour  un 
é^u  ,  qui  étoit  le  cours  du  premier  janvier  de 
cette  année,  elle  auroit  été  forcée  de  débour- 
fer.     * 130,9891,  II  f.  8  d.flerL 

Ayant  payé  au  change 
de  00-^ ,  elle  n*a  dé- 
bourse que,     •    •     .     .  111,614     ïï     8 

Différence  au  préju- 
dice de  la  France,     .    ,       9,375  LJlerL 

Valant  au  change 
de  30  11^  ,  terme 
moy«n  desdeux  prix 
ci-deiTus  ,  213,656 
liv,  5f,  tournois,  ci,  ,  $22,6;61,  5f. 

La  France  ayant 

reçu  de  F  Angle- 
terre ,  pendant  le 
cours  de  cette  même 
année,  pour  360, 
000  liv.  A,  de  mar- 
chandîfes,  n'auroît 
eu  à  débourfer  pour 
«"acquitter  de  cette 
fomme,  au  change 
de  3  !  ,\  ,  dcn*  iîerL 
pour  un  écu  ,  que,  •  8,144,000!. 

Ayant  été  forcée  de 
payer  cette  fomme 
au  change  de  2917, 
il  lui  a  fallu  dcbour- 
fer. ,  .  8,880,000 

Différence  à  fon 
préjudice 636,0001.  ci.    636)000 

Perte  fur  les  84 
millions.  (Voy,  col 
ci-contre)  .....  3,810^000 

Total  de  Ts  per- 
çu de  la  perte  pro- 
duite par  les  fu- 
rackats   en   Tannée 


1784- 


4,668,656    5 


On  a  verfé  dans  les  monnoies,  pendant  le 
cours  des  années  1785  &  1786,  cent  quatre  miU 
lions  en  matières  d'argent  j  &  comme  on  a  em- 


i6o 


MON 


ployé,  pour  fc  procurer  ces  mitîéres,  les  mêmes 
mcfures  qu'en  17IB4 ,  elles  ont  vraifemblablc- 
mcnt  eu  les  mêmes  inconvàniens. 

On  peut,  d'après  cette  fiippofitioiit  évaluer  ii 
5,780,240  L  15  f.  3  d*  le  pré;udice  qu'elles  ont 
porté  à  Tctat  6l  au  commerce  :  cette  fomme 
jointe  à  celle  de  4,668,656  liv.  5  fols  ,  élève  à 
10,448,897  liv.  2  den. ,  b  perte  totale  6c  la  di- 
minutian  du  numéraire ,  produites  par  les  fur- 
achats  pendant  le  cours  de  ces  trois  années. 

Cette  évaluation  ne  paroitra  pas  exagérée  ,  fi 
Ton  conftdère   que  le   change   lut  rEfpagnc  eft^ 
augmenté  de  8  iols  par  piftole,  depuis  le  premier' 
janvier'  1785. 

Ces  opérations  ayant  înâaé  fur  le  cours  du 
change  de  la  Fiance  avec  toutes  les  places  de 
commerce  de  PEurope ,  de  la  même  manière ,  fit 
à-peu-prés  dans  la  même  proportion  que  fur  celui 
de  Paris  avec  Londres ,  le  tableau  de  la  perte  pro- 
duite par  cette  baiiTe  générale  du  change  ,  tant  fur 
la  rentrée  de  la  valeur  des  marchandifes  eiportèes 
par  les  négocia ns  François  ,  que  fur  le  paiement 
de  celles  importées  dans  te  royaume  par  les  né- 
gocians  étrangers,  feroit  effrayant,  U  Ton  pou- 
voir en  calculer  exaâement  les  rcfultats, 

La  France  n*étant  que  l'entrepôt  des  matières 
qui  excédent  la  balance  de  (on  commerce  avec 
TEfpagne,  la  convcrilon  de  cet  eitcédant  en  mon- 
noies  au  coin  du  Roi  en  retarde  Texportation , 
mais  elle  ne  peut  rempèclier  :  les  trois  millions 
de  pi  fioles  appartcn-ns  aux  Anglois,  ont  augmenré 
pendant  quelques  inftans  fon  numéraire  ^  m^is 
citte  augmentation  n'a  été  que  fiftive  ,  fie  le  rc- 
fulîat  de  l'opération  qui  Ta  provoquée ,  a  été  de 
faire  perdre  réellement  fit  fans  reGource,  au  com* 
merce  fit  à  Tétat,  4,668,656  liv.  5  fols  :  ainfi  les 
lUffurcs  qui  tendoieni  à  augmenter  le  numéraire» 
ont  produit  un  effet  abfolumcnt  contraire.  Il  reftc 
à  dtmontrer  quelles  ont  été  les  caufes  de  Tex- 
fortation  des  tfpéces  d'or,  fit  du  haut  prix  au- 
quel ces  matières  fe  font  élevées. 

On  a  vu  qu'en  prenant  pour  fon  compte  les 
trois  millions  de  pi  fioles  qui  appartenoicnt  à  TAn- 
gicrrr^e,  la  France  s'eft  impofée  Tobligation  de 
payer  à  Ci^ttc  màmc  puiifance  1,751,2^0  livres 
Ucrlings  fOur  !c  compte  de  TEfpagnc. 

Si  au  lieu  d'acquitter  cette  fomme  par  la  voie 
des  lettres  de  change ,  on  a  préféré  d'envoyer 
de^  efpécef  ou  rmtières  d'or  à  Londres  »  il  a 
fallu  y  porter  449,0)8  onces  de  ces  matières 
au  titre  ae  ai  karars  ,  valant ,  4  raifon  de  3  liv« 
iSfoIsllerUngsToncc,  i»7j t^i^aliv»  Ces449,0}8 
onces  fit  demie  (poids  de  Troy)  repréfemetit 
i6i,7i4»94^  g^'^ins ,  ou  $7,014  marcs  7  onces 
c  gros  un  denier  14  grains  du  poids  de  marc  de 
France.   * 

En  payim  en  lettres  de  change  au  cours  de  «97^1 


MON 

ces  î ,7Ç  1 ,150  livres  ftcrl. , 

on  auroit  débourfé.     ,     *  4},ZO(>,QOO  L 

En  payant  avec  ^7,014 
marcs  7  onces  5  gros  1  d. 
14  grains  d'or,  à  '^52  liv. 
le  marc  (prix  d'alors)  il 
n'a  fallu  dàbourfcr  que*  •  41,87;,150U  f^  C  81I, 

Différence  en  faveur  du 
paiement  en  or 314,749      4    4 

Ce  qui  fait  à-peu-près  }  pour  cent. 

Il  paroit  prouvé  par  ces  détails ,  que  rau£iiito- 
tation  du  prix  de  Tor,  et  l'exportation  ok  C9§ 
matières ,  que  Ton  a  préfentées  comme  étant  les 
principaux  motifs  qui  rendoîent  la  refonte  né- 
ceffaire ,  ont  été  provoquées  par  les  mefures  que 
Ton  a  prifes  pour  accaparer  les  piaflres  ;  et  que 
ces  mefures ,  loin  d'augmenter  le  numéraire  ,  ont 
concouru  à  fa  diminution  ;  elles  ont  encore  eu 
l'inconvénient  de  priver  le  Roi  de  fon  droit  de 
feîgneuriage ,  &  d  ajouter  aux  dépenfes  du  tréfoe 
royal,  p^r  les  commiUions  que  les  financiers 
chargés  de  l'approvifionnement  des  monnoieSy 
fe  font  fait  accorder. 

On  ne  peut  qu'être  étonné  de  voir  les  adm- 
nidrateurs  fans  cefTe  aux  prifes  avec  le  comttierct 
pour  lui  enlever  une  matière  première ,  qui  ali- 
mente fon  induftrie,  fixer  aujourd'hui,  par  un 
tarif,  le  prix  de  cette  matière  >  et  foudoyer  le 
lendemain  des  particuliers  pour  s*en  emparer  «  ca 
la  portant  à  un  plus  haut  prix. 

Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  les  matières  fê* 
roicnt  encore  au  prix  où  elles  étotent  après  Tar* 
rèt  du  iç  août  1755  ^  fi  radminiftration  nVn  e&f 
pas  provoaué  l'augmentation  ;  ce  pnx  aiu'orr  pu 
éprouver  des  révolutions  dans  quelques  circon^ 
fiances ,  comme  cela  eft  arrivé  pendant  la  der^ 
nièrc  guerre ,  mais  il  eut  enfuke  repris  fon  ni- 
veau. Cette  préfomption  eft  fondée  fur  l'exemple 
de  ce  qui  s'est  paffé  en  Angleterre  :  Toncc  dof 
en  lingot  ,  qui  s'y  vendoir  en  Janvier  17 Jt, 
I  liv*  t7  fols  10  deniers  fierh,  s^efl  vendue  €m 
janvier  1787,  3  liv,  17  fols  6  den.;  ainfi  fainfis 
que  pendant  le  cours  de  ces  36  années  le  prti  de 
lor  a  éprouvé  en  France  une  augmentation  de 
68  liv.  13  fols  par  marc,  (8  liv,  11  iols  par  once), 
il  a  éprouvé  en  Angleterre  une  diminution  de 
4  deniers  fterlîngs  par  once  (environ  8  foU  de 
France*) 

Il  y  a  eu ,  comme  en  France ,  quelques  dr- 
conAances  où  ce  prix  s'efl  élevé  de  manière 
que  l'once  i'eft  vendue  4  liv.  2  ibis  fierlings  ,  ee 
qui  fait  à-peu- près  5  fols  fterlings  d'augmenutioB 
(6  liv.  de  France  )  ;  mais  les  caufes  de  ces  rérp* 
liuions  ayant  cette,  le  prix  des  matièret  1  repm 
fon  cours  ordinaire. 

U  eil  donc  confiant  que  fi,  comme  en  Angle^ 
terre ,  le  gouvernement  ne  s'étoit  pas  ingéré  de 
faire  faire  le  commerce  de  ce»  matières  par  hm 

Banquier! 


I 


MON 

i»q\iî«r$  e!e  la  cour,  &  quelques  autres  finan- 

k'/s,  6c  $M  ne  leur  eût  pas  accordé  des  encou- 

^  DiCQS  pour  les  exciter  à  en  faire  verfer  une 

gF^ttd^  quantité  aux  b(^»tels  de>  monnoi^s,  il 

ic  fc  fcfOït  pis  trouvé  dans  le  cas  de  fe  plaindre 

de  l'dugrti^matton  de  Uur  prix. 

11  n*c4t  pas  moin>  évid-ïnt  que  c'eft  la  baîiîe  du 
duxïi5e  au  préjudice  de  la  France ,  produite  par 
les  Qpj  atiacts  de  ces  concclTionnaircs  de  fura- 
:'  ;i3i  a  provoqué  rexportation  de  ces  mêmes 

,  puifque  ces  inconvîniens  provenoient 
du  t^u.  de  radmtniftration  ,  elle  pou  voie  eni- 
cr»  pour  y  remédier»  un  moyen  dont  Tex- 
ce  lui  ga^antisfoit  le  fuccés  ;  ce  moyen, 
î  avait  èié  miiqué  un  mois  avant  la  [  ubli- 
caiiao  de  la  déclaration  du  jooâobre  178 f,  étoît 
en  fon  pouvoir;  il  ne  s'agiiToit  que  Je  faire  cef 
fe  les  achats  de  matières  pour  le  compte  du  gou- 
temstnciu.   Si  d'abandonner  le  commerce  à  lui- 

Ea  prenant,  au  contraire,  le  parti  de  rendre 
permanente,  par  un  nouveau  tarif,  Taugmenta- 
tà«a  moflientanée  du  prix  de  ces  matières  ,  on  en 
»  poYOqué  une  j&lus  confidèrable ,  puifque,  de- 
ffWI  la  pubitcatîon  de  ce  tarif,  elles  fe  vendent 
OMS  le  commerce  un  pour  cent  au^defTus  du  prix 
Sttqiicl  cette  loi  les  a  fixées* 

L'or  Se  Targent  n'étant  point  des  produélions 
du  (bl  de  la  France ,  ainfi  qu'on  Ta  défa  obfe rvé , 
&  ces  matières  éu-nt  la  rcpréfentation  de  toutes 
le»  proi^uâtons  de  Tagriculture ,  des  arts  6c  des 
fltaadââures  ;  plus  la  France  reçoit  de  ces  mé- 
taux en  échange  de  fe$  denrées  à:  marchandifes, 
pftts  rjlle  ajoute  à  la  matTe  de  ks  richefTes;  fie 
eamùic  elle  reçoit  moins  de  ces  matières,  en  rai- 
tan  du  haut  prix  qu'elle  y  met  ,  toutes  les  me- 
fcres  qui  tendent  à  augmenter  ce  prix,  font  con- 
tnjrcs  à  fes  inrércts. 

Oo  a  vu  que  fi  Tadminiflratton  ne  fe  (^t  pas 
M^ée  dti  commerce  des  matières  en  Tannée  1704, 
Wi  ilègocians  du  royaume  auroient  reçu  pour 
^,f  00,000  liv,  trois  millions  de  pi  fioles,  que  Tef- 
£a  des  furachapts  qu'elle  a  accordés ,  les  a  forcés 
de  recevoir  pour  45,100,000  liv, 

L'oT  &  l'argent  étant  d'ailleurs  des  matières 
preniîcres  pour  les  orfèvres  ,  &  pour  un  grand 
BOfliliTe  d'autres  artiftes  &i  de  manufaâures,  toutes 
les  opérations  qui  élèvent  le  prix  de  ces  métaux 
au  dclTus  de  celui  qui  eft  établi  dans  les  états  voi- 
fini ,  redtjifem  les  anirtes  françois  à  rahernative 
de  ne  pouvoir  vendre  en  concurrence  avec  Té* 
fnn^er  ,  ou  de  facrifier  au  prix  de  la  matière 
vue  portion  de  celui  de  la  façon ,  qui  f^iit  partie 
dit  pfx)dudtQns  de  l'indu ftrie  nationale* 

M.  Colbert ,  contraint  parles  circonflances, 
d*avoir  recours  à  de  nouveaux  impôts ,  &  vou- 
bfit  modérer  les  progrès  du  luxe,  qui,  en  ab- 
fcrbant  une  quantité  confidérable  de  matières  d*or 
&  d'argcin,  dîminuoit  la  fabrication  des  efpéces 
Ans  &  Miturs*  Tom,  V»  taru  l 


MON 


161 


dans  un  moment  où  Tètat  en  avoît  on  prefTane 
befoîn,  n'imagina  point  d*a>jem.:nter  îe  prix  de 
ces  métaux;  il  préféra  d'immoler  fur  les  ouvrages 
auxquels  ils  étoient  employés ,  un  droit  qui  mît 
le  luxe  des  confrmi moteurs  à  contribution ,  ians 
priver  Tartifte  de  la  matière  première  qui  alimen- 
toit  ion  travail. 

Des  vues  auffi  fages  portèrent,  fans  doute, 
ce  gtand  Miniftre  à  fupprimer,  en  1679,  ^^  droit 
de  fcigncuriage;  il  penfa  que  la  remif^  toiale  de 
ce  drjii  coniribueroit  plus  ctBcacement  à  la  ren- 
trée des  efpè.cs  nationales  qui  étoient  paiTées  chez 
rérranger,  que  Taugmcntation  du  prix  des  ma- 
tières :  ces  mwfurcs  eurent  le  plus  grand  fuccès, 
fit  Ton  continua  d'en  hlre  iifage  jufqu'en  1686, 
quoique  Ton  eût  annoncé  qu'elles  n^auroisnt  lieu 
que  pendant  trois  mois  ,  &  quoique  la  France 
pleurât  leur  auteur  depuis  trois  ans. 

La  poflérité  aura  peine  à  fe  pertuader  que  dans 
le  moment  même  ou  M.  Neckcr  venoit  de  qua- 
lifier authentique mcm  de  grande  ignord/ice  toute 
mefure  forcée,  tendante  à  augmenter  le  numé- 
raire ,  &  de  prouver ,  par  le  f*iit ,  qne  la  ceiïa- 
tion  de  pareilles  mefures  éioit  Tunique  moyert 
de  faire  bai^îer  le  prix  des  matières ,  on  fe  foii 
porté  à  accorder  de  nouveaux  furachacs. 

Cefl  une  vieille  erreur,  de  croire  que  Tadraî- 
niftration  foit  iniérel^ee  à  empéhjr  rexporraîion 
des  efpèces  ou  matières  d*or  &  d'argent  j  cette 
exportation  n*  p_uc  erre  provoquée  qje  par  Tin^ 
térèt  ou  la  njcciTiîè  :  fi  la  balance  du  commerce 
de  la  France  avec  rétanger,  eft  en  faveur  de 
ce  dernier,  il  faut  que  la  France  folde  cette  ba- 
lance avec  des  efpèces  ;  tous  les  moyens  prohi- 
bitifs ne  peuvent  empêcher  la  fortie  de  ctlks  qui 
font  néceifaires  au  paiement  de  cette  foldc. 

Si  quelque  fpéculation  utile  dérermine  le  françois 
à  porter  d^s  efj>è:es  ch:z  Téfan^er,  elLs  lui 
rentreront  avec  bénéfice;  et  comm^  ces  bér-éfices 
font  la  véritable  fource  de  Tau  j;  m  entai  ion  du  nu- 
méraire &  de  la  richiffe  nationale ,  loin  de  s'op- 
pofer  à  l'exportation  des  obj.ts,  foIt  efi-è^ts  ou 
mirchandifes  ,  qui  les  produileiit ,  on  doit  au 
contrai-^e  la  favoifer. 

Le  chevalier  Whiworth,  don:  Touvrage,  tra- 
duit en  françois  ,  a  été  im.^rimè  au  louvre  e« 
1777,  évalue  à  96,016.915  U  12  f.  9  den.  fler- 
lîngs,  la  quantité  d"t.f^è:cs  cxpittèvS  de  l'Angle- 
terre pendant  Tefpace  de  77  ans  ,  ce  qui  j;orte 
Tannée  comm  me  de  ces  exportations  à  1,147.2)1!. 
izC  loden-î'  fterlings ,  (environ  30  ml  .'lions  de 
Livres  tournoi^J.  Le  cnmmjrce  de  ce  royit  me, 
loin  d'en  fouffrir,  s*êft  ace  ù  confi  ér*b!emînc, 
parce  que  fans  doute  elles  ont  été  diiermin!:es 
par  dts  fpéculation.  u  iîes  à  la  nation. 

Les  matières  d'or  &  d'a-gent  feroient- elles  donc 


f 


MON 


culement  ptrmifc  ,  elle  cft  encouragée  par  la  re- 
tnife  des  deux  tiers  des  droits  de  marque  & 
contrôle ,  conformément  aux  difpofitions  de  Tar- 
fêt  du  premier  mars  1733. 

Cette  faveur  a  vraifemblabïeraent  eu  pour  objet 
de  faciliter  la  vente  des  ouvrages  de  fabrique  na- 
tionale chez  rétranger,  où  Ton  ne  paye  pas  les 
mêmes  droits ,  afin  de  mettre  fou  luxe  à  contri- 
bution. 

y  auroit'il  donc  plus  d'inconvénient  à  per- 
mettre la  fortie  des  elpèces,  lorfqu^il  efl  reconnu 
iïu*elle  eit  utile ,  &  qu'elle  contribue  même  à 
1  augmentation  de  la  richeffe  de  Tétat,  foit  qu*elle 
foit  dêtermioée  par  des  achats  de  marchandifes 
<>u  matières  premières  »  Icfquelles  étant  manufac- 
tuiéss  dans  le  royaume,  lont  enfuite  exportées 
avec  bcntfice  à  l'étranger,  foit  qu'elle  (oit  cxci- 
tie  par  Tintentlc^^  de  faire  haulfer  le  prix  du 
charge  en  faveur  de  la  France ,  ou  dVm pécher 
qu'il  ne  bailfe  à  ion  préjudice;  foit  enfin  qu'elle 
ait  pour  objet  de  s'acquitter  avec  avantage ,  ou 
d'éviter  de  le  faire  avec  perte. 

La  véritable  minfion  d'un  banquier  de  la  Cour 
devroit  être  de  veiller  fans  ce ffe  fur  ie  cours  du 
change,  &  d'en  maintenir  la  balance,  fmon  en 
faveur  du  négociant  françols,  au  moins  dans  un 
équilibre  qui  lui  aHurât  l'entière  rentrée  du  pro- 
duit de  fcs  exportations. 

On  a' vu,  au  contraire,  que  toutes  les  opéra- 
tions des  perfonnes  qui  ont ,  ou  rempli  cette 
place,  ou  été  chargées  d'en  faire  le  fervice,  ont 
influé  fur  le  cours  du  change  d'une  manière  in- 
finiment onéreufe  au  commerce. 

II  réfultc  de  ces  obfervations ,  que  Taugmcn- 
tation  du  prix  de  l'or  dans  le  commerce,  étoit 
accidentelle  &  très-récente,  &  qu'elle  ne  pou- 
voit  pas  être  un  motif,  ni  même  un  prétexte  pour 
augmenter  encore  ce  prix ,  ôt  ordonner  la  re- 
fonte des  efpèces. 

SECOND     MOTIF 
DE  LA  DÉCLARATION. 

Ci  motif  confifii  tn  €€  qui  «  la  proportion  du,  marc 
m  d*or  AU  marc  d'argtnt ,  étant  refiée  la  même  en 
u  Franci  ^  nefl  plus  nUtivi  à  celle  qui  a  été 
•«  fuccejfïvemem  adoptée  in  d'' autre J  pays,  m 

On  a  vu  cî-devant  que  cette  proportion  a  été 
déterminée  &  lôgéremcnt  élevée  en  faveur  de 
l'or,  par  le  larîf  du  i^  fcptcmbre  1771  ;  elle  n'a, 
depuis  cette  épo^^ue,  éprouvé  aucun  change! ment, 
&  les  rappons  établis,  foit  entre  les  espèces  d'or 
&  d'argent  ,  conftdérées  comme  marièrcs  ,  foit 
entre  les  v  alcurs  ^our  lefquctles  ces  efpèces  étoi^ïnt 
adm  fes  d^  ns  la  circulation  ,  ont  été  conflamment 
hs   mêmes    depui*»  le    17  mai    1716  ,    jufqu'au 


MON 

moment  où  la  déclaration  du  }0  odobrc   17!^ 
a  été  publiée.  ^ 

L'Angleterre,  la  Hollande  ,  l'Efpagne,  le  P<w-  ' 
tugal ,  les  pays-bas  Autrichiens  ,  les  Cercles  de 
l'Empire  ,  la  Suiffe  ,  la  Savoie  ,  les  réj)ubUq«^ 
de  Gènes  &  de  Vcnife ,  le  grand-duchc  de  Tbf- 
cane,  les  états  du  Pape,  &  les  royaumes  de  «a- 
pies  &L  de  Sicile ,  obfervoient  à  cette  dernière 
époque  les  proportions  qu'ils  avoieni  adoptées 
avant  que  la  France  eût  élevé  un  peu  la  ficon« 
par  le  tarif  de  1771. 

On  a  cru  que  TETpagne  avoît  fait  quelqtre 
changement  de  cette  nature  en  l'année  *779î 
mais  il  fuffit  de  lire  la  pragmatique  qui  a  fait 
naître  cette  opiaion  ,  pour  fe  convaincre  que 
la  proportion  d^un  à  16,  rétablie  par  cette  ordon- 
nance, cxiftoit  en  1737,  Philippe  v  ayant,  à  cette 
époque,  augmenté  la  valeur  numéraire  des  ef- 
pèces d'argent ,  fans  toucher  à  celle  des  cfpécei 
d'or ,  il  en  étoit  réfulté  un  dérangement  dans  U 
proponion  ,  auquel  Charles  lll  a  cru  devoir  re- 
médier ,  en  remettant  les  chofes  fur  le  m^me 
pied  où  elles  étoient  antérieurement. 

L'article  Vil  de  l'ordonnance  de  175^»  portant 
règlement  pour  la  fabrication  des  cfpéces  dans  les 
Indes  Efpagnoîes,  ordonne  que  le  marc  d'or  à  izkd'' 
rats^  vaudra  autant  tjue  16  marcs  d'argent  a  $t  de- 
men  ;  &  l'article  XV 11  veut  que  l'or»  taille  izm 
un  marc  d'or  68  écus ,  valant  1088  réaux ,  6c 
dans  un  marc  d  argent  8  piaftres  6t  demie,  ayant 
cours  pour  68  réaux  ;  ce  qui  établit  la  propomoiT 
d*un  à  16* 

Cette  ordonnance  eft  rappelée  dans  la  pragma- 
tique du  at  mars  1786,  dont  les  difpoûtion\  con- 
courent égajcment  à  prouver  que  TEfpagne  na 
point  fait  d*iL  ovation  en  1779 ,  c  imme  on  la  pré- 
tendu ,  8d  qu'elle  a  feulement  fait  ce(ler  celle  am 
étoit  réfultée  d'une  ordonnance  de  Philippe  V . 
laquelle  n'étoit  plus  eiécutèc  dans  les  Indes  E^ 
pagnoks ,  depuis  Tannée  ryço. 

On  a  coniequemment  eu  tort  d'avancer  que 
les  états  voifins  de  la  France  avoient  chance 
leurs  proportions ,  &  6!^n  conclure  qu  clic  fe 
trouvoit  forcée  de  fuivre  leur  exemple  en  chan- 
geant auflî  la  fienne  ;  comment  prouveroit-oil 
d'ailleurs  que  celle  d'un  à  16 ,  que  l'Efi  ;»gnc  a 
reprifc  &  dont  elîe  ne  s'étoit  écirtéc  «|oe 
depuis  1737,  jufqucn  1750,  a  eu,  pour  l« 
France,  plus  d  inconvénient,  pofténcurcmem  % 
cette  dernière  époque  ,  qu'elle  n'en  ayoit  av« 
17^7  ,  temps  où  elle  obfervoit ,  à  une  légère  dili- 
férence  près ,  la  même  proportion  qu'en  1785  ? 

Quand  on  fe  rappelle  les  précautions  que  le 
gouvernement  crut  devoir  prendre  en  177»  1  po^ 
fixer  le  prix  des  matières,  &  s'affurcr  s'il  conve- 
noit,  ou  non,  de  f^tre  un  léger  changement  à  la 
proportion  qui  étgit  obCervée  depuis  1716  ;  qitc 
cil      '  *  '^  ^"  "* "*** 


toutes   les  chambres   de  commerce  du  roy^u 
furent  confuhées  fur  cette  importante  qucûion; 
qu'en  pareille  circonftance  on  tint  la  même  ton- 


MON 

4mtt  en  i6oi  fit  1641  ;  que  HcnrMe-Grand  vou- 
luï  que  iioa>fc4ilenieQt  Von  prit  l'avis  des  prind- 
pikf  villes  de  Ton  ro^^aume  »  mai^  même  que  Tes 
AailKifladetirs  en  cont'érafiTeni  avec  les  Souverains 
«après  defqoels  ils  réûdoîent  ;  on  ne  peut  qu'être 
étinmè  »  quVn  1785  ,  fur  U  foi  d*un  de  ces  fai- 
iâtfS  de  fM-Ojets  qui  affiègent  continuclkment  les 
Mbduoibrês  des  Minières,  &  qui,  n*ayant  fou- 
vcof  liicune  teinture  des  principes  de  l'admî- 
fiiAraiioQ»  font  toujours  prêts  à  facrifier  les  inté- 
fin  de  Tétat  &  du  commerce  ^  au  defir  d'obtenir 

rihpies  eratificaiîons ,  ou  de  faire  leur  fortune 
celle  de  leurs  proxénètes  ,  on  fe  foit  porté  k 
tkver  d*ta  feiLièrae  cette  proportion  »  &  à  déro- 
ga^  ao  plan  de  ilabilité  que  l*on  ayoit  adopté  de- 
pub  Il  refonte  de  17^6. 

On  n'examinera  point  ici  quelle  eft  la  propor- 
ibo  qui  convient  le  mieux  à  ïa  France;  cette 
fltftioa ,  déjà  traitée  par  différeos  auteurs ,  exige- 
toit  de  trop  grands  détails  :  ce  que  l'oïi  peut  dire 
de  fifais  propre  à  fubju^ucr  Tôpinion  en  taveur  de 
Tincienae  proportion  «  c'eft  qu'elle  étoit  à-peu- 
pés  Je  terme  moyen  de  celles  qu'obfcrvoient  les 
Utam  ttzii  de  TEurope  ;  que  d'ailleurs  elle  étoit 
coofomc  au  voeu  du  commerce»  &  qu'en  cette 
laciére,  fon  vœu,  comme  fon  intérêt,  doit  rem- 
porter fur  toute  autre  confidération  ;  mais  il  ne 
ten  pas  inutile  de  s'arrêter  un  moment  à  examî- 
Kr  louf  fes  différens  rapports  ,  le  changement 
opère  par  les  difpolicions  de  la  déclaration  dont  il 
fa^t* 

Elle  annonce  que  Ton  a  fixé  la  proportion  à 
IÇ  marcs  ^  d'argent  pour  un  marc  d'or,  &  ce- 

I rendant  ce  rapport  n'exitte  que  dans  le  prix  que 
c  tarif  aiTtgne  à  ces  matières.  Les  rapports  éta- 
kb,  tant  entre  le  marc  de  louis  Si  le  marc  d'é- 
Qis,  conftdèrés  comme  matières,  qu'entre  les 
iRilcun  pour  lefquelles  ces  cfpèces  font  admifcs 
dans  la  circulation ,  différent  entt'eux  ;  Tun  ex- 
cède la  proportion  adoptée,  tandis  que  «autre 
lai  cil  inférieur. 

Oti  a  fuppofé  dans  tout  le  cours  de  cci  obfer- 
vmaos,  !•.  que  les  louis  font  fabriqués  au  titre 
de  ar  karats  fx ,  &  que  les  direfteuis  emploient 
ka  deux  cinquièmes,  ou  9  grains  du  remède  de 
poéds  par  marc  de  ces  efpéces  ;  %'\  que  les  écus  font 
^briqués  au  titre  de  10  den.  ^,  &  que  les  di- 
ftâevrs  emptoient  la  moitié  ,  au  18  Erains  du 
amédc  de  poids  dans  la  fabrication  de  chaque 
■arc  de  ces  cfpèces. 

Dans  cette  hypothèfe ,  un  marc  dVfpéces  d'or 
■ooirelles  ,  compofé  de  j  a  louis  g  contient  4 1 49 
grauif  d'or  fin,  qui,  divifés  par  31,  donnent 
■19  Ij  gnins  de  ce  métal  par  chaque  louis. 

(On  entend  p^r  or  fin,  i'or  ii  14  karats;  un 
Wat  équivaut  à  8  den.  de  poids.  ) 

Uo  «arc  d'cfpèces  d'argent ,  compofé  de  S  ^ 
écB»  de  6  liv.  »  contient  4 f  58  grains  d'argent  fin, 
Idfads  divifés  par  8  ^  donnent  50Q  ||  grains 
de  €€  métal  par  ècti  de  6  liv. 


MON 


165 


(On  entend  par  argent  fin ^  l'argent  à  iidcn^j 
un  den.  de  fin  équivaut  à  16  den.  de  poids.) 

Un  marc  de  nouvelles  efpéces  d'or  a  cours 
pour  768  liv.  valeur  de  ji  louis;  ces  768  équi- 
valent à  ïîS  écui  de  6  liv.  >  qui  contiennent 
64,123  Jy  grains  d'argent  fin;  ainfi  le  rapport 
entre  ces  efpéces  «  confidérées  comme  m  a  ri  ères  , 

Le  prix  de  lor,  au  titre  des  louis  (iï  ka- 
rats j{)  eft  fixé  par  le  nouveau  tarif  à  747  liv. 
f  3  fols  7  den.  ;  celui  de  Targent ,  au  titre  A^% 
écus  (  10  den.  JJ  )  ,  étant  refié  fixé  à  48  liv, p  fols  » 
la   proportion  exiilame  entre  ces  prix  ,  efl  d'un 

Le  marc  de  louis  a  cours  pour  768  lîv. ,  &  le 
marc  d'ccus  pour  49  livi  1 6  fols  :  le  rapport  entre 
ces  valeurs  eft  d'un  à  i^^* 

Le  prix  de  75a  lîv.  auquel  les  anciens  louif 
ont  été  admis  au  change,  eft  avec  la  valeur  nu« 
méraire  d'un  marc  d'écus  ^  dans  la  proportion 
dVnàtç^. 

Il  réfulte  de  ces  calculs  ,  que  la  nouvelle  pro-* 
portion,  dont  réiabliflemînt  a  fervi  de  prétexte 
pour  ordonner  ta  refonte ,  n'a  été  obfervèe  que 
dans  la  fixation  des  prix  de  l'or  &  de  l'argent 
fin  ;  elle  ne  Teft  dans  aucun  des  autres  rap- 
ports ,  pas  même  dans  celui  de  la  valeur  numé- 
raire d'un  marc  de  louis  comparée  k  celle  de 
quînie  marcs  &  demi  d'ècus ,  ceux-ci  ayant  cours 
pour  771  liv,  28  fols,  &  les  3a  louis  pour 
768  liv. 

Le  prix  de  750  liv-  auquel  les  anciens  îoiùs 
font  encore  admis  au  change  ,  &  celui  de  741  liv. 
10  fols ,  qui  doit  avoir  heu  par  la  faite  ,  ne  s'ac- 
cordent avec  auam  titre ,  diaprés  les  évaluations 
portées  fur  le  tarif,  Li  fixation  du  premier  de 
ces  prix  peut  avoir  eu  pour  objet  de  perfuader  au 
public  qu'il  panicîpoit  au  bénéfice  de  la  refonte  » 
en  faîfant  produire  aux  anciens  louis  quelques 
fols  de  plus  que  leur  valeur  num  *raire  ;  mais  la 
féconde  fixation  ne  peut  être  confidérée  qite 
comme  un  épouvantail  ridicule  qui  annonce,  ou 
rigîiorance  des  rédadcurs  du  tarif,  ou  leur 
grande  confiance  dans  celle  du  public  ;  comment 
ont-ils  pu  fe  perfuadcr  qu'on  apporteroit  au 
change  pour  742  liv.  rofols,  un  marc  de  louis 
qui,  étant  convertis  en  lingot?^  &  fu ppofés  feu- 
lement au  titre  de  ai  karats  -jx»  y  feroient  payés, 
fur  le  pied  du  tarif,  à  raifon  de  746  liv.  11  fcls 
6  deniers  le  marc  } 

Le  prix  de  l'argent  dans  le  commerce  s'étant 
élevé  à- peu- prés  dans  la  même  m^fure  que  le 
prix  de  l'or  ,  parce  que  les  furachats  ont  pro- 
duit fur  le  premier  de  ces  métaux  le  même  elfei 
•que  le  tarifa  produit  fur  l'autre,  la  proportion  qui 
exiftc  entre  leurs  prix  eft  encore  loin  de  celle 
que  la  déclaration  a  fixée ,  quoique  Vqi  fe  vende 
dans  le  commerce  à  un  prix  au-dciTjs  de  celui 
qui  eft  ponè  par  le  tarif.  Cette  propornon ,  qui 
I  étoit  en  1783  ,  d'un  marc  d'or  pour  '  4  T^}h  ^^^ 

Xij 


i6^ 


MON 


d'argent»  étoit ,  en  janvier  1787,  d*uo  marc 
d'or  pour  14  7j-*-|y  marcs  d'argem,  1 

Les  avantages  que  Ton  fait  condfler  dans  ce 
changement  de  proportion,  fonr,  1  "".  de  rétablir  le 
rapport  des  monnoies  d'or  aux  monnoies  d'argent , 
dans  la  mefure  qu'exige  celle  qui  a  lieu  chez  les 
autres  nations  ;  a"-  de  Caire  difparoître  Tintêrét 
de  les  exporter  ;  3".  de  pourvoir  à  ce  que  l'appât 
du  gain  n*excite  plus  la  temacion  de  ks  fondre^ 
4''.  d'empêcher  les  fujeis  du  Roi  d  être  IcCéi  dans 
Féchinge  de  ces  métaux.  ' 

Quelques  tes  oxions  fufiront  pour  démontrer 
que  ces  avantages  n'ont  pas  plus  de  foilditè,  que 
les  bafes  de  1  opération  à  laquelle  oa  les  at- 
tribue. * 

1*»  Il  vient  d*ètr«  prouvé  que  dans  rinter\*altc 
des  14  années  qui  fe  iQnt  écculces  depuis  la  pu* 
blication  du  tarit'  de  ^77^%  jufquà  CwUc  de  la 
déclaration  du  30  oâot>re  1785,  les  étrangers 
n'ont  point  tlungé  les  rapports  établis  entre 
leurs  monnaies  d*or  &  d'argent  ;  au  moyen  de 
quoi  les  mcfures  étoicnt  les  mornes  en  178c  qu'en 
1771,   &  n'eKÎgeoteni  de   la  part  de  la  France 

Quand  il  i^rolt  vrai ,  au  fiirplus ,  que  TEipagne 
eût  changé  ces  rapports  »  feroit-ce  une  rail'>n  de 
l'imiter  r  Cette  (.ui/ance  eli ,  ainfi  que  le  Portu- 
gal y  dans  une  pofition  abiblumvnt  différente  de 
celle  des  autres  états  ;  1  or  6i  l'argent  font  des 
produdions  de  fon  fol,  dont  elle  peut  éicver  ou 
réduire  la  valeur ,  foit  en  rai  fon  des  quantités 
plus  ou  moins  grandes  de  ces  matières  que  fcs 
mines  lui  rendent  chaque  année ,  foit  eu  égard 
à  la  confommation  plus  ou  moins  considérable 
qui  s'en  fait  en  Europe. 

L'intérêt  des  nattons,  qui,  comme  la  France, 
échangent  leurs  denrées  &  marchandifes  contre 
ces  métaux  ,  eft  de  fe  défendre  contre  toute  aug- 
mentation de  leur  valeur ,  &  non  de  la  provo* 
qucr.  Si  l'Efpagne  a  quelque  motif  pour  retenir 
tm  de  ces  métaux  par  prét^rence  à  l'autre,  elle 
augmentera  le  prix  de  celui  qu^çlle  voudra  gar- 
der, &  l'on  con^joi!  aifcment  que  plus  elle  $V 
percevra  que  l'étranger  le  recherche,  àt  (At  des 
efforts  pour  le  lui  enlever ,  pius  elle  a;oute/a  à 
cette  première  augmentation. 

a**.  Le  nouveau  tanf  n'a  point  fait  difparojrre 
rintèrct  d'exporter  les  efpéces.  De  tous  les  moyens 
dVmpècher  cette  exportation,  U  plus  e6icnce  fe- 
roii  de  fair^î  pencher,  dans  toutes  les  parues  du 
monde,  la  balance  du  commerce  en  fjvcur  de  la 
France  i  mais ,  en  la  fuppo^ant  parvenue  à  ce 
degré  de  prorpj:.ii,  ce  ne  leroit  pis  encore  une 
raifon  dé:erm'ri;inic  pour  contrarier  cette  expor- 
tation ;  elle  pourroit  être  provoquée  par  des  1*^- 
culations  utiles,  6t  dant»  c;  c»s  il  t-itî:;ioltj  ainfi 
qu'on  Ta  déjà  obfcrvéi  la  favotifer  au  lieu  de  s'y 
€>pDofcr. 

La  France  nVfl  pas  dans  cette  heirrcufe  pofi- 
tion vis  à' vis  de  l'Angleterre;  ù  à  l'cpoque    où 


MON 

le  chevalier  de  Whirworth  a  publié  fon  ^urrage^ 
la  balance  pcnchoit  en  faveur  de  cette  dernière 
puiffance  ,  elle  doit  y  pencher  d'une  manière 
beaucoup  plus  fenfibU,  depuis  que  la  Compagnie 
des  Indes  de  France  tû  forcée  d'acheter  de  U 
Compagnie  Angloife  la  majeure  partie  des  inar* 
chandifcs  du  Bengale  &  de  la  côte  de  Coroman* 
ÛA  y  néceifàires  à  fes  a^oriimens  :  rcxportatioii 
des  efpéces  devient  indifpcnlable  dans  ces  Cîr* 
confiances. 

On  a  pris  l'Angleterre  pour  exemple ,  préffi- 
rablemem  aux  autres  états,  parce  qu'il  femble» 
par  le  terme  de  la  nouvelle  proportion,  que  Ton 
a  principalement  cherché  à  (c  rapprochei'  d«  ccUe 
qui  eft  obfervée  dans  ce  royaume  depuis  près 
de  deux  fièclcs.  On  pourroit  demander  quelle 
nécefTité  il  y  avoit  de  s*occuper  de  ce  rapproche- 
ment aujourd'hui*  plutôt  quen  1716.       <* 

Deux  motifs  principaux  peuvent  avoir" déter** 
miné  rAngleterrc  à  donner  plus  de  valeur  à  Tors 
l'un,  qu'elle  a  moins  befoiR  dcfpéces  d'argent, 
parce  que  les  billets  de  la  banque  forment  une 
maffe  trés^confidèrable  de  valeurs  admifes  dans 
la  circulation ,  qui  lui  tiennent  lieu  de  numè* 
taire  ;  l'autre  eft  fondé  Air  fes  relations  de  com*^ 
merce  avec  le  Portugal. 

Ce  royaume  étant  moins  riche  en  argent  qu  en 
or,  il  étoit  de  l'intérêt  de  1* Angleterre  de  mettre 
un  plus  haut  prix  à  ce  dernier  métal  ^  pour  s'af^, 
furer  b  préférence  de  la  fourniture  des  denrées 
&  mar chandifcs  donc  le  Portugal  a  befoin  pour 
fa  confommation  &  l'approviaonnement  de  fes 
colonies  j  fourniture  qui,  fmvant  M.  le  cheva« 
lier  Whitworth ,  forme  pour  l'jVngleterre  un  ob- 
jet d'exportation  annuelle  d'environ  trente  nûl- 
lions  de  livres  tournois. 

Ce  furent  des  confidérations  de  cette  nature 
qui ,  lors  de  la  rédaâion  du  tarif  de  177»  »  por- 
tèrent, les  chambres  du  commerce  de  Lyon  ëc 
de  Bayonne  à  infifler  pour  qu'on  ne  diminuât 
pas  la  valeur  de  l'argent,  en  élevant  la  propor* 
lion  en  faveur  de  Vor ,  dans  la  crainte  que  ce 
changement  ne  portât  préjudice  au  commet  ce  de 
la  France  avec  l'Efpagne,  qui  eft  plus  riche  cfi 
argent  qu'en  or,  6l  n'interceptât  rimponatii(MI 
des  piaAres. 

La  France  n'a  p^ifit  de  change  établi  avec 
Portugal  ;  c'eft  Ordinairement  rAn|;leîcrre  qirr 
lolde  ce  que  ce  royaume  doit  à  la  France  r  plut 
cette  puidance  élève  la  valeur  de  l'or,  plus  elle 
met  l'Angleterre  à  portée  de  lui  payer  avec  avan- 
tage les  dettes  des  Portugais  ;  ainfi  l'augmenta^ 
tion  du  prix  de  l'or,  &  la  proportion  nouvelle' 
ment  adoptée,  font,  fous  ces  rrpfvirts,  conmifes 
aux  intérêts  de  l'état,  en  ce  qu'elles  tendent  h  dl* 
minuer  la  maile  du  produit  des  échanges  que  les 
négociai ns  françoîs  f^nc  afec  le  Portugal. 

La  f  icilitè  du  tranfporr  #es  erpèces  d'or ,  les 
rend  d  aUleurs  plus  néceiTau'es  &  plus  commodes 


MON 

_  Pierre  qu'aux  états  qui  font  fur  le  continent. 

Le  changement  de  proportion  ne  peut  pas  em- 
pêcher rcxponacion  d«?s  efpèces  qui  font  déclinées 
iu  paiemcnc  de  la  fomme  de  la  balance  du  corn- 
OCfce  de  k  France  avec  f  Angleterre  ,  mais  il 
■a  le  négociant  ô-ançois  dans  ie  cas  de  ne  pou* 
roir  s^acquitter  avec  des  efpèces  d*or  de  la  nou- 
fcUc  fabrication ,  fans  éprouver  une  perte  confi- 
dérahïe* 

Oo  a  TU  que  ces  nouveaux  louis  ne  contien- 
nettt  que  119 14  grains  d'or  fin;  les  anciens  en 
coaieaoîeiit  138  -jÇ.  Le  Roi  peut  bien  ordonner  à 
ta  fujecs  de  recevoir  les  nouvelles  efpéces  pour  ia 
aèine  valeur  que  les  anciennes;  mais  réirangcr^ 

3 ai  o*évalue  les  roonnoies  de  France  qu  en  raifon 
c  feor  titre  &  de  leur  poids ,  fans  avoir  égard 
à  leur  valeur  numéraire ,  ne  peut  être  contraint 
de  recevoir  1293^  grains  d'or,  pour  la  même  va- 
leur que  1 38  j|>  grains  de  ce  même  met  ah 

L'of  au  tkre  des  louis  (ai  karats  y[)  fe  ven- 
dotr  à  Londres,  en  janvier  J787,  j  liv-  T6fols, 
5  dcn.  fterlings  Tonce ,  (  poids  de  Troy  )  Tar- 
geat,  au  titre  des  éçus  (ioden*||,)  fe  vendait 
à b  même  cpoquc  61  7  den.  flerling  ronce,  même 
poids,  laquelle  équivaut  à  ^85  ^grains  du  poids 
de  marc  de  France. 

On  a  vu  ci-devant  que  le  marc  des  nouvelles 
c(&eces  d'or  de  France  eft  compofe  de  31  louis,, 
kiquels  ont  cours  pour  14  liv.  ;  ainfi  un  marc 
de  ces  efpèces  équivaut  à  768  liv. ,  ou  à  1 18  écus 
de  6  liv* 

Efl  fuppofant  que  les  dircfteurs  des  mon  noies 
tyent  employé  les  f  du  remède  de  poids  dans  h 
fabrication  de  chaque  marc  de  louis  »  &  moitié 
de  ce  même  remède  dans  celle  de  chaque  marc 
d*^us,  on  louis  doit  pefer  14357  grains,  âf  un 
écu  »  ^53  1^  grains  :  ainfi,  4599  grains  d*or  , 
au  titre  de  ai  karats  f-^j  font  aiimis  dans  la  cir- 
cnUtion  potir  la  même  valeur  que  70,785  JJ  grains 
fargent,  au  titre  de  joden*  f^. 

Dam  cette  hypothèfe,  en  portant  à  Lon- 
dre*  laS  ccus  de  6  liv.  contenant  70,78  c  ^ 
grains  de  matière  à  ip  den.  f^-  »   on  s*acquïttoit 

de. 1*     f.     d.     Aerl. 

?.•-.. 31     0 

Ea  y  portant,  au  contraire, 
|i  lauis  nouveaux  contenant 
4599  grains  de  matière  à  îi 
kârats  y*  »  ^  équivalant  en 
France  ^ux  1 28  ècus  de  6  liv.  » 
ou  ne  s*acquîttOkt  que  de.    *     .   ^9     19     o 

Il  y  avoit  conieijuemiiient.  1  i  o 
de  bénéfice  fur  768  iiv.  de  France ,  à  préFcrer 
de  payer  cette  fomme  en  argents  Ces  21  fols 
ftetltng ,  au  change  de  29  ^  qui  avoit  cours 
ikirSf  valoient  3^  liv.  i6fols  îo  den.;  au  moyen 
quoi,  quatre  écus  de  6  liv.  produii'oieni  16  fols 

'ea*  ~{  de  plus    qu*un  louis.    Il  résulte  de  ce 
Ip  que  &  le  changement  opéré  par  la  décla- 


MON 


161 


ration  empêche  Texportatlon  des  efpèces  d*ur^  il 

provoque  celle  des  efpèces  d  argent  qui  font  plus 
utiles  à  la  France  ,  en  ce  que  rien  ne  peut  les 
fuppléer  dans  la  circulation,  excepté  les  billets 
de  ia  caifle  d'efcompte ,  qui  ne  font  admis  en 
paiement  qu'à  Paris  :  la  diminution  d'un  de- 
nier l  fterling  par  once  (3  fols  6  den.  de  France  ) 
que  Le  prix  des  matières  d'argent  a  éprouvé  en 
Angleterre ,  depuis  un  an ,  prouve  que  tel  eu 
réellement  Tcffet  de  cette  opération* 

L'exportation  des  efpèces  d'argent  a,  fous  un 
autre  ra.port  ,  offert  des  avantages  beaucoup 
plus  confidérables  aux  étrangers;  ceux  qui,  an- 
téi'ieurement  au  30  oÔobre  1785,  avoient  reçu 
un  marc  d'anciens  louis  pour  1 20  écus  de  61iv«, 
6c  qui  Tont  apporté  aux  hôtels  des  monnoies 
poftèrieurement  à  cette  époque ,  y  ont  reçu  en 
échange  j  15  écus;  iU  ont  conféqaemment  gagné 
5  écus ,  ou  4  pour  cent  par  cette  opération  ;  6c 
s'ils  fe  font  permis  d^  fabriquer  31  louis  nouveaux 
avec  les  30  anciens ,  ce  bénéfice  s'eft  élevé  à 
8  écus  de  6  livres ,  ou  6  j  pour  cent. 

L'Anglois  qui  apporte  aujour- 
d*hui  un  marc  de  guinées  au 
change,  y  reçoit  en  paiement.  ii6^écusde61iy. 

Il  n'en  recevoir ,  avant  la 
déclaration  du  3  o£l':)bre  178c, 
que. ï^97 

Différence  en  fa  faveiir,  & 
au  préjudice  de  la  malle  du 
numéraire  de  La  France.     .     .      <f  écus  de  fi  liv. 

Faifant  un  peu  plus  de  5  f  p*  î* 

Il  eil  donc  démon  tri  ,  par  tout  ce  qui  précède, 
que  le  changement  de  propordon  n*a  Ciit  i^i/pa- 
roif-t  rintérJt  if  exporter  iei  efpèces  d'or ,  qu'en 
provoquant  l'exportation  des  elpéces  d'argent,  & 
que  cette  exportation  s'eft  faite  d*uns  manière  à 
la  fois  ruincufe  pour  la  France,  &  deftruétive  de 
fon  numéraire* 

3''.  Le  plus  fur  wioyen  dVmpêcher  les  aniftes 
qui  emploient  les  mutéres  d'or  &  d'argent,  de 
h>ndre  les  efpèces  ,  efl  de  s'abilïnir  de  toute  opé- 
rjtion  qui  tende  à  faire  augmenter  le  prix  de  ces 
matières. 

Il  eft  certain  que  dans  Tétat  aftue!,  un  ^rfôvrc 
ne  préférera  pas  de  fondre  un  marc  de  louis,  qui 
lui  coûte  76»  liv.,  tandis  qu'il  peut  fe  procurer 
dans  le  commerce  un  marc  de  matières  au  même 
titre,  qui  ne  lui  coijiera  que 750 Uv.  i  fol  1 1  den.; 
mais  le  haut  prix  auquel  les  financiers,  chargés  de 
la  fourniture  des  piaflrcs,  les  emportées,  offrant 
aux  arti/les  quelque  bénéâce  à  fondre  les  écus 
par  préférence  aux  piaftres ,  il  y  a  lieu  d»  croire 
qu'ils  prennent  ce  parti ,  d'oîi  il  réfulte  que  les 
mefures  que  le  gouvernement  emploie  pour  cor» 
ftrver  les  efpèces  d'or ,  &  celles  qui  ont  pour 
objet  l'augmentation  du  numéraire ,  eoncourent 
enfemble  pour  faire  exporter  &  fondre  les  efpèces 
d'argent. 


i66 


MON 


C*eft ,  au  fur{>lu5 ,  encore  une  vieille  erreur 
de  vouloir  s*oppnfer  à  cette  fonte,  d'autant  qifil 
eft  prefqu'impoiîlble  de  1  empêcher,  lorfque  Vin- 
térét  des  artîAes  b  comniancle. 

Le  Iqxc  ne  confomme  pas  toutes  les  matières 
qui  entrent  annuellement  en  France  par  l'effet  de 
la  balance  du  commerce ,  lorfque  les  minuf^c* 
tures  font  pourvues  de  la  portion  de  ces  matières 
dont  elles  ont  beibin  y  Texcèdant  (c  porte  aux 
hôrels  des  m^nnotes. 

Si  les  artîâes  fondent  mille  marcs  d^efpéceSf 
ils  prendront  mille  marcs  de  matières  de  moins 
ùxt  la  portion  qui  leur  cft  deftinée  ;  celle  des 
monnoies  fe  trouvera  conféquemment  augmentée 
de  ces  mille  marcs ,  &  le  Roi  y  gagnera  une 
augmentation  de  produit  de  fon  droit  de  {ci- 
gneuriase* 

Si  f  dans  une  autre  hypothèfc  •  Torfévre  fc 
détermine  à  fondre  les  efpèces ,  parce  qu'il  ne 
peur  p3S  fe  procurer  d'autres  matières ,  il  efl  en* 
core  de  Tintèrêt  du  Roi  de  ne  pas  s'y  oppofer, 
parce  que  la  convcrfion  de  ces  efpèces  en  ou- 
vrages ,  fournit  à  la  fubfiftance  de  cet  artifte  & 
des  ouvriers  qu'il  emploie  ^  elle  le  met  en  êcai 
de  payer  les  impofittons;  elle  donne  lieu  k  une 
perception  de  droits  de  contrôle  ;  elle  contribue 
même  à  Taugmcntation  du  numéraire ,  il  ces  ou- 
vrages font  pour  Tetra nger,  parce  que  le  produit 
de  Ta  vente  fait  rentrer  à* ta- fois  la  valeur  de  la 
matière  &  le  prix  de  la  façon  ,  qui ,  comme  on 
Fa  déjà  obfervé,  cÙ.  une  des  fources  de  h  richefle 
nationale. 

S'il  arrtvok  enfin  que  la  défenfe  de  fondre  les 
efpèces  »  jointe  à  la  rareté  ou  à  la  cherté  des 
matières ,  mît  l'arti/te  fraoçois  dans  rimpolTibilité 
de  fatisfaire  aux  demandes  d'un  grand  nombre  de 
confommatcurs ,  pour  qui  les  ouvrages  de  l'or- 
fèvrerie font  devenus  d'une  néceiTité  abfolue,  & 
les  forçât  de  s'en  pourvoir  chez  l'étranger ,  Tex- 
portation  des  efpèces  deflinèes  au  paiement  de 
ces  ouvrages  n*abforb croit- elle  pas  une  portion 
de  numéraire  plus  confidèrable  que  celle  que  cet 
artifte  auroit  fondue,  s^il  en  eût  eu  la  permiflîon, 
puifqu^il  faudroit  ajouter  à  la  valeur  de  la  ma* 
liére  le  prix  de  la  façon  ? 

Cette  défenfe  produiront  donc,  fous  ces  rap- 
ports ,  des  effets  dlredement  oppofés  à  fon  ob- 
jet ;  elle  auroit  de  plus  rinconvènient  de  faire 
valoir  l'mdufirie  étrangère  au  préjudice  de  celle 
de  la  nation. 

4».  On  a  pu  fc  convaincre,  par  tout  ce  qui 
vient  d'*:trc  cxpofé  »  que  le  changement  de  pro- 
portion Vktmftche  pAs  que  Us  paniculicrs  nt  foient 
iéfés  dans  i  échange  des  métaux  qui  fe  fait  avec 
Téfranger.  Pour  juger  s'ils  le  font  dans  l'échange 
des  anciens  louis  avec  les  nouveaux  »  il  faut  fe 
tappelcr  qu^un  marc  d'or  converti  en  efpèces, 
contient  4149  grains  de  matières  au  titre  de  34  ka- 
rttf.  Ces  4149  eralns  divifcs  par  )0  (ancienne 
divifian  du  nivc  des luJis ),  donuent  f}8  ^grains 


MON 

d'or  pur  pour  chaque  louis  de  l'ancienne  fabri- 
cation. 

On  a  vu  ci -devant  que  chaque  louis  de  U 
nouvelle  fabrication  ne  contient  que  119  !-,  grains 
de  matières  au  mtmQ  titre.  Le  marc  des  anciens 
louis  ayant  été  admis  au  change  pour  y%o  Uv, 
&  payé  en  nouvelles  efpèces,  chaque  marc  de 
ces  anciens  louis  a  été  payé  avec  |i  louis  ^  de 
la  nouvelle  fabrication;  on  n'a  conféquemment 
reçu  que  4051  J  grains  d'or  en  échange  de  4 r  49, 
ce  qui  fait  97  J  grains  d'or  fin  de  perte  par  marc, 
lefquels  valent,  au  prix  du  dernier  tarif ,  17  livres 
j  fols  y  deniers. 

Si  le  public  a  porté  lU  change  800,000  marct 
d'anciens  louis,  valant  fi^  cens  millions,  (  à  rat- 
fon  de  750  liv.  le  niarc)»  fa  pêne  s'efi  éitvét  à^ 

TROISIÈME    MOTIF 
DE    LA    DÉCLARATION, 

Ce  motif  cûnffle  en  ce  que  «  Us  montioUs  d'or  cm 
«  aBuelUment ,  comme  mitai ,  une  valeur  fupé- 
a  rieure  à  celU  que  Uur  dénomination  exprime» 
u  &  fuivam  laquelU  on  Us  échange  comre  /e«j 
u  monnoies  d^ argent,  n 

On  a  dit  ci-devant  que  l'or  au  rirre  des  loyîs 
fe  vcndoit  en  feptembre  1781 ,  740  liv,  |  C  le 
marc  :  trente  de  ces  efpèces  ,  repréfentant  un 
marc»  équivaloient,  à  cette  époque,  à  73  ^  liv,  8  fols 
8  den. ,  en  fuppofant  que  depuis  leur  fabrica- 
tion elles  n'euflent  perdu  chacune  qu'un  grain 
de  leur  poids  ;  la  valeur  intrinféque  de  chaque 
louis  eicédoit  conféquemment  de  lof.  3den.  ^5, 
celle  que  fa  dénomination  eiprimoit  ,  &  pour 
laquelle  on  l'échangeoit  contre  les  monnoies 
d'argent- 

Cet  excédant  provcnoit  de  l'augmentation  du, , 
prix  des  matières  i  &  comme  cette  augmentatroi|| 
étoit ,  ainfi  qu'on  Ta  démontré  ci-devant ,  reffer 
des  mefurcs  prifes  par  le  gouvernement,   pour 
faire   vcrfer  aux  hôtels   des  monnoies  une  plvi 
grande  quantité  de  ces  matières  ,  la  ceflation  de 
ces  mefurcs   étoit  tout  à -la -fois   le  moyen   le 
moins  fujct  à  inconvénient,  le  plus  efficace,  & 
k  plus  prompt  que  l'on  pût  employer  pour  ré- 
tablir rèquilibre  entre  la  valeur  intrinféque  &  U 
valeur  numéraire  des  efpèces  :  l'exemple  du  pafTè 
Tindiquoit  ,    &   lexpénence    en    garaniiiToît    le 
fuccès* 

La  fupprefTion  des  furachats  auroit  indubita- 
blement fait  retember  le  prix  des  matières  à 
708  liv.  11  fols  ,  ainfi  que  cela  étoit  arrivé  au 
mois  de  mai  1778  ,  peu  de  temps  après  que 
M.  Nccker  eut  fait  fupprimer  le  futacnat  génè- 
rai  accordé  pat  M,  Turgot» 


I 

p 


» 


» 


MON 

Comme»!  a-t-on  pu  préférer  à  un  moyen  auflt 
(agt  y  le  pkn'î  «  non- feulement  de  renoncer  ,  en 
ïïtioniàiu  les  efpéces  d'or,  &  en  altérant  leur 
poids ,  au  fydcme  de  flabilivé  dont  on  avoit  re* 
coono  ft  authemiquement  les  avantages  en  177^1 
nais  encore  d'augmenttr  le  feigneunage,  oc  de 
fiaer,  par  un  nouveau  tarif,  à  747  liv.  13  fols 
y  den.,  le  prix  du  marc  de  ces  matières,  ced  à* 
dire,  à  un  pour  cent  au*deiTus  de  celui  fur  le- 
quel OQ  ctabri(roit  ta  ncceiTité  de  ta  refonte  ? 

Comment  parvicndroit-on  à  prouver  qu\inc 
iQglDenution  provenant  du  fait  du  gouverne- 
mCM ,  ea  néceiuiolt  une  plus  confidérable  de  ia 
piff  ? 

Eu  vaîn  diroît  on ,  pour  judifîer  une  opéra- 
liaQ  auifi  inconftquente  »  que  la  première  aug- 
meBtatian  en  ayant  déterminé  une  plus  forte  de 
la  part  du  commerce  «  radminiAration  fe  trou- 
▼oit  forcée  d'élever  encore  le  prix  quelle  avoit 
ad<ypcét  potir  fe  rapproclier  de  celui  du  corn- 
icerce;  il  a  été  démontré  que  tous  tes  facriâces 
que  6it  Je  gouvernement  pour  parvenir  à  ce  but, 
font  inutiles»  6t  produifeni  des  effets  auffi  oppo- 
fts  à  Tes  ^nies  ,  que  contraires  aux  intérêts  de 
féxat  Ôc  du  commerce* 

Dut'On  dViUeurs  admettre  la  prétendue  nécef* 
fité  de  ce  rapprocWcment ,  ce  qui  en  excède  le 
terme  dans  ta  nouvelle  6)cation  »  ne  pourroit  être 
îuâiâé  par  aucun  motif. 

Ce  ncft  pas,  au  furplus»  la  première  fois  que 
les  efpèces  d*or  fe  font  trouvées  avoir  ,  comme 
métal,  une  valeur  fupéricure  à  celle  que  leur 
tf^ioitilnation  eiprimoit. 

Le  marc  d'or ,  au  titre  des  louis ,  fe  vendoit , 
en  arril  1780»  7)4  Uv.  6  fols  it  den.;^  en  fup- 
pofanr  que  chaque  louis  neût  perdu  qu'un  grain 
de  fon  poids,  la  valeur  intrinféque  de  30  de  ces 
elfèces,  représentant  un  marc,  étoit,  d'après  ce 
prix  ,  de  719  liv.  j  i  fols  4  den. ,  quoïcju'elles 
n  euiîent  cours  que  pour  710  liv.  La  valeur  de 
chaque  louis  coofidéré  comme  métal,  excédoit 
coniéquemment  de  6  fols  4  den,  ;|  fa  valeur  nu- 
mé  faire, 

Li  livre  d*or  au  titre  des  gui  nées ,  fe  vendoit 
a  Londres  48  liv.  i-J  fols  fterlings  k  la  6n  de 
Vannée  1782,  quoique  447  de  ces  efpéces,  com- 
po&Ri  une  livre,  n*eufl*ent  cours  que  pour  46  liv, 
14  fovs  6  den*  flerUngs, 

Il  y  avoit  entre  ces  deux  valeurs  une  diffé- 
rence de  ^BfoK  6dcn.  fteriings,  repréfcntani  (au 
chaogc  de  30  deniers  fterling*  pour  un  écn)  46 liv. 
4f*  tournois,  enforte  que  ta  valeur  inirinféque 
d'une  guinée  excédoit  de  20  fcls  9  deniers  celle 
pour  laquelle  cette  monnoie  avott  cours. 

Le  prix  des  matières  éprouve  fouvcnt  de  pa- 
reilles révolutions,  fur-tout  en  temps  de  guerre; 
jnais  elles  n*ant  lamais  ^lorté  le  gouverotmeni 
.ângbts  k  s'écarier  du  pl.n  de  tl^.bilité  qu'il  fuit 
lair^nabtement ,  parce  que  rexpéricnce  Va  con- 


MON 


167 


I  vaincu    quelles    ceflent   ordinairement  avec  \m 
caufes  qui  les  ont  produites. 

Les  repféfentaîions  que  Von  fit  à  M*  Necker 
en  1780,  fur  ce  que  la  vakur  intrinféque  de» 
louis  eicédoit  alors  leur  valeur  numéraire ,  ne  le 
déterminèrent  point  à  propofcr  au  Roi  d'ordonnor 
la  refonte  de  ces  cfpèces ,  Ôt  d'en  altérer  le  titre 
ou  le  poids;  il  penfa  que  raugmcniation  du  pri* 
des  matières,  d'où  provcnoit  cet  excédent,  cdrc 
roit  avec  les  circon (lances  qui  y  avoient  donné 
lieu ,  Si  révénement  a  pleinement  juflific  fon  opi» 
nion,  pulfque,  dès  la  fin  de  Tannée  de  la  figna- 
ture  de  la  paix ,  ces  maiières  étoient  retombées 
au  prix  auquel  elles  fe  veodoient  en  janvier  1773  • 
elles  fcToient  vraifemblablement  encore  à  ce  prix, 
pcMt-ètre  même  au-deflous,  ainfi  que  cela  eu  ar* 
rivé  en  Angleterre ,  fi  radminiflration  n'avoit  fait 
aucune  opération  qui  en  eût  provoqué  Taugmen- 
tatioo. 

Il  réfultc  de  ces  obfervations  ,  que  la  diffé- 
rence qui  exlftoit  en  feptcmbre  178J  ,  entre  la  va- 
leur des  cfpèces  d'or  ,  confidérées  comme  métal , 
&  celle  que  leur  dénomination  exprimoit,  ne 
pouvoii  pas  être  un  motif,  ni  fervir  de  prétexte 
pour  en  ordonner  la  refonte ,  même  dans  le  cas 
ou  Taugmentation  du  prix  des  matières  ,  d'oii 
provenoit  cette  différence,  auroit  eu  des  caufes 
étrangères  à  radminillration, 

RÉFLEXIONS    GÉNÉRALES. 

Lorfque  les  hommes  font  convenus  d'échanger 
une  certaine  mefure  de  blé  contre  une  quantité 
déterminée  d*or  ou  d'argent ,  ils  ont  recon&u  la 
nécefTité  de  divîfer  ces  métaux  en  différentes  por- 
tions, qui  les  rendiffent  propres  à  ces  échanges; 
5*étant  aperçus  enfuite  qu'ils  pourroicnt  être  trom> 
pés  fur  le  titre  de  ces  matières ,  par  les  alliages 
dont  elles  étoient  fufceptibks ,  ils  ont  penfé  que 
le  feul  moyen  d'obvier  à  cet  inconvénient,  fe* 
roit  de  remettre  entre  des  mains  pures  &  définté- 
reffées  »  le  foin  de  faire  faire  cette  divifion ,  & 
d'imprimer  fur  chaque  portion  de  métal  une  mar- 
que qui  en  indiquât  te  poids  ,  en  même  temps 
qu  elle  en  garanti  roit  le  titre. 

C'e^  de  la  confiance  du  peuple,  de  leur  juflice 
&  de  leur  dèfintéreffement,  que  les  fouverains 
tiennent  originairement  le  droit  excfufif  de  faire 
fabriquer  les  efpèces  &  de  les  faire  frapper  à  leur 
coin  r  cette  prérogative  eff,  fous  ces  rapports, 
un  des  plus  nobltfs  attributs  de  ta  fouveraioeté. 

Il  étoit  convenable,  fans  doute,  que  les  frais 
de  cette  fabrication  fuffent  payés  par  le  tréfor 
public  ,  parce  qu'il  n*eûc  pas  été  juffe  que  ]e« 
dépenfes  d'une  manipulation  dont  futilité  cony- 
mune  étoit  le  principal  objet ,  fuffeni  à  la  charge 
de  celui  k  qui  elle  étoit  confiée  ,  ni  ^  celle  du 
ptop  ri  Claire  des  matières. 

Ces  confidératums  portèrent  les  Romïtins  a  or* 
donner  que  les  monnoies  feroicnt  fabriquées  aux 


i68 


MON 


dépens  de  la  république ,  &  que  l'on  rcndroît  çn 
coitfèqucncc  aux  propriétaires  des  matières  d'or 
&  d'argent,  une  quantité  de  ces  mênfes  matières 
convcrtlei  en  cfpèces,  égale  en  titre  &  en  poids 
à  cclîc  qu'ils  auToic nt  livrée. 

Les  Anglois  ont  adopté  cet  ufage  depuis  Tan- 
née 166-",  &  ce  fut  peut-être  à  leur  cxcmpk  » 
cpic  M.  Colbert  tit  ordonner,  par  une  déclaration 
du  iS  mars  16-9^  que  ceux  qui  verferoicnt  des 
matières  ou  des  clpèces  dor  &  d'argent  aux  hô- 
tels des  monnoi<is  ,  y  recevroient ,  en  efpèces 
nouvelles,  h  même  quantité  de  fin  qu'ils  aurojcnt 
apportée,  fans  éprouver  aucune  retenue >  même 
pour  les  fr^is  de  fabrication* 

Il  piroît ,  par  un  capituiaire  Ai  Tannée  -çç, 
que  U  fabricaiion  dv^s  moonoies  êtoit  pareillement 

fratuite    fous  les   régnes    des  premiers  rois   de 
rance. 

Pépin,  auteur  de  ce  capltulaire,  fut  le  premier 
de  ces  monarques  qui  autorifa  les  mai  rcs  de  s 
fnonnoies  à  retenir  a  leur  prodt  une  portion  des 
matières  quils  c.inveriiroi;fnt  en  efpècwS  ;  cette 
retenue ,  dont  Tobjci  fut  de  les  indemniler  tics 
frjis  dî  fabr cation  ,  Se  que  Ton  qualifia  de  droit 
de  hrajf  ge,  fit  vra.femblablement  naître  la  tema- 
lion  de  s  en  permettre  une  autre  au  profit  dn 
fouvcrain  ,  à  laquelle  en  donna,  par  cette  raifon, 
le  nom  de  droit  de  ftigneuriage. 

Cette  dernière  a  été  la  (ource  des  altérations 
fréquentes  du  titre  Sc  du  poids  des  er|.è:es,  & 
des  changemens  plus  frèquens  encore  de  leur 
Taleur  numéraire.  Les  fouverains  fe  font  accou- 
tumas à  regarder  la  f.ibricarion  des  monnoîcs 
comme  un  droit  utile  dont  ils  pouvoient  tirer 
parti  dans  leurs  befoini>  &  ils  en  ont  n(h  avec 
plus  ou  moins  de  ciiconfpection  ,  en  riifon  des 
ci rcon fiances  plus  ou  moms  e mbarr alla n:es  dans 
L-fquellcs  ils  le  font  trouvés. 

L^s  rt^gnes  de  Philijjpc  de  Valois,  de  Jean  II  & 
de  Charles  VI,  font  ceux  qui  offrent  les  exemple» 
les  plus  frappans  de  Tabus  que  Ton  a  f^iit  de  ce 
droit;  mais,  au  milieu  même  de  ces  dèfordres, 
on  rendoit  hommage  aUJi^rais  principes  :  Thifloire 
nous  apprend  que  les  fouverains  qui  s'en  font  le 
plus  écartés  ne  s'y  portoicni  qu'à  regret  ;  que  fé— 
duits  par  nilufion  des  re Sources  que  leur  prèfcn- 
toient  le  furhaufTement  de  la  valeur  des  elpèces, 
ou  Tahcration  de  leur  titre  &  de  leur  poids,  ils 
ne  cédoient  à  Fimpulfion  de  la  nécellité  âf  du  be* 
foin  ,  qu'en  promettant  aux  peuples  de  rétablir 
Tordre,  8t  de  faire  fabriquer  de  bonne  monnoic 
au  Ittôt  que  les  circonflances  le  leur  perm^ttroient. 

Les  difpofuions  des  îoix  que  ces  fouverains 
étoient  obligés  de  rendre  pour  déterminer  de 
quelle  manière  fe  fcroient  ,  au  milieu  de  ces 
variations  continuelles  ,  les  paiemens  des  rentes 
&  des  engagcmens  à  termes  ,  prouvent  qu'ils 
étoient  conviiincus  que  la  valeur  des  efpèces  con- 
fiée uniquement  dans  leur  titre  &  leur  poids. 

L'aUéiatiou  de  ceue  valeur  a  «xcité  dans  tous 


3: 


MON 

les  temps  les  plus  vives  réclamations  de  U  part 
de  la  nation»  eu  égard  aux  inc  mvéniens  qui  en 
réfultcnt  :  elle  a  fouvent  fait  des  facrifiwcs  pour 
s*cn  garantir. 

On  kvoir  en  Normandie,  dans  le  trciz  fctn^ 
fiècle ,  un  impôt  auquel  on  avoir  donné  le  nooi 
de  droit  j£  monid^e  ,  parce  que  cette  province 
n'a  voit  contrafki  Vobli);ation  de  le  py^«/  »  *|uc 
pour  fe  redimer  de  U  perte  qtielîe  fouj^rott  p^  U 
changement  des  m^mno'us.  Louis  X  renouvela  en 
confèquence,  par  fes  lettres  du  ai  juillet  i^tç, 
connues  fous  le  nom  de  féconde  charte  stt%  iV  r- 
mands ,  rengagement  que  lui  iit  fes  prèdéccffcurf 
avùient  pris  de  ne  donner  cours  dans  Cette  pro» 
vince,  qu'aux  cf^^ècis  t|ui  fcroient  f;ibriquées  &11Z 
litre  6c  poids  d^  celles  qie  Ton  avoit  frappètt 
fous  le  règne  de  St.  Louis  fon  bifaieul. 

Rien  n'eli  d'ailleurs  plu^  îllufotre  que  le  b£^ 
néfice  provenant  de  Tabus  du  droit  de  fcignea^ 
riag*, 

5i  le  Roi  eiigeoit ,  par  exemple ,  que  Tes  fu* 
)ets  rapportatTent  aux  hâtels  des  monnoies  tous 
les  écus  de  6  liv. ,  Si  y  reçuifent  en  échange 
d'autres  écus  de  mêmes  forme  6i  poids,  auiqueli 
il  auroit  alligné  la  même  valeur  numéraire ,  nuit 
ui  ne  contundroient  réellement  que  la  moitii 
u  (in  employé  à  la  fabrication  des  anciens  ècuf  ^ 
cet  échange  lui  produiront  fans  doute  uo  bè* 
néfice  de  cent  pour  cent  ;  m-ys  *  attendu  que  !e 
prix  de  toutes  les  denrées  &  marchandifes  s  élève 
ordinairement  en  rai  fon  du  furhauâTement  des 
monnoies,  ou  de  raUèratîon  de  leur  titre  &  de 
leur  poids,  6c  que ,  foit  par  elle-même,  foit  par 
les  ofEcier^  de  fa  maifon  ,  6c  par  fes  troupes  ^ 
Sa  M-ijefté  confomme  une  três*grande  quantité 
de  ces  objets,  il  réfulterott  de  rélévanon  de  leur 
prix  une  augmentation  de  dépenfe,  qui,  jointe 
à  la  néceifité  d'augmenter  le  traitement  ÔL  U 
folde  des  officiers  &  des  troupes ,  abforberott 
une  grande  partie  de  ce  béncBce  ^  8c  comme  Sa 
Majcdé  ne  pourrroit  fe  difpenfer  d'admettre  ces 
nouvelles  efpèces  en  paiement  des  impôts ,  pour 
la  même  valeur  pour  laquelle  elle  les  auroit  dé* 
livrées ,  elle  rccevroit  pour  6  liv.  ce  qui  ne  ¥au* 
droit  réellement  que  3  liv. ,  au  moyen  de  quoi 
elle  fe  trouveroit ,  en  dernière  analyfe ,  intrtnfé* 
quemmcnt  moins  riche  quelle  ne  Téiolt  avant 
d^avoir  fait  ufage  de  cette  rcffotucc* 

Cet  effet  de  raffaibliiTcmcm  des  monnoies  Se 
du  furhaufl'em'nt  de  leur  valeur  numèriùre,  étoU 
connu  dés  le  quatorzième  fiècle  :  il  en  ell  fait 
mention  dans  les  ordonnances  des  2Ç  novembre 
1356,  27  mars  13Ç9,  6c  5  décembre  1360. 

Cefl  le  defir  d'augmenter  les  produits  du  drok 
de  feigneuriage,  qui,  en  portant  fadmi ni Aratiott 
à  faire  des  ettbrts  continuels  pour  fe  rapprocher 
du  prix  auquel   les   matières  fe  vendoient  dao  * 
le  commerce ,    afin  d  en   f-iire   verfcr   une   pî  ji 
grande  quantité  aux  bôiels  des  monnoies*  a  f/ro* 


I 


MON 

raegmentation  ïrès-confidérable  que  le  prix 

^«e»  matières  a  éprouvée  depuis  60  ans, 

C*cil   à   ce  même    mot  f  qu'il    faut   attribuer 

WQici  les  loix  prohibitives  concernant  l'exporta- 

liofï  t   le  commerce   &  la  fonte  des  efpéces  & 

aadèrcs  d*or  &  d'argent. 

Ccil  pour  s'approprier  une  portion  on  la 
totalité  de  ce  droit  ,  que  îcs  banquiers  ont 
&tt  accroire  à  radminiftration  qu'il  (croit  utile 
Pelle  les  autorifai  à  accaparer  une  grande  quan- 
de  ces  roatièrcs  pour  les  taire  verfer  dans  les 
ûs  des  monnoies,  parce  que  cela  augmente» 
le  numéraire. 
Tout  accaparement  de  cette  nature  ,  fait  au 
Tîûai  ou  par  les  ngens  du  gouvernement,  eft  un 
Rooopole  5  de  même  que  toute  extenfion  du  droit 
de  feigr^unage  eil  un  impôt  déguifé. 
Les  hôtels  des  monnoies  ne  devroient  être 
ftfts  que  pour  y  recevoir  les  matières  que  le 
^îîc  y  apporterott  volontairement,  les  fondre» 
allier  au  titre  convenu  ,  &  leur  donner  la 
(orme  6c  Te  m  p  rein  te  néçeiTaircs  pour  les  rendre 
propre*  à  l'ufage  auquel  elles  font  conficrccs. 

LoHîjue  la  fabrication  des  cipèces  fera  régie 
fiprès  ces  principes,  on  ne  retondra  les  mon- 
floi«»  qpc  quand  les  empreintes  quelles  portent 
feront  effacées  ;  cette  retonte  ne  privera  plus  le 
public  d'une  portion  de  fa  propriété,  puifqu*on 
«li  rendra  poids  pour  poids,  titre  pour  titre;  cet 
àteoge  rccjproquemeiic  gratuit  de  poids  &  de 
Wc^  ne  taiitera  pUis  de  prétexte  à  ces  furachats , 
iil  ï  ces  accaparemens  fi  funeftes  au  commerce 
&  au  m^nufââures. 

Le  gouvernement  ne  s'inquiétera  plus  de  la  dif- 
fircfîce  que  l'auementarion  du  prix  des  m:itières 
icra  oaitrc  entre  la  valeur  intrinléque  des  efpéces, 
et  leur  valeur  numéraire  ;  cette  augmentation  ne 
filera  fon  attention  que  relativement  à  fiiifluencc 
qu'elle  pourroit  avoir  fur  Timportation  de  ces 
matières;  &  comme  elle  diminue  néceflairement 
en  raifon  de  Taugmentation  de  leur  valeur,  cetic 
corfidération  le  portera  à  employer  tous  les 
moyens  qui  feront  en  fon  pouvoir  pour  en  ar- 
rêter les  proerés  ,  loin  de  les  favori  fer  ,  ainfi 
qu'on  n*a  ceffe  de  le  faire  depuis  la  refome  gé- 
nérale de  1716» 

La  fabrication  des  efpéces  n'influera  plus  fur 
le  cours  du  change,  tant  parce  que  les  bafes  de 
ccue  feimcation  feront  certaines  &  immmbJes, 
que  prîTce  qu'elle  n'ajoutera  rien  à  la  maffe  des 
crèatiGes  de  l'étranger  fur  la  France ,  au  moyen 
lie  ce  qu'on  ne  portera  aux  bôteis  dts  monnoies, 
qoe  te»  matières  provenant  ds  la  balance  du  com- 

négodam  qui ,   dans  l'état  aâuel ,  garde 
t^-eni  pendant  quelques  mois,  ks  matières  qiùl 
a  reiçttcs  en  échange  de  fes  exportations ,  au  lieu 
I  «!e  les  ptiner  à  la  monnoïc ,  foir  parce  que  le  prix 
^lio  tarif  loi  parole  rrop  bas ,   foit  pntc^  qu'il  pré- 
voit ime  oceaiion  de  les  pUcL^r  avec  plus  d*avau- 
A-'$  4>  NUùf-u  T'jmc  r.  Partie  L 


I Il      |gP  I 

tttge ,  n*héfifcra  plus  do  ks  fiiire  convenir  en  ef- 
pèce; ,  parce  que  cette  convcrfion,  qui  n*cxig"ra 
de  fi  part  aucun  facritîce ,  le  mettra  en  état  de 
profiter  de  toutes  les  circonftances  qui  s  offriront 
pour  ks  employer  utilement ,  foit  comme  ma- 
tières, foit  comme  ef[.èces* 

Ces  mtftires  contribueront  plus  efficacement  à 
l'augmentation  du  numéraire.,  que  toutes  celles 
dont  on  a  fait  uûge  jufqu'à  préfent ,  &  elles 
n'auron:  pas  les  mêmes  inconvéniens. 

L'exemple  des  Romains,  la  profpérité  du  com- 
merce des  Anglois  ,  gL  les  heureux  effets  que 
produifirent  les  difpofttions  de  la  déclaration  du 
18  mars  1 679 ,  en  exécution  de  laquelle  les  mon* 
noies  furent  adminîftrées  d'après  ces  principes, 
pendant,  fix  années  >  fort  autant  de  garans  de 
cette  aifertîon. 

On  ne  peut,  au  furplu»,  fe  drflimulcr  que 
Tappât  du  gain  n'ait  été  &  ne  foit  encore  la 
fource  des  défordres  qui  fe  font  introduits  dans 
la  fabrication  des  monnoies  :  la  (uppreiTion  de 
cet  appât  eft  donc,  de  tous  les  moyers  que  la 
raifon  &  l'expérience  peuvent  ftig^érer ,  celui 
qui  paroit  le  plus  propre  à  tétablir  Tordre  dans 
cette  partie  fi  importante  de  radminificaiion. 

Ce  moyen  exigera  uns  doute  quelques  fa- 
crificcs  ;  mais  attendu  que  les  furachats  ncfor- 
bent,  depuiî  quelques  annc;;s ,  la  totalité  des 
produits  du  feigrteuriage  ,  ces  facritices  fe  rédui- 
ront aux  frais  de  fabrication  ,  dont  la  dépenfe 
annuelle  n'excédera  pas  40^,000  iiv, ,  y  camprts 
Tencretien  des  machines  6l  udcnfiles  appartenans 
au  Roi ,  &  les  réparations  d^s  liôtels  des  monnoies* 
Cette  dcpenfe  parcitra  bien  peu  conféqucnte , 
Cl  on  la  compare  aux  avantages  qui  en  réfulte- 
ront,  6c  fur-tout  à  la  perte  de  plufieurs  mîliions 
que  font  éprouver  annuellement  au  commerce, 
les  moyens  aulTi  dcfdfireux  qu'impolitiques  que 
l'on  emploie  aujourd'hui  pour  augmenter  le  nu- 
métaire» 

Les  principes  qui  portèrent  autrefois  la  nation 
à  meure  les  fiais  de  la  fabrication  des  monnoies 
au  oombte  des  dépenlcs  auxquelles  le  tréfor  pu- 
blic feroit  chargé  de  pourvoir,  loin  d'être  affoi- 
blis  par  une  dérogation  dont  l'origine  remonte  au 
buitlème  fiécle  ,  tirent  une  nouvelle  force  des 
abus  que  cette  dérogation  a  produits. 

Le  retour  à  ces  anciens  principes  fera  te  ut-à- 
la-fois  un  muniiment  de  b  fageflé  ^c  de  la  bien- 
fsifance  de  Sa  Majcfl^,  &  l'une  des  époques  les 
plus  intéreffantes  de  fon  régne. 


Refumons  ks  notions  générales  concernant 
\q^   monnoies* 

On  nomme  monnoie  rccîU  ou  cfiSUvc  toutes 
les  efpéces  d'or,  d'argent,  de  bilîon,  de  cuivre 
&  d'autres  matières,  qui  ont  cours  dans  îe  com- 
merce, S:  qui  cxifient  réellement ,  tels  que  font 
les  lou!S,  les  guinées»  lès  écus.  Us  rid'.sda^is. 


les  piadrcs,  les  fequins»  ksducits^  ks  roupies  » 
les  abailiSy  &c. 

La  monnoie^  htuiginmrc  ou  ^e  compte  y  eft  celle  qui 
D*a  lamais  exîAé  j  ou  du  moins  qui  n'exiRe  plus  en 
eipèces  réelles^  mais  qui  a  été  inveotée  ou  retenue 
pour  faciliter  les  comptes  en  les  dreilant  toujours 
ûiT  un  prix  fixe  &  invariable. 

La  monnote  de  compte  peut  être  compofêe  de 
CâBiaîn  uQwbt»  d^efi-cccs  qui  changent  dam  leurs 
fubilanccs,  mais  qui  lom  tes  mcmes  dans  leur 
qualité.  Par  exemple,  cinquante  livres  font  corn- 
pofées  de  cinquante  pièces  appelas  livres  ^  qui 
ne  font  point  réelles,  mats  qui  peuvent  être  payées 
en  diverfes  efpèccs  eéeâives,  comme  en  piè:es 
d'or,  en  ècus  d'argent,  en  monnoks  de  biUon* 

On  doit  conftdérer  plufieurs  qualités  dans  les 
monnoies  réelles  :  les  unes,  qui  fontcorannc  eiïen- 
tielles  fit  intrînféques  aux  efpèces  ;  lavoir  ,  la 
«utière  Ql  La  forme  j  les  autres,  feulement  arbi- 
iraires  &  en  quelque  ibrte  accidentelles ,  mais  qui 
ne  laliTent  pas  d  être  féparables  ,  comme  le  yo- 
lume,  la  figure,  le  nom,  le  greneiis,  la  légende, 
le  milléfime,  le  différent,  le  point  fecret  de  le 
lieu  de  fabrication. 

La  qualité  la  plus  efTenticlïe  de  la  raonnoie  eft 
la  mjtùrc.  En  Europe,  on  ny  emploie  que  Tor, 
Targcnt  &  le  cuivre.  De  ces  trois  mét;.ux  il  n'y  a 
plus  que  le  cuivre  qu'on  y  emploie  pur  ;  les 
autres  s'allient  tnftmble,  l'or  avec  l'argent  &  le 
cuivre  ,  Si  l'argent  feulement  avec  le  cuivre. 
C'eil  (ie  Valliage  de  ces  deux  derniers  mcraux 
que  fe  compofe  cette  matière  ou  ce  métal  qu*ôn 
appelle  tUlon, 

tes  degrés  de  bonté  de  l'or  Si  de  l'argent  mon- 
noyés ,  s'elilment  tL  s'cjtpriment  différemment. 
Pour  Tor,  on  fe  fert  du  terme  de  karats^  &  pour 
Targent  de  celui  de  dtnicrs, 

Plufîeurs  raifons  fembleni  avoir  engagea  ne  pas 
travailler  les  monnoies  fur  le  fin  »  6:  à  fe  fcrvir 
d'alliage  ;  entr'autres,  le  mélange  naturel  des  mé- 
taux, la  dépenfe  qu'il  faudroit  faire  pour  les  af- 
finer, la  nécefrité  de  les  rendre  plus  durs,  pour 
empêcher  que  le  fret  ne  les  d  uni  nue ,  ta  larcté 
de  l'or  &  de  l'argent  dans  certains  pays ,  &  la 
proportion  qu'il  eft  ncceffairc  d'établir  entre  les 
monnoies  des  différentes  nations. 

L'autre  chofe  effentieUe  à  la  monnoie,  après  la 
nuttièrt ,  efl  ce  que  les  nionnoycurs  appellent  la 
forme  ^  qui  confirtc  au  poids  de  refpécc ,  en  la 
taille,  au  remède  de  poids^,  en  l'tmprellion  qu'elle 
porte ,  &  en  la  valeur  qu'on  lui  donne. 

Par  le  poîds ,  on  entend  la  pefantcur  que  le  Sou- 
verain a  fixée  pour  chaque  efpéce;  ce  qui  fert,  en 
les  comparant,  à  reconnottre  cellot  qui  font  alré- 
fées ,  ou  même  les  bonnes  d*avec  celles  qui  font 
fauffes  ou  founées. 

La  fatlit  crt  la  quantité  des  cfpèces  que  le 
Prince  ordonne  qui  foient  faites^  d'un  marc  d'or, 
d  argent  ou  de  cuivre» 

li  remède  de  poids  eft  la  permiffion  qui  cfl  ac- 


cordée aux  maîtres  des  monnoies  de  pouvoir  tenir 
le  marc  d'efpéces  plus  foible  d'une  certaine  quan* 
tité  de  forains  que  le  poids  jufle,ce  qui  s'appelle 
foièlage, 

VimpreJJion^  qu'on  nomme  auffi  ima^t ,  eft  Teni- 
preinte  que  reçoit  chaque  morceau  de  métal,  U 
marque  qui  lui  donne  cours  dans  le  public  ^  qui 
le  hiit  devenir  denier  de  monnoyage,  en  un  mot, 
qui  le  fait  pièce  de  monnoie  \  marque  fans  la* 
quelle  il  ne  fcroit  qu'un  fimple  morceau  d'or, 
d'argent  ou  de  cuivre  ,  qui  peut  être  bien  em- 
ployé à  divers  ouvrages  ,  ou  vendu  pour  une 
autre  marchandife ,  mais  non  pas  être  reçu  fur 
le  pied  de  ceux  qui  portent  cette  impreffi#a  or* 
donnée  par  le  Souverain. 

La  vaitur  de  la  monnoie^  c'eft  le  pied  fur  le- 
quel les  efpéces  font  reçues  dans  le  commerce  p 
pied  différent  de  leur  prix  intrinféaue ,  à  caufe 
qu'outre  la  valeur  de  ta  matière ,  les  droits  du 
Prince  qu'on  z^^cWc  fti^neuriage^  &  les  frais  de 
fabrication  ,  qu*on  nomme  hrajfage^  y  doivent  4trc 
ajoutés. 

A  l'égard  des  qualités  moins  effentlelles,  le  vu* 
iume  de  la  monnaie  n'eft  autre  chofe  que  la 
grandeur  ÔL  VépaiiTeur  de  chaque  pièce. 

La  fimre,  c'ed  la  forme  extérieure  que  la  mon- 
noie offre  à  la  vue  :  ronde  en  France;  irrégu- 
lière Ôt  à  plufîcurs  angles  en  Efpa gne  i  quarrée 
en  quelques  lieux  des  Indes  ;  prcfque  fphérique 
dai}S  d'autres  ,  ou  de  la  forme  d'une  petite  na- 
vette en  plufieurs. 

Le  nom  de  la  monnoie  lui  vient  tantôt  de  ce 
que  repfélcDte  Tempreinie ,  comme  les  mouons  , 
les  angttou  ;  tantôt  du  nom  du  Prince ,  comme  les 
Loiiisl  les  Phdippcs^  ks  Htnns  ;  quelquefois  de 
leur  valeur,  comme  les  quarts  J^icus^  les  pièces 
de  dou^e  fols  ^  6t  d'autres  fois  du  lieu  où  les  ef- 
péces lont  frappées,  comme  jadis  les  Farifts  SC 
les  Tournois, 

Le  grenetis  eft  un  petit  cordon  fait  en  forme 
de  graui ,  qui  règne  autour  de  la  pièce ,  ÔC  qui 
enkrme  les  légendes  des  deux  cotés.  Outre  Torw 
ncment  que  les  pièces  en  reçoivent  «  il  rend 
plu-*  difficile  l'altération  cos  monnoies  qui  fe  hh 
par  la  rognure.  On  a  dcputs  ajouté  les  légendes 
ou  les  cordonnets  fur  la  tranche,  qui  achèvent 
de  rendre  cette  forte  d'altération  impoffibîc. 

La  légende  eft  l'infcription  qui  eft  gravée  d'un 
C'*té  autour  de  l'effigie,  &de  l'autre  autour  de  Tè- 
cuffon,  ou  qui  quelquefois  remplit  tout  un  dei 
cotés  d'une  pièce  de  monnoie.  Un  vient  de  dire 
qu'il  y  a  une  troifième  légende  qui  fe  met  fur 
la  tranche. 

La  légende  de  Tcffigie  contient  le  nom  &  les 
qualités  du  Prince  qui  y  eft  repréfenté.  Les  autres 
font  fouvcm  compofées  de  quelque  paffagc  de 
récriture  fatnte,  on  de  quelques  mots,  comme 
ceux  des  dcvifcj ,  ou  mime  du  prix  de  la  pièce. 
On  ne  p^rle  que  de  ce  qui  fc  pratique  prélcme- 
uient  en  Europe. 


MON 

Le  mUiéfime  marque  Vznîïéc  que  chaque  pièce 
I  été  frappée.  Depuis  l'ordonnance  de  Henri  0,  de 
1Ç49,  clic  ie  met  dans  ce  royaume  en  chiffres 
Arabes  du  côté  de  lecuiTon  :  auparavant  on  ne 
c<MiDOtffoît  guère  îe  temps  du  monnoyage  que 
pr  le  oofli  du  prince ,  ou  par  celui  des  moné- 

Le  di0crcnt  cû  une  petite  marque  que  les  tail- 
lettre  particuliers  &  les  tnaître^  des  moniioies  choi- 
ûScnt  k  leur  fantaifte ,  comme  un  ibleil  »  une 
tùk ,  une  cioile ,  un  croiiïant.  Elle  ne  peut  être 
changée  que  par  Tordre  de  la  cour  des  mon  noies 
ou  des  juges-gardes.  £lle  fe  change  nècefîaire- 
sient  à  U  mort  des  tailleurs  &.  des  maîtres ,  ou 
quand  il  y  ai  de  nouveaux  juges-gardes  ou  ef- 
liyeun. 

Le  point  ftCTtt  étoit  autrefois  un  point  qui  n*é- 
teît  connu  aue  des  officiers  de  chaque  hôtel  des 
nuMiDOÎes.  Il  fe  mettoit  fous  quelque  lettre  des 
léttodcs  pour  indiquer  le  lieu  des  fabriques. 

Le  point  fecret  de  Paris  fe  plaçoit  fur  le  der- 
jrier  É  de  Benediâum  ;  &  celui  de  Rouen  Ibus 
k  ^  du  même  mot. 

Ce  poim  n'eft  plus  d'ufage  ;  on  fe  contente 
pifeatcmeaf  de  la  lettre  de  lalpbabet  romain, 
me  les  ordonnances  de  nos  Rois  ont  attribuée  à 
diaque  ville  de  ce  royaume  ou  il  fe  fabrique 
des  monmoies. 

Enân»  les  monooies  réelles  peuvent  itxt  fauf- 
f€$ ,  Gérées ,  fourréts ,  foihUs. 

La  fiujfe  mùnnou  erf  celle  qui  n'eft  pas  fabri- 
quée avec  les  métaux  ordonnés  par  le  Souvc- 
raîii ,  comme  feroient  des  louis  d*or  de  cuivre 
iouk  ;  des  louis  d'argent  d'étain  ,  couverts  de 
quelques  feuilles  de  fin. 

La  monnoït  iiUèrè^  eft  celle  qui  n'eft  point  faite 
au  titre  &  du  poids  portés  par  les  ordonnances, 
ou  qui  ayant  été  fabriquée  de  bonne  qualité,  a 
été  dimtfujée  de  fon  poids  en  la  rognant^  en  la 
Innam  fur  la  tranche  ,  ou  en  enlevant  quelque 
partie  de  U  fuperficie  avec  de  l'eau  régale,  ii 
c*eft  de  Tor  ;  ou  avec  de  Tcau  forte ,  fi  c  eu  de 
Tarigcnt, 

u  Monnoit  fourrée  eft  celle  qui  tient  le  milieu, 
pour  aînii  dire  ,  entre  la  faujfc  monno'u  &  la  mon* 
mu  ait  crée.  Elle  eft  faite  d'un  morceau  de  fer, 
de  coiTre,  ou  de  quelqu'autre  mèral ,  que  le  faux- 
aM>mioyeur  couvre  des  deux  côtés  de  lames  dW 
m  d'argent,  fuivam  l'cfpéce  qull  veut  contrefaire , 
&  qull  fbude  proprement  &  avec  julleffe  autour 
de  la  tranche. 

Le  taux  ftan  le  frappe  comme  les  véritables  1  & 
peut  même  recevoir  la  légende  &  le  cordonnet 
de  U  traochc.  On  peut  découvrir  la  faulTeté  de 
ces  fortes  de  pièces  par  la  couleur ,  par  le  poids , 
ou  par  le  volume,  qui  eft  toujours  plus  épais  ou 
pbii  étendu  que  dans  les  bonnes  ef^èces. 

On  doit  au  U  fe  déiicr  de  certaines  pièces  telles 
me  des  liards ,  ou  des  pièces  de  deux  liards 
Hancliies  avec  de  l'arienic ,  &  que  Ion  fait  paf-    1 


MON 


171 


fet  pour  des  pièces  de  douze  fols  ou  de  vingt- 
quatre  fols  ufées. 

Le  moyen  de  les  reconnoître  eft  à  la  qualité 
du  fou,  &  à  répreuve  du  feu»  qui  volatilife  à 
l'inflantrarfenic;  celui-ci,  en  s'évaporant,  répand 
une  odeur  d'ail ,  &  la  pièce  de  cuivre  revient 
à  fon  premier  état. 

La  momiQu  fmblc  eft  celle  où  il  y  a  beaucoup 
dalliage* 

La  monnoie  kUncke  eft  celle  d'argent. 

La  montmt  mire ,  ou  monnaie  grijé  ^  eft  celle  de 
billon. 

Ohfervations  à  fain  dans  U  cours  d'une  fahricmon 
de  monnoit. 

Le  dirc^eur  doit  avoir  foin ,  avant  toutes  cho* 
fes,  que  tous  les  ateliers,  uftenfiles  &  outiîs  foient 
en  bon  état  ;  ne  prendre  pour  ouvriers  &  ma- 
nœuvres que  des  gens  dont  la  fidélité  lui  foit 
connue. 

Quand  il  délivre  des  matières  au  fondeur,  il 
doit  être  préfent  à  la  fonte  d'icelles  ,  &  lorf- 
cju'etles  font  en  bains ,  en  foire  faire  un  effai  par 
1  ciîayeor  général  prépofc  de  la  cour  pour  cet  efter» 
alla  que  ii  la  matière  efTayée  eft  rapportée  par 
leffayeur  au-dc(fus  ou  au-deflTous  du  titre,  on  y 
puifte  ajouter  le  cuivre  ou  le  fin  que  rcflayeur 
aura  jugé  à  propos  qu'on  y  mette  ,  pour  que  les 
efpèces  foient  au  titre  de  Tordonnance. 

Il  faut  que  le  dirtiôeur  prenne  garde  que  les 
matières  que  Ton  met  dans  le  creutet  ne  Templif- 
fent  pas ,  pour  plufieurs  raîfons  \  la  première ,  afin 
qu'il  y  ait  de  la  place  pour  joindre  le  fin  ou  Tal- 
Hage  fixé  par  le  rapport  de  FeiT^iyeur;  la  fcconde, 
afin  qut  le  creulet  étant  trop  rempli  ^  &  la 
matière  venant  à  pétiller,  ne  s'écarte  en  fortanc 
du  creefer,  ce  qui  occafionne  des  déchets  &  des 
trais  pour  les  récupérer  par  le  moyen  des  lavures. 
Quand  Teftayeur  a  trouvé  la  matière  au  titre, 
on  la  jette  en  lames  i  le  fondeur  fe  fert  d*une 
grande  cuiller  dont  le  manche  ell  très -relevé, 
6l  fait  exprès  pour  pouvoir  prendre  la  matière 
fans  en  verfer  en  la  coulant  dans  des  châifis  faits 
exprès.  Cette  matière  coule  dans  les  vides  qu  elle 
trouve  dans  Tépaiffeur  6t  largeur  à-peu- près  des 
efpèces  à  fabriquer. 

Après  quoi  il  a  foin  de  ramafTer  les  gouttes 
qui  font  tombées ,  de  même  que  celles  qui  om 
demeuré  fur  le  bord  des  châiîis  ,  &  les  met  à 
part  pour  conftater  le  poids  des  matières  qu'il  a 
reçues  du  direfïeur  ;  &  dans  la  fuite  on  les  con* 
ft>nd  avec  les  ébarbures»  rognures,  cifailles,  li- 
mailles &  lavures;  &  tout  ce  qui  eft  de  rebur» 
comme  les  lames  crevées  pour  avoir  été  mal  re- 
cuites, fians  mal  coupés^  mal  ajullés  ,  ou  pièces 
mal  monnoyées. 

Quand  le  fondeur  fait  qu  a-peu  près  les  lames 
font  refroidies  dans  les  ».hâflis,  on  U^  démonte, 
oa  en  lève  les  lames»  Ton  jeitc  au  rebut  celles 

Y  X 


L 


MM 


172 


MON 


qui   font   dèff  Ôtîcufcs  ;  on  fépare  les  autres  ;  on 

les  recuit  pour  les  faire  psiTcr  entre  deux  cylin- 
dres,  qui  roulent  l'un  fur  Taurre,  par  le  moyen 
du  rengrcnage  de  plufisurs  roues  que  l'eau  ou 
des  chevaux  font  tourner.  Cet  atelier  (e  nomme 
motilin» 

Il  fout  faire  recuire  les  lames  autant  de  fois 
que  Ton  veut  les  faire  pafTer  entre  le«  cylindres; 
bi.  chaque  fois  on  eft  obligé  de  rapprocher  les 
cylindres ,  sfin  que  le  vide  qui  fe  trouve  enrre 
^CHx  ,  <<:  trouvant  plus  petit ,  jprefle  davantage 
la  Irmc  &  raminciffe  en  y  paflant.  L*on  conti- 
nue de  cette  hqon  juTquii  ce  que  l*on  voie 
qu'elles  font  de  Tèpaifleur  des  efjièccs  à  fabriquer; 
ap>^?  quoi  on  les  coupe  par  le  moyen  d*un  outil 
qui  fe  nomme  emporu-pixce* 

On  pofe  un  bout  de  la  lame  fur  k  bas  de  cet 
©util ,  ou  il  y  a  un  rebord  en  rond  qui  eft  tran- 
chant; enfuite  Touvrier,  qui  tient  la  lame  de  la 
main  gauche,  tourne  de  la  droite  une  manivelle 
en  foim^  de  demi-baîancier ,  qui  tombant  fur  la 
lame,  Voupc,  par  le  moyen  de  fon  tranchant,  le 
volume  de  la  lame  qui  fe  trouve  appuyé  far  le 
tranchant  du  bas;  le  flan  tombe  dans  un  baquet 
mis  dcflTous  exprès  pour  le  recevoir* 

On  conîinue  ainfi  fufqu'au  bout  de  la  lame, 
&  chaque  flan  laiffe  un  vide  dans  cette  lame; 
cnforte  qu*il  ne  refte  plus  que  les  extrémités  ou 
fcords  de  la  largeur  de  la  lame  que  Ton  nomme 
cif-iilles.  Tant  que  les  cfpèces  ne  font  pas  mon- 
noyées ,  on  les  nomme  toujours  fians  ;  il  ne  refte 
plus  à  cette  lame  que  les  extrémités»  6c  é\in 
bout  à  l'autre  on  ne  voit  que  des  trous  de  la 
groffcur  du  flan  qui  en  eft  forti. 

On  porte  enfuite  les  flans  à  rajuftoir,  qui  efi 
un  atelier  où  on  les  ajufte  ,  c'eft-à-dire  ,  qu'on 
les  rend  tous  du  même  poids  :  on  m^t  au  rebut 
ceux  qui  fe  trouvent  trop  légers.  A  Teffet  de 
quoi  chique  ouvrier  de  cet  atelier  eft  a  (fis  de- 
vant une  efpèce  de  grand  comptoir,  ayant  de- 
vant lui  un  trébucher,  &  le  poids  que  l'efpèce  doit 
])efer  :  il  les  pèfc'donc  les  unes  après  les  autres; 
&  quand  il  en  trouve  une  trop  pcfante  ,  il  la 
frotte  fur  une  Visni  î:irge  Si  ptate  que  Ton  nomme 
tfcoticnnc  :  il  péfe  fon  flanc  de  temps  en  temps 
crainte  de  le  rendre  trop  léger;  quand,  il  Ta  rendu 
de  poids ,  il  le  remet  avec  les  autres  ajiiflés. 

Il  a  foin  ds  conferver  la  limaille  pour  U  rendre 
avec  les  flans  ajuflés,  parce  quil  faut  quil  rende 
le  même  poids  qu'il  a  reçu. 

Quand  cela  eit  flni,  on  portt  les  fliins  d.ins 
ratcher  du  blanchiment  pour  les  blanchir,  fi  les 
flans  font  dVgent  ou  de  billon ,  &  les  mettre 
en  couleur  s'ils  font  d*or. 

De-îà  on  les  porte  au  balancier  pour  les  mon- 
ncycr,  cVft-à  dire,  \es  mirqtjcr  de  remprcinte 
qu'elles  doivent  recevoir ,  après  cmoi  on  les  nomme 
efpèccs  rtionnoyè-is.  • 

Le  monnoycur  le  s  porte  an  bureau,  rïîi  fe  trouvent 
pour  locs  le  dircfleur,  îe  jugc-gardc  &  reflTjyenrî 


MON 

le  dîreâeur  péfe  ce  que  lui  apporte  le  monnoyèur, 
pour  favoir  s'il  rend  le  même  poids  qu*il  a  reçu; 
aprèj  quoi  le  juge-garde  prend  une  de  ces  efpéces 
au  ha  Tard ,  la  yé(<  pour  favoir  ft  elle  a  le  poids 
quVile  doit  avoir;  il  en  pëfc  après  cela  un  marc 
pour  voir  s'il  y  entre  la  quantité  d'cfpèccs  portée 
par  Tordonnaiice  :  il  prend  une  féconde  fois  une 
pièce  dans  le  nombre,  il  la  coupe  en  quatre,  en 
donnt  deux  parties  à  TeCayeur,  Tune  pour  en 
faire  leffai  de  fuite ,  &  favoir  fi  la  fabrication 
efl  au  titre  :  TeiTayeur  garde  l'autre  partie.  A  l'é- 
gard des  deux  autres  parties  du  reflant  de  ta 
pièce,  le  juge-garde  en  prend  une,  &  le  dircôeur 
Tautre,  Ces  panies  de  pièces  coupées  fe  nom* 
ment  peuilUs. 

Si  leffayeur  a  trouvé  cette  efpèce  au  titre,  00 
pafle  ces  efpéces  en  délivrance  ;  on  àrtK^  un  pro» 
ces- verbal  de  cetrc  fabrication,  dans  lequel  il  doit 
être  fait  mention  du  titre,  poids  6:  taille  des- 
dites e(péces ,  de  Tefligie  regardant  à  droite  ou  à 
gauche,  de  l'écliffon,  de  ce  qu'il  porte,  de  la  lé- 
jiçende  ,  du  millèfime,  du  grcnetis,  de  la  tranche^ 
û  l'efpèce  en  eii  marquée,  de  la  lettre  on  marque 
qui  dénote  la  monnoic  nii  elle  a  été  fabriquée, 
de  celle  du  diredeur  &  deTefTayeur,  du  remède 
de  poids  ârd'atoi  que  le  dire^eur  a  pris,  &  donc 
il  cft  obligé  de  tenir  compte  au  Souverain. 

On  infère  auflî  dans  le  procès- verbal  la  pièce 
que  le  juge-garde  prend  de  rechef  pour  être  enfer- 
mée dans  une  boire  cachetée  de  fon  cachet,  de 
celui  du  direfteur  &  effayeur  :  cette  pièce  fe  nomme 
denier  de  boite  ;  elle  fert  pour  juilifier  la  con» 
duitc  des  oflTiciers  de  cette  monnoic,  en  cas  que 
quelques  faux-monnoyenrs  ayent  contrefait  Se  al* 
téré  le  titre  &  le  poids  des  efpéces  portées  dans  et 
pfocès-vcrbal ,  qui  doit  erre  fignè  du  juge-garde^ 
de  TefTayeur  6l  du  dircfteur,  &  même  du  inon- 
noyeur. 

Après  toutes  ce>  formilités  obfervées,  elles  font 
cenlées  avoir  cours  ;  &  le  dircdeur  peut  s'ea 
fcrvir  pour  faire  les  paiemens  aux  officiers  &  on» 
vriers  de  la  monnoie ,  aux  marchands  qui  loi 
apportent  des  matières,  âf  à  tous  autres. 

On  eft  obligé  .de  garder  ces  deniers  de  boîte 
par  les  ordonnances  de  1^43,  I5Ï4»  '^86,  con- 
çues en  ces  termes  : 

ï?  A  la  fin  de  chaque  année,  on  envoyera  À 
t»  la  m'annote  de  Paris  les  deniers  de  boites  dci 
w  cfpèces  qui  auront  été  fabriquées  dans  rarsnêe« 
n  pour  être  procédé  au  jugement  d'iceux  pat 
»  notre  cour  de  monroies  de  Paris.  «  • 

Il  faut  obrcrver  qu'il  faut  un  fourneau  panicu* 
lier  pour  Tor;  la  raifon  eft  que  fi  on  le  fondoît 
dans  le  même  ^\\t  celui  de  l'argent ,  les  carreaux 
ou  briques  feroicnr  chargés  de  grenailles  d'or  ^ 
d'argent ,  en  forte  que  les  matièrej  refleroteot 
confondues  64  mêlées  dans  les  lavurcs,  &  on  Qe 
\ts  rcnreroit  qu'avec  plus  de  fiais, 

pour  les  lavurei  ^  on  a  un  cuvier  de  bols,  au 
fond  duquel  il  y  a  une  pierre  en  forme  de  cy^ 


■    M  O  N 

Endre ,  embrafféé  ^u  deflus  par  deux  barres  de 
fer  en  CTOÎx  ;  un  homme  fait  tourner  cette  pierre 
pir  Le  moyen  d*unc  manivelle  femblable  à  ceUe 
des  m*  uiins  à  café* 

Lorsque  les  carreaux  des  fourneaux ,  les  vieux 
creuf^ts ,  les  balayures  ont  été  bien  piles  &  ré- 
iluits  en  terre,  elle  fe  nomme  terre  de  îavure; 
on  en.pr.nd  donc  une  quantité,  obfervant  de 
hîiTcr  de  la  place  cnrr'élle  &  le  cylindre,  pour 
y  mettre  Teau  &  le  vif-argent»  cnforte  que  le 
cylindre  puiflTe  toucher  le  mercure.  Uouvrier 
rourne  [ufqu^à  ce  qu'il  fente  qirîl  tourne  diffi- 
dllemenr*  Alors  il  discontinue ,  il  tire  la  broche 
qui  bouche  un  trou  qui  efl  au  bas  du  cuvier,  il 
lalŒe  couler  Teau,  après  quoi  il  lève  le  cylindre, 
&  irotive  un  bien  plus  gros  volume  de  mercure 
que  celui  qu'il  y  avoit  mis ,  parce  que  tandis 
qult  coiurnoit ,  il  agi  toit  les  terres  &  le  mercure 
qui  empâtoit  toutes  les  parties  d*argent  qu*il  ren* 
coniroir. 

On  tire  cette  pâte  brillante ,  on  ta  met  dans 
de  la  peau  pour  la  pre^Tcr  &  en  faire  fortir  le 
loercure  au  travers.  Il  ne  refle  dans  cette  peau 
que  les  parties  d'argent»  contenant  cependant  en- 
core quelque  peu  de  mercure  qu  il  eft  aifé  de  faire 
V      éraporcr» 

I  On  recharge  le  cuvler  du  même  mercure  pour 
achever  de  retirer  ce  qui  peut  encore  être  dans 
la  terre  du  cuvier. 

Quand  on  s'aperçoit  que  le  mercure  ne  prend 
plus  rien  5  on  ôte  les  terres  du  cuvîcr,  on  y  en 
met  d*aut'cs ,  &  Ton  continue  jufqu'à  ce  que 
toutes  les  terres  ayent  paiTé  par  le  cuvier. 

Il  refle  ordinairement  quelques  petites  panîes 
fargent  dans  les  terres  qui  ont  été  lavées;  maïs 
à  oioini  d*ètre  {ur  qu'elles  tiennent  plus  que  les 
frais,  on  les  abandonne. 

Le   même   mercure  peut  toujoun  fer\'ir  ;    & 

quand  il  cil  trop  chargé,  Toiivricr  le  connoît  par 

.        la  peine.  qo*il  a  de  tourner  h  manivelle  3  alors 

K    nie  paiTe  comme  on  Ta  dit  plus  haut, 

W        Les  tables  fuivantes   lionn-^nt  la  connoiiïknce 

des  monnoîes  qui  ont  cours  dans  les  quatre  par- 

»fies  du  monde  :  elles  préfentent  à-!a-fois  les  noms 
des  cfpèces  ,  les  lieux  où  elles  ont  cours  ,  leur 
poids  ,  leur  titre  &  leur  valeur  en  argent  de 
France,  avec  des  obfervations  relatives  aux  ar- 
ùcies  qui  méritent  une  explication  phis  étendue. 
Les  poids  6c  les  titres  rapportés ,  ont  été  établis 
&con{latés,  foit  par  des  eflais  authentiques,  foit 
par  des  eiTais  paniculiers ,  faits  avec  toute  la 
précifion  dont  cet  art  cft  fufceptible  ;  &  leur  va- 
icMT  en  argent  de  France  eft  annoncée  fur  les 
prÎK  fixés,  moins  par  leur  valeur  intrinféque , 
que  par  la  volonté  des  Souverains,  ou  par  Fufage. 
Ceft  d'après  TeiTai  fur  la  qualiîé  des  monnaies 
étrangère»,  par  M.  Macé  de  Richebourg,  ancien 
înfpecteur  de  MM.  les  élèves  de  Fécole  royale  mi- 
litaire, qu'on  rapporte  le  poids,  le  titre  6i  la  va- 
leur  de  quelques   monnoîes   étrangères   avec  la 


MON 


»73 


quantité  de  grains  de  fm  qu'elles  contiennent  en 
maf ière  pure ,  c^cil-à-dirc ,  clég^igées  de  tout  alliage. 
Enfin  la  valeur  des  anciennes  monnoies  de 
France  annoncée  ,  cft  celle  que  Von  en  donne 
aux  hôtels  des  monnoies ,  ûxé^  par  les  tarifs  ar- 
rêtés en  la  cour  des  monnoies. 

Tahhs  des  Monnoies  courantes  dans  Us  quatre  par- 
ties du  monde  .'  €ontenant  leurs  noms  g  Us  (ieum  oà 
elles  ont  cours ,  leurs  poids  ,  leur  titre  &  leur 
VtUeur ,  avec  des  Obfervattons  ;  rédigées  ,  en  lyé^  , 
par  M,  Akert  de  Hafinghen  ,  conftïllir  commif^ 
faire  en  la  Cour  des  Monnoies  de  Paris. 

Monnoies  D'on* 


Noms 

des 
Efpeces. 

Lieux 

où  elles 
ont  cours. 

Poids. 

Titre. 

Valeur 
en  argent 
de  France 

gros  i  gr. 

k<ir. 

31. 

tiv.  fol.  d. 

Albenus» 

jEnFland* 

I     24 

31 

la 

14    II   7 

Auguile 

.Saxe 

3     55 

ai 

13 

38     6   9 

AuguAe  , 
tèré. 

Saxe 

I7   56^ 

iS 

8 

13     8   8 

Bezant    ^ 

Eizance 

.    . 

î4 

.     ,     , 

Carolin  ^ 

Francfort 

a     19 

18 

16 

14    6    y 

Carolin 
Çarolin 
Carolin 

Anfpach 

Bade-  '- 
Doitrlaçh 
Bavière 

2     39ï 

»i    3 

18 
iS 

Vs 

6 

8 

Mf 

21  8  % 
ta  9  j 
33   19  U 

Carolin 

Cologne 

*T 

18 

16 

23   '3    » 

Carolin 

Fulde 

*    3ïi 

»8 

8 

ï3     ï     ï 

Carolin 

Hcffe 

ai 

18 

1(5 

13  13    3 

Caroiin 

Heffed'Ar 

^k 

iS 

31 

23   17    3 

Carolin 

Heflfe-Caf 

37     I 

18 

16, 

»3   i^    9 

Carolin 

Montfort 

î     33 

18 

4 

"  'î    9 

Carolin 

Palatinat 

ai     li 

18 

10 

î3  13    î 

Carolin 

Wirtemb. 

'^ 

.8 

.0 

13     8    î 

OBSERVATIONS, 

*  VAlhertus  efl  reçu  aux  hôtels  des  monnoies 
fur  le  pied  de  6G^  livres  le  marc. 

^  Bc^ant.  On  n'cfl  pas  d'accord  fur  fa  valeur; 
cette  efpéce  a  eu  cours  en  France  fous  la  troi- 
fiéme  race  de  nos  Rois. 

î  Carolin.  Cctfe  cfpèce  eft  fixée  à  Francfort  à 
9  florijis  41  creutiers,  argent  de  change  ,  pour  le 
paiement  des  leîttes.  Elle  cÛ  â  la  taille  de  24  au 
miirc,  poids  de  marc  de  Cologne, 


174 


MON 


tiomt 

de«      1 
Efpéces. 

Lieux 

oii  <^lles 
ont  cours  ^ 

Poids. 

Titre. 

VAtEUR 

en  argent 
de  France 

^rQs 

îr- 

Kar.  3  a 

lir,  fol  d* 

Caftilbn^ 

Efpagiw 

•   * 

•  . 

.... 

0  10    0 

Clvifcs  ' 

France 

»     1 

i    M 

a* 

i     S 

Charles 

Brunfwlc 

»     î 

•ï 

al     34    1 

19     t    0 

Chérif 

Egypte 

.    • 

.    ' 

6  17    5 

Copec 

Mofcovie 

..   . 

•  '4 

if     18 

I  19    8 

Cnizadè  ^ 

Portugal 

.    . 

.  tS 

ai    aS 

1  t6  10 

Denier  4 
d*or 

à  rAigneî 

France 

I  0     î 

»4 

0  ï3t    6 

Den.dor^ 

aux  flcui^ï 

de  lys. 

France 

1    p    JO 

-4      a 

100 

Douba» 

France 

1    - 

:^9 

aa          1 

la 

DoubL,7 

France 

4 

i8 

sa            1 

48 

Ducat    » 

Wirtem. 

1 

i   »9 

2}      16 

ïo  17 

Ducat 

Saxe 

_ 

r   *9 

2J        16 

10  17 

Ducat 
Ducat 
Ducat 

Mayence 

Hanovre 

Gcorgtil. 

Suède       1 

J 
J 

_ 
1 

\  a8 
r  »9 

aj     16 
13     16 

10  13  8 
10  10  j 
10  17 

Ducat 

Hollande 

' 

:   39 

n     14 

10  19   4 

OBSERVATIONS. 

>  CéifltlUn*  Lecaftillan  vautenEfpagne  t4réaux 
&  6  quartos.  C*eA  atillî  un  poids  qyi  répond  à  ce 
qu'on  nomme  un  poids  dor. 

*  Chj'tfts,  Ancienne  monnoie  fabriquée  d'abord 
fous  le  régne  delHiilippe-lç-Bet ,  à  la  taille  de  70 
au  marc»  en  1308  ;&  en  1346,  fous  Philippe  de 
Valois»  à  la  taitle  de  52  :  elles  valurent  alors  20 
fols. 

i  Cru^aJc,  Fabriquée  en  1734. 
4  Denier  d'or.  Fabriqué  fous  S.  Louis* 
î  Denier  ^or  aux  fieurs  de  lys.    Fabriqué  fou$ 
le  régne  du  roi  Jean. 

^  Double  hcnri.  Cette  efpéce  a  été  fabriquée 
fous  le  règne  d*Henri  IIL 

7  DouhU  Ivuu.  Fabriqué  en  exécution  de  Tédit 
du  mois  de  janVier  1716* 

^  Ducats*  Les  titres  de  ces  ducats  ont  été  cor- 
ftatés  par  des  eâais  authentiques* 


MON 

MonnoUs  d'ikr^ 


Noms 

des 
Efpéces. 


Ducaton 
Ecus  k  h 
Couron.  * 
Fanos  '■ 

Eleurs  i 

de  lys 

d'or. 

Florins  4 

Florins   s 


Lieux 

où  elle» 
ont  cours. 


Poids.  Ti  tre. 


Danetn, 

Danem. 

Hcffdar. 

Hambour 

Bohême 

Francfort 

Italie 

Hongrie 

Pruffe 

Palatin* 

Hollande 

France 

Auilndes 

France         1 

Bourgog. 

Allemag* 
&  Metz 


gros 


JO 


Valeur 
en  aj-getit 
de  France 


la 


î4 
«4 


fa 

IQ 


OBSERVATIONS. 

•  £f«x  À  U  touronnt.  Fabriqués  à  la  taille  de 
45  en  1339  «  ^  1^  t^tHe  de  60  en  1384,  &  à  h 
taille  df  64  en  1418. 

^  Fanou  Les  fa  nos  d*or  ne  font  pas  tOQS  tu  du  < 
même  poids ,  ni  du  même  titre ,  ce  qui  fait  une 
grande  différence  pour  leur  valeur*  Il  en  faut  10 
des  plus  forts  pour  Técu  de  France  de  60  fols.  La 
plus  foibles  pèTent  environ  7  grains;  Tor  en  eft 
fi  bai  qu*îl  en  faut  ai  pour  reçu;  ceux-là  fe  £1* 
bfiquent  à  Azem  :  les  fanos  du  Pégu  tiennent  le 
milieu  ;  ils  font  du  nntme  poids,  que  ceim  d'A- 
zem  ,  Tor  en  étant  à  plus  haut  titre  ;  ils  vaiem 
4  fols  tournoie. 

Il  y  a  encore  des  fanos  d'or  qui  ont  coins  à 
Pondichcry,  &  qui  valent  environ  6  fols.  Ib 
font  faits  à*peu-prés  comme  la  moitié  d*un  pots, 
6l  ne  font  pas  plus  gros. 

ï  fleurs  de  lys  d'or.  Cette  monnoie  a  été  fahri- 
quée  fous  Charles  V,  en  1365* 

4  florins.  Anciens  Borins  qui  font  très*raf«& 

f  florins.  On  en  trouve  à  i  $  karats  ^  &  même 
à  i)  karats. 


MON 


Noms 

des 
ETpéces. 

Ll£UX 

où  elles 
ont  cours. 

Poids. 

Titre. 

Valeur 

en  argent 
de  France 

gros  i  gr. 

kar. 

î* 

Uv.foLd. 

Rdoubk 

Hanovre 

»  î  ^4 

i8 

M 

16     î 

Floria 

Hanovre 

ia8 

i8 

34 

8    3  6 

Franc    " 
d*or  fin 

France 

I         I 

34 

I 

Fraacsà^ 
cheval 

France 

il. 

'4 

I 

Frèdcn   ^ 

9erlin 

li  t8 

21 

24 

19    9  4 

Fr.f756^ 

Berlin 

li  i8 

M 

IX 

'}   15  5 

Goitsch.^ 

Chine 

OBSERVATIONS. 

>  Fr^nc  iTaf  fin.  Cette  monnoîe  a  été  fabvîquie 

eft  13  60. 

'  Francs  à  chtvaL  Fabriqués  en  ftvri^r  I4a3t 
à  la  tatUe  de  80  au  marc.  Reçus  aux  hôtels  des 
nofiooies  pour  531  Itv.  2  fols  8  deniers  le  marc, 

i  Fridtrus.  Cette  motinoic  a  cours  dans  toute 
Il  PruiTe  pour  dnq  ècuf  d'Allemagne. 

4  Ftidénc%  1756.  Ces  efpèces,  appelées  auffi 
n^xvciles  piJlûUs,  font  alicrèes. 

t  Goltfckuf,  Efpèce  de  monnoîe ,  ou  petit  Im- 
got  tfof  qui  eft  regardé  comme  marchandife  pla- 
int que  comme  erpèce  courante*  Les  Hollandois 
loi  ont  donné  le  mot  ou  nfim  de  goifjlhut^  qui 
eit  leur  tdngue  fignilîe  hattau  d'ar^  parce  que  le 
pltfikiu  en  a  la  figure;  les  autres  nat^ms  Tap- 
pdicoi  pain  iTor.  Il  péfe  ordinairement  3 a  onces, 
ce  qui  istt  1691  Uv.  2  fols  6  den.  fur  le  pied  de 
84liv.  16 fols  loden.  ^  fooce,  à  678  Uv-.ij  fols 
le  narc  é'or  à  xa  karacs. 

Comme  dans  toute  b  Chine  &  le  Tunquîn  il 
ne  fe  bac  aucune  monnote  d'or  ni  d'argent,  on  y 
cc^ape  ces  deux  mttaux  en  morceau^  de  différens 
potds^  Ceux  d*argcnt  s'appellent  ttnh ,  ceux  d'or 
km  (e  gcltjchut  :  ils  fervent  dans  les  gros  paie- 
aens»  lorfquc  les  ucij  6l  les  monnoi^s  de  cuivre 
se  ûiftfent  pas. 

Le*  lapoDois  ent  aaffi  dciî  golf fchuts  qui  ne  font 
que  d*ièrg,?nri  il  y  en  a  de  divers  poîjs,  &  par 
conféquent  de  diverfes  valeurs. 


MO  N 


»75 


Nom* 

des 
Efpéccs> 


Lieux 

ou  elles 
ont  coin  s. 


Guinée  ^ 

de  1753 

valant  ai 

fchelins 

Pièces  de* 
%  Gutnées 

^  Guinée  î 

H,  d'or  4 

Hongre  ï 

Jacobus  * 

Léopold^ 
de  1701 
de  36^  au 
marc. 


Angleter, 


Agnleter. 
France 

Hongrie 
Angletcr. 

Xxïrraîne 


Poids.  ;  Titre. 


gfO:»  -  gr. 

a       ij 

CB  mati  j- 
rc  pure 


Angleter.  lo^ij    |ai     30 


it     14 


Valeur 

en  argent 
de  France 


hv.  ibl  d. 
14  18  Sï 


Il    14     iSài^L 


OBSERVATIONS, 

*  Dans  la  proportion  de  720  livres  pour  41  ^ç 
TTY  grains  en  matière  pnrc  ,  ladite  gui  née  conte- 
nant 143^1^  en  matière  pure,  La  valeur  de  la 
guinée  eft  tixée  en  Anejctcrre  à  2:1  fchelins  ou 
ibis  flerliigs ,  par  aéle  du  parlement. 

*  La  guinèe  au  ticre  de  21  karats^»  à  la  tatîle  de 
44  7  à  la  livre,  poids  de  Troycs,  pefant  129 grains 
H  de  ce  poids ,  &  1^7  grains  poids  de  marc  de 
France,  vaut  argent  de  France  21  liv.  f 8 fols  i  den* 
en  fuppofant  le  change  i  33, 

La  guinèe»  telle  que  celle  de  Jacques  II,  en 
1684,  au  titre  de  22  karats  &  de  44  pièces  7  à 
la  livre  de  12  oncîs  dV-i  n^leterre ,  devoit  pefcr 
1^5  grains  ||  de  nos  grains.  Le  louis  de  France 
de  pareille  loi  &  de  30  au  marc,  péfe  153  grains 
I  en  partant  un  remède  de  poids  de  -^  de  pièces 
aux  giiinées,  &  de  i\  grain»  de  France  au  louis 
d'or,  avec  égalité  de  tiire,  la  guinée  &  ïe  louis 
formeront  également  la  mcme  valeur;  auffi  dans 
phifieurs  villes  le  long  de  la  mer,  on  les  échange 
fans  difficulté. 

'  Ptice  dt  cinq  guïni€s.  Elle  contient  713  ^|  en 
matière  pure. 

3  {  Guinée,  Contient  67  gr.  ^-^  de  grains  do  fiïi 
en  matière  pure. 

4  Htnrïs  d'or*  Fabriqués  fous  le  règne  de  Henri  IL 
T  Honore,  L*hongre  vaut  iniriofèquemcnt  quatre 

florins  d'Empire. 

^  Jacùbus,  Il  valoït  environ  le  prix  de  la  guinée 
fous  le  règne  de  Jacques  premier, 

7  Léopold.  Ils  font  reçus  aux  bCtcb  des  mon- 


ij6 


MON 

MonnoUs  tTor* 


Noms 
des 

Efpéces. 


Lieux 

où  elles 
ont  cours* 


U«n  d^or 

Lys  dVr  ï 

Louis     ^ 
d'or 

Louis 

nicux  an- 
térieurs à 
17OJ, 

Louis   de 
37  '-  au  m 

Louis  au 
Soleil. 

Louis  de 
a 5  au  m. 

Louis   de' 
Noailks 

Louis    ou 

Piftole 

Louis    oii 

Piftoïc 

Moeda- 
dovio 

Marabo-  ^ 

tin 

Marave-  î 
dis 


France 

France 

France 


Poids.   Titre. 


Valeur 

en  argent 
de  France 


gros  -  gr, 
^  37 


France        i  |a8      ai      K  ^9    • 


t  i  17 


14 


18   «a^ 


II     20 


ti     21 


11     11 


II 


OBSERVATIONS. 

noies   fur  le  pjtd  de  678  liv,  15  fols  le  marc, 
rui^;:ni  le  Urif  de  1726* 

*  Lyt  d*Qr,  Ils  ont  «è  tabriqués  en  Janvier  1*^0, 
^  Lùu'u  d*ûr.  Les  touis  l'ont  à  la  taille  de  30  au 

marc,  au  remède  de  fin  de  j\  par  marc,&  ku  re- 
mède de  pO!d§  de  i  f  grains  par  marc, 

*  Aux  tiuiels  des  monnoics. 
§  Aux  ht^tt!b  dci  monnoieç* 

5  Mitdadovio,  Cette  monncie  vaut  Spatr.ca*  ou 
pièces  de  8,  &  15  vintins. 

^'  Miifjbotin,  Ancit  nnc  monnoie  qui  a  eu  cours 
en  France  ,  principalement  dans  les  villes  voifines 
des  r  ,  pour  i^  iiv.  6  fol** 

^  -  1.  A nciennti  monnaie  qui  a  eu  cours 

depuis  titïo  jtilqià'cn  1213. 


M  ON 

MontiùiiS  dW* 


Noms 

Lieux 

Valeur 

des 

EfpêGes. 

où  elles 
ont  cours. 

Poids, 

TtTRE. 

en  argent 
de  France 

gros  i  gr. 

karat  3i 

Ilv.  IbL  d. 

Mario-   ' 
nete 

Lorraine 

in 

16    1 

Maf.d'or^ 

France 

•   •  •  * 

21 

1 

Maures 

Surate 

.   4   •  .    ' 

18  16 

M 

Maxe 

Allemag. 

if'îi 

18     8 

lï  »î 

i  Maxe 

Allcmag. 

1     Uo 

iS 

8    4  1^ 

Médian  î 
Merîgal  4 

Tremeuit 
enBarbar 

i 

Milleray^  Portugal 

"fl 

OBSERVATIONS. 

On  entend  aujourdliui  par  maravédis»  une  pe- 
tite monnoie  de  cuivre  qui  a  cours  en  Espagne» 
&  qui  vaut  un  peu  plus  d'un  denier  de  France/' 

Les  Efpagnols  Te  fervent  de  maravédis  dan« 
leurs  comptes  foit  de  commerce,  foit  de  finance  9  & 
le  divitent  en  4  canados,  La  taxe  des  livres  eft  mar- 
quée à  h  première  p^ge  à  5  ou  600  maraTédîs,^ 
dont  il  faut  170,  monnoie  d'Efpagne,  pour  faire 
une  liv.  de  France  ;  34  ^out  une  réalc  de  veîlon  ; 
375  pour  le  ducat;  511  pour  la  piaflre  courante*- 

Le  maravédis  eft  encore  une  monnoie  de  compte 
en  Efpagne,  où  chaque  maravédis  vaut  3  den.  de 
Frïince. 

'  Mamnçte^  Ancienne  monnoie  qui  nV  plus 
cours* 

^  Majfe  d'or.  Ancienne  monnoie  fabriquée  en 
1285,  qui  n'a  plus  cou?s, 

•  Aux  hoteïs  des  monnoîes. 

î  Madtan.  Il  faut  50  afprcs  pour  faire  un  mé- 
dian, deux  médians  font  un  dian,  qu'on  nomme 
autrement  zian  :  ces  deux  cfpéccs  font  fabriquées 
par  les  monncyeurs  du  dey  d'A'igcr,  dont  ellet 
porteru  le  nom  avec  quelques  lettres  Arabes* 

4  Mirlg^iL  Ëfpéce  de  monnoie  d'or  qui  a  cotsrs 
à  Scfaî*'  &  dans  le  royaume  de  Monomotap«, 
Elle  péfe  un  peu  plus  que  la  piOole  d'Efpagne. 

î  MiLUray,  Du  poids  de  2  grain^i  12  karats  f^ 
Il  vaut  un  peu  plus  que  b  piftole  d*Efp;igne,  malf 
il  n  y  a  point  de  cours  ,  ti.  (c  reçoit  en  France 
aux  hôtels  des  monnoies  fur  le  pied  de  678  livres 
15  fols  le  marc  à  aïkarats  f:- 

Les  miilcrays  k  la  petite  croix  font  proprement 
des  demi  miilcrays,  du  poids  feulement  de  2  de- 
niers 17  grains  i  mais  d'un  demî-karat  a  plus  haiit 
litre  qwe  \t\  autres.  Ceft  k-^*;u-près  la  d*jmî* 
l>illalc  «i*Efpagne. 

te 


tNobîes 


iURûfe 

Kobles   9 
Heori 


Oabang  ' 
Pagodes" 


Japon 
Indes  On 


O  B  S  E  R  V  A  T  LO  N  S. 

Le  roiUeray  efl  auÏÏî  une  des  monnoîei  de 
compte  du  Portug^iK  En  ce  feos  on  entend  tou- 
jours le  milleray  à  la  petite  croix,  c'eft- à-dire, 
çliT.  lo  fols. 

*  Motda,  Mot  Portugais  qui  fignîfie  monnoic» 
On  entend  ordinairement  par  ce  mot  la  crolzade 
«Tof ,  qui  vaut  4000  réitz  j  &  environ  Ji  Itv.  10  fols 
eo  argent  de  France. 

*  NohUs  à  la  rofe.  Cette  monnoîe  fut  fabriquée 
TO»  l'an  î354,  fous  le  règne  d'Edouard  Ilî,  Elle 
n'a  prefque  plus  de  cours  à  préfent. 

K  NokU  htnrL  Voyez  le  didionnaire  des  mon- 
BOÎcs.  Les  nobles  à  la  rofe  &  les  nobles  henri 
font  reçus  aui  hôtels  des  monnoies  à  732  îiv. 
14  fols  9  deniers  le  marc,  non  compris  les  8  de- 
niers pour  livre. 

^  Or.  Un  million  d'or.  Ceft  un  million  d*écus 
à  j  livres  pièce ,  autrement  trois  millions  de  livres, 

f  Or  foi.  On  fe  fert  quelquefois  de  ce  terme  .j 
pour  évaluer  &  calculer  les  monnoies  de  France 
dsm  les  remifes  qu'on  en  fait  pour  les  pays 
étrangers,  ce  qui  triple  la  fomme  que  Ton  remet, 
Atali,  quand  on  dit  avoir  450  livres  i  5  fols  6  de- 
Mrs  d'or  fol  à  remettre  à  hmJktxàAm  à  86  de- 
flicfs  de  gms  par  écu  ,  cela  fignifie  qu'on  1  i  j  ^  i 
livres  6  fols  6  deniers  rournois,  la  livre  d*or  va- 
liBî  5  Uv,  fimples  ,  le  loi  d'or  3  fols ,  fit  îe  den. 
d'or  5  denhrs. 

*  Oiiifan;^,  Cette  monnoîe  efl  très  grande,  &  a 

la  figure  <fune  femelle  de  foulier.    Elle  vaut  10 

'  cmipans-,  &  on  Tévaluc  à   100  ri^dalles  d'HoI- 

[  hait  :  In  looooubanjs  font  45CCotaeli»  d'argent. 

Papdes,   Cette   monnoie    efl    d'une  forme 

&  du  poids  à-p^u-près  des  demi-pifloles 

fpagne,  mais  à  beaucoup   plus  bas  titre  *  on 

Arts  &  MctUrs*     Tome  V,     Wtrût,  L 


Quart  de 
Piflole 


OBSERVATIONS. 

s'en  fert  aux  mines  de  diamans  pour  le  paiement 
de  cette  marchandife. 

'   Pavilhn,    Ancienne   monnoîe    fabriquée    ea 

13  J9,  à  la  taille  de  4$  au  aâ&rc* 

^  FTtcti  ou  iisèonincs.  Ces  pièces  font  fixées  à 
6400  rèitz. 

^  PJ!i}!e  d*ûr.  Cette  piflole  eft  fixée ,  par  édit 
du  roi  d'Efpagne  de  Fannée  1757,  à  40  réiux  de 
pïatte  ,  pefant  1  gros  ^  17  grains ,  poids  de  marc 
d'Efpagnc. 

*  Pîpoli  double.  D'après  la  valeur  jntrînféque 
du  marc  d'or,  monnoie  de  France,  ayant  cours 
pfiur  710  Iiv*  contenant  41  j  5 -J-^  grains  de  poids 
en  matière  pure. 

4  P^jliiU.  Cette  pîflole,  fabriquée  fous  le  règne 
de  Ferdinand  &  d'ifa  belle ,  contient  117  |^  grains 
de  poids  François  en  matière  pnrc. 

^  Quart  de  pifloU.  Cette  cfpèce ,  à  Te  fEgie  &  aux 
armes  fans  toifon  ^  nouveau  coin ,  contient  29 
^^  graius  du  poids  François  en  matière  pure-    , 


17» 


MON 

Mannoies  (Tor. 


Noms 
des 

Ef[.éce<. 

LlEUpC 

oïl  elles 
^m  cours. 

Poids. 

Titre. 

Valeur 

en  argent 
de  France 

gros  \  gr. 

kar.  32 

lïv.  foi.  d. 

Piftole     ' 

Efpagne 

fi    19 

a2 

lO      3      4 

Piftolcs  ■ 

Efpagne 

PiA.d'orî 

Savoie 

^    î       1 

ai     i 

28    S    7 

Portug,  4 

Portugal 

9 

23     i 

Quadr.    \ 

Pérou 

7 

21   ib 

79    ^    7 

Quinzaîn; 
dor      * 

France 

•      '  ■ 

^4 

'5 

OBSERVATIONS. 

•  Pïflolc.  Contenant  ïi6  ^—  grains  du  poids 
François  en  matière  pure. 

^  PijhUs,  Les  pifloles  d*or  anciennes  légères, 
&  les  piltoks  d'Eipagne  ,  font  reçues  dans  les 
hôtels  des  monnoies  de  France  au  prix  de  678  liv. 
15C  le  mire,  auquel  tl  faut  .ijouter  22  livres  16 
foh  6  deniers  pour  Taugm-ntation  de  hutt  iemers 
par  livre,  accordée  par  arrêt  du  25  août  175$* 

Les  î- idoles  neuves  du  Pérou  pour  6^'' y  livres 
3  fols  7  den,  &  22  liv.  4  fols  9  deoters  d'augmen- 
tation. 

Les  pifloles  d'Italie  pour  66^  liv.  ^  fols  &  22 
livres  3  fols  6  den.  pour  ladite  augmentation. 

i  PïfloU  if  or.  Elle  eft  fixée  en  Savoie  à  24  li- 
vres ,  6c  febriquée  en  exécution  de  Tédit  ^u  roi 
de  S^ifdai^ne,  du  15  février  1755,  ^"  "*^^  ^^ 
21  k.irar<  ^,  à  la  taille  de  25  au  marc  },  du  poids 
de  180  grain»  potd>  de  Turin,  6l  de  t8i  gr^uns 
poids  de  marc  de  France. 

4  Porn/gdïjej,  Ces  efpèces  avotent  cours  en 
France  fous  le  règne  de  Louis  XIIL  Elles  ne  fc 
reçoivent  plus  qu'au  marc  dans  les  hôtels  des 
monnoies,  fur  le  pird  d^  732  liv.  2  f.  9  den.  îc 
niarc,  non  compris  \:s  8  dcn.  pour  livre.  Nota* 
Il  y  a  quatre  fortes  de  monnnie  d'or  qui  le  fa- 
briquent tk  qui  ont  cours  en  Portuj^aL  La  pre 
nnêre  efpèce  eft  du  plus  fin  or  du  ducat,  & 
vaut  ioooo  réitz. 

La  ''i  pomœda  ou  double  pîiloie  v^ui  4000  réitz. 
Li  mœJa  ou  pi  (loi*  en  vaut  2000. 
£t  U  {  riigeJa  ou  ^  p  ftoîe  çn  v.ti  t  looo, 
f  Quadruple.   Cooic-ant  456  7*-||  de  grains  du 
poids  FrarçoiS  en  mat  ère  ptirc. 

*  Qufnidifjj  d'or.  Cette  efpèce  a  été  fabriquée 
en  Ï719  à  24  kar-ifS,  au  remède  dt  ^  d  k^rat, 
à  la  I  dit  le  <Il  û;  ^  ,  >u  remède  de  ^  de  pièces 
au  marc.  Us  ngat  point  eu  de  coun» 


MON 

Monnoïts  d*0r. 


Noms 

Lieux 

Valeur 

des 
Efpèces. 

où  elles 
OUI  cou r^. 

Poids. 

Titre. 

en  are;ent 
de  France 

gros  i  gr. 

kar.  32 

liv.  fols  d* 

Reines    ' 
d'or 

France 

3    -. 

13 

a 

Ride   ^ 

Flandres 

i  M 

'3 

1 

Rider 

Hollande 

^i     7 

is 

I39     4^ 

Rôfi  nob 

hollande 

.... 

1 

RDupie 

MogolScc 

,   2I    M 

14 

38     >S 

Roooni  4 

Tofcanc 

î  ^  '61 

ij      î8 

33   M  I 

Rubie     ï 

A!g.r  , 
ongo  & 
Labes. 

.... 

J 

Ruyder  * 

Hollande 

>i    S 

z% 

î?     4f 

StEtiennt 

Ponugal 

.  i  18 

ai      38 

* 

S,  Tho- 
mé        7 

Portugal 

î  ï7 

Ȕ 

10   ij  0 

Sal.d'or^ 

France 

I        I 

»4 

I      î  0 

OBSERVATIONS. 

»  Reines  d'or.  Ces  espèces  ont  éti  fabriquée» 
fous  le  régne  de  Blan^be  de  Ciftillv' ,  mère  de 
Louis  VIL 

*  JliJe,  On  nomme  k  pr^fcnt  ces  cfpéc^s  Phi- 
lippe ou  Plnlippus  :  elles  n*ont  plus  cours. 

5  Rofe  noble.  Cette  efpèce  a  cours  en  H  >Hande 
pour  ]  1  florins.  Il  y  a  des  rofcs  nobles  deD  oe- 
marck  qui  valent  34  marcs  Danches  ou  Danois* 

*  Roupie,  En  comptant  Tonce  à  S]  liv.  7  fols 
Il  den.  ik  le  marc  à  667  liv.  3  fo's  7  den.  commt 
les  piftoles  du  Pérou.  Lts  roupies  d'or  font  fi 
rares  qu'on  n'en  voit  prcfque  plus,  ^oyc^  roupies 
d'argent. 

4  Koponu  Fixée  à  Lîvourne  à  40  liv,  bontie 
monnoie,  fkifant  6  pia/lres  19  fols  l  denier  de 
huit  réaux^  du  poids  de  213  grains  poids  ài  Lî- 
vourne, &  186  grains  7  poi  :s  de  marc  de  France* 

î  Rubie,  La  rubie  vaut  35  afprcs. 

'^  Ruyder.  Fixée  à  14  florins»  argent  counuifj 
valant  13  florins  6  fols  argent  de  banque»  do 
poids  de  206  azémes,  poids  d'Hollande,  &  tSS 
grains  poids  de  France. 

*  Anx  hôtels  des  monnoîe»  674  liv.  17  f,  10  dcn» 
le  marc. 

y   Sd'mt  thome.  Suivant  le  change. 
^  Salut  d*or*  Ancienne  monnotc  du  roi  Ciur< 
les  VI. 


^ 


MON 


Monnaies  (Ton 


Noms 

des 
Efpéces, 


Schcrcfy= 

Scbérifs 

ou  SuUa- 

mxis  ' 

Sequij)   4 

ScfUfO    î 


Lieux 

ou  cites 
ontcours. 


Egypte 
Pcrfe 

An  Caire 

RomcFlo 
rencc  &c, 
A   Gènes 


Poids. 


groi  î  gr, 


T  i9f 


TlTR£ 


Valeur 
en  argent 
(îeFrfTnce 


kar*  33,    liv.  loK  d. 


5  à  6  Hv 


î    II     4    8 


OBSERVATIONS. 

»  S4,kirajy^  Ancienns  monnoîc  de  la  valeur  de 
fancien  ccu  de  France. 

-  Schertfy,  Le  fcherefy  vaut  en  Perfe  %  h- 
nns,  k  raifon  d^  8  réaux  d'Efpagne  le  lario.  Les 
Eurapéens  nomment  les  fcherefys  des  fc raphias 
ifor. 

5  Sçhérifs  &a  fttltanîns.  Cette  efpèce  fe  fabrique 
au  Caire  ,  de  la  poudre  d  or  apportée  d'Egypte 
par  les  Abylîi  ns, 

*  Sfqui/!.  Il  y  en  a  de  différons  titres  &  de  diffé- 
rente valeur  qui  fe  fabriquent  à  Rome ,  a  Florence, 
aVcnife,  â Gènes,  à  Turin  ,  dans  les  états  de  la 
reine  dTïongrie  Se  dans  ceux  du  Grand  Seigneur. 
La  valeur  de  ces  fequins  diffère  dans  prefque 
tootes  ies  villes  ^^^y^  oh  iU' ont  cours. 

Les  fequins  de  Turquie  &  d'Allemagne  valent 
j  moins  que  le  Vénitien,  Aux  Indes  orientales  le 
lequlo  Vénitien  eft  à  plus  haut  prix,  il  s  y  prend 
pour  4  roupies  6  peffas;  le  fequin  de  Turquie 
feulement  pour  4  roupies. 

Au  Caire,  le  fcqiiin Vénitien  vaut  dans  le  com- 
merce fufqu'à  100  meîdins ,  à  i  fol  6  den.  de 
France  le  meidin.  Le  divan  cependam  ne  k  prend 
que  pour  85. 

^A  ConAantlnople,  il  vaut  environ  6  liv,  ou  il 
i'appcllc  plus  ordinairement ,  a'mfi  que  dans  towtc 
la  Turquie»  fchérif  ou  fuUanin. 

^  Sufmn,  Il  trft  fixé ,  par  édit  du  mois  de  jan- 
vier 1755,  à  ij  liv.  10  f.  hors  banque.  Il  eft  du 
^îds  de  76  grains  poids  de  Gènes ,  &  de  65  grains 
1  poids  de  marc  de  France. 

A  Livourne,  le  fequin  de  Florence  de  5  deniers 
15  grains^  ou  de  71  grains ,  vaut  13  livres  6  foîs 
8  deniers  bonne  monnoie ,  ou  %  pialtres  &.  6  Joîs 
4  deniers* 

A  Rome,  le  fequin  de  jufle  poids  vaut  13  livres 
bûnoe  monnoie. 

A  Palcrme  &  à  Meffine ,  le  fequin  de  Vcnifc 
mit  t6  ÛorîJis. 


^H 

^ 

MON 

179 

Monnaies  d^or. 

Noms 

des 
Efjjèces, 

Lieux 

où  elles 
ont  cours. 

PoiD  S, 

Titre. 

Valeur 

en  argent 
de  France 

kjr.  3a 

Uv.  foL  d. 

Séraphin  * 

Pcrfe 

Souve- 
rain- 

Pays-bai 

I           31 

51 

16    8    9 

OBSERVAT  I  O  N  S. 

Celui  de  FKirerce  2^  torins. 

A  N.iples,  le  fequin  deVenilo  vaut  ^6  carlins  ^* 

i.x\m  de  Florence  26. 

Celui  de  Rome  ^5. 

A  Venife  &  à  Berg:ime,  le  fequin  de  Vcnife  vaut 
22  livres  courantes ,  &  celui  de  Florence  3i  livres 
10  fo's. 

Les  fequins  de  Rome ,  d'Hongrie  &  d*Hollande 
valent  21  livres, 

A  Rome,  Le  fsqutn  de  Rome  vaut  2  écus  & 
%  bayocques ,  ou  205  bajocs  ;  les  autres  y  ont 
peu  de  cours. 

A  Boulogne ,  te  fequin  de  Rome  vaut  1 0  livres 
banco,  fie  10  livres  5  fols  hors  Jsanco. 

A  Milan,  celui  de  Venife  10  liv.  5  fols  banco, 
&  10  Hv.  îo  fols  hors  banco. 

A  Miîan,  celui  de  Florence  à  Ii  fleur  de  lys 
to  livres  5  fols  banco,  &  10  livres  TO  fols  hors 
banco. 

A  Milan,  le  fequin  de  Venife  cil  fixé  à  14  liv* 
îo  fols;  mais  on  le  change  de  14  liv.  17  fols  a 
14  livres  19  fols. 

A  Florence,  le  fequin  de  France  eft  fixé  à  14  liv. 
10  fols.  On  le  change  de  14  livres  14  fols  à  14  li- 
vres ij  fols. 

En  Savoie,  le  même  fequin  à  14  livres  7  fols 
6  den.   &  fe  change  de  14  liv.  10  fols  à  14  liv. 

12  fok. 

En  Hongrie  ,314  livres  1 5  fols ,  &  fe  change  de 
14  liv.  6  fols  à  14  liv.  7  fols. 

A  Vienne,  le  fequin  d'Hongrie  a  cours  pour 
5  florins  13  creutzers. 

En  Hollande  pour  4  florias  10  creutzers, 

A  Turin,  le  fequin  du  pays  du  poids  de  1  de- 
niers 17  grains,  vaut  9  liv.  iç  fols. 

Celui  de  Gènes  du  même  poids  9  liv.  9  for*, 

D'Holiande  idem ,  9  liv.  6  fois  8  deniers. 

De  Florence  idem ,  9  liv.  9  fols  4  deniers. 

D'Hongrie ,  9  hv.  7  fols  8  deniers. 

De  Venife  idem,  9  liv-  9  fols  8  deniers, 

»   Séraphin.   Voyez  fcharifi.. 

^  Souveraîn,  Cette  monnoie  ell  fixée,  par  édît 
de  la  reine,  du   î9feptembre  1749,  à  7  florins 

13  fols  de  change,  &  à  8  florins  18  fols  {  c^urans, 
à  la  taille  de  44^5  4u  marc  pends  de  Troies,  Sc 
104  grains  poid»  de  marc  de  Friuce. 


i8o 


MON 

Mon  no  ta  d*or. 


Noms 

des 

Efoé  '•  «. 


Lieux 

<iû  elles 


Souvc- 

raidi  * 

\  Souvcr, 

Sulunin  ^ 
Tcla       3 

ZUOI       4 


P.i)rs>bas 
Autrich. 


Poids,   Titke 


Valeur 
en  argent 

:;*«;  France 


OBSERVATIONS, 

»  Souvtrams.  Ils  valent  31  liv.  14  fols  10  rfcnîcrs 
aux  hôtels  des  monnoîes,  compris  les  8  den,  pour 
livre» 

*  SuUaniru  Cette  efpéce,  qui  a  cours  dans  tous 
les  états  dti  Grand  Seigneur ,  cft  la  fcuîe  cfpéce 
d'or  qui  fe  frappe  à  fv>n  coia  :  on  le  nomme  uh^- 
rif  ou  fequin, 

î  TeU.  Efpèce  d?  monnoie,  ou  pîurôt  de  mé- 
daille d'or  qui  fu  frappe  à  ravènement  de  chaque 
rui  de  Perfe  à  la  courosne^  pour  être  diftribuée 
au  peuple. 

Lts  tel  as  font  du  poids  &  du  titre  de«  ducats 
d'of  d'Allemagne ,  &  (c  romment  auffi  fcheralîiî, 
c'eft-à-dire ,  nobles,  lU  n'ont  aucun  cours  dans  le 
commerce. 

4  Ziam,  Monnoic  d'or  q-ji  vaut  i^o  afpres. 

MoNSôtEs  d'argent  et  de  billos. 


Noms 

d.-s 
Ef  kci'^. 

Lieux 

ontcottis 

Poids. 

TiTRI, 

Valeur 
<:n  argent 
Je  Fr^uce 

S  «»  i  b'- 

d<n. 

%'- 

liv.  fol  d. 

AbafTy  ' 

EnPcffc 

î  » 

8 

30    ' 

18     4 

Abra  » 

Pologne 

1  " 

6 

10 

3    6 

Abulicsb' 

Au  Clirc 

ÎTÏ7       8 

20 

3     4    1 

OBSERVATIONS. 

■  VAhaffy  vaut  cn  P.-rfe  1  mimamoudls  ou  4 
chayèf. 

*  V/^bra  a  cours  à  Conflantinople  ,  &  y  cft 
reçu  fur  îc  pied  du  quart  de  i'afri;lani  ou  daïfcr 
d*HoUande. 

>  VÀkukuh  on  daller  vaiii  au  C^ire  jj  &  58 
mètdini  ,  Ih  raifon  de  18  Ms  de  France  le  roei- 
din  ,  ou  Je  3  »fpres  monnoîe  dç  Turquie, 


MON 

MonnQÎts  iPétr^<nt  &  de  bdhn* 


Noms 

des 
Efpéces. 


Lieux 
ouctEes 

ont  cours. 


T€Ûy  ou 
B.iiy    <» 

Bezorch*' 
tUScn  "^ 
Blamui^i 


Mofcovic 

'Amadab, 

Turquie 

Turquie 

Siani 

Rome 

\lîcmag. 

Allemag, 

AUemag. 

Ormtis 

Cologne 

Flandres 


Poids.  Titre. 


Valeur 
en  arg«:nc 
de  France 


gros  \  gr.   den,  gr.  Uv.  loi.  d. 
4    8 


12 


4? 


î 
6f 


5Î 


-1 

4 
6    6 


OBSERVATIONS- 

'  Âltln,  Monnoîe  de  compte, 

*  Arch^  Monnoic  de  compie  ;  il  faut  4  arebs 
pour  un  couron,  Tqui  vaut  100  îacks  ;  le  U^\ 
vaut  100.000  roupies. 

>  AJpns.  Billon;  il  en  faut  120  environ  pour 
Técu  de  France. 

4  Auhe*  Biilon  ;  c'ert  la  plus  petite  monnoîe  qui 
ait  couri  dans  les  états  du  Grand-Seigneur. 

î  Baai.  Le  baat  cft  appelé  tical  en  Chine,  oil 
il  a  aulTi  Ci>tirs. 

^  Ba'wque.  Mon  noie  de  cuivre*  On  donne  à 
Rome  &d3ns  tout  Tétat  Eccltfiaftiquc  lobatoquci 
pour  v\a  jule»  qui  vaut  environ  5  fols  de  France. 

7  Biît^,  Billon.  Cette  petite  moncoie  vaut  4 
crcut^ers.  Voyez  creurzcrs. 

*  ffatien,  Billon.  Les  ii^  batxeri  valent  un  ftcM 
rin  de  rtmpire,  ce  qui  revii;;nt  à  environ  j  liv» 
I  5  fols  de  France. 

^  Bjiio,  Billon.  Cette  efpéce  a  différentes  em- 
preintes »  fcbn  les  difTérents  états  où  elle  a  cours» 
'*  Bîijîy  ou  hejfy.  Argent  billon.  C'eft  une  an- 
cienne petite  monnoîe  qui  n*a  plus  cours, 
<«   Biiûrch.  Monnoîe  d'étain  allayèc, 
**  BUffttt*  Cette  monnoie  vaut  4  albus, 
*î   BUmuifer,  Ancimne  monr.oic  des  Pays-Bâf* 


MON 


M  O  N 


181 


Mjar.ê}€S  d'Argent  ù  dt  h'dlon. 


Noms 

des 
Efpéces. 


Ilinck 
Blancs 
Bliakil  i 
Barc 

Burbas 


LiEUX 

Otl  tilcS 
ont  cOiirs. 


Poids. 


Titre. 


Hollande 

France 

M^roc 

Berne 

Bologne 

Alger 


ire 


CaboU  tf>.  Gènes 

CaragroL'^V 

t 
Carbequi'jTtfflèi 

OrUii  9    Naples 

CaroHne'*  Suéde 

Carolus*'  France 


den.  gr. 


Valeur 

en  argent 
de  France 


MonnùUs  d'argent  &  dû  k'dlcn. 


Uv.  fol*  d* 
I    6 


10 


10    %} 


10    18 


4 

1  17 

2  18   S 

3     4 

7 

10 


OBSERVATIONS. 

»  Slm^-^.  Monnole  fiélive  en  uGge  dans  les 
comptes  d  Hollande,  ou  il  vam  6  duytes. 

^  BUncs*  Ancienne  monnoie  qui  n'a  plus  de 
coarî. 

î  BlanktL  Monnoie  d'argent  de  billon. 

^  S&lo^nin'u  Monnoie  de  cuivre  qui  tient  lieu 
de  fou  ;  chaque  boîognini  vaut  4  qnattni.  L'écu 
deBokgnc  85  boiogninif  dont  les  11  font  i  bîa- 
na,  ⣠ Ls  6  une  boiognina. 

f  Surbéu.  Les  12  burbas  valent  i  afpre.  Il  y 
en  a  lie  même  à  Tunis. 

*  Campner  d^kalUr,  Cette  tnonnoic  vaut  z9  flu* 
fers  d'Hollande. 

7  Caragrou.h.  Le  car^igrouch  a  cours  à  Conjftan- 
ibiople  pour  116  af^:;re<. 

•  Cjri>c4fuf.  Il  vaut  7  chaoury, 

9  Carlin.  Petite  monnoie  d'argent ,  quî  a  cours 
à  N^plts  &  en  Sicile  ;  il  vam  tin  peu  moins  de 
^foU  de  France.  II  en  faut  9  pour  faire  un  6cu 
de  60  foi*. 

••  Cirùlifif,  Otte  monnoie  n*a  ni  effigie,  ni  cor- 
don, 1)1  marque  iur  tranche,  mais  feulement  pour 
légende  :  Si  De  us  pro  nobïs  ^  quls  contra  ? 

'*  Cirotus*  Vuycz  le  Vocabulaire  t\~^^tè$. 


Noms 

L  ï  £  u  X 

Valeur 

des 
Efpéccs. 

oii  elles 
ont  cours. 

POÎJJS, 

Titre. 

en  argent 

de  France 

gros  i  gr. 

den»  gr. 

iiv.  fol.  d. 

Cish  ' 

Tonquin 

Cavalots  ^ 

France 

-  ,  .  . 

6 

Cavaîlo  ^ 

Piiinorit 

*  .    .  ■ 

i  ai 

Caiiris  ou 
Coris  + 

Bengale 
&  Sidm 

Caxa  î 

luxlndci 

Cayai  ^ 

Vuîtïiid^i 

Chaoury? 

Tefflè> 

.... 

.   .  -  . 

î      6 

<  hiyè  , 
Scihgaa 

Ciiay  '^ 

P.ffc 

.... 

•  ♦  »  * 

4     7 

Clièda  ? 

A  LUI  Indes 

Chéda 
0,40 

,  .  .  . 

•  .   .   . 

.... 

>       -; 

Chéda 
ruiid 

.... 

.... 

.... 

7 

Chouftac. 

Pologne 

.... 

.... 

8 

OBSERVATIONS. 

*  Capi,  Mjnnole  de  cuivre  dont  la  va  leur  va- 
rie fuivant  la  quantité  qui  fe  trouve  dans  le  com* 
merce.    1000  cafh  lom  environ  5  livres  tournoiç, 

^  Cavalots,  Celte  monnoie  a  été  fabriquée  fous 
le  règne  de  Louis  XII* 

^  Cavallû,  Les  premiers  cavallos  furent  frappés 
en  P  émont  en  16' 6. 

4  Cmms  ou  cons.  Petites  coquilles  qu'on  pêche 
auï  ifl.s  Maldives,  qui  fervent  de  menue  mon- 
noie à  Bengale.  Il  fatjt  1400  caris  pour  faire  une 
rou^;ie. 

1  Caxa*  Cette  monnoie ,  fabriquée  à  ChcincHcr, 
ville  de  la  Chine,  n'a  cours  que  depuis  1590: 
ce  n*eft  qu'un  m^Jange  de  plomb  &L  d'écume  de 
cuivre. 

^  Cûyas,  Petite  monnoie  de  cuivre  qui  a  cours 
dans  les  Indes  ,  &  qyi  vaut  \  d'un  denier  tournois. 

7  Chaoary,  2chaourys  valent  un  ufaltonj  10  car- 
beqitis  ou  afpres  de  cuivre  valent  i  chaoury  ;  & 
\Q  chaourys  {  ainart  que  la  piaftre. 

^  Chuyc  ou  chûy\  Il  faut  a  chayés  pour  un  ma- 
mamoudî  ,  4  pour  un  abaïTy ,  &  200  pour  le 
toman ,  monnoie  de  compte  qtti  vaut  50  aba0îs. 
^  Chida^  çhéJa  oâo^one ^  chéda  rond.  On  donne 
80  coris  ou  coquilles  des  M;iklives  pour  un  de  ces 
chèdaa. 


1 


l82 


MON 


MON 


Monnoïts  d* argent  &  dt  hîlhn. 


Noms 

Erpécei. 

titux 

ou  elles 
ont  cours 

Poids, 

Titre. 

Valeu.i 
en  argent 
de  France- 

on.gr.Tg: 

deii.  graL 

Itv.  fol.  d. 

Cockien 

Japon 

.... 

.    .   ,   . 

8 

Commafc 

Molia 

.  >   .  . 

.... 

î     * 

Conpan 

Indes  Or. 

.... 

.... 

9     î 

Conadez 

Cochîn 

.... 

.   .   .   , 

7 

Copec  ' 

Môfcovic 

8 

10     la 

16 

Couronne 

ou 
Crooton  ' 

Angleter, 

7      60 

Il       1 

î  «5     ' 

Couronne 

Dancma. 

4  i  14 

10 

î     6     S 

Crâzi  * 

Tofcane 

.  »  ,  . 

.... 

4 

Creuzer  ** 

Croche  î 

Bafle 

.... 

»  .  .  * 

1? 

Crohol   ^ 

Berne 

Crolfadc- 

Portugal 

3      Î9 

10  19 

1  19 

Croizat  ^ 

Gènes 

i  1        4 

11   9 

8     î    0 

Croon 
iîmjjle     ' 

Copenha- 
gue 

.... 

.... 

1     4     H 

OBSERVATIONS. 

*  Copec,  Ce  copec  eft  de  forme  ovale. 

^  Couronne  OU  cracjfort.  Les  demis  à  proportion. 
Les  4  couronnes  ou  crooton  ,  ou  ècu  d'Angle- 
terre du  poids  d*une  once^  font  toujours  une  livre 
flerling ,  qui  revient  à  a}  liv,  3  fols  8  dcn,  argent 
de  France. 

^  Cra^L  C'eft  une  petite  monnoîe  du  duché  de 
Tofcane, 

4  Creuser,  Voyez  Icrcutzer. 

f  Crocht^  Peïite  monnoie  de  bîllon ,  qui  a  cours 
dans  les  i]  Cantont. 

*  CrohoL  Monnoie  de  compte  qui  vaut  2j 
hnfches. 

7  Croi/Iî</f.  Lacroifadc  cft  fixée  à  480  réitz ,  pe- 
fant  193  grains,   poids  de  marc  de  Portugal. 

*  Croisât.  Cette  efpéce  a  été  fixée  »  par  èdit  de 
janvier  1755,  a  9  liv,  10  fols  hors  banque  ,  du 
po  ds  de  8|7  grains  poids  de  Gènes* 

9  Croon  ftmpUn  A  Copenhague  4  marci  Danois , 
&  4  fchchii|$.  . 


Monnoks  d'argent  ^  d4  tiliûft. 


Noms 

Lieux 

Valiur 

des 

où  elles 

Poids. 

Titre. 

en  argent 

Efpéccs. 

ont  cour». 

de  France 

gios  i  gr. 

den.  grai. 

liv.  fol.  d. 

Croon 

double  ' 

Copen- 
hague 

.... 

1    .   ,   .   . 

6  8  ir^ 

Croon  » 
quadrup.- 

Copcn- 
kagtie 

.... 

.... 

Il  16    4 

Croonc  ^ 

Croutac  4 

Dantzick. 

1 

Crovn  ^ 

Angleten 

7    i    3Î 

II 

<  î  7 

Cruys 
Dalder^ 

Konis- 

berg 



8    15 

7     I   la 

Cruzade^ 

Portugal 

3    i    3^ 

10    19 

3   la 

Chrîftine 

Suède 

.  •  .  . 

.  .   j  . 

14  tî 

Daller 
Gsrmaniq 

Alîemi- 

7    i      S 

11       6 

1     9    î 

Daller  « 

Hollande 

7          6 

8    20 

3     4    i 

Daller 

Bafle  & 
S.  Gai 

|7    1     ^ 

id 

*'É 

Danck 

Perfe 

^dedra. 

.... 

1 

Déaîder 

Hollande 

7    i    ^V 

„ , 

3     .    ■ 

Déaider 

Banco 

Ham- 
bourg. 

.... 

3  11 

Dealder 

Ham- 

Courant 

bourg 

3     jï 

OBSERVATIONS. 

'  Croon  double,  8  mires  Danois  &  8  fcheUngs 
à  Copenhague. 

-  Croon  qiuidrupîe^  17  marcs  Danois  à  Copen- 
hague, 

J  Croone.  Monnoie  de  compte  dans  le  canton 
de  Berne. 

4  Croutac.  Le  croutac  a  aufTi  cours  à  Riga  «  à 
Konifberg,  &  autres  villes  du  nord»  où  il  vaut 
la  moitié  d'un  dantzick  hors  banque. 

s  Crown.  Le  crown  eil  fixé  à  5  fchelins  ou  fols 
fterling  »  ou  60  deniers  fterlings  ,  à  la  taille  de 
12^  à  la  livre  »  poids  de  Troycs  ,  pefant  464 If 
de  ce  poids. 

^  Cruys  daider.  Cette  monnoie  a  cours  en  Prafle; 
à  Dantzick,  &  à  Riga  particulièrement. 

7  Cru^ade.  Fabriquée  en  1750. 

^  Daller,    V.  le  vocabulaire. 


Deruf 
Tournois^ 


OBSERVATIONS. 

»  DmUr.  Monnoie  de  cofnpte  dont  la  valeur 
cA  pir-tout  différente. 

*  DifiUr  tournois.  Le  dcnUr  tournois  eft  la  12* 
panie  d'uo  Toi  tournois ,  qui  efl  la  io""  de  Técu  V 
tu  fone  que  ie  Toi  tournois  eft  compofé  de  îi de- 
niers tournois,  la  livre  àc  140  deniers  tournois, 
&  réca  de  720  de  ces  deniers. 


ï  Denier  ParlJIî,  Monnoîe  imaginaire  d'un  quart 
en  fus  plus  forte  que  ie  denier  tournois;  i a  de- 
niers parifis  font  une  livre  parifis,  6t  la  livre  pa- 
rifts  eft  de  15  fols  tournois. 

Dtnkr  fitrl'mg.  Le  denier  flerling  eft  Ja  la* 
partie  d*un  fol  llerling»  %i  le  fol  ilerling  fdir  ^ 
de  ta  livre  iicrling.  Il  faut  240  deniers  flerlirgs 
pour  faire  une  livre  flerling* 

^  Denier  de  gros*  Mi)nrîore  de  compte  en  ufage 
enHoliande,  en  Flandres  &  Brabant.  ii^ien,  de 
gros  font  un  fol  de  gros.  La  livre  de  gros  efl 
compofee  de  240  deniers  de  gros. 

4  D^dingue,  4  derlingncs  font  l'écu  de  France 
de  60  fols. 

î  Dimph.  Le  dimf  li  vaut  18  kreutzers  d'Allemagne. 

^  Dïniirbefly.  Monnoie  de  compte  pour  tenir 
les  liv.es,  qui  vaut  10  deniers  fimples. 

7  Double  y  on  24  afpres. 

^  Doudou.  Monnoie  de  cuivre.  Il  en  faut  14 
pour  le  f-inon  d'or  des  mêmes  lieux,  qui  y  re- 
vietît  à  6  fols  \t  France. 

5»  DauT^ln,  Bil'on  fabriqué  fous  le  règne  de 
François  L 

i*"  Dreytrs,  BiUon. 

^'  Dubbelne.  Petite  monnoie  d'argent ,  qui  vaut 
2  flnyers  ou  fols  d'Hollande. 


^H^^l^ 


i84  MON 

Monnaies  d'ar^cm  &  de  bithn* 


Noms 

des 
Efpéceî. 


Ducaton 


Ducaton 

Ducaton^ 

Dutte  ou 
Duyte  4 

D;-tgcn 

Ecu  ^ 


Lieux 

ou  elles 
OntCOUfS, 


Poids,  Titre 


Hollande 
à  Livour. 

à  Milan 

Piémont 

à  Venifc 
Pays-Bas 
Autrich, 
Liège 

Hollande 

Danema. 
France 


Valeur 
en  argent 

de  France 


7rï$iT  ï» 


OBSERVATIONS. 

•  Ducatons,  Tous  ces  ducatons  font  à*peu-près 
du  même  poids  &  au  même  titre.  Ils  péfent  pres- 
que tous  1  once  24  grains,  &  font  au  titre  de  11 
deniers. 

^  Ducaton.  Cette  efpèce  a  été  fabriquée  &  fixée, 
par  édit  de  la  reine  de  Hongrie,  du  i9feptembre 
1749  ,  à  3  florins,  argent  de  change,  &  a  3  florins -j 
argent  courant,  à  la  taille  dey  -^  au  marc,  poids 
dcTroycsj  pefant  696  as  1^  de  ce  poids  »  &  626 
grains  poids  de  marc  de  France. 

i  Ducaton,  Nota,  Ces  ducaions  fonr  ceux  de 
Milan,  de  Venîfe ,  de  Florence,  de  Savoye  ,  des 
terres  de  l'EgUfe  ^  de  Lucques  &  de  Parme* 
Comme  ils  péfcnt  trois  deniers  plus  que  Técu  de 
60  fols ,  &  qu'ils  font  à  un  lit  rc  plus  haut ,  ils  fe 
prennent  pour  quelques  fols  de  plus. 

On  nomme  aufli  du:aTon$  en  Hollande,  les  pièces 
de  trois  florins,  dont  il  y  a  de  deux  fcrtcs,  les 
anciennes,  qui  valent  60  fols  mcnnole  du  pays, 
&  les  nouvelles,  c'cfl-à*dire,  celles  frappées  pen- 
dant la  guerre  qui  fuivit  la  ligue  d'Auiboiirg,  qui 
ne  valent  que  60  C ,  le  foi  fur  le  pied  de  1 5  deniers 
monnoie  de  France. 

4  Vutte,  Petite  monnoie  de  cuivre.  Htiit  duttes 
ou  duytcs  font  le  fol  commun  d*Amfterdam,  ou 
Auyerc ,  &  trois  font  le  denier  de  gros. 

^  Ecu,  L'écii  de  6  liv.  eft  au  titre  de  11  de- 
niers de  fin,  au  remède  de  3  grains,  à  ta  raille 
de  j^^  au  marc,  &  au  remède  de  poids  de  36 
grains  par  marc.   Les  cinquièmes  &  d.xièines  font 


Monnoîes  d^argtm  &  de  hlllon. 


Noms 
des 

Efpèces, 

Lieux 

où  elles 
ontcour^* 

Poids. 

TlTRÏ, 

Valeur 
en  argent 
de  France 

on.gr.  ig: 

Jcn. 

g-ai. 

liv. 

foJ.  d. 

Deml-Ecu 

France 

3Î^5ll 

it 

S 

Cinquiè- 
me d'Ecu 

Dixième 
d'Ecu 

France 
France 

Il    3tV 

it 

II 

i 

4 

Vingtiè- 
me d'Ecu 

France 

^-r«î 

II 

4 

Ecu 

Hanovre 

7     ^S 

10 

M  J 

10 

Ecu 

Hambour 

7Î    9 

10 

M 

14   • 

Ecu 

Bavière 

7     ^S 

9 

11 

1    6 

Ecu 

Radsbon. 

7     2-î 

9 

^3 

3     « 

Ecu 

Bareiih 

3i    ^ 

8 

i9i 

4 

Ecu 

Anfpach 

7     ^% 

9 

ai 

i    4 

Ecu 

Suède 

77 

10 

10 

IX  10 

Ecudoub» 

Danema. 

17       7 

10 

9 

it 

t    8 

Ecu 

à  TAigle 
Sl  au 

PrufTe 

7z  ^^ 

9 

«î    ♦ 

Trophée 
Ecu  gros. 
Ecu  gros. 
Ecu  petit 

Naffau 
weilbour, 
Palatinat 
Bade- 
D^urlach 

6'-  18 
6i  10 
3Î    6 

II 
8 

18 

12 

Il    3 
16 

Ecu  ' 

Savoie 

i  1     14 

10 

1% 

3    » 

Efcalln  ^ 

Hollande 

....    !.. 

•    ■ 

7    6 

OBSERVATIONS. 

au  même  titre  &  ait  même  remède  c^wt  les  écu^. 
Les  dixièmes  a  la  taille  de  83  pièces,  &  les  uns 
&  les  autres  au  remède  de  poids  de  41  grains  ^ 
Les  vingtièmes  font  a  la  taille  de  166  pièces  au 
marc  ^  6c  au  remède  de  poids  de  83  grains, 

L*écu  de  France,  ayrremcnt  nommé  Técu  bUoc 
d*argent  9  vaut  ordinaircmeni  60  fols,  c*efl  à  ce 
prix  que  fe  réduifent  dans  les  comptes  toutes  k» 
autres  monnoies  d*or  S;  d^argent, 

*  Ecu.  Cet  écu,  ^  la  taille  de  7  au  marc, 
fixé  à  6  livres  argent  do  pays. 

*  Efcalln.  Pciiie  inonnoic  d'argent. 


l 


t 


M  O  N 

Mûrma'us  émargent  fr  de  biîlonl 


185 


Noms 

des 
Kfpcces. 


Efterlîn  ^ 

Fanos  * 

Fardos  * 

Fartm  eu 
Fardin  ^ 

Fayole  î 

Felours  ^ 

Fefim  ^ 


Lib  ux 

où  elles 
ont  cours. 


Angleter» 
Auxlades 
Baotim   * 

Angïeter. 

Japon 
Maroc 

Naumb. 


Poids. 


TlTR£. 


gros  ï  gr, 


kar.  31 


Valeur 

en  argent 
de  France 


OBSERVATIONS. 

»  EJlerUn,  Cette  nionnoie  a  eu  cours  en  France 
{vendant  que  les  rois  d'Angleterre  y  pofTédoicnc 
quelques  provinces. 

=  F^mûs,  Cette  monnoie  a  cours  principalement 
le  long  de  ta  cote  de  Coromandel ,  depuis  le  Cap 
de  Cotnorin  jufque  vers  le  Bengale*  EUe  a  cours 
aufifi  dans  Fille  de  Ceylan  j  m^^is  il  ne  s*y  en  fa- 
brique pas. 

Les  ranos  dVgcnt  ne  valent  pas  tout  à  fait 
18  den,  de  France  ;  il  en  faut  20  pour  le  pardo^ 
monnoie  que  les  Portugais  font  fabriquer  à  Goa, 
&  qui  y  a  cours  pour  27  fols- 

^  Fardos»  Le  fardos  efl  auiïî  une  monnoie  de 
compte. 

4  Fortin  ou  fardin.  Petîïe  monnoie  de  cuivre 
qui  vaut  environ  3  deniers  de  France.  Il  y  en  a 
de  quadruples^  de  doubles  &  de  fimples.  4  fartîns 
Émples  font  un  peny ,  ou  denier  d'Angleterre ,  qui 
vaut  environ  %  fols  de  France, 

'  Fdyoît.  Monnoie  de  compte.  On  évalue  le 
Byote  tantôt  fur  le  pied  de  la  piftole  de  France, 
c'eft-à'dire,  à  10  livres,  tantôt  à  izliv,  tofols; 
petir-être  cette  différence  vient* elle  de  ce  que  la 
première  cvaluattoa  eft  faite  fur  la  livre  de  France 
qui  vaut  ao  fols,  ^  b  deuxième  fur  la  livre  ou 
florin  d^HoUande,  qui  vaut  3  liv.  %  fols  9  de- 
nier?. 

*  Filours,  Monnoie  de  cuivre,  efpèce  de  gros 
doable  ,  dont  il  faut  huit  pour  faite  un  blan- 
quille,  menue  monnoie  d'argent  de  la  même  ville, 
qui  vaut  1  fols  6  deniers  de  France, 

7  Fenin,  Monnnie  de  compte  en  yfage  pour  te- 
nir les  livres  ;  c*cft  aufli  une  efpèce  courante  de 
cuivre  :  l'un  &  Tautre  fenin  vaut  a  deniers  ^  de 
France  ;  Il  en  faut  î  a  pour  le  gros ,  &  14  gros 
pour  la  rixdale,  prifc  fur  le  pied  de  Véfu  de 
yraoce  de  60  foist 


MonnoUs  d'argent  &  dt  hdhn* 


Noms 

des 
Efpèces. 

Lieux 

ou  elles 
ont  COU!  s» 

Poids. 

TtTRE» 

Valeur 
en  argent 
de  France 

FJett  ^ 

FlettMarc 
Danche  ^ 

Danema* 
Danema. 

gfos  h  S''- 

tien.  gr. 

uv.  foi.  d. 
î6 

OBSERVATIONS. 

'  Fktt,  Le  flect  ou  fletchc  daller  vaut  4  marcks 
ou  64  fchellings  Danois. 

^  Fhn  marc  Danche,  Ou  16  fchellings  Danois , 
ou  %  fchellings  lubs. 

Fhnn*  Monnoie  réelle  &  courante,  ou  mon- 
noie imaginaire  de  compte.  Les  négocians  &  ban- 
quiers d*Hollande  &  de  piufieurs  villes  d'Alle- 
magne &  dltalie  ,  fe  fervent  de  florins  pour 
tenir  leurs  livres  6c  dreffer  Icuj-s  comptes.  Ces 
florins  font  de  différentes  valeurs,  &  ont  diverfes 
divifions. 

En  Hollande,  le  florin  décompte  ou  courant 
eft  de  40  deniers  de  gros ,  &  ù  divife  en  patars 
&  en  penins. 

Le  florin  de  banque  vaut  4  à  5  pour  cent  plus 
que  le  florin  courant  :  on  rellime  41  à  43  fols  de 
France. 

A  Strasbourg,  il  eft  de  13 fols,  &  fe  divife  en 
cruys  &c  en  penins  mrinnoie  d* Al  face. 

A  Lille»  Liège,  M^ftreicht,  le  florin  çii  de  iq 
fols  ou  patars,  &  vaut  î^  fols  de  France.  A  Emb- 
den  le  florin  vaut  28  fois  de  France. 

Le  florin  d'Allemagne  eft  de  60  kreutzers  ou  i  ç 
batx»  ou  30  albus.  Se  vaut  ^o  fols  de  France, 

Le  florin  de  Brabant  eil  deux  tiers  moins  fort, 
&  ne  pèfe  que  20  albus,  ou  1  liv.  13  fols  4  de^ 
nicrs  de  France. 

Le  florin  de  Dmtzlck  &  de  Konisbcrg  eft  de 
30  grofch.  Le  grofch  de  18  penins.  Trois  florins 
font  la  rlxUale ,  le  florin  vaut  17  fols  de  Francc- 

Le  florin  de  Breflaw  eft  de  10  fil  vers  gros. 

Le  florin  de  Genève  vaut  ii  fols  de  Genève  j 
il  en  faut  10^  pour  un  écii  de  3  Uv*  qui  en  font 
5  de  France. 

Le  florin  de  SuiATe  vaut  4  bat^  ou  ï6  kreurzers. 

Le  florin  de  Coire  vaut  x6  fols  8  den,  de  Berne^ 

Le  florin  de  Bafle  de  j6  kreutzers,  3  1  fols  j  de 
Berne. 

L*  florin  de  Zurzach  de  60  kreutz-rs,  33  fols 
4  den.  de  Berne, 

Le  florin  de  S*  Gai,  t  liv,  15  fols  3  den.  de 
Berne. 

Le  4!oan  de  compte  de  Piémont  ou  de  Savoie 
eft  de  12  fols  monnoie  de  ce  pays,  ce  qui  fait 
^  florin  i  ou  18  fols  4c  Genève. 

Aa 


i86  M  O 

Af,  nn  nés  iT argent  O  it  hdlon* 


Noms 

ci es 
Efpècc^,   < 

Lieux 

oii  elles 
^ntcoiïr«. 

Poids. 

Titre. 

Valeur 
en  argent 
de  France 

^ros  ~  gr 

Jea. 

grai. 

liv.  fol.  1!. 

Florin  (Ji 
1603  i 

Gènes 

t        6 

II 

6 

M 

Florin 

Liège 

%      27 

6 

16 

I     1    \ 

{Florin 
i  Florin 

Mayence 

liade- 
Douriach 

1  i    t 

9 

S 

la 

I  II 
I     3    3 

Florin'^    ' 

Palatin 

î      ^5 

11 

20 

1  16 

i  Florin 

Brunfwic 

a         i 

9 

»3t 

1    8    î 

{  Florin 

B^dc-Bacl. 

«  i  «3 

3 

ao 

1     1 

\  Florin 

Anfpach 

I  ^  9 

8 

»3 

t    7 

1  Florin 

B^reiclt 

I  ï  9 

9 

I     8 

{  Florin 

Cologne 

t  1  «6 

8 

21 

I     t    8 

f Florin 

Monifott 

.1.6 

9 

»          9 

i  Florin 

Nervi:d. 

I  i  lî 

9 

I     I    9 

Folle  * 

Fg.^tc 

.... 

.    .    . 

3 

Fr:^ncs,  •♦ 

\  Fr-ncs 
^JiîcFranc 

France 

î  i.i 

to 

I 

Ffnncef- 

coni  5 

Tufcane 

7       11 

II 

5    li    lO 

OBSERVATIONS. 

»  /7«>r//i  1/^  i<yo2  6»  (/^  i^o_y.  Les  pièces  de  5  flo- 
Tini  d  Hollande  s'appellent  ducaions,  mais  valent 
plus  qii«  le  duc:  ion  ordinaire. 

*  Fiorin.  Ce  florin  eft  de  60  kreutzers, 

'  foiU,  M^nnoie  de  cuivre.  On  la  nomme  ayiTi 
bulbe  on  bulba.   8  folles  font  le  mclden. 

4  Francs.  Cette  monnoie  a  été  fabriquée  en 
1$7^  ,  fous  le  règne  de  H^nri  IIL 

'  Francefcani.  Le  francefconi  eft  fijié  à  6  liv. 
13  fols  4  den.  bonne  monnoie,  fuivant  la  façon 
d'èvalnerà  Livourne,  ce  qui  fait  une  piaftre  3  (b!s 
tden.  de  8  réaux,  du  poids  de  ^59  grains ,  poids 
de  Livourne ,  &  de  j  t6  grains  poids  de  marc  de 
France. 

G*jth.  Monnoie  d'argent  du  royaume  de  Com* 
boya  dans  les  Indes  Orientales  :  elle  f  èfc  un  mas 
cinq  condorins  Chinois.  Le  titre  de  cette  mon- 
ooïc»  autrefois  de  80  tocques,  eft  defceoJft  à  60 
lec^^ues. 

GjTtjéU.  Monnoie  d'alliage  de  cuivre  &  d'étatn 


Îfiîi  fc  fabrique  à  Pégiî  ;  il  eft  libre  à  chricun  J'en 
aire  che2  foi»  en  payant  les  droits  du  roi  :  la  va- 
leur nen  eft  point  fixe;  ils  valent  ordinairemem 
î  à  3  fols  de  France. 

GarL  Monnoie  de  compte  en  uf^ge  dans  plu- 
ficurs  endroits  des  Indes  Orientales  ,  particulière- 
ment dans  les  états  du  Mogol  :  un  gari  de  rou^ 
pies  vaut  environ  4000  roupies, 

Qj^ma  OJ  ^^{jv.î.  Monnoie  des  Indes  Orien- 
tales ;  c*eft  une  des  roupies  qui  ont  cours  dans  le 
Mogol,  fur-tout  à  Amadabaih,  oii  elle  vaut  50 
fols  monnoie  de  France. 

Gduza.  Monnoie  de  cuivre  &  d*étain  qui  a 
cours  dans  le  royaume  de  Pégu  ;  on  n'en  a  pas 
d*autres,  malgré  Ton  mauvais  alloi ,  pour  payer 
lor,  Targvm  èi  autrei  marchandifes  précitufes, 

Gj^f,  Perfc.  Monnoie  de  cuivre,  .  .  6  den. 
On  la  confond  quelquefois  avec  le  kabefque. 

Grâce,  Monnoie  de  bilton  qui  fe  fabrique  &  qui 
a  cours  à  Florence  &.  dans  tous  les  états  du  Grand- 
Duc,  Elle  vaut  cinq  quatrins,  ou  i  fi)I  j,  Oa 
n'en  donne  prefque  pis  d^ns  les  grands  paie- 
iîi:ns,  m.its  feulement  dans  le  négoce  journatier 
des  denicCi  &  menues  marchandifes. 

Grain,  Mjlthe,  Il  y  en  a  de  différcns  paids 
&  valeur,  comme  de  15 ,  de  10  &  de  5  grains, 

Grevcn.  Mofcovie,  C'eft  la  même  monnoie  que 
la  grive  ou  le  grif ,  valant  10  fols. 

Grçs,  Petite  monnoie  de  bll^on  tenant  quelque 
peu  d*arj;cnt ,  qui  avoit  cours  en  Franche-Comté 
avant  que  cette  province  eût  été  réunie  à  la  cou- 
ronne de  France, 

Gros  ou  grjf^he*  Monnoie  en  irfige  dans  plu- 
fieurs  viUcs  iCAlîemagnc,  dont  la  valeur  varie 
fuivant  les  lieux. 

A  Berlin  ,  la  rivdale  ou  écu  à  la  croix  vaut 
24  bons  gros  ou  30  gros  ordinaires;  c'eft  fur  ce 
gros  que  s'évaluent  toutes  les  monnoies  qui  fe  fa- 
briquent dans  cette  ville.  Il  y  a  des  pièces  de 
2  gios  ,  de  1  gros  &  de  7  gros. 

A  Brèm-%  la  rixdale  vaut  3  marcs  ou  71  grost 
le  marc  valant  24  gros  ;  ainft  le  gros  vaut  envi- 
ron I  fol  de  France,  &  le  marc  14  fols. 

A  Brcflaw  en  Siléfie ,  il  faut  30  filvers  gros  pour 
faire  la  rixdale  de  9okremzers;  le  gros  de  3  krcut- 
zers  vaut  environ  1  fols  6  deniers  de  France. 

A  D^ntzick  ai  à  Konisberg,  la  rixdile  vaut  3  flo- 
rins ou  90  gros.  Le  florin  vaut  30  gros,  le  groi 
18  pcnins  :  84  gros  polonois  font  une  rixdale  de 
Francfort. 

A  Hambourg.  Le  marc  lubs  vaut  16  fols  lubs, 
le  fol  lubs  vaut  a  deniers  de  gros^  la  lîv*  de  gros 
20  fols  :  3  marcs  font  la  rifdale. 

A  Leipfick  24  gros  font  k  rixdale  «  ce  qui  re- 
vient à  environ  3  fols  de  France  le  gros* 

A  Naumbourg  &  à  Vcnife ,  le  gros  vaut  jj 
foldi  banco  ou  32  piccioU. 

A  Vienne  en  Aurriche,  30  gros  font  la  rixdale 
de  90  krcutzcrs,  ainfi  le  gros  vaut  3  kreutxers  ou 


M.kel- 
bourg. 

France 


Gros' 
Gros,  vie* 

Gras,  piè 
ce  d'un  gr 

Gros  d 

JlgfOÎ 

Gros  i€  8 
hoas  gros 

GfoSLOiir' 
nais  ' 


GnMenou  ... 


L 


O  B  S  £  R  V  A  T  I  O  N  i. 

ifols  6  deniers  ds  France,  le  fol  de  banque  vaut 
Il  gîo    ou  -^  dtjcâï  de  banqae. 

Le  ducat  de  banque  ou  de  change  vaut  24  gros 
ou  iî4foldi  ou  mirchetû,  ou  6  liv*  4piccioli,  le 
gros  étant  de  5  ^  foldi. 

La  livre  de  biinqu^i  vaut  140  gros  ou  lo  ducats 
de  banque»  qui  font  11  ducais  courans  ;  ainfi  îe 

F  roi  de  Venife  vaut  environ  2  fols  6  deniers  tle 
rance. 

*  Gros,  On  nomme  une  livre  de  gros  une 
forte  de  mon  noie  de  compte  ou  imaginaire  dont 
CD  fe  fert  en  Hollande,  en  Fiandre,  &  âjm  le 
Btabant  i    b  livre  de  gros  vaut   plus   ou  moins 

.  fui  Tant  les  lieux  oîi  elle  cû  en  ufage  :  elle  aug- 
incnrc  ou  diminue  de  valeur  à  proportion  que  Te 
change  hauiTe  ou  baifTe. 

Le  gros  ou  denier  de  gros  vaut  8  penins. 

*  Gros  tournùis*  Fabriqués  fous  le  règne  de 
Saint-Louis. 

*  Gulden  ou  touîde,  Monnoie  d'argent  de  la 
valeur  de  6okreutzers,  évaluée  à  environ  50  fols 
de  France» 

U  y-  a  en  Flandres  des  gulden  qui  ne  valent 
«pie  14  fols  de  France.  Il  y  a  à  Amilerdsm  deux 
fortes  de  monnoies  d'argent ,  à  qui  on  a  donné 
le  nom  de  gulden;  l'un  fimplement  giiHen,  qui 
cH  le  florin,  l'autre  goulte  gulden,  qui  ert  le  flo- 
rin d'or,  quoiqu'il  ne  ibit  que  d'argent,  &  même 
d^afli-z  bas  titre,  qui  vaut  un  florin  huit  foîs. 

Half'RixJj.,.U<n  Copenhague.  Cdl  la  demie 
riidalc,  qui  vaut  3  marcs  Danois  ou  1  Uv.  lofois 
de  Fn&ce« 


Hdlf-Rix  marc  Danois,  D  vaut  8  fchcUingS  ou 
fluyvers  Danois,    10  fols  argent  de  France- 

Ha^ûfr  denarie*  Perfe.  Il  vaut  10  mamoudls, 
Voyei  mamoudis* 

Hdltr,  Cologne.  Le  heller  vaut  î  dcr.T^.  8  bél- 
iers font  Talhus,  U  tautySaibtls  pour  la  rijtdak  de 
çfO  kreuizcis, 

HoUr,  Allemagne.  Petite  monnoie  de  cuivre 
qui  vaut  i  <Jeni,r  de  France, 

Jafimske.  Mofcovie.  Les  Mofcovitcs  nomment 
ainfi  les  rixdales  ou  écus  blancs  d'Allcnragne  ;  les 
premières  de  ces  efpéces  furent  frappées  en  i  J 19 , 
dans  la  ville  de  Jochimflil  en  iiohème, 

JcrunfrQihen^  Turquie.  Monnoie  du  Grand-Sei- 
gneur ,  qui  a  cours  étïi  fcs  états  pour  un  demi 

duc. if, 

A/f.  Italie*  Monn':^ie  de  bitlon ,  qui  vaut  en^ 
viroiî  5  fols*  Les  Italiens  comptent  par  tefïons , 
écus  ik  Jules.  La  p:lio'e  d^Erp^gne  vau:  à  Rome 
ji  iules,  &  Técu  de  France  10  fuks  ou  environ. 

KcbefquL  P^rfe.  Le  kabcfqiii  vaut  enPtrfe  9  den» 
it  en  faut  10  pour  le  chayé* 

KaragrQche.  Confîaniinopîe.  On  nomme  ai^fi 
à  Conitantlnople  le  rixdaler  d'Alltmagne.  Le;  ki- 
r:»groche  ell  reçu  fur  le  pied  de  Técu  de  Fiance 
dt  60  fols,  c*cii  à-rlire ,  pour  80  afpres  de  hoA 
aloi,  &  pour  ixo  de  maL-vals. 

*  Hontes  dater.  Cette  monnoie  d'argent  a  cours 
fur  les  frontières  de  France,  où  cUc  vaut  50  fols 
du  pays. 

*  Ou  10  fols  du  pays. 

Aa  % 


MON 


MonnçUs  Xargtnt  fr  di  bilhn* 


Noms 
des 

Efpèces. 


Lieux 

oii  elles 
ontcours. 


jros  z  %^'  A^^*  S»'^!'  liv.  iôL  d» 


Kreutzer 
ou  Creut 
zer  » 

Kreutzer 
ou  pièce 

de  6 
Krcutzers 

Pièce  de 

iiKreut- 

Z€t$* 

Licre  ou 
Acre , 
Lack, 

Leeth  ou 


Mlemag, 


Wirtcm- 
berg 

Bade- 
Daurlach 


Surate 


LiÇ&llL  VU 

Lccque  *[ 


Pon>s.  TïTRl, 


Valiur 
en  argent 

de  France 


i  ï?      4     10 


î3î      6    lï 


4    7 


MON 

MonnoUs  d*argini  &  de  b'tllon: 


OBSERVATIONS. 

»  Kr^utur  ou  cuuticr.  Aîonnoie  de  cuivre  qui 
lert  aufTi  de  monnoie  de  compte. 

Le  krcuizer  vaut  8  penins  ou  lo  deniers  tour* 
nois.  It  faut  8S  kreutz?rs  d'Ausboarg,  %  de  Ny- 
remberg,  &i  90  de  Francfott  pour  faire  Tècu  d'Al- 
lemagne, qui  vaut  3  livres  ly  fols  à  4  livres  en 
France*  Quand  on  tient  les  livres  en  dallers  ou 
rixdales,  le  datler  vaut  90  kreutzers  :  fi  c'eA  cm 
nxdales ,  on  edime  la  rixdale  fur  le  pied  de  90 
kreuuers. 

^  Liicrt  ou  acn ,  l>icq ,  hcth  OU  hcque,  Mon- 
noie de  compte  de  Surate  &  des  autres  états  du 
Mogol ,  qui  vaut  iqo,ooo.  \3n  lacre  de  roupies 
vaut  î 00,000  roupies,  ce  qui  fair  en  livres  (1er- 
Rngi  1  ri^8  livres  ,  en  donnant  à  la  roupiî  la  va- 
leur de  1  fols  3  deniers  aulTi  fterlings  i  c'eft  à -peu- 
prés  ce  quon  appelle  une  tonne  d'or  en  Hollande  ^ 
éc  un  million  en  France,  non  pour  la  valeur, 
mais  pour  Tufage  qu'on  en  fait  en  France, 

Larïn.  Efpéce  de  monnoie  de  compte  dans  tout 
1  Orient,  où  elîe  eft  auffi  monnoie  réelle,  Tune 
&  Tautre  pour  ii  (o\s  de  France,  quoique  la  va- 
leur intrioftqae  du  larin ,  efpèce  courante ,  ne 
foit  qiie  de  11  fols  3  deniers,  à  caufc  de  9  de- 
niers retenus  par  les  princes  Arabes  pom-  le  droit 
de  inonnoyagc. 

Le  larin  e/l  d'arj'cnt  à  lO  deniers  13  grains;  fa 
âgure  cfl  un  SI  rond  de  la  longueur  d'un  travers 
de  potice»  de  la  grofTcur  du  tuyau  d'une  plume 
i  écrire  ,  plié  en  deux  »  &  un  peu  plus  aplati  pour  ] 
icccToir  iempr:tuts:  de  ourJ^jucscAraderei»  AraJbes   i 


Noms 
des 

Efpéces, 

Liiux 

ou  elles 
ont  cours J 

Poids. 

Titre. 

VALEVa 

en  argent 
de  France 

gros  {  gr. 

den,  grai 

liv.  fol.  cL 

Lcwedaar 
dcrs* 

Hollande 

.... 

.... 

'  'fl 

lîard^ 

France 

17| 

V 

OBSERVATIONS. 

ou  Perfans  qui  lui  tiennent  lieu  de  coin  du  prince* 

Les  larins  que  font  fabriquer  les  émirs  «  font 
marqués  à  leur  coin  *  on  donne  pour  le  larin  de* 
puis  105  jufqu'à  io8  bafarucos ,  petite  monnoie 
des  Indes. 

Larin,  En  Perfe.  Les  larins  font  reçus  fur  le 
pied  de  1  chayes  f  »  ce  qui  revient  à  leur  valeur 
inirinféque  de  1 1  fols  3  deniers  :  8  larins  font  uir 
hor  ou  or,  &  ID  hors  font  un  toman  de  Pcrfe> 
qui  vaut  45  à  46  livres. 

Larrts,  Aux  Indes.  Cinq  larrés  font  la  pîaftre» 

Z*/ttr«.  vAngleterre.  il  vaut  20  fols  de  France* 
Il  a  été  fabriqué  en  161 9. 

L(am>  En  Chine,  Morceau  d  argent  qui  fe  prend 
au  poids ,  ëc  qui  fert  de  monnoie  courante  ,  qus 
les  Portugais  appellent  itlie  ou  taeL 

Lèche,  Amérique.  On  nomme  aîn^  dans  le  mon- 
noyage  de  rAmértque,  &  principalement  au  Mexi* 
que,  une  efpèce  de  vernis  de  lie  qu*on  donne  aux 
piafircs  qui  s*y  fabriquent.  Ce  vernis  fait  préfé- 
rer les  piailres  colonnes  aux  Mexicaines ,  a  caufe 
du  déchet  qu*il  hiite  à  la  fonte  de  prés  d*un  pour 
cent. 

Lèondale.  Turquie.  Quoique  les  léondales  ne 
foient  guère  diflércntcs  des  rixdales  ou  écus 
d  Hollande  pour  la  forme  «  le  prix  n'en  eft  pas  G 
fort.    L'écii  valant  depuis  48  jufqu'à  50  aipres  » 

6  la  léoniile  feulement  40. 

LéonJaie.  Pour  les  diflinguer,  on  appelle  Técii 
d'Hollande  caragroch ,  &  les  léondales  ftmplc- 
mcm  gfoch ,  dont  on  voit  beaucoup  fur  les  fron- 
tières de  Ruffi^,  parce  que  tout  le  commerce  dé 
Vaîachie  &  de  CnnHantinoplc  qui  pafTc  par  les 
provinces  d'entre  le  Nieftcr  &  le  Danube ,  ne  k 
fait  prcfqu'en  léondales. 

LiopoÙn   Monnoie  de  Lorraine ,   du  poids  de 

7  gros  çi  grains,  au  titre  de  2  deniers  ai  grattti. 
Les  léopoldi  ne  font  plus  reçus  quaux  h6tcli 

é%s  monnoies  à  34  livres  la  ms^c, 

*  "Le^f'cdadUers,  Monnoie  d**rg(;nt  f;àbriquce 
pour  le  commerce  de  Smirne» 

^  Liard  de  cuivre.  Les  liarJs  font  de  80  sa 
marc,  au  remède  de  4  pièces. 

Les  liard  s  de  Lorraine  font  profcrits  par  airTt& 
des  2.7  juillei  1738  &  27  mars  1719- 


•  li/.  A ncienne  raonnoieTeçyeaAuellementaux 
lotds  des  monnotes  à  3  5  liv.  8  fois  4  dsn.  le  marc. 

*  Lh'rc  tournois,  La  livre  tonrnoiS  cft  compo- 
ftc  de  oo  fols  touriïois,  &  chaque  fol  de  12  dtn, 
auHî  tournois* 

La  livre  Parifis  efl  de  lo  fols  Parifis ,  &  le  fol 
Pari&s  de  1 X  den.  Parlfis ,  chaque  fol  Parifis  valant 
jf  deniers  tournois;  en  forte  qaune  livre  Parifu 
rase  2^  fols  tournois. 

Lï  livre  de  compte  numéraire  ell  compofée  de 
îo  fols,  Ô£  chaque  fol  de  11  d.  la  îiv.  de  France. 
ïiBt  à  Amfterdam  9  f  communs  &  5  fenins- 
Anvers  9  f.  communs  &  6  fcnîns. 
Ausbourg  11  kreuners  6c  2  fenins, 
Avignon  1  livre  comme  en  France* 
Ba^'îe  2X  krcutzers. 
Bergame  40  fols  de  change. 

Berlin  6  bons  gros. 

Brcflaw  21  kreutzers  &  6  fenins. 

Cadix  4  réaux  de  veîlon, 

Conftantmople  40  afpres. 

Cracovîe  22  gros  Polonois  &  6  fcnlns^ 

Copenhague  1 5  fchellingsDanoîs  &  6  fenini,. 

Dantzlck  22  gros  Polonois  &  6  fenins. 

Drcfde  6  fylvers  gros. 

Florence  y  fols  &  1 1  de  ^  rs  d'or, 

Francfort  22  krcurzers  &t  6  fenins. 

Gènes  24  fois  &  S  deniers  couransr 

Genève  26  fols  ■;  petite  monnoie. 

Hambourg  9  fols  lubs  de  banque. 

Konisberg  22  gros  Polonois  &  6  fenins. 

Lcipfick  6  fylvers  gros, 

Lisbonne  166  rés  Ôi  |, 

Lvournc  3  fols  &  i  r  deniers  d'or. 

A  Londres  1 1  deniers  llerling*. 

Madrid  4  réaujt  de  vslloii, 

Mefiîne  4$grainf. 

Milan  96  fols  3  deniers  courans. 

Naples  14  grains, 

Nuremberg  21  kreutzers  &  %  fefiln§.> 

Palerme  4^  grains. 

Péier&bourg  19  copecks. 

Rome  19  bayocques  61  i  quatrini, 

Siokholm  24  fluyvcrs  de  cutvrt. 

Turin  18  fols  &  2  deniers. 

Vakcce  ç  fols  &:  8  deniers- 


Varfovie  11  florins  {, 

Vcnîfe  2  livres. 

Vienne  22  kreutzers  8c  2  fenins, 

lulfs.  On  nomme  fols  lubs  à  Hambourg  8c  en 
plufteurs  villes  d'Allemagne  ,  une  monnoie  de 
compte  ,  dont  48  fols  lubs  de  banque  font  envi- 
ron f  Vivres  monnoie  de  France,  Quand  on  tienc 
les  livres  par  rixdales ,  marcs ,  fols  &  deniers  lubs , 
la  rixdale  vaut  48  lubs,  la  dalle  32,  le  marc  16, 
&  le  fol  12  deniers  lubf*  Voyez  marc  lubîS. 

Lyang,  En  Chine  vaut  une  pièce  &  ^  de  8^ 
réaux. 

Macouu*  Monnoie  de  compte  en  ufage  parmt 
les  Nègres  en  quelques  endroits  de  la  c5ie  d'A- 
frique, Si  principalement  fur  la  côte  d'Angole. 

La  macoute  v^t  ïo  fols  :  il  en  faut  10  pouf 
le  cent;  autre  forte  de  monncie  de  compte  fii 
ufage  parmi  ce[te  nation. 

A  Malimbo  &  à  Cabindo,  à  environ  30  lieue« 
plus  loin  fur  la  même  cûte  d'Angole  ^  on  compte 
par  pièce. 

MizéJ'm,  Egypte,  Du  poids  de  3  d'en.  6  grains  ^ 
valant  18  à  11  deniers  argent  de  France,  tuivant 
le  change. 

Maille.  France*  Monnoie  iroaginaire  ou  de 
compte ,  eflimée  la  moitié  du  denier  tournois ,  ou 
fa  24'  partie  d'un  fol  10 13 mois.  La  maille  fe  fub- 
divîfe  en  a  pkes,  &  chaque  pire  en  2  femi-pites. 

*  Uvres  d'argents  Fabriquées  en  1719  ,  à  la 
taille  de  65  rT%  au  remède  de  6  grains  de  fin  ,  & 
de  fj  de  pièce  pour  le  poids ,  &  reijues  à  préfcnr 
aux  hôtels  des  monnoies  à  36  livres  6  fols  4  dé- 
mets !e  marc. 

^  Livre  jhrfmg,  La  livre  Aerliflg  d'Angleterre, 
que  Ton  ncmme  auflî  pundt,  Sl  quelquefois  pièce , 
vaut  20  fols  ilerlings  ou  oofchellings.  Le  fol  ïler- 
ling  Talant  iî  deniers  flerlings  ou  12  penios»  & 
le  denier  flerïing  ou  penin  eflimé  ij  deniers  j  tour-' 
nois>  la  liv,  fterling  au  pair  à  48  Uvres  le  marc 
d'argent,  monnoie  de  France,  vaut  23  liv.  14  fols- 
1  écn.  à4t;liv.  1 6 fois  le  marc,  14 liv.  ii  f.  laden- 

3  Louis  d'argent ,  ou  ici*  Blaiic  y  fabriqué  ^i* 
1641  5c  en  1720. 


190 


MON 


Mamoudi,  Perle  8c  aux  Ind^s  Orientales.  Le 
mamoudt  Perfaa  eft  de  la  forme  Si  à-peu -prés  de  la 

frandéur  quéioient  les  louis  de  cinq  fols  de 
rancc  ;  il  vaut  2  chaycs  ou  fchacs.  Il  faut  2  mi- 
moudis  pour  faire  Tabaliy  ,  &  100  pour  faire  le 
icmjn ,  la  plus  forte  monnoie  de  Perfe. 

La  valeur  des  mamoudis  ou  mamedis  des  Iiîdes 
ncù  pas  Bxc  ;  dans  le  royaume  de  Guzarate  ,  le 
mamoudi  vaut  12  fols,  dont  il  faut  J  pour  Técu 
de  France,  ou  la  réalc  de  8  d^Kfpape.  Les  petits 
mamoudis  valent  à  proportion ,  c  eit- a-dire  »  6  fols 
dans  le  Guzarate^  6c  plus  ou  moins  au  Bengale  » 
fulvant  que  le  mamoudi  hauffe  ou  baiflc  de  valeur. 

Mar<:,  AUemigne,  Suédî:.  Anciennement  il  fe 
dlvifoîi  eu  S  parties. 

Ceil  encore  une  monnoie  de  cuivre  de  Suède» 
qui  vaut  environ  1  foh  6  6c(\.  de  France  ;  en  forte 
que  le  pair  de  Tècu  de  France  de  60  fols  tA  de 
34  marcs. 

Atarc  iiits.  Hambourg.  Monnoie  de  compte, 
qui  revient  à  une  livre  tournois  de  France,  La 
riidale  d'Hambourg,  femblable  à  Tècu  de  France 
de  6d  fols,  cft  ccmpofee  de  trois  marcs  lubs, 
chaque  marc  lubs  de  16  fols  lubs  ;  en  forte  que 
la  rixdafe  ett  de  48  lubs. 

C*eft  encore  une  monnoie  de  Dancmarck  qui 
vaut  16  fchellings  Danoi*!  ou  8  lubs.  Il  faut  it 
marcs  Danois  pour  le  ducat  :  on  le  nomme  quel- 
quefois marC'Ianfch.  Le  fcheldal  ell  un  double 
marc  lubs  ,  qui  vaut  la  moitié  en  fus  du  marc 
lubs. 

Ma-tengros,  Brunsfwick.  Monnoie  de  compte 
fcrvant  à  tenir  les  livres  &  les  écritures  :  il  fe 
divife  en  8  penins  ;  il  en  faut   36  pour  U  rix- 

Mayon^  en  Siamois  feling,  Siam.  Le  m  ay on  eft 
la  quatrième  partie  du  tical ,  qui  vaut  3  liv.  4  fols 

6  den.  monnoie  de  France ,  fur  le  pied  de  6  liv. 
10  fols  l'once  d'argent ,  en  forte  que  le  mayon 
cii  de  t6  (oh  1  den.  de  la  même  monnoie, 

MéJin*  Turquie,  Au(Ti  monnoie  d'argent  qui 
vaut  3  afpres  de  Turquie  oa  18  deniers  monnoie 
de  France. 

Méidin  ou  Mmdîn,  Egypte.  Petite  monnoie  d'ar- 
gent :  on  donne  8  forles  ou  bulbas  pour  un  méi- 
din; 33  raàidins  font  la  piaftrcj  fulvant  le  cours 
qu'elle  a  en  Egypte, 

Monaco,  Mourgues.  Monnoie  d'argent  frap- 
pée aux  armes  du  prince  de  Monaco* 

Mùnnoie  Je  Suc  Je.  Sorte  de  cuivre  très-doux^ 
très- malléable ,  qui  vient  de  Suéde,  où  il  fcrt  de 
monnoie  ;  elle  eft  en  petites  planches  ou  pièces 
carrées  •  épai(Tc  de  trots  écus ,  du  poids  de  cinq 
livres  { ,  ù  marquée  aux  4  coins  du  poinçon  de 
Suéde ,  oii  elle  a  cours  pour  une  riitdalc. 

Monfyue»  Alger.  Monnoie  de  compte  ;  il  y  a 
le  fimplc  &  le  double,  qui  valent  20 fols,  &  10 
fols  de  France. 

Moroedie.   Pcrfe.   Monnoie  d'argent  ;  il  en  faut 

7  peur  faire  l*écu  d'Hollande. 


MON 

Miiskofike.  Mofcovîe.  Il  vaut  le  quart  du  copec, 

Na^ara.  Turin.  Petite  monnoie  d'argent  taillée 
en  carré. 

Ni:Jle,  France.  Petite  monnoie  de  bj!lon  dont 
on  fe  fcrvoit  encore  en  France  vers  le  17*  fiécîc^ 
qui  vJoit  15  deniers, 

OîfûU,  France.  Ancienne  petite  monnoie  ea 
or,  en  argent  6c  en  cuivre,  dont  ta  valeur  étoU 
différente. 

Ochavo  ou  OSiavo,  Ef^agne.  Monnoie  de  cui- 
vre i  loftavo  vaut  2  maravedis  de  vellon  :  il  cû 
faut  17  pour  une  réale  de  veilo:i  ;  il  y  a  des  oâa- 
vos  de  4  Se  de  8  maravedis,  qu'on  appelle  ordi- 
nairement les  uns  des  quartos,&  les  autres  dou- 
bles quartos. 

On^e,  Sicile,  Monnoie  de  compte  pour  éva- 
luer les  clungcs  à  Melfine  &  à  Pilerme,  fie  pour 
tenir  les  écritures  &  livr:s  de  commère:;  loncc 
y  vaut  30  tarins  ou  60  carlini,  ou  600  gains; 
le  tarin  vaut  20  ^r/mi ,  &  1^  grain  6  ptcdolis» 

Oon  Djnjis.  D  ncmirck,  Mo.moie  dat^gem 
qui  vaut  i  marc  :■  Danos,  ai  environ  aj  f^ls  de 
Fiance, 

Fadan.  MogoL  Le  padan  vaut  100  courons 
.^e  roupies»  le  couron  vaut  ïoo  la;ks,  le  Uck 
100,000  roupies ,  6c  la  roupie  eft  évaluée  à  }  fob 
lournois, 

P^^odcs,  Aux  Indes.  Mon?:oic  d*argent  qut  a 
f  our  marque  la  figure  d'une  idole  Lidienne, 
Cette  monnoie  eft  à  dtfFérens  titres  &  à  diâférens 
prix;  U$  moindres  valeat  8  tangas ,  ce  qui  vaut 
environ  7  fols  6  deniers  tournois.  Voyez  pagode 
d  or. 

Para ,  parât  ou  paraji.  Il  vaut  18  fols  de  France; 
Lts  36  péfent  prefqu'autant  que  la  piaftre  d'Ef- 
pagne. 

Fardao.  Portugal,  Le  pardao  vaut  environ  300 
rays  ou  20  fanos  d'argent. 

Pardaos,  Efpagne,  On  nomme  alafi  les  réaies 
ou  pièces  de  huit  :  elles  ont  un  certain  prix  ûmc 
au-deûfous  duc^^.l  elles  ne  baiifent  jamais.         Bfl 

Pardos.  Afrique,    Efpéce  de  monnoie  d'argeoV 

Parîjis,  France.  En  terme  de  compte ,  c*eft 
l'addition  de  la  quatrième  partie  de  la  fom^tie  au 
total  de  !a  fomme,  ainfi  le  Parifis  de  16  fols  eft 
4  fo's,  &  4  fols  Parifis  font  ç  fols,   &c. 

P.irpaivU,  Milan,  Il  vaut  1 8  deniers  de  France,  ^ 

ParplroU.   Chambéry,   Au  titre  de  2  deniers. 

Patac.  Avignon,  Il  vaut  environ  a  den.  de 
France, 

Pantca.  Portugal.  Les  Portugais  nomment  aitiC  , 
la  pi^iftrc  d*Efpagne  ou  pièce  de  huit.    Le  pataca 
vaut  750  rèis ,  &c. 

Pjtagon,    Flandres.    II  vaut  60  foU  de  France, 

Patard,   F.andres.   Il  vaut  3  deniers  monnoie  < 
de  compte  en  Hollande, 

(*uha.  Aux  Indes.  H  vaut  6  deniers  de  France, 
On  donne  50  ou  60  corîs  ou  coquilles  des  Mat- 
divrs  pour  le  pécha,  ou  40  à  4^  amindcs. 

Pemn  onpenning.  Hollande^  Monnoie  de  compte. 


MON 

M<mnûiu  £  argent  6*   ds  biHan* 


Nqms 
des 

Efpéccs. 


Piaflre  • 

Kaflrc 

vienne  , 

w 1745  * 

Pia0rc 
vieille 

{  P.aflre 
forte  ,  de 
1728. 


Lieux 

où  elles 
ont  cours. 


Efpagne 


Efpagne 


Mexique 


Poids, 


3    i    1 


Titre. 


Valeur 
en  argent 
de  France 


den.  grai, 
10     20 


iiv.  fol.  d, 
5     811^ 


10    10    j    8    8 


10    11    )     8    6 


10    22    2  14  10 


OBSERVATIONS, 

Les  comptes  fe  font  dans  les  livres  par  florins , 
(bis  &  p«noings  en  François  dans  les  Provinces- 
TJmcs  ;  6t  en  Hollandots  par  gulJcn ,  fluyvcrs 
&:pcnDÎng^,  ou  par  ponden ,  fcliellingen  61  gioo- 
tto  à  U  manière  Flamande,  c'eft-à-dire,  en  ar- 

feat  de  gros  >  par  livres,  fols  &  deniers.  Une 
ne  Flamande  nommée  paud^  vaut  6  florins  ou  30 
fallrs.  Un  fol  de  gros  ou  fchelling  fait  6  fols 
ou  fitiyvers  &  12  deniers  de  grosj  le  denier  va- 
hnt  U  moiiîe  d'un  fol  ou  8  pennings.  Le  fol 
d'Hollande,  nommé  lluyver,  vaut  i6penntnsou 
8  duttes ,  qu'on  prononce  deutcs  ;  deux  duites 
font  un  liard  ,  nommé  en  HoUandois  oorrie  ou 
4  penningç,  Atnfi  iipennings  font  }  liirds,  ou 
Ici  l  d'un  fo),  La  duite  ell  la  plus  petite  mon- 
aotecouramej  le  penning  la  plus  petite  monnoie 
ût  compte. 

Ptnny,  Angleterre.  Cefl  le  denier  flerling,  Se 
h  plus  petite  monnoie  d'argent  d'Angleterre ,  qui 
tsm  6  pennins  ou  deniers  fteilings-  La  pièce  de 
Il  pennys  fe  nomme  fchelling. 

Ptfo,  Lfpagne,   loooo  péfos  valent  i  ioo  ducits. 

Fartmene,  Allemagne.  Il  faut  6  petremeoes  pour 
fure  %  M%  d  Allemagne, 

*  PUJÎre,  Fixée  par  édit  de  1717  à  8  réaux 
10  quiftos  de  plate,  pefani  540  grains,  poids 
ûz  marc  d'Efpagne. 

Les  pîaJ!res  qui  fom  portées  aux  hôtels  des 
iiûanoks ,  font  de  celles  dites  neuves  du  Mexi- 
fjoe,  dont  le  tirre  ell  r.xé  par  nnét  du  îi  mai 
ïy^T»  ^  ïO  den.  20  grains,  &  font  reçues  auxdits 
Utels  lîir  le  pied  de  46  livres  11  fols  le  marc, 

•  Piapr<  due  pt ru  vienne  ,  fihnq'iée  en  174s  t 
f  Ums  %  fols  8  deniers  j^tH  ,  d'après  la  valeur 
wm^^fèque  du  marc  d'argent  monnoyé  en  France, 
ajram  cours  potir  49  lîv,  16  fols,  &  contenant 
^*7Î  H  grains  de  poids  en  matière  pure. 


M  O  N 

kîotmoiis  émargent  &  de  bilïon. 


191 


Noms 

Lieux 

V^ALEUR 

des 
Efpéces, 

oii  elles 
ont  cours* 

Poids. 

Titre. 

en  argent 
de  France 

l'os  \ 

-g'' 

dcii. 

grai. 

iiv.  fol.  d. 

Piaftre 

vieilîs, 
dite  du 
Pérou  • 

|Pérou 

7 

!   10 

'^^ï 

î      8    ir 

Piaflre 

aux  djux 
g'obes  de 
1743  ' 

•    '  •  * 

7 

5 

10 

21 

S     9     7 

Piaflre 
d  t^  quar- 
rc  long  > 

Nouveau 
Mexique 

^    i 

30 

10 

21 

î     8 

Pa'îre 
vieille  4 

Pérou 

7 

6 

10 

ai 

S     9     9 

Picoli  ^ 

Sicile        1 

Pièces  ^ 

Piémont 

12' 

3 

\       % 

Pièces  7 

Piémont 

11 

a 

6 

I     9 

Pièces 

SâV(  ye 

1    - 

a 

S 

2 

25 

3 

Pièces  s 

Géncs 

5 

22 

4 

Pièces  ^ 

Gèaes 

5 

ï 

M 

6 

P-èccs 

préfence. 

Aix  la 
Chapelle 

-           1 

ïi 

6 

2) 

.16      J 

Pièces 
d'un  Stu 
ber. 

Comîé  dt, 
ta  Marck 

1 

a 

1 

1 

I^ 

I    tt 

Pièces 

Pologie 

3-1 

4 

4 

I     rO 

OBSERVATIONS, 

•   Pïapre  vieille^  dite  du  pérou.    Contient  456 
grains  du  poids  François  en  matière  pure, 

^  Piaflre  aux  deux  globes  de  1748.  Contient  459 
grains  en  matière  pure. 

^   Pia(lrt  dite  quarré  Ln^.    Contient  453  grains 
du  poids  Français. 

4  Piaflre  vieille.   Contient  460  grains  du  poids 
François. 

î  PicolL  Monnoie  de  compte  :  il  faut  6  picolis 
pour  le  grain. 

^  Pikes*   Fabriquées  en  1629  &  1630, 

7   Pièces.  Fabriquées  en  1640  ou  1642. 

^  Pièces*  D*aLtr.s  au  titre  de  3  deniers  8  grains, 

^  Piki^^  D'autres  à  ^  deniers  6  grains. 


éMé 


19^  MON 

Monnoics  d'argent  &  de  hillotû 


Noms 

des 
Efpèces. 


Lieux 

où  elles 
ont  cours. 


Pièces 
d'un  Stu- 
ber' 

Pièces 
xl'un  Stu- 
bcr» 

Pièces 
d*un  Stu- 
ber 

Pièces 
vieilles 

d'un  Stu- 

ber 

Pièces  de 
a  Stubers 

Pièces  de 
s  Stubers 

Pièces  de 
3  Stubers? 

Pièces  de 

3  Stubers  •» 

Pièces  de 

4  Stubers 

Pièces  de 

Philippe 

IV  î 

pièces  de 

Phiiipj« 


fiergues 
&Julier^ 


Bergues 
ScJuliers 


Cologne 

Clève^ 

Diatorff 

Cologne 
Cologne 

Cologne 

Brande- 
bourg 

Efpagne 
Efyagne 


Poids. 


gros  i  gr. 


den.  grai< 
1        20 


i    9 
Î5 


i  * 

i  3* 
I      1% 

7      a» 
33 


Titre. 


x6 


lO 

10 
lO 


Valeur 
en  argent 
de  France 


liv.foLd. 


I  iP 


lO 


II 


6  5 
S  " 
8      3 

5  8      5 

6  14    X 


MON 

Monnoiet  d'argent  &  dt  tUlon: 


Noms 

des 
Efpèces. 

Lieux 

où  elles 

ont  cours. 

Poids. 

Titre. 

VAUim 
en  argent 

deFnMce 

gros  i  gr. 

den.  grai. 

Uv.foLd. 

Pièces  de 
Çbarl.11» 

Efpagne 

4        4 

Il 

j    S  lO 

Piftot  * 

Malthe 

•  •  •   . 

•  •  .  f 

S 

Piftole  3 

France 

•  •  •  • 

.... 

!• 

Pitc4 
Pitisf 
Plapper  « 

France 
Me  de 
Java 
Baûe 

•  •  •  • 

•  •  .  • 

« 

Pplding.7 

Mofcovie 

Polduras 
ou  Pol- 
trachs 

Mefcovie 

x6 

2      ao 

1» 

Poluskc  8 

Mofcovie 

Pound  9 

Angleter. 

Pouny  »• 

Mogol 

Quadrin** 

Rome 

Quart 

dtcu  »> 

France 

*  i   I 

II 

«5 

OBSERVATIONS. 

'  Pièces  d^un  ftuher.     Fabriquées  eo  17)6^ 

*  Pièces  d'un  ftuber.    Fabriquées  en  1738. 

}  Pièces  de  }  fiuherSf  Fabriquées  en  1720. 

.4  Pièces  de  ^  ftuber  s.  Fabriquéçs  en  175p. 

^  Pièces  de  Philippe  ITj   Contenant  453  gros 
1^  grains  du  poids  François  en  matière  pure. 

^  Pièces  de  Philippe  IV.   Fabriquées  en  1630 , 
I  TcAftie  ^  ^vif  um^  fupportéçs  j^r  des  lâofis. 


OBSEÏIVATIONS. 

«  Pièces  de  Charles  IJ.  Fabriquées  en  167a, 

*  Piflor.   Petite  monnoie. 

)  Piftole.  Monno}e  de  compte.  Voyez  aux  mon* 
noies  d*or. 

'4  Pite.  Monnoie  imaginaire,  le  quart  fpn  dé^ 
nier  tournois ,  ou  la  moitié  d*une  maille  ou  obole* 

s  Pitis.  Monnoie  ,  moitié  plomb  &  moitié 
écume  de  cuivre.  On  nomme  cette  monnoie  00x4 
en  Cbiqois ,  dont  les  200  valent  1  fol  6  denieri 
dç  France 

^  Plapper.  6  ratzes  en  SuiiTe. 

7  Poldinguf.  Il  faut  20Q  poldingues  pour  tm% 
un  rouble. 

^  Poluskc.  Petite  monnoie  d*^rgent  qui  vmt  I4 
mpitié  du  copeç. 

9  Pound,  Synonyme  avec  pièce  &  livre  fieiv 
Ung.   Voyez  livre  nerlipg. 

■^  Pouny,  Monnoie  de  compte  qui  vam^ofaor 
ris  ;  il  faut  3  S  pouny  s  pour  faire  la  roupie  d^ 
Madras. 

"  Quadrin,  Ceft  le  denier  Romain  »  dont  i) 
hut  50  pour  le  jule.  50  quadrins  de  Flandres 
font  le  jule. 

}^  Quan  fiçUf  F^riqué  ep  i^8o. 


S 


p 

MON 

™              hi^nnùUs  d'argent  &  de  bdhn. 

KOMS 

des 
Bpéces. 

Lieux 

où  elles 
OUI  cours. 

Poids. 

Titre. 

Valeur 

en  argent 
de  Franco 

gros  i  gr. 

dco,  graî. 

liv.fotd. 

Quarto*  , 

ECpagne 

Qtûïo  » 

Florence 

.     ,      ,     * 

....  ' 

1  13  4 

Ratzc  < 

SuKTe 

Réale& 
Rèaujt* 

Efpagne 

RèlUK 

d«Bi 

Efpagne 

7       91 

11          6 

MON 

Monnaies  d'argent  &  de  hilhm'. 


m 


OBSERVATIONS. 

*  Quarto»  Mociaole  de  cuivre  qui  a  cours  pour 
4  ffliraTcdîs. 

*  QsiU^i,  Monnole  du  pays* 

^  Rai^e.  Monnoie  de  billon. 

*  fUale  6^  réaux»  La  8'  partie  de  la  piaflre  cou- 
lante; il  y  a  des  réaux  de  8  »  de  4  j  de  x  &  dc^ 
{  réaux*  Le)  réaux  de  8  font  les  ptailres,  de  4 
la  ^,  de  a  le  ^ ,  6t  le  i  le  7!^  de  la  pîaAre. 

î  Réaux  de  8*  Cw*ux  fabriqués  dans  le  royaume 
d'Aragon  en  t6i  1 ,  ne  pèfent  que  7  gros  9  grains , 
att  titre  de  lO  deniers  22  grains. 

Les  féaux  au  moulin,  de  1610,  pèfent  7  gros 
iieraius,  au  litre  de  to  deniers  11  grains. 

<5e$  efpèces  ne  font  plus  reçues  en  France  aux 
botels  des  mon  noies  que  fur  le  pied  de  46  Hv. 
ly  fols  le  marc 

Hid  de  vellon,  Efpagne.  Monnoie  de  compte 
cOBiine  en  France  la  livre.  Il  faut  iç  réaux  de 
vefl<m  pour  faire  la  piaftre  de  pi  ara  ou  d'argent  ; 
en  forte  qu'en  fuppofant  la  piaftre  à  60  fols  de 
France,  le  réal  de  vellon  ne  vaut  que  j  fols  de 
h^  même  monnoie, 

Rfu,  Portugal.  Petite  monnoîe  de  cuivre  cou- 
rame  &  de  compte.  Il  faut  750  réis  pour  ia 
pîaftre ,  &  la  piftole  à  proportion  ,  les  100  réis 
éç  Bréfil  falfant  la  livre  de  30  fols  de  France. 

RipfcL  Riga.  La  rixdaîe  fe  divife  en  ij  ri- 
^IclHp  &  le  florin  de  Pologne  en  5. 

RixdjUi,  Ailemague,  Flandres,  Poîo^ne  ,  Di- 
fi£ixiar€k  ,  Suéde,  SuiflTe  &  Genève.  Il  y  a  la 
risdale  réelle  &  la  rixdale  de  compte.  Li  réelle 
tfi  ce  qu'on  appelle  ccu  de  P Empire  :  elle  vaut 
r^  kreutzers,  Si  cft  évaluée  à  5  livres  Sfolsiour- 
n'\  ;  celle  d  Hollande  à  5  liv.  12  fols  9  den.  ; 
Cîlk  d*Hambourg  à  5  liv.  12  fols,  &  celle  de Da- 
nemarck  à  ;  livres  13  fols. 

La  rixdale  de  compte  a  fes  divlûons  relative- 

cpt  au  pays  oii  Ton  s'en  fert. 

Ans  &  Méîhrs.  Terne  K  Partie  L 


Noms 

des 
Efpcces, 

Ll£UX 

oii  elles 
ont  cours. 

Poids. 

Titre. 

Valeur 
en  irgent 
de  France 

gros. 

igr* 

deiî.  grai. 

tiv.  loi.  d. 

Rixdaldcr 

Hollande 

7 

xo 

ro          8 

S    6    î 

Rixdaler 
Couronne 

Dane- 

marck 

,  7 

6 

9        lî 

4  19    9 

Rixdaler 

Lubeck 

7 

10 

8       20 

4    9    î 

Rîxmarc  ^ 

Danema* 

Rixoorth^ 

Danema. 

, 

Rîzé  * 

Ronftiq.  4 

Stokolm 

OBSERVATIONS. 

A  Amfterdam  »  elle  fe  divîfecn  50  fols  communs 
ou  too  deniers  de  gros. 

A  Anvers,  en  48  patars. 

A  Ausbourg»  les  ico  rixdales  imaginaires  font 
comptées  en  tout  temps  pour  117  rixdales  argent 
courant,  qui  font  190  fijrlns  courons  ^ 

A  Bade,  en  50  fols  on  108  kreutzers, 

A  Berlin,  en  14  bon  gros. 

A  Breflaw,  en  25  bons  gros  ou  30  filvers  gros. 

A  Bruxelles ,  en  4S  pat.<rs. 

A  Cologne ,  en  78  alhus. 

A  Copenhague,  en  6  ma^cs  Danois. 

A  Dantzick  &  à  Kœ  nsber^ ,  en  90  gros  ou  3 
florins. 

A  Francfort,  en  90  kreufzîrs, 

A  Hambourg  ,  en  3  marc-Iubs  ,  ou  48  lubs,  ou 
96  deniers  gros. 

A  L^ipfick,  en  14  bons  gros, 

A  Nuremberg,  en 90  kreuTzeri,  ou  en  }0  fchel. 

A  Riga ,  en  90  gros  ou  î  %  marcs. 

A  Vienne  en  Auîrichc  ,  en  90  kreutzers. 

Aux  Indes,  les  rixdales  doivent  être  du  poids 
de  77  vols  chacune;  fur  ce  pied  on  donne  214 
roupies  pour  100  rixdales  de  Flandres,  &  216  ^ 
pour  celles  d'Allemigne  ,  de  Suéde  &  de  Pologne. 

^  Rixrnarc,  lo  fcbellings  Danois  ou  lofchellîngi 
laps. 

^  Rixoorth,  24  fchcl!ings  Danois  ou  le  quart  de 
la  rixdale,  cVft-àdîre,  environ  15  fols  de  France, 

5  R:^é,  Efpéce  de  monnoie  de  compte  ;  on 
donne  le  nom  de  TÎzé  à  un  fac  de  i  ^000  ducats  , 
comme  on  à\x  une  tonne  d*or  en  Hollande ,  un 
million  en  France. 

4  Rûnjlii^ue,  Monnoie  de  cuivre  :  les  8  ronlît- 
ques  valent  2  fols  6.  den.  de  France.  Il  faut  20 
ronftiques  pour  k  petite  Cbriftine  d*argeni  ;  & 
3  pour  ie  fol  de  Suéde, 

Bb 


194  MON 

Monnoïes  df  argent  &  de  HllotC 


Noms 
des 

Efpéces. 


Rouble  Y 
Roup  • 
Roupie  ^ 


Lieux 

où  elles 
ont  cours. 


Ruflle 

Pologne 

Mogol&c 


Poids. 


gros.  -•  gr. 


i8 


TiTRI, 


Jen.  grai. 

10    ao 
IX     15J 


Valeur 
en  argent 
de  France 


liv.  fol.  d. 

M 

2  iienv. 


OBSERVATIONS. 

En  monnoie  de  compte  ^  les  8  rouftiques  font 
le  marc ,  &  4  marcs  le  déaider. 

Rouble.  Le  rouble  fe  divife  en  loo  copecs, 
&  le  copec  en  2  mocofques. 

'-  Roup.  Cette  monnoie  a  aufli  cours  à  Erze- 
rum  en  Arménie. 

)  Roupie.  Voyei  aux  monnoies  d*or» 

Ruble»   Mofcovie»  une  rixdale  l. 

Santa,  lile  de  Java.  Monnoie  de  compte  com- 
pofée  de  aoo  caxas ,  monnoie  du  pay$ ,  enfilés 
enfemble  avec  un  cordon  de  paille  :  le  fanta  ne 
vaut  qu*un  fol  de  France. 

Sapctou.  Ifle  de  Java.  Monnoie  de  compte  qui 
contient  cinq  fantas. 

ScheldaL  Danemarck.  Le  icheldal  vaut  32  fols 
lubs ,  ou  les  f  d*uae  rixdale. 

Schelongs.  Pologne.  Monnoie  de  cuivre  valant 
)  deniers  tournois. 

Schélings.  Angleterre.  Valant  10  deniers  21 
grains.  Il  en  faut  20  pour  la  livre  flerling.  Le 
Ichelling  d*Angleterre  eft  la  20'  partie  de  la  livre 
fterling,  &  vaut  environ  22  fois  6  deniers  de 
France. 

Les  20  foheUins  valent  24a  deniers  ilerlin». 

Le  croon  ou  écu  d'Angleterre  vaut  j  fchellings 
ou  60  deniers  flerlings. 

L'écu  de  France  de  60  fols  vaut  2  Tchellings  j , 
ou  32  deniers  fterlings. 

Les  5  fchellings  -^  en  font  environ  3  ti'Hollande. 

Les  ichellings^  d  Hollande  9  qu'on  nomme  aufTi 
cfcalins ,  valent  1 2  deniers  de  gros  ou  6  fols 
communs  ;  ceux  d'Allemagne  à-peu-prés  7  fols 
6  den.  de  France ,  &  ceux  de  Flandres  environ 
6  fols.  Les  fchellings  Danois  font  de  cuivre  »  & 
valent  un  peu  plus  de  2  liards  de  France. 

Le  fcheÛing  lubs  vaut  2  fchellings  Danois  ;  au- 
deffous  du  fcnelling  Danois  eft  le  foffin  danche, 
qui  vaut  environ  un  liard  ou  3  deniers. 

Schuite  d'argent,  Japon.  Monnoie  de  compte 
fur  laquelle  on  cftime  les  paiemens  dans  le  com- 
merce :  les  200  fchuites  vûlcnt  500  liv.  monnoie 
d^Hollande. 

Semi'Pite.  France.  La  huitième  partie  d*un  dé- 
nier tournois ,  ou  le  quart  de  la  maille  &  obole» 
ou  la  moitié  d*une  pitc 


MON 

SUver  gros.  Breflavr.  Il  en  faue  )0  ponr  la  nm\ 
dalle. 

Six  blancs.  France.  Monnoie  de  bîUon  qui  %' 
eu  cours  en  1656  pour  2  fols  6  deniers,  fiippii-j 
mée  par  lettres- patentes  du  19  novembre  1657* 

Sol  ou  fou  9  pïcces  de  2  fols.  France.  An  titie 
de  2  den.  12  grains,  valant  deux  fols,  £ibriquée& 
en  1738 ,  au  remède  de  4  grains ,  à  la  taille  de 
112  pièces  au  marc,  4  pièces  de  remède»  fans 
recours  de  la  pièce  au  marc  &  des  7  fols  de 
même  titre,  à  la  taille  de  334  au  marc^  au  rcr 
mède  de  8  pièces. 

SoL  France.  Monnoie  de  compte.  Il  y  a  eir 
France  2  fols  de  compte ,  le  fol  tournois  8c  le 
fol  Parifis. 

Le  fol  tournois  fe  divifo  en  12  deniers  :  om 
s*en  fert  dans  le  commerce,  dans  les  changes  ft 
dans  les  comptes. 

Le  fol  Parifis  eil  d*un  quart  plus  fort  que  Té 
fol  tournois,  &  vaut  15  deniers  :  20  fols  Parifis 
font  une  livre  Parifis,  qui  vaut  35  fols  tournois. 

En  Angleterre,  le  fol  ou  fchelling  flerling  eft  de 
12  deniers  :  il  en  faut  20  pour  la  livre  nerling» 
&  21  pour  la  euinée. 

A  Anvers ,  Te  fol  de  gros  vaut  xa  deniers  4^ 
gros ,  &  le  denier  un  demi  patard. 

A  B«ile^  le  fol  efi  de  12  deniersii 

A  Bergame ,   idem. 

A  Bremen,  le  fol  vaut  s  gros  f:  il  faut  34gra» 
pour  le  marc  lubs. 

A  Copenhague,  le  fol  lubs  vaut  2 fchellings Dai^ 
nois ,  &  le  marc  Danois  efl  con>pofi  de  8"  lubs. 

En  Hollande,  le  fol  commun  eft  de  16  pennia» 
ou  de  2  deniers  de  gros  ;  le  fol  de  gros  eft  de 
1 2  deniers  de  gros ,  ou  de  6  fols  communs. 

A  Livourne ,  il  y  a  trois  fortes  de  fols  de  compte^ 
qui  fe  divifent  également  par  12  deniers;  favoir', 
le  fol,  dont  il  faut  20 pour  la  piàflre  de  8  rèaux,Ie 
fol  de  la  livre  bonne  monnoie ,  &  le  fol  de  la. 
livre  monnoie  longue. 

A  Gènes ,  le  foV  eil  de  ta  deniers  ;  il  y  a  le  fbt 
de  la  livre  hors  banco ,  &  le  fol  de  la  livre- 
banco. 

A  Genève,  il  y  a  deux  fortes  de*fols  de  compte;, 
favoir ,  les  fols  dont  les  12  font  le  florin  ',  le  pre* 
mler  fe  divife  par  12  deniers,  le  fécond  gar  deiur 
pièces  de  deux  quarts. 

A  Hambourg  y  il  y  a  le  fol  lubs  qui  vaut  ic 
deiiîcrs  lubs  ,  ou  2  deniers  de  gros ,  &.  le  fol  de 
gros  valant  12:  deniers  de  gros  ou  dlubs. 

A  Lille,  le  fol  de  gros  ou  Tefcalin  vaut  11  de* 
nicrs  de  gros  ou  6  patards. 

A  Milan ,  deuv  fortes  de  fols,  qui  fe  dîvifont 
par  12  deniers,  le  fol  courant,  le  fol  de  chanfe 
ou  impérial.  Il  faut  25a  fols  courans  pour  fair^ 
106  fols  de  change. 

A  Novi ,  le  fol  d'or  marc ,  qui  fe  divife  par 
12  den.  L'écu  d'or  marc  fe  divife  en  20  de  ce» 
fols. 

A  Turin,  le  fol  cfl  de  12  deniers- 


\ 


MON 

A  Venlfe,  le  fol  ée  gros  banco  »  tuxi  Ce  dWiCc 
pir  t»  denien  ;  il  faut  to  de  ces  lois  pour  la 
UTfC  de  gros  banco,  compofée  de  lo  ducats 
counns.  Le  denier  courant  eft  compofè  de  114 
^£ûh  coitraos  «  ou  marchettî, 
H  S^mf^t»  Siam.  La  fompaye  eft  la  moitié  du 
Bfbs^ig,  inenoe  monnoie  du  même  pays  ;  on  donne 
His  ^  %y  caches  de  Siam  pour  tine  1  ompaye ,  ou 
Hpoo  corn»  coquilles  des  Maldives,  qui  iervcnc  de 
Hpiooiiore  dans  prefquc  toutes  les  Indes  Orientales. 
K  Les  caches  font  des  efpéces  de  doubles  de  cui- 
?TC,  plus  pcfants  du  tiers  que  les  doubles»  ou 
%  Uards  de  France. 

La  fofiipaye  Te  divife  en  deux  payes  «  chaque 
paye   en   z   clains ,    toutes   deux  monnoies  de 
coopte, 
SimtUs.    Ormus  en  Afie.    Petite  monnoîe  qui 
400  beforclis ,  environ  10  fols  de  France. 
^  Sttriing^  En  Angleterre,  Les  ncgocians  Anglois 
Utimcnt  leurs  livres,   par  livres,  fols  &  deniers 
fterlings ,    en  mettant  la  livre  fterlîng  pour  10  li- 
trts  communes ,   le  fol  fterling  pour  10  fols ,  & 
k  dcmer  fterling  pour  10  deniers. 

Smyv€%  HoUande.  Sol  commun  qui  vaut  16 
jeuiiii^, 

Ta(L  Chine,  Il  n*y  a  point  à  la  Chine  de 
son^ole  d'argent  marquée  au  coin  du  prince  ;  on 
k  (tn  dans  la  diAribution  de  ce  métal  de  trois 
pids  dtff^èrens ,  qui  font  le   lael ,   le  mas  &  le 

Tad*  Chine.  Chaque  tael  d'argent  pèfe  envi- 
ton  HOC  once  %  gros  poids  de  marc  de  France , 
te  peut  valoir  aulTi  environ  6  livres  lO  fols  de 
Frincc. 

Les  Japonois  ont  auflî  leur  tael  qui  leur  fert 
de  monnoie  de  compte,  dont  les  50  valent  en- 
fifon  60  fols  tournois, 

T>imling.  Siam,  Les  Siamois  appellent  aînfi 
cette  cfpece  de  monnoie  fit  de  poids  que  les  Chî- 
Bot»  appelleni  tad. 

Le  tiel  de  Siam  eft  de  la  moitié  plus  foible  que 
le  fiel  de  la  Chine,  cnforte-que  k  cati  Siamois 
ce  vaut  que  8  racls  Chinois  ,  &  qu'il  faut  20 
lacis  Siamois  pour  le  cati  Chinois. 

A  Siim,  le  tamling  ou  tael  fe  fubdivlfe  en  4 
ticili  otî  baa* ,  le  ricil  en  4  mayons  ou  felings , 
le  laayon  en  1  fouang«> ,  chaque  fouang  en  2 
fempaycs,  la  fômpaye  en  1  payes,  Ôi  la  paye  en 
9 dams»  monnote  de  compte,  qui,  comme  poids, 
pcfc  11  grains  de  riz,  en  forte  que  le  tamling  ou 
net  cfl  de  768  grains. 

Têngji.  Indes  Orientales,  Monnoie  de  compté 
dt  bon  &  de  mauvais  aloi.  Si  on  donne  4  tan- 
te de  bon  aloi  pour  xm  pardao  féraphin  ,  il  en 
hm  5  quand  on  eflime  le  pardao  en  tangas  de 
junv^îs  aloi.  Le  canga  de  bon  aloi  eft  d'un  cîn- 
ipième  plu^  ion  qut;  celui  de  mauvais  aloi.  Le 
wm  eft  évalue  5  deniers  de  France, 

D  fao!  4  vintins  de  bon  aloi  pour  un  tanga 
4c  baa  aloî  ^  &  1  ;  bons  b^racos  pq^ir  un  bon 


1          MON 

195 

Monnoki  d^argent  &  de  hiUon» 

Efpéces 

Lieux 
où  elles 

ont  cours. 

Poids. 

Titre. 

Valeur 

en  argent 
de  France 

gros  ^  gr. 

den.  grai. 

liv.  fol.  d. 

Tical  « 

Siam 

î    ^}  1 

10          20 

1     10 

Timpf 

Pologne 

f         35 

6          4 

tl  II 

Timpf 

Pruffe 

i   1 

{        20 

'*     4 

OBSERVATIONS. 

vîntîn.  Le  bon  baracos  pris  fur  le  pied  du  réis 
de  Portugal,  c  eft-à-dire,  d'un  denier  de  France: 
3  baracos  de  mauvais  aloi  ne  font  que  2  réis. 

Tarin,  Naples ,  Sicile  &  Malte ,  monnoie  de 
compte.  A  Naples ,  le  tarin  vaut  1  carolins ,  & 
cinq  tarins  font  le  ducat  dd  regno.  Le  tarin  peut 
être  évalué  environ  16  fols  tournois. 

Sicile*  En  Sicile  l'once  eft  compofée  de  30  ta- 
rins, &  le  tarin  de  20  grains  ;  ce  tarin  ne  vaut 
qu'environ  8  fols  tournois. 

Malte.  Le  tarin  fe  divife  par  16  ;  il  en  faut 
12  pour  faire  l'ècu  de  Malte.  Ce  tarin  vaut  en- 
viron 4  fols  tournois. 

*  TtCiiL  On  donne  10  caches  de  Siam  pour  un 
lîcal,  Le  cache  eft  une  efpèce  de  gros  double  de 
cuivre. 

Timpfin.  Kœmsberg  &  D.inïzick.  Monnoîe  de 
compte.  Le  timpfen  ou  florin  Polonois  vaut  30 
gros  Polonois  ;  il  faut  3  tîmpfens  pour  la  rixdale. 

Timpf-Gulden,  Damzick  ,  Riga  &  Koenisberg. 
Cette  monnoie  vaut  30  gros  de  ces  trois  villes: 
c'eft  proprement  k  florin. 

Timmin,  Ifle  de  Chio.  Petite  monnoie  d'argent 
qui  vaut  %  fols  de  France* 

Tôcque.  Chine.  Manière  d'évaluer  le  titre  de 
TargenL  L'argent  le  plus  fin  eft  de  100  tocques  ; 
le  plus  bas  eft  de  80  :  au-deflbus  il  ne  fe  reçoit 
plus  dans  le  commerce. 

L'argent  de  France  ne  fe  reçoit  à  la  Chine  que 
fur  le  pied  de  9c  tocques,  même  93  ;  a'tnfi  fur 
100  onces  d*argcnt  en  efpéces,  il  y  a  7  onccf 
de  déchet  pour  l'alliage. 

C*eft  aufti  une  monnoie  de  compte  en  quel- 
ques endroits  des  côtes  d'Afrique  ,  où  les  coris 
font  reçus  dans  la  traite  des  Nègres  :  une  tocqu9 
eft  compofée  de  40  cotis, 

Tybofe,  Indes  Orientales.  Efpcce  de  roupie 
des  états  du  grand  Mogol ,  qui  vaut  le  double  de 
la  roupie  gazana  ,  qui  vaut  30  fols  de  France, 

Veilon,  Êfpagne.  Mot  Efpagno!  »  qui ,  en  terme 
de  monnoie,  irgnifie  ce  quon  appelle  en  France 
bUlon^  &  pour  diflinguer  quelques  monnoies  de 
compte.  Ainfi  on  dit  un  ducat ,  un  réal,  un  ma- 
ravedis  de  velîon  ,  par  oppofirion  à  ceux  que 
l'on  nomûiç  de  plate  ou  d'argent.    La  difFérence 

Bb  a 


^ 


i<)6  MON 

de  la  monnoie  plate  à  celle  de  velloo  »  eu  près 
de  moitié  ;  loo  réaux  de  plate  en  font  i88  —de 
vellon  i  &  xoo  r^aux  de  vcUon  5  }  réaux  -j-  vie  plate 
vieille. 

Fintin,  Portugal  &  aux   Indes  Orientales.  Pe- 
tite monnoie  de  billon  qui  vaut  20  réis. 
.   Ufalton,  Géorgie.  Valant  ii   fols  de   France. 
2  chaouris  font  nn  ufalton. 

Zaejies,  Perfe.  Petite  monnoie  d*argent  ;  c'eft 
le  7  mamoudi. 

Zianift,  Amadabatb.  Le  zlangi  eft  du  nombre 
des  roupies ,  &  vaut  20  pour  cent  plus  que  celles 
qu'on  appelle  ga^aHa»  Le  ziangi  revient  à  envi- 
ron 36  fols  de  France. 

Zimbi.  Afrique.  Hfpèce  de  coquillage  qui  tient 
lieu  de  menue  monnoie  dans  quelques  lieux  de  la 
cite  d'Afrique  «  fur-tout  à  Angole  &  dans  le 
royaume  de  Congo.  2coo  zimbis  reviennent  à  ce 
que  les  Nègres  appellent  une  macoute  ,  qui  n*eft 
pas  une  monnoie  réelle  ;  il  n'y  en  a  point  dans 
toute  cette  partie  de  l'Afrique  ,  mais  une  façon 
d*eilimer  ce  qu'on  vend  &  ce  qu'on  achète. 

Zu^a,  Monnoie  des  Juifs  du  poids  d'une  dragme , 
qui  valoit  le  quart  du  ûcle. 

Ohfervatîons  fur  les   monnotes  d'or  &    ^argent 
de  Portugal. 

L*or  de  Portugal  en  Lisbonines  &  MîUeraîs»  elt 
reçu  dans  les  hôtels  des  monnoies  au  titre  de  22 
karats  ,  &  eft  payé  678  liv.  1 5  fols ,  à  quoi  on 
ajoute  les  8  deniers  pour  livre  ,  montstnt  à  22  li- 
vres 12  fols  6  deniers  ,  ce  qui  fait  au  total  701 
liv.  7  fols  6  den. 

Les  efpèces  qui  ont  cours  en  Portugal  font  »  en 
or  y  les  pièces  de  cinq  monnoies ,  fabriquées  en 
17  27  9  du  poids  de  i  once  6  gros  ,  au  titre  de 
22  karats  «  contenant  926  grains  ^\^\  de  grains 
du  poids  François ,  en  matière  pure  «  &  valent 
160  livres  11  fo-s  2  deniers  T?7fTT  d'après  la  va- 
leur intrinféque  du  marc  d'or  monnoyè  en  France  , 
ayant  cours  pour  720  livres ,  &  contenant  4155  ~ 
grains  de  poids  en  matière  pure. 

Depuis  la  loi  donnée  par  don  Jean  V  ^  en  1732, 
en  ne  fabrique  plus  en  Portugal  aucune  monnoie 
dont  la  valeur  néceiTaire  excède  48.0  réls  ;  c'eft 
pourquoi  les  pièces  de  cinq-monnoies  font  deve- 
nues fort  rare»  y  &  encore  plus  celles  de  huit- 
monnoie»  qu'on  fabriquoit  anciennement. 

Les  cruzades  de  1734  ,  au  titre  de  21  karats  ^  ^ 
contenant  16  grains  ^~  den.  du  poids  François  en 
jnaticie  pure  ,  valent  2  liv.  16  fols  10  den.  d  aprèi 
la  même  valeur  Intrinféque  ,  &c. 

Les  pièces  de  128^0  rèis  de  1732  ,  au  titre  de 
12  karats ,  contenant  494  -^^  ^ains  du  poids 
François  j  valent  85  livres  11  lois  11  deniers 
^l^frl  d'après  la  même  valeur. 

Les  pièces  d'or  de  1723  ,  au  titre  de  aa  ka- 
rats, contecam  55  grains  du  poids  François  en 
matière  pure  ,  valent  g  liv.  10  fols  6  deniers  d'a- 
près la  mcme  valeur» 


MON 

En  argent.  Les  teflons  de  1702  ,  au  titre  de 
10  deniers  ^  contenant  60  grains  ^~}  grains  da 
poids  François  en  matière  pure  ,  v<iient  14  fols 
6  den.  -I^Hh  d'après  la  valeur  intrinféque  du 
marc  d'argent  monnoyè  en  France  »  ayant  cours 
pour  49  liv.  16  fols  »  &  contenant  4175  ^  grains 
de  poids  en  matière  pure. 

h'\  cruzade  neuve  de  1750  ,  au  titre  de  lO  de* 
niers  -^  ,  contenant  255  gr<ïirs  du  poids  François , 
vaut  3  livres  11  deniers  ifrlfr»  d  après  la  même 
valeur  ,  &c. 

Les  monnoies  que  don  JofephLafait  frapper» 
font  les  pièces  d'or  de  4  oftaves  »  qui  ont  coûis 
pour   6400  réis. 

De  2  oâaves  ,  pour  3100  réis* 

De  I  oâave  ,  pour  1600. 

De  \  oâave  ,  pour  8co. 

Et  la  cruzade  neuve  qui  a  cours  pour  480. 

L;;:s  pièces  d'argent  appelées  demi-tefton  ,.  onr 
cours  pour  50  réis. 

Monnoie  de  3  vintems ,  pour  (.0  réls. 

Teflon ,  pour  100  réls. 

De  6  vintems  pour  120  réis. 

De  12  vintems  pour  240. 

La  cruzade  neuve  pour  480  ,  comme  la  pi&e* 
d'or  nommée  de  même  cruzade  neuve. 


§' 


Proportion  dt  Vor  avic  l'argent. 

Pour  juger  de  la  proportion  de  l'or  avec  Eaw- 
'ent  pour  les  matières  monnoyées  en  Portug^  ^ 
U  faut  obferver  que  la  pièce  de  12800  réis,  du 
poids  réel  de  {39  grains  »  au  titre  de  2a  karats  r 
contenant  réellement  494  ~i  du  poids  François 
en  matière  pure  ,  a  cours  numérairement  en  Por* 
tu^l  pour  12800  réis. 

Dans  la  même  proportion  ,  un  marc  d'or  pur^ 
ou  4608  grains  du  poids  François  en  maôére 
pure  ,    devroii  avoir   cours  en   Portugal  pour 

"9377  f;H  «"^s. 

D3  même  le  poids  réel  du  teflon  au  titre  de 
10  deniers  ~  étr.nt  de  68  grains  ,  &  contenant 
réellement  60  ^^  grains  du  poids  François  ea 
matière  pure  ,  a  cours  numérairement  en  Portu* 
gai  pomr  ioq  réis. 

Dans  la  même  proportion,  4608  grains  du  poids 
François  en  matière  pure  ,  ou  un  marc  d*argenc 
pur ,  auroit  cours  en  Portugal  pour  7564  —7. 

D  où  il  eft  aisé  de  conclure  que  la  proportioa 
réfuhante  de  ces  valeurs  numéraires  en  Portugsl 
entre  Tor  &  largent  ,  eft  de  1 5  f |^  marcs  d'ar- 
gent pour  un  marc  d'or. 

Les  parités  réfultantes  des  valeurs  intrtnféqucs 
pour  le  change  entre  la  France  &  le  Portugal , 
Ibnty  favoir  : 

Pour  l'or  ,  le^  d'un  louis  deyroit  pcfcr  17-;^^ 
grains  en  matière  pure.  448  réis  en  matière  d*or 
compofent  Its  mêmes  17  rièh  ^"  matière  pnro» 

Pour  Targent ,  te  ^  écu  de  France  contient 
251  —44  en  matière  pure.  412  réis  en  matière 
d'argent  compofent  252  j^  en  matière  pure- 


MON 

On  voit  par  ce  calcul  que  la  différence  de  ces 

S  filés   pour  le   change  ,  provient  de   celle  qui 
_  iCMc  dans  h  proponioo  de  Tor  à  Targenc  dans 
les  àctix  états. 

Si  en  Portugal  cette  proportion  cft  de  15  ^^ 
iftafcs  d^argent  pour  un  marc  d'or  ,  elle  eft  en 
FraïKC  de  14  ^t^t  «i«cs  d'argent  pour  un  marc 
i'ot  :  donc  ces  deux  proponions  dlft'érent  en> 
ïf'c\\ç%  de  S  ^  un  peu  plus  pour  100  ,  &  la  même 
diffcrencc  Te  rencontre  entre  les  deux  paritcs 
pour  le  change  ,  qui  font  : 

Sur  ks  matières  d'or  à  448  \^  réîs  pourunécu. 
Sur  les  inatiéres  d*argem  à  412  T^Hfi  ''^**  P^"^ 
un  ècu  de  60  fols. 

Depuis  U  loi  donnée  le  4  août  i<S88  ,  pour 
faugmenution  des  erpèces  d'or  6i  d'irgenc  , 
cjïfi  a  lue  la  valctir  du  marc  d'or  au  titre  de  12 
karats  à  ^éooDrêis  ,  &  celle  de  Tor  travaillé  ,  au 
tnre  de  to  karats  1  grains  ,  à  89600  réis ,  celle 
dit  irarc  d'argent  monnoyé  au  titre  de  1 1  deniers 
à  €o30  rêi$  *  Ci:  celle  de  l  argent  travaillé  ,  au  titre 
4e  13  deniers  6  grains  à  5600  rèis  y  U  valeur  des 
«ocnotcs  n'a  plus  varié  ,  &  eti  encore  la  mcme 
:  1  hiû  en  Portugal. 

.  On  trouvera  dans  les  divifions  de  TEncy- 
c^jfiûie  méthodique,  tUfférens  autres  articles  rc- 
hfin  aux  mon  noies  ,  qu*il  ne  nous  appartient  pas 
de  difcuter  dans  ce  didionnaire  des  arts- 

Aîofi  dans  le  tome  VI  du  di^lionnaire  de  jurîs- 
ptudetice,  on  rapporte  les  lois  Ôc  Us  difpofiiions 
éti  ordonnances  de  nos  Rois  concernant  les  mon  • 
,  &  ks  cours  &  jurirdu^tions  des  monnoies* 
à>iii>  le  tome  111  du  dictionnaire  du  commerce  , 
I  verra  les  tableaux  expofitifs  du  cours  des  chan- 
,  &  de  la  valeur  des  monnoies  de  toutes  les 
BSfior^s  commençantes. 

]v  le  diftionnaire  de  rhiAoire,on  fera  con- 

-%  monnoies  anciennes  ,  &  les  variations  ar- 

*  compofitlon  Se  dans  leur  valeur» 

jnnaire  des  finances  ^  tome  lll ,  on 

êm^  de»    vuts  d'un  homme   d'état  fur  les   mon- 

jiolcs  conftdèrées  comme  fhifant  partie  des  teve- 

am  ûu    Souverain. 

£c  ainfi  des  autres  branches  du  tr^iirè  général 
da  Bionooies. 

Reglhmens. 

n  n'y  a  en  France  qu'un  graveur  général ,  qui 
fecl  lî  drr  it  dz  faire  les  originaux  des  poinçons 
L  ik  matrices  de   toutes  les    nK>nnoies 

€1  lift  travailler»  Il  fut  créé  en    1547,  & 

ioti  titre  fi  rciîdence  dans  la  ville  de  Paris  y  pour 
fere  cùmm^  au  centre  de  toits  its  hôtels  des  n^on- 
«Hês  du  ruyaume  «  afin  que  les  tailleurs  particti^ 


MON 


*f7 


\k 


m  fdvoîr  à  qui  ils    doivent   s'atlreiTer 
jumis  de  poinçons  d'effigie  &  de  jna- 

nt  aux   ordonnances  de    1549    & 

^  à    peine  de  privation  &  de  fuf- 

.  -  'Q  état,  leur  eu  fournir  U  quantité 


dont  ils  ont  befoin ,  aBn  qu*ils  ne  chomment  pas 
après  lui,  Scies  marqtier  de  fon  différent^  ou  de 
fa  marque,  &  an  millèfime  de  Tanne,;  en  laqucib 
il  les  a  taillés. 

Il  lui  eft  défendu ,  fous  peine  de  punition  cor- 
porelle ,  d'en  djhvrer  aucun  qu*en  plein  bureau 
de  la  cour  des  monnoies ,  &  il  lui  cfi  ordanné 
d*en  faire  enreglftrer  I3  délivrance  au  greffe  de  la 
monnoie ,  &  d'en  prendre  afte. 

Quand  on  veut  faire  ouvrer  &  travaiihr  une 
monnaie  ,  le  graveur  général  fait  des  poinçons 
d'cfRgie  &  matrices  de  carrés  :  il  les  délivre  au 
greffier  delà  cour  des  monnoies,  lequel  en  dreffe 
uu  procès- verbal ,  en  charge  fon  regiftre  ,  fie  les 
ayant  mis  dans  une  boîte  cachetée  é^  armes  dir 
Roi ,  en  charge  le  mer!;-gcr ,  &  renvoie  aux  juges- 
gardes  de  la  monnoie  ,  qui  Payant  reçue  bien  con- 
diiionnce  &  cachetée ,  en  font  procès-verbal  ,  6c 
rouvrent  en  préfence  du  graveur  paniculier  de 
la  monnoie ,  auquel  à  fiiiilant  ils  délivrent  tes 
poinçons  d^elHgie  &  matrices  dont  il  fe  charge. 
Chaque  graveur  particulier  des  monnoies  ne 
peut  tailler  &  giaver  les  carres  que  dans  U 
monnoie  ou  il  eft  attaché  par  office ,  &  fur  tes 
poinçons  du  gravt;ur  général. 

Chaque  carre  doit  être  bien  poil  &  bien  gravé  ^ 
les  lettres  de  la  légende  bien  aflîfes,  &  les  d'ifè- 
nns  des  villes  ,  des  maîtres  &  du  tailleur  parti- 
culier bien  apparcns  ;  il  doit  y  mettre  encore 
un  autre  différent  particulier  ,  qu'il  déclare  aux 
gardes  pour  en  tenir  rcgiflrc. 

11  ne  peut  point ,  fous  peine  de  faux ,  chntiger  la 
forme  établie  de  graver  les  carrés ,  &  e(l  oblige 
de  délivrer  aux  gardes  les  fers  qu  il  fait  ,  de 
prendre  afte  de  leur  délivrance ,  d'être  préfent 
lorfque  les  gardes  les  remettent  aux  monnnyeurs  , 
&  de  figner  l'acte  de  rcmife  pour  la  confervation 
de  fon  droit  de  ferrage  ,  qui  eft  de  feize  deniers 
par  marc  d'or  ik  de  huit  par  marc  d'argent  ;  à  la 
cliarge  par  lui  de  fournir  tous  les  fers  nècelïaires 
pour  monnoyer  les  efpèces* 

Les  mon  no  y  ers  ne  font  qu*un  iéul  corps  avec 
les  ouvriers  ;  mais  ils  font  divifés  en  deux  com- 
pagnies ,  qui  ont  chacune  leur  prévôt  &  leur 
lieuienant  avec  un  greflier  commun. 

Le  prèvot  des  moniioyers ,  ou  fon  lieutenant  ^ 
doit  recevoir  du  maître,  au  poiis  &  au  compta,» 
les  flans  prépares  pour  ctre  t-appés ,  pour  les 
diftribuer  aux  monnoyers  des  balanciers,  reftant 
chargé  des  pertes  &  déchets  tant  q^e  Touvragc 
re0e  en  fes  mains. 

Les  monnoyers  &  les  ouvriers  jouiflem  de  plu^ 
ficurs  prlviléges- 

Les  monnoies  anciennes,  défeâueufes,  étran- 
gères, hors  de  cours,  doivent  être  portées  aux 
hôtels  des  monnoies  par  les  chof^-^surs  ,  qui  font 
des  officiers  autorifés  pour  les  recevoir  dans  les 
différentes  villes  du  royaume ,  ô:  en  donner  à 
ceux  qui  les  Icnr  portent  une  valeur  prèlcrite  eo 
efpèces  courantes^ 


s^B 


MON 


Il  y  a  des  <hangeur$  en  titre  d'office  >  8c  d*au* 
ires  qui  font  fimpkment  commis  par  la  cour  des 

fiionnoies. 

Les  offices  de  changeurs,  après  avoir  été  établis 
&  fupprlmés  plufieurs  fois  &  à  dtfférem  ncm- 
brcs  pour  les  principales  villes  du  royaume, 
furent  fixés  à  trois  cents  par  ledit  de  juin  1696, 
régiflré  à  la  cour  d€S  nioimois  le  30  des  marnes 
mois  &  anj  mais  des  trois  cents  charges  créées 
par  cet  édit ,  il  n'en  fut  levé  que  cent  foixante 
&  fcize ,  &  les  cent  vingt-quatre  reOantes  furent 
fupprimées  par  autre  édit  du  mois  de  feptembre 

1705. 

Les  commiffions  des  changeurs  fe  délivrent  par 
!a  cour  des  monnoies  ,  qui  ,  fous  le  bon  plaîfir 
du  Roi ,  commet  tels  particuliers  qu'elle  juge  à 
propos  pour  fajre  le  change  dans  les  villes  & 
gros  bourgs  oîi  cela  lui  paroit  néceflairc. 

Ces  changeurs  par  commiffion  jouirent  durant 
leur  exercice  des  mêmes  privilèges  que  les  chan- 
geurs en  titre  ;  8c  les  droits ,  tonÔions  &  obli- 
gations des  uns  8c  des  autres  ont  été  fixés  par  le 
règlement  général  du  7  janvier  1716. 

Par  ce  règlement,  tiré  det  arrêts  &  régîemens 
du  confeil  &  de  la  cour  de  monnoies ,  en  date 
des  8  miii  1679,  '4  ^  ^^  février,  10  &  ai  mai 
1690,  14  décembre  1693»  21  novembre  1701,  & 
14  oàobre  1711  ,  la  cour  a  ordonné  que  les 
changeurs  en  titic  ou  commis  aux  changes  éta- 
blis dans  les  villes  du  royaume,  auront  leurs  bu- 
reaux dans  les  lieux  publics  çlcs  villes  où  ils  fe- 
ront établit.  Si  fur  rue.  Si  qu'ils  les  tiendront 
ouverts  tous  les  jours  non  fériés,  en  été  depuis 
fix  heures  du  matin  iufqu*à  huit  heures  du  foir; 
en  hiver  depuis  fept  heures  jufqu'à  fix. 

Qu*ils  auront  fur  leurs  bureaux  de  bonnes  ba- 
lances avec  le  poids  de  marc ,  &  les  diminutions 
étalonnées  fur  le  poids  original  de  France. 

Qu'ils  auront  aufli  dans  leurs  bureaux  le  tarif 
&  évaluation  des  eTpèces ,  vaiiïclles  8c  matières 
d'or  &  d'argent,  8c  des  cifoires>  taffcaux ,  coins 
6c  marteiiux  propres  à  cifailler  les  mauvaifes  ef- 
péces* 

Qu'ils  feront  tenus  de  recevoir  toutes  les  ma- 
tières ,  ouvrages  ,  vaitTcllesSc  efpèccsd'or  ou  d'ar- 
gent ,  tant  décriées  ,  légères  ,  faufles  Se  dèfec- 
tucufes  ,  que  les  anciennes  non  réformées ,  8c 
d'en  payer  comptant  la  valeur  Ôc  le  prix,  fuivant 
le  dit  prif,  à  la  déduéïion  de  leur  falaire,  avec 
défenfc  d'en  payer  U  valeur  en  billets. 

Qu*ils  feront  tenus  de  cifailler  toutes  les  ef- 
pèces  décriées,  légères,  défcAueufes  &  faufTes, 
&  de  difformer  les  ouvrages  8c  vaiflTelles  d  or  8£ 
d'argent ,  en  prcfencc  de  ceux  Se  de  celles  qui 
les  leur  apportent,  à  peine  de  confifcation  fur 
eux  desdites  eTpèces  ôt  yaiiTellcs  non  cifaillécs 
ni  diffbrmées,  6c  d*aincndc  arbitraire. 

Qu'ils  auront  un  rcgiftre  coté  &  paraphé  dans 
toutes  les  feuilles  par  le  premier  des  prcfidens  ou 
coaleillcri  d«  U  cour  trouvé  fur  les  licuit ,  ou 


MON 

Juges-gardes  des  monnoies,  8c  en  leur  abfencc 
par  le  plus  prochain  juge  royal  des  lieux ,  fans 
frais,  dans  lequel  ils  écriront  la  quahté,  U  quin* 
tité  8c  le  poids  des  efpèces,  vaiflelles  8c  matières 
qui  leur  feront  apportées ,  avec  les  noms  fit  dé* 
meures  de  ceux  qui  les  apporteront ,  &  le  prix 
qu'ils  en  auront  payé. 

Qu'ils  feront  tenus  d'envoyer  de  mois  en  mois , 
ou  plus  tôt,  s'il  fe  peut,  8c  s'ils  en  font  requis, 
les  matières ,  vaifTetles  8c  efpèces  aux  bureaux  des 
changes  des  plus  prochaines  monnoies  ouvertes, 
ou  la  valeur  leur  en  fera  rendue  comptant,  8c 
dont  ils  feront  mention  fur  leurs  regiftres ,  en* 
femble  de  la  qualité,  quantité  Si  poids  d'icclles* 

Il  leur  efi  fait  dèfenfes  de  divertir  lesdites  mon-* 
noies,  de  les  vendre  à  aucuns  orfèvres,  ni  d'a- 
voir aucune  fociétè  de  commerce  avec  eux,  ni 
autres  perfonncs  travaillant  en  or  &l  argent. 

Comme  auiTi  d'avoir  aucuns  fourneaux  dans 
leurs  maifons  ni  ailleurs,  propres  à  fondre  & 
faire  effai. 

Il  eit  pareillement  fait  dèfenfes  à  tousorfèvrci^ 
joailliers,  affineurs ,  batteurs  8c  tireurs  d*or  & 
d'argent ,  de  faire  change  en  quelque  forte  & 
manière  que  ce  foit,  &  à  toutes  autres  perfonnes 
de  le  faire  fans  lettres  de  Sa  Majefté,  vèritiècs  en 
la  cour  des  monnoies,  8c  fans  au  préalable  y  avoir 
prêté  le  ferment,  à  peine  d'être  punis  çommt 
bilionneurs. 

Il  y  a  deux  cours  des  monnoies ,  favoir,  à  Parti 
8c  à  Lyon ,  8c  en  outre  des  chambres  des  mon* 
noies  établies  à  Meu ,  Dole  8c  Pau»  La  cour  det 
monnoies  connoît ,  privativement  à  toute  autre  » 
de  tous  les  abus ,  malverfarions  8c  conteflationt 
nées  au  fujet  des  privilèges  &L  ftatuts  des  maî- 
tres ^  officiers  des  monnoies  ,  changeurs  ,  affi- 
neurs ,  départeurs,  batteurs  &  tireurs  d'or  8c 
d*argent,  mineurs ,  orfèvres  ,  joailliers, lapidaires 
graveurs  fur  acier,  fondeurs  âc mouleurs  en  fable, 
balanciers,  dllillateurs  d*€au-de-vie  Se  d  eau- 
forte,  chimîfles,  horlogers,  &  tous  marcbanif 
vendant  or  &  argent. 

pyçpilCÀTtON  fuivU  du  planches  du  Monn^yjtgf^ 

PLANCHE     h 

Le  haut  de  cette  planche  repréfente  un  ate* 
lier  ou  plufteurs  ouvriers  font  employés  à  dUTé* 
rentes  chofes  ;  les  uns  en  d ,  à  mouler ,  un  autfV 
en  ^ ,  à  pclottcr  ;  un  autre  en  c,  à  faire  fondre 
Tor  dans  le  fourneau. 

Cet  atelier  eft  gar^i  d'enclumes  d  y  de  ctfoîrs  #^ 
d'établis  à  peloticr /,  de  table  ^,  pour  ajufter  tcf 
flans,  8c  de  toutes  chofes  néccltitirci  à  la  foittv 
de  ror. 

B^s  de  Li  planche* 

Ftg,  /j  étdhU  à  pclottcrî  h,  la  table ^  fiB|  ^ 
pieds. 


MON 

Fig.  s,  ujfc^u  à  pclotter;  A^  la  tète;  E,  la 

Fi^.  7f  tnclumc  i  A,  U  têtcj  B,  Tcmpattc- 
mcm;  C.  k  bilîor. 

/7^.  4  ,  grt^Jfc  mj£e  OU  marteau  i  pelottcr;  AA, 
Ici  tètes  acérées  ;    B  ,  le  manche. 

Ftg,  f ,  pfif^f  ^ajf^  ou  marteau  à  pclottcîi  AA, 
les  lires  recrées  ;  fi ,  le  manche. 

Fip  6  «  ^iStie  ;  A ,  la  batte  j  B ,  le  manche. 

F^,  7»  r^clair ;  A,  le  racloir;  B,  le  manche, 

fj^.  ^  »  /j<//e  â  remuer  U  fihle  ;  A ,  la  pelle  ; 
B,  le  Buinche* 

Ft^*  9,  fetne  èjtte;  A^  b  batte;  B,  le  manche. 

Ftf,  »a ,  ca:£e  au  [Me  ;  A ,  le  fable. 

%•  »'•  Pf^^ i  A,  le  plateau  d*en-haut;  B,  le 
fhitia  oiODile  ;  CC ,  les  vis  ;  DD ,  les  écrouji» 

PLANCHE     IL 

ft£,  f  »  planche  à  moule. 

Fig.  A  »  contre  planche  à  moule. 

Fif,  jy  chaffis  du  moule. 

Fig.  4 ,  contre-chaHis  du  moule. 

àlg.  f  6^  6  ^  modèles  de  lames. 

^^'  7  »  plufieurs  moules  montés  et  ferrés  avec 
'-^nçdans  de  fom  chalTis;  AA,  les  moules;  BB, 
cfeiiTis  ;  ce,  &c.  les  coins. 

'",  fort  chatTis  fervant  de  preffe. 
;  &  iQ  t  ferres  ou  coins  de  bois, 

fif*  ii^  Tclévationi  ri  Je  plan  ^  13,  la  coupe 
da  fourneau  à  fondre  Vor  ;  A  ,  le  manteau  de  la 
cheBiinèe  ;  B,  le  jambage  ;  C,  le  dedus  du  four- 
WKi  ;  DD  »  &c.  les  couvertures  du  fourneau  ; 
EL,  U  cheminée  du  fourneau;  F,  le  fourneau; 
C,le  ddTous  du  fourneau;  H»  la  porte  du  four- 

DOO. 

^T-  Ht  ff  ^  f^  f  rifonniers  crochus  &  pointus; 
A,  ks  tjfonmers;  BBB,  les  manches. 

PLANCHE    II L 

Fti*ft  pincettes;  A,  la  tête;  BBJes  branches. 
ffîy  racloir;  A,  le  racloir;  B,  le  manche. 
i" .  ?»  tenailles  droites;  AA,  les  mords;  BB» 
iihcs* 
-  ^^•'X,  tenailles  crochues  ;  AA,  les  mords  » 
^ ,  icf  branches. 
^'  *  f^ ,  tenailles  à  creuléts  ;  AA  ,  les  oKïrds  ; 

t  branches. 
*      -.  LciJTTiôlr;  A,  récumoir;  B,  le  manche. 
—  ,     j  L    !  .,r  ;  A  ,  la  cuiller  ;  B,  le  manche. 
^if^p^  pelle  à  cendre  ;   A^  ta  pelle  ;   B ,  le 

%»ro^  pelle  à  charbon  ^  A,  la  pelle;  B,  le 

%•  'If  carreau   échancré  ;   A  A  ,   les  échsn- 
CWrcs. 
^^'   1,  carread  quatre- 
^^n  îj ,  creufet  ;  A ,  le  cceufet  ;  B ,  le  coo- 


MON 


199 


Fig\  >4  ;  creufet  fans  couvercle. 

Ftg,  ist  ferpc;  A,  le  taillant  acéré;  B,  le  dos; 
C»  le  manche. 

Ft^,  tâ^  broffes  dures. 

Fig*  /7,  broffes  molles  ou  vcrgettcs. 

Fig.  tS ,  cuiller  ovale  à  décharger* 

Fig.  /^,  table  à  ajufier  les  flans;  A,  la  table; 
BB  ,  les  pieds;  C,  la  traverfe. 

Fig,  20^  manne  à  contenir  les  lames. 

Fig,  ar,  cifoir;  AA,  les  mords;  BB,  les  bra.11* 
ches  ;  C,  le  billot. 

Fig.ii^  main;  A,  la  main;  B,  le  manche. 

PLANCHEIV. 

Le  haut  de  cette  planche  repréfente  un  fourneaa 
à  foufiîet  pour  fondre  Tor  ;  *î  ,  eil  un  ouvrier  qui 
découvre  le  creufet;  h,  le  fourneau  ;  ^ ,  la  che- 
minée ;  d^  le  foufflet;  le  refte  de  Tatelier  eft 
femé  de  différens  outils  propres  à  la  fonte  de 
Tor. 

Fig.  f,  rélévation  géoraetraîc; /^.  a,  le  plan; 
&  /^'  Ji  1^  coupe  du  fourneau  à  fouiBet  pour 
fondre  Tor  ;  AA  ,  la  tablette  du  fourneau;  BB , 
le  fourneau  ;  CC  ,  les  portes  du  cendrier;  D  ,  U 
cheminée  ;  E,  le  foufflet  ;  F,  la  braubire  dk> 
foufflet;  G,  le  tuyau  de  foufflet- 

Fig*  4,  creufet, 

f^i-  S»  carreau. 

PLANCHE    V, 

Le  haut  de  cette  planche  reoréfcnte  un  fout" 
fieau  à  fondre  Taisent;  a,  en  un  ouvrier  qui 
tire  la  cendre  pour  donner  de  Tair  au  fourneau; 
bb ,  font  les  fourneaux;  r,  eft  la  cheminée  ;  le 
refie  de  Tatelier  eft  femé  d  outils  propres  4  U 
fonte  de  Targent. 

Bas  de  la  planche. 

Flg,  r,  chappc  de  devant  ;   AA  ^  trous  pour 

fenlever;  B,  ventoufe, 

Fig,  3,  chappe  de  derrière;  AA,  trous  pour 
fenlever, 

Fig.  j ,  couvercle  de  la  bouche  du  fourneau  ;; 

A,  la  main. 

/;^.  4,  creufet  pour  Targenr;   A,  le  creufet^ 

B,  le  couvercle;  C,  la  main  du  couvercle. 
Fig*  f,  Héau  à  enlever  les  chappes;  A,  la  pO' 

tence;  R,  le  point  d'appui  du  levier;  C,  le  le- 
vier;  D,  le  crochet  double, 

Fig,  d,  pelle  à  cendre;  A,  la  peJIe;  B,  le 
jnanche. 

Fig.  7 ,  pince  à  enlever  les  creufets. 

Fig,  S ,  houlette  ;  A  ,  la  houlette  ;  B  ,  le 
manche. 

Ftg,  p,  tifonnier  crocbu;  A,  le  rifonoier;  B, 
le  manche* 

Fîg.  10  y  tifonnier  poimu;  A  y  le  tlfonaler;  B, 
k  maiiche.' 


loo  MON 

Fig.  Il ,  pinces  ;  A  A ,  les  tiges  ;  B  »  la  tètél 

PLANCHE    VL 

Fig.  I ,  rèlévation  perfpeâive ,  &  la/g.  2 ,  Vt- 
lévation  intérieure  d'un  tourneau  à  fondfre  le  bil- 
lon  &  le  cuivre  ;  AA ,  le  fourneau  ;  B  «  le  raar- 
che-pied  ;  C  ,  la  ventoufe  ;  DD ,  les  couliffeaux 
de  la  ventoufe  ;  £ ,  la  porte  du  cendrier  ;  F ,  la 
bouche  du  four  ;  GG  ,  les  coulifleaux  de  la 
bouche  ;  H ,  le  couvercle  de  la  bouche  ;  II ,  les 
mains  ;  K ,  la  grille  du  fourneau  ;  L ,  Tendroit 
où  fe  fait  la  fonte  ;  M  >  mafle  de  n>éul* 

PLANCHE    VIL 

Le  haut  de  cette  planche  reprèfente  le  manège 
des  laminoirs;  A>  le  rouet;  BB^  les  lanternes; 
ce ,  les  leviers. 

Le  bas  de  cette  planche  reprèfente  le  plan  de 
différens  laminoirs  montés  fur  leur  charpente  ; 
A ,  le  déeroffi  ;  BB ,  les  laminoirs  ;  CC ,  les  lan- 
tcraes  ;  L)D ,  le  rpuet. 

PLANCHE    VIIL 

Fîg.  I ,  élévation  çéométrale  ;  & /?^.  1 ,  éléva- 
tion latérale  des  laminoirs  montés  uir  leur  char- 
pente ;  A  »  le  dégroffi  ;  B ,  le  laminoir  ;  C  ,  le 
rouet  ;  DD ,  les  lanternes  ;  E^  les  petites  roues  ; 
FF ,  &c.  la  charpente. 

PLANCHE    IX. 

Fig.  I ,  laminoir  dégroffi  monté  ;  A ,  la  platine 
fupérieure  ;  B,  la  platine  inférieure  ;  CC,  les 
platines  latérales  ;  DD ,  les  cylindres  ;  E ,  les 
couffinets  ;  FF ,  les  vis, 

Fig,  2  ,  contre-cylindre  du  laminoir  ;  A  A ,  les 
tourillons  ;  B ,  le  auarré. 

Fig.  j ,  cylindre  du  laminoir  ;  AA  »  les  touril- 
lons ;  B  ,  le  quarré. 

^^S'  4  ^  S  9  pignons  du  laminoir  ;  AA ,  les 
dents  ,  BB ,  les  trous  quarrés. 

Fig.  6  &  7  ^  couffinets  du  laminoir  ;  AA  ,  les 
languettes. 

Fifi^.  8  ,  platine  fupérieure  du  laminoir  ;  A  ,  la 
lumière  ;  BB ,  les  rainures  ;  CC ,  &c.  les  n\ox- 
toifcs. 

Fig,  9  ,  platine  inférieure  du  laminoir  ;  A  A  ,  les 
rainures  ;  dB  ,  les  tenons. 

Fip.  10  &  Il  9  platines  latérales  du  laminoir  ; 
A  A  ,  &c.  les  pattes  ;  £B,  les  mpnoites  ;  CC,  les 
tenons  ;  DP  ,  les  trous  des  vis. 

Fig.  /2  ,  vis  du  laminoir  ;  A  ,  la  tète  ;  B  ,  la 
tige  taraudée, 

Fig.  /^,  laminoir  monté  ;  A,  la  platine  fupé- 
rieuic  ;  B,  la  platine  inférieure  ;  (JC,  les  pla- 
tanes latérales  ;  DD,  les  cylindres  j  £E,  les  çouf- 
finw  ;F,  les  Y^f 


MON 

^if*  14  f  platine  fupérieure  du  laminoir ,  A 
les  tenons  ;  BB ,  les  trous  des  vis. 

^^S'  '/  >  planne  inférieure  ;  A  A ,  les  tenon 

Fif.  16 ,  boite  quarrée. 

Ftg,  17 ,  contre-cylindre  ;  AA  ,  les  touriU 

Fig.  18  ^  cylindre;  A  A  ,  les  tourillons  ;B 
quarré. 

Fig.  ig  &  fo,  pignons  ;  AA,  les  dents;  B 
trous  quarrés. 

Fig.  21  &  22  j  platines  latérales  ;  A  A ,  les  pat 
Bfi  ,  les  mortoifes  ;  CC ,  les  iumièrei. 

PLANCHE    X. 

Le  haut  de  cette  planche  reprèfente  l'atelic 
le  fourneau  à  recuire  Tor  ;  n ,  eft  le  fournei 
b ,  la  cheminée  ;  ce ,  un  petit  mur  en  brique 
la  grille  du  fourneau  ;  e,  le  cendrier  du  fourm 
/,  des  lames  ;  f  ,  un  baquet  ;  h  ,  une  fcbi: 
i ,  une  paire  de  pinces  ;  k ,  une  pelle  de  fer 
un  râteau. 

Sas  de  la  planche» 

Fi.  I ,  tenailles  droites  ;  AA ,  les  mords  ;  ] 
les  branches, 

Fig.  2 ,  tenailles  crochues  ;  AA ,  les  mor 
BB,  les  branches. 

Fig.  j  ,  tifonnier  crochu  ;  A ,  le  crochet  ;  I 
manche. 

Fig.  4 ,  tifonnier  pointu  ;  A,  la  pointe  ;  B 
manche. 

Fig.  s,  pinces  ;  AA,  les  branches  ;  B ,  la 

Fig.  6 ,  pelle  de  bois  ;  A ,  la  pelle;  B ,  le  man 

^'ig'7 .  pelle  de  fer  ;  A,  la  pelle;B,  le  mai: 

Fig.  8,  chenet  ;  AA ,  les  pieds. 

Fig.  p,  bouilloire  ;  AA  ,  les  anfes. 

PLANCHE    XL 

Le  haut  de  cette  planche  reprèfente  Tatelit 
le  fourneau  à  recuire  l'argent  &  le  billon  ;  a 
le  fourneau  ;  ^,  la  cheminée  ;  ccc ,  de  petits  1 
en  briques  ;  dd ,  grilles  du  fourneau  ;  ee ,  les 
dres  ;  /,  lames  ;  g ,  une  S  ;  A ,  un  tifonn 
i ,  une  ferpe  ;  A: ,  du  bois. 

Sas  de  la  planche. 

Fig.  I ,  ferpe  ;  A ,  la  ferpe  ;  B  ,  le  manclu 

Fig.  2  ,  ferpette  ;  A ,  la  (erpette  ;  B ,  le  mai 

Fig.  3  ,  maillet  ;  A,  la  tête  ;  B  ,  le  manch< 

Fig.  4 ,  chenet  ;  AA  ,  les  pieds. 

Fig.  y ,  tifonnier  pointu  ;  A ,  la  pointe  ;  ï 
manche. 

Fig.  6 ,  tifonnier  crochu  ;  A  ,  le  crochet  ; 
manche. 

Fig.  7,  pince. 

Fig.  8 ,  p-llc  à  charbon  ;  A ,  la  pelle  ;  i 
manche. 

Fig.  ç  ,  pinces  ;  AA  ,  les  branches  ;  B ,  la 

Fig.  iQ ,  main  ;  A,  Tanf^ 


MON 

PLANCHE     XIL 

Ft§.  f ,  coupoir;  A,  le  balancier  à  contre-poids; 
B,  lavis;  C»  le  crampon  da  touret;  D,  la  tige 
de  conduite  ;  E,  rcmportc-piècc  ;  F,  le  fupport; 
GC»  les  conduits;  H,  b  pc]*çoire;  I,  la  Doîte; 
Il  rètibli  ;  L ,  la  manne  aux  flans. 

Fi^,^&j^  conduits;  A/V,  les  trous  de  con- 
Joite;  BB,  les  tiges;  CC ,   les  pattes  pour  les 

fig,  4,  clous  à  vis  des  conduits;  A,  la  tête; 
fi  Ja  vb  à  écrou. 

Fi^,  y,  balancier  fimple;  A,  la  clef;  BB,  les 
coudes;  C^  la  main. 

F:.  6^  Tupport;  A,  le  trou  à  vis;  B,  le  coude; 
C,  U  tige;   DD,  les  pattes. 

Ftt,  7  &  B,  vis  en  bois  à  tètes  à  chapeau,  pour 
iTTttcf  le  coupoir  fur  Técabli  ;  AA ,  les  têtes  ; 
BB«  les  vis* 

Fii*9%  vis;  A,  la  lete;  B,  la  vis  à  Alct  quatre  ; 
C,  le  touret, 

Fig.fê,  tige  de  conduite;  AA,  les  rainures; 
B«  ta  tige;  C,  ta  mortoîie. 

/i^.  #1,  emporte-pièce;  A,  le  tenon;  B,  le 
fbw^on  acéré. 

fi§.  '1,  crampon  de  touret;  A,  les  mortoifes, 

Ft^,  'il  beulon  du  crampon;  A,  la  tète;  B,  la 
Bimtoifi  ;   C ,  la  clavette, 

%.  t4  &  iSt  petites  boîtes  de  t&le  pour  le 
tonrct. 

*■,  perçolre;  À,  le  trou  acéré- 
»   la  boite  de  la  perçoire;  A,  la  boîte; 
B,  )cs  partes. 

fii.  1$  &  ip,  vis;  AA,  les  têtes;  BB,  les  tiges. 

PLANCHE     XIII, 

Le  haut  de  cette  planche  reprèfente  rêlévatîon 

fiffpeftivc   du   fourneau    pour   1'^  bUnchtment; 

M ,  le  fourneau  ;    B ,   la  porte   du  cendrier  ; 

CCp  les  Ycntoufcs  ;   D,  la  bouche;  E,  la  fou- 

F,  la  café  aux  tbns  ;    G  reprèfente    un 

L  ;  H,  un  râble;  I,  la  porte  de  la  bouche 

leao;  K,  un  creufet  de  fer;  L,  pluGeurs 

.de  terre. 

Le  bas  de  cette  planche  reprèfente  la  coupe  du 

sine  fourneau  ;  A  A ,  le  fourneau  ;  B ,  la  porte 

étt  cendrier;   C»  le  cendrier;    D>   la  grille  du 

fotirncau;   E>  la  café  aux  flans;  F,  la  voûte  du 

Wncau  ;   GG    repréfentent  deux    crochets    de 

H,  pelle;   I,  cuiller  ;   K,  un  bouillolr 

e;    L,  un  mortier  &  fon  pilon  ^  M^  un 

îiiiLt,  N,  un  marteau. 

PLANCHE     XIV. 

EtU  Hanc  de  cette  planche  reprèfente  un  autre 
Plraeia  pour  le  blanchiment;  AA,  les  four- 
*iût;  BB  ,  les  portes  des  cendriers  ;  C ,  la  di£- 


Mon  201 

minèe  ;  D  «  "opiacés  >   tlfonnlers  &  autres  uflen- 

files. 

Bas  de  la  planche, 

Fig.  I ,  Manne  de  fer  à  faire  chauffer  les  flans. 

Fig.  2 ,  bouilloir  (ur  fon  trépied  ;  A  ,  le  boiiil- 
loir;  BB,  les  anfes;  CGC,  les  fupporis  du  iré* 
pied;  D,  Tenire-toife;  E,  le  cercle  fupérieur, 

Fi^.  y  6*  4 ,  crochets  de  cuivre  à  remuer  les 
flans;  AA,  les  crochets;  BB  ,  les  manches. 

Fij^,  ; ,  tenailles  ;  AA  ,  les  mords  ;  BB ,  les 
branches* 

Fig.  6^  radoîr  de  cuivre  ;  A ,  le  racloir  ;  B ,  le 
manche. 

Fig.  ^  &  8 1  poulains  ;   AA  ,  les  crochets. 

Fig,  ç  »  pelle  de  cuivre  à  charbon  ;  A ,  la 
pelle  ;  B ,  le  manche. 

Fi^^  iQ ,  crible;  A,  le  crible;  BB,  les  anfes* 

PLANCHE     XV. 

Le  haut  de  cette  planche  reprèfente  le  balan- 
cier  des  monnoies,   mu  en  A  &  en  B  »  par  des 

hommes  ;  celui  en  C  eft  occupé  à  faire  mar- 
quer les  flans;  DD,  le  balancier;  E,  la  clef  du 
balancier  ;  GG ,  les  cordages  ;  FF ,  les  contre- 
poids du  balancier;  H,  la  ptelle;  I,  la  vis; 
K,  la  tige  de  conduite;  L,  le  cr  m^on  ;  MM^ 
les  platines  de  conduite;  N,  la  matrice  de  X  ffi- 
gte  ;  O,  la  matrice  de  TécutTon  ;  P,  la  mnnne 
aux  flans  non  marqués  ;  Q ,  la  manne  aux  flani 
marqués» 

Sds  de  U  planche» 

Ftg.t,  vis;  A>  la  tète;  B,  la  vis  à  filet cpiarré; 
C ,  le  touret, 

Fig.  2y  lige  de  conduite;  AA,  les  rainures; 
B,  la  tige;  C,  la  boite;  DD,  l^s  trous  des  vis* 

Fig.  j  &  4,  platines  de  conduite;  4A>  ^^ 
trous  quarrés*  ,  / 

Fîg'  S  f  petites  boîtes  de  tôle  pour  le'touret. 

Fig,  5,  boîte  pour  la  matrice  de  récufFon; 
AA»  les  trous  pour  les  vi"^* 

Fig*  7,  platine  qui  fe  pofe  fur  la  mr^trice  de 
récuflbn  pendant  la  marque;    A,  le  trou  quarré. 

Flg.  8t  matrice  d'effigie;  A,  la  tète  acérée  oîi 
efl  feffigie. 

Fig,  ç ,  matrice  d'écuffon  ;  A ,  la  tête  acérée 
oii  efl  récuffon. 

Fig*  10 f  crampon  boulonné;    A,  le  crampon; 

B ,  le  boulon  ;    C  ,  la  clavette. 

Fig,  tt,  preffe;   A,  Tècrou  ;  BB,  les  branches 

C,  le  fupport;  DD,  les  trous  pour  Tarrétcr  fur 
le  billot, 

PLANCHE     XV^. 

Le  haut  de  cette  planche  reprèfente  ta  machine 
à  marquer  la  tranche  des  mon  noies  ;  a,  reprèfente 
un  ouvrier   a  marquer  fur  tranche  ;    ^ ,  la  ma- 

Cc 


îoa  MON 

chine  à  marquer;  ce,  la  table;  </»  la  nanne  aux 
fflonnoies  ;  c ,  plufieurs  mannes  aux  flans. 

Bas  de  la  planche* 

Fig.  I  &  2^'châAs  de  la  machine;  AA,  les 
Tommiers;  BB»  lesmontans;  CC,  les  mortoifes; 
DD,  les  trous  des  tourillons  ;  £E,  &c.,  les  arc- 
koutans  à  patte. 

Fig.  ^y  entre-toîfe  du^châf&s  ;  AA,  les  tenons 
chevillés. 

Fig.  4  ^  S9  crampons  à  pattes  ;  AA,  &c.,  les 
pattes. 

Fig.  6s  roue  demie;  A,  l'arbre;  BB,  les  tou- 
rillons; C»  la  roue;   D,  la  croifêe  de  la  roue. 

Fig,  7,  manivelle;  A,  la  clef  ;B,  le  manche* 

Fig.  S  &  p,  arrêts  des  tringles  à  marquer. 

Fig.  90 y  II  &  12,  différentes  tringles  d'acier  pro- 
pres à  marquer  la  tranche  des  monnoies. 

Fig,  îjy  crémaillère;   AA,  les  dents. 

P^S*  '49  platine;  A,  le  trou  par  oii  paflem  les 
vonnoies. 

PLANCHE     XVIL 

Le  haut  de  cette  planche  repréfente  un  ate- 
lier où  fe  font  les  lavures  :  plufieurs  ouvriers  (ont 
occupés,  les  uns  en  ii ,  à  tourner  les  manivelles; 
d'autres  en  ^^ ,  à  piler  les  ordures  &  mâchefers 
daas  des  mortiers. 

Sas  de  la  planche, 

Fig.  I ,  pilon  &  fon  mouvement;  A,  le  pilon; 
B,  la  corde;  C,  la  perche;  D,  le  point  d'ap- 
pui. 

Fig.  2,  mortier. 

Fig.  j ,  baquet  à  fidre  les  lavures  ;  A ,  la  barre 
foutenam  le  tourniquet. 

Fig.  4s  manivelle;  A,  la  clef;  3 9  le  manche. 

Fig*  Sf  Arbre  de  tourniquet;  A«  la  tête;  B,  la 
ttge;  C,  la  vis  à  écrou. 


MON 

Fig.  6,  croix  de  chevalier  de  bols;  A»  le  tn 
du  milieu  ;   BB ,  les  trous  pour  rattacher. 

Fig.  7,  croix  de  chevalier  de  fer;  A ,  Iç  tr< 
du  milieu  ;  BBB ,  les  trous  pour  l'atucher. 

Fig.  S  y  fond  de  tourniquet. 

Fig.  g  y  main  de  enivre;  A,  l'anfcb 

Fig.  10  f  auge  de  bois. 


PLANCHE     XVI  IL 


Fig. 
Fig. 
Fig. 
Fig. 
Fig. 


i& 

p  &  lOj  croizade  d'argent  de  Portugal 


écu  d'argent  de  France. 
4  y  louis  d'or  de  France. 
6  y  piaftre  d'argent  d'Efpagne* 
*  8  y  piftole  d'or  d'Efpagne. 


Fig.  Il  &  i2y  pièce  d'or  de^Portugal. 

Fif*  13  ^  149  crown  d'argent  d'Angleterre. 

Fig.  If  &16,  guinée  d*or  d*Ang|leterrc. 

PLANCHE     XIX. 


§  &  2,  rixdalle  d'argent  d'Hollande. 

S  &  4y  ruydgr  d'or  d'Hollande. 

S  ^  ày  ducaton  d'argent  des  Pays-Bas* 

7  &8y  fouverain  d'or  des  Pavs-Bas. 

ç  &  lOy  rixdalle  d'argent  d'Allemagne.. 

Il  6^  12  y  ducaton  d'or  d'Hambourg. 

'i  ^  '4  f  icu  d'argent  de  France  de  Lov 


Fig. 
Fig. 
Fig. 
Fig. 
Fig. 
Fig. 
Fig. 
XIV. 
Fig.  is  &  lây  carolin  d'or  d'Allemagne. 


PLANCHE     XX. 

Ftg.  I  &  2,  francefconi  d'argent  de  Tolcane. 

^'i'  3^49  rouponi  d'or  de  Tofcane. 

Fig.  s  &  6y  croizat  d'argent  de  Gènes. 

Fig,  7  &  8  y  fequîn  d'or  de  Gènes. 

Fig.  p&  lOy  demi-écu  d'argent  de  Savoie» 

Fig.  Il  &  12  y  piflole  de  Savoie. 

Fig,  13  &  i4y  pataeon  d'argent  de  Genève» 

Fig.  If  &  idy  piftole  d'or  ùe  Gentve. 


20^ 


DES    MÉDAILLES. 


\Jh  Domme  médailUs  des  pièces  de  jnéul  en 
Ibfmc  de  monnoie^  à  deux  faces  ou  deux  cot^s, 
im  chacune  defquelles  font  ordinairement  impri- 
més un  type  &  une  légende.  L'un  des  côtés  s  ap- 
©dlc  li  f^ce  *  parce  qu'orjînatremc nt  on  y  voit 
L  tête  de  celui  pour  qui  b  pièce  a  été  frappée , 
ou  fon  nom ,  qui  quelquefoiji  tient  lieu  de  tète. 
Le  fécond  côté  s*appe lie  le  revers  de  la  tnédailie, 
parce  qu*îl  eA  oppolè  à  celui  qu'on  nomme  la  face. 
On  appelle  ch^mp  de  la  médaille ,  la  fuperfîcie 
fUcc&  polie  de  chacun  é^s  deux  côtés ^  oy  il  n'y 
1  rien  de  grave,  &  qui  fert  de  fond  aux  types. 
Les  typis  ne  font  autre  cliofe  que  les  fujcts  que 
U  gravure  préfente  aux  yeux»  comme  feroient 
une  divinité»  un  homme,  une  femme,  une  ba- 
taille »  un  trophée ,  une  ville ,  &c. 

Les  letrres  qu*on  voit  fur  le  champ  d'une  nfié* 
faille  fe  nomment  infcrlption  ;  celles  du  contour 
t'appellent  lè^tndt  ;  c«llcs  de  \txcrptt  retiennent 
k  même  nom  de  légende ,  &  Ton  dit  la  lîgcndt 
ù  rcxcrpte. 

Oq  appelle  exergue  cette  petite  place  qui,  au 
bas  d'une  médaille  j  e(l  féparée  du  relie  du  champ 
par  une  ligne  tirée  direélement  d'un  bord  à  l'autre. 
Les  points  qui  font  fur  le  champ  de  la  médaille 
et  qui  forment  un  cercle  fur  l'extrémité  du  con^ 
tm^  s'appellent  le  grmttis  de  la  pièce* 

La  légende  principale  cft  ordinairement  placée 
en  dedans  de  ce  grmeth  ;  elle  y  forme  fouverit 
un  demi  cercle  ,  &  quelquefois  un  cercle  entier 
ouprefque  entier. 

Le  contour  ou  plutôt  la  tranche  de  la  pièce  qui 
en  montre  Tépaifleur  de  dehors ,  eft  quelquefois 
chargé  fur  cène  épaifleur  de  figures  ou  de  lettres. 
Ca  Jigures  font  une  efpéce  de  type,  &  ces  let- 
ws  (ont  une  légende  que  Ton  nomme  typt  & 
y^tnde  du  C0ntour  ou  de  la  tranche. 
Lef  médailles  fopt  ou  antifucf  ou  modernes» 
Les  antiques  font  celles  qui  ont  été  frappées 
jafjju'au  fixiéme  ou  feptiéme  fiècle  :  on  en  com- 
^(c  les  cabinets  ordinaires.  Il  y  en  a  de  grecques 
&  de  latines.  Les  mé  lailles  ont  plufieurs  noms 
piT  rapport  aux  diflerens  peuples  qui  les  ont  fait 
frapper.  Les  mèdoiUes  grecques  proprement  dites , 
font  celles  qui  ont  été  frappées  chez  les  Grecs: 
on  appelle  aulFi  médailles  grecques,  CtUcs  qui  ont 
^è  imbriquées  par  les  Romains  &  par  tes  Latins 
avec  des  légendes  grecques  en  tout  ou  en  partie. 
Long-temps  avant  la  fondation  de  Rome  ,  les 
^Oii  fit  les  villes  grecques  frappoicnt  de  très-belles 
iionûoics  de  tous  les  trois  métaux,  c*efl-à-dire. 


d'or ,  d'argent  8c  de  bronze ,  &  ils  le  faifotent  avec 
tant  d'art,  que  dans  Téiat  le  plus  floriiTant  de  la 
République  ^  de  TEmpire  »  on  a  eu  bien  de  la 
peine  à  les  égaler. 

On  en  peut  juger  par  les  médallhns  grecs  qui 
nous  reftent.  Il  y  en  a  des  rois  6c  des  villes; 
ceux  des  villes  font  les  plus  anciens ,  mais  ils  ne 
font  pas  toujours  les  plus  beaux  ni  les  plus  pré« 
cieux.  Dans  ce  qui  eft  des  figures,  les  médail- 
lons grecs  ont  un  dcûin ,  une  force  8c  une  dé» 
licatelfe  qui  va  jufqu'à  exprimer  les  moindres 
mufcles  6c  les  veines  mêmes.  Ces  médaillons  fur- 
paiTeat  infinimeni  les  médailles  Romaines. 

Entre  les  médailles  latines  (ainfi  nommées  à 
caufe  qu'elles  ont  été  frappées  chez  les  peuples 
Litins  Si  en  langue  laritie)  ,  les  confuldlres  fort 
conflamment  les  plus  ancienne^ ,  puifque  du  temps 
des  rois  qui  ont  régné  dans  Rome»  l*on  ne  favoit 
encore  ce  que  c'étoit  que  de  battre  monnoie ,  fur- 
tout  en  or  fit  en  argent.  On  appelle  ainfi  celles 
qui  ont  été  frappées  du  temps  de  la  république 
ou  par  les  confuls ,  par  leurs  ordres  ,  ou  pir 
des  officiers  monétaires  de  leurs  familles ,  qui 
cherchoient  à  confacrer  &  à  perpétuer  par  ces 
monumens  leurs  noms  avec  les  aÔions  de  leurs 
ancêtres. 

Les  médailles  fe  divlfent  encore  en  médailles 
des  rois  6c  en  médailles  impériales. 

On  appelle  médadUs  des  r&is  ^  celles  fur- tout 
qu  on  a  fabriquées  dans  la  Grèce  ,en  Thonneur  dei 
rots  ^m  en  ont  gouverné  les  différens  états  :  telles 
font  les  médailles  des  rois  dt  Syrie ,,  appelées  feîeu- 
cides  i  celles  des  rois  d'Egypte,  appelées /? fa//* 
maïdes  ;  celles  des  rois  Parthes ,  appelées  arfa- 
cides  ,  &c. 

Les  impirïaks  font  celles  qui  ont  été  frappées 
ions  les  empereurs  &  par  leurs  ordres. 

Il  y  a  aulTi  des  médailles  hébraïques,  puni- 
ques, famaritaines,  phéniciennes,  gothiques»  ger- 
maniques, arabefques,  françoifes,  aînfi  nommées 
parce  qu'elles  ont  été  frappées  par  cesditférens 
pt;yples,  &  quelles  ont  leurs  légendes  formées 
de  ces  différentes  langues. 

Le  prix  des  médailles  ne  fe  confîdére  pas  par 
la  matière ,  puifquc  fou  vent  une  même  médaille 
frappée  fur  Tor  fera  commune»  &  fera  tiès-rare 
&  trés-eAiraée  en  bronze  ou  en  argent. 

Par  exemple,  un  Othon  latin  de  grand-l^ron^c  i/jl 
point  de  prix,  au  lieu  qy*un  Othon  d'or  ne  vaut 
que  trois  ou  quatre  pifloles  au^delTus  de  (on 
poidi ,  tk  le  joitm^  Othoa  d'argent  ne  vaut  que 

Ce  % 


^^^iBSi^ta 


i^-U 


204 


MON 


quarante  ou  cinquante  fols  au-delà  de  ce  qu^il 
pefe,  fi  ce  n'eft  qu'il  eût  qjelque  revers  qui 
en  augmentât  le  prix.  Si  même  il  arrivoit  que 
Ton  recouvrât  des  premières  monnoies  dont  les 
hommes  fe  font  fervis ,  qui  n'étoient  que  de  cuir 
battu ,  comme  celles  que  le  roi  Numi  diftribua 
au  peuple  Romain  »  &  que  Thiftoire  nomme  affes 
fcoruos ,  Ton  n'épargneroit  rien  pour  en  mettre  à 
la  tête  d*un  cabinet. 

Il  y  a  des  médailles  d'or  fin ,  toujours  plus 
pur  QL  d'un  plus  bel  œil  que  le  nôtre;  d'autres 
d'or  mêlé  plus  pâîe ,  &  d'un  aloi  plus  bas ,  qui 
eut  cours  dés  le  temps  d'Alexandre  dévére  ;  d'au- 
tres enfin  d'or  notablement  plus  altéré,  tel  que 
nous  le  voyons  dans  certaines  Gothiques. 

L'or  des  anciennes  médailles  grecques  eft  extrê- 
mement pur  ;  on  en  peut  juger  par  celles  de  Phi- 
lippe de  Macédoine  &  d'Alexandre  le  Grand ,  qui 
vont,  félon  Patin,  à  23  karats  &  16  grains. 

Les  Romains  ne  commencèrent  à  fe  fervir  de 
monnoies  d'or  que  Tan  546  de  Rome;  par  con- 
féquent,  fi  I'oai  trouvoit  l'un  des  rois  de  Rome 
ou  des  premiers  confuls  frappé  for  Tor ,  il  fau- 
droi*  en  conclure  que  c'cil  ime  faufTe  médaille. 

L'ufage  des  médailles  d*argent  commença  l'an 
de  Romf  484  ;  l'on  en  trouve  beaucoup  plus  que 
d'or,  mais  l'argent  n'en  eft  pas  bien  fin.  Les  eu 
rieux  ont  remarqué  par  les  fontes ,  que  les  Ro- 
mains ont  toujours  battu  les  médailles  d*or  fur  le 
fin ,  &  que  celles  d'argent  ont  toujours  été  fi^p- 
pées  à  un  titre  plus  bas  que  nos  monnoies. 

Il  y  a  des  médailles  de  pur  billon  qui  n'ont 
prefque  point  d'argent. 

Il  s'en  voit  qui  ne  font  quefaucées^  c'eft-àdire, 
battues  fur  le  feul  cuivre ,  &  argentées  cnfuite. 

Eufin  il  y  en  a  ât  fourrées,  qui  n'ont  qu'une  pe- 
tite feuille  d'argent  fur  le  cuivre,  mais  battues 
enfemble  fort  adroitement ,  &  qui  ne  fo  connoif- 
fcnt  qu'à  la  coupure.  C'eR  une  efpèce  de  fauffe 
jnonnoie  qui  commença  dès  le  triumvirat  d'Au- 
gufte. 

Tout  le  cuivre,  dans  la  diftir.ftion  des  fuites  dont 
les  cabinets  font  composés ,  porte  le  nom  de  bronze. 

On  voit  pluficurs  médailles  de  cu*>i*e  rouge 
dès  le  temps  d'Augnfte,  particulièrement  parmi 
ce  qu'on  appelle  le  moyen  bronze. 

On  en  voit  aufli  de  cuivre  jaune  dès  les  mêmes 
temps ,  parmi  le  grand  bronze ,  comme  parmi  le 
moyen. 

Il  s'en  trouve  de  vrai  bronze ,  dont  l'œil  eft  in- 
comj^^arablement  plus  beau. 

On  en  voit  quelques-unes  qui  paflcnt  pour 
iuivre  Je  Corinthcy  qui  eft  un  alliage  d'or  &  d'argent 
avec  une  plus  grande  quantité  de  cuivre;  on  l'ap- 
pelle ainfi,  parce  qu'on  a  prétendu  qu'à  la  prife  de 
Corinthe,  le  feu  y  ayant  été  nus,  &  la  ville  aban- 
donnée au  pillage,  les  diiïérens  métaux  fondus, 
enfemble,  forn.è.-ent  un  alliage  fortuit  qui  a  gar- 
dé le  nom  de  cette  ville  faccaece,  &  qui  donne 
aux  mëdailUs  la  même  beauté  &  le  aéme  prix 


MON 

que  les  vafes  de  G>rinthe  ont  touiours  eu  parmi 
les  vafes  de  bronze. 

L'on  trouve  des  médailles  de  plomb ,  la  plu- 
part modernes  &  de  nulle  valeur.  Les  antiquaires 
ne  croient  pas  même  quM  nous  refte  des  mé- 
dailles de  plomb  antiques. 

On  trouve  dans  quelques  cabinets  des  cuivres 
dorés ,  qui  font  des  médailles  gâtées  par  des  cu- 
rieux qui  ne  favoient  pas  le  prix  des  chofes» 
femblables  à  ceux  qui  eftiment  la  perfonne  par 
l'habit ,  &  l'honnête  homme  par  la  fortune* 

Ces  difFérens  métaux  ne  forment  dans  les  cabi^ 
nets  que  trois  fortes  de  différentes  fuites.  Celle 
d'or,  qui  eft  la  moins  nombreufe,  n'excédant  guère 
mille  ou  douze  cent  dans  les  im|:ériales.  Celte 
d'argent,  beaucoup  plus  nombreufe  ouifqu'elle  peut 
pafler  3000  des  feules  impéclales.  <!^elle  de  bronze 
qui  va  beaucoup  plus  loin ,  puifqu'en  y  compre- 
nant les  trois  différentes  grandeurs,  elle  peut 
aller  au-delà  de  fix  à  fept  mille.  Je  ne  compte  que 
les  impériales ,  car  fi  l'on  vouloit  y  comprendre 
celles  des  rois  &  des  villes ,  on  iroit  beaucoup 
plus  loin. 

On  appelle  médaillons  celles  qui  n'étoient  point 
monnoies  courantes ,  &  que  l'on  frappoit  comme 
des  monumens  publics,  pour  répandre  parmi  4e 
peuple,  dans  les  cérémonies  des  jeux  ou  des 
triomphes  >  ou  pour  donner  aux  ambaffadeurs  & 
aux  princes  étrangers.  Ces  pièces  étoi-^nt  nom- 
mées par  les  Romains ,  miJJîlU ,  &  les  Ita  iens  les 
appellent  aujourd'hui  medaglioni  ^  nom  que  nous 
avons  emprunté  d'eux  pour  marquer  Ls  médailles 
d'une  grandeur  extraordinaire.  Il  en  eft  une  efpéce 
que  l'on  appelle  contoiim'uues ^  du  mot  Italien  qui 
marque  la  manière  dont  ils  font  frappés  ,  favoir, 
avec  une  certaine  enfonçure  tout  autour  ,  qui 
laiffc  un  rond  des  deux  côtés,  &  avec  des  figures 
qui  n'ont  prefque  point  de  relief,  en  comparaifon 
des  vrais  médaillons.  On  croit  que  c*eft  un  ou- 
vrage né  en  Grèce  :  on  s'en  fcrvoit  principale- 
ment pour  honorer  la  mémoire  des  grands 
hommes,  &  de  ceux  qui  avoient  remporté  le  prix 
aux  jeux  publics. 

Il  femble  que  les  anciens  aycnt  voulu  faire  de 
leurs  médailles  des  im  îgcs  &  des  emblèmes  ,  les 
unes  pour  le  peuple  &  les  efprirs  groffiers  ;  les 
autres  pour  l«;s  gens  d'un  ordre  fupérieur  &  pour 
les  efprits  dé;icats;  des  imijcs  pour  prefenter 
aux  yeux  le  portrait  des  princes  ;  des  emblèmes 
pour  reprefenter  à  l'efprit  leurs  vertus  &  leurs 
grandes  avions. 

Moyens  dt  dé.  ouvrir  les  filjîfications  des  Médailles» 

Il  y  a  des  médailles  qui  étant  rares  fe  pzient 
fort  cher ,  ce  qui  a  donné  l'idée  de  les  falfifior  ; 
&  cet  art  coupable  a  été  poi.ffé  fi  loin ,  que  les 
curieux  de  médailles  ne  lauroient  trop  avoir  de 
connoiffances  pour  fe  mettre  à  l'abri  de  routes  les 
fupercberies  que  l'on  fait  en  ce  genre. 


MON 

On  a  TU  en  Italie  un  Padouaii  8c  un  Parme- 
ÙLù,  cilébres  artlftes,  former  des  coins  &  frapper 
des  midailles  qu'ils  6ûfoient'  pafler  pour  des  an- 
DqDCS.  1!%  ont  même  frappé  des  médailles  qui 
B*oat  jamais  ezliU  :  telles  font  celles  de  Priam» 
d^Eoée,  deCicéron,  de  Virgile,  8c  d'autres  per- 
fomiages  iUuflres. 

Uia  autre  artifice  eft  de  mouler  des  médailles 
aitiques,  de  les  jeter  en  fable ,  enfuite  de  les  ré- 
parer fi  adroitement,  qu'elles  paroiflent  frappées; 
nais  on  peut  les  reconnoitre  à  leur  poids,  qui 
et  toujours  moindre;  car  le  métal  fondu  fe  raré- 
fie, itt  lieu  que  celui  qui  eft  battu  fe  condenfe. 

Lorfque  la  médaille  a  été  jetée  en  moule ,  il 
reSeordinùrement  la  marque  du  jet,  qu*il  e(f  dif- 
fidie  de  bien  effacer  avec  la  lime,  quelque  foin 
fw  Ton  y  apporte. 

Les  grains  de  fable  occafionnent  auffi  de  petites 
ofiHiçures  auxquelles  on  peut  les  reconnoitre; 
nb  ceux  qui  contrefont  ont  auffi  quelquefois 
recours  à  une  induftrie  qui  mafque  ces  défauts. 
Ds  appliquent  fur  la  médaille  un  vernis  obfcur  qui 
reoiplu  tous  les  petits  creux  ;  mais  lors  qu'outre 
cck  ils  panrlenoent  encore  à  polir  le  champ  avec 
k baril ,  la  tromperie  devient  plus  difficile  à  re- 
coanoitre  ;  mais  avec  un  peu  d'habitude ,  en  pi- 
font  le  vernis,  on  reconnoit  qu'il  eft  moins  dur 
4K le  venus  antique,  qui  s'cft  formé  de  lui-même 
lur  les  médailles  jiar  le  fé;our  qu'elles  ont  fait 
dans  les  terrains  ou  on  les  a  trouvées. 

Eoiin,  lorfqu'on  a  le  toucher  délicat,  on  re- 
coonoic  ces  faufles  médailles  au  fimple  taâ,  parce 
cpicle  métal  en  eft  doux,  poli ,  au  lieu  que  celui 
des  antiques  a  quelque  chofe  de  plus  fort  &  de 
phu  rude.  Il  y  a  des  connoi^Teurs  qui ,  à  la  fimple 
iofpeâion,  diflinguent  les  médailles  contrefaites, 
parce  qu'ils  n'y  retrouvent  ni  la  fierté,  ni  la  fû- 
retè,  ni  la  pureté  du  deflin  de  l'antique. 

On  emploie  auflî  plufieurs   ftratagêmes  pour 

'•oner  un  grand  prix  à  une  médaille.   Les  uns 

efccent  un  revers  pour  y  en  fubftituer  un  autre , 

comme  on  a  vu,  par  exemple,  un  Tite  mis  au 

tvers  d'un  Vefpalien  ;  un  Otac  lie  au  revers  de 

^ppe.  D'autres ,  pour  que  rien  ne  paroiiTe  ré- 

faré,  coupent  deux  médailles,   &  avec  un  cer- 

t^  maflic  collent  k  la  tête  de  Tune  le  revers  de 

l'antre,  |»our  faire  des  médailles  uniques,  &  qui 

Bayent  jamais  été  vues  :    on  a  même  Tadreife 

de  réparer  fi  bien  les  bords ,  qu'au  coup-d'œil 

^  plus  fins  y  font  trompés.   On  reconnoit  cette 

'opcrcherie  par  la  différence   qui  fe  trouve  im 

^quablement  dans  les  traits  d'une  tête  antique 

*  d'un  revers  moderne  ;   mais  fi  le  revers  eft 

antique,  &  fimplement  appliqué  ,  on  le  découvre 

^Q fondant  les  bords  de  la  médaille,  qui  ne  peu- 

▼•nt  être  fi  parfaitement  unis ,  que  Ton  n'aper- 

Ç^Jve  quelques  traits  de  la  jonftion  :  tel  étoit  un 

^^rrés  auquel  on  avoit  attaché  un  Lucile  pour  en 

^re  un:   midalUe  rare,   fans  avoir  pris  garde 


MON 


205 


Sue  le  Lucile  étoit  de  cuivre  jaune ,  &  le  Verres 
e  cuivre  rouge. 

Une  des  fineffes  auiçquelles  on  a  encore  re- 
cours, eft  de  mettre  fur  les  médailles  moulées 
un  vernis  qui  puifTe  donner  lieu  de  les  faire  pren- 
dre pour  des  antiques.  Pour  cet  effet  les  uns 
frottent  leurs  médailles  avec  du  fel  ammoniac 
fondu  dans  du  vinaigre;  d'autres  les  frottent  avec 
du  papier  brûlé;  quelques-uns  les  metiem  en 
terre ,  pour  leur  faire  prendre  un  vernis ,  ou  du 
moins  une  efpèce  de  rouille  qui  en  impofe  ;  mais 
on  n'a  pas  la  patience  de  les  laiffer  affez  long- 
temps en  terre  pour  qu'elles  puiffent  avoir 
cette  belle  rouille  qu'on  eftime  plus  que  le  plu& 
beau  métal  ;  au  refte ,  le  vernis  moderne  fe  re- 
connoit facilement ,  parce  qu'il  eft  tendre ,  fe 
pique  atfément  ;  au  lieu  que  le  vernis  antique 
eft  dur  comme  le  métal  même. 

Il  n'eft  fone  de  ftratagême  auquel  on  n'ait  eu 
recours.  On  change  quelquefois  les  lettres  des 
légendes,  lorfqu'il  y  en  a  peu,  &  Ton  fait  paffer 
ainû  une  médaille  affez  commune  pour  une  mé- 
daille fort  rare. 

On  a  auffi  l'adreffe  de  réparer  des  médailles 
antiques ,  enforte  que  d'ufées ,  d'effacées ,  &  quel- 
quefois d'éclatées  qu'elles  étoient  dans  queiques 
endroits  ,  on  les  fait  revivre  en  enlevant  la 
rouille  au  burin,  rellufcitant  les  figures  qui  ne 
paroiffent  prefque  plus ,  mettant  fur  les  endroits 
mangés  &  détruits  de  la  médaille ,  une  efpèce 
de  raaftic  qui  s'y  incorpore,  qu'on  taille  enfuiie 
proprement  avec  le  burin  :  on  recouvre  le  tout 
d'un  vernis;  &  d'une  médaille  rare,  mais  qui 
étoit  toute  maltraitée  ,  on  en  fait  un  morceau 
que  les  curieux  achètent  fort  cher.  On  peut  re- 
connoitre la  fraude,  en  fondant  la  médaille  avec 
un  burin  :  lés  endroits  réparés  font  bien  plus 
tendres  que  le  rcfte. 

Le  moyen  le  plus  certain  pour  fe  précautionner 
contre  toutes  les  fourberies  des  brocanreurs ,  c'eit 
de  s'attacher  à  la  connoiffance  de  l'antique ,  qui 
comprend  le  métal ,  la  gravure  des  coins ,  &  le 
poinçonnement  des  caraâéres. 

Manière  de  tirer  Vempreinte  des  Mcdaillesm. 

Puifqu'il  s'agit  de  médailles ,  on  fera  bien  aife 
de  trouver  ici  la  manière  d'en  tirer  exadement 
l'empreinte  fur  du  papier. 

On  commence  d'abord  par  faire  une  empreinte 
la  plus  nette  qu'il  eft  poifible  fur  de  la  cire  à  ca- 
cheter ;  on  ôte  exaâement  toute  la  cire  qui  dé- 
borde la  médaille  ,  foit  avec  des  cifeaux ,  foit 
avec  la  pointe  d'un  cinif. 

Lorfque  cette  empreinte  eft  bien-^ite,  on  prend 
au  bout  d'un  pinceau  très- délié  de  l'encre  dont 
fe  fervent  les  imprimeurs  en  tailU-douce ,  &  on 
en  met  avec  adreffe  dans  toutes  les  lettres  &  dans 
tous  les  creux  qui  formoient  le  relief  de  la  mé- 
daille. G>mme  il  n'eft  pas  poffible  de  le  faire  avec 


2o6 


MON 


affcz  d'cxaftitude  pour  ne  pas  mettre  un  peu  de 
noir  fur  les  parties  élerées  ,  on  prend  un  petit 
linge,  que  l'on  aiTujettit  bien  ferme  au  bout  du 
doigt,  &  en  le  partant  légl rement  fur  la  médaille , 
on  la  nettoie  aiiez  exa&cment  prur  qu  il  ne  refte 
plus  de  noir  que  dans  les  lettres  U  les  autres 
creux  de  la  mcdaille.|Pour  achever  de  nettoyer 
bien  parfiiitsment  la  médaille,  on  paffe  fon  doijt^t 
légèrement  fur  du  blanc  bien  doux ,  comme  du 
blanc  d'Efpagne ,  &  on  frotte  avec  ce  doigt  la 
médaille  légèrement. 

Lorfqu'elle  eft  ainfi  nettoyée,  on  tient  tout  prêts 
quelques  morceaux  de  papier  plus  grands  que 
la  médaille,  quon  a  trempés  dans  Tcau  afin  de 
les  rendre  fufceptibles  de  prendre  rimpreffion, 
ayant  foin  cependant  qu'ils  ne  foient  qu  humides , 
fans  être  trop  mouillés.  On  applique  ua  de  ces 
papiers  fur  1  empreinte,  &  derrière  le  papier  on 
met  trois  ou  quatre  morceaux  de  flanelle  de  la 
même  grandeur ,  oui ,  en  cédant  légèrement ,  fera 
entrer  le  papier  dans  tous  les  creux  de  la  mé- 
daille ,  &  produira  l'empreinte.  On  prend  deux 
petites  plaques  de  fer  bien  unies,  &  alfez  épaifles 
pour  n  être  point  fufceptibles  de  fe  courber  ;  on 
met  la  médaille  de  cire  recouverte  du  papier  Ik 
de  la  flanelle,  entre  ces  deux  plaoues  de  fer,  que 
Ton  place  dans  une  petite  prefle  à  main.  On 
ferre  les  deux  vis,  on  les  force  même  un  peu 
avec  un  coup  de  marteau ,  &  lorfqu'on  ouvre 
la  prdTe,  on  voit  l'empreinte  de  la  médaille 
rendue  exaâement  fur  le  papier;  s'il  y  avoit 
quelque  trait  qui  fiit  un  peu  manqué ,  on  peut 
le  réparer  aifemcm ,  lorfque  le  papier  eft  fec ,  en 
fe  fervant  d'un  pinceau  trempé  dans  de  Tencre 
de  la  Chine. 

Ce  que  nous  avons  rapporté  de  la  fabrication 
des  monnoies,  eft  également  applicable  à  celle 
des  médailles. 

Il  fut  établi  auflî  en  France  une  monnoic  des  mé- 
dailles ^  par  Henri  H,  vers  l'an  i^S^»  ^^^  ^* 
maifon  des  éiuvcs ,  fituée  à  l'extrémité  de  l'ile 


du  palais  ,    fur   le  terrain    qui  fert  aujourd'hui 

nent  à  la  rue  de  H^  ' 
Dauphine. 


d'emplacement  à  la  rue  de  Harlay,  &  à  la  place 


L'invention  d'Aubin  Olivier ,  dont  nous  avons 
parlé  I  pour  fubftituer  le  balancier  au  marteau 
dans  la  fabrication  des  monnoies ,  fut  également 
employée  pour  les  médailles  ;  &  même  en  1 585 , 
cette  machine  fut  réfcrvée  fpédalement  pour  frap- 
per les  jetons  &  médailles. 

ElU  fut  transférée  «u  Louvre  fous  Louis  XIII. 
Varin ,   célèbre  graveur,  la  peri'câicnna  ;  &  ce 


MON 

nouvel  atelier  prit  dès-lors  le  nom  de  monno'u 
des  médailles. 

Par  édit  du  mois  de  juin  1696  ,  Louis  XIT 
créa  pour  cette  monnoic  des  médailles ,  en  titre 
d'office,  un  dircâeur  6t  un  contrôleur -garde; 
mais  ces  offices  ont  été  réunis  par  un  arrêt  du 
Coufeil  du  3  novembre  fuivanr. 

L'office  à\£ayeur  créé  par  l'èdit  de  1553,  fut 
auffi  réuni  à  celui  de  la  monnoie  de  Paris,  par 
des  lettres-patentes  du  mois  dj  mal  1663. 

U  eft  défendu  ,  par  l'article  27  de  Fédit  de 
1696 ,  de  fabriquer  ou  fsiire  fabriquer  aucuns 
jetons,  médailles,  ou  pièces  de  plaifir  d^or» 
d'argent ,  ou  autres  métaux ,  ailleurs  qu'en  U 
monnoie  des  médailles^  à  peine  de  confifcatioa 
des  outib  &  mat  ères ,  &  de  mille  livres  d'amende 
contre  les  contrevenans. 

L^ordonnance  fixe  le  titre  des  médailles  &  je* 
tons  d'or  à  vingt- deux  karats  ;  celui  des  jetons 
&  médailles  d'argent  à  onze  deniers  de  grains. 

Le  titre  des  médailles  de  bronze  varie  félon 
leur  diamètre. 

Ceft  Teflayeur  de  la  monnoie  qui  doit  vérifier 
le  titre  des  médailles  d'or  &  d'argent,  &  leur 
travail  eit  jugé  par  la  cour  des  monnoies ,  avec 
les  mêmes  formalités  que  celui  de  la  fabrîcatk» 
des  efpèces. 

Tout  ce  qui  fait  la  différence  emre  le  flion- 
noyage  des  efpèces  &  celui  des  médailles  an  Imi« 
lancier,  c'eft  que  la  monnoie  n'ayant  pas  nu 
grand  relief  fe  marque  d'un  feul  coup,  &  qno 
pour  les  médailles  il  faut  les  reneréner  &  tirer 
plufieurs  fois  la  barre  avant  qu'elles  aûem  pris 
toute  l'empreinte  ;  outre  que  us  médailles  dont 
le  relisf  eft  trop  fort  fe  moulent  toujours  (ans 
table,  &  ne  font  que  fe  rengréner  au  balancier, 
&  quelquefois  (i  difficilement  qu'il  faut  îufqn'à 
douze  on  quinze  volées  de  fléau  pour  les  achever. 

Ou  coanoit  qu'une  médaiUe  eft  fuffifiimnienc 
marquée ,  lorfqu  en  la  touchant  avec^la  main  dans 
le  carré  d'écufion ,  elle  porte  également  de  .tons 
côtés  &  ne  remue  pas.  Les  médailles  d'or  fe 
payent  à  la  monnoie  des  médailles  824  liv.  le 
marc ,  &  les  jetons  d'or  ronds  808  liv. 

Les  médailles  &  jetons   d'argent  à  Paris   le 

1>ayent  73  liv.  &  les  jetons  ronds  {7  liv.  ij  C 
e  marc. 

Le  prix  des  médailles  de  bronze  n'eft  pas  fixé. 
Il  s'eftime  fuivant  leur  diamètre. 

Ceux  qui  veulent  faire  frapper  des  jetons  ou 
médailles  ,  doivent  payer  les  carrés  au  gravent 
fuivant  fon  travail. 


•^IKi^ 


VOCABULAIRE 

DE    UART    DU    MONNOYAGE 

DES 

MONNOIES    ET    DES    MÉDAILLES. 


I 


/irrtSJCEi  c'cft  Tart  de  purifier  les  métaux, 
comme  i'or  Se  l'argent,  par  le  teu  ,  parle  moyen  du 
plnmb  dans  la  coupelle  ,  ou  par  quelque  autre  expè- 
aient  «  en  les  déDarraHant  de  leur  alliage. 

Agsii  ,  «on noie  d'or  fin  qui  fiit  fabriquée  en 
1116  ,  fous  Saint- Louis ,  Roi  de  France  ;  elle  éioii 
eacore  Dominée  denier  d'or ,  &  étoii  à  la  taille  de 
)9  j  au  otarc  ,  pefant  trots  den.  cinq  grains  trébu- 
îiiaSy  valant  ii  fols  6  den.  tournois;  maïs  il  faut 
rtmarqucr  que  ces  fols  étoient  d'argent  fin ,  6t  qu'ils 
pcfotent  prefque  autant  que  Tagnel  ;  de  forte  que 
URt  nsonnoie  reprèfentoit  6  liv.  5  ibis  S  dcn. ,  k 
njfon  de  nj  liv.  le  marc  d'argent  ;  elle  prit  fon 
nom  de  fa  marque,  &  fut  nommée  agntlk  caufe 
de  U  figure  d^un  mouton  ou  agnel ,  comme  on 
ptrloit  en  ce  temps-là,  qui  étoit  rcprèfemée  fur 
l'un  de  ses  c&iès  :  le  marc  d'argent  mounoyé  au 
titre  de  1 1  den.  12  grains  ,  ne  valoit  alors  que  58 
fob,  &  celui  de  Tor  j,G  Uv.  19  fols  6  den,,  ce 
quî  rendait  la  proportion  entre  ces  deux  métaux 
i\xi  ircuième  ou  environ. 

ÂcsEL  ou  AcNtiZT  ,  monnoic  d*or,  Fn  1 3 1 5  , 
fotis  le  régne  de  Louis  Hutin  »  on  fit  des  agncis 
ou  agnelets  d*or  fin  à  la  taille  ÛQ  ^^^  ^  ce  qui  faifoit 
rcrcnir  le  marc  <i*or  monnoie ,  à  \o  liv.  3  fols  4 
éta, ,  l'argent  à  1 1  den.  ta  grains ,  ne  valant  pen- 
dant Taonée  que  58  fols,  c'eft-à-dire,  ç8  gros  le 
nwfc  ,  valant  1 1  den.  pièce ,  le  tout  d'argent  ;  ainfi 
fiinclcr  reprèfentoit  8  Itv.  a  17  liv.  le  marc ,  & 
la  proponion  environ  vingtième. 

AcsELET  ,  monnoie  d  or  fous  Charles  le  Bel. 
£a  t}2i  ,  le  mkiYxt,  agnel  fubriHoit  encore  à  la  taille 
«fc  \^  \  au  marc ,  valant  59  liv.  3  fols  4  den.  ; 
iBAis  le  marc  d'argent  augmenta ,  &  par  rapport  à 
k  taille  j  &  par  rappen  au  prix  ,  car  les  gros  tour- 
Bois  furent  taillés  à  ^9  ^  au  marc  ,  comme  les 
agnelets,  &  valurent  15  den.  au  lieu  de  \i ,  ce 
^i  fit  revenir  le  marc  d'argent  à  3  liv.  t4'foIs  ; 
en  forte  que  la  proportion  changea  encore  ,  &  fur 
coviron  feiziéme. 

Ajustage  y  aâion  de  mettre  chaque  pièce  de 
Bonnoie  au  poids  qu'elle  doit  avoir. 

AJUSTER  Carreaux  \  c'eft  ajuftcr  les  morceaux 
ée  bmes  d*or  ou  d'argent  devines  à  faire  des  ef* 
péces  au  poids  jufte  quelles  doivent  avoir. 


Ajusteur  \  c*eft  dans  la  fRbriqie  des  monnoies, 
celui  qui  vérifie  le  poids  des  pièces  6t  métal ,  met- 
tant au  rebut  celles  qui  font  trop  foibles  ,  ou  ré- 
duifant  avec  la  lime  celles  qui  font  trop  fortes. 
Les  ofRciers  ajufleurs  ont,  fuivant  les  règïemcns, 
1  fols  par  marc  d'or,  Ô£  i  fol  par  marc  d';irgenr. 

Alsertus  ,  monnoie  d'or  frappée  en  Flandre 
pendant  le  gouvernement  d'Albert,  archiduc  d'Au- 
triche; il  étoit  au  litre  de  il  karas  J,  à  la  taille 
de  48  au  marc  ^  pefant  4  den.  :  il  fut  évalué  en 
1641  à  6  liv.  to  fols. 

Aluaqe  (  i  /j  monnaie  )  eft  un  mélange  dt 
dîfférens  métaux  dont  00  forme  un  mixte  de  telle 
nature  &  de  tôl  prix  que  Ton  veut.  Dans  le  mon* 
noyage  ,  l'alliage  eft  prefcrit  par  les  ordonnances; 
mais  Ton  aliérc  les  métaux  avec  tant  de  précau- 
tion ,  que  par  ce}  mélange  l'or  &  rargeni  ne  font 
que  peu  éloignés  de  leur  pureté. 

L'alUitgec/t  nêce^alre  pour  la  confcrvation  des 
cfpéces  i  il  donne  au  métal  nionnoyé  aiTei  de  du- 
reté ;  it  empêche  que  les  frais  ne  diminuent  le  poids 
des  efpéces  ;  il  aijgmenie  le  volume  &  remplit  les 
dépenfes  de  fabrication. 

Les  ordonnances  ayant  prefcrit  le  titre  de  Tal- 
lii2ge ,  on  ne  peut  fe  difpenfer  ,  fi  le  titre  général 
de  la  matière  fondue  eft  trop  bas ,  d'y  mettre  du 
fin  i  fi  au  contraire  le  titre  eft  trop  haut  ,  de  le 
diminuer  par  une  matière  inférieure,  telle  que  le 
cuivre. 

Amattr,  en  terme  de  monnoie  ^  eft  l'opération 
de  blanchir  les  B^ns  ,  ^n  forte  que  le  métal  en  foit 
mat  8t  non  poli.  En  cet  état  oji  marque  le  flan  au 
balancier,  d'où  il  fort  ayant  les  fonds  polis  &  les 
reliefs  mats. 

La  caufe  de  ces  deux  cfFcts  cfl  que  la  gravure 
des  carrés  eft  feulement  adoucie,  au  lieu  que  les 
faces  font  parfaitement  polies.  La  grande  prefïion 
que  le  flan  fouffre  entre  les  carrés  ,  fait  qu'il  en 
prend  joCqu^'aux  moindres  traits.  Les  parties  polies 
des  carrés  doivent  rendre  polies  celles  du  flan  qui 
leur  correfpondent  ;  au  lieu  que  celles  qui  font 
gravées  &  feulement  adoucies  ,  par  conféqucnt 
encore  remplies  de  pores  qui  font  impcrcepriblcs 
chacun  en  particulier  j  mais  dont  le  grand  nom- 
bre fait  que  ces  parties  poreufes  ne  font  point  lui- 


*^klKi 


208 


MON 


iantes  »  laiiTent  fur  le  flan  autant  de  petits  points 
en  relief  qu'elles  ont  de  pores.  C'eft  ce  qu'on  ap- 
pelle  le  mat. 

Le  blanchiment  pour  Targent  &  la  couleur  pour 
Tor  qui  rendent  les  Hans  mats  dans  toute  leur  éten- 
due y  font  des  préparations  indifpenfables  pour 
avoir  de  belle  monnoie  >  &  que  Tavidité  des  en- 
trepreneurs leur  fait  négliger  ,  quoiqu'ils  foient 
payés  pour  les  faire. 

AsGE  ,  monnoie  d'or  fabriquée  fous  le  règne 
de  Philippe  de  Valois ,  le  7  février  1340  :  elle  étoit 
d'or  fin  à  la  taille  de  3>f3"  ^^^^  >  valant  3  liv. 
1 5  fols.  Elle  étoit  ainfi  nommée  à  caufe  de  la  fi- 

fure  d'un  ange  ,  qui  étoit  repréfentèefur  uncôté  : 
ange  repréfentoit  environ  11  liv.  5  fols  3  den. 
de  notre  monnoie  à  17  liv.  le  marc. 

Il  y  avoit  auflî  des  demi-anges  à  la  taille  de  67 
\  au  marc  ,  valant  37  liv.  6  den.  qui  repréfentoient 
5  liv.  12  fols  4  den.  •^;  le  marc  d'or  monnoyé  étoit 
à  125  liv.  5  fols»  &  l'argent  à  11  d.  12  grains  à 7 
liv. ,  ainfi  la  proportion  d'ut-huitiéme. 

Ance^  autre  monnoie  d'or  fin  à  la  taille  de  38 
j  fabriquée  en  1341 ,  fous  Philippe  de  Valois ,  va- 
lant 3  liv.  15  fols,  &  à  27  liv.  le  marc  11  liv. 
5  fols  3  den. 

Ange  ^  monnoie  d'or  de  Philippe  de  Flandre , 
au  titre  de  23  karats  8  grains  ,  pelant  98  grains  , 
valant  environ  10  liv. 

Auge  ,  autre  monnoie  d'or  fabriquée  fous  Phi- 
""  lippe  le  Hardi,  au  titre  de  23  karats  ~  pefant  94 
grains. 

AsGEiOT  t  monnoie  d*or  frappée  en  France  du 
temps  de  Henri  VI,  Roi  d'Angleterre.  Ce  fat  vers 
la  èa  du  règne  de  Charles  Vl ,  &  dans  le  com- 
mencement du  règne  de  Charles  VII ,  que  les  An- 
glois  s'ètant  rendus  maiires  de  Paris ,  nrent  fabri- 
quer des  angelots  ;  ils  avoient  dans  l'empreinte 
d'effigie,  un  faint-Michel  tenant  une  épée  d'une 
nain ,  &  de  l'autre  un  écu  chargé  de  trois  fieurs 
de  lys  avec  un  ferpent  fous  les  pieds.  Leblanc  fixe 
les  angelots  à  l'année  1422 ,  au  titre  de  fin  à  la 
taille  de  105  au  marc  valant  15  fols. 

Angelot  ,  monnoie  d'or  de  Balembourg ,  au 
titre  de  ti  karats,  peûint  environ  84  grains,  va- 
lant 7  liv.  5  fols  à  27  liv.  le  marc. 

Angeiot  ,  monnoie  d'or  du  comte  de  Berge , 
au  titre  de  18  karats ,  5  grains,  pefant  60  grains, 
valant  4  liv.  17  à  27  liv.  le  marc. 

Angelots.  Il  y  a  eu  des  angelots  d'argent , 
que  les  Anglois ,  maîtres  de  Paris  fur  la  fin  du  régne 
de  Charles  .  &  dans  le  commencement  de  celui 
de  Charles  VII  >  y  firent  fabriquer  ;  ils  àvoient  un 
ange ,  &  portoient  les  écuflbns  de  France  &  d'An- 
gleterre ,  Henri  VI  fc  qualifiant  alors  Roi  de  ces 
deux  royaumes  ;  ils  valoient  dans  ce  temps-là  1 5 
fols  de  France. 

Angevins  ,  monnoies  d'argent  qui  avoient  cours 
fous  Saint-Louis  ;  ils  valoient  la  îlhoitié  d'un  man- 
çois,  évalué  à  15  den.  tournois  de  ce  temps-là, 

7  tournois  -^  pour  l'angevin. 


MON 

Angnel  ,  monnoie  de  l'abbefle  de  Thor ,  av 
titre  de  22  karats ,  valant  environ  5  liv.  18  fob 
à  27  liv.  le  marc. 

Antiques  (  médailles  ).  On  nomme  médailla 
antiques  celles  qui  ont  été  frappées  «iufqu'am 
fixiéme  ou  feptième  fiècle. 

Aprocher  carreaux  \  c'eft,  fuivant  une  an- 
cienne façon  de  parler ,  réduire  au  poids  convena- 
ble les  morceanx  de  lames  d'or  &  d'argent  deffinés 
à  faire  des  ef[;èce5. 

As  ou  Aes  ,  monnoie  de  cuivre.  Henri  III  eft 
le  premier  des  Rois  de  France  qui  ait  fait  fidm* 
quer  des  monnoies  de  cuivre  pur. 

Ce  fut  en  1575  que  ce  prince  ordonna  qu'il 
feiroit  fabriqué  de  doubles  den.  tournois ,  &  des 
den.  tournois  firaples  de  cuivre  fin,  les  premien 
à  la  taille  de  78  au  marc,  valant  %  den.,  &  lei 
den.  à  156  au  marc,  valant  un  den.,  faifant  re- 
venir le  marc  à  ix  fols. 

Depuis  1575  juk{u'en  i689,tln'y apointeude 
changement  ni  d'augmentation  fur  la  monnoie, 
étant  iiïxh^y  en  1641  comme  en  1689  ,  à  27  fols  ; 
mais  comme  la  livre  de  12  onces  des  Romains, 
qui  faifoit  le  poids ,  ne  repréfentoit  que  10  oncei 
f  de  notre  poids  de  marc,  la  valeur  de  l'as  n'é* 
toit  que  de  17  fols  4  den.,  à  27  liv.  le  marc. 

L'as  avoit  fes  diminutions,  qui  étoient  le  femis, 
le  quadrans  ,  le  triens  ,  le  (extans,  le  dextaos, 
1q  drodans  ,  le  bex  ,  le  feptuns ,  le  quincnnif 
l'uncia. 

Baie  :  nom  qu'on  donne  à  l'ouverture  du  ba- 
lancier. 

Bain,  On  dit  que  l'or  ou  l'argent  eft  en  bahi ,' 
lorfque  le  feu  a  mis  ces  métaux  en  état  de  flui- 
dité. C'eft  alors  qu'on  les  remue  ou  qu'on  les 
brafie  avec  une  efpéce  de  quille  faite  de  terre  à 
creufet  &  cuite. 

Bajojre  ;  c'eft  une  monnoie  ou  médaille  d'ar- 
gent, qui  a  une  empreinte  de  deux  tètes  en  pro- 
fil ,  dont  l'une  avance  fur  l'autre ,  comme  on  en 
voit  de  Louis  le  Bègue  &  de  Catloman  fon  fils , 
qui  firent  mettre  leur  monogramme  fur  leurs  mon- 
noies ,  &  de  Henri  IV  &  de  Marie  de  Médicis:il 
y  en  a  qui  croient  qu'on  dit  hajoire  au  lieu  de  bs* 
foire ,  à  caufe  que  les  deux  têtes  femblent  fe  bai- 
fer.  On  ne  connoit  ni  le  poids ,  ni  le  titre  »  ni  la 
valeur  des  bajoires. 

Balances  d'essai  ;  ce  font  de  petites  balances 
qui  doivent  être  d'une  grande  juftefle  pour  pefer 
l'eflai  de  l'or  &  de  l'argent.   . 

Balancier  ,  machine  inventée  au  commence- 
ment du  XVIle.  fiécle  ,  avec  laquelle  on  fait  fur 
les  flam  les  empreintes  qu'ils  doivent  porter, fo 
Ion  la  volonté  du  Prince. 

Î?AT1È^  fort-'  de  mirteau  dont  on  faifoit  ufage 
aurrcfois  dans  les  monnoies. 

Battre  la  en  au  de  ,  ce  qui  fignifioit  autrefois 
dans  les  moiinoies  étendre  les  lames  d'or  ou  d'ar- 
gent fur  reriClumc. 

Beza\t  ,   monnoie  d'or  qui  avoit  cours  fous 

Louis 


MON 

l4«iiiVIl  6c  fausPhiUppc-Aiigjiilg,  entre  Tan  1187 
Bc  itoî  ;  ii  pcfoit  environ  un  di>uble  ducat ,  c*eA- 
héa^'  ,  ç  dcn.  10  grains  au  rître  de  ai  karats; 
lott*  PhiUjjpe  le  Hardi  le  bezant  d  or  fut  taxé  par 

rràf  du  parlement  de  la  pemecote,  en  1283,  à 

Jûh  tournois  ;  le  marc  d*argent  alors  ne  valoit 
fols»  A  la  cérémonie  du  facre  de  nos  rois , 
':>it  à  Toffrande  un  pain  ,  un  haril  d'argent 
pmi  de  vtn ,  &  treize  bezants  d  or  ;  le  bezant  d'or 
nu  plus  de  10  liv,  10  fols  à  27  livres  )c  marc. 

BlL£OQU£T  ^  à  U  monnoh ,  cA  un  morceau 
i.c  Ctr  en  forme  d*ovale  trés-alongé,  au  milieu 
duquel  eft  un  cercle  en  creux  de  la  grandeur  du 
â*ii  que  Top  veut  ajuftcr  ,  &  au  centre  eft  un 
prtii  trou  pour  rcpouflcr  le  û^n  en  dehors ,  lorf- 
que  îe  âan  fc  trouve  trop  attaché  au  bilboqua. 
h  là  fccilc  de  concevoir  le  relie  de  cet  inftru* 
w^tnty  qui  n'a  rien  que  de  très-fimple. 

U  )r  a  autour  d'une  longue  table  une  quantité 
ic  hlk»fu€ij  où  les  taillereffes  &  les  ajuflcurs 
SoMt  les  flans. 

BiuOk;  cVft  une  monnole  de  cuivre,  dans 
blueUe  U  entre  ur.e  très-petite  quaniiïé  d'argent. 

On  appelle  auffi  ùlllon  les  efpéccs  decrisïes, 
■uni  le  cours  eft  défendu* 

ItLLONAGEj  eA  k  Citme  de  furachat  des  ma- 

6i  dVrgcnt  monnoyées ,  foit  pour  les 

hors  de  royaume  y  foit  pour  les  chan- 

nature, 

LONNEUH;  on  nomme  alnfi  celui  qui,  fans 

giflé,  furaclète  les  iriaiiéres  d'or  ou  d'iàrgent, 
Vou  prononcent  des  peines  contre  \c  blllonneur, 
Ijlancs-  Les  premiers  blancs  d*argent  que  Ton 
û  en  France  ,  font  ceux  qui  furent  fabriqués 
le  roi  Jean  ,  le  17  mai  1351  ;  ils  éioient  à  la 
de  144  au  marc,  à  4  deniers  ii  grains  de 
tii,  valant  6  deniers  Panfis  ,  le  m^rc  d'argent 
i6Uv,  lîfols. 
Lî  24  novembre  13  54 ,  il  y  en  eut  d*iutres  nom- 
bUnc^  t  la  couronne ,  à  la  raille  de  80  au 
•ïax,  il  )  deniers  8  grains  de  loi ,  valant  ç  de- 
itn  tOiirnoîs  le  marc  à  4  liv.  4  fols. 
Lt  17  imilet  1355  5  il  y  en  n  eu  d'autres  à  la 
totminne  6l  à  la  queue,  à  la  taille  de 72  au  marc, 
I  3  deniers  9  grains  de  loi,  valant  15  deniers 
RMimoîs^  le  marc  à  10  Uv. 

Le  5  janvier  1556,  il  y  en  a  eu  d'autre*^  à  ta 
porotine,  à  la  raille  de  c^6  au  marc,  à  8  deniers 
r  loi»  vaUot  10  deniers. 

Le  16  dudit  mois,  d^autrcs  à  la  fleur  de  lys, 
U  taille  de  60  au  marc,  à  4  deniers  de  loi, 

m  8  deniers. 
L^  08  novembre ,  d*autres  nommes  gros  blancs , 
!  80  ati  marc,  a  4  deniers  de  loi  ,   valant   11 
rtier»,    âc  le  marc  à  7  liv.  8  foU. 
Le  30  août  1358,   d'autres  à  la  couronne   de 
5  ^  au  marc ,  à  4  deniers  de  loi ,  valant  1 1  de- 
rrS ,   &  le  marc  à  6  liv*  I  5  fols. 
Le  5  juin  t)59i  il  y  eut  d*autres  blancs  aux 
fleurs  de  ly^  de  70  au  marc,   à  3  deniers  i% 
Arit  &  AJldtun,     Tamt   K     Partie^  L 


MON 


209 


gTîIns  de  loi,  valant  15  deniers,  &  le  marc  a 
9  liv. 

Le  17  novembre  1 3  S9 ,  d*aiu;cs  nommés  blancs 
à  Ictoilc,  de  4^  «u  marc,  à  4  deniers  de  loi,  va- 
lait 2  fols  6  deniers,  &  le  msrc  d'argent  11  liv- 
Il  fur,  le  11  mars,  a  102  liv-  ik  le  13  dudit  mois 
réduit  a   1 1  )iv. 

Et  enfin  ,  quantité  daiures  blancs  fabriqués 
fous  dlfférens  tit.cs ,  noms  &  vakurs ,  jufques 
en  13^7. 

Blanc  ;  petite  monnoic  de  cuWre ,  qui  ayoit 
::utrefois  cours  en  France  fur  le  pied  de  5  deniers 
tournois, 

Lc$  pièces  de  3  blancs  ont  commencé  fous  le 
règne  de  Charles  VI,  le  17  février  14T9  :  elles 
étoi^nt  à  deux  deniers  de  loi,  à  la  taiîtc  de  168 
au  maïc;  il  en  a  éiè  frappé  des  doubles  en  divers 
autres  temps;  mais  d.puis  Tan  1670,  elles  n'ont 
plus  été  une  monnoie  courante ,  mais  feulement 
comme  une  monnoic  de  compie,  &  Ton  dit  en- 
core dans  pluficurs  endroits  du  royaume  pour 
fignincr  i  ç  deniers ,  &  6  blancs  pour  2  fols  6  den, 

BLA^XHîM£KT  ;  à  la  monno'u  ,  c*eft  une  pré- 
paration que  l'on  donne  aux  flans  pour  qu'ils 
aycnt  de  Téclac  ôc  du  brillant  au  for  tir  du  ba- 
lancier. 

Le  b!anclument  fe  faifoit  autrefois  à  leau  forte; 
mais  ce  procédé,  outre  quil  alcéroit  un  peu  les 
efpéces ,  ètoit  plus  coûteux  que  celui  qu'on  fuit 
à  préfcnt* 

Les  flans  que  Ton  veut  blanchir  fc  mettent 
dans  une  cfpèce  de  poêle  fur  un  fourneau  de  ré- 
verbère. Les  flans  ayant  été  ainû  chauffés ,  on 
les  laifle  refroidir,  puis  on  les  met  bouillir  fuc-- 
ceiHvement  dans  d*autres  poêles  acpt^lèes  bouii^ 
loircs  ,  dans  lefquellés  il  y  a  de  Teau  «  du  fel 
commun  ,  &  du  tartre  de  Montpellier  ou  gra- 
vellc  i  &  lorfqu*iis  ont  été  efforés  de  cette  pre- 
mière eau  dans  un  crible  de  cuivre,  on  y  jette  du 
fablon  6£  de  leau  fraîche,  enfuite  on  les  e/Tuie., 

Blanchir  (m /wo^fntjyjj^i);  l'argent  fe  blanchit 
en  le  faifant  bouillir  dans  de  Teau  lorte  ,  mêlée 
avec  de  Teau  commune ,  ou  feulement  de  leau 
oîi  on  a  fait  diffoudre  de  Talun,  Les  ouvriers  en 
médailles  &  en  monnoie ,  Sablonnent  tous  les 
flans ,  &  les  frottent  dans  un  crible  de  fer  pour 
en  otcr  les  barbes. 

EouiLLiTOia£  ;  {donner  la)  en  terme  de  mon- 
noyeur ,  c*eA  juter  les  flans  â  la  boudhtrc  ,  les 
y  nettoyer  ,  6c  f^îre  bouillir  dans  un  liquide  pré- 
paré ,  fufqu'à  ce  quMs  foient  devenus  blancs. 

Bouilloire,  j  la  monnoU  ;  vaiffeau  de  cui- 
vre, en  forme  de  poêle  plate  à  la  miin,  dans 
lequel  il  y  a  de  leau  bouillante  avtc  du  fel 
commun  6c  du  tartre  de  Montpellier  gravelé,  où 
Toti  jette  les  fians ,  qu'on  a  laiffé  refroidir  dans 
un  crible  de  cuivre  rouge  après  quMs  ont  été 
recuits*  On  les  fait  bouillir  dans  ce  Vàifîeau  pour 
les  décrafleri  enfuite  on  les  jette  dans  une  autre 
bouilÎMÏrc^  remplie  de  même  que  la  première,  où 

D  d 


1 


tio  MON 

on  les  fait  bouillir  une  féconde  fois  pour  ache- 
ver de  les  nettoyer, 

PouRGEOis  jori ,  élok  une  otonnoie  d*argent 
qui  fut  fabriquée  le  20  janvier  1510,  fus  le 
régne  de  Phllippe-ie-Bcl  ;  ils  étoient  k  la  taiîle 
de  1S9  au  marc  ,  à  6  deniers  de  loi ,  valant  2 
deniers  Parifrs,  &  le  marc  d*argent  fii  3  liv.  7  fols 
6  deniers  :  il  y  avoit  au  {fi  des  demis  bourgeois 
forts,  qui  valoient  itn  denier. 

Bouton  ;  c'eft  le  rêfidu  ou  la  pciîte  partie 
d'or  ou  d  argent  fin  qu*on  retire  aprè^  l'affinage. 
Brassage;  droit  que  le  roi  accorde  aux  di- 
re^eurs  de  la  monnoie  fur  chaque  marc  d'or, 
d'argent  6:  de  billon  mis  en  œuvre  &  fabri- 
qué :  ce  droit  cft  de  cinq  lois  pour  Tor  &  pour 
l'argent ,  &  de  dix  fols  pour  le  billon. 

Autrefois  le  direfteur  (que  Ton  appeloit  maître) 
prcnoit  trois  livres  par  m.tïc  d*or,  &  dix-huit  fols 
par  marc  d'argent^  dont  b  moitié  étoit  employée 
au  déchet  de  fonte,  charbon  ,  frais,  &c.,  fie  l'autre 
moitié  au  paiement  des  ouvriers. 

Brasser  i'or  ou  rarj^cnt  ;  c'eft  bien  remuer 
ces  matières  lorsqu'elles  font  en  fufion  »  afin  qu  ellei 
piîifTent  être  fines  par-tour. 

Brassoïr  ;  c'eft  le  nom  d'une  efpèce  de  petit 
bâton  en  terre  cuiîe,  dont  on  fe  fcrt  pour  bral- 
fcr  ou  remuer  Tt  r  qui  eu  en  fufion. 

Oii  peut  bra/Tcr  l'argent  en  bain  avec  un  hraf- 
piir  de  f^r* 

Bai:vE,  terme  de  monnoyeur  ;  c'eû  la  qum- 
tiié  d«-*  marcs  ou  d'efpeces  délivrées  ,  provenant 
d'une  feule  fonte. 

De  trente  marcs  d  or  ,  il  doit  revenir  neuf- 
cents  louis  ;  or  la  délivrance  des  neuf  cents  louis 
cA  une  brève. 

On  appelle  auffi  brcve  une  certaine  quantité  de 

fla^s  ^  que  le  dirt<^*ur  de  la  monnoie  délivre  aux 

aju(leurâ  &  aux  monnoyeurs  pour  être  travaillée. 

Bronze  ;   ou  appelle  ainfi  le  cuivre  dont  les 

;médaîllc$  font  compofécs. 

Mcyen  bronze  ^  c'eil  le  cuivre  rouge. 
Carot.u  ;  monnoie  de  billon,  qui  (m  fabriquée 
fous  le  régne  de  Charles  VllI,  fous  le  nom  de 
grjnd'blanc  au  K  couronné^  qui  étoît  alors  la 
première  leKre  du  nom  du  rot  «  6t  c'eft  à  caufe 
de  ccU  que  cette  monnoie  fiit  nommée  Karolu 
ou  Carolu  :  elle  avoir  cours  pour  10  deniei^  tour- 
nois. Depuis  fort  décri  fous  Louis  Xïî ,  eiîe  fc 
convertit,  fi  on  peut  parler  ainfi,  en  monnoie  de 
compte,  Au)^iurd'hui ,  pour  exprimer  ro deniers, 
on  ie  feri  encore  parmi  te  peuple  du  terme  ds 
Carok?. 

Carré;  morceau  d'acier  fait  en  forme  de  de- 
dans lequel  on  a  gravé  en  creux  ce  qui  doit 
être  en  relief  dans  la  pièce  de  monnoie. 

Quand  les  carrés  (ont  btco  trempés ,   Ton  y 

frappe,  fi  Ton  veut*  dc<  poinçons,  de  même  que 

Ton  frappe  des  carrés  avec  les  poinçons.   Ces 

dermers  carrés  alors  s'appîllcni  matricti^ 

Cassi;   c'eft   un   creux    rond    fait   en  i^rrc 


MON 

grafTe  fous  un  fourneau  ,  8c  qui  fert  de  crcufcr 
pour  la  fonte  du  b'dlon  ou  du  cuivre  dans  le* 
mon  noies. 

Ca  VA  LOT  ;  monnoie  d'argent ,  tenant  6  deniers 
de  loi  ,  tabnquée  à  Milan  ,  fous  le  régne  de 
Louis  Xt ,  pendant  le  féjour  que  ce  prince  y  fir 
en  1499  ;  cette  monnoie  fut  nommée  ainû  à 
caufe  que  &mt  Second  y  étoit  repréfcnté  à 
cheval. 

Cepeau  ;  c'eft  le  nom  que  l'on  donnott  autre^ 
fois  dans  les  monnoies  ,  à  un  billot  (ur  lequel 
on  attachoic  une  efpéce  de  poinçon  appelé  la  piU» 
Chaise  ou  indiere^  comme  on  parloir  autre- 
fois ;  monnoie  d  or  fabriquée  fous  Pliilippc-!e* 
Bel,  6c  qu'on  appela  éàt\%  la  fuite  des  royaux 
d*or.  Ces  chaifes  ou  cadières  ainfi  nommées* 
parce  que  le  roi  y  étoit  aflSs  d*un  côté  fur  une 
chaife,  n'étoient  qu'à  aakarats,  &  pefotem  s  de- 
niers douze  grains  trébuchans  ,  c'eft  à-peu-prês 
la  valeur  du  bezant  d'or;  on  les  nomma  enfiiitc 
maffes  ,  à  caufe  que  le  roi  y  étoit  reprélentc 
d*un  côté  tenant  unemilfe  d'une  main.  Par  or- 
donnance de  Philippe- le-BeU  du  16  avril  MoS, 
Se  par  une  autre  du  18  janvier  1309,  I2  cniifc 
ou  cadièrc  fut  évaluée  à  25  fols  :  elle  vaudroit,  à 
17  livres  le  marc  d'argent,  to  livres  10  fob  ou 
environ. 

Champ  de  la  médailte  ;  c*eft  la  fuperficie  çlate 
&  poUc  de  chacun  des  deux  côtés ,  oij  H  n'y  » 
rien  de  gravé ,  fit  qui  fert  de  fond  aux  types. 

Chape  ;  c'eft  la  couverture  en  forme  de  dî^me 
qui  fe  place  fur  un  fourneau  à  vent. 

Charger  U  crcufet  ;  c'eft  y  mettre  des  tru- 
tiéres  d'or  ou  d'argent  pour  en  faire  la  fufiof!* 

Circulant  ,  ou  en  circulation  ;  nom  par  to^ 
quel  on  dèfigne  ragîtation  du  plomb  dans  fa  COtt- 
pelle  ,  brfque  ce  métal  eft  dans  une  fufiort  par- 
faîte. 

Cisaille»  ;  on  nomme  ainfi  dans  les  mon* 
noie» ,  I06  extrémités  ou  bords  des  lames  de  mé- 
tal d'or  ou  d'argent,  dont  on  a  tiré  les  (îan* 
pour  en  faire  des  pièces  de  monnoies. 

CisoiR  ;  forts  cifeaux  pour  couper  le  métaL 
Coins  i  morceaux  d'acier  où  loat  gravés  Ict 
empreintes  àt%  monnoie*. 

Congeler  (fe)  \  les  eiTaycurs  difeni  que  le  mé- 
tal fe  con^Ue  dans  la  coupelle,  loffqa'il  s'y  âge 
faute  d'une  chaleur  aiTez  grande. 

CounoNNET;  c'eft  une  marque  de  monnoie 
que  l'on  met  fur  la  tranche  des  pièces  d'or  & 
des  petites  pièces  d'argent. 

CoNTOURNiATEs  \  médaillons^frappcs  avec  uni 
certaine  enfonçure  tout  autour ,  qui  laiffe  cri 
rond  des  deux  côtés  ,  &  avec  des  figures  qui 
n'ont  prcfque  point  de  relief, 

CoRONNAT*;  monnoie  de  bîllon  que  Louis  XII 
fit  fabriquer  vers  l'an  1511. 

Coupellation  ;  c'eft  l'aftion  de  patificr  Tor  6c 
Targont  en  les  fondant  avec  le  plomb  à  b  c^u^ 


MON 

GoiTPSLLE  ;  cVft  un  valiTeau  en  forme  de  couçe 
apluie  »  dans  lequel  on  fait  l'affinage  de  Vor  & 
de  t*argem,  par  le  moyen  du  plomb  qu'on  y 
Jcon^e. 

Couper  carreaux  ;  c'étoit  autrefois,  dans  le 
^°g*g^  des  monnoyeurs,  couper  les  lames  d'or 
«►«  dargem  eu  morceaux  de  la  grandeur  des 
cfpcces. 

CouPoiR  (i  Id  monnaie);  c  eft  un  ioftruroent 
de  fer  acéré ,  quî  fert  à  emporter  des  lames  de 
siètal  les  flans  deftinés  à  faire  des  monnoies, 

CouROîfNE  ;  monnoie  d*or  fin  de  France.  La 
fremîére  efpèce  de  ce  nom  eft  du  7  février  1339: 
elle  étoit  à  la  taille  de  45  au  marc,  valant  40  fols 
d'argent  a  5  l<v.  le  marc,  ce  qui  fait  revenir  le 
marc  d'or  fin  à  90  Uv.  Cette  monnoie  peut  être 
évaluée  à  10  Uv.  10  fols,  à  raifon  de  27  liv.  k 
oirc. 

Creuset  de  ttm  pour  la  fonte  des  métauir; 
c'cft  un  vaiiTeau  de  la  forme  d'un  cône  ren- 
mft,  qui  cil  fait  de  terre  glaife  &  de  pots  de 
£«  piles  &  tamifés,  &t  qui  eft  propre  pour  la 
rafion  de  Tor»  de  largent  fit  autres  métaux. 

Creuset  d€  fer;  c'eft  un  vaiflcau  de  fer  forgé, 
de  la  forme  d'un  petit  feau  fans  anfes.  Il  eft 
propre  à  la  fufion  des  métaux ,  à  la  referve  de 
IW,  parce  qu^il  s'y  aigriroit. 

Croix  ;  on  donnoit  ce  nom  au  côté  des  mon- 
noies qui  porte  à  préfent  Tempreinte  de  Tefligie 
^?  f®\»  ^  *î^i  *voit  autrefois  une  croix.  L'autre 
coté  s'appcloit  pïiu 

Cuiller  ;  dans  le  monnoyage  on  fe  fert  d*une 
cniller  pour  tirer  le  métal  en  fufion  du  four- 
neau ,  &  le  jeter  en  moule.  Cette  cuiller  eft  de 
fer,  longue  de  fix  à  fept  pieds.  On  ne  remploie 
Jjuc  pour  Targcnt  &  le  bilion ,  parce  qu'on  verfe 
ior  dans  le  moule   avec  le  creuf^t  même. 

Ct7iVRE  de  Corïnthe ,  dont  pltifkiirs  médailïes 
lOtit  compofèes.  Ceft  un  métal  dans  lequel  il 
entre  un  alliage  de  cuivre,  d'or  &  d argent. 

Culot  ;  ceft  le  petit  bouton  d  or  ou  d'argent 
«fl  qui  refulte  de  l'affinage. 

Daeldir  ,  de  Marguerite  &  Lotliairc  de  Bour- 
bon; monnoie  d'argent  frappée  en  1614,  au  titre 
de  9  deniers,  valant  environ  1  liv*  14  fols,  à 
27  liv.  le  marc  d  argent  de  France. 

Dardenne;  monnoie  de  cuivre  qui  fe  fabrique 
à  Aix,  &  qui  a  cours  en  Provence  pour  6  de- 
niers :  ce  font  les  mêmes  pièces  de  deux  liards 
qu'on  febrîqua  à  la  Rochelle  en  Tannée  1709. 

Déchet  ;  c*eft  la  perte  qui  fe  trouve  fur  l'or 
&  for  l'argent  qui  ont  été  fondus  &  convertis 
en  tfpéces. 

Décriée  {monnoîe)\  c'cfl  une  monnoie  qu'il 
eft  défendu  de  recevoir  dans  la  circulation  ;  ce 
qui  arrive  %  l'égard  des  anciennes  espèces  qui 
ecïïent  d'avoir  cours  lorfqu'il  y  a  eu  une  refonte 
générdîe. 
D£F£ri;ht  (i  Id  monnoU)^  eft  une  marque  que 


M    ON  2U 

[  chatfue  dîrefteur  met  far  fa  monnoie ,  pour  rc- 
connoître  les  cfpèces  de  fa  fabrication, 

II  y  a  trois  efpèces  de  défércns  ;  celui  de  la 
monnoie  ,  qui  eft  ordinairement  une  lettre  qui 
fe  place  au  bas  de  réciifTon  ;  celui  du  direéleur  » 
qui  fe  place  au  bas  de  l'effigie ,  Ôc  celui  du  gra- 
veur, qui  fe  met  avant  le  miîléfime. 

Le  déférent  des  monnoies  eft  conftant  en  France, 
mais  celui  du  dircÔeur  &  du  graveur  font  ar- 
bitraires. 

Les  déférens  des  hètels  des  monnoies  de  France 
font  : 


A. 

Paris. 

Q,    Perpignan» 

B. 

Rouen, 

R,    Orléanf. 

C, 

Caen« 

S ,     Reims. 

D, 

Lj^on. 
Tours. 

T,    Nantes, 

E, 

V,   Troyes. 

F, 

Angers. 

X,    Âmieni. 

G, 

Poitiers. 

Y ,    Bourges, 

H, 

la  Rochelle. 

Z,     Grenoble. 

I. 

Limoges. 

&,   Aix. 

K. 

Bordeaux. 

AAjMetx. 

L, 

Bayonne, 

BB,  Strasbourg, 

M. 

Touloufe. 

CC,Befinçon. 

N, 

Montpellier* 

W,  Lille, 

0, 

Rom. 

9,     Rennes. 

P, 

Dijon, 

Ui,€Vâchet  Pau 

Dégrossir  {à  h  monnaie);  lorfque  le  métal 
a  été  fondu  en  lames ,  on  le  recuit ,  enfutte  on 
le  fait  pafiTer  à  travers  le  premier  bminoir,  dont 
les  deux  rouleaux  ou  cylindres  font  mus  par 
des  axes  de  fer  paffant  à  travers  les  roues  den- 
tées ,  &  font  fufceptibles  par  ce  moyen  d'une 
plus  grande  aôion  :  rcfpîice  des  cylindres  étant 
plus  conftdérable  au  laminoir  qu'aux  autres  ,  il 
ne  f-Jït  que  commencer  à  unir  &  préparer  la  lame 
à  acquérir  l'épaiffeur  de  l'efpèwe  pour  laquelle 
elle  eft  deflinée,    Ceft  ce  qu'on   appelle   U  di- 

Délivrance  {fén  une);  c'eft  donner  la  pcr- 
miiîïon  d'expoler  les  monnoies  en  public,  ce 
que  les  officiers  ne  font  qu^après  les  avoir  bien 
examinées.  Les  juges- gardes  répondent  de  k  yuf- 
tefte  du  poids  ,  les  effayeurs  de  la  bonté  du 
tiire;  en  conféquencc  on  dreflTe  un  afte  de  cette 
délivrance  que  l'on  fournit  au  directeur ,  qu'il 
emploie  dans  les  comptes  qu'il  reod,^ 

Un  prend  des  efpèces  de  chaque  hrtve  ou  fonte, 
pour  faire  les  efl'aîs  néceftaires  &  pour  aftiircr 
la  bonté  du  litre.  Le  refte  de  ces  efpèces  eft  con- 
fervè.  On  le  rend  4U  direéleur  avec  les  boutons 
d'eft"aîs  j  lorfque  la  coijr  des  monnoies  a  )ugé  k 
travail. 

Demî-ances;  monnoie  d*or  fabriquée  en  134O1 
à  ta  taille  de  67^  au  mire,  valant  75  fols  :  ils 
vaudroient,  à  17  liv.  le  marc,  20  liv.  3  fols  oït 
environ. 

Demi-ÉCU;  fol  de  François  I,  en  1475,  au 

Dd  £ 


212  MON 

litre  de  ij  karats  i  »  pefant  un  dciiîcr  7  grains 
&  demi ,  valant  environ  j  liv, 

D£M1*£CU  d*or  â  la  couronne ,  dc  Tannée 
IJ16,  pefant  un  denier  fept  grains,  évalué  à 
environ  ç  Uv.  à  27  Uv,  le  marc. 

Demi-ECU  y^/;  mnnnoie  d'or  qui  fut  fabri- 
quée fous  Charlc  VllI,  en  1483,  à  la  taille  de 
140  au  m^rc,  vjlant  18  fois,  6c  à27liv*  le  majc 
jo  fols. 

DtMi-icv  fol  ;  monnole  d*or  qui  avoir  cours 
fous  Louis  XllI,  en  1641  ,  pour  42  fols  6  de- 
niers :  elle  éiuit  à  la  karats ,  &  pefoit  un  de- 
nier fept  gr.iins  &  demi  :  c'étoit  la  moitié  de 
Técu  fol  qui  a  fervi  long- temps  de  monnoie  de 
compte. 

Demi-ECU  v*W/,  à  ijkarats,  pefant  36  grains, 
évalué  à  environ  41  foU  à  27  liv.  le  marc. 

Demi  HENRI  d*or  ;  monnoie  de  Henri  II,  de 
Tannée  1549,  ^  21  kaiats  ,  pefant  12  den,  14^ 
grains,  évalué  à  ç liv.  4  fols  8  dçn.  à  27  liv.  le 
marc. 

DEMI-.ECU  d*or ,  fabriqué  en  1546,  fous  le 
règne  de  François  T ,  à  23  karats  7  Se  à  U  taille 
de  143  f  au  marc. 

On  fabriqua  aufli  à  la  monnoie  de  Paris  j  des 
doubles  éciis  d'or ,  qu'on  nomma  benris  :  ils 
avoiem  d'un  côté  la  tête  du  roi  couronnée,  & 
de  Tautre  en  forme  de  croix  quatre  H»  couronnées, 
dans  les  angles  une  fleur  de  lys,  6l  pour  légende, 
donec  toium  impUat  orbcm ,  qui  étoît  la  dcvife  du 
roi  ;  au  baut  de  la  croix  un  folci! ,  qui  ètoit  la 
marque  des  écus  d*or  introduits  par  Louis  XI. 

Demi-écu  d'or  ,  fabriqué  fous  Henri  II ,  en 
Tannée  i;46,  à  21  karats^  à  la  taille  de  71^ 
au  marc. 

Demî-ecu  de  Louis  XllI;  monnoie  d'argent 
de  la  fabrication  de  1641,  peûnt  512  grains, 
vahnt  3  liv.  à  27  liv.  le  marc. 

Demi  icv  â* argent ,  de  Henri  II ,  roi  de  Na- 
varre. 

Demi-franc  d^argent^  de  Henri  IV,  du.  poîtls 
de  ^deniers  12  grains  i,  valant  environ  1%  fols. 

Demi-gros  de  nejle  ;  monnoie  d^argent  frap- 
pée fous  Hep'-i  II,  valant  5  denier?. 

Demi-quart- d'ECU  ;  monnoie  d'argent  de 
Henri  III,  en  1578. 

Demi-royal;  monnoie  d'or  fin,  fabriquée  le 
1^  février  1325,  fous  Charks-le  Bel,  k  la  taille 
dc  1 16  au  marc ,  valant  1 2  fols  6  deniers. 

DiMiTESTON;  monnoie  d'argent  de  Henri  0, 
roi  dc  Navifre,  de  1578. 

Demi-teston  de  dombes  ;  monnoie  d'nrgcnt 
de  Louis  de  Montefpan ,  de  1 574 ,  pcfam  3  de- 
niers 15  grains. 

Denevaux  (^  ta.  monnùe^^  forte  de  poids  éta- 
lonnés, dont  les  ajufleurs  &  les  taillcrcfTcs  font 
obligés  de  fe  fervir  pour  ajufter  les  flans  au  poids 
prcfcril  par  l'ordonnance.  Les  juges-gardes  dcivcnt 
%JX\  employer  les  poids  daievaux  f our  peter  les 


MON 

efpèces   nouvellement  monnoyées  ,    avant    cTeii 
faire  la  délivrance. 

Denier  ;  nom  d'une  petite  monooie  de  cuivre, 
dont  h  valeur  numéiaire  eA  la  douzième  pantc 
d'un  fou. 

Deniers  ;  nom  dont  on  fe  fcrt  pour  défigner 
les  différens  degrés  de  pureté  de  rar|enr.  Un 
argent  à  douze  deniers  efi  le  plus  fin  &  le  plus 
pur*  Chaque  denier  fe  fubdivife  en  vingt-quatre 
grains. 

Deniers  de  fin  t  on  nomme  ainfi  les  parties 
d*argent  pur  qui  reiient  après  fon  aiHnage. 

Deniers  de  boite,  deniers  emboîtés  ;  on  nomme 
ainfi  dans  les  hôteU  des  monnoies  les  pièces  de 
nouvelle  fabrique  qu'on  enferme  dans  une  botte 
pour  ^rvir  enfuite  au  jugement  du  travail  des 
monnoyeurs* 

Deniers  couram  ;  ce  font  les  pièces  de  mon* 
noie  qui  font  en  circulation  dans  le  commerce» 
&  dont  quelques-unes  prifes  fans  choix,  doivent 
fervir  de  comparaifon  avec  les  pièces  nouveU 
lement  fabriquées* 

Deniers  de  monnayage;  ce  font  les  flans  d*or 
ou  d'arg£nt  qui  ont  reçu  les  empreintes  &  les 
marques  de  la  monnoie. 

Deniers  â  Vécu.  En  13  j6,  le  premier  février, 
Philippe  de  V^alois  fit  fabriquer  celte  monnoie, 
qut  étoit  d'or  ûu  k  la  taille  de  54  au  marc,  va* 
lant  20  fols. 

Denier  d'or  à  Véçu^  fabrique  fous  Phlîippc- 
ÎS'Bel,  le  23  août  1348,  qui  avcii  cours  poitr 
î6  fois,  à  la  taille  de  54  au  marc. 

On  fuivoit  encore  en  ce  temps  là  Tufaec  des 
derniers  empereurs  Romains  pour  la  taille  des 
monnoies  d'or  ,  car  chacun  de  ces  deniers  d'or 
à  f4  au  marc,  pefoit  8f  grains  un  tiers,  d'où 
il  réfulte  que  54  étoient  à  8  onces,  comme  7^ 
ètoient  à  la  livre  Romaine  de  12  onces  R^miU 
nés,  qui  n'en  repréfentent  que  10 f  poids  de 
marc. 

Denier  ;  monnoie  d'argent  indituce  par  Charlc> 
magne. 

Après  le  mort  de  Pepln,  qui  avoir  fait  tailler 
22  pièces  d:ms  une  livre  d'argent,  Charleraagne, 
fon  fils,  n*en  fit  plus  tailler  que  20,  qu'il  nomma 
fols  ,  éf  éin%  un  de  ces  fols  12  pièces  qu'il 
nomma  deniers  ,  enforte  qu'il  y  avoit  dans  ta 
livre  de  ce  temps  là  240  deniers  réeh  &  de 
poidf. 

Cette  livre  étoit  la  livre  Romaine  de  12  onces, 
mais  l'once  étoit  moins  forte  d'un  9*.  que  notre 
poids  de  marc,  enforee  que  les  12  onces  étoient 
réduites  à  10  onces  f,  ôc  ne  pefoient  que  6144 
grains,  lefqucls  dlvifés  par  24a  deniers  dont  U 
livre  étoit  compofée ,  faifoient  pcfer  le  denier 
2;  grains  f,  qui,  à  raifon  de  27  liv.  le  marc  d'ar- 
gent ,  repréfentoii  trois  fols  julles. 

Denier  Purifts  ;  monnoie  d*argenf,  qtii  •  éré 
&  efl  encore  aujourM^hiri  la  douzième  partie  d*ufi 
fol  PariiiSi  ainii  nommé  à  caufc  qu'U^tott  fabci* 


MON 

Îïè  à  Paris,  Sekxn  qiielques-uns  il  fiit  fabriqué 
us  le  règne  de  Philippe- le -Bel,  en  13  1 5  ;  il  ètoit 
a  4 deniers  11  grains  de  loi»  à  la  taille  (ic  i2f  au 
mire,  avait  cours  pour  un  denier  Pan  fis ,  & 
èroic  ptm  haut  d'un  quart  en  fus  que  le  denier 
nimaots.  Dans  les  droits  de  ramirauté  de  Hor- 
dt;ttix ,  qui  fe  perçoivent  au  profil  de  Tamiral, 
il  cft  fait  mention  des  cinq  fols  Parifis  ,  qui  fe 
comptent  encore  prèfentement  pour  6  fols  }  d»- 
nitrs  tournois* 

DsNiElt  tùurnùii  ;  nionnoie  d'argent ,  fabri- 
quée fous  le  règne  de  Louis  Hmin,  en  1314,  à 
la  taille  de  920  au  marc,  tenant  de  fm  3  deniers 
îS  grains  ;  il  y  a  eu  enfui  te  des  deniers  tour- 
nots  de  cuivre  pur,  qui  ont  aâuelteaient  cours 
dans  plufieufs  provinces  du  royaume, 

D£i<ii£R  ;  tnonnoic  de  cuivre.  Les  premiers  de- 
niers de  cuivre  qui  ont  paru  en  France ,  furent 
fabriqués  en  1575  ,  fous  Henri  lll  ;  ainfi  que  les 
doubles  deniers  tournois ,  les  deniers  étoient  à 
h  îLlle  de  156  au  marc,  ce  qui  faifoie  revenir 
le  tnarc  de  cuivre  monnoyè  à  13  fols.  Jufqu' alors 
on  ne  s'êtoit  point  fervi  en  France  de  monnole  de 
cuivre  pur  ;  mais  le  bîllon  manquant  pour  f^lre 
éç^  doubles  5c  des  deniers,  on  tat  obligé  de  fe 
(mrif  6e  cuivre  pour  fabriquer  ces  pentes  mon- 
ooies,  ce  qu'on  a  pratiqué  depuis  jufqu'en  16S9, 

Denier  ;  mon  noie  de  compte  dont  on  fe  fert 
en  France.  Le  denier  de  compte  ainfi  que  le  réel, 
8c  détruis  ifDagin3ire>  doit  fon  inilituiion  à  Charle- 
magne  :  oc  fut  ce  prince  qui  ût  tailler  dans  une 
Hvrc  Romaine  de  iî  onces  d'argent,  ao  pièces 
qui  furent  nommées  fols,  81  d'un  de  ces  iols  on 
k  ta  deniers,  ces  deniers  étoient  .ilors  réeîs  & 
de  poids^  mais  par  fucceffion  de  temps,  ils  font 
^enus  numéraires  ou  de  compte  ,  enforte 
qu'un  denier  ne  vaut  que  la  240'  partie  d'une 
Inrre  de  %o  fols  de  France ,  en  quelque  temps 
que  ce  foit ,  &  à  quelque  prix  que  foît  le  marc 
dargenr, 

DOMIKE  féilvum  fac  regcm  ;    c'èft   la  légende 

!ue  l'on  imprime  fur  la  tranche  des  gros  et  pe- 
ts ècus  dVrgent. 

DOMKER  chaud;  cxpreiTion  dciTayeur,  pour  dire 
qu'il  faut  rendre  le  feu  vif  autoLr  de  la  cou- 
pelle  pour  accélérer  la  fufion  du  métal. 

QaNNIii  froid  ;  c'eft  diminuer  la  trop  grande 
iftivitié  de  la  chaleur, 

DouBLf*LOUîs;  monnoie  d*ar  qui  vaut  deux 
fois  le  poids  &  la  valeur  des  louis  d  or  fïmples. 

La  déclaration  du  roi  ^  qui  ordonne  la  fabrica- 
woti  des  premiers  louis  d*or  qu'il  y  ait  eu  en 
France,  cft  du  3  avril  1640;  cette  monnoie  étoît 
lu  titfe  de  iz  karats  de  fin  à  la  taille  de  36^^  au 
tnarc,  valant  dix  livres;  ainû  ks  doubles-louis 
éroient  à  la  taille  de  18^  au  marc,  ^  valoient 
par  conféquentîoliv.;  Lt  marc  d*or  fin  étoit  alors 
'•  'SiUv,  10  fols,  &  celui  d  argent  3  a^  iiv, 

t'i  fut  cnfuiîe  fabriquj  d'autr*îs  louis  dor  & 
«oubks^louis  toujours  au  même  titre,  mais  de 



MON 


•5 


II 


dlflfércns  poLda  ^  valeur,  Eit  1709,  au  mois 
d'avril ,  temps  auquel  on  a  commencé  de  chan- 
ger le  poids  &  la  valeur  des  louis,  il  en  fut  fa- 
briqué à  la  taiUo  de  3a  au  marc  «  valant  16  liv. 
10  fols;  &  au  mois  de  mai  enluivant,  on  en  or- 
donna d'autres  à  la  taille  de  30  au  marc,  valant 
10  liv.  Au  mois  de  novembre  1716,  ou  fabriqua 
de  nouveaux  louts  d'or  à  la  taille  de  20  au 
marc,  valant  30  liv.  Au  mois  de  mai  1718» 
d'autres  à  la  taille  de  a 5  au  marc,  valant  36  liv. 
Au  mois  de  décembre  1719,  on  ordonna  la  fabri- 
cation des  quinz^iins  d*or ,  au  tifre  de  ^4  karats 
à  la  taille  de  65-^  au  marc,  valant  15  liv,  *  oa 
les  appclûit  Noailles ,  parce  que  ce  duc,  qui  étoit 
en  175^  maréchal  de  France,  fut  nommé  direc- 
reur- général  des  finances. 

Au  mois*  d'août  1723  ,  on  fabriqua  encore  des 
louis  d'or  appelés  communément  chevaliers  , 
à  caufe  d'une  croix  de  S.  Louis  dont  ils  étoient 
marqués  :  ils  étoient  au  titre  de  22  karats  à  la 
taille  de  37  \  au  marc  ,  valant  27  Uv.  Les  derniers 
ÇT}fin  font  du  mois  de  janvier  1726 ,  à  la  taille 
de  30  au  marc  ,  valant  2  liv.  Au  mois  de  mai 
fuivant,  ils  furent  portés  à  24  liv.  pièce  ,  faifant 
revenir  le  marc  à  720  liv.  ce  qui  dure  encore  au- 
jourd'hui 19  mit  1754. 

Doubles  ecus  ;  monnoie  d*or ,  fabriquée  fous 
Henri  II,  en  1546,  qui  furent  eofuite  appelé*; 
henris  r  ils  croient  au  titre  de  23  karats  \  de  re- 
mède à  la  taille  de  36;^  au  marc,  valant  4  liv* 
10  fols. 

Doubles  henris;  monnoie  dor  du  poids  de 
%  deniers  17  grains,  ils  furent  évalués  à  11  liv, 
4  fols  en  1641 ,  les  demis  &  quarts  à  proportion. 

Double  reao  de  Bourgogne  ;  monnoie  d*ar- 
gent  fabriquée  en  Flandre  en  14S9,  au  titre  de 
onze  deniers  deux  grains,  pefant  118  grains,  va- 
lant 13  fois  10  deniers. 

Double  parisi3  ;  monnoie  de  billon,  qui  fut 
fabriquée  en  France  fous  le  règne  de  Philippe  de 
Vnlois,  en  1)46  ;  ils  étoient  à  3  deniers  18  grains 
de  loi ,  à  la  taille  de  1 80  au  marc  ,  valant  2  de- 
niers ,  &  le  marc  30  fols. 

Double  TOURNOIS  ;  mownoie  de  bllion,  fa- 
briquée fous  Philippe  de  Valois,  en  i}47,  à  3 
deniers  18  grains  à  la  taille  de  183^  au  marc^ 
valant  2  deniers. 

Double  TOURNOLs;  monnoie  de  cuivre.  On 
i\t  en  i  Ç75 ,  comme  on  Ta  dit  ci*devaot >  des  dou- 
bles deniers  ik  des  deniers  tournois  de  cuivre  hn  , 
les  doubles  tournois  i  la  taille  de  78  au  marc, 
&  valoient  2  deniers  ;  ils  ont  encore  cours  dans 
les  provinces. 

DouZAiNS,  Les  premiers  douzains  de  billon 
que  Ton  connoit,  furent  fabriqués  en  1541»  fous 
le  règne  de  François  I  :  ils  étoient  à  3  deniers 
16  grains  de  loi,  à  la  taille  de  917  au  marc,  va- 
brt  12  deniers;  il  en  fut  encore  fabriqué  fous  le 
règne  pollérieurà  diôerens  titres,  poidsÔc  valeurs; 
(avoir  : 


214 


MON 


Soin  Henri  n»  i  {471  à  3  deniert  16  grains ,  à 
la  uille  de  <^t  {, 

Sous  le  même,  ifço,  ^  93  i* 

Sotis  Charles  IX,  1551,  3  deniers  11  grains , 
à  tai. 

Sous  Henri  m,  1575,  3  dcn,  lOî. 

Sous  Henri  IV, 

Sous  Louis  Xni,  tous  ces  douzalns  furent  en- 
duire appelés  fols,    Voyii(^  fols^ 

Droit  de  poids  ^  une  pièce  de  monnoie  a  le 
irott  † poids  ,  lorfquellç  cft  du  poids  prefcrit  par 
îes  ordonnances, 

DuCat  aux  deux  tètes,  de  Henri  II  de  Na- 
varre ,  en  Tan  1 577 ,  au  ntre  de  13  karats  6  grains, 

Ebarber  (4/4  monnoïi^i  c'elt  couper  ou  unir 
à-çeu-près  les  lames  brutes,  après  qu'elles  font 
refroidies  fie  forties  des  mouks.  On  fc  fert  de 
ferpes  pour  emparter  les  parties  qui  bavent  le 
long  des  lames  lors  de  la  fonte. 

ECARTEMENT  dc  houton  ;  c'cft  lorfquc  le  bou- 
fon  Je  métal,  djns  TcHai  à  la  coupelle,  n*ayant 
pas  eu  aiTcz  de  chaleur,  s'écarte  &  fe  fond* 

ECHARS  {à  la  monnoie) '^  ce  terme  fe  du  de 
Taloi  d'une  pièce  au-deflbus  du  titre  prefcrit  p^r 
les  ordonnance^.  Une  monnoie  cft  en  échars  lorf- 
xju'elle  efl  au-deflbus  du  d^gré  de  fin  qu'elle  dc- 
vroit  avoir. 

ECKARSETÉ;  terme  de  monnoyeur.  Toute  pièce 
de  monnoie  qui  cA  au-defTous  du  titre  prefcrit 
pir  les  Ordonnances,  abftra^ton  faite  du  remède 
de  loi,  ell  dite  échéirfaie* 

Les  ordonnances  font  formelles  contre  les  cchar- 
fctcs  i  le  directeur  qui  en  cft  convaincu  eft  con- 
damné à  reflîfutton  Icrfqu'ellcs  font  légères  ;  mais 
&  V4chdrf€tc  eft  trop  loin  du  remède,  elle  ex- 
pofe  à  des  punitions  plus  rigoureufcs» 

Echarseter;  c*cft  tromper  8c  le  roi  &  Tétat. 

Eclair,  fulguration^  ou  corufcat'wn  ;  ç*eft  ta 
marque  brillante  à  laquelle  on  reconnolt  que  Tor 
ou  Targent  mis  en  fufion  dans  la  coupelle  avec  le 
plomb,  font  purifiés  &  délivrés  de  leur  alliage. 

EcouENNE  ;  c'eft  une  lime  ou  ripe  avec  des 
cannelures  par  angles  entrans  &  fortans.  Cet 
outil  ferc,  i  la  monnoie^  aux  ajuAeurs  &  aux 
utllercfies  pour  diminuer  le  flan  quand  il  efl  trop 
fort  de  poids. 

Ecu  D*OR  à  la  couronne*  La  première  mon- 
ooîe  qui  a  porté  en  France  ce  nom  ,  fut  fabri- 
quée en  ti79 ,  fous  Philippe  le  Hardi  :  cet  écu  étoit 
au  rltre  de  ^3  karats  i,  valant  dix  fols  Parifts.  Il  y 
evoit  encore  des  écus  d'or  en  France  en  1641, 
qui  avoient  cours  pour  5  liv.  j  fols, 

Ecu.  En  1339,  fous  le  régne  de  Philippe  dc 
Valois,  les  écus  d'or  étoicnt  à  14  karats  de  fin 
à  la  taille  dc  54  au  marc,  pefant  89  grains ~va- 
Uat  vingt  fols, 

Ecu  D*aR  au  fole'îL  En  13^4^  fous  le  règne 
de  Charles  VI,  il  y  eut  des  ccus  d'or  qui  Furent 
ainfi  nommés  :  ils  étoiem  à  aj  kirats  de  £n  à  la 


MON 

taille  de  60  au  marc  «  valant  21  fols  piicc  de  0e 
temp  Aï, 

Ecu  d'or  au  porC'épi  ;  ainfi  nommé  à  caufc 
qu*il  y  avoit  fur  un  des  côtes  la  figure  d*un  porc» 
épi.  Il  fut  fabriqué  fous  Louis  Xtl,  en  149?»  **• 
titre  de  13  karats  à  la  taille  de  70  au  marc  :  il  va- 
loit  36  (o\^  3  deniers  en  monnoie  de  ce  temps  là. 

Ect;  D*OR  à  la  faUmandn  ;  ainfi  nommé  à 
cr-ifc  de  lempreinte ,  qui  étoit  dun  côté  anc  fa- 
hmandre  ;  il  fut  f-briquè  en  iÇ39f  à  ^3  karats 
de  fin  ,  à  la  taille  de  71 1  au  marc ,  valant  45  fols 
de  ce  temps-Ja, 

Ecu  D  or;  monnoie  fabriquée  fous  Charles  IX , 
par  le  prince  de  Condé,  oii  il  prenoit  la  qualîii 
de  premier  roi  chrétien. 

Il  y  a  eu  encore  d'autres  ccus  d  or  en  France t 
fous  différens  noms ,  titres ,  poids  &  valeur. 

Les  derniers  font  du  mois  de  décembre  iô39« 
fous  le  règne  dc  Louis  XIV,  à  13  karats*^,  à  II 
taille  dc  60^  au  marc,  valant  6  Uv,  L'écu  vieil 
du  poids  de  3  deniers,  avoit  encore  cours  en  1641 
pour  ce  prix,  les  demis  &  quarts  à  proportion. 

Ecu  fjl ;  monnoie  d'or,  qui  avoit  cours  co 
France  fous  Louis  XIII,  pefant  a  dcn.  15  grains 
trébuchans, 

Ecu  de  maréchal  dc  France ,  au  titre  de  s  1  ka* 
rats  9  grains,  pefant  63  grains* 

Ecu  de  Cambrai  ;  au  titre  de  xo  karats  1  grain , 
pefant  61  grains. 

Ecu  de  Bouillon  ou  Sedan;  au  titre  de  19  ka* 
rats  8  grains ,  pefant  60  grains. 

Ecu ,  efl  une  monnoie  d*argent  dont  la  pre- 
mière fabrication  fut  ordonnée  en  Tannée  1641 , 
fous  le  régne  de  Louis  XUÏ  ,  fous  le  nom  dc 
louis  d'argent  :  ils  étoient  à  la  taille  de  87^  an 
marc,  à  II  deniers  de  fin,  valant  60  fols  ,  les 
demis  &  quarts  à  proportion. 

Il  y  a  eu  depuis  d'autres  écus  d^ar^ent  ;  ccuk 
de  la  fabrication  de  1709 ,  étoicni  dc  8  au  marc , 
valant  4  liv. 

Au  mois  de  mai  1718 ,  il  fut  fabriqué  d'autres 
écus  à  la  taille  de  10  au  m:uc. 

Au  mois  de  feptembre  1714,  il  en  fut  enccKre 
fabriqué  d^autres  ,  à  la  ïaiUe  de  loj  au  marc, 
valant  4  liv, 

Enûn,  les  kcm  réels  qui  ont  cours  à  préfeot, 
(feptembre  1734)  .  font  de  la  fabricationjdu  mob 
de  janvier  17^6,  à  la  t^iille  de  8  ,V  au  marc, 
valant  5  liv.;  mais  qui  fureni  portés,  par  arrêt 
du  26  mai  1726,  à  6  liv.,  ce  qui  fait  revenir  le 
marc  d'argent  monnoyé  à  49  liv.  16  fols  î  c'cH 
le  prix  aftuel  de  la  monnoie  courante, 

Ecu;  monnoie  de  compte  en  France,  qui  rc» 
préfente  3  HvrfS  ou  60  f.'ls ,  à  quelque  prijt  que 
foit  le  marc  d'argent  ;  ccft  fur  cet  écu  ,  qui»  en 
1641 ,  étoit  dc  b*  77  au  marc,  qu'on  fe  régie  pour 
les  changes  étrangers  :  on  reçoit  powr  f*  valeur 
une  quantité  indéterminée  de  dei*"rs  dc  groi 
d'Amflerdam,de  deniers  (lerling  deLondrr*,  8tc. 
fcloa  que  le  prix  du  marc  d  atgent   de  France 


MON 

at  plus  ou  moins  de  livras  numéraires  »  & 
fdun  que  le  cours  du  change  efl  haut  ou  bas: 
i  î?  \tv.  le  marc,  il  rouloit  entre  96  &  100  de* 
niers  de  gros  ^  &c, 

EcussON  {  J  la  monn&iej  ;  c^cft  le  revers  ou 
le  côté  oppofé  à  celui  d*cmgie. 

En  France,  les  louis,  écus,  Ôtc,  ont  pour  êcuf- 
ffft  les  armes  de  France.  On  appelotc  autre- 
fcti  pili  ce  côté. 

Sar  Técuffon  on  trouve  le  millélîme  &  la 
nirqtie  du  graveur;  &  au-dcflbus  de  récuffon,  la 
marque  de  l'hôtel  ou  la  monnoie  a  été  fabriquée* 

Effigie  (J  la  monn0Îe)i  c'eft  le  côté  de  U 
pièce  de  monnoie  où  l'on  voit  gravée  en  relief 
lim<^ge  du  prince  régnant. 

Autrefois  on  ne  mcttoit  Tcffigie  du  ptince 
^  aux  médailles,  ou  autrt^s  pièces  frappées  confé- 
«{uemment  à  quelque  bataille  gagnée  ,  province 
cnnquile,  ou  aux  événemens  remarquables,  at* 
Biflce ,  fête ,  &c. 

Sur  la  monnoie  de  cours  pour  le  commerce, 
il  y  avoit  une  croix  :  c'cd  de  là  que  ce  coté  étoic 
appelé  croLw 

Emporte- PIECE;  outil  acéré  pour  couper  les 
iDorc^aux  de  métal  propres  à  taire  des  pièces 
de  monnoie. 

Exfolier;  c*eft,  lorfan'un  vieux  creufet  de 
(tf  qui  a  fcrvt  à  la  fufion  de  Targent ,  a  été  tiré 
tout  rouge  du  feu,  le  frapper  k  coups  de  mar- 
teau» pour  faire  tomber  la  fnperficie  en  fcuilUs^ 
Qu'on  pile  en  fui  te  pour  en  former  les  lavures, 
dont  on  tire  les  particules  d'argent. 

Entre  dans  U  plomb  (argent);  on  fe  fert  de 
cette  expreûion  pour  dèfigner  que  l'argent  eil 
bien  fondu  &  fuffiramment  mL\h  avec  le  [loinb* 

Essais,  Lobj^t  des  eiTais  eft  de  conn:,îirc  la 
quantité  de  fin  contenue  dans  une  maile  quel- 
conqtse  d'or  ou  d'argent,  en  détruifant  tout  Tal- 
liai^e  d'une  portion  donnée  de  ces  métaux. 

Nous  avons  rapporté  ci- devant  ce  qu'un  des 
flis  habiles  chimiAes  a  écrit  fur  la  manière  de  pro- 
céder aux  eiïais  d'or  &  d'argent  ;  mais  nous 
devons  encore  citer  ici  C5  que  l'ancienne  Ency* 
dcpcdie  enfeignc  relativement  aux  effais  de  Tor 
6t  de  Targ^ni  dans  les  monnoits. 

On  a  cru  iufqu'à  pr^fent  que  Tufage  de  faire 
des  ejfjh  iTéirrînt  à  la  coupelle,  ne  rcmomoît  pas 
lu-delà  du  rè^ne  de  Ftançois  L 

Cette  opinion  ert  fondée  fur  des  lettres  de  ce 
toi  (du  1  février  t^»^),  rapponces  parConf^^ns, 
lefquelles  enjoignent  aux  otiiciers  de  la  chambre 
écs  monco.es  àz  faire  faire  les  eflais  à  ia  cou- 
pelle; mais  on  trouve  àins  le  recueil  des  ordon- 
B2Qces  des  rcis  de  ta  troiftème  race,  tome  VI, 
page  ^87  ,  une  o*-donnance  de  Charles  V,  du 
mois  de  février  1378,  qui  prouve  que  dts  ce 
temps-là  ,  les  elîay;îur5  dos  monnoiçî  de  Paris 
btloient  jâurs  e£^is  à  b  coupelle. 

Pciir  piû^édcr  à  un  t^.û  a  argent ,  on  cou^e 
ttoe  petite  portion  du  iingpt  ou  de  Fouvr-ig^  dont 


MON 


215 


on  veut  conroître  le  titre ,  &  on  en  conftùie  U 
poids  en  la  pefant  avec  la  fcmelU*  On  mcît  ct> 
fuitc  dans  une  coupelle  placée  au  fourneau  ,  un 
petit  morceau  de  plomb ,  qui  doit  éire  propor- 
tionné  au  poids  &  à  la  qualité  de  la  pornon 
d'argent. 

Cette  proportion  eft  déterminée  par  TariicL^  % 
des  lettres-patentes  du  5  décembre  1763  ,  conçu 
en  ces  termes  :  «  Les  dofes  de  plomb  qui  feront 
a  employées  aux  ditTcrens  effais,  referont  fixées 
«  dins  les  proportions  fuivantes ,  fans  qu'aucun 
«  cfTayeur  puiiTc  s'en  écarter  à  peine  ât  $00  l\- 
«  vrex  d'éimende  ;  favoir,  pour  l'argent  d'affinage, 
«  il  fera  employé  deux  parties  de  plomb  pur,  on 
«  le  double  du  poids  iieiiiné  à  Teuai  ;  pour  l'ar- 
VI  gent  à  11  deniers  12  grains,  titre  prefcrit  pour 
<i  la  vaiiTelîe  plate  ,  quatre  parties  de  plomb  ; 
u  pour  l'argent  à  1 1  deniers  &  au  deiTous  ,  dx  par- 
(t  ties  de  plomb;  pour  l'argent  à  10  dcjvicrs  ik 
«  au-deffous,  huit  parties  de  plomb;  pour  Targenc 
«  à  9  deniers  &  au-dcffous ,  dix  parties  de  plomb; 
«  peur  l'argent  à  8  deniers  &  au-deflbus  ,  douze 
«  parties  de  plomb  ;  pour  l'argent  à  7  deniers 
«  6c  au-deffous,  quatorze  parties  de  plomb;  6i 
a  pour  l'argent  à  6  deniers  &  au-deilous ,  feize 
«  parties  de  pIoniKn 

Lorfque  le  plomb  eft  fonda  &  bien  découvert, 
on  y  met  le  petit  morceau  d'argent ,  qui  enrre 
bientôt  après  en  fuuon. 

Ces  deux  matières  ainfi  mêlées ,  circulcin 
dans  la  coupelle  jufqu  a  ce  que  tout  le  plomb 
foit  abforhé  ou  évaporé  ,  &  qu'il  ait  entraîné 
avec  lui  la  totalité  de  l'alliage  qne  conrencit 
l'argent,  ce  que  Ton  reconnoit  lorfque  le  bouton 
d'argent  a  rendu  parfaitement  les  couleurs  de 
l'arc- en-ci  cl  ou  de  Topaîe  ,  &  qu'il  cil  d'une 
forme  bien  convexe. 

Peu  de  temps  après  qtie  le  bouton  s 'efl  fixé 
au  fond  de  la  coupelle ,  on  la  ruire  du  fourneau  ; 
on  laifle  refroidir  le  bouton  ;  après  quoi  on  le 
gratte-bcrfTe  en  deflbus,  &  on  le  pèfc  ;  la  dii%- 
rence  qui  fe  trouve  entre  fon  noirveau  poids  6c 
celui  qu'il  rcpréfentoit  avant  l'opération,  déter- 
mine le  titre  de  l'argent  que  Ion  s'efl  prd^ol';» 
d*ciTayer  en  indiquant  la  portion  d'alliage  quil 
contenoi^.  1^ 

La  préparation  pour  l'cjfdl  de  ior  eft  la  méfr.c 
que  pour  l'efiai  de  l'argent,  à  cette  différence frcs^ 
que  Ton  ajoute  poiir  refîai  de  l'or  une  quantité  dar- 
gent  pur,  proporiionnce  au  titre  auquel  on  pr::- 
fume  que  tioit  être  la  matière  que  Ton  fe  pro* 
poie  d  cûayer  :  plus  l'or  efl  bas  ,  moins  on  era- 
ploie  d'argent  fin;  quand  il  eft,  par  exemple,  à 
2  2  karats,  on  met  deux  parties  ^  d'argent  fur  une 
d'or ,  &  ainfi  tic  fiiîtep 

On  fait  pafler  ces  matières  à  U  coupeJïe, 
comm*:  dans  l'ciral  de  l'argent  ;  qu.mcj  le  boucc^ti 
efl  retiré  de  la  coupelle  6i  refroidi ,  o;j  le  bat 
fur  une  enclume  nommée  uis  ;  on  le  p^iJfe  en- 
fuite  au  bmîaoir  pifqu'à  ce  qifU  iok  réduit  en 


2i6  MON' 

Isme  erés-nirtice,  aprcs  quoi  on  le  fait  recotr^  & 
ou  le  roule  en  fou  état  de  lame  ♦  pour  lui  don- 
ner à-peu-prés  la  forme  d'un  cornet,  nom  qu'il 
confcive  juftfu'à  la  fin  de  ropéracion« 

On  met  ce  cornet  dans  un  mat  ras ,  cfpèce  de 
boiireille  ou  fiole  à  lonÇ  col»  dans  laquelle  on 
veifc  à-îa-fois  de  l'eau  forte  affaiblie  avec  de 
l'eau  commune  bien  pure  ;  cet  affniblitTemsnt 
doit  être  proportionné  au  degré  de  concentration 
de  Tciu-fortc  que  Ton  emploie. 

On  expofc  ce  matras  à  un  feu  douit  ;  on  laiiTc 
Teau  forte  en  èbuUition,  jufqu*»  ce  quM  ne  s*è* 
lèvre  plus  du  cornet  dVlTai  que  quelques  ûltis^ 
On  retire  cnfuite  cette  eau  forte  affoiblie  pour  y 
en  fiibftituçr  d'autre  qui  neXctl  pas,  &  on  cxpoic 
de  nouveau  le  matras  à  un  feu  doux  ;  on  Vy 
laiffe  jufqu'à  ce  qu  il  ne  s'élève  plus  de  fon  fond 
que  des  globules  de  la  grofTeur  d'un  pois  ;  ilurs 
on  en  retire  l'eau  forte ,  di  on  la  remplace  par 
de  Tcau  commune. 

On  retire  le  cornet  de  dedans  le  matras  en  b 
renverfant  dans  un  pciit  creufet  (dont  on  a  foin 
de  faire  egoutrer  Teau  )  ,  C-c  qui  fert  eofuite  à  tiirc 
recuire  le  cornet* 

Lorfque  Ton  s'aperçoit  qu*il  eft  bien  rouge, 
on  le  retire  &  on  le  laiffe  refroidir  ,  après  quoi 
on  le  pèfe*  La  différence  qui  fe  trouve  entre  fon 
nouveau  poids  &  celui  qu  il  reprcfentoit  avant 
ï'opcration  ,  détermine  le  titre  de  Tor  que  Ton 
s'eh  propofé  d'cflaycr,  en  indiquant  la  portion 
d'alliage  qu'il  contenoit. 

Tous  les  cjjay^ms  font  obligés  de  fc  pourvoir 
au  dépôt  établi  à  la  cour  des  monnoics,  en  exé- 
cution ézs>  lettres -pâte  mes  du  prenii^^r  août  1779, 
di-s  agçns  &  fubAances  ncccflaircs  à  leurs  opé- 
rations. 

Il  leur  eft  ordonné  par  rarrét  du  confcil  ûi\ 
30  août  172}  ,  de  marquer  de  leur  poinçon  les 
lingcts  d'or  ât  d'argent  qtii  leur  font  [lortés  pour 
en  foire  rcfTai  ,  dam  Tinilant  même  oij  ils  leur 
fyixi  remis  ;  de  tenir  un  régi  Arc  exad  de  leur 
poids,  de  leur  titre,  &  dis  noms,  qualités  &  de- 
meures des  propriétaires  \  d'infcuîper  fur  chaque 
linfiOt  le  numéro  fous  lequel  il  aura  été  enre- 
glllré,  &  le  titre  auquel  il  a  été  rapporté  :  û  le 
pro(;rié|sire  d*un  lingot  défire  qu'il  en  foit  fait 
plulicurs  effais,  TeAfi^yeur  cft  tenu  de  i'cnregiftrer 
fous  un  numéro  diâcrcnt ,  autant  de  fois  qu*ii 
reiTîiic,  &  d'mfcnlper  ces  uumcros  fur  le  lingot. 

EssAVEUii;  officier  de  monnoie  qui  fait  Te^ai 
&  rcconnoît  le  titre  des  métaux  que  Ton  veut 
employer  ou  qui  ont  été  fabriquée 

CVll  fur  le  rapport  de  ViJ\iycur  général  des 
tnonnoies  de  France  ,  &  fur  celui  de  Ï^Jfaytur 
particulier  de  Paris,  que  la  cour  jugc  fi  les  pièces 
tabriquccs  font  au  titre  prefcrtt  ;  &  fur  le  rap- 
port au  cas  d'écharfeté^  on  procède  à  coodam* 
nation* 

EsTAHQUis  ;  ancien  nom  d'une  cCpèce  de 
tenailles  avec  kfqueUes  on  couchoic  fur  renclume 


MON 

\t%  morceaux  ^^  mcnl  qu'on  voulolt  fiiçoofier 

pour  en  faire  des  cii-éccs. 

Esterling;  monnoie  d'argent  qui  avoir  coun 
fous  Philippe 'le-Eel  :  ils  étoient  à  la  taille  de  160 
au  marc ,  valant  4  deniers. 

Estoc  &  ligne  (i  U  monnoU)*  Les  enfans 
&  petits  enfans  des  monnoyeurs  ,  laillereiîcs, 
ouvriers  »  ^ix^n  de  ceux  qui  ont  été  reçus  & 
qui  ont  prêté  ferment ,  font  dits  être  d'ejloc  d» 
lime  de  monnoyage  \  les  aines  ont  le  droit 
d  être  rtçus ,  en  cas  de  mort  ou  de  réfignaiion  » 
à  la  place  de  leurs  pères  ou  mèrei,  félon  le  fexc 
&  la  place.  Les  cadets  ne  peuvent  avoir  ce  droit; 
mais  on  les  reçoit  dans  des  places  inférieures^ 
6t  ils  avancent  félon  les  événemens ,  les  occa- 
fions  6c  kur  hatwLté. 

Etalon  (^iJi);  c'eft  le  poids  original  dc- 
pofé  au  grette  de  la  cour  des  monnoics ,  fur  le- 
quel on  duit  aj'jlier  tou%  les  autres  poids. 

Etouffe  ou  noyé  {ejfii)  ;  c*cft  lorfque  dam 
un  eflit  d'or  ou  d'argent  »  le  plomb  n'ayant 
point  allez  de  chilcar,  la  Itthargc  s'amaile  à  Im 
furface  de  la  coupelle,  &t  ne  la  pénétre  point. 

Exergue  d*une  médaille  ;  ce/t  la  petite  pbc« 
qui,  au  bas  d'une  médaille,  ell  féparée  du  refk 
du  champ  par  une  ligne  tirée  dîre^enient  d'un 
burd  à  Tautre. 

Face  ;  c'eft  le  côté  d*une  médaille  ou  il  y  a 
la  tète  au  le  nom  de  celui  pour  qui  la  pièce 
a  été  frappée. 

Fanon  ou  fanot  ;  pièce  d'or  extraordinaire- 
ment  petite  dont  la  valeur  ïï'çA  guère  que  de  fis 
fols  de  France.  Ces  fanons  font  faits  a- peu-prés 
comme  la  moitié  d'un  pois  &  pas  plus  gros*  Ils 
ont  cours  à  Pondicbéry ,  principalement  dam  les 
comptoirs  des  François. 

Fausse  monaoie  ;  c'eft  la  raonnnic  qui  n*eft 
pas  fabriquée  avec  les  métaux  ordonnés  par  le 
fo uverain ,  comme  feroicnt  à^%  huis  d'or  do  cuivre 
doré. 

Faux  monnoyeur;  c'eft  l'homme  cotip«l4£  qui 
altère  les  monnoies ,   &  en  diminue  1  le 

poids  6c  la  valeur,  folt  en  les  rognsï  i-n 

y  iritroduifant  des  matières  c 

Fer  (i  U  monnoie)  ;  ce  te: 
équilibre   du   métal  au   poids    io 
comme  une  once  d'or  tenant  ^hi 
avec  le  talon ,  les  deux  plai 
point. 

FfRRACE    {Jro'u  dtyv  Ai^^ 
leurs  particuliers  dev 
nir  les  fers  ncccfT;»ir 
ce  droit»  ordûr 
de  16  deo.  pa: 
marc  d'arg 

FllRTOV 

par  PI 

doiveni  '...-i 
avoir  des  bab 
ou  an  poids  1 


MON 

Figure  dt  h  monnoU;  c'eft  fa  forme  extérieure 
qui  eô  ronde  en  France*  irrèguliere  6i  à  plufieurs 
angles  en  Efpagne ,  carrée  dans  quelques  endroits 
des  Indes  «  &c. 

FtK  ;  ce  terme  exprime  la  pureté  des  métaux  : 
un  or  fin^  un  argent />r,  c'efl  de  Tor  ou  de  lar- 
gcm  fans  alliage. 

Flan  (J  /j  monnoU).  Le  métal  ayant  été  fondi: 
en  lames  ,&  paffé  par  les  laminoirs  ;  avec  un  in- 
finiment appelé  coupoir  ou  emporte- pUc€^  on  coupe 
de  ta  lame  un  morceau  rond  comme  une  pièce 
vcîe  au  palet,  d*une  grandeur  &  d'une  ëpaiiTeur 
conféquence  à  Temprerme  que  doit  recevoir  cette 
efpéce  de  palet ,  qu^on  appelle /j/ï,  pour  deve- 
mr  une  monnoîe. 

Ce  /jjT  ou  pièce  unie ,  avant  de  paffer  au  ba- 
laficicr,  eft  donnée  aux  sjuîlcurs  pour  la  rendre 
du  poids  qu'elle  doit  avoir;  enfuite  on  la  recuit, 
on  la  fait  Lomllîr  dans  un  âuide  préparé,  &c»  ; 
eisAn,  elle  continue  d*étre  appelée  }fj/i  jufqu'à  ce 

E'on  y  ait  empreint  l'effigie  ,  les  armes  ,  légendes 
franches  ou  cordonnet. 

Flattir  i  c*étoit«  fuiv^nt  une  ancienne  eipref- 
fioa,  ajuftcr  les  morceaux  de  lames  d'or  ou  d'ar- 
gent au  volume,  à  ta  g'^andeur  &:  au  poids  que 
deroîeni  avoir  les  efpèjcs, 

Flattoir;  nom  d'un  marteau  employé  autre- 
fois dans  les  moniioics  pour  étendre  les  morceaux 
lie  lames  dor  ou  d'argent  deftinés  à  faire  des 
dpéces. 

Fl£VR  de  lys  ;  monnoie  Jor  fin ,  qui  fut  fa- 
briquée en  France  au  mois  d'août  13^1  ,  fous  le 
règnt  du  roî  Jean.  £Ue  étoic  à  la  taille  de  ^o  au 
marc  ,  &  valoir  40  fols  j  en  fonc  que  le  marc 
d'or  monnoyé  valoit  100  liv. 

Il  fut  encore  fabriqué  ût^  fleurs  de  lys  d'or  fin 
le  ç  mai  if^j,  fous  le  rcgne  de  Charles  V  :  ils 
èfoîeni  à  la  laiUe  de  64  au  marc  ,  &  vaîoient 
ao  fols  pièce. 

Florîk  (ton  Cette  monnoie  a  été  connue  en 
France  des  Tan  10^7  ;  î'hifloire  de  Normandie  en 
fait  mention  :  eî^e  rapporte  que  le  duc  de  Nor- 
mandie donna  à  celui  qui  lui  vint  dire  de  la  part 
de  Herald  d»;  fortir  d'Angleterre,  un  courtier, 
ooe  robe  &  4  florins  d'or. 

Dans  les  premiers  temps  ,  on  appeloit  égale- 
ifïCRt  flrmns  ,  !e  denier  d'or  à  Tagnel ,  à  Técu , 
_àla  fli^ïir  de  lys,  à  la  miffj,  &c. 
"^'  On  dit  que  le  roi  Jean  fit  faire  des  florins  d'or 
Bs  à  Tagnel ,  &  défendit  le  cours  de  tout  autre 
Bf>rify. 

FLOntV  fcorgts  ;  monnoie  d'or  fabriquée  k 
Orîcans,  par  lordre  da  Philippe  de  Valois  :  on 
leur  donna  cours  au  mois  de  février  1340;  le 
roi  éfoh  rcpréfenté  fur  cette  monnoie  ious  la 
6:  St.  Georges  lerraflani  un  dragon,  ce 

«il        ,         t  le  roi  d'Angleterre. 

Flobin  d'or^  fabriqué  fous  Louis-le-Dé!- n* 
raiTc  :  il  cft  à  préfuiner  que  c'eft  le  même  que 
ic  fol  d'or. 

A'U  &  Miikrs.  Tom,    /'.  Part,  /. 


M  O  N 


si- 


Florin  d*or  de  Lorraine  ^  au  liire  de  i7kira  >. 

Florin  d'or  du  cardinal  de  Lorraine  ^  qu'il  u 
fait  frapper  à  Verdun  en  Tan  1611,  au  tiîre  de 
iG  Icarats  8  grains. 

Florin  d'or  du  duc  de  Bouillon  ,  frappé  à 
Sedan  en  1614,  au  titre  de  16  karais  8  grains- 

Florin  d'or  de  Befançon  ,  au  litre  de  18  ka- 
rats  z  gra*ns  ,  valant  environ  3  liv.  18  fob ,  à 
27  liv.  le  marc. 

Foiblage;  c'tft  dans  le  monnoyage  un  poids 
trop  foible  j  c'eft  aufll  la  permiiTion  que  le  roi 
accorde  au  direûeur  de  Ces  monn'^i^s  ,de  pouvoir 
tenir  le  marc  de  fes  efpèces  d'une,  certaine  quan- 
tité de  grains  plus  foible  que  le  poids* 

Le  foiblage  de  poids  eft  de  quinze  grains  par 
marc  d'or,  dont  un  quart  eft  trois  grains  trois 
quarts,  que  le  direfleur  a  pour  le  retourner  ou 
pour  le  joutr. 

L'argent  a  trente-fix  grains  j  dont  le  quart  cft  neuf 
grains  ,   &  pour  le  billon  quatre  pièces. 

Forme  des  monnoie  s  ;  c'cft  ce  qui  confiftc  au 
poids  à^  Tefpèce ,  en  la  tdllc  ,  au  remède  de 
poids,  en  l'impreflion  qu'elle  porte»  &  en  la  va- 
leur qu'on  lus  donne. 

Fosse  (/.i  )  ;  c'eft  au  bas  du  balancier  une  pro- 
fondeur où  (c  tient  afils  le  monnoyeur  qui  doit 
mettre  les  flans  entre  les  carrés ,  ou  les  en  reti* 
rcr  quand  ils  font  niarqués. 

Fournaise,  ancien  terme  de  monnoyjge, 
étoit  Tend  roi  t  oij  les  ouvriers  s'affembloient  pour 
battre  les  carreaux  fur  le  tas  ou  enclume  pour 
flatir  &  réchauffer  bs  tlins. 

Fourneau  à  fouffiet  ;  c'eft  un  fourneau  qui  a 
une  ouverture  à  fleur  du  foyer,  p-ir  laquelle  il 
reçoit  le  vent  d'un  foufili^t  pour  animer  le  feu. 

Fourneau  à  vent  i  c'eft  un  fourneau  qui  reçoit 
l'air  ou  le  vent  par  une  ventoufc  pratiquée  au 
devant  du  foyer. 

FouRREES  {médailles)^  celles  qui  n'ont  qu'une 
petite  feuille  d'argent  fur  le  cuivre,  mais  battus 
enf:mL!e  avec  adrefle. 

Fhanc  d'or  ,  monnoie  d'or  fin»  Cette  mon- 
noie ïsM  commencée  vers  la  fin  du  régne  du  roi 
Jern,  Tan  1360,  loifqu'il  fut  reve.iu  d'Anglct.rre: 
elle  p;.fr/it  un  gros  un  gniin ,  ti  valtit  ao  fais 
ou  une  livre  :  elle  reç réfente  environ  7  liv.  à 
27  liv.  le  marc. 

La  ranç^in  que  le  roi  Iq:^^  pnya  au  roi  d'An- 
gleterre, montait,  fuivani  l'ordonnance  du  5  .é- 
tembie  1360,  à  trois  millions  d'écos  d'or,  dont 
les  deux  faîfjient  la  noble  à  la  rof^ ,  monnoie 
d'or  :iyant  cours  alors  en  Angleterre  ,  pefjrt 
6  dcn.  à  25  ki»rafS'J,  c«  qui  fait  monter  cette 
rançon  à  la  fomme  ùc  I7.3'^»2,500  liv.  de  h  mon- 
noie à  27  liv,  le  marc  ;  &  à  49  Iî^-  ï6  fols ,  ptiac 
afluel  du  m.irc ,  à  ceile  de  )^,i3'S3000  lîv. 

Il  ne  s'cft  jamais  vu  fous  aucun  règne,  tant 
de  dîfTércntes  S'atiaiions  fur  l'argent ,  que  fons 
celui  du  roi  Je*n  ;  on  en  pourra  juger  par  celles 
qui  arnverînt   dans   fefpace  d'un  an  ou  €,tvl- 


ii8  MON 

roa  ;   car  k  28  mai  13^9»  le  prix  du  marc  ètok 

à iiL 

le  \  jutn,  it  fut  porté.,  à    .    •     •      9 
le  9  ]\n\ïct  i     .      *.'..♦.     la 

k  }t  dadit  à 16 

k  li  o^obre  a 39      8 f. 

k  17  novembre   à     •     *     ...     11 

k  5  décembre  à 15 

k  19  dudit  à     . 10      9 

k  }t  dudit  à    ....***     1)    M    6d. 

k  a  jartvkr  1360  à 34    11    6 

k  11  dudit  i -34     9    ^ 

k  17  l^vrkr  à 13    17    6 

k  7  nnn  à 77    16 

l«r  ai  duJlt  à 10^ 

k  ]  I  dudie  il  fur  remis  à     .    «    .     1 1 

Franc  d*or;  moanak  fabri<]yée  k  lofcptem- 
brc  1364  ,  fous  Charks  V  :  iU  éîoient  k  la  taille 
rfe  63  au  marc,  valant  ao  fols  pièce. 

Franc  à  cheval ,  fabriqué  fous  Lcms  le-Mâk, 
comte  de  Fian^rcs ,  à  aj  karats  S^  B;r.iins,  pe- 
fant  71  gr*iitis  ;  ce  tut  j/endant  k  14*  llèckren 
1641  it$  furi;nt  évalués  à  f  llv.  f^fol^. 

Franc  J  pitd  ,  du  poids  de  a  dcmers  lo grains; 
fabnqiié  fous  Louis -k-MAk^  pendant  k  M* 
fiéck  :  en  1641  ils  furent  évLluès  à  ^  liv.  15  fols. 

Franc  i  monnoie  dVgcnt  qui  fut  fabriquée 
fous  Henri  III,  k  31  mM  157^.  Ls  franc  èioit  à 
10 deniers  10 grains y^  de  rrain^  de  fin,  à  la  tailk 
de  17^  au  iRirc  ,  Ôc  valoit  îO  fols  :  il  fu^ftltoit 
encore  fous  Louis  XlII,  en  1636 ,  Si  valoit  a7  fols. 
Il  y  avoir  des  francs  à  pied  6l  des  francs  à  che- 
val ,  frappés  fous  le  roi  Jean;  ils  étoient  ainfi 
marqués  j  k  caufe  que  k  roi  y  étoit  reprcfcnté 
fur  les  uns  à  cheval ,  &  fur  les  autres  à  pied. 

Franc;  monncie  dV§cnt  qui  fut  fabriquée 
(bus  Henri  II ,  roi  de  N.varri? ,  du  poidiv  de  1 1 
deniers  1  grain  :  ils  valoienr,  en  1641,  28  f.«is, 
Us  demis  &  quarts  à  proportion. 

Franc;  monnoie  de  compte,  dont  on  fe  fer* 
«n  France ,  &  qui  cft  de  la  même  valeur  de  b 
livre,  c'e!i-à-dirc,  ao  fc-h  :  aufTi  dit-on  ég:iîe' 
ment  aO  francs  ou  zo  livres ,  mille  francs  ou 
mille  livres,  &c.  Le  terme  de  fr^nc  doit  fon  inlli- 
tution  à  Henri  III,  qui  ordonna,  le  dernier  mai 
1575  ,  qu'on  fabriqiieroU  à  l^  place  des  t:(lons, 
iks  francs  d'argent  de  ao  fols  la  pièce  :  ils  étoient 
à  10  denkrs  d argent  fin,  a  grains  de  remède 
fie  17  pièces  ^  au  marc,  pef^nt  chacun  11  deniers 
wn  graia  trébuchant.  Comme  cet:e  mat>iére  de 
compter  par  frsncs  fnb{tAoit  encore  en  1636,  on 
s*cn  fert  aujourd'hui  aîTez  communément  dans 
k  convcrfaîion,  mais  non  dans  ks  écritures,  ni 
dans  les  comptes. 

Fray  ;  on  nomme  ainfi  !a  perte  que  ks  efpéces 
éprouvent  par  k  frottement  dans  la  circulation. 

Une  pièce  de  monnoie  a  frayt ,  lorfquc  par  le 
frottement  elle  a  perdu  de  fou  poids ,  U  par  con* 
féquent  de  fa  valeur. 


MON 

Frilampe,  frçUndc  ou  fdUndê;  Von  nomme 
ainfi  en  Anjou ,  province  de  France ,  une  naon- 
noie  de  billon  qu'on  appelle  ailleurs  fol,  ou  fou 
marqué  :  k  febmpe  vaut  la  à  15  denkrs  de 
France. 

Goutte  ;  nom  que  Ton  donne  à  b  petite  por- 
tion de  métal  d*or  ou  d'argent  en  fufion  ,  que 
Ion  retire  du  creiifct  pour  reffai. 

Graîvs  du  fin  ;  on  nomme  ïinfi  ks  parties 
d'un  denier  û^  fin  de  l'argent  qui  a  été  puri- 
fié ,  ou  ks  p#ities  d*un  karat  d'or  pur. 

Grand-blanc;  monnoie  d'argent  qui  fut  fai* 
briquée  fous  Charles  VU,  en  14^3;  il  ^t'^'it  ^ 
9  deniers  de  Li ,  à  la  tjille  de  96  au  mire,  & 
valçlt  I  ç  dertiers  :  k  marc  d'argent  fin  étoit  aJori 
k  7  liv.  I  o  fols. 

Gratte-bosse  ;  outil  de  fer  ou  d'acier,  avec 
lequel  on  ncioie  les  boutons  d'cifai ,  dont  on  en* 
lève  les  parties  étrangères  &  adhérentes, 

Gkenetis;  c'ert  un  petit  cordon  fait  en  forme 
de  grains  ,  qui  ri^gne  tout  autour  d'une  pièce  de 
monnoie,  &  qui  enferme  les  légendes  des  deujt 
c6îé«. 

GacNETis  d'une  médaille  ;  ce  font  des  potnts 
fur  k  champ  de  la  médaille,  &  qui  forment  ua 
cercle  fur  rentrémité  du  contour. 

Croche;  petite  monnoie  de  billon ,  qui  vaut 
%  deniers  de  France  :  il  en  faut  90  pour  iiiire  iVc« 
de  60  fols ,  pair  de  riidak. 

Gros*  royal;  monnoîc  d'or  frappée  fo»« 
Philippe-le  Bel,  en  119s  i  »*  ^^^"^^  **' "^  ^"  •  ^ 
pefoii  un  gros  &  demi  33  graiiw ,  val.tnt  ao  foU 
Parifi*^.  On  croit  que  c'elt'la  même  efpcce  que 
le  denier  d'or  à  la  chalfe  ,  dont  il  cfi  parle  dans^ 
une  ordonnance  du  8  janvier,  &  qui,  dans  uimï 
autre  de  l'an  1304,  eft  nommé  royal  d'or  à  la 
ch;sife« 

Gros  ;  monnoie  d'argent  de  France ,  qui  fiit 
fabriquée  en  135^,  fous  k  roi  Jean  :  kgrosètoit 
à  6  deniers  de  loi,  à  la  tailk  de  80  au  marc,  6c 
valoit  un  fol  ou  la  deniers;  le  marc  oVgeoc 
étoit  alors  à  7  liv.  S  fols. 

Gros-blakc;  autre  monr^oie  dargcrt ,  fabri- 
quée fous  k  roi  Jean,  en  1356,  à  4  deniers  de 
loi,  à  la  tii'le  de  ^o  .111  marc,  valant  ta  deniers* 

Gros  tournois;  monnaie  d^-r^ient  fabriquée 
en  iia5,  fous  Sr.  Louis,  à  11  deniers  la  gr-ini 
de  tin ,  k  la  t^ilk  de  58  au  marc  ,  k  mate  dVgenc 
étoit  alors  4^4  fols. 

Gros  TOURNOIS  à  fo  ;  monnok  d'an^etit  qai 
eut  di^érens  prix  fous  le  rétine  du  roi^  Jean  ;  k 
peuple  le  fit  valoir  depuis  1311  jufquea  i>ïB, 
depuis  la  deniers  jufqu'â  ao  ;  mais  par  une  or- 
donnance de  1330,  il  fut  remis  à  12  deoiers. 

Gros- tournois  hîancs  ;  monnoie  d'argettt; 
fabriquée  fous  k  roi  Jean,  en  ^î''  ^  ^  deniers 
8  grains  de  loi,  à  la  taille  de  87^  au  marc,  v«* 
la-4  8  deniers. 

Gros  â  U  ccuranne  ;  monnoie  d'argent  fabri- 
quée fou*  Philit>pc  de  Valois  ,  à  10  denien   %é 


MON 

gfjiflf  ,  à  la  taille  de  96  au  marc^  valant  10  de- 

Gaos  à  ta  fîenr  de  lys  ;  monnaie  d'argent 
Êbriquce  fous  Philippe  de  Vabis  ,  à  6  dentcrs 
de  loi  ,  à  la  taîik  de  84  r-u  marc  ,  valant    !  ç  àcn, 

Gf:os  p'SriJîs  ;  monnoie  chargent  n:b:iqucc 
€11  ij)6  »  à  Tt  deniers  13  grains  de  loi,  à  la 
iii!*C   de  4$  nu    marc,  valant    i%  deniers. 

Gros  ^i/r/7(?*/;  monnoie  d'argent  de  Philippe 
fAtfice  ,  Comte  de  Flandres  ,  à.  peu  prés  com- 
me   le    gros-tcurnois   d'argent  de  St,  Louis, 

Gros  Je  Ij^rnùpe  ;  monnoie  d'argent  fiappée 
fous  Henri  II  ,  valant  6   deniers. 

Hardi  ;  monnoie  de  cuivre  frappée  en  Guienne 
foiis  Louis  XI  >  valant  )  denien, 

H£NRl  d*ùr ,  (  mmnoU  de  France  )  nom  d'une 
fettc  fTornoie  ri*rir  ,  cin  commença  &  finit  foui 
H'-nri  ïl.  Ce  nrm  d  homme  ap»pliquè  à  i:ne  mon- 
noie ne  doiî  pas  fiîtprendre  ;  car  il  n'y  a  rien  de 
fi  ftéi{pent  th.^  les  Grecs  ,  les  Romaifis  &  les 
«très  pet  pies  ,  que  l^s  monnoies  qu'on  appjlott 
<iu  nom  du  prince  dont  'îîles  portoient  rini<j|;c  , 
fèmoin  les  P)>i lippes  ,  de  Fh  lippe  de  Macédoine  , 
irs  Dariqucs,  de  Darius  de  Méde  ,  6c  une  in.% 
nitè  d'autres. 

Le  poids  &  le  titre  des  i^fzri^  étoîcnt  à  virgr- 
trois  karars  an  quart  de  remède  ;  il  y  en  avou 
foîxanie-  fept  au  marc  :  chaque  pièce  pefoit  deux 
deniers  vin«t  grains  rrétitchans  ,  &  par  confcqut^nt 
quatre  prarns  plus  rue  Us  écu^  d'or  :  cette  mon- 
ôme vajojt  dans  fon  commencement  cinquante 
TO  "  on  fit  ania  de^  demi  -  Hcnris  qui  va  soient 
▼ingt-cnq  fols  ,  St ces  doubles  ^.,.r;j,qui  en  va- 
loicrt  cent.  Toutes  ces  efpéces  furent  frappées  au 
balancier,  dont  rinvenrinn  étoit  a'ors  nouvelle. 

Les  premiers  reprérenioient  d^un  côté  Henri  arir^ 
Sl  couronné  de  lauriers  *  &  de  Tautrc  portoient 
une  H  couronnée  ;  les  derniers  avoient  fur  leur 
teren  une  kmme  armée  ,  repriïentant  la  France 
a.Tife  fur  des  trophées  d*armes  :  elle  tenoit  de  h 
main  droite  nne  vifinire,  &  pour  légende  Galîîa 
fftimo  prbscipi  ;  ce  qui  eft  une  imitation  dVoe 
inédifile  deTrajan,Ô£  ce  fut  h  fiaîterie  d'un  par- 
ticolier  qui  l'imagina  ;  mais  le  peuple,  que  ce  mo- 
narque accabla  d'impôts  durant  fon  régne  ^  étoit 
bien  éloigné  de  la  confacrer  ;  cependant  Je  Jiafard 
fit  que  pmais  les  monnoies  n'avoient  été  Ci  bel- 
les ,  ù  tien  faites  Ôt  fi  bien  monnoyées  qi^'elles 
le  furent  fous  ce  prince  ,  à  caufe  du  ba'ancter 
qu'on  inventa  pour  les  marquer.  On  fit  bâtir  en 
iÇ^o.au  bout  du  jardin  des  ctuves,  une  maifon 
pour  y  employer  Cîîite  nouvelle  machine  :  cette 
mai  fon ,  qu'on  ncmmala  monnok  ^  fut  enfin  éta- 
blie en  ÏÏ53  ;  ^'^^  ^*  ^'^'"»  ^^^  réglemcns  pour 
fa  police   ec    pour  fes   officiers. 

JçT  du  moule  ;  c'eft  la  petite  ouverture  pra- 
Hqoce  au  moule  pour  réunir  les  matières  fondues 
d'cr  ou  d'argent  qu'on  veut  jeter  en  lames. 

Jetée  en  Umu  ^  c^eft  verfer  les  matières  fon- 


dues d'or  ou  Jargent  dans  des  moules  préparés 
pour  faire  dei   lames. 

Image,  en  terme  de  monnoie  ,  eft,  de  même 
qu;;  rimpreffion  ,  la  marque  qui  donne  à  un  mor- 
ceau de  métal  le  fignc  &  le  caraficre  d*une  pièce 
de  monnoie. 

Impression,  en  terme  de  monnoie  » e^  l'^ni- 
preinte  que  reçoit  chaque  morceau  de  m^tal  , 
âc  la  mnrque  qui  lui  donne  cours  dans  le  pu* 
blic  comme  monnoie. 

Inscription  d'une  méJallh  ;  ce  font  les  lettres 
gravées   Ctir  le  chjr:p  d'une  médaille. 

Instruments.  Les  cHayeurs  ou  ceux  qui  font 
des  effars  d'or  &  d*srger.t  â  la  coupelb  »  ni>mmint 
i/tprumczs  des  morceaux  oblor^*  &  froids  d*-r- 
gile  cttire,  qu'ils  mettent  autour  de  la  coupelle  , 
poivr  en  tempérer  la  chaleur  quand  elle  cil  irop 
ardente. 

Jaquemart  ;  c'cfl  une  ef^^èce  de  reffbrr  en 
forme  de  msn  yeile  ,  charç-^e  di  plomb  p^^r  1^ 
bout  qui  tient  à  la  vis  du  baîa'icitr,  &  qi^  fnt 
a  le  relever  quand  ta  pière  e(ï  marqua. 
JOANNis  ,  monncic  d*c>r  de  France  ,  frappée  f  lUS 
le  rè^ne  du  Roi  J^an  ,en  '344,  aii  tiire  dt;  ij  kx- 
rir:i  îj  g-ains  ,  ptf.int  95  g-^ains  •  elle  viuciroit  a  27 
U  le  m,irc  ,  environ  9  1.  de  France:  en  ne  fait 
p.is  U  ratfon  potir  laquelle  cette  monnoie  a  été 
nommée  Joannes  ;  il  ell  à  p'-éfumcr  qu'elle  a  été 
nommée  ainfi  k  ciufe  du  nom  du  Roi  Jean. 

Juge  -  garde  des  monnaies  ;  c'eft  un  jyge  qui 
veille  fur  tout  le  travail  des  mon«oies. 

Jumelles  ;  on  nomme  ainfi  k$  deux  mon- 
tans    du  corps  du   balancier. 

Karats  ,  ne  m  par  !equel  on  diAingue  les  degrés 
de  pu-etè  de  Tor  :  110  or  à  vingt- quatre  karats 
fcroit   le  plus  parfait. 

Karolu  ,  autrement  appela  bi.inc  ,  monnoie 
(!'ar|;cnt  de  1  liarlcs  VIÎÏ ,  valant  10  deniers  tour- 
nois :  c'ie  étoit  ainfi  nommie  à  caufe  que  fon 
nom  y  étoit   gravé. 

Lames  (  «i  la  monn^l:  )  ;  ce  font  des  bandes  mîn- 
CCS  de  métal ,  foitd  or ,  d'argent  ou  de  biilon  ,  for- 
mées &  jetées  en  moule  d'une  épaiiïcur  confé- 
querte  à  Tefpécc  de  monnoie  que  Ton  veut  fa- 
briquer, 

L^s  tamts  ,  avant  de  pafTcr  ao  conp'^ir  ,  foRt 
ébarbées  ,  dégrojics  ,  recuites  &  hminées. 

.Laminoir  (  J/^  mannoie)  c'efiun  ifjft.ument 
qui  a  pour  objet  de  réduire  les  lames  au  forrir 
des  moules  à  une  épaifTeur  convenable  à  la  mon- 
noie que  Ton  veut  fabriquer. 

LavuRE  ,  c'efl  le  réfidu  des  matières  qui 
ont  fervi  à  la  fufion  de  Ter  &   de  Tardent. 

LavURES  (  ttrre  de  );cc  font  ks  carreaux  des 
fouriïeaux  ,  les  vieux  crewfets  ,  les  balayures  du 
cendrier  &  de  i'atîlier  qui  font  plîés  &  réduits  en 
icrre,pour  en  tirer  les  particules  d'or  ou  d'argent 
qui  y  font  mcïées. 

Llgendi  i   'c'eft  dans  la  monn#ie  Tinfcription 

Ec   a 


220  MON 

gravée  d'un  côté  autour  de  Teffigle  ,  &  deTautre 
autour  de  récufTon  ,  &  même  fur  la  tranclic. 

LÉGENDE  (Tune  médaille  ;  c'eft  rînfcrîption  gra- 
vée au  contour  d'une  médaille. 

Liard;  monnoie  encuivfe,ayant"cours  aôuel- 
lement  en  France  pour  j  deniers  :  il  y  en  a  en 
France  de  plufieurs  fortes  ,  les  uns  de  cuivre  ,  les 
autres  avec  quelque  mélange  de  fin  ,  d'autres 
de  cuivre  pur. 

Les  premiers  furent  frappés 'en  16^4  ,  en  con- 
féqucnce  de  la  déclaration  de  Louis  XIV  >  du  pre- 
mier Juillet  de  ladite  année. 

Ils  furent  appelés  dans  la  légende  d'écuiïon , 
liards  de  France  ,  pour  les  diftinguer  des  féconds 
dont  on  a  parlé ,  &  qui  font  de  didérentcs  fabri- 
cations ,  comme  de  Chambéry ,  de  Dombss ,  d'O- 
J-arge  ,  d'Avignon ,  dont  les  premiers  tiennent  de 
fin  I  denier  10  grains  ,  &  les  autres  3  grains 
lie  Moins  :  il  ne  s  en  fabrique  plus  ,  &  ceux  qui 
reftent  encore  n'ont  cours  que  dans  le  Lyonnois 
&  dans  le  Dauphiné.  Les  liards  de  France  font 
de  cuivre  pur  fans  aucun  mélange  de  fin  ,  à  la 
taille  de  64  pièces  au  marc  ,  au  remède  de  4  piè- 
ces ,  le  fort  portant  le  double. 

En  1709  ,  il  fut  auffi  fabriqiré  des  pièces  de  2 
Jiards  dans  les  monnoics  d'Aix  ,  Bordeaux  ,  de 
Montpellier  ,  de  la  Rochelle  &  de  Nantes  ,  à 
la  taille  de  40  au  marc ,  valant  6  deniers  prèce. 

En  1710 ,  il  fut  encore  fabriqué  des  pièces  de 
quatre,  de  deux&  d'un  li»rd  ,  qu'on  appelle  en- 
core aujourd'hui  de  gros  Law  ,  (  ceux  de  4 
liards  )  parce  que  ce  fut  M.  Lav  qui  les  fit 
fabriquer. 

Lion  ,  heaume  de  Louis  le  mâle ,  Comte  de 
Fhndres,à  a}  karats  8  \  grains  ,  pefant  100 
crains  ,  valant  environ  8  1.  15  f.  Cette  monnoie 
cft  du  14*.  fiecle. 

LiTHARGE  ;  c'eft  du  plomb  calciné  ,  &  réduit 
par  le  feu  dans  un  état  de  vitrification. 

Livre  ;  monnoie  d'argent  fabriquée  en  1720 
en  France  ,  à  12  grains  de  fin ,  à  la  taille  de  6; 
fols-;V  21"  marc. 

Livre  ,  monnoie  de  compte  dont  on  fe  fert 
généralement  en  France  pour  tenir  les  livres  : 
pendant  long-tems  la  livre  de  compte  a  été  une 
monnoie  réelle  &  de  poids. 

Charlemagae  eft  le  premier  qui  l'inflitua  :  elle 
ètoit  compoiée  de  20  fols  réels  d'argent ,  le  fol 
compofè  de  12  deniers  d'argent  réels  /en  forte 
que  dans  ce  temps  là  comme  à  préfent ,  la  livre 
ètoit  compofée  de  240  deniers,  mais  qui,  par 
fucceflîon^à  caufe  des  augmentations  arrivées  fur 
le  marc  d'argent ,  de  réels  qu'ils  étoient ,  font  de- 
venus ,  ainfi  que  le  fol  &  la  livre  ^  une'  monnoie 
de  compte  en  ufage  par  toute  la  France. 

Loi  ;  ce  terme  dans  les  monnoies  eft  fouven 
employé  pour  défigner  le  titre  des  efpèces  d'or 
bi  d'argent. 

LovPES  ;  ce  font  les  briques  &  carreaux  des 


M  Oîî 

vieux  fourncau.T ,  qui  ont  krvi  à  la  fonte  de  Tor 
&  de  l'argent.  Ces  loupes  fe  broient  8c  fe  concaflTcnt 
pour  en  tirer ,  par  le  moyen  du  moulin  aux  lavurcs. 
les  particules  de  ces  métaux  qui  peuvent  s*y  tut 
attachées. 

Louis  d*or;  du  ccmte  de  Flandres,  à  23  ka- 
rats-^l^,  pefant  7S  grains,  fabriqué  dans  le  14* 
fiècle. 

Louis  d'or  de  France.  Les  premiers  Louis  d'or 
qui  ont  é^é  fabrivjucs  en  France ,  font  du  3  avril 
1640,  fous  Louis  XIII  :  Ils  étoient  à  22  karats, 
à  la  taille  de  36^  au  marc,  ex  valoient  lo  liv.  à 
27  liv.  le  marc;  c'étoit  au/Ti  le  prix  de  la  piftole, 

?[ui  a  eu  cours  aufH  en  France  pendant  un  temps 
ur  le  pied  des  louis.  Ce  fat  le  célèbre  Vsrain , 
le  plus  habile  graveur  qui  ait  jamais  paru,  .qui. 
fit  les  poinçons  &  les  coins  pour  marquer  les 
louis. 

En  l'année  1693  ,  il  en  fut  encore  fabriqué  des 
mêmes  poids  &  titre,  &  valurent  13  liv. 

En  l'année  1700,  pareille  fabrication  de  louis 
d'or  des  mêmes  poids  &  titre ,  valant  1 2  liv.  1 5  fols. 

En  1701 ,  idem. 

Au  mois 'd'avril  1709,  il  fut  fabriqué  des  louîs 
d'or  à  22  karats  y  à  la  taille  de  32  au  marc,  va- 
lant 16  liv. 

Au  mois  de  mai  17C9,  il  fut  fabriqué  de  nou- 
veaux louis  d'or  à  22  karats ,  à  la  taille  de  30 
au  marc ,  valant  20  liv. 

Au  mois  de  novembre  1715,  autre  fabrication 
à  22  karats,  à  la  taille  de  20  au  marc.  Cti  louis 
ont  été  appelés  Noailles ,  à  caufe  que  M.  le  Duc 
de  ce  nom  étoit  direfteur  dss  finances. 

Au  mois  de  mai  171S  ,  autre  fabrication  de 
louis  au  même  titre ,  mais  à  la  taille  de  25  au 
marc,  valant  36  liv. 

Au  mois  dV.out  1723  ,  autre  fabrication  de  louîs 
au  même  titre,  &  à  la  taille  de  377  au  marc, 
valant  27  liv.  :  ils  furent  appelés  chevaliers,  à 
caufe  d'une  croix  de  Saint-Louis  dont  ils  étoient 
marqués  d'un  côté. 

Enfin,  au  mois  de  janvier  1726,  il  fut  encore 
fabriqué  des  louis  d'or  a  22  karats,  à  la  taille 
de  30  au  marc,  valant  20  liv.  Par  arrêt  du  26 
mai  fuiv^nt,  ils  furent  portés  à  24  liv.  :  ce  font 
les  mêmes  qui  ont  cours  préfentement ,  17  juin 


1754,  pour  ce  prix. 
Lbu 


ibuis  d'argent  ;  monnoie  fabriquée  fuivanc 
l'édit  de  novembre  1641  ,  à  la  taille  de  877  au 
marc ,  au  titre  de  11  deniers  de  fin ,  valant  Co 
fols  de  France. 

Louis;  monnoie  d'argent  fabriquée  en  1720,' 
à  II  den.  de  fin ,  à  la  taille  de  30  au  marc,  va- 
lant 3  liv.;  c'étoit  le  tiers  des  écus  de  dix  au 
marc. 

Louis  de  s  fo^^y  petites  efpèces  d'argent,  qui 
d'abord  n'ont  été  fabriquées  qu'en  Frandè,  raa.s 
qui  dans  la  fuite  le  furent  en  plufieurs  endroits 
du  royaume. 

Les  louis  de  5  fols  étoient  une  diminution  de 


M  O 

reçu  ic  ÔD  foÎ5  r  ils  en  falfoient  la  12*  partie; 
U  Ëibncadon  en  fut  ordonnée  par  le  même  édit 
qtji  onJôona  celle  des  Inuis  d'or  &  d'argent. 

Le  feu  roî  Louis  XIV  >  par  fa  déclaration  de 
ifr.o,  îear  donna  cours  pour  5  fols  6  deniers  ,  Se 
en  ordonna  une  nouvelle  fabrication  fur  ce  pied , 
au  ritre   fit  du  poids  à  proportion    des  ècus   de 

|l  fols  ^  frappés  en  confcqucnce  de  l  cJit  du  mois 

I  décembre  16S9, 

Cette  petite  mon  noie  d*srgent ,  dont  le  com- 
merce a  f.iit  un  fi  grand  bnnt  dans  toutes  les 
écKcIIcs  du  levant,  VL*rs  le  milieu  du  fièclc,  s'y 
appeioic  par  les  Turcs  des  timlninai  ;  Tempreinre 
C0  étoit  fi  belle  &  fi  nette,  qu'aulfitut  que  les 
srovençaux  y  en  curent  portés ,  les  Turcs  ne  vou- 
lutem  plus  d  autres  efpéces  des  marchands  :  Ten- 
tètement  paiTa  aux  femmes  ,  &  bientôt  toutes 
leurs  coctiurcs  &  leurs  habits  en  furent  brodés. 

Les  François,  profitant  de  leur  fortune,  fai- 
fotem  prendre  d'abord  ces  timinlnas  pour  10  fols, 
ce  qui  ctoii  cent  pour  cent  de  gain  ,  enfuite  ils 
baiCTérent  à  7  fols  6  deniers ,  &  enfin  en  1670  ils 
&renc  décriés, 

L  avidité  des  marchands  Européens,  (car  les 
HoUandois,  les  Génois,  ÔC  quelques  autres  na- 
tkms  chrétiennes  avoient  part  à  ce  commerce 
aulH  bien  que  les  François,)  fut  caufe  de  ce 
dccTÎ  :  non  conte ns  du  gain  immenfe  tju'îls  fai- 
fotent  en  donnant  de  bonnes  efpéces ,  ils  s*avi- 
ftrcm  de  les  altérer;  &  la  mauvaife  fol  aufTi 
bien  que  la  témérité  allèrent  fi  loin,  quon  porta 
dans  le  levant  des  louis  de  5  fols  qui  ri'étolent 
qite  de  cuivre  argenté. 

Orarjgc^  Avignon,  Monaco,  Florence  &  plu- 
fieors  villes  &  châteaux  de  Tétat  de  Gènes,  fu- 
rent les  lieux  où  cette  fau^e  marchandife  fe  fa- 
briqua les  dernières  13  années  que  dura  cet  în- 
joAç  commerce. 

Pour  remédier  à  ce  diforlre,  &  pour  empêcher 
du  moins  que  les  François  continuaiTent  dy  avoir 

Cart ,  le  parlement  de  Provence  donna  un  arrêt, 
5  ai  décembre  1667,  qui  dèfendoit  de  faire  le 
négoce  du  lev.^nt  aunement  qu'avec  les  mo.i- 
rtoirs  de  France,  d'Efpgne ,  de  Dombes  ;  & 
d'aller  à  l'avenir,  fous  peine  de  la  vie  »  char* 
ger  aucuns  louis  de  ^  fo!sà  Géncs,  àLivourne, 
OC  autres  lieux  de  cette  côte. 

Ce  fut  moin'î  toutefois  ce  févère  mais  jufte 
arrête,  qui  arrêta  le  cours  de  cette  monnoie,  que 
le  décri  que  Ton  en  fit  bientôt  après  dans  Tem- 
pîrc  Turc,  &  des  avanies  certainement  bien  mé- 
rirècs  que  ce  malheureux  commerce  attira  à  ceux 
^tii  le  voulurent  continuer.  De  cette  fau/Tc  mon- 
roic ,  s'enfuivit  la  perte  totale  de  la  compagnie 
Gcnoife  qui  en  avoît  fait  fabriquer  plus  qu^aucunc 
aofrep 

LoirvisîEKS  ;  monnote  d^argent  qui ,  fuivant 
Ducange,  fe  fabriquoit  k  Laoa  :  on  n'en  dit  pas 
plus  ic  temps  que  la  valeur  ^  le  titre  &  le 
poids. 


MON  221 

Lys  iTor ;  monnoie  d'or  fabriquée  en  1665  , 
fous  !e  règne  de  Louis  XIV  :  les  lys  d'or  étoient 
à  23  karats  ^,  à  la  taille  de  60  au  marc»  valant 
7  liv,  à  17  Uv.  le  marc. 

Lys  ;  monnoie  d'argent  fabriquée  en  France 
en  1655,  à  II  deniers  ii  grains  de  loi,  à  la 
taille  de  30 x  au  marc,  valant  20  fols  pièce. 

Maille  ;  monnoie  de  cuivre  fabriquée  en 
France  :  elle  a  eu  cours  pendant  long-temps  pour 
la  moitié  d*uii  denier ,  enfuite  on  oe  s'en  e(l 
plus  fervî. 

Mansois  ;  monnoie  d*argent  qui  avoît  cours 
fous  Saint'Louis  pour  deux  angevins,  dont  15  fai- 
foient  le  tournois. 

Marobotin  ;  monnoie  d'or  fin.  En  iiiî» 
Raimond  Archambawd  ,  comte  de  Touloufe, 
donna  annuellement  au  roi  Philippe  -  A uguAe  , 
pour  avoir  fa  protedion  ,  marcjm  duri  oholorum 
marabùùnorum  Ugidmorufn.  On  croit  que  le  maro* 
hotin  pouvoit  être  une  monnoie  d'or  de  ces  évéque$ 
qui,  longtemps,  ont  joui  du  droit  d'en  faire  bat- 
tre, 6iqui,  félon  Thcrdulfe ,  évéque  d'Orléans, 
étoit  marquée  avec  des  caractères  arabes  :  ils  pè- 
foient  en  1113  ,  76  grains  dor  ;  ils  eurent  cours 
en  1336  dans  plufieurs  provinces  de  France. 

Maravedis  ;  monnoie  d'or  qui  avoit  cours 
en  France  en  1210  :  il  pefoit  84  grains* 

Masse  ;  monnoie  d'or  fabriquée  fous  Phi- 
lîppe-lêBsl  en  1310,  à  21  karats,  à  la  taille 
de  347  au  marc,  valant  30  fols  :  elle  étoit  aiiifi 
nommée  à  caufe  que  le  roi  y  étoit  repréfcnté 
d'un  côté  tenant  une  maflc, 

Marque  :  on  entend  par  marque  fur  îa  mon- 
noie l'image  ou  l'effigie  du  prince  ;  c'eft  cette 
mj'ijue  qui  lui  donne  cours  dans  le  commerce*  Les 
direClwUrs  &  graveurs  des  monnoies  mettent  fur 
les  monnoies  chacun  une  m^ir^i/ 1' particulière  qu'ils 
choifilTcnt  à  leur  eré.  Quand  ces  officiers  font 
reçus,  ils  font  obligés  de  déclarer,  par  un  aéle 
en  bonne  forme  ^  de  quelle  marque  ils  prétendent 
fe  fervir  ;  il  s'en  tient  regtdre,  &  ils  ne  peuvent 
la  changer  fans  permifBon. 

Mahqu^r  la  mo/tnoic  ^  c*eft  y  mettre  la  mar- 
que OLi  empreinte  du  prince,  foit  fon  e<îîgi«t, 
ou  telle  autre  marque  qui  lui  donne  cours  dans 
le  commerce» 

On  marque  auffi  les  efpéces  fur  la  tranche ,  & 
Ton  a  inventé  pour  cette  opération  une  machine 
auffi  fimple  qu"*ingénïeufe  ,  qui  confifte  en  deux 
lames  d^acicr  faites  en  forme  de  règles,  épaides 
environ  d'une  ligne  ,  fur  lefquellcs  font  gravés 
ou  les  légendes  ou  les  cordonnets  ^  moitié  fur 
l'une  &  moitié  fur  l'autre.  Une  de  ces  lames  eft 
immobile,  &  fortement  attachée  avec  des  vis  fur 
une  plaque  de  cuivre  ,  qui  Tell  elle  même  à  une 
table  ou  établi  de  bois  fort  épais  :  Tautre  lame 
efl  mobile,  &  coule  fur  la  plaque  de  cuivre  par 
le  moyen  d'une  manivelle  &  d  une  roue ,  ou  de 
pignon  de  fer  dont  les  dencs  s*engra  ncnt  dans 


2C2  M    O 

d  autres  e^éces  de  dents  qui  font  fur  la  fdpcf- 
ncic  de  h  lame  cov*lante. 

Le  Û^n  placé  horizoniiilciiient  entre  ces  deux 
lames ,  cA  en  tramé  par  le  mouvement  de  celle 
qui  eA  mobile  ,  enTorce  que  lotTqu*jl  a  fait  un 
demi  tour,  il  fc  frouvc  entièrement  marqué.  Cette 
machine  cil  (i  f  iciîe ,  qu'un  feul  homme  peut  mar- 
quer vingt  mille  fUns  en  un  jnnr. 

Masse  ;  cfpècc  de  marteau  dont  on  fe  fervoît 
autrefois  dans  les  monnoics 

Matùrz  dcf  monnoUs  ;  c  cft  ce  qui  fait  la  bafe 
&  la  valeur  réelle  des  monnoics  d'or  »  d^argcnt , 
de  ccivre- 

MATli-RE  en  auvre  ;  c*efl  Tor  ou  l'argent  mon- 
Dôyès  ou  convertis  en  t\'phcc$. 

MATikRE  hors  otuvn ;  c*eft  lor  ou  Targcnt  non 
roocnoyé. 

Matrices,  -i  Id  mùnnoU ;  ce  font  des  mor- 
ccauï  d  acier  bi-în  trempés  ^  gravés  en  creux 
avec  les  ifors  efpèccs  de  poinçons. 

Les  milîrices  font  hautes  de  quatre  à  cinq  pou- 
ces, carrées  &  rondes  par  te  haut  avec  des  en- 
tailies  ane;jlaircs. 

It  n*y  a  quune  matrice,  appelée  la  primitive^ 
de  chique  espèce  poiîr  touits'les  monnoics  du 
royaume;  C'ell  le  graveur  goncral  qui  la  con- 
ferve ,  8c  c'eft  de  cette  matrice  qu'émanent  les 
carrés  que  Ton  envoie  &  dont  on  fe  fert  dans 
routes  les  monncies  du  royaume. 

Matrice  d'e^l^e  ;  c'cft  le  carré  d acier  trempé 
far  lequel  fe  trouve  Tt^mprcinte  de  Teffi^Ie.  Ccft 
fur  ce  carré  que  Ton  happe  les  goinçons. 

MÉDAILLE;  c'ctl  une  pièce  de  métal  en  forme 
de  n%onnoie ,  à  deux  fac^îs  ou  deux  caftes  ,  fur 
chacune  defqnellcs  font  ordinairement  imprimés 
lin  tvpe  &  une  légende. 

NÏ^D AILLES  {monnùlcd*or')j  c'eft  le  lieu  où  Ton 
frappe  les  méditiles* 

MÈOAILLOFS  i  ce  font  de  grandes  mé^failles, 
que  l'on  frappoit  comme  des  monumens  pnblics 
de  quelque  grind  événement* 

Melgorïens  ;  monnoîe  d'argent  qui  avoit 
cours  en  France  cn  1 177.  On  trouve  dans  ïe 
pérc  Anfclmc  qu'en  ladite  année,  Roger,  Vi- 
comte deBenicrs,  engagea  des  muifs  d'orge,  qui! 
protïiit  tous  Us  ans  par  droits  d'alberge  des  ha- 
bitans  de  la  ville  de  Malvcrus ,  à  Rcger  de  Dt:r- 
fort ,  à  fa  temroc  &  à  fes  enfans  ,  pour  2^000 
fols  melgoriens. 

Mflgorois  \  monnore  d'argert  fabriquée  à 
Narbonne,  fous  Emery  deNarbonne,  &  la  corn- 
teflc  de  Mahault  fa  mérc.  Il  paroît,  par  la  do- 
nation qu'iU  firent  le  7*  jour  avant  les  calendes 
de  mai  1 1 1 1 ,  a  Jean  &  k  fa  femme  Hermengarde 
&  %  tous  leurs  enfans,  de  la  monnoie  de  Nar- 
bonne,  que  les  donataires  ont  donné  aux  dona- 
teurs 600  fols  melgoroîs  8c  100  fols  narbornois, 
pf>ur  préfidcr  à  Jamais  ladite  monnoie  fans  cn 
taire  aticun  devoir  feigneurial  à  perfonne  ,  fi  ce 
n'cft  de  la  puiffancc ,   &  qu'ils  ayent  i  ftirc  & 


MON 

faflTem  une  livre  d'argent  chaque  femalne  ,  tint 
qu'on  y  battra  monnoie;  al  cft  encore  dit  d;\a^  un 
capîrulaire  de  cette  ville,  de  l'an  laop,  qu'on  céda 
une  terre  à  la  charge  de  ]00o  fob  tnelgorois  de 
cens  annuel. 

Millésime,  On  nrmme  ainfi  les  chiffres  aribcs 
qui  marquent  fur  le^  pièces  de  monnofîs  fin- 
née  où  elks  ont  été  frappées.  Cet  ufagc  n*3  lien 
en  France  que  depuis  l ordonnance  de  H^nrî  H, 
de  15^9. 

Monétaire;  nom  donné  anciennement  au  h* 
fcricateur  de  monnaie?. 

On  a  donné  ariffi  ce  nom  à  des  pcrfonncf  char- 
gées de  la  furintendance  de*  monnoics. 

Monkoie  ;  pièce  de  métal  marquée  att  COtfl 
d'un  prince  ou  «l'un  état  fouvcrain  pour  fcrvir  an 
commerce. 

Monnoie  aUirie;  c'eft  celle  qui  n'cft  point  fake 
au  titre  8c  du  poids  portés  par  ks  ordonna nccs^ 
ou  celle  qui  ayartt  été  fabriquée  de  bonne  q-ia- 
lité,  a  été  diminuée  de  fmi  poids  cn  la  rogrunr, 
cn  la  limant,  ou  en  enlevant  quelque  partie  de 
la  fuperficie. 

Monnoîe  hLin:h  ;  nom  que  Ton  donne  aux 
petites  pièces  dargenr. 

Monnoie  n^irc ,  ou  monnoie  jri/c- ;  c'cû  U 
monnoie  de  hiUon, 

Mosv OiE  foiùU  ;  celle  où  il  y  a  beaucoup 
d'alliage. 

Monnoîe  fom;  celle  où  il  y  a  trés-pcu  d'al- 
liaee. 

MoifyoïE  fcurréf^  e(l  celte  qu'un  faujr  mon- 
noyeur  fait  d  un  métal  de  vil  prix  ,  comme  dtt 
fer ,  du  cuivre ,  de  l'étain  ,  61  qu'il  couvre  des 
deux  côtés  de  lames  d'or  ou  d'argent,  fuiv:&nt 
l'cfpéce  qu*il  veut  contrefaire. 

Monnote  df  hilton  :  on  entend  par  là  des 
cfpèces  d*argent  qu'on  a  altérées  par  le  mclange 
du  cuivre. 

Il  y  a  deux  fortes  de  monnoics  de  ydlon  :  \*anù 
eft  appelée  monnôu  et  haut  bïUon  ,  8c  comprend 
les  efpcces  qui  font  depuis  dix  deniers  de  loi 
jufqu'à  cinq;  l'autre  fe  nomme  monnoîe  de  h44 
hdbn^  à  laquelle  on  rapporte  toutes  les  eipèc^ 
qui  font  au-defTous  de  fut  deniers  de  loi. 

Il  cft  douteux  qu'en  France  on  fc  fait  {^vê^ 
de  monnoie  de  hitîon  fous  la  première  8c  fout  bi 
féconde  race;  mais  vers  le  commencement  de  U 
troifième  race,  avant  Saint- Louis >  on  trouve  quel» 
ques  deniers  dargent  bas  ;  8c  depiâ^  St.  biaj'f 
on  ne  trouve  plus  que  des  deniers  de  bas  btlloiu 

Les  blancs,  les  doutains,  les  llards,  Xc%  dou- 
bles, les  deniers,  les  mailics,  les  pires,  font  att« 
tant  de  monnoics  de  hUUn  dont  on  s'cft  fcrvi  dmni 
ce  royaume  fous  la  troifième  race. 

Monnoyage  ,  à  la  monnaie  ;  lie»  où  cfl  placé 
le  balancier,  &  conféquçmment  où  Von  tnar({tie 
les  flius. 

Il  y  a  dans  Thutcl  des  monnoics  de  Pari'»  inl 


m, 


MON 

i^-KÙcur  éa  mc^.noy^p  :  ce  font  les  juge -gardes 
^1  oof  cctfc  înipcèiôn  danS  les  provinces» 

La  chambre  du  monnoydge  c(i  le  lieu  où  les 
ôfficien  tn^^nnoyeurs  s*afîemblcnt,  Toit  pour  leurs 
*%  ^  ou  aiîtrct  chofes  de  cette  nature. 

h\  Êiiif  ^  ancien  terme  de  monnotc,  lieu 

ma  arêtier  qù  Too  donnoic  à  la  monnoie  Ton  em- 
preimiv 

Moîf  KOYEUfi ,  terme  de  monnole  ;  c'eft  le  nom 

S*Ofi  dociiie  aux  bas  ouvriers  qui  travaillent  à  la 
ricadoa  des  monnoies. 

Nul  ne  peut  être  reçu  monnoyeur  ,  s*ll  n'eft 
S^Axic  &  de  ligne  de  monnoyeur* 

Le»  «oniioyeurs  reçoivent  du  dlreéleur  les  ef- 
pècçs  ou  au  poids  ,  cm  au  compte.  Leurs  fonc- 
tions font  d  arranger  les  carrés  tous  le  balancier , 
6c  d'y  placer  les  flans  ptMir  y  être  frappés   ou 

I  moiicoy&i  :  leur  droit  eit  le  même  que  celui  des 

II  ^mâeuri. 

H       Moules  pour  jeter  en  lames   les  matières  d^or 

V  &  d'argenf  ;  ce  font  des  erpéces  de  petits  chaiFis 

■    dans  lefqueU  on  met  du   lable  &  des  lames  de 

cmi're  appelées  me  de  Us  ,  qui  font  ïes  empreintes 

des  place*  que  doivent  occuper  les  lames  d'or  ou 

dargent. 

^l0UUN  ;  c'eft  l'atelier  ou  cft  éfabli  le  Umi- 
oair  ^  compofc  de  àtu\  cylindres  qui  roulent  Fun 
(ut  iautre  par  le  moyen  du  renjjrenage  de  pUi- 
fieurs  roues  que  Teau  ou  des  chevaux  font  tciirner. 

AlouTONS  d'or  ;  monnoie  d*oT  qui  fut  fabri- 
quée en  1354,  fous  le  règne  du  roi  Jean  :  ils 
ètotert  d'cr  rin  à  la  taille  de  51  au  marc,  valant 
x\  fob  pièce;  en  1356  ils  valurent  30  IcU ,  & 
ptils  réc'uiis  à  aç  fols  en  1357.  Il  en  fut  fait  de 
demis  à  104  au  marc,  valant  la  fols  6  deniers: 
ils  furent  enfuiie  diminués  de  leur  liire ,  &  rè- 
émits  à  23 ,  à  22 ,  à  10  &  à  19  karats. 

MoUTOKS  d'or  a  la  grande  tut  ne  &  a  la  pc- 
tiu  Uine  ;  monnoie  d'or  qui  a  été  fort  célèbre , 
noo-feulement  en  France,  mats  même  dans  les 
antres  états.  Les  princes  vcifins  de  ïa  France,  à 
riinttatton  de  nos  rois ,  firent  aufTi  faire  dts  mou- 
mus  d'or;  ils  étotent  ainfi  nommés  à  caufc  d'un 
looutoo  qui  y  étoit  rcpréfenté  d'un  c5ié.  Phi* 
lîpp«4eBely  Louis-Huttin ,  Phdippe-ïe-Long,  & 
CKarks-le-Bcl ,  à  l'exemple  d-e  St.  Louis,  firent 
forger  des  agncls  d'or  ,  qui  prirent  dans  la  fuite 
le  nom  de  mouron  d'or  :  ils  pcfoient  3  deniers 
%  grains  trébuchans  ,  &  valoient  10  fols  ,  en 
1310,  C>us  Philîppe-le-BcL 

Naktois  à  Véiu  ;  monnoie  d'argent  qui  avoit 
cours  fous  St.  Louis  ,  conjointement  avec  celle 
nommée  angevin ^  favoir  i\  aantois  ou  angevins 
pour  I2den.  tournois. 

N£5L£;  petite  monnoie  dé  billon,  dont  on  fe 
fervott  encore  en  France  vers  le  militu  de  17''' 
fiécle  ;  elle  vaioit  15  é^n*',  il  y  avoit  auiTi  des 
doubles  Dcsles  qui  avoient  cours  pour  6  blancs 
ou  30  den. ;  les  uns  8c  les  autres  furent  décriés, 
&  ae  furent  plu»  re^us  que  par  douxaio. 


» 


M  O  K 

On  leur  aToit  donné  le  nom  de  nc<le  ,  i  càuf* 
de  la  tour  de  neile  ,  oii  s*en  étoit  fait  la  t<il>ri#;t- 
«ion  :  cette  tour  éroit  vers  le  faubourg  St,  Ger-- 
main,  où  Ton  a  bâti  depuis  \q  collège  Mazari:*, 
vulgairement  appelé  collège  des  quatre  narions^ 
vis* à- vis  l'ancienne  tour  du  Louvre. 

NiQUET  ;  monnoie  qui  avott  cours  fous  ChaF- 
les  V  ,  &  que  Montrekt  croit  être  les  doubles 
tournois,  à  ti  deniers  ii  grains  de  loi,  à  la 
taille  de  48  au  marc,  valant  15  deniers* 

Nom  des  monnaies  :  elles  tirent  leur  nom  tan- 
tôt de  ce  que  repréfente  l'empreinte,  comme  les 
moutons  j  les  angelots  ;  tantôt  du  nom  duprmce, 
comme  les  louis  ,  les  phiitppes  ;  quelquefois  de 
leur  valeur,  comme  les  pièces  de  douze  fols,  de 
vingt  quatre  fols  ;  d*autres  fois  du  lieu  ou  \^% 
efpèces  ont  été  frappées,  comme  les  panjis ^  tes 
tournois* 

Obole  ;  monnoie  d*or.  11  y  avoït  des  obole» 
d'or  fous  St*  Louis,  en  1229;  «n  135c,  elles 
avoient  encore  cours  pour  5  fol*. 

OBOtE,  Il  y  avoit  autrefois  en  France  des  oboles 
d'argent;  Tobole  tierce  fut  fabriquée  au  mois  de 
novembre  1310.  Il  eft  dît  dansPouiain,  page  191 
(c  que  le  roi  fit  forger  miMe  oboles  liet^es  du  poiiîs 
(c  d'un  derier  %  grains  trébuchans  pièce,  a  12 
«  deniers  d^argent  le  roi ,  chargées  fur  chacun 
«  marc  d^œuvre ,  de  27  detdites  oboles  tierces. 
«  L'obole  valoir  la  moitié  d'un  gros  tournoTS.  » 

Obole.  li  y  a  eu  autrefois  en  France  des  oboles 
d'argeiK  &  de  cuivre,  qiu  ètoîcnt  des  monnObC% 
courantes  de  di^erfes  valeurs,  fuivant  le  métal  Ôi 
le  poids,  dans  ks  16  &  17'  fiècles.  L'obole  de 
cuivre  y  avoit  encore  cours  fous  le  nom  de 
maille,  &  vaioit  la  moiri:  d'un  denier  tournois, 
qui  étoït  une  efpéce  de  cuivre  réel  :  on  ne  s'en 
fert  plus  préfemement, 

Cbole;  monnoie  de  comme,  autrefois  en  ufage 
en  France.  L'obole  étoit  en  1  année  1310  une  mon- 
noie réelle  d'argent  ,  qui  v;iloit  la  moitié  du 
gros  tournois  ,  valant  ta  deniers  ,  ainfi  c'étoit 
6  deniers  pour  la  valeur  de  lobole,  qui  vaudroit 
4  fois  8  deniers  à  a?  liv.  le  marc  ;  mais  enfuirc 
cette  monnoie  devint  numéraire  ou  de  compte , 
&  â  préfcnt  die  eft  abolie. 

Pagode;  monnoie  dor  rut  a  cours  en  quel- 
ques royaumes  Si  états  des  Indes  Orientales.  La 
compagnie  des  Indes  de  France  en  fait  frapper 
à  Pondichéry  :  elles  ont  pour  empreinte,  au  lieu 
d'une  idole,  une  tleur  de  lys;  les  pagodes  d'or 
de  Pondichéry ,  que  la  compagnie  des  Indes  a 
fait  effayer  à  la  monnoie  en  1735,  ^^^^  ^  ^^  ^^~ 
rats  Y^ ,  pefant  :;  gros  17  grains  ,  vabnt  S  liv, 
9  fol*  à  49  hv.  16  fols  le  m-irc. 

Pakisis  ,  monnoie  d'or.  Le  parifrs  d'or  com- 
mença à  être  frappé  au  mois  d'o^obre  1329,  fous 
Philippe ,  &  il  ne  dura  que  jufqu'au  premier  fé- 
vrier 1336.  Cette  monnoie  éroit  nouvelle,  &  oa 
n^avoit  point  encore  vu  en  France  d  efpèce  d'or 
qui  ponat  ce  nom  là.  Elle  fut  aiiiTi  sosamée^  à 


234 


MON 


caufe  qu*elle  vzloit  une  livre  parifis  ou  lO  fols 
parifis,  qui  étoient  d'argent  fin  à  la  taUle  de  33f 
au  marc. 

Parisis  ou  gros  parifis  ;  monnole  d'argent  qui 
fut  fabriquée  en  1330,  fous  Philippe  de  Valois: 
il  étoit  à  II  deniers  12  grains  de  fin ,  à  la  taille 
de  48  au  marc^  valant  12  deniers  parifis. 

Parisis  ;  monnole  de  compte ,  &  autrefois 
monnoie  de  billon  réelle  &  fort  en  ufage. 

Le  parifis  étoit  à  4  den.  12  grains  de  loi,  à  la 
taille  de  221  au  marc,  valant  un  denier  parifis. 
Ils  fe  fabriquoient  à  Paris  en  1315  >  fous  Louis- 
Huttin  ,  tandis  que  le  denier  tournois  fe  fabri- 
quoit  à  Tours. 

Les  parifis  étoient  d*un  quart  plus  forts  que  les 
tournois. 

Passer  en  bUnc  ;  c'eft  faire  pafler  entre  les 
rouleaux  du  laminoir  les  lames  d'argent  avant 
qu'elles  foient  recuites. 

Pavillon  ;  monnoie  d*or  fin ,  fabriquée  en 
1339,  fous  le  régne  de  Philippe  de  Valois,  à  la 
taille  de  48  au  marc,  valant  3o  fols. 

PcLOTTER  ;  ancien  terme  du  monnoyage  ;  c'efl 
étendre  &  façonner  fous  le  marteau  les  morceaux 
de  métal  deftinés  à  faire  des  pièces  de  monnoies. 

Pâte  (  or  ou  argent  en  )  ;  c'cfl  lorfque  ces  mé- 
taux font  prêts  d'entrer  en  fufion. 

Petit- BLANC  ;  monnoie  d'argent  oui  fut  fa- 
briquée en  France  fous  le  règne  de  Charles  VI , 
en  14)4  :  elle  tenoit  4  deniers  à  la  taille  de  128 
au  marc ,  valant  alors  5  deniers  pièce. 

Petit  mouton;  monnoie  d'or  fin,  fabriquée 
en  1357»  fous  le  roi  Jean  :  ils  étoient  à  la  taille 
de  104  au  marc,  valant  12  fols  6  deniers. 

Pejtit  ROYAL ,  monnoie  d'or  fin ,  fabriquée  en 
1305,  fous- Philippe-le-Bel ,  à  la  taille  de  70  au 
marc ,.  valant  1 3  fols  9  den. 

Petit  tournois  ;  monnoie  d'argent  fabriquée 
en  1295  »  f^"*  Philippe-le-Bcl  :  ils  étoient  à  9  de- 
niers 1 2  grains  de  fin ,  à  la  taille  de  1 16  au  marc , 
valant  6  denfërs. 

Peuilles,  terme  de  monnoyeur  :  on  nomme 
ainfi  des  parties  d'efpèces  coupées  d'or,  d'argent, 
ou  de  bîilon ,  ou  même  des  efpèces  réfcrvées 
|)Dur  les  eflais 

Après  la  délivrance  de  chnque  b:hvc  ,  les  juge- 
gardes  des  monnoies  prennent  un  certain  nombre 
de  pièces  qu'ils  font  enayer  pour  confia  ter  le  titre 
de  la  fonte.  Ces  efpèces  ainfi  eflayées  prennent 
le  nom  de  peuilles  :  on  les  envoie  au  receveur 
des  boites,  qui  garde  ces  peuilles  jufqu'au  juge- 
ment du  tr.ivail  que  prononce  la  cour  des  mon- 
noies ,  enfuitc  on  les  remet  au  dircSeur. 

11  y  a  quatre  difFérens  efTais  pour  chaque  fonte. 
Le  premier  fe  fait  lorfque  la  matière  eil  en  bain, 
pow'r  favolr  fi  elle  eft  au  titre  prclcrit,  &  pour 
çn  aJurcr  le  direîlcur. 

(.c  fécond  pour  la  (urefë  des    juge-gardes  qui 


MON 

font  la  délivrance  :  c*eft  de  cet  eflu  que  pro* 

viennent  les  peuilles. 

Le  rroifième  efl  fait  par  la  cour  des'  monnoicf 
fur  ces  mêmes  peu'dles ,  &  anffi  fur  cpielqiiet 
piécesprîfes  au hafard ,  pour  èdûrer  la  condiiite 
des  officiers,  &  voir  fi  les  direâeurs,  contrôleurs 
&  juge-gardes  ne  font  point  d*intelligi6ace  pour 
délivrer  des  efpèces  au-deflbus  du  titre»  &  en- 
fin conflater  les  peuilles  de  titre. 

Pharamond;  monnoie  d*argenr,  ou  médaille 
en  ufage  fous  le  règne  de  ce  roi ,  dont  Im  tête 
chevelue  étoit  à-peu-prés  femblable  à  celle  cpii 
eft  repréfentée  fous  le  cachet  deChildcricI»  cette 
tête  étoit  ornée  d'une  couronne  à  pointes  avec 
cette  infcription ,  Pharamondis  ;  au  revers  il  Y 
avoit  un  cheval  libre  avec  ce  mot  au-deflbos» 
equitas. 

Pièce  d'argent  de  5  fols  de  France»  de  1641  » 
d'un  denier  18  grains  &  demi. 

PiEDS-FORTs;  pièces  d'or  oud*argent,  fervant 
de  patron  &  de  modèle  de  la  monnoie  qui  doit 
avoir  cours.  Ces  pieds-forts  renferment  toute  h* 
perfeâion  du  poias  &  de  la  loi ,  fans  rien  parti- 
ciper du  remède  de  poids  ni  du  remède  de  Im' 
permis  par  les  ordonnances. 

Chaque  pied-fort  étoit  le  quadruple  de  chaque 
efpèce  de  la  monnoie  ayant  cours. 

Par  ordonnance  du  roi  Jean,  de  iJ5î  ,  les  offi- 
ciers de  la  cour  des  monnoies  jouiûent  du  droit 
d'avoir  des  pieds-forts  à  chaque  changement  & 
nouveau  pied. 

Pile  ,  terme  de  monnoyage  ;  la  matrice  ou  le 
coin  fur  lequel  étoient  empreintes  les  armes  ou 
autres  allégories. 

Cette  façon  de  monnoyer  a  fouvent  changé 
par  les  inconvcniens  ou  les  mauvaifes  empreintes 
qu'elle  pro Juifoit  ;  quoi  qu'il  en  foit ,  voyez  le 
premier  procédé ,  le  plus  ancien  &  le  plus  im- 
parfait. 

Cette  pile  ou  coin  étoit  fortement  attaché  & 
enfoncé  dans  un  gros  billot  de  bois ,  appelé  par 
les  anciennes  ordonnances  cepeau. 

L'on  pofoit  fur  la  pile  le  flan  ;  &  le  troufleàtt 
que  l'on  appliquoit  fur  le  fian  en  oppofition  à  la 
pile ,  frappoir ,  &  le  flan  étoit  monnoyè. 

Les  Hoilandois  monnoyent  avec  la  pile,  mais 
avec  des  corroflions  qui  toutes  font  bien  impar- 
faites, étant  comparées  à  la  marque  du  balancier. 

Ce  mot  pile  exprime  encore  le  côté  des  armes 
d'une  monnoie  ;  ql  le  revers  fur  lequel  eft  l'effigie 
du  prince,  eft  appelé  croix ^  p^rce  que  dans  les 
anciennes  monnoies,  au  lieu  d*eflij»ie,  on  mcitoit 
une  croix  :  c'eft  d^-là  qu'émane  le  jeu  de  croix 
ou  pile.  Sur  Tétymologic  de  ce  mot,  Scalijjrer  Ci 
quelques  autres  ont  rapporté  des  chofcs  aflcz  peu 
intéreffantes,  peut-être  même  inutiles. 

PiSTOLE  ou  doublon  ;  monnoie  d'or  du  même 
poids  &  titre  qu'étoicnt  nos  louis  d'or  de  France 
de  la  fabrication  de  1640,  c'eft- à-dire ,  à  22  ka- 
rats,  à  la  taille  de  36^  au  marc,  pefanr  chacun 


MON 

itô  grains  ou  ç  deniers  6  crains ,  valant  fous  cette 
mtmc  èDOcpie  lo  liv.  de  France. 

Lj  pinoic  a  plufieurs  augmentations  &  diml- 
nar^ons  ,  entre  autres  les  quadruples  ou  pièces 
de  quatre  plftoles,  &  les  doubles  &  demi  piAoles. 

PiSTOLE  de  LoTraine ,  du  duc  Charles,  du  poids 
de  too  grains ,  valant  8  liv. 

Pile;  monnoie  de  compte  qui  a  eu  cours  en 
France:  c'étoit  le  quart  d'un  denier  tournois,  ou 
la  moitié  d'une  maille  ou  obole;  Toboîe  faifoit 
aacrefois  la  moitié  dun  denier  j  &  la  pougeoiïe 
valoir  la  moitié  de  Tobole. 

Plakches,  à  la  monnoie.  On  fe  fcrt  A^  pUnches 
pour  tenir  les  moules  :  on  en  pkce  une  fur  le 
noaie  &  Tautre  deHbus.  Elles  font  de  la  gran- 
de«r  des  châfTis  ^  &  on  les  ferre  avec  la  preiTe  k 
moitié  &  le  coin. 

U  y  a  auiîi  à  la  monnoie  ce  que  Ton  appelle 
danckts  gravées  ;  il  y  a  affcz  communément 
fm  barres  fur  la  planche  gravée.  Ces  barres  de 
micf  n'ont  point  de  largeur  déterminée ,  leur 
proportion  étant  conféquente  du  métal  que  Ton 
]Ctte  en  moule. 

Poids,  terme  de  monnoie;  c'eft  Fépreuvc  de 
la  bonté  des  efpëces  de  monnoie. 

Ces  poids  font  ordinairement  de  cuivre,  de 
pbmb  ou  de  fer- 

U  n  y  a  guère  de  nation  ,  pour  peu  qu  elle 
Ibit  policée,  qui  n*ait  pris  des  précautions  pour  en 
empêcher  la  fatfifîcation.  La  plus  iûre  de  ces  pré- 
cautions, eft  ce  qu'on  appelle  communément  /V- 
ulonnagc,  c'eA-i-dlre»  la  vérification  &  la  marque 
des  poids  par  des  officiers  publics  fur  un  poids 
toatnce  &ê  original,  qu*on  appelle  étalon,  dépofé 
dafis  un  lieu  fur  pour  y  avoir  recours  quand  on 
ca  a  besoin. 

En  France ,  le  polds-étaîon  fe  garde  dans  le  ca- 
binet de  ta  cour  des  monnoies. 

Poids  originaux  ;  ce  font  û^s,  poids  de  cuivre 
avec  leurs  boîtes  de  même  métal,  affez  propre- 
ment travaillés ,  8c  quele  roi  Jean ,  qui  régnoit  en 
1)50,  fit  faire.  On  les  a  mis  en  dépôt  à  la  cour 
des  monnoies  à  Paris ,  6^  on  s'en  fert  en  cas  de 
tiéceffitê  pour  régler  tous  les  autres  poids. 

Poids  des  monnoies  ;  c'eft  la  pefanteur  que  le 
Souverain  a  fixée  pour  chaque  efpéce* 

PoiyçONS ,  a  la  monnoie  ;  inilrumens  fur  lef- 
quels  on  a  gravé  en  relief  les  différentes  figures, 
effigies,  armes,  infcriptions ,  lettres,  &c,  qui 
doivent  être  dans  les  carrés  ou  matrices  avec  Icf- 
qucls  les  6ans  font  frappés  ou  marques. 

Les  monnoyeurs  ont  trois  fortes  de  poinçons; 
les  premiers  contiennent  en  entier  &  en  relief 
rc(%;e;  les  féconds,  qui  font  plus  petits,  con- 
tiennent  chacun  une  partie  des  armes,  comme 
une  ileur  de  lys  ,  la  couronne ,  la  branche  de  lau- 
riers ,  &c. ;  &  la  troifième  efpéce  de  poinçons  con- 
fier, f  les  lettres,  chiffres,  défère  n  s  ou  marques ,  &c. 

Cefl  par  Taffemblage  de  toutes  c£s  empreintes 
qua  la  matrice  cil  formée, 

Mu  &  Métiers,  Tom.  K  Paru  L 


•M'O'N 


22; 


Point  fecra  ;  c'étoit  anciennement  un  point 
particulier,  qui  n^étoit  conwa  que  des  officiers  de 
chaque  hôtel  des  monnoies.  Il  fe  mettoit  fous 
quelque  lettre  des  légendes  pour  indiquer  le  lieu 
des  fabriques.  Ce  point  n'eu  plus  dulage  aujour- 
d  hui.  On  fe  contente  préfentement  de  la  lettre 
de  lalphaber  romain,  que  les  ordonnances  de  nos 
rois  ont  attribuée  à  chaque  ville  de  ce  royaume. 

Poitevine,  que  Ton  nomme  auffi  pougeoife, 
éîoit  une  monnoie  réelle  fous  Saint-Louis  ;  la 
pougeoife  valoît  la  moitié  d^une  obole  ,  ou  le 
quart  d'un  denier  :  elie  devint  dans  la  fuite  une 
monnoie  de  compte. 

Pontoise;  monnoie  d'argent,  qui  fut  fabriquée 
à  Pontoife,  &  qui  portoit  le  nom  de  cette  ville. 

Dès  Tan  1064,  le  roi  Philippe  I,  s*acquittant 
d'un  vœu  qu'il  avoir  fait  à  Saint-Jofle,  offrit  à  Tau- 
tel  30  fols  de  la  monnoie  pontoife. 

PouGEOlSE-PETiTE,  OU  poitevine.  On  fe  fervoît 
déjà  de  cette  raonnoie  fous  Saint-Louis  ;  il  paroft 
par  une  ordonnance,  que  PhiUppe  de  Valois  en  fit 
fabriquer  ;  cette  monnoie ,  qui  ne  valoit  que  le  quart 
d'un  denier,  &  Tobole,  qui  n'en  valoit  que  la 
moitié ,  ètoient  abfolument  néceffaires  lorfque  les 
deniers  étoient  forts  ;  mais  depuis  qu'on  vint  a 
en  diminuer  la  bonté  ,  on  ne  fit  plus  des  oboîes 
&  des  pougeoifes,  parce  que  ces  efpèces  auroient 
été  de  nulle  valeur:  préfcntemcm',  1735,  les  plut 
petites  monnoies  font  les  deniers. 

Presse,  à  la  monnoie  ;  inflrument  dont  on  fe 
fervoit  dans  la  marque  des  monnoies,  auquel  on 
a  fubftitué  le  balancier  ;  cependant  il  y  a  d^s 
hfjtcls  de  monnoies  où  le  graveur  s'en  iert  pour 
rimprefîion  des  carrés  ou  matrices. 

L'arbre  de  icr  foutient,  pourétre  mis  en  mouve- 
ment un  demi-fléau  ,  au  bout  duquel  eft  un  anneau 
deiliné  à  recevoir  des  cordages  ;  l'arbre  enfuîte 
eA  féparé  par  des  platines  :  au-defTus  de  la  pre- 
mière étûit  le  jacquemart ,  enfuîte  la  vis  à  rete- 
nir les  csrrès  ,  le  report  à  détacher  les  efpèces  , 
le  tout  appuyé  fur  fon  billot  avec  l'efcale  &  la 

Presse  â  moule  ^  à  la  monnoie  ,  eft  un  cadre 
de  boiîi  entre  lequel  on  met  les  deux  raoîtiés  du 
moule,  que  Ton  ferre  enfui  te  avec  des  coins  pour 
empêcher  qu*eUes  ne  fe  défuniiTcnt. 

Prise  d'ejfai  ;  c'eft  dans  le  monnoyage  le  pe- 
tit rnorceau  de  métal  que  Tothcier  des  monnoies 
fait  couper  de  quelques  pièces  nouvellement  fa- 
briquées, de  d'autres  pièces  de  même  valeur  qui 
ont  cours  ,  pour  juger  de  leur  titre  j  &  fi  elles  font 
de  bon  alloï* 

Provins  ;  monnoie  frappée  en  la  ville  de 
Provins  :  elle  devint  enfuite  numéraire  ou  de 
compte;  il  en  ^e A  parlé  dans  les  titres  du  tom- 
mencement  &  du  milieu  de  la  '^  '.  race^ 

Quadruple  d'or;  monnoie  frappée  fousHeri' 
ri  m,  en  1575  ;  elle  étoit  :i  13  karats  -J,  à  ta 
taille  de  71 7  nu  marc;  il  reprefentoît  précîfé- 
ment  lu  poids  dos  d^di-piOoles   &  de«   detm- 

F  i 


226 


MON 


k>uU  de  1641  «  qui  n'étoicnt  qu*a  ;6^  au  mire. 

Quadruples  à€$  louh  J'0r,fatnquès  en  1640, 
fous  Louis  Xltl ,  à  2a  kara»«  du  poids  de  dix  de- 
niers I  %  grains  trebuchams ,  valiat  10  liv* 

Cette  efpèce  nVft  p^s  la  même  chofe  dans  les 
hôtels  des  monnoics  6c  dans  le  public  ;  dans  les 
jnonnoieSy  ce  n'cfi  que  les  doubles  louis,  c'efl-à- 
dire,  lOliv.,  fur  le  pied  de  tolir*  le  louis  d'or; 
mais  dans  le  public  c'eft  40  liv. ,  Air  la  môme 
évaluation  du  louis  :  cette  différence  vient  de  ce 
que,  lorfrtue  Louis XIU  ordonna,  en  1640»  U  fa- 
brication aeslouis,  ce  même  louis  que,  depuis  « 
le  public  s*accoutuma  à  appeler  demi- louis  ,  ne 
fut  que  de  f  Uv.»  le  double  de  10  liv»,  kl  le 
quadrupla  de  20  Ut* 

Sur  le  pied  de  î4liv,  que  le  louis  d'or  fimpîe 
vaut  prcicn tentent  en  France»  le  quadruple  fe- 
foii  de  96  liv.  dans  le  commerce;  mais  il  ne 
â*en  eA  point  f«ibriqué  lors  de  la  tabricïition  de 
1726,  non  plus  que  des  doubles  :  il  y  en  a  eu 
au  contraire  de  demis  ^  qui  valent  laltv.  ;  depuis 
1734 ,  on  a  fabriqué  ècs  doubles  loub  qui  va* 
lent  4^  liv. 

Quart  d'écu  *A>r  ;  monnote  fabriquée  fous  le 
régne  de  Henri  II ,  à  i]  karats  f ,  à  la  caille  de 
84}  au  marc. 

Quart- D*ÉCU;  monnoie  d'argent,  fabriquée 
fous  Henri  III,  ptfant  %  deniers  18  crains  ^. 

Quart  d'ecu  d'êrgtnt;  monnoic  de  Henri  m, 
en  1Î7J. 

Ouart  D'tcu;  autre  monnoîe  d'argent,  fabri- 
qiée  fous  Henri  III ^  en  1578;  iU  étoient  à  il 
diQijrs  de  fin,  à  ta  taille  de  25 {  au  marc»  âf 
va  tint  t^  fols  en  1641 

Ou  art  d'ECU  ;  monnoie  d'argent ,  de  Henri  II 
de  Navarre,  du  poids  de  7  deniers  la  grains  itè- 
bucbaos,    pour  ta  lois -en  1641. 

QuiNstAiK  ;  monnoie  d"or ,  t  Jsriquée  en  France 
en  1719,  à  la  tdilte  de  6577  au  marc»  au  titre 
de  14  karats,  valant  15  liv, 

Racloir;  outil  d  acier  pour  ooir  la  furface 
du  métal. 

Raymundis;  mormoted  argent,  ainii  noramée 
de  R;]vroond,  comte  de  Provence. 

En  iantièe  1228,  ii  fur  f<it  on  bail  parP,^vèque 
d*Alby,  pour  la  fabrication  des  raymundi*  ,  qui 
ètoient  de  petits  deniers  dans  ù  monnoie  d'Alby, 
fur  le  pied  des  monnotes  du  rm  ,  moyennant 
)0  liv.  «le  ladite  monnoie ,  qu'il  promit  de 
payer  pour  h  &bncaiion  de  chaque  mille  f^y- 
ntvndîs* 

Reaux  </<  Hfnri  t^;  monnoie  d*argent,  à  f  t 
deniers  a  gf-ins  »  pefant  6)  grains  ^  >  valant  en- 
viron 4  fois  *{  deniers. 

RtCfiAUi»s£R  c^TTtmiM;  €*ctoir,  fuivaoî  une  ait- 
ciennc  ^ ,  arrondir  les  mofceauir  de  lames 

dW  r>ti  dciUnes  à  taire  des  efpccef* 

Richaus^oir;  nc>m  aociea  d'une  efpéce  de 
fmrteau  ^  avec  Icqud  oti  fiiçoiiiKkit  tes  morceamt 
t<n  ou  di*arg€iit  defltnè»  à  uire  îles  cfpèces. 


MON 

Recuire  carreaux^  terme  d'ancien  monnoytge; 
c*ètoit  mettre  les  carreaux  au  feu  pour  en  rendre 
le  métal  plus  facile  &  plus  doux  i  travailler* 

Recuit  ;  ce  terme  le  dit  des  métaux. 

Les  monnoycurs  difent  qu'un  flan  a  été  ati  Jir- 
cuii  p  quand  oa  Ta  mis  au  fourneau  qui  fert  à 
recuire  les  efpèces  avant  qu'on  les  frappe. 

Les  ordonnances  veulent  que  les  ouvriers  met* 
tent  les  flans  &  carreaux  au  rccu'a ^  k  toutes  les 
façons  qu'ils  donnent  à  l'ouvrage* 

Recuiteuks;  ternie  de  monnoycur  ,  ouvriert 
des  mo  g  noies,  qui  ont  foin  de  recuire  les  ibos: 
ce  font  proprement  les  apprentis.  On  leur  donne 
ce  nom ,  parce  que  c'eft  ordinairement  la  fonâiott 
des  nouveaux  ouvriers  ,  &  comm^  leur  appfco* 
tirage  en  fait  de  monnoyage  ,  de  faire  le  iveiilt 
des  lames  &  des  flans, 

RÉFORMER  ies  tfptcis  ;  c'eft  leur  donner  «ne 
autre  empreinte  que  celle  àts  monnotes  que 
Ton  veut  cbanger. 

Rhine  ;  monnoic  d*or,  fabriquée  en  ijia, 
fous  le  régne  de  Philippe-le-Bel  ,  à  la  taille  de 
517  au  marc»  On  croit  que  Philippe  le-B cl  ne  î^t 
pas  le  premier  qui  6t  fabriquer  les  reines  d'or,, 
mais  bien  Je  roi  de  Navarre  &  la  reinî  Jeanne 
fa  femme,  qui  étoit  reine  de  fon  dief,  &  que 
la  monnoie  qu'on  faifoit  dans  ce  royaume,  ètok 
marquée  à  leurs  coins  :  il  n'eft  point  parle  de 
leur  litre»  mais  on  le  fuppofe  à  3)  karais  f- 

Rim^de  dt  toi  ou  d*aUoi  (i  U  monmii^  ,  ^ 
une  pcrmiflion  que  le  roi  accorde  aux  dircdettrm 
de  (c%  mcnnoies,  fur  la  bont<;  intérieure  des  efr 
pcces  d*or  &  d'argent,  en  les  tenant  de  irés- 
peu  de  chofe  moins  que  les  ordonnances  le  prêt 
cri  vent  :  comme  les  louis  doivent  être  de  la  ka- 
rats par  remède  de  loi,  le  direâeur  peut  les  fabri- 
quer k  ai  karaté  fî;  lècu,  au  lieu  de  1»  deniers, 
le  palTe  à  10  deniers  la  gratfts. 

RsMkDE  de  poids  (â  h  monnoU)  ^  eft  unepcr- 
milFion  que  le  roi  accorde  aux  d^reéleoTi  de  fei 
monnoies  ,  fur  h  poids  réel  des  efpéees  lors  dc« 
comptes  à  la  cour-   Comme  il  ed  trés^i Sicile, 
quelque  précaution  que  Ton  prenne,  que  les  «f» 
péces  d'or  fit  d'argent,  qui  doivent  être  chacittie 
d'un  poids  égal,  ^  d'une  certa'oîe  parrie  de  mzrc, 
foitnt  taillées  fi  juftcs  chacune  dans  leur  p^i  ^ 
quil  ne  $y  rencontre  quelques  parries  de  $nm 
plus  ou  moins  dans  un  marc,  on  a  introduit tn» 
remède  de  p:>ids  à  Tinflar  de  celui  de  loi» 

REMhjE  {chMmiUer  U)  ;  c'cft  approdier  iré*- 
près  à\i  remède  de  loi  &  de  poids. 

RiNGRÉi^iMFirr  ;  ce  terme  ftgnifioit  àtOMm 
hôtels  des  monnoies,  dans  le  temps  qa'oof  oi- 
ffiit  encore  le  monnoyage  au  maitcau,  ^^1^^ 
tion  du  monooyeur  ,qui  remcttoitle  Ban  tVÊSt  m 
pile  &  le  trouffcau,  c'eft-à  dire  ,  ewre  Icj  »" 
rés  d'effigie  &  d'èculTon ,  afin  que  s\l  n'i*^ 
pas  été  bien  marqué  du  premier  coup  ik  ^ 
teau ,  00  put  en  achever  plus  par^iceseot  »€•• 
preiote  par  un  fécond  coup* 


O  N 

A  regard  d«  m<idiillcs ,  ccMiime  elles  font  à\in 
%f^ad  relid*»  il  iauî  fouveni  en  faire  le  rengrànc- 
ment^  &  les  recuire  à  chaque  fois  qu*on  l'a  rc- 

tcoiBfnencè  :  fi  le  relief  clt  excciljf  «  on  cft  obligé 
'  d'en  recommencer  le  rengrénemeni  jufqtrà  quinie 
&  feize  fois,   &  à  chaque  fois  limer  la  matière 
qoi  déborde  au-delà  de  la  circonférence. 

Rengkéner;  c'cft,  fulvant  une  ancienne  ex- 
predion ,  remettre  les  efpéces  qui  n'étoient  pas 
bien  marquées  9  entre  les  deux  coins  ou  poinçons 
appelés  h  piU  bc  le  troujfcau. 

mNGatNER  ,  ou  faire  le  rengréncment  ^  c'eft 
encore  vcnfier  les  traits  d'un  poinçon  qu'on  foup- 
^onne  de  (aux,  en  les  comparant  &  les  ajuAant 
avec  les  traits  de  la  véritable  empreinte. 

Reprise  d'tj^^ii;  c*eft  une  féconde  vérification 
da  titre  des  pièces  monnoyées. 

Ressuer  ,  fain  nffuer  un  crtuftt  dt  fer  ;  c'eft 
lorfqu'un  creufet  de  fer  qui  a  iervi  à  la  fiîfion 
de  l'argent,  eil  uft,  le  mettre,  le  fond  en  haut , 
^u^  les  barreaux  d'un  fourneau  à  vent,  où  Ton 
Éttt  uo  grand  feu  »  afin  de  faire  fondre  l'argent 
qiiî  c0  attaché  au  creufet* 

BfVERs  d€  U  méJailU;  c*eft  le  côte  oppofè  à 
celui  qu'on  nomme  fjce^ 

Royal-double j  monnoie  dor  fin,  fabriquée 
fa»  Charlcs-le-Hel ,  en  1315  ,  à  la  taille  de  ^8 
in  marc,  valant  25  fols. 

Royaux;  monnoie  d'or  fin^  fabriquée  fous 
Chîrlcs  V,  en  1364»  à  la  tailîe  de  6j  au  mure, 
niant  ao  fols. 

Royauxd'or;  fabriqués  fous  Charles  VII, 
tu  1419,  en  1431  &  en  143a;  ils  étoicnt 
tttffi  d*oc  an ,  à  la  taille  de  64  au  marc ,  valant 

R0YAUX-D*OR,  de  Charles  V,à  ij  karats^du 
poids  de  deux  deniers  10  grains  uébucliaots , 
niant,  en  1641 ,  ^  Uv,  12  fols. 
^ALUT;  monnoie  d'or,  fabriquée  fous  Charles 
VI,  en  1411  :  ils  ètoient  d'or  fin,  à  la  taille  de 
É)  au  marc,  valant  2^  fols;  ils  furent  ainft  nom- 
«ïès  à  caufe  que  d'un  cô:é  la  falutatxon  angé- 
iiquc  y  éioit  repréfentée  :  les  demi-faiuts  va- 
rient à  proportion. 
M      ^ Pendant  que  Henri  VI ,  rot  d'Angleterre,  pof- 

■  feJa  Paris  ,   il  fit  faire  aulli  des  falut^  d'or  fin, 
p* irais  au  plus  haut  titre  qu'aucun  de  fes  voifins, 
P    citimant  par  ce  moyen  aliéner  ramidé  des  Fran- 
çois fit  de  Charles  VII ,  qui  en  même  lemps  avoir 
ttt  contraiiit  d'empirer  grandement  fa  monnoie, 
«  que  Henri  VI  ne  fit  point  pendant  qu  il  fut 

-      ^iitre  de  Paris. 

■  Saluts  ;  monnoie  d'or  de  Charles  ,  comte  de 
rfovcncc  èi  roi  de  Sicile ,  frère  de  Saint-Louis , 
âbrlqtiés  en  Tannée  1 115^ ,  fuivant  les  titres  de 
<«iemp$*Ià,  rapportés  par  Leblanc,  qui  eurent 
«turs  en  France  pendant  le  régne  de  Saint- Louis. 

Saucées  {médailles)  ;    ce   font   des  médailles 
fcatues  ft^r  le  feul  cuivre ,  6c  argentées  enfuite, 
îitlGJiTEURJAGE  &  trafagc  ;    c'cft   ainfi   qu'oa 


O  N 


nomme  le  profit  que  le  prince  prèltve  fur  les 
matières,  tant  comme  feigaeur,  que  pour  les  fa- 
briquer en  mon  noies. 

Semelle  ,  ou  poids  de  femelle  ;  pour  Tor  ou 
l'argent ,  on  nomme  ainfi  le  poids  réel  d  elTai  de 
ces  métaux. 

Semi-pite  ;  c'eft  la  plus  petite  monnoie  de 
compte  dont  on  s  eft  fervi  en  France  ;  elle  iai- 
foit  la  S"  partie  d'un  denier  tournois,  ou  le  quart 
de  la  maille  ou  obole,  ou  la  moitié  d'une  pite. 

Serre  ;  on  donne  ce  nom  à  une  efpèce  de 
petit  cadre  qui  s'enchâiïe  dans  les  moules  oit 
Ion  jette  en  lames  les  matières  fondues  d or  ou 
dargent. 

Serres  ;  coins  de  bois  ou  de  fer  pour  aiTer- 
mir  les  châffis. 

Sizain  j  monnoie  d'argent  de  Frinc*,  pendant 
les  régnes  de  Louis  XI,  Charles  VUÏ,  Louis  XIU 
&  Friinçois  L  On  fit  à  la  place  de  blincs  6c 
demi-blancs  ,-dcs  fizains  qui  étoicnt  des  demi 
fols;  ils  étoient  à  4  deniei-s  i%  grains  de  loi,  à 
la  taille  de  86  au  marc,  valant  il  deniers;  ceci 
peut  pafler  pour  monnoie  de  fcUîon. 

Socle;  ccH  ce  qui  ferme  li  panie  inférieure 
de  la  baie  ou  ouverture  du  balancier. 

Sol  d*or.  On  s'cfl  fervi  en  France,  pendant  U 
premère  race  de  nos  rois,  de  fols,  de  demi-foU, 
oc  de  tiers  de  fols  ;  ces  monnoies  étoient  en 
ufage  chez  les  Romains ,  dés  le  Grand  Can^antin, 
Se  il  y  a  apparence  que  les  François,  qui  s'em- 

fïarèrent  de  h  Gatile,  imitèrent  les  Romains  dans 
a  fabrication  de  leurs  monnoies  :  la  conformité 
qu'il  y  a  pour  le  poids  encre  ces  fols ,  ces  demi- 
fols  ai  ces  tiers  de  fols  ,  &  ceux  des  empereurs 
Romains  qui  ont  régné  vers  le  déclin  de  l'em- 
pire, ne  permet  pas  d*cn  douter  :  leur  fol  d'or 
&  le  natre  peioient  également  85  grains  y,  le  demi 
&  le  tiers  à  proportion.  Il  paroit,  par  plufieors 
paflâges  de  la  loi  falique,  que  le  fol  dor  6c% 
François  valoit  40  deniers  ;  mais  ces  deniers 
étoient  d'argent  fin ,  &  pefoient  environ  xi  grains , 
fuivant  la  même  loi,  ou  (uWznt Leblanc ^  qui  en  a 
fait  rèvaîuation.  Cependant  on  obfcrvera  ici  que 
le  denier  d\irgent  devoit  pefer  îç  grains},  & 
cela  fondé  fur  ce  principe,  que  la  livre  Romaine 
dont  les  François  fe  font  fervi  après  les  Ro- 
mains, étant  compofée  de  li  onces,  &  ne  reprè- 
Tentant  que  10  onces  f  de  notre  poids  de  marc , 
il  s'cnfaît  que  fi  un  marc  de  notre  poids  péfe 
4'>o8  crains  10  onces  f ,  à  quoi  la  livre  Romaine 
eli  léJuite,  ii  doit  pefer  6144  pains  ;  or,  en 
divifant  6144  par  140  deniers ,  dont  la  livre  de 
10  onces  y  étoit  compofée,  il  refulte  que  le  dc-> 
nier  de  voit  pefer  25  grains  ]. 

Le  fol  valoit  donc  40  deniers,  le  demi-fol  ag, 
&  le  tiers  de  fol  ijjs^^  vaudroit,  à  %j  liv.  le 
marc,  8  liv.  5  fols  de  noir^  monnoie,  le  demi- 
fol  Si  le  tiers  de  fol  à  proportion.  Ces  trois  fortes 
d'cfpéces  avoient  ordinairement  fur  un  de  leurs 
côtés ,  U  lètc  ou  le  bufte  de  queîqu'uii  de  nos 

Ff  ij 


lii 


MON 


rois ,  à  rimîtation  de  celle  des  empereurs  ;  &  de 
Taiure  une  croix ,  avec  le  nom  du  lieu  où  la  pièce 
avoit  été  (Mte, 

5ôi!s  la  féconde  race^ons'efl  encore  fervi  de 
fols  d'or  ;  mah  ils  pcfoient  132  grains,  &  tfa- 
volent  cours  que  pour  40  deniers. 

Pendant  le  commencement  de  la  première  race, 
ou  s*en  fervit  encore  ;  mais  on  ne  fait  ni  le  poids , 
ni  la  valeur  r  on  croit  que  ce  pouvoit  être  le 
flc^rin  d'or  ou  le  franc  d'or. 

Sol  j  monnoic  d'or.  Lorfque  les  François  s'éta- 
bllreit  dans  les  Gaules  ,  les  Romains  tailloient 
71  fols  dans  une  livre  d'or,  c*efl-à-(iire,  que  72 
ibis  d*or  pefoienc  une  livre  ,  &  chaque  fol  96 
grains ,  puîfquM  y  en  avoit  6  à  l'once  ;  mais  ces 
onces  n'éroient  pas  égales  à  celles  de  notre  poids 
de  marc  ,  elles  étoient  plus  foibîes  d*iin  neuvième  \ 
de  forte  que  les  ii  onces  Romaines  dont  !a 
livre  étoii  compofée,  n'en  pefoient  que  10  &  f 
des  nôtres,  comme  on  vient  de  le  dire,  ik  par 
conféqnent  cette  même  livre  de  la  onces  réduite 
à  10  onces  1 ,  ne  compofoii  que  6144  grains, 
kfquels  divifés  par  72  ,  faifoient  revenir  le  fol 
d*or  à  85  grains  ^  ,  ce  qui  fert  de  preuve  que  le 
denier  d'argent  devoit  pefer  aj  grains  },  comme 
on  Ta  dit  ci-deffus^  au  lieu  de  11  ou  environ* 

Sol  morlas  ;  monnoie  d^'argent.  On  lit  dans 
le  7*  tome  de  Thiftoire  chronologique  du  P.  An- 
felme  ,  page  109,  que  Sanclie  fi  du  nom,  vi- 
comte de  la  Barth  ,  feieneur  d'Aure ,  fonda  en 
lîjf,  dans  Vabbays  de  Bonnefons,  un  annlvcr* 
iiire  pour  lut  Si  pour  fes  parens  ,  moyennant  fit 
feptîers  de  froment ,  trois  charges  de  vin  &  30 
fois  morlas. 

Sol  parisis  ;  cette  monnoîe  d'argent  étoit  en 
lifagedés  Tan  1060;  c*éiolt  la  ao"'  partie  de  la 
livre  :  elle  portoit  ce  nom  étant  fabriquée  à  Paris* 

Sol  tournois  ;  monnoie  d'argent  avant  Se 
vers  la  fin  du  règne  de  Philippe  i  :  il  y  avoit 
des  fob  tournois  ainfi  nommés,  étant  frappés  à 
Tours, 

Sol  9  ou  fou  ;  ancienne  mon  noie  de  bîllon. 

Nous  avons  aâueltemeni  en  France  de  plu- 
fieurs  fortes  de  fols  de  billon  fabriqués  fous  dtâ'é- 
ren^  régnes. 

On  en  volt  qui  ont  été  fabriqués  fous  le  règne 
de  Henri  lïl,  en  Tannée  1^77;  ils  font  marqués 
d'un  côté  d'un  éculTon  couronné  entre  deux  hH, 
&  de  i*au?re  d*une  croix  &  d'une  couronne  dans 
chaque  angle.  Us  étoient  alors  nommés  douzains, 
parce  quMs  valoient  la  deniers  rils  valent  aôuelle- 
ment,  175^  ,  a  fols. 

Ceux  du  cardinal  de  Bourbon,  de  l'année  1 593  , 
portent  d'un  cfjtô  un  écuiïon  couronné  entre  deux 
ce,  tk  de  l'autre  une  croix  avec  deux  fleurs  de 
lys  à  deux  dts  quatre  angles,  &  deux  couronnes 
au  %  deux  angles  :  ils  étoient  auifi  appelés  douzains  ^ 
&  ils  valent  pareillement  %  fols. 

Ceux  de  Henri  IV,  de  l'année  1602  ,  font  mar- 
qués d*UD  chih  d'un  ècufTon  couronné  entre  deux 


M  ON 

HH,&  de  l'autre, de  la  même  croîx  de  ceux  de 
Henri  III  &  du  cardinal  de  Bourbon  :  ils  s'ap» 
peloient  douzains ,  &  valoient  a  fols. 

Ceux  de  Louis  XIII,  de  Tannée  1618,  font 
marqués  de  même ,  excepté  deux  LL  au  Heii 
de  deux  HH  :  ils  étoîenc  encore  appelés  dou* 
zains ,  &  paflent  auîourd*hui  pour  %  fols. 

Ceux  de  Louis  XIV,  de  1658,  étoient  mar- 
qués ,  d'un  côté ,  d'un  écuiïon  couronnent ntrc  deux 
LL  couronnées  ,  Sl  de  l'autre  de  U  même  croix 
ci-dcffus  avec  une  fleur  de  lys  à  chaque  angle: 
il  y  en  avoit  de  doubles  &  de  fimples ,  au  titre 
de  deux  deniers  la  grslns  ,  à  la  taille  de  66  au 
marc,  les  doubles  de  ï]i,  les  fimples  &  les  pre*^ 
miers  valant  30  deniers,  &  les  derniers  i\. 

Il  yen  eut  d'autres,  de  Tannée  1693  ,  marqués 
d'un  côté  d'un  écufTon  couronné ,  &  de  l'autre 
de  quatre  LL  doubles  couronnées,  qui  forment 
une  croix,  avec  une  fleur  de  lys  à  chaque  angle. 

Les  derniers  font  de  Tannée  171a;  ils  eurent 
d'abord  cours  ,  les  doubles  pour  30  deniers  ,  & 
les  fimples  pour  1;  deniers^  ils  font  msrquès 
d'un  côté  de  LL  couronnées,  Si  de  Tautre  d'unç 
croix  fleur-delifée;  ils  pafTent  auffi  les  uns  pour 
2  fols ,  les  autres  pour  un. 

Sommier  ;  on  appelle  aînfi  la  partie  fupéncurc 
qui  ferme  la  baie  ou  ouverture  du  balancier. 

Sou  ,  que  Ton  écrit  communément  fol ,  cft 
tantôt  une  mon  noie  courante  &  réelle ,  &  tantôt 
une  mon  noie  imaginaire  &  de  compte. 

Le  fol  d^à-prefent,  qui  fert  de  monnoîe  cou- 
rante, efl  une  petite  efpèce  faite  de  billon,  c'cft- 
à-dire,  de  cuivre  tenant  un  peu  d'argent,  igatf 
plus  ou  moins ,  fuivant  les  lieux  &  les  temps  oia 
il  a  été  fabriqué. 

Sou  ou  fols  iVargent ;  monnoîe  d'argent,  dont 
on  fe  fervoit  fous  la  première  race  de  nos  rois; 
ils  étoient  réels  Si  cfTeâifsi  &  pefoient  34 j  grains* 

Surachat;  on  nomme  ainfi  la  remlfe  que 
des  particuliers  exigent  du  bénéfice  que  fait  le 
roi  fur  la  monnoïc,  ou  de  partie  de  ce  bénéfice 
fur  une  quantité  de  marcs  d'or  ou  d'argent  qu'ils 
fe  chargent  de  faire  venir  de  Tétranger. 

Taille  ;  terme  de  monnoîe  ,  par  lequel  on 
entend  la  quantité  des  efpèccs  que  le  pnncc  or- 
donne qui  foicnt  faites  d'un  marc  d'or .  d'argent 
ou  de  enivre. 

Ainfi  les  louis  d*or  font  à  !a  taU*c  de  trente  au 
marc  ;  les  écus  de  fix  livres  font  à  la  taille  de 
huit  Si  trois  dixièmes  au  marc. 

Taîlleresses  ,  à  la  monnoîe  ^  font  les  femmes 
ou  fiîîes  de  monnoyeurs,  qui  nettoient  >  a)u fient 
les  flans  au  poids  que  l'ordonnance  prcfcrit  :  elles 
répondent  de  leur  ouvrage  ,  &  les  flans  qu'elles 
ont  trop  diminués  font  rebutés  Si  ci  failles. 

Le»  taillereffes  ajurtent  les  pièces  avec  une 
écouane,  après  avoir  placé  le  flan  au  hdhoqitt. 
On  leur  a  donné  le  nom  de  taillerefles  à\n%  te 
temps  que  Ton  fabriquoii  les  efpéces  au  mtncati 


MON 

qii*cl1»  tailloient  alors  les  carnaux.  (  Les 
iDrioics  anciennes  ètoient  carrées), 
Taixxiur  GÉ:>'LRAL  dis  mon/ioUs  ;  cVft  celuî 
t  qui  U  ap{»aritent  feul  de  graver  &  tailler  les 
pCMDçons  &  mamces  fur  Icfquels  les  taUUun 
particuliers  frappent  6l  gravent  les  carrés  aiii 
tloireat  fervir  i  U  fabrique  àcs  cfpêces  dans  les 
h^'ls  des  tnonnoîes»  oU^  foivant  leur  office,  ils 
fooT  aiudiés. 

Talon  ;  c'cft  le  rcberd  d'un  coin  ou  poinçon 
nonuné  la  /«i/r,  dont  on  faifolt  autrefois  ufage 
daos  les  monnoies. 

Tasseau  ;  ouiîl  de  fer  fixé  dans  une  en- 
ddine,  dont  on  fc  fervoU  autrefois  pour  façonner 
deffus  y  les  morceaux  de  métal  dedînés  à  faire  des 
pièces  de  moonoie. 

Témoin  (/^)  \  les  eflayeurs  appellent  aînfi  le 
petit  bouton  d'argent  qui  a  été  tiré  de  la  même 
çuaittité  de  plomb  que  celle  employée  dans  IV 
pèratjon  de  la  coupelle. 

Tenailles  des  monnoyeurs  ;  fortes  de  pinces 
à  CTOiiTant,  avec  kfquclles  ils  prennent  les  crcu- 
fets  hors  du  fourneau  ,  pour  vcrfer  dans  les 
laoules  Tor  fondu  qu*ils  connennenr. 

Teston  ;  ancienne  monnois  d'areent ,  qui  fe 
fabrîqaofc  en  France  6c  dans  pluheurs  autres 
états  ,  mais  qui  n'a  plus  cours  dans  le  royaume 
&  peu  dans  les  pays  étrangers  ,  excepté  en  Italie , 
oii  il  eft  également  mannoie  courante  &  mon- 
ooic  de  compte. 

Lorfqu'on  fabriqua  les  teftons  en  1513,  fous 
LoQii  XII ,  ib  ne  valoienr  que  10  fols  ;  ils  étoient 
à  U  taiUe  de  157  au  marc  ,  tenant  11  deniers 
8  g^îos  de  loi*  l<s  augmentèrent  en  fuite  à  pro- 
ponioa  du  prix  du  mrrrc  d*argent  ;  6c  lorfqu*ils 
<W»t  cefle  d*avoir  cours  en  France  ,  ils  croient 
montés  à  10  fols  6  dcn. ,  c^eft-à-dire,  à-peu-prés 
au  tiers  de  l'écu  de  Co  fols  ;  ils  étoient  ainfi  nom- 
més, à  caufc  de  la  léte  qu'ils ^ortoient  pour  em- 
preinte d'effigie, 

Testok  ;   monnoie  d'argent,  de  Françnîs  I, 
du  poids^dc  7  deniers  10  grains,  vshnt,  en  1^41 , 
20  fols ,  les  demis  à  proportion* 
Tcttons  de  Henri  II,  de  1549,  idem*  ' 
d^  Charles  JX,  de  iç6i,  idem, 
de  Henri  lll,  de  1^77,  idem,        ' 
de  Louis  de  Montcfpan ,  de  3  574,  idem. 
vieux  de  Lorraine  ,   d* Antoine   &  de 
Oarles,  de  ïja4,  pefant  7  deniers 
8  grains ,  idem. 
de  Henri  &  Charles  de  Lorraine ,  du 

poids  de  7  deniers, 
du  cardinal  de  Lorraine^  du  poids  de 

6  den.  iç  grains,  de  1^0^, 

de  Befançan,  de  Charles  V,  de  iCr^^ 

idem, 

TUJIS  de  fol;  monnoie  d'or  en  ufag^e  en  France 

f^us  Clovis  I,    61   fous   les   rtgncs  fubf^qiiens: 

ils  Taloisni  13  deniers  y,  le  fol  d'or  en  va^oit  40, 

&  le  demi  fol  d'or  10  ;  mais  ces  deniers ,  comme 


MON 


229 


on  Ta  dît  à  l'article  des  fols  d  or,  étoîcnt  d'ar- 
gent :  le  tiers  de  fol  d*or  pcfoit  28  grains  ■;  ou 
environ. 

TiREPOiL ,  nom  que  Ton  donnort  dans  les 
monnoies,  à  un  ancien  procédé  pour  bUnchîrhî 
flans  ou  pièces  de  monnoie. 

Titre  de  l*or  on  de  Varient  ;  on  déftgne  par  ee 
mot»  le  degré  de  pureté  de  ces  métaux  précicuit. 

Le  titre  «le  lor  le  plus  pur  efl  a  24  karats,  celui 
de  l'argent  eft  à  11  deniers. 

Toison  d'argent  ;  monnoîe  de  Philippe ,  duc 
de  Bourgogne  ,  comte  de  Flandres ,  en  1498  ,  à 
1 1  deniers  1 2  gralni  de  fin. 

Tonne  d'on  on  entend  par  tonne  d*or  en  Hul- 
lande,  une  fomme  de  cent  mille  florins  ,  valant 
de  110  à  210  mille  francs  argent  de  France* 

La  tonne  d'or  en  Allemagne  repréfente  cent 
mîile  thalers  ou  écus,  équivalons  à  environ  375 
mille  livres  de  France. 

Touhnois  ;  c'étoit  une  petite  monnoie  cordée 
de  fleurs  de  lys  ,  qui  avoit  cours  anciennement 
en  France.  E^le  tiroit  fon  nom  de  la  ville  de 
Tours  ,  où  elle  étoit  frappée.  La  monnoie  tour- 
nolfe  étoit  plus  foible  d'un  quart  que  la  monnoie 
pdrljis. 

Il  y  ayoît  des  livres ,  des  fols  «  des  deniers 
tournois. 

Depuis  l'abolition  de  la  monnoie  purifts  fous 
Louis  XIV  ,  on  n'a  plus  employé  le  mot  tour- 
nois ,  que  pour  diftinguer  dans  le  commerce  les 
écus,  les  livres,  fous  8t  deniers  de  France,  des 
monnoies  de  même  nom  dont  on  fait  ufage  dans 
les  pays  étranger*;. 

Tournois.  On  appelle  mal  a  propos  en 
France  livre  tournois ,  une  forte  de  monnoie  de 
compte  dont  on  s  y  fert  pour  tenir  les  livrer, 
ce  terme  ayant  été  aboli  par  l'ordonnance  de 
1657. 

Tranche,  Ce  terme  de  monnoîe  fignifie  la 
circonférence  des  efpécest  autour  de  laquelle  ot 
imprime  une  légende  ou  on  cordonnet ,  pour  em- 
pêcher que  les  f^ux  monnoyeurs  ne  les  puitîent 
rogner:  on  ne  peut  marquer  que  les  écus  de  !a 
légende ,  Domine  falvum  fac  rcgem  ,  parce  que 
leuf* Volume  peut  porter  dès  lettres  fur  Li  tranche; 
mais  le  volume  des  autres  efpéces,  tant  d'or  que 
d'argent ,  n^  faurolt  porter  fur  b  trant/te  quVn 
cordonnet  avec  un  grëneti»  des  deuii  côtés»  ou 
feulement  une  hachure* 

L*ufage  de  meare  une  légende  fur  la  tranche 
des  monnoies,  a  commencé  en  Angleterre,  Fran- 
çois Lebîanc,  dins  fon  traité  d,'S  ni;:>nnô'tes  de 
France ,  dir  qu%l  faut  efpér^r  qu'un  jour  on  pto- 
tègera  la  nouvelle  invention  qui  mirq^i?  les 
monnoies  fur  la  tranchi  ,  en  même  temps  que  la 
tête  &  la  pile.  Ce  fouhait,  qu'il  f»lfoit  en  1690, 
ne  fut  pas  long-temps  à  être  accompli  dans  ce 
roya'jme. 

Tranche  de  U  méddiUc ;  c*eft  ce  quî  montte 
(on  èpaiSeur  en  dehors* 


2;o 

TîiÈBUCHANT  ;    itne  pièce  ûc   monnoie  a 
tHifU;ka.nt ,  lorrqirellâ  a  le  poids  ordonné. 

Treffler  ;  c'eft  doubler  les  traits  des  effigies 
des  monnolcsj  par  un  niiuvals  ajufl;ige  fur  les 
poinçons. 

Tressaut  »  (  fûïre  un)  ;  quand  les  eflàyeurs  eè- 
irèral  &  particulier  ne  fe  rapportent  nas  en  fai- 
sant les  eitais  d'une  même  elpéce ,  èc  qu'il  y  a 
quelques  trente-deuxièmes  ou  grains  de  fin  de 
différence    entre   eux  ,    cela    s'appelle    faire    un 

Trousseau  »  tefmt  (TancUn  monnayage;  il  fip;ni- 
fioit,  lorfqu'on  monnoyoii  au  oiarceau»  le  coin 
où  étoii  Tempreinte  de  Teffigie,  laquelle  fut  long- 
temps précédée  par  une  croix. 

Le  trouiTeau  étoit  long  d'environ  fept  à  huit 
pouces*  Après  avoir  pofé  le  tlan  fur  la  pile  avec 
la  main  gauche,  on  pofoit  le  iroujfcau  fur  le  flan 
à  plomb  des  empreintes»  fit  le  tenant  perpendi- 
culairement de  la  main  droite ,  on  donnoit  plu- 
fieurs  coups  fur  ce  troutTeau  ,  avec  une  cfpèce 
de  marteau  ou  maillet  de  fer  ;  ea  conféquence 
ï«  flan  fe  trouvoit  renvoyé  des  deux  côtés:  mais 
fi  quelqu'endroit  étoii  mal  empreint ,  on  réiteroit 
les  coups  de  marteau  ,  jufqu'à  ce  que  le  flan  fût 
monnoyé  autant  bien  que  cette  mauvaife  manu- 
tention pouvoit  le  permettre. 

Tyfis  du  midaillis  ;  ce  font  les  fujets  que  la 


gravure  préfente  aux  yeux  »  comme  une  divi* 
nité,  un  homme I  une  femme»  une  bataille,  ûïïhc 
ville,  &c. 

V KLEXJK  réelle  OVL  inirïnfîque  de  la  monnoîe; 
c'eft  la  quantité  de  métal  d'or  ou  d'argent  quitte 
contient»  fuivant  le  prix  général  de  ces  métaux  » 
fans  avoir  égard  à  leur  aluage. 

Valeur  numéraire  ;  c*eft  le  prix  que  le  fouve- 
rain  donne  dans  fes  états  à  cette  pièce  de  m^O' 
noie  ,  &  qui  efl  toujours  un  peu  au-dcflus  de 
fa  valeur  réelle. 

VÉGÉTATION  de  bouton  ;  c'eft  torfque  le  boa* 
ton  de  métal  ,  dans  Tcffai  d'or  ou  d'argent  » 
n'ayant  pas  eu  une  chaleur  afler  vive ,  ou  aiTet 
foutenue,  fe  fige  &  forme,  en  fe  crevant,  une  cf- 
pèce de  végétation  i  l'extérieur. 
^  Ventouse  j  c'eft  1  ouverture  par  laquelle  l'air 
s'introduit  dans  un  fourneau. 

Vieille  ;  monnoîe  d'argent  de  Navarre ,  cnir* 
quée  d'un  côté  de  deux  boeufs  avec  un  maio  tc* 
nant  un  damas,  &  de  l'autre  une  croix,  avec 
auffi  deux  bœufs  &  deux  pareils  damas  pUcès 
au  milieu  de  h  croix:  c»n  |eife  que  cette  moa-* 
noie  a  été  frappée  à  Pau  en  Béarn ,  à  caufc  <fc 
la  figure  du  bœuf  que  portent  les  efpéces  d'ar- 
gent  qui  s'y  frappent  encore  aujourd*hui- 

VOLUME  de  L  monnoîe  ;  c'cfi  la  grandeur  It 
répiiiTeur  de  chaque  pièce. 


MORDANTS-        (Andes) 


^E  mordant  eA  une  compontlon  collante  ,  & 
opdble  de  fe  fécher,  avec  la<|uclle  on  attache 
une  fubAancc  à  une  autre. 

L*ia  des  rmrdants  ell  très-ancien ,  &  il  en  eft 
(èxt  mention  dans  un  pafniie;e  de  Pline  te  naru- 
riliftè,  liv.XXXV,  cliap  XI. 

Comme  les  métaux  ne  peuvent  bien  adhérer 
pu  te  fimple  cont*^  quà  d*auires  corps  méulli- 
ffijçs  ,  lorïqa^on  veut  appliquer  ,  par  exemple, 
lor  CIO  feuilles  ou  ea  Doudre  fur  quelques  corps 
OOO-métalitques  ,  on  eii  obligé  d'enduire  d*abord 
b  furface  de  ces  corps  avec  quelque  fubftance 
tcnice  Ôt  collante  qui  le  happe  6cle  retient.  Ces 
fttbfiaiices  s*appeHent  en  général   mordants. 

n  y  a  des  mordants  comporés  avec  des  coUes 
végétales  êc  animales  ;  &  d'autres  avec  des  ma- 
tières huUeufes  ,  collantes  g  &  capables  de  fe 
rocher* 

Jé^rdant  fffur  durer  fr  vernir. 

i  Les  mordants  que  Ion  emploie  ordinairement, 
'^♦thtni  avec  peine  :  Tor  «  y  noie ,  Ci  on  s'en 
fcrt  trop  tôt;  il  ne  litnt  pas,  pour  peu  que  le 
mordant  foit  un  peu  trop  fec*  Alors  on  eÛ  obligé 
éy  ajouter  une  nouvelle  couche,  &  d'attendre 
14  ou  36  he  rcs ,  félon  la  faifon  ,  la  tempéra- 
ture de  Tair ,  le  ieu  où  on  travaille,  afîn  de  fai- 
ir  au  )uAc  le  moment  où  Ton  doit  appliquer  fon 
or  en  feuilles. 

Le  mordant  dont  00  va  donner  la  recette  ,  n'a 
pi  ces  inconvéniens  :  un  quart  d'heitre  fuffit 
pour  ie  dcfféclier  au  point  où  il  cft  néccfTaire. 

On  prend  une  livre  d'hurîe  de  lin ,  fix  onces 
de  lîtharge  d*argenr,  une  once  de  térébenibine, 
noc  once  de  poix-réfine  ,  une  once  de  terre 
dombre,  une  once  de  gomme,  un  oignon  & 
une  crome  de  pain  bis.  M^.ntz  ïe  tout  dans  un 
pot  de  terre  verniiTé  ,  &  faites-le  bcniillir  pen- 
dant trois  ou  quatre  heures ,  pfqu*i  ce  qu'il  foit 
a^cz  cuit. 

On  connolt  que  la  compofition  efl  aHei  cuite, 
lorfqu*en  en  prenant  avec  une  cuiller  6c'  la  laif- 
luit  couler,  on  voit  qu'elle  file. 

Lorfqu  on  a  oté  le  pot  de  deJTus  le  feu  &  que 
la  matibiï  cft  prefque  rtfroidie,  on  retire  roignon 
&  la  croûte  de  pain  bis,  &  0.1  y  a  oute  un 
quarteron  d'huile  effentieHe  de  léiébentliine  :  on 
piiTc  ïe  tout  dans  un  hnge  ,  &  on  le  c  n(crve 
dans  une  bouteille  ,   pour  t'en  fervtr  au  befoin, 

Lorfqu*on  veut  dorer  fur  bois,  on  commence 
è  lantre  fur  le  bois  une  ou  deux  couches  de 
Teroii,   Qo  mêle   eufuîte   un  peu  de  vermillon 


dans  le  mordant ,   que  Ton  déirempï?  avec   un 

peu  d*hui!e  cileniielle  de  térébenthine ,  pour  le 
rendre  plus  coulant-  Alors  on  en  met  une  coucbt 
fur  le  bois-  Au  bout  d'un  quart  d'heure,  le  mof 
dant  ell  en  état  de  pouvoir  happer  les  fcuUlci 
d'or  que  Ton  applique  deiTus  avec  un  peu  de 
coton  pour  les  taire  tenir» 

Le  même  mordant  pfut  fervir  pour  faire  tenir 
la  dorure  fur  le  fer  ;  mais  alors  tl  neA  point  né* 
cc^Taire  d'étendre  auparavant  une  couche  de 
vernis. 

Il  y  a  encore  des  mordans  trè^flmples  pouf  nt- 
tacher  l'or  ou  rarg.:;nt  cîi  feuilles  fur  des  corps- 

Du  miel,  de  la  bière  &  de  la  gomme  arabique 
bouillis  cnfetrble  »  forment  un  mordant. 

Lt  fuc  d*aU  I  d  oignon  ,  de  jacinthe  ,  &  la 
gomme  arabique  même  toute  feule,  produLfentie 
même  effet. 

On  applique  ces  liqueurs  avec  un  pinceau  fttr 
le  corps  fur  lequel  on  veut  mettre  les  feuilles 
d'of  ou  d'argent ,  enfuite  on  les  y  colle  en  le» 
appuyant  avec  un  petit  tampon  de  coton  que  l'on 
tient  à  la  main  ;  lorfque  la  feuille  eft  bien  at- 
tachée, on  frotte  toute  la  furface  avec  ce  coton  ^ 
aon  d'enlever  toutes  les  portions  d'or  qui  ne  fe 
font  point  filées. 

Voici  un  autre  procédé  ,  qui  réfifte  même  à 
rh«mldité.  Ce  mordant  confïHe  à  faire  bien 
,  bouillir  enfembîc  au  bain*marie  une  chopVne  d'ef- 
prit-de-vin,  une  once  &  demie  de  gomme-laeque, 
une  demi-once  de  maftic  en  lames,  une  demi- 
once  de  fatig  de  dragon,  un  gros  de  faffran  en 
poudre,  un  gros  de  rocou  &  deux  pincées  de 
terra-merita.  11  faudra  avoir  foin  de  meure  du 
foin  3U  fond  du  vafe  dans  lequel  on  voudra  faire 
bouillir,  de  peur  qtic  les  matières  pefantes  vc» 
nasiE  à  fe  précipiter  au  fond ,  ne  foient  brûlées. 

Mordant  en  peinture* 

On  appelle  mordant  en  peinture  tine  compo* 
fulon  qui  fert  à  rehauCTer  les  ouvrages  en  dé- 
trcmpc- 

Ce  mordant  fe  fait  avec  une  livre  de  térében* 
ihlnc  épailTe,  une  livre  de  poix-rèfine,  trois  quar- 
terons de  cire  :aune,  une  demi-Hvre  de  fuit,  un 
demi  feiier  d*hulle  de  lin  ,  qu'on  fait  bouillir  :  on 
applique  de  l'or  ou  du  cuivre  fur  le  mordant  dés 
qu'il  efl  pofé  fur  Touvrag.;  qu'on  s'eA  propofé  dt 
faire  :  on  doit  l'employer  bien  chaud- 
Suivant  M-Waiin,  dans  fon  traité  de  Tart  du 
peintre, 

Pour  reltai/Jfer  d'or  m  détrempe  ,  il  faut  préparer 


1 


^^ji^ 


■i|' 


M  O  R 


un  mordant  «  aiiirement  nommé  ifature  J  qu'on 
compofe  d*environ  une  livre  de  cire,  d'une  demi- 
livre  d'huile  de  Un ,  &  d*une  demi- livre  de  téré- 
benthine de  Veniftî ,  qu*on  fait  bouillir  enfembte. 
On  reliauflc  les  orncmens  en  mettant  par  hachure 
de  c^  mordant  ou  bature  chaude,  avec  la  pointe 
d'un  petit  pinceau  >  fur  tous  les  clairs  de  Touvrage. 

On  applique  le  cuivre  réduit  en  feuilles,  ap- 
pelé vulgairement  or  d* Allemagne^  (c'efl  celui  dont 
on  fe  fert  communément)  ou  avec  du  coton ,  ou 
avec  des  bilboquets  garnis  de  drap.  Au  bout 
d'une  couple  d'heures  ,  quand  il  cô  fec ,  il  faut 
Fcpounetcr  avec  une  broffede  foies  de  porc  douce 
ik  btea  nette.  Il  faut  furtout  prendre  garde  que 
la  bature  ne  s'emboîte  dans  le  tond  autTitût  qu^cl!e 
eft  couchée,  ce  que  Ton  connoît  quand  elle  de- 
vient terne  Ôf  qu^clle  perd  fon  luif^nt;  car  alors 
Tor  ne  peut  s'y  attacher.  Il  faut  recommencer  à 
coucher  de  bature  dans  les  endroits  ombrés. 

Le  même  auteur  indique  le  procédé  qui  fuit 
pour  dorer  à  l'or  mat. 

On  fait  un  mordant  compofé  de  birume  de  Ju- 
dée une  livre,  d*huile  graue  une  livre,  de  mine 
de  plomb  une  demi-livre.  On  peut  fubftituer  k 
la  mine  de  plomb  pareille  quantité  de  vermillon. 
On  fait  fondre  le  bitume. 

Quand  le  mordant  eft  en  pAtc,  on  leclaircit 
avec  une  livre  ou  une  livre  èc  demie  d*cffence» 
Il  en  faut  plus  Thiver  que  Tété. 

Il  y  a  pour  ce  même  objet  une  autre  efpèce 
de  mordant ,  qu*on  appelle  mtxtbn  ,  6l  que  M. 
WaMn  confcille.  On  tait  fondre  une  livre  de  ka- 
rabé,  un  quarteron  de  maftic  en  hm^s,  une 
once  de  bitume  ,  dans  une  livre  d'huile  graffe. 
On  cclatrcit  cette  mixtion  avec  de  TetTence. 

Il  faut  que  ce  liquide  ne  foit  ni  trop  lent  ni 
trop  prompt  à  fécher,  &  qu'il  puiiie  s  étendre 
aifément  fous  le  pinceau* 

Mordant  i  VhuïU* 

Pour  faire  le  mordant  à  rhulU^  ayez  un  pot  de 
terre  verniiTè  &  neuf,  qui  contienne  deux  pintes; 
rempUfTez-le  à  moitié  de  couleurs  préparées  k 
rhuile.  Celles  qui  refteront  des  ouvrages  faits  ,  y 
feront  très-propres,  quand  même  \\  le  ferott  déjà 
formé  une  peau  defTus  ;  on  y  mettra  cette  peau 
même  ;  ajoutez-y  une  pinte  d^hiiile  de  lin  &  un 
poiflbn  de  vernis  commun. 

Alors  mettez  le  pot  fur  un  feu  miiUocre, 
comme  des  cendres  chaudes  ou  de  la  petite 
braife  :  cuifez  doucement  ;  &  lorfque  vous  ver- 
rez votre  matière  ou  liqueur  fe  réduire  tk  être 
tarie  d*un  quart,  comptez  qu'elle  fera  fuffilamment 
cuite.  Hettrez  votre  pot  du  fcu  ,  paiTcz  atiffïtot 
le  tout,  &  mettez  le  mordant  ainfi  fait  dans  un 
autre  pot  de  terre  verniffé ,  pour  vous  en  fervir 
au  befoin. 

Il  eft  bon  de  prévenir  les  perfonnes  qui  feront 
dans  le  cas  d'en  faire,  qu'il  fe  forme  fur  le  mor- 
dant une   peau   qui    ne  fcrt  qu'à  le  confcrver. 


M  0  R 

Quand  on  en  veut  prendre  pour  s'en  fcr\^îf ,  on 
lève  une  partie  de  cette  peau,  que  Ton  rejette 
fur  l'autre ,  &  on  la  remet  dans  ion  premier  iut 
après  que  Von  a  tiré  ce  que  l'on  vouloir. 

Ce  mordant  fe  conferve  un  an  entier  fans  $'af- 
foiblir  :  on  s'en  fert  pour  bronzer  &  dorer  à  rhuik« 

Pour  bronzer,  après  que  Ton  a  appliqué  le  mor- 
dant fur  la  pièce,  on  poudre  par  deuus  le  bronze 
tout  fec,  &  en  tenant  un  papier  au-deffom ,  on 
frotte  la  pièce  avec  une  broffe  neuve  ,  afin  de 
faire  tomber  le  fuperflu  de  bronze  qui  n*a  poîm 
été  arrêté  par  te  mordant  ,  pour  qu'il  ne  foie 
point  perdu. 

Il  nVft  point  néceiTaire  de  pafler  aucun  vernis 
fur  le  bronze  ;  mais  il  en  faut  pafler  un  fur  Tcw 
que  l'on  a  appliqué  ,  dans  lequel  vernis  il  ne 
doit  point  entrer  d  efprit-de-vin ,  car  tout  fou- 
vrage  en  feroit  gâté.  Avant  de  donner  la  couche 
du  vernis,  on  aura  la  patience  d'attendre  que  l'or 
foît  parfaitement  fec» 

Lorfque  le  mordant  fe  trouve  trop  épaW,  on 
le  rend  plus  coulant  en  y  mclam  un  peu  d*huile 
grafle. 

Mordant  fur  la  toile  peinte. 

Pour  appliquer  le  rouge  fur  la  toile,  on  im* 
prime  une  compofition  dite  mordant ,  qui  n'a 
prefque  aucune  couleur,  &  qui  eft  diiférente  félon 
les  diverfes  nuances  de  rouge  ou  de  violet. 
Cette  compofttion  fcrt  à  faire  attacher  daos  les 
endroits  oii  elle  a  été  rotfe,  la  couleur  dans  bi- 
queïle  on  plonge  6i  on  l^it  bouillir  la  toile,  & 
à  lui  donner  les  dliférentcs  nuances  dont  on  a  be- 
foin, depuis  le  couleur  de  rofe  jufqu'au  violet 
foncé. 

Compofition  de  mordant  pour  le  rouge  foncée 

Le  mordant  pour  le  beau  rouge  un  peu  foncé 
fe  fait  de  cette  forte.  On  prend  huit  pariies  dV 
!un  de  Rome,  deux  parties  de  foude  d'AUcame , 
&  une  d'arfcnic  blanc.  On  pile  toutes  ces  ma- 
tières j  on  les  m^t  dans  une  fuffifantc  qusntité 
d'eau,  qu'on  épaitllt  avec  la  gomme  ;  il  cil  bon 

Î|ue  l'eau  dans  laqtiî^lle  oa  diifout  ces  maticrei 
oit  colorée  avec  du  bois  de  Bréfil,  afin  de  voir 
fur  la  toile  les  endroits  olï  le  mordant  pourroîi 
n'avoir  pas  pn^ ,  pour  lei  réparer  avec  U  plaae 
ou  le  pinceau. 

Autre  mordant  pour  rouge* 

On  fait  un  autre  mordant  qui  donne  aufPi  tfn 
très-beau  rouge.  On  met  une  once  St  denste 
d'atun  de  Rome ,  un  gros  &  demi  de  fel  de 
tartre  ,  6i  un  gros  d'eau- forte  dans  une  piflfe 
d'eau  :  il  faut  toujours  des  épreuves  de  ce*  dif- 
fcrens  nyirdants  fur  de  petits  morceaux  de  toiles 
pour  voir  (i  la  couleur  eft  belle,  • 

Lorfque  la  toile  fera  imprimée  avec  le  noir  Se 
k  mordint  pour  le  rouge ,  on  mettra  au  pinceau 
ou  avec  des  contre  planches  »  le  même  mordaiif 

amt 


M  O  R 

m  eadfoîcf  quî  doivent  être  entièrement  rou- 
ge  foncé  :  on  les  latfle  fécher  l'un  &  Vautre 
pendant  douze  heures  «u  moins ,  après  quoi  îl 
littt  bien  laver  la  toiic  pour  emporter  toute  la 
gooiaie  qui  y  %  itè  mife  avec  le  mordant  ôc  le 

Mordant  ^aur  te  r^uge  cUir, 

Voici  de  quelle  manière  fe  fait  le  mordant  pour 
le  roitge  clair.  On  prend  parties  égales  d'alun  & 
de  créoie  de  tartre;  s'il  y  a  une  once  de  chacun, 
OQ  djflbiii  ce  mélange  dans  une  pinte  d'eau,  & 
oo  le  ^omtnc  à  lordinairc  :  fi  l'on  veut  des 
nuances  intermédiaires  »  il  n*y  a  qu*à  mêler  un 
peu  du  premier  mordant  avec  celui*ci» 

MarJant  pour  le  vioUt* 

\jt  BOrdam  pour  le  violet  fe  fait  en  mei^ot 


M  o  R 


233 


dmi  de  Teiu  q^tatre  pintes  ^  partie  d'alun  de  Rome, 
une  partie  de  vitriol  de  Chypre,  auant  de  rcrd- 
de- gris ^  une  demi*partie  de  cKauc  vive,  &  de 
Te  au  de  ferraille  à  difcrétion  «  fuivant  que  Ton 
vaudra  le  violet  plus  ou  moins  foncé.  L*eau  de 
ferraille  eft  la  même  compofitton  dont  on  s*eft 
fervi  d'abord  pour  imprimer  en  nmr. 

Mêrdant  pour  U  gris'dt'i'm* 

Pour  le  grls-de-lin  on  mêlera  le  mordant  du 
rouge  clair  avec  cetuî  du  vicier,  dans  la  propor- 
tion qu'on  jugera  k  propos. 

Couleur  de  cafi. 

Pour  une  bonne  couleur  de  café»  on  mêle  Teau 
de  ferraille  avec  le  mt^rdant  pour  le  rouge. 


VOCABULAIRE. 


OATtniE  ;  c*eA  wnc,  efpèce   de   mordant   dont 
041  fe  fcn  pour  rehaufler  d'or  en  détrempe. 

MïXTiOK  \  efpéce  de  mordant  compofé  pour 
dorer  à  Tor  mat. 

Mordant;  compofttîoa  colhntr propre  à  at- 
tadter  une  fubftance  à  une  autre« 


Mord  AffT  i  V huile  ;  efpèce  de  mordant  c#m- 
pofè  f  our  bronzer  &  dorer  à  Thuile, 

Or  d*AUtmagne  ;  on  appelle  ainfi:  le  cuivre 
réduit  en  feuilles. 

Hl HAUSSER  d'or  eti  détrempe  ;  c'eft  appliquer 
par  le  moyen  d'un  mordant  «  Tor  on  feuitloi  fur 
la  peinture  en  détrempe. 


Àru  1*  hikim^  Terne  V,  PanU  A 


Ce 


23- 


MORTELLIER-      (Andu) 


V>ET  art  étph  fort  (tn\p\e;^  il  confilioit  à  battre 
dans  d€S  mortiers  cewnes  pîcrrcs  dures ,  &  à 
les  réduire  en  pouffièrc  pour  en  faire  du  cimeVir* 
Les  ouvriers  qui  iravailloient  à  cèpcmbk  nictier, 
habîcoîetK  à  Paris,  près  la  grève,  une  rue  qui  a 
été  appelée  rue  de  U  mùruîkrîe. 

Ces  mortcUiers  ont  eu  Aq%  Aatu^s  irès-anoenf , 
^ui  fc  trouvtm  confondus  avec  ceui  des  maçons, 
des  tailleurs' de  pierrfcs  8c  des  plâtriers.  D^ns  le 
cinquième  article  de  ces  aacîens  (latuts ,  il  eA  dit 
i[ue  le  mondlur  &  le  plâtrier  (bpt  «  de  la  pleine 
»  condition  &  du  même  ètabliiSïmem  des  maçons 
m.  en  toutes  chofes  ;  que  le  maître  qui  garde  le 
<*  métier  des  maçons  ,  des  plâtriers  &  moneUiers 
tf  de  Paris  dt  par  U  Roi ,  jieut  avoir  reulemerû 
«  deux  appremis.  w 

Comme  te  moilon  qu*on  dëpofe  au  port  de  la 
grève ,  &.  qu'on  nomme  trci-improprement  pUrrc 
fttiiUuu^  eu  un  ii|ioiloa  plein  de  trous  &  tbrt  dur, 
^*il  eft  recherché  pburconftrutre  Les  murs  de 


fondation  ,  &  princtpalemenc  ccu«  qui  font  dam 
Teau,  il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  les  Mortel* 
liers  pulvcrifoient  ce  moilon  pour  en  faire  un 
€crr:iin  ciment  impénétrable  à  Teau  •  &  que  Vu- 
fage  de  ce  moilon  mis  en  poudre,  n*a  cette  que 
lorfqu'on  lui  a  fubftituè  de  la  brique  pulvèrijfte» 
Peut  être  auffi  ceue  poudre  de  moilons  fatioie* 
elle  un  ciment  plus  dur ,  plus  durable  que  la 
pôulFiè^fe  faâice  d'utte  terre  cuite,  6l  qu'elle  é toit 
d'une  meilleure  qualité  pour  faire  les  liaifons 
&^  les  joints  des  pierres  dans  les  bàtimens  »  & 
pour  empêclter  la  filtracion  des  eaur. 

Quoi  qu'il  en  foit,  il  cft  confiant  que  les  M^r» 
tiîlters  d'alors  étoient  employés  à  un  travatl 
plus  pénible,  pi u$  long  6c  plus  coûteux  que  les 
manoeuvres,  d'à* prèfent,  qui,  au  lieu  de  piler,  la 
tuile  &  la  brique  dans  un  mortier,  rccrâfçnt 
avec  iitî  gros  marteau,  &  la  paiTent  enfuîte  pour 
la  rendre  propre  aux  ouvrages  auxqucli  elle  doit 
fervir. 


/.r>  I 


ORUES  ,  MERLUCHES  ,    CONGRES. 
ÇArt  de  pécher  et   de  préparer  ces  poissons.) 


De  la  Morue, 


I 


MORUE  cfl  un  po.flbrt  de  mer,  dont  la 
tongiieor  s*ètend  ml'qu  à  trois  à  quatre  pieds ,  & 
dooi  U  Urjeur  cft  d environ  neuf  à  dijt  pouces; 
il  a  le  corps  gros  &  arrondi  ,  le  Vi^ntre  fort 
iTancè ,  le  dos  &  les  côtés  d'une  couieiir  oli- 
titre,  Wc  ou  bruijc,  mê^.èe  de  uclies  jaunâtres; 
lo  écailles  petites  ôi  tièi- adhérentes  à  U  peau; 
lei  ycui  grands  &  couverts  d'une  membrane 
tchê  &  diaphane,  6c  1  iris  des  yeux  eft  blanc: 
il  7  i  fur  les  côtes  une  large  ligne  blanche,  qui 
)*ccend  depuis  Tanele  fupérieur  des  ouics  fuf- 
q^Vl  U  queue ,  en  fuivant  la  courbure  du  ventre. 
Ce  poiiTon  n'a  qu*un  fcul  barbillon,  long  à 
pciue  d'un  doigt ,  qui  tient  au  coin  de  b  mâ- 
choire inférieure*  La  langue  cil  targe  ,  molle, 
ronde  i  les  mâchoires  ont  des  dents  difpofées  en 
Q^ulieurs  rangs»  dont  Ton  cft  compofè  de  dans 
beaucoup  plus  longues  que  les  autres.  11  k  trouve, 
comme  dans  le  brocheit,  pluûeurs  dents  mobiles 
tDire  les  dents  foUdes.  On  découvre  encore  de 
petites  dents  placées  fort  prés  les  unes  des  autres 
entre  les  dernières  ouics,  fur  le  haut  du  palais, 
it  même  plus  bas ,  près  Torifice  de  lellomac.  ' 

La  mcrue  a  trois  nsgeoires  fur  \z  dos  ,  une  à 
cbque  ouie,  une  de  chaque  côté  de  la  poitrine, 
Al  deux  derrière  Tanus,  l'une  au-devant  de  Tfcutre. 
la  qacuc  cft  prefque  pîate  8c  non. fourchue. 

On  diflingue  deux  fortes  de  morue.  Tune  qui 
s'appelle  mome  verte  ou  Hanche  ,  Tautre  morue 
fi^he ,  ou  parée  ,  ou  merlu ,  ou  merluche, 

Lj  pêche  s'en  fait  d^ns  la  baie  du  Canada,  au 
%nx\à  banc  de  Terre-neuve  ,  au  banc  Vct-t  ,  ï 
mt  Sainte- Pierre  &  à  Hae  de  Sable, 

On  fc  fert  de  vaifleaux  à  deux  ponts  ,  ordinaire- 
ment du  poft  de  loo  à  150  tonneaux  ,  pour 
cturgcr  30  i  35  milliers  de  morue  verte. 

On  a  des  lignes ,  des  cailes  d<3  plomb,  des  ha- 
«•cors  &  des  rérs* 

Parmi  ceux  qui  s'embarquent  pour  cette  pêche, 
3  faut  de  bons  trancheurs  ^  de  bon  décoUeurs  & 
it  bon  fjïeurs. 

On  attribue  ïa  découverte  du  grand  &  petit 
banc  des  OTOfi/fi ,  à  des  pécheurs  basques  qui  y 
arrivèrent  en  pourfuivant  des  baleines ,  cent  ans 
ïTini  le  voyage  de  Cblomb;  d'autres  en  font 
woocur  à  un  Malouio  nommé  Jacques  Cartien 


Cette  pêclie  fe  fait  ordinalremem  depuis  b 
commencement  de  février  jufquà  la  iîn  d'avril; 
tout  cft  fait  ordinairement  en  un  mois  ou  fix  fc*- 
maincs  ^  quelquefois  auffi  on  emploie  quatre  à 
cinq  mois. 

Chaque  pécheur  ne  pèche  qu'une  morue  à  la 
fois  ;  mais  ce  poilTon  e(l  fi  abondant  qu*il  s*en 
prend  dpuis   35'>  jufqu'à  40Q  par  jour. 

La  pclanteur  du  poiffon  &  le  grand  froid  rfn- 
dent  x:c  travail  fàtiganr. 

La  morue  verte  qui  n'eft  paf  dcfiméc  à  erre 
féchée ,  fc  fale  à  bord  du  vaifTeau.  Le  décùlltur  lui 
coupe  la  fête,  le  tmncheur  Touvrc  ,  le  falcur  Tar- 
range  k  fond  de  cale  tête  contre  queue»  6t  queue 
contre  tête. 

Quand  il  en  a  fait  une  couche  d*itne  brafTc  ou 
deux  en  carré,  il  la  couvre  de  fct  »  &  ainfi  de 
toute  la  pèche  du  jour. 

On  ne  mêle  point  cnfomble  la  pèche  de  dîffé* 
rens  j-mrs. 

On  JaifTc  auilî  la  morue  trois  à  quatre  jours 
égourtcr  fort  eau ,  puis  un  la  fait  placer  dans  un 
autre  endroit  :  on  la  refale  ;  alors  on  n*y  touche 
plus  que  l'on  n'en  ait  la  charge  d'un  navire. 

Les  habitans  des  fables  d'Olotine  font  ceux  qui, 
parmi  nous,  s'adonnent  le  plus  k  cette  pèche;  & 
pour  encourager  le  capitaine  ôc  fon  équipage', 
on  leur  donne  le  tiers  de  la  morue  qulls  rap- 
portent* 

Avant  de  pécher  la  morue  verte,  ils  font  une 
galerie  fur  leur  bâtiment ,  dans  toute  fa  lon- 
gueur; quelquefois  elle  n'cft  que  depuis  le  grand 
màc  en  arriére. 

Lorfque  la  galerie  eft  conflruite ,  ils  mettent 
en  dehors  des  barils  défoncés  par  un  bout ,  dans 
chacun  dcfquels  entre  un  matcior  pécheur  (  qui 
y  efl  à  Tabri  du  mauvais  temps  par  un  toit  gou- 
dronné tenant  au  baril  )»  Ce  matelot  paiTe  fa  tête 
par-defTus  ;  un  mouue  prend  les  poifîons  k 
mefure  qu'il  les  pèche,  les  porte  au  décùlimr  qui 
cû  fur  le  pont,  qui  leur  coupe  la  tète  S:  qui  en 
arrache  les  noues  ou  les  entrailles,  qu'on  falc  avec 
la  langue  ;  il  leur  dte  enfiiite  le  foie  qu'il  mèi 
dans  des  cajûtSf  efpéce  de  cuves  oii  on  les  laifle 
corrompre  pour  en  tirer  Fliuile. 

Cette  opération  faite,  le  décolleur,  par  Tou- 
vcitiirc  d'une  petite  èçQutUle  ou  trou  carré ,  fait 


136 


M  O  R 


(Ter  la  morue  da  pont  dans  Tentre-ponti  #a 
îc  irancheur  l'ouvre  »  lui  tire  farrêce ,  oc  par  une 
autre  écoutille  il  la  renvoie  dans  la  cale,  oii  on  b 
met  en  pile ,  comme  nous  Tavons  déjà  dit  :  on 
met  aiTez  de  fel  entre  les  peaux  de  morue  pour 
ifu'eUes  ne  k  touchent  pas  ;  on  a  foin  aufti  de 
ne  pas  en  mettre  trop  »  parce  que  la  morue  fe- 
roit  avariée ,  s*it  y  avoit  trop  ou  trop  peu  dâ  Tel. 
Comme  le  poids  de  la  monic  féche  n'eft  pas 
rtULtif  à  Ton  volume ,  on  Te  Tert  plus  fouvenl 
d'un  vaiflfeau  d'un  plus  grand  fond  que  d  autres  ; 
&  comme  elle  ne  (cche  qu'a«  foleil ,  \^^  navires 
pa;t:nt  pour  le  pîiis  tard  à  la  fin  d^avril ,  pour 
profiter  des  chaleurs  de  Tétè. 

Outre  la  côte  de  Plaifance,  où  fe  î^w  la  plus 
grande  pèche  de  la  morue  deftinée  à  erre  fichée, 
on  en  prend  encore  fur  celle  du  petit  nord  ;  mais 
celle-ci  ne  le  conferve  pas  auflî  long-temps  que 
celle  de  Plaiftncc  8t  du  Uap-Breton ,  parce  qu'elle 
tft  trop  chargée  de  Tel,  que  rhumiditè  la  fait  re- 
verdir, 6c  la  corrompt  air^mcnr. 

Lorfque  plufieurs  navires  font  route  enfemble 
pour  le  même  endroit  &  la  même  pèche,  ceUii 
qui  arrive  le  premier  à  terre  ,  a  \c  rau^  U  amiral  ; 
il  drefTe  &  fait  mettre  à  rechafiud  Taffiche  où 
chaque  maître  de  vaiAeau  eA  obligé  de  taire  écrire 
fon  nom  &  le  jour  de  fon  arrivée ,  choifit  le  ga- 
in ou  gravier  qu'il  veut ,  &  a  par  préférence  tous 
les  bois  éU  charpente  qui  fe  trouvent  propres  à 
conAruire  dts  échafauds  fur  le  bord  de  la  mer» 
pour  y  recevoir  le  poilTon  qu'on  y  apporte ,  \y 
décoller,  &  le  faire  pafTer  au  trancheur  qui  ToLivre 
£:  le  met  dans  le  Tel ,  oii  il  lé  lainie  pendant 
huit  à  dix  jours  fur  une  table,  qu'on  nomme  vi- 
gnot^ &qui  cft  élevée  de  terre  de  trois  pieds. 

Après  que  la  morue  a  demeuré  fur  cette  table 
pendant  le  temps  prefcrtt ,  on  ta  fort  du  fel ,  on 
la  lave,  on  la  met  enfuiic  fécher  pendant  quatre 
ou  cinq  jours,  après  quoi  on  Tétend  fur  le  gra- 
vier pour  lui  donner  de  la  couleur  :  on  ta  Uiffc 
en  cet  état  pendant  un  jour,  vers  le  foir  on  la 
met  en  javelle  lorfque  le  temps  le  permet. 

Le  lendemain  on  f étend  de  nouveau,  &  le  foir 
on  la  ramage  en  petites  piles,  la  queue  en  haut; 
on  la  latiTe  ainft  pendant  quelques  jours ,  après 
quoi  on  l'étend,  on  la  rem^t  en  petites  piles,  dont 
on  fait  enfuite  une  groAe  pile  ,  où  on  U  laiiTe 
féjourner  pendant  huit  à  dix  jours  ;  on  Tctcnd 
de  rechef,  on  la  rtmet  fur  le  gravier  pour  y 
finir  de  fécher  &  de  prendre  coiiicur ,  ce  qiiVm 
connoit  au  coup-d'œil ,  quand  on  en  a  acquis 
une  certaine  expérience. 

La  pêche  finie ,  on  échoue  les  chaloupes ,  on 
les  enfouit  dans  le  fable,  a(îa  que  les  tauvages 
se  les  brtilciu  pas ,  &  qu*on  puifle  les  retrouver 
lannéc  fuivame. 

Pour  préferver  ta  morue  de  Thumidité  qu*elle 
contraâeroît  dans  le  vaiiTeau,  on  y  fait  des  grc> 
niers  avec  des  bois  de  fapin  de  deux  pieds  de 
hauteur  »  fur  lefquels ,  ainû  que  fur  les  côtés  du 


M  o  R 

vaUTeau  »  on  met  une  couche  épaiffc  de  broaf-^ 
Hiilîes  fèches. 

La  morue  qu^on  prépare  au  printemps  &  av^^ine 
les  grandes  chaleurs,  eft  plus  belle ^  d'une  meil- 
leure qualité,  6c  a  la  peau  plus  brune  lorfquVll 
efi  falée  comme  il  faur. 

Trop  de  fel  la  rend  plus  blanche,  plus  fujettea 
à  fe  rompre  &  à  paroitre  hîimide  dans  le  mata-- 
vais  temps;  trop  peu  de  feï  la  fait  corrompre. 

La  bonne  qualité  de  ce  poitTon   dépend   tou— i, 
jours  de  fa  voir  le  préparer  à  propos  &  dans  ui 
faifon  favorable. 

La  morue  des  Angtois  cft  très- inférieure  a  h 
nôtre ,  parce  qu'ils  la  façonnent  avec  moins  dcs^ 
foin,  ou  que  kur  fel  ,  qui  eft  plus  corr  • 
celui  de  France  ,  lut  donne  une  certaine  ^ 

Comme  leur  pèche  eft  plus  abondante  6c  mmns 
couieufe ,  ils  donnent  leur  morue  à  beaucoup 
meilleur  marché  que  nous  ,  &  s'en  procurem  h 
débit  en  Efpagne ,  en  Italie  &  ailleurs. 

Nous  avons  dèja  dit  quon  mettott  les  foies 
de  morue  corrompre  dans  des  cuves  pour  en  fi* 
rer  l'huile  ;  à  mefure  qu'elle  fumage  on  la  fort 
pour  remonncr  dans  des  barils. 

Un  navire  qui  a  péché  fix  mille  quintaux  it 
morue  ,  a  ordinairement  quatre-vingts  barlqu» 
de  cette  huile  ,  &  chaque  pièce  pèfe  quatre  oû 
cinq  cents  livres  :  on  en  envoie  beaucoup  i 
Gènes;  il  s'en  confgmme  aulfi  une  grande  quan- 
tité dans  nos  tanneries  ,  lorfque  les  huiles  de 
noix  &  de  lin  viennent  à  manquer. 

On  tire  quatre  fortes  de  marchandifes  de  \i  mo- 
rue ,  les  ma^s  ou  tripes,  les  Un^ues ,  les  roptu 
qui  font  les  OEuft ,  dont  on  fe  fert  pour  ta  pèche 
de  la  fardlne  ,  &  VhuiU  qu'on  cxnrau  des  foies. 

La  pêche  de  la  morue  eft  quelquefois  troublée 
«  par  les  Sauvages,  qnî  tuent  les  matelots  qnanJ 
ils  s'écartent  de  lears  vaiffeaux.  On  oppôft  ordi- 
nairement à  celte  petite  guerre  des  Su  ' 
des  chaloupes  armées  en  coutfe ,  qui*  t  | 
le  temps  de  la  pêche ,  rôdent  continuelIeKi^iU  i^ 
long  de  la  côte  où  elle  fe  fait.  Comme  ce  petJt 
armement  eft  pour  le  bien  de  la  caufc  commanc , 
chaque  vaiftcau  eft  obligé  d'y  contribuer. 

Par  Tarrêt  du  Confcil  d'Etat ,  du  îo  dccernbf^ 
1687,  Us  droits  d'entrée  de  b  morue  verte  fo*"*^ 
réglés  4  huit  livres  par  cent ,  bl  ceux  de  U  tao^^^ 
féche  à  quarante  fols  par  cent. 

Celles  qui  proviennent  de  nos  pèches  on*-  *J*. 
affranchies  de  tous  droits  par  Tarrét  du  Ci^^^ 
d'Etat  du  1  avril  1754*  ^-,  j 

Dtila  Merluche. 

La  Merluche  cft  une  morue  deft'ècbèe. 
s*appcHt:  morue  féche  ou  parée ,  ou  merlu 
merluche. 

Quand  la  pêche ,  qui  fe  fait  de  la  tnêoie  j 
oiérc  que  celle  de  la  morue  verte,  cft  acb^^j 
on  laïue  le  poiflbn  au  foleil  :  aiali  il  fini 


M  O  R 

rcr  et  Tixi,  &  partir  dans  le  mois  de  mars  ou 
d^ivTîK 

La  morne  (ècht  efl  plus  peûte  que  la  verte  ; 
pour  {xrêparer  la  première, on  établit  à  tcare  une 
icme  avec  des  troncs  de  iapîn  de  la,  i^  à  i^ 
pieds  de  longueur  ,  &  dans  cette  tente  un 
cchafaud  de  40  i  Co  pieds  de  tong^  fur  15  à  10 
de  brge. 

A  oieiure  que  Ton  pèche  ^  on  fa  le  fur  des  éta- 
-!l!ti  volaûs  ;  maïs  la  grande  falaifon  fc  fait  fur 
IVchafaud. 

Lorfque  la  morut  z  pris  fel ,  on  ta  lave,  on  la 
hïi  ègotiiter  for  de  petits  établis  ;  lorfqu*elîe  eft 
cgoottèe  on  l'arrange  fur  des  clrâes  particulières 
à  une  feule  épaifTeur ,  queue  contre  tète,  &  la 
f  eau  en  haut  :  on  la  retourne  quatre  fois  par  jour  : 
étaot  retournée  &  à- peu-près  féchée,  on  la  met 
en  metuons  ou  dix  à  douze  Turî  fur  rautre,  pour 
^Vlles  confervent  leur  chaleur. 

De  iour  en  jour  on  augmente  le  mouton 
jufqu'à  vingt  ou  vingt-cinq  morues  ;  cela  fait,  on 
porte  la  morue  fur  la  grève,  où  de  deux  mou- 
tons on  n'en  forme  qu*un,  qu*on  retourne  chaque 
fcnir.  On  la  refaïc  en  commençant  par  la  pKts 
vieille  falèe  :  on  en  fait  des  piles  hautes  comme 
des  tours  de  moulin  à  vent,  &  on  la  lailTc  ainfi 
jitfcia*à  ce  qu'on  Rembarque. 

On  arrange  les  morues  dans  le  vaiiïeau  fyr 
de)  bntnchcs  d*arbres  que  Ton  met  à  fond  fur  le 
Icft,  avec  des  nattes  autour. 

Du  Congre» 

LeCoKGRE  eft  un  poiflTon  de  mer  fort  alongé; 

il  a  ordinairement    quatre   ou  cinq  coudées    de 

i^nçueur,  &  il  eft  fouvcnt  de  la  groiTeur  de  la 

cuiiTe  d'un  homme.    Sa  peau  eft  litle  &  gliffante 

comme  celle  de  ranguille ,  à  laquelle  il  refTcmble 

beaucoup.    L'extrémité  du  bec  eft  charnue  :  on 

voit  aU'deiTus  deux  petits  prolonge  mens  de  même 

fubflance.    Ses   dents    font    pc lires   &    les  yeux 

^raods;  la  couverture  des  ouies  n'eft  pas  o^eufe, 

oVft  «ne  peau  qui  ne  laifTe  que  deux  petits  trous 

€hns  les  nageoires  qui  font  de  chaque  coté.    lï  y 

^û  a  une  qui  s*étend  depuis  b  fin  du  cou  jufqu'à 

la  queue,   Ôc  une  autre  depuis    l'anus    auifi  juf- 

C|a*à  Ja  queue,  qui  eft  terminée  en  pointe.    Ces 

cfeux  nageoires  font  d'une  conUftance  ferme  i  leur 

liord  cû  noir;  les  narines  font  petites,  rondes.  Si 

f»lacécs  près  des  yeux.  Il  y  a  une  bande  blanchâtre, 
crmée  par  un  double  rang  de  points ,  qui  s'é- 
tend fur  chacun  des  eûtes  de  ce  poifTon  depuis 
la  tête  jufqu'à  la  queue*  Le  ventre  eft  blanc,  & 
le  dos  noir  dans  les  congres  qui  relient  contre 
Us  rivages  :  ceux  qui  font  dans  la  haute  mer  ont 
le  dos  blanc  comme  le  ventre.  La  chair  de  ce 
poiflbn  eft  dure. 

La  pèche  du  congre  eft  aflTez  confidérabk  ;  elle 
fe  iéit  dans  degïands  bnteaux,  qyl  ne  font  alors 
niantes  que  de  quatre  hommes:  elle  commence 


M  b  R 


237 


ordlnairemeot  vers  la  faint-jcan  ,  &  dure  j^f* 
qu'après  la  faint-mîcheL  Pendant  les  trois  pre- 
miers mois  de  Tété,  les  vents  d'oueft  y  font  fort 
contraires  ,  parce  qu'ils  empêchent  les  pécheurs 
de  fortlr  des  ports  ^  petites  bayes  qui  font  le 
long  de  la  côte  de  ramirautè  de  Qulmpcr  en 
Bretigne  ,  où  fe  fait  b  pèche  que  nous  allons 
décrire. 

Les  congres  fc  prennent  entre  lec  roches;  chaque 
matelot  a  trois  lignes ,  longues  de  cent-cinquante 
braiTes  chacune,  &  de  la  grofleur  des  hgnes  des 
pécheurs  de  Terre-neuve  :  eUci  font  chargées  par 
le  bout  d^un  plomb  du  poids  de  dix  livres  pour 
les  faire  caler. 

Depuis  le  plomb  jufqu'à  cinquante  braffes  >  il 
y  a  vingt-cinq  à  trente  piles  d'une  braiTe  de  long, 
éloignées  chacune  d*une  br.iiTe  &  demie ,  gar- 
nies d*un  cL'iveau  amorcé  d'un  morceau  de  la 
chair  du  premier  poifîbn  que  les  pécheurs  prennent 
quand  ils  commencent  leur  pèche,  foit  fëche, 
orphie ,  ou  maquereau  ,  &c. 

Il  faut ,  pour  h  faire  avec  fuccès',une  mer  baffe 
Se  fans  afi ration ,  &  qi  e  le  bateau  foie  à  l'ancre. 

Les  pédîcurs  d'Audierne ,  après  leur  pèche  finie, 
reviennent  de  temps  k  autre  a  la  mailon  ;  au  lieu 
que  ceux  de  Tiflc  des  Saints,  qui  partent  de  chci 
eux  le  lundi ,  n'y  reviennent  ordinairement  que 
le  famedi.  Le  nombre  des  équipages  d'^un  bateau 
pour  faire  cette  pèche  n  efl  point  iimité;  ils  font 
tant<^t  plus,  tantôt  moins,  &  le  plus  fotivent 
jiirqtî*3  fept  à  huit  hommes. 

Quand  ils  font  leur  pêche ,  ils  relèvent  leurs 
lignes  de  deuît  heures  en  deux  heures,  pour  en 
ôter  îe  poîflbn  qui  s'y  trouve  arrêté. 

Les  pécheurs  font  à  la  part  ;  le  mnftre  &  k 
bateau  ont  chacun  une  part  St  d;mle  ^  flc  les  autres 
matelots  de  Téquipâge  chacun  uuq  part  feulemenr. 

Ceux  qui  achètent  des  cQn^es  pour  les  faire 
fécher ,  les  ouvrent  par  le  ventre  depuis  h  tète 
jufqu'au  bout  de  la  queue  ^  on  leur  laiiTe  la  tète, 
on  ne  les  fale  point  ;  on  fait  des  taillades  dans 
les  chairs  qui  font  épjiiFes,  pour  faciliter  à  l'air 
le  moyen  de  les  deffécher  plus  aifément  ;  on 
paCTe  un  bâton  de  Te*  t  ré  mité  du  corps  du  poiftbn 
k  l'autre  pour  Le  tenir  ouvert,  &  on  Je  pend  à 
IVir. 

Qtjand  ils  font  bien  fecs ,  on  en  fait  des  pa- 
quets de  deux  cents  livres  pefant ,  qu  on  envoie 
à  leur  deftination  ;  ils  paùent  ordinairement  a 
Bordeaux  pour  le  eemps  de  la  foire* 

Ce  poiftbn  fec  déchoit  confiJérabletnent  de 
poids  dans  la  garde  6i  dans  le  ti^nfporr. 

Les  merluches  Si  les  congres  étant  un  aliment 
principalement  deftinè  pour  le  peuple,  par  fon 
abondance  &  par  fon  peu  de  valeur,  il  eil  fans 
doute  à  propos  de  lui  en  faciliîcr  Tufage,  en 
rapportant  ici  les  préparai  ions  &  les  accommo- 
dages  qui  font  le  plu«  pratiqués  6i  les  plus  con* 
venables. 


Façon  de  préparer  la  Merluche  à  Siùnt-Mdîa. 

Si  le  potïTon  ell  petit ,  il  faut  le  faire  tremper 
vingt' quatre  heures  ,  8c  le  grand  poiffon  deux 
jours  uvjK  t  de  U  metcre  au  chaudron.  Il  f^ut 
icvwf  avec  foin  Tècalile  qoi  cft  fur  b  peau* 

On  fait  cnire  li  raerliîchc  à  grande  eau,  juf* 
qu'a  ce  qVclle  foit  tendre  ,  &  pour  y  parvenir 
plus  (ufcmcnt,  il  faut ,  après  avoir  retiré  le  chan- 
CTon  du  feu,  le  couvrir  avec  un  torchon  épais. 
Oa  lulTc  la  merluche  ainft  pi^ndant  un  demi-qur^rt 
d'heure;  on  la  retire  enfuiie  du  chaudron  à  on 
la  met  fLr  régouttoir.  Quand  elle  a  bien  purgé 
fon  eau  ,  on  prend  la  merluche  par  fettillets  ,  ëc 
on  la  met  proprement  fur  un  plat  ;  après  quoi  on 
prend  un  autre  plat  dans  lequel  ,  après  avoir 
ïaupoudrc  un  mélange  de  chapelure  de  pain, 
fines  herbes I  poivre  6l  fel ,  on  y  étend  un  lit  de 
ces  feuillets,  que  Ton  faupotidre  encore  de  ce 
mcine  mélange  ,  St  on  humeéle  ce  premier  lit  de 
la  meilleure  huile  en  petite  quantité. 

On  fait  de  même  p!ufieurs  lits  du  reHe  de  la 
merluche  ;  on  coiivrc  bien  le  plat  d'un  autre 
plat ,  6c  on  le  mtt  (vt  la  cendre  chaude  : 
puis  avant  de  fervir  la  merluche  ,  on  retourne 
tes  deux  plats  en  fens  dîtfàtcns  ,  de  façon 
que  celui  de  deHTus  fe  trouve  deffcus  :  on  retire 
Tautre, 

Façon  dt  la  prcpartr  a  Marfeillc* 

Açrèi  que  la  merluche  a  refté  à  détremper 
fu(riUmmi.nt,  fit  quon  en  a  enlevé  Técaille ,  on 
ta  fait  bouillir  bien  fort  pendant  deux  ou  trois 
minutes, 

Enfuitc  on  la  retire  du  feu,  on  y  verfc  un  verre 
d*cau  fraîche,  &  on  la  \AiTt  hors  du  feu  jufquà 
ce  «u*on  veuille  faire  fon  ragoût. 

Ce  ragoût,  appelé  hrandude^  confifle  à  couoer 
la  merhuhc  en  petits  morceaux,  dont  on  l^ve 
cxademcnt  Us  épines. 

On  prend  cinq  ou  fix  goulfes  ou  veines  û'jjI, 
on  les  hache  bien  avec  un  couteau  ,  ;ufqu*à  en 
faire  une  pâte  :  on  met  cnfuit^^  cette  pare  à^n^ 
une  poë^e  ,  en  y  verfc  tous  ks  morceaux  de 
merluche  ;  ou  met  cette  pcële  fur  le  feu  ,  on  y 
jette  de  temps  en  temps  ce  Thuile  trés-tîne,  qui, 
en  remuant  la  poelc  à  force  de  bras,  doit  fe 
lier  avec  la  pâte  ci'a  1  &  le  poiflbn ,  de  forte  que 
cela  forme  une  cfpOce  de  gelée. 

Quand  la  merluche  commence  à  faire  mifle, 
on  y  met  le  )us  d'une  moiiié  de  citron,  ou  bien 
un  peu  de  vîfuigre;  ^  quand  la  gelée  vient  à 
couvrir  le  poiiTon ,  il  faut  y  vcrfér  un  peu  d'eau 
ch'^ide  ,  8c  remuer  bien  fort  h  poêle. 

Si  la  nicriuch?  eA  douce ,  il  faut  y  mettre  un 
peu  d'épiceries ,  6t  un  ancho  s  coupé  en  petits 
morce;iux,  fins  oublier  dii  perfil  bien  haché, 
continuer  à  y  meure  toujtur^  de  Thuile,  &  re- 
muer bien  fort  pour  Ucr  toujours  mieux  le  ra- 


■  M  O  R  I 

|otif.    Lorfqu'il  ell  6 ni»  il  faut  le  faire  manger  de 

iuite  &  chaud* 

Ragouii  de  Merluche, 

On  hache  Tail  en  petits  morceaux»  on  le  jette 

enfuite  dans  uns  forte  cuillerée  d'huile,  daits  la- 
quelle on  a  fait  fondre  auparavant  un  ou  deux 
anchois  ;  après  quoi  on  rompt  la  merluche  par 
feuitlers ,  que  Ton  jette  dans  la  caiTerole, 

On  couvre  la  caiTerole  avec  un  plat ,  on  U  re- 
mue bien  fort  en  tournant* 

Quand  le  f  oiiîbn  tient  à  la  cafferole  à  ne  pou- 
voir plus  tourner  ,  on  y  met  un  peu  d'eau  de 
la  merluche ,  un  peu  de  jus  de  citron  ,  &  cri- 
fuite  de  rhuiie ,  cuillerée  à  cuillerée  «  )ufqu*à  ce 
que  la  îiaifon  foit  faite  &  garni ffe  bien  tout  le 
poiiTon  :  un  feu  mode  ré  fuffit. 

La  mufcade  &  le  perûl  font  très-bien  daits  ce 
ragoût. 

Ceux  qui  n'aiment  pas  l'ail,  peuvent  le  fu|pp ri- 
mer, &  y  fubftituer  des  échalottes. 

Bien  des  perfonnes ,  quand  l'ail  ou  rèchalotte 
eft  It^thé ,  fe  contentent  de  le  jeter  din«  U 
caÛer oie ,  de  Técrâfer  au  fond  avec  une  cuilkr. 
Os  y  mettent  la  morue  en  feuillets  bien  chaude^ 
&  rarrofent  de  temps  en  temps  d'huile ,  en  U 
remiiart  tou;ouis  fur  un  demi-feu. 

Pour  qui  ne  la:t  par  faire  la  brandade^  ccnc 
façon  réufTit  plus  aifément. 

Trop  d'eau  fait  fondre  la  Iiaifon  ,  &  c'cft  de 
Tadreue  de  celui  qui  la  fait  de  aen  mettre  que 
lorfque  la  merluche  ne  veut  plus  tourner*  Li 
même  eau  dans  laquelle  la  merluche  a  cuit,  fert: 
il  la  faut  au  moins  tiède. 

On  prépare  encore  des  queues  de  merluche 
toutes  eniières  fur  le  griU 

Quand  la  merluche  a  trempé  comme  deïïus, 
ou  enlève  la  partie  de  la  queue  qu*on  féche  dvfif 
un  linge  ;  entuite  on  l'humcfle  bien  d'huile  j  on 
y  jette  dcflus  de  l'épicerie  Se  de  h  croûte  de 
pain  fâpée  hl^jn  fine  ;  on  1a  met  fur  le  gril ,  & 
à  mefure  qu'elle  cuii  ,  on  y  jette  de  Thuilc  de 
temps  en  temps  r  quand  un  côté  eft  cuit,  on  la 
retourne ,  Ik  on  fait  de  même  pour  faire  cuire 
l'autre, 

Pendart  que  le  poiffon  achève  de  cuire  ,  an 
fait  chaufler  dans  une  poélc  avec  de  Thuiie  un 
ar chois,  des  câpres  &  oignons  qu'on  a  hachê^  ; 
&  lorfque  cette  {au ce  eft  liée  ,  on  la  verfc  fur 
la  queue  de  merluche  qu'on  a  retirée  de  deiTuf 
!e  gril  &  dreffèe  fur  un  plat. 

Ou  bien  encore,  après  avoir  faît  cuire  la  çiïcuc 
de  merluche  k  demi  dans  l'eau,  &  un  rnoment 
avant  de  la  vouloir  fervir ,  on  la  met  dans  Wfi 
plat  avec  un  peu  de  beurre  defTcus  ;  on  |crie 
deOus  de  la  mie  de  pain  fine  avec  du  perfil  & 
de  l'oignon  hachés  bien  mcrus  ,  un  peu  Sèfi^ 
ce  rie  &  de  petits  morceaux  de  beurre  éf-als. 
On   met  du  feu  deffus  &  dedous ,  (^  aj»!?^ 


M  O  R 

<p]*cUe  pcuc  iv^oir  bouilli  deux  ou  trois  minutes 
dans  cette  fauce,  ai  h  ùru 

Une  zmn^  p-'èpArriTion  encore,  c*cft  de  prendre 
tm  demi  pi  ràs  cruds,  imc  poignée  de 

pcrfil  8c  ur  ,   le  tout  haché  à  demi.   On 

îaii  cuire  ce^  et-inards  à  demi  avec  du  beurre, 
&  rcn  y  i-îte  bs'feutllçts  de  merluche  à  demi- 
cuire  aufiî  ;  on  ânit  par  faire  cuire  le  tout  eo- 
fejtible  ;  il  ûut  un  psu  d'épicerie. 

Ce  qu*on  vient  de  dire  des  manières  de  pré- 
parer les  merluches^  peut  s'employer  également 
pour  les  ^angres  ,  jvec  la  feule  ditfêience  qu'in- 
dique la  nature  du  pot(fon. 

Le  gouvernement  a  toujours  favorifé  la  pêche 
&  le  commerce  des  morues  comme  une  denrée 
de  grande  confommitioo.  C*eA  dans  cet  efprït 
qu'a  été  rendu  Tarrét  duConfeil  d^Erat,  du  ïi  fé- 
vrier 1787,  dont  voici  les  difpofitions, 

i^RT,  1/  Il  fera  accordé  aux  armateurs  &  nc- 
focians  françois  ,3  compter  du  i"  avril  de  la 
"préfente  année  (1787),  jufqu'au  t' octobre  1790» 
une  prime  de  cinq  livres  par  quintal ,  poils  de 
marc,  de  morue  ftchc  provenant  de  pècne  fran- 
^fiiicy  quils  uanfpof feront  fur  des  bârimens  fran- 
çais ,  foit  des  ports  du  royaume,  foit  des  lieux 
où  ils  auront  fait  la  pèche,  dans  les  échelles  du 
Levant ,  &  dans  les  autres  ports  de  k  Médi- 
terranée. 


M  o  R 


■3  y 


IL    II  fera  accordé  pour  le  même  efpace   de 

temps  une  pareille  prime  de  cinq  livres  par  quin- 
tal, poids  de  marc,  aux  armateurs  &  nègoctans 
frar.çois  qui  tranffor feront  f ir  àm  bdiimens  na- 
tionaux, dans  les  ports  de  TEurope,  des  contres 
péchés  &  féchés  fur  les  cÔtes  de  France;  a  la 
charge  par  les  capitaines  de  navires  de  faire,  lors 
de  leur  départ  des  ports  de  France,  au  jjreffe  de 
Tamirauté  ,  enfemble  au  bureau  des  fermas ,  la 
déclaration  prefcrite  pir  ]*artîck  H  de  r^rrét  du 
Confeil  du  18  feptembre  1785,  dont  il  fera  re- 
mis une  expédition  auxdiis  capîtames  par  les 
greffiers  des' aniirautés ,  enfemble  par  les  rece- 
veurs ou  autres  prépofès  des  fermes ,  pour  être 
par  eux  prcfemèe  ,  à  leur  arrivée,  aux  confuls 
de  France  réfidans  dans  les  ports  oii  fe  fîrra  le 
déchargement  deftltts  poiffons ,  8c  en  rapporter 
un  ccrt.ficat  de  décharge, 

lïL  Les  primes  accordées  pir  les  articles  ci- 
dcflus,  féron:  payées  auxdiîs  armateurs  &  nfgo- 
cians  par  les  receveurs  des  fermes,  dans  la  forme 
prefcrite  par  Fartictc  Ylli  dudit  arrêt  du  i%  fep- 
tembre 1785,  &  il  en  fera  tt^nu  compte  ch;i<jue 
année  à  radjudicatatre  g^én^ral  des  fermes,  fur  le 
prix  de  fon  bail;^  à  la  charge  par  lefdits  négo- 
ciansj  armateurs  &  capitaines ,  de  fe  conformer 
aux  formalités  prefcrites  par  ledit  arrer  du  18  fep- 
tembre 178c,  kcjuel  continuera  d'être  obfervé  à 
cet  égard  feton  la  forme  &  teneur. 


VOCABULAIRE. 


B 


RAKDADE  ;  nom  d*un  ragoût  provençal^  ufité 
pour  préparer  la  merhiche. 

Caxots  ;  cfpéccs  de  cuves  ou  IW  met  les 
foies  de  morue  pour  en  tirer  de  rhuile. 

Congre;  grand  poiflfon  de  mer  Ôt  fort  gros, 
re^emblam  beaucoup  à  Tanguille  ,  que  Ton  fait 
ftcher  fans  le  faler. 

Décolleur;  c'ell  dans  la  pèche  de  la  morue, 
ira  hc^mme  adroit  à  couper  la  tète  du  poîfTon* 

Faux  ;  inArument  compofé  de  trois  ou  quatre 
crins  ou  hameçons,  qui  font  joints  enfemble  par 
le$  branches,  entre  lefquels  ei!  un  petit  (au mon 
d*étiin,  de  la  forme  à  peu-près  d'un  hareng* 

Quand  le  pécheur  ie  trouve  dans  un  lieu  où 
les  morues  abondctit,  &  qu*il  voit  qu'elles  fe 
reftjfcDt  à  Tappât  dont  les  crins  font  amorcés,  il 
fe  fert  alors  de  la  féiux.  Les  poiffons  trompés 
prennent  pour  un  hareng  ie  petit  lingot  d'étaîn 
argenté  &  brillant,  s'cmprciïcnt  ï  le  mordre,  le 
DccHeur  agitant  continuellement  h  faux  ^  attrape 
Ses  morues  par  où  le  hàfard  les  fai:  accrocher 

L'abus  de  cette  pèche  eft  fenfible  ;  car  il  eft 
évident  que  pour  un  poilTon  quon  prend  de 
cette  manière  ,  on  en  blcHe  un  grand  nombre. 
Or,  on  fait  que  fitôt  qii*un  poi0bn  eli  bkffé  juf- 
qa*^^  iasg ,  tous  les  autres  le  fuivent  à  la  pifle , 


&  s'éloignent  avec  lui.   On  doît,  par  ces  confi- 

dérations,  défendre  la  péc'  e  à  la  fouannc  &  au- 
tres femblables  ,  le  long  des  côtes. 

Il  y  a  une  efpéce  de  chauffe  ou  verveux  qu'on 
appelle  faux  ,•  elle  cÛ  compofée  de  cerceaux , 
formant  une  efpéce  de  demi^elhpfe  ;  les  bouts  en 
font  contenus  par  une  corde  qui  fert  de  traverfe  ; 
autour  de  ce  cordon  eil  attaché  un  fac  de  rets , 
ou  une  chauffe  de  huit  à  dix  pieds  de  long,  à  la 
volonté  des  pécheurs. 

Lorfque  la  faux  eft  montée  ,  elle  a  environ 
cinq  pieds  de  hauteur  dans  le  milieu,  fur  huit, 
dix,  douze  pieds  de  longueur.  II  faut  être  deux 
pêcheurs  :  chacun  prend  un  bout  de  la  faux ,  & 
en  préfente  Touverture  à  la  marée  montante  ou 
defcendantc  ,  av  courant  d'une  rivière  ;  6c  le 
mouvement  du  poiffon  ,  lorfquUl  a  touché  le 
filet ,   les  avertit  de  le  relever. 

Mouton;  terme  de  pécheur  de  morue,  pour 
dire  une  pile  de  morues  eniaffées  Vnr.c  fui  Taiitre* 

RoGUES  ;  nom  que  Ton  donne  aux  oeufs  de 
morue. 

Vignot  ;  table  élevée  de  trois  pieds ,  fur  la- 
quelle on  étale  la  morue  en  la  fortant  de  !a  mer. 

Merluche  ;  c'eft  une  morue  deiléchéc. 

Morue  ;  poiObn  de  mer  »  qui  abonde  dans  la 


ÉÉ 


340 


M  O  R 


haie  duCanidi,  au  grand  banc  de  Terre-neuve. 
Ce  poi^Ton,  par  l'art  que  l'on  a  de  le  confer- 
ver ,  eft  d*une  grande  rcffource  pour  fournir  un 
aliment  peu  coûteux  au  peuple. 

Noues  ;  c'cft  une  des  quatre  iflues  »  ou  les 
tripes  des  morues.  Elles  fe  falent  dans  les  lieux 
de  ta  pèche  en  mâme-cemps  que  le  poi0bn  «  & 
elles  s*encaquent  dans  des  futailles  ou  barils  du 
poids  de  6  à  700  livres. 

Poignée  ;  ce  terme  eft  en  ufage  dans  le  nè- 

foce  de  la  ialine  »  &  figniâe  deux  mûmes,  Ainfi 
on  dit  une  poignée  de  marne  ,  pour  dire  deux 
mornes. 

En  France ,  les  morues  fe  vendent  fur  le  pied 
d'un  ceruin  nombre  de  poipiées  au  cent ,  &  ce 
nombre  eft  plus  ou  moins  grand ,  fuîvant  les 
lieux,  A  Paris  >  le  cent  eft  tic  cinquante-quatre 
pointes  ou  cent  huit  morues  ;  à  Orléans*  àRouen , 
&  dans  tous  les  ports  de  Normandie ,  le  cent  eft 
de  foixantc-fix  poignées  ^  ou  cent  irente^deux  mo- 
rues. A  Nantes ,  &  dans  tous  les  autres  ports  du 
royaume ,  le  cent  eft  de  foixante-deux  poignées  » 
ou  cent  vingt-quatre  morues. 

Saleur  ;  ccft  dans  la  pêche  de  la  morue, 
celui  qui  fale  8e  arrange  la  morue  à  fond  de  cale 
du  vaifleau.  Ceft  de  Thabileté  &  de  reapérience 


MGR 

du  falcur  que  dépend  en  grande  partie  U  coftfer* 
vation  de  la  morue. 

Trakcheur  ;  c*eft  dans  la  pèche  de  la  mo- 
rue, celui  qui  eft  chirgé  d'ouvrir  ce  poiftbn ',  ce 
qui  demande  de  Thabitudc  &  de  TadreiTe. 

TeiIre  NEUVE  ;  c'eft  à  foixante  lieues  de  Tcrr^ 
neuve  y  dzm  le  Canada,  qu'eft  le  grand  banc  pour 
la  pèche  de  la  morue,  étendue  de  pays  que  Von 
eftime  avoir  200  lieues  de  longueur;  les  moruci 
y  font  fi  abondantes ,  qu'un  pécheur  eo  prend 
plus  d*une  centaine  dans  un  jour*  Cette  pèche 
y  eft  très-ancienne,  car  un  Anglois  rapporte  y 
avoir  trouvé.  Tan  i^ii,  cinquante  bârimens  de 
différentes  nations.  On  en  voit  aujourd'hui  chaque 
année  cinq  ou  fix  cents  ,  Anglois  ,  François  ou 
Holbndois  ;  c'eft  aufti  tout  l'avantage  qu'on  re- 
tire de  Terre-neuve^  qui  eft  un  pays  rempli  de 
montagnes  ôc  de  bois. 

Les  brouillards  y  font  fréquens  8t  de  longue 
irée.  Le  grand  froid  en  hiver  eft  en  partie  cauiè 
P»''  l"  glaces ,  qui  venant  à  flotter  fur  les  côte»  ; 
refroidirent  Tair  fenfibtement.  Les  fauvages  de 
Terre-neuve  font  de  petite  taille,  n'ont  que  pc« 
ou  point  de  barbe ,  le  vifage  large  &  plat ,  )m 
yeux  gros  »  &  le  nei  courL 


du 


MOSAI< 


k^^ 


mosaïque.        (Art  de  la) 


241 


I 


y  emend  pr  mofaïqut ,  non-feulement  l'art  de 
Di  r\\f  quantuè  de  marbres   précieux  de 

éiji  Loulcurs,  mais  encore  celui  d*en  faire 

lin  tiiOiX  convtriable,  de  les  aflembler  par  petites 
panics,  de  ditîcrentes  formes  &  grandeurs ,  fur  un 
fond  de  fluc  préparé  à  cet  effet  »  pour  en  faire 
Ae\  tableaux  rcpréfentant  des  portraits,  figures  , 
animaui  ,  hifloires  6c  payfages  ,  des  fleurij,  des 
ihiits,  fit  touTcs  fortes  de  delTms  imitant  la  peinture» 

Ou  plutôt  la  mofaïque  efl  une  imitation  de  la 
peinture,  qui,  à  la  vérité,  eA  au-delToiis  d*iin  beau 
tableau  pour  la  pureté  &  la  hardielTe  du  defiin, 
pour  rharmonie  des  clairs  &  des  ombres,  &  pour 
il  tTanchife  du  colons;  mais  elle  a  auffi  ra\an* 
u%t  de  rcfifter  aux  impreifions  de  iVir  &  au  ra* 
rage  du  termes. 

yufage  de  faire  des  ouvrages  de  mofilqui  efl , 
felon  quelques  auteur;  ,  fort  ancien.  Piufieurs 
prèrcndent  que  fon  origine  vient  des  Pcrfcs  qui^ 
fort  curieux  de  ces  fortes  d*ouvrages  ,  a  voie  ne 
ticité  les  peuples  voifins  à  en  faire  d'exadvis  re- 
cherches. Nous  voyons  même  dans  ^écriture 
Ctime^  qu^AiTuérus  fit  conilruire  de  fon  temps 
un  pavé  de  marbre  fi  bien  travaillé  ,  qu^il^imitoit 
la  peinture^ 

D'auires  affureni  que  cet  art  prit  naiffance  à 
Conftantinopié  ,  fondés  fur  ce  que  cette  ville 
ècoit ,  de  leur  temps ,  la  feule  dont  prefque  toutes 
les  églifcs  &  les  bàiimens  particuliers  en  fuflfent 
décorés,  &  que  de-là  il  s*eA  répandu  dans  les 
autres  provinces  de  l'Europe. 

Ea  effet ,  on  en  tranfporta  des  confins  de  ce 
rtjyauinc  chez  les  peuples  voifins  d'Afîyriç,  de- 
là en  Grèce  ;  enfin,  félon  Pline,  du  temps  de 
Sylla,  on  en  fit  venir  dans  le  Latlum  pour  aug- 
raeoter  les  décorations  des  plus  beaux  édifices. 

Ce  qu*il  y  a  de  vrai  ,  c'eil  que  la  mofaïaiu 
coaiaença  à  paroicre  vers  le  temps  d^Auc;u{te, 
fouf  le  nom  d'une  nouvelle  invention,  (i'étoit 
UAe  fiçon  de  peindre  des  chofes  de  confcquence 
avec  des  morceaux  de  verre  qui  demandoient 
une  préparation  particulière. 

A  ces  morceaux  de  verre  fuccédèrcnt  ceux  de 
marbre ,  qui  exigeoient  alors  beaucoup  moins  de 
dîfficulcés  pour  la  taille;  enfin,  cet  art,  négligé 
depuis  pluiîeurs  fié  clés  ,  a  ét6  enfultc  abandon- 
tic  ,  fiir-toui  depuis  que  Ton  a  trouvé  la  manière 
de  peindre  fur  toutes  fortes  de  mét.iux,  qui  efl 
beaucoup  plus  durable ,  n'étant  pas  fujette ,  comme 
Il  première 9  à  tomber  par  écailles  après  un  long 
fc»ps. 

Ans  &  Mititri*  Tome  V,  Parue  /, 


On  lui  donnoit  autrefois  le  nom  de  marqueUrU 
en  pierre  ,  que  l'on  diftinguoit  de  marqueterie 
en  bois  ,  ou  ébcnifterie  :  &  fous  ce  nom  Ton 
comprenoit  non-ft vilement  l'art  de  faire  des  pein- 
tures par  pierres  de  rapport ,  mais  encore  celui 
de  faire  des  compartimcns  de  pavé  de  différens 
de/îins ,  comme  l'on  en  voit  dans  plufieuis  de 
nos  églifes  ou  maifons  royales  ,  ouvrage  des 
marbriers.  Ce  font  mnintcnant  ces  ouvriers  qui 
font  chargés  de  ceç  fortes  d'ouvrages  ,  comme 
travaillant  en  marbre  de  diflférente  manière. 

La  mofnquç  fe  rcflcntit ,  comme  tous  les  autres 
arts ,  de  la  chute  de  l'empire  Romain.  Conflantin 
rintroduifit  en  Orient ,  ou  elle  fe  conferva  jufqu'à 
ce  que  la  capitale  de  cet  empire  fut  prîfe  par  les 
Turcs. 

Bannie  de  Conflantinople  ,  elle  fe  réfugia  à 
Venîfe  ;  &  fes  premiers  effals  furent  employés  à 
décorer  la  fameufe  églife  de  Saint- Marc.  Se  per- 
fectionnant dans  la  mire ,  elle  parut  avec  éclat 
dans  Tanclenne  capitale  du  monde ,  oit  il  femble 
que  les  papes  font  î[\k(i  ^  puifque  Rome  eit  Ten- 
droit  où  Ton  fait  les  plus  beaux  morceaux  en  ce 
genre* 

Il  cft  étonnant  dit  M,  Pîngeron^  dans  fon  ou- 
vrage fur  ta  mofaïque  ancienne  &  nouvelle,  que 
Louis  XIV  ,  amt  des  arts  &  jaloux  de  la  gloire  de 
fa  nation,  ait  laiflTé  à  fes  fucccfTeursle  foin  d'éta- 
blir une  m.înufaélare  de  mofaïque,  oij  les  pein- 
tres travailleroient  à  Tenvl  les  uns  des  autres  pour 
rendre  leurs  ouvrages  en  quelque  forte  éternels. 

Quel  plaifir  pour  le  peintre  oc  pour  rariiftc,  de 
voir  que  la  gloire  de  l'un  &  les  travaux  de  rautre 
pafleroient  à  leurs  derniers  neveux  ,  &  qu*îlf 
iriompheroient  l'un  &  l'autre  de  la  variété  du 
temps  1 

La  mofaïque  en  verres  &  émaux  fe  fait  au  moyen 
de  diverfes  teintes  qu'on  donne  au  verre,  &  de 
diverfes  couleurs  des  émaux,  fuivant  les  ouvrages 
qu'on  a  deiTein  de  faire.  Lorfque  la  couleur  eft 
mife  dans  le  creufet  avec  le  verre  en  fufion ,  on 
en  retire  la  matière  liquide  avec  de  grandes  cuil- 
lers âc  fer,  emmanchées  de  bois;  on  la  verf^; 
fur  un  marbre  bien  uni ,  &  on  l'apptatit  par  defîus 
avec  un  morceau  de  marbre  jafqu'à  ce  que  les 
pièces  ayent  feize  ou  dix- huit  lignes  d'épai^eur. 

Avant  que  le  verre  ainfi  applati  ne  refroi- 
diflfe ,  on  le  coupe  en  morceaux  de  diverfes 
figures  avec  un  btc-de-chien  ,  qui  eft  un  inflru- 
ment  de  fer  tranchant.  On  met  tous  ces  mor- 
ceaux dans  des  boites,  &  on  les  fépare  fuivant 
leurs  couleurs  pour  t'en  Servir  au  befoin, 

H  k 


343 


M  O  S 


Lorfqu*oa  vcwt  faîr^  entrer  ic  Vor  clans  les  or- 
Démens  8t  les  draperie» ,  o»  prend  des  morceaux 
de  verre  de  couleur  jaun^  qu'on  mouille  d'un 
peu  d*eau  de  gomme,  d:  Air  lefquels  oa  appU'^ue 
une  feuille  d'or,  qu'on  met  recuire  fur  une  pelle 
de  fer  à  Tenirèe  du  four  à  verre  i  lorfque  le 
▼erre  eft  dcvcmi  rouge ,  on  le  retire.  Ce  pro- 
cédé fait  il  bien  tenir  Vor,  qu'il  s'y  conferve  tou- 
jours, en  quelque  lieu  qu'on  Tex^iofe.  On  fait  la 
même  opération  pour  l'argent. 

Les  couleurs  étant  préparées,  on  travaille  à  Teu- 
duit  fur  lequel  on  doit  dclTiner  l'ouvrage  âc  pla- 
cer la  mofûiiifue.  Cet  enduit  eft  un  mélange  de 
chaux,  de  briques  bien  battues  &  bien  falfées, 
de  gomme  adragant  &  de  blancs  d'œu^s* 

On  le  mtt  aiTez  épais  pour  qu'il  fe  tLenne  frais 
pendant  trois  ou  quatre  jours ,  afin  qu*on  y  ap- 
pUque  fucceflivement  les  verres  &  les  émaux 
avec  de  petites  pincettes  de  fer  ;  on  les  arrange 
fuivant  les  contours  &  les  couleurs  du  deflin; 
&  après  les  avoir  enfoncés  avec  une  règle  ou 
batte  de  bois  ,  ou  en  rend  la  fuperficie  égale 
&  unie. 

Cette  forte  de  mofaïque  rend  Touvrage  très- 
brillanc;  &  fon  enduit  s  endurcit  ù  fort  à  Tair  par 
k  longueur  du  temps  ,  qu'on  n'eu  voit  jamais 
la  fin* 

La  mofdique  tn  marhrt  6*  pierres  Àt  rapport , 
qu'on  emploie  au  pavé  des  égliïes  &  des  palais , 
ou  en  incruftation  &  placage  des  murailles  tnré- 
rieures  de  ces  édifices ,  a  {on  fond  de  marbre  fur 
un  matTif  de  marbre  blanc  ou  noir ,  ou  quelque- 
fois d'une  autre  couleur,  Lorfqu'on  veut  y  pro- 
céder,  on  commence  par  calquer  fur  le  fond  le 
defiin  qu'on  veut  repréfenter  \  on  Tentaille  en- 
fuite  aucifcau  de  la  profondeur  d'un  pouce»  quel- 
quefois même  davantage;  on  remp4t  enfulte  l'en- 
taille d'un  marbre  de  couleur  convenable  ,  après 
l'avoir  réduit  d'épaifTeur  &  contourné  conformé- 
ment au-deiTin. 

Pour  faire  tenir  ces  pièces  de  rapport  dans  les 
entailles,  on  fe  fcrt  de  ftuc  compofé  de  chaux  fit 
de  poudre  de  marbre ,  ou  d'un  maflic  à  la  %'o- 
lonté  de  Touvrier  ;  après  quoi  on  polit  L'ouvrage 
à  demi  avec  du  gifcï. 

Quand  les  ligures  ne  font  pas  terminées  par  le 
marbre  du  fond  ,  le  peintre  ou  le  fculptcur  fait 
des  traits  ou  hachures  aux  endroits  oij  doivent 
être  les  ombres  »  les  gratte  avec  le  cifeau ,  & 
les  remplit  avec  un  maftic  noir,  fait  avec  de 
la  poix  de  Bourgogne  ;  il  polit  enfuite  le  mar- 
bre »  &  le  rend  (\  uni  ,  qu  il  paroit  tout  d'une 
pièce*  Le  pavé  de  l'églîfe  des  invalides  &  celui 
de  la  chapelle  de  Verlailleî  font  dans  ce  goûr. 

Lorfqu  on  veut  enrichir  la  mofaïque  de  pierres 
&  de  cailloux  précieux  «  on  les  débite  en  feuillets 
d'nnc  demi-Ligne  d'épaiifcur»  avec  une  fcie  fans 
cfentSt  comme  celle  des  marbriers,  mais  qui  efl 
mo  tce  comme  celle  des  menulficrs.  On  attache 
tortemeat  avec  des  cordes  la  pièce  qu'on  veut 


M  O  S 

fcîer;  on  raffctmtt  au  moyen  de  deux  chevlîles 
de  itx  qui  dirigent  la  fcie  :  &  avec  de  l'èmcri 
détrempé  dans  de  Teau ,  on  ufc  la  pie;re  »  oo  la 
coupe  infeiifiblement ,  &  on  la  partage  en  autant 
de  pièces  qu'on  le  veut. 

Ce  procédé  exige  beaucoup  de  paiicnce ,  maïs 
mr>itii  (i'adrefie  que  quand  il  faut  le*  conioutner. 
On  met  pour  lors  ces  feuilles  dans  un  étau  de 
bois  qui  traverfe  l'établi,  fous  lequel  il  y  a  une 
cheville  en  forme  de  coin  pour  le  fetrer  fortement. 

\J archet^  ou  fcie  à  contourner  dont  on  fe  fei^^ 
n'eft  qu'un  fil  de  laiton  très-mince  »  bandé  fur  un 
morceau  de  bois  plié  en  arc  ,  qui  avec  de  l*è- 
meri  détrempé,  contourne  peu- à-peu  la  feuille 
en  Cuivant  les  traits  du  deffin  qui  eft  fait  fur  du 
papier,  &  qui  eft  collé  fur  la  pièce. 

A  mefure  qu'on  a  des  feuilles  préparées ,  on  les 
place  avec  des  pincettes  fur  un  mailic  ,  ou  une 
forte  de  fluc  qu'on  met  par  petites  couches  fur 
des  pierres  de  li^iis  qui  fouticnnent  ordmaiie* 
ment  cette  mofaïque. 

Si  quelque  pièce  contournée  n'a  pas  la  figure 
qu'il  faut,  ou  qu*eîle  foit  trop  grande,  on  la  met 
de  proponion  avec  la  lime  de  cuivre  ;  fi  clic  eft 
tiop  petite ,  on  fe  fcrt  du  touret  &  des  petits 
outils  des  lapidaires  pour  couper  ^  polir  ce  qu'il 
faut  de  plus  pour  le  rempliiTage. 

Les  gr.beiins  ont  fourni  long-tempis  les  beaux 
cabinets  ik  les  belles  tables  en  ce  genre ,  qui  or* 
nent  les  appartemcns  de  Verfatlles. 

M.  Pwpron  dit  que  lorfqu'on  veut  travailler  \ 
en  mc/fiique  à  Rome,  on  commence  par  tirer  une 
très-belle  copie  du  tableau  qu'on  veut  repréfen- 
ter ;  on  difpofe  enfuite  venicalement  de  grands 
morceaux  de  pierre  dure  les  uns  fur  les  autres  ^ 
de  manière  qu*ils  falîént  la  furface  d'un  grand 
tableau. 

Dans  CCS  mQjccnux  de  pierre  on  pratique  des 
rainures  transverf^iîcs  &  inclinées  pour  retenir 
l'enduit  dont  ils  doivent  être  couverts  ;  on  com- 
mence le  tableau  par  le  haut ,  &  on  remplit 
tentes  les  rainures  qui  doivent  le  retenir  comme 
autant  de  crochets,  avec  un  pouce  de  maftic  fait 
avec  de  la  poudre  de  pierre  de  Tivoli ,  broyée 
avec  de  l'huile  de  lin. 

Ce  mafiic  étant  applani  avec  une  truelle,  le 
peintre  deHî ne  {on  fujet,  le  calque  ordinairement 
pour  plus  d'exaâUude  ,  &  enfonce  enfulte  daos 
ce  maftic  des  pièces  de  mofaïque  dun  pouce 
&  demi  de  long  fur  deux  lignes  d'équarriflage- 

Lrrfqu'on  elt  obligé  de  donner  certaine  rorme 
à  la  mofaïque  pour  remplir  quelqu'intervalle ,  on 
fe  fert  d'un  tajjcau  reffcmblant  à  un  coin  , 
fur  lequel  on  taille  la  mofaïque  avec  un  mar-» 
teau  aiTe^  lourd  ,  dont  les  deux  cotés  fe  terraineitt 
en  forme  de  coin. 

Le  tableau  étant  fini,  on  fépare  les  différentes 
pierres  qui  en  forment  le  fond  ,  pour  les  tranfpor» 
ter  dans  un  atelier  voifin  où  on  les  polit  ;  afin 
de  kur  donner  un  plus  beau  luftre  ,  on  fe  £crt  <le 


M  O  s 

grès  mîs  Cfl  poudre  dans  de  Teau ,  de  potée  d*é- 
uîù  broyée  avec  de  riuiile  de  lin  ;  enfin  on 
fuît  le  même  procédé  que  pour  polir  ics  glaces. 

Pour  rendre  ces  tableaux  également  poils  dans 
toute  leur  étendue ,  on  ûxc  à  une  longue  barre 
de  fer  plufuurs  tnorceaux  circulaires  d  une  pierre 
dure  Si  poreufe  en  même  temps. 

Deux  homnaçs  »  ou  q^elquetois  un  plus  grand 
nombre  tiennent  les  extrémités  de  cette  barre  5c 
La  font  mouvoir. 

Les  pièces  de  mof;iïque  étant  polies  ,  on  les 
place  avec  beaucoup  de  précaution  «  &  le  petit 
tntervaUe  qui  refte  entre  chacune  fe  remplit  avec 
dn  ma/lie  èc  fe  polit  fur  la  place;  de  forcer  qu'un 
tableau  de  cette  efpéce  étant  vu  en  face  ,  paroît 
d'une  feule  &  mèmQ  piéce- 

Nous  ajouterons  ici  ce  qae  Tancienne  Encyclo- 
pédie dit  fur  ce  travail  en  pierres  de  rapport. 

•  Njs  ouvriers  modernes  exécutent  une  mo- 
fatque  avec  des  pierres  naturelles,  pour  repréfcn- 
ter  des  antmaux,  &  généralement  des  fruits,  des 
fleurs,  ôc  toutes  autres  fottes  de  figures,  comme 
il  elles  étoicnt  peintes. 

Il  fe  voit  de  ces  fortes  d'ouvrages  de  toutes 
les  grandeurs  :  un  des  pîus  confidérabîes  &  des 
plus  grands»  cfl  ce  b^au  pavé  de  Tég^if^  cathé- 
drale de  Sienne ,  où  Ton  voit  repr: fente  le  facri- 
fice  d'Abraham.  Il  fut  commencé  par  un  peintre 
nommé  Ducdo,  de  enfuite  achevé  pM  Dominique 
Bucafumk  II  eft  compofé  de  trois  fortes  de  mar- 
bres ,  ruji  tr€s*blanc,  fautre  d'un  gris  un  peu 
obfcur,  &  le  troifième  noir;  ces  trois  ditférens 
marbres  font  fi  bien  taillés  Sc  joints  enf'embîe, 
qulls  repréfcnteni  comme  un  grand  tableau  peint 
de  noir  &  de  blanc.  Le  premier  marbre  fert 
pour  les  reiTauts  &  les  fones  lumières,  le  fécond 
pour  \c%  demi-teintes ,  &  le  troifiéme  pour  les 
ombres* 

Il  y  a  des  traits  en  h^ichures  remplis  de  marbre 
lïoir  ou  de  maftic  qui  joignent  les  ombres  avec 
ie^  dtmi'tnntes;  car,  ronr  faire  ces  fortes  d'ou- 
vrages, ou  aflemble  les  dttïérens  marbres  les  uns 
-auprès  des  autres,    fuivant  le  defTîn  que  Ton  a; 
Si  quand   ils  font   joints  &   bi^n   cimentés,    le 
^ïiéme  peintre  qui  a  difpofé  le  fujet  ,    prend  du 
ïxoir  ,   oc  avec  le  pinceau ,    marque  les  contours 
^«s  Agures,  fit  obferve  par  des  traits  &  des  ha- 
«rliures ,    les  jours  &  les  ombres  ,    de   la   même 
«nanicre  que  s'il  deffinoit  fur  du  papier;   enfuite 
Vç  fculpîcur  grave  avec  un  cîfeau  tou5  les  traits 
que  le  peintre  a  tracés  ;   après  quoi  Ton  remplit 
tout  ce  que  le  cîfeau  a  gravé     d'un    autre  mar- 
\>r€  ,  ou  d^un  mafiic  compofé  de  poix  noire  ou 
.        d'autre  poix  qu^on  fait  bouillir  avec  du  noir  de 
L      ttrre. 

H        Quand   ce   mafiic  ed  refroidi    &  qu'il  a  pris 

™      corps,  on  paffe  un  morceau  de  giés  ou  une  brique 

pV'deflus  »    ⣠ le   frottant  avec  de   Teau  0c  du 

yii  ou  du  ciment  pilé ,  on  ôte  ce  qu  il  y  a  de 

lupcrila  »  &  on  le  rend  égal  &  au  niveau  du 


M  o  S 


243 


mabre.  C'eft  de  cette  manière  qu'on  pave  dans 
plufieurs  endroits  de  Tltalie,  &  qu'avec  deux  eu 
trots  fortes  .le  marbres  ,  on  a  trouvé  Tart  d'em- 
belîir  de  différentes  figures  d^s  pavés' des  églifes 
&  des  paUis. 

Mais  les  ouvriers  dans  c^t  art  ont  encore  pouflTé 
pîus  avant;  car  comme  vers  Tannée  1563,  le 
duc  Côrae  de  Medicis  eut  découvert  dans  les 
montagnes  de  Pïara  fmêla  ,  un  endroit  dont  le 
dcflus  ètoït  de  marbre  trés-blanc,  6c  propre  pour 
faire  des  llatues  »  Ton  rencontra  deflbus  un  autre 
marbre  mêlé  de  rouge  8c  de  jaune  ;  &  à  raefure 
qu'on  allolt  plus  evant,  on  fouvoit  une  variété 
de  marbres  de  toutes  fortes  de  couleurs ,  qui 
étoient  d'autant  plus  durs  &  plus  beaux ,  qu  Us 
ctoier*  cachés  dans  répaiffcur  de  Ja  montagne. 

C'eit  de  ces  fortes  de  marbres  que  les  ducs  de 
Florence,  depuis  ce  temps  U ,  on  fait  enrichir 
leurs  chapelles,  &  qu'enfuirc  on  a  tait  des  tsbles 
&  des  c:»binctî>  de  pièces  d^  rapport ,  oii  Ton 
voit  des  tleurs,  des  fruits,  d^s  oilcaux,  &  mille 
autres  chofcs  admirablement  repréf^ntées.  On  a 
même  fait  avec  ces  mêmes  purrej  ,  de  tableaux 
qui  fembîent  être  de  peinture  ;  &  pour  en  aug- 
menter encore  la  beauté  &  la  richeue,  on  fe  fert 
de  tapis ,  d'agate ,  &  de  toutes  les  pierres  les  plus 
précieufes.  On  peut  voir  de  css  fortes  d  ouvrages 
dans  les  appartem^ns  du  Roi ,  où  il  s'en  trouve 
des  plus  beaux. 

Les  anciens  iravailloient  auflî  de  cette  manière , 
car  il  y  avoir  autrefois  à  Rome ,  au  portique  de 
Saint-Pierre,  a  ce  que  dit  Valfari,  une  table  de 
porphyre  fort  ancienne,  oii étoicnt  entaillées  d'au- 
tres pierres  fines  qui  repréf^ntoîent  une  cage  ;  & 
Pline  parle  d'tm  oifeau  fait  de  dilTérens  matbres, 
ôi  fï  bien  travaillé  dans  le  pavé  du  lieu  qu'il  dé- 
crit, quil  fembloit  que  ce  fût  un  véritable  oifeau 
qui  bût  dans  le  vafe  qu'on  avoit  repr^; fente  au- 
près de  lui. 

Pour  fair<*  ces  fortes  d'ouvrages ,  on  fcie  par 
feuilîeî  le  bloc  ou  le  morceau  d  agate  >  le  lapis, 
ou  d'autres  pierres  prccienf  s  qu'on  veut  em- 
ployer; on  ratta:;he  fortemctu  fur  rétabli,  puis 
avec  une  fcic  de  fer  fans  dents ,  on  coupe  la 
pierre  en  verfani  deffis  dî  Témcri  miié  avec  de 
l'eau ,  à  mefure  quî  l'on  travaille.  Il  y  a  deux 
chevilles  de  fer  aux  côtés  de  la  pierre ,  contre 
lefquelles  on  appuie  h  fcie  ,  &  qui. fervent  à  la 
conduire. 

Qiand  ces  fwUlîles  font  coupées.  Ci  Ton  veut 
leur  donner  quelque  figure  pour  les  rapporter 
dans  un  ouvrage  ,  on  ics  Cttrc  dans  un  é;au  de 
bois  ;  6c  avec  un  archet  qui  cft  une  petite  fcic 
faite  feulement  de  fil  de  laiton,  de  Tcau  &  de 
Fémeri  qu'on  y  jette,  on  la  coupe  peu-àpeu, 
fuivant  les  con||wrs  du  dcilin  que  Ton  applique 
deffus  ,  comme  Ton  fait  pour  le  bois  de  mar- 
queterie. 

On  fe  fert  dans  ce  travnil ,  des  mêmes  roues» 
tourets  5   platines  d  etain  6t  lu  res  or,îi!s  dont  il 

Hha 


244 


MO  S 


cft  parlé  dans  la  gravure  des  pierres  prédeufes, 
félon  Toccafion  &  le  befoin  qu^on  en  a  ,  tant 
pour  donner  quelque  figure  aux  pierres ,  que  pour 
les  percer  &  pour  les  polir  :  on  a  des  compas 
pour  prendre  les  mcfures ,  des  pincettes  de  fer 
pour  aégarnir  les  bords  des  pierres ,  des  limes  de 
cuivre  à  main  &  (ans  dents ,  &  d'autres  limes  de 
toutes  fortes. 

Le  habitans  du  Nouveau-Monde  ont  une  mo- 
Jaiqut  qui ,  pour  n*être  pas  auffi  durable ,  n*eft 
pas  moins  agréable  ;  je  veux  parler  de  plumes 
d*oifeau  dont  ces  peuples  induilrieux  fe  fervent 
pour  imiter  la  nature ,  & ,  au  moyen  d*une  pa- 
dence  &  d^uneadrefle  de  main  inconcevables, 
introduire  un  nouvel  art  de  peindre ,  arranger  & 
réduire  en  forme  de  figures  coloriées  tant  d!e  filets 
différens. 

Il  eft  âcheux  qu'avec  autant  de  dextérité  ils 
ne  connoifient  ni  les  plus  fimples  régies  du  def- 
fin,  ni  les  premiers  principes  de  la  compofi- 
tion,  de  la  perfpefHve  &  du  dair-obfcur. 

On  voit  par^  les  différens  ouvrages  de  mo- 
fûfue  dont  nous  venons  de  donner  une  idée, 
que  cet  art  fe  divife  en  différents  procédés. 

Première  partie.  Nous  nous  contenterons  ici  de 
défigner,  Amplement  par  leurs  noms  »  les  marbres 
employa  dans  la  mofaïque. 

Des  marbres  antiques^ 

Marbres  antiques, 
de  lapis, 
de  porphyre, 
de  lerpentin» 

,  le  blanc. 


d'albâtre. 


I  le  varié. 

le  moutahuto. 
le  violet, 
le  roquebrue. 

\  dltalie. 
de  granit.    <  de  Dauphinë« 
#  vert. 
\  violet. 

!  antique, 
floride.      , 
rouge  &  vcrt«^ 
de  Faros. 
de  vert  antique, 
blanc  &  noir, 
de  petit  antique, 
de  brocatelle. 
africain. 

noir  antique.  ^ 

de  cipolin. 

(  de  Sienne^ 


'oriental. 

fleuri. 

agatato. 


M  O  s 

de  blglonero. 

de  lumachello. 

picefnifco. 

de  brèche  antique. 

de  brèche  antique  dltalle; 

Des  marbres  modernes» 

Marbres  blancs. 

de  Carare. 

noir  moderne. 

de  Dinan. 

de  Namur. 

de  theu. 

blanc  veiné. 

de  margoffe. 

noir  &  blanc. 

de  Barbançon. 

de  Givet. 

de  Pottor. 

de  Saint- Maximi II. 

de  ferpentin  moderne. 

(  d'Egypte:^ 
vert  moderne.  J 

^  de  mer. 
jafpé. 

de  lumachello  moderne, 
de  Brenne. 
occhio  di  pavone. 
porta  fanâa  ou  ferena. 
fior  di  perfica. 
del  vefcovo. 
de  brocatelle. 
de  Boulogne, 
de  Champagne, 
de  Sainte-Baume; 
de  Tray. 


jaune. 


doré. 


de  Languedoc. 

de  roquebrue. 
de  Caëa. 
de  griotte. 
de  bleu  turquîn. 
de  ferancolin. 
de  baivacaire. 


de  Cofne. 
de  Narbonn 


de  campan. 

de  Signan. 
de  Savoie, 
de  Gauchenet. 
de  Ltff. 
de  Hance. 
de  '  alzito. 
d*    uvergne. 
de  Bourbon, 
de  Hon. 


Slanc. 
ouge. 
vert, 
ii'abdle* 


M  O  s 

!  ancien, 
modefne. 
de  Sutfle. 
d'Andm 
de  Laval, 
de  Cerfontaine. 
de  Berg-op'zoom* 
de  Montbart. 
de  Malplaquet. 
de  Merlemont. 
de  Saint-Remî. 
royal. 

Des  marbres  dits  brèches  modernes» 

Brèche    blanche, 
noire, 
dorée, 
coraline. 
violette, 
ifabelle. 
des  Pyrénées, 
groffe. 

de  Véronne.* 
fauveterre. 
faravéche. 
faravèche  petite, 
fettebazi. 
de  Florence, 
des  Lolieres. 
d'Alet. 

Ile.  Parité.  De  la  manière  de  préparer  le  msflic. 

Pour  p  éparer  les  murs,  pavés,  &  autres  cho- 
ses fcrobUblcs  ,  à  recevoir  la  mofaïque,  il  faut  y 
appliquer  le  maftic  ;  &  pour  cet  effet ,  on  en- 
*  fonce  auparavant  dans  ces  murs  de  forts  clous, 
^  tète  large,  difpofés  en  échiquier,  efpacés  les 
^ns  des  autres  d'environ  deux  à  deux  pouces  & 
demi  ;  on  les  frotte  enfuite  avec  un  pinceau  trem- 
pa dans  l'huile  de  lin. 

Au  bout  de  quelques  heures  ou  plus ,    félon 
l^humidité    du   temps  ,    on    garnit   de  maflic  le 
pounour  de  la  tète  de  ces  clous  par  petits  mor- 
ceaux ,  appliqués  de  plus  en  plus  les  uns  fur  les 
.^t'trcs,  jufqu'à  ce  qu'étant  bien  liés  fur  les  murs, 
■ï«    ne  forment  plus  qu*un  tout  que  Ton  dreffe 
^lofs  à  la  règle. 

On  en  fait  environ  3^4  toifes  au  plus  de 
^uîte,  pour  qu'il  ne  fe  puifle  durcir  avant  que 
-^^on  ait  placé  les  petits  morceaux  de  marbre,  que 
^*on  joint  proprement  les  u«$  contre  les 
^^tres  en  les  attachant  au  maflic;  lorfque  tout 
Ï^Ckuvrage  efl  bien  pris  ,  on  le  polit  à  la  pierre- 
Ponce   également  par-tout. 

Si  le  mur  étoit  en  pierre  dure ,  &  que  l'on  ne 

Put  y  enfoncer  des  clous  ,    il   faudroit  alors  y 

*^ire  des  trous  à  queue  d'aronde,  c'eft  à-dire,  plus 

*^rgcs  au  fond  que  fur  les  bords,  d'environ  un 


M  o  s 


245 


pouce  en  quarrè  fur  la  même  profondeur,  efpa- 
cés les  uns  des  autres  de  deux  pouces  &  demi 
à  trois  pouces  ,  difpofés  en  échiquier,  que  l'on 
empliroit  enfuite  de  maftic  ,  comme  auparavant , 
par  petits  morceaux  les  uns  fur  les  autres,  & 
bien  liés  enfemble.  Ces  trous  afTez  prés  les  uns 
des  autres  ,  à  queue  d'aronde  &  remplis  d'un 
maftic  qui ,  lor{qu'il  eft  dur ,  ne  peut  plus  ref- 
fortir,  forment  une  efpèce  de  chaîne  qu  irctient 
très-folidement  la  mafle. 

On  peut  encore  préparer  ces  murs  d'une  autre 
manière ,  en  y  appliquant  des  ceintures  ou  ban- 
des de  fer  entrelacées  ;  mais  ce  moyen  augmente 
alors  confidérablement  la  dépenfe. 

S'il  arrivoit  que  Ton  voulut  faire  des  portraits , 
payfages  ,  hifloires  &  autres  tableaux  portatifs , 
tels  que  Von  en  faifoit  autrefois  ,  ce  qui  s'exé- 
cute ordinairement  fur  le  bois,  il  faudroit  y  en- 
foncer des  clous  à  large  tète ,  &  y  appliquer 
enfuite  le  maftic^  de  la  manière  que  nous  l'a* 
vons  vu. 

///«.  Partie.  D:s  ouvrages  de  mofaïque, 

La  mofaïque  étant  un  compofé  de  petits  mor- 
ceaux de  marbre  de  dlverfes  iormes  joints  en- 
f^mhle,  les  habiles  ouvriers  exigent  que  chacun 
doux  foit  d'tne  feule  couleur,  de  manière  qoe 
Ls  chai  g  in. ns  &  d  mlpiitiors  de  couleurs  &  de 
nuances  ,  s'y  t^i\Mu  par  diff;^renr"S  pi.rres  réu- 
nies le^  unes  coin  c-  les  autr-s  ,  comme  elles  fe 
font  dans  la  tapi^-'eiic  0  .f  r'ittor^r.'»  'j.r>lii.,s  J.ùi 
chacun  n'eft  que  d'uiiC  Ici  L  cuicu^. 

Ai)fli  cft-il  néccifaire  qu'iN  Untw:  \-^\\\\\' es  -Sz 
rejoints  avec  beaucoup  dart,  &  qu*  'j  jijmc  de 
l'ouvrier  foit  riche,  pour  prodi  ire  ;'agrJaDle  di- 
verfué  qui  en  fait  toute  la  beauté  6l  le  ch.  rme. 
On  voit  encore  en  Italie ,  quantité  de  ces  ou- 
vrages. Ciampinus  a  fait  graver  la  plus  grande 
partie  de  ceux  qui  lui  ont  paru  les  plus  beaux; 
on  voir  aufli  dans  plufieiu*s  de  nos  mailons  royales 

3 uelques  portraits,  payfages , &c. ,  encore  exiilans 
e  ces  fortes  d'ouvrages. 
On  divifoit  anciennement  les  ouvrages  de  mo- 
faïque en  trois  efpèces. 

La  première  étoit  de  ceux  que  Ton  nommoîc 
grands  ,  qui  avoient  environ  dix  pieds  en  quarré 
au- moins;  on  les  employoit  à  tout  ce  qu'on  pou- 
voit  appeler  pavé ,  expofé  &  non  expofé  aux 
injures  de  Taîr;  on  n'y  repréfentoit  aucune  figure 
d*hommes  ni  d'anîmanx ,  mais  feulement  des 
peintures  femblabîes  à  celles  que  Ton  nomme 
arabejques  ;  on  peut  voir  dans  l'art  de  la  niarbicrie 
quantité  do  ces  fortes  de  pavcs. 

La  deuxicin^  efpèce  étoit  de  ceux  que  l'on 
appeloii  moyens,  qui  avoient  au  moins  deux  pieds 
en  quarrc ,  &  éîoient  compofcs  de  pierres  moins 
grandvis,  par  conféquent  en  plus  g  T.nde  qiiantité,. 
61  exigcoicnt  aiifiî  plus  de  dClicàtolie  &  de  pro- 
preté que  les  antres. 


246 


M  O  s 


La  trolfiâme  efpèce  étoit  de  ceux  que  l'on 
nommoit  petits;  ces  derniers ^  qui  allolent  jufqu^à 
un  pied  en  quarré  »  étoient  les  plus  compliqués 
par  la  pctitene  des  pierres  dont  ils  étoient  corn- 
pofés,  la  difficulté  de  les  aiTembler  avec  propreté, 
&  l*ènornie  quantité  des  figures,  qui  alloit  jufqu*à 
deux  millions. 

Defcription  des  Planches  de  la  Afofarque  ^  tome  V. 
des  gravures. 

PL  /.  Le  haut  de  cette  planche  repréfente  un 
atelier  où  font  plufieurs  ouvriers  travaillant  à  la 
mosaïque. 

Les  uns  {fig^a)  font  occupés  à  tracer  les  pe- 
tites pièces  de  marbre  félon  les  endroits  où  elles 
doivent  être  employées;  un  autre  (^fig-h)  les  po- 
lit; &  un  autre  (/g.  c)  les  affemble  pour  les 
mettre  en  œuvre. 

On  voit  dans  cet  atelier  différcns  ouvrages 
de  mofaïque.  Le  bas  de  cette  planche  repréfente 
(/^*  '  )  "^  payfage,  que  le  favant  Marie  Suarez, 
évêque  de  Vaifon,  contemporain  de  Ciampinus, 
a  apporté  lui-même  à  Prcnefte  fa  patrie  :  on  re- 
marque fur  le  devant  un  pêcheur  monté  fur  fa 
barque  parcourant  les  bords  du  Nil  (/^.  2  ) . 

PL  IL  eft  un  autre  payfage  ,  exécuté  dans 
réglife  de  S.  Alexis  à  Rome  ,  dont  le  fond  re- 

Eréfente  le  palais  d*un  prince  fouverain  fur  les 
ords  du  Nil  ou  de  quelque  autre  grand  fleuve, 
au-devant  duquel  font  deux  barques  de  pêcheurs, 
dont  Tune  va  à  la  voile. 

Lz  fig.  ^  {même  PL)  repréfente  un  affemblage 
de  quelques  animaux  de  diverfes  efpèces,  exécu- 
tés fur  le  pilaftre  qui  foutient  Tare  de  triomphe 
en  face  du  fanâuaire  ,  dans  Téglife  de  fainte 
Marie,  au-delà  du  Tibre. 

La  fig,  4 ,  PL  IIL  repréfente  Europe ,  fille  d*A- 
genor ,  roi  de  Phénicie ,  enlevée  par  Jupiter  chan- 
gé en  taureau  ,  trait  affez  connu  dans  Ovide.  Ce 
tableau,  confervé  dans  le  palais  du  prince Barbe- 
rin,  porte  environ  deux  pieds  &  demi  en  quarré, 
&  a  été  trouvé  dans  un  lieu  appelé  communé- 
ment VAréione ,  proche  les  murs  de  la  ville  de 
Prénefle  ,  parmi  les  débris  de  marbres  de  diffé- 
rentes façons ,  qu^on  a  employés  dans  la  fuite  à 
décorer  des  colonnes  de  différens  ordres. 

Lîi  fig.  s  9  P^'  ^^y  cfl-  une  ftatue  trouvée  dans 
quelques  anciens  monumens  au-delà  de  la  porte 
AJînar'ia  ,  appelée  maintenant  la  rue  Latine  de 
Saint  Jean.  Cette  figure,  plongée  dans  Tobfcuri- 
té ,  femble  repréfenter  le  Sf  mmcil  tenant  en  fa 
main  gauche  trois  flwurs  appelées  pavots  ^  attri- 
buts de  cette  divinité.  A  Tcgard  de  ce  qu'elle 
ten(.it  de  la  main  droite,  &  que  le  temps  a  fait 
tcmber,  on  croie,  félon  la  fiition  des  poètes,  qu'elle 


M  o  s 

Cortoit  une  corne  qui  contenoit  de  Teau  du  fleure 
éthé. 

La  fig.  6  {même  PL)  eft  une  féconde  repré- 
fcntation  de  Tenlèvement  d'Europe  par  Jupiter, 
faite  fur  le  pavé  rapporté  par  le  célèbre  &  lavant 
Charles- Antoine  *  ♦  ♦ , 

La  fig.  7  eft  un  tableau  d'environ  fept  pieds 
de  hauteur  fur  dix  de  largeur ,  en  marbre  blanc 
&  noir,  dont  nous  fommes  redevables  au  célèbre 
abbé  Ambroife  Spezia ,  repréfentant  trois  dau* 
phins,  deux  écrevifles  de  mer,  un  polype,  Nep- 
tune avec  fon  trident,  ou  quelqu'autre  dieu  marin. 

Vers  le  bas  de  cette  figure  on  découvre  les 
vertiges  de  trois  autres  pouTons  dont  l'un  n*dl 
pas  connu  ;  un  autre  femble  être  un  veau  marin^ 
&  le  dernier  un  cheval  :  d'oii  Ton  pourroit  coq- 
jeâurer  qu'il  y  avoit  là  des  eaux  qui  contenoicat 
ces  fortes  de  poilTons. 

Des  outils,  PL  V.  Les  outils  propres  aux  ou- 
vrages de  mofaïque,  font  prefque  les  mêines  que 
ceux  qui  appartiennent  à  la  marbrerie. 

La  jigure  première  eft  une  table  d'aflbrtîment, 
compofée  d'environ  deux  cents  cafcs  particulières 
aflemblées  les  unes  contre  les  autres ,  contenant 
chacune  une  certaine  qtlantité  de  petites  pièces 
de  marbre  d'une  même  couleur,  appuyée  fur 
une  table  AA ,  pofée  fur  deux  traiteaux  d'aÎTem- 
blage  BB. 

La  fig,  2  eft  un  établi  A  A ,  à  pieds  d'aflem- 
blaee  BB ,  fur  lequel  eft  pofè  un  étau  de  bois ,  com- 
pote de  jumelles ,  dormante  C,  l'une  l'autre  mou- 
vante D,  avec  une  vis  à  écrou  E ,  dans  lequel  font 
de  petits  morceaux  de  marbre  f,  difpofés  pour 
être  travaillés  ;  G  eft  une  febille  qui  contient  de 
l'émeri  qui  aide  à  fcier  le  marbre. 

La  fig.  j  eft  une  petite  fciotte  ,  propre  aux 
ouvrages  délicats ,  compofée  d'un  fer  ^  &  de  fa 
monture  de  bois  B. 

La  fig,  4  eft  un  petit  compas  à  pointes  cour- 
bes ,  appelé  compas  d'èpaijfeur ,  fait  pour  lever 
des  épaiffeurs  par  fes  pointes  AA, 

La  fig.  ^  eft  un  archet ,  compofé  d'une  corde 
à  boyau  A ,  tendue  fur  un  a-^c  de  baleine  B. 

La  fig.  6  eft  un  trépan  ,  acéré  ea  ^ ,  &  à 
pointe  arrondie  en  B,  ajuflé  dans  la  boîte  C, 
fervant ,  avec  le  fecours  de  l'archet ,  fig,  y.  à  per- 
cer des  trous. 

La  fig,  7  eft  une  lime  quarrelette-^,  emmanchée 
en  B ,  faite  pour  limer  &  polir  le  marbre. 

Ld^fig,  8  eft  une  pince  faite  pour  prendre  les 
petites  pièces  de  marbre,  Ik  les  appliquer  plus 
facilement  fur  le  maftic  ;  il  en  eft  de  plus  pe- 
tites ou  de  plus  grandes ,  félon  la  grandeur  des 
ouvrages. 

La  fig,  ç  eft  une  pince  faite  d'une  autre  ma- 
nière ,  à  charnière. 


^h\/^ 


M  O  s 


M  O  S 


247 


VOCABULAIRE. 


/\rchet  ;  corde  à  boyau  tendue  fur  un  af c  de 
baleine ,   pour  mettre  le  trépan  en  mouvement. 

AUCHET ,  ou  feu  â  contourner ,  eft  un  fil  de 
laiton  tendu  fur  un  morceau  de  bois  plié  en  arc. 
On  s'en  fert  pour  découper  le  marbre  au  moyen 
de  Fémeri. 

Bec  de  chUn^  infiniment  de  fer  tranchant, 
|iropre  à  couper  le  verre  ayant  qu'il  foit  refroidi. 

Compas  d'épaiffeur  ;  c'eft  un  compas  dont  les 
pûmes  font  courbes  &  propres  à  mefurer  Té- 
pûffeur. 

Etabli  ;  c'efi  une  forte  table  fur  laquelle  eft 
poft  unétau  de  bois,  compofé  de  jumelles.  Tune 
dormante ,  l'autre  mouvante  avec  un  vis  à  écrou  ; 
<tt  s'en  fert  pour  travailler  les  petits  morceaux 
de  marbre  colorés. 

Mauq^cTERIE  en  pierres  ;  nom  qu'on  a  donné 
à  la  mofaïqucy  pour  la  diftinguer  de  ïébénifterie^ 
(pi  eft  une  marqueterie  en  bois. 

Mosaïque  ;  c  efl  Tart  de  peindre  ou  de  faire 
les  tableaux  fur  un  fond  de  ftuc,  en  réfervant  de 
petits  morceaux  de  pierres  ou  de  verres  colorés , 
qs'on  rapporte  &  qu'on  arrange  convenablement 

diaprés  un  d^Sin, 
Pince;  outil  à  deux  branches  pour  prendre 


les  petits  morceaux  de  marbre ,  &  les  appliquer 
fur  le  maftic. 

Scie  à  contourner;  c*eft  un  fil  de  laiton  trés- 
mince ,  tendu  fur  un  morceau  de  bois  plié  en 
arc. 

Sciote;  morceau  de  feuillet  de  fcle  à  fcier 
le  marbre  :  fur  le  dos  de  cette  fcie ,  eft  un  mor- 
ceau de  bois  qu*on  nomme  rainure  ^  8c  qui  lui 
fert  de  manche  :  on  emploie  la  fciote  pour  fcier 
de  petits  traits  propres  à  la  mofaïque. 

Stuc  ;  compofition  ou  efpèce  de  maftic  qui 
imite  parfaitement  le  marbre. 

Table  (Tajfortiment  ;  c'eft  une  table  avec  un 
grand  nombre  de  cafés ,  pour  y  placer  des  petites 
pièces  de  marbre  de  toutes  fortes  de  couleurs. 

Tasseau  ;  efpèce  d*enclume  reftemblant  à  un 
coin ,  fur  lequel  on  taille  la  mofaïque  avec  un 
marteau. 

Traits  ou  hachures  ;  ce  font  des  entailles 
que  l'on  fait  dans  certains  endroits  du  ftuc  qui 
(ert  de  fond  à  la  mofaïque  en  marbres  &  pierres 
de  rapport. 

Trépan  ,  outil  acéré  &  en  pointe  arrondie  , 
ajufté  dans  une  boite,  fervant,  avec  le  fecours 
d'un  archet ,  à  percer  des  trous. 


I 


i^ 


MOULAGE.        (Art  du) 


J-x  ANS  la  réda6lîon  de  cet  article ,  nous  ne  pou- 
vions choifir  un  plus  fiirgjide  que  M.  Fiquet,qui 
a  trai:é  dans  le  plus  grand  détail ,  diaprés  fon  ex- 
périence &  fes  connoiffances  très-étendues ,  Vart  du 
Mouleur  en  pUtre, 

Qu  il  nous  Toit  donc  permis ,  ne  pouvant  mieux 
faire  ,  de  fuivre  fa  marche  ,  d'expofer  la  doôrine 
du  maître  avec  fes  propres  expreffions ,  &  d'in- 
t  iquer  fes  procédés  ,  qui  font  ceux  dcl'art  &  d'une 
pratique  raifonnée. 

Avant  d*entrer  dans  aucun  détail ,  jetons  uncoup- 
d'œil  rapide  ,  dit  M.  Fiquet ,  fur  Thiftoirc  de  Tart 
du  mouleur  en  plâtre ,  &  tâchons  de  démêler  ce 
qu'il  a  été  chez  les  anciens.  Nous  fuivrons  ses  pro- 
grès chez  les  modernes  ,  &  nous  finirons  par  exa- 
miner quelle  eft  fon  utilité  gdnérale ,  &  quels  fecours 
lc3  artiftes  &  les  amateurs  en  peuvent  tirer. 

Te; us  les  commencemens  des  arts  font  obfcurs  : 
on  n^  peut  former  que  des  conjeôures  fur  k  ma- 
nière d'opérer  des  anciens.  Quelques  paffages  de 
Moyfe  ,  de  Pline ,  de  Viiruve  ,  ne  nous  ont  pas 
hx'iûc  abfoîument  fans  lumières;  mais  il  eft  impof- 
fiblc  d  en  former  un  fyftême  d'opérations  fuivi  ;  on 
ne  inarche  qu'à  travers  des  ténèbres. 

Tout  ce  que  Ton  peut  recueillir  de  quelques 
trnits  épars  dans  leurs  ouvrages,  fe  réduit  à  très- 
peu  de  chofe  ;  &  les  monumens  de  ce  genre ,  de- 
venus fi  rares  ,  ou  prcfqu'abfolument  détruits ,  ne 
I  cuvent  fuppléer  au  filence  des  hiftoriens. 

Il  paroit  que  la  méthode  la  plus  communément 
fuivie  parmi  les  anciens,  &  particulièrement  pour 
les  grands  ouvrages ,  étoit  de  fondre  en  lames  de 
divcrfes  épaiffeurs  les  métaux  dont  ils  vouloient 
faire  leurs  ftatues  ;  ils  raffembloient  enfuite  ces 
platines  ou  pièces  différentes  fur  une  armature  de 
for  ,  les  rapprochoient  au  marteau  &  leur  don- 
noient  les  formes  défirées. 

C'cll  ainfi  que  paroiffent  avoir  été  conftruits  le 
coloffe  de  Rhodes,  la  ftatue  coloflale  de  Néron  , 
&c.  monumens  dont  la  grandeur  nous  étonne , 
m«is  dont  le  merveilleux  difparoit  dès  qu'on  s'eii 
formé  une  i  :ée  de  la  mécanique  qui  les  a  élevés. 

Tantôt  ils  fs  fervoient  d'une  efpèce  de  pierre , 
dans  laquelle  ils  avoient  reconnu  la  propriété  de 
réfifter  à  la  violence  du  feu  ;  ils  la  creufoient  & 
en  faifoient  un  moule  groffier  ,  dans  lequel  ils 
couloient  la  matière.  Ils  n'en  retiroient,  à  la  vé- 
rité ,  que  des  figures  m^fTives,  &  qui  le  plus  fou- 
vent  ne  prêfentoient  que  des  formes  à  peine 
él::.'ichc:s  ;  mais  on  11*;  pcrfeftionnoit  au  cifeau. 

U'j',1  qui  fois  même  on  conçoit  des  métaux  fans 
forme  >  on  en  falloit  un  bloc  dans  lequçl ,  à  force 


de  travail  &  de  patience ,  on  parvenolt  à  tiUlcr 
une  fia  tue  comme  on  travaille  le  marbre. 

Lorfque  l'art  fut  perfeâionnc ,  l'on  fc  fervît  de 
modèles ,  qui  n'étoient  cependant  point  deffinès  à 
Tufage  que  nous  en  faifons  aujourd'hui. 

Ces  modèles  fe  faifoient  de  terre  préparée  ;  on 
en  enlevoit  par-tout  une  épaiffeur  égale  à  celle 
qu'on  vouloit  donner  à  la  matière  qu'on  dévote 
couler ,  de  forte  que  le  modèle  devenoit  propre^ 
ment  ce  que  nous  appelons  noyau. 

On  faifoit  recuire  ce  noyau ,  on  le  couvroit  de 
cire  ;  Tartifte  terminoit  ces  cires  ,  &  c'étoit  fur 
ces  cires  terminées  que  fe  faifoit  le  moule  dejpo- 
tée  ;  enfuite  l'ouvrage  s'achevoit  comme  chez 
les  modernes. 

Cependant  il  y  a  lieu  de  croire  que  les  anciens 
n'ont  coulé  de  cette  manière  que  des  morceaux 
d'une  grandeur  médiocre  :  telles  font  les  oies  da 
Capitoîe ,  qui  fubfiftent  encore. 

Ils  couloient  ,  fuivant  la  même  méthode  >  les 
différentes  parties  de  la  figure  par  morceaux  fépa- 
rés  qu'ils  raffembloient  enfuite  avec  art. 

La  ftatue  de  Marc-Aurèle ,  feul  monument  de 
ce  genre  un  peu  confid  érable  qui  nous  foie  reftê 
de  la  main  des  anciens  ,  paroit  avoir  été  coulée 
en  deux  parties, la  figure  oc  le  cheval  féparément. 

On  ignoroit  encore ,  il  y  a  moins  d'un  fiècle  » 
l'art  de  fondre  un  grand  morceau  d'un  feul  jet« 

Il  paroit  donc  conftant  que  les  anciens  ont  ab- 
foîument ignoré  l'irfage  du  plâtre  liquide  :  ils  s'en 
font  fervi  comme  du  marbre  &  de  la  pierre  pour 
travailler  au  cifeau  ,  ou  pour  faire  des  modèles  , 
mais  jamais  pour  prendre  des  empreintes ,  faire 
des  creux  fur  les  reliefs  &  reproduire  des  origi- 
naux. 

On  s'eft  quelquefois  fervi  de  la  cire  à  peu-près 
pour  le  même  objet. 

Le  frère  du  célèbre  Lyfippc  fit  des  figures  en 
moulant  le  vifage  des  perfonnes  avec  de  la  cire 
qu'il  peignoir  enfuite  :  travail  peu  eftimè  fans- 
doute  ;  car  il  y  a  une  grande  différence  entre  l'ou- 
vrage fait  avec  Tébauchoir  &  celui  qui  fe  jette 
en  nioule  :  l'un  eft  le  fruit  du  génie ,  l'autre  d'une 
manoeuvre  purement  mécanique. 

Le  premier  artifte  eft  créateur  ,  &  le  fécond 
copifle  fervile  ;  dans  quelques  cas  cependant  on 
eft  forcé  d'employer  cette  méthode ,  mais  on  ne 
doit  jamais  fe  la  permettre  pour  fc  difpenfer  d'é- 
tudier la  nature. 

L'art  de  mouler  en  plâtre,  qui  multiplie  les 
chef- d  œuvres  de  la  fculpture  ,  commença  à  nai- 
trc  entre  les  mains  de  Vcrrochio ,  Sculpteur  ha- 
bile 


^ 
^ 
I 


MOU 

bile  âistim  qne  peintre  céîébcc  »  il  ne  moiiîa  Iç 
premier  avec  (du  plâtre  le  vifage  de  pcrfonnes 
mortes  ou  viv;ïntcs,  que  pour  fixer  des  traris  qui 
s'échappent ,  choifir  les  formes  les  plus  heureufts  , 
embelUr  Si  copier  plus  îurcmcni  la  na^ture. 

Cette  découverte  s'applique  bientôt  à  J'art  lui- 
mènc;  on  connoh  le  prix  des  chef-irœuvres  de 
1  antiquité  t  on  déterre  les  ruines  précieufes,  on 
èmdie  ces  modèles.  Le  Ro (To  ,  Je  Primatice,  pa- 
roiircnt ;  ils  rcffiifcitent,  pour  ainfi  dire,  ces  mor- 
ce«m  juiqu'alors  cnfeveus  ;  ils  moulent  quanricé 
de  îlatues,  de  buftes,de  ba^-relivfs  antiques,  ^^c. 
Nos  riche/Tes  fe  muUipUcnt ,  fit  chicun  jouit  de 
copies  préeteufes  St  fi  Jclks  ,  dont  les  origi- 
naoït  ne  peuvent  Ce  déplacer. 

Alors  François  i*' ,  juftc  appréciateur  des  ta- 
Icas  ^  atrîrc  en  France  les  attiiles  célèbres.  Il«  y 
viennent  chargés  de  leurs  trcfor<*  Fontainebleau  l 
j'cmbelîit  de  Tlatucs  jetées  en  bronze.  Les  Gou- 
jcon,  ïcs  Pilenr  étudient  l'art  devenu  pour  eux 
une  féconde  nature  plus  (ùre  que  la  première  ;  leur 
jt^mt  fe  développe,  leur  génie  s'enflamme,  &  la  ^ 
France  Ce  glonne  de  produire  des  artiftes. 

Telle  cA  fur  les  bords  de  la  Seine  la  marche 
ëc  cette  révoUïtion  rapide ,  psndam  qu'on  èlcve 
t  Florence,  au  père  de  la  patrie  &  des  ans  ,  Cô- 
mt  de  MéJîcts ,  une  ftatue  éqneflre  dont  la  figure 
&  le  cheval  font  coulés  féparcnient. 

En  France  ,  tous  les  arts  fe  replongent  dans  les 
t&nébres  fous  les  fucceffeurs  de  Henri  IL  Scus 
Louis  XIII  enfin  ,  ou  plu^t  fous  Richelieu ,  ils 
recommencèrent  i  paroître. 

On  place  fur  un  pont  magnifique  la  flatuc  d»i 
pl«s  adoré  des  roi^.  Cet  ouvrage  n'ed  pas  en  en- 
na  de  la  main  d*un  François.  Un  élève  de  Mi- 
chel-Ange a  fondu  la  figure  du  cheval  à  Florence  j 
6i  Oupré  a  luité  avec  fucces  contre  Jean  de 
Bologne,  fon  m;Ȕrre  ,  dans  celle  dti  h'^ro*. 

La  ftatueèqueftre  de  Louis  XÎIÏ  s'ex^ccte  dans 
le  même  rems  On  voit  encnrc  un  It^lrcn,  Riccîa- 
rclli,  s'immorta^fer  parla  fiB;ure  du  cheval  ^  qui  tû 
un  chef-d'oeuvre,  tandis  que  rcle  du  monarque  , 
coulée  féparément  par  un  François,  fait  regretter 
qu'elle  ne  foît  pas  du  même  artitie* 

Enfin  foui  le  règne  de  Louî^  XIV ,  oîi  tottt  eft 
perieâionné,  Keller  s'aiTocie  à  la  gloire  de  Girar- 
doo  ;  &  de  leurs  talens  réunts  naît  le  plus  grand  Se 
le  plus  fuperbc  ouvrage  de  ce  genre,  la  ffame  de 
U  place  Vendôme  fondue  d'un  Ccu\  jet. 

C'oft  là  le  plus  haut  période  de  Tart.  Il  n'y  a  rien 
de  mieux  à  faire  en  pireilcas,  que  d'étudier  8i  de 
répéter  les  procédés  qu'on  a  fuivis  alors.  AuiTi  n  i- 
gnore«r-on  pas  que  ,  cinquante  ans  -prés,  lorfqu'on 
a  voulu  exécuter  la  ftatiie  de  Louis  XV  m  Bordeaux , 
la  pratique  en  étoit  prefqu'oubliéc ,  &  que  fans  les 
mémoires  de  BofFrand  ,  l'art  de  fondre  d'un  feul  jet 
une  ftatueéqueftre  ,  eut  peut-être  été  trouvé  &  per- 
du dans  refpacc  de  deux  fiécles» 

Quant   aux  avantages  qu'on   retire  de  la   mé- 
iliode  de  mouler^  ils  font  fcnfible«.On  a  dêji  vu  que 
Âni  &  Mùieri,     lamw  K     Pa/tU  L 


c'eft  à  cette  heureufe  découverte  qisc  nous  fomitiei 
en  partie  redevables  de  hrenaiitance  de  l'art.  Les 
anttqucs  moulées  par  le  RoffoÔcle  Primiticc  ,  ont 
jeté  parmi  nous  l<ss  femences  du  bon  gotu. 

Lcs  bons  modèles  ainfi  répandus  ,  Us  connoif- 
fances  mulàpîiées ,  b  nature  enfin  étudiée  ,  les  h- 
neiTes  de  l'art  mieux  faifies  ^ont  enfanté  des  aniltes. 

Louis  XIV  avoit  bien  fentî  Tutitité  de  cette  mé- 
thode ,  quand  il  fit  mouler  à  grands  frais  à  Rome  les 
antiques  &  toute  la  colonne  Trajane  ,  qui  fut  ap- 
portée par  pièces  au  Louvre ,  où  l'on  en  voir  encore 
quelques  débris  dans  la  fallc  d.:s  antiques.  Ces  ob- 
jets de  curiofité  &  d'inflru^ion  ont  été  détruits  par 
le  tems ,  qui  réduit  le  plâtre  en  falpêtre. 

Dans  !e  même  lîeu  font  les  creux  des  figures  an- 
tiques ,  ou  du  moins  ce  qui  s'en  eô  confervé^  mal- 
gré les  ra\'3pes  du  tems ,  &  peut-être  le  défaut  des 
loins  néceflaires. 

Qu'il  nous  foii  permis  de  formîf  un  voett,  «  ds 
fouhaiter  qu'il  parvienne  jufqu'au  citoyen  înilruit 
&  connoîfTtfur ,  qui  cher  nous  préfide  aux  arts  ;  c  eft 
de  voir  renouveler  fur  les  originaux  ces  moules  fi 
utiles  au  maintien  des  arts  en  France,  &  mainte- 
nant détruits  ou  dépareillés ,  &  d'en  multiplier  les 
plâtres.  ^      ^ 

Sans  parler  de  la  colonne  Trajane  ,  dont  il  n  ap- 
partient qu'à  desfouverains  d'avoir  des  copies ,  & 
que  l'impératrice  de  RufTie  vient  de  faire  mouler 
de  nos  jours  ,  combien  de  morceaux  précieux ,  dont 
les  amateurs  ne  font  redevables  quM  l'.-irtde  mouler! 

Si  îa  France  jouit  de  THercule  F.irnèfe  ,  du  LaO- 
coon  .  du  Gladiateur  ,  de  la  Vénus  de  Médicis  ;  Ci 
l'Amour  de  M  Bouchardon  ,  le  Mercure  de  M.  Pi- 
galle  ,  la  Vénu^  de  M.  Couf^ou ,  font  les  délices  des 
connoiiîeurs  :  (car  pourquoi  refuferions-n^us  à  nos 
artiftes  célèbres  l.'i  éloges  que  leur  prodiguera  la 
poflérit^  reconnoilTante?  J  enfin  ,  fi  nos  jardins  n*if 
veûibules  ,  n®s  c^ïbinets  font  ornés  de  ces  chef- 
d'œuvres  ,  nous  ne  les  devons  qu'à  cette  méthode 
ingénieufc  qui  f^it  les  multiplier.  Grâces  à  fes foins , 
celui  qui  ac^ère  n'eft  point  le  poiTc^lTeur  cxclufifd'un 
tréfor  dont  il  connoît  rarement  tout  le  prix- 

Side  ces  avantages  généraux,  nous  examinons 
en  détail  ceux  que  les  aniiles  en  nr'nt  journellement 
pour  leurs  travaux ,  nous  verrons  coThirn  cette 
mhbode  a  fervi  aux  progré;  de  Tart*  Un  Homme 
utile  à  la  patrse  vient  d  expirer,  on  veut  faîfir &  pci»- 
pétuer  de*  tr  its  chéris  que  la  mort  va  détruire  ;  on 
fe  hâte  de  le  mouler  :  alors  ce  mafque  donne  à  l'ar- 
tiile  le  profil  &  les  formas  principales  qui  font  la  ref- 
femblance.  Il  ne  le  difpenfe  pas  de  copier  la  nature  * 
mais  il  lut  tient  lieu  de  ce  modèle  qu'il  doit  avoir 
fous  les  yeux  pour  la  faifir  plus  fùrement. 

D'ailleurs,  quand  un  artift.:  a  fait  ion  modèle  en 
terre  molle,  qu'il  l'a  animé  du  feu  de  fon  génie  ; 
s'il  veut  travailler  le  marbre  d'après  le  modelé  ,  il 
faut  en  fixer  les  formes ,  qui  devicndroient  m3ii;res 
&  arides  en  fcchant,  &  les  conferver  fans  ahirair 
tion.  L'imitation  feroit  impoffibk  fans  le  fccoursdu 
ftiouleuii 


250 


MOU 


On  couk  le  modèle  en  plâtre  ;  c*eft  d'après  ce 
plâtre,  devenu  levrai  modèle  ,  qu'on  travaille  le 
marbre ,  à  moins  cependant  que  le  fculpteur  nefaf- 
fe  Ton  modèle  en  {Jâtre  à  la  main ,  opération  qui 
refroidit  le  génie  ;  &  dans  ce  cas  même,  il  eft  fou- 
vent  obligé  d*en  faire  mouler  des  parties  pour  faci- 
liter fon  exécution. 

Quand  enfin  l'on  veut  ?voir  de  bons  modè- 
les, foit  d'après  nature,  foit  d'après  les  monu- 
mens  ,  on  fait  mouler  des  parties  féparécs,  un 
bras,  une  jambe,  une  ma?n  ,  un  bufle,  &c.  Ce 
font  des  études  toujours  fùres ,  qu  on  multiplie 
à  fcn  gré  ;  c'cft  le  moyen  de  faire  un  beau 
choix. 

C'eft  ainfi  que  l'art  eft  parvenu  à  réunir  tous 
les  traits ,  toutes  les  proportions  qui  conflituent 
eiTentiellement  la  beauté  parfaite ,  mais  que  la 
nature,  plus  inégale,  n'a  peut- être  jamais  raflem- 
blées  dans  le  même  individu. 

Il  eft  vrai  que  Tart  de  mouler ,  fur-tout  pour 
les  ouvrages  de  conféquence  ,  demande  une  in- 
telligence qu*on  ne  trouve  pas  toujours  dans  ceux 
Î[ui  l'exercent  :  de-là  cette  foule  de  morceaux 
aits  à  la  hâte  &  fans  foin ,  qu'on  rencontre  par- 
tout ;  copies  infidelles  &  difformes  ,  où  Toeil 
même  de  TaniAe  a  peine  à  reconnoitre  fon 
ouvrage. 

Les  fculpteurs  jaloux  de  leur  réputadon,  favent 
bien  faire  un  choix  ;  pour  les  autres  qui  ne  veu- 
lent que  multiplier  des  plâtres  bons  ou  mauvais , 
il  importe  peu  de  quelle  main  ils  fe  fervent. 

Après  avoir  expofë  la  naiflance ,  les  progrès  &  Tu- 
tilité  d'un  travail  jufqu'ici  peu  connu ,  il  ne  reAe 
plus  qu'à  dire  un  mot  de  Tordre  obfervé  dans  ce 
traité.  On  a  commencé  par  donner  une  idée  des  dif 
férentes  matières  relatives  au  moulage;  on  a  in- 
diqué les  inftrumens  néce/Taîres  pour  opérer  ;  on 
eft  entré  dans  le  détail  de  Tcxécution ,  en  obfer- 
vant  de  mettre  par  àégrés  fous  les  yeux  du  lec- 
teur, d'abord  les  opérations  les  plus  faciles  ou 
d'un  plus  commun  ufage ,  enfuite  les  plus  diffi- 
ciles. 

Des  différentes  matières  relatives  au  moulage. 

Il  eft  néceflaire  que  Tartifie  fâche  choifir  &  pré- 
parer par  lui-même  ces  différentes  matières.  Leur 
bon  choix  &  leur  préparation  peuvent  contribuer 
beaucoup  à  la  perfeoion  de  fon  ouvrage. 

Du  Plâtre. 

Le  meilleur  plâtre  eft  celui  qui  devient  le  plus 
dur  après  qu'il  eft  détrempé  avec  de  l'eau ,  ou  , 
pour  parler  plus  communément ,  lorfqu*il  eft  gâ- 
ché. 

Celui  des  carrières  de  Pantin  eft  moins  fufcepti- 
ble  d'efforts  &  de  pouflière  ;  mais  il  a  le  défaut 
de  fe  relâcher ,  étant  feuvent  trop  cuit  ou  brûlé. 
Pour  éviter  cet  inconvénient ,  il  faut  choifir  les 
pierres  cuites  à  propos ,  ce  qu'on  connoit  en  les  caf- 
fant  »  lorfqu'il  n'y  a  pas  de  noyau  dedans ,  & 


MOU 

même  en  gâchant  le  plâtre ,  s'il  eft  gras  &  s^atti* 
che  aux  doigts. 

Afin  qu'il  foit  exempt  de  tous  ces  défauts*  il  eft 
à  propos  de  le  faire  cuire  foi- même  dans  un  four 
de  boulanger  ,  après  avoir  caffé  la  pierre  en  mor- 
ceaux de  la  grofleur  d'un  œuf. 

Le  choix  de  la  pierre  dans  la  carrière  eft  auflt 
eiTentiel   il  y  a  des  bancs  préférables  les  uns  aux   ' 
autres  :  les  lits  tendres  font  meilleurs  que  les  lits 
durs  ;  cette  pierre  étant  bien  cuite  ne  fc  gonfle  pas , 
&  refle  telle  qu'elle  a  été  employée. 

On  ne  fauroit  trop  prendre  de  foins  pour  cette 
préparation  »  car  c'elt  de-là  aue  dépend  la  réufllîte 
'  de  l'ouvrage  ,   fur-tout  loriqu'on  doit  mouler  fur 
des  figures  de  marbre. 

Pour  bien  préparer  le  plâtre ,  il  faut  le  battre 
dans  un  mortier  ,  ou  le  broyer  le  plus  fin  qu'il  eft 
poflible  ;  cette  féconde  manière  eft  la  meilleure  » 
en  ce  qu'elle  rend  le  plâtre  plus  gras. 

Lorfqu'il  efl  fiiffifamment  broyé ,  on  le  t>affe  au 
tamis  de  crin  &  enfuite  à  celui  de  foie  :  (  on  dit 
fouvent  pafTé  au  pas  de  crin  ,  ou  au  pas  de  foie  ) 
ce  qui  relie  dans  ces  tamis  s'appelle  mouchetée. 

On  le  rebat  &  le  conferve  ians  être  paffè ,  pour 
faire  des  chapes ,  ou  de  fortes  pièces. 

On  obfervera  en  général  de  conferver  le  plâ- 
tre dans  des  caifTes  ou  tonneaux ,  pour  le  garan- 
tir de  l'humidité  qui  le  perd  entièrement ,  en  lui 
ôtant  fa  première  qualité  de  devenir  dur  en  fè- 
chant. 

Si  vous  défircz  qu'il  foit  bien  blanc,  vous  le 
gratterez  avant  de  le  broyer  dans  le  mortier ,  fur-  . 
tout  celui  qu'on  a.hète  aux  carrières  tout  cuit  , 
comme  le  piâtre  pour  la  bâtiffe.  On  le  vend  à  Pa- 
ris environ  fix  fols  lefac  ;  mais  cuit  au  four  du 
boulanger ,  il  vaut  depuis  vingt  jufqu'à  trente  fols. 

Du  talc  ou  gypse  criftallifé. 

On  fe  fert  aufti  de  talc  pour  couler  de  petites 
figures ,  ou  autres  pièces  délicates  ;  c'eft  un  gypse 
fin  &  criftallifé  qui  fe  trouve  dans  les  carrières  de 
plâtre  :  il  eft  diaphan^ ,  d'un  blanc  verdâtre. 

On  doit,  avant  de  le  faire  cuire ,  le  divifer  par 
feuillets  d'une  ligne  ou  deux  d'épaiiteur ,  &  le  met- 
tre au  feur  comme  le  plâtre.  Il  fe  prépare  de 
même  ;  mais  comme  il  prend  plus  vite ,  il  fayt  le 
gâcher  fort  clair. 

On  ne  fe  fert  pas  ordinairement  de  cette  matière 
pour  faire  des  creux ,  parce  qu'elle  n'a  pas  afle» 
de  confiftance  ,  à  moins  qu'on  n'y  mêle  pirtie 
égale  de  plâtre  commun. 

On  emploie  le  talc  pour  couler  des  figures  de 
bas-relief,  des  médailles  ou  autres  chofes  prèûeu* 
fcs  qui  doivent  être  parfaitement  blanches. 

De  la  terre  à  modeler. 

Cette  terre  fe  trouve  chez  les  potiers  de  ttrrc  l 
qui  la  préparent.  Elle  fe  vend  communément  dix 
fols  le  pain  pefant  depuis  cinquante  jufqu'à  foixante 
livres. 


MOU 

)n  fe  fcrt  de  cette  terre  pour  eftamper  8c  pour 
faire  de$  portées  amour  des  moules,  ainfiqucdes 
cpij^cufi  pour  la  fonte  des  plombs  ;c'cft  avec  cette 
icrre  que  le  fculpteur  fait  fon  modèle  :  fouvent 
1^  îe  hh  en  plâtre  k  la  main  »  fur- tout   dins  les 

sds  ouvrages. 

De  la  cire, 

L*.îfige  de  la  cire  efl  très-fréquent  dans  Topè- 
nâon  dj  miulage  :  tout  ce  que  Von  doit  fondre 
en  bronrc  cft  coulé  en  cire  avant  que  le  fondeur 
fifle  fon  moule  de  fable  ou  de  potée. 

Voici  comme  elle  fe  préparer  fur  une  livre  de 
cire  neuve  on  met  un  quarteron  de  fuif  $c  une  de- 
ni-îivre  de  poix  de  Bourgogne  blanche  i  Ton  fait 
tondre  le  tout  cnfemble  ,  en  obfervant  de  ne  pas  la 
biiTer  bouillir. 

Cett^  cire  devient  liante  ;  elle  fert  à  faire  des 
èpttOeurs  pour  les  bronzes ,  à  réparer  des  pièces 
perdues  ou  cafTées  dans  les  moules,  6i  même  à 
farcir  les  creux  ;  mats  dans  ce  dernier  cas,  il  fjut 
%ut  la  cire  ne  foit  altérée  par  aucun  mélange. 

La  compoitfiondu  martic  fe  fait  de  pïufietîrs  m,v 
riiércs  :  prenez  une  livr^:  de  eue ,  une  livre  de  poix- 
rèfine  y  un  quarteron  de  foufre  en  poudre,  Ai  fai- 
tes fondre  le  tout  dans  un  val. Têtu  de  terre  ou  de 
cairre  ùir  un  feu  mé  :iocre ,  en  obfervant  de  ne 
pu  le  laiffer  bouillir,  Lorfque  (out  eft  fondu ,  vous 
y  )dtgnez  de  b  poudre  de  marbre  ou  de  brique  paf- 
féeau  tajnis  de  foie  ,  en  remuant  le  tout  avecune 
fpttttlc  de  bois.  On  ne  peut  déterminer  au  jiille  la 
dofc  decefte  poulfière  ;  c'eft  ordinairement  cinq 
oalîi  poignées  pour  la  quanmc  de  cire  donnée  ci* 
defftis* 

l/nfquele  maAic  e{l  froid,  il  eft  facile  de  voir 
s'il  eft  trop  dur  ou  trop  mol  :  dans  le  premier  cas  ^  on 
y  dioute  un  peu  de  cire  ;  dans  le  fécond  on  y  met 
no  D€u  de  poudre  de  marbre. 

On  peut  faire  ce  mî:m<i  maftic  en  fubâimtnt  du 
plâtre  dn  au  marbre  ou   à  h  brique. 

Ce  miftic  ferc  pour  mouler  fur  le i  marbres,  fur 
les  terres  ciiites  ,  &  aufres  morceaux  de  fculpture 
dont  la  matière  iA  plus  caCinte, 

Lorfque  l'on  vtut  s*en  fer vir ,  on  le  fait  fondre 
au  bain-marie  ,  afin  qu'il  ne  brûle  pas  au  fond  du 
vafe. 

On  emploie  aufli  un  autre  mafttc  pour  rejoindre 
les  modèles  en  terre  cuite,  qui  fe  caffent  dans  le 
four  par  Taâton  du  feu  ,  ou  pour  rejoindre  les  cou- 
pes ^ue  Ton  eft  obligé  défaire  fur  cette  terre. 

Les  marbriers  appellent  cette  compofition  maf- 
m  ^rss  :  il  eft  compofé  de  cire  &  de  poix-réfine 
en  égale  quantité  ;  obfervez  de  chauffer  les  deux 
pantes  que  Ton  veut  rejoindre. 

1]  y  1  une  troiftémeefpèce  de  maftic  ,  dont  on 
fe  fert  plus  parti culiè rement  pour  le  marbre  ;  il  eft 
pfus  long  à  dut cir ,  &  tient  plus  fortement  que  l'au- 
tre :  U  en  coinpofé  de  fromage  blanc  |  nommé  vul- 


MOU 


251 


gaîrement  à  la  pk  ,  &  d'égale  portion  de  chaux 
vive,  que  Ton  mêle  cnfemble  en  les  broyint  fur 
un  morceau  de  marbre  ou  pierre  de  liais. 

On  emploie  aufTi  au  même  ufage  de  Taîun  de 
Rome,  qui  punitmoins  que  toute  autre  m iri ère; 
il  faut  faire  chiuffwr  les  parties  que  Ton  veut  re- 
joindre ,  fins  toutefois  les  brûler  ;  le  marbre  alors 
change  de  couleur ,  &  la  jonftion  paroi  t. 

Des  huiles  &  de  leurs  prcpanadons. 

On  fe  fcrt  ordinairement  d'huile  d  œillet ,  pour 
enduire  l»;s  creux  dans  lefquelson  veut  couler  du 
plâtre  :  fi  le  creux  eft  durci ,  on  emploie  Thuile  telle 
qu'elle  eft  r  fi  le  creux  eft  tout  frais  ,  on  fait  fon- 
dre dans  Thuile  un  peu  de  fuif  ou  de  fain-doux,  ou 
bien  l'on  fait  diftbudrc  du  fa  von  blanc  dans  Teau 
ch;îude  ;  &  lorfque  le  favon  eft  entièrement  di^Tous  , 
Ton  y  ajoute  de  l'huile  d'oeillet  dans  la  proportion  de 
la  moitié  du  favon  employé  :  le  tout  tait  une  huile 
très-bonne  pour  les  creux  ,  qui  font  fecs  fans  être 
durcis. 

L'huile  grafle  eft  une  huile  cuite  ,  dont  on  fe  fert 
pour  durcir  les  creux  &  même  le»  figures  de  plâtre 
que  Ton  veut  mouler,  ou  qui  font  expofées  à  l'air  ; 
cette  huile  doit  être  de  lin,  parce  qu'elle  eft  plus 
deftîcative. 

Voici  la  manière  de  la  faire  cuire  :  mettez  une 
livre  d*htrtle  de  lin  dans  un  vaiftea»  de  terre  ;  joi- 
gne^-y  un  demi-quarteron  de  cire  neuve;  puis  pre* 
nez  un  quarteron  de  Utharge  ,  que  vous  cnvelop- 
perei  dans  un  Ungc  fît  fufpendrez  au  milieu  de  vo- 
tre huile,  enforte  que  le  nouei  y  trempe  entière- 
ment ;  ùites  cuire  cette  huile  à  petit  feu  pendant 
cinq  ou  {tx  heures  r  elle  s'emploie  chaude. 

Huile  de  Rome, 

On  appelle  huile  de  Rome,  la  terre  à  modeler 
que  l'on  a  détrempée  avec  de  Teau  en  la  battant 
avec  la  fpatule.  Ce  mélange  forme  une  huile  qui 
n'eft  pas  bien  rare  ,  mais  qui  a  cependant  fon  uti- 
lité ;  on  s*en  ferc  pour  enduire  les  groiTes  pièces 
d'un  moule  que  Ton  doit  caiïer,  &  pour  les  autres 
ouvrages  de  peu  d'importance. 

Eau  de  favon. 

L'on  fe  fert  auflî  d'eau  de  favon  blanc  pour  mou- 
ler furie  marbre,  &  pour  enduire  des  creux  que 
Ton  coule  tout  frais  ;  on  fait  chauffer  de  Teau  de  ri- 
vière ,  dans  laquelle  on  jette  des  morceaux  de  ti- 
son que  Ton  remue  enfuite  :  on  peut  faire  cette  eau 
aufll  épaiffe  que  Ton  veut ,  en  y  mettant  plus  ou 
moins  de  favon  ou  d'eau* 

Des  injîmmcns. 

Quand  on  a  les  matières  toutes  prêtes  ,  il  faut  fe 

pourvoir  des  outils  néceffaires. 

Ils  confiftent  en  fpatules  de  différentes  grandeurs ,' 
de  cuivre  ou  de  fer  ,  avec  un  manche  de  bois  ;  ea 
jattes  de  bois  ou  de  faïence  ;  ces  dernières  font  plus 
commodes ,  le  plâtre  ne  s'y  attache  pas  ;  fi  Ton  fc 


2^2 


MOU 


fert  de  celles  de  boîs ,  il  faut ,  lorfqu' elles  font  ncu 
ves ,  les  imbiber  d'huile  ou  de  cire» 

On  fe  procurera  cnfuite  des  couteaux  fort  aigus  , 
fort  minces  &  bien  affilés ,  des  pinceaux  &  desbrof- 
fes  à  longs  poils ,  pour  appliquer  le  plâtre  détrempé 
clair  fur  la  portion  du  modèle  où  vous  voulez 
faire  une  pièce,  ou  pour  enduire  les  crtux  avant 
que  d'y  couler  le  plâtre  ;  des  pinces  de  fer  terminées 
en  pointes ,  pour  retirer  les  petites  pièces ,  dans  le  cas 
où  elles  ne  peuvent  fe  dépouiller ,  &  pour  faire  les 
annelets  de  fil  d'archal  ;  des  ripes  de  fer  à  dents  pour 
gratter  ou  ruftiquer  la  cire ,  afin  que  les  épaid'eurs 
de  cire  puiffer.t  s'attacher  enfemble  ;  des  ébauche irs 
de  buis  ou  de  cuivre. 

On  Ce  fert  aulfi  de  petites  zgrafFes  de  fil  de  fer  , 
Bommées  annelets  ^  &  qui  fe  mertcnt  dans  les  piè- 
ces que  Ton  doit  retirer  :  la  forme  des  annelets  efl 
à  peu-près  femblable  à  ce  qu'on  appelle  la  porte 
d'une  a^ajfe. 

Il  Faut  de  plus  un  fermoir ,  ou  cifeau  à  manche  de 
bois  ,  des  grartoirs  pour  unir  les  pièces  de  plâtre. 

Il  y  a  plufieurs  autres  outils  dont  la  forme  eft  ar- 
bitraire ;  car  chaque  opération  oblige  le  mouleur  à 
chercher  des  moyens  &  des  outils  propres  à  fon 
objet  particulier, 

Manure  (Teftamper. 

Une  des  opérations  les  moins  difficiles  du  mou- 
leur ,  ma'^s  qui  demande  beaucoup  de  foins ,  eft  la 
manière  u'cilamptr, 

Lorfqueles  artifles  ont  befoin  dé  différentes  par- 
ties des  figures  qui  compofent  les  monumens  pu- 
blics ,  comme  d'une  tête,  d^une  main ,  tk  qu'ils  ne 
veulent  pas  faire  la  dépenfe  d'un  bon  creux ,  alors 
on  eft  obligé  d'eftamper,  c'eftà-dire,  de  prendre 
les  formes  avec  de  la  terre  molle  fur  toutes  fortes 
de  reliefe  ,  marbre,  bronze  ou  bois ,  &c.  excepté  fur 
la  terre  moHe  ,  par  la  raifon  que  cette  même  terre 
fert  à  faire  l'opération. 

S'il  s'agit,  par  exemple ,  d'une  tête  de  marbre  , 
vous  commencerez  ainfi:  renfermez  dans  un  ligne 
un  peu  de  cendre,  pour  faire  uneponce  que  vous 
frapperez  contre  ladite  tête  ;  il  fortira  de  ce  linge  une 
poudre  qui  couvrira  le  marbre  &  empêchera  la  terre 
de  s'y  attacher  ;  prenez  enfuite  de  cette  terre ,  (la 
plus  ferme  eft  la  meilleure  )  &  faites-en  des  pièces 
en  la  pouflant  contre  l'ouvraee ,  en  commerçant 
toujours  par  les  endroits  les  dIus  creux. 

Vous  obfervcrez  foigneulement  de  ne  couvrir 
les  parties  les  plus  faillantes  que  les  dernières. 

Chaque  pièce  que  v^us  avez  pouffée  dans  les 
fonds  doit  fe  retirer ,  afin  de  la  pouvoir  couper  &  la 
remettre  enfuite  à  fa  place;  il  faut  jeter  deifus  cha- 
que pièce  un  peu  de  plâtre  fin  en  poudre ,  ou  les 
huiler,  afin  que  les  autres  que  vous  placerez  à  côté , 
ne  s'y  attachent  point  :  tout  éunt  ainfi  couvert, 
TOUS  faites  une  chape  de  plâtre  fur  toutes  vos  piè- 
ces que  vous  huilez  auparavant ,  &  lorfijue  le  plâ- 
tre eft  bien  pris ,  vous  les  retirez. 

S'il  rdledes  pièces  de  terre  ftctachées  à  la  tëtc  « 


MOU 

vous  les  retirerez  avec  foin  pour  les  remettre  dam 
les  creux. 

Verfez  enfuite  du  plâtre  clair  dans  le  creux; 
Lorfqu'ii  f l'-a  pris,  vous  dépouillerez cmièremciit 
toute  la  terre ,  &  vous  aurez  un  plâtre  qui  reffcin- 
blera  parfaitement  au  marbre,  fi  tout  a  été  parfai- 
tement bien  eftampé. 

L'opération  étant  faite ,  il  faut  nettoyer  le  mar- 
bre avec  de  l'eau  &  une  éponge. 

On  fc  fert  quelquefois  de  maflic  &de  cire  molle 
pour  eflamper  de  petits  objets  ,  comaie  mé- 
dailles,  &c.  ^  .  X  n- 
On  peut  efl'ayer  pour  cet  ufage  une  pâte  qui  reiiuit 
a/Tez  bien  :  voici  la  compofition.  Prenez  une  livre 
de  cire  neuve  ,  une  demi-livre  dhuile  d'olive^  une 
livre  de  poudre  à  poudrer  ou  de  la  belle  farine. 

Lorfqui  la  cire  efl  fondue ,  vous  verfez  l'huile  , 


que  le  p 

ni  trop  ferme, 


Creux  perdu. 


On  appelle  creux  perdu,  celui  duquel  on  ne  peut 
retirer  qu'un  plâtre. 

Ilurrive  quelquefois  que  ,  paur  éviter  la  dépen- 
fe, on  moule-ce  creux  perdu  :  il  faut  alors  plus  de. 
précautions ,  attendu  que  le  creux  &  le  modèle  font 
également  perdus ,  fi  celui  qui  fait  cet  ouvrage  n'ap- 
porte pas  affez  de  foin ,  &  le  hâte  trop  en  caflant- 
le  moule  fur  le  plâtre. 

Il  eft  à  propos  que  la  terre  du  modèle  foît  en- 
core fraîche ,  car  autrement  l'on  auroit  beaucoup 
de  peine  à  retirer  du  creux  la  terre  oui,  fans  cette 
précaution ,  feroit  cafler  les  parties  faillantes  &  ai- 
guës ,  formant  les  touches  du  moule. 

On  fuppofeune  figue  ou  un  bufte  grand*  com- 
me nature,  qu'on  veuille  mouler  à  creux  perdu  : 
voici  la  méthode  la  plus  fûre.  Il  faut  d'abord  faire 
de  grandes  pièces  avec  du  plâtre  fin  ,  dans  le- 
quel on  met  un  peu  de  rouge  ou  de  noir  en  pou- 
dre ,  ce  qui  produit  deux  effets  avantageux  ;  le 
premier ,  de  rendre  le  plâtre  moins  dur  que  celui 
qui  eft  gâché  Amplement  ;  le  fécond  ,  d'empêcher,' 
au  moment  oîi  Ton  caffe  ce  plâtre  fur  l'ouvrage  , 
qu'il  ne  fe  confonde  avec  le  pl5i-t  blanc. 

Ces  pièces  fe  font  ainfi.  Vous  ne  gâchez  d*abord 
que  la  quantité  de  plâtre  que  vous  jugez  nèccflaire 
pour  couvrir  la  furface  du  modèle  :  vous  prenex 
enfuite  une  brofle  douce  à  longs  poil*  pour  appli- 
quer le  plâtre  clair  :  lorfqu'il  commence  à  pren- 
dre, vous  donnez  avec  votre  fpatule  laformeque 
la  pièce  doit  avoir,  &  Tépaiffeur  proportioiuiée  au 
modèle. 

Le  plâtre  étant  un  peu  pris,  vous  ttillez  avec  la 
pointe  de  votre  couteau  la  p'«ècc  fur  la  terre  fans 
rien  gâter.  Huilez  enfuite  ces  furfaceique  l'on  »K)m- 
me  coupes ,  afin  que  les  autres  pièces  ne  s'attachent 
pas  enlemblc. 
Continuez  de  uiême  pifqu'à  ce  que  votre  modèle 


^ 


^ 


foh  tntjèremcm  couvert  de  grandes  pièces;  fur 
chacune dcrdites  pièces  vous  ferez  des  repaires  avec 
le  bout  de  la  fpatule  »  &  vous  huiler*. z  le  tout  avec 
tçUe  huile  ou  grsitTe  qu'il  vows  plaira  ;  vous  ferez 
ators  votre  chape ,  qui  eft  une  enveloppe  générale 
des  pièces  ,  &  vous  la  compofcrez  de  gros  plâtre  ; 
TOUS  U  fouttendrez  par  unu  armature  de  (<r  faite 
a%*€C  des  fantons  de  fer  doux  que  Ion  nomme  fer 
de  Bcrty  ,  pliéi  fuivant  les  contours  de  Touvrage. 
Ccft  au  mouleur  à  juger  de  la  quantité  nccefiai- 
fc  pour  la  foîiditédu  creux  :  il  faut  que  la  chape 
dti  devant  foît  plus  brge  que  celle  du  derrière  , 
parce  qu^etle  tmbraiîc  les  côiés. 

Lorlquele  plâtre  eît  pri^; ,  vous  retirezîa  chape  de 
detrtère ,  &vous  arrachez  la  terre  qui  fe  trouve  dans 
ks  cretix  :  vous  le  nettoyez  cnfuitc ,  &  le  lavez  avec 
de  Teau  de  favon  claire  ;  après  cela  >  vous  don- 
ne! une  couche  d'huile  d'olive,  dans  laquelle  vous 
aTcz  fait  fondre  du  fuif.  La  juile  proportion  eft 
^'uoe  chandelle  d*iin  fol  pour  une  livre  d'huile.  Le 
trcu*  éfaîrt  bien  huilé  fans  laiflcr  aucune  èpaif- 
fc«r,  coulezy  votre  pîdtre  ,  6c  faites  enforte  que 
les  dcliom  foient  bien  imprimés.  Servez- vous  pyur 
ceiad'nnebrcïïeà  longs  poils. 

Si  le  creux  eft  en  deuJK  coquilles  ,  c*efl-n-djre  en 
deux  parties»  vous  aurez  foin  quelles  foient  bien 
riUes  de  plâtre  fin  par-tout,  fans  en  mettre  fur 
I  coupes  ou  joints  qui  doivent  s'appliquer  Tune 
ir  Tautre. 

Lorfqucle  creux  eft  bien  rejoint,  il  faut  le  lier 
tféi-foriement,  afin  que  le  plâtre,  par  fon  aition,  ne 
kbCTc  point  ouvrir  :  c'eft  pourquoi  on  bouchera 
les  joints  avec  de  la  terre  molle ,  puis  on  y  cou- 
Icra  du  plâtre  clair  afin  de  lier  tout  Touvrage, 

Si  le  creux  eft  facile  k  remuer  ,  vous  le  roulez 
poor  faire  entrer  le  plâtre  partout.  Si  cela  n'eft  pas 
po£ble,  vous  vous  fervez  de  la  broffe  pour  go- 
beïer  Ic^  joints» 

On  met  ordinairement  du  f,r  dans  le  plâtreque 
l'on  coule  ;  il  fc  pofe  fur  le  plâtre  fin ,  &,  Ton  re- 
COQvre  le  tout  avec  du  gros  plâtre. 

Le  plâtre  étant  bien  pris,  vous  cafTez  le  creux 
furrouvrage  avec  foin  â^  patience. 

S*U  arrive  qu'il  fe  fafle  quelques  éclats,  on  les 
meta  pin  pour  les  recoller  enfui  te  avec  du  plâtre 
fort  clair. 

Aérant  fuivi  ce  procédé  à  la  lettre,  vous  aurez 
le  modèle  en  plâtre  tel  qu'il  èfoit  en  terre. 

Si  on  moule  de  plus  petits  objets  ,  tels  que  des 
orocmcnSf  des  fleurs ,  des  bas-reliefs  »  &:c.  à  creux 
perdu  ,  même  des  figyres ,  on  emploie  une  autre 
»ari!ére  de  faire  le  creux. 

Oc  pofc  le  modèle  horizontalement  fur  une  ta- 
ble »  eu  fur  une  phnchc  ;  on  gâche  du  plâtre  fin  , 
dans  lequel  en  a  mis,  comme  on  Ta  dit  ci-deJTus  , 
du  noli  ou  du  brunrouge,  &  on  le  vcrfc  fjir  le 
modclc  ,  fiifant  enforte  que  le  plâtre  foit  d'une 
égale  cp^ntTeur,  de  deux  ou  trois  lignes  plus  ou 
moins, 

Oal<ûil«  prendre  un  peu  le  plâtre  ,  afin  ùc  pou- 


MOU 

voir  y  paffer  une  légère  couche  d*huile  ;  enfuite 
on  couvre  le  tout  de  gro5  plâtre  |,arni  de  fantons 
à  proportion  de  la  grandeur  du  modèle. 

Ce  moyen  eft  plus  facile,  mais  il  demande  beau- 
coup plus  de  foios  pour  retirer  la  rerre  du  creux  , 
de  crainte  que  cette  petite  couche  de  plâtre  fin 
ne  fe  Uve  avec  la  terre  ,  qui  doit  être  dans  ce  as 
fprt  molle. 

Pour  couler  le  plâtre  d^ns  le  creux  ,  on  emploie 
le  mcm5  procédé  expliqué  ci-deiTus  :  c'efi  à  Vtn- 
telligence  du  mouleur  à  prévoir  les  dtiHcultés  qui 
peuvent  fe  rencontrer  dans  cttre  opération. 

hianïcre  dt  moidtr  fur  n  antre  * 

On  entend  par  tnouUt  fur  nature ^  Temprcinte  que 
î  on  fait  fur  les  différentes  parties  du  corps  hu- 
nia.in  vivant ,  ou  mort. 

PJuiîeurs  perfonnes  ic  biffent  couvrir  le  vifage 
de  plâtre ,  croyant  avoir  p^r  ce  moyen  \\t\\x  por- 
trait au  naturel,  11  eft  boa  de  les  diljbifcr.  L'em- 
preinte que  Ton  tait  fur  la  figure  eft  toujours  défa- 
gréable ,  les  yeux  font  fermés ,  &  la  bouche  eft  fou- 
vent  de  travers. 

Mais  bM  s'agiflbit  d'un  homme  à  qui  on  voulut 
eUycr  un  monujneni  avec  fon  porxrait,  &  qu'il 
n'eut  point  été  fait  de  fon  vivant,  alors  il  uy  au- 
ïoit  pas  d*autre  reft^ource  que  de  lui  mouler  le  vi- 
fage. Ces  traits,  tout  altérés  qu*iisfont,  donnent 
toujours  une  refl'emblancc  approchée  ,  &  guident 
r^rtille  d.ifîs  fon  trav.iiK 

Quelques  auteurs  qui  n'étoient  point  artif- 
tcs,  ont  donne  U  manière  démouler  uneper- 
fonne  vivante  en  entier.  L*on  voit  le  détail  de 
ccttcopératîontlans  quelques  ouvrages;  mais  on  ne 
conftiille  pas  d*en  fubir  l'épreuve.  Le  plâtre  en  fe 
gonflant  pourrait  étouffer  la  perfonne  qui  aurolt 
cette  imprudence,  à  moins  que  le  mouleur  ne  fût 
extrêmement  prompt  <k  intelligent. 

Cependant  les  artiftes ,  pour  avoir  fous  les  yeux 
de  bons  modèles ,  fe  trouvent  fouvent  obligés  de 
faire  mouler  des  parties  féparées ,  comme  une  tèfe , 
des  bras,  des  jambes  ,  &c. 

Il  faut  d'abord  remarquer  généralement  quVn 
ne  moule  fur  nature  qu*à  creux  perdu  ,  pi.-.ce  qu'il 
faut  que  tout  foit  couvert  d'une  feule  fois. 

Si  l'on  veut  avoir  pluficurs  épreuves ,  alors  on 
moule  à  bon  creux  \\\x  ce  premier  plâtre. 

Pour  mouler  le  vifage  C  "*^"5  choifiifons  cet 
exemple  comme  le  plus  difficile  )  il  faut  avoir  du 
plâtre  très- fin  &  trés-prcmpt  :  on  commence  par 
graifterl^s  fourcils ,  les  cils  &  la  naiffance  des  che- 
veux avec  de  la  pommade  ou  du  beurre  frais,  le 
rcHe  du  vifage  avec  de  i'huiîe  d'olive  ;  enfuite  on 
difpûfe  une  ou  deux  ferviettes  autour  du  vifage  ^ 
pour  empêcher  que  le  plâtre  ne  coule  dans  les  che- 
veux Ô£  dans  les  oreilles. 

Tout  étant  prêt  ,  Ôc  la  perfonne  étant  couchée 
horizontaiement ,  on  gâche  le  plâtre  avec  de  l'eau 
qui^ne  foit  ni  trop  froide  ni  trop  chaude ,  âc  on  le 
UifTe  un  peu  prendre  :  alors  on  en  mtt  une  ^^k 


épatireur  fur  tout  le  vifage ,  en  commençant  par 
las  bords,  &  rcicrvant  à  couvrir  en  dernier  lieu 
la  houche  &  le  tiéi. 

Pour  que  U  rcfpi  ration  ne  foit  point  gênée»  on 
place  dans  U  bouche  &  dans  les  narines  un  petit 
tuyau  de  pïuine»  Si  Ton  ne  veut  pas  ufcr  de  cette 
précaution  ,  il  faut  au  moins  faire  cnforte  que  les 
narines  ne  (oient  pas  bouchées  ,  en  pofant  le  plâtre 
tout  autour  avec  dextérité  &  promptitude, 

Lorfqut  le  plâtre  eil  bon,  c*efl  Taffîure  d'une 
minute  au  piu>. 

On  re  é»c  promptement  la  perfonne,  &lemaf- 
que  fc  détache  de  lui  même» 

On  lave  cnlmtc  le  nfageavcc  de  l'eau-de^vie, 
afin  de  prévenir  le  maiïViis  effet  de  la  fraîcheur 
ciupiâtre. 

Cette  opération  finie ,  on  fait  ftcber  te  creux  » 
afin  de  pouvoir  le  durcir  avec  de  Thuilc  graHe. 
It  faut  que  Thud^  fuie  bien  chaude  6c  le  crcux 
bien  iec* 

Lorfque  le  creux  eft  durci,  fi  vous  voulez  y 
couler  de  la  cire ,  ii  faut  prendre  garde  qu'elle  ne 
foit  trop  chaude ,  parce  qu'elle  s'attacherait  au 
creux  &  le  feroit  écailler;  on  connoit  le  luflc  dé- 
gré  de  chaleur  lorfqu'on  peut  aifémcot  y  lenir 
le  doigt. 

A  regard  des  autres  parties  du  corps,  comme 
le  brast  qui  peut  fe  mouler  fans  courir  le  moindre 
rifque  »  on  commence  par  rafer  les  endroîis  oii  il  y 
a  du  poil ,  excepté  le  defTous  des  aiffelles  »  que  Ton 
peut  grailler  avec  de  la  pommade  ,  &  Ton  hujie 
tout  le  bras. 

La  perfonnc  doit  être  placée  commode  nent  près 
d*une  table  foltde,  fur  laquelle  on  a  bâti  une  efpè- 
ce  de  caiiïe  de  planches  minces  arrêtées  avec  de  la 
terre  molle. 

Cette  caifle  doit  fuivre  k  une  certaine  diflance 
la  forme  du  bras  6t  de  la  main  qu'on  veut  mou- 
ler :  alors  on  détrempe,  s'il  fe  peut,  la  quantité 
de  plâtre  fuffifante  pour  couvrir   le  tout* 

Ùcû  toujours  avec  de  Teau  chaude  qu  il  faut  gâ- 
cher le  plâtre:  lorfquil  commence  à  prendre,  on 
la  verfe  dan»  U  caille ,  obfervant  de  la  verfer  cga- 
lement. 

Quand  le  plâtre  tû  pris  ,  on  6te  les  petites  plan- 
ches qui  cùmpofent  la  caiffc  ,  &  avec  un  ébauchoir 
de  buis  ou  de  cuivre  bien  mince ,  on  fait  une  cnuiiile 
des  deux  côtés  du  bras  fans  toucher  â  la  chair. 

Lorfque  le  plâtre  eft  bien  pr.s  »  on  approche  un 
fermoir  dont  on  a  ôié  le  taillant  fur  un  grès  ;  on 
fiiit  une  petite  pcfée  dans  les  entailles  que  Tébiu- 
choir  a  taites  ;  alors  le  creux  éclate  en  deux  ou  plu- 
fteurs  parties  ;  on  fe  fert  aulft  de  petites  planches 
taillées  en  forme  de  coin ,  que  fon  place  à  quel- 
que dil^ânce  de  la  chair  en  fuivant  les  coupes  qu'on 
deftre  de  faire. 

Ces  planches  doivent  être  bien  graiiTécs  avec  du 

fain-doux  ou  du  fuif,  afin  que  dans  Tinflant  où 

le  plâtre  cfl  fuiTifamment  pris ,  on  puiifc  les  retirer* 

Le  bras  étant  débarraâe  du  plâtre  >  il  tautle  U- 


MOU 

ver  avec  de  Tcau-de-vie  &  faire  tremper  le  ereuE 
dans  Teau ,  jufqu'à  ce  qu'il  ne  boive  plus  ;  on  le 
laiflc  enfuiteégoutier ,  6t  on  le  frotte  avec  de  l'hui' 
le  d*oUve  d^n^  laquelle  on  a  fait  fondre  du  fuîf 

Si  en  ouvrant  lce>:reux  fur  le  bras,  il  fe  détache 
quelqu'éclat  ,  on  le  recolle  avec  un  peu  de  fain- 
doux  en  faifant  raiïemblage  des  morceaux  du  creux. 

Avant  de  couler  dans  ce  creux  ,  il  faut  percer 
avec  une  groffe  épingle  les  extrémités  des  dmm% 
pour  donner  de  Tair ,  afin  que  le  plâtre  ne  fâc 
point  de  foufflure. 

Tout  étiat  ainfi  difpofé  ,  Ton  coule  le  plâtre ,  8c 
on  le  lailTe  bien  prendre  avant  que  de  caffer  le 
moule. 

Cet  ouvrage  doit  être  fait  avec  précaution:  on 
courroie ,  fans  cela ,  le  rifque  de  perdre  le  creux 
&  le  plâtre. 

On  emploie  quelquefois  du  fil  ciré  pour  faire  les 
coupes  du  creux  :on  applique  pour  cet  cTct  les  fils 
fur  la  chair  avec  de  la  gomme ,  ou  de  la  cire  ^ 
dans  l'endroit  où  Ion  juge  que  le  creux  doit  s  ou- 
vrir i  mais  cette  manière  ne  vaut  pas  la  première , 
parce  qu*il  arrive  que  Jcs  fils  fe  dérangent  5c  fe  caf 
fent  toujours ,  ce  qui  fait  que  les  |oint$  âc  fonc 
pjs  nets. 

Pour  mouler  les  autres  parties  du  corps,  il  faut 
faire  une  fcmhiable  opération  relativement  à  l'ob- 
jet  ou  à  la  pofc  que  Ton  donne  an  modèle. 

J'ai  fait,  ajoute  M,  Fiquct  ,  plufieurs  épreuves 

f>our  mouler  fur  nature  :  voici  celle  qui  m'a  réulR 
e  plus  orJinaircmenî.  Il  efl  rrés*rare  de  trouver 
des  gorges  bien  formées  dans  les  modèles  de  fem- 
mes qui  fervent  aux  artiftes  :  c'eft  pourquoi  ,  lorf- 
qu'il  ^*cn  trouve  de  bien  proportionnées^  on  fc 
hâte  de  les  mouler  (  On  ignoe  aff.z  gcnéralemein 
que  la  fraîcheur  itu  plâtre  aAT^tiiic  la  chair  6c  g«re 
la  f^orge.  ) 

Je  place  le  modèle  afïls  fur  une  chasfe,Ic  dos 
appuyé  contre  le  doifier  du  fiégc  &  les  bras  crw* 
fés  fous  la  gorge.  Après  avoir  huilé  la  peau ,  yç 
détrempe  le  plâtre  avec  de  Tcau  chaude  i  Af  lort 
qu'il  commence  à  prendre  ,  j'en  favs  un  enduit  fur 
la  gorge  avec  un  pirccau  à  longs  poiU  fans  pcr* 
dre  de  tems.  J'ap;:l  que  fur  Tenduit  plufn-iTs  bnns 
de  filafi'e  de  chanvre  qui  fe  lie  avec  le  plâtre  & 
empêche  la  refpiiàtton  de  fa^re  gercer  le  moole. 
On  donne  à  ce  moule  le  moins  d'épai^feur,  de 

Î>eur  de  caufer  trop  de  preflîon  fur  l'eflomac.  Si 
e  plâtre  eft  prompt ,  c*eft  l'affaire  d'un  infUnr. 

Lorfqu'on  moule  fur  un  cadavre,  on  fuulemft» 
me  procédé  ;  mais  on  ne  prend  pas  les  mêmes  foin» 
pour  la  confcrvation  du  fupt  ;  cependant  t  fî  c*eft 
le  vifagc  que  vous  voulez  mouler,  faites  enforte 
qu'il  foit  encore  chaud  ,  pour  que  les  chairs  ne 
ioïcnt  pas  retirées. 

Si  Ton  veut  en  retirer  une  cire  colorée  »  Il  faut 
prendre  delà  cire  blanche  ,  dans  laquelle  ao  atxrs 
mis  un  pied  de  vermillon. 

La  cire  étant  fondue  Ôt  le  creux  étant  durci,  on 
coule  cette  cire  à  la  volée,  c'eft  à-dire  en  la  ver- 


I 


I 


I 


^ 


t 


MOU 

k  plufieun  reptifcs  dans  le  creux ,  afin  de  lui 
donner  une  épai^eur  égale  par-tout. 

Pour  que  la  cire  ne  te  dèjettc  pr.s ,  on  coule  or- 
dinal remem  un  noyau  de  plâtre  par-dernère. 

Ces  figures  de  cire  que  Ton  voit  par-tout,  &  qui 
Refont ,  pour  rordiïTalre  »  qu'cbiiuthées  d*un  affez 
mauvais  |;oui ,  fe  font  i  ptu-prè-»  de  cette  manière  , 
à  rcxceptîon  du  noyau  dont  elles  manquent  tou- 
jours, 

^opération  finît  par  la  pofe  des  yeux  d'émail. 

On  peut  aulli  mouler  fur  nature ,  des  animaux  , 
des  fleurs  ,  6ic, 

Voici  uDc  méthode  ai  fée  pour  mouler  les  chofes 
Ici  plus  délicates ,  telles,  par  exemple.,  qu'une  tlcur. 

On  prend  un  vafc  un  peu  plus  haut  que  la  fleur  , 
on  rattache  Amplement  au  fond  avec  un  morceau 
de  cire  à  modeler  ,  on  remplit  le  vafe  d'eau 
jvfqu'â  une  certaine  hauteur»  Èk  \*on  coule  dans 
et  liquide  du  plâtre  6n  fans  Tagiter  ;  il  faut  que  le 
plâtre  furmonte  la  fleur  &  la  couvre  eniiérentent. 

Lorfqu'il  cft  bien  dur ,  on  caiTe  le  vafe  pour  en 
retirer  le  moule  d*un  feul  morceau  ,  on  le  partage 
cnfuite  en  deux  ou  quatre  pièces ,  afin  d;:  pouvoir 
rerircr  la  fleur  par  morceaux  en  faifant  recuire  le 
creux. 

Les  feuilles  qui  reHent  dedans  fe  sèchent  &  font 
iacàlcs  à  détacher* 

On  coule  après  cela  de  Tétain  rouge  ^  c'efl  à* 
<iire  très-chaud ,  dans  le  moule ,  ayant  loin  d'y  pra- 
"liauer  des  ouvertures  pour  donner  une  ifiue  à  Tair, 
afin  que  tout  fe  rempliffe  :  (i  le  moule  eA  bien  net , 
la  fleur  fe  trouve  rendue  au  naturel 

On  fe  fervoit  autrefois,  pour  les  orncmens  des 
fables ,  de  fruits  &  de  fleurs  couîés  en  cire  ;  mais 
la  mode  en  ert  palTée  en  France  ,  &  ne  s  cft  con- 
rervéc  qu*en  Italie  ,  où  Ton  voit  des  tables  fer  vies 
en  fruits  de  différentes  efpèces  ,  tous  en  cires  co- 
lorées. 

Ces  moules  fe  font  ordinairement  en  deux  co- 
quilles, &  Ton  ne  coule  pas  la  cire  dedans  qu'ils 
oe  foiem  bien  durcis. 

Lorfaite  les  artifles  veulent  confcrver  la  forme 
fuoe  fleur ,  ils  la  plongent  dàm  de  la  cire  tiède  à  y 
pouvoir  tenir  le  deigt  :  il  fe  forme  alors  une  peti- 
tr  couche  dcfTus  la  fleur  ,  qui  ta  confcrvc ,  Ô£  n'em- 
pêche pas  d*cn  apercevoir  à  peu-près  toutes  les 
tormcs. 

On  peut  auflî  mouler  fur  nature  avec  de  la  cire. 

Si  c'cft,  par  exemple,  fur  ime  main  ,  on  la  pion* 

Eà  ptofieurs  reprifes  dans  la  cire  chaude^  éc  on 
\  donne  par  ce  moyen  teïle  éptiifTeur  que  Ton 
tcut  :  on  recouvre  le  touL  «^nfui.e  avec  du  plâtre 
pour  maintenir  la  ciie,  &  o^  ouvre  le  creux  com- 
i»e  celui  qui  u  cH  f*.ît  qu'en  plâtr,. 

Apres  avoir  coulé  dans  ce  creux ,  on  ôie  la 
Cire  qui  peut  fervir  à  d'auaes  uf^^gcs. 

kUmurg  dt  v.ûtthr  i  tan  creux  fur  ta  terre  molle* 

Quand  te  fcti'j>iair  ^  fini  fon  modèle  en  rtrre 
«olle  5  il  k  coniie  au  mouleur ,  dont  le  travail  in- 


MOU 


-55 


fine  bc&ucoùp  fur  le  mérite  du  fien^  car  le  moin- 
dre défaut  d'attention  ou  d'intelligence  de  la  part 
dn  fécond  ,  peut  ôter  tout  le  prix  de  Touvrage  du 
premier. 

Il  s'agit  de  mouler  ce  modèle  à  bon  creux  tan- 
dis qu'il  èAfraiss  parce  quen  féchanr,  les  parties 
fc  retiren:  &  s'amalgriiTcnt. 

On  appJle^tï/i  creux  celui  duquel  on  peut  reti- 
rer pluiuurs  p'âtres  ,  comme  celui  du  petit  mo- 
dèle de  la  ftatue  équeftie  de  Louiîi  XV  ,  par  M.  Pi- 
galle.  Ce  creux  a  été  fait  par  le  fieur  Pomel  \  on 
peut  le  regarder  comme  un  des  bons  dans  ce 
g^nre  :  il  en  eft  forti  plus  de  cent  plâtres  tous 
également  bien   faits. 

Suppofè  qu'on  veudie  mouler  la  Vénus  de  Mé* 
dicis,  doiîi  le  modèle  foit  en  terre  nwlle  ;onchoi- 
fit  cette  iiguie  en  parriculier ,  psrce  qu*elîe  eft  con- 
nue, foit  en  grand,  foit  en  petit:  on  commeno* 
d'abord  par  4;4ire  les  coupes  des  bras  avec  un  fil 
de  fer  ou  de  hiton  fort  mince,  ^  avec  un  ébau- 
chcir  on  trace  deux  lignes  appelées  repaires  fur  U 
coupe,  afin  de  pouvcir  rapporter  les  parties  avec 
précifion  Ic.rfqu'ellLS  feront  moulées* 

Le  bras  féparc  du  corps  ,  on  le  pofe  fur  une  plan- 
che oii  ïon  met  en  plufjeurs  endroits  des  morceaux 
de  terre  molle  huilée,  afin  que  la  terre  du  bras  qui 
e/l  molle  ne  s'attache  pas  à  la  planche ,  ni  à  la  terre 
fiîr  laquelle  il  doit  être  placé:  on  fait  enfuite  des 
portées  de  terre  aux  endroits  oii  fe  trouvent  ter- 
minées les  pièces.  Elles  fe  font  ordinairement  en 
quatres  parties  ,  d*une  extrémité  à  l'autre  du  bras: 
les  petites  pièces  pour  les  doigts  doivent  fe  renfer- 
mer dans  les  grandes. 

Lorfque  les  creux  font  faits,  on  retire  les  pièces 
de:  desTus  la  terre ,  &  on  'es  ralîembleafin  de  les  lier , 
pour  que  le  creux  ne  fe  tourmente  pas. 

LefêCo:id  travail  a  pour  objet  le  grand  creuxde 
la  figure  j  qui  doit  être  en  deux  affifvs  de  niveau. 

La  première  fe  fait  depuis  la  plinthe  jufqu^à  la 
moitié  des  cuiiTes  ;  de  là,  la  féconde  s'ciend  juf- 
ou*3ux  ép?.ules  :  on  moule ,  fi  Ton  vQVit^  la  tête 
dlparément  pour  pouvoir  remutr  le  creux  avec 
plus  de  facilité. 

Comme  cette  fieure  eil  nue,  les  pièces  doi- 
vent être  plus  grandes  que  pour  une  figure  ornée 
de  draperiçs. 

On  commence  donc  les  pièces  par  les  fonds  » 
&  toujours  par  le  bas  de  la  ligure.  Il  faut  marquer 
avt'c  un  petit  morceau  de  terre  Tendroit  oii  Ton  doit 
mettre  la  pointe  du  coureau  ou  d*un  outil  ^  pour 
faire  quitter  la  pièce  lorfque  le  plâtre  eft  coulé  , 
évitani|  autant  que  cela  eft  pofiTible ,  de  tailleries 
pièces  à  angles  trop  aigus  :  la  poufflée  du  plicreîes 
ferait  ca(7er,  &.  Ton  ne  pourroitpas  en  retirer  beau- 
coup de  copies. 

La  faço/i  de  tailler  ces  pièces  eft  à  angles  droits  , 
autant  qiie  la  forme  du  creux  îe  permet. 

On  peut  retirer  la  pièce  pour  la  taillera  la  maîn^ 
&  c'ert  la  meilleure  manière,  fur  tout  pour  les  peti- 
tes pièces. 


Éi^ 


2<6 


MOU 


U  faut  zvl&i  mettre  des  annelets  dans  les  pièces 
des  fonds  ,  afin  de  pouvoir  les  retirer  avec  les  pin* 
CCS  ;  on  les  attache  aux  chapes  dans  certains  cas. 
.  U  y  a  même  des  creux  dms  lefquels  toutes  les 
pièces  font  attachées  :  on  peut  alors  tourner  les 
creux  lorfque  le  plâtre  cft  coulé. 

Cefl  la  façon  ordinaire  des  mouleurs  Italiens  , 
&  de  là  vient  qu'ils  font  des  figures  fi  minces.    • 

Pour  bien  raifonncr  les  pièces  d  un  moule  ,  il 
faut  fe  les  figurer  déjà  faites  fur  le  modèle  à  la 
place  nu'cres  occuperont  dans  le  moule  ;  fans  cette 
étude  préparatoire ,  une  pièce  entraîne  Tautrc. 

Si  au  contraire  les  pièces  ont  été  bien  jugées  , 
elles  fe  tiennent  d'elles-mêmes ,  de  façon  que  lors- 
que Ton  coule  le  plâtre ,  rien  ne  fe  dérange. 

Quand  on  aura  fait  plufieurs  pièces  dans  un 
fond  de  draperie ,  on  en  formera  une  feule  pour 
recouvrir  toutes  les  autres  ;  ce  qui  donnera  une 
trés-grandc  facilité  por.r  imprimer  le  plâtre  dans 
le  creux. 

Certains  mouleurs  n'ayant  pas  affez  d'intelligen- 
ce pour  prévoir  les  difficultés  qui  doivent  fuivre 
leur  opération ,  croient  leur  objet  rempli  lorfque 
k  modèle  eft  couvert  entièrement  de  pièces  mifes 
au  hafard  «  &  s'embarraffent  très-peu  de  Ten  Jroit 
où  fe  trouvent  les  jointes  défaites  pièces. 

Il  faut  y  pour  règle  générale ,  que  toutes  les  cou- 
tures fe  trouvent  fur  la  même  ligne ,  &  fur  les  en- 
droits les  plus  faciles  à  réparer. 

Ce  feroit  en  effet  une  grande  mal-adrefTe  de  faire 
pafler  la  couture  dans  le  milieu  d'un  œil. 

On  obfervera ,  en  faifant  les  pièces  fur  le  vifa- 

f^e  d*une  figure,  de  placer  la  couture  précifément 
ur  le  milieu  du  nez ,  &  les  autres  en  uiivant. 

La  couture  de  la  mâchoire  inférieure  fur  les  en- 
droits les  plus  faillans  de  l'os. 

Pour  un  bras,  une  jambe,  &c.  l'on  doit  fuivre 
de  même  les  endroits  les  plus  élevés. 

Rien  ne  peut  difpenfer  de  cette  attention  dans 
les  figures  de  ronde-bofTe. 

Lorfque  toute  la  figure  eft  coitverte  de  pièces 
jufqu'à  la  hauteur  de  la  première  aflRfe ,  on  fait  des 
hoches  ou  marques  arbitraires  pour  reconnoître 
leurs  places,  en  les  montant  dans  la  chape  ^  enfuite 
OTi  huile  tout ,  &  on  fût  les  chapes  avec  du  gros 
plâtre  gâché  bien  également. 

Quand  il  eft  en  état  d'être  employé ,  l'on  com- 
mence à  bâtir  la  chape  parles  bras,  comme  ft  Ton 
élevoit  un  mur,  en  obfervant  que  TépaifTeur  foit 
égale  par-tout  :  autrement  elle  voileroir. 

On  met  pour  plus  grande  folidité  une  armature 
de  fer  formée  par  des  tringles  de  fantons  doux  , 
pUées  &  contournée',  fuivantla  forme  du  moule. 

Lorfque  les  chapes  font  faites  ,  il  faut  les  lier 
fortement  avec  de  bons  cordages ,  &  conftruiic 
l'autre  affife  avec  les  mêmes  fr:ns. 

On  peut  cependant ,  dans  les  figures  nues,  faire 
ce  qu'on  appelle  pièces  &  chapes' aux  endroits  du 
corps  dont  la  dépouille  eft  aifée  ;  c'oft- à-dire  que 
la  pièce  doit  avoir  autant  de  force  &  d*épaiffeur 


MOU 

que  fi  elle  étoit  recouverte  d'une  chape  dont  eOe 
t;ent-Ueu. 

Lorfqu'on  doit  conferver  le  modèle  en  terre  , 
cefl-àdire,  lorfqu'on  veut  la  &irc  cuire,  il  6nt 
défaire  les  chapes  &  les  pièces  avec  foin ,  &  pen- 
dre garde  de  ne  rien  arracher. 

Ne  veut-on  pas  attendre  que  le  creux  foit  durd? 
on  peut  couler  un  plâtre  tout  de  fuite  ;  mais  alort 
on  monte  le  moule  en  arrangeant  les  pièces  daos 
les  chapes. 

Pour  celle  de  derrière ,  qui  doit  recouvrir  rantrc , 
on  attache  les  pièces ,  de  crainte  qu*elles  ne  s'échap- 
pent, avec  des  ficelles  paffées  dans  les  annelets  i 
travers  la  chape. 

On  fe  fert  ordinairement  de  petits  morceaux  fc 
bois  pour  arrêter  les  ficelles. 

Quant  aux  pièces  de  la  chape  du  devant,  on  fe 
contente  de  les  arrêter  avec  du  fain-doux ,  afin 
qu'elles  ne  quittent  pas  leurs  places. 

En  appliquant  le  plâtre  ,  chaque  pièce  doit  être 
jugée  de  dépouille  avant  que  d*ètre  placée  ;  maitfi 
l'on  aperçoit  quelque  chofe  qui  y  mette  obftadc  , 
il  faut  la  couper  fans  endommager  les  formes. 

II  faut  même ,  pour  que  le  creux  foit  bien  fait  t ,  ^ 
que  Ton  ne  foit  point  obligé  de  recourir  i  cette  iné-  i 
thode  ,  qui  fouvent  rend  Te  plâtre  trés-différem  de  j 
l'original  fur  lequel  on  a  fait  lé  moule. 

Tout  étant  ainfi  difpofé,  l'on  paffe  de  l'ean  de 
favon  claire  dans  le  creux  pour  en  imbiber  les  po- 
res du  plâtre. 

On  met  enfuite  une  couche  d'huile  Jœîllet.dai»  i 
laquelle  on  aura  fait  fondre  un  peu  de  fuif ,  ayant 
foin  de  n'y  point  laiffer  d'épaifleur,  parce  qu'elle 
rendroit  le  pVdtreflou  &  ahéreroit  le  modèle. 

On  détrempe  du  plâtre  fort  clair  pourcniinp 
mer  le  creux  avec  une  brcffe  douce  à  longs  poiHi 
afin  d'en  remplir  eiaftement  toutes  les  concavit^i 
&  d  empêcher  la  formation  des  vents, dèfsfuitrtf 
difficile  à  éviter  lorfque  l'on  coule  dans  un  crcw 
tout  frais. 

La  pi  emière  couche  de  plâtre  fin  mife  *gile«ei« 
par-tout,  on  la  renforce  avec  une  autre  de  gros 
plâtre. 

On  raflemblc  les  deux  chapes  Tune  fur  Faunt, 
en  obfervant  de  bien  nettoyer  les  coupes  ,  &  * 
remplir  les  vides  des  joints  au-dedans  dn  aetB  i 
afin  que  le  tout  ne  fafle  qu'un  feul  corps 

Lorfque  le  plâtre  eft  bien  pris,  on  détache  » 
cordages  qui  retiennent  les  chapes  &  les  ficelto 
qui  font  atuchées  aux  pièces  ;  vous  retirex  aler**? 
chapes,  qu'on  pofedansun  endroit  fec  :  ellesne**" 
vent  pas  porter  à  faux,  car  elles  fevoileroicnt;^ 
ôte  enfuite  les  pièces  de  deflusle  plâtre,  en  co** 
mençant  par  celles  qui  ont  été  faites  les  dernià*^ 

A  mefure  qu'on  les  retire ,  on  !es  met  fur  des  pla'J' 
chés  ou  fur  des  claies  pour  les  faire  ficher,  tfinde 
pouvoir  les  durcir,  &  en  retirer  dans  lafniteaat»"*  ' 
de  plâtres  qu'on  jugera  à  propos. 

Voici  la  manière  de  durcir  les  crevx. 

On  fait  fécher  toutes  les  pièces,  grandes  (mpen* 

tes  I 


MOU 

au  folcîl  fi  c'cft  co  été .  3c  en  hiver  fur  vm  fou 
bouUngcr  ^  ou  en  quclqu'aurre  endroit  de  me- 
me  tcnipéraiure ,  parce  qu'autrement  on  counoit 
rtfaue  de  brûler  le  plâtre. 
On  fait  chauler  de  l'huile  grafle  fans  toutefois  la 

tlâtiTcr  bouillir  ;  &  torfqu'eUe  cû  bien  cliatide  «  on 
met  les  plus  pentes  pièces  fur  une  grille  de  6i  d'ar- 
chal  fafpendue  avec  d'autres  fits  de  fer,  comme  le 
hafïin  d*unc  balance  >  pour  les  faire  tremper  dans 
rhuilc  :  ^  mefure  que  les  pièces  en  font  imbibées  ^ 
ou  les  olace  fur  des  planches  pour  leslai^er  fécher 
naturelletnent. 

A^  regard  des  grofles  pièces ,  on  tes  imbibe  d'hui- 
le avec  une  brolle  fur  les  faces  où  fc  trouve  l*em- 
preinie  du  modèle  ;  on  paH^e  auifi  de  cette  même 
nulle  fur  les  coupes ,  a&i  que  le  pUtre  ne  s*y  atta- 
che pas. 

Toutes  les  pièces  du  creux  étant  ainfi durcies»  on 
le  remonte  avec  les  mêmes  foins  détaillé*  ci-deflus  y 
eo  obfervant  feulement  que  dans  la  couche  d^huile 
qui  s*applique  ordinairement  avant  de  couler  les 
plâtres  ,  il  o'eft  pas  néceffaire  d'y  mettre  du  fuif. 

On  durcit  auifi  les  creux  avec  de  la  cire  chaude  r 
il  ^ut  pour  cela  que  les  pièces  foient  bien  féches  » 
6t  d'un  degré  de  chaleur  qui  cependant  ne  les 
brûle  pas. 

On  fe  fert  de  cire  neuve  ,  à  laquelle  on  mêle  les 

kdeux  tiers  de  rèfine  »  &  même  fans  aucun  mélange 
filon  veut  ;  lorfque  toutes  Us  pièces  font  imbues 
de  cire ,  on  les  met  de  nouveau  fécher  au  feu ,  à 
une  telle  diilance  que  le  plâtre  ne  recuifc  pas. 

Ces  creux  deviennent  trèi-durs  ;  mais  on  obfer- 
vera  que   la  cire  laiffc  plus  d'épaideur  que  Thuile. 

^JtJfqu^ici  nous  n'avons  parlé  que  d'une  figure  nue  ^ 
loclqu*elleeil  drapée  »  elle  eft  plus  diiRcile  à  mouler. 

Si  elle  eft  chargée  de  âeurs  &  d'ornemens  ^  on 
multiplie  les  coupes  pour  faciliter  Topé  rat  ion ,  mais 
avec  foin  &  intelligence  »  afin  que  ki  parties  cou- 
pées puident  fe  rejoindre  avec  facilité. 

Les  artiiles  voient  avec  peine  tailler  en  morceaux 
l^ar*  modèles  ;  ils  citent  au  contraire  avec  com- 
plai^ce  les  creux  qui  font  faits  fans  aucune  coupe* 

Awec  du  tems  Se  de  la  patience,  on  peut  mouler 
des  Agures  entières  ;  mais  il  en  rèfulte  de  grandes 
diliEciiltés  pour  les  pièces  qui  font  multipliées  à  Tin- 
Efli  &  de^Hennent  très-petites  «  ce  qui  empêche 
qu'elles  ne  réfiilent  long-tems  dans  le  creux. 
I  On  ne  retire  alors  qu  un  plâtre ,  tandis  que  l'on 
en  retireroit  deux  &  même  trois  dans  un  autre  creux 
dont  les  coupes  àc  les  pièces  feroient  bien  jugées. 

On  doit  encore  avoir  foin  que  toutes  les  petites 
pièces  des  fonds  foient  renfermées  dans  les  gran- 
des :  comme  il  fc  trouve  fouvent  des  noirs  qui  ne 
fedf  pas  de  dépouille,  dans  ce  cas  on  eft  obligé  de 
ttre  des  pièces  en  cire* 

P;ir  exemple ,  dans  un  fond  de  draperie  ou  il  fau* 
dreic  mettre  une  douzaine  de  petites  pièces  ,  on 
ptllf  en  faire  une  de  plâtre  :  on  la  moule  enfuite 
mr  en  avoir  le  creux ,  dans  lequel  on  coule  de 
Il  cire  qui  prend  la  forme  de  la  pièce  de  plâcrc  ; 
AfU  &  Mttïirs.     7]^m€  l\     Partie,  L 


MOU 


257 


mais  à  chaque  figure  que  Ton  conle  >  on  e 4  obligé 
de  faire  une  nouvelle  pièce  en  cire. 

La  figure  étant  coulée,  ainfi  que  les  parties  qui 
en  dépendent,  pendant  que  le  plâtre  cft  frais  on  ruf- 
lique  les  coupes  ,  &  avec  du  plâtre  gâd.é  très- clair 
on  les  attache  au  corps  avec  foin  ix  propreté  ,  à 
l'aide  des  repaires  pratiquées  avant  U  caupe  des 
parties  ;  c'eft  ce  qu  on  appelle  remonter  une  figu/e. 
^  Pour  les  grandes  figures,  on efl  obligé  de  mettre 
du  fer  dans  les  bras  tk  les  jambes;  on  met  même 
dans  les  doigts  qui  font  ifolés  ,  du  fil  d'archal  que 
Von  entoure  d'un  autre  fil  plus  fin ,  pour  que  le 
plâtre  s'y  attache. 

Il  faut  enduire  le  fer  que  Ton  emploie  dans  les 
figures,  de  cire  chaude  ou  de  poix-réifine,  cela  em- 
pêche la  rouille  de  pénétrer  le  plâtre  &  de  le  fai- 
re caffer. 

L'on  peut  auffî,  pour  empêcher  la  rouille,  en* 
duire  le  fer  de  cl imux  détrempée  :  dans  les  figures 
où  Ton  n^a  pas  pris  cette  précaution  ,  on  voit  que 
le  plâtre  fc  lève  en  éclats, 

Lorfque  les  figures  que  l'on  coule  font  petites  , 
on  empleie  du  laiton  au  heu  de  fer. 

Si  l'on  craint  qu'une  figure  foit  furmoulée  >  voici 
comme  il  faut  s'y  prendre  pour  empêcher  cette 
fuperchenc ,  û  cependant  il  zû  poiTiblc. 

Comme  les  ouvriers  qui  en  font  Us  frais  font 
obligés  de  couper  les  parties  pour  faciliter  leur  opé- 
ration en  les  montant  «  on  creufe  alTex  avant  les 
coupes  pour  y  inférer  un  paquet  de  fil  d'archal  très- 
fin  »  dont  on  fait  un  rouleau  ;  après  quoi  on  (ou- 
de  les  deux  parties  avec  du  plâtre  clair  ;  j'ai  même 
imaginé  de  placer  un  goulot  de  bouteille  entouré  " 
de  ftl  d'archal. 

Il  n'efï  pas  poOible  alors  de  féparer  les  panies  de 
la  figure  fans  endommager  les  coupes  :  on  eft  forcé 
de  la  mouler  d'une  feule  pièce  ,  ce  qui  prend 
trop  de  tems  a  ceux  qui  veulent  en  faire  un  grand 
débit. 

Lorfqtie  les  creux  font  aflez  légers  &  qu^tls  peu- 
vent fe  remuer  facilement ,  on  les  coule  à  la  volée  ; 
il  faut  que  ces  creux  foient  durcis ,  &  que  toutes  les 
pièces  fuient  attachées  :  alors  on  verfe  une  quantité 
de  plâtre  clair,  qu'on  fait  pénétrer  {)ar- tout  en 
roulant  le  creux. 

Quand  il  commence  à  prendre ,  on  le  verfe  dans 
la  jatte  ou  il  avoit  été  gâché,  &  on  le  reverfe  en- 
fuite  dans  le  moule  ,  puis  dans  la  sébile  ou  jatte  : 
on  donne  ainfi  à  la  figure  telle  épaiiTeur  qu  on  veut  ; 
c'eft  ce  qu'on  appelle  couier  à  la  voUe.  Les  figures 
que  les  ualiens  vendent  à  fi  bon  marché  font  cou- 
lées de  cette  manière  :  fouvent  tout  leur  mérite  eft 
dans  leur  légèreté. 

Si  Ton  veut  avoir  des  plâtres  colorés,  il  fa«t 
mettre  du  rouge  en  poudre  dans  l'eau  qui  efl  dei- 
tinéeà  gâclierle  plâtre  ,  obfervant  d'avoir  la  quan- 
tité d'eau  fuffifante  pour  couler  le  corps  adhérent  a 
la  figure  ,  afin  que  la  teinte  du  plâtre  ne  change  pas# 
L^s  figures  étant  forties  du  creux ,  on  les  laiflc 
fécher  afin  de  les  pouvoir  réparer,  ce  qui  fe  faken 

K  k 


25*  MOU 

enlevant  légèremenr  les  coutures  fans  endomma- 
ger les  formes;  on  fe  fcrt  pour  cela  d'une  ripe  douce 
fie  de  h  peau  de  chien  de  mer* 

S*il  fc  trouve  des  vent  ou  foufflurestiansles  plâ- 
tres, on  les  bouche  avec  du  plâtre  noyé  qui  fe  f*iit 
en  le  gàch^ïnt  extrêmement  clair  ;  lorfquM  com- 
mence à  prendre  ,  il  fautlc  battre pJufieurs  fois  de 
fuite,  îl  perd  alors  fa  force ,  ik  devient parfiiicmcnt 
fiemblable  à  celui  qui  a  été  coulé* 

CffuUur de  terre  cuite,  &    vernis  blanc. 

Une  figure  de  plâtre  étant  ainfi  réparée,  veut-on 
fa  mettre  en  couleur  de  terre  cujte  ?  on  prendra  du 
blanc  de  plomb  broyé  à  Tcau ,  du  J.iune  broyé 
cg^lcitienc,  du  vermllon  tn  poudre.  L'on  fait  dif- 
foudre  ces  couleurs  féparéir.cut  dans  des  vaiffcaux 
propres  ;  on  prend  enfuiic  de  la  ï»omme  arabique  , 
fendue  dans  de  leau  liéde ,  on  fait  un  mélange  de 
cescouletTV  avec  Trau  de  cette  gomme.  La  quan- 
tité nVd  pas  âbrc!ums:nt  déterminée ,  elle  cft  plus 
ou  moins  confidérablc  à  proportion  du  volume  de 
U  figure. 

Avant  d'employer  la  couleur,  il  faut  bien  la  re- 
muer avec  le  pinceau ,  &  en  faire  Teflai  fur  un  mor- 
ceau de  plâtre  ou  bLinc  d'Efpagne  :  fi  elle  efl  trop 
rouge ,  on  y  ajoute  du  blanc  ;  Il  elle  eft  trop  blan- 
che ^  ony  .-i/oute  du  jaune  :  on  obferve  foigneisfc- 
meiît  de  ne  pas  faire  d'épaiflcurs  ,  6i  de  ne  pas  paf- 
fer  plufieurs  fois  fur  le  mtm^  endroit. 

On  vernit  aufîi  les  plâtres  en  leur  donnant  plu- 
û-urs  Côuclîtrs  de  fa  von  blanc  ,  détrempé  dans  de 
Teau  claire.  Le  plâtre  doit  être  bien  fec  ;  &  lorfquc 
Je  favon  eft  bien  imbu  dans  le  plaire»  on  frotte  lé- 
gèrement la  figure  avec  un  linge  fin  :  cVft  ce  qui 
donne  !e  poli  au  plâtre.  Cette  manière  eft  ft/cep- 
fjble  de  jaunir. 
Manière  Je  mettre  les   figures  de  plâtre  tn  bronze* 

Il  fcut  que  le  plâtre  foit  entièrement  dépouillé 
d'humidité ,  afin  que  le  bronze  ne  pouffe  pas  de  vcrd- 
de-gris  j  on  palTe  cnfuite  fur  la  figure  une  couche 
d'huile  gratfc  fahc  fuîvant  la   méthode  indiquée. 

Lorfqiîc  cette  première  couche  eft  féche  ,  on  en 
met  urefjcondet  dans  laquelle  on  ajoute  du  noir 
de  funisle  broyé  à  TKuile ,  ou  de  la  terre  d'ombre, 
ou  du  r»  iigw  d  Angleterre. 

Cette  féconde  couche  étant  sèche,  il  fautappîi- 
querle  mordant  ;  &  lorfqu'il  eil  à  fon  point,  qu*il 
happe  le  doigt  en  le  pofant  deiïus  fans  fe  détaciicr , 
on  prend  un  blaireau ,  avec  lequel  on  couche  le 
bronze  en  poudre  pour  faire  plus  d'ilbifion  :  il  faut 
mettre  fur  les  parties  fallîantcs  de  la  figure  k  bron- 
îcd*unctcinrc  plus  claire;  Ton  peut  nufTi  mêler  le 
bronze  dat  s  le  vernis  qui  (en  alors  de  mordant. 

On  brorzc  de  même  les  figures  au  vernis  ,  en  y 
mettant  trois  couches  :  la  première  imbibe  la  figure 
&  bouche  les  pores  du  plâtre  ;  on  met  dans  la 
féconde  un  peu  de  noir  de  fumée  ,  &  ta  troifiéme 
doit  être  uniquement  de  vernis  gras  à  Thuile  j  lot f 
qu'il  commence  à  fédier,  o«  pofe  le  brome  avec 
«ne  broHe  douce  j  cocmiie  on  Ta  dit  plus  haut. 


MOU 

Une  figure  ainfi  bronzée  &  faite  avec  goût  , 
trompe  Tœil  &  imite  la  nature. 

Pour  conferver  une  figure  en  b!a ne,  on  Tcnfcr* 
me  dans  une  cai/fe  de  verre,  ou  on  h  recouvre 
d*unc  gaze  blanche.  Ces  précautions  empêchent 
les  taches  que  les  mouches  font  ordtnaireracm  fur 
les  figures  de  plâtre. 

On  a  trouvé  depuis  quelque  tems  une  autre  mi- 
nière de  bronzer  dans  le  genre  antique  ;  il  faut  en- 
coller le  plâtre  avec  une  eau  de  colle  de  Flandre, 
enfuite  on  ùït  la  teinte  verte  au  point  deftré  ,  & 
Ton  détrempe  le  bronze  avec  cette  eau  ainft  que 
la  couleur. 

Après  en  avoir  mis  partout  également ,  on  prend 
un  peu  de  bronze  que  Ton  met  fur  les  parties  fail- 
lantes. 

Lorfqne  la  couleur  eft  fèche,  on  paflTe  une  dent 
de  loup  fur  les  faillies  ,  &  un  motceau  de  buffle 
fur  toute  la  figure. 

Manicre  d^ejlamper  dans  Us  creux. 

Lorfqu  on  eft  obligé  d^eftampcr  dans  les  creux 
(  on  dit  communémeat  poitiTer  la  terre  dans  le 
creux  )  avec  de  la  terre  molle,  on  commence  par 
attacher  folidemeni  toutes  les  pièces  aux  chapes, 
6t  après  avoir  huilé  le  creux  ,  on  prend  de  la  terre 
un  peu  ferme ,  qu'on  pouiTe  dans  le  moule  en  com- 
mençant par  It^s  fonds  ,  ayant  foin  que  le»  pièces 
ne  fe  dérangent  pas. 

Si  on  ne  remplit  pas  entièrement  le  creux  dctcr* 
re  ,  îl  faut  couler  dedans  im  noyau  de  plâtre  ,  afin 
que  la  terre  ne  1^  déjette  pas,  &  que  le  modèle 
prenne  de  la  confiftance, 

La  terre  étant  bien  imprimée  ,  on  retire  les  piè- 
ces avec  toute  rattention  poflible ,  afin  de  ne  pas 
arracher  ta  terre  avec  les  pièces. 

L*huile  laiiTe  ordinairement  fur  la  terre  un  oeil 
gras,qu*on  peut  faire  pafTcr  en  foufliant  du  vinai- 
gre deifus. 

Les  fculpteurs ,  dont  le  commerce  confifte  en 
figures  de  terre  cuite,  eftampent  ainfi  les  vafes 
de  jardins  &  autres  figures  8t  orncm^ns,  danj 
des  mou!es  faits  pour  cet  wùgt ,  ainfi  que  ceux 
qui  font  des  poèîes  de  faïence  ;  ce  ion^  .les  creiut 
plais  fians  pièces,  dans  Icf^uels  ilspouiTent  la  terre 
en  frappant  t  ils  la  lailTenr  enfuite  bien  fécher 
avant  de  la  mettre  au  four. 

Aîanière  de  monter  f  14 r  la  terre  cuhe  ,  fur  ta  terre 
fe.he  fins  être  culte  ^  fur  le  f  Litre  é^  fur  U 
marbre, 

La  terre  cuite  fe  moule  de  même  que  la  terre 
molle  ;  on  remarquera  feukment  que  la  terre  cuite 
ert  caiTiinte  ,  &  que  le  plâtre  en  fe  gorflant  fercf- 
ferre  6c  donne  beaucoup  de  peine  pour  le  d^g4ger» 

Pour  prévenir  ces  inconvénicns  ,  il  faut  le  fer- 
virde  maftic  Se  de  plâtre  cuit  au  four. 

On  fait  des  coupes  fur  ta  terre  cuite,  ainA  que 
fur  cetle  qui  ne  Tcft  pas  :  Ton  fe  fert  pour  cela 
d'une  fcie  d'horloger  la  plus  mince  &  la  rneilleuie  i 


MOU 

OÙ  pa^e  ei^ult^  une  eau  de  Citoti  un  peu  force 
fur  la  terre ,  &  Von  commence  les  pièces  de 
nwffic  dont  on  a  donné  la  composition  au  corn- 
mencemect  de  ce  traité. 

Il  faut  donner  aui  pièces  la  même  forme  que  A 
elles  étaient  en  plâtre  ;  il  y  a  même  des  figures 
pour  kfquelLes  on  ne  fe  ferc  pas  de  raaitic  ;  on 
doit  alors  Jaifler  à  chaque  pièce  le  tems  de  faire 
foo  effet  avant  que  d'en  placer  d*autres  à  côté. 

Le  maflic  Remploie  chaud  ;  on  le  fait  fondre  au 
baîn-m^rie  :  lorfquHl  efl  maniable  ,  on  le  preiTe 
dans  les  noirs  de  la  figure.  (  On  entend  par  les 
noirs  les  fonds  de  drapcri  s.  ) 

Ce  ffladic  prend  aufiî  vue  &  mâme  plus  vht 
que  le  pîâtre  ;  lotfqu  il  ei\  pris  ,  on  retire  la  pièce 
pour  la  tailler,  puis  on  la  remet  à  fa  place. 

On  fait  enfuite  de  cette  manière  les  aiïtres  piè- 
ces,  foiren  mailic,  foit  en  plâtre,  en  obfervant 
toujours  qu'elles  foient  de  dèpouitie  :  pour  cet  e^et 
on  les  retire  après  qu'elles  font  mifei. 

Si  Ton  ne  peut  pas  faire  des  coupes  à  la  fignre, 
on  forme  le  creux  de  façen  que  les  moules  dos 
parties  ifolées  y  tiennent  ,  &  qu'ils  puilTent  fe 
dtLachcr  quand  on  veut  couler  ces  parties  fépa- 
rèmenr. 

Si  la  terre  eft  sèche  fans  être  cuite,  il  fauf  paf- 
fcr  deiTus ,  avant  de  la  monkr  »  une  couche  d'huile 
&  de  fuif;  mais  elle  ne  fcrt  plus  lorfque  le  creux 
tA  fait. 

Comme  elle  n*â  pas  affer  de  force  pour  réfifïer 
â  l'eiiort  du  plâtre ,  on  la  retire  fouvent  en  mor- 

Si  le  modèle  eft  fendu  ,  comme  îl  arrive  à  b 
terre  en  fèchant ,  Sl  fur-tout  aux  bas-re!icfs ,  il 
fjm  boucher  les  fentes  avec  de  la  cire  à  modeler  , 
avant  de  faire  les  pièces. 

Quant  aux  figures  en  plâtre  coulées ,  ou  faites 
à  U  main,  fi  elles  font  coulées,  on  appelle  cette 
opération  furmouUr,  &  le  crwuxquc  Ton  fait  alors 
(e  nomme  nn  furmouie^ 

On  doit*  avant  de  commencer,  donnera  toute 
lahgureen  plâtre  une  couche  d'huile  gralTe  chaude 
pour  boucher  les  pores  ;  cependant,  fa  Ton  veut 
confervcr  la  figure  en  blanc ,  on  fe  contenre  de 
paflTcr  de(Tus  de  leau  de  hwikn  bien  forte  ;  on  Fa- 
brique enfuite  le  creui  comme  pfjur  tout  autre  ou- 
vrage- Plus  le  morceau  eil  précieux  ^  plus  il  de- 
mande de  foins  &  d'intelligence* 

CepenJant  il  n  y  a  pas  autant  de  rtfques  à  cou- 
rir qu'en  moulant  fur  les  figures  de  marbre.  S'il  y 
arrivoit  quelqu*accident ,  il  feroit  irréparable  ,  tan- 
dis que  la  terre  cuite  &  le  plâtre  font  fufceptîbles 
de  réparation. 

Lorf4|ti'aprés  avoir  moulé  une  figure  en  terre 
cui:c,  on  trouve  quelque  chofe  de  ca^é  ,  Ton  fait 
ch:.ul7cr  les  deux  parties  brifées  ,  on  les  enduit 
çnfulte  de  maflic  gras  ou  de  ma  Hic  au  fromage  , 
8c  on  les  rejoint  foUdenie^t/Il  faut  obferver  que 
ce  dernier  maâic  s'emploie  froid  ,  &  quil  efl  long 
à  prendre. 


MOU 


î59 


Les  plâtres  fe  rejoignent  avec  du  même  plâtre 
qtill  faut  gâcher  bien  liquide,  en  faifant  attention 
de  mouiller  les  endroits  que  Ton  veut  réparer. 

Lorf:iue  les  plâtres  caffés  font  bien  fecs  ,  on  peut 

fc  fervir  de  colle  forte ,  ou  bien  du  blanc  de  plomb. 

La   meilleure  façon  pour  confervcr  dcî  plàtret 

coulés,  eft  dy  paifer  de^us  »  lorsqu'ils   (ont  îïScn 

fecs  ,  une  bonne  couche  d'huile  gra(îe. 

L'opération  qui  demande  le  plus  d'Intelligence  , 
eft  celle  de  mouler  fur  le  marbre  :  il  ne  faut  qu*une 
pièce  mal  jugée  pour  f/tre  caflcr  quelqt.e  partie 
de  la  figure. 

Le  plâtre  fait  des  efforts  qtie  l'on  ne  peur  empê- 
cher quen  oppofant  à  fi  force  cki  maRic  ,  qui  pro- 
duit ordinairement  TefTet  contraire  \  car  le  plâtre 
tend  à  fe  gonfler ,  tandis  que  le  majlic  fe  reOerre 
&  fait  retraite. 

On  commence  d'abord  par  laver  le  marbre  avec 
une  eau  de  favon  une  peu  èpaiffe, 

L*artifte  n'oubliera  jamais  que  Thuîte  fait  fur  le 
marbre  une  tache  qui  ne  peut  s'effacer ,  &  pénètre 
toujours  de  plus  en  plus, 

Oa  fait  chauffer  le  maflic  nu  bain-marie  ,  afin 
qu'il  ne  brCile  pas  ,  pour  faire  des  pièces  aux 
endroits  que  Von  juge  trop  fragiles  :  il  faut  que 
toutes  les  pièces  de  maftic  foient  f;;^[fes  a>ant  que 
de  commencer  celiez  de  plâtre,  k  Von  doit  «n 
faire  :  dans  le  moule  de  T  Amour ,  de  Bouchardon  , 
toutes  les  pièces  font  de  maftic ,  les  chapes  feu- 
les font  faites  déplâtre  cuit  au  four. 

On  obferve  de  laiffcr  faire  à  chacunede  ces  piè- 
ces Tcffet  du  plâtre  avant  que  d'en  former  d'autres 
à  côté,  réfervant  toujours  les  pièces  qui  forment 
les  clefs  iiu  moule  pour  les  dernières. 

Tomes  ces  pièces,  foit  tk  madic,  foit  de  plâ- 
tre ,  doivent  être  coupées  à  la  main  ,  &  non  fur 
le  marbre,  que  Ton  gàteroit  avec  la  pointe  du 
couteau. 

Quaot  à  la  manière  d'opérer ,  elle  efl  abfèîumcnt 
la  même  que  fur  toute  autre  matière:  la  feule  diffi- 
culté particulière,  qui  n'cft  pas  petite,  efl  de  ji-'g^r 
avec  intelligence  les  pièces  6c  les  chapes ,  pour 
éviter  ks  accidens, 

Lo'-fque  la  figure  efl  entièrement  moulée  & 
dépouillée,  on  aura  loin  de  la  laver  avec  d-:  Peau 
chaude,  pour  emporter  le  favon  qui  ferolt  jaunir 
le  marbre  en  féchàut. 

Il  faut  obferver  que  les  noirs  qui  fe  rencontrent 
dans  la  compofition  de  b  ti»;ure  de  marbre  font 
très- difficiles  à  mouler.  Si  donc  il  fi^  trouve  un 
fond  tré^ -grand  qui  ne  foit  pas  de  dépouille  ,  il 
faut  faire  beaucoup  de  petites  pièces  de  maflic 
cntaflees  les  unes  fur  les  autres  jufqu'à  ce  que  le 
noir  foit  bouché  entièrement  :  alors  vous  faites 
une  pièce  de  plâtre  qui  reçoit  Fetnpreinte  des  peti- 
tes  pièces. 

Voici  Tufage  de  cette  pièce  de  plâtre.  Lorfque 
votre  moule  eft  fini ,  &  que  v^^us  dépouillez  la 
tigure  ^  vous  raflemblez  les  pièces  ci-dclTus  fur 
celle-ci  ;  alors  vous  fer«£  un  trcux  fur  cet  enfcai- 

Kk  1 


26o 


MOU 


ble  «e  pièces ,  &  dans  ce  creux  vous  en  coElcrez 

«ne  de  cire ,  qui  doit  tenir  lieu  dans  votre  grand 
mcnjle  *  de  cet  amas  de  petites  pièces  que  vous  avez 
été  obligé  de  faire  pour  avoir  rcmpreime  des  noirs 
relatifs  i  la  forme  de  la  figure  de  marbre. 

On  peut  auffi  faire  des  creux  fur  les  figures 
en  brome  ,  &  alors  m  ne  craînt  pas  reffet  du 
pUtrc.  On  fc  fert  d'îiiâîe  pour  enduire  cette  matiè- 
re avant  qiie  de  faire  les  pièces  i  mais  lorfque  le 
moule  cAfaît,  on  aura  un  foin  particulier  de  net- 
toyer le  modèle  avec  un  linge  fin  &  fec^de  çraime 
du  verd-de  gris. 

\Umhrt  it  faire  le  cnux  cTiine  ftaïue  iqueflrt. 

Après  avoir  parle  des  diiférentes  manières  de 
m*>uler  ,  relativement  à  la  matière  fur  laquelle  on 
fait  un  creux  ,  on  effayera  de  donner  une  idée  de 
Touvrage  le  p!us  confidérable  en  ce  genre  :  on  veut 
parler  du  creux  d'une  ftatue  cqueAre, 

Les  détails  que  demande  une  femblable  opéra- 
tion  font  immenfes  ;  il  fufRi  ici  d'en  donner  un 
extrait. 

Lorfque  le  modèle  de  la  ftatue  eA  fîni  *  comme 
il  fc  fait  ordinairement  en  plâtre  à  ta  main,  le  pre- 
Niier  foin  du  mouleur  eA  de  pader  dcHus  une  ou 
deux  couches  d'huile  grade. 

Pendant  qu^ellc  fèche  »  on  conflniit  une  plate- 
forme ,  nommée  chtjfu  dt  charpente ,  à  laquelle  on 
fait  des  entailles  nommées  repaires  :  elle  doit  excé- 
d:r  d*un  pied  les  plus  fortes  faillies  du  modèle,  âe 
Cire  ton  (truite  de  façon  quelle  puiffc  fe  démonter 
lorfque  le  creux  fera  fait ,  pour  être  placée  dans  la 
fofle  oii  doit  fe  fondre  la  figure* 

Ce  chaffis  étant  bien  polé  de  niveau,  Toncom- 
Bience  les  pièces  qui  doivent  former  la  premlè.e 
afïifc  ices  aiTifes  font  pour  lordinaiie  de  dix-huit 
à  vingt-quatre  pouces  de  hauteur  ;  dans  chacune 
des  pièces  on  met  de  forts  anneleis  pour  retenir  le 
tout  enfemble  en  remontant  le  creux  :  on  choifit 
les  endroit*  de  la  figure  oii  Touvrage  eA  moins  dé- 
lirât, pou»  faire  les  coupes,  afin  que  les  coutures 
(o"^:nl  plus  fiiciîes  à  enlever. 

Ce  creux  fc  continue  de  cette  manière  d^aiTife 
en  aiBfc  jufqu'à  la  tète  ;  chaque  pièce  doit  être  tail- 
lée le  plus  carrément  qn'il  clt  polTiblc ,  &  Ton 
doit  faire  pièces  en  chapes. 

Ainfi  les  petites  pièces  doivent  fc  trouver  encla- 
vées dans  les  grandes  ;  de  forte  que  le  creux  étant 
monté ,  il  forme  une  pyramide  qui  doit  fe  foute- 
kir  par  les  coupes  des  afTifes,  afin  qu  il  ne  rcfte 
aucun  vuide  dans  les  contoun  extérieurs  des  blocs 
de  plâtre  qui   fervent  à  faire  les  rcmpliiTages. 

Chaque  pièce  doit  être  numérotée ,  pour  éviter 
la  confufion  en  démontant  ou  remontant  le  creux. 

Lorfqu'il  e&  entièrement  fini ,  on  le  démonte ,  Si 
on  range  toutes  les  pièces  de  chaque  affife  en  par- 
liculier. 

Le  chaffis  de  charpente  érani  dèbarraffé  de  tou- 
rtes les  pièces,  il  faut  le  démonter,  le  rétablir  en- 


MOU 

fuite  dans  la  foife ,  &  le  pofer  de  niveau  fiirU  grille , 
où  fera  fondue  la  figure. 

C'eft  à  cette  grîUe  que  doit  être  attachée  Taniu- 
turedu  noyau. 

Tout  étant  ainfi  difipofé ,  on  reflionre  le  creiut 
qui  doit  être  durci  ,  afin  que  la  cire  ne  s'y  anache 
pas  ,  autrement  elle  deviendroit  fiarineufc  &  don- 
neroit  trop  de  pièces  à  réparer  ;  il  faut  faire  les 
épaiffeurs  de  cire  convenables  à  chaaue  pièce  avant 
i[uede  la  mettre  à  fa  place. 

Le  creux  étant  remonte ,  l'on  donne  une  couche 
de  cire  chaude  au  degré  de  pouvoir  y  tenir  le  doigt 
{  on  fe  fert  pour  cela  d'une  brofle  douce  que  i  on 
nomme  hUiTeaa  )'fur  la  fuperficie  des  pièces  ;  en- 
fuite  avec  une  ripe  ou  graitoir  à  dents ,  on  rufti- 
que  cette  première  empreinte  ,  afin  de  pouvoir 
adapter  des  épaifîèurs  de^us* 

1»  faut  pour  cela  les  faire  un  peu  chauffer ,  afin 
que  cette  cire  fe  lie  avec  la  première  :  fans  cela  il 
arriveroït  qu'elles  feroieni  bourfoufflées  ^  6c  que  le 
plârre  liquide  ,  verfé  dans  le  creux  pour  former  le 
noyau ,  paflTcroit  entre  les  épaiffeurs  de  cire  ÔC  pro- 
duiioitun  très-mauvais  effet.  (  On  entretient  pour 
cela  un  degré  de  chaleur  convenable  dans  Tatitlicr 
ou  fc  fait  Topération.  ) 

A  l'égard  de  Tépaifleur  que  Ton  doit  donner  a 
la  cire  de  la  figure  qui  réglera  Tépaiffeur  dw  bron* 
ze ,  le  mouleur  doit  fe  concilier  avec  le  foiideur 
pour  donner  plus  ou  moins  de  force  y  futvant 
{^ouvrage* 

Le  principe  le  plus  fur,  &  dont  on  ne  doit  pas 
fe  départir ,  efl  de  donner  toujours  plus  de  force 
dans  kbas  de  la  figure ,  &  de  diminuer  les  épaîf- 
feurs  à  mefure  qu'on  arrive  au  fomniet. 

Lorfque  la  première  affife  cft  mife  en  place,  on 
procède  à  la  leconde  6t  au*  autres  de  mcme  ,  ca 
bouchant  avec  de  la  cire  les  joints  qui  fc  trouvent 
cotre  chaque  alTife. 

Tout  étant  garni  de  cire ,  on  lie  les  pièces  & 
toutes  les  alfiies  les  unes  aux  autres,  avec  de» 
crampons  de  fer  &  du  fii  d'-rchal  i  tbi  Ton  mci  pour 
plus  grande  fureté,  de  peur  que  le  creux  î\c  s'èw- 
te,  des  étrcûllons  de  charpemc  ,  qui  portent  cl  un 
bout  contre  les  chapes,  6i  de  l'autrt:  contre  IcsmiiffS 
de  la  maçonnerie  qui  environne  U  folTc. 

Il  hm  lailTcr  plufieurs  ouvenures,  que  Ton  aonv 
meyWou  éveats  ^  pour  couler  le  noyau  ,  &  pout 
donner  de  Tair  lorfque  Voïï  coule  le  plâtre. 

Le  principal  jet  fe  pofe  fur  la  tère  de  la  figure  , 
le  fécond  fur  la  tète  du  cheval ,  &  le  troifiéme  for 
la  croupe  ;  ces  deux  derniers  doivent  éirc  élevés 
à  la  hauteur  du  premier:  on  pratique  à  chaque  jet 
un  godet  ou  auget  auquel  doit  aboutir  une  rigole 
ou  goutti<ire,  pour  conduire  fans  intcrrupiion  le 
pldtrc  dans  le  creux. 

La  cire  étant  refroidie  ,  on  commence  à  Coûter 
le  noyau  ,  qtic  /on  détrempe  fans  relâche  }ufqu*à 
ce  que  toi^t  foit  remijii,  ^ 

U  faut  oicler  au  plâtra  de  la  pou.rè  c  de  brtfiue 


MOU 

ftilée  :  la  dofe  ortlinalrc  cft  d*uii  tiers  de  brique 
for  deux  tiers  de  plâtre. 

LoHqoe  tout  eft  plein,  on  lajffe  prendre  le  noyau 
pendant  une  journée  entière  ;  on  démonte  enfui- 
te  le  creux  ,  que  Ton  conierve  afin  de  le  retrouver 

»%iï  irrive  quelque  accident  à  la  fonte.  (On  couloit 
iDciennement  le  noyau  à  mefure  que  l*on  élevait 
lef  affifes  du  moule.  ) 

LorCque  U  cire  eft  entièrement  découverte ,  le 
fculpteur  s'attache  à  la  réparer  ;  le  travail  du  mou- 
leur eft  alors  fini ,  à  moins  qu*il  ne  foit  aufh  fon- 
deur »  comme  les  célèbres  KeUer^  qui  étoient  l'un 
ôc  Tautrc  ,  &  mouloient&  fondoient  eux-mêmes 
leurs  ouvrages.  Une  partie  des  bronzes  du  parc  de 

IVerfaines  a  été  fondue  par  ces  deux  frères. 
S'il  cfoit  poffible  que  le  mouleur  fût  fondeur  , 
l'ouvrage  en  feroit  nûeux  fuivi  ;  mais  comme  ces 
fravaux  fe  font  très-rarement ,  les  mouleurs  ne 
Rattachent  qu'à  un  feul  objet,  qui  eft  le  moulage 
en  plâtre. 

Le  fculptctir  ayant  fini  de  réparer  la  cire,  le 
londenr  commence  fon  opération ,  qui  eft  beaucoup 
plui  délicate  que  celle  du  mouleur  ;  car  il  faut  peu 
■  de  chofe  pour  faire  manquer  une  fonte, 
W  II  prépare  d*abord  la  terre  ou  potée  dont  il 
doit  faire  le  creux  fur  la  cire  ;  il  le  forme  en  met- 
tant pîufieuri  couches  de  cette  terre  liquicîe  fur  la 
ligure  ,  jufqtï*à  ce  que  le  creux  foit  d*yne  épaiffeiir 
capable  de  fupponer  Talion  du  feu  Bc  le  poids  de 

11a  matière. 
Lorfque  ce  creux  eft  fini ,  ainfi  que  les  jets  & 
les    évcnts  »  on    fait    recuire   le    moule  pour  en 
faire  fortir  toute  la  cire. 

A  peine  eft-elîe  entièrement  fonte  ,  &  1c  bronze 
étant  à  fon  degré  de  chaleur,  qu'on  làrhc  le  tam* 
pon  pratiqué  au  centre  du  fourneau  ,  &  les  ché- 

tneaux  étant  pleins,  on  lève  les  foupapes  qui  cou- 
-^'rent  les  jets  :  alors  h  matière  fe  précipite  dans 
le  moule. 
Lorfqu'ellc  fort  p^r  Ici  évents,  c*eft  une  preuve 
«|ue  tout  eft  plein.  On  laiflTe  refroidir  le  creux  avant 
«Jiie  de  le  cafTcr  fur  le  bronze. 

On  fsit  ordinairement  une  trappe  fur  la  croupe 
pour  Tuider  le  noyau- 

Mamèri  di  faire  Us  creux  pour  fondre  Us  figures 
en   pÎQtnt. 

La  fonte  des  plombs,  foit  figures ,  foit  ornemens  , 
eft  fujette  a  quelques  difficultés  ;  la  moindre  négli- 
gence ftroîî  manquer  tout  Touvrage.  Voici  le  pro- 
cédé qu'il  faut  fuivre  pour  cette  fonte. 

Suppofons  qu'on  veuille  jeter  en  plomb  une 
Sgore  déterre  molle  de  fix  pieds  de  hauteur,  le 
creux  fe  fait  à  grandes  pièces  de  trois  ou  quatre 
doigts  d'épaifleur  ;  on  n'en  fait  ordinairement  que 
deux  ou  trois  pour  la  face  de  la  première  auife. 
Le  moule  doit  ctrç  en  deux  aftlfes. 

On  obfcrve  foigneuf«.meri  de  faire  pafler  les 
joints  dans  les  endroits  ou  il  fe  trouve  le  moins 
dbuvrage. 


MOU 


^6f 


IL  ne  faut  pis  épargner  le  fer  dans  les  pièces  , 
parce  quil  fait  toute  la  force  du  plâtre»  qui  perd 
fa  confiftance  après  avoir  été  recuit. 

On  fait  les  coupes  néceiTaires  aux  parties  de  ïa 
figure  que  Ton  moule  à  deux  coquilles  ;  onlaiffe 
à  chaque  morceau  de  ces  parties,  des  portées  fufïî- 
fantes  pour  recevoir  le  noyau,  fans  réparer  de  la 
figure  la  jambe  qui  porte  le  poids  du  corps,  &  de- 
mande une  force  proportionnée  à  fa  charge. 

Comme  on  doit  arracher  les  pièces  de  deftus  la 
terre  &  les  caffer  enfuîte  fur  le  plomb  ,  il  f.«ut  au- 
paravant les  bien  juger  de  dépouille,  fuivant  la 
forme  que  doit  avoir  le  noyau. 

La  figure  étant  moulée  de  cette  manière  ,  on 
retire  les  pièces  »  que  Von  recouvre  d^une  épaif- 
feur  de  terre  de  trois  lignes  ,  épaiffeur  d'ufage  pour 
les  figures  de  plomb. 

Afen  que  ces  épaiftcurs  foient  égales,  il  faut 
avoir  une  planche  de  cliéne  que  Ton  creufe  de 
trois  lignes  :  on  y  laiffe  des  rebords  pour  appuyer 
un  rouleau  ;  il  faut  au  fi!  que  cette  planche  &  le 
rouleau  foient  bien  huilés ,  afin  que  la  t^rre  ne  $*y 
attache  pas, 

La  furface  intérieure  du  creux  étant  couverte 
de  ces  cpaiflears  de  terre  ,  on  remonte  le  creux 
dans  la  folfe  deftinée  à  la  fonte  :  elle  doit  être  creu- 
fée  à  proportion  de  la  hauteur  du  mr>ule. 

On  forme  dans  le  fond  de  h  fofTe  une  plate- 
forme de  plâtre ,  dans  laquelle  on  fcelle  un  bras 
de  fer  pour  maintenir  le  contour  de  U  figure,  qui 
doit  être  percée  àdifférens  endroits  ,  afin  d'en  rc* 
ce  voir  d'autres  >  fuivant  la  forme  du  noyau. 

On  moule  le  creux  fur  plate- forme  ;  il  faut  alors 
que  les  pièces  Si  les  aftifes  foient  bien  attachées ,  & 
les  joints  boucliès  avec  de  la  terre  ,  afin  que  le  p'â- 
trc  qui  compofe  le  noyau  ne  coule  pas  à  travers. 

On  finit  le  moule  en  pratiquant  un  godet  de 
terre  fur  la  partie  la  plus  élevée  ;  on  commence 
alors  à  couler  le  plâtre,  qui  doit  être  fort  clair  ; 
lorfqu'il  eft  pris,  on  démonte  tout  le  creux  pour 
en  retirer  toutes  les  èpaifiTeurs  de  terre  que  Ton  fait 
pefer  ;  chaque  livre  de  terre  produit  ordinaire  ment 
dix  livres  de  pîomb. 

On  ajufte  fur  le  noyau  les  fers  de  Tar mature  : 
il  faut  les  contourner  &  les  entailler  fuîv^inr  les 
contours  du  noyau  ,  &  prendre  garde  qu'ils  n'ex- 
cèdent pas  le  plâtre. 

Pour  que  les  ban  Jes  de  fer  fe  trouvent  artachées 
au  plomb  ,  il  faut  faire  de  diffiocc  en  diftance  des 
ouvertures  qui  formeront  des  liens,  étant  remplies 
par  h^  plomb. 

Enfuite  on  pratique  des  j^ts  &  des  évînts  dans 
les  endroits  conveiubles  ^  &  on  difpofe  le  creux 
pour  le  faire. 

Pour  cet  effet  on  conftruit  un  four  avec  les  piè- 
ces du  moule,  en  y  faifant  une  ouverture  pour 
mettre  le  feu,  qui  ne  duit  pas  être  trop  violent 
en  commençant  cette  recuite  des  pièces. 

Pendant  que  le  plâtre  fe  rectiit.  Ton  bâtît  un 
fourneau  pour  fondre  la  matière  fur  un  trépied  » 


2feu  MO  U 

011  (ur  dc3  g^^%  :  on  énblit  une  chaudière  affez 
grande  pour  ioiircnlr  cent  ou  deux  cents  livres  de 
plamb  de  plus  i}*Vii  n'en  dau  enircrdans  la  figure, 
T^*^-  -  ^  ^  U  L7S  où  le  crcuit  prcndroit  jour  par 
,  Von  eut  4iTcz  de  plomb  pour  ver- 
lei  dans  le  creux  f^ns  dîrconàrnier  pendant  tout 
le  tcms  qu'ort  emploierolt  k  bouclier  le  trou, 

Lorfque  les  pièc::^  ft.nt  hicn  recuites  ,  on  com- 
mence à  faire  fondre  la  muiére  i  on  raireniblt:  en 
mêlne  lems  le  moule  autour  du  noyau  ,  qui  doit 
être  au{fi  recuit  fans  changer  de  plâtre  :  on  bâîît 
pour  cela  un  petit  mur  de  plâtre  ou  de  briques  au- 
tour, afin  eue  le  (tu  pénètre  ce  noyau  en  tous 
fcns  ;  car  s^d  arri%'oie  qu'il  fe  trouvât  de  Thumi- 
dité  dans  le  creux  ou  dans  le  ûiyau  ,  Ton  man- 
queroit  Vopèrntion. 

Ayr,nt  raflemblè  1^  creux  avec  foin  ,  on  lie  for- 
tement toutes  les  panier  du  moule. 

On  fc  fert  aufli ,  pour  retenir  lc«i  pièces  ,  d^ 
crampons  de  fer  que  l'on  ferre  avec  des  coins  de 
bcis  ;  enluite  on  couvre  les  joints  avec  du  plâtre 
&  de  la  terre  molle,  afin  que  dans  le  cas  ou  le 
piàtre  ie  gerceroit,  la  terre  empêchât  )e  plomb  de 
paiTer  â  travers. 

Il  faut  enfin  remplir  U  (o^Tt  avec  la  terre  qi  i  en 
eA  forrte  ,  &  la  bien  battre  à  mefure  que  Ton 
remplit. 

Tojte  cette  opération  doit  fe  faire  le  plus  promp- 
tement  poiTibk,  de  craimc  que  le  plârre  ne  prenne 
de  rhumidité. 

Le  plomb  étant  chaud,  on  fe  dlfpofe  à  couler 
la  figure* 

Cette  opération  démande  quatre  ou  cinq  perfon- 
nes,  deux  defquclles  doivent  fouroîr  fans  interrup- 
tion du  plomb  dans  la  cuiller  de  celui  qui  verfe 
dans  le  creux  :  celui-ci  ne  doit  pas  difconrînucr  de 
verfer,  telle  chofe  qu'il  puilîe  afriver. 

Les  autres  aides  iont  occupés  perpétuellement  à 
boucher  avec  de  h  terre  molle  les  endroits  où  le 
plomb  trouveroit  nn  paffage* 

Le  creux  étant  plein,  la  matière  monte  par-dcf- 
fus  les  éveots  &  com.mence  à  boiullonncr. 

Pour  éviter  les  vents  ou  foufflures ,  il  faut  y  jeter 
de  la  réfine  avant  que  de  couler  :  le  fuif  remplit  la 
même  indication. 

Ou  fait  à  foo  choix  les  godets  de  tôle  ou  de  fer- 
blanc. 

Pendant  que  le  grand  creux  se  refroidir ,  on  coule 
les  autres  creux  des  p.iriîes  de  la  figure. 

Tout  étant  aii-rfi  coulé,  s'il  reilç  du  plomb  dans 
la  chaudiéfi: ,  on  le  verfe  k  (^ufieurs  reprîtes  dans 
dçi  cuillers  ,  on  c^ïTe  cnfuitc^c  moule. 

Cette  opérn'ion  fe  fîit  avec  des  morceaux  de 
bois  taillés  en  forme  de  coins ,  pour  ne  pas  endom- 
mager le  plomb  avec  les  outils  de  fer. 

On  coupe  les  Jcti  Si  on  ébarbe  les  coutures  des 
jointes  ainfi  que  les  ct  upes ,  pour  rejoindre  les 
parties  lu  corps:  .lyaiu  pour  cela  rapporté  tes  deux 
p;»i:tics  enfembte ,  6c  les  ayant  attachées  avec  du 


M-O  U 

fil  cl'archal,  on  coule  du  plomb  rouge  pout  1^ 
fondre. 

O.i  connoît  que  le  plomb  eft  affez  chaud  peur  le 
cnulcr,  en  y  jetant  un  morceau  de  papier;  file 
feu  s*y  communique  fubitement  >  le  plomb  cft  à 
fon  degré  de  chaleur. 

Veut-on  que  U  figure  foit  bien  finie  ?  il  faut  U 
faire  ci f^ ter  par  les  artiftes  qui  s'occupent  unique* 
ment  de  ce  travail» 

Le  p;.TC  de  Verf::*iUes  offre  ce  que  Ton  a  fofidfl 
d«  plus  confidérable  en  ce  genre. 

/>cfj  créux  pour  la  cartonnages  ^  6^  de  h  manUre 

de  faire  Us  cartons* 

On  emploie  ordinairement  les  figures  &  autrei 
ornemens  da  carton  dans  les  falles  des  fpe^acles  , 
dans  lesc&tdfalques  ,  les  fét^s ,  &c. 

U  y  a  deux  manière»  différentes  de  cartonner  > 
Tune  tn  papier  ordinaire,  &  Taurre  en  papier  battu, 
qisi  s*3ppcl!c  aullî  papier  pourri  ou  muchè. 

L':s  creux  fe  font  en  conféquencc. 

Pour  le  papier  ordinaire,  les  creux  font  prefquc 
fans  pièces  ,  parce  que  le  cordono.^ge  eft  ttés- facile 
à  dépouiller  ;  m^s  pour  le  papier  battu  ,  Us  font  à 
pièces  plus  grandes  que  pour  les  creux  oii  Ton 
doit  couler  les  plâires. 

Lorfque  la  pat?  eft  bien  imprimée,  l'ouvrage 
réulTit  suiTi  bien  que  les  plâtres* 

On  fuppofe  que  Ton  ait  a  mouler  une  figure  en 
terre  grande  comme  uaiure  ;  pour  la  faire  enfuice 
en  carton,  on  commence  par  pratiquer  les  coupes 
nèceffaires  ,  &  même  en  plus  grand  nombre  que 
dans  les  autres  creux  :  fans  cette  multiplication 
des  coupes  ,  le  papier  ou  la  pâte  ne  fccUeroit  pas 
dans  les  fonds. 

Toutes  les  parties  ifolées  de  la  figure  étant  cou- 
pées ,  on  pratique  ce  que  Ton  ap[.elie  pièces  &  chi* 
pes,  toujours  en  deux  coquilles. 

On  n*oubliera  fras  de  faire  des  repaires  à  chaqae 
partie  que  Von  fépare  de  la  ^%\irG  ,  afin  de  pou- 
voir les  remonter  lorfqu*elles  feront  cartonnées. 

Le  corps  fe  moule  en  detïX  affifes  pour  ^ciliier 
ropèration,  8c  chaque  allife  eft  compofée  de  deux 
chapes,  qui  doivent  renfermer  le  petit  nombre  de 
pièces  qu'on  cil  obligé  de  faire. 

L^  creux  étant  fini ,  on  le  retire  de  defius  la  terre  ; 
f:  fi  le  tems  ne  permet  pas  d'attendre  qu'il  foit  fcc 
^!  rîurci ,  on  paffe  une  forte  couche  d'huile  d*ceîUet 
m^^lic  iuvec  du  fuif. 

Alors  on  prend  de  la  pâte  qui  a  été  compose  de- 
la  m^nidre  fuivante  :  on  laiflc  pourrir  des  regoiî- 
res  de  papier  dans  de  Tcau ,  que  Ton  chanj^e  fou- 
vent  pour  empêcher  la  corruption  ;  loffqtie  le  t>a«' 
pier  t(i  détrempé ,  an  le  retir»!  de  l'eau  ,  on  le  Wt 
dans  un  mortier  pour  le  réduirif  en  pâte  ,  &  poiui 
dernière  prépatation  on  le  f.iit  bouillir  dam  tl 
châUiiiére. 

Afin  que  la  pâte  ait  de  U  confiifance  ^  on  y 
ajoi  te  un  peu  de  colle  de  farine  ;  la  pitc  étant  ainâ 
préfarée  pour  ks  ouvrages  même  les  plus  déli* 


M  OU 

citt»  on  la  fiiit  féchcr,  on  b  râpe  fur  une  grille  ; 

par  ce  moyin  on  a  une  pâte  très  fine  qui  prend 

ics  empreintes  les  pîus  finies. 
^        Oo  met  de  cette  pâte  dans  une  terrine  oy  jatte 
H    *^«e  un  peu  d'eau  ,  alors  on  Tetend  avec  les  doigts 

diTis  les  tonds  du  moule  de  TépaiiTeur  d'une  ligne  , 

le  p*us  è^ilemem  qu'il  cfl  poflîlile  v  enfuit e  avec  une 

Ipcfice  éporgt  iinc ,  on  abforbe  Teau  que  Ton  a  été 
cb'îgè  de  mestrc  dans  la  pâte  pour  qu'elle  s'im- 
prime facikm^nt, 
LorfquVîle  eft  toute  imbibée  &  que  la  fuperficie 
eu  creux  eil  garnie,  on  pafTe  deflTus  une  couche 
«îecoljc  ;  on  fait  a^rès  cela  fécher  le  creux  à  un 
^v'ti  qu»  ne  fait  pas  trop  fort  en  commençant»  de 
cnÎRte  que  le  carton  ne  ù  déjette.  Lorlqu'il  fe 
«taitve»'  dans  îes  creux  ,  des  endroits  profonds  oîi 
Il  chaleur  pénétre  difRcil^ment ,  il  faut  y  verferdu 
^able  chtiudoude  la  cendre  chaude,  pour  que  tou- 
tes !cs  pariies  foiem  également  fèclies. 

Ceif^»  première  couche  cft  féche,  lorfqu^en  frap- 
pa ,  elle  fe  détache  du  creux  :  alors  on  le 
ïTf^  lî  pour  donner  les  couches  de  papier 

I^pii  lOiii  la  ft>rce  du  carton* 
On  emploie  à  cet  ufa^e  du  papier  appdè  Jo- 
/ifà^  que  Ton  colle  double,  6i  ïon  en  couvre  la 
pàfc  avec  de  petits  morceaux  d*un  pouce  tout 
su  0I1JS. 
Ce  papier  étant  bien  appuyé  p.ir-iout»  on  don- 
nt  une  couche  de  colle  pour  recevoir  la  féconde 
codche  de  papi'^r  gns  :  celtii-ci  fe  coile  d^  même 
qiic  le  bUnc ,  &  double  comme  \c  premier  papier. 
La  rroifïémc  ciuche  dt  it  être  en  trob  doubles , 
ce  qui  fait  en  tout  cinq  épaiffeurs  de  papier  gtis 
fil  deux  de  blanc  :  on  donne  encore  une  couche 
de  colie  pour  remettre  enfuite  le  creux  au  feu, 

Lorfque  les  morceaux  que  Von  cartonne  font 
«J  "un?  grande  étendue  ,  on  met  entre  )a  féconde  & 
l^  troiîiè.ne  couche  de  p^iergris  des  lames  de  fer 
«ïîiace  pour  donner  la  Icrce. 

QuaDd  le  canon  eft  fcc^on  le  retire  du  feu  , 
&  ou  le  découpe  pour  coudre  les  morceaux  qui 
doive at  furm^r  la  ligure  :  on  fe  fert  de  fil  d'archal 
'ttince  Si  recuit  ;  &  afin  que  les  joints  ne  paroiffent 
i^as,  ofi  les  recouvre  de  papier  collé. 

Sllarrivoit  que  les  contours  fu^Tent  altères,  on 
i^éparrrof!  r^s  înconvénicnsavec  de  la  terre  molle , 
«  iiier  blanc  par-deiTus. 

!^'  carton  foit  encore  plus  dura- 

ï^j'r  ♦  on  coile  de  la  toile  par-dcnriére  avec  de  la 
coUe  forte ,  Se  on  y  met  quelquefois  des  étoupcs 
tftTQpèes  dAns  la  même  colle. 

La  figure  étant  tout-à-fait  moulée,  on  h  fait 
faber  de  nouveau. 

Si  elle  cft  placée  dans  un  endroit  fec  ^  elle  du- 

rcfi  très- long  lems* 

T     '"       ';?s  cartonnages  doivent  être  dorés,  les 

-Ht   deiTus  fufqu'a  vingt  couches  de 

hU^^  a  ia  colle  de  Flandre  ,  quils  réparent  en  fui  te 

avec  des  crochets. 

Si  W  répareuT  cfl  intelligent  »  il  fait  reiîaîrrc  fur 


MOU 


2b  \ 


cette  mafle  de  blanc  les  formes  que  le  fciilpteur 
avait  données  à  la  figure  ou  k  rornement  qui  lui 
eH  confié, 

Uautre  manière  de  cartonner  efl  plus  fimple  , 
elle  ne  diffère  de  la  premiers  que  par  rexcc|nion 
de  la  pâte  de  papier  pourri. 

Ce  cartonn?g-  rculfu  arifi  bien  que  faôtrc  : 
aulîi  ne  s'en  fert-ôn  que  pour  des  chofes  qui  ne 
doivent  durer  qu'un  jour  ,  tels  que  fêtes ,  cata- 
falques »  6ic. 

Les  Anglois  font  en  carton  les  ornemens  des 
plafonds  que  nous  faifons  «, n  plâtre  ;  ils  font  plus 
durables ,  fe  détachent  diâicilement ,  ou  s'ils  fe 
détachent,  le  danger  ell  nul  ,  6c  la  réparation 
peu  difpendieufe. 

De   la  ma  ni  ht    àc  fdirt  d(s  creux    r^-léinvemeni   à 
dt^ifcns  uru  &  tnaniifaHuns ,  &€. 

Creux  pour  les  manufaBures  de  parceUine* 

On  fait  ordinairement  des  modèles  en  terre  , 

que  Ton  moule  enfuite» 

Quanta  la  manière  de  faire  ces  çrejrrp  .jlfaut 
que  les  pièces  foient  parfaitement  de  dépouille  , 
comme  îî  on  vouloit  retirer  des  plâtres  :  ce  qui 
arrive  quelquefois, 

La  fcnile  chofe  particulière  que  Ton  doive  ob- 
ferver,  c'eft  que  les  pièces  foient  enchàdées  dans 
les  chapes  j  autrement  elles  s'écarteroient  en  pouf- 
fant ta  pâte  ûàm  le  moule* 

On  fait  autant  de  coupes  à  la  figure  que  le  mo- 
dèle Texige,  &  on  les  moule  en  deux  parties. 

Les  creux  étant  faits ,  11  f^ut  les  durcir  à  la  cire  : 
on  prend  pour  cet  effet  de  la  cire  neuve  que  Ton 
fait  chauffer. 

Lorfqu'elle  eA  bîen  chaude ,  on  trempe  dedans 
les  pièces  qui  doivent  être  un  peu  chaudes,  afin 
que  la  cire  s*imbibe  dans  le  plâtre. 

On  doit  fc  fervir  de  plâtre  cuit  au  four,  pour 
faire  ces  crelix. 

Les  creux  à  Fégard  des  officiers  de  bouche  fe 
font  k  peu-près  comme  ceux-là. 

Suppofons  une  figure  nue  de  fix  pouces  de  hau* 
teur  >  telle  qu'eil  toupiirs  la  haufeur  de  leurs  modè- 
les» il  faut  couper  toutes  les  parties  failiante»  de 
la  figure,  comme  les  bras,  tes  jambes,  afin  de  pciu- 
voir  mouler  ces  parties  en  deux  coqùilIê>  fjns  y, 
faire  d'autres  pièces.   * 

Ce  n  e/l  que  par  le  moyen  des  coupes  que  l'on 
rend  le  creux  de  dépouille. 

Cette  opération  exig^  beaucoup  de  propreté,  & 
le  creux  doit  être  taillé  avec  netteté  d*:dans  & 
delïors  ;  on  le  durcit  enfuite  à  la  cire  chaude  ,  ainfi 
que  les  précédentes, 

CcÛ  dans  ces  creux  que  les  officiers  eflampept 
une  pâte  compofèc  ^vcc  du  fucre ,  qu*!U  foot  fé- 
cher enfuite,  ,  , 

Lorfqu'elle  eft  féche,  elle  ft  ucîîèmeRt 

du  çfQiït  'f  mats  on  ne  h\i  presque  plus  ufage  de 


«ÉÉ 


CÔ4     ^V   M  Ô  U 

CCI  figures  de  fiicrc  ,   appelées  pajîtltagej  :  on  y      les 
afnbfîitué  des  figures  en  porcelaine, 

A  regard  des  creux  pour  rorfèvrerie ,  on  doit 
les  compofer  (uivAnt  Ttifage  auquel  Us  font  def- 

Si  l*on  veut  couler  des  cires,  il  faut' que  le  creux 
foit  fîAÎt  de  façon  c|ue  toutes  )cs  pièces  puiiîcnt  s'at* 
tacher  aux  chapes,  afin  de  pouvoir  les  retourner 
&  couler  la  cire  à  la  volée  ;  it  faut  auflî  que  les 
pièces  fuient  d«  dï^pouitle,  fans  quoi  on  ne  pour* 
roit  pas  retirer  les  plâtres  du  creux. 

Si  au  contraire  ofl  doit  couler  de  l'étain  dans  le 
creux  ,  il  faut  quM  foit  en  deux  coquilles  &  en 
iréS'peu  de  pièces. 

Le  creux  doit  erre  recuit  lorfque  Ton  doit  cou- 
ler de  Tctain  ,  comme  on  Ta  dit  en  décrivant  la 
manière  de  couler  les  plombs  ;  on  a  même  obf^rvii 
que  l'uùge  d*enfamer  les  creux  avec  un  lam- 
beau de  poix-réfiiie  »  rendrolt  la  matière  plus  nette. 

Lorfque  l'ctain  cft  fortt  du  creux  ,  on  le  répare 
au  cifelet ,  âc  Ton  fait  fur  ce  mode  le  un  autre  creux , 
dans  lequel  on  coule  des  cires  d*épaifleur  ,  fuivant 
la  force  que  Ton  veut  donner  à  la  matière. 

Il  faut  couler  la  cire  à  la  volée,  en  vcrfuit  à 
piufieurs  reprifes  dans  le  creux  qui  doit  àtre  durci 
auparavant. 

La  cire  étant  coulée ,  on  vcrfe  dans  le  moule  du 
plâtre  corrigé  avec  de  la  pouiTiére  de  brique,  pour 
faire  un  noyau  comme  dans  la  fonte  des  bronzes. 

On  moule  auflTi  des  modèles  faits  en  cire  pour 
les  fondeurs,  ciCeleurs  &  autres  artiftcs. 

Les  creux  fervent  à  couler  la  cire  pour  fondre 
enfuite  en  bronze  toutes  force»  d*ornemen$  »  tels 
que  pendules  ,  feux ,  &c. 

L'on  moule  des  médailles  ,  des  bas-reliefs  d'or- 
févretie  :  Ton  peut  faire  ces  creux  en  plâtre,  en 
foufre  »  &  même  en  corne, 

Veui*on  mouler  une  médaille  d'argent  ou  de 
bronze  ?  on  commence  par  hmlcr  la  médaille  que 
Tcm  pofe  enfuite  fur  une  planche  i  on  prend  de  la 
terre  molle ,  dont  on  f^ir  une  petite  portée  à  un 
doiet  de  dift:^nce  du  bord  de  la  médaille  ,  &  Ton 
coule  do^iis  du  plâtre  clair  qu\>n  imprime  avec  la 
broife.  Le  plâtre  étant  pris ,  on  retire  la  médaille  » 
ou  le  bas  relief. 

Lorfque  le  creux  cfl  diirci ,  on  peut  y  couler  du 
talc  ^  ou  du  foufre  i  on  peut  même  faire  les  creux 
en  foufre. 

Ces  creux  font  plus  durs  que  ceux  de  plâtre  ; 
mais  iisne  reçoivent  que  le  plâtre  &  le  talc,  carie 
foufre  s^incorporerolt  avec  le  creux. 

11  faut  être  trèi-prompt  il  verfer  le  foufre  fon- 
du «  il  n*y  a  rien  qui  le  fige  plus  promptemcnt. 

Les  creux  de  corne  fe  font  de  la  manière  fuivan- 
te  :  on  les  met  d  abord  tremper  dans  de  Tcau  bouil- 
lante ;  8t  lorfque  la  corne  eft  maniable,  on  pofe 
la  médainc  dcflTus  ,  enfuite  on  place  la  corne  &  la 
médaille  entre  deux  pî.^nclics  que  Ton  met  en  preffe , 
afin  que  tous  les  traits  foicm  bien  imprimés. 

Les  perfonnes  qui  font  le  commerce  des  mou* 


MOU 

,  coulent  auffi  des  moules  en  étaîn  :  ils  peu- 
vent par  ce  moyen  couler  une  très- grande  quati- 
titè  de  relief*:  avant  que  le  creux  foit  endommagé. 

On  peut  aulTt  moukr  des  médailles  avec  de  la 
mîe  de  pain  chaude  ,  aprèi  Tavoir  réduite  en  pâte 
avec  lîn  rouleau. 

Lorfque  cène  pâte  efl  fèchc ,  elle  eft  extrême- 
ment dure  ;  mais  de  crainte  que  les  mites  oc  §*y 
attachent,  on   y  raélc  lui  peu  d'aloès. 

Les  graveurs  en  creux  le  fervent  de  cette  pâte 
pour  cltampcr  à  mefu<e  qu*Us  forment  leurs  ou* 
>Taees* 

On  rencontre  journeUemcnt  des  difiicultés  que 
la  pratique  S:  fufagc  feuls  peuvent  lever.  Plus  le 
morceau  fur  lequd  on  fait  un  creux  cft  prècieLvt, 
plus  il  demande  de  foins;  c'cft  à  celui  qui  opère  à 
réfléchir  fur  la  forme,  fur  TefTet  6t  fur  U  façon 
de  monter  fan  moule  :  il  faut  qu'il  putlTc  rendre 
raifon  de  fon  ouvrage  ;  car  il  ne  s*agit  pas  ûjn- 
plemcnt  de  couvrir  une  figure  de  pièces  ,  Uns 
s'embarraiïér  de  ce  qu'elles  deviendront  dans  le 
creux.  Chacune  doit  retrouver  fa  place ,  &  y  teoir 
facilement. 

11  ne  fera  pas  inutile  de  donner  ici  quelques  ^rh 
fur  îa  minière  d'entretenir  les  figures  de  )ardin  & 
de  les  réparer  ,  ainfi  que  plufrjurs  compofition» 
de  maflics  qui  entrent  dans  différens  ouvrages  , 
tels  qucrocailles  ,  niches,  &c. 

On  eft  dans  Vuûgc  de  décorer  les  jardins  de 
figures  de  marbre  ,  de  plomb  ,  de  terre  cuite  8c  de 
plâtre  ;  ces  dernières  font  les  moins  difpendieu- 
fes ,  &  Ton  en  peut  jouir  à  Vinftant  qu'on  le  défire. 

Les  figures  de  terre  cuite  fe  dégradent  à  Tair 
ainfi  que  les  figures  de  plâtre  ;  le  marbre  même  fe 
détruit  par  le  tems  :  cependant  piufieurs  perfonnci 
préfèrent  les  terres  cuites  au  plâtre. 

Voici  la  manière  de  préparer  une  figure  de  pM* 
tre,  afin  qu'elle  puifTe  réfifter  aux  injures  de  rair. 

Il  hui  d'abord  que  la  figure  foit  coulée  avec  du 
bon  plâtre  très-fin  ,  d'une  épaifTeur  convenable  , 
d'un  pouce  au  moins  également  par-tout;  qu*elle 
foit  enfuite  fortifiée  avec  du  fer  que  l'on  appelle 
fantons  ,  que  Ton  aura  enduit  de  chaux  décrem- 
pée  :  on  recouvre  tout  Touvragc  d'un  bon  pouce 
de  gros  plâtre,  &  même  plus  particuUèreinent 
dans  le  bas  de  la  figure. 

Lorfqu'elle  eft  réparée  &  pofée  en  fa  place  ,  tl 
faut  attendre  qu'elle  foit  bien  féche  avant  que  H*t 
mettre  la  préparation  futvante  :  ces  réparations  le 
font  pour  rordinairc  dans  les  tems  chauds. 

Lorfque  le  foleil  a  pompé  toute  rhumidirè  qui 
pouvoit  reftcr  dans  le  plâtre ,  on  met  fur  le  wir 
une  couche  d'huile  graffe,  dont  on  a  donné  pré* 
cédcmraent  la  compofmon ,  prcfquc  bouillame  ; 
^\  la  journée  fuivante  cft  encore  belle  &  que  le  fo- 
leil foit  chaud  «  cette  huiîc  pénètre  dans  le  plâtre 
alors  on  en  remet  une  féconde  couche  par- tout 
également,  fans  faire  d'épaiffcur. 

Le  troifièmc  jour  on  détrempe  du  blanc  de  ce- 
rufc  ou  de  plomb ,  broyé  avec  de  rhuUc  de  lin  ; 

oa 


âl 


» 


1  un  ^.cu  de  litlwr*c  en  poikire ,  pour  ren- 
Cûsnpofition  dcittcaiive*   Elle  aolt   être 
cTiifç*,  afin  qu'elle  ne  mafque  pas  le  travail  de  la 

Ou  àoU  mêler  ivec  le  blanc  un  peu  de  bleu  , 

peur  donner  un  ton  de  marbre»  &  obferver  fur- 

rout  de  ne  point  mettre  de  v^^rnis  ;  car  il  fcroit 

écailler  la  couleur  »  6t  donnerait  même  un  brillant 

à  la  figure,  qui  feroit  défagréable  àroeil. 

D'après  ce  qu'on  vient  de  dire ,  on  Cent  que  le 
plâtre  doit  être  bien  dépouillé  d'humidité  ,  fans 
^uoi  Ton  verroir  en  peu  de  tems  fe  former  des  cre- 
^a^es.  On  eà  obligé  de  les  boucher  enfuite  avec 
du  inaflicii*huile  ,  8c  de  remettre  de  la  couleur 
jtar^deiTus* 

Uqc  figure  ou  iinvafe  de  plâtre  étant  préparé 
Je  cette  manière  ^  on  peut  répondre  de  fa  durée  ; 
U>n  fera  bien  de  les  couvrir  de  toile  peinte  ou  cirée 
pendant  Thiver. 

On  eft  oblige  d'y  remettre  une  couche  claire  à 
psu'près  tous  les  deux  ans  ;  &  ce  terme  dépend 
de  la  place  que  la  figure  occupe  dans  le  jardin  , 
car  elle  devient  plus  noire  (ous  les  arbres  qu'en 
picin  air. 

Quoique  le  tranfport  des  figures  de  plâtre  pa- 
toific  djÂcilc  &  dangereux  ,  il  peut  fe  faire  cepen- 
dant fans  nf^ue  &  à  peu  de  frais- 
Telle  cil  la  manière  d  encaiffer  fit  de   vûitur«r 
ces  fieures. 

tlntit  conflruîre  une  caiffe  dont  le  fond  &  les 
efteès  foient  de  fortes  planches  de  fapin,  que  Ton 
somme  madriers ,  lefquelles  doivent  être  emboî- 
rce*  à  queue  d'arondc.  (  Ce  terme  eft  connu  des 
ouvriers.  ) 

On  place  ta  figure  fur  le  fond  qui  fait  la  bafe 
Je  la  caiffe  ,  enfuite  on  attache  des  traverfes  de 
planches  autour  de  ta  plinthe  ;  îl  faut  en  contour* 
ocf  d'autres ,  fuivant  les  faillies  de  ia  figure  ^  qui 
doit  erre  attachée  a  la  caifle  avec  des  clous  ou  des 
fUiil  faut  placer  entre  la  figure  6i  cestaffcaux  de 
fcois,  de  Tètcupe,  ou  du  linge,  ou  du  papier. 
Pour  plus  grande  fureté.  Ton  remplit  les  vides 
dé  la  caiiîc  de  fciure  de  bois  bien  fèche. 

Si  les  planches  de  ta  caiffe  ne  font  pas  exaéle- 
»ent  jointes  ,  on  co.le  du  papier  fur  les  joints  : 
fins  cela  la  fciure  de  bois  pafleroit  au  travers  ;  & 
p«r  le  vide  qui  en  réfuUeroit ,  la  figure  pourroit 
vaciller  &  fe  bri  fer. 

Cette  manière  eft  ufitée  cnlulie,  &  toutes  les 

figures  qu*on  envoie  de  ce  pays  font  ainfi  emballées. 

On  peut  aufli  tranfporter  des  figures  ians  être 

CDcaiffccs  ,  en  les  plaçant  fur  une  vo'ture  où  il  y 

a  moitié  de  la  litière  qui  a  fervt  aux  chevaux. 

snèn  de  faire  le  ma  flic  paur  les  cottes  &  auires 
puvragei  de  rocaiUes  pour  les  décorations  des 
jéirdîm. 

Quoique  cet  article  ne  foit  pas  ordinairement 
da  rcfifort  du  mouleur,  il  y  a  cependant  des  cas 
Arts  &  Métiers*  Tome  V.  Partie  L 


265 

OÙ  l*on  voudroit  en  connoître  les  détails,  La  prati- 
que  que  j'en  ai  acquife^  continue  M,  Fiqun  , 
m'engage  à  en  faire  part  au  public. 

Un  célèbre  artilîe»  M.  Loriot,  vient  de  publier 
un  ciment  qui  refîèmble  beaucoup  à  celui  des  an- 
ciens ;  il  confiflc  dans  une  préparation  de  mortier 
ordinaire,  dont  on  abforbe  rhumidlié  avec  un 
tiers  de  chaux  vive  en  poudre.  J'en  ai  fait  plufieurs 
épreuves  ;  une  partie  n  a  pas  réuffi  comme  je  Tef- 
pérois  :  j'ignore  ce  qui  a  pu  s'y  oppofer ,  foir  la 
dofe\  foit  fa  qualité  ,  la  cuiffbn  de  la  chaux,  ou  la 
nature  de  la  pierre  qui  la  compofe  r  fou  vent  ce 
ciment  s'eft  gercé  ou  a  fermenté  >  de  façon  que 
Tenduit  s'eft  réduit  en  pouffière. 

Voici  donc  le  mien  ,  qui  peut-être  fe  trouve  par 
bafard  être  la  même  chofc  :  on  le  connoît  fous  le 
nom  de  ciment. 

On  broie  de  la  tuile,  de  la  brique  ou  du  car* 
reau  (  la  tuile  eft  préi^érable  )  ;  on  prend  enfuite  de 
la  chaux  détrempée,  &  on  fait  un  mortier  un  peu 
clair  :  lorfqu  il  faut  l'employer ,  on  mêle  de  la 
poufTière  de  chaux  vive ,  &  on  remue  bien  le  tout 
avec  une  fpatule. 

Ceft  avec  ce  ciment  que  les  coquilles  &  autres 
pétrificatioas  s^attachent  aux  murailics,  oiî  elles 
doivent,  malgré  cela,  erre  retenues  avec  des  fils 
de  laiton. 

Ce  même  ciment  peut  f«^rvir  auffi  pour  les  en- 
duits des  baiîîns  ôt  les  joints  de  pierre  \  il  empê- 
che la  filtratîon  de  Teau^ 

Si  Ton  défire  quil  devienne  dur  à  l'inflant ,  on 
joint  aux  matières  ci-dcffus  mentionnées,  un  peu 
de  plâtre  très-fin ,  &  cet  amalgame  fait  un  corps 
qui  durcit  promptement. 

J  ai  fiit  aufil  un  autre  maftic,  dit  M.  Fiquet  ^ 
qui  m'a  toujours  réuffi  pour  raccommoder  des  joints 
de  fi  gares  en  terre  cuite  :  je  crois  qull  pourroit 
bien  être  le  même  que  celui  de  M,  Corbel  ^  maî- 
tre marbrier  ,  aflez  connu  par  la  bonté  de  fon  mat 
tic  pour  remplir  les  joints  des  terraffes  &  autres  : 
le  voici* 

On  prend  du  ciment  broyé  très-fin ,  détrempé 
avec  de  l'huile  de  lin  ;  &  pour  rendre  ce  maftic 
deiïrcatif ,  on  y  ajoute  de  U  liiharge  en  poudre  ; 
il  faut  avoir  foin  de  ne  préparer  que  ce  dont  on 
a  befoin  pour  rinftant,  &  de  Fappuyer  fortement 
avec  la  fpatule ,  en  obfervant  fur-tout  qu*il  n'y  aie 
point  de  pouffière  dans  les  endroits  qu'on  veut 
remplir  de  maftic. 

On  fe  fcrt  auffi  de  blanc  de  plomb  broyé  à  l'hui- 
le ,  pour  réparer  des  fraflures  faites  il  des  terres 
cuites ,  figures  ou  vafes  expufés  à  l'air. 

Le  maRic  de  vitrier  fert  encore  pour  la  reftaii- 
ration  des  figures  de  jardin*  Tout  le  monde  en  fait 
la  Gompofition ,  qui  n'eft  autre  que  du  bbnc  d'Ef- 
pagne  broyé  avec  Thuile  de  lin  ou  de  noix  »  &  de 
la  liiharge. 

Le  blanc  d'Efpagne  fe  fait  de  cette  manière  :  on 
prend  du  plâtre  irès-fin  &  bien  cuit ,  que  1  on  dé- 
trempe avec  de  feau  \  lorfqu'il  commence  à  prcn- 


MOU 


dre ,  €>n  le  remue  beaucoup ,  en  y  ajoutani  toujours 
de  pirêille  eau,  juCiqu'à  ce  qu'il  devienne  comme 
du  latt  &  qu^ll  ne  fcrtnente  plus  :  cela  s^appelle 
noyer  le  plâtre. 

On  UiiTe  dèpofer  ce  mélange  d'eau  &  de  plâ- 
tre ,  jufqu  à  ce  que  Teau  foît  claire.  Oa  la  fait  en- 
fuite  écouler  ,  âc  le  plâtre  Ce  trouve  au  fond  du 
vafe  ,  en  forme  de  limon  :  on  en  fait  des  pains 
qui  étant  bien  féchès  à  IVir  ou  au  four ,  peiivem 
être  remis  en  poudre,  &  fervir  enfutte  à  diffèrens 
ufages ,  furtout  pour  les  peintres  de  bâtimens  & 
autres* 

On  fiiit  auffi  avec  le  blanc  une  détrempe  blan- 
che ou  couleur  de  pierre  ,  en  y  mêlant  dans  le 
premier  cas  un  peu  de  noir  de  charbon  ^  &  dans 
l'autre  du  jaune  en  poudre* 

Si  Ton  doit  remployer  à  iVir ,  on  y  fait  fondre 
de  l  alun  de  roche  &  un  peu  de  poudre  de  chaux 
vive.  Si  au  contraire  c'elt  dans  Tintèrieur  de  bâ- 
timens» on  fe  contente  d*y  mêler  de  la  colle  de 
Flandre  f  ndue  dans  de  Teau. 

On  vient  de  voir  que  le  moulage  fait  multi- 
plier les  objets  dont  on  veut  confcrver  Timage  ; 
ct(\  par  lui  qu'on  fe  procure  aifément  6c  à  peu 
de  frais  des  copies  des  ouvrages  de  la  nature  ,  ou 
des  chef- d'oeuvres  des  arts  du  detlm  :  il  sVft  fou- 
m\s  des  mat:èrts  de  différens  genres,  qui,  par  leur 
foupleiTc  ou  leur  fluidité,  étotent  propres  à  rendre 
la  beauté  des  formes,  la  judcffe  des  proportions 
&  la  dèlicatelTe  des  traus  jufque  dans  leurs  plus 
petits  détails;  mais  il  y  a  beaucoup  de  divcrfné 
dans  ta  manière  d'exécuter  le  moulage^  comm; 
il  y  a  une  grande  variété  dans  les  ouvrages  qu'on 
peut  en  tirer;  c'cft  pourquoi  nous  croyons  dcv^oir 
ajouter  à  rexcellent  traité  deM.Fiquet,  plulieurs 
autres  procédés  du  moulage,  qui  différent  de  ceux 
de  cet  habile  artifle»  foit  dans  la  manipulation , 
foit  dans  les  refuhats. 

yeut'On   mùukr   en   mirai ,   &  jeUr  in    moule  des 
plantes  ? 

i*.  On  commence  par  prendre  du  fpath  gyp- 
feux ,  efpèce  de  pierre  trèt-connue  &  fort  aifêe  à 
trouver  ;  on  réduit  ce  fpath  en  poulfièrc;  on 
le  met  dans  un  chaudron  de  fer  ou  de  cuivre  , 
que  Von  expofe  fur  le  (eu  ;  il  fc  fondra  Se  de- 
viendra liquide  comme  IVau;  on  le  remuera  tant 
qu'il  ftra  fur  le  feu  ,  )ufqu*à  ce  qu'il  foit  rede- 
venu auHî  dur  qu'il  ctoit  auparavant;  on  Tôtera 
en  fui  te  ,  &  on  le  laiffera  refroidir. 

a**.  Prenez  une  partie  de  ce  fpath  préparé 
comm*  on  vient  de  le  dire,  &  une  partie  d'a- 
lun de  piume  ;  pulveriféz  ces  deux  matières  mê- 
lées cnfémble  ,  6t  forrae^-en  des  gâteaux  que 
vous  fercr,  rougir  au  feu;  retirez  les  cnfuitc  Sl 
ki  pulverifez  de  nouveau. 

Quand  vous  voudrez  faire  des  moules ,  prenez 
une  partie  de  ces  gâteaux  calcines  &  pulvérifés; 
stjoutez  y  encore  une  partie  d'alun  de  plume; 
broyez  exaâement  le  mélange ,  &  prenez  encore 


pfw  Qd      " 


autant  de  fpatb  calciné  que  vous  avet  pm 
mélange  en  gâteaux  :   broyez  &  mêlez  bien  le 
tout. 

j°.  Quand  vous  voudrez  faire  des  moules  avec 
le  fpatft  ainfi  préparé,   prenez  de  l'argile   a  po- 
tier bien  pure  ;  faitescn  de  petites  lingoîièrts 
auges  qui  aient  environ  la  grard-ur  des  hcrl 
ou  plantes  que  vous  voulez  jeter  en   moulcv 

Mais   quand  les   herbes    ou  plantes  feront 
hautes  que  Ton   ne  pourra  faire    les  Un^otii}i 
de  ta  même  hauteur,   parce  que  largile  âècbtn 
&  fe  courberoit ,   il   n'y   aura   qu'à   coucher  la 
plante   de  côté,    de   manière  cependant  quelle 
ne  touche  point  au  fond  du  moule  ,  afin  que  la 
matière  fondue  puiiTe  paffer  par-deffous  :  formel 
alors  le  moule  tour-à-îour. 

Quand  vous  voudrez  couler  votre  matière  fou* 
due,   vous  commencerez  par  tremper  la  pUntc 
dans   de  bon  efprit'de-vin  ;  vous  en  humcâetf^ 
aulTi  les  parois  de  votre  moule;   vous  les  f^Q^I 
pSîrez  entièrement  avec  le  mélange  pulvérifè  qil^l 
l'on  vient  de  décrire  plus  haut;   &  quapd  vous 
aurez   rempli  le  moule   de  métal   fondu,  vous 
donnerez  quelques  petits  coups  doucement,  afin 
qu'il  pénètre  également  par-tout. 

4°.  Quand  le  métal  tondu  fe  fera  bien  figé, 
vous  mettrez  les  moules  far  les  charbons  non 
allumés  ;  vous  arrangerez  par  deflfus  des  char- 
bons ardens ,  afin  d'allumer  ceux  qui  feront  en 
de  (Tous ,  6i  que  Touvragc  rougiiTc  Ôc  antre  eo 
fufion  :  vous  latffercz  cnfuite  refroidir  dottCC- 
ment ,  &  vous  aurez  la  forme  que  vous  cherchet 

5".  Prenez  de  Parglle  bien  pure  ,  autant  de 
fable  bien  net,  &  une  bonne  quantité  de  bo«ne 
fine  ;  faites  bien  incorporer  ces  trois  chofespow 
les  unir  ;  formez-en  des  moules  ;  enduifcî  ces 
moules  d'argile  ;  remettez-les  dans  le  feu  pow 
les  faire  bien  rougir ,  &  coulez-y  votre  aifC»* 
ou  métal  fondu. 

6"*.  Prenez  du  fel  de  tartre ,  mélez-y  dû  M 
ammoniac  à  volonté,  «n  prenant  garde  ccp<«»- 
dant  de  n'en  point  mettre  trop  ;  il  faut  feule- 
ment que  le  mélange  ait  une  confiftancc  i^ 
bouillie  :  c'eft  un  excellent  fondant  pour  Targintî 
vous  en  mittrez  delTus  lorfque  vous  voudrez  ^ 
fondre ,  &  il  entrera  très-ailément  en  fufioo. 

7°.   Si  vous  voulez  nettoyer  l'argent ,   hufl»^' 
tez-lc  :ivcc  de  l'huile  de  tartre,  &  mettez-le   »^ 
des  charbons  ardens;  ét^tgnez-je   enluite,  6t 
faites  bouillir  dans   de  Teau  oii  vous  aurez  i 
diflbudie  du  tartre  &  un  peu  de  fel* 

Alamère  de  jeter  en  moule  des  plantes  ùu  des  flevi 
procédé  qm  fervira  â  écWircir  celui  qui  préfet  Je, 

1°.  Prenez  de  l'albâtre  qui  ait  été  ctldnàr 
poiat  d'avoir  perdu  toute  fon  humidité;   P^^^ 
nfizlc  dans  un  mortier,  &  le  paffcx  par  iiO  i^ 
mis   dr*  crin  ;  prenez  enfuitc  aut;*nt  de  talc,  qu-^ 
vous  ferez  calciner   pendant  huit  ou    dit  \ 
dans  un  fourneau  de  briqueteries  ;  ajoutcjpy 


^ 


I 


I 


\ 


MON 

l'iluQ  de  plume  à  volonté  ,  mais  moins  ccpen- 
daat  que  d^albitrc  &  de  talc  ,  meti:z  y  un  peu 
de  crayon  rougs  ,  atin  que  Ton  ne  puiire  point 
rcconnoltre  les  madères  qui  font  entrées  dans 
votre  comporition. 

2*.  Hunieftcz  le  mélange  dont  ont  vient  de 
parler  avec  de  Teau  claire ,  en  prenant  garde  fur- 
tout  quelle  ne  foit  pointgraffe  ;  broyex-la  exac- 
tement fur  une  pierre  ,  afin  quelle  devienne  fluide. 
Faites  cnfuite  avec  de  la  terre  à  potier  un 
moule,  dans  lequel  vous  verferez  la  matière  fuf- 
dite,  que  Ton  peut  nommer  un  ciment  j  inetrez 
une  feuille  de  papier  deffous  le  moule ,  afin  de 
peuvoir  plus  aifément  Tenlever  de  deffus  U  table 
ou  vous  travaillerez. 

Mettez  un  peu  du  ciment  broyé  dans  le  moule  ; 
p4>fei  deffus  Therbe  ou  la  plante  que  vous  voudrez 
[eicr  en  fonte  ;  &  avec  de  petites  pinces,  fcpa- 
rez-bien  les  feuilles  d'avec  la  tige. 

Verfcz  enfuite  par-deffus  autant  de  ciment  qu'il 
en  faudra  ^  fermez  le  moule,  en  biffant  cepen- 
dant une  petite  ouverture  pour  pouvoir  y  couler 
le  métal  tondu  ;  mettez  ce  moule  dans  un  en- 
droit fcc  :  en  une  demi -heure  de  temps  »  il  dur- 
cu^  aJTez  pour  pouvoir  être  rais  à  rougir  au  feu. 
)•.  Lorfque  la  plante  qui  ètoit  eûtourée  du 
cimeiU  fera  confumie  par  la  chaleur,  il  faudra 
faire  grande  attention  à  la  manière  de  conduire 
le  feu  ;  en  effet ,  il  faudra  bien  preiadre  garde 
que  les  alternatives  du  chaud  &  du  froid  ne  gâ- 
tent la  befogne. 

Pour  éviter  ces  incopvéniens ,  on  aura  foin  de 
ne  pas  retirer  du  feu  les  moules  trop  précipitam- 
ment; on  les  Liffera  refroidir  peu-a-pen. 

Quand  tout  fera  refroidi,  on  ôtera  les  cendres 
d:  la  plante  qui  aura  éiè  brûlée  ,  foit  avec  la 
lïouche,  en  retirant  à  foi  rhalcine ,  foit  avec  un 
fcufflet ,  en  foufflant  par  la  partie  fupéricure. 

On  pourra  faire  la  même  choftf  avec  un  vcn*e 
fct cyprès»  ou  avec  du  vif-argent. 

On  placera  enfuite  la  petite  ouverture  fur  un 
feu  de  charbon  j  on  Vj  biffera  expofée  affez 
long' temps  pour  que  le  moule ,  regardé  par  Tou- 
Tcrrure,  paroiffe  blanc  comme  de  l'argent;  alors 
on  y  coulera  le  mé^al  fondu  ,  &  on  finira  par 
jeter  le  moule  dans  Teau,  afin  qu'il  fe  détache- 
Il  faut  que  les  tiges  des  plantes  à  jeter  en 
moule  ne  foient  point  trop  menues ,  de  peur 
^ue  leur  fineffc  n'empcche  la  fonte  de  fe  faire 
parfaitement ,  &  que  fargent  que  ïon  voudra 
couler  foit  bien  Uquide.  ï^our  le  rendre  tel,  on 
y  mêlera  fou  vent  du  bismuth ,  qui  a  la  propriété 
de  rendre  les  métaux  fluides. 

On  aura  auffi  attention  k  ce  que  les  moules 
oh  Ton  voudra  couler  k  métal  fondu  ,  fuient 
bien  échauffés. 

Préfdrati^n  du  fpatk ,   quand  on  veut  y  couler  de 
for ,  de  Varient ,  ou  d'éiutres  métdux* 

Preiiec  sucaiu  de  fpath   que  vous  vaudrez; 


N  267 

mettez-le  dans  un  pot  de  terre  verni ffc  ;  fermez 
le  pot  avec  un  couvercle  ,  que  vous  y  luterec 
bien  exa^ement  avec  de  la  terre  graffe;  mettez- 
le  ilans  un  fourneau  de  potier,  ahn  que  le  fpaik 
fe  calcine;  laiffez  Ty  autant  de  temps  qu'il  en 
faut  pour  cuire  un  vaifTcau  de  terre  ;  retirez  en- 
fuite  le  fpaih  calciné;  broyez^e  fur  une  pierre; 
paffez-le  par  un  tamis  ferré  ,  &  mettez- le  dan» 
de  l'eau  claire  :  décantez  Teau  ;  broyez  le  fpatli 
de  nouveau,  &  faites-le  fécher  au  lolcil. 

2".  Quand  b  fpath  fera  bien  féché,  prcnez-eti 
trois  livres  ;  joignez-y  deux  livres  de  fel  am- 
moniac ,  deux  livres  de  tartre ,  une  livre  de  vi- 
trioî  ;  mciez  bien  toutes  ces  matières  ,  &  las 
mettez  dans  un  ou  deux  pots;  vcrfcz  par  deflus 
environ  fept  pintes  d'eau  chaude  ;  pétriffez  en- 
fuite  votre  fpath ,  de  manière  qu'il  ne  foit  point 
trop  clair. 

Si  vous  en  pouvez  former  des  boules ,  ce  fera 
une  preuve  qu'il  y  aura  affez  dVau  ;  revcrfcz 
de  Teau  fur  la  matière  rcftante  dans  le  pot  ; 
faires-la  bouillir,  &  pétrifffez  de  nouveau  votre 
fpath  féché  dans  cette  eau  chaude. 

Reverfez  encore  de  Teau  fur  cette  matière; 
pétriffez  le  fpath  pour  la  troîfiéme  fois,  &  faites- 
le  fécher;  remettez-le  dans  un  pot  non  vemiiTé, 
que  vous  luterez  comme  on  l'a  déjà  dit,  & 
quand  il  aura  été  calciné,  broyez  le  fur  une 
pierre, 

3**.  Quand  le  fpath  aura  été  préparé  de  cette 
manière ,  mettez  dans  un  vafe  de  verre  qui  con- 
tienne environ  deux  pintes ,  autant  de  fel  am- 
moniac qu'il  pourra  s'en  diffoudrc  djns  Teau 
chaude  ;  bouchez  le  vaiffeau,  &  laiffcz-le  re^* 
fer  pendant  deux  heures. 

Au  bout  de  ce  temps  ,  prenez  votre  fpark 
préparé  ;  pétniTezIe  dans  cette  eau,  jufqu'à  ce 
que  vous  puiffiez  en  former  des  boules;  faite* 
enfuite  des  moules  comme  vous  voudrez. 

Quand  i^ous  voudrez  y  couler  des  métaux  fon- 
dus »  il  faudra  bien  chauffer  ces  moules,  &  ver* 
fer  avec  promptitude* 

Ces  moults  font  beaucoup  meilleurs  que  les 
autres. 

En  cas  que  vous  ayez  fondu  en  plomb  ,  & 
qu'après  la  fonte  vous  vouliez  rendre  le  plomb 
noir ,  vous  n'nurez  qu'a  prendre  du  foufre  &  de 
rhuile ,  &  en  bien  frotter  l'ouvrage  ,  qui  devien- 
dra d'un  beau  noir. 

Manière  de  fa^re  des  moules  avec  de  la  terre  grajji* 

Prenez  de  IVgile  bien  pure,  comme  celle  dont 
fe  fervent  les  potiers  d'étain  ;  mélez-y  de  la 
bourre  ou  du  coton  bien  divîfé,  &  du  iable  ex* 
trémement  fin  :  fi  le  fable  n'ctoit  point  affez  fin, 
il  n'y  auroit  qu'à  le  laver  &  le  broyer. 

Pétriffez  votre  argile  avec  ce  mélange ,  jufqu'i 
ce  qu'elle  ait  une  confiffanee  convenable;  hw- 
me(flez  cette  compofition  avec  de  la  bierrc  forte 
au  lieu  d'eau  ;  formez-en  des  moules  que  vous 

Lij 


268 


MOU 


ferez  bien  rougir  au  feu  avant  que  de  vous  en 
fcrvîr;  ayer  aulTi  le  fo'in  de  les  garnir  en  de- 
dans avec  des  cendres  légères. 

Moulas  ou  linpntres  de  purre  di  Btrgen^ 

On  trouve  à  Bergen  en  Norwéee,  une  efpèce 
de  pierre  blanche ,  tort  mince  &  fort  légère  :  on 
la  nomme  pûmes  dans  le  pays  (la  pierre  ponce 
ordinaire  produit  le  mèms  effet)  ;  on  y  joint  de 
ralbâtre  blanc,  on  y  fait  calciner  ces  deux  ma- 
tières dans  un  fourneau   de  potier. 

Apres  les  avoir  mifes  dans  un  pot  couvert  & 
bien  lutè,  on  verfe  par  deflTus  de  Targâle  dé- 
layée dans  de  Teau  chaude ,  jufqu  à  ce  que  le  mé- 
lange ait  une confi fiance  convenable  ;  on  en  fait 
enhiite  des  moules  qui  font  durables,  légers,  & 
dans  lefquels  on  peut  couler  du  fer  &  du  cuivre. 

Manière  de  couler  à  froid. 

Prenez  un  fable  fin ,  tel  que  celui  dont  fe  fer- 
vent les  orfèvres  ;  mêlez-y  du  noir  de  fumée  à 
volonté  ;  humedez  ce  mélange  avec  de  l'huile 
de  navette  ou  de  Thuile  de  lin,  jufqu'à  ce  quM 
prenne  affez  de  confiftance  pour  en  faire  des 
moules  :  ces  moules  n'auront  point  befoin  d*étre 
chauffés,  quand  même  on  voudroit  y  couler  les 
métaux  les  plus  chauds  ;  ïl  faut  feulement  que 
le  fable  qui  y  entre  ait  été  bien  féché. 

On  peut  encore  ,  pour  fe  procurer  des  végéta- 
tions métalliques  ,  prendre  une  plante  entière; 
vous  rattachez  dans  fa  fituation  naturelle  au  fond 
d^un  vafc  plus  grand  qu'elle  ;  vous  empliffcz 
d'eau  ce  vafe  au  point  qu'elle  recouvre  toute  la 
phme;  vous  y  verfez  peu-à-peu  autant  qu'il 
peut  contenir  de  plâtre  cuit ,  &  en  poudre  trés- 
finc  ;   vous  laiffcz  durcir  cette  maffe  de  plâtre. 

LoilquVllc  efl  durcie  en  pierre ,  vous  la  reti- 
rez du  vafe;  vous  la  faîtes  cuire  au  four  chauffé 
au  point  que  la  plante  s'y  brûle  &  fe  réduife  en 
cendres ,  que  Ton  fait  fortir  par  le  irotf  laiffè  en- 
bas  par  b  tige  :  enfuite  vous  faites  recuire  le 
moule  de  plâtre  i  vous  le  rerapUflTcz  de  métal 
fondu ,  comme  argent ,  étain ,  plomb  ;  vous  le 
laiHez  refroidir. 

Enfin  ,  vous  caffez  adroitement  le  moule  au- 
tour de  la  plante  métallique ,  qui  rcpréfente  la  na^ 
ture  aLffi  parfaitement  qu'il  eft  pofîible, 

Mdnièn  de  mouler  en  plâtre  &  de  préparer  le  gypfe* 

Il  fiiut  prendre  de  la  pierre  de  plâtre  ;  écrâfez 
&  calcinez  la  :  après  l'avoir  fait  calciner  pen- 
dant un  jour  8c  une  nuit ,  réduîfez-la  en  poudre. 
Quand  vous  voudrez  vous  en  fervir  pour  jeter 
des  figures  en  moule  ,  prenez  de  leau  de  colle 
trcS'chaiide  ,  que  vous  mêlerez  avec  le  plaire, 
&  vous  en  fermerez  telles  figures  que  vous 
voudrez^ 


MOU 

Manière  de  tirer  des  empreintes  foU  tn  plâtre  ^^ 

en  foufre, 

La  curiofitè  peut  exciter  le  défir  de  pofféder, 
finon  en  nature  ,  du  moins  les  empreintes  dc$ 
médailles  ,  pierres  gravées  ,  &  autres  morceaui 
qui  font  Tornement  des  cabinets*  On  peut  fe  pro- 
curer ces  fuites  ou  collerions  ï  très-peu  de  fiiif 
par  les  procédés  économiques  qui  fui  vent. 

Ces  procédés,  qui  ne  confiftcnt  que  dans  une 
manipulation  très-fimple  &  très -facile,  cnfaififlint 
les  traits  des  objets  dans  la  plus  grande  vérité, 
en  font  fentir  les  creux,  les  faillans,  le»  vives 
arrêtes  ;  c'eft  Timage  la  plus  parfaite  du  modèle, 

Lorfqu'on  veut  tirer  l'empreinte  en  plâtre»  il 
faut  avoir  du  plâtre  pulverifé,  que  Ton  paflc  lu 
tamis  de  foie  très- fin.  On  noie  ce  plâtre  tamîfi 
dans  de  Teau ,  que  Ton  agite  aiïez  doucement» 
pour  ne  pas  exciter  de  bulles  d'air  ;  enfuite  on 
frotte  la  médaille  ou  la  pierre  gravée  légèrement 
avec  de  Thulle ,  qu'on  eltuie  avec  du  coton ,  puis 
î'on  entoure  cette  médaille  ou  pierre  gravée  d'un 
ruban  de  cire  ou  de  plomb  laminé ,  pour  lui  (er- 
vir  de  caiffe. 

Cela  fait ,  on  verfe  doucement  le  plâtre  dé- 
layé fur  le  modèle  prépirè.  On  le  laiffc  fcchcr  8c 
prendre  ;  brfqu'il  efl  fec  ,  il  fe  détache  facile- 
ment ;  c'eft  un  moule  bien  marqué  dont  on  peut 
fe  fervir  pour  tirer  en  relief,  foU  en  plâtre,  foit 
en  foufre. 

Mais  il  eft  à  obfcrver  que  lorfqu'on  tire  foo* 
vent  plâtre  fur  plâtre,  les  proponions  (c  perdeot^ 
les  objets  s'agrandîffent  ;  ce  qui  eft  produit  pif 
l'adioD  du  plâtre,  dont  le  propre  eft  d'occuper 
en  féchant  un  plus  grand  volume. 

Ce  fait  nous  donne  lieu  de  rapporter  un  événe- 
ment très- intéreffant  à  connoître.  Un  peintre  dfi» 
manda  à  une  pauvre  femme  de  lui  permettre  ik 
prendre  l'empreinte  dès  jambes  de  fon  enfant, 
qu'il  trouvoit  de  la  forme  la  plus  belle  :  il  &t 
mettre  les  jambes  de  cet  enfant  dans  un  baqireCf 
veîfa  fon  plâtre  :  dés  qu'il  commença  à  prendfi 
de  la  folicftté,  Tenfant  fe  mit  à  jeter  les  hjtrts 
cris  ,  fe  fentant  les  jambes  ferrées  comme  dam 
de  étaux.  Le  peintre  a  l'inftant  brife  les  cer- 
ceaux ,  rompt  les  plâtres  pour  débarraffer  Tenfint 
de  ces  cruelles  entraves.  Le  plâtre,  rt^erre  pir 
les  douves  ,  n'ayant  pu  fe  dilaier  ,  toute  la  prtf- 
fion  s'étoit  faite  fur  les  jambes  de  l'enfar.t. 

Le  procédé  avec  le  foufre  fondu  ell  le  m^ 
qu'avec  le  plâtre. 

Il  eft  cependant  à  obfervcr  que  lorfqyc  k 
moule  fur  lequel  on  tire,  eft  de  marbrç ,  il  ijiii 
fe  fervir  de  vieux  oing  &  non  pas  d'huile  ^  pa^^ 
que  l'huile  pénétrant  par  les  porcs  du  m^ibrc,  ^ 
tache  roit* 


Mitai  compop  ^ui  fe  fond  à  la  ckal^mr  dt  fi 

bou.  liante* 

Prenez  dcuit  parties  de  bifmuth,  uncdepl* 


] 


I 


&  UDc  dVtain  ,  faites  les  fondre  cnfemble  ;  ce 
mélange  mècallique ,  réduit  en  lames  minces,  fe  fond 

à  U  chalc-irde  l'c;iu  bouillante  :  en  eft  très-com- 
mode pour  mouUr  y  pour  imprimer  en  polyiype 
&  prendre  des  empreintes* 

Vafcs  de  papier* 

On  appelle  papier  mâché  la  préparation  qui 
fe  fait  avec  les  rognures  de  papier  blanc  ou  brun 
bouillies  dans  l'eau,  &  battues  dans  un  mortier, 
jufqu*à  ce  qu  elles  fuient  réduites  en  une  efpécc 
de  pâte ,  &  enfulte  bouillies  avec  une  folution 
de  gomme  arabique  ou  de  colle  ,  pour  donner 
de  Ta  ténacité  à  cette  pâte,  dont  on  faitdiffcrcns 
bijoux ,  en  la  preflant  dans  des  moules  huilés. 

Quand  elle  eft  féche  ,  on  i'enduit  d'un  mé- 
lange de  colle  &  de  noir  de  fumée,  6i  enfuite 
ou  la  vernit.  Le  vernis  noir  pour  ces  bijoux  eft 
préparé  de  la  manière  fuivante  : 

On  fond  dans  un  vaiffeau  de  terre  vermflTé  un 
peu  de  colophane  ou  de  térébenthine  bouillie  » 
}ufqi]'à  ce  qu  elle  devienne  noir  &  friable ,  & 
on  y  jette  par  degrés  trois  fois  autant  d'ambre 
réduit  en  poudre  hne,  en  y  ajoutant  de  temps 
en  temps  un  peu  d'efprit  ou  d'huile  de  téré- 
benthine. 

Quand  l*ambre  eft  fondu,  on  faupoudre  ce 
mélange  de  la  même  quantité  de  farcocolle ,  en 
continuant  de  remuer  le  tout,  Ik  d'y  ajouter  de 
Ferprit  de  vin  ,  jufcjuà  ce  que  la  compofition 
devienne  fluide;  après  cela  on  la jpaflTe  a  travers 
une  chaufte  de  crin  clair  «  en  preUant  la  chaude 
doucement  entre  des  plaiches  chaudes. 

Ce  vernis ,  mêlé  avec  le  noir  d'ivoire  en  poudre 
fine,  s'applique  dans  un  lieu  chaud  fur  la  pâte 
de  papier  féchée,  que  Ton  met  enfuite  dans  un 
four  fort  peu  échauftï  ,  îe  lendemain  dans  un 
four  plus  chaud,  &  le  troificme  jour  dans  un 
fonr  três-chaud  ;  on  l  y  liift^s  chaque  fois  jufqu'à 
ce  que  le  four  fott  refroidi. 

La  pâte  ainfi  vernie  eft  dure,  brillante,  du- 
rable, &  fupporte  les  liqueurs  froides  ou  chaudes. 
Ce  vernis,  très-brillant  6c  très-folide,  eft  celui 
tju'on  a  imaginé  en  Angleterre  pour  imiter  ces 
raiffeaux  également  légers  &  forts,  que  les  Ja- 
ponois  ont  coutume  de  fabriquer  ,  tels  que 
des  plats,  jattes,  baflins ,  cabarets,  &c. ,  dont 
les  uns  paroiiTent  faits  avec  de  la  fcture  de  bois, 
&  d'autres  avec  du  papier  broyé.  Voici  la  mé- 
thode détaillée  qu*on  fuit  pour  les  contrefaire. 

On  fait  bouillir  dans  Teau  la  quatutté  qu'on 
veut  de  rognnres  &  de  morceaux  de  papier  grîs 
ou  blanc;  on  les  remue  avec  un  batan  tandis 
«pi'iîs  bouillent ,  jufqu'à  ce  qu'ils  foient  prefque 
réduits  en  pâte  ;  après  les  avoir  retirés  de  Icau, 
ou  les  broie  dans  un  mortier,  jufqu'à  ce  qu'ils 
ne  forment  plus  qu'une  bouillie  teniblable  à  ceUe 
des  chiffons  qui  ont  paiïé  par  les  piles  d'un  mou- 
lÎA  à  papier. 
L'on  prend  enfuîte  de  la  gomme  arabique,  Se 


MOU 


l'on  en  fait  une  eau  de  gomme  bien  forte ,  dont 
on  couvre  la  pâte  de  l'èpavITeiir  d'un  pouce;  oh 
met  le  tout  cnfemble  dans  un  pot  de  terre  ver- 
niffè  ,  &  on  le  fait  bien  bouillir  ,  en  ne  celant 
de  remuer  ,  jufqu'àce  que  la  pâte  foit  fuffifammcnt 
imprégnée  de  colle  ;  après  quoi  on  la  met  dans 
le  ,  moule  qui  doit  être  fait  comme  on  va  le 
décrire. 

St  vous  voulez,  par  exemple,  faire  un  plat, 
ayes  un  morceau  de  bois  bien  dur,  que  vous 
ferez  travailler  par  un  tourneur ,  de  manière 
qu'il  puilTe  emboîter  le  dos  ou  côté  extérieur 
d*un  plaî  ;  vous  y  ^cxcz  pratiquer  vers  le  milieu 
un  ou  deux  trous  qui  paieront  au  travers  dm, 
moule* 

Vous  aurez  outre  cela  un  autre  morceau  de 
bois  dur,  auquel  vous  ferez  donner  la  fosme 
d'un  plat,  &  feulement  une  ou  deux  lignes  de 
diamètre  moins  que  l'autre. 

Frottez  bien  d'huile  ces  moules  du  côté  qui  a 
été  tourné  ,  &  continuez  jufqu'à  ce  que  l'huile 
en  découle  :  ils  feront  alors  dans  l'état  qu'ils 
doivent  être. 

Quand  vous  ferez  prêt  à  fabriquer  votre  rafe 
de  pâte,  prenez  le  moule  percé  de  trous  ,  &  après 
l'avoir  huilé  de  nouveau,  pofez-le  à  plat  fur  une 
table  folide;  étendez-y  votre  pâte  le  plus  égale- 
ment que  vous  pourrez  ,  de  minière  qu'il  y  en 
ait  environ  trois  lignes  d'épaifteur. 

Enfuite  huilez  bien  votre  fécond  moule  ,  &  le 
pofant  exaélcment  fur  la  pâte ,  appuyez  deffus 
très- fort  ;  mettez-y  un  poids  fort  lourd ,  &  laif- 
fez-le  dans  cet  état  pendant  vingt-quatre  heures. 

Quand  cette  pâte  fera  féche  ,  elle  fera  auflî 
dure  que  du  bois  ;  a'ors  on  y  appliquera  le  fond 
qui  fera  fait  avec  de  la  colle  &  du  noir  de 
lampe. 

Enfuite  on  laiftera  fécher  à  Talr  ce  plat ,  & 
quand  il  fera  bien  fec  ,  on  npphquera  le  vernis 
ci-defTiis  ,  fi  Ton  veut  donner  un  fond  noir  à 
Touvrage, 

C'efl  par  cette  méthode  qu'ow  fabrique  ces 
boites  de  carton,  ou  tabatières  vernies,  qui  ont 
CM  tant  de  vogue,  parce  que  le  vernis  que  Mar- 
tin ik  autres  artifles  donnoient  a  ces  boites ,  ètoit 
d'un  très- beau  brillant  &  fans  odeur. 

Vafes  de  fclure  d^  bois. 

Pour  faire  des  vafes  avec  de  la  fciure  de  6ois» 
on  prend  de  b  fciure  fine ,  féche  ;  on  la  réduit 
fur  le  feu  en  pâte  ,  en  y  mêlant  de  la  térében- 
thine, de  la  refme  ât  de  b  cire. 

Cette  opération  fe  doit  faire  en  plein  air,  de 
peur  que  îa  matière  ne  s'enflamme  ;  on  met  cette 
pâte  dans  tes  moules,  comme  on  Ta  dit  ci-deffus, 
&  on  fuit  les  mêmes  procédés  pour  les  vernir. 

Lorfqu'on  vettt  donner  au3C  vrifçs  une  couleur 
rouge ,  on  met  du  vermillon  dans  le  vernis. 

On  imprime  fur  les  vafes  ies  deiîins  que  Ton 
defire;   on  applique  un  vernis  par-deffus,  &  on 


270 


MOU 


y  trace  des   filets   J'or   ou   d*argent  ,    avec   des 
feuilles  appliquées  &  retenues  par  un  mordant. 

Si  l'on  veut  donner  des  couleurs  au  plâtre, 
voici  différens  procédés* 

Pour  U  jjune  d'or* 

Il  faut  prendre  des  racines  d'épine-vinette  , 
que  vous  ferez  bien  bouillir  dans  de  leau  :  mettez 
dans  cette  décoétion  un  peu  de  fafFran ,  que  vous 
y  ferez  bouillir  :  filtrez  le  tout  au  travers  d*un 
hnee,  &  pétriflVz  votre  gypfe  avec  ce  mélange  : 
il  tera  d*un  beau  jaune  d'or. 

Couleur  verte. 

On  prendra  de  la  morelle  i  faites  la  bouillir 
dans  moitié  eau  &  moitié  vinaigre  r  fervcz-voiis 
àç  cette  déço£lion  pour  colorer  votre  gypfe. 

Couleur  bleuf, 

II  faut  avoir  des  baies  d*hyèble  :  faîtes- les 
bouillir  dans  de  Teau ,  après  y  avoir  joint  Je  fa- 
lun  ;  humeâez  votre  plâtre  avec  cette  compofi- 
tion  ;  il  fera  d'un  beau  bleu* 


MOU 

Couleur  rougi. 

Vous  prendrez  du  bois  Je  fernarabouc  ;  faitef* 
le  bien  bouillir  Jans  de  l*eau  claire  pour  en  ci- 
traire  la  fôinture  ;  mêlez  y  un  peu  d*aIuo ,  &  c^ 
lorez-en  votre  plâtre  ,  comme  on  l'a  dit  ch 
iieffus. 

Couleur  brune. 

Vous  aurez  du  bois  de  Bréfil  ;  mettez  le   dans 

une  lefliveafTezfone,  faites  bien  bouillir,  &  pro- 
cciez  comme  il  a  été  dit  ci-4effus. 

Couleur  noire. 

Faites  ufage  des  ècorces  du  bots  d*aune  encore 
vertes  ;  faites-les  bouillir  dans  de  leau  claire 
avec  de  lalun  jufqua  rèJuâton  de  la  maitîé: 
procédez  comme  pour  les  couleurs  précédentes. 

Quand  vous  voudrez  colorer  du  plâtre ,  quel* 
que  couleur  que  vous  y  portiez,  il  fktidra  tou- 
jours que  Te  au  dans  laquelle  vous  mettrez  la 
couleur,  foit  une  eau  de  colle  :  par  ce  moyen, 
non -feu  le  ment  le  plâtre  fc  colore  ^  mais  encore 
il  fe  durcit.  Si  on  fe  fert  de  colle  de  poiHon  , 
cela  n'en  vaudra  que  mieux. 


VOCABULAIRE     de  C  an  du  Moulage. 


/\luN|  fel  criftallifé,  corapofé  d'acide  vitrio- 
lique  uni  à  une  terre   argileufe. 

Aknelets  ;  ce  font  de  petites  agraffes  de  fil 
d'archal  recuit,  que  Ton  met  dans  les  pièces  afin 
de  les  pouvoir  retirer  avec  àt%  pinces,  ou  pour 
les  lier  aux  chapes  avec  des  ficelles  que  Ton  pa^Te 
à  travers  leur  forme.  Ils  font  à-pcu-près  (tim- 
blables  à  une  porte  d'agraffe. 

Argile  ;   efpèce  de  terre  qui  eft   compafte. 

Armatures  ;  c'eil  le  fer  que  Ton  met  dans 
les  cKapes  &  dans  les  figures  coulées  en  ptâtre 
ou  plomb  ;  la  grodeur  &  la  forme  fo]7t  arbitraires 
relativement  à  Tobjet  que  Ton  moule  :  on  fe  fert 
de  fantons  pour  faire  les  armatures. 

Attaches  ^  lorfqu'on  coule  des  bas-reliefs  ou 
autres  pièces  qui  doivent  fe  fufpcndre  contre  un 
mur,  il  faut  y  mettre  une  attache,  foitdefil  d'ar- 
chai  ou  de  cadre. 

Blaireau  ;  on  nomme  blaireau  une  brofle  à 
longs  poils  ,  qui  fert  à  imprimer  la  cire  ou  le 
plâtre.  On  rappelle  blairiau^  parce  que  c'efi  avec 
le  poil  de  cet  animal  qu  on  fait  cette  cfpéce  de 
pinceau. 

Bon  creux;  on  appelle  bon  creux  celui  qui 
eft  fait  de  façon  à  pouvoir  y  couler  plufieurs 
plâtres. 

Brosses;  on  donne  le  nom  de  broffe  à  des 
pinceaux  faits  avec  du  poil  de  fanglier  :  elles  fer- 
vent à  huiler  les  creux,  à  imprimer  les  pièwtSi 


t 


i 


ï  nettoyer  les  moules  lorfqulls  font  remplis  de 

poulTière* 

Caler  ;  brfqu'un  crcu¥  eft  pofé  horizontale- 
ment  &  qu'il  porte  à  faux ,  il  efi  à  propos  «te  le 
caler  ^  pour  qu'il  ne  fe  tourmente  pas. 

Cartonner  ;  c'cf!  couvrir  la  furface  d*mi 
moule  de  papier  ou  de  pâte  faite  avec  des  rognu- 
res de  papier  :  tous  les  ouvrages  de  ce  genre  fe 
nomment  canonn  tges. 

Chapes  ;  c'eft  lenveloppc  extérieure  d*un 
moule  9  dans  laquelle  on  railemble  les  pièces  qui 
compofent  le  creux. 

Châssis  ;  ceft  un  affembla^e  de  charpemc 
qui  forme  la  b^fe  du  moule  d'une  ftatuc  cqucflre 
ou  autre  creitx  de  cette  nature  :  ce  même  chaffis 
s'appelle  auflt  plate-forme. 

Coquilles  ;  lorfaue  les  moules  font  en  deux 
parties  égales  ,  on  dit  que  le  creux  eft  fait  en 
deux  coquilles.  Si  l'on  moule ,  par  exemple, 
«ne  pomme  ou  une  boite  en  deux  parties,  il  faut 
obferver  que  le  joint  foit  bien  au  milieu ,  fans 
cela  il  fe  trouveroLi  une  partie  qui  ne  ferott  pas 
de  dépouille. 

Coulage;  lotfqu'on  jette  du  plâtre  dans  ufi 
creux  ,  on  dit  communément  couler  des  figures: 
on  coule  auOi  à  la  volée  du  plâtre  ou  de  Im 
cire ,  lorfqu  on  les  verfe  dans  les  creux  à  plu- 
fieurs reprifes. 

Couler  â  ta  volée  :  cVfl  verfcr  fur  une  figure 
une  qrantité  Je  plâtre  clair  qu*on  faît  pinitrcr 
partout  en  roulant  le  creitx. 


I 


L 


Coupe;  ce  terme  fe  dit  communément  des 
fitrface^  tics  pièces  qui  ne  portent  rien  de  relatif 
au  moule  dooi  elles  font  partie. 

Couper  ,  ou  fèparer  d*une  figure  les  par- 
ties fa&Uantes  pour  faciliter  ropéranon  du  «lou- 
lige  :  a%'ant  que  de  faire  un  creux  fur  une  figure 
en  terre  inolle ,  il  faut  commencer  par  faire  les 
coppcs. 

CotïTUR ES*  Lorfqu'on  a  retiré  les  pièces  qui 
compofent  le  moule  d*une  figure  ou  d'autres  or- 
nemens ,  il  refte  une  marque  des  joints  fur  le 
plâtre  :  ceft  ce  que  Ton  appelle  coutures. 

Crampons*  On  appelle  crsmpons  des  mor* 
ccaux  de  fer  dont  la  terme  efl  d'un  qua^  ou- 
vert ;  ces  crampons  fervent  à  former  les  creux 
lorfqu'on  coule  des  plombs  :  la  grandeur  en  efl 
arbitraire. 

Creux.  On  appelle  creux  les  diSerens  moules 
dans  lefquels  on  peut  couler,  foit  de  la  cire  ou 
du  pîàirc. 

Criux  perduu  Lorfqu'on  cafle  un  creux  fur 
k  plâtre  que  Ton  a  coulé  dedans,  cela  s'appelle 
loouicr  à  creux  perdu, 

pfFOUiLLE-  Vn^  pièce  eft  de  dépouille,  lorf- 
fli*eUe  fort  facilement  de  la  place  qu^elle  occu- 
poit  dans  le  moule  après  que  le  plâtre  a  été 
coulé  dedans* 

DÎPOUILLER.  Lorfque  le  plâtre  eft  pris»  on 
retire  toutes  les  pièces  pour  les  remettre  à  leur 
place,  afin  de  pouvoir  couler  d'autres  figures: 
c'ei!  ce  qu'on  appelle  dtpoudUr  un  creux. 

Dessous.  Lorfque  les  pièces  font  arrangées 
|ians  leurs  chapes,  les  pièces  qui  font  faillantes 
préfement  des  fonds  que  l'on  appelle  de  flous;  il 
faut  avoir  foin ,  lorfqu'on  coule  du  plâtre  dans 
ces  moules  ,  de  le  faire  eritrer  avec  une  broïfc 
dans  les  cavités,  afin  de  pouvoir  éviter  les  (omî- 
ftores  ou  rents. 

Durcir.  On  dit  durcir  un  creux,  quand,  après 
l'avoir  laifîé  fécher  fuffif^mTnent,  on  paflTe  ueiïus 
uoc  ou  deux  couches  d'huile  gra^Te  chauvie  pour 
lui  donner  de  îaconfiflance  &  le  durcir. 

EBAUCHOlR.'C'eft  un  inftrument  de  buis,  de 
fer  ,  ou  de  bronze  :  on  fe  fcrt  d'êbauchoir  pour 
réparer  le  plâtre ,  ou  pour  en  j^raiflcr  avec  de  la 
cire  les  endroits  qui  ne  peuvent  pas  être  de  dé- 
poiiillc  fur  la  terre  cuite  &  fur  k  marbre  :  la 
torme  en  eft  arbitraire*  Lor  qu'une  pièce  cil  cou- 
pée trop  mince j  tîle  pté fente  des  panier  aiguës 
qui  fe  caffent  facilement,  ce  qu'il  faut  éviter  foi- 
gneufemenr. 

EHGRAtssER.  Une  pièce  étant  faite  fur  de  la 
terre  niolîc,  le  mouleur  coupe  ce  quipourroit  H 
rcter.ir  avec  le  plât/e  coulé;  le  peu  t^u'h  a  ôïé  à 
cette  pièce,  fait  que  le  mi'ïdèîe  do  plâtre  foi t  phis^ 
bouche  qu'il  ne  devroit  ctre  :  c\û  ce  qu'un  ap- 
pelle £ngrdtjfc\ 

Epaissfurs.  Ce  font  des  inorceauT  de  terre  ou 
4e  cire  que  l'pn  rend  d'une  égale  épaiffeur  fur  une 


planche.  Lorfqu'on  huile  un  creux  |  U  ne  faut  pas 
y  laiiTer  d'épaiffeur  dliuile. 

Estamper,  C*eft  prendre  rcmpreînte  de  quel- 
que chofe  avec  de  la  terre ,  de  la  cire  ou  de  la 
mte  de  pain  chaude. 

Etrésillon.  On  appelle  étréftllon  un  morceau 
de  bois  que  Ton  met  entre  un  moule  &  un  corps 
foij4e  pour  arrêter  la  poutlée  du  plâtre, 

EvENT.  C'eil  une  ouverture  que  Ton  fait  à  un 
creux  pour  donner  de  lair  aux  endroits  oij  la  ma- 
tière qui  coule  doit  monter. 

Fantons,  Les  fantons  font  des  tringles  de  fer 
qui  fe  vendent  en  bott&s  de  cinquante  à  cent  pe- 
lant :  ils  coûtent  de  iq  à  14  liv.  le  cent.  On  fe 
fert  de  fmtons  pour  faire  les  armatures  des  cha- 
pes:  le  meilleur  fanton  efl  celui  qui  vient  du  Berry. 
Si  Ton  craint  que  la  rouille  ne  pouflTe  à  travers  le 
plâtre ,  on  fait  chauffer  le  fer  que  Ton  met  dans 
les  figures,  ëc  on  le  frotte  de  cire  ou  de  poix- 
ré  fi  ne.  r< 

Farineux.  Lorfqu'on  coule  dans  des  creux  qui 
font  trop  fecs,  l'huile  s'imbibe  promptement,  ik 
le  plâtre  devient  farineux.  Pour  éviter  cet  ÎRCon- 
vénient  ,  il  f^ur ,  avant  que  de  couler  en  creux, 
fur-tout  s'il  y  a  long-temps  que  l'on  n'en  ait  fait 
ufage ,  laver  toutes  les  pièces  avec  une  tau  de 
favon  bien  claire  »  palTer  enfuire  une  couche 
d'huile  d'œlUet  très-chaude ,  &  îaiffer  repofer  le 
creux  pendant  une  journée. 

Fausses  pièces*  Les  fauiïes  pièces  font  celles 
qui  en  renferment  d'autres  ,  &  qui  ne  portqnt  au- 
cune empreinte  de  l'ouvrage  que  Ton  moule. 

Fermoir.  C'efl  un  inftritment  de  ïtr  ou  d'acîer 
de  la  forme  d  un  cifeau  :  il  fert  à  ouviir  lesch:ipes 
ou  d*autres  ouvrages  qui  appartiennent  au  mou- 
lage. 

Flou.  Lorfque  Ton  coule  du  plâtre  dans  un 
creux  où  il  y  a  trop  d^liuile  ,  ce  plâtre  devient  ^ri^ 
6c  fiou. 

Gâcher  ,  détremper  du  plâtre  avec  de  Teau.  Il 
efl  ciTenticl  que  le  mouleur  fâche  gâcher  le  plâtre 
ég.ilement;  car  s'il  arrive  quil  foit  plus  ou  moins 
fené  dans  les  différentes  pièces  qui  compofent  wix 
moule ,  alors  le  fort  emporte  le  fuible  £c  le  fait 
iravailler. 

Garrot.  LorfquHio  creux  eft  attaché  avec  des 
cordages  ,  pour  qu'il  foit  ferré  davantage  ,  on 
p  iiïe  un  morceau  de  bois  qui  fe  nomme  garrot  , 
que  Ton  tourne  8c  qui  s'attache  enfuite  avec  une 
ficLlle  :  on  dit  auffi  garrotter  un  moule. 

Gaupter.  Lorfque  les  deux  parties  d*un  creux 
font  rejointes  i'une  à  l'autre  ,  on  ^a  tptt  du  plâtre 
fur  les  jointe»  avec  une  broffe;  Ôt  lorfqu*on  veut 
boucher  les  coupes  d'un  moule  dans  lequel  on  doit 
couler  du  plomb,  on  g^iupie  les  joints  avec  du 
gros  plâtre. 

Gercer.  Lorfqu'on  met  du  plâtre  frais  fur  du 
plâtre  qui  eft  ùc  ,  il  ù  g^rce  ;  pour  éviter  cet  in- 
con*cnient  ,  il  faut  mouiller  le  plaire. 

GooET,  On  fait  avtc  de  la  terre  molle  une  tf- 


272 

pèce  d'auget  que  Ton  nomme  goJei ,  afin  que  le 
plâtre  que  l  on  vcrfe  dans  un  creux ,  ne  coule  pas 
à  côté. 

Grattoir.  On  appelle  grattoir  un  inllrumem 
fait  en  forme  d'une  S  large  par  les  deux  bouts  qui 
doivent  être  dentelais:  il  fert  à  ruftiqucr  les  cou- 
ches de  tire  ou  de  plâtre  que  l'on  veut  adapter 
lune  à  Tautre  :  h  ripe  fait  st  peu-prés  le  même 
effet. 

Jaune,  On  dit  communément  ochre  jaune  : 
elle  cd  d'une  confiftance  peu  ferme,  friable  :  elle 
a  la  propiiété  de  tacher  les  mains.  Il  s*en  trouve 
des  minières  dans  le  Berry ,  dont  ies  lits  en  cou- 
ches ont  depuis  cinquioce  jufqu'à  cent  &  deux 
cents  pieds  de  profondeur  ,  &  TèpaiiTeur  de  qua- 
iie  jufqu'à  huit  pouces. 

Jet.  C'eft  l'ouverture  que  Von  fait  à  un  creux 
pour  couler  la  matière. 

Imprimer.  On  imptime  avec  une  broffe  du 
plâtre  clair  ou  de  la  cire  chaude  fur  la  fuperâcie 
d'un  creux. 

Liante*  On  dit  que  la  cire  cft  /i^mr lorfqu^le 
fe  pérrit  facilement  avec  les  doigts,  &  qu'elle  ne 
Te  répare  pas  en  la  tirant. 

Lié,  Lorfqu  on  coule  des  plâtres  »  il  faut  pren- 
dre garde  que  les  différentes  couches  foient  bien 
liées  enfemble*  fur- tout  lorfqu^on  met  du  gros  plâ- 
tre fur  du  fin. 

Liens.  Ce  font  les  attaches  de  plomb  qui  lient 
le  fer  aux  figures  que  Ton  fond  en  cette  matière. 

Mandrin,  Inflrument  à  Tufage  d  un  grand  nom- 
bre d'antfans.  Prcfqut:  par-tout  il  fait  la  fonction 
de  moule  ou  de  modèle  ,  &  a  la  forme  d^une  au- 
tre pièce. 

Maquette.  C'eft  une  première  ébauche  en 
terre  molle  d'un  ouvrage  de  fculpture. 

Mastic,  Les  différentes  fortes  de  mafticfefom 
gvcc  des  corps  gras  ,  Si  fervent  à  rejoindre  les 
parties  d'une  figuie  caffée  ,  ou  à  mouler  fur  les 
marbres. 

Modèle.  On  nomme  modèles  »  des  figures  Ac 
terre  ou  d*argile  ,  de  plâtre ,  de  cire,  qu'on  ébau- 
che pour  fervir  de  deffîn  ,  &  en  exécuter  de  plus 
^andes,  foii  de  marbre,  foit  d'une  autre  ma- 
tière. 

On  fait  que  les  anciens  faifoient  ordînairemcni 
leurs  premiers  modèles  en  cire.  Les  aniiles  moder- 
nes cm  fubftitué  à  la  cire  Targilc,  le  plâtre  ou 
d'autres   matières  femblables   également   fouples. 

Néanmoins  on  ne  peut  pas  dire  que  la  méthode 
de  faire  des  modèles  en  argile  ait  été  ignorée  des 
Grecs,  ou  quils  ne  Taient  point  tentée,  puifqu'on 
nous  a  même  tranfmis  le  nom  de  celui  qui  en  a 
fait  le  premier  effai.  Cétolt  Dibutade  de  Sicyone. 
On  fait  encore  qu'Arcéfilade,  Tami  de  Lucullus  , 
«^acquit  une  plus  grande  célébrité  par  fes  modcUs 
en  argile  ,  que  par  fes  ouvrages.  îl  exécuta  de 
cette  manière  une  figure  qui  repréfcntoii  la  féli- 
cité,  dont  Lucullus  fit  monter  le  prix  à  foixante 
nullç  fellerç^  Oâavius,  chevalier  romain ,  paya 


MOU 

au  même  artifte  un  talent»  pour  \tmodUt  dTuna 
taâi  en  plâtre  qu'il   vouloit  faire  exécuter  en  or. 

L*arg!le  feroît  fans  doute  la  marérc  la  plu%  pro- 
pre à  tonner  des  figures  ,  û  elle  girdoit  conrtam- 
ment  fon  humidité;  mais  comme  elle  la  perd  lort 
qu*on  la  fait  féchcr  &  cuire,  il  faut  nécefraircment 
que  ces  parties  folidcs  fe  rapproch:;nt  chtr'eîles  , 
que  là  hgure  perde  fa  malle ,  6t  qu'elle  occupe 
entuite  un  moindre  efpace.  Si  cette  uiminutioa 
que  fouffre  la  figure  étoit  égale  dans  toutes  fes 
parties  ik  dans  tous  fes  points,  ta  même  propor- 
tion lui  rcftcrolt  toujours  ,  quoiqu'elle  tût  plus 
petite  i  mais  ce  n'eil  pas  ce  qui  arrive.  Les  petites 
partie:-  de  la  figure  fe  fcchant  plus  vite  que  U% 
grandes,  le  corps,  comme  la  plus  forte  de  toutes  , 
fe  féche  le  dernier ,  6t  perd  en  même  tcms  moins 
de  fa  maffe  que  les  premières, 

La  cire  n'cft  point  fujette  à  cet  inconvénient  ; 
il  ne  s*en  perd  rien,  &  il  y  a  moyen  de  lui  don- 
ner la  furfâce  unie  de  la  chair,  qu'elle  ne  prend 
que  trés« difficilement  lorfqu*on  la  modèle.  Ce 
moyen  eit  de  faire  un  modHi  d  argile ,  de  l'impri- 
mer d-Ans  du  plâtre,  8c  de  jeter  enfuite  de  la  cire 
fondue  dans  le  moule. 

Modeler  en  urre ,  en  plâtre  »  ou  tn  cire  ;  c*cft 
Taélion  de  former  avec  de  la  terre,  du  plâtre,  ou 
de  la  cire  les  modèles  ou  efquilfes  des  ouvrages 
qu'on  veut  exécuter. 

Pour  modeler  en  terre,  on  fe  fert  d'une  terre 
toute  préparée  ,  qui  eft  la  même  dont  fe  fervent 
les  Potiers  de  terre.  On  met  cette  terre  fur  une 
felle  ou  chevalet.  On  n'a  pas  befoin  de  beaucoup 
d*outils  j  car  c'eft  avec  fes  mains  qu'on  commence 
il  quon  avance  le  plus  fon  ouvrage.  Les  plus 
grands  praticiens  fe  fervent  plus  de  leurs  doigts 
que  d'outils.  Ils  fe  fervent  néanmoins  d'ébauchoirs 
bre télés  pour  finir  &  breter  la  terre. 

On  modèle  &  on  fait  auflî  des  figures  &  erquif- 
fes  de  cire.  Pour  cet  effet ,  Ton  met  fur  une  Uvrc 
de  cire  demi-livre  d'arcan^on  ou  colophane  :  pliï- 
fieurs  y  mettent  de  la  térébenthine,  6l  Tan  ûtc 
fondre  le  tout  avec  de  Thuile  d'olive.  On  en  met 
plus  DU  moins,  félon  quon  veut  rendre  la  matière 
plus  dure  ou  plus  molle.  On  mêle  dans  cette  com- 
pofition  un  peu  de  brun  rouge,  ou  de  vermilloQ  , 
pour  donner  de  la  couleur.  Lorfqu*on  veut  s'en 
fervir,  on  la  manie  avec  les  doigts  &  avec  des 
èbauchoirs ,  comme  on  fait  la  terre. 

Monter  les  plâtres.  Lorfque  les  figures  fom 
coulées ,  on  rejoint  les  parties  qui  doivent  être 
coupées  avant  que  de  mouler  :  c'cft  ce  qui  s'ap^ 
peilc  monter  le  plâtre. 

MoRDACHE ,  efpècede  tenailles  compofics  de 
deux  morceaux  de  bois  éiaAiques ,  affemblés  par 
une  de  leurs  extrémités,  &  faits  à  l'autre  en  mâ- 
cboires  d*étaux.  Lorfqu'on  travaille  des  ouTrages 
a  moulures ,  àc  autres  ornemens  délicats  ,  qui 
fouffrirment  des  dents  &  de  la  prcflion  des  mâchoi- 
res de  rétau  ,  fi  on  les  y  ferroit ,  on  prend  la  mar- 
dadc  y  on  la  met  dans  Tétau ,  âc  Ton  met  l'ouvrage 

iliiis 


» 


I 


p 


MOU 

diQS  la  m&rddche^  obfcrvant  m£nie  quelquefois 
dVnvdapper d*un  linge,  ou  d'appliquer  des  mor- 
ceaux de  tieutre  aux  endroits  où  les  mâchoires  de 
h  mord^che  touchent  à  Touvrage  ;  plus  commune- 
mont  encore  ces  mâchoires  en  font  garnies.  Il  y  a 
des  morJackes  de  toute  grandeur, 

MoucHETTEs,  On  appelle  mouchetées  ce  qui 
fort  dt%  tamis  de  crin  ou  de  foie ,  lorfque  Ton  paife 
k  plâtre  :  on  rebat  les  mouchettes  ,  ou  on  les  em- 
ploie Gns  être  piiTées  pour  les  chapes  &  pour  les 
tauiTes  pièces. 
MoULAGi ,  c'eft  Taétlon  de  mouler. 
Moule.  On  appelle  de  ce  nom  en  général  tout 
tnûmment  qui  fcri  ou  à  donner  ou  à  déterminer 
la  forme  de  quelque  ouvrage*  Il  n'y  a  rien  de 
h  commun  dans  les  arts  que  les  woulrs,  11  y  a 
bien  des  chofes  qui  ne  fe  feroient  point  fans  cet; e 
fçffource  ;  &  il  n*y  en  a  aucune  qui  fc  fit  plus  dif- 
ikrlement,  &  qui  ne  demandât  plus  de  tcms* 

MoULtRy  c*cA  Taftion  d'exécuter  par  le  moyen 
d'un  mouîe. 

Mouler  en  plXtre.  Le  meilleur  plâtre  dont 
on  puitfe  fe  fervir  pour  mouler^  cVft  celui  qu*on 
tire  des  carrières  àt  Montmartre,  On  le  prend  en 
pierres  cuites  8c  tel  qu'il  fort  du  fourneau  :  on  le 
bat ,  6c  on  le  pafTc  au  tamii  de  foie  :  on  le  délaie 
dans  leau  plus  oit  moins,  fuivani  la  fluidité  qu'on 
veut  lui  donner.  Mais  avant  que  de  l'employer  , 
il  faut  avoir  difpofé  le  modèle  ou  la  figure  à  rece- 
voir le  inouïe.  Si  ce  n'eft  qu'une  médaille  ou  orne- 
ment de  bas-relief  qu*on  veut  mouler  y  on  fe  con- 
tente d'en  imbiber  toutes  les  parties  avec  un  pin- 
ceau &  de  rhuile  j  puis  on  jette  le  plâtre  defTus, 
qiii  en  prend  exaâement  l'empreinte  ,  &  qui  forme 
ce  qu^oQ  appelle  un  mouU;  mais  fi  c'efl  une  figure 
de  ronde  boiTe  qu'on  veut  mouler ^  il  faut  prendre 
d^autres  précautions*  On  commence  par  le  bas  de 
la  B^re ,  qu'on  revêt  d^  plufieurs  pièces ,  &  par 
dffifes,  comme  depuis  les  pieds  jurqu'aux  genoux  , 
felofi  néanmoins  la  grandeur  du  modèle;  car  quand 
les  pièces  font  trop  grandes,  le  plâtre  fe  tourmente. 
Après  cette  aiTife  ,  on  en  fait  une  autre  au*deiTus  , 
dont  les  pièces  font  toujours  proportionnées  à  la 
figure  ,  oc  on  continue  ainfi  jusqu'au  haut  des 
épaules ,  fur  lefquelles  on  fait  la  dernière  alTife  qui 
comprend  la  tète. 

II  cft  à  remarquer  que,  dans  une  figure  nue, 
les  pièces  qui  ferment  le  moule  étant  aiîez  gran- 
des pour  fe  dépareiller  aifément ,  elles  ni>nt 
pas  befoin  d'être  rc  cou  verres  d'une  chipe  ; 
mais  fi  ce  font  des  figures  drapées ,  ou  accompa- 
gnées d'orncmens  qui  demandent  de  la  fujétion ,  & 
qui  obligent  à  faire  quantité  de  petites  pièces 
pour  être  dépouillées  avec  plus  de  facilité,  il  faut 
alors  faire  de  grandes  chapes  ,  c'eft-à-dire  ,  revêf  ir 
toutes  ces  petites  pièces  avec  d'autre  plâtre  par 
erands  morceaux  qui  renferment  les  autres ,  & 
huiler  tant  les  grandes  que  les  petites  pièces  par- 
deflus  &  dans  les  joints,  afin  qu'elles  ne  s'atta- 
chent pas  les  unes  aux  autres, 

Jrts  &  Mâitrs,  Tome  K  Partie.  /. 


MOU 


V: 


On  dîfpofe  les  grandes  pièces  ou  chapes  de 
façon  que  chacune  délies  en  renQ^rme  plufieurs 
petites ,  auxquelles  on  attache  de  pet.ts  annelets 
de  fer  pour  fervtr  à  les  dépouiller  pîus  facilement  » 
&  les  taire  tenir  dans  les  chapes  par  le  moyen  de 
petites  cordes  ou  ficelles  qu  on  attache  aux  anne- 
lets »  &  qu'on  paffe  dans  les  chapes.  On  marquî 
aufli  les  grandes  &  les  petites  pièces  par  des  chif- 
fres', par  des  lettres  &  avec  des  entailles  pour  les 
reconnoître  »  &  pour  les  mieux  affembler. 

Quand  le  creux  ou  moule  de  plâtre  eflfait,  on 
lelaifle  repofer,  &  lorfqu'il  e(l  fec,  on  en  imbibe 
tomes  les  parties  avec  de  Thuile.  On  les  raiTemblc 
les  unes  &  les  autres  chacune  à  fa  place ,  puis  on 
couvre  le  moule  de  fa  chape  ,  8t  on  y  jette  le  plâ- 
tre d*une  confiilance  allez  liquide  pour  qu'il  pui^Te 
s'introduire  dans  les  parties  les  plus  délicates  du 
moule  V  ce  que  Ton  peut  aider  en  balançant  un  peu 
le  moule,  après  y  avoir  jeté  à  difcrétion  une  cer- 
taine qiiantiïé  de  plâtre  :  on  achève  d::  le  remplif , 
&  on  \q  lailTe  repofcr.  Quand  le  plâtre  eft  (i^c  ,  on 
ôte  la  chape,  &  toutes  les  parties  du  moule  l'une 
aptes   l'autre ,  Si  l'on  découvre  la  figure  mouléç- 

NoYAU.  Le  noyau  eu  compofê  de  plâtre,  dans 
lequel  on  met  un  tiers  de  briques  pilècs ,  &  que 
Ton  coule  dans  le  creux  pour  les  plombs  ou  pour 
les  bror^zes  :  on  appelle  auiïi  le  noyau  Tame  de 
la  figure. 

Noyau  de  plâtre.  Comme  le  plâtre  qu'on 
achète  n'eft  fouvent  cuit  qu'en  partie  ,  il  fe  trouve 
au  centre  de  cette  pierre  une  portion  de  plâtre 
qui  n'eft  pas  cuite  ,  c'eft  ce  que  l'on  appelle  noyau. 

Noirs.  On  fe  fert  du  mot  noirs  pour  exprimer 
les  parties  les  plus  renfoncées  de  la  figure. 

Papier  Joseph.  Ce  papier  eft  connu  pour  être 
très- min  ce  ;  en  conféquence  il  prend  bien  Fera- 
preinte  des  moules. 

Papier  mâché.  Ce  font  des  rognures  de  papier 
qu'on  laifte  pourrir  dans  l'eau  pour  faire  une  pâte 
dont  on  fe  fert  pour  cartonner. 

Parties.  Lorfqu*on  coupe  les  bras  ou  les  jam- 
bes dïine  figure  pour  faciliter  ropération  du  mou- 
lage, c'eft  ce  qu'on  appelle  communément  couper 
les  parties  :  on  fe  fert  pour  cela  de  fil  d'archal  &  de 
laiton  fort  mince, 

Pastillage.  Pâte  de  fucre  compoféc  pour  fo<^ 
mer  les  petites  figures  qui  décorent  les  tables. 

Pesée.  Lorfqu'on  veut  ouvrir  un  creux  oif  lever 
une  chape  ,  on  fait  une  petite  pefée  avec  un  fer- 
moir ou  un  autre  outil  propre  à  cet  ufage* 

Pièces.  Ce  font  des  morceaux  de  plâtre  taillés  # 
qui  portent  remprcin:e  d'une  partie  du  modèle  : 
cVft  TatTembLige  de  ces  pièces  dans  les  chapes 
qui  forme  les  creux. 

PifeCES  ET  CHAPES,  fe  dit  dune  pièce  affei 
forte  pour  ne  pas  être  recouverte   d*unc  chape. 

Pinces.  Ce  font  des  outsls  en  forme  de  tenail- 
les aiguës,  qui  fervent  à  reti  cr  les  pièces  fur  le 
modèle  ou  fur  le  plâtre  coulé. 

Plomb  rouge.  Pour  bien  réulTir  à  fondre  des 
M  m 


274 


MOU 


figures  en  plomb  ou  en  étala ,  il  faut  que  cette 
matière  foit  très-chaude  :  c'eft  pour  cela  que  l'on 
dit  qu'il  faut  couler  à  p!omb  rouge.  On  conn€>ît 
ce  degré  de  chaleur  lorfqu'en  y  )etant  un  mor- 
ceau de  papier  ,  il  s^enâamme  fubitement  :  alors 
on  peut  couler  fi  le  creux  eil  bien  fec. 

Ponce.  On  renferme  dans  un  linge  de  la  lithar- 
ge  pour  taire  de  Thuile  grafleou  de  la  cendre  pour 
poudrer  les  endroits  que  Von  veut  eftarapcr  :  c'eil 
ce  qu'on  appelle  une  ponce. 

PoRTHis.  Ce  font  les  parties  excL^denres  d'un 
moule  :  on  fait  ajlfi  des  portées  avec  de  la  terre 
molle  pour  recevoir  le  plâtre. 

Poussée.  Ccft  TefF^rt  que  le  plâtre  fait  dans  les 
crrux  eu  furies  modèles. 

Pousser  la  terre  dans  les  creux  ,  c'cft-à-dire  , 
prendre  l'empreinte  d'un  moule  avec  de  la  terre 
molle. 

Prendre.  On  dit  qu'il  faut  laifler  prendre  le 
j)lâire  avant  que  de  remployer ,  &  attendre  qu'il 
loit  bien  pris  avant  que  de  dépouiller  le  creux. 

Raisonner  ,  fe  dit  communément  pour  mar- 
quer le  foin  qu'il  faut  avoir  pour  juger  la  pièce 
[ue  l'on  fait  fur  une  figure  ou  autres  morceaux 
,e  fculpture. 

Recuit.  On  fait  recuire  les  moules  deflinés  à 
recevoir  du  plomb  ou  de  Tétain  :  il  faut  prendre 
garde  de  ne  pas  laiiTer  brûler  le  plâtre  en  le 
recuifant. 

Relâcher.  Le  plâtre  fe  relâche  lorfquHl  ell 
trop  cuit  ou  éventé  :  il  durcit  à  f  inftant  qu'il  eft 
détrempé ,  puis  il  devient  mol  ;  c*eft  ce  que  Ton 
appelle  fe  relâcher. 

Remonter  une  figure  ;  c'efi  attacher  au 
ccrps  d'une  figure ,  avec  du  plâtre  gâché  très-clair , 
les  parties  qui  en  avoient  été  moulées  féparément. 

Repaires.  Ce  font  de  certaines  marques  que 
l'on  fait  aux  pièces  &  aux  coupes  pour  les  remet- 
tre exaûeraent  dans  leurs  places  :  la  forme  en  eft 
arbitraire. 

Répareur  ;  nom  d'un  artifle  qui  fe  fert 
d'un  crochet  pour  reformer  &  faire  revivre  la 
fculpture  qui  efi  effacée  par  la  quantité  de  blanc 
dont  on  la  couvre  avant  que  d'être  dorée. 

Ripe.  C'eft  un  inArument  de  fer  ou  d'acier  qui 


i 


MOU 

a  des  dents  :  il  fert  à  rufiiquer  la  cire  fur  laquelle 

on  doit  mettre  des  épaifféurs. 

RusTiQUER.  Lorfqu'on  a  à  fondre  les  parties 
des  figures ,  foit  en  plomb,  foit  en  plâtre,  il  faut 
ruftiquer  les  deux  parties  que  l'on  veut  rejoindre  , 
c'eft-à-dire  »  bien  piquer  les  endroits ,  afin  que  le 
plâtre  que  l'on  met  entre  deux ,  s'y  attache  &îie 
tafle  plus  qu'un  corps. 

Serré.  Lorfque  le  plâtre  eft  long  à  prendre  , 
il  faut  le  gâcher  ferré ,  c'eft-à-dire ,  mettre  beau- 
coiîp  de  plâtre  dans  l'eau. 

Souder  ;  c*eft  faire  la  réunion  de  deux  par- 
ties ,  foit  en  plomb  ,  foit  en  plâtre ,  &c. 

Soufflures.  Ce  font  de  petites  cavités  dans  le 
plâtre. 

Spalt  gypseux  :  cfpèce  de  pierre  criflallîfte  ^ 
compofée  d*acide  vitriolique  &  de  terre  calcaire. 

Spatule,  efpèce  de  truelle  de  fer  on  de  cui- 
vre avec  un  manche  de  bois  ou  fons  manche  , 
qui  fcît  à  prendre  le  plâtre  dans  h  jatte  ou  il  eft 
gâché  :  il  faut,  avant  de  fe  fervir  d'une  (patule  , 
la  faire  chauffer, &  paffer  un  peu  d'huile  ou  de 
cire  defliis,  afin  que  le  plâtre  ne  s'y  attache  pas. 

Surmouler.  Faire  un  moule  fur  une  figure  ou: 
autre  ornement  de  plâtre  coulé. 

Surmoules.  Ces  creux  ne  font  pas  fi  fidèles 
que  les  premiers  moules  faits  fur  le  modèle  ori- 
ginal. 

Talc.  Il  faut  entendre  du  gypse  criftallifib^ 
lequel  a  la  même  tranfparence  que  le  mica  ou  le 
vrai  talc. 

Toucher  ,  s'entend  des  coups  d'ébauchoîr  que  le 
fcu'pteur  l'onne  pour  produire  l'effet  à  fon  ouvrage* 

Tourmente  :on  dit  zuffi  voilée.  On  dit  vul- 
gairement que  le  plâtre  fe  tourmente  lorfqu*ttne 
chape  t\e  porte  pas  également  fur  l'endroit  où  elle 
fe  trouve  pofée  :  on  fe  fert  auffi  du  root  voiler 
pour  exprimer  la  même  chofe. 

Travail  du  plâtre.  La  nature  du  plâtre  effi 
de  fe  gonfler  :  il  fait  par  ce  moyen  écarter  ce  qui 
s'oppofe  à  fon  aâton  ;  c'eft  ce  qu'on  appelle 
travail. 

Vents  ou  soufflures  ,  fe  dit  des  petites  cavi- 
tés ou  bouillons  dans  les  plâtres  que  l'on  coule 
fans  précaution  en  comprimant  l'air» 


MUETS  ET  SOURDS,  ET  LES  AVEUGLES- 


(  Art  crinslruire  les  ) 


V/  Ht  obfervaticMi  qui  doit  donner  cîc^rand^s  cf- 
peranccs  d^m  ks  ftiiîiiccs  6c  dans  les  srts,  cVft 
qu'on  y  cft  foiivcïit  (larvcnu  ;i  des  dicouvcrrcs, 
^oc  Ron-feulemcnt  on  n^erpcroii  pjs  pouvoir  f-ire, 
jnaif  dont  on  n'avoit  pas  même  lidèc. 

On  rcgsrdoît  les  muets  de  naiffancc  comme 
oiûîns  gucri^âbles  qn  auruti  autre  ;  cependant  ce 
font  ceux-tà  même  qu'il  eu  îe  plus  pcfllÛe  de  taire 
parler,  qiicceux  qui  le  fontdeverus  par  accident*  lis 
ncfoni  reliés  muets  que  parce  qu'ils  étoîent  fourds  : 
TorgAne  de  h  parole  ne  leur  manque  pas  ;  iU  (ont 
Cftfplcmem  embatraiïès  par  le  dôfiut  d'exercice. 
Comme  ces  mucis  le  font  en  confécjuence  de  Ictîr 
fiirditè  ,  U  faut,  pour  ainfi  dîre ,  leur  faire  voir  les 
fons,  puii  les  exercer  à  les  rendre. 

Les  fourds  de  nallTance  font  àt?nc  muets  ordi- 
nairement, parce  qu'ils  ne  font  pa.-*  ca|>:;bles  d'ap- 
prendre à  parler.  Cependant ,  comme  les  yeux 
aident  les  oreilles»  rvu  moins  en  pnitle,  ils  ptu- 
vent,  à  la  rigueur  ,  e^i  tendre  ce  qu^ondlt ,  en  obfer- 
vafit  le  mouvement  des  lèvres  &  de  la  bouche;  ils 
peuvent  même  s'accoutumer  k  faire  des  mouve- 
mcns  femblables  ,  6l  par  ce  moyen  apprendre  a 
pronanccr  des  mots. 

Ainfi  ic  doôeur  Wallis  narîc  de  deux  jeunes 
gens  qui étoicnt  fourds  de  n.  ivïancc,  Se  qui  ne  iarf- 
foicQt  pas  d'entendre  ce  qu'on  leur  difoii ,  6t  d*y 
répondre  penint:»»  -nent* 

Le  chevalier  Digby  nous  apprend,  dans  fon  rraîié 
Ji  n^turd  corpOTum  ,  chap.  iS  ^  n\  8  ,  qu*r.nefpa- 

Sooldunenai^ance  diftinguèc,  qulètoi:  frère  cadet 
un  connétable  de  Canillc  ,  étant  né  fourd  & 
muet  ,  étoif  infcnfible  même  au  bruit  é\m  coiTp 
de  canon  tiré  à  fes  oreilles. 

Comme  il  lui  ctoit  impoffibte  de  rendre  des  fons 
&  des  paroîes  quM  n'cntindoii  pas  ^  il  fut  privé 
de  manifeAer  fes  idées  par  lor^ane  de  la  voix.  Un 
certain  prêtre  Efpagnols'oftiit  à  lui  cnfeigner  non- 
fcdcireDC  à  parler,  mais  encore  à  entendre  une 
converfaûon. 

Les  petfonnes  àquiU  fit  cette  propofiiion  écla- 
tèrent de  rire,  mais  ères  furent  aA'cz  f^ges  pour 
mettre  le  prêtre  à  réprcuve.  On  ^  it  avec  la  plus 
grande  furprife  ,  au  l^out  de  quelques  années  ,  que 
le  martre  ctoii  parvenu ,  a  force  de  foins  ,  a  mettre 
(on  élève  en  état  de  parler ,  &  de  proférer  ce  qu*ort 
f  roféroit  devant  lut  en  toutes  fortes  de  langues  , 
ijoclque  difficiles  quelles  fuffenr. 

Un  prince  africain,  qyi  éioir  pour  lors  à  la  cour 


d'Efpagne ,  éprouva  três-fouvcnt  la  f.*g3Ctfé  df  ce 
muet ,  en  lui  faif^nt  répét<^r  les  mots  les  plus  diffi- 
ctlcs  de  fa  langue. 

Le  chevalier  Dtgby  affurc  qu'il  a  fonvent  con- 
vcric  av^c  cet  efpagnol ,  &  qu'il  admiroîtla  faci- 
lité flvcc  laquelle  il  répétoit  les  paroles  proférée* 
par  une  autre  perfonne  qui  éioit  éloignée  de  lui 
de  toute  la  îorgiieur  d'une  grande  faîle. 

Le  même  expédient  réuJîit  fur  iin  des  pricces  de 
rillunrc  miifon  de  Savoyc  ,  qui  croit  doué  du  plus 
beau  génie  &  de  la  plus  grande  fagacité ,  malgré 
cette  infirm.ré. 

Le  pcrc  Schott  rapporte  dans  fa  phyfiqup  cu- 
ricufe  *  lirrc  3  ,  chap.  33  ,  qu'il  avoit  connu  deux 
jéfuites  qui  comprenoient  tout  ce  que  Ton  difoit  à 
b  feule  infps:.ion  des  lèvres. 

Il  y  avoir ,  vers  la  fin  du  dernier  fîècle  ,  à  Amfter- 
dam, un  médecin  SuilTe,  naminéJî^rn Conrad  Am- 
man, qui  apprenoit,  avec  fuccés ,  à  parler  à  des 
enfans  nés  fourds  ;  il  avoit  réduit  cette  pratique  à  des 
régies  fixes,  &  à  une  efpèce  d'art  &  de  méthode 
qn  il  apubl  éedansfon5wri/(a/»^/!/f/ix,  Amflerdani, 
1692  ,  ai  dans  fon  traité  de  Loqucld  ,  ibid  1700. 

M,  Wdler,  fecrétaire  de  la  fociété  royale  de 
Londres  ,  parle,  dans  les  tranfaélionsphilofophi* 
ques,  u".  513,  d'un  frère  &  dune  fœiir  âgés 
d'environ  cinquante  ans  chacun,  &  nés  dar^s  la 
mêm^  ville  que  M.  Waller  ,  qui  tous  deux  étoîent 
entièrement  fourds  ;  cependant  l'un  &  Taurre  h- 
voicnt  tout  ce  qaon  leur  difoit,  en  examinant 
feulement  le  mouvement  des  lèvres  ,  &  ils  y  ré- 
pondaient fur  le  champ. 

li  paroît  qu'ils  avoicnt  tous  deux  joui  du  fens 
de  louie  éiirnt  enfans,  &  qu'ils  Tavoient  perdu 
d*"»ns  la  fuite  ;  mats  qij*ils  a  voient  confervé  une 
cfpéce  de  langage  qui ,  quoique  barbare ,  étoit 
cepL^ndant  inteliigible. 

L'évéque  Burnet  nous  a  rapporté  encore  un 
autre  exemple  de  la  même  chofe  dans  l'hiftoire  de 
b  fille  de  iVL  Goddy ,  miniftre  de  S.  Gervaîs  à 
Genève.  Cette  fille  devint  fourde  à  Tàge  de  decx 
ans  ;  depuis  ce  temps  elle  irtntendoic  plus  que  le 
grand  briiit,  &  rien  de  ce  qu*on  lui  dffoit;  mais 
en  obfervant  le  mouvement  des  lèvres  de  ceux 
qui  lui  parloient,  elle  apprit  un  certain  nombre 
de  mots  ,  dont  elle  compofa  une  cfpéce  de  jargon  , 
au  moyen  duquel  elle  pouvoit  convcrfcr  avec 
ceux  qui  étoîent  en  étn  d'entendre  fon  langage» 
Elle  ne  favoitricn  de  ce  qu  on  artîailoît ,  à  moins 

M  m  1 


276 


MUE 


5 [u 'clic  ne  vît  le  mouvement  des  lèvres  de  lapcr- 
onne  qui  lui  parloir  ;  de  forte  que  pendant  la 
nuit ,  on  ne  pouvoit  lui  parler  fans  lumière. 

^  Mais  ce  qui  doit  paroîcre  plus  extraordinaire , 
c*eft  que  cette  fille  avoit  une  fœur  avec  laquelle 
clic  converfoit  plus  aifément  qu'avec  perfonne  ;  & 

Êendant  la  nuit  il  lui  fufEfoit  de  mettre  la  main  fur 
i  bouche  de  fa  fœur  pour  favoir  ce  qu'elle  di- 
foîtf  &  pour  pouvoir  lui  parler  dans  robfcurité. 
Burn  ,  letr.  4 ,  p.  248. 

C'eft  une  chofe  digne  de  remarque  ,  que  les 
fourds,  &  en  général  ceux  qui  ont  l'ouie  dure 
entendent  mieux  &  avec  plus  de  facilité  lorfqu  il 
fe  fait  un  grand  bruit  dans  le  temps  même  qu'on 
leur  parle  ;  ce  qui  doit  être  attribué  fans  doute  à 
la  erande  tenfion  du  tympan  dans  ces  occafions. 

Le  fieur  Wallis  fait  mention^'une  femme  fourde 
qui  entendoit  fort  diftinôcment  ce  qu'on  lui  difoit 
lorfqu'on  battoit  du  tambour  ;  de  forte  que  fon 
mari ,  pour  pouvoir  converfer  plus  aifément  avec 
elle ,  prit  à  fon  fervice  un  tymballier. 

Le  même  auteur  parle  d'une  autre  perfonne  qui 
demeuroit  proche  d'un  clocher ,  &  qui  entendoit 
fort  bien  trois  ou  quatre  coups  de  cloches ,  mais 
rien  de  plus. 

Non-feulement  Wallis,  en  Angleterre,  Am- 
man, en  Hollande,  fc  font  attachés  à.  l'inftruc- 
tion  des  fourds  &  muets ,  mais  il  paroît  encore 

Sar  leur  témoignage,  qu'un  certain  rcHgieux  s'y 
toit  exercé  bien  avant  eux. 

Emmanuel  Ramirez  de  Cortonc ,  &  Pierre  de 
Caftre  ,  efpagnol ,  avoient  aufli  traité  cette  ma- 
tière long-temps  auparavant  ;  &  nous  ne  doutons 
pas  que  d*autres  auteurs  n'aient  encore  écrit  & 
publié  quelque  méthode  fur  cet  article. 

Il  eft  étendant  vraifemblable  que  c'eft  le  père 
Ponce  ,  efpagnol ,  mort  en  1584,  qui  a  effayé  le 
premier  l'art  de  donner  la  parole  aux  muets  ;  mais 
il  n'a  pas  enftigné  fa  méthode  comme  ont  fnit 
Amman  &  Wallis.  M.  Perreire  ,  né  en  Efpagnc  , 
doit  auffi  la  fienne  à  fon  ^énie. 

Enfin  ,  de  nos  jours ,  M.  l'al'bé  de  l'Epée  a  per- 
feilionné  cette  invention  en  quelque  forte  mira- 
culeufe  ;  il  a  créé  l'art  d'apprendre  aux  fourds  6c 
muets  à  oenfer  avec  ordre ,  Si  h  combiner  leurs 
idées.  Il  leur  démontre  par  des  preuves  fenfibles  la 
métaphyfîque  des  langues ,  &  fcs  élèves  ne  font 
pas  de  fimples  automates  qui  répondent  à  des 
figncs  coii venus;  ils  comprennent  &  faifident  avec 
une  promptitude  admirable ,  tout  ce  que  la  parole 
&  la  penfée  ont  de  plus  fubtil;  ils  procèdent  même 
par  une  méthode  fi  Tûre ,  que  ces  lourds  &  muets  , 
inftruits  par  leur  favant  &  généreux  inftituteur , 
fcroient  en  état  d'enfeigner  la  plupart  des  perfon- 
nes  bien  élevées  ,  qui ,  avec  Torganc  bien  fain  de 
l'entendement  ,  ne  favent  point  aufli  profondé- 
ment la  langue  qu*elles  parlent. 

Ceft  cette  méthode  de  la  penfée  &  de  le  pa- 
role ,  que  nous  allons  cxpofer  dans  les  pro- 
pres termes  du  maître,  à  qui  nous  demandons 


MUE 

la  permi{1:on  de  le  reproduire  dans  ce  dîâion- 
naire  des  arts ,  fans  diminuer ,  fans  changer  au- 
cunes de  fes  exprefiîons.  On  fent  quelle  prèci- 
fion  &  quelle  exaditude  fcrupuleufe  il  faut  met- 
tre dans  les  procédés  d'un  art  de  cette  impor- 
tance ;  &  nous  nous  rendrions  coupables  fans 
doute ,  fi  nous  altérions  dans  la  moindre  partie  , 
l'enfeignement  que  M.  l'abbé  de  TEpée  fait  gra- 
tuitement &  avec  tant  de  conftance  depuis  nom- 
bre d'années  ,  fans  jamais  rebuter  la  foule  des 
fourds  &  muets  qui  fc  jettent  entre  fcs  bras.  Noos 
croyons  d'ailleurs  entrer  dans  fes  vues  bienfiit(àn- 
tes ,  en  confignant  ici  la  méthode  entière  que  fa 
religion ,  fon  humanité ,  fa  tendre  complaifance  lui 
font  défirer  fi  ardemment  de  répandre  &  de  faire 
connoitre  partout  oii  il  y  a  des  malheureux  à  qui 
les  défauts  de  l'ouie  ont  fait  perdre  lufage  de  la 
parole  &  de  la  penfée. 

Celt  bien  à  ce  généreux  &  vertueux  citoyen 
qu'on  peut  appliquer  dans  un  fens  ftriâe  &  linéral , 
les  vers  que  Brébeuf  a  traduits  de  Lucain ,  en 
parlant  du  peuple  de  Phénicie  ,  regardé  comme 
Tinventeur  de  1  écriture: 

C*eft  de  lui  que  nous  vient  cet  trt  ingénieux , 
De  peindre  la  parole  &  de  parler  aux  yeux  ; 
Et  par  les  traies  divers  de  figures  tracées  , 
Donner  de  la  couleur  &  du  corps  lux  penféet. 

Ainfi  nous  fommes  aflurés  de  donner  k  meil- 
leure méthode  de  l'an  d'inftruire  les .  fourds  & 
muets,  puifque  c'eft  M.  l'abbé  de  TÉpée  lui- même , 
qui  va  l'enfcigner  comme  il  fuit: 

j4vis  préliminaire  de  M.  l'abbé  de  VÊpée* 

L'intérêt  que  la  religion  &  l'humanité  m'infpi- 
rent  pour  une  claffe  vraiment  malheureufe  d'hom- 
mss  femblablcsà  nous,  mais  réduits  en  quelque 
toitt.  à  la  condition  des  bêtes ,  ntnt  qu'on  ne  tra- 
\^\\\ç  point  à  les  retirer  des  ténèbres  épatfles  dans 
kfquellcs  ils  font  enfevelis,  m'impofe  une  obli- 
gation indirpenfable  de  venir  à  leur  fecours ,  autant 
qu'il  m'eft  pofliWe. 

C'eft  uniquement  pour  remplir  Ce  devoir  cflen- 
tiel,  que  je  vais  expofer  les  moyens  dont  je  me 
fuis  fervi  pour  préparer  un  nombre  d*entr'cux  à 
des  exercices  publics ,  dans  lefquels  des  enfans 
qu'on  avoit  regardés  jufqu'alors  comme  des  demi- 
automates,  ont  donné  des  preuves  non  douteufes 
d'une  intelligence  fupérieureà  celle  de  la  plupart 
des  jeunes  perfonnes  -de  leur  âge. 

On  verra  d'une  manière  fenfible  comment  on 
doit  s'y  prendre  pour  faire  monter  par  la  fenêtre 
ce  qui  ne  peut  entrer  par  la  porte,  c'eft-à-dire  , 
pour  infinuer  dans  l'eTprit  des  fourds  &  muets  , 
par  le  canal  de  leurs  yeux ,  ce  qu'on  ne  peut  y 
introduire  par  l'ouverture  de  leurs  oreilles. 

Puiflent  ces  moyens  tomber  entre  les  mains  de 
tous  ceux  qui,  touchés  de  compaflion  à  la  vue 
de  leur  état  trifte  &  déplorable ,  concevront  la 


i 


M  U 

Sutîon  géncreufe  &  chrétienne  de  s'appliquer 
a  leur  înAruâion. 

Lorfque  Je  confentis ,  pour  la  première  foiî  #  à  me 
charfïer  de  l*inftni6Vion  de  deux  fœurs  |umeUes 
fourdes  8c  muettes,  qui  n'avoient  pu  trouver  aucun 
JDaicre  depuis  la  mort  du  père  Vanin ,  prêtre  de 
la  doôrinc  chrétienne ,  j'ignorois  qu'il  y  eut  dans 
Paris  un  inflitmeur  qui,  depuis  quelques  années, 
sctoit  appliqué  à  cette  œuvre,  &  avoic  formé  des 
disciples.  Les  éloges  donnés  par  Tacadémie  à  ùs 
fucces ,  lui  a%'OÎent  acquis  de  la  réputation  dans 
rcfjïrit  de  ceux  qui  en  avoient  entendu  parler  i 
&  la  méthode ,  avec  le  fecours  de  laquelle  il 
réudiiToit  à  faire  parler  plus  ou  moins  clairement. 
les  fourds  &  muets  »  avoit  été  regardée  comme 
«ne  rcffburce  à  laquelle  on  devoir  de  juftes  applau- 
d/irejnens. 

Il  n*en  étolt  pas  Tauteur  :  elle  avoir  été  prati- 
quée plus  de  cent  ans  avant  lui  par  M.  Walîis 
en  Angleicrre ,  M*  I^onnet  en  Elpagne ,  6c  M, 
/mman  ,  oiéde^'in  Suifle  en  Hollande  ,  qui  même 
a  voient  donné  fur  cette  maVièrc  u*excellens  ou- 
vrages ;  mais  il  avoir  profité  de  leurs  lumières  , 
&  ïcs  talens  à  cet  égard  méritoient  Teftime  & 
les  témoignages  d'approbation  qu'ils  lui  attt- 
roient. 

Le  genre  d'études  que  j'avois  fuivics  de  tout 
temps  ,  &  les  occupations  auxquelles  je  m^étois 
livré  jufqu'alors,  ne  m'ayant  point  mis  à  portée 
de  connoître  aucun  de  ces  illuftres  auteurs,  je 
ne  penfai  pas  même  à  défirer  ,  ik  encore  moins 
à  entreprendre  de  faire  parler  mes  deux  élèves. 

Le  feul  but  que  je  me  propofai  fut  de  leur 
apprendre  à  penfer  avec  ordre,  &  à  combiner 
leurs  i  ées.  Je  crus  pouvoir  y  réuflir  en  me  fer- 
VMî  de  Agnes  repréfentatifs  afTujettis  à  une  mé- 
thode dont  je  ccmpofai  une  efpéce  de  Grammaire, 

M.  Pereire,  inOuiueur  des  fourds  Ôimuers,  & 
le  plus  favant  de  ft:s  difciples  ,  que  je  ne  connoif- 
fois  ni  Tun  ni  l'autre»  en  furent  bientôt  Informés. 
Ils  regardèrent  Texécution  de  ce  projet  comme 
impoiîiblc,  i^  ridée  que  j'en  avois  conçue  ik  que 
'fclT^yois  de  mettre  en  pratique  >  comme  devant 
lire  plus  nuifible  qu'utile  k  ravancement  de  mes 
élèves- 

La  réputation  que  M.  Pereire  s'étolt  acquife  ^ 
donnant  dans  Tefprit  du  public  un  certain  crédit 
à  ce  préjugé ,  il  ctoït  nécedaire  que  je  le  com- 
b^mffe ,  lorfque  je  fis  imprimer  ma  méthode  uni- 
quement pour  l'avantage  des  fourds  &  muets  , 
préfcns  Si  à  venir,  me  regardant  comme  chargé 
par  la  providence  de  rendre  à  cette  efpèce  de 
malheureux  tous  les  fervices  qui  dépendroient 
de  moi. 

/'attaquai  donc  le  faux  principe  de  ces  Mef- 
fieurs ,  6c  j'entrepris  même  de  montrer  que  le  (yC- 
téme  dont  M.  Pereire  fe  fervoit  pour  Findruétion 
de  (i.s  disciples,  &  qu'il  appeloit  la  Daélyhlo^îe  ^ 
C*eft-i-ûire,  la  fcicncc  du  mouvement  6i  de  la 
pofition  des  doigts ,  pouvoir  conduire  par  degrés 


MUE 


277 


à  faire  parler  des  fourds,  mais  quelleétoit  aLfolu- 
ment  inutile  pour  leur  apprendre  à  faire  un  ufage 
légitime  de  leur  faculté  de  ptnfer, 

M.  Pereire  fît  mettre  alors  dans  les  papiers 
publics  qu'il  répondroit  à  mes  difficultés  aurti-tôt 
qu'il  en  auroit  le  loifir  ;  mais  quoiqu'il  ait  encore 
vécu  quelques  années  après  avoir  contra^é  cet 
engagement ,  il  ne  Ta  point  exécuté ,  Ô;  je  ne 
crois  pas  même  qu'il  en  ait  formé  férieufement 
la  rcfoluiioo.  Le  plus  favant  de  fes  difciples  eft 
reflc  pareillement  d  ins  le  filence. 

J'aVois  encore  a  combattre  d'autres  adverfaîres 
plus  redoutables ,  je  veux  dire  un  nombre  de 
thcoiogicas  ,  de  philofophes  (  raifonnables  )  & 
d'académiciens  de  differens  pays ,  qui  foutcnoienc 
qu*ii  étoit  impo  fible  d'aifujettir  les  idées  meta- 
pliyfiques  i  dts  fignes  repréfentcitifs ,  ÔL  par  con- 
fisquent qu'elles  rcfteroient  toujours  au-deflus  de 
Tintclligence  des  fourds  &  muets* 

Il  a  fallu  bi:aucoup  de  temps  &  de  raîfonne- 
mcns ,  des  exercices  publics ,  &  même  en  plufieurs 
langues,  fur  des  matières  abftraites,  des  leçons 
journalières  aux  luclles  des  favans  de  toutes  les 
parties  de  l'Europe  ont  afûAé ,  mais  principale- 
ment des  explications  claires  &  précifes  fur  la 
métaphyfique  de  tout  verbe  régulier,  données 
fur  le  champ  &  fans  aucune  préparation  pîir  les 
fourds  Si  muets ,  pour  convaincre  toute  perfonne 
raifonnable,  1*^,  que  comme  il  n'eft  aucun  mot 
qui  ne  fignifie  quelque  chofe,  il  nVft  j.ufTi  aucune 
chofe  ,  quelqu'indépendanie  qu  elle  foit  de  nos 
fens ,  qui  ne  puîfle  être  expliquée  clairement  ptr 
une  analyfe  ccmpofée  de  mors  fimpîcs ,  ik  qui 
en  dernier  reflbrt  n'aient  befoin  d'aucune  expli- 
cation. 

2°.  Que  cette  analyfc  peut  également  fe  faire 
de  vive  voix  ou  par  écrit  vis-à-vis  de  ceiîx  qui 
ont  les  oreilles  duement  organjfécs,  parce  que  , 
foit  en  entendant,  foit  en  lifant  les  mots  Amples 
dont  elle  cft  compofée  ,  ils  fe  rappellent  Icsfignes 
qu  on  leur  a  faits  depuis  leur  enfance  ,  &  uns  lef- 
quels  ils  n'auroient  pas  plus  entendu  l^  mots  qu'on 
prononçoit  ou  qu'on  lifoit,  que  fion  les  eut  pro- 
noncés ou  lus  en  allemand,  en  grec  ou  en  hé- 
breu, 

3*".  Que  cette  même  analyfe  ne  peut  fe  h\re 
vis-à-vis  des  fourds  &  muets  que  par  écrit ,  maïs 
que  fon  effet  cft  également  infaillibie  ,  parce  qu'en 
lifant  les  mots  fimples  dontelk  eft  compofée,  ils 
fe  rappellent  auflli  facilement  que  nous  la  ftgnifi- 
cation  qu'on  leur  a  donnée  de  ces  mots  ,  &  qui 
letir  efl  de%^enuc  aufii  familière  qu'a  nous  par 
l'ufage  que  nous  en  faifons  continuellement  avec 
eux,  &  qu'ils  en  font  eux-mêmes  avec  nous. 

J'expliquerai  dans  la  première  partie  (  de  cette 
méthode  )  les  differens  degrés  pi^r  Icfquels  on  réuf- 
fit  à  former  Tcfprit  des  fourds  ôc  muets ,  6c  à  les 
rendre  capables  de  perfectionner  eux-mêmes  leur 
inflrudion  en  lifant  de  bons  livres* 

Dans  la  féconde ,  ayant  appris  par  la  leélure 


278 


-M  U  E 


âcs  ouvrages  de  M?J.  Bonnet  &  Ap/.min,  &  par 
mes  propres^ réflexions,  comment  on  doits  y  pren- 
dre pour  enfeigner  aux  fourds  &  muets  à  parler  , 
je  dirai  fur  ce  fujet  tout  ce  qui  cft  néceffairc  pour 
ceux  qui  voudront  à  préfent  ou  dans  la  fuite  inf- 
truire  des  fourds  &  muets. 

Une  difpute  férieufe  qui  s'eft  élevée  entre  Tinf- 
tltutcur  des  fourds  &  muets  de  Leipfick  &  celui  de 
Vienne  en  Autriche  conjointement  avec  moi  (  M. 
Tabbé  de  TEpée ,  )  fera  le  fujet  de  la  troifiéme 
partie. 

Première    partit. 

î/iNSTRUCTiON  des  fourds  &  muets  h'eft  point 
une  œuvre  auifi  difficile  qu'on  le  fuppofe  ordi- 
nairement. Il  ne  5*agit  que  de  f^ire  entrer  par  leurs 
yeux  dans  leur  efprit ,  ce  qui  cft  entré  dans  le  nôrre 
)>ar  les  oreilles.  Ces  deux  portes  ouvertes  en  tout 
temps,  pré 'entent  Tune  6i  Tautre  un  chemin  qui 
conduit  au  même  terme  ,  îorfqu  on  ne  s'égne  ni  à 
droite  ni  à  gaiiche  de  celui  des  d^ux  dans  lequel 
on  s'eft  engigè. 

Comment  on  doit  s'y  prendre  pour  commencer  Cinf- 
truSlion  des  Sourds  &  Muets. 

Dans  quelque  langue  que  ce  foir ,  ce  n'eft  point 
la  prononciation  des. mots  qui  fait  entendre  leur 
fi^nificaticn. 

£n  vain  dans  la  nôrre  nous  eût-on  répété  cent 
&  cent  fois  les  noms  de  porte  &  du  fenêtre ,  &c.  &c. 
&c.  nous  n*y  aurions  attaché  aucune  idée  ,  fi  on 
n'eût  pas  montré  en  même-temps  les  objets  qu'on 
vouloit  défigner  par  ces  noms. 

Le  fjgne  d;î  la  main  ou  des  yeux  a  été  le  feul 
moyen  par  lequel  nous  avons  appris  à  unir  l'idée 
de  ces  objets  avec  les  fons  qui  f.appoicnt  nos 
oreilles. 

.  Toutes  les  fois  que  ces  mêmes  fons  fe  faifoicnt 
entendre,  ces  mêmes  idées  fc  préfentoient  à  no- 
tre efprit,  parce  c{uc  nous  nous  fouvcnions  des 
figues  qu'on  nous  avoit  fait  en  les  pronorçani. 

C'eft  une  route  précifèment  femblable  qu'il  s'a- 
git de  tenir  avec  les  fourds  &  muets. 

On  a  commencé,  dès  le  premier  joi:r  de  leur 
inftruftlon,  à  leur  apprendre  wn  alphabet  manuel^ 
tel  que  celui  dont  les  écoliers  fe  fervent  dans  les 
Collèges  pour  converfer  avec  leurs  compagtions 
d'une  extrémité  d^  la  clafle  à  l'autre. 

Les  fourds  &  muets  ne  confondent  pas  plus  les 
différentes  figures  de  chacune  de  ces  lettres  qui 
^    frappent  fortement  leurs  yeux  ,  que  nous  ne  con- 
fondons les  différens  fons  qui  fe  font  entendre  à 
nos  oreilles. 

Nous  écrivons  donc ,  je  dis  nous  ,  parce  que 
nous  fommos  fouvent  aidés  dans  nos  opérations 
avec  les  fourds  &  muets  ,  par  d'autres  perfonnes  ; 
nous  écrivons  en  gros  cara£^éres  avec  du  crayon 
blanc  fur  une  table  noire  ces  deux  mots  la  porte , 
&  nous  la  montrons. 


MUE 

A  rinftant ,  ils  appliquent  cinq  ou  fix  fois  leur 
alphabet  manuel  fiir  chacune  des  lettres  qui  com- 
pofent  le  mot  porte ,  (  ils  Tépèlent  avec  leurs  doigti) 
&  en  font  entrer  dans  leur  mémoire  le  nombre  6: 
l'arrangement  ;  aufli-iôt  ils  l'effacent  &  l'écrivent 
eux-mêmes  avec  leur  crayon ,  en  caraâéres  plus 
ou  rnoins  formés ,  (peu  nous  importe  )  enfuite  ils 
récriront  autant  de  fois  que  vous  leur  prèfenterez 
ce  même  objet. 

Il  en  eft  de  même  de  toute  autre  chofe  qu*on  leur 
montre ,  &  dont  on  écrit  le  nom  d'abord  fur  la  ta- 
ble, en  gros  caraôéres,  &  enfuite  en  caraâères 
ordinaires  fur  aucant  de  différentes  caries  qu'on 
leur  met  entre  les  mains ,  &  que  leurs  compagnons 
s'amufent  à  leur  faire  deviner  les  unes  après  les 
autres ,  en  fe  moquant  d'eux  lorfqu'ils  s'y  trom- 
pent. 

L'expérience  nous  apprend  que  tout  fourd  & 
muet  qui  a  quelque  aftivité  dansi'cfprit,  apprend 
de  cette  manière  en  moins  de  trois  jours  plus  de 
quatre-vingts  mots. 

Prenez  alors  chaftinc  des  cartes  fur  laquelle  un 
de  ces  mots  eA  écrit,  &  préfentez-la  à  ce  nouveau 
difciple ,  il  portera  tour-à-tour  fon  doigt  fur  cha- 
cune des  parties  de  lui-même  dont  la  carte  prëfen- 
tée  contiendra  le  nom. 

Mêlez  &  brouillez  les  cartes  tant  qu'il  vous 
plaira ,  il  ne  fe  trompera  fur  aucune  ;  ou  s'il  vous 
plait  d'écrire  vous-même  quelques-uns  de  ces  noms 
fur  la  table  ,  il  portera  pareillement  fon  doigt  fur 
chacun  des  objets  dont  vous  aurez  écrit  les  noms, 
&  par  ce  moyen  vous  prouvera  clairement  qu'il 
comprend  la  fi^nificaiion  de  chacun  d'eux. 

Ce  fera  ainfi  qu'en  très-peu  de  jours  le  fourd  & 
muet  entendra  non-feulement  la  fignification  de 
tous  les  mots  qui  expriment  les  noms  des  diffé- 
rentes parties  qui  nous  compofcnt  depuis  la  tête 
jufqu'aux  pieds ,  mais  encore  de  ceiix  qui  repré- 
fentent  tous  les  objets  qui  nous  environnent ,  & 
qu'on  peut  1-ur  montrer  à  niefure  qu'on  en  écrit 
les  noms  fur  la  table  &  fur  les  cartes  qu'on  lui 
mtt  entre  Its  mains. 

Cepi;nJant  on  ne  fe  borne  point  dès-lors  k  cette 
efièce  d'inftrt>Ûion  ,  toute  omufante  qu'elle  foit 
pour  les  fuurds  &  mjets. 

Dès  le  premier  ou  les  premiers  jours ,  on  leur 
fait  écrire  en  leur  conduifant  la  main ,  ou  Ton 
écrit  pour  eux  le  préfent  de  indicatif  du  verke 
porter ,  6c  On  le  leur  explique  par  fignes  en  cette 
manière  : 

Plufieurs  fourds  &  muets  étant  autour  de  la 
table  y  je  place  le  Candidat  à  côté  de  moi  fur  ma 
droite. 

Alors  je  mets  V index  de  ma  main  jgauche  fur  le 
mot  je ,  6l  pendant  ce  même  temps  je  me  montre 
moi-même  avec  Vindex  de  ma  main  droite ,  en 
m'en  frappant  moi-même  doucement  fur  ma  poi- 
trine à  diverfes  reprifes. 

Enfuite  je  vais  pofer  Vindex  de  ma  main  gauche 
fur  le  mot  porte ,  &  prenant  un  gros  Livre  in  4*. 


I 


MUE 

Je  le  porte  fucceffivemciir  fous  mon  bras ,  dans 
les  pans  de  ma  robe ,  fur  mon  épaule  ,  fur  ma  tète 
et  for  mon  dos ,  le  tauc  en  marchant ,  &c  avec 
l'cit^rieur  d*uo  homme  qui  fc  fent  chargé  ;  aucun 
«le  css  mouycmcns  n'échappe  à  rattemlon  du  iburd 
&  mtter. 

Je  reviens  à  la  rable;  &  pour  faire  entendre  la 
fecondc  perfonnc,  je  mit  s  VinJtx  de  ma  main  g^îi- 
che  fur  le  mot  m  i  en  mime* temps  je  porie  ClnJix 
di  m*  mnin  droite  fur  la  poitrine  du  fourd  & 
muft,  &  je  Ten  frappe  doucement  plufiours  fo:s  , 
en  lui  faif^m  obfervcr  que  je  le  regarde,  &  qu'il 
doit  auffi  me  regarder. 

Je  mets  en  fuite  mon  doigt  fur  le  mot  portes  , 
(a^  perfonoe  )  âc  je  lui  donne  le  livre  i/1-4'*.  en 
Im  falfjnt  #igne  de  faire  à  fon  tour  ce  qu'il  m'a  vu 
fâre  à  moi-même  le  premier  ;  il  fe  met  à  rir^  , 
prend  le  livre,  &  exécute  très-bien  fa  comm-iîïon. 

U  s'agit  aîors  de  la  iroiftème  perfonne  du  fjn- 
;ulitr  ;  je  m^îts  V'tndfx  de  ma  main  gauche  fur  il , 

avec  Vindtx  âc  ma  miin  droite  je  montre  qiieU 
<ju*un  qui  eft  à  un  de  mes  côtés ,  ou  dcrr  érc  moi , 
en  faiiant  obferver  que  je  ne  le  regarde  pi%  , 
(parce  que  je  parle  de  lui ,  m-ils  non  à  It-i,  )  Je  lui 
énnnc  de  même  ou  je  lui  fais  donn:;r,  fans  le  re- 
garder ,  le  Livre  m-4^,  :  il  le  ports  en  toutes  les 
mamères  expliquées  ci-deifus ,  di  vient  le  remet- 
tre far  la  rable. 

Alors  je  tire  avec  le  crayon  une  ligne  horifon- 
taie  fous  les  trois  perfonnes  du  fingulier  ,  parce 
(juc  Texplication  en  efl  finie. 

Nous  procédons  en  fuite  à  celb  des  perfonnes 
iû  pluriel.  Je  mets  VinJcx  de  ma  maio  griuthe  fur 
le  moîfjoui^  Se  je  porte  ?indexdsm^  main  droire 
premîéremcni  fur  moi-même  ,  &  cnfuire  fjr  tous 
ccui  qui  entourent  la  table ,  fins  en  excepter  un 
fcul  ;  enfin  une  féconde  fois  fur  mol-même  peur 
montrer  que  je  n'oublie  perfonne,  6i  nous  nou> 
menons  tous^  à  porrcr  la  table. 

Noij^  pa^Tons  alors  à  b  féconde  perfonne  du 
pluriel ,  Si  mcft/int  mon  inJ^x  gauche  fur  Je  mot 
n^oj,  je  montre  avec  ma  mam  droite  la  perfonne 
qui  cft  à  ma  gauche,  &  fucceilivemint  tous  ceux 
^ui  cntourcm  U  table  fufques  Se  y  comp-^îs  le 
lourd  &  muet  qui  c(ï  à  ma  droite  ;  mais  au  lieu 
de  me  montrer  moi-môme  ,  je  me  retire  à  l'écatt: 
les  autres  pori-*nt  b  tabte  ,  &  je  fais  obfervcr  que 
K  fuis  à  mou  aife  ,  n'étant  charge  d'aucun  far- 
deau. 

h  ne  nous  faut  plus  que  la  treîfjéïne  perfonn:' 
dû  pluriel.  Etant  rc\'c;nu  â  la  tab'e,  je  mets  mon 
hfJex  g  uch*  fur  ils  ^  &  avec  ma  main  droite  je 
mf^mrc  tous  ceux  qui  entourent  la  table,  en  corn- 
wcaçarit  p^r  celui  qui  eft  à  ma  gauche  ,  jufqu'à  ; 
celui  qui  cii  à  la  main  droite  du  fourd  ôc  muet  : 
miant  â  lin  je  le  retire  :  nous  nous  mettons  tou- 
éctix  a  Tècart,  reftant  à  notre  atfe  pendant  que 
k«  autres  (cmienneni  61  portent  le  poids  de  la  ! 

h  cfi  Inutile  de  dire  combien  cette  opération 


amufs  notre  nouveau  fourd  &  muet.  Cepcndani 
voici  une  pcfitc  difficulté* 

U  faut  qu'il  tatfe  lui-même  ce  qu'il  m*a  vu  faire 
fur  chacune  des  perfonnes  du  fingulier  &  du 
pluriel. 

Il  commence  donc,  &  dès  îa  rï*cmierc  opéra- 
tion il  fe  trompe  ,  fans  que  ce  foit  fa  faute*  Ayant 
VifiJfx  de  fa  main  gauche  fur  7V  ,  il  m'apporte  celui 
de  ù  m.iin  droite  fur  ma  poitrine  ,  p^rc»;  quM  a 
cru  que  je  m'appelois  je ,  ayart  vu  que  fur  ce  mot 
je  m'éiois  moture  moi  même  (^lufieurs  fois. 

Pour  corrige  r  Cjtte  erreur,  je  fais  venir  tout  de 
fuite  cinq  ou  fix  de  ceux  qui  faifr>icrt  tout  a-l'heure 
partie  du  noitt^  ou  %'ous  &  du  i/r,  m:;is  dont  cha- 
cun ,  dés  qu'il  eft  vis-à-vis  de  Ui  tuble,  fc  montre 
lui-même  en  ayant  le  doîgt  furyV,  mnntrc  cnfuitc 
celui  qu'il  regarde  &  devant  lequel  il  fe  retourne, 
eu  ayant  le  doigt  fur  tu  ;  &  enfin  un  troifiéme 
qu'il  ne  regar/.c  point,  &  devant  le-juei  il  ne  fe 
retourne  pas,  en  ayant  le  tîo'gr  fur  .7* 

Alors  noi^re  fourd  &  muet  fait  comme  les  autres 
s'appcîer  Uu-mcmeyV,  &  le  rcfte  ne  ibuffre  plus 
de  difficulté. 

C*e5  ainG  que  pr>nr  ne  point  faire  perdre  de 
temps  au  fourd  Si  muet,  nous  avons  avec  lui  dés 
k'5  premiers  jours  u.i  langage  qui  fignlfi^;  qire'que 
cbi  fe. 

Il  fi'.ut  nécefTairement  qu'il  nous  comprenne  , 
s'il  nVfl  pas  comme  le  cheval  &  le  muî^t  ,  qti 
font  ùn%  inteUigcnce ,  ik  dès-lors  il  entend  ce 
quM  écrit,  lor'fque  d'après  ce  mo^Ièle  du  préfcnc 
du  verba /^(?r/<rr ,  on  lut  fait  conji^^uer /f  nVe,  tu 
tins  ^  &c.  je  trainCf  tu  iritims  ^   &c. 

En  un  mot,  dés  ces  premkrs  jours  il  entend" 
toure  phrife  qui  n\A  compofée  que  d'une  des  fi< 
perfonnes  du  préfent  d'un  verbe  de  b  première 
conjugaiibn,  fuivie  de  fon  régime,  telles  que 
font  celles-ci  i  je  tire  lu  table  ;  tu  traînes  la  cha*jt  ; 
il  préfcnîe  le  fauteuil  ;  nous  regardons  te  miroir  ; 
vous  p^ujfe^  U  pone  ;  ils  fermem  U  fenêtre ,  parce 
que  tuus  cei  verbes  etpriment  des  aélions  dont, 
lesfignes  fe  faifiiTent  en  un  iiîftant,  &  quen  pre- 
nant à  témoin  les  yeux  des  fpe£hieurs,  ce  ilgne 
runo/îce  que  ces  opérations  lont  préfenrcs. 

Il  n'eâ  fjoint  cncnre  t.mps  di:  donner  une  ex^ 
piic-it'on  déraillée  des  vetbef.. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  du  préicni  de  Tin-» 
dicatjl:  du  verbe  pùner^  n*e(l  qu'une  efpécc  d*itntir 
cipation  que  nous  regardons  comme  très-utile  » 
parce  qu'elle  nous  fournit  pîu>  de  moycn-î  de  dé- 
velopper rinttirt^cîice  des  fourds  &  muets,  que 
fi  not's  commencions  par  lesdéciinaifon^  d'^s  nom& 
fybAantifs  &  sdjr^ifs  &  des  pronoms,  fdon  l'u- 
fage  des  mkbodts  ordin^iires. 

D'ailleurs  elle  les  amufe  dava^ntagCj  eu  égariW 
au  nombre  de  petites  *^h rates  qu'tlîe  Iciu^  fait  c.;î • 
tendre ,  6:  cette  confidèration  doit  être  d'un  gran4 
poids  dans lin.^niftion  des  lourds  5i  muets,  \\û\\ 
s'agit  d'attirer  à  Téru  e  par  le  pbifir  qu  ils  kou- 
vent  en  s'y  a  rliqiiant*- 


28o 


MUÉ 


Mais  qiioîqu*alors  nous  nous  bornions  h  ce  pré- 
lude ,  les  fourds  &  muets ,  fous  la  conduire  des 
maures  &  maitreffles  dans  les  penfions  defquels 
ils  demeurent ,  ou  même  en  s'amufant  à  griffonner 
avec  leurs  compagnons  ,  font  entrer  peu-à-peu 
dans  leur  mémoire  les  autres  temps  de  ce  premier 
verbe,  C*eO  un  fond  dont  its  ne  connoifTent  pas  la 
valeur  I  mats  nous  ne  ferons  pas  long-tems  fans 
y  bàtif* 

Comment  an  doit  continuer  rinftruBion  des  fourds 
&'  mucfs. 

Les  fourds  &  muets  ont  déjà  dans  refprît 
(comme  on  vient  de  le  voir)  Tidéc  d'un  certain 
nombre  de  noms  fubllantifs. 

Ils  ont  vu  que  tous  les  noms  qu'ils  ont  fur  leurs 
cartes  ont  devant  eux,  ou  un  /<r ,  ou  un  la  ,  ou  une 
/'  avec  une  apoftrophe*  Il  faut  donc  leur  donner 
des  modèles  de  ces  trois  efpèces  de  déclinaifons , 
&  les  obliger  d'en  faire  eux-mêmes  plufieurs  , 
qu*on  leur  indique  fur  chacun  de  ces  modèles. 

Cette  opéri-tion  n'eft  pas ,  à  beaucoup  pi  es ,  auHî 
amufante  que  les  deux  précédentes  ;  mais  le  fourd 
&  muet  qu*on  inllruit,  n  déjà  conçu  pour  fon 
Indituteur  une  efpèce  d'attache  &ud  certain  ref- 
peft ,  qui  le  déterminent  sifémer  t  a  entreprendre  & 
à  exécuter,  autant  qu'il  lui  eûpoinble,  tout  ce 
que  nous  lui  pràfcntons  pour  fon  înftruÂlon* 

« 
Sur  U  dicUndifin  d^t  noms» 

En  fiiifant  apprendre  au  fourd  Sf  muet  les  dé- 
clina ifons  des  nams  ,  on  doit  lui  faire  oLferver  la 
différence  de  leurs  articles  3  de  leurs  cas,  de  leurs 
nombres  &  de  leurs  genres  ,  &  en  même-temps 
lui  fournir  des  fignes  qui  diftînguent  chacune  de 
ces  propriétés  qui  conviennent  aux  nom?* 

Sur  Us  articles ,  6*  Us  pgnes  qui  Uur  convunnent. 

Voici  de  quelle  manière  nous  procédons  fur 
cet  article. 

Nous  faifans  oblérver  au  foutd  &  muer  les  jotn< 
turcs  de  nos  doigts,  de  nos  m;**ns ,  du  poignet ,  du 
coude ,  &c. ,  &c. ,  &  nous  les  appelons  articles 
ou  jointures. 

Nous  écrivons  enfutte  fur  la  table  ,  que  le  ^  la  ^ 
les,  de,  du,  des  ,  joignent  les  mots,  comme  no% 
articles  joignent  nos  os  ;  (les  Grammairiens  nous 
pardonneront ,  ft  cette  dénnition  ne  s'accorde  pas 
avec  la  leur  )  dès-lors  le  mouvement  de  V index 
droit ,  oui  s'étend  &  fe  replie  plufieurs  fois  en 
forme  cie  crochet ,  devient  ie  figne  raifonné  que 
nous  donnons  à  tout  article. 

Nous  en  exprimons  le  genre  en  portant  b  main 
au  chapeau ,  pour  l'article  mafculin  /<r ,  fit  à  Toreil- 
le  ,  où  fe  termine  la  coiffure  d'une  perfonnc  du 
fexe ,  pour  Tarticle  féminin  la. 

L'article  pluriel  les  s'annonce  par  le  mouve- 
ment répété  des  quatre  doigts  d'une  ou  de  dcuit 
mains  «n  forme  de  crochet. 


MUE 

L'apoftrophe  s'indique  en  faifant  en  IVtr  unt 
apoflrophe  avec  Yindex  droit*  Il  faut  y  ajouter  le 
ûgne  de  mafculin ,  fi  laucOrophe  eft  fuivic  d'un 
nom  fubftantif  mafculin ,  &  au  contraire  le  figne 
de  féminin»  (I  le  nom  fubllantlf  qui  fuie  eft  un 
nom  féminin. 

De ,  du  ,  de  la ,  des  ^  font  des  articles  aii  fécond 
cas.  Il  faut  donc  ajouter  au  figne  d'article  le  fignc 
de  fécond,  &  enfuite  le  figne  de  fmgulier  ou  de 
plurier,  de  mafculin  ou  de  féminin. 

Nous  avons  foin  de  faire  obfervcr  que  le  de  ^ 
du  ^  des  de  l'ablatif,  n'e(t  point  un  article  «  mais 
une  prépofitîon  ,  qui  a  fon  ligne  particulier  à  pro- 
portion de  i*ufage  auquel  on  remploie.     * 

Sur  les    cas ,  tes  namhres  &  Us  pnrts ,  ^  fi^r  Ut 

fignes  ^ui  Uur  conviennent* 

En  apprenant  fes  déclinaifons ,  le  fourd  &  muet 
aperçoit  clairement  la  dininélion  des  cas  ,  foit 
dans  le  fmgulier  ,  foît  dans  le  pluriel. 

Il  faut  lui  en  faire  apprendre  les  noms  par  la 
dactylologie,  nominatif,  génitif,  datif,  &:c. ,  fans 
fe  mettre  en  peine  de  lui  expliquer  pourquoi  on 
leur  a  donné  ces  noms.  Mais  ils  ont  chacun  les 
figrres  qui  leur  font  propres*  Premier  ,  fécond  , 
truifiémc  degré ,  &c*  par  lefquels  on  defccnd  du 
premier  cas ,  qu'on  appelle  le  nominatifs  jufqu'au 
fïxième ,  qu'on  nomme  X  ablatif  y  font  des  fignes 
beaucoup  plus  intelligibles ,  que  ceux  qu'on  pour- 
roi  t  appUquer  à  ces  cîiffêrens  noms  ,  après  même 
en  a%'oir  dor.nè  la  définîâon 

Nous  dirons  bientôt  comment  premier  ,  fé- 
cond, troifiémc  y  &c,,  fe  diflinguem  d'un,  deux, 
trois  ,  &c. 

Quant  au  figne  du  mot  cas ,  il  s'exprime  de  cette 
manière  :  on  fait  rouler  l'un  fur  Tautre  les  deux 
index  en  clî.Unant,  c cil*à-dire  ,  en  defcendant 
depuis  le  premier  jufquau  ftxléme.  ' 

Pour  déftgncr  le  fmgulier,  on  élève  le  pouce 
droit  en  hsut. 

Le  pluriel  s'annonce  en  remuant  plufieurs  doigts. 

On  doit  f,iire  remarquer  aux  fourds  &  muets  , 
que  le  pluriel  fe  termine  toujours  par  une  j ,  lof* 
même  qu'il  n'y  en  a  point  au  firgulîer. 

Les  deux  genres  fe  différencient  en  portaoi  la 
main  au  chapeau  ou  à  la  cornette  »  comme  nous 
l'avons  dit  ci-deffus. 

Différence  des  noms  fubjlannfs  ù  adjeélifs^   &  des 
fignes  qui  Uur  conviennent» 

Pour  montrer  la  diff.:rence  fenfible  decetdeos 
efpèces  de  noms,  il  faut  prendre  neuf  cartes  on 
neuf  petits  morceaux  de  papier. 

On  écrit  fur  l'une  de  ces  cartel  le  nom  de  PitT' 
re  ^  &  on  place  cette  carte  à  fa  main  gauche.  On 
écrit  enfuite  fur  chacune  des  autres  cartes  un  nom 
adjeftif ,  tel  que  grand ,  petit  ^  riche ,  fûu^rt  ^fart^ 
foïblt  ,  [avant ,  Ignorant ,  &  on  met  CCS  hilit  CIT- 
tcs  à  fa  main  droite* 

Piirtê 


MUE 

Pierrr  TÎetit  donc  à  entrer ,  &  on  voît  que  cVft 
m  grand  homme  ;  on  prend  la  carte  fur  Uqaelie 
eft  écrit  granJ,  &  on  la  met  fur  Ton  nom. 

Ucft  venu  <=n  carroffe ,  &ileft  rîchemt^nt  habillé  ; 
on  prend  U  carte  fur  laquelle  eft  écrit  mhc  ^  St 
on  la  met  également  par-dcfTus, 

On  fait  encore  la  même  chofe  des  deux  autres 
carte*  ,  où  font  écrits  ces  mots  fort  6l  Javani  , 
toffque  Pierre  paroît  fort ,  &  qu  on  nous  dk  qu  il 
çfl  ûvam. 

PitTTt^  qui  eft  le  nom  fubftantîf ,  fe  trouve 
IbifS  CCI  qu.ktre  qualités,  y?J/  fuh  ;  &  telle  efl  la 
vértcable  notion  d'un  nom  fubftaniif,  auquel  on 
furajoute  les  qualités  qu*on  croit  lui  convenir. 

Quant  au  nom  adjetLif,  c'efl  celui  qui  expri- 
me quelques  -  unes  des  qualités  qu  on  ajoute  au 
nom  ftibftantif.  La  main  gauche  ,  qui  tft  dcfibus  , 
eft  le  figne  du  nom  fubUaniif ,  &  la  main  droite 
qu'on  vient  appliquer  fur  elle ,  efl  le  figne  géné- 
ral de  tout  adjelHf, 

Les  noms  adjeÔifs  pouvant  être  également  fur- 
ijoutés  à  des  noms  fubflantifs  mafculins  »  ou  fé- 
nuntns  »  ont  deux  genres ,  le  genre  mafculin  & 
k  genre  féminin. 

fi  faut  en  donner  quelques  modèles  au  fourd 
&  muet ,  &  l'obliger  é^tn  décliner  un  certain 
nombre  d*aprés  ces  modèles. 

On  doit  lui  apprendre  ,  i<*,  que  Fadjeftif  mafcu- 
lin doit  toujours  être  fu rajouté  au  nom  fybttantif 
mifculin,  &  au  contraire  radjcÔif  féminin  au 
nom  fubftantif  féminin  ;  i**.  que  le  nom  adje^fèif 
doit  être  mis  au  fingulier,  lorfque  le  nom  fubf- 
tamif  eft  au  fmgulier ,  &  au  contraire  qu'il  doit 
trc  mis  au  pluriel ,  lorfque  le  nom  liibftantif  ell 
iu  plurieL 

Dis  noms  adjtfltfs  qui  fe  urminent  tn  able  ^  en 
îble  ,  &  des  fignts  qui  leur  conviennent^ 

Les  noms  adjeftifs  qui  fe  terminent  en  ahle  ou 
en  ihle ,  fie  qui  dérivent  des  verbes ,  fignifient  une 
qualité  qui  doit  ou  une  qualité  qui  peut  être  attrî- 
buée  à  un  fujet. 

Dans  le  premier  cas  ,  on  ajoute  au  (Igne  qui 
repréfente  cette  qualité  /le  figne  de  néceflaire  ,  6c 
dans  le  fécond  cas  on  y  ajoute  le  Tigne  de  pofiîble. 

Lorfque  ces  noms  adjeôifs  doivent  fe  traduire 
en  latin  par  le  futur  du  participe  paiTif  qui  fe  ter- 
muic  en  andtu-a'um  on  en  cndus-a^um  ,  il  fignifie 
une  qualité  qui  doit  être  attribuée  au  fuj^t  dont 
fi  s'agit. 

Voici  comme  elle  fe  rend  par  fignes- 

Un  premier  figne  exprime  laélion  fignifiée  par 
le  verbe  »  comme  aimer ,  adorer ,  refpefier  ;  un  fé- 
cond fm\t  annonce  que  c'eft  un  adjeélif  dont  il 
s'agit.  Un  iroifiéme  figne  fait  entendre  que  cet 
ad]célif  doit  néceiTairement  être  nttribué  au  fujet 
de  la  phrafe. 

Par  cTcemple,  adorer  eft  Taôion  d'un  verbe 
sJûfé  en  eft  Kadjeâif,   mais  adorable  eft  un  non} 

Aru  &  Métiers»  Tom.  K  Paru  L 


MUE 


â8i 


adjcftif  qui  doit  nêcefTairemment  être  attribué  à 
Dieu  qui  eft  le  fujet  de  la  phrafe* 

Lorfque  ces  adjcûtfs  fe  rendent  en  latin  par  de» 
mots  qui  fe  terminent  en  hifts  ^  is ,  e,  ils  figni- 
fient  plus  ordimiirement  une  qualité  quî  peut  , 
&  non  qui  doit  née elTaire ment  être  attribuée  à 
fon  fujet. 

Alors  un  premier  figne  exprime  Taftion  du  ver- 
be,  par  exemple  <f/iV^  ;  le  fécond  Agne  qui  annon- 
ce un  adjeélif  fignitieroit  élu  ;  mais  le  troiftéme 
figne  qui  repréfente  une  fimple  poflibilitè  donne 
le  mot  éligibU^ 

Pour  exprimer  la  néceffîté,  on  frappe  plufieurs 
fois  &  fortement  avec  le  bout  de  fon  index  droit 
fur  une  table  ;  c^efl  ce  que  fait  toute  perfonne  qui 
dit  qu*une  <:hofe  lui  eft  due. 

Pour  exprimer  la  poftîbilîtéjon  regarde  à  fa  droite 
un  oui  ^  &  à  fa  gauche  un  non  ^  lequel  des  deux 
arrivera,  on  n'en  fait  rien  :  on  ne  Tapprendr» 
que  par  Tévénement. 

Lorfque  ces  noms  adjeSifs  en  ahU  ne  dérivent 
point  d'un  verbe,  mais  d'un  nom  fubftantif  , 
comme  charitable ,  ils  n'annoncent  ni  néceflité  ni 
poJïtbilité ,  mais  feulement  une  qualité  inhérente 
"au  fujet  dont  on  parle. 

Des  noms  adjeffifs  mis  au  pofiùf^  ou  au  compara* 
tif^  ou  au  fuptrlaùf^  ou  à  l*txctjjif  ^  6*  dcâ 
fi  pies  qui  leur  conviennent. 

Les  noms  adjeftifs   font   ou  pofiiifs ,  comme 

grands  ,  ou  comparatifs  ,  comme  plus  grands ,  ou 
exceflîfs,  comme  trop  grands. 

Pour  exprimer  grands  »  nous  élevons  notre  main 
droite  à  une  certaine  hauteur ,  &  nous  y  ajoutons 
le  figne  d'adjeâif. 

Si  nous  voulons  dire  plus  grande  après  nous 
être  arrêtés  un  certain  temps  à  la  hauteur  de  ce 
premier  figne ,  nous  élevons  notre  main  à  ua 
degré  ùrpérieur  :  cela  fignifie  plus  grand. 

S'agit- il  de  tres-grjtid  ,  nous  faifons  fucccfllve- 
ment  deux  paufes  ;  b  première^  après  ta  hauteur 
dapoftrif^  la  féconde  ,  après  cu!!e  du  comparatif^ 
&  enfuite  nous  nous  élevons  encore  davantage. 

Enfin  pour  l'excelTif  nous  faifons  un  dernier 
figne ,  qui  annonce  notre  mécontentement  &  notre 
impatience  de  cette  quatrième  grandeur.  Nous 
reviendrons  fur  cet  article  à  l'occafiDn  du  que  , 
qui  fe  trouve  après  les  comparatifs. 

Des  adjectifs  fubjlanûfies  p  qu'on  appelle  qualiiés 
abjhdites  t  ^  des  figne  s  qui  Uur  convitnnentm 

Les  noms  qui  expriment  des  qualités,  comme 
bon  ^  grand  ^  fage  i /avant  ,  fuppofïïnt  néceflaire- 
ment  dans  le  difcours  des  noms  fubftantifs  expri- 
més ou  fous-entendus  ,  auxquels  on  les  applique  ; 
mais  fi  Ton  confidére  les  qualités  qu'ils  expri- 
ment, fans  en  faire  Tapplication  a  aucun  nom 
fubftantif,  alors  ces  qualités  pouvant  elles-mêmes 
recevoir  d*autres  qualités ,  deviennent  des  cfpècef 

N  0 


282 


MUE 


de  noms  fubilantîfs,  comme  la  bonté  ^  la  gran- 
deur, la  fa^tjfij  \à  Jcience. 

Voici  de  quelle  minière  nous  exprimons  ces 
fortes  d'adjeâifs  fubll.ncifiés. 

Si  nous  voulons ,  par  exemple  ,  diâer  à  un 
fourd  &  muet  ce  mot  la  grandeur^  nous  faifons 
d*abord  le  figne  de  Tartlclc  féminin  la  ,  enfutte  le 
figne  de  grand ,  qui  efl  un  nom  adjeâif,  mais 
nous  y  joignons  auflî-tôt  le  figne  de  fubflantif  , 
qui  annonce  que  cet  adjeâlf  cA  fubftantifié ,  & 
qu'il  peut  recevoir  lui-même  d*autres  adje:tifs. 

Nous  en  donnons  pluficurs  exemples,  d*aprés 
lefqucls  les  fourds  &  muets  ne  $*y  trompent  point , 
foit  en  lifant  dans  un  livre  ,  foit  en  éciivant  fous 
notre  diâée. 

D*.'S  noms  de  nombre^  &  des  fignes  qui  leur  con- 
viennent. 

Les  noms  de.  nombre  fe  divîfcnt  en  cardinaux 
&  ordinaux. 

Ils  ont  chacun  les  fignes  qui  leur  font  propres  : 
pour  dire  trois ,  nous  tenons  trois   doif»ts   élevés 

I)erpendicu1airement  ;  mais  pour  dire  troijîème  nous 
es  tenons  couchas ,  &  les  faifons  avancer  horifon- 
talcment  en  dioite  ligne  vis-à-vis  de  nous,  en 
ordre  de  proccdîon  ou  de  bataille,  ce  qui  indique 
'que  troifihme  eft  à  la  file  des  autres' ,  &  le  rang 
qu'il  y  tient. 

Pour  le  nombre  cardinal  nous  n*avons  befoin 
que  du  premier  fiene  ;  mais  pour  le  nombre  ordi- 
,  nal ,  après  r  voir  niit  ce  premier  figne  ,  il  faut  y 
joindre  le  fécond ,  fans  qu*il  foit  nécelTaire. d'aver- 
tir que  c  efl  un  ad)eâif ,  parce  que  la  chofe  parle 
dVlIc-même. 

En  élevant  perpendiculairement  depuis  un  iuf- 
qu'à  neuf  autant  de  doigts  qu'on  veut  exprimer 
de  dixaines ,  &  y^ajouiant  le  figne  de  zrro  qui 
eft  le  même  que  celui  d*un  O ,  cela  fait  ou  dix  , 
ou  \ingt,ou  trente,  ou  quatre  vingt-dix. 

Cent  s'exprime  comme  en  chiffres  Romains  par 
mn  C  ,  mil  par  nne  Af. 

On  donne  a.  *  fourds  &  muets  une  idée  trés- 
diilinfte  de  ces  nombres ,  en  leur  faifant  compter 
fur  une  longue  ficelle  des  grains  de  chapelet  par 
dixaines ,  par  centaines  &  par  milliers. 

Sur  les  temps  de  t indicatif  du  verbe  être. 

Lorfque  les  fourds  &  muets  ont  bien  faifi  la 
différence  clés  nomsadieciifs  d'avec  les  noms  fub- 
Aantifs  ,  il  faut  leur  montrer  que  c'cft  le  verbe 
fubllantifj^  fuis,  tu  es  ,  il  efi  y  &c. ,  qui  feit  à 
unir  les  uns  avec  les^ autres,  lorfqu'iU  fe  convien- 
nent ,  ou  à  les  fèparer ,  lorfqu'ils  ne  fo  convien- 
nent pas ,  en  ajoutant  à  ce  verbe  une  négation. 

Il  faut  leur  en  donner  pliifieurs  exemples ,  & 
leur  faire  apprendre  les  temps  de  l'indicatif  de  ce 
verbe  ,  pour  multiplier  les  petites  phrafes  qu'ils 
puiiïcnt  entendre  jufqu'à  ce  que  la  connoi^nce 
entière  des  verbes ,  ainfi  que  des  autres  parties 


MUE 

du  difcours ,'  les  mette  en  état  de  comprendre  tout 
ce  qui  efi  néceffaire  pour  leur  infiruâion. 

Le  figne  de  ce  verbe  eft  tout  naturel.  En  po- 
fant)  pour  ainfi  dire,  les  deux  mains  ,  on  montre 
la  fituation  d'une  perfonne  qui  eft ,  ou  debout  , 
ou  afiife,  ou  à  genoux ,  &c. 

Des  pronoms* 

Pour  exprimer  par  fignes  ce  que  c'efl  qu'un  pro- 
nom ,  nous  faifons  un  rond  avec  un  crayon  fur 
la  table ,  &  nous  y  mettons  une  tabatière  ;  nous 
la  pouffons  enfuite  hors  de  ce  rond ,  &  nous  y 
fubftituons  une  autre  chofe. 

Un  pronom ,  eft  un  mot  qui  fe  met  ï  la  place 
d*un  :>urre  nom ,  &  le  figne  commun  à  tous  eft 
l'aélion  que  nous  venons  de  faire  ;  mais  chacun 
a  fon  figne  particulier  à  proportion  de  ce  qu  il 
fignifie. 

Des  pronoms  perfonnels ,  des   conjonfiifs    &    des 
pojfejjijs  y  é»  des  fignes  qui  leur  font  propres. 

Les  pronoms  je  ,  mot ,  me ,  mon ,  ma ,  mes ,  le 
mien ,  la  mienne ,  les  miens ,  les  miennes ,  ont  cha- 
cun leur  figne  diflinâif  ;  &  fi  cela  n*ètoit  pas ,  il 
feroit  impoifible  que  les  fourds  &  muets  ècrivif» 
fent ,  carrent e  calamo  ,  fous  la  diâée  des  figoes 
méthodiques. 

Il  n'eft  perfonne  qui  ne  s'aperçoive  que  tout 
Orateur  qui  parle  de  lui-même,  en difant , yc /^m- 
fe ,  je  défire ,  fait  avec  fa  main  droite  une  efpèce 
de  demi-cercle  en  rapprochant  de  fa  poitrine ,  c*eft 
le  figne  de  je  ;  mais  fi  Ton  dit  telle  chofe  eft  à 
moi  ou  pour  moi ,  on  met  fa  main  fur  Ùl  |K>itrioe  , 
comme  un  prêtre  qui  fait  un  ferment  en  juflice  » 
&  on  fe  frappe  foi-même  très-doucement  à  plus 
d'une  reprile. 

Nous  faifons  toiis  naturellement  ce  figne,  lorf- 
que dans  un  partage ,  nous  difons  à  quelqu'un  : 
voilà  ce  qui  eft  pour  vous  &  ceci  eft  pour  moi  ; 
ces  deux  pronoms  font  ptrfonneh  ,  mx\%  le  fécond 
hxc  davantage  les  yeux  fur  la  perfonne  qui  parle 
dVUe  même. 

Nous  faifons  le  même  figne  pour  exprimer  me  ; 
mais  fur  le  champ ,  nous  portons  Vindex  de  la  main 
droite  fur  celui  de  la  main  gauche,  pour  faire  en- 
tendre que  ce  pronom  eli  conjonfiifs  c'eft-à-dire, 
qu'il  fe  met  toujours  avec  un  verbe ,  dont  il  eft 
le  régime  direft  ou  indircft. 

Mon  ,  ma  ,  nés ,  font  Ces  pronoms  poffejffifs  & 
de  vrais  adjeclifs.  Ils  s'expriment  en  fe  montrant 
foi-mcme  d'uivr^  main,  &  de  l'autre  le  nom  fubC- 
tantif ,  c'cft-à-d"re  ,  la  chofe  qu'on   dit  être  k  (ou 

On  y  )  ;int  le  fi^^ne  d'adjcflif ,  &  ceux  du  nom- 
bre &  du  genre  qui  conviennent. 

Le  mien ,  la  mienne  ,  les  miens ,  les  miennes ,  ne 
diffère Dt  de  mon  ,  ma  ,  mes ,  en  genre  de  fignes  , 
qu'en  ce  que  l'aiiicle  qui  les  précède  annonce 
que  ce  font  des  pronoms  qui  ne  fe  mettent  ja- 
mais avec  le  nom  fubftantif  auquel  ils  fc  tap- 
portent. 


MUE 

On  faît  donc  le  figne  d'article ,  &  cnfuite  les 
mcmtfs  figoes    que  pour  mon,  ma  ,  mes, 

D'aprcs  cette cxplicdiion,  il  eft  aifè  de  ccmpren- 
ére  cammemon  doit  exprimer  p^r  ftgnesioijs  les 
autres  pronoms ,  foit  perfoanels ,  foit  conjonc- 
ti&,  fott  pofîefHfs. 

7ji,  tai^  indiquent  U  féconde  perfonnc  d*un 
i^rbe  ♦  à  laq^tielle  on  adre^e  la  parole ^  ils  font 
pronoms  pcrlortnets  :  en  ajoutant  à  ce  premier 
hgne ,  les  ftgtics  de  conjondit  ou  de  poiTclfif ,  & 
les  fignes  de  nombre  ôc  de  genres  qui  convien- 
nent ,  on  rendra  très-cbirement  par  fignes  les 
pronoms  »  U ,  ton ,  la ,  us ,  U  tien  ,  la  gienue  ^  les 
tiennes. 

Il  &  elle,  lui  &  foi,  indiquent  la  troifiéme  per- 
fonoe  d'un  verbe ,  de  laquelle  on  parle  ;  ils  font 
pronoms  perfonnels  :  en  ajoutant  à  ce  premier 
ligne  les  lignes  de  conjon^if  ou  de  poiTclfif,  & 
ceux  de  nombre  6c  de  genres  qui  conviennent  , 
on  rendra  irés-clairemcnt  pi^r  fignes  les  pronoms 
ft  ^  fan ,  ylï  ,  fes  ,  U  fitn ,  Id  ficnne  ,  les  Jîtns  ,  hs 
ftnnts. 

Les  pronoms  lut  Si  foi  qui  font  perfonnels,  fer- 
▼eoi  auflî  de  pronoms  coi.jbnttlifs  :  je  fui  donne- 
«aî  :  on  doit  s*aimer  foi  mcinç  d'un  amour  règle. 

n  en  cù  de  même  des  p  onoms  notu  8c  vous  : 
dans  cette  phrafe  nous  vous  donnerons  ^  nous  eil 
perfonnel ,  ÔL  vous  cil  conjouftif  r  dans  ce; te  autre 
phrafc  vous  nous  donnerez ,  c*eA  vous  qui  ut  per- 
fonnel, &  nous  qui  eft  conjonâif. 

Pour  faire  entendre  ces  fortes  Je  phr*fes  aux 
iburds  &  muets ,  nous  écrivons  d'abord  'jous  don- 
nirvns  à  nous  &  votss  donnerez  a  nons  ;  mais  enluite 
nous  remettons  ces  deux  datifs  a  vous  8l  à  nous  à 
b  place  qu'ils  occupent  dans  notre  langage. 

lis  ,  tlies ,  eux  ^  font  les  pronoms  perfonnels 
de  }a  rrr  ifiéme  pcrfonne  du  pluriel  :  leur  efl  con- 
paBâi  dans  cette  plirafe  :  je  leur  donnerai  ;  il  fignj- 
fie  je  donnerai  k  euic  *,  mais  il  efl  poilcifif  dans 
celle-ci  :  ils  mangent  leur  pjtn  fec. 

Le  pronom  leur  poiTeffif  fe  met  au  fingulier  ; 
lorfqne  U  chofe aimée,  ou  pofTèdée,  ou,  Ôic,  , 
ptr  plufieurs  eft  unique»  comme  dans  cet  exem- 
ple :  ies  Parïftcns  aiment  leur  rtu  &  leur  archevêque  ; 
nais  on  met  leurs  au  pluriel  lorfqu'iL  s*dgit  de  phi- 
iieuri  objets  aimés ,  ou  pofTèdcs  «  ou ,  &c. ,  par  phi- 
fieurs,  comme  dans  cet  autre  exemple  :  les  Pari- 
fieos  aiment  leurs  curés. 

Dans  le  premier  cas  on  indique  tous  ceux  dont 
on  parle  ea  promenant  fa  main  devant  eux  ;  on 
fait  enfuite  le  figr;e  de  poffelfif ,  &  on  y  ajoute 
celui  de  fingulier  ;  mais  dans  le  fécond  cas,  après 
le  figne  de  poiTeirif  «  on  ;<]oute  celui  de  pluriel. 
Le ,  U  f  /c,<  ,  qui  font  des  articles,  quand  ils 
font  devant  des  noms  fubflantif*,  font  des  pro- 
noms conjondifs  lorfqu*ils  font  le  régime  d'un 
verb«,  bi  qu'on  peut  les  traduire  par  lut,  elle  ^ 
rux  »  eiies ,  comme  dans  ces  exemples  :  je  le  con- 
nais ,  je  U  reffe&c ,  je  Us  eftim<  ,  je  les  honore. 


MUE 


283 


Un  premier  figtie  indique  les  pcrfonnes  dont 
on  parle,  un  fécond  figne  annonce  U  conjonâion 
avec  le  verbe   dont  ils  font  le  régime. 

Des  pronoms  démo njlrat ifs ,  &    des  fignts   qui  leur 
font  propres. 

Les  pronoms  dèmonftratifs  fc  montrent  du  bout 
à}X  doigt ,  qu  on  approche  de  la  choie  même  à 
laquelle  ils  fe  rapportent,  ou  qu*on  montre  avec 
V index    fans  en  approcher. 

On  met  ce  avec  un  nom  fubftantif  mafculîn  , 
qui  commence  par  une  confonne  \  mais  on  moi 
cet ,  lorfque  le  nom  fubflantif  commence  par  une 
voyelle,  ou  par  une  h  \  cette  fe  m:tavec  un  fin- 
guiter  féminin  ;  ces  convient  également  aux  plu- 
riels des  deux  genres* 

Celui  ^  celle ^  ceux,  celles  ne  fe  roeitent  jamais 
avec  le  nom  fubftantif  auquel  ils  fe  rapportent  ,- 
ils  dtfringuent  entre  deux  ou  plufieurs  objets  , 
celui  ou  ceux  dont  on  veut  parler,  ils  le  montrent 
de  loin  ou  de  prés,  il  n'importe,  &  ils  ajoutent 
à  ce  premier  figne  celui  de*  pronoms  perfonnels  , 
comme  s*U  y  avoit  cet  il  ^  ou  cette  elle  ^  ces  ils  , 
ou  ces  elles ,  avec  les  fignes  du  nombre  &  du 
genre  qui  leur  conviennent. 

Ceci  fignifie  cette  chofe  :  cela  fignifie  auflî  cette 
chofe  ;  mais  quand  ils  fe  trouvent  dans  une  même 
phrafe,  ceci  fignifie  fimplement  cette  chofe  que  je 
montre  en  premier,  &  cela  fignifie  «r/tf  autre  chofe 
que  je  montre  en  fécond ,  ou  quelquefois  tout  le 
contraire  ,  parce  que  ceci  fe  dit  ordinairement 
d  une  chofe  plus  proche  »  &  cela  fe  dit  d'une 
chofe  plHs  éloignée. 

Des  pronoms  interrogatifs   6»   des    relatifs ,  &  des 
fignes  qui  leur  font  propres. 

Les  pronoms  interrogatifs  ou  relatifs  ^w,  que  ^ 
quel ,  quelle  ,  quels  ,  quelles ,  lequel  *  laquelle  ,  lef- 
quds ,  le f quelles  ont  chacun  leur  figne  diflinttif, 

lis  font  interrogatifs,  lorfqu^ils  font  précédés 
d'un  /?  ,  qui  fignihj  demande ,  ou  fuîvis  d'un  point 
interrogant. 

Alors  ce  mot  qui  fignifie  quelle  perfonnc  ?  On 
regarde  tous  les  aflillans  ,  ëc  on  demande,  par  un 
gullc  interrogatif ,  que  nous  faifons  tous  naturel- 
lement en  pareil  cas,  quel  eit  celui  ou  celle  qui 
a  fait  ou  dit  ,  &c* 

Qite ,  fignifie  quelle  chofe  ?  On  regarde  des  cho- 
fes  en  général ,  &  on  demande  par  un  gefte  in- 
terrogatif, quelle  eft  celle  (  préfente  ou  abfente) 
iur  laquelle  ia  réponfe  doit  tomber. 

Qiiot ,  fignifie  au nî  quelle  chofe. 

Qucl^  fe  met  avec  un  nom  fubfiantîf  urafcuGn 
ati  fingulier. 

On  fait  donc  le  gefte  interrogatif,  &  on  y 
ajoute  le€  fignes  de  mafculin  de  de  fingulier. 

Après  ce  premier  exemple  ,  quel  ?  quelle  f 
quels  ?  quelles  ?  n*ont  pas  befoin  d'explication. 

Lequel^  laquelle  ^  Ufjuels ^  lefquelles  ,  fuîvis  d'un 
point  înterrogam ,  s'expriment  de  la  même  manié- 

Nn  j 


cB4 


MUE 


re ,  mais  font  précédés  du  figne  d*un  article  ;  & 
comme  ils  annoncent  deux  ou  plufieiirs  des  objets 
dont  on  vient  de  parler ,  &  entre  lefquels  il  faut 
choifir,  on  doit  les  regarder  pour  examiner  ce 
qu'on  croira  devoir  répondre. 

Lorfi^e  ces  mêmes  pronoms  font  feulement 
relatifs,  on  met  fur  eux  ?index  droit,  &  on  le 
porte  à  Tinftant  fur  le  nom  fubAantîf ,  ou  fur  le 
pronom  qui  en  tient  lieu ,  &  auquel  ils  fe  rap- 
portent. 

Le  que  demande  dans  notre  langue  une  atten- 
tion particulière  pour  ne  pas  confondre  les  fignes 
Îu*on  doit  y  appliquer  à  proportion  de  ce  qu'il 
gnifie. 

Nous  reconnoiflbns  donc  dans  notre  langue  , 
j"*.  un  que  interrogatif  &  conjonAif  :  que  deman- 
dei^'vous  ? 

2^  Un  que  relatif  &  conjonâif  :  le  Dieu  que 
yadore. 

Ces  deux  que  font  conjonétifs,  parce  qu'ils 
font  unis  avec  un  verbe  dont  ils  font  le  régime 
direâ. 

Le  que  feroit  un  régime  indireâ  dans  cette  autre 
phrafe  :  c*eft  à  vous  que  je  donne ,  c'eA-à-dire  ,  à 
qui  je  donne. 

3^  Un  que  qui  eft  une  fimple  conjonfKon  , 
)e  veux  que  vous  appreniez. 

4^  Un  ûue  comparatifd*égalité  étant  joint  avec 
muffi  :  il  eft  aujji  fage  que  vous. 

5°.  Un  qu€  comparatif  de  fupériorité  &  d'infé- 
riorité :  il  eft  plus  grand  que  moi. 

6^.  Un  qu€  exctufif  :  je  ne  veux  que  du  pain. 

7<>.  Un  que  admiratif  :  que  Dieu  eft  grand  ! 

Il  faut  donc  des  fignes  auffi  difFérens  que  la 
fignification  de  ces  mots  eft  elle-même  différente. 

Nous  avons  donné  ci-deflus  ks  fi^nes  du  que 
interrogatif,  &  du  que  relatif  &  conionâif. 

Le  que  qui  eft  une  fimple  conjonâion  qui  fe 
trouve  entre  deux  verbes ,  fe  repréfente  en  fai- 
fant  de  Vindex  droit  &  du  gauche  deux  crochets  , 

3ui  fe  joienent  enfemble  comme  on  joindroit 
eux  agrafes. 
Mais  en  diâant  aux  fourds  &  muets ,  Il  faut 
obferver  que  cette  conjonâion  gouverne  (  c*eft-à- 
dire  veut  après  foi  )  tantôt  un  indicatif ,  &  tan- 
tôt un  fubjonâif ,  &  par  conféquent  leur  don- 
ner le  moyen  de  choiiir  celui  de  ces  deux  modes 
qu'ils  doivent  employer  en  écrivant  fous  la  diâée 
par  fignes. 

Ce  que  entre  deux  verbes  gouverne  le  fubjonc- 
tif,  lorfque  Taâion  exprimée  par  le  premier  des 
deux  verbes  influe ,  en  quelque  manière  que  ce 

f>uîfle  être ,  fur  Taâion  qui  doit  être  exprimée  par 
e  fécond  verbe,  comme  dans  cet  exemple  :  je 
veux  que  vous  appreniei(^  votre  leçon  ;  il  eft  vifib!e 
que  ma  volonté  influe  comme  caufe  dans  Taâion 
que  vous  faites  en  apprenant  votre  leçon. 

Mais  il  gouverne  Tindiçatif  ,  lorfque  l'avion 
«xprimée  par  le  premier  des  deux  verbes ,  n'inflne 
en  rien  fur  Taâion  qui  doit  être -exprimée  par  le 


MUE 

fécond  verbe ,  comme  dans  cet  autre  exemple  * 
Pierre  dit  que  vous  apprene^  votre  leçon.  L^aâion 
de  Pierre,  qui  me  dit  que  vous  apprenez  ,  n'in- 
flue en  rien  fur  Taâion  que  vous  taites  en  appre- 
nant ,  elle  n*en  eft  qu'une  fimple  affirmation. 
'  C'eft  pourquoi  fi  le  fécond  verbe  doit  être  au 
fubjondif ,  comme  dans  le  premier  de  ces  deux 
exemples,  il  £AUt,en  diâant,  faire  pour  le  que 
le  figne  de  conjonâion  ;  pour  le  pronom  vous  , 
le  figne  perfonnel  qui  lui  eft  propre ,  &  pour  le 
mot  appreniez ,  !<>•  le  figne  général  qui  convient  à 
toutes  les  parties  de  ce  vejbe  ;  s"*,  le  figne  de  pré- 
fent  ;  3**.  le  figne  qui  convient  au  mode  conjonc- 
tif ,  comme  on  le  verra  en  fon  lieu. 

Mais  fi  ie  fécond  verbe  doit  être  à  l'indicatif , 
comme  dans  le  fécond  exemple ,  puifque  nous  ne 
donnons  aucun  figne  au  mode  de  l'indicatif,  n'en 
ajoutant  aucun  autre ,  après  avoir  fait  le  figne  de 
prèfent^  le  fourd  &  muet  comprend  qu'il  doit 
mettre  ce  fécond  verbe  à  l'indicatif. 

Le  que  joint  avec  aujfi ,  &  comparatif  d'égalité  , 
fignifie  comme  :  il  fe  repréfente  en  courbant  les 
quatre  doigts  des  deux  mains,  &  les  approchant 
deux  ou  trois  fois  l'une  de  l'autre  dans  cette 
fituation. 

Nous  avons  dit  la  différence  que  nous  mettons 
dans  nos  fignes  entre  le  pofitif  &  le  comparatif 
des  noms  adjeâifs. 

Cela  étant»  s'il  s'agit  d'exprimer  par  fignes  cette 
phrafe  :  Pierre  eft  plus  grand  que  moi ,  je  montre 
Pierre ,  je  fais  avec  ma  main  droite  le  figne  de 
grande  &  je  m'arrête  à  ce  pofitif;  mais  enfuite 
je  m'élève  à  un  degré  fupérleur  :  voilà  le  figne 
de  plus  grand,  Pexprime  le  que ,  en  mettant  ma 
main  gauche  plus  bas ,  &  me  montrant  moi-mê- 
me ,  pendant  que  ma  main  droite  eft  plus  élevée  , 
&  qu'elle  montre  Pierre. 

Ce  feroit  l'opération  toute  contraire ,  s'il  fal- 
loir expliquer  par  fienes  cette  phrafe  :  Pierre  eft 
plus  petit  que  moi.  Je  montrerois  Pierre  avec  ma 
main  droite  ,  &  je  ferois  le  figne  de  l'ad^eâif 
p  tit  :  après  m'y  être  arrêté  un  inftant,  je  dcf- 
cendrois  d*un  degré  plus  bas ,  ce  qui  fignifieroît 
plus  petit  ;  j'exprimerois  le  que  en  mettant  ma 
main  gauche  plus  haut ,  &  me  montrant  moi-même 
pendant  que  ma^  main  droite  ieroit  plus  bafle ,  & 
qu'elle  montreroit  Pierre. 

Le  que  cxcluflif  s'exprime  de  cette  manière.  J'en- 
voie un  fourd  &  muet  dans  un  des  coins  du  cabi- 
net où  nocs  faifons  notre  leçon ,  pendant  que  nous 
fommes  tous  autour  de  la  table ,  &  je  fais  avec  la 
main  un  figne  qui  exprime  fa  féparation  d*avec 
nous  :  il  eft  donc  /«//,  &  tel  eft  le  figne  qui  ex- 
prime ce  nom  adjeôif  ;  mais  j'adverbifie  cet  ad- 
jeâif,  en  mettant  ma  main  fur  mon  côté,  com- 
me on  met  un  adverbe  à  coté  d'un  verbe  pour 
le  modifier.  Cette  aôion  indique  le  mot  feulement. 
Or ,  je  ne  veux  que  du  pain ,  ou  je  veux  feule- 
:ment  du  pain ,  c'eft  précifcment  la  même  chofe. 

Ces  deux  mots  ne  &  que ,  quoique  féparés  Tun 


» 


MUE 

àe  Tautre  ,  doivent  être  expliqués  par  un  feul 
fignc  j  mais  lorfquon  les  diâe ,  il  faut  leur  don- 
ner à  chacun  le  figne  qui  leur  eft  propre.^ 

Le  fu<  admiraiif  efl  fuivi  d'un  point  d^admira- 
tion  !  &  cVft  le  figne  qui  lui  convient.  Nous  le 
faifons  tous  naturellement ,  en  difant  :  que  cela  eft 
beau  i 

Nouj  employons  encore  dans  notre  langue  Je 
mot  fue  dans  une  autre  cfpèce  de  phrafc  :/  Fran- 
çois vient  ,  &  que  fd  p*igc  ne  foh  point  écrite  i  je  le 

Le  qut  de  cette  phrafe  tient  la  place  d  un  fé- 
cond/ :  cVft  comme  fi  je  difois  :  fi  Frant;ois  vient  » 
&  fi  ia  page  ncft  point  écrite,  je  le  renverrai.  Je 
nontre  donc»  par  figncs  ,  que  ce  que  eft  comme 
nu  fécond  /,  &  doit  être  exprimé  comme  le/  , 
par  un  ûgne  dubitatif 

/><  quelques  mots  qui  font  appelés  par  M,  Reflaut  , 
dij  pronoms  impropres^  é»  des  Jtgnes  qui  leur 
convttnnent. 

Nous  trouvons  à  tout  moment  dans  nos  leçons 
&  dans  nos  diâées  ces  mots  :  quelques  ,  plufteun  , 
taus. 

Voici  de  quelle  manière  nous  les  expliquons 
par  fignes; 

Nous  prenons  une  bourfe  de  jetons  ,  &  nous 
en  tirons  fuccefTivementun ,  deux»  trois,  quatre  , 
huii,  dijc,  douze,  &  nous  les  comptons  chaque 
fois  ;  enfuite  nous  en  prenons  Tun  après  IVutre 
un  petit  nombre ,  &  nous  les  montrons  chaque 
fois  fans  les  compter  :  voila  ce  que  nous  appe- 
lons quelques, 

après  cène  opération  ,  nous  en  prenons  autant 
que  la  main  en  peut  contenir ,  &  nous  appelons 
cela  piujieurs  ou  beaucoup^ 

Enfin ,  nous  les  renverfons  dans  un  chapeau  ou 
dans  une  autre  bourfe,  &  nous  appelons  cela /<Ji^/. 

11  n'efl  pas  néceiîalre  avec  nos  élèves  de  reve- 
fàï  plus  d  une  fois  à  cette  opération. 

Nous  rencontrons  auiîi  à  chaque  iiillant  :  rUn  , 
Muiun  ^   aucune  ,  chaque  ,  chacun ,  chacune. 

Pour  exprimer,  par  des  fignes  ,  le  mot  rien  , 
nous  mettons  plufieurs  chofes  dans  un  chapeau  , 
nous  les  ôrons  enfuite  Tune  après  l'autre  jufqu'à  la 
dernière ,  6t  nous  montrons  enfuite  aux  fourds  & 
muets  quM  n'en  refte  pas  une  feule* 

AJors  nous  leur  difons  que  ces  paroles  :  il  ny  a 
p^t  une  feule  chofe  dans  ce  chapeau  ,  ou  ii  ny  a  rien 
dans  ce  chapeau,  fignifient  la   même  chofe. 

Le  figne  de  rien  eft  connu  de  tout  le  monde. 
On  prend  l'eirrémité  de  fes  deux  dents  de  devant 
entre  fes  doigts  ,  &  auiîi-iot  on  retire  fa  main 
avec  prècîpitJtion  :  les  fourds  &  muets  connoif- 
fcm  tous  ce  figne  avant  même  que  de  venir  à  nos 
ioilrfiâions. 

Si  nous  voulons  dire  aucun  ,  nous  faifons  lefigtie 
de  riea,  nous  y  joignons  le  figne  d'un  adîeâifmaf- 
çttlin,  &  pour  aucune  ,  celui  d'un  adjeâif  féminin. 


MUE 


285 


Chaque  fe  reprèfente  de  cette  maoïère.  Il  y  a 
cinquante  foi\rds  &  muets  à  la  Leçon  ,  il  faut  qu'à 
leur  tour  ils  viennent  Pun  après  Tautre  faire  les 
fignes  de  quelqu'une  de  nos  demandes  fit  répon- 
fes.  Cette  ;iétion  fucceffive  de  tous  fans  exception 
Tun  après  Tauire  »  efl  le  figne  âz  chique* 

Mais  jVi  été  content  de  tous  y  &  j'ai  donné  à  cA^* 
que  un  ,  après  fon  explication ,  quatre  châtaignes  : 
voiià  le  figne  de  (hacun ,  en  coupant  ce  mot  en 
deux.  On  y  joint  le  genre  mafculia  ou  féminin. 

Nos  Lecleurs  pourront  être  furpris  de  la  bafTerfq 
de  nos  exemples  ;  mais  je  les  fupplie  de  fe  fou- 
venir  que  ce  font  des  fourds  &  muets  que  nous 
infiruifons. 

Des  Ferhesn 

Nous  avons  vu  que  les  fourds  &  muets  avoieiit 
appris  par  mémoire  les  différens  temps  du  verbe 
porter ,  fans  en  comprendre  la  valeur  ;  mais  il  s'agit 
de  leur  faire  entendre  toute  la  métaphyfique  des 
verbes,  fans  la  connoiflance  de  laquelle  leur  inf- 
truâion  feroit  toujours  très-défe£èueufe. 

Cette  entreprifi;  paroi  t  bien  difficile  i  exécuter  , 
elle  e(L  cependant  très-fimple. 

Les  verbes  fiant  compofés  de  perfonnes ,  de 
nombres,  de  temps  &  de  modes, 

La  différence  que  les  fignes  mettent  entre  les 
pcrfonnes  ,  ainfi  qu'entre  les  nombres  ,  a  été  expli- 
quée à  Toccafiondu  préfent  de  Tindicatif  du  ver* 
be  porter  ;  il  n'ei  plus  néceffaire  que  d*aider  tant 
foit  peu  le  langage  naturel  des  fignes ,  auquel  les 
fourds  &  muets  font  accoutumés  dés  leur  enfan- 
ce ,  pour  leur  hirç  comprendre  rapplication  qu'ils 
en  doivent  faire  aux  temps  &  aux  modes. 

De    VappUcation   qu^on  doit  faire    des  fipies   aux 
\  temps  des   Verbes, 

Le  fourd  &  muet,  avant  que  de  venir  à  nos 
inftruâions ,  a  voit  comme  nous  Tidée  du  paffé,  du 
préfent  &  de  Tavenir,  8c  îl  ne  manquoît  pas  de 
fignes  pour  en  faire  fentir  la  différence, 
,  Vouloit-il  exprimer  une  action  préfente  ?  Il  fai» 
foit  un  figne  naturel,  que  nous  faifons  tous  en 
pareil  cas,  fans  nous  en  apercevoir,  &  qui  con- 
fiée a  prendre  les  yeux  des  f;:ieâateurs  à  témoin 
de  la  préfence  de  notre  opération  ;  ou  îi  la  chofe 
fe  faifoït ,  mais  non  fous  îcs  yeux  ,  il  mcttoit  fes 
deux  mains  à  pbt  fur  la  table,  &  la  frappoit  dou* 
cernent  plufieurs  fols  de  fuite  ,  comme  nous  le  fai- 
fons nous-mêmes  en  fcmblable  occalion  :  il  retrou- 
ve ces  mêmes  fignes  dans  nos  leçons  pour  indi- 
quer le  préfent  d'un  Verbe. 

S'agiflfoit  -  il  de  faire  entendre  qu^une  aflîon 
ètoit  paffèe  ?  Il  jetoit  auhafarddeux  ou  trois  fois 
fa  main  du  côté  de  fon  épaule  :  nous  nous  fer- 
vons  du  même  figue  pour  cara^érifer  les  temps 
paffés  d'un  verbe. 

Enfin  ,  s'il  défiroit  annoncer  une  adion  future  , 
il  faifoit  avancer  fa  main  droite  direâement  devant 
lui  :  c'eil  encore  ce  même  figne  que  nous  lui 


286 


MUE 


donnons  pour  repréfenter  le  futur  d*un  verbe.  \ 
Mais  il  eft  temps  que  Tart  commence  à  venir  au  '• 
fecours  de  la  nature. 

Nous  lui  avons  appris  à  écrire  de  lui-même  , 
perpendiculairement  Tun  fur  l'autre ,  les  noms  des 
icpt  jours  de  la  femaine.  Nous  lui  difons  de  les 
écrire  dans  le  même  ordre ,  &  enfuite  nous  met- 
tons à  droite  &  à  gauche  de  fon  écriture  ce  qui  fe 
trouve  ici  avant  &  après  ces  mêmes  mots  fous  dif- 
férens  titres. 

Présent. 

Aujourd'hui ....  Dimanche»  ...  Je  ne  range  rien  , 

Imparfait. 

Hier Lundi ,  . .  Je  rangeois  mes  livres. 

Parfait. 

Avant-hier  ....  Mardi ,  . .  J'ai  rangé  ma  chambre. 

Plusque-Parfait. 

Avant  avant-hier .  •  Mercredi ,  J'avois  rangé  mon 

cabinet. 

Futur. 
Demain Jeudi ,  . .  Je    rangerai   mes  pa- 
piers. 
Futur. 

Après-demain Vendredi ,  Je  rangerai  mes 

tiroirs. 
Futur. 

Après  après-demain.. .Samedi,. «Je  rangerai  mes 

armoires. 

Hîer^  avant-hier  8c  avant  avant-hier,  s'expriment 
par  le  nombre  de  fois  qu'on  a  dormi  depuis  le 
jour  dont  on  parle. 

Demain  ,  aprcs-demaln ,  &  aprê?  après-demain , 
fe  repréfentent  par  le  nombre  de  fois  qu'on  dor- 
mira jufqu'au  jour  dont  il  s'agit. 

Alors  nous  apprenons  au  fourd  &  muet  à  gêner 
fa  liberté. 

Il  jetoit  indifféremment  fa  main  vers  fon  épau- 
le ,  pour  exprimer  une  chofe  paiTée  ;  nous  lui  di- 
ibfis  qu'il  ne  faut  la  jeter  qu'une  fois  quand  il 
s^agit  de  l'imparfait  ;  deux  fois  ,  quand  il  eftquef- 
tion  du  parfait  ;  &  trois  fois  pour  le  plufque-par- 
fàit ,  ce  qui  eft  vraiment  analogue  aux  chofes  figni- 
fiées  :  le  plufque-parfait  annonçant  une  aâion  plus 
anciennement  panée  que  le  parfait ,  &  celui-ci 
faifant  la  même  chofe  à  l'égard  de  l'imparfait. 

Nous  faiibns  obferver  plufieurs  fois  au  fourd  & 
muet,  dans  les  conjugai(ons«  la  différence  des ter- 
minaifoQS  de  chacun  des  mots  qui  compofent  les 
temps ,  en  lui  mettant  le  doigt  iur  chacune  de  ces 
différences. 

Nous  lui  faifons  auffi  remarquer  qu'il  y  a  dans 
notre  langue  huit  temps  de  Vindicatif,  qu'on  met  à 
côté  l'un  de  l'autre  fur  une  même  ligne  horifonta- 
le ,  avec  chacun  leur  titre  ;  la  table  fur  laquelle 
on  le  fait  écrire ,  étant  partagée  pour  cela  en 
huit  carrés  égaux  qui  font  ineffaçables. 


MUE 

On  lui  montre  que  de  ces  huit  temps ,  il  y  en 
a  quatre  qui  font  intitulés  parfait  en  cette  ma- 
nière. 

I*'  Parfait,   i*   Parfait.  3*  Parfait.  4'  Parfaiu 
J'ai  aimé.    Taimai.     J'ai  eu  aimé.     J'eus  aimé. 

Les  (îgnes  qui  doivent  les  exprimer  fe  préfen- 
tent  tout  naturellement  :  après  avoir  porté  la  main 
à  fon  épaule ,  ce  qui  eft  le  ftgnc  commun  à  tout 
parfait ,  on  fait  le  figne  de  premier ,  ou  de  fécond  , 
ou  de  trolAème ,  ou  de  quatrièms  ,  comme  nous 
l'avons  dit  en  parlant  des  noms  de  nombres ,  ce 
qui  annonce  au  fourd  &  muet  quel  eft  le  parfait 
dont  on  parle ,  &  celui  qu'il  doit  écrire  fi  on  lui 
d'i£li  :  auffi  ne  s'y  trompe- t-il  point. 

Nous  ne  laiffons  pas  ignorer  au  fourd  &  muet 
l'ufage  de  ces  différens  parfaits ,  dont  les  uns  ex- 
priment un  tems  paiïé  ,  mais  indéfini ,  comme  foi 
aimJ  ;  les  autres  définiffent  ce  temps  paffé  ,  com- 
me f  aimai. 

Il  y  en  a  qui  expriment ,  mais  d'une  manière 
indéfinie ,  un  paffé  qui  eft  antérieur  à  un  autre  , 
qui  s'eft  paffé  depuis  ;  comme  fai  eu  aimé  :  cTan- 
très  expriment  ce  paffé  d'une  manière  définie  , 
comme  feus  aimé. 

De  r application  qu^on  doit  faire  desjîgnes  aux  mo- 
des  des  Verbes. 

Les  modes  ou  manières  de  conjuguer  un  verbe 
fignifient  la  même  chofe.  Ces  modes  font,  lln- 
dicatif,  l'impératif,  le  fubjonâif  &  l'infinitif  :  nous 
y  joignons  le  participe ,  parce  qu'il  a  un  préfent  p 
un  paffé  80 un  futur  ,  comme  d'autres  modes. 

Four  ne  point  multiplier  les  fiencs  fans  nèceffi- 
té,  nous  nen  donnons  point  ai  indicatif,  parce 
qu'il  fuftit  qu'aucun  figne  n'indique  un  autre  mo- 
de ,  pour  que  le  mot  du  Verbe'  dont  il  s'agit  foit 
à  l'indicatif. 

Mais  le  fourd  &  muet  a  remarqué  le  figne  de  U 
main  &  des  yeux  qu'on  lui  faifoit  toujours,  & 
qu'il  faifoit  lui-même ,  en  cas  de  befoin,  pour  ex- 
primer un  commandement  ;  il  retrouve  avec  noifi 
ce  figne  ,  pour  indiquer  l'impératif.  Cependant  an 
lieu  de  ce  figne ,  on  joint  les  mains  pour  indi- 
quer le  fupplicati^ ,  quand  il  s'agit  de  quelque  grâ- 
ce  qu'on  demande. 

Nous  trouvons  très-fouvent  dans  le  difcours 
deux  Verbes  joints  enfemble  par  im  ^«r ,  mais 
dont  le  premier  fignifie  une  manière  d'être  ou  d'a- 
gir ,  qui  influe  direâemeot  ou  indireâement  fur 
celle  qui  doit  être  exprimée  par  le  fécond.  Le  pre- 
mier annonce  en  quelque  forte  la  caufe ,  dont  le 
fécond  exprimera  Teffet. 

Cette  liaifon  entre  la  caufe  &  Feffet,  qms*ex- 
prime  dans  notre  langue  par  la  conjonâion  qu€  » 
&  dans  d'autres  Langues  par  le  terme  qui  convient 
à  chacune  d'elle  ,  a  feit  inventer  un  mode,  c'eft-à- 
dire,  une  manière  de  conjuguer  différente  de  celle 
dont  on  fe  fert  pour  exprimer  une  fimple  affir- 
mation. 


MUE 

Ce  mode  n'a,  ciaos  notre  hngac  que  quatre 
temps  ;  fa  voir ,  le  préfent ,  rini|jarfak ,  le  parfait 
'  fie  k  piufque-paTfait  »  dont  tous  les  pronoms  per- 
(aanth  font  toujours  précèdes  par  un  que  ,  6c  cha- 
cune de  leurs  perfoones  a  fa  lermioaifon  qui  lui 
eft  propre. 

Mats  il  cfl  bon  d'obferver  que  le  Verbe  qui  pré- 
cède le  qucj  annonce  toujours  une  fmurition  (  je 
demande  grâce  pour  ce  terme  )  abfotue  ou  con* 
ditionnelle  ,  comme  on  peut  s  en  convaincre  par 
le^  eiEemptes  fuivans  :  pour  hien  répondre  te  jour  dt 
votre  exercice  public  ,  il  faudrait  que  ^9Us  dpprijfei 
ïun  :  ou  il  JaudrA  que  vous  aye^  bien  appris  :  ou 
U  élirait  fallu  que  vous  tuffis^  bien  appris  les  cahiers 
en^Qn  %'ûuj  a  mis  entre  les  mains» 

ï\  eft  vifible,  dans  ces  trois  exemples,  que  Tac- 
tion  d^apprendre  cft  toujours  annoncée  comme 
devant  ou  ayant  dû  précéder  le  bon  effet  qu'elle 
I  produira  ,  ou  qu'elle  produiroit  >  ou  qu'elle  auroti 
produit  ,  en  fuppouct  i'accompltiTement  de  la 
condition. 

D'après  ce  que  nous  venons  de  dire  ,  ît  efl  fa- 
cile d'iTidiqucr  les  fignes    dont  on  doit  fe    fervir 
en  diâant  ou  en  expliquant  les  perfonnes  gram- 
maticales de  ce  mode  \  exemple  : 
Jt  veux  que  vous  écrivie^. 

Pour  dider  ce  mot  que,  il  faut  faire  le  figne  gé- 
néral de  con^onôton  ;  pour  le  mot  v^us ^  le  figne 
de  ce  pronom  pjrfonnelj  &  pour  le  mot  écriviez  ^ 
i\  le  figne  général  ,  qui  convient  à  toutes  les  par- 
tics  du  verbe  écrire  ;  2".  le  fie;ne  du  préfent  ;  j^. 
le  crochet  des  deux  index  en  forme  d*agrafe,  qui  > 
fe  trouvant  immédiatement  sprès  le  figne  de  pré- 
lient, ne  fignîfie  plus  une  {im^ic  conjonâion ,  mais 
un  mode  ionjorMif 

Nous  avons  trois  temps  ^  qui,  dans  notre  langue  , 
BC  (oRi  point  du  fub^onétif ,  &  qui  font  appelés 
pir  N(?  Rcdaut  futur  pajjè ,  conditionnel  préf^nr  , 
tend  :ionnel  pajfé  ;  nous  les  mettons  avec  le  fab- 
jcrôif ,  afin  de  nous  iccorder ,  en  f  lifani  ce  qu'on 
appeUe  les  parue  ,  ea  termes  fcolaftique*  ,  avec 
la  difpofition  de  la  Grjmmnire  L  itine  ,  qui  ks  y 
plac-:  amarem  :  fignifiam  également  dans  cette 
Ur^guc  que  faimaffe  ou  f  aime  ois, 

Nuus  avertiflons  cependant ,  que  dans  notre 
langue  \\s  ne  font  point  de  ce  mode ,  6c  nous  les 
caràftirifons  par  des  figncs  qui  leur  font  proptes. 
Voici  de  quelle  manière  nous  les  expliquons. 
Noi*s  écrivons  fur  la  table  :  Je  pars  de  C endroit 
tu  tf  mJt  fehêtre  ^  &  je  vais  à  ma  porte  ;  lorfque  je 
ferjt  â  ma  pone ,  /aurai  donné  a  Al  qui  cjl  nu 
miieu  f  entre  Us  deux ,  cette  tabatière  que  jt  tiens 
en  ma  main» 

Lorfque  je  pars  ,  la  donation  cft  future  :  elle 
devient  préfente  lorfque  que  je  donne  ;  mais  elle 
cilpaflféc  lorfque  j.fuis  k  ma  pone. 

Nous  fstifons  donc  le  figne  qui  convient  à  Tac- 
lion  de  donner ,  &  tnfuue  le  figne  du  futur  & 
ce3ut  ilu  piifé* 

Nous  fuppnmons  celui  du  préfent  comme  étant 


MUE 


287 


inutile,  parce  que  le  feul  bon  fens  diAtî  qitVnfre 
le  futur  &  le  pa^Té  »  il  a  fallu  que  le  préfent  s'y 
trouvât. 

Nous  donnons  le  figne  de  futur-imparfait  au 
temps  que  M.  ReRaut  appelle  un  conditionnel 
préfent ,  &  voici  pourquoi  ; 

J'ui  ordonné  à  un  fourd  8c  muet  d'^pprcndrs 
telle  leçon  :  je  lui  ai  dit  que  je  revicndrots  dans 
deux  heures  pour  U  lui  faire  réciter,  ti  je  lut  ai 
promis  d:^  lui  donner  un  livre  i\\  la  rèciioit  bien* 
Je  reviens  donc  d^îux  heures  après,  ayant  le  livre 
entre  les  mains,  &  je  le  montre  aux  ailîflans,  en 
!cur  difant  que  je  le  lui  d;?nnerai  s*il  fait  bien  fa 
leçon.  JVrive  juiqu'à  lui  ;  mais  il  ne  la  fait  point. 
Je  lui  montre  mon  livre ,  &  je  le  remets  avec  oftcn- 
tation  dans  ma  poche ,  en  lui  difant  qu'il  ne  Taura 
pas,  parce  qu'il  -A  un  pareileux. 

Li  volonté  que  j'avais  de  donner ,  eft  arrêtée 
par  le  défaut  de  la  condition ,  &  ij  me  femble 
que  le  frein  qui  m'arrête  ,  &  qui  ed  antérieur  â 
Uion  cx^jrefTion ,  doit  avoir  peur  figne  Timparfait. 
Pir  L  mèrne  rai fpn  nous  donnons  le  figne  de 
futur  plufquc-pirfait ,  au  temps  que  M.  Reflauc 
appelle  un  conditionnel  paffé  (  j'aurois  donné  )  , 
parce  qu'il  y  avoit  de  même  une  Huurition  éven- 
tuelle ou  conditionnelle,  lorfque  je  fuis  parti  dans 
rinteniion  de  donner,  fi  je  trouvois  la  condition 
remplie  ;  8c  en  effet,  fi  elle  Teût  été,  la  donation 
feroit  déjà  au  plufque-parfait  lorfque  j*en  parle  , 
après  avoir  fait  quelques  autres  adions  depuis  la 
parcfTe  de  mon  Difciple,  qui  m'a  empêché  de  lut 
donner  le  Livre  que  je  lui  avois  promis  conditio- 
nellement. 

Lz  fourd  &  muet  voit  fouvcnt  exprimer  l'ac- 
tion qu*un  Verbe  fignifie ,  fans  défigner  aucune 
perfonne  qui  agtfTe  ou  qui  doive  agir  r  IViftion 
de  chercher  U  le  défaut  de  trouver  la  pcrfonce 
ou  les  perfonnes  qui  agilîcnt  ou  qui  doivent  agir, 
devient  le  fgne  de  Yinjinitifvu  plmoi  indéfmtif^ 
devant  lequel  on  ne  met  aucune  perfonne,  ni  du 
finguUer  ,  ni  du  pluriel. 

On  a  foin  de  faire  obferver  qu'en  François 
rinfinirif  fe  termine  toujours  en,  er,  ou  en  ir,  ou 
en  oir  ^  ou  en  re* 

En  er,  c*eA  la  première  conjugaifon ,  en  ir  , 
cVll  la  féconde,  en  ti/r,  c*cft  la  iroîfiéme  ,  ca  re ^ 
c\{{  U  quaLriéme. 

Nous  avons  d-t  ci-HeïTus  comment  on  exprime 
parfignt^s,  premier,  fécond,  d:c. 

Le  mot  de  conjugiifon  fignifie  Taffemblage  ou 
la  fuite  de  toutes  les  perfonnes  ,  les  nombres  ^  îei 
temps  Si  les  modts  d'un  Verbe.  On  f^u  appren- 
dre ces  quatre  conjug.tfons  aux  fourds  &  muets  « 
à  mcfure  qu'ils  avancent  dans  TinHruftion. 

En  faifant  comme  fi  je  tirois  par  devant  un 
fil  ,  ou  un  petit  morcjau  d'étoflfe  de  chaque  coté 
de  mon  hJjit,  j  exprime  la  nature  du  participe  , 
qui  rient  partie  du  verbe  (^parttm  capir  )  ôt  par- 
tie du  nom. 

Il  ell  lèeUemcot  un  nom  adjeûîf ,  puirqu'il  ex* 


288 


MUE 


prime  une  qualité  qu'on  peut  attribuer  à  un  nom 
fubftantîf  ;  mais  en  même  temps ,  il  a  les  mêmes 
régimes  que  le  verbe ,  dont  il  eft  le  participe ,  & 
dont  il  exprime  Taâion. 

Des    Verbes    Anifs ,  Pafifs  ,    Neutres    &    Réci- 
proques. 

Le  verbe  aâif  eft  celui  qui  repréfente  une  per- 
fonne  grammaticale  d*un  verbe ,  comme  agiuant 
hors  d'elle-même. 

Le  verbe  paiTif  eft  celui  qui  tepréfente  une  de 
ces  perfonnes  ,  non  comm.*  agiffante,  mais  com- 
me recevant  Taâion  d'une  autre. 

Pour  faire  fentir  aux.  fourds  &  muets  cette  dif- 
rence ,  nous  portons  un  de  ces  Enfans  dans  un 
fauteuil.  Notre  aâion  eft  fenfible  ;  &  nous  la  leur 
faifons  remarquer. 

L*cnfant  qui  eft  porté ,  ne  fait  aucun  mouve- 
ment :  fes  bras  &  fes  mains ,  fes  jambes  &  fes 
pieds,  font  pendans  &  demeurent  immobiles  com- 
me s'ils  étoient  paralytiques  :  ce  font  les  deux 
fignes  par  Icfquels  nous  diilinguons  ces  deux  efpè- 
ces  de  verbes. 

'  Quant  aux  verbes  neutres  &  aux  verbes  réci- 
proques,  l'explication  par  fignes  en  eft  plus  dif* 
ncile. 

Nous  ne  la  mettons  ici  que  pour  les  maîtres 
qui  inftruiront  des  fourds  &  muets  devenus  ca- 
pables d'en  faifir  l'explication  grammaticale.  Nous 
dirons  plus  bas  à  quoi  nous  nous  en  tenons 
pour  le  commun  des  fourds  &  muets. 

Le  mot  neutre  figniôe  ni  l'un  ni  Tautre.  Le 
verbe  neutre  n*eft  donc  ni  aâif  ni  paffif.  Il  n'eft 
point  iâif,puifqu*il  ne  repréfente  point  une  per- 
ibnne  agiuant  nors  d'elle-même ,  &  dont  l'opé- 
ration fe  rapporte  à  un  objet  qui  lui  foit  étranger. 
Il  n'eft  point  paflif ,  parce  qu'il  ne  repréfente  point 
une  perfonne  comme  recevant  l'opération  d'une 
puiftance  étrangère. 

Il  repréfente  feulement  une  fituatîon ,  un  état , 
une  qualité ,  une  habitude  ,  ou  une  opératioi>  in- 
térieure ,  comme  je  dors ,  je  déjeûne ,  je  dine  ,  je 
foupc  ^  je  tremble ,  6»c.  &c. 

Ces  verbes  bnt  chacun  leur  figne  particulier  à 
proponion  de  ce  qu'ils  fignifîent. 

Le  figne  commun  à  tous  ces  Verbes  confifte  à 
les  repréfenter  comme  n'étant  ni  zà'ik ,  ni  pafTifs , 
en  (aifant  à  droite  &  à  gauche  le  figne  de  néga- 
tion ,  qui  annonce  qu'il  ne  s'agit  point  d'une  opé- 
ration qui  forte  au-dehors  de  la  perfonne  dont 
on  parle ,  ni  d'une  opération  qu'elle  reçoive  d'au- 
cune puiftance  étrangère  ,  mais  d'une  opération 
qui  fe  paffe  en  elle-même  ,  &  qui  fe  Dorne  à 
elle-même. 

Il  faut  en  donner  un  exemple.  Si  je  veux  expli- 
quer par  figne  ces  motsyV  tremble  ,  il  faut  faire  i". 
le  figne  de  je  (  première  perfonne  du  fingulier  ;  ) 
a°.  le  mouvement  d'une  pefronne  qui  tremble  ; 

â**.  le  fizne  du  préfent  d'un  verbe  ;  4"*.  le  fienç 
'une  négation  à  droite  &  à  gauche,  p^im aStif^ 


MUE 

point  pajjif.  (  Je  crois  devoir  répéter  ici  ce  que  j'ai 
dit  ailleurs  ,  que  tous  ces.  fignes  s'exécutent  dans 
un  inftant.  ) 

Les  verbes  réciproques  font  ceux  qui  mettent 
leurs  pronoms  perionnelsye,  ftf,  //,  fui  vis  de  leurs 
pronoms  conjonâifs  me  ^  te ,  fe  ^  zu  fingulier  ;  & 
nous  ,  vous ,  ils ,  fuivis  de  leurs  pronoms  con jonc- 
tifs  nous ,  vous  y  fcy  zu  pluriel ,  avant  l'expreftlon 
particulière  à  chaque  perfonne  du  verbe ,  comme  je 
me  promène  y  tu  te  repofes  ,  îLfe  délaffe,Nous  noyg 
promenons  (  le  fécond  nous  eft  un  pronom  coo- 
|onâif  ).  Fous  vous  repofei^  (  le  fecpnd  vous  eft 
auflî  conjonftif  )  ,  ilsfe  déUffent. 

Les  fignes  communs  à  tous ,  confiftent  dans  les 
figpes  que  nous  avons  donnés  des  pronoms  per- 
fonnels  &  des  pronoms  conjonâifs ,  foit  au  fin' 
gulier,  foit  au  pluriel,  l  Nous  avons  foin  d'avertir 
que  ces  verbes ,  dans  leurs  temps  paiTés  ,  ne  fe 
conjuguent  point  avec  le  verbe  auxiliaire  avoir  « 
mais  avec  le  verbe  auxiliaire  être  ). 

Avec  le  commun  de  nos  fourds  &  muets ,  com- 
me nous  ne  penfons  point  à  en  faire  des  grammai- 
riens, nous  appelons  verbe  aâif  tout  verbe  qni 
exprime  une  aaion  ou  opération ,  foit  intérieure  t 
foit  extérieure ,  foit  fpirituelle ,  foit  corporelle  » 
en  un  mot ,  toute  opération  qui  n'eft  point  pure- 
ment paflive,  parce  qu'elle  n'eft  point  produite  ca 
nous  ou  fur  nous  par  une  puiffance  étrangère. 

Des  Régimes  des  verbes» 

Cet  article  eft  un  de  ceux  qui  peuvent  mettre 
plus  de  confùfion  dans  l'efprit  des  lourds  &  muets  , 
fi  leurs  maîtres  n'y  donnent  pas  une  attention  fio- 
gulière ,  foit  en  diâant  les  leçons,  foit  en  les  ex- 
pliquant» 

Nous  appelons  régimes  des  verbes ,  les  cas 
grammaticaux  auxquels  on  doit  mettre  les  noms 
ou  les  pronoms ,  qui ,  après  les  pronoms  perfon* 
nels ,  entrent  avec  le  verbe  dans  la  compofiûoa 
des  phrafes. 

Il  V  a  deux  fortes  de  régîmes  ;  favou- ,  le  ré^me 
direâ  &  le  régime  indircft. 

Le  régime  direâ  eft,  celui  auquel  fe  rapporte  8t 
fe  termine  l'aftion  exprimée  par  le  verbe ,  &  qw 
fuffit  feule  avec  le  pronom  perfonnel  &  le  verbe  , 
pour  former  une  phrafe  entière. 

Ainfi ,  dans  cet  exemple  :  je  refpede  la  venu  i 
je  eft  le  pronom  perfonnel ,  refpeHe  eft  le  verbe  . 
la  vertu  eft  le  régime ,  c'eft-à-dire ,  le  nom  fubt 
tantif  auquel  fe  rapporte  &  fe  termine  l'aâioa 
exprimée  par  le  verbe.  Il  en  feroit  de  même  de 
cet  autre  exemple  :  je  détefle  le  vice. 

Dans  ces  deux  exemples ,  la  vertu  &  U  vice  i 
qui  font  les  régimes  direâs  des  verbes  qui  les 
précèdent,  font  à  l'accufatif ,  c'eft-à-dire,  auqua<- 
trième  cas  grammatical,  parce  que  tout  verbe 
aâif  exige  que  le  nom  fubftantif  auquel  foa 
aâion  fe  rapporte  &  fe  termine  «  foit  mis  après 
lui  à  racculatif. 

Mais 


M;U  E 

Mail  voici  ce  qui  peut  jiie:tre  de  la  confuGcMi 
dans  refprit  des  fourds  Si  muets. 

Lotfquc  le  régime  dïrc^  du  verbe  eft  un  nom 
fobltïmif,  il  dfùt  fe  mettre  après  les  verbes,  com- 
me dans  ies  deux  exemples  ct-deïïus  : 

Mais  lorfquc  le  r^gim  *  direct  auquel  fe  rapporte 

(t  c^rmiJie  Taélion  exprimée  par  le  verbe,  eft  un 

fcODam  relatif  ou  conpo^kir ,  il  doit    fc  mettre 

araw  le  verbe  »  comm  j  dans  ces  deux  exemples  ; 

UV   'Wûmé  honùrt  :  iU  mm  rt%drd(nt  :  d'où  il  arrive 

Iqtte  ces  deux  pronoms  naus  &  vous  fe  ttouvanc 

Ijiiijli^diatcment  avant  les  vertes  hûnorent  &  re^ 

jp'dent ,  fi  on  n'a  pas  foin  de  faire  obferver  au 

ïourd    éc    muet,  à  qui  Ton  diûe,  que  ces  deux 

oiioms  font  conjonâifs  &  non  perfonncls,   il 

ra  jt  vouj  honore^ ,  &  lU  nom  regardons  :  dès- 

til  nV  aura  plus  de  fens  dans  ces  deux  phra- 

{mais' il ,  en  diâani ,  on  fait  fur  ce»  deux  mots 

!e  %ne  de  pronoms  conjonéHfs ,  il  comprendra 
ijue  les  deux  pronoms  perfonnels  font  ceux  qui 
pn&cédeat  vùus  &  nous  ^  &  alors  il  écrira  je  vous 
hi»T€ ,  &  ils  nous  re^iirdcnt. 

Pour  éviter  toute  confufion  dans  les  explica 
'î.^rs  pi:b':nij€f,  il  faut  toujours  que  celui  qui 
'-'^'^  I  h  ^  sriela  mètre,  t^  fur  le  pronom  per- 
loimci  1^  ,  a'**  fur  le  verbe  honore  »  3",  fur  lepro- 
otoi  conjt>nt%fvûiii;&  de  même,  i". fur  le  pro- 
nom perfonnel  lls^  a^  fur  le  verbe  regardent  »  3°, 
fur  le  pronom  conjondif  nous  ,  comme  s*il  y 
P^oit  J€  honore  vous  ,  ils  r€^drd<nt  nous* 

Le  lêgjime  indireâ  préfente  encore  plus  de 
di£cuUàs. 

Nous  appelons  régime  indireft  un  nom  ou  un 
pronom ,  par  lequel  on  exprime  une  chofc  à  la- 
^ueUe  l'aiftion  fignifice  par  le  verbe  ne  fe  rapporte 
poitu  direftement.  Ceff  une  féconde  idée  qu'on 
ijôiîte  ï  une  première,  &  fans  laquelle  la  phrafe 
ivoii  fon  inte^ntê. 

Ce  fécond  rcglme  ou  régime  indireél  ne  fe  met 
limais  à  Taccufatif,  parce  que  Taétton  fignlfiée 
pir  le  verbe  ne  sV  rapporte  pa**  directement. 

Ilfe  met  avant  le  verbe  (  excepté  à  l'impératif  )  , 
Jt  par  conféquent  donne  lieu  à  la  même  diffi- 
culté dont  nous  venons  de  parler ,  omme  on 
peut  le  voir  dans  cet  exemple  :  je  vous  prèftnu 
U  iwn ,  fi  fur  ce  mot  vous  on  ne  fait  pas  le  figne 
ée  conjonAîf  ;  maïs  il  faut  de  plus  avertir  qu'il 
a'eft  point  le  régime  dlreét  du  verbe ,  &  pour 
cela  il  faui  ajouter  le  figne  de  datif ,  c'efl-à-dire, 
du  tfoifième  c^s^  dont  on  fupprime  dans  notre 
bagage  la  srèpofition  à ,  mais  qu'on  ne  doit  pas 
Supprimer  dans  les  Agnes,  ni  en  diâant,  ni  en 
eipliqttant. 

Il  faut,  dansTexplication,  qu*on  porte  ïa  ba- 
piette  fur  cette  phrafe ,  comme  s'il  y  avoit  '}c  pré- 
1  ftnu  s  vous  It  iivre ,  &  ne  pas  y  omettre  la  pré- 
pofttton  i. 

Des  adverbes^ 

Les  verbes  reçoivent  des  adjedifs   aulTt  bien 
irfrw  Ct  Méiiirs»  Tom*  K  P^ru  L 


MUE 


^89 


que  les  noms  fubUantifs  »  mais  en  la  maaiére  qui 

leur  cft  propre. 
Ces  adjeàlfs  font  appelés  des  adverbes,  p^o-ce 

qu'ils  f j  mettent  avant  ou  après  les  verbes ,  pour 
en  augmenter  ou  en  diminuer  la  frs^.nifi cation. 

Par  exemple ,  je  dis  : /ui  ite, 

fortement ,  cet  adjeétif  aujj;m  1  du 

verbe.   Au    contraire^  fi  f  cm  ^   cet 

autre  adjefttf  en  diminue  Ir 

Cette  efpece  d  adjefHf  ne  le  décline  point.  Il 
n'a  point  de  ca5,  ni  de   not^^i"^  -^     ri  (le  genres. 

Voici  comme  nouâ  le  rej  -  p.^r  fjgnes  j 

s'agit*ildecemotgra/iûVw<r/f  \  ti  ui'»  vi.vofls  notre 
main  droite  à  une  hauteur  conveuÂDte ,  enfui tç 
nous  rappliquons  fur  notre  i^  '  .  ac  ,  c*cil  le 
figne  de  l^idjeCtif:  cela  fign  ;  ^^is  aulFi- 

ïôi,  pour  adverbifiercet  adjeiut ,  fiou  '  Oflf 

notre  main  droite  fur  notre  coté,  p.ii  ad- 

verbe fe  met  à  côté  d'un  verbe  pour  le  liïodÎT 
fier,  comme  notre  main  droite  ctl  alors  fur  no* 
tre  côté. 

Ce  troifième  figne  ,  joint  aux  deux  précédens , 
fignifie  grandement  :  cet  exemple  doit  fuffire  pour 
tous  les  autres  adverbes  qui  dérivent  des  noms 
adjeJïifs, 

Des  Prèpofitîons* 

Les  prépofiuons  font  ainfi  appelées  ,  parce 
qu'elles  fe  mettent  avant  les  mots  quelles  ré* 
giiïent. 

Chacune  a  fon  ftgr^e  particulier  conforme  à  fa 
fignification  ;  mais  le  figne  général  qui  leur  con- 
vient à  toutes ,  iê  fait  en  courbant  les  doigts  de 
ta  main  gauche ,  ^  faifant  marcher  cette  main 
dans  cette  fituation  de  gauche  à  droite  fur  la  ligne 
même  qu'on  Ut  ou  qu'on  écrit,  parce  qu'alors  on 
y  rencontre  les  prépofiuons  avant  que  de  trou- 
ver îe  mot  auquel  elles  fe  rapportent,  ou  plutôt 
qu'elles  régiiTcnt. 

Ne  croyant  pas  devoir  nous  en  tenir  fur  eet 
article  a  ce  figne  général  ,  nous  allons  donner  les 
fignes  iie  celles  qui  fe  rencoi^trent  le  plus  fouvcnt 
^ans  le  difcours. 

Avec  s'exprime  par  fignes  en  courbant  fes  deux 
mains  vis-à-vis  l'une  de  l'autre ,  &  montrant 
qu'il  y  a,  entre  elles,  deux  on  plufieurs  chofes 
enfcmble  :  les  deux  mains  ont  alors  la  figure 
d'une  parenthéfe  (  )* 

Avant  &  après  :  nous  écrivons  ce  mot  midi  ; 
toutes  les  heures  de  la  matinée  fcnt  avant  lui  i 
toutes  celles  qui  le  fui  vent  font  aprcs  :  il  cR  au 
milieu  entre  les  unes  &  les  autres. 

Devant  &  derrïhm  :  tout  ce  que  je  puis  regarder 
dirèi^ement  en  face,  eft  devant  moi  ;  tout  ce 
que  je  ne  peux  voir  fans  retourner  la  lète  de  l'au- 
tre côté  ,  eft  derrière  moi. 

Dans  &  €n  n'ont  pas  le  même  figne*  Dans  exprî* 
me  une  fituation  oétcrminée.  Nous  fcruifns  les 
quatre  doigts  de  la  maia  g^uiche  «  &  nous  y  fai* 

O  o 


290 


MUE 


fons  entrer  Yindex  de  la  main  droite,  ou  nous 
mettons  notre  main  dans  une  de  nos  poches. 

Mais  en  n'exprime  qu  une  fituatîon  indétermi- 
née quant  au  lieu ,  comme  il  travaille  en  cham- 
bre ,  fans  dire  en  laquelle  :  alors  nous  tenons 
notre  index  droit  perpendiculairement  dlevé  au- 
de/Tus  de  la  table ,  &  nous  le  pofons  fucc^ffive- 
ment    fur  différens  endroits  fans  nous  arrêter  à 


aucun. 


Ch^i  moi ,  dans  rta  maifon  ;  che^  vous  ,  dans 
votre  maifon  ;  che[  lui ,  dans  (a  maifon. 

Contre  ;  nous  faifons  venir  direftement  à  plu- 
fieurs  fois  les  deux  index  lun  contre  l'autre  , 
comme  pour  fe  battre. 

Lorfque  ce  mot  fignifie  près ,  comme  dans  cet 
exemple ,  fa  maifon  eft  contre  le  bois,  nous  appro- 
chons notre  maiîi  de  l'objet  dont  il  s'agir. 

Depuis  &  dès  ne  s'expriment  point  par  fignes 
de  la  même  m:niè'e. 

Dès ,  annonce  le  commencement  d'une  chofe ,  & 
n'en  annonce  pas  la  continuation. 

Depuis  y  annonce  U  commencement  &  la  conti- 
nuation ,  aufli  peut  on  y  ajouter  le  mot  toujours , 
qu'on  ne  peut  pas  mettre  après  le  mot  dès. 

Pour  exprimer  dès  par  fignes,  on  montre  le 
temps  ou  une  chofe  a  commencé  ;  mais  la.  main 
ne  continue  pii!>  de  courir  en  avant. 

Pour  exprimer  depuis  ,  la  main  continue  de  cou- 
rir ou  jufqu'à  nous  ,  ou  jufqu'au  temps  oii  la 
chofe  a  fini. 

Pendant ,  marque  a  durée  d'un  temps  :  j  ai  tra- 
vaillé pendant  huit  heures  s  c'eft-à-dire  ,  j'ai 
employé  huit  heures  au  travail. 

Nous  faifons  donc,  1**.  le  figne  d'heure,  qui  eft 
très- connu  des  fourds  &  mueis ,  qui  en  voient 
la  différence  fur  les  cadrans  des  pendules,  dont 
nous  leur  difons  que  la  fonnerie  frappe  nos  oreil- 
les ,  comme  le  petit  marteau  des  montres  à  répé- 
tition frappe  leurs  doigts  ;  2®.  en  faifaiu  chemi- 
ner notre  main  furie  cadran ,  nous  montrons  que 
ces  heures  s'avancent  ;  3**.  nous  nous  arrêtons 
après  la  huitième  ;  4".  nous  ajoutons  le  ùgnc  de 
prépofnion. 

Entre  &  parmi.   Pour  expliquer   par  fignes  le 

Jremier  de  ces  deux  mots,  roire  main  gauche 
tant  dans  une  fituaiion  horizontale  ,  nous  fèpa- 
rons  avec  notre  main  droite  le  premier  doigt  d'a- 
vec le  fécond ,  le  fécond  d'avec  le  troifième ,  & 
le  troifiémi  d'avec  le  quatrième. 

Parmi  figniiie  à  la  lettrj  au  milieu.  Nous  repré- 
fentons  un  grand  peuple,  au  milieu  duquel  il  y  a 
des  giands  Se  des  petits,  des  riches  &  des  pau- 
vres, c'es  fiîvcus  6l  dts  igr.crans,  des  aveugles  , 
des  bol. eux,  &c.  &c. 

P^r.    Ce  mot   a  différemeî  fignifications    qu'il 

feroît  trop  long  d'cxpiijucr.   Nous  en  exprimons 

le  f»gne  très  (implemcnt  ,  en  faifant   palfcr  notre 

main  drohe  à  travers  le  [jouce  &  Vindex  de  noire 

*^    main  gaiche. 

Pour.  Ce  mot  eA  tantôt    une  prépofuion    & 


MUE 

tantôt  une  cofljonâion.  H  annonce  une  deflîaa* 
tion ,  que  nous  exprimons  par  fignes  en  mettant 
notre  index  droit  fur  notre  front ,  que  nous  regar- 
dons comme  le  fièee  de  notre  efprit ,  &  le  por- 
tant tout  de  fuite  mr  l'objet  dont  il  eft  queition 
dans  la  phrafe. 

Proche  &  près.  Pour  exprimer  par  fignes  le  pre- 
mier de  ces  deux  mots ,  nous  approchons  notre 
main  de  notre  côté,  en  laifTant  une  certaine  dif 
rance  entre  l'une  &  l'autre  ;  miis  pour  exprimci' 
près ,  nous  laifTons  moins  de  diftance. 

Sans.  Prépofuion  exclufive ,  qui  fe  dit    de  ce 
qui  n'accompagne  point  quelque  chofe  ou  quel- 
cjue  perfonne.  Nous  difons  donc  j'irai  fans  vous, 
y  irai  y  vous  point  :  il  eft  fans  argent,  lui,  argent  ^ 
point  :  vous  êtes  fans  force ,  vous  ,  force  point. 

Selon.  Ce  mot  fignifîe  comme  :  félon  faim  Paul  ; 
je  dis  en  fécond  comme  faint  Paul  a  dit  en  pre- 
mier :  félon  mes  forces  ;  comme  mes  forces  md 
permettront. 

Sur  Se  fous.  Je  mets  ma  main  fur  la  table ,  &  )e 
fais  un  mouvement  femolable  à  celui  d'une  per- 
fonne qui  en  effaceroit  un  mot  :  cela  figmSe 
fur  ;  Je  fais  la  même  chofe  fous  la  table  :  cela 
fignifie  fous. 

Voici  i  voilà.  C'eft  comme  fi  on  difoit  :  vayn 
ceci ,  xoye^  cela. 

Des  conjonHions» 

Les  conjonâtons  font  ainfi  nommées ,  parce 
qu*elles  fervent  à  joindre  (  conjunpint  )  on  ua 
verbe  avec  un  autre  verbe ,  comme  dans  cet  exem- 
ple :  il  faut  que  vous  étudie^;  ou  la  féconde  partie 
d'une  phrafe  avec  la  première ,  comme  dans  cet 
autre  exemple  :  je  vous  donnerai  un  Ihrc ,  lorf" 
que  vous  apprendre^  bien  vos  leçons. 

Le  figne  général  eft  la  )on£Uon  des  deux  ind€X 
en  forme  de  crochet. 

Voici  les  fignes  paniculiers  de  celles  dont  Tu- 
fage  eft  le  plus  fréquent. 

Afin  que.  Ceft  le  but  qu'on  fe  propofe,Ie  tef 
me  auquel  on  tend.  Quoique  cette  conjonâioa 
ne  foit  com;;ofée  que  de  deux  mots,  nous  y  em- 
ployons trois  fignes.  1®.  Le  figne  de  la  prèpofi* 
tion  J.  a**.  Le  figne  qui  convient  au  mot  fin  :  nous 
barrons  le  pafTage  pour  qu'on  n'aille  pas  plus  loin. 
3''.  Le  figne  de  la  conjonélion  que. 

Ainfu  Lorfque  ce  mot  eft  feul ,  il  eft  un  adver- 
be qui  fignifie  de  cette  manière  ;  mais  lorfqu'il  efl 
jc.int  avec  un  que  ,  il  ell  une  conjondion ,  qui  ft|ù- 
fis  comme  vous  vinei  de  le  voir ,  de  le  lire  ,  de  feu* 
tendre ,  e\i  comme  vous  all^  le  voir^  le  lire  ou  Fem* 
tendre.  Tous  ces  mots  ont  leurs  fignes  naturels  , 
qui  n'ont  pas  befcin  d'explication. 

Aujffi,  Lorfque  ce  mot  eft  f^ul,  il  fignifie  encan 
ou  de  mJme  ;  mais  lorfqu'il  ell  joint  avec  un  qye 
après  u!i  nom  îu^j^'ciit",  il  fignifie  comme  ^  pareille- 
ment ,  dans  le  même  degré  ^  comme  dans  cet  exem- 
ple :  //  eft  aujjîfort  que  vous  \  cela  fignirie  ,  //  eft  fort 


MUE 

^mme  vûus  ,  il  Vejl  fareUlemcnr ,  //  tejl  dans  le 
mime  ué^rè. 

Voici  de  quelle  mûnîên;  ah  fe  repréf^ntc  par 
figocs  :  on  a  ïes  deux  mains  fur  la  table»  &.  d*a* 
bord  on  n'en  rcg^jrdc  qu*une  feule ,  mais  entiiirc 
on  jette  les  ycujr  fur  TiUtre,  &  on  les  approche 
lonc  de  raucrc  j.Uqu'à  ce  qu'elles  fc  touclicnr  im- 
médiatement ,  6c  qu'on  voie  de  près  la  reffcm- 
blancc  de  Tune  avec  lautrc. 

CcptrJ^rj,  Ce  mot  a  deux  fi^nîficatlons  bien 
différentes  lune  de  Tautre.  i*,  11  figmfie  pendant 
et  temps.  Nous  avons  donné  le  fignc  de  pendant 
è:  îe  ligne  de  ce  ;  il  ne  refle  plus  à  donner  que  le 
fignc  dz  temps  :  nous  le  repréfcntons  comme  des 
beures  qui  »*enfuîwnt  fans  ceffc.  Ft:git  impardllU 
timsiu* 

Atais^  2".  ce  même  motrignific  néanmoins  :  un 
exemple  en  fera  fentir  la  valeur.  Vous  me  dites 
hten  des  raifons  pour  me  fuire  crûire  qu'une  chùje 
eu  ftuffe  ,  &  néanmoins  y  comme  j'ai  vu  le  contraire 
dâ  mu  propres  yeux ,  je  perjifle  à  penfer  &  à  dire 
fiieil^  eji  vraie. 

Ce  mot  néanmoins  figni^e  Jonc  :  tout  ce  que  vous 
tu  dius  ^  efl  a  mon  égard  moins  que  rien  ,  pour  me 
fdire  croire  qne  cette  chofe  cft  faujfe. 

Le  fignc  de  moins  s'exécute  en  mettant  le  tout 
dç  fon  pouce  droit  fur  rarticuîation  qui  joint  le 
petit  doigt  à  la  main ,  6l  le  faifant  cheminer  juf- 
iju*à  ce  qu*il  arrive  à  la  partie  fupéneure  de  ce 
petit  doiçt  :  que  riçn^  nous  avons  donné  hs  fignes 
de  CCS  deux  mats, 

Djnc^  cfl  un  mot  qui  annonce  de  lexigence* 
Ott  frappe  donc  plufieurs  fois  &  fortement  fur  la 
table  avec  rtitrémité  de  Xmdcx  droit,  &  on  y 
tjotiie  le  fignc  d'adverbe,  mais  d'un  adverbe  qui 
lie  ce  qu'on  va  dire  avec  ce  qu'on  a  dit  précé- 
demment. 

Alors ^  eft  un  adverbe  qui  fignifie  à  cette  heti^e  ; 
wis  lorfquM  cft  joint  avec  que ,  en  cette  manière 

^U€  j  il  fignifie  à  r heure  que  :  on  la  montre  cette 

Bvc  d'une  manière  déterminer  ou  indéterminée  , 
fclbn  !c  fens  de  la  phrafe, 

Pourquoi,  Lorfque  ce  mot  cft  interrogatîf ,  iî 
fign'the  dans  quelle  vue  ?  ou  pour  quelle  rat  fon  ? 
Alaîs  lorfqull  fc  trouve  dans  le  cours  d'une  phra- 
|fc.  ii  ûpMÎic  c'eft  pour  cette  vue  ou  cette  raifor. 

Le  mot  de  raifon  ne  fc  prend  point  ici  pour  la 
^fî»culfè  de  rdilonner ,  mais  pour  l'ufage  légitime 
n  a  fait  avant  que  de  prononcer    un  ju- 

Pari:€  que^  Ce  mot  fignifie  lifez  (  ou  écoutez  ) 
ce  qui  va  fuivre ,  &  vous  y  trouverez  la  raifon 
de  ce  que  vous  venez  de  lire  (  ou  d^entendre  )  j 
ce  (igne  s'exécute  en  promenant  fa  main  fur  tes 
mocs  qui  fui  vent  le  parce  que. 

Car,  Ce  mot  fignifie  à  peu-pré^  la  même  chofe 

qiîe  partit  que  ,  avec  cetre  diflférencc    que  le  ^ar 

»Eroir  itnir  un  moment  en  fufpens  ^  ^  annoncer 

nr  preuve  qui   demandera  plus  d'attention. 

Voici  commcfit  cela  t'exécute.  On  montre  avec 


MUE 


591 


fon  ïndêx  gauchj  la  partie  de  la  phrafe  qui  pré- 
cède le  car^^  &  avec  fon  index  droit ,  la  partie 
de  la  phiafe  qui   le   fuit ,  ajourint   un   rrcifièinc 


figne,  qui  fait  ^^xm  Tindcx  droit  du  front  &  des 
tention. 


yeux,  &  donne  à  entendre   qu'il   faut  de  l'at- 


Maii ,  fignifie  quelque  chofe  qui  arrête,  Tavan- 
çois  ou  favariicrois  ^  cependant  quelque  chcfc 
m*ar:éte  ;  ce  fîgne  fe  fait  naturelkm<.'nt  par  tout 
le  monde,  &  tient  ruelque  chofe  de  la  retenue, 
ou  de  la  furprife>  eu  de  ladmiratiotu 

Puifque.  Ce  mot  fignifie  po[é  que.  On  f^ît  le 
figne  de  pofer  quelque  c'ic-fe  fur  la  t^ble»  ù.  en- 
fuite  le  fignc  du  que  rclitif  &f  ccnj:>rélif, 

Quoipie,  Ce  mot  figmfie  ordinilremîrt ,  quel- 
que chofe  qui  foit  arrivé^  ou  qui  arrvâ  mjinie*ia*.r  , 

ou  qui  puljfe  arriver  dat*s  la  fuite  ; quelque 

chofe  quon  eût  dit  ou  fui* ,  qu'on  drfe  ou  quon  f\(fe 
maintenant ,  qtion  puiffe  dire  ov  faire  dans  lajutre  , 
cela  ne  m'a  point  empêché  ^  ne  m^mpéche  point  ^  ou 
ne  m\mpé:hira  point  de ,  &Cn 

Il  e(t  tré>ficile  dans  notre  langue  d'exprimer 
cette  conjonction  par  le  fignç  de^quoi  intcrrogitif 
ou  dubiratif ,  &  le  figne  du  que  rehitif  ou  conjo«c- 
tif,  en  y  ^ijoutant  un  fignc  du  paiTé  ,  du  préf;;nt 
ou  du  futur,  fdcn  que  la  phr.if;  Texige, 

(  Dans  toute  langue  cette  cor^jonâion  répond  à 
ces  paroles,  nonobftant  tout  ^  &c,  ). 

Pourvu  que.  Cette  conjon  lion  fignifie  une  con- 
dition qui  p-ut  être  dépendante  ou  ind.^pcndantc 
de  la  volonté  ,  comme  d.ins  ces  dtux  exemples  : 
je  vous  aimerai ,  pourvu  que  vous  foye^  f^*^^-  Nous 
fortirons  demain,  pourvu  quil  faffe  beau  temps. 

Dans  l'un  &  l'autre  cas  ,  elle  fignifie  la  même 
chofe  que  le /?  dubitatif,  &  peut  erre  exprimée 
par  le  même  figne  qtii  eft  connu  de  tout  le  mondt. 

On  tient  fes  mains  un  peu  élevées  &  tournées 
l'une  vis-à-vis  de  Tautre  :  on  les  balance  cn.re 
un  oui  &  un  no:i  futur,  &  Ton  ne  fait  fiir  lequJ 
des  d-ux  s'arrêter. 

Dans  notre  langue  cette  conjonction  eft  très- 
facile  à  difter  par  fgnes  aux  fourds  &  muets,  en 
la  féparant  en  trois  mots  ,  pourvu  que  ^  ce  qui  re- 
vient à  ceux-ci  :  après  avoir  vu  que. 

Quand,  Ce  mot  eft  fouvent  intcrrogat^f  ;  il 
fignifie  alors  en  quel  temps  ?  Voici  comm^fit  il  s  ex- 
prime par  figues  :  on  tourne  la  tctc  en  arrière  , 
enfuitc  on  porte  les  yeux  fur  foi-même  ,  fie  en 
troifième  lieu  fur  des  objets  plus  ou  moin,  élot- 
gnéi:  cela  fignifie  paSTé  ,  préfcnt,  futur  ;  alors  on 
dtm:indv  pir  un  gcfie  intcrrogatjf ,  lequel  des  trois} 

Ce  même  mot  au  milieu  d'une  phrafe ,  n'a  pas 
ordinairement  une  fignificatioo  ditTérente  de  lorf- 
que ;  mais  il  faut  lui  donner  un  figne  diiTérent 
afin  que  les  fourds  &  muets  au?tquels  on  dlftc* 
ne  fe  trompent    pas  (ur  celui  des  deux    qu'on 
veut  qu'ils  choifiuent. 

On  fait  donc  le  fignc  de  paffé  ,  préfent ,  futur 
comme  ci-defiiis  ,  &  on  met  le  d  igt  fur  celuj 
de  ces  troi^  temps  dont  an  parle. 

O0t 


292 


MUE 


Ou  fans  accent.  On  préfente  deux  chofes  à  quel- 
qu'un ,  &  on  lui  dit  :  prener^  l'une  ou  Vautre ,  mais 
non  toutes  Us  deux ,  regardez  &  choififTez. 

Où  ,  avec  un  accent  &  interrogatif ,  fignifie  en 
quel  lieu  ?  Les  deux  premiers  mots  ont  été  ci- 
deflus  expliqués  par  fignes  ;  on  montre  enfuite 
différens  lieux. 

Oà ,  avec  accent  &  non  interrogatif ,  (lénifie 
dans  lequel^  ou  auquel.  Ces  mots  ont  été  fufn&m- 
ment  expliqués. 

Ni,  Ce  mot  s'exécute  par  fignes ,  en  faifant  en 
même  temps  avec  les  deux  mains  le  figne  de  né- 
gation. 

Comment  on  fait  rendre  compte  aux  fourds  6*  muets 
de  tout  ce  qu'on  a  expliqué  jujquâ  préfent. 

On  a  de  la  peine  à  fe  perfuader  que  des  fourds 
&  muets  faififTent  toutes  les  différences  grammati- 
cale s  qu'on  a  expliquées  jufqu'ici ,  &  qu'ils  retien- 


MUE 

nent  très-exaftement  la  multiplicité  des  fignes  qui 
y  c<^rrâfpondcnt  :  on  demande  même  fi  cela  eft 
pofiiblc. 

Oui ,  fans  doute  ;  &  lorfqu'une  chofe  eft  faire  « 
il  n'efl  plus  queftion  de  demander  fi  elle  eft  pofll- 
ble.  Ab  aâu  ad  pojfe  valet  confecuth. 

Or,  c'efl  ce  que  peuvent  attefter  des  milliers  de 
perfonncs  de  t<5ut  état  qui  en  font  tous  les  jours 
témoins  oculaires. 

Il  y  a  dans  l'école  un  grand  carton,  qui  con^ 
tient  d'un  coté  les  noms  des  huit  fortes  de  mots 
qui  peuvent  entrer  dans  le  difcours ,  &  qui  ex* 
prime  à  qut:Ue  partie  de  l'oraifon  appartient  cha- 
cun des  mots  qu'on  juge  à  propos  de  préfenter 
aux  fourds  &  muets.  L'autre  câté  explique  pour- 
quoi le  mot  qu'on  a  prefenté  appartient  à  la  par* 
tie  du  difcours  dans  laquelle  on  l'a  placé. 

Voici  la  copie  de  ce  carton. 


PREMIER        TABLEAU 

qui  exprime  À  quelle  Partie  du  Difcours  un  tel  mot  appartient. 


Personne. 
du  Futur. 


I*.  Il   eft  (  ce  mot)  à  la  Première à  la  Seconde à  la  Troisième. 

a» du  Singulier du  Pluriel. 

3  .  Du  Présent.  . .  del'lMPARFAiT. . .  du  Parfait.  . .  du  Plusque-Parfait 

4*' De  VINDICATIF. . .  de  I'Impératif.  . .  du  Subjonctif. 

5**^  De  ***  qui  eft  un  Verbe  .^ctif Passif Neutre  ,  c'ellà-dire ,  ni  A6Kf  ni  PaflSf. 

en  er.  en  ir.  en  oir.  en  re. 

6*>.  De  laPREMifekE.  de  la  Seconde,  de  la  Troisième,  de  la  Quatrième  Conjugaison. 

f\  Il  eft  au  Présent,  au  Parfait  de  TInfinitif  j  p^JJ-p  (  de  ***  qui  eft  un  Verbe,  &c' 

Hzne  6. 
C'eft^  le  PfiKSENT.  le  Parfait,  du  Participe  Actif  dt  ***  qui  eft  un  Verbe ,  &c.  ligne  6. 
C'oft  le  Présent,  le  Parfait  du  Participe  passif  de  ***  qui  eft  un  Verbe  ,  &:c.  ligne  6. 


8'* 
9^^ 


11 
11" 


I0''.li  eflauNOMIN.  auGÉNIT.   auDATIF.  àTACCUSAT.  au VOCAT.  àl'ABLAT.  <  pjy^^j*   ^*   i 

De  ''**  qui  eft  un  Nom  Substantif  MafcuUn ...  de  ***  qui  eft  un  Nom  Substantif  Fém. 
Ilcftriu  N.OMiNATiF.  GÉNITIF.  Dat.  Accusat.  Vocat.  Ablat.  ) pJuf^/^'^féminin.*  ( 
De  ***  qui  eft  un  N;)m  Adjectif. 

Il eil  au  Nominatif.  Génitif.  Dat.  Accusât.  Vocat.  Ablat.  ^pj^rie/  féminin.  \ 
De  ♦•qui  eil  un  PrOxMOm.  Personnel.  Interrogatif.  Relatif.  Démonstratif. 


13 
14 

M 

Possessif. 

s()\  Ccftune  Particule,  c'eft-à-dire,  un  petit  mot  nui  tient  lieu  de  pronom. 

17  .  C'cft  le  CoMPAR.vn^  de  "**  qui  eft  un  Nom  Adjeilif. . . .  C'eft  le  Comparatif  de  *♦*  qoi 
eft  un  Adverbe. 

18°.  C'cft  le  Superlatif  de  *♦*  qui  eft  un  Nom  Adjeaif. . .  Ceft  le  Superlatif  de  •**  qui 
eft  un  Advcrbi^. 

19°.  Ceft  un  '  dverbe  ,  c'eft.  à-dire,  une  Adjeûif  qu'on  joint  à  un  Verbe  ,  &  qui  n'a  point  de 
Cas  ,  ni  de  Nombre  ,  ni  de  Genre. 

ao\  Ceft  une  Conjonction  ,  c'eft-à-dire,  utie  Patti4ule  Indéclinable  qui  fert  à  lier  les  diffé- 
rente- r^arties  d  uhe  Phrafe.  •      ; 
'  aï",  Ceft  une  PR.  position  i  c'eft-à-dire ,  une  Pfcrticule  iiuléclicablc  qui  fe  trouve  avant  les 
mots  qu'crto  ttgît.   . 


MUE  MUE  293 

Diaprés  ce  premier  Tableau,  le  Sourd  &  Muet  tenant  fa  baguette  à  la  main ,  fi  on  lui  préfente  ces 
mots  :  Nous  avions  compris ,  il  mettra  fa  baguette ,  N°.  i ,  fur  ces  mots  la  Première. .  ,perfonne  :  N".  2  , 
iax  ce  mot ,  Plur'ul  :  N  '.  3  ,  fur  ce  mot  Plufque- Parfait  :  N".  4  ,  fur  ce  mot  Indicatif  :  N®.  5  ,  ftrr  ces 
mots  Ferke  aBif:  N*.  6  ,  enfin  fur  ces  mots  Quatrième  conjugal  fan» 

Enfuice  il  retournera  fon  Carton  du  côté  du  fécond  Tableau  »  qui  exprime  pourquoi  un  tel  mot 
appartient  à  telle  partie  du  Difcours.         ' 


SECOND        TABLEAU 

qui   exprime  pourquoi  un  tel  mot   appartient  à   telle  Partie   du   Difcours. 

1*.  Il  (ce  mot  J  eft  à  la  Première  Personne.  . .  Parce  que   c'eft  de  moi-même  que  je  parle. 

a^  H  cfl  à  la  Seconde  Personne Parce  que  c'eft  à  elle  que  je  parle. 

3*.  Il  eft  à  la  Troisième  Personne Parce  que  c'eft  d'elle  dont  je  parle. 

4*.  II  eft  au  Singulier.      . .  P^rce  que  je  parle  d'une  feule  perfonne  ou  d'une  feule  chofe. 

5*.  Il  eft  au  Pluriel Parce  que  je  parle  de  phifisurs  perfonnesou  de  plufieurs  chofes. 

6**.  Il  eft  au  Présent.    Parce  que  je  parle  d'une  chofe  préfente. 

7**.  Il  eft  à  rLMPARFAiT Parce  que  je  parle  d*une  chofe  nouvellement  paiTée,  ou  repré- 

fentée  comme  telle  par  l'arrangement  du  Difcours. 

8".  Il  eft  au  Parfait Parce  que  je  parle  d  une  chofe  paffée. 

^^  Il  eft  au  Plusque-Parfait  Parce  que  je  parle  d'une  chofe  qui  étoit  paffée  avant  une  autre 

qui  s'eft  paftée  depuis. 

lo^  Il  eft  au  Futur Parce  que  je  parle  d  une  chofe  future. 

1I^  Il  eft  à  riNDiCATiF Parce  que  je  parle   direftcment,  &  fans  liaifdn  d'un  Verbe 

avec  un  autre  Verbe. 

ta*.  Il  eft  à  riMPÉRATiF Parce  que  je  parle  d*un  commandement  ou  d*une  prière. 

13^  Il  eft  au  Subjonctif Parce  que  je  parle  indireâemem  »  &  que  je  joins  un  Verbe 

avec  un  autre  Verbe. 

^4°.  Il  eft  à  l'AcTiP Parce  que  je  parle  d'un  fujet  agîffant. 

15**.  Il  eft  au  Passif Parce  que  je  parle  non  d'un  fujet  agîflant,  ivais  d'un  fojet 

fur  lequel  on  agir. 

i6*.  Deft  à  TInfinitif Parce  que  je  parle  fans  défigner  aucune  perfonne,  ni  aucun 

nombre. 
17*.  Il  eft  au  Présent  de  I'Infinitif.  . .  Parce  que. . .  (  voyez  ligne  6.  )  . . .  Il  eft  au  Parfait 

de  I'Infinitif.  . .    Parce  que  (  voy^z  ligne  8.  ) 
iff*.  Il  eft  appelé  Participe.  . .  Parce  qu'il  tient  du  Verbe  &  du  Nom.  Il  a  un  régime  comme 

les  Verbes,  mais  il  s'applique  furies  Noms  Subftantifs  comme  les  Noms  Adjeftifs. 
i9«.  II  eft  au  Présent  du  Participe.  . .  Parce  que. . .  (  voyez  li^ne  6,  ). . .  Il  eft  au  Parfait 
du  Participe.  . .  Parce  que. . .  (  voyez  ligne  8.  ) 

«O*.  Il  eft  l'AcTlF Parce  que  . . .  (  voyez  ligne  14.  ) 

ai*.  Il  eft  au  Nominatif.  . . .  Parce  qu'il  commence  la  phrafe  ,  &  fe  rapporte  à  un  Verbe  qui 

doit  parler  de  lui. 

32®.  Il  eft  au  GÉNITIF Parce  qu'il  eft  enue  deux  Noms  Subftantifs  ,  dont  le  fécond  , 

exprimé  par  un  de  ,  forme  le  Gétiitif. 

23*.  Il  eft  au  Datif Parce  que  a^au^  aux ,  eft  le  cara«flère  du  Datif. 

a4«.  Jl  eft  à  I'Accusatif Parce  qu'il  eft  le  régime  d'un  Verbe  ou  d'une  Prépofition  qui 

gouverne  l'Accufatif. 

2Ç*.  Il  eft  au  Vocatif Parce  que  je  lui  adrcffe  la  parole. 

26'.  Il  eft  à  TAblatif Parce  qu'il  fc  trouve  apréi  un  Verbe  Paffif,  ou  une  Prépofition 

qui  gouverne  l'Ablatif. 

Le  Sourd  &  Muet  qui,  d'après  ce  fccond  Tableau  ,  doit  continuer  de  rendre  compte  de  ces 
paroles  :  Nous  avions  compris  ^  dont  on  lui  a  demandé  de  faire  les  parties,  promènera  fa  baguette 
fur  le  N**.  1 ,  flir  le  5  ,  fur  le  9 ,  fur  le  11  &  fur  le  14. 


294 


MUE 


En  voyant  cette  opération,  pourra- 1- on  encore 
s^lmaglner  que  le  (burd  &  muet  n*a  point  faift  la 
différence  de  la  pofition  grammaticale  du  mot 
qu*on  lui  a  préfenté ,  d^avec  toutes  les  autres  qui 
appartiennent  au  même  verbe  ?  Mais  il  fera  en 
état  de  faire  la  même  chofe  de  toute  autre  per- 
fonne,  de  tout  autre  nombre  ,  de  tout  autre 
temps  j  de  tout  autre  mode ,  &  de  quelque  con- 
jugaifon  que  ce  foit. 

CeA  cette  opération  qui  a  convaincu  plufieurs 
académiciens  &  des  favans  de  tous  pays ,  que  les 
fourds  &  muets  entendoient  parfaitement  la  mé- 
taphyrioue  des  verbes ,  &  qu'ils  étoient  capables 
d'inAruftion  aufll  bien  que  ceux  qui  entendent 
&  qui  parlent. 

Les  réponfes  à  deux  cents  quefiions  en  trois  lan- 
gues différentes  ,  (  ce  aui  fait  en  tout  fix  cents ,  ) 
dans  des  exercices  publics ,  en  préfence  de  Son 
Excellence  Monseigneur  le  Nonce,  ou 
Pape  ,  &  de  quelques-uns  de  fes  illufires  confrè- 
res dans  Tépifcopat ,  ne  paroiffenr  point  à  nos 
favans  a'uill  convaincantes  >  parce  qu*clles  pou- 
Toicnt  être  Teffet  de  la  mémoire ,  fans  être  ac- 
compagnées de  rintelligence. 

De  la  fécondité  des  fignes  méthodiques  diaprés  le 
fgne  de  V infinitif  d'un  verbe. 

Une  même  opération  ou  difpofition  de  Fefprit , 
ou  du  cœur ,  ou  du  corps ,  &c.  peut  s'exprimer , 
tantôt  par  un  verbe ,  tantôt  par  un  nom ,  foit 
fubAantif  ,  foit  adjcâif,  &  quelquefois  par  un 
adverbe. 

Puifqne  cXl  la  même  opération  ou  difpofition  , 
il  faut  néceffaircment  un  même  figne  radical  au- 
quel on  ajoute  d*autres  fignes  qui  indiquent  pour 
les  verbes  la  différence  de  leurs  perfonnes,  de 
leurs  nombres ,  de  leurs  temps  &  de  leurs  mo- 
des ;  &  pour  les  noms,  foit  lubftantife ,  foit  ai- 
jeûifs ,  cîlle  de  leurs  cas ,  de  leurs  nombres  86 
de  leurs  gunres,  qui  enfin  caraôérifent  les  noms 
adjeâifs  lubfiantiiiés  ou  advetbifiés. 

Ce  ffgne  radical  eft  celui  de  Tinfinitif  du  verbe. 
J'en  donne  pour  exemple  1^  verbe  cimer  dans  tou- 
tes fes  parties,  foi:  aftives  ,  foit  paffives,  &  toMS 
les  mots  qui  en  dérivant  ;  favoir,  VamitiJ ,  l'a- 
mour ,  aimé ,  aimée  ,  aimable  ,  amabilité  ,  ami  , 
amie  ,  amiahlement ,  amical ,  amicalement ,  amateur» 

Tons  ces  mots  ont  le  même  figne  radical»  qui 
€ft  le  préfcnt  de  Tintinitif  du  verbe  aimer.  Il  s'exé- 
cute en  regardant  Tobjet  dont  il  s'agit,  &  mettant 
fortement  fa  main  droite  fur  fa  bouche  ,  pendant 

Î|uc  la  gauche  eft  fur  le  cœur  :  on  rapporte  en- 
uite  la  main  droite  avec  une  nouvelle  force  fur  le 
cœur,  conjointement  avec  la  main  gauche,  &  on 
ajouts  le  figne  de  l'inânitif. 

Il  ne  faut  pas  que  le  fourd  &  muet  à  qui  Ton 
diâe  une  leçon  ou  une  lettre ,  fe  trompe  dans  le 
choix  d'aucun  de  ces  mots  ,  qui  font  au  nombre 
de  plus  de  deux  cent  quarante ,  en  y  comprenant 
ftutes  les  peribauoc  »  les  nombres ,  les  temps  & 


MUE 

les  modes  du  verbe  aftif  &  du  verbe  pafllf ,  les 
cas  ,  les  nombres  &  les  genres  des  noms  fubftan- 
tifs  &  adjeâifs  ,  &  les  adverbes. 

S*il  s*agit  de  quelque  partie  du  verbe ,  on  fait 
d'abord  le  figne  du  pronom  perfonnel ,  qui  emporte 
avec  lui-même  celui  du  nombre,  enfuite  le  figne 
radical ,  &  les  fignes  de  temps  &  de  mode ,  félon 
l'exigence  du  mot  dont  il  s'agit. 

Quand  le  verbe  eft  à  1'^^// ,  il  n'eft  pas  nécef- 
faire  d'en  avertir  ;  mais  lorfqu'il  eft  au  pafTif ,  il 
faut  abfolument  en  faire  le  figne ,  que  nous  avons 
indiqué  ci-devant. 

Si  je  veux  diâer  X amitié ,  je  fais  d'abord  le  figne 
d'apoftrophe,  en  le  traçant  en  l'air  avec  mon 
doigt ,  &  le  figne  de  l'article  qui  Taccomoagne. 
Je  tais  enfuite  le  figne  radical ,  &  c'en  eft  affcz 
pour  faire  comprendre  que  c'eft  ce  nom  fubftan- 
tif  que  je  demande. 

Si  c'eft  V amour  que  je  veux  faire  écrire ,  fe  fais 
les  mêmes  fignes  que  pour  l'amitié ,  mais  j'y  ajoute 
une  plus  grande  aâivité ,  tant  fur  la  bouche  qne 
fur  le  cœur ,  parce  que  l'amour  eft  plus  ardent 
que  ï amitié ,  (  même  dans  le  fens  de  religion  , 
dans  lequel  nous  le  prenons  toujours  ). 

Ces  deux  mots  aimé  &  aimée  font  deux  adjec- 
tifs, l'un  au  mafculin  ,  l'autre  au  féminin:  il  £iut 
ajouter  l'un  de  ces  deux  fignes  au  figne  radical 
&  au  figne  d'adjeâif. 

£ft-il  queftion  de  ce  mot  aimable  i  Je  £iis  le 
figne  radical ,  enfuite  le  figne  d'adjeâif  ;  nuûs 
comme  c'eft  un  adjeftif  qui  fe  termine  en  éUe  , 
&  qui  dérive  d'un  verbe ,  il  faut  ajouter  à  ce  figœ 
celui  de  poffible  ou  de  néceffaire,  comme  no«s 
l'avons  obfervé. 

En  fubftantifiant  cet  adjeâif  (  comme  nom  l'a- 
vons dit ,  ci  devant  )  cela  fait  amabilué. 

Le  terme  à^ami  eft  corrélatif  :  il  fupp<^  deoz 
perfonnes  qui  ont  de  l'amitié  l'une  pour  Tautre. 
Si  je  fuis  moi-même  un  des  deux  amis ,  Je  UM 
montre  moi-même  &  je  fais  le  figne  radical  :  j*in- 
dique  enfuite  du  bout  du  doigt  la  perfonne  qui 
eft  mon  ami ,  ou  fon  nom.  Après  cela ,  je  bis 
une  féconde  fois  le  figne  radical ,  en  retournant 
le  bout  de  mon  doigt  vers  moi-même ,  pour  nK>ii- 
trer  que  Tamidé  de  cette  perfonne  fe  rapporte  à 
moi ,  comme  mon  amitié  fe  rapporte  à  elle. 

S'agit- il  de  ce  mot  amiablement  i  Je  fais  le  Aime 
radical  &  le  figne  d'adjeaif  (  poffible  ou  oèceSii- 
re ,  félon  le  lens  de  la  phrafe  ) ,  j'y  joins  un 
figne  qui  annonce  qu'il  n'y  a  pas  de  conteftation  : 
après  cela  j'ap.  orte  ma  main  fur  mon  côté  droit  » 
pour  faire  entendre  que  c'eft  un  adjeâif  adver- 
bifié. 

Faut-îl  difter  ce  mot  amical  ?  Je  fais  le  figne 
radical ,  j'y  joins  un  fouris  gracieux,  &  quelques 
petits  foiiinets  d*amitié  que  je  donne  à  un  enfant , 
&  enfuite  le  figne  d'adjedif.  En  faifant  les  mêmes 
fignes ,  &  y  ajoutant  le  figne  d*adverbe  »  cela  fiiit 
amicalement. 
V amateur  eft  un  homme  qui  fe  conaojcmfcir 


MUE 

*  tare  ou  en  fculpfure,  ou»  &c.  &  qui  fe  plait  à  en 
▼oir.  Je  montre  les  objets  aimés  ,  &  je  fais  le 
figne  radical. 

Ce  que  je  viens  de  dire  peut  s'appliquer  égale- 
ment à  tous  les  infinitifs  des  verbes  ,  oc  aux  mots 
qui  en  dérivent. 

Comment  on  peut  expliquer  aux  fourds  &  muets  les 
opérations  fpirituellcs  ,  qui  font  l'objet  de  la 
logique, 

D*après  ce  qu  on  vient  de  lire  dans  les  deux 
chapitres  précédens,  il  cil  aifé  de  comprendre 
qu*avcc  les  fourds  &  muets  je  n*ai  point  à  crain- 
dre quMs  confondent  Tune  avec  l'autre  aucune 
des  parties  qui  entrent  dans  le  dlfcours. 

Il  me  fuffit  de  donner  par  Agnes  à  chaque  mot 
la  figiSification  qui  lui  eft  propre,  pour  qu'ils  le 
placent  d'eux-mêmes  dans  la  café  oui  lui  con- 
vient. (  Ceft  ce  que  ne  pourroient  taire  la  très- 
grande  panie  de  ceux  qui  n'ont  pas  fait  leurs  étu* 
des  )•  Ils  font  donc  en  état  de  nous  fuivre  dans 
tout  ce  que  nous  leur  propofons  clairement  & 
méthodiquement. 

Voici  de  quelle  manière  nous  leur  expliquons 
les  opérations  fpirituelles  ,  qui  font  le  premier 
ot^et  de  h  logique. 

le  regarde  avec  attention  les  différens  rayons 
de  ma  bibliothèque ,  &  les  figures  &  les  globes 
qui  font  placés  au-deflus  des  tablettes  fupérieu- 
tes ,  &  j'y  fixe  pareillement  l'attention  de  nos 
fbards  &  muets.  Énfutte  fermant  les  yeux  &  ne 
voyant  plus  extérieurement  aucun  de  ces  objets  » 
fcn  retrace  cependant  la  hauteur  &  la  largeur  , 
ks  différent  figures  &  leurs  pofitions. 

Je  fais  obferver  plufieurs  fois  de  fuite  >  que  ce 
ne  (bot  plus  les  yeux  de  mon  corps  qui  les  apcr- 
{oîvent,  maïs  que  je  les  vois  d'une  autre  ma- 
nière ,  comme  s'il  y  avoit  deux  ouvertures  au 
milieu  de  mon  front ,  par  lefquelles  ces  objets 
vinffent  encore  fe  peindre  dans  ma  tète ,  mes 
yeux  étant  fermés. 

Voilà  ce  que  j'appelle  voir  par  Us  yeux  de  Vef- 
prit^  &  il  n'eft  aucun  fourd  &  muet  qui  n'en 
b&  fur  le  champ  l'épreuve  au  dedans  de  lui-mê- 
me :  bientôt  ils  le  plaifent  à  la  multiplier  &  à  la 
diverfifier. 

Ceft  dans  Paris ,  &  chez  mol ,  que  je  donne 
mes  leçons,  mais  je  me  tranfporte  en  efprit  à 
veriâilles  (  ma  patrie  )  ,  où  j'ai  fait  venir  les  trois 
plus  ancie<ines  de  nos  fourdcs  &  muettes,  pour 
y  pafler  huit  jours  de  fuite.  Elles  y  font  aufli-tôt 
que  moi ,  &  fe  rappellent  toujours  avec  un  nou- 
veau plaifir  le  fèjour  qu'elles  y  ont  fait. 

Je  monte  en  efpiit  au  châieau  ,  &  je  retrace  , 
autant  que  je  le  pu;S ,  le  gr^ind  cfcalier  &  les  pre- 
miers appartemens  :  àuffi-tôt  les  fourdes  &  muet-  ' 
tes  continuent  le  tableau ,  mnis  Air-tout  celui  de 
la  galerie  ,  qui  les  a  tellement  faiA^îs  d'admira- 
tion,  qu'elle^  ont  changé  (  toutes  trois)  de  cou- 
leur en  y  entrant. 


MUE 


295 


Nous  defcendons  enfuitc  en  efprit  dam  le  Parc. 
Elles  vont  de  bofquet  en  bofquet ,  &  n'oublient 
pas  les  effets  des  eaux ,  dent  elles  ont  é:é  étran- 
gement furprifos. 

Je  leur  fais  obferver  que  ce  ne  font  plus  hs 
yeux  de  leur  corps  qui  voient  ces  dlflfércns  objets  : 
leur  corps  n'a  point  changé  de  place  ;  il  cfl  vis- 
à-vis  de  la  table  fur  laquelle  nous  écrivons  :  c'efl 
aux  yeux  de  leur  efprit  qu'ils  font  préîeiis,  com- 
me A  elles  les  voyoient  encore,  &  je  leur  dis 
que  la  peinture  intérieure  qui  fait  Tobjct  ..c  leur 
amufemcnt ,  eft  ce  que  nous  appelons  une  iJJe  , 
ou  la  repréfentaùon  d'un  objet  dans  Vefprit. 

Vous  avez  maintenant  dans  Tefprit ,  leur  dis-je 
encore,  l'idée  du  château  de  Verfailles ,  l'idée 
des  appartemens ,  l'idée  des  bofquets ,  &c.  Tou- 
tes ces  chofes  font  matérielles  &  fenfibles  ;  vous 
les  avez  vues  de  vos  yeux ,  mais  ce  qui  vous  les 
repréfenre  maintenant  au- dedans  de  voui-mcnics  , 
eft  ce  que  nous  appelons  vone  imagination. 

Vous  avez  vu  qu'il  vous  a  fallu  deux  heures 
&  demie  pour  vous  tranfpcrter  de  Paris  â  Ver- 
failles  ,  &  pluficur^  jours  de  fui^e  pour  vous 
amener  de  Lyon  à  Paris.  Votre  corps  ne  peut 
aller  plus  vire  ;  mais  auffi-iot  qu'il  vous  p'ait  , 
votre  efprit  fe  promène  dans  les  jardins  de  Ver- 
failles,  ou  fur  les  bords  du  rhone ,  pendant  qie 
ce  même  corps  cft  adls  fur  \\n  Aé£;e,  ou  oii'îl 
marche  dans  les  rues  de  Paris  ;  voilà  ce  qui  s'a;î- 

[)clle  penfer  :  vous  pcnCi  aux  beautés  de  Verf.tîi- 
es  ;  vous  penfez  au  fleuve  qui  coule  dans  la 
ville  de   Lyon. 

Vous  dites  en  vous-mêmes  ,  que  le  parc  de 
Verfailles  e(l  beau  :  voilà  ce  que  nous  ap^;clons 
un  jugement.  Il  renferme  deux  idées  :  vous  avez 
l'idée  du  parc  &  l'idée  de  beauté  ;  vrws  ks  unif- 
fez  enfemble  par  un  oui  intérieur  :  c'cft  ce  que 
nous  appelons  un  jugement  affirmatif-,  au  contrai- 
re ,  vous  dites  en  vous-mêmes  que  le  boulevart 
de  la  porte  Saint-Manin  n'eft  pas  beau  :  voilà 
encore  deux  idées,  l'idée  de  boiiicvart  &  l'idée 
de  beauté  ;  mais  vous  les  séparez  par  un  non  inté- 
rieur :  c'cft  ce  que  nous  appelons  un  juiymcnt 
négatif  y  &  lorfque  vous  écrivez  fur  la  table  ce 
que  vous  avez  penfè  en  vous-mimes ,  c'eil  ce  que 
nous  appelons  une  propofîtion  affirmative ,  ou  um 
propofition  négativ:. 

je  vous  demande  A  vous  voulez  retourner  à 
Verfailles,  ou  il  m'a  paru  que  vous  vous  plaifipz 
beaucoup,  &  y  demeurer  toujours:  vous  me  ré» 
pondez  que  vous  le  voulez  bien ,  pourvu  que  j  y 
aille  aufTi  moi-môme  8c  que  j'y  relie. 

Je  vous  demande  pourquoi  vous  y  mettez  cette 
condition  ,  Si  vous  me  répondez  que  c'eft 
parce  qu'il  n'y  a  perfonne  à  Verfailles  qui  inf- 
truife  les  fourds  &  muets  :  voilà  ce  que  nous 
appelons  un  ruifonnemcnt. 

Il  renferme  plufieurs  idées,  que  vous  conn.v 
rez  les  unes  avec  les  autres  de.  ccrre  manlôrc  : 
VerAiiUes  eit  tm  beau  lieu  ;  j'aime  Verftiltcs  :  je 


2ç6 


MUE 


voudrois  y  demeurer  ;  mais  je  ne  trouverols  poînt 
d'inftruftion  des  fourds  6i  muets  à  Verfa  lies  : 
Taime  mieux  mon  inltruélion  que  les  beautés  de 
Verfailles  ;  je  ne  veux  donc  point  y  demeurer ,  fi 
celui  qui  nous  inftruit  n*y  vient  point  auffi  &  n'y 
demeure  pas. 

La  peniéc  &i  Tamour ,  difons-nous  aux  fourds 
&  muets ,  ne  font  pas  la  même  chofe.  Vous  pen- 
fez  quelquefois  à  des  chofes  que  vous  n*aimez  pas , 
&  qu*au  contraire  vous  haiifcrz.  Vous  penfez  à  la 
pareiTe ,  à  la  défobéiflancc ,  à  la  gourmandife  , 
que  vous  apercerez  dans  quelque  jeune  perfon- 
ne ,  &  vous  n*aimez  aucune  de  ces  trois  chofes  : 
ce  qui  penfc  au- dedans  de  nous-mêmes  s*appelle 
notre  cjprit  :  ce  qui  aime  s'appelle  notre  cceur ,  & 
la  réunion  de  l'un  &  de  l'autre  s'appelle  notre  amc. 

L'idée  d'une  ame  qui  pcnfe  &  oui  raifonne  >  fe 
préfente  à  notre  efprit  fans  aucune  tbrme  ni  aucune 
couleur  :  nous  appelons  cette  idée  une  fimpU 
perception. 

Vous  avez  donc  un  corps  &  une  ame  ;  un  corps 

S[ui  mange,  qui  boit,  qv^ dort, qui  marche  &qui 
e  repole  ;  &  une  ame  ^ui  pcnfe,  qui  juge  & 
qui  raifonne.  Votre  ame  ne  p;;ut  ni  manger ,  ni 
boire,  &c.  ;  votre  corps  ne  peut  ni  penfer,  ni 
juger,  ni  raifonncr. 

Ces  opérations ,  comme  on  1^  voit ,  font  vrai- 
ment fimples ,  &  les  fourds  &  muets  les  faififlent 
avec  autant  de  facilité  que  d'empreflemenr. 

Comment  on  fait  entend/^  aux  fourds  &  muets  Us 
premières  vérités  de  la  religion. 

Dés  qut  la  diflinAion  de  Tame  d'avec  le  corps 
eft  clairement  établie ,  comme  on  vient  de  le  faire 
dans  le  chapitre  précédent ,  l'ame  des  fourds  & 
muets ,  due  ment  avertie  de  fa  fupériorité  &  de  fa 
nobleife,  hi  qui  la  diflingue  des  bêtes ^  qui  ne 
penfent  &  ne  raifonnent  point ,  ne  demande  plus 
qu'à  nous  fuivre  par-tout  où  nous  voudrons  la 
conduire  :  elle  vole  dans  le  ciel ,  revient  fur  la 
terre ,  &  defccnd  dans  les  abymes  avec  autant  de 
facilité  que  la  nôtre. 

Ils  ont  vu  de  leurs  yeux  qu'une  maifon  ne  fe 
bâtiflbit  pas  toute  feule  y  &  qu'une  montre  ne 
pouvoit  le  faire  elle-même  ;  ils  ont  admiré  cette 
petite  machine  ,  &  ont  dit ,  fans  qu'on  le  leur  fug- 

férât ,  qu'il  avoit  fallu  beaucoup  d*efprit  pour 
inventer. 
Mais  lorfque  nous  leur  montrons  fur  une  fphére 
artificielle  les  mouvemens  périodiques  de  la  terre 
&  des  planètes  autour  du  foleil,  &  qu'-ils  en 
voient  enfnite  l'exécution  en  petit  dans  la  favante 
horloge  de  M.  Paffemant ,  c'eft  alors  que  leur  ame 
s'étend  &  s'élève  avec  des  fentimens  de  joie  & 
d'admiration ,  que  toutes  nos  expreflions  ne  peu- 
vent rendre  :  bientôt  leur  furprile  tient  de  l'exta- 
fe,  lorfque  montant  jufou'aux  étoiles  fixes  ,  nous 
jeur  annonçons  quelle  eft  leur  diflance  de  la  terre 
(JL  leur  èloignement  les  unes  des  autres. 
ÇjA  alors  qu'ils  comprcanent  qu'une  machine 


MUE 

aufTi  prodigieufement  immenfe ,  &  qui  renferme 
tant  de  beautés  plus  ravivantes  les  unes  que  les 
autres,  ne  peut  être  lefFet  que  d'une  puiflance 
infinie. 

lîs  voient  &  comprennent  l'ufage  que  les  arti- 
fans  font  de  leurs  outils  pour  la  fabrication  de 
leurs  ouvrages  ;  mais  il  n'efi  pas  néceflfaire  de  leur 
dire  qu'il  a  été  impo^Tible  d'en  employer  aucun 
;  our  la  fabrication  de  Tunivers. 

Si  nous  leur  écrivons  que  celui  qui  a  fait 
toutes  ces  chofes  n'a  ni  corps  ,  ni  figure ,  ni  cou- 
leur ,  &  qu'il  ne  peut  tomber  fous  nos  fens ,  à 
peine  d^gnentils  fixer  leurs  yeux  fur  cette  propo* 
fition ,  parce  que  leur  bon  fens  leur  difte  qu'il  efi 
impofiîble  de  concevoir  en  lui  des  yeux ,  des  oreil- 
les ,  des  pieds  &  des  mains. 

Cefl  ce  que  nous  appelons  être  un  pur  efprit  ,' 
dont  les  opérations  ne  peuvent  être  empêchées  ou 
retarwiées  comme  les  nôtres  le  font  par  la  pefan* 
teur  de  nos  corps. 

Il  eA  temps  alors  de  leur  annoncer  que  celu^ 
dont  les  ouvrages  les  tranfportent  d'étonnement  , 
eflle  Dieu  devant  lequel  nous  nous  profternons, 
que  c'eft  un  efprit  éternel ,  indépendant ,  immua- 
ble 9  infini ,  qui  eft  préfent  par-tout,  qui  voit-tour, 
qui  peut  tout ,  qui  a  créé  toutes  chofes ,  &  qui  les 
gouverne  toutes. 

Il  ne  s'agit  point  ici  de  courir  à  grands  pas  ; 
mais  fi  les  démarches  font  lentes,  on  eft  bien 
dédommagé  de  fa  patience  par  les  nuances  fuc- 
cefllves  de  refpefl  envers  Dieu ,  dont  on  aper- 

Îfoit  le  progrès  dans  le  coeur  de  ces  jeunes  per- 
bones ,  &  qui  eft  ordinairement  proportionné  aux 
connoiflances  qu'elles  acquièrent. 

Donnons  fi^ulement  un  échantillon  de  la  manière 
de  procéder  dans  l'explication  de  ces  propriétés 
divines. 

Vous  n'avez  point  toujours  été  dans  ce  monde  i 
difons-nous  aux  fourds  &  muets  ;  vous  n'exifticz 
pas  il  y  a  trente  ans  ;  vous  êtes  venu  au  monde 
comme  tous  les  enfans ,  dont  vous  apprenez  tous 
les  jours  la  naiflance  :  votre  père  étoit  avant  vont 
votre  grand-père  étoit  plus  ancien  :  votre  biCaîeol 
&  votre  trifaïeul  l'étoieat  encore  davantage  ;  cha* 
cun  d'eux,  à  fon  tour  «  a  eu  fon  commencement  : 
c'eft  Dieu  qui  les  a  formes  dans  le  fein  de  lenn 
mères  ,  &  alors  ils  ont  commencé  d'exifter  :  il  en 
a  été  de  même  de  tous  les  autres  hommes  qui  font 
nés  &  qui  font  mons  depuis  le  commencement  du 
monde  ;  mais  celui  qui  forme  tous  les  autres ,  n*a 
pu  être  formé  par  aucun  autre  qui  fût  plus  ancien 
que  lui  :  il  n'a  donc  point  eu  de  commencement» 

Ce  n'eft  pas  tout  :  vos  pères  &  grands-pères  ,* 
bifaïeuls  &  trifaïeuls  font  morts  :  vous  monrre? 
aufti  quand  il  plaira  à  Dieu  :  ils  ont  eu  une  fin 
dans  ce  monde  ;  vous  en  aurez  pareillement  unn 
lorfque  vous  mourrez  :  on  a  mis  leurs  corps  dans 
la  terre  lorfque  leur  ame  s'en  eft  féparéc  ;  on  y 
mettra  aufli  le  vôtre.  Mais  Dieu  ne  mourra  poim  : 

«1 


M  0  E 

tlo*aura  |amaîs  de  fin  :  il  a  toujours  ètè  &  SI  fera 
tODJours  ;  voiîà  ce  que  fignîtie  ce  mot  éternel. 

L*mdêpcnd2nce  &  les  autres  péri';:  fit  on  s  xi  e  Dieu 
s'expliquent  de  U  même  manière  ,  à  magis  nota  ad 
minus  noîum.  Il  ne  s'agit  pas  de  faire  des  démonf- 
trajîom  philofophiques  ou  tiiéologiqucs  ;  il  c{l  uni- 
^fDcm  qudlion  de  fe  faire  entendre  i  &  on  y 
llîr  par  cette  fi  m  pli  cité. 

lL:fqu*alors  ,  ft  on  écrivoit  fur  ta  table  le  nom  de 
Dieu  ,  les  fourds  &  muets  levoient  la  main  6c 
Oiontroient  le  ci;;]  ,  maisc'ctott  pour  eux  un  (igné 
f  ide  de  fcns  :  iU  en  conviennent ,  &  ne  ceiîent 
de  le  rèî^èter  ;  il  faut  du  moins  favoir  que  Ton  a 
une  ame ,  &  que  le  rideau  qui  la  cache  elle  môme 
à  elle-même ,  loit  tiré  avant  qu'elle  puifle  découvrir 
le  fceau  de  la  divinité,  qui  ed  naturellement  ein 
prctnt  en  elle  d'une  manière  Ineffaçable.  Mainte- 
caat  ib  comprennent  que  la  louange ,  Tadora- 
lion»  raâîon  de  grâces  fui  font  dues. 

Ce  que  nous  fatfons  dans  nos  temples  n'eft  plus 
ï  leurs  yeux  un  fimpte  fpefïacle  «  te)  qu'ils  fe  le 
figurotent  :  ils  comprennent  que  nous  y  deman- 
dons ,  &  iU  y  demandent  avec  nous  tout  ce  qui 
mus  eft  nécciTaire  aux  wns  &  aux  autres ,  tant 
pour  rame  que  pour  le  corps. 

M^nlcre  d'apprendre  aux  fcards  &  muets  Us  myf^ 
lires  mimes  de  notre  religion* 

Voîcî  maintenant  de  quelle  manière  on  peut 
apprendre  aux  fourds  &  muets  les  myAères  mêmes 
oe  flocte  religion. 

Vous  exiliez,  leur  dîfons  nous,  vous  penfez  & 
TOUS  aimez*  Votre  eriftence  n'eft  point  votre  pen- 
fe.  Les  bères  exiftent  &  elles  ne  penfent  pas. 
Elle  n*eft  point  non  plus  votre  amour. 

Votre  penfêe  n'eft  point  non  plus  votre  amour  , 
ptûique  vous  penfez  quelquefois  à  des  chofes 
^uc  vous  n'aimez  pas  :  elle  n'eft  point  non  plus 
vocre  exiftencc,  Ennn  ,  votre  amour  n'eft  ni  votre 
aiflencc ,  ni  votre  penfèe. 

Voilà  donc  en  vous  trois  chofes  qui  font  dif- 
tiotuées  Tune  de  Tautre  ,  c'eft-à-dire  ,  que  Tune 
o'cS  pas  l'autre.  Vous  pouvez  penfer  à  Vv^nt  fans 
penfer  à  l'autre  ;  cependant  ces  trois  chofes  font 
infipiraWes,  &  font  chez  vous  un  feul  moi  qui 
eiifie,  qui  penfe  &  qui  aime  ;  c'eft  une  efpéce 
4'iiiiage ,  &L  comme  une  reftemblance  de  ce  qui 
cft  en  Dieu  :  c'cft  ce  qu'un  grand  évèque  du  der-" 
■fef  fiécle  (  BoJTuet  )  apptloit  une  trinité  créée, 
n  y  a  en  Dieu  trois  perfonnes,  le  Père,  le  Fils 
&  le  Saint-£fprit.  Le  Père  n'eft  point  le  Fils ,  il 
B*cft  pas  non  plus  le  Saint  Efprît. 

Le  Fils  n'eft  pouit  le  Père  ;  il  n*eft  pas  non  plus 
k  Saifit-Efprit. 

Enfin  le  Saint-Efprit  n*cft  ni  le  Père  ,  ni  le  Fils. 

Ces  trots  Perfonnes  font  diftingoées   l'une  de 

Vaxitre  f  c'eft-à-dirc,  que  Tune  n'eft  pas  l'auire, 

Vo«  tKmvez  penfer  à  Tune  fans  penfer  à  l'autre  : 

W|>tinlaiït  elles  font  inséparables  &  ne  font  qu'un 

Ans  &  Mmtrs^  Tome  K  PanU  /. 


MUE 


297 


fcul  Dieu;  un  feul  Eprit  èicrnel,  indépendant; 
immuable,  &c. 

Voilà  ce  que  nous  devons  croire,  parce  que 
notre  foi  nous  Tenfeignc;  &  après  que  nous  avons 
montré  cet  enfeigncmûnt  dans  les  divines  Ecritu- 
res ,  ceux  de  nos  fourds  &  muets  qui  ne  font 
plus  enfans  ,  récitent  avec 'goût  le  fymbole  de  faint 
Athanafe  tous  les  Dimancht^s  à  prime  ,  &  tiennent 
fermement  à  tous  les  :irticles  qu'il  ÊXpofe  fur  le 
myftére  de  la  fainte  Trinité. 

La  comparaifon  de  l'a  me  &  du  corps,  qui  eft 
un  feul  homme  ,  unus  cfl  homo  ,  comme  il  eft  dit 
dans  ce  même  Symbole ,  fert  à  leur  faire  enten* 
ÛTQ  que  Dieu  Ck  Thomme  efl  un  feuJ  /èfus- 
Chrift,  unus  eft  Chrtftus  ^  &  répand  un  jour  fur 
lei  vérités  faiiites  qui  font  les  fuites  nécetfaires 
de  cette  union  ineffable. 

Nous  mangeons ,  nous  buvons ,  nous  dormons  » 
nous  marchons  par  notre  corps  ;  nous  penfons  , 
nous  jugeons,  nous  raifonnons  par  notre  ame* 
iéfus-Chrift,  comme  Dieu,  eft  éternel,  indépen- 
dant, immuable,  &c.  Jéfus-Chrift ,  comme  hom- 
me, a  été  conçu,  il  eu  né,  il  a  fouffert ,  il  eft 
mort,  &c. 

Le  myftère  de  l'Euchariftie  s'explique  auffi  de 
la  nia*-^ière  qui  lui  eft  propre. 

Les  fourds  Se  muets  voient  de  leurs  yeux  que 
cinq  ou  fix  gouttes  d'eau  verfécs  dans  une  liqueur 
du  plus  beau  rouge  ,  la  changent  auftî  tôt  en 
blanc  ,  comme  ft  c'ètoit  du  lait  :  nous  leur  rappe- 
lons ce  qu'ils  ont  lu  dans  leur  ancien  teftamcnt  , 
que  la  verge  de  Moïfc  fut  changée  en  ferpent,8c 
que  les  eaux  d'un  grand  fteuve  furent  changées  eti 
fang  ;  &  ce  qu'ils  ont  vu  dans  Tcvangile  ,  que 
Jéfus-Chrift  par  fa  puiffaocc ,  changea  Teau  en  vin  , 
aux  noces  dt  Cana. 

Nous  leur  dlfcns  qu'un  changement  plus  mira- 
culeux encore  s'opère  fur  nos  autels  par  la  vertu 
toute-puiffanic  des  paroles  de  Jéfus-Chrift  ,  que 
le  prêtre  prononce  en  fon  nom.  Le  pain  &  le  via 
y  font  changés  au  corps  6c  au  fang  de  Jéfus-Chrift  ; 
c  eft  Jéfus-Chrift  lui-même  qui  Ta  dit  ;  c'eft  l'é- 
glifc  qui  nous  l'enfeigne  ;  nous  devons  le  croire  , 
quoique  nous  ne  le  comprenions  pas. 

D**iprè^  ces  exemples ,  on  conviendra  fans  doute 
quil  ell  polîible  de  faire  entendre  aux  fourds  & 
muets  les  myftères  de  notre  religion  ,  &  qu'ils 
^oivent  même  les  mieux  entendre  que  ceux  qui 
ne  les  ont  appris  que  dans  leurs  catèchlfines* 

Qull  neft  aucun  idée  mUûphyfique  à7nt  on  ne 
puijfe  donner  aux  fourds  O  muets  wie  cxplica* 
tion  très-claire  par  le  moyen  de  Carmlyfe ,  é"  avec 
le  fecours  des  fignts  méthodiques. 

Il  nVftpointdemotqmnefignifte  quelque chofe  , 
&  il  n'eft  point  de  chofe  qui  ne  puiffe  être  figat- 
fiée  très-clairement  par  un  ou  pluficurs  mots,  ibit 
qu'il  s'aeiftTe  d'une  chofe  dépendante  dts  fens,  ou 
d'une  Giiofe  qui  ea  fott  toulemenc  iudépea^. 
dant9« 


298 


MUE 


Dans  toute  largue  ,  il  n'cil  aucun  mot  dont  k$ 
feyans  ne  faffent  ent<înire  la  figniticaiion  par  Ta- 
nalyfe,  en  fe  fervant  d'autres  mots,  autant  qu'il 
en  cft  néceiTaire»  &  qui  rendent  fenfible  cequ*on 
ne  comprenoit  pas. 

Ces  autres  mots  peuvent  fe  dire  à  quiconque  a 
les  oreilles  duementorganifées.  Loriqu'on  les  dit  , 
ik  qu*îU  ne  font  p.is  entendus ,  c*eii'à-dïrc  com- 
pris ,  on  les  explique  par  d*aurre$  mots  ;  &  (1  ces 
derniers  ne  font  pas  encore  affez  intelligibles,  on 
en  cherche  a^autres  qui  le  foleni  davantage  : 
enfin  ,  il  rien  reftc  aucun  dont  on  foit  obligé 
de  dire  qu'il  eA  impoiTible  d'en  exprimer  la  figni- 
fication. 

Avec  les  fourds  3i  muets,  c'eft  précîfément  la 
m^nie  opération  qui  fe  fait  par  écrit  |ufqu'a  ce 
qu'on  foit  parvenu  à  des  mots  qui  font  compris 
par  fignes  ,  6c  qui  répandent  la  lumière  fur  ce  qui 
ètojt  obfcur. 

Il  efl  rare  que  je  fois  obligé  d'en  venir  à  une 
féconde  opération  j  &  fi  cela  arrivoii  fouvent  , 
ce  feroit  une  preuve  que  je  n^aurois  pas  des  idées 
bien  nettes  ,  6l  que  je  ne  faurois  pas  choifir  mes 
expre(Tions. 

J'ai  donné  dans  mon  inftitutîon  méthodique  un 
exemple  de  ces  fartes  d'explications  ;  je  pcnfe 
qu'il  fera  très  utile  de  le  répéter  ici,  en  y  ajou- 
tant même  quelques  réBeiions. 

Il  ncû  peut  cire  point  de  mot  plus  difficile  à 
expliquer  par  fignes ,  que  celui-ci  je  croa.  Voici 
de  quelle  manière  je  m'y  prends  pour  y  réullir. 
Apres  avoir  écrit  fur  la  table  je  ctQis ,  je  tire  qtia- 
tre  ligne  alnfi  difpofées  : 

'Je  dis  oui  par  Tefprit.  Je  penfe 

que  oui» 
-^Je  dis  oui  par  le  cœur.  Taime  à 

penfer  que  ouï, 
^Je  dis  oui  de  bouche, 
^Je  ne  vois  pas  de  mes  yeux* 

Ce  qui  fignifie  ,  mon  efprit  confcnt ,  mon  cœur 
adhère  ,  ma  i)ouche  profefle  »  mais  Je  ne  vois  point 
de  mes  yeux.  Je  recueille  enfuitc  ce  qiii  eA  écrit 
fur  ces  qu3tres  lignes ,  &  je  le  porte  fur  le  mot 
je  crois  ^  pour  faire  entendre  que  tout  cela  y  efî 
renfermé. 

S"^  git-il ,  après  cette  explication  »  de  difter  par  les 
fignes  n^éthodiqucs  ce  mot  7^  crois  y  je  fais  d'abord 
U  figne  du  pronom  perfoonel  du  ftngulier ,  ainfi 
qu'il  a  été  dit  en  fun  lieu  :  je  porte  enfuite  mon 
index  droit  fur  mon  front»  dont  la  partie  conca/c 
cït  ccnfce  contenir  mon  efpnt,  c't  fl  à  dire  ma 
faculté  de  penfcr,  &  je  fais  le  fi^ne  de  ouï:  apré. 
cela  je  fais  le  même  figne  de  oui  en  mettant  mon 
^oigi  fur  la  partie  de  mai-mcmï  qu'on  rcgir.ic 
«rditutrcmcnt  commclcfie^cd^cc  que  nou6  appe- 
lons notre  coeur  dans.  Tordre  '  c*ei3-à  dire  » 
de  noue  f;icul té  d  aimer  (  ,  i  ait  é*é  dit 
phifieurs  fois  que  ce*  dtuii  ûvoUcs  for 
tuelles,  tV  n'occupent  point  de  place  ) 


Je  crois.t 


MUE 

enfuite  le  même  figne  de  oui  fur  ma  bouche  en 
remuant  mes  lèvres.  Enfin  »  je  mets  ma  mam  fur 
m^s  yeux,  Sl  en  faifaut  le  fignc  de  non ^  )C  mon- 
tre que  je  ne  vois  pas. 

Il  ne  me  reHe  plus  que  le  figne  du  prèftnt  à 
faire  ,  8c  on  écrit  je  crois  ;  mdis  en  l'écrivant  on 
le  comprend  beaucoup  mieux  que  la  plupart  de 
ceux  qui  parlent  ^  qui  ent-jndeni  :  il  eft  inutile 
de  répéter  ici  que  tous  ces  ûgnes  fc  font  en  un 
clin-d'œil. 

D'api  es  ce  qLie  je  viens  de  dire  &  ce  que  j'ai 
expliqué  précédemment  fur  la  manière  d'employer 
différemment  un  même  ftgne  radical  ^  il  eft  aift 
de  comprendre  comment  il  faudra  d»3cr  toutes 
les  pei  fonnes  »  les  nombres  ,  les  temps  fit  les  mo- 
des du  verbe   croire^   foit  à  Ta^^lif,  foit  au  palEf. 

Quant  aux  mots  qui  en  dérivent  »  14  foi  en  cfl 
le  nom  fubllantif,  la  croyance  en  efl  le  participe 
fubflanti fié  :  croyable  &  incroyable  font  deux  adjec- 
tifs en  ahU  ;  incrjyjhUmem  eft  le  fccoisd  de  CCS 
deux  adjeâita  qui  eft  advcrbifié- 

Le  jJàlc  cft  celui  qui  a  été  baptifé  &  qui  croît  ^ 
Yinjldèlc  celui  qui  n'a  point  été  baptifè.  En  fiibf* 
taniifiant  cet  adjcflif ,  cela  (d\i  VinjtdéUté, 

Vmcrédule  efl  celui  qui  a  été  baptifé  ^  f^W  ifili 
ne  croit  plus:  en  fubliantifiaut  cet  adjeâif  »  cdft 
fait  incrédulitL 

Crédibilisa  is ,  e^  eft  un  mot  latîn  reconnu  pir 
les  meilleurs  auteurs  j  Ôc  qiii  fignifie  croyable  ; 
mais  on  ne  le  fuhJlantifi';;  point  en  bon  latin  »  on 
ne  dit  point  credihilttas ,  {.tus  :  au  contraire»  en 
françots  nous  n'avons  point  admis  le  mot  credihtei 
mais  nos  théologiens  oc  nos  philofophes  ont  adtnis 
le  m'^t  de  crédibilité  :  s'il  faut  le  di^er,  nous  le 
repréfentons  comme  un  adjeélif  fubflintifié  tiré  da 
mot  latin  ^redibdis  :  nous  ajoutons  par  conséquent 
le  figne  de  Lsdn* 

Tel  eft  Tuf/ige  de  Tanalyfe  joint  à  celui  des 
fignes  méthodiques  ,  &  voici  le  jugement  qu'co 
a  porté  un  favam  du  premier  ordre. 

L'Inftituteur  des  fourds  &  muets  de  V^m  tt  % 
fait  (  dit  M.  i'Abbè  de  Condillac  )  u  du  langage 
d'aâïon  un  art  méthodique ,  auffi  fimptc  que  facile , 
avec  lequel  il  donne  à  ks  Elèves  des  idées  de 
toute  efpèce,  &  j'ofe  dire  des  idées  plus  cxa.âc$ 
6c  plui  précifes  que  celles  qu'on  acquiert  comtnu* 
nément  avec  le  fecours  de  Touie.  Comme  dâfis 
notre  enfance  nous  fommes  réduits  à  juger  de  ti 
fignification  des  mots  par  les  circoniiance^  oit 
nous  'es entendons  prononcer,  il  nous  arrive  fou- 
vent  de  ne  U  faifir  qu  à-peu-prés ,  &  nous  nous 
contentons  de  cet  à  peu  près  toute  notre  vie.  11 
n'en  eA  pas  de  même  dc^  fourds  &  muets  qu'itif- 
f  ruit  M.  l'a  b  *  de  i'Epée.ll  n  a  qu'un  nw)yco  pour  leur 
docncîri«s  déesquî  ne  tombent  p-i»  Tous  Ict  fctis, 
c'cîi  d'analyfer  &  de  les  faire  analyfcr  avec  lui. 
Ti  lc«  cûiduit  donc  des  idées  fenfiblcs  aux  id^ 
■  s  analyfc^  fim,  '  '     fiquci, 

r  combien  foi  .^laii  a 


MUE 

d^avintages  fur  les  fons  arriculés  de  nos  gouver- 
axnces  Ôi  de  nos  précepteurs. 

«  J'ai  cru  devoir  faifir  roccafion  de  rendre  juf- 

dce  aux  talens  de  ce  Citoyen dont  je  ne  crois 

pas  être  connu 9  quoique  j'aie  été  chez  lui,  quM 
m^alt  mis  au  fait  de  fa  méthode  n.  (  M.  l'Abbé 
éc  CondiUac ,  cours  d'étude  pour  l'intlruâion  , 
&c  hfnujtr,  prem.  parité ,  chap.  i"*  pag.  1 1.  ) 

J*a}otite  à  mon  tour  que  j'ai  cru  devoir  rappor- 
ter cet  émoi  gnage  ,  pour  Tavantage  d*une  méthode 
dont  il  eft  bien  à  dtfircr  que  fe  fervent  tous  ceux 
^  iroudront  inftruire  des  fourds  6l  muets. 

C^mmeni  on  peut  faire  comprendre  en  quelque  degré 
à  de  M  fou'dr  &  muas  ce  que  c*eft  que  ^entendre 
auribus  audire. 

Voici  de  quelle  manière  je  m'y  prends,  lorfque 
i«  veuit  expliquer  cet  article  aux  fourds  &  muets. 
Je  deniande  qu'on  apporte  une  grande  terrine  ^ 
8t  je  la  fais  remplir  d'eau  :  lorfque  Teau  eil  bien 
fcpofée,  j'y  lailfe  tomber  perpendicuhirement  une 
boule  d'ivoire,  ou  quelqu'autre  chofe  de  fembla- 
ble,  que  je  tenois  entre  mes  doigts  :  alors  je  fais 
obfcrv'er  le  mouvement  d'ondulation  qui  fe  fait 
dans  Teauj^fit  qui  feroit  beaucoup  plus  fenfible 
dans  un  balTm  ou  dans  la  rivière  ;  mais  les  fourds 
&  muets,  qui  l'ont  fouvent  aperçu  tlans  Tun  & 
dans  l'autre  ,  fc  le  rappellent  très-aifément.  En  fui  te 
j'écm  fur  la  table  ce  oui  fuit  t  je  jette  la  houle  dans 
FejM^  ttau  i  écarte^  t/  -va  frapper  tes  bords  de  U 
rine.  Il  n  eft  aucun  de  ces  mots  qui  ne  foît  enttn» 
des  foufils  (k  muets. 

Après  cela  je  prends  un  écmn  ou  quelqu'ature 
chofe  de  femblable  ,  en  ragitani  avec  la  m 3 in  , 
je  m'en  fers  pour  f^ire  voltiger  de  petits  rideaux  , 
des  mancbeites  ,  des  feuilles  de  papier,  &c.  Je 
loufflc  auflî  fur  la  main  de  quelqu'un  ,  &  j'appelle 
tout  cela  air  :  alors  j'écris  de  nouveau  fur  la  table  : 
U  chambre  efl  pleine  d'air  comme  ia  terrine  efl  pleine 
yàu  :  je  frappe  fur  la  table  ,  Pair  s'écarte  ^  &  va 
frdpptr  les  murailles  de  la  chambre^  comme  feati 
i^àarte ,  &  va  frapper  les  bords  de  la  terrine. 

k  prends  enfulte  ma  montre  à  réveil  ,  &  ph- 
çaiit  l'aigurillc  k  l'endroit  où  elle  doit  être  pour 
^pcrer  la  détente ,  je  fais  fcntir  à  chacun  des  foiirJs 
a  muets  le  petit  marteau  qui  frappe  fon  doigt 
avec  beaucoup  de  vîtefTe  :  je  leur  dis  alors  que 
noci  avons  tous  un  petit  marteau  dans  l'oreille  , 
Ot  que  l'air  en  s'écartant  pour  aller  frapper  les 
murailles  de  la  chambre,  rencontre  notre  oreille , 
qiiil  y  entre,  &  qu'il  fait  remuer  ce  petit  mar- 
tCAu,  comme  je  fais  remuer  avec  le  fouffle  de  ma 
bouche  le  petit  coin  de  mon  mouchoir  :  (  c'eft  mon 
langage  avec  eux  ,  je  ne  dois  point  ici  le  rendre 
autrement.  ) 

Eltîfaitc  )c  fak  placer  contre  la  muraille  une 
ptrtonnc  qui  entend  ,  &  qui  me  tourne  le  dos  , 
«  ji  la  prie  qu'auffi-tCn  qu'elle  m'entendra  frapper 
fur  la  tsbic,  elle  fe  retourne  8c  vienne  vers  moi. 
Je    frappedonc ,  &  elle  cnéciite  ce  dont  nom 


MUE 


199 


m 


fommes  convenus  :  alors  je  montre  que  raie  a 
rencontré  Ton  oreille,  qu*cn  y  entrant  il  a  Tait 
remuer  fon  petit  marteau  ,  Se  que  c'a  été  ce  mou- 
vement qu'elle  a  fcnti ,  qui  Ta  fait  fe  retourner 
&  venir  vers  mol. 

Apres  cela  j'envoie  la  même  perfonne  dans  une 
autre  chambre  ;  je  frappe ,  &  à  Tin  fiant  elle  arri- 
ve :  je  déclare  que  ia  même  opération  s'ell  faite 
dans  fon  oreille,  &  lui  a  fervi  d'avertiûemenc 
pour  venir  nous  trouver. 

C'eft  ainfi  que  nous  montrons  la  propagation 
du  fon  par  le  moyen  de  l'ondulation  de  Tair  ; 
(  nous  expliquons  aufï*  pourquoi  cette  propagation 
eft  plus  lente  que  celle  de  ia  lumière.  ) 

Quant  a  ce  qui  fe  paflTe  dans  rintérieur  de  l'oreil- 
le ,  MM,  les  Anatomiites  voudront  bien  fereflbu- 
venir  que  nous  parlons  à  des  fourds  &  muets ,  & 
qu'il  n'e^  pas  queflioR  de  rechercher  Ici  une  exac- 
titude phyfique. 

Nous  failons  comprendre  aux  fourds  &  muets 
que  s'ils  n'entendent  pas ,  c'efl  parce  qu'ils  n'ont 
pas  ce  marteau  dans  Toreille ,  ou  qu'il  eft  trop 
enveloppé  pour  que  le  mouvement  de  l'air  puiffe 
y  faire  impre0îon  ,  ou  enfin  ,  parce  que  s'il  fe 
remue  6c  qu'il  frappe ,  la  partie  fur  laquelle  ît 
agît  eft  comme  paralytique. 

Toutes  les  fois  que  j'ai  fait  cette  explication  , 
elle  a  produit  dans  les  fourds  &  muets  des  effets 
bien  difterens  ,  les  uns  témoignant  une  grande  joie 
de  favoir  ce  que  c'étoii  que  d'entendre,  6c  les 
autres  fe  livrant  à  une  trilteffe  profonde,  de  ce 
qu'ils  n'avoient  point  ce  marteau  dans  Foreilîe  , 
ou  de  ce  qu'il  y  étoit  enveloppé. 

Les  deux  premières  qui  ont  aflîfté  à  cette 
leçon  ,  en  ayant  rendu  compte  chez  elles ,  ne  pou- 
voient  contenir  leur  mauvailc  humeur  ,  lorfqu  elles 
apprirent  que. le  chnt  de  la  maifon  &  le  fcrin  avoient 
ciacun  leur  petit  marteau  dans  l'oreille* 

D'après  ce  que  je  viens  de  dire  ,  on  compren- 
dra facilement  quelle  eft  l'idée  que  les  fourds  & 
mucrs  fe  forment  de  notre  faculié  d'entendre. 

Lorfqu'ils  font  tous  dans  mon  cabinet,  &  que 
leurs  yeux  font  tournés  vers  un  tableau  qu'ils  n'y 
avoient  point  encore  vu ,  &  qui  attire  toute  leur 
atteniion  ,  fi  je  frappe  du  pied  fur  le  parquer ,  en 
quelque  nombre  qu'ils  puiffent  être  ,  il  n'en  efl 
pas  un  f^ul  qui  ne  fe  retourne  vers  moi ,  parce 
qu'ils  ont  fenti  à  leurs  pieds  une  fecoude  qui  ïc% 
a  futîîfamment  avertis  que  je  Youlois  qu'ils  ras 
regardai  Vent. 

Quelques  raomens  après  je  leur  Fa'.»  entendre 
qu'il  y  a  dans  mon  anti-chambrc  une  vingtaine  de 
perfonncs  qui  ne  peuvent  m*ap:2rcevOir ,  &  que 
je  ne  vois  pas  non  plus ,  mais  que  je  vais  faire 
entrer ,  pour  leur  donner  le  plaifir  de  voir  ce  même 
tableau. 

Je  les  appelle  donc  à  haute  voix ,  &  ùr  k  c[|*imp 
elles  accourent  pour  favolr  ce  dont  il  s'agir.  Alors 
les  fourds  &  muets  comprennent  qLie  ces  perfon- 
nés  ont  éprouvé  dans  leurs  oreilles  une  L cou/Te 

Pp  i 


300 


MUE 


à-peu-prés  Temblahle  à  cdle  qu'ils  ont  reffeniîe  à 
leurs  pieds  lorfque  j*ai  frappé  fur  3e  parquer. 

Notre  faculté  d'entendre  leur  paroît  danc  erre 
une  difpofition  intérieure  de  nos  oreilles  ,  qui  nous 
rend  capables  d'y  recevoir  des  mouvetnens  qui 
ne  peuvent  pénétrer  dans  les  leurs ,  p;)rce  que  la 
porte  en  eft  fermée  >  ou  parce  quils  nont  pas  » 
foit  le  petit  marteau  ^  foit  le  tambour  fur  lequel  il 
doit  frapper  ;  &  comme  ils  s  aperçoivent  que  le 
frappement  du  pied  fur  le  parquet,  eicîte  plus  ou 
moins  de  mouvement  dans  leurs  pieds,  félon  quVn 
a  frappé  plus  ou  moins  fort,  ils  conçoivent  auffi 
que  le  mouvement  excité  dans  nos  orciiles  eft  plus 
ou  moins  fort,  félon  qu'on  y  a  fait  entrer  Tair 
ftT«c  plus  OU  moins  de  violence  :  ils  en  ont  Tidée 
à-peu- près  comme  d;  celle  d'un  vent  qui  fouifle 
plus  ou  moins  fortement. 

Mais  comme  on  ne  peut  donner  à  un  aveugle 
de  nailTance  une  idée  diftini^e  de  la  différence  des 
couleurs,  on  ne  peut  non  plus  donner  à  un  fourd 
&  muet  vme  idée  diftinâe  de  la  différence  des  foas 
que  la  prononciation  des  différentes  lettres  produit 
dans  nos  oreilles. 

Réflexions  far    une    méthode  &  un   di^Honnaîre  â 
l'ufage  des  fourds  &  muets^ 

La  langue  françoife  nous  efl  naturelle»  c'eft-à* 
dire,  que  nous  Vavons  apprife  déi  notre  première 
enfance  ,  fans  réAexton  &  fans  écuJe  ,  &  dès  Tâgc 
de  cinq  ou  fit  ans  nous  en  favions  affcz  pour  enten- 
dre ce  qu'on  nous  d«f»iit,  &  pour  répondre  à  ceux 
qui  nous  interrogeoient.  Avec  Tâge  &  le  déve- 
loppement de  la  raifon  ,  nous  avons  entendu  plus 
de  mots,  &  nous  nous  fommes  accoutumés  à  nous 
en  fcrvir  nous-mêmes.  -Vais  tant  que  nous  ne  les 
avons  appris  que  par  une  fimple  habitude  ,  ce 
n'éfoit  point  là  proprement  ce  qu'on  appelle  favoir 
une  langue  :  auffi  faifions-nous  à  tout  moment  , 
foit  en  parlant,  foit  en  écrivant,  une  multitude  de 
£iutes  qui  annonçoieilt  notre  ignorance  d'une 
manière  très-fenfibic. 

Nous  n'avons  pu  en  fecouer  le  joug  qu'avec 
le  fecours  d'une  mérhcïde  qui  nous  apprit  à  difcer- 
Ecr  les  peribnnes ,  les  nombres,  les  temps  Se  les 
modes  d^  nos  verbes ,  &  à  connoîire  leurs  régi- 
mes ,  comme  auffi  les  cas ,  les  nombres  &  les 
genres  de  nos  noms,  foit  fubftantifs,  foit  adjec- 
tifs ,  &  des  pronoms  ;  enfin ,  les  différences  entre 
les  adverbes  ,  le^  prépofuions  âc  les  conjonAions. 

Ce  n'eft  pas  tout  :  il  a  fallu  encore  que  nous 
•  cuffionsde  bons  di<ftionnaires  françois  qui  fixaffent 
la  îuflc  valeur  de  chaque  mot,  pour  nous  appren- 
dre à  n*en  faire  ufage  que  félon  îa  fignifi cation  qui 
convenoit  au  fujet  dont  nous  parlions^  ou  iur 
lequel  nous  écrivions. 

Lorfqu'il  s'eft  agi  d'apprendre  quelque  langue 
étrangère  ,  nous  avons  eu  befoin  d*unc  méthode 
qui  iKHts  apprit  dans  cette  langue  ce  que  îa  métho- 
de françoile  itous  a  voit  appris  djns  la  nôtre  :  îl 
noui  a  fallu  au€l  de  bons  diâioanaires  qui  nous 


MUE 

gudaffent  dans  le  choix  des  mots,  foit  pour  tra- 
duire de  cette  nouvelle  langue  dans  la  nôtre ,  oa 
de  la  nôtre  dans  la  fienne.  Sans  ce  double  fecours 
nous  n'aurions  jamais  fu,  que  d'une  manière  tri <- 
imparfaite ,  la  nouvelle  langue  à  Tétude  de  taqucUa 
nous  voulions  nous  appliquer- 
La  langue  naturelle  des  fourds  &  muets  eA  U 
langue  des  (t^xxti.  :  ils  n'en  ont  point  d'autre  , 
tant  qu'ils  ne  font  point  inftruits  ;  &  c'eft  la  nature 
même  ,  &  leurs  différcns  befolns ,  qui  les  guident 
dans  ce  langage. 

Il  imptjrte  peu  en  quelle  tangue  on  veuille  tes 
inftruire ,  elles  leur  font  routes  également  étran- 
gères; &  celle  même  du  pays  dans  lequel  ils  font 
nés ,  n'offre  pas  plus  de  taciUté  que  toute  autre  , 
pour  réuflîrdans  cette  entrcprife.  Mais  quelle  que 
foit  la  langue  qu*on  défire  leur  apprendre  ,  ils  ont 
befoin  d'une  méthode  pour  en  connoitre  Ici 
régies,  &  d'un  bon  diétionniire  pour  en  appreo* 
dre  la  jufte  valeur  des  mots.  ^i 

^    C'eft  la  connoiffance  de  cette  double  nèceflîll^H 
qui  engage  la  plupart  des  perfonnes  qui  viennevH 
à  nos  leçons  ,  mais  fur-tout  les  étrangers ,  à  deman- 
der une  méthode  à  Tufagc  des  fourds  &  muets  ; 
(  telle  quelle  eft   expo  fée  ici  )  mais  bientôt  ils 
demandent  un  didionn.Mre. 

/e  pourrois  leur  répondre  toujours ,  dît  M.  TAbbé 
de  TEpée  ,  que  mes  fourds  &  muets  n'ont  pas  befoio 
d'un  di^onnaire  qui  foit  ni  écrit  ni  imprimé  , 
parce  que  dans  toutes  mes  leçons  je  fuis  moi-même 
le  diflionnaire  vivant ,  qui  explique  tout  ce  qu'a 
eik  nécvffiirc  pour  Tintelligence  des  mots  qui 
entrent  dans  le  fujct  que  nous  traitons  ,  &  qtic  ce 
fecours  eft  pkinement  fuffifant,  comme  le  feroit 
celui  d'un  précepteur,  fans  la  préfence  duquel 
fon  élève  ne  tradutrojt  jamais ,  &  qui  ^argneroît 
à  celui-ci  la  peine  de  feuilleter  les  diélionnaires  » 
lui  biffant  feulement  à  mettre  Tordre  ncccffairc 
dans  les  phrafes, 

La  preuve  que  cette  efpèce  de  diftionnaire  a 
toujours  été  fuffifant  pour  mes  fourds  fit  mue»  * 
réfulte  évidemment  de  leurs  opérations  ,  puifqne 
formes  fignes  ,  qui  n^ef  priment  m  aucune  lettre, 
ni  aucun  mot,  maïs  feulement  des  idées,  ilsècrt» 
vent  tout  ce  qu'il  me  plaît  de  leur  diéler  :  certai- 
nement ils  ne  pourroieni  le  faire,  s'ils  n'avoicm 
pas  dans  leur  cfprit  les  mots  qu'ils  doivent  choi- 
Crfit  les  idées  qulls  fignificnt. 

Maïs  depuis  un  certain  temps  (  ajoute  cet  habile 
&  généreux  inftituteur  )  ayant  eu  i  former  de* 
maîtres  qui  dévoient  s'en  retourner  très-protnp- 
tcment  dans  leur  pays,  il  a  été  impoffible  qu'ils 
fuffent  auff»  rompus  fur  l'ufage  des  fignes ,  que 
mes  difciplcs,  qui,  en  ma  place,  leur  fcrvoicnt 
de  dii5tionnaires  vivans,  (  j'ofe  les  en  prendre  à 
témoins  ),  Il  a  donc  fallu ,  pour  leur  lervice  » 
travailler  à  un  diâlonnaire  à  î'ufage  des  fourds  & 
muets. 

J'avoue  qu^au  premier  inftant  ou  Tidée  s'en  eft 
préfemée  à  mon  cfprit,  Texècutioa  m'eti  a  pam 


en  qaelque  forte  îjnpoHjble.  Je  vayoîs  avec  quelle 
promptitude  nous  faifions  les  fignes  qui  conve* 
noient  à  chaque  mot   dont  il  talloit  exprimer  la 

■  fignîiî^atioQ  ;  mais  il  me  paroidolt  que  h  defcrip- 
I    non  de  ces  fignes  exigerolr  un  détail  qui  en  for-- 

■  meroit  un  ouvrage  immenfe* 

■  Cependant,  en  examinant  la  chofe  à  tète  repo- 
H  fte  ,  f  ai  cru  apercevoir  que  trois  ou  quatre  volu- 
P  liunes  in-4**.  lufRroient  pour  remplir  ce  deffein  ,  & 

dè^-lors  je  p*ètois  plus  effrayé  ;  maïs  de  nouvel- 

tles  réHezions  m'ont  découvert  très-clairement 
que  cet  ouvrage  ne  feroit  pas ,  à  beaucoup  prés  , 
aufli  volumineuji,  ni  auflî  difficile  que  je  me  l'é- 
toi\  figuré  d\mc  première  vue  ,  parce  qu'il  fau- 
droit  en  retrancher  tout  ce  qui  n*eA  pas  nèceflaire 
I      pour  Tinflruâion  des  fourds  &  mueis* 

t".  Pluficurs  favans  n'ont  point  fiit  difficulté 
de  convenir  avec  mot,  qu'il  y  avoit  plus  de  trois 
mille  mots  de  notre  langue  dont  ils  tgnoroienr 
b  ûgotâcatton  ;  j'en  ignore  moi-même  un  plus 
prud  nombre  :  on  n*cxigcra  pas  fans  doute  que 
fc  les  apprenne ,  pour  les  expliquer  dans  le  die* 
tîonnaire  à  Tuiage  des  iburds  &  muets. 

1**,  Je  n'y  ferai  point  entrer  non  plus  les  noms 
de  toutes  les  parties  qui  nous  compofent ,  m  ceux 
de  tous  les  objets  que  nous  avons  continuelkmcnt 
fous  les  yeux  :  il  fuSii  de  les  montrer, 

5*.  On  n'y  trouvera  point  les  noms  des  qua- 
drupèdes ,  des  volatiles  ,  des  poifTons  &  des  infec- 
tes, ni  ceux  des  arbres,  des  fruits,  des  fleurs  ^ 
des  légumes  |  des  herbes ,  des  racines  ,  ni  ceux 
des  iniirumens  des  ouvrages  de  différens  ans 
00  métiers  ,  &c.  &c. 

Les  fourds  &  muets  ne  peuvent  apprendre  les 
li|D\fications  de  tous  ces  noms,  que  comme  nous 
les  avons  apprifcs  nous-mêmes. 

En  vain  nous  aurolt-on  répété  cent  &  cent  fois 
lei  noms  de  ces  diffcrens  objets ,  û  on  ne  nous 
les  eût  pasmonrrés,  ou  en  nature,  ou  peints,  nous 
n*y  aurions  attaché  aucune  idée  plus  diflinéïe  , 
^  que  il  on  les  eût  prononcés  en  une  langue  étran- 
jére  :  le  mot  de  cheval  ne  nous  aurgit  pas  plus 
donnée  Tidée  diAinéle  de  cet  animal,  que  fi  on 
eût  dit  Cijnus  {  en  latin  )  ou  harfe  (  en  anglois  )  ou 
fftrd {en  allemand.) 

Ce  ne  font   donc   point  feulement  des  noms 

Îiu'îl  feui  dire  ou  écrire  aux  fourds  &  muets  :  ce 
om  les  objets  mêmes,  ou  leurs   repréfe mations 
qii*il  faut  leur  montrer. 

Ccft  pourquoi ,  dans  toute  falle  deAitiée  pour 
llnilruâion  des  fourds  &  muets ,  on  doit  avoir  des 
tableaux  ou  des  eftampcs  bien  faites ,  qui  repré' 
feotencceux  de  ces  objets  qu'il  eft  plus  intéreilant 
de  connoitre  :  c*cA  ainfi  que  nous  les  apprenons 
\  nos  élèves* 

4®^  Notre  diâionnaire  des  verbes  eft  déjà  fait , 

&  il  efl  entre  les  mains  de  nos  fourds  &  muets  ; 

nous  foxames  à  la   moitié    de  celui  des   noms  ; 

f  d'après  ce  que  nous  avons  expliqué  cl*def^ 


501 

fus ,  celui  des  verbes  nous  donne  lieu  de  fuppri- 
mer  tous  les  noms  fubAantifs  &  adjeflifs  qui 
dérivent  des  infinitif. 

Les  maîtres  des  fourds  &  muets  auront  la  bonté 
à^y  faire  attention  ,  lorfqu'tî  faudra  leur  expliquer 
par  fignes  ces  noms  fubttantifs  ou  adjeâifs. 

5*.  On  ne  trouvera  point  dans  ce  di^ionnaîre 
de  nouveaux  fignes  pour  les  mots  compof;;» ,  tom- 
mt  fdiîs faire ,  introduire ,  Sic,  &c.  ni  pour  ceux  qui 
expriment  des  idées  complexes ,  comme  fréquen- 
ter^ copier  f  &c,  &c.  ou  des  idées  métaphyfiques  , 
comme  croire  ,  ambitionner^  &c.  &c,  ;  mais  on  y 
trouvera  par  Tanalyfe  les  idées  fimpïes  dont  cha- 
cun de  ces  mots  exprime  la  réunion  ,  &  qu'il  faut 
décompofer  dans  le  langage  des  ft«;nes ,  comme 
elles  font  décompofées  par  Tan  al  yf«. 

Ce  font  des  lignes  connus  qu*il  faut  réunir  , 
&  non  de  nouveaux  fignes  quHl  s'agiife  de  cher- 
cher, 

Ainfi  ,  par  exemple  ,  fatisfaîn  figrifie  fiiîre 
aflez  ;  m/roiwirr  fignifie  conduire  dedans  \  fréquen* 
ter  figni6e  aller  fouvent  dans  le  même  endroit  , 
copier  fignifie  écrire  ce  qu'on  voit  dans  un  livre  , 
ou  fur  du  papier  ;  croire  fignifie  dire  oui  de  Tef- 
prit,  du  cœur  &  de  la  bouche ,  &  non  des  yeux  ; 
ambitionner  fignifie  défirer  avec  ardeur  quelque 
chofe  de  grand. 

Après  ces  explications  ,  il  eft  vifible  qu'il  n'y  a 
point  à  chercher  de  nouveaux  fignes  ,  mais  feule* 
ment  à  fe  fervir  de  ceux  qu'on  connoît,  en  les  rcu- 
nilTant  les  uns  avec  les  autres,  ou  (pour  parler 
plus  corre^ement  )  tes  uns  à  la  fuite  des  autres* 

li  en  eft  de  même  d'une  très-grande  quantité 
de  mots  ,  dans  quelaue  langue  que  ce  foit.  Four  les 
faire  entendre  aux  lourds  &  muets  ,  il  n'efï  pas 
néceiTaire  dHnvcnter  de  nouveaux  fignes  ;  il  fuffit 
de  donner  des  explications  analytiques,  courtes- 
&  précifes  ,  qui  ramènent  leur  cfprit  à  des  mots 
dont  ils  ont  cent  fit  cent  fois  compris  la  fignifica- 
tion  par  fig;nes. 

Le  di£lionnairc  à  leur  ufage  contiendra  donc 
beaucoup  plus  d'explications  que  de  fignes. 

6'.  Cet  ouvrage  n'étant  fait  que  pouer  ux  ,  & 
pour  faciliter  les  opérations  de  ceux  qui  voudront 
bien  fe  charger  de  les  inftrulre,  on  ne  devra  point 
être  furpris  de  n*y  pas  rencontrer  tous  les  mots 
de  Texplication  defqueîs  ils  n'ont  pas  befoin^foit 
parce  aue  ce  font  des  mots  qui  expriment  les  noms 
de  iti^erens  objets  qu'il  futfit  de  kur  montrer  , 
foit  parce  qu'il  s*agit  de  mors  dont  la  connoiiïance 
leLr  feroît  auflî  inutile  qu'elle  TeÛ  à  la  très- 
grande  partie  des  hommes  (  je  dis  des  hommes 
même  fyftifamment  infîruits  )  qui  vivent  flc  qui 
meurent   fans  en  avoir  fu  la  fignificatîon. 

Le  di^ionnairc  à  Tufage  des  fourds  3c  muets 
ne  formera  donc  qu^un  fcul  volume  portatif  de 
moyenne  gfoffcur.  11  neft  pas  encore  fini  ;  mais 
en  attendant,  on  pourra  fe  {èrvir  du  dtftionnair© 
portatif  deRicUelet>  de  rédiiioo  de  Wailîy. 


302 


MUE 

Seconde. Partie. 


Obfcrvatîons  préliminaires  fur  la  manière  ttinjlruîre 
les  fourds  6*  muets. 

Apprendre  à  des  fourds  &  muets  à  parler  , 
efi  une  œuvre  qui  exige  beaucoup  de  patience. 
Tout  père  ou  mère  ,  maître  ou  maitrefle,  qui 
aura  lu  avec  attention  ce  que  je  vais  expofer  fur 
cette  matière ,  peut  efpérer  de  rèufllr  dans  cette 
entreprife ,  pourvu  qu'il  ne  fe  rebute  pas  des  pre- 
mières diiHcultés  qu'il  éprouvera  infailliblement 
de  la  part  de  foa  élève  :  il  doit  s*y  attendre ,  mais 
iur-tout  ne  fe  livrer  à  aucuns  mouvemens  d'im- 

Îiatience  ,  qui  déconcerteroient  ce  novice ,  &  lui 
ercient  bientôt  abandonner  une  inftruâion  dont  il 
jie  connoît  pas  tout  le  prix ,  &  qui  d'ailleurs  n'of- 
fre rien  d'agréable  dans  fes  premières  leçons. 

J'ai  averti  dans  mon inftitution  méthodique,  im- 
primée en  1776 ,  que  je  n'étois  point  auteur  de 
cette  effèce  d^inftruâion  ;  &  lorfque  je  me  char- 

Seai  de  deuxfœurs  jumelles 9  fourdes  &  muettes, 
ne  me  vint  pas  même  à  l'efprit  de  chercher  des  , 
moyens  pour  leur  apprendre  à  parler  ;  mais  je 
n'avois  pas  oublié  que  dans  une  converfation  ,  à 
l'âge  de  feize  ans ,  avec  mon  répétiteur  de  philo- 
fophie,  qui  étoit  un  excellent  métaphyficien ,  il 
m'avoit  prouvé  ce  principe  inconteftable ,  qu'il 
n'y  a  pas  plus  de  liaifon  ni^turelle  entre  des  idées 
métapnyfiqaes  &  des  fonf  articulés  qui  frappent 
nos  oreilles,  a>i'entre  ces  mêmes  idées  &  des  ca- 
raâères  tracés  par  écrit  qui  frappent  nos  yeux. 
.  Je  me  fouvenois  très- bien  «  qu'en  bon  philofo- 
phe  il  en  droit  cette  conclufion  immédiate ,  qu'il 
feroit  pofTible  d'inttruire  des  fourds  &  muets  par 
des  caraâères  tracés  par  écrit ,  &  toujours  ac- 
compagnés de  (Ignes  fenfîbles ,  comme  on  in(^.  uit 
les  autres  hommes  par  des  paroles  &  des  geAes 
.qui  en  indiquent  la  fignification.  (Je  ne  penfois 
point ,  en  ce  moment ,  que  la  providence  mettoit 
dès-lors  les  fondemens  de  1  œuvre  à  laquelle 
j'étois  deftiné  ). 

Je  concevois  d'ailleurs ,  que  dans  toute  nation 
les  paroles  &  l'écriture  ne  fignifioient  quelque 
chofe,  que  par  un  accord  purement  arbitraire 
entre  les  perfonnes  du  même  pays ,  &  que  par- 
tout il  avoit  fallu  des  fignes  qui  donnaient  aux 
paroks  ,  comme  à  l'écriture,  Ik  à  l'écriture  auill 
parfaitement  qu'aux  paroles ,  la  vertu  de  rappe- 
ler à  l'efprit  les  idées  des  chofes  dont  on  avoit 
prononcé  ou  écrit ,  écrit  ou  prononcé  les  noms , 
en  les  montrant  par  quelque  figne  des  yeux  ou 
de  la  main. 

Plein  de  ces  principes ,  fondes  fur  une  exaâe 
niétaphyfique ,  le  commençai  l'inftrudion  de  mes 
dsux  élèves,  &  je  reconnus  bientôt  qu'un  fourd 
&  mu:t,  guidé  par  un  bon  maître,  eft  un  fpec- 
tateur  attentif,  qui  fc  donne  à  lui-même,  (  ipfe 
fibl  rrjJir  fpcflaïc  )  !e  nombre  &  l'arrangement 
lUs  lettres  d'un  mot  qu'on  lui  préfentte  ,&  qu'il 


MUE 

le  rerient  mieux  que  les  autres  enfans ,  tant  qu*ils 
ne  les  ont  pas  entendu  répéter  par  un  uùge 
quoridien. 

Je  vis  d'ailleurs, par  expérience,  que  dès  le 
commencement  de  fon  infhrudion-,  tout  fourd  & 
muet  doué  d'une  certaine  aâivité  d'efprit ,  apprend 
en  trois  jours  environ  quatre-vingts  mots ,  qu'il 
n'oublie  point ,  &  dont  il  n'eft  pas  néceflaire  de 
lui  rappeler  la  fignification. 

Le  nombre  &  l'arrangement  des  lettres  de  cha- 
cun de  ces  mots  eft  tellement  eravé  dans  fa 
mémoire,  que  fi  quelqu'un  en  l'écrivant,  fait  une 
faute  d'ortographe,  aufli-tôt  le  fourd  &  muet  Fcii 
avertit. 


ne  penfois  aucunement  à  délier  leur  langue ,  lorA 
qu'un  incoiinu  vint  un  jour  d'inftrudion  publt- 

Î[ue ,  m'oArir  un  livre  efpagnol ,  en  me  difant  que 
i  je  voulois  bien  l'acheter ,  je  rendrois  na  vrai 
feryice  à  celui  qui  le  poffédoit  :  je  répondis 
qu'il  me  feroit  totalement  inutile ,  parce  que  je 
n'entendois  pas  cette  langue  ;  mais  en  Touvrant  aa 
hafard ,  j'y  aperçus  l'alphabet  manuel  des  efpa- 
gnok,  bien  gravé  en  taille-douce  :  il  ne  m'en  fallut 
pas  davantage ,  je  le  retins ,  &  donnai  au  com- 
fflifllonnaire  ce  qu'il  défiroit. 

J'étois  dés-lors  impatient  de  la  longueur  de  ma 
leçon  ;  mais  enfuite  quelle  fut  ma  furprife,  lorA 
qu'ouvrant  mon  livre  ,  à  la  première  page  j'y  trou- 
vai ce  titre  ,  arte  para  enfenar  à  habCir  los  mudos  ? 
Je  n'eus  pas  befoin  de  deviner  que  cela  fignifioit 
l'art  J'enjeigner  aux  muets  à  parler  ^  &  dés  ce 
moment  je  réfolus  d'apprendre  cette  langue,  pour 
me  mettre  en  état  de  rendre  ce  fervice  à  mes 
élèves. 

A  peine  étois-je  en  pofTeffion  de  cet  ouvrage  de 
M.  Donnet ,  qui  lui  a  mérité  en  Efpagne  les  plus 
grands  éloges ,  comme  j*en  parlois  volontiers  aux 
perfonnes  qui  venoient  à  mes  leçons ,  un  des 
affiftans  m'avertit  qu'il  y  avoit  en  latin  fur  cette 
même  matière  un  très- bon  ouvrage ,  compoft 
par  M.  Amman ,  Médecin  Suifle  en  Hollande  , 
fous  ce  titre ,  DiJ^ertatio  de  loquelâ  furdorum  & 
mutorum  ,  tc  que  |e  le  trouverois  dans  la  biblio- 
thèque d'un  de  mes  amis. 

Je  ne  tardai  point  à  me  le  procurer  ;  & ,  conduit 
par  la  lumière  de  ces  deux  excellens  guides  »  je 
découvris  bientôt  comment  je  devois  m'y  pren- 
dre pour  guérir ,  au  moins  en  partie ,  une  des  deux 
infirmités  de  mes  difciples  ;  m.is  je  dois  rendre 
ici  à  ces  deux  grands  hommes  la  juflice  qui  leur 
eft  due. 

On  difpute  aujourd'hui  à  M.  Bonnet  le  mérite 
de  cette  invention,  parce  qu'on  trouve  dans  l'hif- 
toire  que  quelques  perfonnes  avant  lui  avoient 
fait  parler  des  lourds  &  muets,  &  on  accufe  M. 
Amman  de  plagiat  ,  comme  n'ayant  fait  que 
copier  des  auteurs  plus  anciens. 


MUE 

Pour  mot,  pénétré  de  la  plus  vire  reconnoi- 
iincc  envers  mes  deux  maures ,  je  ne  fais  point 
dificultè  de  croire  que  M.  Amman  ali  invente 
cet  an  en  Hollande ,  M.  Bouoet  en  Efpagne  , 
M.  Wallis  en  Angleterre,  6i  d'autres  Tivan^  dans 
d*autre  pays,  far*s  avoir  vu  les  ouvrages  les  uns 
des  autres  ;  j'ajoute  même  qvtW  n'eil  aucun  habile 
aturomiAe ,  qui ,  en  reflèchUrant  pendant  quelques 
tours  fur  les  mouveraensqui  fe  pafTent  en  lui  dans 
lorgine  de  la  voix»  &  les  partiwS  qui  Tenviron- 
nent ,  à  mefure  qu'il  prononce  fortement  &  fèpa- 
rement  chacune  de  nos  lettres,  &  fe  regardant 
avec  art  jntion  dans  fon  miroir ,  ne  puiïïe  devenir 
à  fon  tour  inventeur  de  cet  art,  fans  avoir  lu 
précédemment  aucun  ouvrage  fur  cette  matière. 
Je  donnerois  volontiers  cet  exemple  pour  la  juf- 
tification  de  ces  deux  auteurs. 

J'ai  voulu  quelquefois  parier  avec  des  favans  , 
que  dans  Tefpacc  d'une  demi-heure,  je  les  met- 
trois  au  fait  de  ma  méthode,  tant  elle  eil  fimplc. 
Après  en  avoir  faitTèpreuve  ,  quelques-uns  d'en- 
treux  font  convenus  qu'ils  auroicnt  perdu  la 
gageure ,  s'ils  TeuATent  acceptée  :  pourquoi  ne  ù 
trouvera-l-il  pas  que]qu*un  en  France  ou  ailleurs  , 
qui,  fans  avoir  lu  mon  ouvrage,  prendra  la  même 
route,  dans  laquel'e  il  ne  s'agit  que  de  fuivre  la 
nature  p;is-à-pas  ?  Et  ne  feroit-on  point  injuHe  d^ 
Joj  en  tilfputer  Tinvention  ou  de  Taccufer  de  pla- 
giat ?  M»  Amman  a  très-bien  repondu  à  ceux 
qui  lui  ont  fait  ce  reproche. 

Il  eft  toujours  permis  de  profiter  des  lumières 
de  ceux  qui  ont  écrit  avant  nous  ;  mais  un  pla- 
giaire efl  un  homme  m^prtfable,  qui  cherche  <1 
s*ea  faire  honneur  comme  s'il  Is.s  eut  rirées  de  fon 
propre  fond.  Doit-on  fuppofer  cette  baffeffe  dans 
des  hommes  d'un  mérite  diflinguè  ? 

Je  n'entrerai  point  dans  le  détail  des  explications, 
que  nos  deux  favans  auteurs  ont  données,  tant 
iur  la  théorie  que  fur  la  pratique  de  la  matière 
4{u'Ut  traitoient.  Leurs  ouvrages  font  deux  flam- 
beaux qui  m'ont  éclairé  ,  mnis  dans  rappUcation 
de  leurs  principes  ,  j'ai  fuivi  la  route  qui  m'a  paru 
la  plus  courte  OC  la  plus  facile  pour  en  faire  ulage. 

t^mment  on  ptut  réujfir  â  apprendre  aux  fourds  & 
mutts  à  prononcer  Us  voyelles  &  les  fylUhts 
fimples, 

Lorfque  jô  veux  eflayer  d'apprendre  à  un  fourd 
&  muetâ  prononcer  quelque  parole,  je  commence 
par  lui  faire  laver  fes  mains  )uft{u  à  ce  qu'elles 
ibient  vraiement  pkipres.  Alors  Je  trace  un  a  fur 
la  table,  6i  prenant  fa  m^in,  je  fais  entrer  (on 
4*.  doigt  dans  ma  bouche  jufqu  à  la  féconde  arti- 
culation ;  après  cela  je  prononce  fortement  un  a  , 
&  je  lui  fais  obferver  que  ma  langue  relie  tran- 
quille &.  ne  s^éléve  point  pour  toucher  à  fon  doigt, 

Ecfuite  j'écris  fur  ma  table  un  i.  Je  ïe  prononce 
de  mcmc  pluficurs  fois  fortement,  le  doigt  de 
mon  difciptt:  étant  toujours  dans  ma  bouche  :  je 
lui    fais   remarquer  que  ma   langue  s'élève,   & 


MUE 


303 


pouffe  fon  doigt  vers  mon  palais  :  alors  retirant 
fon  doigt,  je  prononce  de  nouveau  cette  même 
lettre,  &  lui  fais  obferver  que  ma  langue  s'élar- 
git 6t  s'approche  des  dents  canines,  ôi  que  ma 
bouche  iiVrt  pas  fi  ouverte.  Je  lui  raOiïtreral 
d'jus  la  fuite  ce  qu'il  devra  faire  pour  prononcer 
nos  différens  é. 

Après  ces  deux  opérations ,  je  mets  moi-même 
mon  doigt  dans  la  bouche  de  mon  élève,  6c  je 
lui  fais  entendre  qu'il  doit  faire  avec  fa  langue 
comme  j'ai  fait  avec  la  mienne.  La  prononciatioti 
de  Va  ne  fouffre  ordinairement  aucune  difficulté  j 
celle  de  IV  réuffit  de  même  le  plus  fou  vent  ;  mais 
il  fe  trouve  quelques  fourds  &L  muets ,  avec  lef- 
quels  il  faut  recommencer  deux  ou  trois  fois  cette 
efpèce  de  mècanifme ,  fans  en  témoigner  aucune 
impatience. 

Lorfque  ïe  fourd  &  muet  a  prononcé  ces  deux 
premières  lettres  ,  j'écris  &  je  montre  un  ij  enfuira 
Je  remets  fon  doigt  dans  mi  bouche  ,  &  je  prononce 
fortement  cette  lettre.  Je  lui  fais  obferver ,  i**,  que 
mi  langue  s'élève  davantage^  &  poulTe  fon  doigt 
vers  mon  palais ,  comme  pour  l'y  attacher  ;  2"*, 
que  ma  langue  s'élargit  davantage  »  comme  pour 
forrir  entre  les  dents  des  deux  côtés  ;  3*.  que  je 
fais  comme  une  efpèce  de  fouris  ,  qui  eft  très* 
fenfible  aux  yeux. 

Après  cela  ,  retirant  fon  doigt  de  ma  bouche  , 
&  mettant  le  mien  dans  la  fi^nne,  je  Tengage  à 
faire  ce  que  je  viens  de  faire  moi-même  ;  mais 
il  eu  rare  que  cette  opération  réufilfle  dès  la  pre- 
mière  fois,  &  même  dès  le  premier  jour,  quoi- 
que faite  à  plufieurs  reprifes  ;  il  fe  trouve  même 
quelques  fourds  &  muets  qu'on  ne  peut  jamais  y 
amener  que  d'une  manière  très-i  tu  par  faire.  Leur 
î  garde  toujours  trop  de  re/Temblance  avec  Vé,  Je 
ne  parle  point  ici  de  l'y,  qui  fe  prononce  com- 
me un  L 

Il  n'eft  plus  néceffaîre  de  remettre  les  doigts 
dans  la  bouche*  En  faifant  comme  un  0  avec  mes 
lèvres  &  y  ajourant  une  efpèce  de  petite  moue  » 
je  prononce  un  <?,  ai  le  fourd  &  muet  le  fait  à 
l'inflant  fans  aucune  difficulté. 

Je  fais  enfuite  avec  ma  bouche  comme  û  je 
foufllois  une  lumière  ou  du  feu  ,  &  je  pronoiice 
un  a.  Les  fourds  &  muets  font  plus  portés  à  pro- 
noncer un  ou.  Pour  corriger  ce  défaut,  je  fais  (en* 
tir  au  fourd  &  muet  que  le  fouffle  que  je  fais 
fnr  le  revers  de  fa  main  en  prononçant  un  ou  y  eft 
chaud,  mais  qu'il  efl  froid  en  pronon<jant  un   u. 

La  lettre  A  n'ajoute  qu'une  efpèce  de  foupir  aux 
voyelles  qu'elle  précède  ;  l'ufage  apprendra  quels 
font  les  mots  ou  l'on  doit  fupprimer  cette  aipira- 
tion  ;  avant  que  d'aller  plus  loin,  je  dois  avertir 
tout  inftttuteurdes  fourds  &  muets,  d'éviter  Tin- 
convénient  dans  lequel  je  fuis  tombé  moi-même  , 
lorfi|ue  j'ai  formé  la  réfolution  d*apprcndre  aux 
lourds  &L  muets  â  parler.  Ayant  lu  avec^ttention  , 
Si  entendu  irèsclafrement  les  principes  de  mes 
deux  Maîtres ,  MM.  Bonnet  &  Amman  »  j'ai  entre* 


504 


MUE 


MUE 


pris  de  les  expliquer  par  demandes  &  par  répon- 
ft^s,  &  de  les  faire  apprendre  à  mes  élèves  ;  |*en- 
films  mal-à-propos  une  route  trop  longue  &  trop 
d;fTàcUe-  Tenfcignoïs  &  je  perdois  mon  temps  :  il 
ne  devoit  être  quellîon  que  d'opérer. 

Les  inftituteurs  des  fourds  &  muets  n'ont 
befctn  que  d'être  avertis  de  ce  qui  fe  pafle  natu- 
rcUement  en  eux,  lorfqu'ils  prononcent  des  lettres 
&  des  fyUabes  «  parce  qu'ils  les  ont  articulées  dès 
Tenfance  fans  faire  attention  à  ce  mécanifme. 

Apres  cet  avertiffement ,  il  n'eft  point  néceffatre 
de  leur  donner  des  principes  pour  leur  appren- 
dre ce  qii'ils  doivent  faire  pour  parler,  puilqu*iïs 
le  font  d'eux-mêmes  à  chaque  infant  ;  &  ce  quil<; 
éprouvent  en  parlant,  fuffit  pour  leur  faire  com- 
prendre ce  qu'ils  doivent  tâcher  d'exciter  dans  les 
organes  de  leurs  difciples. 

Il  en  éd  de  même  des  fourds  &  muets.  Il  e^ 
inutile  d'entrer  avec  eux  dans  un  grand  détail  de 
principes,  ce  feroit  les  fatiguer  à  pure  perte. 
Sous  la  conduite  d'un  maître  Intelligent  »  qui  opère 
lui-même  &  tes  fait  opérer,  ils  n*ont  bcfoin  que 
de  leurs  yeux  Sl  de  leurs  mains  ,  pour  apercevoir 
&  fentir  ce  qui  fe  palTe  dans  les  autres  lorfqu'ils 
parlent ,  &  qui  doit  pareillement  s'opérer  en  eux  , 
pour  proférer  des  ions  comme  le  refle  des  hom- 
mes. 

J'ai  cru  cet  épîfode  néceffalre ,  afin  que  tous 
ceuit  qui  feront  touchés  de  compaffion  pour  les 
fourds  &  muets,  ne  s'imaginent  point  qu'il  faille 
des  lumières  fupêrieures  pour  leur  apprendre  à 
parler. 

Je  ne  dots  point  oublier  non  plus  un  article 
important,  &  qui  demanda  quelque  attention  de 
la  part  de  ceux  qui  veulent  înftniire  des  fourds 
&  muets.  Il  arrive  quelquefois  que  dans  les  pre- 
mières leçons  qu'on  leur  donne  pour  leur  appren* 
àrc  à  parler,  ils  difpofent  leurs  organes  comme 
ils  nous  voient  difpofsr  les  nacres  pour  pronon- 
cer telle  ou  telle  lettre- 

Ccpendant  torfcjue  nous  leur  faifons  fignede  la 
proférer  à  leur  tour  ,  ils  reftent  fans  voix ,  parce 
qu'ils  ne  fe  donnent  aucun  mouvement  intérieur 
pour  f:drc  fortir  l'air  hors  de  leurs  poumons.  Si 
on  n'eft  pas  fur  fes  gardes ,  cet  inconvénient  fait 
aifément  perdre  patience. 

Pour  y  remédier ,  je  mets  la  main  du  fourd  & 
muet  fur  mon  gofier  »  à  l'endroit  qu'on  appelle  le 
nœud  de  la  gorge ,  &  je  lui  fais  fentir  la  dilïé- 
rencc  palpable  qui  s'y  trouve,  lorfque  je  ne  fais 
que  difpofer  l'organe  pour  prononcer  une  lettre  , 
&  lorfque  je  la  prononce  en  effet. 

Cette  différence  eft  aufH  très-fenfible  dans  les 
flancs  ,  au  moins  dans  certaines  lettres ,  comme 
dans  le  ^  &  dans  le  p  en  les  prononçant  forte- 
ment. 

Je  lui  fais  auffi  éprouver  fur  le  dos  de  fa  main 
ta  différence  du  frappement  de  Tair,  lorfque  Je 
prononce  ou  que  je  ne  prononce  pas.  Enfin,  met- 
uni  fon  doigt  dam  ma  bouche  j  fans  toucher  à 


ma  langue , 


mon  palais ,  je  lui  fats 
différence  d'une  mao» 


rrc 


apercevoir  cette   dittérence  d  une  maoiètfl 
fenfiblc.  % 

Si  tous  ces  moyens  ne  réuffiffoicnt  pas ,  je 
feillerois  volontiers  de  lui  ferrer  fortement  ' 
du  petit  doigt  :  alors  il    ne  fera   pas  lonj 
fans  faire    fortir  quelque  fon  de  la  boucj 
fe  plaindre. 

Je  reviens  à  notre  prononciation. 

J'écris  fur  ma  table  pa,pé ,  pi ,  pa ,  pu, 
pourquoi  je  commence  par  ces  fyllabes ,  c'e; 
que  dans  tout  art  il  faut  commencer  par  ce 
y  a  de  plus  facile,  pour  arriver  par  degrés 
qui  ed  plus  ditlicile.  Je  montre  donc  au  faui 
muet  qufi  j'enfle  mes  joues,  &  que  je  ferre 
tement  mes  lèvres  :  enfuite  faifant  fortir  " 
ma  bouche  avec  une  efpécc  de  violence  « 
nonce  pa  :  il  rimîte  aurfitot» 

La  plupart  même  des  fourds  &  muets  lej 
prononcer  avant  que  de  s'adreffer  à  nous 
que  les  mouvcmens  qu'on  fait  pour  proa< 
cette  fy llabe  ,  étant  purement  extérieurs  ,  ils 
font  aperçus  phifLcurs  fois,  &  fe  font  accc 
mes  à  les  faire  par  imitation. 

Mais  ayant  appris  à  prononcer  é  ^  î ,  <y  »  ir , 
la  première  opération  dont  j'ai  rendu  compte 
difent  tout  de  fuite  pé  ^  pï^  po  ,  pu  ;  il  n*y  a  q 
pi  qui  eft  fouvent  obfcur ,  &  qui  le  rcftc  pfti 
moins  long- temps. 

J'écris  ka ,  hé  ^bi^bo^hu^  parce  que  le  h 
qu'un  adouciffement  du  p.  Pour  faire  ente 
cette  différence  au  fourd  îk  muet ,  je  mets  ma 
fur  la  fienne  ou  fur  fon  épaule  &  je  la  preff< 
tement,  en  lui  faifant  obierver  que  mes  lèvr 
preffcnt  de  même  fortement  l'une  contre  Tj 
lorfque  je  dis  pa. 

Après  cela  je  preffe  plus  doucement  la  mai 
l'èpaulc ,  &   je  fais  remar.fuer  la  preflîoû 
douce  de  mes  lèvres  en  difant  ba*  Le   foui 
muet,  pour  l'ordinaire,  Lifit  cette  différence 
prononce  f  .,  &  tout  de  fuite  bé,  bi ,  bo  ^  b 

Après  le  f>  &  le  é ,  la  confonnc  qui  eft 
facile  à  prononcer  ell  le  r.  J*écris  donc  td 
10  ^  tu^hi  je  prononce  ta.  En  méme-temi 
remarquer  au  fourd  &  muet  que  je  mets  le 
bout  de  ma  langue  entre  m^s  dents  de  de 
fypérieures  &  inférieures ,  &  que  je  fais  avi 
bout  de  ma  langue  une  efpèce  de  petite  èja' 
lion  qu'il  lui  eft  aifé  de  fentir  ,  en  y  approc 
rextrèmitè  de  fon  petit  doigt.  Il  n'en  eft 
qu'aucun  qui ,  fur-le*champ  ,  ne  prononce  u 
enfuite  « ,  fi ,  *<? ,  ri/. 

J'écris  alors  da^  dé ,  di  ^  do^  du^  parce 
i/  n'eft  qut  l'adouciffcment  du  i  ^  &  poi 
fentir  la  différence  entre  l'un  &  l'autre  ,  je 
fortement  avec  le  bout  de  mon  Indtx  droit  h 
lieu  du  dedans  de  ma  main  gauche,  &  j 
enfuite  plus  foiblement  :  cette  différence  noi 
ne  le  da ,  dé ,  dt ,  do  ,  du, 

Âprè&  les  lettres  dont  nous  venons  de 


np^ 


en 

lel 


MUE 

b  lettre  cjuî  fc  prononce  plus  aifément  cft  la  lei^ 
irt  f 

/écris y>,  /c,/,  fo  ,  fu  »  &  je  prononce  for- 
tfircnt  fa  )e  fais  oblci ver  au  lourd  &l  muet  <}uc 
je  pofe  mon  r^tetier  fupérieiir  fur  ma  lèvre  intc- 
ricure,  $L  je  lui  fais  fcntir  fu;  le  dos  de  fa  main 
le  fouffle  que  j«  fais  en  prononçanî  cetie  fyllabe. 
Àu(ù-iÔ€  tl  U  prononce  lui-mênie  pour  peu  qu'il 
et  dWeliigence« 

Fa,  vé^  VI,  va,  vzi,  n*cn  «ft  que  l'adouciffe- 
jnent»  qtai  {ouffrc  quelqu«ffois  un  peu  de  difficul- 
té ;  mais  avec  de  U  patience  on  en  vient  aLfément 
à  bout. 

Tout  ce  que  nous  venons  de  dire  n'cft  en  quel- 

r!  forte  qu  un  jeu  ,*  &  pour  peu  que  les  fourds 
muets  aient  d'uiiention  &  de  capacité  ,  il  ne 
leitr  faut  pas  une  heure  entière  pour  rapprendre 
&  rexécuier  aflez  clairement.  Cependant  ils  favent 
dè|â  ueke  lettres  (  en  comptant  Vh  &  1  y  ) ,  qui 
fofli  plus  de  la  moitié  de  notre  alphabet.  Ce  qui 
fuii  devient  plus  difficile  ,  &  demande  plus  d'atten- 
wm  de  U  part  des  élèves:  auflî  le  fuccèi  n'en  efl- 
3pa»  également  prompt. 

i'écris  /j ,  /é-'  ,  y7 ,  /o  ,  /tt  »  &  je  prononce  for- 
tancnt /j.  Alors  je  prends  la  main  du  fourd  & 
muet  y  &  je  la  mecs  dans  une  fuuation  horifontale^ 
à  trois  ou  quatre  pouces  au-deiTous  de  mon  men- 
ton* Je  lui  fais  obferver  i%  qu'en  prononçant  for- 
tement une  /,  je  foufHc  fur  le  dos  de  fa  main 
d^une  manière  très-fenfible ,  quoique  ma  tète  & 
par  conféquent  ma  bouche  ne  foit  pas  inclinée 
pour  y  ibuffler  ;  2"^,  que  cela  arrive  ainfi ,  parce 
que  le  bout  de  ma  langue  touchant  prefque  aux 
itnts  încifives  fupèrieures ,  ne  biffe  qu'une  très- 
pente  iffue  à  l*air,  que  je  chaffe  fortement  & 
«mpêche  de  fortir  en  droiture  :  d'un  autre  côté  , 
cet  air  fortement  pouffé  ne  pouvant  retourner  en 
arriére,  il  eft  obligé  de  defcendre  perpendiculai- 
remem  fur  le  dos  de  la  main  qui  cft  au-deffous 
de  mon  menton  »  où  il  produit  une  impreffion 
trés-fcnfible  ;  3".  que  ma  langue  preffe  aOez  for- 
'enenc  les  dents  canines  fupèrieures. 

Il  arrive  fouvent  qu'un  fourd  &  muet  »  attentif 
t  ce  qu*il  me  voit  faire  moi-même ,  &  mettant  fa 
iiiiin  fous  fon  menton,  prononce  tout  d'un  coup 
/î,  &  fur  le  champ /«,/,  yî? ,  fu.  Nous  averti f- 
ftdift  que  le  •:  avec  un  e  ou  un  i  fe  prononce  cora- 
wm  ft^  fi  ^  &  que  même  avec  un  j ,  un  o  ou  un 
ij  il  fe  prononce  comme  fa^ff^fu^  lorfqu'on 
met  au-deffous  du  f  une  cédille,  c'eft-à-dire,  une 
petite  virgule* 

Le  ^4  «  ^i ,  ^r ,  ^i7 ,  ^1/ ,  efl  Tadouclffement  du 
Ui  fi  t  fi  »  fo  9  fu  i  on  y  amène  quelquefois  le 
imtà  &  muet  dès  le  premier  inllant,  mais  il  en 
cft  d'autres  pour  lefquels  11  faut  y  revenir  plus 
(fane  fois* 

\a  fA^fi^fi^foyfUy  nous  conduit  au  cHa  ,  chè  , 
fài ,  cho ,  chM ,  qui  préfente  d'abord  plus  de  diffi- 
ctilté.  Je  récris  t  &  je  prononce  fortement  cki  y  en 
bifant  obferver  au  fourd  &  muet  la  moue  que 
Atu  fi»  MéêUrst  Tomi  K  P^nk  i| 


MUE 


505 


nous  faîfons  tous  naturellement  ,  lot^que  nous 
prononçons  fortement  ce  mot  pour  faire  peur  à 
un  chdi  j  cnfutte  jt  meis  foti  doigt  dans  ma  bou» 
tiie,  &  je  lui  fuis  remarquer,  î*>»  limpulfion  forte 
que  je  dutïne  à  Pair  en  prononç^rr  la  lettre/; 
2".  que  le  milieu  de  ma  langue  touche  prefque  à 
mon  palais  ;  5*,  qu  elle  s*étend  6l  vient  comme 
frapper  mes  dents  molaires  ;  4".  qu'elle  lalffe  à  Tair 
affez  de  paffage  pour  fortir  direôement  de  ma 
bouche,  &  n'être  point  obligé  de  defcendre  per* 
pendiculairement  comme  il  le  fait  lorfque  je  pro* 
nonce  la  lettre  /,  Le  fourd  fit  muet  aperçoit  très- 
clairement  cette  différence,  parce  qu'en  mettant 
fa  main  vis-à-vis  de  ma  bouche  ,  l'air  vient  la 
frapper  diieftement  lorfque  je  prononce  la  fyU 
labe  cha. 

Je  mets  alors  mon  doigt  dans  fa  bouche,  8c  lur 
faifant  faire  ce  que  j'ai  fait  moi-même  ,  il  pro* 
nonce  c/ta  &  cnuiite  ché  ,  chi ,  cho  ,  chu  ;  mais 
pendant  un  temps  plus  ou  moins  long,  il  revient 
toujours  au  fa ,  fi  jfi  »  /*>  »  /^  >  tant  qu*il  n'a  pas 
lui-même  fon  doigt  dans  fa  bouche  pour  diriger 
les  opérations  de  fa  langue.  Ce  n'eft  que  par  Tha- 
bitude  cju'il  apprend  à  fe  paffer  de  ce  moyen. 

Ja  ,7^',  /V,  jû,  ju  ,  eft  Tàdouciffement  de  cHa  ; 
chi ^  chi ^  cho,  chu  ^  &  s*enfeigiie  comme  les  au- 
tres adouciffemens ,  par  la  différence  de  la  preffion  ^ 
avec  de  Tu  fa ge  &  de  rattentioni  tant  de  la  pare 
du  maître  que  du  difciple. 

Mais  voici  de  quoi  exercer  notre  patience.  Ttt 
cris  fur  la  table. 

Ca  5       , . ,       • . \       co  ,      eu* 
Ka ,      ké ,      ki ,      ko ,      ku. 

Qua  ,  que ,    qui ,     quo. 

Enfuite  je  prononce  fermement  cj.  Je  prends 
alors  la  main  du  fourd  &  muet  ,  &  je  la  mers 
doucement  à  mon  gofier ,  dans  la  fituation  extè^ 
rieure  d'un  homme  qui  me  prendroit  à  la  gorge 
pour  m'éirangler.  Je  Juî  fais  obferver ,  &  il  le 
fent  d'une  manière  palpable ,  qu'en  prononçant 
fortement  cette  fyllabe  mon  gofier  s'enfle* 

Je  lui  montre  enfuite  que  ma  langue  fc  retire; 
qu'elle  s'attache  fortement  à  mon  palais ,  &  ne 
laiffe  à  Tair  intérieur  aucune  iffue  Dour  fortir  , 
jufqu'à  ce  que  je  la  force  de  s'abaiffer  pour  pro- 
noncer cette  fyllabe.  Je  lui  fais  auflî  remarquer 
Tcfpéce  d*effort  qui  fe  paffe  dans  les  flancs  en  pro- 
nonçant cette  fyllabe.  Après  cela  je  mets  moi- 
même  ma  main  fur  fon  gofier^  comme  je  lui  al 
fait  mettre  la  fienne  fur  le  mien  ,  &  je  l'engage 
à  faire  lui-même  ce  qu'il  m'a  vu  faire. 

Il  n'eff  qu'un  très-petit  nombre  de  fourds  & 
muets  ,  pour  lefquels  cette  opération  rèuffiffe  dès 
la  première  fois  ;  avec  les  autres,  il  faut  la  répé-' 
ter ,  &  leur  faire  fentir  l'effet  que  la  prononcia- 
tion de  cette  fyllabe  produit  dans  le  gofier  de  leurs 
compagnons  ou  compagnes  ,  &  de  quelle  manière 
leur  langue  tient  i  leur  palais ,  tant  qu'ils  fe  pr^ 
parent  à  |^  s'^^^'^^^* 


3o6      "'^^    MUE 

Il  sVn  trouve  pour  Icfquels  il  faut  y  revenir 
trois  ou  quatre  jours  de  fuire  i  mais  je  prie  qu'on 
fe  fouvienrie  fur- tout  qu'il  faut  prendre  garde  de 
tes  rebuter. 

Quand  on  voit  qu*ils  s'impatientent  ou  qu'ils  fe 
découragent  fur  une  lettre  ,  il  faut  patTer  à  «ne 
autre  :  peut-être  qu'une  heure  après  ils  diront  tout 
d'un  coup  celle  qu'on  a  été  obligé  d^abandonner  : 
alors  îl  faudra  la  leur  faire  répéter  pluûsurs  fols 
de  fuite. 

Il  arrive  aufll  quelquefois  qu*en  voulant  leur 
faire  prononcer  une  fyllabe  qu'on  leur  montre  hic 
&  nunc  ,  ils  en  prononcent  d  eux-mêmes  une  autre 
qu'on  ne  leur  a  point  encore  apprife. 

Penai  trouvé,  par  exemple,  qui,  pendant  que  je 
voulois  leur  faire  dire  pour  la  première  fois  chj , 
ont  prononcé  d'eux* mêmes ^w<i  ;  il  faut  alors  écrire 
^ua  ^  quc^  qui^  quo  ^  cu^  &  le  leur  faire  répéter 
plufieurs  fois  :  c'efl  auum  de  peine  épargnée  pour 
le  maître*  •  h 

Les  petits  fourds  &  muets  éprouvent  afltz  long- 
temps de  la  difficulté  à  prononcer  le  €n ,  s'ils  ne 
mettent  pas  le  doigc  dans  leur  bouche ,  pour  dtf- 
pofer  leur  langue  comme  elle  Tcft  dans  la  pro* 
nonciation  de  la  lettre  t  :  cette  première  opéra- 
tion les  conduit  facilement  à  l'attacher  k  leur  pa- 
lais ,  autant  qu'il  eft  néceflaire  pour  la  prononcia- 
tion de  la  fyUabte  ca, 

Lorfque  les  fourds  &  muets  font  parvenus  à 
prononcer  le  ca ,  toutes  les  autres  fyllabes ,  que 
nous  avons  rangées  ct-deffus  fous  trois  lignes  , 
ae  fouffrent  plus  aucune  difficulté, 

Cj,  gu^^  gui^  g<>  »  i^^f  font  des  adouciiTemens 
de  qua ,  qui  y  aul^  &c.  mais  nous  avons  foin  d*a* 
vertir  que  lorlque  le  g  fe  trouve  feul  avec  un  c  ou 
un  i ,  il  fe  prononce  comme  je  &  jL 

Nous  faifons  auffi  obfervcr  que  dans  ces  mots  , 
gabion  y  gaière  ,  la  prononciation  du  g  eft  dure,  & 
qu'alors  la  langue  eft  prefque  aulfi  profondément 
retirée  vers  le  gofter ,  qu'en  prononçant  le  qua  , 
&  que  rirnpulfion  de  l'air  eft  prcfquc  auffi  forte, 

z"*.  Que  dans  la  prononciation  ûq  f^cm  ou  pil- 
dont  il  y  a  plus  de  douceur.  La  tangue  eft  moins 
retirée»  %  llmpulfion  de  Tair  eft  moins  forte. 

3^.  Enfin,  que  dans  cette  fyllabe  gn^«r,  la  lan- 
gue ïCcfi  prelque  plus  retirée,  &  l'ijnpulfion  de 
iair  eft  plus  foibk, 

Cène  iroiftème  prononciation  du  g  avec  une  « 
doit  fortir  par  le  nez  ;  auffi  la  langue  doit^elle  fe 
porter  derrière  les  dents  incifives  fupérleures  , 
comme  nous  le  dirons  en  parlant  de  la  lettre  n. 

Nous  n'enfcignons  point  particulièrement  ta 
lettre  .v  ,  nous  montrons  ft^ulcnient  qu'elle  fe  pro- 
nonce quelquefois  comme  fr,  6c  d'autres  fois  g\* 
Nous  dirons  ci- après  de  quelle  manière  nous  appre- 
nons aux  fourds  Sc  muets  à  joindre  enfemble  ces 
dctix  confonncs. 

Il  ne  nous  refte  plus  que  les  quatre  confonnes 
appelées  liquides  l  ^m^n  ,  r  ,  parce  que  nous  n'a- 
vons pas  voulu  fêparer  toutes  celles  qui ,  étant 


'MUE 

dures  par  elles-mêmes,  en  cm  fous  elles  d'autres 
plus  douces. 

J'écris  donc  U^  U ,  li,  h^  lu ,  Si  je  prononce 
ta.  Je  fais  obferver,  i**.  que  ma  langue  fe  replie 
fur  elle-même ,  &  que  fa  pointe  en  s'èlevani  frappe 
mon  palais. 

i*".  Qu'elle  s'élargit  d'une  manière  fcnfiblc  pour 
prononcer  la  lettre  /  de  cette  fyllabe  »  mai»  qu'elle 
fe  rétrécit  auffi-tôtpour  en  prononcer  b  lettre  dm . 
Les  fourds  8t  muets  faifift^entaflfei  facilement  cette 
prononciation  ,  dans  laquelle  il  fe  paiTe  quelque 
chofe  à-peu- près  femblable  k  ce  qui  fe  Eut  dans 
la  langue  du  chat  lorfqu'il   boit. 

En  écrivant  m*i,  m«f,  mi  ^  mo  ^  mu  ^  &  proncm- 
çantTOj  ,  je  fais  obferver  que  la  fituation  de  mes 
lèvres  femble  être  la  même  que  pour  la  pronon* 
ciaiion  du/?  &  du  ^  ;  mais,  i**.  Que  la  prcffioo  des 
lèvres  l'une  contre  Vautre  n'eft  pas  auffi  forte  qu© 
celle  du  r,  6c  qu'elle  eft  même  plus  foible  qoe 
celle  du  L  i*^.  Qu'en  prononçant  cette  lettre  »  met 
lèvres  ne  font  aucun  mouvement  fenfible  en  avant* 
3^  Que  la  prononciation  de  cette  lettre  doit  for» 
tir  par  le  nez. 

Je  prends  donc  le  dos  de  la  main  du  fourd  & 
muet ,  &  je  le  mets  fur  ma  bouche  :  je  lui  fais  fcil- 
tir  combien  eft  foible  la  preffion  de  mes  lèvres  , 

3ui  ne  font  en  quelque  forte ,  que  s'approcher  l'une 
e  l'autre,  &  qui  ne  font  aucun  mouvement  pour 
faire  fortir  la  parole  ;  enfuite  je  mets  fes  deux 
indtx  fur  les  deux  côtés  de  mes  narines  ♦  &  je  loi 
fais  fentir  le  mouvement  qui  s'y  paffe ,  en  laifatii 
fortir  par  le  nez  la  prononciation  de  cette  lettre. 

11  fe  trouve  des  fourds  &  muets  qui  ont  de  la 
peine  à  faifir  ce  fécond  adouci  (Te  m  cm  du  /y  fit 
l'émiffi.^n  de  l'air  par  les  narines  ;  mais  avec  un 
peu  de  patience  on  les  y  amène  pir  le  moyen  que 
|c  viens  d'expliqueT,  en  leur  faifant  faire  fur  eux* 
mêmes  ce  qu  ils  ont  éprouvé  fur  moi  loifque  je 
prononçois  cette  lettre. 

Quelques  fav.ms  en  ce  genre  ont  dît  que  la  let- 
tre m  étoit  un  p  qui  fortoit  par  le  nez  >  &  la  lettre 
/ï  un  /  qui  f  rtoit  pas  la  même  voie  :  au  monts 
eft' il  certain  que  la  lettre  n  peut  fe  prononcer 
très-diftinftement ,  en  obfervant  la  même  poûiioa 
que  pour  le  f. 

Il  eft  ceDcndant  plus  commode  de  porter  1^ 
bout  de  la  langue  derrière  les  dents  incifives  fupé»^ 
Heures,  en  les  pieffiint  fortement,  &  cette  pofi* 
tion  facilite  bien  davantage  la  fortîc  de  la  refpi- 
ration  par  le  nez  ;  c'eft  ce  que  je  fais  ôbicrver  au 
fourd  si:  muet,  en  prononçant  moi-même  na  pen- 
dant qu'il  a  (es  deux  doigts  fur  mes  deux  inriaçi^ 
&  en  lui  falfant  enfuite  prononcer  s^y  M^.wi^i 
no  y  nUé 

M,  Amman  regarde  la  lettre  r  comme  la  pîi» 
difficile  de  toutes,  &  ne  fait  point  difficulté  de 
dire  :  foU  lit  ter  a  ,  potcflatï  me  ce  na/t  ftihjacff* 

Voici  de  quelle  manière  je  m'y  fuis  toujoars 
pris ,  lorfque  je  ne  pou  vois  la  faire  oranor.crr  à 
quelques  lourds  &  muets  :  je  mcttois  oc  Tcau  dans 


U  E 

01  bouche^  &  je  faifols  tous  les  mouvemens 
cui  font  fîiceffairet  pour  fe  gargarifcr  :  cnfuite  je 
iiiToîs  birc  b  racme  chofe  aux  fourds  &  muets,  & 
pour  l'ordmaire  ils  difoient  fur-le-chainp  ra  ^  ri  ^ 
fit  jv,  r». 

Je  coofeilleroîs  donc  volontiers ,  qu'en  cas  de 
beroia  ,  on  fit  la  même  chofe  ;  mais  comme  il  s*cn 
trooye  quelques-uns  qui  pleurent  lorfqu*on  veut 
leor  filre  faire  cette  opération  ^  pour  ceux-là  ,  il 
ftui  leur  faire  fcntir  lur  foi -même  ou  fyr  quel- 
qu*auire  perfonne  le  mouvement  qui  fc  fait  dans 
le  eoiier  en  prononçant  cette  lettre. 

Si  cela  ne  réuflit  pas ,  il  ne  faut  qu'un  peu  de 
patience,  parce  que  ceux-mémes  qui  ne  peuvent 
la  prononcer,  difent  ordinairement  trèsbien  la 
fyltabe  pra^  lorfqu'on  en  eft  à  cet  endroit  de  Tinf- 
tmdion  ,  ce  qui  les  conduit  à  la  fyllabe  ra ,  qu'ils 
tïc  pouvoienr  prononcer  ;  car  alors  il  eft  très-tacile 
de  leur  f^ifc  fcntir  fur  eux-mêmes  la  différence  de 
ce  qui  fe  paflTe  fur  leurs  lèvres  pour  la  prononcia- 
tion du  p  »  d'avec  ce  qui  fe  paffe  dans  leur  gofier 
pour  la  prononciation  de  la  lettre  r. 

Nous  n'expliquons  point  en  détail  à  nos  fourds 
&  muets  les  petites  difTércnces  qui  fe  trouvent  dans 
les  po(îtions  de  la  langue  ,  en  prononçant   nos 

S[uatre  differens  €  :  nous  leur  faifons  remarquer 
culcment  fouvenure  plus  ou  moins  grande  de 
h  bouche ,  &  cela  leur  fuffit  à  Tinflant  v\kmt  ; 
cependant  la  moue  que  Ton  fait  en  prononçant 
IV  muet  ou  la  diphtongue  eu ,  mérite  une  attention 
particulière. 

U  n'eft  pas  toujours  bien  facile  de  leur  faire 
fafif  la  différence  de  cette   moue  ,  d'avec  celîe 

Î[ue  nous  faifons  en  prononçant  ûu  ;  cependant  la 
«condc  refferre  le  gofier  &  la  bouche  :  ta  première 
dilate  l'un  &  l'aucre  ;  en  prononçant  euy  la  lèvre 
jn^érleure  eff  tant  foit  peu  plus  pendante  :  nous 
ntfoas  obferv^er  aux  fourds  &  muets  ,  qu'en  fouf- 
fliflt  dans  nos  mains  pendant  Thiver  pour  nous 
^'hauffer,  nous  dlfons  naturellement  <u, 
O^firvaitons  nicejfdlns  pour  b  UHurt  6»  U  pronon- 
€Ution  iii s  fourds  &  mutts^ 

Nous  avons  fu  prononcer  les  différentes  mots 
de  notre  langue  avant  que  d'apprendre  k  lire.  La 
première  de  ces  deux  études  s'eft  faite  de  notre 
part  fans  nous  en  apercevoir,  &  toutes  les  pcr* 
ft^nnes  avec  qui  nous  vjvions,  étoient  nos  maî- 
tf«s  fans  s'en  douter. 

De  prétendus  experts  dans  Tart  nous  ont  intro- 
duits dans  la  féconde  de  ces  fcicnces  ;  mais  fi  nous 
y  avons  réuâl ,  ce  n'a  point  été  leur  faute  ,  car 
m  prenotcnt  tous  les  moyens  pour  nous  en  empê- 
cher* En  nous  faifant  épellcr  un  t ,  un  <?,  un  i ,  un 
é^  une  ^  &  un  f ,  ils  nous  mettoientà  cent  lieues 
de  li  î  c'éioit  cependant  pour  nous  le  faire  dire. 
Peut-on  imaginer  rien  de  plus  déraifonnablc  ? 

Enfin,  cous  avons  fu  Kre  »  parce  que  nous 
avions  plus  de  facilité  que  nos  maîtres  n'avoient 
de  bon  fcns:  au  rocins ,  aptes  nous  avoir  fait  épcl- 


E  307 

1er  toutes  ces  lettres  «  aurolent-Us   d&  nous  dire 
de  les  oublier   pour  prononcer  îL 

Comment  on  apprend  aux  fourds  &  mutts  à  pro^ 
nonce r  de  même  des  fylUbts  qui  s'écrivent  dif- 
féremment. 

U  n'en  eft  pas  des  fourds  &  muets  comme  de* 
autres  enfans  :  de  la  prononciation  à  la  kâure  il 
n'y  a  pour  eux  qu'un  feul  pas  ;  difons  mieux»  ils 
apprennent  Tune  &  Tautre  en  même-temps.  Nous 
avons  foin  de  leur  bien  inculquer  ce  principe,  que 
nous  ne  parlons  pas  comme  nous  écrivons. 

Ceft  un  défaut  de  notre  langue  \  mais  nous 
ne  fommcs  pas  maîtres  de  le  corriger  :  nous  écri- 
vons pour  les  yeux^  &  nous  parlons  pour  ie§ 
oreilles. 

Nous  mettons  donc  Tune  fur  l'autre  diffé- 
rentes fyllabes  dans  le  même  ordre  qu*oa  les 
voit  ici  : 


tè 

lé 

mê 

tes 

les 

mes 

tais 

lais 

mats 

fois 

Jois 

mois 

toient 

loient 

moient , 

&  nous  dlfons  à  nos  fourds  &  muets p  qu'elles  fc 
prononcent  toutes  de  même  en  cette  manière,//^ 
ti  ^  li  y  têf  têj  **,  lé ,  ié  t  /tf\  lé  f  /e, ...  TOC,  me ,  me, 
me  y  mé  \  enfuite  nous  leur  faifons  prononcer  de 
cette  manière  chacune  de  ces  fyllabes  :  ils  Icnten* 
dent,  c'eft'à-dlre  ,  qu'ils  le  comprennent,  &  noui 
voyons  qu'ils  ne  s'y  trompent  jimals. 

Nous  obfervons  la  même  méthode  pour  toutes 
les  fyOabes  qui  fe  prononcent  tes  unes  comme 
les  autres,  &  qui  s'écrivent  différemment  ;  &cela 
entre  fi  bien  dans  leur  efprit ,  que  fous  notre  dic- 
tée ,  lorfqu'elle  fe  fait  par  le  mouvement  des  lèvres, 
fans  être  accompagnée  d*aucun  figne,  comme  nous 
le  dirons  ci -après ,  lîs  écrivent  tout  autrement 
qu'ils  ne  nous  voient  prononcer. 

Par  exemple ,  nous  prononçons  leu  mouà  deu  mè  , 
&  ils  écrivent  le  mois  de  mai  ;  nous  prononçons 
/'ô  deu  fontene ,  &  ils  écrivent  Veau  de  fontaine  ;  je 
prononce  ;V  deu  la  peine  ^  &  ils  écrivent  fai  dt  U 
peine ,  &c.  &c. 

Des  fylUhes  compofées  de  deux  confonnes  &  £une 
voyelle* 

Les  fourds  &  muets  n'ayant  eu  dans  leurs  pre- 
mières leçons  que  des  fyllabes  dont  îa  pronon- 
ciation étoit  abfolument  tndtvifible,  lorfque  nous 
leur  en  écrivons  qui  commencent  par  deux  cnn- 
fonnes  ,  &  qui  exigent  par  conféqucnt  deux  diffé- 
rentes difpofitions  de  l'orgine  avant  la  prononcia- 
tion de  la  voyelle  qu'elles  précèdeat ,  cetce  opé- 
ration  fouffrc  de  la  difficulté. 

Ainfi  nous  écrivons  pra ,  prêt  pà »  pf^»  p^  « 
mais  les  fourds  &  muets  ne  manquent  point  de 
dire  peura  ,  peuré  ,  peuri ,  peuro  ,  peuru* 

Qqi 


3o8 


MUE 


Pour  corriger  ce  défaut,  nous  leur  montrons 
qu*ils  font  deux  émidîons  de  voix ,  &  que  nous 
n*en  faifons  qu'une.  Nous  leur  faifons  mettre  deux 
doigts  de  leur  main  droite  fur  notre  bouche ,  & 
deux  doigts  de  leur  main  gauche  fur  notre  gofier  ; 
enfuite  nous  prononçons  comme  eux  très-tranquil- 
lement peura  ,  peuré ,  pcuri ,  &c. ,  ^n  comptant 
avec  nos  doigts  une  &  deux ,  à  mefure  que  nous 
prononçons  chacune  de  ces  (yllabes ,  &  nous  les 
avertirons  que  ce  n*eft  point  comme  cela  qu*il 
faut  faire. 

Alors  nous  leur  difons  par  fignes,  qu*il  faut 
ferrer  &  unir  ces  deux  fyllabes  que  nous  avons 
£&parées ,  &  nVn  faire  qu'une  feule.  Leurs  doigts 
étant  donc  toujours  fur  notre  bouche  &  fur  notre 

Sofier^  nous  prononçons  très- précipitamment /^r^  , 
c  enfuite  de  même ,  pré ,  pri ,  pro  ,  pru. 
Nous  leur  montrons  k  chaque  fois  que  nous 
ne  faifons  qu'une  feule  èmiffion  de  voix  :  ils  le 
fentent ,  ils  eiTaient  de  faire  la  même  chofe  ,  & 
pour  l'ordinaire  en  peu  de  temps  ils  y  réuffiiTent. 
Mais ,  comme  je  1  ai  remarqué  ci-deiTus,  il  faut 
bien  prendre  garde  de  les  rebuter ,  s'ils  n'y  réuf- 
flflent  pas  en  peu  de  temps.  Tout  homme  trop  vif 
&  fujet  à  l'impatience ,  ne  feroit  pas  propre  à  ce 
ffliniftère. 

D'après  l'opération  que  je  viens  d'expliquer  , 
on  concevra  facilement  comme  il  faudra  s'y  pren- 
dre pour  faire  prononcer  toutes  les  fyllabes  qui 
commencent  par  une  confonne  fuivie  d'une  r. 
Quant  à  celles  qui ,  comme  pla  ,  plé ,  pli ,  plo  , 
plu,  font  fuivies  d'une  /,  il  faut  faire  fentir  au 
fourd  &  muet  le  retrouflement  de  fa  langue  vers 
fon  palais ,  qui  doit  fe  faire  pour  1'^'  immédiatement 
avec  la  prononciation  de  la  confonne  p. 

Des  fyllabes  qui  finijfent  par  une  n. 

Pour  les  fyllabes  oui  finirent  en  n ,  comme  tran ,  I 
pan ,  fan ,  nous  difons  aux  fourds  &  muets  que  I 
la  voix  doit  fe  jeter  dans  le  nez  :  alors  nous  leur 
faifons  mettre  leurs  deux  doigts  index  fur  le  côte 
de  chacune  de  nos  narines  »  &  les  prefler  dou- 
cement. 

Enfuite  nous  prononçons  tra^pa^fa^  &  nous 
leur  faifons  obferver  qu'ils  ne  fentent  aucun  mou- 
vement qui  fe  faffc  dans  nos  narines. 

Après  cela  nous  difons  tran ,  pan ,  fan ,  &  nous 
leur  faifons  remarquer  le  mouvement  très-fenfi- 
ble  qu'ils  y  éprouvent. 

Nous  mettons  à  notre  tour  nos  doigts  fur  leurs 
narines ,  &  nous  leur  faifons  prononcer  d'abord 
tra^pAy  fa'y  mais  nous  les  avertirons  enfuite  de 
jeter  leur  voix  dans  leurs  narines ,  comme  ils  ont 
fenti  que  nous  avions  fait  nous-mêmes  pour  dire 
tran ,  pan  ,  fan. 

Quelques-uns  d'entr'eux  nous  exercent  un 
peu  long-temps  ,  d'autres  le  font  dès  la  pre- 
mière lut^. 

Nous  aidons  cette  opération ,  en  leur  faifant 
fen:4r  que  lorfqu'Us  ixicnt  tra ,  pa  ^  fa ,  l'air  qui 


MUE 

fort  de  leur  bouche ,  échauffe  le  dos  de  leur  mâin  ; 
&  qu'il  n'en  efl  pas  de  même  lorfque ,  leur  bou« 
che  étant  fermée  ,  l'air  ne  fort  que  par  leurs  na- 
rines. 

Des  mots  qui  fe   terminent  en  al ,  ou  em  el  ,  ou 
en  il. 

Lorfque  les  mots  natal,  immortel ^  fuhtil^  font 
au  mafculin,  &  pat  conféquent  ne  fe  terminent 
point  par  un  é  muet ,  nous  montrons  aux  fourds 
&  muets  que  nous  laiffons  notre  langue  dans  lat 
pofition  de  l'alphabet  labial,  qui  convient  à  la 
prononciation  de  la  lettre  /.  Nous  n'abaiflbns  point 
notre  langue  pour  laifler  l'air  fortir  librement  , 
&  nous  fermons  notre  bouche  avec  notre  main. 
Nous  faifons  enfuite  la  même  chofe  avec  les 
fourds  &  muets  pour  toutes  les  fyllabes  de  la 
même  efpèce  :  il  n'importe  par  quelles  confonnes 
elles  fe  terminent  ;  nous  leur  fermons  la  bouche  , 
&  nous  n'en  lai{rons  pas  fortir  l'air.  Alors  ces  con- 
fonnes reçoivent  leur  fon  de  la  voyelle  qui  les 
précède ,  &  à  laquelle  elles  font  immédiatement 
unies. 

Nous  avons  encore  à  parler  d'une  efpèce  de 
fyllabe  qui  fe  termine  par  deux  confonnes  qui 
donnent  chacune  un  fon  dlftinâ»  comme  conf 
dans  conftater ,  &  tranf  dans  tranfporter. 

Il  n'eft  queflion  que  d'appliquer  à  ces  fortes  de 
fyllabes  les  trois  opérations  que  nous  venons  de 
décrire.  En  montrant  aux  fourds  8c  muets  qu'il 
faut  jeter  la  voix  dans  le  nez ,  on  leur  fait  pro- 
noncer con  ,  ainfi  qu'il  a  été  dit. 

En  les  faifant  reflerrer  Se  unir  deux  confonnes  » 
on  leur  fait  dire  conf,  ainfi  que  nous  Tavons 
expliqué. 

Entin ,  en  leur  mettant  la  main  fur  la  bouche  i 
&  les  obligeant  de  refter  dans  la  difpofition  des . 
organes  qui  conviennent  à  la  lettre  ^ ,  on  les  emp£^ 
che  de  dire  confeu ,  de  la  manière  dont  nous  l'a-. 
vons  montré. 

Tel  eft  aujourd'hui ,  avec  les  fourds  &  muets  ^ 
le  nec  pliis  ultra  de  mon  miniftèrc  pour  ce  qui 
regarde  la  prononciation  &  la  Icâure*. 

Je  leur  ai  ouvert  la  bouche  &  délié  la  langue  ; 
je  les  ai  mis  en  état  de  pouvoir  prononcer  plus 
ou  moins  diftinâement  toutes  fortes  de  fyllabes. 
Je  puis  dire  tout  Amplement  qu  ils  favent  lire  » 
&  que  tout  efl  confommé  de  ma  part. 

Ceft  aux  pères  &  merès ,  ou  aux  maîtres  & 
maitrefles  chez  lefquels  ils  demeurent»  à  leur  faire 
acquérir  de  l'ufage ,  foit  par  eux-mêmes ,  foit  en 
leur  donnant  le  plus  fimple  maître  à  lire,  qui  foit 
cxaft  à  leur  faire  une  leçon  tous  les  jours  après 
avoir  afTiAé  lui  même  à  nos  premières  opérations. 
li  s';«git  de  dérouiller  de  plus  en  plus  leurs  orga- 
nes par  un  fxîrcice  continuel. 

Il  faut  aufTi  les  obliger  de  par'er ,  en  ne  leur 
donnant  tous  leurs  bjfoins  qu'après  qu'ils  les  ont 
demandes. 
Si  on  ne  U  conduit  pas  de  cette  mauière ,  tant 


t 


MUE 

^potir  les  fourds  &  rouets ,  &  ceux  quî  s'y  Jnté- 
re^nt  :  quant  à  moi  il  ne  mVft  pas  poiïïbie  d*en 
faire  davantage. 

Lorfque  je  o'avoîs  point  à  i nftr uirc  U  quantité 
de  lourds  ^  muets  qui  font  venus  fuccenivcmcnt 
l'an  après  Tautre  fondre  fur  moi ,  l'application  que 
je  failois  par  moi  même  «ies  règles  que  je  viens 
d  expofcr ,  m'a  fuffi  pour  mettre  M»  Louis-Fran- 
çaîs-Gal>ncl  de  Clément  de  la  Pupdc  en  état  de 
prononcer  en  public ,  dans  un  de  nos  exercices  , 
vn  difcours  laiifn  de  cinq  page5  &  demie  ;  &  dans 
fexercice  de  Tannée  (uivante,  il  a  foutenu  une 
difpuieen  régie  fur  la  définition  de  la  philofophie , 
dont  il  avoit  dét^iilié  la  preuve ,  8c  répondu  en 
toute  forme  fcholallique  aux  objeflions  de  M. 
Françots-Elifabeth  Jean  de  Didier  ,  Tun  de  fês 
coadifciples  :  (  les  argumens  étoient  commu- 
niqués )* 

J'ai  mis  auiS  une  fourde  &  muette  en  état  de 
ricitcr  de  vive-voix  à  fa  maîtreffe  les  a8  chapitres 
de  révangile  félon  faint  Mathieu  ,  &  de  dire  avec 
cUc  l'office  de  primes  tous  les  dimanches ,  &c.  Ces 
deux  exemples  doivent  fufTire. 

Mais  il  ne  me  feroit  pas  poffible  aujourd'hui  de 
Ewrc  la  mcme  chofe  :  en  voici  la  raifon, 

Li  leçon  qu  on  donne  à  un  muet  pour  le  lan- 
gige ,  ne  ftrt  quàlut  feul  :  il  faut  nécciTairement 
m  du  pctfonnel. 

Ayant  donc  plus  de  foixante  fourds  &  muets  à 
inflruire,  ii  je  donnois  feulement  à  chacun  d'eux 
dix  minutes  pour  Tufage  de  la  prononciation  & 
de  la  ledturc  ,  cela  me  prendroit  dix  heures  entiè- 
res. Et  quel  feroit  rhommed*u ne  famé  alT.zrobuf- 
îc  pour  foute nir  une  telle  opération  ? 

Mats ,  d'ailleurs ,  comment  pourrois-je  conti- 
nncr  leur  inftruétion  dans  Tordre  fpiriiurl  ?  Or  » 
c*cil  le  but  principal  que  je  me  fuis  propofé  en  me 
charge* ni  de  ccrte  oeuvre* 

Quand  on  voudra,  dans  un  établilTement,  con- 
duire pluficurs  fourds  &  muets  jufqu*à  une  pro- 
nonciation  âc  une  leâure  totalement  diftinélcs  , 
on  leur  donnera  des  maîtres  qui  fe  confacreront 
par  état  à  ce  genre  cTtducation ,  &  qui  les  exer- 
ceront tous  les  jours» 

Il  n*eft  pas  néceiTaire  de  chnlfir  pour  cet  emploi 
des  hommes  à  laiens,  il  fiifEt  d'en  trouver  qui 
aient  de  la  bonne  volonté  &  du  zèle ,  Si  qui  pra- 
tiquent fiv-èîement  ce  que  nous  avons  expliqué* 
Pour  cette  oeuvre  purement  mécanique  ,  des 
gens  d'elprit  font  plus  a  craindre  qui  défirer  > 
yarce  qu'ils  s'en  lafieroicnt  bientôt. 

En  fc  rabattant  au  niveau  des  maîtres  d'école 
of^'oaircs,  on  en  trouvera  qui  s*y  appUq^ieront 
af&duem^nt  8c  perfévérammcnt,  pourvu  que  cette 
occupation  forme  pour  eux  un  état  dont  ils  tVient 
ceruinb  jufqu'à  la  fin  de  leur  vie  ,  c'til  le  feul 
moyen  d'y  rèiiflir. 

S'il  fe  trouve  en  province  quelque  père  ou 
mire  ,  maître  ou  maîtreffe  ,  qui  ayent  un  fourd  & 
muet  dans  leur  inaifon ,  &  gui  ne  foit  pas  en  état  de 


"M  U  E. 

comprendre  tout  ce  que  fat  expliqué  le  plus  clai- 
rement qu'il  m'a  éié  poiTible  ,  fur  la  manière  d'ap- 
prendre aux  fourds  6i  muets  a  lire  &L  à  prononcer  > 
voici  ce  que  je  leur  confeille. 

Dès  Vi^c  de  quatre  ou  cinq  ans  ils  mettront 
fouvent  devant  eux,  ou  même  prendront  entre 
leurs  jambes  le  jeune  fourd  &  muei  ;  ils  lui  lève- 
ront la  tète  pour  Ten gager  à  les  regarder  »  en  lui 
propofant  quelque  récompenfe. 

Lorfqu'il  regardera  ,  ils  prononceront  fortement 
(  il  n*ell  pas  nèceffairc  de  crier  pour  cela ,  )  6c 
tranquillement  pa ,  pL  Ils  ne  feront  pas  long-temps 
fans  obtenir  ces  deux  fyliabes.  Ils  diront  cnfuite 
pa  fptfpi  ,  6:  ils  y  joindront  par  degrés,  po 
îkpii. 

Quand  ils  auront  réufTi ,  ils  prendront  de  même 
par  degrés  ,  ta  ,  té  ^  ti,  to,  tu^  6i  enfuite  fa  ,  fi  , 
y*  >  fi*  fa  »  toujours  en  prononçant  fortement  8c 
tranquillement,  &  en  faifanc  marcher  les  récom» 
penfcs  à  proportion  du  fuccès. 

Mais  ils  auront  foin  de  ne  point  paffer  d*une 
première  fyllabe  à  une  féconde,  &  de  même  de 
la  féconde  à  la  troifième,  jufqu'à  ce  que  la  précé- 
dente ait  été  bien  prononcée*  Je  vois  tous  les  jours 
de  très- petits  fourds  &  muets  qui  n'apprennent 
que  de  cette  manière*  Ce  mot  jortamcnt  ne  Cgni- 
rie  autre  chofe  ,  ft  ce  n'eft  qu'il  faut  appuyer  lon- 
guement fur  h  fyllabe  qu'on  prononce, 

Les  pères  ou  mères,  maifre^  eu  maitrefles  por- 
teront alors  cette  méthode,  que  je  fuppofe  qu'iî§ 
auront  entre  leurs  mains  ,  puifqu  ds  auront  fait  ce 
que  je  leur  confeille  ici ,  ils  la  porteront ,  dis-^e  ,' 
à  quelqu'un  plus  habile  qu'eux  ;  &  en  lui  montrant 
la  féconde  paniede  cette  inftru^ion  ,  qui  n  eil  pas 
longue  ,  ils  le  prieront  de  vouloir  bien  la  lire  » 
6c  de  leur  montrer  comment  ils  devront  continuer 
leurs  opérations, 

Comment  on  apprend  aux  fourds  &  muets  à  entend 
dre  par  Us  yeux  d'après  le  feul  mouvement  des 
lèvres  ^  &  fans  quon  leur  ftffe  aucun  ftpie  ma- 
nueL 

Les  fourds  &  muets  n'ont  appris  à  prononcer 
nos  lettres,  qu'en  confidérant  avec  attention 
quelles  ctoient  les  différentes  pofitions  de  nos  orga- 
nes ,  à  mefure  que  nous  prononcions  très-diftinc- 
tement  chacune  délies  ;  ils  ont  compris  qu'ils 
dévoient  faire  en  fécond  ce  qu'ils  noué  voyaient 
faire  avant  eux. 

Nous  étions  le  tableau  vivant ,  à  la  copie  duque! 
ils  s'efforçoient  de  travailler  i  6i  lorfqu'ils  y  réuf- 
fiffoient  avec  notre  fccours  ,  ils  éprou voient  dans 
leurs  organes  une,  împreffion  très- fenifible  •  qu'ils 
ne  pouvoicnt  confondre  avec  celle  que  produifoit 
une  autre  i-oûiion  dc*^  mêmes  organes. 

Par  exemple ,  il  leur  étoir  impoflîble  de  ne  pas 
voir  de  leurs  yeux,  &  de  ne  pas  ientir  dans  leurs 
organes  ,  que  le  /7j  ,  le  /4  Se  le  y^  y  opéroient  d^s 
muuvcmens  biens  différens  les  uns  des  autres. 

Lors  donc  qu'ib  apercevoient  ces  différences 


L 


ii 


'310 


M^U  E 


f  de  mouvement  fur  U  bouche  des  perfonnes  avec 
"LUfquelles  ils  vivoicnt ,  ils  étoicnt  avertis  auflî  cer- 
jrtaincmentque  ces  perfonnes  prononçotent  un  pa  , 
(•©u  un  ta  ou  un  Ja  ^  que  nous  le  fommes  nous- 
(mêmes  par  la  différence  des  fons  qui  viennent 
[frapper  nos  oreilles. 

Or,  il  ne  faut  point  s^imaginer  que  les  confon- 
Ines  dures»  telles  que  font/?,  /,/,  y ,  j,  ch  , 
jfoient  les  feules  qui  produlfent  à  nos  yeux  une 
fînipreinoii  fenfible  lorfqu*on  les  prononce  en 
notre  prèfence. 

Je  conviens  quelles  nous  frappent  davantage  ; 
bnais  les  autres  confonnes  &  les  voyelles  ont  aufTi 
Kurs  caraftères  diftinttifs  que  nos  yeux  peuvent 
mperccvoir  :  ce  que  nous  avons  déjà  dit  fur  la 
^manière  dont  on  doit  s*y  prendre  pour  montrer 
aux  fourds  &  muets  à  les  prononcer ,  en  eft  la 
preuve  ;  mais  il  eft  jufte  d'en  donner  une  autre  , 
qui,  étant  une  prcuved'expérience,  fera  fans  doute 
plus  d'impreffion  fur  nos  kftcurs. 

L'alphabet  manuel  n^efl  pas  le  feul  que  nous 
montrons  à  nos  élèves  ;nous  leur  apprenons  aufli 
Talphabet  labiaU 

Le  premier  des  deux  eft  différent  dans  les  dif- 
férentes nations  :  le  fécond  efl  commun  à  tous  les 
pays  &  à  tous  les  peuples» 

Le  premier  s'apprend  en  une  heure  ou  environ  : 
le  fécond  demande  beaucoup  plus  de  temps.  Il 
faut  pour  cela  que  le  difciple  foit  en  état  de 
comprendre  &  de  pratiquer  tout  ce  que  nous  avons 
dit  fur  la  prononciation. 

Mais  quand  une  fois  il  a  compris  toutes  les  dif- 
pofitions  qu*on  doit  donner  aux  organes  de  la 
parole  pour  prononcer  une  lettre  quelconque  , 
il  importe  peu  que  nous  lui  en  demandions  une  , 
telle  qu'elle  foit»  ou  par  Talphabct  manuel»  ou  par 
l'alphabet  labial,  il  nous  la  rendra  également,  6i 
nous  lui  diâerons  lettre  à  lettre  des  mots  entiers 
par  l'alphabet  labial  »  comme  par  Talphabet 
manuel. 

Il  les  écrira  fans  faute  ;  je  ne  dis  pas  qu'il  les 
entendra^  mais  feulement  qu'il  les  écrira,  parce  que 
je  ne  parle  ici  que  d'une  opération  phyfique,  &d*ut) 
enfant  qui  n^eli  point  avancé   dans  1  initruélion. 

Les  fourds  &  muets  acquérant  cette  facilité  de 
trés-bonnc  heure ,  &  d'ailleurs  étant  curieux ,  com 
me  le  refte  des  hommes ,  de  favoir  ce  que  Ton 
dit,  fur  tout  lorfqu'ils  fuppofent  qu'on  parle  d'eux  , 
ou  de  quelque  chofe  qui  les  intéreffe  »  ils  nous  dé  '  o- 
i^nt  des  yeux  (  cette  exprclTion  n'cfl  pas  trop 
forte  )  »  &  devinent  ti è$-aifément  tout  ce  que  nous 
dtfons  j  loffqu'en  parlant  nous  ne  prenons  pas  la 
précaution  de  nous  fouftrairc  à  leur  vue. 

C'eft  vn  fait  d'expérience  journalière  dans  les 
trois  maifons  qui  renferment  plufieurs  de  ces 
enfans,  &  j'ai  loin  de  recommander  aux  perfon- 
ne*,  qui  nous  font  Thonncur  d'aiïïfter  à  nos  leçons  , 
de  ne  point  dire  en  leur  préfcnce  ce  qu'il  n*eft 
point  à  propos  qn'ils  entendent  «  parce  que  cela 


MUE 

feroit  capable  d'exciter  Torgueil  des  tins  &   b 
jaloufte  des  autres. 

Je  conviens  cependant  qu'ils  en  devinent  plui 
qu'ils  n'en  aperçoivent  diltinaerneni  ,  tam  que 
)e  ne  me  fuis  point  appliqué  à  leur  apprendre  Part 
d'écrire  fans  te  fccours  d'aucun  figne ,  d'après  h 
feule  infpedion  du  mouvement  des  lèvres. 

Mais  je  ne  me  preffe  point  de  leur  communi- 
quer cette  fciencc  :  elle  leur  feroit  plus  tiuifiblc 
qu'utile  ,  jufqu'à  ce  qu'ils  aient  acquis  la  faciîîré 
d'écrire  imperturbablement  fous  la  didée  des  fignes 
en  toute  orthographe  ,  quoique  ces  figncs  ne  leur 
repréfentent  ni  aucun  mot,  ni  même  aucune  let- 
tre »  mais  feulement  des  idées  dont  ils  ont  acquis 
la  connoiffance  par  un  longufage. 

Avant  qu*ils  (oient  parvenus  à  ce  terme ,  fem- 
blables  à  un  grand  nombre  de  perfonnes  qui  n'é- 
crivent que  comme  elles  entendent  prononcer,  & 
quifontparconféquentunemultitudedefautesdar- 
thographe,  ne  fâchant  pas  la  différence  qu'on  doit 
mettree  Titre  l'écr.t  jre  &  la  prononciation  ;  nos  fourds 
&  mueti  écriroient  les  mots  félon  qu'ils  les  ver- 
roient  prononcer,  d'où  il  réfuheroit  néccffairc- 
mcnt  uneconfufioninfupportable,  non^feulement 
dans  leur  écriture,  mais  même  dans  leurs  idées. 
Au  contraire,  ayant  fortement  gravé  dans  leur 
efprit  l'orthographe  des  mots  dont  iU  fe  font  fervii 
cent  &  cent  fois,  6l  d'ailleurs  étant  bien  Sl  duc- 
ment  avertis  que  nous  prononçons  pour  les  oreil- 
les ,  mais  que  nous  écrivons  pour  les  yeux,  tlf 
favent  qu'ils  ne  doivent  point  écrire  ces  mots  com- 
me ils  les  voient  prononcer  »  de  même  que  nous 
favons  que  leur  prononciation  ne  doit  point  êtf« 
la  régie  de  noire  écriture. 

^A  comme  la  matière  dont  on  parle  &  leçon* 
texte  d'une  phrafe  nous  font  écrire  différemment 
des  mots  dont  le  fon  eft  parfaitement  femblabic 
dans  nos  oreilles ,  le  bon  fens  que  les  fourds  Ôc 
muets  poffédent  comme  nous,  dirige  également 
leurs  opérations  dans  Técriture, 

Il  cff  aifé  de  concevoir  que  dans  le  commun* 
cernent  de  ce  genre  d'inftruclion  .  ilcft  nèccffaîre 
1®.  que  le  fourd  fk  muet  foit  direâement  en  face 
de  ion  inftituteur  >  pour  ne  perdre  «iicut>e 
des  imprcflions  que  les  différentes  pofittons  de 
l'Alphabet  labial  opèrent  fur  les  organes  de  (à 
parole,  &  fur  les  parties  qui  les  environnent.  %\ 
Que  rinftituteur  force  »  autant  qu'il  eft  poflftbU  « 
ces  cfpèces  d'impreifions  pour  les  rendre  plut 
fenfibles,  5**.  Que  fa  bouche  foit  affex  ouverte^ 
pour  laiffer  apercevoir  les  différens  mouvemeas' 
de  fa  langue.  4**.  Qu'il  mette  une  efpéce  de  paufç 
entre  les  fyllabcs  du  mot  qu'il  veut  taire  écrire  tm 
prononcer,  afin  de  les  diftingucr  Tune  d'avec 
lautre.  ^^ 

Il  n'eft  pas  néceffairc  quli  faffe  fortir  de  h  boi^^H 
che  le  moindre  fon  ,   ik  c'cA  toujours  ainfl   q^^ 
j'en  ufe  :  les  aiTiftans  voient  des  mouvemeiii  exté- 
rieurs ,  mais  ils  n'entendent  rien  ,  8i  ne  favent  pat 
ce  que  ces  mouvemens  fignifient  ;  le  fourd  & 


M  U 


3U 


iiuet ,  qui  voit  ces  mêmes  mouvcmcns ,  &  qu! 
eo  fait  b  ftgoifîcïtlon ,  ècrti  le  mot ,  ou  le  prononce 
au  grand  ctonnement  de  ceux  qui  Tenvironnent. 

U  cfî  vrai  que  tous  ceux  qui  parlent  vis-à-vis 
des  fourds  &  muets ,  ne  prennent  pas  toutes  les 
précautions  que  nous  venons  d'expliquer,  6c  c'eft 
ce  qui  fait  qu^iis  ne  font  pas  aulTi  clairement  enten- 
dus ;  mais,  i",  il  fufiît  prefque  toujours,  pour 
un   fourd    &   muet   intelligent ,  qu'il    aperçoive 

!|uefquei  fyllabes  d*un  mot  &  enfui  te  d*une  phra- 
c,  pour  qu  il  devine  le  lefle.  i°.  L'babiiude  con- 
tintielte  des  fourds  &  muets  avec  les  perfonnes 
chez  lerquelles  ils  demeurent,  facilite  beaucoup  la 
poffihilltè  de  les  entendre.  3»*  Si  les  fourds  & 
muets  n^entendent  pas  autant  qu'ils  le  pourroient , 
et  n*cft  pas  leur  faute ,  mais  celle  des  perfonnes 
qui  parlent  devant  eux  ^  Si  qui  ne  prennent  pas 
Icf  précautions  néceffaires  pour  fe  faire  entendre. 
En  vain  rèpondroiton  que  ces  perfonnes  ne 
fatrent  pis  tes  difpoftûons  qu'elles  doivent  mettre 
dins  leurs  organes,  pour  rendre  fcnfiblesaux  fourds 
&  muets  les  paroles  qu'elles  prononcent  :  fans 
doute  elles  ne  le  ûvcnt  pas,  &  c  eft  pour  elles  une 
efpèce  de  myftére  ;  mais  elles  les  mettent  machina- 
Itmini  (cesdifpofitions)  dans  leurs  organes ,  fans 
quoi  elles  ne  pourroient  parler ,  &  les  fourds  & 
muets  (  Inftru'us  )  les  apercevront  toujours ,  tant 
ou'on  ouvrira  la  bouche  autant  qu  il  fera  nécef- 
utrt,  &  qu'on  parlera  îentement  en  appuyant  fépa- 
itmeot  fur  chaque  fyllabe. 

Nous  avons  cette  compîaifance  pour  les  étran- 
gcn  qui  apprennent  notre  langue  ,  &  qui  com- 
mencent à  Tentendre  &  à  la  parler  ;  &  de  leur 
coté  ils  font  la  même  chofe  avec  nous ,  tant  que 
b  leur  ne  nous  eft  pas  familière. 

Fourquot  n*en  u(erions-nous  pas  de  même  avec 
ks  fourds  &  muets  nos  frères»  nos  parcns  ,  nos 
amis ,  nos  commenfaux  ?  &  ne  ferons-nous  pas 
ida  rècompenfés  de  cette  efpèce  de  gène  ,  fi  tant 
tft  qu'elle  mirite  ce  nom  ,  par  la  cenfolation 
eu'elîc  nous  donnera  de  remédier  en  quelque 
iortc  au  défaut  de  leurs  organes ,  en  leur  tournif- 
lînt  un  moyen  de  faifir  par  leurs  yeux  ce  qu'ils 
fle  peuvent  entendre  par  leurs  oreilles  ? 

Je  crois  avoir  rempli  la  double  tâche  que  je 
m*étois  propofée,  qui  confifloît ,  t""»  à  préfent:r 
b  route  qu*on  doit  fuivre  pour  apprendre  aux 
fourds  ï  prononcer,  comme  nous ,  tou:es  f  rtcs  de 
paroles*  a*".  A  faire  connoitre  comment  on  pouvoir 
parvenir  à  rendre  fenfibîes  à  leurs  yeux  ,  6c  intel- 
ligibles à  leur  cfprit  toutes  les  paroles  qui  foneni 
de  notre  bouche ,  mais  qui  ne  font  aucune  im- 
pfe<T»on  fur  leurs  oreilles. 

PuiiTe  ce  fruit  de  mon  travail  ^trt  de  quelque  uti- 
lité ,  jufqu^à  ce  que  d'autres  inflltureurs  aient 
répandu  plus  de  lumière  fur  cette  matière  împor- 
we.  Fiai ,  ftàt. 

III.    PARTIE. 
Controverse, 
Dq)uis  qu'il  a  plu  à  la  divine  providence  de  me 


i 


charger  de  rînftruÔlon  d'un  nombre  confidèrabïc 
de  fourds  &  muets,  la  fingulariiè  de  cène  oeuvre  , 
&  les  exercices  publics  de  mes  élèves ,  annoncés 
paria  distribution  de  leurs  programmes  ,  ont  attiré 
à  mes  leçons  une  affluence  de  perfonnes  de  toute 
condition  &  de  tout  pays.  Je  ne  connols  aucune 
partie  de  l'Europe ,  à  Texception  de  la  Turquie  , 
dont  il  ne  foit  venu  des  étrangers  ,  pour  s'affurer , 

f»ar  leurs  propres  yeux,  de  la  vérité  des  faits  qui 
eur  paroiffoient  incroyables  d'après  le  rapport 
de  ceux  mêmes  qui  en  avoieni  été  les  témoins 
oculaires. 

Les  perfonnes  les  plus  diAinguées  dans  Tég^fc 
&.  dans  Tétat,  fe  font  fait  un  plaifir  &  en  queU 
que  forte  un  devoir,  de  confidérer  avec  attention 
la  facilité  &  la  fimplicité  des  moyens  qu'un  iof- 
tituteur,  très-fimple  lui-même,  mettoit  en  œuvre 
pour  fupplàer  au  défaut  de  la  nature,  &  dévelop- 
per fuccertîvement  rintelligence  de  ces  êtres  , 
qu'on  avoit  été  comme  tenté  jufqu  alors  de  regar- 
der comme  des  efp^ces  de  demi- automates. 

Mais  il  étoit  réfervé  au  prince  le  plus  augufte  , 
juî  avoir  daigné  en  être  le  témoin  ,  de  ne  pas  fou* 
rir  que  la  France  refiât  feule  dépofitalre  d'un 
fecours  dont  les  autres  nations  pourroienâ  retirer 
de  grands  avantages. 

Il  réfolut  donc  d'attirer  le  premier  &  de  fixer 
dans  fes  états  un  enfeignement  dont  il  apercc- 
voit  la  néceffité  pour  un  nombre  de  fes  fuiets ,  que 
fon  amour  paternel  lui  faifoit  appeler  fes  fanhUbUs 
(  lettre  de  Jofeph  II ,  2  llnllituieur  des  fourds  & 
muets  de  Paris  )  i  &  voici  quelle  en  fut  Toccafion. 

Cet  ami  fouverainement  refpeftjble  de  Thuma- 
nité,  ayant  vu  par  lui-même,  pendant  deux  heu- 
res &c  demie,  de  quoi  les  fourds  &  muets  pouvoient 
devenir  capables  ,  quand  on  fe  donnoit  b  peine  de 
les  inftruire ,.  ne  penfa  d'abord  qu'à  une  jeune  per- 
fonne  de  la  plus  haute  naiflance,  fourde  &  muette 
à  Vienne ,  à  laquelle  fes  parens  défiroient  avec 
ardeur   de   procurer  une  éducation  chrétienne. 

Il  demanda  donc  comment  on  pourroît  s'y  prcn* 
dre  pour  inftruire  cette  jeune  demoîfellc.  Je  répon- 
dis qu'il  y  avoit  deux  moyens  \  que  le  premier 
feroit  de  la  faire  conduire  à  Paris,  oii  |e  linftrui- 
rojs  très- volontiers  (gratuitement  bien  entendu  ); 
mais  qu'il  y  en  avoit  un  fécond  beaucoup  plus 
fimple^  qui  feroit  de  m*envoyer  un  fujct  intelli- 
gent de  trente  ans  ou  environ,  que  je  mettrois  en 
état  de  réuffir  parfaitement  dans  cette  emrcprife. 

L'expédient  étoit  de  nature  à  être  goûté  :  auifl 
lefut-il  fur  le  champ,  d'autant  plus  qu*îl  annon* 
çoit  au  prince  une  reffource  toujours  fubfiftante 
pour  ceux  de  fes  fujets  qui  étoicnt  réduits  au 
même  état  dit  fi  mité,  ou  qui  le  feroientdans  1& 
fuite. 

Cet  auguftefouveraîn,  vrai  ment  digne  d'être  le  mo* 
déle  de  tous  les  autres,  qui  auroientbefoîn  d'un  pareil 
fecours ,  ne  fut  donc  pas  plutôt  de  retour  ù  Vienne  f 
qu'il  me  fit  rhonncut  de  m'adrefler  U  lettre  fui-> 


512 


MUE 


vante,  dont  îl  me  permettra  de  fupprîmer  quel- 
ques cxpreflions  que  je  ne  mérite  pas. 

M  MonficurTabbé  . . . . ,  rétabliiTement  que  vous 
avez  confacré  au  fcrvice  du  public ,  &  dont  j'ai 
eu  ojcafion  d'admirer  les  éionnans  progrès ,  m'en- 
gage à  vous  adreflcr  Tabbé  Storch  ,  porteur  de 
cette  lettre.  Je  me  flatte  qu'il  aura  les  qualités 
requifes  pour  apprendre  de  vous  à  conduire  un 
pareil  établiflement  à  Vienne.  Je  ne  le  connois  pas 
autrement    que   par   fon   ordinaire ,   qui  me   Fa 

choifi &  dont  il  croit  pouvoir  répondre.  Je 

me  flatte  donc  que  vous  voudrez  bien  le  pren- 
dre fous  votre  direction  ,  en  lui  communiquant  la 
méthode  que  vous  avez  établie  avec  tant  de  fuc- 
cès.  Votre  amour  pour  le  bien  de  Thumaoîté  , 
ainfi  que  la  gloire  de' rendre  à  la  fociété  de  nou- 
veaux fujets ,  me  font  efpèrer  que  vous  contri- 
buerez de  bon  cœur  à  étendre  aufli  votre  charité 
fur  une  partie  des  fourds  &  muets  allemands,  en 
leur  formant  un  maître  qui,,  par  les  yeux ,  leur 
fournira  des  connoiffances  fii'fiîiantes  pour  les  faire 

penfer   &.    combiner  leurs   idées.  Adieu , 

Joseph  v. 

Monfieur  Tabbé  Storch  étoit  un  prêtre  d'envi, 
ron  15  ou  36  ans,  mais  vraiment  rempli  de  l'ef- 
prit  facerdotal ,  &  d'ailleurs  pleinement  doué  de 
tous  les  talens  néceffaires  pour  réuffxr  dans  l'entre- 
prife  qui  lui  étoit  confiée.  Auflî ,  dans  le  court  cfpa- 
ce  de  cinq  mois ,  fut-il  en  état  de  préfider  fous 
■les  yeux  à  mes  leçons ,  dont  je  n'étois  plus  , 
pour  ainA  dire ,  que  le  témoin  tranquille  &  l'ad* 
mirateur  cominucl. 

Il  reAa  cependant  encore  trois  autres  mois 
avec  nous ,  parce  que  fa  modeflie  lui  faifoit  croire 
que  ce  feroit  un  moyen  de  fe  perfeâionner  dans 
l'enfcignement  public  auquel  on  le  deftinoit. 

Auffi-tôt  qu'il  fut  de  retour  à  Vienne ,  l'empe- 
reur lui  ordonna  de  commencer  à  inftruire  des 
fourds  &  muets  dans  une  maifon  qui  lui  fut  indi- 
quée pour  y  faire  fes  leçons,  &  il  y  réuffit  telle- 
ment ,  qu'en  moins  d'une  année  il  dreffa  plufieurs 
de  fes  élèves  pour  un  exercice  public  auquel  aflif- 
fèrent  les  plus  grands  feigneurs  de  la  cour  de 
Vienne,  &  dont  ils  forent  pleinement  fatisfaits. 

Mais  rinftituteur  des  fourds  &  muets  de  Leipfick 
(  M.  Heinich  )  ,  l'ayant  appris ,  &  fâchant  que  ce 
nouveau  maître  des  fourds  &  muets  inltruifoit  fes 
difciples  fuivant  la  méthode  de  Paris ,  il  lui  écri- 
vit  pour  l'engager  ï  l'abandonner,  en  l'affurant 
que  non-feulement  elle  étoit  inutile,  mais  qu'elle 
étoit  même  nuifible  à  l'avancement  des  fourds  & 
«lucts,  ,        -   , 

Il  avoit  déjà  publié  précédemment  dans  fa  lan- 

λue  un  ouvrage  qui  nous  étoit  inconnu  jufqu'a- 
ors ,  dans  lequel  il  fe  glorifioit  d'être  le  premier 
&  le  feul  qui  eût  inventé  &  qui  mît  en  pratique 
la  véritable  manière  d'inftruirc  les  fourds  &  muets , 
ne  faifant  point  difficulté  de  taxer  d'ignorance  ou 
|lç  fourberie,  tous  ceux  qui  avoient  écrit  fur  cette 


MUE 

I  matière  avant  lui ,  ou  qui  avoient  entrepris  «nnt 

(   truire  des  fourds  &  muets. 

I       Auroit-on  dû  s'attendre  à  de  telles  impotatiou 

;  faites  à  des  hommes    illuflres,  avamageufement 

:  connus  dans  la  république  des  lettres ,  tels  que 

MM.  Wallis ,  Amman ,  Bonnet  &  plufieurs  autres  ? 

:  Pour  moi ,  bien  loin  de  favoir  mauvais  gré  à  cet 

{  auteur,  je  n'aurois  pu  que  le  remercier  de  m'a- 

I  voir  aggrégé  à  leur  compagnie,  fi  le  refpeâ  &  la 

reconnoKTance  que  je  devois  à  mes  maîtres ,  n'euC> 

I  fent  exigé  de  moi ,  que  je  répondifle  aux  calom- 

nies  dont  il  les  avoit  chargés. 

Je  devois  d'ailleurs  entreprendre  la  défenfe  de 
la  méthode  dont  M.  l'abbè  Storch  fait  ufage  , 
puifqu'clle  eft  la  mienne .  &  montrer  évidemment 
que  Sa  Majefté  Impériale  ne  s'étoit  pas  trompée 
en  l'envoyant  à  Paris  plutôt  qu'à  Leipfick ,  pour 
y  apprendre  la  vraie  manière  d'inftruire  les  fourds 
&  muets. 

Tel  eft  le  fond  de  la  difpute  littéraire  qui  s*eft 
élevée  entre  M.  Heinich  &  moi.  Elle  ne  feroit  pas 
intéreflante  fi  elle  ne  nous  regardoit  que  nous 
deux  pcrfonnellement ,  parce  que  le  bien  public 
ne  pourroit  en  foufFrir  ;  mais  fi  ma  méthode  dl 
inutile,  &  qu'elle  foit  nuifible  à  l'inftruftion  des 
fourds  &  muets,  i<>.  on  fe  trompe  à  Vienne,  oti 
M.  l'abbé  Storch ,  à  Rome ,  oii  M.  l'abbé  Sylvefr 
tre,  à  Zurich,  où  M.  Ulrich  n'ont  d'autres  pria* 
cipes  que  ceux  de  cette  méthode  fi  vifiblenMsnc 
défeâueufe. 

20.  On  fe  trompera  en  Efpagne ,  oii  M.  Dan- 
gulo ,  en  Hollande ,  où  M.  Delo  ne  pourront  inA 
truire  que  comme  ils  l'ont  été  eux-mêmes  dam 
Paris ,  à  nos  leçons. 

3^.  On  fe  trompera  en  Angleterre,  fi  des  favans 
de  ce  pays  exécutent  le  projet  qu'ils  ont  conçu  » 
de  former  par  foufcription  à  Londres ,  un  ëtablifli»- 
ment  femblable  à  celui  de  Paris. 

Y  a-t-il  quelque  matière  plus  importante  que 
celle-là  pour  le  bien  de  l'humanité ,  &  qui  ménto 
davantage  d'attirer  l'attention  des  favantes  fociè- 
tés  littéraires  que  nous  avons  confultées  ?  Croi- 
ront-elles pouvoir  décemment  demeurer  neutres 
entre  deux  méthodes  aufiî  oppofées  que  celle  de 
de  M.  Heinich  &  la  mienne  ?  Si  elles  perfiftent 
dans  leur  filence ,  je  les  appelle  au  tribunal  da 
public ,  qu'elles  auront  refofé  d'inftruire  fur  un 
article  intéreffant  pour  le  bien  de  la  fociété.  1» 
N.  B.  Cette  correfpondance ,  toute  en  lann ,  &  qui 
,  eft  à-la-fois  tiès  inftruûive  &  très-intéreflfame,  fe 
trouve  à  la  fuite  de  la  méthode  que  nous  venons 
de  mettre  fous  les  yeux  de  nos  leôeurs.  Cette 
méthode  eft  intitulée  :  La  véritable  manière  d'info 
truire  les  fourds  &  muets ,  confirmée  par  une  longme 
expérience  ,  par  AL  Vabbé  *** ,  inflituteur  des  fourds 
&  muets  de  Paris  ;  in-12.  A  Paris,  chez  Nyoa 
l'aîné,  libraire,  rue  du  Jardinet,   1784. 

En  effet ,  d'après  les  lettres  &  les  dîflfertadoos 
en  latin  de  M,  l'abbé  de  l'Epée ,  adreffées ,  foit  à  M. 

Hcinick  î 


MUE 

lavantes.  La  fod ..c  a  adémiqne  de  Zurich  ,  en 
(uiiTe  ,  n'a  pu  e  re  1 1»  r ,  après  un  niûr  e>;iniôn  ,  de 
rendre  pubiiqLfni:n:  un  jufie  hommage  ,  tant  à 
rioveniion  qu'à  la  fiipéno-itc  delà  mèuiodo  dont 
rilluftre  inftituteur  Irançois  fait  un  fi  noble  &  fi 
Ç->:nérenx  emploi ,  pour  donner  gratuitement  aux 
(cards  &  muets  rin'.elligence  de  la  parole  &  de  la 
penfée. 

DES  AVEUGLES. 

On  peut  être  aveugle  de  naiflance,  ow  le  deve- 
nir, foit  par  accident,  foii  par  maladie.  Notre  dsC- 
feio,  dit  Fauteur  de  cet  article  ,  dans  Tancicnne 
Encyclopédie ,  n'eft  point  ici  de  traiter  des  mala- 
dies ou  des  caufes  qui  occafionncnt  la  perta  de 
la  \rue9  nous  nous  contenterons  de  faire  des  ré- 
flexions sur  la  cécité ,  fur  les  idées  dont  elle  nous 
prive ,  (ur  Tavantage  que  les  autres  fens  peuvent 
en  retirer ,  &c. 

Il  eft  d*abord  évident  que  le  fens  de  la  vue 
ium  fort  propre  à  nous  difiraire  par  la  quantité 
dobjets  quil  nous  préfente  à  la  fois,  ceux  qui 
ibnc  privés  de  ce  fens  doivent  naturellement ,  & 
en  général,  avoir  plus  d*attention  aux  objets  qui 
tombent  fous  leurs  autres  fens. 

Ceft  principalement  à  cette  caufe  qu  on  doit 
tttribuer  la  finefle  du  toucher  &  de  Touie ,  qu*on 
oUèrre  dans  certains  aveugles ,  plutôt  qu*à  une 
fapériorité  réelle  de  ces  fens  ,  par  laquelle  la  na- 
tme  ait  voulu  les  dédommager  de  la  privation  de 
l&Tue. 

Cela  eft  (l  vrai,  qu'une  perfonne  devenue 
nngU  par  accident ,  trouve  fouvent ,  dans  le 
fecours  des  fens  qui  lui  redent,  des  reflburces 
dont  elle  ne  fe  doutoit  pas  aup.iravant,  ce  qui 
vient  uniauement  de  ce  que  cette  perfonne  étant 
Boins  dîliraite,  eft  devenue  plus  capable  d*at- 
ttntioQ  ;  mw  c*eft  principalement  dans  les  aveu- 
ifts-nés  qu*on  peut  remarquer,  s'il  ell  permis  de 
^exprimer  ainn ,  les  miracles  de  la  cécité. 

Un  auteur  anonyme  a  publii  fur  C3  fujct ,  en 
1749»  un  petit  ouvrage  très-phil©foph:qutf  &  trés- 
fen  écrit ,  intitulé  :  lettres  fur  les  aveugles ,  a  Vnfage 
it  ceux  qtû  vcyent ,  avec  cette  épigraphe  :  pof- 
fnUf  nec  poffe  vldtntur^  qui  fait  allufion  aux  pro- 
diges des  avcuglesnis. 

Nous  allons  donner,  dans  cet  article,  Textrait 
de  cette  lettre,  dont  la  métaphyfique  eft  par-tout 
très-fine  &  très-vraie';  nous  en  excepterons  qufl- 
9>es  endroits  qui  n*ont  pas  un  rapport  immédiat 
au  fujct. 

L*aUteur  fait  d'abord  mention  d'un  aveugle-né 
«l»*»!  a  coi>ni!.  Cet  avei  «^'c  ,  qui  demeure  ,  dit 
l'auteur,  au  Puifiaut  en  Giltinois  ,  eft  chimifte  & 
nulîcien.  Il  fait  i.re  Ion  fils  avec  Als  caraâères  en 
fdief.  Il  juge  fort  exadcm-m  des  fymétries  : 
Am  &  Métkfé»  Tome  V.  Partie  l. 


U  U  E 


11 


3 


mr.îs   on  fe    doute  bien  q-ve  \'\à':-2  C\ù  f/moirle 

qui  ,  pour  noQs,  eft  c!e  pure  convention  à  Lcau- 

coup  d*égards  ,  l'eft  cftcorc  davantage  pour  lui. 

Sa  détinitlon  du   miroir,  eft  fmijuliéro.   Ccfî  , 

i   dit- il,  une  mack'nc  p.ir  la.juelle  les  chofcs  font  mîfcs 

I  en  rcl'cf  hors  (TcHcs-m^mes.  Cet:e  déiinition  peut 

être  abfurdc  pour  un  fct  qui  a  des  yeux  ;  mais  un 

phllofophe  ,  môme   clairvoyant,  doit  la  trouver 

bien  fubtilc  &  bien  furprenante. 

w  Difcartes,  en  le  fuppofant  aviu^le-nè ,  auroît 
dû  ,  ce  me  femble ,  s'en  applaudir.  En  efùt ,  quelle 
finefl*e  d'idée  nVt-il  pas  fallu  pour  y  parvenir  ? 
Notre  aveugle  n'a  de  connoiftancc  que  parle  tou- 
cher ;  il  fait,  fur  le  rapport  des  autres  hommes  , 
q'.ie  par  le  moyen  de  la  vue  on  connoît  les  objets 
comme  ils  lui  font  connus  par  le  toucher  ,  du 
moins  c'cA  h  feule  notion  qu'il  puitVe  s'en  for- 
nî:r  :  il  fait  de  pKis  qu'on  ne  peu:  vo'r  fon  pro- 
pre vifagc,  quoiqu'on  puiflfe  le  toucher. 

La  vue ,  doit-il  conclure  ,  eft  donc  une  rfpèce 
de  toucher  q'ii  ne  s*ètend  que  fur  les  objets  riifte- 
rens  de  notre  vifige ,  &  éloignée  de  nous.  D'ail- 
leurs le  toucher  ne  lui  donne  l'idée  que  du  relief  : 
donc,  cjoute-t'il,  un  miroir  eft  uie  machine  qui 
nous  met  en  relief  hors  de  nous  mêmes.  » 

Remarquez  bien  que  ces  mors  en  re'Uj  ne  font 
pas  de  trop.  Si  Vaveiglc  avoit  dit  fimplement  , 
nous  met  hors  de  nous- m:  nés ,  il  auroir-dit  une  abfur- 
dite  de  plus  :  car  comment  concevoir  une  machi- 
ne qui  puifle  doubler  un  objet  ?  Le  mot  de  relief 
ne  s'applique  qu'à  la  furface  ;  ainfi  nous  mettre  ett 
relie f  hors  de  nous-mêmes,  c'cft  mettre  feulement 
la  repréfentatlon  de  la  furface  de  notre  corps  hors 
de  nous. 

Vaveugle  a  dû  fentir  par  ceraifonnement,  que  It 
toucher  ne  liû  repréfentc  que  la  furface  dos 
corps  ;  &  qu'arhfi  cette  efpéce  de  toucher  qu'on 
appelle  vue,  ne  donne  l'idée  que  du  reliefs  oa  de 
la  furface  des  corps ,  fans  donner  celle  de  4cur 
folidité  :  le  mot  relief  ne  defignant  ici  que  la  fur- 
face. 

Tavoue  que  la  définition  de  Faveugls  ^  même 
avec  cette  reftrivl'on ,  eft  encore  une  énigme  pour 
lui  ;  mais  du  moins  on  voit  qu'il  acherch*  à  di:M- 
nuer  l'énigme   le  plus  qu'il  étoit  pofliblc. 

On  juge  bien  que  tous  les  phénomènes  des 
miroirs  ,  &  des  verres  qaî  çrofliiTent  ou  dimi- 
nuent ,  ou  multiplient  les  objsts  ♦  font  des  myf- 
tères  impénétrables  pour  lui. 

99  II  demanda  û  la  machine  quigro^Ut  les  objets 
étoit  plus  courte  que  celle  qui  les  rappetifte  ;  ft 
celle  qui  les  rapproche  étoit  plus  courte  que  celle 
qui  les  éloigne  ;  &  ne  comprenant  point  comment 
cet  autre  nous-mt me ,  que ,  félon  lui ,  le  miroir 
répète  en  reliefs  échappe  au  fens  du  toucher  ;  voilà , 
difoit-il ,  deux  fens  qu'une  petite  machine  met  en 
cwitradiâvon  :  une  nachine  plus  parfaite  les  me** 


314  MUE 

troit  peut-être  d'accord  ;  peut  être  une  troifième , 
plus  parfaite  encore  ^  moins  perîîde  ,  les  feroit 
difijartiire  6c  nous  avtrtiroit  de  Terreur.  » 

Quelles  conclufions  philofophiqucs  un  aveugle 
né  ne  peut-il  pas  tirer  de-ià  contre  le  témoignage 
des  fers  ? 

Il  définit  les  yeux  ,  un  organe  fur  lequel  Fair 
fait  Fcflet  d'un  bâton  fur  la  main. 

L'auteur  remarque  que  cette  définition  eft  affez 
femblable  à  celle  de  Dcfcartes ,  qui ,  dans  fa  Dloptri- 
que  ,  compare  l'œil  à  un  aveugle  qui  touche  les 
corps  de  loin  avec  fon  bâton  :  les  rayons  de  la 
lumière  font  le  bâton  des  clairvoyans. 

Cet  aveugle  a  la  mémoire  des  fons  à  un  degré 
fu. prenant ,  &  la  diverfiré  des  voix  le  frappe  au- 
tant que  celle  que  nous  obfervons  dans  les  vi- 
fages. 

Le  fecours  qu'il  tire  de  fes  autres  fens  ,  & 
Tufage  fîngulier  qu*il  en  fait  au  point  d'étonner 
ceux  quiTenvironnem,  le  rendent  affez  indiflférent 
fur  la  privation  de  la  vue. 

Il  fent  qu'il  a ,  à  d'autres  égards ,  des  avantages 
fur  ceux  qui  voyent;  &  au  lieu  d'avoir  des  yeux, 
il  dit  qu'il  aimeroit  bien  autant  avoir  de  plus  longs 
bras,  s'il  en  étoit  le  maître. 

Cet  aveugle  adreffc  au  bruit  &  à  la  voix  très- 
fiirement. 

Il  edime  la  proximité  du  feu  au  degré  de  la  cha- 
,  leur,  la  plénitude  des  vaiiïeaux  au  bruit  que  font 
en  tombant  les  liqueurs  qu'il  tranfvafe  ,  ôc  le  voi- 
finaee  des  corps  à  l'aâlon  de  l'air  fur  fon  vifage  : 
il  diilingue  une  rue  d'un  cul-de  fac  ;  ce  qui  prouve 
bien  que  Tair  n'eft  jamais  pour  lui  dans  un  parfait 
repos ,  ôc  que  fon  vifage  redent  jufqu'aux  moin- 
dres  viciditudes  de  Tatm  )fphère. 

Il  apprécie  à  merveille  le  poids  des  corps  &  la 
capacité  des  vailTeaux  ;  &  il  s'eft  fait  de  les  bras 
des  balances  fort  juAcs,  &  de  fes  doigts  des  com- 
pas prcfque  infaillibles. 

Le  poli  des  «orps  n'a  guère  moins  de  nuances 
pour  lui  que  le  fon  de  la  voix  :  il  juge  de  la 
beauté  par  le  touclicr  ;  & ,  ce  qu'il  y  a  de  fîngu- 
lier ,  c'cft  qu'il  fait  entrer  dans  ce  jugement  la  pro- 
nonciation &  le  fon  de  la  voix. 

Il  fait  de  petits  ouvrages  a^i  tour  &  à  l'aiguille  ; 
il  nivelle  à  l'équerre  ;  il  monte  &  démonte  les  ma- 
chines ordinaires  :  il  exécute  un  morceau  de  mufi- 
quc  dont  on  lui  dit  les  notes  &  les  valeurs. 

Il  eAime  avec  beaucoup  plus  de  précifion  que 
nous  la  durée  du  temps ,  par  la  fucceffion  des 
aâions  &  des  penfées. 

Son  averfion  pour  le  vol  eft  prodigieufe ,  fans 
doute  à  caufe  de  la  difficulté  qu'il  a  de  s'aperce- 
voir quand  on  le  vole. 


MUE 

Il  a  peu  d'i  iéc  de  la  pudeur,  ne  regarde  les 
habits  que  comme  propres  à  garantir  des  injures  de 
l'air,  &  ne  comprend  pas  pourquoi  on  couvre 
plutôt  certaines  parties  du  corps  que  d'autres. 

Dlogène,  dit  Tauteur  que  nous  abrégeons  , 
n'auroit  point  été  pour  notre  aveugle  un  phiiofo- 
phe  ;  enhn ,  les  apparences  extérieures  du  fift  j  qui 
frappent  fi  fort  les  autres  hommes,  ne  lui  en  im- 
pofcnt  en  aucune  manière.  Cet  avantage  n*eft  pas 
à  méprifer. 

Nous  paffons  fous  filence  un  grand  nombre  de 
réflexions  fort  fubtiles  ,  que  fait  l'auteur  de  la  let- 
tre ,  pour  en  venir  à  ce  uu'îl  dit  d'un  autre  aveu^ 
gle  très-célèbre  ;  c'cft  le  fameux  Saunderfon  ,  pro- 
feffeur  de  mathématiques  à  Cambridge ,  en  Angle- 
terre, mort  il  y  a  quelques  années. 

La  petite  vérole  lui  fit  perdre  la  vue  dés  fa 
plus  tendre  enfance ,  au  point  qu'il  ne  fe  fouve- 
noit  pas  d'avoir  jamais  vu  ,  &  n'avoii  pas  phis 
d'idée  de  la  lumière  qu'un  aveugle-né. 

Malgré  cette  privation  ,  il  fit  des  progrés  fi  fur- 
prenans  dans  les  mathématiques,  qu  on  lui  dooiu 
la  chaire  de  profeffeur  de  ces  fciences  dans  Puni- 
verfité  de  Cambridge.  Ses  leçons  étoient  d'une 
clarté  extrême. 

En  effet ,  il  parioit  à  fes  élèves  comme  s'ils  euf- 
fent  été  privés  de  ia  vue  ;  or  un  aveugle  qui  $*exprî* 
me  clairement  pour  des  av.  ugles^  doit  gagner  beau- 
coup avec  des  gens  qui  voyent.  Voici  conmeni  il 
faifoit  les  calculs,  &c  les  enfei^noic  à  fes  difd- 
ples. 

Imaginez  un  carré  de  bois  divifé,  par  des 
lignes  perpendiculaires ,  en  quatre  autres  petits 
carrés  ;  fuppofcz  ce  girré  percé  de  neuf  trous  « 
capables  de  recï\  >  des  épingles  de  la  même 
longueur  &  do  la  même  grolTeur  ,  mais  dont  les 
unes  ayent  la  tête  plus  groffe  que  les  autres. 

Saunderfon  avoir  un  grand  nombre  de  ces  petits 
carrés  tracés  fur  une  grande  table. 

Pour  défigner  le  chiffre  o  ,  il  mettoit  une  épin^ 
gle  à  groffe  tête  au  centre  d'un  de  ces  carrés,  8c 
rien  dans  les  autres  trous. 

Pour  défigner  le  nombre  i ,  il  mettoit  une  ipin- 
gle  ï  petite  tête  au  centre  d'un  petit  carré. 

Pour  défigner  le  nombre  2,  il  mettoit  une  épin- 
gle à  groffe  tcte  au  centre ,  &  au-deffus  de  ia 
mcmt  ligne ,  une  petite  épingle  dans  le  trou  cor- 
refpondant. 

Pour  défigner  3 ,  la  groffe  épingle  au  centre,  & 
la  petite  dans  le  trou  audcflus  à  droite  ;  &  ainG 
de  fuite. 

Saunderfon ,  en  mettant  le  doigt  fur  un  petit 
carré  ,  voyoit  tout  d'un  coup  le  noft%;re  qu'il 
repréfentoit ,  &  il  faifoit  (Is  additions  par  le 
moyen  de  ces  petits  carrés.  Exemple. 


MUE 


MUE 


315 


1. 

3- 

4- 

5- 

3- 

4. 

î- 

6. 

4- 

V 

6. 

7- 

S- 

6. 

7- 

8. 

6. 

7- 

8. 

9.' 

6. 

7- 

8. 

9- 

0. 

7- 

8. 

9- 

0. 

I. 

8. 

9- 

0. 

I. 

1. 

9. 

0. 

t. 

s. 

3. 

En  paflant  fucceâivement  les  doigts  fur  chaque 
nmgée  verticale  de  haut  cj\  bas ,  il  faifoit  Taddi- 
ûon  à  la  manière  ordinaire ,  &  marquoit  le  réful- 
tat  par  des  épingles  mifes  dans  de  petits  carrés  au 
bas  des  nombres  fufdits.  Cette  même  table ,  rem- 
plie de  petits  carrés ,  lui  ferroit  à  faire  d^s  démonf- 
trations  de  géométrie  ;  il  difpofoit  les  groiTes  épin- 
pies  dans  les  trous,  de  manière  qu'elles  avoient 
ia  direâion  d'une  ligne  droite ,  ou  qu'elles  for- 
moient  un  polygone,  &c. 

Saunderfon  a  encore  hinfé  quelques  machines 
qui  lui  facititoient  Tétude  de  la  géométrie  ;  mais 
00  ignore  Tufage  qu'il  en  faifoit. 

U  nous,  a  donné  des  élémens  d'algèbre ,  aux- 
quels on  n'a  rien  publié  de  fupcrieur  dans  cette 
matière  ;  mais ,  comme  l'obferve  l'auteur ,  des  élé- 
mens de  géométrie  de  fa  façon  auroient  encore 
été  pins  curieux. 

Je  fais  d*une  perfonne  qui  l'a  connu ,  que  les 
dèfflonfirations  des  propriétés  dt^s  folides ,  qui  cou- 
lent ordinairement  tant  de  peine  ,  à  caufo  du  relief 
despardes ,  n'étoient  qu'un  jeu  pour  lui. 

D  fe  promenoit  dans  une  pyramide  ,  dans  un 
îcofaèdre  ,  d'un  angle  à  un  autre ,  avec  une 
exnréme  facilité  ;  il  imaginoit  dans  ces  folides  dif- 
férens  plans,  &  différentes  coupes  f^ins  aucun 
eSort. 

Peut-être ,  par  cette  raifon ,  les  démonftratîons 

3n*il  en  auroit  données ,  auroient  -  elles  été  plus 
ifficiles  à  entendre ,  que  s'il  n'eût  pas  été  privé 
de  la  vue  ;  mais  fes  démonftratîons  iur  les  figures 
planes' auroient  été  probablement  fort  claires  ,  & 
peut-être  fort  fînguliéres  :  les  commcnçans  &  les 
philosophes  en  auroient  profité. 

Ce  qu'il  y  a  de  fmgulier,  c'ell  qu'il  faifoit  des 
leçons  d'optique  ;  mais  cela  ne  paroitra  furpre- 
naoc  qu'à  la  multitude. 

Les  philofophes  concevront  aifémcnt  qu'un 
aveugle  y  fans  avoir  d'idée  de  la  lumière  &  des 
couleurs ,  peut  donner  des  leçons  d'optique ,  en 

Erenant,  comme  font  les  géomètres,  les  rayons  de 
imiére  pour  des  lignes  droites  ,  qui  doivent  être 
difpofées  fuivant  certaines  loix ,  pour  produire  les 


Shénomènes  de  la  vifion ,  ou  ceux  des  miroirs 
t  des  verres. 

Saunderfon,  en  parcourant  avec  les  mains  une 
fuite  de  médailles ,  difcernoit  les  j'aufTes  même , 
lorfqu*elles  étoient  adcz  bien  contrefaites  pour 
trora;-.er  les  bons  yeux  d'un  connoifTcur. 

Il  ^ugeoit  de  l'exaftitude  d'un  inftrument  de 
mathématique  ,  en  faif^nt  paffer  fes  doigts  far  les 
divifions. 

Les  moindres  viciflîtudes  de  l'atmofphère  l'af- 
feâoient,  comme  l'aveugle  dont  nous  avons  parlé  ; 
&  il  s'?.percevoit ,  fur-tout  dans  les  temps  cal- 
mes,  de  la  préfence  des  objets  peu  éloignés 
de  lui. 

Un  jour  qu'il  afHftoit  dans  un  jardin  à  des  obfer- 
vations  aflronomiques»  il  diftingua  y  par  l'impref- 
fion  de  l'air  fur  fon  vifage,  le  tems  où  le  foleil 
étoit  couvert  par  des  nuages  ;  ce  qui  eft  d'autant 
plus  fi^gulier,  qu'il  étoit  totalement  privé,  non 
feulement  de  la  vue ,  mais  de  l'organe. 

Je  dois  avertir  ici  que  la  prétendue  hiftoire  des 
derniers  momens  de  Saunderfon ,  imprimée  en 
Anglois  ,  félon  l'auteur,  eft  abfolument  fuppofée. 
Gîtte  fuppofition,  que  bien  des  érudits  regardent 
comme  un  crime  de  lèfe-érudition ,  ne  feroit  qu'une 
plaifanterie ,  û  l'objet  n'en  étoit  pas  aufTi  férieux. 

L*auteur  fait  enfui  te  mention  en  peu  de  mots  > 
de  plufieurs  autres  illuftres  aveugles  qui ,  avec  un 
fens  de  moins ,  étoient  parvenus  à  des  connoifTan- 
ces  furprenantes  ;  &  il  obferve  ,  ce  qui  eft  fort  vrai- 
femblaole ,  que  ce  Tiréfias ,  qui  étoit  devenu  aveu- 
gle pour  avoir  lu  dans  les  fecrets  des  Dieux  ,  & 
qui  prédifoit  l'avenir ,  étoit ,  félon  toutes  les  appa- 
rences un  grand  philofophe  avew^le ,  dont  la  fable 
nous  a  confervé  la  mémoire  Ne  feroit-ce  point 
peut  être  un  aftronome  tiè>-fameux,  qui  prédifoit 
les  éclipfes,  (  ce  qui  dcvoitparoître  très-fingulier 
à  des  peuples  i^norans  )  &  qui  devint  aveugle 
fur  la  fin  de  fes  ]ours  ,  pour  avoir  trop  fatigué  les 
yeux  à  des  obfervations  fubtiles  &  nombreufes  , 
comme  Galilée  &  CaiTmi  ? 

U  arrive  quelquefois  qu'on  reftitue  la  vue  à 
des  aveugles-nès  :  témoin  ce  jeune  homme  de 
treize  ans ,  à  qui  M.  Chefelden  ,  célèbre  chirur- 
gien de  Londres ,  abattit  la  cataraâe  qui  le  ren- 
doit  aveugle  depuis  fa  naiffance. 

M.  Chefelden  ayant  obfcrvé  h  manière  dont  il 
commençoit  à  voir ,  publia  dans  le  n".  402  des 
tranfa6lîons philofoph'jques ,  &  dans  le  cinquante  cin- 
quième article  du  tJtler  y  c'eft-i-dlre  du  babillard^  les 
remarques  qu'il  avoit  faites  à  ce  fiijct.  Voici  ces 
remarques  ,  extraites  du  troifième  volume  de 
l'hiftoire  naturelle  de  MM.  de  Buftbn  &  d'Au- 
benton. 

Ce  jeune  homme ,  quoiqu'tfvw/^'/e ,  pouvoir  dif- 
tinguer  le  jour  de  la  nuit ,  comme  tous  ceux  qi«i 
font  aveugles  par  une  cataracrte.  Il  diitirgiioit 
même  à  une  forte  lumière ,  le  noir ,  le  blanc  Se 

R  r  a 


31^  MUE 

Tccarlate  ;  mais  il  ne  difcernoit  point  la  forme  des 
«orps. 

On  lui  fit  d'abord  Topération  fur  un  feul  œil. 

Au  moment  où  il  commença  de  voir,  tous  les 
objets   liM  parurent   appliqués  contre  fes  yefix. 

Les  objets  OTii  lui  étoicnt  ie  plus  agréables  , 
f»ns  qu'il  pùî  Jire  pourquoi ,  étoier.t  ceux  dont 
la  forme  etoit  régulière. 

Il  ne  rccorînoiffoitpoi'it  les  couleurs  qu'il  avoir 
din.ingiîécs,  a  une  tbrtc  lumière",  éiarit  aveuf^lt!. 

Il  ne  difcornoî:  :iucun  objet  d'un  autre ,  queK 
que  différentes  qu'en  fuiTent  les  formes. 

Lorfqa'on  lui  préfcntoii  les  objets  qu'il  connoif- 
ùm  auparavant  par  le  toucher  ,  il  les  confidéroit 
avec  attention  pour  les  reconnoitrc  une  autre 
fois  ;  mais  bientôt  il  oublioit  tout ,  ayant  trop  de 
chofes  à  retenir. 

Il  etoit  fort  furpris  de  ne  pas  trouver  plus  bel- 
les que  les  autres ,  les  perfonncs  qu'il  avoir  aimées 
le  mieux. 

Il  fut  long-tcms  fans  recoiinoltre  que  les  tableaux 
renréfcnto?cnt  des  corps  folides  ;  il  les  regardoit 
comme  des  plans  différemment  colorés  ;  mais 
lorfqu'il  fut  d  jtrompé ,  &  qu'en  y  portant  la  main , 
il  ne  trouva  que  des  furfaces,  il  demanda  fi  c'étoit 
la  vue  ou  le  toucher  qui  trompoit. 

Il  croit  furpris  qu'on  put  faire  tenir  dans  un 
petit  efpace  la  peinture  dun  objet  plus  grand  que 
cet  efpace  ;  par  exemple ,  un  vifage  dans  une  minia- 
ture ;  &  cela  lui  paroiffoit  aufllî  impoflîble  que  de 
faire  tenir  un  boiffeau  dans  une  pinte. 

D'ah  jid  il  no  pouvoir  fouffrir  qu'une  tris-pet'ite 
lumière  ,  &  vcyoit  tous  les  objets  fort  gros  ;  mais 
les  preniii.rs  fc  rapetiflbicnt  à  mefure  qu'il  en 
voyoic  de  plus  gros. 

Qr.oiqu'il  fut  bien  que  la  chambre  où  il  étoit , 
étoit  plus  petite  que  la  m;iifon ,  il  ne  pouvoit 
comprendre  comment  la  maifon  pouvoit  paroitre 
plus  grande  que  la  Ihambre. 

Avant  qu'on  lui  eut  rendu  la  vue ,  il  n'étoit  pas 
fort  empreffé  d'acquérir  ce  nouveau  fens  ;  il  ne 
connolUoit  point  ce  qui  lui  manquolt ,  &  fentoit 
même  qu'il  avoit ,  à  certains  égards ,  dc<i  a  van:;:gcs 
fur  les  autres  hommes;  miis  à  p'.ine  commença 
t-il  à  voir  diftinftcment ,  qu'il  tut  tranfjjorié  de 
îoie. 

Un  an  après  la  première  opération ,  on  lui  fit 
l'opération  f;ir  l'autre  œil,  &  clic  réuHit  égale- 
ment ;  il  vit  d'abord  de  ce  fécond  œil  les  objets 
beaucoup  plus  gros  que  de  l'autre,  mais  cepen- 
dant moins  gro<i  qu'il  ne  les  avoit  vus  du  premier 
ceil  :  &  lorfqu'il  regardoit  le  même  objet  des  deux 
yeux  à-la-tV)is  ,  il  difoit  cjue  cet  objet  lui  paroif- 
foit  une  fois  plus  grand  qu'avec  fon  premier  œil 
tout  foui. 

M.  Chefeldcn  parle  d'autres  avriiglcs-nès  ,  à  qui 
îl  ayoit  abattu  de  m«me  la  cataraâe ,  &  dans  lef- 


MUE 

quels  il  avoit  obfervé  les  mêmes  phénomènes  l 
quoiqu'avec  moins  de  détail. 

Comme  lU  n'avoient  pas  befoîn  de  faire  mou- 
voir leurs  yeux  pendant  leur  cécité ,  ce  n'étoîi 
que  peu-à-{>eu  qu'ils  apprenoient  à  les  tourner 
vers  hi  objets. 

Il  réfulte  de  ces  expériences  ,  que  le  fens  de  la 
vue  fe  perfectionne  en  nous  petit  à  petit  ;  que  cô 
fens  cA  d'abord  très-confus ,  &i  que  nous  appre- 
nons à  voir ,  à  peu-près  comme  à  parler. 

\Jn  enfant  nouveau-né,  qui  ouvre  pour  la  pre- 
mière fois  les  yeux  à  la  lum.ièrc,  éprouve  fans 
doute  toutes  les  mêmes  chofes  que  nous  Tenons 
d'obferver  dans  Vdveurlc'Xih,  C'eft  le  toucher  & 
l'habitude  qui  rcâifient  les  jugemens  de  la  vue. 

Revenons  préfcnten^nr  à  l'auteur  de  la  lettre 
fur  les  aveugles.  On  cherche ,  dit-il ,  à  refiituer  h  vue 
à  des  i7veuglcs'»és ,  pour  examiner  comment  fc  fait 
la  vifion;  mais  je  crois  qu'on  pourroit  profiter 
autant ,  en  queftionnant  un  aveugle  de  bon  fens... 
Si  l'on  vouloit  donner  quelque  certitude  à  ces 
expériences ,  il  faudroit  du  moins  que  le  fujet  fût 
préparé  de  longue-main,  &  peut-être  qu*on  le 
rendit  philofophe...  Il  feroit  très  à  propos  de  ne 
commencer  les  obfervations  que  long-tems  après 
l'opération  :  pour  cet  eflet  il  faudroit  traiter  le 
malade  dans  Tobfcuritè,  &  bien  s'aflurer  que  fa 
blcffure  eft  guérie ,  8c  que  les  yeux  font  fains.  Je 
ne  voudrois  point  qu'on  Texposât  d'abord  au  grand 
jour....  Enfin ,  ce  feroit  encore  un  point  fort  délicat 
Que  de  tirer  parti  d'un  fujet  ainfi  préparé,  &  de 
1  interroger  avec  afifez  de  fineilc*  pour  qu'il  ne  dit 
précifément  que  ce  qui  fe  p<ifle  en  lui....  Les  plus 
habiles  gens  ,  &  les  meilleurs  efprits ,  ne  font  pas 
trop  bons  pour  une  expérience  fi  philofoplnque 
&  fi  délicate.  >i 

Finirons  cet  article  avec  l'auteur  de  la  Lttre  , 
par  la  fsmeufe  quefiion  de  M.  Molineux. 

Onfuppofeun^vfU^/r-né,  qui  ait  appris,  parle 
toucher,  à  difiinguer  un  globe  d'un  cube  ;  on 
demande  fi ,  quand  on  lui  aura  refiitué  la  vue,  il 
difiinjr.ucra  d'abord  le  globe  du  cube  faos  le  tou- 
cher. M.  Molineux  CToit  que  non ,  &  M.  Loke 
eft  de  fon  avis  ,  parce  que  l'aveugle  ne  peut 
favoir  que  l'angle  avancé  du  cube  ,  qui  preCe  fa 
main  d'une  manière  inégale ,  doit  paroitre  à  fes 
yeux  tel  qu  il  paroit  dans  le  cube. 

L'auteur  de  la  lettre  fur  les  aveugles ,  fondé  fut 
l'expérience  de  Chefclden,  croît  avec  ralfon  que 
l'aveugle-né  verra  d'abord  tout  confufément  ,  & 
que  bien  loin  de  difiinguer  d'abord  le  globe  du 
cube ,  il  ne  verra  pns  même  diftinftcment  deur 
figures  différentes  :  il  ci  oit  pourtant  qu'à  la  lon- 
gue, 6c  fans  le  fecours  du  toucher,  il  parviendra 
à  voir  difiinâement  les  deux  figures  :  la  raifon 

2u'il  en  apporte  ,  Ôc  à  laquelle  il  nous  paroit  dif- 
cile  de  répondre,  c'cft  que  ravcuf-le  n'ayant  pas 
befoin  a1(  toucher  pour  diUing.ier  l.s  couleurs  les. 


MUE 

unes  des  autres ,  les  limites  des  couleiirs  lui  fufii- 
ront  2,  \sL  k^npie  poîir  difcorner  la  {igiire  ou  le 
contour  des  objets.  Il  verra  donc  un  globe  & 
un  cube  ,  ou  ,  fi  Ton  veut ,  un  cercle  &  un 
carré  ;  msis  le  Cens  du  toucher  n'ay^jit  aucun 
rapport  à  celui  de  la  vi.c ,  il  ne  devinera  pas  que 
nui  do  ctfs  deux  c^rps  eu  celui  qu'o.:  apj^cilc  globe , 
&  lauire  celui  qu'on  appcilo  cube  ;  t:  i.i  vifion  ne 
lui  rappellera  en  aucune  maniè;e  la  icniation  qu'il 
a  reçue  par  le  toucher. 

Suppofons  prèfentement  qu'on  lui  dife  que  l'un 
de  ces  deiix  corps  eu  ceiui  qu'il  fentoir  globe  par 
le  toucher,  &  l'autre  celui  quM  fentoit  cube  , 
fïura-t-il  les  diftingucr  ?  L'auteur  répond  d'abord 
qu'un  homme  groliier  &  fans  connoi  Tance  pro- 
noncera au  hafard  ;  qu'un  métaphyricicn  ,  (iir-tort 
s'i le')  géomètre,  comme  Saunderfon  ,  examinera 
les  figures  ;  qu'en  y  fuppolant  certaines   lignes 
tirées ,  il  verra  qu'il  peut  démontrer  de  Tune  tou- 
tes les  propriétés  du  cercle ,  que  le  toucher  lui  a 
fait  connoitre,&  quil  peut  dcmontrer  de  l'autre 
fgure  toutes  les  propriétés  du  carré.  11  fera  donc 
bien  tenté  de  conclure  :  voilà  le  cercle ,  voilà  le 
iané  ;  cependant ,  s'il  efl   prudent ,  il  fufpendra 
encore  fon  jugement  ;   car  ,    pounoit-il  dire  , 
peut-être  que  ^uand  j'appliquerai  mes  mains  fur 
ces  deux  figures,  elles  fe  transformeront  l'use 
dans  Tautrc  ;  de  manitre   que  la   morne  figure 
pourroit  me  fervîr  à  démontrer  aux  aveit^les  les 
propriétés  du  cercle ,  &  à  ceux  qui  voyent  les 
propriétés  du  carré  ?  Mais  non ,  aurolt  dit  Saun- 
deribn ,  je  me  trompe  ;  ceux  à  qui  je  démontroîs 
lei  propriétés  du   cercle  &  du  carré ,  &  en  qui 
la  Tue  &  le  toucher  ètoîent  parfaitement  d'accord , 
Bentendoient  fort  bien,  quoiqu'ils  ne  touchaf- 
feot  pas  les  figures  fur  leiquelles  je  faifois  mes 
dèmonflratîons  ,  &  qu'ils  fe  contentafTent  de  les 
yoir.  Ils  ne   voyoient  donc  pas  un  carré  quand 
je  femois  un  cercle ,  fans  quoi  nous  ne  nous  fuf- 
uons  jamais  entendus  ;  vais  puifqu  ils  m'enicn- 
doicnt,  tous  les  hommes  voyent  donc  les  uns 
comme  les  autres  :  donc  je  vois  carré  ce    qu'ils 
^oyent  carré,  &  par  conféquent  ce  que  je  fen- 
tois  carré  ;  &  par  la  même  raifon  je  vois  cercle  » 
«  que  je  fentois  cercle.  » 

Nous  avons  fubftitué  îcl  avec  Tauteur  le  cercle 
an  globe,  &  le  carré  au  cube,  parce  qu*il  y  a 
l>caucoup  d'apparence  que  celui  qui  fe  fert  de  fes 
yeux  pour  la  première  fois ,  ne  voit  que  des  fur- 
^>ccs,  &  ne  fait  ce  que  c'efl  que  faillie  ;  car  la 
toied'un  corps  confiiic  en  ce  oue  quelques-uns 
^e  les  points  paroiflcnt  plus  voifins  de  nous  que 
^*  autres  :  or ,  c'cft  par  Texpérience  jointe  au  tou- 
^ber,  &  non  par  la  vue  feule ,  que  nous  jugeons 
^Wdiflances. 

De  tout  ce  qui  a  été  dit  jufqu'îci  fur  le  globe  & 
"Jt  le  cube ,  ou  fur  le  cercle  &  le  carré  ,  con- 
j|uons  avec  l'auteur  qu'il  y  a  des  cas  oii  le  rai- 
waneœcnt   &  l'expérience  des   autres  peuvent 


MUE 


317 


éclaircir  la  vue  fur  la  relation  du  toucher  ,  &  affu- 
rer ,  pour  ainfi  dire  ,  Toeil  qu'il  ett  d'accord  avec 
le  taa. 

La  icftrc  finit  par  quelques  réflexions  fr.r  ce  q\H 
arriveroit  à  un  homme  qui  auroit  vu  dès  fa  naif- 
fancc,  8c' qui  n'auroit  point  eu  le  ft-ns  du  tou- 
cher ,  &  à  un  homme  en  qui  le  fcns  de  la  vue 
&  du  toucher  fe  contrediroiert  p:^:nltudîea  eut. 
Nous  renvoyons  nos  kftenrs  à  cc3  ictkxions  ;  elles 
nous  en  rappellent  une  autre  à  peu-i:rès  de  la 
même  efpèce  que  fait  l'auteur  dans  le  corps  de  la 
lettre.  Si  un  homme,  dit  il,  qui  n'ai.roit  vu  que 
pendant  rin  jour  ou  deux ,  fe  trouvoit  confondu 
chez  un  p:uple  ^^cvcup^les  ^  il  fau droit  qu'il  piît 
le  parti  de  fc  taire  ,  ou  celui  de  pa^er  pour  un 
fou  :  il  leur  annonceroic  tous  les  jours  quelque 
nouveau  niyftére ,  qui  n'en  feroit  un  que  pour 
eux,  &  que  les  cfjpiits- forts  fe  fauroicn:  bon  gré 
de  ne  pas  croire.  Les  ddfenfcurs  de  U  religion  ne 
pourroient-ils  pas  tirer  un  grand  parti  d'une  incré- 
dulité fi  opiniâtre ,  6:  cependant  fi  peu  fondée  ?  » 

Ces  oîifcrvations  ,  aufli  philo fophiq nés  qu'iiigc- 
nieufes  ,  ne  font  pourtant  point  fufhfantes  pour 
faire  conroitre  Us  vrais  procédés  de  l'art  nou- 
veau d'inftruire  les  aveugles. 

Heureufcment  que  nous  pouvons  auflî  recourir,, 
pour  en  développer  les  principes,  à  l'excellent  traitè^ 
que  M.  Haiiy  a  fait  imprimer  fur  cet  objet.  Qu'rl 
nous  foit  donc  également  permis  de  rapprocher 
ici  la  méthode  de  ce  favant  fli!  refpeôable  inf- 
thutcur  des  aveugles,  de  celle  que  nous  venons 
de  rapporter  de  M.  l'abbé  de  TEpée ,  en  faveur  des- 
fourds  &  muets. 

Il  fera  fans  doute  întére/Tant  dVnvifager  à  la» 
fois ,  &  dans  le  même  cadre  ,  Tart  merveilleux 
qui  fe  fait  entendre  aux  fourds  &  muets ,  &  l'art 
non  moins  furprenant  qui  fe  rend  fenfible  aux 
aveugles.  Ce  traité  cfl  intitulé  : 

ESSAI  fur  Véducatîcn  des  aveugles ,  ouexpofc  de  dlf* 
fércns  moyens ,  vcrïjUs  par  Vexpériencc  ,  pour  les 
mettre  en  état  de  lire  à  l'aide  du  taEl ,  d^ imprimer 
des  livres  dans  Icfquels  ils  puifftnt  prendre  des 
connoijjances  de  langues  ^  dkifioire,  de  géographie , 
de  mupque ,  &c.  d'exécuter  differens  travaux  reU' 
tifs  aux  métiers  &c.;  dédié  au  roi ,  par  AI*  HAvr  , 
interprète  de  Sa  Majejlé ,  de  l'amirauté  de  France  y 
&  de  rkôtel-de-ville  de  Paris  ;  membre  6»  profef" 
feur  du  bureau  académique  d'écriture  ,  pour  la 
ledure  &  vérification  des  écritures  anciennes  fr 
étrangères,  A  Paris ,  imprimé  par  les  enfans-avêU" 
gles ,  Jbus  la  direélion  de  M.  Cloufier ,  imprimeur 
du  roi  y  &  fe  vend ,  à  leur  seul  bénéfice  ,  en  leur 
mai  fon  d'éducation^  ru:  Notre-Dame-des  Victoires  , 

Avant  de  passer  à  rexpfiotion  des  procédés 
de  M.     Haiiy  ,  nous  devons  citer  ici   le   jusji- 


[8 


iM  U  E 


:; 

ment  qu'en  a  porte  racadcmie  royale  des  fciences 

de  Paris,  le  1 6  février  1785. 

M.  le  duc  de  la  Rochefoucault ,  meffieurs  Def- 
marets ,  Demours  &  Vicq-d'Azir,  commiffaires 
rommés  par  TAcadémie  des  fciences  ,  pour  exa- 
miner le  mémoire  &  la  méthode  qui  lui  ont  été 
i.Th'wntés  par  M.  Haiiy ,  pour  Tinitruftion  des 
aveugles  ,  ont  cru  devoir  ,  avant  de  lui  en- ren- 
dre comprc  ,  faire  quelques  recherches  fur  les 
moyens  tendans  à  ce  même  objet,  découverts  & 
employés,  foit  par  différens  aveugles  qui  i'e  font 
inftruiis  eux-mêmes ,  foit  par  différentes  perfon- 
nes  qui  vouloient  entreprendre  de  les  inftruire. 

S.ins  remonter  aux  temps  anciens ,  difent  mef- 
fieurs  les  commlffaires  ,  qui  nous  préfentent  Di- 
dyme  d'Alexandrie ,  Eufébe  l'Afiatique  ,  Nicaife 
de  Méchlin  Si  plufieurs  autres  aveugles  illuf- 
tres  ,  qui  avoient  apparemment  trouvé  quelques 
moyens  dont  la  connoiffance  ne  nous  eft  pas 
parvenue ,  nous  trouvons  dans  les  temps  mo- 
dernes le  célèbre  Saunderfon  ,  frappé  d'aveugle- 
ment prcfque  en  naiffant  ,  &  n'ayant  pu  con- 
ferver  aucun  fouvenir  de  la  vue  ,  devenu  l'un  des 
plus  iUuftres  difciples  de  Newton ,  profefleur  de 
mathématiques  6c  d'optique  à  Cambridge  ,  & 
-auteur  de  plufieurs  bons  ouvrages ,  dans  lefquels 
la  privation  de  ce  fcns ,  en  ajoutant  à  leur  mérite , 
a  réprmdu  fur  certaines  démonftrations ,  une  clarté 
plus  vive  que  dans  la  plu^jart  des  mathématiciens 
clairvoyans. 

Tout  le  monde  connoît  fa  machine  arithméti- 
que ;  une  table ,  percée  de  trous  ,  &  des  épin- 
gles dont  la  tète  différoit  de  groffeur  ,  lui  fer- 
voient  à  calculer  auffi  vite  que  les  clairvoyans  avec 
leur  plume  ;  &  cette  même  machine  devenoit 
géométrique ,  au  moyen  de  fils  qui ,  paffés  autour 
des  épingles  ,  repréfentoient  à  fon  taâ  les  figures 
que  les  lignes  d'encre  ou  de  crayon  repréfentent 
à  notre  vue. 

Antérieurement  à  Saunderfon  ,  Jacques-Ber- 
nouilli  avoir  appris  à  écrire  à  une  jeune  fille  qui 
avoit  perdu  la  vue  deux  mois  après  fa  naiffance  ; 
mais  le  moyen  étoit  vraifemblablement  très-im- 
parfait ,  puifque  l'auteur  ne  l'a  pas  tranfmis ,  & 
puifque  Saunderfon  ,  prefque  contemporain ,  n'en 
a  pas  eu  connoiffance. 

M.  Diderot,  dans  fon  intcrefTante  lettre  furies 
aveugles,  nous  dit  avoir  trouvJ:  l'aveugle  du  Puy- 
feaux  occupé  à  faire  lire  fon  fils  lvoc  des  carac- 
tères en  relief  ;  mais  il  ne  nous  apprend  rien  de 
précis  fur  la  méthode  de  cet  enfcignement. 

Madcmoifclle  de  Salignac ,  qui  vivoit  encore  à 
Paris  il  y  a  dix  ou  douze  ans,  faifoit  ufage  de 
caratScres  en  relief  mobiles  ;  &  le  ficur  Richard, 
fo!»deur,  qui  tr.ivailloii  pour  elle,  en  a  confervé 
les  forme?;. 

Feu  M.  de  Lamouroux  faifoit  aufli  ufage  de 
car^ftères  en    rcKcf  mobiles ,  mais  pour  la  mufi- 


MUE 

que  feulement,  &  s'étoit  rendu  célèbre  dins 
cet  art. 

MM.  Sodi  &  Frizcri  fe  font  fervi ,  pour  figurer 
leur  mufique ,  d'épingles  placées  d  une  nuoière 
connue  feulement  de  leurs  copiltes. 

Il  eft  venu  fur  la  fin  du  mois  dernier  chez  M. 
Haiiy ,  un  aveugle  de  province  ,  qui  note  la  mufi- 
ue  avec  des  notes  de  cire»  grofUérement  formées 
peu  folides. 

Enfin ,  il  exifie  encore  aujourd'hui  deux  aveu- 
gles, célèbres  par  leurs  talens  &  par  leur  inftruc- 
lion  ;  l'un  cft  M.  Weiffenbourg  de  Manheim ,  qui , 
privé  de  la  vue  à  Tâge  de  fept  ans ,  s'eft  habitué , 
d'après  des  caraAères  en  relief,  à  en  tracer  lui- 
même  avec  une  plume  ;  il  a  appris  la  Géographie 
d'après  des  cartes  ordinaires  divifées  par  différens 
fils ,  dans  lefquels  font  pafies  des  grains  de  verre 
plus  ou  moins  gros,  pour  défigner  les  différens 
ordres  de  villes ,  &  parfemées  d'un  fable  glacé 
de  diffé' entes  manières  pour  diffineuer  les  mers, 
les  royaumes ,  les  provinces ,  &C.  11  calcule  zrec 
de  petites  planches  divifées  par  de  petits  carrés  , 
po(es  horifontalemeut ,  qui  repréfentent  les  uni- 
tés ,  les  dixaines,  les  centaines,  &  fous-diyîfés 
chacun  par  neuf  trous ,  dans  lefquels  il  place  de 
petites  cnevilles ,  qui  lui  fervent  à  former  (es  nom- 
bres ,  &  à  faire  fes  opérations.  Il  joue  avec  des 
cartes  marquées  de  trous  d'épingles  fenfibles  pour 
lui  feul. 

L'autre  eft  Mademoifelle  Paradis ,  née  ai  Vienne , 
en  Autriche ,  devenue  aveugle  à  l'pge  de  deux  ans  , 
âgée  maintenant  de  vingt ,  &  célèbre  par  fes  talens 
pour  la  mufique.  M.  de  Kempellen,  auteur  de 
l'automate  joueur  d'échecs ,  lui  a  appris  à  épeller 
avec  des  lettres  de  carton  découpées ,  &  à  lire  des 
phrafes  pointées  fur  des  cartes  avec  des  épingles  ; 
il  lui  a  formé  une  petite  preffe ,  au  moyen  de  laquel- 
le elle  imprime  (ur  un  papier  les  phrafes  qu*elle  a 
compofées  comme  un  imprimeur,  &  elle  entre- 
tient ainfi  une  correfpondance  avec  M.  Kempel- 
len, fon  maître,  &avec  M.  Weiffenbourg ,  à  qui 
elle  doit  une  partie  de  fes  connoiffances. 

L'expoii  que  nous  venons  de  faire,  indique 
beaucoup  de  tentatives  &  de  moyens  épars  qui 
ont  eu  f  lufqu'à  préfcnt»  plus  ou  moins  de  fuccès  ; 
mais  perfonne  n'avoir  encore  fongé  à  raffembler 
ces  différens  moyens,  à  les  difcuter,  &  à  former 
une  méthode  fuivie  &  complette  pour  faciliter  à 
une  portion  malheureufe  de  l'humanité ,  l'acquifi- 
tion  des  connoiffances  que  la  privation  du  fens  le 
plus  néceffaire  leur  reftifoit ,  &  pour  leur  ouvrir , 
s'il  eft  permis  de  parler  ainfi ,  l'entrée  de  la  fociété 
des  autres  hommes.  Ceft  ce  que  M.  Haûy  a  entre- 
pris ,  &  l'académie  va  juger  jufqu'à  quel  poini 
il  a  réuffi. 

Il  emploie  des  caraâeres  en  relief,  que  l'aveugle 
s'accoutume  à  reconnoiire  au  toucher,  conmM 
l'enfant  à  qui  l'on  montre  à  lire ,  reconnoit  à  h 
,  vue  les  caraâeres  écrits  ou  imprimés. 


MUE 

Ces  caraâères  font  fcparés  &  mobiles  comme 
ceux  des  imprimeurs  ;  on  en  forme  des  lignes  fur 
une  planche  percée  d'entailles ,  où  la  queue  du 
araâère  s'engage  ;  &  lorfqiic  la  connoillance  lui 
en  eft  devenue  familière ,  l'aveugle  les  cherche 
lui-même  dans  les  cafés  où  ils  font  difpofcs ,  & 
les  arrange  fur  la  planche  comme  un  compofiteur 
d'imprimerie. 

Jufques-là ,  la  méthode  de  M.  H.iiiy  reffemble 
à  celle  de  Taveugle  du  Puyfeaux  &  de  Mademoi- 
fclle  de  Sahgnac  ;  mais  il  a  fenti  qu'il  falloir  cher- 
cher le  moyen  de  former  des  livres  à  Tufage  des 
aveugles ,  afin  de  les  mettre  en  état  de  lire  feuls , 
&'de  fe  paffer  de  fecours  à  cet  égard.  Il  a  donc 
imaginé  a'imprimer  fur  un  papier  fot,  où  la  trace 
des  caraâères  conferve  un  relief  fufHfant  pour  que 
l'aveugle  puifle  les  lire  au  taâ.  Nous  avons  vu 
un  de  ces  livres  fur  lequel  l'aveugle  a  lu  les 
phrafes  qu'on  lui  indiquoit  ;  quoiqu'imprimées  déjà 
depuis  quelque  tems  ,  le  relief  étoit  encore  bien 
conferve  ;  d'ailleurs  il  fera  facile  de  trouver  un 
moyen  pourconfolider  ce  papier,  &  donner  delà 
durée  à  cette  nouvelle  efpèce  d'imprimerie* 

On  voit  que  ce  moyen  peut  encore  fervir  aux 
aveugles  pour  entretenir  correfi-'ondance  entre 
eux,  &  en  cela  il  eA  fupérieur  à  celui  de  Made- 
moifelle  Paradis ,  qui  imprime  bien  fes  écrits ,  mais 
dont  M.  Weiffenbourg  ne  peut  pas  lire  les  lettres 
Cins  un  fecours  étranger. 

Il  feroit  à  défirer  que  les  chimiAes  s'occupaiTent 
de  trouver  une  encre  qui  confervât  du  relief  en 
fc  Ikhant  ;  alors  on  pourroit  écrire  pour  les  aveu- 
g^,  &  ils  pourroient  eux-mêmes  garder  &  relire 
ce  qu'ils  auroient  écrit  :  cette  découverte  multiplie- 
TOit  encore  &  faciliteroit  pour  eux  les  moyens 
d*inftruftion. 

U$  procédés  employés  pour  les  calculs ,  font 
fcmblables  à  ceux  eue  nous  avons  décrits  pour 
ks  Ictnres  ;  l'aveugle  difpofe  les  chiffres  fur  la 
Pjinthe ,  &  fait  toutes  les  oncrations  fur  les  nom- 
bres entiers  avec  la  même  ticiliié  ;  mais  celles  fur 
te  fraâions  auroient  été  beaucoup  plus  longues 
«plus  compliquées.  M.  Hâùy  les  a  Amplifiées  en 
formant  pour  ceite  efpèce  de  calcul  des  caractè- 
|W  &iis  pour  contenir  à  la  fois  le  numérateur  & 
«  dénominateur ,  mais  dont  une  des  parties  cft 
JŒOviblc,  pour  que  l'on  puiffe  y  fubftituer  à  vo- 
«oté  tel  ou  tel  chiffre  ;  &  de  cette  manière,  avec 
«n  petit  nombre  de  caraftéres  différens,  Tavcu- 
|te  exécute  toures  les  opérations  fur  les  quantités 
^*ôionnaires. 

D  n'a  pas  pu  réduire  autanr  le  nombre  des  fignci 
«ccffairts  pour  la  mufiquc  ;  chacun  des  caraftè- 
Jtt  contient  les  cinq  lignes  &  les  quatre  interval- 
««  avec  un  feul  figne  ;  il  a  même  fallu  qu'il  en 
^^t  aufli  quelques-uns  pour  les  fignes  qui  fe 
Couvent  accidentellement  au-deffusouau-deffous 
«les  cinq  lignes  ordinaires  ;  mais  malgré  cette  mul- 
^liciié  ,   l'aveugle  les  retrouve  facilement  à  la 


MUE 


3iy 


faveur  du  bon  ordre  dans  lequel  ils  font  difpofés  : 
c'eft  pour  la  mufique,  psr  exemple,  que  l'encre 
de  relief  feroit  d'un  grand  f;:cours. 

Le  procédé  pour  l'ctude  de  la  géographie  eft  à 
peu- près  fcmblable  à  celui  qu'emploie  M.  Weif- 
fenbourg  :  le  contour  des  diffcrenies  divifions  eft 
en  relief  y  &  Taveuglc  reconnoit  au  toucher,  par 
leurs  formes ,  les  différens  pays  :  on  emploiera 
pour  les  villes  ou  autres  petits  objets  des  reliefs 
de  différentes  formes ,  &  des  matières  comme  le 
fable  ,  le  verre ,  &c.  reconnoiffables  au  taâ  , 
pour  diftinguerles  mers,  les  lacs,  les  rivières,  & 
l'on  conçoit  qu'il  eft  facile  de  multiplier  ces  fignes 
autant  qu'il  iera  néceffaire. 

Le  jeune  le  Sueur  a  exécuté  fous  les  yeux  de 
l'académie ,  les  différentes  opérations  que  nous  ve- 
nons de  décrire ,  &  elle  a  vu  qu'il  les  exécutoit 
avec  promptitude  &  facilité  ;  nous  les  lui  avons 
fait  répéter  toutes  en  détail,  &  même  quelques- 
unes  de  plus,  comme  délire  des  caraâères  curfifs 
pointés  avec  une  épingle  fur  une  carte ,  &  d'au- 
tres écrits  avec  la  pointe  du  manche  d'un  canif , 
dont  le  relief  étoit  peu  confidérable  ;  il  les  a  lus 
affez  facilement ,  &  maintenant  il  travaille  à  em- 
ployer des  caraâères  de  moitié  plus  petits  que  ceux 
qui  ont  été  apportés  à  l'académie. 

Non-feulement  ce  icunc  homme  eft  inflruîtpour 
lui-même ,  mais  il  elt  encore  1  inftituteur  d'autres 
aveugles,  à  qui  il  tranfmct fes  connoiffances  parles 
mêmes  procédés  qui  les  lui  ont  fait  acquérir.  Nous 
avons  vu  cette  école ,  qui  préfente  un  fpeâa- 
cle  à-la-fois  curieux  &  touchant  ;  plufieurs  jeunes 
aveugles  de  l'un  &  de  l'autre  icxe  apprennent 
dHin  maître  aveugle  auffi ,  reçoivent  avec  joie  une 
inftruâion  qui  leur  eft  donnée  avec  intérêt,  & 
tous  fcmblent  s'applaudir  de  concert  d'acquérir 
une  exiflence  nouvelle. 

Il  eft  bon  de  f  ;i:e  remarquer  à  l'académie  que 
l'éducation  du  jei^iie  le  Sueur,  aâjellement  âgé 
de  dix-fept  ans,  re  d^ts  que  de  huit  mois.  Ce  mal- 
heureux ,  ré  aveugle  &  dans  Hudigence  ,  n'avoit 
pu  recevoir  par  les  autres  fcns  que  les  idées  les 
plus  communes  ;  &  à  la  Pentecôte  de  Tannée  der- 
nière, il  quétoit  à  la  porte  d'une  de  nos  églifcs  , 
&  partagcoit  avec  une  famille  pauvre  le  fruit  modi- 
que des  aumônes  qu'il  recevoir.  Ccft  de-là  que  M. 
Haiiy  l'a  tiré  pour  lui  donner  de  i'cducarion  ;  &  fi 
les  fuccès  que  nous  avons  vus  font  honneur  k 
Vintelligencc  de  l'èiéve ,  ils  font  fatisfaifans  &  glo- 
rieux pour  le  maître  dort  les  talens  bieniairans 
méritent  la  reconnciffancc  publique. 

Ceftunc  affociation  de  citoyens  charitables  qii 
fournit  aux  frais  de  cetre  école  ,  dija  compoféedc 
plus  de  vin^t  fuj^ts,  &  que  1:^  fortune  de  M. 
Haiiy ,  qui  n'eft  pas  proportioniiée  à  fon  zèle ,  ne 
lui  eût  pas  permis  d'entreprendre  fans  fecours. 

On  peut  dire,  à  l'honneur  de  notre  fiècle,  que 
jamais  il  n'a  régné  un  amour  plus  vrai  pour  le  bien 


:2o 


M  U 


LL 


Jv*  l'hun^anitc ,  ^^  ({u^  \i  hienraifaiicc  n'a  itè  ri  plus 
active  îii  plus  éclairée. 

Qu'il  nous  foit  permis  de  rendre  hommigo  ici 
aux  talens  &  au  zolc  de  M.  Tabbé  de  TEpé^,  qui  a 
ouvert  la  carrière  de  Tinftru^lion  aux  fcurds  (k 
jmiets  ;  M.  Haïiy  devient ,  à  fon  exemple,  le  hien- 
l^iteur  des  aveugles,  &  cette  partie  fouffrante  de 
riiumaiiité  lui  devra  des  moyens  de  bonheur  que 
Ton  ne  croyoit  pas  pouvoir  efpérer  pour  elle. 

L'Académie ,  qui  a  vu  avec  intérêt  les  premiers 
fuccès  de  fon  zélé,  le  trouvera  fûrement  digne  d'ê- 
tre encouragé  par  fcs  éloges  ;  &  nous  lui  propo- 
ferons,  en  donnant  fon  approbation  à  la  méthode 
que  M.  Haiiy  lui  a  prcfentée ,  de  l'exhorter  à  la 
rendre  publique,  &  de  TaiTurer  qu'elle  recevra 
volontiers  les  nouveaux  comptes  qu'il  pourra  lui 
rendre  de  Cefi  efforts  pour  la  porter  au  degré  de 
pcffedlion  dont  elle  e'À  fafceptibîe. 

Le  îômoîgnagc  fi  honorable  de  cette  illuftre  com- 
pagnie ,  nous  fait  un'  devoir  de  f/.ire  connoître 
dans  ccdiâ'onnairc  ,  la  méthode  de  M.  Haiiy,  & 
de  le  recommander  comme  le  guide  le  plus  Tùr  aux 
itiAituteurs  qui  voudront  fuivre  les  traces  de  fon 
zèle  &  de  ion  humaiiité  ,  &  entreprendre  avec 
fuccés  l'éducation  des  aveugles. 

Ceft  donc  M.  Haiiy  lui-même ,  qui  va  cnfei- 
gner  fa  méthode ,  &  d'abord  voici  comme  il  s'ex- 
prime dans  un  avant-propos. 

Parmi  les  infortunés  qui  ont  été  privés ,  foit  dès 
rinftant  de  leur  naiiïance,  foit  dans  la  fuite  ,  par 
quelque  accident ,  dt  l'organe  qui  contribue  le  plus 
k  nous  faire  fouir  des  avantages  &  des  agrémens 
de  la  fociétè ,  il  s*en  eft  trouvé  dont  les  efforts 
courageux  ont  réuffi  à  adoucir  ,  par  quelque  occu« 
pation ,  cette  pofition  alHigeante.  Les  uns ,  pleins 
de  pénétration ,  ont  enrichi  leur  mémoire  des  pro- 
ductions de  l'cfprit  humain ,  &  ont  puifé  dans  les 
charmes  d'une  converfation  ou  d'une  leâure  à  la 
quelle  ils  affîf^oient,  des  connoifTances  qu'il  leur 
ètoit  impofTible  de  recueillir  eux-mêmes  dans 
les  dcp'^ts  précieux  ofe  elles  étoient  renfermée?. 
Les  autres ,  doués  d'une  dextérité  capable  de  faire 
honneur  à  un  artide  muni  de  fes  yeux ,  ont  exé- 
cuté des  travaux  mécaniques,  où  l'on  rerrouvoit , 
&  Texaàitude  S:  le  fini  d'une  main  dirigée  par 
la  lumière.  Mais  malgré  d'auffi  hcureufes  difpofi- 
tjons  dans  les  aveugles  ,  ces  efpèces  de  prodiges 
n'étoient ,  de  leur  part,  que  le  fruit  d'une  applica- 
tion opiniâtre,  &  ne  femblcient  réfcrvés  qu  à  un 
petit  nombre  d'étrcs  privilégiés  parmi  eux  ;  tandis 
que  le  refte  de  leurs  frères ,  livrés  à  une  oifivctc 
dont  ils  croyoient  ne  pouvoir  jamris  fortir,  mou- 
roicnt  à  la  focicté  ,  au  momw:nt  même  où  ils  rece- 
▼oient  leur  exiflcnce  au  milieu  d'elle  ;  &  la  plu- 
part ,  viilimes  tout  à  la  fois  de  la  privtition  de 
la  vue  &  de  celle  ac  la  fortune ,  n'avoicnt  en  par- 
tage que  la  pénible  &  triAe  reiTource  de  mendier  , 
afin  de  prolonger  ,  pour  ainfi  dire ,  dans  Tobfcuritè 
ë'nn    cachot ,  leur  cxiflence  malheureufe.  CcA 


M  U  E 

•   pour  fervîr  cette  cl.-îTe  d'infortunés  ,  que  j'ai  îma- 

i   pnh  Mil  plan  ^.'.-î;--'/  ainjlhutlc:-  ,  qui,  à^i'aide  de 

,   principes  &  d'^l'ienliies  a  icur   ulij^e,  pue  rcwdrc 

ficïlc  aux  uns    ce    qu'ils    n'exccutoient   qScvcc 

peine  ^ii  pojjîhie  aux  autres    ce  qu'ils  paroi i^. oient 

ne  pouvoir  exécuter. 

J'ai  fenti  que  l'entreprife  ctoit  difficile  ,  qu'elle 
excédoit  les  forces  d'un  feul  homme  ,  &  )'ai  cher- 
ché de  l'appui.  Des  perlbnnes  biLnfai!"ant:s  fe  font 
empreffées  de  tout>;s  parts  dj  concourir  à  cette 
bonne  œuvre.  Elles  f.nt  pofé  les  premiers  fondc- 
mens  d'un  édifice ,  dont  la  conftruûion  fait  l'élcge 
do  leurs  coeurs  &L  honore  le  fiècic  où  elles  vivent. 
Chacune  d'elles  fen^ble  même  m'avoir  difputé  à 
l'envi  la  douce  fatisfaftion  de  perfcdionner  &  d'a- 
chever ce  monument  ;  & ,  je  l'avoue  avec  plaifir  , 
s'il  éroit  permis  à  quelqu'un  de  fe  faire  honneur 
d'une  pareille  entreprise  ,  c'cft  à  elles ,  plus  qu'à 
qui  que  ce  foit,  qu'en  appartient  la  gloire.  J'abaa- 
donnerai  donc ,  dans  le  cours  de  cet  ouvrage ,  tou- 
te expreflîon  qui  annonceroit  i^e  ma  part  des  pré- 
tentions à  une  propriété  particulière ,  &  je  n'y  par- 
lerai qu'au  nom  de  ces  zélés  coopérateurs ,  qui  , 
foit  par  leurs  lumières  ,  foit  par  leurs  fccours ,  fc 
font  afluré  un  droit  inaliénable  à  ma  reconnoif- 
fance. 

(  Cejl  toujours  M.  Haày  qui  parle  dans  tout  U 
cours  de  cet  article). 

Objet  de  Vinfiitution  formée  en  faveur  Jes  aveugles. 

Enfcîgner  aux  aveugles  la  îefture,  à  Takle  de 
livres  dont  les  caraélères  font  en  relief  ;  fc  au 
moyen  de  cette  leâure ,  leur  apprendre  rimpri- 
merie  ,  l'écriture ,  le  calcul  arithmétique ,  les  lan- 
gues ,  rhiftoire  ,  la  géographie ,  les  mathémati- 
ques, la  mufique,&c. 

Mettre  entre  les  mains  de  ces  infortunés  dÎTCr- 
fcs  occupations  relatives  aux  arts  &  aux  métiers  , 
tels  que  le  filet,  le  tricot ,  la  brochure  des  livres  , 
les  ouvrages  au  boifTeau  ,  au  rouet  &  à  la  tra- 
me ,  &c. 

lo.  Pour  occuper  agréablement  ceux  d*eatr*eiix 
qui  vivent  dans  un  état  aifô. 

a®.  Pour  arracher  à  la  men.licité  ceux  qui  ne 
font  point  avantagés  des  faveurs  de  la  fortune  , 
en  leur  donnant  des  moyens  de  fubfiftance  ;  & 
rendre  enfin  à  la  fociété  leurs  bras  ainfi  que  CMlv 
de  leurs  condufteurs  : 

Tel  eft  le  but  de  cette  inû'.tution. 

De  la  leflure  à  l*ufa^e  des  aveugles. 

La  Icfturc  eft  le  vrai  moyen  d'orner  la  mémoire 

d'une   manière   facile ,  prompte    &  méthf  diquc« 

Elle  eft  comme  le  canal  pnr  lequel  nous  p  irvien- 

nent  nos  différentes  connoiftances.  Sans  e!le  les  pro- 

,    du^tions  littéraires  ne  formeroient  dans  Teiprir 

humaia 


MUE 

koiniliiqo'ananiasdèrordoiiné  dénotions  vagues. 
Enfciencr  à  lire  aux  aveugles  ,  compofer  une 
bibliothèque  à  leur  ufage  »  dévoient  donc  faire 
Tobjei  di  nos  premiers  foins.  Avant  nous»  Ton 
iFoit  fait  à  ce  fujct  diverfes  tentatives  infruc- 
tueufes. 

Tantôt  à  Vaide  de  caraâères  en  relief  &  mobi- 
les fur  une  planche,  tantôt  en  employant  des  let- 
tres formées  fur  une  carte  par  des  piqûres  d'é* 
pingle  ,  on  étoit  parvenu  à  mettre  à  la  portée  des 
iTcugles  les  principes  de  la  levure. 

Dija  fc  réalifoiem  pour  eux  les  merveilles  de 
Firt  d'écrire,  Dqa  fous  leur  taél ,  devenu  en  quel- 
((ue  forte  une  efpèce  de  villon  ,  les  penfées  pre- 
noient  un  corps.  Mais  ces  uftenfiks  grofliers  ne 
ent  à  Taveiigle  que  la  poflibilité  de  le 
ir  des  charmes  de  la  leâure  ,  fans  lui  en 
L     n.r  les  moyens. 

Nous  n'eûmes  pas  de  peine  à   les  trouver  ;  le 
wincipe  en  exiftoit  depuis  long-tems,  &  journel- 
^kment  il  fe  reproduifoit  fous  nos  yeux. 

Nous  obfervâmes  qu'une  feiitle  d*impreflion 
fortànt  delà  prefle,  préfcntoïi  au  revers  toutes 
îei  lettres  en  relief,  mais  dans  un  ordre  contraire 
I  celui  de  U  Icôure.  Nous  fîmes  fondre  des  carac- 
tcrcî  typographiques  dans  le  fens  ou  leur  em- 
preinte frappe  nos  yeux  ;  6c  à  Taide  d'un  papier 
irtmpè  i  la  manière  des  imprimeurs ,  nous  par- 
vînmes k  tirer  le  premier  exemplaire  qui  ait  paru 
jufqti'ilors ,  avec  des  lettres  dont  le  relief  pût  être 
diftinguê  par  le  n&.  au  défaut  de  la  vne.  Telle 
fin  lorigmc  de  la   bibliothèque  à  Tufage    des 

iTcu^les, 

Après  avoir  employé  fuccefTive  m  ent  des  carac- 
tères de  différentes  grofTeurs,  fuivant  la  capacité 
dn  tiâ  de  nos  élèves  ,  nous  avons  cru  devoir  nous 
bornçr»  dufmoins  dans  les  premiers  tems  de  notre 
i^ucatîon,  à  celui  qui  nous  a  fervi  à  imprimer  le 
corps  de  cet  ouvrage.  (  Ceft  une  forte  d'hallque 
pmt'pdr^nFon  ^  voye^^  N^  XIL  page.  40;.  a% 
colonne  »  Tome  L  de  ce  diâionnaire  ). 

Ce  caraâére  nous  a  paru  tenir  ïe  milieu  entre 
cwx  que  les  différens  individus  qui  font  privés  de 
la  lumière  peuvent  pa'per ,  chacun  fuivant  le  degré 
«îe  finclTc  que  la  narure  lui  donne ,  ou  bien  que 
Tige  ou  le  travail  lui  laiffe  dans  le  toucher. 

On  conçoit  aifément  que  ces  moyens  une  fois 
trouvés  »  il  n  eft  pas  plus  difficile  d'apprendre  les 
principes  de  la  leâurt  à  un  aveugle,  qu'à  un  clair- 
iroyaiit- 

pe  la  leSurc  de  rimprîmc  à  celle  du  manufcrit , 
il  n  y  a  pour  Taveugle  qu'un  pas  à  faire. 

Nous  ne  parlons  pas  ici  du  manufcrit  à  la  manière 
des  cîairvoyins  :  nous  avons  jufqu*à  ce  jour  vai- 
nement icnté  Tufage  des  encres  en  relief,  & 
oouf  Ici  avons  fuppléécs  par  des  traits  produits 
irts  fr  Métiers.  Tom,  F.  l'an,  L 


MUE 


321 


fur  un  papier  fort  à  Taide  d*unc  plume   de   ftr 
dont  le  bec  nVft  pas  fendu. 

Il  eft  inutile  de  prévenir  que  lorfqu*on  écrit  à  un 
aveugle ,  on  ne  fc  fert  point  d'encre  ;  que  le  carac- 
tère efl  appuyé  ,  féparè  &  un  peu  gros  ;  qu'enfin 
Ton  n'écrit  que  fur  le  refto  ou  le  verso  d'une  page. 

Toutes  ces  précautions  étant  obfervées  ,  les 
aveugles  liront  paffablement  récriture  curfivc  des 
clairvoyans,  la  leur  mèm^  &  celle  de  leurs  fem- 
blables. 

Ils  feront  plus  ;  ils  dirtingueront  également  fur 
le  papier  les  carabe res  de  muftque  6c  autres ,  ren- 
dus fenfibles  par  nos  procédés  ,  comme  nous  le 
démontrerons  dans  la  fuite. 

Réponfcs  à  divtrfes  objefïions  contre  U  îcStiirt  à  tu* 
fdge  des  aveu^ej» 

w  î**.  Les  reliefs  de  votre  caraftère  s'effacent 
w  fans  doute  faciltment,  {nous  dit-on  )  &  bien* 
Il  tôt  ils  n^ffcâeront  plus  le  taéi  des  aveugles,  n 

Perfonne  n'ignore  la  délicateflc  de  ce  fens  chez 
des  individus  qui,  depuis  l'enfance ,  s'en  fervent 
pour  remplacer  celui  que  ta  nature  leur  a  refufé. 

La  furlace,  en  apparence  la  plus  égale  à  nos 
yeux ,  pré  fente  à  leurs  doigts  des  inégalités  qui 
femblent  échapper  à  cet  organe ,  avec  lequel  cepen- 
dant rhomme  qui  voit  clair  atteint  fièrement  Taf- 
tre  le  plus  reculé  dans  l'immenfité  des  cicux.  Et 
lorfque  nos  élèvûf  diiUnguenc  au  toucher  uif  carac- 
tère typographique  dont  l'œil  eft  émoufTé  ;  lorf- 
qu*ils  fentent  la  différence  d'un  quart  de  ligne 
entre  deux  épaiffeurs  données  ;  lorfquVnfin  ils 
lifent  encore  une  fuite  de  mots  après  qu'on  en  x 
affaiffé  les  reliefs ,  qu'avons-nous  à  craindre  du 
fréouent  ufage  qu'ils  feront  de  leurs  livres  ,  fi  ce 
n'eft  cette  dcflruélion  entière  des  volumes ,  de 
laquelle  ceux  des  clairvoyans  même  ne  font  pas 
exempts   ? 

«  a**.  Vos  livres  (ajoute-t-on  )  font  trop  volu- 
»  mineux.  Vous  enflez  un  léger  in-douze ,  6l  vous 
n  en  faites  croître  la  forme  commode  &  portati- 
H  ve,  jufqu'à  la  maflc  énorme  &  gênante  de  Tin- 
5!  folio. 

Nous  pourrions  nous  contenter  de  répondre  à 
cette  objeâion ,  que  notre  imprimerie  n'ell  encore 
qu*au  berceau  i  qu'elle  fe  perfeâionnera  peut-être 
un  jour  comme  celle  des  clairvoyans  ;  qu'elle  atura 
fans  doute  aufTt  fes  Helzevirs  #  fcs  Barbou ,  (es 
Pierres»  fes  Didot,  &c.  Eh  !  depuis  fa naiffance  , 
combien  n^a-i-clle  pas  déjà  d'obligations  à  M. 
Cloufier  ,  imprimeur  du  Roi ,  qui  nous  aide  de 
fes  confeils  avec  autant  de  zèle  que  de  défioté- 
reffement  f 

Nous  ajoutons,  qu'en  attendant  ce  degré  de  per- 
feâion  ,  nous  nous  occupons  maintcn.int  d'une 
méthode  d^abréviations  qui  diminuera  de  beaucoup 
la  groffeur  de  nos  volumes,. 

S  t 


^D'ailleurs,  nous  ferons  un  choix  ;  nous  ne  con- 
fierons à  notre  prçffe  que  les  csuvre^î  dont  h  répu- 
tation l'era  méritée  :  en  amplifiant  dVn  €Ôté  par 
la  diinennon  de  nos  cataflères ,  nous  abrégerons 
de  Tautre  par  le  dîfcerncinent  ;  Ql  peut-être  ua 
jour  la  bibliothèque  de  Taveuglc  fera  celle  de 
Thonime  de  goût. 

7*  3",  Mais  avouez  donc  que  vos  aveugîes  lU 
r*  fcnt  Uctement ,  &  que  b  difcours  le  plus  ani- 
w  me  femblc  venir  expirer  fur  leurs  Icvres ,  fans 
n  vie  &  fans  mouvement,  » 

Nos  élèves,  il  cft  vrai,  lifent  avec  lenteur.  Ou- 
i*    '  peu  d'ufage  que  la  nouvciutè  de  notre 

I  kar  a  perm'S  d'acquérir  dans  la  Itdu- 
rc ,  iis  ont  encore  le  défavantage  de  ne  voir  en 
Ufjnt  (  A  nous  pouvons  nom  exprimer  ainfi  ) 
qj'unc  feule  lettre  à  la  fois,  comme  fcroit  notre 
k->leur  lui-mime,  en  ne  lifant  qu'à  travers  une 
ouverture  de  la  grandeur  d*un  des  caraâéros  de 
cet  ouvrage.  Mais  noas  cfpérons qit'aîrcs  un  fré- 
quent ul'agc  de  ta  levure  ,  &  en  fe  fervant  des 
abréviations  dont  nous  avons  parlé  ct-delTus ,  nos 
aveugles  liront,  avec  plus  de  célériié,  Dailleurs 
nouî  n'avons  jamais  eu  Tambîtion  d'en  faire  des 
ic^tcur5  pour  plac:^r  auprès  des  Princes,  ou  dans 
les  cîuircs  d^éloqucnce.  QuMs  prennent  feule- 
ment, parle  mf>yen  de  la  k^turc  ,  les  èlémeni  des 
faïences ,  qu'ils  y  trouvent  un  remède  centre  Ten- 
nui>  nos  vceux  feront  comblés. 

»  4^.  Mais  à  quoi  bon  enfeigner  les  lettres  aux 
n  aveugles  ?  pourquoi  Imprimer  des  livres  à  leur 
»  iifjge  ?  its  ne  liront  jnmais  les  nôtres»  Et  de  la 
ji  connoilTancî;  qu'ils  auront  des  principes  de  la 
«  levure,  réfiiltcra-l-il  quelques  avantages  pour 
j>  h  fociéic  ?  n  ^ 

A  notre  tour,  permcttcr-nous  de  vous  interro- 
ger. Que  (en  il  que  Ton  impiime  des  livres  cIî-jï 
ious  Us  peuples  qiti  vous  environnent  ?  Lifez-vous 
le  Chinois  ,  le  Malabar  ,  le  Turc  ,  les  Quipos  du 
Péruvien,  6i  tant  d*autres  langages  fi  nécetlaircs 
à  ceux  qui  les  entendent  r  Eh  bien  !  vous  ne 
feriez  qu'un  aveurje  à  la  Chine,  fur  les  rives  du 
Gange,  dans  Icmpire  OrtomTn  ,  au  Pérou. 

Quant  à  rutiîuédbnt  il  peut  être  pourlafociétè 
qu'un  aveugle  fathc  lire  ,  nous  en  appelons  avec 
plaifir  à  l'expérience  que  nous  avons  vu  fe  réité- 
rer plufieurs  fols  fous  nos  yeux,  &  dont  le  pu- 
blic luï-mém^  a  été  témoin  dans  nos  exercices  ; 
c'cft  celle  d'un  enfant  aveugle  cnfeignant  à  lire  à 
un  enfant  clsin'oyant;  pendant  les  leçons  le  maî- 
tre aveugle  a  volt  un  livre  en  relief  blanc  fous  les 
dt:igts ,  t^ndiî  que  Télève  clairvoyant  avoît  devant 
les  yeux  la  même  édition  en  noir»  Nous  en  appe- 
Ions  à  rcxcmple  de  Taveugle  du  Puyfcaux ,  qui 
dannoit  des  leçons  de  lecture  à  fon  fils  clair- 
voyant il  Tatde  de  caraâ^res  en  relief  fit  mobi- 
les fur  une  planche, 

NoLS  en  appelons  à  vous  enôn  ,  tendres 8c  ref- 
peéUblcs  ifoun  !  tiis  dans  le  fcin  d*une  fortune 


( 


honnête  ,  vous  dont  le  fils  vient  de  naître,  8t 
cependant  ne  verra  jamais  le  )Our,  quelle  douer 
fatisfa^ion  pour  nous  de  pouvoir  modérer  les  tranf- 
ports  de  votre  douleur  l  Oui ,  notre  plan  dlnftittt- 
tion  va ,  d*un  cuié,  rendre  à  ce  fils,  déjà  fcndrç- 
msnt  aimé  ,  la  moitié  de  fon  exfftence  ;  de  l'au- 
tre ,  vous  fournir  les  moyens  dj  fatlsfaire  le  défir 
que  votre  goût  pour  les  fciences  Si  les  ttlcns  vous 
infpire,  de  lui  procurer  «ncr  éducation  digne  d'un 
enfant  bien-oé, 

Et  vous,  favans  ,  qm  mjus  éclairez  de  vos  lu- 
mières !  il    les  fuircs  d'un  travail  opiniâtre    étei- 
gnent un   jour  ceuc  vue  que  vous  avez  fatiguée 
pour   nuire   inÛruition ,  permettez-nous  alors  de 
vous  offîir  une  refiburcc  fn ire  pour  prolonger  tout  É 
k  la  fols,  à  nous  ,  le  bienfait  de  vos  leçons,  à  1 
vous ,  la  jouiffancc  d'un  avantage  dont  eUcs  font 
en  partie  le  fruit   agréable,  Homère ,   Bè1i;&àire , 
Milton,  affligés  de  la  cécité,  euflcni  été  charmés 
de    coufacrer  encore  au  fer  vice  de  la  patrie ,  les 
années  de  leur  vie  qui  fuivitcnt  la  pêne  de  leur 
vue. 

De  Pimprlmcrti  des  avcagUs ,  i  Uur  propre  ujkge^ 

L'analogie  qu^a  la  manière  de  lire  des  aveugles 
avec  leur  imjjrenîon,  nous  a  forcés  de  donner  par 
anticipation ,  quelques  détails  relatifs  à  la  naidance 
de  leur  imprimerie  :  il  nous  reOe  à  développer  les 
principales  parties  de  cet  Art,  foumifes  à  leur 
uOige. 

li  en  fera  chez  les  aveugles ,  à  Tégard  de  Tcxcr- 
cicc  de  rimprimerie,  comme  chez  les  clairvoyans*. 
Chaque  individu  ne  p:  urra  ,  fans  doute ,  en  avoir 
une  poffeffion  privée,  La  néctiTué  des  coanoî/Tan* 
ces  relatives  à  cet  art ,  la  multiplicité  di  la  cherté 
de  fes  ifftenfiles  ,  la  fan^lon  renuife  pour  c ci  faire 
profcffion  ;  tout  reftreindra  l'ulage  de  la  preiTe  à 
une  fociété  d*aveugles  uniquement  delliaés  à 
l'exercer. 

C'eft  de  notre  maifon  d*inflitution  que  nous  efpc* 
rons  faire  le  chef-li^u  (  Ci  nous  poussons  parier  ainû)' 
d*oii  se  tireront  les  produciions  i>'pogr;vphiqucs  a 
l'usage,  par  exemple,  de  tous  les  aveugles,  qui  , 
dans  leur  infortune ,  auront  la  douce  confolation 
d'être  nés  fous  l'empire  de  notre  monarque.  Et  en 
attendant  qu'on  ait  formé  chez  les  autres  nations 
des  érabllflemens  femblables  ,  nous  nous  ferons 
un  plaifir,  dit  M.  Hatiy,  de  faire  imprimer  eo 
relief,  ai  en  langues  étrangères ,  par  nos  aveugles, 
les  livres  deAioés  à  lufage  des  étrangers  privis  do 
la  vue. 

Venons  à  la  manière  dont  nos  élèvcs-âveuglci 
cjtécutent  leurs  travaux  typographiques. 

Nous  avons  donné  à  leur  cafTe  Tordre  alphibè^ 
tique ,  tout  en  leur  confervant  fous  la  main  ks 
caraftércs  d'un  fréquent  ufage.  Nous  avons  préleré 
cette  diftribution  »  dans  la  crainte  que  les  «veugki. 


^M 


MU  E  !■ 

feifeot  moins  adroits    que  nous  ne  les  avons 

P  CcR  d*aprés  le  mèire  principe  qnt  nous  lîs 
fiifons  com-ûfçr  dans  un  chafîîs  double  d'un 
tond  de  ccivre ,  perce  de  pli^fuLts  rang;^  de  petiis 
irciîs>  p;ir  icrqueis  ils  tont  ibuir,  à  Taidc  d*une 
pomie  ,  les  car  avères  qui  font  à  changer. 

C'eft  enccre  d'après  le  m^mc  principe  que  nous 
avons  taii  ajufter,  dans  rint^riciir  de  ce  chaT.ls  , 
deux  règleites  en  fer,  (  mobiles  au  moysn  de  leurs 
vis^  )  Tune  fur  le  côté  ,  Tautrc  au  bas  de  la  page  , 
&  fervant  à  la  juflifîer. 

CTcft  enfin  d'après  le  même  principe,  que  nous 
itevans  le  chtllîs  horizontale  m  ^nt  en  longueur  fur 
quatre  pkds ,  dont  Jcs  deux  qui  portent  le  com- 


mencement de  la 


page 


font 


n  pins 


bas  de  moitié 


que  les  deux  fur  lefquels  la  fin  eft  appuyée  ;  afin 
que,  fans  fe  fervîr  de  compofteur,  raveugle  place 
\ts  mots  à  mcfure  ,  &  qu'ils  ne  ferenverfenc  pas 
lerfqu'ïî  compofe  le  rerie  de  h  page. 

Le  fcns  dans  lequel  fe  préfer.tent  les  caraâèrês 
tj^po§raphiques  des  avecgL^s,  indioue  narurellc- 
iwnt  atie  rarrengement  do:t  s\n  taire  de  gau- 
che a  droite,  comme  ious  l'avons  obfervt 


\rc. 


Pour  Lclliter  la  Icdure  aux  aveugles  ,  du  moins 
dam  les  premiers  lems  de  leur  éducûtton,  il  eft 
bon  de  mettre  des  efpaces  entre  les  mots ,  &  quel- 
quefois même  entre  les  lettres* 

11  eft  aifè  devoir  quon  ne  peut  faire  de  retira* 
tion,  lorfqu'on  imprime  en  reltef ,  fans  s^'expcfer 
à  détruire  le  foulage  ,  d'après  lequel  feuUes  aveu- 
gles peuvent  lire. 

AufTi  ,  pour  conferver  aux  prges  le  même  ordie 
^eiles  ont  dans  les  livres  des  dalrvoyans,  Ta- 
vcugie  eft-il  obligé  de  coller  dos  à  dos,  par  les 
extrémités,  les  quatre  pages  d'une  feuilb  enfer* 
taiu  de  la  prefTc,  &  alors  rinipofitton  des  chaf- 
fi«  fe  Élit  dans  un  ordre  différent  de  celui  des 
dainroyans, 

les  feuilles  étant  ainfi  collées,  on  en  forme  des 
livrc5 ,  en  le^  brodiant  funplern^nt  ik  les  couvrant 
ftï  canon  ,  fan*  les  battre. 

Le  tirage  de  ce  genre  d'imprefTon  Tt  h\t  aifé- 
flicnt,  au  moyen  d*une  prerfc  à  cylindre  qu'un 
levier  fait  mouvoir  d*ure  extrémité  à  Tauire  , 
le  loog  de  deux  bandes  de  fer,  entre  lefqiseîles 
font  placées  les  formes  à  la  manière  des  ïmpri- 
«etiri. 

M<  Hauy  ajoute  dans  une  note  ,  que  cette  prcffe 

cH  de  rmventïon  du  ficur  Bcauther»  maiire  fcr- 

niricr  matiiiniftc.  Elle  a  rempli ,  dit-il ,  nos  vues 

fuccc^s^  quant  à  la  facilité  d'être  fcrvie  fans 

»  par  un  cnlant  aveugle ,  &  de  recevoir  le 

nifrae  qikc  nous  avions  a  y   adapter.    Nous 

oyons  cependant  qu*une  preJîon  perpendiculaire 

^ufièc  an  même  în/>ant  à  route  la  fcuille,  iatfl'c- 

ic  à  fon  fou! âge  ^ us  de  fojdué  :  nous  efpéroiis 


MUE  323 

trouver  cette  perfcâion  dan»  une  preRc  d'un  au- 
tre genre  à  laquelle  le  fieur  Beaucher  travaille. 

Nous  cmplcicrons  avec  fuccés  les  mêmes  procé- 
dés pourtirtr  en  relief,  à  Tuiage  des  aveugles  ,  la 
raufique,  les  cartes  de  géographie,  ks  principaux 
traits  de  dtlîuis  ,  6c  généralenient  toutes  les  Hgu- 
res  dont  U  connoitïance  peut  être  prllc  par  i^ 
moyen  du  tadl. 

A  la  preffe  dont  noHS  avons  parl^  ci  defTiis  , 
nous  avons  imaginé  d^a jouter  un  tympan  »  à  l'aide 
duquel  les  aveugles  tirent  en  notr ,  à  leur  gré  , 
des  exemplaires  d*une  édition  sbfolLment  confor- 
me à  ceux  qu'ils  font  en  blanc  à  leur  ufagc. 

Ce  procédé ,  qui  s'applique  également  à  la  mufi- 
que  ,  aux  cartes  de  géographie,  aux  deHîns  ,  ^c. 
met  Taveugle  à  portée  ,  non-feulement  de  fe  ren- 
dre compte  à  hii-méme  de  toutes  les  productions 
qu'il  déGre  tranfmettre  aux  clairvoyans  ,  mais 
encore  de  diriger  facilement  leurs  études  par  la 
fimilitude  des  excmphlrcs,  dans  la  fuppofïtion  oii 
i'on  daignetolt  le  charger  de  l:ur  donîicr  des' 
leçons. 

De  C imprimerie  dts  d^aigUs  ,    i  i*^ftg*  des  clair" 
voyons. 

Si  nous  avons  été  affez  heureux  pour  imaginer 
les  moyens  de  rendre  Timprimerie  utile  aux  aveu* 
gles  pour  leur  propre  uf^e  ;  fi  c'eft  à  nous  cju'ili 
doivent  l'avantage  de  poUcd;;:r  déforniiis  des  biblio- 
thèques ,  &  de  prendre  dans  des  livres  faits  exprés 
pour  eux  les  nodons  des  lettres,  des  langues,  ce 
rhinaire,  de  la  géographie,  des  mathématiques  , 
de  la  mufiquc,  Elq,  ,  nous  ne;  fommes  pas  Its  pre- 
miers qui  ayons  ofé  tenter  de  leur  faire  coucher 
leurs  idées  fur  le  papier  au  moyen  des  lettres 
typographiques. 

Nous  avons  vu  entre  les  mains  de  M^demoi- 
felle  Paradis  »  une  lettre  imprimée  par  elle  en  carac- 
térc  de  cicéro ,  Ôt  en  Ungue  allemande ,  pleine 
des  fentimens  les  plus  délicats  &  les  mieux  peints* 
(  Cette  prodiiétiofi  étoit  faite  à  l'aide  d'une  pctuv: 
prelTe  que  lui  a  formie  M.  de  Kempellêu,  suteur 
de  l'automate  joueurs  d'échecs.  ) 

Cet  effat  lyus  a  fait  naître  l'idée  d'appliquer 

les  aveugles  à  l'imprimerie  pour  le  fer  vice  à^^ 
Clairvoyans  ;  elle  nous  a  téufll  pour  tous  les  gen- 
res d'ouvrages  grolTiers  &  courans ,  ccmnis  on  peut 
en  juger  par  les  différens  modèles  qu'ils  cm  cx^^ 
curés. 

Diaprés  nos  procédés ,  les  aveugles  formés  à 
notre  ini^ttution  ,  compofent  une  planche  d'impri- 
merie du  genre  de  ces  modèles  ,  avec  d'autSit 
plus  de  facilité  qu'étant  prefque  toujours  de  la 
même  teneur,  il  fulFitde  lewr  en  écrire  la  matii.-e 
avec  une  plume  db  fer  dont  le  bec  nciX  pa>  ten- 
du, ou  avec  le  manche  d'un  canif,  air^  (ju;;  nou» 
lavons  indiqué  plus  hauu 

S  s  % 


1 


J24 


MUE 


Apres  avoir  cjercè  Taveuglc  fur  les  A\ïïhcfMe% 
parties  de  Tait  typographique  ,  à  la  ma^  iv  c  des 
dairvoyans,  il  s'en  eft^  trouvé  peu  dans  icjq  »«.!- 
les  il  n'ait  pas  réufTi, 

Nous  ravins  vu  fucceflivement  compofer.jur- 
tîfier  ,  impofer  ,  tremper  le  papier  »  toucher  , 
fircr  f  &c. 

S'il  eft  une  opérnûon  chez  les  aveugles  qui 
demande  à  ctre  dirigée  par  les  clairvoy^ns^  ccfl 
Timprimerie  i  Tufagc  de  ces  derniers  ,  nous  IV 
vouons.  On  nous  a  même  fouvent  réitéré  cette 
objeflioii  fur  les  diverf».s  autres  parties  de  notre 
inflitution.  Mais  les  clairvoyans  eux-mêmes  qui 
travaillent  à  la  prciïe,  nont-il  pas  toujours  parmi 
cuiun  guide  ,  le  |;fcote,  auit  lumières  duquel  ils  font 
obligés  de  déférer  ?  8c  dans  d'autres  ciatsde  la  vie , 
ne  voit-on  pas  des  pèrfonnages  plu5iijllruiis,dinger 
ceux  qui  le  font  moins,  en  attendant  que  ceux- 
ci  foient  en  état  de  conduire  k  leur  tour  des 
fujers  moins  tJiftruits  qu'eux. 

De  VBcrUurt, 

L*€xemp1e  de  Ecrnouilli  ,  qui  avoit  appris  à 
écrire  à  une  jetmc  filte  aveugle  ;  celui  de  M* 
Wciflfcnboure  ,  qui ,  privé  de  la  vue  dés  Tige  de 
fcpt  aiîs ,  s'ctt  procuré  à  lui-même  l'avantage  de 
coucher  aufli  (es  idées  par  écrit ,  nous  encoun- 
g^èrent  i  tenter  les  moyens  de  mettre  la  plume  k 
la  main  de  nos  élèves. 

Mais  toujours  occupés  de  notre  vrai  point  de 
vue,  c*eft-à-dirc,  de  rendre  notre  inftîtution  utile 
à  tous  égards  aux  individus  qui  en  étoient  les 
objets ,  nous  avons  cru  qu  il  ne  pouvoir  erre  que 
curieux  de  faire  écrire  des  aveugles ,  s*i!s  ne  par- 
vcooient  à  lire  leur  propre  écriture  ;  c*eft  ce  qui 
noi.s  a  engagé  à  faire  exécuter  à  leur  ufage  \xnc 
plume  de  fer  dont  le  bec  ne  Hxi  pas  fendu  ,  Se 
avec  laquelle,  écrivant  fans  encre  &  en  appuyant, 
fur  un  papier  fort,  ils  y  produifiifent  ua  caradèrc 
de  relief  qu'ils  puffcnt  lire  cnfuite ,  en  paifanc 
leurs  doigts  fur  les  traits  fatUans  du  ycrfo  de  la 
page ,  Vu  à  fcns  contraire. 

Ce  relief,  quelque  léger  qu'il  paroiiTe^  cft  tou- 
jours fuffifant ,  fur- tout  lorfqu'on  a  foin  de  garnir 
le  dcffous  du  papier  fur  lequel  écrit  Taveugle  , 
de  quelque  furfacc  moèlleufe  ,  telle  que  pluhcurs 
feuilles  depipier  de  rebut,  du  carton,  ou  delà 
peau. 

Quant  au  mécanifmc  propre  à  enfeigncr  T^rt 
d'écrire  aux  avcugk^-nés,  il  n'c^  pa%  dttficile  à 
exécuter  ;  il  ne  s^agit  que  d'accoutumer  Téléve  à 
fuivre,  avec  un^  pointe,  des  caraSéres  rfTJgés  en 
forme  de  lignes.  M^is  au  Ueu  de  diriger  la  marche 
de  ctttc  p  intc  au  moyen  de  curaélères  en  relief, 
comme  a  fiit  M.  WciUcnbourg  ,  il  vaut  mieux  le 
conduire  à  Taide  des  leutcs  vreufces  dans  quel- 
que métal. 
Nous  avons  ajouté  à  cettt  [wécaution^  celle  de 


MUE 

donner  à  nos  lettres  dimprcffton  U  forme  et  ctl* 

les  d'écriture,  afin  d'accoutumer  de  bonne  heure 
ré<ève  aveugle  k  en  faifir  la  reff^mhîance. 

Enfin  ,  Kvrfq^i'il  a  acquis  Thibitude  des  fornief  , 
il  ne  luireilep.us,  poi  r  ccfirc  droit»  qu'à  mettre 
fur  fon  papier  un  chaiTLS  garni  întérieureœcqt  de 
plufieurs  cordonnets  parallèles  à  la  direction  de 
l'écriture,  &  diftans  entre-eux  d*cnviroo  9  lignes 
pied  de  Roi- 
Ces  parallèles  fervent  à  diriger  It  iB^in  de  IV 
veugle  ,  dans  le  tems  ou  il  la  iranfporte  de  gauche 
à  droite  pour  tracer  fes  caraâéres. 

Nous  avons  admiré  les  tables  ingénteufcs  de 
Saunderfon,  &  celles  tie  M.  WeifTcnbourg  ;  &  fi 
nous  n'avons  adopté  ni  Tune  ni  l'autre  dé^  deux 
méthodes,  c'eft  que  notre  but  étant  de  mettre  C^n$ 
ccfle  les  aveugles  en  relation  avec  les  cîairvoyans , 
nous  avon^  cru  devoir  préférer  h  manière  de  ces 
derniers.  Aufl"t  lorfque  nos  é  èvcs  calculent ,  peut- 
on  fuivre  pas  k  pus  leur  opération. 

Nous  leur  avons  fait  faire  à  cet  effet  «ne  plan* 
che  percée  de  divers  rangs  de  irous  carrés,  pro- 
pres à  recevoir  des  chiffres  mobiles,  6c  des  barres 
pour  féparer  les  différentes  parties  d*une  opéra* 
tion. 

Nous  avons  ajouté  pour  Tufage  de  cette  plm* 
che,  une  caffe  cooipofée  de  4  rang^  de  cafferins  , 
contenant  toutes  les  figures  propres  au  calcul ,  & 
qui  le  p!ace  à  droite  de  faveugle  lorfqu*âl  opère. 

La  feule  difficulté  qui  s*offroit,  éroit  de  repré* 
fenter  toutes  les  fraâions  poffibles,  f^ns  inuluptier 
les  cnraâércs  qui  le  expriment. 

Nous  avons  imaginé  de  faire  fondre  lodéno* 
mlnateu'S  funples  dans  Tordre  des  chines  0,1, 
1  ,  Âcc.  jufqu^à  9  inclufivement ,  &  10  numéro» 
teurs  fimples  ,  auffi  dans  le  mim't  ordre ,  mobt* 
les,  pour  pouvoir  s'adapter  en  icic  des  dénomî* 
nateurs.  Au  muyen  de  cette  combinaifon  ,  il  iCtû 
pas  de  fraâions  que  nos  élèves  ne  puiffenc  ex- 
primer. 

On  voir ,  par  ce  que  nous  venons  de  dire ,  (|«e 
notre  mMïode  a  un  double  avanta^r. 

1°.  Un  père  de  famille  ou  un  ipftiruteur  peu* 
vent  diriger  faciientcnt  un  enfant  aveugle  daiii 
l'étude  des  calculs. 

2  .  Cet  aveugle  liue  fars  infituit ,  peut  *uflî  coii' 
duire  à  fon  tourdvs  opériJtions  d'arithméiiq^ue  fai- 
tes pur  un  enfant  clairvoyant. 

Lesavci  gles»  d'atl leurs,  or.r  une  ttHe dirpofitîen 
pour  le  calcul ,  que  fouvent  nous  tes  avons  \^s 
fuivre  une  règle  de  tctc  feulement,  &  en  redref* 
fer  les  erreurs. 

Ve  la  G/û^^aphtf» 

Nous  devons  à  Ma 
ùnce  des  cartes  de  g,^^.^^,.:,  ^  .  ^,.  j^,  ,_.  . 


MUE 

glcs.  Die  la  tient  elle-même  de  M.  Weiffenbourg  ; 
mm  nous  femmes  étonnés  qu'iU  n'aient  encore 
ponè  ni  Tun  ni  Tautre  à  un  plus  haut  dt^ri  de  per- 
fe^Uon,  les  uftcnfiles  qui  fervent  à  Tétude  de 
cette  fcience. 

En  effet ,  ils  indiquent  les  contours  des  dlffère.ns 
pays  avec  de  la  chenille  ,  ils  parsèment  les  diverfcs 
panies  de  leurs  cartes  d*un  fable  glacé  de  diffô- 
remes  manières  ,  &  diftinguent  les  ordres  de  Vil; 
les  par  des  grains  de  verre  plus  ou  moins  gros'. 

Nous  nous  femmes  conceniés  de  marquer  les 
limites  d:ins  nos  cartes  à  Tufage  des  aveugles  , 
par  des  fils  de  fer  minces  &  arrondis  ;  &  c'cfl 
toujours  la  différence  nu  de  h  forme  ou  de  la 
grandeur  de  chaque  partie  d'une  cane,  qui  aide 
Jios  élèves  à  les  dîAingutr   Tune  de   Tautrc. 

Noms  avons  imaginé  ce  moyen  de  préférence, 
M  caufe  de  la  facilité  qaM  nous  donne  de  muUi- 
plier  »  à  iVtdc  de  la  preffc  ,  les  copies  de  nos  car- 
ces  originales  pour  Tufjge  des  aveugles. 

Il  fera  d'ailleurs  plus  fafceptib!e  que  tout  autre 
€3c  fe  prêter  à  rexécutlon  des  détails  les  plus  dèli- 
cratsqui  puiffent  affeftcr  le  taél  de  ces  individus  ; 
&  celui  de  nos  premiers  élèves  s'eft  telltmcntpcr- 
feâionné  dans  Tu  fa  ge  des  cartes  de  géographie  , 
<|u'on  les  voit  tous  les  jours  avec  furpriie ,  dans 
xios  ciercices ,  diflinguer  un  royaume ,  une  pro- 
^ncc,  une  île»  dont  on  leur  prèfente  rempreintQ 
iiolée,  fur  un  carré  de  papier. 

Di  U  Mujïque* 

En  traçant  le  plan  d'éducation  des  iveuglef  , 
zious  n'avions  d';*bord  regardé  la  mufique  que 
^ommc  un  acceffoiru  propre  à  les  délaffer  de  leurs 
travaux  ;  mais  les  difpofition»  naturelles  de  la  plu- 
part des  aveuglas  pour  cet  art  «  les  reffources  qu*il 
peut  fournir  à  plufteurs  d'entre-eux  pour  leur  fub- 
€îftance  ;  Tintérêt  quM  paroît  infpireraux  perfon- 
nés  qui  daignent  affider  a  nos  exercices  ;  tout 
Qous  a  forcé  de  facriâer  notre  propre  opinion  à 
Vutilitè  générale. 

Les  aveugles  ont  des  dlfpofitîons  naturelles  pour 
cetarL  Un  nombre  conitdérablcd'cntre-eux,  dénués 
de  moyens  pour  vivre,  faififfeni  avec  emprelTe- 
inentj  parbefoin,  une  profeiBon  vers  laquelle  leur 
goût  les  entrainoit  déjà. 

Ce  n  cfl  que  faute  de  principes  fans  doute,  que 
quelques-uns  font  réduits  à  courir  les  rues,  pour 
aller  de  porte  en  porte  déchirer  les  oreilles  »  à 
faided'un  infb^mçnt  difcord  ou  dune  voix  rau- 
que  y  afin  d*arracher  une  légère  pièce  de  monnoie 
qu*àJi  kttr  donne  fouveiu  en  les  priant  de  fe 
taire.  . 

D'autres t  moins  infortunés,  6c  f«. givrant  par 
ciioîx  à  un  inAruinem  qui  leur  préfenre  plus  de 
reffourcc,  fmvenr  la  cjr'tc'^  ^Jut.  Coupe^in  ,  de» 
B  Muuir  j   des  Carpen- 


MUE 


325 


Noire  înflituiion  va  leur  offrir  à  fotrs  des  fe- 
cours ,  foit  pour  Tétude  ,  foit  pour  la  pratique  de 
leur  art. 

Avant  nous  ^  on  éroiti  obligé  d'apprendre  aux 
aveugles,  par  une  efpéce  de  routine,  les  morceaux 
de  mufique  qu'ils  défiroicnt  exécuter. 

Nous  avons  fait  fondre  des  caraÔéres  de  mufi* 
que  propres  à  en  rtpréfcnter  fur  le  papier  tou^  les 
traits  polTibles ,  par  des  reliefs  oaiu  Le  genre 
de  ceux  qu-  nous  avons  imaginés  pour  figurer  lei 
paroles* 

On  nous  objc^e,  avec  ralfon ,  que  nos  élèves  ne 
pourront  exécuter  fur  la  muûque;  ce  n*a  j'amats 
été  notre  but.  Qu'importe  qu*ils  rendent  leurs 
morceaux  par  cœur,  pourvu  qu*ils  le  faffenc  fidè- 
lement. 

ATaide  de  cotre  mufiquc  imprimée  >  Taveugle 
peut  donc  apprendre  m^uitenant  les  principes  de 
cet  art,  &  mettra  enfuite  dans  fa  mémoire  Icsdiffc- 
rens  morceaux  dont  il  dcfirc  renrichSr. 

Il  peut  auili  fe  former  une  bibliothèque  de  goût ,' 
compofée  des  plus  belles  produdion^  mufjcales  , 
&  enfin  nous  tranfmetire  iui*mème  les  fruits  de 
fon  propre  génie. 

Quant  à  la  mufique  introduite  dans  nos  exerci- 
ces particuliers  ,  nous  prions  nos  kébeurs  de  ne 
la  confidércr  que  comme  un  dclancment  honncfe 
que  nous  nous  fommcs  vu  forcés  d'accorder  à 
nos  élèves. 

Notre  inftitutton  cfl  dans  fon  .ongine  on  ate- 
lier dont  les  d  fférens  artilles  &l  ouvriers  égaient 
de  lems  en  tems  leurs  travaux  par  rharmonie.  Et 
nous  nous  ft>mmes  d'autant  moins  reifuféà  les  laif- 
fer  exécuter  quelques  morceaux  ,  même  dans  leurs 
exercices  publics ,  que  la  plupart  des  pcrfonnes 
bienfaifantes  qui  ont  daigné  y  alTifter,  ont  lou* 
jours  témoigné,  en  les  entendant ,  le  plus  vif  acten- 
driffemem. 

Telle  efl  encore  une  méthode  particulière  pour 
cnfeiancr  la  Mufique  aux  aveugles.  (  Cette  métho- 
de eiï  rapportée  dans  le  cinquième  volume  des 
tranfaflions  de  la  fociété  pour  T  encourage  ment 
des  arts  en  Angleterre.  ) 

M.  Chcefe,  y  eft  il-dit>  a  imagine  à  cet  effet 
une  machine,  dans  laquelle  il  fubÛitue  aux  notes 
écrites  ,  des  épingles  de  différentes  formes ,  piquées 
dans  un  couffin. 

Le  couffin  eft  attaché  fur  un  chaffis  ,  au  haut 
duquel  font  tendus  cinq  cordons  de  ficelle,  qui 
rcpréfenient  les.  cinq  lignes  fur  lefquelles  la  Muii- 
ques  écrie* 

Ces  cordons  font  parallèles  entr'eux,  &  s'éeeo- 
dent  dans  toute  la  longueur  du  couffin  ;  &  com- 
me il  y  a  quelquefois  des  notes  marquées  fur  des 
lignes  qui  excédent  les  cinq  lV5;ne5  ordinrùres  , 
celles-ci  font  reprcfentées  par  cplustînc. 

Pour  écrire  la  mufique  pour  l.  .    n ,  le  coul^ 


•"  *  A 
-1*" 


.  MIU  E 


fin  fera  d*uae  longueur  indcfinie.  Si  large  de  cînq 
ou  fix  pouces  ;  les  cordons  feront  dans  Tordre  fui- 
vanr,cn  com-mençant  parle  ba«. 

l^  Quatre  pettis  fils  qgi  ccrrefpondcnt  à  la  bafc 
de  rinftrument. 

a'.  Cinq  plus  gros  fils  pour  répondre  aux  notes 
de  Tinftru  lueur, 

y",  IJncordQït  mince,  pour rcpréfenier  la  ligne 
dont  on  peut  avoir  bcfoln  entre  la  baiTc  6c  le  def* 
fus. 

4^.  Cinq  gros  cordons  pour  le  deflus, 

5**<  Trois  petites  ficelles  ,  qui  repréfenrent  les 
Agnes  qtïand  la  muftque  eft  dans  le  haut* 

M,  Chccfe  décrit  de  même  rgutes  les  msnïc- 
rcs  de  iltfigner  la  niuii4iie  propre  à  chaque  inf- 
ini mer  t. 

On  poi2rroit  appliquer  cciec  mJihoJe  à  Taiith- 
méti([ue,  Talgèbre  ,  ik  mîm'iî ,  avec  quelques 
change  mens  ,  à  la  géométrie. 

Des  occupa tiq/ts  relatives  dux  métitrs* 

Avant  la  naifiTance  de  noire  înf^irution,  qtiel- 

ques  aveugles,  fatigués  fans  doute  de  cette  iner- 
tie k  laquelle  leur  cri Ite  fuuatlon  fembloitles  con- 
damner, firent  des  efforts  pour  en  fortir. 

Convaincus  de  leur  aprintde  à  diverfes  occu- 
pations manuelles,  nous  n'eûmes  d'autre  foin  à 
cendre  que  celui  de  clioifir  les  travarT  qui  leur 
étoient  propres. 

On  les  appliqtn  avec  fuccès  à  la  filature.  Les 
enfans  aveugles  qui  font  à  rinAruâîon  dans  notre 
maifon  d'inftitution  ,  filent  à  Taidc  d*nnc  machine 
fort  ingénieufe  de  l'invention  du  Sr  Hlldcbranc, 
mécanicien.  Un  d'entre  eux  tourne  une  roue  prin- 
cipale »  qui  donne  à  plufieurs  rouets  un  mouve- 
ment que  chaque  fileur  peut  arrêter,  accélérer  , 
ou  ralentir,  à  fon  gté,  iVns  troubler  l'ordre  gé- 
néral* 

Du  fil  de  leur  fabnqnc  nous  rèuffîmes  à  leur 
faire  retordre  de  la  ficelle  ;  &  de  ccfte  ficelle  nous 
Icurfimes  tramer  de  !a  Cmgle, 

Les  ouvrages  an  boiffcau  ,  le  filet ,  le  tricot  ^ 
U  couture,  la  rermre  des  IhTes  ,  tout  fut  tenté 
k  notre  fatîsfaflion  ;  &  nous  manc}\james  pîmôt 
d'tîTt'finç  qijc  de  travaux  ?  tant  il  eft  d*cfpèceS 
r  ions  manuelles  que  Ton  peut  confier  aux 

qt;i  font  privés  des  douceurs  de  la 
iumiere. 

D'après  ces  prefT^iers  e(Tais ,  nous  ne  ne gli gé- 
rons rien  pow  meure  de  bonne  heure  entre  les 
'1  ;,t:is  de  chaque  enfant  aveugle,  ne  de  parens 
I        \in^  ^   une  occtipiîion  dont  il  puiffe  tin  jOur 

"fans  ninfi  le  pen- 

^   ac lïeverons  de 

dans  notre  tableau*,  &  den 


MUE 

D<  U  mjnurd  ifinflmire  Us  avcu^Us ^  &  pafs'u 
ic  Uar  tducdûon  avec  celle  des  jourds  &  mucti* 

Comme  nous  nous  fommes  pnncîpaUmem  attt^ 
chês  à  fimpliher  les  moyens  i  les  u^ïenfiles  pi  ^ 
près  à  înf^ruire  les  aveugles  ,  nous  nous  â*ttO 
d avoir  mis  leur  éducation  à  la  perlée  de  tout  lé 
mcuidc.  Cette  opération  cfl  d'ailleurs  ''"î^'^  'i^^îlc 
par  elle-même,  &exi^edcla  part  du  -if 

de  countge  qtie  de  lumière^.  Nous  cr'j> -  .»  ut^nc 
n'avoir  à  ce  fujet  aucun  avis  particulier  à  donner, 

A  l'aide  de  n«^s  livres  en  relief,  toute  perfonoç 
pourra  leur  enfcigner  la  Icifture. 

Sur  les  œuvres  de  mufiquo  imprimées  a  notre 
prcffc,  tout  profeileur  de  cet  art  leur  cn'dofîncri 
des  leçons. 

Avec  une  plume  àùkr^  avec  des  planches  À 
d^^s  caraâéres  mobiles  citécutés  lur  nos  modèles  , 
le  premier  maître  écrivain  leur  enfeigncra  récri- 
ture 6t  i'ariîhméfique. 

Enfin ,  il  ne  faudra  que  des  cartes  en  relief  pSur 
diriger  leur  étude  en  géographie  ,  6c  atnii  du  retîe. 

Nous  ne  finirons  point  cette  réflexion  fur  le  d«*ré 
de  facilité  de  réduc^rion  iW%  aveugles ,  fans  en 
faire  le  parallèle  avec  celui  de  i  uulitutioo  de« 
fourds  &  muets. 

Quelqu'étonnant  que  puiflc  parottre  aux  yeitm 
du  public  le  réfultnt  de  nos  procédés,  noxxi  fom- 
mes bien  éloignés  de  foufcrire  à  Tadmiratiori  pré- 
cipitée de  quelques  pcrfmnes,  qui  veulent  bien 
donner  k  ce  réfultat  la  prétêrcnce  fur  l'art  àint- 
truire  ief  fourds  &  muets  :  art ,  nous  ofons  le  dire  , 
incroyable  pour  ceux  qui  n*auroîent  point  été  tè- 
moins  des  fuccès  auxqueU  il  a  cond^îit  !e  vertueux 
eccUfiafïique  qui  en  eft  le  cfé;ueur ,  8t  dont  plu- 
ficurs»  même  de  ceux  qui  ks  ont  vus,  n'ont  fa 
ni  en  apprécier  le  mérite,  ni  en  fentir  toute  la 
difficulté. 

Qu'on  le  fuive  en  effet  pas  à  pas  ;  qa*on  le  prcn* 
ne  à  rindant  où  il  commence  à  vouloir  faire  enten- 
dre fes  premiers  fiants  à  fon  éîéve.  Qu'on  nous 
explique  par  quel  talent  ench;înteur  il  apprend  à 
des  iourds  à  tiiiUnguer  les*  modes  d'un  verbe  , 
fes  temps  ,  les  inflexions  de  fes  porfonnes*  Que 
l'on  notis  dife  comment  il  infinue  dans  leur  eipric 
des  idées  métaîhyfiques  ?  Par  quel  r€crct  merveil- 
leux il  s'en  fait  entendre  au  feul  mouvement  des 
lèvres  ,  8c  entretient  avec  eux  unecfpcce  de  co^ 
verfation  très- ex preffive ,  toute  muette  queÙe 
eft  ?  Et  Ton  conviendra  que  le  calent  d^imprimer 
dans  Tiime  des  idvjs  nouvelles,  en  parlant  aux 
yeux  fculs,  par  des  geAes  tn^niment  pi  .s  clo» 
qiiens  que  tous  ceux  de  nos  orateurs,  eft  btca 
fupéHeur  aiï  talent  de  réveiller  dans  Vhm  des 
idées  qui  y  font  déjà  gravées  ,  en  fiifant  concou» 
tir  Tiinppeflion  de  la  voix  fur  forganc  de  Totie 
avec  la  fineffc  d'un  taft  exercé  à  faifir  ks^^^Keà 
les  plus  délicats. 


MUE 

Il  y  zviHX  long-iems  que  nous  étions  foîl!dié<î^ 

F  if  un  licfir  impatient,  de  payer  ce  tribut  à  M. 
Abbé  de  TEpèc  ;  nous  nous  applaudiiTonsd^avoir 
h  le  faire  dans  une  circon fiance  aufii  favorable ^  8t 
nous  nous  flânons  que  nos  Icélsurs  fentiront  toute 
la  jjHtce  de  notre  hommage* 

^a  UngUfM ,  des  mathématiques ,  dt  thifloire ,  6'c. 

Ceft  pour  réîudc  de  tous  ces  objets  fur-tout, 

3 uc  ks  livres  que  noos  avons  imaginas  à  Tufage 
e*  aveugles,  leur  feront  d'un  grand  ftcours. 
Les  ouvrages  élémentaires  tics  langues  ,  des 
mathématiques ,  de  Thi^oire ,  &c.  feront  en  effet  les 
premiers  tondemens  de  leur  bibliothèque.  Ceux 
«[u'ils  pourroiem  produire  eux-mCtmes ,  &  qui 
auroieni  mérité  les  fuH*rages  du  pubhc  ,  y  trouve- 
iQUt  leur  place  à  jufte  titre- 
Nous  au  ons  foin  fur-to«t  d'y  joindre  les  œuvres 
aufTi  capables  de  former  le  cccur  de  notre  élève 
aveugle»  que  d'orner  fon  efprit ,  en  pofant  pour 
liife  de  fes  études  celle  de  la  religion, 

A  Faidede  pareils  principes,  nous  lui  inculque- 
TonsTimour  de  fes  devoirs,  &  en  particulier  la 
icconnoiilance  pourfes  bienfaiteurs. 

En  égalant  fes  jours  par  les  détails  Intéreflans 
éc  rhilioire,  nous  lui  ferons  connoîtrc  les  Fran- 
çois, carmi  lefquels  il  fe  félicite  d*avoir  reçu  la 
TIC.  Nous  graverons  dans  fa  mémoire  les  princi- 
paux fiïits  de  leur  hifloire,  &  les  traits  de  bien* 
firfance  &  dUmmanîté  qui  fe  trouvent  mèîés  au 
licitde  leurs  exploits. 

Nous  lui  ferons  remarquer  fur- tout,  qu'ils  fs 
kïM  diAinguès  de  tout  tcms  par  un  attachement 


MUE 


r-7 


inviolable  pour  leur  Roi  ;  &  à  la  peinture  fldelle  que 
iUiùs  lui  tracerons  d'un  M >narque  ,  qui,  fait 
pour  infpirer  pir  lui-même  cet  attachement,  ren* 
ferme  dans  fon  équité  &  fa  bienfaifance  tous  les 
motifs  particulier^  qui  peuvent  ajouter  à  Ténergie 
de  ce  f^*ntiment  héréditaire  ;  il  fentira  comme 
nous ,  que  Tétai  le  plus  dértrable  auquel  une  nation 
puifTe  parvenir,  eu  celui  ou  la  founiiffion  de  plu- 
ncurs  millions  de  fujets  envers  un  mahre  con^ 
mun,  fe  préfente  fous  Timage  de  la  tendrciTe  ref- 
pc6^ueyfc  d'une  grande  famille,  pour  un  Père  qui 
en  fait  le  bonheur* 


Tels  font  les  arts  nouveaux  par  lefquels  M^ 
labbc  de  l'Epèe  &  M.  Haiiy,  infpirés  par  k 
religion  &  par  rhuminité ,  ont  fu  trouver  les 
moyens  les  plus  fim;.>les  Ôc  les  plus  prompts 
de  fccourir  les  fourds  &  muets  &  ïes  aveugles, 
en  perfeétlonnant  en  eux  les  fcns  dont  ils  jouif- 
(^nt ,  &  remplaçant  en  quelque  forte  ceux  qui 
leur  manquenr. 

Nous  ofons  croire  que  ces  ans  ne  paroîtront 
point  étrangers  dans  ce  diôionnaire,  à  côté  de 
ceux  que  nous  avons  traités,  fi  Von  confidére 
que  les  procèdes  des  deux  habiles  inftltuteurs, 
pour  ic  faire  entendre  à  leur  élèves,  font  d'au- 
tant plus  merveilleux  qu'ils  font  en  quelque 
forte  mécaniques  ,  &  que  ces  arts  ont  au  fil 
leurs  inflrumens,  &,  pour  ainfi  dire,  leur  uften- 
files  pour  fuppléer  aux  fondions  des  organes 
dont  les  fourds  &  muets  &  les  aycugles  fotu 
malheureufcmcnt  privés.  _ 


328 


MUE 


MUE 


VOCABULAIB.E 


/Vdjectifs.  Les  noms  adjeâîfs  font  ou  pofitifs  , 
comme  grands  f  ou  comparatifs  comme  plus  grands  ^ 
ou  fuperlatifi ,  comme  très -grands  ,  ou  exceffifs» 
comme  trop  grands. 

Pour  exprimer  au  fourd  Si  muetle  f ofiûf grande 
on  élève  la  main  droite  à  une  cenaine  hauteur ,  & 
Ton  y  ajoute  le  figne  d'adjeâif.  (  Voye^  fuhftanûfs 
&  adjeàifs). 

Pour  rigtùûcr plus  grand  f  on  arrête  un  moment 
la  main  à  la  hauteur  du  premier  figne  ,  on  élève 
enfuite  la  main  à  un  degré  fupérîeur. 

Pour  indiquer  tris-grand ,  on  fait  fucceifiyement 
deux  paufes  à  deux  hauteurs  différentes ,  on  élève 
enfuite  la  main  davantage. 

Pour  Texceflif /ro/7  gr^/zi/,  on  défiene  cette  qua- 
trième grandeur  avec  une  forte  d'effort  &  d'impa- 
tience. 

Adjectifs  substantifiés  ,  tels  que  fagi , 
grand ,  bon ,  &c. ,  d*oii  dérivent  Jagejfc ,  prudence^ 
bontés  &c.  Voîci  de  quelle  manière  on  bXt  entendre 
ces  noms  à  un  fourd  &  muer.  Pour  exprimer»  par 
exemple ,  la  grandeur^  on  fait  d'abord  le  figne  de 
Tarticle  féminin  la^  enfuite  le  fiene  de  grand ^tn^ 
y  joignant  auflitôt  le  fijjne  de  iuhftantif  ;  ce  qui 
annonce  que  cet  adjeâit  s'eft  fufoflantifié ,  &  qu'il 
fe  nomme  alors  grandeur. 

Adverbe;  ce  mot  eft  ainfi  nommé  parce  qu'il 
fe  met  devant' ou  après  le  verbe.  Voici  comme 
on  l'indique  au  fourd  &  muet  :  fuppofé  l'adverbe 
grandement  y  on  é'ève  la  main  droite  à  une  certaine 
hauteur,  puis  on  l'applique  fur  la  main  gauche 
(c'l  le  ligne  de  radjcôit),  &  ce  gelte  lignifie 
grand \  mais  auflitôt,  pour  adverbifier  cet  adjeûif, 
on  tranfporte  la  main  droite  furie  côté,  parce  qu'un 
adverbe  fe  met  à  côté  d'un  verbe  pour  le  modifier. 
Ce  iroifième  figne,  joint  aux  deux prccèdcns,  figni- 
fie  grandement. 

Alphabet  Ubial\  c'eft  l'alphabet  dont  les  let- 
tres s'apprennent  par  les  fourds  &  muîts ,  en  obfer- 
vant  les  mouvcmens  dés  lèvres  des  perfonnes  qui 
parlent. 

Alphabet  manuel;  c^cft  l'alphabet  qui  parle 
aux  yeux  en  exprimant  avec  les  doigts  &  les 
mains ,  les  différentes  lettres  employées  dans  la 
compofition  des  mots  d'une  langue. 

Apostrophe;  l'apoflrophe  s'indique  au  fourd 
&  muet,  en  faifant  en  IVrr  une  apodrophe  avec 
l'index  droit.  Il  faut  y  ajouter  le  fiene  mafculin , 
fi  rapoftrophe  eft  fuivie  d'un  nom  lubflantif  maf- 
culin  ;  ou  le  figne  féminin ,  fi  le  fubftamif  qui  fuit 
eft  un  nom  féminin. 


Arithmétique  dti  avoues.  Pour  (aire  les 
opérations  de  l'arithmétique ,  les  aveugles  ont  une 
planche  percée  de  divers  rangs  de  trous  carrés, 
propres  à  recevoir  des  chiffres  mobiles  &'des  bar« 
res ,  afin  de  féparer  les  différentes  parties  d'une  opé- 
ration. 

Pour  l'ufage  de  cette  plinche,  les  aveugles  ont 
à  leur  droite  une  caffe  compofte  de  quatre  rangs 
de  caffetins ,  contenant  toutes  les  figures  propres 
au  calcul. 

Articles  des  mots.  Pour  les  faire  entendre  aux 
fourds  &  muets ,  on  leur  fait  d'abord  obfenrer 
les  jointures  des  doigts,  des  mains,  du  poignet  » 
du  coude,  &c.,  &  on  les  appelle  articles  oujoin* 
turcs. 

On  écrit  enfuite  fur  une  table,  que  It^U^  Us^ 
de^du^desy]6i%Titnt  les  mots  comme  nos  articles 
joienent  nos  os. 

£e  mouvement  de  Yîndex  droit ,  qui  s'étend  &(ê 
replie  plufieurs  fois  en  forme  de  crochet ,  devient 
le  figne  raifonni  que  l'on  donne  à  tout  article. 

L'article  mafculin  le ,  's'exprime  en  portant  la 
main  au  chapeau  ;  &  rarticîé  féminin  U^cn  por- 
tant la  main  à  l'oreille. 

L'article  pluriel  les ,  s'annonce  par  le  moove* 
ment  répété  des  quatre  doiets  d'une  ou  des  deux 
mains  ,  en  forme  de  crochet. 

De^  du^  de  la ,  des ,  étant  des  anides  au  fécond 
cas ,  il  faut  ajouter  au  figne  d'article  le  fiene  de 
fécond ,  &  enfuite  le  figne  de  fingulie^  ou  de  plu- 
riel ,  de  mafculin  ou  de  féminin. 

Aveugle  ;  celui  qui  eft  privé  du  fens  de  la 
vue,  foit  en  nailTant,  loit  par  accident  ou  par  ma* 
ladie. 

Caractères  typographiques.  Ces  caradères  à 
l'ufage  des  aveugles ,  doivent  être  -faits  dans  le 
fens  où  leur  empreinte  frappe  nos  yeux. 

Cas  ,  foit  dans  lefingulier ,  foi*  dans  le  pluriel  ;  ce 
mot  s'exprime  de  cette  manière  ,  pour  Tintelli- 
gcnce  du  fourd  &  muet.  On  fait  rouler  l'un  fur 
l'autre  les  deux  index  en  déclinant ,  c'eft-à-dire  , 
en  defcendant  depuis  le  premier  jufqu'au  fixième 
doigt. 

On  dèfigne  enfuite  le  fingulier ,  en  élevant  le  ~ 
pouce  droit  en  haut  ;  &  le  pluriel  s'annonce  en 
remuant  plufieurs  doigts. 

Les  deux  genres  fe  différencient  en  portant  la 
main  au  chapeau  ou  à  l'oreille. 

Conjonctions  ;  ainfi  nommées ,  parce  qu'elles 
fervent  à  joindre  ou  des  verbes  ou  des  parties  de 
phrafc. 


MUE 

Le  figfic  général  pour  le  fourd  Sc  muet ,  cft  la 
jarâ.en  des  deux  inu^^c  en  fcririiî  de  crochet* 

Chacjue  conjonéiion  a»  in  iépendammcnE  du 
Cpe  général ,  un  figne  particulier. 

Dactylologie  ;  roamcrtt  de  (c  faire  entendre 
va  ycuv  p^tr  les  diSèrens  ftgncs  des  doigts. 

Ecriture  pjr  un  aveu^U,  L'iveugîe  it  (cri  d*une 
filiuBc  de  fer  «  dont  le  bec  n  cR  pas  fendu  ;  il  écrit 
Lini  encre  Ôc  en  appuyant  fur  un  papier  fo>rt. 

1!  ippn-a  \  àècrire  en  (uîvant,  avec  une  pointe  . 
iv  :%  ranges  en  forme  de   lignes,  &  il 

uni  a  figire  Jcs  lettres  ,  en  fuivartt  celles 

qm  font  crcufées  Jans  quelque  mé^al  ;en6n  il  s'ac- 
coaiuinc  à  écrire  droit,  en  mci^ant  fur  fon  papier 
un  chidls  garni  intérieurement  de  pluAturs  cor- 
liomiiecs  parallèles  à  ia  diibnce  d'environ  neuf 
lignes* 

I~        E "  E  pour  un  aveugle*  On  ne  fe  fert  point 

f  •  cette  écriture  ♦  mais  on  appuie  avec 

une  pium^  de  fer,  de  dqon  que  le  caractère  foit 
wrchcf ,  fcparé  &  un  p.'u  g  os  :  on  ne  doit  écrire 
^«c  furie  Tç£i9  ou  le  v^^rfo  d*uns  page, 
Être  :  le  ditie  d;:  ce  vcrbs  ert  facile  à  faire 
ewcnire  slxix  ioiiris  Si  muet*.  En  pofiint ,  pour 
ainfi  dire ,  les  d^rux  mains ,  on  leur  montre  h  iicui- 
Mn  d  une  perfonne  qui  ett,  ou  debout,  ou  aiTife, 
wi  genoux,  &c. 

Géographie  dts  a^eugUs^  les  aveugles  ont  des 
<ancs  géographiques  à  leur  ufage,  dan«î  lefquelWs 
les  liiti-tes  font  marquées  par  des  fils  de  fer  min- 
ets &  arrondis. 

/£;  ce  mot  fc  fait  entendre  &  comprendre  au 
fouri  &  muet ,  en  mettant  i*index  de  la  main  gau- 
che fur  le  j€  ,  &  en  même  temps  en  fe  montrant 
foi'ïnème  avec  Tindex  de  la  main  droite,  &  s'en 
bppant  doucement  fur  la  poitrioe  k  diverfes  re- 
pfifcs. 

On  lui  fiiît  entendre  tu  ou  la  féconde  perfon ne  , 
en  mettmt  Tindex  de  la  main  gauche  fjr  ie  mot 
*flt  iScen  portant  à-ia-fois  l'index  de  la  main  droite 
fiir  ta  poitrine  du  fourd  &  muet  »  &  Icn  frappant 
doucement  plufieurs  fois,  en  lui  obfervant  queyV 

Ikreg*fde»&.  qu'il  doit  aulTi  me  regarder. 
On  lui  fait  comprendre  ,  en  fui  vaut  lanalogie  de 
procédés  femblables  ,  le  fens  des  mots  ,  il ,  notit^ 
it&u$ ,  Us. 
Imprimerie  J  Vufagi  des  avm^lfï.  Les  aveugles 
mt  î",,  pour  imprimer ,  un  chaflis  doublé  d*un  fond 
Je  cuivre  percé  de  pIuGeurs  rangs  de  petits  trous  , 
par  leiquîUils  font  fortir ,  àTaide  d*une  pointe ,  les 

rraôères  qui  font  à  changer  ; 
a*.  Dans  l'intérieur  du  chaflîs  il  y  a  deux  ré- 
petics  en  fer  mobiles ,  Tune  fur  le  côté ,  l'autre  au 
Bas  de  la  page,  &  fervant  à  la  juflifier; 

3*.  Ce  chaflîs  eft  élevé  horifontalement  en  lon- 
cur  fur  quatre  t)ieds  ,  dont  les  deux  qui  portent  le 
mmencemcnt  de  la  page,  fontptus  bas  de  moitié 
e  les  deux  fur  Icfquels  la  fin  eft  appuyée  ; 
4*.  L*amngemeni  des  mots  doit  le  faire  de  gau- 
-  i^droite; 

Arii  &  Métiers^  Tamt  K  Partit»  /» 


MUE  529 

5*,  On  ne  fait  point  de  reii ration  ,  maïs  on  colkî 
dos-à-dos  ,  par  les  extrémités ,  ks  quatre  pages 
d*une  feuille  en  fortant  de  la  preffe  ; 

6^Limpofi[ion  des  cîiaiTis  u  fait  dans  un  ordre 
différent  de  celui  des  clair-voyans. 

Livre  à  Vufa^c  des  nvcugUs,  Il  doit  être  corn 
pofé  d*un  papier  fort ,  avec  des  lettres  dont  le  re- 
lief puiile  être  diftin^ué  par  ie  taft  au  défaut  de 
la  vue. 

Métiers  propres  aux  aveugles*  Il  y  en  a  plu-* 
iîeurs  ;  \^  fiLuure  ^  qui  fe  fait  à  IVuîe  d*une  ma- 
chine fort  ingémcufe  :  un  des  aveugîcs  tourne  une 
roue  principale,  qui  donne  à  pi ufuurs  rouets  un 
mouvement  que  chaque  tveugle  6leur  peut  arrê- 
ter ,  accélérer ,  ou  ralentir  à  fou  grc  ,  faiis  troubler 
le  travail  des  autres. 

Les  aveugles  peuvent  raordrt  de  U  ficelle ,  tr  '- 
mer  de  la  fzrtgU  ;  ils  font  habiles  <itf //c/ ,  au  tri- 
cot ^  â  la  reliure  des  livres  ,  &c. 

Muet  ;  c'eft  une  perfoime  qui  ne  peut  point 
prononcer  des  ib^ns  ,  foit  par  le  défaut  de  Torgane 
de  la  pirole,  fait  parce  qu'étant  pnvée  d^  Ibr- 
gane  de  louîe  ,  elle  n*a  pu  entendre  ,  ni  par  coa* 
léquent  imiter  &  répéter  les  articulations  du  lan- 
gage. 

Musique  a  l'ufige  des  aveugles.  Les  aveugles 
peuvent  avoir  des  caradèrcs  de  inufique  propres 
à  en  rcpréfenter  fur  le  papier  tous  les  traits  pof- 
fthles  par  des  reliefs  dans  le  genre  de  ceux  de  Té*. 
cri:ure. 

NÉCESSITÉ.  Pour  exprimer  ce  mot  à  un  fourd 
&  muet,  on  frappe  plufieurs  fois  &  fortement  , 
avec  le  bout  de  VindexàrQU  fur  une  table. 

Nombres  cardinaux  &  ordinaux*  Ces  nombres 
ont  chacun  les  fignes  qui  leur  font  propres.  Pour 
indiquer /wi  au  fourd  &  muet,  on  tient  trois 
doigts  élevés  perpendiculairement  ;  Sc  pour  dire 
iroîfième ,  on  les  tient  couchés,  &  on  les  fait  avan^ 
cer  vers  foi  horizontalement  en  droite  ligne  &  en 
or.îre. 

En  élevant  perpendiculairement  depuis  un  juf- 
qu'à  neuf,  autant  de  doigts  qu'on  veut  exprimer 
de  dixaines,  &  y  ajoutant  le  figne  ^èro ,  qui  efl  le 
m^me  que  celui  d'un  0  ,  cela  fait  10,  20  ,  30,  &c: 
cent  s'exprime  par  un  C ,  mil  par  une  A/. 

On  rend  les  nombres  très  -  le  nfi  blés  aux  fourds 
&  muets  ,  en  leur  faifant  compter  fur  une  longue 
ficelle  des  grains  de  chapelet  par  dixaine  ,  cen* 
lAfiC  &:  millier. 

Plume  à  V ufage  des  aveugles  ;  c*eô  une  plume 
de  fer ,  dont  le  bec  n'ed  pas  tindu ,  pour  graver  les 
lettres  fur  un  papier  fort. 

Possibilité»  A^our  exprimer  ce  mot  à  un  fourd 
&  muet  ,  on  regarde  à  u  droite  un  oui ,  &  à  fa 
gauche  un  non^  paroi  (Tant  incertain  lequel  des  deux 
ai  rivera. 

Prépositions  ,  ainfi  appelées  ,  parce  qu'elles 
fe  pofent  devant  les  mots  qu'elles  ré^ilîenr.  Le  figne 
général  qui  leur  convient  à  toutes ,  fe  fait  en  cour* 
Sant  les  doigts  de  la  main  gauche  ,  &   faifant 

T  f 


330 


MUE 


fnarchcr  h  main  clans  cette  fituation,  iè  gauche  à- 
ciroite ,  fur  la  ligne  qu'on  Ht  ou  qu'on  écrit. 

Chaque  prépofition  a  aufll  fon  figne  particulier. 
Par  exemple,  avec  s'exprime  encore  par  les  deu* 
mains  vis  à- vis  l'un^  de  Tautre. 

Dans  y  s'cjt  3rime  en  f  rmant  les  quatre  doigts  de 
la  m  .in  gauche ,  &  y  faifant  entrer  Tin  ;ex  de  la 
miin  droite ,  ou  en  mettant  une  main  dans  fa 
poche. 

En ,  fe  fait  enteilire  par  Vindcx  perpendiculaire- 
ment élevé  au 'deflfus  d'une  table  ,  &  le  pofant 
fucceffivement  fur  différens  endroits  fans  s'arrêter 
i  aucun. 

Contre  >  s'indique  en  faifant  venir  direâement  ^ 
plufieurs  fois  les  deux  index  Tun  contre  l'autre , 
comme  pour  fe  battre. 

Par,  s'expiique  en  faifant  pafler  fa  main  droite 
à  travers  le  pouce  &  l'index  de  la  main  gauche,  &c. 
Pronoms.  Pour  exprimer  par  fignes  aux  fourds 
&  muets  ce  que  c*efl  qu'un  pronom  ,  on  fait  un 
rond  avec  un  crayon  fur  U  table ,  &  on  y  met,  fi 
l'on  veut,  une  t^b.  t  è  e  ;  on  la  pouffe  enfuite  hors 
de  c  rond ,  &  l'on  y  fubftiiue  autre  chofe. 

Cefl  là  le  figne  commun  à  tou!>  les  pronoms,  qui 
font  d*  s  mots  qui  fe  mettent  à  la  place  d'autres 
noms  ;  mais  chacun  a  au  fi  fon  figne  particulier. 
Pour  indiquer  le  pronom  je ,  on  fait  avec  fa 
m  lin  droire  une  efpéce  de  demi-cercle  en  l'appro- 
chant de  fa  poitrine. 

Pour  le  pronom  moi ,  on  fe  frappe  très-doucement 
la  poitrine  à  plus  j'une  reprife. 

C'eA  le  mcme  figne  pour  me  ;  mais  fur  le  champ 
on  porte  )  index  <\t  la  main  droite  lur  celui  de  la 
main  gauche ,  pour  faire  entendre  que  ce  pronom 
eft  conjonâif. 

Mon ,  ma ,  mes ,  font  des  pronoms  poflefiifs ,  qui 
s^eyprimenten  fe  montrant  foi- même  d*  une  main, 
&  de  l'autre  la  cho^e  qu'on  dit, être  à  foi  ;  on  y 
joint  U  figne  d'aHjcâif ,  &  c^ux  du  nombre  &  du 
genre  qui  conviennent. 

Le  rn'ei  ^  la  mienne  ^  les  miens  ^  les  miennes  ^  fe 
font  enie:idre  d'abord  par  le  figne  a'ariicl«: ,  en- 
fuire  par  les  mê.nes  fignes  que  pour  mon,  ma  , 
moî. 

Pour  les  pronoms  tu  ,  foi,  on  fait  le  figne  de 
la  féconde  pcrfonn^*  d'un  verbe,  &  on  y  ajoute 
les  fignes  de  conjonâif  ou  de  poflf  flif ,  de  nom- 
bre (k  de  genre  qui  conviennent. 

//,  elle  ,  fui  g  foi  ^  ils^  elles ,  eux ,  leur,  s'expri- 
ment par  le  fign    de  la  troifiè.ne  perfonne  d'un 
verbe,  avtcles  fignes  de  conjonffif  ou  de  pof- 
fefiif,&  ceux  de  nom'-re  &  de  genre. 
Pour  les  articles  le ,  la^  les ,  un  premier  figne 


"MUE 

Sn'lque  les  perfonn^s  dont  on  parle,  un  fecoik 
fi:.ne  annonce  la  conjonâlon  avec  le  verbe  don 
ils  font  le  régime. 

Les  pronoms  démonfirati^s  et  ^  cet  ^  cette  ^  ces 
fe  montrent  du  bout  du  doigt ,  au'on  approche  di 
la  chofe  même  à  laquelle  ils  (e  rapportent,  oi 
avec  l'index  fans  en  approcher. 

Les  pronoms  interrogatifs  qui ,  que ,  qtul ,  quelle 
laquelle  j  lequel ,  lefquelles  «  ie  dLéfignenc  par  m 
gcAe  interrogatif. 

Lorfque  ces  mêmes  pronoms  font  feulement  re 
latifs,  on  met  fur  eux  l'index  droit,  &  on  le  pon< 
à  l'infiant  fur  le  nom  fubftantif,  ou  fur  le  pro 
nom  qui  en  tient  lieu. 

Le  que^  fimple  conjonâlon  entre  deux  verbes 
fe  repréfente  en  faifant  de  l'index  droit  &  di 
gauche ,  deux  crochets  qui  fe  joignent  enfemble. 

Les  autres  que  ont  des  fignes  auffi  différens  qiK 
la  fignification  de  ces  mots  eft  elle-mdme  diA& 
rente. 

Sourd  ;  celui  qui ,  par  un  défaut  de  l'orgaoc 
de  l'ouie ,  n'entend  point  les  fons ,  &  qui ,  m 
pouvant  imiter  la  parole  ou  l'articulation  des  mots 
d'une  langue,  relie  muet. 

Substantifs  et  adjectifs.  Pour  montrer  au 
fourds  &  muets  la  différence  fenfible  oe  ca 
eff>èces  de  noms,  l'infi. tuteur  prend  des  cartes, 
il  écrit  fur  l'une  de  ces  cartes  un  fubftamif,  pai 
exemple  ,  le  nom  de  Pierre  j  &  place  ^ette  carte  ï 
fa  main  gauche. 

Il  écri:  tnfuite  fur  chacune  des  autres  canes, 
un  adjedif,  tel  que gr«2/ii ,  petite  ruh: ^  6*c.,  & 
met  ce^  autres  cartes  à  (7^  droite. 

Pi.rre  venant  à  entrer,  s'il  eA  de  haute  taille ^ 
on  met  fur  fon  nom  la  carte  où  eA  écrit  V^> 
s'il  efi  de  petite  taille,  on  y  m<st  celle  où  eft l'ad- 
]t(k\f  petit  ^  &c. 

Ainfi  Pierre  étant  le  fubftantif  fe  trouve  def- 
fous ,  fub  flat.  Des  adjetlfi  expriment  les  qua- 
lités qu'on  ajoute  à  fon  nom. 

Verbes;  ils  font  comoofés  de  perfonnes,de 
nombres  ,  de  temp'  &  de  modes. 

0.1  fait  réciter  d'abord  aux  fourds  &  moffS^ 
par  des  fignes,  la  dffèrence  des  perfonnts  &  <ics 
nombres ,  comme  on  l'a  dit  dans  d  autres  a  tîcles* 
Enfuite ,  pour  marquer  le  p^zfent ,  on  fiCit  le  geft* 
de  prendre  à  témoins  les  fpoôateurs  ;  pour  \tpdpi 
on  jette  la  m^in  du  coié  de  Tép^ulc  ;  pour  k 
futur  ^  on  avance  la  main  droite  direâemeat  d^ 
vaut  foi,  &c. 

Poir  marquer  le  mode  du  verbe,  commet'* 
pirafify  on  fait  un  figne  de  la  main  &  des  yc  <> 
&  pour  le  fupplUatif  on  joint  les  main  s ,  &c*  &^ 


(  Art  de  rëcolter  et  de  préparer  ces  Épiées). 


DE   LA   MUSCADE. 


J-i  4  HUIT  TTiiifcidc  efl  un  friiît  aromatique  qiîl 
Vient  naturellement  dans  les  iil-s  Moîuques,  3c 
^\ion  cultive  avec  beaucoup  de  foLa  dans  la  pro- 
vince de  Banda. 

L*arbre  qui  le  produit  efl  de  la  grandeur  d'un 
poirier-  Le  bois  de  cet  arbre  efl  moëilcux  ,  6c 
r^^n  êcorce  cA  cendr^'e;  fes  feuilles,  fcmbUbles  à 
tcrllts  du  pêcher  ,  font  verdâtres  en  deflus  & 
Llanchâtres  en  deflbus,  hm  queue.  Ces  feuilles 
cDnt    froirTces  ont  une  odeur  pénétrante. 

Sa  fleur ^  d'une  couleur  jaunâtre,  &  d*iinc  odeur 
fort  ftiavc,  t'A  formée  en  rofc. 

Le  fruit  qui  lui  fucccde  e(l  de  la  grofleur  d'une 
petite  orarge,  fufpenduc  à  un  long  pédicule,  & 
fbn  noyau  eft  enveloppé  dans  trois  écorces. 

L\  première  de  ces  écofces  eA  molle»  épatlTe 
dVnvironun  doigt,  velue  muiïe  5  parfeméedetacliîs 
jaunes  8c  purpurines.  Celte  ccorce  groinére,  d'un 
goût  acerlve,  s*ouvre  dVUe-méme  dans  fa  niaruritè. 

La  foconde  écorce  tft  une  forte  de  membrane 
fcticuliire,  d*une  lubAance  vifqucufe  &  huileufe , 
é\mç  odeur  aromatique  &  d'une  faveur  acre.* 

La  troifième  écorce  eA  une  coque  dure,  mince 
&ligneufc,  d'un  biun  roufâtrc,  laquelle  contient 
Ja  noix  mLfc^de, 

Cette  noix  eA  ovale,  à- peu  près  comme  une 
olive  ,  d*une  couleur  brune  cerdrée  :  elle  cA  dure 
&  fragile,  panacbée  intérieurement  de  nuances 
jaunâtiès  et  d*un  rouge  brun.  Sou  odeur  cA  agr^a* 
blé,  fa  faveur  eA  à-la-fois  acre  ,  fuave  &  amèie  ; 
la  fubAance  eA  huileufe. 

On  diflingue  deux  efpéces  de  noix  mufcades , 
Vunt  pmelU  ^  ^^^utre  mJle. 

La  première  eft  de  U  figure  d'une  olive  ;  c'eft 
Ctlls  dont  on  fait  ordinairtmenc  ufage. 

La  fecmide,  que  les  Hollaiidois  nomment  jUjaj^- 
ftfi-,  eA  plrs  aloiîgéc ,  moins  aromatique,  Si  par 
conféqucrit  moins  recherchée. 

Les  HuLandois  en  diAinguent  encore  plufieurs 
efpcces  »  entre  autres  une  <{\û  cil  fans  odeur  , 
d*ufî  goût  dcf;igréable  ,  que  les  vers  rongent  faci- 
lement ,&  qu'il c;A  expreÀément  défendu  de  mêler 
avec  les  autres,  parce  qu'elle  les  corrompt* 

Il  y  a  auffi  des  noix  mufcades  fauvages. 


Lorfque  les  noix  mufcades  font  mûres  *  ceux 
qui  font  prépofés  pour  les  récolter  montent  fur 
Tarbre ,  &  les  cueillent  en  tirant  à  eux  les  bran- 
ches avec  de  longs  crochets.  Comme  elles  font 
pour  lors  renfermées  dans  une  efpéce  de  trou  , 
ou  féconde  écorce ,  on  les  en  (epar c  en  les  ouvrani 
avec  un  couteau. 

Ces  noix  étant  ainA  dépouillées,  on  en  enlève 
foigneufement  le  m.tcis  avec  un  petit  cruteau. 

Ce  macis,  nommé  aufB  Aeurs  de  mufcadc, 
qu'on  trouve  fur  h  première  écorce,  cA  une 
enveloppe  ou  membrane  h  rcfeau,  partagée  cb 
plufieurs  lanières  ,  d'aune  fubflance  vifqueufe  , 
d'une  odeur  ttë*  aromatique  ,  d'une  faveur  affêz 
gracieufe ,  &  d'une  couki^r  rouge  -  jaunâtre  ,  qui 
eft  immédiatement  fur  la  noix  mufcade. 

On  fait  fécher  ce  macis  au  foleil  pendant  un 
jour ,  on  le  tranfporie  enfuite  dans  un  autre  endroit 
moins  expofé  aux  rayons  du  fuletl  ,  &  on  l'y 
laiAe  pendant  huit  jours  ;  après  qu'il  s'y  eA  un  peu 
ramolli ,  on  l'arrofe  avec  de  Icau  de  mer,  en 
obfervant  de  ne  paî  en  mettre  trop  ,  parce  que 
le  macis  fe  pourri  roi  t ,  &  que  les  vers  ^'y  met- 
troienr.  On  le  renferme  enfuite  dans  de  petits 
facs  en  le  preffant  fortement. 

Pendant  que  les  noix  mufcades  font  encore 
revcît:e;  de  leur  coque  Irgneufe ,  en  les  met  au 
foleiî  pendant  trois  jours  ;  on  les  fait  enfuite  fèchcr 
près  du  feu  jufqu  à  ce  qiî'ellfs  rendent  un  fon 
quand  on  les  agite.  Alors  on  les  frappe  avec  un 
petit  bâton  pour  les  débnrrafler  de  l^ur  coque. 

Les  noix  mufcades  étant  devenues  marchandes 
après  ces  opérations  ,  en  les  dlAribue  en  trois 
tas  ;  les  phis  grandes  6i  les  p'.us  bellts  ,  qu'on  de(r^ 
tine  pour  rEurcpe,  forment  le  premier  ;  dans  le 
fécond  on  mi^î  les  moini  belles  ,  qui  fervent  à  Tu- 
fage  du  pays  ;  6c  on  defline  les  plus  petites  ,  qui 
tormcnt  le  troifiéme  tas  ,  :i  eu  tirer  de  Thuile  par 
expreilion. 

Une  livre  de  ces  t>oix  donne  ordinairement 
trois  onces  d'huile  aromatique  qui  a  la  confifl  nce 
du  fuif.  On  tire  par  la  diAiMatiun  ,  foitde  la  noix  , 
foit  du  WiïL/j,  une  huile  eifenticlle  ,  trûnfparentc  , 
&d'un  parfum  exqui*s, 

Ttî} 


33a 


MUS 


les  noix  qn*on  dcftine  pour  le  commerce  fe 
corromproient  bientôt,  û  on  n'avoit  le  foin  de 
les  confire  avec  de  Teau  de  chaux,  faite  de  coauil- 
lages  calcinés,  qu'on  détrempe  avec  de  Teau  falée , 
&  qu'on  réduit  à  la  confiftancc  d'une  bouillie 
fluide.  Ayant  mis  les  mufcadcs  dans  une  petite 
corbeille  à  claire-voie  >  on  les  plonge  dan»  cette 
eau  piéparée  jufqu'à  ce  qu'elles  foient  totalement 
enduites  de  cette  liqueur. 

On  les  met  enfuite  en  un  tas ,  oii  elles  s'échauf- 
fent ,  &  oïl  s'évapore  toute  rhumidité  fuj-tn-flue  ; 
après  qu'elles  ont  fué  fuffiiamment ,  elles  font  pro- 
pres à  pzffcr  la  mer  fans  courir  aucun  danger. 

Lorfqu'on  veut  confire  de  ces  mufcades  pour 
le  deffcrt ,  on  les  cueille  avant  d'être  mûres  ;  on 
les  perce  avec  une  aiguille  ;  on  les  fait  bouillir  dans 
l'eau  ,  &  on  les  y  laiiie  tremper  pendant  dix  jours 

I)our  qu  elles  perdent  l'âpreté  de  leur  faveur  ;  on 
es  cuit  légèrement  dans  un  fyrop  de  fucre  ;  & 
lorfqu'on  veut  qu'elles  foient  fermes ,  on  y  jette 
un  peu  de  chaux. 

Cette  première  opération  n'étant  pas  fufilfante  , 
on  la  répète  huit  jours  après  dans  un  nouveau 
firop ,  d'où  on  les  retire  encore  pour  les  mettre 
dans  un  troifièmc  qui  foLt  un  peu  plus  épais  ; 
on  les  conferve  enfuite^  dans  un  pot  de  terre 
bien  fermé. 

Il  y  a  une  autre  manière  de  les  confire  ;  qui  eft 
de  les  mettre  d*abord  dans  de  la  faumure  ou  dans 
du  vinaigre  ;  quand  on  veut  en  manger ,  on  les 
fait  macérer  dans  l'eau  douce  ,  après  quoi  on  les 
fait  cuire  dans  un  fyrop  de  fucre. 

Les  Ho-.landois  ont  trouvé  le  moyen  de  s'em- 
parer de  prefque  tout  le  comm;:rce  de  la  mufcade  , 
foît  à  titre  de  conquête  ,  foit  en  payant  aux  Infu- 
laires  des  penfions  qui  leur  font  plus  utiles  que 
le  produit  de  leurs  arbres.  Cependant  les  foins  de 
M.  Poivre  font  efpérer  i!e  tirer  un  jour  des  muf- 
cades de  riHc-Jc-France,  où  plufieurs  milliers  de 
plan:s  de  mulcadiers  ont   dcji  très-bien  rciiffi. 

Girofle,  clou  de  Girofle. 

Le  girofle  eft  un  fruit  aromatique,  ou  plutôt  la 
fl«ur  deiïcchée  du  giroflier  avec  le  calice  ,  le  ger- 
me &  le  bouton. 

Ce  fruit  a  la  figure  d'un  clou  de  fix  à  huit  lignes 
de  longueur  ;  il  eft  prefqjie  ouadrangulaire  , 
ridé,  &  d*un  brun  noirâtre.  Son  (ommet  eft  cou- 
ronné par  quatre  petits  pointes  en  forme  d'étoile  , 
entre  lefquellcs  s'élève  une  tête  de  la  grolfeur 
d'un  petit  pois  ,  laquelle  cfl  formée  par  des  feuil- 
les tres-petitcs ,  appliquées  les  unes  fur  les  autres 
comme  des  écailles. 

Loîfqiion  écarte  ces  feuilles,  on  aperçoit  plu- 
fieurs fibres  roufTâtres,  &  dans  leur  centre  un  ftyle 
droit  qui  porte  le  petit  bouton  de  la  fleur. 

Ia:  giroflier  y  ou  l'arbre  qui  produit  ces  fruits  »  croît 
dans  les  Ifles  Moluques,  firuées  prés  de  l'Equateur. 

Cet  arbre  eft  de  la  grandeur  &  de  la  forme 
du  laurier.  Le  bois  en  eft  dur ,  branchu  »  &  revêtu 


MUS 

dfurte  écorce  pareille  à  celle  de  rolmer.  Ses 
branches  fe  portent  au  large  »  font  d'une  couleur 
roufle- claire  «  tk  garnies  de  beaucoup  de  feutUes 
alternes  »  fufpendues  à  une  queue  longuéd'un  pouce. 

Les  fleurs  fe  groupent  à  Textrémité  des  rameaux  : 
elles  font  en  rofe  à  quatre  pétales  bleus  ,  d'une 
odeur  forte  &  pénétrante. 

Le  milieu  de  ces  fleurs  eft  garni.d*un  grand  nom- 
bre d'ét;)niine$  purpurines  avec   leurs  fommets. 

Le  calice  des  fleurs  eft  cylindrique,  panagé  en 
quatre  parties  à  fon  extrémité  ;  il  fe  change ,  par 
la  màti  rite  en  ,  un  fruit  ovoïde ,  ayant  une  caplule 
dont  la  couleur ,  après  différentes  nuances ,  devient 
d'un  brun  noirâtre. 

Elle  renferme  une  amande  oblongue,  dure,  & 
creuféed'un  fillon  longitudinal. 

Quand  ce  fruit  eft  mur ,  on  l'appçlle  anrofie  de 
girofle ,  clou  mjtr'ce.  Il  ne  tombe  de  l'arbre  que 
l'année  fuivante  ,  en  perdant  beaucoup  de  (on 
od.ur  &  de  fa  faveur  aromatiques  ;  mais  il  eft 
alors  dans  Tétat  propre  à  la  plantation  ;  étant 
femé  9  il  germe  ,  &  d.'ins  Tefpace  de  huit  à  neuf  ans 
il  forme  un  grand  arbre  en  bon  rapport.  On  récolte 
les  clous  de  girofle  depuis  le  mois  d*oaobre  jul- 
qu'en  février ,  avant  que  les  fleurs  s'épanouiflenr. 

La  cueillette  s*en  fait  avec  les  mains  ,  ou  bien  on 
les  fait  tomber  avec  de  longues  verges.  On  dépofe 
ordinairement  ces  fruits  fur  des  linges  étendus 
fous  les  arbres  ;  &  fi  on  les  reçoit  à  terre ,  on  a  foin 
aupar«ivant  d'en  ôter  Therbe  6i  toutes  les  falerés. 

Les  clous  de  girofle .  qui  font  d'abord  d'une  coo* 
leur  rou^Tâtre ,  deviennent  noirâtres  en  feTéchant» 
foit  au  foleil ,  foit  à  la  fumée  du  feu  auquel  ils  - 
fort  expofés  pendant  quelques  jours  fur  des  claies. 

Ce  (ont  les  Hollandois'éiablis  à  Ternate&  à 
Amboine,  qui  fe  font  emparés  de  la  culture,  delà 
récolte  &  de  la  préparation  des  clous  de  girofle, 
dont  ils  font  l'exportation  &  !e  commerce  cxclufif. 
Leurs  magafins  orientaux  font  à  Amboine,  dans 
le  fort  de  la  Viftoirc,  &  c'e'Uîi  que  les  habitaiis 
fent  obligés  de  porter  leur  récolte. 

On  co;:fit  dans  du  fucre  les  clotîs  m:itriccs  venus 
du  girofle  ;  &  l'on  prétend  quiîs  font  alors  excel- 
lens  dans  les  voyages  fur  mer  ,  pour  faciliter 
la  digeftion  &  garan  ir  du  fcorbut. 

Les  clous  de  girofle  rendent  par  expreATion  une 
huile  épaiffe,.  rouflatre ,  très-arom.iiique  ;  &  par 
la  diftillation  une  huile  eflcruicHe,  qui  eft  d'ihord 
claire ,  légère  &  jiùnâtre»  &  qui  de\ient  enfuite 
rouiïâtre  ,  épaifl'e  &  pefantc. 

On  a  eflayé  à  l'Iflc-de- France,  des  plants  de 
girofli:rs,  comme  on  a  fait  des  mufcjidiers ,  & 
l'on  efpère  qu'ils  rapporteront  dans  quelques  années 
des  Iruirs  en  aflez  g.nnde  quantité  pour  la 
confommation  du  royaume. 

Cannelle. 

La  cannelle  ou  Ciftr.^mcmum  ,  eft  la  féconde 
écorce  d'un  arbre  appelé  cannelliet ,  qui  croît  prin- 
cipalement dans  1  ifie  de  Ccylan. 


MUS 

C<f  arbre  &*£lève  a  la  hauteur  de  trois  à  quatre 
[  toifcs.  Ses  racines ,  groSfes  6c  fibreufes  ,  font  cou- 
vertes d*aiic  écorc€  qui  a  une  odeur  de  camphre. 
Lç  boif  en  cannetUer  cft  dur  j  blanchiure  ,  & 
(lot  odeur.  Le  tronc  &  les  branches,  <\m  font  en 
■{fiAd  nombre,  onr  une  ccorcc  vtr te  d'abord,   iît 
qm  dcTlem  mwge  avec  le  temps*  Les  teuTlks  font 
odorantes,  6t  reilemblenr  k  celles  du  laurier*  Svs 
fi^uTsfont  d'nne  odeur  délicieufe  ;  elies  ibnt  ptù- 
tw*f,  étoilées,  bhnchâtres   elles  ont  fix  pétales,  ëi 
tbnneQt  des  bouquets  à  rextrétnité  des  rameaux. 

  ces  ^eurs  fuccèdent  des  baies  ovales  ,  Ion* 
nies  de  quatre  à  cinq  lignes,  d*un  brun  bleuâtre  , 
&  tachetées  de  petits  points  blancs. 

Ces  baies  contiennent  fous  une  pulpe  verte  , 
ônôueufe  Sl  aromatique,  un  pnit  noyau  qui  cou- 
vre une  amaude  de  couleur  purpurine. 

Qainr  à  la  récolte  de  la  cannelle ,  elle  fe  fait 
hm  la  faifon  ou  la  fève  cft  abondante,  &  où  les 
arbres  commencent  à  fleurir.  A^ors  on  détache  la 
féconde  Aorcc  des  petits  cannellitrs  de  trois  ans  , 
on  r^ette  comme  inutile  fécorce  extérieure  ,  qui 
dl  èpaiHe  grîfe  «  &  rabbteufe. 

La  cjLnndU  ou  cette  féconde  écrirce  qui  efl  tnmce , 
k  coupe  par  lames  longues  de  trois  à  quatre 
pieds  ;  on  Texpofe  au  (oleil  ,  &  elle  s*y  roule 
d'elle-même  de  la  ^roffeur  du  doigt.  Sa  couleur 
devient  alors  d'un  jaune  rougcàrre.  Son  goût  cft 
icre&  piquant,  mjis  d'un  parfum  agrc;ibk. 

On  dirtingue  fr0ï>  fartes  de  cannelle  ,  la  fne  ,  la 
Guyenne  fit  la  grQjflère  ,  fui  vaut  Tàge  des  arbres ,  leur 
JHïiIt;on,  leur  culture,  &  leurs  différentes  parties. 

Après  que  la  cannelle  a  été  enlevée ,  farbrc 
'cfle  Dud  pendant  deux.xu  trois  ans;  mus  au  bout 
de  ce  tem^^s  le  cannellier  fc  trouve  icvétu  d'une 
|nouirélle  écorce,  fie  donne  un  nouveau  produit. 

n  n^  a  rien  à  perdre  de  toutes  les  piirties  du 
laocUJer.  Son  écorcc ,  fa  racine,  fon  tronc,  fçs 
^tigç^,  fcs  feuilles  ,  fes  fleur*  ,  fon  fruit  fournie 
^Kr-{  des  eaux  diflillées ,  dev  fels  volatlU  ,  du  v/un- 
phre,  du  fLif  ou  de  la  cire,  des  huiles  pt.*cieu- 
fcr*  :  Ton  en  cotrpofe  des  firops,  deb  j ^Juiles  , 
des  eilences  odor itérantes, 

Loffîue  la  cannelle  cA  récente,  on  retire  d^i-îT 
livre  plus  de  trois  gros  d'huile  eiTt.r:içlle  ;  malvfi 
dk  tft  vieilie,  c'Ie  en  rend  très^  peu  :  auifi  la  bonrte 
eilcQce  a-t-dle  été  diftilléeà  Ceylan  ,  ou  à  Baravia, 
Cenc  huile  étant  d*un  bon  dl-bit  de  tort  chère  , 
tmlfqu'unc  once    coûte  jufqu'à    quatre- virg^t-dix 
livres  ,  i:  »ft  ilTcz  ordinaire  qu*on  la  débite  faififiée 
iircc  l'hu'î  c  de  girofle  ou  même  ^vcc  /huile  ^îe  B^n. 
1  cnticlrt:  de  Técotce  du   cpprcitier  , 

(pjs  ^iï  pure»  tombe  àu  fond  delVaiu  On 

jic  peut  \\  confcrver  que  dans  un  flacon  hermé- 
tiquement bouché.  Quelquefois  elle  fc  convertit 
en  un  fe!  qui  a  les  vertus  de  la  cannelle  y  &  qui 
fù  diAbf^  dans  Teau. 

On  retire  par  la  diflillation  de  lecorce  de  la 
riciae ,  une  huile  fit  un  fel  vobtll  ou  du  campkre. 


MUS 


353 


Cette  huile  efl  d*un  goût  fort  vif  »  fit  fe  vobri- 
life  aifement*  Son  odeur  participe  de  celle  de  la 
cannelle  6c  du  camphre. 

Le  cam;  bre  qu'on  tire  de  la  cannelle  cft  blanc  ; 
fon  odeur  eft  moms  forte  que  celle  du  cam- 
phre ordinaire,  Il  tft  uès-voUiîl  iU  fort  facile  4 
s*enflammer>  Ll  ne  laiffe  point  de  réûdu  après  (i 
cumbuflion- 

Les  feuilles  du  cannellier  mlfes  ca  difllUatlon  , 
donnent  une  huile  qui  a  Todeur  de  girofle  :  elle  cft 
d'abord  trouble  ;  mais  elle  s'écUircit  enfuite  ,  6c 
eîie  acquiert  prefaue  les  mêmes  propriétés  que 
celles  de  l'ccorce.  Son  odeur  efl  ttb-fuave  fie  très- 
agréable. 

On  tire  des  fruits  ,  par  la  dtfltllatron,  une  huile 
edentîcllc  dont  l'odcui:^  tient  du  girofle,  du  genté* 
vre  fit  de  la  cannelle. 

On  en  tire  par  la  dccoâion  une  efpêce  de  graifie 
d*iine  odeur  pénétrante  ,  qui  a  la  couleur  fie  la 
confiftancc  du  fuif ,  fie  qu'on  met  en  p^ins  comme 
le  fa  von  :  ctite  fubflance  fO  appelée  cire  de  la 
cajintUc,  parce  q»'en  effet  le  roi  de  Ondy ,  dans  le 
Mongoliflm  ,  en  fait  f<iire  dss  bougies  qui  répan- 
dent avec  la  lumière  une  odeur  ti ès-fuave. 

Les  vieux  troncs  du  caonelâer  pr  feotînt  des 
nœuds  rédnçux  qti  oi^t  IVdeur  ou  Koîs'de  rofe  , 
fk  qui  ftroie' L  u  4. -propres  pour  certains  ouvra- 
ges d*ebénifter:e. 

La  cannelle  ma:ic  ell  récoree  d'*«  vie»  X  troncs  de 
cannclîcrs,  quon  rqeftc  cojfiini.  Uiff  tort  infé- 
rieure à  tous  égards  à  la  fine  ca   ncuc. 

La  cannL'lle  dont  les  HolUndoïS  font  f  \\h  le 
commerce,  fe  récolte  dans  un  efpace  dcnvir'Mi 
quatorze  îienes ,  le  long  des  fjords  de  la  m;r  k  Ccy- 
lan  ;  cet  endroit  porte  le  nom  de  champ  Je  la  cj/î- 
r.elle ,  &  s*étend  depuis  Négambo  jufqu'à  G  A* 
Hères.  Ils  r<*  Wufent  croîrreque  la  qwanûte  a'arbres 
nécefiaircj  a  leur  n^J^cKC ,  ik  ils  oar  foin  de  faire 
arrach.r  tous  les  plants  qui  croiflTent  ailleurs. 
Cc'-eiidant  on  cft  parvenu  à  naturalifcr,  depuis 
piiifijurs  années  ,  le  cair-eilter  dans  quelques-unes 
de  nos  tflç;s  de  rAniènL|uc;  mai>  c'tft  au  temps,  à 
la  perfévér.mce  fit  à  rint-iligence  à  perfection- 
ner la  culiurc  de  cet  arbre  fi  précieux  >  8c  fi  fécond 
en  propriétés  de  toi^rc  tf,  ece, 

Oi  peut  être  irompt  le  deux  façons  dans  Tachât 
de  îa  cannelii-,  ou  p^v  julfJJjutio/j  ou  par  aUiratlon* 

i"".  Dans  le  premier  css,  on  vend  pour  la  vraie 
cann^l'e  l'éccrce  du  cajfia  llf^nea.  Mais  voici  les 
diflcrct  ces  par  letquclles  on  pcui  dlflinguer  Tune 
de  Fautre. 

La  cannelle  de  Cey lan  efl  longue,  mince,  caf- 
fante ,  roulée  fur  elle-même  en  bâtons  rougeâ- 
très,  d'une  faveur  piquante,  mats  agréable  & 
aromaiiquc  ;  au  lieu  ((ue  le  <:a£l^  lifn:^  Ve(ï 
be^îucoup  moins  ;  fou  écorcc  eft  épaiflfi,  6l  quand 
on  la  mâche  elle  devient  mucl'ag^neufe,  ce  qui 
n'arrive  pas  à  la  bonne  cannelle. 

La  cannelle  blanche  qu'on  tire  des  Mes  de  fatnt 
DominguG  fie  de  Madagafcar  cft  plus  épai  Je ,  d  ua 


334 


MUS 


blanc  fale  6c  cendré ,  d'une  odeur  de  mufcade , 
&  d*tine  faveur  trés-âcre  &  très-piquante. 

2®.  Par  altération  on  vend  la  cannelle  après 
avoir  été  diftillée.  Dans  cet  état ,  elle  conferre 
encore  un  peu  de  parfum ,  mais  elle  eft  dépouil- 
lée de  la  plus  grande  partie  de  fon  huile  eflentielle  : 
il  ne  lui  refte  qu*une  faveur  très-piquante  &  même 
aflez  défagréable.  La  fraude  eft  par  conféquent 
facile  à  découvrir. 

Des  bougies  frottées  d*huile  eflentielle  de  can- 
nelle» répandent  avec  la  lumière  Todeur  la  plus 
agréable  dans  un  appartement. 

On  fait  d'ailleurs  Tufage  que  Ton  fait  de  la  can- 
nelle ,  &  des  autres  efpèces  pour  les  ratafias ,  les 
liqueurs ,  les  eaux  odorantes  >  les  parfums  »  &c. 

Cannelle  des  Ifles  de  France  6»  de  Bourbon* 

Voici  des  détails  curieux  à  cet  égird  dans  le 
Journal  des  Ifles  de  France  &  de  Bourbon ,  n^  4  , 
du  6  août  1787. 

Le  rédafteur  obferve  d'abord  qu'il  fe  préfente  , 
pour  ces  deux  Ifles ,  une  nouvelle  branche  de  cul- 
ture ,  aifée ,  peu  difpendieufe ,  &  dont  le  fuccés 
paroît  certain  y  celle  du  cannellier.  La  corrcfpon- 
Hance  fuivantc ,  relative  à  cette  plante ,  ne  peut 
manquer  d^infpirer  une  jufle  eflime  pour  le  citoyen 
utile,  dont  le  principal  motif,  en  la  foignant  , 
a  été  d  ouvrir  une  nouvelle  fource  dlnduftrie  & 
de  richcfles  nationales  ;  &  certainement  elle  donne 
à  M^L  les  Adminiftrateiîrs  ,  toujours  empreffès 
à  fccondcr  les  vues  de  bienfaifance  &  d  utilité 
qu*on  leur  propofe ,  de  nouveaux  droits  à  la  recon- 
noiflance  publique, 

Premïcn  lettre  de  M.  deCoflîgny,  Ingénieur  des 
colonies ,  Chevalier  de  S,  Louis ,  6»  correfpon- 
djirt  de  V Académie  royale  des  fciences  ^  à  MM, 
/"  J'ioTTife  de  Sv-^iiilUc  6»  Motais  de  Narbonne  , 
c,7  date  du  12  juillet  1787. 

M  :{ri€urs ,  j*implore  votre  proteûion  &  votre 
hicr.fi.irance  en  faveur  des  colons  des  Ifles  de 
France  &  de  Bourbon  ,  qui  fe  livreront  à  la  cul- 
ture du  cannell'ie^.  Daignez  folliclter  auprès  du 
minifîrc,  Tcxempiion  de  tous  droits  ponr  Tim- 
portaiion  en  France,  de  In  cannelle  du  crû  de  ces 
Iflî-.  Peut-être  feroit-i!  à  propos  ,  dans  la  vue 
d'encourager  la  culture  ducinml'ier,  que  le  gou- 
vemcTTcnt  acordAt  une  gratification  ,  pendint  30 
ans,  U\T  Fimporra  ion  de  cette  denrée  en  France  ; 
cette  faveur  r.c  \v.\  f.-roit  pss  fort  à  charge  ;  car 
on  ne  peut  retirer  le  prc:r.icr  produit  du  cannellier , 
qu'api  65  fjpt  ou  hnitans  de  iranfpîantation.  Mais 
il  ne  m';ppartiu:t  pr.s  dî  trai:cr  cette  queilion  , 
&  jcmîbcrnjâ  Tcxpofi  des  f^its  que  j*<iikvous 
rapport»  r. 

J'ai  envoyé  en  France ,  par  le  vaiflTeau  l*Eli' 
pliéi/i: ,  pîrri  d'ici  au  mois  de  mars  178c  ,  deux 
cent  cin^juantc  livres  de  cannelle  préparée  à  Pal- 


MUS 

ma,  fuivant  la  méthode  que î*û détaillée  dansu 
écrit  public  qui  a  été  imprimé  ici  en  norcnke 
1784.  Tai  toujours  regardé  cette  ècorce  coiune 
une  cannelle  brute ,  parce  qu'elle  a  M  tirée  des 
branches    de   Tarbre  avant  qu'il  ait  étt   recépi 

Les  Hollandois ,  qui  ont  grand  foin  de  rccépèr 
tous  les  cannellicrs  qu'ils  cultivent  à  Ceylan  » 
recueillent  annuellement  une  quantité  médiocre  de 
cette  cannelle  brute ,  qu'ils  nomment  cannelle  de 
féconde  qualité.  Ils  n'en  envoient  point  en  Euro- 
pe ,  mais  ils  la  vendent  dans  les  Indes  à  un  prii 
très-bas.  La  cannelle  fine  ne  fe  tire  que  desitjc- 
tons  de  deux  ou  trois  ans,  qui  ont  pris  naiflânce 
fur  les  arbres  recépés.  Celle-ci  ed  réfcrvée  pov 
l'Europe.  Je  l'avois  préfumé  ainfi  d'après  mes obfer- 
yations  ;  elles  me  laifToient  fi  peu  de  doute ,  qne 
je  l'ai  avancé  comme  un  fait  pofitif ,  dans  le  mbat 
écrit  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  citer  ;  mis 
depuis  cette  époque ,  j'ai  eu  la  confirmatioo  de 
cette  vérité  par  mes  correfpondans  :  on  m'a  mtm 
afluré  de  plus  que  les  Hollandois  ne  domioîtDt 
aucune  préparation  à  leur  cannelle ,  foit  fiae  , 
foît  brute.  J'ignore  ce  qui  en  eft  :  il  eft  poffiUe 
que  la  cannelle  fine  n'ait  pas  befoin  de  préparatioai 
mais  je  fuis  perfuadé  que  la  brute  acquiert  parce 
moyen  des  qualités  qu'elle  n'auroit  pas. 

Quoi  qu'il  en  foit ,  celle  que  j'ai  envoyée  i  1*0* 
rient  en  1785  ,  avoit  été  préparée  fuivaot  m 
méthode.  Mon  correfpondant  ne  m'en  avoit  reodi 
aucun  compte  rannéederoiére  ;  il  l'avoit  vtaifen- 
blablement  oubliée ,  &  peut-être  ravoit-ii  oMi' 
^ée.  Elle  a  du  perdre  de  fa  Qualité  en  vieilli/um. 
Mais  j'ai  reçu  par  le  vaiflcau  le  Breton ,  arrivé  id 
en  mai  dernier ,  le  compte  de  vente  de  cette  can- 
nelle ;  cette  vente  a  été  faite  à  la  fin  de  1786,  ft 
par  conféquent  deux  ans  après  la  préparation  de 
cette  écorcc.  Une  grande  partie  a  été  avariie  , 
parce  qu'elle  étoit  dans  des  facs  de  voakoa  ;  elle 
a  été  vendue  4  llv.  la  livre  ;  une  autre  partie  de 
cette  cannelle,  montant  à  i^o  livres  net,  non  an- 
née ,  a  été  vendue  8  liv.  i  fol.  Permettez-moi , 
Meflleurs  ,  d'ajouter  ici  quelques  obfervaroos* 

I®.  Ce  prix  eft  très-encourageant,  vu  la  qifl" 
lité  inférieure  de  cette  cannelle  ;  car  j'ai  lu  dans  le 
Jjurnal  général  de  France ^  année  1786,  quel» 
compagnie  de  Hollande  ne  vendoit  à  Amflenbn 
fa  cannelle  fine  que  10  à  11  liv.  la  livre.  M.  //m^i 
qui  a  envoyé  en  France  vingt  livres  de  clous  de 
girofle  crcoi«rs  de  Bourbon  ,  m'a  écrit  qu'on  P*e» 
avoit  offert  à  fon  correfpondant  à  l'Orlcni  que  i 
liv.  la  livre. 

2^.  I!  me  paroît  certain  que  la  cannelle  fine  de 
notre  Ifl: ,  c'cft-à-dirc  ,  celle  tirée  des  rejctoasde 
2  ou  3  ans  des  arbres  qvi  auront  été  rccéfés»OC 
fera  pas  inférieure  à  celle  de  Ceylan. 

3®.  Le  dépouillement  6c  la  préparation  d'envi- 
ron 300  liv.  de  cannelle  n:  m'ont  pas  coûté,  pont 
aiiifi  dire ,  une  journée  de  noir  j  :  ce  font  mes 
domcftiques  &  les  convalefccns  de  mon  hôpital, 
qui  0.1:  été  chargés  do  ce  travail  pendant  deux 


MUS 

rooîf  ;  aâncllemenc  mcme ,  on  en  prépare  à  Pal- 
an depiui  deux  mois  environ,  &)Vn  ai  déjà  plus 
de  )oo  libres  de  prêtes. 

4*.  Au  lieu  de  Temballer  dans  desfacs  de  voakoa  , 
cuinc  la  préfervent  pas  tout-à-fait  de  rhumidiié  , 
éi  qui  rcatjfofent  à  être  rompue ,  ce  qui  diminue 
r&Qprix  ,  je  penfe  qu'il  vaut  mieux  lam.ttre  dans 
de«  barriques  bien  can»Jitionnèes. 

Le  canndter  rèfifle  beaucoup  mi:t]x  que  le  giro- 
ikr  3UX  intimpéries  des  failons ,  ^  même  aux 
çtiiagans*  Le  coup  de  vent  du  meis  de  décembre 
dcraier,  qut  a  lit  fi  funerte  aux  girofliers  de  la 
colonie ,  n'a  pas  détruit  un  feul  cannullitr  d^  Pa!ma, 
JcTiisquepluûcurs  cannellicrs  de  l'Iûe  ,  qulétoieni 
fonliauis,  ont  été  ciffés,  &  quelques-uns  méine 
(iètriuts  y  mais  on  n*a  donné  aucun  foin  a  ces  der- 
niers :  èc  j'obfcrve  que  la  culture  de  ces  arbres  , 
brfqu'on  veut  en  retirer  un  produit,  exige  abfo* 
Iwmem  qu'on  les  recèpe  :  par-là  ils  font  moins  expo- 
I  Tes  aux  ctForis  du  vent ,  qui  peut  rompre  quelques 
rejetons  >  mais  non  détruire  Ls  arbres.  J  ajoute 
qu'ils  deoiaiident  moins  de  foins  c^ucks  girofliers. 
Je  ne  répéterai  point  ici  ^  M.flieurs  ,  ce  que  i*ai 
dqî  détaillé  dans  un  ouvrage  public  fur  la  culture 
ducinneliier  y  &  fu:  la  préparation  de  Ton  éco'ce; 
mats  jf  prends  rengagement  de  rendre  compte  à  la 
Cfilnnic,  du  produii  de  la  cannelle  une  du  cru  de 
Pa'ma,  que  }e  compte  emporter  en  France  1  an- 
née prodiaine. 

Si  vous  jugez,  Melleurs,  mes  obfcrvarîons  irté- 
rvITaaicSt  je  vous  dt^mandc  la  permilHon  de  faire 
itu^Timer  cette  lettre  dans  le  premier  numéro  du 
Journal  des  liles. 

J'ai  Th  nneur  d'érrc  avec  un  profond  refpeéî  ^ 
Mcficurs  ,  Sic.  COSSIGNY. 

S^fQftp   de  MM*  Us  Ai'm-nïjlrattUTs y  en  date  du 
ï4  JuiJtt* 

Vos  obfervations  ,  Morfieur  ,  fijr  lecannellier  ^ 
fur  la  manière  de  Ta  voir  de  meilleure  qt  a  ité  ,  & 
fcrfa  Culture,  font  fi  iurèrcflaïues  pour  ce*t^'  colo- 
nie en  «énéral  ,  &  pour  c^uxtn  partitulitr  qui  fe 
juropofeni  d*t  n  faire  un  jour  un  objet  d'expov ta- 
rie n ,  que  loin  de  nous  borner  à  en  permettre  la 
publicité»  nous  vous   prons  au   contraire,  avec 
"^         .de  fiâire  inférer  dans  le  premier  numéro 
d\  de  cette  Iflv' ,  la  lettre  que  vous  nom 
iasî.s  t'hijnncur  de  nous  écrire  fur  c^^tie  matière 
"  ntjort  «nie, 

N"u^  ferions  donc  très-blâmables  d'éfe  mr^îns 

^fir«.i]x  que  vous  de  répandre  vos  Ivmié  e*^.  Nous 

emanHtfriïns,  en  conCéquenLe  de  vïh  inftun^cs  , 

mmid  c  du  dèpane*nertt,  \'  à  c^luî  de  U  ti-  an- 

,   l'cxcmprion  de  tous  droits  fur  la  cannelle,  & 

iéme  un  enc^ut  g  m^nt  pour  fon  imporraiion  en 

Vance  ,  m  i^  nous  dtftreri'ms  avoir  à  annonce r  en 

I.  mtrt.mp^  un  vnvfi  de  cette  prctieufl  è|  iceric  , 

&oa&^  y  PUS  plions  de  nous  en  iriAtuire  dans  le 


MUS 


335 


temps,  foît  qu*ii  s'agiffc  des  produftions  de  PaU 
ma  »  ou  de  toute  autre  partie  de  la  colonie. 

Nous  avons  riionncur  o  être  avec  un  rrè-^-âncàre 
attachement ,   &c,  ie  Vicomte   D£  Souillac  , 

MOTAIS    DE   NaRBONNE. 

Secande  lettre   de  M.  de   Co/îlgny,  Ingénieur  des 

colonies  y  Chnalur  de  S,  Limis  ^  &  corrcffon^ 
dant  de  C Académie  royale  des  fàcnces  ^  a  MAS, 
ie  Vkomte  de  Souillac  ù  Motais  de  Nai bonne. 

Mcfîreurs  t  1g  defletn  que  vous  avez  de  foUIcN 
ter  auprès  dit  minière  de  la  Marine,  &aup:è>de 
celui  des  Finirtces ,  Texemption  de  tous  droits ,  & 
inèm;-*  uncgratittcationpour  l'impur  taion  en  France 
de  la  cannelle  du  crû  des  deux  liles,  ne  fauroîi  être 
publia  tiop  tôt.  On  y  rccoanoitra  ces  fentimens 
de  bi'jntaifance  qui  vous  ont  toujours  animés  pour 
Ja  profpérité  des  colonies  confiées  à  vos  foins  patrio- 
nque>  j  &  je  ne  doute  pas  qu'ils  ne  contribuent  à 
étendre  la  culture  du  cannelfier. 

D'un  autre  côté,  Tattent-on  que  vous  avez  de 
vouloir  être  inftrnits  de  rer.voi  de  cette  épicerie  , 
mettra  radnitniftrarion  dans  le  cas  de  fuivre  les 
progrés  de  cette  culture,  6c  les  colons  à  Tabri  des 
difRculrés  que  pounoic  lui  faire  la  compagnie  des 
Indes ,  à  raifon  de  f  >n  privi'ége  exclufit.  Peut* 
être  qife lie  fuppoteroit  que  i^oirc  cannelle  e{l  de 
b  Chine,  quoiqu'il  y  ait  beaucoup  de  dift'érence 
eiTentîelle  entre  Tune  &  Pautrc  ♦  tant  pour  le  coup 
a  œil  que  pour  le  gt>ût.  Votre  annonce  <iu  minif- 
ne  d-js  envois  des  colons i  préviendra  toutes  .les 
ditîicuhés* 

J'âUrai  foin  ,  MeHGcurs,  de  vous  donner  avîs  ^ 
Icrfqu'il  fera  temps ,  de  rembarquement  de  la 
cannelle  de  mon  crû  ,  en  fpècifiant  exaflement  la 
quantiré  de  m  n  envoi,  Je  ne  puis  pas  affurer  d  a- 
vance  combien  j'en  récolrerai  cette  année,  puif' 
qu'il  y  a  près  de  huK  mois  que  je  fuis  mabde  , 
èc  que  je  n'ai  pas  vu  mes  plantations.  Tour  ce 
que  jt  fais  ,  cViî  que  j'en  ai  à  prcfent  3^0  livres 
de  préparées  *  &  je  f rifurie  que  j'en  aurai  près 
de  ^00  livres  àVrint  deux  mois.  ^, 

J'ignore  abfolument  ce  que  les  deux  colonies 
poj-trront  en  fournir  la  preinjèc  année,  en  fup;  o- 
(ani  que  les  hibitans  sVccupunt  tie  la  préparjrioa 
de  cette  deurée.  Mais  je  vous  obfcrve,  M^ifiturs  , 
que  d?.ns  cette  fuppofitlon,  la  deuxième  année  ne 
rendroit  pr'^fqiie  nen  ,  puifL(u*aj^rés  le  rccépagc  des 
arbres,  kl  taut  attendre  deux  ans  pour  la  coupe  des 
rejetons  Ic^  plus  foîfs ,  &  trois  ans  pour  la  coupe 
des  aufrcs. 

Le  canneîlier  eft ,  je  crois,  moins  multiplié  à 
Bourbon  qu'à  Tlik-de -France  ;  cepiindant  il  y  a 
des  en  Ions  da'»s  cette  pretiii-îre  lil:  qui  Tont  cuUi- 
véou  par  curiofné,  ou  rlaus  rclpoîr  d*tn  tirer  un 
|oiïr  pdTti,  Mt  Hubm  ^  que  j\ii  et»  1  honneur  de 
voi  s  ciitr  'Jans  ma  prtir.iètt  kttrc,  Wm  des  agrl- 
culteur-i  -es  tIus  iuiwll.j^ct  s  r^ue  ji.  cunroilTe,  & 
des  pîu>  zélés  pour  b  proipéritc  de  nos  co.onics. 


336 


MUS 


ayant  appris  par  moi-même  le  prix  de  la  vente  de 
ma  cannelle  brute  en  France,  Ta  regardé  comme 
un  ei^couragerilent  >  &  m'a  marqué  qu'il  fe  propo- 
Toit  d'exploiter  fes  cannellters,  oc  qu'il  efpéroit  en 
envoyer  en  France  cette  année  cent  livres  du  crû 
de  Ton  habitation  à  S.  Benoit.  Mais  vous  feres  par- 
faitement inllruits ,  moyennant  les  fages  précau- 
tions que  vous  propofez  de  prendre. 

Tai  1  honneur  d*ètre  avec  un  profond  refpeâ  , 
Meflieurs  ,  &c.  Cossigny.  Extrait  du  Journal 
général  de  France^  d'avril  1788. 

P  O  1  VR   E. 

Le  poivre  cft  une  'graine  aromatique  d'un  goût 
acre  oc  brûlant ,  dont  il  y  a  plufieurs  fortes. 

Poivre  noir. 

Le  poivre  noir  eft  un  fruit  deû'éché  ,  de  la  grof- 
feur  &  de  la  forme  d'un  petit  pois  rond.  Lorfqu*on 
l'a  dépouii'é  de  fon  écorce,  qui  eft  ridée  &  noirâ- 
tre ,  il  UiiTe  voir  une  fubllancc  dure  &  compaâe  , 
grifâtre  ,  ou  d'un  verd  jaune  en  dehors ,  blanchâ- 
tre en  dedans ,  d'une  faveur  acre ,  brûlante  & 
forte.  C'eil  Telpèce  de  poivre  dont  on  fait  la  plus 
grande  confommation. 

Le  poivrier ,  ou  la  plante  qui  produit  le  poivre 
noir ,  croit  en  abondance ,  fur  tout  dans  lesifles  de 
Jjva,  de  Sumatra,  du  Malabar,  &  autres  ifles 
dont  les  Hoilandois  font  les  maîtres. 

Li  racine  du  poivrier  eft  petite  ,  fibreufe ,  flexi- 
ble tk  noirâtre.  E'.ie  poufle  des  tiges  farmenteufes , 
Tiou-cufcs,  grimpantes,  ou  rampantes  lorfqu'ellet 
non  point  d'appui. 

Des  nœuds  de  ces  tiges ,  il  fort  des  fibres  qui 
pénéirent  la  teire,  &  y  prennent  racine  .-chacun 
d^  ces  nœuds  porte  des  feuilles  larges  de  trois  pou- 
ces &  long  Les  de  quatre  :  elles  font  d'un  verd 
foncé  en  ^.eJus  &  en  defTous,  folitalres ,  difpofées 
alternative:  ment. 

Alix  fleurs  qui  viennent  en  grappes  à  l'extré- 
mité delà  tige ,  fuccèdent  d  .'S  fruits  ou  des  grains  , 
au  nombre  de  vingts  trenr:,  d'abord  verdâttes, 
puis  rouges,  enfuite  noirâtres. 

Le  poivrier  fleurit  jufqu'à  deux  fois  dans  Tan- 
uée.  On  récolte  les  fruits  mûrs  quatre  mois  après 

3ue  les  fleurs  ont  difparu ,  &  on  les  expofe  ven- 
ant fept  jours  à  l'ardeur  du  foleil,  afin  de  faire 
noircir  &  rider  l'écorcr. 

On  cultive  cette  plante  en  fichant  en  terre  des 
parties  des  branches  que  l'on  a  coupées ,  &que  1  on 
met  prés  de  la  racine  des  arbres  qui  doivent  les 
foutenir. 

On  convertit  par  l'art,  le  poivre  noir  en  poi- 
vra blanc.  Et  voici,  fuivant  M.  GeofFroi,  le  pro- 
cédé des  Holland(>;s. 

On  enlève  la  première  écorce  du  grain  en  fai- 
fant  macérer  dans,  l'eau  de  la  mer  le  poivre  noir. 

Cette  écorce  erctérieure  fç  gonfle  &  fe  aévç  ; 


MUS 

on  en  retire  slors  facilement  le  grain  qui  cft  blanc 
&  qiic  l'on  fait  féchcr. 

Il  eft  dans  cet  état  beaucoup  plus  doux  &  plus 
commerÇdble. 

Quand  on  fait  tremper  le  poivre,  il  en  fumage 
bcawcoup  fur  l'eau  :  on  le  retire  aufli-tôt.  Ceft  ce 
qu'on  appelle  poivre  noir  U^r  de  Hollande. 

Celui  qui  fe  précipite  au  fond  de  l'eau»  f« nom- 
me poivre  pefant  a* Angleterre. 

Enfin ,  lorfqu'il  eft  dépouillé  de  fen  écorce  ,  on 
le'  nomm^  alors  poivre  blanc  de  Hollande. 

Ce^^poivre  blanc  faâice  eft  plus  pefant ,  à  to- 
lume  égal ,  que  le  poivre  noir  ;  fon  grain  eft  cor» 
ri.^ndé  :  il  eft  quelquefois  blanchi  d*un  peu  de 
poudre  &  de  farine. 

Ainfi  le  poivre  blanc  en  poudre  du  commerce , 
eft  fait  avec  le  poivre  noir  écorce,  foit  en  Hol- 
lande par  les  négocians  étrangers ,  foti  en  France 
par  les  débitans. 

Poivre  blanc. 

Lcff  fniits  du  poivrier  blanc  font  plus  petits  ipie 
ceux  du  poivre  noir  ;  mais  les  arbriffcaui  qui  don- 
nent ces  poivres  ont  peu  ou  point  de  diftéreoce  entre 
eux.  Au  refte,  on  a  peu  de  conooiflance  fur  le  poi- 
vre blanc  naturel  ;  & ,  fuivant  M.  GeofFroi ,  le  poi- 
vre blanc  du  commerce  n'cft  autre  chofe  que  le 
poivre  noir  dont  on  a  ôté  i'écorce  avant  de  le  faire 
fécher  de  la  manière  que  nous  venons  d*expliquer 
dans  Tarticle  précédent. 

Piment  ou  Poivre  dt  Guinée» 

Le  poivre  de  Guinée  eft  également  connu  dans 
le  commerce  d'épiceries  fous  les  noms  dépare 
d'Inde  ,  de  poivre  du  Brcjil ,  de  piment  de  Guinée  , 
de  corail  de  Jardin  ^  de  poivre  d'Efpagne  &  de 
Portugal ,   de  poivre  en  goujffe. 

Cette  plante  croit  naturellement  dans  les  deux 
Indes ,  &  fur-tout  en  Guinée  &  au  Bréfil  :  on  peut 
auffi  la  cultiver  dans  les  pays  chauds  de  TEurope. 

Sa  racine  eft  courte  &  très-fibreufe  ;  elle  poufle 
une  tige  à  la  hauteur  d'un  pied  &  demi  »  velue 
&  rameufe  ;  les  feuilles  font  longues ,  en  pente  & 
d'une  couleur  verte-brune.  Les  fleurs  croiftent  à 
la  naiftance  des  rameaux  en  rofettesà  plufieurs 
pointes  de  couleur  blanche. 

Le  fruit  qui  fuccede  aux  fleurs,  eft  sne  capfule 
large  &  grofl!c  comme  le  pouce ,  formée  par  use 
peau  un  peu  charnue,  &  qui  devient  d'un  rouge 
de  pourpre  dans  fa  maturité. 

Cette  gouife  eft  diviféc  intétieuremcnt  en  deux 
ou  trois  loees.  Elle  renferme  beaucoup  de  femen- 
ces  plates  oc  d'un  blanc  jaunâtre. 

Toutes  les  parties  de  cette  plante  9t\t  un  odeur 
&  une  faveur  fortes  &  acres ,  m«is  fur  tout  fon 
fruit 

On  fe  fcrt  de  ces  fruits  pour  aflaifonner  les  ait- 
mens* 

On  les  confit  suffi  au  fucre,  lorfqu'ils  font  encore 
verds  ,  &  l'on  en  fait  ufagc  dans  les  voyages  fur 

^er 


on  les  fait  macérer  dam  !c  vinat^^re  ,  8f 
dms  ce  dcinier  état  on  ics  emploie  comme  des 
câpres. 

Nous  foraines  obligés  d'acheter  des  Hollandoîs 
h  jgirofle  6c  la  cannelle  :  mais  pourquoi  fe  pour- 
VCifchei.  eux  de  la  plus  grande  putic  qui  fe  con- 
fidntnie  en  France ,  tandis  qu'on  pourrait  y  cultiver 
refpéce  de  poivre  ou  le  piment  que  l'on  vient 
de  décrire  ? 

Cette  pUnre,  femée  en  bonne  terre,  d^nnedcs 
produâions  "furprenantes ,  &  un  poivre  excellent. 
Si  bonne  qualité  ,  &  le  plus  ou  le  moin  de  mon- 
tant  qu'on  veut  lui  donner,  ne  confillent  que  dans 
farl  de  'c  façonner  ,  qui  eft  trè^-fimple. 

Le  piment  fe  féme  dru  au  printemps  fur  une 
cert  iMeo  préparée. 

Lorlque  fé  plante  eft  pirveniac  à  la  hauteur  d'en 
viroiî  ùx  pouces  ,  on  la  lève ,  &  on  la  tranfporte  fur 
une  terre  égîileinciît  bien  dlfpofée,  oïi  Ion  a  pra- 
tiqué avec  une  houe  ou  farcloir  ,  des  filions  de 
tH>t4  pouces  de  profondeur.  On  y  efpace  le  plant 
à  un  pied  l'on  de  l*aurre  en  tout  fens. 

Les  pîmens  font  dans  leur  parfaite  maturité  dés 
qu'ils  font  rouges  ;  &  c*eil  dans  cet  état  qu  il  faut 
Cueillir  oeyx  qu^on  veut  confcrvcr  pour  en  avoir 
la  fcm'Tncr, 

Mais  pour  en  fiire  du  poivre»  il  faut  les  cueillir 
rocore  verds  »  &  lorfqu^ils  vont  commencer  à 
rougir.  On  les  arrange  erifaite  dans  de^  paniers 
qu*Ofl  mtz  au  four  aum-tôt  que  le  piin  en  eft  retiré. 
Ils  y  deviennent  affez  fecs  pour  être  facilement 
pitès. 

Ofi  paiTc  la  poudre  au  tamis  de  crin ,  &  Von 
pile  de  nouveau  ce  qui  n'a  pu  pafler. 

Ce  poivre  a  la  couleur  &  Todeur  du  poivre 
f/fïc  iorfqu  il  eft  moulu  ;  &  Ton  affure  qu'il  eJl 
dteilleur ,  ptus  fain  &  moins  échauffant. 

Il  faut  obfcrver  feulement  que  ce  poivre  en 
poodre  doit  èire  gardé  en  lieu  fec ,  parce  qu'il 
prend  alfï^ment  de  rhumidué. 

On  cultive  déjà  de  cette  ef^ècc  de  pimepàX  en 
X^nguedoc. 

Le»  vinaigriers  en  font  ufage  pour  donner  plus 
e  fr>rce  au  vinaigre, 

C'ell  ici  le  lieu  de  parler  de  la  çrainc  d*une 
Kirre  plante  qu*on  peut  cultiver  en  France  avec 
uccèi.  Cette  gtaine,  dite  toutes  épices  ,  ou  n:e/ie 
*ii/vj£f  ,  lient  lieu  du  poivre,  du  giro^e»  6c  d'une 
«ante  du  feL  En  petite  dofe  elle  donne  aux  légumes 
n  goût  agréable.  Il  faut  avoir  foiu  de  bien  puj- 
érilef  ce»rc  graine  pour  s'en  fcrvir. 
Les  Indiens  font  avec  les  gouffes  de  oe  piment  , 
tne  pou'lre  de  ta  manière  fuivante  : 

ils  font  fécher  oes  gouifei  d'abord  i  l'ombre  , 
jui%  à  un  feu  lent  avec  de  la  farine  dans  un  valf- 
itau  de  terre.  Enfulteils  les  coupent  bien  menues 
Jrcc  des  cil'eaux ,  ils  jettent  fur  chaque  once  de  ces 
[Ouff^s  hathéeSt  une  livre  de  fine  farine,  dont  ils 
itm  une  pâte  bien  pi-irie  avec  du  levain.  Cette 
aie  étant  Itvée,  on  la  met  au  four  ;  quand  elle 
M.ttcrs,  Terni   V,  PanU*  U 


I  efl  cuire  on  la  coupe  par  tranches  -,  oa  la  fait  cuire 

'  de  nouveau  comme  du  bifcuit.  Enfin,  on  la  ridait 

en  une  poudre  paffie  au  tamis.  Cette  poudre  eft 

excellente    pour    aftaifonner    les   viandes,  pour 

exciter  l'appétit,  &  fortifier  Teftomac. 

Poivre  de  la  Jamaïque* 

C'eft  une  cfpéce  de  baie  aromatique  que  Ton 
fire  de  llfle  de  la  JamVtque,  &  qui  fe  nomme 
aulTj  dans  le  commerce /y/Tî^^-f  dti  An^lo  s  ^  toutes 
éptces  ,  poivre  dt  Thévct  ,  amomi ,  pimcnr  a  cou- 
fO/ire^  coque    dinde  aromatique^  tête  dt   cUtL, 

"^       aromate  réunit  a  lui   feu!    le  goût  de  la 


cannelle  ,  du  girofle 
rech  îrcher. 


du  poivre  ;  ce  qtii  le  fait 


L'arbre  qui  porte  cefrcit,  eft  une  cfpéce  de  myr- 
ine  à  feuiilcs  de  laurier,  mais  plus  grand  que  les 
noyers  d'Europe.  Il  eft  touffu  &  d  un  bel?.fpeft. 
II  fe  plaît  dans  les  terrains  fecs.  Son  tronc  eft  aflez 
droit  &  haut  ;  le  cœur  du  bois  eft  dur  &  pefant  ; 
il  devient  en  vieilifftm  d'un  noir  d'ébéne.  S§â 
ècorce  eft  Mk  &  miace  :  fes  feuilles  font  d  un 
beau  verd  ,  fort  longues  &  très  larges.  Sa  fleur 
qui  eft  petite  &  difpofce  en  rofc ,  croit  f»r  des 
pidiculcs  à  l'extrémité  des  tiges  :  elles  ont  une 
odeur  &  une  faveur  à  la  fois  de  cannelle  &  de 
giroflî. 

Le  fruit  qu'on  fait  deffécher  avant  fa  maturité, 
eft  rond,  plus  gros  &  plus  léger  que  le  poivre 
ordinaire  ;  fon  ècorce  eft  brune  &  un  peu  ridée; 
il  eft  garni  d'une  petite  couronne  au  haut ,  parta- 
gée eji  quatre  ,  contenant  deux  noyaux  noirs 
couverts  d'une  mtmbrane  noirâtre ,  d'un  goûiaro^ 
matique  un  peu  acre,  ât  quiapprocl^c  du  cbu  dt 
gàtofle. 

Poivre  long. 


La  plante  qui  porte  cette  forte  de  poivre  croit 

d^ns  le  Bc-ngale,  à  la  hauteur  de  fept  i  huit  pl^ds. 
Elle  diffère  du  poivrier  à  fruits  verds  par  fes  tiges 
qt.i  font  moins  llgneofes,  par  fes  fcuilïes  plu<  lon- 
gues ,  plus  vertes  ,  plus  minces  ,  &  ornées  de  trois 
nervures trés-faillantes;fesfteurs  font  monopétales, 
partagées  en  cinq  ou  iîx  lanières  fortement  atta- 
chées au  fruit  de  cette  plante. 

Le  fruit  eftcueiîli  &  dcfleché  avant  fa  maturité. 
Il  eft  grifâtrs  ,  de  la  grofleur  d  une  plume  de 
cygne  ,  bn^  d'un  pouce  &  demi,  cannelé,  &  garni 
de  tubercubs  preffcs ,  &  pbcéi  en  forme  de  réfeau. 
Il  eft  partap^é  intéritrurement  en  pluficurs  cellules 

membranettfes,daBschacunedefquelleseft  contenue 

un^  f^ule graine  arrondie»  irè^-petite,  noiràrr^en 
dehors ,  fit  d'un  goût  acre  &  un  peu  amer.  Beaucoup 
de  nations  fe  fervent  du  poivre  long  pour  affaifon- 
ner  leurs  alimens. 

On  confit  ïe  poivre  long  dans  de  la  faumure , 
ou  dans  du  vinaigre ,  pour  s'en  fcrvir  au  beioiiii 


^ 


338 


M  U  S 


Les  vinaigriers  en  mettent  dans  le  vinaigre  pour 
le  rendre  plus  fort. 

Gingembre. 

La  plante  que  porte  la  racine  du  gingembre  eft 
à  peu-près  iemblable  au  rofeau  ;  elle  pouffe  trois 
•u  quatre  petites  tiges  rondes  ,  rcRfl  jes  &  ronges 
à  leur  baie  ,  &  verdiitrcs  dans  L*  refte  de  leur 
longueur.  Quelques-unes  de  ces  tiges  l'ont  garnies 
de  feuilles ,  les  autres  fe  terminent  en  une  maffe 
écdilleufe.  « 

Les  tiges  feuiilees  ont  environ  deux  pîe.ls  de 
hauteur ,  &  font  formées  par  les  feuilles  mêmes 
qui  s'embraffent.Ces  feuilles, plus  petites  que  cel- 
les du  rofeau, font  en  grand  nombre,  alternes  & 
épanouies  en  tout  fens. 

Les  tiges  qui  fe  terminent  en  maffe  ont  à  peine 
un  pied  de  hauteur  ;  elles  font  entourées  &  cou- 
vertes de  feuilles  verdâtres  &  rougeâtres  à  leur 
pointe.  La  maffe  qui  termine  chaque  tige  eft  toute 
compofée  d'écaillés  membraneules  ,  d'un  rouge 
doré. 

Les  fleurs  fortent  de  Taiffelle  de  ces  écailles;  elles 
s'ouvrent  en  fix  pièces  aiguës  tachetées  de  ronge 
&  de  jaune.  Ces  fleurs  durent  à  peine  un  jour,  & 
s'épar.ouiffent  Tune  après  Tautre.  Le  piftil  qui  s'é- 
lève du  milieu  fe  termine  en  miffuc. 

Enfin  la  bafe  de  ce  piftil  devient  un  fruit  co- 
riace ,  oblong ,  triangulaire  &  à  trois  loges  rem^ 
plies  de  p!r.fi:ur>  graines. 

Cette  plante  naît  par  la  culture  dans  les  deux 
Indes  ;  elle  a  été  apportée  des  Indes  orientales 
ou  des  îles  Phiippines  dans  la  Nouvelle-£fpagne 
&  dans  le  Préfil. 

On  ramaiTe  tous  les  ans  une  grande  quantité 
de  racines  de  gingembre  ,  fur  lefquelles  les  fl.urs 
ont  féché  ;  ou  quatre  mois  après  qu'on  a  planté 
des  morceaux  de  fa  racine,  on  en  enlève  rècorce 
extérieure;  on  les  jette  dans  une  faumure  pour 
y  macérer  pendant  une  ou  deux  heures;  on  les 
retire  de  cette  leffive,&  on  les  expofe  autant  de 
temps  à  l'air  &  à  l'abri  du  foleil.  Enfuite  on  les 
étend  à  couvert  fur  une  natte  jufqu'â  ce  que 
toute  rhumidité  foit  diffipée;  quelquefois  même 
on  les  met  à  Tétuve. 

Les  racines  de  gingembre  étant  fraîches ,  peu- 
vent fe  confire  avec  du  fucre  :  on  en  fait  auffi 
des  marmelades  &  des  pâtes  qu'on  envoie  ainfi 
préparées  en  Europe.  Liur  couleur  eft  jaune ,  & 
le  goût  en  eft  affcz  agréable.  Cette  confiture  eft 
d'ulage  dans  les  voyages  fur  mer. 

Le  gingembre  intufé  dans  le  vinaigre ,  efl  bon 
pour  les  falades. 

Dans  le  commerce  de  l'épicerie ,  on  appelle 
pw^cmbre  cette  racine  defféché  qui  eft  tubercu- 
leufc,  noueufe,  branchue,  un  peu  aplatie,  lon- 
gue &  large  comme  le  petit  doigt.  La  fubilance 
en  eft  réfinéufê ,  un  peu  fibrée  ,  &  recouverte 
4'une  écorce  jaunâtre.  La  chair  eft  rouffâtre,  d'un 


MUS 

goût  acre,  aromatique  comme  le  poivre  »&  d*une 
odeur  forte  affez  agréable. 

On  l'apporte  sèche  des  îles  Antilles  en  Amé- 
rique, oii  cette  plante  eft  préfentemenc  cultivée, 
quoiqu'elle  foit  originaire  de  la  Chine  «  du  Mi- 
iabar  &  de  Tile  de  Ceylan. 

Le  gingembre  fec  eft  la  bafe  des  épîces.  On 
reproche  aux  marchands  de  s'en  ferivr  quelque- 
fois  pour  falfîficr  le  poivre. 

Vanille. 

La  vanille  efl;  une  gouffe  d'uncf  odeur  irès-fiiavc 
&  très-aromatique. 

La  plante  fur  laquelle  on  recueille  cette  gouflTe 
efl  fouple,  &  s'entortille  le  long  des  arbres.  Sa 
tige  eft  noucufc  &  de  la  groffeur  du  doigt.  Ses 
nœuds  ,  à  la  diflance  les  uns  des  autres  de  trois 
pouces  environ,  donnent  naiffance  chacun  à  une 
feuille.  Ses  feuilles  font  difpofées  alternativement 
&  fe  termiiurnt  en  pointes  :  elles  font  molles  & 
un  neu  acres  au  goiir. 

dette  tige  pouffe  des  rameaux,  &  à  leur  ex- 
trémité des  fleurs  it régulières,  compofiies  de  fir 
feuilles ,  dont  cinq  font  difpofées  comme  celles 
des  rofes. 

Les  feuilles  de  la  fleur  font  oblon gués,  étroites, 
tortillées  ,  blanches  en  dedans  ,  verciâtres  au  de- 
hors. La  fixième  feuille  occupe  le  centre. 

Aux  fleurs  fuccède  une  petite  gouffe,  molle,  char- 
nue, d'un  demi-pied  environ  de  longueur,  d'un 
roux  noirâtre  lorfqu'elle  eft  mûre,  remplie  d'une 
infinité  de  petites  graines  noires  &  luifantcs. 

Le  vanillier,  dont  on  diftingue  pluficurs  fortes  , 
croît  à  Saint-Domingue,  au  Mexique  &  au  Pérou. 
La  différence  entre  ces  cfpèces,eft  que  les  fleurs 
du  vanillier  du  Mexique  font  unies,  &  que  les 
gOî:ffes  ont  une  odeur  très-r.gréable ;  au  lieu  que 
le  vanillier  àt  Saint  Doniingue  produit  des  fkurs 
blanchâtres,  &:  des  gouffcs  qui  n'ont  point  .d'o- 
deur. 

On  diflingue  dans  le  commerce  trois  dtffèrco* 
tes  vanilles  :  la  première,  ^ont  b  gounc  eu  plui 
groffe  &  plus  coune,  eft  appelée   pir  les  Eipa* 
gnols  pompùna  ou   bùvj,  ,  c'eft-à-dire,  enflée  ooJ 
boufiie.  •     '• 

La  deuxième ,  qui  eft  plus  recherchée,  aLi  ^otif 
plus  mince  Se  pius  longue:  on  La  nomme  vAnilicJ 
de  Icy  on  Icg. 

La  troifiéme  eft  h  vantUe  bâc:tfcîc,  & 
fimirona  ;  fa  goiiffe  eft  It  plut  peîltc  à% 

Il  eft  rare  que  les  Indiens  ne  mcl; 
vanille  %,  quç;lques-unc4  des  dêioi  x 
inférieures. 

On  apporte  quelquefois 
de  VIndoftan ,  très  groff^ç 
de  prunes. 

L-s  gouffes  d 
molles ,  rouilîtr  ^ 

caffantes. 


MUS 

La  palpe  qu'elles  contiennent  efl  royflatre  ,hm- 
leufe  &  remplie  d'une  infinité  de  p  tites  graines 
d'un  noir  luîfant  ,  ayant  l'odeur  du  baume  du 
Pérou* 

Ces  gonfles  font  quelquefois  recouvertes  d'une 
aeur  faline  &  brillante ,  qui  n  eft  autre  chofe  que 
le  fel  effentiel  de  ce  fruit ,  qui  a  tranfudé  an  de- 
hors par  la  chaleur. 

La  récolte  de  la  vanille  fe  fait  au  Mexique 
dans  les  mois  de  novembr::  &  décembre. 

On  lîç  les  gouflï^  par  le  bout ,  &  on  les*  met  à 
l'ombre  pour  les  faire  fécher,  &  pour  les  garan- 
tir d'une  humidité  fuperfliic ,  qui  pourroit  les  faire 
corrompre. 

On  aplatit  ces  goufles  doucement ,  &  on  les 
oirgt  foieneufement  avec  un  peu  d'huile  de  coco 
ou  de  caTba ,  pour  les  empêcher  de  fe  roidirou  de 
fe  rider. 

Enfuite  on  les  enliafle  par  paquets  de  cinquante , 
de  cent ,  ou  de  cent  cinquante  gouiîls. 

Quand  on  laifl^e  trop  long-iemp;  h  vanille  mûre 
fur  la  plante,  elle  crève,  &  il  en  diftille  une  li- 
queur balfamique  odorante  ,  qui  fe  ccndenie. 
Les  Mexicaios  ont  foin  de  recueillir  cette  li- 
queur. 

U  y  a  des  mi-rchands  au  Mexique,  qui,  après 
avoir  recette  les  gouATes^ont  la  mauvaife-foi  de 
les  ouvrir,  &  d'en  reiircr  la  pulpe  aromatique  , 
à  laquelle  ils  ûibflituent  des  paillettes  ou  d*autres 


MUS 


539 


corps  étrangers;  ils  ont  enfuite  la  psifide  adrcfTc 
d'en  boucher  les  ouvertures  avec  un  p  ;u  de  coîk  , 
ou  de  les  coudre ,  &  de  les  entremêler  avec  la 
bonne  vanille  qu'ils  font  palTer  en  Europe. 

D'aunes  falfificateiirs ,  lorfque  la  variile  efl  trop 
defféchce,  &  qu'elle  a  perdu  fa  qualité  en  viJI- 
liffant,  la  mettent  dans  l'huile  d'amand:-  (..jce 
avec  du  florax  &  du  baume  du  Pérou.  Ceire 
faîfificarion,  qui  rajeunit  en  effet  la  \-?nille,  & 
qui  lui  donne  une  affez  bonne  ocsiir,  cil  la  plus 
difficile  à   reconnoître. 

Les  endroits  oii  la  vanille  fe  trouve  en  plus 
grande  quantité  &  de  meilleure  qualité,  font  la 
cote  de  Cnrjque  &  de  Carihrgène,  llfthme  de 
Davien  ,&  toute  l'étendue  qui  elt  depuis  ca  iflhmc 
&  le  golphede  faint- Michel,  jufqu'à  Panama,  le 
Jucatan  oc  les  Honduras. 

On  en  trouve  auffi  dans  la  terre -ferme  de 
Cayenne,dans  les  cantons  frais  &  ombragés. 

La  vanille  tfl  un  aromate  dont  il  taut  uCer 
avec  modération.  Il  donne  un  goût  &  une  odeur 
agréables  au  chocolat. 

On  peut,  par  le  moyen  de  Tcfprit-de- vin,  ex- 
traire la  partie  réfineiife  odorante  de  la  vanille, 
fie  avec  cette  effence  parfumer  des  liqueurs. 

^  Les  Indiens  nomment  anis  arack ,  la  liqueur 
d'anis  aromatifée.  de  vanille  ,  &  en  général  ils 
appellent  arack  [qs  pâtes  fucrées  &  autres  prépa- 
rations aromatifées  par  l'efTence  de  vanille. 


VOCABULAIRE. 


/\MOMi  ;  efpèce  de  poivre  ou  de  baie  aromatique 
fue  l'on  tire  de  la  Jamaïque. 

Antofle  de  Girofle  ;  c*eA  le  nom  que  Ton 
donne  au  fruit  du  giroflier  lorfqu'il  efl  mûr. 

BovA.  Les  Efpagnols  donnent  ce  nom  à  une 
efpèce  de  vanille  dont  la  gouflj  efï  enflée  Ik 
bouffie. 

Camphre  du  cannellîer.  Le  camphre  que  l'on 
&re  de  la  cannelle  par  la  difiillation,cfl  blanc  & 
d'ufie  odeur  affez  douce  :  il  efl  volatil  &  facile  à 
s'eoflammer. 

Cannelle  ;  c'efl  la  féconde  écorce  très-aromati- 
que de  l'arbre  appelé  cannellier. 

U  cannelle  tait  partie  des  éplces. 

Cannelle  matte;  c'efl  l'écorce  des  vieux 
^ncs  des  cannelliers. 

Cannelliek,  arbre  dont  la  féconde  écorce 
knùt  la  cannelle  ;  cet  arbre  s'élève  à  la  hauteur 
de  n'ois  à  quatre  toifes. 

Caraque  {vanille  de);  c'efl  une  bonne  va- 
nille que  Ton  retire  de  la  cote  de  Caraque,  dans 
r^mérique  méridionale. 

CiSNJMOME  OU  CINSJMOMUM  ;  pom  qu'on 
donne  à  une  efpèce  de  cannelle,  &  à  la  cannelle 
mime. 


Cire  de  cannelle  ;  efpèce  de  graiffe  d'une 
odeur  pénétrante ,  qui  a  la  couleur  &  la  confif- 
tance  dd  fuif,  qu'on  obtient  par  la  dccoftion  des 
fruits  du  cannellier. 

Clou  matrice  du  girc/le  ;  c'efl  le  fruit  du  giroflier 
qui  eft  darts  fa  nidtnriré. 

Coques  d'Inde  aromatiques  ;  efpèce  de 
poivre  ou  de  baie  aromatique  que  Ton  tire  de  k 
yam;/ique. 

Corail  de  /aRdin  ;  forte  de  poivre  que  l'on 
tire  de  Guinée. 

EpicEs;  nom  que  l'on  donne  aux  plantes  & 
fruits  aromatiques  qui  fervent  pour  raifaifonne- 
mcnt  des  viandes  ,  &c.  On  entend  principalement 
par  le  mot  d'épices ,  la  mufcade ,  le  girofle ,  la 
cannelle,  le  poivre,  le  gingembre. 

Fleur  de  muscade  ou  macis;  c'efl  l'enve- 
loppe qui  couvre  immédiatement  la  noix  mufcade. 
Le  macis  fait  partie  des  épices. 

Gingembre  ;  racine  aromatique  qui  vient  des 
Indes  orientales ,  &  qui  fait  partie  ces  épices. 

Girofle;  c'eft  le  fruit  aromatique ,  en  forme 
de  clou,  que  fournit  le  giroflier.  Il  fait  partie  des 
épices. 

Giroflier   ;   arbre   qui    produit    le    girafle 


340 


MUS 


Cet  arbre  eft  de  la  grandeur  &  de  la  forme 
du  laurier. 

Ikdostan  {yanille  de  F  ).  On  connoit  fous  ce 
nom ,  dans  le  commerce ,  une  forte  de  vanille  peu 
eiliméos  dont  la  gouiTe  eA  grofle ,  courte ,  &  d*une 
•deur  d«  prune. 

LiY  ou  LiO  j  nom  que  les  Efpagnols  tiennent 
à  la  vanille  dont  la  goufTe  eft  mince  &  longue; 
c*eA  de  toutes  les  fortes  de  vanilles  la  plus  efli- 
mèe. 

Macxs  ;  c*eft  une  membrane  partagée  en  plu- 
fieurs lanières,  d'une  fubftance  vifqueufe  &  d*une 
•deur  aromatique,  qui  couvre  immédiatement  la 
noii  mufcade. 

Le  macis  fait  partie  des  épkcs. 
Manioque  ;  efpèce    de  noix  mufcade  plus 
alongèe,  moins    aromatiaue,  &  moins  eftimée 
que  la  mufcade  des  iles  Moluques. 

Muscade  ;  noix  aromatique  de  la  figure  d'une 
olive  »  qui  (ait  panie  des  ipicts. 

Muscadier  ;  arbre  qui  produit  la  noix  muf- 
cade. Cet  arbre  eft  de  la  grandeur  d'un  poirier. 

Piment  ;  c'eft  une  efpéce  de  poivre  dont  il  y 
Indifférentes  qualités. 

PpiYRB  ;  graine  aromatique  d'un  goût  acre 
&  brûlant ,  qui  fait  partie  des  ipkts. 

Poivre  blanc  ;  efpèce  de  poivre  dont  la 
graine  eft  plus  petite  que  celle  du  poivre  noir. 


MUS 

Poivre  long  ;  efpèce  de  poivre  «  long  dToa 
pouce  &  demi ,  eft  de  la  groffeur  d'une  pluoM  de 
cygne. 

Poivre  noir  ;  c'eft  le  fruit  defleftité ,  de  la  grof- 
feur  &  de  la  ferme  d'un  petit  pois  rond,  que  Ton 
obtient  du  poivrier. 

Poivrier  ;  plante  qui  produit  le  poivre. 

PoMPONA  ;  nom  que  les  Efgagnols  donnent  à 
une  forte  de  vanille  dont  la  gouSe  eft  courte  & 
groffe, 

Recépxr  un  arbre,  c'eft  en  couper  entièrement  la 
tète  pour  le  greffer  ou  lui  faire  pouffer  de  nou- 
velles branches. 

SiMAROKA.  Les  Efpagnols  nomment  ainfi  une 
efpèce  de  vanille  bâtarde  dont  la  gooiÔre  eft 
petite. 

Tête  de  clou;  efpèce  de  baie  aromatique  que 
l'on  tire  de  la  Jamaïque.  ' 

Toutes  épices  ;  c'eft  Tcfoêce  de  poivre  on  de 
baie  aromatique  qu'on  tire  de  la  Jamaïque. 

Vanille; c'eft  b  gouffe  aromatique  d'une  plante 
qui  croit  au  Mexique ,  au  Pérou ,  «  dam  d*autres 
endroits  des  Indes  &  de  rAmériqur. 

Vanillier;  c'eft  une  plante  foupk»  entortillée 
&  grimpante,  qui  produit  une  gouffe  aromatique 
qu'en  nomme  vanillef 


N  A  C 


N  A  e 


M-' 


NACRE     ET     PERLES     FINES. 


J^A  HACKt  c(ï  cette  partie  bnlknte,  argentée  & 
oneniée  comme  les  perles ,  qui  £e  remarque  dans 
ccnuîQf  coqullagcs. 

Ptufieurs  de  ces  coquillages    n*ont   une   nacre 
qoVfi  leur  furtace  intcnciirc  ;  &  d'autres  ont  be- 
[  unud'érre  dépouillés  deleiirdrsp  marin  &  même  de 
I  leur  pelticule ,  pour  que  Ton  découvre  leur  nacrt. 
Le  tauris  marina^  petit  poUTon   de  mer  qui  eft 
m  croéee  d'huître,  a  une  coquille  très*unie  S: 
trés'poiie  intèrleuretnent^  avec   la  blancheur  fît 
Teau  de  la  perle  mèn^.  Le  dehors  fait  voir  un 
luffre  (emblable  ,  après  qu*on  a  nettoyé  avec  de 
1  cm  forte   &  te  rourec  du  lapidaire ,   les    pre- 
nières  lames  ou  fcutUes  qui  compofent  la  cou- 
che ou  la  tunique  extérieure  de  cette  belle  co- 
^Ule. 

Le  ^ur^au  cR  Terpéce  de  coquille  dont  la 
nacre  eft  la  pîus  riche  &l  îa  plus  brillante.  CcA  uo 
finod  limaçon  à  bouche  ronde,  fort  commun  dans 
les  At^tillci.  Lorfqu  on  retire  ce  coquillage  de  la 
mer»  il  eA  enveloppé  d'une  robe  grife-brune  ; 
siinà  Taîdedes  acides  on  parvient  k  enlever  toute 
U  mitiére  terreufc  &  Tépiderme  qui  Tenviron- 
noient  ;  on  fait  cnfuite  palTer  le  burgau  fous  une 
meute  douce  :  alors  on  volt  briller  une  coquille 
^entèc  êc  nacrée,  avec  des  nuances  dUris  admi- 
>uks.  Il  y  a  une  clpécc  de  burgau  émaillé  de 
^cnquc  Ton  appelle  peau  dt  ferpent,  ^^^^ 

Les  ouvriers  tirent  de  ces  diveries  fortes  de  co- 
<|uiUes ,  furtoui  de  Tefpéce  nommée  rjutUe^  la  plus 
telle  ^*îfrr,  qu'ils  appellent  ^/^r^ifwi/;îf  ,  beaucoup 
pîus  brillante  que  celle  des  perles.  On  fait  fcrvir  la 
■i^cre  à  divers  ouvrages  de  bijouterie ,  comme 
^baiîéref  »  manches  de  couteaux  ,  etuSts ,  &c. 

Voyez  ce  que  nous  avons  dit  dt  la  manière  de 
<»^irailler  la  nacre  ^  tome  II  de  ce  diâtonnaire  , 

Des     PiRLti. 

Le  coqijilîage  appelé  nacrt  di  ptrles ,  mirt  de 
fifks ,  fmitrt  à  icdUie  nacrée ,  eft  une  efpèce 
dliulir^  à  écaille  tiacrée  «  qui  varie  en  gran- 
deur •  6i  qui  fe  pèche  principilement  dans  les  mers 
«riefitales  &  dans  IMlr  de  Tabago. 

Ce  coquillage  bivalve  td  pefant ,  ridé  &  âpre , 

Eis  en  dehors  ;tl  cA  d*un  blanc  argenté  ,  uni  âc 
ifani  en  dtdans.  La  coquille  Je  ccne  huître  pcr* 
Uàrc  ci1g'ar'de,épa'^f  &  peu  creufe.  Elle  produit 
des  pcî'  *     *  s  6t  en  plus  grand  nombre  que 

lout  ât  .% 

Toutes  Ic^  coquiUcs  bivalves,  dont  rimé  rieur 


cft  nacré  ,  produifent  auffi  des  perles  ,  mais  bien 
moins  Anes  :  on  en  trouve  dans  les  coquilles  dites 
U  marteau  t  dans  la  yintjdc ,  d^ns  Vhtrcnd<tU  ou 
mouchittt  ^  dans  les  huîtres  communes  bi  dans  les 
moules. 

L  opinion  b  plus  commune  &  la  plus  vraifem- 
Mablc  ,  attribue  la  produâion  des  perles  à  Tabor» 
daiice  de  la  liqueur  nacrée,  qui,  çn  tranfudini 
de  ranimai*  a.  dirtillè par  gouttais  oupsr  petits  pelo- 
tons plus  ou  moins  réguliers  qui  le  font  conglo- 
mérés. On  prétend  aufli  que  U  perle  doit  fon  exif* 
tence  aux  ennemis  de  Thaitre  ,  ou  à  des  accident 
qui  font  des  trous  à  la  coquille.  L'animal  les  bou- 
che avec  la  liqueur  nacrée,  qui  prend  une  forme 
épai^Te  &  ronde.  A^ors  on  pourroit  produire  dss 
perles  avec  le  fecours  de  Tait,  foit  en  perçant  la 
coquille  »  foit  en  faîfarit  parquer  de&  huîtres  ou  des 
moules  dans  des  étangs,  où  Ton  mettrolt  lies  fcolo- 

f cendres  maritis  ,  qui  s'-*irtachcnt  aux  coquilles  ,  & 
es  taraudent  en  y  faifant  des  trous  regvJters  àL 
affez  grands.  En  efflt ,  le  célèbre  Linœus  avoit 
trouvé  le  fecrct  de  multiplier  les  perles  bc  de  les 
grofTir ,  fans  doute  par  ce  moyen. 

On  dit  même  que  quelques  Afr tiques,  vot- 
fins  des  pêcheries  de  perles,  ont  radrefîc  d^inférer 
dans  les  coquilles  des  huîtres  à  perles  ,  de  petits 
ouvrages  qui  fe  revètlffent ,  avec  le  temps  ^  de  la 
matière  qui  forme  les  perles. 

Comme  on  obfcrve  auffi  quelquefois  dans  les 
moules  d'étang  ,  Textravarton  du  fuc  perlé,  ne 
pourrait- on  pas  également  tenter  de  fe  procurer 
de  ces  petits  ouvrages  incruftés  à  la  manière  des 
Afiatiques  ? 

Les  perles  font  répandues  par  toute  h  fubftaoce 
deTanimil^  dans  latête  ,  dans  fenyeloppe  qui  le 
couvre,  d^ns  les  mufcles  circulaires  qui  s  y  ter* 
minent  ,  dans  l'eftomac ,  &  en  général  dans  tou- 
tes les  parties  charnues  &  mufculaires;  mais  princi* 
paiement  elles  font  adhérentes  à  la  furftàce  Inté* 
Heure  de  la  coquille. 

Il  y  a  communément  dans  chaque  oacre  une  ou 
deux  perles  feulement  ,  mieux  fermées  que  let 
autres. 

Prefque  toutes  les  perles  fe  tarent  des  pays  étran- 
jçers*  On  en  ce  m  >  te  quatre  grandes  pêcheries  datis 
rorient  ;  la  première ,  dans  rifle  de  B^haren  dans 
le  golfe  Perfiquc  :  la  féconde ,  fur  la  côte  de  fArn- 
b  e  heureufe ,  proche  de  la  ville  de  Califa  ;  la  tr oi- 
fième,  prèsdeliflede  Ccylao  ;  la  quatri^t,  fur  la 
côte  du  Japon*  Il  y  a  quatre  autres  pécueries  de 
perles   dans  roccidentv  qui  font  fttuécs  dans  le 


342 


N  A  C 


f '.>)fe  du  Mexique  ,  le  îohî;  c!e  la  côte  ce  la  nûUr. 
vclle  Efpagne.  On  pèche  'avaTi  des  pcrcs  d.:ns  la 
Médtrerranc'î  S-i  ùir  [:s  co:cs  de  rOciaii  ,  en 
li^'oiFe  tk  ailkuis. 

On  trouve  encore  des  perles  dans  les  moules 
M'.ron  lire  de  la  petite  riviéte  de  Valogne  ,  au  bas 
des  u:ontagncs  des  Vofgcs ,  &  dans  d'autres  riviè- 
ics  Se  îacs  de  la  Lorraine. 

La  pèche  des  perles  près  de  Tifle  de  Ceylan  , 
a^paricnt  à  la  compagnie  des  Indes  de  Hollande, 
o^  lui  donne  un  grand  bêncLicc,  par  l'cfpéce  de  tri- 
but que  lui  doit  chaque  bateau  qu^fclle  permçi  aiïx 
1  ibiians  d  aii;)loyer  à  ccitc  pèjhe. 

Le  temps  de  cette  p^clic  tft  er.  mars  &  avril , 
îx  quclquef  jis  il  y  a  une  féconde-  pêche  dans  les 
îîiois  d'îioiu  &  de  (v-ptcnibré.  On  frât  d*abord  dei 
cTais.  Des  plongeurs  ucchent  chacnn  quclq^uéis 
inllliers  d'huîtn.s  à  perîeç  -qb^ils  apporterit  fur  ih 
rivage.  On  met  à  p.irt  les  perles  qi'*ou  y  trouve  \ 
t<  fi  cet  cfiai  promet  une  pérhe  aboud'^'-te  &  lu- 
crative ,  la  compagnie  ciîs  Lides  en  fait  publier 
louverturc  'îk  les  aVant. ges.  .  '  ' 

.  Alors  le;  pêcheurs  arrivent  avec  leurs  bateau  ■•. 
Les  eommiffaires  HoiUndois  vicnneiit  en  même 
temps  de  Colombo  ]K)ur  prcfider  à  la  pèche,  qui 
ed  annoncée ,  dès  lé  matin ,  parun  coifp'  de  canonl 
A  ce  ftgnal ,  tous  les  bateaux  partent  &  i^îivancerit 
dans  la  mer  5  précédés  de  deux  chaloupes  Hollan- 
doifes ,  qui  mouilL^nt  l'une  à  droite;  oc  Vautre  k 
gauche ,  pour  affigner  à  chactinlds' limites  de  Ten- 
a  toit  oU  Ton  peut  pêcher. 

Un  bateau  a  plufîeiirs  plongeurs  qui  vont  ^oùr- 
à-tour  à  Tcau  ;  &  dés  que  l'un  rcmotite ,  Tautre  s*en- 
fbncq.  Ces  plongeurs  font  attachés  à  une  corde, 
dont  le  bout  tient  à  la  vergue  du  pcttt'bâtimchf, 
ce  façon  que  les  matelots  du  bateau  peuvent ,  au 
moyen  d\ine  poulie ,  tirer  ou  lâcher  cette  corde 
fuivant  qu'il  ell  néceffaire. 

Le  plongeur  a  une  pierre  du  poïds  d'envirôç 
trente  livres,  aitichéeatîx  pids,  afifi  d'enfônçé;- 
\Aas  vite ,  &  porte  un  f :C  à  fa  ceinture  pour  y 
ir^ttre  les  huîtres.  Lorfqu'il  eA  dcfcendu  au  fond 
d€  la  mer  »  il  court çà  &  là ,  tantôt  fur  du  fable, 
tantôt  fur  une  vafe  vifqueufe  ,  ou  fur  des  pointes 
de  rocher  ;  il  ramafle  à  la  hâre  lei  huîtres  qu'il 
met  dans  fon  fac  ;  &  s'il  y  en  a  plus  qu'il  nVn 
peut  emporter,  il^n  fait  un  monceau  qu'il  revient 
chw-rcher  ,  ou  que  fon  camarade  cfl  avcrâ' d'aller 
reprendre. 

:  Quand  le  plongeur  veut  revenir  à  l'air ,  il  tire 
fortement  une  petite  corde ,  différente  de  celle  qui 
lui  tient  le  corps ,  afin  d'avertir  un  ou  deux  ma- 
telots,  attentifs  à  fcs  mouvomens  &  à  fes  befoins.« 

Il  cil  rare  qu'un  plongeur ,  «xercé  dès  fon  en- 
fance à  fon  pénible  métier ,  puifTc^  retenir  fon  hu- 
kinc  au-delà  de  i%  à  15  nùnuxes.  Hiinetducoton' 
dans  fcs  narines  &  dans  A:SH>reillc^V'&il  g.vanrit 
fjs  mains  avec  des  mitaiuies  de  cuir  lorfqu'il  crarnt 
les  |)ojntes  des  caillçux  4Ui  des  rocbersi  II  a  auiH 
li.:  lii/Tiument  de  f&r  pour  détacher  les  huîtres  à 


N  A  c 

.  perles  qrand  elles  font  adhérentes  à  des  pierres 
ou  à  des  rochers. 

Les  plongeurs  font  quelquefois  très-près  l'un  de 
l'autre  ;  il  c(ï  même  arrive  fouvcnt  «pie  ces  mal- 
heureux fe  font  battus  au  fond  de  la  mer  pour 
fc  difputer  des  tas  d'huîtres.  On  dit  que  ces  plon- 
geurs ,  enfoncés  à  foixante  pieds  fous  les  eaux ,  y 
.voient  aufli  diftindement  que  fur  terre.  Mais  on 
ne  peut  fe  diHlmuler  qu'en  enfonçant  fi  profondé- 
ment dans  la  mer ,  ils  ne  courent  de  erands  rifques, 
foit  par  qi;clques  chocs  pûrilleux,  loit  par  la  vo- 
racité des  gros  poiffons  &  des  requins,  ou  far 
défaut  de  rcfpirstion.  Un  plongeur  ne  peut  fe  !;ré- 
cipiter  plus  de  fc^Ji  ou  hi.it  fois  par  jour  au  fond 
des  caiix.  Ce  travail  fe  termine  ordinairement  à 
m'Hî.  A  ors  tous  les  bateaux  regagnent  le  rivace. 
Qii  *nd  on  cft  arrivé ,  le  maître  du  bateau  fait 
t'rknfporter  les  huîtres  d.ns  une  efpèce  de  parc 
ou  fyffc  creuféc  dans  le  fable.  On  les  étê.le  à  l'air, 
&  l'pn  attend  qu'elles  s*<jLV;etit  d'elles- w ème$  ; 
ce  qui  dure  trois  à  quatre  jours.  On  en  retire 
alors  les  perles  fans  les  endoinniii^er  ;  on  lc!j  lave 
bien ,  puis  on  los  pofe  fur  de  petits  ba(!;ns  à  cri- 
bles, qui  s'entalfent  les  u-.s  dins  les  autres,  en 
forte  qij'il  y  ait  une  diilancc  îiîKifante  entre  ceux 
de  dï^ifus  &  ceix  de  defTo  js.  Les  trous  du  iecand 
crible  font  plus  petits  que  ceux  ..m  premier,  &  ainfi 
des  autres. 

Les  perles  qui  ne  paffent  point  parle  premier 
crible  loin  du  premier  ordre  ;  celles  qui  reftent 
dans  lé  fécond  font  du  d;:uxième  ;  ainîi  jufqu'au 
dernier' Cîibft,  lequel  n'étant  point  percé,  re- 
çoit les  plus  petites,  qu'on  nommi  fia: cnces  de 
perUs, 

Les  Hollandols  fe  rcfervent  toujours  le  droit 
d*aiS1fcier  les  plus  grortcs  perles  &  les  plui  belles; 
au  moins  ils  ont  la  pr  jfûjnjc  fur  le  p;ix  qu'on  en 
offre.  On  prétend  que  t'.>i:t.s  les  perles  qu  on 
,  péche.le  premier  jour,  app.rîi.'Einsnt  de  droit  au  roi 
:  de  Maiduré  ou  au  piince  de  M^rava  ,  ou  à  tel 
autre  fouverain  de  la  rade  où  fc  Lie  U  pêche. 

On  pêche  les  perles  occidcnt.iles  depuis  le 
mois  d'oâobre  jufqu'au  mois  de  mzrs.  Cette  pèche 
o'ccafion'ne  prefqiie  toujours  de  grandes  maladies  , 
caufécs  ,  foit  parce  qu'an  mange  al(#rs  des  huîtres 
en  trop  grande  quantité ,  eu  parce  que  la  cor- 
ruption des  huîtres  e>;porû^s  à  l'urdcur  du  foleil  » 
exhale  une  puanteur  peAilenticlle. 

Lîs  perle?  varient'  dans  Ic.irs  couleurs.  Il  y  en 
a  de  ï}lanches,  d;;  jaunâtres  ,  de  vcrdâtres  ,  & 
même  de  noirâtres  ;  mais  leur  couleur  ordinaire 
&  la  plus  naturelle  eA  d'être  blanche.  Les  perles 
de  couleur  plombée  ne  fe  trouvent  guère  qu'en 
Afrique,  où  le  fol  de  la  mer  cA  trèsvafeux.  La 
coule;:r  ]av:nâtre  ou  verdâtre  doit  être  atribuée  à 
I  la  maladîe  ou  même  à  la  corruption  de  l'animal 
-  qù't^n  a  la^ffé  long-temps  à  Tair  &  au  foleil. 

On  appelle  Icupi  ou  coque  de  perles  ,  un  fuc  pier- 
reux Si  ir-.cré  qui  s*eA  extravafé  en  forme  de 
nœud.    Quand  il  s'en  trouve  de  dçmi-fphérique 


N  A  C 

les  joaitllers  les  font  fcier,  &  de  deux  de  m^T.c 
giolleur  coUêes  enfembie  ,  ils  compoicnt  une 
belle  perle.  Il  y  a  be2UCoiip  de  perles  baroques  ou 
cl*ine  figure  irréguliérc  qui  font  peu  cflimées.  On 
nomme  perles  parangonr.es  ,  celles  d^une  grofTeur 
extraordinaire.  Les  perles  les  plus  reche:chéâs,  les 
plas  chère»  &  les  plus  belles,  font  les  perles  d'c- 
rient ,  quî  font  erofifes  ,  parf.'.itcment  rondes ,  po- 
lies ,  blanches  ,Tuifantcs  ,  rayonnantes,  &  (lul  pa- 
roifl'enttranrparentesfansrètre.  On  dit  des  perles  , 
quelles  font  d^une  belle  eau ,  ou  d'un  bd  orUnt, 
La  perfçôion  des  perles ,  (oit  qu'elles  foicnr 


N  A  c 

rondes  ,  en  forme  de  ].^<\\t'-  , 


figure  irrcguUère  ,  cor.iifte  principnlcm; 


'^  yi  O 

d'olive*; ,  c'\  <C\iv2 
d.jjs  ie 
lullrc  &  la  nettj:é  de  leur  couie^r  ;  c'eft  ce  t^n'o;! 
appelle  kur  eau. 

i\\:u  des  perles  efl  fujetre  à  changer.  Les  blan- 
ches furtoLt  fe  jaunllTcnt  &  fe  gâtent  dans^ua cer- 
tain cîjjace  dj  temps. 

En  Europe ,  les  perles  fc  vendent  ordinairement 
au  carat;  le  carat  contient  quatre  grains  enAfie. 
On  fait  ufdge  de  différons  autres  poids /ians  le 
commerce  des  perles ,  fuivant  la  difiçrénce  des 
Ctàts.  "        .   ' 


VOCABULAIRE. 


B 


AROQUES.  (^perles)  On  nomme  air.fi  les 
perles  qui  ont  unehgure  urèguUère.  Elles  ne  font 
point  e  Aimées. 

BuRGAU  ;  efpèce  de  cG:{uille  dont  la  nacre  efl 
riche  &  trèvbrillame. 

EuRGAUDiNE  ;  efpécé  de  nacre  brillante  &argcn- 
rine,que  Ton  tire  aune  belle  coqiiillc  nom. née 

Coque  de  perle;  nom  donne  à  une  excroîlTnncc 
■acréc ,  qui  s*£ttache  au  fond  de  la  coquille  de 
rhpître  pcrline. 

Drap  marin  ;  nom  qu'on  donne  a  Tcnvcloppe 
ewcrieurc  de  certains  coquillages. 

Eau  :on  entend  par  eau  d'urfe  perle  «  fon  luAte 
8c  !a  netteté  d?  fa  coLlcur.  Il  y  a  d^s  perles  dont 
X.êtt  eft  branche  ,  ce  font  l;s  p!js  cUimècs  en  Lu- 
rope  ;  l'eau  des  sutres  tire  fur  le  jiiir.e.  Î!  y 
«  a  dont  Veau  eft  dz  couleur  de  plomb  ;  pli'fuiir*. 
ODt  nne  eau  trraat  fur  le  noir,  6c  m  Cm;;  tout-à- 
feit  noire. 

Hirondelle  ;  efpèce  de  coquille  bivalve  du 
genre  des  hu;tte<,  qui  fournit  de  la  nacre  ,  &  nicT.'e 
ies  perles  fines. 

Lauris  marina  ;  petit  poi/Ton  de  mer ,  qui 
€fl  une  efj/éci;  d  huître, dont  la  coquille  ciL  très- 
unie  &  trè. -polie  intérieurement. 

Loupe'.'  On  donne  ce  nom  à  un  fuc  pierreux  & 
racré,  qui  s'eft  cxtravafj  en  forme  de  rœu.i ,  & 
fm  tient  ï  la  coquille  de  l'htitrc  perliérc 


Marteau  ;(/<r)  efpéccdc  coquille  qui  fçurnît 
de  la  nacre  éi  des  perlée  fines. 

Msni  DE  perXeS.  Onidéfigncfous  ce  nom ,  un 
coquillage  bivalve,  dont  la  nacre  cA  briilante  & 
argentée,  &  qui  fournit  les  perles  les  plus  belks, 
&  en  plus  gr^nd  nombre. 

MouCHETTE  ;  nom  d'une  coquille  bivalve  du 
genre  des  huîtres  y  qui  fournit  de  la  nacre  6l  des 
perles  fines. 

Nacre.  .On  doi^ne  ce  nom  k  la  furface  bril- 
lante,  argentée  &  orientée  comme  les  perles.,  q::i 
fj  tiouve  dans  rinicrieur  de  certains  a;quîl!agcs. 

Nautile  ;  fuperbe  coquille  qui  fournit  une 
belle  nacre ,  qu'on  nomme  burgauainc, 

Opient.  On  dit  des  perles  qu'elles  foiK  d'un  bol 
orient^  lorfque  leur  eau  ou  leur  couleur  eft  brillante , 
argentine  &  rayonnante.  Ceft  que  les  belles  perles 
viennent  d':s  mers  d'orient. 

Parangonves.  L-^s  perles  parjrrfvrnes  font 
cePe-  qui  font  d'i.ne  profieur  extraordi^zire. 

Peau  de  serp£NT  ;  cfr^èzc  de  burgau  dont  la  co- 
quille eft  cmaillée  de  vert. 

Pintade;  efp^cc  .ie coquille  bivalve, du  genre 
des  huîtres, qui  fournit  une  très-belle  nacre,  fv 
niêm.-  dî-js  perles  fines. 

Semences  de  perles.  On  défgnc  fous  ccnc^iu 
les  plus  petites  perles. 


^%^ 

'^$^. 


3« 


NATTIER  ET  SPARTERIE.    (An  du) 


J-*E  îfatuçr  cft  l*mJTrîcr  qui  fait  des  nattes. 

Cet  art  cft  très-ancien»  Tout  nous  indic^ue  qu'ail 
a  cté  trouvé  din*  rorlcnr.  Les  anciens  A-iacho- 
rétes  ,  tels  que  les  Paul  6c  ks  An  oine,  travail- 
Iqieni  a  faire  des  nattes  &  %>n  couvraient  ;  les 
Orientaux  s*en  fervent  aujourd'hui  pour  coucher 
dc/Tus. 

Lci  nattes  font  de$  efpèc:s  de  tlffus  de  paille , 
de  )onc  ,  de  roseau  ,  de  quelques  autres  plantes 
ou  écorccs  ûctlcs  â  fc  pli^r  61  à  s'entreincer. 

Les  nattes  de  paille  font  compofèss  de  divers 
tordons ,  &  les  cordons  de  diverfes  branches  , 
ordinairement  au  nomËre  de  iroi^.  On  peut  mec- 
treaux  branches  depuis  quatre  brins  jufiju'à  douie  , 
&  plus,  fuivant  rèpaiircur  qu^on  veut  donner  à  ta 
natte,   ou  félon  Tuiagî  auquel  die  cil  dcftinèe. 

On  natte  chaque  cordon  à  part,  ou  «  comme  on 
dit  en  terme  de  nittier ,  on  le  trace  fcparément , 
&  on  le  travaille  au  clou* 

On  entend  par  travailltr  an  chu,  attacher  ta 
tète  de  chaque  cordon  à  un  clou  à  crochet  enfoncé 
dans  la  barre  d'en-haut  d'un  fon  tréteau  de  bois  , 
qui  cfl  le  principal  inftrumcnt  dont  fe  fervent  ces 
ouvriers. 

Il  y  a  trois  clous  à  chaque  tréteau ,  pour  occu- 
per iiutantdc  compagnons,  qui,  à  mtffure  qu*ils 
avancent  la  trace ^  remontent  leur  cordon  fur  le 
clou,  â;  jett^nz  par-dcflu^  le  tréteau  la  partie  qui 
eil  nittét. 

Lorfqu'un  cordon  efi  fini ,  00  le  met  fécher  avant 
de  i  ourdir  à  U  tringle. 

Pour  joindre  ces  cordons  ii  en  faire  une  natte  , 
on  les  coud  Tun  à  Tautre  avec  une  grotle  ai|;uille 
de  fer,  longue  de  dix  à  douze  pouces.  La  ficelle 
dont  on  fe  (ert  ell  menue  i  6c  pour  la  difiinguer 
des  autres  ficelles  qtie  font  &  vendent  les  cordiers  , 
on  la  nomme  ficilU  à  nMU, 

Deux  greffes  tringles,  longues  à  volonté»  & 
quon  éloigne  plus  ou  moins  fuivant  Touvrage  , 
Servent  à  cette  couture ,  qui  fe  fait  en  atutnaot 
alternativement  le  cordon  à  des  clous  à  crochet , 
dont  ces  tringles  font  comme  hcriiTécs  d'un  côte  , 
&  à  un  pouce  environ  de  dillance  les  uns  é^% 
autres:  on  appelle  cette  façon ,  ourdir  ou  bâtir  À  Is 
ir'm^U. 

La  pjîlle  dont  on  fait  ces  fortes  de  nattes  doit 
kut  longue ,  &  fraîche  ;  on  la  naouille  ^  enfuite  on 


la  bat  fur  une  pierre  avec  un  pcfant  maillet  de  boif 
i  long  manche  *  pour  récraler  &  l'aplatir. 

La  natte  de  paille  fe  vend  au  pied  ou  à  la  taîft 
carrée ,  plus  ou  moins ,  fuivant  te  priic  de  U 
paille  :  elle  fert  à  couvrir  les  murailles  6i  les  plan* 
chers  des  maifons  ;  on  en  revêtit  aufll  des  chai- 
fes  &  Ton  en  fait  des  paitlaiTcns. 

Lcs  nattes  de  palmiers  fervent  à  former  les 
grands  Ôt  Ls  petits  cabats  dans  lefquels  oa  fût 
venir  différtntcs  marchandifes. 

Les  nattes  de  jonc,  du  moins  les  fines,  vien- 
nent du  levant  :  îl  y  en  a  de  très  chères ,  &  travail- 
lées avec  beaucoup  d*art,  foit  pour  la  vivacirà 
des  couleurs  ,  foit  pour  les  difTèren^  dc^:is 
qu  elles  reprcfentent.  Les  Indiens  &  les  Car^it>es 
de  nos  jours  font  des  ouvrages  admirables  en  oe 
genre, 

Lejitr  eft  une  efpécede  natte  ou  tiffu  de  paille, 
que  lef  <»rienraux  étendent  par  terre  pour  leur 
icrvir  de  lit* 

H  y  a  aufll  des  iften  de  crin  de  diffirenrei 
couleurs ,  avec  lefquélles  on  forme  divers  compar- 
timens. 

Il  vient  encore  du  Levant,  de  Provence  &  de 
quelques  provinces  défiance,  de  groile^  lUtlCi 
de  jonc  qui  fervent  d'emballage. 

Le  peu  d*outils  &  d'inilrumens  qui  fufRfenr  âne 
Dattiers  en  paille,  {om\^ purre  &  le matUtt  pour 
battre  leur  paille  après  qu^clle  a  ^tc  mouillée  , 
afin   de  b  rendre  plus  pUanie  &  motos  ca^aitte. 

Le  tréteau  avec  fes  clous  pour  tracer  la  cutte  o« 
en  faire  les  cordons. 

Les  tringles  auffi  avec  leurs  clous ,  pour  bâtir  & 
ourdir  les  cordons, 

Vaiguilie  pour  les  coudre  8c  les  joindre. 

Le  commerce  des  nattes  étoit  autrefois  t»é$- 
confidérable  à  Paris  ;  &  malgré  le  grand  nombre 
d  ouvriers  qui  y  travailloient  alors ,  on  étoit  oblicé 
d  en  faire  venir  quanâté  ite  dehors.  Les  nattes  de 
la  ville  de  Pontoife  étoient  les  plus  cftimées 
après  celles  de  Paris  ;  mais  depuis  que  le  luxe  & 
la  magnificence  des  ameublemeri*  onr  banni  l'an- 
cienne fimplicité  de  nos  moeurs ,  il  n*cft  plusd  ufag« 
d'employer  les  nattes  à  tapiffcr  nos  cabinets  ,  à  m 
faire  des  tapis  d'eftrade,  6i  autres  ameublcmens 
fcmblables.  Cet  art,  qui  avoit  fleuri  jufqu'iu  milieu 
du  dix-feptiéms  fièclc  ,  a  tellement  dégénéré  , 
nu*aa  Lieu  de  cent  aaitres  qu*il  y  avoit  pour  Ion  I 


qu 


Parii- 


N  A  T 

?uk  ,  à  peine  en  compte-t-on  quelques-unf 
zufourd'hjxu 

La  commuoautè  des  nattîers  avoît  deux  furès  , 
doQt  Tim  Te  changeoit  tous  les  ans  :  c'étotetit  eux 
qui  donnolent  le  chef-d'œuvre.  Mais  cette  charge 
eft  devenue  comme  inutile  ^  prefqye  perfoûne  ne 
fe  prèfente  à  la  maitrife,  hors  quelques  fils  de 
maîtres  qui  font  reçus  fans  chef-d'œuvre. 

Outre  la  fabrique  de  toutes  fortes  de  nattes  ,  ils 
util  droit  de  faire  des  chaifes  &  de  Ici  rempailler 
en  nitte  ^  &  non  en  paille  torfe ,  qui  n'appartient 
ipi'au  métier  de  tourneur. 

Par  redit  du  23  août  1776,  les  nattiers  font  au 
notnbre  des  communautés  fuprlmèes,  &  qui  peu- 
vent être  exercées  librement. 

Les  nattes  de  paille  paient  pour  droit  d'entrée 
quinze  fols  du  cent  pcfant ,  &  celles  de  jonc 
trois  livras. 

Spanerit, 

Le  fpart  eft  une  plante  de  deux  à  trois  pieds 
de  haut»  qui  croit  Uns  culture  en  Efpagne  >  fur 
les  mc>ntagnes  arides  des  royaumes  de  Valence , 
Murcie  ,  &c,  ;  clic  forme  «ne  gerbe  qui  fc  divife 
par  caycux. 

On  a  remarqué  que  les  principales  feuilles  en 
portent  ptnfseurs  à  la  dillance  d'un  pouce ,  plus  ou 
moins  9  Tune  de  Tautre ,  6c  qu'elles  font  d'une  à 
ane  ligtic  fit  demie  de  large  fur  dix-huit  à  trente 

goccs  de  long,  fe  terminant  en  pointe  aîguc. 
%  feuilles  ne  fe  ferment  &  ne  s'arroediflent 
(jtt'en  ftchant  ;  mais  en  les  mettant  dans  Teau  » 
«lies  s'ouvrent  fur  toute  leur  longueur  &  largeur. 

On  a  remarqué  encore  que  ia  gerbe  ne  portoit 
i^ttun  tuyaa  majeur  creux  ,  au  bout  duquel  la 
gr>roe  eu  renfermée  dans  une  efpèce  d'épi. 

Ln  gens  du  pays  ailurent  que  dés  Tinflant  de 
U  maturité  ,  l'épi  s*ouvroit ,  ce  qui  rendoit  la 
ctitillate  de  la  graine  trds-difficile. 

Us  anciens  bbriquoient  avec  le  fpart  des  cor* 
«lige»,  des  corbeilles ,  des  paniers,  des  chatiffu- 
[js  »  des  nattes ,  &c.  On  peut  confuîter  à  cet  égard 
rlinc  ,  Qufius,  Varron,  Diofcoride  ,  &  autres 
fiituraUflcs. 

Les  Efpagnols  en  font  des  tapifl'êrics ,  des  tapis , 
«s  cordes. 

On  ne  fauroit  faire  un  détail  plus  intcreffant  de 
l'indurtrie  de  cette  nation  ,  que  de  mettre  fous 
|«»yeux  du  publicle  paflage  fuîvani ,  extrait  de 
*  ouvrage  intitule  :  tnîroduHwn  â  rhiflolre  ndtu- 
nlUi^  à  Là  ^éo^raphU  phyft^uè  dt  PEfpd^nt^  par 
«  dlthrt  Guillaume  Bo^^ies  t  traduite  de  VEf- 
fJtoW  par  M,  le  Vicomte  de  Flavigny ,  p.  239. 
»>  J  ai  compté  jufqu'à  quarante- cinq  ouvrages  de 
»  fpart  »  qui  fervent  pour  le  bcfoin  ou  pour  la 
■  commodité,  &  qui  occupent  beaucoup  d  ou- 
»  vriers.  Il  étoit  cependant  réfervé  à  notre  ftéclc 
"^  défiler  cette  plante  comme  le  lin  &  le  chanvre  , 
»  &d'eii  faire  des  toiies  exccUentes  &  irèS'fin:;*^, 
»>  L'Auteur  de  ce:te  découverte  a  rtf^M  IVccucil  le 
Afts  &  Métiers,  Tome  K  Partie  /, 


N  A  T 


Î45 


n  plus  favorable  &  les  plus  grands  témoignages 
n  de  bonté  de  Charles  Ilî  »  qui ,  non  content  de 
»  protéger  les  ans  &  les  fcicnces ,  eft  le  premier 
79  i  encourager  tout  ce  qui  peut  conco«rir  à  Tin- 
n  dyftrie  &  au  bonheur  de  les  fuiecs* 

n  Sa  Majeflé,  en  confidération  d'une  découverte 
j>  fi  précieufe,  a  accordé  à  Tinventcur  les  plus 
IV  grands  privilèges  ,  &l  lui  a  fait  compter  de  foft 
n  tréfor  une  forte  fomme  d'argent  pour  Tatder  à 
Jt  établir  fes  fabriques.  1»  ' 

II  y  a  quelques  années  que  le  ficur  Btfrthê  9. 
tranfporté  en  France  cette  fabrique  utile  k  la  focié* 
té  :  il  fuffit  d'en  mettre  le  détail  fous  fes  yeux  ; 
on  y  verra  Futilité  jointe  à  la  falubrité  8c  à  Tè- 
conomie» 

Cordagej, 

Cordages  pour  la  navigation  fur  les  rivières  »• 
pour  les  puits  t  les  cloches  des  égliCcs ,  ks  bâti- 
mens,  Iclévation  des  pierres  dans  les  carcièrcs,- 
les  preflToirs  »  les  defcentes  des  vins  en  cave ,  la 
pèche  ;  enfin ,  pour  tous  les  ufages  où  le  chanvre 
peut  être  employé. 

Cordes  élafliques  pour  faire  fécher  le  linge  «les 
étolFes  &  le  papier  mouillé. 

Cordes  blanches  pour  faire  fécher  le  linge  fia 
&  les  mouflelines ,  &c. 

Cordons  blancs  &  nuancés  de  routes  les  cou-» 
leurs  qu'on  défire  fuivant  rameublement,  pour  les 
rideaux  »  les  fon nettes ,  pour  fufpendrc  les  luftres  , 
&  pour  les  efcaliers.         ^ 

Glands  pour  les  cordons  des  fosncttes  &  det 
lucres.         '         I 

Guiiies  &  rênes  pour  les  chevaux  de  carroflo 
&  de  cabriolet* 

Lonees  &  fangles  pour  les  chevaux. 

Cordeaux ,  ficelles  Sl  fils. 

Tapijferies ,  tapis  &  nsttes* 

XapiiTeries  &  tapis  de  jonc  an  »  à  la  façon 
des  Indes. 

Tpipi^  doubles  de  jonc  ,  ,6t  bordés  d'un  ruban. 

Tapis  de  jonc  doublés  de  toile  »  &  bordés  d*uEt 
ruban-  1 

Taptfleries  de  jonc  peintes  à  riiutlc ,  1  païfa- 
ges  ,  médaillons. 

Tapificrics  &  tapis  de  fpart  à  lîfiéres  colorées  » 
pour  fc  prèCerver  de  rhumiditè  fi:  de  la  froideur 
du  marbre  ,  carreaux  6£  parquets. 

Tapifleries  &  tapis  de  (part ,  couleur  naturelle  , 
pour  remifes ,  corridors  »  ou  pour  garantir  les 
tapifferiei  de  foie  de  Thumidité  des  murs  ou  des 
punaifc5. 

Tapis  ï  peluches  pour  mettre  fous  les  tables  à 
manger,  fous  les  bureaux  Ôe  fecrétaires,  dans  les 
veflibules  &  corridors ,  aux  partes  des  ancichant- 
bres ,  dans  les  équipages. 

Tapis  à  peltîches  colorées. 

Tapis  firs  àz  Ipart  unis  pour  portes  d'anticham* 
hceSé 

Xx 


546 


N  A  T 


Tapis  fins  de  fpart  à  U  Turque ,  pour  mettre 
dam  les  appartement  ,  chapelles ,  tribunes ,  mar- 
ches d'antel ,  &c. 

Tapis  de  cordes  de  fpart ,  tapîs  de  fpan  ce  m* 
mun. 
Sangles  de  lit ,  pour  fe  garaotlr  des  punalfes. 
Il  a  été  établi  en  177  j  ^  une  manufaâure  »  rue  de 
Popincourt/oùronvoitcescuvrages,  ou  régnent 
la  propreté  Se  le  goût ,  tirés  avec  art  d*une  matière 
dont  on  ne  connoifllbii  pa$  rurilité* 

Il  cA  à  regretter  que  le  fol  &  le  dimat  de  la 
France  ne  loienc  point  propres  à  la  culture  du 
(part,  d*autant  quîl  paroïc  qae  les  cordes  faites 
avec  le  fpart  ,  ont  un  avantage  décidé  fur  les 
cordes  de  chanvre  relativement  à  certains  enaploi s» 
1°.  Les  cordes  de  Ipait  font  excellentes' pour  ta 
navigation  fur  les  rivières  :  elles  n'ont  pas  befoin 
de  Tenduit  du  goudron  ;  elles  ne  plongent  po^nt 
comme  celles  du  chanvre,  étant  plus  légères  d'un 
tiers  ^  &  elles  ne  s*ufent  pas  autant  cotitro  les  pîef-* 
rcs  que  les  cordes  de  chanvre. 

Les  havîg;tteurs  du  petit  cabotage,  Efpngnols  , 
Italiens  ,  Languedociens ,  Provençaux  ,  faifant 
même  les  voyages  delà  Barbarie  &  de  la  Tur- 
quie ,  n'ont  pas  d'autres  cordages  que  ceui  faits 
avec  dtiîf part.  ^  ,  1  -  . 

î**.  Les  cordes  de  fpnrterie  ne  fe  (iotirriffent  pas 
dans  Teau  corn  mêles  cordes  de  chanvre  ,  au  con- 
traire, elles  s*y  entretiennent,  i^  Le  fpart  >  dit  Pîi- 
m  ne ,  li V,  19  »  ch.  a ,  fc  nourrit  dans  l'eau ,  comme 
»i  pour  fe  dédommager  de  la  foif  qu'il  a  foufFerte 
w  dans  le  terrain  aride  où  il  eft  né.  »    , 

Les  cordages  &  les  Alets  pour  la  pèche  du  th6n  , 
objet  de  confidèraiion  fur  les  cfeies^  de  Provence  , 
font  tous  en  fpanerie,  ainfi  que  toutes  les  cordes 
de  puits,  greniers ,  échafaudages  «  amarages^  &c. 
3***  Les  cordages  de  fparterie  font  bien  moins 
coûteux  que  ceux  en  chanvre  :  ils  s'^ipplicjuent 
aux  mêmes  uf;îges  ;  ainfi  ib  deviennent  un  objet 
d  économie  ,  fur-tout  dans.un  pays  humide»  oîi  le 
chanvre  pourrit  promptement. 

Pour  en  convaincre,  voici  le  calcul  du  fieur 
Berthe^  qui  fait  voir  que. tes  cordes  de  chanvre 
ne  peuvent  pas  foutentr  le  parallèle. 

Un  particulier  aura  befoin  de  600  toifei  de 
cordes  de  chanvre  ;  il   paiera   pour 

100  iûifcs  de  1  foucts  d<  circQnf,     ,   pefant  50  liv. 
100  »    •     *     2 •    100 


6 où  totfes  ..•,*.    p^f'^f^t        i^JO  Itv, 


N  A  T 

Si  ce  particulier  acheté  b  même  quantité  d^ 
toifes  de  cordes  de  fparterie  ,  il  paiera 

100  iQÏÇtt  de  I  pouces  dt  €iTConfu    ptfrni  JO  Un 

100  ,     .     .     2 j4 

100  •*.] lOf 

100  V    .    .    4 110 

100  ,     ,     *     ^ ]40 

loj  ,    •    .    6    •    . 450 

6ao  toifes pefint      iiSj  lit. 


A 40 liv. les  ICO pefant Tun  dans Tautre ,  47 J  Ini 


On  gagnera  du  câtè  du  poids  721  liv*  ; 

&  du  côté  du  prix     •     .     •     •     •     6yo  liv.  8  i 


A  £a  liv,  les  100  pefant.  Prix  aâu<i*. .  1 146  /• 


Si  les  cordes  de  fparterie  font  gagner  l'acqué- 
reur du  côté  du  prix  8c  du  poids»  par  une  moin- 
dre charge  ;  fi  elles  ont  autant  de  durée  que  let 
cordes  de  chanvre  ;  fi  elles  s'appliquent  aux  rocin«» 
ufages  ,  &  rendent  les  mêmes  îervices  arec  la 
même  facilité  i  il  eft  évident  qu'elles  ont  bcîû' 
coup  de  fupériorité  fur  les  cordes  de  chan%*re. 

Les  tapis  ,  les  tapifferics  &  les  nattes  de  fpaitcii* 
ont  de  même  de  grands  avantages* 

i«.  Ces  ouvrages  font  moins  coûteux.  Une  pan 
d*ours  coûte  30  a  40  liv.  Une  peluclie  de  fpartetii 
la  reinpiace  «  &  ne  coûte  que  1^4  liv. 

a^.  us  font  bien  moins  dangereux  du  cété  d* 
feu  que  tous  les  ouvrages  en  paille  »  &  chacaa 
peut  en  faire  répreuve.  Un  charbon  tombe  fur  uo 
paillaiTon  ordinaire  »  &  renflamme  ;  Kincendic  k 
comnDunique*  Ce  même  charbon  tombe  fur  y* 
tapis  ou  une  natte  de  fjpanèrie  ^  il  brûle.  ii<l 
vrai ,  reodroit  qu'il  touche  »  mais  il  s*y  taiotct  1 
s*y  éteint,  &  ne  s^éteni  pas  au-delà*  Cet  aya^ 
tage  ,  fi  on  îe  confidère  bien  ,  eft  d*un  trèsgrsfli 
prix  dans  la  fociété  ,  où  les  incendies  fom  tocs 
tes  fOurs  les  plus  grands  ravages.  Il  permet  it 
moins  d'approcher,  fans  crainte,  les  tapis  des  ch^ 
minées* 

3'',  Ces  tapis  fe  lavent.  On  rajeunît  lei  pclwcba 
avec  un  peigne.  Ils  reprennent  un  air  ntult  (^ 
ont  toujours  f agrément  de  la  frakhear  &  de  b 
propreté, 

4°.  Les  mites  «  les  vers  &  les  punaifes  xtaiptû 
ordinairement  les  ouvrages  de  laine ,  les  fiteot  « 
les  rongent  &  1rs  infeftent  r  on  ne  verra  jifluil 
dans  les  ouvrages  de  fparterie  aucitns  ven,  «^ 
mites,  ni  puriJitus.  Ils  réftftent  à  Thuintliité  4«C 
murs  ,  &  ms  fom  pas  fujets  i  fe  pourrir  :  Ti 


N  A  T 

mtmt  nourrît  le  fpart  j  &  tous  ceux  qui  en  font 
ïTiage ,  doivent  convenir  que  jamais  les  lofe^es  ne 
s  y  attdcbenc  :  ce  qui  n  elt  pas  un  petit  avantage  , 
puifaue  par  ce  moyen  on  dcane  Us  punaifes  des 
lits  ÔC  des  alcôves. 

ç*.  Les  'ouvrages  de  fparterje  font  de  la  plus 
grande  falubritè  dans  les  appartemens.  On  ù  con- 
rencera  de  rapporter  à  ce  fujet  ce  que  les  auteurs 
de  la  Galette  de  fanté,  dont  les  fumiéres  en  méde- 
cine &  en  hidoire  naturelle  font  connues  du 
public,  ont  dit  dans  leur  feuille  du  29  août 
Ï776  ,  p.  136:»  On  ne  connoît  guère ,  pour  fe  pré- 
n  fervcrdc  rhumidité,  que  des  peaux  d'animaux^ 
1*  des  tapis  de  Uicte  &  des  paillaiïbns  ;  mais  prel- 
9  que  tous  ces  moyens  joignent  à  rinconvènjcnt 
»  connu  des  vers,  des  mlt^s  &  de  la  pourriiiire  » 
»  celui  de  renf^-rmcr  quelquefois  des  germes  de 
»  maladies  contagieufcs  dont  les  animaux  font 
9  morts.  Ce  n'cft  pas  ici  le  lieu  d*cn  fournir  la 
»  preuve  &  Texemple,  cela  efl  connu  i  6c  il  n^ 
Il  a  rien  de  plus  maîfain  en  général  que  Tu  fige 
»  de  certaines  peaux  ,  fur- tout  de  celle  de  Fours  , 
n  fort  fujet  à  mourir  du  charbon  . ,  •  La  paille  dont 
»  on  fe  fert  eft  fort  fujette  à  fe  corroiîipre  . . .  Nous 
H  croyons  que  l'ufage  du  fpart  cd  beaucoup 
n  plus  fain  ,  plus  commode  que  celui  des  peaux  , 

•  des  pailbiTons  ordinaires  »  &c. . .  It  a  un  avan- 

•  tageque  les  autres  n'ont  pas,  cefl  qu'il  fe  pîaît 
w  dans  rhumidité»  &  réfifte  à  fes  effets  :  ce  qui 
»  ion  le  faire  préférer  à  tout  autre  moyen  ,  fur- 
»  tout  dans  les  falles  à  manger  des  rez-de-chatîf- 
*•  fies ,  dans  les  boutiques  trop  humides  &  trop 
m  fraîches.  « 


N  A  T 


347 


Si  Ton  joint  à  des  confidé rations  auill  fages  , 
celle  de  faire  revivre  une  découverte  des  anciens  » 
dont  les  Efpagnols  feuls  ont  fu  tirer  avantage  ; 
de  la  faire  valoir  en  France  par  une  induRrietoutî 
nouvelle  ;  d'en  étendre  les  ufages  ;  de  rembellir 
par  le  goût  ;  d*eb  orner  nos  appartemens  à  peu  de 
frais  ;  d*en  faire  des  meubles  de  grande  falubricé  ; 
on  conviendra  que  rétabliffeiuent  d'une  fparterie 
doit  obtenir  ïe  fuffrage  de  tout  homme  qui  penfe. 
Çcft  auflTt  ce  qui  a  mérité  au  fieur  Berthe ,  les 
eocouragemens  du  gouvernement,  par  Tarréc  du 
confeild*Etat,  du  t  odobre  1775 ,  dontSaMajeflè 
Ta  honoré. 

Nous  ajouterons  que  le  fpa^£  eft  fufceptible  de 
fe  teindre  en  diverfes  couleurs  \  &  que  le  tiîfu  en 
peut  être  fort  liffe  &  fort   uni. 

/V.  B,  On  fe  croît  obligé  de  relever  ici  une 
erreur  qui  s*eft  glilTèe  dans  diver*  journaux  & 
gazettes  :  on  y  a  dit  que  n  la  matière  employée  à 
»  la  manufacture  de  fparterie ,  cÛ  le  genêt  d'Ef- 
«  pa^ne  a.  Cette  annonce  pourroît  engager  des 
cultivateurs  en  province  à  faire  des  plantadons  de 
cctaibufte  inutile  ,  comme  il  eft  arrivé  à  plufieur» 
pcrfonnes ,  fondées  fur  cette  opinion ,  d'en  venir 
offrir  aux  maîtres  d'attelicrs. 

Le  fpart  n'eft  qu'une  plante  de  îa  cUffe  des  gra- 
minées ,^conféquemment  il  n'eft  point  le  gênct  , 
ni  autre  arbriffeau.  Le  fpart  eft  connu  d^s  natura- 
liftes  fous  le  nom  latin  Ugnum  fpartum.  Enfin  le 
gcnût  n'a  jamais  été  employé  par  les  Romains,  quoi 
qu  en  dilem  pîufieurs  livres  modernes.  Ceft  par- 
tout une  équivoque  de  fpartum^  qui  c&lt  ff^n^ 
avec  fpanmm  ,  qui  eft  le  gêna. 


r    O    C    A    B     U    L    A    I    R    E. 


I G  U  f  L  t.E  </if  *kattUri  c*eft  une  grolTe  aiguille 

ilefcf ,  longue  de  dix  à  douze  pouces ,  avec  laquelle 

On  coud  les  cordons  qui  doivent  former  la  narre. 

Branches  ;  efpèccs  de  cordes,  compofèes  de 

rfifTérens  britts  de  paille  ou  de  jonc  ,  avec  lefquclles 

■on  forme  les  cordons  qui  compofent  les  nattes. 

■  Cordons  ;  efpéces  de  tilTus  de  paille  ou  de 
■jonc,  avec  lefuuels  on  forme  des  nattes. 

■  Ester  ;  cfpéce  de  natte  ou  tiftu  de  paille ,  dont 
I   les  orientaux  fe  fervent  au  lieu  de  lit. 

Ficelle  à  natter  ;  c'cft  une  ficelle  fort  menue  , 
dont  les  nattie/s  fe  fervent  pour  coudre  les  cordons 
qui  doivent  compofer  les  nattes. 

Natte  ;  c'efl  un  tilTu  fait  de  paille  ,  de  jonc , 
de  rofeau  ,  ou  de  quelques  autres  plantes,  écor- 
cet  ou  fiUudres ,  faciles  à  fe  plier  &  à  s'cntre- 
kcer. 

Ourdir  ou  hJtir  à  la  tringle  ;  c'eft ,  en  terme  de 
Aauier  y  attacher  à  une  tringle  les  cordons  de  paille 


pour  les  ajufler  &  en  compofer  des  nattes* 

Spart  ;  plante  de  la  claffe  des  graminées  , 
dont  on  fa  .  des  cordes,  des  nattes  8c  autres ou- 
vra7,es  treffés  âc  nattés. 

Tracer  la  katte  ,  terme  de  nattier  en  paille; 
c'eft  en  faire  les  cordons  au  clou  ,  c*eft-à-dirc  , 
pafTcf  alternativement  les  unes  fur  les  autres  les 
trois  branches  de  paille  dont  le  cordon  cfl  corn- 
pofè. 

Travailler  au  clou  ,  terme  de  nattier  ;  cVft 
attacher  la  tête  de  chaque  cordon  de  la  natte ,  à 
un  clou  à  crochet  enfoncé  dans  li  barre  d'en-haut 
d*un  fort  tréteau  de  bois. 

Tréteau  ,  pièce  de  bois  avec  des  clous  à  cro- 
chet ,  auxquels  le  nattier  attache  les  cordons  de 
paille  qu*il  veut  tracer. 

Tringle  ;  outil  du  nattier,  C*eft  une  pièce  de 
bois  hériflTêe  de  clous  à  crochet  pour  y  attacher  les 
cordûns  qui  doivent  former  la  natte. 


NAVETTE    ET    COLS  A-, 

(  Art  qui  concerne  ces  plantes.   ) 


Ljk  Nayette  oultndvetfiuvdge,  ne  diffère  du 
navet  commun  ou  cultivé^  que  par  fa  racine»  qui 
cft  beaucoup  plus  petite  »  d'un  goût  acre ,  &  qui 
feot  le  fauvageon*  Sa  fleur  eft  jaune  &  quelque- 
fois blanchâtre  »  Tes  feuilles  font  plus  décou- 
pées. 

La  navette  croît  naturellement  fur  les  levées 
&  les  bords  des  foffés.  Elle  fleurit  en  avril  &  en 
mai ,  &  produit  beaucoup  de  petites  graines. 

On  féme  la  navette  depuis  le  commencement 
d'avril  lufqu  en  juillet  ,  &  en  plein  champ.  Il 
lui  faut  des  terres  fortes  &  bien  labourées  ,  &  que 
Ton  herfe  après  la  femaille. 

On  connoit  que  la  femence  eAmdrej  quand  la 
coffe  eft  devenue  blanche. 

Cette  graine  eft  employée  par  tes  oifeleurs  pour 
nourrir  dans  des  cages  bien  des  efpéces  de  petits 
oifeaux  ,  comme  fenns  ,  chardonnerets  ,  linottes, 
pinçons»  6tc. 

C'eft  aufii  de  cette  graine  que  Ton  tire  par  expref- 
fion  rhuile  qu  on  appelle  huile  de  navette  ou  de 
rahette.  La  navette  eît  cultivée  avec  foin  en  Flan- 
dre 6c  en  Hollande  :  on  la  cultive  encore  en  I^rie, 
en  Champagne,  en  Picardie,  en  Normandie,  où  il 
fc  iaii  un  aUez  gri*nd  négoce  d'huile  exprimée  de 
cette  graine,  dont  Tufag:;  le  plus  ordinaire  eft 
peur  les  ouvriers  qui  fabriquent  des  étoffes  de 
laine  ,  &  pour  ceux  qui  font  des  ouvrages  de  bon- 
neterie. 

Il  icn  confomme  auflî  beaucoup  par  les  cou- 
verturiers  ,  6t  pour  brûler  dans  la  lampe ,  fur- 
tout  lorfv^ue  Thuil'-  de  Haleine  manque  ,  foit  parce 
que  la  guerre  cmpcchc  les  pécheurs  ou  les  mar- 
chands d'en  tirer  des  pays  étrangers. 

Les  qualités  de  la  bonne  huile  de  navitie  font 
une  couleur  dorée ,  une  odeur  agréable  ^  &  qu'elle 
foit  douce  au  goûr.  On  la  mélange  quelquefois 
d^huile  de  lin  ,  ce  qui  fe  reconnoit  a  Tamcrtum^  6c 
à  Todeur  moins  agréable. 

Du  Cvlfs. 

Le  colfa  ou  colza  eft  une  efpéce  de  chou  que 
Ton  cultive  avec  fuccés  dins  les  Pays  Baj» ,  & 
fur-tout  dans  les  environs  de  Lille. 

Oo  diftingue  oWAcurs  «foéces  de  colfa  ,  favoir , 


celui  à  fleurs  blanches,  qui  n'a  été  appoi 
lande  en  Flandre  que  depuis  cfuelqucs  ai 
deux  autres  cfpéccs  à  fleurs  jaunes. 

De  ces  deux  dernières  efpéce ,  il  y 
qu*on  nomme  le  colfi  chûud^  qui  eflregan 
le  meilleur,  parce  qu*il  croit  aifcment  p; 
qu'il  exige  moins  d*cngrais. 

La  méthode  de  cultiver  le  colfa  eft  la  mi 
toutes  les  efpéces  ;  &  chacune  d'elles  acqi 
ou  moins  parfaitement  les  accroiffemem 
font  propres ,  félon  la  nature  du  terrain  o 
fôme,  félon  la  bonne  on  mauvaife  cuku 
a  reçue ,  la  circonftance  des  temps  ,  &  cetM 
cidens  auxquels  il  eft  fujer* 

Cette  efpéce  de  chou  diffère  des  autret^ 
cultivées ,  par  fes  feuilles ,  plus  pentes  &  n 
mées,  par  fes  tiges  plus  groffes,  cepcQtk 
tes  ûz  quatre  à  cinq  pieds»  ^ 

Tout  ell  utile  d<ins  le  colfa  ;  fa  graine, 
tire  par  expreiTon  une  huile  graffe»  feo^ 
celle  de  navette. 

La  graine  la  plus  noire ,  la  plus  féche, 
pleine ,  &  qui  paroît  la  plus  huileufe  lorfi| 
crafc  ,  eft  la  meilleure  pour  le  moulin. 

Les  pains  ou  tourteaux  de  colfa  dont  OH^ 
mé  rhuite,  fervent  à  nourtir  &  engraiffci^ 
tiaux  de  toute  efpéce.  On  les  leur  donii 
tés ,  &  mêlés  avec  du  fon. 

Ces  tourie;iux  foin  encore  un  des  mei! 
grais  pour  les  terres  dcftinées  ii  recevoir  l0 
ces  du  colfa. 

Le  colfa  fe  plaît  dans  les  terres  douces 
nni  du  fond.  Il  demande  beaucoup  d'eng 
le  féme  &  on  le  replante  comme  les  choil 
difpofe  par  rangées,  à  un  pied  les  uns  dtf 
&  on  laifl^e  fix  pouces  d'inte^^valk  envtif 
les  plantss  de  chaque  rangée.  < 

Le  colfa  fe  récolte  à  la  fin  de  jutn  ou 
mencement  de  juillet.  On  le  fcie  comme 
lorfqu'il  eft  jaune  ;  on  le  mer  entas  oti  € 
au  milieu  des  champs.  Il  y  fermente,  ce  qij 
rendre  beaucoup  plus  d*huilc  qu'il  n'en 
fans  cela.  On  le  bat  enfuire  pour  en  recil 
graine  ,  qui  fe  conferve  rrès-bicn  dans  lc$' 
avec  le  fimple  foin  de  la  remuer.  ' 

Le  Gtlfat  fournît  une  graine  beaucoup  pi 


N  A  V 

te  mieux  noume  que  celle  de  navette ,  ce  qui  lui 
fait  donner  le  nom  de  groJ[fc  navette, 

L'huîle  qu'on  en  exprime  diffère  peu  de  celle 
twce  de  U  /ia\'eite  ordinaire  ou  pttitc  navette, 

Sêdiûère  d'adoucir  l  huile    de   navette  &   de  ceifa. 

Vojci  un  procédé  qui  a  été  publié  par  M.  l'abbé 
RoficT  ,  pour  rendre  les  huiles  de  navette  &  de 
xolfa  3gréabks  au  goût  &  à  l'odorat ,  en  bur  en- 
lerant  le  principe  acre  &  cauflique  qu'elles  con- 
dcnnent* 

Les  fcmences  émulfives  »  dttcefavant,  font  les 
fcailes  qui  donnent  les  huiles  graffes,  &  ces  huiles 
grafles  différent  des  huiles  efientielles. 

L'huile  graffe  exiffe  toute  formée  dans  le  végé- 
tal, Se  elle  eft  prefjue  toujours  dans  rintérieur 
des  femences.  DansThuile  d'olive,  elle eft  dans  la 
pulpe.  Les  huiles  effeniîellcs  n'ont  point  de  fiégc 
m  dans  les  végétaux,  &  n'y  varient  que  paria 
façon  dêtre- 

Les  huiles  de  chou  &  de  navette  ont  beau- 
coup de  rapport  avec  Thui  le  d'olive  ;  elles  font,  ai nfi 
qu'elles  «  fluides,  tranfparcntcs,  mifcible^  aux  autres 
hudes,aux  beurres,  graiffcs,  cires,  réfi nés ,  &c. 
&  elles  fe  ranciffcnt  par  la  chaleur  6t  la  véturté. 

L'huile  d'olive  eft  !a  meilleure  huile  griffe  con- 
nue ;  &  la  meilleure  huile  de  chou  &  de  navette 
eft  acre.  Cette  dernière  dépofe  beaucoup  &  prom- 
pïement  ;  ik  extraite  de  h  graine  marchande  , 
même  récente»  elle  eft  rance. 

Pour  découvrir  la  caufe  de  cette  acrimonie  , 
de  cette  rancidité ,  il  f^iut  de  toute  néceÛiiè  remon- 
ter aux  principes  confflmtifs  de  ces  huiles* 

Les  huiles  graffes  de  chou  &  de  navette  ,  con- 
tiennent  une  huile  effentielle ,  ce  qui  f  ft  prouve 
par  la  différence  des  charbons  qui  reftent  après 
leur  uftion. 

Ces  huiles  graffes  perdent  peu-à-peu  leur  muci- 
bge,  Êc  fe  rapprochent  à  la  fin  de  ces  mêmes  huiles 
effn  rit  lies  :  eiles  contiennent  encore  un  efprii 
reâeur  &  fulphurcux  :  cet  efprit  reittur  réfide 
dans  le  parenchyme  de  la  graine  ,  &  par  i*eitpref- 
fion  de  cette  graine  il  s'unit  en  partie  avec  Thuile 
graffe. 

Le  goùf  acre  St  légèrement  cauiltque  des  hui- 
les effeotie  lies  8c  de  Tefprit  refteur  ne  doivent  pas 
être  confondus  avec  le  goût  rance  que  les  hui!cs  de 
navette  &  de  chou  ont  prefque  touj  urs. 

Si  on  dillille  les  huiles  graffes  chargées  dVau , 
Veau  bouillante  en  fépare  l'huile  efftntielle  &  le 
mucDige  ;  fi  on  prend  léparément  cette  huile  effen- 
tielle ,  &  fi  on  l'ajoute  à  petite  dofe  à  de  i'huile 
de  colfa  6c  de  navette  ,  même  récente  ,  on  la  rend 
acre  6t  dêfagréable. 

Si  on  fépare,  ou  bien  û  on  prive  de  leur  mu- 
cilage les  huiles  de  colfa  &  de  navette,  la  ra  nu- 
llité ne  tarde  pas  à  paroltre. 


N  A  V 


349 


Outre  les  huiles  effiniiclles  &  Tefprit  reéleur , 
les  huiles  graffes  de  colfa  et  de  navette  contien- 
nent encore  une  ftibAance  réfineufe.  Tels  font 
les  principes  conftitutifs  de  ces  deux  huiles>  qu'il 
étoit  de  la  dernière  importance  de  connoîrre  ,  afin 
de  parvenir  a  les  dépouiller  des  principes  qui  leur 
font  nuifibles  ,  &  aân  de  confcrver  ceux  qui  leur 
font  avantageux. 

Les  huiles  de  coîfat  &  de  navette  reconnoif- 
fent  deux  caufes  de  leurs  mauvaifes  qualités;  les 
unes    font   naturelles,  les   autres    font  acquifes. 

1^.  La  maturité  tncomplette  des  graines  quand 
on  coupe  la  plante. 

2**.  Si  la  plante  coupée  refie  trop  long -temps 
étendue  fur  terre  »  &  furiout  dans  un  temps  plu- 
vieux. 

3^.  SI  rhutniditè  la  pénétre  quand  on  Ta  mife 
entas  ou  en  meule. 

4".  Si  la  graine  portée  dans  le  grenier ,  a  pompé 
l'humidité  de  Tair,  elle  y  rancira  facilement,  de 
même  que  fi  on  lui  a  enlevé  fon  écorce:  ces  grai- 
nes ranciffent  comme  l^^s  fruits  pourriffcnt. 

5^.  Si  on  fait  chauffer  la  graine  avant  de  la 
mettre  fous  le  preffoir. 

On  jugera  facilement  de  ces  mauvaifes  qiiatl* 
tés,  fi  on  compare  l'huile  vierge  récente,  extraite 
de  la  graine  macérée ,  avec  une  pareille  huile  où 
l'on  aura  employé  la  chaleur  pour  l'extraire,  & 
où  l'on  aura  négligé  les  moyens  de  confcrver  la 
graine  faine* 

Air^fi  ,  pour  avoir  une  huile  parfaite  en  ce  genre  , 
il  faut  détruire  Tcfprit  rcéèeur  qui  eft  le  principe 
du  goût  acre  &  de  l'odeur  défagréable  (  ce  qu'on 
doit  dillinguer  de  la  rancidité  )•  11  faut  égale- 
ment détruire  b  fubflance  gommo-réfineufe  qui 
communique  encore  râcreté. 

La  germination  des  graines  Û^ns  un  terrain 
fablonneux,  enlève  en  partie  cet  efprit  relieur  ; 
mais  un  moyen  toujours  fur  ,  toujours  efficace 
pour  détruire  les  principes  nuifibles  ,  eft  de  faire 
macérer  les  graines  dans  une  leflîve  alkaline ,  qui 
corrige  les  deux  fources  d'âcreté  de  ces  huiles. 

Après  irente-fiît  ou  quaraute-huîi  heures  de  ma- 
cération à  froid  dans  cette  leffive  alkaline  ,  on 
lavera  ces  graines,  &  enfuite  on  les  mettra  pen- 
dant dix  ou  douze  heures  dans  une  eau  aiunèe. 

Les  eaux  doivent  fuma  gerces  graines  i  b  hau- 
teur d'un  pouce*  Après  cette  double  opération  , 
on  les  lavera  enfuite  exaAement  dans  Teau  ot>- 
dinaire  ;  on  les  étendra,  &  on  les  mettra  féchcr 
j  fqu*au  temps  où  on  voudra  les  envoyer  au  pref- 
foir. L'économie  exige  qu'elles  foient  prcffècs 
auffuAi  qu'elles  feront  féchées,  &  il  ne  convient 
pas  de  les  garder  plus  de  fix  mois* 

Pour  confcrver  l'huile  qu'on  extraira  de  ces 
graines,  il  faut  la  laver  ;  quelque  temps  après  on 
ta  foutire  de  deffus  fon  dépôt  :  on  doit  lui  con. 


H 


350 


N  A  V 


fervcr  Ton  air  principe ,  &  fou  tir  furabôndaiit  , 
mè-nc  Timprè^ner  d*un  air  nouveau* 

Pour  cet  cffdt  »  U  fiut  mettre  dan$  le  fond  du 
vafe  avec  l^uUe  >  une  éponge  trempée  dans  une 
paie  on  peu  liquide  ,  tbrm  f  j  d'un  mélange  de  deux 
parties  d*alun  en  poudre,  &  d*une  de  craie  de 
Champagne ,  ou  de  toute  autre  terre  abforbante  , 
qui  aura  pUu  d*affinité  avec  Tacidc  vitrioiique  de 
rahm ,  que  la  terre  argîleufe  n'en  a  elle-même.  I! 
(c  formera  une  nouvelle  dècompofition  &  une 
combîoaifon  lente  de  ces  fels  ;  mais  comme  qu'il 
(c  fait  en  ce  genre  aucune  nouvelle  union, il  ne 
ne  fe  dégage  en  même  temps  beaucoup  d*air  , 
cet  air  fe  mêlera  à  l'huile  à  mefure  qu'il  s'échap- 
pera. 

Ce  feroît  une  erreur  de  penfer  que  ces  fels  St 
ce  mélange  peuvent  altérer  la  qualité  de  l'huile  ; 
ils  font  tous  infolubks  dans  Thuile  :  la  préfence 
de  rUuile  qui  enveloppe  ces  fels,  les  rend  encore 
plus  lents  dans  leur  réaftion.  Il  ne  fe  pro- 
duira donc  de  Tatr  qu'infenfiblement ,  &  feule- 
ment pour  fournir  à  la  perte  que  l'huile  en 
pourra  faire. 

Si ,  malgré  cet  avantage  ,  Thuile  faifoît  encore 
un  dépôt  mucilaglneux  ,  ce  dépôt  étant  répandu 
dans  les  cavités  6l  les  cellules  de  l'éponge  »  fe 
trouve  en  plus  petites  maiTes  raffemblées  :  il  eft 
par  cette  raifon  moins  difpofé  a  la  fermenta- 
tion. 

On  peut  avoir  encore  recours  k  une  autre  mé- 
thode pour  empêcher  les  huiles  de  fe  rancir  ;  c'cft 
d'y  ajouter  une  plus  grande  quantité  de  mucilage 
doux  ,  qu'elles  n'en  contiennent  ordinairement , 
pour  parer  d'avance  à  la  perte  qu'elles  feront  dans 
la  fuite. 

Le  fucre  efl  la  feule  fubflance  qui  puifle  être 
employée  avec  facilité  :  il  le  faut  faire  diflbut're 
par  trituration  à  froid  dans  une  portion  d'huile  » 
pour  être  mélangé  ei^fuite  dans  la  mafle  reliante. 

Les  proposions  les  plus  convenables  font  de 
fix  onces  de  fucre  fur  cent  livres  d'huile  ;  mais  fi 
rhuile  eft  déjà  rancc  &  quelle  n'ait  pas  été 
faite  avec  les  précautions  indiquées  ,  cette  mé* 
thode  nuit  au  lieu  tfètre  avantageufe  ;  car  le  fu- 
crc  développe  encore  plus  Todeur  fit  le  goût  qu'elle 
pou rr oit  avoir* 

U  faut  tenir  les  vafes  dans  lefquels  on   met 


N  A  V 

rhuile ,  dans  des  caves  fraîchei ,  Ac  en  tout  f«i!l* 

blables  aux  meilleures  caves  pour  conferver  le  vii^ 
On  doit  avoir  foin  de  laver  fcriipuleufenient  les 
vai/Teaux  qui  doivent  la  contenir ,  6l  paffer  enfuîte 
dans  ces  vailTeaux  un  peu  d'efprit-de*vtn  ou  de 
froment,  U  eft  eft'entiel  de  tenir  ces  vaiJeaux  par- 
faitement bouchés ,  ce  qui  eft  totalement  oppofè 
à  la  ccjtume  ordinaire. 

Ce  n'eft  pas  aflez  d'avoir  dépouillé  ces  huiles 
de  leur  mauvais  goat»  de  leur  odeur  défagiéable> 
enfin  de  les  avoir  rendues  bonnes  pour  toui  les 
ufages  économiques,  il  i^ut  encore  tes  corriâtt 
quand  elles  font  devenues  rances.  '|H 

Uhoilc  eftentielle ,  les  réfmes  mifes  à  nu  psr 
Tabandon  du  mucilage  ^  font  les  principes  du  goût 
6cdel*odeur  defagréables.  L'efprii-de*vin  ou  dA 
fromcni  les  corrige  à  peu  de  ftais. 

Pour  cela  faites  légèrement  chauffer  Thulie  ; 
ajoutei  de  refprit-de-viD  ;  agitet  le  vaiileau  quand 
refpric-de-vin  fumera  fur  1  huile  ;  féparez  cette 
huile  de  Tefprit-de-vin ,  &  aioiuez-en  de  nou- 
velle. 

On  peut  également  faire  cette  opéniion  à 
froid. 

Cet  efprit'de-vin  fe  charge  de  l'huile  éthèréc, 
fit  peut-être  de  la  réfme  ;  mais  il  n'eft  point  perdy 
ni  altéré  pour  cela  en  le  traitant  de  la  maoïcrc 
fui  van  te. 

Il  faut  rétendre  dans  ûx  panies  d'eau  de  chaux 
légère ,  féparer  Thuile  éthérée  qui  fumage  cette 
eau  après  ce  n  èlange ,  la  filtrer  fur  de  la  chaux 
leftîvée.  Cette  eau  dépofera  fon  principe  fauî* 
leux  «  &  par  la  diftiUarion  on  retirera  &  on  fépa- 
rera  l  efprit-de-vin  de  leau  dans  laquelle  on  IV 
voit  mêlé  ;  alors  il  eft  auftl  pur  &  aufti  inodore 
que  dans  fon  premier  état.  JE 

Ces  huiles  ainft  corrigées, gardent  pendant  pIV 
fieurs  jours  une  fenfatioa  traîche  quand  on  les 
goûte,  8c  elles  ont  une  légère  odeurd'efpnt- de- vîii 
qui  n'eft  pas  défagréable,  &  qu'on  peut  cepen- 
dant leur  enlever  par  des  lotions  réitérées  dam 
l'eau  ordinaire,  lion  veut  les  employer  tout  de 
fuite. 

Cette  correélion  de  la  rancïdité  des  huiles ,  don- 
neroit  un  bénéfice  confidérable  à  celui  qui,  après 
s  être  exercé,  l'entreprendroit  dans  le  grand. 


N  À  V  N  A  V 

r.    O    C    A    B    U   L    AI   R    E. 


35^ 


ijOLsA  OU  COLZA  »  efpèce  de  chou  dont 
Il  {raine  abondance  rend  beaucoup  d*huile  par 
opreffion* 

Grosse  navette  ;  nom  donné  à  la  graine  de 
colfa  9  parce  qu'elle  eft  plus  grofle ,  en  effet ,  que 
h  graine  de  nayette. 

Navette;  tfyiot  de  navet  faurage»  qui  pro- 


duit une  femence  ou  graine  abondante ,  dont  on 
peut  tirer  de  Thuile  par  expreflîon. 

Rabette  ;  c*eft  la  même  plante  que  la  navette  , 
dont  la  graine  rend  de  Thuile  par  expreiTion. 

Tourteaux  de  colfa  ;  ce  font  des  réfidus  de 
la  graine  dont  on  a  exprimé  l'huile.  Ces  pains 
ou  tourteaux  peuvent  fcrvir  à  aourrir  &  engraif- 
fer  les  beftiaux. 


;52 


N  O  I 


N  o  I 


NOIR.      (Art  et  fabrique  du  ) 


J^E  NOm  eft  la  couleur  li  plus  oppeféc  2U  blanc  « 

en  ce  qu'elle  eft  la  plus  obfcurc  de  toutes  les 
couleurs. 

L'art  produit  dlflFèrens  noin  par  la  cakmation 
ou  TuAion  de  matières  différentes. 

n  y  a  les  noirs  de  bois  de  cerf,  d*ivoirc  et 
d'os  calcinés  dans  un  vafe  couven. 

Le  njir  à'Aîîcmagne  efl  fait  avec  la  lie  de  vin , 
les^  noyaux  de  pêche  ,  l'ivoire  6t  los  ,  le  tout 
brûlé  &  calciné,  cnfuitc  lavé  &  porpliyrifé. 

Ccft  de  ce  noir  dont  les  imprimeurs  en  taille- 
douce  fc  fervent.  Ce  noir  vient  ordinairement  de 
Francfort ,  de  Mayence  &  de  Strafbourg ,  ou  en 
pierre  ,  ou  en  poudre. 

Il  s'en  fabrique  néanmoins  en  France ,  qu!  ne 
diffère  de  celui  d'Alïemng;ne  ,  que  par  la  diffé- 
rence qui  fc  trouve  entre  les  lies  de  vin  dont  il 
fe  fait. 

Celui  de  Paris  eft  même  plus  eflimé  que  celui 
d'Allemagne,  fit  les  imprimeurs  en  taille-douce 
je  trouvent  plus  doux. 

Le  noir  d* Allemagne  doit  fe  choiftr  humide  » 
fans  néanmoins  avoir  été  mouillé,  d'un  beau  noir, 
luifant  ,  doux ,  friable ,  ou  facile  à  mettre  en 
poudre  ,  léger,  lîSt  avec  le  moins  de  grains  lui- 
fans  que  faire  fc  peur. 

Le  noir  de  unt  e^l  une  forte  de  charbon  offile , 
tendre  &  gras  au  toucher. 

Le  noÏT  de  fumée  cft  produit  par  des  réfmes 
brûlées,  telle  que  la  poix,  qui  efl  un  fuc  ou  gomme 
tenace ,  qu'on  tire  principalement  des  pins  & 
fapins. 

Lorfqu*on  fait  brûler  ces  fubftances  réfineufes , 
elles  donnent  une  fuie  noire  &  légère  (gu  \û  noir 
de  fumie)yf\\\\  eA  d'un  grand  uf-ge  daiîs  la  pré- 
paration de  quelques  couleur*,  &  qui  entre  dans 
la  compofiiion  de  l'encre  des  imprtmcxiis. 
^  Le  noir  de  fwmhç  cft  mifciblc  avec  Teau  ,  par 
l'intermède  de  rcfprît  de  vin  ou  de  Teau-dc-vie 
dont  il  faut  l'imbiber  avant  de  le  mêler  dans 
les  couleurs  en  détrempe. 

Voyez  l'appareil  le  plus  convenable  pour  re- 
cueillir h  fuie  que  donne  le  noir  de  fumée ,  tom« 
ÎV  des  gravures.  Voici  l'explication  de  la  planche 
qui  en  montre  le  développement. 

La  figure  première  rcpréfcntc  rintérîeur  d'une 


chambre  ou  tour  ronde  ,   coupée    par  le  lEi' 
mètre. 

Cette  chambre  eft  couverte  d'un  toit  conique , 
au  fommet  duquel  eft  fixée  une  poulie  ji,  furli» 
quelle  païTe   une   corde  ah  ^  ï,  laquelle  efl  bA 

Ïiendu  un  pavillon  ou  cône  de  toile  , /g.  % ,  ém 
a  bafe,  tendue  par  un  cerceau ,  affleure  les  pa* 
rois  intérieures  de  la  tour* 

A  l'intérieur  de  cette  tour,  dont  les  fenètrO{ 
&  la  porte/  doivent  être  très-dofes,  communia 
un  fourneau  qu"  auroit  dû  être  rtpéfemé  hm 
de  la  tour  ,  en  forte  que  le  mur  du  fourneau  (c 
fut  rencontré  à-plomb  du  mur  de  la  tour,  aân 
d^  lai/Tcrle  pa{ïage  libre  au  cône  de  toile»  pouî 
defcendre  le  long  des  parois  intérieures  de  II  \m 
jufqu'à  fon  rer-de-chaufféc  ,  &  raffcmbler  pir  ce 
moyen  la  fuie  (  ou  le  noir  de  fumée  ^  conte- 
nue dans  fon  intérieur;  ce  qu'il  fera  tacilc  <k 
fuppléer  en  concevant  que  la  cheminée,  /||, 
foit  fupprimée  jufqu'n  la  naiffance  de  la  hotte  i 
&  que  le  fourneau  foit  placé  au  dehors  d.* bâ- 
timent ,  comme  il  a  été  dit. 

Le  devant  du  fourneau  a  trois  ouvertures,  li 
première,  au  rez-de-chaufféc ,  cft  celle  du  cen- 
drier ;  la  féconde  c ,  eft  le  foyer  :  elle  répond  w 
niveau  de  la  grille  fur  laquelle  on  place  le  bon  ; 
ia  troidéme  i/,  eft  celle  par  laquelle  on  ît 
dans  la  chaudière, /r^.  4,  les  matières  te 
dont  la  combuftion  produit  le  noir  de  fumèc. 

C'eft  par  cet  appareil  qu  on  reçoit  la  fumée  (joî 
s'échappe  en  flocons  de  facombuAion  de  réfmc, 
de  térébenthine,  de  poix  noire  ,  &  de  goadrotli 
qui  ne  peuvent  fervir  à  autre  chofc* 

Ces  flocons  de  fuie  ou  de  fumée  s*ana: 
la  toile,  ou  aux  peaux  de  mouton  don: 
binet  eft  tendu. 

En  Allemagne ,  oîi  il  fe  trouve  de  vaflci  fw« 
de  pins  &  de  fapins ,  on  fatt  le  noir  de  h^k 
en  grand  ,  &  Ton  conftruit  des  fourneaux  W" 
quemcnt  deftinés  à  cet  ufage. 

Noir  de  fumée  dont  fe  fervem  iij.êrfwws. 

Pour  donner  plus  d'éclat  &  plus   de    îetï  n 
diamans,  3c  aux  pierres  qv\  les  imr:-  m 

févres-  joailliers  font  ufage  dit  noir  dv ORI 

ils  tapiffent  le  fond  de  la  monture. 


N  O  I 

Volet ,  d*aprè$  Kunkel,  h  meilleure  prèpiriûoii 
de  ce  noin 
Trempez  de  la  filaCe ,  du  lin  ,  ou  du  61  crud 

dan»  de  l'huile  de  lia.  AUumcz-Ies  en  fui  te  :  tenez 
diTcâi^menc  au-delTus  un  v^^âeiu  de  cuivre  ;  il 
iy  atuchera  une  fumée  ^  ou  fuie  très-déliée  ; 
quAûd  vous  en  i^urez  fufHfamment»  détachez  cette 
fuie ,  broyez-la  avec  du  vernis  de  lacquc ,  ou 
i  l'huile  dafpic  ,  &  employez:  cette  coukur  de  la 
manière  que  vous  Je  jugerez  à  prc-pos  ;  vous 
aurez  un  très  beau  noir  iuifant. 

On  emploie  auffi ,  dîc-on ,  Tencre  de  la  Chine 
au  nsême  uOge. 

Le  noir  d*  cerf  eft  ce  qpi  rcfle  dans  la  cor- 
nue, après  que  Ton  a  tiré  de  la  corne  de  cerf, 
refprit,  leftl  volatil,  &  rhuile.  Ce  réftdu  fc  broyé 
avec  de  Tcau  ,  &  fait  une  forte  de  noir  qui 
eft  prefque  aud  beau  &  aufE  bon  que  celui 
d'ivoire. 

Noir  pour  la  pcifuuru 

Or  emploie  dans  ta  peinture  plufieurs  efpéces 
die  noirs  diffère ns ,  tels  que  le  noir  d'ivoire  « 
d'o^  »  de  noyauic  de  pèches ,  de  charbon  ,  & 
pour  U  frefque ,  du  noir  de  terre. 

Mits  le  noir  d'ivoire  eft  fans  contredit  le  meîl^ 
leur  pour  la  peinture.  On  le  prépare  en  mettant 
des  Morceaux  d^ivoire  dans  un  creufet,  avec  un 
couvercle  luté  bien  cza^ement  ;  car  s'il  y  avoît 
le  moindre  jour  au  creufer,  il  fe  conuimeroït 
entièrement.  U  faut  metrre  le  creufet  ainfi  rempli 
de  morceaux  d'ivoire ,  dans  un  de  ces  fours  où 
FoQ  fait  cuire  U  poterie;  &  pour  que  Tivoire 
devienne  d'un  beau  noir,  &  foit  bien  cuit  ^  il 
hut  y  laifter  le  creufet  pendant  tout  rcfpace  du 
teaps  qui  eft  néceiTatre  pour  cuire  les  poteries* 
On  broie  enfuite  ce  noir  fur  k  porphyre  le  plus 
an  qu  il  eft  poffible. 

Le  noir  d'os  &  celui  de  noyaux  de  pèches  «  fe 
prépare  de  la  même  manière. 

Quant  au  noir  de  charbon^  on  ne  fait  que  piler 
du  charbon  dans  un  mortier ,  ôc  le  broyer  enfuite 
i  Teau  fur  le  porphyre*  On  le  met  alors  fécher 

£r  petits  morceaux   fur  du  papier  lifle.  C'cft  un 
au  noir  pour  U  peinture. 
B  '^  Le  nùir  de  f^lpie  fe  tire  de  farmens  brûlés, 
^      Ceft  le  plus  beau  de  tous  les  noirs.  Plus  on  le 
^oie«  plus  il  donne  d'éclat. 

tLe  noir  de  compo/tûon  eft  le  réfidu  dc5  opéra- 
€ioiks  du  bleu  de  pruffe*  Il  tire  Un  peu  fur  le 
Vett. 

Le  noir  de  pèches  fe  fait  avec  les  noj^aux  de 
l^eches  brûlés  comme  le  noir  d'ivotre  «  OL  brgyés 
^H-6ns  fur  le  porphyre.  Il  fert  beaucoup  en 
^  '  lure. 

Ans  &  Métiers^  Tome   K  Partie,  A 


NOI  353 

Noir  ilqulde  d'Angleterre  pour  les  cuirs. 

Ce  noir  eft  d'autant  plus  à  rechercher,  quHl 
fait  Teftet  d'un  beau  vernis  «  &  qu'il  a  lavan* 
tage  de  ne  tacher  ni  les  mains,  ni  les  bas. 

On  prend  une  chopine  de  bierre ,  pour  fix  fols 
de  noir  d'ivoire  en  poudre,  pour  deux  fols  de 
fucre  candi ,  paur  deux  fols  de  gomme  arabique  » 
&  pour  deux  fols  de  cire  vierge»  On  m^t  le  tout 
enfemble  dans  un  pot  de  ttrre  à  trois  pieds;  on 
le  fait  bouillir  à  petit  tèu  fix  minutes  ,  puis  on 
le  laiffe  refroidir. 

Il  faut  étendre  ce  noir  liquide  8t  froid  fur  le 
cuir  avec  un  pinceau  :  on  fe  fert  d'une  brolTe 
neuve  fit  douce,  pour  Tétcndre  également;  en- 
fuite  on  fe  fert  é^unt  autre  brolle  un  peu  rude 
&  neuve  ,  pour  fécher  le  noir.  Plus  on  broiî^e  , 
plus  le  noir  devient  beau  &  poli. 

Recette  pour  faire  un  beau  noir, 

Pulvérifcz  des  noix  de  galle  ,  étendez  cette 
poudre  fur  une  plaque  de  fer;  prenez  une  autre 
plaque  de  fer  rougie  au  feu  ,  &  broyez  la 
poudre  jufqu'i  ce  qu'elle  rende  une  certaine  huile* 
Mêlez  cette  liqueur  huileufe  avec  de  l'eau  ,  & 
la  broyez  de  nouveau  avec  un  morceau  de  cuivre 
en  forme  de  bouchon ,  ou  de  petit  broyon- 

Il  réfulte  de  cette  opération  une  teinture  du 
plus  beau  noir.  Les  d^mes  afutiques  s*en  noircif- 
fcnt  les  cheveux  &  les  fourcils  dans  le  royaume 
d'Aftracan. 

Teinture  en  noir   publiée  à  Londres* 

Saturez  deux  livres  de  virriol  de  cuivre  avec 
Talkâli  fixe.  (  On  recommande  la  por^lTe  d'Amé^ 
rîque ,  fi  on  peut  fe  la  procurer,  )  Il  faut  en- 
viron une  quantité  de  cendre  égale  au  poids  du 
vitrioU 

On  aura  foin  de  faire  la  leHGve  des  cendres , 
&  la  diftblution  du  vitriol  dans  deux  va  Tes  ft- 
parés  ;  on  ks  mêlera  enfuite  ;on  agitera  ces  deux 
liqueurs  trés-exa^ement  ^  &  on  les  abandonnera 
pendant  quelques  heures^ 

Il  fe  formera  fur  le  champ  un  précipité  ;  & 
lorsqu'il  fera  bien  dépofè,  il  faudra  ajoufcr  quel- 
ques gouttes  de  leilive  de  cendres  fur  la  liqueur 
nageante.  Si  elle  ref!e  claire ,  c'cft  une  preuve 
qu't;ile  eft  bien  faturée  ;  fi  elle  ne  Tcft  point ,  îl 
y  aura  un  précipité  bleu  qui  en  fera  le  produit. 

li  faut  alors  ajouter  de  la  Icftive  de  cendres, 
jufqu  à  ce  qu'on  foit  parvenu  ï  la  décompofitton 
totale  du  vitriol  de  cuivre.  Il  n*y  a  pas  môme 
de  danger  à  m^m^  un  excès  de  leftive  de  c,  drcs. 
Il  faut  lufti  avoir  attention  de  v crier  psu-à  peu 
U  leftiye  de  cendres  fur  k  diffolution  de  vitriol , 


354 


N  O  I 


a6n  d'éviter  la  grande  efiervefcence  qui  feroit  re- 
jailUr  les  liqueurs  hors  du  vafe. 

Ce  mélange  de  deux  livres  de  vitriol  &  de 
deux  livres  de  cendres,  doit  être  employé  aux 
proportions  ufitées  du  verd-de-grts,  &  au  même  ^ 
poids ,  &  on  rajoutera  aux  autres  liqueurs  de  la 
teinture  à  divers  temps  y  comme  on  le  pratique 
à  regard  du  verd-de-gris. 

Le  noir  ainfi  teint,  n'altérera  point  les  mar- 
chandifcs  ,  cette  préparation  tend  plutôt  à  les 
adoucir  qu'à  les  corroder,  particulièrement  les 
chapeaux ,  dans  la  teinture  dcfqu^ls  il  entre  beau- 
coup de  verd-de-gris. 

On  confeille  encore  à  ceux  qui  voudront  fubfli- 
tuer  cetie  préparation  au  vcrJ-dc-gris  ,  d'avoir 
tmijours  fous  la  main  deux  vaiiTeaux  :  dans  l'un 
on  tiendroit  ime  diffolution  de  vitriol  de  cuivre, 
&  dans  l'autre  une  leffive  très-forte  de  cendres 
piêtes  à  ttre  mêlées  dans  le  befoin  :  car  lorf- 
qu'ellcs  font  gardées  quelque  temps  étant  mêlées  , 
elles  ne  produifcnt  point  une  réuiTite  aufR  fatis- 
faifame. 

Noir  des  corroyeurs. 

On  appelle  premier  noir,  chez  les  artîfans  qui 
donnent  le  corroyage  aux  cuirs  quand  ils  ont 
été  tannés  ,  la  première  teinte  de  cette  couleur, 
qu'ils  appliquent  fur  les  peaux  d'animaux.  Ce 
noir  eft  fait  de  noix  de  galle ,  de  bierre  aigre  , 
&  de  ferraille. 

Le  fécond  noir  eft  compofé  de  noix  de  galle, 
de  couperofe ,  &  de  gomme  arabique. 

Noir  d*E/pagn€. 

C'efl  alnfi  que  l'on  nomme  le  liège  brûlé  & 
réduit  en  charbon    dans  des  vaiflfeaux  fermés. 

On  fait  du  /2«ravec  de  la  noix  de  galle,  de 
la  couperofe  ou  du  vitriol,  comme  l'encre  com- 
mune ou  à  écrire. 

Il  fç  fait  encore  du  noir  avec  de  l'argent  & 
du  plomb,  dont  on  fe  feri  à  remplir  les  creux 
•u  cavités  des  chofes  gravées. 

Le  noir  qu'on  emploie  pour  peindre  les  cadraas , 
s'appelle  noir  d'écaillc. 


N  o  I 

Pour  employer  ce  noir^  on  le   broie  trés-fii 

dans  un  mortier  d'agathe ,  avec  de  l'hutle  d*af 
pic  ;  &  pour  donner  une  idée  de  la  finefle  qa*i 
doit  avoir,  il  faut  employer  au  moins  une  demi 
jourtiée  pour  en  broyer  un  gtos. 

Après  que  le  ncir  cft  broyé,  on  le  retire  di 
mortier,  &  on  en  pofe  une  partie  fur  un  morceai 
de  çîace  :  le  rctte  doit  être  enfermé  dans  un  vaf< 
très- propre  ;  &  afin  de  le  rendre  plus  coularf  8 
propre  à  être  employé  au  pinceau ,  on  y  reme 
de  nouvelle  huile  d'afpic,  que  l'on  broie  avec  un 
petite  fpatule  d'acier. 

On 'fait  auffi  un  noir  avec  PamanJe  qiû  fe  trouv 
dans  la  noix  d* Acajou,  Il  fikut  ôter  la  pellicul 
qui  cft  deffur.  On  Cclcine  enfuite  l'amande  ai 
feu.  Si  on  réteint  auffirôt  dans  un  linge  mojill 
d'eau-de-vie  ou  de  vinaigre.  Du  refle  ce  noir  { 
prépare  comme  le  billre  &  les  autres  couleurs 
obfervant  de  le  broyer  à  plufieurs  reprifes  ,  t 
de  le  laifler  fècher  chaque  fois. 

Les  arts  de  la  teinture  &  autres,  cmploier 
encore  différens  noirs  qui  font  rapportés'' à  Icu 
article.  Voyez  auiTi  ce  qui  eft  dit  ce  cette  cou 
leur ,  page  4  du  tome  11  de  ce  diâionnalre. 

Noir  de  cheminée. 

Prenez  du  noir  de  four  ou  de  cheminée 
faltes-le  calciner  dans  un  creufet ,  ou  dans  u 
pot  de  terre  non  verniffé.  Lorfque  le  feu  com 
mence  à  le  pénétrer  ,  vous  le  verrez  roiiglr 
jeter  des  étincelles  &  pouJer  de  la  fumée.  Cett 
fumée  eft  la  graiffe  qui  s'évipore. 

Quand  vous  n'en  verrez  plus  foriir,  reiircit  1 
pot  du  feu ,  &  lalffez-!e  froitllr. 

Lorfquc  la  matière  eft  refroidie,  jetez-la  fur  u 
marbre,  &  avec  la  molette  broyez-l^,  en  ; 
verfant  de  temps  à  autre  un  peu  d'eau,  dar 
laquelle  on  a  fait  fondre  de  la  gomme  la  pli 
claire  &  la  plus  bcl'e  :  on  fait  enfuiic  une  pat 
à  laquelle  on  donne  une  .iufte  confiftance,  pot 
lui  donner  enfuite  telle  forme  que  l'on  juge 
propos ,  &  on  la  lalffe  féchcr. 

On  peut  y  mêler  un  peu  de  fijl  de  bœuf. 

Ce  noir  ainfi  préparé  peut  remplacer  l'enci 
de  la    Chine. 


r    o    C    A    B     u    L    A    I    R    E. 


A 


CAJOU,  {noir  /)  Ce  noir  fe  tire  de  la  com- 

buftion  de  l'amande  qu'on  trouve  dans  la  noix 
d'Acajou. 

Allemagne  ;  {noir  d"  )  couleur  qui  fe  tire  de 
la  calcination  de  la  lie  de  vin  ,  de  l'os  ,  de 
l'ivoire ,  &<. 

Angleterre;  (/10/V  Iqu'ided*)  c'eft  un  noir 
qui  fe  fait  avec  de  la  bierre,  du  noir  d'ivoire. 


du  fucre  candi ,  de  la  gomme  arabique  ,  &  i 
la  cire  vierge. 

Cerf  ;  (  noir  de  )  c'eft  le  rlfidu  charbonneux  ( 
la  corne  de  cerf. 

Charbon;  (/io/V  </tf)  c'eft  le  noir  qui  fe  ti 
d'un  charbon  pilé  &  porphirifé. 

Composition;  {noir  de)  c'eft  le  nom  qu 


N  O  I 

donne  au  4:ifidu  des  opérations  du  bleu  de 
ttwSe. 

CORROYEURS  ;  (/!<?/>  des)  c'çd  un  noir  fait 
avec  de  la  noix  de  galle ,  de  la  bierre  aigre ,  & 
de  la  ferraille. 

Ecaille  ;  (  noir  d*  )  c*eA  un  noir  qui  fe  tire 
de  l'écaillé  brûlée. 

Espagne  ;  (  noir  d*  )  c'eil  le  noir  que  l'on  tire 
du  charbon  du  liège  brûlé. 

Fumée  ;  (  noir  de^  c*eft  le  noir  produit  par  la 
fiunée  de  rèfines  brûlées. 

<7ALLE  ;  (  noix  de  )  c'eft  une  noix  dont  le  fiic 
lAtrés-aftriiigent,  &  qur  iêrt  dans  certaines  coin- 


N  o  I 


355 


pofiiions  de  noir  avec  la  limaille  de  fer. 

Londres  ;  (^teinture  en  noir  de)  c'eft  un  noir 

2ui  rél'ulce  du  vitriol  de  cuivre  &  de  Talkali 
xe. 

Noir  ;  c*eft  la  couleur  la  plus  obfcure. 

ORFàvRBS  ;  (  noir  des  )  c'eft  un  noir  de  fumée  ^ 
ou  de  fuie  très-déliée. 

PiîCHES  ;  (  noir  de  )  noir  qui  fe  tire  des  noyaux 
de jpêchiîs  brûlés. 

AERRE  ;  (  noir  de)  c'eft  une  force  de  charbon 
foOile. 

Vigne  ;(/w/>  de)  c^efl  un  noir  qui  fe  tire  da 
charbon  de  farmens  de  vigne  br&iés. 


.^^        -«    V 


Yy  i 


35< 


NOIX    DE    BEN.      (Art  concernant  les)       | 


JLi'aRBRE  qui  produit  la  noix  de  ben  »  croh  en 
Efpagne  ,  en  Arabie  >  en  Ethiopie  ,  &  dans  les 
Indes. 

Le  b^n  a  deux  forces  de  feuilles  ^  l  une  fimple 
&  Tautrebranchue. 

La  branchue,  prife  depuis  Tendroit  ou  elle  tient 
à  fatî^e,  eu  compofèe  d^une  côte  molle,  plian- 
te ,  cylindrique  ,  grêle ,  femblable  au  petit  jonc 
ou  à  un  rameau  de  genêt ,  mais  une  fois  plus 
menue.  De  ceite  côte  fonent  des  queues  ou 
petites  cotes  ,  d*un  palme  &  plus  de  longueur  « 
fort  écartées  les  unes  des  autres ,  rangées  deux  à 
deux ,  garnies  chacune  éc  quatre  ou  cinq  con- 
jugal fons  de  feuilles  qui  fe  terminent  aulE  en 
une  po  nte  fort  menue. 

Le  tout  enfcmble  forme  la  feuilU  branchue  :  ces 
rameaux  de  feuilles  en  portent  d'autres  petites  à 
lei^rs  noeud  *  toujours  pofées  deux  à  deux^  de 
figu  c  fit  de  grandeur  diiiérentes;  caries  premières 
font  à  pointes  mouiïes  comme  les  feuilles  du 
tournefol  :  celtes  qui  font  au  milieu  font  plus 
pointues,  &  fembhbles  à  celles  du  myrthc;  celles 
qui  font  à  lextrémité  font  plus  petites  fit  plus 
étroites* 

Eles  tombent  toutes  en  hiver;  d'abord  les  pe- 
tites feuilles  ,  puis  toute  la  feuille  branchue. 

La  racine  de  cette  plante  efl  épaiiTe ,  fembbble 
en  quelque  façon  k  celle  du  navet ,  noire  en  de- 
dans fit  peu  branchue. 

Le  fruit ,  félon  Bduhîn  ,  ed  une  gonfle  longue 
d'un  palme,  composée  de  deux  coifeSj  cylin- 
diique,  gr  c,  partagée  iritéfieurcment  en  deux 
lo^es  ,  renflée  depuis  fon  pédicule  jufqu'à  foa 
sulieu  t  contenant  une  noix  de  la  grofleur  d'une 
oo  fette  dans  chaque  loge. 

Cette  goufle  eft  pointue  ou  en  forme  de  flilet , 
rccourbcc  en  bec  à  fon  extr^^mité ,  rouiTâtre  en 
dedans ,  brune  ou  ceadiée  en  dehors ,  cannelée  & 


ridée  dans  toute  fa  longueur,  coriace,  fleiibk, 
de  la  nature  des  écorces ,  un  peu  ailringeiice  k 
fans  fuc- 

La  petite  noix  renfermée  dans  chaque  loge  dl 
triangubire.  Elle  contient,  fous  une  coque  &  fouj 
une  pellicule  blanche  &  fongueufe»  une  amaAde 
anHl  triangulaire,  graile  »  blanchâtre,  un  peu  acre, 
a  mère  ,  huileufe. 

La  noix  de  ben  contient  beaucoup  d'huile  êpii(> 
fe  ,  8c  un  peu  d'huile  eflentielle  »  acre  fit  brâlaote, 
unie  i  un  fel  ammoniacal.  Ccfl  cette  huiîc  fubtili 
qui   purge  fie  fait  vomir. 

Les  parfumeurs  vantent  Thuile  de  ben  i  patte 
qu'elle  fe  rancit  difficilement ,  fit  qu  étant  £tti 
odeor  >  elle  n'altère  point  celle  des  fleurs. 

Quand  on  veut  tirer  les  odeurs  des  fleuri  pf 
le  moyen  de  Thuile  de  ben  *  on  prend  un  viif- 
feau  de  verre  ou  de  terre  ,  large  en  haut,  étroitpif 
bas  ;  on  y  met  de  petits  tamis  de  crin  par  ènp; 
on  arrange  fur  ces  tamis  des  fleurs  par  lits  ifeÇ 
du  coton  cardé  bien  menu  iL  imbibé  d'huile  de  beflj 
on  lai  (Te  le  tout  dans  cet  état  pendant  quatre 
heures,  puis  on  jette  les  fleurs. 

On  en  remet  d'autres  avec  le  môme  cotoo,!t 
Ton  réitère  jufqu'à  ce  que  Thuile  foit  fuflirafnoeoi 
imprégnée  de  Todeur  des  fleurs.  On  finit  ptf 
exprimer  Thuile  du  coton. 

L'huUe  de   ben  fert  encore  à  adoucir  la  peifl* 

Cette  huile  ,  mêlée  avec  du  vinaigre  fit  du  nitrCi 
efî  auflî  très-propre  pour  guérir  les  petits  boutofll» 
fie  calmer  les  démangeaiions. 

On  racle  les  racines  de  hcn  dans  Tlxide,  » 
on  sVn  fert  comme  du  raifm  »  dont  elles  ow  te 
goût  acre  ^  piquant. 

Il  e{l  aufll  d'ufage  de  faire  cuire  fes  fiiiipes 
îorfqu'elles  font  vertes  8c  tendres  ,  fit  de  lesoièlff 
parmi  les  ïUmens  pour  bur  fenrir  d^aEaîfonaen^ 


ÉÉI 


NOIX    DE    GALLE.    (Art  concernant  les) 


L^£$  noix  de  §alle  font  des  excroiffances  contre 
Oiturc,  formée*  par  la  piqûre  de  quelques  infec- 
tes fur  des  chênes  en  divers  pays. 

Ces  excroiffanccs  ont  une  forte  de  noyau  , 
mab  elles  n'ont  qu*une  fauffe  apparence  de  noix 
ou  de  fruit. 

H  n'y  a  prefque  point  de  plante  qui  ne  foit  de 
même  piquée  par  un  infeéle,  fit  qui  ne  pro- 
duifc  de  ces  prétendues  noix  de  toute  couleur  & 
de  toute  grandeur*  Il  y  a  des  arbres  dont  les  feuil- 
les  en  font  entièrement  parfem^es  ;  mais  on  ne 
leur  a  point  donné  de  nom,  parce  quon  n'en  fait 
point  d*ufage;  peut-être  tirera-t*on  dam  la  fuite 
quelque  utilité  de  ces  cicroiiTances  qui  fe  trouvent 
fur  Is  plane  ,  fur  le  peuplier,  (ixr  le  faille  ,  fur  k 
buis  t  fur  le  lierre  »  &c*  L^i  ftîcrets  des  arcs  ne 

»font  pas  èpuifés. 
Les  noix  de  gaïli  ,  pnifqu  on  les  nomme  ainfi  » 
vienoeot  fur  des   arbres  qui  jponent  du  gland  , 
mais  non  pas  fur  toutes  les  cijpèces  de  chêne  ni 
daDs  tous  les  pays. 

Le  chêne  qui  porte  les  galles  y  s'appelle  rahre  ou 
nuvrt.  Il  croît  dans  le  Levant  »  dans  la  Pannonie  , 
«Sans  riftrie  ,  en  Italie,  en  Provence  ,  en  Gaf- 
cogne.  Sic. 

Cet  arbre  eft  plus  bas  que  le  chêne  ordinaire  » 
mis  (on  gros  &  (ouvent  tortu  :  fon  bois  eft  fort 
«Kiï  ;  fc$  feuilles  font  découpées  à  ondes  affcz 
pofondes,  couvertes  d*un  duvet  délicat  i  fes 
ttcurs  font  des  chatons ,  &  fes  fruits  des  glands 
fins  petits  que  ceux  du  chêne  commun, 

Le  rouvre  ne  fournit  pas  drs  gaDes  dans  totïs 
les  pays  ;  par  exemple ,  il  n*en  porte  point  en 
Angleterre.  La  raifun  e(t  qu'on  ne  voit  pas  dans 
1«  Ifles  Britanniques ,  les  infeélcs  qui  donnent 
Aaifance  aui  naix  de  ^alie  ,  &  qu*il  eft  conftant 
^ue  c'cft  à  leur  piqûre  que  ces  fortes  d'excroif- 
«Occs  contre  nature  doivent  leur  origine:  voici 
^omme  elles  fe  forment  fuivant  les  obfcrvarions 
«'êï  Malpighi. 

Certiiiii  petits  infeftes  ,  &  fur-tout  certaines 
touches  piquent  les  bourgeons ,  les  feuilles  ëi 
*^s  rejetons  les  plus  tendres  des  rouvres  :  ils  en 
«déchirent  les  vaiffcaux  les  plus  minces  ,  &  en 
^<^nt  fonir  une  humeur  qui  le  forme  d*abord  en 
^i>c  coque  ou  veflie  ,  &  puis  fe  remplit  &  fe 
«Urcir. 

En  effet,  le  cœur  du  bouton  étant  cnramê  par 
^  tarière  de  Tinfeéke,  le  cours  du  fucre  nourri- 
^CT  cù.  interrompu,  La  féve.détournée  de  (on  che- 
^ûi^  s*extravafe^  s'enfle  &  fe  dilate  a  Taide  des 


bulles  d'air  qui  entrent  par  les  pores  de  Técorcc  ; 
fie  qui  roultnt  dans  les  vaifleaux  avec  la  fève. 
Cette  veifie  fe  llèche  en  dehors  ,  &  Tair  exté- 
rieur la  durcit  quelquefois  en  forme  de  croûte 
Sl  de  noyau*  Eafin  cette  boi:le  fe  nourrit  ,  vé- 
g'^tte ,  Ôt  groflu  avcc  le  temps  comme  le  rcile  de 
Tarbrc. 

Ces  veflîts  font  deftinécs  k  être  comme  la  ma- 
trice qui  doit  recevoir  les  œufs  q\re  pondent  ces 
infeâestles  conferver,  les  échauôer ,  les  faire 
éclore  &  les  nourrir. 

Quand  on  ouvre  les  noix  de  ga!le  mûres 
&  récentes  ,  on  trouve  à  leur  centre  des  vermif- 
feaux  ,  ou  plutôt  des  nyrr.pbes  qui  fe  développent 
irîfenfibtcment,  et  fe  changent  en  mouches  qui 
font  quelquefois  d'un  genre  différent. 

Peu  de  temps  après  que  ces  in&fies  font  for- 
més ,  ils  ie  cherchent  une  iffue  en  ton  gant  la 
fubfiance  de  la  noix  de  galle  ;  enfin  ils  font  un 
trou  rond  à  la  fupcrficie,  par  lequel  Us  fortent 
&  s'envoient. 

Si  les  noix  de  galle  ne  font  ^int  percées ,  on 
y  trouve  le  vcrmifleau  ou  la  mouche  ;  mais  fi  elles 
font  ouvertes  >  on  les  trouve  vides  ou  rempUes 
d'autres  animaux  qui  font  entres  par  hafard  dans 
les  trous,  &  fe  font  cachés  d.ms  ces  petites  ta* 
mères:  on  y  trouve,  par  cxwvmple  ,  quelquefois 
une  petite  araignée  qui  profite  du  domicile  vide  : 
elle  y  tend  des  fikts  proportionnés  h  U  grandeur 
de  la  place,  &  y  attrape  de^  pucerons  fans  ex* 
pêrience,  qui  y  viennent  chercher  aventure. 

On  dillingue  deux  fortes  de  noix  de  galle  dans 
les  boutiques  ;  favoir,  celles  d*Orient,  qu'on  appelle 
noix  de  galle  d'AUf  ou  aîéplncs  ,  &  celles  de  notre 
pays. 

Les  noix  de  galle  d'Alep  fotît  arrondies ,  de  îa 
groflcur  d'une  aveline  ou  d'une  petite  noix,  an- 
gL»leufes,  plus  ou  moins  raboteyfes,  pefantcs,  de 
couleur  blanchâtre  ,  verdâtre  ou  noirâtre ,  com- 
plètes fitréfineufcs  en-dedans,  d'un  goût  aftrin- 
geni  8t  acerbe. 

Colles  de  ndtre  pays  font  rondes ,  rougcâtres  , 
ou  rouiTes ,  polies  k  leur  fuperficie  ,  légères,  faciles 
a  rompre  ,  d'une  fubllancc  plus  raréfiée,  fpon- 
gieufes ,  éi  quelquefois  creufes.  Elles  font  moins 
bonnes  pour  la  teinture  que  les  noix  de  galle  du 
Levant. 

On  vient  de  voir  que  les  noix  de  galîe  dîfféren 
par  leur  figure,  par  leur  couleur,  &  par  ^eu^ 
furfice  polie  ou  raboteafe  :  différences  qui  dcp enr 


N  O  U 


35i^ 


JRE  ÉCONOMIQUE.  (Art  d'une) 


aliment  dont  le  pci!- 
ce  qu'il  eA  peu  coù- 
,  tant  en  l'anté  que 

•  millet  dont   on  a 
nique  pour  l'orge 

1  vnfi  de  terre. 

^a  y  jette  par 

ouilic  de  ("on 

'e    ci:Ulcr  , 

incc  lufli- 

•1  de  fcl , 


ic.:cnt 


plus  favoureufe ,  les  cuifinlers  y  ajoutent  du  fucre 
(k  des  aromates. 

Le  millet,  comme  aliment ,  efl  connu  dans  plu« 
ficurs  provinces  de  France ,  (ur-tout  dans  les  pro- 
vinces méridionales  :  on  en  fait  des  gruaux,  des 
tanres ,  des  fleurs ,  ou  efpèce  de  pâtilTerie  dans 
dis  terrines  de  terre  fort  plates  ,  qu'on  nomme 
mlllajjîèrts  :  on  le  réduit  îiuffi  en  farine  très- fine, 
&  on  en  prépare  dcrs  bojillies  au  lait  &  au  beurre  : 
il  y  a  même  dans  quelques  provinces  de  France  , 
fur- tout  en  Bourgogne  &  en  Breûô,  des  cantons 
renommés  pour  cette  graine. 

Le  panis  eH  une  efpice  de  millet  moins  )aune  « 
moins    favoureufe    &  moins   nourriiTante.  C*eft 
pourtant  un  des   alimens  ordinaires  des  payfans' 
qui  la   cultivent  »   &  ils  en  font  une  forte    de 
gruau. 


5v8  N  O  I 

dent  prindpalement  de  U  varicti  des  cf^èccs 
d'infcâcs  qui  piquent  les  chênes. 

Les  meilleures  noix  de  galle  nous  viennent  de 
Tripoli  ,  &  far-tout  d*Alcp  &  de  Moful  fur  le 
tigre.  On  en  recueille  dans  le  Levant  une  fi  grande 
quantité ,  qu*on  en  tire  de  Smyrne  feule,  plus  de  dix 
milles  quimaux  par  an. 

La  noix  de  galle  des  Turcs ,  qu'ils  nomment 
taigcniiç;-^y  eft  rcugeâtre,  de  la  grofleur  d*unc  noi- 
fette.  Elieefl  employée  dans  leur  écarlate^  ce  qui 
là  rend  fort  chère  en  Europe. 

Le  principal  ufage  des  noix  de  galle  efl  réfcrvé 
pour  ies  arts,  pour  les  teintures  du  grand»  & 
fur  tout  du  petit  teint,  pour  les  corroyeurs  & 
;iutrcs  ouvriers  en  cuir  >  enfin  pour  faire  leiicre. 

Les  teinturiers  emploient  les  galles  étrangères  , 
dites  ga  les  alép'mcs ,  pour  teindre  en  noir  ,  &  les 
galles  de  France  ,  qu'ils  nomment  caJfenolUs , 
pour  former  en  foie  le  noir  écru. 

L'obfcrvation  a  appris  que  la  poudre  ou  la  décoc- 
tion filtrée  de  noix  de  galle  étant  mêlée  en  petite 
quantité  à  une  liqueur  qui  contient  la  moindre 
parcelle  de  fer  dans  quelqu'état  que  ce  foit ,  y 
manifefie  ce  métal  fous  la  forme  d'un  précipité 
plus  ou  moins  divifé  ,  plus  ou  moins  rare ,  félon 
qu'il  e(l  plus  ou  moins  abondant,  &  de  différen- 
tes couleurs  proportionnelles  à  fes  différents  degrés 
de  ténuité  &  d'abondance ,  dans  l'ordre  fuivant  : 
le  précipité  à  peine  fenfible  eft  d'une  eouleur  de 
ro(e  tendre  ;  il  devient  par  nuance  paillé ,  vineux , 
gros  rouge ,  violet ,  bleu  foncé ,  oc  enfin  noir  , 


N  o  I 

c^eft-à-dire ,  bleu  très-foncé  :  cette  dernière  oiiance 
ÊÙ  celle  de  l'encre ,  qui  n'eft  autre  choie  qu^iuie 
forte  diflblution  de  vitriol  martial  précipité  par  la 
noix  de  galle  ,  &  dans  laquelle  le  précipité  eft 
confiamment  fufpendu  par  une  matière  gom« 
meufe  dont  cette  liqueur  eft  en  même-temps 
chargée.  ^ 

Les  noix  de  galle  fervent  encore  en  chimie 
à  éprouver  la  nature  des  eaux  minérales.  Elles 
donnent  à  la  folution  du  vitriol  la  couleur  noire, 
ou  plutôt  celle  de  violet  foncé  j  favoir ,  lorf- 
que.  le  fel  alkali  des  noix  de  galle  fe  joint  au  fel 
acide viiri(jlique ,  &en  faitréparoître  lesparties  mé- 
talliques ;  alors  ces  particules  ne  vont  pas  au  fond 
de  la  liqueur ,  mais  elles  s'unifient  avec  les  par- 
ticules fulphureufes  des  noix  de  galle ,  lefquelles 
nagent  dans  le  fluide ,  &  foutiennent  les  particu- 
les métalliques.  Par  cette  raifon ,  Tinfiifion  ou  la 
décoâion  de  ces  noix  fert  aux  chimiftes  8t  aux 
phyficiens  pour  l'examen  des  eaux  minérales  ;  car 
fi  elles  contiennent  un  fel  vitriolique  ou  un  pea 
de  fer  ou  de  cuivre ,  cette  infiifion  ou  cette  dècoc- 
tion  donne  à  ces  eaux  la  couleur  noire,  violette, 
pourpre  ou  tirant  fur  le  pourpre ,  félon  qu'elles 
contiennent  plus  ou  moins  de  fel  métallique. 

Enfin ,  les  noix  de  galle  font  employées  par 
quelques  médecins  pour  refiferrer  &  répercuter  » 
pour  affermir  &  fortifier  les  parties  qui  font  trop 
relâchées.  On  s'en  fert  dans  des  iqeâions  &  daci 
des  fomentations  aftringentes.  Elles  entrent  auiE 
dans  quelques  emplâtres  &  ongHeos  afiringens. 


rOCABVLAIRE. 


./xLEPiNES ;  ce  font  des  noix  de  galle  d'Alep ,  qui 
font  arrondies ,  de  la  grofleur  d'une  aveline ,  d'un 
goût  aflringent  &  acerbe. 

Bazgendge;  nom  que  les  Turcs  donnent  à  la 
noix  de  galle,  qu'ils  emploient  dans  leur  tein- 
ture d'écarlate.  Cette  noix  ell  rougeâtre ,  de  la  grof- 
feur  d'une  noifette. 

Cassenolfs;  nom  que  les  teinturiers  donnent 
aux  galles  de  France ,  qu'ils  emploient  pour  for- 
mer en  foie  le  noir  écru. 


Galles  à  l'épine.  Les  teinturiers  appelleM 
ainfi  les  galles  étrangères  qu'ils  emploient  pont 
teindre  en  noir. 

Noix  de  Galle;  excroiflances  contre  nature  « 
occafionfiées  par  la  piqûre  de   quelques  infeâei 
fur  certaine  efpèce  de  chêne. 
RoBRE  ;  nom  qu'on  donne  à  Tefpèce  de  chêna 
qui  porte  les  noix  de  galle. 

Rouvre  ;  c'eft  le  chêne  fur  lequel  fe  trouveaa 
ices  excroiflfaaces  qu'on  nomme  noïx  it  galle. 


N  O  U 


N  O  U   ' 


359 


NOURRITURE  ÉCONOMIQUE.  (Art dune) 


Oi 


'  N  prépare  en  Pologne  un  aliment  dont  le  peu- 
ple tait  beaucoup  d'uiâgc ,  parce  qu'il  eA  peu  coû- 
teux ,  nourrKTact  6c  fort  fain  y  tant  en  l'anté  que 
maltdte. 

Cet  aliment  fe  fait  avec  du  millet  dont  on  a 
ôté  i'écorce ,  comme  on  le  pratique  pour  l'orge 
monde. 

Ou  met  chauffer  de  Tcau  dans  un  vafe  de  terre. 
Lorfqutâle  commence  à  bouillir,  on  y  jette  par 
petites  pincées  le  grain  de  millet  dépouillé  de  (on 
ècorce,  &  Ton  agite  le  tout  avec  une  ci:Uler  , 
jufqu^â  ce  qu'il  ait  acquis  une  confiftancc  fuili- 
fante  ;  on  Taffaifonne  eufuite  avec  un  peu  de  fcl , 
de  hit  ou  de  beurre. 

Cette  préparation  ,  que  les  Polonois  appellent 
h:hd^  ell fi eflimée parmi  eux,  qu'elle  pi! oit  fot:- 
Tcntfur  la  table  des  riches  ;  mais  ptur  la  rendre 


plus  favoureufe,  les  cuifinlers  y  ajoutent  du  fucre 
6l  des  aromates. 

Le  millet,  comme  aliment ,  ell  connu  dans  plu- 
ficurs  provinces  de  France  ,  (ur-tout  dans  les  pro- 
vinces méridionales  :  on  en  fait  des  gruaux ,  des 
tanres ,  des  fleurs ,  ou  efpèce  de  pâJjTerie  dans 
des  terrines  de  terre  fort  plates  ,  qu'on  nomme 
millajjîèns  :  on  le  réduit  auffi  en  farine  très -fine, 
&  on  en  prépare  àts  bojillies  au  lait  &  au  beurre  ; 
il  y  a  même  dans  q  lelque*  provinces  de  France  , 
fur- tout  en  Bourgogne  &  en  Brefle,  des  cantons 
reiiommés  pour  cette  graine. 

Le  panis  efl  une  efpice  de  millet  moins  jaune  , 
moins    favourcufe    &  moins   nourriiTante.  C'eft 
pourtant  un  des  alimens  ordinaires  des  payfans' 
qui  la   cultivent  ,   &  ils  ca  font  une  forte    de 
gruau. 


^^a^iafa» 


NOYER     ET    NOIX. 

(  Art  concernant  les  ) 


1^1  noytr  eft  un  arbre  d'une  très-grande  aulicé^ 

tant  par  foit  bals  que  par  Tes  fruits. 

Il  fc  multipjic  ordinairemenr  par  fcmence»  ou 
siolx ,  &  ne  commence  à  donner  du  fruit  qu*au 
bout  de  fept  ans  de  femence  ;  il  eft  à  fa  per- 
fcftioa  loriqu^îl  eft  âge  d'envi roa  foixante  ans. 

Cet  arbre  pJt^e  fur  le  même  pied  des  flt:ur$ 
mâles  &  des  ticurs  femelles»  d*une  odeur  forte 
Gui  n'eft  pas  defagréable.  Les  prcraicres  forment 
ces  chitons  ,  les  derniers  font  affemblées  dtux 
ou  trot»  enfemble. 

Aux  fleurs  fuccèdent  les  fruits,  qui  ont  une 
écorce  charnue  ,  venc ,  acerbe  8c  lui  peu  amèrc  , 
que  l'on  nomme  trou  de  noix.  Cette  première 
écorce  couvre  une  écalc  ou  coque  ligneufc  qui 
renferme  une  amande  dîviféc  en  quatre  lobes* 

Prcfquc  toutes  les  efpéces  de  noyers  ont  les 
feuUles  conjuguées ,  &  attachées  fur  unecdteccr< 
minée  par  nombre  impair. 

Le  noyer  de  la  famt'Jtûn  eft  une  efpéce  aicïiî 
nommée  ^  parce  qu'elle  ne  commence  à  pouffer 
des  feuilles  quedaus  les  premiers  jours  du  mois  de 
juin,  &  que  fa  yerdure  n^eft  completre  qu*à  la 
iaint-Jean»  Cette  fingularitè  ne  fait  pas  le  feul 
mérite  de  ce  noytr ,  c'eft  une  efpéce  prccieufe. 

Les  autres  no/ers,  qui  commencent  à pouiTer 
dès  les  premiers  jour»  cle  mai ,  font  fujets  à  être 
cadommag:s  par  les  gelées  du  printemps,  qui 
perdant  en  même- temps  le  fruit  ;  au  Lieu  que 
le  noyer  de  Ufaint-Jean  ne  commençant  à  pouiTtr 
^ue  quand  la  faifon  eA  aifiirce ,  n'ell  jamais  fu- 
jet  à  cet  inconvénient.  Cec  avantage  divroîibien 
engager  à  multiplie:  cet  arbre  dont  la  noix  ,  qui  eft 
bonne  ,  mûrît  pr^fque  aullîîL^»t  que  les  autres. 

Cependant  il  cA  \in  moyen  de  fauvcr  aufli  les 
noyers  des  premii;r*s  gwlces  du  piintems,  qui, 
attaquant  fic  les  fleuis  ,  &  les  jeunes  pouffes 
des  feuilles  encore  tendres  ,  privent  d'une  ré- 
colte utile,  Cetre  méihode  fe  pratique  dans  le 
Dauphiné  »  depuis  Grenoble  jufqu'à  Romano  , 
&  même  jufqu'au  RhAne. 

Elle  confitte  à  greffer  i'efpéce  de  noyer  qui 
pouiTe  dès  le  commencement  du  printemi,  avec 
l'autre  efpéce  de  noyer  tardive  aui  donne  des  noix 
d^une  bonne  qualité,  &  qui  font  toujours  bien 
pleines. 

Le  noyer  efl  d'sutant  plus  agréable  \  greffer, 
qu'il  fc  gr^ff;  ciés-bient  qvioiquil  aie  acquts  une 


certaine  groffeur  »  8c  qu'il  foie  même  un  arbre 
d'un  ptâd  de  diamètre. 

Pour  pratiquer  cette  greffe,  on  les  couroiae 
vers  la  fin  de  février  ou  au  commenceoiem  de 
m^rs,  en  ne  les  étéiant  pas  entièrement»  tnui 
lailTant  fubfifler  les  maîtreffes  branches  dam  II 
quantité  néceflaire  pour  former  un  bel  arbre.  Oa 
les  coupe  dans  les  jeunes  arbres  4  quinie  ou 
dix'huit  pouces  du  tronc,  8c  dans  les  granli 
arbres  on  leur  laiffe  dix  à  douze  pouces  de  loa* 
gueur.  Ces  branches  ainfi  coupées ,  pouffent  de 
nouveau  bols  qu'il  eft  bon  d'avoir  foin  d'élagucfi 
Ôt  au  printems  fuivant,que  ces  jeunes  brancha 
ont  une  année,  on  choifit  les  plus  beaux  fu;cti( 
en  ne  lailFant  fur  chaque  groffc  branche  quediq 
ou  fix  jeunes  poufTes  que  Ton  greffe  en  fàit% 
&  dont  on  difpofe  les  yeux  de  manière  à  poirfa 
des  branches  qui  donnent  une  belle  forme  I 
Tarbre. 

Quand  même  elles  ne  réuflîrolent  point  toutes* 
il  en  refte  toujours  affez  pour  former  un  bd 
arbre,  qui,  pouiïant  plus  tard,  donne  toujours 
des  noix  en  abondance ,  fic  font  alors  A*un  irei- 
grand  produit. 

Les  noyers  fc  plaifent  le  long  des  chem  - 
dans  les  vignes,  le  long  dîs  terres  labo  .  . 
fur  lescol.lfcs,  &  dans  Us  gorges  des  moauçRa 
à  rexpofifion  du  nord  8c  du  levant.  Leurs  ranflf» 
pénètrent  dans  du  tuf,  dans  de  la  Craie  8t  lutre 
terrain  ingrat:  elles  s  étendent  â  plui  àt  iit 
toifcf. 

Si  Ton  (ni  une  tnc.fion  au  tronc  do  ncv^r 
printemps,  il  en  fort  ime  timjeur  abondimf  p 
peut,   dit-on,  fervir  de  boiftbn. 

Les  Roix  ou   fruits   des  noyers ,  diffèrent  P^ 
la  groffeur,  la  figure,  la  dureté  &  U  goùr,  fc^" 
leurs  efpéces.  IL  y  co  a  même  une  ibric  d 
Tamande  eft  amère. 

Les   noix  font  bonnes  à  maneer  qtur.u 
approchent   de    leur    maturité.    On  les   co©** 
alors  cern^anx^   parce    qu'on  les  ccrc«    pour  ^ 
tirer  ds  leurs  coquilles. 

Les  nrix  que  l'on  garde  pour  ITiivcr  icqulèr^ 
un  peu  d'dcreté  ou  de  rancidité  en  fécbaist;  ^ 
les  mettant  tremper  quelques  jours  dans  Fm» 
l'amande  fe  gonfle,  on  peut  alors  U  '"  *"' 
de  fi  peau  ,  8c  elle  devient  douoc 


Oi 


N  O  Y 

On  peot  confire  les  noix  certes ,  foît  avec  leur 
bfOii  f  ou  fans  brou. 

On  fait  avec  les  noîx  fiches  &  pelées  une  e(- 
pke  de  conlerve  brûlée  afleE  agrcable,  que 
fon  nomme  rtouga, 

Lci  ooïx  vcrics  peuvent  fervlr  à  compofer  un 
nt^ûà  de  fantè.  Pour  cela  on  les  dépouille  de 
leur  brou  ,  6c  un  les  grille  au  fucre. 

Quelquefois  on  met  infuier  les  noix  entières 
iim  de  l'eaii-dc-vie  6l  du  fucre,  ce  qui  £dk  un 
ratatia  trés-ufué  »  connu  fous  le  nom  de  brou 
de  noiir,  ^ 

On  fait  encore  de  la  manière  fuivance  un  bon 
ritjfia  de  noix. 

On  cueille  les  noix  lorfqu'elles  font  en- 
core ni  trop  vertes ,  ni  trop  avancées ,  c'eft-à- 
dire,  lorfque  le  cerneau  n'elt  pas  bien  formé.  On 
les  choifit  fans  aucune  tache  ;  on  les  met  dans 
un  mortier  ;  on  les  pile  au  nombre  de  dix  pour 
chaque  pinte  d*eau-dc-vte.  On  met  cette  pare 
«UnsTcau-de-vie,  où  on  la  laiiFe  infyfer  Tefpace 
de  deux  mois. 

On  retire  cette  liqueur  pour  la  pa/Ter  jufqîrà 
trois  fois  à  travers  un  linge  blanc  ;  on  met  fur  cha- 
que pince  d*ca«-de-vie  un  quiirteron  de  fucre,  & 
on  laiffc  Infufer  le  tuut  de  nouveau  pendant 
irn  mois. 

Il  y  en  a  qui  ajoutent  quinze  clous  de  g'roHe  , 
vnc  once  &  demie  de  cannelle  ^  &  deux  gros  de 
■lïcis. 

Comme  les  noix  ne  donnent  pas  une  couleur 
igtèabie  à  ce  ratafia ,  on  lui  en  procure  une  en 
pliant  des  feuilles  de  ccqueliquc  t  avec  les  noix. 
Un  pourroic  encore  mieux  employer  roeillct 
iougç   connu  fous  le  nom  d'œillet  à  ratafia. 

Il  ne  re<le  plus  qu*à  filtrer  ce  rarafia  pour 
avoir  une   liqueur  ftomachique    excellente. 

Mais  le  plus  grand  ufage  qu'on  fait  des  noix 
fiches,  eft  de  les  piler  (ous  la  njeule»  &  d*en 
tetirer  par  exprefllon  une  première  hutîc  prè- 
firable,  fuivant  plufieurs  pcrfonnes,  au  beurre 
Aàrhulicd*olive  ,  pour  faire  des  fritures. 

Ccïte  huile  ,  en  vicilHiïant,  acquiert  de  la  vertu  , 
^ui  b  fait  chtiiilr  ponr  entrer  d^^ns  la  compofi- 
«ioo  de  q^ielqucs  médicamens. 

Quand  cette  première  huile  efl  exprimée  , on 
prend  la  pâte  qui  re(^e ,  on  îa  met  dans  de 
grandes  chaudières  de  (cr  fur  un  feu  modéré  ;  on  la 
^r^nfpoae  encore  bruyante  djos  des  toiîes;  on  la 
»imet  au  preffoir  j  on  en  rertre  alors  une  fé- 
conde huile  qui  a  une  odeur  forte ,  mais  q^ii 
^  honne  «  foit  à  brûler^  fait  à  faire  du  favon  , 
ÏC  qui  eft  fur-tout  exctllenie  pour  les  grolTcs 
peintures ,  ayant  foin  de  la  mêler  avec  de  la 
lithiTge. 

Cette  huile  a  la  finguUére  propriété  de  faire 
*éçher  plus  promp^cment  les  couleurs. 

Jns  &  MeÛ€rs.  Toffu  K   FanU  L 


N  O  Y 


561 


Les  peintres  font  donc  fouvent  ufage  de 
ThuîSc  de  noix  pour  faire  fècher  leur  pein- 
ture y  mais  ïorfque  cette  huile  efl  colorée  >  elle 
peut  gâter  les  nuances  de  leurs  couleurs  ;  ils 
défirent  de  Tavoir  claire  et  limpide  comme  de 
Teiu,  Voici  deux  procédés  diffireiis ,  au  moyen 
dcfqueh  ils  peuvent  blanchir  Thuilc  de  noijc ,  & 
lui  donner  la  limpidité  qu'ils  recherchent. 

Le  premier  efl  d'expofer  leur  huile  de  noix  pen- 
dant quinze  jours  au  foleil  dans  des  vaifleaux  lar- 
ges &  plaîs ,  fur  \i  fond  derquels  il  ne  faut  met- 
tre que  répaiflTeur  d*une  ligne  d'huile,  Lorfqu  elle 
eft  refVée  cet  efpace  de  temps  au  fa!ciî  pendant  les 
grandes  chaleurs ,  il  faut  enfuice  la  dégaificr  en 
la  mêlant  avec  des  terres  abforbanies  &  ^rgi^ 
leufes. 

Le  fécond  procédé  eft  moins  embarraflant  ;  il 
s^aglt  de  prendre  un  quarteron  de  lith«irge  d'argent, 
deux  onces  de  blanc  de  cérufe,  \k  deux  onces  de 
couperofe  blanche  ,  les  réduire  en  poudre  fine  , 
les  mettre  dans  une  bouteille  de  la  cajiacité  de  trois 
pintes  ,  verler  dcfTus  de  Thullc  de  noix,  agiter  ce 
mélange  pendant  une  heure,  Uifler  cnfuite  repo- 
fer  la  liqueur  pendant  quatre  jours  :  Thuilc  qui  fur- 
nagera  alors  fera  claire,  limpide  ^  &  telle  que  lc9 
peintres  la  délirent. 

L'huile  de  noix  mêlée  avec  de  Teffcnce  de 
térébenthine,  elt  propre  à  faire  un  vernis  gras 
qui  s'emploie  communément  pour  iuftrer  des 
ouvrages  de  menuiferie. 

La  décoétion  des  feuilles  de  noyer  dans  de 
Teau  fimple,  s  emploie  à  déterr.er  les  ulcères^  en 
y  ajoutant  un  peu  de  fucre  ;  Ôc  fans  fucre  elle  eft 
trés-efRcdce  pour  détruire  les  fourmis  qui  gâtent 
les  arbres  6c  les  prairies. 

Le  noyer  eft  encore  très-précieux  pour  plu- 
ficurs  ans.  Les  teinturiers  en  emploient  ks  raci- 
nes ,  fée  or  ce  ,  fur- tout  celîc  des  racines  ,  le* 
feuîllei,  &  le  brou  pour  faire  des  ceintures  très- 
folides  en  fauve  ou  de  couleur  de  café»  eu  de 
couleur  de  noifctte.  Les  crofFcs  même  que  Ton 
teint  avec  ces  fubllances  du  noyer»  n'ont  pas 
befoin  d*ètre  alunées. 

Les  menuifiers  &  les  tourneurs  font  avec  le 
brou  infufé  dans  l'eau  ,  une  t.inturc  qui  donne 
aux  bois  blancs  une  belle  couleur  de  noyer. 

Le  bois  de  noyer  cil  Tant,  brun,  veiné,  fo- 
lidc  ,  afTcz  plein  ,  facile  à  travailler  !  on  cn  fa- 
brique les   meilleurs  fabotv. 

Il  eft  é^alem^iit  recherché  par  les  fculpteurs  ^ 
les  ébéniltes^   les  armuriers,  les  lourneurs  ,  ^c, 

C'eft  un  des  meilleurs  bois  de  TEurope  pour 
faire  toutes  fortes  de  meubles ,  n'étant  poiac 
fujet  à  la  vermoulure. 

C*cft  fur-tont  les  racines  de  noyer  que  Ici  tt- 
Métiers  &  les  ébétiilics  choifiiTent  pour  faire  cer« 

Z  £ 


362 


N  O  Y 


tains  meubles  de  chambre ,  comme  tables  »  com- 
modes, tablettes,  armoires. 

On  fcîe  ces  racines  en  travers  &  en  lames 
minces  d*un  quart  de  pouce ,  pour  faire  des  pla- 
cages qui  fervent  à  former  des  fortes  de  deffins 
&  de  compartimens* 


N  o  Y 

Les  noyers  de  la  Virginie  &  ceux  de  la  Loin- 
fiane  ont  leur  bois  plus  colori  que  le  ndtre  ;  nuii 
fcs  pores  font  plus  larges,  &  il  eft  moins  pro- 
pre  aux  ouvrages   du  menuifier   &  du  tov- 

neur. 


rOC^BTTLAIRK 


B 


ROU  DE  NOnc  ;  c'eft  Técorce  charnue,  verte, 

acerbe  &  amére  qiù  fait  la  première  enveloppe 
de  la  noix. 

Cerneaux.  On  appelle  ainfi  les  noix  divifées 
en  deux  praties ,  &  dont  on  cerne  l'amande  qui 
commence  à  mûrir. 

Huile  de  noix  ;  c'eft  la  liqueur  qu*on  tire  par 
cxpreffion  des  noix  féches  mifes  fous  la  meule. 

Noix;  fruit  du  noyer:  elle  eft  revêtue  d*une 
ècorce  charnue ,  verte  &  amére ,  &  d*une  écale 
ou  coque  ligneufe  qui  renferme  une  amande. 


NouGA  ;  efpèce  de  conferve  brûlée  qu'on  £ût 
avec  les  amandes  des  noix. 

Noyer  ;  grand  arbre  dont  le  bois  eft  braiii 
veiné  ,  liant  &  facile  à  travailler  :  (bn  firutt  oa  ^ 
noix  a  une  écale  fort  dure,  laquelle  renfttae 
une  amande  divifëe  en  quatre  lobes. 

Noyer  de  la  faïnt  Jean  \  e(péce  particaliére  k 
noyer ,  dont  la  verdure  n'eft  complette  qu'à  h 
faint  Jean. 

Ratafia  de  brou  de  noix.  Ceft  uœ  limMir 
compofée  du  brou  de  noix  in&fé  dans  de  m«- 
de-vie  &  du  fucre. 


N  O  Y 


N  O  Y 


363 


NOYÉS*      (  Art  nouveau  de  secourir  les  ) 


w'tST  un  art  nouveau  de  pouvoir  ranimer  des 

noyés  qui  périroient  effe»5livemenr ,  ù  on  n**  Uu» 
portoit  des  ibîns  prompte»  fccourablcs  âc  éctai- 

En  effet ,  il  eft  prèfentement  reconnu  que  des 
pcrfonnc*  qui  ont  reilé  très- long- temps  fous  Teau  , 
peuvent  être  rendues  k  la  lumière ,  quoiqu'eiles  ne 
donnent  eitérieuremcnt  aucun  figne  de  vie. 

Difons  d'abord  quecVfl  une  tréi-mauvaife  habi- 
tude de  furpcndre  le  noyé  ta  tète  eji  bas  pour 
lui  faire  rejeter  Teau  quil  a  avalée.  En  effet,  d'ha- 
bilci  anatomiHes  ont  reconnu  qu'il  n'y  a  pas 
Crdinairemeni  dans  l'eftomac  d'un  noyé  autant 
d'eau  qu'en  peut  boire  un  bonime    qui  a  très- 

Lorfqu'un  noyé   eft  retiré  de  Teau  »  o^  doit  le 
réchauffer  au  folcil  ou  avec  des  linges  chauds.  Un 
kain  d*eau  chaude  ou  de  cendre    tiède  lui  feroït 
très  ta%'orabIe.  Il  faut  Tagiter  fortement»  lui  fouf- 
ficr  de  Tiiir  dans  les  poumons  avec  un  chalumeau  , 
fut  donner  des  tavemens  chauds  ^  ou  fouffler  dans 
les  imeiiins  la  fumée  du  tabac  d  une  pipe  ;  lui 
chatouiller  l'œfophage  avec  les  barbes  d'une  plu- 
me ;  lui  verfer  dans  la  bouche  des  liqueurs  fpi- 
rituèufes  ou  une  décodion  de  poivre  dans  du  vinai- 
gre. On  a  vu  même  réuffir  de  rurine  chaude.  On 
ne  doit  négliger  aucun  de  ces  moyens  :  cVft  par 
c^l  cffcru  réitérés  qu'on  efl  parvenu  quelquefois 
a   lappeler  un  homme  à  la  vie, 

Apfés  deux  ou  trois  heures  d'agitation  ,  û  les 
lefîr.tives  ne  reufliffent  pas,  on  peut  engager  un 
c:li)rurgien  à   faire  une  faignce  à  la   jugulaire. 

Comme  dans  les  noyés  6c  ceux  qui  f^nt  tombés 
Crs  apoplexie,  les  veines  du  cerveau  fe  trouvent 
^rop  engorgées  de  fang ,  ù  les  vaiffeaux  peuvent 
^tre  un  peu  vidés,  ils  feront  plus  en  état  d'ag-r 
fur  les  liqueurs  qu*ils  doivent  Uire  mouvoir. 

Au  détaut  même  de  fuccès  de  tous  ces  remè* 
des,  le  chirurgien  peut  ouvrir  la  trachée- artère  , 
3i6a  que  Tair  naturel  qui  entrera ,  ou  Tair  chaud 
<fo*an  introduira ,  puiiie  ranimer  le  jeu  da  pou- 
mons •  &  de  toute  la  machine. 

Sûciité  établie  m  faveur  dis  noyés* 

Eft-il  une  établiflement  qui  fafle  plus  d*honneur 
à  l'humanité,  que  la  fociétè  qui  5*cft  formée  depuis 
peu  de  temps  en  faveur  des  noyés  ? 

L'ob;ei  de  fon  înftitution  eft  d'accorder  des 
ï>rix  k  ceux  qui  rappelleront  des  noyés  à  la  vie ,  & 
tlt  rctnbourfer  les  avances  que  cette  bonne  oeuvre 


pourrolt  ocrafioonci  »  6c  en  même  temps  d'indi- 
quer &  de  fournir  les  moyens  néccffaircs  pour 
recourir  les  noyés. 

Ces  moyens  confiflent ,  l^  i  faire  paffer  de  Pair 
dans  le  fondement  au  moyen  d'une  pipe  ordinaire 
ou  de  tout  autre  tuyau  ,  comme  une  gaine  de 
couteau  dont  on  auroit  coupé  la  pointe ,  ou  un 
foufHùt*  &c.  Plus  cette  opération  fera  prompte 
&  faite  avec  confiance,  plus  elle  fera  utile. 

1^.  Auffitâr  qu'il  fera  poffible,  il  faudra  tâcher 
de  chaj'Ter  &  fécher  le  corps  fans  trop  le  fati- 
guer ni  le  furcharger  ;  8c  pour  cela  il  feroit  bon 
de  le  vêtir  de  la  chemife  oc  des  liabits  de  quel- 
qu'un des  aiBllans  :  on  emploie  auflî  des  cendres 
chaudes ,  ou  des  peaux  d'animaux  î  on  tâche  encore 
de  rendre  de  la  chaleur  au  corps  d'un  noyé ,  foit 
par  un  feu  modéré ,  ou  par  la  chaleur  douce  ôc 
naturelle  des  perfonnes  faînes  qui  fe  mettront  dans 
le  même  lit. 

Pendant  qu'on  emploiera  ces  moyens,  on  peut 
y  joindre  ,  tk  ce  fera  très*utilement ,  des  friélions 
le  long  de  l'épine  du  dos  ,  avec  des  étoffes  chauf- 
fées ou  imprégnées  d'eau- de-vie  &  faupoudrées 
de  fel. 

Il  fera  bon  encore  de  tenir  fous  ïe  nez  du  malade 
des  cfprits  volatils,  tels  que  le  fel  ammoniac  ,  la 
corne  de  cerf ,  &c.  Se  d'en  frotter  tes  tempes. 

On  fera  bien  auffi  de  chatouiller  la  gorge  Se 
le  nei  avec  une  plume  ;  mais  il  faut  bien  le  garder 
de  verfer  dans  la  gorge  ni  vin ,  ni  eau  de-vie  , 
ni  autre  liqueur  forte  ;  on  ne  doit  le  faire  qu^après 
avoir  dillinélement  aperçu  des  fignes  de  vie. 

E^^ûn  ,  il  efl  très-bon  de  fouffler  dans  la  bouche 
du  noyé  en  lui  pinçant  le  nez  ;  il  faut  pratiquer 
(  la  fo'gnée  à  propos  fur  quelqu'un  des  vaiffeaux 
*  les  plus  apparens  ;  car  lorfque  le  fujet  eft  fomenté , 
le  fang  (e  porte  violemment  à  la  tece  ;  &  au  lieu 
de  périr  fubmergè  ,  il  meurt ,  s*il  n'eft  fecouru 
comme  ildcvroit  Tètre ,  d'un  coup  d*apoplexie. 

On  a  obfervé  que  la  méthode  de  rouler  les 
noyés  quelque  temps  fur  on  tonneau  efl  le  plus 
fouvent  pcrnicieufe  :  méthode  qui  ne  rappelle  le 
noyé  à  la  vie  que  pour  quelques  inAan»^, 

Secours  établis  par  rhùtei-di'-vUk, 

Enfin  ,  on  dok  aux  foins ,  aux  lumiirc $  &  xiï 
lèle  confiant  di  M.  Pia  ,  ancien  échevin  de  Paris  , 
les  détails  fuivans,  que  l'hôtel-dcville  a,  par  huma- 
nité ,  fait  diftribucr  dans  le  public  en  forme  d'inf- 

Z  z  2 


f.O, 

te  fonder 


364  N  o  y 

truôion ,  avec  les  fecours  qui  doivent  être  admi- 
niftrés  aux  noyés. 

Il  faut  fur  le  champ ,  dans  le  bateau  même ,  fi 
la  pcrfonne  noyée  y  a  été  placée  après  qu'elle 
aura  été  retirée  de  l'eau ,  &  que  fon  état  *u:mble 
exiger  un  fecours  prefTant  ;  ou  fur  le  bord  de  la 
rivière ,  fi  la  chaleur  de  la  faifon  le  permet  ;  ou 
dans  le  corp'.-dc-eî'rde  ou  autre  endroit  proche  & 
toinmo4»,  s'il  eft  polfible  d'en  trouver  : 

1**.  La  déshabiller,  la  bicu  cfiTuyer  avec  de  la 
flannclle  ou  des  linges ,  &  la  tenir  très-chaude- 
ment ,  en  l'enveloppant  foit  avec  des  couvertures  , 
foit  avec  des  vêtemcns  &  ce  qu'on  pourra  fe  pro- 
curer, ou  la  mettant  devant  un  feu  luodcré,  ou 
dans  un  lit  bien  chr.ud ,  s'il  efl  poffiblc. 

a*'.  On  lui  f©ufflera  enfulte ,  par  !c  moyen  d'une 
canule,  de  l'air  chaud  dans  la  bouche  ,  en  lui  fer- 
rant les  deux  narines. 

^.  Oa  lui  introduira  de  la  fumée  de  tabac  dans 
;mcnt,  parle  moyjn  d'une  m?c  •  e  fumi- 
gatoire  qu'on  trouvera  dans  tous  les  corps- de - 
gard  $. 

Si  ia  perfonne  retirée  de  l'eau  paroiiïoit  ex!g.?r 
un  preffant  fv cours ,  &  qu'on  ne  fût  pas  à  portée 
d'avoir  fur-le- champ  la  canule  Si  la  machine 
fumigatoire,  on  pourra ,  pour  le  moment ,  fuppléer 
à  la  canule  pour  introduire  l'air  par  la  bouche  dans 
les  poumons  ,  fe  fervant  d'un  foufflet  ou  d'une 
gaine  de  couteau  tronquée  par  le  petit  bout. 

On  pourra  également  fuppléer  à  la  machine  fumi- 
gatoire ,  en  fe  fervant  de  cieux  pipes ,  dont  le  tuyau 
de  Tune  fera  introduit  avec  précaution  dans  le  fon- 
dement de  la  perfonne  retirée  de  l'eau ,  les  deux 
fourneaux  appuyés  l'un  fur  l'autre ,  &  quelqu'un 
fouillant  la  tumée  de  tabac  par  le  tuyau  de  la 
féconde  pi^.e. 

On  peut  aufll  emp!oycr  avec  fuccés  les  lave- 
mens  de  tabac  &  de  favon. 

4*'.  On  ne  négligera  pas  d'agiter  le  corps  de  la 
personne  en  différens  fens ,  en  obfervant  de  ne  la 
pas  laiffcr  long-temps  fur  le  dos.  On  réitérera  ces 
premiers  fecours  le  plus  fouvent  qu'il  fera  poflible 
&  fans  violence. 

5^  On  lui  chatouillera  le  dedans  du  nez  &  de 
la  gorge  avec  la  barbe  d*une  petite  plume  •  on  lui 
foufflcra  dans  le  nez  du  tabac  ou  de  la  poudre  Aer- 
nutatoire  ,  &  on  lui  préfentcra  fous  le  nez  de 
l'cfptit  volatil  de  fel  ammoniac. 

6^  La  faignéc  à  la  jugulaire  furrout ,  peut  ai'/Ti 
être  très-utile  fi  on  trouve  promptement  un  homme 
de  l'art  qui  jugera  fi  elle  doit,  être  cm  h  y  ce.  Si 
la  perfonne  retirée  de  i'eau  donne  quelque.  Agnes 
de  vie ,  &  qu'on  ap^rrçoive  que  la  rt  fpiration 
&  la  déglutition  commencent  à  le  rétablir ,  on  lui 
donnera  d'abord  peu-à-peu  une  petite  ci  îllerée 
d'eau  tiède  :  fi  elle  p.ifle  ,  on  lui  donnera ,  ou  quel- 
ques grains  d'émctique  ,  ou  de  dt  mi-hrurc  en 
demi-neufC,  une  petite  cuillerée  d'cau-de-viv*  cam- 
phrée ,  animée  de  fel  ammoniac,  dont  on  ti-ouvera 
toujours  des  bouteilles  avec  la  machine  fuml- 


N  or 

gatolre  ,  &  autres  fecours    dans   le  coips-le* 

garde. 

On  mettra  en  ufage  tous  les  fecours  d-dcft» 
indiqués  pour  toutes  les  perfonnes  noyées ,  ùm 
avoir  égard  au  temps  qu'a  duré  leur  fubmtrfioo , 
à  moins  qu'il  n'y  eut  des  figncs  de  mort  certaios 
&  évidens  :  le  vifage  pourpre  ou  livide,  la  poi- 
trine élevée  ,  &  autres  fymptômes  de  la  mèm 
efpèce  ne  devant  point  empêcher  de  tenter  les 
fecours  indiqués. 

On  ov«'tit  au  furplus  qu'il  faut  les  employer 
fans  relâche ,  &  avec  la  plua  grande  perfcvéraDCCi 
parce  que  ce  n'eft  fouvent  qu'après  les  awîi  co« 
tinués  pendant  trois  ou  quatre  heures,  &  même 
plus ,  qu'on  a  la  fatisfaâion  d'en  voir  le  fuccà 
fe  développer  par  degrés. 

UftenJiUs  qui  doivent  compofer  la  machine  ou  loiu 
fumigatoïre  ,  6»  leur  ufage. 

La  machine  fumlgatoire  montée  avec  fon  fouf- 
flet ,  peut  fe  fixer  par  une  fiche  de  fer  qui  traverfe 
le  manche  de  la  machine ,  par  le  moyen  (Tua 
trou  pratiqué  au  manche  &  à  la  douille  du  fonf* 
fin. 

On  peut  faire  faire  à  la  machine  ainfi  affujetôe, 
tous  les  mouvemens  poflibles,  en  les  diriceast 
avec  le  foufflet  ;  &  on  eft  difpenfé  de  toucher  à 
la  machine  ,  lorfque  le  tabac  eft  allumé  ,  autre- 
ment on  fe  brûleroii. 

Il  faut  diftinguer  le  chapiteau  ou  couvercle  dr 
la  machine. 

La  tubulure  ou  cheminée  du  chapiteau. 

Le  bouchon  de  liège  fermant  la  chemîoicAi 
chapiteau ,  dont  l'ufage  efl  de  pouvoir  juger  à  quel 
point  le  tabac  fournit  de  la  fumée. 

Le  bec  ou  canal  du  chapiteau  qui  conduit  h 
fumée  du  tabac  jufque  d^ns  les  intcflins  du  ooféi 

Le  bout  de  cuivre  étamé ,  ou  gorge  dans  laquait 
s'insère  le  bec  du  chapiteau  ,  pour  la  dircâioodl 
la  fumée  jufaue  dans  les  intenins. 

Le  tuyau  fumigatoire  ,  qui  eft  une  fpirale  es 
reffort  à  boudin  de  fil  de  laiton,  recouvert d'ofl* 
peau  blanche  de  mouton  ,  collée  avec  de  M 
empois. 

La  canule  de  buis  terminant  le  tuyau  fi-mif^ 
toire.  Cette  canule  eft  ccmp:rée  de  deux  pîéceii 
dont  l'une  eft  fixée  au  tuyau  fumigatoire,  &  A' 
corps  avec  lui  ;  &  l'autre  efl  la  tige  d*uae  cam*. 
ordinaire  qu'on  peut  retirer  &  remettre  à  vdoiHé  t  • 
pour  pouvoir  lui  fubAitucr  une  autre  tige  daiisk 
cas  ou  ,  pendant  l'opération  des  fecours ,  la  pt** 
mière  vicndroit  à  s'engorger  par  la  matière  qui** 
trouve  quelquefois  retenue  dans  les  gros  imef' 
tins. 

'  Le  foufflet  a  cinq  pouces  &  demi  de  loag  • 
deprit  fa  partie  circukire  jufqu'à  fon  muffleîl^ 
plus  grande  largeur  eft  de  trois  pouces  quaue 
lignes. 

Le  muffle  a  feize  lignes  «  réduites  à  douze  près 


NO  Y 

de  h  tuyère  ou  douille,  laquelle  a  deiixpoiices  & 
rdemi   de  long,  6c  efl  percée  dans  toyte  fa  Ion- 
Lgocur,  pour  communiquer  le  vent  dti  foufflct. 
f      Le  mioche  a  trois  pouces  &  demi  de  long  ,  & 
dîï  bgnes  de  diaméire. 

La  mi(.hine  ,  fans  (on  ccuvcrcle  ,  a  trois  pou- 
ces de   haut ,  y   compris  la   gorge  ,  qui  feule  a 
trois  quarts  de  pouce  *i  ccue  gorge  efl  de  cuivre 
I  jiiinc  ,  poLc  autour  ,  &  a  prés  de  deux  ligues  d'à* 
pjtUcur. 

Le  cor^js  de  la  michine  cfl  dj  ouvre  rouge 
létamè^  6c  fautes  fes.par.tics  font  brafùes  à  fou- 
rc  f  lU  ;  de  manière  que,  fi  grsnde  que  foit 
i;|i3)«fiM'  riM*on  ptut  faire  endurer.^  CLtie  machi- 
ï^  il  n'y  a  pss  à  craindre  que  les  loudures  mun- 
*  9ii€n:;ce  qui  intcrroinproit  ropératioti. 

Le  dianiè.rc  de  la  gorge  de  la  machine,  efl  de 
tin^t^une  lignes  ,  &  celui  du  fond  du  fourneau 
«fl  de  vingt-quatre. 

Le  couvercle  ou  chapiteau  a  àtux  pouces  de 
haut ,  non  compris  fa  tubulure  ou  cheminée  »  qui 
1  fi»  à  fcpi  lignes  de  haut  fur  autant  de  dîa- 
mérre. 

Le  bec  ou  canal  du  chapiteau  eft  long  de  quatre 
pouces  ^  il  a  fi%  à  f^pt  Ignes  de  diamètre  à  la 
Dife,  qui  eft  foudée  au  chapiteau,  &  fe  réduit  à 
deux  U«ncs  à  IVxtrcmità  quis^ajuAc  à  la  gorge  du 
tuyau  fumigatolre. 

Lt  tuyau  fiimigatoire  a  quatorze  h  qninze  pou- 
ces de  long  f  c*eA  une  fpiiaic  en  report  à  boudin 
de  fil  de  laiton,  recouvert  d'une  peau  blanche  de 
n^outOD  collée  avec  de  bon  empois  :  fa  partie  fupé* 
ricute  elt  de  cuivre  rouge  cumà  ;  elk  forme  h 
gorge  dans  laquelle  on  insère  le  bec  du  chapiteau  , 
Jorlqu*on  vcu'  faire  manoeuvrer  la  machine.  Ce 
t4iy  u  eft  t«.niânè  par  une  canule  compofée   de 
ftîem  pièces,  dont  une  eft  fixée  au  niyAU  fumi- 
[Atatre ,  6c  fait  corps  avec  lui. 

L'autre  eft  la  tige  d*une  canule  ordinaire ,  qui 
^  H  amovible  ^  fo  .r  pouvoir  être  changée  à  volonté, 
t-ni  le  Cas  ou  elle  s^engorgeroît  pendant  Tiifage 
i%->  un  tn  fcroit  ;  Ôc  c'tti  pour  ceue  rilfon  que  , 
^nm  rinventaiïc:  de  la  boîte  ,  on  a  mis  deux  tiges 
^  canule. 

Od  a  une  couv  rture  de  laine  en  forme  de  tuni- 

Iuc',pour  la  ucîUié  de  couvrir  promptement  les 

rtioyb,  &  de   les  garantir  de  TimprefTion  de  Tatr 

'  èxiiiieur.  Qi,  voit  itlTez  combien  cette  forme  cfl 

tommoîlc  2  tous  ég.^rds. 

On  ^lUce  dans  la  partie  fupéneure  de  cette  cou- 

^rtture^  des  rubans  en  coutifle  pour  pouvoir  être 

wr^,  afin  que  les  épaules  fuient  couvertes  ;  & 

Ul cordons  coufus  aux  parties  latérales  de  ladite 

CQtjvrturc  ou  chcmif«î,  duîfl  qu'aux  manches  , 

P'U'vntètrc  noués,  ft  on  le  juge  à  propos* 

f'Ucôn  bouché  en  crilbj  ,  rempli  d'efprit  vob- 
^^  <3c  fui  ammoniac. 
U  place  de  cv  fucon  dans  la  boîi^cntrepôt  , 


355 

eft  daot  le  fourneau  de  la  machine  fumigatoirc. 

Cuiller  de  fer-étamè. 

Le  bateau  de  cette  cuiller  eft  terminé  par  un 
petit  bec  pour  la  facilité  d'introduire  dans  la  bou- 
che des  noyés,  de  Tem-de-vie  camphrée,  ou 
aHtrcliq  car  ,  pour  peu  que  les  dcits  foicnt  dcf- 
ferrées.  Ce  bateau  clt  plus  profond  que  celui  des 
cuillers  ordinaires ,  pour  qu'il  contienne  pLs  de 
liqueur  ,  6c  qu'i^  puiile  fuppléer  k  un  gobelet  ; 
fun  m'Qche  efl  dirige  de  manière  à  pouvoir  pla- 
cer la  cui^er  pleine ,  fans  qu'elle  fjit  expcfcc  à 
répandre  ;  &  l'extrémité  du  manche  eft  faite  pour 
fervir  de  Icvkr ,  aiîn  d  écarter  les  dent«  fi  elles 
étoieni  trop  ferrées ,  en  prenant  toutefois  les 
piécautîonn  néceffaîres  puur  ne  pas  rifquer  de 
diiloquer  la  mâchoire  du  noyé  qu'on  voudroic 
fe  courir. 

Canule  à  bouche  ;  c*eft  une  canule  ordinaire  , 
dîviféc  en  deux  pièces  réunies  ,  en  fuite  par  un 
boyau  de  peau ,  large  d'yn  pouce  &  long  de  deux  , 
pour  intercepter  à  volonté  le  fouffle  récurrent  , 
&  pour  garantir  le  foutîlcnr  des  exhalaifons  qui 
forte nt  de  Tcftomac  du  noyé,  lorfcjull  commence 
a  revenir.  Pour  éviter  Tincon ventent  qui  réfuiie 
du  retour  de  ces  exhala'ifons  ,  il  fuffit  de  pincer 
avec  deux  doigts  le  boyau  de  peau ,  Jorfqu'oa 
ceffc  de  foufiîcr ,  &  qu'on  veut  reprendre  haleine» 

La  tige  de  c^tte  canule  eft  plus  forte  que  celle 
des  canules  ordinaires,  pour  pouvoir  réfifter  aur 
efforts  que  font  les  noyés  pour  la  cafiTer  avec 
leurs  dents,  ce  qui  eft  arrivé  dans  le  commence* 
ment  de  rét^bliftement  :  elles  n^éioient  pa>fi  forces 
qu'on  les  a  faites  dtpiiis. 

Seconde  tige  de  la  canule  fumigaioirc  ,  pour 
être  fubftituéc  à  la  premièf  c,  fi  elle  étoit  engorgée. 

Tuyau  rumigaioire. 

On  doit  être  pour^iï  auffi  de  quatre  rouleaux  de 
tabac  à  fumer,  d'une  demi-once  chacun  ;  de  deux 
bouteilles  dV;m-de-vie  camphrée  ,  animée  avec 
Fefprit  volatil  de  fel  ammoniac  ;  d'unt  petite  boîte 
contenant  plufieurs  paquets  d*émétique ,  de  trois 

fjrains  ;  d'un  rouet  de  foiilrc  &  de  camphre,  pour 
a  confcrvation  des  iiftenfilcs  de  iaine  qui  font 
dans  la  boite  ;  d*un  bonnet  &  deux  frottoirs  de  laine 
roulés  enfemble  ;  de  deux  bandages  à  faigncr  , 
toulcs  avec  leurs  compreftes  ,  6lc. 

Manièrt  di  ft  fervir  de  la  machine  fumigatoire* 

On  met  dans  la  boîte  de  cette  machine  une 
demi -once  de  tabac  à  fumer  ,  qu'il  faut  humeéter  ; 
on  Tallume  avec  im  morceau  d'amadou  ;  on  intro- 
duit dans  le  manche  de  cette  boite  la  douille  d'un 
faulEet ,  6c  on  allume  le  tabac  :  alors  on  infinue 
dans  le  fondement  du  noyé  la  tige  delà  canule  , 
garnie  d*un  long  tuyau  flexible  ;  on  adapte  le  gros 
bout  de  cette  canule  au  bec  du  chapiteau  ,  dont 
on  couvre  la  boite  oii  cfl  le  tabac  allumé  :  oti 
bouche  le  chapiteau  avec  la  tige ,  lorfqu'on  voit 
q^e  la  fumée  en  fort  en  trop  grande  quantiiéi 


N  o  y 

^  Il  ne  faut  pas  employer  plus  de  trois  quarts' 
d*heure  pour  confumer  une  demi-once  de  tabac  ; 
mais  il  ne  faut  pas  trop  précipiter  le  mouvement 
du  iobffler. 

Pour  faire  ufage  de  refprlt  volatil  du  Tel  ammo- 
niac ,  on  toriilte  un  morceau  de  papier  qu'on 
trempe  dans  le  flacon  ,  &  qu'on  introduit  dans 
les  narines  de  la  perfonne  noyée. 

L'ufage  de  la  tlanelle  &  de  l'émétique  cfl  indi- 
que  dans  la  première  partie. 

Addition  À  la  machine  fumtgatciru 

M*  Scanegarti  s'eft  occupé  des  moyens  ie 
perteôionner  quelques-uns  dc5  Inftiaiucn»  dctti- 
nès  à  fecourir  les  perfonnes  noyées.  Son  atten- 
tion s*eft  particulièrement  fixée  fur  Tinjeétion  de 
la  fumée  du  tabac  »  &  fur  rinfpiration  de  Talr 
chaud. 

La  répugnance  pour  la  première ,  la  force  des 
mufcles  pe6ïorauz  quVxige  la  féconde  de  ces  opé- 
rations indifpenfables  ,  lui  a  fait  imaginer  une 
feringue  qui  remplit  ce  double  objet.  Le  corps  & 
le  piAon  n*ont  rien  de  particulier  ;  mais  le  fond 
eft  percé  de  deux  trous  ,  dilians  d'environ  un 
pouce  :  ils  font  Tun  6l  l'autre  garnis  de  foupapes, 
mais  garnis  ditféremment. 

L*«ne  eft  ^  Tintéricur  des  trous ,  &  s'ouvre  dans 
rinfpiration  du  piflon  ;  l'autre  foupape  cft  à  Tex- 
téricur  de  Tautre  trou  ,  &  CvUe-ci  s'ouvre  dans  le 
refoulement ,  tandis  que  la  première  fe  ferme ,  & 
vice  verja. 

Chacun  de  ces  orifices  eft  furmomé  à  l'extérieur 
d'une  portion  de  tuyau  à  vis  ,  fur  lequel  fe  monte 
un  écrou  qui  ti:at  à  un  boyau  de  cuir  plus  ou 
moins  long ,  terminé  encore  par  une  vis  d'étain  ^ 
à  laquelle  on  adapte  les  différentes  pièces  conve- 
nables à  1  ufage  qu  on  en  veut  faire. 

En  fuppofant ,  par  exemple ,  qu'on  veuille  in- 
Jeftîr  de  la  fumée,  on  viiTe  fur  Torifice  où  fe 
tiouvc  la  foupape  intérieure ,  une  pipe  de  métal , 
remplie  de  tabac  allumé  ;  fi  on  élève  le  pîfion  , 
la  feringue  fe  charge  nècelTairement  de  fumée, 
qui ,  lors  du  refoulement ,  ne  trouvant  d'iifue  que 
par  la  foupape  extérieure  ^  c(l  obligée  de  fuivre 
le  boyau  de  cuir  terminé  par  une  canule. 

L*on  peut,  fans  la  déplacer  ,  pomper  &  fouler  al* 
tcrnattvement ,  &  faire  ainfi  paffer  dans  les  intef- 
\  tins  du  fubmergé  »  autant  de  fumée  de  tabac  que 
Ton  juge  à  propos.  Ce  moyen  a  paru  plus  fimple 
&  plus  a/Turé  que  celui  du  foumci  aâuellement 
en  ufage. 

Veut  on  introduire  de  Tair  chaud  &  humide, 
tel  que  le  fourniroit  un  homme  en  appliquant  fa 
bouche  fur  celle  du  fubmergé  ?  On  fubftitue  k  îa 
pipe  un  tuyau  de  cuir,  dont  Tautre  extrémîtc  fe 
vifle  au*defius  d'une  petite  bouilloire ,  dans 
hquclle  on  échauffe  un  verre  d*eau  parune lampe 
àrefprlt'de-vin.  Si  Ton  afpire,  la  ferîngue  fejcharge 
de  Tair  chaud  Qc  humide  qu  cxîial-:  la  bouilloire  ^ 


NO  Y  

&  qui»  en  fe  foulant,  paffe  diQs  le  bojrau  ter< 
miné  alors  par  une  efpèce  d'auge  très-iplatte  ,  la 
quelle ,  furmoniée  d'une  embouchure  ou  de  &ttflè^ 
lèvres  ,  pour  prévenir  toute  évaporation , 
cet  air  dans  la  bouche  ,  puis  dans  les  pou 
en  telle  force  &  quantité  qu'il  elt  nécefiai; 

On  peut  continuer  cette  opération  fans  di  ^ 
cernent  ,  8c  cette  injeôion  d'air  eft  bien  (ùpè^ 
rieure  à  celle  que  peut  fournir  la  bouche  d'un 
homme ^  qui,  indépendamment  de  la  répugnance. 
eft  bientôt  rebuté  par  la  fatigue.  ] 

On  a  fait  avecfuccés»  parles  confeils  du  célè^! 
bre  M.  Dumoulin ,  effai  de  la  cendre  pour  faire 
tcvcnU  1&5  ijoyéb  ;  mais  comme  il  peut  arrivef 
des  accidcns  dans  les  lieux  où  il  nr  fe  trouve  pad 
une  alTcz  grande  quantité  de  cendres  pour  tentei 
ce  remède  ,  il  efl  de  l'intérêt  de  f humanité  de  faJ 
voir  qu'au  défaut  de  cendres  on  peut  mettre  h 
noyé  dans  du  fable  chaud  ou  dans  du  fcl  puÙ 
vèrifé.  ] 

Cette  expérience  a  réuffi  fur  un  noyer  fraîche^ 
ment  tire  de  Teau  en  Provence  ;  on  a)Outa  ai| 
bain  de  fable  les  vomitifs ,  la  faignée  à  la  jugu< 
laire,  Ôc  Tinfuiflation  du  tabac  dans  les  inteftias  ; 
&  le  noyé  revint  à  la  vie. 

Il  y  a  quelque  temps  qu'un  vaiflfeau  Angloii 
étant  dans  la  rivière  du  Douro  >  à  Opôrto  en  Por- 
tugal »  un  matelot  tomba  par  hafard  dans  Icauj 
it  refta  bien  fous  Teau  Tefpace  d'une  demi'heurt« 
Quand  on  Teut  repêché,  on  le  déshabilla  fur  iù 
champ ,  &  on  le  frotta  partout  avec  du  fel  »  mais 
plus  particulièrement  autour  des  tempes*  k  h  poi<' 
trine  ,  &  à  toutes  les  jointures.  Cette  opcratioa 
fut  continuée  pendant  quelque  temps  ,  durant  le* 
quel  cet  homme  commença  à  donner  quelque! 
lymptômes  de  vie ,  dont  on  n  avoit  pa^  pu  avoir 
auparavant  la  moindre  apparence;  &  en  moins  de 
quatre  heures  j  au  grand  ctonnement  de  tout  le 
monde ,  il  fe  trouva  fi  bien  refait  qu'il  cioit  cil 
état  de  marcher. 

Noyés  dans  les  ^Ucis  &  ddns  les  neignM 

Comme  la  circulation  ne  Ce  trouve  que  ralci 
à  un  point  imperceptible  dans  les  noyés  qui  n*( 
pas  refté  trop  long-temps  fous  Teau  ,  on  pcttt 
rappeler  à  la  vie  par  les  moyens  que  notti  ven^ 
d'indiquer.  On  peut  aufiTi  rappeler  àUviedcspil 
fonnes  qui  ont  été  engourdies  par  un  froid  excd^ 
fous  des  glaces  ou  fous  des  neiges ,  fie  que  T^ 
croit  quelquefois  mortes. 

Les  moyens  que  propofe  un  phyfiden  d*IIitf 
bourg  ,  d'après  plufieurs  expériences ,  c'cîl  d^aboi 
de  plonger  le  corps  que  Ton  retire  du  miîicu  tl 
neiges  dans  de  Veau  fraîche,  pour  ftîre  dégel 
peu-à-pcu  toutes  les  parties  extérieures  ;  i  Tiq* 
on  verra   ce  corps  fc  couvrir  d'une   croâci 
glace  ,  ainfi  que  le  fruit  gelé  qu*oii 
troidc* 


N  O  Y 

An  iordr  de  ce  baîn ,  il  faut  mettre  le  corps  dans 
onlien  tiède ,  c*eft-àrdire,  à  Tabri  du  froid  &  du 
feD:là,  il  faudra  le  frotter  d*abord  avec  du  linge 
ftoid  y  enfuite  avec  du  linge  chaud ,  &  il  faut  lui 
finifller  de  Pair  dans  les  poumons ,  &  l'agiter  con- 


N  o  Y  367 

tînuellement.  On  peut  auffi  appliauer  les  véfica- 
toires  ,  &  donner  quelques  clyAères  piquans  , 
comme  avec  de  l'urine  ;  &  procéder  eniiiite ,  par 
les  moyens  ordinaires,  à  ranimer  peu-à-peu  le 
fang ,  &  à  rétablir  la  circulation. 


^68 


(E  U  F 


<B  U  F 


ŒUFS. 

(  Art  de   conserver  et  de  faire   éclore   les  ) 


Xj  e  s  œufs  font  d^une  utilité  fi  générale  ,  fu^on 
s'cA  toujours  appliqué  à  en  t.rer  tout  le  parti 
poflfible.  Dans  les  Indes  orientales ,  on  a  le  fecret 
de  les  conferver  au(&  long-temps  qu*on  veut»  en 
les  faifant  cuire ,  &  en  les  Talent  fans  caiTer  leurs 
coquilles,  ce  qui  leur  donne  un  goût  trés-délt- 
cat,  &  les  rend  en  même-temps  très -propres 
à  être  tranfportés  dans  les  voyages  de  longs 
cours. 

C*eft    une   pratique    obfervée    dans  quelques 

f grandes  maifons  où  Ton  fait  venir  des  œufs  de 
ermes  ou  de  terres  éloignées,  on  a  foin  de  les 
faire  cuire  avant  de  les  envoyer ,  en  forte  qu'il 
ny  a  plus  qu'à  les  réchauffer  pour  les  manger; 
&  ils  (ont  aufTi  frais  que  des  œufs  du  jour  ou  de 
la  veille. 

Une  autre  méthode  de  les  conferver  y  confiffe 
à  les  enduire  d'une  pâte  avec  de  la  terre  grafle, 
des  cendres  communes  &  du  fel  marin  ;  on  les 
met  enfuite  dans  le  four  ou  fous  une  braife  ar- 
dente ,  où  on  les  laKTe  autant  de  temps  qu'il  faut 
pour  les  cuire.  Ils  fe  conservent  fi  bien  après 
cette  préparation  9  que  les  vaifleaux  Européens 
en  font  provifîon  pour  leurs  voyages. 

M.  de  Réaumur,  dont  les  expériences  ont  tou- 
jours eu  pour  but  rutiliré  publique  «  imagina  d*em- 
pécher  la  corruption  des  œufs  en  fuppnmant  leur 
mfenfible  trarfpiration  ,  &  par  ce  moyen  de  les 
conferver  pendant  trè^-long-temps ,  non-feulement 
frais  &  bons  à  manger  ,  mais  encore  propres  à 
être  tranfportés  d*un  pays  à  un  autre»  pour  na- 
turalifer  des  volatiles  dans  des  climats  où  ils  fout 
étrangers. 

Pour  cet  eflfct  il  crut  d'abord  devoir  les  enduire 
d'un  vernis  compofé  de  laque  plate  6c  de  colo- 
phane diiToute  dans  dj  l'efprit- devin. 

Dans  la  fuite  il  y  fubftitua  de  la  grai^Te  de 
mouton  comme  étant  une  matière  moins  chère 
&  plus  commune  :  voici  quel  en  eft  le  pro- 
céda. 

On  fait  fondre  de  la  graiffe  de  mouton  fraîche , 
on  la  paOe  à  travers  un  linge ,  &  on  la  met  dans 
un  pot  de  tcfe;  lorfqu'on  v  ut  s'en  feivir,  on 
la  r'qii^fîe  p*r  l.i  cbileur  du  f«;.î ,  &  on  y  plonge 
un  œaf  |Jon  a  fuf)i:ndu  par  le  irilicu  â  un  brin 
de  Ûa  long  de  fu  à  fept  pouces  :  on  fait  enfuite 


la  même  chofe  fur  tous  les  œufs.qu*oii  veut  coi* 
fervcr. 

On  peut  encore  boucher  les  pores  de  lacoqi 
d'œuf,  foit  avec  de  l'huile,  fottavcc  de  la 
liquéfiée. 

On  a  l'expérience  qu'un  œuf  ainfi  préparé 
gardé  fix  mois ,  fait  encore  le  lait  «  &  n*a  pas 
moindre  mauvais  goût.  Mais  il  faut  obfcr\'erftf 
pour  les  conferver  plus  long-temps  &  plus  fiai- 
ment  ,  on  doit  choifir  des  œufs  qui  n'aient  pi 
été  fécondés ,  autrement  le  germe ,  étouffé  fonb 
vernis ,  ne  manquera  pas  d'en  corroopre  I0 
partie. 

Les  œufs  vernis  n'ont  pas  feulement  ravaixi|B 
de  fe  conferver  bons  pour  être  mangés 
frais ,  ils  ont  encore  celui  de  pouvoir  être  com^ 
en  toute  fureté ,  pourvu  qu'on  n'attende  pu  H* 
delà  de  fix  femaines. 

En  pareil  cas  on  ôte  le  vemSs  qui  eft  fur  la  (A* 
que  de  l'œuf  fécondé.  Ceci  eft  encore  un  iBoyel 
d*élever  les  oifeaux  étrangers  qu'on  ne  peut  tnst 
porter  vivans  qu'avecbeaucoup  d'embarras  .fti^ 
pour  l'ordinaire  ,  ne  s'accouplent  poîm  hois  à 
leur  pays. 

Pai  obfcrvé  ,  dit  Mufchembrœck  «  que  d0 
œufs  que  j'avois  gardés  pendant  l'efpace  de  quant 
années  dans  de  l huile  de  raves  ,  s'étoient  confia 
vcs  très- frais  ;  car  en  les  faifint  cuire  dam  ^ 
l'eau  ils  s'y  durcirent  ;  &  lorfque  j'ouvris  k  CD*  \ 
que  9  ils  âattèrent  encore  l'odorat  &  le  goût  tu 

Ils  ne  fe  gardent  pas  fi  long-temps  dans  la  |i*V 
de  bœuf.  : 

Si  on  les  plonge  dans  de  l'huile  de  lin  &  def^ 
rébenthine  ,  i's  y  coniraâent  une  mauvaife  ods* 
propre  à  donner  des  naufées  à  ceux  qui  les  B»^ 
geroient. 

Ils  fe  pourrifTent  dans  la  fiumure,  danslebi<i 
dans  l'émulfion  de  myrrhe ,  dans  l'infufion  d'aki^ 
de  racine  de  fe-pentûire  de  Virg-nie  »  dans  la  d^ 
coâon  de  quiiquina,  de  contra-yerva ,  &  dil^ 
celle  de  terre  de  cachou. 

Si  on  les  enduit  de  cire ,  cet  enduit  ayant  ntn^ 
certaine  épaiiïeur  fe  Fend,  &  ne  peut  garantir  1*00 
de  !a  pourriture ,  de  forte ,  ajoute  M.  de  Mtiflchem' 
brœck ,  que  dans  toutes  les  épreuves  que  /ai  taîtcs 

jufqu'à 


_  (S  U  F 

jerqu'à  prèfeor,  je  nai  rien  trouvé  de  préférable 
ilIlQUe  de  rave  a. 

C»  différentes  manières  d'interdire  Taccés  di 
Tair  extérieur  dans  les  œu&  &  dans  tous  1^  corps 
fac  Von  veut  préferver  de  corruption  ou  d'allé- 
miûn ,  expliquent  en  rnème  temps  la  caufe  qui  au- 
roit  fait  confjrvcr,  pendant  trois  cens  ans,  trois 
«ufs  dans  un  mur  d'égUie  en  Italie  »  &  qu'on  a 
trouvés  après  ce  tem|>s  très-bons  &  tré$-frais. 

hioytns  de  csnnoftre  fi  Us  ttufs  font  frais ^ 

Un  moyen  de  connoître  fi  les  oeufs  font  frais 
•n  non,  tftdc  les  préfentcr  au  feu  ;  fi  alors  il  pa- 
roit  de  l  humidité  fur  ta  coquille  »  c*elt  une  preuve 
\n\h  {uni  frais ,  Anoa  Ion  peut  juger  quiU  font 
vitiîx. 

Va  œuf  frais  a  plus  d'humidité  qu'un  viewr  , 
\  8c  fes  humeurs  étant  plus  tenues  ou  plus  déliées , 
I  percent  plus  aifément  les  pores  de  la  coquille. 

Au  reflç,  tout  le  monde  fait  quil  fuffic  de  les 

'atîrtr  Â  la  lumière  pour  diftinguer  un  oeuf  frais 

dTun  vieux:  Toeîîf  frais  paraît  plein  &  fans  bulles 

^  4Vir  ;  i'ceuf  vie«x  ,  au  contraire,  paroîtextérieu- 

H  lement  rempli  de  petits  coins  occafionnés  par  l'air 

"    rfibtè  d^ns  l'intérieur,  à  mefurc  que  le  fluide  de 

IVuf  s'eft  c%*apQrè  par  la  tranfpiration  à  travers 

1^  pores  de  la  coquille. 

H  Mithoâi  ponr  4\mr  des  euifs  tatue  bannie* 

le  grand  froid  ef>  un  obftacle  à  la  fécondité  des 

L     çûules  ;  elles  ne  pondent  que  très-peu  dans  la  fai- 

!■    Ion  rigoureufe.    La  môth^de  ufitée  dans  certains 

W    PV'  P^'^"*'  prévenir  cette  interruption,  confiée  à 

t'enfeimer  les  poules  dans  une  forte  d'enveloppe  de 

fumier  chaud.  Pour  cet  effet ,  on  établit  dans  quel* 

^t  endroit  clos  &  couvert»  d'abord  un  fond  de 
k  fimicr  de  TépaifTeur  d*environ  ûcxxx  pieds  :  on 
H  foule  &  on  aplatit  autnnt  qu^il  ed  poffible  le  mî* 
H  lieu  du  ptancncr  ^  enfuice  on  élève  dans  tout  fon 
■  contour   une  efpcce  de^mur  de    fumier   encore 

^bud ,  &  auquel  on  donne  une  bafe  fuf^fante 

jKiur  que  ce  rebord  puiffe  fc  f^^utenir  à  la  hauteur 

cle  quatre  piedf. 
^      cela  fait,  on   ne  donne  à  manger  aux  poules 
V^ue  dans  cet^e  fopte  de   parc  ,  en  obfcrvant  de 
P^nntrc  leur  nourriture  dans  quelques  uftenfilcs  de 

ftois  pour  qf/ellc  ne  fe  perde  pas  dans  le  fumier. 

Cependant  on  y  rc^antl  de  temps  en  temps  un 

ru  de  grain  pour  amuf^r  les  poules ,  qui  aiment 
gratter  &  à  chercher. 

On  met  de  Teau  à  côté  du  manger.  IL  faut  que 
le  fumier  occupe  tout  ce  réduit  ;  &  quand  on 
sHperçoit  q«ie  la  chaloir  diminue ,  on  renouvelle 
«Tcc  du  fumier  chaud  tout  h  pourtour. 

On  a  r<jin  de  mettre  des  lattes  en  dtlTus,  on  y 
ttUche  des  nids  llien  garnis,  afin  que  les  poules 
y  perchent  &  s'y  logent  pendant  la  nuit. 
Mit  fr  Métiers.  Tom,  V,  Parue  L 


<K  U  F  5^9 

Comme  le  fumier  produit  ta  ne  fnmie  conGdé- 
rable  lor/qu'î!  cft  dans  fa  première  chaleur  »  il 
faut ,  pour  la  faire  évaporer  >  pratiquer  une  ouver- 
ture grillée ,  qu'on  ferme  par  un  vitrage  lorfque 
le  griind  feu  cft  paffé  \  on  fe  fcrt  d'un  vitrage  ,  afin 
que  les  poules  ne  foient  pas  dans  une  trop  grande 
obfcurité. 

On  doît  pourtant  obferv^er  que  les  poules  donc 
la  fécondité  eft  ainfi  excitée  &  prolongée  ,  s  ufcut 
promptcment  >  &  deviennent  flériks  àla  iroificme 
&  quEErlémc  année  :  on  y  remédie  en  les  rem- 
plaçant par  de  nouvelles. 

Miihode  pour  faire    edore   Us    œufs  ^f ans   iticttr 
hation^ 

La  manière  de  faire  éclore  en  Egypte  les  œuft 
de  poules  dans  les  fours,  efl  auffi  ancienne  dans 
ce  pays,  qu*etle  y  eft  ufitée  ,  particulièrement 
k  Derme  ,  village  fitué  à  cinq  lieues  du  Caire  , 
où  il  fe  fait  un  commerce  confid érable  d^oi féaux 
d^meiliques  (l'clos  de  cette  façon. 

Ces  fours  ne  diflPérent  des  nôtres  qu'en  ce  qu'ils 
font  bâtis  do  briques  cuites  au  foleil,  &  qu*n$ 
ont  pir  le  haut  une  ouverture  ronde  d'environ 
dix-huit  à  vingt  pouces  de  diamhre. 

Chaque  fournil  a  vingt-quatre  fours  ,  douze  de 
chaque  côté  ,  qui  forment  deux  étages  de  fut 
fours  chacun ,  avec  une  allée  rrès-étrolte  qui  les 
féparc  dans  le  miUeo. 

Pour  faire  éclore  les  œufs  ,  on  les  met  dam 
les  fours  d'en  bas,  &  Ton  entretient  pendant  huit 
jours  un  feu  lent,  fait  avec  de  la  paille  dans  lef 
fours  i^cn  haut,  après  quoi  on  bouche  les  foun 
oii  font  les  œufs ,  6t  on  ne  les  ^uvre  qu'au  bout 
de  fix  jours,  pour  féparcr  les  «eufs  clairs  d'avec 
ceux  qui  font  féconds. 

Ce  triage  étant  fait,  on  remet  les  bons  dans 
les  fours  de  l'étage  d'en  haut,  &  L'on  fait  pendant 
deux  jours  un  petit  feu  de  paille  dans  ceux  à'^u 
bas. 

On  attend  enfuite  que  les  pouHins  foient  tota- 
lement éclos,  ce  qui  arrive  vingt-deux  jours  après 
qu'on  a  commencé  à  mettre  les  œufs  au  four. 

On  n'en  fait  ufa^e  que  depuis  Je  mois  de  dé* 
ccmbre  jufqu*au  mois  d'avril. 

On  ne  paie  rien  au  fourni er  pour  fa  peine  & 
la  fourniture  de  fa  paille  ;  comme  il  rend  les  pou(^ 
fins  au  même  boifTcau  qu'il  a  pris  les  œufs ,  il  fe 
trouve  amplemc  nt  dédommage  d-i  fcs  dépcnfes  par 
h  différence  de  volume  qu'il  y  a  entre  l'oeut  Si 
le  pouffin. 

Cette  génération  artificielle  peut  réuflir  partout 
ou  Ton  obfcrvera  un  juflc  degré  de  chaleur  rcla* 
tif  à  la  différence  des  climatf. 

On  a  fait,  il  y  a  une  quarantaine  d'années^  à 
Chantilly  ,  des  tentatives  inutiles  pour  (aire  éc!ote 
des  poulets. 

On  fe  fervoit  >  au  rapport  de  M.  l'abbé  Noilct  » 

A  aa 


37® 


<ttÙ  F 


d'ctuves  avec  un  feu  de  lampe  ;  mais  appa- 
remment que  la  vapeur  de  Thuile  empèchoit  le 
luccés.  Plufieurs  foi^  îe  poulet  s*câ  formé  ,  mais 
il  n*eft  jamais  venu  à  bien ,  ou  s*il  s'eft  ëclos ,  il 
n'a  point  vécu. 

M.  de  Réaumur  a  cherché  une  façon  plus  com- 
mode &  moins  coûteufe .  que  celle  des  Egyp- 
tiens. Il  dit ,  dans  fon  art  de  faire  éclore  les  poulets , 
que  pour  y  bien  réuffir  il  faut  prendre  des  ton- 
neaux vides  ,  défoncés  par  un  bout  y  placés  fur 
leurs  cu's»  &  ejifevelis  dans  du  fumier  de  cheval  ; 
mettre  dans  ces  fours  artificiels  deux  ou  trois  cor- 
beilles oii  Ton  range  des  œufs  ,  &  qu'ils  y  font 
couvés  par  la  chaWur  qui  pénètre  dans  ces  ton- 
neaux. 

Il  ajoute  qu  il  faut  avoir  foin  de  n'y  laifTer  en- 
trer de  Tair  qu'autant  qu'il  en  faut  pour  y  mainte- 
nir la  chaleur  qu'a  une  poule  oui  couve. 

Cette  méthode  e/l  en  ufage  dans  diverfes  com- 
munautés,  qui  en  retirent  »  dit-on  y  beaucoup  de 
profit. 

Un  homme  a  l'attention  que  la  chaleur  s'en- 
tretienne toujours  à-peu-prés  égale. 

M.  de  Réaumur  a  aufll  remarqué,  qu'une  poule 
remuoit  plufieurs  fois  par  jour  les  œufs  qu'elle 
coi:vey  &  qu'à  fon  imitation ,  il  ne  faut  pas  né- 
gliger Je  les  charger  auili  de  pofition. 

Quand  on  fuit  ce  procédé ,  au  bout  de  vingt- 
un  jours*,  terme  ordinaire  de  l'incubation  natu- 
relle ,  on  voit  éclore  des  poulets  qui  ne  connoif- 
fent  point  la  mère  foc  s  laquelle  ils  puiflent  èitQ 
reçus  ;  mais  on  y  fupplée  en  les  faifant  pafTer  du 
tonneau  dans  une  caiiTc  longue,  aufTi  entourée  de 
fumier ,  mais  inégalement ,  afin  que  les  nouveaux 
nés  puiflent  eux-mêmes»  choifir  le  degré  de  cha- 
leur qui  leur  convient  le  mieux. 

Il  eil  même  afTez  ordinaire  de  voir  éclore  les 
poulets  le  vingtième  jour ,  c'eil-à-dire  .  un  jour 
plus  tôt  qu'ils  ne  fortent  dans  ce  pays  de.,  œufs 
couvés  par  une  poule  ;  la  raifon  en  vient  de  ce 
que  CCS  œufs  ne  font  pas  expofés  au  refroidiffe- 
menr ,  comme  le  font  de  temps  en  temps  ceux  de 
la  p.tule.  ' 

Entre  les  œufs  d'une  même  couvée,  les  uns  éclo- 
fcnt  pins  lot ,  les  autrc<i  plus  tard  ,  à  raifon  de  l'é- 
paiffeur  p  us  ou  moins  grande  de  la  coque,  qui  fait 
varier  la  tranfpi ration. 

Pour  régler  les  degrés  de  chaleur  nécefTaîres , 
il  y  a  parmi  les  œufs  un  ou  plufieurs  petits  ther- 
momètres que  Ton  a  foin  de  vifirer  de  temps  en 
temps. 

Quand  la  chaleur  eft  trop  forte  ,  on  donne  un 
peu  d'air  frais  en  ôtant  un  moment  U  planche  ar- 
rondie qui  Icrt  de  couvercle  au  tonneau  »  ou  en 
débouchant  des  ircus  qu'on  y  a  pratiqués. 
'  Si  au  contraire  la  chaleur  devient  trop  foible , 
on  r.jautc  du  fumier  plus  nouveau  autour  du 
tonneau. 


ŒUF 

La  précaution  la  plus  effentielle  qu'on  doit  aroir, 
c'eft  qu'il  ne  règne  pas  d'humidité  dans  le  ton- 
neau ;  &  pour  cela  il  faut  qu'il  foit  enduit  de  plâ- 
tre en  dedans ,  &  que  cet  enduit  ait  eu  le  temps 
de  fécher. 

Le  degré  de  chaleur  le  plus  convenable ,  c'eft 
Ji  degrés  au  thermomètre  de  Réaumur  ;  c'efl  la 
vraie  chaleur  de  la  poule  qui  couve  :  trente- qua- 
tre degrés  font  une  chaleur  trop  fone,  mais  qui 
n'efl  point  mortelle  aux  poulets  ;  au  lieu  que  celle 
de  trente-fix  degrés  eft  abfolument  trop  forte. 

Cependant  cette  façon  de  faire  éclore  les  poulets , 
imaginée  par  Réaumur ,  s'eft  trouvée  fujette  à  tant 
d'inconvéniens ,  que  le  public  n'en  a  pas  tiré  tout 
Favantage  que  l'auteur  s'en  étoit  promis. 

Autre  méthode» 

M.  Mtffierapropofé  une  méthode  plus  facile; 
plus  fure  &  moins  difpcndieufe  que  celle  de  M. 
de  Réaumur ,  pour  arriver  au  même  but. 

M.  McfTier  fait  pafTer  le  tuyau  d'un  poêle  dans 
un  grenier,  ou  dans  tout  autre  endroit  élevé  de 
la  maifon  :  il  y  fait  enfuite  confirtir  j  une  lanterne 
de  fix  pieds  de  diamètre  ,  entourée  de  chafus  vi- 
trés, &  terirtinée  en  dôme  par  le  haut.  Il  y  met  des 
tablettes  d'ofier  d'un  pied  de  large  tout  autour  , 
&  les  éloigne  plus  ou  moins  les  unes  des  autres  , 
{t\on  la  quantité  d'œufs  qu'il  veut  faire  éclore. 

Les  cbafTis  doivent  s'ouvrir  de  haut  en  bas ,  & 
même  il  faut  que  quelques  carreaux  puiflent  s'ou- 
vrir féparément  ,  afin  de  donner  de  l'air  »*îl  fc 
trouvoit  trop  de  chaleur  :  il  efl  même  nèceflaire 
qu'il  y  ait  toujours  dans  la  lanterne  un  thermomi- 
tre pour  en  marquer  le  degré. 

Le  tuyau  du  poêle  doit  pafTcr  au  milieu  de  la 
cage ,  &  être  fait  en  fourche ,  parce  qu^auffitôt 
qu'on  a  atteint  le  degré  de  chaleur  néceiTaire,  on 
terme  une  foupape  :  l'autre  tuyau  fcrt  à  faire  paf- 
ftr  la  fumée  du  poêle  ,  &  échauffe  un  autre  en- 
droit oii  Ton  veut  élever  les  poulets. 

Lorfque  la  cage  cû  une  fols  échaiiffce  ,  fa  cha- 
leur î>eut  d'irer  au  moins  trente-fii  heures  dans  le 
même  d.^ré ,  parce  qu  on  n'efl  pas  oblig^i  d'ouvrir 
le  couvoir  comme  dans  la  manière  de  M.  de 
R'-aumur.  Pour  obfcrver  le  ihermomèn'e,on  peut 
le  voir  au  travers  du  verre. 

Lorf.;jt  les  pct.rs  f  ;::t  prêts  à  éclore,  on  dimi« 
nu.  Î;î  ch.i'wjr  .'e  Jf  ux  ol»  rrois  f^t^grcs. 

Pour  trouv  r  le  d-ari  convïnabl-J  ,  on  prend 
un  [:ait  tubi  de  '::.^::iu)ir.èîrO  ,  on  le  met  fous 
iV.i;Tc::e  rd  i^^  \u\t  dtir.i-h-.uic,  &  en  le  retirant 
on  à  u:i  f.l  tojt  pré:  q.ie  Ton  r*oiie  à  l'endroit  ou 
fe  troiive  la  "s]u':\.\x ,  &  c:  fera  ùircmcnt  le  degré 
le  plus.-..//'. 

On  racciiie  qu'une  dame  de  Verfaillcs,  dont 
rappr.rtenii*^.t  ai.  grand  commun  eft  divifé  en  deux  , 
par  un  entrcfol  alfez  lias  pour  qii'on  puifTe  toucher 


(E  U  F 

léc  h  viain  au  plancher,  s*aperçut  que T^trc  d'une 
^chenûoèe  de  Tétage  fupcrteur  communîquoît  beau- 
^Qfip  de  chaleur  à  une  tablette  placée  au^deflbus. 
dame  jugea  cette  chaleur  capable  de  foire 
rc  des  <x\d\  de  poule  ,  &  le  jugement  de  la  main 
fans  le  &cours  d'aucun  autre  thermomètre ,  a  été 
mffcz  (or  pour  que  Tcxpérience  ait  réufli  au  bout 
de  ruigt  &i  un  jours  d'attention,  en  mettant  fou- 
ireot  roeukdans  la  main ,  &  approchant  ou  raculani 
un  panier  fuivam  la  chaleur  du  plâtre. 

L'oeuf  a  été  parfaitement  couvé  dans  ce  panier 
f/ïïnd  de  coton ,  Sl  enân  le  pouJet  a  becqueté  fa 
coquiUe  peu  de  temps  après*  Celui-ci  a  été  fuivi 
d'tui  autre. 

Ces  deux  poulets  font  nés  le  17  &  le  19  mat 
1760.  Us  ont  été  élevés  fur  une  fenêtre  expolee  au 
leTiut  »  entre  deux  chaCTis ,  couverts  de  coton  dans 
un  petit  paaier. 

Pour  les  exciter  à  manger ,  00  frappoit  du  doigt 
fur  le  papier  où  étoit  leur  nourriture ,  comme  la 
mérc  frappe  du  bec  fur  la  terre  ïls  couroient 
dini  la  chand>re  fans  appeler  leur  mère  qu'ils  ne 
«oonoîiToleni  pas. 

Mëmirt  dt  facHker  aux  poulets  la  fçrtic  de  îtur 
co^u'tîie» 

Il  efl  un  temps  marqué  par  la  nature ,  ou  les 
mu£$  couvés  par  les  femelles  éclofent,  &  où  les 
petits  jouilTcnt  de  l'air  Se  de  la  lumiàre*  Il  arrive 
cependant  quelquefois  que  ces  petits  ne  peuvent 
forcifr  leur  prifon ,  &  qu'ils  meurent  à  la  peine* 

Dans  ce  cas ,  les  plumes  du  jeune  oifeau  font 
coUées  coûtre  les  parois  intérieures  de  Tceuf  ,  & 
cela  doit  arriver  ncccflaireraeDt  toutes  les  fojsque 
|*aeuf  a  éprouvé  une  chaleur  trop  forte. 

Pour  remédier  à  cet  inconvénient ,  brfque  les 
muh  font  tardifs  ,  il  faut  les  mettre  dans  de  Teau 
mifcmbbbîement  tiède  cinq  oufu  minutes.  Uceuf 
pompe  à  travers  fa  coquille  les  parties  les  plus  ter 
puct  de  leau ,  &  Teâet  de  cette  humidité  cil  de 
difpofer  les  plumes  qui  font  collées  contre  la  oè- 
C[uiiie  ,  à  s*eQ  détacher  plus  facilement  ;  peut-être 
aniC  que  cette  efpéce  de  bain  rafraîchit  le  jeune 
oifeau,  &  lui  donne  aflcz  de  force  pour  briier  fa 
coquille  avec  le  bec. 

Ou  peut  employer  ce  procédé  pour  les  csufs  de 
perdrix,  de  pigeons  êl  autres  volailles, 

B  paroît^  par  Texamen  qu'on  en  a  fait,  qu  a  égale 
quantité  d'oeufs  ,  il  naît  un  plus  grand  uombre  de 
poulets  des  œufs  couvés  dans  les  fours  àfiimier, 
ou  dans  ceux  échauffis  à  l'aide  du  feu ,  que  des 
eeufs  couvés  par  les  poules,  qu'elles- mcmcs  en 
brifeut  plufieurs,  ou  abandonnent  leurs  oeufs  avant 
qu'ils  foîcnt  éclos.  On  peut  eftimer  qu'il  vient  des 
mnti  couvés  dans  les  fours  ,  à-pcii-piès  les  deux 
lîers  de  poulets. 


ŒUF 


57' 


Mantirè  Â4^ïfaiier  les- pouUn  muvetUmcm  idost 

Lorfque  les  petits  poulets  font  éclos ,  il  faut  les 
mettre  en  état  de  jouir  de  la  llbctc  nrceffairc 
pour'  exercer  leurs  jambes  &  fortifier  leur  crrps. 

Pour  cet  effet  on  les  met  dans  i«ne  boîîc  loTtgne 
de  cinq  ou  fix  pieds ,  6t  recouA^crtc  d'une  cîaie 
d'often  On  peut  donner  à  cette  boite  le  nom  de 
pouffinière* 

On  la  place  au  milieu  d'une  couche  de  fumier 
qui  lui  communique  une  douce  chaleur.  On  met 
dans  cette  poulTmière  de  petits  vafes  qui  contien- 
nent la  nourriture  propre  aux  poulets- 

Quand  on  veut  opérer  des  effets  pareils  à  ceux 
tjue  la  nature  nous  fait  voir  ,  on  doit  la  copier 
dans  fes  procédés  :  ainfi  il  faut  donner  aux  pou- 
lets quelque  chofe  d'équivalent  à  cette  douce 
prcfTion  du  ventre  de  la  mère  contre  le  dos  des 
petits  quelle  couve  :  preffion  qui  leur  eft  irèj- 
nécçiïaire  ,  puifque  leur  dos  a  plus  befoin  d'être 
échauffé  que  toutes  les  autres  parties  du  corps. 

On  établit  donc  dans- la  poujjinlère  ^  une  mérc 
ou  une  couveufe  inanimée  qui  leur  tient  lieu  d'une 
poule  vivante.  Qu*on  fe  repréfcnte  un  pupitre  tel 
que  ceux  qu'on  met  fur  une  table  à  écrire ,  dont 
les  patois  de  la  cavité  intérieure  font  revêtues 
d'une  bonne  fourrure  d*agneau  ;  on  jugera 
qu'elle  peut  être  pour  les  poulets  l'équivalent 
d'une  mère,  &  même  valoir  mieux  pour  eux. 

C  eft  un  logement  qui  leur  donne  une  libre  en- 
trée ;  mais  le  t©it  étant  peu  élevé  &  incliné ,  ils 
ne  fauroient  ay^ncer  dans  l'intérieur  fans  que  leur 
dos  touche  W  poils  de  la  peau  dont  la  furface 
intérieure  de  ce  toit  efl  recouvirte.  A  mefure 
qu'ils  s'enfoncent  plus  avant,  leur  dos  preffc  da- 
vantage la  fourrure  ,  8c  ils  la  preifent  plus  ou 
moins  à  leur  gré.  Ceft  fous  cette  mère  artitîuellc 
que  les   poulets  vont  fc  réchauffer  fuivant  leur 

Lorfque  les  poulets  font  plus  forts  &  plus  gras 
que  des  merles  ,  otï  les  fait  palTer  dans  une  grande 
cage  ,  ou  ils  peuvent  fe  percher  &  faire  ufîge  de 
leurs  ailes.  Il  eft  avantageux  d'y  pratiquer  ]xnc 
mère  artificielle  pour  mettre  les  poulets  à  l'abrî 
des  vents  froids  &  de  la  pluie.  Lorfqu'aprèb  ces 
foins  &  avec  le  temps  ,  les  poulets  f ont  devenus 
affez  forts  ,  on  les  laifTe  courir  dans  la  baffe- 
cour* 

NQUvdU    méthode   d'élever  Us   poulets  fortani  de 

l'œuf. 

On  a  annoncé  dans  les  papiers  pubîtcs  d'Aa*^ 
gleterre  ,  une  nouvelle  méthode  pour  élever  les 
poulets  ,&  leur  faire  prendre  en  uès  peu  de  temps 
tout  leur  développement.  11  faut ,  dit-on  ,  retirer 
les  poulets  de  deltous  la  poule  ,  la  nuit  qu'ils  font 
édos  j   les  remplacer  par  de  nouveaux  ceufs  que 

Aa  a  a 


57a 


(EU  F 


la  poule  oontinue  de  couver.  On  répète  cet  échange 
deux  ou  trois  fois. 

Quant  aux  poulets ,  ont  les  nourrit  d'œufs  cuits 
durs  &  hachés  très-menus  »■  qu'on  mèlç  avec  du 
pain ,  comme  on  le  pratique  pour  toutes  autres 
fortes  de  volailles. 

Au  bout  d»  quinze  jours  on  mêle  de  la  farîne 


(tt  0  F 

d'avoine  avec  de  la  thériaque  en  quantité  fiifi* 
faute  9  pour  qu'il  en  réfulte  une  elpéce  de  pâte- 
grumelèe.  Les  poulets,  très- avides  de  cette  aowr^ 
riture ,  en  mangent  copieufement  ,  &  profiteur: 
tellement ,  qu*au  bout  de  deux  mens  ils  font  anflu 
forts  que  les  volailles  qui  ont  tout  leur  aecroiC^i 
fement. 


O  I  s 


O  I  s 


OISELEUR-        (Art  de  T) 


J^*0I  slE  LEUR,  qu'on  nomme  àuffi  oïfdîer , 
eft  celui  qui  f^it  la  chafle  aux  menus  oifeaux  ,  qui 
les  élève  ,  &  qui  en  fait  un  trafic. 

C  eft  au{&  Toifcleur  qui  fait  les  cages  ,  les  vo- 
Béres  &  les  cabanes ,  foit  de  bois«  loit  de  fil  de 
laiton  ou  de  fer,  pour  les  renfermer  &  les  faire 
couver  ,  les  trébuchets  pour  les  prendre ,  &  les 
divers  filets  qui  fervent  à  cette  chaffe. 

Les  oifeaux  qu'il  n'eft  permis  qu'aux  maîtres 
eifeieurs  de  chaffer  &  de  prendre  à  la  glu  ,  à  la 
pipée  ,  aux  filets  ,  &  autres  hamois  femblables  , 
Ibnt  tous  ceux  qu*on  nomme  oifeaux  de  chant  & 
de  plaifir ,  comme  les  linottes  ,   chardonnerets  , 

E'nfons  y  (crins,  tarins ,  fauvettes»  roffignols,  cail- 
I,  alouettes,  merles,  fanfonnets«  ortolans,  & 
autres  femblables. 

Le  temps  où  il  n'tfl  pas  permis  de  cha/Ter  ces 
«ifeauz  ,  efl  depuis  la  mi-mai  jufqu'à  la  mi-août , 
«arce  que  c'eft  la  faifon  où  ils  font  leurs  nids  & 
leurs  pontes  ;  mais  il  faut  en  excepter  les  oifeaux 
die  palfagc ,  teh  que  les  cailles  ,  les  roffignols  & 
les  ortolans ,  qui  peuvent  fe  prendre  depuis  le 
dcQx  d'avril  jufqu'au  deux  de  mai  ,  pour  le 
«•emontage ,  &  du  premiej-  jour  d'août  jufqu'à  leur 
paflage. 

Outre  les  oifeaux  mentionnés  ci-defTus  ,  les  oi- 
seleurs vendent  auffi  des  tourterelles  ,  des  pigeons, 
deseifeaux  de  baffe  cour ,  des  faifans  ,  des  cignes, 
des  perroquets  &  perruches ,  des  oifeaux  étrangers  , 
des  fouines  ,  des  cochons  d'inde  ,  des  écureuils, 
Vautres  petits  animaux  que  Ton  a  chez  fox  par 
^aufement ,  ainfi  que  des  finges. 

^'à^ts  6»  autres  artifices  pour  la  chaffe  aux  oifeaux* 

La  pipée  efl  un  des  moyens  les  plus  ufités  pour 

prendre  grand  nombre  d'oifeaux  ;  cette  chade  fe 

*^  dans  les  mois  de  feptembre  &  d'oâobre.  On 

^fcoifit  pour  la  faire  un  bois  taillis  :  on  conftruit 

JJWS  un  arbre   éloigné  des  autres ,  une  cabane  , 

^Sf  on  ne  biffe  à  l'arbre  que  les  branches  nccef- 

J^rcs  pour  ydUoofer  k%  gluaux  ,  (\m  font  des 

"^rins  de  bois  foupics ,  enduits  de  g/w. 

On  difpofe  autour  de  la  cabane  des  avenues 
^'yecdes  perches  pliées  ,  fur  lefquellcs  on  met  aufli 
^c$  gluûux,  L'oifeîeur  fe  met  dans  la  cabane  ,  & 
^ti  lever  ou  au  coucher  du  foleil ,  il  imite  le  cri 
^'un  petit  oifeau  qui  appelle  les  autres  à  fon  fe- 
^ours  ;  car  les  animaux  ont  auffi  les  cris  de  leurs 
^vcrfes  pafficns ,  cris  bien  connus  entre  eux. 

Si  Ton  donne  quelques  coups  de  pipeaux  pour 
Contrefaire  k  chouette ,  auffitôt  les  diverfes  efpè- 
^€sd*oifeaux  accourent  au  cri  de  leur  ennemi  com- 


mun ;  on  en  voit  tomber  par  terre  à  chaque  inf- 
tant ,  parce  que  leurs  ailes  étant  arrêtées  par  la 
glu ,  leur  deviennent  inutiles. 

Tous  les  cris  de  ces  divers  oifeaux  qui  fe 
trouvent  pris  en  attirent  d'autres ,  &  Ton  en  prend 
ainfi  un  très-grand  nombre.  Ce  n'efl  que  la  nuit 
qu'on  prend  les  hibous  6£  les  chouettes ,  en  con« 
trefaifant  le  cri  de  la  fouris. 

Pour  prendre  les  alouettes ,  on  tend  des  filets  ; 
&  au  milieu  de  ces  filets ,  on  difpofe  un  miroir. 

Diis  miroirs  à  alouettes. 

Il  n*y  a  point  de  moyens  plus  fur  pour  attirer 
les  alouettes  dans  le  piège  ou  dans  les  fikts ,  que 
de  leur  préfenter  un  miroir. 

On  fait  de  ces  miroirs  de  formes  bien  diiFércntcs  ; 
on  en  conAruit  en  quart  ce  cercle  ;  d'autres  les 
font  plats  deflbus  &  ronds  deflTus  :  on  en  fabrique 
de  ronds  &  plats  comme  une  afiiette  ;  enfin  on 
en  façonne  en  carrés  longs. 

Quand  Toifeleur  fe  difpofe  à  faire  la  chafTe 
aux  alouettes,  &  qu'il  a  choiiî  un  endroit  conve- 
nable, il  place  fon  miroir  6l  en  joue  auf&tôt  que 
le  foleil  paroît.  Il  feroit  à  propos  de  ne  cafler  aue 
le  fouet  de  TaiLe  à  une  aliouctte  pour  l'attacher 
auprès  du  miroir. 

L'expérience  prouve  que  mieux  le  miroir ,  par 
fon  mouvement ,  peint  un  globe  lumineux ,  &L  plus 
les  alouettes  en  approchent.  Ceft  pourquoi  on  le 
fait  tourner ,  foit  par  une  machine ,  foit  par  des 
cordes  de  boyaux  tendues  en  fens  contraire» 

Des  appeaux* 

O.i  fait  un  appeau  pour  imiter  le'  chant  ou  le 
cri  de  l'alouette  avec  un  noyau  de  pèche  ,  ufé  fur 
une  meule  de  grais ,  qu'on  perce  des  deux  C'ités 
d'un  trou  égal  en  grandeur,  &  qu'on  vide  cn- 
fuire. 

On  fabrique  encore  des  appeaux  d'alouettes 
avec  un  métal  travai'lé  en  forme  de  bouton ,  plat 
d'un  côté  &  convexe  de  l'autre  :  on  ne  fait  que 
ferrer  un  peu  les  lèvres  en  les  avançant  d'un  demi 
travers  dj  doigr. 

Pour  V appeau  de  perdrix  ,  on  fait  une  forme  de 
bouton  ,  plate  d'un  côté  &  convexe  de  l'autre ,  & 
percée  des  deux  côtés  ;  la  calotte  ou  table  con* 
vexe  doit  être  de  moitié  moins  épaiffe  que  la  table 
de  deflbus.  On  met  cet  appeau  entre  les  dents,  & 
Ton  retire  à  foi  l'air  extérieur  pour  imiter  le  cri 
des  perdrix  ,.  en  contrefaifant  un  roulement  que 


y. 

doit  faire  la  la 


o  I 


m  taire  la  iançuc  fur  le  paflage  de  lair  de  Vex- 
tè rieur  à  rintérieun 

L  appeau  de  coucou  efl  un  tuyau  artez  court  de 
corne  ,  d'os  ,  d'ivoire  ou  de  bois.  Il  y  a  à  fon 
extrémité  un  trou  qui  étant  bouché  ,  doit  baiffer 
le  fon  de  deux  tons  pleins ,  &  lelever  i'autam  , 
lorfqu'il  eft  débouché. 

Avec  le  même  appeau  on  imite  le  roucoulement 
monotone  de  la  tourterelle  en  débouchant  le 
trou. 

L'appeau  de  pluvier  fa  fait  de  Vo$  de  la  cuifle 
d*un  mouton  ;  il  a  pour  lordinaire  trois  pouces  & 
demi  de  long.  A  foa  extrémité  fe  oratique  Tem- 
bouchure ,  qu'on  accommode  en  fifflct  avec  de  la 
cire  ;  on  fait  dans  la  longueur  deux  autres  trous , 
dont  un  eft  auffi  fermé  de  cire.  Ou  fi  le  fon  eft 
trop  obfcur ,  on  peut  y  faire  uoc  petite  ouver- 
ture avec  une  épingle  ;  l'autre  trou  s'ouvre  &  fe 
ferme  avec  le  doigt  dans  Toccafion. 

On  fait  tin  appeau  pour  les  vanncattx  avec  un 
morceau  de  bols  fenclu ,  long'de  trois  pouces  & 
ûtmx  »  en  mettant  dans  la  fente  préparée  pour  cela 
une  feuille  de  lierre  ou  de  laurier. 

Pour  l'appeau  de  caïlU  on  fabrique  un  appeau 
à  bourfe  plate  ,  qu'on  nomme  courcatlUt  ;  le  filHct 
fe  tire  d'un  os  de  la  cuiflfe  de  mouton ,  que  Von 
fait  tourner  &  bien  unir  intérieurement  :  on  lui 
Jaifle  deux  pouces  &  demi  de  longueur  ,  &  à  un 
bon  travers  de  doigt  de  l'extrémité  on  perce  un 
trou  rond.  On  fait  enforte  que  le  bord  du  trou 
oppofé  à  rcmbouchure  foit  coupant  8c  en  couliffe , 
pour  que  les  fons  deviennent  doux.  On  accom- 
mode avec  de  la  cire  l'extrémité  de  Tos  en  forme 
lie  fifflct,  &  l'autre  extrémité  fe  bouche  entière- 
ment de  cLre# 

Si  Ion  veut  rendre  le  fon  de  la  caille  femelle  , 
qui  approche  aiïez  du  cri  du  grillon,  quoiqu'un 
peu  plus  fourd  »  on  pourroit  faire  une  ouverture  à 
rextrémitè bouchée,  au  moyen  d'une  épingle  qui 
agrandiroit  le  trou  par  degnis  iufqu'à  ce  que  Ton 
foit  parvenu  au  ton  que  Ton  cnerche. 

L'appeau  qu'on  nomme  vulgairement  pratique  , 
çft  fait  d'une  lame  de  fer  blanc  ou  de  plomb  re- 
courbée à  fes  deux  extrémités,  &  fur  une  autre 
lamemoîns  longue,  eft  un  petit  ruban  qui  fait  l'of- 
fice de  languette. 

Appidu  de  la  chaume* 

Il  n'cfl  qa'une  cf|jécc  de  chîjndent  fur  laquelle 
fe  trouve  la  feuille  propre  à  piper.  Cette  feuille 
doit  être  fon  mince  ,  couverte  d*un  duvet  prefque 
mfenftbleàlavue,  n'ayant  qu'une  nès-légërecôte 
dans  fon  milieu,  &  ne  faifant  point  le  carrelet. 

On  tient  cette  fcuitlc  entre  les  lèvres.  La  langue , 
cnfe  baiflant&  fe  voûtant  par  intervalle  contre 
le  palais ,  augmente  &  diminue  à  mefure  la  ca- 
pacité de  la  bouche  ^  &  l'air  qui  doit  frapper  la 


feuille  en  reçoit  des  modifications  qui  Imitent  1^ 
cris  lents  &  plaintifs  de  la  chouette. 

Quant  aux  trembleisens  que  le  piptiir  fait  de 
moment  à  autre  ,  ils  faut  monotones ,  &  vUnncnt 
du  goiîer  feulement. 

On  fait  auffi  un  pineau  de  coudre  oti  de  cbèoe 
verd  que  l'on  «nrailje  ;  on  en  unit  bien  feodiaîf 
taillé ,  puis  on  enlève  adroitement  une  Unguctta 
que  l'on  rend  très* mince  en  la  ratiiTant  avec  ttn 
canif  ou  UQ  morceau  de  verre.  La  pièce  de  boU 
qui  doit  remplir  le  vide  de  l'eiitaiile,  douétrewii 
peu  creufée ,  pour  que  la  languette  ait  la  liberté  de 
frémir  &  de  donner  du  fon. 

Apftêun  i  frêucr, 

Frouer^  c'eft  exciter  »  en  foufflant  fur  quelque  lut 
tmment«  un  bruit  qui  imite  ou  le  cri  de  quel* 
que  oifeau  ,  ou  fon  vol  ^  ou  le  chûuckemtm  de  h 
chouette  ^  ou  quelques  autres  cris  ftngulîers. 

De  tous  les  appeaux  ïfrûuer^  il  n'y  en  a  paf 
de  plus  commode  que  la  feuille  de  lierre  »  tournée 
de  façon  qu'elle  repréfente  aflcz  biee  ttn  c&oe 
dont  la  pointe  (eroit  en  ba*.  On  la  tient  avec  lei 
trois  premiers  doigts  d*une  maiis  ,  obfer^'ant  que  U 
pointe  de  ce  cône  rempliiEs  l'intervalle  que  laiflem 
les  extrémités  des  trois  doigts  unis  entre  eujt. 

C  eft  avec  cette  efpécc  de  pipeau  qu'on  doit 
chercher  à  imiter  les  diffère ns  cris  des  geais  ,  mer* 
les  ^  drennes  ,  &c. 

On  doit  en  frouant ,  peindre  la  crainte  de  ce» 
oifeaux  »  leur.envie  de  fe  venger ,  &  fotinet  Fa* 
larme* 

Un  nouvel  ioflru ment  k  froucr  cû  faitd*acicr; 
fa  lame  n'eA  pas  tranchante  »  mais  affcz  mince 
pour qu*en  l'approchant  des  lèvres,  ViiTue  de  l'air 
nors  de  la  bouche  produift?  un  fr^umtm  fc  tu 
^hQHchtment  très-imitatifs. 

Cette  lame  fert  de  manche  à  un  petit  marteaui 
aulïï  d'acier ,  avec  lequel  on  appelle  Xt^plts, 

One^  prefque  (ur ,  quatld  on  entend  un  pie  aux 
environs  d'une  pipée ,  de  la  prendre  bientôt.  Cet 
oifeaux  frappent  fur  les  arbres  avec  ^rand  bruit  ,& 
s'appellent  ainfi  mutuellement  ;  de  façon  que  qujjid 
on  eft  prévenu  qu'on  a  des  pies  pour  voi unc^ , 
on  faiSht  le  moment  oii elles  frappent,  pourfirajppcr 
plus  fort ,  faifant  attention  de  ceiTer  prefqu  auibtMt 
qu'elles. 

De  Cdfbret  vu  arhrot, 

Varhret  ou  arhrct  eft  un  afTemblage  de  bran* 
ches  dVrbres  réunies  en  un  faifceau  ,  que  Ton  pî* 
cjue  en  terre  au  milieu  d'un  champ  i  on  entoure  At 
Ion  couvre  d'épines  cet  arbrot  »  &  dans  ces  épi* 
nés  on  fait  tenir  des  biitons  de  dix  à  douze  pou* 
ces  de  longueur,  couverts  de  glu,  excepté  à  deui 
pouces  du! plus  gros  bout,  quon  a  fendu  dans  le 
milieu  &  qu'on  laide  à  fec. 

On  place  ï  quelque  di  fiance  de  Tarbrot  «les  pi- 


iiiii 


O  I  s 

^ets  hauts  d*envlron  trois  pieds  ,  &  on  y  attache 
des  cages  contenant  des  olfeaux  de  refpèce  de 
ceux  qu'on  veut  prendre  ,  &  qui  appellent  par 
leurs  cris  d'autres  oifeaux  qui  viennent  fe  pofcr 
fur  Farbrot ,  &  fe  prendre  k  la  glu.  Ils  font  aufli- 
tôt  faifis  par  le  chauTeur  attentif  qui  les  guette  der- 
rière un  buiflbn. 

Des  filets  dits  nappes. 

L*oîfeleur  choifit  un  terrain  plat ,  où  il  pofe  deux 
filets  dits  nappes,  d*enyiron  douze  pieds  de  lon- 
gueur &  de  quatre  de  largeur  ,  tendus  &  attachés 
â  des  chaiHs  de  bois  fort  légers.  Il  faut  laifTcr  un 
efpace  vide  de  la  grandeur  des  deux  filets.  On 
répand  du  grain  dans  cet  efpace  pour  fervir  d'ap- 

{»âr  ;  on  y  met  auffi  quelques  oifeaux  attachés  par 
ts  pattes  qui  font  un  appel  ;  lorfque  des  oifeaux 
viennent  au  piège  ,  Toifeleur  tire  fort'tment  deux 
cordes  qui  font  retomber  les  filets  fur  ces  oifeaux. 
On  prend  de  cette  manière  des  chardonnerets , 
des  bouvreuils,  des  pinfons  ,  des  linottes,  des  ca- 
barets, des  bruants,  des  verdicrs,  des  moineaux 
francs ,  des  friquets ,  des  tarins  ,  &  même  des  orto- 
lans ,  dans  le  temps  de  leur  paffage  en  automne , 
ti  autres  petits  oifeaux  qui  vivent  de  g'-ain. 

Notci  qu*ii  eft  dû  pour  rétribution  aux  capitai- 
fleries  royales  un  certain  nombre  de  ces  ortolans 
pour  avoir  la  permiffion  de  les  chafler. 

On  orcnd  auffi  dans  ce  piège ,  furtout  en  hiver, 
les  oirea^r  qui  vivent  d'infeâes ,  comme  les  ber- 
geronnetre* ,  les  lavandières  ,  les  traquets ,  les 
nèfâDges ,  les  roitelets  ,  les  fauvettes ,  &c. 

De  la  pinfonnée. 

JLl  pin/année  eft  une  chafle  deftruftive  qui  fe 
hit  de  nuit ,  en  cherchant  les  oifeaux  dans  les  buif- 
ions  avec  une  lumière ,  &  les  affommant  avec 
qpe  efpéce  de  battoir. 

On  pt  ut  puffi,  pour  hpinfonnée ,  faire  une  ronde 
k  trois  chaleurs ,  dont  lun  tient  un  flambeau  ,  le 
fécond  un  bâton  pour  battre  les  haies ,  &  le  troi- 
fièmedes  gluaux  rangés  en  éventails ,  avec  Icfquels 
il  tâche  a  arièter  les  oifeaux  qui  voltigent  tout 
cfrayés  autour  de  la  lumière* 

De  la  puntièrc. 


o  I  s 


375 


Lzpantière  n'eftcompofce  que  d'une  nappe  fim- 
ple  fort  longue  •  &  haute  de  vingt  quatre  ou  trente 
pieds;  ce  nlet  doit  être  tendu  de  façon  que  la  bé- 
.caflTe  ou  quelque  autre  oifeau  venant  à  y  donner, 
foît  entraîné  par  le  poids  de  la  nappe  oii  il  pa/Te 
k  col ,  &  fc  trouve  ainfi  embarrafié  dans  les  plis* 

De  Varaigne^ 

Varaigne  eft  un  filet  qui  a  fept  ou  huit  pieds 


de  hauteur,  fur  neuf  ou  dix  de  large.  Cn  le  fait 
de  foie  ou  de  fil  menu  fort  &  teint  en  brun. 

On  paiïe  dans  le  rang  des  mailles  d'en  haut  uno 
frulle  de  la  longueur  du  filet,  à  chaque  '.  «ut  de 
laquelle  s'attache  un  petit  coin  de  bois  qu'on 
nomme  triquet.  On  fe  munit  d'une  perche  légère 
de  la  hauteur  de  neuf  à  dix  pieds  ,  pointue  du  gros 
bout,  8c  fendue  à  fon  extrémité  (iipcrieurc. 

Quand  on  fait  quM  y  a  des  merles  dans  une 
haie  eu  quelques  autres  oifeaux  qu*on  veut  attra- 
per ,  on  tend  l'araigne  dans  le  milieu.  La  perche 
en  foutient  un  côté ,  tandis  qu'une  branche  de  la 
haie  ,  ou  une  perche  plantée  foutient  Tautre. 

Il  faut ,  pour  que  le  filet  foit  bien  tendu  ,  qu'il 
tombe  à  la  plus  légère  fecoufie. 

Lorfque  Téquipsgc  eil  tendu  ,  on  fe  rend  à  Tex- 
trémitc  de  la  haie  ,  que  Ton  bat  du  côté  oîj  le  filet 
n'eft  point  tendu,  afin  de  faire  pafifer  le  gibier 
c!e  l'autre  côté ,  &  de  l'obli^^er  de  donner  dans  le 
piège. 

Des  traîneaux^ 

Les  traîneaux  font  des  filets  longs  de  huit  ou 
dix  toifes,  &  larges  de  quinze  ou  dix  huit  pieds. 
Les  mailles  font  à  lofanges,  &  pr(  ponionnées  à 
Tefpèce  de  gibier  qu'on  veut  ch«(U;r  ;  à  tliaquc 
extrémité  s'attache  une  perche,  qui  doit  être  de 
loi^ueur  à  égaler  la  largeur  du  filet. 

Quand  on  chafle  au  traîneau  ,  on  s'afTure  de 
l'endroit  où  des  bandes  d'alouettes  ou  de  tels  au- 
tres oifeaux  fe  cantonnent ,  &  la  nuit  on  vient  à 
pas  de  loup  pofer  le  tr.iineju  fur  les  dornicufos. 

Le  traîneau  fert  auffi  \  prendre  des  becs  {fines 
pendant  leur  paFiigc.  El,:s  habitent  les  endroits 
marëcageiiT,  ft:  fe  prennent  d'autant  plus  facilem;:nt 
que  les  herbes  font  plus  grandes. 

On  fait  aiiffi  une  efpèce  de  traîneau  qu'une  per- 
fonne  feule  peut  porter  commodément.  Ou  prend 
deux  perches  fort  légères,  longues  de  dix  pieds; 
on  les  emmanche  dans  un  fort  morceau  de  bois 
de  trois  pouces  d*cquarri(r;igc  &long  de  trois  pieds. 
Les  deux  extrémités  d-s  perches  doivent  être  éloi- 
gnées, à  proportion  deleur  divetgence,  de  neuf  ou 
dix  pieds.  Au  milieu  du  morceau  de  bois  &  par 
derrière,  s'emmanche  un  autre  bout  de  perche, 
grofle  comme  le  poignet  &  lorg;ue  iv:  quatre  pieds  : 
elle  feri  de  manche,  que  le  chalfcur  porte  fur  le 
bras.  On  attache  aux  j  erches  un  filet  à  mailles  à 
lofinges  de  dix-huit  lignes  de  large.  On  prend 
furtout  des  hicajfincs  avec  ce  filet. 

Du  la  tirajfe. 

La  tiraffe  eft  un  filet  long  de  quarante  à  cinquante 
pieds.  Les  mai 'les  font  à  lofanges  d'un  pouce  ï>l 
demi  de  large  :  on  s'en  fcrt  pour" prendre  des  cail- 
les &  des  perdreaux. 

Deux  chalfeurs  prennent  chacun  le  cor.leriu  -i  \ 
fert  à  traîner  la  tirajfc,  &  l'on  en  couvre  le  ch/.  • 


57^ 


O  I  S 


£:  tout  le  terrain  où  Ton  pcnfc  qu'cft  formé  Tarrêt. 
On  fait  une  efpècc  de  tirajje  avec  laquelle  une 
perfonne  feule  peut  chaiTer.  Ce  filet  eft  triangu- 
laire ;  à  une  de  (es  extrémités  eA  attaché  un  |)oids 
quelconque,  defliné  à  étendre  le  filet  deffus  le  gi- 
bier ,  tandis  que  le  chien  le  tient  en  arrêt  ;  à  cha- 
cun des  deux  autres  angles  efl  un  lofij;  ccrdeau. 
On  tient  fur  fon  bras  gauche  le  filet  plie,  &  Icrf- 
qu'on  veut  donner  un  coup  de  tirajfe ,  on  met  le 
pied  fur  un  dc^  cordeaux,  on  tient  Tautre  de  la 
nain  gauche  ,  &  Ton  jette  de  la  droite,  aufiî  loin 
qu  on  le  peut ,  le  poids  qui  doit  étendre  le  filet 


far  le  g-bicr. 


Du  rjfie. 


Le  rafle  eil  un  filet  contremaillé ,  large  de  douze 
à  quinze  pieds  «  fur  dix  de  hauteur.  La  largeur 
des  moitiés  des  aumées  ,  ou  mailles  de  cc^c  ,  eil  de 
trois  pouces  ,  tandis  que  les  mailles  de  la  toile 
n'ont  que  dix  lignes  &  font  à  lofanges  ;  la  toile,  d'un 
tiers  pli'S  longue  &  plus  large  que  les  aumécs  ^ 
parce  quelle  doit  bourfer,  eft  d'un  fil  bien  plus  fin 
(k,  retors  en  deux  brins  ;  &  les  perches  qui  s'atta- 
chent de  chaque  côté  du  filet ,  doivent  être  fort 
légères  &  longues  de  douze  à  treize  pieds. 

La  chafTe  avec  le  rafle  fe  fait  pendant  la  nuit. 
On  bat  les  buiilons,  &  on  prend  beaucoup  d'oi- 
féaux ,  des  béc.i{res ,  des  merles  &  des  grives  en 
icur  préfcntant  un  flambeau  à  Toppofice  du  filet. 

Nous  avons  parlé  de  plufieurs  autres  fortes  de 
filets  dans  le  terne  fécond  de  ce  di^iionnaire. 

Du  lacet* 

Le  lacet  ou  lignette  eft  un  fil ,  une  corde  ,  eu  un 
criri ,  dont  une  extrémité  eft  attachée  à  quelque 
chofc  de  folide,  tandis  que  l'autre  bout,  éloigné 
de  vingt  à  trente  pas  ,  eft  dans  la  main  de  Toife- 
leur. 

0:i  tir.d  ordir.airement  un  lacet  de  façon  que 
lo  i.œiul  foif  arrrrgi  fur  les  bords  d'un  nid,  ou 
fur  un  api-iit ,  où  î'oifcau  eft  bientôt  pris  &  ferré 
p^r  le  hcct  que  ToiRleur  tire  à  lui. 

Qi^and  c'cil  aux  pinfons,  chardonnerets,  fau- 
vcî:c9  ,  6:c,  qu*on  fait  cette  chafte ,  un  fil  fuffit  ; 
mai:i  quand  c'cft  aux  merles  ,  grives  ,  geais  &  au- 
tres oiiliLux  for:s ,  le  lacet  fe  fait  de  crin  de  cheval. 

Du  coller. 

Pour  farre  un  co.'ler,  on  prend  quatre  crins  blancs 
d'un  pied  &  demi  de  long  à-peu-prés  :  on  met  les 
extrémité»  fu|jérieurcs  de  deux  crins  avec  les 
inférieures  de  ceux  arbres,  qu'on  noue  dans  le  mi- 
lieu d'un  rccud  fimplc. 

Ces  crins  dcivtnr  erre  tors  en  manière  de 
corde  ,  d?  fîiÇfin  qiie  :;uand  le  nœud  fixe  eft  fiiit, 
ils  ne  fe  dctouhri  plus. 

Le  vrai  moywn  de  réuftir  à  les  bien  tordre»  eft 


o  ï  s 

de  prendre  de  la  main  gauche  les  ^atre  criai  C 
parés  par  un  noe^d  dans  le  milieu  ^  de  forte  ^»' 
les  doigts  de  la  même  main  fafTentla  fèparaiS.^ 
de  ces  crins  ,  que  la  main  droite  tord  /ufqu^k 
qu'on  ait  rencontré  quelque  extrémité,  qu'on  air  ^ 
d'un  nœud  fixe  ;  on  coupe  après  cela  les  ex^^ 
mités  des  crins  qu'on  n'a  pas  mifcs  en  œuvre. 

On  fe  fert  de  ces  crins  pour  faire  un  eolic^^ 
piquet.  Il  faut  qu'il  y  ait  au  bas  du  collet  jufc^^ 
terre  au  moins  deux  bons  dotgrs  d'intervalle,    o 
fiche  ces  piquets  dans  des  fentiers  de  quinze   ci 
quinze  pas  de  diftance.  De  petites  branches,  «jq^ 
l'on  nomme  garniture ,  fervent  à  former  de  chaque 
cô:é  (lu  piquet ,  une  petite  haie  qui  emoêche /o 
grives  de  p  jfter  à  côti  du  collet  :  il  eft  bon  de  fe- 
mer  au  bas  de  chacun  quelques  baies  de  geniè- 
vre pour  amorcer  les  grives  &  les  amener  u 

Du  collet  pendit. 

On  appelle  coller  pendu ,  celui  qui  n'eft  pdflt 
tenu  à  une  fente  faite  à  un  piquet ,  mais  pour  le- 
quel on  fe  fert  d'un  vo-ant ,  nom  qu'on  donne  à 
une  baguette  de  bois  verd ,  pliée  an  moyen  de  dns 
crans  qu'on  y  fiiit ,  &  liée  à  fes  deux  eztrétfitb 
par  un  fil  qui  fert  d'attache  à  plufieurs  collets. 

Il  doit  y  avoir  depuis  le  bas  des  collets  jufqo'ia 
volant  deux  travers  de  doigt  d'intervalle. 

On  amorce  ce  piège ,  oc  on  le  lie  à  quelqiKf 
branches  d'arbres. 

U  faut  chercher  quelques  buiflbns  ifolés  en  âce 
de  petits  fentiers  pour  placer  ayanageufement  les  j 
volans.  ^      . 

Auffitôt  que  les  oifeaux  aperçoivent  les  fruits  j 
qui  fervent  d'amorce  ,  ils  donnent  dans  le  piig^*  ^ 

Une  grive  pendiw  à  un  volant,  n'empècke  [»•  | 
qu'une  autre  aille  fubir  le  même  fonàcôtèd^HCf  i 
fi  en  fe  débattant  elle  n'a  rien  dérangé  aux  colleiS  \ 
voifins.  •     ' 

Du  collet  à  regort. 

Le  collet  à  rejfort  eft  un  piège  iiouvellemeat  ^ 
venté. 

Le  rcflbrt  eft  un  fil-  de  fer  tourné  en  fpîraJ«* 
froid  ;  fes  deux  extrémités  font  terminées  jwtf  «l*** 
œillets  ou  petits  anneaux  dans  lefquels  pa0j^'' 
collet  de  crin ,  de  foie  ,  ou  de  ficelle.  Le  re»^ 
s'attache  fur  une  bafe  ou  fur  un  morceau  de  i'^ 
plat  ,  foit  avec  un  fil  de  laiton  ,  foit  avec  ^ 
ficelle  qu'on  ferre  peu  ,  afin  de  lui  laiffer  la  libctw 
de  jouer.  A  l'extrémité  de  la  bafe ,  du  côté  du  ^ 
let ,  eft  folidem?nt  fiché  un  anneau  de  fil  de  ftff 
dans  lequel  pafte  le  collet  que  Ton  étend  fur  b 
marchette. 

La  marchette  fe  fiit  de  bois  léger  &  fec  ;  on  ta 
aplatit  le  tiers  de  fa  longueur ,  &  à  fon  extré- 
mité on  fait  un  petit  trou  par  oii  l'on  puiiTepafler 
une  ficelle  pour  l'attacher  à  la  bafe  du  piège.  Ucux 

peôts 


OIS 

)nsdefcr  fervent  à'^rréts^  &  doivent  avoir 
Force  pour  rérificr  aux  efforts  du  report 
cft  tendu.  Si  l'oifeau  vitnt  toucher  légè- 
i  inirchtitce,  il  la  fait  baiiler,  &  le  ref- 
aufiUôt  le  coilet ,  qui  faîGt  Toifeau  p»r 


O  I  s 


377 


De  U 


repuce. 


ice  eft  une  efpêce  de  collet  ou  lacet ,  dont 
:  pour  prendre  les  oifeaux.  La  plus  corn- 
celle  qui  eA  faite  de  la  manière  fuivante  : 
ïnd  un  bacon  haut  de  cinq  ou  fix  pi-jds  & 
Teur  d'une  bonne  canne  ;  on  le  fiche  dans 
&  Ton  y  pratique  deux  irons ,  l'un  vers 
le  l'autre  vers  le  bas  ;  on  fait  enfuite  en- 
ces  trous  les  deux  extrémités  d'une  verge 
que  Ton  plie  en  demi-cercle. 
que  le  bout  de  la  verge  qui  eft  placé  dans 
:n  haut ,  aille  en  diminuant  parla  pointe  , 
zcéde  le  bâton  de  quelques  pouces.  C'eft 

extrémité  excédcntc  que  Ton  place  le 
:  on  l'y  fî»e  très-légèrement  par  le  moyen 
:eau  de  boi$. 

aes  pouces  au-dcfTus  du  collet ,  on  attache 
une  grappe  de  raifin  ou  autre  appât.  L'oi- 
veut  le  manger  eft  obligé  de  venir  fe  pla- 

verge  qui  porte  le  collet ,  &  qui  fe  dé- 
Ltôc  par  le  poids  même  de  loifeau. 
répuce  cft  portative  ;  elle  peut  fe  placer 
&  fe  déplacer  à  volonté. 

La  pince  d'Elvasku 

ge,  qui  tire  fon  nom  d'Elvaski»  fon  in- 
fe  fait  d'un  gros  fil  de  fer  qu'on  tourne 
La  longueur  de  fes  branches  eft  propor- 
leur  grcflcur. 

ente  eft  un  petit  morceau  de  bois  dur  que 
:it  y  dans  lequel  on  plante  deux  pointes 
ii  fervent  ^'arrêts.  Dans  le  milieu  de  la 
ft  planté  un  fîl  de  fer  qui  lui  fert  de  1j- 
qui  fert  en  même  temps  de  verge  à  la 

xhette  eft  un  morceau  de  bois  de  la  grof- 
c  plume  à  écrire.  \Jt\  pc;tit  snncsu  de  fîl 
brafTe  les  deux  b/ànchcs  d^  !a  pince  :  on 
e  le  guide  ,  parce  qu'il  borne  leur  exten- 
fque  Toifcau  vient  à  toucher  la  march^tte , 
la  détente  à  tourner  ,  &  f;iit  échapper 
!^ts  le  refTort  qui  le  pince  p^r  les  pait-*s 
col,  les  deux  pièces  du  picge  venant  à 
cr. 

Du  braL 

eft  un  piégf:  c^npofj  de  deux  pièces  de 
u  une  entre  en  forme  de  crin  dans  Tau- 
):en  elles  font  toutes  rivux  visses.  Une 


fert  a  réunir  ces  deux  pièces  ,  dont  le*»  extvém'.rvs 
inférieures  font  reçues  dans  un  manche  que  1  ui- 
felcur  a  toujours  à  la  mair.. 

Lon'qa'un  oifeau  vient  fc  pofer  fur  cette  machine 
entrouverte  ,  ToifeLur  tire  la  ficelle  ,  qi:i  vonart 
à  ftrrer  les  deux  pièces  cie  bois  6i  les  uniîTant  in- 
timiîment,  attrappe  Toifeau  i  ar  les  pattes. 

On  prend  beaucoup  doifiiions  à'ccite  chaiTe  , 
Toifeleur  ayant  foio  de  fe  tenir  caché. 

De  la  planée. 

Il  y  a  une  forte  de  piège  qu'on  appelle  glanée , 
pour  prendre  les  canards ,  les  poules  d'eau  ,  les 
plongeons.  Il  faut  avoir  des  tuiles ,  qu'on  perce 
dans  le  milieu  d'un  trou  à  y  palVer  quatre  fils  de 
fer  de  moyenne  grofltur  &  longs  d'un  pied.  On 
les  tord ,  &  on  en  courbe  les  quatre  extrémités  ,  à 
chacune  defquelles  on  attache  folidement  un  collet 
de  fix  ou  huit  crins.  On  garnit  de  terre  glaife  le 
deftus  de  la  tuile  »  &  on  y  fème  du  bled  cuit  dans 
de  Teau  commune  :  on  répand  aufTi  autour  du 
piège  quelques  grains  qui  fervent  d'amorce. 

La  tuile  doit  être  recouverte  au  moins  de  qua- 
tre pouces  d  eau  ;  les  collets  furnagent  horizont;»- 
lement  ou  entre  deux  eaux,  &  les  canards,  qui 
plongent  jufqu'à  ce  qu'ils  aient  f^tisfait  toute  leur 
avidité,  ne  manquent  jamais  de  fe  prendre  par  le 
col  à  un  collet ,  fans  pouvoir  fc  débarrr.ffsr  ,  ni 
fouvent  même  fe  plaindre ,  parce  qu'il  arr  ve  quel- 
quefois qu'ils  entraînent  la  tuile  dans  un  endroit 
profond  qui  les  fait  noyer. 

Pour  empêcher  qu'ils  n'emportent  trop  au  loin 
la  tuile  ,  l'oifeleur  en  attache  pluftcur*»  après  le 
même  cordeau  ,  &  les  place  de  diftaace  à  autre. 

De  la  raquette* 

La  roifuette  eft  un  piège  compoféd'un  bâton  Se 
d'une  corde  ,  ftrvant  à  tenùrc  la  marchctte  fur  !•:- 
quelle  l'oifeau  venant  à  fe  pofs^r  ,  fiit  échapper 
un  nœud  coulant,  &  fe  trouve  pris  pur  Its  uarics. 

A  i'cxtrtmiré  de  cette  corde  cft  attachée  une 
petite  cheville  qu'on  nomme  an  h  ,  &  qui  doit 
borner  la  détente  delà  raquerrc* 

Ce  piège  fe  fait  d'un  baron  foupîe  de  trois  pieds 
&  derri ,  auquel  on  donne  en  le  pliant  la  courbure 
cor.venable.  Ses  cxtrtlmités  fe  terminent  en  pointe, 
crjiiite  que  les  oifo.ii.x  ne  s  y  podnr  ;  &  une  ba- 
guette fichée  en  terre  &  paffée  dans  la  ficelle, 
lient  la  rsquctte  droite.  C'cft  frr  la  marchettc 
qu'cfl tendu l'snneau  de  ia corde,  ci  l'arrêt,  comme 
ox\  vient  de  le  dire  ,  doit  être  pcfé  fur  l'cxrrûnitc 
de  la  marchctte  ,  qui  tient  à  la  corde  de  la  raquette 
par  un  fil. 

Du  rejet. 


Le  reflTcrt  du  rejet  eft  une  branche  claflîque  , 
lie  p.  fr:c  plufi-urb  fois  de  part  encart ,  |  qui  a  pour  l'ordinaire  trois  pi^:ds  de  long.  On  la 
'/If  6*  Mêtien.  Tome   F,  Partie  /.  îi  b  b 


578  OIS 

fiche  en  terre  par  le  gros  bout  qu'on  aiguîfe  pour 
cifla.  A  Ton  extrémité  fupérieure  s'attache  un  fil 
affcz  fort  pour  réfifler  à  la  détente  du  rejet  ;  le  col- 
let cfi  fiifpendu  au  pliant.  Lorfque  la  bécafle  fe 
porte  fur  la  marchctte  de  ce  piège,  laquelle  eit 
de  ia  j^rofieur  d'une  plume  à  écrire,  Toifcau  fe 
trouve  aulfitot  arréré  aux  patres  par  le  moyen  du 
coIUt  f  que  le  rejet  tire  avec  force  ik  promptitude. 

D::  rejet  portatif. 

Le  /'./..'  pc:\\2i}fi!\  une  nouvelle  invention  d'un 
Oiftlcur  français. 

Le  rcfl'oit  dj  ce  piéj;e  eft  un  fil  d'archal  de 
mi.yorîHo  groifeur  ,  &  de  la  longueur  de  dix  à 
dou/.c  pouces.  Une  des  extrémités  eft  recourbée 
en  anneau  »  afin  de  pouvoir  fiiire  l'ofiice  d'une 
charnière  avec  un  autre  refibrt  qui  fe  trouve  par 
defius  ;  6i  l'autre  extrémité  cA  un  peu  pliée  pour 
qu'on  puifie  y  attacher  deux  collets  de  crin  ou  de 
loic. 

La  marchettc  tient  à  une  planchette  oii  fe  trouve 
attaché  le  rcfTort ,  &  une  autre  pièce  de  bois  foli- 
dcmcnt  adhérente  à  la  planche  qui  produit  le  même 
ciTet  qu'un  chevalet  aux  cordes  d'un  violon  :  elle 
fert  d'appui  au  fil  de  fer,  que  Ton  contraint  de  s'a- 
bai^or  afin  di  tendre  le  rejet. 

On  enfonce  au  bout  os  chaque  marchette ,  un 
bout  de  laiton  long  de  trois  pouces,  que  Ton 
courbe  ;  il  fert  à  tenir  un  collet  fufpendu  ,  tandis 
que  l'autre  eft  tendu  fur  la  marchctte. 

Un  fil  de  fer  de  même  grofleur  que  celui  où  font 
-attachés  les  collets  ,  fait  l'effet  d'un  fécond  reffort, 
&  empêche  le  retour  du  premier  quand  une  fois 
il  cft  dhendd, 

La  marchette  eft  de  huit  à  neuf  pouces  de  long; 
on  l'aplatit  de  la  longueur  d'environ  un  pouce 
&  demi ,  &  on  l'aftujettit  à  la  planchette  entaillée 
pour  cela  avec  une- goupil  le ,  qui  lui  laifte  la  liberté 
de  fe  mouvoir  à  la  moindre  occafioa. 

A  peine  un  oifeau  vient-il  à  toucher  la  marchctte , 
qu'il  fe  trouve  pris  ou  par  le  col  ou  par  les  pattes  , 
parce  que  les  deux  collets  fe  ferrent  enfemble  par 
le  moyen  des  refTorts  •  qui ,  en  fe  relevant ,  les  tirent 
avec  rapidité. 

Du  trtbuchetm 

Le  trébuchet  eft  une  forte  de  cage  faîte  avec  des 
barreaux  de  bois  arrondis  j  ayant  la  forme  d'un 
carré  long. 

Les  quatre  cotés  &  le  fond  tiennent  enfemble; 
mais  le  delTus  cil  mobile,  &  fait  la  bafcule. 

Quand  on  veut  tendre  le  trébuchet ,  on  ouvre 
le  couvercle  ,  &  on  le  tient  dans  cette  pofuion 

Ear  une  travcrfe  de  bois  en  diagonale  ,  taillée  en 
ifcau  ,  &  appuyée  des  deux  bouts  contre  la  par- 
tie poftcrieure  du  trébuchet.  Cette  traveWe  de  Dois 
eft  retenue  levée  par  des  cordes  bien  tordues  qui 
rCiii^ilIcnt  couire  le  couvercle;  mais  auffitôt  que 


OIS 

Toifeau  fe  pofe  fur  une  d;s  marchettes  dont  latn- 
verfe  eft  garnie  ,  il  elt  entraîné  deflbus  k  cou- 
vercle ,  &  fe  trouve  pris  dans  ia  cage .  où  il  l'el 
laiffé  féduire  par  l'appât  qu'on  a  mis  fur  le  fond. 
On  prend  au  trébuchet ,  fur-tout  en  hiver,  ks 
oifeaux  qui  cherchent  du  grain. 

De  Fabreuvoir. 

Les  moyens  de  furprcndre  les  oifrauz  à  r^^o- 
voir  ^  lorfqu'ils  viennent  fe  défaltérer  djos  les  cha- 
leurs de  l'été ,  c'eft  de  mettre  le  long  duo  cou- 
rant d'eau ,  un  filet  attaché  par  des  crochets  efl 
terre  ,  &  qu'on  fait  retomber  fur  les  oifeaux  par 
le  moyen  d'une  longue  ficelle.  , 

On  peut ,  au  lieu  &  filet ,  planter  fur  les  bords  k 
ruifteau  une  file  de  gluaux  longs  de  dix  à  doux 
pouces  ,  inclinés  les  uns  vers  les  autres ,  &  èlerer 
aux  deux  extrémités  quelques  branches  affez  hal- 
tes ,  &  que  l'on  a  liérifTées  de  petits  bâtons  aTec 
de  la  glu.  Il  faut  ramafter  les  oifeaux  à  mcfiite^ 
qu'ils  {éprennent,  &  rajufter  de  nouveaux glaai& 

De  la  foffette. 

On  fait  en  terre ,  à  l'expofition  du  midi  oa  da  | 
couchant ,  une  foftette  de  fix  pouces  d:  prafi»-  ; 
dsur  &  de  huit  de  lareeur  ;  on  attache  n  fini  ''■ 
quelques  vers  de  terre.  Sur  un  des  bords  ictènems  = 
on  difpofe  un  quatre  de  chiffre.  Oncouvreh&f* 
fette  avec  du  gazon  ou  un  morceau  de  tuile  *  ex- 
cepté le  côté  ou  eft  pofè  le  piège.  L'oifeau  fictf  i 
par  cet  endroit ,  qui  eft  feul  ouvert ,  pour  attraper  fc 
vermifteau ,  mais  lui-même  fe  trouve  pris  fous  b 
tuile  ou  le  gazon  par  le  quatre  de  chiffre  qnll  a  j 
été  forcé  de  toucher. 

On  peut  prendre  à  cette  cbaffe  des  merles  l '^ 
grives ,  des  traquets. 

La  vache  artificielle. 

L'oifeleur  ou  le  chaffeur  qui  veut  le  approcher  j 
des  oifeaux  ou  d'autres  animaux ,  prend  quelque-  \ 
fois  le  déguifement  d  une  vache  ;  &  voici  coflun^  , 
on  conftruit  cette  machine  fi  l'on  veut  qu'elle  ; 
réufliffe.  ^ 

On  fait  une  cage  ou  cha(71s  en  bois  léger deb 
longueur  d'une  vache,  en  la  mefurant  depuis ki 
épaules  jufqu'à  la  queue.  Au  d^rrriére  ic  hoff 
&  en  dedans  doivent  être  attachés  deux  morceitf 
de  bois  de  la  longueur  &  de  la  tournure  des  ju^ 
bes  d'une  vache. 

Les  quatre  membres  principaux  de  la  cage  00 
deux  pouces  d'équarriflige ,  &  les  traverfes  fontprO' 
portionnées.Tout  doit  être  à  tenons ,  &  folideinetf 
emmanché  &  collé,  afin  qu'en  portant  cène  02' 
chine ,  elle  ne  faffe  aucun  bruit. 

On  attache  fur  le  chaftis  quatre  cercles ,  dont  k 
diamètre  eft  égal  à  la  grofteur  d'une  vache. 

Le  premier  de  ces  cercles  doit  être  fon&  gtfû 


O  I  s 

detonrre,  pour  que  le  porteur  n*en  foit  point 
incoflunodé. 

Oa  couvre  cPune  toile  légère  tout  le  corps  de 
hvichi^  on  la  coud  après  chaque  cercle ,  ou  bien 
on  la  colle  feulement. 

Les  cuifles  &  les  jambes  fe  garnirent  de  moufle 
onde  palUe ,  &la  queue  fe  fait  d'une  corde  efElëe 
par  un  bout. 

Toute  la  machine  doit  être  peinte  à  Thuile. 

L'oifeleur  doit  avoir  une  grande  culotte  ou  nu 
fatuabn  fait  de  toîle  de  même  couleur ,  fur  la  cein- 
lure  duquel  doivent  tomber  les  barbes  du  domino. 

Ce  domino  doit  repréfentor  la  tête  de  la  vache  ; 
on  le  fait  en  carton ,  excepté  les  efttés ,  qui  doivent 
ê:re  fouples  &  flexibles  ;  toute  la  tête  <e  recouvre 
fune  toile  qu'on  peint  comme  on  a  fait  la  vache  ; 
kcd,  également  de  toile ,  doit  être  aflez  long  pour 
,  pouvoir  s*ëtendre  de  quelques  pouces  fur  le  dos  « 
&  les  barbes  fous  iefquelles  les  bras  de  Toifeleur 
font  cachés,  doivent  paflierla  ceinture  du  pantalon. 
Ofl  peut  y  attacher  des  cornes  naturelles. 

Le  chafleur  ou  Toifeleur  alnfi  revécu  de  ce  fimu- 
lacre  de  vache ,  doit  en  imiter  la  marche  >  &  aller 
en  tournant  &  très-doucement  ,  fouvent  même 
Uffer  la  tête  pour  imiter  une  vache  qui  paît.  Il 
&it  éviter  de  tourner  la  tête  du  côté  du  gibier 
i{tt*on  approche ,  parce  que  les  grands  yeux  qu'on 
«  obligé  de  laiuer ,  pourroient  effrayer  les  ani- 
;  auu]E. 

On  fort  du  corps  de  la  vache  quand  on  eft  à 
portie  de  tirer  furement  un  coup  de  fufil,  ou  de 
jeter  un  filet. 

La  hutte  ambulante . 

On  fait  une  hutte  que  le  chaiTeur  ou  l'oifeleur 
peur  tranfporter  où  bon  lui  femblc. 

Elle  doit  être  d'environ  fix  pieds  &  demi  de 
kniteur.  La  bafe  ou  carcafTe  cfl;  compofée  de  qua- 
tre bâtons  longs  de  fix  pieds ,  &  fohdement  atta- 
chés à  deux  ou  trois  cercles  aiïcz  forts  pour  qu'on 
riffs  y  lier  les  branchages  qui  doivent  recouvrir 
loge,  &  fervir  d'anfes  pour  la  tranfporter. 
I      On  imite ,  autant  qu'il  eft  poifible ,  un  buiflbn  na- 
fnrel.  Ceft  un  moyen  de  lurprendre  les  oifeaux 
%ards  &  d'approcher  du  gibier. 

Nous  allons  à  préfent  donner  quelques  détails 
fax  la  manière  d'élever,  de  foigncr  &  multiplier, 
tam  les  oifeaux  qui  ne  fe  nourriifent  que  de  grains , 
que  ceux  qui  fe  nourrirent  d'infcâes  &  de  vers; 
Jious  choiurons  pour  exemple  le  rojfignol  &  le  fe- 
lin  de  Canarie ,  &  nous  en  parlerons  d*aprés  les 
traités  qui  ont  été  donnés  fur  ces  oifeaux. 

Sur  les  roJJis;nols. 


Rien  de  plus  fr.cile  que  de  prendre  des  roflî- 
gnols  ;  le  goûc  qu*îls  ont  pour  les  vers  de  farine  , 
{ai,  par  leur  blancheur,  fe  fcnt  aifcment  aperce- 
voir »  les  attire  il  puiifammcnc,  qu'ils   fe  jettent 


OÏS  57.> 

Uns  reflexion  fur  cette  amorce.  On  peut  rnivur  , 
parce  moyen  ,  attraper  ceux  dont  on  a  lait  clioi.\  , 
qui  ont  le  plus  beau  goficr. 

Ces  oifeaux  ne  fouffrcnt  point  de  proche  voifin  ; 
ils  fe  rendent  maîtres  d'un  cl'pjice  fulfifani  pour 
leur  fournir  de  la  nourriture ,  &  ils  fe  battent 
contre  ceux  qui  voudroient  s'établir  fur  le  mime 
terrain  ;  aînfi  lorfqu'il  y  en  a  plufieurs  dans  un 
bois ,  ils  font  toujours  à  des  diftances  éloignées 
les  uns  des  autres. 

En  les  entendant  chanter ,  on  fe  détermine  à 
tendre  l'appât  à  celui  dont  le  gofier  a  le  plus  d'a- 
grément. On  ne  nuit  point  à  la  multiplication  de 
l'efpéce  en  prenant  les  mâles  ;  car  comme  il  y  a 
toujours  plus  de  mâles  que  de  femelles ,  la  veuve  a 
bientôt  trouvé  un  nouvel  amant. 

La  veille  du  jour  oii  Ton  veut  prendre  le  rof- 
fignol ,  on  l'amorce  en  piquant  en  terre ,  aux  envi- 
rons de  l'endroit  qu'il  fréquente ,  un  petit  bâton  , 
au  haut  duquel  on  attache  avec  une  épingle  doux 
vers  de  farine  :  le  roiTignol,  attiré  par  cet  appât, 
reviendra  le  lendemain  au  même  endroit. 

L'heure  la  plus  favorable  pour  le  prendre ,  eft 
depuis  le  lever  du  foleil  julqu'à  dix  heures  du 
matin  ;  parce  que  cet  oifeau ,  n'ayant  point  mangé 
delà  nuit,  cherche  le  matin  les  vermiiTeaux  ,  ici 
fourmis ,  leurs  œufs ,  ou  d'autres  infeftcs.  On 
tend  un  trébucher,  auquel  on  attache  un  ver  de 
farine  :  dès  que  loifeau  vient  le  becqueter ,  il 
détend  le  trébuchst ,  &  il  fe  trouve  pris  dans  un 
filet  :  on  le  retire ,  &  on  le  met  dans  un  petit  f;ic 
de  taffetas,  qui  s'ouvre  h  fe  ferme  par  les  deux 
bouts  avec  des  cordons  ;  par  ce  moyen  ,  on  ne  lui 
froifle  point  les  plumes  ,  &  on  ne  rifque  pas  de  le 
blefTer. 

On  le  fait  paffer  enfuite  dans  une  cage  conf- 
truite  de  planches  de  trois  côtés  ,  &  garnie  de 
barreaux  par  le  devant  ;  on  couvre  cette  grille 
d'une  (^r^t  vtrtc,  afin  que  Toifeau  ne  s'effarouche 
point  des  perfonnes  qu'il  pourroit  voir ,  &  on  place 
la  cage  à  une  fenêtre  cxpofée  au  lerar.t. 

On  met  dans  la  cr.gîdeux  pcriis  pors ,  l'un  dans 
lequel  il  y  a  de  l'eau  ,  &  Tanîrc  rempli  d'une  \-aic 
dont  nous  donnerons  cir.;:iè«  la  compofition  , 
avec  des  vers  dj  farine  pc":-(!cffus. 

A  la  v\\2  de  ces  vers,  dont  le  rcffignol  eft 
trés-friand  ,  il  oublie  fa  captivité ,  &  fe  met  à 
manger. 

Pour  ne  point  l'effaroucher,  on  lui  jette  de  nou- 
veaux vers  dans  fon  petit  pot  par  l'ouverture  d'un 
entonnoir  que  l'on  a  mis  hors  de  fa  cage.  L'oifoau 
ainfi  tranquille ,  chante  au  bout  de  quelques  jours , 
&  on  le  laiffe  fur  la  fenérre  jufqu'au  20  juin  ,  qui 
eft  le  tei  me  où  il  finit  de  chanter  ;  alors  on  le  rentre 
dans  la  niaifon. 

On  le  laiffe  encore  couvert  &  caché  dans  fa 
cage  pendant  quinze  jours  ;  mais  petit  à  petit  on  le 
découvre,  pour  Ihibituer  à  voir  le  monde  fans 
s'effrayer.  On  le  m;ît  enfuite  dans  une  autre  cage 
entre  les  fenêtres ,  &  on  l'appt^vc  i(  :  au  point  qu'il 

Bbba 


380 


O  I  s 


\icnt  prendre  les  vers  à  la  maîn:-!!  ne  faut  point 
ccrjcnvlan:  donner  trop  de  Vers  aux  roflignols  , 
car  cela  les  ïiiit  maif/ir. 

Pour  lus  tenir  propres  dans  leur  cage,  on  peut 
Triet:rc  fur  la  planclic  d'en  bas  de  la  niouiTe  bien 
fccîic. 

il  eil  aiïcz  furprcnant  que  leroffij^nol  qiîi ,  depuis 
lemcis  de  mai ,  chante  d'une  manière  fi  mé-odieiife 
jiifqii'ai!  20  de  juin ,  fo  concîiimne  alors  ■:  un  f.lencc 
chitine ,  j'.irqii'à  ce  que  le  prinre<:ip?  ("nivant  vienne 
r^xcitcrà  reconi:r!ci:ctT  la  miiodie.  Les  amateurs 
du  chant  do  cet  oifcan  ,  fâchés  de  ne  plus  l'cn- 
tsrndrc ,  ont  clierchi  plufieurs  moyens  pour  l'en- 
g^.j'.cr  à  chr.rtcr ,  &  ils  y  font  parveaiïs. 

Oi:  a  iiTîr«giné  pour  cela  de  le  tromper,  en  l'en- 
f<:rni.«r.t  ;:crcl  :îit  plufieurs  mois  dans  v.n  lieu  obfcur , 
et  tn  lui  prèfentant  enfuite  un  faux  printemps  au 
ïîiilicu  de  1  hiver. 

P«ji;r  (e  procurer  le  plaifir  d'entendre  chanter 
toute  Tannée  des  roffignois ,  il  faut  prendre  au 
mois  de  décembre  un  vieux  mâle ,  que  Ton  en- 
ferme dans  une  cage  con limite  de  manière  qu'on 
puiJe  la  rendre  de  jour  en  jour  plus  obfcurc,  en 
fermant  par  dcjr.js  lv;s  volets ,  jufqu'au  peint  de  n'y 
pas  laiàïer  pénétrer  le  moindre  rayon  de  lum^è  e. 
Ui\  tient  Toifcau  dans  cette  obfcuriié  profonde 
pç:id.iî:t  les  mois  de  décembre,  janvier,  fèvritT, 
mars ,  avril ,  mai  ;  &  à  la  An  de  ce  mois  ,  on  lui 
donne  peu-à-pcu  ilu  jour. 

Le  rofllgnol,  étant  à  IV.ir,  commence  à  chanter 
en  juin,  dans  k  tems  oîi  les  autres  ccflent  leur 
cha'U. 

On,  doit  dans  ce  morne  molsdeinin,  encnfer- 
r.:-r  m  «lutre  dans  ia  môrnr;  ohl'cr.riîi  prr  de^'/és  , 
6c  Vy  lai  lier  jufqu^au  molî  de  ni:>v-*mbrc  :  .-".lors 
€n  lui  reniant  la  hn"!.j;o  clars  un  lieu  rcrrv'é'é  , 
1«J  printemps  ronaii  pour  lui ,  &  il  fe  m.t  k  chan- 
ter. 

Airfl  on  peut,  avec  dvux  roln^iols  ,  fe  procurer 
pi:i  vîa::t  toute  Tannée  le  chai.t  de  ce  charmant 
oifj.iu.  O.i  :-o*t  avoT  foin  do  î)'ncer  les  c;ig:.s  où 
fbnr  ces  deux  rolTi^noU  ,  afT^z  îlol^'nées  pour  que 
Celui  q.i   ci\   rc/.fjrjri-:  dans  les   ténèbres,  n'en- 

Qiis?' j'.ics  p.ifovîos,  pour  tirjr  un  chant  pref- 
ruw-  eor-inuo-  d^s  rori;',:«nls  ,  Ls  i-VwUgîcnt.  Ils  met- 
tent (i'abcrd  le  rofiitir)!  dan-;  u:îe  ca:;e  ,  oii  ils 
Tiîr:hituv;.t  par  d.:|frés  à  la  p'.us  profonde  ohiVu- 
liîé,  Cl  foî'i  q'i'ii  parvient  facilement ,  au  mili-ju 
dï  cette  o\j  "•:  -riié ,  a  t'f'Uver  les  petits  p>ts  où  l'on 
a  m'^  fî/iî  v.Ci'.i  :  i*'  f  •:!  jn-iif^'.r. 

K.-.fi'.îj  en  ;.rjn*j  m  t^y^^ii  de  pipe  que  Ton  a 
f.ii:  ci-.a-.if-V:!- ,  'M  on  T.- ^|;r,;.:i!e  de  Tœil  du  vci"i- 
e:-.*'.  ir:f*j.'.*:.ii  y:r\}'  q'îc;  TolGuu  foit  c-!-i:;j:î  (î-3 
l^rrr.r  \zs  ye-  x  ;  il  en  :lécoiîle  qvii'qucs  h-rni?^-  : 
?Uî:i*.ôt  on  an;'.!o.vîc  i:  b'-ut  de  pij-j  i-n  ;îCii  j-his 
prv<:.  Ci-*s  h-'-.r.js  f'.r?  ^me  cfi.o:c  de  v'.fjcifué  (;ue 
)i  c:h:.!-.n;  de  ia  pi;  e  f'v^'cclj-^^  tout  de  fuite,  & 
ciV;  d.-v'i;ii;:ent  une  ;f -C-^e  dj  colle  qui  tient  les 
vvUK  Je  Tol'b:-;:  fe/i-ic'-. 


O  I  s 

Cette  opération  étant  faite  délicatement,  n*a1tére 
point  Torganc  de  la  vue  de  Toifeau  ;  elle  lui  ferme 
fimplemcnt  les  paupières ,  &  on  peut  lut  rendre 
la  vue  en  les  ouvrant  légèrement  avec  la  pointe 

du  canif. 

Toutes  les  autres  efpéces  d*oifeaux  chanteurs 
fur  lefquels  on  exécute  cette  opération ,  é:anc 
ainfi  concentrés  en  eux-mêmes ,  chantent  beau* 
conp  plus. 

On  peut,  avec  des  foins,  parvenir  à  faire  couver 
des  roifignols ,  &  fe  procurer  le  plaiftr  de  voir 
leur  périt  ménage.  Vers  la  fin  du  printemps, dans 
le  temps  de  la  dernière  ponte  des  roiTignols  ,  on 
obferve  un  endroit  oii  il  y  ait  un  nid  de  roflîgnol , 
&  on  tend  à  côté  deux  filets  amorcés  avec'  des 
vers  de  farine  ;  par  ce  moyen  on  pr^nd  r.îrémenf 
le  père  &  la  mère  :  on  les  met  dans  une  cage 
obfcure  avec  leur  nid  ;  on  leur  donne  des  peritf. 
pots  où  il  y  ait  des  vers  de  farine  :  on  leur  donn^ 
anfTi  une  ^.atc  compoféc  de  mie  de  pain  ,  de  che^ 
ncvi  broyé ,  &  de  cœur  de  mouton  hache  ;  Tamoar* 
de  CCS  oif'saux  pour  leurs  petits  leur  fait  oublier 
leur  captivité ,  ils  les  noun  ident ,  les  élèvent ,  Se 
leur  îipprennent  à  chanter. 

Lorfqu'ils  ont  élevé  leur  famille ,  on  les  flpare 
au  printemps  fuivant  ;  ils  font  plus  apprivoifés  :  on 
les  met  dans  une  grande  cag;  ,  &  on  leur  jette 
de  !a  moulVc  ,  de  -a  bourre ,  des  fouilles  de  chêne 
fcches  pour  conftruire  leur  nid.  On  peut  mcme 
leur  donner  la  liberté  dans  le  temps  où  ils  ont  de 
la  famille  ;lo  mâle  fortira  dans  le  jardin  ,  ira  cher- 
cher des  vcrmiiTcauv  ,  des  infefte» ,  &  viendra  les 
apporter  à  la  c.-go.  L  ur  ;  tta-hement  eft  fi  grarrd 
pour  leurs  petite ,  qu'il  n'tll  point  à  cr.;indre  qu< 
pen'-ani  tout  ce  temps  ils  les   abandonnent,   "* 
(.n.rils  chcrchert  à  recouvrer  le.. r  li'^ertw.  Le  tnàî^ 
reftcra  perda.lt  la  nuit  dans  le  jardin  ;  mais  d^  * 
le  niitin  ,  il  reviendra  a;'pO!îer  les  ve-mlifcaux     ^ 
Ik  1..S  autics  i' ItiStos  qi/il  an»-.:  a::rap}"î. 

5>i  Ton  a  c'éc  iiivert  un  nid  de  jc:un>  To(ï\gnnU^' 
&  qu'on  n'.iir  j  r^i-it  1     pOrc  Cx  la  ir.^re  ,  <»n  ^-^wC 
les  él;-ver  Cf)!n:iie  k'sev.:rc->  ('iî'-au>  à  îa  b.'cchctte, 
en  r.e  hv.r  (\oM:;:r:  à  nir.ji:cr  que  tourt  n  les  iieurcs , 
&qu.-.tre  hcc.jires  fcu'eîi^eiui:  oh  .qui  f.ii;.  Si  on 
a  un  vieiîx  roi'::|V  ^^1  /r •'*'-?  ^-^  T^'"*^  Uii  coniier  ce 
foin  ;  pour  cet  tiU:t  W  (nvt  \.\\\\jy  crier  un  peu 
1-s  pcilts  avant  uJ  Lur  ù'.nr..T  h  p^ar.ger  ,  U  les 
mv^tîî'o  à  Tentîée  de  la  c;g2  du  roHlgnol ,  qu'on 
lâifT.'ra  ou'.crîe  jour  &  n:iJt  :  U  cri  Tattircra ,  il 
rer.dia   de  h  \)h\i::  divis  (K*n  bec,  &  lîés  qu'il 
tur  c  '1  niîvi  dc.-..-:é  une  f«^i> ,  il  \:  elia-g^;*a  de  U$ 
n.^urrir  &  de  Ic-r  riv-  :."  're  ;i  clnr.ter. 

r.  Cil  hcr,  d\^L:'..rv;r  c;  e  de  jc^n.'s  rn;Ti:no!$ 
qu'on  aiî.T.'ir  élevéi  aiiifi  f'i-.^îûme  à  la  broclictre  , 
Li  qu^'^n  nV.r.roir  p'^'iiu  nenj.  à  la  campagne  ^our 
cnierdre  cli.-.rîor  d'.iiî?:es  rni'if,roi5 ,  ne  leroient 
que  c!i*  tr^v- nvMîvais  cî\.n:eur,. 

Lorf^uon  ve::î  '.pn^end-c  à  de  i^u'^es  rofiîgr.ols 
à  f.îîler  des  :.:r>  ,  il  -."liU,  Hci  qu'ils  cournercent  k 
ciiiî.ier  f*:uls ,  le:»  fé^^aicr  des  autres ,  Icî»  mettre 


r. 


O  I  s 


o  î  s 


i8r 


itm  une  cage,  que  Von  couvre  tVvn^  fcrg^  vere , 
&  te  matin,  raprès-ciince  li:  le  foir ,  leur  riri-vr 
huit  0*1  dix  fois  de  Cuite  Tair  qu'on  vt:iit  icur 
apprendre.  Mais  ils  ne  chanteront  qu*aprés  la  mue  , 
&  au  printemps  Aiivar.t. 

lien  cft  de  même  des  huvrei.Hs ,  qui  appren- 
nent très- bien  à  fitîler,  tant  les  tcmelles  qac  lc> 
msies. 

Un  desci^laux  qui  apprennent  le  mieux  l.*s  niis 

qc'onleur  fiffij,  ccCiraloucrts/f'ij-p.'Cy  di:o  tv.7;^- 

YÎj  ;  elle  les  répèco  tcs-bicn  nu  bciit  d'un  moi-. 

On  dit  qii'o-i  a   vu  des  rolTignols  qri  •Vv'-Lr;.: 

appris  à  parler  ;  le  fait  cfi  ?fl'tz  croyrh-c  ,  piiiT- 

çuon  voit  des  pies  communes ,  des  pie- ^^ri relies  , 

des  étourneaux  qui   parlent.  On   voit  aulfi    de:, 

grives,  des  ferins ,  des  linoitcs,  des  moircnux  , 

lies  bruans,  dvS  gor'ge-iougcs  ,  qui  repèrent  des 

mors. 

Les  rofTignoIs  font  un  des  plus  grands  Egrérncns 
c!  es  jardins  qu'ils  habitent  ;  ils  charmeur,  pir  la 
mélodie  de  leur  chant,  les  foirces  du  printemps  ; 
ainC  il  n'y  a  petfonne  qui  ne  doive  être  ihi'pMl  h 
apprendre  avec  plaifir  le  fecrct  d'établir  des  rclii- 
giiols  dans  les  jardins  où  il  n'y  en  a  pas. 

Il  faut,  au  mois  de  m;;i,  découvrir  un  rîd  ch 
rcfTignols  de  la  prcmicrc  couvée  ;  s*il  n'y  a  ciî^ 
«ics  œuf»,  il  faut  attendre  quMs  foient  éclos  ,6: 
qiie  les  petits  ayont  huit  jours  ;  alors  on  tencî  des 
/liets  ,  &  Ton  prend  faciicmcnr  dans  le  mén^e  jour 
le  père  &  la  mère,  avec  les  précautij  îs  dont  nous 
a'vons  parlé  plus  haut,  &  on  les  met  chaci^ln  féparé- 
iiient  dans  une  cage  obfwurc  ;  on  enlève  enfuite  le 
nîdfans  toucher  aux  pctiis  :  s'il  cfl  placé  fur  un  pcnt 
arbriffeau  ,  on  le  coupe  ,  t:  or  remporte  changé  du 
nid,enayiint  foin  (\c.  couviii  les  petits  avec  un 
peu  de  coton,  afin  quMs  r/aycnt   polnr  ùcvJ. 

On  trtnfporte  6l  on  place  l'abri-reiu  h  t.cu- 
ptîsàkinième  hauteur,  &  orienié  de  la  numc 
«nan'.ère  qu'il  l'étoit  da.is  le  lieu  d'où  on  Ta 
cnljvé. 

On  place  cnfui^e  a/Tc z  près  du   nid  ,  mais  de 

dey.x  côtés  oppolés,  les  (kut  cages   ciù  font  le 

niJ!e&  la  fem«J'c  ;  on  attcïid  rin^*dntoii  les  p'iili.'» 

oifeaux  du   nid  ,  preilés  pjr  h  f;i:n ,   jeitcnt  les 

iai:fs  cris  &  d'.mandenr  la  hccq.-ée  ;  auiTitoc  on 

ouvre,  par  le  moyen  d'une  ficelle  qui  répond  à 

Tcndioit  oii  on  s'eJ?  caché,  la  porte  d:  la  f.'.nelle  : 

elle  fort,  elle  entend  les  cris  de  fe*:  petits,  & 

s'airête  à  confidérerle  lieu  :  o-i  donne  de  mémo 

Ja  liberté  au  mâle.  L'un  &  l'.iutre,  infpirés  parle 

mouvement  de  la  r.âture,  vont  h  leurs  petits,  & 

blcrAci  ils  leur  apportent  la  becquée. 

La  petite  prog:nirurc  s'élève,  s'habitue  ?u  lieu 
Céii  elle  a  pris  n-^iJ^ncc  ;  ^i  (i  îe  jrrJin  eft  fp?.- 
cieux  ,  ils  -'y  crabiiiTent ,  &  peuplent  les  hofiiu  ts,. 
Cesoirc:îr.x  airh  cltvés,  vlcn.-.ent  tons  les  prin- 
temps habiter  le  même  endroit ,  &  y  faire  tmendre 
la  be  iu  c  de  leur  chant. 

Lo-fiiron  a  pris  un  rolTignol  a-i  filet,  il  efl 
tmponiblc  de  coniioitrc  au  iiniple  coup-d'œil  , 


fi  Ton  a -/lis  un  mV.e  o'i  une  il:re:'e.  Le  clnn 
les  fera  connoiîre  ait^m-ni  ;  muiî  il  ùut  .it:e::dic 
quelque  ur.tps. 

Viiuvtwr  6,1  trr.'ré  L.i  r{5>';Vio/,  dit  svoir  i";i:t  me 
rcmarq-iie,  au  moyeu  de  isquelie  on  peut  éviter 
ce  déuii.  Il  faur,  cî:r-:l ,  eximiiîv'r  fanu^  de  rani- 
mai ;  s'il  forme  iM  tubcrciile  on  uiie  én.'.nc::\e 
de  d-ux  ii;;r.cs  au  moins  ru  dc.ius  d.:  niveau  c*j 
la  pean,  on  p:i:i  ê:.-e  fur  qi'c  c'cfi  ni:  r:;â;e  ;  ii 
au  cor.îrjite  i\i;iMS  ne  fv>rrrie  p^in:  de  iuL,-rci:;e  , 
c'efl  ccrtaM*.em:r:t  uno  fome'-;. 

LorfijuV.n  a  des  roCC^[^y.o\\  privcS  qui  cb?rment 
par  leur  ehùnt,oi  s':ii:^."e':e  tiux  ui^'idi-s  qui 
peuvent  leur  furvc.iir;on  s'empreiTe  d  y  :;;iK^rter 
remèwte,  d'auî:i;K  |»'..is  volontiers  qu't.!i"«  f.::r  la 
plus  fouv:r.t  la  fu  le  cî-î  Cw  ru'on  leur  a  rvi  iM-r 
liberté,  j;our  le  pn^curer  rôgiéiujr.t  de  les  jof- 
lé.ier. 

Ces  oîTe-iUX  (nn  quelquefois  att^q.xs  de  Ii 
g'>Utte  :  elle  vient  ord'/iairemeiu  de  ce  qu'on  lei-r 
Cl  on  ne  trop  à  m.intcr,  ou  de  ce  q-j'on  i.s  îai.Te 
d-ns  b  Cige  f^ns  mojfi'c  i^'  f.tns  l.î'>le  fin  :  ils 
foi:t  firt  t^  auui  à  cvrte  Di.^îaciie  ,  lorfqi'i:s  ont 
Clé  e>pMl>  u  c.'ie'.qne  vcfit  coulis. 

Q'iiel -jUcF  :is  il  le  forme  fur  Itur  croupion  des 
r.bces  o*":  il  s'c'V?eP.dre  ou  pus  ,  q:'i ,  par  Ton  fujoi]'.- , 
ks  tilt  hnjiîlr.»  Cette  m?.lad:e  tu  (»ec  .fi-'-niiée  îiiTcz 
fou  vent  parce  ru'o'i  a  né[:/.'j,é  ,  an  mois  ce  mirs  , 
de  Itur  donner  qi:  •iq-.iLS  araijzn-^es  à  ma.ng.^r  , 
nourrirure  qui  Iciir  ti.iit  lieu  df  purgatif.  Le  feul 
remède  à  ce;  a'-v^cé.  < il  l'e  le»  oiivri- ,  de  iiCivo 
écouler  le  pii;,  i.v  de  d')r..'.:,r  a.-x  rv'ifi^inols  <fes 
cloportes  ,  de*  ardi^..ccs  ,  CJt  q'.îcljucs  ^ers  do 
farlîie. 

Le  roiiî^V'''' -  !^''* -'  ^'S^  que!'.p.::s  a-.îtres  pctirs 
oiftr.ux  ,  tel-.  q:iiî  le  lIlït,  r.Tur't ,  ^:c.  f-mt  f::;.:s 
ru  jr.al  c.iJu:  ;,  ils  t  i-ibe-ir  vierdus  d..ns  l-wur  ci'îi-;  , 
les  pattes  en  ViCv: ,  it<i  veux  rer.ver'-îs  :  fi  en  ne 
leur  apporte  \\\\  p-cip;'/  fecours  ils  pjriiTent.  Lîî 
remède  le  [lus  lùr  t/t  de  pr  nJ-e  rTifeva.  de 
lui  coi»pcr  les  erc'^t;  de  derrière,  iiifq-i'iiu  j  Oi.u 
d'en  voir  couler  un  ptru  de  farg  ,  enfulte  de  iji 
1-iver  hs  pat^'S  d^ns  du  vin  h'a'ie.  O/JinaiÉv^n. r.t 
cete  p:fir-j  faig.v:/  calme  l'i^etès  ;  on  lui  L\t 
avnler  cnuâte  qu''l.i;;es  gout't'»  de  vin  h'.sr.c  :  il 
.reprend  pfu-à-:.e.i  d.*  noi':VL;!--s  f>«ces,Cc  peu 
d'iisurcv  a;;:ès  en  le  voit  en  «ufii  bonne  famé 
qa'iîupsri;v.nn% 
1  I)\f?rè>  l.'s  ohfervations  quq  Yon  a  fr.ire^  f.:r 
les  cf,)i.M;c5  d'ûlimrns  dont  fe  toiinit  le  ro.:''jTfi..:l 
l'-^ruj-."il  iC'U'.t  fie  fa  lib';rtè  d.  i».  l-:-*;  î-.-.i'» ,  (.n  a 
reconnu    c\v"\\  ell  car.i^-lli.r  ;  il  ne  fv;  iif^::;i  à  iii 


c:  mî):i?ne  q»!'jd'ceiîi%  ,  de  nvirjîh-f^,  d; 


î:r.-.! 


d'^'mlr.r.éos  ,  d  :  el'.;îO!  tes ,  de  i!ir>i:c"..-  s ,  «'.m  «-  c  ''i«- 
fé- entes  cfpèces  de  vvrs;  on  a  ô^v:  corr,  c  V:  r.,}S 
pâîe  ci'.'i  eft  pe.ur  eux  r.-ie  cvceî'ciitj  ::i.'rrjre  , 
6^  -'uns  ]a:jUclL  on  t.:,t  entrer  d-;  la  v:.-:-»';f\ 

On  f:-;î"ïd  de'.x  ]\\r'.*.s  de  r-»ii.li-j  (\  ic:r.[\  m 
h  rnno'.c.  h'::n  cx-Tt -miP!  de  'es  »  i.-.uv  ,  «:-..". -s 
&  tîlets  ;  o.-.  la  lieclic  bien  n-.c:iu  ,  wv  c::  .'.;  r»!Ji.:: 


382 


O  1  s 


dans  un  mortier  en  une  cfpêce  de  pulp^;  d'autre 
part  on  pulvcrilc  une  demi-livi,:  de  pois  d'Ef- 
pagne,  autâ.-u  dj  inillct  jranio  tk  de  Icinence  de 
pavot  ;  on  pulvériU;  audi  le  plus  fin  qu'il  cil  pofli- 
ble,  une  demi-livre  d'amandjs  douces  ,  dont  on  a 
oté  la  peau  auparavant  ;  on  cad;:  douze  œufs  , 
dont  ori  prend  leulemjnt  les  jaunes  ,  que  Ton  met 
dans  un  plit  ;  on  les  bat  avec  une  livre  de  miel 
blanc,  ti.  un  gros  de  fafran  en  poudre  ;  lorfque 
CCS  trois  iîigréciîjns  font  bien  mciês  wnlemble,  on 
y  incorpore  ûicc-irivemcnt  la  viande,  les  aman- 
des douces  &  les  farines  ;  on  en  fait  une  efpéce  de 
bouillie»  que  l'on  fait  cuire  dans  un  vaiiTeau  de 
terre  ,  q'u  Ton  a  frotté  avec  un  peu  de  beurre 
pour  Cl-.,  êc'ner  quVlle  ne  s'attache.  On  fait  cuire 
cette  p.^'.:  jiii'qu'à  cor.fiRance  de  bifcuit  ;  lorfqu'elle 
cil  à  10  1  ;>:int ,  elle  fe  confervc  très-bien  dans  une 
boite  d«  i'w'r-bliinc  qu'on  tient  dans  un  lieu  fec. 
Cc::e  pà.e  peut  fe  conferver  fix  mois ,  &  cette 
quanti:}  peut  futfire  pour  la  nourriture  d'un  roffi- 
gnol  pccci.intun  mois.  Dans  la  faifon  011  chantent 
les  roir»2;vjls ,  il  eft  bon  de  mêler  dans  leur  pâte 
du  cœur  d:  mouron  haché,  &  de  leur  donner 
quelques  vers  de  f..fine. 

Sur  Us  f crins, 

Lc/erjm&y  fans  contredit,  après  le  rofllgnol , 
Toifcau  qui  a  le  plus  de  douceur  &  de  mélodie 
•  ians  fon  r.iniage  ;  il  apprend  avec  facilité  quelques 
airs  de  mufique,  &  fe  familiarife  très-aiiement. 

Les  fwrins,  originaires  des  ides  Canaries,  font 
devenus  chez  nous  des  oif-aux  domeiUques.  Quoi- 
qu'il paroilTe  qu'ils  n'ayent  pas  été  aflez  robufles 
pour  fe  multiplier  en  plein  m:  ditns  noj  bois,  ils 
fe  confervent  &  fe  multiplient  très-bien  dans  ce 
pays-C! ,  par  les  foins  que  Ton  prend  de  les  tenir 
pendant  l'hiver  dans  les  appartemens. 

On  voit  parmi  ces  oifeai:::,  ainfiquc  dans  toutes 
les  efpcccs  d'animaux  dom^ftiques,  une  multitude 
innaie  de  variétés  ;  il  y  en  a  de  gris,  de  blonds  , 
de  jaunes ,  de  couleurs  d'agate ,  de  couleur  ifa- 
belle ,  de  blancs ,  de  panachés ,  &  cela  dans  toutes 
les  nuances.  Il  y  en  a  de  dorés  tirant  fur  la  jonquille , 
au  duvet ,  6c  aux  yeux  rouges. 

Comme  nous  avons  dans  notre  climat  des 
cfpè:es  d'oifeaux  voifînes  de  celle  des  ferîns  , 
tels  que  la  H/iotte ,  le  chéirJonr.cret ,  le  lùnfon  ,  le 
LyiUnt ,  on  a  accouplé  les  m.iles  des  (crins  avec 
les  fcmelics  de  cl:>  oifwa.ix  ,  l'k  les  mâles  d'j  ces 
olfeaux  avec  les  femelles  des  ferins  ,  on  a  eu  par 
ce  moyen  des  efpèccs  de  muleis  variés,  fuivant 
les  dlAerens  olfeaux  que  l'on  avoir  appareillés  ; 
félon  leur  origine  ,  on  les  a  appelés  ferins  mulets 
de  linotte,  ou  ferins  mulets  de  chardonneret,  &c. 

La  faifon  d'appareiller  les  ferins  e(l  le  prin- 
temps :  on  doit  mettre  d'abord  dans  une  petite 
cage ,  pour  qu'ils  s'appareillent  plus  promptement , 
un  mâle  &  une  femelle  ;  il  faut  prendre  garde  de 
fe  tronip.T ,  &  de  ne  pas  mettre  enfcmble  deux 


o  I  s 

mâles  ou  deux  femelles ,  ce  qui  arrive  quelque- 
fois lorfqu'on  a  beaucoup  de  ferîns»  &quonnL*« 
pas  mis  à  part  les  màlès  &  les  femelles  :  car  a^ 
printemps  il  y  a  des  femellesqui  chantent  pre(qu*attCÏL 
fort  que  des  mâles ,  &  il  fe  trouve  quelquefois  dl«ss 
mâles  qui  ont  un  chant  fi  bas  &  fi  mauvais,  qu  cz^a 
les  prend  aifément  pour  des  femelles. 

Si  l'on  a  mis  enfemble  deux  mâles ,  il  y  en  a  -^un 
des  deux  qui ,  plus  foible ,  plus  timide ,  n*ofe  po^.  int 
chanter  ;  fi  ce  font  des  lemelles  qu'on  a  mL^^fa 
enfemble ,  elles  pondent ,  mais  elles  n*ont  <^^ue 
des  œuft  ftériles  qui  n*ont  point  été  fécondés 

Comme  les  ferins  font  d'un  tempérament  d^msilî- 

cat ,  il  efl  bon  de  placer  leur  cabane  dans  1 ^ne 

bonne  expofition  :  la  plus  favorable  eft  celle  du 
lev:!nt  ;  l'ardeur  dufoleildu  midi  ou  du  coucIm.  .ant 
ne  peut  que  les  fatiguer  ,  &  quelquefois  leur  ^^  rre 
mortelle. 

ii  eft  important ,  pour  ù  procurer  de  belles  crfj» 
ces ,  de  faire  choix  de  mâles  qui  aycnt'unbeau  ^o- 
fier,&  d'entrc;nè!cr  les  efpéces  de  direrfes  cou- 
leurs ,  mâles  &  fem:lies.  On  réuffit  toujours  décrite 
manière ,  &  la  nature  fe  plaît  même  quelque£oii 
.\  former  des  oi féaux  plus  fins ,  plus  beaux  q«c 
ne  le  font  les  pères  Ôc  mères;  lorfqu'on  n'appareille 
enfemble  que  des  ferins  de  même  couleur  «  os 
n'obtient  point  de  variétés. 

De  toutes  les  efpèces  de  ferins ,  la  plus  rare    & 
la  plus  eflimée  efl  celle  qu'on  appelle  ferin  plei^'* 
c'ed  l'cfpèce  dans  fa  plus  grande  perfeâion.  Po^r 
fe  la  jprocurer^  ilnes'agit  que  d'appareiller enfemli'le 
des  ferins  couleur  de  jonquille ,  tant  le  mVc  «[«je 
la  femelle.  On  fe  procure  encore  de  trés-bea  U* 
oifeaux  en  appareillant  enfcmble  un  mâle  pinacle 
avec  une  femelle  blonde  à  queue  blanche  :  ilfx.^ 
toujours  que  la  couleur  que  Ton  défire  obtcr**{ 
prédomine  dans  le  mâle  '.  car  on  a  obfervé  parr"*^* 
les  oifeaux  ,  ainfi  que  dans  les  autres  animauiC     « 
que  la  race  tient  plus  du  mâle  en  général  que  c^^ 
la  femelle. 

Lorfquo   le  mâle   &  la  femelle    fympathife^^^' 
bien  enfemble,  il  faut  leur  fournir  les  matériai^-' 
néceffaires  pour  la  con(lru6lion  de  leur  nid.  On  r^  ^ 
peut  leur  donner  rien  de  mieux  que  du  petit  foL  ^ 
menu  &  fort  délié  pour  faire  le    corps  du  nid       > 
on  peut  pufTi  couper  &  leur  jeter  un  peu  de  pei^  ' 
chiendent  à  vergettes  rivec  quelque  peu  de  moufle       ' 
dont  les  oifeaux  font  ufi^c  en  dernier,  pour  rendr**^ 
leur  nid  plus  chaud  &  plus  mollet.  Le  coton  hach^s^ 
ne  vaut  rien  ,  parce  qu'il  s'attâche  à  leurs  patres    -^ 
non  plus  que  la  bourre  de  ccif,  qui  occafionn^^ 
trop  de  chaleur  ,  s'attache  à  l'anus  des  petits  noa— ^ 
vell:mciu    cclos  ,   y   forme    une  croûte  qui  le^ 
empêche  de  fe  vijer,  &  les  fait  périr  ic    jaboc 
plein ,    fins    qu'on  puiiTe   s'apercevoir   du  fujcc 
de  leur  mort. 

Pour  épargner  aux  oifeaux  la  partie  la  pîufc 
difficile  dans  le  travail  de  îa  condruâion  de  leur 
nid ,  on  leur  met  de  petits  fabocs  de  terre  ou  de 


O  I  s 

kois,ou  des  paniers  d'ofier  :  on  doit  même  pré-  i 
firerrufage  de  ces  paniers.  Dans  les  fabots  do  l-^ois ,  l 
Je  nid  s'échauffe  trop  ;  d'ailleurs  le  nid  y  adlière  il 
peu,  que  le  père  &  la  mère  l'entraînent  quelque- 
fois ,&  font  tomber  les  oeufs  &  les  petits.  Ceux 
de  terre  ont  aufli  Tinconvénient  de  s'échauffer  trop', 
pour  peu  que  le  foleil  donne  deiliis. 

Il  eft  bon  de  mettre  dans  la  cabane  ,  fur  la  plan- 
che d'en  bas ,  du  fable  très-fin ,  afin  que  les  œuis 
ne  foiem  pascaffés ,  fi  par  hafard  la  femelle  pond 
par  terre,  ou  qu'elle  taffe  tomber  par    accid'^nt 
quelque  petit. 

Quand  on  acheté  des  ferins ,  il  faut  tâcher  de 
lavoir  quelle  efpèce  de  graine  on  leur  donnoit ,  , 
car  ces  oifeaux|font  d'un  tempérament  fi  dc'icat  , 
qu'un  changement  trop  prompt  de  graine  peut  leur 
fttre  fatal.  Vpt  des  meilleures  nourriiurcs  qu'on 
puiffe  donner  aux  fcrins  «  lorfqu'ils  mangent  tout 
fWuls,  eft  un  mélange  d'un  litron  de  milkr»  de  fix 
litrons  de  navette ,  d'un  demi  litron  de  chcnevis  » 
&  d'autant  d'alpîAe ,  que  l'on  conferve  dans  une 
boite  pour  leur  en  donner  à  mefure  qu'ils  en  ont 
l>efoin» 

Dans  les  premiers  jours  ou  l'on  met  ces  oifeaux 
en  cabane ,  îl  eft  bon  de  leur  donner  de  la  graine 
<lc  laitue  ;  elle  les  purge  des  mauvaifes  humeurs 
qiiHls  ont  comraâées  en  hiver. 

On  doit  apporter  les  plus  grands  foins  aux  ferirs , 
lorfque  les  petits  font  prêts  d'éclore ,  ce  qui  arrive 
ordinairement  au  bout  du  treizième  jour. 

Il  £aiut  alors  donner  au  père  &  à  la  mère  une 
nourriture  préparée  ,  fuccu lente  &  fr.cilc  à  digérer 
pour  les  petits  :  c'tit  de  la  graine  pilée  que  l'on 
niclc  avec  de  l'échaudè ,  &  un  peu  d'œufb  frais 
durcis ,  le  tout  humeâé  avec  deTeau  :  on  b  renou- 
"vellc,  pour  ne  la  point  laif/er  aigrir.  On  peut  mettre , 
dans  l'eau  que  l'on  donne  pour  boiffon  aux  fcrins  , 
^A  peu  de  régliffej  &  leur  donner  dans  un  petit 
pot  de  la  graine  d'œillet ,  de  laitue  &  d'argentine  : 
*vec  ces  foins  on  voit  toutes  les  couvées  réuffir. 

Lorfqu'on  veut  rendre  les  ferins  bien  familiers  , 
on  les  élève  à  la  brochette  ;  mais  on  doit  retirer 
plus  tard  de  deffous  la  mère  les  efpéces  qui  font 
*^  plus  délicates.  Lt:S  ferins  gris,  qui  font  les  plus 
''obiftes  ,  peuvent  être  fevrés  à  dix  à  onze  jours  ; 
**iU  font  panachés  on  ne  le  doit  faire  qu'à  treize  ; 
^^  jonquilles  y  qjai  font  les  plus  délicats ,  ne  doivent 
^tre  fevrés  qu'à  quatorze  ou  quinze  jours. 

On  doit  nourrir  les  jeuues  (erins  avec  une  pâte 
Semblable  à  celle  que  l'on  donnoit  aux  pères  & 
^ères ,  lorfqu'ils  élevoient  eux  -  mêmes  leurs 
petits. 

Voici  une  paU  pour  les  ferins  qui  peut  fervir 
^^ifi^e  jours  au  moins  fans  fe  gâter. 

On  verfe  fur  une  table  ou  dans  un  mortier  , 
^ndemi  litron  de  navette  bien  (eche  é5c  bien  van- 
'^^e,  qu'on  écrafe  avec  un  rouleau  ou  pilon  de  bois 
^<  façon  à  en  faire  fortir  toute  l'écaillé  ;  on  y  ajoute 
trois  échaudés  fecs  &  réduits  en  poudre  après  en 


o  I  s 


\^ 


avoir  ôté  la  première  croiitc  ;  on  y  nii:!  )  un  Lilcuit 
d'un  fol.  Le  tout  étant  bien  broyé  cnfcmbls ,  on  l'en- 
ferme dans  une  boîte  de  chêne  ;  on  prend  eniuitc 
de  cette  pâte ,  fuivant  le  bcfoin  ,  &  Ton  a  une 
nourriture  toute  préparée ,  à  laquelle  il  ne  s'agit 
plus  que  d'ajouter  un  ptu  de  jaune  c!*aii:f,  qu'on 
humede  avec  quelques  gouttes  d'eau. 

Quand  on  févre  les  oifeaux,  il  faut  leur  donner 
la  becquée  dix  à  onze  fois  dans  la  journée  ,  6i  ja- 
mais au  point  que  Icir  jabot  foit  trop  bouffi ,  ce 
qui  pourroit  les  étouffer.  Au  bout  de  vingt-qii.  tre 
ou  vingt-cinq  jours  ,  les  ferins  font  ordinùirem'jnt 
en  état  de  r.i?.nger  feuls.  On  voit  quelquefois  des 
oifeaux  qui,  après  avoir  été  plus  d'un  mois  à 
manger  fcr.ls ,  fe  remettent  à  demander  la  becquée , 
comme  s'ils  n'avoient  pas  plus  de  quinze  jours  ; 
on  ne  doit  pas  faire  difficulté  de  la  leur  donner , 
c'ell  le  moyen  de  les  réchapper  de  la  mue ,  état 
cruel  qui  les  jette  en  langueur ,  &  leur  ôte  la  force 
&  le  courage  de  manger. 

Les  ferins  mâles  font  difficiles  à  cliftinguer  lorf- 
qu'ils font  encore  tout  jeunes.  Une  des  marques 
les  plus  diflinftives  ,  c'eft  une  cfpére  de  fève  j.iunc 
qu'on  obferve  fous  le  bec  du  rc.ilc  ,  &  qui  dcfcend 
beaucoup  plus  bas  que  dans  la  femelle  ;  de  plus  ,  il 
a  les  tempes  fort  dorées  ,  h  tète  plus  longue ,  plus 
groffe  'y  il  eft  pour  l'ordinaire  plus  haut  monté  fur 
les  pattes  que  la  femelle.  Le  mâle,  prefqu'auffirôt 
qu'il  mange  feul  ,  commence  à  gazouiller  ;  mais 
'  ce  n'eft  qu'après  qu'il  a  palfé  la  terrible  crife  de 
la  mue  qu'il  commence  à  faire  entendre  fon  ra- 
mage. 

On  diftingue  les  vieux  ferins  d'avec  les  jenres , 
en  ce  que  les  premiers  font  ordinairement  c/jne 
couleur  plus  foncée  ,  &  qu'ils  ont  les  ergots  vins 
longs  que  les  jeunes. 

Quand  on  veut  faire  apprendre  quelque;,  aiis 
à  un  ferin  ,  il  faut ,  quinze  jours  après  qu'il  com- 
mence à  manger  feul ,  le  mettre  dans  une  cage 
couverte ,  &  lui  fifflsr  les  airs  qu'on  a  deiTein  de 
lui  enfeigner ,  foit  avec  une  ferinette ,  foit  avec 
un  flageolet  organifé  ^  qui  reçoit  fon 'vent  par  des 
foufflets,  &  que  l'on  touche,  comme  rorgi:e,  fur 
un  clavier. 

On  doit,  en  inftruifant  les  ferins  «  prendre  les 
mêmes  foins  que  nous  avons  indiqués  pour  inf- 
truirc  les  roffignols.  Il  y  en  a  parmi  ces  oifccux , 
qui  ont  bien  plus  de  talent  les  uns  que  les  autres  : 
quelques-uns  répètent  l'air  qu'on  leur  a  montré  au 
bout  de  deux  mois,  d*aiitres  n*y  pari'ienncnt  qii'au 
bout  de  fix. 

Les  uns  aident  les  femelles  dans  leur  ménnge  ; 
les  autres ,  au  contraire,  les  tuent,  cadentles  œufs , 
les  mangent  ;  rai ,  s'ils  l:ulïcii:  éclore  leurs  petits  -, 
il  les  traînent  dans  h  car;» ni*  ivec  leur  bec  o:  les 
font  périr.  On  doit  f épurer  ces  mâles  d'avLC  les 
femelles  aulTiiot  qu'elles  ccnimencent  à  por*:!:^. 

Pendant  que  les  ferins  élèvent  leurs  octirs  ,  il 
leur  furvient  quelquefois  des  maladies  ,  loit  y.,  ci 
qu'ils  font  trop  fatigués ,  (oit  parce  qu'ils  ont  rrop 


384 


O  I  5 


m?nf,j  c!cs  nourrînires  fttcculenîcs  qu'on  leur  a 
dcrnôv'..  [il  c'cil  le  rn.rc  ,  on  doit  le  Teparer  de 
)a  îViiiiiij,  &  le  m^tirj  r.n  peu  À  !a  diére  en  ne 
lui  Jor.nar.r  que  de  la  navotre  peur  toute  noiirri- 
n:rc  ;  il  faut  fcxpofcr  a»!  f».  L-il ,  &  liii  foufTu^r  un 
peu  de  vin  blanc  fur  le  corps ,  s'y  prc:!c!re  de 
même  pour  la  fcir.clîe  ,  Se  donn-r  fcs  œufs  à  une 
autre  qui  couve  à-iKu-près  depuis  le  même  temps. 

I!  s r rive  quelquefois  que  les  femelles  que  l'on 
a  mi  fcs  en  nie  nage  ,  p-.roiiTcrt  bouiTïCS  au  bout 
de  quelques  jours  ;  elles  ne  veulent  p!i:s  manger, 
elles  tombent  par  terre,  &  n'ont  plus  l.i  force  de  fe 
fouronlr  fur  leurs  patres.  Ces  fympiômes  font  oc- 
Ciîûonnés  par  la  diîliailté  qu'cll^is  ont  à  pondre  ; 
OP.  peur,  avec  la  tète  d'une  grofle  épingle  trempée 
dans  de  1  Iiiiile  d'amandes  douces  ,  frotter  doi-cc- 
niv'Bt  le  conluit  de  l'œuf,  &  donner  à  la  fcripc 
rne  gou:te  d'huile  pourappaifer  les  traiichécs  qui 
la  tourmentent,  &  pour  faciliter  fa  ponre. 

V^ivùhre  eft  une  maladie  occafionnée  par  la 
ti  )p  Ciande  q'-:a«*tit6  d's.l:n:en;  fucculens  & 
cchauft'ans  :  on  la  reconr^cit  lorfqu'en  foijfîl.«nt 
les  rU:mes  du  vertrc  de  rcifcàu  ,  fes  inttftins 
paroi:Tcnt  fort  rou;:;^:;.  Le  rcn'.èJe  le  plus  conve- 
nable C.1  de  plonger  îo  vc^rre  cie  l'uifeau  dans  du 
lait  tiède,  pluficurs  foi-ï  pr»r  jou-, 

Lorfine  les  fcrins  ont  perdu  Tappéiit ,  on  prut 
leur  donner  une  pâte  que  l'on  nomme  falègre.  On 
la  fait  en  ccrafant  de  la  graine  de  millet,  d'alpille 
&  de  chenevis  ,  que  Von  mêle  avec  un  peu  de 
fel,  &  que  Ton  pétrit  avec  un  peu  de  terre  craffe  ; 
on  réduit  le  tout  en  pairs  ,  que  Ton  fait  féchcr  au 
four,  &  que  Ton  confcrve  toute  Tannée  pour 
leur  donntr  ler'qu'ils  en  ont  befoin. 

Si  un  fcïln  fe  caâ'e  la  patte  ou  l'aile  ,  il  faut  à 
rinft&nt  le  mettre  dans  une  csge  où  il  n'y  ait  point 
di  bflrons  ,  mais  dont  le  bas  foit  couvert  de 
moi: fi*;;  ;  en  i'a^atlonnant  à  la  nature  dans  cette 
ca^,e  ,  il  guérira  à  merveille. 

L'J3  ferlns  qui  tombent  du  mtil  caduc ,  doivent 
èîr:  Traités  comme  les  rolTu^nols. 

Il  1-iur  furvient  quelquefois  après  la  mue  une 
extiniîlion  de  voix  ,  en  forte  qu'ils  ne  peuvent  plus 
c'n«nter  c-ue  trés-brs  ;  il  faut  leur  donner  alors  du 
jaune  d'œuf  hacbé  avec  de  la  mie  de  pain  ,  & 
mettre  dans  leur  eau  de  la  réglifTe  bien  ratiiîet  ;  au 
bout  de  quclq'jci  jours  ils  rt couvrent  la  voix. 

Les  tcnKlîc'i  des  fcrins  ibnt  adcz  fnjettes  à  ne 
pas  co;r>-cr  l:s  cïufs  de  leur  preinière  ponte  ;  mais 
ai.x  '.vuivé-^.  fiiivr.nres  clUs  devienrent  d'cxceî- 
Icr.res  cou  veuf:  « ,  &  no  unifient  trèi-biea  leurs 
p::Ti-s. 

Si  les  mérc^  vie?incnt  à  tomber  m:ilades  qu:l- 
q-:cs  jours  aj  rès  '\\\Q  i':«  pcrirs  font  éclos ,  ik  qu'on 
p'cn  ;  !t  point  d'aurrcs  fois  leûîucllcs  on  puilfc 
les  nct-re,  o:î  y  fu  ,:''lc  eu  les  met:anr  avec  une 
uicîée  d';jur»'is  n'.:iîs  o'Ùjiuv  nouvellement  ce!os  : 
ils  tntreïienni.r:i  les  UriM-i  d;»ns  une  d^>iice  ciia- 
leuî  :  on  leur  donne  à  tous  !  i  he.quee  ,  ay.knt  i'o'in 
cep^bdant  de  donner  aux  étrargers  une  nourri- 


ai  s 

turc  moins  fuccuîente  que  celle  des  ferîn«,ifii 
qu'ils  ne  deviennent  pas  'aS;:z  forts  pour  écrafer  les 
petits  ferins. 

On  remarque  entre  les  ferins ,  ainfi  que  dan« 
plufieurs  efj-cces  d'animaux,  des  fympathies  & 
des  antipathies  b:e:j  marquées.  En  mctiact  un  mile 
feul  d.>ns  une  cabane  avec  plufieurs  feitiâlles , 
on  le  verra  choifir  do  préférence  une  eu  deux 
tcinelles  auxquelL  s  ii  fera  mille  careiTes ,  leur  don- 
nant la  becquée  cent  fois  le  j:>ur.  On  cbfervc  mcœc 
cetrc  fympathie  entre  des  oifeaux  qui  font  renfer- 
més dans  des  cîj^cs  dittércntes  :  on  voit ,  par  cx,»n:- 
plc,  un  mâle  appeler  continuellement  une  femelle 
qii'il  cho-fu  entre  Its  autres  en  Te n tendant  chanter. 

Il  y  a  quelquefois  entrî  les  ferins  mâles  une 
apîiphctie  fi  grande,  qu'il  ùfïit  qu'ils  s'er.t;r.dent 
chaiitcr  pour  entrer  en  fureur,  lia  fe  heurtent  contre 
Ls  fci:rreaiix  de  leurs  ca^cs,  voulant  s'alicr  cher- 
cher Tun  l'autre  pour  fe  battre. 

L'.mtipathied'un  mâle  pour  ur^e  femelle,  a  lieu 
principalement  lorfqu'on  appareille  des  ferins  de 
différentes  couleurs  ;  il  fcmbîcque  cette  différence 
de  couleurs  les  frappe  &  leur  déplaît  d'abord  ; 
il  n'eft  (Jonc  pas  étonna>'t  qu'on  ait  de  la  pcin:  à 
appareiller  les  ferins  avec  des  chardonncras ^  d.'fc 
br;:i2nts ,  &  autres  fcmblables  oifcaux.  La  d  Se- 
rciKC  d'efj:écc5  &  la  variété  de  couleurs  font  biei 
fufîîfantei»  pour  oecafionner  entre  eux  de  l'amlii- 
pathie  ;  miis  nous  allons  indiquer  les  moyens 
qii'on  doit  employer  pour  faire  réufCr  ces  fortes 
d'accou[)îcmens. 

La  plupirt  des  oifeaux  qui  dégorgent ,  comfflC 
r////ï/if  ,  linottes^  hoiivr*'uils  ^  bruants,  pentect 
s'accoupler  avec  les  ferins.  On  doit  avoir  élcvè  à 
la  broch.tt'j  les  oifeaux  qu'on  veut  accouphmec 
les  ferins,  les  avoir  nou.rris  de  la  même  graine i 
&  les  avoir  accoutamés  de  bonne  heure  à  vivre 
enfemble  dans  la  même  volière,  avant  de  Ifi* 
mrtrre  en  ménage. 

Si  ce  font  des  chardonnerets  qu'on  accouple  ïvec 
les  ferins ,  il  faut  couper  le  bout  du  Lee  des  char- 
donnerets ,  parce  qu-:  ces  oifeaux  ayant  le  b:c 
trés-poi;:tu,  piquent  le  goficr  des  petits  oifeaux 
lorfqu'ils  leur  apportent  labeequée ,  &  qu'en  pouf- 
fuivant  la  ferine  lorijuil  furvient  quelque  p«it 
dibat  er.trc  eux  ,  ils  peuvent  la  bletler  dangeras* 
fement 

On  doit  avoir  foin  que  les  oifeaux  qu'on  m* 
avec  les  ferins  ,  aient  deux  ans  au  moins  ,  furttHit 
les  fcî^el'.es  ,  qiâ  ne  pondent  prefquc  jamais  à  b 
première  année. 

Les  mulets  qui  fortent  du  mélange  des  &^ 
oif:aux  avec  les  fetitis,  ne  font  pas  ttms  d'uflC 
éc;alc  beriuté  ;  il  y  en  a  même  qui  font  fort  €00" 
muns  pour  le  pliimrige  <k  pour  le  ramage. 

L^.s  mâles  mulets  de  11  roue  ont  un  chant  foft 
agréibl'î'.  Un  fer  in  mâle  que  l'on  accouple  avcC 
une  petite  chardonn'jr.tted;^nnedes  mulets  admira- 
bles, tant  jv^'ir  la  couleur  que  pour  le  ramage. 

Il  vient  à  Paris ,  au  priitemps  &  daus  l'automne , 

dci 


f 


O  I  s 

^ftsSuîffes  qui  apportent  une  quamlcâ  prodigîeufe 
«de  ferins ,  qu*ils  ont  éti  chercher  dr.ns  ie  Tiroi  » 
«Jacs  la  partie  méridionale  de  l'AUemsgne ,  &  d^ns 
^^autrcs  lieuT  circonvoifins. 

D  arrive  affcz  ordinairement  que  les  ferins  que 

X^on  achète  d'eux  meurent  prefque  tous,  tant  à 

^^raufe  de  la  fatigue  du  voyage ,  qu*à  caufe   du 

•i^^hangemenr  de  nourriture.  Si  on  leur  en  achète , 

,M^M  hut  attendre  au  moins  tiois  fcmaincs  aî.rès  leur 

rivée ,  parce  que  dsns  ces  commenccm^ns  il 

^  meurt  beaucoup,   &  qu'il  ne  reAe  que  les 

Dbnfies. 

G>mme  les  ferins  fe  muhi plient  aiTez  bien  dans 
^  pays-ci ,  ils  font  devenus  communs  ,  &  ils  ont 
-Seo  diminué  du  prix  qu'on  les  achetoît  autrefoiç. 
9n  compte  préfentement  une  douzaine  de  ferins  , 
^■t  les  prix  font  difFérens  fuivant  leur  beautc  ; 
"mais  en  général  les  femelles  coûtent  moitié  moins 
«Lie  les  mâles. 


lure  de  préparer  fi»    de  confcrver  Us  o'ifeaux 
morts  ,  fans  gâter  leurs  plumages» 


Lorfqn^on'reçoît  un  oifeau  nouvellement  mots  , 
I qu'on  veut  le  conferver  dans  fon  plumage,  il 
C^A.iit  lui  ouvrir  le  ventre  avec  des  cifeaux  ,  depuis 
VstL  parrie  inférieure  de  la  poitrine  jufqu'à  l'anus.  On 
^  Ka  tire  les  inteflîns,  le  fcie ,  le  géfier ,  &c.  »  & 
L^^n  remplit  le  vide  qui  refie  avec  la  compofition 
fuJvante: 

Sel  commun ,  une  livre. 

Alun  en  poudre ,  quatre  onces. 

Poivre  en  poudre,  d?ux  onces* 

On  mêle  le  tout  enfemble  ;  on  rapproche  enfuite 
1^3  lèvres  de  la  plaie  ;  l'on  y  fait  une  future  pour 
Kxniècher  la  compofition  de  tomber.  On  remplit  le 

gouer  de  Toifeau,  depuis  le  bec  jufqu^au  géfier,  de 
-K.  même  compofition  ,  par  le  moyen  d'une  plume 
o^a  d'un  fil  darchal.  On  lui  perce  la  tête  prés  de  la 
**^>cine  de  la  langue  avec  la  pointe  des  cifeauz ,  âc 
^^rès  en  avoir  dré  le  cerveau ,  on  en  remplit  le 
^xde  avec  le  même  mélange. 

^  On  ne  touche  ni  aux  cuiiTes ,  ni  aux  ailes  :  on  les 
^lâe  dans  leur  ttat  naturel. 

Après  avoir  ainfi  rempli  Toifeau ,  on  le  pend 
P^r  les  jambes ,  pendant  d^ux  jours ,  pour  que  les 
^Is  pénètrent  avec  plus  Ai  facilité  les  mufcles  & 
l^sligamens  qui  tiennent  les  vertèbres  du  col.  Oii  le 
place  enfuiie  dans  l'attitude  Qu*on  veut  qu'il  foit , 
6c  on  Taflure  par  le  moyen  d j  deux  fiis  d*archal , 
dont  l'un  paffc  par  l'anus ,  l'autre  par  les  yeux. 

A  l'égard  d^s  pieds  ,  on  les  affure  avec  des 
épingles  ou  des  peintes  ;  &  après  l'avoir  laiiTé  un 
inois  dans  cette  Ctuation  ,  pour  lui  donner  le 
temps  de  fécher ,  on  le  place  fur  un  petit  fupport 
de  bois ,  fur  lequel  on  le^  lixe  par  les  pieds  avec 
deux  épingles. 

Arts  &  MétUrs.  Tome  K  Partie  /. 


O  I  s 


385 


On  lui  met  des  yeux  d'émail  qu'on  attacha  ivec 
de  l'eau  goinnice. 

Méthode    pour    apprêter  les   pciiix    des  O'ft.vtx  , 
fc^on   Us  dijfîicns  uft^^cs  auxquds   on   Ls    dif- 

tillC. 

On  lit  dans  les  yfmuftmcm  innoccp.s  ou  b 
parfait  oifcUiir ,  diftt rentes  nicrhoclcs  pour  ïppO- 
tcr  les  peai:x  d.-s  o-ilaux  fclon  les  ufi^ts  fOur 
lefqujls  on  veut  s'en  (jrvir,  lb!t  poui  rornciiient , 
(o\t  pour  i'aiiiité.  L*sutcur  d:  c-t  o.ivra^J  1  rjvijr.t 
d'abord  qi:c  lorsqu'on  veut  garder  ix  es  fo:ics 
de  pea^ît ,  il  ne  rnut  fe  fervir  que  de  cc'-ios  des 
oifeaux  qui  ont  ttc  tiiés  ,  &  non  d:  Cv"jx  f\.\\  font 
morts  de  maladies  ;  ii  ne  faut  pas  non  plus  eue  les 
oifcaux  foicnt  d:ins  le  temps  di  leur  mue  ,  cMVi- 
d.re  ,  dans  leur  ch  uigcment  de  pljînes. 

Si  on  veut  préparer  les  peaux  de  façon  à  notî- 
voir  repréfenrtr  des  oif;:aux  qui  paroi-io.u  ccmnii 
viv.ins ,  c'ert-à-dire ,  fi  on  veut  embaumor  dis 
oifeaux,  on  commence  d'abord  à  élargir  la  peau 
du  cou  à  force  de  la  foufUer  :  on  !a  découvre  autant 
qu'on  peut  avec  un  petit  coûterai  dont  le  tranchant 
(oit  bon  ;  on  fdt  une  o:iveiture,  qu'on  conti:iue 
au-djffus,  jufqu'îiu  bojt  dî  la  queue  ;  on  tire 
enfuite  la  peau  avec  patiercc,  en  fe  fcrvant  de 
fes  doigts ,  en  décharnant  &  en  coi!p:'nt  en  iT.cme- 
temps  les  petits  nerfs,  ou  ce  qui  pci:c  cmbarraf- 
fcr^  &  rompant  les  ofTelets  anx  ei  d  o  t^  où  ils 
peuvent  fe  joindre  aux  cuifles  (k  aux  aiics^ 

Si  la  tête  eft  petite ,  on  pourra  la  laifler ,  ei 
inférant  néanmoins  dins  le  bec  de  la  chaux  en 
poudre  irêlèe  avec  de  la  myrrhe  aiiîfi  {.ailvcrl- 
fée ,  où  bien  on  l'écorchera  en  tirant  la  peau  à 
rebours. 

Quand  la  peau  efl  ainfi  dctachce ,  on  peut  la 
rajufler  d^  façon  que  l'animal  paroiiïe  vivant ,  5t 
en  orner  les  cabinets  des  curieux. 

On  remplità  cet  effet  la  peau  dj  coton,  011  il 
y  ait  un  peu  d'i'bfynthe  6l  autres  plantes  aromati- 
ques, on  recoud  l'ouverture ,  uc  on  ajuae  Its  ûilcs 
6l  ît.s  ja;ubes  avûcd.i  fil  d:  hitjp. 

Quand  on  veut  employer  ces  pcai.x  i  d'autres 
ufs;^es,  pour  en  faire,  p:;r  cxoin|.'c  ,  dos  c-'>avcr- 
turcs  de  gants  ou  de  manchons,  on  s'y  prend  d'une 
autre  façon. 

Après  qu'on  a  détaché  la  peau  ,  on  l'^ltcnd 
fur  une  petite  table  avec  les  plumes  ,  de  icric 
que  celles-ci  ne  fe  hcriffeiu  point  ,  ^  avec 
un  peu  de  fil  on  la  pique  de  chaque  coté  p  >ur 
pouvoir  mieux  l'étendre;  on  enlève  enfulre  ce 
qui  s'y  trouve  de  pins  gras  &  de  plus  cliarnu  ,  & 
on  recoud  avec  de  la  foie  les  ruptures  qi/i  ont 
pu  fe  faire. 

On  enduit   cette  peau  d:  colle  faite  avec  une 

Ccc 


386 


O  I  S 


l^oîgnée  de  farine,  une  pincée  de  fel  commun 
<în  ,  &  autant  dj  bon  vin  blanc  quM  en  faut  pour 
la  détremper  &  la  réduire  comme  de  la  colle  à 
chafTis  de  papier. 

La  peau  fe  trouvant  ainfi  enduite,  on  la  met 
fécher  à  Tombre  au  vent  du  nord  ,  &  quand  elle 
efl  féche ,  on  nettoie  la  peau  en  la  raclant  ;  la 
colle  s'en  dètsche  par  écailleç. 

Si  la  peau  conferve  encore  après  cela  quelque 
humidité ,  on  l'exploite  de  nouveau ,  &  on  la 
fechc  ;  toutes  les  peaux  étant  bien  féchées ,  on 
les  met  dans  une  boite  dont  le  fond  fera  garni 
d'abfynthe  ou  de  bois  de  rofe  ;  &  quand  on  veut 
kur  donner  de  Todeur,  il  faut ,  avant  de  les  lever 
de  dcfTiis  la  tablette,  après  en  avoir  enlevé  la 
colle ,  leur  appliquer  une  couche  ou  deux  de  quel- 
que compofuion  odorante ,  avec  une  éponge ,  à 
volonté  ,  &  félon  le  bon  plaifir  de  celui  qui 
opère. 

Les  oifeaux  >  des  peaux  defqUels  on  fait  ufage 
ordinairement ,  font  les  canards  ,  les  faifans  &  les 
paons ,  à  caufe  de  la  couleur  changeante  du  plu- 
mage de  leur  col. 

On  fo  fcrt  des  peaux  de  cygnes  ,  de  vautours  , 
de  cigo^ines  pour  la  chaleur  ;  mais  dans  Tapprèt 
de  ceb  lortes  de  peaux  on  emploie  du  vinaigre 
au  lieu  de  vin  ;  on  y  diilout  un  peu  de  fel  com- 
mun &  d'alun  de  roche ,  8c  on  leur  donne  plu- 
ficurs  ccuchci  de  ce  môlange ,  félon  le  befoin. 
Les  curieux  décorent  leurs  cabinets  avec  dcsoircmx 
embaumés.  Les  Indiens  emploient  les  peaux  des 
oii'caux  de  leur  pays  pour  des'chapjaux ,  des  habits  : 
nous  nous  en  fervons  comme  ornemens. 

Communjuté, 

Les  oifeleurs  forment  à  Paris  une  commu- 
nauté compofée  ;.ftucllemjnt  d'environ  trente 
maîtres ,  âi  q  .1  n'y  cft  pas  des  moins  anciennes  ; 
leurs  ft«;uts  &  réglem'.ns  leur  ont  été  donnés 
de  toute  antiquiic  par  les  otHciers  des  eaux  & 
forèrs  de  Paris  ;  ceux  dont  ils  fe  fervent  préfcn- 
tcment ,  leur  furent  délivres  au  mois  de  mai  1647  9 
par  !c  gcffi-r  de  cette  jurifdi;iion  ,  comme  extraits 
CCS  anciens  regiilres* 


01  S 

Il  eft  dit  dans  leurs  anciens  ftatuts  qae  tm 
marchand  de.ferlns ,  qui  appone  des  ferinscomonus 
ou  des  Canaries  à  Paris ,  ne  les  peut  expofer  tu 
vente  qu'il  n'ait  été  auparavant  les  mettre,^  depû 
dix  heures  du  matin  jufqu'à  midi ,  fur  la  pierre  de 
marbre  du  palais ,  aux  jours  d*entrée  dn  pad^■ 
ment ,  dont  il  eft  tenu  de  prendre  acqiût  &  cer- 
tificat des  officiers  des  eaux  &  forêts. 

Il  doit  auffi  attendre  que  les  gouverneurs  dei 
volières  du  roi ,  avertis  par  les  jurés ,  aycnt  déclué 
que  lefdites  volières  en  font  fuffi(ammeni  (oap- 
nies  ,  &  que  les  maitres  oifeleurs  aient  pareille- 
ment refufé  de  les  acheter.  Après  quoi  il  leur 
eft  loifible  de  les  vendre  à  qui  bon  kur  femble» 
après  avoir  donné  à  chacun  des  jurés ,  pour  leur 
droit  de  vifite ,  un  oifeau  de  chaque  cabane. 

Le  temps  de  chaque  jurande  ne  peur  être  de 
plus  de  deux  ans. 

Les  maîtres  de  cette  communauté  ont  fenlsh 
droit  de  faire  des  caees  à  oifeaux ,  &  des  fflecs    ^ 
pour  les  prendre  ;  il  leur  eft  permis  de  faûrc  ft   • 
de  fondre  toutes  fortes  d'abreuvoirs  à  oifeaux  »  fi» 
de  plomb ,  foit  d'autres  matières. 

Nul  ne  peut  £iire  trafic  des  oifeaux  de  duac 
&  de  plaifir,  ni  aller  les  chaiTer,  s'il  n*eft  (cç» 
maître ,  &  ne  peut  être  reçu  maître  c|u*aprèi  n» 
apprentiffage  de  trois  années ,  à  moins  qnll  ^ 
foit  fils  de  maître. 

Par  une  coutume  très-ancienne  ,  fondée  fark 
quinzième  &  le  dix- feptième  articles  de  leurs  fc* 
tues ,  Us  )urés  font  obligés  de  fe  trouver  an  ûcrs 
d;;s  Rois ,  pour  y  apporter  des  oifeaux ,  &  lo 
lallTcr  aller  dans  Téglile  ou  fe  fait  cette  ccrittMA 
L.s  niaiires  oifeleurs  font  aufit  tenus  de  lâcbCTi 
en  fij» ne  de  joie ,  aux  entrées  des  Reines ,  la  qmfl* 
tiic  d'oileaux  qui  efl  ai  bitrée  par  les  officiers  dci 
eaux  6l  foi  cts. 

Il  y  a  une  vente  &  expofition  d'oifeauz  toui 
les  dimanches  matin  à  Paris ,  au  bas  du  ponMB" 
change.  Si.ivant  ledit  du  11  août  1776,  les  «fe- 
leurs  font  compris  dans  la  lifle  des  profcftof 
faifant  partie  des  communautés  firpprimèes ,  &<|U 
pourront  être  exercées  librement,  avec  unefiisp 
permiffion  de  police. 


VOCASULAIRE 


x\BREUvoin;  endroit  ou  les  oife«ux  vont  fe 
d^if.iltcrtr. 

AccoLPira  les  si?vIvs  ;  c'cfl  marier  enfem- 
ble  u  I  mâle  avec  une  fcnicile  pour  en  avoir  des 
pvîtitt. 

Alouette.  Cet  oift au,  quoique  palTager,  niche 
dans  nos   conuces.   Il   fait  j..ic^uà   trois   pontes 


dans  les  mois  de  mai ,  ju'n  &  juillet.  Il  a  «■ 
chant  g.ii  &  brillant.  U<  printip:.ux  pièges  q»'»* 
tend  aux  aiiouctcs  fout  *cs  mjyjtj.  Us  truintath 
la  ridcc^  les  cclLîs  ^  le  m'-olr. 

Alpiste;  c'efl  une  gr.îinc  cîorôo ,  moin*  groi'C 
q  le  le  millet,  mais  moitié  p'u<  lorç.ue.  Sa  qui' 
Utc  efl  dcngrailTcr  &  d'ccîî^utt.r  Ici  fcrins. 


O  I  s 

AwORCi;  ç'cft  un  appât  propre  à  refpèce 
ffoitbu  qt^on  VCtu  sttircr- 

AtfOKCen  un  piegc  ;  c'eA  y  mettre  un  ap- 
pât. 

AFPAREtLtER   DES  J^rRlNS;    c'cfl    mè'aflgCf   les 

_dgccgs   pour  avoir   des    petits    d*ua   beau   plu- 

PPAt;  c'cft  ce  qu*onm*t  à  des  pièges,  pour 
ilîifCr  certaine  espèce  d^oifcâux. 

AFPATf  R  Jfi  oifeMix  ;  c'cft  expofer  qncl|ue 
cbofc  qui  attire  tes  oUeaux  diiis  les  pièges  qu'on 
loi^  tend. 

Appeau ;c*cft  un  pérît  înflrumfnt  qui,  en  îml- 
tm  k  cri  ou  le  chant  de  quelques  oHeaux  >  fcrt 
I  les  appeler. 

Ar?iLA9fT  i  oifeaQ  qui  fert  à  en  appeler 
tfautres, 

Akaigne  ;  foîte  de  fil^t  de  fil  menu  &  teint 
CQ  brun  «  qui  fcrt  pour  la  ch^iTc  du  merle 

Arbr£T  un  arhrot 'j  c*c(\  un  pcttc  arhi:e  garni 
ic  gluzux  pour  p  endre  des  oifeauï- 

Argentine  ;  la  graine  de  cette  plante  eft  rouge 
k  ifèi-fine.  On  en  donne  aux  Icrins  dans  cer- 
ttines  petites  maladies. 

AvJMÉES:  ce  font  les  toiles  à   grandes  mailles 
orfée**    qui    font    les   bords  des    grands  filets. 
ATALUaEt  maladie  particulière  aux  ferins  qui 
Jll  pris  d'une  nourriture   trop    fuccuîcnte,    ou 
fe  trop  grande  quantité. 

^  Avenues  ;  ce  font  les  petites  voûtes  ou  les 
leniicrs  qu*oa   pratique   à    deflein   dans  les  pi- 

Bâton  Df  Cagï  »  hâton  placé  dans  une  cage 
pour  que  IVifeau  puiite  s'y  percher.  Si  dans  une 
•^ne  de  ferins ,  les  hâtons  ne  font  pas  bien 
*ii>le5,  8c  quils  viennent  à  tomber  lorfque  le 
^ilc  va  aprcs  ù  femelle,  il  eft  certain  quelle 
»T«  fera  qt:e  dc^  cs?ufi  cbirs. 

Sattre  Us  buijr^ns;  c'efl  Taflion  d'un  cliafleiir  ,  , 
^0  d'un    chien  de  chafle  qui  agite  les  bluffons 
^ur  en  faire  panir  le  gibîcr. 

MCASsf  i  olfeau  de  paiïage  qui  vient  dans  nos 
©rtîTcc*    vers  le  mois  de    mars ,  &    qui    repart 

r«s  fi  nichée  vers  le  mois  d'oàobre ,  dans  les 
împs  de  brouillard. 

Bécassine  ,  oifeau  dont  les  paffages  font  les 
*t»çm.s  que  ceux  de  la  bécaffe.  Les  pièges  qu'on 
^<UT  tend,  font   les  rcjas ^   les  colUts y  \t\  f^n- 

Bec  FSGUE  ;  petit  oif^'au  très-délicat,  que  Ton 
^We  dans  les  mois  d^  feptembre  &  oéèobre.  Il 
^tfl  commun  dans  les  vignobles. 

On  le  prend  au  filer  &_  avec  un  miroir  comme 
*^5  alloucrtes. 

BtRGEROSETTEou  lava^d'^trc  \  petitoifcau  qui  fe 
^»  rcmarauÊr  par  le  bianî^ment  continuel  de 
t  qjeue.  Il  y  en  a  qui  font  blanches  6i  mures, 
ftd  autres  qui  font  verre*.  &  jaune*.  On  les  prend 
de  pur  jtTcc  des  gluaux  ,  aux  ahreuvairs  qui  fe 


o  I  s 


587 


trouvent  au  *milleu  de  la  campagne  »  ou  de  nuit  ^ 
avwC  le  rajie  ,  dans  les  marais. 

FlSET  i  c*eft  une  cfpècede  pigeon  fauvage  qu'on 
trouve  ^u  moJs  de  feptembre  dans  les  bois. 

Bouci,ETTEs ,  petits  anneaux  de  fer  rond  & 
étùmè,  quon  attache  au  cordc;^u  de  la  p^tniUn 
à  bùuMnes ,  pour  qu'elle  gUlTe  comme  un  rideau 
fur  fa  tringle, 

TouviER;  petit  oifeau  qui  fuit  les  bœufi,  à 
caufe  des  mouche^  qu'il  trouve  à  leur  fuite;  on 
le  nomme  auffi  ^ohc  mouche,  C'eû  une  ef^éce  de 
bcreiroi  t^f. 

bouvH£UiL»On  l'appelle  perroquet  de  France^ 
à  caufe  de  fon  gros  bec  camard* 

Le  mâle  a  la  poitrine  d'un  beau  muge,  &  U 
femelle  de  couleur  brune  ou  plombée. 

Il  apprend  aifèment  à  parler  &  à  fiffler ,  étant 
le  feul  oireau  qui  imite  les  tons  delà  flûte  douce, 
6l  le  fculau{1î  dont  la  femelle  fiâle  auiTi  bien  que 
le  mâle. 

On  en  prend  à  Varhrtt. 

Brai.  Piège  avec  lequel  on  prend  les  oiAlIons 
par  les  pattes. 

Prehaine  ;  (femelle)  on  nomme  ainfi  xmt  fe* 
m;:llc    de  ferin   qui   ne    pond   point  du  tout. 

Brochette;  (élever  à  la  )  c*eft  nourrir  les 
oifeaux  qui  viennent  de  naître ,  avec  une  pitc 
qu'on  leur  fait  prendre  au  bout  d'un  petit  bâton 
ou  d'une  plume. 

Bruant  ;  oifeau  un  peu  plus  gros  que  le  moi- 
neau franc. 

Le  de/Tus  de  fon  corps  f  ft  bmn ,  &  fon  vcntra 
eft  blanc.  Sa  poitrine  eft  d'un  vcrd  jaune. 

On  le  prend  à  l'arbret  ,  avec  des  gluaux ,  à 
l'abreuvoir,  &  dans  d'autres  pièges. 

Cabane  ;efpèce  de  cage  faite  de  bois  de  ch^^ne 
oti  de  noyer,  dont  les  faces  font  en  fil  d'ar- 
chal. 

CAGEi  c'eft  un  affemblage  de  pîufieurs  petit* 
bois  èquarris,  emmortoifés  les  uns  avec  lesautrcs^ 
&  traverfés  de  bas  en-haut  par  des  fiî^r-d'drchal , 
de  manière  que  le  tout  renferme  un  efpace  dans 
lequel  des  oifeaux  puiiTent  fe  mouvoir  facilement, 
fans  s'échapper. 

On  place  en  travers,  dans  l'intérieur  de  U 
cage^  quelques  petitf^  bâtons  ronds  ,  fur  lefquels 
Ls  oifeiux  puisent  fe  repofer. 

On  en  couvre  le  fond  dune  planche  mince  , 
qui  entre  par  devant  à  coulifTe  dans  les  traverfes 
aiT^^mblées  en  rcêangle  ,  qui  forment  la  b:»fe  & 
les  contours  inférieurs  de  b  cj^c.  Ces  traverfes 
font  aijfli  grillées  de  fiUd'archal,  afin  que  quand 
O'i  ti-e  la  jlancbe  du  fond,  l^s  oifcauit  ne  p'îif- 
fent  pas  furtir  par  ce  fond  qui  reflcroii  tout 
ouvert. 

On  a  laiOfe  c?tt*  planche  mobile ,  afin  de  pou- 
voir nettoyer  la  cn^e  \  ox\  la  tire  p:ir  un  petit 
anneau  de  fer  qui  y  efl  ait;»ché.  On  pratique 
une  petiîc  porte  par- devant  &  aux  deui  cAtés 
des  ouvertures,  au-dcffous  defuuclles   on  place 

Ccc  3 


$88 


O  I  S 


de  piîtits  aiigets  ,  dans  kfqucîs  Toifcau  peut 
bnirc  &  iTiiiî^^r.  Le  fond  de  tojtcs  cci  ca^es  cft 
r.cc.fù. renient  rci5tan^.le   en  cjrré. 

On  ii:i  (!.>nnc ,  ^u  ivllc ,  telle  fornfie  qu'on  veut  ; 
f  rî  coUj?c  ù-  cç\iù  iornie  les  p-tiis  bois  q.ii  ler- 
\*:iM  il  l:i  c.  nltrucii  Mi  :  on  les  jrcrce  au  toret  &  à 
l\»iv.hLî.  O.î  r.Jin  Iw  fervir,  pour  plus  ù'cxpcdition, 
('-.   la    |uic:  >r.c    Oi    de    la  ma  cl. in  J  à  percer  les 

Cailles;  ciitû-jx  de  piffagc  ,  très- communs 
cl:..;>  le  liiois  dt  nui ,  tjnips  cîi  on  les  nomme 
*..  /.ti  l'Ét.)  ,  6c  da.;s  Ici  mois  d  ^'.oût  &  de  fcp- 
i.i4i'j;c  :  oi  Ics  ;>pr.iitr  alors  cailc^  grafics. 

<.>ii  .îo.ïDw  a  Lait  p^iiti   le   iioin   de   Cdllleteaiix, 

0»i  IvN  jrc.'id  a;i  trumAÏl^  à  la  bourrée ,  à  la 
ti^jjjc^   rii;  //'.///:  ^./. 

C/;l...\:)ui;  iioit  qu'on  donne  à  l'alouette  éle- 

^  »^iî   Cil  c  kH'.. 

«.  ..L^sjif.niTE  ;  nom  de  la  petite  grive  de 
•<  .  t.  .  C'/i  p.'cd  de  CCS  oiîeaux  à  la  /^//^ecr,  aux 
••• ,  .f.'.'..f  ,  riiîx  .v.'7;:f,  a;ix  rjyV/j. 

V..A *»/.!. ;î  s..vvac;e;  c'uu  u:i  oifeau  qui  (i  pUît 
c.*..r-.-,  L,  c:  i!:.s  vv  dujii  L-s  endr>irs  maiéwa- 
;,  •  X.    CM    les  pre-îd  aux  cjlUts  ù  r:Jfor:s  ,  à  la 

*■■'•:■■?  *'''^'' 

C'.i/iin.Er;  cfpô'c  de  fil^t  U*gcr  qui  fert  à 
ircMuv.  Ija  [.w.iia  oilck'.îx;  t'tft  un  diminutif  du 

'*  !.:xri-LF:  <m.c-u  c^ii'on  trouve  ccmmuncnient 
fi-.r  les  nv!.i.s.  On  Iii  ivnd  Us  nij.ncs  pirg:s 
i,  :'.v.-    car:: il  r.:'..',Mi,:i-. 

( .'  K  ^  :•.  :  L r  i  i  L  i  ;  i .  o i .i  ri  \-  n  do n r.e  à  Ir.  ft  nu  1  !  3 
Cl  ..:  o"..o.:-i  û»  M  oi  fj  fett  pour  ap;)v'.cr  da:ii 
îc  ;•«  ■-  L^  <>  iv-MLix  do  f.'.n  eî;;(;ce. 

Ci*..\u:,o\\i:.HT;  picit  oiicau  qu'on  c"è/c  en 
c:-.;.v.»  à  c  ail'j  de  l-i  be»iiiii  dw  Ion  plum.i^e,  6:  de 
r..;i'v..:Lr.t  d^-  fon  clunt.  11  tire  fon  rZ-n  dj  la 
l.îîc:vi-  c*.j  cl'.'.:  cl;.. .s,  d^iu  il  ai  nie  à  fj  nojrrir 
tn  il.:,  niic.  L.s  ollciicrs  ;iCC'.)L:;'/.c:iC  un  wh..i.i«./n- 
iicrv-t  n.Aij  avec  h  fwnitf'.ic  d  i:n  i'.tIh  poiii'  en  a\-.ir 
t.cs  i.iuhn^  on  v'.vs  </:f'jui!\  c!j  chunc  qui  paiiicl- 
\.  'i  dws  (jii.!it»s  de  Ces  d^jx  cfi^êces. 

Oii  pijiHl  1:5  cî:aido;:njrc:s  aux  ti\i:i.h:[i^  à 
\\:--:.':t    Cv  aux    .■.';.■ .. 

C!MrM\  is;  ;.wîi. -.  C'r.'P':  lon.-'e  ci  cft  la  fvir.ci- 
ce  de  la   p!i-:;  (:.;i.:  ce   îi  j  L-  vjh.Miv,^'.  On    c;: 

(ii:Oi:.r;  ■  ,:c<  L^:.-  ^  ;..'."  ..•;  ..';;.■,  oI.'mu  «I^  fiiïî  » 

*..  1  l.'l  •  '..  :  i.  ■•:..,■  :'..n  iii  (j"i  i,;r  vC  i.i  ."ujil" 
f'  ;•.:'  ,  ti  V  ; :"::  .r  ^  i  •.  ;  i,..""  ;:•.  '»r  ij  vr  i  .'rc. 

li.'i:  ;i  ii.  ....•:::  ,  oi'  I  •-.  '.■,*,;..!,,  î-js  incn-î'::;  & 
a;i?!..'.  '"'i'I,  ;•  .:  •":'  t;.'î.;  ^.i"^:»!  .  :  ,  î:  r.'  :i-i  ;i  :'o-:r:c 
v.c  i»  i:....  (.1.-:  li.   »•■!*. i;i  i.::.:  •.'-.•.  r'.rr'.s  •  oiir 

l/H  l  .%:■.,  rv.r.  -]■  !\:V.-:  -r.-  '  -  -,  /  ;;'  ■•  •;. 
r;j  .  .-  ■>  .c,  c  Mî.iji-;.  .' ,  t.  .  .-  ■  ■:  11..:  y..'.  , 
i '.  :  .    ■'  '•'    ■'   ..  T.'r  .,   -   .li'j,:-^  cl.    '.     ..-.IC  a  vi   '., 


O  I  S 

Collet  ;  lignette  qu^on  fait  de  crins  de  cheval; 
ou  de  fil ,  &  qiîc  Ton  tend  en  forme  d'anneau 
pour  prendre ,  au  moyen  d'un  nœud  coulant  ytov 
les  pcrits  oifcaux  qui  viennent  à  ce  piège. 

CoNTREMAiLLÉ^/Z^r;  c'eft  un  fiîet  compofède 
plufieurs  tiH'us  de  mailles  qui  retombent  l'un  fur 
r.iutrc. 

Cordeau  a  sonnettes  ;  cV-Ii  un  cordeau  garoi 
de  grcio:^,  dont  on  fe  fett  pour  bairre  &  traquer 
les  hui'ibns  ik  les  haies  d'un  abord  difficile. 

CouRCAiLLiT  ;  no:n  qu*on  domine  aux  appeaux 
dont  on  fe  fert  pour  attiret  les  caillas  dans  le  piég& 

C!! oui; LIS  :  c'eft  un  oifeau  fiiyard ,  qui  habite 
los  nuiais,  &  qui  narche  plutôt  qu'il  ne  vole. 
Son  nom  Ini   vient  de  fon  criant  habituel. 

CuL  blanc;  nom  d'un  oifeau  dciicat  &  gras, 
de  la  gioifeur  &  de  la  forme  d'une  grande  né* 
fang:^ 

Détraquer  un  piège;  c'eft  en  faire  partir  b 
détente  ou  le  triquet. 

EcLAMÉ  ;  (  ferin  )  c'cfl  un  ferin  dont  IVile  a  ié 
rompue ,  ou  la  pat  e  c;uTée  par  accident. 

Lncin  ;  mot  qui  figni^e  tout  ce  qui  compoferi- 
quii.a^e  d'i-nc  chiiTe  quelconque. 

Entes.  O-i  cntead  par  ce  met  des  peaux  dVi* 
C.Mix  icmpîics  de  mouffc  ou  d'é:oupcs,  pour 
iniirîr   l'tf  cce  qu'on  veut  attirer  d.ins  le  pictf- 

Epuisutte:.  crîèce  de  petit  filet  pour  prindrc 
dnns  la  Cigc  un  ferin  farouche  ou  tel  autre 
olfcriu. 

Etourneau  ,  autrement  fjnfonnei,  de  lagrof*' 
feur  du  racrlc.  L•w^  oikii^rs  cièvcnt  de  ces  oiuau»- 
prirre  qu'iis  font  fufccptibks  de  prononcer  des 
nioti,  ôi  de  iiîiler  .les  ;.::>  de  tcrinctie.  Les  étour- 
ne:.ux  s'ii'To.nb'cnt  en  ne*  tj-and  nombr  après  le* 
ni'iiiToîJS.  Li  v.ijh<  .irtih  l'.Vt  efl  un  moycipour 
\\:\,  furpr::ndrc  lorf-,u  i's^'abaitentdans  ks  prairies. 

JvjiLi.iiTyE  i  p.-:iie  j'/.iine  qui  vient  d'une  planta 
r^\\  :.iin!ai  rt.  .111  p.ivot.  Luc  cft  p/ife  &  d'ungoîi* 
fuc:J:c>:i  Cl  (Ji^.in:  q:;c.:ji:cf  ib  a.:x   fcrini. 

Tai'-an;  o.1'.:iu  <1o  l»  ^roaeur  d'un  coq»  d'u^ 
bea*i  piîirtîît.w  ,  tt  CisMTii  la  dur  cfi  fort  dèlicair- 
L;;  i'jifàn  inûs;  tft  le  co-i  dt  fi'sfan^  la  fcrtiell^ 
y. 'Lie  Jtjù'.f^i  ;  U.  .c>  pciits  fc  uomnuni  Jji/J»*' 
J:.:  /.v. 

I'a  -j vette  ;  priit  olfwau  rechercbé  pour  la  b«cJ^ 
J  û;i  rfciuaje.  G:  le  prend  aix  rdijutus^vx^ 
,."..  ::.\  ..;r  le^  ccururs  ,   &  à  l'abreuvoir. 

i"  : :,î  T  ;  c'cit  c n  î^-Tjc:  ù\  un  li.Tu  o j  toile  à  mî&^ 
C":  es  ou  en  i<.l*.iri;.>. 

1";):.  .%;•.;  ;  o'i  VDrii.n^  c;iv.\']Uwfols  zÀHi  l'endroit 
O'A  WÇ'.y-'CC  ûi:'';L-i.-f-C  i..l  pi-'-j^O  d:ci!c. 
j       ]()  settt;    j".  tir*  cik'iou  <)i.i    l'on  atticbe  u"' 
j   '..:■  o'i  •;..-.  ;ij  M.ire  ô;«;î.':  ,  porr  attirer  Icsoi* 

I        ï'.rry.  '  i  ;  V..'    n 

'        1  .t'.L-;  •  ;  •■  '  't  iîi.icr  :.VLt  i:.:c  f  U'.iud;:  li.itC 
!  '.(.:.  i...  i;'-  '.  vN  !rLir!-lans  iLj  i.cuii,  d%s  giivtt» 

%l!-.ip.  cr  a:fl  picg*.  Ce  terme  f*;  d^ 


c   qi-.i  !.!T  vi\  :en:ln. 

rm    i\-  !  tf.v-v::  Li  pîiw  pe'i'*- 


•H'. 


O  I  s 

fua  oifcau  qui  Te  dégage  d'un  filet ,  ou  de  tel 
autre  piège  qui  lui  eft  tendu. 

Geai;  oîfeau  de  la  groffeur  d'u«  merle,  q'.'.i 
Hichc  durant  Tctè  dans  les  bois  ,  &  qui  s'en  écarte 
aux  approches  de  1  hiver  »  allant  par  bandes  cher- 
cher une  température  plus  douce.  Les  oifciicrs 
éiéfent  des  geais,  &  leur  enfiignent  à  parler  fk 
âdffler.  On  prend  do  ces  oii';;aux  à  la  pipée  ^  aux 
rdqusueSf  à  YabnuviKr, 

Glanée  ;  espèce  de  piège  qu'on  tend  aux  ca- 
nirds.  Il  confifle  en  un  collet  de  crins  arrangés 
/ûr  une  tuile  qu'on  perce  dans  le  milieu. 

Glu;  compofition  vifqueufe  qu'on  tire  princi- 
palement ac  récorce  du  hou.  On  s'en  fert  pour 
attraper  les  petits  oifcaux. 

Gluaux.  On  nomme  ainfi  des  brins  de  bois 
fouples^  enduits  de  glu. 

Gorge-rouge;  petit  oifeau  fort  recherché  pour 
I^  délicatcfTe  de  fa  diair.  On  en  prend  à  la  p'.pcî , 
*Ux  raquettes  ^  au  brai^  à  V abreuvoir, 

Grim?£Reau  ,  ou  Pie-bois  ;  petit  oifeau  vif  & 
^Litillaiit,  qui  hibite  les  bois.  Il  écoiine  par  la 
**^»ce  des  coups  de  bec  qu'il  donne  fur  les  branches 
*^<:hes,  pour  eu  tirer  quelques  moucheroni  ou 
"^  ermiffaux. 

Cet  oifeau   fe  prend  communément  à  la  vl- 

Grive  ;  oifeau  recherche  à  caufe  de  la  déîi- 
^■^teffe  de  fa  chair.  Cefl  fur-tout  en  automne 
^saons'empreffe  de  chaifer  les  grives,  &  de  les 
I^ï^ndrc  à  L  pipèe  ,  aux  colUts  ,  aux  r^jqucttes. 

Gros- BEC.  Cet  oifeau  efl  alnfi  nomoié  à  cauf;; 
^ela  grofleuT  démtfiiréc  de  f;>n  btc  relativement 
*^  relie  de  fon  corp  . 

On  le  prend  à  la  pipée  ,  aux  raquettes  j  à 
»^  ^rcuvoir. 

Guides  ;  on  nomme  ainfi  les  perdies  du  filet 
^   zloucites. 

Halbrak;  nom  du  canard  fuivafje  lorfqvi*il  eft 
■  «more   jeune.    On    ciève   les    ha'.brans   avec  les 
caiaris  domeAiques  ,     en   syant  f^in  touteiois 
^2  brûler  ou  de  couper  Uî  bcut  de  Iwurs  ailes. 

On  prenc'  k:s  haÎDrans  à  la  j^IuJc  ^  aux  pinces  ^ 
^ua  coUets  a    riforts, 

Hallieh;  filet  compoft  ùt  trcls  nap:cs  &  de 
pluuturs  piqn;.t?k. 

Hameçon;  petit  fir  crochu  &  piqiînnr ,  armé 
d'un  fécond  troch^t,  c'on:  onlef.rtpour  la  cIkuIc 
aux  canards,  aux  héious ,  ajx  cori^eaix. 

Harnoi.<;  terme  d'oifcJciir.  Ce  terme  fc  -îît  en 
gèaà'al  des  pijg^-s  ti  aiitrca  uilenfiks  peur  la 
•hs<Tc  des  oifcaux. 

HuiONDEi-LEj  oifer.u  dep-ifûgc  ,  dont  le  retour 
ar.n  .i::eîe  prir.tji..p«.  L  !::  a  un  vol  rapide,  {  roprc 
*  exercer  TadrcfTc  du  ch^L'.Ieiir.  Qùani  ù  ioiUlicr , 


o  I  s 


389 


il  ne  s'inquiète  point  de  prendre  &  d'élever  cet 
oifeau  ,  fort  rlàiB.ile  à  nourrir  ,  ne  vivant  que  de 
petits  irifc^JS ,  iJc  ayant  un.  babil  monotone  plu- 
tôt qu'un  ramagt. 

Houx;  arbri^îeau  dont  Técorce  fournit  la  glu. 

HcAUX.  On  nomme  ainfideux  ailes  d'une  bufe 
qu'on  attache  aux  bouts  d'une  baguette  avec  quel- 
ques grelots  ,  pour  fcryir  d'é^x^u vantail  aux  oi- 
Icaux. 

Huppe;  nom  d*un  oifeau  de  la  groffeur  d'une 
grive.  Il  a  fur  la  tète  une  huppe  ccnviofée  d'une 
vingtaine  de  plumes  de  couleurs  variées.  Son  bec 
ell  long  tk  crochu. 

On  appelle  siifli  ctt  oifj?u  pupu^  parce  qu'il 
exhale  une  odeur  irfiipportable,  provenant  de  la 
corru;:iion  des  infeéles  qu'il  amalle  poLir  {a  nour- 
riture. 

Hutte  ;  loge  où  fe  retire  Toifeleur  lorfqu'il  eft 
à  la  pipje. 

Hutte  AMBUL.-NTEjloge  faite  avec  des  feu*.  1- 
la^cs ,  que  roii'eieur  peut  tranfporter  en  marchant 
vx  s'y  tw*nant  caché. 

Infi?vMERI£.  Les  oifcliers  donnent  ce  nom  à 
une  cage  d'une  bonne  grandeur ,  doublée  en  defTus  , 
au  fond  &  des  deuxcôiés,  d  une  fcrgc  épai/Te  rouge 
ou  vc;rte  ,  pour  qu'elle  ne  rtçoive  du  jour  que 
par  le  devant.  Les  barreaux  cie  cette  ca^c  (ont 
taiisde  petit  ofier  &  non  de  fil-d'archal /qui  eft 
toujours  froid.  On  place  cette  cage  au  folell  ou 
dans  un  t.iJrùit  oîi  il  y  a  du  feu.  Cc:'t  la  qu'on 
rct'.re  les  fcrii^s  ^  au;res  petits  oifeaux  malades 
dont  on   veut   prendre  fom. 

Lacet  ;  nom  d'un  piège  qv.'on  fait  avec  un 
petit  co.-de.;u  ou  lignjtte  qui  preiid  le  {r.ibier  par 
■e  C(/l ,  au  niuy'ji:  à  un  La-ud  cuulaiii.  q  ^e  l'oi- 
f.^eiir  te-r:iie  en  liâ'anc  lextrénii^é  de  c«tie  U- 
gneîte. 

LaiTuE;  (î;raine  d^)  c'cft  la  fcmctice  d'une 
h.erbc  p'u;  gère.  If/iît*  clt  pîite,  longue  yc:  d*uiu;!is 
de  perle.  On  en  donne  qi.eîquctcis  aux  il- 
lin'. 

Linotte  ;  p^tiî  oifeau  de  chant.  !l  y  en  a  piu- 
fuurs  tfpèces  en  Fr«nce.  Les  ))".ùs  cc.r.niUMes 
(">iit  la  l..:^tte  di.  frtjr::4piL ,  &  la  !if.o'.:^  Je  \'rnt\ 
Cw*l  e-ci  a  IVftomac  rouge ,  tji  c'cd  ia  îik;s  cfi:- 
mé^  à  cu^fe  lie  f^^a  charii. 

Cn  Ls  pre.d  :i  l'âLi-juvoir  a",  c:  des  £L:.iux , 

Lowiot;  [ciito^fcru  dj  passée  qui  aime  beau- 
coup Icj  iiult^  rOLi^o   Lx    il  iA>ydiix. 

On  ch.iffe  le  lo.i;t  au  i'ufil  ;  on  les  prend 
»!;x  glutzux  y  i<.ux  l'^iiiuurcs  ,  aux  rjei^  ,  aux 
edL'fs. 

Maillzs:  i  rpric::s  cn  lofii-^cs  ou  cn  carré», 
qui  font  tt-iiri.'s  j>  ir  les  h>.  oes  liltis, 

Maillù  ,  pe.dîca::  ;  ce  le; m;;  Te  dit  dr.  pitdieûu  » 


390 


O  I  S 


(juand    fon  plumtige  devient  moucheté  de  petites 
taches   de  couleur  plombée. 

Marchette  ;c'c{1  ,  d;)nsun  plége ,  le  pérît  baron 
ou  l*cfpacc  fur  lequel  roif^au  doit  fe  por^r  pour 
faire  partir  la  détente. 

Mare  ,  marcha  ,  ou  marckai\  nom  que  les  otfc- 
lier$  danncDt  à  des  trous  remplis  d*eau ,  &  qui 
fervent  d'abreuvoir»  que  Ton  garnit  de  gtuaux 
pour  prendre   les  oifeaux, 

MARTïNp-cHUR;oifeaudoRt  le  plumage eft  d'un 
beau  bfeu,  &  qui  a  les  ailes  courtes,  li  vole  ra- 
pidement fur  la  fuperficie  de  Tcau  pour  attraper 
de  petits  poiflbns»  li  fe  prend  aifèraent  aux  §iuaux 
éi   aux   raquettes, 

MARTi?f ET  ;  efpèce  d'hirondelle  dont  le  vol  e(l 
très-rapide, 

M\UVIS,  ou  mauviette  \  nom  donné  ^  l'cfpècc 
la  pîus  commune  à^ahuette  ^  dont  la  th^tr  eft 
délicate.  On  en  prend  aux  nappe <^  au  traintau^ 
aux  collets  y  â   la  ridée  ^  au  muoir. 

Merle  ;  oifeau  de  la  gro^eur  de  la  grive.  Les 
uns  ont  le  bec  noir  ^  d'autres  Tont  jaune»  On 
en  élève  quelquefois  en  cage  ,  &  on  leur  ap- 
prend à  fïtfier  &  à  dire  quelques  mots* 

On  prend  les  merles  aux  ahrewvaïrs^  aux  w- 
quettes  ^  zvii.  rejets^  au*  colletî. 

MÉSANGE  ;  petit  oifeau  dont  il  y  a  plufieurs 
cfpèces.  Les  plus  communes  font  /tJ  nonnenes  ou 
^raidei  méfangcs  ,  les  mèfanges  â  longue  guette , 
&  les  mefa,iges  bleues* 

On  prtnd  ces  me  fanges  à  la  pipée. 

M ÉSAN CETTE  ;  piège  quon  ter.d  aux  méfanges. 

MiLLfT;  c'cft  une  menue  graine  blanche,  plus 
f^roflfe  Ôc  moins  ronde  que  la  navette  :  on  en 
donne  aux  ferins  &  autres  petits  oifcaux. 

Miroir  ;  înllrument  propre  à  faire  h  chafTe  aux 
allouetrcs ,  en  les  attirant  par  le  brillant  de  plu* 
fieurs  morceaux  de  glace  montés  fur  une  petite 
machine  à  reiTort. 

Miroir;  nom  gu*on  donne  à  la  fiente  des 
Bécaffes  ,    Ôf  qui  tait  connoîrre  leur  pafTage. 

Moineau  FRANC  ;  oifeau  fort-commun  ,  qui 
s'apprivoîfe  aifcment.  Il  eil  rrés-hat^l» ,  très  dcf 
truâeur  de  grains ,  &  fon-lafcif.  On  en  prend 
aux  tnbuchets ,  uux  nappes ,  6£  dans  les  pots  à 
trtûineaux^  ou  pots  de  terre  qu'on  artachc  aux  murs 
des  m^ifons^  &  ou  ils  viennent  ûire  leur  nid» 

Moquette;  oifr;au  vivant  qu'un  attache  à  un 
pîcge  pour  y  attirer  les  ^-lurres  oifcaux. 

Morille,  on  morûlon  ;  oi'eau  d^eau  qui  vient  ni- 
cher fur  les  bords  dcç  ét^gs.  *^a  <harr  cftHonne: 
on  lui  fait  la  chafTe  avec  la   vache  an'ifi.u  le. 

MuE^mala'iîe  drs  ferins  &  autres  oifeaux  lorf- 
^uMs  vh  ipg-nt  de  plumes* 

Mvr.rr.  Les  ©if^Hers  nomment  ni  au 


o  I  s 

qui  provient  d'un  mile  on  d'une  femelle  sccott- 
plée  avec  un  oifeau  d'efpèce  d^Serentc,  cotntue 
une  fcrîne  avec  un  chardonneret. 

Nappe  ;  nom  que  Von  donne  à  un  filet  d'une 
cettaine  grandeur. 

Napfiste  ;  celui  qui  fe  fert  de  nappef  pour 
chaifcr. 

Navette  ;  petite  graine  ronde,  venint  d'un» 
plante  du  màme  nom.  Ceft  celle  qui  eft  li  pliit 
néccHaire  pour  la  nourriture  des  ferins. 

Nichée*  On  nomme  ainfi  un  certain  nombre 
d'oifjaux  trouvés  d»ns  le  même  nid, 

Nichoir;  caj^e  propre  pour  mettre  à  couven 
des  lerias  &  autres  oifeau x. 

Oiseleur  ;  c*eA  le  nom  particulier  de  celui 
fait  la  chaile  aux  oi féaux. 

OlsiLiER;  marchand  d^oifeaux  qui  en  élève  & 
qui  en  fait  commerce. 

Oi^iiLLON  ;  ûifeau  de  la  plus  petite  efpèce. 

Ortolan  ;  petit  oifeau  rechercha  k  caufc  â^ 
la  delicatâCTe  da  fa  chair.  Il  eft  a^fcz  fcmblabl;  atl 
verjier  jaune.  Son  bec  cft  court,  rougcà.re  dant 
le  maie;  fa  gorge  6c  fa  poitrine  font  ccadrée^; 
le  de0ous  de  fon  corps  eil  roux.  Il  y  a  beaucoup 
de  ces  oifeuux  dans  les  provinces  miridicmales« 
fur  tout  en  Gascogne. 

Panaché  ;  ifcnn)  c'eft  un  ferindont  le  plyma- 
ge  a  différentes  couleurs  très-variées, 

Pannier  i  petite  niche  en  oficr,  que  Voa  acero* 
che  dans  les  cisges  ou  volières ,  afin  que  lei  oitcust 
puiiïcnt  y  faire  leur  nid, 

Pantiere  ;  efpèce  de  filet  propre  à  prendre  lei 
l^écaHes  à  leur  palTage. 

Passage;  {oi féaux  Je)  c*eft  rc<p<-ce  def  oifcatts 
qui  ne  reilem  pas  toute  Tannée  dirs  la  même 
contrée  »  doù  ils  s'éloîgnem  à  rapproche  de 
rhîver. 

Paumille;  machine  ï  laquelle  oo  atncbe  ira 
oifeau  vivant  qui  fait  Tappel  «  ik  quon  no 
moqtiette 

Peait  cassée  ;  (/.a)  nom  que  les  oifclei 
k  une  forte  de  miiaiiie  particulière  aux 
chant ,  fur-tout  auît  ferins  »  &  qui  efl  une  cxtrotbOA 
de  voix  ordinairement  à  la  fuiîc  de  Ictir  mue. 

Perdreau;  c^eftle  petit  d'une  perdrix  On  te- 
connoit  le  perdreau  i  une  nuance  blanche  qui  ^i 
trouve  au  bout  de  chaque  plume  de  fcs  ailes,  I 
fon  front  eft  garni  de  petites  plumes  mégales  cr»« 
dies. 

Pic  i  nom  commun  à  tousles  oifeaux  qui  cr^ 
fcnî  les  arbres  en  Ici  piquant  avec  force.  Il  ;^ 
deux  efi^èjcs  fort  diltina;:s,  qu'on  nomme  ^ t^-vr-^ 

&   p'fC^rouf-e, 

PtE  i  oiftau  dont  le  plumage  eft  blanc,  noir  ^ 
violet:  (4  q^ieue  tft  fort  longue. 

On  les  chaiTe  à  la  glu  ,  &  avec  le  coUcc  à  refi 
fort. 


O  I  s 

VuGRiteHE  ;  oifeau  de  Ij  f,ro(Teur  de  Tdouette. 
Upîe-griéche  a  de  chaque  côté  du  bec  trois  ou 
<|uatre  poils  en  forme  de  mouflache.  Il  2.  un  cri 
frefque  continuel  &  fort  ennuyeux. 

Pigeon  ramier  ;  c'eft  un  pigeon  fauvage  ap- 

richaat  du  pigeon  domeilique.  Il  aime  les  bois , 
s'y  perche.  On  le  chaffe ,  ou  on  en  approche 
avec  la  vache  aniJiVulle, 

Pince  d'elvafki  ;  c'eft  un  piégc  inventé  par  El- 
▼aski,  qui,  au  moyen  d'une  détente ,  pince  les  oi- 
iêaDxpar  les  pattes   ou  p«r  le  col. 

Pinçon  ;  oifeau  dont  on  diAingue  deux  efpèccs  ; 
celle  dite  ^ardcnncy  &  celle  dite  de  montamc.  Ces 
oifeaiu  fe  prennent  en  grand  nombre  à  la  pipée  , 
■  aux  raquettes  ,  aux  trébuchets. 

Pipeau  ;  infiniment  à  piper. 

Pipée  ;  c'efi  une  cabane  de  feuillage  ,  ou  tout 
autre  endroit  préparé  pour  prendre  des  oifeaux  en 
pipant. 

Pipée  ;  c'efl  imiter  le  chant  ou  le  cri  des  oi- 
seau,  pour  le>  faire  venir  dans  le  piège. 

Plantin  ;  (  graine  de)  petite  graine  qui  vient 
dTuoe  herbe  en  forme  d*épi  de  bled.  Les  ferins  en 
font  fan  avides. 

Plongeon  ;  oifeau  aquatique  ou  efpéce  de  ca- 
Bird  qui  plonge  dans  Teau  »  6l  s'échappe  ainfi  à 
l'approche  du  chaiTeur. 

Pluvier  ;  oifeau  de  pafTage  ,  fort:  de  canard 
tarage ,  dont  on  diAingue  pl^fieurs  efpéces ,  fa- 
W,  les  pluviers  verds  ,  les  pluviers  gris  ,  les 
pbtvUrs  criards  y  les  pluviers  dorés. 

On  s'approche  des  pluviers  avec  la  vac/is  arti- 
fàelle. 

Poule  d'eau  ;  oifeau  aquatique  de  la  gro/Teur 
tfun  pigeon  ,  ayant  de  hantes  pattes ,  un  plumage 
*»«',& une  queue  fsmblable  à  celle  d'une  poule. 

Peoyer  ;  oifeau  de  padage  un  peu  p!iîs  g-^or. 
Vunt  alouette,  &  du  même  plumage.  li  (c  piaît 
^i  les  prés  &  au  bord  des  ruiiîeaux.  Son  cri  lui 
*  &it  donner  le  nom  de  dnu\ 

Queue  rouge  ,  ou  rou^e-qucue  ;  oifeau  <îe  paf- 
.^c  de  h  groflfeur  d'une  gcrgc-.  ri^ge ,  avec  liquelie 
"*  quelque  reffembbncc  :  fa  chair  tfl  dclicr.tc. 

IUfle  ;  forte  de  filet  entrciriaillé,  avec  lequel 
^^  fait  la  chafTe  aux  oifeaux  pendant  la  nuit. 

Haie  ;  efpéce  d'oifeaux  du  genre  des  cailles. 
^n  difiingue  les  raLs  de  terre  &  les  râles  d\au, 

li*ane  &  Tautre  efpèces  ont  ce  la  peine  à  voler. 

Ramage  ;  c  cft  le  chant  raturcl  des  oifeaux. 

Raquette;  piège  à  détente  ,  dans  lequel  Poi- 
reau crt  pri«i  pir  les  pnt:es. 

Réclame  ;  nrm  q;:'on  donne  aux  appeaux  qui 
*^rvent  aux  oifclcurs  pour  app^-lcr  ou  réclamer 
^naines  cfpécer»  d  oi'.eai'x. 

Rejet;  l'crt::  de  piiJgi  qu'on  tend  crdinairc- 
licnt  aux  bécallcs. 


o  i  s 


391 


Remise  ;  lieu  touffu  où  le  gibier  ai  coutume  de 
fe  retirer. 

Repuce  ;c'eft  le  nom  d'ane  cfpècc  de  collet  ou 
lacet ,  dont  on  fe  fert  pour  prendre  les  oifeaux. 

Roitelet  ;  très-petit  oifeau  dont  le  chant  cft 
agréable ,  &  le  plumage  varié.  Il  y  a  une  efpéce 
de  roitelet  portant  une  huppe  jaune  fur  la  tète  , 
&  une  autre  effjècc  dont  le  plumage  reflemble  à 
ce'ui  de  la  bécalTe. 

Rossignol  ;  oifeau  bien  connu  par  la  mélodie 
de  fon  chant  nature!.  Le  rojpgnol  jranc  efl  de  tou- 
tes les  efpèces  de  roifignols  ct:lui  qu'on  préfère. 

Roucoulement  ;  c'eft  le  chant  naturel  & 
plaintif  de  la  tourterelle  &  du  ramier. 

Sabot  ;  c'eft  une  petite  niche ,  foit  en  bois ,  foit 
en  ofier,  que  Ton  accroche  dans  les  cages  ou  vo- 
lières ,  afin  que  les  oifeaux  puident  y  faire  leur 
nid  pour  couver. 

Sal^gre  ;  nom  d'une  pâte  compofée  de  grai- 
nes de  millet,  d'alpi/le  &  dechcnevis,  &  pétrie 
avec  du  {z\  &  un  peu  de  terre  gra/Te  que  Ton  fait 
fécher  au  four.  0 1  en  donne  au  lerin  quand  cet 
oifeau  perd  l'appétit. 

Serin  ;  petit  oifeau  aimé  &  recherché  par  fon 
chant  &  fon  plumage ,  qui  vient  originairement 
des  îles  Canaries ,  îles  de  l'Océan  proche  l'Afri- 
que. 

Serin  plein.  Les  cifeliers  appellent  aînfi  le  /r- 
rin  dont  Tefpèce  eft  dans  fa  plus  grande  perfec- 
tion par  la  régularité  &  l'éclat  de  fon  plumage. 

Serinette  ;  efpéce  de  petit  orgue  qui  fc  jouo 
par  le  moyen  d'une  manivelle  qu'on  tourne  éga- 
lement julqu'à  ce  que  l'air  noté  fur  le  cylindre 
ou  le  tambour  foit  fini. 

Tarin  ;  oifeau  fort  commun  en  France ,  quoi- 
qu'il foit  oifeau  de  paiTage.  11  a  un  ramage  a^Tez 
agréable  ,  &  un  plumage  verdârre  &  varié.  On 
r;.;coiîp-e  qucliuefojs  avec  des  ferines. 

Tendue  ;  nom  qu'on  donne  à  un  canton  où 
l'on  a  rendu  d^^s  pièges  pour  attraper  des  oife«ux. 

Tic  ;  maladie  de  ferin  qui  vient  à  cet  oifeau 
îorfq-.î'cn  voulant  le  prendre  il  s'effarouche  ,  &  fai; 
i\n  bruit  fcnibiable  à  celui  d'un  doigt  en  i'alon- 
gcant. 

TiR\s.«;:i  ;  nom  d'nn  erand  filet. 

l'iRAS'^v.a;  c'cll  chaffer  aux  oifeaux  en  fe  fer- 
vant  d'iir.::  tinij}'.\ 

TOTICOL  ;  oifer.u  de  la  groffeur  de  l'alouette  » 
&  que  Ton  confond  avec  Vortolan  ,  dont  il  ap- 
pro  r.;:  p'r  h  fîîllcrt^fi'c  d-i  fa  chair,  mais  dont  il 
diffère  par  fa  langae,  qui  fe  termine  en  une  pointe 
oiTcufc. 

TounTERFLLE  ;  oife?.u  approchant  des  pigcors , 
rïK'.is  (i'iinc  forme  plus  dé'iicate  &  plus  élégante. 
Il  a  un  roncculf.ment  amour^nx  &  pl.-iintif. 

Traîneau  ;  c'cH  un  grand  fiiet  k'ger  ,  dent 
i'oifelcur  fe  lert  pour  prendre  do  pctirs  oiroaux. 

Traquer  ;  c'cft  battre  les  buiffons  ,  les  arbres, 
ks  prcs,  pour  en  faire  partir  les  oifeaux. 


3fa 


O  I  S 


Trébuchets  ;  plufieurs  fortes  de  pîéges  dref- 
fés  pour  prendre  des  oifeaux. 

Vache  artificielle  ;  c'eft  une  enveloppe 
iffiitant  une  vache  »  fous  laquelle  IVifeleur  peut 
tpprocher  les  olfeaux  fuyards. 

Vanneau  ;  efpéce  de  canard  fauvage  de  la 
grofleur  d'un  pluvier ,  très -fuyard ,  8c  qu'il  eft  très- 
difficile  d*approcher. 


o  I  s 

Verdier  ;  petit  oifeau  dont  le  plumage  eft  ^erd. 
On  en  prend  faciUmenc  dans  les  abreuvoirs  ^  à  Ja 
glu  &  aux  raquettes. 

Volant  ;  liom  qu'on  donne  au  pliant  d*un  filet 
qu'on  ajuAe  le  long  d'un  ruifleau  pour  prendre 
des  oifeaux. 

Volière  ;  c'eA  une  grande  cage  ou  Ton  Biec 
pluûeurs  oifeaux. 


OLIVIE» 


I 


O  L  I 


O  L  I 


393 


OLIVIER,    ET  L'HUILE   QU'ON   EN  TIRE. 

(  Art  concernant  F  ) 


i*0  Li  VI I  it  eft  un  arbre  fécond  qui  croit  atbon- 
«laramenten  Provence,  en  Languedoc ,  en  Italie, 
en  £iî?3gBe. 

On  compte  plufieurs  efpéccs  d'oliviers ,  dont  la 
bolopart  ne  font  que  des  variétés.  Cet  arbre  dç- 
^Krient  plus  ou  moins  fort  &  beau  fuivant  b  na- 
Hfore  àcs  fols.  Les  terres  légères  &  chaudes  font 
^■Itir  *  lout  favorables   à  la  bonne  qualité   de   fes 

^     Les  fleurs  de  Volivier  font  de  petits    twyaux 

tris  -courts  div^fès  par  !c  bord  en  quatre  panits 

OvaWs.  Aux  iîecrs  fuccedent  les  olives  *  qui  font 

tics  fruits  charnus,  ovaits ,  plus  ou  moins  longs, 

&  plus  ou  moins  gros ,  fuivant  les  efpèces.  Ils  con- 

netinent  un  noyau  fort  alongé,  irés^dur,  qui  ic  > 

ferme  deux  femences ,  mais  dont  il  y  en  a  lou- 

'|0uri  une  qui  avorte. 

Lcb  feuilles  de  cet  arbre  font  entières  ,  non  den- 
isttts, unies  ,  épaifies,  dures,  &  oppofées  dey< 
«ux  fur  les  branches.  Elles  ne  tombent  point 
tevcN  Ce»  feuilles  font  longues  ou  courtes ,  i^ji- 
Im  refpèce  d'olivier. 

Us  ntviers  fc  multiplient  aifément  de  drageons 

fïîNcinés»  qui  donnent  du  fruit  au  bout  de  huit  ou 

''Tf  ins  quand  ils  ont  été  greffés.  On  greiTe  furies 

^hcce»  médiocres  les  oliviers  qui  donnent  Thnile 

j  plui  fine  ,  comme  ceux  qui   fourniffcnt  abon- 

^^tnmcm  des  ftuits.  La  greffe  des  oliviers  do't  fe 

^*»re  à  la  poufTc  lorfqu'iîs  font  en  fleur  ;  mais  fi 

'<>o  1  tarde  ,  &  que  les  arbres  aient  du  fruit ,  on 

^0»!  alors  enlever ,  au-deiTus  de  lecuîTon  le  plus 

^^evé,  un  anneau  décorce  de  deux  doigts  d^lar, 

f^lîr:dans  ce  cas,  les  branches  ne  périment  point 

|*^n$  h  première  année  de  la  greffe,  elles  nour- 

JI*T^^  le  fruit ,  &    on  ne  retranche  les  hrar.ches 

tT*aaïi  printiimps  fuivant, 

h'.s  otiviers  font  ordinairement  plantés  en  quîn- 
^ncçs  6t  par  rangées  fort  éloignées  les  unes  des 
^trcs.  Tout  Tart'de  la  taiUe  de  ces  arbres  confiilc 
^  les  décharger  de  leur  trop  de  bois  ,  qui  fe  mul- 
i^^ic  toujours  aux  dépens  des  fruits.  Mais  en  gé- 
l^'^nesolîvters  ,  ainfi  que  quantité  d^autres  arbres 
*^iiKrs,  ne  donnent  abondamment  du  fruit  que 
'  '^lis  Ici  deux  ans. 

Uboii  d  :  rolivier,  fur  tout  celui  de  fes  racines  , 
totït  travaillé  par  rébénifte  ou  par  le  tourneur  , 
tfrc   qucîqucfijis  des  deffins  agréables    par  leur 
Aru  &  Métiers.  Tome  K  Partie.  Il, 


régularité  &  même  par  leur  bifarrerie.  On  en  fak 
des  tabatières,  qui  deviennent  rmguliéres  par  la 
richeffe  des  veines  de  ce  bois. 

Quant  aux  fruits  de  Tolivier,  on  en  tire  avan* 
tage,  foïi  pour  la  table,  foit  par  Thuile  qu'ils  ren- 
dent fous  la  prelTe* 

Lorfqu'on  veut  garder  les  olives  pour  la  table  » 
il  faut  les  confire,  &  pour  cela  les  ciieiUir  dans 
les  mois  de  juin  ^  de  juillet,  long -temps  avant 
qu*elles  foient  mûres. 

L'art  de  confire  les  clives  confifte  à  leur  faire 
perdre  leur  amertume ,  à  les  confcrver  bien  ver- 
res, &  à  les  imprégner  d'une  fuumure  de  fel  ma- 
rin aromatifée,  qui  leur  donne  un  goût  agréable- 

Il  y  a  djfférens  procédés  pour  faire  cette  pré- 
paration. On  fe  fervoii  autrefois  d*un  mélange 
d'une  livre  de  chaux  vive,  avec  fut  livres  de  cen- 
dres de  bois  neuf  tamifées.  Depuis  quelque  temps , 
au  lieu  de  cendres  ,  on  n  emploie  que  leur  lef- 
five*  Cefl  un  moyen  de  rendre  les  olives  plus 
douces  Sl  moins  malfaifantes. 

Mais  la  méthode  la  meilleure  &  la  plus  ufitée 
eft  la  fui  van  te  : 

Dés  qu'on  a  cueilli  les  olives,  on  les  fait  trem- 
per quelques  jours  dans  l'eau  fraîche,  d'où  ©n  les 
tire  pour  les  remettre  dans  une  autre  eau  ou  il  y 
a  de  la  foude ,  des  cendres  de  noyaux  dV.ivcs 
brilles ,  ou  de  la  chaux,  De  cette  féconde  eau  on 
les  paffe  dans  une  f.iumurc  faite  avec  de  Teau  Se 
du  fel.  On  les  met  cnfuitc  dans  de  petits  barils, 
fur  kfquels  on  verfe  de  rcffence  de  girofle ,  de 
canelîe ,  tlecoriinde  ,  ou  de  fenouil,  pour  leur  don- 
ner une  faveur  agréable. 

La  compofuion  de  cette  cffence  #/l  une  cfpèce 
defecretque  gardent  avec  foin  ceux  qui  confifcnt 
les  olives. 

Mais  quelques  effaîs  auront  bientôt  appris  cette 
recette ,  qui  confifle  dans  les  dofes  &  dans  la  pré- 
paration ou  combinaifun  des  drogues  de  et  ne  ef- 
fence. 

Le  premier  qui  a  inventé  la  manière  de  préparer 
ou  faler  les  oUves  ,  fut,  dît-on  ,  un  nommé  Picho- 
î'tnt^  Italien.  Sa  midiodc  s'eft  infenfibicmcnt  pcr- 
ftûionnée. 

On  dlftingue  trois  efpèces  d'olives  confites  bon- 
nes à  manger.  Celles  de  Vérone  ,  eftimces  les  meil- 
leures i  celles  d'Efpagnc ,  groffes  comme  un  œuf 
d«  pigeon,  font  d'un  vetd  pâle,  d'un  goiu  un 
^^  Ddd 


394 


O  L  I 


peu  amére  »  &  moins  fortes  que  celles  d^Egypre  , 
qui  font  ordiflairement  de  la  grofleur  d*une  noix. 
Celles  de  Provence  font  de  diverfes  grofleurs. 

Las  picholines ,  ou  celles  qui  font  les  plus  grofCcs , 
qu*on  nomme  orchites  ou  plant  de  laurin  ,  font 
plus  exquifes  que  les  autres ,  mais  elles  rendent 
beaucoup  moins  d'huile. 

Il  eil  encore  affez  d'ufsge  en  Provence  de  reti- 
rer y  au  bout  d'un  certain  temps ,  les  olives  de  leur 
faumure.  On  en  oie  le  noyau  »  on  met  à  fa  place 
une  câpre  ,  &  Ton  conferve  les  olives  dans  d'ex- 
cellente huile  :  ce  fruit  ainfi  préparé  excite  beau- 
coup Tappétit. 

Quand  les  olives  font  parfaitement  mûres  »  elles 
font  molles  &  d'un  rouge  noirâtre.  On  les  mange 
alors  en  les  affaifonnant  feulement  avec  du  poivre  , 
du  fel  &  de  l'huile ,  pour  corriger  leur  âcreté  na- 
turelle* 

Quand  les  olives  font  en  parfaite  maturité ,  on 
en  tire  par  exprefHon  une  huile  excellente. 

On  exprime  l'huile  des  olives  par  le  moyen  des 
preffes  ou  moulins  faits  exprés. 

Cette  huile  eft  fans  contredit  le  revenu  le  plus 
certain  qu'on  puiiTe  fe  promettre  dc;s  oliviers;  fa 
bonté  dépend  de  la  nature  du  terrain  où  croiflent 
ces  arbres,  de  l'ef^éce  d'olive  qu'on  exprime,  & 
des  précautions  qu'on  prend  pour  la  récolte,  la 
détririon  &  PexprcfTion  de  ces  fruits  ,  &  même  de 
la  féparation  de  la  partie  extraélive. 

Les  olives  qui  ne  (ont  pas  mûres  ,  laiflent  ^  l'haile 


Lorfqu'on  eil  dans  une  pofition  favtrable»  on 
s'attache  à  cultiver  les  tfpéces  d'oliviers  qui  four- 
nirent des  huiles  fines  ;  autremwnt  on  cultive  d'au- 
tres erpèces  l'oliviers  qui  pourront  donner  beau- 
coup plus  de  fruits  ,  mais  dont  on  ne  retirera  qu'une 
huile  forte  pour  les  favonneries  ou  pour  les 
lampes. 

Verdies  mois  de  novembre  &  de  décembre, on 
Élit  la  cueillette  des  olives  dans  leur  plus  grande 
maturité,  c'eft  à-dire,  lorfqu'cltcs  commencent  à 
rougir.  Le  mieux  eft  de  les  mettre  auffi  -  tôt  dans 
des  cubes ,  &  de  les  exprimer  tout  de  fuite  dans 
le  preflibir,  ou  moulin  fait  txpiès,  afin  d'en  re- 
tirer une  huile  bien  fine  ,  qu'on  appelle  huile 
Vierge. 

Ceux  qui  ne  font  de  l'huile  que  pour  les  favon- 
neries, les  bliïcnt  ertaflées  pendant  quelque  t^mos 
dans  des  greniers.  On  les  exprime  cnfuire ,  &  de 
cette  manière  on  en  retire  une  plus  grande  quan- 
tité d  hui'e. 

Ceux  qui  recueillent  les  olives  dont  on  fait  ufage 
dans  les  alimens,  les  laiiïenr  aufTi  quelquefois  fer- 
menter en  tas ,  dans  la  vue  d'en  tirer  une  plus 
Ijrandc  quantité  d'huile ,  ce  qui  eft  caufe  que  l'huile 
fine  cil  toujours  très    rare. 

On  doir  avoir  foin  de  laiffer  dépofeç  l'huile  pour 
Â-avâir  dans  fa  pureté. 


o  L-l 

L*huîle  produite  par  la  chair  feule  des  ofira; 
a  toute  la  perfeâion  qu'on  peut  dèfirer  ,  8t  {ècbo- 
ferve  pendant  plufieurs  années  ;  tandis  qae  celle 

!|u'on  tire ,  foit  des  amandes  feules ,  (bit  du  noyau, 
oit  enfin  de  la  totalité  de  ToUve  broyée  ï  Por- 
dinaire  dans  des  moulins  publics  «  eft  toujours  |to 
ou  moins  défeâueufe.  Elit  perd  fa  limpidité  an 
bout  d'un  certain  temps ,  &  devient  très  -  fujctte  à 
fe  rancir. 

On  doit  auflî  avoir  Inattention  de  tenir  l'huile 
dans  des  vafes  bien  fermés. 

La  fece  d'huile  foutirée  avec  le  noir  defiinée, 
fert  à  forn[itr  une  efpéce  de  cire  pour  drer  b 
cuirs  noircis. 

L'huile  d'olive  eft  rarement  employée  pour  la 
peinture  ,  parce  qu'elle  ne  fé.Iie  jamais  parfaite* 
ment  bien. 

En  combinant  l'huile  d'olive  a^ec  la  foude 
d*alicante  &  la  chaux  vive ,  on  £ait  le  meilleor 
favon. 

Outre  la  Provence  ,  le  Languedoc,  &  la  côte 
de  la  rivière  de  Gènes  ,  où  fe  recueillent  les  meil- 
leures huiles  d'olive  ,  il  s'ca  fait  encore  en  quan- 
tité ,  mais  de  moindre  qualité  ,  dans  le  royaume 
de  Naples,  dans  la  Morée,  dans  quel<|nes  iles  de 
l'Archipel ,  en  Candie ,  en  quelques  lieux  de  la 
côte  de  Barbarie ,  dans  l'île  de  Majorque ,  &  datt 
quelques  provinces  d*^fpagne  &  de  Portugal 

Mais  les  huiles  d'olives  les  plus  fines  &  te 
plus  eflimées ,  font  celles  des  environs  d'AiXyde 
GraiTe  &  de  Nice  ;  celles  d'Aramont,  &  cdki 
cl  Oneitte,  petit  bourg  des  états  de  Savoie  fnr  ks 
côtes  de  la  rivière  de  Gènes, 

Huile. 

On  tire  par  exprefifion  de  l'huile  dediver(beP 
péces  de  graines  &  de  fruits. 

Nou»  avons  déjà  parlé  des  huiles  qu*on  exprime 
de  la  navette ,  du  colfa ,  des  noix ,  des  olives. 
Nous  revenons  fur  ces  objets ,  pour  entrer  plus  pa^ 
ticulièrement  dans  les  détails  de  l'art  d^expniner 
&  d'obtenir  de  1  huile  en  général. 

Lhuile  eft  un  fluide  d'un  ufaee  aufi  andeii 
qu'utile.  Les  Grecs  attribuoient  à  Minerve  la  dé- 
couverte de  l'olivier,  &  de  Fhuîle  qu*on  en  re- 
tire. On  voit  dans  -l'écriture  fainte  que  Jace* 
VLrfà  de  l'huile  fur  le  monument  qu'il  avoitérigi 
à  Kéthel,  peur  perpétuer  la  mémoire  du  fongt 
qu'il  y  avou  eu. 

Les  Egyptiens  difoient  que  Mercure  leuravoit 
enfeignéla  cuhure  de  l'olivier ,  &  les  moyens  d*eo 
ex  rimer  Thuile. 

Il  n'cft  donc  pas  douteux  que  les  plus  andeos 
peuple^  ont  fu  Tart  de  tirer  Thuile  es  olives; 
mais  il  ne  paroît  point  «qu'ils  e  m  pi  oyaflTent  les  ma- 
chines uficées  de  nos  jours  pour  cette  opéiation. 

Au  rcfte,cet  art  elt  fort  fimple.  Il  f*  réduit  au 
travail  de  la  meule,  fous  laquelle  on  brifc»  t 
l'entrée  de  l'hiver ,  les  olives  ;  à  l'emploi  du  pre^ 


O  L  I 

foirqui  en  exprime  Thuile  pure,    &  à  qudques 
précautions  indiquées  par  Tcxpérience. 

Nous  avons  tîêja  obfervé  dans  le  commence- 
jneflt  de  cet  article ,  qii*on  fait  h  cueiliette  des 
oJives  vers  les  mois  de  covembre  8c  décembre, 
Oncnta/Te  les  premières  cueillies  au  rez-de-chauf- 
fèc  k  peu  de  hauteur  ,   de   peur  qu'elles  ne  s'c* 
chauffent.  On  ôte  routes  les  teuîlks  deFarbrcqui 
l'y  rencontrent  »  parce  qu'elles  donneroient  à  Thuile 
fne  amertume  infiipportable.  On  tire  les  plus  fai- 
tes; on  les  brife  dans  une  auge  circulaire,  fous 
ine  meule  cylindrique  qui  Te  meut  horizonta le- 
nt  dans  Tauge,  fit  qui   eft   attachée  par  fon 
llB  eu  à  un  arbre  tournant.  Cette  auge ,  femblable  à 
(elle  oii  Ton   brife    les  pommes  pour  les  porter 
in  fuite  au  preiToir  à  cidre  ,  fe  nomme  /a  mare. 
Un  ouvrier,  qu'on  nomme  le  Diablotin  *  fuit  le 
avail  du  moulinj,  fif ,  la  pelle  à  la  main  ,  amène 
es    olives  fous  le  pafTage  de  ta  meule,  ce  qu'on 
appelle /^^//rf  U  mtuîc 

Quand  les  olives  font  en  pâte ,  un  autre  ouvrier 
prend  un  [couffin ,  qui  cft  un  petit  fac  à  deux  ou- 
vertures »  tiflTu  d'un  jonc  qu'on  apporte  d'Alicante 
ï  Marfeille  ;   il  emplit  de  pâte  un  de  ces  facs , 
dont  il  tient  Touvenure  inférieure  fermée  en  la 
fourenant  du  creux  de  fa  miin  droite  ;  de  la  gau- 
cb  il  remplit  de   pâte   d olives,  fii  va  pofer  le 
fcouffin   au  prefloir  ;  il  en  empile  plufieuis   Fun 
fiir  l'autre  »    &  les  met  fur  b  maye  ,    efpêcc  de 
pierre  creufée  pour  recevoir  Thuiîe  ,  &  inclinée 
pur  donner   Técoulement  à  la  liqueur.  On  fait 
tourner  la  vis,  &  l'huile  qui  s'exprime  efl  ^kulU 
^ittge:  rhuilc  eft  d'autant  plus  belle  Si  meilleure, 
que  les  olives  ont  été  exprimées  aufii-tôt  après 
avoir  été  cueillies» 

On  met  cette  huile  dans  de  grandes  urnes  de 
Wnc  verniiTéc ,  très-propres,  qu'on  a  eu  foin  de 
livct  à  plufieurs  reprifes ,  d'abord  après  qu'on  a 
retiré  celle  de  Tannée  précédente.  Le  moindre 
oauvais  goût  d'une  urne  fe  eommuniqutroit  à 
toute  la  mafle  de  !a  liqueur  qu'on  y  met. 

On  évite,  autant  que  fa^ire  le  peut,  que  les  ur- 
nes ne  foient  point  expofées  auprès  du  feu ,  & 
Ton  rranfvafe  Thuile  des  premières  urnes  dans 
«laiitres,  pour  mettre  à  part  le  dépôt  qui  relie  au 

Les  perfonnes  délicates  tranfvafent  leur  huile 
trois  ou  quatre  fois  av^nt  qu'elle  fe  gèle ,  parce 
(jue  dans  ce  cas  il  faudroit  attendre  la  fonte  pour 
la  tranfvafer  j  la  faifon  du  tranfport  en  devien- 
droit  plus  critique  &  plus  fujette  au  coulage. 

VhuîU  commune  eft  celle  qu'on  retire  du  marc 

J|ui  refte  dans  les  f couffins ,  en  vet fant  fur  ces 
ICI  affez  d'eau  chaude  pour  en  détacher  l'huile 
tefUe  dans  le  marc. 

Le  fcau  qui  fe  remplît  de  tout  ce  qui  provient 
it  ce  lavage,  eft  porté  dans  un  cuvier,  911,  au 
bout  de  trois  ou  quatre  heures  ,  T huile  fumage  , 
tt  op  on  la  recueille  avec  une  feuille  de  fcr-bbnc 
en  forme  ëe  cuiller. 


o  L  I 


!95 


Si  le  froid  Tcmpèthe  de  monter ,  on  aide  Vo- 
pàration  par  le  moyen  de  quelques  baquets  d'eau 
bouillante* 

Les  réfidus  de  ces  cuviers  s'écoulent  dans  un 
fouterrain  qu'on  nomme  Venfer^  On  en  prévient 
la  putréfaftion  par  des  vifites  réglées  ;  ce  qu'on 
en  tire  efl  VhuiU  d'enfer ,  qui  efl  la  plus  baffe 
forte. 

Ceux  qui  ne  font  de  l'huile  que  pour  les  fa- 
vonneries ,  biffent  les  olives  entaflees  pendant 
quelque  temps  dans  Icyrs  greniers  *  fie  les  expri- 
ment enfuite.  De  cette  manière  ils  en  retirent  une 
plus  grande  quantité» 

Ceux  qui  recueillent  Thuile  dant  on  fait  ufage 
dans  les  altmcns  ,  laiffentauffi  quelquefois  les  oli- 
ves fermenter  en  tas ,  dans  la  vue  de  tirer  une 
plus  grande  quantité  de  liqueur  :  cette  mauvaife 
méthode  eft  caufc  que  Thuile  bien  fine  eA  toujours 
très -rare. 

Le  marc  qui  refte  îorfqu'en  a  exprimé  toute 
rhuilc ,  fe  nomme  grignon  ,  6l  ne  peut  plus  fervir 
qu'à  faire  des  mottes  a  brûler. 

Les  barils  qui  fervent  au  tranfport  doivent  être 
de  bois  neuf,  de  faule  ou  de  chère  blanc  ,  garnis 
de  plufieurs  cerceaux  de  châtaignier.  Un  même 
baril  ne  peut  fervir  pour  deux  envois,  fans  al- 
térer la  qualité  de  fhuile ,  à  moins  que  d'abord  ^ 
aprcs  avoir  vidé  la  première  huile  du  baril ,  on  ne  le 
rempliffe  d'eau  tout  de  fuite ,  &i  qu'on  ne  le  ren- 
voie plein  pour  fervir  a  un  fécond  envoi  :  en 
voici  la  rai(on.  Après  qu'on  a  tiré  d'un  baril  neuf 
toute  l'huile  qu'il  contenoit,  rintérieur  des  parois 
s'en  trouve  imbibé ,  l'air  qui  remplît  ce  vide  def- 
fèche  bientôt  le  peu  d'huile  qui  refte  attaché  aux 
douves,  6e  leur  donne  une  aigreur  capable  d'in- 
fedcr  toute  autre  huile  qu'or  y  mettra  ,  ce  qu'on 
ne  peut  éviter  que  par  la  précaution  indiquée. 

Cette  msrchnndife  eft  fujcite  au  coulage.  Les 
huiles  d'olives,  fur-tout  ics  fines,  s'engrailTent  & 
fe  gâtent  par  une  trop  longue  garde. 

On  reproche  à  certains  marchands ,  qui  vendent 
les  huiles  dans  le  pays  même  de  fabrique ,  de 
les  falfifier  quelquefois.  Non-fctjkment  ils  mêlent 
de  la  lie  dans  l'huile,  mais  i!s  font  encore  accufcs 
d'y  inférer  de  b  décoftion  de  la  plante  du  con- 
combre fauvage,  qai  s'incorpore  avec  l'huile  de 
manière  à  n'en  pouvoir  plus  être  féparée.  Cepen- 
dant nos  faôcurs  établis  à  Mètélin ,  font  très-at- 
tentifs fur  cette  fraude.  Ils  ont  toujours  la  précau- 
tion de  biffer  repofer  fur  un  chevalet,  les  outres 
où  font  les  huiles  qu'ils  reçoivtnt,&  d'en  arrêter 
le  chargement  lorfqu'ils  s'aperçoivent  qu'elles 
coulent  avec  l'eau  fit  la  craffe  qui  s'en  eft  déta- 
chée. 

On  falfifie  auffi  Thuile  d'olive  avec  l'huile  d'œil- 
lette  ou  de  graine  de  pavot  blanc. 

Comme  rhuile  d'œillette  ou  de  pavot  blanc  ne 
s'emploie  que  pour  la  peinture ,  les  commis  aux 
barrières  ont  ordre  de  mêler  dans  toutes  les  ba- 
nques   de  cette    huile  qui  entrent  à  Paris,  une 

Ddd    2r 


."enlroU  .«- chaud  P^^.^^^) 
o(eot  au  {«""^^înttWe  ^e^*;*, Joint  feàtte, on 

Q"*î'^f  ai  eft  cependant 
otdinaires,  ^^  f«P*''LeV«* 

Vautre.  ^^  ^^^,  „op  t^yoas ,  par«..riaue 


"^   .*     ret 


<>''^  '^t  \a  cbatt  <^»;;:-jad»et  »  '^•"--   tfaifoo» 


^    au   dèttVtoVte  '  - 


O  L  I 

il  ,  n^exclm  point  abfolumcnt  Tufagc  de  Pan- 

fico  ,  parce  que  Thuile  qu'on  extrait  des  noyaux 

•infi  que  des  olives  qui  tombent  avant  leur  matM- 

t'ité,   étant   également  bonne  à  brûler  ,  &  mite 

pom  les  fabriques  de  favon ,  &  autres  manufac- 

lufci,  on  doit  ècrafer  le  tout  erifemble  fous  la 

meule  de  Fancien  moulin,  afin  d'en  tirer  le  parti 

le  plus  avantageux. 

A  Hnvention  de  fon  môuUn ,  auflî  ingénieu:i 
«u*uiilc.  M,  Sieuve  a  ajouté  la  manière  de  con- 
KTYCT lliuilc  d'oUve  au  moyen  d'une  éponge  fine 
8c  préparée  ,  qui  a  la  venu  d*attirer  &  de  retenir 
les  parties  crafles  ,  aqueufes  fie  vifqueufes  que  cette 
liqmurc  icqulert  par  la  fermentaiîon  >de  conferver 
fa  limpidité  ,  malgré  fon  agiiation  portée  à  un  cer- 
tain point,  &  de  pouvoir  la  tranvafer  fans  courir 
Tifquc  d*y  mêler  le  dépôt. 

Moyen  de  rtSifitr  l'huile^ 

On  dit  que  pour  ôter  à  une  mauvatfe  huile  fa 
niKidité  ,  &  pour  la  clarifier  ,  il  faut  la  faire 
bouillir,  y  verfer  du  vinaigre  fort  pendant  qu'elle 
kout|  &  récumer  tant  qu*eUe  fe  charge  d'écume. 

Pour  empêcher  V huile  de  fumer. 

Voici  le  procédé  que  Ton  donne  pour  empê- 
cher rhuile  d'exhaler  des  vapeurs  défagréables 
&  nuiûbles.  On  met  dans  un  vafe  de  terre  du 
fd,avec  autant  d'eau  qu*il  en  fsut  pour  le  dif- 
foudre.  On  trempe  dans  cette  eau  falée  une  mè- 
ch^^quca  laiiTe  fécher  ayant  de  la  placer  danslo 
lampe. 

Od  verfeenfuitedans  une  bouteille  de  cette  eau 
ialée  &  de  Thuile  en  même  quantité.  On  lai  Ile 
n^fcr  ce  mélange 

Gla  Élit ,  on  peut  en  verfer  dans  la  lampe.  On 
aara, dit-on ,  une  lumière  claire  fans  fumée  comme 
iifls odeur  ;  & ,  par  ce  moyen  économique»  on  cou- 
kmn  beaucoup  moins  d'huile. 

Toutes  les  huiles  vé^étaUî ,  commes  celles  d'o- 
live, de  noix,  de  navette,  de  lin  ,  d'amandes 
douces,  de  pavot,  &c,  fe  tirent  par  exprefFion. 

On  donne  le  nom  A* huiles  ejfcnûtlks  à  celles 
qu'on  obtient  par  h  dîftiUation  de  !a  cannelk, 
hi  girofle,  du  cédrat,  de  la  lavande,  du  geniè- 
vre ,  &c. 

Oa  a  aufTi  les  huiles  animales ,  comme  celles  de 
bktne,  de  morue,  de  chien  de  mer,  de  che- 
Tal»  de  bléreau,  fcc. 


O  L  I 


39t 


Parle  moyen  ai  la  liqucfafllon  de  toutes  ces 
huiles,  les  unes  fervent  a  éclairer,  &  les  autres 
à  préparer  les  laines  ou  à  corroyer  les  cuirs  : 
quelques-unes  entrent  dans  nos  alimens ,  ôc  on 
en  emploie  d'autres  i  la  peinture. 

Huile  animale. 

On  eft  redevable  à  M.  Blondeau  ,  médecin  k 
la  Chaux-Neuve,  en  Franche-Comté,  de Tinven- 
tion  d'une  huile  animale  quii  extrait  des  abattis 
de  boeuf ,  vache ,  mouton ,  &c* 

Pour  cet  effet,  on  place  trois  chaudières  fur  la 
même  ligne  ,  chacune  fur  fon  fourneau.  Après 
avoir  rempli  la  première ,  qui  efl  plus  grande  que 
la  féconde  &  la  troifiéme  ,  d'abattis  &  d'une  quan- 
tité fuffifante  d'eau ,  on  fait  bouillir  le  roui  avec 
modcrarion  autant  de  temps  qu'il  en  faut  pour 
que  les  abattis  foient  afTcz  cuirs  pour  erre  man- 
gés. Cela  fiîir ,  on  enlève  Thuile  6l  la  graifle  qui 
nagent  fur  l'eau,  &  on  les  jette  dans  une  féconde 
chaudière  dont  l'eau  efl  prête  à  bouillir,  afin  que 
les  parties  glutineufes  &  graffes  aitnt  îe  tï-.mps  de 
fe  diflbudre  &  de  fe  féparer  des  parties  huileufes; 
on  les  laiflTe  pendant  vinet-quatre  heures  &  quel- 
quefois phis  dans  cette  (econde  chaudière. 

Lorfque  les  matières  grofTièrcs  fe  font  préci- 
pitées au  fond  de  la  chaudière ,  on  prend  avec 
une  cuiller  l'huile  qui  furnage ,  pour  voir  fi  elle 
eft  épurée  au  point  qu*i!  le  faut,  ce  que  l'on  re^ 
connaît  a  fa  couleur  jaune  &  claire  ;  pour  tors  on 
la  tire  par  un  robinet  qui  eft  adapté  à  cette  chau- 
dière. 

Dés  que  l'huile  eft  foutîrée,  q^  la  %'erfe  dans 
la  troifième  chaudière  ,  dont  fliuile  eft  aftez  chaude 
pour  que  les  graifles  mêlées  avec  l'huile  ne  puif- 
îent  s'y  figer. 

Vingt-quatre  heures  après  que  ces  matières  y 
ont  été  mifes ,  on  laiffe  refroidir  Teau  ,  alon  la 
grailTe  fe  âge  au-de0'us  de  t'huiîe;  &  au  moyen 
de  trois  robinets  adaptés  les  uns  au-deilus  des  au* 
très ,  on  tire  de  trois  efpèces  d'huile, 

M.  Blondeau  appelle  la  première  ejffence  animale^ 
la  féconde  huile  fupèneure  ^  6c  la  troifième  huile 
animale,  l\  prétend  qi  c  ce  procédé  peut  s'étendre 
aux  abattis  de  toutes  font  s  d'animaux  ^  &  que 
fi  on  fuivoii  cette  pratique  en  faifant  l'huile  de  ba- 
leinc  fîi  d'autres  poifTons,  elle  donneroît  une  lu- 
mière plus  vive  &  plus  belle. 


598 


O  L  I 


O  LI 


VOCABULAIRE. 


Di 


'étritee  Us  olives  y  c*eft  les  pafler  fous  la 
m  eule. 

DÉTRtTOiR  ;  c'efl  un  fort  madrier  cannelé  en  . 
defTous ,  qui  s*einboîte  dans  la  partie  fupérieure  de 
la  caifle  que  renferme  le  moulin  des  olives. 

EhABLOTiN  ;  nom  que  Ton  donne  ,  dans  certai- 
nes provinces ,  à  Touvrier  qui  fuit  le  travail  du 
moulin  où  Ton  ècrafe  les  olives. 

Drageon  ;  petite  branche  qui  fort  d^une  autre 
branche  ,  ou  du  corps  de  Tarbre.v 

Enfer  ;  (  /*  )  nom  que  Ton  donne ,  en  certaines 
provinces  ,  à  un  fouterrain  où  s^écoulent  les  ré- 
fidus  des  pâtes  d*olives  écrafées  fous  la  meule. 

Essence  ;  c'eft  le  nom  qu'on  donne  à  une  fau* 
mure  aromatjfée ,  pour  donner  un  goût  &  une  fa- 
veur agréables  aux  olives. 

Essence  animale  ;  c'eft  la  première  liqueur 
huileufe  qu'on  tire  de  la  décoftion  d'abattis  d'à-» 
fiimaux. 

Grignon  ;  c^eft  le  marc  qui  relie  lorfqu*on  a 
exprimé  toute  Thuile  des  olives. 

Huile;  c^eft  un  fluide  gras  &  onâueux  qu'on 
tire  par  expreifion  de  diverfes  efpéces  de  graines 
&  de  fruits. 

Huile  animale  ;  celle  qu'on  tire  des  animaux 
tels  que  la  baleine ,  la  morue,  le  chien  de  mer, 
le  blereau  ,  &c. 

Huile  commune.  On  nomme  ainfi  celle  qu'on 
retire ,  par  le  moyen  de  l'eau  chaude ,  du  marc  des 
olives  refté  dans  les  facs. 

Huile  d'enfer  ;  c'eft  l'huile  qu'on  tire  des  ré- 
fidus  des  pâtes  d'olives  qui  fefont  écoulées  dans 
4in  fouterrain  nommé  l'enfer. 

Huiles  essentielles;  celles  ^u'on  obtient  par 
la  diftillation  des  plantes  aromatiques. 


Huile  végétale  ;  c'eft  l'huile  qui  fe 
expreffion  des  olives ,  des  noix  ,  des  a 
des  graines  de  lin  ,  de  navette  &  autr< 
taux. 

Huile  vierge  ;  c'eft  la  première  huile 
par  expreflîon  des  olives  écrafées  fous  1 

Mare  ;  (  /^  )  c'eft  l'auge  circulaire  oii  Y 
les  olives  fous  une  meule  cylindrique  qui 
horirontalement. 

Maye;  nom  d'une  efpèce  de  pierre 
pour  recevoir  l'huile  au  fortir  du  moulin  . 
née  pour  donner  l'écoulement  à  la  liqv 

Olives  ;  fruits  de  lolivier.  Il  v  a  u 
les  préparer  pour  les  rendre  agréables  a 

Olivier;  arbre  qu'on  cultive  dans 
provinces  méridionales.  Il  produit  un  (n 
manger ,  ou  l'en  en  tire  par  expreffion  i 
excellente. 

Paître  la  meule  ;  c'eft ,  au  moyen  d*u 
l'aftion  de  ramener  les  olives  feus  le  pa 
la  meule. 

PiCHOLiNES  ;  olives  préparées  &  conf 
une  faumure  aronutifée ,  fuivant  la  méth 
Italien  nommé  Picholîni. 

Ranor  ;  {fe  )  c'eft  lorfque  l'huile ,  p; 
tufté  ou  fa  mauvaife  qualité  ,  contraâe  u 
&  un  goût  défagréables. 

Rouge  noirâtre  ;  couleur  qui  annom 
faite  maturité  des  olives. 

Saumure^,  c'eft  une  faufle  de  fel  marii 
tifèe  pour  confire  les  olives ,  &  leur  d< 
goût  agréable. 

ScouFFiN  ;  petit  fac  de  jonc  à  deuxoir 
&  qu'on  emplit  de  pâte  d'elives  écrafée 


O  RF 


O  R  F 


Î99 


ORFÈVRE,   BIJOUTIER,   PLANEUR. 


(  Art  de  r  ) 


I 


L.  comieni  <îe  parler  d'abord  de  Tor  &  de  Vjr- 
jftw^t  ,  &  de  confidérer  ces  métaux  précieux  dans 
le  rapport  qu'ails  oni  avec  Vslti  de  ïorfévrc-bijotiùcr' 

O  R» 


LV  eft  de  tous  les  métaux  le  plus  parfait  «  le 

pWs  m,iUérable  »  le  plus  pefant  :  un  pied  cube  d*or 

péfc  1 J48  liv.  I  once  48  grains*  Lor  cû  d'un  jaune 

^fillwmôc  éclatant  ,  &  lorfqu'il  efl  pur,  U  n'a  ni 

odeur ,  m  faveur  ;  fa  dureté  efl  moyenne  entre  les 

«iJtics  mcriaux*  mais  fa  dudilitè  cA  i\  grande  qu'une 

*culc  once  de  ce  métal  (  ce  qui  forme  un  volume 

«Ort  petit  )  peut ,  fuivanr  le  calcul  des  phyficiens, 

Ccuirrif  &c  dorer  trés-exaéitfment  un  fil  d'argent 

l<»n|de  444  lieues, 

Ceifc  prodi^  eufe  duéliliïé  s'efl  bien  mintfeftce 
dans  l'art  du  Batteur  d*or ,  que  nous  avons  décrit 
Clans  le  premier  volume  de  ce  diâionnaire  ;  tk 
1*«B  en  verra  de  nouvelles  preuve*  d.ns  Fart  du 


prc'u\ 

^i^t^r  &  jiUur  J'or,que  t-ous  aurons  occ*fion  de 
•*%tfer  i  (on  rang  dans  la  fuit-  d.  ce  dtétionr-airc, 
Gr^endant  Tor  frappé  long-remp^  par  le  nia  teau 
^^uiert  uni,  roidcur  que  Tes  ouvriers  appellent 
^^rmmjfcmtnt  ;  mais  en  le  faifant  chauifLr  juÉqy*au 
x^<iuge  »  et  quon  nomme  rtcure^  on  luxr.nd  toute 
*^  foupleife. 

Quelque  temps  que  Tor  foît  expofé  i  rjftîon 
^*«  laif  ou  de  Tcau  ,  i!  n'en  reçoit  .iiiCune  altéra*. 
^»^n  ;  il  ne  contraâe  jamais  de  roui  le»  qu'à  raifon 
^^smaîiércs  étrangères  qui  s'y  appliquent.  Le  feu 
**^im:  ne  peui  le  détruire.  Si  on  l'y  eupofe ,  il  rou- 
Rit  d\bord  ,  &  lorfqu'il  efl  d'un  rouge  ardent 
^^mme  un  iharbon  allumé  ,  il  ft  fond  auffiiôt.  Le 
^^lifc-i-on  refroidir  »  on  trouve  qu  il  n'a  fouffcrt 
^  lîcun  déchet. 

La  ténacité  des  parties  de  Tor  efl  auflt  beaucoup 
I^Tus  grande  que  celle  de  tout  autre  mcral  ;  un  hl 
^'or  d'un  dixième  de  pouce  de  dtametre,  peut 
Contenir  un  poids  de  ^00  livres  fars  fe  rompre. 

L*or  téfifle  à  Ta  irm  des  plus  forts  diltolvans 
Oimifcs  ;  mais  il  fc  laiiTc  dit!»  udre  par  deux  grands 
fâiffolvius  compofès.  L'un  <-ft  le  mè'angc  des  aci- 
de» nitreax  ^  manns»  que  les  ch^mifles  ont  nommé 
t#ji  régale  »  à  caufc  qu'elle  dinou  ce  roi  des  mè* 
tatu  ;  l'autre  efl  U  combinaifun  de  Talkali  ^x^ 
tircc  te  iùvXtti  connu  fous  le  nom  dcfotc  difoufir, 


Au  refte ,  l'or  ne  reçoit  aucune  altération  cflcn- 
tîelle ,  même  de  fes  didolvans  ;  on  le  retrouve  tout 
entier  en  poudie  dan^  les  pridpiiis  ,c'eft-à-dite, 
lorfqy'on  le  dégage  des  acides  qui  le  cenoi.nc  en 
diiTolution, 

Les  principaux  ufages  de  Tor  font  connus  ;  on 
fait  quelle  cil  Ion  utilité  pour  la  moniioie  &  les 
médailles  ;  on  l'emploie  dans  une  ic«fînité  d'orne* 
mens  »  à  caufe  de  fon  éclat»  de  fa  beauté  &  de  fon 
inaliérabiliié.  Van  du  doreur^  que  nous  avons  pré* 
fente  dans  le  tome  II  de  ce  dictionnaire ,  fait  ap* 
pliquer  Ter  fur  un  grand  nombre  de  maiiêres  aux* 
quelles  ce  précieux  métal  donne  un  extérieur  agréa- 
ble «!e  propreté  fit  d'opulence  ;  on  en  fait  des 
bijoux  de  prix  de  toute  efpéce  ,  comme  nous  le 
verroos  dans  Tan  de  l'orfèvrerie*  On  en  tire  de 
très-belles  couleurs  pour  la  peinture  des  émaux 
&  de  la  porcelaine  ,  airfi  qu'il  efl  djr  à  ces 
articles.  Enfin  ,  Tor  efl  le  métal  qui  f.mble  le 
pîus  s'étendre  8t  fe  multiplier. 

L'or  peut  s'allier  avec  tous  les  autres  métaux , 
mais  ces  alliages  font  peu  ufités  »  à  l'exccpifon  de 
ceux  avec  l^rgent  &  le  cuivre  qu'on  emploie  pour 
les  moonoies ,  l'orfévrtrie  d:  la  bijouttrie;  ^vec 
le  mercure  dont  on  fe  fert  pour  tirer  l'or  des  mines 
fit  pour  la  dorure  ,  &  avec  le  plomb  &  le  régule 
d*antimoine^  qu'on  ne  lui  aflbcie  que  pour  parve- 
nir à  la  purification  de  Tor. 

Quand  Tor  efl  ;ilUé  avec  une  fubflance  métal* 
tiqt.e  ,  il  perd  alors  de  fa  duéïilité.  S^  couleur  efl 
altérée  &  paie  par  l'alliage  de  l'argent;  elle  efl 
au  contt;.ire  beaucoup  exaltée  &  rchauflëe  par  le 
mélange  du  cuivre» 

D'ailleurs  le  aiîvre  diminue  fort  peu  ta  duâilîiè 
de  ïor  «  &  fert  à  lui  donner  plus  de  fermeté  &  de 
folidifé. 

On  ne  peut  féparcr  l'or  de  Fargcfu  qu'en  ex- 
pofant  cet  alliage  à  Taétion  des  acides  &  du  foufre, 
qui  ne  diflol\ent  que  l'un  ou  l'autre  de  ces  mé- 
taux ;  c'efl  ce  qui  fe  pratique  par  le  moyen  du 
départ* 

Quant  aux  autres  métaux  ,  on  les  fépare  de  i'or 
parla  fcarificatiun  avtc  le  fJomb\  par  le  nitre,  6c 
par  ramimrinc  ou  plutôt  par  f  n  foufre  :  cVft 
ce  quVn  nomme  aftna^c ,  cou  pillât  ion  >  purlfca» 
tjon  de  l*cr^  ainfi  qu'il  a  été  dit  avec  plus  d'étcn^ 
due  dans  Tan  du  monnoya^i* 


400 


OR  F 


On  appelle  et  mat  »  Yor  qui ,  étant  mis  en  oeu- 
vre ,  n'elt  pas  poli. 

Or  bruni ,  celui  qui  eft  poli  avec  la  dent-de- 
loup  ,  pour  détacher  les  ornemens  de  leur  f«nd. 

Or  jculptéy  celui  dont  le  blanc  a  été  gravé  de 
riaceaux  &  d*ornemens  de  fculpture* 

Or  réparé ,  celui  qu'on  eft  obligé  de  repaffer 
avec  du  vermeil  au  pinceau ,  dans  les  creux  de 
fculpture  »  ou  pour  cacher  les  défauts  de  Yor  ^  ou 
encore  pour  lui  donner  un  plus  bel  oeil. 

Or  btetclé ,  celui  dont  le  blanc  a  été  haché  de 
petites  bretelures. 

Or  dfi  mofaïquc  »  celui  qui ,  dans  un  panneau ,  eft 
partagé  par  petits  carreaux  ou  lofanges ,  ombrés 
en  partie  de  brun  »  pour  paroitre  de  relief. 

Or  rougcdtrc  ou  verdatre ,  celui  qui  eft  glacé  de 
rouge  ou  de  verd  >  pour  diftinguer  les  bas -reliefs 
&  ornemens  de  leur  fond. 

Il  y  a  encore  de  IV  a  PhuîU ,  qui  eft  de  Yor 
en  feuilles  appliqué  fur  de  Yor  couleur  »  aux  ou  vra*^ , 
ges  de  dehors  »  pour  mieux  réfifter  aux  injures  du 
temps  y  &  qui  den^eure  mat. 

YOr  moulu ,  dont  on  dore  au  feu  le  bronze ,  & 
Yor  en  coquille ,  qui  tft  une  poudre  dV  détrem* 
pée  avec  de  la  g  )mme ,  dont  on  ne  fait  ufage 
que  pour  les  d.lnns. 

Or  mat  ,  fe  dit  des  parties  dV  fur  les  bijoux  , 
qui  ont  été  Âmaties  &  pointillées  au  cifelet  ou  au 
m:itoir ,  qui  font  reftées  fur  leur  couleur  jaune  , 
ou  aux  quelles  on  Ta  reftituée  par  la  couleur  au 
verdet,  ou  au  tirc-pcil. 

Or  battu,  ou  or  en  feuilles,  fe  dit  de  IV 
rjdjît  en  feuilles  minces  &  préparées  pour  la 
dorure  ;  cette  préparation  eft  du  rcflbrt  du  batteur 
dV.  Foye^  Batteurd'or. 

Or  en  lames  ,  fe  dit  de  IV  écaché  entre 
deux  roues  du  moulin  à  laminer  >  pour  être  em- 
ployé dans  les  galons.  Comme  on  ne  fait  point 
de  galons  d  or  à  caufe  d;;  leur  cherté  &  de  la  trop 
grande  pefantcur,  ce  terme  ne  peut  guère  s'en- 
tendre que  de  Tarccnt  doré  ,  auquel  l'ufage  a 
improprement  confiicré  le  nom  dV  ;  on  dit  or  en 
lame ,  or  trait ,  or  filé ,  galon  d*or  ,  quoiqu'il  ne 
s'agiffe  que  d?  galon  d'argent  doré,  &  des  parties 
qui  le  compofenr. 

Or  trait  ,  fe  dit  de  l'argent  doré  réduit  en 
fil  extrêmement  menu  &  délié»  que  l'on  emploie 
pour  faire  des  boutons  &  quelques  parties  de  bro- 
deries. 

Or  file  ,  fe  dit  de  Targent  doré ,  réduit  en  lames 
mi'ices  &  é'roites,  filé  enfuite  au  moulinet  fur 
de  la  foie ,  du  fil  ou  du  crin ,  pour  les  galons  & 
la  broderie. 

Or  faux,  fe  dit  das  lames,  paillettes,  filés  , 
galons  ,  &c.  &  autres  pièces  de  cuivre  doré  & 
imitant  Yor. 

Or  fin  ,  fe  dit  de  IV  qui  eft  au  titre  de  24 
Icarats  ;  mais  comme  il  eft  difficile  ,  &  pour  ainfi 
dire  imp' flîble  de  rencontrer  de  Tor  au  titre  de  914 
karats,  foit  parce  que  dans  les  diftblmions   les 


o  R  F 

plus  parfaites ,  Ou  les  affinages  les  mievx  exécutés  i 
la  chaux  d'or,  ou  le  régule ,  refte  toujours  char- 

f;é  de  quelque  légère  partie  d'argent,  foit  au*avec 
es  précautions  les  plus  exaâes ,  îl  eft  difficile 
d*emp6cher  que  le  morceau  deftiné  à  l'efliad  ne 
contraâe  quelque  légère  impureté,  il  fuffir  que  le 
cornet  rapporte  i)  k  fj  de  karat  pour  être  rèputi 
fin  ;  car  sdors  le  poids  qui  s^ta  manque  étant  la 
laS*.  partie  du  grain  de  poidi  de  marc,  eu  égard 
aa  poids  d'effl'ai  dont  on  le  f^rt  en  France,  if  eft 
fenUble  qu'une  û  légère  diminution,  &  prefque  iné- 
vitable ,  ne  peut  nuire  à  la  finefle  du  titre ,  &  ne 
fait  que  conftater  combien  on  doit  apporter  de 
foin  aux  affinages ,  &  combien  il  eft  difficile  de 
dégager  entièrement  les  métaux  des  parties  hété- 
rogènes qu'ils  renferment  dans  leur  lein. 

il  en  eft  de  même  de  l'argeat  fin«  oui  doit  être 
au  titre  de  douze  deniers,  &  que  l'on  trouve 
rarement  à  ce  titre  ,  parce  que  dans  les  affinages 
les  plus  complets ,  &  les  diffolutions  les  mieux 
faites  &  les  plus  foigneufement  décantées ,  il  eft 
impoffible  que  Targent  ne  retienne  quelques  panies 
de  plomb  ou  de  cuivre  :  celui  qui  fe  trouve  au 
titre  de  1 1  deniers  23  grains ,  eft  réputé  fin  ;  quel- 
quefois on  en  a  trouvé  4  11  deniers  23  grains  • 
mais  cela  eft  très-rare. 

^  Nous  remarquons  ici  en  paflant ,  que  les  eflais 
d'argent  demandent  beaucoup  plus  de  foin&d*at- 
tention  que  les  effais  d'ar,  que  leur  (ûreté  dépend 
d'un  nombre  de  conditions  accumulées ,  &  que 
leur  certitude  phyfique  eft  bien  moins  conftante 
que  celle  des  eflais  d'or:  car  comme  cette  opéra- 
tion fe  fait  au  fourneau  de  réverbère ,  il  eft  impor- 
tant de  veiller  à  ce  que  le  feu  ait  partout  une  égale 
aâivité  :  autrement  le  feu-  étant  plus  vif  dans  une 
partie  du  fourneau  que  dans  l'autre,  le  plomb  entre 
plus  tôt  en  aâion  dans  une  coupelle  que  dans 
l'autre  ,  &  la  torréfaâion  étant  plus  vive ,  il  peut 
ronger  &  emporter  avec  lui  quelque  parcelle  d*ar- 
genr,  tandis  que  les  autres  boutons  d'eftais  fur 
lefquels  le  plomb  n'aura  eu  qu'une  aâion  lente 
par  défaut  d'aâivité  du  feu ,  pourront  retenir  dans 
leur  fein  des  parcelles  de  plomb  ;  ce  qui  avantage 
les  uns  &  fait  perdre  aux  autres. 

Il  faut  en  outre  bien  prendre  garde  qu'il  ne  fe 
fafte  des  cheminées ,  &  les  boucher  à  l'inftant 
qu'on  s'en  aperçoit  ;  autrement  l'air  frappant  fur 
le  bouton  ,  peut  le  faire  pétiller ,  &  écarter  quel- 
ques grains.  Il  faut  d'ailleurs  garder  fon  plomb  à 
raifon  du  titre  de  l'argent  qu'on  veut  eiTayer  , 
autrement  on  pourroit  Taire  de  grandes  erreurs. 

Or  au  titre  ,  fe  dit  de  l'or  qui  eft  au  titre  de 
20  karats  ,  qui  eft  celui  prefcrit  par  les  ordonnan- 
ces pour  les  bijoux  d'or. 

Or  bas  ,  fe  dit  de  Yor  qui  eft  au  titre  de  10  , 
12,  jufqu'd  19  karats^  audaiïous  du  titre  de  10 
karats  ,  ce  n'c{l  plus  proprement  qu'un  biUon  d'or. 

Or  bruni  ,  c'eft  de  l'or  que  Ton  a  li(Tc  &  poli 
avec  un  inftrument  de  fer  qu'on  appelle  brunif- 
foiry  û  c'eft  de  l'or  ouvré,  ou   de  la  dorure  fur 

métal; 


tJ  ;&  avec  une  dent-de>loup  >  ù  c*eft  de  la 
dorure  fur  détrempe. 

Or  eh  chaux  ,  fe  dit  de  IV  riduit  en  poudre 
par  quelques  diiïblutîons  quelconques. 

Var  en  chaux  çft  réputé  le  plus  fin,  &  C^eft 
celui  dam  fe  fervent  les  doreurs  ;  mais  il  eft  tou- 
jours prudent  d'en  faire  l'eflai  a  va  m  de  l'em- 
ployer I  &  de  ne  pas  s'en  rapporter  à  la  foi  des 
aâîneurs  ou  départeurs  »  attendu  qu'ils  peuvent 
aifement  vous  tromper  :  il  leur  efl  facik  »  en  ver- 
sant quelques  gouttes  de  vitriol  dans  leurs  dtiïblu- 
tions  »^dy  précipiter  un  peu  d'argent ,  fans  alté- 
rer la  couleur  de  leurs  chaux  ,  &,.  moyennant  cela  , 
fans  qu*on  s'en  aperçoive  à  TinTpeâion. 

Or  aigre,  fe  dit  de  tout  or  qui  éprouve  des 

friâures  ou  gerfures  dans  fon  emploi ,  fous  Teftort 

du  marteau  ou  celui  du  laminage  :  û  on  n'em* 

pbjroii  gue  de  rt>r  fin.  Il  efl  certain  quil  feroit 

plus  duélilc  i  maïs   comme  les  ouvrages  devien- 

df oient  beaucoup  plus  lourds  ,  &  n  auroicnt  pas 

tant  de  foUdité^nl  une    aulli  belle  couleur  »  il 

faut  l'allier  (  car  nous  remarquerons  en  paffant  , 

que  plus  lei  métaux  font  durs ,  plus  ils  fout  dif- 

pofès  a  recevoir  un  beau  poli  ). 

Avant  qu^on  travaillât  Vor  d'une  couleur  aulfi 
rou|e  que  celle  qu'on  lui  donne  aujourd'hui ,  Var 
dWu  pas  fi   fujet  à  contra 61  er  des  aigreurs  , 

Earcç  qu'alors  on  TalUoit  avec  de  l'argent  en  tota- 
le ou  en  partie  ;  mais  depuis  qu'on  Ta  voulu  avoir 
ïl*im  touge  extraordinaire  ^  il  a  fallu  l'allier  avec 
le  cuivre  feul  :  or ,  comme  Vor  ne  s'allie  pas  Ci 
ficikment  avec  le  cuivre  qu*avec  l'argent ,  il  faut 
employer  le  cuivre  de  rofette  le  plus  doux  qu'il 
foit  poflibîe  ^  &  en  même-temps  !e  plus  rouge  ; 
"«nmoins»  quelque  doux  que  foLt  le  cuivre  ,  Vor  a 
«le  la  peine  à  le  recevoir  dans  fon  fein  ,  &  il  fuffii 
rfe  voir  dans  le  creufet  les  combats  que  ce  mélange 
occafianne  ,  pour  juger  de  la  répugnance  qu^a  Vor 
<lc  s'allier  avec  le  cuivre.  Lors  donc  que  f^loi 
ôcciGonnc  de  l'aigreur  ,  on  s'en  aperçoit  ailé- 
Œent  dans  le  bain  y  on  voit  le  bain  s'agiter  à  la 
lup^rficic ,  tantôt  jeter  des  fleurs ,  tantôt  former 
jl«  Mairs  ;  il  n'eè  point  alors  de  moyen  fixe  à 
«idiquer  pour  l'adoucir  :  il  eu  des  aigreurs  qui 
tèdemà  la  projcflion  du  falpétre  feul  ;  il  en  eil 
<i'iutres  (^uî  veulent  le  falpétre  &  le  borax  ;  unj 
*iJtrc  efpece  demanHe  le  crifiil  minéral  :  engè- 
"éraU  le  borax  cR  et*  qui  réuffii  le  mieux  ,  mais 
ï^arinconvénient  de  pâlir  IW. 

Quand  Taigreur  procède  de  quelque  mélange 
Qs  plomb,  d'étain  ,  de  calamine  ou  cuivre  jaune, 
^f  s'en  aoerçoit  aifement ,  parce  qu'alors  il  s'é- 
j5vc  fur  la  (urface  de  petites  bulLs  de  la  forme 
î*p€U-prés  d'une  knulle  ;  le  moyen  d'adoucir 
^e  efpece  dVigreur ,  efl  le  mélauge  de  falpétre 
«  de  foufre. 

Au  furplus ,  c'eft  à  un  artiftc  inrelUgent  à  tâter 
ion  métal ,  8c  à  voir»  par  refpèce  d'aigreur  appa- 
rente, quels  fels  y  conviennent  le  mieux  i  mais 
il  ne  doit  point  verfer  (on  or  ,  qu'il  ne  foit  affuré 

Am  6^  Méiiêrs,  Totru  K  Part.  IL 


de  fa  duâîlitè  par  la  tranquillité  du  bain  ;  ce  ^ul 
fe  remarque  ailément,  fur-tout  quand  les  feb  fon- 
dus couvrent  exaftcment  la  Airface ,  &  qu'aucun 
éclair  ni  bouillonnement  nç  les  fépare  ;  alors  Var 
efl  certainement  doux. 

Il  faut  encore  obferver  qu'on  ne  doit  point  tou- 
cher Vor  en  fufion  avec  du  ter,  autrement  on  court 
rifque  de  l'aigrir»  ce  qui  lui  eft  con  raîre  avec 
Targent ,  que  l'attouchement  du  fer  adj  ^cit*  L'ar- 
gent n'étant  pas  fi  fujet  à  contrafter  des  aigreurs  , 
pour  peu  qu'on  lui  en  aperçoive ,  le  falpétre  , 
quelques  croûtes  de  pain  &  le  fa  von  fùBfem 
pour  en  venir  à  bout. 

Or  DE  COULEUR^  terme  qui  exprime  les  diffé- 
rentes couleurs  que  Ton  a  trouvé  le  moyen  de  don- 
ner à  Vor  par  Tal liage  d'autres  métaux  avec  lui. 
On  emploie  ces  or/ colorés ,  ou,  pour  mijux  dire, 
nuancés ,  particulièrement  dans  les  bijoux  dW  , 
pour  y  repréfenter  avec  plus  de  vérité  les  fujets 
que  l'on  veut  exécuter,  &  approcher,  autant  qu'il 
efi  poflible^  de  Tîmitation  de  ta  nature. 

Veut-on  repréfenter  une  maifon?  on  emploie 
l'or  blanc  ;  un  arbre ,  Vor  verd  ;  une  draperie  , 
Vor  bleu  ,  Vor  jaune  i  les  chairs  fe  font  volontiers 
avec  de  Vor  rouge. 

On  ne  connort  quejcinq  ors  de  couleur^aui  font  Vor 
blanc,  for  jaune,  For  rouge  ,  Ter  verd,  l'jf  gris  ou 
bleuâtre.  , 

L'or  jaune,  efl.  Vor  fin  dans  toute  fa  pureté. 

L'or  rouge,  eft  un  or  au  titre  de  i6  karats  , 
aliié  par  trois  parties  i'or  fin  fur  une  de  cuivre 
rofeire. 

Vor  verd  eft  auflî  au  titre  de  î6  karats  ,  fait 
avec  trois  partie?  d'or  fin  &  une  partie  d'argent  fin. 

L'or  verd  eft  celui  dont  un  habile  artifte  peut 
tirer  le  plus  de  parti  pour  les  nuances  ,  parce  que 
c'eft  celui  ou  elles  font^le  pîus  fenfibles.  Le  verd 
dont  nous  venons  de  donner  la  proportion  ,  four- 
nira un  beau  verd  de  pré*  Mettez  (  en  confidé- 
rant  la  totalité  comme  24  )  18  parties  d  or  fin  fup 
6  d'argent  fin  ,  on  aura  un  verd  feuille  morte  ; 
en  mettant  au  contraire  10  parties  d'argent  fin  fur 
14  d'or  fin,  on  aura  un  verd  d'eau  :  c'cfl  à  rartiftc 
à  confulter  fes  nuances  &  fes  fujets  pour  régler 
fes  alli liges. 

LV  gris  ou  bleu,  ou,  poiîr  bien  dire,  ni  gris  ni 
bleu,  mais  bleuâtre,  fe  fiit  par  le  mélange  de 
l'arfenlcou  de  la  limiille  d'acier  :  la  fumée  de  Tar- 
fenic  étant  três-dangereufe  ,  on  s'en  fert  peu  ;  & 
comme  il  arrive  fouvcnt  que  la  Limaille  d'acier  fc 
brûle  trop  vite  ,  on  a  éprouvé  que  ce  qui  réufllffoir 
le  mieux  étoit  du  gros  fil  de  fer  doux ,  dont  on 
prend  un  quart  du  pdids  que  Ton  veut  nuancer  , 
6l  que  Ton  jette  â2n&  le  crcufct. 

Lorfquc  roreft  en  bain  ,  il  s'en  f^ifit  alors  ordi- 
nairement affez  vite  ;  on  reûre  le  tout  du  feu  auffi- 
tot  qu'on  s'apcrçoii  que  Un  corporation  eft  faite  ; 
autrement  l'or,  en  bouillant  long-temps ,  le  rejette- 
roi  t  de  fon  fein  par  fcories  :  cette  couleur  peu  déci- 
dée eft  cependant  ia  plus  diiEcile  à  faire. 

Eec 


J 


4ot 


O  R  F 


LV  blanc  cft  aflci  îfB proprement  appelé  or  , 
n'étant  autre  chofe  qise  de  Targent ,  à- moins  que 
pour  éteindre  fa  vivacité  on  ne  le  mélange  un  peu  , 
et  qui  arrive  rarement* 

Moyen  pour  rehaujfer  la  ccuUur  ae  for^ 

On  n'emploie  ordinairement  à  la  dorure  que 
Vot  vierge^  qui  eft  plus  pâle  que  ce  métil  allié  de 
cuivre  ;  mais  on  a  cherché  à  en  rehauiTir  la 
couleur ,  &  Ton  y  ell  parvenu  en  le  chauffant 
avecMei  cires  ou  cémens ,  &  le  lavant  dans  des 
liqueurs  chaudes  qu'on  appelle  fauccs. 

Ces  cires  ou  lances  foot  des  mélanges  de  terres 
bolaires ,  Se  pour  Tordinaire  de  fcl  marin  ,  d'alun  , 
de  plufieurs  autres  fels ,  6c  de  verd-de-gris. 

C'efl  à  la  révivification  du  cuivre  du  verd-dc* 
gris  ,  que  ces  fàuccs  doivent  leur  propriété  de 
chauler  Tcclat  de  l'or ,  par  la  belle  couleur  rouge 
qu'elles  lui  donnent  ;  c'eft  une  manière  d'appliquer 
une  légère  couche  de  cuivre  à  la  furface  de  Tor  » 
& ,  pour  ainfi  dire  ,  es  le  cuivrer. 

Parmi  le  grand  nombre  d^  cires  ou  cémens  , 
8c  de  fauces  employées  pour  rehaulTer  la  couleur 
de  l'or ,  &  mettre  ce  métal  en  couleur ,  les  fui- 
Tantes  méritent  d'être  dîAinguécs,     Prenez: 

Cire  jaune  *  i  livre. 

Alun  cakiné  ,  %  onces, 

Vcrd-de-gris»  i  onces. 

Crayon  rouge  ,  ii  ences* 

Cendres  de  cuivre  ,     %  onces. 

Faites  fondrp  la  cire»  incorporez  y  les  autres 
îngrédiens  réduits  en  poudre  ,  &  faites  du  tout 
une  mafle  de  laquelle  vous  formerez  des  bâions. 

Apres  avoir  bien  nettoyé  la  pierre,  on  h  frotte 
avec  un  de  ces  barons,  on  la  met  enfuite  fur  les 
charbons  ardens  jufqu  à  ce  que  tout  le  cément 
foit  bien  confumé  ;  on  lagraiie-bolTe  ,  on  ta  bru- 
nit, &  on  la  lave  dans  la  fauce  qui  fuit.  Prenez  : 

Cendres  gravclées ,  a  onces. 

Soufre ,  2  onces, 

Seï  marin,  4  onces. 

Jetez  toutes  ces  drogues  dans  environ  une 
pinte  d'eau  ,  qui  vous  fervira  au  befoin  ,  en  la  hl- 
fant  chauiFer  à  chaque  foi«. 

Or  es  bain  ,  (j  dit  de  Var  qui  eft  en  pleine 
fiifion  dans  le  creufct. 

Or  poreux  ,  fe  dit  de  tout  or  qui  renferme 
des  cavités  èi  des  impuretés  dans  fon  feîn  ,  qui  fe 
découvrent^  Temploi  ;cet  inconvénienr  réfulte  du 
défaut  de  proprcrè  dans  h  fonte,  ou  dans  h 
forge  de  IVr,  en  verfant  Vor  &  l'argent  dans  la 
liligotiére. 

Ces  métaux  ,  fur  la  fin  de  l'opération  ,  contrac- 
tent un  peu  de  froid ,  ce  qui  forme  fur  le  dcffus 
des  lingots  une  cf|iéce  de  peau  :  en  outre  les  fck 
qui  ont  été  mis  en  fufioji  avec  les  métaux,  &  qui 
ont  ramaffé  toutes  les  Impuretés ,  coulent  avec  les 
mi-faux,  fe  rafnmhlent  fur  la  furface,  &  y  forment 
ét%  CÂvités,  Il  fcfOît  toujours  prudent  d'enlever 
d:c  iJi^m:ttç  pci-u  avec  le  g-cs  grattoir* 


O  R  F 

Il  faut  enfuite  avoir  (<Àn  que  Tenclume  for 
laquelle  on  forge  foit  propre  ,  qu'elle  ne  contraôc 
point  de  rouilte  ,  non-plus  que  les  marteaux  dont 
on  fe  fert  ;  éviter  la  chute  de  quelque  ordure  fur 
ia  pièce  pendant  qu'on  la  forge ,  Si  avoir  foia  ^ 
en  forgeant  6c  réchauffant,  de  prendre  garde  que 
quelque  partie  du  métal  ne  fe  replie  fur  lui-même  , 
autrement  il  fe  dowbleroit,  &  fouvem  on  ne  sVii 
apercevront  qu'à  la  fin  de  l'ouvrage  »  qu'on  fcroit 
étonné  de  voir  enlever  U  moiiié  de  l'épaiffeur 
de  fa  pièce. 

Le  moyen  fe  plus  fur  de  remédiera  ces  incoo* 
véniens  ,  eft  d'épailler  fouvent  ;  &  fî  on  s'aperçole 
que  les  métaux  loient  trop  poreux,  il  eft  plus  pru- 
dent de  les  refondre  que  de  s'obfttncr  à  les  tra- 
vailler; car,  quelque  peine  que  Ton  fe  donnât  , 
ils  ne  prendroient  jamais  un  beau  poli. 

Or  chargé  d'èM£Ril.  Il  arrive  fouvent  que 
i^or  eft  chargé  de  petites  panies  d*émcril ,  qui  eft 
une  matière  dure  &  pierreufe  ,  dont  aucune  dif- 
foîution  n*a  pu  le  purger  :  c'eft  un  inconvénient 
d'autant  plus  dangereux  ,  qu'il  fe  loge  toujours 
dans  les  entrailles  du  métal ,  &  que  quand  il  eft' 
en  petits  grains  furtout,  il  ne  fe  découvre  qu'à  la 
iin,  6c  lors,  pour  aiufi  dire^  quil  n'y  a  plus  4c 
remède ,  l'ouvrage  étant  preCquà  fa  perfe^ion. 

Quand  on  le  fait ,  pour  l'en  purger  tot^^lcmenc  ^ 
on  trouve  dans  les  mémoires  de  Vaatdéffiit  des  fcun^ 
ces  de  1717,  le  procédé  fuivant  r 

Parties  égales  dW  Ôt  de  bifmuth  :  fondezlef^ 
enfcmbic  dans  un  creufet»  &  vetfczdans  un  cône 
à  régule  ce  qui  pourra  fortir  coulant  :  pefez  enfuite 
ce  mélange  fondu  pour  juger  de  la  quantité  qui 
tera  reftée  dans  le  crcufet  :  ajoutez- y  la,  même 
quantité  de  bifmuth  :  faites  fondre  le  mélange  , 
vcrfez  comme  la  première  fois  ,  &  répétez  encore 
toute  l'opér^ition  jufquà  ce  que  toute  la  matière 
foit  fonic  du  creufet  bien  coulante. 

On  mettra  cet  or  ainfi  foulé  de  bifmuth  dans 
une  grande  coupelle  épaiire,  bîtn  foulcnue  dans 
une  autre  faite  de  terre  à  creufet  où  elle  aura  été 
formée  ^  bien  battue  :  on  coupelle  ce  mélange 
fans  y  mettre  sutre  chofe  ;  miis  qiiand  il  fera  fi^e , 
on  trouvera  encore  Vor  impur  &  couvert  d'une 
peau  livide.  On  mettra  alots  (ur  chaque  marc  d'or 
deux  à  trois  onces  de  plomb,  &  Ton  continuera 
de  coupeller  juf^u  à  ce  que  tout  le  plomb  foit  éva- 
poré ou  imbibé  danslacoupelle.  Après  cette  féconde 
opération  »  Vor  n*eft  pas  encore  auîÏÏ  beau  qu'd  doit 
Tètre  ,  quoiqu'il  foit  déjà  moins  livide  5c  moins 
aigre.  Pour  achever  de  le  porificr,  il  faut  le  mettre 
dans  un  crcufet  lat  gc,  qu\  n  phccri  dans  une  forge , 
de  forte  que  U  v.nt  du  fOMlîlci  darde  la  flimme 
fur  le  métal  ;  on  le  ti<;fn(lra  quelque  tetU  JS  en  fufion  ^ 
&  Ton  cefl^era  de  foi'ffler  quand  Vor  commencera 
;ï  s'tjclaircir.  On  v  j citera  enfuite  ,  à  pluficurs  repri- 
fes  ,  un  peu  de  ifublimè  corrc  fu,  oi  ûir  la  lin  u» 
peu  de  bor.Tt.  ^ 

OnconnoîrqueT'^^^ 
lorfquc  le  mitai  dcvi. 


O  R  F 

pWs  ,  &  que  fa  Turface  cft  brillante  ;  alors  on  peut 
le  jeter  en  lingot  ,  &  en  le  travaillant  on  le 
trouvera  fort  ëotut.  Si  ce  mauvais  or  tenoiT  de  lar* 
^cnt  j  il  faut  !e  traiter  davantage  félon  cette  vue  , 
parce  que  IVrçent  ne  s'en  fêpare  pas  par  la  cou* 
pelle  de  plomb. 

Après  que  Yar  aura  été  coupelle  la  première  fois 
avec  îe  bifmuth ,  on  mettra  deux  parties  d'-irgent 
^r  une  partie  dV,  &  on  le  coupellera  félon  Tart 
avec  le  plomb  :  il  ne  fera  p;*5  néceiîaire  alors  de 
jeter  tant  de  fubllmé  corrofif  dans  le  creufet  ^  IW 
étant  retiré  de  la  coupelle,  on  départira  l'argent 
à  Tordinairc  par  Teau- forte. 

Mais  comme  ces  procédés  font  au-deffus  de  la 
portée  des  artiftes  ordinaires ,  &  qu'ils  n'ont  ni  le 
fcmps  ni  la  commodité  de  les  cxéciitcr,  il  eft  un 
jQoyen  qui  demande  peu  de  frais  &  d'attention, 
pour  éviter  au  moins  qu'il  ne  fe  rencontre  d^ém  eril 
dans  les  grandes  parties  de  leurs  ouvrages.  Ce 
moyen  cft  de  fondre  leur  or  dans  un 
creufet  rond  de  forme  conique  très- 
pointue  >  auquel  »  en  le  faifant  faire , 
on  fait  réfervcr  un  pied  rond  &  plat 
par*deflbus,  peur  lui  donner  de 
TaiSette  dans  la  caiïe. 

U  cft  confiant  que  rémcril  fe  pré- 
cipite toujours  au  fond  ^  ainfi  forf 
que  Vor  cft  fonda ,  il  faut  le  laiiTer 
refroidir  dans  le  creufet ,  caffer  le  creufet,  &  coupe  r 
k calot  dV:  Témeril  fe  trouve  ralTemblèdans  ce 
culot.  On  fe  fen  de  ces  culots  pour  des  ouvrages 
de  peu  de  conféquence  ,  &  dont  il  n'y  a  qw^un  côié 
qui  doive  être  poli ,  ou  on  les  fond  avec  les  gar- 
niions,  c'e II- à-dire ,  les  moulures  ou  les  carrés. 

Comme  rémeril  fe  loge  prefque  toujours  dans 
Vintéricur  du  métal ,  &  que  ces  fortes  de  pièces 
rcftent  toujours  épaifTes ,  Témeril  fe  trouve  rcn- 
fermé  dans  ces  épaiffeursiSt  fi  par  hafard  il  s'en 
découvre  quelques  grains,  ils  ne  peuvent  choquer 
l'œil;  &  y  en  eût-il  dix  grains  fur  un  morceau  de 
Carré,  ils  ne  feront  pas  ii  fenfibles  qu*un  feuï  au 
«nilteu  d'une  plaque,  qui  y  caufe  une  difformité 
affreufe ,  en  ce  qu  il  dérangé  toute  réconomie  & 
*c  brillant  du  poli. 

Or  ou  argent  in  coquille. 

Les  peintres  font  ufage  de  l'or  &  de  l'argent 
^n  coquille. 

Pour  robienir,  on  prendra  du  feî  ammoniac  bien 
^ur;  bioyez-le  dans  une  eau  de  gomme  épaiiïe, 
cependant  claire,  jufqu'à  ce  qu'elle  ait  la  confillance 
«l'un  firop  ;  menez-y  autant  que  vous   voudrez 

■  d*or  ou  d'argent  en  feuilles;  broyez  le  tout  en- 

■  fcmble  pendant    une  couple  d*heures  avec  toute 

■  Vexaftitude   pojTible  ;  mettez  enfuîte   ce  mclanee 

■  «ians  un  verre  net  ;  verfez  par-dtflus  de  leau  *ii- 

■  ïtèe;  remuez  le  loni  avec  une  fpatule  de  boisj 

■  &  quand  l'or  fera  tombé  au  Ifcnd  ,  décantez  l'eau, 

■  &rcmeitez-cn  lie  nouvelle:  ceft  ce  qu'on  appelle 

■  ttïirfcorer. 


o  R  F 


4^3 


I 


Quand  ^ous  aurez  de  cette  fiçon  enlevé  tout 
le  fel  ammoniac  Si.  toute  la  vifcofué  de  la  gomme  , 
Se  que  Tor  fera  pur  &  dégagé  de  toutes  mitièrcs 
étrangères^  vous  en  prendicz  au  bout  d'un  pe- 
tit pinceau  j  de  vous  en  ferez  des  amas  dans  des 
coquilles  que  vous  ferez  fécher» 

Toutes  les  fois  qu'on  veut  fe  fervir  de  cet  or 
ou  argent  en  coquille,  on  n'a  qu'à  rhumedter  avec 
une  eau  de  gomme  légère* 

Procédé  pour  éur  For  des  vaiffelUs  durées. 

Prenez  une  once  d'eau-forte ,  une  once  d'eau 
de  puits  ,  demi -once  de  fel  commun,  &  une 
drachme  de  fel  ammoniac  ;  mettez  le  tout  enfem- 
blc  fur  le  feu ,  8t  trempez-y  la  vaiffelle  dont  vous 
voulez  retirer  l'or  ;  peu  après  vous  l'en  retirerez 
&  gratte  -  boffercz.  L'or  reliera  dans  la  liqueur» 
&  vous  !e  précipiterez  en  verfant  fur  cette  eau 
régale ,  le  double  d'eau  commune  *  ou  bien  en  le 
faifant  un  peu  bouillir.  Vous  mettrez  dedans  une 
pièce  de  cuivre  rouge ,  &  l'or  s'y  attacberi. 

Moyen  de  tïnr  Cor  des  hois  dëris, 

M.  de  Momamy,  correfpondant  de  l'acad^- 
mie  royale  des  fciences  de  Paris  ,  a  fait  connoitre 
le  procédé  fuivant  pour  enlever  ,  avec  profit ,  \^ 
dorure  de  deifus  les  boiferies. 

Mettez  ce5  fortes  de  bois  dans  Fcau  bouiUawre  , 
&  Iai*Tez-les-y  aiïcz  de  temps  pourqtjereau  puifle 
bien  détremper  la  colle  dont  ils  font  couverts* 
Elle  s'en  détachera  en  peu  de  temps ,  &  elle  e»- 
trainera  avec  elle  les  feuilles  d'or  qu'on  veut  ièr 
parer.  Le  tout  tombera  dans  Feau. 

CcMe  première  opération  faite  ,  &  les  bois  étant 
retirés  de  feau  ,  faites  bouillir  celle-ci,  &  laiftez-la 
évaporer  jufqu'à  ficcitè.  Vous  trouverez  au  fond 
du  vaiffeau  une  maffe  informe  compofée  de  colle 
&  d'or. 

Prenez  cette  mafle,  mettez4a  dans  un  mortier, 
&  pilez  iufqu'àla  réduire  en  p^idrc.  Mettez  cette 
poudre  fous  une  moufle  dans  un  foL»neau  ,  le  feu 
brûlera  la  colle,  fera  évaporer  toutes  les  parties 
huileufes^ôt  il  ne  reftera  plus  qu'une  poudre  d'or 
que  vous  triturerez  avec  du  mercure  ,  avec  le- 
quel il  s'amalgame  parfaitement. 

Voulez  vous  enfuitc  féparcr  l'or  du  mercurei 
mettez  cet  amalgame  dans  un  creufet,  &  celui- 
ci  dans  les  charbons  d'un  fourneau  ;  adaptez  à  ce 
creufet  un  vaiffeau  propre  à  recevoir  les  vapeurs 
du  mercure  que  le  feu  volatiîife  &  enlève.  Vous 
obtiendrez  dans  ce  dernier  vaifiTeau  de  très-bon 
mercure  coulant  ,  fans  déchet  fenfible  ,  &  l'or 
reftera  dans  le  creufet. 

On  voit,  par  ce  détail ,  combien  cette  opération 
e(l  facile  à  pratiquer,  &  combien  elle  eft  peu 
dîfpendieufe  IvL  Montamy  remarque  qu'un  artiflc 
induftricux,  peut  facilement  retirer  pour  vingt  fols 

d'or  par  heure.  _ 

Eec  ij 


404 


O   R  F 


Procédé  pamr  tirer  for  &  rarf^tm  du  ^ahn  fins  le 

On  coupe  le  galon  en  petits  morceaux,  qu'on 
enveloppe  d'un  linge»  On  met  le  paquet  avec  de 
ai  lie  de  favon  dans  Teau,  qu'on  laiffe  bouillir  juf- 
qu^à  ce  qu'il  parotiTe  une  diminution  fenfible  dans 
le  paquet ,  ce  qui  ne  demande  que  peu  de  temps  « 
à  moins  que  la  quantité  de  galons  ne  foit  trés- 
confidèrable, 

Enfuite  on  tire  le  linge ,  &  on  le  lave  avec  de 
Tcau  ,  froide  en  le  prenant  fortement  avec  le  pied  , 
ou  en  le  battant  avec  un  marteau  pour  en  expri- 
mer la  lie  de  favoiî,  ^>* 

On  délie  alors  le  paquet,  &  Ton  trouve  la  par- 
tie mècalUquc  du  galoïi  pure  &  entière  ,  lans  être 
altérée  dans  fa  couleur  ,  ni  diminuée  de  fon 
poids. 

Cette  méthode  eft  beaucoup  plus  commode  que 
la  manière  ordinaire  de  brûler  Tor,  Comme  il  ne 
faut  qu'une  iiis-petite  quantité  de  lie,  &  qu'on 
peut  le  fcrvir  plufieurs  fois  de  la  même,  la  dé- 
penfe  fe  réduit  h  très-peii  de  chofe*  Le  vaiffcau 
peut  être  de  fer  &  de  cuivre.. 

La  raifon  de  cette  opération  ,  cft  que  la  foie 
étant  une  fubftance  animale,  fe  diffout  dans  les 
alkalis  ,  &  que  la  toile  qui  enveloppe  le  galon 
étant  une  fubftance  végétale^  rèfifte  à  leur  opé- 
ration. 

Frocidéj  pour  nittoyer  /Vr,  &  rappiUr  la  vit^cui 

de  féi  couleur, 

'  On  fait  diflbudre  du  fel  ammoniac  dans  de 
l'urine;  on  y  fait  bouillir  l'ouvrage  d'or:' il  re- 
prend fa  couleur  vive  &  brillante. 

On  peut  frotter  auffi  les  ouvrages  avec  une 
cire  compofée  de  quatre  onces  de  cire  vierge  , 
de  trois  quarts  d'once  de  vcrd  de  terre ,  une  demi- 
once  de  cuivre  ,  une  demi-once  de  cire  &  un  quart 
d'alun,  Lorfquc  la  cire  eft  fondue,  on  y  jette  tous 
ces  ingrédiens  bien  puîvérifés ,  &  on  fait  de 
cette  pâte,  lorfqu'ellc  eA  refroidie , des  bâtons  de 
la  forme  de  ceux  de  cire  à  cacheter. 

Lorfqu*on  veut  rehauflTer  la  couleur  de  l'or  ou 
^es  ouvrages  dorés,  on  fcît  chauffer  louvrage 
d'or ,  on  trotte  fa  furfacc  avec  cette  cire ,  on 
fait  recuire  Vor  au  feu  ,  &  on  le  plonge  enfuite 
dam  de  Vç^^  bouillante  où  Ton  a  fait  dilfcudre  du 
unre. 

Il  arrive  quelquefois  qu'un  dé  ,  un  anneau  ,  ou 
autre  bijou  d'or  tombe  dans  le  feu  ;  il  en  fort 
alors  tout  noir.  On  cmploicroit  en  vain  le  blanc 
d'Efpagnc  pour  le  nettoyer  &  lui  rendre  fa  belle 
couleur  nauirçlle;îe  mercure  le  rendroittout  blanc. 
Il  n*y  a  d*autre  fecrct  que  de  le  recuire  au  feu 
pour  confumcr  les  parucutes  graffcs  que  les  cen- 
dres ont  pu  y  dépofer ,  &  1c  laver  enfuite  avec 
un  acide  tel  que  le  vinaigre  ,  &  mieui  encore 
avec  d'-  Tcau  féconde. 


o  R  F    - 

La  folucion  du  favon ,  les  aîlctlh  fixes  ,  les  ail 

lis  volatils  ,  fefprit-de-vin  reôifié ,  font  trés-pn 
près  à  rétablir  l'éclat  de  Tor  des  bijoux  qui  fa 
ternis  par  la  fimple  adhéfion  des  corps  étrangers-^ 

Cependant  on  ne  doit  point  fe  fervir  du  fava 
ni  des  liqueurs  alkalines  pour  les  ealons  ,  les  b  ^ 
deries  ,  ni  le  fil  d*or  tiffu  parmi  la  (oie,  parce qu*eB 
nettoyant  Tor  elles  rongent  la  foie ,  8c  changent 
ou  font  décharger  fa  couleur.  Mais  on  pcui  «  ^ 
ployer  Tefprit-de-vin  pour  cet  ufage ,  fani 
préhender  qu*il  attaque  la  couleur  de  Tor. 

Or  fâljtfié  par  la  platine:, 

La  platine  eft  un  métal  blanc  ,  ayant  prcf^ 
toutes  les  propriétés  &  les  qualités  de  Tor.  l)  pci 
s'unir  &  s'allier  avec  lui  fi  intimement ,  qu'oo  i 
ignoré  fort  long-temps  les  moyens  de  découvrir  It 
falfification  du  lingot  d'or  par  fon  mélange  Cefl 
ce  qui  avoir  engage  le  roi  d'Efpagnc  à  en  ùiftitt- 
mer  les  mines  ,  oL  à  en  interdire  le  commerce.  La 
nouvelles  expériences  des  chimifles  ont  appris  t 
reconnoitre  cette  falfification. 

Un  des  moyens  les  plus  commodes  &  les  mom 
embarraffans,  cû  fondé  fur  la  propriété  qu'a  for 
diffout  dans  leau  régale ,  d'être  précipité  par  i: 
vitriol  martial ,  tandis  que  la  platine  ne  Teft  fki 
par  cette  fubftance  ,  mais  feulement  par  le  fel  am- 
moniac, qui  ne  précipite  point  l'or. 

Quand  donc  on  foupçonneun  lingot  d*étrc fij» 
fifié  par  la  platine,  il  ne  s'agit  que  d'en  faire  "* 
foudre  un  morceau  dans  Teau  régale ,  6i  de  dii 
buer  cette  diflblution  dans  deux  vafes  ;  dans 
on  verfcra  du  fel  ammoniac  diflbus  dans  de  Tctt;, 
la  platine  fe  précipitera  fous  la  forme  d'un  ftdj* 
ment  couleur  de  brique  :  dans  l'autre  on  vcrfca 
du  vitriol  martial  auffi  diiïous  dans  l'eau  ;  b  li- 
queur fe  troublera  ;  il  fe  formera  un  précipité  d*<5f 
quM  fera  facde  de  retirer  par  la  dècaotaijOD  & 
Tinfiltraiion. 

Argent- 

L'argent  eft ,  après  l'or ,  le  métal  le  plus  ncbe  4 
le  plus  parfait  :  il  eft  d*un  blanc  brillaiu  il  hàt 
tant. 

Sa  pcfanteur ,  quoique  confidérable  ,  eft  ccpw* 
dant  de  moitié  moindre  que  celle  de  Tor  :  uDpied 
cube  d'argent  péfc  720  Uv. 

La  ténacité  des  parties  de  t'argent  eft  anfli  prêt 
de  moitié  moindre  que  celle  des  pariief  delor; 
un  fil  d*argent  d'un  dixième  de  pouce  de  diamcni   | 
ne  peut  foutcnir  qu'un  poids  de  370  li\*rç^ 

L'argent  n'eft  point  auftl  duôiîe  que  I  or  ,  flnil 
il  l'eft  plus  qu'aucun  autre  métal  :  on  ct\  ùût  itB 
fils  &  des  lames  de  la  plus  grande  ftneffc* 

Il  eft  plus  fonore  &  pUis  dur  que  l'or,  D  fe  toti 
k  un  degré  de  feu  un  peu  moindre  que  l'or  ;  mais 
il  parott  erre  à-pcu  près  aufti  fixe  «  auiH  tnédkm* 
tibîe.  Il  n*eft  pas  même  encore  déddc  G  Tor  k 
Targcnt  peuvent  fe  brûler,  comme  les  autres  vUuttif 


fil» 

3B 


O  R  F 

il'iflion  d'an  feu  violent  &  trés-long-temps  fou- 

mu. 

L'air  ni  Tcau  enfemblcou  féparément,  n'altèrent 
poim  la  couleur  &  le  brillant  de  Targent ,  fie  n'y 
•cafiorment  aucune  rouille.  Mais  la  lu rfa ce  tle  ce 
mirai  cil  fujette  à  s'obfcurcir,  à  Te  ternir  &  nicme 
i  k  noircir  par  le  contai  ou  par  l'iinanaiion  du 
pWogîflique  de  plufieurs  matières  irrBammables. 

Tous  les  acides  peuvent  diffoudre  Varient  ;  mm 
ccfl  Tacide  nîtrem  bien  pur  Se  médiocrement  fort 
(fu  di(îoud  Targent  en  mafle  avec  le  plus  de  faci- 
lité. Cette  dîiïolution  fe  fait  tlVÎ!e-même  a  froid, 
eu  tout  au  plus  avec  une  chaleur  irès- douce  au 
commencement. 

L*acide  nitreux  fe  charge  de  Targcnt  jufqu'ati 
point  de  faturation  ,  fit  en  difiTout  à-pcu-ptcs  fon 
poids  égal  s'A  efl  fort. 

Si  on  a  employé  de  rargcnt  bien  pur ,  la  dîflb- 
lutioo  s'annoncera  par  des  vapeurs  rouges,  qtn 
«clcveront  au-defTus  de  la  liqueur,  &  par  de  pe- 
tites particules  d'air  ,  qui  partiront  du  fond  du 
fiifleaû  oii  eft  le  métal:  s'il  y  a  un  peu  d*ormélé 
ivcc  l'argent  »  il  demeurera  en  poudre  au  fond 
du  matras ,  &  on  le  retirera  ;  après  avoir  décanté 
b  dtflolution  d'argent. 

Lorfquc  Fargem  eft  allié  d'un  peu  de  cuivre,  fa 
Molution  perd  la  couleur  verdâtre  quVlïe  a  d*a- 
bôrd ,  &  devient  trés-blanche, 

Oa  purge  Targent  du  cuivre  qui  s'y  trouve  mêlé, 
eale  filfant  fondre  dans  un  petit  creufet  ,  fur  un 
feu  de  charbon  animé  par  le  vent  d'un  foufifîer ,  & 
<n  aidant  la  fufton  avec  parties  ég-itcs  de  nitrc  & 
tic  borax  calciné  ,  les  deux  enfemble  faiûni  le  tiers 
J^u  poids  du  métaL  Après  cela  on  recommence 
la  diiîolufion  d'argent  comme  il  a  été  dit  ci-delTus , 
fit  il  n*3ura  plus  de  couleur, 

llrèfulte  de  la  difToIution  d'argent  par  Facide 
mmx,  des  criflaux  blancs  en  forme  d'écaillés, 
JHon  nomme  criftaux  de  lune  ^  &  de  ces  criftaux 
fondus  à  une  très-douce  chaleur,  un  fel  cauftîque 
ncif  qui  peut  fe  mouler,  &  qy*ôn  nomme  pu  ne 
^fifnale. 

On  purifie  l'argent  de  ralîisge  des  autres  mè- 
Uux  defti-uftibles  ,  en  le  traitant  avec  le  nitre  ou 
^vcc  le  plomb.  Ce  dernier  moyen  e/î  le  feul  uûtè 
dxns  Ws  travaux  eu  grand. 

Cette  purification  de  Targent  s'appelle  affinage 
^u  CQupdianûn  ,  parce  qu'elle  fe  fait  dans  un  vaif- 
'cau  en  fortne  de  coupe,  que  Ton  nomme  coupelkm 

Q^snd  l'argent  eft  uni  à  l'or  ,  il  faut  employer 
lucide  nitreux  pour  Ten  féparer ,  c'ert  ce  qu^on 
entend  par  le  terme  de  départ  ^  ainfi  qu'il  a  été  dit 
pJtJUmp!cment  dans  l'art  précédent  du  monnoyagc* 

Us  opérations  du  départ  font  fondées  fur  la  pro- 
priété qu'a  l'argent  d'être  diffout  par  plufieurs  menf- 
trues  qui  n'ont  aucune  aftion  fur  Tor, 

Le  foufrc,  qui  s'unit  auffi  à  l'argent  fans  toucher 
^IV,  fournit  encore  un  moyen  de  féparer  ces 
deux  métaux  i  c'eft  ce  qu'on  nomme  dcpan  ftc  ^ 


o  R  F 


405 


pnrce  qu^il  opère  la  fufton  que  les  chlmiAes  nom* 
ment  la  vou  flche. 

L'argent  efi  capable  de  s'allier  avec  tous  les  mé- 
ratjx,  tiL  forme  aveceux  dift'creRS  compofés , comme 
on   le  verra  dans  les  ouvrages  d'ofevrerie, 

M  B*  Voici  quelques  autres  procédés  concer- 
nant Tor  &  l'argent,  extraits  en  partie  d'un  recueil 
de  fecrets  ckoifis  &  expérimentés  à  i*uja£e  des  artijki^ 

Pvur  r  argent  dpré* 

Prenez  une  once  de  verd-de-grîs ,  une  once  de 

falpétre,  une  once  de  vitriol,  une  demi-once  de 
fcl  ammoniac  ,  &  une  demi-once  de  borpx  : 
broyez  les  bien  enfemble,  8l  faite^les  bouillir 
dans  un  demi-feptier  d'urine  ,  jufqu'à  ce  qu'ils 
foient  réduits  à  moitié  ;  enfuite  froiicz  votre  ou- 
vrage avec  une  brofTe  trempée  dans  cette  liqueur, 
mettez-le  fur  un  feu  de  charbon  cbir  ,  &  quand 
vous  le  verrez  noircir  ,  6te7-lc  du  feu  &  le  dé- 
trempez dans  Turine. 

Couleur  d'or  verte. 

Prenez  deux  onces  de  falpétre ,  deux  onces  de 
vitriol ,  deux  onces  de  verd-degris  &  une  once 
de  fel  ammoniac  ;  broyez- les  enfemble  &  mèJez- 
les  avec  du  vinaigre. 

Ou  prenez  quatre  onces  de  vcrd-de-grls^  quatre 
onces  de  fel  ammoniac,  deux  onces  de  vitriol  ^ 
deux  onces  d'airain  brûlé  &  une  once  de  falpétre  ^ 
broyez  le  tout  ⣠ le  mêlez  avec  du  vinaigre,  puis 
fervez-vdus-en  pour  colorer  votre  or. 

Couleur  d'or  a  Ja  fiançaifi. 

Prenez  quatre  onces  de  fel ,  deux  onces  J'ahm^ 
deux  onces  de  fel  ammoniac  ,  deux  onces  d^airain 
brûlé ,  une  once  de  falpétre  ;  broyez  le  tout 
avec  du  vinaigre. 

Ou  prenez  quatre cmccs  de  fel  ammoniac,  tjuatre 
onces  de  verdde-gris,  deux  onces  de  faîpctrc  * 
une  once  Si  demie  de  rognures  de  cuivre  ;  broyez 
le  tout  avec  du  vinaigre  ;  ou  bien  prenez  du  fal- 
pétre fondu  &  du  vitriol  noir,  de  chacun  une 
égale  quantité  ;  faices-les  bouillir  dans  un  vaiiTeau 
bien  net ,  jufqu'à  ce  qu'ils  foient  réduits  à  moitié  4 
ou  bien  prenez  une  once  de  verd-de-gris ,  <nic 
once  de  feî  ammoniac  ,  une  once  de  craie  rouge  ^ 
une  once  de  fel  fin^  broyez  le  tout  enfcjnble  ^  & 
£ai!es-le  bouillir  dans  du  vinaigre. 

Ou  prenez  une  once  de  falpétre,  une  once  de 
verd-de-gris  ,  une  once  de  vitriol ,  une  once  de 
fel  ammoniac  j  broyez  cbacnn  de  ces  ingrcdiens 
fép.irtûjeni  dinsun  mortier  net  ;  enfuite  les  ayasit 
méiès  enfemble  *  metie^-lcs  dans  un  vaiiîeau  net 
avec  de  l'eau  ,  &  faites-les  bouillir  p^nd^inx  préc 
d'une  demi  *  heure  ;  ou  bkn  prenez  quatre  chicc» 
de  fel  ammoniac ,  quatre  onces  de  verd-de-^cii  ^ 


h 


4oâ 


O  B  F 


deux  gros  de  falpècre^  éc  broy<^z-lcs  dans   au 
vinaigre. 

Couleur  blanche  pour  Vor^ 

P»-enez  deu%  onces  de  falpctrc  ,  une  once  d'a- 
lun ,  une  once  de  fel,  que  vous  pulvèrifereï  & 
mè  erez  bien  enfcmble  ;  enfuite  prenez  un  mor- 
ceau d^  creufct  ou  de  moufle  cafe»  mettezle  au 
feu  6c  faites-le  rougir  :  humctfttz  Touvrage  que 
vous  voulez  colorer  ,  &  entourez-le  de  cette  pou- 
dre ;  puis  mcite2-le  fur  un  morceau  rouge  de  ce 
creufct»  la  couleur  bouillira  ,  &  iorfqu'elle  fe  fon- 
dra ,  il  faudra  retourner  votre  pièce  travaillée  avec 
des  pincettes  ^  &  quand  la  couleur  fera  tout-à-fait 
fluide  &  jaune  «  tirez  la  pièce  du  feu ,  &  jnertee- 
la  fur  une  brique  nctie  ou  fur  une  enclume ,  jufqu'à 
ce  qu^elle  foit  refroidie,  Enfuite  prenez  un  pot  de 
terre  non  verni  ou  un  grand  creufet ,  rempHûtz- 
le  prefqu'entlè rement  d*eau  claire ,  jetcz-y  une 
poignée  de  fel  Ôc  gros  comme  une  noifette  de  tirtre 
broyé  ,  8t  ûit  ou  huit  gouttes  d*cau-forte  i  faites 
bouillir  le  tout ,  puis  trempez  votre  ouvrage  dans 
cette  compofition  ;  faites-la  bouillir  jufqu^à  ce  que 
les  impuretés  de  ia  couleur  blanche  en  foiçnt 
ètèes ,  Ôc  nettoyez  Touvrage  avec  une  brofie* 

Pêyj-  colorer  une   vieille  chaîne  d*or^  &  U   rendre 
comme  neuve. 

Prenez  de  rurioe ,  faites-y  diiToudrc  d«  fel 
ammoniac  ,  6c  faites  bouillir  dans  cette  compofi- 
tion  la  chaîne  d'or ,  elle  repreudra  une  couleur  vive 
6c  brillante. 

Couleur  verte  poMr  les  chaînes  d*or» 

Prencx  quatre  onces  de  fel  ammoniac ,  quatre 
«nces  de  verd-de-grls  ,  une  once  &  demie  de  fal- 
pétre ,  demi-cnce  de  vitriol  blanc  ^  réduifez  le 
tout  en  poudre ,  délayez  cette  poudre  avec  du 
vinaigre ,  âc  faites-y  bouillir  votre  chaîne. 

Pour  donner  à  for  une  couleur  helle  &  foncée^ 

Prenez  trois  onces  de  Vitrio!  rouge  calciné  , 
deux  onces  de  fel  ammoniac  Se  une  once  de  vcrd- 
de-gris  ^  broyez  Le  tout  enfemble ,  6c  le  tenez  bien 
féchemcnt  ;  quand  vous  voudrez  colorer  votre 
#r ,  humet£lcz-le ,  jetez  de  cette  poudre  par  deflTu^ , 
faites-le  recuire  à  pluficurs  reprifes  &  tremper 
dans  Teau  ;  ou  bien  prenez  du  ver.i-de  gris  ,  éw 
fel  ammoniac  ,  du  falpètre  &  du  vitriol ,  de  chac«n 
une  égale  cuantité  ;  broyez  la  tout  enfemble  , 
enfuite  vcrlei  du  vinaigre  par-de(Tus  ;  broyez  les 
de  nouveau  »  comme  les  peintres  broyent  leurs 
couleurs  ,  6c  laifTcz-les  fécher  :  réitérez  la  même 
opération  à  pîufieurs  reprifes,  enfuite  ferrez  votre 
poudre  avec  foin  \  8c  lorfque  vous  voudrez  mettre 
de  Tor  en  couleur ,  humcâe^-le  avec  de  Turlnc , 


OR  F  

8c  te  frottez  avec  une  broiTc,  après  quoî  jetiiît 
de  votre  poudre  par-dellus  ,  mettez- le  fur  des 
charbons  allumés,  6c  lorfqu  il  noircira,  tremptt-lc 
dans  Turine ,  6c  frottez-le  avec  une  brdlîe  de  Uitoo* 
Vous  pourrez  procéder  de  la  même  manière  pour 
les  autres  c#uleurs. 

Pour  rtndre  de  C^rpMe  plus  foncé. 

Prenez  du  verd  de-gris  ,  vcrfez  du  vinaigre  dtf- 
fus ,  remuez-le  bien  »  frottez-en  votre  or ,  6c  aprei 
ravoir  fait  chauffer  fur  le  feu  ,  irerapca-le  da  ^ 
Turine. 

Eau    pour   donner  une    couleur  d*ûr  à  un   mctJ^ 
quelconque» 

Prenez  du  foufrc  vif,  &  réduifez-le  en  poudre  ; 
faites  bouillir  un  peu  d'eau  de  fource  ou  de  pluie 
croupie  ,  verfez-la  toute  chaude  fur  la  poudre  ,  & 
remuez  bien  le  tout  enfemble  ;  raîtes  bouillir  IT 
tout ,  6c  y  mettez  une  once  de  fang^de-dragooi 
quand  la  compoûtion  a  bien  bouilli ,  6tez-U  dq 
feu  «  6c  pa^ez-la  dans  un  linge  £n ,  puis  metm 
cette  eau  dans  un  matras ,  avec  I«  métal  qne  voti* 
voudrez  colorer  ;  bouchez  bien  le  mairasi  fairci- 
le  bouillir  fur  le  feu  »  6c  le  métal  acquerra  utje 
belle  couleur  d'or;  ou  bien  prêtiez  de  Faloes  liépi- 
tique  ,  du  falpètre  6c  du  vitriol  romain  ,  de  chaain 
une  égale  quantité  ;  diftillez-les  avec  de  Tcau  dans 
un  alembiCf  jufqu^à  ce  que  tous  les  cfphts  en 
fotent  fortis  :  il  reftera  à  la  fin  une  eau  ]Aunkn 
qui  donnera  à  toutes  fortes  de  métaux  une  c«r 
leur  d'or. 

Secret  pour  colorer  Fçr» 

Prenez  tine  boucle  de  cheveux  eiiviroa  de  k 
groffeur^iudoigt,  brùltz-la  fur  des  charbons  ardem; 
tenez  votre  or  au-delTus  avec  di^s  pîncitics ,  tû 
qu'il  en  reçoive  la  fumée. 

Pour  donner  â  Vor  une  èelle  couleur  foncée^ 

Prenez  une  once  de  fel  ammoniac  »  deux  onco 
de  rognures  de  cutvre  »  6:  une  once  de  vcrd  dc-gni 
dîilillé  ;  broyez  le  tout  enfemble  ;  mettez  ce  mt^ 
lange  dans  un  matras ,  Se  verfez  par-de0uik  une 
pinte  de  bon  vinaigre  de  vin  blanc  diflillè  ;  laiffci* 
le  dcilécher  à  force  de  bouillir  ;  enfuite  broyez  le 
refle  bien  €n  ,  jonchez-le  fur  une  aifiette  de  verre  » 
6c  mettez-le  à  la  cave  p  oti  il  fe  changera  en  htiik^ 
faites  encore  coaguler  doucement  cette  huile  ^^ 
enfuite  broyez  &  mêlez  ccitc  matière  a%'ccj 
mercure  fublimé.  Prenez  une  demi-once  de  i 
cotnpofition  «  pctriffc—la  avec  de  la  cire  dV 
6c  jtitcz  la  dans  uae  quantité  d*UAe  livre  d*or 
qui  e(i  en  fufion  :  U  acquerra  une  belle  cotdcw 
tonCiie. 


» 


O  R  F 

Pûur  dénier  à  la  dcmn  une  belle  couleur. 

Prenez  du  fel  net  Se  du  foufre  ,  faites-les  bouîl- 
Jtr  cofcmble  avec  de  l*eau  daas  une  coquille  d*oeuf 
ifue  vous  aurez  vid^èe  ;  prenez  garde  de  ne  pas 
donner  aiTez  de  fen  pour  brûler  la  coquille  ;  frot- 
c«  vorrc  dorure  avec  cette  liqueur ,  qui  lui  don- 
ri^a  une  couleur  plus  brillante  qu'elle  n'avoit  au* 
0:rivaar. 

Ou  prenez  de  la  poudre  et  foufre  &  de  Taîl 
l>royé  ,  faites-les  bouillir  dans  de  Turinc  ;  enfui  te 
t^mfâit  recuire  votre  or,  trempei-ije  dans  cette 
~L  c^eur  qui  lui  donnera  une  belle  couleur. 

W^^UT  fendre  hillant  les  endroits  de  la  dorure  qui 
font  taches. 

Prenez  deTalun^  faites -le  bouillir  dam  deTcau 
«lairc ,  &  tfcmpez-y  votre  dorure  ,  vous  en  ver- 
rez la  couleur  revivre  Ôc  les  taches  s'évanpuir. 

Peut  donner  aux  vieux  jalons  on  agrémens  d'argent 
leur  première  couleur. 

Prenez  de  la  poudre  d'albâtr«  ,  d^fféchez-Ia  fur 
k  feu  ,  &  laiiTez  b  dans  cet  état  aulfi  long-temps 
qti*il  e(l  poHlblc  ;  puis  Tayant  otè  âc  laiâè  revot- 
er, étendez  votre  galon  fur  une  étoffe,  prenex 
ëc cette  poudre  avec  une  bro^e  à  peigne  ^  &  frot- 
tci-en  le  galon  des  deux  côrés  ,  jufqu'à  ce  qu*il 
foitaufli  brillant  que  vous  le  fouhaitez,  après  quoi 
TOUS  le  poliriz  avec  une  pierre  unie. 

Ou  prenez  du  fiel  de  bœuf  &  le  âel  d'un  chien, 
»èlcz-les  cnfemble  avec  un  peu  d*eau,  frétiez  en 
?oirc  galon  d  or  qu  d'argsnt ,  vous  en  verrez  chan- 
.  fer  la  couleur  à  vcHre  latîsfaâLom 

f^ur  polir  6*  luflrer  Vor  ,  ou  un  ouvrage  doré. 

Prenez  deux  onces  de  tartre ,  deux  onces  de 
roufrc  &  quatre  onc<fs  de  fel;  faites-les  bouillir 
te  moitié  eau  &  moitié  urine  ,  trempez  y  votre 
«r  ou  votre  ouvrage  doré  ;  cette  eau  lui  donnera 
IU3  beau  luflre. 

Ou  prenez  huit  onces  de  fel  »  deux  onces  de 
lame,  deux  onces  de  foufre  »  deux  onces  de  lére 
Wufte  &  une  demi-once  d'alun  ;  faites  bouillir  le 
toat  dans  de  Teau  &  de  Turine ,  &  pa(Tez  votre 
<»  'Vrage  à  travers ,  vous  ea  verrez  l'effiit  tel  que 
loiis  le  fouhaiicz. 

Ou  prenez  huit  onces  de   foufre,  huît  onces 

«ilun,  huit  onces  d*arfenic  'pune  ,  une  livre  de 

ï^rtrc  &  une  livre  de  fel  i  faites  bouillir  le  tout 

éim  de  Teau  &  de  TuTine. 

On  çrencz  huit  onces  d'arfcnic  jaune ,  une  îivre 

llbafr^,  une  livre  de  tartre^  une  livre  d'alun 

|_6c  iTOis  oiices  Si  dc'initf  de  fil;  faites t)ûuillir 

Ingç  dans  de  Turine  &  de  Tcau. 

de  Tanti- 


o  R  F 


407 


mrine  réduit  en  poudre  fine  ,'  faites- en  une  ItT- 
five  ,  &  frottez-en  avec  une  brofle  la  pièce  que 
voulez  colorer. 

Ou  prenez  une  once  de  tartre  blanc ,  tine  once 
de  foufre  verd  &  neuf  onces  de  fel,  broyez- le 
tout  enfcmble  ;  enfuiie  prenez  une  faucière  de 
cuivre  remplie  d'eau  fraîche ,  que  vous  ferez  bouil- 
lir ,  mettt:z-y  un  grain  d'arfenic  jaune  crud  ,  faîtcs- 
y  bouillir  auflî  trois  cuillerées  des  ingrédiens 
précédens  broyés ,  après  quoi  faites  pafi'cr  votre 
ouvrage  dans  cette  compoficion  :  quelque  ft>ncé 
en  couleur  que  vous  le  rendiez  1  il  en  fortka  clair  ^ 
&  avec  un  éclat  brillant  &  fin. 

Manière  d'enlever  Vor  de  dejfus  des  vafes  d* argent 
doré. 

Prenez  pour  cet  effet  une  partie  de  feî  animo- 
niac,  &  une  demi-partie  de  Llpétre ,  broyez-les 
&  réduifcz'les  eu  poudre  ;  frottez  d*huile  la  partie 
dorée ,  jonchez  de  la  poudre  delfus  ,  6c  mettez 
votre  vafe  dans  le  feu  jufqu'à  ce  qu'il  foit  bien 
chaud  ;  enfuite  retirez- le  ,  Ôc  le  tenant  d*une  main 
au-deitus  d*un  plat  de  terre  ^  de  Tautre  frappez 
deffus  avec  une  baguette  de  fer  :  la  poudre  tom- 
bera dans  le  plat  avec  For  ^  que  vous  en  pourrez 
fépirer  enfuite  avec  la  méthode  ufitée. 

Ou  mettez  du  vif-argent  dans  un  plat  de  terre 
fur  ic  feu  ,  fuiqu'à  ce  qu1l  foit  liédè  i  tourne z-y 
de  tons  cotés  votre  vafe  ou  auire  uflenfile  d'ar- 
gent :  Tor  (c  fèparera  de  Targeni  pour  fe  joindre 
au  vif-argent.  Quand  vous  verrez  lor  tout- à-fait 
détaché  dkl  vafe  ,  ôtez-le  de  deflus  le  feu  ,  vcrfez 
le  vif-argent  avec  Tor  quand  il  fera  refroidi  dans 
un  autre  plat  »  &  s'il  rcfte  encore  de  Tor  dans 
quelque  endroit  »  réitérez  îa  même  opération  juf- 
qo'à  ce  qye  vous  n*cn  aperceviez  plus  du  tout  : 
enfuite  faites  paffer  le  vif- argent  à  travers  un  cuir, 
ce  qui  en  refiera  ,  mis  dans  une  retorte  (  le  col  de 
la  retorte  à  travers  duquel  le  mercure  pûjfe  ,  doit  eue 
à  motiie  enfoncé  dans  feau  qui  ejl  dans  le  récipient ,  ) 
fur  un  fable  chaud  ou  fur  des  cendres  ,  forcera  le 
refte  du  mercure  à  oaHer  dans  un  récipient  avec 
Teau  y  &  s'il  en  re(te  encore ,  il  fe  fondra  &  fc 
purifiera  avec  Tor. 

Méthode  pour  ftparer  la  dorure  d'avec  rargent, 

,  Prenez  d*abord  un  vaiflTeau  de  verre  ou  de  terre 
verni,  mettez-y  de  Teau-forte  dans  une  quiotiré 
proportionnée  à  la  grolTeur  de  voire  ouvrage  ; 
prenez  tout  au  plus  un  gros  éz  fel  ammonnc  poi^r 
une  once  d'cau-fone,  rèduifci-le  en  poudre  bien 
£nQ  ,  mettez- le  dans  Teau-forte  &  le  faites  chauffer 
fur  le  ftu  Quand  vous  vous  apercevrez  que  le 
fel  ammoniac  navaillc ,  mcttca-y  alors  voire  argent 
doié;  puis  quand  vous  remarquerez  q:ie  le  vafe 
tiï  devenu  ni^ir  ,.c*e(l  une  preuve  que  Tor  en  cft 
tnlevï.  S'il  y  a  une  gr^ndç  quantité  d'ouvrage  , 
UîiTezîc  une  d&mi  -  hetifc  .o,a.,BPc  heure  entière 


40î5 


O  R  F 


avant  de  Tôicr ,  ce  que  vous  ferez  avec  des  pinces 
de  bois.  Après  Tavoir  ôiè  cki  feu,  mettez- le  dans 
de  Teau  claire  ,  enfuite  faiteî^-îe  recuire  fît  booîllir 
avec  le  tartre  ;  répétez  cette  opération  trois  fois 
de  fuite  ,  &  votre  or  paroitra  brillant  ik  tout 
neuf. 

ManUrt  de  fcpartr  tor  (tavéc  Veau-font, 

Prenez  »n  vafe  ou  terrine  de  cuivre ,  mettez-y 
un  verre  dVan  plein  ,  enfuite  veriez-y  Teau^forte 
cçiii  contient  de  Tor,  afin  de  Tadoucir  un  peu  ; 
a|OUtez-y  un  tptart  d'once  de  borax  de  Venife  » 
&  faites  bouillir  le  tout  r  laiiïez  repofer  cette 
liqueur  toute  la  nuit  ;  le  matin  ,  verfez  par  iikIï- 
naifon  :  Tor  fera  dêpofé  au  fond  ;  féchez-Ie  par 
degrés^  &  quand  il  le  fera  tout-à- fait ,  vous  y 
mêlerez  un  peu  de  borax  &  vous  le  fondrez* 

Fùur  donner  un  lujirt  aux  pikts  d'argcnurie. 

Faites  difloudre  de  Talun  ,  &  formez-en  une  fau- 
mure  fone ,  que  vous  écumerez  avec  foin  ;  mclez- 
y  du  favon  ,  &  lavez  vos  pièces  d'argenterie  dans 
cette  compofttion  avec  un  chiffon  de  linge. 

Mamère  de  féparer  Tor  d*avec  t argent  doré ,  parla 
cimentaiion. 

Prenez  une  partie  de  colcoihar  ou  vitriol  rouge 
calciné»  une  partie  de  fcl  &  une  demi-partie  de 
rouge  de  plomb  ;  pulvèrifez  Se  misiez  le  tout  enfcm- 
ble  ;  couvrez  de  ce  mélange  en  poudre  votre  argent 
doré  dans  un  vaKTeau  de  terre  ;  mettez  le  dans  un 
fourneau  ,  &  ne  lui  donnez  qu*un  feu  lent ,  pour 
empêcher  l'argent  de  fe  fondre  :  la  poudre  attirera 
Tor,  que  vous  pourrez  enfuite  réduire  en  le  fon- 
dant avec  du  plomb ,  &  le  féparant  à  la  coupelle. 

Soudure  pour  les  chaînes  d* argent. 

Fondez  trois  parties  d'argent  Bn  &  une  partie 
d'airain  ^  &  quand  ils  feront  en  fufian  ,  jetez -y 
une  petite  quantité  d^arfeoic  jaune. 

Ou  bien  prenez  une  partie  d'arfenic  jaune  & 
une  partie  de  cuivre ,  fondez-les  &  les  rédnlfcz 
en  grains  ;  ajoutez- y  quatre  parties  d'argent  fin  ; 
fondez  le  tout  cnfembic,  &  cmûczAt  dans  une  lin- 
eotière  ;  quand  ce  mélange  fera  froid  ,  limez- le  & 
le  réduifez  en  poudre  fine* 

Soudure  pour  V argent. 

Mettez  en  fufion  deux  parties  d'argent  »  ajou- 
tez-y une  partie  de  clinquant  ou  d*airain  battu 
bien  mince,  mais  ne  le  laiiTcz  pas  trop  long-temps 
es  fufion  ,  de  ci'ainte  que  l'airain  ne  s^éi-apore 
en  fumée  ;  ou  bien  prenez  quatre  onces  d'argent  ^  | 
troiî  onces  d**iirain  &  un  quart  d'once  d'arienic  ,  i 
food€i-ks  enfemhlc  8c  vc fez  les  pro/nptcment  ;  ! 


o  R  F 

^  ou  bien  fondez  deux  onces  d'argent  &  une  met 
de  clinquant,  ajoutez-y  une  demi*once  d'irfenic 
blanc  ;  coulez  promptement  ce  mélange  :  c*cft  uce 
fort  bonne  foudure. 

Ou  bien  fondez  une  once  d'argent  fin  &  nnt 
once  d'airain  mince  ;  quand  ils  feront  en  fiiCon  p 
jetez  par- de ffu s  une  once  d'arfenic  blanc;  fonda 
6c  remuez  bien  le  tout  enfemble  ,  après  quoi  \roiii 
le  vcrfcrez  promptement. 

Excellente  foudurc  pour  ror. 

Fondez  du  cuivre  on  de  l'argent  hn  de  duciia 
une  partie  ^  &  ajoutez-y  deux  parties  d'or* 

Ou  prenez  du  même  or  dont  vatre  ouvrage  A  j 
fait ,  ta  pefameur  d*un  fol ,  alHez-ïe  avec  neè  j 
grains  de  cuivre  &  autant  d'argent. 

Manière  de  fouder  Vùr  au  l'argent. 

Battez  votre  foudure  bien  mince ,  &  coupeil* 
par  petits  morceaux  ou  paillettes  i  enftûte  pttm 
l'ouvrage  que  vous  voulez  fouder  :  joignez  citfl»* 
ble  les  deux  bouts  avec  un  fil  de  métal  fin  ;  llulnc^   u 
tcz  les  jointures  avec  un  pinceau  trempé  dans  de   I' 
l'eau  de  borax. 

Si  louvrage  que  vous  voulez  fouder ,  cft  ô» 
bouton  ou  quelque  autre  chofe  de  délicat ,  mctlc^ 
le  fur  un  grand  charbon  ,  ÔC  foufflcz  avec  voue 
inflrument  de  manière  à  faire  aller  la  flamme  d'un* 
granJe  lampe  par-deiïus»  afin  de  fondre  voire 
matière. 

Enfin  ,  faites-le  bouillir  dans  de  Peau  d'alun  on 
dans  de  Teau-forte ,  pour  en  détacher  le  boni  ♦ 
fechez-le  fur  un  feu  de  charbon  ,  enfuite  travailla' 
le  à  la  lime  ou  au  tour;  fi  c'eft  de  V argent ,  feitô- 
le  Minchir  de  la  manière  fulvante  : 

Mettez  votre  ouvrage  fur  un  feu  clair,  8c  quani 
ii  fera  rouge  ,  retirez-le  du  feu  ,  &  le  laiffet  fi- 
froîdir.  Pendant  ce  temps  mettez  fur  le  fcti  un 
vaiiîbau  de  cuivre  non  étamé^  avec  de  '.rcati ,  i 
laquelle  vous  joindrez  une  partie  de  fel  fin  & 
une  partie  de  tartre  ;  faites  bouillir  ce  aèUû- 
ge ,  mais  pas  trop  fort ,  afin  que  la  liqueur  u 
s'échappe  pas  par-deHus  les  bords  :  quand  cOe  t 
bien  bouilli,  mettez  y  votre  •uvrage  qui  cft  en 
peu  refroidi ,  &  faites-le  bouillir  pendant  Vc(fict 
de  fix  minutes  ;  enfuite  lirez  le  vafe  de  deiTuf  le 
fêu ,  ôtez-en  l'ouvrage ,  &  le  ietex  dans  de  roi 
claire  ,  d'où  vous  le  retirerez  &  le  gratterti  bicfl 
avec  une  brofie  de  laiton  ,  pour  le  nettoyer  de  h 
crade  qu'il  a  contraâée.  Enfuite  réitérot  celte  Of^ 
ration  ;  faites-le  recuire  encore  une  fois,  meisii- 
te  bouillir  dans  le  tartre  &le  fel ,  &  procédei  covae 
auparavant.  Puis  prenez  du  tartre  noir  brvlé,fef* 
mez  une  pâte  avec  un  peu  d'eau  &  couvrecHBi 
votre  ouvrage  ;  enfuite  faites-le  recuire  fttr  oo  fai 
de  charbon  clair;  après  l'avoir  ôté  du  feu»  l*of- 
fc/-Ie  bien  dans  l'eau  claire ,  pour  en  ôterlecmrt 
brûlé  ;  mettez- le  encore  une  fols  dios  Teut  é£ 

tiftie 


O  R  F 

«ù  îl  dPa  bouilli ,  kiiT<z-ry  bouîlîîr  encore  quatre 
jnirgtes  ,  autres  quoi  Uveï-ie  dnns  Venu  froiHe  , 
ftchcz  le  avec  un  irgc  nti  ;  il  deviendra  d'un 
beau  blanc  de  couleur  de  perle, 

PrQcéJè  pour  fépa^er  Var  &   tar^tnt   dts   Uvures 
(Torfévrts^ 

Prenez  des  lavures  on  balayures  »  mcrtez-le* 
oins  un  viureau  de  rcne  bien  %trni ,  ajoutez-y 
UDC  quantité  pro^jonionrièe  de  mercure  ;  irèkz  la 
poufScre  Se  le  rnercurc  vac  les  nikins  ,  jn  qu'à 
ce^ue  %'ous  fiigîez  que  lem-rcLire  a  tire  tuut  lor 
«  rirticm  de  la  puuilîéîc  ;  mettez  ;  nfuiie  tonte  la 
jnaffe  dan*  un  fach-t  de  cuir  ,  tordez  ce  CiC  pour 
en  fair.:  fortir  I^  pltiv  grande  partie  du  mercure  ; 
ce  qui  reft..ra  fera  comruc  une  pâte  :  mettez  citte 
pâte  dans  un  aLmVic,  6:  faites  en  i^'»rtir  le  mer- 
cuic  dani  un  vcfc  t»Jein  rfeau ,  que  vou>  m. tirez 
fous  !  a  tête  d.-  TaUmmc  piur  le  recevoir*  Menez 
krenaut  djns  le  creufr.  raffinez  le  avec  du  plomb  ^ 
&  fèparez  It;  avec  leau-fune* 

Moytnî  de  nafcytr  rargcnr  &  de  h  hhnchlr  \  par 
M,  de  Rièétucourt ,  dans  fa  chimie  dacimajlijue, 

Lorfque  la  furface  de  Targent  n'ell  ternie  que 
ptr  la  ;ouflîère  ik  les  diff*rens  corps  que  charrie 
perpétuellement  Tair  atmnfphcrique  >  un  peu  de 
bbac  d'Elpagnc  délayé  iuffic  pour  réiablir  fou  pre- 
mier éclat. 

Si  elle  efl  falic  par  quelques  corps  gras ,  un  peu 
oVau  de  favon  la  nettoie  plus  efficacement  &  plus 
promptement  que  le  blanc  dXfpagne,  quoiqu'avec 
le  temps  on  parvienne  cependant  à  k  décaper  par- 
iaitçmeni  avec  cette  matière. 

Mdis  quand  elle  cft  noircie  par  le  phlogifllque, 
foît  qu'il  ait  été  ini*;  en  contât  avec  eiie  ,  foit 
qu  clî^:  ait  éû  cxpofée  à  fes  exhahifons  ,  alors  il 
tA  difficile  de  la  nettoyer  par  ces  moyens  ,  fur- 
tout  k  ,  étant  chargée  de  gravures  ou  de  cifclu- 
rcs  ,  elle  préfente  un  grand  nombre  de  cavités. 

En*^ii  U  difficulté  efl  encore  plus  grande  ,  loif- 
que  l'argent  a  été  ejrpofc  au  feu  ,  Sl  qu'il  en  ion 
noirci ,  foit  par  le  cont.iél  des  charbon^i ,  foît  plus 
probablement  encore  pirle  phîogif^iqnc  du  cuivre 
auquel  il  cft  allié  ,  Se  qui  le  dtcompole  par  Tac- 
lîoiï  du  feu»  Dans  ces  deux  cas ,  &  fur  tout  dans 
celui-ci ,  tl  n'y  a  dautr-2  moyen  de  rétablir  la  pu- 
reté de  fa  couleur  ,  que  celui  de  le  jeter  dans  îc 
Uanchimertf, 

Ce  que  les  orfèvres  appellent  thnchlmint  ^  eft 
une  eau  féconde  irès-foiblc ,  un  mélange  d*eau- 
forte  avec  une  quantité  d'eau  afîez  grande ,  pour 
qucunt  appliquée  fur  la  langue,  elle  n'y  occafionne 
cu'une  fenfation  d'acidité  trés-légérc  ,  à-peu-près 
IcmhlâbTe  à  celle  du  jus  de  ciiron  ,  ou  d*un  vi- 
naigre médiocrement  fort. 

Après  avoir  recuit  la  pièce  qu'on  veut  nettoyer  , 
a&a  de  détruire  par  la  combuflioo  le  phlogilliqHQ 
Ans  &  Mctltrs.  Tome  K    Partie  JL 


o  R  F 


409 


qui  la  noircît,  on  h  bi^^c  refroidir,  oiî  h  iette  en- 
fuitc  dans  le  blanchim^m  ,  et  nu  Loue  de  quelques 
h  turcs  on  l'en  retire. 

Elle  cA  alors  tr^es- blanche,  mais  nultc  ;  <ai  lui 
r  f.d  le  brillant,  fciicr.  récurant  avec  du  fublon, 
fo  t  en  la  bruniiTani  ou  la  poli ff^ ut  d-   nouveau» 

L'dfage  s*eft  allez  génèralcmeiit  introduit,  de- 
puis quelques  année»  ,  de  fuiftituer  IVcidc  vitrio- 
îique  à  Pcauforte,  poir  la  prépara-ion  d  blan- 
chiincnt.  Cet  acide,  n'at^aq^fant  pas  T  .g^ut  en 
ma  Te  ,  p.iniît  ménîer  la  luéférci^ce  fur  Ccitu-fotic, 
qui ,  G  affoibiie  qu'elle  puilTc  être,  ne  lallfe  ce- 
ptn  .ant  pas  d\^gir  fur  ce  miiaL 

SovoER,  eil  l'aûion  de  réunir  différentes  par- 
ties aéLnies ,  pour  n*cn  faire  qu  un  tout  p^r  U 
nii.ven  de  la   fou  dure. 

^onrfoudcr^  on  arrête  enfinble  les  pièces  que 
Ton  veut  joindre  ,  foit  avec  du  fil  d-  fer  ,  ioit 
avec  des  crampons  ;  on  met  des  p,»il;Oi  5  de  fou- 
dure  le  long  des  aiÎLmblages  ;  on  humeélj  U  tout  » 
&L  on  garnit  de  borax  tous  les  endroits  où  il  y  2 
des  paillons  de  foudure  :  il  eft  même  prudent  , 
lorfqu  une  pièce  a  déjà  éprouvé  quelques  foudu- 
res ,  de  garnir  légèrement  de  borax  les  endroits 
précédemment  foudés  ;  cela  empêche  la  foudure 
ancienne  de  fe  brùltr  au  feu. 

Lorfque  la  pièce  efl  ainfi  dirpofée  ,  on  l'expofe  à 
un  feu  léger  pour  faire  fécher  le  borajt  ;  on  veille 
pendant  ce  temps-là  à  ce  que  les  paillons  de  fou- 
dure  ne  s'écartent  pas  des  places  oÎj  on  les  a  pofés  , 
ce  qui  grrive  quelquefois  par  le  bouillonnement 
qu'excite  rhumidité  mêlée  au  borax. 

Si  la  piice  cA  petiic ,  on  la  porte  tout  de  fuite 
au  fcîu  de  la  lampe  ,  ou  d'un  coup  de  tlammc  dirigé 
par  le  chalumeau  de  cuivre  ,  on  éch;tuffr  la  tota- 
lité de  la  pièce ,  &  on  la  fouJe  du  même  coup. 

Lorfque  la  piè:e  eft  grofte,  après  Tavoir  fait 
fécher ,  on  Tenvironne  &  on  la  couvre  de  charbon 
allumé:  on  réchauffe  alors  en  foufFlant  a  Tentour 
avec  un  foufiîet  à  main  ;  lorfque  hi  pièce  eft  d'un 
rouge  futHfant,  on  découvre  les  endroits  qui  doi- 
vent être  yî/ït/ci  en  ôtant  les  charbons  dedefTus  ces 
places  ;  on  porte  le  tout  au  fju  de  la  lampe  ,  oii 
d'abord  on  achève  de  réJuiuffcr  tout  à-fiût  en 
Tenveloppant  de  toute  la  fl.jr.nte  du  chalumeau  ; 
&  lorfqu'on  aperç'^it  r^ue  la  foudure  eft  prête  à 
fe fondre,  on  rétrécit  fa  6amme,  Se  on  la  porte 
plus  dire^ement  fur  les  parties  à  réunir  :  lorfque 
Ton  a  vu  couler  toutes  les  foudures  ,  alors  on 
dégarnît  ta  pièce  promptem::nt  de  tout  le  feu  de 
charbon  qui  Tenvironne,  on  la  laiftiî  refroidir  , 
on  la  délie,  &  on  la  met  dérocher  dans  Teau 
fecr^nde. 

Il  y  a  une  obfervation  à  faire ,  c*eft  qu*il  arrive 
quelquefois  que  les  crampons  ou  fils  de  ht  fe  fou* 
dtm  avec  Tor  p^ir  la  violence  du  feu  ;  mais  il  eft 
aifé  d'éviter  cet  inconvénient  en  mêlant  tant  foit 
peu  d^  fcl  de  v:rre  avec  le  borax. 

OÙSSOUDER,  Comme  il  arrive  quelquefois  que 
dins  les  ouvrages  montés,  quelques  pièces  d*or- 

F  f  f 


41  o 


O  R  F 


ne  mens  fe  dérang«;n£  au  feu  ,  ou  que  Touvrlcr  ne 
les  trouve  pas  placées  coaimeil  défireroit,  il  faut 
alors  les  dtjfoudîr^  fans  nuire  au  refte  de  Tou- 
vrage*  Cette  opération  fe  fait  en  garniffant  d*une 
terre  délayée  ,  à  laquelle  on  aura  joint  un  peu  de 
fel ,  pour  lui  donner  plus  de  confillance  ^  tous  les 
endroits  fondés  ,  à  rcxccption  de  celui  que  Ton 
veut  dcJfoudiT,  Oii  gratte  bien  les  à- Te n tours  de 
cette  partie,  Ôt  on  la  gtirnit  de  borax,  comme  fi 
on  vouîoit  la  fonder.  On  place  la  pièce  au  feu  , 
&  on  afTujettit  tout  le  corps  de  Touvrage ,  foit 
avec  un  poids  ,  foii  avec  des  liens ,  de  façon  qu'il 
foit  diflRclîr  à  mouvoir.  On  donne  enfuice  à  fa  pièce 
tout  le  tu  dont  elle  a  befoin  pour  mettre  la  fou- 
dure  en  fufion  ;  &  dès  qu'on  Ty  voit,  on  happe 
la  partie  qu^  Ton  veut  détjcher  aviC  une  pince  , 
&  on  Tenléve  :  Tiié^ion  de  la  foudure  qui  eft  en 
fiifion  j  &  qui  cherche  ï  fe  gripper  ,  fait  qu'il  faut 
«n  cettTïin  ifFort  pour  opérer  cette  disjondion.  Si 
la  pjnic  qiK*  Ton  vei^t  dcjfoudcr  n*eil  pas  de  nature 
à  pouvrtr  être  h  tppée  ,  ort  Tattache  préliminai- 
remcnt  avec  un  fil-d\irchal  un  peu  fort  &  un  peu 
long  ,  arec  lequel  on  puiffe  l'enlever  comtnodé- 
menr. 

Polir  ,  m  ttrmt  de  bijùuûer^  c'cA ,  comme  dans 
tout  autre  art ,  effac-^r  les  traits  que  peuvent  avoir 
^aitsles  différens  outils  dont  on  i*eft  fervi;  toutes 
les  pierres,  potées,  ou  autres  ing^édiens  dont  on 
fe  iert  à  cet  effet ,  ne  kn.  que  fubrtitucr  des  traits 
plus  fins  à  ceux  qu'ils  enlèvent ,  &  tout  Wwx  con- 
fiée à  fe  fervir  de  pierres  ou  de  poudres  qui  en  laif- 
fent  de  teliement  fins  &  tellement  raccourcis,  que 
TobJ  ne  puifle  les  apercevoir. 

Le  poliment  de  Tor  fe  fait  aind.  On  fe  fert  d'a- 
bord de  pierres  vertes  qui  fe  tirent  de  Bohème  , 
pour  drcifcr  les  filets  ,  gravures ,  orneroens  &  les 
champs  du  deiTus  des  tabatières. 

Pour  le  dedans  des  tabatières ,  on  emploie  égale- 
ment de  grandes  pierres  vertes  &  larges ,  &  de  grof 
fes  pierres  c^e  ponce  ;  après  cette  opération  ,  qui  a 
enlevé  les  traits  de  U  lime  &  les  inégalités  de 
foutil ,  on  f;:  fert  de  pierre-ponce  réduite  en  pou- 
dre ,  broyée  &  amalgamée  avec  de  Thuile  d'olive 
qui  adoucit  les  traits  de  la  pierre  ,  ⣠ de  la  grofie 
ponce  ;  à  cette  féconde  opération  fucciède  celle  du 
rripoli  :  rien  n'eft  plus  difficile  que  le  choix  de 
la  pierre  de  tripoll  &  fa  préparation  ;  il  faut  la 
choifir  douce  ,  &  cependant  mordante  i  il  faut  la 
piler  avec  attention  ,  la  laver  de  même  ;  &  ce 
n'cft  que  du  réfultat  de  fept  à  huit  lotions  faites 
avec  grand  foin,  dont  on  fe  fert,  &  que  Ton 
confervc  bien  proprement  :  le  moindre  mélange 
de  mal-propreté  nuit,  &  f:iit  qu*on  efl  fouvent 
obligé  cic  recommencer  :  on  emploie  cette  poudre 
fine  de  tripoU  avec  du  vinaigre,  ou  de  rcau-de- 
vie  ;  lorfqu  on  a  effacé  avec  cette  poudre  les  traits 
de  la  ponce  à  Thuile  ,  on  finit  par  donner  le  vif 
à  l'ouvrage.  On  fe  fcrvott  autrefois  ,  pour  cette 
dernière  opération ,  de  la  corne  de  cerf  réduite  en 
paudrc  &  employée   avec  refprit-dc-vin  i  maU 


o  R  F 

depuis  quelques  années  on  sVft  fixé  à  une  pouiî;t 
rouge  ,   qu'on  appeloit  d'abord  refuge  A^An^uttr' 
mais  qui  s'eft  depuis  multipliée  à  Paris ,  &  qui  i 
autre  chofe  que  le  caput  monuum  des  acides  nirn 
quicompofent  Teau-forte  ;  cette  poudre ,  emploj 
avec  Teau- de-vie  ou  Terprit-de-vin ,  donne  un  bcalT 
vif,  &  termine  le  poliment  de  Vor, 

N,  B>  Nous  allons  employer,  en  continuant  b 
rédaiHon  de  Tart  de  Torfévrerie  »  un  excellent  mé- 
moire qui  nous  a  été  fourni  par  M,  Lecain ,  ancien 
garde  de  Torfévrerie,  artifte  très-inflruit ,  qui  joitu 
une  pratique  raifonnéeàunethéorielumineufe.Cdl 
donc  la  doftrine  mème%u  maître  que  nous  jvoiïs 
l'avantage  de  mettre  fous  les  yeux  de  nos  leâcurj. 

L'Orfèvre  -  Buoutiek  -Planeur  ,  eft  tom-i* 
la-toli  artifte,  fabricant,  négociant  Ôt  marchand: 
il  eft  aufii  tireur  6»  batteur  d^or  ;  (vo^f^i 
C€s  mois  dans  Tordre  alphabétique  de  ce  didîon- 
natre.  ) 

Son  prîvifége  eft  de  vendre ,  fabriquer  &  ache- 
ter toutes  fortf  s  de  vaiffclles  ,  ouvrages  & 
d  or  ou  d'argent  ;  de  même  les  diamans  r 
ou  fiên  montés }  les  perles  fines,  6c  tous  Usou^ 
vrages    de  joaillerie  en  pierres  fauffes ,  mûmes 
en  argent. 

Il  leroit  moralement  impoffible  à  tout  orférre 
quelconque  de  faire  chacun  en  particulier ,  fait  ed 
fabrique ,  foit  en  commerce,  toutes  les  parties  que 
Ton  vient  d*annoncer.  Non-feulement  les  tortHOd 
les  plus  grandes  n*y  fuffiroient  pas  »  mais  le  phy^ 
fique  de  Thomme  le  plus  fort ,  la  tére  î.i  mieux 
organifée  n*y  tiendroicnt  pas  »  aulft  chacun  d^eui» 
en  général ,  s'attache-til  à  une  de  ces  parties,  C  eÔ 
ce  qui  les  fait  connoître  fous  les  déaontinatÎQai 
ci -après. 

On  entend  par  orfcvn ,  celui  qui  n^emre prtirl 
que  de  fabriquer  &  vendre  la  vaiffelle  »  les  coo* 
verts  »  les  autres  oi*vrages  qui  font  partie  des  meu- 
bles d'ornemens  ,  les  tabatières  d'argent ,  les  boo- 
clés  de  feuliers  ,  &  un  grand  nombre  d'autres  pc- 
tites  pièces. 

Par  orfèvrt'hïjêmm  ,  celui  qui  fabrique  &  vcd 
tous  les  bijoux  d*or  «  même  ceux  qui  K»nf  enricliif 
de  dlaroans  ^n^. 

Et  par  orfévre'JQjillier ,  celui  qui  vend  &  met 
en  œuvre  les  diamans  ,  les  pierres  ptécieufcs« 
&  particulièrement  les  ptrks  fines  dont  on  i 
enrichi  depuis  quelques  années  certains  broaf* 
Ces  derniers  font  auffi  connus  fous  le  nom  éi 
mdteurs'tn' œuvre,  (Voyez d^ns  ce didioniuirr Tïrt 
du  diamantaire ,  lapidaire  I  joaillier ,  metteur-cc- 
oeuvre  ). 

Il  y  a  lieu  de  croire  que  Fart  de  rorfévrcrie  re- 
monte à  des  temps  très- reculés,  putfquc  les  \ài^ 
toriens  les  plus  anciens  font  mention  des  oavfifiei 
d'or  &  d'argent  qui  fer  voient  à  la  dècoratîoii  èes 
temples  ,  8c  quelquefois  même  à  la  création  4ei 
divinités  chez  les  Egyptiens,  putfqu'ils  adotok»! 
un  veau  d*or*  On  peut  juger  aifément  de»  pfogréi 
de  cet  art  y   par   la  comparaifon  des   oi]Tn|d( 


O  R  F 

fègîîtc  qai  ic  ftouvent  eticore  dans  les  plus  ancien- 
nes mécropolcs  &  maifons  religleu^s^  d'avec  ceux 
qui  k  font  aujourd'hui. 

Le  luxe  &  la  fplendeur  des  fouverains  fe  font 
lugmcntés  à  raifon  de  la  quantité  des  matières 
dor  &  d'afeent  qui  fe  font  répandues  dans  toutes 
les  parties  du  monde  par  la  voie  du  commerce. 
Les  orfèvres  qui  en  failoient  l'emploi ,  ont  été  nè- 
CeAairement  des  premiers  acquéreurs  de  cette  dcn- 
léc,  Oîi  pcMt  donc  donner  juftement  à  Torfévre 
qtaiiiés  d*artifte  ,  marchand  &  négociant  tout 
iniêœble. 

Et  quelle  autre,  en  effet,  que  oellc  de  négo- 
dint  pourroit-t-on  donner  aujourd'hui  à  des  or- 
(mes  qui  ne  font  que  le  commerce  des  matières 
for  &  d  argent  dircôemenr,  &  i  Tinftar  des  pius 
grandes  miifons  de  banque  ^ 
^  Par  lucce(îîon  de  temps,  le  nombre  des  orfèvres 
f*eft  multiplié  par  tour.  Mais  en  France  feulement 
il  s'cA  forme  de^  fujiîts  qui,  par  U  fi  p^riorité  de 
leurs  ta 'ens,  ont  honore  cet  art  &,  Vont  rendu  irés- 
recommandable. 

L'ait  de  Torfévrerie ,  quoique  mécanique  dans 
fon  principe  ,  fe  trouvant  lié  aui  arts  libéraux  ,  il 
fa  heu  de  croire  que  Térab  ilTement  de  lacadé- 
Biie  royale  de  peinture  6c  fculpture  a  beaucoup 
»>Dtribuè  aux  progrés  des  lalens ,  &  par  fuite 
i  Ta  grand  iffement  de  cette  branche  de  commerce , 
le  même  qu'à  la  formation  des  anifles  fupérieurs 
ians  cette  partie ,  qui  ont  fait  paflfer  leur  nom  k 
a  portérité. 

Tel  a  été,  dans  le  dernier  fiécle  ,  Cbude  Ba- 
in, orfèvre  du  roi  fous  Louis  XIV.  Il  exécuta 
K)ur  ce  prince  \c%  fiiperbes  meobie*   en   argent 

Eui  furent  fondus  à  la  paix  de  Rifvick.  Il  eiit  pour 
ïcccffeur  Pierre  Germain  ,  qui  fut  également  or- 
évrc  du  roi  ;  mais  l'homme  le  plus  remarquable 
Ians  cette  partie  ,  fut  Thomas  Germiin,  orfèvre 
iu  roi,  &  fils  de  celui  que  Ton  vient  d^  citer  Cet 
rtifte  fiit  le  créateur  de  la  belle  orfèvrerie»  &  fcs 
■Hnges  ferviront  éternellement  de  modèles  à  tous 
^fucceâTeurs.  Ceft  donc  une  jufticc  de  rendre 
pSt  homme  illuftre  ,  à  cet  article  ineflimable  le 
r:buf  de  louanges  qui  lui  eft  dû*  11  ejt  inconce- 
rablc  que  le  portrait  ou  le  bufte  d'un  fi  grand 
ammç  ,  en  qualité  d'artifïe  &  d  ancien  garde- or- 
" ,  ne  retrouve  point  placé  dans  la  maiiVon  cora- 
t  &  bureau  des  orfèvres. 
Le$  pièces  majeures  de  cette  partie  de  Torfé- 
frerie,  qui  peuvent  procurer  aux  anlrtes  les  oc- 
Cafions  de  fe  dtftinguer  &  de  fe  faire  connoîtrc , 
im  les  terrines  ,  les  pots  à  oëîllc  ,  les  fur-tours ,  les 
ambcaux  ,  les    girandoles  ,  &  particulièrement 
s  ouvrages  d'églife. 

Pour  exceller  dans  Part  de  l'orfèvrerie,  il  faut 
avoir  deifiner  &  modeler  fupérieurement.  Ces 
Icux  fcienccs  mènent  naturellement  à  celîe  de  la 
ii'ekire  «  fans  laquelle  un  orfèvre  ne  peut  jamais 
îcn  faire  par  lui-même  de  fupérieur.  Cette  Icicnce 
la  clfelure  eft  la  compagne  prefque  inCéparable 


OR  F 


41  i 


de  celle  de  la  gravure.  (  Voyez  dans  ce  dlâion- 
«aire  Tart  du  cifeleur-damafquincur  ), 

Ces  deux  talens  fe  font  trouvés  tellement  réu- 
nis de  nos  jours  dans  la  pcrfonne  de  feu  M* 
Marteau ,  que  Louis  XV  le  nomma  fon  gravcuf 
de  médaillés  ,  après  avoir  exerce  long-temps  Tor- 
févrcrie  ,  6l  occupé  les  dignités  ordinaires  dans 
ce  corps  en  qualité  de  garde. 

Un  orfèvre  doit  connoître  encore  les  principes 
de  la  perfpcâive  6l  de  rarchitefture  ,  afin  de  don- 
ner à  fes  ouvrages  de  juftes  proportions  dans  le 
choix  des  formes  qu'il  compofe,  &  ne  pas  les  char- 
ger d  ornemcns  fuperflus  ;  mais  ,  au  contraire , 
les  décorer  d^une  manière  agréable,  &  qui  cadre 
convenablement  avec  les  formes  qu  il  a  imagi- 
nées. 

Ces  connoifTanccs  ,  ces  lumières  ,  &  des  talens 
particuliers,  ont  fait  dlAinguer  le  fils  de  Thomas 
Germain  que  Ton  a  cité  ci -devant. 

Une  autre  fcience  encore  bien  importante  dans 
cet  art,  eft  celle  de  la  retrait  U  ^  qui  confiftc  à 
favoir  élever  une  pièce  emboutie  à  telle  hauteur 
qu'on  veut,  C'eft  par  le  moyen  de  cette  opéra- 
tion mécanique ,  qui  marche  la  première  ,  que  Tar- 
tille  fe  procure  l'emploi  des  autres,  qui  deviennent 
fccondaircs  après  la  comp.  fuon. 

Le  rédadeur  de  cet  article  croit  devoir  ,  avec 
confiance,  avancer  que  cette  capitale  a  Tcvantagc 
de  procurer  à  la  nation  un  homme  illuflre  d^ms 
cette  partie  ;  &  cVft  une  juftice  6i  un  devoir  de 
citer  un  anlfte  que  la  fupériorité  feule  de  fes  ta^ 
lens  a  fait  fullement  nt  m  mer  l'orfèvre  c\î  roi.  U 
réunit  à  une  compofition  favante  &  f»ciïe,  des  pro- 
portions raifonnées  dans  tous  fes  ouvrages  ,  une 
exécution  mâle  Sd  brillante,  &  les  csraélères  de  la 
vérité  dans  les  figures  qui  fervent  d*ornemens  aux 
pièces  qu*il  compofe,  M.Au^iJi^-  ctûn^  a  créé  des 
ouvrages  dortcvrcne  ,  qui  fervent  aujourd'hui 
chez  le  roi ,  chez  les  princes  &  dans  les  cours  étran- 
gères ,  &  qui  font  en  même  temps  fa  gloire  &  celle 
de  fa  patrie. 

Outils  de  tûffcvftrie* 

Les  outils  principaux  pour  rejcéci^tion  des  pic* 
ces  de  forfévrerie ,  peuvent  fe  divifer  co  deux 
clafic^. 

Les  enclumes,  les  marteaux  à  forger ,  le  lami- 
noir, la  forge  ,  les  fourneaux  3  fondre  ,  Iccreufet  » 
&  les  Uneotières  pour  recevoir  Fargent  que  l'on 
jette  de  fon  éiat  de  fufion  en  forme  de  b^rre. 

Toutes  ces  pièces  font  les  premiers  inRriimens 
néceffaires  aux  opérations  mécaniques  de  lart  de 
r  orfèvrerie. 

Les  autres  outils  font  les  limes,  grandes  &  pe» 
tites  ,  les  marteaux  moyens  ,  ptits,  &  beaucoup 
d'autres  qui  doiveuf  être  de  uiffé rentes  formes 
pour  la  retrainie  i  le  burin ,  le  trufquin  ,  les  ri- 
floirs  ,qui  fervent  ordinaircmcfU  à  réparer  Ls  fou* 
dures,  &à  prépaicr  le  poli  dans  les  moulures  de 

Fff  a. 


plats  &  aiiïres,  Icfqnelles  font  appliquées  au  fortir, 
ioii  de  la  tiïrre^foit  du  fable  où  on  lesjetic  en  moule. 
Le  ccmpas  ,  h  régie  ,  le  tour  rond  6^  à  contours  , 
les  totcxi  »  une  grande  pierre  pbtc  peur  dreiîcr  les 
ptecei  afin  de  les  monter  droites,  &  les  filières 
de  toutes  fortes  de  formes  &  grolfeiirs  »  tels  font  tn 
geiîeral  les^omiU  indifpcnfabksanx  opérations  de 
Torfcvre. 

Ccil  avec  le  fec®urs  de  tous  ces  laflrumens  que 
ranifte  parvient  à  faire  d'un  métal  ^  tju  il  eft  con- 
traint de  réduire  dans  fon  principe  en  fufion  ,  un 
corps  dur  avec  lequel  il  pevit  créer  en  pttit  les 
mêmes  ouvrages  que  les  fcuipreurs  forment  en 
grand  ,  avec  cette  (HiTtrence  que  Torfeire  opère 
«n  édifiant ,  &  le  fvul^iitv^ur  par  dépouillement, 

Lorfévre  emploie  le  borax  pour  fouder  Ôc  raf- 
fembJer  plufieurs  pièces ,  îefqueîles  dérochées  d  ms 
hnxr  principe,  n'en  font  plus  quune  par  cet  heu* 
reux  eflet. 

Sans  entrer  dans  îe  détail  de  la  métallurgie  »  il 
c(l  pourrant  jufte  i\c  donner  une  idée  de  la  ma- 
lière  à'^^m  Torfèvre  fait  emploi* 

L'  LHHt  des  mines  fïlus  ou  moins  chargé 

deiTi  r^rogèn-5  ,  fe  Bxe,  par  Tcffct  du  raf- 

niuigCf  a  tin  degré  ordinaire  que  i'on  cil  convenu 
de  reconR'  irre  pour  être  au  titre  de  cn^e  deniers 
Vingt  grains,  en  qualité  de  fin,  quoique  la  divi- 
fion  en  foit  poft^e  à  celle  deonae  deniurs  vingt- 
quatre  ,  qfii  répondent  â  douze  dmiers  ;  m^ii»  ce 
degré  de  (in  étant  contcuK  6t  difficile  à  acquérir, 
on  seu  tient  ordinairement  au  premier  que  Ton 
vient  de  citer. 

Cette  valeur  fiflîve  établit  en  réalité  la  valeur 
numéraire  de  \6  ïiv.  pour  le  marc  pefant  ;  mais 
Targent  ne  pouvant  |?as  s'employer  dans  le  degré 
de  fin,  parce  qu'il  fcroit  trop  flexible,  les  loix 
rendues  à  ce  fujet  !e  fixent  au  titre  pour  le  plus  bas 
de  onze  deniers  dix  grains;  c'cil-i-dire,  qu'il  eft 
permis  à  Torfèvre  dVmployer  pour  la  valeur  de 
quatre  francs  par  marc ,  une  quantité  de  cuivre 
équivalente  à  cetre  fomme  ,  laquï^lle  ,  mèiée  avec 
la  matière  d'argtnt ,  tédui»  ce  même  b'oc  ou  mor- 
ceau d*argent ,  pefant  un  marc,  à  la  valeur  nu- 
méraire de  51  liv.  au  lieu  de  celle  de  56  liv.  qu*tl 
vaudroit ,  s'il  étoit  rcûè  à  fon  degré  de  fm  ordi- 
naire ,  comme  on  Ta  démontré  ci  dc(fu5* 

Il  en  eft  de  même  pour  Tor  ;  c*cA  à-dire,  qu'une 
once  ù'or  fin  ,  au  titre  dî  34  karats  ,  valeur  fictive 
à  laquelle  on  eft  convenu  de  s'arrêter  pour  établir 
!e  dernier  degré  de  fin ,  ôt  le  karat  évalué  quatre 
livres  ,  rortc  la  valeiir  d'un  once  à  cellede  quatre- 
vingt  feiic  livres  ,  mais  l'or  ne  pouvant  s'employer 
dans  cette  dernière  quaHté  de  (in ,  par  la  rai  fon 
qif  i!  fcroit  ^  comme  l'argent ,  trop  flexible  ,  par  les 
ordonnances  il  eft  pcrm'rs  de  le  charger  d*un  crn- 
quii^me  ,  c*cft-à-dire,  quM  faut  Tallicr  pour  le  rt- 
duire  au  titre  de  vingt  k.^rats  ,  ce  qui  le  rcvluit 
à  la  valeur  nt?mér.iire  de  &ô  liv. 

Il  ne  faut  pas  de  ce  raiforncmcnt  tirer  la  coiî- 
ft<lueRce  que  i*or  au  titre  de  vingt  k*rats  »  ne  doit 


fe  vendre  que  80  liv.  Tonce .  cette  ifmiètt  km 
une  denrée,  eA  fujette  à  une  augmcittaitOQ  ëe 
prix  momentanée  dans  le  commerce,  coflunc 
toutes  les  autres  natcUacdtfo  »  iuiv^m  b  OfCiè 
ou  l'abondance. 

Les  matières  d'argent  éprouvent  le*  —  '^^-  rîïl 
férenccs.  Il  fuffira  de  dire,  pour  ne  i  m 

écarter  de  notre  premier  ftijet  »  ,1 
de  1767  ,  le  prix  de  Tor  fin^Vfl  : 
entre  10c  Itv.  â  lOt  liv.  10  fols,   ici  «a 
qui  fait  valoir  Tt  r  au  titre  ordinaire  de  v    _ 
rats,  entre  84  êc  85  liv.  Ton  ce,  A  Tégard  oc  i  ar- 
gent ,  les  variations  font  moins  frc^ui. rites  ;  ma^ 
il  y  a  cependant  lieu  de  croire  qu'il  reliera  i  f] 
liv.  le  marc* 

L'art  e  Torfévrerie  a  créé  de  même,  par  rm 
fu»te  dsî  IvxQ^  une  autre  branche  de  commerce 
appelce  bijounrie  en  or  ;  ce  qui  a  fait  duniscr  na 
aftjflcsqui  s*cxerccnt  dans  ctitc  partie  ,  le  r 
fabricans  en  or  ,  lefquels  deux  nom»  cl. 
certainemcnt  des  mots  Uïins  Mtn  jut^sr ,  qiii  i»- 
viennent  également  au  aiot  otiévrc- 

Les  pïèwe>  ma;ciires  d«.-  cette  partie  fom  la 
boittes  ou  labatièrcs  d\>r ,  Icibiites  à  trioiic^ci  S: 
a  rouge  ,  le^  étuis,  les  pommes  de  CMn* 
lanceiiers  *  &  les  garnitures  de  luoccfet  de  ly..^ 
de  ,  les  ^baîncs  de  montres  ,  f4S  I  OmcIcs  d*or ,  tk 
enhn  tout  s  les  bciics  garnit*  d'ur ,  ainfi  qociooi 
V  autres  petits  cuvr^àgcs  dénimmés  cumintiaé- 
ment  brclu  uc*« 

Dans  le  nombre  des  premiéves  pièces  qu^s  Vm 
vicni  jVnnonc.r  ,  quelques-unes  mèf 
citées  en  paniculirr,  à  caufe  de  li  r.  ie 

kur  exécution  ,  comme  Us  boites  de  fonxic  oâ^ 
gone ,  les  boites  à  mouches  &  à  rntige,  les  ao* 
ttes  appelées  en  termes  techniques  ,  boites  en  cage* 
kfquellcs  fervent  à  encadrer  les  cailloux  ,  les  ma» 
gellans  ,  les  agates  orientales  «  les  peintU'C«>,  Bc 
enfin  toutes  les  pierres  pK  cicyfvs  :  ces  diAcultes 
redoublent  encore  lorfqu'il  sagît  de  l'ciécwiiofl 
des  pièces  émaillées. 

L'eiTenticJ  de  l'art  de  rcrfévrcrie,  cocififte  dim 
la  compofuion  toujours  renouvcLc  des  bitoutdr 
différentes  cf^èces  ,  fit  particuiicrement  datti  li 
peifeélion  du  fini  dam  les  ouvrages  de  grasd 
prix. 

Cet  art  a  le  mérite  encore  d'avoir  donné  lien» 
renouvellement  d'un  autre  qm  a  enrichi  cetlir  briB* 
che  de  coirmerce  ,  c'eA  la  peinture  en  èmaiî. 

Nuus  avons  vu  deux  orfévr  •*  tjtutier^  ,  bf 
ficur%  Hamelin  &  M<.iUé  «  en  1754,  coAœocer 
à  peindre  en  émail  fur  des  bij  ttx  d*Of ,  ^  pctni 
depuis  cet  art  i  un  point  de  p  rtcAiofi  fi  àcvé^ 

3ue  plufieurs  de  leurs  ^ouvr^gw-s  t  - 
'hiii  une  place  riilTnguée    ans  #ci  ^ 
bleaux  les  p'us  précieux. 

Nuu%  -vons  de  même  la  fatl^fiiâioti  d'awtir  ra 
le  bijoutir  du  roi  ,  M.  Draîs ,  com  oftr  6^  " 
exécuter  fous  fcs  ycix  des  ouvrages  d'im  u 
itès*pariiculkr« 


R  F 

L'artifle  ^e  cette  partie  eflentlelic  3c  rortcvre- 
rie,  tH  cdut  qui  a  le  plus  befolo  des  con nuisan- 
ces nêcefTaires  dans  la  métallurgie  Ôc  la  doci- 
mjfie  »  pour  la  préparation  &  la  manière  d'em- 
ployer un  métal  qui  paroîc  ft  beau  quand  il  eA 
ouvragé ,  &  cependant ,  par  fa  nature ,  il  ell  on  ne 
pciit  pas  moins  duÔilc,  Les  matières  hétérogènes 
gu'ii  renferme  le  rendent  fouvent  impraticable  , 
supoint  que  les  orfèvres  les  plus  patiens  &i  les  plus 
expérimentés  ,  font  obligés  ,  pour  venir  à  boLt  d^ 
remployer ,  de  l'en  dépouiller  en  entier ,  c'eA-à- 
diic,  de  le  rendre  à  fa  première  qualité  d*or  fin , 
^tnluire  de  le  recharger  de  nouveau  pour  le  met- 
tre au  litre  prîfcrit. 

Savoir  allier  ce  mhat  de  manière  à  lui  faire  pren- 
iitki  différentes  couleurs  dont  il  efl  fufceptible, 
jftia  fcience  partiaillèrc  de  L'orfèvre  bijoutier  ; 
uvoir  auÛTi  Tallier  en  qualité  &:  quotité  ,  eft  le  ré- 
«ibt  d'une  rëg'e  de  calcul  dont  ii  convient  que 
loffévre  Si  le  bijoutier  fcitnt  également  indruits. 
Le*  ralcns  fupérieurs  des  ârtiftcs  que  Ton  a  cités 
Cl  devant  avec  un  grand  plrifir,  &c  les  fu  ces  que 
nombre  de  bijoutiers  &  joailliers  de  Paris  ont 
cuî  par  leur  mérite  particulier  ,  ont  contribué  à 
établir  &  Contblider  pour  l'orfèvrerie  de  Pans  ,  la 
tcputation  dont  elle  jouit  juilement  d^ans  tous  les 
pâyj  du  monde ,  sinfi  que  ù  fupêrioriié. 

U*aprés  ces  déïaib ,  qui  coiifliiuent  5c  établiilent 
les  parties  mécaniques  de  la  bijruteric  ^  Sih  qua- 
lité des  véritables  ortevres-bijouiicrs  ^  il  eft  facile 
de  reconnottre  que  c'eft  par  erreur  qu  on  les  a 
ÎUîlifiés  ,  dans  quelques  écrits ,  de  marchands  de 
P-ms  tableaux  ,  vafcs  de  porc^lânc  ,  Ôcc.  Cçs  der- 
nîm  font  tout  au  plus  des  marchands  de  foi- Jifants 
bijoux  &  petits  meubles  ;  êi  attendu  leur  qualité 
<le  ne  favoir  5t  de  ne  pouvoir  rien  fabriquer  ,  ils 
appartiennent  à  la  communauié  des  merciers  oé- 
»iun$  î  c'cft  donc  bien  a  tort  qu'on  a  prétendu 
ÎC5  affimiler  à  rorfcvreric, 

IlnVrt  pas  de  rigueur,  pour  être  marchand  orfé- 
▼fe  à  Paris ,  de  polTéder  tous  les  talens  dont  nous 
ayons  donné  ci-devam  Icsdétails,  tous  les  orfèvres 
By  font  pas  néccfiités  pour  vivre  honorablement 
<3îns  leur  état  ;  mais  tous  enAmble,.  orfèvres, 
J'jouticrs  &  joailliers  ,  font  obliges  à  une  grande 
fiticlité,  non-fciiiement  dans  Temploi  de  leur  ma- 
fiêre ,  mais  encore  dans  les  opératiojiS  de  itur  com- 
"i^fce.  Ils  s'y  obflgent  par  ferq^ent ,  lors  de  leur 
tcception  à  la  msîtrife  ;  &  c'e  de  même  cette 
«tl«lité  dans  fes  opération'*  de  commerce  &  de 
^ii»ric|ue,  qui  contribue  à  maintenir  roifévrerie  de 
'^iris  dans  fa  fu^jériorité  émineme  ,  qui  lui  fait 
«îonncT  la  i^rcfèrence  fur  les  autres  orfèvreries  du 
monde. 

Pour  convaincre  le  public  &  particulièrement 
l«s  hrangcTs  ,  que  ce  que  Ton  vient  de  dire  n  ert 
point  une  aiïertion  ,  il  faut  leurfai-c  connoitre  les 
fjccjutions  que  icgoiivernem -nt  a  pnies  pour  certe 
lùfité,  par  ks  obligations  qu'il  a  jmpoféss  aux  orié- 


O  R  F 


415 


Un  anîfte  qui  veut  fe  faire  recevoir  maître  or- 
fèvre ,  eft  obligé  de  fe  préfenter  devant  M.  Je 
procureur  du  roi  au  châtelet  de  Paris ,  pour  y 
prêter  ferment  de  fidélité  dans  fon  commerce  ; 
enfuice  il  monte  à  la  tour  de>  monnoies ,  où  il 
eft  interrogé  fur  les  différens  calculs  d*élémcns  pour 
l'emploi  des  matières  d'or  &  d'argent.  S  il  eft  trouvé 
capable  ,  la  cour  Tadmet  tout  de  fuiîe  au  ferment, 
par  lequel  il  promet  d'obfervcr  fidèlement  les 
ordonnances  du  roi  6l  les  arrêts  de  la  cour  ;  Se 
fur  les  conclufions  de.  ^\  le  procureur-général ,  il 
efl  reçu  au  même  inflant  :  il  eft  obligé  encore  de 
donn^runecaution  de  mille  livres,  pour  répondre  , 
tant  envers  le  roi  qu'envers  le  public,  des  contra- 
ventions qu'il  pomrott  commettre. 

Ce  font  les  gardes-orfèvre**  qui  le  rrèfentert  , 
Si  déclarent  en  même  temps  que  T^^fpiraj  t  a  fini 
fon  apprentiffage  ,  ou  qu  ii  rll  fils  de  maigre  ,  & 
que  dans  lune  ou  Tautrc  qualité  ii  a  fait  chef* 
d'oeuvre  en  leur  prcfjnce, 

La  première  obligation  d\m  maître  o*févre  , 
qDand  il  vtut  fabi'q'uCr  ,  eft  ctllc  d'avoir  un  poin» 
çon  à  lui  [  aruculier,  qui  s'appelle  polnçcn  ^*e  maî^ 
tre.  Il  doit  être  compofè  dc&  lettres  u^tia^es  de 
fon  nom,  d'une  devife  à  fon  choix,  dune  ficur 
de  lys  courontiée  »  6c  de  deux  petits  ronds  formant 
d^LX  grains  pofés  parallèlement  »  afin  défaire  ob- 
ferver  continuelttmvnt  au  fabricant  tu'il  n*a  que 
àcux  grains  de  remède  dans  femploi  de  ces  ma- 
tières. 

Il  ejl  tenu  aufTi  de  faire  înfculper  ce  poinçon 
fur  une  planche  de  cuivre  dèpofée  au  greffe  de  la 
cour  des  monUdies  1  &  fur  une  autre  dépofée  au 
bureau  des  orfèvres  ;  ces  deux  infculpations  font 
de  rigueur ,  afin  d'y  avoir  recours  au  befoin  ,  en 
cas  de  contravention  de  fa  part ,  auquel  cas  on  y 
procè  e  par  voie  de  comparaifon  &  de  rengré- 
nernent, 

Uorfévre  doit  appliquer  le  poinçon  Yor  tous  les 
ouvrages  qu'il  commence  ,  ik  prendre  beaucoup 
de  foin  pour  qu'il  ne  s'efface  pns  dans  le  cours  de 
la  fabrique ,  afin  que  dans  tous  ks  temps  on  puilfe 
le  reconnoître. 

Quand  fes  ouvrages  font  ébauchés  au  marteau 
feulement,  il  eft  obligé  de  les  porter  au  bureau 
des  orfèvres  ,  pour  en  faire  la  déclaration  au  règif- 
feur  des  droits  du  roi  »  lequel  applique  fur  lefdites 
pièces  un  poinçon  qui  s'appelle  poinçon  décharge. 
Par  cette  opération  le  règiffeur  donne  fa  reconnoif- 
fance  au  contribuable  de  la  déclaration  qu'il  a  faite 
par  devant  lui ,  contenant  fa  fourni  ffion  de  rappor- 
ter ces  mêmes  pièces  lorfqu'elles  feront  finit  s,  pour 
en  acquitrer  le  drOit  impofé  fur  le>  ouvrages  d'or 
Si  d'argent ,  8c  qui  fe  prélève  à  raifon  du  poids 
qu'ils  le  trouvent  avoir  lors  de  leur  perfcflion. 

Cette  féconde  obligation  remplie  ,  il  eft  forcé 
à  une  trojfièiHC  plus  importante  encore  poiTr  le 
pi  biic ,  c'eft  cdle  de  dépofcr  à  Tii  ftajit  ^  fans 
dépAt ,  ces  mêmes  [  ièce"»  brutes  a  dans  le  boreau 
dci  gardes*orfèvres  ,  appelé  maifon  commune ,  pour 


414 


O  R  F 


y  êîre  eïïayèes  parles  gardes -orfèvres  en  exercice. 

Les  gardes  -  orfèvres  prépofés  pour  faire  Tclfii 
de  la  matière  de  tous  les  ouvrages  d'or  &  d'arec nt 
qui  fe  fabriquent  dans  la  capitale,  rempliffent  (cru- 
pulcufcment  leur  devoir  à  cet  tgard  j  6c  après  y 
avoir  procède  tour  de  fuite ,  s'ils  ont  trouvé  les 
ouvrages  au  litre  prefcrît  par  les  ordonnances,  ils 
appofent  leur  poinçon  deÔus  lefdttes  pièces  dans 
leur  état  brut ,  ce  qui  en  fait  un  troifLème. 

Ce  poinçon  étoit  précédemment  ,  &  jufqu^à 
Tépoque  de  Tannée  1784  ,  avoit  toujours  été  une 
lettre  de  l'alphabet  couronnée  ,  qui  changeolt  tous 
les  ans  au  mois  de  juillet ,  terme  fixe  du  renou- 
vellement des  gardes.  Le  motif  du  changement 
annuel  de  ce  poinçon,  étoit  d'indiquer  fexercice 
de  chacun  des  gardes-orfèvres,  afin  qu'en  cas  de 
contravention  de  leur  part ,  (  ce  dont  on  n'a  ja- 
mais vu  d'exemple  )  la  cour  des  monnoies  pût 
reconnoître  juflemem  ceux  contre  lefquels  clic 
auroii  à  févir* 

Uncïiouvelle  déclaration  du  roi,  rendue  en  Tan- 
née 1784 ,  &  regiÛrée  en  la  cour  des  monnoies  , 
ordonne  que  la  lettre  P  fervira  pour  l'avenir  de 
poinçon  de  contre-marque  pour  la  ville  de  Paris, 
êz  que  le  milléitms  annuel  fera  indiqué  par  deux 
chiffres  qui  fc  trouveront  placés  au-deflbus  de  la 
couronne. 

Il  eft  eflentîel  d'obferver  que  les  ouvrages  mou- 
lés font  fujets  aux  mêmes  formalitcs  que  ceux  dont 
on  vient  de  rendre  compte.  Le  poinçon  des  gardes- 
orfèvres,  appelé  de  mai/on  commune  y  &  de  con- 
tre-marque ,  eft  auffi  înfculpé  fur  une  planche  de 
cuivre  ,  dépofèe  au  greffe  de  la  cour  des  monnoies  , 
pour  y  avoir  pareillement  recours  au  bcfoin. 

Après  l'effai  fait  des  matières  apportées  au  bu* 
reao  par  les  fabricans,  fi  elles  ne  fc  font  poini 
trouvées,  favoir,  celles  d'argent  au  titre  de  onze 
deniers  douze  grains»  au  remède  de  deux  grains  de 
ûn^  celles  d'or  au  titre  de  vingt  karats  un  quart, 
au  remède  d'un  quart  pour  les  ouvrages  ordinaires , 
8l  pour  les  grandes  pièces  auifi  en  or,  foit  d;ins 
l'orfèvrerie,  foit  dans  la  fourbifTeric  ,  ou  toute 
autre  partie,  au  titre  de  vingt  deux  karats  un  quart , 
au  remède  d'un  quart ,  les  gardes*orfévrcs  caiTent  6t 
coupent  en  différentes  pbces  les  ouvrages,  afin 
d'ôter  au  fabricant  tout  moyen  de  les  employer 
ailleurs,  en  obfervant  de  ne  poiut  défigurer  la 
marque  du  régiffcur ,  afin  que  le  contribuable  puifTc 
fe  faire  décharger  de  la  foumiflion  qu'il  avoit  faite 
précédemment  de  rapporter  ces  mêmes  ouvrages 
quand  ils  feroieac  Anis* 

Dans  cette  dcrmère'circonftance ,  les  gardes-  orfè- 
vres donnent  au  fabricant  un  bordereau  qui  lui 
indique  le  titre  auquel  s'eft  trouvé  fon  or  ou  fon 
argent,  afin  qu  il  puiffele  recharger  en connoiffancc 
de  ciijfc ,  de  U  quantité  néceflairc  d'or  ou  d'argent 
fin  pour  fe  retrouver  au  titre  ci- de  (Tu  s  annoncé. 

Toutes  les  précédentes  obligations  remplies  de 
la  part  de  Torfèvrc  ou  bijoutier  ,  il  achève  en  fùrcté 
fon  ouvrage,  le  rapponc  enfoitc  au  bureau  du  roi 


o  R  F 

pour  acquitter  les  droits  ;  alors  on  lui  d^ 
foumiflion  ,  &  le  fermier  ou  rtgiffeur  poiir.1 
applique  fur  ces  mêmes  pièces  un  quatrième  poit 
qui  s'appelle  juflement,  &  pour  cela,  pot/jfon^ 
dé^Lirge.  Cette  dernière  opération  lui  donne  b  li* 
berté  d'expofer  en  veme  &  de  difpofer,  coisincboa 
lui  femble,  de  ces  marchandifes* 

Nous  ajouterons  ici ,   en  intcrromoant  le  me- 
moire  de  M.  le  Cain  ,  quelques  eïcmpîes  du  nv>f' 
de  rorfévrc-bijoutier ,  dont  les  pUnches  grav 
le  vocabulaire  donneront  encore  d'autre»  t.v 
tions. 

Voici  la  coi7JlruBwn  cTune  charnière  deè9tte^i*sftii 
l'ancienne  encyclopédie, 

La  partie  la  pIusdifEcile  à  faire  dans  une  t/.- 
tierc  d'or  ou  d'argent,  ou  montée  en  l'un  ou  Taurrc 
de  ces  métaux,  c'cft  la  charnière;  voici  conunt.n 
on  l'eiécutera, 

11  faut  d'abord  préparer  te  H l  de  charnière. 

Pour  cet^  effet ,  on  prend  un  brin  de  61  d  ot  o« 
d'argent,  carré  Ou  rond,  qu'on  aplatit  par  ijn«, 
excepté  4  fon  extrémité,  â  répaifleur  d'un  qiurt 
de  -ignc ,  ou  à-peu-prés ,  félon  U  force  dont  oa 
veut  la  charnière  ;  U  faut  que  l'épaifftiir  de  h 
partie  foit  bien  égale  :  Ton  roule  cette  partie  apla- 
tie ,  félon  fa  longueur ,  fur  un  fil  de  (cr  ou  t*c 
cuivre  rond  ,  &  on  la  pafle  à  la  filière*  Cenc  opé- 
ration affcmble  &  applique  exaétement  les  de«i 
bords  de  la  lame  l'un  contre  l'autre  ,  dètrtar  li 
cavité  Ôt  alonge  le  fil. 

On  tire  à  la  filière  jufqu'à  ce  que  Je  trou  (m 
du  diamètre  qu*on  défire  ;  &  quand  il  y  cf» 
un  fil  d'acier  tiré,  bien  poli ,  &  que  l'on  în 
dans  le  trou,  &  l'on  remet  le  toutenfcmble  datià 
la  filière  :  cette  féconde  opération  appliqiic  lis 
parties  intérieures  de  la  charnière  contre  le  fil,  JL 
diminue  fon  èpaiffeur  fans  diminuer  le  diamètre* 
On  a  foin  de  graiffcr  le  fil  d'acier  avant  de  Hctro* 
duire,  avec  du  fuif  ou  de  la  cire. 

On  tire  jufqu'à  un  trou  marqué  de  U  filière.  On 
retire  le  fil  d*acicr  ,  &  comment  l  Pour  cet  cflbf  , 
on  pafTe  fon  extrémité  dans  un  trou  jvfte  de  fon 
diamètre  de  la  filière  ;  alors  l'épaifTeur  du  61  de 
charnière  fe  trouve  appuyée  contre  la  filière  ;  00 
prend  les  tenailles  du  banc,  &  on  tire  le  fil  ifacicr 
qui  vient  feul. 

Ou  bien  on  prend  le  bout  du  fil  d'acier  cSis 
tin  ému  à  main  :  on  paiTele  fil  de  chamièfc  diA 
un  trou  plus  grand  que  fon  diamètre.  On  pfCfid  h 
pointe  refTerrée  du  ni  de  charnière  4Vec  la  fonattk 
du  banc  ,  &  on  tire. 

Il  irrive  affe^  fouvcnt  que  le  fil  d*acîcr  fe  cafli 
dans  le  fil  de  charnière  \  alors  on  coupe  le  fil  fit 
charnière  par  le  milieu  ;  on  fait  enfortc  que  dm 
la  coupure  ou  entaille  puiflc  être  reçu  un  fil  ée 
fer  :  on  le  tord  autour ,  &  on  paiTe  &£  repafle  le 
tout  dans  une  filière  plus  grande  qtie  le  fil  de 
charnière  ,  mais  moindre  que  le  fil  de  cïisraâérf 
avec  le  fil  de  fer  mis  dans  la  coupure  ,   Ac  ûo  Qff» 

Quind  le  fil  d'acier  eft  tiré  de  b  clurmète,  ai 


paflcdam  fan  calibre»  dont  (la  différence  des 
ircmtres  n'étant  pas  perceptible  à  la  vue  )  Icn- 
e  ril  marquée*  Il  y  a  irés-pcu  de  différence  entre 
trou  de  U  ôliére  &  le  trou  du  calibre  ;  c'efl 
ar  ceU  qu'on  a  marqué  le  trou  de  la  filière. 
Oa  tire  la  charnière  pliiricurs  fois  par  le  cali- 
»  afin  qu'il  puiffe  y  rentrer  plus  aiiement ,  & 
fil  lie  charnière  eff  fini  :  cVft  de  ce  fii  qu  on  fait 

f  Alt  rnons* 
Les  charoons  font  des  bouts  de  Al  de  charnière* 
avoir  des  charnons,  on  commence  par  cou- 
le fil  de  charnière  par  bouts  d'un  pouce  & 
l  ou  deux  pouces  de  longueur  ;  on  ébarbe  un 
bouts  ,  &  on  le  préfente  dans  le  calibre  du 
de  fon  entrée  ;  après  Tavoir  paffè ,  on  a  un 
iffceau  de  bois,  datis  lequel  on  place  le  calibre 
moiric  de  fon  épaiffeur.  On  fait  entrer  dans  le 
ilibre  le  fil  de  charnière  avec  un  maillet,  jyfi]u'à 
qu'il  foit  ^  ras  du  trou  de  fortie ,  &  un  peu  su- 
;là.  On  a  une  lame  de  couteau  taillée  en  fcie  , 
li'on  appelle  fcit  â  chamon ,  avec  laquelle  on 
Hipc  le  bout  de  charnière  excédant  à  ras  du  trou 
ttmrée.  On  lime  cnfuite  les  deux  faces  avec  une 
oace. 
^aut  que  le  calibre  foit  trempe  dans  toute  fa 
né,  atrin  que  les  limes  ne  mordent  pas  fur 
^^ifiices.  Cela  fait,  on  frai fe  les  deux  entrées  du 
Tfou  du  charnon  j  puis  avec  un  outd  appelé  rtpouf- 
Wtr ,  on  fait  fortir  le  charnon ,  &  on  le  répare. 
On  a  une  pointe  conique ,  qu'on  fait  entrer 
ce  force  dans  le  charnon»  pour  en  écarter  l'af- 
^mblaee  &  l'apercevoir.  Il  faut  obfcrver  que 
\  matière  dont  on  a  tiré  le  fil  de  charnière  ,  eft 
ud  &  non  recuit ,  afin  de  lui  conferver  fon  élaf- 
itc. 

On  a  un  burtn  ;  &  afin  de  ne  plus  perdre  de 
TOC  Taffcmblage  que  la  pointe  a  fait  paroîtrc  ,  on 
tire  UQ  trait  de  burin  dans  toute  fa  longueur ,  mais 
qti>n  rend  plus  fenfiblc  fur  les  extrémités*  On 
bajTC  ce  trait  avec  la  lime ,  ou  Ton  y  fait  de  petites 
tranchées  perpendiculaires  ;  puis  avec  le  burin  , 
00  emporte  un  peu  de  ta  vive-arréte  du  trou  libre  , 
car  la  pointe  efl  toujours  dans  le  charnon  ;  alors 
en  ébarbe  le  bord  extérieur ,  on  change  la  pointe 
de  trou  ,  &  Ton  en  fait  autant  à  l'autre  bout  :  dans 
cet  état  k  charoon  eft  prêt  à  lier  ,  &  à  former  la 
charnière* 

Il  Ciut  avoir  les  porte- charnières.  Les  porte- 
chaimères  font  deux  parallèlipipèdes  fondés ,  que 
kt  aniffes  appellent  carris  ^  que  Ton  met  appU- 
qnès  fon  au-dcffus  ,  &  Tautre  X  la  cuvette  :  celui 
%\  fient  à  la  cuvette  eft  quelque  peu  profilé.  Il 
ut  que  les  furfiices  de  ces  psrallélipipèdes  s*ap- 
pliqucm  Tune  contre  Tautre  ,  fans  fe  déborder  par 
Muors* 

Quand  cela  eft  fait ,  on  divife  la  circonférence 
da  charnon  en  trois  parties  égales*  On  prend  ta 
moitié  de  ia  corde  du  tiers  ,  &  Ion  trace  la  cou- 
lîûe  fur  toute  la  longueur  des  carrés  ,  prcnart  fur 
la   hauteur  Je   chaque  pone-chartiiérc  la  mottié 


de  la  corde  du  tiers ,  &  fur  la  profondeur^  les  deux 
tiers  uu  diamètre»  Il  cA  évident  que  quiiod  les 
chirnons  feront  fixes  dans  les  coiilifrts ,  la  boire 
s  ouvrira  d'un  angle  de  120  degré;*.  11  eft  ceK«  n 
aiîlli  que  voilà  les  vive-arrêtes  à^^  couIilTes  déter- 
minées 

Après  cela ,  on  fait  fur  ces  traits  qui  détermi- 
nent les  vives-arrétes  ,  autant  de  traits  de  parallé- 
\^s  qui  fervent  de  tenons  aux  précédons  ;  car  il  eu 
évident  que  quand  on  fera  la  coulifte,  les  premiers 
traits  difparoîtroni.  Pour  faiie  les  cent  quatre-vingt 
coulifies,  on  commence  par  enlever  les  angles  ; 
pour  évider  le  refte ,  on  a  des  échoppes  àcouiiues. 

Ce  font  des  efpéces  de  burins  qui  ont  la  cour* 
bure  même  du  charnon  fur  leur  partie  tranchante. 
On  enlève  avec  cet  outil  la  matière,  &  Ton  achève 
la  coulifîe  ;  pour  la  dreffer  on  a  des  lim^i  à  cou* 
lifîes  \  ce  font  des  limes  cylindriques ,  rondes  ,  du 
diamètre  de  la  couïiffe ,  ou  un  peu  plus  petit  , 
afin  que  le  charnon  ne  porte  que  fur  lej  bords  de 
la  coultfte. 

Avant  que  de  fonder  les  charnons,  on  s^afTure 
que  la  couUffe  eft  droite  au  fond,  par  le  moyen 
d'une  petite  régie  tranchante ,  que  Ton  pofe  par- 
tout,  &  fur  route  la  longueur. 

Il  faut  que  le  nombre  des  charnons  foit  impair  , 
afin  que  les  charnons  des  deux  bouts  ,  qu'on  laifte 
plus  longs  que  les  autres ,  à  difcrétion ,  folent  tous 
deux  foudés  en-haut* 

On  enfile  tous  les  charnons  dans  un  fil  de  fer  ; 
on  pofc  les  deux  couUffes  Tune  fur  Tautt e ,  &  on 
y  place  les  charnons  ;  Ton  marque  avec  un 
compas  furies  portes- charnières  d'en  haut,  la  Ion» 
gueur  des  charnons  des  deux  bouts,  ou  maîtres 
chïi''nons  »  puis  avec  une  pointe  on  marque  au- 
deffus  &.  au-de<Tous  fur  les  porte-charnières  ,  les 
places  de  tous  les  charnons.  On  défalTemble  le 
tout ,  &  dans  les  couUffcs ,  par  tout  oii  il  doit 
y  avoir  un  charnon  foudé  ,  on  donne  a  ou  3 
traits  de  burin  tranfverfalement  pour  foujnir  de 
Tair  à  la  fbudure. 

On  remet  les  charnons  enfilés  dans  la  couliiTe 
du  dciTUus  ;  on  commence  par  lier  les  deux  char- 
nons du  bout  avec  du  fil  de  fer ,  puis  les  autres 
ahernativement.  Enfuîté  on    retire  le  fil  de   fer 

f)affé  dans  les  charnons  ,  &  tous  tes  charnons  de 
a  couïiffe  d'en-bas  tombent.  On  les  reprend,  5c 
on  le*,  place  &  lie  dans  les  intervalles  de  la  cou- 
ïiffe d^cn-bas,  qui  leur  ont  été  marqués  par  la 
pointe  à  tracer,  &  les  coups  de  burin  tranf- 
vcrfais. 

Cela  fait ,  on  tient  avec  une  pince  à  charnon  , 
les  charnons,  &  on  les  range  félon  Taffemblage 
marqué  par  les  traits  du  burin  donnés  fort  fur  les 
bouts  ,  dans  le  milieu  des  couUffes;  on  commence 
par  f^ire  te  couvercle  fur  la  cuvette  par  le  devant, 
&  Ton  abaiffeles  couliffes  Tune  vers  lautre ,  juf- 
qu'à  ce  que  les  charnons  fe  touchent  ;  puis  avec 
une  pointe  on  les  fait  crg<ïr;er  ks  uns  entre  les 
autres  ;  on  pofe  un  des  maîtres  charnons  fur  ua 


4i6 


O  R  F 


enclumot  perpendiculairement,  &  Ton  fi-appe  fur 
•  l'antre  maître  charnon  avec  un  petit  marteau ,  pour 
les  ferrer  tous  les  uns  contre  les  autres  ,  en  obler- 
vant  (ie  fe  régler  '.ur  les  traits  du  compas  faits 
au-dciïiis,  qui  déicrminent  la  longueur  des  maîtres 
charnons. 

Oa  voit  bien  qu'il  y  a  entre  chaque  charnon  &  la 
couiilfe  oppofée ,  rifitervalie  au-moins  du  ûi  de 
fer  ;  on  frotte  les  n's  de  fer  de  verre,  pour  em- 
pèch'îr  \n  fondure  de  s'y  attacher,  puis  on  les 
fonde  ou  enfemble ,  oa  fepartnieut.  Si  c'cft  enffm- 
blc,  on  iépare  beaucou,)lcs  couliTes  ;  fj  c'efl  fé^^a- 
rem^Rt ,  on  commence  par  rocher  avec  une  eau 
'de  bor«ix  le  dedans  de  la  coulifle. 

On  charg';  les  ch:iî*nors  de  foudure ,  coupée  par 
paillors ,  t^ii'on  ne  met  que  d*un  côié  ;  on  roche 
d*eau  de  borax,  &  on  faitfccher,  en  pofant  après 
fur  un  feu  doux  ;  &  Ton  obferve  que  les  paillons 
de  foudure  ne  s'écartent  point ,  )ufqu'à  ce  que  le 
borax  air  fait  fon  effut  d'ébuUition. 

Il .  ft  dlnticl  qu'une  charnière  foit  proprement 
foudéc.  Pour  cet  effet ,  il  faut  mettre  une  jufte  pro- 
portion de  fouJure,  tant  pour  ne  point  porter 
pluiieurs  fois  au  feu  ,  s'il  en  manquoit ,  que  pour 
éviter  d'en  charger  les  coulifTes ,  ou  de  boucher 
quelques  charnons ,  ou  de  fonder  la  cuvette  avec 
le  deflus.  Si  on  fonde  enfemble  les  deux  pièces  , 
on  arrange  fa  pièce  fur  un  pot  à  fonder,  où  l'on 
a  préparé  un  lit  de  charbons  plats  ;  on  arrange  fur 
la  pièce  &  autour ,  d'autres  charbons  allumés  , 
laidant  ou  à  découvert,  ou  facile  à  découvrir,  la 
partie  à  fonder.  On  a  fa  lampe  allumée  ;  on  entre- 
tient le  feu  avec  un  foufflet  de  loin  ,  pour  échauf- 
fer également  la  pièce,  en  prenant  foin  de  ne  lui 
λas  donner  trop  de  chaleur  :  puis  on  la  porte  à  la 
ampe»  où  on  foùde  au  chalumeau.  On  la  tire  du 
feu,  on  la  lai^e  refroidir j'^on  la  déroche,  &  on 
la  nettoyé  ,  c'ell-à-dire,  qu'oui  enlève  exaftemcnt 
rojtc  h  foiidure  ,  f;ins  toucher  au  charnon  ,  ni  à 
la  couliîTe  d'aucune  façon.  ^ 

Pour  cet  effet ,  on  a  deux  échoppes  plates  & 
\  inclinées,  l'une  pour  nettoyer  à  droite  ^l'autre  à 
gaiiche  ,  ou  une  f;,i!le  à  face  droite.  La  charnière 
nettoyée ,  on  la  rafTemble ,  &  on  y  pafTe  une  gou- 
pille facile.  On  a  eu  le  foin  de  frotter  les  charnons 
de  cire ,  afin  que  l'aftion  de  la  foudure ,  s'il  en 
ell  refté  fur  les  charnons  ,  foit  moins  violente.  On 
fait  aller  les  deux  côtés,  &  fi  Ton  aperçoit  des 
traces  fur  les  charnons ,  c'e.^  une  marque  qu'il  cil 
refté  de  la  foudure.  Il  faut  tout  démonter ,  82  loter  ; 
c'eft  un  défaut  préjudiciable  :  &  voilà  la  charnière 
montée,  n 

Manière  de  travailler  une  coupe ,  dont  un  côté  foit 
d*or  &  Vautre  (Targent. 

Prenez  un  morceau  d'argent  fin  ,  formez-en  un 
carré  plat,  limez -le  grofîicrement  partout  d'un 
côté ,  &  faites  deffus  de  petites  pointes  que  vous 
élèverez  avec  le  burin. 


o  R  F 

Prenez  enfuite  un  morceau  d*or  proportionné  L 
répaiillur  que  vous  voukz  donnci  au  vafe ,  for- 
m;;z<e.i  aufli  un  carrj  plat  qui  ait  ex<tâjjnenc  les 
mêmes  dimenfions  que  l'ar^ c^nr. 

Pais  ayant  fait  rougi;-  l'or  &L  l'argent  f  paie  ment 
ap,iUquczleibier  j[ulî j  l'un  far  l'autre,  6i  fr-.ppc^--     ' 
lé^.èrement  delfui,  av  -c  lu  mai'let  de  noj^;.  ^^ 

Quand  vou',  aur.z  uni  ai  .u  ce>de;;x  mhaux 
vous  jjourrcz  donner  au  \A\:  '.a  lorme  que  voii 
jugerez  à  propos.  Un  d-s  cotîs  fera  a  argent 
l'autre  d  or. 

Vaiffelle  plate  &  r.ontée. 

On  diftingue  dans  l'orfèvrerie  deux  prîncip»i_  j^ 
ef[:ècjs  de  travaux  ;  favoir ,  le  travail  en  vaiJf^Hg 
plate ,  &  le  travail  en  vaiJfelU  montée. 

Pour  exemple  du  premier ,  voyons  quelle  cft:  4 
façon  de  fabriquer  un  plai.  à 

On  commence  par  tirer  d'un  lingot  Targent  né* 
ceflfaire  ;  on  le  forge  en  plaque  pour  l'envoyeur  i      .^ 
la  marque  :  au  retour  de  la  marque  on  le  forge  i 
la  grandeur  qu'on  défire.  Quand  il  eft  forgé  on  hit     ^ 
la  moulure  qui  doit  régner  tout  autour  du  plat      ^ 

Pour  cela  on  prend  un  morceau  de  lingot  quVui  -  ^^^^ 
forge  en  carré ,  fuivant  la  grofleur  qu'on  fe  rro-  "^ 
pôle  de  donner  à  la  moulure  ;  on  le  pafle  enioiie  J''' 
dans  une  filière  dont  le  caHbre  efl  taillé  fuivaorli  ^ 
forme  qu'on  veut  que  prenne  la  moulure  :  on  eft 
obligé  de  la  recuire  plufieurs  fois  aân  qu'elle  ne 
caffe  point. 

Aprèi  que  la  moulure  a  été  tirée  à  la  filière, 00 
la  contourne  fuivant  le  deffin  qui  fert  de  modèle» 
&  on  la  fonde  tout  autour  du  plat  avec  de  la /m- 
dure  au  quart. 

Les  ortcvre<:  font  de  quatre  fortes  de  foudures , 
&  pour  les  diftîng'ier  ils  les  nomment  fouduresJ 
huit ,  à  yFx  ,  au  quart  Sc  au  tiers ,  qui  efl  la  plflS 
foible. 

Ils  entendent  par  foudure  à  huit,  celle  qui  n'a 
qu'un  huitième  d;î  cuivre  rouge  fur  fept  parties 
d'argent;  )a  féconde  a  un  fixième  de  cuivre fl*    -r    ' 
troifième  en  a  un  quart,  6c  la  quatrième  un  tiers*     1^^- 

C'efl  un  mélange  dj  cuivre  dans  la  foudure  d'»^    ^^ 
gent ,  qui  fait  que  la  vailVelle  montée  eft  toujoU^     --5 
moins  chère  lorfque  le  particulier  la  vend,  quc^*   '^ 
vaiffelle  plate ,  dans  laquelle  il  n'entre  que  peu  o^    ^^ 
point  de  foudure.  "^ 

La    moulure  étant  fondée,  on  e^^tr^  lepla^*    'S 
c'eft  à-dire  ,  qu'on  enlève  avec  une  lime  le  f^'     " 
pcrflu  du  bord.  On  ôte  avec  un  burin  la  foudu^^ 
qui  peut  s'être  écoulée  au-dedans  du  plat ,  &  ^  '^ 
l'envoie  chez  le  planeur,       •  * 

La  première  opération  du  pléuieur  ,  c'eft  dV^ 
former  le  mari:  avec  divers  marteaux  à  planer  fcif^  ' 
bUbles  à  ceux  du  ferblantier. 

Le  marli  d'un  plat  eft  la  partie  qui  borde  la  moi^  ' 
Irre  en  dedans. 

Le  marli  étant  formé,  le  plat  revient  une  fécond  ^ 
fois  chez  l'orfèvre ,  qui  répare  ou  qui  finit  la  mei^"^ 


^1 

ter 


\^ 


't. 


des  rlfloirs ,  échoppes  Se  burins  ;  les  ri- 
lunt  des  elpécf  s  de  limes  un  peu  recourbées 
tr  le  bout ,  &  les  échoppa  des  efpeces  de  cifclcts, 
La  moulure  étant  abtolumcm  h  nie  ,  on  envole 
5  pUt  chez  U  polilîcuftf^  pour  polir  ta  moulure 
inplciiierit,  fins  toucher  aulbnd  ,  ccquicU  Tou- 
tige  du  planeur. 
La  (K^lîlTettfc  commence  par  paffîir  fur  U  mon- 
tre du  plat,  une  pitrre  ippclée  pierre  â  polir^ 
Apres  cette  opération  elle  y  paiTe  de  k  pierre 
&nce  broyée  avec  de  Thuilc  »  &  la  froue  avec  de 
etit^  mjrcc^ux  de  bois  :  enfuite  elle  y  paiTe  du 
ipoli. 

Quand  elle  s'aperçoit  que  fon  ouvrage  câ  bien 
^cî ,  eîle  TeiTuie  avec  un  linge  ,  le  trotte  pour^ 
"^r  le  pUis  fortement  qu'il  lui  efl  pcfïîûlcavec 
ae  de  pierre  qu'on  appelle  pUrre  pourrit  »  dé- 
yée  dan*  ci-  Teau-dc-vie. 
Pinir  donner  ce  dernier  polifoent,  elle  fe  fert 
We  broflfc  ou  d'un  morceau  de  peau  imbibée  de 
tre  Gompofition. 

Le  plat  forti  des  mains  de  la  poliATeufe  rcpafle 
iim celtes  du  pbncur,  qui  y  met  la  deroiére  main 
n  formant  fort  fond ,  &  cféterminant  fa  profon- 
cur  fans  emptDyer  d'autres  înflrumens  que  les 
lurteaux  à  planer  dcAinés  à  cet  uf^ge. 
L^a^^gent  plané  a  un  éclat  beaucoup  plus  beau 
le  sM  ètoir  poli, 

Qi^ajit  à  hva*JfilU  mjrtiée  ^  on  conçoit  aifément 
w  ce  ncA  que  l'affemblage  de  pluiieurs  [.û^ces 
i'on  foude  enfemble  «  &  dont  on  forme  un  tout 
sivim  le  deiBo  qu'on  veut  eiécurer. 
Les  pi^ccf  fe  forgent  ou  fe  tournent  féparément  ; 
i  après  les  avoir  fondées  ensemble  avec  de  U 
iudtire  aajtx^  on  les  polit  de  la  même  manière 
ue  la  vaiiUUe  plate. 

Les  oriévrcs  fabriquent  au/H  beaycoup  de  btjoux, 
tels  que  labaiîéTLS  ,  étuis»  flacons  ,  navettes. 

Le^  ouvrages  françob  j  par  leur  bon  goût  Oc  Télé- 
gance  de  Itur  dt  {fin  ,  ont  répandu  ces  bijoux  dans 
loutes  les  parties  dit  monde. 

Pour  mieux  accréditer  ce  commerce  cbet  Tétran- 
\tr  t  8l  UiJcr  en  même  temps  aux  artirtes  cette 
iberrc  tpjî  excite  i'inHuftri^;  6c  Témulaton,  un 
•rrêt  du  confcil  ,  du  )0  m-irs  17^6,  a  permis,  à 
l'égard  dcé  ouvrages  ûc  \  ijouteriç  en  émail ,  mon* 
iés  en  cage  ,  d'y  inférer  un  corps  étranger  non 
apparent  ,  à  condition  que  ces  ouvraf>es  ne  pour- 
font  être  vendus  au  p  jîds  ,  tk  nue  pour  les  dîflin- 
guer  des  autres  ouvrages  du  même  genre  qui  fe- 
roèert  entièrement  d'or  &  d'.<rgent ,  on  gravera 
^Ulsnôeiiient  fur  U  fe^^meture  de  la  b^he  »  dans  le 
EetJ  k  plus  appartntdefditsou^  rages,  le  mot  f^arnt^ 
de  manière  que  le  (:o  nçon  de  Héch^irge  foie  ap* 
pliqué  dans  le  corps  de  la  lettre  G* 

Partout  où  ces  dîfpofitions  ne  font  pas  obfer- 
Ties ,  on  dott  achter  avec  beaucoup  de  précau- 
tions des  bijoui  d*or*  Il  arrive  tous  les  jours  que 
des  otivricri  avides  fabriquent  des  boires  ,  qui,  au 
Keu  d*ctfe  pleines  comme  l'apparence  femble  l'atl- 
Aru  6^  Métiers.  Tome   K  Partie,  Ih 


noncer ,  font  fourrées  dans  toutes  kurs  parties  de 
plaques  de  cuivre  ou  de  lôlc  fi  adroit eiiieiu  maf- 
quées  par  la  doublure  ,  d;  ntrintéricur  de  la  boite 
eft  revêtu  ,  que  i  ouvrier  fcul  peut  s'zpcrcttvcir 
de  Texillence  de  cette  fourriîre- 

Mais  la  borne-foi  que  nos  artiftes  ontcoir'ours 
apporiéedansiccommerce»  n'a  pas  moins  contribué 
que  lexcellerice  de  leur  travail  à  faire  donner  la 
préférence  à  la  bi)OUtcrrc  françoife. 

Nous  reprenons  le  mémoire  de  M.  Lecain, 

Jufqu'à  l'époque  (Jit  c^t  habile  anilU)  du  It 
mars  1776 ,  jour  de  Temeg  flremcnt  de  l'é  ii  du  mois 
de  février  précédent,  portant  fuppreffion  d:  toutes 
les  communautés  de  commerce,  arts  &  métiers, 
ïorfivraic  avoit  occupé  le  rang  &  la  place  du 
fixième  8ï  dernier  corps  des  marchands.  Le  léi^lfla- 
leur  Tavoit  exempté  oc  la  fuppreflRon  générale.  Il 
fe  trouva  donc  un  moment  le  feul  corps  des  mar- 
chands &  communautés  qui  exiflât  dans  la  ville  de 
Pari*. 

A  la  recréation  des  mêmes  corps  ii  communautés 
fiipprimés ,  le  corps  de  Torfévrerie ,  devenu  îe  plui 
ancien,  fcmbbit  devoir  naturellement  être  nommé 
le  premier;  mais  le  roi  rendit  aux  trois  premiers 
corps  leur  ancienne  place,  &  dgnna  la  quatrième 
aux  orfèvres.  Telles  furent ,  à  (on  égard,  1. -s  difpo- 
fitions  de  Téelit  d*août  1776 ,  portant  réîabU/Tement 
dts  corps  &  communautés  fupprimés  »  &  réunion 
d'icslle** 

L'orfèvrerie  n'éprouva  d*autre  changement  alors 
que  U  réunion  à  fa  communauté  de  celles  des  tireurs 
àf  htfeurs  d'or. 

Depuis  cette  épO':Tue,  le  roi  a  ordonné»  par  fon 
édit  du  23  m^TS  1781 ,  regiftré  en  parlement  le  27 
mai  fuiv^nti  la  réunion,  à  ce  même  corps,  i^e  la 
communauté  des  lapidaires  ,  qui  asoient  obieim 
piivilége  cxclufifpour  la  monture  des  ouvrages  en 
pierres  t^Uifes*  Cette  réunion  ,  n^ce^aire  Si'indif- 
peniable,  a  terminé  des  conte^latîons  qui,  s*étant 
élevées  précédemment ,  avoîent  été  jugées  en  1740^ 
définitivement  en  faveur  des  orfèvr-s,  &  néan- 
moins s'étoicnt  renouvelées  de  la  purt  de  ces  mêmes 
lapi/iaires,  dont  l'emploi  étoii,  dans  rorigine,  abfo- 
lu  ment  &  uniquement  celui  dé  tailltr  des  pierres. 

Le  corps  de  rorfévrcrie  cft  re  levable  de  cctt« 
faveur  à  M.  le  Noir,  lieutenanr-gînéral  de  police, 
commi^aire  du  confeil  en  cette  partie,  (Sf  à  M.  de 
Vilvau ,  maître  des  rcqucref. 

Le  nombre  des  marchands  orfèvres  pour  ta  ville 
de  Pans  étoit  fixé  précède  nment  à  trois  cents  mat* 
très  de  communautés  mais  depuis  les  réunions 
ci-devant  annoncées,  leur  nombre  a  t.té  porté  a 
cinq  cents. 

Indépeidemment  de  ces  maîtres ,  il  cxifte  d'au- 
tres orfèvres  dans  Paris ,  qui  ont  également  qualité 
pour  travailler  &  négocier,  de  même  que  les  pre- 
mier*. Les  uns  proviennent  de  la  maitnfe  qu'ils 
obtiennent  par  le  privilège  accordé  k  Thotel  des 
Gobelins ,  les  autres  par  celui  accordé  pareiiLmetii 
à  rhôpital  de  la  Trinité. 

&8i 


4i8 


O  R  F 


Le  nombre  des  maîtres  privilégiés  par  riiôtel  o'es 
Gobclins,  n'efl point  limité.  Il  fuffit  d'avoir  travaillé 
conllamment  pendant  refpace  de  fix  années  dans 
rhôicl;  &,  lur  le  certiùjat  de  l'inCpcft^ur  dudit 
hôt-l ,  vifé  par  le  dircftear  général  des  bàiim  jiis 
du  roi,  c'^ir.mi'îiiirc  du  conrcil  en  cette  partie, 
lequel  attef:  j  c-uc  rafpirant  a  fidèlement  rempli  fon 
temps,  il  cfl  re<j'u  niuîric,  fars  aucun  frais,  que 
ceux  de  la  cour  cîes  mi^nnoies. 

Les  maîtres  privilégiés  par  riiôpital  de  la  Trinit;!? , 
au  nombre  de  d;ux  ,  font  nommés  par  M.  le  procu- 
reur général  du  parlement.  Us  doivent  travailler 
pendant  huit  années  confécutives  dans  Tcnceinte 
de  cette  maifon ,  après  lequel  temps  ils  montent  à 
la  cour  des  monnoies,  &  iont  reçus  maîtres.  Ils  ont 
Tavantage  fur  ceux  des  Gobelins ,  d'obtenir  un  poin- 
çon de  maître  en  commençant  leur  temps  ;  mais 
ils  font  obligés  de  fe  charger  d'un  en£ant  de  cet 
hôpital,  de  le  nourrir,  le  blanchir  &  rinflruire 
pendant  le  cours  de  huit  années  dans  toutes -les 
parties  de  l'orfévretie  qu'ils  fabriquent.  Le  terme 
révolu,  cet  enfant  a  gagné  fa  maîtrife,  &  fe  fait 
recevoir  comme  fon  inaitre ,  avec  les  mêmes  pri- 
vilèges. 

Il  y  a  encore  d'autres  orfèvres  privilégiés ,  qui.  < 
font  les  maîtres  de  la  prévoté  de  riiôtel ,  au  nombre 
de  quatre ,  &  deux  autres  encore  par  privilège  con- 
cédé à  M,  le' duc  d'Orléans ,  comme  premier  prince 
du  fang.  Ces  privilèges  ne  donnent  point  de  qualité 
aux  enfans. 

Le  corps  de  Torfcvrerie,  ainfi  qu'on  Ta  du  voir 
par  les  détails  rapportés  au  mot  orfèvre^  réunit 
trois  parties  majeures ,  qui  font,i'*.  Torfévrerie; 
a*»,  la  bijouterie;  3'.  enfin,  la  joaillerie-lapidaire- 
rie,  dévfcîoppéei  dans  ce  dii^-onnaire,  à  l'article  & 
au  mot  dlimantairc-lspidaiTc-joailUer, 

Des  Genevois,  faifûnt  le  commerce  de  la  joail- 
lerie, ont  dédaigné  d'appartenir  à  l'orfèvrerie  ,  &, 
faifant  de  grandes  entreprifes  dans  cette  partie , 
fe  qualifioicnt  de  banquiers  en  diamans.  C  etoit 
Mna  charlatanerie ,  dont  le  motif  étoit  fans  doute 
de  faire  accroire  au  public  quiis  avoient  feuls  les 
diamans  par  jcorrcfpondance  en  première  main ,  & 
que  par  ce  moyen  ils  pouvoient  les  donner  plus 
beaux  &  à  meilleur  compte  que  les  orfèvres-joail- 
liers du  roi  &  de  la  couronne,  comme  fi  ces  artifles, 
&  beaucoup  d'autres ,  ne  méritoient  pas  celle  des 
étrangers,  à  caufe  qu'ils  ètoicnt  de  la  communauté 
des  orfévrcf. 

Les  premiers  ftatuts  de  ce  corps  paroiiTent  avoir 
été  rédigés  en  l'atinée  1260,  fur  d'anciennes  cou- 
tumes non  écrites ,  mais  recueillis  avec  un  foin  par- 
ticulier par  le  fameux  Etienne  ËoiUau,  prévôt  de 
Paris,  (ous  le  régne  de  faint  Louis;  &  l'on  voit 
qu'avant  cette  époque  la  profcflîon  d'orfèvre  étoit 
déjà  exiflante  en  corps  policé,  ou  état-juré  daiis 
Paris.  Son  privilège  étoit  alors  que  les  maîtres  & 
marchands  ,  formant  le  corps  &  exerçant  l'état 
d'orfèvrerie ,  joaillerie  &  bijouterie ,  avoient  pour 
objet  de  leur  art  8c  commerce,  la  fabrication  Scie 


o  R  F 

tr;ifîc  des  ouvrages  &  matières  d'or  &  d'argent, arec 
l'emploi  &  le  négoce  des  diamans,  des  perles,  CJc 
de  toutes  fortes  de  pierres  tines  &  prèdeufes ,  lous 
le  titre  &  la  qiVdWtc  d^févrcs-joaillurs,. 

Une  q\îalité  particulière  ,  attribuée  à  ce  corps 
par  ces  iiatuts ,  cft  le  privilège  di  la  gravure.  On  a 
\u  ci-devant,  que  la  crnnoifl'ance  &  l'exercice 
de  cet  art  font  iadifpenfabks  pour  l'art  de  l'orfc- 
vrcric  ;  &,  j  ar  une  fuite  Ce  cette  conféqucnce,  la 
permiffion  de  graver  a  été  attribuée  à  ce  corps, 
non-feuleraeùt  pour  tout  ce  qui  eft  relatif  i  foj 
art ,  mr:is  encore  les  armoiries  fur  les  fceaux&  ca- 
chets  pour  le  public ,  les  armes  des  particuliers  fur 
la  vàiiTcllc  d'argent  ;  enfin ,  les  inflrumens  en  acier, 
les  poinçons»  &  tous  les  outils  néceflOaires  pour  la 
fabrique  6l  l'ornement  de  leurs  ouvrages. 

L'or  &  l'argent  comp:ofant  la  matière  première  & 
principale  du  con^merce  cSc  de  l'orfèvrerie ,  il  eicit 
de  droit  que  le  gouvernement  aiTurât  au  public  la 
fureté  d;'ns  l'achat  de  ces  marchandifcs ,  qui  fort 
confiJéièes  comme  un  meuble  de  valeur  réelle,  & 
à  l'égal  de  celle  du  numéraire,  /^uffi  le  corps  de 
l'orfèvrerie  reçut- il,  à  cet  égard >  ^es  lois biea dif- 
férentes de  celles  des  autres  communautés.  U  fallut 
ériger  une  police;  il  la  falloit  prompte  &  fouvcm 
momentanée  :  cesconfidérationsdéterminèrtmles 
fouverains  à  commettre  les  gardes-orfèvres  pour 
l'exercer  en  première  inftance. 

Un  objet-Dien  important  étoîtreffai  des  matières 
d'or  &  d'argcr.t  qui  s'emploient  dans  la  capitale. 
Les  garJes  orfèvres  furent  comm's  à  cet  effet ,  à  la 
charge  par-eux  de  fe  conformer  aux  réglemens 
prefcrits  pour  le  titre  des  matières  d'or  oc  d'ar- 
gent ,  &  d'être  refponfables ,  en  leur  propre  &  prive 
nom  ,  des  abus  ou  fautes  qui  fe  commettroient  àcet 
égard,  fous  les  peines  oortées  par  lefdits  réglc- 
mens  &  jugcmens  de  MM.  les  offic'crs  de  laccur 
des  monnoies,  auxquels  tout  pouvoir  &  aitributioa 
font  donnés  pour  raifon  defdites  coniraventoos 
feulement. 

Les  communautés  d'orfèvres  en  province  font 
fous  la  même  difcipline.  D'après  cet  expofé,  il  d 
facile  de  concevoir  en  aperçu  co/nbien  la  phce 
de  garde-orfèvre  à  Paris  eft  laborieufc  &  délicate  à 
rtmplir.  Engagement  de  leur  part,  avec  fermcfit, 
envers  le  fouvcrain  &  le  public ,  pour  la  (uretè  du 
titre ,  qui  affure  au  particulier  fon  bien  ;  exercice 
fans  interruption,  foir  &  matin,  au  bureau  pour  les 
effais  u'or  &  d'argent,  d'une  part  ;  la pourluitc des 
affaires  contentieufcs  dans  tous  les  tribunauxi  les 
brevets  d'apprentiiTage  à  enregiftrer,  les  nouvcaoï 
maîtres  à  examiner  &  fuivredan^  leur  cbef-d'œufre, 
&  tout  ce  qui  eft  relatif  aux  détails  intérieurs  d'une 
communauté  ;  mais  plus  particulièrement  encore 
Tinfpcfl^on  continuelle  au  dedans ,  une  furveillancc 
fans  relâche  au  dehors;  &  enfin  TaiTife  des  capi»- 
tion  &  induftrie. 

L'infpcélion  continuelle  au  dedans  a  pour  moril 
l'eflai  des  petits  ouvrages  d'or, qui,  ne  pouvant, par 
leur  foiblefie  j  fupporter  l'effai  kU  coupelle  cobub^ 


grands,  doivent  î,'^p porter  au  bnrcau  Hcs  orfô- 
JS  loui  ûnU  »  pour  cire  infpeâès  par  ies  gardes, 
cflayèf  par  ^a  voie  du  toLchau  ;  c'efl-à-dirc,  que 
I  gardcs^ortïvies  vérifient  fur  une  pierre ,  appelée 
pour  ccli  pierre  de  touche ,  tous  les  mentis  ouvra- 
ges dont  ort  vent  de  parler-  Cette  vérification 
^*0pèrf  p.if  1  tff-t  du  frottement  defditcs  pièct*s  fur 
cette  pierre,  &,  de  fuite  ^parl'^ipprtcdtîon  de  Tcàu^ 
forte  qu'ils  c tendent  fuf  les  touches  d^rclltes  pièces  : 
^uivant  que  cc\  loiichcs  rcfiftint  ou  qu'elles  iWirn- 
puent  t  ils  en  eftimeot  le  titre  à  la  valeur  d'un  karat 

La  connoîflance  que  les  gardes-orfévres  font 
»Ugés  d*avolr  pour  les  opérations  ordinaires  de 
art  &    commerce.  &,   de    fuite   Thabitude 
'ils  en  contraflv-n:  nu  bureau  »  les  nriet  à  portée  de 
remplir  ti  lèîcmjnt  cet  honorable  emploi, 

La  furveillince  au  dehors  conftfte  dans  les  vifires 
^e  police  de  jour,  &  plus  particulièrement  dans 
celles  de  nuit,  qutU  font  autorifès  k  faire  «  non- 
reulement  chez  les  maîtres  crfévrts  leurs  confrères, 
^, ,;«  -"rore  chet  tous  les  ouvriers  regardés  comme 
;  j$  au  corps  dz  rorfévrerie,  tels  que  les 

oiidci^rs,  mouleurs,  cift leurs,  &  dans  les  ateliers 
ndeliins  ,  qui  kur  font  indiqués. 

L'admîniRration  royale  a.toujours  confidéré  ces 
nfitcs  fuus  un  point  de  \^ie  fi  important  pour  la 
é  publique,  que  les  frais  ,  faux  frais  &  dépcn- 
|ês  occafif3nnée«  pour  raifon  d  icelles,  font  toyj  turs 
^ans  difficulté  dans  les  comptes  du  garde 
,  par  ies  magîftrats  chargés  de  rc)f;*m:n 
omptes  ,  loHqu'ils  font  certifiés   ver  ta- 
bles par  des  mandats  Ggnés   de  lui   &    des  f.pr 
purres  gardes  en  exercice ,  fes  collègues. 

M.  le  licutenanr-^énéral  de  police,  préGic  àTélec- 
lîon  des  eardes-orfévres ,  aflîïlède  M,  le  prrcureur 
lu  roi.  Die  fc  fait  annuellement ,  au  mois  de  juillet, 
Cfi  lenr  bureau  &  maifort  commune.  L'on  procède 
d^ibord  à  celle  de  deux  anciens  gardes,  pour  occu- 
per chacun  une  place  de  grand-î;arde  ;  enfuite  à 
celle  de  deux  jeunes  gar  Jes  »  choifis  dans  les  maîtres 
*  S  qui  doivent  avoir  au  moins  dix  ans  de 

t  n. 

I     A  cette  époque  ,  les  deux  grands-gardes  8c  les 
ndeux  T'.unes,  qui  ont  été  nommés  deux  ans  au- 
I  : ,  fortent,  Ôi  les  quatre  élus  Tannée  précé- 

1  ftent  r^nnèe  entière  avec  les  nouveaux  » 

I  '  înncnt  de  ces  anciens  refr,.ierte  d'uncpart, 

Mtx  us  .  .«utre  reçoivent  les  inflruétions  noceifaire* 
^pOiir  k  régime  qu'ils  doivent  obretver,  ainfi  que  les 
1  '  lumens  indifpenfibles  pour  la  continuation 
i.  es,  tant  au  dédains  qu*au  dehors. 

V>  Le  icndemain  de  féîcétion  ,  les  nouveaux  girdcs 
blfrs  fc  rendenr  chez  M.  le  lieutenant- gênerai  de 
kolice,  &  prvicnt  ferme  nt  entre  fes  mains,  de  fi  dé- 
■!'•"'*  "*^^'''ir]«s  devoirs  de  leurs  places;  cnfuire 
f  la  cour  des  monnoies  avec  les  gardes 

f>ri:ir*  ^  ic+qiicls  apponent  les  poinçons  qui  ont 
aiam  leur  année  d'exercice*  La  cour ,  faifaat 


41 91 

droit  à  la  requête  préftntce  d'avance  p.ir  les  ancisnf 
6r  nouveaux  gardes ,  ordonne  que  les  ancien$J 
poinçons  feront  biffés  en  fa  préfence,  après  quèJ 
procès-verbal  de  de fcription  &  infculpaiion  d^iccuîj 
fur  ia  planche  de  cuivre  à  ce  deHinée ,  aura  été  faî^l 
ordonne  de  même  l'infculpation  des  nouveau ic,pour| 
raifon  dcfqutls  il  tJl  fait  pareillement  un  procès* 
verbal  de  leur  nombre  &  qualité. 

Tous  CCS  poirçon'T  porte r:t  chacun  leur  numéro»] 
Lorfqu'ils  deviennent  défe^ucux  &  hors  d'ct.it  J&l 
forvlr,  les  gardes-or ftvres  préfentent  recuécc ,  àJ 
rtfïci  d'en  faire  graver  de  nouveaux.  Les  poinçons  ,| 
&  la  matrice  qui  a  fcrvi  pour  les  f^irc,  fe  renfer- 
ment dans  un  coffre  ,  dout  les  gardes  ont  la  clef,] 
&  ce  même  coffîe  eft  renfermé  dans  un  plus  grand,] 
dont  le  régiïTeur  ou  fermier  des  droits  du  roi  garde 
la  clefde  Ion  côté. 

Après  qua  les  effaîs  des  ouvrages  d'or  &  d'argent  j 
ont  été  faits,  8c  qu'il  faut  les  marquer  ,  on  mandôl 
un  commis  de  la  régie  pour  ouvrir  ce  premier  coffra,,  j 
Ce  même  commis  a  cette  marque,  &  vérifie  fuf] 
fon  rccHre  fi  ces  pièces  font  identiquement  celles] 
à'jOi  bu^bles  lui  ont  fait  la  déclaration  ;Jei 

garde, ....;.  iùt  après  renferment  les  poinçons  dans  | 
leur  coffre;  le  commis  des  fermes  le  remet  en  même] 
temps  dans  celui  dont  il  a  la  clef.  De  cette  manière,  i 
les  poinçons  ne  peuvent  demeurer  féparcment  à  U  ' 
difpofition  de  Tun  ni  de  fautre. 

Après  la  réception  en  la  cour  ,  les  nouveaux 
gardes  font  une  vlUte  de  police  générale  ,  c  cft-à- 
dirc  ,  qu'ils  fe  tranfportent  avec  leurs  prédécefleiîrs 
retins  dans  tous  les  ateliers  gènéralemenf  quel- 
conques, depuis  l'orfèvre,  le  joaillier  6l  le  bijou- 
tier du  roi,  jufqu'au  plus  petit  fabricant,  fans 
diflinélion  de  qualité ,  même  cl*anciens  ou  nouveaux 
gardes.  Ils  recomron te nt  d'abord  les  poids  &  les 
halancesdesmarchandsavecles  leurs,  pour  s'affurer 
de  kur  juftcffc*  Ils  vifitent  encore  très-fcrupuleufe* 
ment  tous  les  ouvrages  en  cours  de  fabrique  ;  véri- 
fient les  marques  appliquées  fur  Icfdifs  ouvrages, 
&  prennent,  à  leur  gré,  un  petit  morceau  d'or  ou 
d'argent  dans  le  plateau  du  fabriquant,  fur  lequel  ils 
font  appliquer  le  poinçon  du  maître  ,  afin  de  ledif- 
tinguer  à  leur  retour  au  bureau,  pour  que  le  maître 
nejpuiffe  pas  le  dénier, 

Si  forfévre  eft  abfcnt ,  &  que  fon  poinçon  foît 
renfermé,  ils  écrivent  le  nom  de  la  pcrfonne  fyr 
Tcnvcloppe.  Le  motif  de  cctrc  vifiie  eA  de  connoître 
fi  tes  orfèvres  n'adaptent  point  aux  pièces  qui  por- 
tent marque,  d'autres  pièces  auxiliaires  appelées 
garnitures ,  qui  feroient  d'un  titre  inférieur  &  cti 
contraventioffi  aux  réglcmcns. 

Les  anciens  gardes,  &£  particulièrement  les  der- 
niers fortis,  appelés  communément,  en  terme  de 
compagnie,  mignons  ,  fupplécnt  gratuitement  les 
gardes  en  çh<irgc  pendant  tout  le  temps  de  ces  vift- 
tes,  qui  durent  ordinairement  quatre  jours.  Cette 
police  générilccft  de  rigueur,  &  à  la  charge  des 
fàbricans;  c*efl*à-dire,  que  la  quantité  d'or  ou  d'ar- 
gent qu  il  a  faUu  prcudte  pour  faire  Tcffai ,  eft  em* 


420 


O  R  F 


ployée  pour  les  frais  de  ces  mêmes  cflaîs  ;  au  lîeu 

que  dans  les  viGtes  extraordinaires ,  les  gardes  font 
obligés  de  rendre  tout,  lorfque  les  matières  ont  été 
trouvées  bonnes. 

AuiTi'iôt  que  ces  vifites  font  finies ,  on  cflTaJe  le 
tout  au  bureau»  Les  orfèvres  font  mandés  enfuite 
pour  venir  chercher  leur  gage  (carc*eft  ainfi  qu'on 
nomme  le  morceau  d  or  ou  d'argent  qu*on  emporte). 
Lorfque  les  matières  font  trouvées  bonnes,  le  fur- 
pîus  du  gage  reftant  de  TtlTai ,  efl  rendu  au  maître, 
Si  au  contraire  elles  font  trouvées  à  un  titre  affei  bas 
pour  mériter  des  reproches,  l'orfèvre  reçoit  publi- 
quement une  réprimande  févère  de  la  part  des 
gardes,  avec  Tavcrtiffemeni  qu'en  cas  de  récidive , 
H  fera  dénoncé  k  la  cour  des  monnoies.  Le  furplus 
defon  gige  eft  retenu,^  employé  au  profit  des  pau- 
vres nui[res  ou  veuves  d'orfèvres  qui  font  logés 
gratis  dans  le  bureau ,  &  en  outre  aiTiflés  par  les 
g-rdes. 

Cette  réprimande  8i  cette  retenue  très-modique , 
ex.j<5lemenr  obfervèes,  forment  la  correélion  fom- 
m  lire  que  les  gardes- orfèvre  s  font  autorifés  par 
leurs  ftstuts  à  infliger  auxcontrevenans. 

Si  la  diâerence  tlu  titre  fc  trouve  tégére^âc  recon- 
nue par  les  gvrdes  peur  être  feulement  l'effet  invo- 
lontaire d'une  erreur  de  calcul,  ils  recommandent , 
à  voix  IiaiTe  ,  à  leur  confrère  d*y  apporter  attention, 

IKfl  important  d'obfcrvcr  qtte  û  les  gardes  mal- 
heureufïment  (ce  dont  il  ny  a  point  d'exemple) 
abufcient  de  leur  place  pour  taxer  injullement  de 
coniravcnrion  un  de  leurs  confrères ,  il  auroît  parde- 
Yant  la  cour  des  monnoics  la  voix  de  la  plainte ,  & 
îlobtiendroit  juOice. 

Indépendamment  de  la  viftte  générale  dont  on 
vient  de  donner  l'explication  »  Im  gardes- orfèvres 
font  encore  obligés  à  deux  vifues  d'aumône  par  an; 
chacune  d'elles  fe  fait  or^iinairement  dans  la  quin- 
zaine qui  précède  chacune  des  fêtes  de  faim  Eloy, 
patron  de  leur  chapelle;  la  première  vers  la  fin  de 
juin,  la  deuxième  avant  la  fin  de  novembre.  Les 
gardes  ne  retirent  aucun  émolument  de  ces  deux 
vifites,  8c  le  produit  en  efl  abfolument  employa  au 
foulage  ment  des  pauvres. 

Il  paroit ,  que  de  tous  les  temps ,  ces  œuvres  pteufes 
envers  les  pauvres  maîtres  ou  leurs  veuves ,  ont  été 
Tobjct  qui  a  fixé  l'attention  des  gardes-orfèvres.  On 
voit  même  qu'elle  s'ètendoit  ci-devant  jufque  fur 
beaucoup  d^aiitres. 

Dès  îe  temps  de  fi^int  Louis,  le  corps  de  Torfé- 
vrtiric  vionnoii  tous  le*»  ans,  le  jour  de  Pâques,  un 
repas  a  tous  les  pauvres  de  rHôtcl-Dieu-  Ce  pieux 
utagc  s'cft  continué  depuis  pendant  Pefpacc  de  trois- 
cent -cinquante  ans.  Il  cciTa  en  Tannée  î6ir  ,  fur 
h  demande  que  firent  K  s  àf^mitiiftratcurs  de  le  con- 
vertir en  une  fbmme  d'argent. 

Il  fuflfira  de  (^ire  que  la  charité  la  plus  connue 
qu'exerce  aujourdliui  le  corps  de  rorfévrcrie ,  coa- 
fifte  lians  une  pcLfiou  de  cem-vingt  livres  par  an , 
diflribuèe  à  fi  ixante-ûnq  pauvres  m  itres  o j  veuves 
de  leur  corps  »  indépcndamoiem  des  fccoiirs  extraoc- 


o  R  F 

dinaires  qu'ils  apponent  à  d'autres.  La  confervaboi 
de  ces  fecours ,  celle  de  leur  chapelle ,  U  penftofl  liu 
chapelain  ^  enfin  «  hs  moyens  fufhfans  p<^U7  fatisf^îre 
à  beaucoup  d'autres  œuvres  picufes,  dont  Icsdc» 
niets  font  pris  fur  les  fonds  du  corps,  cft  une  des 
obligations  les  plus  importantes  que  le  corps  de  for- 
févrerie  doive  à  M.  le  Noir^  lieutenam^géoén!  à 
police, 

AufTi  ce  corps,  dans  le  temps  de  crtfe  qui  affeâi 
toutes  les  communautés  «  ne  crutprs  pouvoir  mieux 
lui  témoigner  fa  reconnoiffance  ,  qu'en  lui  deTta- 
dant  la  permiiCon  &  la  erace  de  décorer  leur  hix  •em 
de  fon  buile,  ce  qu'il  leur  oftroya.  Le  public  re 
faura  peut-être  pas  mauvais  gré  au  réda^eur  de  cet 
article,  de  lui  faire  connoître  Tinfcription  cjuclei 
Orfèvres  firent  mettre  au  bas  de  fou  buAe.  L'appli- 
cation d'un  beau  vers  de  Virgile  ne  fut  |j.mais  pto 
juftc  &  plus  heureufe  : 

O!  Mdih^i .  •  •  •  i> ,  •  « .  Ttohis  hac  otiafictt^ 

Une  prérocatlve  particulière  attribuée  à  ce  corpi, 
eft  le  droit  d  épave ,  c*eft-i-dire,  que  lorfqu  un  ptr- 
ticulier  préfente  à  un  marchin  t  orfèvre  un  nlcubte 
quelconque  pour  le  lui  vendre ,  foit  en  argent ,  fûè 
en  bijotrx,  foit  e:  dumans  ,  &  que  ce  particu* 
lier  dijclarc  que  c  cft  une  chofe  trouvée  «  rorfèrre 
eiiautorifé  à  le  retenir  ,  &  aie  dèpofer  au  bureau 
des  orfèvres.  Si  dans  l'efpace  d'un  an ,  du  jour  4fi 
Tenregift rement  qui  en  efi  fait  audit  bmc^u 
les  gardes,  il  eit  prouvé  que  c'etl 
ment  un  meuble  trouvé,  &  que  la  pléi 
n'eil  pas  recîamèc,  les  gardes-orfcvrcs  eftimcnt 
fa  jaHe  valeur;  alors  un  tiers  eft  remis  k  Torfévrc 
qui  a  dèpofé,  ou  au  vendeur,  s'il  fe  préfeme,  un 
tiers  au  tréforier  du  domaine  du  roi ,  6t  l'autre  hcn 
rcOc  entre  les  mains  du  garde  comptable ,  qui  s'en 
charge  dans  fa  recette  pour  en  faire  compte  ai» 
bureau. 

Cette  prèrog:itive  d'épave  eft  aufli  très-aTacfl- 
geufe  au  public.  Ce  pouvoir  accordé  aux  orfèvresdr 
retenir,  fcrt  fouvent  à  recouvrer  des  chofes  folèes. 
Dans  ce  dernier  cas,  les  objets  retenus  font  rema 
aux  propriétaires  après  les  formalités  ordinaires.  Si 
le  vendeur  fe  préfente^comme  propriétaire ,  &  que 
l'orfèvre  ne  le  connoilTe  pas,  il  eft  obligé  d-  *  '" 
des  i  nformations ,  &  de  fe  conformer  aux  rèf 
&  ordonnances  de  police,  rendus  poor  b  lurti^ 
publique. 

Toutes  les  contcflations  fur  le  fait  de  !' 
en  première  inftance,  fe  poitent  dcvar 
tenant-général  de  police.  Les  prév  c 

titre  &  les  poinçons  feulement,  rt^  r 

des  monnoics,  à  Texception  de  celles  qui  in     . 
fcnt  le  fermier  ou  règifftur  des  droits  <5f*  *'^       1 
quelles  font  initruitcs  p^r  les  officie  s  de 
éi  ,  par  appel ,  à  la  cour  des  aides,  Qui-na  n  iri^4 
que  le  fermier  a  faifi  pour  raifon  de  ùux  poTbçodkl 
\  une  ou  Pautrc  de  ces  marque» ,  &  qu'il  aa:qiic  en 
mime  temps  le  poinçon  de    matfoo  comauisci 


i^ 


j 


_  O  R  F 

rèîeflion ,  comme  premier  tribunal  faifi  de  la  caufc , 
juge  de  la  caufe  fur  le  poinçon  des  gardes. 
Les  Aatuts  des  orfèvres  contiennent  un  nombre 

t  infini  d'articles  &  de  régîcmens  qui  font  très-indiffé- 
reo$  à  connoître  pour  toui  le  monde.  '  Après  en 
avoîf  tracé  les  plus  intéreffanis  pour  la  foclété  publi- 
çie,  on  fe  bornera  au  détail  de  quelques  autres  qui 
Tiennent  véritabiement  àTorfévrerie,  Si  particuliè- 
rement ^  celle  de  Paris. 

Il  efl  défendu  aux  orfèvres  de  travailler  dans  les 
lieua  privilégiés*  U  c(i  expreftément  eufoint  aum 
fupéricurs  ^  aux  chefs  de  toutes  les  maifons  reli- 
gieufes  ou  lieux  privilégiés  de  les  y  fotiffrir,  dire^e- 
ment  ni  îndireâcment ,  même  quaad  ils  auroient 
qualité.  Il  e^  facile  de  concevoir  que  te  motif  de 
cette  loi  cft  de  prévenir  la  frar.dc. 

JLcs  orfèvres  du  roi,  travaillons  aux  galeries  du 
Louvre,  ont  feuls  le  droit  de  Taire  des  apprentis  de 
tout  âge  ,  &  la  célébriié  ordinaire  de  ces  ma  lires  dif- 
penfe  leurs  élèves  de  Tûblig^tion  de  taire  chef- 
a  œuvre.  Ils  font  ayfliî  re^us  maitrcs  fans  fr^is.  Lors 
de  joyeux  avénemcns  i  la  couronne  ,  ou  lutrcï 

I  grandes  chofes  qui  iotér^flent  létat,  les  orfèvres  font 
exempts  de  création  de  maîrrife^ 
Le  temps  de  Vapprentiffage  étoit  ci-devant  de  huit 
iiiuèes  ;  une  loi  nouvelle  vient  de  le  fixer  à  Q%.  Il  a 
été  reconnu  que  le  premier  terme  étoit  trop  long. 
En  eâct ,  un  enfant  qui  entroit  à  douze  ans  en  ^p- 
frcoiiffaga  ,  n*en  pou  voit  foriir  qu  à  Tâge  de  vingt 
années  :  fur  quelle  efpérance  pouvoît  -on  s'aûTiirer 
qiiun  jeune  homme  qui  eft  parvenu  À  l'âge  de  dix- 

Iiiuit  an*,  ik  qui  fait  pouvoir  gagner  fa  vie ,  voudra 
rcfter  fous  la  férule  de  fan  m^îf  rc ,  &  obfervera  ftric- 
teii^-nt  les  engagement  que  fes  parcns  ont  pris  pour 
lui  ?  Cette  loi  donnoit  îîeua  une  foule  de  conteiîa- 
tions  quife  portoient  devant  M,  le  lieutenant-civil^ 
^Ui  les  renvoyoit ordinairement  auxgardes-orfévres 
t>our  avoir  leur  avis.  Il  réfulcc  au  contraire  du  nou- 
veau règlement  »  que  le  maître  avance  fon  apprenti 
plus  vite  qu'il  ne  TauroÏ!  tait  auparavant  ;  &  comme 
^u  temps  de  l  ancienne  loi ,  il  étoit  d'ufage  que  les 
ïïïiitres  en  général  les  rttenoient  à  un  point  médio- 
^  c:rc  d'avancement,  dans  la  crainte  continuelle  ou 
'  ilsètoient  que  Fenfani  ne  les  quittât  ou  qu'il ncs'en- 
fiageât,  ce  qui  étoit  très-fréauent  ;  au  contraire,  par 
le  nouveau  réglcmcnt,le  manreeft  intérciTé  à  Ta  van* 
cer  coût  de  (utte,  &  tous  les  deux  en  retirent  un 
:  avantage  égal. 

M.  Chauvelin,  magîflrat  r#fpcâable  &  miniûre 
z^lé  pour  les  intérêts  du  roi  autant  que  pour  le  bien 
|>ubltc,  fe  trouvant  folUciré  par  un  nombre  infini 
<rét rangers ,  pour  obtenir  la  maîtrife  d*orfévre  dans 
.  Paris ,  penfa  qu  il  étoit  julle  de  leur  accorder  fa  pro- 
leâîon.  lien  communiqua  aux  gardes-orfévres  exer- 
çans  à  ctiie  époque  ,  qui  étoit  de  1760  à  1 76^. 

IL*efprit  de  corps  cft  ordinairement  celui  qui  gou- 
verne les  adminiftrateurs  d^rs  communautés.  L^s 
gardes- orfèvres  d'alors,  au  lieu  de  confidérer  que  le 
commerce  augmcntoit  beaucoup  dans  Paris,  ésC  qu'il 
étoit  juAï;  de  procurer  à  la  capitale  un  plus  grc.nd 


O  R  F 


^ 


nombre  de  martres ,  &  qu*il  étoit  plus  faj;e  de  conTl 
poferavec  le  mtniAre  par  des  repréfeniattOns,  s^opi-jl 
posèrent  à  ta  demande  de  c^s  afpiraas.  Le  magi{lra|] 
croyant  fincè rement  faire  le  bien,  en  procutant  laJ 
bailfe  de  la  main-d'œuvre  par  la  concurrencer ,  StA 
par  ce  moyen  augmenter  les  revenus  du  roi ,  fit  or- 
donner par  arrêt  du  confcll ,  des  créations  de  mahri* 
fes,  à  hnfini.  Les  gardes-orfèvres  fuivans,  deveJ 
nus  plus  éclairés  pour  les  intérêts  de  leur  corps  J 
firent  des  repréfentations  à  ce  ma^irtrat ,  auffi  êqux-1 
table  que  bon,  en  le  fup pliant  de  modérer  le  nombre! 
des  nouvelles  malin  (es  i  en  effet,  il  fufpcndit  ceil 
créations,  &  accorda  fa  prottétion  coiitc  endére  au 
corps  de  Torfévrcrjc»  Depuis  cttrc  époque  ,  le  con- 
feil  a  diiigoé  renvoyer  en  commtmicarion  aux  gar^J 
des-orfevres  ,  toutes  les  demandes  îk  requêtes  pré*l 
fentces  pour  raifon  de  ces  maîtres  (ans  <|u.tlîté,  6c  ,1 
fur  leur  réponf»;.  Ta dminili ration  les  admet  ou  k 
rcfiife. 

Si  le  confcil  daigne  permettre  au  réda^^ur  de  cetl 
article  des  réflexons  qui  lui  paroiiTctit  Inip^rrante 
pour  les  intérêts  du  roi,  il  fe  hafardera  d'expofd 
que  le  nombre  *!e  trois  cem^  maîtres  k  Tépoque  qui 
ronvi<:nt  de  citer,  fut  regarde  jultement  trop  petit, ^ 
maii  que  depuis  on  i  a  beaiKOup  trop  Augmenté. 
Cet  état  de  crimmcrce  ne  rtffemblc  poinraiix  autres  ; 
il  eiige  une  fidélité  inféparable  du  talent.  Il  efl  dif- 
ficile de  furveiller  huit  cents  maîtres  qui  eii^ent 
aujourd'hui  dans  Paris ,  indépendamment  des  aven- 
turiers qui  ,  n'ayant  point  de  qualité  ôt  de  domicile 
connu,font  un  commerce  interlope  tré$-confidêrable 
dans  cette  partie  fans  pouvoir  être  fur  veilles  ni  in- 
quiétés par  les  commis  de  la  marque  d'or  ou  d'ar- 
gent. Les  infpe^leurs  pourla  régie  auront  b^rau  faire, 
&,tels  foins  qu'ils  apportent  dans  leurs  fondions,  il 
leur  fera  toujours  trés-difficile  de  prévenir  6c  d'arrê- 
ter la  fraude. 

L'on  peut  avancer  que  cet  état  a  beaucoup  perdu 
de  fes  avantages,  hts  fabrica ns  font  bien  loin  i\ 
erre  aufli  heurcu*  qu'ils  Tétolent  il  y  a  feulement 
dix  ans  pour  leur  bénéfice.  L^onfe  bornera  a  dire, 
pour  preuve  de  ce  que  Ton  avance ,  qu*il  n  y  a  pas 
actuellement  élu  enfans  de  maîtres  connus  mis  en 
apprenn(raf;e  oodeïlinès  pour  Torfévrerie. 

On  a  du  qu'il  fcroit  important  pour  le  bien  public 
&  pour  les  intérêts  de  Taat ,  de  diminer  confidéra- 
bhmeni  'e  droit  du  contrôle ,  &  mieux  encore  de  !c 
fupprimer  tout  en  entier.  Le  rcdaôeur  ne  penfe  pas 
de  même  pour  la  fupprciïîon. 

Les  objets  de  luxe  font  ceux  fur  lefquels  on  éta- 
blit le  pîus  jugement  des  impofitton?.  Le  droit  de 
contrôle,  établi  depuis  bîcnîong-icmp»,  ne  répugne 
pas  en  général  à  tout  le  monde.  L^  public  feufé 
l'approuve  &  le  paie  fans  peine. 

Il  efl  conilant  que  ce  droit  cft  devenu  beaucoi^p 
trop  fort,  par  les  augmentations  fucceîVivcs  des  nou- 
veaux droits.  Peut-être  ne  faura-t-on  pas  mauvais 
gré  de  Taire  une  comparaifon  qui  pourroît  détermi- 
ner à  faire  une  réduâlion. 
[       Deux  plats  d*cntr<;e,  qui  péfem  or^iti^ircment 


422 


O  R;F 


fept  marcs»  dont  Us  façons,  à  raifon  de  quatre 
livres  par  marc  ,  qui  eft  le  prix  connu  depuis  bien 
des  -années  y  valent  vingt-huit  livres  ,  payent  au- 
jourd'hui pour  droit  de  contrôle  ,  à  railon  de  cinq 
livres  par  marc  ,  trente-cinq  livres  ;  il  reluire  que 
le  droit  excède  le  prix  de  la  main-d'œuvre;  & 
comme  le  commerce  de  rorfévrerie.fe  fait  toujours  ^ 
avec  rexplication  du  montant  du  pç>iJs  &  de  celui 
de  la  /sçon  ,  le  public  s'aperçoit  tout  lic  fuite  que  i 
le  montant  des  droits  excèle  ct]yÀ  dg  U  façon,  2k 
qu'il  forme  même,  une  impoAtionde  dix  pour  cent  ; 
fur  le  total. 

Il  eA  donc  à  prcfumer  que  la  dimimitlon  du  droit  ■ 
de  contrôle  qui  fc  fixeroit  à  i  liv.  13  f.  par  marc,  ' 
falfaii;,  avec- les  droits  de  régie  perçus   pour  les  : 
orfèvres  y.  la,  fomme  de  trois  livres  à  payer  par  lès  ! 
contribuables /&  progrcHlvemcnt-pour  les^droits  *■ 
de  Tor  »  ,contribueroit  à  une  augmentatioQ.de  (a-  \ 
"brique confid érable,  qui  rcndroit  au  gouvernement 
plus  qu'il  n'en   retire  depuis  pluftcurs  années.   Si 
cette  prcpofnion  étoit  accueillie ,  elle  rètabliroit  la 
Co::currencc  avec  Tctranger. 
.  Les  girdes-orféyres  doivent  fol li citer  cette  grâce. 
Coinrr.^  fujeis  du  roi',  leur  devoir  eft  de  prévenir 
rad^njjiilftration  de  ce  qu'ils  cftimcnt  être  le  plus 
avantageux  peur  les  intérêts  du   fouverain  &  la 
pro^érité  du  commerce.  Comme  admiuiftratcurs 
.dans  leur  communauté,  ils  doivent  réclamer  avec  inf- 
ftance  les  intéi  cis de  fes  membres qui,par  une  fidélité 
'  coi:ftantc  à  leurs  erg^gemens,  ne  cenent  de  militer 
contre  ceux  des  contribuables  ,  leurs  confières ,  qui 
voud'ciu m  s'écarter  de  leur  devoir. 

.  Cet.  avantage  deviçndroit  enco.e  plus  confidé- 
rr^b'e  fi  le  gouvernement  vouloit  accueillir  la  de- 
mandé que  les  orfèvres- bljoL tiers  f':roiont  fondés 
à  former  pour  la  baifle  du  titre  de  l'or  feulement. 
Il  n'y  a  plus  lieu  de  douter  que  les  gardes-orfé- 
vres  ne  le  joignent  à  eux  pour  obtenir  une  loi  de- 
venue indifpenfable.  Il  eft  de  notoriété  publique 
que  ce  privilège  dont  joui^Tent  les  fabricans  des 
villes  d*Allem:igne  &  de  Genève ,  a  fait  perdre  à  la 
'ville  de  Paris  plus  que  les  trois  quarts  du  com- 
merce qu'elle  faifbit  précédemment  avec  TËfpagne 
&  le  NorJ. 

Ce  moyen  peut  fcul  rendre  à  la  France  la  con- 
currence &  la  iupériorité  fur  les  fabriques  des  villes 
que  Ton  vient  de  citer. 

Il  f^iut  parler  préfentemcnt  des  avantages  &  pré- 
rogailvos  atiachcs  au  corps  de  rcrf:vrerie,qui  dif- 
fère de  beaucoup,  parfon  régime,  des  cinq  autres. 
Son  contentieux  eft  confiJèrablc, 

Par  la  nature  de  fes  opérations ,  il  rcfulte  qu'il  a 
conrînucllciTieiit  rtiLirc  d^ni  tous  les  nibunaux.  An 
châtcl. r,  rour  les  caufes  de  police  du  corps,  & 
les  antic  paiions  conririutllcs  de  l\  part  des  autres 
ccmmunai:tés  iur  fes  prcrog;ativtS  &  io.i  commeice , 
&  par  appdy.au  paiicmt^nt. 

A  réleftion,  &,  par  fuite,  à  la  cour  (]c$  Ai  les  pour 
les  contcftations  ct)!uinuelles  entre  \v\  ^  le  fermier 
ou  régifleur  des  .droits  du  roi  ^  a  la  cour  des  mon- 


O  R  F, 

noies  fans  interruption,  pour  rinfculpatîon  des  poin- 
çons ,  &  autres  aft'uires  contentieufes  a.tribuéesà  ce 
tribunal  ;  &  enfin  auconfeil  du  roi  prefque  conti- 
nuellement. 

Son  honorifique,  &  particulièrement  celui  des 
g.udes  ^  eft  le  même  que  celui  des  Ax  corps  des  mar- 
chands. Ils  parviennent  au  confubt;  &  l'on  a  vu 
■fréquemment  les  orfèvres  occuper  avec  diftinâioa 
les  places  municipales. 

..«/Le  corps  ds  l'orfèvrerie  peut  avancer  qu'il  eft  le 
fauldans  lequel  onâitpris  un  pt>évâtdes  marchands, 
■qui  s'appeloit  Marcel,  &  qui  dcfcendoit  d'une  fa- 
mille d'orfèvre.  Il  tft  a  remarquer  auffi  que  le  pre- 
mier exemple  de  lettres*  d'ennobliftement  fat  en 
faveufi  de  Raoul ,  orfèvre  ou  argentier  du  roi  Phi- 
lippe III.  furnommé  le  Hardi  ;  dans  le  treizième 
flè^^le»-  L'on  obfervera  pareillement  que  dans  les 
grandes  cérémonies  extraordinaires ,  ou  Ton  admet 
ks  fix  corps ,  ou  au  moins  partie  d'eux ,  le  corps 
de  l'otfévrcrie  ,  celui  de  Tépicerie  &  de  la  drape- 
rie ont  toujours  été  appelés  par  préférence. 

Nous  ajouterons  à  ces  obfervations  de  M.  Lccain, 
plufieurs  difpofitions  importantes,  foit  desftatits, 
foit  des  déclarations ,  arrêts  &  réglemens  conccnant 
le  corps 'des  orfèvre». 

Voici  quelques-uns  de  leurs  ftatuts. 

Les  orfèvres  font  obligés  d'avoir  leurs  forges  & 
fourneaux  fcellès  en  plâtre  dans  leurs  boutiques, à 
fix  pieds  de  la  fue  &  en  vue  :  il  leur  eft  défendude 
travailler  paiTé  les  heures  indiquées  par  la  police, 
l'objet  de  ce  ftatut  eft  de  tenir  continuellement  les 
orfèvres  en  état  d'être  veillés  par  les  prèpoffcsà 
la  police  du  corps.  Ces  prépofés  ,  font  les  officisrs 
de  la  cour  des  monnoies  &  les  gardes -prfèvres. 

Les  veuves  des  orfèvres  peuvent  tenir  boutique 
ouverte ,  &  faire  le  commerce  de  l'orfèvrerie  :  au- 
trefois même  elles  avoient  un  poinçon  ;  maisl^rsdu 
règlement  de  1679,  le  mipifière craignant  quelles 
n'en  abufaftent,  ou  que  n'étant  pas  aflTez  inftruitcSf 
elles  ne  compromirent  trop  facilement  la  réfu- 
tation de  leur  poinçon  ,  ordonna  qu'auftl-tôt  le 
décès  d'un  orfèvre ,  fa  veuve  remettra  le  poirç^^n 
de  fon  mari  pour  être  biffé ,  lui  laififant  néanmoins 
la  facuhè  de  faire  fabriquer  chez  elle ,  en  falfint 
marquer  fes  ouvrages  du  poinçon  d'un  autre 
maître,  lequel  demewreroit  garaiu  des  ouvrages 
rcvcrus  de  fon  poinçon ,  comme  s'ils  étoicnt  de 
{a  fabrique. 

Les  orfèvres  qui  ne  tiennent  pas  boutique  ou- 
verte, font  rbligés  de  dépofcr  leurs  poinçons  au 
bureau  des  orfèvres ,  pour  y  être  erfjrmés  &  fccllès 
jufqu'à  ce  qu'ils  reprennent  boutique. 

Les  orfèvr<.s  ort  b  faculté  de  graver  tous  leur» 
ouvrages ,  même  fcoaux,  cachets ,  lames  d'acier,  en 
un  mot,  tout  ce  dontjls  ont  befoin  pour  l'orncmect 
de  leur  fabrique. 

Le  commerce  d'orfèvrerie  eft  interdit  à  tous  mar- 
cli.ind:>  r.liili;in^  ru  commcrçans  qui  ne  fort  pas  du 
corps;  il  cli  feulement  permis -aux  marchands  mcrj 


•10  RF 

cicndc  vendre  kvaîiTelle,  ou  autre*  ouvragés  d'or- 

jcncfic  venant  d' AUcmagne  ou  des  pays  étrangers  , 
ib  duft^.e  d'en  fiire  la  dèclaraiion  au  bureau  ,  ou 
anroct  fur  ces  ouvrages  un  poinçon  à  ce  deftiné, 

U  eft  défendu  aux  orfèvres  d'acheter,  tbncîrc 
ou  dctormer  aucunes  efpcces  d'or  ou  d'argent  du 
royaume  ayant  couis  ou  dccriècs. 

Les  orfcvrcs  font  auiïi  tenus  »  quand  Hs  en  font 
requis,  de  donntr  liçs  borderc^iu.t  des  marcliandifcs 
qu  ris  vendant  »  Ct.nignant  le  ^oïd- ,  U  ttre^  lé  prix 
de  la  aiatÎ4:re  &  de  U  f  l'un  de  l'autre* 

li  leur  t:()  défendu  d.  licuns  ouvrages 

comporés  départies,  ùoui  ks  un^s  i'oient  d'or  ou 
dardent ,  6c  les  autres  de  cuivre  doré  ou  arger-tè , 
ni  mcme  d'or  S:  d'argent ,  er.fonc  que  ces  dcuï  mé- 
taux ne  puliTent  être  pv'Cés  &  eilimés  fcparcmtnr. 

Ils  ne  peuvent  mettre  en  oeuvre  ^mqw^s  pierres 
oupeilcs  fmâes,  conûis4m-rii  mclé^s  avec  des 
fines;  il  leur  e(l  même  dcfcf^u.de, ii^eum  ch«2  eux 
auci  rreries /auile)  »  à  p^ii^  d^  contireation 

^  ^^       -      '^  »  .-  :     ■ 

Il  Uui  s-(î  ordonné  d'uferde  balances  &  de  poids 
de  marc  j  cnlonnés  en  la  cour  des  roonnoies  ûh 
ncpcu'.  eu  avoir  d  .{u:res  en  leurs  maifons, 

fou\  quL    ^      ^     icfte^quc  ce  foit. 

Il  kur  eit  iictiiiidu  d'acli^.cr  &  v^endrc  les  matiè- , 
Tî^^rjr  \-  dVgent  à  plus  haut  prix  que  celui  q>ii 
en;  vc  aux  changes  des  monnoies.       ,    .■    , 

i  -lA  vendre  la  mat  ère  de  leurs  ouvrais  | 

Cf  îç  la  i^çoti^  6c  d'>tinQrà  Cfux  qu's.)es 

icheTc j^î  u  :s  bordereaux  fi^n  js  dVux  ^  ou  ils  dillin-  ' 
gucrrnrlc  prix  de  la  nîaiîére  &  celui  de  k  façon. , 
Les  orfèvres  font  ob'igès  de,  tenir  un  rcgiftre  ^les 
marie  e^  ôc  onvrar."^^  d*or&  dV-geut  quMs  acl^èjtmt 
&  ia  miaUtéii:  la  quitKiia,,cïï:f' 

du  .  ivçcles  noms  &  dçmçtur^  de 

^ci;x  a  qui  iU  les  vendit  «  ou  de  qui  U^  les  af^f  •  ' 
rçnt. ,,  *  _'  .''■■'' 

Ils  ne  peuvent  acheter  aucunes  pièces  de  vaiiTeUc 
y^argent  atnioiriécs  Oun  'narmoinéei, quand  m^me| 
ïl  ny  en  aiîroit  pas  eu  de  rcc>mmJiid*[ion^  fï^f^o 

f''      ;:i  qji  kur  f  ".  bes  ou  qui  létir 

.  répondsris  à  •  '   »         ;  /    . 

rey  font  r.ippclcv 
^'-  î"*"^!  ^  janvier  5t . 

:rîf  iirpOî 
.  ura   du    i-^ 

^cf  coût*  iVjuv^rai ries;       '  i    '"  "    ' '^ 

9  mai  1777 ,  DécUratidrt ,  laquelle  dîfpofe  ,  at^. 
ï  :  »Les  oitévrts  ,  tireurs  d'ur  ,  batteurs  «!^6r& 
<i*arg^nt',  ferOmtSi  •deMeiifôtV's^  rciinr'  ^  P  -^ , 
^n  un  ftul  &  même  corps  ,   £►:  lem  non:  xé 

à  r 

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OR  F 


4^3 


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^nqusme.'Lc  r*  i   n    m^uâ'^cvmuvtû&ft  '  datiS  ce 
ïJtimbrc  les  rr'  'V     "    ^.'' 


feront ,  tant  à  Paris  qu'à  l.yrm  ,  foum's  pour  Tad- 
mifËonà  la  maiuit^,  1j  &admi- 

uiflratton  des  affaires  de,  mnautè^, 

à  la  jutifdidioa  du  chatcict  di;  Pani  ,  6£  à  coi4e 
du  confuh:  de  Lyon  jïinfi  tjn-  l^  auires  corps  & 
communautés  d'arts  &  mé  tiers  dcfditcs  villes.» 

Art.  3.  n  Ne  pourront  néanmoiijs  ceux  qui  auront 
été  admis  maîrros  dans  le  faites  communautés  réu- 
nies d'oifèvres,  tireurs  ,  Jiutteurs  ,  :  "  js  Si 
paillonneurs ,  s'immiiccr  dans  kî4  fn  q^i 

en  dépendent,  hm  avoir  été *<içUi  p-:  ici  t><iitil*ès 
des  mnnnoics,  il  TefFct  de  quoi  ifs  feront  «émis 
de  fe  retirer  à  Paris  ,  parde^'ani  ia  cotrr  deï  mon- 
noies,  ÔC  a  Lyon  ,  pardevant  les  Cirticiers  de^  moiî* 
noies,  avec  des  gardes  de  U  c'ommurîauté,  q^i 
certifieront  leur  chcf-d^œuvre  ,  pour  fubir  e^c^inai 
fur  le  titre  Sc  ralli^igi,  faire*  inûrulperletn^ potH- 
çon  ,  &  prêter  le  ferment  en  tel  cas^  fcc^ii.  n 
-  Art,  4,  *i  Sa  Mijeflé  veut  que  les  maîé-es^  ijtoi 
comporetont  IcfJiis  corps  ^  totnmu.'îauéés ,  ^ 
tous  autres  arrdtcs,  arT>kans  &  ouvriers  tjm  etr!- 
ploient  ics  matières  d'or  6c   d'argent  t    '  s 

ouvrages ,  dans  les  difFcre^ues  vtlîesde  1  , 

i  oient  tenus  de  fe  conformer,  pour  rîich.it,  i  emploi 
&  la  vente  d:s  maciéres  d*«r  &  d'argcftr,^  à-de 
qLii'eftiJrtfcric  par  Us  oi'dortnarvces  i  téglemens  ; 
6c  que  \vs  itatuti  ^'rtglcmcns  dcfdus  corps  6t  coirt- 
,  manautés ,  continnent  dVtre  exécutée  par  nro^- 
£on,  àl  eejiiiqu^a  ce  quil  Jr  ait  cfé  tf^urrCfAt'it 
pourvu^  fur  i<s  rwémoircs  qui  Icront  remis  par 
les  fyndics ,  gardes  &  adjoints  defdits  corps  & 
comnuïnairtés.  w 

Art.  ^.  »Sa  Mijerté  n*entend  au  furplus  rien 
inno\'ur  en  ù^  qui  concerne  U  jurifdr^flJon  priva- 
il  ve  &  cumulr.uve  de  la  cour  des  monnoics',  & 
des  ityJ5e<i  y  rvlToriiflans  ;  voulant  que  les  ordoij- 
-nauces  6î.  r^glcmens  foient  exécutés  en  tout  te 
qui  nVft  pas  contraire  à  ces  préf.ntes.  »  ' 

I  aticvricr  1778  ,  Arrêt  de  la  cour  dts  inonnoîes  , 
lequel  faifant  droit  fur  le  réquifitoire  du  mioinère- 
puDlic,  ordonne  :  «r^'^^  les  réglemens ,  6fnof3m- 
metit  ceux  des  deux  juillet  161  a  ,  12' m  -  ^^ 
6t  16  m  ri  1741,  eaf;mble  les  llatuh  de 
nauiés  d'orfévres,  feront  exécutés  felan  km  form*; 
ik  teneur;  qu*en  confér.uence ,  tous  les  mTÎrtcs 
ô^f^vre-i  feront' tenus  à  rav:nir,  dt*  pafcr  d- vint 
notaires  les  brevets  d'apprentiiVag -,  dont  il  ref- 
teri  minufe  ;  que  ,  lors  de  la  patTiii  n  d'iceux  ,  ils 
feront  également  r-iMt  ,hj  ft  f^^^rc  repréfenrcrles 
aéitfs  bfeptiit aires 
sMs^ont  t^âgc  prct 
tuts  y  'potir  leftlns 
annexée  à  4ti'  mir' 

!jue;  dan4  îes  é 
trom  tenus  de  1 


le  loiii  i  p^ 


^rèntîs,  pôbr  connaître 
^nanc^s  &  lia- 
res  delmi^arùr 
.  ;'  cômmj';iiifH 
"' vfl3rrjï<  ,    ï^s 

u 

enûn 

rrificat 

1  minurc  ; 

^.w^rc,'  en  fou 


424 


O  R  F 


propre  &  privé  nom,  des  «Jommsges  &  intérêts 
de  fapprenti ,  ^  de  deux  cents  livres  d*air.cnde  , 
applicable  moitié  envers  le  roi,  &  Tait  c  moitié 
aux  pauvres  de  la  communauté ,  Si  à  défaut  de 
pauvres,  aux  charges  de  ladite  Ctjmmunautè.  » 

«5  avril  1778,  autre  déclaration  du  roi,  laquelle 
dUpofe  : 

Art.  I,  n  Les  communautés  d*orfevres  &  autres 
ouvriers  employant  des  mat. è'«[:s  d'or  &  d'argent, 
ci-dwvanr  éablit^s  dans  Les  différentes  vilks  du  rel- 
ion  de  notre  parlement  de  Paris,  demeureront 
lijpprimée.»  » 

Art.  2,  H  Les  profeffions  d  orfèvres,  hpîdaires  , 
îoailliers  Se  horlogets»  demeurerrint  rèjnies,  6t 
fie  fi-rmtroai  à  i'avenir  qu  une  feule  communauté  , 
dans  les  vtlles  dont  Tèt^t  cft  aitacliê  fous  le  contre- 
fcel  de^  préfentes,  y* 

Art.  3,»  Leidues  communautés  feront  foumifcs 
aux  ^'iEcicrs  de  police  des  lieux ,  tant  pour  Tad- 
iniiBon  a  la  miitrif^ ,  que  pour  leur  régime  6i  police , 
ik  ra.muiiiir^uon  de  leurs  »ô*aires  ;  Sz  elles  feront 
foumifeb  à  U  cour  des  monnoies,  &  aux  officiers 
reiloni'Jans  cette  cour  ^  pour  tout  ce  qui  peut  avoir 
rapport  à  l;i  venre»  a^li  c ,  emploi  &  labrication 
des  matières  d*or  Se  d'^irgent,  »> 

Art.  4,  n  Ll:  roi  veut  en  conféquence  ,  que  ceux 
qui  voudront  à  Vavcnir  fe  f^ire  recevoir  maîtres 
dans  ieldites  communau^cs  d\>rfévres,  lapidaires  , 
joailliers  6c  horlogers  ^  foient  tenus  de  fe  préfen- 
terd*r.bf>rd  auxoîFicters  de  police,  pour  être  admis  , 
s'il  y  a  IteUf  en  juAitiint  Je  leurs  bonne  vie  Se 
ir-œ  jrs ,  &  qu'ils  foient  tenus  enfui  te  de  fe  retirer 
pardevanc  la  cour  des  monnoi^fs,  ou  pardevant 
le*  officiers  qui  reiTortifïent  de  cette  cour ,  pour  , 
après  avoir  f;iic  certifier  kur  chct-â*ocuvre  par  les 
ortévres  nommes  à  ceteiïct,  Ê^  fubi  examen  fur 
le  titre  &  TÂiliage^  èite  reçus,  s'il  y  a  lieu ,  en 
ladite  qualité ,  en  prêtant  le  ferment  en  tel  cas 
requis,  faifant  infculper  leurs  poinçons,  &l  don- 
nant caution  ,  le  tout  en  la  maniéte  accoutu- 
mée, f» 

Art.  j.»  Ne  pourront  pareillement  les  fyndics 
'  8t  adjomis  des  communautés  d'orfèvres,  exercer 
kiîrs  fonctions  qu  après  avoir  prêté  ferment  en  la 
cour  des  Aïonnoies  ,  ou  pardcvant  tes  otEciers  des 
monnoiesj  dans  le  reObrr  defquels  ils  feront  domi- 
ciliés, bi  y  avoir  fait  infculper  leur  poinçon  ;  ^ 
pour  affurcr  le  fervicc  des  efTais  dans  les  lieux 
où  il  y  a  matfon  commune ,  le  roi  veut  quil  y  ait 
toujours  dans  lefdits  lieux  un  des  fyndics  ou 
adjoints  choifi  parmi  les  orfèvres  ,  &  que  les 
conteilarions  qui  pourroicnt  naître  lors  de  l'élec- 
tion des  fyndics  St  adjoints ,  &  qui  fcroient  rela- 
tives au  icrvice  des  eiTais ,  foient  portées  en  U 
cour  des  monnoies  ,  ou  pardevant  ks  juges  y  ref> 
ibf  tiHans  ,  comme  par  le  patlc.  i> 

Art*  6. 1*  Les  mattrei  defdi:es  communautés,  & 
généralement  tous  les  ouvriers  qui  emploient  les 
jnatiércs  dor  &  d'argent,  feront  tenus  de  fc  con- 
former apic  ordonnances  6c  réglemens  ^  pour  tout 


o  R  F 

ce  qui  concerne  Tachai,  Icmploi ,  U  vente 
titre  defdites  ma  itères  ;  <^  il>  continueront  d^èt 
foumis  à  cet  égard  à  la  furil'di::ion  piivanve  de 
cour  des  monnoies ,  ëi  à  celle  des  firges  qui 
rcilonitTent ,  ainfi  que  par  le  pa^fé,  contortnémc 
aux  édits  de  1551  8l  de  1645  ,  Se  autres  régi 
menv,  nncarument  à  Tarrêt  du  ao  janvier  1701 
&  à  U  dtcl.irdtion  du  premier  février  1710. 

Art,  7.  w  Sa  Maj^d^  entend  en  outre  que  cei 
qui  fe  pfèfenieroiit  pour  être  reçus  à  la  mairnk 
danslcfdites  communautés  d'ortévres,  lapidaires 
joailliers  6t  horlogers  réunies  ,  pul{rent  y  en 
reçus  fans  avoir  égard  au  nombre  d*orfévreS  d 
devant  Bié  pour  chacune  defditcs  villes  ,  St  fitl 
qu'à  ce  qull  en  ait  été  autrement  ordonné ,  à  1 
charge  toutefois  par  eux  de  juAificr  quMs  ont  fitil 
fait  a  ce  qui  eA  prefciit  par  les  régkinens  ,  en  Ci 
qui  concerne  le  genre  de  profeiTion  qu'ils  von 
drom  embrader.  Se  particulièrement  en  ce  qç 
concerne  le  temps  de  leur  apprenttflage  ;  à  l'efl^ 
de  quoi^  les  brevets  d'apprentilfage  feront  emi 
giflrcs  dans  les  tro;smois  de  leur  date,  auxgrc^ 
de  la  cour  des  monnoies,  ou  des  juges  y  reffo 
ti^Tans  ,  comme  aiiHi  sprèi  avoir  fait  Ls  €hcf-d*ac 
vres  relatif»  à  chacune  dci'dites  profcffions,  ù 
^  néanmoins  que  TuGge  du  poinçon  puiiTeêtrea 
cordé  qu*à  ceux  des  maîtres  de(dites  commuita 
tés  ,  kfquels  après  avoir  f-tisfait  aux  formalifi 
ci-delTus  prefchtts  ^  feront  jugés  capables  de  Ifl 
vailler  aux  ouvrages  d*orfêvrerie.  » 

Art,  8.  V  Les  anciens  fi^tut';  &  règlement  cicfd 
tes  communautés,  cominneront  d^étre  exècuL 
par  provifion  ,  Si  ce ,  jufqu*à  ce  qu'il  y  ait  £ 
autrement  pourvu ,  fur  les  mémoires  qui  fera 
remis  par  les  fyndics ,  gardes  &  adjoints  defdi^ 
communautés;  Se  cependant  ,  défenfes  de  cumtcî 
avec  ladite  qualité  d'orfèvres,  joailliers,  lapida 
res  St  horlogers ,  aucune  autr  j  profcfljon.  «• 

Art.  9.  »  N'entend  »  Si  Majefléau  furplus  ,  fi^ 
innover  en  ce  qui  concerne  la  jurifdiâton  privadi 
&  cumulative  de  la  cour  des  monnoies  et  des  jug 
y  renbrtinTans  ;  voulant  que  (i£s  ordonnances  ot  ri 
glemens  foient  exécutés  en  tout  ce  qui  n*eA  pas  M 
jraire  à  ces  préfenics,  n 

13  feptembrs  1780 ,  &  iç  janvier  1781,  LetM 
parentes  portant  même  règlement  poiirlesvS 
de^  re (Torts  du  parlement  d^  Normandie,  dit  coi 
fetl  fouverain  de  Rouffillon  »  &  du  parlemem  i 
Metz. 

6  mai  1781  ;  autres  lettres  pitctïces ,  Icfquelb 
dîfpofent  : 

Article  t«  n  Les  communautés  d*orfèvres,  fOnj 
liers  ,  lapidaires  Si  horlogers  établies  dans  \c%  <H 
ftremes  villes  du  royaume  ,  procéderont 


forme  prefcrite  par  la  dèclaraiion  du  IJ^H 
1778»  à  réleâion  de  leurs  (yndlcs  &  adfo^^ 
kfquels  feront  fournis  à  la  jurifdii^ion  d:rs  yugi 
de  (  olice,  en  tout  ce  qui  concerne  le  rcginae  io!^ 
rieur  9  radminiilration  des  affaires ,  U  comptbilti 

dc"~ 


O  R  F 

deâîtcs   communautés  ,  &  Texerclcc    de  leurs 
crDtrs.  it 

Art,  %,  n  Lefdites  communautés  procéderont  éga- 
lement à  réleâion  de  leurs  juras  dans  les  formes 
pTcfcrifcs,  6t  aux  époques  fixées  par  leurs  flaturs  , 
d^  nr  le  roi  a  ordonné  l'exécution  provifoiie  par  fa 
déclaration  du  i^  avril  »  77e»  n 

Arr,  3,  »  Lefdits  jurés-gardes  ne  pourront  être 
chol6s  que  dans  le  nombre  des  orfévrcs-fahricans  y 
Hs  conetnneront  à  être  feuls  dépofitaires  du  poinçon 
de  CDnrre-marque ,  à  faire  les  eifais  des  ouvrages 
qtii  feront  apportés  au  bureau ,  à  faire  pareille- 
mçmtes  %  îfites  qui  leur  font  prefcritcs  par  les  régle- 
mcns ,  à  faire  dreffer  des  procès-verbaux  des  con- 
traventions ,  St  à  en  pourfuivrc  le  jugement  par- 
devant  la  cour  di%  monnoies  &  les  juges  qui  y 
rtirortidcnt  ;  6c  cela  feulcmcot  pour  tout  ce  qui 
peut  avoir  rapport  à.  la  vente,  achat,  emploi  & 
nbricayon  îles  matières  d'or  &  d'argent  ;  en  con- 
féqucnce  de  quoi  ils  feront  tenus  de  prêter  ferment 
en  ladite  cour  ou  pardevant  lefclus  juEes.  » 

Art.  4.  «  Dans  le  cas  oîi  le  nombre  des  maîtres 
doflt  feront  compofèes  It^rditcs  coinmunautés,  ne 
icroit  pas  futHfant  pour  fournir  tout-à-la-fois  des 
Radies  âc  adjoints  oc  des  jurés  en  charge  diftin^ 

s  uns  des  autres ,  il  fera  toujours  procédé  à  deux 

eâions  ditférentes ,  conformément  à  ce  qui  eft 
trcfcrit  par  les  art,  t  &  2  cl  dcJTus  ;  &  ceux  qui 

ronc  été  choifts  ,  ferotit  tenus  de  prêter  ferment 
itrant  les  juges  de  police  &  devant  les  officiers 
iOnnoies ,  relativement  aux  différentes  fonc* 

_    qu'ils  auront  à  exercer.  " 

Art.  5,  »t  Le  roi  ordonne  au  furpïus,  que  fa  décla- 

ion  du  25  avril  1778,  enfcmble  le  règlement 
tt  20  janvier  1703  ,  &  la  déclaration  du  premier 
Vrtcr  1710,  feront  exécutés  félon  leur  forme  & 

ncur*  IV 

a  5  fanvier  178  t.  Déclaration  du  roi ,  laquelle 
Upofe  : 

^  Art-  t.   n  Les  orfèvres  qui  ont  des  apprentis 
~^"    brevets  réguliers»  feront   tenus   de    paffer 
fivant  notaires  des   brevets  dont  il  reftera  mi- 
lle, n 

Atî.  î*  1»  L'âge  des  apprentis  fera  juftiiîé  par  des 
Ses  baptiûatres  en  bonne  forme*  tt 

An.  3.11  L^s  brevets  feront  cnreglftrés  aux  ficges 
its  moanoies»  8c  au  bureau  de  la  maifon  com- 
iiitne«  n 

An*  4^  )»  Les  certificats   que  les  maîtres  doa- 
oni  aux  apprentis,  feront  aiift  paffés  devant 

laires.  n 

10  janvier  17S1  :  Arrêt  de  la  cour-des-atdes  »  1* 
|uel  ordonne Texécution  des  arr.  14  &  16  de  la 
idaratlou  du  t6  janvier  1749;  en  conféqueoce  , 

lit  le*  marchands  merciers* bijoutiers  à  tenir 
^      c  pour  la  vatlTelle  ôc  les  ouvrages  d'or  & 
argent ,  vieux    ou    réputés  vieux  qulls  acliè- 
t,  I» 

11  janvier  1782  :  Arrêt  d;  la  cour  des  monnoies  , 
uel  ordonne  n  que   tes   maîtres  &  marchands 

AfU  &  Mcn:rs,  Tomt  K  Poftïe.  Il* 


o  R  F  425 

orfèvres  feront  tenus  de  marquer  de  leur  poinçon 
tous  les  ouvrages  d'or  &  d'argent  ^  8c  ce  >  tant  au 
corps  &  pièces  principales  ,  qu'aux  pièces  d  ap- 
pliques &   garnirons    qui   en    pourrorft  recevoir 

empreinte. 

1 1  juillet  178}  :  Arrêt  de  la  cour  des  monnoies , 
lequel  n  renouvelle  les  défenfes  faites  à  tous  mar* 
chandsÔc  ouvriers  travaillans  ou  employant  dans 
leurs  ouvrages  les  matières  d*or&  d'argent,  de  fc 
retirer  dans  les  lieux  clos  &  privilégiés ,  ou  pré- 
tendus tels,  à  peine  contre  les  comrcvenans  d'être 
pourfuïvis  extraordinalremcnt ,  &  punis  fuîvant  la 
rigueur  des  ordonnances,  n 

lofeptembre  1783  :  Arrêt  de  la  cour  des  mon- 
noies ,  lequel  1»  ordonne  rexécution  des  règle- 
mens  ,  Ôt  fait  en  conféquence  défenfes  à  tous 
orfèvres,  joailliers,  lapidaires,  merciers,  bijou- 
tiers, &  autres  ouvriers,  de  vendre  aucuns  bijoux  , 
ou  menus  ouvrages  ,  de  telle  nature  qu'ils  •puifif^nt 
être  ,  foit  montés  en  pierres  ou  autrement,  a  moins 
qu'ils  n'aient  été  cflayés  &  marqués  des  poinçons 
prefcrits  par  les  réfflemens.  n 

15  décembre  17^3  :  Lettres  patentes,  lefqticlles 
dlfpofent  r 

Article  i*  "  Les  orfèvres  qui  voudront  à  l*aver  îr 
transférer  leur  domicile  dans  d'autres  villes  que 
celles  où  ils  aurolent  été  admis  à  la  maitrife,  feront 
tenus  de  payer  entre  les  mains  du  reccrcur  des 
revenus  cafuels,  la  finance  fixée  par  les  édlts  , 
pour  raJmilTion  à  la  maîtrife  dans  les  commu- 
nautés où  ils  défi  feront  d'être  agrégèi*  1» 

Art.  3.  n  II  ne  pourra  être  expédié  aucuns  arrêts 
ni  lettres-patentes  en  faveur  defdits  maures  orfè- 
vres, portant  permllTion  de  transférer  leur  domi- 
cile, qu'en  juAifiant  par  eux  du  paiement  des  droits 
ordonnes  par  rartlcle  précédent,  n 

Art.  3.  I»  Ceux  defdits  orfèvres  qui  aurolent 
dqà  payé  une  finance  pour  leur  admiilîon  dans 
les  communautés  dont  ils  voudroient  fe  féparer  , 
en  rapporteront  la  quittance  au  receveur  des  rcve» 
nus  catuels ,  &  il  leur  en  fera  tenu  compte  ,  à  valoir 
fur  celle  qu'ils  feront  tenus  de  payer  pour  leur 
adminion  dans  la  communauté  à  laquelle  ils  dè{î- 
rcront  d'èrre  ngrcgés  ,  fans  que,  dans  le  cas  nu 
la  nouvelle  finance  ferolt  moins  confidérable  que 
la  première,  ils  puiffent  exiger  que  Texcédent leur 
en  foit  rendu,  n 

Art»  4.  V  Lorfqne  la  première  finance  payée  fe 
trouvera  égale  à  celle  qui  feroit  à  payer ,  il  ne  fera 
d  14  aucun  fupplément  ;mais  cette  compenfation  ne 
difpenfera  pis  les  orfèvres  de  prendre  une  nouvelle 
quittance  de  finance  ,  dont  Ils  feront  tenus  de  payer 
les  droirs  «  Âc  qui  fera  mention  de  la  remlfc  qu'ils 
auront  f<iite  de  la  première.  1» 

Art.  5*  n  Les  pourvus  de  lettres-patentes  ou  arrêts 
portant  permiiTion  de  transférer  leur  domicile  ,  ne 
pourront  être  admis  dans  les  communautés  aux- 
quelles ils  voudront  être  agrégés ,  qu'en  payant 
en  totalité  les  droits  fixés  par  les  iUtuts  &  ifcle, 

Hhh 


4^6 


O  R  F 


mens  defdîtes  communaurcs ,  pour  la  riceptîon 
^es  maîtres.  i$ 

ij  août  1784."  Dicîaraiion  qui  permet  aux  maî- 
tres orfèvres  &  à  tous  ?rtiftes  qui  fondent ,  trAvail- 
L-tit  ou  emploient  les  matières  d'or  ôl  d'argent , 
d'établir  leurs  Yorgcs  &c  fourneaux  ai!kurs  que 
dans  leurs  boutiques  ,  k  la  charge  de  s'y  faire  auio- 
rifer  par  la  cour  des  monnoies  ;  fait  difenf^s  aux 
fondeurs  de  fondre  ces  mêmes  matières,  fuit  pour 
leur  compte  particulier,  fuit  pour  celui dtsarùfles 
Gut  n'ont  pas  droit  de  les  employer,  &  prcfcrit  Us 
formalités  auxquelles  ils  feront  tenus  de  fe  confor- 
mer lorfqa  ils  feront  chargés  de  fondre  d^s  matières 
de  cotte  nature,  n 


ravcnir  un  poinçon  de  contremarquo^  particulier 
&  invar*îable,  n 

Par  redit  du  il  août  1776,  les  droits  de  ré- 
ception des  oifévrcs,  batteur&-d'or ,  tireurs  -  d'or , 
font  fixés  à  800  liv. 

Explication  Juivie  des  planches  de  Varfévrerie , 
Tom.  IV    des  gravures, 

ORFÈVRE    GROSSIER, 

PLANCHE    r. 

Ouvrages^ 

Le  haut  de  cette  planche  teprèfente  un  atelier 
d'orfèvrerie,  où  pluficurs  ouvriers  font  diverfe- 
ment  occupés  ;  Tun  en  d  à  copier  le  métal  dans  b 
Hngotiére  ;  un  en  ^  à  rétrcindre  un  vafe  ^  un  en  t 
à  planer  une  aiïictte  ou  un  plat  ;  un  autre  en  ^  à 
rétrcindre  une  burette  ,  &  les  autres  en  r  à  forger 
une  plaque.  Prés  de-là,  en/,  cfl  un  fourneau  à 
fonte ,  en  ^  une  forge  ,  en  h  une  laimpeà  fouder, 
chalumeau  »  foufflet ,  panier  à  charbon  ^  tenailles  > 
&  autres  uAen&ks  néceffaires  à  Fufage  du  four- 
neau, 
Fig*  I.  Burette  fans  anfe.  Â  ,  b  col  B  ,  la  panfe. 

a  &  3.  Burettes  avec  anfcs.  A  ,  le  coU  B  ,  la 
panfe,  C,  Tanfe. 

4,  Sonnette. 

y  Bâton  de  goup-illon. 

é.  Bénitier.  A  ,  le  bénitier.  B  ,  le  pied.  C , 
Tanfc 

7,  Elévation  ^  &  8.  plan  d'une  cuvette  de  bu- 
rettes. A  A  »  la  cuvette.  BB  ,  les  burettes.  C, 
la  fonnetie. 

PLANCHE    IL 

fig,  1.  Calice.    A  ,  le  vafe,  B  ,  la  tige.  C,  le 
pied. 

5,  Chandelier d*accoHte.  A,  le  porte-cierge. B , 
U  tige.  C  i  le  pied. 


O  R  F 

3.  Croix  d'autel.  A ,  la  croîx.  B,  la  tige,  C^lc 
pied. 

4.  Ciboire,  A,  le  vafe,  B,  le  couverdc*  C, 
la  lige.  D  ,  le  pied. 

5*  Encenfôir.  A  ,  le  porte-chaîne.  BB  ,  lesdui- 
ncs,  C  ,  le  dclTus,  D  ,  le  pied. 

6.  Navette.   A  ,  le  couv  crcle.  B  .  le  pied»  C , 
Tanfe. 

7,  Vafe  d'îiute^  A  ,  le  col  B  ,  la  panfe.  C,  le 
piei?.  DD  ,  les  anfe*. 

8.  Autre  vafe  d*aute!.  A  ^  le  corps  du  Taf;*  B, 
le  *pied.  ce  ,  les  anfcs, 

9,  Chandelier  d'autel.  A ,  le  porte-cierge.  B,li 
ti^e.  C  »  le  pied, 

fo.  Bénitier  de  !it.  A  ,1a  croix.  B  ,  gloire.  C,le 
bénitier.  D  ,  le  couvercle. 

n.  Soleil.  A  A  ,  contour  de  gloire  mclè  de  bran- 
ches de  lauiier.  B  ,  la  tige,  C  ,  le  pied. 

la.  Coffre  à  mettre  fur  Tautel.  A  ,  la  boue.  B, 
le  couvercle. 

î  3 .  Sahére  double.  A  A  Jes  falières.  BB ,  les  t^ 
verclcs. 

PLANCHE    IIL 

Bdacs  â  tln% 

Fig,  î.  Banc  à  tirer.  A  ,  le  banc-  BBB,  Ici  tré- 
teaux, ce,  6^r.  les  citons.  DD,  lesarcbou- 
tans. 
a.  Eoite  à  tirer.  A  ,  la  bohc.  BB  ,  les  étoquioii 
à  pattes,  ce,  la  crémaillère. 

3.  Roue  dentée.  A  A ,  les  dents.  B  ^  le  trou  i^ 
Tarbre. 

4.  Pignon.  A,  les  dents.  B,  farbre.  CC,  \^ 

tourillons, 

5.  &  6.  Platine  de  la  boite.  A  A ,  Ù€,  ki  troa» 
des  tourillons. 

7,  Cloifon  de  1»  boîte. 

8.  Support  de  la  crémaillère. 

ç.  10.  tt.  &  la.  Goujons  à  vis.  AA  »  &r.  l<s 

goujons ,  B  B  ,  &c,  les  vis.  C  C  »  fi'w  ki 

écroux. 
tj.  14.  iç.  8c  16.  Etoqmot^  è  patfc§.  A  A^  ^ 

les  éioquiots.  B  B ,  &c,  les  pattes. 
tj,  Atbre  de  la  lanterne  Ik  de  la  roue  dentée*  ^ 

le  corps,  BB ,  les  tourillons,  CC  »  les  cifti*' 

18.  AA  «  BBjLla  lanterne. 

19.  ôd  10.  PîateSux  de  la  lanterne, 
21.  &  ai,  Fufeaux  de  la  lanterne, 

13.  ManiVcMe.  A  ,  la  clef.  B ,  la  t^  C,  le  rcc 

leau, 
24.  Tenailles  à  tirer.  A  A  «  les  raordi.  BB,  k» 

branches.  CC»  les  anneaux, 
af .  Banc  à  tirer  au  moulinet.  A  A  ,  les  modiftcn* 

B ,  Tarbre.  C ,  la  fangle.  DD  ,  6*^  ks  pi- 

tons.  EE  ,  leurs  arcboutan*,  F ,  la  taWc,  GC, 

les  pieds. 


p 


I 

I 


O  R  F  ; 

PLANCHE    IV. 
Mouliné'  â  tirtn 

ïÇ  I.  &  t.  Pitons  de  Tarbrc  du  banc  à  tirer  au 
mouliner.  AA^  les  yeux.  BB,  les  mortoifes 
des  arcbourans.  CC,  les  mortoifes  des  clefs, 

y,  &  4.  Arcboutans  àt%  pitons  précédeni  A  A  , 
&c^  les  tenons. 

5.  &  6.  Pitons  de  la  boîte  à  rircr.  A  A  ,  les  mor- 
toifes des  arcboutans,  B  B  ,  les  monoifes  des 
clefs, 

7,  flt  8.  Arcboutans  des  pitons  précèdens»  A  A> 
&c.  les  tenons. 

9,  &  10»  Clefc  des  pitons  de  Tarbre. 
11. 8c  12.  Ctefs  des  pitons  de  Ea  boîte. 
xy  Sangle,  A  ,  la  fangîe.  B  ,  la  boiacïç, 

14. Arbre  à  tirer.  A,  le  rouleau,  BB,  les  tou- 
rillons, ce,  les  carres, 

1Î.&  16.  Viroles. 

17.  Filières  à  trous  ronds  &  ovales. 

t8.  Filière  à  trous  carrèi  &  oiépbts. 

19,  Boite  à  tirer,  A  .  la  boîte.  B  B ,  les  vis.  CC , 
les  bilics, 

10,  Clef  à  tourner  les  vis. 
A\.^%%,  BUles  à  moulure^, 

ij.  &  %4.  Vis.  A  A  »  les  tètes.  B  B ,  les  vis. 

1^.  &  16.  Lingots  tirés, 

V.  Autre  boite  à  tirer  la  moulure.  A  A  ,  les  pîa- 
teaujt,  BB  ,  6^i\  les  fupports.  CC,  les  vis. 
DD ,  les  billes, 

2I,  Plateau  fupèrftur.  AA  »  &€.  les  trous  des  fup- 
ports. B  B  ,  les  trous  des  vis, 

29,  Plateau  inférieur.  AA  ,  6*c.  les  trous  des  fup- 

ports, 

30.  jK  31.  8c  )j.  Supports,  A  A,  fir.  les  fupports. 

Bli,  &c.  les  tenons. 
34-  8c  35.  Vis  à  tète  à  chapeau,  A  A,  les  tctes. 

BB,  les  vis. 
36.  8c  57.  Billes  à  moulures. 
î8.  Contre-bille. 
3^.  Clef-à-vi5.  A  ,  la  clef. 
40.  8c  41.  Lingots  tirés,  ^ 

PLANCHE    V. 
Outils. 

%-  I.  8c  1.  Bigornes.  A  A  ,  &u  les  bigornes,  B 

B ,  les  pointes. 

3-  Etampe  à  fourchette  montée.  A  ,    le  deffus 

acéré.  B ,  le  bilîoî. 

4-  Petite  étampe  à  fourchette  montée.  A,  le  def- 

fus  acéré.  B  ,  le  billot. 
S'  8t  6.  Erampcs  ï  cuiller.  A,  le  de^Tus  acéré. 

B  B ,  les  pointes. 
7-  Taffeau  droit,  A ,  le  delTus  acéré,  B  ,  la  tige. 

C  ,  la  pointe, 
o.  Taffeau  creux.  A  ,  le  deflos  acéré.  B  ,  la  tige. 

C,  la  pointe, 

%  T.ffcau  iphèrique.  A  ,  1&  deffus  acéré.  B,  la 

tige.  C ,  la  pointe, 
*^  Il  &  12.  Taffeaujc  ronds.  AA  A  ,  les  deflus. 


O    R   F 


4^7 


BBBt  les  tiges.  CCC,  les  pointes,' 
13.  Etampes  à  cuiller  avec  fon  poinçon.  A  ,    l'è- 
tampe.  B ,  le  poinçon,  C  ,  la  cuiller. 

i4>  ȕ>  *<5,  17,  18,  19,  10,  at,  la,  43,  14, 

25  ,  2.6  8c  17,  Elévations  &  plans  des  poin- 
çons a  étamper  les  cuillers  &  les  fourchertes. 
AA,  les  poinçors  ou  emporte-pièces.  BB  , 
les  tètes. 
a8,  19,  30  &  31.  Maillets  de  différentes  grof- 
feurs.  AAt  &c.  les  maillets,  BB  ,  &c.  les 
manches. 

PLANCHE    VL 

Fig,  t.  Marteau.  A  ,  la  tête,  B,  la  panne,  C,  le 
manche, 
2*  Marteau  à  deux  pannes,  A  A  ,  les  pannes.  B  , 

le  manche. 
3  ,  4&  ^.  Marteaux  à  deux  tètes.  AA,  &c.  les 

tètes.  B  B  ,  &c,  les  manches, 
6,7,8,9,  10,  II,  12,  13  &  14.    Différens 
marteaux  à  emboutir.  A  A ,  &c,  les  tèces.  BB , 
&c,  les  pannes*  CC,  &c.  les  manches. 

ij  &  16.  Petits  m-rEeaux  a  emboutir.  A  A,  les 
tètes.  BB  ,  les  pannes.  CC  ,  les  manches, 

17  ,  18  âc  19.  Marchepieds. 

2 j.  Billot  à  emboutir,  AA  ,  le  creux. 

21.  Dez  à  emboutir.  A  A  A  ,  les  creux, 

22  &  23  ,  24  8c  25  ,  26  8c  27  ,  28  8t  29,  30  &  31, 
32  8c  33,  Phins  8c  élévations  de  mandrins 
pour  les  tabatières  :  le  premier  rond ,  le  fc* 
cond  barlong  ,  le  troifième  carré  «  le  qua- 
trième en  hexagone  régulier  ,  le  einqtiièmc  en 
hexagone  irrégulier ,  oc  le  fixiéme  ovale.  A  A , 
6*c,  les  mandrins.  BB  ,  &cAz%  lenon*. 

34.  Première  opération  pour  un  plat  ou  aCTiette. 

35.  Seconde  opération  pour  un  plai  ou  aifiette,  A  , 

le  fond*  B,  le  bord  intérieur, 

36.  Troîfème  Sl  dernière  opération  pour  un  plat 

ou  ailiette.  A  ,  le  fond.  B ,  le  bord  inténeur. 
C  ,  le  bord  extérieur. 

37.  Ballet  de  peau.  A  ,  la  poignée* 

PLANCHE    VIL 

Ft^,  1,  Petit  tour  à  maîn.  A  A,  la  couliiTe,  B ,  la 
poupée  dormante.  C,  la  poupée  mouvante, 
DD,  les  pointes*  E,  les  vis  des  pointe*;,  F, 
Itf  fupporr,  G  ,  la  vis  du  fupport,  H ,  là  vis 
de  rappel. 
1.  Etau  à  couîiffe.  A  A  ,  les  mords.  B ,  la  char- 
nière. C,  les  branches,  D,  la  couliffc 

3.  Etau  à  main,  A  A  ,  les  mords.  B  B,  les  jumel- 

les. C  ,  la  charnière*  D  ,  le  refforr,  E,  la  vis, 
F,  rêcrou. 

4.  Compas  d'épaiffeur,  A  ,   la  tète.  B  B  ,  les 

pointes, 

5.  Etau  à  vis,  A  A  A  ,  les  mords.  B  B  ,  les  jumel- 

les. C  ,  la  charnière,  D ,  le  reJWît,  E ,  U  vis, 
F,  Técrou. 

Hhha 


)mm 


42S 


O  R  F 


i,  Cifoircs.  A  A ,  les  mords.  B  ^  la  charnière. 

ce,  ks  branches. 
7.  Pinces  plates.  8.  Pinces  rondes.  9.  Pinces  ca- 
mbres. AA A  »  les  mords  des  pinces,  fi BB , 
les  charnières.  CGC  ,  &c,  les  branches. 
lO  &   11*  Mandrins  à  chak^nons.   AA  ,  les  man- 
drins. B  B  ,  les  mioches* 
ia&  ij.  Filières,  A  A»  &c.  les  trous, 
14.  Grandes  brofles. 

P  L  A  N  C    H  EV  I      IL 

^'g*  ï  *  ^  »  3  &  4»  Rifloirs  de  toutes  efpèces. 

5.  Quarrclettes, 

6.  Demi-rondes. 

7.  Tiers-point, 

8.  Queues-de-rat,  AA^&c,  les  limes.  BB»  &c, 

les  manches.  f 

9.  Petite  quarrelette  d'Angleterre, 
îo.  Petite  demi-ronde  d* Angleterre. 
II.  Petit  tiers-point d'Angleierre. 

1%,  Pctiie  queue  de-rat  d'Angleterre.  A  A,  £v.les 

limes.  BB  ,  &c.  les  manches. 
»  J  »  M»  'î  1  ^^  ^  '7-  Echoppes  &  burins,  AA, 

&c.  les  taillans.  BB,  6*c.  les  manches. 
18,  I9«  ao«  n  ,  aa,  a]  ,  24  &  25.  Grattoirs  de 

différentes  fortes.  A  A  ,  &c,  les  manclies. 
î6.  Grande  lime. 

27  &  a8.  Mandrins  à  charnons.   A  A  ,  les  man- 
drins. B  B  ,  les  manches. 
19  8c  )0.  Tourne-vis.  AA,  les  tourne- vi<.  BB, 

les  manches, 
ji  &  3  a.  Couteaux.  A  A  ^  les  lames.  BB  ,  les 

m;4iiches. 
33.  BrumPoir  emmanché.  A  »  le  bruniffoir»  B,le 

manche. 
34  &  ^  ^.  Autres  brunlffblrs,  A  A  ,  &c.  les  brunif- 

foirs. 
36,  37  &  38,  Différcns  poinçons.  A  A  A ,  les  poin- 

çoas.  B  B  B  ,  les  tôtes, 

39.  Mandrin  méplat. 

40.  Mandtin  rond. 
4ï.  Mardrin  carr^, 

41.  Qfeau  rond.  A  ,  le  taillant.  B ,  la  tête* 

43.  Gfeau  droit.  A ,  le  taillant.  B  ,  la  tête, 

44.  Bruniffoir.  A,  la  tîge.  B  ,  le  manche. 

4^.  Petite  fcfingue.  A  ,  le  taftcau;  B,  la  pointe. 
46.  Grande  rcfijigue.  A,  le  taHeau.  B»  la  pointe. 
P  L  A  N  C  H  E    I  X. 
Fourneaux, 

Fig.  t  Elévation  d*un  fourneau  a  fondre  au  creufer. 
A  ,  le  fourneau.  B  ,  le  couvercle.  CC ,  les 
couH^cs.  D ,  le  deûus.  E»  la  bouche.  F  ,  la 
cheminée. 

1,  Cotipc  du  même  fourneau-  A,  le  fourneau, 
B,  la  grilk'.  C ,  le  cendrier.  D,  le  porK- 
venr.  EE'  \ts  coulitTes  du  couvercle.  F,  le 
defTus  du  fourneau.   G  ^  *a  cheminée, 

j.Tifonniers  pointus.  A,  la  poînre.  B^lVinneau. 

4.  Tifonnicr  crrchu.  A  ,  le  croche  .  B  ,  Vanneau. 


O  R  F 

5  &  6,  Tenailles  à  crcufet.  A  A ,  6^c.  les  morjs. 

B  B  ,  les  yeux.  CGC,  6*^.  les  branches. 
7»  Tenailles  crochues.  A  A  ,  les  mords*  Bjrall.3 

C  C  ,  les  branches. 

8.  Tenailles  droites.  AA»  les  mords.  B>  Fonl., 

C  C  ,  les  branches. 

9.  Pinces.  A ,  la  réte,  B  ,  les  branches. 

10.  Couvercle  de  creufet  d'Allemagne. 

11,  Creufet  d* Allemagne. 

12.  Couvercle  de  creufet  de  Paris- 

13,  Creufet  de  Paris. 
14*  Coupelle. 
iç.  Cendrier. 

16.  Grille  du  fourneau.  A  A»  les  barreaus» 

17.  Porte-creufet  rond, 

18.  Porte-creufet  à  pans  creufés. 

19.  Lingotiére.  A  ,  le  moule.  B  ,  le  pone-creiifc 

20.  Autre  lingotiére.  A ,  le  moule.  BBi  lespicr 

C  ,  la  queue. 

21.  Couvercle  du  fourneau^  A  ,  le  bouton. 
12,  Porte  de  la  bouche  du  fourneau.  A  ,  la  «ai*»' 

23,  Porte  de  la  bouche  du  grand  creufeL  A  A 1  le* 

lumières*  ' 

24.  Grand  creufet.  A  »  la  bouche* 

PLANCHE    X. 

Fig,  I.  Elévation  d'un  fourneau  pour  les  grind» 
fontes.  A  ,  Touverrure  de  la  bouche  du  aeu* 
fet.  B  .  la  bouche  du  creufet.  CC  »  les  lumiè* 
res.  D,  laventoufe.  E,  la  cheminée.  F,!* 
porte.  GG  ,  les  lumières.  H  ^  le  deffui  dtt 
fourneau.  1,  la  cheminée  du  foui ncau.  K  « 
la  bouche  du  fourneau. 

2.  Coupe  du  même  fourneau,  A  ^  le  creufet. BB, 

le  fourneau.  C  ,  la   grille  du  fourneau,  D  % 
le  cendrier.  E ,  le  deiTus.  F  ,  la  cheminée. 

3.  La  chappe.  A ,  la  porte.  B  ,  l'ouvcmirc  fto- 

haut. 

4.  Couvercle  de  la  chappe.  A  ,  le  bouton. 
^:  Porte  de  la  chappe.  A,  les  lumières. 

6.  Moule,  A  A  ,  les  plateaux.  BB,  le  chafllsXt 

la  frefte-  D  D  ,  les  ferres  ou  coins,  E,  Icfli* 
bouchure. 

7.  Frciie  du  moule.  A  A,  les  branches.  B  J 

manche^ 

8.  Chalfis  du  moule. 
9  &  10.  Coins  du  moule. 

II  &  ri.  Plateaux  du  moule.  AA  ,  les 

chures. 
13.  Lampe  à  fouiîer.  A  j  la  lampe.  B  ,  latïgt,C, 

le  portc-lampc. 
14  &  1^.  Lîngois. 
16.  Chalumeau,  A,  rembouchure. 
i-',  Couvre-lampe.  A,  renionnoiiC  B»  leruj* 
18.  SibiUe. 

PLANCHE    XL 
Tour  à  vdlffitlU, 
Tour  à  tourner  la  vaifT  ' 

bli.  A  A ,  &<^  les  t 


k 


raflîene  ou  plat.  D  >  la  grande  roue  de  con- 
duite. E ,  l'arbre.  F  ,  la  poupée.  G  ,  la  grande 
poulie.  HH  ,  les  rayons*  i,  Touvertuïe  de 
la  pouUc  dans  TétabU.  K ,  la  première  roue, 
LL,  les  rayon*.  M,  la  petite  roue*  NN, 
les  jumelles  du  chafTis  de  fupport.  O  ,  le  cha- 
peau, P,  le  fomniier.  QQ  »  les  contre-fiches. 
RR  »  la  féconde  roue.  S  S  ,  les  rayons.  T  , 
la  petite  roue.  U  ,  la  manivelle.  V  V  ,  les 
jumelles  du  fupport.  XX,  6^c,  les  contre- 
ftches.  Y  Y  ,  les  tbmmierf,  ZZ ,  le*  traverfes 
des  fommiers. 


PLANCHE     XI  L 

Développement  du  fupport. 


Fig,  i.  Petite  roue  de  conduire*  A  y  la  roue.  B  > 
Tarbre* 
%,  Vis  du  fupport  de  ToutiK  A  ,  la  vis.  B  ,  la 
lète.  C ,  la  clef. 

3.  Outil.  A  t  le  taillant. 

4.  Première  couîliïe  du  fiipporr,  A  ,  la  tablette. 

B  ,  les  couffinets  de  la  petite  roue  de  conduite. 
C  ,  le  fupport  de  l'outil.  D ,  le  chaiïîs.  E  , 
Técrou  de  la  vis.  F  ,  le  plateau  à  queue. 

5.  Deuxième  couUiTe  du  fupport*  A  ,  la  tablette, 

B  B  ,  les  couUiTeaui  à  queue.  C  C  ,  les  pe- 
tites vis  de  rappel.  D  D ,  les  pitons  des  pe- 
tites VIS  de  rappel,  E  E,  k  plateau  à  queue. 
F  ,  Téchancrure. 
é.Troifiéme  couliiïe  du  fuppon.  A  A ,  la  tablette, 
BB,  les  couliûTeaux  à  queue.  CC  ,  les  peti- 
tes vis  de  rappel.  DD  ,  les  pitons  des  petites 
vis  de  rappel.  E  ,  la  grande  vis  de  rappel, 
FF  ,  les  pitons  de  la  grande  vis  de  rappel. 
G  ,  le  plateau  à  queue. 

7.  Quatrième  &  dernière  couliffe  du  fupport,  A 
A  ,  le  grand  plateau  ,  &  rccbarcryre  à  7, 
BB  «  les  coulifîeaux  à  queue.  CC,  les  peti- 
tes vis  de  rappel,  E,  b  grande  vis  de  rsppel. 
FF,  les  pitons  de  îa  grande  vis  de  rappel.  G, 
la  manivelle. 

!•  Support  du  tour  monté.  A  ,  la  première  cou- 
Me.  B^  la  petite  roue  de  conduite.  CC,  les 

fitons.  D  ,  le  fupport  de  Toutil  E  ,  routil. 
,  la  vis.  G ,  le  reiTort  de  la  première  cou- 
lifle.  H  ,  la  vis  du  refibrt.  1,  le  fupport  de  la 
vis.  K ,  la  féconde  couliffe.  L ,  la  troifiéme 
couUiTe.  M ,  la  quatrième  couHÏTe  ou  grand 
plateau. 
9*  Platine  de  conduite.  A  A  ,  les  troii<î. 
^o.  Cercle  de  conduite.  A  A  ,  les  trous  pour  rat- 
tacher. 

'ï-  Plat  ou  afljette  prête  a  monter  fur  le  tour.  A  A , 
les  pointes  pour  l'arrêter. 

^^'  Boulon  pour  arrêter  le  cercle.  A^  la  tête.  B, 
U  vis.  C  ,  Tècrou. 


ORFÉVRE-BlJOUTIER. 

PLANCHE    V\ 

Le  haut  de  cette  planche  repréfcnre  une  bouti- 
que ou  plufieurs  ouvriers   font  occupés  à  diven 
ouvrages  de  bijouterie.  Les  uns  ,  en  ^  &  en  ^  ,  à 
mofiter  des  bijoux  ;  un  autre  en  c  ,  i  forger  Je 
métal  ;  un  autre  en  J  ^  k  U  chauffer  ou  fouder  k 
la  forge  ;  un  autre  en  c ,  à  fouder  au  chalume;)u 
ou  à  la  lampe  ,  tandis  que  la  maitreffc  au  comp- 
toir péfe  &  vend  les  marchandifes  de  bijouterie  : 
le  refle  de  râtelier  eft  fcmé  de   plufieurs  outils 
propres  à  ces  fortes  d*ouvrages. 
Fig.  I.  Portion  de  couvercle  de  boîte  de  montre 
vu  par  fa  charnière  à  cliarnons  triplés.  A  A  , 
le  cercle  du  couvercle.   BB  »  la  charnière. 
C  C  ,  les  charnonv 

2.  Portion  du  fond  de  la  même  boîte  de  montre 

vu  par  fa  charnière  à  charnons  triplés.  A  A , 
le  fond,  B  B  ,  la  charnière.  C  C  ,  les  char- 
nons, 

3.  Portion  de  fond  de  boîte  de  montre  ru  par  fa 
charnière  à  charnons  doublés-  AA,  le  fond, 
BB  ,  îa  charnière.  CC,  les  charnons. 

4.  Portion  de  couvercle  de  boite  de  montre  vu 

par  fa  charnière  à  charnons  doublés.  A  A  ,  le 
cercle  du  couvercle.  B  B  ,  la  charnière.  C  C  , 
les  charnons. 

.5)6,  7  &  8.  Charnière  de  boîte  a  charnons  tri- 
ples. AA,  &c,  la  charnière.  BB  ,  &c,  le» 
charnons.  CCC,  les  pattes. 
9  &  10.  Charnières  de  boîte  à  charnons  qua- 
druples. AA,  &6.  la  charnière.  BB,  6*f. les 
charnons- 

1 1  Bouton  de  montre.  A  ,  la  tête,  B  ,  la  tige- 

12,.  Anneau  de  montre. 

13,  Clef  de  montre.  A  ,  îa  clef,  B  ,  b  monture 

de  la  cltrf.  C  »  Tanncau  à  touret. 

14.  Charnière  de  chaîne  de  montre.  AA ,  les  an- 

neaux des  chaînes, 
ly.  Grand  étrier  de  porte  moufqueton. 

16.  Petit  étricr  de  porre-motifqueton. 

17.  Porte-moufqueton  à  cliarnièrc.  A,  lavis.  B, 

récrou,  C,  la  charnière. 

P  L  A  N  C  H  E    I  I. 

Fi^^  T.  Pomme  de  canne- 
z.  Autre  pomme  de  canne  de  badine. 

3.  Braffelet  à  chiffre. 

4.  Braffelet  à  portrait. 

5.  Boite  de  montre  h  médaillon  dfelé,  ou  pein- 

ture en  émail  ,  le  fond  guilloché  eff  recouvert     x 
d'émnil  de  la  couleur  que  Ton  vtiiu 

6.  Boite  carrée  ,  éont  le  fond  eft  uni  du  même 

métal  >  ou  en  émail  de  la  couleur  qu'on  le 
)ugc  à  propos, 

7.  Botte  ovale ,  dont  le  fond  &  le  médaillon  font 


il 


430 


O  R  F 


de  même  métal  ou  émaiUés  par^deflus  lor, 

8.  Elévation  de  cette  même  boite. 

9.  Autre  boîte  de  chaiTc  vue  en  deflUs. 
10.  L'éUratioa  de  cette  mtmc  boite, 

PLANCHEIIL 

Fig.  I.  Bonbonnière  guîilochée  &  émaîlSée  par- 
deiTus  le  guillochage  :  Témail  eft  tranfoarenr. 

2.  Médaillon  pour  ètfc  porté  au  col  des  dames , 
fufpendu  par  un  anneau  mobile  comme  ceux 
des  montres. 

},  Etui  à  curedent,  au  bas  duquel  eflun  cachet, 
que  Ton  ne  peut  pas  voir  dans  cette  pofition. 
Partie  fupéricure  de  cet  étui ,  pour  faire  voir 
qu*il  eft  ovaL 

4.  Poires  ou  pandeîoques  à  anneaux  ,  que  les  da- 
mes attachent  à  leurs  oreilles  :  on  les  nomme 
des  mirid, 

f .  Boucles  de  fotiUcrs. 

6.  Bague;. 

7.  Cacher. 

8.  Boîte  ronde  de  femme ,  vue  en  plan. 

9.  Son  élévation* 
io*  Ca Ablette. 


O  R  F 

PLANCHE    IV, 

Outils. 

Fig.  r*  Elévation  ;  6l  f^urtx^  Coupe  dehforgf. 
A  ,  la  forge.  B  ,  1  àtre.  C ,  U  cheminée. 

3.  Porîe-f>util  en  amphithéâtre* 

4.  Porteoutil  fimple.  A ,  le  plateau.  B,  lat!|^ 

C,  le  pied. 

5.  Moulin  à  tirer  avec  les  cylindres,  les  mon» 

tans  du  chaflTis ,  îa  tr^verfç  du  chaffis ,  Ucb» 
peau  d  j  chafTis ,  les  vis  ,  les  couflinecs* 

6.  Dé  à  boutroles.  A  A ,  les  creux. 

7.  Gâteau  de  maflic. 

8.  Pignon  ,  avec  les  dents  &  le  trou  pour  les 

carrés  des  rouleaux. 

9.  Manivelle.  A,  la  clef.  B,  le  manche. 

10.  Pinces,  A  ,  la  tête.  B  B  ,  les  branches. 

11.  Chapeau  du  chaiHs  du  moulin  à  tirer,  AA,ks 

trous  des  montans.  BB,  les  trous  des  v^ 
II.  Traverfe  du  chaiUs,  A  A ,  les  tenons. 
1}*  Cylindre  du  moulin  à  tirer.  A^  te  rouleau.  BB» 

les  tourillons.  C«le  carré  du  pignon.  D,  It 

carré  de  la  manivelle. 
14,  Pinces  à  Couder,  A,  U  pelle  au  borax.  BBi 

les  branches* 


roc,  ABULAIRE. 


XjLbonncmeht  des  drmts  de  marque  6^  de 
contrôle^ 

Le  fermier  ou  régifleur  général ,  peut  faire  tels 
traités  ,  baux  &  abonnemens  que  bon  lui  femble  , 
pour  raifon  du  droit  de  marque  &  de  contrôle  fur 
les  ouvrages  d'or  &  dVrgent 

Les  ortévres  abonnés  pour  ce  qu'ils  feront  ou 
vendront  dans  le  courant  d'un  bail  ,  doivent  au 
nouveau  fermier  ou  règiffeur  qui  ne  continue  pas 
Tabonnement,  le  droit  des  ouvrages  qui  fe  trou- 
vent chez  eux  fabriqués ,  mais  non  vendus  lors  du 
nouveau  baif. 

Le  fermier  cd  dtfpenfè  de  mettre  fes  poinçons 
fur  les  ouvrages  des  orfèvres  avec  lefquels  il  efl 
abonné. 

Achat  j  les  orfèvres  doivent  enregiftrer  îeiîrs 
achats  &  ventes  ,  n'acheter  que  de  perfonnes  con- 
nues ,  retenir  de  déclarer  ce  qui  eA  fufpeâ. 

AdOUCIB  ,  en  terme  d'orfèvrerie^  c'eft  l'aâion 
de  rendre  Tor  plus  facile  à  être  mis  en  oeuvre  ,  en 
Tépurant  des  matières  étrangères  qui  le  rcndoient 
?rgre  &  caHant,  On  adoucit  Tor  en  le  fondant  à 
diverfes  rcprifes,  jufqu'à  ce  que  Ton  voye  quM 
ne  travaille  plus  ,  &  qu*il  ell  tranquille  dans  te 
creufet  :  c'eA  la  marque  à  laquelle  on  connott 
qu'il  eft  doux. 

Affinage  ;  c*e(l  îa  purification  de  Tor  ou  de 
Targcnt ,  par  la  f^orificarion  des  métaux  qui  leur 
étoieut  aUiéj. 


/FFiNEUits.  Par  lettres-patentes  du  îï  ■art 
1781 1  il  a  été  commis  aux  ibnélions  d^s  afiusru 
dont  les  droits  font  régis  par  des  compagnies  ba 
nom  du  roi. 

Les  affineurs  ne  peuvent  entreprendre  fur  l'itit 
des  orfèvres. 

Ils  ne  peuvent  faire  les  fontes  j  affinages  8c  J^ 
parts  ailleurs  qu'aux  hôtels  des  monnoies ,  ètlicui 
à  ce  deAinés  ,  en  préfence  des  oâiciers  des  ood- 
noîes. 

Les  lingots  d^argent  affinés  doivent  être  ïmaM 
deniers  dix-huit  grains  de  fin  au  moins;  6c  (tw 
d'or  à  vingt-trois  karats  vingtfix  trente-deuxiétte» 

Aides  a  gardes  ;  officiers  du  corps  de  IW:- 
vrerie  »  établis  pour  affifler  les  gardes  ,  &  les  ij' 
derdans  leurs  fondions.  Ils  peuvent  faire  des  iai* 
fies  ,  &  doivent  remettre  les  objets  aax  pDdeii 
qui  leur  en  donnent  décharge- 

Aigre  ;  (or)  c'eft  Tor  écroui ,  qui  a  pm  de  li 
roidciir,  &  qui  eA  fujet  à  fe  gerfer  dacs  Coa 
emploi. 

Ajuster  ;  c'eft  remplir  les  vides  dVceoî^fc* 
tabaiière  ou  autre  ,  de  morceaux  de  pien 
de  cailloux ,  de  coquillages,  &c,  &  pour aiii»  ^- 
la  marqueter. 

Alliance  ;  bague  ou  jonc  que  Faccordé  domie 
à  fan  accordée  :  elle  cfl  fait j  d  un  fil  d*or  &  d  ao 
wfil  d'argent  en  lacs. 

Aloi  i  fe  dit  du  mélange  d*un  métal  pftdf» 


IV ec  un  autre  ,  dans  un  certain  rapport  convena- 
»]e  ila  defUnatton  du  mélange.  Valci  efl  à  IW- 
U^^'t  comme  Vefptcc  zu  genre  ,  ou  comme  alliage 
ril  k  mélange.  Mélange  ù  é\l  de  toutes  matières 
mifes  enfemble  ;  aludge  le  dit  feulement  d'un  me- 
bn^e  de  mhaux  ;  &  «i^^i  ne  fe  dit  que  d*ufi  alliage 
ic  métuux  (àh  dans  un  certain  rapport  dcfcrmtné 
parTulage,  de  la  matière  ou  du  mélangée  ordonné 
par  les  réglemcns.  Si  le  rapport  dctsim- ne  par  Tu"- 
ujc,  on  ordonné  par  les  rcgiemens,  fe  irouve 
ans  le  mélange,  on  dit  du  mélange  quil  cft  de 
fcwWw  ;  ftnon  on  du  qu'il  cil  de  mauvais  jIqï  : 
hn  dloi  efl  fynonyme  à  tkrc ,  quand  il  s'agit  de  ma- 
cères d  or  ou  d'argent. 

Am  ATIR  ;  m  terme  Xorfèvre ,  c'efl  ôter  Téclat  & 
le  poliment  à  certaines  parties  qui  doivent  fervir 
comme  d*ombre  en  les  rendant  graincufes  &  mat* 
1^,  pour  que  celles  auxquelles  on  laiffe  le  poli 
^roiirent  avec  phts  d'éclat  lorfque  ce  font  des 
reliefs-  Au  comraire,  lorfque  ce  font  les  fonds 
^ui  fout  polb ,  certaines  parties  des  reliefe  font 
•Piîtes,  afin  qu'elles  fe  détachent  davantai^c  des 
JPémes  fonds ,  comme  dans  les  médailles.  On  dit 
tr  m^t  &  argent  hlanchl ,  lorfque  les  pièces  faites 
le  ces  métaux  n'ont  point  été  polies  après  avoir 
té  dérochées» 

AMENDES  j  partie  des  amendes  8l  confifcatîons 
[ronoocécs  fur  les  procés-verbaux  des  gardes  de 
'orfèvrerie  ,  appartient  au  corps  des  orfèvres, 

-Angler  ;  en  terme  d*orfévre  en  tabatière  :  c'eft 
rmcr  cîtaâcmcnt  les  moulures  dans  les  plus  peiits 
l»|;lei  du  contour,  à  Taid»  du  tnartcau  &  d'un 
felct  gravé  en  creux  de  la  même  manière  que  la 
»OuJurc  en  relief»  ou  gravé  en  relief  de  la  même 
lanière  que  la  moulure  en  creux, 

-Arête  ;  en  terme  de  planeur  ^  c'efl  une  carne  ou 
^gl^i  qui  fépare  dans  tout  le  contour  de  la  boite 
'  bouge  d  avec  le  marll. 

Argent  ;  métal  parfait  qui  eA  d'un  blanc 
datant. 

Argue*  On  donne  ce  nom  à  «ne  machine  pro- 
re  à  tirer  6c  à  dégroffir  les  lingots  d'or  &  d'argent 
Ue  les  orfèvres  tireurs  d'or  veulent  employer  dans 

*  ouvrages  qui  fe  font  avec  l'or  &  l'argent  trait 

file. 

On  nomme  argue  royale  ^  le  bureau  établi  a  Paris 
Ogr  la  perception  des  droits  de  marque  fur  les 
livragcs  d*or  &  d'argenr. 

Le  fermier  doit  entretenir  au  bureau  de  Targue 
hJtes  les  filères  néceffaîres^ 

Aviver  ;  c'eft  donner  le  vif»  ou  le  dernier  poli 
il  luftrc  à  un  ouvrage  »  par  le  moyen  du  rouge 
Angleterre  détrempé  avç^c  de  refprit^ de-vin,  & 
t  la  pierre- ponce  détrempée  dans  de  Teau-de-vic 
m  du  viniîgrep 

Bagues  ;  Tor  Se  Targent  qui  y  entrent  font 
ijtrs  aux  droits  de  marque  ëi  de  controîe. 

Faim  -^^ortn)  c'eft  de  l'or  en  pleine  fufion  dans 
•  creufet* 

Bai^i.  Les  orfiivrcs  donnent  le  nom  de  haim  k 


un  vieux  linge  attaché  au  bout  d'en  bâton  qui  leur 
fertà  nettoyer  l'enclu  me, 

Balustre  i  eft  une  partie  de  la  monture  d'un 
chandelier  qu'on  voit  ordinairement  au  miiéeu  de 
cette  monture.  K!le  cû  plus  groife  en  haut  cpfeti 
bas  ,  &  fe  tvïrmme  à  fcs  di^ux  extrémités  par  un 
nœud  d'une  grofTeur  proportionnée  à  Textréinité 
où  il  doit  être. 

Banc  a  cric  ;  fe  dit  6* un  banc  à  tirer ^  qui  ne 
diffère  du  ^j/îc  ordinaire ,  qu'en  ce  qu'au  Ueu  de 
fangle  ,  il  eft  garni  d'uni*  cfpce  de  crcmailiière, 
&:  d'une boîic  qui  renferme  un  arbre ,  à  chaque  bout 
duquel  on  voit  hors  de  la  boi  e  une  manivelle.  Cet 
arbre  fait  tourner  une  roue  de  renco^itrc,  quis'ea-. 
graine  elle-même  dans  la  crémaillère,  qui  fe  ter* 
mine  par  un  crochet  qm  retient  la  main. 

Banc  a  tirer  ;  efl  une  pièce  de  bois  fur  laquelle 
les  orfèvres  tirent  les  fils  d'or  ou  d'argent  qu'ils 
emploient.  Elle  peut  avoir  cinq  ,  fu,  iept,  huit» 
&  neuf  pieds  de  long,  douze  à  quinze  pouces  de 
large ,  fur  quatre  d'épaiffcur.  L'on  perce  fur  un 
bout  de  cette  pièce  deux  trous  qui  fervent  à  mettre 
les  poupées  qui  tiennent  Tarbre  où  efi  attachée  k 
l'angle  ,  &  où  l'on  met  Taile, 

Les  deu\  autres  trous  qui  font  vis-à-vis  l'un  de 
rautre»  fervent  à  msftre  les  poupées  qui  retien- 
nent la  filière  >  Ô£  îe.troifiéme  eft  pour  recevoir 
les  gratures  que  la  filière  fait  à  l'or  ou  l'argent  en 
les  tirant  :  elles  tombent  dans  un  tiroir  qui  eft  an* 
deflbus.  il  y  a  encore  quatre  autres  trous  ouirç 
ceux-ci,  pour  les  pieds  qui  fouiiennent  le  èana 
ces  pieds  ont  environ  deux  fur  trois  pouces  dV- 
quarrîffage ,  &  deux  pieds  &  demi  »  on  mcaae  trois 
pieds  &  demi  de  long  k  deux  pouces  du  bas  :  fous 
ces  pieds  l'on  met  une  planche  avec  un  rebord  de 
qu:itre  ou  cinq  pouces  de  haut,  pour  ferrer  les 
outils  qui  fervent  au  tirage* 

Bancs  ;  les  orfèvres  &  tireurs  d'or  ne  peuvent 
avoir  chez  eux  aucun  hanc  propre  k  dègroflir  les 
lingots.  Ils  doivent  les  porter  à  Vargue. 

IUnder  j  en  terme  de  bijouiier  ^  c'cft  redreffer 
une  moulure  ,  par  exemple  ,  en  la  bandant  au  banc 
fans  la  tirer  avec  violence. 

Barres  ;  défenfes  à  tous  orfèvres  &  autres  de 
jeter  aucunes  matières  d'or  ou  d'argent  en  larfes 
ou  lingots  qu'elles  n'aient  été  bien  brafTées,  en- 
forte  que  la  matière  foii  uniforme  dans  toutes  les 
parties  des  barres  ou  lingots. 

Bas  ;  {or)  c'eft  de  l'cr  au  titre  de  i  o ,  j  i ,  jufqu'à 
19  karat.»?. 

Bassinet  ;  eft  une  efpèce  de  baffin  qui  furmorite 
la  branche  ou  le  corps  d'une  pièce  ,  par  exemple, 
d'un  chandelier.  Le  bajj^net  eft  compofé  de  carrés , 
de  panaches  ,  de  collets  ,  &  d'un  cubr. 

Bâtardes  ;  (limes)  font  celles  qui  font  d'un 
df  gré  au-de(Tous  des  rudes ,  &  dont  on  ne  fait 
ufage  qu'après  elles.  Il  y  en  a  de  toutes  grandeurs 
&  de  toutes  formes» 

Bâtardes  ;  {demi)  'ont  des  limes  qui  ne  font 
ni  trop  rudes,  ni  trop  douces  ^  mais  qui  tiennent 


43 


O  R  F 


le  ffiitieu  entre  les  limes  h^tardis  &  ks  douces* 
Il  y  en  a  de  plufieurs  grandeurs  &  de  plufieurs 
formes. 

BAfoN  j  en  terme  de  planeur^  eft  un  morceau 
de  bois  de  tremble  ou  de  tilleul,  fur  lequel  les 
planeurs  nettoyent  leurs  marteaux. 

Bâton  a  dbesser  ;  c'eft  un  rouleau  dont  on 
fe  fert  pour  mettre  de  niveau  une  plaque  de  mdtal 
mince,  fie  qm  voile  an  gré  de  Tair. 

Battu  ;  (ar)  c'eil  lor  réduit  en  feuilles  très- 
minces. 

Bec  ;  c*eft  une  petite  avance ,  telle  qu'on  la  voit 
aux  tabatières ,  ou  de  même  mat'ère  que  la  taba- 
tière, &  foudéefurle  devant  du  deiTus',  par  laquelle 
on  ouvre  hi  boîte  en  y  appuyant  le  doigt  ,  ou  de 
matière  différente  &  attachée  au  même  endroit. 
On  donne  le  nom  de  hue  à  un  grand  nombre 
d  autres  parties  accenfoires  dans  les  ouvrages  des 
arrifles. 

BeL'Outil  ;  erpèce  de  petite  enclume  trèî- 
ètroite,  fort  longue,  un  peu  convexe  6c  porta- 
rire»  à  dcax  cornes  longues  ,  Tune  ronde  &  l'autre 
can-ée  :  c  eft  de-li  que  plufieurs  artsTcc*:  Tappcllent 
aufH  lngorrt€  OU  bigorneau.  Elle  fijrt  au  même  ufage 
que   la  bigorne  ,  mais  à  des  ouvrages  concaves 

5ui  ont  beaucoup  de  longueur,  &  clônt  l*entréc 
oit  être  droite.  Les  deux  bigorne*  ou  cornes  lon- 
gues font  fcparèes  par  un  petit  carré  oblong.  Il  y 
a  des  outUs  d'orfcvrc  qui  portent  le  mèm^  nom  de 
hel-outil ,  &  qui  n  ont  quVne  corne  ;  le  relie ,  depuis 
Forigine  de  la  corne  ,  ell  un  carré  oblong  & 
étroit,  ri*nne  forme  un  peu  convexe,  &  qui  va 
en  s^aliNigeant  &  en  confervant  la  même  forme, 

BiFFEMENT  dcS  pOÎnÇOUS. 

Les  poinçons  des  maîtres  font  biffés  après  leur 
décès. 

Ceux  de  la  maifon  commune  font  auHî  bljfis 
après  le  temps  de  leur  fervice  expiré; 

Ceux  du  fermier  ou  régiffeur  font  biffes  lorfqu'il 
veut  en  avoir  d'autres. 

Bigorne  a   nceuds  ;  (^en  terme  d'orfèvrerie)  foot 
des  bigornes  fur  lefqucUes  on  re lirai nt  les  noeuds   1 
d'une  pièce  ;  Tes  deux  bras  fe  terminent  par  un 
bouton  recourbé  en  haut  ,   fur  lequel  s*appuie  la 
psrîie  de  la  pi^c^  où  Ton  veut  former  le  nœud. 

Bigorne  à  pot-à-Veau  ^  ëc  autres  vatiTeaux 
de  la  même  efpèce  ;  c'cft  une  bigorne  dont  une  des 
extrémités  eft  un  piiu  arrondie  fur  le  delTtis  feule- 
ment, &  forme  un  petit  coude  pours^inftnuer  plus 
aifement  dans  le  v^ailTcau  pendant  qu'on  en  rétreint 
le  ventre.  L  autre  extrémité  eft  recourbée  environ 
d*un  pouce  ;  c^eft  fur  celle*ctqu*on  place  les  bou- 
ges qui  font  trop  petites  pour  'être  planées  au 
marteau. 

Bigorne  à  tourner  ;  c'cft  une  bigorne  dont 
l'extrémité  ,  de  la  même  groffeurque  le  milieu ,  eft 
nrrondic  à  fa  furface,  fur  laquelle  on  courbe  les 
dents  des  fourcbeircs ,  &  autres  ouvrages  dont 
la  concavité  doit  être  uniforme*  Il  y  a  une  infinité 
d*autres  b'^gormi  »  jJont   Us  noms'  varient  félon 


o  R  F 

lesufages  qu'on  en  fait  \  mais  ce  font  prefqucioitîèi 
des  Cônes  de  fer  ou  d'acier,  dont  la  bafe  &  la 
hauteur  font  entr'eux  d  n$  une  proportion  déîçr' 
minée  par  la  nature  de  l'ouvrage  qu'on  doii  tra- 
vailler fur  elles. 

BuouTiEa;artxAe  marchand  &  fabrîcanï,  qal 
fait  &  vend  des  bijoux  d'or  &  d'argent. 

Bijoux  \  bijouterie  :  on  en  tend  par  ces  termes  toci 
lesouvragjs  d'orfèvrerie  qui  ne  (crvcnt  qucdWnc* 
ment  à  Thomme ,  comme  tabatière  ,  pomme  decan* 
ne,  étui ,  flacon  ,  tablettes  »  navette,  panier  à  ou- 
vrage ,  &c.  cette  partie  n'étant  qu'un  talent  de 
mode  &  de  goût ,  ne  peut  avoir  aucune  régie  6it , 
que  le  caprice  de  l'ouvrier  ou  du  particulier  qm 
commande. 

Billes  â  moulures  ;  ce  font  des  morcca|ix  <(c 
fer  plat,  d'une  ligne  d'épatÏÏbur  tout  au  plus  , 
modelés  dans  le  milieu,  entre  Icfqueb  oatii^b 
matière  o  il  Ton  veut  faire  des  mouluret. 

Billot  d'orfèvre^  eft  un  morceau  de  tronc dV 
bre  de  deux  à  trois  pieds  de  haut ,  &  qui  port: 
plus  ou  moins  de  diamètre  ,  à  proportion  de  l'ttt 
clume  ou  du  tas  qu'on  veut  y  placer,  U  lT 
nairement  d'orme  ;  6t  quand  il  fatigue  be^. 
on  prend  une  fouche  que  1  on  met  debout 
fait  un  trou  de  îa  profon  Jcur  que  Ton  vent  y 
Tenclume ,    que    l'on    afTujettit   avec    des   coiuv 
de  peur  qu'il  ne  fe  fende  ;  Ton  y  met  des  cercles 
de  nerfs  de  bœuf  frais ,  qui ,  en  te  féchant,  le  fer- 
rent fortement  :  Ton  cloue  encore  atuorr 
lanières  aftez  lâches  pour  contenir  les  maj 
des  marteaux ,  Ik  les  Teiur  à  la  portée  de  b 
de  l'ouvrier.  '   ^      -  -' 

Blanc  ;  {or)  c'eft  un  or  iHiè  eo  grande  ptrtlc 
d'argent.  ,  ^ 

Blanchiment.  Les  orfèvres  appellent  aïtrfiufl 
baquet,  ou  il  y  a  de  Teau-forte  aft'oiblie  pif  àc 
Teau  pour  blanchir  la  vaiftelle  ;  ils  donnent  "^ 
le  môme  nom  à  Topération  même. 

Blanchir  ;c'eft  mettre  un  morceau  d'orftrrc- 
rie  dans  de  l'eau  féconde  ,  pour  le  délivrer  do 
or  Jures  qui  empêcheroient  de  le  polir  Si  de  rcc^ 
voir  tout  féc^at  dont  la  matière  ell  fufceptible*  On 
blanchit  encore  en  Allemagne  avec  de  Palun  bouilli 
dans  de  Teau»  ou  même  avec  de  la  gravclk  8tdo 
fet  meCuré  par  ponlon  égale  ;  mais  ce  bkncliiseiM 
ne  peut  fervir  en  France  ,  où  fargeni  eft  ni»ïïrt4 
un  titre  beaucoup  plus  haut  quVn  Allemagtir 

Bleuâtre  ;  {or)  c'eft  de  Tor  coloré  par  un  m- 
lange  d*arfenic  ou  d^limaille  fTacier. 

Bocal  ;  înftrument  dont  \ci  bijoutier t  Se  plufitm 
autres  ouvriers  fe  fervent  pour  raffcmMer  fur  )at 
ouvrage  la  lumière  d'un  tiambeiu  pbcé  demèrc* 
Cet  înftrument  confifte  en  une  greffe  bouteille  d^ 
verre  blanc  fort  mince ,  montie  (tif  Cui  pie  ^ 
boîf. 

On  emplit  cette  bouteille  d'eatt  de  HTiéft  oa 
de  pluie,  dans  laquelle  on  fait  dttlbudre  qttdfKi 
feU ,  ou  bien  on  y  mêle  un  peu  d  eau* forte  pour 


M 


O  R  F 

Echer  de  gàler  rhiver ,  ce  qui  feroît  rompre 

Pour  fe  fervir  de  cette  machine  »  on  la  pofe 
ncée  fur  fou  pied  deilu^  Tétabli ,  la  chandelle  ou 
mpc .  plicce  dcrr.fcre  ,  enlorte    que   les   rayons 
[mineux  qui  iraverfent  la  Uqueur  dont  la  bou- 
îeiUe  cft  pleicc ,  viennent  fc  ralTcnibier  fur  rou- 
lage que  l'ouvrier  voit  *  comme  il  le  verroit  en 
[cin  jour* 
Boite  à  moulura  ,  ou  à  hille ,  en  termes  iTor/é^ 
t ,  efl  un  tnflrument  fait  d'un  chaHis  de  fer  de 
uatre  pouces  de  long  fur  trois  de  haut  en-dedans. 
^  fer  ed  d*un  pouce  d'épaiiTeur  fur  dix  huic  lignes 
ieUrgetiren  dedans.  Sur  les  côtés  il  y  a  une  cou- 
iffc  pour  ftffujetur  les  billes ,  avec  une  échancrure 
Tun  des  deux  côtés  pour  faire  entrer  les  billes. 
fi  la  partie  de  deffus ,  au  ciiafiîs  ,  il  y  a  deux  trous 
luaudès,  dans  Icfqucls  paffent  deux  vis  quireffer- 
r<nt  les  billes  Tune  contre  l'autre  par  le  moyen 
d*ane  clef. 

BoitLS  âfôudure\  font  de  petl«  coffres  dans  lef- 
queis  on  renferme  ks  paillons.  Ils  font  chiffrés  du 
tinc  de  la  foudure  qu'ils  contiennent. 

Bomber;  c'cft  proprement  emboutir  ou  creufcr 
les  fonds  d*un  bijou ,  tel  qu^une  tabatière  ,  plus  ou 
cioic;*  Pour  cet  effet ,  l*oa  a  une  plaque  de  fer  d# 
b  lormc  que  Ton  veut  donner  à  fon  fond  :  dans 
c^etie  plaque  on  met  un  mandrin  de  plomb ,  le  fond 
ife^us»  à.  le  frappe-plaque  fur  lor,  puis  on  frappe 
^tïr  ce  frappe-plaque  avec  unemaiTe,  jufqu'à  ce  que 
fond  foit  bomkh' 

B0Nï#ET;fe  ditde  la  partie fupèricure d'un  encen- 
^îr ,  commençant  au  bouton ,  &  finiffant  aux  con- 
[oîc^où  pafféntles  chaînes;  il  forme  un  dùtne  un 
»^u  ècrafè. 

Borax  ;  matière  falîne  dont  on  fait  beaucoup 
d[*ttiage  pour  la  fou  dure,  pour  U  fufion  &la  vitri* 
^cation  des  mét.iux  &  des  fables. 

âossF.  La  vdiilcllc  fe  diitribue  en  fUN  &  en 
^ai^clte  en  bvjfc,  La  r!atc  comprend  les  aifiettes  »  les 
plits,  lescuii'çrs,  OC  tout  ce  quina  pas  une  con- 
cavité confidèrablc.  Celle  en  hojfe  comprend  tous 
U%  grandi  vâitTeaux  qui  ont  un  ventre  6l  un  col, 
^cmme  féaux,  flacons,  aiguières,  baflins  pro- 
briiis ,  &c. 

ËOVGC,  tn  urme  d'orfévu  ^  cft  un  cifclet»  ainfi 

pomniè  t,  parce  qu'on  s'en  fert  pour  travniUer  fur  les 

câte»  panies  d'un  morceau  ou  le  marteau  à  bouge 

le  peut  entrer.   Elle  efl ,  comme  lui,  garnie  d*une 

icnic  tianchc  langue  Si  atrondie. 

EoUGC,  fc  dit  aufTi  de  U  partie  du  chandelier  qui 
pommcnce  à  la  f  oign6e,&  qui  dcfccnd  fur  le  pied  en 
^'évafant* 

BOVGI ,  tn  terme  de  planeur  ^  eft  proprement  la 
linie  concave  d*ure  aHietcc ,  d'un  plat,  &c.  qui 
fepare  le  fond  de  Tarrète. 
Boule,  en  terne  d^orfhre  tn  grûjferie  ^  cft  un 
orceau  de  fer»  dont  une  exirtlmuè  entre  dans  un 
Uot  d*€nclum^,  (k  Tautre  fe  termine  en  une 
nii  ou  tète  ronde ,  &  quelquefois  plate,  félon  Tou» 
Arts  tf  Mettes >  Tome  K  FdnU  IL 


o  R  F 


4)3' 


vrage  qu'on  y  veut  planer. 

boULOm;  c'eftun  vafe  de  eu  ivre  rouge  obi  ong 
avec  une  queue ,  dans  lequel  on  déroche  les  pîtccs, 
BouTEROLLE  ^r /*jr/i'vr^,  cA  uH  inArument  de 
fer  qui  fe  termine  par  une  tête  convexe  de  la  forme 
d'une  cuiller  ou  d'un  autre  ouvrage  :  c'eft  en  frap- 
fant  cette  bouterolU  fur  la  cuiller ,  dîfpofèe  fur  une 
maffe  de  plomb,  qu'on  forme  la  capacité  ou  le  cuU- 
Icron. 

Boutiques  :  tous  ouvriers  en  or  &  en  argent 
doivent  travailler  en  boutique  fur  rue.  Règlement 
qui  s'obferve  difficilement  à  Paris. 

Les  orfèvres  qui  ne  tiennent  pas  boutique  ou- 
verte ,  ne  peuvent  fe  fervir  de  leurs  poinçons. 

Les  orf&vres  doivent  avoir  dans  leurs  bouriquei 
un  tableau  du  prix  des  matières.  Statues  du  tj 
janvier  1696,  &  mars  1700. 

BoUTUa£ ,  terme  ^orfivre^  eau  préparée ,  ou  Ict^ 
five  faite  avec  du  fel  de  tartre  pour  blanchir  Fargenr. 
La  coutume  qu'on  a  prife  de  blanchir  Targent  au 
feu  ,  a  mis  cette  eau  prcfque  hors  d'ufage. 

BRETElâ  (or)  ;  celui  dont  le  fond  a  été  haché 
de  petites  breielures. 

Brosse  *i  borax ,  en  terme  d'orfhre\  celle  qui  fert 
à  ôterle  borax  qui  eft  reftè  fur  une  pièce  qu*on  a 
fondée, 

BRUKtssoiR  des  orfèvres  ,  eft  un  înflrumefit 
d'acier  très  poli,  ou  une  pierre fanguine,  ou  même 
une  pierre  plus  fine,montec  fur  un  manche.  C*cft  en 
lappuyant  également  fur  tous  les  endroits  du  champ 
d'une  pièce ,  qu'on  lui  donne  ce  beau  poli ,  cet 
éclat  que  les  yeux  ont  quelquefois  peine  à  foutenir. 

Brunt  {or)^  celui  qui  eft  poli  avec  la  dent  de 
loup  ou  avec  le  brunijfoir^ 

Brunissoir^  inftrumcDt  de  fer  poli  pour  liffer 
Tor. 

Bureau  de  la  maîfon  commune. 

Un  commis  du  fermier  y  cit  établi  à  Teffer  de 
marquer  des  poinçons  requis  ,  les  ouvrages  qui  y 
font  apporté»  par  les  orfèvres. 

Burin  ;  outil  d'acier  pour  graver  furies  métaux* 

Cachets  du  fermier. 

Ils  liertuent  lieu  f^e  poinçons  à  l'égard  des  ou- 
vrages trop  petits  qiii  ne  peuvent  fupporter  Tem- 
prcmtc  du  poinçonde  décharge. 

Cage  ;  (  boites  en  ca^e^  on  nomme  ainfi  les  ou- 
vrages de  bijouterie  qui  fervent  à  encadrer  les  cail- 
loux, les  ugîites  orientales  ,  les  pierres  prècicu- 
fes- 

Carat,  degré  de  bonté  de  Tor;  c'tfl  propre- 
ment renoncé  du  poids  ^ui  exprime  le  tttre  de  la 
perfwûion  de  Tor. 

Chalumeau,  chei  Us  orfhrcs\  c*eft  un  tuyau 
de  cuivre  afîèz  long ,  plus  gros  à  fon  embouchure 
qu*à  Tautre  bout ,  qui  cft  recourbé ,  &  va  en  dimi- 
iïuant  toujours  jjlquà  fon  exitémitè  :  on  en  met 
rouvenuîc  la  plus  grande  dans  fa  bouche  \  la  plus 
petite  correfpond  à  Ta  flamme  delà  lampe;  6i  Pair 
qui  s'en  échip^c  ,  dirij^e  cette  flamme  en  cône  fur 
la  pièce  qu*on  \  eut  fouder. 

il 


434 

Cassette  des  pointons. 

Les  pointions  de  maifon  commune  font  mis  dans 
wnc  caflette  dont  les  gardes  ont  la  clef. 

Ccite  cafTette  eft  mifedans  un  plus  grand  coffre, 

Îjui  renferme  auifi  les  poinçons  du  fernaier ,  &  dont 
on  commis  à  la  clef. 

CÉMENS  ;  on  nomme  ainfi  certains  mélanges  co- 
lorés  pour  rchauflfer  l'éclat  de  IW. 

Chambre  ;  tout  irarail  d'orfèvrerie  cft  défendu 
en  chambre. 

Les  locataires  des  cHamhref  gsrnles  qui  tiennent 
bail  des  orfèvres  ,  font  fujets  aux  vifites  des  com* 
mis  du  fermier ,  &  les  ouvrages  qu'ils  ont  chez 
eux  foHi  cenfés  appartenir  aux  orfèvres  »  &  fujets 
aux  droits ,  h  moins  d'affirmation  du  contraire^ 

Champ,  en  terme  itorfivre',  cVft  proprement  le 
fond  d*une  pièce,  où  font  difpofés  ,enfymétric,  les 
ornemens  dont  on  renrichit»  mais  qui  lui-même 
R  en  reçoit  point  d'autre  que  le  poli* 

Champ-lever;  c'efl  furbaifler  avec  une  chape 
le  champ  d*une  pièce,  &  le  réduire  à  h  hauteur 
prècife  où  il  doit  refter ,  foit  pour  y  iticrufter  quel- 
ques pierreries ,  foit  pour  y  placer  des  émaux  ;  dans 
ce  dernier  cas  ,  les  fonds  qu'on  a  cfump-levé ,  doi- 
vent être  flinquès^  c'efl-à-dire,  piqués  avec  un  burin, 
tel  que  la  râpe  de  Menuîfier, 

Change;  Changeurs.  Il  eft  défendu  aux  or- 
fèvres de  faire  le  change ,  &  aux  changeurs  de 
faire  le  commerce  d'orfévrctie. 

Charnière  ;  c'eft  la  portion  d*un  bijou  en  forme 
Je  boîte ,  par  laquelle  le  deflbus  &  le  deflus  font 
alTcmblcs,  de  manière  que  le  deffus  peut  s'ouvrir 
&  fe  fermer  fans  fe  fèparer  du  denous.  Elle  eft 
compofée  de  plufieurs  charnons  placés  à  des  dif< 
tances  égales ,  &  s'inférant  les  uns  entre  les  autres  , 
ceux  de  la  partie  de  la  charnière  qm  tient  au  de^ous , 
dans  les  vides  de  la  partie  de  la  charnière  du  dif- 
fus ,  &  ceux  de  la  partie  de  la  charnière  qui  tient 
au  deffus  ,  dans  les  vides  de  la  partie  de  la  char- 
nière qui  tient  au  deflTous  *,  &  ils  font  contenus  dans 
cet  état  par  unî  verge  de  fer  ,  d'acier,  ou  même 
d'argent,  un  p:u  aifèe  dans  ces  trous,  mais  bien  ri- 
vée a  chaque  extrémité, 

Charnon  ;  c*eftiine  efpèce  d^anneaufoudé  ou 
au  d#rtuî,  ou  lu  deCoas  d'un  bijou  en  forme  de 
boite,  C*cft  Tenfembiedes  charnons  qui  fcrtpe  la 
charnière  :  ils  font  au-delTus  en  même  nombre 
qu*au  deflbufi ,  du  moins  pour  rordinaire.  Ils  font 
foudés  de  manière  qu'il  s'en  puifle  inférer  un  du 
deflos  enrre  deux  da  deflbus  ,  &  remplir  rinterfticc 
fv  ex;4ft.mcnt,  que  les  Trois  pièces  n'en  paroillenî 
hiTC  qu'une.  Le  grand  art  du  bijoutier  ,  après  ce 
qui  dépend  du  goût ,  confifte  à  bien  faire  une  char- 
tiiére,  &  par  confèqueni  à  bien  ajufter  les  charnons* 

Chasse,  m  urr^ie  Xorftvre^  c'ell  la  partie  de  la 
boucle  ou  clt  le  Vouion. 

Chaux  (<?f  en  )  ;  c*cfl  de  Tor  réduit  en  poudre 
jiar  qus.JquC'  diffoîutions. 

Ch£F*d  <IUVR£  ;  tes  aiptrans  à  la  mattrife  fe- 


roflt  chefd^œuvre  ,  dont  les  gardes  font  feiill  i 
très  compétens. 

Cheminées  ^  on  appelle  ainfi  les  petits  vi* 
occafionnés  par  Falr  dans  la  fufion  des  métaux. 

Cires  ;  on  donne  ce  nom  à  certains  mélang 
colorés,  propres  k  rehauiTer  la  couleur  de  Tor, 

Ciseau  d'orfévrt\  outil  de  fer  pour  fculptev 

Claie,  en  terme  d'orfèvre^  ce  font  de  petites  cham- 
bretccs  féparées  Tune  de  l'autre,  prcfquc  conunc 
les  alvéoles  des  ruches  d'abeilles.  On  en  met  dini 
tous  les  lieux  où  les  orfèvres  travaillent,  pour  rca 
voir  les  paillettes  d*or  ou  d'argent  qui  fe  détacha 
en  forgeant ,  des  limailles  &  autres  Jéchets.  £lld 
font  compofées  de  tringles  de  bois  qui  fc  croiftd 
carrément.  Chaque  partie  ed  entaillée  à  mx-t^id- 
feur ,  &  reçoit  Tautre ,  ce  qui  rend  toutes  les  tna^ 
gles  de  niveau ,  &  forme  de  petits  carrés ,  do 
le  vifle  peut  avoir  à-peu-près  dix  huit  lignes  i 
chaque  pan»  La  tringle  a  environ  un  pouce  d'éqii 
rilTage ,  &  eÛ  éblfelée  fous  chaque  pan  des  Tidâ 
pour  l^ÉilTer  moins  de  furface. 

L'ufage  AQ%claics  étantde  recevoir  les  piirtîesfd 
ou  d'argent  qui  tombent ,  moins  leurs  bords  onttT 
furfacc  en  bois ,  moins  les  pieds  emportent  dWu- 
res  &  font  de  déchet. 

Clé  ,  en  terme  d" orfèvre ,  eft  un  morceau  de  h6\% 
plat ,  carré ,  large  par  un  bout ,  &  qui  va  en  rècré- 
cilTant  jufqu'à  l'autre  bout  r  il  arrête  les  poupées  fur 
le  banc ,  en  paflTant  dans  leur  tenon* 

Clerc  de  l'orfèvrerie  ;  il  tient  rcgifticia 
ouvrages  d*or  ou  d'argent  perdus  ou  volés  ,  qui 
lui  font  recommandés  ,  &.  fait  toutes  tliligeocci 
pour  les  trouver* 

Cloche,  en  terme  ^orftvre  \  eft  un  ornement  de 
monture  de  chandelier,  qui  fe  place  le  plusfouvcnt 
fous  le  vafe.  Il  prend  ce  nom  de  fa  figure  ^  qui  rc^ 
femble^ien  aune  cloche^ 

CoiftÉGES  j  il  cft  détendu  d'y  travailler  dwfô- 
vrerie. 

Collet;  c'eftune  petite panie  ronde  fie  cona- 
ve,  qui  eft  au-deffus  &  au^defTbu'i  du  nccaddunfi 
éguière,  ou  telle  autre  pièce  d'orfévrctie. 

Collet;  c'eft  encore  un  cercle  creui  en  i 
de  coilet  ^  qui  orne  un  chandcUerou  telle  autre ptâ 
foit  dans  fon  baftîaet ,  foit  dans  fa  mcMittire  &  C 
fon  pied. 

Colporteur  ;  il  cft  défendu  \  tout 
de  vendre ,  acheter  ,  troquer  ou  débîtrr  \ 
vrages  d  or  8t  d'argent ,  fans  y  v 
des  pcrmilTions  particulières  ^  c:     ^ 
cour  des  monnoic«- 

Commerce  ;  défenfes  i  tous  autres  qu^aiif  | 
févrcs  de  taire  commerce  d'ouvrages  d'o 
du  poinçrn  de  Prr<* 

Commissaire  au  thhelct  de  P^iis, 

Les   garies  de  rorfévrefie  ,  dans  letifl  ' 
cher  leurs  co ntVé tes ,  peuvent  fe  fiiirc  iC 
gner  d^un  îommfffjife  6c  d'un  huîlBer. 


I 


I 


I 


O  R  F 

CoM7AS  y  ôQtU  pour  prendre  des  mefures  de 

Jon^t'curou  d*èpaiueur* 

Confiscation  ;  la  confifcatioii  cft  la  pcîoc  or- 
dinaire des  contraventions. 

La  confifcation  prononcée  à  la  diligence  des  gar- 
des-orfèvres ,  appartient  en  partie  à  la  maifon  corn- 
mane;  cUc  cft  appliquée  foit  à  rentretien  de  b 
chapelle ,  foit  au  roiiUgement  des  pauvres* 

Contre  -  marque  ,  €n  inmc  d'orfé^^nrU  ,  eft  la 
narque  ou  le  poinçon  de  la  communauté,  a)Oi]té  à 
U  marque  de  Torfévre,  pour  marquer  que  le  métal 
eft  de  bon  aloî* 

Contremarque  ;  c*eft  aufli  le  nom  donné  au 
poinçon  du  fermier,  &  à  la  marque  qu  il  imprime  fur 
les  pièces  d^orfévrerie, 

COQUfMAR,  vaiflTeau  de  cuivre  ou  d'argent,  à 
large  ventre,  étranglé  ou  rétréci  au  ddTus  de  ce 
ventre  »  &  un  peu  évafé  à  l'ouverture ,  ferme  d*tin 
couvercle  à  charnière  ,  auquel  on  a  pratiqué  un  bec 
qui  dirige  l'eau  quand  on  la  verfe  ;  cVfl  un  uAenfile 
dofoeiliqtie  &  k  Tufage  des  barbiers,  llfertà  faire 
chauâfer  deTeau  pour  dlfféren*  bt:foins. 

Coquille  (ar  tn)\  c'eft  une  poudre  d*or  dé- 
trempée avec  de  la  gomme ,  dont  on  fait  ufage  pour 
les  de  {fins. 

Cornet,  opération  pourTefraide  Tor^la  der- 
nière forme  que  Ton  donne  à  la  plaque  préparée 
pour  faire  Teflai.  Quand  on  Ta  rendue  aufll  mince 
cu^ii  convient,  on  la  tourne  fur  un  arbre  de  fer  en 
forme  de  cornet  ;  c'eil  fous  cette  forme  qu'on  la  met 
é^m  Tacidc  nitreux.  Ccft  tin  terme  tellenient  confa- 
cré  à  cette  opération ,  que  quand  on  en  parle  on  dît  : 
I^  cornet  ejl  btau^hUnfam^  ou  d  efl  détérioré. 

Coulant,  outil  d'orfèvrerie  y  c'eft  un  anneau  de 
ffer^  qui  fert  à  faire  joindre  les  mâchoires  d'une  te- 
naille en  en  rcfferrant  les  brandies,  qui,  dès  que 
l'anneau  eft  lâché,Oécartent  d'elles-mêmes  au  moyen 
^*un  reftbrt  fixé  fur  Tune  des  deux.  La  tenaille  de 
^ette  efpèce  s'appelle  tenaïUe  à  coulant,  du  nom 
<îc  fon  anneau.  Elle  fert  aux  orfèvres  &  aux  horlo- 
gers ,  fur^tout  quand  il  s'agit  de  faire  entrer  les  gou- 
F^Ules  dans  les  charnières. 

Coulé  (  orfèvrerie  )  ;  il  fe  dit  de  la  fufion  deç  fou- 
^^»re$,  auxquelles  il  faut  donner  un  degré  de  cha- 
^^ur  convenable  pour  que  la  fufion  en  foit  nette.  Il 
^^  dit  aufti  de  tout  ouvrage  }eté  en  moule. 

Couleur  ,  en  terme  de  Bijoutier,  eft  un  mélange 
4e  difierens  acides  qui ,  appliqués  fur  l'or  &  mis  au 
^^u  avec  lui,  détruifent  Teitt  des  vapeurs  noires 
ne  Talliage  y  excite  lors  de  la  cyiiTon  ,  &  lui  rerti- 
jçnt  \z  couleur  ]^une  ou  mate  qui  lui  eft  naturelle. 
^I^'cft  une  opération  indifpenfable  dans  les  ouvra- 
^gcs  gravés  ou  cifcléSj  pour  donner  aux  ornemens 
^^  ftgures  ce  beau  mat  qui  les  détache  du  fond  de 
l*ouvragc,  quand  ce  fond  eft  poli,  ou  qui  détache 
^^  fond  des  ornemens^  quand  celui-ci  eft  pointillé, 
^c  que  les  reliefs  font  polis.  Il  y  a  deux  fortes  de 
^^èlanges  d'acides ,  connus  fous  te  nom  commun  de 
^^uîeur^  Le  premier»  qu'on  appcltc  ùrepoilj  eftcom- 
^H>fé  de  fol  mmsi  ou  commun»  de  falfètre  &  d'alun. 


o  R  F 


435 


l 


I^  fécond  ,  de  fel  commun,  de  verd-de-grls  &  de 
vinaigre,  &  ne  s'emploie  que  fur  les  ouvrages  qui* 
ne  pourroient  foutenir  un  grand  degré  de  chaleur  » 
fans  être  rifqués  :  on  nomtnc  celui  ci  v^rdet. 

Pour  faire  l'opération  du  tirepoU^  on  faupdudre 
la  pièce  du  mélange  de  ce  nom  ;  après  lavoir  bien 
fait  dégraifler  ,  on  la  pofe  fur  un  feu  vif,  oo 
l'y  laifle  jufqu'à  ce  que  le  mélange  entièrement 
fondu ,  fe  foit  réduit  en  croûte;  alors  on  la  retire , 
on  la  iaifte  refroidir  ,  &  Ton  détache  la^crôute 
avec  une  broffe  &  de  l'eau  bien  chaude, 

Uopération  du  verdct  diffère  peu  de  celle  du  tire- 
»oil;  on  enduit  la  pièce  de  ce  mélange  délayé  dans 
e  vinaigre;  on  l'expofe  à  un  feu  doux,  jufqu'à  ce 
que  le  mélange  foit  féciié  :  alors  on  lave  la  pièce 
avec  de  l'urine»  Cette  couleur  eu  aftez  belle,  mais 
elle  Re  dure  pas.  On  remploie  principalement  dans 
les  ouvrages  émaiiléf ,  ou  la  force  des  acides  di 
tirepoil,  &  la  violence  du  feu  qu'il  exige,  pour- 
roient faire  éclater  l*émail.  Quand  on  eft  forcé  de 
mettre  des  pièces  émail  lées au  tirepoil ,  on  les  étoufte 
avec  précipitation  au  fortirdu  feu  :  cette  opération 
eft  périlicufe,  &  s'achève  rarement  iians  que  l'émail 
ait  fouffert. 

Couleur  (^orde);  or  coloré  par  Talliage  d'au- 
tres métaux. 

Coulisse,  terme  ^ûrfévreru;  place  difpofée  à 
recevoir  les  chaînons  qui  compofcnt  la  charnière: 
elle  fe  forme  fur  deux  morceaux  de  carré  préparc 
à  cet  effet,  qisc  l'on  nomme  porte-clumières ,  inhé- 
rens  l'un  au-dtfliis,  Tautre  au-deffous  de  la  pièce  , 
Umés  exaâement  plats,  &  rcpofant  bien  l'un  fur 
l'autre.  Le  mérite  d'une  coultjfe  eft  d  cire  exafrc- 
ment  partagée,  de  n'être  pas  plus  creufée  dans  un 
porte- charnière  que  dans  1  autre  ,  d'être  formée  bien 
ronde,  &  d'être  bien  droite  dans  ton:  es  fes  parties. 
Quoique  la  C(îtf//j7<f  ait  lieu  dans  tous  les  ouvrages 
d'orfèvrerie ,  le  bijoutier  efl  cependant  celui  qui  la 
traite  le  mieux. 

Coupellation  ;  c*eft  la  purification  de  Targeat 
qui  fe  fait  dans  un  vaiffeau  en  forme  de  coupe. 

Coupelle  ;  c'efl  un  vaiffeau  en  forme  de  coupe» 
dans  lequel  on  fait  la  purification  de  l'argent. 

Couper  ;  c'efl  exécuter  avec  le  burin  ,réchoppc , 
&c.  en  creux  ou  en  relief,  les  différens  ornemens 
des  ouvrages  ,  qu'on  dit  être  bien  ou  mal  coufés , 
félon  que  Touvrier  eft  habite  ou  mal  adroit. 

Couteau  a  scier  ,  <n  terme  d'orfèvre,  efl  une 
lame  fort  femblable  à  celle  d'un  couteau,  à  l'ex- 
ception de  fes  petites  dents,  qui  la  rendent  pro- 
pre à  fcier,  Elîe  cft  montée  fur  un  manche  de 
bois,  comme  un  couteau  crdi;iaire*  On  fe  fert  de 
cette  ef|.éce  de  fcie  pour  \cs  morceaux  qui  ont  plus 
de  longueur  que  de  groffcur ,  ccmme  fil  à  moulure, 
&c.  ce  qui  emporte  moins  de  temps  5i  fait  moins 
de  déchet. 

Cramfon^  fe  dit  d'un  morceau  de  fil  de-fer  plié 
&  élargi  vers  fes  extrémités,  dont  on  fe  fert}jour 
retenir  enfcmble  deux  pièces  qu'on  veut  foudcr: 
pour  empêcher  que  ce  crampon  ne  gâte  la  moulure  » 

lit  3 


45< 


OR  F 


^n  Tappuîe  ftîr  \m  autre  morceau  de  fer  de  la  forme 
^e  la  moulure. 

Crémaillère  »  fc  dit  proprement  d'un  morceau 
de  fer  dentelé  dont  le  cric  eft  garni»  au  bout  du- 
quel h  main  s'accroche ,  &  qui  eiî  tiré  lui-même  par 
la  machine  que  nous  avons  décrite  en  parlant  du 
cric  ou  banc  à  cric,  f^oyei  BaNC. 

Creuset  ;  vafe  de  t*rr«  en  forme  pyramidale  , 
ou  de  cône  renverfé,  qui  fert  aux  orfèvres  & 
autres  artiftes,pour  la  fullon  des  métauT. 

Croisée  5  ce  font  les  trois  branches  d*une  croix 
afiemblée,  aux  extrémités  delqujlles  ont  met  des 
âeurons  »  fleurs-de  lys  ou  autres  ôrnemens  »  pour 
les  terminer  arec  grâce. 

Croisillon  v  c'cftrextrémîté  recourbée  d'une 
croffe  ^  &  b  fin  des  tours  qu*elle  fait  en  dedans.  Le 
croj/îllan  efl  termiaé  ordinairement  par  une  feuille 
lie  refente  ou  auire  orticmeuc  qui  lui  donne  de 
la  grâce. 

CuiLLEROK  ^c^eft  la  partie  concave  de  la  cuil- 
ler. 

Cuivrer  l'or  ;  cVft  appliquer  à  fa  furface  une 
légère  couche  de  cuivre ,  nu  moyen  de  faujfes 
dzns  Icfquellcs  on  trempe  Tor. 

Culot  \  c'eft  ta  partie  inférieure  du  balTmet 
d*unch^nd  J  jr  :  c*efl  proprement  le  fond. 

DECHARGE  i  {orpv!)  eft  un  poinçon  qui  s'appîi- 
cue  fur  les  ouvrages  aorfévrerie ,  lorfqu'ils  font' 
finis  ,  qui  marque  qu'ils  ont  payé  les  droits  impo- 
fés  par  le  roi  fur  lefdits  ouvrages,  ôi  leur  en  î'ert 
de  quittance.  Lorfque  Touvrage  eft  encore  brut , 
Torfévrefait  fa  foumifllon  au  fermier  ,  de  la  quan- 
tité de  pièces  qu'il  a  à  faire  ;  le  fermier  y  fait 
appofer  un  poinçon ,  qu'on  appelle  le  poinçon  de 
charge  y  en  ce  qu*il  charge  Torfèvre  envers  le 
fermier ,  St  le  rend  comptable  envers  lui  de  toutes 
les  pièces  empreintes  de  ce  poinçon ,  )ufqu*à  ce 
qu^aprës  avoir  acquitté  les  droits  ,  on  y  aitappofé 
celui  de  dhhar^t, 

DÉCHET  ;  {prfèv,^  fe  dit  proprement  des  pertes 
îndifpenfdbles  que  fait  Torfévre  en  élaborant  les 
matières  d*or  &  d*argent ,  caufées  par  la  fonte  >  la 
menue  limaille,  le  poliment,  6c  toutes  les  opéra- 
tions fucceiTîves  parlefquelles  il  cft  obligé  de  les 
faire  pafler  pour  tes  tirer  de  leur  premier  état  & 
les  conduire  leur  à  peri'e&ion.Dc  quelque  attenïion 
&  propreté  que  l'ouvrier  foit  capable  ,  il  ne  lui  eft 
jamais  poflîMe  d'éviter  cette  perte  ;  %l  c'efl  une 
des  caufes  qui  enchérit  les  façons  des  ouvrages  , 
&  fur-tout  des  ouvrages  d*or  ;  les  plus  petits 
objets  fur  cette  matière  étant  toujours  de  grande 
valeur, 

DtcLARATiON  \  îorfquc  les  ouvrages  que  les  or- 
fèvres &  autres  veulent  travailler ,  font  trop  foi- 
bles  pour  fupporter  le  pt  irçon  de  charge ,  iis  dot- 
vetit,  avant  de  les  travailler ,  en  aller  bire  JA'/i/r*î- 
mn  au  bureau  du  fermier,  &l  foumi»Tiou  de  les  re- 
préfenier  lorfqulls  feront  parfait?. 

Ii)ÉCRAsscR  ;  {orfévrcrii)  cc  tcrmc  a  4e«x  accep- 
tions :  il  fignlfie»  i^.  T^élion d' épurer  les  uatières 


G  R  F 

lorfquVlles  font  en  fufion  ,  &  d'enlever  de  deffui 
le  bain  toutes  les  matières  terreufcs  qui  pourraient 
faire  corps  ,  &  rendre  les  lingots  poreux.  Du  favon 
jeté  dans  IVgjnt  immédiatement  avant  que  de 
ievcrfcr  danslalingotîére,  achève  de  le  nettoyer, 
8t  il  rend  même  le  lingot  brillant. 

Pour  Tor,  radouctifement  au  borax  eft  le  plus 
fur  moyen  de  rendre  le  Hngot  fain* 

Ilfignifie,  a*.  Taâion  de  bien  nettoyer  ,  dii^rsj/tr 
les  ouvrages  deAinés  à  erre  foudes  aux  endroits 
que  doit  couvrir  la  foudure,  ^  où  la  craife  pour- 
roit  empêcher  la  fufion,  ou  du  moins  la  rendre 
imparfaite  ;  &rattention  à  ne  pas  ménager  les  lotions 
fur  les  bijoux  d'or  qu*on  eA  obligé  de  mettre  en 
couleur ,  à  caufe  du  mat  »  dans  ce  cas  les  filetés 
occafionncnt  d^^s  taches,  &  obligent  fou  vent  de 
recommencer  Topération, 

Dégrossir   ;  c'eft  donner  aux  mèrauv  leur     ' 
premier  travail  en  mettant  au  marteau  les  pièces 
d'épaiHfeur ,  en  corroyant  &  èpaillant  à  la  lime  oti 
à  Téchoppe  les  lingots  ,  Si  les  purgeant  des  impu- 
retés provenues  'de  la  fonte. 

Denier  ;  partie  ou  degré  de  la  bonté  de  Targefit 
pur,  qui  eft  divifé  en  douze  dcnicrs- 

DÉFART  ;  c'eft  le  procéié  par  lequel  on  rèpire 
Tor  6i  Targent  j  en  expofant  leurs  alliages  11  riâîon 
des  acides  ,  qui  ne  diàblveni  que  Tun  oit  Tauue  de 
ces  métaux. 

Départ  sec  ^  c'eft  la  diifolution  de  Targeitt 
par  le  foufre. 

Dérocher  ;{orfév,)  c*eft  faire  manger  le  borai 
vitritié  !e  long  des  parties  foudées  ,  en  les  mettant 
pour  quelque  temps  dans  le  blanchiment . 

Dessouder  ,  c*efl  détruire  la  foudure  :  opé» 
ration  qui  fe  fait  en  garni ffant  d*unc  terre  délayée  1 
à  laquelle  on  aura  joint  un  peu  de  fel ,  pour  lui 
donner  plus  de  confiftance ,  tous  les  endroits 
foudés,  à  l*exception  de  celui  qu'on  Ycut  dcf- 
fouder. 

Domicile  ;  les  orfèvres  qui  ont  leur  domldlt 
dans  un  lieu  oii  il  n*y  a  pas  Jurande  »  font  obligis 
de  fe  faire  infcrire  dans  la  Jurande  &  maifon  com- 
mune la  plus  prochaine ,  &  d'y  déclarer  Icnr  àt^ 
micile. 

Doublure  ;  défaut  qui  provient  de  la  fonte 
&  du  mal  forgé  des  métaux  :  de  la  fonte,  parce 
que  lorfque  l'on  coule  lor  &  Targent ,  il   irrîve 
louvent  qu'ils  bouillonnent ,  ôt  produifent  des  con- 
cavités que  le  marteau  aplatit,  À  dont  on  ue  i'aper^ 
çoit  fou  vent  qu'au  fini  de  l'ouvrage ,  d'autant  iju'a- 
lors  une  des  deux  épaiffeurs  fc  troLvam  uftc  par 
le  travail ,  dont  elle  aura  plus  foufTer t  que  raiure  ^ 
fe   détache,  ôt  découvre  des  falctés    rcu£erniée^ 
entre-deux.  ' 

Du  mal  forgé,  parce  qu'an  ouvrier  imit-idrort  , 
replie  fou  vent  avec  fon  marteaM  une  partie  de  la 
matière  far  elle-même,  6t  continue  de  la  forj;cr 
jufqu'à  ce  que  fes  pièces  foient  d'épaiûcitr  »  iam  f 
fa^re  attention. 
Il  eft  aifé  de  remarquer  celles  qjuî  viennent  et 


Ô  RF 

h  fonte  ou  de  la  tnal-adreiTç  de  l'ouvrier  ;  les  pre- 
laîércs  renferment  toujours  des  f^letès ,  comme  des 
fels  ou  des  terres  ;  &  les  fécondes  préfencent  un 
champ  lifle. 

DouBtURE ,  fe  dit  auiïî  de  Tor  ou  de  Fargent 
qui  rcvci  inténeurement  ics  ubadères  d'ècaille  , 
de  vernis  ou  autres,  donc  le  defTys  n'eA  pas  du 
même  métal.  Li  dnuhlurt  diiîére  de  la  gorge  ,  en  ce 
que  celle-ci  ne  revêt  que  les  fenncturts  des  taba- 
tières, 6t  que  la  doublure  les  revêt  entièrement  ; 
enforte  que  ce  n'eil  proprement  qu'une  batte  & 
i^  fonds  ajoutés  à  une  gorge. 

Douille  ou  Virole  ;  c'eft  un  cylindre  d*ar- 
jent  ou  d'or  ,  creux ,  dans  lequel  on  paffe  le  man- 
che de  la  croix  :  il  s'emboîte  luî-mèmc  dans  le 
vife  i  ceft  aulli  le  cylindre  dun  bouchon  de 
lacoQ.  On  donne  ce  nom  aux  gorges  des  étuis  , 
&  en  général  à  tout  canal ,  anueau  ^  tuyau    de 

Dhesher  \  c'eA  rendre  à  la  tîme  ou  à  réchoppe 
des  pièces  de  bijouterie ,  affembléesoa  non-aflTcm- 
liées,  cxaAement droites  Ôc  places  fur  toutes  leurs 
ficci. 

Dresser  ;  c>ft  unir  auiTi  au  marteau  de  bois  & 
achever  de  bien  profiler  ,  eo  aplaniÛant  les  pié- 
ut  à  bouges  &  à  contour. 

Ductilité  ;  c'eft  la  facilité  que  le  métal  a  de 
ictendre.  Li  duailitédcror  forpaffc  celle  de  tous 
les  autres  métaux. 

Eau  régale  ;  c'eft  le  mélange  des  acides  nitrcux 
&  marin,  nommé  tau  regaU^  parce  qu^il  di0out 
ÏOT,  qui  eft  le  rold^s  métaux. 

Ebaucher,  en  terme  de  planeur  ^  défigne  pro 
^rcment  l'adion  d*éteindre  les  coups  de  tranche 
des  marteaux  â  forger  ;  de  tracer  les  bouges  , 
roarliî,  â£c.  de  les  dégager,  &  de  donner  a  ta 
piitc  en  gros  la  forme  qu'elle  doit  avoir  après  fa 
pctfeétion, 

EfiABBER  ;  c'eft  enlever  avec  une  lime  le 
fijpcrâu  de  Targeni  ou  de  lor  d'iMie  pièce  d*or* 
Werie. 

Echoppe  ;  eu  un  înftrument  tranchant,  dont 
^es  orfèvres  fc  fervent  pour  enlever  les  parties 
Aiperâues  d'une  pièce.  11  y  en  a  de  phifieuis  efpé- 
^ej  ;  favoir,  des  échoppes  rondes  ,  des  onglettes  , 
des  ichopes  à  pailler,  ^c. 

Echoppe  A  CHAMPLEVER  ;c'eA  une  ^VA^?/?^*  dont 

Ja  partie  tranchante  eft  momà  large  que   celle  de 

t^eiïus  ^elle  fcrt  à  dépouiller  les  reliefs  de  la  matière 

\x\  les  entoure ,  6c  à  former  les  champs  qui  les 

ont  valoir,  &  tire  fon  nom  de  fon  ufage. 

Echoppe  RO^DE  ;  on  fe  fert  aulTi  quelquefois  , 
'Our  creuicr  les  couUlles  des  porte-charnières ,  di- 
^h&ppes  formées  d'un  ftl  d'acier  rond ,  tiré  à  la  fil.ère 
irempé. 

Echoppe  a  épailler  ;  çetrc  échoppe  eft  plate 
«n  dcffus,  &  mi-ronde  ou  d'un  rond  apliri  en  rtcf- 
"fous:  «Ik  foît  a  enlever  les  pailles  d'une   pièce 
forgée. 


O  R  F 


437 


Echoppe  plate,  eft  celle  dont  la  branche  e/l 
aplatie  ,  &  dont  le  tranchant  eft  continué  du» 
angle  à  Tautre.  Il  y  en  a  de  grandes  &  de  petites  , 
qui  ont  différcns  ufages. 

Eclater  ;  c'eft  enlever  rémail  de  deFus  une 
pièce  d'or  émaîllè.  Lorfqu'on  veut  le  faire  fans 
détériorer  l'ouvrage  Ôi  gâter  le  flinqué,  on  prend 
un  mélange  de  tartre  j  de  fel  fiî  de  vinaigre  ;  on 
en  forme  une  pâte  ,  dont  on  enduit  de  toutes  parts 
&  à  plufieurs  couches  épaiffes  h  piéoe  émalilée  : 
on  cxpofc  cnAme  la  pièce  à  un  feu  couvert  ;  8c 
lorfqae  le  tout  eft  bien  rouge,  on  le  plonge  avec 
vivacité  dans  un  vafc  plein  de  vinaigre  :  Tamal* 
game  fe  refroidit,  fe  détache  avec  grand  bruit  , 
6c  emporte  avec  ïui  l'émail  de  dcffus  la  pièce  d'or  , 
qui  ne  reçoit  aucuiî  dommage  ,  &  conferve  fon 
fli^què  brillant. 

EcoLLETER  ;  Opération  de  la  rétrainte  ;  c'eft 
élaigtr  au  marteau  fur  la  bïgorne,  toute  pièce  d'or- 
fèvrcric  dont  le  haut  eft  à  forme  &  profil  de  vafe  , 
comme  gobelet,  pot-à-l'eau  ,  ciUce  ,  burette  , 
&c.  Pour  cet  effet  on  a  foin,  en  rétreignantla  pièce , 
&  en  la  montant  droite  ,  de  rèfervcr  la  force  en 
haut  i  enfuite  quand  on  a  enflé  le  bas,  &  formé 
rétranglement  que  Ton  appelle  colUt  ^  on  part  de 
ce  collet  pour  élargir  le  haut,  &.  lui  donner  le 
profil  évàlé. 

ECROUÎSSEMINT  ;  c'eft  la  roideur  qu'un  métal 
prend  fous  le  marteau ,  &  qu'on  fait  paffer  en  le 
mettant  au  feu  ,  ce  qii'on  appelle  reçu  tu 

Emboutir  ;  c^eil  enfoncer  au  marteau  ou  à 
la  bouterotle ,  dans  des  dés  de  bois ,  de  fer  ou 
de  cuivre ,  les  pièces  d'orfèvrerie  deftinées  à  la 
rétreintc,  ou  qui  doivent  avoir  une  forme  con- 
vexe ou  concave. 

Emeril  ;  {or  chargé  J*)  c'eft  de  l'or  dans  lequel 
on  trouve  de  petites  parties  d'émeril ,  qui  eft  une 
matière  dure   Sc  picrrcufe. 

Ewclume  ;  înflrumeMt  fur  lequel  les  orfèvres  for- 
gent leurs  métaux  :  il  y  en  a  de  différentes  grolTeurs. 
La  mafTf  eft  de  fer  ,  6c  la  fiarface  d'acier  ;  elle  eft  de 
même  gro^eurtant  en-bas  qu'en  haut.  S^  fuperficîe 
eft  convexe  ,  &  pour  être  bonne  .  il  faut  que  l'acier 
foit  bien  fondé  au  fer,  trempé  Âî  poli.  Elles  ont 
ordinairement  huit  pans,  quatre  grands ,  tk  quatre 
petits  ;  elles  portent  à  peu- près  k  double  de  hau- 
teur que  de  largeur  :  elles  entrent  des  deux  tiers 
dans  le  billot.  L'on  met  deftbus  ce  billot  un  pail- 
la ftbn. 

Ei«<:lumeau,  ou  Enclumot;  petite  enclume 
pofée  fur  un  pied  de  bois  ou  àc  plomb,  qite  l'on 
met  fur  l'établi ,  pour  que  l'ouvrier  ne  foit  pas 
obligé  de  forrir  de  fa  place  à  tous  moinens,  pour 
aller  forger  de  petites  paitics  à  i.i  grande  enclume. 

Enfler  ,  opération  de  la  rétre'mtt  ;  c'eft  l'^étion 
d'agrandir  au  marteau  fur  la  bigorne  les  parties 
infàricures  des  pièces  d'argenterie  qui  doivetu  for- 
mer le  ventre  <x%  f  ièccs ,  comme  aux  pots-a^rean  , 
cafetières ,  chocolatières  ,  Ôic- 

Enfoncer  ;  c'eft, cretiicr  une  pi^çe  «  &  lui  d«a- 


438 


O  R  F 


ner  une  ccruine  capacité,  de  plate  qu'elle  éeoîr , 
au  diiiinguer  le  fond  d'avec  les  autres  parties  :  ce 
terme  revient  k  celui  d\mifoutir^  &  eft  la  première 
opération  de  la  rétrcinte. 

Enfoncer  ,  fignifie encore  Taôiori  de  faire  fortir 
le  bouge  du  fond  ,  &  de  le  faire  dittînguer  de  ku 
&  de  Tarrête.  On  fe  fert  de  ce  terme  fans  doute 
pirce  que  le  fond  ne  paroîc  tel  que  quand  le  bouge 
cil  fait. 

Enformer  ;  c'eft  donner  la  forme  convenable 
k  une  pièce  d  orfèvrerie, 

Enregisthement;  les  orfèvres  doivent enregif- 
trer,  c^cità  dire,  écrire  fur  leurs  regiftres  tous  les 
ouvrages  qui  leur  font  apportés  à  quelque  titre  que 
ce  foit,  6l  rayer  chaque  article  à  mefure  quHs  le 
rendent, 

La  canfifcatlon  &  l'amende  font  les  peines  or- 
dinaires du  faux  enrcgidrêment ,  comme  do  défaut 
d'enregi(ïrement. 

Ep AILLER  ;  c'eft  avec  Téchoppe  à  ipadler  (  dont 
nous  avons  décrit  h  forme) ,  enlever  de  Por  toutes 
les  faletés  ,  doublures  &  porures  qui  proviennent 
delà  fonte  ou  du  mal-forgé.  Quand  Tor  eft  aune 
certaine épaifTeur ,  en  enlèveà  Tcchoppe  plate  toute 
la  fiipcrficie  ;  enfuite  on  le  plie  &  replie  avec 
un  marteau  de  boif.  Cette  courbure  découvre 
toutes  les  caviîês  qui  f3nt  dans  Tor ,  &  on  les  enlève 
avec  i'cchoppeà  cpïdlcn  L'or  étant  plus  fujet  aux 
falttès  que  Taigcnt ,  à  caufe  de  Ton  alliage  ,  ceirc: 
opération  eftdeplus  grande  confcquence  pour  le 
hljouiur  que  pour  tout  autre  artirte,  d'autant  plus 
que  le  poli  àe  T^r  demande  une  grande  netteté 
dans  le  métal* 

Equarrissoir  ;  c*eft  une  aiguilie  ou  fil  rond 
d'acier ,  dont  on  aplatit  fit  élargit  un  bout  :  on  y 
forms  une  pointe  ,  8t  on  trempe  cette  partie  de 
raiginllt  :  on  forme  enfuît-^  fur  la  pierre  à  Thuilc  , 
le  long  des  derx  pnrs  de  cette  partie  large\  deux 
tranchaiis ,  &  on  fe  fcrt  de  cet  outil  pour  nettoyer 
le  dedans  des  charnons  des  tabatières  :  cette 
Opération  rer<d  les  dedans  des  char«ons  exa^e- 
ment  ronds,  bien  égaux  de  grofleur,  nettoyas 
d'impuretés, 

Equerre  ,  eft  un  inftrument  formant  un  trian- 
gle équilaiéral ,  dont  les  orfèvres  fc  fervent  pour 
tracer  des  angles, 

Espaces  ;  argent  monnoyè. 

Il  eft  défendu  de  fondre  &  de  déformer  les  efpèces 
ayant  cours  dans  le  royaume,  même  les  cfpétes 
légères  décriées,  8c  les  cfpèces  étrangères  dcL- 
tinéesà  Taltment  des  monnoies,à  l'exception  des 
féaux  d'Efpagnc, 

Essai  Ju  turc  dts  ouvrii^esi,  les  orfèvres  qui  en- 
volent des  ouvrages  k  WJfdï ,  ne  doivent  pas  mcler 
les  ouvrages  ï  difFérens  titres,  ni  mettre  difFérentes 
fontes  djns  un  même  fac. 

Vejfdi  des  matières  d'or  &  d*argent  fe  fait  au  bu- 
reau de  ta  maifon  commune  ;  il  fe  fait  à  la  touche  , 
à  reau*forte,  &  à  la  coupelle^ 


o  R  F 

Estampe  ;  cft  une  plaque  de  fer  gravée  en  xjtm 
de  carrés  continus ,  fur  laquelle  on  frappe  h  f.'uHle 
d'argent  dont  on  veut  couvrir  le  batoa  d'uae  crôffe^ 
&c.  On  appelle  cet  outil  pt^lnçon  À  /iuillu ,  plui 
ordinairement  quejldmpt. 

Estamper  ;  c'cfl  faire  le  cuiUcron  d'une  cuil- 
ler ,  par  le  moyen  d'une  e {lampe  qu*on  frappe 
à  coups  de  marteau  dans  U  cuiller,  fur  un 
plomb  qui  reçoit  I  ainfiqu^eUcp  Tesiprcintederef- 
tampe. 

Estamper  ,  tn  terme  d^orfevre  r/a  tahÀSÙrts  , 
c'cil  former  les  contours  d'une  boîte  en  Tambott- 
tifTantfur  des  mandrins  ,  dans  un  creux  île  plomb 
fur  lequel  on  a  impnmè  la  forme  du  mandrin  qui 
y  efl  renfermé  ;  &  ï  grands  coups  de  martcai 
qu'on  frappe  furreftampe  ,  U  matière  prefliecmre 
te  plomb  &  le  mandrin ,  prend  h  forme  de 
celui-ci. 

EsTELiK  ou  EsTERLtN  ;  polds  d'orfcvrc  qci  péfe 
vingt-huit  grains  &  demi  :  c'eft  la  vingtième  par- 
tie d*uiie  once.  Le  marc  contient  i6o  ffleîm  oi 

On  a  aufli  nommé  ejlcriin  une  efpèce  de  mofliioi^ 
ancienne,  à  caufe  de  la  figure  d'une  étoile qniy 
éfoit  empreinte. 

Et  au  de  hoïs  des  orfh/ns  ,  cft  une  Cwte  dt 
tenaiile  donc  les  mâchoires  font  retenues  par  tlfl 
ccrou  de  fer  qui  les  approche  ou  les  éloigne  ruât 
de  l'autre  à  volonté.  On  fe  fert  de  cet  étAU  poot 
y  ferrer  des  pièces  finies ,  &  dont  on  veut  co«^ 
fcrvcr  le  luftre ,  que  le  fer  araatiroit. 

Les  étaux  â  main  ,  font  des  efpéces  de  tCDii!« 
les  qui  fe  rcfferrent  &  s'ouvrent  par  le  moyea 
d'une  vis  &  d*un  écrou  qui  s*approchent  Ôt  s'ècar* 
tent  à  volonté  d'une  des  branches  de  Vét^u.  lli  fe 
terminer!  à  leur  extrémité  inférieure  par  une  char- 
nière femblabîe  à  celle  d'un  compas  fimple*  Us 
mâchoires  en  font  taillées  en  lime  honzontalcmcnt, 
de  ont  à  leur  milieu ,  vis-à-vis  ,  un  trou  qui  1« 
prend  de  haut-en-bas ,  pour  recevoir  le  fil  ou  lutft 
matière  propre  à  être  traivai1ée< 

Eventail  ,  en  terme  d*orfêvre ,  cft  un  tiflTu  drollff 
en  forme  d  écran  ,  qu'on  met  au  devant  du  vrfigCi 
&  au  milieu  duquel  on  a  pratique  une  efpèce  de 
petite  fenêtre ,  pour  pouvoir  examiner  de  ipfè\  fétii 
oii  e^  la  foudure,  &  le  degré  de  chaleur  qui  ki 
eft  nécetTL'ire. 

Face  d'outil  j  on  appelle  ainfi  le  bifean  d'un* 
échoppe  formé  fur  b  meule ,  &  avec  lequel  oo 
coupe.  Faire  ce  bifeau  fur  la  meule  ou  la  pt^ 
à  rhui!e  ,  s'appelle /jirir  U  face  de  C^tuiL 

Façoks  ;  les  orfèvres  ne  doivent  point  comfitP' 
dre  le  prix  des  fûçons  des  0!4vrages  qu*îls  vcndeoii 
avec  Ci  lui  des  matières. 

Fausse  COUPE  ,  eft  une  manière  de  vafeéèi* 
ché ,  orné  de  cife^ure  ,  où  U  coup^  d'un  Càkc 
paroU  être  emboîtée  &  tête  nue. 

Faux  ;  {or)  fe  dit  de  laoïcs  &  fils  de  oiitit 
doré,  &  tmiunt  l'or. 


3 


Faux;  le  fermier  peut  faifir  lut  le  fimptc  foup- 
Çào  de  faux  poinçons. 

Febm£TURE  ;  {ifMte  de)  c'cft  la  par  fie  fupcrîcure 
de  hhéUU ,  que  la  moulure  du  defTus  de  U  boue 
iccnuvre  quand  la  boîit^  eA  fermée. 

Fermier  &  Sous-fermier  ;  le  fermier  doit  faire 
enrcgiltrcr  fon  bail  de  la  ferme  de  la  marque  d*or 
&d'arg<?nt ,  aux  coursées  Aides  &  des  Ele£lîons. 

Un  orfèvre  ne  peut  être  fous-fermier  du  droit  du 
par  les  autres  orfèvres. 

Feuille  ,  termt  à\rfèvn ,  fe  dîi  de  tout  erne- 
ment  reprèfenrant/t-iif/^fj  de  perfil ,  de  choux  ou 
autTCS ,  que  Von  applique  fur  divers  ouvtages  d'or- 
févrcrie,  commechandeliers»  aiguières,  écuelles  & 
autres*  On  fe  feri  auftj  de  ce  terme  pour  exprimer 
en  gravure  de  certains  ornemens  délicats,  qui  ont 
quelque  fimilirude  avec  les  feuUlis  de  h  nature  , 
pn  les  rouleaux  j  le§  revers  8t  les  refent«  dont 
elles  font  remplies. 

FlLAGRAME,    OUVRAGE    DE    FILAGRAME    ;   fe 

dit  de  tout  morceau  d*orfévrerie  fait  avec  des 
ils  ronds  extrêmement  délicats  ,  entrelacés  les  uns 
dans  les  autres,  repréfentant  divers  ornemens,  & 
quelquefois  revêtus  de  petits  grains  ronds  ou  apla- 
tis. Ce  root  eft  compofé  de  ni ,  jiîum  ,  &  de  gré.- 
num  ^  grain.  Les  latins  rappellent  filaùm  eUbùra» 
lum  â^uj  ,  aurum  ,  argentum*  Tel  cabinet  efl  rempli 
de  plufieurs  beaux  morceaux  d  ouvrages  eufiL^ra- 
me.  Nous  avons  des  vafes ,  des  flambeaux ,  àc.  tra- 
▼lillès  tti  jfildgrMme, 

D  y  a  des  ouvrages  qui  ne  font  que  revêtus  de 
fiU^Tdmt  en  forme  d  ornemens  ;  &  il  y  en  a  d'au- 
tres qui  en  font  tout  entiers  :  les  Maltois ,  les 
Turcs  ,  les  Arméniens  -^  &  d'autres  ouvriers  orien- 
taux ,  moBtrent  beaucoup  d'habileté  dans  ces  fortes 
d'ouvrages ,  qui  demandent  de  TadrelTe  ;  le  cas 
qwc  Ton  fait  de  cette  fone  de  travail  dans  ces 
piyS'là  ,  entretient  leur  induârie ,  comme  le 
gûùt  que  Von  en  a  perdu  ici  eft  caufe  qu'il  s'y 
trouve  peu  d'ouvriers  en  état  de  les  lien  faire. 

Filé  ;  (or)  c'eft  de  l'argent  doré,  réduit  en 
lames  romces  ,  &  filé  enfuite  au  moulinet. 

Filet  ;  c'cft  un  trait  qu  on  exécute  le  long  des 
Cttikrs  &  des  fourchettes ,  &  qui  règne  ordinai- 
wmcnt  le  lonç  de  ia  fpaiule  des  cuillers  &  four- 
chettes ,  jufquau  cuille.on  ,  &  quelquefois  même 
^rdc  auilî  le  cuilleron. 

Filet  \  fe  dit  aulTi  généralement  d*un  irait  for- 
»>è  à  Tonglene  ,  &  qui  régne  au  bas  des  moulures. 
On  borde  prefquetùus  les  creux,  dans  les  orne- 
i^OîS,  de  gravures. 

Filière  tTûrfcvurie ,  eft  un  morceau  de  fer 
d'un  pied  de  long  ,  de  deux  pouces  de  large ,  &  de 
fil  à  ftpt  lignes  d'épsifTeur.  Ce  morceau  cfl  moitié 
•«rfit  moitié  acier,  c*efl-à-dire,  quil  efl  compofé 
de  deux  tandes  de  mômes  longueur,  largeur  & 
^paiffeur,  que  Ton  fiude  crfumble  l'une  fur  l'au- 
f^c  ;ron  y  met  du  fer  pour  qu'elle  foit  moins  fu  être 
jfecaffcr»  parce  qu'il  îmi  que  l'aCkCr  foit  trempé 
■«$  toute  fa  force. 


Les  ftlièrts  font  de  toutes  les  grandeurs  que  Ion 

a  befoin  ;  elles  font  percées  de  plufieurs  rangs  de 
trous  plus  larges  d'un  coté  que  de  rautre ,  pour 
donner  une  entrée  plus  libre.  Le  côté  le  plus  large 
eft  dans  le  fer  j  6i  le  plus  étroit  »  qui  efl  celui  qui 
travaille,  eft  dans  l'acier. 

Les  trous  fe  fuivcnt  en  diminuant  graduelle- 
ment,  &  font  numérotés  fur  b/î/trc  en  commen- 
çant par  le  plus  grand  ,  tk  finiflant  par  le  plus  petit* 

Lorfqu'il  y  a  plufieurs  rangs  de  trous  dans  une 
flicre^  on  obfervc  de  ne  pas  mettre  les  grands 
au-detfous  des  gran  ^s  ,  ce  qui  dimmueroit  trop  la 
force  de  h  pîUre  ;  mais  on  les  perce  de  manière 
que  les  plus  petits  font  toujours  audcifous  ou  au- 
dciïus  des  ptus  grands. 

Il  y  a  dt%  filières  rondes  ,  demi-rondes ,  carrées  , 
piates- carrées,  étoilées,  &c. félon  la  forme  qu'on 
veut  donner  au  fil  en  le  tirant. 

On  pourroit  rendre  Xtl filière  beaucoup  plus  folîde 
encore,  en  Tcnfermint  entre  deux  plaques  de  ftr 
trés-épaiiTes ,  auxquelles  on  pritiqueroit  des  ou- 
vertures coniques  ,  pour  que  le  fil  fonit  fans  réfif- 
tance. 

Filière  a  vis  ;  tu  ttrm:  £  orfèvre  ,  eft  un  mor- 
ceau de  fer  revêtu  d'acier ,  même  quelquefois  d'a- 
cier pur  trempé ,  dans  lequel  font  pratiqués  des 
trous  ronds  de  diverfes  grandeurs,  comme  à  une 
filière  ordinaire  :  ces  trous  font  dentelés  en-dedans. 
Chacun  de  ces  trous  eft  garni  d*un  autre  morceau 
d'acier  rond  aufîi  trempé  ,  au  bout  duquel  on  a 
formé  une  vis  en  la  failant  entrer  \ân  peu  à  force 
dans  le  trou  qu'il  garnit  :  ce  morceau  d'acier  fe 
nomme  tarau,  L'ufftge  de  cette  filïkrt  eft  de  fervir  à 
faire  les  vis  d'or  ou  d  argent  dont  on  a  befoin* 
Quand  on  a  choifi  la  grolfcur  de  la  vis  que  Ton 
veui  faire  ,  on  ôte  du  trou  adopté  le  tarau  :  ovi 
prépare  la  matière ,  &  on  forme  la  vis  dans  le 
trou  de  hfilttrc  ;  enfuite  on  perce  fur  fa  phque 
d  or  ou  d'argent ,  un  trou  moins  gr.ind  qtie  le 
tarau  d'acier  qui  étoit  dans  le  trou  ou  on  a  formé 
fa  vis  ;  on  élargit  enfuite  ce  trou  avec  la  peinte 
de  ce  tarau  ;  &  par  un  mouvement  orbiculaire  on 
forme  fon  écrou  dans  fa  plaque  :  ;ju  moyen  do 
cette  opérai i®n ,  récrou  8c  la  vis  fe  trouvent  con- 
formes l'un  à  fautre. 

Fils  d'or  ou  d'argent  ;  les  orfèvres  ne  peuvent 
tirer  autres  fils  que  ceux  néceiTaires  à  rornemcnt 
de  leurs  ouvrages. 

Fm  ;  {jrgcnt)c'c[l  de  l'argent  purifié,  &l  apprc- 
chant  du  titre  de  douze  deniers. 

Fin  ;  {or)  c'cft  de  Tor  au  titre  de  a4kafati ,  ou 
approchant. 

Finir,  Ggnîfie  Taflion  d'éteindre  les  coups  vî* 
fibJes  du  marteau  ,  &depnlirau  cuîr ,  c'eft-à-dire  , 
fur  le  tas  couvert  d'un  cuir  en  plufieurs  doubles» 

Finir  ,  en  terme  d'orfèvre^  c'eft  adoucir  lî*s  piè* 
ces  à  la  iimc,  &  les  mettre  en  état  de  pslîer  au 
poli ,  de  forte  qu'elles  ne  retournent  plus  k  foifêvre. 

En  urme  d"  orfèvre -ht joutier  ^  ce  II  monter  les  chaf 
niéres  des  tabatières  ,  &  les  mettre  en  f..rmeture  » 


O  R  F  

rcp:ir<>r  les  charnières,  les  polir ,  terminerTes  coim 
et  les  fcrnoetiires  ;  c\{ï  dans  cette  opèranon  que 
brille  particulièremenr  rattcniion  d'un  arùilc  fcru- 
puleux  ,  h  rondeur  d'une  charnière ,  la  jonftion 
cxaéle  de  (es  couliffes ,  &  de  raiTemblagc  de  fes 
chamons  :  fon  roulement  ne  doit  être  ni  trop  dur 
ci  trop  iichc  ;  la  douceur  d'une  fermeture  &  fa 
belle  jonôion  ,  font  les  caraéléres  les  plus  effen- 
fiels  du  beau//!/  des  tabatières.  Il  eft  encore  d'au- 
ires  chofes  qui  décèlent  fon  bon  goût  &  fon  atten- 
tion ,  comme  Tégalité  &  le  bel  uni  des  bifcaux  & 
carrés ,  ainfi  que  d^avoir  foin  nue ,  quelque  vif  qu'il 
donne  a  fes  contours  ou  à  les  angles ,  rien  n'en 
foii  cependant  coupant ,  8c  ne  puiffe  incommoder 
les  mains  les  plus  délicates. 

On  emploie  encpre  ce  terme  communément 
jpour  exprimer  le  beau  poU  &  le  dernier  vîf  que 
Ton  donne  aux  ouvrages  d*orfévrerie. 

FLiNQUER  ;  c'eft ,  fur  le  champ  d'une  pièce  d'or* 
fèvrerie,  difporèe  à  recevoir  des  émaux  clairs  , 
donner  des  coups  d*onglette  vifs,  ferrés  &  bien 
égaux.  Cette  opération  forme  un  papillottement 
qui  joue  trés'bicn  dêflTous  l'émail  «  &  lui  donne 
de  Téclai ,  outre  qu'elle  fert  à  gripper  rémaiJ ,  6c 
à  le  faire  tenir  plus  folidcraenr. 

Foie  DE-souFRE   ;  c'eft  un  compofé   d'alkali 
fixe  &i  de  foufre,quî  forme  un  diflblvantde  Tor. 
Fond  ;  c*ell  proprement  la  partie  plate  infé- 
rieure a*une  boite ,  qui ,  jointe  à  la  batc,  forme  la 
cuvette* 

Fondeurs  de  métaux  ;  les  fondeurs  ne  peuvent 
,  fondre  que  pour  les  orfèvres  &  autres  qui  emploient 
les  matières  d'or  &  d'argent. 

Ils  font  fujets  aux  vifites  des  gardes-orfévres. 
Fonte,  <7u Fondre,  fe  dit  de  l'aâion  de  liqué- 
'  lier  le  métal  en  poudre  ,  en  pièce ,  ou  autrement , 
[  en  l'cxpofant  dans  un  creufct  à  diffèrens  feux  : 
car  la  fonu  demande   divers  degrés  de  feu.  On 
.  doit  le  modérer  d'abord  ,  pour  ne  pas  expofer  les 
Icreufets  qui  font  de  terre,  à  être  caffès  par  la  vio- 
I  Jcnce  du  premier  feu  :  il  faut  le  pou0er  avec  vigueur 
fur  la  fin  de  l'opération ,  félon  les  différentes  matiè- 
res du  mélange»  Lorf que  la  matière  eft  en  poudre  , 
Ijlfautun  feu  violent  pour  Taflcmbler,  &  de  même 
I  lûïf^u'elle  a  befoin  d'être  affinée  ,  en  y  ajoutant  les 
rimermédes   néceilaires ,  comme  le  lalpétre  ^  le 
fcorax. 

Forêt,  efl  un  inftrument  de  fer  long  &  aîgu 
par  tin  bout,  qui  a  quelquefois  plufieurs  Oirnes 
tranchantes  ,  ayant  à  l'autre  extrcmiié  un  cui- 
vrer. 

Les/<>rmont  différentes  formes,  félon  les  ufa- 
ges  auxc|ucls  ils  font  dcl^inés  \  leur  tranchant  fait 
quelquefois  le  demi-cercle  ,  ou  bien  il  e(l  exade- 
ment  plat,  ôi  continu  d'un  angle  à  Fautre  ;  on 
fe  fert  de  ceux  de  cette  forme  pour  forcer  les 
goupilles  dans  les  charnières  de  tabatières ,  ou  bie  n  i 
encore  il  forme  le  chevron.  Loiivrier  intelligent   I 


o  R  F 

Iffiir  donne  la  forme  la  plus  convenable  au  befoin 
qii'il  ea  a  ;  miis  la  condition  effemicUe  de  tout  bon 
Jorit ,  cil  d'èrre  bien  évidè  ,  dt  d*uoc  trempe  oi 
trop  féclie  ni  trop  molle. 

Forges  &  fourneaux  j  les  forges  &  fourneiuf 
des  orfèvres,  fondeurs  &  autres  ayant  droit  d'en 
avoir ,  doivent  ôtre  fcellés  en  pUtre ,  6c  dans  ii« 
boutiques  étant  fur  rue* 

Forge  i  c'eft  un  àtre  avec  cheminée,  ou  un 
fourneau  pour  y  chauffer  Se  faire  fondre  les 
métaux. 

FOURBISSEURS  ',  iU  doivent  avoir  un  pomçofl 
infculpé  au  bureau  de  la  maifon  commune  des  or* 
(hyre% ,  Se  envoyer  leurs  ouvrages  à  leur  buretu. 
Ils  font  fujets  aux  vifites  des  gardes-orfévres. 

Fourneau  ;  on  nomme  ainfi  en  gèoenl  kl 
uftenfiles  ou  vaiffeaux  defiinés  à  contenir  la  pâniK 
du  feu,  &  à  appliquer  cet  élément  comme  inftni» 
ment  aux  fubftaiices  qu*on  veut  changer  pat  foû 
a^Hon. 

Fourré,  {hl joutent  &  orpvrerif)  On  dit  qu*ui 
bijou  cfl  fourré  ou  garnie  lorfquil  y  a  qocl<lBe 
corps  érranger  d^  vil  prix,  &  non  apparent, 
couvert  Se  uérobé  par  l'émail ,  Vor  ou  l'arpii. 
Les  bijoux  fourrés  a  voient  d*abord  été  profctits 
par  la  cour  des  monnoics  ;  mais  fur  li  repréfemi- 
tto(f  du  tort  confidèrable  que  cet  arr  lu 

commerce  de  la  nation  ,  le  confeil  a  :_  .j—  ^^- 
rct  de  la  cour  des  nK>n noies ,  ai  permis  ta  (iW* 
cation  des  bijoux  garnis  ,  comme  ouvrages  ou  11 
confidération  de  la  matière  n'étoit*  prefquc  it 
nulle  importance ,  en  comparaifon  du  prix  de  1» 
façon. 

Frappe-plaqui,  eft  une  plaque  de  fer  du  con- 
tour que  l'on  veut  donner  a  la  pièce  de  bijommi 
elle  eft  armée  d'une  poignée  de  fer  élevée  qticroB 
empoigne ,  Sl  fur  la  tête  de  laquelle  oa  frappe 
avec  la  maff^. 

Fromage  ;  c'eft ,  chi\  Us  orfhns ,  un  mor 
ceau  de  terre  plu  &  rond  ,  que  Ton  met  au  foixl 
du  fourneau  ,  6i  fur  lequel  on  pofc  le  creufct,  poor 
l'élever ,  afin  qu'il  foit  expofé  de  toutes  parts  ï 
Ta^tiviié  du  feu ,  &  défendu  des  coups  d*itr  qui 
pourroieni  le  refroidir  8c  le  faire  cailcr. 

Gage;  nom  qu'on  donne  au  morceati  d^offt 
d'argent  que  le.i  gardes  de  lorfévrene  emponcct 
pour  en  faire  TeUai, 

Garniture  ;  en  terme  de  bijoutier^  eft  unetat»" 
tièrc  dont  rencadremu-nt  feulement  cft  d  or  ;  il 
y  en  a  de  dcu^  fortes.  La  première  fe  nommt^ft: 
les  moulures  ,  fermetures ,  charnières  6l  rerêtifle' 
ment  des  coins  font  d'or  i  &  les  dcifui  »  dcfttf 
Si   baAcs   font    de  cailloux,  nacres.  '  ^  f 

émaux,  porcelaines,  lacqs  ,  ou  autre  .ii 

ne  font  point  d'or  ;  cette  ferte  de  tibaiii;,^  ;  '^ 
le  tableau  encadré  fur  fes  fix  parties.  La  ft.  : 
fe   nomme  fimplement  gamiturt  ou  g^rn--^-^   - 


O  R  F 

wine,  p^rce  que  ce  n'efl  qu'une  fermeture  garnie 
de  fi  charnière,  furmontce  d'une  moulure,  Êf 
fui  encadre  deux  morceaux  de  cailloux  ,  porcclai- 
pes  ou  émaux  donc  le  deffous  efl  tsillé  en  cuvetie  ^ 
quand  ces  fortes  de  cuvettes  ne  font  pas  aflcz  hautes 
jw)ur  former  une  tabatiéic  de  hauteur  ratibnnjble  » 
00  Couàc  à  la  fcrm^^ture  iine  demi  boite  d'or  ,  au 
kas  de  laquelle  eft  atiaciièe  la  feriiffure  qui  doit 
encadrer  h  cuvette  ;  dans  le  cas  où  ces  cuvettes 
font  de  la  hauteur  dàftréc,  la  fcrtidwre  fe  trouve 
atîacheé  «u  bas  de  U  fermeture. 

GORGI,  chc^  Us  orflvrcs^  efl  un  petit  colUt 
qui  commence  la  monture  d'un  chandelier  ou 
autre  ouvrage  \  il  peut  aufli  y  en  avoir  à.  diffé- 
rens  endroits  de  cette  monture ,  félon  le  goût 
deTanifie,  &  l'effet  quMles  produifent  dans  fon 
©uvrage. 

Graik  ,  poids  ;  le  grain  de  fin  d'or  vaut  fix 
grains  de  poids.  Le  grain  de  fin  d'argent  vaut  fcize 
grains  de  poids.  Il  faut  trente-deui  grains  de  fin 
pour  faire  un  karar,  &  il  faut  vingt -quatre  grains 
âc  fin  d'argent  pour  faire  un  denier  d'argent. 

Grattoir,  tn  terme  de  bijoutier^  eft  un  outil 
de  fer  trem^  >  de  diverfes  formes  ,  félon  le  bcfoin 
de  l'artifle  ;  il  y  a  toujours  une  partie  tranchante. 
Pour  en  comprendre  rutilltè  ,  il  faut  diflinguer 
ëans  ta  manœuvre  deux   temps  ou   Touvrier  efl 
obligé  de  s'en  fer\nr, 
M         !••  Quand  fon  lingot  cft  fondu  &  forgé  d'une 
M  <enaîne  épaiiTeur ,  il  le  découvre  avec  un  grattoir 
■  «de  toutes  parts,  pour  en  enlever  les  pailles  ou.im- 
iljpuretés  provenues  de  b  fonte  &  des  fels  dont  on 
|E^'cfl  fervi   pour  faciliter  la  fufion  du   métal  :  il 
r^^»3*eft  befoin  pour  cette  opération  que  d^un  graiwir 
jplat  pour  découvrir  ,  6i  d'un  d;;mi-rond  pour  enle- 
"%'erles  impuretés  profondes  :  cette  opération  s'ap- 
pelle épailUr, 

a*.  Quand  la  tabatière,   garniture,   ou    autre 
%i}ou  quelconque ,  eft  au  point  de  perfeôion  que 

f>our  le  polir  en-dedans,  il  faut  le  réparer  ,  c'el(-là 
c  fécond  temps  oii  Tartifte  eft  obligé  d'employer 
^«cttc  forte  d'outil  ;  pour  amener  fon  bijou  à  ce 

Îioint ,  il  a  fallu  néceiTairemcnt  qu'il  allât  pltifieurs 
bis  au  feu  ,  qu'il  reflài  plufteurs  heupes  dans  Icau 
-mixie  ,  d'où  il  a  refuUé  une  cfpèce  de  croûte  qu  u 
^aut  enlever  ;  il  a  fallu  en  ouire  employer  des  fou- 
^ures  qui ,  dans  la  fuûon ,  biffent  toujours  des  fuper- 
Huités  qu'il  faut  faire  dirparoître ,  ces  bijoux  n'é* 
tajit  point  égaux  dans  Leurs  formes  :  la  diverfité  des 
angles  8c  des  cavités  qu'il  faut  nettoyer  *  décident 

I    Ta  ni  fie   fur   b  forme   quHl   doit   donner   à    fon 
outil. 
Graveurs  ;  les  orfèvres  peuvent  auJfi  être  gra- 
wturs  de  tous  ouvrages  d'erfévrerie  par  eux  faits. 
ils  ne  font  points  fujets  aux  viAtes  des  gardes- 
orfhrres. 
Hacher  ;  c'eft  taillader  une  pièce  pour  donner 
far  elle  plus  de  prife  à  b  matière  qu'on  y  veut 
^açber ,  foit  émail  ^  foit  or,  fwt  argent-  Pour  cet 
Jn$  &  Mtiïéfs.  T9m€  V.  Partie.  IL 


O  R  1'*' 


44  r 


effet ,  on  fe  fert  d*un  inflrument  appelé  couteau  à 
kdchen 

Hausser  ;  c'cft  êbrgrrune  pièce  d'orfèvrerie, 
en  lui  donnant  de  la  profondeur.  Havffer  un  pbt, 
une  ailiette  ,  &c.  c'eft  étendre  la  matière  du  centre 
à  fa  circonférence  ,  pour  faire  les  bouges  ou  les 
ma  r  lies  d'égale  épaiMcur  que  le  fond* 

Heures  ;  il  eft  défendu  à  tous  ceux  qui  travail- 
lent des  matières  d*or  &  d'argent,  de  ttavaiUer  aux 
heures  prohibées,  c'eft-àdire,  paffc  huit  à  neuf 
heures  du  foir ,  jufqu'k  cinq  à  fix  heures  du  matm. 
Huile  ;  {or  â  l)  c'eft  de  Tor  en  feuilles  appliqué 
kuilirs  fur  de  l'or  couleur. 

Huilier  ;  petit  vaiffeau  fait  en  burette  »  où  Ton 
renferme  riiuile  d'olive  qu'en  fert  fur  les  tables. 
Ce  vaiOeiu  eft  ou  une  fimpic  burette  de  verre  ou 
de  criftal ,  accompagnée  d'une  autre  pareille  qtu 
contient  le  vinaigre,  ou  ces  deux  mêmes  buret- 
tes, avec  couvercle  d'argent  &  plateau»  font  du 
môme  métal  qui  les  fouticnt.  L:  luxe  a  donné  aux 
hnlliers  toute  b  richeffedes  farmes. 

Huissiers  Priseurs;  ils  ne  peuvent  vendre  à 
l'encan  les  pièces  d'orfèvrerie.  Arrêt  du  30  Juin 
1762^  &  lettres-patentes  du  26  Décembre  1771» 
qui  ordonnent  que  les  argenteries  &  vaiflcUes  ven- 
dues par  autorité  deîuftice  ou  autrement,  feront 
portées  aux  hôtels  des  monnoies  ou  aux  changes 
les  plus  prochains,  où  b  valeur  en  fera  payée* 

Indication  ;  les  orfèvres  qui  ne  pt:uvent  repré- 
fenier  les  ouvrages  compris  dans  leurs  foumiffions, 
doivent  donner  Vindlcathn  des  ouvriers  auxquels 
ils  les  ont  livrés  pour  les  travailler. 

Inscription  au  gnffe  des  monnous  ;  les  orfèvres 
doivent  fe  faire  infcrtre  au  greffe  des  mon  noies ,  & 
y  déclarer  le  lieu  où  ils  travaillent. 

Jaune  ;  (or)  c'eff  de  l'or  fin  dans  toute  fa 
pureté. 

Jurande  ;  les  orfèvres  demeurant  dans  les  villes 
où  il  n'y  a  pas  de  jurande,  doivent  faire  marquer 
leurs  ouvrages  des  poinçons  de  Jurande  &  du  fer- 
mier delà  ville  b  plus  prochaine  où  il  y  a  jurande, 
Karats  de  fini  trente-deux  grains  de  iin  com- 
pofent  un  karat,  &  le  marc  de  fin  d'or  coniient 
vingt' quatre  karats. 

Lames  ;  (t»r  en)  on  appelle  ainfi  Tor  qui  a  été 
laminé  entre  les  cylindres  du  moulin. 

Laminoir  ;  machine  compofée  de  deux  cylin- 
dres ou  rouleaux  de  fer  fondu  ,  pour  réduire  en 
lames  minces  les  matières  d'or  &  d'argent. 

Languette  ,  terme  d'orféyrc^  petit  morceau  d'ar- 
gent laiffé  exptèi  en  faillie  de  hors  d*œuvre  aux 
ouvrages  d'orfcvrtrie,  &  que  le  bureau  lc  Torfé- 
vrerie  retranche  &  éprouve  par  le  feu  ,  avant  que 
de  le  contre- marquer  du  poinçon  de  la  ville. 

Les  orfèvres  ont  introduit  cet  ufage,  afin  que 
les  gardes  ne  détériorent  point  une  pièce  ,  en  cou- 
pant quelquefois  d'uo  côté  qui  doit  erre  ménagé; 
cependant  les  gardes  ont  le  droit  de  couper  arbi- 
tt^rement  à  chaque  pièce  le  morceau  d'eiTai. 
LantIRNI  f  \c%orf£vret  appellent  sinfib  pariÂc 

•    Kkk 


44: 


O  R  F 


d'une  cfolTe  d'cvècjue ,  ou  d'un  bâton  de  chantre  » 
qui  cfl  grofle  &  à  jour ,  &  repréfente  en  quelque 
façun  une  Unurn<. 

Lieux  privilégiés  ;  il  eft  défendu  aux  orfèvres 
de  rravailler  tians  les  lieux  privilégiés,  monafléres 
&  lieux  clos^  fi  ce  n'eft  aux  galeries  du  Louvre. 

Limes  ,  m  terme  d^orfévre  en  grojferie ,  c'eft  Toutî! 
dont  Tufage  td  le  plus  untvcrlel  avec  le  marteau 
parmi  les  orfcvrcs.  Ils  fe  fervent ,  comme  les  bijou- 
tiers, metteurs -en-œuvre,  ùc,  des  itmts  rondes  , 
demi-rondes,  plates,  bâtardes,  &c. 

Lime  plate  a  coulisse  ,  en  terme  A*orfé%'r€ 
en  tabatières,  cft  une  efpèce  de  lame  de  couteau 
taillée  en  iimc  fur  le  dos,  dont  on  fe  fert  pour 
éb;%ucher  les  couliiTes, 

11.  n'y  a  que  les  orfèvres  ,  &  ceux  qui  fabriquent 
les  tabatières  d'argent ,  qui  s'en  fervent  ;  les  bijou- 
tiers en  or  ébauchent  leurs  coulifles  avec  une  échoppe 
ronde,  quelques-uns  même  la  font  toute  entière  à 
l'échoppe  ;&  s'ils  fe  fervent  dune  lime ^  c'eft  de 
la  cylindrique,  poir  la  finir  &  la  dreilcr  parfai* 
te  ment. 

Lime  ronde  a  coulisse,  en  terme  d'orfèvre 
en  tabatières ,  eA  une  petite  lime  exaflcmcnc  ronde 
&  cylindrique  I  qu'on  infinue  dans  la  coulifie  pour 
la  finir. 

Cet  outil  demande  bien  des  qualités  pour  être 
bon  ;  il  doit  cire  bien  rond ,  exactement  droit  > 
d'une  tatUe  ni  t^op  rude  ni  trop  fine ,  Si  d'une  trempe 
sèche  fans  être  cafTante, 

LiNGOTiERE,  eft  un  morceau  de  fer  creux  & 
long  pour  recevoir  la  matière  en  fufion ,  ce  qui 
forme  le  lingot.  Le  plus  grand  mérite  d'une  lin^a- 
titre  cft  d'être  fans  pailte  ;  il  y  en  a  de  différentes 
grandeurs ,  avec  des  pieds  ou  fans  pieds.  Il  faut 
qu'elles  folent  un  peu  plus  larges  du  haut  que  du 
has ,  pour  que  le  lingot  puiffe  foriir  en  !cs  renvcrfanf. 
'Quand  on  voit  que  la  matière  eft  bientôt  prête  à 
jeter ,  l'on  fait  chauffer  la  Un^ouere  aflTez  pour  que 
le  fuif  fonde  promptemcnt  ;  quand  on  en  mtt  pour 
la  graiiïer  ,  l'en  n  en  hilTe  que  ce  qui  efi  refté  après 
l'avoir  rei':>urnée ,  en  fuite  Ton  jette.  Il  y  en  a 
quelques-unes  oii  il  va  une  petite  élévation  pour 
pofer  le   creufet ,  afin  de  faciliter  celui  qui  jette. 

Lune  ;  {crijîjux  Jt)  ce  font  des  crifiaux  blancs 
en  forme  d^écailles  ,  qui  réfukent  de  la  diflTolu- 
tlon  d'argent  que  les  chimifies  nomment  lune. 

Lunette,  en  n-rme  d'orfèvre  ,  c'e/l  h  partie  d*un 
fakil  deilinée  à  recevoir  rhofiie.  E!îe  eft  fermée 
de  deux  glaces,  &  entourée  d'un  nuage  d'où  for- 
tent  des  rayons. 

Maille  ,  terme  d'orfèvre  ,  petit  poids  qui  vaut 
deux  fclins ,  &  qui  eft  la  quatrième  partie  d'une 
once. 

Maillet  ,  eft  un  marteau  de  bols  ou  de  buis , 
dont  on  fc  fert  pour  rrdrciTcr  ou  repouflTtr  les  par- 
ties d\me  pièce  qu'on  ne  veut  point  étendre  ni 
endommager.  Il  y  en  a  de  toutes  formes  ,  groflcurs 
&  grandeurs.  ^ 

Maik  j  en  terme  d^orpvre^  cft  une  teniillc  de  fer 


o  R  F 

plus  ou  moins  groffe,  dont  les  brî^nches  font  re« 
courbées,  6:  s'enclavent  dans  l'anneau  triangulaire 
qui  eft  au  bout  de  la  fangle,  laquelle  cft  attachée 
au  noyau  du  moulinet  du  banc  à  tirer;  les  michoircs 
de  cette  maïn ,  taillées  à  dents  plus  ou  moins  fines, 
happent  le  bout  du  fil  qui  fort  de  la  filière,  &  It 
moulinet  mis  en  adion  ferme  les  branches  &  les 
mâchoires ,  &  fait  paCer  à  force  le  fil  par  le  trou  de 
la  filière. 

Maif.on  commune;  c'efl  ainfi  qu'on  nomme  le 
bureau  des  orfèvres. 

Maîtrise  ;  {lettres  de)^  les  orfèvres  ne  peuvent 
exercer  leur  profelfion  fans  que  leurs  lettres  de 
maîtrife  n'aient  été  vifées  ,  en  la  manière  a ccou* 
tumée,  parles  ofRciers  de  la  cour  des monnotes  ou 
des  ju^es  qui  y  reffortiflent. 

Mandrins  ;  ce  font,  en  terme d'ûrfèvre  en  laba- 
trèrcs ,  des  mafTes  de  cuivre  jaune,  de  bois  ou  de 
fer,  contournées  différemment,  fur  le  fqu  cl  les  on 
emboutit  les  tabatières ,  en  leur  imprima6t  le  con^ 
tour  &  les  moulures  qui  font  modelés  fur  ces 
m^ndrinf^ 

MarliE,  en  terme  de  planeur^  c'eft  un  petit 
bouge  qu'on  remarque  audeftbus  de  la  moulure 
d'une  pièce ,  &  au-delTus  de  l'arrête* 

Marteau  a  achever  ,  eft  un  marteau  à  tran- 
che arrondie  ,  dont  on  fe  fert  pour  commencera 
enfoncer  une  pièce. 

Marteaux  a  bouges;  (cryJVrm^) font  desm^/* 
te.iîtx  dont  lej  tranches  plus  ou  moins  èpaîftes  font 
fort  arrondies  ;  ils  prennent  ce  nom  de  leur  ufage, 
fervant  à  former  les  bouges  des  pièces  d'orfèvre- 
rie ;  ces  marteaux  font  tantôt  minces,  tantôt  carrés '« 
tanrôt  ronds,  &c,  félon  les  bouges  qu'ooaàtra* 
vailler. 

Marteaux  a  bouges  ;  en  terme  de  pUnemr  ^ 
font  auffi  des  marteaux  dont  ta  panne  eft  tant  fi^it 
peu  arrondie ,  pour  creufcr  la  pièce  &  former  le 
boutée. 

Marteau  a  devant  ;  c'eft  un  gros  mart€4u  ï 
tranche  &  à  panne  ,  ainfi  nommé  ,  parce  qu'il  n'y 
a  que  ceux  qui  forgent  fur  le  devant  de  l'enclume 
qui  s*en  fervent. 

Marteau  a  emboutir  ;  {bijoutier)  c'eft  un  iw^ 
teau  dont  la  panne  eft  convexe  ,  &  qui  fi:ri  4  c 
fer  \m  vafe  fur  une  efpèce  de  moule  qui  a  la  m^ 
forme  &  qu'on  appelle  dé. 

Marteau   a   maulie  ,  en  terme  de  plm 
fitjnifie  un   m^irse^u  à  boi)g;e ,  dont  la   p^nne 
arrondie  proportionnellement  à  la  grandeur 
marlie. 

Marteau  a  planer,  en  terme  de  pUneur,  cft 
un  marte ûu  qui  fert  à  effacer  les  coups  trop  fenfi- 
blés  des  mai: eaux  trancha ns  de  la  forge,  Vs  ont  li 
panne  fort  unie  &  plate. 

Marteau  a  retreindre  ,  eft,  parmi  les  orfi* 
vrcs,  un  marteau  tranch^ini  par  les  dcr.x  bomi ,  msl 
d'une  tranche  un  peu  artordîe  ,  afin  d'cter.jt^  l* 
matière  fans  la  couper ,  ou  fans  marquer  dis 
trop  profonds. 


■de^ 


O  R  F 

Marteau  a  sirttr,  en  terme  de  hïjoutUr^  eft 
lia  inàrr€<ïw  très-petit,  ayant  une  tranche  6c  une 
pbue  t  la  panne  arrondie  en  goutte  de  (w\(  ôt  la 
tranche  obtufe ,  avec  une  inclinaifonde  dcmî-cer- 
cîe ,  dont  on  (e  (ert  pour  rabattre  les  fer tlffbres 
d'uoc  garniture  fur  un  caillou  ou  autre  chofe  quel- 
conque. On  fe  fert  le  plus  fouvent  de  la  panne 
pour  ne  pas  maltraiter  la  fcriiiTure  »  qui  ert  un  nior* 
ceau  d'or  fort  mince  ;  on  ne  fe  fert  de  la  tranche 
que  pour  faire  obéir  les  endroits  qui  réfiflent  trop 
à  b  plane  ,  &  ou  on  ne  peut  pas  s'en  fer vir  com* 
inodèment ,  parce  que  la  tranche  du  marte  du  faî- 
fam  une  cavité ,  il  faut  enfulte  ratreindreà  la  lîme» 
&  que ,  sM  y  en  avoir  plvîTieurs  ou  qu'elles  fuflem 
profondes,  on  courroit  rifque,  en  l'atteignant,  de 
trop  affoiblir  les  parties  voiiînes ,  &  d'ôter  la  ibli- 
ûté  de  la  ferttfTure. 

Marteau  a  sertir  ,  c*eft  une  petite  maiTc  de 
fer,  plate,  tantôt  rûn*de ,  tantôt  carrée,  montée 
fur  un  brin  de  baleine  plat ,  ou  fur  une  brnnche  d'a- 
cier affez  longue  »  ce  qui  lui  donne  plu!»  de  coup. 
On  rappelle  maneAU  â  ferûr  ^  parce  qae  fon  princi- 
pal ufageeft  écfertir. 

Marteau  de  bois  ,  eft  un  man^^u  qui  ne  dif- 
fère du  marteau  à  X  fer  que  par  fon  ufage  ,  qui  cfl 
de  dreffer  une  pièce  fur  laquelle  les  marteaux  de 
fer  ont  imprimé  leurs  coups. 

Martelit  ;  petit  marteau  dont  les  orfèvres  fe 
fervent  pour  travailler  les  ouvrages  délicats* 

Mat  ;  (or)  on  nomme  ainfi  l'or  mis  en  œuvre  , 
qui  n'cft  point  poli. 

Matoir,  en  terme  d'orfèvre  ^  efl  un  cifeletdont 
reitrémité  eft  mattc,  &  fait  fur  fouvrage  une 
forte  de  petits  grains  ,  dont  l'effet  eft  de  faire  fortîr 
le  poli  »  &  d'en  relever  l'éclat, 

rour  faire  le  matoir  ^  on  commence  par  lui  don- 
ner la  forme  que  Toiivragc  demande,  puis ,  pour 
k  rendre  propre  à  mstïr ,  on  s'y  prend  de  trois 
façons  différentes  ;  les  deux  premières  fe  font 
«Tant  que  de  le  tremper,  avec  un  marteau  dont 
U  furface  fe  taille  en  grain ,  &  dont  on  frappe  le  ^ 
bout  du  matoir  ;  de  la  féconde  façon ,  Ton  prend  un 
morceau  d'acier  trempé  ,  on  le  caffe,  &  quand  le 
grain  s'en  trouve  bien ,  on  s'en  fert  pour  former 
tt  ûirface  du  matoir. 

La  troiftème ,  on  trempe  fon  morceau  d'acîer 
deftînè  à  être  matoir ,  &  on  le  frappe  fur  un  graîs  : 
on  obtient  ainft  un  mat  plus  rare  &  plus  clair. 

Matoirs  ,  en  terme  de  bijoutier ,  font  des  cife- 
Icts  dont  l'extrémité  eft  taillée  en  petits  points 
tonds  &  drus  ;  leur  ufage  eft  pour  amatir  8i  ren- 
dre bruts  les  ornemcns  de  reliefs  qui  fe  trouvent 
fur  les  ouvrages ,  ôt  les  détacher  du  champ  qui  eft 
Oq  bruni  ou  poli ,  ou-  pour  amatîr  &  rendre  bruts 
les  champs  qui  entourent  des  ornemens  brunis  ou 
I^lis  :  cette  variété  détache  agréablement ,  &  forme 
un  contrafte  qui  relève  l'éclat  des  parties  polies  » 
&  ftdutc  rosi!  des  amateurs. 

LMtkus  ouvrages  d'orfèvrerie;  tU  doivent  être 
■Uf^és  d'un  poinçon  pardculi^c  :  &  avant  d'ea 


o  R  F 


44Î 


II 

I 


entreprendre  la  fabrication  ,  les  orfèvres  doiven 
déclarer  la  quantité  de  matière  qu'ils  y  emploie- 
ront. 

Cependant,  k  l'égard  de  ceux  qui  font  trop  foî- 
bles  p*ur  fouffrir  aucun  poinçon,  on  doit  en  faire 
déclaration  &  foumiftlon  avant  le  travail. 

Mignons  ,  nom  que  les  orfèvres  donnent  entre 
eux  aux  gardes  de  leur  communauté  qui  ïortent 
de  charge. 

Modèles  d'* orfèvrerie  ;  les  modèles  font  fujets 
aux  cnregiftremens  comme  les  autres  ouvrages. 

Mollette  ;  petite  pînceitc  dont  un  orfèvre  fe 
fert  pour  tenir  fa  befogne. 

Mollettes  ,  (ont  auffi  des  efpèces  de  grande* 
pincettes  fouples ,  d'égale  largeur  de  la  tète  |ufqu*en 
bas ,  &  qui  jouent  aifémcnt ,  dont  les  orfèvres  fe 
fervent  à  la  for^e  ou  fonte. 

MoNT^DE-PïÉTÉ;  les  pièces  d'orfcvrerîc  ne  peu- 
vent y  t-trc  expofécs  en  y^m^ ,  que  préalablement  les 
poinçons  n'en  aient  été  reconnus  par  lun  des  gardes- 
orfèvres  en  exercice,  Ôc  la  fidèiitè  du  titre  confia- 
tèe  autant  qu'il  fe  pourra. 

Monter  ,  en  terme  de  bijoutier^  c'eft  proprement 
Talion  d'affcmblcr  &  de  fouder  routes  les  pièces 
qui  entrent  dans  la  compofitton  d'un  ouvrage. 
On  commence,  dans  une  tabatière,  par  exem- 
ple, par  la  batte  :  l'on  drtîffe  d'abord  deux  pans  , 
3ue  Ion  a  en  foin  de  laiffer  plus  grands  pour  avoir 
e  quoi  limer  ;  on  les  lie  enfemble  avec  du  fil-de- 
fer  i  on  les  mouille  avec  d«  l'eau  &  un  pinceau  ; 
on  met  les  paillons ,  8t  ron  foude  à  la  lampe  avec 
un  chalumeau. 

On  fait  la  même  chofe  pour  toutes  les  parties 
d'une  tabatière  les  unes  après  les  autres,  c*eft-à- 
dire^  quefi la  boîte  eft  à  huit  angles^dehuit  morceaux 
on  n'en  faic  plus  que  quatre,  de  quatre  deux,  8c 
de  deux  le  contour  entier  de  la  boîte. 

Monter  ,  en  terme  de  pUneur ,  fe  prend  pour 
Taétion  de  recommencer  à  planer  une  pièce  enfon- 
cée ;  les  coups  de  marteau  font  moins  fenftbles  dans 
cette  féconde  opération ,  &  la  pièce  par-là  plus 
facile  à  finir. 

Monter  ;  on  dit  monter  un  ouvrage  ,  quand  OU 
affcmble  8c  qu'on  joint  toutes  les  pièces  par  le 
moyen  de  la  foudure. 

Monture  ,  en  terme  ^orfèvre ^  c'eft  le  corps  ow 
la  branche  d'un  chandelier  fait  fur  différens  'deflins. 
Tous  les  acceffoircs  d'un  ouvrage  d'orfèvrerie  quel- 
conque en  font  la  monture  ,  tels  que  les  ornemens 
qui  font  fur  les  chandeliers,  écuellcS|  terrines  , 
pot-à-oille,  &c. 

Mosaïque  ;  {or  de')  c'eft  de  l'or  qui ,  dans  un 
panneau  ,  eft  partagé  par  petits  carreaux  ou  lo- 
fangcs. 

Moules  des  Orfèvres.  Les  orfèvres  fe  fervent  ^ 
pour  mouler  les  ouvrages ,  des  moules  de  fable  de» 
fondeurs,  fie  quelque toîs,  pour  de  petits  objets  j 
de  I*os  de  fcche.  Pour  fe  fervir  utilement  de  l'of 
de  féche,  voici  comme  on  le  prépare  :  on  prend 
deux  us  de  fcclic,  oa  coupe  les  deux  boucs  »  pui# 


4 


444  O  R  F 

on  les  ufe  du  coté  tendre  fur  une  picir^  plate  ^  juf-  I 

Î[u  à  ce  que  Ton  ait  une  fiirface  d  étendue  dcfuèe  ; 
ur  la  fin  ,  on  répand  fur  la  pierre  plate  une  pouf- 
iicfe  de  charbon  trés-finc  ,  qui,  par  le  frottement , 
l'Incorpore  dans  les  pores  de  l*os  de  fèche  8c  les 
rend  plus  fe.irés  ;  on  y  perce  trois  trous  ,  dans  lef- 
quels  pn  met  des  chevilles  de  bois  pourafîujettîr 
If  s  àèfix  os  à  la  même  phce  Tun  fur  l'autre  ^  puis 
«n  met  (on  modèle  entre  deux  >  &  preflant  égalc- 
.œent  les  deux  os,. ce  modèle  imprime  fa  forme  : 
on  le  retire,  on  fprme  les  jets,  les  communica- 
^tions ,  &,  les  ouvertures  pour  réchappemcnt  de 
l'air  à  l'approche  de  la  matière  ,  &  on  le  flambe  k 
la  fumée  de  la  lampe  ou  d'un  tlambeau  comme  les 
autres  moules. 

Moulu  '^{pr)  c'eftde  l'or  dont  on  dore  au  feu 
le  bronîe. 

Moulures,  tnnrme d'orfèvre  *,  et  font  des  orne- 
mens  composés  de  creux  ,  de  noeuds  ,  de  baguet- 
tes &  de  filcti,  à  rinftar  des  moulurts  de  corni- 
ches ,  qui  demeurent  les  ouvrages.  Les  grandes  mou- 
turcs  font  au-deiïïis  ,  &  les  bafles  font  fur  la  fou- 
durc  qui  affemble  les  pièces  avec  le  fond  ,  «ommc 
dans  les  tabatières* 

Les  moulures  fe  tirent  au  banc  comme  les  fils  & 
les  carrés ,  en  les  prcflTant  fortement  entre  6tu% 
billes^  ou  eft  gravé  le  modèle  des  moulures  qo  on 
veut  fair^'  fur  Ta  mniière» 

Moulures  droites  ,  Moulures  contour- 
KÉES.  Lçs  hijûutiers  appellent  de  ce  nom  des  creux 
éi  des  filets  divcrfement  rangés ,  qu'ils  gravent  à 
Toutil  fur  le  corps  de  leurs  bijoux  :  elles  varient  au 
gré  &  félon  le  goût  de  Taiti/te* 

Nœud  d'aiguière  ou  autre  ouvrage  ,  en  terme 
d*orfèvre  engrûs  ;  c\^  un  ornement  qu*on  voit  entre 
le  corps  &  le  pied  d'une  aiguière  ou  autre  ouvrage, 
II  eft  enrichi  de  plufieurs  mouli:res  qui  fc  fuccèdc;nt 
•m  s'avançanc  Tune  fur  Tautre  jufqu'au  milieu  dtt 

Œufs  *  en  terme  de  metteur •ên-txuvre ,  font  de 
petites  c^inblettes  ou  boîtes  de  fenteur  qui  font  (u{' 
pendues  à  chaque  côté  de  la  chaîne  à^un  étui  de 
pièce. 

Or  ;  meral  d'un  faune  éclatant  ^  le  plus  pré- 
cieux, le  plus  parfait,  le  plus  pefant»  &  le  plus 
inaîiérablc  de  tous  les  autres  métaux, 

OreîLLETTE  ;  petit  cercle  de  métal ,  que  les  fem- 
mes, qui  ne  veiUent  pas  fc  faire  percer  les  oreilles  , 
y  appliquent  pour  foutenir  les  boucles  6c  les  pen* 
dans  d  oreilles»  (jP*  y.) 

Orfèvre  ;  artifte,  fabricant  Scmarchatid  tout 
'  qui  a  la  facuhé  de  vendre,  acheter  St 

i  louics  fortes  devaiffclles,  d'ouvr?ges  , 

bi  hjjoïix  d*or  &  d  argr;m. 

OltF^ATiERjf  ;  {coYps  de  /  )  c'cft  le   quatrième 
jCOrps  fjç«  m^irchands  é,tt  la  ville  de  Pari? ^ 
^  ,  URFÈvRERii»  ;  ouvrage  d'or  ou  4'argem  tt^ 
jFinilé  par  ua  orfèvre.  ,      !..     A    ■       '<     ' 

f    Opvn  A    '"        fî  d'orfittrerie  ;  ils  nç   peuvent 
^re  t/dVt  I  que  ie$.oiféviuî&  ne  Les  aicm 


O  R  F 

fournis  à  Teflaî  de  la  maifon  commune,  que  le 
poinçon  de  charge  n'y  foit  appofè  »  6c  quefoiunif- 
fion  ne  foie  faite  de  les  repréfenter  avaot  de  les 
vendre. 

OuvRAGES  vieux  i  les  orfèvres  doivent  temr 
rcgiftre  de  tous  les  ouvrages  vieux  qui  leur  font 
apportés  ♦  &  doivent  rayer  chaque  articW  à  me- 
fure  qu'ils  le  vendent ,  ou  rompre  les  ouvrages  vieux 
quMs  ne  veulent  pas  vendre. 

Ouvrages  prohibés  ;  il  eft  défendu  de  dou- 
bler d*or  ou  d'argent  les  ouvrages  montés  fur  tôle 
ou  fer-blanc  ,  &  de  mêler  le  fin  avec  le  faux. 

On  ne  peut  vendre  des  ouvrages  d'argent  fur* 
dorés ,  à  moins  qu'ils  ne  foient  marciués  du  mot 
argent. 

Ouvrages  étrangers  ;  lors  de  la  contre-marque 
de  ces  ouvrages,  il  doit  être  juftifié  de  leur  qualité 
d'ouvrages  étrangers ,  en  -rapportant  Tacquït  des 
droits  payés,  à  lexciption  des  menus  ouvragci 
pcfant  moins  d'un  gros. 

Paillasson  ,  en  terme  ^orfèvre  ,  eâ  un  amas  de 
nattes  de  paille  tournées  en  rond  en  commençant 
au  centre  ,  Si  finilfant  à  fa  circonférence.  L*on  en 
élève  plufieurs  lits  i*un  fur  l'autre  jufqu'à  la  hau- 
teur qu*on  veut  ;  ces  rangs  ou  lits  ibnt  coufus 
Tun  à  l'autre  avec  de  la  ficelle  :  il  doit  avoir  plus  de 
diamètre  que  le  billot  qu  il  porte  \  il  fcrt  à  rom- 
pre l'effet  du  marteau  lorfquc  l'oa  frappe  fur  Ten- 
du me. 

Paillon  de  soudure  ;  {orféx'rerlèS  petit  mor- 
ceau de  foudure ,  ou  métal  mince  ot  allié  »  qui 
ferr  à  foudcr  les  ouvrages  d'orfèvrerie.  Lorfqu'on 
veut  fouder  quelque  chofe ,,  on  coupe  la  foudurc 
par  paUhns.  *      ^ 

Panache  ;  partie  de  la  tige  ou  de  la  branché 
du  6ambeau  qui  eu  élevée  au-dcffus  du  pied,  & 
qui  s'étend  en  forme  de  vctite  aile  autour  de  li 
tige  ou  de  la  braBche  du  âambeau* 

Panache  ;  c'cft ,  parmi  Us  orfèvres ,  la  partie  qui 
fe  voit  immédiatement  fous  le  premier  carré  d'un 
ba  fTinet. 

Le  panache  ne  diffère  du  nœud ^  qu'en  ce  qu'il  eft 
carré  par-defious,  6c  pcm  être  coofidcrà  cornue 
la  moitié  d*un  noeud. 

Pièces  ;  les  pùct%  d'argent,  tant  principales  que 
d'applique  »  doivent  être  marquées  de  tous  poin* 
çons.  ■  ^ 

Il  en  eft  de  même  des  pièces  neuves  aîontées  à 
de  vitux  ouvrnge5. 

Pièces  de  COLLIETr  ,  en  terme  de  metteur^tn- mu* 
vrt ,  ne  font  ôirtre  chôfe  que  de  fimples  parties  de 
collier  que  l'on  porte  feules  avec  une  pciidv*fo^i 
qui  les  termîne,  i 

Pièces  de  rapport,  en  terme  de  htjoMttUf  ^  a 
deux  fens;  il  pcutfc  prendre  d*abord  pour  les  corpi 
étrangers  appliqués,  incruftés  ou  enclràflcs  Hif 
ime  ubatiére^  comme  les  pierres  6nes  ,  faulTest 
cailloux ,  porcclalfics ,  é't%  Il  s'cotend  enfoita  dl 
toutes  les  p  kes  de  même  métal  qui  font  ou  appfi* 
quéfs  ou  iaudées  à  la  tabatière  >8t  qjui  foftitt 


Il  iuppc 


O  R  F 

tdîefSp  compor^nt  les  tableaux  variés  dont  elles 
fof«  ornées.  On  fait  qu'on  ptut  faire  foitir  des 
rcVieh  fur  une  tabatière  d'or  ,  par  le  moyen  du 
cifclet,  ciî  repoutTant  par-deflbus  les  formes  princi- 
pales 5  qui  enfuite  font  retracées  »  reformées  &  ter- 
minées par-deffus  par  les  cifcîcts  difliérens  dont 
rartiAc  fc  fert  au  befoin  de  fon  fujet  ;  mais  alors 
cette  plaque  cifelée  ert  crenfe  en-delfous ,  6i  il 
faut  la  recouvrir  d'iïne  autre  pUque  liiTe  pour 
cacher  cette  difformité  défagréabîe  à  laril  ;  pour 
éviter  cet  inconvénient,  on  a  pris  le  p^rtl  de  décou- 
per des  morceaux  de  même  métal  de  la  forme  des 
reliefs  que  Ton  vouloir  exécuter ,  &  de  les  fouder 
fur  tes  plaques  des  tabatières  :  cette  opération  eft 
même  devenue  indifpenfable  depuis  qu'on  fait 
ufage  des  ors  de  couleurs ,  &  ce  font  ces  fièces 
aina  découpées  &  uries  par  la  fou  dure  au  corps 
de  la  tabatière,  que  Ton  appelle  proprement ^^i^crj 
dt  rapport, 

Pli-OE-BiCHE  ;  {orfèvrerie)  ce  font  les  pUs  qui 
ortent  les  cafetières  d'argent  ou  d'autres  ou- 
vrages de  cette  nature ,  qu'on  appelle  ainfi ,  parce 
qu'ils  ont  la  forme  du  pié  d*une  hiche^ 

Pi£RRE  K  l'huile  ,  tn  terme  de  bïjoutter  ,  eft  une 
pltm  dure  &  douce ,  qui  fert  à  aiguifer  &  à  émou- 
ire  les  échoppes  ou  les  burins  ,  en  la  frottant 
4'huile  ;  on  en  tire  de  Lorraine  ,  dont  la  couleur 
eft  ghfc  rougeâure ,  &  qui  font  opaques  ;  6£  du 
Levant ,  qu'on  eftime  les  meilleures ,  qui  font 
d'un  blanc  tirant  fiir  le  blond  »  &  un  peu  iranfpa- 
ternes  :  on  les  monte  fur  un  bois  plus  large  &  plus 
long  qu'elles  ,  pour  les  conferver  plus  long-temps. 

Pierre  a  polir  ,  eft  rnc  pUrre  avec  laquelle  on 

idoucit  les  traits  que  la  lime  ou  Toutil  ont  faits  fur 

vnc  pièce.  Il  y  en  a  de  vertes  y  de  rouges ,  de  bleues , 

de  douces,  demi-douces  &  de  rude?, 

'^    Toutes  ces  pums  approchent  beaucoup  de  la 

Ijsature  de  Tardoife, 

.  PlKCER,  en  terme  de  planeur  ^  c'^fl  proprement 
raÔion  de  former  Tangie  qui  va  tout  autour  d'une 
pUce  di2  vaiiïeUe  au-de^ous  du  bouge  «  fous  la 
marlie^ 

Pinces  DE  IIOIS^  font,  parmi  \es  orféyrei  en  ^ros  , 
fiit%  pinces  dehvu  dont  ils  fc  fervent  pour  tirer  les 
pièces  JorfeVTciie  du  blanchîmcDt»  parce  qiic  le 
ler  rougiroit  Targeni  &  giteroit  le  bknchimçnr. 

Planer  ,  en  terme  de tfiJQutur  ^ti^\  éealffer  avec 
1  reau  plat  &  pr-H  ,  fur  un  ras  prelque  plat  & 

nt  poli,  les  pièces  que  Ton  a  précCdemmewi 
d  caducs  en  tout  fcns  avec  un  marteau  tranchint  ; 
cein:  opération  unit  U  pièce ,  cnliivc  k-»  creux  que 
peut  y  avoir  laiiTés  la  tranche  Hu  marteau  dont  an 
•Vrt  Krvi,  &  achève  d'égalifer  repaiffeur  de"  la 
pièce  ;  €c  qui  n'eft  pas  une  des  moindres  attentions 
que  doive  avoir  l'atifte  ,  ait'Midu  que  plus,  une 
pcce  cft  également  forgée ,  &  moins  elle  éprouve 
o  inconvéoiens  dan^  kfefi^  de»  ^^pécatîons  qu'rilo 
^àc^uyer.  ..a  r.u    '^  /  .  . -,       n^;     :     '*\ 

Planer,  («^it^^ati)  eitjitsnne  «fVr^rf  ,«Antii^ 
iPartcau  bien  poli  des  deux  cotes ,  ayaiu  deux 


OR  F 


445 


pîsnes^  une  fort  plate, .&  Tauire  un  peu  convexe. 

Plakeur  ic'eU  rartilan  qui  g^gnc  fa  vie  à  planer 
la  vaiffdle  ,  c  eil-à-dirq  y  à  f  unir  a  force  de  petits 
coups  de  marteau. 

Plakoir,  s'entend  d'un  cifclet  dont  Textrémitè 
efl  aplatie  &  fore  poHe.  On  s'onfert  pour  pUtier 
les  champs  qui  font  enrichis  d'orne  mens  de  eife^- 
lure  ou  de  gravure,  oik  Tonne  pourrou  point  intre- 
duire  le  marteau* 

Plateau  ,  cft  une  cfpdce  de  pbt  de  fcr*klanc, 
échancré  comme  un  b^^fiin  à  barbe,  dont  le  milieu  » 
un  peu  concave,  eft  percé  de  pluAcurs  trous  fcm* 
blables  à  un  tamis.  Au-defTous  du  pUtt-au  eft  utie 
petite  boîte  de171et.il  pour  recevoir  la  limaille. 

Cet  outil  peut  s'appeler  au fiî  cueilloir  ou  cueille^ 
peau^  parce  qu*il  fert  à  recueillir  ddns  la  peau  les 
limailles  6i  morceaux  d'or  ou  d'argent  qui  y  font 
tombés  en  travaillant. 

Platine  ,  ell  cette  partie  de  la  chaîne  d'une 
montre,  derrière  laqueiia  cil  le  crochet  pour  fuf- 
pendre  h  montre. 

Platine  ;  métal  blanc ,  qui  a  les  principales  pro- 
priétés Si  qualités  de  Tor. 

Poignée  ,  en  terme  <£ orfèvre ,  c'cft  la  partie  d*un 
chan  ielier  fur  laquelle  eft  la  place  de  la  main 
quand  on  veut  le  tranfporter  hz  poignée  commence 
ordinairement  &  finir  par  un  panache- 

PoiîcçoN  i  cet  outil,  arrondi  par  un  bout,  eft  une 
poime  iiès-courte  ,  dont  on  fe  fert  pour  marquer 
la  place  où  Ion  doit  percer  &  commencer  les  trous 
dans  les  pièces  minces. 

Poinçon,  outil  pour  imprimer  dans  les  pièces 
dW^  d^argent.  Chaque  orfèvre  a  un  poin<;on  qui 
lui  efi  particulier,  compofè  des  lettres  initiales  de 
fan  nom  ,  d'une  devife,  d\rne  fleur  de  liscouron* 
née ,  (k  de  deux  petits  points,  il  lui  fert  comme  de 
fïgnature  &  de  garantie  envers  celui  qui  achète 
les  ouvrages  de  fa  fabrique.  Lors  de  fa  rèccptiop  à 
la  cour  des  monnoies,  il  eft  obligé  de  donner  une 
caution  de  looo  liv.  pour  répondre  des  amendes 
qu'il  pourroit  encourir,  sd  étoit  furpris  en  con- 
travention auxréglemens  furie  titre  des  matières» 

Ce  poir(^on  eft  infculpé  fur  une  planche  de^iti- 
vre^  dépofee  au  greffe  de  la  cour  des  monnoies  ^ 
$L  fur  une  planche  de  cuivre  dépotée  au  bureau 
des  orftvres  ,  pour  y  avoir  recours  en  cas  de 
eonteftatioo  «  foii  par  voie  de  comparaifon  ou  de 
rengrênemtnc.         < 

Indépendamment  du  poinçon  de  chaque  orfil 
vf^,  il  y  1  ctjv  autrei  poinçons  • 

vçni  être  ar^p»  v  éuvragc^  r'e  \x  * 

de  P:i  .riç&n  de 

çofî  ti^  limuûo»  L. 

décharge-  : 

PoiNçui^s;  on  diftinuue  donc  les  poinçons  de  maî- 
tre, ceàxd^  maifun  commune^  &  ceux  du  fermier» 
.«Ltr  poinçon  di  mAttre  cft  ^'  *-."**  -i-    iv— .;-^.. 
ihdoîr  étre'iofcji)(»é.  &  »ke  : 
Qfe4l<ter'«lll^Me^&lfll||ieianic  oc  cthWL:^  tîc^ - 


44<î 


OR  F 


bureau  de  la  tnalfon  commune.  Il  doit  être  mî» 
tant  fur  les  pièces  principales  que  (Inappliqué. 

S'il  fc  défigure  dans  le  travail ,  il  doit  être  réap- 
pofè.  Il  eft  défendu  de  le  prêter. 

Le  poinçon  de  maifon  CQmmunc  ;  les  gardes  de  Tor- 
ftvrcrie  peuvent  ieuls  en  faire  ufage  :  il  doit  être 
empreint ,  tant  fur  les  pièces  principales  que  d'ap- 
plique. LesouvragesdoiveneètreeffayésS:  marqués 
d'un  poinçon ,  avant  que  d'avoir  été  travaillés  8c 
avancés.  Il  efl  le  garant  de  la  fidélité  du  titre  de 
Fargent  employé. 

Poinçons  du  fermier.  Il  y  en  a  deux;  Tun,  nommé 
pûinçon  décharge^  doit  être  appofé  avant  TeiTai  qui 
fe  fait  au  bureau  de  la  maifon  commune ,  &  avant 
que  les  ouvrages  foi<;nt  avancés. 

L'autre,  appelé  poinçon  de  décharge  y  ne  fe  met 
oue  fur  les  ouvrages  finis  &  achevés,  à  Tindant  de 
1  acquittement  du  droit* 

PoiKÇON  A  POINT  ;  c'eft  un  morceau  de  fer  aigu, 
fur  lequel  on  cherche  Le  milieu  d'une  pièce  en  la 
mettant  en  équilibre. 

Point  ,  en  terme  d*orfivre  en  grofferle ,  c*eft  l'en- 
droit  où  une  pièce  dont  on  cherchoit  le  milieu  Cur 
le  poinçon ,  eft  reftée  en  équilibre. 

POfKTl  A  TRACER  ,  ^n  terme  de  bijoutier*^  c'efl 
une  cfpéce  de  petit  cifclet  dont  on  Te  fert  pour 
former  légèrement  dans  louvrage  les  traits  qu'on 
n'a  fait  que  marquer  avec  les  crayo;is.      ^ 

Poli  ;  {orfévJ)  le  poli  de  l'argent  fe  fait  prefque 
touti  rhulle ,  avec  de  la  pierre-ponce  à  Thuilc  , 
&  du  trlpoli  à  rhulle  y  il  fe  termine  par  la  potée 
à  kc. 

Polir  ;  en  terme  d*orfévre  en  grojferte  ;  c'eft  >  au 
moyen  de  la  pierre-ponce ,  du  tripoli  &  de  la 
potée ,  adoucir  )ufqu*aux  plus  petits  traits  du  fî- 
floir  ou  de  la  lime  douce ,  dont  on  s*eft  fervi  au 
réparage. 

Poncer  ;  {prpvrerie)  ce  mot  fe  dit  chez  les  orfè- 
vres lorfqu'on  rend  la  vaiffelîe  d'argent  matte  , 
en  la  frotrant  avec  de  la  pierre* ponce. 

Poreux  ;  {or)  c'cft  de  l'or  qui  renferme  des  ca- 
vités &  des  impuretés. 

PoaT£'A5il£TTE  ,  terme  d*orft\'rerle  ,  rond  de 
métal  en  forme  de  collier,  dont  on  fc  fervoi  t  autre- 
fois pour  mettre  fous  les  plats  à  ragoûts. 

PoRTB'CHARNiiKES  \  Ce  font  deux  parallélîpi- 
pèdes  foudés ,  que  les  anittcs  appellent  carrés  ,  que 
i  on  met  appliqués  l'un  à  la  cuvette  ou  boite  «  & 
l'autre  aU'deiTus, 

PoRT£-FORET ,  en  terme  d'orfèvrerie  \  c*eft  un 
petit  étau  ou  tenaille  à  boucle  ,  pointu  par  Textré- 
mité  oppofée  à  fes  mâchoires.  En  reldchani  la  bou- 
cle ou  la  vis  de  l'étau  ,  on  met  dans  fes  mâchoires 
un  forêt  de  telle  grofTcur  ou  grandeur  que  Ton 
défire ,  quelquefois  même  ce  neii  qu'une  aiguille 
dont  on  a  formé  la  tète  en  forêt  ;  on  aflfure  le  foret 
éhUiÇoa porte- forêt  «en  refTerram  la  boucle  ou  la 
tis»  on  y  adapte  une  poulie  &  fo»  archei ,  6c  tn 
appu]^aj^tla  partie  pointue  de  Tétiti  contre  un  dou 
Gteiifti  &  Iç  (Qfit  coacre  la  pièce  qut  Ton  veut 


percer:  on  forme  fon  trou,  on  évite  par  cet 
de  faire  des  forées  dans  toute  leur  longueiir|{ 
cela  abrège  beaucoup  les  opérations* 


Tai  repréfenté  le  pûrte*foret  un  peu  ouverr , 
afin  qu'on  en  conçut  mieux  la  mécanique  ,  Ac 
j'y  ai  mis  une  vis  ,  comme  plus  facile  a  faifir  que 
la  boucle. 

Précipité  de  for  ;  c'cft  l'or  au*on  retroti? c  eo 
poudre ,  lorfqu*on  -le  dégage  des  acides  qui  k 
tenoient  en  dinblution. 

Pucelage  ^  (^ierme  d^orfévre")  c'étoit  un  agré- 
ment qui  pendoit  au  demi-ceint  d'ai^ent ,  &  qui 
étoit  iait  en  manière  de  pçtit  vafe.  Mais  aujourd'hui 
on  ne  met  plus  cet  agrément  aux  demi-ceiais  d'or^ 
févrerie. 

QUARRÉ  ,  en  terme  d*orfevrt  ^  c*eft  une  efpèci 
de  rebord  qui  fervoit  fur  le  bx^Knet  d'un  chande- 
lier ,  &c^  ou  même  au  milieu  d'une  pièce  »  comnu 
dans  le  baflinet ,  entre  le  collet  &  le  panache. 

Quart  de  rond  ;  c'eft  un  ornement  qui  ré^t 
au  bas  du  pied  d'un  chandelier.  Il  forme  une  efpccc 
de  moulure  concave,  ce  qui  le  fait  appeler  ^u^n 
de  rond* 

Rabattre  ;  c'eA  abaî(ref  &  rendre  infenfibles 
les  côtes  trop  vives  &  trop  marquées  que  le  tra- 
çoir  ou  le  perloir  ont  faites  fur  un  champ,  œ  qn 
fe  fait  avec  un  p  la  noir* 

Raclkr  ou  Gratter  ;  c'eft  polir  avec  le  gni* 
toir  les  parties  creufes  d'une  pièce  d'orfévr»ic  ♦ 
où  la  lime,  de  quelque  efpéce  qu'elle  foîi,  tA 
peut  être  introduite. 

Raffinage  ;  c'eft ,  en  terme  d'orféyrerîe  »  bpuri* 
ficaiion  des  matières  d'or  ou  d'argent. 

Rayons  ,  en  terme  d^ orfèvre  en  grojferlgi  cefoRi 
des  traits  ,  ou  lames  aiguës  d'or  ou  d'argent  «  q^i 
cotoureni  la  lunette  d'un  foleil ,  &  imitent  \n 
rayùns  naturels  de  lumière.  Il  y  a  des  rjtyùfis  fiu- 
ples ,  des  niyons  flamboyans  ,  &  des  rayons  k  k  bcf- 
mine. 

Les  rayant  à  U  ktrmint  font  des  rsy&m  finm 
enfemble  ,  &  qui  ne  font  fcparés  qu'à'lcur  cutrt- 
mité,  étant  plus  ou  moitis  longs  pour  approcket 
la  nature  de  plus  près.  On  les  appelle  atnfi  du  OMi 
d'un  chevalier  roiMaiii  qui  en  a  été  l'inventetir. 

Rayon  famhoyant ,  eft  un  trail   tourné  en  fer* 
pentant,  &  qui  reprifeme  les  variât 
âamme« 


O  R  F 

J^'Of^fimpîe  inurne  \  ce  font  des  languettes  d'or  ^ 
«i'argcm  direéles,  qui  imitent  \^%rayûnt  de  lu- 
i>iérc.  On  en  orne  les  foleils  pour  cipc/fcr  le  faint 
Sacrement. 

^  Rf  cuiR£  -,  cVft  rendre  à  l'or  fa  diiaiîité  &  Ta 
malléabilité  en  le  faifant  rougir  au  feu  toutes  les  fois 
jju'il  a  été  durci  »  foit  par  le  marteau ,  Teflarope  ou 
TcxtenCon  au  banc  à  tirer ,  à  la  filière ,  au  cifc« 
Jet,  &c. 

Recuire  ;  c*eft  remettre  au  feu  les  pièces  quand 
elles  ont  été  réparées,  pour  brûler  la  crafTe  ou 
lies  ordures  qiii  peuvent  s*y  trouver ,  &  donner 
•également  prifc  au  blanchiment  fur  toute  la  pièce. 
Recuire  ,  en  nmt  Je  planeur,  fe  dit  de  Taélion 
de  rendre  le  métal  plus  doux  &  plus  friable,  après 
rau*il  a  été  forgé  ,  pour  le  planer  plus  aifément  & 
pTans  rifque, 

r  Registres.  Les  orfèvres  (foivcnt  tenir  reglftre 
des  ouvrages  qu'ils  achètent,  de  ceux  qui  leur  font 
ilonnés  en  nanfiffement  &  à  raccommoder. 

Relever  \  c'cft  faire  fortircerr aines  parties  d'une 
•pièce,  comme  le  fond  d'une  burette,  Oc,  en  les 
'sitttant  fur  le  bout  d*un€  rcfingue  pendant  qu*on 
frappe  fur  1  autre  à  coups  de  mart-îAU* 

Rlpaaé  ;  (df)  c'eit  de  For  dont  on  rchsuflTe  la 
uleur,ou  dont  on  cache  les   dcfauts  par  des 
îcrnemens, 

Rt  PAR  AGE  ,  OU  réparer  ,  en  terme  tTorpvre  ,  c'cfl 
nettoyer  les  foi- dures  ,  les  mettre  de  niveau  avec 
les  pièces  ,  &  rtflificr  lou^rag^  au  nutteau»  à  h  i 
)imc  &  au  rlâoire. 

Réparer  ^  en  terme  â^orfivre  en  grojprie  ^  c'cft. 
adoucir  les  trait*  d'une  lime  rude,  avec  laquelle 
ton  a  ébauché  «ne  pièce,  ou  les  coups  de  marteau 
[qui  y  font  rcAc>  «près  le  plansge.  On  fe  fert  , 
comme  nous  Tavons  dit  v  des  rifloîrs  dans  cette 
|g|èr-tioTi. 

BBRgpous^oiR  ;  fbjjout.')  c^eft  un  morceau  d'a> 
cîcf  ^  d'un  pouce  &  demi  ou  deux  pouces,   dont 
fùne  panîe  eu  jufte  Si  ai/ée,  &  de  la  grofleur  du 
trou  du  calibre  ,  &  l'e^itrémité  juAe  dé  la  groileur 
^do  trou  au  charnon;  il  faut  que  toutes  ces  parties 
rfoient  bien  au  centre  les  unes  des  autres  &.  fur  un 
^éme  aie,  &  que  la  hice  foit  bien  plane  â:  bien 
(perpendtcul^iire  à  Taxe  :  on  fait  entrer  ce  bout  dans 
le  trou  du  cliarnon  ;  la  face  appuie  fur  lepai^cur 
>  du  charnon  ^  &  la  fa.t  fonir  quand  on  frappe  avec 
»ltn  marteau  fttr  Vextrcmtté  du  repouffoir^ 
I     Repoussoirs  j  ce  font  encore  des  cfpèces  de 
fclfclcfs  ,  qui  fervent  a  rcpouiTer  par  deffous  les  rc- 
licfs  qu'on  avoir  enfoncés  en  les  cifelant  par-deffus. 
ResingUS  ;  [prfivrerU)  eft  une  branche  de  fer, 
^pointue  &  pliée  par  un  bout,  arrondie  S:  cour- 
bée par  l'autre.  C'cft  fur  cette  dernière  partie  qu'on 
met  la  p  èce  qu'on  veut  relever*  La  rejïn^iu  »  comme 
on  k  voit,  tjit  le  même  effet  qu'un  levier  parle 
moyen  des  vibrations. 

Lji  rejî figue  tfl  ordinairen'.ent  fichée  par  fa  queue 
recourbée  ou  dans  un  billot  de  bois ,  pu  retenue 
dans  les  mâchoires  d*un  éuu. 


o  R 


447 


*f.  Corps  deca&ttèreou  burette  fur  hrt/tngfft* 

if ,  Rcfingue*  .  ^ 

c  ,  Marteau  frappant  fur  k  tcmc  de  la  rtfingue, 

d ,  Billot  de  bois. 

Retrêinte  ou  RETREINDRI ,  fc  dit  proprement 
de  Taôion  d'élever  une  pièce  emboutie  à  telle  hau- 
teur qu'on  veut,  ou  de  la  refîcrrer  en  frappant  à 
l'extérieur  au  défaut  du  point  cPappui ,  du  côté 
des  bords  de  la  pièce  ^  avec  nti  marteau  ou  un 
maillet,  tandis  que  la  pièce  eA  appuyée  fur  unç 
bigorne  propre  à  cet  ulage*  Cette  opération  n*eft 
pas  une  des  moins  difficiles  de  l'orfèvrerie  ,  &  les 
meilleurs  orfèvres  font  quelquefois  contraints  d'a- 
voir recours  aux  chaudronniers  ,  qui  paATcnt  pour 
fort  habiles  dans  cette  partie  ,  quand  ils  ont  quel- 
ques g'^audes  pièces  à  retreindre, 

Ri  F  LOT  a  ;  e'.;R  xxnt  p^^fite  branche  de  fer,  dôtfl 
i'cxti'..  "  '  -  .  ..  .,î    *  -    .     ■;  V  rn'a 

de  ct  ri- 

floir  ,i  j..^^'kiL-t..i]  ■  ^  vk 
comme  la  poignée  d*.iii 
prds  Vers  les  deux  titr>  ck 
pelle  rifioir  à  charnière ^  de  i 
il  y  a  auflî  des  rljîoîrs  h  Ka  t. 
creux,  ronds,  ^'c.  félon  lî     ... 

RlFLOlRS  ,  en  terme  îTù-pvre  *^ 
ces  de  limes  qui  ne  font  taiUtes  qic  ;  : 
bouts  ;  ces  deux  extrémités  font  fines  ou 
proportion   du  calibre  du  rifi&ir:  elîcs   font  zui.i 
recourbées  pour  ï>ouvotr  s'infinuer  dans  tous  les 
coudes  oîi  leur  ufage  e(l  néceflTaire. 

Il  y  en  a  de  ronds,  demi  ronds,  de  plats,  de 
triangulaires  ,  &  de  toutes  groffeurs  ;  ils  fervent 
à  réparer. 

RivtR  ;  c*eft  arrêter  une  pièce  ftrr  une  autre  ,  à 
laquelle  on  a  pratiqué  une  efpece  de  clou  qu'on 
écrafc,  &  qu'on  lime  imperceptiblement  Uir  le 
trou  chamfrè  ou  fraifé. 

Rocher  ;  c'eft  environner  les  parties  qu*on  veut 
foudcr  de  poudre  de  borax  ;  qui  fert  de  fbndant 
à  ta  fou  dure* 

RocHOiR  ^  {erfevr.)  îtiArumenc  à  Tufagc  de 
prefque  tous  U%  ouvriers  qui  emploient  les  mé- 
taux, C'eft  une  petite  boîte  de  cuivre  ronde ,  St 
élevée  à*peu-près  comme  la  moitic  d'un  étui  rond; 
il  y  a  un  couvercle  »  &  au  bas  un  trou  auquel  eft 
adapté  un  tuyau  furkquel  eft  une  pcfice  bande  de 
métal  crénée.  Dans  le  corps  de  la  boire  eft  ren* 
fermé  le  borax  pulvénfé ,  «  on  fait  tomber  cctie 
poudte  fur  les  pantes  qiK*  l'an  veut  rocher  ou 


;4i8 


O  R' 


tfaupoudrcr  de  barax ,  en  faifani  pafler  fon  angle 
lie  long  des  crans  de  la  pçriie  bande  crénéo ,  & 
iea  dirigeant  le  luyau  fur  les  places  où  l'on  a  be- 
f{pin  de  borax. 


RouGt;  {qA  c'eft  de  Tor  alUé  de  cuivre  de 
foietre. 

ROUÇEATUE  QU  V£Rt)\THE  i    (<»r)  c'cfl  UtX  OT 

;lacédef^ugc  au  de  verd  daas  Its  ornemcas. 
Rouleaux^!  (otit  dès  efpecj^s  d*S,^  qui  ornent 
commencement  de  la  croile  proprement  dite  i 
Immédiaiement  au-dellus  du  fleuron. 

Saie  ,  urme  a  orfèvre  ,  petite  poignée  de  foies 
,e  porc  liées  cn^-mble ,  6c  i^ui  feit  aux  oruvrcs  à 
icttoyer  leurs  ouvrages. 

Saisis  ;  (o/y>r/)  ks  pièce»  d'argenterie  faifies 
ar  les  gardes-orfcvrës,  font  cachetées  dufcau  de 
i  mai  fon  commune. 

Les  commis  du  fermkr  peuvent  falfir  fur  le 
impie  foup<jon  de  fraude  &  de  faux  poinçons.  Ils 
ic  peuvent  iaifir  la  vaiffeUe  coupée, 

Saleron  ;  c'eft  la  partie  d*une  faliêre  où  Ton 
met  le  feU 

Sangle  ,  tn  urmcd^orfîvn  ,  c*eft  une  bande  de 
cuir  OM  de  petite  corde  nattée ,  environ  d  *  la  lar- 
geur de  4  pouces  ,  au  bout  de  laquelle  il  y  a  un 
anneau  de  fer  pour  recevoir  le  crochet  des  tenail- 
les :  on  fc  fert  auiTi  quelquefois  de  cord^  pour 
tirer  ;  cUe  a  même   cet  avantage  fur   la  fan^U  ^ 

ÎiuMle  n'augmente  point  le  diamètre  deTarbreen 
e  tournant  delTus* 

S^USSES  ;  ce  font  des  liqueurs  chaides  com* 
pofées  de  fols  ôcde  vert-de-gris ,  propres  à  donner 
de  la  couleur  à  lor. 

Scie  a  char  non  ;  lame  de  couteau  taillée  en 
fcie  ,  pour  couper  le  bout  de  dur nlére  excédant  à 
raz  du  trou  d'entrée. 

Scie  a  couteau;  (çr/ivurUy  ce  neft  autre 
choie  qu'une  lame  de  couteau  taïllée  en  Jae, 

Scie  a  repercer,  en  urm€ dt hljouurk ^  eft un 
inftrument  de  Éer  formant  un  carré  alongé  ,  en  le 
confidérant  monté  de  fa  feuille  ^  fans  avoir  égard 
au  manche.  Cette  feuiMe  fe  prend  entre  deux  mâ- 
choires ,  d  )m  Tune,  immobile,  a  [un  trou  tarau- 
dé ,  &  Tautre  qui  s'écarte  &  s'approche  pour 
ferrer  ou  lâcher  la  fcuiHc.  Le  manche  cfl 
fait  de  trois  pièces,  d'un  morceau  de  fer  qyi 
jépond  à  la  cage  de  la  fck  ,  taraud*  prefque 
43anf  toute  fa  longueur,  d*un  écrou  de  boiidms 
lequjl  il  entre  »  &  d'une  autre  eavel(>ppc  deboi^ 
qui  couvre  cet  écrou. 


G  R  F 

Sculpté  ;  {or)  c'eft,  dins  un  ouvrage  de  bi;ôfi* 
terie,  d-  lor  donc  le  fond  eft  gravé* 

SinnE-fEu,  tn  tttmt  (JCofftvn  ^  crt  un  mofcea« 
dj  fer  ou  ds  i^no.  à  creufet  de  diffêrenics  gran- 
deurs, mai^  communément  àz  d  \  ^  pouces  ds 
haut*  Il  fait  un  demi-cercle  un  peu  alongé  qui 
renferme  la  café,  &  qui  s'appuie  contre  le  jam- 
bage dj  la  forge.  Il  faut  que  \c  ftrre-feu  furpafllB 
le  couvercle  du  creufet  »  de  quelque  ctiolc  efl 
hauteur. 

Il  y  a  des  trous  au  ferre- feu  pour  lai  (Ter  la  li- 
berté de  fouffler  avec  le  fouiîîet  à  main.  Il  ne  fert 
qu*à  retenir  le  charbon  autour  du  creufet. 

Signer  i  c'eft  marquer  l'argenterie  &  Torfévi^ 
rie  du  poinçon.  Chaque  orfèvre  ou  argentiedH 
fon  poinçon  particulier  ;  âf  par  les  ordonnaMl 
il  leur  eft  enjoint  àc  fgner  àc  leur  poinçon  toute 
la  vaifTelle  &  autres  chofes  qu'ils  fabriquent.  L'ar- 
genterie qui  n'eft  point  Jignci  y  fe  vend  toujours  à 
plus  bas  prix  que  celle  qui  eil  marquée  du  polû- 
qon  de  Touvrier  ;  car  ce  défaut  fait  connoîtrc 
qu'elle  nt([  pas  au  titre  prefcrit ,  &  qu*il  y  a 
trop  d'alliage»  ^^ 

30UCOUPE  ,  ouvrage  d'orfèvre»  de  faycn^||É 
ou  de  potier  d'étain  ,  qui  forme  U  figure  ^H 
vafe,  compofè  d'un  pied,  &d'un  delTus ,  qui  eft 
une  forte  d  alBetie  large  ,  avec  de  petits  rcbi 
fervant  à  pofer  un  verre  ou  une  tafle. 

Souder,  ell  TaSion  de  réunir  différentes 
tles  défiinies  pour  n*en  faire  qu'une  par  le  mc*yea 
d^  la  foudure. 

Soudure  ;c'eilunc  coinpofmon  d'or  bas ,  d*«r- 
gent  &  de  cuivre  fort ,  aifcc  à  fondre.  Il  y  a  de 
h  foudure  au  tiers,  au  quatre ,  au  cinq  »  au  ftx , 
au  fept ,  au  huit ,  au  neuf  ÔC  au  dix  ,  qui  eft  la 
plus  forte  qu'on  emploie.  Pour  faire  la  foudan 
quatre  ,  par  exemple,  on  prend  trois  parties 
Ôi  une  d'aloi  ,  que  Ton  fait  fondre  en fewible  , 
que  l'on  forge  de  Tépai^cur  d'une  pièce  de  fix 
liards ,  ât  on  la  coupe  par  paillons  plus  ou  moins 
gros.  On  marque  chaque  morceau  Ai  foudurt  du 
numéro  d,;  fon  titre,  Àt  on  renferme  les  paillof» 
coupés  dini»  dis  boites  aufTi  numérotées  dt  Jca» 
titres,  ahn  d'éviter  rinconvémentdVmployer 
fvudure  pour  une  autre. 

Soumission;  c'eft  l'aâc  par  lequel  un  oi 
s'oblige  de  rapporter  les  ouvrages  marqués  du 
çon  de chétrgi  du  fermier ,  pour  les  faire  marqt< 
poinçon  de  décharge  ,  quand  ils  font  cnilcrc; 
achevés,  à  l'effet  d'en  acquitter  les  drx>its. 

Sucrier;  vaïfleau  d'.irgent ,  d'autre  mé 
de  fayence  ,  compofé  d'un  corps  ,  d'un  fon 
d'un  couvercle  fait  en  forme  de  dÔme ,  lequel  té 
percé  proprement  de  petits  trous  au  travers  4|U 
quels  pafle  le  fucre  ifuand  on  renvcrfe  le  /v4^| 
Scarron  reproche  à  fa  fœur  d'avoir  fiiit  rapeniB 
les  trOus  de  fon  fucrUr  par  économie. 

SuRTauT;  pièce  de  vaîffclle  d'argent  ou  f  au- 
tre métal,  que  l'on  fert,  garnie  de  fruit,  (xir  la 

iible 


^ui  en 
îs  piP 


m 


M 


O  R  F 

des  gens  riclies.  Il  a  quelquefois  plufieurs  bo* 
èches ,  dans  lefquclks  on  met  les  bougies.  Gei^ 

F  un  a  fait  des  fnrtouis  de  la  pius  grande  beauté 
ur  la  cifelure  &  le  goût. 
Syndics  des  orfèvres  :  leur  nomination  eft  de 
Il  compétence  des  officiers  de  police. 

Tabatières  j  ce  font  des  boites  d*or  ou  l 'argent, 
fouvent  enrichies  de  pierres  fines  ou  fauflVs  :  il  y  en 
a  de  loutc  efpéce ,  unies ,  gravées  >  cifelces ,  înci  uf- 
'*;es,éinaillces,  tournées,  6*^,  carrées,  rondes  ,  à 
ît  pans»  à  contour ,  k  bouge ,  à  douffine ,  en  p-îo- 
n  ,  &c,  L*on  ne  finiroic  pas  fi  Ton  vouloit  dé* 
[crire  tous  les  noms  qu'on  a  donnés  aux  ubancrcs 
tfor.  Il  fuffit  de  dire  en  général  qu'on  les  a  tirés 
|ies  chofcs  naturelles  &  communes  ,  auxquelles 
«lies  reffcoiblent,  comme  ariichauds,  poires  >  oi- 
I gnons,  navettes,  &c. 

Tabatière  pleine  ;  celle  dont  le  corps  cft 
Biai&f  d'or. 

Tas,  m  urme (Torfivrt y  eft  une  petite  endume 
Ahuît  pans  en  carré  comme  la  grande  ;  elle  ti'en 
«Affere  que  par  fa  grandeur  ,  &  une  qUeue  qui  entre 
dans  le  billot.  EQe  fcrt  pour  les  petits  ouvrages, 
&  pour  planer;  pour  lors  il  faut  qu*elle  foît  bien 
Ipolîe ,  de  mtmz  que  tes  mart^aui. 

Tas; (petit)  c*€fl  un  moice^u  de  fer  plat,  de 
fieure  ovale,  (k  portatif^  dont  on  fc  fert,  au  lieu 
li  enclume  »  pour  les  ouvrages  qui  peuvent  fe  frap- 
^  fur  rétabli. 

Tas  cahkelê  ;  cVft  un  tas  de  £er ,  dans  lequel 
m  1  gravé  ou  limé  des  moulures,  &  qu'on  forme 
fur  l'argent,  en  frappant  à  coups  de  marteau.    l\ 

Ia  beaucoup  de  vaitTelle  ronde  ancienne,  dont 
s  moulures  étoient  frappées  fur  le  /iJJi  mais  de- 
tois  que  Ton  a  perfeéèionné  la  vaiiïeUei  ces  fortes 
le  tas  ne  font  plus  guère  d^ufagc, 
Tekailies  a  bouclîs  ,  fort  des  nnaiîhs  dont 
s  qiieues  font  droites  St  plates  dans  toute  leur 
ncucur,  &  arrondies  par  le  bout,  le  long  def- 
'tf  *coule  une  boucle  de  fer  ,  qui  fert  à  ouvrir 
rmcr,  plus  ou  moins,  les  mâchoires  des  t€- 
i  »  qui  n*ant  rien  de  particulier ,  quant  à  leur 
ibnnc. 

TEVAlitES  CROCHES ,  font  dcs  umnlUs  qui  ne 
différent  des  pinces  ordinaires  qlle  par  Tune  de 
leurs  mâchoires,  qui  forme  un  dcmvcerclei  &  fe 
termine  en  une  pointe ,  qui  entte  ckins  la  place  def- 
roàc  au  chaton,  &c.  On  fe  fert  des  tcnéidUs  cro- 
\gkii  çôut  le  limer;  fa  culaHe  s'appuie  contre  la 
miwboîre  droite  ôc  plate ,  pendant  que  le  morceau 
de  métal  où  Ton  a  lait  fa  place,  eA  retenu  dans 
la  mâchoire  courbe.  On  les  appelle  encore  ttnnU' 
l^s  à  chaton* 

Tenailles  a  étirer,  tn  terme  d'orfèvre^  font 

de  grcfl'es  pinces ,  proportionnées  néanmoins  à  la 

Uroneur  du  fil  qu'elles  prennent  en  fortant  de  la 

iSlière.  Leurs  mâchoires  font  taillées  comme  une 

I  lîme.  Elles  font  compofées  de  deux  branches  qm 

Âru  ft  Hkmu  Tom.  V,  P^t*  IL 


o  R  F 


449 


lu 


s*appliquent  Tune  fur  Tautrc ,  en  fc  croifantun  peu^ 
elles  s'approchent  l'une  de  l'autre  à  la  tête ,  autant 
qu'on  veut ,  &  que  la  pièce  qu  elles  tiennent  le  per- 
mit. Chacune  de  ces  branches  fe  termine  à  Tau tre 
bout  par  un  crochet ,  ou  s'attache  la  corde  ou  I^ 
fangle.    *  ; 

Tenailles  a  FOKORE;  ce  font  de  groffe*  tendlU 
les  qui  différent  peu  des  tenailUs  ordioaires ,  fi  ce 
n'cft  que  les  pinces  font  longues  &  recourbées 
carrément.  On  s'en  fert  pour  tirer  les  creufett 
du  feu ,  fit  pour  verfer  l'argent  ou  Tor  dans  les 
lingotiércs. 

Tenailles  a  forger  ;  font  des  tenailles  groflcs 
par  proportion  à  lu  pièce  que  Ton  forge  :  on  les 
appelle  tenailles  a  forcer  y  parce  qu*on  s'en  fert  pour 
retenir  les  pièces  d*orfévreric  fur  rendu me^ 

Tekailles  plates,  en  terme  de  bijoutier^  font 
des  pinces  dont  les  mâchoires  font  plates  ,  &  dont 
les  branches»  qui  fervent  d^  queue  ou  manche  , 
font  recourbées  en  dedans* 

Tirage  ou  tirer,  «/i  terme  d^orfévre  ;  c'eft  don- 
ner à  Tor  ou  à  l'argent ,  la  groffeur  &L  la  longueur , 
en  le  faifant  pafTer  dans  des  ftlléres  toujours  pliis 
petites  en  plus  petites  »  fur  un  banc  à  tirer.     . 

Titre-,  le  marc  d'or  le  plus  fin  eft  au  titre  de 
vingt- quatre  kar^ts. 

Le  marc  d'argent  le  plus  fin  ,  eft  au  titre  de 
douze  deniers. 

Les  orfèvres  doivent  travailler  Tor  au  titre  de 
vingt- deux  karats ,  au  remède  d'un  quart  de  karat , 
&  l'argent  à  ooze  deniers  douze  grains  de  fin  ,  ^u 
remède  de  deux  grains ^  c'efl  àrdire,  que  fi lor  ne 
contient  pas  vingt-un  karats  trois  quarts,  &  fi  l'ar- 
gent ne  comlenc  pas  onze  deniers  dix  grains,  la 
matière  nVft  pas  au  titre  ;  &  après  Teffai  qui  en  fera 
fart  à  la  mailon  commune  ,  1  ouvrage  fera  rendu 
à  l'ouvrier  ^  &  ne  fera  point  marqué  du  poinçon 
commun  ;  mais  les  orfèvres  de  Paris  ont  foin ^  plus 
que  les  autres ,  d'attei;ndre  Le  fin  requis  par  les  régle- 
mens;  c'ddcequi  contribue  à  entretenir  la  renom- 
mée du  poinçon  de  Paris* 

Titre  (  or  tfi/ )  ;  c'cft ,  dans  la  bijouterie ,  l'or  au 
titre  de  vingt  karats  ,  alnfi  qu*il  ell  prcfcnt  par  les 
ordonnances  pour  h  bijouterie. 

TopCHAUJC;  on  nomme  a'mfi  des  aiguilles  d'ef-^ 
fai  pour  les  matières  d'or  Ôc  d'argent.  Ce  font  de 
petit  e4  lames  faites  des  mêmes  métaux  ,  avec 
dlffèrens  titres  connus.  Ces  aiguilles  font  large» 
d'une  ligne ,  é|;  ai^es  d'une  demie ,  &  longues  de 
deux  ou  troiv  pDuccs.  Chacune  d*elks  porte  une 
empreinte  qui  indique  fon  titre. 

Tour  rond  ^à  cùniour\  machine  compofée  de 
différentes  pièces  pour  couper,  tailler,  dégroffir , 
arrondir  &  former  certains  morceaux  dorfévrerîc. 

Trait  or);  ceft  de  Tardent  doré  réduit  en 
fil  exiréinemcnt  menu  ât  délié. 

Travail  de  rorfévrerie-^CQ  travail  dc^r  être  fait 
en  boutique  aux  heurci  prefcntes  par  les  ordonnaa- 

LU 


45© 


O  R  F 


Ces,  Avant  de  feift  le  travail  des  pièces  d'arfèvre- 
rîs,  e)1e»  doivent  être  marquées  du  poinçon  du 
fermier,  &.  d:  celui  de  U  maifon  commune. 

Tripolib;  c*oft  donner  le  troifiéme  poli  h  un 
ouvrage»  avec  U  mattére  du  tripoli  pulvériféc  & 
détrempée  dans  de  l'huile  ou  de  Teau,  * 

Tro/^chet;  c'c(l  proprement  le  billot  fur  le- 
quel ïe  moment  les  bigornes  ,)es  u%  &  les  boules 
de  taure  elpéce.  t.  *  '  cfl  percà  à  cet  etlet 

de  rrx)us  de  divcrfô  i:rs, 

TrU5QUIN  ;  outil  dom  Tufage  ordintîre  efl  de 
marquer  rcpaiflTeur  des  tenons ,  &  la  largeur  des 
mortaîfes. 

Tuile  ;  c*eft  une  efpêce  de  llugotiére ,  compofèe 
de  deux  pkques  de  f5r ,  montées  fur  lin  chaflis  de 
même,  environnées  d'un  lie tt  d'une  feule  pièce ^ 
dans  lequel  on  lès  preffe  plus  ou  moins  avec  des 
mns,  ielon  que  l'on  a  p!us  de  matière  à  y  jeter. 
Cette  imachine  paroit  d'abord  plus  commode  qu'une 
lingotiére,  parce  quelle  rend  là  matière  d^une 
forme  qui  approche  plus  de  celle  qu'on  veut  lui 
donner;  mais  elle  la  rend  ventcufe. 

Vaisselle  fargeru  ^Àmèri^ac  {^orfcvrtrh  d!' Amé- 
rique). Ufe  fabrique  dans  rAmèrique  cfpagnole  , 
quantité  de  vaiffcUc  d'^r^tm ,  qui  fait  une  pan  je  du 
commerce  di  contrebande  qia;^^  les  vaiiTeàux  des 
autres  nations  de  TEuropc  ont  coutume  de  faire  ^ 
foit  fur  les  côtes  de  la  mer  du  nord ,  foit  fur  celles 
de  la  mer  du  fud.  Les  profits  fur  cette  marchan- 
djfe    font  très-grands  ;   mais   pour    n'y  être    pas 
trompé,  il  faut  être  inflruit  de  la  différence  qu*il 
-y  a  entre  \^v(tiJfelU  qui  eft  fabriquée  au  Pérou, 
^cc  celle  qu'on  fait  au  Mexique. 
*     £n  général,  il  n'y  a  rien  de  fixe  ni  de  pofîtîf 
•fur  le  titre  de  cette  vaiJfdU  ,  le  prix  n'en  étant  pas 
Véglé ,  &  les  orfèvres   travaillant  comme  il  leur 
plair.  Celle  du  Mexique  eA  la  meilleure,  quoique 
pourtant  elle  diffère  de  quatre  à  cinq  pour  cent  du 
titre  des  piaftrcs ,  fuivant  qu  il  y  a  plus  ou  moins  de 
foudmc* 

La  rmffe..e  qui  vient  du  Pérou  eft  encore  plus 
fflîetre  inx  alliages  forts  ;  eat  il  y  en  a  ^li  ne  rend 
pss  neuf  dç^nirrs  &  demi  de  fin ,  quoique  ce  foit 


o  R  F 

de  la  vaîJfelU  plate  ,  enforte  qu'il  n*cn  faut  icKetc t 
qu'à  un  bas  prix.  Elle  ne  vaut  ordinairement  que 
lept  piaftres  6c  demie  le  marc.  Sav^ry, 

Vase  ;  les  orfèvres  travaillent  à  toutes  fortes  de 
v»ifts  ,  foit  pour  les  églifes  ,  foit  pour  les  particu- 
liers. Il  faut  ici  leur  faire  connoitte  le  livre  dun 
italien  fort  curieux  fur  leur  art ,  c'eft  celui  de  Jcii 
Giadini  :  ij  a  public  k  Rome,  en  17^0, //ï-yînv, 
des  modèles  de  pièces  d'orfcvreric  ,  propres  à  tour* 
nîr  des  idées  pour  inventer  &  faire  toutes  ibrtd 
ào-vafei  élégans  ,  d'or ,  d'argent  ou  autre  mcul.Ca 
ouvrage  contient  cent  planches  gravées  fur  cuivre, 
&  oui  font  d'un  fort  beau  deffin. 

Vente  ;  il  e(l  défendu  d'expofer  en  vente  aucun 
ouvrage  d'orfévrerîe ,  avant  qu'il  ne  fok  m^Uf 
des  poinçons  de  maître,  de  maifoncon? "**''"  ^-  h 
fermier ,  tam  aux  pièces  pinci pales  que 
&  que  la  foumiffion  n'ait  été  déchargée  o^  ic  uru«t 
payé ,  à  peine  de  confifcation  &  d'amende, 

Verd  (<?r)*  c'eft  de  l'or  allié  d'argent. 

Vermeil;  les  ouvrages  de  vermeiT payent  les 
droits  comme  l'argent. 

Vermeil  por£^  les  orfèvres  noroinencsinfib 
ouvrages  d'ar^nt  qu'ils  dore  fit  au  feu  avec  de 
l'or  amalgatné. 

Vierge  (c^r)j  c'eft  de  Tor  pâle  qui  ûefl  pont 
allié  de  çuivrct 

Vinaigrier  ;  c^eil  une  forte  de  petit  va&de 
vermeil  doré,  d'argent,  d'ctain ,  de  fayence,de 
crida!  ^  &c.  ou  Ton  met  du  vinaigre  qu'on  fat 
fur  table.  Il  efl  compofc  d'un  corps  ,  d'ftn  Ciu* 
vercle ,  d'une  anfe ,  d'un  biberon  o:  d*un  pied. 

Visites;  les  gardes  -  orfèvres  font  des  rîfitti 
cher  leurs  confrères  pour  le  maintien  des  rédemenv 
Les  commis  du  fermier  peuvent  faire  auffi  de$vi/f« 
affligés  d'un  officier  de  î'EJeftion. 

VoiE-skCHE  ;  c'eft  U  diffolutîon  de  l'argent  pir 
le  foufre  ,  procédé  que  Ton  nomme  autremem 
départ  ftc^ 

VoitER  ;  en  terme  d'orftvperîe  ,  c'cft  l'aôkift 
de  céder  à  ItmpreÔion  du  feu,  defairi  00  m 
fouffle  du  moincire  vent*  On  dit  d'une  pièce  intiicc 
qui  fe  plie  a'ifémcnt ,  qu'elle  vmU\ 


''jiij:.'Ki  r.   M.n  •  'j* 


I 


ORSEILLE    ET    ORCANETTE. 


(  Art  d'en  faire  usage  ). 


ORSEILLE. 


o. 


'N  diftîngiie  deux  cfpèces  SorfùlU.  L'une,  qui 
cft  la  plus  commune,  k  moins  chères  mais  auilî 
Il  moins  belie  &  la  moins  bonne,  fe  nomme 
QrCtdlc  d*AuvtTpït  ou  de  tftre^  Elle  fe  fait  avec  la 
ptrcUc ^  qui  eft  une  efpèce  de  croûte  végétale,  ou 
de  mou  (Te  qu^on  ramaiTe  fur  les  rochers.  On  la 
broie,  on  la  mêle  avec  de  la  chaux,  &  on  Tar- 
rofe  pendant  pltifîeurs  jours  avec  de  l'urine  fer* 
mentàe.  Au  bout  de  huit  ou  dix  jours,  elle  de- 
vient rouge  en  fermentant ,  &  fourmi  abrs  une 
couleur  propre  pour  la  teinture. 

Uautre  efpèce  eft  la  plus  cftimée  ;  elle  donne 
h  couleur  la  plus  belle ,  la  plus  vive ,  &  en  plus 
grande  abondance  ,  tant  fur  la  laine  que  fur  la 
loie.  Elle  féfifte  aufli  davantage  aux  épreuves  du 
dèbouilli.  Elle  e^  préparée  avec  une  forte  de 
mouflTe  ou  de  licheo  qui  croit  fur  ks  rochers  des 
îles  Canaries,  C'eft  auffi  Tefpécc  la  plus  eAlmèc  , 
qu*on  nomme  orfâlU  d*kcrhc ,  ou  dts  Canaries ,  ou 
du  Cap-Vert.  On  prépare  cette  orfeîlle  à  Lyon, 
à  Paris,  en  Angleterre  &  en  quelques  autres  en- 
étroits  ,  fur-tout  à  Amfterdam, 

Cependant  les  ouvriers  qui  préparent  1  orfcîlle 
dlierbc»  font  une  forte  de  myllére  de  leur  mani- 

Fulation;  mais  M,  Hellot ,  célèbre  chimifle,  de 
académie  royale  des  fciences ,  a  trouvé  un  procédé 
funple  &  facile  pour  la  préparation  de  lorfeille, 
que  voici  : 

M,  Hellôt  pt4t  une  demi* livre  d*ôrfeiîle  du  Cap- 
Verd  ,  hachée  ou  coupée  bien  menue  ;  il  la  mît 
dans  un  vaifleau  de  criïlal,  y  verfa  de  Turinc 
fcrmentée  ce  qu'il  en  fallut  pour  la  bien  huntcdter; 
puis  il  y  ajouta  une  once  de  chaux  éteinte  pour 
la  première  fois  ;  il  remua  ce  mélange  de  deux 
heures  en  deux  heures  dans  la  première  journée, 
ayant  foin  à  chaque  fois  de  recouvrir  le  vaiffeau 
avec  ion  couvercle  de  crjftal. 

Le  lendemain  il  ajouta  encore  un  peu  d'urine 
fermemée  &  un  peu  de  chaux  ^  mais  fans  la  noyer  ^ 
fie  il  aeita  ce  mélange  quatre  fois  dans  le  fécond 
jour.  L'orfeille  commença  alors  à  prendre  une 
couleur  pourpre  ,  mais  h  chaux  reAoit  blanche* 
Le  volatil  urineux  qui  s'eihaloit  lorfqu  il  kvoit 
le  couvercle,  étoit  fort  pénétrant. 
Le  irolfiéme  jour,  il  mie  encore  un  peu  d*iirine 


&  un  peu  de  chaux ,  &  il  Tagita  quatre  fois  en 

différens  temps.  "  ' 

Le  quarriéme  jour,  la  chaux  commença  ï  prendre 
une  couleur  pourprée. 

Enfin  tout  étoit  d  un  pourpre  clair  au  bout  de 
huit  jours.  Ce  pourpre  devint  foncé  de  plus  ca 
plus  pendant  les  huit  jours  fuivans.  Ainfi,  au  bout 
de  quinze  jours  ,  Torfeille  ctott  très-propre  à  four* 
nir  une  bonne  teinture. 

Il  eil  donc  démontré ,  par  ce  procédé  de  M.  Hel- 
lôt ,  que  rurine  &  la  cliaux  éteinte  peuvent  fervtr 
feuls  à  bien  préparer  Torfeille  <,  fur- tout  fi  on  l'agite 
&  fi  on  la  pile  pour  la  réduire  en  pàtc, 

Tout  le  fecret  ne  confiile  qu'à  développer  la 
couleur  rouge  que  peut  fournir  cette  plante ,  en 
emptoyaui  un  volatil  urineux  excité  par  un  aUcalî 
terreux. 

Si  Ton  veut  que  la  pâte  d'orfeillc  prenne  une 
odeur  de  violette  >  il  ne  s'agit  que  d*ôter  le  cou* 
vercle  qui  ferme  le  vaiffcau  dans  lequel  on  a 
préparé  cette  pâte  ;  au  bout  de  quelques  femaînes 
elle  a  en  effet  une  odeur  ue  violette. 

La  férelU  ou  orfeille  de  terre  préparée  de  cette 
manière,  &  avec  les  mêmes  foins,  fournit  auiTî^ 
au  bout  de  quinze  jours  »  une  afTez  belle  couleur* 

On  peut  tirer  par.tllcment  un  a^cz  beau  rouge 
de  pkîfieurs  autres  efpèces  de  moufles.  M.  Heilot 
en  a  préparé  qui  verioicnt  de  la  forêt  de  Fontai» 
nebleau.  Il  en  a  obtenu  ,  par  rînterméde  de  la 
chaux  &  de  l'urine  >  une  ce^ukur  ponrprt. 

D'ailleurs  il  indique  un  moyen  bien  feciled*ef- 
hyér  les  moufles  qui  peuvent  être  propres  à  fubir 
ce  changement.  Il  f^ut ,  dit -il,  mettre  dans  un 
petit  vaie  de  verre  deux  gros  de  Tcfpèce  de  mouiïc 
dont  on  veut  faire  ré|>reuvc;  on  les  humeéle  de 
Pefprit  volatil  de  fel  ammoniac,  &  de  partie  égale 
d*eau  de  chaux  première  :  on  y  ajame  une  pincée 
de  (ti  ammoniac  ;  enfuite  on  ferme  le  vai^eau 
d'une  veffie  mouillée  qu'on  lie  autour  du  bocal', 
parce  que»  dans  la  préparation  de  rorfcille,  il  eft 
néceflaire  d'empêcher ,  dans  le  commencement  de 
Topération  ,  rcvaporatiRn  de  Talkalt  volatil  uri- 
neux ,  attendu  que  c*eft  lui  feul  qui  développe  la 
couleur  rouge. 

Au  bout  de  trois  ou  quati^  j»urs ,  iî  le  lichen; 

LH  a 


452 


O  K  S 


cl  qu'il  Cuit^  cfl  de  nature  à  donner  du  rouge, 
le  {>cu  de  liqueur  qui  coulera  en  inclinam  le  vaif- 
feau  où  Ton  aura  mis  la  plante,  fera  teint  d'un 
rouge  foncé  cramoifi ,  ôf  la  liqueur  i'iivaporant 
cnfuite ,  la  plante  elle  -  m  à  me  prendra  cet  te  cou- 
leur. 

Si  la  liqueur  ni  la  plante  ne  prennent  point 
cette  couleur,  on  ne  peut  rien  en  cfpérer,  &  il 
eft  inutile  de  tenter  (a  [-Tép^ration  en  grand. 

Le  moyen  de  connoi  re  fi  lorfcilie  que  Ton 
achète  eil  bonne  ,  tk  Ci  elle  donnera  une  tein- 
ture folide,  cû  d'applî^ucr  de  cette  pdte  un  peu 
liquide  fur  le  dos  de  la  msin  ,  de  l'y  laLfler  fé*- 
cher,  Ôt  de  la  laver  enfutte  à  Teau  froide  ;  fi  cette 
tache  y  relie  feulement  déchargée  d'un  peu  de 
couleur,  on  juge  que  l'ûrfcillc  eftbonne^  &  qu'elle 
fournira  un^  teinture  foUde. 

li  faut  gjfder  la  pâtcr  d\'rfci!le  dans  un  lieu 
frais ,  afin  quVUe  fe  dure  fTe  moins. 

L'orfeiUc  donne  fa  couleur  ég^ilement  à  Teau  & 
à  refpn>dt-vin  j  il  fuffira  de  l  y  fiire  infufer  à 
froid  pendant  vingt  quatre  heures,  en  la  remuant 
de  temps  en  lemp»,  après  quoi  11  hiiâ  laiffcr 
repofer  la  liqueur  col<Tée  pour  la  tirer  claire  en 
la  décantant ,  ou  avec  un  fyphon. 
1  Obfervtz  que  la  teinture  d'orfeillC|  fur- tout 
celle  qui  eil  à  leau  pure,  eft  fujetfc  à  perdre  fa 
coultur  quand  elle  n.ûc  en  repos  thns  un  lieu 
frais;  mais  elle  la  reprend  de  mèmç  Ci  on'ragite 
un  peu,  en  Itii  procurant  le  contadl  d'un  air 
nou\caii» 

Cçft  ce  que  Ton  pratique  pour  rendre  à  la 
liqueur  des  thenncinèrres  fa  couleLr* 

L*unc  6c  Tautre  oifeilie  s'emploient  communé- 
ment en  les  délayant  dans  de  Tcau  tiède*  On 
augmente  enfuite  la  chaleur  jufquà  ce  que  le 
bain  foit  prêt  à  bouillir  ,  &  on  y  plonge  1  étoffe 
fans  aurre  préparation  que  d^  tenir  plus  long- 
temps celle  à  laquelle  on  veut  donner  une 
nuance  plus  foncée. 

La  coul-ur  naturelle  de  Torfeille  eft  un  beau 
gris  dt'lin  tirant  fur  le  violet;  msis  en  donnant 
précédemment  à  Tetcffe  une  couleur  bleue  plus 
ou  moins  foncée,  on  en  tire  la  couleur  de  pen- 
fée,  d'amarante,  de  violette  &  de  quelques  autres 
lembbbles* 

Ces  couleurs  font  belles ,  mais  elles  n'ont  pas 
Mnc  grande  folidité  ;  on  tenreroit  même  inutile- 
ment de  les  affurcr  en  préparant  Tétoffe  dans 
le  bouillon  de  tartre  &  d'alun. 

Il  eft  vrai  qu'on  peut  tirer  de  rorfcille  une  cou- 
leur ptefqu  aiiiTi  folide  que  celle  du  bon  teint , 
en  rcnsployanr  comme  on  ftit  ta  cochenille»  avec 
la  difibiuiion  d'éiain  par  refprit  de  nitre  rcgalifé  ; 
mais  cette  couleur  ne  fera  plus  celle  de  lorfcille; 
au  lieu  du  gris-de-lin,  on  aura  une  couleur  icm- 
blable  i  U  dcmi-écariate.  La  chaux  d'ctaîn  blanche 
par  cUe-m^me  s*etant  mélce  avec  la  matière  colc- 
ranrc  ,  en  a  éclairci  la  nuance. 
L'orfeiUe  des  Can  atics^  fimplement  délayée  dans 


ORS 

Teau  ;  &  appliquée  à  froid  fur  le  marbre  blanc ^ 
lui  communique  une  belle  couleur  bleue  plus 
moins  fcncéc  ,  en  la  laiflani  plus  ou  moins 
t:mps  fur  le  marbre,  &  en  y  en  remettant  à  me- 
fure  qu'elle  fe  sèche.  La  couleur  devieat  trèi- belle 
en  moins  de  vingt-quatre  heures  »  &  pénètre  très- 
avant. 

Si  Ton  fe  fert  de  Torfeille  d'herbe  ou  des  Ca» 
narîcs  préparée  à  Tordinaire  ,  c'eft-à-dire,  avecla 
chaux  &  Turine,  ou  quelques  autres  ingrédiens 
femblables  ,  la  coulei*r  fera  plutôt  violette  que 
bleue  ;  mais  pour  avoir  un  vrai  bleu ,  il  faitt 
qu'elle  foit  préparée  avec  du  jus  de  citron  ,  &  il 
n  y  a  point  à  craindre  que  cet  acide  endommîge 
le  marbre,  parce  qu'il  efl  entièrement  émoufljfc  fl| 
abforbé  îojfqu'il  a  été  travaillé  aveC  rorfeille  afa 
long-temps  pour  La  faire  venir  en  couleur. 

Pour  employer  cette  coukrirr,  il  faut  que  11 
marbre  foit  entièrement  froîd»  On  la  met  atte 
te  pinceau  ;  mais  comme  elle  s'étend  b#aucilip« 
on  ne  la  peut  employer  qifà  faire  de  pMnéiS 
veines  qui  ne  font  pas  bien  eiiaâement  termÎDéefi 
à  moins  qu'elles  tic  touchent  îmmédiaFeaieiit  in 
parties  colorées  avec  le  faog -de-dragon  oti  b 
gomme  gutte ,  auquel  cas  elle  s'arrête.  On  la  cov* 
tient  auilî  avec  la  cire  ,  foirt  col<>rèc  ,  fi  ronreuf 
les  veines  colorées ,  foii  blanche ,  fi  Fcn  veut  que 
les  veines  demeurent  blanches,  ce  qui  fe  pcct 
exécuter  avec  afiTez  de  précifion. 

Si  cette  couleur  a  Tinconvénient  de  s^étembf 
plus  qu*on  ne  veut ,  elle  a  auffi  deux  avamigéf 
trés-confidérables.  Le  premier  eft  quelle  cfl  d'woc 
grande  beauté ,  Ô£  même  au-defî'us  de  tout  ce  qui 
iù  peut  rencontrer  naturellement  dans  le  marbre; 
Tautre  eft  qu'on  peut  la  parfTer  fur  des  veines  et 
rouge,  de  brun  oc  de  jaune,  fans  qu'elle  les  en- 
dommage »  &  qu'ainfi  elle  eft  extrêmement  facile 
à  employer. 

Il  femble  qu'on  pourroit  foupçonner  cerrccorh 
leur  de  n'être  pas  des  plus  folides ,  parce 
teurnefol  tk  l'orfeille  changent  fort  vite  ex 
fcnt  à  Tair;  cependant  M,  Dutay  a  vu  des  mor- 
ceaux de  marbre  teints  de  la  forte  depuis  tîfvï 
ans,    Cins   qu'ils   aient  fouffert  aucune  a 
fenfible  ;  au   lieu   que    le    fafran  ,    le  tau.  «  -^ 
quelques  autres  matières  perdoienr  en  peu  de  joar* 
une  grande  partie  de  leur  couleur;  d'où  Ton  petit 
conclure  que  fi  cette  teinture  n'tft  pas  zvCCi  Coï^ 
que  le  rouget  le  jaune ,  elle  ne  laiflera  pisdf 
confetver  longtemps  fa  beauté  Si  ion  éclat. 

M.  Dufay  fait  encore  une  obfcrvaiion  ;  c'ci  f* 
cette  couleur,  qui  pénétre  extraordînaiTeiliaKlc 
marbre,  &  quelquefois  de  plus  d*un  pootc^lt 
rend  un  peti  plus  tendre  &  plus  itiablcqu^il  n'étoii 
auparavant ,  lorfqu'on  fe  fert  de  la  leffire  ik  duMi 
ôc  d'urine* 

Cet  inconvénient  ne  mérite  aucune  atremiofiloct 
qu'on  ne  veut  faire  que  des  taches  ou  qticiqoes  «é* 
ncs  bkues;  mai^  fi  Ton  vouloit  tciodira  toute  wê 
table  de  cette  couleur,  &  la  rendre  txtttmmeû 


ORS 

foncée  en  y  remettant  plufieurs  coyches,  il  ferait  à  1 
cuiijdrc  qu*on  ne  la  rendit  pir-là  plus  facile  à  rom-  I 
prccn  la  ch  rgeant  ;  car  il  iemble  ,  à  rexpèrience, 
que  le  marbre  »  extrèoiemetit  pénétré  de  cette  tein- 
ïuft,  fe  caffe  plus  facilement  qu  auparavant;  mais 
«Il  ne  peut  arriver  dans  des  pièces  folides,  comme 
d«  cheminées,  ou  lorfqu  on  ne  voudra  pas  les  tein- 
dre entièrement  de  cette  couleur  ,  ou  quand  on 
n'emploiera  que  VorfeUU  j  Amplement  diffoute  avec 
l'eau  commune* 

Orcanette, 

L*orcanette  eft  une  plante  qui  pouffe  à  la  hau- 
teur d'environ  un  pied  ,  pliifieurs  liges  qui  fe  cour- 
bent vers  la  terre.  Ses  feuilles  fom  femblabks  à 
celles  de  la  buglofe  fauvage,  longues,  garnies  de 
poils  rudes.  Ses  6eurs  naiirenc  aux  fommités  des 
branches;  elles  font  faites  en  entonnoir  à  pavillon 
découpé,  de  couleur  purpurine. 

Quand  cette  fleur  eft  paffée,  il  paroît  à  fa  place 
dans  le  calice  qui  s^èlargit,  quatre  fcmenccs  qui 
€»DC  la  figure  d'une  tête  de  vipère  ,  de  couleur 
cendrée* 

La  racine  eA  graffe  comme  le  pouce  »  rouge  en 
{on  écorcc,  hlanchâcre  vers  le  cœur. 

Cette  plante  croit  dans  ïe  Languedoc  ^  en  Pro- 
venre,  aux  lieux  fablonneux.  Si  fleurit  en  Mai, 
On  fait  fécher  fa  racine  au  foleil ,  ëcon  l'envoie 
aui  droguiftes  qui  la  débitent,  EUe  fert  en  phar- 
iDicie  à  donner  une  teinture  rouge  aux  médica- 
«ens  qu'on  veut  dcguifer ,  Si  aux  teinturiers  pour 
feindre  en  rouge.  C'étoitle  fard  des  anciens. 
Comme  il  n'y  a  que  l'écorce  de  la  racine  qui 


ORS 


455 


foumiffe  de  la  couleur  ,  il  faut  cliolfir  la  plus  menu^ 
On  ne  peut  teindre  avec  la  racine  d'orcanettc, 
qu*iine  matière  graffe  ou  fplritoeufe,  comme  Tef- 
prit-de-vin  ;  c'eft  pourquoi  on  la  biffe  infufer  dans 
l'huile  de  noix,  dans  refprit  de  térébenthine ,  ians 
refprit-de-vin  ,  ôic.  &c,  ;  fi  Ton  veut  teindre  une 
grsiffe  ou  de  la  cire  blanche,  on  la  fait  fondre,  & 
on  y  fait  tremper  cette  racine  en  petits  morceaux 
pendant  quelques  minutes. 

La  bonne  orcaneite  de  France  doit  être  nouvelle  » 
fouple,  quoique  fèche,  d'un  rouge  foncé  en  deffus, 
blanche  en  dedans  »  avec  une  petite  teinte  de  cou- 
leur bleue. 

Cette  racine  étant  mûiiillée  ou  fèche ,  doit  tein- 
dre d'un  beau  vermeil ,  en  la  frottant  fur  Tongle  ou 
fur  la  main» 

On  apporte  du  Levant  en  Europe  rorcanetre  dire 
de  ConftantinopU.  Cette  orca nette  du  Levant  eft 
auffi  une  racine  affez  fou  vent  greffe  comme  le  bras  > 
&  longue  à  proportion.  Elle  ne  psroit  à  la  vue  qu'un 
amas  de  feuilles  affez  larges  ,  roulées  Se  tortillées  à 
la  manière  du  tabac.  Au  haut  il  y  a  une  efpèce  de 
moififfure  blanche  &  bleuâtre,  qui  efi  comme  la 
fîeur.  Cette  racine  ell  inclce  de  différentes  cou- 
leurs ,  dont  les  principales  font  le  rouge  &  le  violer. 
Dans  le  milieu  il  y  a  une  efpèce  de  moelle  couverte 
d*une  écorce  très- min  ce,  rouge  par- deffus  &  blan* 
che  en  dedans, 

ily  a  grande  apparence  que  toiit  cela  cfl artificiel. 
Auffi  Tufage  de  cette  forte  d'orcanctte  doit  être  dé- 
fendu aux  teinturiers  du  grande  du  périr  teint ,  ps^r- 
ce  qu'elle  fait  un  rouge  brun  tirant  fur  le  tanné ,  qui 
ell  une  trè$<mauvaife  couleur  6c  peu  affurée. 


454 


O  R  T 


O  R  T 


ORTIE. 

(  Art  de  cultiver  et   d'employer  cette  plante.  ) 


Par  3/.  Je  Baron  de  Servleres. 


R, 


I E  N  lî'ell  plus  à  défirer  que  de  voir  la  culture 
de  l*ortie  généralement  adoptée*  Par  elle ,  on  pourra 
bientôt  fertilifer ,  du  moins  en  partie ,  les  fables 
d'Olonne ,  ïes  landes  de  Bordeaux ,  &  quelques 
cantons  arides  de  la  Sologne,  de  la  Champagne  & 
du  Berri.  Les  cultivateurs  qui  feront  des  elTais  en 
ce  genre,  ne  manqueront  pas  fans  doute  d'en 
communiquer  les  réfultais. 

De  toutes  les  efpèces  d  orties ,  on  ne  cultive  que 
la  grande  pour  le  bétaiL  Nous  la  nommons  ortie 
pigrièch ,  &  les  Latins ,  unica  urens. 

On  peut  cultiver  la  petite  ortie  à  fleurs  blanches. 
Pour  mieux  jouir  dVne  ample  récolte  de  fleurs ,  on 
en  prépare  la  terre  au  printemps  dans  un  coin  du 
jardin  ;  &  comme  alors  elle  poufle  en  touffes , 
par- tout  oii  elle  vient  naturellement,  on  la  lève  & 
on  la  tranfplante  dans  dt;s  rayons  diflans  d'un 
pied  :  on  les  place  en  quinconce  également  à  un 
pied* 

Les  orties  croîflent  en  touffes ,  qui  fe  chargent 
continuellement  de  fleurs.  On  les  cueille  tous  les 
[Ours. 

Cette  plantation  pérît  peu-à-peu  dés  le  folftîcc 
d'été  :  fi  Ton  juge  ^  propos  de  lai  (Ter  quelques 
plantes  monter  en  graines  ,  elles  fourniront  le  plant 
pour  Tannée  fuivante»  fans  fe  donner  aucun  loin  : 
ces  plantes  ainfi  rangées  »  reflemblent  beaucoup 
die  loin  aux  fraiflers  des  jardins, 

La  grande  ortie  efl  vivace  :  on  la  multiplie  de 
plants  enracinés  ,  tout  comme  on  fait  de  la  lavan- 
de ,  de  TeAragon ,  de  h  niélifle  ,  &c,  &c. 

A  cet  effet,  on  prépare  la  terre  dès  l'automne  , 
&  Ton  plante  fur-lc-champ  les  racines  qu'on  a 
rafraîchies  :  le  labour  doit  être  alTer,  profond  pour 
que  les  racines  foient  pofées  droites.  On  les  cou- 
vre jufqu'au  collet  ;  &  par-dcflu* ,  on  féme  un 
pouce  de  terreau  ou  de  feuilles  de  forêt,  qui  y 
pourriffcnt  pendant  Vhiver,  On  a  foin  qu*il  y  ait 
a  chaque  plant  environ  un  pouce  de  U  tige  qu'on 
laifTe  à  l'air  libre. 

L'on  foule  la  terre  le  long  des  rangée  de  ta 
pbnution ,  aAn  d*cmpècher  leur  dèchauffement  ; 
6i  quand  il  arrive ,  il  efl  ncceffaire  d  y  faire  un 
fccuuvrcm^m  an  printemps  fuivant. 


Lorfqu*on  plante  les  onies  ,  on  peut  commen- 
cer à  les  récolter  dés  Tannée  fuivantc  ;  il  eR  rm 
que  la  récolte  en  eft  très-petite  :  elle  devient  plus 
abondante  la  féconde  année;  mats  à  la  troifiémi 
elle  efl  en  plein  rapport» 

On  fème  auffi  les  orties  r  la  graine  en  eft  mht 
dès  les  premiers  jours  d*août.  La  préparation  de  li 
terre  clt  la  même  ;  mais  on  féme  la  graine  comme 
toutes  les  graines  fines  ,  qu  on  mêle  avec  fit  par- 
ties  de  cendres  ou  de  terre  fine*  Cette  fcmaiile  te 
fait  toujours  en  automne*  Il  eft  inutile  de  recou- 
vrir la  terre  ;  la  charrue  Tenterreroit  trop ,  k  îi 
hcrfe  ne  feroit  que  la  déplacer  inutilement. 

On  ne  touche  point  Tannée  fuivantc  aux  Jcunei 
orties ,  &  l'automne  on  les  couvre  de  terreau 
léger»  ou  de  fumier ,  également  léger,  femé  clair; 
mais  on  a  le  plaifir  d'en  jouir  à  la  troîfiéme  année  , 
6c  rien  n'eft  plus  focile  que^de  perpétuer  cette  jooî(' 
fance  ;  car  il  fuffît  de  laiffer  d'efpace  en  efpace  , 
quelques  plantes  monter  en  graines  i  iorfqu**!!^* 
font  mûres ,  le  vent  les  (éma  de  cùté  &  cl 
&  ces  jeunes  plantes  fuffifent  pour  repcir 
champ. 

Ofl  a  foin  de  changer  tous  les  ans  les  places  det 
plantes-méres  ,  pour  mieux  régler  la  chute  de  leurs 
femeûces. 

Cette  culture  eft  affez  femblable  à  celle  de  U 
luzerne  »  qu'on  multiplie  également  de  graîfl<s  &  de 
plants  enracinés. 

Lortie  fe  plaît  dans  les  bons  terrains,  &  y 
vient  à  fix  pieds  de  hauteur  ;  mais  on  lui  dcftiflc 
ordinairement  les  plus  mauvais  »  ceux  ou  k  ûtn* 
fin  ceffc  de  croître. 

C'eftavec  elle  qu'on  tire  parti  des  rochers  pour- 
ris/des  côtes  pic  rre  a  fes  ,  en  pente,  &  de  tous 
les  terrains  en  général  dont  on  ne  peut  rtcn 
faire, 

Lorfqu^oo  en  garnit  les  rochers ,  on  y  tk^asA 
ordinairement  une  couple  de  pouces  de  tore,  & 
on  féme  par-deffus  :  on  a  foin  que  les  pfnies  m 
Tentrainent  dans  le  bas  «  en  les  garniilkm  de  brau^ 
failles. 

Ces  plantations  étant  entretenues  par  des  pUmes* 
mcres ,  &  de  temps  en  temps  par  quelque  tene 


O  R  T 

i  Iruf  ùrve   d*appui  &    d'engrais  ,  font  étcr- 

iUcs,  &  on  a  le  bonheur  de  rendre  utiles  les 

Qx  les  plus  in«;rats* 

Les  oriîcs  croilîent  très-bien  dans  les  foiTès,  qtiol- 
f{iàk  Vomhrt ,  pourvu  qu  ils  fotent  fecs  ;  on  en  a 
pln%  d'un  exemple. 

►  L'onie  vieille  &  en  graine  n*eft  bonne  que  pour 
b  Uiièrc  :  le  bétail  la  répugne  par  rapport  a  fon 
odeur  forte,  à  fes  piquans ,  &  fur-tout  aux  arai- 

«fnccs  qui  font  leurs  toiles  fur  fes  grappes.  On  ne 
luroit  trop  éviter  d*cn  fervîr  en  cet  état. 

Pour  donc  en  donner  au  bîtail  qui  lui  foit  agréa- 
Wc,  il  faut  la  couper  toutes  les  fe  mai  nés  i  alors 
MSlIe  fera  jeune  tendre  ,  6c  de  bon  goût*  On  ne 
la  fett  jamais  feule,  ni  en  vert  ni  en  fec  ,  parce 
qu  elle  eft  un  amer ,  &  que  par  conféquent  elle 
échauffe  les  vaches  ;  ûi  en  la  mêlant  au  fourrage , 
il  fuffit  d*un  huitième  fur  la  nourriture  ordi- 
naire. 

Les  Suédois  coupent  l'ortie  en  très-petites  lon- 
gueurs »  &  ne  fervent  aucun  foutrage  fans  qu  elle  ne 
loit  de  la  partie. 

^On  fait  avec  Tonie  quatre  récoltes  par  an  ^  dont 
*  plus  fone  eft  toujours  la  première.  On  la  fait 
«cher  comme  le  foin  ,  &  on  la  fcrt  mêlée  avec 
le  trefîc  ,  Je  foin  ou  le  regain  &  la  paille. 

En  hiver,  on  fait  bouillir  de  l'eau  vers  le  foir  , 
ti  on  la  jette  fur  un  baquet  plein  d'ortfès  ;  elles 
infufenc  toute  la  nuit  »  &c  le  lendemain  matin  on 
fait  déjeuner  les  vaches  avec  ces  plantes,  &  on 
leur  en  fait  boire  Teau  ,  que  le  bétail  aime  d'au- 
lanr  plus  ,  qu'ordinairemeiK  on  met  dans  ce  liquide 
lin  peu  de  fcL 

Quand  on  fert  du  foir,  des  recoupes ,  de  Torgc  , 
de  Ta  vol  ne  êi  autres  farineux  aux  vaches ,  il  eft 
loueurs  bon  d'y  mêler  un  peu  d  orties  hachées. 

Un  des  mérites  de  Tortie  eft  de  jaunir  le  beurre  : 
U  eft  prouvé  qu'à  cette  qualité  ,  qui  eft  précicufc 
en  hiver,  cette  plante  joint  celle  de  rendre  beau- 
coup  dccrùme,  &  dVntretenir  en  bon  état  le  bé- 
uil,  parce  qu'elle  eft  à-la-fois  anti-fcptique  &  alté- 
rante ;  cVft  pourquoi  on  ne  la  fert  jamais  feule  au 
béait. 

Elle  eft  la  première  des  plantes  qui  croiffcnt  au 
printemps,  dans  les  endro  ts  arbités  &  cxpofés  au 
midi  ;  Vortie  a  déjà  ptufieurs  pouces  de  hauteur  , 

Jtie  les  autres  plantes  n'ont  pas  encore  remué.  Elles 
orcni  le  beurre  du  carême  ;  ai  Ton  préfume  qu*cllcs 
font  une  des  eau  fes  de  la  bonté  du  beurre  de  la 

L*arpcnt  royal  d'ortie ,  bien  cultivé ,  &  dans  un 
Wn  terrain  ,  donne  en  quatre  récoltes  dix-huit 
chariots  de   fourrage  fcc  ,  ce  qui  peut  régler  le 

EToprî Claire  ,  en  admettant  la  conlommatlon  au 
uinéinc^ 
L'onie  ne  craint  aucune  géléc  ni  aucune  intem- 
périe. La  récoke  d'une  ortiéte  bien  foigncc  ne  man- 
que jamais  k  caufc  du  irtiid  ou  de  la  chaleur ,  de 
U  fcchereflre  ou  de  Ihumidité. 
On  doit  toujottn ,  tk  dans  tous  les  temps  , 


o  R  T 


'455 


interdire  au  bétail  l'entrée  des  ortïçrcs  >  parce  qu  11 
gâte  les  plantes  en  les  foulanr  fit  les  trépignant ,  6; 
qu  il  ne  doit  jamais  manger  fcul  cette  efpéce  lîc 
fourrage.  Les  champs  doivent  être  tenus  foigncufc- 
mcnt  clos  ;  Us  clôtures  font  une  des  pnhcipriles 
caufes  de  leur  profpérité. 

Parmi  les  engrais  qu'on  peut  leur  donner,  les 
mortiers  des  démolitions  des  vieux  bâtimcns ,  font 
regardés  comme  un  des  meilleurs  ,  tk  c  eft  fort 
ailé  à  comprendre,  puifqu*ils  font  très-riches  en 
alkali  &  en  nitre. 

Une  très-excellente  nourriture  fournie  en  autom* 
ne  au  bétail,  a  été  du  farrafin  en  flcur  &  en  laie  > 
mêlé  à  la  proportion  du  tiets  fur  une  moitié  de 
regain  ,  ik  un  fixiéme  d'orties  fraîches ,  qu'on  avoir 
afpergécs  un  peu  d'eau  falée  :les  vaches  ,  pendant 
cette  période ,  ont  donné  du  lait  auift  abondam- 
ment ,  fit  le  beurre  a  été  aufti  délicat  6c  aulft  dora 
qu*:îu  printemps. 

,  Une  obfervation  générale  en  Suède ,  depuis  pîu- 
fieurs  fièclcs ,  cfl  que  les  vaches  qui  mangent  de 
Toriic ,  ne  font  plus  fujettes  aux  épizooties  ,  ik 
qu'elle  contribue  à  la  guértfon  de  celles  que  ce  fléau 
a  attaquées ,  étant  adminiftréc  de  bonne  heure  ; 
aulfi ,  la  culture  de  cette  plante  y  efl-elîe  générale- 
ment  répandue  :  le  gouvernement  s'y  cfl  întércfTé  , 
&  les  tniniftres  du  roi  n*om  pas  dédaigné  dci'ca 
occuper  eux-mêmes. 

Voici  ce  que  M.  Grojley  de  Troyts ,  écrivoit  à  M. 
le  Baron  de  Servières  ,  (e  ao  juin  1781. 

»  Je  viens  de  parcourir  dans  ttfpm  des  journaux , 
un  traité  fur  la  cuUure  de  Vortie  à  f  ufage  du  bétail. 
Je  vous  dirai  à  ce  fujet,  que  je  connois  un  pays  ou 
les  bonnes  ménagères  chargent  de  cette  plante  les 
cendres  de  leur  lelTive  :ellc  lui  donne  une  efpéce 
de  favon ,  &  au  linge  ce  bel  œil  bleu  que  l'on 
cherche  par  le  moyen  de  l'indigo,  n 

»  D'autres  gens  s'en  fervent  pour  donner  aux 
prés  des  bornisaulTi  invariables  que  reconnoifta* 
blés-  \Jn  ou  deux  pieds  d'ortie  font  ces  bornes  , 
que  les  racines  des  herbes  qui  les  entourent  empê- 
chent de  fe  propager  ,  fans  s'oppofcr  à  la  difpoft- 
lion  que  la  nature  leur  a  donnée  pour  être  vivaces 
à  perpétuité  ». 

19  II  eft  parlé  dans  te  journal  économique  du  mois 
d'avril  1751 ,  d'une  manufacture  de  fil  d'ortie  qui 
s'établiiTolt  4  Lelpfuk.  La  plante  appelée  urnes 
urcns  maximû  y  aUcr  commune  en  France,  étant 
cueillie  encore  verte  ,  dans  le  temps  néanmoins 
ou  fes  tige^  font  à  moitié  flétries ,  on  la  faifoit 
féchcr ,  enfuitc  meurtrir  de  manière  à  pouvoir  tirer 
le  bais  du  milieu  de  Técorce. 

Cette  écorce  eft  une  efpéce  d'étoupe  verre ,  qu'on 
peut  préparer  ce  m  me  du  lin,  qui  fcfile>&  qui  donne 
unlild*un  brun  verdâtrc ,  très-uni,  très- clair,  & 
rtifcnûblant  à  peu-prcs  à  un  fil  de  Uine.  Ce  fil  étant 
bouilli ,  jette  un  fuc  verdàire  ;  mais  il  devient  cnfuiie 
plus  blanc,  plus  urâ  &  plus  ferme.  Ces  «xuèrien- 
ces ,  qui  ont  été  faites  en  grand  &  avec  fucces  pour 
parvetiir  à  faire  de  'a  toile  ,  réuffuoicnt  (tr^  douce 


456  ORT 

également  «  s*Il6*agtflbit  de  faire  da  papier  <iJ 

Un  médecin  anglois  a  fait  imprimer  dans  les 
papiers  publics  ,  Tarticle  fuivant  : 

it  II  y  a  long-temps  que  je  fuis  perfnadé  que  les 
dons  les  plus  communs  de  la  providence  font  les 
plus  utiles ,  les  plus  falutaires  &  les  plus  dignes 
d^çftime  :  je  vais  prouver  à  préfent ,  par  un  feul 
exemple  dont  je  puis  parler  avec  confiance ,  que 
cette  opinion  ti'eft  pas  mal  fondée. 

L*<ntie  commune  piquante  ^  en  apparence  auffi 
inutile  &  à  charge  qu'aucune  plante  qu'on  défigne 
foDs  le  nom  de  mauvaife  kerhe  ,  eft  un  des  meil- 
leurs remèdes  que  nous  connoiffions  dans  le  régne 
végétal. 

Àdmîniilrée  en  forme  de  décoâion  ou  d'infiifion 
forte  d'une  pinte  (  chopine  de  Paris  )  par  jour , 


ORT 

elle  fortifie  tout  le  fyfléme ,  &  remédie  au  relâde- 
ment  particulier.-  Si  on  la  donne  en  dicoébon  en 
infufion  foible ,  c'eft  un  altérant  &  un  apèridf  ad« 
mirabie  :  elle  purifie  le  fang ,  &  diffipe  la  obflruc- 
tions  des  vaiueaux. 

Le  fuc  exprimé  de  cette  plante ,  avalé  par  cuil- 
lerées ,  félon  le  befoin ,  eft  un  puiflàot  ftiptiqne 
dans  les  hémorragies  internes.  Appliquée  intériea* 
rement  en  forme  defomenurion  ou  de  cataplafmc, 
l'ortie  réfout  l'inflammation  &  diffipe  les  tumeurs: 
on  peut  s'en  fervir  avec  beaucoup  de  confiance 
dans  les  maux  de  |<f^e ,  pour  en  mettre  mnbrieurc- 
ment  fur  le  cou ,  ol  s'en  garg^rifer  en  même  teaci. 
J'ai  été  plufieurs  fois  témoin  des  (iiccés  qn'dk 
a  eus  dans  ces  cas  ce. 


PAIN 


P  A  ï 


P  A-'I 


457 


PAIN    D'  È  P  I  C  I  E  R,    (Art  du) 


J«rfl  paîn  d'épk:cr  cfl  celui  qui  îau  ik  vend  clii 
pain  d'épîce. 

Le  f  oint  une  invention  mo- 

derne. '  i  jnt  de  TAfie.  On  Ut  dans 

Atk<rUc ,  qii  tl  le  taitoit  à  Rhodes  un  pain  affai- 
(onnè  de  micî ,  d*un  goût  fi  agréable  ,  qu*on  en 
xnang&olc  avec  dil^lices  après  les  repas.  Les  Grecs 
oomnioîent  cette  ftiandifo  mdiUus, 

Le  pAin  d'ipkc  cft  ainfi  appelé  par  les  moder- 
nes,  parce  r  ''  une  forte  de  pain  fidt  avec 
de  la  farine  ,  affaifonnèe  d'épices  ,  qu'on 
pétrit  avec  l  s.ci.n:;;  de  fucrc  »  &  ordinairement 
avec  du  miel  j,^iinf» 

Ce  naîel  faune  eft  celui  que  Ton  tire  parexpf-ef- 
fion  des  gâteaux  de  cire  des  ruches  das  abeilles.  W 
eft  coloré  par  la  cire  brute  provenant  de  la  pouf- 
fièrc  d'étammesde  fleurs*  On  fait  que  les  mouches 
à  miel  mettent  ceire  pâte  en  réferve  dans  leurs 
alvéoles  pour  s'en  fervir  »  foit  pour  leur  nourri- 
ture ,  f(ut  pour  U  conilmâton  de  leurs  cellules. 

Oo  n'emploie  pour  le  païn  iTèpUe ,  q^c  U  fa- 
rine de  ftiglLï ,  qu'on  pétrit ,  comme  oft  vient  de 
le  dire  »  avec  du  miel  &  des  épîces. 

Avajit  d'employer  le  miel  dans  le  pain  d'épice , 
n  fiiut  qu'il  air  bouilli  long-temps  »  &  qu'il  foii 
bien  éaimé.  On  y  détrempe  la  farine  de  fàgle 
pendant  qu'il  cA  encore  chaud,  avec  unit  efpece 
de  gichû  f^iîic  exprès.  > 

Quand  la  pâte  a  la  confi fiance  qu'on  veut  lui 
donner ,  on  la  met  dans  des  ftbillcs  de  bois  pour 
l.'cWRV^her  de  couler.  On  Tcn  retire  enfuitc ,  8t 
roo  donne  à  ces  more  -  *  s  formes  diffc rentes; 
ou  ïi^ny  imprime  .jr  au  moyen  de  mou- 

lai .         '      ^  i^LujJ  gravées.         .     .', 

aon ,  il  ne  refte  plus  qii*à  faire 
cuu*:  U  pûiii  dc^iice  dans  un  four  »  su  degré  du 
CUifTon  convcrtable  ;  enfin  ^  on  Vépm^c  avec  uqe 
compofiiion  de  jaunes  d'oeufs  battus  cnfcrable  , 
IK'ur  donner  de  la  couleur  au  pain  d'épice. 

On  diAingue  plufieurs  fonts  de  paies  de  paîn 

4l*^,  Ic'    iu:\  rv  i.^,  nt  fc  réduire  à  troil  principales; 

^^  tfit^  pilie  Jure  ,  é^  pâte  J.ij&s, 

.;  ,  i.i  jj:i:c  dvT  paiu  d*épice  a  ceU  c*c 

i.]îfeUc  ne  fc  Itve  pas  comme  Ici  autres 

'cruntcm^ïs 


/a 


s 


k  1 


leUieu 


-  p  c'eli  que  lis  ouvî  a^cs  qu'on  en  fait 

{>no\t\cllcmcnt  faite  ,  ne  valent  pas  ^ 

ox  qu'on  fait  de  vieille  pâte, 

r.'  cA   i:rtû   i.*rie    aifi   tiçgt  le 
.   pOUrj 


la  fermeté  &  la  conftAance.  On  en  fait  des  ouvra» 
ges  afTei  confidérables  ,  &  des  pains  très-modique* 
de  deux ,  trois  &  quatre  fols.  - 

La  pâte  dure  cft  une  forte  de  pâte  trcs^ferme^ 
dont  on  fc  fett  pour  faire  les  menus  ouvrages  , 
tels  que  les  petits  colifichets  d'enfans  ,  &  les  pemes 
ligures  qu'on  voit  fur  les  boutiques  des  marchands 
dans  les  foires* 

La  pâte  à  gros  ^ft  une  pâte  molle  ,  fine  &  fort 
légère  ,  dont  on  fait  les  gros  pains  d'épice. 

La  ville  de  Reims  fournit  le  meilleur  pain  d*é- 
pice  ,  par  le  foin  que  les  marchands  de  cette  ville 
mettent  k  travailler  &  à  affiner  la  pâte. 

Ainfi  nous  ne  pouvons  mieux  faire  i  pour  déve- 
lopper toutes  les  connoiflances  de  cet  art,  que 
de  rapporter  ici  l'excellent  mémoire  que  M.  Bou- 
dat ,  maitre  en  pharmacie  à  Paris  ,  lucceffeur  de 
M.  Pia  ,  a  bien  voulu  nous  communiquer  fur  les 
procédés  fui  vis  à  Reims  ,  fa  patrie»  6c  qu'il  a  étu- 
diés avec  autant  de  f;^gacité  que  d'attention. 
PéSin  Xépice  de  Reims* 

L'an  du  paîn  d*épicicr  de  Reims»  cft  Tart  de 
mêler  h  farine  de  feigle  avec  du  miel  liquéfié  par 
le  teu ,  d'en  faire  une  pâte  fan^  eau  ,  &  de  la  cuire 
au  four  (bus  dîfféeentes /ormes  ,  ou  fimples  ^  ou 
CQimpofèeft ,  avçc du  fucre  &  des  aro^ 
Du  f^tgie^ 

L'expérience  a  enfeîgné  aux  paift  d  èpicietf  le 
choix  qu'ils  devoieiW  faire  du  feiglc  :  ce  n<fi  point 
le  plus  be.TU  ,  le  mieux  nourri ,  le  plus  apparent 
qu  ils  préfèrent  ,  c'eft  celui  dom  les  grains  font 
les  plus  menus,  les  plus  fains,  les  pîu^  nets  &  les 
plut  odorans  ,  qu'on  récolte  dans  les  terres  les  plus 
maigres,  &  qui  vient  dans  la  craie.  -, 

Le  choix  de  cette  efpèce  de  fcigle ,  le  foin  qu'ils 
ont  de  n'employer  dans  leurs  p;iin$  d'épice  fins  , 
que  la  fl?ur  de  la  farine  de  ce  fclgla,  fournirent 
une  raifon  de  la  fupcriorité  que  leur  pain  d'épice  a 
acauîfe  fur  celui  de*  autres  villes.  -     .^ 

La  farine  que  donne  -  ^-r»v^  ,a^  rn  petite  quan- 
tité ,  ma  s  fèche ,  &  ni  qu'une  autre  à 
recevoir  la  dofe  couvctlidil  i\-z  unzL 

Quelque  petite  que  foir  cette  qiianfité  de  farine, 
les  pains  d'c  *  i  ;  ils  ne  veu- 

lent point  a\  écorKimique, 

qui  feroit,  à  la  venté,  au  a  dofe  de  Icar 

féconde   farine  ,  propre  n  ^Vèpice    com- 

muns ,  mais  qui  les  i 

tagcufe  qa'ils  ièri  *^  - 

ture  des  porcs  I  q^ 


458 


P  A  I 


Du  miel. 


Les  pains  d'èpiciers  emploient  trois  fortes  de 
miel ,  le  miel  blanc  ou  de  prairie ,  -le  miel  bâtard 
&  le  miel  jaune,  ai^tremcpt  iniel  dç  farrafm  ;  ces 
trois  cfpèGcs  de  mi;:l  fe  trouvent  dans  Tefpace  de 
dix  ou  douze  lieues  de  Reims.  Les  environs  de  la 
marne ,  la  Brie ,  le  Soiflbnnoîs ,  leur  donnent  les 
deux  premiers  ;  ils  fe  procurent  Tautre  Jaiis  le  pays 
de  la  Champagne ,  ou  croit  la  plus  grande  quan- 
tité <ie  iarrafiti. 

Leur  miel  blanc  <  bien  cholfi,  ne  (e  cède  guère , 

Eour  la  blancheur  &  la  bonté  ,  au  miel  de  Nar- 
onne. 

Leur  miel  bâtard  efl  fourni  par  les  mêmes  mou- 
ches ,  tiré  des  mêmes  cantons  que  le  précédent  ; 
mais  il  eft  coloré  par  la  chaleur  employée  à  le 
retirer  des  rayons  ,  ou  il  a  été  iauni  par  les  mou- 
ches qui  ont  fait  quelques  incurfions  fur  les 
fleurs  de  farrafin. 

Le  miel  jaune  eft  très-différent  des  autres  par 
fa  faveur  &.  fa  couliçpr  ;  ils  .choififfent  celui  qui 
exhale  une  moindre  odeur  de  cire. 

Le  bon  choix  de  ces  trois  miels  eft  trè^flèn" 
tiel.  La  vue  »  Todorat  &  lesoût  qui  fembleroient  de- 
voir fuffire  pour  les  guider  dans  leur  achat ,  ne 
les  garantirent  point  contre  les  fraudes  fuivjantes. 

Les  payfans  qui  recuâllent  le  miel  &  le  travail* 
lent ,  ont  quelquefois  la  friponnerie  de  mettre  dans 
le  centre  aune  tonne  de  miel  blanc ,  une  ^luantké 
confidérable  de  miel  de  la  féconde  efpèce. 

Cette  fraude  oblige  le  pain  d'épicier  à  .mettre 
cette  portion  de  miel  qn*il  a  payée  pour  miel  blanc  j  ' 
dans  les  pains  d*ëpice  moyens. 

Uaùtre  fraude  eft  Tintroduâion  de  Teau  dans  le 
miel  ;  le  pain  il*épice  qui  réfulte  de  Temploî  d'un 
pareil  miel ,  fait  deux  croûtes ,  pour  parler  le  lan* 
gaf^e  des  pains  d*épiciers. 

L*eau ,  pendant  la  cuiflbn  ,  entrant  en  pxpan- 
fion,  fouléve  la  furface,  la  crève,  ^  les  pains 
reftent  déformés. 

Du  fucrt  &  des  aromates. 

'.  Le  fucre  s'emploie  en  dragées  ou  en  poudre 
groftiére  ,  dans  certaines  efpéçes  de  pain  d'éprce  , 
dans  lefquclles  on  ajonuc  de  l'écorce  de  citron  ou 
du  néroii»  Nous  y  reviendrons. 

Premier  PROCKUÉ.  ' 

Dans  un  pétrin  femblable  à  celui  du  boulanger , 
on  met ,  par  exemple ,  cinquante  livres  de  farine 
de  feîgle  ;  d'autre  part ,  oa  fait  liquéfier  au  feu  » 
dans  un  chaudron  »  cent  livres  du  miel. 

On  prend  les  deux  tiers  de  ce  misl ,  pour  mêler 
avec  la  fwno,  d'abord  à  l'aide  d'un-,  fpatule  de= 
bois ,  à  caufe  de  la  chaleur  du  m'.cl ,  |.uis  avec  Ics^ 


P  AI 

mains,  auffiidt  que  cette  chaleur  eft  devenue  fup- 
portabie. 

Lorfaue  le  miel  eft  abforbé  par  h  farine ,  on 
ajoute  te  refte  ,  &  on  pétrit  de  nouveau. 

Le  mélange  exaâement  fait ,  on  le  met  dans  des 
corbeilles,  intérieurement  feupcudrées  de  farine  ; 
on  le  place  fous  le  four ,  pour  s*en  fervir  le  len- 
demain ,  ou  mieux  encore  deux  jours  après. 

Remarques. 

Ce  premier  procédé  ^ftla  mile  en  levain;  il 
eft  très-pénible*;  à  raîfon  de  la  ténacité  du  mérar.ge  : 
il  dure  etrviron  une  heure  &  dtmie ,  un  peu  plus 
ou  un  peu  moins ,  fuivant  la  force  des  d^ux  ou- 
vriers qui  l'exécutent. 

Les  pains  d'épiciers  ne  pèfent  ni  leur  miel  ni 
leur  &rine  ;  l'expérience  leur  épargne  les  frais 
d'une  balance  ;  d'ailleurs  le  feîgle  ,  dont  la  nature 
varie  fuivant  les  années,  la  rendroit  iofufiifantc  ; 
tantôt  il  abforbe  un  peu  plus ,  tailtdt  un  peu  moins 
de  miel  ;  mais  le  plus  ordinairement  il  en  demande 
le  double  de  (on  poids. 

•  Lorfque  la  mafle  totale  de  cette  pâte  n  eft  pas 
portée  à  f^us  de  cent  vingt  livres ,  on  la  mer  dans 
une  feule  corbeille  pour  la  placer  fous  le  four ,  & 
l'y  garder  pour  les  jours  fuivans. 

Si  elle  va  à  cent-cinquante ,  on  en  remplît  une , 
&  on  met  rie  refte  dans  une  autre  pour  le  lende- 
main ,  ou  on  l'emploie  fur-le*champ. 

Second  procéda. 

On  retire  les  corbeilles  de  deflbus  le  four,  ob 
le  mélange  s'eft  entretenu  dans  un  état  de  môileffe 
néceflaire  à  l'opération  à  laquelle  il  va  être  fimmis. 

On  en  prend  environ  vingt  livres  «  ft  on  doit 
travailler  à  deux  ;  ou  dix  livres  fi  un  feul  homme 
doit  opérer  ;  on  place  Tune  ou  Taunr  :  quamité  fur 
le  coin  d'une  table  folide  ;  on  applique  les  mains 
dcffus  cette  pâte,  entièrement  ouvertes ,  d.insvne 
fituation  prefque  horizontale,  un  peu  plus  baiïe 
pour  l'extrémité  de<  doig's  :  on  les  appuie  ,  la  pâte 
y  adhère  de  manière  que  la  partie  fupéiicure  de 
la  maflc  eft  di^'pofcc  à  les  accompagner  dans  leurs 
moiivemens  ;  on  retire  les  n.ains  à  foi ,  environ  à 
un  demi-pied  de  diilance  de  la  table ,  d*abord  hc- 
rifontalcment ,  la  pâte  fuit  If  s  mains  ;  on  Us  bailTc 
d'un  demi-pied  ,  on  les  relève  de  toute  fa  hauteur , 
&  on  les  fait  retomber  avec  force  fur  la  portion 
reftc*e  fur  la  table. 

On  contLiue  ccrte  manipulation  jufqu*à  ce  que 
foi:te  la  pâte  fuit  fuctcflivement  battue  &  unL^cr- 
mcment  blanchie. 

Rjrmarques, 

,  La  tabfe  folide  fuir  laquelle  on  bat  la  pâte ,  a  deux 
pi^ds  huit  pouces  de  baiiteiir  ,  deux  pkds  de  kr- 


P  A  I 

fmr ,  6i  pieds  de  longueur  &  trois  pouces  d  cpaif- 

Afin  qôe  la  pomon  de  pâte  que  rouvner  tire  de 
Is  maife  par  Tapplication  de  fe$  mains ,  alonge  , 
élève  ,  5:  fait  retomber  fur  celle  qui  eft  refléc  fur 
b  table  t  «&i ,  dis-)C  ,  que  cette  portiou  ne  tonhc 
pas  par  t erre ,  il  a  la  précaution  de  mettre  au  bas 
de  la  table  une  corbeille  prite  à  la  recevoir. 

La  pâte  qui  a  pafTc  dcu«  jours  fous  le  fjur  ,  pré- 
fente  à  fa  furfsce  de  groffes  bulles ,  qui  feroient 
croire ,  :iu  premier  coup  d'œil ,  qu'elle  z  éprouvé 
le  mouvement  de  fermentation. 

Mais  en  confidérant  de  pîiis  prés  ,  on  volt  que 
cet  air  qui  s'cft  dégagé  ,  n>ft  rien  autre  chofe  que 
celui  quon  y  a  introduit  en  faifant  le  mélange, 
fur-tout  lorfqu^on  penfe  que  le  miel  étojt  fans  eau , 
&  que  mêlé  avec  la  Cirine  »  il  jouiiToîc  d'une  plus 
grande  conftftance  que  dans  Tétat  naturel ,  que  par 
<onfèquent  il  n*ctoit  point  difpofi  à  U  fermenta- 
tion. Les  pains  d'cpiciers  n'ont  point  deiïein  de  la 
.faire  éprouver  à  leur  pâte  ;  leur  unique  but,  en 
Vcxpoiant  fous  le  four  ,  eft  de  lui  conferver  le  de- 
jrè  demolleOe  néceflaire  pour  qu*elle  foît  foumife 
au  fécond  procédé. 

TROlSlkMZ    FROCÉDÉ. 

La  pâte  blanchie,  achevée  par  le  fécond  pro- 
cédé ,  cft  diviféé  en  pains  de  différentes  groiïeurs. 

Si  elle  cil  faite  avec  le  miel  blanc ,  une  partie 
fcrt  à  faire  les  pains  de  finté  fins  ,&  eA  employée 
feule.  L'autre  reçoit  ou  du  fucre  en  poudre  grof- 
iièrc,  du  néroh,  ou  des  dragées,  &  de  Iccorce 
de  citron ,  Si  fe  partage  en  petites  maiTes  ,  qui 
prennent  différens  noms ,  comme  nonnettcs  à  la 
rtine ,  lorfque  le  fucre  &  le  néroli  y  entrent , 
bonnettes  feulement ,  quand  elles  contiennent  àt% 
dragées  &  de  Técorce  de  citron  ;  enfin  ,  croquant , 
çuand  ja  pâte  de  ces  nonnettcs  eft  aplatie  &: 
nèduite  a  Tépaiffeur  ii*un  écu  de  fix  livres. 

Si  la  pâte  eft  faite  avec  le  miel  bâtard  »  on 
Cli  forme  les  pains  d*épice  de  fanté  moyens  , 
iet  nonnettes  communes. 

Si  enfin  elle  eft  fabriquée  avec  le  miel  jaune, 
wne  portion  eft  employée  aui  pains  d*épice  de 
famé  communs,  &  Tautre  à  cinq  ou  ûx  fortes 
4e  pains  d'épice  ,  qui  ne  reçoivent  ni  fucre 
oi aromates,  excepté  une  forte  qu*on  recouvre 
de  dragées  ,  de  la  petiteffe  des  nomparcillcs  , 
inaiî  d*une  feule  couleur.         ^ 

C:s  pains  d*épice  communs  font  les  délices 
*Ju  menu  peuple  6c  des  gens  de  campagne;  il 
^cn  vend  confidérablement  4 ans  toutes  les  foires 
^^  U  ville  &  des  environs. 

Les  pains  d'épice  fins  s'envoient  très- loin  ;  ils 
"Jurent  crès-bien  dans  les  deiïcns. 

Oq  emploie  les  balances  pour  la  divlfion  de 
»  pâte  i  on  met  deux  onces  par  livre  de  pliis 
P^r  tes  petits  objets»  &  une  once ,  bon  poids , 
l^our  les  gros  pains. 


p  A  f 


4?9 


Les  pains  d^épices  de  famé  ,  pèfent  depuis 
une  livre  Jufqu'à  douze;  mats  rarement  ib  Vont  k 
ce  poids. 

Les  nonnettcs  font  de  ta ,   i8  ou  ^4  à  U  livre. 

Auflî-tôt  que  les  différens  pains  font  pefés  & 
façonnés  ,  on  les  dtfpôfe  fur  des  planches  îau- 
poudrées  de  farine  ,  qui  fcrt  aufti  â  l'ouvrier  pour 
empêcher  la  pâte  d'adhérer  à  fes  mains,  lorfqu'il 
la  dtvifc* 

On  porte  les  planches ,  à  mcfure  qu'elles  font 
couvertes  »  fur  des  chevilles  ou  laffcjux  ,  placés 
contre  le  mur  le  plus  voifin  du  four ,  pour  qu'elles 
foicnt  à  portée  de  celui  qui  doit  entournen 

Remarque, 

On  voit  ,  parce  que  nous  venons  de  dire^ 
combien  les  pains  d*épîcieri  de  R^^ims  ménagent 
les  aromates  ;  ils  n'en  mettent  pi^int  dans  les 
pains  d'èpices  de  fanté;  Técorce  de  citron  confit 
qu'iis  font  entrer  dans  les  nonncttes ,  y  fliit^pour 
ainC-dire ,  blinde  h  part ,  pmfqu*il  y  eft  en  mor- 
ceaux fort  diftinéis.  Le  néroli  ou  Thuilc  eft'entieUe 
de  fleurs  d'orange  qu'ils  introduifent  dans  leurs 
nonnettcs  â  la  Reine  ,  y  c^  en  très-petite  quantité. 

Quatrième  procède. 

Tout  étant  Jifpofé  pour  renfournemcnt  ,  on 
chauffe  le  four  avec  trois  bottes  de  paille,  à -peu- 
près  de  20  livres  chaque  ,  fi  c'eft  la  première 
fournée  &  que  le  four  foit  refroidi  ;  avec  deux  » 
fi  c'eft  la  féconde  \  avec  une  feulement,  fi  c*cil  la 
troifiéme 

Lepaind*cptcîer  ne  brûle  pas  à* la  fois  ou  fuc* 
ceftîvement  les  bottes  entières^  il  diyife  chacun^ 
en  portions  à-peu-prés  égales,  qu*il  nomme  tor* 
chcttcs  ou  mar'wnnetteî. 

Pour  les  faire,  il  prend  une  petite  braffée  de 
paille;  il  la  plie  en  deux,  il  tire  de  cette  braflee 
une  douzaine  de  brins,  dont  il  fait  un  lien  pour 
la  retenir  aiafi  pUée. 

Il  arrange  ces  torchettes  en  les  couchant  de 
leur  longueur  fur  toute  la  circonférence  ÎH- 
térieure  du  four  ;  il  y  met  le*  feu ,  &  les  rcîti-. 
place  à  mefure  qu'elles  fe  confument. 

Quand  il  a  brûlé  la  quantité  convenable  de 
ces  torchettes ,  il  ramène  avec  le  fourg  ^n  tout  I^ 
feu  à  l'embouchure,  qui  doit  être  plus  chauie  que 
îe  refti  du  four  ;  il  nettoyé  râtrc  arec  un  balai , 
puis  avec  TécouviUon  :  enfin  il  effjye  la  chaleur, 
en  jetant  quelques  poignées  de  farine  groffié.e  , 
qui  doit  noircir  pour  la  première  fournée,  fli  n'être 
que  brune  pour  h  féconde  &  les  fui  vantes. 

Affuré  de  l'état  de  fon  four,  &  ayant  eu  égard, 
fi  c*cfl  en  hiver,  qu'il  foit  un  peu  plus  chaud  , 
il  procède  à  renfournemcnt  :  nnz  torchaite  ,  bico 
plus  petite  que  celles  avec  Icfquwiles  il  a  chauffé 
fon  four,  lui  fert  d'allumé  pour  Téclairer  daa$ 
cette  opération» 

Mmm  % 


4^o 


P  A  I 


Armé  d'une  çnnde  pelle  de  fer  i  manche 
de  bo!s ,  îl  la  gliâe  fous  les  gros  pains,  les  charge 
&  les  porte  dans  le  four,  avec  le  plus  de  prompti- 
tude poi'I^ible. 

S*il'  a  de  petits  objets  à  mettre  au  four  , 
comme' des  petites  nonnettes^  il  emploie  une 
pelle  de  bois  dont  la  palette ,  de  figure  oblongue, 
eft  épaiffe  dans  le  milieu  Se  amincie  fur  les  bords; 
il  les  arrange  deffus  ,  &  les  décharge  dans  le  four  ; 
s'il  les  juge  trop  ferrés  ou  trop  éloignés  les  uns  des 
atîfres,  il  les  touche  avec  l'extrémité  de  fa  pelle  , 
ils  y  adhérent  légèrement,  &  à  Taide  de  cette 
adhéi'encé  *,  il  les  éloigne  ou  les  rapproche  à  fon 
pré.  Le  grand  tarent. de  celui  qui  enfourne  ,  eft 
de  mettre  le  plus  pcfliblc  de  gros  ou  de  petits 
ohjcxs  dans  le  fcur,  &  cependant  de  laifTer  efktrc 
chaque  un  intervalle  fiiffifant,  &  tel  que  ,  lors  du 
premier  effet  de  la  chaleur  qui  les  étend  ,  en 
liqiîéfimt  le  miel^rjien  r-é  fe.  colle  ,  rien  ne  fe 
confonde. 

Le  four  étant  plein ,  on  le  bouche  avec  le  fermoir 
de  tôle  ,  contre  lequel  on  arrange  les  cendres  de  la 
paille  qu'on  vient  de  brûler,  fit  qui  lailFe  le  moins 
d'ouverture  poinble. 

Le  paîn  d'épice  ciiît  ,  a"  une  couleur^ -d'un 
jaune  brun  ,  plus  inrenfo  dans  le  commun  que 
dans  le  fin;  il  exhale  uno  ocîeurde  carpnieltrés- 
agrcablc,  &  quiatiire  les  irfOi:chc5  à  miel  de  très- 
loin  :  on'  faifit  l'infiart  où  les  nonncttcs  font 
encore  raraoUics  par  la  chaleur",  pour  y  enfoncer 
de  petits  morceaux  d'cco.rce  de  citron. 

Lorfque  Ib  pain  d'cpice  efl  à  demi  refroidi , 
on  le  broffe,  &  on  palfe  légèrement  deffus  une 
éponge  mouillée,  ce  qui  rehau/Te  fa  couleur  :  le 
relie  de  fa  chaleur  eft  fuffifant  peur  emporter 
en  peu  de  temps  cette  humidité. 

.  ;  Remarques» 

Les  plus  gros  pains  n'ont  pas  befoin  que  le 
four  foie  char.fT:  plus  fort  :  il  y  a  plî:s ,  les  pains 
d'épiciers  aiment  mieux  les  cuire  à  la  féconde 
fournée  ,  ils  font  plus  afliirés  de  leur  cuiflbn  :  cela 
paroitra  étonnant  ;  .mais  en  y  rcâçchi fiant ,  on 
verra  que  cette  chaleur  ,  qui  eft  égale  au  rr.omcnt 
de  l'enfournement  des  deux  fortes  de  [>ains  d'é- 
pîces ,  h'tft  bientôt  plus  la  même  pour  chaçine 
d'elles  ;  en  cftet,lcs  gros  pains  font  trCv-vlio  liT.cs 
dans  le  four,  &  jouiiTent  fur  le-chnrrp  de  to'îîl-  f.i 
chaleur  ;  les  nonncttcs,  au  contraire,  dont  lo  ou 
24  livres  rcir.pli.Tent  le  four ,  font  au  moins  un  bon 
ruirt  d. heurt  pour  y  ctrc  nln.cées  ,&  ne  reçoivent , 
lors  de  la  fermeture  du  four ,  qu'une  chaleur 
COI  fidcraîiîe ment  diminuée. 

L'ai,l..tî<rc:':cnt  c;i:i  rjcftiUe  du  pren'îer  cfTe; 
de  la  chibi.r  ne  dire  pas  lor.g- temps  ;  le  lûicl 
ramo.Ii ,  entre  un  moment  aprO^  en  cvn.infion, 
&  la  prc  fc  goi.fle  ;  le  gonfltmunr  à  fon  tour 
C^t  arrMt-;  ;  ar  la  réfi fiance  q\i*oi.^[jofo  la  furfac  J 
doC"-:cli<e  p.ir  le  feu  ,  il  fubfiflc  cependant  tant 


p  A  I 

que  les  paîns  font  au  four ,  &  îl  diminue   loff». 
qu'étant  retirés ,  ils  commencent  à  refroidir. 

Sur  le  four. 

II  n'exifte  point  d'autres  différences  entre  le 
four  du  boulanger.  &  celui  du  pain- d'épicier  que 
celle  de  la  grandeur. 

Le  four  du  pain-d'épicicr  eft  plus  petit  que 
celui  d'j  boulanger  ;  il  porte  fcpt  pieds  de  lon- 
gueur fur  dix  de  largeur,  tandis  que  celui  du 
boulanger  a  dix  pieds  fur  neuf. 

Les  fours  ,  à  Reims ,  ont  leur  voûte  en  tuî- 
Icaux  ;  &  Içur  âtre ,  qui  cft  carrelé ,  eft  établi  fur 
des  folives ,  ce  qui  forme  deffous  une  étuvc  danr 
laquelle  le  boulanger  met  les  pains  qu'il  veut 
faire  lever ,  &  le  pain-d'épicier  la  pâte  qu'il  veut 
tenir  ramollie. 

Cettectiîve  du  pain  d'épicier  a  10  degrés  de  chs- 
leur  su  thermomètre  de  M.  de  Réaumur  ;  lorfque  le 
four  travaille  ,  il  s'en  fert  l'été  comme  l'hiver  ; 
l'été,  moins  par  ncceflité  que  par  habitude,  & 
pour" n'être  point  embarraffé de  fa  pats;  Fhiver, 
pour  ravoir  toujours  dans  l'état  de  molleffe  qni 
ki  convient  pour  être  battue  ,  &  pour  U  convemr 
en  pain. 

Lç  deiTus  du  four  du  boulanger  eft  Tétuve  ba- 
nale du  quartier,  &  le  réceptacle  de  tout  ce  qi:x 
ppiinoit  gêner  dans  la  boulange? ie. 

Le  defius  de  celui  du  pain  d'épicier  fert  aux 
mêmes  ufages  ;  feulénient,  dans  les  temps  humides, 
on  y  tient  les  nonnettes ,  pour  les  empêcher 
de  fe  ramollir ,  ou  pour  leur  faire  reprendre  de 
la  féchervifTe. 

Ln  précaution  que  j'aieu  d'avertir  que  la  pâte  du 
pqin  dV'picicr  n  éprouvr  poiritJc  mouvement  de 
fcrinentution,pourroit  bien  ne  pas  fufftre  pour  le 
pcrfudder. 

"  Desperfonnes,accoutumées  aux  phénomènes onc 

préfente   la  paie  du  boulanger,   &    imbues    des 

idées  que  celui-ci  a  att-chécs  uux  mots  levain  y  pJtt 

&  /7.zi/z,  pourroicrt  bien  croire  que  j'ai    pris  le 

chinge;  elles  .pourraient  me  demander  comment 

je  conçois  une  pâte  qu'on  nomme  levain  ,  &  qui 

P'j    fermente    point  ,     une    pâte   compoféc  dt 

f.,î;.nance->  fcrmei:tefcibîes  ,   ^4:    qui    ne  fermcntî 

[■^jnt,  mè'uo  en  Texpofant  à  un  degré  de  chaleur 

c;-D.b;e  d'exciter  Ja  fermentation    ».  ans  tous  les 

et  rps  fufcc ptibles  de  l'éprouver  ;  une  pâte  crfin^qni 

i/a  poiju  fermenié,ik  nui  cependant, après  faoïiron, 

prcfertî  dans  fa  caîli  re  dt-s  y^ux    afTer  rciïcr.- 

hîans  à  ceux  qui ,  dans  le  p?.-n  de  froment,  font 

l'indice  d*r.ne  bonne  ferme r.tati or. 

Voilà  ccmirc  je  ccr.çcis  ces  ch?fv.«. 

r'.  La  pâte  ù\\  paîn  d'cpicior  eîl  im-ropremrt 

appe'tc  ÎLV.iia;  cilj  ns  confient  point  déforment: 

en  n'y  in-joduit  ni  une  pcrticn  d'une  ar.cienne 

i  pâte  ,   ni  aucunes  fubflar.ces  qui  ,  cnrotvant  le 

1  irouvemeîu  de  fermentation  ,  puiffc  le  commuci- 

I  qucr  à  U  rr.'4iTe. 


P  A  I 

Ce  n^eft  qu'un  fimple  mélange  de  tnîel  &  de 
fexgle;  il  faudroit  donc ,  pour  qu'il  y  eût  fermen- 
tatiea ,  qu'elle  s*y  établie  fpontanément. 
'  2^  Le  miel  &  la  farine  font  des  fubftances  fer- 
memefcibles  ;  mais  elles  ne  peuvent  pas  bien  fer- 
menter fans  le  fecours  de  Teau  ,  agent  efieniiel 
de  la  fermematîon  du  corps  muqueur. 

Or,,  on  n'en  met  point  dans  le  mélange  ;  donc , 
[  a  pâte  ne  peut  fermenter  d'elle-même. 

3**,  Elle  peut  fermenter  ,  me  dira- 1- on  ,  fi  ce 
n'eft  à  Taide  de  l'eau  ,  du  moins  à  Taide  de  la 
fluidité  que  doit  procurer  au  miel  la  chaleur  qu'on 
£ùc  éprouver  à  la  pâte  en  Texpofant  fous  le  four  : 
ne  voit-on  pas  le  miel ,  pendant  Tété ,  fe  ramollir, 
le  liquéfier  &  fermenter  ? 

Mais  la  chaleur  du  deiTous  du  four ,  en  fuppo- 
(ânt  qu'elle  puifle  donner  à  du  miel  pur  cette 
fluidité  qui  détermineroit  fa  fermentation  fponta- 
néel,  quelle  fluidité  donne-t-elle  à  ce  compofé 
prefqae  folide,  à  cette  pâte  de  pain-d'épice  ?  car 
ce  neft  plus  du  miel  pur  ;  elle  ne  peut,  cette 
chaleur,  que  donner  au  miel  la  facilité  de  s'en- 
foncer ,  de  fe  fixer  davantage  dans  chaque  molécule 
de  farine. 

Quant,  à  l'exemple  qu'on  peut  alléguer  du  miel 
ai^i  par  la  chaleur  de  l'été ,  je  crois  que  l'hu- 
midité que  le  miel  attire  à  fa  furface,  &'que  la 
chaleur  y  élève  du  centre  ,  comribueplus  à  cette 
altération,  que  l'état  prcfque  fluide  auquel  la  cha- 
leur le  réduit. 

Je  crois  que  le  miel  mis  h  Tétuve,  &  refpîrant 
un  air  plus  également  fec,  plus  difpofé  à  fe 
charger  de  l'humidité  qu'il  exhale  qu'à  en  donner, 
ne  fermenteroit  pas  plus  que  le  firop  qu'on  y  met 
pour  criflaiiifer. 

Si  le  pain  d'épicier  avoît  befoin  de  f  ilre  éprouver 
la  fermentation  à  fa  pâte  ,  il  feroic  abfolunient 
obligé  d'attendre ,  comme  le  boulanger,  qu'elle  a.t 
détenu  fon  apprêt  avant  de  la  mettre  au  four. 

Or,  le  pain  d'épicier  peut,  aufil-tôt  qu'il  a  fait 
ion  levain, le  battre,  le  divifer  en  pains,  l'en- 
fourner fans  intervalle  :  fon  pain  d'épice  fera  auiu 
bon,  pourvu,  toutefois,  quil  sit  plus  travaillé 
£i  pâte  qu'à  l'ordinaire  ,  pour  conipenfer  l'avan- 


P  A,I 


461 


tage  que  lui  auroit  procuré  le  féjourfçus  le  foiir. 

Si  la  pâte  éprouvoit  fous  le  four  un  mouve- 
ment de  fermentation  depuis  l'inftai^t  oii-^n  l'en- 
ferme jufqu'à  l'inAant  où  on  rejiy>loie^  il  s'en- 
fuivroit  qu'en  la  laiflant  quinze  jours  ezpofie  à 
cette  chaleur ,  &  par  conféquent  à  la;  pr^reffion 
du  mouvement  fermectatif,  la  pâte,"ibroît-  néceÀ 
fairement  changée ,  exbsdergit  une  odevjr  ,.p£^iroit 
une  confifl?nce  ,  donneyoit  après  ÛL.cuifTon  une 
faveur  différente  ;  c'eft  ce  qui  n'arrive  pas  :  une 
pâte  qui  a  refté  quinze  jours  fous  le  four,  donne 
des  pains  d'épice  auifi  agréables  que  les  autres. 

En  voilà  aflTez  pour  prouver  que  les  pains  d'é* 
piciers  n'ont  point  recours  à  la  termentaiion.  Le 
lecret  de  leur  art  eft  de  ne  point  l'employer,  de 
mettre  leur  pâte  ,  en  la  compofant  avec  du  miel  * 
nouveau  &  pur ,  &  une  farine  sèche ,  dans  Theu- 
reufe  impuifîance  de  fermenter,  dans  l'impoifibi- 
lité  (l'être  altérée ,  dénaturée  psir  la  fermentation. 

Privé  du  gas  de  la  fermentation ,  qui  auroit  C 
bien  exjjliqué  la  formation  des  yeux  dans  le 
paUi  d'épice  ,  on  peut  en  attribuer  la  caufe 
k  l'air  introduit  pendant  le  pétriffage  &  le  batte- 
ment ,-.&  eiîfin  à  la  propriété  connue  qu'a  le 
miel  ;d^  fe  bourfoufHer  au  feu. 

•  ^L'  "  -  : .  Communauté» 

Les -pains  d'épiciers  forment  à  Paris  une  com- 
munauté fort  ancienne  de  quinze  on  fcize  maîtres  , 
Îualifiés  dans  leurs  ftatuts  de  pâtiffiers  de  pain 
'éjpice. 

Suivant  ces  ftatuts ,  nul  n'y  peut  être  reçu  maf- 
tre  qu'il  n'ait  atteint  l'âge  de  vingt  ans.  Le  temps 
de  IV.pprenruTage  eft  fixé  à  quatre  ans  ,  de  même 
que  celui  du  compagnonage. 

Les  maîtres  ne  peuvent  avoir  &  faire  obliger 
deux  anpreniis  en  même  temps  ;  mais  ils  peuvent 
en  obliger  un  fécond  la  dcriiiére  année  de  l'ap- 
prentifTage  du  premier. 

Suivant  l'éditJu  11  août  1776,  les  pains  d'épi- 
ciers  font  au  nombre  des  communautés  fupprimées 
8c  qui  peuvent  être  exercées  librement. 

Le  pain  d'épice  paye  trente  fous  du  cent  pcfant 
pour  droit  d'entrée  dans  le  royaume ,  &:  treize  fous 
pour  celui  de  fortie. 


y    O    C   A    B     U    L    A    I    R    E. 


J\  ssortiment;  {^pâte  </')  eft  celle  qui  tient 
le  milieu  entre  la  pâte  dure  &  la  pâte  à  gros  , 
pour  la  fermeté  &  confiftance  du  pain  d'épice. 

DufiE  ;  (  pâte)  c'eft  une  pâte  très-ferme ,  pour 
faire  les  menus  ouvrages  m\  pain  d'épice. 

Eponger  ;  c'eft  pafTer  une  éponge  imbibée 
d'nne  compofition  de  jaunes  d'œufs  battus  enfcm- 
ble ,  pour  donner  de  la  couleur  au  pain  d'épice. 

Farine  de  seigle  ;  c'eft  la  farine  qui  ferc  à  la 
compofition  du  p;tin  d'épice. 

Gros  ;  {^'pdte à )  c'eft  une  pâte  molle ,  fine  & 


légère  ,  dont  on  fait  les  gros  pains  d'épîce. 

Marionnettes  ;  brins  de  paille  pour  chaufFcr 
le  four. 

Menu,  en  terme  de  pain,  a  épicier^  défigne  tons 
les  ouvrages  faits  de  pâte  â  menu,  depuis  la  va- 
leur d'un  liard  jufqu'â  deux  fous. 

Miel  ;  liqueur  jaune  &  fort  douce  ,  produits 
par  les  abeilles,  &  qui  entre  dans  la  compcfition 
du  pain  d'épice. 

Moules  ,  en  terme  de  pam  d'épicier  \  ce  {ont  des 
pîanch;;s  de  bois  de  divcrfcs  grandeurs,  vk  gnir 


I 


P  A  I 


vé^s  de  différentes  figures ,  fur  lefquelles  on  ap« 
pliqtie  la  pièce  de  pairfd'épîce  que  l'on  veut  figurer. 
'  Nc^yrËTTES  ;  netîts  pains  d*épice  en  rond ,  de 
ReiiÂs  >  d*un  {;out  délicat,  relevé  par  des  mor- 
ceaûi  de  citron  &  par  des  anîs. 

Paim  b'iPiCi  ;  c  eft  une  pâte  de  farine  de  fei- 
'gle  »  aflal fonnée  d*épice ,  qu'on  pétrit  avec  du  miel. 

Paik  D*iPiCm  »  c'eft  le  marchand  8i  fabricant 
de  patn  -d'épice. 


p  A  I 

Reims  ;  (  paîn  J*épice  dt  )  celui  qdTon  fait  x 
cette  ville  ,  &  qui  eA  renommé  par  fa  dél 
tefle  &  fon  goût.. 

Seigle  ;  forte  'de  bled  dont  la  farine  fait  laj 
dujain  d*épice. 

Tables  ,  tn  terme  de  pain  d'épicier  ;  ce  font 
efpâces  de  tours  parfaitement  femblables  à  c 
des  boulangers  &  pâtifUers. 

ToRCHETTES  ;  petites  poignées  de  paille» 


PAPIER.         (An  (le  fiibrlcjuer  le) 


[}çs  diverfcs  nntions  ont  rucccfllvcmcnt 
kour  recevoir  &  conferv  cr  les  traits  de 
ipeut  écrc  conûdt^rè  t:n  général  comme 
t,  dont  le   tinu  èioit    ou  naturel  ,  ou 
&  dont  lei  végétaux  ou  les   animaux 
ia  matière  pruinere, 
^(juence  ,  on  peut  diltinguer  deux  fortes 
I  ;  ks  uns  »  qui  n'érolcnt  que  des  tïCCns 
f  la  nature,  6l  qui   ont  été   confervès 
^at,  malgré  le^  apprêts  qu*on  leur  a  don* 
m\  rci  dre  ruf^RC  plus  commode. 
res  ioiii  d^s  liifus  formés  par  la  réunion 
I  hbreufcs ,  qui  ont  été  enCuite    petfcc- 
LT  la  prç/Te  ù.  les  coîUgcs* 
brai  ce  que  je  me  propofe  di  dire  re- 
f  au  papier  ,  d'après  ces  vues  générales, 
)ariiâi, 

i  première^  je  prérenteraî  les  détails  liis- 
ircUtifs  aux  dînérentes  forces  de  papiers 
Biurels  ou  artificiels  ,  qui  ont  ét^  piépa- 
Iploycs  par  les  tmûeni  piup^ti ,  ou  qui 
irre  a^uellemcîfït  fabriqués  6i  mis  en 
PS  les  contrées  énjngcrcs  à  Tturope. 
B  féconde,  je  ferai  connoîtretous  les  pro- 
fernant  la  fabrication  ^   les  apprêts  ^  les 

E emplois  du  papier  d*Europe ,  féit  avec 
ns  di  chanvre  &  de  hn* 

IT     DU     PAPIER. 

PltEMliRE    PARTIE. 

^iJ  ancitns   ou   des    contrées  étrangères    à 
PEurope. 

't  papier    vient    du    grec    vm^t^ûff-  ,  pa- 
in de  cette  plante  célèbre   d'Egypte   , 
ncicns  ont  fait  un  fi  grau  j  ufaee   pour 
&  dont  tious  donnerons  ta  deJcri;>tion 

»k  trop  long  de  fpécifier  ici  les  ditFércnres 
fur   îcfquclles  les  hommes  ,  en  divers 

en  divers  lieux ,  ont  imaginé  d*écrire  ; 
de  dire  qr.c  l^crimre  une  fois  trouvée, 
uiquée  fur  tout  ce  qui  pouvoît  la  rece 

confcrver  :  on   Ta  niife   en   vfage  fur 

,  les  br'kques ,  les  feuilles ,  les  pttticules , 
rxténeure&  intérieure,  ou  libtràt%  ar- 
Ta  «employée  furd:s  plaques  de  plomb  , 
[tes  de  bois,  de  cire  Ôc  d'ivoire.  Enfin, 
ra  le  papier  Egyptien  ,  le  papitr  de  co:on, 
?  fait  avec  des  débris  d'écorce ,  &  dars 
ers  temps  ,  le  papier  fabriqué  avec  de 
Iges  nu  cfjijftfni.  Foy(^  Miîfii  ^  h'ùtor,  di- 

H.  ML    haL    tom.    ih  Leants  Allaii. 


aMfip    tuufc,  Hug.  dt  scriptura  ori^iae.  Barthol , 
dtffcrt,  de  librïs  U^endis^ 

Dans  certains  fiécles  barbares  &  dans  certains 
lisux^  on  a  écrit  fur  des  pejux  de  poifions  »  fur 
des  boy-ux  d'animaux,  fur  drs  écailles  d;  to- 
mes. Voy.^i  M*ibillon,  de  rt  d'tpUm.^lib.  Jr.  c.  K///» 
Fabricut  bïbL  ant,  ^  c.  xxi  ^  6». 

Mais,  c;:mme  nous  lavons  déjà  dît,  ce  font 
principalement  les  plantes  domon^'eil  fervi  pour 
écrire ,  &  c'eft  de  cet  ufage  qiiz  font  venus  les 
différens  termes  de  hiélas\  Itber ^  foUum  ^jilura^ 
J.hidj,  ,  &c, 

A  Ccylan ,  on  écrivoit  fur  des  fèuilleî  de  lali- 
pot,  avant  que  les  Hoîlandois  fc  fuiTent  rendus 
maîtres  de  cette  ile.  Le  manu<;crit  brame,  en  lan- 
gue tulingiennc,  envoyé  à  Oxfori ,  du  fort  faint- 
Gjorgc,  ttl  écnt  fur  les  feuillts  û\a\  palmier  de 
Malabar.  Hwrman  parle  d*un  autre  pilmier  d.s 
montagnes  de  ce  pays-lâ ,  qui  porte  des  feuille* 
pliées,  &  hirgesde  quelques  pi;;ds;  les  habiuns» 
après  avoir  enlevé  la  fuperficie  de  la  peau  >  écri- 
vent entre  les  plis  de  ces  feuilles,  ^^y^\  Knox  , 
hiftoir,  de  CyUn,  iib,  m,  trans,  philos,  n*^.  ïçç 
U  346.  Hvrn  Ind.  MMb,    Oc. 

Aux  i!es  Mildivcs,  les  habiians  écrivent  auffi 
fur  les  feuilles  d*un  aibre  appelé  rnacaraquean  ^ 
longues  di  trois  pieds,  &  larges  d'un  demi>p:ed« 
Dans  dift'crenics  contrées  des  Ind-s  orientales  ^ 
les  feuilles  du  macfa  ou  bananier  »  ftr voient 
à  récriture  avant  qixs  les  nations  commerçante» 
de  TEurope  leur  cuiTent  mortré  Fufage  du  papier. 
Riy,  h'Jh  plant,  tom,  11,  lib.  xxxil  ^  nomme 
quelques  arbres  des  Ind-JS  &  de  TAmérique  ,  dont 
les  feuilles  font  irès-propres  à  récriture;  de  la 
ftibftance  intéiieure  de  ces  feuilles,  on  tire  une 
membrane  blanchâtre,  brge  &  fine  comme  U  pel- 
licule d'un  œuf,  fur  laquelle  on  écrit  affez;  paf- 
fablcmenr  ;  cependant  le  j^pier  fait  par  art  ,  de 
diiférentis  fibres  rapprochées,  mcme  le  plus  grof- 
fier»  eit  d'un  ufage  beaucoup  plus  commode  que 
toutes  ces  feuilles. 

Les  Siamois ,  par  exemple  ,  font  de  Técorce 
d'un  arbre  qu'ils  nomment /'/w»^!/^?/,  deux  fortes 
de  pnjicr,  Tun  noir,  Tautre  blanc,  tous  deux 
groirk'rcnr>ent  fibnqués,  mais  qu'ils  plient  en  li- 
vres a  peu- près  comme  on  plie  les  éventails  ;  ils 
ècrivept  des  deux  cAfés  fur  ces  papiers,  avec  un 
poinçon  de  terre  graflfe* 

Les  rations  qui  font  au-deU  du  Gjtn^e  ,  font 
leur  papier  de  Técorce  de  plufieurs  arbres.  Les 
Autres  peuples  afiaiiques  de  deçà  le  Gnnge  ^ 
excepté  les  noirs  qui  habitent  le  plus  ati  midi  ,, 
le  font  de  vieux  chiffons  de  toile  de  coton  ^ 
I   mais  faute  d'mtelligence ,  de  méthode'  6c  d*îni1ru« 


464 


P  A  P 


mens ,  leur  papier  cft  fort  groifiçr.  Ja  ne  tiendrai  . 
pas  le  même  langige  d;;îi  jJiîpieiî»  de  la  Chine  et  ( 
vu  Japon ,  qui   méritent   notre  attention   par  la 
beauté ,  la   régularité ,  la  finefle  &  la  force  de 
leur  tiilu. 

On  garde  encore  dans  de  vieux  cloitres  quel- 
ques iorcos  de  papiers  fingulièrs  maniifcrits , 
dont  les  plus  habiles  critiques  font  fort  embarraf- 
lés  de  déterminer  la  matière  première  :  tel  cù 
celui  de  deux  bulles  des  anti- papes  Romanus  & 
Forniofcy  de  Tan  891  &  895  ,  qui  font  dans  les 
;Lrchivt'S  dj  l'tgUic  de  Girorine  :  ces  bulle»  ont 
prés  de  deux  aunes  de  long ,  fur  environ  uns 
aune  de  largo  ;  elles  paroiflent  compofécs  de  feuil- 
les oii  pellicules  collées  enfemble  tranfverfale- 
ment ,  &  Técr'aurc  fe  lit  encore  en  beaucoup  d'en- 
droits. Des  fa  vans  François  ont  hafardé  pluficurs 
conj.'flures  fur  la  nature  de  ce  papier  ,  fur  le- 
quel Tabbé  Hiraùt  de  Bclmont  a  tait  un  traité 
exprès.  Les  uns  prétendent  que  ce  papier  c^ 
fait  d*algue  marine  ;  d^autres ,  des  feuilles  d'un 
îonc  appelé  la  bogua  ^qui  croit  dans  les  marais  du 
KouAllon;  d'autres,  de  papyrus;  d'autres  enfin ^ 
d*écorces  d\irbres.  l'i^yei  Us  mémoires  de  Trévoux , 
feptembre/  17 11. 

Enfin  l'Europe; ,  en  fe  civilifant ,  a  trouvé  ou 
plutôt  perfeâionné  Tart   ingénieux  de  faire  du 

f>apier  avec  du  vieux  linge  de  chanvre  &  de 
in  ;  &  depuis  les  premiers  temps  de  cette  décou- 
verte ,  cette  fabrication  s'efl  étendue ,  variée  & 
améliorée  »  de  manière  qu*il  ne  refie  plus  rien  à 
défirer  à  ce  fujct ,  &  que  les  papiers  qui  fortent 
dj  no^  manufaâures ,  peuvent  fatisfaire  à  tous 
nos  befoins. 

Quoique  les  chiffons  de  chanvre  &  de  lin  ayent 
fourni  jufqu'à  présent  ime  quantité  fuÀifante  de 
matière  pour  la  fabrication  du  papier ,  cependant 
quelques  phyfici;:ns  ont  fait  des  recliciclws,  dont 
le  but  étoit  de  nous  f  iirc  connoitre  d'autres  matières 
é?,alement  propres  à  cette  fabrication.  Il  auroit 
été  à  défirer  qu'ils  cuficnt  dirigé  hur&  eilais  fur 
le  travail  des  peuples  de  TOrient  >  qui  emploient 
les  écorces  d'arbres  &  de  plantes  pour  faire  leur 
papier.  Nous  aurons  oecalion  par  la  f:jite  de  dé- 
crire les  procédés  des  Chinois  &  ù^s  Japonois  > 
qui  font  ufage  du  bambou ,  matière  douce  Ik  fl  ix'i- 
ble  ,  qu'on  a  prife  ici  pour  de  la  soie,  &  nous 
apprécierons  cnfuite  le  travail  de  nos  phyfici'.'ns.  ' 
Le  chiflbn  de  toilc  de  chanvre  &  de  lin,  eft  un 
tiflu  de  fibres  fuupl^s  &  fortes;,  tirées  de  Téco/ce 
de  ces  plantes  ,  tk.  que  les  leflîves  ont  débarraffées  , 
du  parenchyme  ;  en  vain  tenteroit-on  d'employer  j 
la  totalité  de  la  plante  &  le  fond  de  la  tige  ou  ' 
du  tuyau ,  cette  matière  ne  ferolt  pas  propre 
à  former  une  pâte  fufce[>tible  de  toutes  les  opé- 
rations de  la  papeterie.  Cefl  d'après  ces  princi- 
pes, qu'il  faut  diriger  le  choix  dis  fubllances  que 
e  règne  végétal  peut  nous  fournir  avantageufe- 
ment:  leur  pureté  plus  ou  moins  grande,  n'ell  pas 
abfoluoieat  oécefTair^  ;  ainfi«  la  âlaffe  du  chanvre , 


i 


p  A  p 

fans  avoir  été  peignée  ou  lefTivée  ^  peut  lirt  em- 
ployée à  la  fabrication  du  papier  ;  mais  alors  ce 
papier  fera  fort  gris  &  uhi  -  groffier  :  il  en  fera 
de  même  des  écorces  d  orties  ,  de  guimauves ,  & 
d'autre»  plantes  fcmblabies,  qui  fc  prêteront  éga- 
lement bien  à  ces  manipulations  de  la  papeterie, 
mais  qui  ne  donneront  que  des  réfultats  peu  pro- 
pres ii  dédommager  des  foins  &  des  manipulatioas 
que  leur  emploi  occafionneroit. 

L'emploi  du  coton  pour  la  fabrication  du  pa- 
pier ,  fe  fait  avec  fuccèj  dans  le  levant ,  &  peut- 
être  à  la  Chine  ;  mais  on  auroit  tort  d'en  conclure 
que  les  duvets  des  plantes  qaî  croiflenc  chez 
nous ,  &  qui  n'ont  ni  force ,  ni  fouplefTe ,  pour- 
roient  donner  une  pâte  bien -conditionnée ,  &  pro- 
pie  à  la  fabrication  du  papier. 

On  peut  lire  fur  le  papier  ,  Lconis  j4lljt':i  anti- 
quitstes  :  Etrufx  Ni^rïfoVi  de  chana  ejufjn:  ufu  apui 
antiquos ,  pièce  qui  fe  trouve  dans  /j  ça'.er'u  dl 
MinervA  \  Mabillon ,  de  rt  d'ipUmMicâ;  Montfaucon , 
palt0f,raphia  greca  ;  MafTei ,  kifloria  diphmMÎcJ,  oh 
hibliotL  uaiîq,  tom.  IL  Hdrduhuis  in  PlirJum  jlîar- 
tholinus,  d'iffenatio  de  libris  Ugendis  ;  Poîydoms 
Virgilius,  de  rer.  invent  ;  Vofùus ,  de  jru\  ^ram.  iib,  l'y 
Alexand.  ab  Alexand.  iib.  IL  ck  :p.  ^o  ;  Salmuth , ai 
PancircL  Itb.  II,  tit.  CCLIl.  Grew  ;  Mus.  rcg.  socief. 
Prideaux,  connexions  :Pïi\(ci  lexicon.  antiq.rom.t.  L 
chanœ. voce  :  enfin,  le  diâionnaire  de^h?mber, 
où  l'article  du  pjvier  clt  prefque  comtilet.  Fabri- 
dus ,  dans  fu  ùîblioîL'ca  antiqua  ,  indiquera  les 
autres  ouvrugcs  que  nous  n'avons  pas  cités  ici. 

Les  principaux  papiers  qui  méritent  une-ment'cn 
particulière  de  notre  pan ,  font  le  papier  Egyptien , 
le  papier  de  la  Chine  ,  celui  5IU  Japon  ,  le  papier  de 
coton ,  le  papier  d'écorce  et  celui  d'asbefie  ;  nrus 
iious  propofons  en  conféqucnce  de  traiter  féparc- 
ment  de  chacun  de  ces  papiers.  Pour  mettre  de 
Tordre  d;ins  cette  defjription  ,  nous  parlerons, 

i".  tiu  papier  d'Egypte ,  le  plus  célèbre  de  tous. 

a°.  du  p;.]  icr  de  coton  ,  qui  lui  a  fiiccédé. 

3°.  du  papier  de  l'écorce  intérieure  des  aibrcs, 
ou  liber. 

4^  du  pnpter  de  la  Chine. 

5**.  du  papier  du  Japon. 

6'.  du  papier  d'-shefte. 

Papier  ./'^o/.'w'  ;  (  irti  and --ns  )  c'eft  ce  papier 
fameux  dont  k-s  anciens  fe  fervoient,  ei  qui 
éioit  fait  dune  cfpè-e  de  'prc  non-.mé  ^jçyt'M 
qui  CTDilTvi:  en  Egj'pic,  furies  bords  du  Nd.  Se- 
lon lildori,  jMcmphis  a  la  gloire  d'avoir,  la  pre- 
mièrei^'fu  faire  le  papier  de  papyrus,  et  Lucaio 
femblé  appuyer  cette  idée,  quand  il  dit: 

Nondum  fiumincus  Mcn-phis  conmcxere  bibles 

Novcrat, 

Flu  r5£l.  Iib.  lîl.  verî.  2jt. 

Ce  qu'il  y  a  de  bien  hV  ,c'cfl  que  ,  de  tout» 
les  maticics  far  Iciqucl  v\  Us  anciens  ont  cent, 
il  n'en  c/l  poiiit  qui  pr liante  autant  d'avantages 
que  le  papier  l.-.it  de  papyrus,  foii   quant  aU 

legèreti. 


P  A  P 

k^irttè ,  fait  quint  à  la  facilité  de  Ta  fabrication* 
Cêroit   le  prêtent  de  la  nature ,   &   le  produit 
«f'itfle  pi* rite  qui  n'exij^eoit  ni  soins   ni  culture  ; 
i!iiC    COU&   CCS  avtintà^es  le  rendirent  -  ils   d'un 
uiage  prefque  univerfel  chez  les  peuples   anciens 
civiiifàs.  Quoique  les  hommes  ayem  varié  beau- 
coup  tes  niatitêres  qui  pouvoicnt  recevoir   l 'ê- 
citiarc ,  ils  ont  cependant  préféré  en  tout  temps 
lei  fubUances  ks    plus   communes    &  les    plus 
fades.  Ainfi  le  parchemin ,  le  papier   &  les  ta- 
blettes de  cire  *  ont   été  d'un    ufage  plus   conf- 
nm  &  plus  étendu  que  toute  autre  matière,  & 
jMr  la  «éme  raison    le  plomb  doit  avoir   eu  la 
préférence  fur  les  autres   métaux.  On  a  die  que 
llliide  &  rOdyffée  avoient  été  écrites  en  lettres 
d*or  fur    le   boyau  d'un  dragon    long   de   cent 
vingt  pieds.  En  retranchant  ce  qu'il  y  a  de  mer- 
vdlleuï  dans  ce   récit,  il   en  réfultera   que    les 
anciens  ont  écrit   fur  les   boyaux   des   animaux 
préparés,  ce  qu'il  eu.  fort  naturel  de  penfer.  Il 
cil  certain    que  les  Romains  écrivoient    fur  des 
tablettes    d'ivoire    des  lettres    miiTivcs  ,  &  plus 
Touvcnt  encore  ,  les  détails  de  leurs  affaires  do- 
indliques  ,  ufage  qui  s'efl    mcmQ  confervé  jus- 
qu'à nous* 

On  ne  convient  pas  du  temps  ou  l'on  a  com- 
mencé à  faire  du  papier  avec  le  papyrus.  On  a 
de»  autorités  qui  prouvent  que  le  papier  d'E- 
gypte ctort  en  ufage  long-icrnps  avant  Alexan- 
dre-le  grand.  Guillandia  cite  H'vmère  »  Héro- 
<iotc , Elchyie  ,  Platon,  &c. 

Pline,  £^^.  JCIIL  cap.  XI^z  dccnt  amplement 
la  manière  dont  les  Egygptiens  faifoienc  leur  pa- 
pier ;  voici  ce  qu'il  nous  apprend  à  ce  fujtt-  On 
fipare  ,  dit-il  ,  avec  une  aiguille,  la  tige  du  papy- 
ms  en  lames  ou  feuillets  fort  minces  ,  et  aulTi 
larges  qu'il  eft  poflîble  :  ç  eft  avec  ces  élémens 
qu'on  compofe  ks  feuilles  de  papier.  Les  lames 
<Ju  centre  font  préférées  ,  &  enfuite  fuivant 
Jorrire  de  la  divifion*  On  étend  les  meilleures 
fur  une  table  ,  en  leur  laiffant  toute  la  longueur 
qu'elles  peuvent  avoir  »  &  coupant  feulemefit 
ce  qui  excède  fur  les  extrémités  d*une  première 
feuille  mince.  On  en  étend  une  autre  en  travers 
«  dans  un  autre  fens.  L'eau  du  Nil  dont  on  les 
«umeâe  ,  fert  de  colle  pour  les  joindre  enfem- 
*»le  ;  on  emploie  auffi  quelquefois  la  colle  même: 
CCS  feuilles  ainfi  collées  ,  font  mifes  fous  une 
pteffe  dont  on  les  retire  pour  les  faire  fécher  au 
">fcl.  Après  cela  on  les  joint  enfcmble;  les  meil- 
^«Ures  feuilles  font  employées  d'abord  ,  et  enfuitc 
*  «ïicfure  qu'elles  diminuent  de  bonté  ,  &  Ton  finit 
P^**  les  plus  mauvaîfcs.  Il  n'y  en  a  jamais  plus 
**c  vingt  dans  la  tige  d'un  rofeati. 

Ce  papier,  avant  d'être  lavé  ,  étoit  aneîenne- 
**«iJr  appelé  HUranqut,  c'eft-à-dire  Sacré ^  &  ne 
■^i>oît  que  pour  les  livres  de  la  religion  ;  mais 
■y^m  été  lavé  par  la  fuite ,  il  prît  le  nom  d'Âu- 
P'/?^  ,  6c  porta  celui  de  Livia  ,  fa  femme,  après 
*Voir  été  lavé  une  féconde  fois  :  ainfi  !e  papier 
Arts  &  Métiers*  Terne  F,  Partie»,  //* 


P-A  P 


46; 


hiératique  defcendît  do  premier  rang  tu  troi- 
fième  ;  un  autre  ,fort  femblable  ,  avoit  été  appelé 
Amphhhédtrique^  du  lieu  oîi  on  le  falfoir.  Porié  à 
Rome  t  dans  la  boutique  de  Fannius ,  doni  les  ou- 
vriers étoient  fort  habiles  ,  ce  papier  commun  ^ 
rendu  plus  fin  par  une  préparation  particulière  , 
devint  une  étoffe  qui  furp.iira  les  autres,  &à  la- 
quelle il  donna  ion  nom*  L'amphiréàtrique  ,  qui 
n  avoir  pas  été  préparé  de  la  forte ,  conferva  le  fien, 

La  largeur  du  papier  ^  continue  Pline  ,  varie 
extrêmement  :  clleeil  de  treize  doigts  dans  le  plus 
beau  ,  de  onze  dans  le  hiératique  ,  de  dix  dans 
celui  de  Fannius,  de  neuf  dans  le  papier  d'am* 
phithcâtrc  ,  &  de  moins  encore  dans  celui  de 
Sais, qui  foutient  à  peine  le  marteau.  La  lar- 
geur du  papier  des  marchands  ne  pa^e  pas  (\% 
doigts.  Ce  qu'on  ellime  le  plus  dans  le  papier, 
c^e^  la  fineâe  ,  la  force,  la  blancheur  &  le  poli^ 

L'Empereur  Claude  a  privé  du  premier  rang  le 
papier d'Augufle,  qui,  beaucoup  trop  fin,  nefoute- 
noit  pas  la  plume  du  rofeau  ;  die  plus  «  fa  tranfpi<- 
rence  faifolc  craindre  que  ks  caraâéres  ne  nui- 
fiifênt  les  uns  3U%  autres  ,  fans  compter  le  mau* 
vais  effet  d'une  écriture  qui  s'aperçoit  it  travers 
la  feuille  de  papier.  Il  augmenta  aulTi  la  largenur 
de  la  feuille  ,  qui  n'étoit  auparavant  que  d'un 
pied.  Les  feuilles  les  p^us  larges  ,  appelées  macro^ 
rcï//j,  avoient  une  coudée  de  largeur,  mais  on  en 
reconnut  bientôt  l'inconvénient ,  lorfqu'en  ôraht 
de  la  preile  une  feule  de  ces  feuilles,  un  grand 
nombre  de  pti<;es  fe  irrvuvérent  gâtées,  C'ei^t  pour- 
quoi le  papier  d'Augufle  continua  d'être  en  ufa- 
ge pour  les  lettres  particulières  »  &  le  papier  Livicil 
a  toujours  fervi  aux  mêmes  ufages  qu*aupara- 
vant.  Mais  le  papier  Claudien  fut  préféré  à  tou« 
les  autres  ,  parce  que  fans  avoir  les  défauts 
du  papier  d*Augufte  >  il  avoit  la  force  du  papier 
Livien. 

On  donne  le  poli  au  papier  par  le  moyen  de 
rivoîre  ou  des  coquilles  ;  mais  alors  les  carac- 
tères fonr  fujcts  à  fc  détacher.  Le  pnpicr  poli 
boit  moins  Tencre  ,  mais  il  a  plus  d'éclat.  Quand 
le  papier,  dans  la  première  préparation,  n^a  pas 
été  trempé  avec  précaution  ,  il  fe  refufc  aux 
traits  de  celui  qui  écrit  :  ce  défaut  fo  fait  fentir  fous 
le  marteau  ,  &  même  à  l'odeur  du  papier.  Lors- 
qu'il y  a  des  taches  ,  on  ks  découvre  à  la  fim- 
pie  vue  ;  mais  quand  on  a  rapporté  des  mor- 
ceaux pour  boucher  des  trous  ou  des  déchiru- 
res ,  ces  opérations  font  boire  le  papier ,  &  Ion 
ne  s'en  aperçoit  que  dans  le  moment  qu'on 
écrit:  telle  eÛ  la  raauvaife  foi  des  ouvriers  ;  c'eft 
pour  prévenir  ces  inconvéniens  qu'on  donne  une 
nouvelle  f*içon  à  ce  papier*  La  colle  ordinaire 
fe  préparc  avec  de  ta  fleur  de  farine  détrempée 
dans  de  feau  bouillanEe ,  fitr  laquelle  on  a  jeté 
quelques  gouttes  de  vinaigre  ;  la  colle  des  me- 
nuifters  &  la  gomme  ne  s'emploient  pas  >  par- 
ce qu'elles  font  caffantcs.  La  meilkure  colle  efl 
celle  qui  fe  fait  avec   de  la  mie   de  pain  levé 

Nim 


466 


P  A  ? 


détrempée  dans  de  Teaii  bouillante  »  &  paiTée  par 
Té  ta  mi  ne  ;  le  papier  devient  par  ce  moyen  Le 
plus  uni  qu'il  eu  poiTible  ,  &  même  plus  lifTe 
que  la  toile  de  Vm  ;  ^\i  reAe  «  cette  colk  doit  être 
egiployêe  un  jour  après  avoir  été  faite  ,  ni  plus  tôt 
mï  plus  tard  :  cnfuitc  on  bat  le  papier  avec  le 
marteau  ;  on  y  paiTe  une  féconde  fois  de  la  colle  y 
on  le  remet  en  prefle  pour  le-  rendre  plus  liiTe 
&  plus  uni ,  &  on  Tétend  à  coups  de  marteau, 
Cefl  ce  papier  qui  donne  une  (1  longue  durée 
aux  ouvrages  écrits  de  la  propre  main  des  Grac- 
ques  jTiberius  &  Caius.  Je  les  ai  vus  cher  Pom- 
ponius  Secundus ,  poète  &  citoyen  du  premier 
mérite ,  prés  de  deux  cents  ans  après  qu'ils  avoieiit 
été  écrits.  Nous  voyons  aflez  communément  ces 
papiers  écrits  par  Gcéron  ,  Augufle  6c  Virgile, 

Les  favans  voudroient  bien  avoir  à  leur  dif- 
poltiion  cette  bibliothèque  de  Pomponius  Se- 
cundus  ;  mais  que  dirolt  Pline  ,  s'il  voyoit  comme 
nous  des  feuilles  de  papier  d'Egypte  ,  qui  Oiit 
mille  Si  douze  cents  ans  dVntiquité  ? 

On  a  vu  ,  dans  ce  long  paiïage  de  Pline  ,  que 
les  lames  de  papyrus  ètoicnt  collées  enfemble  , 
en  les  humeâant  avec  de  l'eau  du  Nil  ;  il  cft  à  croire 
que  lotite  eau  de  rivière  eût  été  également 
bonne  poiir  cette  première  préparation,  qui  con- 
fi/loit  à  détremper  les  lames  du  papyrus  ,  et  à 
faciliter  Tsétion  du  fuc  qu'elles  renfermaient  ; 
mais  rivoire,  la  coquille,  la  d^nt  de  loup,  Tcpé- 
ration  dum^irteau  ,  c^lle  de  la  greffe ,  étoieot  dus 
a»?x  recherches  &  k  rindurtrie  des  marchanda  dc 
Rome.  Pour  ce  qui  efl  de  la  colle-,  ks  Egyptiens 
en  co.jnoiiToicnt  Tufage  ;  mai^  on  peut  pièfû- 
oier  qae  les  papetiers  de  Rome  en  avoient  aufll 
perfethonné  &  varié  remploi  fuivant  h  deftina- 
fion  des  papiers. 

Lespapitrsd'Augufte,  de  Livie  ,  de  Fannîus, 
d'amphlthéacrï  ,  enfin  tous  ceux  qui  portoicnt  des 
dènOi-ni notions  romaines  ,  étoieot  conflammeiit 
faits  avec  le  papyrus  dTgypte ,  mais  préparés  & 
Iravratlés  de  nouveau  à  Rome,  Li  plus  grande 
amélioration  de  ces  papiers  ,  pe  confiflott  qiied.ins 
la  manière -dont  ils  étolent  battus  &  bvés.  Notis 
voyonî  di-  nos  jours  les  papetiers  de  Paris  prépa- 
rer ainfi  nos  papiers  parle  lavis  Ôt  le  kit^age ,  ce  qui 
en  perfeiftio nne  quelques-uns  &  en  ahère  d*autres. 

On  apc^-çr^ît ,  par  le  récit  de  Pline ,  une  diffé- 
rence notable  dans  les  grandeurs  de  chaque  feuille 
de  papier  ,  en  les  comparant  à  celles  du  papier 
qui  fe  fabriquoit  en  Egypte  ;  on  voit  que  les  pa- 
pier; préparés  à  Rome  ont  des  formais  dont  les 
dimcnfions ,  en  variant ,  font  devenues  plus  pet.ics: 
outre  ces  changcmens  de  mefure,  on  doit  croire 
quil  y  avoît  des  préparations  à  Rome  qui  in- 
fluoient  fur  Tctoffc  même.  Caffiodore  fait  leloge 
des  feuilles  de  papyrus  employées  de  Ton  temps, 
quiétoient  blanches  Comme  la  neige ^  &  compo- 
ftes  d'un  grand  nombre  de  petites  piéc«,  fans  que 
ks  jointures  parulTenl.  On  pei^.âionna  aufli  tVt 


P  A  P 

dont  parle  Ovide ,  dans  le  i".  livre  des  Trifics ,  de 
polir  le  papier  avec  la  pierre- ponce. 

Comme  malgré  tous  les  foins  qu*on  aveît 
pris  pour  donner  une    cerialoe  f  papier 

d*Eeypte  ,  les  feuilles  en  étoieni  v  es  pour 

fc  foutenir,  quoique  réunies  tn  ccuato  nombre, 
ÔC  qu*ou  les  employoit  à  f;jire  des  livres ,  on  s*aipnfi 
de  les  entrf  mjfer  de  feuilles  de  parchemin  furlef- 
quelles  recru urc  étoit  continuée  :  ainfi  après  cinq 
à  fix  feuilles  de  p  pier  d'Egypte  ,  on  infétoif  detuc 
feuilles  de  prirchemin.  On  conferve  à  Tabbaye  de 
St.  Girmain-dcs-Près ,  une  partie  des  épitTCf  de 
St.  ^ugi.flin,  écrites  de  cette  manière  fur  du  pa- 
pier d'Egypte  ,  entremêlé  de  feuilles  de  parche- 
min. Oc(\  un  vieuit  manufcrit,  auquel  on  donne 
en\'iron  i  loo  ans.  Les  lettres  y  font  en  bon  étai , 
te  l'encre  a  conferve  toute  fa  noirceur, 

L£s  Egyptiens  falfoient  dans  tout  le  m^nde  QQ 
grand  commerce  de  leur  papier  ;  il  augmenta  (m 
la  fin  de  la  république  Romaine ,  ik  devînt  encore 
plus  ilorifl'ant  fous  le  régne  d' A  ugufte:aui&,  comme 
le  débit  ûz  ce  papier  éio.t  prodigieux  pour  les  m* 
tions  étrangères  ^  on  en  manquoit  quelquefois  i 
Rome  ;  c'eft  Cf  qu'on  vit  arriver  du  temps  dc 
Tibère  :  comme  on  ne  reçut  à  Rome  qu'une  petite 
quantité  de  papier  d'Egypte ,  cet  événement  caufa 
du  tumulte  ,  6l  le  fénat  nomma  des  commi^airei 
pour  en  diilribuer  à  chacun  félon  fes  befoitis,  & 
autant  que  la  difctte  le  permettoit,  Ph>T?ifqHe  fait 
voir  combien  le  trafic  de  ce  papier  t  d, 

quand  il  dit  dans  (o^  traite  Cylotès  1 1  .  '/l^ 

il  pas  que  le  Nil  manquât  de  papyrus  avant  que 
ces  gens-lik  ceiïafTeat  d'écrire  ?  L'empereur  Adrien , 
dans  fa  lettre  à  Se^vi^n ,  confu) ,  &  que  Vopifciis 
nous  2  confervée  ,  met  entre  les  principaui  artl 
qu^on  exercoit  à  Alexand.ie  ,  celui  de  faire  d«s 
tcuilles  de  papier  propres  à  récriture,  Ccfi  Bl)C 
ville  riche  &  opulente  ,  dit -il ,  ou  perfonnc  ne  fit 
dans  loiAveté  ;  les  uns  travaillent  en  verre  ,  Ici 
autres  font  des  feuilles  de  papier  à  écrire  ,  d*iiart$ 
de  la  colle,  &c.  Sou*  les  Antonins^  ce  commerec 
continua  avec  la  même  vigueur,  Apulée  tUt  ç^'il 
écrit  fur  du  p:ipier  d'Egypte  avec  urecAOïKAi 
Nil  ;  carc'croït  le  Nil  qui  fournîffoit  les  rafom 
dont  on  fc  fer  voit  pour  écrire ,  &  c*étott  i  hUm- 
phis  qu'on  les  prcparoit. 

Les  empereurs  fe  fervoient  du  papier  d*E€vpte 
pour  écrire  leurs  lettres  fii  leurs  mémf^-^'  '^  ^ 
tien ,  dit  Dion  ,  écrivit  les  noms  de  ct  ih 

loit  faire  mourir  ,   fur  une  feuille  doi  .    pb^ 

lyre  ;  car,  félon  Hérodien  ,  ces  fort:  iki 

fimples  font  très-minces*   Le  con  ;'i' 

pitr  éioit  fi  erand  vers  la  fin  du  c, 

que  le  tynn  Frmus  s'étant  t  m  paré  d<-  ,  k 

vantoit  qu'il  avoit  a/Tet  de  p^^ier  8l  li  .  m 

entretenir  fon  armée*  Ct:U  prouve  que  les  proîn 
dc  cette  vente  étoieot  confidérabW 

St.  Jércme  ntus  apprend  nue  :  ce  p* 

pier  d'EgVTtt  é.oit  toi^joiir;  le  mvniv  u.ii.s  k  cia* 
quiémc  Ittclcoù  ilvivoit*  ht  papier  ne  namtf^ 


J 


P  A  P 

«inqu^i  dir-îU  dansû  icitic  à  Chramace ,  pmfque 

jr..  ,..  continue  Ton  cominercc  ordinale-    Les 

r  le  papier  cunt  trop  grands  fur  la  fin  du 

in  Lin  '  uccte  ou  au   cofnmencemcnt  du  fuivant  , 

Thèodortc ,  roi  «'Italie ,  prince  modéré  &  équîta- 

Itlc  ,  en  déchargea  le  public  ;  ce  fut  fur  ceia  que 

pmjS^odcrc  écrivît  la  trente-hiiîtiéme  icmcde  ion 

lèAc  livre,  où  û  fcm^lç  féliciter  touic  la  terre 

décharge  de  cet  impôt  fur  une  mardiandiTc 

ncc«. iLire  «  tout  le  gcnrt:  humain. 

JLa  liAicme  fieclc  ,  fi  on  les  PP.  Mantfaucoti  & 

^fon,  fiurn»t  aufll  des  m^jnumens  értiiS  far 

fsphr  rE^yfte,   Ils  citent  une  charte  a o pelée 

€àmr!j  ^Ufîjn^ fecuntan^  ,  de  l'empercUr  Juftniien* 

Le  péfc  M,bi!lon  la  fait  imprimer  peu  de  temps 

ar  ni  fa  mon,  avec  la  forme  d^-s  caraftèie>.      e 

kjix>nui7sent  fuiçulierefl  a  la  btbliotliéque  du  toi  de 

•fr-ncc    Le   ^ère   Alontt.«ucon    dit  avoir  vu  ,  en 

■  I6c8  »  à  Venife  ,  d*o$  la  bibliothèque  du  procu- 

Kfa«-iir  Julio  Juftif.iani ,  trois  ou  quatre  fragmr^ns 

4s  pa^^ier  d  £g>pce ,  dont  l  écriture  étoit  du  même 

iiclc  ,  mai%  dont  on  ne  pouvoir  rien  t<rcr,  parce 

^ue  c*étoicnc  des  morceaux  rompus  où  Tod  ne  trou- 

t?0it  aucune  fuite.  Le  P.  Mabïllon  parle  dans  fa 
diplomatique  »  d  un  -tui  e  marufcrit  quM  croit  être 
du  même  fiéclv  ,  ^  qui  étoit  autrefois  de  la  hibbo- 
thèc|ue  de  M.  Petau  ;  mais  ce  favant  antiquaire 
Jî'a  jamais  pu  vair  le  manufcrit.  Il  cite  ,  outre  cela, 
ua  m  nuicrit  en  papier  ./Egypte,  qu'on  confcrvc 
k  h  bibliothèque  de  S^.  Ambroifc  de  Milan  ,  âc 
^ui  contient  quelques  livres  des  antiquités  Judîï- 
qucs  de  Jofephe  ,  traduites  en  latin  ;  il  d  ''nne  à  ce 

tsianufcrit  àpeu-piès  b  même  aoiiquité  :  mais  il  la 
irauvé  en  aikz  mauvais  état. 
Ve  même  père  dit  avoir  vu  dans  la  bibliothèque 
dt  St,  Manin  de  Tours ,  les  reÙcs  d\jn  vieux  hvre 
grec  ,  écrit  fur  du  pripier  d'Egypte  ,  6c  qui  lui 
fanic  être  du  fcptiemc  fieclc. 

Il  croit  tncore  que  TEvangile  de  St.  Mire ,  qu'on 
(^dc  dans  le  tréfor  de  Venifc  ,  %û   écrit   (ur  le 

»mcm€  papier  ,  dont  \c\  ft*  tut  les  lui  ont  paru  plus 
«lélicaies  que  beaucoup  d  autres.  Il  penfeque  c'eft 
le  plus  ancien  de  tous  le;»  manufcri^s,  &  qu  on  ne 
hafarde  guère  en  d  Tant  qu'il  eft  au  plus  tard  du 
^«trtène  fiéclc.  &:  manufcrit  efl  prefque  tout 
C&cé  t  6k  fi  pourri ,  que  les  feuilles  étant  toutes 
«oUécs.  Tune  contre  f autre,  on  ne  peut  tenter  de 
faurncr  un  feuillet  fans  que  tout  s^en  aille  en  piè* 
ca  :  enfin  ,  ajoute-t  il ,  on  n  y  fauroit  lire  deux 
0i<»ts  de  fuite. 

Selon  le  mèm^  antÎ4|uaire  ,  on  fc  fervott  en 
France ,  en  Italie ,  ik  dans  d'autres  pays  ùe  TEu- 
fopc  ;  du  papier  d'Egypte  pour  des  lettres  ou  des 
aâc*  publics.  11  en  rcft-  encore,  dit  il ,  un  aiïez 

tgrar^d  nombre  d^ns  les  abbayes  &  dans  les  ar- 
chives des  èglifes,  comme  àSaint-D.nys  ,  à  Corbie, 
i  fabbaye  de  GraiTc  »  &  en  d'autres  couvtns. 
Il  dk  vriifemblable  que  rinv«:ntion  du  papier 
de  coton  ,  dont  nous  parlerons  dans  un  aiticîe 
^nkulier  ^  a  fait  tomber  iafenûblement  Tufa^c 


p  A  p 


467. 


du  papier  d'Egypte;  mais  ccft  une  grande  quèf* 
tion  de  favotr  en  quel  temps  on  a  ceHe  totalement 
de  f<tbriquer  le  papier  d'Egypte  ;  car  à  préfent  la 
papyrouzhnU  E  yp'idca ,  l*art  de  fabriquer  le  papier 
égyptien  >  cU  mis  au  nombre  des  arts  qui  iont 
perdus.  Eiiilathius ,  le  favant  commentateur  d*Ho' 
mère  ,  allure  que,  même  de  fon  t^ms,  favoir,  en 
tiyo,  il  o'é.oit  plus  en  ufage.  Le  pcre  Mabillon 
foutîent,  à  la  vérité,  que  l'ufage  en  %  ouré  juf- 
quau  onzième  fiécle  après  J,  C,  St  cite  un 
certain  Frèdegaire  ,  moine  ,  poète  du  dixième 
fièele ,  qui  en  parle  comme  U*un  art  qui  futfuloit 
le  fiècle  d'auparavant,  c\iVi-d  rc,  dans  le  neuvième 
ûécle  ;  mats  le  même  père  Mabillon  s'cfiorce  de 
prouver  que  Tufage  en  a  duré  plus  lon^-tcmps, 
par  phifiturs  bulles  di  s  papes  ,  écrites  fur  le  pa* 
pyrus  j  âzns  le  onzième  fiècle*  Foyc^  M^bdlon , 
de  re  dp'omat, ,  Li^,  1,  Cap,  VUL 

Cependant  le  comte  Maffci  foutîent  dans  fon 
Ijî  '^  Diplomm,^  LL  II,  Siblkià,  ItaL  ^  fQ/n,  II, 
p4£r  2^1 ,  avec  quelque  probabilité,  que  le  papier 
d'Egypte  n'étoit  déjà  plus  en  ufigc  avant  le 
cinq^iième  fiecle  ;  xi  ne  regarde  pas  comnne  au- 
thentiques Içs  métroires  écrits  fur  ce  papier  & 
liatéi  poftéiicuremtnt  à  ce  temp<.  Les  bulles  des 
papes,  citées  par  le  père  MabiJun ,  p:iroi{rent  à 
ce  rivant  avoir  été  écrites  (ut  du  papir^r  de  cotoi7. 
Les  ôbfervations  que  nous  faifons  n^  fc  rapportent 
qu'à  Tufagt  gt':néral  Si  public  du  p  *p:cr  d\Etypt€^ 
car  il  ne  ferott  pas  étonnant  que  quelques  parti- 
culiers cuflent  cor.tinné  de  Tcm^loyer  quctrjues 
centaines  d'années  ap  es  qu*oa  a  ceiTé  d^eu  taire 
ufage  commune  m  nt. 

Le  même  fa  va  m  italien  eft  dans  la  perfusfion 
que  i*Evangi!e  de  S.  Marc  qu'on  conferve  à  Ve- 
lijfe,  eÛ  éctti  fur  du  pa  ier  de  coion  ,  &  qu*aii 
contraire  le  Jofcphe  de  la  bibliothèque  ambrot- 
Tienne  de  Milan,  eft  écrit  fur  du  p.pcr  égyptien, 
qu'il  a  reconnu  au  premier  coup-d'œil. 

Voilà  les  principales  obfervauons  des  fa  vans 
fur  le  papier  égyptien  ,  fcs  uGges  Si  ù  durée. 
Il  n'ed  guère  politbte  d'  jouter  quelque  chofe  de 
nouveau  fur  le  papier  d'Egypte ,  à  ce  qo*en  ont 
dit,  parmi  les  anciens,  Pline,  //^.  XllI,  Théo- 
phr^Ae,  lit,  IV  ,  cap.  IX;  &  parmi  les  modernes, 
Guîlaudlnus,  Scalîger  ,  Saumiife  ,  Kerchmayer^ 
Ntgrifolt;  le  père  Hardouin,  dans  fon  édition  de 
Pline;  le  père  Mabillon,  dans  fon  ouvrage  d€  re 
d'phmdncd  ;  dom  Montfaucon,dans  fa  paléographie 
&  dans  le  recueil  de  littérature;  TilloÛre  Maffei, 
dans  fon  Iftor,  Dp'omat,;  &  enfin  M*  le  comte 
de  Caylus  ^  dans  le»  Mémoires  de  Tacadémie  des 
îpfcription* ,  tom.  XXVI.  C'eft  d'après  Un  &  les 
recherches  de  M.  Bernard  de  Jiiîieu,  dom  il  a 
fait  ufage  dans  fon  excellent  mémoire  fur  le  pa- 
pyrus, que  nous  ajouterons  ce  qui  nous  rcAe  à 
dire  fur  cette  plante 

Avant  que  d'entamer  la  defcription  du  pjpynti 
d'Egypte ,  il  eA  naturel  de  dire  un  mm  de  T  pi* 
ïù\jn  ailci  généralement  reçue  dans  1  Europe ,  lur 

Non  % 


;68 


î>  A  P 


U  perte  de  cette  plante.  En  fuppofant  cette  perte 
poifiblc ,  on  ne  pourreit  au  moins  la  faire  remon- 
ter fort  haut,  car  il  n*y  a  pas  encore  deur  cents 
ans  que  GuiUandin  8c  Profper  Alpin  obfervérent 
6c  reconnurent  cette  pUrte  fur  les  bords  du  Nil, 
&  que  Guillandin  vit  les  habitans  du  pays  en 
manger  la  partie  inférieure  &  fucculente  de  la 
tige,  comme  en  le  fa^foit  anciennement;  par- 
ticularité qui  feule  fuffiroit  pôwr  nous  faire  rc- 
connoitre  le  papyrus,  &  dont  tl  ne  parotr  pas 
que  d'autres  yoyagetjrs  aient  profité.  Cet  ufage, 
&  ceux  qui  font  rapportés  par  Profper  Alpin,  nous 
«pprcnncnt  que  cette  plante  n'eft  pas  tout-à-faît 
inutile  depuis  qu'elle  a  perdu  fon  principal  mérite, 
en  ceitant  d*êue  employée  à  la  fabrication  du 
papier* 

Les  changcmens  furvcnus  dans  le  fol  de  l'E- 
gypte, &i  les  foins  des  habitans  pour  profiter  des 
terres  qui  peuvent  être  cultivées,  ont  rcn.iu  vrai- 
fcmblablement  La  plante  du  papyrus  moins  corn- 
mune  ;  mais  des  caulcs  qui  ne  peuvent  être  que 
locales ,  n'ont  pu  occafionncr  la  dettruéàien  entière 
du  papyrus ,  d'autant  plus  que  cette  plante ,  crotf- 
fant  dans  Teau  ,  ell  par  là  à  Tabri.  de  cet  évé- 
nement. Le  ftlence  des  auteurs  tes  plus  récens 
qui  ont  écrit  fur  TEgypte  ,  ne  peut  être  avancé 
comme  une  preuve  de  cette  dellruâion  ;  mais  il 
cfl  étonnant  que  M.  de  Maillet ,  qui  paroit  avoir 
lait  des  recherches  à  ce  fujet ,  lait  confondu  avec 
le  Muja  ou  figuier  d'Adam,  plante  qui  c&  très- 
difTérenie* 

Le  papyrus»  dit  Pline,  croît  dans  les  marais 
d'Egypte ,  ou  même  au  milieu  des  eaux  dornnantes 
que  le  Nil  lailTe  après  fa  crue  ,  pourvu  qu'elles 
n'aient  pas  plus  de  deux  coudées  de  profondeur  ; 
il  jette  une  racine  tortueufe  &  de  la  gr^»freur  du 
poignet  i  fa  tige  eft  triangulaire,  &  ne  s'élève  pas 
à  plus  de  dix  coudées,  Profper  Alpin  ne  lui  donne 
que  fix  à  fept  coudées  au-deffus  de  Teau*  Sa  tige 
va  toujours  en  diminuant  ,  5c  fe  termine  en 
pointe.  Théophrafte  ajoute  que  le  papyrus  porte 
une  chevelure,  un  panache  qui  formé  le  thyrfc , 
dont  parle  PUne*  Guillandin  nous  apprend  que  la 
mine  du  papyrus  jette  à  droite  &  à  gauche 
quantité  de  petites  racines  qui  fouiienncnt  la 
plante  contre  rimpèîuofité du  vent ,  &  leffort  des 
eaux  du  Nil  ;  félon  lui ,  les  feuilles  de  cette  plante 
font  obtufes ,  6c  fembîables  à  celles  du  typha  de 
marais. 

Les  Egyptiens  emnloyoïent  le  papyrus  &  fes 
parties  à  diffêrcos  uiagcs  ,  que  nous  ne  rappor- 
terons pas  ici  f  parce  que  ces  détails  n'entrent 
pas  dans  notre  plan. 

Le  principal  ufage  qui  nous  intéreffe,  eft  celui 
4e  fournir  des  membranes  ou  pellicules  avec  Icf- 
quelles  on  faîfoît  .le*  feuilles  de  papier  propres 
à  récriture,  Se  qu*orï  nommolt  j8iÎA#ff,ou /t^z/mW^î; 
.  on  les  appeloii  anHi  «<tffif<  ,  &  en  Utin  ckarta, 
C;:r  le^  autcars  latins  entendent  ordinairement 
par  (hartd  ^  \c  papier  d^E^^ypte, 


P  A  TP 

Le  papyrus  croifToit  en  G  grande  (rtsantîié  for 
les  bords  du  Nil  ^  que  CalTiodorc ,  Hh.  X'  "  S,, 
le  compare  a  une  forêt.  Là,  dit-îi  ^  s  tte 

forêt  fans  branches,  ce  bocage  fans  fcuiliji,  c^tte 
molflbn  qui  cioît  dans  les  eaux  ;  at^^^^rum  ft^tf, 
CCS  ornemens  éc&  marais* 

Profper  Alpin  eft  le  premier  qui  nous  aîf  doimfcH 
«ne  figure  du  papyrus,  que  les  Egyr  ?^*^ 

loient   kérd.   Quelque    mauvaifc   qu'n  .  j, _  ïst 

fuppofer ,  elle  paroi t  néanmoins  convenir  k  ï% 
defcripti<<»n  de  la  plante  dont  parle  Théo^  ^^'  *'*" 

Les  botanides  anciens  avoienr  placé  le  ; 
parmi  les  plantes  graminées  ou  les  cV 
ignorant  à  quel  genre  il  dcvoit  appar 
(ont  contentés  de  le  défigner  fous  le  nom  :iritija 
de  papyrus  ,  dont  ils  ont  fait  deux  cfpéces  ,  celli 
d'Egypte  ,   &  celle  de  Sicile.  Les  nouveaux  #nr 
cru  reconnoitre  que  ces  deux  plantes  étoient  UM 
feule  6t   même  cfpèce  de  cyptrus  \  c'cft  fous  ce 
genre  qu'on  la  trouve  dans  les  catalogue^  fit  ï<» 
defcriptions  des  plantes,  publiés  depuis  fédiCMMi 
de  Touvrage  de  Morifon ,  oii  le  p.}fyrus  cft  nofiné 
cypems  Nihtkus  vd  firiacus  maximus  pàpyr^aft. 

Dans  les  manufcrit»  qui  nous  reflcm  des  lcttr«i 
&  des  remarques  de  M.  Lippi ,  méJecin  de  la 
faculté  de  Paris,  qui  accompagnoit  M.  du  Rovle* 
envoyé  du  roi  Louis  XIV  à  lempereur  d'Ahjf* 
finie  ,  on  trouve  la  defcrtption  d'un  cjftrm 
qu'il  a  voit  obfervé  fur  les  bords  du  Nil  en  1704» 
Après  avoir  parlé  des  fteurs ,  il  dit  que  pluftcutf 
épis,  couverts  de  quelques  )eunes  feuillet,  (skêl 
portés  fur  un  pédicule  affei  long*  &  que  pîufisni» 
de  ces  pédicules  également  chargés,  vcnaf»»  »  f** 
réunir,  forment  une  efpèce  de  pirafol;  !c 
de  ce  parafol  eil  environné  de  quantité  de  tcu^i.^ 
qui  couronnent  la  tige  fur  laquelle  il  porte,  La 
tige  cft  un  rn fme  firt  long  ,  dont  les  angles  foot 
un  peu  r^nondis  ,  les  feuilles  qui  s'en  dètaiclieat 
repréfentent  parfaitement  tine  îime  d*épèe  1  non 
ps't  de  celles  qui  font  la  goiiitiér-,  «lats  de  ccUes 
dont  le  grand  cité  foutient  une  cannelure  :  Ic» 
racines  lont  noires  &  chevelues;  il  nomme  cetit 
plr^ntc  cypinu  NUiacns  major,  umbtUd  mBÎffjAdt 

Le  mcme  Lippi  en  avoir  remirqué  tine  aiiire 
cfpéce  qui  ne  s'élève  pas  awifi  haut,  doot  11  ttge 
&  les  feuilles,  cependant,  etoicnt  les  —  — -•  it 
dont  les  épis  formoient  plutôt  une  ci  -t 

qu*une  ombelle;  cette  tétc  éioît  f->rî  i  '  .  j^ 
fantc  &  comme  dorée  ,  riche  ^:  *i  :  ch  ;:t: 
elle  eft  portée  fur  de  longs  nédicuîes  ,  dont  k 
bafe  fc  réunit  en  psrafol  ;  il  l  appelle  tyffrut  o* 
lidcut  major  aurea  d'tvtfa  pdnku!j*  Cw  àcux  (bfltl 
de  cyperus  ont  enue  eux  une  reifecnbUflce  iiii> 
quée  ,  par  leurs  feuilles,  leur  ttge^  le  panirlt 
en  parafol  qui  les  coufonnc ,  &  les  îktu  mt- 
récageux  ou  elles  croiflent.  La  feule  &tthtfit9 
confide  dans  la  force  des  épis  ,  ce  ^ni  ieff  ^ 
les  diftihguer  Tune  de  raucrc;  touicç  émm  em 
quelques  rapports  avec  le  papyrus  êi  1$  (m  * 
tels  qu'Us  f^nt  décrits  par  les  anciens  tliK«iS*LA 


P  A  P 

pf«micre  pourrolt  irre  le  papyris ,  &  la  fecaode 
le  firî  ;  maïs  ce  n^'cft  là  qu'une  conjeÛure. 

Le  papyrus  qut  croifToit  dans  le  milieu  des  eaux, 
JW  ilcMinoit  potm  de  graines  ;  ion  panache  écoic 
compofï  de  pédicules  foLbles,  fort  longs»  Tem* 
liUbles  à  des  cheveux  »  coma  ïnutïU  exUiqiu  ^ 
4ix  Théophrafte.  Cette  pantcubriié  fe  montre 
^Blâment  dans  le  papyrus  de  Sicile;  nous  la  con- 
ïïUiMons  encore  dans  une  autre  eCpèce  de  papyrus 
apportée  de  Madagafcar  par  M.  Poivre^  corrcf- 
pondant  de  lac^dcmic  des  fciences.  Les  panaches 
de  l'une  8c  rauirecfpècc,  comparés  par  M,  Bernard 
de  Ju^Ccu ,  ont  ccè  trouvés  dépourvus  d'épis  de 
fleurs  ,  &  par  confequent  ftcnles.  Uodoeus  & 
St^pcl  dans  Tes  commentaires  fur  Tliéophrafle  » 
ont  ûiî  rcpréfenter  la  tige  &  le  panache  du  pa^* 
pynis  en  cet  eut,  &  le  dclTin  en  avoit  été  en^ 
vové  d*Egypic  à  Saumiifc. 

Si  le  papyrus  de  Sicile,  dont  il  s*agir ,  a  érè 
de  quelque  ufige  ch^z  les  Rimains,  c  cil  ce  que 
nous  ignorons;  il  cft  nommé  papero  en  Italie,  &^ 
félon  Cêfalpin ,  papero.   Ce  papyrus  de  Sicile   a 
été  cultivé  dans  le  jardin  de  Pife,  &  n'eft  point 
le  pcfynis  d  Egypte ,  fi  l'on  s'en  rapporte  à  la 
detciiption  qiie  Céfalpin  en  a  donnée  Juiméiiie 
d'ipféi  rubfervation  de  la  plante. 
I        Le  papyrus,  ditil,  que  Ton  nomme  vulgaire- 
■jnent  pipero  en  Sicile ,  poulfe  des  tiges  plus  longues 
p&  plus  grotfes  que    celles  du   fuiichet  cypcrns , 
hautes  quelquefois  de  quatre  coudées  ,  &  à  angles 
.  c^mts  ;  elles  font  garnies  à  leur  bafc  de  feuilles 
m  courtes  qui  nai^Tent  de  ta  racine  r  on  n'en  voit 
L aucune  fur  la  tige ,  lors  même  qu'elle  tû  entièrement 
I  développée  ;  mais  elle  porte  à  Ton  fommct  un 
barge  panache ,  qui  reiTcmble  à  une  gro^e  rouife  de 
Bcbeveux  épars;  il  c{l  compofé  d'un  grand  nombre 
"de  pédicules  triangulaires  en  forme  de  joncs,  à  Ycx- 
tfémitc  defquels  font  placés,   entre  trois  petites 
feuilles ,  des  épis  de  fleurs  de  couleur  roufTe ,  comme 
dans  le  iuuchct;  les  racines  font  ligneufcs»  aufll 
k  i^roTrs  que  celles  du  rofean,  gcnoui liées  ,  &  elles 
Volettent  une  infinité  de   branches  qui   s'étendent 
obliquement  ;  par  leur  odeur  6l  leur  faveur,  elles 
w  appfoclient  de  celles  du  Huche^tamais  elles  font 
téuoe  couleur  moins  brune:  deWkr  furfjce  infé- 
ft^ire  fortent  phifteurs  racine'»  j^^ues  &  ftbreu- 
ie*  ,  &  de  la  lupcrieure  s*c'éve4Bles  ttges  nom- 
fcreofe  ^i  qu*ellcs  font  tendres, contî-nnent 

un  (iic  '  lc  plante  a  été  apportée  des  ma- 

rais   ic  ins  le  jardin    de   Pife  V    v^/îw   in 

2101  ^  cx  Sicdta  paiujîriàux.  Théop lira  Ile 

tt  dcu«  plantes  différentes  feulement  par  leur 
idciirqui  ont  du  rapport  avec  notre  pjpyrus  ^ 
iMHf  I  kptfyttts  fit  le  ftri:  telle  efl  la  dcïcnp* 
«on  de  Célatpin. 

Le  paoache  du  papyrus  de  Sicile  eft  aflfez  Kien 
rêprcienrè,  quoique  fort  en  raccourci,  dans  la  fé- 
conde paJtie  du  muftum  dt  Bû::one*  Ce  panache 
eft  une  touffe  ou  alTemblagu"  d'une  très -grande 
|uaaiité  de  longs  pédicules  fort  minces^  qui  oaîflent 


p  A  p 


469 


d'un  même  point  de  divIAon ,  difpoiés  en  forme 
de  parafol ,  ^  qui  portent  à  leur  entremit^  fu- 
périeurc  trots  feuilles  longues  Si  étroites  du 
milieu  defqutlîcs  ronent  d  autres  pédicules  plus 
courts ,  chargé  vcr^  le  haut  de  pluficars  paquets 
ou  épis  de  fleurs.  Mcheli ,  dans  Tes  nov4  plmtn- 
rum  gênera  ,  imprimés  à  Florence  en  1728  ,  a 
fait  graver  un  de  ce*  longs  pédicules  de  grandeur 
naturelle  ;  il  cft  d'ab®rd  enveloppé  k  la  biic  par 
une  gaine  qui  a  un  pouce  &  plus  de  longticur; 
cnfuite,  vers  ion  extrémité,  il  fupporte  trois  feuilles 
longues ,  Se  étroites  Ô:  quatre  pédicules  ou  font 
attachés  les  paquets  de  fleurs.  Chaque  pédicule 
a  aufli  une  très -petite  gaine  i  la  hafe.  Enfin 
on  trouve  dans  la  groflographia  de  Scherchzer , 
une  dcfcription  fort  détaillée  du  panache  d'une 
efpècc  de  cyperus ,  qui  paroU  être  celui  de  la 
plante  de  Sicile. 

On  peut  conclure  de  cet  expoft,  que  le  papyrus 
de  Sicile  cft,  i  peu  de  chofe  prés,  bien  connu  en 
botanique.  11  feroît  à  fouhaiter  qu'on  eût  autant 
de  coniîoUTances  (ures  à  rég.*rd  du  papyrus  d'E- 
gypte; néanmoins  il  faut  avouer  que  ces  deux 
plantes  ont  entre  elles  une  très-grande  affinité 
puifquon  lésa  fouvent  confondues,  ainfi  que  le 
jari  &  le  papyrus  mlouca,  qui,  fuivant  Théo- 
phraile ,  ont  un  caraftère  de  relfcmbtance  très  mar- 
qué »  &  ne  différent  feulement  qu'en  ce  qut  le 
papyrus  pouile  ^q%  liges  fort  groiTcs  &  fort  hau- 
tes ,  qui ,  étant  divifécs  en  lames  minces ,  fervent 
à  la  compofition  des  feuilies  de  papier  r  ce  qui  eft 
bien  Icffentiel  de  cette  difculEon ,  eft  que  le  jOr/ , 
au  contraire ,  a  fcs  tiges  plus  menues  fie  moins 
élevées ,  dont  on  ne  peut  faire  ufage  pour  la  fo- 
btication  du  papcr. 

On  ne  doît  pas  confondre  \t  papyrus  qui  rervoîi 
anciennement  à  faire  le  papier,  avec  le  papyrus 
At  Sicile,  qui  vcnoir  auflî  dans  laCalabre  ^  dans 
la  Pouillc  ;  car ,  felnn  Srrabon  ,  le  papyrus  ne 
croiiToit  que  dins  1  Egypte  &  dans  Hnde:  la  plu- 
part des  boianiftes  ont  cru  que  la  plante  de  Si- 
cile étoit  le  fari  de  Théophrafte  r  d'autres  ont 
avancé  que  le  p^py^us  dEgvpfe  &  [^  fari  étoient 
une  même  pbnte  confidérée  feulement  en  deux 
éiars  .liffircns  ,  &  relativement  i  leur  plus  ou 
moins  de  grandeur;  ce  qui,  félon  eux,pouvok 
dépendre  de  la  qualité  du  terrain  &  de  la  diffé- 
rence du  climat  »  ou  d'aytres  accldens ,  les  pieds 
qui  croïiïuient  au  milieu  des  eaux  ayant  des  tiges 
plus  grotTcs  8c  plus  hautes ,  &  un  panache  en 
forme  à\%nt  touffe  de  cheveux  très-longs,  foî- 
blés,  &  fans  aucune  graine  ;  pendant  que  d'au* 
très  pieds  qui  naiflbîetn  fur  le  bord  des  rivières 
des  marais  ou  de*  iacs  ,  poriôient  des  lige» 
plus  baffes  ,  plus  grêles  &  un  panache  moins 
long  ^  moins  foibic ,  chargé  de  fleurs  ,  &  de 
graines  ,  1  '"^qocnt.  Cts  f-ntimrns    offrent 

des  diffîu  rmonubics;  cependant,  ce  qui 

nous  intércUc  ,  l  on    peut  prouver  que    la  diffé* 
rcnce  du  papyrm  d'Egypte  &du  [an,  ne  dépta- 


j 


470 


P  A  P 


dolent  ni  du  climat  «  ni  de  h  qualité  du^  temin  : 
c'àtoit  en  Egy^  te  qi;e  ces  deux  pîantes  croiiToient, 
6i  Ton  tiroit  des  lames  minces  du  pdpyrtu  dont 
on  fabnquoit  du  papier,  au  lieu  qu'on  ne  pou- 
voit  employer  le  fari  à  cet  ufage.  De  même  ,  le 
papyrus  d'Egypte  ne  peut  être  confondu  avec 
celui  de  Sicue  ,  puifque  le  premier  ne  venoit  que 
dans  TEgypte  Se  dans  lladc  feule» 

Enfin»  le  p*Jpyiis  de  Sicile  n*a commencé  h  être 
connu  des  botâulfles,  que  vers  les  années  i^yo, 
IÇ71  &  M^î*  temps  »  il  ont  paru  les  premières 
(^dition$de  Lobcl,  de  Guiliaudin  &  de  Cefalpin. 
Il  paroit  clairement  que  les  anciens  n'ont  eu  au- 
cune connoilfance  de  celte  plante.  Pline  n'en  fait 
aucune  mention  dans  fws  livres  fur  rhiAoire  natu- 
relle, c^  qui  montre  que  cette  plante  n*ctoit  pas 
en  uiagc  à  Rome ,  ni  même  dans  le  pays  où  elle 
vient  nature  Icmsni.  Il  fuit  encore  de  Ion  filence 
à  cet  égard  ^  qu'il  n'a  voit  pas  vu  U  plante  de 
Sicile;  car  il  auroir  été  frappé  de  la  reucmblance 
qu'elle  a  avec  le  papyrus  du  Nil  &  le  fari ,  tels 
que  les  a  décrits  Théophrafte.  Enfin  ,  û  Pline 
eût  connu  cette  plante,  il  n'a>iroic  pas  manqué, 
dans  les  ch^ipiirrs  où  il  traite  à  fond  du  papyrus 
du  Nil  6i  du  /jr',  de  nous  apprt^ndre  ce  qu'il 
aufûit  pn  apercevoir  de  conforme  entre  ces  dif- 
fcr^rutes  plantes. 

Parmi  plufieurs  pîantes  deiTéchées  en  herbier , 
ficieculiics  dans  les  Indesorientales  par  M.  Poivré, 
il  *'eH  trouvé  une  cfpéce  de  papyrus  fort  diffé- 
rente de  !a  plante  de  Sicile.  Il  porte  un  panache 
cnmpofé  d'une  touffe  confidérable  de  pédicules 
trèi-lo;ips,  fjibles,  menus  &  délicats  comme  de 
fimpk-s  fiîeti ,  terminés  le  plus  fouvent  par  deux 
ou  ifots  pentes  feuilks  très-étroites  ,  mais  entre 
lefquelîes  o.i  n'ap-rçoit  aucun  épi  ou  paquet 
de  fleurs;  aitifi  le  panache  auroit  été  ftérile,  & 
n'aura *itpr<»f luit  aucunes  graines.  Ces  pcdiculc^s  , 
ce*  filct-v  font  chacun  garnis  à  leur  bafc  d'une 
gaine  mw-mhraneufj,  ailcrz  longue  ,  dans  laquelle 
ïh  (ont  «  pour  ainfi  dire,  emboîtés  :  ils  narrent  tous 
du  mène  point  de  divlfion,  en  forme  de  parafol. 
Le  panache  qÙ  à  fa  naiiTance  environné  de  feuilles 
dlfpofeesen  rayons,  comme  ceux  d'une  couronna* 
La  tiee  qui  le  foutcnoit  étoit ,  fuivant  le  rapport 
de  M.  Puivre,  haute  de  dix  pieds  &  plus,  lorf- 
qu'elle  croihoit  dans  Teau  à  la  profondeur  de  deux 
pieds ,  âi  de  forme  triangulaire ,  mais  à  andes 
fort  moules  :  par  fa  groCîeur,  elle  imitoit  aifcz- 
bien  un  bâton  qu'on  pouvoit  embrafler  avec  ta 
jnaîn  ,  plus  ou  moins  exaâement. 

Sa  {ubda nce  intérieure  ,  quoique  moëlteufe  , 
pleine  de  fibres  ,  étoit  folide ,  de  couleur  blanche  ; 

fiar  ce  moyen  ,  la  tige  avoir  un  certain  deeré  de 
brce  ,  &  elle  réfiftoit  à  de  petits  efforts*  On  la 
ÎiUoit  (ans  la  rompre  :  on  pouvoit  encore  s'en 
ervîr  en  guife  de  canne,  parce  quelle  étoit  fort 
légère*  Le   même  M.  Poivre  nen  porta  point 


p  A  p 

d'autre  pendant  ptufteurs  mois  de  féjotir  a  Ma* 
dagalcar.  Cette  tige  n'eft  pas  dans  toute  f  lon- 
gueur ég^.ement  grofTe  ;  elle  diminue  in»cnfibk- 
ment  de  ero<Teur  vers  le  haut.  Elle  eft  fans  rœuds 
&  fort  lifte.  Lorfque  cette  plante  croit  hors  de 
l'eau  dans  les  eudiuics  lîmplemenr  humd  s  ,  clic 
ell  beaucoup  plus  petite;  fes tiges  Tont  foit  ba'^cs» 
&  le  panache  qui  la  termine  eft  compoié  de 
filets  ou  pédicules  plus  courts ,  lef^jcls ,  à  leur 
extrémité  fupérieure ,  font  partagés  en  trot»  fcui!le$ 
fort  étroites  ,  &  un  peu  plus  longues  que  celles 
qui  font  à  l'extrémité  du  panache  de  la  ptante  qui 
à  crû  dans  le  milieu  des  eaux.  De  la  b^£;  de 
ces  trois  feuilles  fonemde  petits  paquets  de  ficurf 
rangées  de  la  même  façon  que  celles  du  fouchet* 
mais  ces  petits  paquets  ne  font  point  élevés  fur  des 
pédicules;  ils  occupent  immédiatement  le  centre 
des  trois  feuilles  entre  lefquelles  ils  font  placés, 
&  forment  une  petite  tête  :  les  feutllas  qui  nai^ent 
de  la  racine  6c  au  bas  des  tiges ,  reffemblcm  k  celles 
du  fouchcL  Cette  plante  »  que  les  habitans  de  TtIU 
nomment  fanga-fanga ,  vient  en  grande  abondaace 
dans  les  rivières  6t  fur  leurs  bords  ,  mais  parti- 
culièrement dan?  la  rivière  de  Tartas  »  auprè»  de 
Foule- poioie  à  Madag^fcar,  Les  habiuns  de  ces 
cantons  emploient  Técorce  des  tiges  pour  itm 
leurs  nattes  ;  ils  en  font  aufE  les  voiles  &  les 
cordages  de  leurs  bâtimens  de  pèche,  &  des  coréci 
pour  leurs  filets. 

Cette  efpèccde /ytf/»yr«r,  iufqu'icî  inconnue,  & 
cliflèrente  du  papyrus  de  Stcile^  par  la  difpofinoa 
de  fcs  paquets  de  6eurs ,  nous  montre  qu'il  f  a 
parmi  les  efpéces  de  cyperus  deux  fortes  de 
plantes  ,  qui  peuvent  aifément  fe  confondre  a*cc 
le  papyrus  des  Egyptiens  ,  foit  qu'on  Ici  coofi» 
déf^  du  côté  des  ufages  particuliers  auxqodf 
les  habitans  des  lieux  où  elles  croilTcnr,  les  ont 
dcftinées  ,  foit  qu'on  compare  leur  forme  ,  leir 
manière  de  croîtra  ,  &  tous  les  points  par  le£]iiels 
elles  paroilTent  fe  reflcmbler  :  comparaifiM)  oui 
peut  fe  faire  par  le  moyen  des  traditions,  teUei 
qu'on  les  a  dans  Théojïhiafle  &  dans  P^ine,  & 
encore  à  l'aide  d^  la  h^ure  Sl  de  la  dcfciipciM 
que  Profper  .AMn  a  fanées  ,  ap^és  avoir  ot^ 
fervé  la  plant^br  l^s  lieux.  Mais  Cx  Von  1  ègmi 
au  tcmoignag^le  Strabon  ,  qui  papyrmm  mmaùfi 
in  Etypto  6"  ^^india  gigni  pro  cûnjtanti  sfirmÊÊp 
on  ne  fera  pas  éloigné  de  croire  que  le  ^Mffïïm 
deriflede  Madagafcar,  fituée  àrenirècdclloéit 
pourroit  être  le  mhmc  que  celui  d'Egypte* 

Quoi  qu'il  en  (bit  ^  les  habitans  de  cette  ilt 
n'en  favent  pas  tirer  les  mêmes  avantages  qM 
les  Egyptiens  ,  qui  ont  immottalifé  leur  pipyrtf 
par  l'art  d'en  faire  ce  papier  célèbre ,  fm  afk 
maxime  humanitas  vit  a  Cênjlat  &  memorU^  pW 
me  fervir  des  termes  de  Pline,  qui,  par*U»ooft* 
feulement  a  très-bien  caraâèrifé  le  papier  tte» 
gypte ,  mais  encore  tous  ceux  <]Uf  l'art  ÛL  fmèÊk 
trie  ont  mis  à  fa  place* 


P  A  P 

Papier  de  coton.  {Arts  anciens).  On  croît  que 
'cA  rinvention  du  papier  de  coton  ,  qu'on  appelle 
ma  hmmbycina^  qui  a  fait  tomber  le  papier  d'Egypte 
1  Grèce.  Ce  papier  eft  incomparablement  meil- 
:ur  ,  plus  propre  à  écrire  &  fe  conlervc  bien 
(lus  long- temps.   On  ne  fournit  dire  précifémcnt 

quel  temps  on  a  inventé  cet  art,  qui  fappofe 
le  grande  fuite   d'cflais  &   de  manipulations. 

Te  mpîoi  de  cette  matière  en  papier ,  eiige  pour 

moins  autant  de  travail  que  ceux  du  chan- 
ge &  du  Un,  s'ils  n'en  ciigent  davantage,  Amfi 
PEcr  rinvention  du  pspicr  de  coton  ,  ce  l'eroii  en 
temps  fixer  Tinvcntion  d^  Tarî  àz  la  pa- 
ketcfie  tel  que  nous  Tavons  en  Europe. 
Le  père  Montfaucon  prouve  par  des  auto- 
tés  affei  claires  ,  que  le  papier  de  coton  étoit  en 
ifage  en  iioo.  Ce  papier  s'appelle  en  grec  ^ 
^mfrm  ^v^C»«i»^ ,  ou  fitttiSmitt*^  ;  quoique  ^o/ftCpÇ 
b  prenne  dans  ies  auteurs  pour  de  la  foie  ,  il  (e 
ircnd  auffl  dans  ces  temps  pour  îe  coton  ,  auft- 
pkn  qu«  fi*f^^*i  :  dc-là  vient  que  les  Italiens  ap- 
|>el]ent  encore  aujourd'hui  le  ccton  hambucch. 

Ce  fut  au  neuvième  fiécle  que  l'on  commença 
dins  l'empire  d'Orient  à  en  taire  du  papier  :  en 
voici  les  preuves.  Il  y  a  plufieurs  manufcrits 
grecs  ,  tant  en  parchemin  qu'en  papier  de  coron  , 
^  portent  la  d.te  de  Tannée  où  \\s  ont  été  écrits; 
fluaU  la  plupart  fi^ni  fans  date  i  fur  les  manuf- 
crits datds  ,  on  juge  plus  fuiement  de  l'âge  de 
ceux  qui  ne  le  f^^nt  pas  ,  par  la  comparaiTon  des 
écmures.  Le  plus  ancitnmiinufcritdc  papier  de  co- 
toa  que  le  père  Monifaucon  ait  vu  avec  la  date  , 
cft  celui  du  Roi ,  numéroté  2889  ,  qui  fut  écrit  en 
10^0  i  un  autre  de  la  bibliothèque  de  l'Empereur» 
qui  porte  aufTi  fa  date,  eA  de  Tannée  1095  ;  mais 
icomme  les  manufcrits  fans  date  font  încompa- 
inklcmcnt  plus  nombreux  que  ceux  qui  font  da« 
tés  ,  ce  père  s'crt  encore  exercé  fur  ceux-là  ; 
6c  par  la  comparaifan  des  écritures  ,  il  croit  en 
«irotr  découvert  quelques-uns  du  dixième  fiécle , 
entre  autres  un  de  la  bibliothèque  du  Roi  »  coté 
^436.  SîTonf-ifoit  la  même;  recherche  dans  tou- 
f€9  ks  bibliothèques  ,  tant  de  l'orient  que  de 
rocddent ,  on  en  pourrolt  retrouver  d'autres  écrits 
avec  les  mêmes  papiers. 

D'après  ce  travail ,  il  juge  que  ce  papier  bom- 
àycin  ou  de  coton,  peut  avoir  été  inventé  fur 
la  fin  du  neuvième  fiécle  »  ou  au  commencement, 
du  dixième  ;  car  à  la  fin  du  onzième  Se  au  com- 
sncncement  du  douzième  ♦  l'uf»gc  en   éioit  ré- 

Eandu  dans  tout  l'empire  d'Ori.nt ,  &  m^me  dans 
i  Sicile*  Roger ,  Roi  de  Sicile,  dit  dans  un  iii- 
ptome  écrit  en  1145,  rapporté  par  Roccui  Pirrhus , 
qu'il  avoir  renouvelle  fur  du  parchwnin  ,  une 
chanc  qui  avoit  été  écrite  fur  du  papier  Je  cvwn, 
ifi  ckirta  cuiunea,  l'an  iio  ,  &  une  autre  qui  étoit 
d^êe  de  Tan  iiia«  Environ  le  même  temps 
lljiipiratric«  Irène,  femme  d'Alexis  Comnène, 


p  A  p 


471 


dit» dans  fa  règle  faite  pour  des  religieufes  qu'elle 

avoit  fondées  à  Conftantinople  ,  qu'elle  leur 
laiÛe  trois  exemphîres  de  la  règle  ^  deux  ai 
parchemin,  &  un  en  papier  de  ccton*  Depuis 
ce  temps  là  ,  ce  papier  fut  encore  plus  en 
ufage  dans  tout  l'empire  de  Conllantinopte  i 
on  compte  aujourd'hui  par  centaines  les  manuf- 
crits grecs  écrits  fur  papier  bombycin  »  &  qui  fe 
trouvent  dans  les  grandes  bibliothèques. 

Il  parott  que  cette  découverte  fut  très-avan- 
tageufe  ,  dans  un  temps  où  il  y  avoit  grande 
difette  de  parchemin  ;  c'cft  cette  diferte  qui 
nous  a  fait  perdre  plufieurs  anciens  auteurs 
très -précieux  :  depuis  ie  douzième  fiècîe  ,  les 
grecs,  plongés  dans  lignorance ,  s'aviférent  de  ra- 
cler les  écritures  des  anciens  minufcrics  en  par* 
chemin  ,  &  d'en  ôter  autant  qu'ils  pou  voient 
toutes  les  traces  ,  pour  y  écrire  des  livres  d  e- 
glife.   C'cA  ainfi  qu'au  grand  préjudice  de  la  ré- 

Î oblique  des  lettres  ,  Us  Polybcs  ,  les  D  dns  , 
es  Diodore  de  Sicile  ^  &  d  autres  auteurs  an- 
ciens que  nous  n'avons  plus ,  furent  mctamor* 
phofés  en  triodions ,  en  pentecoftaires  ,  en  ho- 
mélies ,  6c  en  d'autres  livres  d'églife.  Après  une 
exaé^e  recherche  faite  par  le  père  Momfaucon  , 
cet  antiquaire  affurc  que  p:irmi  les  écrits  fur  du 
parchemin  depuis  le  douzième  fiécle  »  il  en 
avoit  plus  trouvé  dont  on  avoit  raclé  l'écriture 
que  d'autres  i  mais  que  comme  tous  les  copiftcs 
n'ctoient  pas  égaLm^ni  habiles  à  tffacer  ainû  ces 
premiers  auteurs  ,  il  s'en  trouvoit  quelques-uns 
où  Ton  pouvoir  lire  au  moins  une  partie  de  ce 
qu'ion  avoit  voulu  raturer. 

Ce  fut  donc  l'invention  de  ce  papier  de  coton  ^ 
qui  fit  tomber  le  papier  d'Egypte  ;  &  sM  en 
faut  croire  Eu(ïathi: ,  qui  ècrlvoit  vers  la  fin  dii 
douzième  fiécle  ,  Tufage  du  papier  égyptien 
avoit  ceffè  peu  de  temps  avant  quM  écrivit.  U 
ne  faut  pas  croire  que  le  papier  de  coton ,  mal- 
gré fes  avanrages  fur  le  papier  d'Egypte ,  en  ait 
dèiruit  rufage  fubitement  ;  les  nouvelles  inven- 
tions ne  s'introduifent  ordinairement  que  peu-à' 
peu. 

Le  favant  grec  qui  fil ,  du  temps  de  Henri  îl , 
un  catalogue  des  manufcrits  grecs  de  la  biblio- 
thèque du  Rûi  »  appelle  toujours  le  papier  bom- 
bycin ou  de  coton,  cAjrr^  damaicena  ,  papier  de 
damas  :  feroit-cc  parce  qu'il  y  avoit  en  cette 
ville  quelque  manufaâure  célcbrc  de  papier  de 
coton?  Voyez  Montf*iucûn  ,  P*i/-  "^/» 

€ap.  jL  lik  IL  cap  VL  &c  :  Maf  ,  ;  jf. 

lïh,  i9 ow  Bwlïoth*  Italiq,  tom.  IL  Q  un^uc  Cette 
fahricaîîon  du  papier  de  coton  fc  foit  foutenuc 
dans  le  Levant  depuis  ces  temps  rc-uli%  ,  ti  main- 
tenue jufqu'à  nos  jours  ,  nous  n'en  femmes  pas 
plus  inrtruits  des  diffèrcns  procédés  de  cet  art , 
qui  peuvent  être  particuliers  à  la  matière  rîu  co- 
ton  »  malgré  le  grand  nombre  de  vcyagcurs  qui 
ont  vifité  ces  contrées ,  même  relativtmeut  auic 


47^ 


P  A  P 


;irîf  ,  on  n'en  trmivc  pas  la  moindre  mentiom 
C^s  voyageurs  croient  avoir  rcmoli  toute  leur 
ifuiTiO!!  ,  s'ils  nous  oi.t  paib  du  Sphinx  &  des 
pyriinid.s ,  &  rèpctè  ce  que  les  autres  en  onr 
du.  Q.jelqi^cs  iaftruflions  qu'on  leur  ait  données» 
il  n'a  p3.)  été  poiTible  d'obtenir  le  moindre  éclair- 
ciffement  fur  cet  art  t  qu  on  ne  connoît  que  par 
tes  btkiix  papiers  que  quelques  curieux  nous 
ont  rapponés  du  Levant  ,  6c  qui  font  très^- 
blancs ,  6l  d'une  étoffe  fine  ,  foUde  &  cartonneufe. 
li  faut  tfpèrer  que  quelque  jour  on  nous  ap- 
prendra dcis  détails  curieux  fur  l'emploi  du  coton  , 
&  fur  U  inanière  de  préparer  une  fubftance  qui 
elt  infiniment  plus  alfficilc  à  réduire  en  pâte  , 
propre  à  faire  le  papier  »  que  le  lin  &  le  chan- 
vre- 

Au  refle ,  cette  fabrication  ,  telle  qu'elle  fubfiflc 
maintenant  dans  le  Levant  ,  ne  paroit  pas  être 
fuivie  de  manière  à  remplir  tous  les  befoins  du 
commerce  du  Levant  ;  car  on  expone  de  Pro- 
vence 5c  dlialie  ,  une  aflez  grande  quantité  de 
papier  de  chanvre  &  de  lin  ,  qui  n*eft  pas 
de  la  première  quiilicé  ,  &  qui  ferc  i  plufieurs  ufa- 
ges  dans  1  Egypte  ,  la  Syrie  ,  &c. 

Papier  d  Ecorce.  {Aru  anciens).  Ce  papier 
des  ancisns  ciï  improprement  aînfi  nommé  ,  car 
il  ètoit  fait  du  lih^r  ,  ou  de  la  pellicule  blanche 
la  plus  intérieune  qu'on  trouve  renfermée  entre 
l'écorce  &  le  bois  dans  dlfférens  arbres ,  com- 
me l'crable  ,  le  platane  ,  le  hêtre  ,  l'orme  >  le 
miîider,  &  fur-tout  le  tilleul  fiAvp*»  dont  an 
fe  fervoit  le  plus  communément  ii  cet  ufage. 
Les  anciens  écrivoient  fur  cette  pellicule  après 
Tavo'r  détachée  de  Fccorce  battue  &  féchéc.  On 
prétend  qu'il  exiftc  encore  des  livres  entière- 
ment formés  de  ce  papier.  On  peut  confulter  fur 
cette  préparation  du  liifer^  Piine,  Hijî.  n*Jt,  ,  lié. 
Xlll.  cap^  XI y  &  les  notes  du  père  Hardouin  » 
fuid,  Uxtc,  in  voce  ^tX^i»  Ifid^  ori^,  lOf,  VL  cap. 
XIÎL  Alej[and.ab.  Alexandre,  hlf.  Il  cap.  XXX. 
Salmuth ,  ad  PanciroL  lié  U,  iam,  XIIL  pag.  zfi 

Les  PP.  Mabillon  &  xMontfaucon  parlent 
fou  vent  de  manufcrits  êi  de  diplômes  écrits 
fur  U  pap'ur  (Técorci  ,  &  le  diftinguent  bien  po- 
fitivement  du  papyrus  dont  les  Egyptiens  fe  i en- 
voient ;  ces  deux  efpcccs  dlfféroient  ,  en  ce  que 
le  papier  d'écercc  étoit  plus  épais  ,  &  compofé 
ëe  parties  moins  adhérentes  enfemble  que  le 
papier  d'Egypte  :  il  cft  donc  plus  fujet  à  fe  fen- 
dre &  à  f e  caÛ^er  ,  &  pour  lors  récritur^'écaîl- 
lojt  infailliblement  ;c'cft  ce  qui  eft  arri^  à  un 
ma  nu  fer  it  fur  écorce  ,  qui  eft  k  Tabbaye  S*.  Ger- 
main t  ou  le  Éond  du  papier  cft  reOé  «  nuis  la 
furface  for  laquelle  les  lettres  ont  été  tracées  , 
eft  enlevée  en  plufieurs  endroits.  Voyez  Mont- 
far  con  ,  Pàleogr,  grec,  Itb.  L  cap.  II*  pag.  tj  ; 
Mabillon,  de  rcdiplomaz.  Ub.  L  cap,  VI IL  Reim, 
idea^  Sy/i  atuiq,  lifter,  pag  311. 

Mais  M.  Maffel  combat  tout  ce  fyfléme  des  ma- 


p  A  p 

nufcrits  8t  des  chartes  écrites  fur  Técorce  des  ir- 
bres  ,  &  foutîent  qu'on  n'a  jamais  écrit  de  dïpb* 
mes  fur  ce  papier  d' écorce  ;  qu*on  ne  fe  ktVùit 
d'écorce  de  tilleul  que  pour  des  tablettes ,  fur  Jtf- 
quelles  on  écrïvoit  des  deux  côtés  ,  comme  cela 
fe  fait  parmi  nous  ;  avantage  qu'on  n'avoîi  pu 
avec  le  papier  d^Egypte  ,  ï  caufe  de  fa  finefle  :  i« 
refte,  la  diftinâion  des  papiers  d'écorce  fit  du  pa- 
nier d  Egypte ,  donnée  par  les  PP.  Mabillon  & 
Montf^ucon  »  me  par<>ii  très-bien  fondée ,  quoi* 
qu'en  dife  Maffei  ,  &  les  caradcres  du  premier  pa- 
pier aflîgnés  par  ces  favans  Bénèdi^flîns,  font  bjet 
naiurellement  dérivés  de  h  conftitution  du  * 

Il  y  a  plufieurs  palmiers  des  Indes  Sié  . 
que ,  auxquels  les  botanifles  ont  donné  la  dc.io- 
mination  de  papyracées ,  parce  que  les  peuples  det 
contrées  où  croitfent  ces  arbres ,  écrivent  avec  des 
poinçons  fur  les  feuilles  ou  fur  Técorce  de  ces  for- 
tes d'arbres  qui  leur  fervent  de  papier.  Tel  eft  le 
palmier  d'Amérique  ,  nommé  fj/par  les  Indiens  ; 
tel  eii  encore  le  gnajarjifa  de  U  nouvelle  Efpagoc 
T«ut  palmier  dont  fécorce  eft  liffe  ,  &l  dont  U 
feuille  cfl  grande  &  épaiJTe,  peut  fervir  au  mèfflc 
ufage.  Ainfi  on  peut  écrire  fur  Técorce  du  mûrier 
blanc  Se  fur  celle  du  bambou  ,  avant  que  ces  m>- 
tiéres  aient  été  réduites  en  pâte  pour  faire  à  la 
Chine  6c  au  Japon  le  papier  qui  s  y  fabriqtie  &fcc 
ces  mittères  triturées. 

Papier  de  la  Chine.  (  Artx  étrangers.  )  De  tooi 
les  peuples  de  la  terre  ,  celui  ch«  qui  Van  deÊh 
briquet  un  papier  de  pâte  a  été  connu  &  pranqQè 
plus  anciennement,  eA  le  peuple  Chinois  ;  il  ea  i, 
de  temps  immémorial ,  de  très-beau  et  d'une  pvh 
deur  de  format  à  laquelle  l'înduilrie  des  ouvrten 
européens  les  plus    habiles  »    n'a    pu   atr    --'- 
Le  beau  papier  de  la  Chine  a  auffi  cet  a** 
qu'il  cft  plus  doux  &  plus  uni  que  celui  d'Eur^€« 
&  ces  qualités  font  afforties  aux  befoins  des  Chi- 
nois ;  car  le  pinceau  dont  ils  fe  fervent  pour  écrire 
ne  pourroit  couler  facilement  fur  une  furfacc  Wlk 
peu  inégale  pour  y  fixer  cettains  traits  délicats* 
Nous  connoiiîons  plufieurs  fortes  de  pnpîcr?  fahn* 
qués  à  la  Chine  >  que  notre  commerce  .sc 

nous  a  procurés  :  ils  annoncent  tous  ur.  ^■~.....  ^m 
une  grande  adreffe,  &  peuvent  être  appliqués  uti- 
lement à  dilTérens  ufagc<.  J'en  ai  vutéuiTir  paitt- 
tement  à  rimprcftton  des  lettres ,  de»  eflampcs  t 
des  cartes  de  géographie  ,  &  il  pnenott  trb-^Mea 
la  teinte  des  caraâères  &  des  tailles  ,  quoîqtie  pn 
épais. 

Ce^  différentes  fortes  de  papier  v^Hcf»! ,  fmr-eoot 
par  les  matières  dont  ils  font  h  ,  fit  ptf 

les  diverfcs  manipulations  auxqi  -  1  (cmmfH 

ces  matières  ;  c'eft  ainfi  que  chaque  province  de  11 
Chine  a  fon  papier  particulier  :  celui  ît*  ^-dbvct 
cft  fait  avec  des  chiffons  de  char  mccdé 

d'Europe  ;  celui  de  Fo-kien  efl  1-  ...^^^  avec  4t 
jeune  bambou  ;  celui  des  provinces  feprcMtio* 
nales ,  de  Técorce  intérieure  d'un  mùrict  ;  çàéé^ 
la  province  de  Kiangnam ,  de  la  peau  qu'oa  ciw^c 


P  A  P 

>qucs  de  vcrs-à-fote.  Enfin ,  dans  h  pro- 
u-quing  y  Tarbrc  chu  ou  ko-chu ,  fournit 
l^nncpàie  dont  on  fait  le  papier. 
ifc  de  fabriquer  le  papier  avec  les  diver- 
i  d'arbres ,  efl:  à-peu-près  la  même  qu'on 
*on  h\t  ufage  du  bambou  :  ainli  en  de-' 
ae  méthode  à  Tégard  du  bambou,  nous 
;  une  idée  de  celle  qu'on  fuit  quand  on 
bs  écorces   intérteurci  du   mûrier  ,  de 
:  fuMOui  de  Tarbre  de  coton, 
bou  cft  une  cfpèce  de  canne  ou  rofeau 
lîvifc  pur  des  nœuds  ,  mais  beaucoup 
ï»   plw5uni  ,    plus    dur  que  toutes  les-- 
K5  de  rofeau X. 

îbrîquer  le  papier  avec  le  bambou  ,  on 

naircment  la  feconde  pellicule  de  Técorce 

bore  ten  jre  &  blanche  ;  on  la  met  macé- 

Ai  Teau  claire  ,  &  on  la  bat  jufqu'à  ce 

il  réduite  en  une  forte  de  filaffe  ,  6l  en- 

lâte;  on  la  dèpole  dans  des  cuves,  &  avec 

les  ou  forme i  ^  on  puife  de  cette  matière 

I  faut  pour  en  faire  des  feuilles  de  papier 

idtur  qu'on  déftre  j  on  le  fait  fèchtr  en- 

orfguc  les  feuilles  font  fèches  ai  compo- 

îtofte  fwlide  ,  on  les  colle  ,  en  les  trem- 

t  k  feuille  dans  de  Teau  d'alun  :  cetap- 

Btfl  le  feul  collage  qu'on  donne  au  papier 

>u  ,    Tem pêche   d^  boire   Tencre  ,  & 

e  à  prendre  les  couleurs  qu'on  peut  y 

on  achève  de  lui  donner  un  lulVe    6l 

d'œil    verni ,  en  4e  liffant ,  5c  la    ma- 

»ambou  fe  prête  facikment  à  Ces  der- 

ftts* 

tr  qu'oa  fait  de  la  forte  eft  aflez  blanc , 
tofeurrè»  &ron  n'y  remarque  pi^s  à  la 
^.moindre  inégalité  qui  puiiïe  arrêter  le 
At  du  pinceau ,  ni  occafionner  le  rebrou f- 
^Cuns  des  poils  qui  le  compofcnt*  Ce- 
Its  fortes  de  papiers  fiiïs  d*écorces  d'ar- 
llfufccptibks  de  fccalTer  pljis  facilement 
ier  d'europe  :  outre  cela  ils  prennent  rapi- 
lumidité  de  Tair  ;  la  poutîière  s  y  attache 

I  $y  mènent  en  peu  de  temps.  Pour  ob- 
dernier  inconvéntent ,  on  eft  obligé  de 
rent  les  livres  à  la  Chine ,  &  de  les  txpo- 
ÎL  D*aillcurs  leur  grande  finefle  ne  fup- 
^  de  grands  êc  de  fréquens  mouvemens , 

II  fc  trouvent  fouvent  dans  ta  néceflité  de 
r  leurs  livres  en  les  faifant  réimprimer» 
Comte  ,  nouvedux  mi  moires  fur  la  Chine, 
91  k^  nova  ,  lit*  an.  lé^f  ,  Uttr,  édif^  &  eu* 

m.  XIX. 

t  remarquer  îct  »  que  des  parties  affez 
jilcs  de  papier  de  la  Chine  ^  gardées  pen- 
feiars  années  à  Paris ,  fe  font  trcs-bien 
\ ,  fans  prendre  rhumidité  &  fans  deve- 
p  des  infeâes.  Ce  qui  a  été  employé  à 
H  des  lettres  ,  des  eftampes  &  des  cartes , 
fementbien  confervé  :  aînft  l'Europe  cft 
'ê  Mtilcrs.  Tome  F.  PartU  IL 


p  A  P 


473 


peut-être  un  pays  plus  propre  k  la  confcrvaiîoo  du 

papier  de  la  Chine  ,  que  cert?î"  ^  '-^  ^vinccs  ilc  la 
Chine. 

Il  tft  bon  de  remarquer  que  \c  pspicr  Je  bam- 
bou n'eft  ni  le  meilleur  ,  ni  cçUn  dont  on  fait  le 
plus  d'uf-ige  à  la  Chine  \  p-ir  apport  à  fa  qualité  , 
il  cède  la  primauté  au  papier  tait  de  Varbriffeau 
qui  p-ûduir  le  coion  ,  parce  que  celui-ci  eft  plus 
blanc  ,  plus  fin  »  moins  fujet  aux  inconvèmens 
dont  nous  venons  de  parler  ,  qu'il  fe  confervc 
auftî  bien  ,  &  dure  aum  long- (einps  que  le  papier 
d'Europe. 

Le  papier  dont  on  fe  fert  le  plus  communément 
à  U  Chine  ,  cft  celui  que  Ton  fait  d'un  arbre  ap- 
pelé kn-chu,  que  le  père  du  Halde  compare  tan- 
tôt au  mûrier»  tantôt  au  figuier,  tantôt  au  fyco- 
niore  ,  ^c.  ;  enforte  t\\\t  nù\\%  ne  connoitTons  au- 
cunement cet  arbre  ,  parce  qu'il  veut  nous  en  ap- 
prendre. Quoi  qu'il  tn  foit ,  voici  la  manière  de 
piéparcr  les  dêpouilks  du  ku-chu  pour  en  faire 
du  papier. 

On  ratiffe  d*abord  légèrement  Tècorcc  cxtè- 
rieure  de  cet  arbre,  qui  ell  verdâtrc,  enfuite  on 
enlève  la  peau  intérieure  e»  longs  fileis  minces , 
qu'on  fait  blanchir  à  Teau  &  au  (oleil:  après  quoi 
on  le  prépare  de  la  même  manière  que  le  bambou. 

Il  ne  faiu  pas  oublier  de  remarquer  que  lorf- 
qu'on  emploie  les  arbres  diffêrens  du  bambou 
pour  faire  le  papier  ,  c*eft  toujours  Técorce  inté» 
rieure  ou  le  liber  qu'on  prépare  ;  au  lieu  que  dan» 
le  bambou  &  dans  Tarbrc  qui  produit  le  coton, 
on  fait  ufage  de  toute  leur  fubrtance  ,  qui  eft  corn- 
poféc  de  iilamens  ,  &  d'une  matière  fibreufe  très- 
abondante  ;  il  n*tft  qucftion  après  cela  que  de 
lui  donner  ks  préparations  fuivantes*  Ourre  les 
bois  des  plus  gros  bambous  ,  on  cholfit  particu- 
lièrement les  rejeton*  d'un  oudi  deux  ans,  qui  font 
à-peu-prés  de  la  grofTcur  de  la  jambe  d'un  homme; 
on  ks  dépouille  des  feuilles  qui  fe  trouvent  rccou* 
vrir  la  lige  ;  on  les  fend  enfuite  en  petites  ba* 
guettes  de  quatre  à  cinq  pteds  de  long  :  on  en  fait 
plufieiîfs  paquets  qu'on  met  macérer  dans  de  l'eau, 
jwf^u^à  ce  que  ces  baguettes  foieni  attendries  ;  on 
les  retire  alors,  ce  qui  arrivé  ordins^irement  au 
bout  de  quinze  jours  ;  on  les  lave  dans  de  Teail 
pure  ,  puis  on  les  met  dans  un  grand  foffé  fec , 
&  on  ks  couvre  de  chaux  pendant  quelques  jours  ; 
on  les  zrrofe  pour  faire  fondre  la  chaux;  on 
les  retîre  enfuite  de  cette  foffe,  &  après  tes  avoir 
lavés  une  féconde  fois  à  grande  eau  ,  ori  coupe 
chacune  de  ces  baguettes  par  tronçons  ou  par  fila- 
mens  ,  qu'on  expofe  aux  rayons  du  foleil  pou'  les 
faire  fécher  &  les  blanchir  :  alors  on  en  remplit 
de  grandes  chaudières  ,  où  ils  éprouvent  toute 
TaélioTi  de  Tcau  bouillante  ;  après  cette  prépar^- 
tEon  on  acl-téve  de  les  réduire  en  une  pâte  ires- 
âne ,  en  ks  triturant  dans  des  mortiers  de  boif 
parle  moyen  d'un  marteau  à  longue  queue ,  qu'um 
oUYiier  foit  mouvoir  avec  le  pied. 

Oo<» 


474 


P  A  P 


La  pàu  !ivdîn  ainft  préparée,  on  prend  quel- 
<|U€S  rejetons  d'une  planie  nommée  koteng  :  on 
Icî  met  tremper  quatre  à  cinq  jours  dans  Teau 
jufqu'à  ce  qu'ils  rendent  une  matière  ondueufe 
&  gluante  ,  qu  on  mêle  à  la  pàtc  >  lorfqu  on  fe 
propofc  d'en  fabriquer  du  papier  ;  Ton  a  bien 
foin  de  n'en    mettre  ni  trop  ni   trop  peu  ,  parce 

Îue  la  bonté  du  papier  dépend  particulièrement 
e  l'exaâe  proportion  de  ce  mélange. 
Quand  on  a  mêlé  lextraïc  du  koteng  à  la  pâte 
du  bambou  ,  on  bat  le  tout  dan^  des  mortiers 
jufqu'à  ce  que  ce  mélange  ibit  r<îduit  en  une  li- 
queur épaijTe  &  vifqueufe»  On  en  remplir  pour 
lors  de  grandes  cuves  ou  rêlervoirs  ,  conflruits 
et  cimentés  inrérieurement  fi  exa^^ement,  que  la 
liqueur  ne  peut  s*cxtravarer  au  dehors ,  m  péné- 
trer dans  les  parois  de  ces  riiervoirs. 

Les  ouvriers  étant  placés  à  côté  des  réfervoîrs  , 
dont  les  bords  font  à  hauteur  d'appui ,  plongent 
leurs  formes  dms  h  liqueur  ,  &  en  enlevenr  la 
quancîtc  futlifantc  pour  faire  une  feuille  de  papier  : 
cette  feuille  »  auffi-tôt  que  la  forme  eit  forue  de 
la  liqueur,  prend  une  certaine  confiftance,  par* 
ce  que  l'extrait  gluant  &  vif^ueux  du  koteng 
ilonnc  ta  plus  grands  Uaifon  aux  parties  de  la  pâte: 
sunfi  le  papier  fe  trouve,  au  fort ir  de  la  cuve, 
compaâ,  doux,  luifant  ^  ^^  Touvrier  le  dètjche 
de  la  Forme  fans  aucune  ditilculté  ,  en  renverfant 
la  feuille  fur  les  tas  de  papier  déjà  fibriqucs,  ians 
rinterpofition  de  morceaux  d  écoles  de  laine  , 
comme  en  Europe. 

Les  formes   ou   moules   a^-^ec    lefquds  on  fait 
ce  parler  ,  font  conflruits  avec  de  petites  baguet- 
j  tes   fort   minces  de  bambou ,  qu'on    paffe  à  des 
filières  plus  ou  moins  f/offcs ,  fulvant  le  c<ilibre 
ides  baguettes  et  la  fïn.^c  qu'on   veut  donner  à 
'cette  eTpècc  de  verjurc.  On  fait  bouillir  ces  pe- 
tites baguettes  dans  ds    Thuilc  ,  afin   qu'elles  fe 
confervent  plus  long-temps,Ô£  qu'elles  foîent  moins 
pénétrablcs  à  Teau. 

Pour  conftruire  une  forme ,  les  Chinois  affujei- 

tiiTent  ces  baguettes  à  câté  les  unes  des  autres  & 

'  parallèlement ,  au  moyen  de  tiflus  de  crin  ,  pla- 

'  CCS  à  trois  ou  quatre  pouces  de  diftance  les  uns 

des  autres  ,  &  ils  en   fabriquent    ainft  des  toiles 

\  fort  folides  &  de  loutes  fortes  de  di  me  niions» 

Pour  faire  des  feuilles  d'une  grandeur  confidé- 
*  fable,  ils  ont  befoin  d'avoir  un  rêfervoir&  une 
I  forme  ou  moule  proportionnés.  Ces  grandes  for- 
.  mes  font  foutenues  par  des  cordes  &  des  contre- 
poids,  &  plufieurs  ouvriers  les  font  manœuvrer 
I  avec  beaucoup  d'adreffc.  Il  en  cft  de  même  de 
I  ceux  qui  enlèvent  les  feuilles  &l  les  dé  ta  client  de 
la  toile  des  formes,  fitôt  qu'elles  font  faites. 

Comme  leurs  formes  font  itèv-l digères  ,  ils  fa- 
btlqueni    ordinairement   deux   fciùlîes   des   petit* 
[.formats  à-Ia-fois,  &  fans  le  moindre  embarras. 

Pour  fécher  les  feuilles  de  papier  a  mefure 
[^u*elb5  fe  fabriquent ,  ils  ont  un  mur  creux  , 
féom  les   deux  grandes  laces  fom   très-unies   & 


p  A  p 

très-blanches  :  à  une  extrémité  de  ce  m«f  »  efl  oi 
poêle  dont  la  Oamme  circule  dans  toute  l'érendac 
des  vides  de  ce  mur ,  après  quoi  la  fumce   fort 
par  l'autre  extrémité.  On  attache  les  feuilles    de 
papier  à    la    fupertîcie   de    ce    mur  »  à  laquelle 
elles  adhèrent ,  pour  peu  qu'on  faffc  pmfi'cr  def- 
fus  un  balai  plat.  On  diftingue  pour  lors  fur  les 
feuilles    de    papier     ainfi    fechécs  ,   la  face    quli 
adhèroit  au  mur  »  de  la  face  qui  a  reçu  les  im- 
prefîions    du  balai.  On  ne   met  le  feu  au  poéî< 
que  dans  certaines  faifons  froides  ,  &  dans  cer 
raines  provinces  ;  &  au  moyen  de   cette  écuve 
les  Chinois  féchent  leur  papier  de  bambou  prêt      -^ 
que  aulfi  promptcment  qu'ils  le  fabriquent  :  ai!^^^ 
leurs  ,  ou  dans  d'autres  temps ,   c'eA  la  chaleu^^ 
feule  du  foîeil  qui  remplit  Tobjct  du  poéle. 

11  reftc  maintenant  à  parler  du  collage  du  rt n 
pîer ,  ou  d*une  préparation  qui  en  tient  lieiK  Le  :^ 
papiers  de  h  Chine  fe  trempent  dans  une  diiTo-^ — 
iution  d'ahm  ,  pour  être  en  état  de  prendre  l'en  — 
cre  ou  les  couleurs  fans  s*emboire.  On  appelles 
cette  opération  farter  ,  du  m*^t  Chinois  fan ,  q»  i 
fignifie  alti/i.  Voici  quelle  cft  la  fuite  d«s  procë^ 
dés  de  cette  préparation  r 

On  met  dans  disi  écuelles  pleines  d*eau  ^  {i^^c. 
onces  de  colle  de  poiiTon  ,  coupée  bien  menue  ^ 
on  fait  boudiir  Teau  ,  8ic  Ton  a  foin  de  rf  mue-^r 
la  colle,  pour  qu'elle  fe  dfif.ilve  (ans  laifler  d^^ 
grumeaux.  Quand  toute  ta  fubilance  de  U  coll^^e: 
cfl  entièrement  iliflbute  dans  Teau  ,  on  y  jcn-^^ 
trois  quarterons  d*alun  Calciné ,  qu'on  fait  dilToti^ 
drc  également  &  qu'on  mêle  à  ia  colle. 

On  verfe  enfuiic  cette  compofition  dans  un  b: 
fin  large  &  profond ,  à  Touvcrturc  di^quel  eft  u  ^^i 
petit  bâton  rond  :  on  paffe  l'extrémité  de  chaqii^^ 
feuille  de  papier  dans  un  autre  baron    fendu  Ctm^  ^ 
toute  fa  longueur ,  et  on  l'y  aiTu  jettit  ;  &  au  moyc    ^ 
de   cet    équipage ,  on   plonge   la  feuille   dans  f  -^ 
compofmon     de    la   colle  ,    &    on    l'en     reiir -^^ 
fuôt    qu'elle    en  cil    enTièrement   pé»ètrée  ,    ei*^ 
la  faifani  glifTcr  par  dcfTiis  le  pexit  bâton  rond 
le  long  bâmn  qui  tient  la  feuille  par  une  de  (c^^ 
extrémités ,  ^  qui  a  fet  vi  à  la  tremper  dans  1^^ 
colie ,  fans  q4i*elle  fe  dé Jiirat  ^  eA  attaché  à  un^^ 
muraille,  ik  tient  la  feuille  fuipendue  iufqu'à  g«^ 
qu'elle  foit  futfifcmmcnt  féche. 

Les  Chinois  donnent  plufieurs   préparations  ^ 
leurs  pa^riers,  relativement  aux  ulages  auxqu"'*^ 
ils  les  deftintnt  ;  nous  nous   bornerons  tct  à 
crire    la    miinière   dont   ils  font    parvenus  i    u»^ 
donner  une  couleur  argentée.  Ils  prennent  dcuc. 
fcrupulcs  de  colle  faite  de  cuir  de  boeuf  ^  un  fcru- 
pule  d'alun  &    une    pinte    d*eau  :  ils  mcitem  \ç 
tout  fur  un  feu  lent,  jufquk  ce  que   1*. 
évaporée;  alors  ils  étendent  quelques  1er 
papier  fur  ime    table   bien    unie  ^  &c    appliquent 
dgilus,  avec  xm  pinceau,  deux  ou  trots  couches 
d(»  cette  colle  :  enfuite  Lis  prennent  une  certaine 
q*uantité  de  talc ,  qui  a  été  lavé  &  bculUî  dam 
\ eau,  avec  le  tiers  de  U  même  quantité  d*alufl| 


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^b  rcrîîè ,  féchè  fit  réduit  en  poudre  ffnc  pïf- 
ftc  an  tamis  ,  enfuite  remis  à  boyiUir  dans  Tcau 
une  féconde  fois ,  féchée  au  foleil ,  &  pafféc  de 
nouveau  à  un  tamis  fin  :  c'cft  cette  poudre  qu'on 
répand  également  fur  les  feuilles  de  papier  pré- 
,p4fècs  comme  notas  Tavons  dit  :  on  les  étend  à 
iombre,  où  elles  fêchent  lentement. 

Ces  feuilles ,   couvertes  ainfi  de   talc  ,   s'cfen- 

dent   fur   une   table ,  &  fe   lident   promptement 

ivec  un  morceatii  de  coton ,  qui  achève  de  fixer 

Îboc  certaine  quantité  de  talc  au  papier  ,   en   en- 

I  levant  le  fuperflu  qui  un  une    féconde  fois    au 

Lntême  ufage.  Au  moyen  de  cette  compofition  de 

'lalc  réduit  en  poudre  ,  avec  le  mordant  de  colle 

&  d'alun  ,  les  Chinois  tracent  toutes  foncs  de  def- 

feins  fie  de  figures  fur  leurs  papiets,    f^oye^  U  père 

dià  HalJe^  t^m,  /.  Defcripiion  de  la  Chine. 

Anciennement  les  Chinais  écrivoient  avec  une 

Î>ointc  de  fer  fur  d^s  tablettes  de  bambou  ;  en- 
uiic  ils  fe  fervirent  du  pinceau  pour  écrire  fur 
faiin  i  enfin ,  fous  la  dy  naflie  des  t^^rans ,  ils  inv^^n- 
lérent  leur  papier  environ  csnt  fouante  ans  avant 
J-  C.  Suivant  le  pérc  Martini ,  cet  art  fe  p^rfec- 
tionaa  par  la  fuite  ,  fie  mit  la  nation  en  poflcf 
lion  de  plufieurs  fortes  de  papiers. 

En  général  p  comme  nous  Tavons  déjà  obfcrvé, 
le  mc;iicur  papier  dont  on  fait  ufage  pour  récri- 
ture ,    ne  peut  guère  fe  confervcr  long -temps 
dans   les  provinces  du   Sud*  Le  père  Parennin  , 
bon  obferva:eur ,  nous  app/end  même  que  nos 
livres  d'Europe  ne  tiennent  guère  à  Canton  contre 
les  vers  &L  les  fourmis  blanches  qui  en  dévorent 
juf^u  aux  couvertures  ;  mais  le  même  favant  af- 
fûte que,  dans  le*  pauics  du  Nord,  fur-toiJt  dans 
Ja  province  ^c  F'ékin ,  les  papiers  de  U  Chine  , 
^Bpiquc  minces,  fe  confervent  très-long-temp<, 
^BLes  Coréens  ayant  eu  connotiïance  des  difié- 
.  rens  procédés  de  la  fabrication  des  papiers  de  la 
Chin;: ,  parvinrent  à  en  fabriquer  d'une  étoffe  plus 
ùj/liSc  fit  bien  plus  dnrsbîe  que  ceux  quMs  avotent 
unités*   Leur  papier  paffe  pour  être  irès-fori ,  6i 
fim  écrit  fâdkmemdeffui  avec  le  pinceau  chinois. 
Si  Ton  veut  faire  u6ge  des  plumes  à  la  manière 
des  européens ,   il  faut  auparavant  paH'er  fur   le 
côté  fur  lequel  on  doit  écrire,  de  Teau  d'alun, 
tns  quoi  les  lettres  font  toutes  bavcufes. 

Cefl  en  par;i  avec  ce  papier  que  les  Coréens 

payent  leurs  tributs  a  Terapereur  :  ils  en  fournif- 

^nt  chaque  année  le  palais  ;  ils  en  apportent  en 

i^éme-temps  une  grande  quantité  qiiMs  vendent 

,aujt   paniculiers;  ceux-cî  ne  le  deltinent  pas  à 

l'écriture^  mali  ils  en  font  les   chaflis  de   leurs 

fenêtres  i  parce  qu'il  réfifie  mieux  an  vent  8c  à 

U  pluie  que  le  leur;  ils  huilent  aiifT!  ce  papier, 

^^ui  acquiert  ainfi   la   plus  erinde  fouplcifj  fans 

^Bdre  de  ù  force ,  fie    après  cette  pré  partition  , 

PlyTt  à  faire  de  groiîcs  enveloppes.  Les  tailleurs 

^habits  en  font  un  grand  i-fage;  ils  achévcn:  de 

rairoupUr  en   L*  frottant  entre  les   mains  jutqu^à 

ict  qfà'û  fejft  auââ  doux  que  la  (oUe  la  plus  Bue, 


,..  iervcm  en  guife  de  caton  pour  garnir 

les  habits.  Il  eft  même  préférable  au  coton  en 
laine ,  parce  que  lorfque  celui-ci  efi  mal  piqué , 
il  fe  ramaffe  en  gros  pilotons ,  qui  font  fort  in- 
commodes ,  8c  défigurent  la  taille  des  habits. 

Papier  du  Japok.  (  Arts  itrangtrs  ).  L'art  de 
fabriquer  Le  papier  au  Japon  ayant  été  bien  dé' 
crit  par  Kempter  ,  nous  croyons  devoir  joindre 
ces  détails  à  ceux  que  nous  venons  de  donner 
fur  les  papiers  chinois  «  avec  d'autant  plus  de 
raifon,  quun  grand  nombre  des  procédés  Japonois 
rentrent  dans  ceux  qu*on  fuit  à  la  Chine  ,  fie  que 
d'alkurs  on  emploie  à  peu- près  les  mêmes  matières 
premières  «  les  écorces  des  arbres  femblables. 

On  emploie  ,  fuivant  Kempfer  ,  pour  faire  le 
papier  au  lapon ,  récorce  du  morus  papiftra  fkttva^ 
ou  véritable  arbre  à  papier,  dont  nous  avons 
parlé  à  Tarticle  du  papier  de  la  Chine.  Chaque 
année  après  la  chute  des  feuilles  ,  qui  arnve  au 
diiléme  mois  des  Japonots,  ce  qui  correfpond  à 
noire  mois  de  décembre ,  on  coupe  de  la  longueur 
d;  trois  pieds  au  moins,  les  jeunes  rejetons  dn 
mûrier  dont  nous  venons  de  parler ,  on  en  forme 
des  paquets  qu'on  fait  bouillir  dans  de  Teau,  ok 
Ion  jette  une  cenaine  quantité  de  cendres;  s'ils 
avoiefit  féché  avant  que  d'être  expofés  à  Taftion 
de  lean  bouillante,  on  a  foin  de  les  mettre  tremper 
pendant  vingt-quatre  heures  dans  de  T-eau  ,  afin 
de  les  rammollir  avant  de  les  expofer  à  Tadion 
de  Teau  bouillante.  Ces  paquets  ou  fagots  font 
liés  fortement  enfcmble,  6t  mis  debout  dans  une 
grï^nde  chaudière  qu'on  recouvre  bien  exaâemenr 
pour  que  la  vapeur  ne  s'échappe  pas.  On  les  tient 
ainfi  dans  Teau  bouillante  juîqu'a  ce  que  Técorce 
fe  retire  fi  fort,  qu'elle  laiffe  voir  à  nud  un  bon 
demi  pouce  du  bois  à  l'extrémité  de  chaque  re^ 
jeton  ;  pour  Igrs  on  les  retire  de  la  chaudière  8l 
on  les  fait  refroidir  à  Tair  ;  on  les  fend  enfuite 
pour  détacher  l'écorcc  du  bots ,  qu'on  jette  comme 
inutile. 

L'écorce  féchée  eft  îa  matière  dont  on  fait  ufiîge 
pour  fabriquer  !e  papier  ;  on  commence  par  lui 
donner  une  préparation  qui  confiflc  à  la  nettoyer 
^  à  lirer  la  bonne  de  ta  mauvaife  ;  pour  cet  effet 
on  la  met  tremper  dans  ï'cau  pendant  trois  ou 
quatre  heures,  &  firent  qu'elle  efl  bi:fn  ramollie, 
on  rade  avec  un  couteau  les  pariics  de  Técorce 
qui  font  noirâtres  ^  vertes  ;  en  même  temps  on 
lilpare  l'écorce  forte  ,  qui  eA  dVne  année  de 
crû;:  ,  d'avec  la  plus  mince  qui  recouvroît  les 
jeunes  rejetons.  Les  premières  donnent  le  meil- 
leur papier  ^  le  plus  bbnc,  les  dernières  donnenc 
un  papier  noirâtre  fie  dune  médiocre  qualités 
S*il  y  a  de  récorce  de  plus  d'une  rnnée  mêlée 
avec  le  refte ,  on  la  trie  de  même ,  &  on  la  met 
à  part,  pirce  au  elle  contribueroît  à  rendre  le 
papier  pins  groOter  ^  de  mauvaife  qualité-  Aa 
rtlle,  tout  ce  qu'il  y  a  de  groflier  ne  U  pc>d 
p*s,  OD   le  réfcrve  pour  le  ;néltr  atcc  l*éc#rc« 

Ooo  ij 


W- 


P  A  P 


dei  enviTi^Ai  «es  nœuds  ,  les  autres  parties 
fcdueufes  &  d'une  mauvaife  couleur. 

Après  que  Técorcc  a  été  ainfi  tricc  &  nettoyée 
fulvant  les  diiTérens  degrés  de  bonté ,  on  doii  la 
faire  bouillir  dans  une  Icfliive  claire;  dès  que  Tcau 
commence  à  boutlUr ,  &  coût  le  temps  que  Técorce 
féjourne  dans  l*eau  bouillante,  on  eft  continuelle- 
ment  occupé  à  la  remuer  avec  un  gros  rofcau  : 
Ton  verfe  aulTi  de  temps  en  temps  de  la  ledlve 
claire  autant  qu'il  en  faut  four  appaifer  Févapo- 
ration  ,  &  pour  réparer  ce  qui  le  perd  pendant 
rébuHiiion  ;  on  doit  continuer  Tétat  d'èbulU rion  ]\iC' 
<^u*à  ce  que  la  matière  foitdeve nu eH  mince,  qu'étant 
touchée  légèrement  du  bout  du  doigt,  elle  feCépare 
fous  la  forme  de  bourre  &  d'un  amas  de  ftbres. 
La  leffive  que  Ton  esiploie  dans  cette  opération 
cA  fafte  de  cette  manière  :  on  met  deux  pièces 
de  bois  en  croix  à  l ouverture  d'une  cuve,  on 
les  couvre  de  paille  ,fur  laquelle  on  étend  un  lit 
de  cendres  que  l'on  a  eu  foin  de  mouiller  au- 
paravant \  on  VËrfe  de^us  ces  cendres  de  Teau 
bouillante  ,  qui ,  en  traverlant  le  lit  de  cendres 
pour  tomber  dans  la  cuve  ,  le  charge  des  fcls 
contenus  dans  les  cendres  ,  ce  qui  fait  ce  que 
l'on  appelle  Ufftvc  cljjre. 

Après  que  Técorce  cil  réduite  dans  Tétat  que 
cous  venons  d'indiquer ,  par  une  longue  &  vive 
ébulliiion  ^  on  la  Javc  ;  c  efl  uni  opération  qui 
n'eA  pas  de  petite  confèquence ,  par  rapport  au 
iuccés  de  la  fabrication  du  papier,  aufli  doit-tlle 
éifo  ménagée  avec  beaucoup  Je  prudence  6i  d'at- 
tention ;  (i  récofce  n'a  pas  été  fuftfammeni  lavée, 
le  papier  peut  étte  fort  ^  avoir  du  corps,  mais 
il  fera  groffier  Ql  de  peu  de  valeur.  Si  au  con- 
traire on  la  lave  trop  long-tems  ,  elle  donnera 
du  papier  plus  blanc  ^  mab  fujet  à  boire  Tencre 
&  peu  propre  à  Téchiure  :  on  fent  par  la  combien 
il  faut  mettre  de  foin  &  de  difcernemcnt  pour 
éviter,  dans  le  lavage  de  Técorce,  les  dcui  ex 
trémités  que  nous  venons  d'indiquer  L'on  met 
Técorce  dans  une  efpèce  de  van  ou  de  crible  à 
travers  lequel  Teau  peut  couler  librement ,  &  on 
la  lave  dans  une  eau  courante  ;  on  la  retnue 
continuclfement  avec  les  mains,  juilju'a  ce  qu'elle 
foit  délayée  &  réduite  en  fibres  douces  &  minces. 
Pour  fabriquer  k  papier  le  plus  fin,  on  la  lave 
une  féconde  fols ,  &  au  lieu  d'un  crible  .  on  em- 
ploie de  la  toile  pour  que  les  parties  menues 
auxquelles  l'écorce  eft  réduite  p^r  ce  fécond  la- 
vage, ne  paff.nt  pas  à  travers  les  tron^du  criWe  j 
pendant  ce  lav.^gc  on  a  foin  à  ôtcr  les  nœuds 
ou  la  bourre  firoflîère  &  les  parties  de  Técorce 
les  moins  divîfécs ,  afin  de  fcrvÎT,  avec  lesécorces 
de  qualité  inférieure,  à  fêbriqucr  le  papier  de 
moindre  valeur» 

Lécorce  fuffifamment  lavée,  s*étend  fur  une 
table  de  bois  bi'en  unie  &  épai^e,  paur  être  battue 
«?:c  de»  bâtons  d'un  bois  dur,  ip^cïà ,  kufnofû ^ 
ce  qui  s'exécute  ordinairement  par  deux  ru  trois 
perioQues ,  jufqu'l  ce  que  Tccorce  foit  réduite  au 


tgre  oe  ténuité  conveiubte.  Elle  devict;r  cffcÛi* 
vcment  fi  déhéc,  qu'elle  reffcmble  à  du  papier 
qui ,  à  force  de  tremper  daos  Tcau  ,  ft  trouve 
réduit  en  bouillie ,  dbm  les  élémecs  fqcif  de  II 
plus  trande  finere. 

LTco:ce  ainfi  préparée  ef!  mife  dam  ont  cote 
étroite  a%'ec  l'extrait  .  ^  du  fia  Se  celui  de 

la  racine  oréni ,  qui  w..  i^-..  vifqueùJt;  ces  trois 
fubilances ,  mêlées  enfemble  .doivent  étreVemiiées 
avec  un  rofeau  fort  propre  fit  délie ,  jufqu'à  ce 
qu'elles  foient  parfaitement  mêlées  ,  tk  qu'dlct 
tprment  une  liqueur  d'une  certaine  confiUaitce , 
uniforme  &  égale  dans  toute  fa  maiTc  ;  ce  mé- 
lange intime  fc  fait  mieux  Jans  une  cuve  ct 
mais  cnfuite  cette  compolltion  eu  verfce  é^: 
cuve  dont  les  dimenfions  font  plus  grindrs,  et 
qui  ne  refTemblc  pas  mal  aux  cuves  donc  non» 
nous  fervons  dans  dos  papeteries.  Ceft  de  ccï 
cuves  qu'on  lire  la  matière  par  le  moyen  de 
moules  ou  fuîmes  faites  de  jonc ,  au  Ueu  de  A 
de  laiton. 

A  mefure  que  les  feuilles  font  faites  &  déta- 
chées de  la  forme  ou  moule ,  on  les  met  i 
fur   une   table    couverte    d'une   douUe    : 
Ton   met  outre  cela  une  petite  lame  de 
entre  chaque  feuille.  Cette  lame,  qui  dcborc.  ^ 
à  diiVinguer  les  feuilles  &  i  ks  foukver  kni- 
qu'on  les  prend  une  à  une  ;  chacune  des  ptlci  d 
couverte  d'une  plancl|e  ou  d'un  ais  musce  de  la 
grandeur  &  de  la  figure  des  feuilles  de  pj  f^ 
on   les  charge  de  poids  légers  d  abord ,  d- 
que  les  feuilles,  encore  humides  &   tt- 
étant  preiTces  à  un  certain  point  Tune  contre  i 
n'adhèrent  cC  ne'fe  collent  tnfcmble  t' 
à  ne  faire  qu*une  faile  malle  ;  on  au 
poids  partiegrés,  afin  de  prouni'c  <<  i 
unecomprtiîionaflei  forte  pour  t.x-r  mu:  , 
tiié  d'eau  fu rabondanie  ;  ceso£:.r:>L^)iis  ne 
qu'un  jour,  car  le  lendemain  on  ».      lespo    . , 
on  lève  les  feuilles  une  à   une  à  Taide  de  la 
petite  lame  de  rofeau  dont  on  a  parle,  &  on 
les  colle  a  ces  planches  longues  &  raboteufe%  co 
appuyant  la  paume  de  la  main.  Les  feutllet  sy 
tit^nncnt  aift^mcnt  fufpendues,  à  cauf^  d'un  peu 
d Tiumidué  qij  leur  relie  encore,  les  «• 

pofe  en  cet  état  au  folcil  ;   Si   \  %  km 

entièrement  féches»  on  ks  d^fi:;  .  u.^  /.tmha 
pour  les  mettre  en  tas;  onksrot-e  :  ..  •  cbcrbc? 
on   les   garde  en  c§t  état  pc  ji  dtver^ 

préparations,  ou  pour  être   v ^_  mivam  tel 

demandas  quon  en  faiu 

Nous  avons  dit  que  reitraii  de  m  était  oé> 
ccHaire  à  la  préparation  de  la  pûtc  avec  iMpidk 
f-c  fabricjuoit  le  papier,  parce  qu'r"  -  ir* 

t^ine  vilcofité  qui  aonne  une  €<  't 

au  papier;  ik  d'ailleurs,  cet  extrait  l  -âUuc* 

communique  auffi  unt  blancheur  éL  n-^f^ 

du  papier*  La  fimple  infufioa  de 
ne  produîroti  pas  le  même  effet,  ^ 
donne  pas  cette  vifcofiié  qui  ek  une  ^uAii^e  i 


I 


P  A  P 

itielle.  LVxtrait  de  i iz  ,  dont  Jai  parlé ,  fe  fait  1 
on  pot  de  ferre  non  verniffé ,  où  Ton  met 
frecnper  les  grains  de  rh  dans  Teau  ,  puis  on 
igtce  le  pot  doucement  d'abord ,  &  enfuitc  plus 
forremcnc  &  par  degrés  ;  enfin  on  y  verfe  de  l  eau 
fratcbCt  &  on.pifîe  ïa  liqueur  à  travers  un  linge: 
ce  qui  rcfte  Tur  le  filtre  efl  remis  dans  le  pot  Si 
fournis  X  la  mènic  préparation;  Ton  réitère  lyn- 
fufion  du  rcflant  qui  coniêrve  quelque  vifcomè. 
Le  rtz  du  Japon  en  le  meilleur  aue  Ton  connoiile 
pODT  cet  uiage  «  étant  celui  de  tous  ceux  qui 
croifient  en  Aiie ,  qui  renferme  le  plus  de  fub^^ 
uncc  collante. 

L*infufion  de  la  racine  orèai  qu*on  mêle  k  la 
pire,  fe  fait  de  la  manière  fuiv*nte  :  on  met  dans 
de  Teau  fraîche  la  racine  pilée  ou  coupée  en 
petits  morceaux,  &  après  y  avoir  fèjourné  pen- 
dant la  nuit  ,  elle  communique  à  Te  au  une  vif- 
coûté  ruffifante  pour  être  mclée  à  la  pâte  après 
ou^on  Ta  paffée  au  travers  d*un  linge;  les  différenics 
utibns  de  Tannée  demandent  qu*on  varie  la  quan- 
tité de  cette  iofufion  qu'on  mêle  à  la  pâte  :  les 
ouvriers  Japonnois  prétendent  que  c*ert  dans  la 
pmpoction  de  ce  mélange  que  confiAe  tout  Fart. 
Eii  été ,  lorfque  la  grande  chileur  vient ,  cette  colle 
cA  dans  un  état  de  certaine  iluidrté,  il  en  faut 
davantage,  &  beaucoup  moins  en  hiver  &  dans 
le  temps  Ifroid.  D'ailleurs  une  trop  grande  quantité 
de  cette  infufion  mêlée  à  la  pâte  ,  rendroit  le 
papier  plus  mince,  à  proportion^  qu*il  ne  convient» 
parce  qu'il  contiendroit  trop  peu  de  la  fubfiance 
Ibreufe  de  Técorcc;  trop  peu  de  cette  infufion 
le  rendrott  au  contraire  trop  épais,  inégal  &  fec: 
■at  quaiulté  bien  proportionnée  de  cette  infufion 
devient,  donc  nécetfaire  pour  rendre  Tétoffe  du 

Papier  bonne  &  d'une  conMance  convenable. 
owr  peu  qu'on  ait  levé  de  feuilles  pour  les  étendre, 
aioC  que  nous  Tavons  dit,  on  s^aperçoit  aifémcnt 
fi  Von  a  mis  trop  ou  trop  pe\i  de  rinfufion 
iforint* 

Au  Heu  deja  racine  oréni  ,  qui ,  quelquefois  , 
fur-tout  au  commencement  de  Tété  ,  devient  fort 
rare  ,  Tes  fabricans  fe  fervent  d*un  arbci/Teau 
rampint,. nommé  fane  kadfura  ,  dont  les  feuilles 
rcmicnt  une  colle  femblable  à  celle  de  la  racine 
oréni .  quoique  d'une  qualité  inférieure*  On  a  rc- 
miraué ci-deiTus  ,  oue  les  feuilles  de  papier,  lorf- 

Îu'ellcs  font  nouvellement  levées  de  leur  inouïe, 
ont  mifcs  en  pile  fur  une  table  couverte  de  deux 
loties;  CCS  deux  nattes  font  faites  différemment: 
celle  de  deiïous  ed  plus  grofîiére,  &  celle  qui  eil 
tfeflttS ,  d'utr  ti/Tu  plus  clair  &  moins  {cttè  :  elle 
eii  £itte  au(ft  de  Jipncs  plus  fins  ,  qui  ne  font  pas 
CttCreUcés  trop  prés  les  uns   des  autres  ^  afin  de 

Ijî^K^r    l^r^    nn«T.,^ç    \\)y^^    ^    l'çaU   ,    qui   S'égOUltC    dCS 

pi'  -S    par  fes  poids  un  peu  pefans  ; 

d'at  IL .  ics  font  déliés  r^ur  qu*il5  ne  laif- 

fcnt  p  ifions  bien  fenuoles  iur  le  papier. 

Le  jT^mer  gi^ificr  ,  deAiné  à  faire  des  cnvelop- 
pes  s  jcJl  fabiiquè  avec  T^orce  d'tto   arbriiTçau 


p  A  P 


477 


nommé  kadfikadfura ,  &  l'on  fuit  pour  la  prépa- 
ration de  la  pâte  &  pour  toutes  les  autres  opéra- 
tions ,  la  même  méthode  que  nous  venons  de  dé- 
crire pour  lai  fabrication  des  papiers  fins. 

Le  papier  du  Japon  eft  une  éioffe  d'une  grande 
force  :  on  pourroit  même  en  faire  des  cordes.  On 
vend  à  Syriga  ,  grande  ville  du  Japon  ,  &  capi- 
tah  d'une  province  du  m^me  nom  ,  une  forte  de 
papier  qu'on  peint  fort  proprement  pour  en  faire 
é^s  tentures ,  &  ilcft  fabriqué  en  fi  grandes  feuilles 
qu'elles  fuiîiroient  pour  faire  ud  habit.  Il  reflerable 
d'ailleurs  fi  fort  ï  des  étoffes  d^:  laine  ou  de  foie  , 
qu'on  pourroit  s*y  méprendre  aifément. 

Pour  rendre  complète  rbifloire  de  l'art  de  la 
papeterie  au  Japon  ,  Kempfer  y  joint  la  dcfcrip* 
tion  des  quatre  arbres  qui  fouriiiilent  les  matière;* 
premières  pour  la  fabrication  du  papien  Nous  al* 
Ions  en  donner ,  d'après  lui ,  les  principaux  détails. 

1**.  L'arbre  à  papier,  en  Japonnois  kaadjt  ^  eft 
celui  doK  on  emploie  plus  communément  les  dé* 
pouïUes  ;  Kempfer  le  cara^érife  ainft  :  papyrus 
Jraâu  mort  cclja ,  Jtvt  morus  faùva  ,  folils  unica 
mantia  cortkc  papijcra* 

D'une  racine  forte,  branchuc  &  ligncufe  ,  s*t' 
lève  un  tronc  droit ,  épais  &  uni  ,  fort  rameax  , 
couvert  d  une  écorce  couleur  de  châtaigne ,  greffe 
dedans  ,  où  elle  tient  au  bois  mou  6c  caffant ,  plein 
d*une  moelle  grande  &  humide.  Les  branches  Se 
les  rejetons  font  fort  gros ,  couverts  d*un  périt 
duvet  ou  laine  verte  ,  dont  la  couleur  tire  fur  le 
pourpre  brun  :  ils  font  cannelés  jufqu'à  ce  que  h 
moelle  croiffe,  &  fëclicnt  d'abord  qu'on  les^a  cou- 
pés.  L;s  rejetons  font  entourés  irrégulièrement 
de  feuilks  ,  à  cinq  ou  fix  pouces  de  diftancc  Tune 
de  l'autre ,  quelquefois  davantage  ;  elles  tiennent 
à  des  pédicules  minces  &  velus  de  deux  pouces 
de  longireur  ,  de  la  groffcur  d'une  paille ,  &  d'une 
cou[cur  tirant  fur  le  pourpre  brun. 

Lis  feuilles  diffèrent  beaucoup  en  t^gnrc  &  en 
grandeur  ;  elles  font  divifées  quelque fûiv  en  trois, 
d*autres  fois  en  cinq  lobes ,  dentelés  comme  une 
fcie ,  étroits ,  d'une  profondeur  inégale,  6c  in^^gak* 
ment  divifés.  Ces  feuilles  refTcmblent ,  quant  a 
leur  fubflance  ,  à  leur  grandeur  &  â  leur  figure , 
k  ceWcsàcturiL^i  mortua  ,  étant  planes,  minces  , 
un  peu  raboteufes ,  d*un  verd  obfcur  d'un  côté  , 
&  d'un  verd  blanchâtre  de  l'autre  ;  elles  fj  fanent 
vite  dès  qu'elles  font  arrachées  ,  comme  font 
toutes  les  autres  parties  du  même  arbre.  Vu  nerf 
unique  qui  laîffe  un  grand  fillorà  d\\  coté  oppcfc  , 
s'étend  depuis  la  hafe  de  la  feuille  jufqu'i  la  pointe  , 
d*oii  partent  plufieurs  petites  veines  prefquep^ral* 
lèles  ,  qui  en  pouffent  d'autres  plus  petites  vers  le 
bord  des  feuilles ,  &  fe  recourbent  vers  elles- 
mêmes» ,  * . 

Cet  arbre  cft  cultivé  fur  les  colilnes  &  les  mon- 
tagnes ,  &  fert  aux  manufaAures  de  papier.  Lc^ 
jeunes  rejetons  de  é^v\%  pieds  de  long  ,  font  cou- 
péï&  plantés  en  terre  ^  :  l'année, 

ôc  à  ua^  médiocre  ùu^    ^^  ^  .  .  ....c  d*âbo«d 


478 


P  A  P 


racîoe ,  &  leur  extrémité  fupérieure  qui  eft  hors 
de  terre ,  fèchant  d'abord ,  ils  pouflent  plufieurs 
jeunes  jets  qui  deviennent  propres  à  être  coupés 
vers  la  fin  de  Faanée  ,  lorfqu'ils  font  parvenus  à  la 
lonsiîcar  d'une  brafle  &  demie,  &  à>  la  gro^Tcur 
du  bras  d'un  homme  de  taille  médiocre.  Il  y  a 
anflfi  une  forte  d:  kaaifi  ^  ou  d*arbre  à  papier  (au- 
vage  ,  qui  vient  fjr  les  montagnes  défertes  &  in- 
cultes ;  mais  outre  qu'il  eA  rare ,  il  n'efi  pas  propre 
à  faire  du  papier ,  c*e(l  pourquoi  on  ne  t'ait  aucun 
uibge  de  ion  écorce. 

2  .  Ls  fdux  arbre  à  papier  >  que  les  Japonncis 
nomment  katfikjdfire ,  m  défigné  par  Kcmpfer  , 
par  cette  phrafe  :  papyrus  procumbcns ,  UQsscens 
fvlh  iongo  lanceato ,  cortice  chanaceo. 

Cet  arbritTcau  a  une  racine  Qpi\{[e,  unique ,  lon- 
gue, d'un  blanc  jaunâtre ,  étroite  &  forte ,  cou- 
verte d'une  écorce  graffe  ,  unie ,  charnue  &  dou- 
ceâtre >  entremêlée  de  fibres  étroites.  Les  branches 
font  nombreufcs  &  rampantes  ,  aflez  longues , 
Amples  y  nues  ,  étendues  &  flexibles ,  avec  une 
fort  grande  moelle  ,  entourée  d-j  peu  de  bois.  Des 
rejetons  fort  déliés  ,  fimples  ,  bruns  &  velus  aux 
extrjm-.tés ,  fortent  des  branches.  Les  feuilles  y 
font  attachées  à  un  pouce  de  diiiancc  ,  plus  ou 
moins ,  l'une  de  ranircahernativement ,  à  des  pédi- 
cules petits  &  minces ,  &  leur  figure  ne  reifcm- 
hle  pas  mal  au  fer  d'une  lance  ,  s'élargifiVnt  fur 
une  bafe  étroite ,  &  fiiiiirant  en  pointe  longue  , 
étroits  &  aiguë.  Elles  reficmblent  aux  feuilles  du 
véritable  dibre  a  pjp'icr ,  quant  ^  leur  fubfiance  »  à 
leur  couleur  &  à  leur  fuperficie  «  &c. 

3«.  La  plante  que  les  Jaf^onnois  appellent  ortf.i/, 
cft  nommée  par  Kcmrjfcr  alva  ,  radicc  rifcofa  , 
flore  cphemcro ,  ma^no ,  punico. 

D'une  racine  b'ar.che ,  gracTc  ,  charnue  &  fort 
fibreufe  ,  pleine  d'u.i  jus  vifqiicux,  tranfcarent 
comme  le  crilbl  ,  il  fort  une  tige  de  la  hauteur 
d'une  brafie  ou  environ ,  qui  eÛ  ordinairement 
fimple  &  ne  dure  qu'un  an.  Les  nouveaux  jets ,  s'il 
en  vient  après  un  an  ,  fortent  des  aifielles  des 
feuilles  ;  la  moelle  en  efi  molle ,  fpongieule  & 
blanche  ^  pleine  d'un  jus  vif'qucux  ;  la  tige  eft  en- 
tourée ,  à  diflances  irrégulières ,  de  feuilles  qBi  cnt 
ouatre  à  cinq  pouces  de  longueur  ,  cambrées  ,  d'un 
pourpre  détrempé  ;  les  pêdicuhs  en  font  ordinai- 
rement creux  ,  charnus  &  pleins  d'humeur. 

Les  feuiîles  reflemblent  aflez  à  Talva  de  Ma- 
thiole,  tirant  fur  !o  rend  y  d'environ  un  empan  de 
diamètre  »  compofi-cs  de  fept  lobes  ,  divifcs  par 
des  anfes  profondes ,  mais  inégalement  dentéts 
aux  bords  >  excepte  entre  les  anfes.  L:s  créneaux 
ou  dents  font  gra;:ds  ,  en  petit  nombre,  &  à  une 
moyenne  difiancc  l'un  de  i'âutrj  ;  ces  feuilles  font 
d'une  fubflance  charnue  »  pleines  de  jus  ;.  elles  p%- 
Toifient  raboteufes  à  Tœil»  font  rudes  au  tou- 
cher »  d'un  verd  obfcnr ,  &  ont  des  nerfs  forts , 
qui  partagent  chaque  lobe  également ,  courant  juf- 
H:i'2.'js  c  .trcmitôs  c.!'  p!uCcur:i  vvinc<>i;av2rflère$a 


P  AP 

roides  &  cafiantes  ,  recourbées  «a  arrière  tcis  le 
bord  de  la  feuille. 

Les  fleurs  font  à  l'extrémité  de  la  tige  &  dei 
rejetons  j  &  ont  un  pouce  &  demi  de  longueur  ^ 
portées  par  des  pédicules  velus  &  épais  »  aom  1^ 
largeur  augmente  à  mefure  qu'ils  finiflenc  en  ca^-^ 
lice.  Elles  (ont  pofées  fur  un  calice  compofé  de  çin^ 
pétales  ou  feuille  verdâtres,  avec  des  lignes  d'n^y 
pourpre  brun,  &  velues  d'un  bord.  Les  fleurs foor 
auflicompofées  de  cinq  pétales  ou  feuilles, d'an 
pourpre  clair,  tirant  fur  le  blanc; elles  font  gran- 
des comme  la 'main,  &  fouvent  plus  ;  le  fond 
en   eft  fort  grand ,  d'un  pourpre  plus  chargé  & 

1>lus  rouge.  Les  feuilles  des  fleurs  font ,  comme  08 
*a  dit,  larges  ,  rondes  &  rayées  ;  elles  font 
étroites  &  courtes  au  fond  du  «aKce,  qui  cft 
étroit,  court  &  charnu  :  le  piflil  eft  long  d'ya 
pouce ,  eras ,  uni  &  doux ,  couvert  d'une  jposfr 
fière  couleur  de  chair  jaunâtre ,  couchée  fur  le  pif- 
til  comme  fi  c'ctoit  de  petites  bofiettes.  Le  pUBI 
finit  par  cinq  caroncules ,  couvertes  d'un  dant 
rouge ,  &  arrondies  en  forme  de  globe. 

Les  feuilles  ne  durent  qu*un  jour ,  &  fe  fimncnt 
à  la  nuit  ;  elles  font  remplacées  peu  de  jours  après 
par  cinq  capfules  fémin aires  pentagones ,  £ti£uit 
enfemble  la  forme  d'une  toupie  ;  elles  ont  dcuz 
pouces  de  longueur ,  un  pouce  &  demi  de  la^ 
gcur  y  font  membraneufes ,  épaifles  ,  tirant  fur  le 
noir  au  temps  de  leur  maturité  :  on  diflingue  alors 
Ls  cinq  capfules  ^  qui  contiennent  un  nombre 
incertain  de  graines  ,  dix  ou  quinze  dans  cha- 
cune,  d'un  brun  fon  obfcur ,  raboteufes,  plus 
petites  que  des  grains  de  poivre  ,  un  peu  com- 
primées ,  &  fe  détachant  aifément. 

4^  Le  qi.atrième  arbre  qui  fert  au  rapier^  A 

le  futo  kadfura  ,  nommé  par  Kempter  :  frutcx 
vif  eu  fus  j  pro:umbens  ,  folio  telephi: ,  vuigajis  «wf 
lo  ,  fru6îu  racemjfo. 

Cefl  un  petit  arbrifleau  garni  irrégulièrement 
de  plufieurs  branches  de  la  grolTeur  du  doigt , 
d'où  fortent  des  rejetons  fans  ordre ,  raboteux  • 
pleins  de  verrues  ,  gerfés  &  d'une  couleur  brune  \ 
h^rbrifTeau  cfi  couvert  d'une  écorce  épaifle,  char* 
nue  &  vifqueufe ,  compotèe  de  fibres  déliées  qui 
s'étendent  en  longueur.  Pour  peu  qu'on  miclic 
cette  écorce ,  elle  n-mplit  la  bouche  li^une  fubf- 
tance  mucila^încufe  ;  les  feuilles  foat  épaiiTes  & 
attachées  à  des  pédicules  minces,  cambres,  de 
couleur  pourpre  :  eUes  font  placées  ians  ordre , 
&  reflemblent  aux  fe\iillcs  du  teltpkium  vulg^n: 
étroites  au  fond,  elles  s'élargifient  &  firillcmen 
pointe  ;  elles  ont  deux ,  trois  04i  quaire  pouces  de 
longueur ,  fur  un  pouce  de  largeur  »  au  plus  ;  vos 
le  milieu  y  un  peu  roides  quoique  grafles;el:a 
font  enfin  quelquefois  pUces  vers  le  dos»  cur 
dtes ,  douces  au  toucher ,  d'un  verd  paie ,  avec 
un  petit  nombre  de  pointes  en  forme  de  dcms  de 
fcxc  ÏL  leur  bord  ,  coupées  fur  la  longueur  par  aa 


P  A  P 

aof  ff  travoifôes  de  beaucoup  d'autres  d'une  pctî^ 
teflt  pref:jt:c  imperceptible, 

Lct  firuits  pendent  à  des  queues  d*un  pouce  Se 

fini  de  longueur ,  vertes  &  déliées  t  ils  font  en 

[IC  de  grappes  compofées  de  plufieurs  haies  , 

Iquelois  de  trente  à  quarante,  &  difpofées  en 

ad  far  un  corps  arrondi  qui  leur  fert  de   bafc. 

Ces  baies  relTçmhlent  parfairem:nt  aux  griiins  de 

ratfin  ,  tirant  fur  ie  pourpre  ,  en  hiver ,  lorfquVlles 

tom  màrcf.  L'sur membrane ,  qui  e(l  mince .  conrienc 

l  jus  C^at^»  prefque  fani  goût  6c  infipide  :  dans 

ae  baie  on    trouve   deux   graiaes  «  ^^^-^  ^3. 

ûïï€  rdTemble  à  un   oignon  >  un  peu  compri- 

Mèes  la  où  elles  fe  touchent  réciprcquemert.  Ellles 

fbfii  de  ta  groQ'cur  d^s  pépins  de  raiûn  ordinaire, 

couvertes  dune  membrane  mince  &  grlf^trc  i  leur 

liibâaace  eA  dure»  blanchâire,  d*un  gcÙE  âpre  & 

fiHiiTÎ ,  trés-défagréable  au  palais.  C^s  baies  font 

^rpofees  autour  d'une  baie  ova^ G  ,  d'une  fubilance 

cliarnue  ,  f  jongieufe  tk  molle ,  d'environ  un  pouce 

de  dumétrc ,  relTcmblanc  aHez  a  une  frai  te  ,  rou- 

gieâtre  ,  dont  les  niches  paroiflcnt  moyennemiînt 

profondes  quand  les  baies  en  font  détachées. 

Nous  avons  donnéici  ces  defcriptions  dcKempfer, 

arce  qu*c}tcs   peuvent  fcrvir  ,     pour  ceux   qui 

rf  des  connoifîances  en  botaniqoc,  à  découvrir 

ciirope  des  arbrjs  &  arhuftes  de  même  cfpèce  , 

qui  pourroiont  nous  offrir  des  matières  propres 

la  fibri cation  de  papiers  femblables  à  ceux  du 

fexfùns  fur  lu  pracldét  des  Chinois  &  des  Jafonois. 

Avim  de  terminer  ce  que  j*aî  à  dire  fur  Fart 
des  Chinois  8c  des  Japonois  ,  dans  ïn  préparation 
te  pdtes  avec  lefquclks  ils  fabrique^it  leurs  pa- 
piers «  on  me  permettra  quelques  réflexions  qui  me 
paroilTent  propres  à  nous  donner  une  jiifte  idée 
de  certains  travaux  entrepris  en  diffèrens  temps 
our  augmenter  les  mnticres  premières  de  nos 
ipt«rs, 

Notif  avon^s  vu  plufieurs  phyficiens  foumettre 
n  grand  nombre  de  plances,  ainfi  que  les  écorces 
arbres  &  des  arbulles  ,  à  une  fimple  trîtura- 
»n ,  &  en  former  des  pares  ,  où  les  prirtics  élcmcn- 
rcs  des  végétaux  reOûi^nt  confondues  faijs 
flioâion  de  celles  qui  éroient  propres  à  faire  le 
ipier  »  8c  de  celles  qui  n'y  étoicnt  pas  propres. 
Pour  peu  qu'oa  ait  lu  avec  attention  la  fuire  des 
foccd es  employés  par  les  Chinois  ,  pour  préparer 
baLmbou  &  en  tirer,  par  une  analyfe  fine  Se 
troitc,  une  pâte  convfnablc  à  leur  fabrication  ; 
\on  ait  lis  de  même  les  détails  de  la  méthode 
&  raifonnéc  des  Japonnois  ,  pour  dégager 
icijïes  fibreux  de  Técorce  du  mûrier ,  on  fera 
que  nos  phyficiens  aient  employé  ,  Don- 
lemcnt  des  plantes  fans  auctin  choix  ,  mai» 
ore  fans  autre  uéparation  que  la  tri(u*xtion 
maillent  «  &guiIsaoui.aient  annoncé  ccmiBe 


p  A 


479 


des  découvertes  ♦  ces  produit;  grofllcrs  de  mani- 
pulations aufli  mal  conduites  que  mal  conçues. 

Qu'on  relife  le  détail  i^s  filins  que  les  Chinois 
8c  les  Japonois  fe  donnent  pour  écarter  d*abord 
toutes  les  parties  vertes  des  plantes  &  des  écor- 
ces ,  pour  détruire  les  matières  vifqueufes  qui 
empâtent  les  fubftances  fibreufcs  ,  pour  ret-nblir 
enluite  ces  fubftances  vifqueufes ,  lorfqu'ils  font 
parvenus  à  féparcr  les  parties  fibreufcs ,  &  k  les 
réduire  en  petits  filamens  minces  6c  propres  à 
compofir ,  p,ir  une  nouvelle  union,  une  ètoffj  blan- 
che ,  folide  &  luftrée ,  en  un  niDZ ,  le  papier  de 
la  Chine,  &  Ton  fera  étonné  que  nos  phyficieas 
D*aient  pas  proâré  de  ces  vues  <k  de  ces  principes 
d  analyfe  dans  le  travail  qu'ils  ont  entrepris.  Pou- 
voient'ils avoir  de  meilleurs  guides,  à  en  jygt:r  par 
les  r^folcats  ?  Ils  ont  fi  peu  faifi  rcfi>rit  de  ccîte 
méthode  ,  qu'ils  ont  hifardé  ilc  trtmr^r  des  vcgS 
raujf  qui  ne  contenaient  pas  de  fubflanccs  fibrcu- 
fes,&  qui  par  canféquent  nt  poftvoient  fournir 
de  quoi  former  letoôe  du  pipier. 

Avec  un  bon  choix  ôc  des  principes ,  il  me  fesn- 
ble  qu'il  feroic  facile  de  dccompolcr  plufieurs  vé- 
gétaux pour  en  obtenir  certaines  pâmes  en  lacri- 
tiant  les  autres  ;  mais  on  ne  pourrou  le  faire  avec 
avantage ,  qu'autant  qu'on  auroit  fact'cment  dcj^ 
récoltes  de  ces  végétaux  a^e£  abondantes  pour 
établir  de*  ateliers  ou  la  fuite  des  procodés  Chi- 
nois  feroit  exécutée  avec  toute  l'économie  pof* 
fible. 

Je  ferai  même  remarquer  que  le«  matières  pré- 
parées 6c  employées  par  lis  Chinois  ôclesJ.ipo- 
nois  ,  font  plus  faciles  à  traiter  dans  la  fabrication 
du  papier,  8c  peut-être  dans  fçs différens  appré!s,  , 
que  les  pâtes  qu'on  tire  du  chanvre  &  du  lin.  Car 
on  a  vu  que  les  feuilles  du  papier  Chinois  fe  dé- 
tachoient  fcftt  aifément  de  deffus  la  toile  ou  ver- 
jure  des  formes  >  quelles  fe  mcttoîcm  en  pile  à 
mefure  qu'on  les  détachoit ,  fans  qu  elles  enflent 
befoin  tie  rinrerpofition  d*aucune  étoffe  de  laine 
ou  autres  p-iur  achever  de  fe  confolidcr  :  qu'elles 
peuvent  former  tout-à  coup  des  feiiiiïes  foJides  , 
dès  qu'elles  font  reçues  &  égouttécs  furies  formes  ; 
au  lieu  que  les  matières  fiorcufcs  du  chanvre  & 
du  Xm^  ont  befoin  de  certain  temps  pour  quitter 
Tea^i  dont  eile>  font  ch^reécs  ,  ;ïinfi  que  de  Huter- 
;:ofiiion  des  feutres  ^  ôcderaftion  vigr>urcufe  de* 
greffes,  pour  s'unir,  fe  lier  8c fe  feiitrcr  enfcmble. 

Je  mj  bornerai  à  ces  remarques  ,  quant  à  pré* 
fent,  me  propofant  d'entrer  dans  de  plus  gr;}nds 
déradf  lorfque  je  comparerai  le  papier  de  ta  Chine 
avec  celui  d'Europe. 

Papier  d'asbestf.  Uasbcftc  eft  uoe  matière 
fibrcufc  qui  a  très- peu  de  confi fiance  ,  ÔC  dont 
les  filets  ie  calTcnt  aifcJmcnt  ;  on  fait  que  cette  ma* 
tière  peut  fupporter  Tartion  de  latlammc  uns  eira 
ert'lommagée  ;  en  conléquence  on  en  a  Uii  dei 
toiles,  des  jarretières,  qui  ont  le  tncriie  ûngu- 
hcr  dcire  incombuftible.  D'après  ces  qualités  con- 
nue» »  on  a  pcnfé  à  fabriquer  du  papier  avec  cette 


480 


P  A  P 


matière  :  le  doâeurBruktnann,  profefletir  à  Brunf- 
wick ,  a  imotlmé  unehîftoire  naturelle  de  Taibefie  ; 
& ,  ce  qu'il  y  a  de  remarquable ,  il  a  fait  tirer  qua- 
tre exemplaires  de  fon  livre  fur  un  papier  fait  d'af- 
befie.  Ils  font  dans  la  bibliothèque  de  Wolfenbut- 
tel.  Voyez  hiblioth.  Germon*  tom.  XIV^  pag,  190. 
La  manière  de  fabriquer  ce  papier  eft  décrite 
ibns  les  tranfaâions  phtlofophiques ,  n**.  166 ,  par 
M.  Loyd  ,  d'après  fes  procédés.  Il  broya  une  cer- 
taine quantité  d'asbeAe  dans  un  mortier  de  pierre, 
jufqu*à  ce  qu^elle  fut  réduite  en  une  fubftance 
cotonneufe  ;  cnfuite  il  mit  le  tout  dans  un  tamis  fin , 
&  par  ce  moyen  il  purgea  les  filets  d'asbeflie  de 
toutes  les  parties  terre  Ares  étrangères  ;  car  la  terre 
&  les  pierres  qu*il  n*avoit  pas  pu  enlever  aupara- 
vant ,  étant  réduites  en  poudre ,  paHrèrent  à  tra- 
vers le  tamis ,  &  il  ne  relia  que  ra«.befte  ;  il  porta 
cette  matière  dans  un  moulin  à  papier,  &  la  mit 
dans  un  vafe  ,  où ,  mêlée  avec  Teau ,  elle  pût  for- 
mer une  feuille  de  papier  avec  les  moulins  ordi- 
naires. Comme  il  remarquolt  aue  cette  matière  , 
plus  pefante  que  la  matière  orainaire  du  papier  , 
fs  prccipitoit  au  fond  de  Teau  ,  il  recommanda 
très-cxpreHément  à  l'ouvrier  de  la  remuer  con- 
tinuellement,  avant  que  d*y  plonger  le  moule 
ou  la  forme.  Cefl  ainfi  qu'il  parvint  à  en  faire 
quelques  feuilles  de  papier  ,  fur  lequel  on  écrivoit 
comme  fur  le  papier  de  chiiFon  ,  &  l'écriture  dif- 
paroiflbit  en  le  jetant  dans  le  feu. 

Il  faut  remarquer  que  ce  papier  avoir  peu  de 
confiflance  &  de  folidité,  qu  u  fe  caflbit  aifément, 
parce  que  les  filets  d'asbefle  n^ayant  par  eux-mêmes 
aucune  force  »  ni  aucun  nerf,  fe  rompent  fous  le 
moindre  effort  9  &  que  dVilleurs  ils  n'acquièrent , 
unis  enfemble ,  aucune  liaifon  ,  ni  aucune  adhé- 
rence :  quelque  degré  de  fineflc  qu'on  leur  don- 
nât par  la  trituration  ,  on  ne  pourroit  pas  par- 
venir à  en  former  une  étoffe  folide.  D'après  ces 
confidérarions ,  on  voit  qu'on  ne  peut  guère  per- 
fcâionner  ces  fortes  de  papiers ,  qui  feront  toujours 
imparfaits  avec  une  matière  aufll  ingrate  ,  &  que, 
quelque  dépenfe  ou'on  faffe ,  on  n'obtiendra  ja- 
mais que  des  réfultats  de  pure  curicfitè. 

PAPIER    DE    CHIFFON. 

Ce  papier  fe  fabrique  dans  toute  l'Europe  avec 
du  vieux  linge  qu'on  ramafTe  dans  les  villes  & 
dans  les  campagnes.  Les  manufaâuriers  nomment 
ces  morceaux  de  vieux  linge  drapeaux  ^  drilles , 
peilles  ou  pattes. 

Il  faut  d'abord  obferver  que  les  anciens  n'ont 
jamais  connu  cette  forte  àt  papier.  Les  libri  lintei  ^ 
dont  parle  TiieLive ,  décad.l,  liv.  IV,  Pline ,  XIII . 
c,  xj.  &  d'autres  écrivains  romains ,  étoient  des 
livres  écrits  fur  des  morceaux  de  toile  de  lin  ou 
de  cannevas ,  préparés  à  ce  defTein  »  de  même  que 
nos  peintres  s'en  fervent  toujours  ;  c'eft  ce  qu'a 
démontré  Guilandin  »  dans  fon  commentaire  fur 


p  A  F 

Pline ,  AHathis   &  d'aurrcs  favans.    ^^^^  Sal-- 
muth  ,  ad  Pancirolum  ,  /iv.  //•  m.  XIIL 

Mais  ce  n'eft  pas  aiï'jz  d'être  fur  que  lepapur  d* 
linge  eil  une  invention  moderne  ,  on  voudroit  fa^ 
voif  par  que\  peuple  »  &  quand  cette  invention 
été  trouvée.   Foly^lore- Virgile,   dt   invtntoribti^ 
rerum ,  /.  //.  c.  viij ,  avoue  n'avoir  jamais  pu  Ic. 
découvrir.  Scaliger  endonue»  fans  preuve,  la  gloire 
aux  Allemands  ,  81  le  comte  Maffei  aux  Italiei^^ 
D'autres  en  attiiouctu  l'honneur  h.  quelques  Gre^ 
réfugiés  à  Bâlc ,  à  qui  la  manière  de  faire  le  papier 
de  coton  dans  leur  pays  en  fuggéra  l'idée.  Le  père 
du  Halde  a  cru  uueux  rencontrer ,  en  fe  perfuadanr 
que  l'Europe  avoit  tiré  cette  invendon.des  Chi- 
nois ,  IcfquelSydansquelques provinces, fabiiqueot 
avec  le  chunvre  du  papier  à-peu-prés  de  la  même 
manière  que  l'Occident  ;  mais  l'Europe  n'avoit 
point  de  commerce  avec  les  Chinois ,  quand  elle 
employa  le  chiffon  en  papier.  D'un  autre  côté,  fi 
l'invention  en  étoit  due  à  des  Grecs  réftigiés  ï 
Bile ,  qui  s'y  retirèrent  après  le  fac  de  Conftaori- 
nople  »  il  faudroit  qu'elle  fût  poflérieure  à  l'anaée 
1452  ,  dans  laquelle  cette  ville  fut  prife;  cepen- 
dant la  fabrique  du  papier  de  linge  en  Europe  eft 
antérieure  à  cette  époque.  Ainfi  le  jéfuite  Inchofer, 
qui  la  date  feulement,  avec  Milius  ,  vers  l'ancès 
1470  ,  fe  trompe  certainement  dans  fon  opmion. 

Il  efl  vrai  qu'on  ne  fait  rien  de  précis  fur  le 
temps  auquel  l'Occident  commença  de  faire  foi 
papier  de  chiffon.  Le  père  Mabillon  croit  que  c'eft 
dans  le  douzième  fiècle;  &,  nour  le  prouver,  il 
cite  un  paffage  de  Pierre  de  (Jlugny  ,  dit  le  véné- 
rable, qui  naquit  vers  l'an  11 00.   Les  livresque 
nous  lifons  tous  les  jours ,  dit  cet  abbé  dans  fon 
traité  contre  les  Juifs ,  font  faits  de  peaux  de  bé- 
lier ou  de  veau  «  ou  de  plantes  orientales  ,  o^ 
enfin  ex  rafuris  veterum  pannorum.  Si  ces  dernier^ 
mots  fignifioient  le  papier  tel  que  nous  l'employons 
aujourd'hui ,  il  y  avoit  déjà  des  livres  de  cepapi^' 
au  douzième  fièclc  ;  mais  cette  citation  ,  unique  e^ 
clle-mcme  ,  eft  d'autant  plus  fufpeûe  ,  que  le  pèr^ 
Montfaucon  qui  la  rapporte,  convient  que  ,  mal' 
gré  tourcs  fes  perquihtions  ,  tant  en  France  qu'ef^ 
Italie ,  il  n'a  jamais  pu  voir  ni  livres  ,  ni  feuille^ 
de  papier  qui  ne  fuflent  écrits  depuis  la  mort  d^ 
faint  Louis,  c'cil-à-dirc ,    depuis  1270. 

Le  comte  Maffei  prétend  auftî  que  l'on  ne  trouva 
point  de  traces  de  l'ufage  de  notre  papier  ,  antécé' 
dente  à  l'an  1 300.  Conringius  a  embrafTé  le  mèm0 
fentiment  dans  une  lettre ,  oii  il  tâche  de  prouver 

3ue  ce  font  les  Arabes  qui  ont  apporté  l'invention 
e  ce  papier  en  Europe.  Voyez  les  aûa  trudit,  Up/l 
an.  1720. 

Je  fais  que  le  père  Hardoutn  croit  avoir  vu  de^ 
aâes  &  diplômes  écrits  fur  le  papier  européen 
avant  le  trezième  fiècle  ;  mais  il  eu  très-probaUe 
que  ce  faVant  jèfuire  a  pris  des  m^nufcrits  fur  pi- 
pier  de  coton ,  pour  des  manufcrits  fut  du  papier 
de  lin.  La  méprife  étoit  facile  \  faire  ,  car  la  prin- 
cipale différence  entre  ces  deux  papier^ ,  comlfte 


P  A  P 

I  ce  qne  le  papier  de  llo  eft  plus  fin  ;  or  on  faît 
le  nous  avon^  de  ce  même  papier  de  différens 
fgrés  de  âncfle  ,  &  quec*eii  ta  même  chofe  du 
\pier  de  coton.  Voyez  Mafleî ,  //.  diphm,  iïh.  II , 
«1  11  SihL  îtaLt,IL 

Mats  enfin  on  cite  trop  d'exemples  de  manuf* 

rits  ècrîis  fur  notre  papier  dans  le  quatorzième 

ICC  le  ^   pour  douter  que   fa  fabrique  n'ait  été  coo- 

Bue  dans  ce  temps-là.  Le  jéfuite  Balbin  parle  de 

^Aanufcrits  fur  ootre  papier  qu'il  a  vus  ,   &  qui 

Soient   écrits  avant  1340.   Un   Anglais  rapporte 

dans  les  rranfaâions  philurophiqucs  ,  que  dans  les 

archives  de  la  bibliothèque  de  Cantorbéry ,  il  y  a 

lin  inventaire  des  biens  d'Henri  ,  prieur  de  l'èglife 

rie  Chri/l  ,   qji  mourut  en  1340  ,  lequel  inven- 

lire  cft  écrit  fur  du  papier.  Il  ;> joute  que  danîi  la 

•ibUoilièque  cottonnicnne  il  y  a  divers  titres  écrits 

ur   notre  papier  ,    ierqucls  remontent  jufqu*à  h 

uinzième  aunes  d'Edouard  111,  ce  qui  revient  à 

année  1335.  Voyez  les  tranfaH.  philof  «^  a88. 

Le  doiflcur  Prideaux  nous  afTure  avoir  vu  un 

«jjiflrc  de  quelques  :iftcs  de  Jean  Cranden  ,  prieur 

ttÀy  ,  fait  fur  papier ,  &  qui  efl  daté  de  la  quaior- 

i^èone  année  d'ElouarJ  ITl  ,  cVft-à-dire ,  fan  de 

Ïèfus-Chrifl  1 3  îo.  Voyez  Prideaux.  Conneà,  pan,  L 

Lni,  ^,710. 

Le  même  favant  penche  à  croire  qne  Tinvention 
du  papier  de  linge  nous  vient  de  TOrient ,  parce 
que  plufieurs  anciens  manufcrits  arabes  ou  en 
6'autres  langues  oritntales  font  écrits  fur  cette 
forte  de  papier ,  &  que  quelques-uns  d'entr'eux  fe 
trouvent  plus  anciens  que  les  dates  ci-deflTus  men- 
tionnées. Enfin  ,  M.  Prideaux  juge  qu'il  efl  proba- 
ble que  les  farrafms  d'Efpagne  ont  apporté,  les  pré- 
mie*^,  d'Orient  Tinvention  du  papier  de  linge  en 
£urope, 

lafqu'en  1762,  Tépoque  de  rinvention  du  pa- 
pier de  chiffon  n'étoit  pas  bien  déterminée.  M. 
^îiérman  ayant  p;opofé  un  priât  i  celui  qui  ptè- 
fcnteroit  le  plus  ancien  monument  écrit  fur  cette 
ortcde  papier,  les  favans firent  des  recherches  , 
k  envoyèrent  à  M.  MîèVman  des  mémoires  »  où 
Chacun   d  eux  difoit  fon  avis   en  citant  des  mo- 
toumens.   Le  recueil  de  toutes  ces  pièces  fut  im- 
>Hmé  à  ta  Haye  ,  en  1767  ;  il  réfulte  de  tous  ces 
Jièmoires  que  Ton  a  fait  ufage  du  papier  de  chif- 
fon avant  Tannée  1300. 

^  En  1782  ,  M.  Tabbè  Andrez  publia  un  ouvrage 
intitulé  ,  dcllorigine  »  progreffi  e  flaro  attuaie  £ognl 
^titeratura  ,  où  il  parle  auiTi  de  llnvention  de  plu- 
fieurs fortes  de  papier  ,  8t  particulièrement  de 
celui  de  chiffon.  M.  Tabbé  Andrez  prétend  que 
le  papier  de  foie  fut  fabriqué  très-anciennement 
en  Chtne»  &  dans  tes  parties  orientales  deFAfte  ; 
[uc  de  la  Chine,  Tufage  de  ce  papier  paffa  en 
^erfe  »  vers  6^%  »  &  à  la  Mecque  en  706.  Les 
Arabes  fubfti tuèrent  à  la  foie  .^  ou  plutôt  au  barn- 
hu9  le  coton,  ptus  commun  dans  leur  pays  ; 
:e  papier  de  coton  fc  répandit  en  Afrique  &  en 
ïfpagne  par  les  Arabes ,  &  Von  en  iit  ufage  juf- 
jirts  &  Métiers,  T&me  K  Partie  IL 


P  A  P 


48 1 


;: 


qu'à  ce  que  les  Efpagnols,  reconnoiffant  qu'ils  pou- 
voient  fe  f^rv^r  de  lin  ,  fort  commun  dars  le 
royaume  de  Valence,  imaginèrent  de  l'employer 
pour  fabriquer  le  papier,  au  lieu  J,u  coron  j  qu*ils 
étoient  obligés  de  tirer  des  pays  étrangers:  ai  (îi 
lé  plus  ancien  p.ipîer  fe  ttouve-t-il  è:re  ce*ui  de 
Valence  &  de  la  Catalogne*  Les  provinces  n  éri- 
dionales  de  TElpagne  radoptèrent  pins  ïard  ;  mm 
de  TEfpagne  ce  mèmcpafî^r  paft  en  Frarce,  où 
nous  voyons  une  lettre  de  jL^inville  à  Sr.  Loi  m  , 
mort  en  1170  ,  &  une  pièce  du  duc  de  Bjiirg'"- 
gne  ,  datée  de  1301  ,  loaes  deux  écrites  fir  r© 

fïapier,  qui  de  France  psffa  en  Allemagne ,  où  ôii 
e  trouve  en  1311  &  1311 ,  &  en  Angleterre  en 
1320  8c  1341.  A  regard  de  llfalic,  conme  par 
fon  commerce  avec  le  levant,  elle  avoir  eu  abon- 
dance du  papier  de  coton  ,  elle  fit  bien  plus  tard 
que  rEfpagne  &  la  France  >  ufage  du  papier  de 
chiffon  ,  dont  la  fabrique  ne  s'introditifit  que  vers 
le  milieu  du  quatorzième  fiécle  ,  à  Padouc  &  à 
Trevife  ;  enfone  crue  M*  Tabbé  Tirahofchi ,  8( 
d'autres  écrivains  îialiens ,  ont  éïè  aveuglés  par 
Famour  de  leur  piys,  quand  ils  ont  avancé  que 
l'Italie  éioit  la  première  couirée  de  TEurope  où 
Ton  avoit  fabriqué  Sc  employé  le  papier  de  chiffon. 
Voyez  louvrage  de  M.  fabbé  Andrez  ,  imprimé 
à  Parme,  en  178a,  in-8**.,  &  k  recueil  de  Miër- 
man  ,  publié  à  la  Haye  ,  en  1767 ,  iii-8*.  che« 
Van-Daalen. 

Art  D£  la  Papiterie  ek  Europi 

Pour  mettre  de  Tordre  dans  ce  que  j'aurai  à 

dire  fur  les  procédés  de  Tart  de  la  papeterie ,  tel 
qu'il  cxiile  en  Europe,  je  décrirai  cl'abord  ce  qui 
concerne  la  maiiére  première  avec  laquelle  fc 
fabrique  le  papier ,  fon  commerce ,  fon  triage  & 
fon  pourriiTage.  Je  préfenterai  enfiiite  ce  qui  a 
pour  objet  la  trituration  des  pâtes  ,  leur  emploi 
à  la  cuve  pciir  qu'il  en  réfulte  la  première  étoffe 
du  papier.  Je  parlerai  des  étcndoirs  »  du  collage,  & 
des  autres  apprêts  du  papier. 

Sur  tous  CCS  diffèrens  articles  ^  je  commencerai 
par  donner  une  defcription  des  machines  &  uf- 
tenfiles,  dont  les  opérations  &  le  travail  fe  com- 
binent avec  les  différentes  manipulations  des 
ouvriers.  Enfin  ,  les  mêmes  objets  reparoîtront 
fous  d'autres  rapports  dans  une  table  raifonnée 
de  tous  les  termes  propres  à  Tare ,  &qiii  en  indiquent 
ou  une  machine  principiile,  ou  un  procédé  intè* 
reffant.  Je  joindrai  à  tous  ces  détails  la  partie 
lègillaîive ,  les  loix  aux  difpoùtions  dffqiîellcs  le 
commerce  du  chiffon ,  &  les  ouvriers  &  les  en* 
trepreneurf  des  moulins  ont  été  affujeitis. 

Commerce  des  Chiffon s^ 

Les  chiffons  qui  fervent  à  ta  fabrication  du 
papier ,  font  des  morceaux  de  toile  de  chanvre,  de 
lin  ou  de  coton,  qu'on  ramaflfc  dans  les  carpa- 

Ppp 


4ȉ 

gnes  &  dans  les  villes*  Ils  ont  dîffèrens  noms , 
luisant  les  provinces  où  on  en  fait  la  cueillette 
'&  où  on  ks  emploie.  On  les  nomme  pâlUs  en 
Limoufifi,  en  Pèrigord ,  en  Gafcogne  Ôt  en  An- 
jou moi  s  ;  pUots ,  en  Bretagne  ;  drapeaux ,  drilUs 
pattes  ,  dans  d'autres  provinces  :  chiffonniers  & 
dnlliers ,  les  gens  occupés  à  les  ramalfer  &  à  les 
Ycndre, 

Effectivement,  les  chiffor*s  font  recueillis  dans 
les  villes  &  dans  \z%  campagnes  par  un  gtand 
nombre  de  perfonnes  qui  en  forment  d'abord  de 
petit  amas  ,  puis  de  plus  gros  :  tï\(vn ,  le  tout  fe 
porte  o!ans  des  macaîins  pour  6trc  livré  aux  ma- 
nuiaSuricrs ,   qui  l  emploient  à  la  fabrication   du 

f)apicr.  Il  paroit  qu*on  tire  beaucoup  plus  de 
tnge  des  campagnes  que  des  villes.  Les  ouvriers 
des  campagnes  U  les  anifans  des  bourgs  &  des 
petites  villes ,  livi'cs  à  des  travaux  rudes  &  pé- 
nibles ,  déchirent  beaucoup  de  linge ,  parce  que 
les  toiles  de  chanvre  ou  de  lin  font  fou  vent  les 
feules  étofies  qui  les  habillent  la  plus  grande 
partie  de  Tannée.  Ils  ufent  aufli  beaucoup  leur 
linge  par  des  leffives  fortes  &  fréquentes. 

C*eft  en  conféquence  de  cette  grande  dertrvïc- 
lion  du  linge  dans  les  campagnes  ,  que  les  pro- 
priétaires des  nouvelles  fabriques  ,  d  abord  fort 
embarraffés  pour  leur  provifion  de  chiffon  ,  fe 
trouvent  au  bout  de  deux  ans  ,  abondam- 
ment pourvus ,  &  difpenfés  d*avoir  recours  aux 
marchands  des  villes.  Des  femmes  de  la  cam- 
pagne, au  moyen  de  légères  avances  que  leur 
îoTit  CCS  fabrîcans,  parviennent  à  établir,  dans 
un  arrondi  {Te  ment  de  huit  à  dix  lieues  des  nou- 
veaux moulins ,  une  cueillette  très-abondante  de 
matières  qui  étoicnt  perdues  auparavant*  J*ai  vu 
ces  fabricans  recevoir  chez  eux  ,  la  féconde 
année,  jufqu'à  huit  milliers  de  chiffon  par  mois^ 
& ,  avec  cette  récolte ,  non-feulemtnt  faire  tous 
les  triages  convenables  pour  le  travail  de  deux 
cuves  ^  mais  encore  vendre  au  dehors  de  grandes 
parties  de  chiffons  qu*ils  n*employoient  pas*  Je 
dois  remarquer  que  ce  commerce  fe  montoit 
ainfi  ,  avec  la  plus  gramle  facilité  »  dans  des 
cantons  où  Ton  nen  avoit  auparavant  aucune 
idée. 

L^expérîence  des  fabrîcans  leur  a  appris  à 
ëiflinguer  les  différentes  qualités  des  chiffons  que 
leur  tourniiTent  les  provinces  voifine^  de  leurs 
moulins.  Ils  ont  recueilli,  à  ce  fujet^  des  parti- 
culaiités  intéreffantes  »  fur-tout  par  rapport  aux 
différentes  manipularions  auxquelles  il  convient  de 
f^pumeftrc  ces  matières,  &  par  rapport  aux  réfuttas* 

Ainfi  ,  par  exemple  >  les  fahriquans  de  TAn- 
goumoii  ont  reconnu  quelesclwftons  de  Gafcogne 
pourrilTcjit  plus  faclléthérit ,  ft:  triturent  en  moins 
de  temps ,  oc  do  ment  un  plus  beau  blanc  que  les 
chiâons  qu'ils'  tir-nt  de  la  Sainionge.  Mais  auffi 
les  chiffons  de  Gafcogne  coulent  plus  à  Tcau,  & 
ne  rcpclcnt  fouvcn:  qu'une  étoffç  molbfle  &  fans 
conGHance,  au  Ueu  t^ue  ceux  de  Saintonge  éprou- 


A  P 

vent  moins  de  déchet  par  le  travail  de  11  mtunt- 
tion ,  &  rendent  un  papier  ferme  &  cartonneux, 
Après  CCS  chiffons  viennent  ics  peilïes  du  Kciry 
du  Périgoid,  du  Quercy,  qui  exigent  beaucoo^ 
de  choix.  La  peille  du  Limoufiu  &  du  Haut-Poitou^ 
bien  travs^illée  ,  fait  nn  papier  ferme  &  canon^ 
neux  »  &  fort  bon  pour  rimpreflion  :  il  eA  bis  , 
mais  étoffé. 

De  même,  les  chiffons  de  la  Boufeogne  &  de 
la   FreHe   font   fort  recherchés  gar  les  fabricans 
d'Annon;^y  &  d*Auvergne ,  parce  quen  général 
ils   font   de  bonne    qualité  ,    qu^iU    blanchiffeot 
facilement,  8c  forment  de  belles  étoffes.  Les  chif* 
fons  des  environs  de  Lyon  font  ^ncorz  fort  eftimés; 
mais  ceux  que  fournirent  le  Dauphiné,  leVivaraii 
&  les  montagnes  font  de  médiocre  qualité  ;  ils  ne 
reodent  pas  ,  à  beaucoup  près  *  la  même  quantité 
de  papier  ,  ni  auffi  beau* 

On  a  remarqué  que  certaines  provinces  four* 
niffent  beaucoup  plus  de  chiffon  que  d'autres ,  I 

f Proportion  de  leur  population,  &  que  pour  Icrt 
es   chiffons  de  ces  provinces  pourriffbient  plus 
aifémentf  &  donnoient  beaucoup  plus  de  déchet 
dan^  le  travail  de  la  trituration  que  les  chiffon^ 
des  provinces  qui  en  foiurniffoient  moins  ^  ce  qu* 

Erouve  que  les  lins  &  les  chanvres  n*ont  pas,  ^ 
eaucoup  prés  »  le  mtm^  nerf  fîc  le  «léme  degr^ 
de  force.  Il  ell  vrai  auffi  que  les  différentes  mt^" 
thodes  de  îefïiver  le  linge ,  ont  paru  entrer  poir  -* 
beaucoup  dans  les  cautes  des  différens  èuis  d^ 
ces  chiffons. 

Quand  on  penfe  qu^il  y  a  au  moins  neuf  ccnt^^ 
cuves  dans  le  royaume,  dont  chacune  emploies 
environ  quarante  milliers  de  chiffon  ;  qu'il  ne  Cm 
fait  pas  de  cueillette  de  chiffon  dans  pluficur" 
cantons  fort  étendus  où  il  n^  a  pas  de  moulin 
à  papier  ;  enfin  ,  qu*il  s*en  exporte  ^  hors  ém 
royaume,  de  grandes  parties  par  de  pcciies  fe 
briques  voisines  des  frontières ,  qui  ne  lonc  y  A 
que  des  chiffons  les  plus  groÛiers,  &  fe  bcr 
à  faùe  des  papiers  hulks  Si  traffes,  &  qui  Uvrcj; 
fort  chèrement  les  lots  des  fins  &  des  moyens 
aux  étrangers,  on  don  être  étonné  de  Hminenfe 
deflruÔion  de  linge  qui  fe  fait  en  France ,  &  de 
la  grande  quantité  de  chiffon  qui  s'y  ramailc  poufl 
Tufage  des  papeteries»  Miiîs  on  doit  être  raffurâ 
par  les  befoins  immenfss  d'unç  pombreufe  popa^ 
laiion  »  qui  doit  toujours  fournir  à  la  dépenfe  '^ 
TindullrLe  ,  doni  les  produits  croiffenc  cou 
elle. 

Rcjjtcxlons  far  remploi  dts  pUnus^  irutts  pQMF 
fuppUer  4tt  caiffoa^ 

D'aptes  ces  conjjdératîon^s »  on  eff  fiirpris 
certains  phyfvciens  >  &  d'autres  perfonnes  îivrcc* 
à  de  mauvaifes  combinaifons ,  ayent  con&dcTo» 
en  diffcrens  temps  >  l'emploi  des  plantes  &  des^-i 
écorces  d'arbres  comme  une  reffourcc  contre  U  \ 
difeite  du  chiffon  dans  U  £ibricaiioQ  du  papier^  ; 


k 


ï 


P  A  P 

Au  milieu  de  ce  grand  ii\c  »  tant  de  la  part  des 
gens  de  bonne -Foi  que  des  charlatans^  aucun 
Lbricaiit  tniclli^ent  n'a  penft  à  cette  prétendue  ref- 
fource  ;  aucun  n'a  pu  fc  flatter  qu'à  une  petite  dillance 
de  ia  papeterie,  il  pût  faire  une  récolte  déplantes 
▼sgues  &  fans  culture,  aflez  confidérable  pouf  en  t  rc- 
tCfÛT  une  cuvependant  une  année  entière.  Dansl'hy 
potbèfc  de  ces  perfonncs  qui  nous  vantent  les 
plantes  »  il  n*eft  queftion  que  de  végétaux  qu*on 
peut  fc  procurer  facilement  ,  Sl  prcfque  fans 
frais;  car  fiToneft  obligé  à  delong^  tran(poit$,  à 
des  récoltes  difpendieufcs ,  on  voit  que  réconoinie 
dont  on  fait  valoir  les  avantages ,  celle  d'avoir  lieu* 
*  En  fuppofant  tes  plantes  fans  culture  ;ibon- 
dafites  ,  k  la  portée  de  la  papeterie ,  fuppofition 
hafardée ,  les  fabricans  ont  tiû  être  alarmés  de 
rimmenfe  encombrement  que  kur  occafionneroît 
la  provifioiî  d*une  cuve  ou  Ton  fabriqueroit  trente 
milliers  de  papier;  car,  en  calculant  fur  les  deux 
tiers  de  déchet ,  il  leur  faudroit  une  maiïe  de 
quatre-vingt-dii  milliers  d'une  feule  plante  fans 
culture  ;  (k  fi  Ton  a  recours  au  mélange  de 
T^lufieurs  plantes,  on  ne  peut  compter  fur  une 
»offe  d'une  force  &  d'une  fouplefle  égale  ,  & 
par  conféquent  fur  les  produits  d'une  fabrication 
uniforme  :  ce  qui  eA  très-eÛTentïel  pour  pluAeurs 
arts  où  Ton  fait  ufaee  du  papier. 

A  /uger  de  ce  quon  pourroit  fe  promettre  le 
plus  railonnablcment  de  l'emploi  des  plantes  dans 
la  fabrication  des  papiers  ,  par  les  effats  des 
phy  ficiens  dont  j'ai  parlé ,  &  de  ceux  de  M.  Schoeffer, 
en  particulier,  il  paroit  qu'il  n'y  a  guère  que 
les  plantes  filamenteufes  qui  puiiTent  être  d'une 
certaine  utilité;  mais  alors  on  voit  clairement  que 
le  fabricant  qui  fe  propoferoit  d'en  faire  ufage , 
ne  pourroit  le  faire  avantageufc-meni  fans  ajouter 
aux  manipulations  de  la  papeterie  aiTortles  a  l'emploi 
du  chiâfon ,  d'abord  le  rouiflage,  long  &  difficile; 
enfuite,  s'il  veut  dégager  les  principes  filamenteux 
des  fubftanccs  qui  les  mafquent  &  en  altèrent  la 
couleur ,  il  fera  néceflfaire  qu'il  ait  recours  h  des 
leffives  réitérées  plufieurs  fois.  On  aperçoit  ai* 
(îment  que»  dans  le  choix  d'une  nouvelle  matière 
première,  il  feroit  indifpenfable  d'introduire  dans 
nos  papeteties  deux  nouveaux  aitcliers  celui  du 
rouiflage  6c  celui  du  leflivage  des  plantes.  J'ajoute 
que  ,  comme  on  feroit  aftrcint  ,  dans  cette  hy- 
pothéfe ,  à  n'employer  que  certaines  efpèces  de 
plantes  «  on  ne  pourroit  s'en  proaircr  une  quan- 
tité fufEfante  >  fans  prendre  le  parti  de  les  cultiver; 
Si  ,  pçur  lors  ,  }c  vois  augmenter  les  foins  & 
les  avances  primitives  du  fabricant.  Quelle  éten- 
due immenfc  de  terrain  ne  fera-t-il  pas  obligé  de 
confacrer  à  cette  culture,  puifque  ta  quantité  de 
CCS  plantes  qu'exigeroît  l'entretien  d'une  cuve, 
ftionteroîi  au  moins  à  quatre-vingt-dix  mi1!icrs 
pcfint.  Je  ne  parle  pas  ici  des  greniers  née  eu  a  ire  s 
pour  y  ferrer  ces  récoltes ,  qui  ne  pourroicnt  fe 
faire  qu'une  feule  fois  dans  l'année. 

D*aprés   ces   con&dérati^ns  ,  qu'on  n'a  point 


384 

exagérées ,  'on  conçoit  que  tout  fabricant  fenfé, 
qui  fait  compter,  a  dû  s*^n  tenir  à  l'emploi  dti 
chiiFon ,  &  donner  tous  Ces  foins  pour  en  animer 
la  cueillette  dms  fon  arrondiflemeni,  &  pour  fe 
procurer  une  matière  qu*il  irouvc  dans  un  état 
qui  le  difpcnfe  de  toutes  n. imputations  coû- 
tcufes  ;  car  cette  matière,  lorfqu'elle  lui  arrive, 
a  été  cultivée,  récoltée,  rouie,  leflWée  &  blan- 
chie à  d'autres  intentions  qu'à  celle  di  fervir  à 
(on  ufage.  Il  fe  trouve  donc  fort  heureux  de  re- 
cevoir le  chiffon  comme  une  marchandife  de 
rébus ,  8c  de  la  payer  comme  telle. 

Si  nous  fuivons  en  détail  la  cueillette  des  chiffons, 
nous  verrons  cff"cftivement  que  le  fabricant  ne 
paye  guère  que  la  peine  de  ceux  qui  le  ramaflent; 
c'eft  par  cette  raifon  que  cette  cueillette  ne  s'étend 
guère  qu'à  une  diftance  proportionnée  au  prix 
que  les  fabricans  y  peuvent  mettre  &  y  ont 
mis  jufqu'à  préfent.  Plus  le  travail  dçs  papeteries 
eft  foignè,  plus  il  fuppofe  d'exa6lin:de  dans  le 
triage  des  chiffons,  plus  les  chiffonniers  s'éioignent 
des  fabriques  ;  &  pour  peu  qu'ils  foient  favorifés 
par  des  rivières  navigables,  Tarrondiffement  de 
la  cueillette  s'étend  encore  davantage.  Il  fuit  de 
là  ,  que  l'on  ne  ramaffe  pas  de  chiffon  dans  les 
endroits  éloignés  des  papeteries  ,  8c  au-delà  des 
limites  que  le  prix  de  ceite  denrée  femble  avoir 
fixées;  &  je  puis  dire  que  le  nombre  de  ces  ef- 
pèces de  vides  eft  encore  confidérable  en 
France. 

Nous  avons  donc  deux  rcffources  pour  aug- 
menter la  quanrité  de  chiffon  qu'on  emploie  main- 
tenant dans  nos  fabriques.  Nous  pouvons  d'abord 
hauffer  les  prix  de  la  plupart  de  nos  chiffons;  en 
fécond  lieu,  nous  pourrons  diffnbuer  nos  papeteries 
plus  économiquement»  eu  égard  à  la  cueillette  du 
chiffon  ,  lorfque  la  difette  de  cette  matière  fc  fera 
fcntir.  Ces  deux  reffources  me  paroiffent  devoir 
fervir  long-temps,  dans  le  cas  ou  nous  jugerions 
convenable  d'augmenter  nos  ufmes. 

Du  trlagi  des  chiffons. 

Trier  tes  chiffons,  c'efl  en  faire  dlfférens  lots» 

fuivant  leurs  qualités  &  fuivant  le  travail  de* 
fabriques.  En  général,  le  triî^gedu  chiffon  eft  fort 
négligé  dans  la  plupart  de  nos  moulins.  Cette  fè- 
p,i ration  ne  fe  fait  guère  que  d'après  les  degrés 
de  tiiveffe  6l  de  blancheur  des  toiles  que  les  tii^ufes 
remarquent  du  premier  coup  d*œI1  ;  cependant  le 
choix  des  chiffons  doit  être  réglé  fur  beaucoup 
d'autres  qualités  ;  non -feulement  on  doit  faire 
attcnnoa  à  leur  fineffe  &  à  leur  blancheur,  mais 
encore  à  ceux  qui  font  plus  ou  moins  ufés  Sc 
plus  ou  moins  durs  :  cette  dernière  divlfion  eft 
beaucoup  plus  effentielle  que  la  première  ,'fi  Ton 
veut  avoir  dc$  pâtes  pures  6c  homogène:*. 

Les  fabricans  les  moins  attentifs  ,  doivent 
favoir  que  le  mélange  des  chiffons  tendres  fk, 
durs»  s'oppofe  bien  plus  au  fuccès  d*une  bonn* 

PPP»Î 


4»4 


P  A  P 


P  A  P 


trituration  ,  que  le  mélange  des  chiffons  ,  gros 
ou  fins ,  blancs  ou  bis ,  dune  égale  dureté  6t 
réfiftance.  Ils  doivent  fcntir  la  néceûlré  d*un  triage 
cxzA  Jorfqu'iîs  font  ufage  des  cylindres  »  dont  le 
travail ,  plus  précis  que  celui  des  maillets ,  exige 
une  plus  grande  exaditgde  dans  le  triage  ,  fi  Ton 
veut  obtcriir  des  pâtes  égaks  &  homogènes ,  & 
éviter,  fur-tout,  des  pertes  confidérable?.  On  ne 
peut  rien  faire  de  mieux ,  que  d'imiief  en  cela 
les  Hollandois,  qui  eut  mis  le  plus  grand  foiniîans 
cette  partie  ,  parce  quMs  en  ont  fcnti  les  avan- 
tages &  même  la  néctlFiti.  Nous  allons  expofer 
fuccintement  le  fond  de  leur  nièihode. 

On  commence  par  faire  un  triage  général  en 
quatre  lots,  en  mettant  à  part  les  chiffons  fu- 
perfins,  les  fins,  les  moyens  &  les  bulles  ;  on 
diAribuc  enfuîte  chacun  de  ces  lors  à  d'autres 
iricufes,  qui  fom  chargées  dVn  faire  cinq  fubdi- 
vîfions,  qu'elles  jettent  dans  cinq  caiffes  particu- 
lières, au  milieu  dcfquclles  on  les  place;  on 
leur  donne  outre  cela  un  banc ,  fur  lequel  on  a 
attaché  verticalement  un  crochet  &  une  portion 
de  fauU,  qui  fe  termine  par  le  haut  en  pointe 
recourbée. 

Je  fuppofe,  par  exemple  ,  qu'on  ait  chargé  une 
irieufc  du  loi  des  chiffons  fins,  elle  mettra  dans  une 
caiffe  les  chiffons  durs  ,  ou  qui  font  très-peu  ufés, 
dans  une  autre  les  tendres  ;'dans  la  troifiéme  ,  ceux 
qui  font  faîes  ;  dans  la  quatrième  ,  les  coutures 
&  les  ourlets,  &  enfin  dans  la  cinquième  ,  les 
chiffons  ruperfins  qui  fe  trouvent  coufus  après 
les  fins. 

A  mefure  que  cet  examen  des  chiffons  s'exé- 
cute, les  femmes  qui  en  font  chargées,  ne  bif- 
fent échapper  aucun  morceau  fans  enlever  les 
coutures ,  &  fur-tout  les  nœuds  des  fils  à  coudre 
&  les  ourlets,  par  le  moyen  du  crochet  ou  de 
la  faulx  qu'elles  ont  fous  h  main;  elles  ont  foin 
auflî  de  couper  &  de  réJuire  chaqyc  morceau 
8e  chiffon  à  un  petit  volume,  &  de  déchirer 
U  toile  par  la  trame ,  après  avoir  fait  une 
ouverture  à  une  extrémité  avec  le  bsc  de  la 
faulx  ;  le  moindre  effort  de  la  trieufe  fuffit  pottr 
ouc  la  réparation  des  morceaux  fe  faffe  iu^qu'à 
\  autre  :  elles  coupent  enftiue  avec  le  b;i8  de  la 
faulx,  les  morceaux  déchires  fur  leur  lo^jgueur  & 
dans  le  fens  de  la  chaîne,  caria  toile  ne  peut  céder 
dans  !e  fcns  d^;  la  trame  ,  qu'à  un  inflrument  tran- 
chant. 

S'il  y  a  plufieurs  tnorceaux  coufus  cnfemble , 
il  convient  d'abord  de  les  féparer,  pour  fimplifi^r 
le  travail,  avec  le  bec  de  la  fiulx  ;  on  peut  non- 
feulement  cntr'ouvrirune  coutute  dans  un  point, 
mais  encore  appuyer  un  des  dux  morccnux 
qu*on  veut  fépartr,  &favoïifer  Tcfforr  néceffauc 
j^^ouf  détruire  les  «.outures  fuc  roui^  leur  lon- 
gueur, 

C'cft  un  principe  eilentiel  pour  ne  pas  perdre 
beaucoup  de  matière,  de  couper  âc  de  déchirer 
tes  morceaux  de  clrffon  dans  le  fcns  des  tlffus  i 


^ 


m 

echt-" 


foît  de  la  trame, loir  de  la  chaîne  ;  tac  itors  \m 
fils  des  bords  de  chaque  morceau  dècWré  ou 
coupé,  reftent  engagés  dans  le  refledu  tiffo;  au 
lieu  qu*unc  coupe  oblique,  outre  qu'elle  cft  plus 
longue  &  plus  difficile,  met  à  dccouven  plufieurs 
fils  qui  tombent  aux  pieds  des  ui  ce  qui 

occaJionne  une  perte  de  matière  r  ^le. 

On  a  foin  en  Hollande  que  le 
pent  les  morceaux  de  chiffon  de  ! 
du  volume  qui  conviennent  au  trav.  îrc  , 

Cela  les  exempta  d*ivoir  recours  r  '\in»iT, 

dont  les  opérations  fer  oient  irrpoAblet  avec  dli 
chiffon  nnn-pourri.  J'ai  remar^''*  '''^* 
tique  avoit  des  avantages  ,  mcv 
le  clilffon,  &  qu-:  le  triage  e: 
plus  exa^t,  que  les  trieufcs  cr 
dutre  les  morceaux  de  chiffon  aua  u^  andr 
lume, 

Lorfqu'on  a  trié  une  certaine  quantité  de 
cune  de  ces  fubdivificns ',  on  les  poîte  fur  m 
grillage  attaché  à  la  partie  fupérieure  d\ii^Q  gnrdc 
cahlc;  alors  une  femme,  qui  diftribue  lcyti«|ies 
aux  trieufes  ,  &  qui  préfide  à  toutes  leurs  o;x- 
rations,  examine  avec  foin  les  chiffons;  8c  fi  cik 
ne  trouve  pas  Texaftitude  convenable  dans  k 
cîioix  des  qualités  ,  elle  rend  les  chiffons  à 
la  trieufe  ;  mais  fi  au  contraire  tout  cû  bien  i(* 
forti  ,  elle  bat  les  chiffons  &  les  fecouc  pà«r  en 
dègger  les  faletés  &  la  pouffière  »  IcfqucUt» 
pàffent  à  trjvers  les  mailles  du  grillage,  6c  toi*» 
bent  au  fond  de  la  caiffe. 

Le  nombre  des  lots  que  les  dèliffeuCcs  formtiM 
dans  leurs  triages ,  loit  varier  beaucoup  fuivad 
les  provinces  ou  fe  ramaffc  le  chiffon,  fuivant 
la  ma<Te  fur  laquelle  fe  fait  le  triage,  fuivam  k 
travail  des  fabriques  &  leurs  dèbou cités  ;  ainfi 
je  n'ai  pas  prétendu  donner  une  régie  générak 
de  divifion  des  chiffons  ,  en  indiquant  d-denm 
un  certain  nombre  de  lots. 

Quelaucs  fabriques  dont  le  travail  crt  cooGdc- 
rable  ,  &  qui   ont   plufieurs  cuv«.*$ ,     '  rt 

jufqu*à   neuf  lois  de  chiffons  ,  lc%   d,]  tî 

fins,  les  mi-fins,  les    moyens  ,   les  ci 

iraffes  blanches,  les  tratTcN  grifes,  les  n:  ri 

blanches  &  grifes ,  Ôiles  déchets  dit  lieiiii^ge  « 
comme  coutures  ,  &c. 

Dans  le  travail  commun  des  moyenne*  manu* 
fafltifcs ,  on  ne  fait  gtère  que  quatre  lots  :  ceiS 
des  chiffons  fins ,  ceux  des  moyens ,  puis  dcf 
bulles  &  des  traffcf. 

Il  y  a  des  moulins  qui  ne  font  que  deux  lûH^ 
en  confondant  dans  le  I  remier  les  f^      ^  ^i, 

éi  dans  le  fccond ,  les  bullvrs  &  1.  ■! 

ta  ut   avouer  que  leur  tr>,V4il   cil   aîTci  tct 

J'ai  déjà    obfcrvé  ci-dcvani   que    \t%    c 

dévoient  être  trsés  trés-ciadement,  quant  è  la 

(\nctXc  6c  quant  au  degré  de    ureté  de^  '"  ri^rc*, 

I   &  j'ai  remarqué  qu'ilimportoit  fur-tov  ^c 

autaut  d'exaÂitude    dans    le   fécond   ir;.tc    ^^ 

I  dans  le  premier  ,  parce  qu*il  cil  de  U  ietnjet 


I 


Idsponmce  pour  obtenir  des  pàtcs  bien  égales  & 
iàâi  une  grande  perte.  J'ijouie  îcî  qu*il  y  a  des 
ai  ou,  quant  à  la  ânefle  &  à  lu  bea^iiè  <ie  la 
matière,  li  e(i  utile  de  ne  pas  faire  le  triage  des 
^chiSbas  fi  rigoureulôûient  r  il  cil  fort  utile  ,  par' 
.cfcmpk,  de  ne  pas  priver  les  moyens  ds  quoi- 
que partie  des  fins  ,  Hl  les  fim  d^s  matv^res  iu" 
periincs  ;  car  le  fond  de  la  fabricait-  orcçs, 

alïrrciires^  eil  tellement  appauvri  p.  i%jne,i 

que^  quelque  apprêt  qu'on    donne  a  ces   ibrtes' 
iQtérieures  »  <in    ne  peut   ^n  obtenir   un   piipier 
d'un  fervicc  agréable,    ëc  par  coaféquent  d*un 
débit  tçilew  -  .    -    r     ^ 

Le  défaut  le  plus  commun  >  eft  de    porter  les , 
chiffons  des  lots  inférieurs4ans  les  1ms  fypértcurs» 
ce  qat  dégrade  la  fabrication  ;,car  fi  l'on  augjiiente  | 
la  quatnitè  des  papiers ,  on  s'ckppofe  k  la  beauté 
des  étoiTes  &  au  faccés  des  apprêts.  Il  vaut  bcaU-| 
coup  mieux  porter  les  parties  de  lots  fupérieurs  ' 
dans  les  inférieurs  ,  que  des  inférieurs  dans  les 
fupérieurs.  ^^        i  ->,  ,t,  r-l       j 

J'ai  vu  certaines  fabriques»  renommées  par  M' 
beauté  des  fortes  fupérieures ,  &  dçnt  les  fortes 
VjfcTieures  n  a  voient  aucun  débit ,  parce  qu'elles 
ètoicnt  privées  antièrement  d*un  certain  mélange 
des  tots  fupérieurs ,  qui  eft  néceÎTaire  pour  leur 
donner  les  qualités  qui  affûtent  le   débit.      .1 

Les  triages  des  chiffons  étant  faits  avec  exac- 
f«ude ,  comme  je  l'ai  dit  ,  &  les  lots  de  ehijfpns  , 
^ni  pOiirris  &  triturés  feparément,  on  peut  en 
nj:!cT  les  pâtes;  &  fi  ces  rnélanges  fc  font  avec 
"irdljjeiKç^  il  n'y  a  pas  de  doute  que  ces  corn- 
iiniiions  ne  fe  faffent  avet^  beaucoup  d*^vanfage  ; 
*»ui*  je  pent'  qu*il_faudroit  fuivre  dans  ces, mé- 
langes, los  principes  que  j*ai  expofés  cidelïus  > 
Rua/it  au  tnclangc  des  ch*ftbns.  Aiufi  je  mcierois 
Jti  ino)ren  une  cenainéï  proportion  de  mi-iin,  & 
JU  mifin  une  certaina^ppporttOin^de  lin»,  de  telle 
jone  que  la  pâte  des  lots  inférieurs  dominât  fur 
I?  pâte  des  lots  fupérieurs  ^  &  non  pas  ta  qualité 
%ér*eurc  fur  rinféricure  ;  dans  la  pre^iî^re  corn- 
WiiiiJbn  ^  les  papiers  des  fortes  inférieures  ga- 
gnent plus  j  après  ks  apprêts,  çn  beauté  &  en 
**omé,  qu'on  ne  perd  par  |e  mélange  delà  belle 
l^'e;  au  lieu  que  fi  tes  belles  pâtes  recevoient 
tint  çc/tainç  quantité  de  pâtes  inféi:i4;urçsi>  oHes 
*n  fcroicrit  pius  gâtées  fit  plus  dégradées,  qu'on 
j^  |;'igneroit  par  la  quantité.  On  voit  que  l'intérè; 
•^«s  fabncans  efl  ici  lié,  comro^  îl  Terf  îpu|Ours , 
'^'cç  h  bonté  des  pro^luits  de  leur  fabrique^ 

Du  lttvdg€  &  du,  jfauniffj.ge  des  cJkiffanJt 

^Ân$  certaines  fabriques  le  p  •  j/\,diylfé  | 

^   «Icux   patties,  doet  l'une  icr  la  pcille 

P^ij,.  enlever  les  ordures  les  plub  gr^hière^.  Apres 
•^voir  bkn  husie^éa  &  l*avoir  laiffé^reiiiptr  dans 
•^  grand  bac  de  pjerre  ,  on  U  brafle  »  &^n  hi^Te 
'^border  Teau  pour  qu'elle  fe  tcnçuvi^Ue  en  en- 
*^^ViiâO|.  lp$  faletés  dont  elle  s'eftcbargcc. 


On  dteil  foigncr  pluficurs  cliofes  dans  cette  opé- 
ration, La  première  efl  de  laiffer  tremper  le  chiffon 
dans  la  m^me  eau  ,  fans  la  renouveler,  environ 
cinq  oufix  heures.  La  féconde  ,  de  laiffer  enfuite 
couler  Teau  pour  la  renouveler  pendant  trois  â 
quatre  heures;  par  cette  efpéce  de  leJlîvage,  |*at 
été  témoin  qu  on  petit  enlever  au  chifl:on  quantité 
de  parties  graffcis  qui  lerniflcnt  prefque  toujours 
ta  pâte  I  quelle  qu«  foît  rcxa^itude  qu'on  apporte 
fuite  p<?iu  la  triturer, 

IfOrfqM^  le  <,hi6^pn  eft  ti^ïo  pénétré  d*eau ,  qu'il 
a  été  bralTé  à  pluficurs  reprifest,^  <iu^  feau  a 
emporté  tou^^f  qu'elle  pouvoit  enlever  dans  un 
li^vagc  u(ùi  Imparfait  «  on  le  met  en  la^  pour 
pourtiir.  pj^nscet  étai,  il  éprouve  une  fermema- 
poii  ,  qui  djA)>ord  s'^nqonce  par  des  moifiiîurcs 
mtthipUées  ,  tlifpcifécs  fur  les  diffcrens  morceaux 
4e^  toile.  Eofqita  ja  lyia^  rS*^chau&;  ,  &  alors  il 
çft  très  implant  de  fuivre  les  progrès  de  cette 
chaleur  ,  afind'en  m^dér^'r  les  effets. 
,.  J^ell  d4n6;Ccs*i:  !  a  foin  de  changer  le 

chiffon  ,  en  tnettant  es  couches  qui  font  au 

milieu  ,  parcç  que  c'elt  pu  if>iUeu  oii  la  fermenta- 
tion va  plus  vite.  Suivant  notre  {yiiC^Tie  d^:  fabri- 
.  caiioricn  France  ,  il  eft  bon  que  le  chiffon  foit 
fuffilAmment;pourri ,  parce  qu*ii  no  fe  ttirurcroit 
,  pf^s  n£acilement  s'il  n'.4voit  [vas  acquis  le  degré  d'at- 
tendriffemcni  néceffaire  pour  donner  une  pâte 
Auffi  èu&fif.  a^>iU  liomogènéiquW)^  peut  l'^re  avec 
nos  inaillcts  ,  &  même  avec  nos  cylindres  impar- 
faits. Il  arrive  fou  veut  en  conféquciice  •  que  le 
pourr|ffage  eft  porté  trop  loin^  d!où  rcfuUent 
diuxiincoiivéniens  aiTez  confidcrable^.  Le  premier 
efl  qu*unc  grande  partie  d,e  ç^ïïïon  fe  détruit ,  5c  fe 
réduit,  en  dernière  analyfe,  au  ;feul  principe  ter* 
reuK.  Ceft  ce  principe  qu'on  retrouve  affcz  abon- 
damment autour  dudérompoir,  comme 00  lev^rra 
par  la  fuite. 

Outre  ce  déchet,  on  en  éprouve  un  ziine  dans  la 
trituration,  parce  que  la  pâte,  réfidu  d'une  matière 
énervée,  ne  réûfte  pas  àl'aékion  foutenue  des  mail- 
leis  aufli  long-temps  qu'il  c<>nviendroit  pour  être 
Éattue  également,  &  qu'im^  partie^A  entraînée 
en  filets  alortgés  &  blanchâtres  à  travers  h  teliëte. 

Un  p3pi.îr  fait  de  pàto  rrop  dure ,  peu  pourrie., 
eft  rude  ,  dur  J&  malifi^tttré.  Celui  fait  '4e  peillc 
fufée^  efl  compofè  de  ëbres  «  liins  douceur  ^  iai:s 
nerf,  &c,         ^.-  r  ./^t  •  j    i. 

Le  fécond  inconvénient  eft  que  le  chiffon  prend 
.de  la  graiffe  par  une  fçrraieniation  trop  longtemps 
continuéç  ,  &  il  eft  pour  lors  affcz  difficile  de  le 
féparet  de  ^i  partie  tibrcufe  par  tous  les  :  lavages 
de  la  trîrwraïion. 

y\p  expofiti  "lie  de  ce  qui -fc 

paiTc  ijourrijag  /ions  ,  nous  allons 

décrire  les  dtff^èrentes  pratiquts  qui  ionten  iifjpe 
dans  ceiuines  f?. briques  du  royanme  ,  en  indi- 
quait lesji^convénieos  &  1^  tinperfeâîons  deces 
pratiques  ;  enfuite  nousi  donneroni^  quelques  vues 
pour  Tantélii^ration  de  ccittc  partie  de  la  pu  pet  etie. 


C486 


P  A  P 


Nous  ne  décrirons  pss  îcî  la  forme  d*un  p^iir- 
•^flbir ,   attendu  qu'elle   n'eft   pas   confiante  »  & 
quVlle  peut  varier  d'une  fabrique  à  Tautre,  fuivant 
les  -   :  mens  qu'on  y  peur  confacrer  ;  nous 

diri  ment  que  les  pourriffoirs  font   des 

entlious  bas  bc  fermés  siTcr  exademem,  dans  le(- 
quels  onr  met  en  tas  plus  nu  moins  confidérables 
\c%  ch  <Tons  tries  ;  on  appelle  ces  tas  mouillées  » 
parce  ^a^on  ïes  arrofe  de  temps  en  temps ,  afin 
que  le  chiffon  fc  pénètre  d'humidité,  à  la  faveur 
de  laquelle  il  éprouve  une  certaine  fermentation , 
'&  quW  pourrLOe, 

tes  ditTéretaes  fabriques  du  royaume  fuîvent 
différentes  pratiques  dans  le  gouvernement  des 
pûurriiToirs  ;  mais  comme  il  n'y  en  a  aucune  qui 
donne  des  téfultats  conOans^  nous  en  indiquerons 
ici  plufieurs» 

En  Auvergne ,  on  jette  de  Teaii  fur  les  tas  de 
chiffons  pendant  dix  jours  ,  Se  huit  ou  dix  fois 
par  jour  fans  les  remuer.  On  les  lalffe  enfuite 
repofer  pendant  dix  autres  jours  farrtles  arrofer,! 
après  quoi  on  les  remue  de  manière  à  placer  ce 
qui  occupoit  la  partie  fupérieure  dans  la  partie 
inférieure ,  ^  on  les  livre  enfuite  au  progrés  de 
la  fermentation  :  on  juge  qu'elle  cfl  à  fon  point 
par  certains  fignes  arf'ez  équivoques. 

En  Angoumois,on  fuit  une  autre  pratique;  on 
fait  defcendre  au  pourriflToir  une  certaine  quantité 
de  chiffons  équivalente  à  celle  que  le  moulin  peut 
triturer  en  un  mois,  &  on  la  met  fur  le  pavé  du 
pourrirtbir;  enfuite  on  Tarrofe  en  y  conduifant, 
par  le  moyen  de  dalles  mobiles,  un  courant  d'eau 
qui  la  pénètre  dans  toute  fa  mafle.  Lorfque  le 
chiffon  cft  ainfi  bien  humeâè  ,  on  prend  une 
ancienne  mouillée  qui  a  féjoumé  dans  le  pour- 
riffoir  environ  un  mois  ,  &  on  la  place  fur  le 
tas  de  chiffon  nouvellement  arrofé.  Comme  l'an- 
cien tas  a  déjà  ,  depuis  ce  temps,  éprouvé  un 
cenain  degré  de  fermentation  ,  dans  cetre  nou- 
velle pofition  ,  il  s'échauffe  davantage  que  dans 
la  première  ;  d'un  autre  côté,  la  dernière  mouillée 
prend  infenfiblement  de  la  chaleur  ,  étant  cou» 
verte  par  l'ancienne. 

Lorfque  cette  ancienne  mouillée  eft  entièrement 
èpuifée  par  le  travail  du  moulin  ,  on  commence 
à  prendre  la  féconde,  dont  on  couvre  une  nou- 
velle snoutUèe  qu*on  a  feit  defcendre  du  déliffbir, 
&  qui  cil  bien  pénétrée  d'eau  par  un  arrofement 
iaffifant. 

On  doit  juger  »  par  tous  ces  détails,  combien  on 
cft  peu  foigneux  fur  la  durée  du  pourriffage  qu'on 
iait  fubir  aux  différentes  mouillées  ,  &  combien 
les  rcfultats  de  la  trituration  d'un  chiffon  aufH 
inégalement  pourri ,  doivent  varier  ;  car  il  y  a 
quelquefois  une  différence  de  troîî  femaines  entre 
le  temps  ou  Ton  commence  à  battre  le  chiffon 
d'une  ancienne  mouillée  ,  6c  celui  où  elle  finit 
d'être  battue  :  on  doit  fentir  suffi  quelle  diffé-  < 
rencc  il  doit  y  avoir  entre  Tétat  des  chiffons  pourris 
Tété,  &  celui  des  chiffons  pourris  l'hiver*  Il  ne  paroît 


pas  qu^on  ait  penfé  à  proportionner  la  pcîBe 
defcend  à  chaque  fois  dans  le  pourriffoir 
température  de  la  faifon ,  mais  bien  plutôt  k  h 
quantité  que  les  moulins  en  peuvent  trittiror; 
or,  les  eaux  étant  plus  abondantes  l'hiver,  il  s'en 
fuivroit  qu'on  devroit  augmenter  le  chiffon  rcU- 
tivement  à  ce  que  l'hiver  il  pourrit  moins  vite, 
&  relativement  à  ce  que  le  moulin  peut  triturer 
davantage;  à  quoi  il  ne  paroît  pas  qu'on  ut 
pourvu  avec  affez  d'exa^itude  pour  obtenir  k 
même  degré  de  pourriffage  en  tout  temps. 

Ceft  ordinairement  le  gouverneur  du  moulin 
qui  eff  charge  du  pourriffage  des  chsffoi»;  c^cl 
lui  qui  fait  defcendre  la  moiùUée  du  déliffoiti 
c'eff  lui  qui  fait  arrofer  les  tas,  qui  les  retooms 
6c  les  déplace;  &  cVfl  lui  qui,  par  une  hibkiwc 
plus  ou  moins  intelligente  ,  juge  du  degré  de 
fermentation  convenable ,  &  aux  chiffons  qui!  i 
fournis  au  pourriffage ,  &  à  la  forte  de  papier  qtrw 
fe  propofe  de  fabriquer  avec  ce  chiffofl* 

En  général ,  le  chiffon  fin  eft  plus  difficile  i 
pourrir  que  le  moyen  ,  &  celui-ci  plus  que  Icbt^e. 
On  fe  règle  donc  fur  ces  principes  reconntis ,  p«of 
le  temps  où  ces  différentes  cîaffes  de  chiffon  fe- 
journent  au  pourriffoir* 

Lorf^u'on  ne  peut  pas  employer  tout  de  ftiîte 
un  chiffon  dont  le  pourriffage  ed  fort  avancé ,  oa 
le  remne  ,  de  on  Tarrofc  pour  interrompre  la  fer* 
mcnntion  8c  en  ralïentir  les  mauvais  effets ,  ijm 
tendent  à  détruire  la  matière  du  chiffon  »  £  dk 
eff  pouffée  trop  loin. 

On  eft  quelquefois  obligé  de  laiffer  poonir  le 
chiffon  à  un  certain  degré  au-delà  de  ce  qu'on 
jugeroit  convenable  ,  à  caufe  de  la  foiblcue  de 
l'agent  dont  on  peut  difpofer  pour  la  trituration 
Ceft  la  pratique  de  quelques  fabriques  qui  «an- 
quent  d'eau  fur  la  6n  décrété  &  au  commence- 
ment de 'l'automne  ;  &  comme  ces  moulins  o« 
des  maillets  d'une  moyenne  force  ,  ces  machines 
ne  potirroient  fournir  affez  d'ouvrage  pour  Tcont- 
tien  des  cuves  que  les  propriétaires  font  valoir 
l'hiver  &  le  printemps.  Ils  ont  donc  recoori  lu 
pourriffage,  qui  attendrit  leur  chiffon  ,  &  cela  an 
rifque  de  faire  des  pertes  conftdérables  ;  &  iî  ii*fit 
pas  rare  que  le  pourriffage,  porté  au  poînt  ou  il 
le  fouttennent ,  réduife  la  quantité  de  pâte  qtiïi 
obtiennent  par  la  trituration ,  à  quarante  lîvfdpat 
quintal 

On  fait  que  les  Hollandois  ont  retnèdii  à  w» 
ces  inconvéniens  du  pourriffage  des  chiffipitf  «  p9î 
des  machines  qui  peuvent  triturer  des  chAilf 
non  pourris  ;  8c  leur  fuccés  dans  ce  fyffêse  (b 
préparation  des  pâtes  ,  a  attiré  l'attention  de  woê 
habiles  fabricans,  qui  ont  adopté  avec  avaiita|e€Ci 
machines  Hollandoifes  &  leurs  procédés. 

Cependant  ne  feroit-il  pas  poffible  de  pcffc^ 
ttonner  la  méthode  du  pourriffage  de  maïuértà 
éviter  une  grande  partie  des  incoirvéïMm  doot  ff 
viens  de  parler  >  &  ne  trouveroit-on  panUoifMl* 
ques  fabriques  des  effais  affei  fuivis  pour  Ici  p** 


P  A  P 


We 


fer  aux  perfonnes  attentives  &  jalotifes  de  per- 
tcâtonner  l'an  ? 

Les  cutTCprcoeurs  de  quelques-unes  des  manu- 
£iâine!»  de  |>**picr  établies  aux  environs  de  Bruxel 
ks,  d'après  la  méthode  des  HoUandols  ,  {entirent 
bientôt  ic  bcfoin  de  pourrir  leur  chiflon  ,  mais 
co  rocme  temps  de  modérer  les  effets  du  pourri  f- 
fage  i  en  conféquencc  ,  ib  conflruifirent  des  pour- 
fitloirs  qui  m'ont  paru  très-propres  à  remplir  ces 
▼ues. 

Dans  de  grandes  galeries  dépendantes  des  bâti- 

mens  de  leois  papeteries ,  ils  orit  fait  conftruire  une 

fuite  de  calfles  bien  fermées  ,  &  d*une   capadté 

aflcx  grande  pour  contenir  une  certaine  quamiié 

éech^ftbn  connue  &  déterminée  ;  par  exemple  ,  la 

quantité  que  les  cylindres  qui  étoient  en  activité 

[^  dans  leurs  moulins»  pouvoient  triturer  dans  un 

H  jour.  Le  nombre  de  ces  cailTes  écoit  égal  au  nom- 

H  brede  jours  nèceffaircs  pour  que  les  tas  de  chiâbn 

B  renfermes  dans  les   caiffes  ,  fuiTcnt   ftifiiràinment 

échauffés  &  puûfcnc  être  fournis  à  la  trituration. 

Plus  la  faifon  étoit  froide  ,  plus  et  oit  grand  le  nom> 

bfc  des  caiflcs  qu*ils  rempliffoient  de  chiffon  ;  &  il 

^  y  en  avoit  d'autant  moins  ,  que  la  faifon  écoit  plus 

H   chaude.  Suivant  ce  fyfiéme  on  pbçoît  un  ras  de 

™^  chiffon  d*un  coté  ,  pendant  qu'on  en  enlevoti  un 

de  Tautre. 

Je  dois  obferver  qu'on  mouîlloît  bien  complè- 
^  lemeiu  le  chiffon  dans  des  timbres  de  pierres, 
H  avant  de  le  dépofcr  dans  les  caifft^s  ,  afin  qu  il  pût 
V  fermenter  autant  qu  il  convenoir. 

Les  chiffons  nui  avoient  pris  dans  ces  caiffes  un  cer- 
tain degré  de  fermentation  fans  être  énervés,  étotent 
beaucoup  plus  dKpofés  à  fe  laver  &  k  prendre  le 

P"  «iegrc  de  blancheur  convenable  dans  les  piles  des 
cylindres  cftiocheurs ,  ôcces  bons  effets  d  un  pour- 
fiilage  réglé,  fc  remarquoient  particulièrement  fur 
les  chiffons  bulles  &  même  fur  les  moyens.  On 
préteodoit  même  qu'une  fermentation  de  peu  de 
durée  t  rcndoiî  les  faletés  &  les  panies  colorantes 

■  du  dianvre  &  du  Un  beaucoup  pHjs  folubles  dans 
l*eau  fans  *tlrHer  la  partie  fibreufe  :  les  chiffons 
fini  même  qui  étoient  un  peu  bis  ,  avoient  ;!cquis 
un  cerea  n  degré  de  blanc  par  un  commencement 
de  pourriffage  ainfi  modéré. 

Du  dcrompotit. 

Lorfque  le  chiffon  eft  poiu-rî  au  point  qull  faut, 
en  le  porte  au  dcrompoir;  c'cft  ordinairement  le 
gouverneur  du  moulin  qui  cil  charge  du  cette 
opération.  Le  dc^ompoir  cft  une  table  placée  fur 

Ides  trcieaux  fcUdes  j  &  garnie  At  planches  de  trois 
côtés ,  afin  de  pouvoir  contenir  ta  pcillc  qu'on 
lire  du  poumffoir  &  qu'on  coupe;  iù  devant  de 
!a  table  cft  fîxçc  verticikmcnt  &  foHdcment  une 

»  portion  de  lame  d'une  ûulx,  doui  Je  trafîchaîïi  cft 
.oppoft  à  Fouvrier  qui  dérompt.  Cet  ouvrier  fe 
'place  vis-à-vis  de  Ta  fauîx  »  d^ns  in*:-  r.tAûrtn 


pçu  clevèe ,  parce  <|ue  les  efforts 


un 


_^      P-  A  P  _ 

couper  fe  font  de  bas  en  haut  ;  iJ  prend  d'i«»| 

côté,  fur  la  gauche  ,  le  chiffon  pourri  ,  il  eaj 
forme  une  poignée  en  arrangeant  fur  la  longucun 
chaque  morceau  de  chiffon  ,  &  tordant  un  peaj 
cette  poignée,  il  Vappuie  contre  le  bas  du  tîanchaall 
de  la  fautx,  &  fcîe  jufgul  ce  qu'il  foit  parvcnui 
en  haut,  &  par  cette  fuite  d'cfforrs  il  coupe  unej 
poignée  en  clcu;i  ou  trois  trôhtfôhs ,  quirjettc  fufi 
la  table  à  fa  droite.  Comme  dans  cette  opératioaj 
les  frottemens  réitérés  qu'éprouve  le  chiffon  pourrîl 
dégagent  une  partie  des  ordtfrcs  qu  il  contient,  8c\ 
fur-iout  la  partie  terreufe  ,  on  a  foin  d  étendre  furJ 
le  fond  de  la  table  une  claie  d*ofier  à  claire- voie  tf 
de  telle  forte  qu'elle  foit  élevée  d'un  pouce  fili 
la  table ,  par  ce  moyen ,  les  ordures  dégagées  dtii 
chiffon  dérompu  ne  s  y  mêlent  plus.  Dans  cet  état,! 
le  ch-ffoneff  haché  en  menus  morceaux,  &  ptui 
propre  à  être  diffribué  dans  les  piles  &  a  obéii 
au  jeu  des  maillets  pour  être  effiloché. 

Chaque  dérompoir  doit  être  pourvu  d'une  pierr^l 
a  aigulfcr,   pour  que  l'ouvrier  putfle  donner  lèj 
fil  à  fa  faulx  j  il  a  ioin  auffi  de  la  banrê  de  tcmp/" 
en  temps  fur  une  enclume,  lorfque  le  tranchii ni 
fe  trouve  cmouiTé  par  le  travail. 

Dans  les  fabriques  où  Ton  foigneroitl^  déliffage 
du  chiffon  corn  me  on  Ta  dit,  on  leroît  difpenfè  de 
dérompre  le  chiffon ,  parce  qu*on  le  réduiroit  pouf  j 
lors  en  morceaux  d*ùn  petit  volume,  ce  qui  nej 
multiplie  pas  bs  opérations.  L*ouvragc  du  dèrom»] 
poir  ne  laiffe  pas  que  de  donner  affez  d'occupaiioitj 
au  gpuverneur  du  moulin,  qui  fe  fait  fuppléeri 
fouvent  par  l'apprenti. 

DES*  MOULINS   A  TRITURFR   LE  CHIFFON, 

Lorfque  Ics.chiffons  ont  été  fournis  à  toutes  leii 
préparations  dont  nous  venons  de  parler,  ils  fotiti 
en  état  d*étfe  réduits  en  une  pâte  fibreufe  av^4 
laquelle  fe  fabrique  le  papier.  On  emploie  pour] 
obtenir  cette  pâte  des  moulins  conftruirs  fur  de$<| 
fyftèmes  différens.  Les  uns  font  en  ufjge  depuis 
longtemps,  6i  font  répandus  dans  la  plu*  giande^ 
partie  de  l'Europe  &  de  la  France  en  particulier  ;i 
ce  font  les  moulins  à  maillets.  Les  autres ,  invenréi  ' 
en  Hollande  depuis  peu  ,  ôc  adoptés  dans  Its  pro^t 
vinccs  voifines ,  font  les  moulins  k  cylindres.  Nous] 
allons  faire  connoître  ces  deux  foites  de  moulins  >  j 
aînli  que  la  manière  d*en  diriger  les  mouvcmens] 
*&  l'es  opérations*  *  ■ 

Dtjcriptîon  du  moutln  â  maillets:. 

Le  monfin  ^  matUets  eft  représenté  en  détail  ^ 
ims  les  planches  ïî ,  111  6w  IV  de  h  papcreric  ;^ 
on  Cft  Voit  le  plan  au  bas  de  la  planche  II  le-j 
profil  aa  bas  de  la  planche  Ul  ,  6t  la  perfpeéiïve  I 
âtut^h  vignette  de  b  planche  IV  ;  il  efl  cont-^ 
pofc  (fun  arbre  A  B  ,  garni  delevée*  èCCCV, 
qui ,  pafTjTff  focccfEvcment  fous  les  cjcfrém-tès  des  ' 
maDchcsJdcs  maiilcts  ^  les  lércnr  pour  Icj^  ||ilîcr  ui 


AP  

'tomber  fur  le  chiffon  dont  les  piles  font  remplies  j  * 

p3f  ce  jed  des  maillets ,  continué  autant  de' temps 

qu'il  ert    ncceiïaîrev  le  chiffon  fe  trouve   trîtuié 

"au   point  Convenable  pour  en  fabriquer  du  pa- 

l 'pier.  A  Tarbre    eft  montée  une  roue  qui  le  fait 

'  mouvoir  ;  on  voit  ici    une  roue  à  augets  E  ,   fur 

^  laquelle   Teau   cft  amenée   par  un  courfier  FDj 

le  diamètre  de  cette  roue  varie  comme  la  hau- 

'  '  tcur  de  la  chute  de  Teau  ;  car  fi  Ton  n'en  avoit 

j'pas    une  fuffifante  j  on  conflruiroit  une  roue   à 

[  'aubes ,  à  laquelle  le  courficr  fourniroit  iVau  par 

P deflbus*  On  place  quelquefois  cette  roue  au  mi- 

rlieu  de  l'arbre  >  &  les  piles  font  pour  lors  diftri- 

luées  auit  deux  cotés  de  la  roue  :  ici ,  elle  eft  à 

Fune    des  deux  extrémités  ;  on  doit   remart^ucr 

hque  Tarbre  de  la  roue  eJ^  terminé  par  des  tourillons 

ou   pivots   de  fer  cncaftrcs    profondément   dans 

j  Yes   deux  extrémité*  ,   qu^on  garnit   de    bonnes 

frettes  ou  cercles  de   fer  pour    les  fortifier  ,  & 

fixer  invariablement   les   tourltlons    au   centre  ; 

ces  pivots  de  fer  portent  fur  des  grcnouiilet  de 

laiton  ,  fûivant  les  principes   des  bons  conftruc- 

leurs  de   moulins ,  qui  font  frotter  le   fer  contre 

Je  cuivre  li  les  grenouilles  font  placées  fur  deux 

dormans  établis   eux  mêmes    fur  des   maffifs    de 

"maçonnerie  fort  folides. 

^     Comme  il  cft  néceiTaire  de  conduire  Teau  dans 
pies  piVs ,  on  l'élève  par  le  moyen   de    pompes 
Pque  la  roue  fait  mouvoir,  ou  bien  par  des  fabots 
loui  font  conftruiis' entre  les  aubes  :  au    moyen 
oe  ces  fccours  »  une  eau  claire   &  abondante  , 
après  avoir  paffé  par  plulîeuts   repofoîrs  ,  arrive 
dans  les  piles»  &s*y  renouvelle  continuellement 
&  autant  qu*il  faut ,  tant  pour  aider  à  la*  circula- 
tion du  chiffon  ,  que  pour  le   laver.   Les  piles 
I  font  des  mortiers  M  M,  creufés  dms  une  forte 
pièce  de  bois  de   chêne   ou  d'orme  j  on  ci^^pra- 
clique  lutant  que  la  pièce  de  bols  peut  en  con- 
tenir ,  &.  Ton  en  diftribue  le  long  de  l'arbre  au- 
tant que  la  quantité  d'eau  dont  on  peut  difpofer  i 
Îsour   faire  tourner  Tarbre  &  jouer   les  maillets , 
e  comporte   i  on  n'en    place  guère   que  fix  à 
quatre  maillets ,  Qu  bien  huit  à  trois  fur  un  mê- 
me arbre. 

Les  dimenfions  des  piles  doivent  varier  fûi- 
vant qucUcs  ont  trois  ou  quatre  maillets.  Nous 
allons  indiquer  ici  les  dimen fions  d'une  pile  à 
quatre  maillets  ,  qui  efl  la  plus  favorable  A  \a 
trituration  du  chiffon  »  fur-tout  lorfqu'on  a  de 
l'eau  affez  abondamment. 

Ces  piles  ont  16  pouces  de  largeur  &  autant  de 
profondeur  ,  fur  environ  trois  pieds  huit  pouces 
de  longieur  ;  elles  font  arrondies  fur  leurs  extré- 
mités.  Elles  vont  en  diminuant  depuis  leur  9U-  ^ 
verture  jufqu  au  fond  ,  où  elles  n'ont  plus  que 
neuf  pouces  de  larçcur  ,  fur  33  de  longi^eu^. 
Le  fond  eft  garni  d'une  platine  de  fer  fondu  , 
6c  encore  mieux  de  fer  forgé  ,  de  neuf  pouces 
de  largeur  ,  fur  52  de  longueur  ,  &  deux  pouces 
d'épaifeur  j  cette  platine  y  cft  fixée  par  quatre 


gFos  clous ,  qu*on  nomme  agraffcs  »  qwî  ont  €n* 
viron  trois  pouces  ôi  demi  de  longacun 

Ceft  entre  cette  platine,  repréfentee  féparétiHÊtït 
/i^,  6  ,  planche  IV ,  &  la  ferrure  dont  les  maiîleti 
font  armes  ?  que  s'exécute  la  trituration  du  chiffon: 
on   voit  t  me    en    place   A  B  ,  Jf^,  7  ;  les 

piles  font  i.at  établies  fur  les  folUt  BBS, 

planche  IV  ,  6c  entaillées  à  leur  face  infenturt 
d'environ  trois  pouces ,  pour  recevoir  les  follrs, 
entaillées  elles  -  mêmes  pour  recevoir  les  pilci 
(fi^*  7  )•  Les  folles  répondant  aux  féparaiions  itv 
piles  j  font  à  la  didance  de  4  pieds  de  milieu  en  mi- 
lieu ;  elles  ont  i  ç  pnuces  ddiauteur,  12  de  largeur, 
&  6  pieds  de  longueur  joutrc  cela  ,  on  les  établit  fui 
un  niiffif  de  mr.ç  ^nneric.  Les  irticrvallesqui  les  fèpa- 
rcnt ,  font  pavés  en  peivt:  pour  la  conduite  des  eaui 
fales  qui  fortent  des  [/i^es  p<?ndant  la  trituration. 

Sur  l'autre  extrèrr-ité  L^esfrjlles,  &  paraïtèlemem 
aux  piles,  cft  placée  une  pièce  de  bois  L,  nom- 
mée [Mihn  ^  à  la  fiirfacc  fu pèrieure  de  laquelle 
fontaffemblées  d'auires  pièces  H^Planch*  11,111 
&  IV  ^  appelées  %rïfpts  ,  qui  fon  cûcaillées  vert 
le  haut  de  manière  à  recevoir  ks  oireues  des 
maillets  qui  y  font  fixées  par  un  boulon  dt 
bois  qui  les  travcrfe  :  on  en  voit  itnc  rcpréfeii- 
tèe  (fig4^  planche  IV  ).  Ces  grippes  ,  accoftfcl 
deux  à  deux  ,  ont  vingt-fcpt  pouces  de  longueur, 
non  compris  les  tenons  EE  »  qui  entrent  ûim  It 
fabljérc,  5e  fept  pouces  d*épatffeur  ;  les  deux  réth 
nies  qui  répondent  à  une  pile  ,  ont  deux  jpitè 
neuf  pouces  de  largeur;  Us  emailles  Ct  ii 
h  partie  fupfêrieur^,  bnb*  trois  pouces  dé  largeur 
fur  9  ou  10  de  profondeur  ,  étant  dcffinccf 
à  recevoir  les  queues  des  maillets,  qui  y  joucf» 
au  moyen  du  boulon  de  bois  dont  nom%  avûw 
parlé  ci-dcffus;ces  grippes,  en  conféqucncc  ie 
cette  deftination,  font  affermies  chactr  *  nt 
fituatîon  verticale  »  par  une  longue  . 
vifibie  dans  les  trois  ^planches  citées  :  elles  in- 
versent Tépaiffear  de  la  grippe  pair  le  trou  A  ♦ 
(  fie*  4  f  planche  IV  )  ,  &  va  s'implamcr  dan*  h 
fil  ce  oppofée  de  la  pile*  On  leur  a  donné  ^c 
nom  éc  chevilles  haflùres  :  la  diftancc  des  grippci 
à  la  pile,  eft  ordinairement  de  vingtdeux  potiers. 

Les  queues  des  maillets  ont ,  fulvanr  les  dtrnf^^ 
iîons  que  nous  avons  adoptées  jufqu'â  prélei^Vf 
fix  pieds  de  longueur»  7  pouces  de  largeur,  & 
trois  pouces  d*épaiffeur  du^coté  de  l'arbre  »  8c  troi» 
pouces  &  demi  du  cité  des  grippes  ;  on  en  giniit 
le  plus  fou  vent  les  extrémités  ,  au  moyen  de 
frettes  de  fer- Celle  cotée  F  {  fg.  1,)  planche  IV, 
gar:intic  cette  partie  de  Tufure  que  le  frottcoteof 
des  levées  pourroit  y  occafionner  ;  &  celle  cotic 
H,  fert  à  empêcher  la  queue  de  fc  fendre»  prit* 
cipalement  lorfqu'on  fait  ufagc  de  Tcnginy /;.  ^* 
pour  lever. Jes  maillets. 

La  tète  AB  du  maillet  {ff^.  a.  )  cft  ao  mof 
ceau  de  bois  de  fiz  pouces  d'èquaiti&ge  »  &  ik 
deux  pieds  huit  pouces  de  longueur,  y  conplil 
la  ferrure  qui  a  trois  pouces.  Elle  eft  pcrcèê  Sv» 


» 


p  À  p 

longue  mortaîfe  vifible  (  fg.  j*  )  pour  recevoir 
h  qaeue  du  maillet  &  le  coin  b  qui  fert  à  le 
Axer  fur  le  manche  {fi§.  i.  )  La  dtflance  de 
1  extrémité  infcrteure  de  la  mortaire  à  rcxtrémité 
E  de  la  ferrure,  eft  de  dix-fept  pouces,  enfunc 

![ue  les  maïUets  repofant  fur  la  platine  qui  eft  au 
rtnd  de  la  pile,  ilrcfte  encore  un  pouce  de  vide 
entre  la  queue  ou  manche ,  8t  le  bord  fupérieur 
de  la  même  pile. 

La  -ferrure  des  maillets  que  nous  décrivons 
pèfc  environ  vin^cinq  livres  :  elle  eft  compofée 
d'une  fretie  de  fer  D ,  de  deujcjpouces  &  demi  de  lar- 
geur ,  fur  Ç\x  lignes  d*épaiffeur,  &  d'un  grand 
fionnbre  de  clous  tranchansE^f  dont  les  extérieurs 
font  à  un  feul  bifcau  ,  &  les  intérieurs  E  ,  /r^  j  ,  à 
deux  bifcaux  ;  ils  ont  fept  à  huit  pouces  de  lon- 
gueur; leur  faillie  au-defTous  de  la  frette  cft  de 
trois  pouces ,  &  on  les  place  dans  des  traits  de 
fcic  que  Ton  fait  à  rextrcmité  de  la  tête  du  maillet 
avant  d  y  monter  la  frerte  ,  ce  qii  prévient  la 
feotc.  Nous  reviendrons  par  la  fuite  aux  maillets. 

Chacune  des  grippes ,  fig,  a,  planche  IV,  eft 
garnie  de  deux  crochets  d ,  */,  dont  les  pitons  h 
répondent  au-deflTous  des  entailles  qui  reçoivent 
les  queues  des  maillets;  cVÛ  en  faifant  palTcr  le 
crochet  d  fur  la  queue  d'un  maillet  levé  au 
moyen  dcTcngin  jlg,  ;,  qu'on  le  tient  fufpcndu 
pendant  qu'on  re lire  les  matières  des  piles,  ou 
qu'on  en  met  de  nouvelles.  Il  eft  aifé  de  voir 
avec  qncl  avantage  agit  l'engin  ,  car  Tétrier  M 
rcccvoit  la  partie  entaillée  \  de  la  queue  du 
maillet,  (/^.  *^  jO  pendant  que  la  partie  N 
d«  l'engin  s'applique  fous  la  frette  H  ;  &  fiiôc  qu'on 
fait  effort  fur  Textrémité  O  de  l'engin  ,  on  doit 
lever  le  maillet  avec  la  plus  grande  facilite. 

^  /$*  7  préfente  une  coupe  de  la  pile  fuî- 
irant  la  plus  grande  dimenfion  :  on  y  voit  d'abord 
b  platine  AB,  DE ,  DE,  font  deux  couliffes,  au 
moyen  dcfquelles  on  abaifTe  &  on  élève  le  kds 
ou  porte-tcllette  ,  /^.  8.  On  en  voit  le  phn  en  7» 
au  bas  de  la  planche  IL  C  %  7,  offre  les  deux 
oin'crtures  carrées  par  oii  Teau  s'écoule  après 
avoir  traverfe  le  kas,  La  fimrc  S  repréft^nte  le 
kas  ;  c^cft  une  planche  dont  la  longueur  eft  égale 
i  la  profondeur  de  la  pile,  &  dont  la  largeur» 
y  compris  les  deux  languettes ,  cft  égale  à  la 
diftance  que  laiflent  entre-cUcs  les  couliffes  D  E 
de  la  fg,  7 ,  en  forte  que  le  kas  puiffe  y  coitier 
k  frottement.  Le  kas  eft  percé  de  deux  trous  A 
&  B,  qui  doivent  répondre  vis- à  vis  des  ouver- 
tures carrées  C  de  U  fgun  7,&dans  lefquels  on 
m  réfcrvé  des  croifilîons  pour  porter  la  toile  de 
crin  ou  t€Uetu  ,  à  travers  laquelle  Teau  s*éc0ule  : 
CCS  croifilîons  font  à  découvert  en  A,  &  couverts 
par  la  tdhttt  en  B, 

La  figure  9  offre  une  coupe  tranfverfale  de  la 
ptle,DE  eft  une  des  couliiTts;  m  »  une  ouverture 
carrée  ,  par  où  Teau  s'écoule  après  avoir  traverfe 
le  kas;  cette  ouverture  cft  inclinée  pour  favorifcr 
la  (ortie  de  Teau. 

Arti  fr  Métltn  ,  Tomt  K  Partie  IL 


PAR 


489 


Les  maillets  font  dirigés  dans  leur  m^juvement 
d'élévation  6c  de  chute,  par  des  pièces  de  bois 
debout,  la,  15,   14,    i^f,  16,   planche   II,  & 

?;u'on  voit  en  élévation  dans  le  haut  de  la  planche 
V,  On  les  Jppelle  guides  ou  grippes  de  devant  ; 
ces  pièces  de  bois  font  affemblèes  fur  la  ftce  d- 
ïa  pile  du  côté  de  Tarbre;  les  entailles  de  c«. > 
grippes  ont  trois  pouces  de  largeur  ^  afin  que  les 
queues  des  maillets  qui  ont  cette  êpalffeur  en 
cetendroit»puiffentyjouerlibrement;parcemoytn 
les  queues  des  maillets  fc  trouvent  dirigées  dcffus 
les  lèves  de  Tarbre. 

L'eau  oui  vienf  du  courfier  F  D, planches  ITI 
&  IV ,  eiL  dirigée  dans  les  piles  par  le  canal  de 
bois  I  ,  a,  3,  4,  5,  qui  communique  par  les 
dalons  inclinés  34,  34,  aux  fontaines  ou  ba- 
chaft'ons  4*  4.  lefquelles  verfent  l'eau  par  un  trou 
perce  obliquement  dans  Tépaifteur  de  la  pile;  ces 
fontaines  ne  font  autre  chofe  qu'un  creux  d'un 
demi- pouce  de  profondeur,  â^ns  le  milieu  duquel 
on  a  creufé  une  autre  cavité  de  même  profon- 
deur; c'eft  du  fond  de  cette  dernière  cavité  & 
d'un  de  fes  angles,  que  part  le  conduit  qui  fert 
à  Tîntroduâ  on  de  Teau  dans  la  pile.  Le  bord 
de  b  cavité  fupéricure  eft  entaillé  du  ct^tè  de 
Tarbre,  pour  lailTer  écouler  l'eau  fuperfîue  hors 
de  la  fontaine ,  qui  ne  doit  fe  remplir  que  )ufqu'au 
niveau  de  la  retraite  qui  fert  à  diiiingucr  les 
deux  cavités. 

Nous  devons  faire  obferver  ici  trois  fortes  de 
maillets,  qui  diftèrcnt  par  leur  forme  comme  par 
leur  ufage  dans  trois  ordres  de  piles  :  les 
piles  àdrûpdtr  ou  à  cfdocher,  les  pila  fior^m  ou 
â  raffiner ,  C5c  les  piles  d:  touvrur ,  ou  aflcuranus. 

Les  maillets  qui  fervent  à  effilocher  ,  font 
fortifiés  par  des  trettes,  &  garnis  de  clous  de 
fer  qui  ont  cinq  pouces  de  longueur  fur  environ 
ftx  lij;nes  de  bafe,  pointus  &  tranchans,  parce 
qu'ils  font  deftinés  à  hacher  les  chiffons  pour  dé- 
truire le  tiffu  de  la  toile  :  le  nombre  de  ces 
cloas  va  quelquefois   jLifiîu'à  quarante. 

Les  maillets  qui  garnîffent  les  piles  à  rafRner  , 
ont  des  clous  à  tcte  plate  dans  certaines  fabriques  ; 
dans  d'autres,  comme  en  Angoumois,  les  clous 
de  ces  maillets  font  beaucoup  plus  petits  &  plus 
nombreux  que  ceux  des  maiiletsà  cralocher.  Les 
tètes  des  maillets  font  égales  pour  la  longueur, 
feulement  elles  différent  dans  quelques  inoulhis 
ouant  à  Tépaiffeur;  le  plus  épais,  qu'on  nomme 
le  fort  ^  a  cinq  ou  fix  lignes  de  plus  que  le  foible; 
ce  fort  cft  placé  du  côté  011  la  pile  reçoit  Teau 
des  fontaines  ;  c*eft  le  fort  qui  fe  lève  le  premier, 
&  qui ,  après  avoir  haché  le  chiffon  »  le  renvoie 
au  maillet  du  miiitu\  ce  dernier  non  feulement 
hache  la  matière  auffi  bien  que  les  deux  ;iutrcs  ^ 
mais  outre  cela  il  la  comprime  contre  le  k;ï5,  & 
force  ainft  Teau  fale  à  paffer  à  travers  la  toile  de 
crin  qui  garnit  cette  ouverture. 

Les  cames  qui  répondent  aux  maillets  forts,  font 
plus  longues  que  celles  qui  lèvent  les  maillets  du 

Q  qî 


P  A  P 

milieu  &  ks  foibles;  c'eft  plutôt  cette  inégalité 
dans  rélcvatlon  des  têtes  des  mailkts ,  que  celle 
de  leurs  di  m  en  fions  ,  qui  mèrne  n  a  pas  lieu 
dans  le  plus  grand  nombre  des  fabriques  ,  qui  con- 
tribue à  faire  circuler  le  chifFon  ou  Vouvr:ige  dans 
les  piies^  6c  procure  une  bonne  rr'uuration  &  un 
bvage  bien  égal  des  matières.  Maintenant  que 
foutes  les  parties  du  moulin  à  maillets  nous 
font  connues ,  il  importe  de  faire  envifager  d'un 
coup-d*œil  général  l  utilité  de  ce  moulin^ 

L'eau  étant  lâchée  fur  la  roue,  les  lèves 
diflribuécs  fur  Tarbre  qui  tourne  ,  rencontrent  les 
extrcmiiés  des  queues  des  uuîllers»  &  les  élèvent 
juf^u'à  ce  que  venant  à  échapper,  elles  lainent 
reioaibcr  les  maillets  fur  le  chiffon  qui  eft  dans 
la  pile.  Le  chiffon, trituré  pendant  plufieurs  lieures , 
s  y  blanchit  en  même-temps  qu  il  fe  divife  »  & 
Tcau  qui  le  lave  Se  en  facilite  \^  mouvement, 
renouvelée  continuellement  par  le  trou  des  fon- 
taines ,  fort ,  en  travcrfant  le  kas,  chargée  de  toutes 
les  matières  graiTcs  qu'elle  peut  entraîner. 

Le  chiffon  paflTe  fucce(Evemcnt  par  trois  fortes  de 
piles  avant  que  d'être  employa  à  faire  du  papier; 
a  abord  on  le  met  dans  les  piles  à  effilocher  ou 
àdrapeler  :  c'cft  là  que  !e  tifiu  de  la  toile  fc  dé- 
truit ,  atnfi  que  le  û\ ,  &  que  la  fubJlance  du 
chanvre  &  du  Un  fe  réduit  en  un  amas  de 
petiîs  filets  fibreux,  qui  ont  encore  une  certaine 
longueur.  Pendant  cette  opération,  la  matière  qui 
efl  abondamment  abreuvée  ,  fe  blanchit  beaucoup 
lot  fqu  elle  en  cil  fufceptihle. 

Il  ne  nous  rcfte  plus  qu^à  faire  voir  Tart  avec 
lequel  il  convient  de  dillfibuer  les  lèves  fur  la 
circonférence  de  Tarbre,  enforte  que  la  roue  foit 
chargée  également,  &  le  moins  qu*il  eft  poflîblj 
dans  tous  les  momwis  de  fa  révolution  ;  pour  cela 
il  faut  que  tes  maillets  foient  foulevés  les  uns 
après  les  autres i  par  exempte,  fi  l'arbre  eft  def- 
tinè  à  un  moulin  à  quatre  piles  ,  comme  cft  celui 
dont  nous  faifons  la  defcription  (  quoiqu'on  n*ait 
place  que  trois  piles  dans  les  figures  ),  &  que  chaque 
pile  ait  quatre  maillets,  ce  qui  en  fait  feize  en 
tout  ;  fi  de  plus  chaque  maillet  doit  battre  deux 
fois  à  chaque  révolution  de  la  roue ,  voici  com- 
ment on  rèfout  ce  problème  :  Après  avoir  tracé 
les  cercles  qui  répondent  vis-à-vis  les  maillets , 
oa  divife  la  circonférence  d*on  de  ces  cercles  en 
feize  parties  égales  »  &  Ton  tire  par  les  points 
de  divifion  des  lignes  parallèles  à  b  longueur  de 
l'arbre;  les  interférions  de  ces  lignes  &  des  cercles 
qui  réponient  aux  maillets  ,  feront  les  points  oii 
l'on  placera  les  lèves.  Quelque  (yJléme  qu'on 
embraffe  pour  la  difiribution  êçs  lèves  fur  la 
circonférence  deTarbre,  relativement  aux  maiileTS 
d^s  ditf^reiues  piles,  il  eft  bien  important  que  les 
miilîets  d'une  pile  fe  lèvent  fucceÔlvement  dans 
rord|t:  qui  convient  le  mieux  aux  mou ve mens 
naîTorbies  de  la  matière  dans  cette  pile  ;  par 
exemple  ,lorfque  le  premier  maillet ,  pris  d'un  côté 
4e  U  pile ,  fe  lève ,  la  matière  s'éboule  dans  le 


p  A  F 

vîde  qu'occafionne  fa  levée  i  fi  le  fécond  Ce  ler^ 
lorfquM  retombe ,  &  qu'il  pouffe  la  matière  dai^ 
le   nouveau  vide  ,  je  conçois    alors  que  la  mi^ 
tière  aura  traverfèune  grande  partie  de  la  pile  (%^ 
fa  plus  grande  dimcnfion.  Le  troifième  maillet  f^ 
levant  pour  lors   quand    le  fécond  retombe  ,  c^0 
encore  un   vide  qui  fe  préfente,'  ôc  une  nouvel^ 
place  à  occuper  par  la  matière  qui  reçoit  rimpii|.  | 
fion  du  maillet  qui  retombe  ;  le  quatrième  matifer 
fe   lève  ,    alors  ce   fera  un   nouveau  ir.uîfport, 
jufqu'à  ce  que ,  par  la  chute  du  dernier  maillât, 
elle  refle  contre  le  bord  de  la  pile  qui  lempécheik 
pafler  outre  :  c'eft  la    même  choft   lorfqu'il  y  a 
cinq  maillets  ,  alors  la   matière ,   accumulée  imù 
entre  le  dernier  maillet  &  le  bord  de  la  pile,  prend 
la  route  oblique  par  derrière  les  maillets,  sucndii 
que  Teau  qui  tombe  dans  la  partie  antérieure  de 
la  pile ,  la  détermine  à  prendre  cette  foute. 

Il  y  a  encore  une  circonftance  qui  conmbw 
à  faire  circuler  la  matière  dans  les  piles,  &  qui 
dépend  de  h  difpofition  des  points  de  la  pile  par 
où  Teau  coule  ,  &  tombe  fur  la  matière  pour 
la  délayer  à  mefure  qu'elle  fe  préfente  ;  en  coofé- 
quence  du  mouvement  dont  nous  venons  d'indi- 
quer les  effets ,  il  eft  vifible  que  la  matière  dé- 
trempée abondamment,  s'iluàifle  &  fe  répand  fi- 
ci  le  ment  dans  les  vides  qu  elîe  trouve  ,  ce  qui 
f  tcilite  la  marche  de  la  partie  du  chifEon  qui  elt 
plus  sèche  ,  laquelle  s'éboule  vers  la  première  qta 
cède  aifémenr. 

La  circulation  qui  dépend  du  mouvement  foc* 
ceffif  des  maillets ,  fournit  continuellement  une 
matière  fèche  &  plus  denfe,  parce  quen  paffjflt 
entre  les  maillets  Se  le  kas  ^  elle  eft  compri- 
mée &  féchée  à  un  certain  point»  En  cet  eut 
elle  rentre  dans  le  torrent  de  la  part  e  anté- 
rieure de  la  pile  qui  lui  fait  place  «  à  mefure  a»e 
Tcau  la  délaie.  Le  progrès  de  ces  deux  effim 
produit  donc  la  circulation  de  fouvrage  dans  lu 
piles. 

Ainfi  dans  les  plies  i  effilocher ,  ou  î1  y  a  dcin 
conduites  d'eau ,  c'eft  toujours  du  cc^té  où  Teau 
eft  plus  abondante,  que  ta  furfacc  de  la  pâî« 
baiiTe  davantage  ,  &  c  eft  vers  ce  point  que  ii 
matière  ,  plus  élevée  dans  les  parties  oppoféa ,  )^ 
une  tendance  continuelle  ,  en  s'éboulant  a  itt- 
fure  qu'elle  fe  détrempe.  C'cA  donc  à  Tcau  &  i 
la  manière  dont  elle  eft  dillrihuéc  dans  les  pilcf , 
que  la  matière  doit  principalement  fa  marcne  fit 
la  circulation  ;  ce  qui  prouve  encore  mieux  cet 
tffet  de  l'eau,  c'eft  la  pratique  cor^ft^ntc  des 
gouverneurs  de  moulins  qui  biiuchsnt  tntîèrenicct 
une  des  deux  fontanelles  ,  loriqu'ils  veulent  re- 
tirer la  matière  des  piles  à  efRlocher.  Ils  eut 
pour  but  d'accélérer  la  circulation  ,.  en  étaMiflifît 
un  feul  courant  d'eau  qui  a  plus  d'aâivhé  qttè 
deux. 

J'ajoute  ici  que  c'ell  dans  les  marnes  viits 
qu'on  ne  met  que  trois  maillets  aux  plies  nfi* 
ncufes,  &    qu'une  feule  conduire  d'csui»  parce 


I 


F  A  P 

que  U  pât€  a  plus  befoin  de  circuler  pcmr  être 
bstlue  &  attéiitiçe»  que  d'être  iavéj.  Auffi  fa 
iarface  eft  t<^iijours  trèsbaffe  du  côté  oii  Teau 
tombe  ,  Ôt  ifès-élevèe  dans  la  partie  oppofée 
ou  il  n'y  tombe  pas  d'eau  ;  de  manière  qu*eUe 
déborde  fouvcnt  lorfque  le  gouverneur  n'y 
donne  pas  fes  foins ,  &  qu'il  n  aide  pas  le  mou- 
Tcmem  8c  réboulement  de  fa  pâte  fèche  vers 
ït  vide  de  la  panie  détrempée. 

Diaprés  ces  détails  ^  îl  crf  évident  que  ce  n'efl 
pas  au  roaillet  appelé  le  fort ^  qu'eft  due,  comme 
on  Ta  dit  4  la  circulaiion  de  la  pâte  d^^ns  les  pîks  , 
&  ffue  s'il  produit  quelque  effet ,  U  doit  être  peu 
fenuble  :  d'ailleurs  »  îl  y  a  beaucoup  de  moulins 
oii  Ton  ne  trouve  pas  de  ces  maillets  à  plus  fortes 
dimenûons  que  les  autres  ,  &  ou  l'on  ne  s  aper- 
çoit pas  que  la  circulation  ait  moins  d'aûivicè , 
ic  que  la  trituration  foit  plus  lente. 

Gouvernement  du  moulin* 

CTcft  le  gouvcrtîcur  du  moulin  qui  eft  chargé 
de  la  partie  importante  du  travail  de  îa  trituration 
lies  pâtes  par  les  maillets  ;  c'eft  lui  qui  d*abord 
fournit  de  chiiTarf  les  piles  à  effilocher ,  &  de 
piteles  piles  à  raffiner ,  6c  qui  fuit  toutes  les  opé- 
taiions  de  ces  machines  jufqu'à  parfaite  trituration* 

Ces  fondions  exigent  de  loi  qu'il  rince  pîufieurs 
fois  les  piles  ,  les  maillets  &  les  couloirs  ^  ces 
rinçages  fréquens  fe  font  avec  une  baffine  de 
cuivre ,  que  le  gouverneur  jrcmpîit  d'eau  épurée; 
il  s'occupe  à  faire  retomber  didi>  les  piles  les  par- 
ties de  rouvrage,qui  rejaillit  quelquefois  fur  les 
maillets  &  fur  les  bords  des  piles.  Il  arrive  auffi 
quelquefois  que  les  piles  font  trop  pleines  ,  & 
que  la  matière  déborde  ;  il  a  foin  pour  lors  qu'elle 
ne  féjourne  pas  fur  les  bords  des  piles  ,  fi  elle 
peut  entrer  dans  la  circulation.  Il  eri  obligé  d'al- 
ler fouvent  avec  la  main  le  mouvement  des  ma- 
fières  »  lorfque  ,  foit  par  le  défaut  d'eau ,  fait  par 
la  lenteur  du  moulin  »  elles  ne  circulent  pas  con- 
venablement* 

Les  gouverneurs  connoiffent  par  eipériencc  la 
quantité  de  chiffon  dont  il  faut  charger  les  piles 
à  effilocher  ;  ili  ont  foin  qu'elles  le  ktient  toutes 
bien  égalcr^ent  »  afin  que  la  trituraiion  marche 
d*un  pas  égal  dans  les  unes  comme  dans  les  au- 
ires»  Us  obfervem  de  ne  mettre  la  quantité  de 
chiffon  deflinée  pour  la  tâche  d'une  pile  ,  ou'à 
plufieurs  repfifes  ;  ainfi  la  première  panie  du  cnif- 
ton  eft  prefque  battue  en  deffile  lorfquon  y 
ijOute  la  féconde  :  car  fi  l'on  mettoit  tout  le 
chiâan  en  même  temps,  les  pUes  feroient  bien- 
tôt  engorgées  par  les  bandes  de  chiffon  qui  ar- 
rèteroient  le  ]eu  des  maillets. 

Les  chiffons  reftent  dans  les  piles  à  effilocher^ 
|afqu*à  ce  qu'ils  n'aient  plus  contervé  aucun  veffige 
du  tiffu  de  la  toile  ,  ce  qui  dur^  fit  ,  huit  6c 
même  douze  heures  »  fuivant  la  force  des  mail- 
lets Sl  la  dureté  du  chiffon. 

Dam  £Cê  plies ,  il  faut  triturer  à  pande  eau , 


P  A  P 

parce  qu^il  Importe  de  bien  laver  la  matière  »*  t 
parce  qu*on  ne  craint  pas  que  cette  matière  ,  i 
qui  eft  encore  peu  divifêe  >  puiffe  échapper  par' 
les  teliettes  ;  d'ailleurs  >  fi  l'ouvrage  qui  cîîculel 
dans  les  piles  manquoit  d'un  véhicule  d*eau  fuffi-  / 
fant ,  la  pâte  fe  pelotonneroit  &  crèveroit  les] 
tellettes  de  crin.  Ces  tellettes  ,  d'ailleurs»  fon|.*] 
fujettes  à  s'empâter  ,  par  la  graiffe  de  Touvrage  J 
en  moins  de  dix  â  douze  jours ,  ce  qui  empêche 
récoulement  de  l'eau  falc.  C*eft  fur  quoi  le  gou* 
verneur  doit  veiller  ,  pour  prévenir  les  accident  j 
dont  nous  venons  de  parler. 

Lorfque  les  chiffons  ont  été  fuffifamm^nt  bac* 
tus  en  deffile  dans  les  premières  piles ,  le  gou-. 
verneur  tranfporrc  la  matière,  ou  dans  des  caif». 
(es  de  dépôt ,  ou  tout  de  fuite  dans  les  piles  k\ 
raffiner:  c*eil  ce  que  l'on  appelle  remonurlc  mou-  < 
lin.  Les  matières  font  raffinées  dins  ces  dcrniéref J 
piles  en  douze,  dix-huit  ou  vingt  quatre  heures, 
fuivant  l'activité  dw*s  machines  &  l'état  des  pâtes«  j 
On  donne  moins  d'eau  à  la  matière  dans  les  piles  à] 
raffiner  ,  parce  qu'il  faut  battre  ferré  pour  obtC'- 1 
nîr  une  pâte  atténuée  convenablement.  On  fentj 
effeâtvement  que  fi  la  pâte  nageoil  dans  unei 
grande  quantité  d'eau  »  elle  êchapperoit  à  ractioa  < 
a::s  maillets,  Sl  n'acquerroit  aucune  nouvelle  di*  J 
vilîon,  La  telîette  dait  être  plus  fine  ,  afin  d«  j 
biffer  moins  échapper  de  la  lubfïance  djs  pâ(tfs\ 
la  plus  tenue;  ce  qui  nuiroit  beaucoup  à  rétoffe] 
du  papier,  qui  n'auroit  plus  m  douceur  .  ni  velouté,  j 

Pour  s'affurer  fi  la  pâte  eft  triturée  au  degré  | 
qui  convient  ,  on  en  forme  une  pelote  »  ⣠ evi  j 
la  rompant  par  le  milieu  ,  on  juge  du  degré  dç  j 
ténuité  qu'elle  a  acquifc  par  la  longueur  des  fi-1 
lamens  qi-i   fe  monirent  fur  les  caftSres,  J 

On  reconnok  auffi  Fégalité  de  la  trituration ^1 
en  délayant  un  peu  de  pâte  dans  une  certaine  quan-l 
tiié  d'eau.  Si  les  petits  filamens  fibreux  qui  na-J 
gent  dans  l'eau  font  également  divifés  ,  &  qu'oiy 
ne  remarque  pas  parmi  eux  des  pitons  blanchi» 
tref ,  alors  la  trituration  eft  achevée. 

Avant  que  de  retirer  h  mauère  des  piles 
raffiner,  on  diminue  infcnfiblement  Teau  d.-s  fon- 
taines.  La  madère  s'ègoutte  pendant  environ  un^i 
heure  qu'elle  eft  foumlfe  aux  mouvemens  dei' 
maillets ,  en  perdant  infenfiblcment  Teau  dont 
elle  eft  pénétrée.  On  la  met  enfuîte  dans  le* 
caiffes  de  dépôt,  en  attendant  qu^on  en  faflî| 
ufage  pour  la  fabrication  du  papier ,  après  avok 
paffé  par  la  tr«iftème  forte  de  pile  que  noui 
avons  distinguée  ,  &  qu'on  nomme  ajffitur^niel 
Nous  parkrors  de  ce  travail  lorsque  nous  au*! 
rons  décrit  le  moulin  à  cylindre ,  ainfi  c)iie  fes 
opérations* 

Mouiîn  à  cylindres» 

L^inventîon  des  cylindres  n'eft  ps  ancienne; 
il  paroît  que  ces  machines  ont  été  trouvées  & 
porfeâîonné^  ca  Hollande  :  c'ell  du  moins  de-îk 

Qqq  % 


942 


P  A  P 


«ïue  nous  les  avons  tirées  pour  les  établir  à  Mon- 
targts    avec   des  changemens  &  des   différences 

Sue  les  habiles  fabricans  n  ont  point  pris  pour  ' 
es  améliorations  :  nous  donnerons  cependant 
ici  les  plans  &  les  élévations  des  rouages  &  des 
cylindres  qui  font  dans  cette  fabrique ,  ne  fut-ce 
que  pour  faire  voir  en  quoi  ils  (ont  inférieurs  aux 
machines  Hollandoifes. 

La  planche  V    offre   le  plan  d*an  moulin    à 
cylindres:  on  y  voit  en  AD,  la  grande  roue  à  au- 
bes ,  les  rouets   qu'elle  fait   mouvoir  ,  avec  les 
fix  piles  à  cylindres  ;  cette  grande  roue  à  aubes  e(l 
formée  de  deux  anneaux  ou  cours  de  courbes  de 
cinq  pouces  fur  fept  de  groffeur.  On  en  voit  Tété- 
vation  planche  VII  :  elleeA  placée  dans  fon  courfier 
planche  Vî  «  où  leau  entre  du  côté  de  C  ^  elle  a 
dix* huit  pieds  de  diamètre  ;  l'arbre  ou  axe  BC 
de   cette    roue    a   dix-h^iit  pieds   de   longueur , 
fur  vingt- fept  pouces  de  groHeur ,  non  compris 
les    renforts  dans    lefquels   s'affemblent  les  bras 
des  rouets  verticaux  R  r  ^  de  huit  pieds  de  dia- 
mètre f  ils  font  chacun  garnis  de  quarante-neuf 
alluchons  ;   les    courbes  dont   ils  font  compofés 
ont  neuf  à  dix   pouces  de  g  rode  un  Les  alluchons 
de  ces  rouets  engrennent  dans   les    fufeaux  des 
lanternes  SS  ,  de  cinq  pieds  &  demi   de  diamè- 
tre ,  chacune   garnie    de    trente-deux     fufeaux. 
Ces  lanternes  >  y  compris  les  tourtes  qui  les  for- 
ment ,  ont    vingt  huit    pouces    d'épi^iifeur.   Les 
arbres  verticaux  Y  Z  ,  Yi  ,  planche  VI  ,  qui  les 
portent ,  ont  chacun  huit  pieds  de  longueur  ,  fur 
deux  pieds  dX-quarriflagc  ;  ils  portent  aufli  cha- 
cun un   rouet   horifonti!    de  ùïx   pieds  de   dia- 
,  mètre,  dont  les  ailuihons»  au  nombre  de  foixante- 
douze  »  engrennent    dans  les  lanternes  de  fer  à 
fept  fufeaux  chacune  ,    qui  font  fixées  à  Textré- 
mitc  de  Taxe  de  trois  ties  cylincres  1,K,  M  , 
ou  M,  F»  P.  Les  courbes  de  ces  rouets  alTem* 
bîées  les  unes  aux  autres ,  ont  huit  à  neuf  pou- 
ces de  grofleur.  Les  arbres  verticaux  &  les  rouets 
horifontaux  T  î  ,   font  maintenus   dkus  la  fuuA- 
tion    convenable ,  par  une   cage    ou   beffroi  de 
charpente  Ion  folide  ;  on  voit  dans  la  planche  VI  ^ 
les  qu;îtrc    poteaux  qui   foiîtienncnt    le  plAncher 
du  beffroi  ,  les  moiies  qui    embraffem  en  Y    Je 
tourillon     fupcrieur    de    Tarbre    vertical.     Au- 
tour de   chaque    beffroi  font  rangées  trois  piles  à 
cylindres  ,  qui  ont  chacune  onze  pieds  de  longueur 
de  dehors  en  dehors ,  fit  fix  pieds  de  largeur  auffi 
de   dehors  en* dehors  ;  elles  font  pofées  fur  un 
maffif  de  maçonnerie  ou  fort  grillage  de  charpente  : 
elles   font  arrondies  intérieurement  par  diverfes 
mifes  de  bois  ,  comme  on  le  voit  y/^.  8  ,  plan- 
che VIII ,  qui  renferme  le  Jévelop^iement  d  une 
pile   t  cl'^s  fom  auffi   partagées  en  deux  parties 
égales ,  par  une  cloifon  longitudinale  a  ,  3  ,  de 
cinq  pieds  quatre  pouces  de  longueur,  fur  deux 
pouces-  d'épaiffeur ,  &  vingt  à  vingt-ùeux  pouces 
de  profondeur.   On   garnit  ordinairement   Tinté- 
rieur  des  piles  à  cyUndre  »  U  cloifoo  »  les  plans 


P  A  P 

inclinés,  avec  des  lames  ou  de  cuivre  rouge»  ots 
de  laiton ,  ou  de  plomb  ,  foudées  les  unes  au 
autres  &  douces  fur  le  bois. 

Le  plan  incliné  afcendant  A  ,  &  le  plan  i 
dmè  defcendant  B  ,  dont  on  voit  la  difpofitu 
marquée  par  des  lignes  ponfluécs  a,N»b,  p!a 
chc  VI,  font  réunis   l'un  à  l'autre   par  une  fu.  ^-^ 
face  N  2,  concave,  concentrique  à  U   f»rfacc  c^u 
cylindre  N  :  on  voit  au  deffous  de  N ,  un  efpa-^ne 
quadrangulaire  ,  qui  eft  remplacement  de  b   p^s* 
tine  cannelée,   vue  en  perfpedive  fig^  5  •   plx  n- 
cbe  VIII ,  &:  en  profil  b  x  d^fig.  10  ,  même  plm  «. 
che.  Dans  les  trois  piles  I ,  N  ,  L  ,  planche  V  , 
le  cylindre  ell  en  place  &  à  découvert;  on  voit 
comment  le  rouet  T  engrenne  dans  les  fufeaui 
dc%  lanternes  de  fer  4,4,  fi^f^^s  fur  l'at bre   des 
mêmes  cylindres  ;  en  P  &  en  M  »  font  deux  pi  Ici 
dont  les  cyindres  font  recouverts  di  leurs  chap»> 
leaux  i  ik  enfin,  en  K  ,  on   voit  une  pile  dort 
le  cylindre  eft  ôtè  pour  monter  la  platine,  cnrTe 
les  cannelures  de  laquelle  &  celles  des  lames  cîa 
cylindre  ,  fe   fait   l'effilochage  &  le  raflinage  ciu 
chffon,  Ceft  après  avoir  monté  par  le  plan  incli  «aé 
afcendant^  ,  Stpaffe  entre  la  platine  &  le  cylindre» 
que  le  chiffon  defcend  enfuite  par  le  plan  indîne  ^, 
doLi  en  circulant  autour  de  la  cloifon  ,  il  ^»^^ 
rendre  le  pied  [du  plan  incliné  a  ,  fit  paffe  »^^ 
plyfieurs  tois  entre  la  plaiine  &  le  cylindre,  ^a 
a  rcpréfenté  en  V  ,  une  caiffe  de  dépôt ,  &  en  X, 
le  plan  de  la  couverture  d'une  d^    ces   caiffe  «  , 
dont  on  voit  Télévation  en  V  ,  planche  VII  :  J ,  &  t 
font  des  foffes  de  dix-huit  pouces  environ  de  prcn 
fondeur  ,  dans  lefqucllcs  l'ouvrier  defcend  po»»^ 
put  fer  les  matières  qu*on  y  a  mifes  ^  elles  répo  «ai- 
dent aux  portes   ou   volets  par  lefqucîs  on  ^^^ 
les  matières  dans  les  caiffcs  de   dépôt  ,  fic  c*^»*' 
là  que  les  matières  égouttent  leurs  eaux  par  d 
canaux  fouterrains  ,  dont  l'entrée   eft  fermée  ^ 
moyen  d'une  grille  de  ni  de  laiton  on  d*un«  toi^ 
de  crin.  Les  tourillons  des  arbres  des    cylindr*^ 
roulent    fur     des    paliers    de    cuivre   cncaftr^^ 
dans  le  milieu  de  longues  pièces  de  bots  O ,  If  ^ 
de  on2e  pieds  de  longueur  fur  cinq  pouces  de  lai 
geur ,  &  douze  d'épaiffeur  ;  le  fervicc  de  chaque 
pile  eft  fait   par   deux   de   ces  leviers    appliqué^ 
contre    les   longs    côtes    de   la    pile  ;   ces     le* 
viers   font  affemblés  à  charnière    en   O   ,   plan- 
ches V  &  Vin  ,  ik  foutenus  à  Tautrc   ex^èmité 
H,  par  un  cric  ,  au  moyen  duquel  on  peut  éle* 
ver  ou  abaiffcr  à  volonté  Taxe  du  cylindre  ,  pcwif 
approcher  ou  éloigner   fa    furface  de  la    platine 
cannelée  à  laquelle  cette  furface  doit  toujours  km 
parallèle* 

La  viieffe  de  U  roue  A  D  qui  tourne  dam  le 
courfier,  &:  dont  on  voit  rélévation  pbrthe  VI, 
eft  telle  qu*elle  fait  environ  douze  tours  par  mi* 
nutôi  &  par  la  çombiniifon  des  rouages  »  W  cf* 
ftndre  fait  en  conféquencc  environ  cent  foixam«* 
fix  tours  dans  le  même  temps.  Nous  verrons  par 


P  A  P 

1  fuite  ce  qui  doit  rèfulter  d'une  telle  vîtcffe 
*  m  le  cylindre. 
Après  avoir  donné  une  idée  générale  de  la 
nitruâion  d'un  moulin  à  cylindre ,  nous  allons 
noer  une  ^cfcription  détaillée  d'une  pile  à  cy- 
lindre ,  6c  du  cylindre  iui-mcnie  :  voyez  la  plan- 
fhc  Vni.  La  fig.  he  ,  repréfcnte  le  chapltau  qui 
lecouvre  le  cylindre;  il  a  quatre  pieds  trois  pou- 
(Ces  de  longueur ,  &  deux  pïc&^  huit  pouces  de 
largeur  ;  fa  partie  fupérieure  efl  percée  de  deux 
i^uvertures  tranfverf-lcs  1,1^5,4,  dans  lefquelles 
^n  fait  entrer  les  chaffis  jf^,  6  &  7  i  le  premier 
f&  garni  de  toile  de  laiton ,  6t  entre   dans  Tou- 

eerture  1 1  4;  le  fécond  entre  dans  Touverture  i , 
,  fie  cft  garni  d'une  toile  de  crin  »  foutenuc  par 
buatre  à  cinq  pontufeaux  ou  traverfes  de  bois  : 
p  fcTt  à  retenir  les  petites  parties  de  chiffon 
|ue  le  premier  à  laiiTè  pafer  ,  &  à  empêcher 
pi'etlcs  ne  fe  perdent  par  la  gouttière  dudalot  /^y.  a; 
Bc  dalot  fe  place  en  travers  de  la  pile  pUnch.  V, 
extrémité  fur  la cloifon  1,3»  entre  z  C, au  deifus 
le  s  ,  euforte  que  ia  longueur  foit  parallèle  à 
*axe  du  cylindre  ;  la  panie  ^  entre  dans  len- 
liliec  du  chapiteau  »&  TextrémitèA  entre  dans 
Couverture  k  du  dalot  ou  entonnoir  K  l  ^fig.^  , 
^r  lequel  Teau  qui  cA  lancée  à  travers  les  chaf- 
15 à^chaque révolution  ducylindre^dans  lecanal  F^^ 
Tècoule  &  fe  perd  par  des  rigoles  foutcrraines. 
La  Jt^ure  4  repréfentc  le  cyiindre  vu  en  perf- 
câîve  ,  à  laquelle  il  faut  ajouter  les  figures  9 
I  10  rit  a  deux  pieds  de  diamètre,  a  pieds  ttois 
touces  de  longueur ,  y  compris  les  rondelles  de 
ir  qui  terminent  fes  bafes  »  qui  ont  huit  li- 
pes  d  cpaiffeur ,  Sc  font  percées  au  centre  de  la 
raifce  ,  d^un  trou  carré  de  quatre  pouces  »  pour 
feceTOÎr  Taxe  du  cylindre^qui  Tefl  aulll  de  la  lan* 
Broe  de  fer  A.  Cette  lanterne  a  fetze  pouces  de 
iamètre  ,  fur  huit  d'épaiiTcur  ,  &  eft  garnie 
te  fcpt  fbfeaux  aufli  de  fer  j  les  tourtes  de 
iettc  lanterne  font  de  ier ,  &  ont  un  pouce  d*épatf- 
eur.  Les  fufe^ux  y  font  finies  par  des  écrous  qui 
otvcnt  Textrémité  des  fa  féaux  taraudés  :  il  en 
de  même  des  lames  qui  garniflem  la  fuper- 
du  cylindre. 

s  lames,  au  nombre  de  viiîgt  (ept,  font  en- 
liées  de  la  moitié  de    leur   é^aifleur  dans    le 
aLca»  de  bois  qui  forme  le  corp3  du  cylindre^ 
p^rAllékment  à  fon  pxf^    Leur    épaiiTeur  cil 
Ile  quM  leAe  autant  de  vide  que  de  pleifi.  Les 
jrcs  lies  IjunesdaiveAt  être  arrondies 
-ji  deux  parties,  par  une  gravure  longî* 
nak»  comme  on  le  voit  au  prohl  eu  a^  «1,  d»/^.  i  a. 
*axt.  A  li  du  cylindre  »  fig^  4  &  9  ,  a.  deux 
lanics   parf^iitcment    arr^ndits    eu  A  À  en  B  ^ 
1  font  loAce  de  tourillon^.  Ces  tourillons  font 
us  dans  Içs  coufiinets  A  âc  B  j  /^-  8 ,  fines  fur 
mUcu   des  leviers  0,A»  H,&0,B,H; 
WA  par  le  moyen   de  ces   leviers  &  àtç  ^ks 
n  en  foutiennent  rextrcmité,quon  peut  à  vo- 
Kfi  éleyer  ou  abailler  Y^^  du  cylindre  pour 


cie 
Ces 


Itu 


495 

dlfpofer  fa  furfacc  parallèlement  à  la  platine  can- 
nelée ,  &  à  telle  proximité  que  Ton  veut  de  cette 
platine  ,  au  fujet  de  laquelle  il  faut  remar- 
quer que  les  cannelures  x  ^  d  ^  font  tournées  en 
fens  oppofé  à  celles  x^  b:  aufli  ne  fcrvent-elles 
pas  toutes  à* la -fois  ;  ce  feront  feulement  les  can- 
nelures x^d^  fi  on  fait  eitrer  la  platine  jî^,  5 
dans  remplacement  J,  /g.  8  ,  favoit^,  la  partie  e 
la  première,  &  ce  fera  entre  les  lames  du  cylin- 
dre &  les  cannelures  de  la  plainte  x  ^  d  ^  que  le 
chiffon  fera  trituré  ;  mais  fi  X'on  fait  entrer  Tex- 
trémité  d  de  la  platine  la  première  dans  le  même 
emplacement,  ce  fera  entre  les  lames  du  cylin- 
dre &  les  autres  cannelures  x ,  ^  »  que  s^opérera 
la  trituration.  Ces  platines  ont  fept  pouces  de  lar- 
geur ,  deux  pouces  d'épaiiïeur  ,  &  deux  pieds 
quatre  pouces  de  longueur  :  on  y  compte  de 
chaque  côté,  k  d  ^  xb^  huit  ou  dix  cannelures. 
Chaque  levier  efl  encore  retenu  près  de  la  pile 
par  des  bandes  de  fer  M  N  «St  m  n  ,  entre  les- 
quelles il  peut  fe  mouvoir  de  bas  en  haut  &  de 
haut  en  bas  ,  fuivant  le  mouvement  du  cric  H  » 
qui  foutient  une  de  fes  extrémités*  Oa  infère  , 
outre  cela  ,  quelques  coins  N  ,  que  l'on  arrête 
avec  un  clou  pour  fixer  les  leviers  &  le  cylin- 
dre à  une  hauteur  c^^nvenable  au-delTus  des  pla- 
tines. Enfin  ,  chaque  pile  a  une  vanne  qu  on 
lève  pour  laifier  ccouier  Teau  &  la  pâte  qu*elle 
contient  dans  les  cai^rs  de  dépôt ,  par  des  dalots 
ou  rigoles  de  bois  d'une  longueur  convenable. 

Travail  d^une  pilt  à  cylindnt 

Concevons  maintenant  que  la  platine  fig*  $  , 
foit  placée  dans  la  pile/^.  8»  &  que  le  cylin- 
dre de  \^  fip  4  foit  auûl  placé  au-delfus  »  en  forte 
que  fes  tourillons  repofent  fur  les  paliers  ou  couf- 
fintts  des  leviers  :  que  le  dalot  fig,  1  ,  &  le 
chapiteau  foient  mis  dans  leur  place  âc  dif^iofés 
comme  nous  Ta  vous  dit  ci-defius  ;  fi  l'on  charge 
la  pile  de  chtffon  éf  d'une  quantité  d'c an  conve- 
nable ,  que  de  plus  Km  robinet  tel  qu'on  ptut  le 
voir  dans  la  planche  VI ,  y  vcrfe  continuellement 
de  Teau  du  réfervoir  par  un  des  angles  ;  fi  Ton 
met  les  rouages  en  mouvement  »  le  cylit:dre  tour- 
nant fur  fon  axe  dans  Tordre  des  lettres  ♦«  N  ,  2  j  ^ 
plan  die  VI ,  entraînera  Teau  &  les  chilTans  par 
le  plan  le  moins  incliné  ^^  &  les  faifant  palfer 
entrejes  lames  &  les  cannelures  de  la  platine, 
les  fouîêvcra  vers  î,  d'oij  tts  feront  l.;ncés  con- 
tre la  voûte  du  chapiteau  ^contre  les  chaflis  ,  6c 
enfin  une  partie  retombera  dans  la  pile  par  le 
plsm  le  plus  incliné  h  ,  pour  rentrer  dans  la  cir- 
culation qui  fe  faït  autour  de  la  clotfon  j  ,  C  !♦ 
La  caufe  de  cette  circulation  eîl  viftblemcnt  le 
vide  continuel  produit  par  le  mouvement  du  cy- 
lindre ,  d'un  coté ,  &  le  rètabUffismem  de  Teau  & 
de  ^\z  matière  ,,de  Tautre. 

Comme  tous  les  chiffons  ne  font  pat  )etésvers 
la  partie  B  d   du  chapiteau  qui  répond  au  plan 


494 


P  A  P 


incbaè  5  ,  planche  VI,  &  à'ou  ils  pettvent  re- 
tomber dans  la  pile,  qu'une  panîe  même  ell  jetée 
plus  loin,  et  cnrrainée  par  le  cylindre  ,c'eft  pour 
les  arrêter  que  i*on  met  dans  Fouverture  3  4 
du.  chapiteau  le  chaffis  Ji§,  6  ,  qui  donne  ifTue 
à  leatt,  8c  qui  retient  les  chinons  ,  &  que  Ton 
en  a  ajouté  un  fécond,  qui  retient  les  petites  par- 
ties que  le  premier  à  laide  échapper ,  8c  laifle 
pader  Teau  dans  le  dalot.  Cefl  pour  fupplêer  à 
Teau  qui  fe  perd  continuellement ,  &  qui  eft 
chargée  des  raletès  du  chiffon  ,  que  Ton  en  intro- 
duit continuellement  dans  la  pile  une  quantité 
k  peu- prés  égale  à  celle  qui  fort  par  le  moyen 
d'un  robinet.  Ce  renouvellement  d'une  eau  pure, 
cUire,  &  iubftituée  à  une  eau  fale  &  bourbeufe  » 
opère  le  bbnchiiTige  du  chiffon  ,  qui  feroit  fer- 
rement lavé  par  le  fimple  mouvement  de  rota- 
tion du  cylindre ,  indépendamment  de  la  tritura* 
t. on  ;  à  plus  forte  ratfon  quand  la  divifion  du 
chîffan  le  trouve  réunie  avec  le  fort  lavage  du 
cylindre.  Lorfqu'on  veut  laver  feulement  «  on 
fjulève  le  cylindre ,  de  manière  que  le  chiâfon 
puiHe  pafTer  librement  entre  fes  lames  &  la  pla- 
tine j  on  laifle  toujours  une  iffue  continuelle 
à  Teau  falie  ,  &  il  fufHt  d'abaider  le  cylindre, 
pour  rétablir  la  trituration  &  la  réunir  au  lavage. 
La  conduite  du  travail  des  cylindres  ,  imt 
lorfqu'il  s'agit  de  fournir,  les  piles  de  chiffon , 
foit  lorfqu  il  convient  d'augmenter  ou  de  dimi- 
nuer la  quantité  d'eau  fuivant  les  progrés  de  la 
trituration,  foit  entin  lorfi^u'il  faut  vider  les  piles 
de  la  pâte^  toutes  ces  différentes  opérations  ont 
kcfoin  d'être  dirigées  &  furveillécs  par  un  ou- 
vrier adif  &  intelligent.  Pour  couflruire  les  cy- 
lindres ,  on  monte  lies  rouleaux  dd  bois  fur  leur 
arbre ,  qu'on  a  tourné  au  tour  avec  la  plus 
grande  attention  »  enfuite  on  place  horifontalement 
çc  rouleau  ou  arbre  cintré  Sl  bien  arrondi ,  fur 
deux  points  d*appui  fur  kfquels  il  peut  tourner  ; 
^  après  qu'on  a  tracé  Si  évidé  les  entailles  qui 
doivent  recevoir  les  lames  ,  on  préfente  ces  lames 
contre  une  règle  bien  droite  8:  fixée  fur  les  deux  tré- 
f  ej^ux  qui  tien  ne  nt  le  rouleau.  On  fait  paffer  cha* 
cunc  des  lames  du  cylindre  contre  la  régie  ;  & 
%i[  y  en  a  quelques-unes  qui  ne  foient  pas  pa« 
rallèles  à  la  règle,  on  les  lime  &  on  les  égalife 
fur  toute  leur  longueur.  Comme  les  lames  qui 
^arniflfent  le  rouleau  ont  une  ou  deux  cannelures 
lur  leur  longueur ,  on  a  foin  de  les  vider  au 
burin  avant  que  de  les  monter. 

On  a  cherché  à  conftruire  trés-folidemcnt  les 
cyhndres  de  Montargls,  parce  qu'on  vouloit  leur 
donner  une  grande  vîteile,  &  qu'on  comptoitfur 
un  travail  proportionné  à  cette  vîtcflTe  :  c'eft  pour 
cela  auiti qu'on  en  a  diminué  le  poids; cependant, 
avec  ces  prétendus  avantages  »  on  n'en  a  pas  re* 
tiré  autant  d'utilité  qu'on  refpéroit.  Les  cylindres, 
mus  avec  ime  vîtcffe  prodigieufe,  n'en  ont  pai 
mieux  trituré  le  chifon  non  pourri ,  &  n'en  ont 
pas  donné  des  pâtes  plus  è^les  &  nûeux  raffi- 


p  A   p 

nées-  Les  habiles  conflrufleurs  de  mofl^ïn*  f^vem 
que  les  cylindres  doivent  avoir  une  vitciTe  pro- 
portionnée au  temps  que  la  réfiftance  du  chiUon 
exige  pour  être  coupé  ,  parce  qu'en  tout  cas  il  faut 
que  la  force  qui  attaque,  donne  à  la  matière  le  tcmpi 
de  céder.  Nous  verrons  que  les  Hollandois,  nos 
maîtres  dans  cette  partie ,  ont  donné  moitié  moini 
de  viteffe  à  leurs  cylindres.  Effe^ivemcnt  les  Hol- 
landois ont  fuivi  un  fyftéme  ,  totalement  diffèrent; 
premièrement,  ils  nont  point  pcnfé  à  dw 
le  poids  de  leurs  cylindres.  Un  cylindre  hoUi 
avec  fes  lames  Si  toute  fon  armure  de  fer,  peic 
environ  trois  milliers ,  ce  qui  n'eft  pas ,  à  beaucoup 
près,  un  inconvénient,  parce  que  fouvent  oni 
befoin  de  ce  poids  pour  couper  le  chiffon ,  &  fur* 
tout  celui  qui  n'a  pas  été  pourri  ;  6c  comme 
d'ailleurs  il  eft  mieux  de  le  couper  de  minieît 
k  ménager  fa  rèiîftance ,  on  a  cru  qu'il  convcnoit 
en  méme-tempJde  donner  aux  cylindres  unevî* 
teffe  moyenne.  Par  le  détail  de  la  conftruâioa 
ûc%  roues  &  des  lanternes  qui  fervent  à  fm 
mouvoir  les  cylindres  à  Saardam ,  8c  par  la  coin* 
binaifon  du  nombre  de  leurs  fufeaux  &  de  kun 
alluchons,  tels  qu*ils  font  décrits  d^r\%  Sken^k^n 
peut  juger  de  la  vtteffe  des  cylindres  hoUando*!, 
comparativement  avec  celle  des  cylindres  de  Mot- 
targïs. 

En  calculant  d'après  les  données  renfertni» 
dans  Touvrage  de  Skenck ,  &  en  fuppofant  que 
les  ailes  des  moulins  à  vent  de  Saardam  faflcftt 
dix  tours  par  minute,  les  cylindres  feront  foiicamo* 
dix  huit  touîS  dans  le  mèmc-temps. 

Or  ,  cette  vîteiTe  diffère  beaucoup  de  celle  qu'oi 
a  dontéc  aux  cylindres  de  Montargis,  qui  pCtt* 
vent  faire  cent  trente*huît  &  même  cent  foixantc* 
fix  tours  par  minute,  en  fuppofant  que  Ugnnic 
roue  faffe  anze  ou  douze  tours  dans  le  iniiB^ 
temps  ,  ce  qui  efï  fa  viteffe  ordinaire. 

Outre  cela ,  dans  les  moulins  hollandoîs  où  Toir 
fait  ufage  des  cylindres  dont  je  viens  de  parier , 
le  travail  de  la  trituration  du  chiffon  z  hi  iy 
vifé  en  deux  opérations  diftinÔes  ,  celle  de  Tel* 
Piochage  &  celle  du  raffinage  ;  &  les  cyUûdro 
qui  exécutent  ces  opérations  ,  font  coN&rittls  6b 
des  principes  différens- 

Ainfi  les  cylindres  cffilocheurs  font  tftnét  it 
lames  de  fer  qui  n'ont  à  leur  face  extérîewe 
qu'une  cannelure  ;  &  d'ailleurs  les  intcrraïlet 
encre  les  lames  font  plus  larges  que  ceux  qui  k 
trouvent  entre  les  lames  des  cylindres  riIRoears. 

Le*  lames  dont  on  garnit  les  cylindres  raffineiirit 
font  beaucoup  plusépaiffcs  que  les  lames  des  cy 
lîndres  effilocheurs  ,  &  les  intervalles  aièoa^ 
entre  ces  lames,  font  égaux  à  leur  épaiffcur  ;  eolu), 
les  lames  font  d'un  métal  compolé  de  cuivre  At 
d'étaia ,  &  un  peu  plus  dur  que  celui  d*itfl  (em* 
blable  mélange  dent  (ont  compofèes  les  pt^mcs. 

On  fent  aifément  les  raifons  de  cette  difiÎÉene 
conftruâion  des  cylindres;  les  lames  de  fer  éom 
cA  garai  le  cylindre  câilodhcur  »  ^ni  plus  di  IbfCi 


C>iir  couper  le  chiffon  que  le  métal;  d'ailleurs, 
s  intervalles  entre  ces  lames  étant  deftinès  à  re- 
cevoir une  partie  des  chiffons  qui  paffcnt  entre 
]ks  bmes  èi  les  cannelures  de  la  platine  ,  on  fent 
«li^mem  combien  leur  largeur  facilite  le  travail  du 
^effilé  ,  en  prévenant  les  obftruâions  qui  pour- 
toient  occafionner  les  chiffons ,  s'ils  ne  trouvoient 
jias  ces  réduits  pour  s'y  loger  en  partie.  Dans  les 
jcylindres  rafiîreurs»  Il  n'eft  pas  nlceffaiTe  que  ces 
Intervalles  foicm  aulfi  larges  ,  parce  que  la  matière 
^dont  on  charge  les  piles  à  rafGncr  étant  déjà 
réduite  en  panies  fibreufes  fort  minces,  fe  dif- 
^tiibucplas  facilement  entre  les  lames  de  ces  cylin* 
[^rcs   oc  la  platine. 

>  Les  lames  des  cylindres  ralRneurs  font  plus 
larges ,  parce  qu  elles  ont  deux  rainures  ,  &  par 
^confequent  deux  arêtes  &  un  talon  ,  afin  de  pré- 
ïerrer  un  plus  grand  nombre  de  parties  coupantes 
i  la  matière  ,  pour  la  réduire  au  degré  de  ténuité 
convenable. 

«     On  met  plus  de  matière  dans  la  pile  du  cylindre 

fat&ncur,  qu*on  ne  mtt  de  chiffon    dans    celle 

4u  cyUndre  efTilocheur,   parce  qu'en  général    le 

riréhicule  d*eau  dans  lequel  nage  la  pâte  deftinéc 

I  être  ratBnée ,   cft  peu  abondant ,  fans  cela  elle 

ne  pourroic  pas  être   fuififamment  triturée.  D*arl* 

leurs  i  comme  cette  matière  a  atteint  pour  lors  à 

eu  prés  le  ton  de    blancheur  dont  el'e  cft  fuf- 

eptible,  Iorfqu*on  la  fait   paffer  dans  la  pile  du 

Un'Jre  raffineur ,  6^  quelle  n'a  pas  befotn  de  s'y 

ver  davantage,  il  fumt    d*y  ajouter  la  quantité 

l'eau  qui  eff  néccffaîre  pour  la  faire  circuler  dans 

pile ,  &L  la  faire  paffer  entre  les  lames  du  cy- 

érc  &  la  platine. 

Nous  nVntrerons  pas  dans  un  plus  grand  détail 

itr  La  comparai  (on  des  cylindres  de  Montargîs  & 

es  c^^Undres  hollandois,  fur  le  fyftéme  des  rouaees 

tti  font  mouvoir  les  un$  &  les  autres  ^  enfin  fur 

principes  de  la  trituration  des  pâtes  avec  les 

hincs  &  les  autres  machines.  Ces  difcuffions  fup- 

Roferoient  des  defcriptions  êc  des  dévetoppemcns 
c  conAruftion  quon  ne  peut  faire  entendre  que 
iiar  des  figures.  Je  me  propofe  d'ciécuter  ce 
travail  dans  un  ouvrage  paiitcuUer ,  qui  ne  tardera 
pas  a  paroitre. 

'  Cffntparalfitn    du  travail  des    tyllndret    ^    des 
mailltts, 

La  rravaU  des  cylindres  eff  beaucoup  plus  ei* 
•èdirif  que  celui  des  maillets.  Deux  cylindres  , 
run  eilîlecheur  &  l'autre  rafSneur ,  mus  par  Teau, 
peuvent  alimenter  trois  cuves  oij  Ton  fabrique 
Lde  moyennes  &  de  petites  fortes  ,  au  lieu  qu'il 
ffiut  plus  de  qu a tie  vingts  maillets  pour  fournir  la 
.ffkéme  quantité  d'ouvrage. 

Deux  cylindres  n'occupent  qu'un  très-petit  ef- 
ac^ ,  au  lieu  que  les  quatre-vingts  maillets  [exi- 
gent de  gcands  oatimens  ;  il  en  réiulte  aulTt  q^u'on 


495 

ne  peut  pas  furveiller  le  travail  des  maillets  comme 
celui  de  deux  cylindres. 

Les  maillets  ,  du  moins  ceux  qui  font  en  ufage 
en  France  «  ne  {leuvenc  triturer  des  chiffons  non 
pourris  y  &  en  former  des  pâtes  bien  conditionnées; 
au  lieu  que  des  cylindres  condruits  fuivant  la 
méthode  des  hollandois  «donnent  des  pâtes  égales  » 
homogènes  &  fans  graiffe  avec  ces  chiffons. 

Par  le  moyen  des  cylindres  ,  on  lave  autant 
qu'il  faut  la  matière,  vu  la  forlcirculation  qu'elle 
éprouve  dans  les  piles  à  efBlocher,  âc  la  grande 
quantité  d'eau  qui  contribue  à  cette  circulation  ^ 
fit  qui  fe  renouvelle  continuellement.  Ce  lavage 
s'exécute  auffl  fans  qu'il  fe  faffe  une  certaine  perte 
de  miitiére  *  s'il  eft  bien  dirigé  ;  au  lieu  que  la 
lenteur  de  la  circulation  de  la  pâte  dans  les  piles 
où  jouent  les  maillets  ,  oblige  à  triturer  long- 
temps &  à  grande  eau ,  fi  l  on  veut  laver  con- 
venablement ,  ce  qui  occafionne  des  déchets  cou- 
fidérables  ,  6l  même  fou  vent  de  la  graiffe. 

Les  cylindres  font  bien  plus  aifés  à  gouverner 
que  les  maillets  ,  vu  le  grand  nombre  de  ces 
machines,  &  la  multiplicité  des  pièces  qui  en  dé- 
pendent »  &  qui  doivent  être  maintenues  en  état 
pour  opérer  une  bonne  trituration.  Les  cylindres  ^ 
au  contraire  ^  exécutent  leur  travail  par  des  moyens 
fimples  ,  que  le  gouverneur  peut  fuivre  &  diriger 
fans  aucune  fatigue  dès  qu'il  en  connuit  bien  la 
marche.- 

De  rajfltttragç  des  pures ^ 

Outre  les  cylindres  effilocheurs  &  raffîneurs  ^ 
on  faifoit  ufage  autrefois  en  Hollande  d'une  troi- 
fième  forte  de  cylindre ,  qu'on  peut  appeler  cy- 
lindre affleurant ,  Ô£  qui  exécutoit  une  préparation 
de  la  matière,  îk  un  travail  analogue  à  celui  que 
Ion  exécute  en  France  dans  les  meuUnsà  mailleis 
avec  les  piles  de  l'ouvrier  ou  affleurantes;  mais 
les  hûllandois  ont  fupprimé  depuis  quelques 
années  ces  nuchincs  &  cette  préparation  de  b 
pâte  comme  inutiles ,  lorfqu'clle  a  été  foigneufe- 
ment  raffinée.  Nous  nen  parlerons  donc  pas  ici 
comme  d'une  mathine  en  ufage  dans  les  moulins 
de  Hollande  ,  mais  comme  dune  machine  qui 
pourroit  être  avantageufçraent  introduite  dans  le 
plus  grand  nombre  de  nos  fabriques  ,&  fabdiruée 
très-utilement  à  nos  piles  affleurantes,  qui  (bot 
d'un  fi  mauvais  fer  vice. 

Les  cyîindrts  afflcurans  font  totalement  de 
bo*s;  ils  ont  deux  pieds  de  diamètre  :  on  les  fait 
tourner  dans  des  piles  de  huit  pieds  &  demi  de 
longueur,  fur  quatre  pieds  &  demi  de  largeurr ,  àc 
un  pied  8c  demi  de  profondeur;  ils  font  recou- 
verts par  un  chapiteau  d'une  forme  affcz  femblable 
à  celui  des  cylindres  dont  nous  avons  parlé  *  on 
a  pratiqué  à  la  circonférence  de  ce  cylindre,  plu- 
fleurs  ailes  ou  cavités  dans  lefquelles  la  pâte  peut 
s'engager  aifément  ;  &  au  moyen  d'une  vircffc 
de  quarante- neuf  tours  par  minute  qu'on  lui« 
donne  ^  cette  pâte  fi;  trouve  jetée  i  pluîicurs   r^ 


49< 


P  A  P 


prifes  contre  la  voûrc  du  chapiteau,  tourne  au- 
tour de  la  cloifan  ,  &  reçoit  .linfi  un  affleurage 
conv^enable  ,  qui  radoucit  ,  la  bat  &  îa  délaie 
•  uniformément  dans  un  vchkute  convenable  au 
travail  de  la  cuve. 

(l  fcroit  poffibk  d*adapTcr  ces  forres  de  cj'lin- 
dres  au  mouvement  des  arbres  qui  font  jouer  les 
maillet*  dans  les  moulins  ordinaires  ;  il  faudroit 
.  irés-peu  de  force  pour  faire  tourner  ces  efpéces  de 
mounoirs  ,  8c  beaucoup  moins  que  pour  faire  jouer 
les  maillets  dans  nos  piles  affleurantes. 

Il  me  paroit  que  ces  machines  ,  appropriées  à 
notre  ufage  ,  feroient  d'un  tout  autre  fervice  que 
les  piles  affleurantes ,  6c  qu*en  beaucoup  motns 
de  temps,  UQ  feul  de  ces  cylindres  pourroit  affleu- 
rer Touvrage  de  deux  cuves ,  même  lorfqu  on  y 
fabrlqueroit  de  grandes  fortes ,  dont  la  pâte  ell 
ordinairement  fi  mal  affleurée.  On  fentira  encore 
mieux  ces  avantages  du  changement  que  je  pro- 
pofe  ,  lorfque  j'aurai  fait  connoître  les  défeauo- 
Ciià%  du  travail  ordinaire  de  nos  piles  affleurantes. 

Dans  la  plupsrt  de  nos  moulins,  les  piles  affleu- 
rantes font  gouverné  s  pcr  le  leveur,  qui  les  garnit 
fucceffivcment  d*une  quantité  de  matière  rafflnée 
afTortie  au  travail  de  la  cuve.  Comme  cette  quan- 
tité varie  fuivant  les  fortes  qu'on  y  fabrique  , 
la  piîe  affleurante  fe  trouve  plus  ou  moins  chargée 
d'ouvrig?  ,  &  le  travail  de  cette  pile  ne  durant 
que  *e  même  temps  qu'on  emploie  à  la  fabrication 
du  papier ,  il  s^enfuit  qu'on  eft  obligé  d'y  préparer 
&  dy  affleurer  tantôt  une  grande  quantité  de 
m:::iêrc  ,  &  tantôt  une  moins  grande  dans  le  même 
temps  j  aiiiû  lorfqu'on  travaille  de  grandes  fortes 
qui  emploient  beaucoup  de  matière  ,  on  eft  oblig  * 
à:  chargjer  Taffleurante  à-peu-prés  de  toute  la  quan- 
tité qui  entre  dans  une  poHc  \  on  feni  que  cette 
dofe  diminue  lortqu'on  fabrique  de  moyennes  ou 
de  petites  fortes.  Pour  fatisfaire  à  tous  ces  cas  , 
avec  une  pile  dont  ni  la  continence  ,  ni  le  travail 
ne  peuvent  chatiger,  on  a  pris  le  parti  d'affleurer 
la  matière  à  trés-petîte  eau  ,  lorfqu'elle  eft  abon- 
dante ,  &  pour  lors  le  mouvement  des  maillets  &: 
de  la  pâte  étant  gênés ,  non-feulement  Taffleurage 
eft  mal  exécuté  ,  mais  il  en  réfulte  une  multiplica- 
tion de  grumeaux  &  de  pâtons  aui  détériorent 
Touvrage,  bien  loin  de  l'adoucir  &  de  le  délayer 
uniformément  dans  un  véhicule  convenable ,  dou- 
ble objet  de  rafflcurage.  Ceil  auffi  pour  cette  rai- 
fon  que  les  grandes  fortes  contiennent  À  propor- 
tion beaucoup  ulus  de  pâtons  que  les  moyennes 
&  les  petites ,  oc  que  leur  grain  efl  dur  ,  inégal  &C 
plein  d'afpèrites ,  &  cela  n'eft  pas  étonnant  ;  car 
dans  le  travail  ordinaire  de  l'affleurante ,  le  leveur 
la  charge  d*une  pare  raffinée  en  gros  matons  à  fec , 
qu  il  détrempe  affez  groflîèremeni  dans  une  ou 
deujc  bafflnes  d'eau  ,  puis  mettant  en  jeu  les  mail- 
lets^ Se  pouffant  la  matière  tout  autour»  il  en  fa- 
vori fe  comme  il  peut  ta  circulation  ;  enfin ,  il 
ouvre  la  fontanelle  pour  augmenter  infenfiblement 
Tcau  ,  &  aider  les  mouvemens  de  la  pâte  dans  la 


A  P 

pile.  Ceft  dans  cet  état  que  le  tniFail   '  fe 

continue  jufqua  ce  que  rapprend   v _   ._.:c 

mouvoir  Touvrage  ,  &  y  ajoute  de  Tcau  i*il  cneô 
bcfoin  ;  quelques  temps  après, le  leveur  examine 
fon  affleurée ,  fi  elle  a  le  véhicule  d'eau  convena- 
ble, il  Tenlève  avec  la  baftlne,  5c  la  met  dinsU 
caitte  de  dépût  de  la  chambre  de  cuve.  Il  ne  tû'a 
pas  paru  qu*avec  des  furvcilbns  aufTi  atîjntirs 
&  des  machines  aullî  imparfaites  ,  i'ûuvr.ig^' 
palTe  ailez  fouvent  fous  les  maillets  pouraccjiienr 
une  certaine  douceur  ,  qui  femble  le  pnncipal  but 
de  cette  opération  ;  dans  la  vérité ,  ce  qu'on  ob* 
lient  généralement  par-là  »  fe  réduit  à  détremper 
la  matière ,  &  à  la  délayer  dans  une  certaine  quan- 
tité d^eau  ,  mais  non  à  lui  donner  cet  apprêt 
qui  efl  fi  fenfible  dans  l'étoffe  du  papier ,  lorfqu'il 
a  été  donné  comme  il  convient ,  «  qu'on  rencoD* 
tre  fi  rarement  dans  les  papiers  des  petites  fabri- 
ques. Je  dois  dire  cependant  que  certains  fabri- 
cans ,  jaloux  de  faire  de  beau  papier,  ont  prî?  k 
parti  de  faire  prçfider  un  ouvrier  au  t^ 
gile  affleurante,  fur-tout  lorfqu'ils  fon: 
fortes.  Ces  ouvriers  prennent  pour  lors  l 

font  attentifs  à  faire  circuler  continu, .  .. 

matière  «  &  à  la  porter  fous  les  maillées ,  ce  qui 
hâte  &  complète  Taffleurage  ,  &  pour  lors  on  ne 
prouve  pas  tous  les  ioconvéniens  dont  {ai  pir^ 

Il  faut  cepeadaut  oblervcr  que  le  nombre  de 
trois  maillets  efl  en  général  trop  petit  pour  que 
la  matière  raffinée  s'affleure  comme  il  corvîcr, 
malgré  l'attention  d'y  faire  préfider  cnnfinvHU- 
ment  une  ouvrier  pendant  tout  le  t 
faire  ;  il  efl  évident  que  quatre  mail  -  ii 

davantage  la  circulation  de  la  pâte  ,  aDroient  Ht 
être  adoptés  pour  les  piles  affleurantes. 

Il  feroit  aulfi  beaucoup  plus  avantageux  d*eiD- 
ployer  dans  nos  piles  affleurantes  des  maïUcts 
ferrés  comme  ceux  qui  raffinent  j  outre  qic  cîî 
maillets  pourroîeot  ameurir  h  i  mieux  qpî 

les  maiikts  nuds  qu'on  y  ei  l*  tcmpi  de 

raffleuragc  étant  paiTé,  on  j 
1er  ces  piles  pour  le  r?!ffinagu 
gemcnt  fur  la  totalité  des  cuves  uouîroir  augoiÉii- 
ter  le  nombre  des  maillets  ,  &  éviter  le  chofliise 
de  nos  piles  affleurantes. 

Mais  aucune  réforme  dans  cette  pante  éam 
on  vient  d^iadiqncr  les  défauts  ,  tie  vaudra  Pio* 
trodu^lion  des  moufToirs  Hollandols,  en  leur  doc* 
nant  cependant  une  forme  afTortie  à  U  force  qui 
pourroit  les  faire  mouvoir,  Tinfifte  fur  ccttt 
réforme,  parce  que  je  fuis  convaincu  que  cet» 
addition  faite  à  nos  moulins  ^  maiUess^  proiU* 
roit  une  amélioration  dans  nos  pâtes*  Amé&Ofl- 
tion  dont  l'examen  de  l.i  de  oos  papietSa 

même  les  plus  feignes ,  e  :.  U  ncceffici. 

CHAMBRE    nt    CUV£. 

Lorfque  U  matière  dont  doit  être  hrmi  k  p* 
pier  eft  à  fon  point   de  perfeâioa  ^fmjmk 

tiifd 


t 


P  A  P 


P  A  P 


497 


i 


^ 
I 


I 


inriîl  des  maîllets ,  foie  par  celui  des  cyUndres , 
tiort  on  fabriqae  le  papier.  Mais  avant  que 
dVYpofcr  les  diverfcs  opcrations  de  cetie  fabrica- 
tion ,  il  cil  néceflaire  de  décrire  auparavant  tous 
les  autîU  &  ]€$  machines  dont  il  faut  meubler 
r«telicr  qui  y  cft  deftlné  ,  &  qu'on  nomme  cham- 
hf€  dt  tuv:.  La  cuve  à  ouvrer  ,  qui  donne  fon 
nom  à  cette  chambre ,  fg,  i  &  6  ,  planche  X , 
tll  faite  de  bols  ;  cïl;  a  ordinairement  cinqpieds 
de  diamètre  ,  deux  &  demi  de  profondeur  :  elle 
eft  rcWe  avec  trois  ou  quatre  cercles  de  fer ,  &  po- 
fèc  fiir  At%  chaniiersp  Elle  eft  percée  en  H  A  ,  d'un 
trou  circulaire  de  dix  ponces  de  diamètre  ,  au- 
quel on  adap:e  audedans  delà  cuve  une  efpèce  de 
chaudron  de  cuivre  rouge  ,  d*environ  vingt  ou 
vingtquîtTC  pouces  de  profondeur,  fur  quinze  a 
dii»ht:  t  de  diamètre  vers  La  culaflTe  X  ;  on  le 
nommer /i/?i>/f/;  les  rebords  en  font  cloués  en  de- 
fion  de  la  cuve,  Djns  ce  piftolet ,  qui  fert  de  four- 
neau •  &  oii  Ton  fait  un  l'eu  de  charbon  ou  de  bois , 
on   place  une  gxtUe  de  fer  H  h,/j,  6  ,  fur  la- 

Juclie  on  met  le  bois  ou  le  charbon.  Le  delTous 
e  cette  grJk*  fcrt  de  c^nJri.T  ;  ainfi  cette  for- 
te de  fourneau  cfl  entièrement  entource  par  Teau 
que  la  cuve  contient  pour  rentrctenir  à  un  cer- 
tain ^t%jt  de  température,  La  partie  de  la  grille 
qui  cft  hors  de  la  cuve  ,  efl  foutenuc  par  une 
barre  de  fer  K ,  comme  on  le  voit  dans  la 
f^  \,  On  voit  aufïi  auprès  de  la  cirve  ,  la  pclîe 
irrondi*  qui  fert  à  vider  Ic  cendrier  ,  à  poîter 
k  charbon  dans  le  fourneau ,  &:  à  d igager  la  grille 
de  CiTndrcs  :  on  y  voitj  aulfi  un  croc  h.  t  a  coté  , 
<|iit  fert  à  ce  dernier  ufage.  Nous  rcmat'querons 
ICI  que  Touvenure  &  la  grille  du  piftolet  abou- 
lifTent  le  plus  fouvcnt  à  une  cheminée  qui  reçoit 
la  fumée  du  bois  ou  du  charbon  ,  &  quelqucr>is 
tttèmc  le  bas  de  cette  cheminée  cft  entiér^mc^nt  en- 
touré de  murs ,  de  manière  que  louvcrture  du  pif- 
tolet n*a  plus  aticcne  communicaiion  av:c  la  cham- 
bre de  cuve  ,  &  qu'on  n  entre  que  par  dehors 
dans  cette  cheminée.  Cette  difpciitlon  ^  qui  eft 
aHez  cofrmune  dans  les  fabriques  d^s  Pays-Bas  , 
prévient  t^utcn  les  ordures  &  toutes  loi  faletés 
que  radminidration  du  feu  dans  le  piftolet  occa- 
fionne  à  îa  chambre  de  cuve  ,  lori-qu'il  y  com- 
munique fans  aucun  obftacle. 

Chaque  cuve,  qui  cft  xon^^n  ,  efl  g:»rnis  à  fa 
partie  fuféricure  de  planches  G,  L  »  D,B,E,  K. 
ff*  6.  Cc5  planches   font  un  p*u  inclinées  vers 
la  cuTe  »  pour  y  rejeter  Tcau  d:   la  pite  qui  y 
taifibem:  elles  (ont ,  outre  cela  ,  rebordées  par  des 
tringles  de  boi?  qui  empêchent  ta  miticrc  de  fe 
répandre  au  dch4>rs,  La  place  B  ,  oii  fe  mer  Tou* 
▼fier  ,cft  appelée  !.i  nA^toirt  ;  elle  a  environ  vingt 
ponces  de  l^irgeur ,  &  les  côtés  environ  fijc  pou- 
cet  de  profondeur  j  les  planches  qui  formant  cctic 
efpèec^fle  caiue,  defcendent  jufqu  au  pavé  :  leur 
fommet  doit  fe  trouver  un  peu  plus  haut  que  fa 
ceinture  de  rouvrtcr , /n^-,  i,  LVuvcnu-e  de  la 
cu\'e   eft  travcrfce  mr  une  nl;inche    Mt/^  qu*Ofl 
Ans  /•  Mhïeft^  Jgm.  V,  Pat.  IL 


nomme  trafan  de  la  cave ,  &  qui  eft  percée  de 
trous  à  une  de  fes  extrémités  M  :  elle  pofe  fur  les 
rebords  des  planches  qui  entourent  la  cuve  ;clle  a 
aufllen  #»  une  entaille  qui  f.iit  que  non-fcuicment 
fa  face  fupérîcure  affleure  celle  du  trapan  ^  mais 
encore  qu'elle  y  trouve  un  point  d'appui  qui 
Tempéche  Je  glifftir  de^i  vers*  ;  Tautre  evrrémîté^ 
de  la  planchette  eft  foutenuc  par  un  pcrit  cheva- 
let ,  dans  Te  II  taire  fi;périeure  duquel  cette  plan- 
chette entre  de  toute  fon  cpaifteur  ;  enfin  ,  il  y  a  en 
F  un  morceau  ^i:.  planche  percé  de  pKificurs  irou«  , 
dans  lefquels  on  plnnte  un  morceau  de  bois  fc, 
/V.  i'%  ,  qu  on  appelle  igomtnr ,  ou  acc^jioh  ,  co^» 
tre  lequel  un  des  long^  côtés  de  la  forme  repose 
d^ns  une  fitu.uion  inclinée  ,  pendant  que  Peau 
qui  s'échappe  de  la  forme  retombe  par  îcs  trous 
du  trapan  dans  la  cuve  :  cet  égouttcir  a  des  trous 
à  différens  degrés  de  hauteur,  pour  que  les  for- 
mes de  différentes  dimenfions  puifîent  s  y  ap- 
puyer dans  une  fini  ition  inclinée  à  côté  de  la  cuve. 
On  voit  en  A  B  ,  la  preiTe  en  profil ,  dent  on 
a  le  plan  &  b  ûtuation  rc{;ic£live  en  A  A  ,yrg  6; 
enfin  ,  Télévation  &  la  perfpcéiivc  fi^,  ç. 

Chaque  preiïe  cft  éloignée  de  trois  pieds  du  bord 
L  D  de  la  cuve  ,  avec  laquelle  une  des  deux  jumel- 
les cft  jointi  par  des  p'anchcs  L  A  »/^.  6,  ou  .*«  , 
//r.   1*^*,  Ces  planchais  entrent  à  couliiTe  dans  la 
rainure  du  potona  / ,  lequel   foiuient   quelques* 
L'nes    des  pUr.che*  qui  entourent  i*cuverture  de 
la  cuve,  éi  entre  ûti\x  t;«ftcaux  cloués  fur  îa  fa- 
cî   d'jn  des   rr-c.uans   de  la  prtft"-'  ,  comme  on 
le  voit  en  m  B  ,  fi^,  i'\  &  en  A  ,/^.  6  ,  plane. X. 
Ces  planches  forment  ce  que  Von  appelle  la  na- 
geo're du  coucheur,  dont  le  fommct  eft  élevé  de 
deux  pieds  au  deirui  du  fol  dj  la  chambre  de  cuve* 
Les   preflcs  de  la  chambre  de  cave  font  com- 
pofées   de   deux  montans   ou  jt  mclles  A  B  ,   de 
douze  pieds  de  longueur  ,  éloignées  Tune  de  l*au- 
tre  de  trois  pieds  &  demi.  On  leur  donne  envi- 
ron onze  pouces  de   groffeur ,  fur  huit  pieds  de 
lorg  ,  &  on  laide  le  bois  en  grume  pnr  les  deux 
extrcmiîés,  ce  qui  forme  des  renforts  qui  fervent 
d*embrèvcmcnt.m  feuil  fie  à  Fécrou.Le  feuil  cdeê. 
deux  pieds  de  largeur,  fur  quinze  ou  dix-huit  pou- 
ce; d'épai.Teur.  Sa  furtace  fupérieure  n\ft  élevée 
au-dcft'us  du  icrain  que  d*t:nviron  trois  ou  qua- 
tre pouces  ;  il  cft  entoure  ^\xn  pavé  de  pierres  , 
dans   lequel  on  a  mén-igo  des   rigoles   pour  Ic- 
coulement  de  IVau  qui  fort  du  paj^icr  Icrfqaon 
le  prCiT:.  L'écrOit  ,  de  bo:s  d'orme» a  cîiiq  pieds 
quatre  pouces  A*:  lo;igucur  ,  fur  dix-huit  pouces  de 
gfofTcur  ;  il  cft  aCcniblé  avec  les  jumelles  par  !e 
moyen  de  itnons  à  rcnfon  i  de  boulons  à  vis  CD. 
Aux  faces  tntérieurei  oppofcesdcs  deux  jumcl* 
les  ,  font  pratiquées  deux  rainures,  dont  on  peut 
voirie  pbn/^.  6  en  A  A  :  ces  rainures  reçoivent 
tes  tenons  dj  pLtcau  ou  banc  de    preflc  G  H, 
fufpendu  \  la  téic  de  la  vis  PX,  par  un  boulon 
de  fer  qu'on  apzielk  mQlnc  ^  dont  la  tétc   ant*u  c 
fous  b  { Unche  ^i  fur  laquelle ,  brs  de  la  pr.  Hlo.i , 

lîr. 


ik 


ém 


49» 


P  A  P 


fe  fait  le  frottement  de  la  vis  ;  la  tête  de  cette 
vis  ,  qui  a  quatorze  pouces  de  groffenr,  eft  en- 
tourée de  d<:ux  frettes  de  fer  ,  dont  Tinfèrieure 
porte  une  rondelle  auffi  de  fer ,  dentée  en  rochet , 
dans  les  dents  de  laquelle  s'engage  le  pied -de  bi- 
che a  4  ,  qu'on  appelle  acotay  ,  &  dont lufage 
eft    d'empêcher  la    vis  de  rétrograder  lorfqu'on 
fait  une  preffée  ;  l'extrémité  4    de  l'acotay  peut 
embraffer  l'arête  de  la  jumelle  ad,  fur  laquelle 
il  appuie.  Cette  jumelle  eft  revêtue  d'une  bande 
de  ter  L  h  pour  la  conferver  ;  l'autre  extrémité  a 
de  Tacotay  ou  pied-de-biche  ,  peut  embraffer  def- 
fus  &  deilbus  répailTeur  de  h  rondelle  dentée  , 
\c  gui   l'empêche  de  manquer  les  dents  qui  fe 
préfcntent  fucceiTivement.  L'acotay  eft  porté  dans 
fon  milieu  par  un  morceau  de  bois  K  ,  cloué  fur 
le  banc  de  prefle,  &  qu'on  nomme,  pour  cette 
raifon  ,  portcÀcotay,  Il  eft  aufti  psrcé  en  2  d'un 
trou  ,  dans  lequel  paflîe  la    corde  2  1 ,  qui  em- 
braffe  l'extrémité  Idu  reflbrt.  Ce  reiTort  n'eft  autre 
chofe  qu'un  bâton  flexible  ,  cloué  far  le  milieu 
de  la  race  poflérieure  du  plateau.  Enfin  ,  vers 
l'eitrcmité  4  de  l'acotay  ,  il  y  a  un  trou  par  le- 
quel pafie  la  corde  qui  ièrt  à  le  tenir  fufpenJu 
au  piton  L  ;  à  côté  ,  &  parallèlement  au  feutl  c  d 
de  la  prefle  ,  eft  un  chantier  V  ,  fur  lequel,  ainfi 
que  fur  le  feuil  ,  font  fixées  trois  pièces  de  bois 
qu'on  nomme  poulains  :  ils  fervent  à  placer  une 
torte  planche  Q ,  qu'on  appelle  trapan ,  fur  laquelle 
en  couche  Iss  feuilles  de  papier  à  mefure  qu'el- 
les font  fabriquées ,  &  fur  laquelle  on  les  met  fous 
"    la  prefle. 

Pour  achever  de  faire  connoître  tout  ce  qui 
doit  meubler  la  chambre  de  cuve ,  &  ce  qui  eft 
néceflaire  à  la  fabrication  du  papier,  nous  allons 
nous  occuper  des  formas  &  des  feutres  dans  deux 
articles  ftparés.* 

Des  formes,  ^ 

Les  formes  font  compofécs  d'un  chaflSs ,  d'une 
toile  de  laiton  qu'on  nomme  vergure  ^  enfin  d'un 
cadre  ou  couverte  mobile.  C'eft  avec  ce  moule 
qu'on  puife  dans  la  cuve  la  pâ:e  qui  fert  à  com- 
pofcr  les  feuilles  de  papier ,  comme  nous  le  ver- 
rons par  la  fuite. 

Le  chafils  eft  un  aflcmblage  de  quatre  tringles 
de  bois  ,  dont  deux  font  les  grands  c6th ,  & 
deux  autres  les  petits  cotés.  Ces  tringles  font  de 
bois  de  chêne,  qu'on  a  laiflï  tremper  long-temps 
dans  l'eau  après  avoir  été  débité  &  féché  à  di- 
vcrfcs  repriies  ,  pour  qu'il  ne  fût  pas  fujet  à  fe 
déjeter. 

Ce  chaflis ,  mefuré  fur  toutes  fes  faces  prlfes 
en    dedans   ,  eft   d'environ   quatre   lignes   plus 

Î;rand  que  la  feuille  de  papier  à  la  fabricatio:-  de 
aquelle  la  forme  eft  deftinée.  Les  tringles  ont 
environ  huit  lignes  de  largeur  fur  quatre  lign::s 
dépaifleur;  les  longs  côtés  font  un  peu  convexes 
dans  le  milieu  ,  &  les  petits  côtés ,  au  contraire , 
un  peu  concaves. 


p  A  î» 

Les  longs  côtés  font  percés  d*an  certain  nom- 
bre de  trous  pour  recevoir  les  extrémités  d  au- 
tant de  barres  de  fapin  qui  font  arrondies  & 
Eroportionnées  à  la  capacité  de  ces  trous:  ces 
arres  font  taillées ,  à  leur  partie  fupérieure  ,  eo 
vive-arête  ,  comme  le  tranchant  d'un  couteau, 
&  leur  partie  inférieure  eft  arrondie.  On  les 
nomme  pontufejux  :  ces  différentes  pièces  font 
aflemblé^s  par  des  mortaifes  9  &  clouées  les  unes 
avec  les  autres  ,  foit  avec  de  petites  chevilles 
de  bois ,  foit  avec  des  clous  d'épingles  en  hi- 
ton.  Le  fer ,  à  caufe  de  la  rouille ,  doit  en  être 
banni.  On  appelle  fût  de  la  forme  ,  le  cbffis 
armé  de  fes  p^ntuieaux.  Il  eft  queftion  mainte- 
nant de  tracer  &  d'établir  fur  cette  efpèce  ci? 
charpente  la  toile  de  laiton  ou  verjure  qui 
coniiitue  proprement  la  forme  ou  moule  du 
papier. 

A  l'une  des  extrémités  de  chaque  pontuf^au, 
fur  la  face  fupérieure  d'un  des  deux  grands  c&tib 
du  chaflis  9  on  perce  autant  de  trous  qu'il  y  a  de 
pontufeaux  ,  &  l'on  y  plante  des  chevilles  de  bois^ 
auxquelles  on  attache  des  fils  de  laiton  très-délics, 
roulés  fur  de  petites  bobines  9  &  qu'on  nomm: 
manicorJlon.  Chaque  cheville  a  deux  fils  &  dtux 
bobines  ,  difpofées  de  manière  que  l'une  e&  aa 
deflbus  il  Tautre  au-deiTus  de  la  pl.«ce  que  doi- 
vent occuper  les  brins  de  laiton  qui  forment  la 
toile. 

Je  dois  obferver  qu^on  a  percé  outre  cela ,  aux 
deux  extrémités  du  grand  côté ,  de  femblabks 
trous  qui  correfpondent  aux  deux  chaio:tte$  da 
tranchcfil,  leiquels  occupent  l'intervalle  entre  les 
pontufeaux.  Ces  trous  reçoivent  de  même  de 
petit<;s  chevilles  pour  tendre  le  trancHefii,  &  y  at- 
tacher les  petites  bobines  du  manicordion  doct 
nous  avons   parlé. 

Le  forma  ire  a  eu  foin  de  préparer  les  fils  de 
laiton  qui  doivent  compofer  la  toile  ,  de  les  drif 
fer  par  le  moyen  d'un  dreffoir  dont  le  deffus 
eft  un  peu  convexe  ;  de  leur  don.rer  un  psu  de 
recuit  pour  les  rendre  plus  doux  &  plus  flexibles; 
enfin ,  de  les  couper  par  brins  aufîi  longs  que 
le  chaflis. 

Tous  ces  préparatifs  &  toutes  ces  dtfpcfitions 
étant  faits,  le  formaire  place  le  chaflis  de  la  for- 
me devant  lui  dans  une  fituation  inclinée  ;  & 
ayant  écarté  les  bobines ,  il  prend  m  des  hnv& 
de  la  verdure  &  le  préfente ,  fur  toute  fa  lon- 
gueur ,  dans  l'ouverture  que  lui  cfiFie  les  deux 
nls  du  manicordion ,  roulés  fur  les  bobines;  ci- 
fuite  paflant  une  bobine  du  dedans  en  ccIiDrs, 
&  l'autre  du  dehors  en  dedans  ,  il  afifujettit  le 
brin  de  roilc  ,  &  aux  tranchefiîs  ,  &  vis^vis 
chaque  pontufeau  :  après  avoir  ferré  les  fils  des 
bobines ,  il  les  entrouvre  de  nouveau  pour  rece- 
voir un  fécond  brin  de  la  toile  qu'il  afruietth  de 
même ,  &  il  continue  cette   manœuvre  en  pla- 

Îfant  toujours   parallèlement  les   brins   de  lairoa 
es  uns  aux  au:res,  ji^fqu'à  ce  que  le  chaflL  c« 


P  A  P 

>it  emî&retticnt  rcmpU  ,  ôc  que  coûte  la  toile 
cît  foritiwe.  On  (leut  voir  lObs  ce^  détails  j  plan» 
he  LX,tinc  dans  h  vignt^ife  que  dans  lev  figure*. 
l«es  bouu  de  cliaqtie  briii  de  ia  caile  ^appuient  fur 
I»  petits  côtés  tlu  tùi,  où  iU  font  tixè^  6c  rccou- 
r^Tfs  d*une  bmc  de  cuivre  iittachée  par  des  clous 
Icfingle  de  laiton. 

,  Les  pontufeaux  font  percés  fur  leur  lorgueur 
de  plufieiits  irojis  vers  la  partie  (upêric^ire  , 
lans  lefqucls  on  paiïe  un  h\  de  laiton  tort  hii. 

Pour  achever  la  forme ,  il  ne  relie  plus  qu'à 
tendre  fortement  les  chaînettes  le  long  des  vtve- 
trétes  des  pontiifeaux  •  qu'à  fixer  Leurs  extrèmi* 
Dés  par  de  petites  chevilles  de  bois  qu^on  intro- 
dtïîi  dans  ies  trocs  du  grand  côté  oppnfè  au 
premier  fur  lequel  on  s*eft  établi  d*abord  ;  enfin , 
lu'i  coudre  la  toile  par  un  fil  de  Uhoa  très-dc- 
lé  qui ,  payant  fur  les  chaînettes  ,  fit  repalfant 
dans  les  trous  dont  chaque  poutufeau  eR  perce, 
ttrc  i  tenir  la  toile  ai^ttjcitie  par  tous  ces  poitrs, 
éloignés  tes  uns  des  autres  d*environ  dx  Ugr»tîi. 

Enfuite,  tant  pour  recouvrir  Icj  eitTrémitês  des 
brins  de  ta  toile  le  long  des  petits  coi^s  du 
^h^ifis^  que  pour  contenir  les  cheville:*  qui  fixent 
es  ch^tinettes  .kx  cxirêmiiés  des  pontufcaux ,  on 
ittachc  avec  de»  clou'i  d^^p(ng!c  de  petites  lames 
le  Liton  dans  tout  le  pourtour  dti  ciuÛTts  :  ces 
amcs  firvent  aufîi  à  tonifier  raiîembb^e  des 
quatre  cAiés  du  chalTis.  A  chaque  paire  détonnes, 
ea  adapte  un  cadre  dont  les  feuillures  reçoi- 
vent lo  quatre  côtes  du  chaflls.  Le  bois  dont 
:c  cadre  cA  compofà ,  a  environ  buît  lignes  de 
argeur ,  fur  qt  aif  e  à  cinq  lignes  d^éjj-i/Teur. 
Vctic  feuillure  lecouvre  même»  fur  una  largeur 
il;  deux  Ugnes ,  la  toile  de  la  forni. ,  Cert  pour 
C^h  qiic  cette  toile  exiele  de  ces  deux  lignes  en 
fous  tciM,  comme  nous  lavons  dit,  les  dimen- 
jfions  de  U  fcudie  de  papier* 
^  Au  moyen  de  ccttjS  avance  du  cajre  fur  la 
•oile  de  U  k.rme  »  la  feuille  de  papier  efl  entié- 
^cmeot  placée  fur  cette  toile  ,  ôc  détachée  de 
tous  côtes  du  chalTis  ;  ce  qui  eft  trés-clTcnticl  , 
pour  que  U  pâte  put  lie  s'é^outtcr,  Si  Ja  feuille 
le  coucher  fur  le  feutre  fans  être  retenue  par  au- 
cuns des  bords* 

On  fait  que  ce  cadre  eu  defiîné  i  retenir  la 
vatière  dont  on  fabrique  le  papier  fur  la  toile , 
&  à  la  retenir  en  quantité  convenable  à  Tépaif- 
leur  qu'il  doit  avoir.  Il  cft  bien  effemiei  que  le 
cadre  joigne  trés-exaôtrment  aux  bords  de  la 
fbnne  *  pour  que  la  pâte  ne  s*infutue  pas  entre 
Je*  bords  &  la  feuillure  ,  ce  qui  rend  les  bordu- 
res des  feuilles  de  papier  baveufes  &  mal  ter- 
viînées. 

Nous  remarquerons  ici  que  c'eft  fur  la  longueur 
#u  la  plus  grande  dimenfion  de  la  forme,  qui  cor- 
refpovd  k  la  plus  grande  dimenfion  de  la  feuille 
de  papier ,  que  font  placés  paraUélement  entre  eux 
les  fils  de  laiton  qui  compofent  la  toile  de  la  forme. 
Cg^^fpofction  des  brins  c(k  bien  entendue  ;  elle 


p  A  p 


495 


rend  facile  le  travail  du  coucheur  «  cosnme  noui» 
le  verrons  par  la  fuite ,  pour  dért»c*ier  la  feuille  de 
papier  de  la  forme  ,  en  l'appliquant  fur  le  feutra 
Non-feulement  il  la  détache  en  faifant  parcourir 
à  la  forme  fa  plus  petite  dimenfion  ,  mais  encore 
en  dégageant  à-la-fois  la  pâte  fucctfiivement  de 
chaque  intervalle  entre  les  verjures  :  fuivant  toute 
autre  direction  ,  le  coucheur  ne  détacheroit  U 
feuille  que  par  lambeaux  ,  outre  qu'il  alongeroit 
infiniment  la  peine  &  fon  travail. 

Il  me  rcrte  à  expofer  ici  quelques-uns  des  princi- 
pes qui  guident  les  fabricans  ÔC  les  ibrmaires  datrs 
la  conArudion  des  formes  ,  Si  particulièrement 
dans  la  déterniinition  du  calibre  des  fils  de  la  ver- 
jure  &  des  intervalles  de  ces  fils  ;  objets  foit  im* 

Î)ortans  ,  &  qui  influent  plus  qu'on  ne  penfe  fur 
es  belles  &  les  bonnes  qualités  des  papiers, 

La  verjure  doit  être  arrangée  fi^r  la  forme  ,  d'à* 
prés  le  fyfiême  de  tant  plein  que  vide  ,  qui  con- 
vient dans  tous  les  cas  ou  l'on  fabrique  les  petites 
Si  les  moyennes  fortes  peu  étoôées  i  mais  quand 
on  fabrique  des  papiers  un  peu  forts;  il  convient 
de  tenir  les  intervalles  un  peu  plus  large«  cne  le 
diamètre  des  brins  de  la  toile  ,  pour  que  la  feuille 
de  papier  prenne  une  certaine  épaiHeur  au  moyen 
du  plus  grand  viic,  qui  abforbera  une  plus  grande 
quantiié  de  pâte  lorfque  l'ouvreur  envergera;  car 
la  pâte  qui  entre  d.»ns  la  comb^ofirion  des  feuilles 
de  papier,  eu  toujours  en  raifon  des  intervalles 
qu*on  a  lailTès  entre  les  brins  de  U  toile  de  la 
forme, 

Ainfî  ,  lorfqu'on  veut  fabriquer  les  mèmet 
fortes  à  des  poids  différens ,  on  a  foin  de  varier 
fur* tout  l'intervalle  des  fils  de  la  verjure  ,  &  mcmc 
le  calibre  de  ces  fils  ;  par  exemple  »  pour  fabri- 
quer  de  Técu  à  treize  livres  environ,  on  choilu 
une  verjure  fine»  &  Ton  en  fait  un  tilTu  où  il  y 
ait  autant  de  vide  que  de  plein  :  pour  fabriquer 
la  même  forte  à  dix- huit  livres ,  on  adopte  une 
verîure  plus  gtoffe  &  des  intervalles  plus  grands: 
il  e(V  vifible  que  c'ed  la  pâte  qui  occupe  les 
intervalles  des  verjures ,  qui  contribue  à  rendre 
le  papier  plus  ép?is  ,  &  à  grolBr  fon  grain.  L'art 
a  trois  moyens  de  donner  plus  de  force  &  plus 
d'épâl^tur  au  paper^  les  iQtervalles  qu'on  latfTe 
entre  les  brins  de  la  verjure,  répaifleur  du  cadre 
de  U  forme  qui  retient  plus  ou  moins  de  matière, 
enfin*  le  travail  de  la  cuve  à  grande  eau  ou  à 
petite  eau. 

Un  autre  principe  auflR  important  ,  efl  qu'on 
doit  proportionner  la  veijure  aux  pâics  qu'on 
emploie,  Ainfi  une  pâte  un  peu  longue  demande 
une  verjure  un  peu  forte,  te  des  intervalles  un 
peu  plus  larges  que  le  calibre  de  cette  verjure  : 
de  même  une  pâte  courte  demande  une  verjure 
fine  avec  des  intervalles  proportionnés  ;  ce  qui , 
dans  ces  deux  cas ,  produit  un  grain  amorti  aux 
pâtes  &  à  la  forte  de  papier. 

Lorfque  les  formes  font  falcs ,  il  efl  bien  eifdA- 
tlelde  les  nettoyer;  comme  Us  parties  fines  de  U 

Rrr  i 


çoo 


P  A  P 


fiu  fe  logent  le  plus  fouvent  dans  quelques 
Tcd^nts  dt;  la  verjurc  ou  de  renfeignc,  elles  oc- 
csAonncnt  des  raies  blanches  irrèguliéres  ,  qui 
produifent  un  affoibliffement  de  la  feuille  de  papier 
dans  ces  parties  ;&  comme  ces  défauts  font  occa- 
fionnés  par  des  amas  de  pâte  qui  ^roflllTcnt,  ces 
différentes  raies  s'agrandilTent  à  toiiît:s  les  feuilles 
qu'on  fiibrique  avec  ces  formes  :  le  fcul  remède 
cA  de  les  nettoyer.  On  fe  fert  pour  cela  d*i:ne 
lefllve  de  cendres  ,  dans  hqueîle  on  met  tremper 
d'abord  les  formes^  &i  avec  laquelle  on  les  frotte 
su  moyen  d'une  broffc  fort  douce;  il  y  en  a  qui 
font  uLge  de  vinaigre,  mais  il  faut  pour  lors 
employer  les  formes  fur-le-champ  ,  car  fans  cela 
le  vinaigre  pou rroit  endommager  les  fits  de  laiton 
de  la  toîlc,  s'il  agiHoit  long-temps  fur  le  métal. 

Des  feutres. 

Les  feutres  font  des  morceaux  d^étoffe  de  lai- 
ne que  îe  coucheur  étend  fur  chaque  feuille  de 
i>apier,  &  fui  l'*fquels  ilrenverfe  ces  feuilles  pour 
es  dctacher  de  la  forme  ,  &  leur  faire  perdre  une 
partie  de  Teau  furabondante  dont  la  pâte  fe 
trouve  encore  f'irchargé?  :  ils  fervent  aufTi  à  boire 
&  à  rendre  une  autre  partie  de  cette  eau,  lorf- 
qu  on  met  fous  la  preffe  la  porfe-feutrc* 

Les  feutres  ont  deux  furfiices  ditTèrcmnient  gar- 
nies de  poils.  Celle  dont  îe  poil  eil  le  plus  long, 
s'applique  fur  les  feuilles  qui  font  couchées  ;  6c 
cVft  fur  la  furface  dont  les  poils  font  courts  , 
que  fc  couchent  les  nouvelles  feuilles.  Si  Ton  chan- 
gcoit  les  feutres  de  dif^ofition ,  &  que  Ton  cou- 
chât les  feuilles  de  fap  cr  fur  le  coté  qui  eft  gar- 
ni de  longs  poils,  no:j-feul:ment  elles  ne  s'appli- 
queroient  pas  exa^emcnt  (ht  le  feutre ,  mais  en- 
core les  poils  longs  &  roides  ou  perceroicnt  les 
feuilles ,  ou  produiraient  des  houtcdUs  qui  en  al- 
téreroient  le  lilTu  ;  au  contraire  ,  les  feuilles ,  en 
s'appHqyant  exactement  fur  le  coté  à  poils  courts, 
qui  boit  Teau  furabondinte  »  y  acquièrent  une 
première  confiflance  qui  fuSt  pour   Tinilant. 

CVA  aufTi  de  delTus  cette  furface  à  poils  courts 
que  le  le  V  eur  détache  les  feuilles  de  papier  après 
que  la  porfea  pafTé  fous  la  preile^  5i  après  quil 
a  enlevé  le  feutre  qui  les  Couvroit  par  le  côté  i 
longs  poils  ,  en  forte  que  la  dilTé  rente  garniture 
des  furfaccs  des  feutres ,  contribue  à  facilirer  les 
opérations  du  Icvcur  comme  celles  du  cou- 
cheur, 

L'étoffe  des  feutres  doit  être  affcz  ferme  pour 
s'étendre  bien  exaflement  fur  les  feuilles,  fans 
former  de  plis  &  fans  avoir  bcfoin  d'être  dépla- 
çât» Outre  cela ,  elle  doit  être  affez  fouple  pour 
fe  prêter  à  l'effort  du  coucheur  ,  qui  appuie  fa 
forme  fucccflivemem  d'un  bord  du  feutre  à  IVa- 
trc  fur  tous  les  points  intermédiaires.  Comme  les 
feuîrci  doivent  réfifler  à  Teffort  réitéré  du  cou- 
cheur &  de  la  preffe,  il  paroit  oéceffaire  que  la 
cbainc  de  ces  étoffes  foit  très-  forte ,  &  par  c«nfé-  , 


P  A  P 

quent  de  laine  peignée  8c  bîen  tordue.  lyuna^^ji, 
trc  côté  ,  comme  ces  étoffes  doivent  erre  pro* 
près    à  Ijoire  une    certaine  quantité  d'eau  afIVx. 
promptement ,  &  à  la  rendre  de  même  ,  il  (^«jc 
que  leur  trame  foit  de  laine  cardée,  filée  à  cord^ 
lâche  ,  &  tiffée  à-peu-près  comme  celle  des  dr^p^ 
londrins.  Il  en  rcfuhe  qu*;  la   trame  peut  girtiir 
abondamment  Tétoffe  èiL  couvrir  la  chainc  ,    de 
manière  que  fon  tiffo  ne  s'imprime  pas  fur    les 
feuilles  dt:  papier ,  ce  qui  en  aîtércroit  le  grain  ^ 
par  rempreintc  irrégulîère  d'une  chaîne  &  d'une 
trame  à  découvert  ;  ce  que  j'ai  vu  fouvem  dans 
certaines  fabriques  ,  où  Ton  faifoit  ufage  de  feu* 
très  qui  n'étoient  pas  tiffés  fuivant  ces  prindpes. 

Jufqu'à  préfent ,  les  feutres  fabriqués  à  Beau* 
vais  font  ceux  qui  ont  le  mieux  fatisfait  à  foq 
tes  les  conditions  que  je  viens  d'expo  fer  ,  pafi 
que    ces  étoffes  font   compofées    tomme  ]t  \ 
dit  ci-deffus  :  on    comprend   facilement  <jue  les 
étoffes  à  chaîne  d'étain,  qui  ne  foulent  que  trei-peu , 
&  qui  font  d'un  tïffu  lâche  &  ouvert ,  fi  on  les 
trame  avec  une  bine  longue  &  douce  ,  font  trè>- 
propresà  boire  promptement  l'eau  furabondante  et 
la  feuille  de  papier  qu'on  couche  deffus ,  &  a  ren- 
dre cène  eau  à  la  preffe. 

Une  étoffe  qui  feroit  trop  feutrée  ,  comme^  Ki 
draps  ordinaire?,  même  les  plus  fins ,  ne  boiroitlVu» 
ni  affez  p:ompiement  ni  affez  abondamment  pour 
que  les  feuilles  de  papier  y  adhéraffent  &  priiTent 
une   certaine  confiftance  ;  c'eft   par  cette   raîAït» 
que  les  draps  de  Orcaffonne  ont  fort  bien  fait i 
&  que  les  draps  de  Louviers  ,  foulés  ,  dont  Je 
liffu  étoit  ferré  ,  n'ont  pu  recevoir  les  feuilles  ^^ 
papier  que  Ton  couchoit  deffus ,  parce  que  Te  a* 
n'y  pénéiroît  pas  fuffifammetit.  Il  eft  bien  effe*^' 
tiel  que  la  chaîne  des  étoffes  deftinées  à  foire  I^* 
feutres  ,   foit  forte  &   réfiftante  ,  afin   que   C^*" 
étoffes  foi^ni  d'un  bon  fervice,  St  durent  un  c^*" 
tain    temps,  ^^ 

11  paroi  t ,  par  le   nom  qu'on  a  confcrvè  à  C*^ 
éioffes  ,  que  les  premiers  feutres  qu*on  a  «î*^^ 
ploycs   dans   la    papeterie   n'étoiem  pas  des  ti»^ 
fus  compofes  fur  le  métier  d'une  chaîne  &  d'ui^*^^ 
trame ,  mais  des   morceaux  d'étoffes  compofé^^^ 
de    laines    arçonnées    &   feutrées    comme    cc'I^ 
des  chapeaux.  Par  lafuitc^on  fentiiapparcmmec»' 

Îju'on  pouvoit  leur  fubffituer  des  tiffus  fabriqué^ 
ur  le  métier  »  comme  les  fergcs,  les  draps  ;  maî5 
Tancienne  dénomination  efl  rcflée ,  quoique  la 
compofition  &  la  fabrication  des  feutres  aient 
été  dirigées  fur  d'àUtrcs  principes. 

Lorfqu'on  a  des  feutres  neufs  ,  on  les  lave 
avant  que  d'en  faire  ufage  ;  il  faut  même  qu*ili 
foient  humeâés  à  un  certain  point  pour  qu'ils  puif- 
fent  fcrvir.  Dans  ce  cas  ,  Teau  introduire  dam 
les  feutres ,  les  difpofe   à  s'imbiber  de  l'eau  de» 

feuilles  de  papier.  .  

On  doit  prendre  des  feutres  neufs  &  bien 
vés ,  lorfqu'on  fabrique  des  papiers  forts  &  épiai 
fi    les    feutres    ont    perdu     une     gnn^e 


P  A  P 

tî^  ic  leur  lainage  &  de  leur  force  cfimkibîtîon , 
an  les  emploie  aux  papiers  ininces  ,qui  ont  moins 
à*C2iî  %  perdre ,  &  moins  befoin  que  les  feutres 
quî  les  reçotveot  folent  es  état  d'ea  boire  une 
certaine   qiiantité. 

Cette  quantité  d'eau  que  retiennent  les  feuilles 
Ses  papiers  forts  fur  la  forme  ,  &  dont  il  faut 
les  dépcLiiîler  par  le  moyen  des  feutres  ,  ert  une 
à^s  difficultés  qu'on  rencontre  dans  la  fabrication 
des  papiers  forts. 

Après  cinq  ou  fix  jours  de  travail ,  les  feutres 
contraâent  de  la  grai  ffe  »  &  s'emparent  d'une  cer- 
taîtie  quantité  de  niatière  fine.  On  s'en  aperçoit 
lûrfqu'ils  boivent  longuement  ik  incomplètement 
Tciu  de  la  feuille  de  papier  que  le  coucheur  y 
applique  ,  ou  bien  lorfquils  fe  détachent  de  ces 
fsailics  avec  un  certain  effort,  qui  s'annonce  par 
une  efpèce  de  cri  qu  entend  le  leveur  :  il  faut 
alors  les  paffer  k  une  leffive  compofée  de  favon 
fie  d'huile  de  poiffon.  Pour  lefliver  une  porfe  de 
reçu  ou  du  carré  d'impreffion  ,  on  fait  fondre 
deux  livres  &  demie  de  favon  dans  de  l'eau  chau- 
de ,  fie  Ton  y  ajoure  une  livre  d'I.  nie  de  poif- 
Ton-  On  augmente  cette  dofc  à  proportion  pour 
les  porfes  des  grandes  fortes  ,  &  on  la  diminue 
pour  les  porfes  des  petites. 

Après  que  les  feutres  ont  été  bien  pénétrés  de 
cette   lefTïve  ,  on    les  y   laiffc  tremper   environ 
une  demi -heure*  puis  on  les  en  retire  un  à  un, 
pour  Ici  battre  avec  un  battoir  ordinaire ,  en  les 
retournant  fur  toutes  les  faces;  enfin  on  les  tord 
pour   exprimer   l'eau  de  ta  leffive,  qui  en   fort 
on  chargée  de  graiffe.  Apres  cette  première  opé- 
itton  «  on  les  trempe  de   nouveau  dans  la  IcC- 
ivc  ,  éi  on  les  en  retire  aulTitôt  pour  les  battre  , 
«ar  les  tordre  ,  &    achever   de  les  débarraflcr 
toutes  les  faletés  qui  y  refient  encore  ^   Se  qui 
n  foncnt  abondamment  ;  de  là  ils  font  portés  à  h 
rivière,  &  après  avoir  été  rincés  dans  l'eau  cou- 
rante •  on  les  tord  légèrement.  Enfin  ,  on  les  pore 
i  la  chambre  de  cuve,  ou  ,  après  avoir  été  mis 
ttt  Us  fur  le  trapan  ,  on  les   fait  paffer  fous   ia 
weSe  pour  en    exprimer  ,  le  plus  qu'il  eft  pofli- 
Ûc  ,  leau  farabondanre^ 

On  a  remarqué  qu  il  faltoit  employer  fur-le- 
^kamp  les  feutres  après  leur  leiTive ,  éi  que  sMs 
«échoient  k  Tétendoir  fans  avoir  fervi  ,  ils  ac- 
itiéroîcnt  une  dureté  qui  leur  faifoit  perdre  la 
oupleffe  qu'ils  doivent  avoir,  A  la  première  porfe 
rs  (cvtrcs  IciTivés  boivent  pcuj  au  II»  les  feuilles 
«*on  couche  defTus  font  •  elles  fu jettes  k  bou- 
siller* Pour  qu'ils  tirent  bien  l'eau  ,  &  quMs 
bîent  d*un  bon  fervice,  il  faut  qu'ils  aient  fervi 
&briqucr  deux  ou  trots  porfes. 

Fabrication  du  fafur* 

Lorfque  ta  pâte  dont  on  doit  fabriquer  le  pa- 
kr  a  reçu  la  préparation  qui  lut  convient,  foit 
bos  la  pile  de  l'ouvrier  ou  affleurante ,  foii  dans 
cylindres  raffincurs ,  alors  on  fournit  la  cuve 


P  A  P 


501 


avec  cette  pâte  ;  on  la  t'u-e  de  la  caiffc  de  dép6t 
qui  eft  à  portée  de  la  cuve,  ILn  Auvergne ,  on  fc 
fcrt  d'une  petite  gerle  de  bois ,  qu'on  mène  fur 
une  brouette,  6t  on  la  décharge  dans  la  cuve. 
Dans  les  moulins  5  c^'lindres  conflruits  avec  intel- 
ligence, ^  d'après  le  fyCième  des  nolîandois,  on 
cunduit  ta  piîte  de  la  p:le  du  cylindre  raffincur 
dans  lescalITes  de  dépôt  de  la  chambre  de  cuve, 
&  on  la  puife  dans  cjs  caiffcs  pour  en  fournir  la 
cuve  à  ouvrer  de  ia  quantité  néceffairc.  Ce  qu'on 
ajoute  de  pâte  à  la  cuve ,  chaque  fois  qu'on  la 
fournit,  erf  à-peu-près  la  quantité  qu'on  en  em- 
ploie pour  la  fabrication  d  une  porfe  ,.  ou  bien 
feulement  une  partie  de  cette  quantité,  fi  on  la 
fournit  plufieurs  fois  pendant  qu'on  travaille  à  la 
porfe  ,  ce  qui  a  lieu  dans  la  fabrication  des  graivl 
des  fortes. 

Lorfque  la  cuve  eft  fournie  de  pâte^Vouvrier 
ajoute  la  quantité  d'eau  convenable  à  li  forte  de 
fjapier  qu'il  doit  faire  ,  fi  Ion  n'en  a  pas  mis  fuf- 
fifammsnt  dans  la  préparation  de  la  pare  à  la  pile 
affleurante  ou  à  celle  du  cylindre  raffineur.  Oa 
fent  cjue  le  papier  qui  eft  foit  &  étoffé  ,  exige  une 
pâte  plus  épaiffe  ^  une  moindre  quantité  de  véhi- 
cule ;  fic'efi  un  papier  mince  fie  léger,  comme  les 
grand  &  petit  cornet  #  la  coquille ,  &c.  il  faut 
que  la  pâte  flotte  dans  une  grande  quantité  d'eau. 
Outre  cette  différence,  obfervée  affer  générale- 
ment dans  la  quantité  de  véhicule  qu'on  donne  à 
ia  pâte  ,  relaiivemcm  ;\  la  forte  de  papier  étoffé 
ou  mince  qu'on  fc  propofe  de  fabriquer,  il  y  a 
deux  fyftémes  fuivis  dans  les  différens  moulins 
fur  ce  point  de  fabrication;  l'un,  qui  confifte  à 
travailler  toujours  à  grande  eau  ,  &  par  conf^- 
quent  à  faire  raffiner  la  pâte  dans  un  véhicule 
abondant ,  afin  d*cviter  les  parons  &  l'irrégularité 
dans  la  dîAribution  de  la  matière  ftir  la  forme  ; 
pour  obtenir  en  un  mot  une  étoffe  ée^ale  &  iranf- 
parente.  Ces  fabricans  fuivent  fur-tout  ce  fyfteme 
quand  ils  travaillent  des  pâtes  non  pourries  ,  ou 
pourries  très-légèrement. 

Uautre  ^^ftéme  eft  la  pratique  de  tons  les  fabri- 
cans qui  font  ufage  de  pâtes  pourries  ,  &  qui 
font  plus  jaloux  d'expédier  le  travail  de  la  cuve 
que  de  lui  donner  un  certain  degré  de  perfeftion. 
Je  fuis  fâché  d'être  obligé  d'avouer  ici  que  c'eft 
la  pratique  du  plus  grand  nombre  des  ^bricans 
françoîs ,  qui  ne  fentent  pas  affez  quels  avaptag^sils 
trouvcroient  à  foigner  cette  partie  de  la  fabrication, 
La  cuve  étant  fournie  de  pâte  convenablement, 
on  la  braffc  avec  deux  outils  ,  dont  Tun  eft  un 
fimplc  bâton,  &  l'autre  un  bâton  armèà  fon  extré- 
mité d'un  morceau  de  planche  arrondi  &  troué. 
Le  leveur  d*uncàté  ,  ScTapprentidc  l'autre,  exécu- 
tent ordinairement  cette  opération  en  faisant  mou- 
voir route  la  pâte  &  l'agitant  de  fond  en  comble , 
fit  fur-tout  aux  environs  du  piftolet.  Lorfque  la  pâte 
fe  précipite  au  fond  de  la  cuve  ,  on  h  braffe  de 
nouvi^au  à  mi-porfe  »  afin  de  la  ramener  affei  abo«- 


502 


P  A  P 


d-miment  à  la  furfiCC,  où  Touvrler  piùCe  la  «latièrâ 

des  fcuillsîS  qu'il  fabrique. 

C*cft  aprdj  quon  a  bratTé  la  cuve  qu^on  peut 
voir,  î  h  matiivrc  dont  la  pâte  s*/  trouve  difiri- 
buce,  ù  elle  cil  bien  ou  mai  battue  ,  bien  ou  mal 
raiHnée,  Lorfqutîlj  tlorts  en  llocons  ferres  & 
prefque  cuntmus ,  c'eil  une  preuve  qu  e!Ie  a  été 
tien  é^aleincnt  tnturde.  On  peut  préfumer  le  con- 
traire ,  il  les  flocons  forment  tle  grands  vides  entre- 
eux  ,  6c  iiSih  ne  foicnt  pas  ouverts  uniformé- 
ment ;  on  y  dillingue  autli  pour  Jors  les  pâtoas  au 
ton  bunchàtre  qui  tranche  fur  les  filamensiibrcux 
bien  divifés.  On  peut  reconnoîre  aulfi  k's  pariics 
du  Hn  6:  du  chanvre  auxquelles  il  relie,  malgré 
la  trituration  ,  il  eîle  a  été  bien  coniutte,  la  lon- 
gueur néceflTiiire  pour  s'entrelacer  tfc  s*unir,  dés 
ïjue  Teau  les  îaiive  prôcîpiter  fur  la  verjure  de  la 
forme.  Cette  difpjfjtion  à  compoier  une  étjffe 
ferme  Si  foUde ,  fe  pcrdroit  par  une  lonijae  tritura- 
tian  des  parties  fjurtufes  ,  comme  t:\\c  fe  trouve 
di^cruîtcdans  celles  qui  coulent  par  le  kas^  6(  dans 
celles  qui  s  engagent  dans  îcs  int.riuccs  des  feutres 
&  qui  les  empâtent* 

Nous  allons  pafTer  maintenant  au  tmva.l  des 
ouvriers  de  la  cuve  ,  pour  en  prèfenter  ks  détails 
{k  la  correfpondancc, 

Lcf  bras  nuds  jufqu'au  coude  ,  l'ouvreur »/jf,  i , 
planche  X  >  prend  une  des  deux  formes  ganuede 
fa  couverte  ,  pi«r  le  mitlcu  des  petits  côtés  ,  & 
appuyant  avec  les  ponces  &  faifant  joindre  la  cou- 
verte à  la  forme,  il  lapbnge  obliquement  à  qua- 
tre ou  cinq  pouces  de  prorondeur  dans  la  cuve, 
en  commençant  par  le  long  côté  qui  cil  tourné 
vers  lui*  Apres  Timmerfion,  il  la  relève  de  niveau; 

fur  ces  mouvemcns  il  enlève  fur  fa  forme  toutes 
es  parties  de  la  pâte  qui  flottoient  dans  Teau  & 
qu'il  y  a  rencontrées  »  &  dés  que  la  forme  eit 
hors  de  la  liqueur,  Peau  s'écoule  à  travers  la  tOile 
&  le  fuperflu  de  la  pàïepar-defTus  les  bords  de  U 
couverte,  pendant  que  la  partie  nècelTaire  à  la 
cotrpoinon  de  la  feuille  de  papier  s'affiife  fur  la 
tOile.  On  voit  par-là  que  le  plus  ou  moins  d'épaif- 
C:uT  de  la  feuille  de  papier,  provient  de  la  quari'^ 
tité  de  matière  qui  tlotte  d<.ns  une  quuntué  d*eau  « 
ainfà  que  de  la  quaniiré  de  matière  que  l'ouvrier 
lailTc  fur  la  form  j  après  quM  a  puifè  dans  la  cuvr. 

Les  parties fibreuTcs  de  la  matière  s'arrangent  ré- 
gul.èrement  fur  li  verjure  de  la  forme,  non-feu- 
lement à  mefure  que  l'eau  s'écoule  à  travers ,  mats 
encore  à  mefure  que  l'ouvreur  fivorife  cet  effet 
p  f  de  petites  fecoufles  en  lon^  ik  ca  large  de  la 
forme;  ainfi  les  panies  fibreufes  fc  didribuent  les 
unes  fur  les  autres  ^  foii  par  !e  mouvement  d'en- 
verjure  qui  fe  fait  dins  ce  feus  de  fa  îo«f,uevr  de 
la  forme  »  fou  par  le  mfluvcment  de  pouffer  en 
av^nt  qui  s'cxccme  fur  fa  largeur. 

Enfuite  ayant  pofé  fa  forme  fur  la  planchette 
d  c,  cnfcne  qu'elle  y  Toit  en  équilibre,  Touvrcur 
6te  la  couverte ,  ôc  lance  cette  forme  en  la  fiifant 
glifferdu  càté  du  coucheur  «  qui  ayant  étendu  au* 


p  A  p 

paravant  &  dans  cette  attente,  fLr  le  rr^fn 
une  pièce  d'étoffe  de  Uine  qu'on  ;ppd  e  ftutiij 
foulève.de  la  main  gauche  cette  forme  cbarfi 
de  pâte  pour  en  faire  repofcr  un  des  lon^s  c^\  ^ 
fur  l'égoutioir  Jl   Pendant  cette  opjratiofi ,  foiE 
vreur,/^.  i  ,  applique  la  couverte  iur  une  autre 
forme,  6t  recommence  les  mêmes  opérations  que 
nous  avons  décrites  ci-delTus  pour  fabricuer  uœ 
féconde  feuille  de  papier.    Le  coucheur  lâifit  m 
iriii.fit  poLr  prendre  de  la  main  gauche  la  forme 
fuflfifi»mment  égoutiéc  ,  &:  l'ayant  retouruàe  (m 
delTus-dclfous ,  OC  amenée  devant  lui ,  il  \i  reprcdd 
de  la  main  droite  par  le  milieu  du  long  côté  qui 
s'applique  fur  Tégouttoir  ,  8c  appuyant  le  long  cèté 
oppolé  fur  le  bord  du  feutre  ,  il  faifit  de  la  giucbî 
!e  premier  lorg  cuté  »  6i  de  la  droite  ,  TiUire  op* 
polé,  &  couche  fuccedivement  toutes  les  parties  de 
la  feuille  de  papi»  fur  toutes  les  parties  du  f-ijr-.' 
dans  le  fens  de  leur  largeur  ;  s'étant  relevé 
avoir  retourné  la  forme,  il  la  lance  &  U  féit 
le  long  du  trapan  de  la  cuve  M  d  ,/^.  6,  ^ 
qu'ici  le  arrive  vis-à-vis  de  la  nageoire  de  louvr^ur^ 
qui  la  reprerid  Sc  y  applique  La  couverte ,  aprct 
avoir  lancé  le  long  de  la  pl.»rch::tte    la  feton4j 
forme  chargée  de  pâte  du  côté  du  coucheur,  ^il^ 
du  même  temps,  la  relève  &  U  (m  repoier  im 
r  ego  u  noir. 

Pendant  que  cette  forme  égoutte ,  &  que  Ytû* 
vreur  lève  une  nouvelle  fet  tile  de  papier  far  b 
fjrme  renvoyée  par  le  coucheur >  celui-ci  preïuï 
un  feutre  F  fur  la  planche  BE  ,   qu'on  appelle 
muie  ,  6t   rétend  fur  la  feuille  de  papier  qall  i 
couchée  fur  le  premier  feutre.  Ceft   cet  inftint 
que  la  vignette  repréfcnte  ;  on  y  voit  Touvrcuf 
qui   lève   une   feuille   de   papier  fur    îa  f: 
forme  ,  tindis  que  la  première  ert  fur  Tégr 
Si  que  le  coucheur  écend  le  feutre  fur  le  ^ 
ces  différentes  opérations  correfpondantes  u 
vreur  &  du  cou '.heur  ,  s'exécutent  avec  bcâii- 
ctup  de  célérité,  &  fe  réitèretit  *fufqu*à  ce  quô 
tous  les  f  Ltres  qui  compofetu  une  porfc  foicct 
employas. Or,  ce  u  mbre  vane  beaucoup  futvast 
les  dimcnfions  &  le  poids  des  papiers.  Nous  ci 
donnerons  un  tableau  par  la  fuite. 

Lorfque  le  trapan  Q ,  /^.  5  t  cft  chargé  de 
toutes  les  feuilles  de  papier  qui  doivent  compofer 
la  porfe,  6l  que  la  dernière  feuillecA  coitvencdii 
dernier  feutte ,  les  ouvriers  de  la  cuve  &  îht* 
niff.nt,  l'un  enlève  la  planche  BE,  les  aiuresti* 
rcnt  le  trapan  Q  par  les  poignées  qu'on  y  v«ii, 
Ji^,  j  ,  &  l  amènent  fous  le  banc  de jprelfe  GH, 
en  le  faifant  glilTer  ftr  les  poulains  Tn  Tn  avec 
U  porfe  dont  il  ell  chargé.  Ceft  alors  qu'on  «Kt 
dellus  îa  porfe  un  autre  trapan  f  ,  />.  \  ,  qn'iifl 
couvre  d'une  pièce  de  bois  fort  épaîfie  p,  qii'iMi 
appelle  mtft ,  6c  fur  laquelle  on  abaliTe  lîe  btoc 
de  la  preffe ,  en  fatfant  tourner  la  vis.  Go  cmb* 
mence  d'abord  à  preffcr  avec  un  moyen  levkr, 
&  puis  avec  un  plus  grand  levier  d*eiiTift« 
quinze  pieds  de  longueur ,  dont  on  faific  rcsiré* 


P  A  P 

mifè  psr  la  corde  du  cabei^an  :  on  prelTe  plus 
icnt ,  ce  qui  exprime  Teau  de  la  porfe ,  & 
aux  feuilles  de  papier  une  certaine   con- 

ncc ,  en  raifon  de  ta  comprefTion  qu*eUes 
^proavent.  C'cft  maintenant  que  nous  allons  voir 
figurer  an  troifiême  ouvrier  ,  appelé  Icvettr  ,  qui  va 
retirer  ces    feuilles  de  papier  d'entre  les  rtiîircs. 

Le  Icveur ,  fi^,  3  ,  s'occupe  d^abori  à  lirer  la 
>orfe  de  deflTous  la  preffe,  en  remitiaiii  h  miic  p 
ur  le  billot  0  ^  tandis  que  le  coucheur  ,  aidé  de 
^ouvreur,  int:t  le  trépan  ^,  qui  couvre  la  p^rfe  , 
L  Ja  place  du  trapan  Q  ./î^.  î  ,  6t  vis-i-vis  la  na- 
[colre  du  coucheur,  Lnfuirc  le  levetir,  aiié  du 
îoucheur  ,  prend  le  irapin  qui  pone  la  porfe  f\ 
k  le  place  comme  0.1  ie  voit  en  ç,  Jig,  5  ,  fur  b 
Ifiik  py  il  ne  refîe  plus  au  leveur  qu'a  placer 
mtre  les  jumelles  de  la  prtiTe  ,  la  planche  BE  qui 
lepofe  fur  des  taff.-aux*  Lorfque  toutes  ces  dif- 
lofmons  font  faites ,  il  prend  devant  lui  une 
rfféce  de  chevalet  de  peintre,  r  u ,  fig,  3  »  qu'on 
tppelle  pn^U€i ,  de  quatorze  f  ouce^  de  largeur 
ur  deux  pieds  &  demi  de  longueur  «  dont  on 
^oii  la  partie  poAérieure  dans  la  Jlg.  4.  Il  place 
a  ne  planche  fur  les  chevilles  de  te  chevalet  ;  & 
iprcs  en  avoir  hume^é  rextrêmiié  fupirleiirj  ,  Si 
«vé  le  premier  teutrc  ,  qu'il  jette  fur  la  planche 
îEde  la  prî^flc,  il  levé  la  feuille  de  papier  qu'il 
létàche  du  fécond  feutre,  d'abord  en  la  pinçant 
k  ia  foulvvant  de  la  drolie  par  un  an^le  ,  puis 
ivcc  les  deux  mains  ;  enfin  il  la  place  fur  la  p!a:jchc 
i  lever,  011  Tadhérence  qu*occàfionne  lliumidité 
^  fait  tenir  ;  il  continue  cette  m.mœuvre  pour 
f^tacher  des  feutres  ,  &  placer  ces  feuilles  de 
^pier  /,  jufqu'à  ce  qu*il  ait  entièremeût  levé  là 
f^rfe  r,  qu'il  ait  fiparé  les  feuilles  de  papier  des 
fc»itr€S,<i:  qu*il  tes  ait  rejetas  tous  fur  la  muU  ou  plan- 
te de  laprc/Te ,  où  le  coucheur  les  prend  à  mefure 
*^c  l'ouvreur  lui  donne  occ^fjou  de  les  employer  , 
^1  formant  par  ce  moyen  une  nouvelle  porfe  avec 
•^  Uicmes  feutres  qui  ont  fervi  à  former  la  prc- 
fïicrc.  Lcîi  opérerons  des  deux  premi-rs  ouvriers 
^ni  néccfiairement  liées  enftmb!e  ;  mais  Ir  leveur 
l^ui  aller  plus  vite  que  ks  deux  aurres, 

Apré>  que    les    dix  porfes    font    faites  ou    la 

[ifioiric  de  h  journée  ,  on  les  met   de  nouveau 

*fjtis  prcile  en  un   Ceul  paquet ,  Ôi  c'eft   ce   que 

Jon  appelle  pre<Ter  en  porfts  hUnckcs  ^  comme  on 

le  v©ii  en  M,  On  emploie  quelquefois  pour  cela 

Jes  mêmes  pr cites  qni  ont  fervi  vl\\%  porfes  feutres  \ 

Hais  fou  vent  on  a  d'autres  preûes ,  telles   qu*on 

e*  voit  dans  la  vi2;n£ne  de  la  planche  X ,  dont 

c  feuil   K    &  le  lommier  P  R  ,   de    huit  pieds 

é  ]:>n^ueur,  fur    douze  pouces  de  gfos ,    cr>n- 

«m   deux   ccroux  ,  ce  qui  forme    deux    prêtes 

erollées  enfemble  ;   les  deux  montans  EF  des 

SXTémltéSf  dont  on  n'a  repréfentj  qu*un  feulda'^s 

I  6gure»  font  élè^ifi  fur  huit   pouc^^s  de    gro:;  , 

%'ec  renforts  au-deiUis  &.  audefTous  du  fcuil  & 

!u  fommicr.  Lr  montant  du  milieu  RH  cfl  aflemblé 

ayt  £(  bas  a  queue  d'arande  ,  &  avec  des  ceins 


p  A  P 


503 


î  comme  en  G»  La  table  de  ces  prefles ,  qui  a  deux 

I  pieds  de  largeur ,  eft  foutenue  à  deux  pieds  d'é- 
lévation au-defTcs  du  rei-de-chiulfèc  ,  par  une 
mife  ou  bloc  de  bois  L ,  vis -à  vis  MN ,  à  la  rète 
de  laquelle  on  a  fufpendti  un  b.inc  de  preiTe» 
Un  feui  h'jmme  peur  faire  manccuvrer  ces  pref- 
fes ,  ce  qui ,  dans  bien  des  cas ,  ne  fuffit  pas 
pour  fécher  comme  il  convient  les  porfes  bUnches- 
0.1  a  recours  alors  à  la  preiïe  de  la  cuve  ,  comme 
on  Ta  déjà  dit- 

Dos  matières  grajfa. 

Outre  les  parties  de  la  fobftancc  des  chîffbflf 
connues  fous  le  nom  de  ^^aljft  en  papeterie,  & 
qui  fonent  par  le  kas  pendant  la  trituration  des 
pâtes  ^  il  en  reAe  encore  d'adhérentes  à  ces  pàtei , 
â:  qui,  comme  no««  le  verrons  par  la  fuite, 
gênent  pîus  ou  moins  les  opérations  de  la  cuve» 
Nous  avons  une  preuve  convaincante  que  cette 
graifTe  nefl  pas  tellement  unie  k  la  partie  fibreufe 
de>  pâtes  »  qu'elle  ne  s'en  détache  pour  fc  préci- 
piter au  fond  &  fur  les  parois  intérieures  de  la 
cuve  :  ces  précipités  font  d'autant  plus  abonJans 
âf  épais,  que  les  pâtes  qu'on  a  mifes  en  œuvf^e 
ont  été  plus  chargées  de  grjiffe  ,  81  que  le  travail 
de  la  cuve  a  été  interrompu  par  de  plus  longs 
repos  qui  les  ont  favori fés  ;  c'efl  ce  qui  oblige 
les  ouvriers  à  rw£tr  leur  cuve  très- ex*âcnieiu, 
pour  enlever  les  faletés  Si  fur-tout  h  graifle ,  dans 
Kl  crainte  que,  lors  du  braff^gc  de  la  cuve,  ces 
madères  ne  fe  mêlent  de  nouveau  à  Touvragc  & 
ne  le  gâtent. 

Du  ri/jcape  de  la  cuve* 

On  rince  les  cuves  à-peu -près  tous  les  quinze 
jours,  Sl  Ton  choifit  ordinairement  la  veille  d'ime 
fcîe  où  il  doit  y  avoir  ceiTarion  de  travail.  Cette 
opération  fe  fait  au.Ti  fur  la  fin  de  la  journée,  & 
elle  tient  lieu  d'un  certain  nombre  de  portes  qii'on 
rabit  fur  la  tâche  journal'^ère. 

CTn*me  les  cuves  renferment  à-peu  près,  lorf- 
cu'cHei  font  pleines,  la  msiière  de  trois  porfes, 
iur  la  En  de  la  journée  où  on  diiit  rincer  h  cuve, 
on  travaille  la  première  porfe  à  lordinaire  ,  put* 
au  lieu  de  fournir  la  cuve  de  nouveau ,  on  enlève 
l'eau  fu-abi:)ndanti  qui  noyeroit  la  pâte ,  &  OA 
tâche  de  ne  laifr;;r  que  b  me  me  quaniiré  de  vé- 
hicule qu'elle  d^ît  avoir  lorfque  la  cuve  eft  pleine 
d'ouvrage  ,  pour  lors  on  travaille  l'ouvrage  dans 
cet  état,  en  pclfant  feulement  à  une  certaine 
profondeur,  &  Ton  parvient  à  fabriquer  encore 
une  porfe  de  papier  paCtble» 

On  continue  à  enlever  toujours  leau  furabon* 
dante  qui  rcfle  après  la  feconde  porfe;  on  ouvre 
pour  lors  les  bondes  qui  font  à  diiTértns  degrés 
de  piofondcur  dans  la  cuve  ,  pour  fa-re  écouler 
leau  ;  &  afin  que  In  matiéf c  ne  forte  pas  en 
^  m-^mc-temps,  on  a  fma   de  m^^t&rc  devant  les 


504 


P  A  P 


bondes  une  forme  qu'on  garnit  de  chiffon.  Apres 
cju'on  a  ruffifamment  vidé  Teau ,  on  travaille  à 
b  troifièmc  porfe  i  mais  il  eft  bien  difficile  de  fa- 
briquer avec  toute  la  matière  qui  rcilc  dans  la 
cuve»  du  papier  de  bonne  qualité,  malgré  raitention 
d*cn lever  Teuu  furabondante  ;  lors  donc  qu'on 
voit  que  Touvr^gc  cil  fale  ,  gras  fit  de  mauvaife 
qualité,  on  couch.e  feuilles  fur  feuilles  fans  intcr- 
pofition  de  feutres ,  &  il  eÔ  mis  en  réfervc  pour 
les  bulles  eu  les  maculatures. 

Sitôt  que  la  cuve  efl  dèbarra^Tée  de  toutes  ces 
matières,  on  commence  à  la  laver  &  à  la  rincer 
d^abord  à  grande  eau  pour  entraîner  les  ordures, 
ks  faletés  du  fond ,  les  rouilles  du  piflolet ,  puis 
avçe  de  fortes  broftcs  on  déuche  les  graiffes  qui 
font  abondantes  &  adhérentes  aux  paroisintérieures 
&  au  fond  ;  on  nettoyé  auiîi  le  piilolct. 

Dans  «fietques  fabriques  de  Hollande  &  des 
Pays'bas,  on  ne  travaille  guère  que  deux  porfes^ 
puis  on  puife  avec  des  bafTines  Touvrage  qui  rcfte,8c 
on  le  mec  en  dépôt  dans  un  cuvler  jufqu'à  ce  qu'on  ait 
tout  enlevé  »  tk.  ^u  on  fott  parvenu  aux  faletés  du 
fond,  puis  on  rincî  bien  b  citve;  après  quoi  on 
remet  b  matière  qu'on  a  dipofée  dans  le  cuvier, 
&  Ton  continue  de  fournir  fa  cuve  à  Tordinaire. 

Comme  les  cuves  font  beaucoup  plus  chargées 
de  graille  en  France ,  on  n'ofe  pas  employer  les 
matières  de  b  troifième  porte  à  charger  b  cuve  ; 
on  y  emploie  de  nouvelle  m*itière  que  fournitfent 
deux  affleurées,  fi  le  pnpier  quon  fabrique  eft  de 
moyenne  forte,  ôc  Ton  paiTc  Peau  qu'on  ajoute  à 
h  pâte  ,  à  travers  un  gros  drap  qui  arrête  au  palTage 
les  impuretés  dont  eile  peut  être  chargée. 

Dis  dïffcniucs  qualiîh  d:s  pAies  rcUiîvement  au 
tra\.id  de  la  cuve* 

Nous  n^avons  décrit  jufqu'à  préfent  que  les 
Cmples  m3ncciT\res  du  travail  de  b  cuve  :  il 
convient  maintenant  de  parler  des  ditiPérentes 
qualités  des  pares  qu'on  y  emploie  ,  6l  de  b 
meilleure  manière  de  les  traiter.  AinCi ,  après  avoir 
Indiqué  les  principes  générai ux  qui  gutdeat  les 
habiles  fabricans  dans  la  fi*bric3tion  des  pâtes  , 
je  reprendrai ,  dans  autant  d*ariicles  fé^jarés  ,  les 
fonélions  de  chacun  des  ouvriers  de  la  cuve  «  & 
je  tâcherai  de  montrer  plus  particulièrement  l'ef- 
prit  de  leurs  opérations,  les  modi6cations  qu'elles 
éprouvent  fuivant  bs  qualités  dcî  pâtes  ;  de  faire 
connohre  en  un  mot  tout  ce  qui ,  dans  ces  points 
importans  j  peut  fervtr  à  développer  ik  établir  h 
ihéoHe  de  Tart. 

On  diflinguc ,  dans  les  matières  qui  fervent  à 
la  fabrication  ,  deux  états  qui  înBuent  fur  les 
o{}érations  des  ouvriers,  &  particulièrement  fur 
leurs  réfultats.  Le  premier  eft  celui  des  patcs 
ftif^etf  c'eft-à-dire,  des  pâtes  qui,  n'ayant  pas  de 
erai^e ,  quittent  Tcau  avec  b  plus  grande  facilité. 
Le  fécond  efi  celui  des  pâtes  graiTcs  qui  retiennent 
l'esy  ab^ndiTiiment  &  long-icmps.  On  fent  que 


p  A  p 

ces  états  font  plus  on  moins  décidés ,  (nlmnt  <joe 
b  graiiTc  eft  adhérente  aux  parties  fibrciil^s  de 
b  pâte  dans  une  proportion  plus  ou  moins  grinde. 
Ce  fc't  ces  différent  états  èc  leurs  nuam^çs  q/il 
importe  de  bien  connoître;  6t  il  me  fcmbleque 
toute  cette  étude  fe  réduit  à  déterminer  li  mi- 
nière dont  les  pâtes  fe  comportent  avec  l'can  qat 
leur  fert  de  véhicule  dans  le  travail  de  la  cuve; 
plufieurs  habiles  fabricans  ,  les  ouvriers  mèoie 
intelligens  ,  fe  font  appliqués  ,  depuis  qudçjc 
temps  t  à  la  recherche  des  moyens  les  plus  proptei 
à  malirifer  ces  différentes  pâtes  ;  &  l'on  peut  dire 
qu*à  dater  d^  cette  même  époque  ,  V^n  de  ti 
papeterie  s'eft  pcrfeftionné,  fur-tout  reUttYemcm 
à  ces  points  importans* 

Les  pâtes  bien  triturées,  exemptes  de  grai&, 
qui  quittent  l'eau  affez  promptemcnt,  en  on  m'7i| 
les pdtes furgcs ,  font  faciles  à  travailler,  mèmepir 
des  ouvriers  médiocres  ;  cependant  il  eft  â  re- 
marquer que  leur  fabrication  ne  Cjtoh  pas  ûm 
inconvéniens  fi  elles  quittoicnt  Teau  trop  pron^^- 
tement  &  complettement ,  car  Touvreur  u'atir^k 
pas  le  temps  de  diftribuer  b  matière  fur  la  (orne 
comme  il  convient  :  en  fécond  lieu ,  îe  coucheur 
auroit  de  la  peine  à  couche^  fa  feuille  fur  k 
feutre  ,  parce  qu'elle  n'y  adhéreroit  pas ,  fiait 
d'une  certaine  quantité  d'eau  que  doit  boire  Tétoffe 
de  laine  pour  fe  faifir  de  la  feuille  de  papier* 

Comme  ces  pâtes  furges  font  plus  commuoei 
en  France  que  les  pâtes  graffes,  c*eft  en  gènénl 
pour  cette  raifon  que  le  travail  de  la  cuve  y  cft 
fort  expédiîif,  attendu  que,  comme  nous  veooa* 
de  le  remarquer,  ces  pâtes  ont  btfoin  d'être  ouvrèo 
&  couchées  promptement.  Auiîi,  lorfque  Us  ou- 
vriers françois  rencontrent  des  matières  un  peo 
graffes  ,  comme  ils  font  accoutumés  à  bndqucr 
leurs  mancTJvres  ,  ils  font  beaucoup  de  pxfiicff 
defeélucux,  Q  on  ne  les  ramène  pas  a  La  méitodc 
longue  &  lente  des  Holbndois. 

Les  matières  graffes  fe  montretîf  fingulîéraiinr 
dans  le  travail  de  la  cuve  ;  d'abord  l'ouvf  cm  d 
oblige  de  balancer  un  certain  temps  fa  forme 
avant  que  Touvragc  ait  pu  s*y  fixer  ;  c^  il  îtm 
qu*il  faci^tc  lécoulcment  de  Icau  furabandanK  , 
qui  quille  difficilement  b  pâte.  Le  coudieur,  i» 
contraire  ,  eft  obligé  découcher  prn—  -'-^--'î, 
parce  que  b  matière  n'ayant  pris  qi  :y 

de  confîiiancc  fur  la  forme,  ftroit  luj.it^  x  k 
déranger  s'il  ne  prccipitoit  fes  mouvcmens,  ^ 
s*il  ne  couchoit  pas  à  plat ,  ce  que  nous  explifprrûffl 
par  b  fuite. 

Comme  les  Holl and nîs,  quî  ne  p<r'  ^i 

leurs  chiffons,  font  accoutumée  à  de  i 

ou  moins  graffes  ,   le  travail  d^  b  cave  ^ 
bnde  eft  beaucoup  moins  c.\péd;tif  qu'en  î ,--.,- 
on  eft  étonné  des  mouvemciis  que  t\h  Vo\i>U0f 
pour  fe  débarrailcr  de  l'eau  que  fa  --      :  tîf 
avec  opiniâtreté.  Le  couchciîr  ne  fc  ^  .ri 

plus  autint  qu'en  France,  &  foi^nc  bciL:  H 
dtfpofition  dis  feutres  de  fa  por^^ 

lu 


A -F 

prtflaees  font  aufli  fort  longs  en  Hollande, 

prct  qu'il  clt  nècefTairc  de  faire  mouvoir  la  prciîe 

Icnrement   6c   fortement  pour  féchct   les   porfes 

compotécs  d'une  matière  qui  ne  fe  défaifit  de  Peau 

I       que  par  des  progrès  infeiifiblcs.  Mais  ces  premières 

^^p^ritîons  étzm  bien  foignées ,  le  leveur ,  en  Hol- 

^plaQcie^  ne  uouve  prefque  plus  de  dificulté,  &  lève 

^ipielqucfois  la  double  porfe  pendajit  que  les  deux 

ouvriers  la  fabriquent» 

On  peut  fe  convaincre,  par  ces  aperçus,  que 
les  fâbricans  ont  reconnu  ,  par  expérience  »    k 
nèceiTifc  de  modifier  leurs  manœuvres  fuivant  la 
difcrcnte  quai. te  dss  pâtes  ;  ainfi  l'art  de  li  pa- 
peterie doit  étr»;  confidérè  »  non  comme  une  fuite 
âe manipulations  appliquées  à  une  matière  toujours 
la  même  ,  8l  aûujeities  à  une  routine  f:in%  refle- 
»oo»  mais  comme  un  compofe  de  procédés  va- 
riables, âc  dèpcndans  de  Tétat  des  matières  fur 
bfquelles  on  opère,  J*aî  déjà  indiqué  les  reffources 
de  Tart  dans  remploi  des  matières,  relativement 
m  différens   degrés  de   pourrilTage  dans   mon 
fecond  mémoire;   aujourdhui  je  dois  embrafler 
Wufcs  les  cîrconflancvi  qui  fe  rcnconireut   dans 
U  prèparaîion  &  dans  la   fitbilcation  des  pâtes, 
Je  vais  fuivre  dans  ces  vues  les  opération^  des 
trois  ouvriers  de  la  cuve;  je  ne  craindrai  pas  les 
Méritions  en  parlant  de  teur^  foi:<.^ions ,  des  que  ces 
tails  pourront  fcrvir  à  indiquer  les  principes  qui 
me  paroilTent    les   plus   propres    à    diriger    ces 


"  t>   Af3«f«A«^« 


Ouvreur, 


l'ouvreur  tient,  comme  nous  Tavons  dît,  la 
ferme  à  deux  mnins ,  &  par  les  deux  petits  côtés  , 
^\rec  le  cadre  ou  la  couverte  appliquée  cjcafte- 

Kni  deflus;  puis  rinclinant  im  peu  vers  lui,  il 
)longe  dans  la  cuve.  Quand  il  commence  fa 
^  fe,  il  hïi  fa  feuille  en  deux  temps  ;  i  ".  il  plonge 
**  abord  la  mauvaifc  rive  ou  le  grand  cûté  le  plus 
IjT-oche  de  lui  ;  a^  après  avoir  retiré  la  firme , 
^^  plonge  de  nouveau  la  bonne  rive  ou  le  grand 
^""^ïéoppofé  ;  mais  après  les  vingt  premières  feuilles 
*»  fait  les  autres  en  un  feul  temps. 

Ai  vu  des  ouvreurs  qui  abrégoient  ces  ma- 

^teuvres  en  mettant   une  bafline  d*eau  dans   la 

^ve,  à  Fcndroit   même  où    ils   ploageoient   la 

lorme,  &,  par  ce  moyen,  iis  fe  irouvoicnt  en 

train  dès  les  premières  feuilles. 

Dans  le  travail  ordinaire  ,  l'ouvreur  plonge 
feulement  la  mauvaife  rive  de  fa  forme,  &  la 
relève  horifontalcmeot  chargée  de  l'ouvrage  dont 
le  fuperflu  s*ècoulc  à  Tinilant  de  tous  c6iès ,  & 
àom  la  quantité  fuffifante  efl  retenue  par  le  contour 
de  la  couverte  &  par  fon  épaiffeur  ;  1  ouvreur  faci- 
lite en  même-temps  &  hât«  la  dlAribution  de  la 
pâte  fur  la  verjure  ,  en  balançant  de  droite  à 
gauche,  puis  de  gauche  à  droite,  ce  que  Ton  appelle 
€nvcrgcr^  Se  pouiTant  enfuite  d'avant  en  arrière  âc 
dTacrière  en  avant,  l'eau  achève  de  s'écouler ,  & 
Aru  4'  Mimn.  Tmf  T.  Péwùu  IL 


la  mstîère  de  s*unir  &  de  fe  ferrer.  Tous  ctt 
mouvemenj  s'exécutent  plus  ou  moins  vito,  fuîvani 
tïue  Tcau  quinc  facilement  la  pâte^  &i  qu*elb 
labardonnc  fur  la  toile  de  la  forme  ;  il  efi  «f^ 
«ie  v#ir ,  pendant  ces  manœuvres ,  la  matière  s'a f* 
faiffer  ialbnfiblement ,  fes  petits  filamens  fc  lier  6f 
s^égalifer,  St  prendre  fous  la  forme  d*nne  feuille 
de  papier, 

L  ouvreur  doit  avoir  Tattention  ,  en  dîftrlbuant 
la  matière  fur  la  veijure,  de  renforcer  le  bon 
coin,  c'cft-à-dîre,  le  coin  de  la  f^fuille  qui  eft  à 
droite  du  grand  coté  le  plus  éloigné  de  lui.  C'eA 
ce  coin ,  comme  nous  le  verrons  par  la  fuite  » 
que  Ton  pince  en  levant  ks  ft:uilles  ,  en  les  re- 
levant &  en  les  étendant;  fans  cette  reflburcc  du 
bon  canon ,  il  fecaiTcroit  beaucoup  de  papter  dans 
toutes  ces  o^^èration  délicates. 

L'ouvreur  doit  éviter  auflî  d'enlever  trop  oti 
trop  peu  de  matière  avec  fa  forme  ,  &  il  faut 
avouer  que  l'habitude  lui  donne  à  ce  fu jet  une 
précidon  étonnante*  11  doit  fe  régler  auiîi  for  U 
facilité  avec  laquelle  l'eau  quitte  la  matière  ,  pour 
accélérer  ou  retarder  fes  mouvemens,  ik  fur-toiii 
ceux  par  Icfquels  il  étend  l'ouvrage  fur  la  former 
C£r  il  eft  néceiTsire  que  la  dinribution  régahèrtr 
en  foit  faite  avant  que  l'eau  folt  écoulée ,  &  que 
la  matière  foit  affaiffée.  Ceci  exige  que  chriqiic 
fois  qu'il  change  depâfc,  il  en  étudie  la  qualité', 
afin  de  régîer  en  conféquencc  les  hianœu%^rcSr 

Lorfque  la  forme  eft  chargée  d^  la  matière  , 
il  faut  éviter  foigneutement  de  lui  faire  éprouver 
le  moindre  choc,  &  fur- tout  de  frapper  Tégouttoir  > 
car  elle  peut  être  dérangée  par  ces  chocs,  allez 
fenfibiement  pour  obiiger  de  recommencer  la 
feuille. 

Il  eft  bien  important  auffi  que  l'ouvreur  fouîève 
la  couverte  fans  oftenfcr  les  bordures  des  feuillo, 
car  il  ar;ive  foiivent  qu'elles  font  dentelées  le 
long  de  la  mauvaife  rive*  faute  de  cette  attention- 

Les  mouvemens  de  l'ouvreur  fc  réduifent , 
comme  nous  l'avons  vu ,  à  deux  princïpauy,  à 
celui  d'en  verger ,  &  à  celui  de  poulfer  en  avant. 
En  envcrgeant ,  la  pâte  s'introduit  fjcilement  & 
abondamment  dans  les  intervalles  de  la  verjure; 
mais  en  même  temps  la  matière  s^accumulant 
le  long  des  traces  tlu  manicordion ,  les  ombres 
fe  fortifient  fur  ces  mêmes  lignes. 

Lorfque  l'ouvreur  poufîe  en  xvant ,  toute  la 
feuille  fe  nettoie  &  s'écUircit,  parce  que ,  dans 
ce  fens ,  aucun  obftacle  ne  s^oppofe  à  la  dtAribution 
égale  &  régulière  de  la  pâte, 

Li  y  a  des  ouvreurs  qui  envergent  plus  qu'ils 
ne  pouffent  en  avant,  &  il -en  réfulte  que  les 
feuilles  produites  par  leur  travail  font  fort  char* 
gées  d'ombres ,  non-feulement  aux  deux  c6tés  des 
poatufeaux ,  mais  auili  dazis  les  intervalles  d'ua 
pontufeau  à  l'autre* 

Au  contraire,  fi  les  ouvreurs  pouffent  plus  en 
avait  qu'ils  n'envergent ,  les  kuiîles  ont  beau- 
coup moins  d^ombresj  fit  ta  coaféquenco  d'une 

Sss 


jbâ 


P  A  P 


ëîAribtinon  légiilière  de  li  pitCf  elles  prennent 
une  belle  tranfparance. 

Les  feuilles  beaucoup  envergécs  »  paroiffcni 
plus  épaiflcs  que  celles  fabriquées  par  l'autre  fyf- 
tcme  de  balancement ,  car  les  ifiues  des  inter - 
Yaîles  de  la  vergure  étant  obflfuées  affez  promp- 
tement  par  la  pâte  qui  s'y  engage  lorfqu  on  en* 
vcfgc  »  ÔL  ne  laiflant  pas  d'écoulement  à  Teau  » 
il  neftpas  étoncant  que  les  feuilles  en  retiennent 
confidérablemenr. 

Lorlque  Touvrenr  pouiTe  en  avant  ,  il  doit 
fur-tout  avoir  attention  de  le  faire  à  petits  coups» 
parce  qii'alors  ,  au  lieu  de  nettoyer  fa  feuille  , 
comtne  je  IVi  dit  ,  il  y  féme  des  nuages  ôc 
des  jours  locaux  ,  produits  infailliblement  par 
une  dlllribuilon  inégale  &  irrégulière  de  la  nia- 
lièrc. 

On  fcnt  maintenant  que  le  travail  de  la  cuve 
doit  di^ïrer  par  les  qualités  &  les  défauts  que 
Je  viens  d'Indiquer  ,  fuivant  que  les  ouvreurs 
adoptent  de  préférence  un  des  deux  fyftêines  de 
balancement;  mais  il  cik  aifè  de  voir,  en  même 
temps,  que  les  divcrfes  ccmbinaifons  des  deux 
jnétnotles ,  doivent  n>odlâer  fa  compofïtion  des 
feuilles  de  papier.  En  conféquence,  ne  convicn- 
droit-iLpas  d'afTujtttir  un  ouvriïur  à  cnverger 
d'abord  par  deux  ou  trois  baîancemcns  fetilt;- 
inent ,  enfuite  à  poufltr  en  avant  par  pludeurs 
coups  ménagés  qui ,  fe  fucccdant  régulièrement, 
.termlr croient  la  fabrication  de  la  feuille  en  b 
nettoyant  ?  Il  réfulteroit  c^e  ce  CyiUme  de  fabrica- 
tion les  plus  grands  avantages* 

L  ouvronr  puife  la  matière  par  le  grand  côté  de 
la  forme,  parce  qu'il  \bvc  aînfi  plus  aifément  la 
pâte  ncce^î'i^jfe  à  la  formation  de  la  feuille^  & 
q>i*il  la  maitrife  prom^tement  au  moyen  d'une  lé- 
gère in  clin  a  ifnn  ,  ou  vers  la  droite,  ou  vers  la 
gauche  ;  oiure  cela  ,  cette  difpofition  de  la  forme 
entre  les  mains  de  l'ouvreur  ,  iaciliie  infiniment  les 
deux  mouvcmens  d'tnvciger  ëi  de  pou0er  en 
avant. 

L'ouvrage  de  la  cuve  (é  rrsvaillc  plus  vite  à 
petite  eau  qu'à  grande  eau  ;  aufli  les  ouvreurs 
diminuent- ils  quelquefois  la  quantité  du  véhicule 
paur  expédier  leur  travail  ;  miis  comme  la  ma- 
tière ne  fc  diAribue  p^îs  pour  lors  ^uiT\  bien  fur 
la  vcrjure  ,  ^  ijue  la  fabrication  cfl  plus  impar< 
faite  ,  k  dircôcur  des  moulins  doit  être  attenitf 
fur  ce  poinr. 

Lorfquc  la  pâteeft/ii/;^e,  c'cfl-i-dire,  qu'elle  n'a 
jas  de  graine  .  &  que  l'eau  ta  quitte  très  v île  , 
rouvrcur  ri'a  pas  fouvert  îe  temps  fiiffifant  pour 
ttire  fa  feuille  ;  b  mitiére  un  peu  graffe  lui  don- 
.  Beroif  le  loiTi  '       ''r»uvemens  nèceflai- 

rci  pour  fa  ^rc.    11  feroit  donc 

îm^iortant  de  nouver  ii^n^  «ti^cas  un  moyen  de 
donner  k  h  pâte  un  peu  d^  graifTe  ,  foit  en  la 
Ifiiuranf  plus  long^tcmps  ,  foit  en  la  pourriffant 
njoins,  foîi  aijmc  en  vcifatst  un  peu  d'huile  dans 
k  cuve» 


A  P 

Nous  avons  dit  que  l'ouvreirr  envergeant  trçp 
long-temps ,  accumuîoit  uae  grande  quantité ùc  mi- 
tière  le  long  du  manicordion  ,  ce  qui  produtibit  <l«i 
ombres  fenfibles  fur  deux  lignes  qui  corrcipon- 
dentaux pontu féaux.  &  qu'il  èviterott  une grsjide 
partie  de  cette  défeâuofitè  dans  la  difiribuiion  de 
la  pâte  ,  s*îl  envergeoit  doucement  comme  on  le 
fait  en  Hollande  ;  mais  on  a  trouve  un  nouvciB 
moyen  d'éviter  totalement  ce  défaut  de  fabrica- 
tion  ,  en  faifant  ufage  de  certaines  formes ,  où  le 
parfile  du  manicordion  ne  s'oppofe  pas  aux  mus- 
vemens  uniformes  de  la  pâte.  Je  me  propoicdc^  " 
connoitre  incedamment  les  détails  oc  les  priai 
de  conflrudion  de  ces  formes  :  elles  nous  doi 
ront  par  la  fuite  une  grande  facilite  de  fabi 
des  feuilles  de  la  plus  belle  cranfparence, 

Couchtur* 


vu    H. 

riqiiM 


Le  coucheur  prend  la  forme  fitr  îe  trapan  de 
la  cuve,  &  la  foulève  doucement  de  '^  ''^tn  P^' 
che  en  rinclinant  fur  le  bon  caron  ;  cnfelte  Û 
Vappuie  contre  l'égoutroir  ,  la  mauvaife  riveponc 
fur  le  trapan  ,  Ql  la  bonne  rive  appuie  contre  te 
chevilles  de  l'égouttoir,  La  forme  refle  en  cet  état 
Tefpace  de  deux  ou  trois  fécondes  de  icoip» 
pour  s'égoutter ,  pendant  que  le  coucheur  pitij^ 
un  feutre  fur  la  mule ,  le  renverfe  &  Tètcnti  &^ 
le  triipan  ;  après  quoi  il  fe  faifit  de  la  (aime  & 
couche  la  feuille  fur  le  feutre. 

On  diftlnguc  deux  manières  de  coucher,  à  h 
fuitTc  &  à  la  françoife  :  coucher  à  la  fuiSe  «  cA 
renvcrfcr  la  forme  Si  la  pofer  prefque-à*la  foti» 
en  l'appuyant ,  fur  toute  la  furface  du  linifrt*  Ceec 
méthode  eft  nèceffaire  dans  le  cas  où  Ton  opcit 
fur  une  matière  qui  retient  l'eau  abondamiDClKt 
6l  qui  demande  une  certaine  célérité  ifiii  qudk 
ne  s'cbouk  pas  fur  les  bords» 

Couchera  la  françoife ,  c'eft  appuyer  la  bofiot  nn 
de  la  forme  fur  le  bord  du  fcmrc ,  puis  fur  les 
parties  de  h  feuille  pour  détacher  fucccffiven 
feuilbe  de  la  forme ,  êc  en  charger  auflifucceflivi 
le  feutre.  La  feuille,da05  ces  deux  cas,  acquiert  OK 
certaine  confiftance  k  mefure  que  le  fcittrc  *  J«* 
tache  i  elle  en  buvant  l'eau  fttraLoadaaie  éam 
elle  eft  pénétrée. 

Le  coucheur  relève  fa  forme  par  U  h^^m 
rive ,  Ô£  iUa  rend  à  rou^*TCUf  ;  il  irouirc  9kn  | 
fur  le  trapan  de  la  cuve  une  auirc  feuiUc 
Touvrcur  a  faite  pendant  qu'ti  couchoit.  Il  ' 
enfuite  fur  cette  forme  ,  chatftèe  d*ttO«  fî 
comme  fur  U  première.  Ainfi  Ton  vo«t  yV* 
moyen    de    dei:^    formes  en 

ment,  1  ouvreur  &  le  couc 
ment  occupés*  Pendant  nt. 
dans  la  cuve  pour  être  cni 
fe  renverfe  fur  le  feutre  ,  pour  en 
gée.    QuanJ    Touvreiîr  paffc  ui^    foime 
gée  de  pâte  au  coucheur,  H  tù  rr^k  mk  m^ 


cnwmm 


P  A  P 

▼îrt,  for  laquelle  il  pofe  la  couTCtte  pour  Ii 
pltnger  de  nouveau. 

Ces  opérations  que  nous  venons  d*inJîqucr  , 
font  en  général  très -promptes  ;  nous  avons  fait 
voir  les  cas  où  il  faut  hâter  le  fr*vait  ,  Si  ceux 
où  il  convient  d'aller  plus  icmeiient  ;  ce  font, 
comme  nous  Tavons  dit,  tes  qualités  des  pâtes 
qui  commandent  aux  ouvriers  ;  ainfi  Von  ne 
pourroic  rien  régler ,  riea  préfcrire  fur  cet  article 
que  ce  que  nous  avons  dît. 

Le  coucheur  prend  fur  la  muïe  les  feutres 
qu*il  étend  d'abord  fur  le  trap.m  ,  cnfuitc  fur 
les  feuilles  qu*îl  a  couchées  ;  ces  feutrer;  lui  font 

I  fournis  à  mcfure  par  le  levcur,  qui  les  deiache 
des  feuilles  de  papier.  Le  couclieur  cfl  obbgé 
dfi  l^s  renverfer,  pour  les  mettre  dans  la  poii- 
tjon  qui  leur  convient ,  &  pour  que  U  face  qui 
doit  c:tre  fur  ta  feuille  couchée» y  foit  a-^pliquée 
(ans  erreur. 
Le  coucheur  a  befoio  de  beaucoup  d'adreffc 
ic  d'attention  fuivie  :  pour  éviter  les  gouttes  d'eau 
oui  peuvent  tomber  de  fes  mains  ou  de  ia  farme, 
fût  la  feuille  qu'il  vient  découcher ,  car  ces  goût- 
ées laîflcroient  fur  cette  feu t lie  une  imprcnîon 
qui  en  altéreroit  le  tiffu  *  pour  éviter  duis  les 
commcncemens  de  la  porfe  de  UilTer  de  Tair 
ifirerpofé  entre  te  feutre  6l  la  ieutlle  quM  cou- 
che t  ^c  ^ui  produiroît  des  bouteilles  ;  pour  cvi- 
ler  aulTi  de  biffer  gUffer  la  form  fur  le  feutre, 
etifin  d*endomm:iger  les  bo:dures  de  la  feuille , 
foit  lcrfqu*elle  e(l  fur  la  forme ,  foit  lorfqu  ïl  la 
couche  ,  ou  de  caufer  le  moindre  ducange* 
ment  dam  une  maficre  qui  a  bitn  peu  de  confif- 
taxice  lorfqu'îl  étend  dc^^%  le  feutre  dediné  à  la 
couviir 

Les  deux  méthodes  de  coucher ,  que  nous  avons 
dîfltnguécs  ci-devant ,  tiennent  à  des  circonrtances 
fur  Icfquelles  je  croîs  devoir  infifler  pour  faire 
cofinoiire  ce»  reiTources  de   Tart. 

Lorfque  U  pâte  prend  d'abord  fur  la  forme 
quelque  confîAance  ,  p;rce  que  Veau  U  quitte 
proimptemem  &  abondamment^  on  couche  fui- 
vant  la  féconde  méthode;  &  comme  la  plupart 

I*  de  nos  pites  pourries  fe  comportent  ainfi  ,  àc  fe 
précipitent  fou  vite  fur  la  verjure  ,  on  tte  con- 
naît guère  que  cette  méthode  en  France  ,où  t  on  eR 
clans  l'habitude  de  pourrir  beaucoup  ;  au  contraire, 
les  pâtes  non  pourries  retenant  Vczn  avec  une 
certaine  opiniâtreté ,  &  reUant  mobiles  à  un  cer- 
fito  point  fur  la  forme  ,  le  coucheur  doit  renver- 
fcr  U  forme  le  plus  promptcmem  qtnl  efl  poiG- 
Me  t  pour  éviter  que   les    pâtes  ne   fe  dérangent 

»s*il  tenott  pendant  un  certain  temps  la  forme  in- 
cUoèc  en  diBèrcos  fens ,  comme  cela  a  lieu  dans 
b  iccoode  méthode. 
'  CTcft  ainfi  que  les  manipulations  des  ouvriers 
dt  ta  cuve  ont  dû  varier  fuiiraDt  la  natare  des 
pites,  8c  fnr-tout  fuivant  li  manière  dont  elles 
le  comportent  avec  leur  véhicule.  C'eft  pour  cette 
ràkCàù    qu*en  Hollande  &  en    Flandre  oa  coudie 


p  A  P 


507 


à  plat ,  Se  que  ceux  des  fabricans  François  qui 
fuivront  ex^ftemeat  eu  tous  points  les  procédés 
Holhndoii» ,  doivent  faire  uu|^e  de  cette  nié* 
tiiodc. 

D*un  autre  cdtè,  tl  feue  obferver  qu*il  faut 
couchçr  ailei  promptement,  lorfque  Teau  quitte 
h  pâte  très-fàCilemeat;  car  comme  la  feuille  doit 
retenir  une  certaiiîe  quantité  d*eau  pour  adW- 
rcr  au  feutre  ^  elle  pourrait  ^tre  trop  fiche  fi  on 
retardoit  de  la  coucher. 

Pendint  tous  fes  mouvcmcns ,  le  coucheur  a 
foin  ,  comme  Touvreur  ,que  la  forme  chargée  de 
pâte  mobile,  n^èprouve  pas  le  moindre  choc  m  tl 
mjîndre  fecoufîe;  caria  pâte ,  difpoféc  régulière- 
lî  eut  par  Totivrcur  ,fe:Git  dérargée  pins  ou  moins  à 
h  fuite  de  ces  chocs ,  de  manière  qu'on  fcro/t  forcé 
de  recommincer  !a  R:uille.  Toute  difporition  faite 
par  l'eau  »  de  molécules  très  fines  &  très^divifées  , 
produit  une  efpéce  J'orgaiiifation ,  quoiqu;  ces 
molécules  foicut  brutes,  pourvu  quelles  foicnt 
bien  homogènes;  elles  ont  une  facilité  de  fe  lier  « 
de  s\mir  &  de  s'arranger  de  manière  à  former 
une  étoSe  tranfpurentc  :  eHet  combiné  de  Teau 
&  des  parties  adhérentes  à  Tcau.  Or ,  c'cft  cette 
difpofit'on  régulière  que  le  molndie  choc  dét 
range. 

Pour  empêcher  que  les  premières  feuilles  d'une 
porf;:  couchées  fur  les  premiers  feutres  ,  ne  fment 
pas  evpofécs  à  contraâer  plufieurs  dèfeâuontés  1 
il  fwroit  bon  de  garnir  le  trauan  de  quelques  feu- 
tres doubles  »  au  moyen  deiquels  on  préviendrott 
la  perte  des  deux  on  trois  premières  feuilles  ;  & 
pour  que  de  fumblablcs  feutres  fuffent  prêts  à  fer- 
vir  pour  la  porfe  fuivante  ,  il  feroit  néccffaire  d'en 
avoir  de  doubles  qu'on  placeroit  deffous  le  dec* 
nier  trapan.  Par  ce  moyen  le  coucheur  les  trouve* 
roit  les  premiers  fur  la  mule  dès  qu'il  recommen- 
cer oit  faporfe. 

Le  coucheur  doit  non  feulement  foigner  let 
bordures  des  feuilles  Si  les  couper  nettes»  mata 
encore  les  placer  eKaâ<.ment  les  unes  furies  autres, 
de  miinièfe  qu'elles  n*ex cèdent  pas  tantôt  d'un 
coté  ,  rantât  de  Tautre  ;  car  »  pour  peu  que  lei 
bordures  excêdaffeni ,  elles  ne  feroieni  pas  preffèes, 
&  par  conféquent  féchées  par  nne  comprcflîoii 
égale  par-tout,  elles  feroieot  ftijeties  à  fe  cafler 
lorfque  le  leveur  les  détachcroit  des  feutres. 

li  faut  que  le  coucheur  ait  la  même  attention 
pour  les  feutres  qu*il  doit  placer  les  uns  fur  les 
autres  »  enforte  que  Taftion  de  la  preffe  poire  fur 
une  mafîe  également  épaiffe,  &  përticulièrcmant 
le  loug  des  bords  pour  que  Teau  f^rte  cgalemcnr 
de  tous  les  points  du  contour  de  U  porfe  petidanfi 
la  comprcfTton;  c*e(l  auiB  pour  obtenir  les  mêmes 
avantages  qu*un  bon  coucheur  a  foin  que  les 
bordures  des  feutres  foient  maintenues  i  une 
épaiffeur  égale  par- tout ,  ce  qu'il  obtient  foit  tn 
repliant  les  feutres  fur  les  bords  »  foit  en  y  ajoutant 
des  bandes  d*éioffe  qu'il  ticat  en  rcferve  à  cette 
d^iiiiuûoii^ 

3ss  t| 


P  A  P 

Par  h  manière  dont  le  coucheur  faifit  la  forme 
&  la  pofc  fur  le  feutre,  tes  parties  de  ta  femtle 
auî  recouvrent  les  verjures  &  qui  font  cngîigées 
flans  leurs  intervalles,  fc  détachent  de  toute  leur 
longueur  à-la-fois,  ce  qui  aiTure  le  fuccès  de  cette 
opération  hardie  îk  délicate;  car.fi  le  coucheur 
prtfentoit  la  feuille  par  le  petit  côte  ,  &  tentoit 
4c  la  détacher  en  découvrant  à'la*fois  une  petite 
portion  de  tomes  les  verjures  ,  &  vidant  auffi  tous 
les  intervalles,  il  eft  de  fait  qu'il  ne  pourroii  vaincre 
tant  d*obAacIes  fans  cafTer  la  feuille.  D'après  ces 
principes  ,  le  coucheur  applique  toujours  fes 
formes  fur  le  côté  parallèle  aux  brins  de  la  ver- 
furc  y  &  fuit  dans  le  mouvement  qu'il  fait  pour 
coucher  toute  fa  feuille,  une  marche  perpendiculaire 
à  ces  brins  &  à  leurs  intervalles* 

Outre  ce  premier  avantage ,  tiré  de  b  facilité 
qu'a  le  coucheur  de  décather  la  feuille  de  la 
forme  en  l'appliquant  par  le  grand  cuté^  il  eft 
vifi'r  b  qu'il  en  trouve  encore  un  autre  bien  im- 
portant ,  qui  eft  de  ne  faire  prcourir  à  la  forme 
fur  le  feutre  que  la  longueur  des  petits  câtés,  & 
en  général  la  plus  ]»eiite  dimenfion  des  formes , 
ce  qui  accélère  fon  travail  confidérablement* 

C'eft  fur  ces  principes  qu'on  s'eft  réglé  aufli 
dans  rarrangement  des  brins  de  la  toiîe  dis  formes 
doubles  &  dans  leur  travail*  On  a  été  forcé  à 
les  doubler  fur  ta  grande  dimenûon  ,  a^n  de  ne 
rencontreraucun  des inconvénicns  que  nous  venons 
de  faire  en  vifager  ci  deiïus. 

Nous  avons  déjà  dit  que  lorfque  la  porfe  eft 
faire  ,  c  eft  -  à  -  dire  ,  que  le  coucheur  a  interpofe 
entre  un  cenain  nombre  de  feutres  un  égal  nombre 
de  feuilles  de  papier ,  il  eft  qucftion  de  fa  mettre 
fous  la  pre^Te  ^  &  qu^alors  tous  les  ouvriers  de  b 
cuve  fe  rèuniâent;  j'ajoure  ici  qu'on  ne  peut  trop 
recommander  la  plus  grande  attention  jjour  que 
k  pr4.(rage  des  feuilles  foit  aufti  complet  qu'il  tfl 
néce^'Hire,  qu'elles  fe  fcchent  convenablement  , 
&  acquièrent  une  certaine  confiftance  égale  par- 
tout. 

,  Si'i&î  que  k  porfe  eft  bien  preflee  >  on  paffe 
fout  autour  un  racloirde  bois,  pour  exprimer  du 
fcord  des  feutres  Ime  parâe  de  Tcau  dont  il  eft 
pénélrè,  puis  en  bchant  la  vis  &  la  fsifant  re- 
monter d'elle-même  ,  la  porfe  »  par  le  relTort  des 
leutres,  remonte  auflî,  &  ce  qui  refte  de  Teau 
qui,  lors  de  Ta^iion  de  la  preffe^  s'ètoit  portée 
abondamment  dans  toutes  les  bordures  des  feuilles, 
rentre  auftV-tôt  dans  le  corps  de  ces  feuilles;  au 
moyen  d  cette  diftriburion  rapide  de  Teau ,  les 
bordures  des  feuilles  ne  font  pas  plus  molles  que 
tt  ccntie,  &  pas  plus  adhérentes  aux  feutres  j  ce 
qui  r^cilifc'les  opérations 4ia  leveur. 

Leveur, 

Les  fonâtons  du  leveur  font,  comme  nous  Tavons 
dri  5  t**.  de  de  tacher  les  feuilles  de  papier  des  f-cutres 
anatqtids  le  coucheur  6c  Taéiion  vive  de  b  prelfe  les 


p  A  p 

ont  appliquées;  en  feconi  lieu  d*cn  former 
quets  ,  en  les  plaçant  immédiatement  les  Lnes 
les  ;ïUtres* 

Dans  certaines  fabriques ,  le  vtreur  ou  apprenti 
commence   p^r  kvcr  les   feutres  »    afin   que  le 
le V car   puifte   plus  aifémcnt    détacher    les  feuil- 
les* Ils  opèrent  ainfi  Tu»»,  fur  lesCeutres  qull  en- 
lève &  qu'il   jette  à  fa  gauche  fur  la  mule ,  &. 
Fautre  fur  les  teuilles   dont  il  forme  des  paqiict^ 
qu'on  nomme  porfes  bUnçhcs,  Fort  fou  vent  le  le — . 
veur  eJl  privé  du  fccours  deT^pprenri  ;  cepcn— . 
danî  les  manœuvres  du  leveur  ont  befoia  de  c^ 
fecours  ,  parce  qu'elles  ciit^ent  beaucoup  J'adrcffe 
&  une  atiemion  continuelle  pour  éviter  les  déchets 
que  peuvent  occaûonner  les  moindres  fautes  d^ 
cet  ouvrier. 

Le  leveur  pince  te  coin  de  b  feuille  qui  eft  de 
fon  côté  ,  &  que  nous  avons  déjà  nommé  hom 
caron  ,   &  le  pince  avec  le  pouce  &  riodcx  (fe 
b  main  droite  ;  dés  que  ce  coin  eft  détache  en- 
tièrement du  f(.utre,  il  faifit  ce  coin  de  la  mi.ii 
gauche,  foiilève  du  même  mouvement  b  feutlie 
en  gliftant  en  même-temps  b  main  droite  juCqu'à 
l'autre  coin  ;  lorfque  b  feuille  eft  détachée  au  ricrî, 
il  Tcnlève  hardiment  des  dtux  mains,  &  Ictcnd 
fur  b  planche  ;  il  place  fa  feuille  en  deux  temps 
pour  qu'elle  s'applique   exaâemcnt  fur  f  autre , 
fansqu*il  y  ait  de  Tair  imerpofé,  qui  occafionncroit 
des  mufettcs  &  des  fronces. 

Puur  que  les  premières  feuilles  qu'il  pbce  ia* 
médiatement  fur  b  planchette  de  b  felle  ne 
gliftent  pas,  te  leveur  y  jette  un  peu  d'eau  quif 
en  les  humeÔant,  fait  qu'elles  adhérent  db  qu'il 
les  préfente. 

Le  plus  fouvcnt>  lorfque  le  leveur  a  pbcc  atflfi 
b  moitié  de  fa  porfe  ,  il  b  couvre  avec  deci 
feutres,  &  appuie  de  toute  fa  force  fes  maJM 
pour  uachtr  ,  c'eft  adiré ,  appbtir  b  porfe  daiil 
toute  rétendue  des  feuilles;  cette  dcmi-po;fe  ea 
devient  plus  ferme  &  plus  difpofée  &  recevoir 
Tadion  de  b  prefte  pour  b  féconde  fois. 

Le  leveur  foulève  de  temps-en-temps  les     ^ 
de  b  porfc-feutre ,  principalement  celles  de  Te** 
trémiié  qui  tft  de  fon  coté,  afin  de  pincer  |* 
aifément  le  bon  caron  ,   ik  de  détacher  ainlii 
bordures  fans  les  endommager. 

Le  leveur  doit  placer  très-eia^cmem  les  feu 
de  fa  porfe  blanche  les  unes  fur  les  filtres/ 
manière  que  les  coins  &  les  rives  ou  hordiirei  fe 
correrpondent  exadL ment, tant  du  côté  des  inarw 
que  du  c6té  des  pieds;  car  fi  ccf  bc^*tUïre^  n'c* 
toicnt  pas  égalemtrir  bien  a;  frir 

les  autres»  lorfqu'on  mer  Its  i  J$ 

la  pjciie  pour  la  féconde  foi%, elles  oe  tc^lvcroicnt 
pas,  ce  qui  occjlîonneroit  beaucoup,  de  Ciffï?* 
foit  à  l'étendoir ,  foit  après  le  coU^e* 

Le  leveur  doit  i^édder  fi  le  pn 
été  prefté  fuffiJamnKnt  en  porf- 
eft  dans  le  cas  d'en  juger  par  k  cui.Ui^uc< 


P  A  P 

(mWti  »  &  par  la  fiicUIté  plus  ou  moins  grande 
qull  trouve  à  les  détacher  des  feutrer, 

C'eft  lui  aui£  qui  avertit  lorfqu  il  hm  ktlWer  les 
feutres  t  attendu  qu'il  s^aperçolt  inFaitiiblemcnt 
fltt'iU  ont  çootraclé  de  la  graille,  far  le  .cri  que 
font  les  feuilles  loifc|uHl  les  détache  des  teucres. 

Dans  les  fabriques  ou  l'on  ne  fait  point  ufîiee 

lie  preileties»  on  attend  qu'il  y  ait  dU  porfes  de 

fiifcs  ou  U  moitié  de  h  journée,  pour  les  fou- 

mettre  ainfi  en  porfes  blanches  a  la  mcmc  preffc 

a  laquelle  ces  mcmcs  feuilles  ont  été   foumifes 

en    porfes  'feutres  ^   &L    c'eA   cette   pp<iranon   qui 

achève  de  donner  une  certaine  confiildncc  à  Ictoffe 

èi  papier»  6i  ^  dans  ce  cas ,  ce  fort  tous  les  ou- 

niers  de  la  cuve  qui  concourent  au  travail  .de  la 

irêÏÏe. 

Le  leveur  efl  chargé  d'apporter  ta  pâte  ;qu*il 
tilt  de  h  pile  aiHeuranTe ,  de  la  verfcr  dans  la 
Cave  à  chaque  porfe  ,  &  de  rincer  le  tour  de  la 
Oive  toutes  les  fois  qu'on  quitte  Touvrage, 

On  diAingue  deux  manièics  de  lever  ;  la  pre- 
«jiëre,  qui  efl  ufi:éc  dans  prefque  toutes  nos  fa- 
briques françoifes  »  eA  au  piauet  ou  à  felle  inclinée* 
Cette   felle  reflcmhîe  au  chevalet  d'un  peintre  , 
iîar  les  chevilles  duquel  on  met  un  trapan  aiTez 
léger ^  qui  reçoit  1e^  feuilies  qu^on  y  arrange  cp 
éealifant   leurs  bordures,  à  quoi  ta  fituation  la- 
iclinéc  eft  favorable  ,    fur-toui  lorfquc  le  travail 
cJa  levage  s*exéaue  par  un  feiïHiomme:  on  a  vu 
'ïc  détail  de  cette  opération  ci-devant. 

La  féconde   méthode  eft  à  felle  pUte;cVft   la 

[vrièthode  holUndoif:: ,   qui  patoît  beaucoup '^îus 

avamagcufe  que  la  première,  Lorfiju'cWe  ciï  cxé- 

i^utée  pïT  un  Içvcur  habile,  elle  ne  dèforînc  pa* 

iles  feuilles  comme  ta  première,  car,  i^  le  levetir 

î-»e  laiîîe  pas  fur  rextrémité  drs  feuilles  rimprcf- 

£ûii  de  fes  pouces  ;  en  fccond  lieu,  il  ne  donne 

pas  aux  deux  coins  une  extenfion  forcée,  comme 

il  le  fait  iorfqn'il  ;ipplique  au  piquet  les  ieutil(;s 

,  k$  unes  fur  1?$  antres»         '    '  '  ^ 

u-Suivant  ta  fcconde  méthode ,  k  léveth'  prend 

Hlfieuilîe   fi.r  les  deux  doigts -tndesc ,  en  la  dé- 

^bchant  du  feutre,  6c  it  la  phce  fur  iftn  pïateâU' 

qui  eft  dans  une  fituation  norifonia'C  :  il  ajuftï 

ieukroent  le  bord  qui  efl  de  fon   cuté  &  ce!  ni 

qui  eft  à  fa  droite,  zvcc  les  bords  éts  feuilles  qui 

iùQi  déjà  placées. 

]       Aûn  que  h  feuille  puifle  obéir  aifément  aux 

1  is0uveinens  que  le  Icveur  lyi  donne  pour  l'égalifer 

^  au%  autres  ,  un  aick,  qui  cd  en  f*ce  de  lui,  de 

Tautre  cûcé  du  plàrtau,  cù  chargé  de  placer  à 

rextrémité  ûppof:e  des  i^cuilics,  uae  petite  pl^n- 

cl|cttey  c*eft  fur  cette  planchette  quj  le  Itveiir 

jette  Texrr Imité   de  la  feuille  qu'il  vient  de  dé* 

taclier  du  fi-^tître  ;  Si  comme  elle  n'éprouve  aucfîji 

fr  "  bnchcttc^elle  eft  bientôt  ajuftée 

!    c  .  Sitôt  que  le  leveùr  a  quiiié 

Il  fcuiil^  pour  en  prendre  une  autre ,  l'aide  ou 

apprefiti  tire  la  planchette  de  dciTous  îa  feuille  & 

la  pofc  dciTus  j  en  la  laiffïint  déborder  d'envirou 


A  P 


509 


une  ligne  &  demie;  le  leveur  ajufle  une  autre 
feuille  ,  l  îiide  tire  la  planchette  de  deflous  iùn 
extrémité,  la  remet  delfus;  &  alternativement  le 
leveur  &  Taide  continuent  ces  deux  opérations 
concfpondijiies  avec  une  célérité  ejctréme. 

Le  Icveur  prend  de  temps-en-temps  la  planchette, 
éc  comprime  légèrement  le<  feuilles  qu*il  a  placées  , 
en  commençant  par  le  miîieti ,  &  finiffant  d^écachcr 
par  les  dcLX  cxtrémiks  ,  pour  que  Tair  ptiiffe 
s^échapper  eooonféqucnce  de  cette  cémpreirion 
fucccfùve, 

Lorfque  ta  porfe  efl  levée ,  en  met  un  feutre 
deflus,  6l  avec  une  pUnehctte  plus  large,  plus 
longue  Se  plus  épai^e  que  la  première,  le  leveur 
com prune  la  porfe  le  plus  qu^il  peiM  ;  iTtù  alors 
que  dans  les  fabhques  de  Hollande  il  mcfure  Té- 
pailfeur  de  la  totalité  de  la  porfe ,  Si  qu'il  juge 
à  «peu-près  par  cette  épaifïeur  û  le  papier  cil 
du  poids  aiufi  que  de  U  force  qui  conviennent. 
Pour  pouvoir  juggr  ainfi  du  poids  quanta  le 
papier  pîr  l'épaifieur  des  porfes -blanches ,  ilfaut 
que  Topèration  de  la  preffe  ait  été  faite  réguliè- 
remeot  6:  avec  le  même  degré  de  compreffion* 

/'oMbliois  de  dire  que  Taide  eft  occupé  en  même 
temps  à  lever  les  feutres ,  fie  à  les  jeter  fur  la 
mule  où  les  prend  le  coucheur. 

/*aj  reir:arquè  que  le  plateau  fur  lequel  le  leveur 
place  les  fgutiks  qu'il  détache  des  feutras,  étoit 
dans  une  fituation  horjfontale  ;  cependant  on  peut 
Jiû  donner  6c  on  lui  donne  affoz  fouvem  une 
certaine  inclinaifon,  6c  parriculréremenr  lorfqu'on 
lève  les  grandes  fortes,  en  mettant  deffous  le 
trapan  un  morceau  de  bois  d  une  él^aiffcur  plus 
ou  moins  cor-fid érable.  ♦ 

J'ai  dit  ci^dciTt»  que  le  leveur  fe  conrenfolt  !ie 
raccorder  feulement  deux  bords  des  feuilles  qu'il 
place  fur  le  plateau,  c'ett  à-dire,  celiii  qui  eft  de 
fon  côiè»  6l  celui  qui  eft  à  fa  droite^  i!  ne  s'in- 
quiète p3S  des  deux  autres  cxVés,  peif- rié  que 
h  les  teuilies  ont  été  bien  fabriquée»-  5f  bîcjt{ 
couchées-,  les  deux  autres  côré<  p  ^vx 

deux  premiers  qui  le  guiùcutj  conv  i  iuilî 

de  même* . 

On  met  pluficurs  porfes  les  unes  firr  les  autres 
jiifqu'à  ce  quon  ait  formé  des  paquets  de-  cinq 
cents  feuilles  ,  ccii-à-dire»  d'une  timc  pcm  les 
lortes  qui  pèfcm  juiqu'à  vmgt  6£  vingt-deux  livres. 
Les  paquets  des  papiers  d'un  poids  audeffr^  ]ud 
qu'à  cinquante  livres  ,  n*onr  que  deux  t  :rs  de 
rames,  6l  ceux  au-dcîà  ne  renferment  que  J*  tiers 
ou  mcmc  le  quart  des  r^mel  Û€  ces  gra.ides 
foitçs. 

Ces  paquetf  font  portés  enfuîtc  dans  râtelier 
où  Ion  s'occupe  de  l'échange,  &  fur-  tout  du 
r.kvdge-  J'ai  décrit  (fort  en  détail  les  attentions 
du  leveur  en  Holhnde  àc  fes^  diverfes  manîpu- 
I  Ijtions  ,^parcttique  lqi:<mvnefs  qui  font  ch.if|;^é$ 
de  relever  le  papier,  tes  fuivent  très-««aÔomerit, 
ce  qui  rne  difpcnfera  de  les  décrire  de  nouviau 
lorique  je  traiterai  dçs  opérations  de  lech-nge. 


510 


f  il  P 


Si»  r Jure  s  de  4  "^v''/.! 


J'ji  dit  quM  cioh  bietv  cî.entici  que  le  Icveur 
pUçit  exa<ii«menc  ks  bordures  de»  feinlîes  (et 
unes  fur  les  autres ,  &  dans  toute  Tépaifleur  des 
jiorros  bboclic,  i'^i  oUferv»^  <|ue,  fans  cctrc  at- 
icmion  ,  Ici  parties  de  bordures  qui  excède  roi  e  nt , 
n'éprouvent  pas  fous  U  pre.Tc  une  comprcfliûii 
égale  â  ccKe  qiï  éprouvem  Jcs  autres,  ne  feroient 
pas  féches  ,  ne  prendroicnr  pas  une  certaine  con- 
lîftance,  ce  qui  occaiionnerolt  des  inconvéniens 
dans  les  itiani publions  fubréquentes  du  relevage 
II,       av2nt  &  après  b  colle. 

Mais  s*il  y  a  des  horrlures  baveufes  ou  tuai 
d^cidàes,  Inégales  ^  iir^guiîères,  VI  ne  dcpend  pas 
du  leveur  dy  remcdicr.  Il  eft  donc  également 
eATcniiel  que  le  coucheur  n'ècorche  pas  certaines 
bordures,  &  ne  les  écrafe  pas  en  les  alongeanr. 
Ces  mauvaifcf  bordures  peuvent  être  encore  re- 
jetêes  fur  louvreur  qui  lève  négligemment  le  cadre 
^L  éboule  les  bordures  de  U  rive  qui  cA  de  fon 
côté  ;  ea^n  ,  quelquefois  ces  défeâuofités  font  la 
ixmi  de  U  ind^vaife  tournure  du  cadre  &  des 

C'cft  atnfi  que  toutes  les  opérations  font  liées 
dans  la  papeterie ,  &  dépendantes  les  unes  àt% 
a4itres.  Xin  bon  fabricant  eft  celui  qui  ,  con- 
Qoiflant  cette  dépendance  ^  &  qui  faclunt  que 
les  dcfeûuofités  panTent  d*un  ouvrier  à  un  autres 
d'un  atelier  à  un  autre,  veille  par-tout  pour  pré- 
venir les  fuîtes  de  ces  négligences  ou  et  ces 
mal-adreiTes  qui  mulùplieni  les  déchets  âc  les 
pertes. 

On  voit  par-là  que  tous  les  ouvriers  de  la  cuve 
contribuent  k  rendre  une  feuille  de  papier  parfaite 
ou  dércélucufe ,  fuivant  qu*lls  font  attentifs  à  leurs 
fonâlojis  ;  que  cette  attention  plus  ou  moins 
foutenue  iniîue  fur  le  fuccés  des  manipulations 

f>oftérieurcs  ,  tels  tbnt  fur- tout  ie  relevage  & 
'étendigs  après  la  colle  :  on  voit  d'un  coup-d^ceil 
combien  les  bordures. des  feuilles  de  papier  bien 
foîgnées ,  bien  égalifées  ,  fervent  à  épargner  les 
cailes  &  même  les  autres  dèfcÔuortiés  qui  dé- 
pendent des  manipulations  polUrieures. 

Quelle  que  foie  la  préciuon  avec  laquelle  les 
bordures  des  feuilles  de  papier  aient  été  coupées 
par  les  ouvriers  de  la  cuve,  on  peut  remarquer 
que  les  At\i%  bordures  des  deux  grands  c5tés  des 
teuilles  ,  diflFèrem  aiTez  fenfiblemcnt  :  que  celle 
qui  occupe  le  haut  des  mains  efï  bien  plus  nette 
&  plus  unie  que  celle  qui  eft  au  bas  «  laquelle 
ed  le  plus  fou  vent  dentelée  &  même  uo  peu 
baveufe.  Cette  différence  vient  de  ce  que  l'ouvrier 

Î|ui  couche  les  feuilles  après  avoir  appliqué  la 
orme  fur  le  premier  bord  du  feutre ,  la  lève  un 
peu  en  traînant  lorfqu'il  eft  parvenu  lu  bord  op- 


r  A  pi 

I  pofè.  D'ailleurs  ,   eft  promenant  Fi  fcfrnf  tfitr 
bord  à  Ttîutre ,  le  coueheur  dàf  '^ 

porter  vers  le  fécond  ho/d ,  eniV  ^ 

'  piui  hnmide  fe  troiiVi:  expofce  ri  s'cboukr  U  i 
sV  tendre.  C*e(i  è  ces  cîrconftances  qtictl  duc  \~ 
diiTèrence  des  deux  bordures  du  haut  &  A\x 
des  feuilles. 

J'ajouteroîs  même  ici  que  l'ouvreur,  enlevan-^ 
le  cadre  de  la  forme,  dérange  affez  fouvcnt  k 
régularité  de  cette  même  bordure  par  le  cbik  in- 
fetieur  du  cadre  qu'il  lève  le  dernier,  &  qui  en- 
traîne de  petites  parties  de  ceitc  bordure  lorf^aï 
eu  détaché  négligemment.  ^ 

Tâche  joumaltèrt  du  Oîtvritri  de  U  cuvt, 

La  quantîî  ;  de  papier  que  les  ouvriers  de  U  cut^ 
doivent  fabriquer  ch.^que  jour,  eft  fixée  par  ^m 
ufage  aflez  gJrnéral  en  France.  Cependant,  oun^ 
cette  tâche  ,  il  leur  eft  libre  de  faire  qudquci 
porfesde  phn  dans  un  grand  nombre  de  f.ibrlquci- 
mais  des   fabncaos   habiles  ne  fe  p»r  rx 

facilement  à  ces  augmentations  de  tr  ,n 

qu'ils  ont  lieu  de  craindre  qu'elles  ne  uuî^^m  à 
la  tâche  ordinaire  dont  ils  fe  contentent,  pourvu 
qu'elle  foit  bien  faite. 

Je  vais  donner  un  tableau  des  tâches  joutai- 
lîéres  de  la  fabrication  des  différentes  fortes ,  telkl    ! 
aue  Tufage  les  a  établies  &  les  maintiem  dans  la 
fabriques  de  rAngoumois. 

La  première  colonne  indique  le  poids  ordîni^H 
àt%  rames ^  la  féconde,  le  nombre  des  feutrol^l 
'  des  feuilles  dont  chaque  porfe  eft  compofèe;  la 
trofiéme  ,  le  nombre  de  qujiu  ou  quarterons;  la 
quatrième ,  le  nombre  de  rames ,  mains  &  féuîUes 
qui  fe  fabriquent  en  un  jour  ;  la  cinquième ,  ks 
avantages  qu  on  accorde  aux  ouvriers  ,  en  co#* 
féquence  de  cette  fabrication  i  la  fLxiéme ,  le  potdt 
total  de  la  matière  employée  dans  une  journée 
à  fabriquer  telle  ou  telle  forte  de  papier;  U  fep» 
tième,  le  nombre  des  affleurées.  On  fabritme 
toujours  vingt  porfes  par  Jour,  mais  le  nombre 
des  feuilles  comprlfes  dans  la  porfe  ^  vane  cootoe 
le  nombre  de  quais  ou  de  vingt  -  cinq  feuiBéf 
qui  entrent  dans  la  compofirtoa  d'une  porfe. 

Il  eft  d'ufage»  aînft  que  ie  l'ai  dit  et  ^devant  t 
d'avoir  un  ouvrier  particulier  poiïr  fuivre  le  tra- 
vail de  la  pile  affleurante  »  lorfque  Ton  fabrique  tes 
ÛJL  premières  fortes. 

Outre  cela  ,  les  fortes  qui  fe  fabriquent  à  (cA 
les  doubles  exigent  deux  leveur^* 

Comme  le  tableau  fuivant  ne  renferme  pas  k 
grandai^le,  je  ne  dois  pas  oublier  quelescmmen 
ne  fourniffent  par  jour  qu'une  ramt  de  ce  papicx» 
qui  pèfe  environ  cent  trente  Uvres  U  rame. 


P  A  P 


TABLEAU 

De  la  fabrUalion  des  différentes  sortes  de  papier  en  Angoumois* 


Sortes    di    papier. 


Giand  colombier 

Petit  chapelet 

\itm 

Impihal 

Super-royal , 

Royal-fin. 

Royal 

Grand  compte 

Idem ,...., 

Cartier  à  double  feuille  .  .  .  , 

Double  lis .  , 

Lombard ...,,. 

Carré , 

Icicm ♦  ,  .  * 

ïdcin   •  .  ♦  , *•♦..•...♦.., 

CZTîocbe  double  &  grand  à  la  main ^  , 

l^etîi  à  Ja  main  , ..•.,..♦. 

Couronne ,  écu  double ,  moyen  compte  .... 
l-cs  mimes ,  , 

lEc» l  .  .  . 

Ecu  ,  cardinal ,  cornet  à  deux  empreintes 

Cornet»  cloche,  grilFan»  grande  ter  1ère 

Petit  compte  &  teillérc  à  double  fctfîlîe 

Petit  cornet ,  petit  lis  ,  ramiainc  à  double  fcoille  .... 
Petit  compte,  peiîte  teillére  ,pto-patria ,  feuille  fimple. 

Cartier  à  feuille  fimpîe , ,  .  . 

Petit  cornet,  petit  lis,  romaine 


llV. 

90 

70 
60 

s» 

4Ï 

3î 

31 

28 

'a6 

16 

10 
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18 

18 
té 
ao 
18 

il 

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n 

66 
66 

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60 

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86 
86 
86 
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99 
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164 


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4 
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4 
4 
4 
4 
4 
4 
4 

17 

^7 

4 
4 

4 
17 
►  4 

4 


Rames« 


2*  1.15 
a.ta,.. 

3^13.30 

4*1}. lî 
y,  6.10 
î*  6*10 
5.  4  .. 

5.  6>io 
î-  6.10 
6.7.   s 

6.  7.  î 
6.17.15 

7.  8... 
7.  8... 

7.  8... 
8... 

8... 
7.18.10 
7. 18. 10 

8.  8.10 

10. 12. 10 
t2.i4.IO 
10. 

9.  9.IS 
lO.tO.tO 


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161 
164 
164 
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13- 
137 

13c 

141 

137 

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118 
133 
118 
148 

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III 

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110 
.38 
110 
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20 
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V  A 


On  voit  par  ce  tableau,  que  le  nombre  de  feuil- 
les iSc  de  quais  qui  conipofcrt  les  porfes  ,  eft 
beaucoup  plus  conhJérable  dans  les  petites  "fortes 
que  d;ins  les  mojrcnnes  ,  &c. 

Le  même  tarif  peut  fervir  i  guider  les  <^bri- 
icans ,  lorfqu*ils  coupert  les  feutres  qu'ils  defti- 
nent  à  la  fabrIc:vtlon  des  petites  »  des  moyennes  au 
deî  grandes  fortes  ,  piiilque  les  feutres  doivent  être 
en  mcoie  nombre  <juc  les  fauiilcs  de  papier  conte- 
nues dans  1e$  porfe!;* 

Lorfqu'on  travaille  à  formes  doubles,  on  coupe 
en  mîmc  nombre  de  feutres  que  pour  les  formes 
impies,  en  obferVatfl  cqjendant  de  leur  donner 
«fie  longueur  double  dc^  la  feuUIe  »  plus  ,  l  inter- 
na îe  de  la  couverte  qui  féyarc  li^s  deux  forbiaiSj 
le  tciui  fur  la  Urgeur  ordinaîr?,  j 
r     Dans  ,  \ks    moulins    Hj^uarulofi  ^   la    journée 
'moyenne  Jqne  cuve  eHj  d'environ  cent  cinquante 
[livres  à^  matière.    Conimb  oft  y  fait  «fage-  de 
,fgrnîcs  doubles   pour   la  ^fabrication   de  toutes 
,Ics  petites  fortes  ,  &  mqrtie  de  qLCigues-uûcS  de 
'moyennes  dimsnfions,  tl  ti\  vifibîc  qu'on  y  Citi- 
ploie  beaucoiip  plus  de  matière  qu  il  ne  s'en  em- 
ploie dtns  nos  cuves  «  eu  la  lournée  raoyenne  n'cft 
gtèrîque  de  cent  dix  à  cent  vingt  livres  :  ce  qui  fait 
|cu>iren  trente  livres  de  matière  mife  en  œuvre 
idans  une  cuve  HoJIandeife  ,  de  plus  qup  dans  uwe 
'Fracçoîfc,  mal^r^i   la  vîreiTc    avec    liquelle  on 
travaille  k  la  cûvc  en  Fr:tnce.  Outre  cela,  il  falit 
confidcrer  que  des  taches  journalières  des  ouvriers 
HoUandois ,  il  en  reftc  beaucoup  plus  k  la  fal!e> 
que  des  lach^s  qui  fc  fabriquent  dans  un  grand 
nombre  de  nos  moulins ,  où  il  y  a  tant  de  papier 
dcfcélncnx  ,  8t  une  fi  grande  proportion  cfc  «af- 
fis  rdativcment  nu  bon  ;  ainfi  l*on  voit  qu'il  en 
rèfultc  encore  un  défavantagc  de  et  cc^t<i-là    pour 
les  fabricarisFrarçoTS.  Un  bon  fabricant,  qui  fait 
apprécier  le  travail  de  fcs  mouèiujS^  ne  doit  fairq 
entrer  en  ligne  de  compte    qr.c  le  papier  qui  refle 
à  la  fallc ,  qui  forme  des  rames  ^  en  un  mot  qui 
leil  d*un  débit  avaf^tageux.  Je  ne  fais  fi  Ton  peut 
^iconfulérCT    les    additions   à  la  tâche    ordinaire  , 
comme  un  vrai  gain  pour  la  m^in^d'oQUvre  des 
papeteries  cii  France, 

Grain   du  p^pi^r, 

La  pâte  qui  feri  a  former  une  feuille  de  papier, 
cft  reçue,  comme  nous  l'avons  dit,  fur  une  toile 
de  fils  dj  laiton  pîiis  ou  moins  fins ,  tendue  & 
aiTttjettîe  par  les  extrémités  à  un  cadre  de  bois, 
ÔL  foutenue  dans  le  milieu  par  plufieurs  traverfcs 
auffi  de  bois^  qu'on  nomme  pomuftaux  :  en  confè- 
qntace  de  cette  conflruftion ,  il  cft  aifé  de  fentir 

3 ne  ta  ftniUe  de  papier  formce  fur  cette  toile  , 
câf  prendre  &conferver  les  impreffionsde  toutes 
les  pièces  qui  compofent  fon  ti  Jii ,  &  des  vides 
qui  fe  trouvent  entre  ces  pièces. 

Les  traces  des  fils  de  laiton  font  en  creux  fur 
le  câté  de  la  feuille  adhèrent  à  U  forme  ,  &  cha- 


cune  de  ces  traces  cft  féparéc  par  one  Qlie 
que  broduit  ja  pâte,  qui  slnfmuc  da.i2s  les  in:^* 
valles  des  iîls"/e  laiton  :  enforte  que  11  fcuiUc 
préfente  rafpeft  d'une  étoffe  cannelée. 

Sur  la  face  Gppoféc,  ai|  contraire, ta  trace  des 
verjures  efl  relevée  en  boflc,  &  forme  un  liïem* 
blage  d'éminences  parallèles  Sf  arrondies  *iui  cou* 
vrent  la  moiric  de  la  feuille.  Il  en  cft  detrtcjric 
de  la  trace  en  relief  dumanuorJion  ,des  Icurcî, 
&  des  enfcîgnes. 

Voilà'donc  h  première  ébauche  de  la  fcuil1« 
de  papier  qui  fe  trouve  foumifc  à  toutes  les  opé- 
rations fubfjquemes  de  la  papeterie;  c*eft  de  ctix 
bafe  qujl  faut  partit  û  Toa  veut  connairre  plm 
paniculiérement  refprit  de  certaines  manipula* 
tiens  que  irons  avons  vues  ,  6:^  de  certains  ap- 
prêts dont  nous  nous  occuperons  par  la  fuite* 

Comme  dans  le  papier  qui  a  reçu  fcs  derniérti 
préparations ,  on*  feconnoit  encore^  la  régaUmé 
de  ces  iiTiprcffions  ,  il  cft  vlfiblc  q^^e  xrrj'\  h 
apprêts  auxquels  on  fouraet  la  feuilî:  '\ 

nont.d'ai;rrc  but  que  d'adoucir  ces  ,  u 
fans  les  dhruifé.  Il  importe  donc  de  huvre  les 
principales  nuances  du  travail  qui  agir  furcci 
imjîreir.ons. 

Le  cojchsur  ,  en  renverfant  fur  le  feutre  h 
forme  cli^rgée  de  la  feuille  de  papier  ,  iplatiiufl 
peu  les  émiiiûuces  arrondies  qui  font  eu  rdirf 
fur  une  de  fés  furfaces ,  6t  fait  qu*unc  partie  dç»  _ 
creux  produits  .par  U  v.crjurç  fuc  Tautre  ,  fe  rémpi||^l 
en  même  temps.  Cependant  Teffort  quM  f^it  p*)^^ 
détacher  de  la  forme  les  parties  de  la  pitc  «pi 
fe  n cuvent  en|3gé<;s  entre  les  fiîs  de  la  vcrjurci 
produit  une  innnitè  de  petits  poils  diflribués  fer 
ien  bords  des  parues  fai liantes.. 

Sous  la  prcife  ,  avec  les  feutres  d'abord,  civ 
fuite  en  porf^is  blanches^  fans  les  feutres,  ce  tra- 
vail fc  continuelles  veft^ges  des  ba|uctfcs  a^ 
rondies  qui  font  le  relief  des  verjure^ ,  s>pU' 
tlffcnt  toraleaent,  &,  ce  qui  en  eft  une  fuite  JtJ 
creux  fur  la  face  oppofée  difparoiflen^ 
mais  les  traces  des  parties  faillanrcs  ! 
dans  rintcrvallc  des  fils  de  la  verjurc  ,  dû\  ksi- 
nent  app^itsmes  des  deux  côtés  ,  en  confèqrucnce 
de  leur  épaiffeur ,  Se  s*arrondiffcnt  par  l\ff«  fc 
la  prefle.  On  trouve  donc  enfuite  fur  les  dçui 
faces  des  feuilles  de  papier  ,  deux  fyftcmcs  de 
baguettes  pruhninentes  ,  dont  on  voit  aifémem  la 
caufe.  Apr^s  que  les  feuilles  des  poifcf  blanches 
ont  padé  ft>U5  la  pr^r/Te  de  la  cuve  ,  il  s'en  feut 
bien  que  toutes  les  afpériiés  ,  tous  les  pa<its  fili' 
mens  occnfi>nnés  par  Teffort  du  coucheur  akm 
difpARi  ;  &  comm^  c'eft  à  ces  feules  op^ratiûas 
que  fe  bt  rncnt,  dans  la  plupait  des  iabriqucs  de 
France,  tous  les  apprêts  qui  ont  pour  but  d*ad<W- 
cir  la  furface  du  papier  »  il  n'eil  î:as  èeonfiaoi 
qu'elle  le  foii  ù  peu.  Les  Hollandots  ne  UtStm 
pas  leurs  papiers  dans  cet  état  dlmperfeâion. 
Nous  aurons  occafion  de  faire  coonoitre  par  h 
fuite»  les  principales  manipulations  dont  tU  font 

«fite 


^ 


P  A  P 

fige    pour    corapîett;:r    les   apprûci    de    leurs 

ILTS. 

es   baguettes  aplar Les  ,  tracées  des  deux  côtés 

e  b  feuitie  de  papier  par  h  pâte  engagée  dans 

fiîiftrvallc  des  fils  cle  laiton  ,  6:  qu'en  peut  l'utvrc 

fcrc&il  fur  la  furface    du   papier,  même  apprêté, 

ferment  ce  que  Ton    appejlc  le  grain  du   capier  ^ 

[fiio    que  \ci    inanipularions   doivent    adoucir  » 

îôinmc  je  l'ai  déjà  obfervé  ,  fans  b  faire  dîfpt- 

f>trrc  ;  grain  qui  fe   détruit   entièrement  fous  ta 

itCc  èL  fous  le  marteau.  CVU  ce  grain  ,  rccon- 

(loUTable  dans  les  papiers  de   Hollande  les  plus 

moxLX  »  qui  a  fervi  ï  me  prouver  que  les  Hollan- 

piois  ne  tes  adouciiïbiem   pas    par  le    lî/fage    ni 

par  le  battage,  maïs  par  des  manœuvres  infifli- 

ment  Amples  8c  ingémeufes, 

i    Le   grain  dn  papier  eft  fouvert  défiguré   par 

les  -écutres,  îorfque  ces  étofl'es   n'étant  pas  gar- 

pics  f l'un  lainage  abonclsnt  qui   en  doit   couvrir 

t*'"^  """nt  le  ïi0u  intérieur,  en  IniiTcnt  aufli  les 

I  ns    fur  le    papier.    Si   Ton     couche'  les 
nnif!s  de  papier  deÛus  ces  fortes  d'êroffes  peu 

amies  de  laine,  &  qu'on  les  fouraetteà  Taftion 

e  U  preiîe  ^  bu  milieu  de  ces  étoffes ,  elles  pren- 

leflc  la  trace  de  la  chaîne  &  de  la  rrame  de  ces 

ofles  mal  couvertes  ,  &  c.s  nouvelles  cmpreln- 

s  réunies  à  celles  du  f 'j-i/: ,  compofent  une  ef- 

èce  de  furface  chagrinée  irrégulièrcmcrt.  Pour 

ircvcnir  cet  inconvénient ,  il  eft  bien  imporrant , 

îommc  nous  Tavons  dit  k  Particle   6cs  feutres  , 

'c   compofer  la  trame  de    ces  étoffes  de  bines 

ligues  qui   recouvrent  facilement  &  abondam- 

;m  le  tîffiT, 

Le  p-ain  du  papier  fert  à    d^s  yeux  exercés 

rcconnoitre  la  fineffe  &  régallté   de  la  pâte  , 

tir-tout  îcrfquo  ce   grain  a  été    adouci  &    per- 

^^ionné,pour  ainfî  dire,  par  l'échange,  comme 

ns  le  ferons  Voir  dans  Tarticle  fuivant. 

Tous  ceux  qui   font  ufage   du  papier ,  ont  pu 

tpprécier  les  avantages  de  celui  q\ïi  a  fon  grain 

idouci ,  Sl  ia  préférence  quM  mérite  fur  le  pa- 

^i«r  gm  »  l'avant  prefquc  perdu  totalement  fous 

la   Une  ou  u>us  le  marteau ,  ne  préfente  qu'une 

Turface  unie ,  fur  laquelle   les  mouvemens  de  la 

|>Iume  font  incertains.  D'un  autre  côté  ,  ils  ont  fenti 

les  obftacles  qu'un  graîn  trop  gros,  inégal,  couvert 

le  iîlamens  mal  couchés  ,  oppole  a  ces  mouvemens. 

II  réfulte  de-là,  que  Tare  de  la  papeterie  doit 
fcnfcrmcr  les  procédés  propres  à  communiquer 
«Il  papier  le  degré  d'apprêts  le  plus  favorable  à 
b  confctvatinn  de  fon  grain  ,  &  à  fon  adoucif- 
fcmcnt»  Les  Hollandois  ont  enrichi   Tart   de  ces 

B'  roc'idés  ,  que   nous   allons    laii  c    connoîrre   en 

'f  Echange* 

k  Au  travail  de  la  cuvo  fucct;de  celuî  de  fè- 
Ihange ,  opération  qnc  nous  avons  empruntée 
les  Holhndois  ,  &  qui  n*eft  bien  connue  en 
France  que  depuis  la  puWicatioa  de  mon  pre- 
|(  Ans  &  Métiers  ,   T^m€  K  Partît  IL 


P    A    P  515 

micr  mémoire  fur  la  papeterie ,  en  i774,  Ccft 
en  préfentant  les  mêmes  détails  qui  (e  trouvent 
dans  ce  mémoire  avec  quelques  addîtir^ns  impor- 
tantes, qite  je  me  propofe  de  donner  une  idée  de 
cette  opération  zuiTi  utile  qu'itïgénieufe. 

Un  ouvrier,  (  c^'eft  ordinairement  celui  qui 
préûde  à  tous  les  travaux  de  la  papeterie  ,  ) 
prend  !e  papier  après  qu'il  a  pafTé  deux  fois  fou» 
la  preiie  de  la  cuve  ,  comme  en  France,  le  tranf- 
perte  dans  une  falle,  qui  ordinairement  eik  fèpa* 
rOe  de  la  chambre  de  cuve  :  elle  cA  garnie  de 
plufieurs  preffes  d'une  force  moyenne  ,  &l  d'une 
table  p«u  large  &  fort  longue.  L'ouvrier  arrange 
fur  cette  table  le  papier  nouvellement  -fibriquc 
par  piles  .  tjui  contiennent  huit  à  dix  porfes  ;  cha* 
que  porfj  cft  dftinguée  p;ir  un  feutre  :il  établit 
deux  piles  à  côté  Tune  de  Tiiuire,  fous  chacune 
des  preHeS  ;  lorfqu*elles  font  garnies  ,  il  les  fait 
jouer  fur  le  papier  »  en  ménageant  d'aborfl  la 
eompreffion  ;  il  revient  aux  prciTes  plufieurs 
fois ,  &  il  exprime,  par  leur  aÔion  fucceflîve  ,  l'eau 
furabondante  qui  fort  des  porfes  blanches.  Après 
que  le  papier  a  féjournè  fou-s  les  preiTes  le 
temps  qu'il  juge  convenable,  ce  même  ouvrier 
le  retire  par  parties  d'une  ou  de  deux  porfes ,  & 
les  diliribue  le  leng  de  la  table ;cnfuite  il  s'atta* 
che  à  la  porfe  la  plus  avancée,  &  la  prenant 
par  un  des  coins,  il  en  détache  les  feuilles  ,  puis 
levant  feuille  4  feuille,  il  forme  à  coté  de  lui» 
fur  la  gauche,  une  nouvelle  porfe,  qui  ne  diffère 
de  la  première  qu*en  ce  que  les  furfaces  des 
feuilles  qui  fe  touchoient  &  qui  ont  été  preffècs 
les  unes  contre  les  autres  ,  correfi^ondent  à  d'au- 
tres furfaces.  En  entremêlant  ainfi  les  feuilles 
pr.r  une  diflribution  dfférentet  les  furfjces  de 
chaque  feuille  font  détachées  des  furfices  conti- 
gues  auxquelles  elles  adiîéroiem  ,  tL  (om  txpo* 
fées  à  d'autres  furfaccs ,  contre  Icfquelîcs  elles 
font  comprimées  de  nouveau  par  Taflion  de  la 
prefTe- 

Ceft  Ja  fuite  de  ces  deux  opérations,  U  prt/^ 
fag€  &  U  nievag^ ,  qui  coriftitue  ce  que  j'appelle 
échangt: ,  &  qui  fait  le  fond  de  Ja  méthode  des 
Hollandois,  pour  les  ap.  rets  de  leurs  papiers* 
Apres  que  l'ouvrier  a  fait  paffer  ainft  à  l'échange 
toutes  les  porfes  d*unc  pile ,  il  fou  met  les  au- 
tres piles  à  la  fuire  des  mêmes  manipubtions  , 
&  les  arrange  de  nouveau  fous  les  preif^s.  Je 
dois  obferver  ici ,  qu'il  fe  fait  aider  fort  fouvcnt 
pour  le  relevage,  par  des  apprentis ,  par  les  aides 
du  leveur ,  lefqucls  relèvent  avec  beaucoup  d'a- 
dreffe  &  de  célérité. 

A  la  féconde  preffée^il  ménage  moins  la  eom- 
preffion ,  mais  iî  a  foin  de  ra.ug;menter  par  des 
progrès  infenfibîes.  Au  travail  de  la  prcffe ,  fuc» 
cède  celui  du  rekvage ,  &  ces  deux  opéraiionf 
fc  réitèrent  .fufqu'à  trois  ou  quatre  fois,  fuivant 
la  forte  du  papier,  fon  èpaiffcur  &  h  qualité  de 
la  pâte.  Plus  la  parc  cft  fine  ,  plus  le  papier  cft 
mince  *  moins  il  a  befoiti  d'être  preiTè  6l  relevé. 

Tit 


5 '4 


P  A  P 


Paur  l£s  grar.dcs  fortes  «  telles  que  U  ch^odtt  ^ 
T impérial^  U  colombier  ,  U  grand-MgU ^  îl  cil  im- 
portant (ie  prciTcr  Ôc  de  relever  plufieurs  fois , 
parce  que  le  grain  en  eA  (»lus  gros  «  &  que  d';%îl- 
leurs ,  pour  Tufi^e  du  detlin ,  auquel  ces  papiers 
font  fouvent  deftii^cs,  leur  furfice  doit  èîic  adou- 
cie avec  attention. 

robferverai  id,!*».  que  Touvrier^en  replaçant 
'  les  porfes  fous  la  preue,a  foin  de  mettre  a  la 
partie  fupèrieure  des  piles ,  les  porfes  qui  en  oc- 
cupoient  le  milieu,^  de  varier  autsnt  qu*il  cft 
poinble,  d*une  preffèc  à  l'autre  ,  i^arrang^ment 
des  porfes,  afin  que  les  effets  du  preffage  foient 
uniformes  dans  toutes  les  parties  des  piles. 

%^.  Que  cet  ouvrier  garnit  avec  attention  les 
bordures  des  porfes  avec  des  bandes  de  feutres, 
pour  que  la  compreiTjoc  foit  égale  fur  'toute  \a 
itiaffe  des  piles  ,  car  le  milieu  d'une  pile  de  porfes 
blaiclies  étant  touioufs  plus  élevé  que  tes  bords , 
îi  eO  ucceiTaire,  pour  mettre  toutes  les  parties  de 
la  pile  de  niveau  ,  d  avoir  recoiu^  à  ces  bandes 
de  feutres  ,  qui  fuppléent  à  la  moindre  épaiifeur 
des  bordures,  S^ns  cette  précaution ,  la  compret 
£ion  n^agidant  que  fur  je  milieu  >  les  feuilles  de 
toute  une  pile  ,  encore  humides  ,  fe  caiferoient 
dans  cette  partie  en  fe  partageant  par  la  moitié* 

Un  feul  homme  ,  avec  quatre  à  cinq  prelTes  , 

peut  échanger  tout  le  papier  fabriqué  dans  deux 

cuves ,  fur-tout  s'il  a  été  bien  predé  &  bien  levé 

à  la  cuve.  Le  travail  de  rechange  duré  ordinai- 

fejntrf.t    deux    jours    entiers  ,  fur  une    quantité 

lionncc  de  paj/ier  :  bien  entendu  qu*on  y  fouraet 

.  chaque  jour  les  porfes  qui   fe  fabriquent  r  on  a 

loin  (eutement  de   diûinguer  les    pirties  de  pa* 

I  pier  fuîvant  les  différens  degrés  d*apprét$  quelles 

►  ont  reçtîs  ,  â(  le  temps  qu'on  a  commencé  à  les 

\  kur  -onner, 

Lc'tfque  le  papier  a  fubî  toutes  ces  manipula^ 
[lions  ,  il  e(l  non^feulement  adouci  à  fa  furface, 
[mais  encore  bien  téurré  6c   adoupli   dans    finté- 
[rieur  tie   rétoffe.   Enfin  ,   il  à   pcr4u  une  très- 
grande  quantité    de    Teau    furabotidame  donc  il 
^toit    pénétré  en  fortant  des  oj  èr«tions    de  la 
cuve, 
^entends  par  le  feutrage  du  papier  que  pro- 
fduit   récharge  ^  le  rapprochement  des  libres  de 
[ia  pâte  dans  le  fens  de  répaiiTcur  des   feuilles  , 
&  leur   adhérence  entre  elles.   Le  papier  ne  fe 
feutre  qu  à  mefure  que  Teau  s*écoule  ;  tant  qu'elle 
^cii  interpofée  entre  les  filamens,  ils  rcftent  ccar- 
ès  :  aiau  ^  le  progrés  du  feutrage  eiL  en  même 
[raifori  que  Técoulement  de  Tcau,  6c  ces  deux  ef- 
fets  font  produits  par  Taftion  réitérée  &  ména- 
|ée  de  la  preffe.  Les   molécules  d'eau  abandon- 
Bant  les  fibres  de  la  pâte,  celles-ci  fe  rapprochent 
h  îk'affaiflent  Tune  contre  Tautre  par  la  çompref- 
lon.  On  conçoit  donc  aîfément  pg^f^^ûi  le  pa- 
pier qui  a  pafTé  par  les  épreuves  de  Péchangc  ,  eft 
artonoeux.  Par  une  raifon  contraire»  le  papier 
|ui  n'a  pas  été  échangé  &  qui  féche  rapidement 


F  A   p 

dans  l  état  d^humldltê   fcirabondante ,  nç  éf^t  ^ 
être  feutré    ni  crtrtonneux;  cep- 
change     de    dimcrfion    par     Xi 
éprouve  dans  nos  étcndoirs,  "^q 

un    trente- deuxième    fur  f*  r    ft 

largeur;  mais  malgré  cette  retraite  ,  U  s'en  faut 
bien  que  les  fibmens  de  la  p^te  foicnr  rap;iffa* 
chés  autant  qu  il  eft  poffiblc  de  le  faire.  Il  eû 
n^ccffaire  d'employer  un«  force  extérieure  qui 
Tafie  que  les  vides  fe  rcmpliffint  à  mefure  qu  jlt 
fe  forment ,  &  les  preffes  agtftant  fur  le  ppéer 
dans  l'état  d'humidité  ,  font  très* propres  a  pro» 
duire  cet  effet:  faute  d'avoir  éprouvé  cette  ciin>- 
prerûon  graduée  des  preffes,  le  papier  a  des  pores 
piui  ouvciits  ,  ôc  étant  compofé  de  (ilamcns  mouis 
adhérens ,  il  ne  neut  offrir  une  étoffe  ferme  & 
cartonneufe.  C  eit  aux  différcns  éuts  ou  fe  trou- 
vent les  papiers  de  France  3l  de  Hollande,  en 
confé^ijucnce-  des  opérations  de  rechange  qu'on 
fait  lubir  à  Tuo  ,  i^k  auxquelles  Tautre  n  eft  p^ 
fournis  >  qu'on  peut  attribuer  une  granJe  partie 
des  qualités  des  papiers  de  Hollande  t  âc  des  dé* 
fauts  des   pa|jters  de  France. 

MM.    de  Mongolfier  ont   éti  tes    -      ^         j 
adopter  l'échange,  même  fur  des  fa 
qués  avec  des  matières  pourries,  /c  trouv. 
leur  fabrique   un  ateher  d'échange    tout       -,  . 
en    1779;   "^^i^  ^^    17S1,  nous  avons  rccooûu 
que  réchange  sVxécurou  avec  beaucoup^  plus  de 
fuccés    &    moins    de     pertes    fur     les    papien 
compofès  de  pâtes  non  pourries  &  triturées  asi 
cylindres.  Le  relevage  étoit  plus  facile*  âc  occi- 
fionnoit  beaucoup  moins   de   caffés*  D'aiUeura  1 
ladouciffement  du   grain   des   papiers  èdiangès 
étoit  tel,  que  ces  papiers  offrûiem  ce  velouté  âc 
ce  glacé  mate   qui  caraâ^iûreut  les  paprers  Huh    - 
lacdois.  On  a  échan|;éaulîi  dans  U  mcmc   Cibri-    - 
que,  &  à  la  même  époque  >  les  papiers  »pres  ta    ^ 
colk  ^  pariiculiéremçnt  les  moyennes  ii  \z%  gpn* 
des  forrcs  ,  &  c'ell  alors  G;r  tout  »  qut  iVn  ptn 
fe  cotiVâiucre  ailémcnt  que  ceiic  11* 

plettoit  l<3  effets  de  T^Ji^^e  av.i  ^ij 

empêchant  ie  gratji  de  le  rcptodutrc*  /ain«is  i*ac» 
lion  de  la  preiTe  fur  je  papier  colîé  o'cApiinnoit 
la  colle  du  papier,  ûirtout  quand  ceue  acuoci 
étoit  bien  mcnairê^:  :  au  «lontraîre»  elle  a  paru  ia* 
ciliter  rintroduàion  des  parties  collantes  dass 
Téioive  du  papitr;  on  pouvoit  même  cAfen-cr 
que  le  vernis  de  la  colle  fe  fixoit  à  fa  furfacc , 
ÔC  s'y  luftfoit  convenablemeui  à  mcfura  qy  gq 
eaécutoit  les  différentes  manipubiuoâs  de  l'c- 
change. 

Depuis  ce  temps  çeçte  opération  parok  avoif 
été  introduite  dans  tous  les  moulins  d'Anson^y^ 
&  dans  plufieurs  autres  du  Djuphiné^  de  l'Aw 
vcrgne  6c  de  l'Angoumois  *  &  il  e»  à  dédr^r  ^ék 
fe  répande  de  plus  en  plus,  ^^ 

Le  releveur  décide»  comme  le  lerçur  »  de  U 
quantité  de  preff^ge  tiu'on  doit  donner  tu  iiattcr 
defliné  à  réchange.  Vu  irouve  que  la  mi^ 


P  A  P 

ajhéreiit  trop  cnfemblc  ,  il  fe  plaint  de  ce  qu'en 

I  trop  ménagé  la  prefTe  ;  car   ces  feuilles  adhè- 

reit  fouvent  par  Us  entremîtes  &  les  bordures 

qui  ne  font  pas  afTez  féches, 

l^^ur    éviter  cet   înconvénletit,  il  faut   prefler 

^Hecmern  d'r.bord«  enfutre  donner  un   coup  de 

^mRr   plus  fort  ,    6c   laiflTcr  la   prcfiTc  fc  relever 

racidtmenT ,  comme   à  la   cuv*f.   L'eau    qui  5*é- 

É portée  vers  les    boj  d$    des  porfes  ,  &L    qui 
'croit  pas  écoulée  au  dehors ,  rentre  au  cen- 
..w  ,  les  feuilles ,  au  fonir  clc  ta  prtiT;;  ainfi  dirigée  > 
i^m  également  féches  par-tout  ,  &c  leur  relevage 
■Bècute  fans  dîAculté* 

^Ritvant  rétat  de  fécbcrefle  oîi  fc  trouvent  les 
p^iffes  an   fortir   de  la    chnmlre    de    cuve,   on 
ffciTc  avaiît  le  re^evage ,  ou  bien  on  relève  tout 
cîc   fuite   >   puis   on    prt^ffc.  Cïtte   opération    du 
prelfagc  doit  fe  téitèrer,  tk  fe  faire  avec  beau- 
coup de   ménagement  ;  car  il  cû  à  craindre ,  en 
Iéral  ,  que  ttans  Tétat  de  itiollefîc  ou  font  les 
Hles  des  porfes  blanches ,  on  ne  détruife  leur 
m  par  une  aâion  de  la  prcffe  i^eu  ménagée, 
^  qu'on  ne  leur faifc  perdre  leur  trarfparahcc  en 
oblitérant  Timprelfion  des  ver  jures.  On  fciit  quJ 
^^ion  réciproque  de   ces  feuilles,  couchées  les 
^Kh   fur   les  autres  »  peut  produire  ces    effets  à 
^Kongue, 

^^Dn  ne  tifque  pas  d'éprouver  Ces  inconveniens 
||IWc]u*on  preife  le  papier  entre  les  f-utrcs,  parce 
que  ics  feutres  fe  prêtent  à  la  comprcliion  ,  & 
Tendent  leau.  Ainfi  on  peut ,  fans  cramte  ,  oreffcr 
fonement  à  la  cuve,  le  papier  qu*on  dcflti^e  à 
réchange. 

Un  autre  principe  auifi  eflentiel  pour  le  ft:C- 
ccs  de  réchange ,  efl  que  le  grain  du  papier 
qu'on  relevé  foir  bien  prononcé.  Ceft  thns  C€s 
vues    que   la   toile    des    formes    Hollandcife*^  , 

Éen  généi^  tîiTuc  avec  un  fil  de  vcrjurc  d'un 
brc  plus  gros  qu'en  France,  Toutes  chofes 
Heurs  égales,  iis  gagnent  par  là  une  belle 
'  tranfparencc ,  &  l'avantage  de  ne  pas  craindre  h 
"  imélion  du  grain  m  les  nébulolné^  qui  en  font 
fuirc.  Outre  cela  ,  les  Hollandois  ont  foin  que 
froiïcur  de  la  verjurc  foit  proportionnée  à  Té- 
Heur  des  papiers  ,  en  fuppolant  les  formats 
ttix.  On  fcnt  bien  que  ces  principes  de  fabri- 
i>ii  fcroient  mal  ralfonnés  «  dans  le  cas  où  le 
fage  ne  fuccéderoir  pas  au  rravail  de  h  cuve^ 
tit'iueroti  le  gros  grain  dans  fon  ér^it  primitif. 
™  faut  relever  les  papiers  échangés  à  leîle  pîare , 
^omme  je  Tai  dé|a  dit.  JVi  dit  outre  cc'.a  >  qu'on 
Ivoit  donner  au  plateau  telle  inclinaifon  qui 
b vient  le  plus  à  l'ouvrier  qui  relève  ,  &  à  la 
de  papier.  Cependant  les  petites  fortes  fe 
Ivent  ordînaVremeor  en  Hollande  &  en  Fîan- 
tout  à  p'aL  Lis  griindes  (ortcs  fe  relèvent 
même  à  plat ,  mais  à  deux  ouvriers.  Si  Von 
pas  à  fa  difpofition  ces  ouvriers  ,  on  incline 
hfcatiairci  confidérabl e ment  113 n  feul  homme 
iûtç  k  releyage ,   vb^'h  il  faut  qu'il  al;  i:rte 


p  A  p 


5'5 


grande  adrelTe  &l  une  longue  habitude  de  cette 
opération.  Les  petits  formats  fe  relèvent  avec 
une  grande  vitcfle  par  les  plus  jeunes  apprentis. 

On  ne  peut  prelcrire  ici  le  nombre  des  reicva- 
ges  &  lies  preUages  auxquels  on  doit  foumettre  le 
papier:  ceci  dépend  de  répaiffeur  du  papier,  de  la 
faillie  du  grain  61  de  la  longueur  de  la  pâte  :  toutes 
chofes  fur  lesquelles  l'échange  agît  ,  èi  qu'il  doit 
modifier  plus  ou  moins  pour  produire  de  bons  effets. 

Une  des  grandes  attentions  qu'on  doit  avoir 
lorfqu'on  fait  ufage  de  l'échange  #  cA  de  relever 
les  porfes  blanches  à  mefure  qu'elles  font  tirées 
des  feutres.  En  Hollande ,  l'ouvrier  principat 
ch*-irgé  de  cette  opération  ,  tranfportc  dans  ion 
atclitr  les  porfes  à  mefure  ,  &  conduit  les  opé- 
rations du  rclcvage  âc  du  présage,  fans  relâche 
jufqu'à  ce  qu'on  portt  les  porfes  à  Tétendoir. 

Lorfqu'on  prend  les  porfes  blanches  au  fortir 
de  la  chambre  de  cuve  ,  il  faut  les  renvcrfer 
pour  que  le  bon  coin ,  étant  à  la  droite  du  rele- 
veur  ,  puiH'e  être  pincé  &  levé  par  la  main  droite 
d*abord  >  puis  par  l'autre  main  :  il  n'y  aura 
rien  de  dérangé  enfuite  ,  quant  aux  difpo&ùons 
des  porfes,  fi  en  les  portant  à  l'étendoir  après 
l'échange ,  on  les  étend  en  pages  fiàus  les  re- 
tourner. 

/'ai  beaucoup  vanté  les  avantages  de  l'échange  , 
parce  que  j'ai  cru  que  ces  manipulations  pouvoient 
contribuer  à  la  perfeâion  de  nos  papiers  :  effeâi ve- 
xent ,  je  fuis  perfuadè  que  la  plupart  des  papiers 
de  nos  grandes  &  belles  fabriques,  qui  manquent 
fouvent  de  cet  apprêt  ,  font  aflcz  bien  fabriqués, 
quant  à  la  qualité  dei  pâtes  61  au  travail  de  la 
cuve,  pour  recevoir  des  opérations  de  rechange 
jne  amàlioraiion  fenfiblc,  &  une  perfeÔion  qui 
eu  rendroiî  Tufage  plus  agréable.  Mais  )t  dois 
dire  ici ,  que  tous  les  papiers  ne  font  pas  a  be^u- 
*^up  près  fufceptibles  de  cette  amélioration,  Hicn 
"oin.  que  dans  certains  cas  l'échange  faife  rctTiit 
d'un  véritable  apprêt  »  il  eft  au  contraire  un 
moyen  ,'de  montrer  &i  de  mettre  en  évidence  les 
clétauts  d\ine  fabricatioa  négligée.  Urtc  pâte  iné- 
gale ,  remplie  de  pâiom  ,  wric  pâte  ftche  &  ap- 
pauvrie par  la  déperdition  des  p^riie^  fines, 
u^acquiert  à  la  fuite  des  opérations  de  l'échange  « 
qu*irn  hiftre  inégal ,  un  adouciiTement  local  ,  & 
encore  moins  ce  velouté  que  prend  tOLi;ours  une 
maticr*  peu  ou  point  pourrie  »  ëi  dont  li  tritu- 
rniion  a  été  bien  conduite  &  opérée  par  de 
bonnes  pd^cliines.. 

Après  que  les  porfes  blanches  oiu  été  preffées 
convcnabî^mcDC  dans  certaines  fabriques  Je  gou* 
verncur,  du  moulin  ,  &  dans  d'acres  des  ouvriers 
qu'on  notnmQ  éiendeurs  dt  porfes,  les  portent  il 
1  étendoir  ;  c'eft  ce  que  fait  l'ouvrier  ,  vignette  , 
planche  XII,  Jîg.  i.  DD  eft  la  fclleite  fur  la-  ' 
queîk  f  ofe  le  trapan  léger  qui  fert  à  traiirponcr     ' 

Tir  i^ 


^ 


5i6 


P  A  P 


les  porfcs  de  la  chambre  de  cave  à  rètendoîr* 
Ce  lont  des  poteaux  garnis  de  Uceaux  »  dans  les 

entailles  defquels  on  fgit  entrer  les  e«trèmiti> 
des  perches  ;  ces  perches  (ont  percées  de  trous, 
dans  Icfqneîs  on  pafTe  les  cordes  di  manière 
qn'csles  fe  trouvent  tcndiits  le  plus  quM  eil  poifi- 
ble  ;lorfque  ces  deux  psrches  font  dans  les  entaiî- 
Ics  des  liteaux  ,  l'étendeur  de  porfcs  prend  quatre  à 
cinq  fcudks  de  papier  à  la  fois  furfon  ferkc ,  ouiil 
fcprèfcnté  /^.  j  de  la  planche  Xlï ,  Si  bs  pbce 
fur  les  cordes  ;  c'eft  ce  que  Ton  appelle  tî:ndre 
en  pj^cs  g  cVil  "i-dire ,  les  feuilles  deiic'ièes  de 
la  pjrlc  dans  Tètat  d'humîdité,  &  collées  c-nfsm* 
ble  au  nombre  de  cinq  à  fix« 

Au^fortir  de  la  chambre  de  cuve,  les  feuilles 
de  papier  qui  cornoofènt  les  porfcs  biancbes ,  ont 
trop  peu  de  conlii^ance,  mùm»  après  avoir  été 
prelîces  une  féconde  fois,  pour  itre  «étendues  une 
à  une.  On  a  donc  èié  torcè  ic  les  placer  fur 
les  cordes  par  petits  paquets  de  cinq  à  fix ,  ou 
de  deux  à  trois ,  quand  ce  font  de  grsndes  fortes; 
ces  paquets  fécliés  fervent  au  fuctès  de  Topéra- 
tion  de  la  coUe,  comme  nûus  le  verrons  dans 
la  fuite. 

L*ctcndeur  commence  par  les  cordes  les  plus  éle- 
vées ,  comme  on  peut  le  voir  planche  XÎI.  Tl  prend 
delà  main  droite  un  petit  ferlât  ,  Ô:  détache  de  la 
gauche  la  page ,  en  faifittant  les  feuilles  par  le  bon 
caron  j  ai  les  place  fur  le  ferlet  ;  puis  faifiUant  de  la 
gauche  ,  devenue  libre  ,  deux  cor  Jes  ,  il  étend 
delTus  la  pa^e  avec  le  ferlée  qti^il  tient  toujours  de 
la  droite.  Pour  les  papes  des  grandes  fortes ,  il 
prend  trois  cordes  ,  afin  qu'étant  emr'ouvcrics 
davantage  ,  elles  puilTem  mieux  féchcr. 

Apres  que  le  papier  cfl  féché  ainfi  en  pages , 
•nie  ramajfâ ^  c'eft-àdire,  qu'on  le  tire  de  deûTus 
les  cordes  ,  8c  qu'on  en  fait  des  tas  ,  dans  lefquels 
00  a  foin  que  toutes  les  feuilles  foient  tournées  do  ! 
siéme  cété  que  deiTus  la  fellc  du  levcur  ,  &  deiïus 
les  cordes  de  Tétendoir  ,  ce  qui  fc  reconnoît  iflez 
facilement  par  rimpreinon  des  pouces  du  levcur 
qui  rcâe  aux  deux  coins  des  feuiilcs  quand  on  lève 
à  fellc  inclinée  ;  onlai(re  les  tas  des  pages  appuyés 
contre  les  piliers  de  Tétendoir  ,  en  attendant  qu'on 
vienne  les  difpofer  à  recevoir  la  colle. 

Rijlixlons  fur  n&s  éundoUs  6*  fur  ceux  de  HolUndt, 

Suivant  la  pratîgue  cotisante  des  martufaélures 
Yranifoifes»  on  tranlpoi  te,  comme  on  Ta  vu,  à  Téten- 
doir  le  papier  dès  qu'il  a  piiTé  rapidement  fous 
la  prefTe  de  la  cuve  ;  dans  cet  état ,  il  conferve 
beaucoup  d'inégalités  &  d'afpèrîtès  à  fa  furface , 
parce  que  fon  grain  n'a  pas  été  adcuci  par  l'échange  : 
enfin ,  il  cU  encore  pénétré  d'une  très-  grande  quan- 
tité d'eau  furabondanic^Lcs  étcndoirs,  en  France  , 
font  fort  élevés,  de  régnent  ordinairement  fur  les 
autres  l^dtimens  delà  papeterie  ^  outre  cela  oi  tes 


p  A  p  : 

ferme  avec  dûs  planches  mobiles  qui  blfleat  be: 
coup  d^ouvertures ,  par  lefquelles  Tair  extcritt 
peut  pénétrer  tréi-aifément  ,  &  en  affcï.  grande 
quantité  pour  y  porter  une  tempcxaturc  prefque 
égaie  à  cdle  qni  régne  au  dehors  ,  cnfortc  que  ic 
papier  étendu  fur  les  cordes ,  s*y  trouve  cxpofé 
fouvent  a  la  chaleur  ou  au  froid  ,  fans  qu'en  ait 
penfé  à  en  mèingcr  les  effet?.  Comme  le  grala 
n'en  a  pas  été  adouci  p:îr  T échange  .cette  étt^e, 
en  féchant  par  l'action  d'îifrc  chaleur  vive,  acouîcrt 
une  roideur  6c  une  dureté  prefque  inflexibles.  Il  ré* 
fuite  delà  ^quc  dès  le  commencement  des  apprêts  ^ 
la  dt/Ticcation  promnie  Î4t  complitc  cj n'éprouve  le 
papier  ,  donne  aux  aipérités  6c  aux  inégaUtcs  de 
fa  furface,  une  confilbnce  cjui  fait  qu'elles  réftf^ 
tent  à  toutes  les  manipulations  deRiné.s  à  les  dé^ 
truire. 

Nous  avons  vu  qne  les  HollandoSs  préviennent 
ces  inconvéntens  par  le  moyen  de  l'échange  »qui , 
en  adouciaanr  la  uirfLce  de  leurs  papier*  ,  îeur  f;iiT 
perdre  auiTi  une  partie  de  leur  eau  fur*^^ 
&  ils  complètent  ces  bons  effets  en  les 
cher  graduellement  dans  leurs  étendoirs. 

Ce  font  des  galeries  conftruites  au  rez-de-cluuf» 
fée  à  côté  des  autres  falles ,  fermées  par  des  con- 
trevents &  des  jalouCes  qui  joignent  très-civ^f- 
ment,8:  qui  laifîcnt  irés-peu  de  pafTage  à  ViiT  i 
rieur.  La  réduâion  du  toit  eft  oïdioairemem  lufi 
élevée,  &  occupe  prcf^^ue  la  raoï'jé  de  toute  \l 
hauteur  du  bâtiment  ;  par  le  fyftème  de  ccirc 
conftruélion  ,  ils  font  parvenus  à  ménager  b  cIji- 
leur  8c  l'évaporation  autant  qu'ils  le  iiïgem  con- 
venable ,  &  autant  que  Texige  la  température  ex- 
térieure. 

Avec  la  reflburce  de  leurs  èreodoirs,  les  H4)W 
landois  peuvent  obtenir  non-feulcmcm  que  leurs 
papiers  fèchent  doucement,  mais  encore  qu*il» 
fcchent  pas  trop  ;  en  forte  que  ces  papiers  en  pag< 
tirés  de  Tétendoir  avant  la  colle ,  confcrvcnt  u 
fouplefie  très  grande*  J'ai  remarqué  ct^corc  oulls 
s'étoient   procuré  d'autres  avantages  dans   Icint 
étendoirs.  On  étend, corn menous  lavons  vu, dans 
nos  moulins  le  papier  en  pages,  qu'on  pL 
des  cordes  en  paquets   de   lept  à   huit  Tl,.     .    . 
comme  on  n'a  pas  foin  de  ménager  U  deifn 
les  premières  teuilles  expofées  à  l'air  comf 
à  fécher  par  les  bords  ,  &  la  de£5ccati'jn 
centre.  Les  autres  feuilles  recouvetics  par 
mières ,  confervent  la  plus  grande  partie  de 
humidité  dans  le  m^hcu^Sc  tur-toui  celles  ottitcii* 
chcnt  aux  cordes.  Lorfque  les  prcoMères  teiûlSâ 
font  entièrement  fèch^rs  ,  âc  ont  changé  de  dimed* 
fions  en  éprouvant  une  retraite  d  cnvir ojï  un  treote- 
deuxième,    comme    elles  rcH 
autres  encore  humides  6c  p 
occaConnent  des  plis  qui  font  \c 
férence  des  dim^iilîpns  d'une  feu., 
feuille  hnmidc  :  en  fuivani  la  marche  fim^ik  U 
ces  eile  s  ,  on  découvre  noa-feulcmcnt  la  oui 
des  plis  &  àt%  rides  ^  niais  tncote  la  nif^n  pc^' 


^P  A  P 

lodle  ces  plis  &  ces  rides  affeacnt  prcfquctou* 
*irs  le  milicii  des  feuilles  de  papier. 
Les  pU*  &  les  rides  ont  encore  une  autre  caufe 
Mnbîfx^^  svec  ces  premières  circonSances  ;  nos 
rndoîrs  font  gstnis  de  cordes  de  chanvre  »  qui 
9tvcm  d*abord  rhumidité  dti  |  apicr ,  Se  qui  la 
li  rendent  â  mefiîre  qu  il  fèchc.  Les  feuilles  infé- 
rures  des  pages  refterr,  en  ccnrèqaerjce ,  hu- 
lidcs  pendant  un  certain  temps  le  long  de  la  ligne 
le  leur  coataft  avec  les  cordes  ;  elles  y  confèr- 
ent donc  une  cxtcnficn  plus  grande  que  dans  les 
Btrcs  panies  de  leur  fuîface ,  &  beaucoup  plus 
pnde  encore  que  celle  des  feuilles  fupérieures 
pi  font  eipolces  a  l'air  libr;:.  L'effet  de  cette  ex- 
^loa  cil  de  forcer  les  dimcnfions  des  feuilles 
(iférieures  dans  ces  panies  humides  ;  &  comme 
lies  adhérent  par  les  extrémités  aux  autres  feuilles 

É courtes  &  fèches ,  cet  excès  doit  être  occupé 
Rairemem  par  des  plis  &  des  rides  qui  ne  fe 
lifcnt  pas  ,   quoique  la  dcificcatioa  entière 
ienoe  à  la  fuite. 

Oïl  étend  en  pages  dans  les  fabriques  Hollan- 
lolfes;  cependant  on  volt  rarement  des  plis  &  des 
fides  fur  leurs  papiers.  J'indiquerai  ici  trois  moyens 
principaux ,  qui  contribuent  â  préferver  ces  pa- 
piers de  ce  défaut ,  fit  qui  pourroient  produire  les 
iTièmes  avanuges  dans  nos  fabriques  fi  oa  les 
tdaproif. 

Le  premier  moyen  eft  que  les  Hollan dois  font 
lei3rs  pages  beaucoup  moins  épaifTes  que  les  isà* 
1res, 

[  Le  fécond  tû  que  les  feuilles  des  porfes  blan- 
ches, en  Hollande»  ayant  été  foumifes  à  plu- 
lîeors  rcpnfcs  a  la  preife,  dans  rechange,  elles 
font  très-peu  humides  quand  on  les  poite  à  l'é- 
irodoir  ;eDforte  que  par  les  progrès  d  une  delTtc- 
cition  ménaeée  ,  elles  acquièrent  très -peu  d*a- 
ihétence  cnfcmble.  D'ailleurs ,  comme  elles  ont 
^crdu  une  cenaine  quantité  d*eau  dans  rechange , 
tUcs  n'éprouvent  pas  une  retraite  fi  grande  pour 
^anrenir  à  Tétat  de  defftccation  convenable  La 
sÂirence  entre  leurs  dimeafions ,  lorfqu'on  les 
^cnd  &  lorfqu*oa  les  retire  des  étendoirs,  eft 
coup  moindre  que  celle  qui  fe  trouve  entre 
tmenfions  de  nos  papiers  dans  ces  deui  cir- 
lt«nces  ;  car  ils  font  plus  humides  lorfqu'on 
rs  étend  ,  &  plus  fccs  lorfqa*on  en  fait  la  cueil- 
îftc- 

Le  fraifième  moyen  ell  que  les  HoUandois  ont 
;irnt  leurs  étendoirs  de  cordes  de  rotin  cirées , 
|UJ  ont  cinq  à  fix  lignes  d'épaiiïcur.  Ces  cordes 
l'jbforbam  pas  l'humidité  des  papiers  qu'on  étend 
IdTtjS,  cette  humidité  ne  féjourne  pas  long-temps 
c  long  de  la  ligne  du  contaft  du  papier  avec  les 
:ofdes>&  n*y  produit  pas  des  excenfions  forcées 
1c  des  olis  qui  en  font  la  fuite. 

An  (urplus  ,  la  gro^eur  de  la  corde  nVft  j^as 
loc  circanflance  indiffércnie.  On  ne  vtit  guère 
tue  d«  petites  cordes  dans  nos  moulins  ;  &l  locf* 
u*oa  étend  en  pages ,  on  eo  pUce  deux  ou  troi» 


P  A  P 


5'7 


^ous  les  pages: en  muUi/.li.int aînfi  les  poltii:»  tle 
^onta£l,  on  multiplie  les  ptîs  &  les  rides:  aufïi 
n  voit -on  plufiCLrs  rringécs  qui  dènotcnï  la 
trace  de  plufï<;;urs  cordes,  Lc-s  groPes  cord^-s  me 
paroiiTcnt  préférables  aux  petites  »  en  ce  qu'en- 
trouvrant les  pages,  elles  tncilîttnt  b  circubnon 
de  Tair  par  dtfious ,  ce  qui  produit  di  hâte  la 
dcfficcaiion  unifcrrae  de  toutes  les  parties  de  ces 
p.îges.  C*eft  à  toutes  ces  attentions  qu  on  doit  attri- 
buer CCS  dos  bien  arrondis  qu'on  trouve  aux  nii^ius 
de  papier  de  Hollande ,  quand  on  eu  déballe  Us 
rames. 

De   faulter  de  la    colle   fi*  du  collage^ 

Lorfque  le  papier  èundu  en  vdges  eft  fee ,  on  le 
recueille»  on  le  redreiTe,  on  le  rompt ,  on  Taf- 
fouplit,  fit  on  le  remet  par  paquets  dans  la  cham- 
bre de  colle.  C*eft  l'atelier  &  la  manœuvre  des 
ouvriers  colleurs ,  que  la  planche  XI  reprcfente, 
L.  eft  un  fourneau  de  maçonnerie ,  fur  lequel  eft 
montée  la  chaudière  K,  de  5  pieds  de  diamètre 
&  de  trois  pieds  de  profondeur,  dïins  laquelle 
on  fait  cuire  la  colle.  On  voit  en  F,  la  porte 
du  foyer  &  du  cendrier  du  fourneau*  La  colle» 
comme  Ton  fait ,  eft  faite  avec  les  rognures  des 
peaux  que  les  tanneurs,  les  mégitTiers  fiic  les  par- 
cheminiers  préparent  :  on  a  foin  de  fiirc  te  triage 
de  ces  différentes  rognures ,  en  écartant  fur- tout 
les  morceaux  pourris,  qui  pourroient  infcfter  le 
bouillon  de  la  colle  \  on  en  tire  auftj  la  chaux 
quon  peut  en  détacher.  Après  ce  triage^  on  met 
ces  morceaux  dans  le  panier  de  la  /^.  7. ,  qu'on 
voit,  fi^  t'*.  de  la  vignette  ,  fuf^cndu  au  dcf- 
fus  de  la  chaudière,  à  une  corde  emortillée  fur 
le  treuil  horifontal  M  N.  Ce  treuil  porte  une  cf- 

Îièce  de  dévidoir  femblabîe  à  Tengin  des  mou- 
ins  à  vent, fur  lequel  s'eiuoule  une  autre  corde» 
par  le  moyen  de  laquelle  on  abaitTe  oti  Trin 
élève  avec  facilité  le  panier  E  ,  pour  le  placer 
dans  la  chaudière;  on  Ten  retire  après  que  la 
colle  eii  cuite.  L*avantage  de  ce  panier,  qui  neft 
pas  en  ufage  dans  toute  les  papeteries,  eft  de 
pouvoir  retirer  du  bouilbn  de  la  polie  ,  les  ma* 
tières  dont  la  cuiffon  a  fourni  les  parties  collan- 
tes, &  qu'on  norrsmc  tripes  ;ce  qui  fait  qjc  leur 
métange  ne  trouble  pas  ce  bouillon  ,  quM  iroponc 
tant  d'ohcerîf  clair  8c  limpide.  Dailleurs,  au 
moyen  de  ce  panier ,  on  peut  s'^ffurcr  fi  les  tri- 
pes fotit  entièrement  cuites, ou  ont  fourni  toutes 
ks  p^irties  collantes  qu'elles  peuvent  donner. 

Lorfqu*on  s'en  eft  affuré,  on  retire  la  chau* 
dicie,  hi  aptes  un  certain  temps  de  repos,  on 
lire  le  bouillon  de  la  colle  ,  par  le  moyen  du 
robinet  6,  dans  la  baffine  H,  d*où  rouvrivr  Isi 
retire  avec  les  petites  baffines  C  ,  pour  la  filtrer 
ù  travers  la  paffotre ,  qu'on  place  fur  ta  d^ifTc  A, 
O-ite  pmffoire  eft  compofée  d'une  pièce  d*étofte 
'  de  laine,  fourmue  par  un  ch^^ftis  1,1,-^,4, 
garni  de  cordes  lâches.  On  voit  eu  O  ce  chaifttSt 


■^1 


5i8 


P  A  P 


dont  la  largeur  eft  de  a8  pouces ,  &  la  longueur 
de  deux  pieds. 

La  caiffe  A  ,  dans  laquelle  on  met  comme  en 
dépôt  la  colle  ,  eft  on  de  cuivre  rouge  ou  de 
bois.  Sa  longueur  eft  d'environ  fix  pieds ,  fa  lar- 
geur de  trois  &  fa  profondeur  de  deux.  Il  fcroit 
à  défirer  qu*on  donnât  le  temps  k  la  colle  de 
s*èpurer  &  de  s^éclaircir ,  en  la  laifTant  refroidir 
dans  de  pareilles  caifles;  mais  le  préjuge  de^  fa- 
bricans  eft  contraire  à  cette  pratique  ,  qui  eft 
cependant  celle  des  fabricans  HoUandois ,  comme 
nous  le  dirons  par  la  fuite. 

Avant  d*être  employée  à  coller  le  papier,  la 
colle  eft  encore  filtrée  de  même ,  lorfqu*on  la 
verfe  dans  la  chaudière  ou  mouilloir  dans  le- 
quel fe  fait  Topération.  Ce  mouilloir  eft  de  cui- 
vre rouge  ;  il  a  environ  trois  pieds  de  diamètre 
(k  20  pouces  de  profondeur.  Il  eft  pofé  fur  un 
trépied  de  fer  de  huit  pouces  d'élévation.  On  met 
deflbus  le  mouilloir  un  réchaud  »  loifqu*il  en  eft 
befoin ,  pour  entretenir  la  colle  dans  un  degré  de 
chaleur  convenable.  Le  mouilloir  fe  place  prdi- 
nairement  à  cÀté  de  la  prefle  a  b  ^  afin  nue  ^la 
colle  qui  s'écoule  de  la  poignée  qu*en  tire  le 
coUeur^  puifle  retomber  fur  la  table  de  la  prefle, 
.  ëc  ne  foit  pas  perdue  dans  le  trajeu 

La  prefle  de  la  chambre  de  colle  eft  compo- 
fée  de  deux  montans,  comme  ab  ou  A  B  «  fig.  a  & 
4,  de  dix  pieds  de  hauteur,  élégis  fur  7  piedi, 
&  confcrvés  à  dix  pouceS  dans  les  autres  ptircies; 
ce  qui  forme  des  rcMforts ,  où  le  feuil  C  &  l'é- 
crou  P  trouvent  des  points  d'appui  folidcs.  Le 
feuil  a  un  pied  d*épaifleur,  fur  quinze  pouces 
de  largeur,  &  Técrou  15  pouces  de  gros,  Tun 
&  Tautre  5  pieds  deux  pouces  de  longueur;  ce 
qui  fait  que  les  jumelles  font  éloignées  Tune  de 
Tautre  de  trois  pieds  &  demi.  Sur  le  feuil  C  eft 
^  un  tafleau  D«  qui  foutient  la  table  £,  de  huit 
pouces  d'épafleur.  Cette  table,  dont  la  furface 
fupèrieure  eft  élevée  au  deffus  du  rez-de-chiuf- 
fée  d'environ  deux  pieds  &  demi,  eft  aflcmblée 
^  fourchette  &  doubles  tenons  ,  embrevés  dans 
les  jumelles,  &  eft  entourée  d'une  rainure  d'un 
demi-pouce  de  large,  fur  autant  de  profondeur. 
Oeft  par  cette  rainure  que  la  colle  fupcrflue  prend 
foQ  écoulement,  pour  rentrer  dans  le  mouilloir 
par  le  goulot  5 ,  vers  lequel  toutes  les  parties  de 
la  rigole  doivent  être  inclinées. 

L'efpace  renfermé  en  dedans  delà  rainure ,  a  18 
pouces  de  large  ,  fur  27  à  a8  pouces  de  lon- 
gueur. Ccft  dans  cet  efpace  que  Ton  pofe  les 
porfes  f ,  F  ,  au  fortir  du  mouilloir  ,  &  qu'en 
les  empilant  on  forme  ce  que  l'bn  appelle  une 
mouillée  :  elle  confiftè  ordinairement  en  10  ou  13 
porfes  ;  &  pour  les  reconnoitre  &  les  féparer ,  on 
met  entre  elles  de  petits  morceaux  de  bois  on  de 
feutres.  Sur  lc>  loi  la  porfes ,  on  met  un  trapan 
b  H ,  puis  en  faifant  tourner  la  vis  N  R ,  on  fait 
deu:;cndre  dcfius  le  banc  de  prefle  K  L,  furpendu 


p  A  p 

en  M ,  à  la  tête  de  la  vis  que  l'on  tourne  avec  u 
levier ,  comme  on  peut  le  voir  dans  la  /^.  3 . 

Avant  de  plonger  les  porfes  dans  le  mouilloir 
qu'on  a  rempli  de  colle,  on  a  foin  d'y  faire  fon^ 
dre  une  certaine  quantité  d'alun  ;  d;.:s  fabricant 
y  ajoutent  de  la  coiinerofe  blanche  r  u  viçnol  Ae 
zinc  ;  alors  Fouvrier  colleur  prend  une  des  pori^ 
en  page ,  telles  qu'elles  ont  été  tirées  de  l'éteo- 
doir ,  redreflées  61  aflouplies  x  ,   &  placées  fut 
la  fellette  y  ,  &  la  tenant  de  la  main  ^ucheaver 
une  des  trois  palettes  de  \^  fig*  6  en  dcHbus,  il 
plonge  cette  porfe  dans  la  colle  par  le  milieu,  ob- 
fervant  d'écarter  avec  la  main  drciie  les  pages  de 
cette  porfe  ,  afin  qtic  la  colle  pu'.iTe  s'introduire   1 
entre  elles,  &  il  fubmerge  emièrcmeiit  le  côté  j    ] 
de  la  porfj  (  J{g,  2  ,  )  en  plongeant  f.i  main  dam    | 
U  colle.  Enfuitc  il  enlève  cette  po-fe  ou  poîjjnce    j 
de  la  main  gauche  2,  &  la  tient  fi.fpendue  (urie 
mouilloir ,  où  elle  s'égoutte  un  peu ,  ce  qui  fairraf* 
fembler  les  p»ges.  Alors  il  prefente  rextrémité  ] 
de  la  porfe  fur  une  des  palettes  qui  flotte  fur  k 
colle ,  &  prenant  la  troifiéme,  il  faifit  cette  extré- 
mité pénétrée  de  colle  à  L'aide  des  deux  palettes; 
&  ayant  abandonné  l'extrémité   1   de  la  porfe 
qu'il  tenoit  de  la  main  gauche,  il  en-écane  aulE 
les  pages,  &  plonge  la  main  droite  dans  la  coite» 
avec  cette  extrémité  ,  &  Tayant  tirée  de  la  colle, 
il  la  tient  fufpendue  pour  laiffer  égouttcr  &  rrf 
fertïblcr  Us  pages,  puis  avec  la  mjin  gauche  & 
une  paletre,  il  foulève  rextrémité  2 ,  &  tranfjporte 
ainfi  avec  les  deux  nuins  la  porfe  çol.ée ,  &  h 
pofc  fur  la  table  de  h  prefle.   V  continue  de  !a 
même  manière  à  coller  les  autres  porfes ,  juf- 
qu'à  ce   qu'il  en  ait  trempé  ainfi   dix  k  diouifc 
Alçrs  ,  en  preffant  comme  h\t  l'ouvrier  ,  fig,  3 , 
il   fait  pénétrer   la   colle    dins    les    porfes ,  & 
en  exprime  en  même  temps  le  fnperfln  ,  qui  re- 
tombe dans  le  mouilloir  par  le  goulot  /.  Cette 
opération  demande  beaucoup  d'attention  :  car  ci 
prcfiant  trop ,  on  feroit  fortir  une  trop  grande 
quantité  de  colle.  Une  raine  »iie  grand  raifin  doc- 
ble  qui  pèfe  35  à  ^8  livres  ,  prend  environ  dctt 
livres  &  demie  de  parties  collantes ,  c'eft  à  dii< 
qu'elle  pèfe  cette  quantité  de  plus  ,  après  avoir 
été  collée  &  féchée ,  qu'avant  de  paffer  par  Cette 
opération.   La  fig.  7  fait  voir    plus  en  !»rand  le 
panier  qui  fert  à  la  cuiflbn  de  la  colle ,  «  par  le 
moyen  duquel  on  retire  de  la  chaudière  les  tripes 
ou  matières  animales  qui  n'ont  pu  fournir  da 
bouillon  par  rébullition.  Ce  panier,  qui  eftd'ofi.-r, 
entre  dans  une  cage  de  fer  fu(pendue  à  la  corde 
du  treuil  par  quatre  chaînes. 

Dg  réteniangc  après  la  colle. 

A  Topération  de  col'er  le  papier ,  fuccè Je  cdlc 
de  l'étendre  feuille  à  feuille,  que  la  planche XIl, 
déjà  citée ,  repréfente.  Pour  cela  les  falèraotes  em- 
ployées à  cet  ouvrage  ,  portent  aux  étendoirs  les 
porfes  que  les  colleurs  leur  délivrerK  »  &  les  éten- 
dent fur  les  cordes  feuille  à  feuille»  Les  faléraores. 


P  A  P 

pMf  «réctiter  ce  trîivail  délic^r^s'aflocicm  àtiat 
a  4cui  »  6l  cette  a^ocution  le  nomme  /.r//e  : 
lirrfi  Ton  dit  nou^  avons  dciîx  felUs  ,  trois  Telles  à 
iicotle,  Slc,  La  fal6rante//;.  3»  commence  à 
pincer  11  première  feuille  de  la  porfe  par  le  coin 
ou  la  cornière  qui  eft  à  fa  droite ,  û  ia  porfe  eft 
hcn  toarr»<ie  ,  et  la  détache  doticemenr  iuf^u^à 
nojnè,  puis  la  jette  fur  ?a  irav^rfe  du  ferler»/^.  ^  , 
«ïtte  lui  préfçme  la  (lilérantî,  /^*  2,  qui  défiche 
If nftc  de  la  feuille  avec  U  ferler,  pms  la  pkce 
*iiT  une  des  cordef  de  réteiidoir  qu^eiic  approche 
&  écarte  de  Tautre  main* 

Comme  les  étendoirs  ont  pluf^ettrs  rangées  de 
perclies  6c  de  cordes ,  on  commence  d'ahord  à 
pmr  les  cordes  ks  plus  élevées,  puis  de  fuite 
in  dcfcendant  :  autre  cela  on  place  fur  la  lon- 

Rucur  de  la  même  corde ,  trois  »  quatre,  cinq  ou 
I  feuilles  de  fuite  avant  que  de  paiTer  à  Tautre 
corde,  fuivant  les  dimenfiar^s  que  peuvent  avoir 
Il  feuilles  de  papier.  On  voie  d'après  cela  que 
It  perches  étant  placées  à  d.ffcrens  degrés  de 
iiueyr  ,  fétendoir  doit  être  pourvu  de  bancs  de 
Ilic,  de  feîleitcs  de  différentes  élévations,  tant 
»ur  pr.fer  les  trapans  fur  lefqucis  on  traiirpûtte 
H  jioffcs ,  que  pour  que  les  falérantes  pui lient 
Itcindre  aux  cordes.  Dans  certaines' fabriquvs  de 
iandre  &  dans  toute  la  Hollande,  on  fut  ulage 
cf:rlets  à  langue  queue,  avec  lefquelson  atteint 
Hx  cordes  qui  font  à  douze  ou  treize  pîcds  àu- 
€u.  du  pi;incher. 

La  «îoure   4    de  la  m^me  planche    XII,   fait 

aiion  ,   le  plan  &  le  prcfil  d*une  des 

w  Tctcndoir,  avec  les  grilles  qui  fervent 

lt$  tenïicr.   ACKt   cft    un   ch^flis    dormant, 

mies  cotes  ainfi  que  la  travcrle  dormante  DF, 

tt  une  rainure  dans  laquelle  gliilent  Jes  quatre 

icàecs,  comme  on  le  voit  par  le  profil  K  FC, 

i  cit  à  cÔLé.  Le  ch3flîs    dormant  a    anfli   d^> 

iux  fixes  afi"çmhié!>  dans  le^  trois  rtaverfes  , 

^ €ipacà ,  tant  plein  que    visio ,  comm-   on   le 

BStt  pr  te  plan.  Li  moitié  C  H  ii  A  de  la  cruifèe 

n  filmée  »  parce  que  Ton  a  pouiî'é   les  guichets 

nobiks»  de  ma n  ère  que  leurs    bureaux    fuient 

l-^vis   des  i  mer  Villes  de  ceux  ai<  cliwfTis   dor- 

Hîu  Les  deux  parti. s  K  H  EF  Si  E  F  B  C  .  fnnt 

rrcrtes  ,  parce  que  les  harreaux  Se  ks  vides   du 

fichct  font  pîacés  vis-à-vis  deî^  barreaux  6t  des 

des  dw  chaffis  dormant.  On  voit  à  cuié  un  ^ui- 

ît  fôparé,  compofe  de  deux  emboitures  (i\  ee, 

deiix  montans  £c»  fc,  dune  entre-toife  C, 

de  a  nn  barreaux  qui  s'a  ffe  m  Me  m  dans  les  em- 

Iturei   ik.  dans   renire-ioife.    Les    cTuboiturts 

o'tv^cn  au£  lis  cxtrcmitcs  des  montans  dans 

c-toifc  cih  affembièe  :  le    profil   ou 

^    nioncant    du    guichet ,  qui  eA  à 

~,  Gît  c  CCI  détails* 

-••    /'  nuire  cùltaze  Avec  la  prau^ue  des 
Uollandms. 

iLarfqnQn  veut  coiler  le  papier,  9a  fait  dans 


t»  A  p 


519 


nos  jsioulins  la  cueillette  des  pages  >  fans  s  em- 
barrafTer  beaucoup  du  degré  de  fécberene  qt^eilc^i 
ont  acquife  \  cependant  la  plupart  des  fabâcaai 
fa  vent  par  eipcrience  que  les  pages  irc?p  fèches 
freunenr  moins  bîea  la  colle,  &  qu*elle  s'imbibt 
I  lus  abondamment,  Ôc  fe  diiVibue  plus  égaJe- 
mcnt  dans  les  papiers  où  il  relie  encore  une  lé- 
gère humidité;  mais  la  confirudion  de  leurs  éten- 
doirs  ne  leur  permettant  pas  de  profiter  de 
cette  obfervaiion  ,  ils  n'en  tiennent  aucun  compte 
dans  la  pratique. 

Un  aistre  déikvantage  de  cette  deiTtccation  des 
paj^es,  c'ci^  qu'elles  tormeot  dans  cet  état  des 
espèces  de  carions  fort  durs ,  qu'on  ne  peut  af* 
fouplir  pour  les  difpofer  à  boire  la  colle*  Il  n  eli 
donc  pas  étonnant  qu'en  trempant  dans  la  colle 
un  paquet  compofe  de  ces  pages  ,  elle  ne  les 
pénètre  que  très- difficilement  oc  très-i«égalcmem. 

On  commence,  en  Hollande,  par  faire  ramr.ffcr 
les  pages  à  rétendoir ,  &  après  avoir  aiToupii  & 
entrouvert  les  feuilles  des  pages  ,  &  avoir  détruit 
une  grande  partie  de  leur  adhérence  ,  les  ou- 
vriers occupés  du  collage  les  diftribuent  par  pot* 
Qnées  ou  paquets  deûinés  à  chaque  trempage,  U 
paroit  que  dans  cette  prépararion  des  poignées , 
on  a  pour  but  d'écarter  tous  les  obnacles  qui 
pourrolent  s*oppofer  à  Umbibition  de  la  colle  ^ 
car  le  papier  de  pâte  non  pourrie  prend  ta  colle 
trés-difîicilement ,  même  lorfqull  tû  préfenté  au 
meuilioir  prefque  feuille  à  feuille.  Cette  dîffi* 
culte  eft  telle  ,  que  fi  Ton  plongeoit  dans  le 
mouil!oir  des  pages  formées  de  feuilles  nombreu- 
I  fcs  &  fortement  adhérentes  entre  elles  »  comme 
font  les  notre* ,  &  qu'elles  fuifcnt  compofécs  de 
papiers  fabriqués  avec  ces  pâtes  non  pourries  * 
il  feroii  impolfible  dy  fsire  pénétrer  la  colle, 

Outre  ces  précautions,  on  a  foin  tfe  joindre  à 
chaque  poignée  ,  deux  feuilles  de  papier  gris  d'un 
formai  égal  à  celui  du  papier  delUné  à  la  colle. 
Ce  papier  gris  ,  ferme ,  fulide ,  &  déjà-  collé  » 
I  Uicé  aux  deux  eûtes  des  poignées  ,  fert  à  en  main* 
ttf  ir  les  feuilles. 

Dans  lacuiiTon  de  la  colle,  lesHollandoiç  n'ont 
rrtii  de  particulier;  mais  ils  diffèrent  de  nous,  en 
c<^  qu'âpres  cette  cuiffon  ils  tranfvafcnt  leur  colle 
i\\ci  que  les  trij^es  &  les  matières  les  plus  grof- 
ft-rcs  fe  font  précipitées  au  fond  de  ia  chaudière 
01 1  fofaii  la  cuite*  Ls  la  meftertrepoferÔt  refroidir 
û^ï\%  un^uvicr  de  bois  ou  dans  une  ba0ine  de 
cuivre  fort  large  &  peu  profonde.  A  mefure 
que  ta  colle  fe  refroidit,  elle  dépofe  fur  le  fond 
de  ce  vaiiTeau  un  fédimcnt  de  matières  qui 
nuiroieni  à  fa  tranfparence  ,  6c  qui  communique- 
ioient  un  ton  jaunâtre  au  papier  :  ils  verfwnt  cn- 
fuite  cette  colle  purifiée  dans  une  chaudière  pour 
la  réchauÔ'er  au  degré  convenable  lorfqu'iîs  en 
veulent  faire  ufage.  Cette  pratique  eâ  oppciee 
aux  idées  de  prefque  tous  les  fabricant  François  , 
qui  prétendent  que  de  faire  réchauffer  la  colle, 
c'cft  i  aâoiblir  au  point  quelle  ne  peut  plus  fer 


520 


P  A  P 


vir.  Ccft  par  fuite  de  cse  préjugés  qu*oiî  ne 
tranfvafc  prcfqae  point  la  colle  dins  nos  mou- 
lins ,  qu'on  U  laiffe  fur  les  tripes,  &  qu'on  l'em- 
ploie le  plus  fou  vent  en  cure  chargée  de  matiè- 
res étrangères  qui  tcrnlfTent  fcnfiblement  ïe  blarx 
naturel  de  nos  plus  belles  pâtes.  Les  fuccès  de 
h  pratique  contraire  des  HoIi;indoiç,  prouvent  que 
nous  pourrions  laîner  prendre  à  la  colle  toure 
fa  iranfparcnce  par  un  refroidiiTemeût  infenfible 
&  bien  jxiènagè ,  fans  rifquer  de  laffolblir  beiu* 
coup. 

L'ouvrier  qui  veut  coller  en  Hollande,  prend 
une  des  poignées, &  la  plonge  dans  le  motiillojr 
plein  de  colle  clarifiée  âtrtchauffic  commeon  vient 
de  voir;  il  entrouvre  la  plus  grande  partie  des 
feuilles  de  la  poignée,  afin  de  faciliter  Tintroduc- 
tion  de  îa  liqueur  par  toutes  les  furfaces,  C'eft 
à  ce  but  que  tendent  enfuite  les  petites  manœu- 
vres dont  il  eft  occup6  pendant  tout  le  temps 
du  trempage. 

Comme  le  colleur  tourne  &  retourne  fa  poi- 

Îjnec  dans  tous  les  fens  ,  il  étoit  nècefifaire  que 
e  papier  grîs  contint, pendant  ces  divers  mouve- 
mens ,  les  feuilles  des  bords  qui ,  n'ayant  plus 
d'adhérence  avec  les  feuilles  intérieures,  au- 
roient  flotté  féparément  dans  la  colle  ,  ce  qui  au- 
mit  occafionné  des  cajpî  ;  cette  précaution  a  été 
d  ajllciirs  infplriïe  par  la  confidération  du  long 
féjour  que  le  papier  de  Hollande  fait  dans  le 
mouIUoir,  avant  d'avoir  pris  une  quantité  fuf- 
fifante  de  colle. 

Ce  n*eftpas  aureAe  pour  le  ramolliflement  de 
rétolFe  dans  la  colle,  qu  on  a  pris  ces  précautions , 
car  elle  conferve  toujours  ,  même  après  avoir 
bu  une  fuffifanre  dofe  de  C0II2,  adez  de  fermeté 
pour  réfifler  aux  tranfports  ordinaires  :  au(G  nVi-je 
pas  remarqué  que  pendant  le  collage  il  fe  cif- 
ftr  aucune  feuille  fimple ,  i  plus  forte  raifon  on 
ne  voit  pas  des  pag'îs  cnt  cres  fe  caffer;  ces  ac- 
cidcns,  que  nous  éprouvons  aflcz  fouvent  avec 
nos  pâtes  pourries  ,  prouvent  que  c*eft  k  la  nature 
&  à  ta  conQicutioQ  des  pltc>  que  Ton  doit  ces 
différences» 

Lorfque  les  poignées  font  collées  fuffifammer»t , 
on  les  retire  du  mouiUoir  avec  les  papiers  gris , 
qui  les  fui  vent  même  fous  la  prefiV.  J*ai  pblervé 
que  la  quantité  de  liqueur  qui  fc  dégage  d*cUe- 
in£;me  du  p,ipier ,  Icrfqn'on  le  foulèvs,6c  qui 
retombe  dans  le  mouiUoir ,  cO  infarmient  moins 
abondante  que  ccWe  qui  quitte  pour  lors  les  poi- 
gnées de  nos  pâtes  pourries  &    fp^^ngieufes. 

Quand  les  papiers  font  placés  fous  la  prefle  , 
on  la  fnit  a^îr  doucement  d\ibord ,  cnfuîtc  plus 
on  moins  vigourcufement ,  fui  vaut  leur  force  &L 
leur  capicîiê  :  on  ]itge  des  nuances  de  ces  états, 
par  le  temps  q\\*l\  leur  a  fa\lu  pour  fe  pénétrer 
de  ta  colle.  Plus  ils  font  de  temps,  plus  on  prelTc 
futtemcnt  ,  zftn  âc  Uxrc  lyitttctn^r  êgalfmcm  les 
prtrcipci  coUans  daf»s4'étf  ffc,  {k  do  tire  dégor* 


î; 


p  A  p 

cr  en  même  temps  au  dehors  la  partie  fiiraliôô» 

amc. 

Quoique  le  papier  de  Hollande  boive  dirnd 
lement  la  colle  »  il  peut  en  prendre  fuffifammew 
au     moyen   du   long   féjour  qu*il   fait  dans  W 
mouilloir;  cependant ,  la  quantité  qu'il   en  prenif 
eil  beaucoup  moindre  que  celle  qu  abfarbeni  nos 
papiers;  mais  cette  moindre  quantité   lui  iuffit, 
parce  quM  la  conferve  plus  fidèlement;  il  rend 
aufli  fort  peu  de  liqueur  par  l'effort  de  la  prefit 
On  remarque  même  »  que  comme  ce  papier  l'dl 
renflé  à  la  colle  par  Teffet  de  fon  reffort  nati* 
rel,  il  ne  perd  que  très-peu  de  cette  augmenta* 
tîon  de  volume  »  ni  fous  la  preffe  ,  ni  pendant  ti 
defficcatlon-  Ccft  tout  le  contraire  pour  les  pa* 
piers   de    pâtes   pourries  ,    qui  ont   été    gonfiéf 
par  la  liqueur  ,  Hc  qui   perdent ,  quant  à  l'cpaif- 
îeur ,  à  mefure  qu  ils  paffent  fous  la  preffe  ou  I 
lerendoir. 

On  laiffe  le  papier  de  Hollande  au  fflot» 
un  quart'd'heure  tous  la  preffe  t  après  quoi  oo 
Tenlève  par  paquets  ,  dont  les  feuilles  de  piplcr 
gris  fervent  toujours  z  déterminer rèpaiffeur,& 
Ton  en  fait  des  piles  particulières  »  qu'on  arraiîje 
tout  autour  de  la  table  dcfl  inée  au  relevagc  de 
réchange  ,  afin  que  les  ouv  riers  occupes  de  ce 
dernier  apprêt,  putffent  fe  partager  leurs  tâches. 

Réflexions  fur  fittndjfe  après  ia  coUe. 

Dès  que  les  porfes  font  collées ,  nous  les  por^ 
tons  à  rétendoir  ,  6c  Ton  a  pour  principe  de  les 
placer  toutes    chaudes  de  colle  fur   les  cord^ 
Le  papier,  ai  nfi  placé  par  tes  étendeufes  feuiUe  k 
feuille ,   féclie   très-rapidement  &  perd  ,  oâr  îi 
circon fiance  d*une  cvaporation  aulFt  peu 
gée,  une   grande  partie  de  la  fubilancc  '-. 
qui  avoir  pinhrè  rintérieur  de  l'étoffe  t^ 
verni ffoit  à    fi  furface.    Quoique  rétendou     /m 
fermé   pour    lors,  comme   il   reçoit  rimpreiEoii 
de  la  température  extérieure  par  des  ciuvcroim 
mulfi^>liées  qui  font  diftri buées  de  tomes  piTO, 
la  coite  ou  s  "évapore ,  ou  coule  à  terre  ,  6cc. 

On  a  cru  pouvoir  éviter  ces  tneonvêniens  ev 
intioduifant  Tufage  de  Coller  de  grand  fnadn,&  dy 
occtiper  tous  les  ouvriers  pour  pr-éveoir  le  ctn^ 
de  la  chaleur:  on  choifit  d'ailleurs  un  temp%  pia 
chaud  ,  &  où  il  ne  règne  pas  benalns  venif 
qui  font  trop  defféchans;  maïs  il  s'en  faut  bça»*' 
coup  qu'on  toit  parvenu  ,  avec  ces  précautîoiis ,  i 
fe  mettre  â  l'abn  de  tout  accident  ;  t^*  pfttcc 
qu'il  rcAe  encore  beaucoup  de  papier  Oit  11  col* 
1er  ou  â  étendre,  lorfque  la  chaleur  -  te  fait  feh 
tir;  a"».  p?.rce  que  fouvent  le  temps»  qui  ai 
çoit  une  température  douce,  fc  décide  à  Ta 
lorfque  Li  colle  eft  cuite,  On  obvie- 
en  clïapg'ant  la  conftruflion  des  ci 
font  la  principale  caufe  du  mal  ,  &  en  té^ifk 
celle  des  ctcndoirsHoUandois ,  avec  îaquclîe- 
n'a  rien  à  redouter  dt;  la  chalsur  eiitoçiii;. 


à^m 


P  A 

Di  rechange  après  la  coîîe* 

Un  aurrî  avantage  que  les  IlolUndois  ont  en- 
core fur  nous  ,  c'elt  la  pratique  de  1  échange  fur 
le  papier  qui  vient  d'ètfc  colle. 

Oo  comnnence  cette  opération  par  relever 
feuille  i  feuille  les  papiers  des  poignées,  on  les 
relève,  ou  encore  chauds  de  colle»  ou  bien  lorf* 
qu'ils  font  refroidis.  La  pr,itique  des  fabricans 
HoILandoLS  n'a  rien  de  conft.int  fur  ce  point; 
niais  après  le  relevage  «on  a  ta  plus  grande  at- 
tent:on  de  ne  foumcttre  k  la  preiTe  les  piles  des 
poignées,  que  lorfqu 'elles  ont  entièrement  perdu 
la  chaleur  de  la  colle  ;  car  ft  la  colle  étoît  en- 
core un  peu  chaude  ^  liquide  ,  elle  pourroit , 
fous  l'effort  de  ta  prcfle  de  l'échange  ,  ou  fonir 
du  pipter,  ou  bien  éprouver  à  la  furfacc  des 
!cs  une  nouvelle  diftribution  qui  y  cauferoit 
-  coup  d*inégaUtès  &  dètrniroit  le  bon  effet 
«le  i'cchang;^.  Il  Vâut  mieux  que  le  papier,  encore 
chaud  de  colle  ,  prenne  pendant  les  relevagcs 
une  censiae  coDfilhnce,  6c  que  le  vernis  de  la 
colle  s'affcrmilTe  à  mefurc  que  s'opère  le  refrot- 
«fiCeiiicnt  de  toute  l étoffe:  qu'enUiite  ces  effets 
fe  perfeâionnent  fous  la  preife  ,  qui  achève  de 
donner  au  papier  le  glacé  matte  C\  convenable 
|H>ur  Iccriture  6i  pour  le  dcffin.  CeA  donc  par 
tu>c  fuite  de  relevages  &  de  preiïages  ,  que  le 
grain  des  papiers  collés  devient  égal  Si  doux  , 
oue  la  colle  prend  corps  ,  s'étend  6c  fe  fixe  fur  la 
iurf;ice  du  papier  de  Hollande* 

D'après  ces  confidérations  «  i!  me  femble  que 

rechange    après  la    cotle    eA  d'une  très-grande 

miportancc,  par  les  avantages  qu  il  procure.  AuiTi 

citècute-t*on    aflcz   généralement  en  Hollande , 

toutes  les  fortes  dep;ipier,au  lieu  quon  le 

rime   quelquefois    pour  les  porfes   blanches 

peiiies  for ïcs  q;ii  fechent  fans   inconvénient 

am    la   colle   :    L'apprêt   du    fécond    échange 

irite  d'autant  plus  d*étre  foigné^  qu'il  re (le  in- 

iriablemcnt  fur  les  papiers  ,  &   qu'il  n'efl  pas 

Itère  par  des  opérations  fubféquentes, 

/c  dois  dire  que  ,   malgré  ces  avantages ,  on  fe 

fpcnfe  cepencfanr,d.in$  on  grand  nombre  de  mou- 

Hollandois  »  du  fécond  échange ,  fur-tout  lorf- 

ije  le  premier  a  été  bien  foigné.  £n  France ,  ou 

ijc  tj-nroit  pas  auflî  occupé  d'adoucir  la  furface 

r ,  c'cA  fur-toLH  iprès  la  colle  que  j'ai  ' 

w  an  plus  grand  nombre  d^afpéritès,  lorf- 

I  ieteuie  tance  fur  le  ferler  les  feuilles  im- 

y  de  coltc ,  lefquelles  fe  détachent  avec  peine 

unes  des  autres  ,  à  caufe  de  la  grande  adlié- 

ce  quelles    ont    contraÛée  en  fcchant  dans 

de  pages.  On  voit,  en  fe  plaçant  de  ma- 

f  qu'on  (oit  oppofé  au  jour,  qu'elles  fontpref- 

ïfcxites  hériffécs  d'une  mfinité  de  petits  poils, 

ic  !a  colle  &  Teffort  brufqué  de  la  jcteufc  con- 

îiruetit  a  faire  lever  dans  toute  retendue  de  leur 

nrfacc  Sédièes  enfuite  rapidement  &  Intiini»- 

dfiM  &  Maitrs,  T*fmt  K  P^riU  IL 


p  A  P 


521 


ment ,  ces  feuilles  confcn^ent  les  mêmes  a^pérliés  ; 
qui  ne  fe  dctruifent  que  très-i  m  par  faî  cément  fous 
la  preflTe  de  la  fallc  ;  car  on  foumet  k  cette  preffe 
le  papier  dans  un  état  de  féchcrcffe  fi  complette  ^ 
que  les  poils  ne  peuvent  plus  rentrer  dans  Tè- 
loffe ,  trés-roide  8c  très-dure.  Les  Hollandois  ,  au 
contraire,  ont  foin  de  faire  la  cueillette  de  leurs 
papiers  lorfqu*ils  font  moins  fecs,  &  qu'ils  peu- 
vent obéir  à  Talion  de  la  preffe  de  la  falîc , 
ou  ils  achèvent  de  prendre  ce  beau  luftrcquilcs 
fait  rechercher  dans  toute  ITurope. 

De  réundagt  en  pages  après  la  coUe, 

Lorfaue  le  papier  coîlé  &  relevé  a  palTé  quatre 
à  cinq  heures  fous  la  prefî"e,on  l'en  retire  6c  on 
le  porte  à  réicndoir;  là,  on  le  diftribue  fur  les 
cordes  en  pages  de  deux,  de  trois,  de  cinq 
feuilles  ,  fuivant  la  grandeur  du  format.  Les  petites 
fortes  s'étendent  à  cinq  feuilles  &  les  grandes  à 
deux  feuilles  feulement.  Cet  ctendage  fe  fait  avec 
la  plus  grande  facilité ,  au  moyen  de  ferlées  dont 
les  manches  font  ailez  longs  pour  que  le  faleram 
attcigtie  aux  divers  rangs  des  cordages.  Le  pa- 
pier fèchc  doucement  en  cet  état ,  &  la  colle^^sy 
conferve  très-bien,  fans  un  déchet  fenfible,  parce 
que  les  feuilles  des  pages  fe  pré  fervent  récipro- 
quement d'une  delTiccation  trop  fubite.  Comme 
la  colle  a  déjà  pris  corps ,  &  s'eft  fixée  ï  la  far- 
face  du  papier  pendant  toutes  les  opérations  de 
réchange,  les  prcgrés  infcnfibles  d'une  deflicca- 
(ion  ménagée  ,  ne  font  ^nt  perfcftlonncr  ces  bons 
effets  à  mefure  que  ces  feuilles  fe  défceuvrent 
d'elles-mêmes* 

Les  Hollandois,  en  étendant  ainfi  en  pages  le 
Ijapier  collé  ôt  échangé,  évitent  très-adroitement 
l'opération  la  plus  pénible  6c  la  plus  hafardeufe 
de  la  méthode  françoife. 

Quoique  le  papier  de  France  foit  en  général 
fort  moUaffe,  fur  tout  lorfqu'ii  fort  du  mouilloir, 
cependant  la  fuite  de  nos  procédés  nous  a  mis  dans 
la  néceflité  de  fépirer  pour  lors  chacune  des  feuil- 
les qui  compofent  les  poignées, &  de  les  étendre 
alnfi  toutes  féparées;  fans  cela  ,  au  lieu  de  feuU- 
Ics  minces  fie  légères,  on  n'obtiendroit  après  la 
cf cfTiccatian  qre  des  efpèces  de  cnrtons ,  ou  aflem- 
blâges  de  feuilles  cxaâement  collées  cnfemble,  £n 
Hollande,  la  facilité  de  manier  le  papier,  même 
après  h  colle,  a  introduit  l'échange,  qui,  quant 
aux  rclcvages  ,  reffemble  affez  à  notre  manière 
d'étendre  feuille  à  feuille;  n?ais  il  s'en  faut  bien 
au'il  entraîne  les  mêmes  inconvéniens ,  foit  dans 
les  effets,  foit  quant  à  la  manière  de  l'exécuter.  Prc- 
mlèremcnr,  les  manipulations  de  l'échange  après 
la  colie,  font  moins  p^nbles,  exigent  moins  de 
coopérst^urs  que  celles  qui  y  correfpondent  en 
France*  Trois  ouvriers  peuvent  faire  en  Hollande 
le  travail  que  quatre  ne  pourroicnt  pas  exécuter  en 
France.  Il  faut  moins  Je  temps  pour  relever  les 
papiers  collés, pour  les  mettre  fous  prcffc,  pour 

T  TT 


532 


P  A  P 


les  étendre  en  pages ,  que  pour  étendre  feule- 
ment la  même  quantité  de  porfes  en  France,  après 
en  avoir  féparé  les  feuilles  dans  l'état  de  moîlcffi 
&  d'adhérence  oîi  elles  fe  trouvent,  Ainfl ,  en 
fuivant  la  méthode  Hollandoife,on  a  non-feule- 
mjnt  les  bons  effets  de  Inchangé,  mais  encore  le 
bénéfice  de  la  main-d'œuvre.  Toutes  nos  opéra- 
tions aprèî  la  colle  ,  ne  font  que  des  manipu- 
lations de  pure  nécefllté;  aucune  ne  tend  à  Ta- 
mélioration  do  Tétoffo  :  on  expédie  le  tr.iv;.il  fans 
pcnf-r  que,  par  des  manoeuvres  irèi-imparfiitcs , 
on  détériore  les  papiei-s. 

Nous  avons  vu  combien  la  fèparatlon  brufquée 
des  feuilles  de  papier  nouvellement  collées  fti- 
foit  lever  de  poils  à  leur  fuperficie ,  &  combien 
elle  groflîffoit  le  grain  dans  les  fabriques  de 
France,  Nous  avons  remarqué  aufli  que  ces  iné- 
galités ,  expofëes  enfuite  à  une  de/Hccation  rapide , 
fe  trouvoient  invari^.blem^nt  fixées  en  cet  état 
après  ia  colle.  Il  n'cft  donc  pas  étonnant  qu'il 
réfulte  le  plus  fouvent  de  toutes  ces  opérations 
peu  réfléchies  ,  une  étoffe  dure  ,  fèche  ,  fans 
aucune  douceur  à  la  furfacc ,  au  lieu  d*une  étoffe 
fouple  &  ferme ,  d*un  grain  uni  &  liffe ,  qu'on 
auroit  pu  obtenir  par  cette  fuite  d'apprêts  que 
nous  venons  d'expofer. 

Si  Ton  joint  à  ces  confidérations  celle  des  caf^ 
fis  ,  ou  des  autres  défeâuofités  qui  font  la  fuite 
de  rétendage  fait  feuille  à  feuille  après  la  colb, 
malgré  Tadrcffe  fmguUère  de  nos  falerantes,  on 
fera  encore  plus  frappé  de  l'avantage  que  ré- 
change a  procuré  aux  HoUandois.  Outre  les  feuil- 
les eafféts  entièrement  &  qu'on  met  au  rebut  » 
combien  n'en  voit-on  pas  dont  les  coins  ou  par- 
tie des  bords  font  enlevés  &  déchirés ,  au  mi- 
lieu des  efforts  continuels  qu'il  fâut  faire  pour 
exécuter  cette  longue  &  pénible  féparation?  C'eA, 
il  eA  vrai,  à  la  nature  de  leurs  pâtes  non  pour- 
ries, que  les  HoUandois  doivent  l'avantaee  d'a- 
voir fupprimé   notre  étendage  fcu'dle  à  Quille, 
Î>arce  que  leurs  papiers  peuvent  fe  prêter  à  toutes 
es  m-inipulations  qu'exigent  les  apprêts  qu'ib  ont 
fubftitués  auffi  avantageufoment  à  cet  étendage; 
au  lieu  qu'avec  nos  pâtes  pourries ,  nous  fomnies 
réduits  à  ne  point  aaopter  ces  apprêts  fans  Incon- 
yéniens ,  quoique  nos  papiers  en  aient  un  fi  grand 
befoin. 

Dts   papiers   cajfés. 

On  peut  fe  rappeler  que  dans  les  différens  détails 
de  nos  procédés  ,  foit  de  fabrication  ,  foit  d'ap- 
prêts ,  j'ai  fouvent  fait  mention  des  papiers  cajfés. 

On  a  vu  les  leveurs  occupés  à  détacher  des 
feutres  les  feuilles  qui  adhèroient,  &  affez  fou- 
vent déchirer  ces  feuilles  par  les  coins ,  ou  bien 
arracher  feulement  des  portions  de  bordures  ,  qui 
Ifs  pouvoicnt  foutenir  l'effort  néceflaire  pour  dé- 
gager la  feuille  entière. 

La  même  étoffe  de  pâtes  pourries ,  foumife  de  nou- 


p  A  p 

veau  en  porfes  blanches  à  la  pr«fle ,  o*a  pis  encore 
acquis  une  folidité  fuiRfante  pour  être  relevée  fans» 
que  les  ca£és  fo  multiplient  à  un  certain  poim. 

korfque  nous  étendons  en  pages ,  nous  déchi-» 
rons  encore  affez  fouveiu  les  feuilles  fur  tout^ 
leur  longueur, parce  qu'une  moitié  s'enlève  pen« 
dâut  que  l'autre  refte  adhérente  à  la  porfe.  D'ail* 
leurs  «  nous  comptons  toujours  que  deux  à  trois 
feuilles  de  l'extrémîtc  de  chaque  porfe  qui  frot- 
tent fur  le  trapan,ouqui  portent  fur  le  plancher 
de  Térendolr  lorfqu'on  ramsffe  les  pages  ,   font 
déchirées  de  manière  à  ne  plus  fervir  que  de  nu- 
cuhtures.  C'elt  un  facrifice  que  notre  oégligeace 
femble  faire  fans  regret. 

Dans  le  collage ,  nous,  cailbns  auffi  quelques 
rcuilies  des  poignées ,  fur-tout  fi  nous  les  laift^cs 
flotter  un  trop  long-temps  dans  le  fnoutlloir,& 
û  les  poignées  font  compofées  de  pages  trop 
êpaiffes  &  peu  affouplies,on  voit  quelquefiMS  k 
ces  pages  entières  fe  cajfcr. 

Enfin,  nous  avons  fait  voir  combien  TuCigeoii 
nous  étions  de  féparer  chaque  feutUe  des  p<MgDiei 
après  la  colle»  produîfoit  de  caffés»  &  les  as- 
tres défeâuofités  lemblables ,  &  nous  avons  mMtfé 
cette  perte  comme  une  fuite  de  ta  néthodcdc 
pourrir. 

D'après  tous  ces  détails ,  on  ne  fera  pas  étotiii 
de  nous  voir  porter  ici  les  papiers  caflès  ou  de* 
chirés ,  au  quinzième  de  la  fabrication  totale  di 
papier  qui  fe  fait  en  France. 

£■  Hollande,  les  fabricans  ne  comptent  gtiie 
que  fur  un  foixantiéme  au  plus  de  papier  caA 
ou  déchiré  »  quoique  leurs  papiers  foîenc  ezpoAs 
de  plus  que  les  nôtres ,  aux  manipulations  ds 
relevages  &  des  preffages  de  deux  échanges.  Oo 
n'aura  pas  de  peine  à  compter  fur  cette  évahB* 
tion  modérée  des  pertes  des  HoUandois,  fi  To* 
réfléchit  à  la  folidité  de  leurs  étoffes  ,  à  la  fid- 
lité  avec  laquelle  le  leveur  détache  les  feuilles 
des  feutres ,  à  la  commodité  du  rekvage  dans  te 
deux  échanges,  &  aux  deux  étendages  en  paps 
après  les  écnan^es. 

Outre  cela ,  je  dois  faire  remarquer  que  les  t 
bricans  HoUandois  ont  la  plus  grande  atteonoo 
pour  que  leurs  porfes  ne  foient  jamais  placées 
immédiatement  fur  les  plateaux  ou  trapans ,  krf* 

Su'après  l'échange  on  les  porte  à  l'étcndcir  :  «pK 
es  feutres  ou  des  papitrs  gris  bien  collés,  ks 
préfervcnt  d'être  déchirés  par  les  frottemeos  de 
toute  efpèce  auxqu;:l3  les  différens  tranfports 
les  expofent  ;  que  ces  mêmes  papiers  gris  les  firi* 
vent  dans  la  préparation  des  poignées,  dans  k 
collage,  dans  les  opérations  de  l'échange  après  b 
colle  ,  h,  enfin  dans  Tétendage  ,  &c. 

On  doit  fentir ,  d'après  ces  détails ,  cotfibieo  il 
feroit  important  pour  nos  fabricans,  de  prévenir 
les  caflés ,  non-feulement  dans  les  manipulanoos 
ordinaires  de  la  fabrication  ou  des  apprêts, nais 
encore  dans  les  tranfports  &  dans  les  fronemecs 


P  A  P 

ijrqueU  une  étoffe  auflfi  folble  ne  peut  pas  rè- 
*  ^r  faos  de  grajidcs  précautions. 

Des  travaux  de  la  falie* 

Après  que  le  papier  eft  féché  feuîUe  à  feuille 
mT  cordes  de  Tétendoir ,  on  le  recueille  &  on 
m  fait  des  paquets,  qu'on  porte  à  la  falle ,  où  il 
Wjoît  fe$  derniers  apprêts,  qui  confident  d*abord 
I  le  fiîre  pafler  fous  la  preiTe ,  à  le  trier ,  a  Vé- 
plucheri  à  le  plier,  à  le  compter  6c  à  le  mettre 
ca  ntaîn.  Il  y  a  quelques  fabriques  où  on  le  li^Te  , 
où  on  le  bat  ,  6c  où  on  Tébarbe  j  mais  cela  nVft 
pu  général,  &  il  y  en  a  beaucoup  même  où  Von 
ifapprimè  des  prép?.rations  qui  fe  fuppléent  avan- 
Ugeufement  par  a  .autres.  Tels  font  le  lîffage  & 
ie  battage  ,  qui  ont  ère  retranchés  depuis  que ,  par 
les  manipulations  de  rechange,  on  cft  parvenu 
i  adoucir  le  grain  du  papier  beaucoup  mieux 
que  par  ces  deux  opérations.  Nous  nous  borne- 
roos  donc  ici  à  indiquer  les  opérations  de  la 
fille,  qui  font  e^Tentielles  âc  indifpenfables. 

^  fi^*  J  repréfente  les  preÛes  de  la  falle  &  le 
falerant ,  qui  met  en  prefîe  les  papiers ,  foit  au 
fcriir  de  Tctendoir,  foit  après  quils  ont  pafTê  par 
Ws  mains  des  falerames.  Cette  opération  e(l  trés- 
iaportante  ,  parce  qu'elle  fait  difparoitre  beaïi- 
ODup  d^  faux  ptii,  les  inégalités,,  les  grandes  af- 
péricés  du  grain  du  papier.  C'cfî  aufli  par  cette 
laifon  que  les  preffes  de  cet  atelier  font  très- 
fortes  &  doubles ,  comme  on  le  voit  à  la  fig,  ç, , 
fcdans  ia  vignette  de  la  planche  XIIL  II  y  a  dans 
cet  atelier  deux  doubles  preffes  ,  placées  paral- 
Weiucnt  Tune  à  côté  de  Tautre.  Les  deux  mou- 
lins AB  &  <i^  des  extrémités  de  chacune  de  ces 
pcfles ,  ont  douze  pieds  de  longueur,  Ôc  font  élé- 
p  &  équarris  à  onze  pouces  fur  neuf  pieds  de 
»ng,avec  renforts ,  boiîages  &  embrévement  au- 
Wus  de  récrou  Dd  ,  &  fous  le  km\  dont  la 
foface  fopérieurc  affleure  prefque  le  rez-de  chauf- 
fe,  ou  il  eil  fcellé  dans  une  forte  maçonnerie , 
'aufli  bien  que  les  boffages  des  extrémités  inférieur 
iîçs  des  montans  ou  jumelle 5*  Le  feuil  a  ûqi\% 
>icds  de  largeur  fur  dix-huit  pouces  d'épaideur, 
k  huit  pieds  neuf  pouces  de  longueur,  ainfi  que 
^écrou  Dd  ,  qui  eft  de  bois  dWme,  &  qui  a  dix- 
Bir  pouces  d'épaiflcur  fur  vingt»  un  pouces  de 
trgcur.  Il  eft  percé  de  trois  trous  ,  deux  foi;t 
traudès  pour  recevoir  les  vis  de  la  prefîe  ;  le 
K>i{ième  eft  une  moftaife  qui  reçoit  le  tenon 
ipérieur  en  queue  d'aronde ,  lequel  termine  le 
lontant  du  milieu,  &  au  moyen  duquel  il  eft 
frète  par  des  clefs.  Le  tenon  intérieur  du  même 
lonrant  eft  fixé  au  feuil  par  des  clefs  qui  entrent 
iCfoixs  le  feuil  :  il  y  a  fix  pieds  de  dtftance  de  la 
irfacc  fupérieure  du  feuil  jufqu*à  la  furface  in- 
fîeure  de  l'écrou,  &  trois  pieds  de  diftaoce  d'un 
konunt  à  Tautre*  Les  faces  oppofces  des  mon- 
Hs  font  à  rainure,  pour  recevoir  &  fcrvir  de  fili- 
aux bancs  de  prefle  entre  lefqncls  &  le  £uil 


p  A  p 


5- 


fc  fait  la  compreflion  des  piles  de  papief  F  f  qu'on 
y  place.  On  ne  voit  dans  la  vignene  quun  feiJ* 
montant  C  E,  des  trois  qui  compof^'nt  la  féconda 
preffe  parallèle  à  la  première;  dans  la /^.  i''\on 
voit  une  faleraute  qui  eÛ  afiife  ï  côté  d  une  table  , 
qui  trie  âc  qui  épluche  le  papier  ,  c'eft-à  dire  » 
qu'elle  en  fait  plufieurs  lots,  fuivani  les  dlfl*érens 
dvgrés  de  perfeôion  ou  de  défauts  qu'elle  y  re* 
marque  ;  elle  en  ôte  auffi  les  nœuds ,  les  boifes  | 
les  fils  ^  les  matières  hétérogènes  qui  peuvent  gâter 
les  feuilles  ;  elle  fe  fen  pour  cch  d'un  grattoir  a  ^ 
<]u*oii  voit  par  terre  en  h  ,  fig^  ^  ,  enfuite  elle  pli^ 
feuille  à  feuille ,  &met  chacune  de  ces  feuilles  dans 
leloiquileurconvicnt»  La  /V.  repréfente  une  faîe- 
rante  qui  paffe  la  UHe  fur  ime  feuille  de  papier.  Elle  eft 
debout  devant  la  table  qu'on  appelle  liffoir  ^  du 
hoïA  de  laquelle  pend  une  peau  de  bafane  en  /» 
&  qu'elle  relève  &  étend  fur  la  table.  C'efl  fur 
cette  peau  qu'elle  place  la  feuille  qu*elle  veut  lifler, 
puis  avec  une  pierre  dure  &  polie  ,  elle  frotte  en 
tous  fsEis  la  feuille  qui  n^acquietl  pas  par  ce  tnoycn 
un  grand  apprêt.  On  voit  en  a^fig^  %,  la  forme 
de  la  pierre  à  lifTer.  La  /^.  j  eft  une  falerante  oc- 
cupée à  ployer  le  papier  en  deux  ;  elle  fe  fert  d'un 
morceau  de  bois  dur,  poîi  &  d'une  forme  fem- 
blable  à  celle  des  pierres  à  liiTer,  que  Ton  appelle 
auffi  pierre  ;  c  eft  avec  ce  morceau  de  bois  qu  en 
paiïant  le  long  du  milieu  de  la  feuille  ,  donc  elle 
a  rapproché  les  deux  bords  en  les  mettant  Tua 
fur  l'autre,  qu'elle  forme  le  pli  des  feuilles.  Elle  a 
devant  elle  deux  piles  c  d  de  papier  ;  dans  la 
première  les  feuilles  font  dans  toute  leur  érendue^ 
ik  dans  la  féconde  d  ,  chaque  feuille  eft  pliée  : 
c'eft  dans  ces  derniers  tas  que  prend  la  falerantc 
(à^>  4»)  ^^i  compte  ks  feuilles  pour  en  former 
les  mains  de  15  feuilles  :  10  de  ces  mains  font  une 
rame  oiircharide  ,  qui  contient  par  conféquent 
5C0  feuilles. 

Lorfqii'on  a  un  certain  nombre  de  ces  mains, 
on  les  porte  fous  la  preflPe  peur  recevoir  le  dernier 
apprêt ,  &  lé  plus  grand  aplatiftement  qu'il  foit 
polllble;  c'eft  dans  cet  état  qu'on  en  fait  des  pa- 
quets en  rames»  en  les  enveloppant  de  maculatu- 
res ,  Si  en  aftujettîftant  cette  enveloppe  par  une 
ficelle  en  croix.  Le  papier  eft  alors  en  état  d^ètrc 
livré  &  envoyé  k  fa  defttnatîom 

Il  y  a  des  fortes  de  papier  dont  on  laifte  les 
feuilles  dans  toute  leur  étendue  ,  fans  les  plier;  8c 
il  eft  à  dèfirer  que  cet  ufage ,  non-feulement  fc 
maintienne,  mûi  même  s'ctabliftc  plus  générale- 
ment, fur- tout  quant  aux  fortes  de  papiers  deftinèe^ 
h  desufages  auxquels  le  pli  nuit  beaucoup,  comme 
les  papiers  deftinès  au  deftîn  ,  aux  tapifteries  ,  aux 
cartes ,  8c  même  à  Timpreffion  des  placards ,  ficc. 

Dans  le  bas  de  la  planche  XIII ,  fi^,  6  Si  j,  on 
voit  le  plan  &  le  profil  d'une  machine  ,  p;4r  le 
moyen  de  laquelle  on  peut  battre  le  papier;  cct^e 
machine, qui  fait  mouvoir  un  marteau,  confiTe 
en  un  arbre  fur  lequel  eft  fixée  une  lanterne  de 
12  fîifeaux;  cette  lanterne  engraine  dans  une  roue 

Vvv  ij 


524 


P  A  P 


dentée  B ,  je  96  dents  :  cette  roue  en  conduit  une 
autre  C  »  qui  a  36  dents  :  Taxe  de  cette  dernière 
roue  porte  une  noix  de  cuivre  G ,  à  trois  levés  , 
qui  venant  à  paffer  fur  le  rouleau  mobile  à  Tex- 
trèmitè  de  la  fourchette  du  manche  C  D  Ë  du 
marteau  ,  élèvent  &  laiflent  retomber  fucceffive- 
mént  ce  marteau  j  dont  la  tête  bat  le  papier  pofé 
ifur  le  marbre  F  ,  ce  qui  en  adoucit  &  en  détruit 
même  le  grain.  Le  marteau'  a  fix  pouces  en  carré 
à  fa  bafe  ,  &  7  pouces  de  haut.  Le  marbre  efl 
encaltré  dans  un  billot  de  bois ,  oii  on  peut  le 
caler  ,  de  manière  que  fa  furface  foit  parallèle  à 
celle  de  la  tête  du  maneau.  Dans  quelques  fabri- 
ques on  fait  mouvoir  ce  marteau  par  le  moyen 
d'une  portion  d'axe  coudé ,  qu*on  adapte  à  1  ex- 
trémité de  l'arbre  des  maillets ,  &  cette  opération 
fait  fort  bien  dans  les  grandes  fortes ,  comme  le 

Erand-aigle ,  le  colombier  ,  le  nom  de  Jefus  ,  dont 
i  grain  e&  fort  gros  ,  &  a  befoin  d*être  abattu  , 
particulièrement  u  l'on  n'a  pas  fournis  à  l'échange 
CCS  grandes  fortes  deftindcs  aux  cartes  de  géo- 
graphie &  aux  eitampes  ;  mais  elle  dégrade  le  pa- 
pier d'écriture 

Dél'tfage. 

Le  principal  travail  des  falerantes  efi  le  déli^ 
fage  des  papiers ,  c'eA  pour  cela  qu'on  les  appelle 
déliJIftufcs;  il  confifte  à  mettre  à  part,  comme  nous 
l'avons  dit ,'  le  papier  fuivant  fes  qualités  &  ks 
défauts  :  ces  femmes  en  font  cinq  lots ,  le  bon  , 
le  mrié ,  le  gros  rctrié ,  le  chantonné  ou  U  triage , 
&  le  (uijé. 

Le  lot  du  bon  comprend  tout  le  papier  qui  n'a 
pas  de  défaut  marqué. 

Le  lot  du  retrié  n'a  que  de  très- légers  défauts , 
comme  de  petites  gouttes  du  coucheur,  de  petites 
dentelures  dans  les  bordures  &  les  traces  de  quel- 
ques pâtons  qu'on  a  enlevés. 

Le  lot  du  gros  récrié  peut  renfermer  des  feuil- 
les qui  ont  de  petites  bouteilles ,  quelques  gouttes 
du  coucheur  ,  des  nébulofités  locales  ,  trop  ou  trop 
peu  d'épaiiTeur. 

On  met  dans  le  chantonné  ou  le  triage ,  le  pa- 
pier où  fe  trouvent  les  fronces ,  les  rides ,  les  ta- 
ches de  rouille  les  moins  marquées ,  les  gouttes  de 
l'ouvrier,  &c. 

Enfin  ,  on  met  dans  le  lof  des  caffés ,  les  feuil- 
les auxquelles  il  manque  quelques-unes  de  leurs 
parties  par  des  déchirures  quelconques  ;  celles 
qui  ont  de  grandes  rides ,  de  grandes  bouteilles, 
même  percées  à  jour ,  celles  qui  font  brûlccs  dj 
colle ,  battues  de  feutre ,  &  enfin  noyées  d'eau. 

L'une  des  déliffeufes  fe  charge  du  tas  des  papiers 
courts  &  caffés  qu'on  a  mis  de  côté  :  elle  nettoie  cjs 
papiers ,  les  épluche  de  même  que  ceux  des  autres 
tas,  après  quoi  on  les  met  en  rame  comme  l'autre 
papier.  Dans  certaines  fortes,  particulièrement 
celles  qui  fervent  à  l'écriture  ,  on  a  foin  de  mettre 
tpzTt  les  bonnes  demi-feuilles  dont  on  compofe 


p  A  p 

des  cahiers  de  papier  à  lettre.  C*eft  ainfi  qii*on 
évite  la  perte  de  la  moitié  des  papiers  caflès.  Q^iant 
aux  autres  moitiés ,  on  les  refond  dans  certaines 
fabriques.  On  commence  par  les  mettre  tremper 
dans  une  cuve,  qu'on  remplit  d'eau  boiûUame, 
pour  en  délayer  la  colle ,  &  on  les  £ût  repafler 
fous  les  moulins.  Mais  lorfqu'on  a  des  cylindres, 
cette  opération  s'exécute  très-facilement  par  le 
cylindre  raffineur.  Il  eft  trèi-cflenderde  laver  la 
matière  pour  enlever  la  colle ,  &  de  la  travailler 
fur-le-cliamp  ,.afin  d'éviter  l'odeur  infeâe  qu'elle 
prendroit  fi  elle  féjournoii  long-temps  dans  les  câf- 
fes  de  dépôt.  Malgré  les  attentions  qu'on  a  pour 
accélérer  la  fabrication  de  la  matière  des  caffés, 
on  n'en  obtient  guère  que  des  papiers  d'une  qua- 
lité inférieure  à  celle  qu'avoient  les  papiers  prit 
miiifs. 

Des  Compteufes» 

Les  falerantes  qui  comptent  les  feuïïles  de  pa- 
pier &  qui  les  affembleht  pour  en  former  les  mains, 
font  les  plus  habiles ,  parce  qu'elles  font  defiinées 
en  même  temps  à  contrôler  l'ouvrage  des  i&ir 
feufes. 

Elles  prennent  les  lots  faits  par  les  déliffeafes, 
&  en  forment  des  mains  de  vingt-cinq, feuilles. 
Pour  cela  elles  faififfent  de  la  droite  les  feuilles 
pliées  ,  les  examinent  ,  les  dépofent  fur  le  bras 
gauche  pour  les  affembler ,  cnfuite  elles  les  fc- 
couent,  les  égalifent ,  &  dépofent  les  paquets  for- 
més fur  la  table.  Elles  obfervent  défaire  les  osai» 
avec  les  feuilles  de  chacun  des  lots  dont  nous 
avons  parlé  ci-deffus  ,  &  elles  les  portent  aux  fa- 
lerantes dans  l'ordre  qui  convient.  Pour  difticguer 
les  mains ,  on  a  foin  de  les  oppofer  de  dos  à  barbe; 
fi  l'on  rcnge  fix  mains  de  bon,  il  y  aura  trois 
mains  qui  auront  leur  dos  à  droite ,  &  trois  mains 
qi:i  auront  cnfuite  leur  barbe  du  n.ême  côté. 

IJnQ  bonne  compteufe  peut  fournir  les  mains 
de  dix-huit  :i  vingt  rames  par  jour  ,  s'il  n'y  a  pas 
beaucoup  d'incxaâltude  dans  le  travail  des  dc- 
liffeufes. 

De  la  formation  des  rames. 

Le  falcran  ou  maître  de  falle  qui  efl  chargé  de 
donner  l'armure  au  papier ,  c'eft-à-dire ,  d'en  en- 
velopper les  rames ,  &  de  le  mettre  fous  ficelle, 
le  met  d'abord  par  mains  en  prefTe  pendant  hiui 
ou  dix  heures. 

Dans  la  formation  des  rames  ,  il  fait  ectrtr 
des  mains  de  bon  retrié ,  de  gros  retrié  ,  &c. 
fuivant  les  arrangemens  de  commerce  que  le  h 
bricant  peut  avoir  avec  fes  correfpon dans.  Quand 
les  rnmes  font  faites ,  on  les  met  fous  la  preCe 
pendant  douze  heures  ,  &  plus  encore  fi  on  en  a 
le  temps ,  on  les  plie  dans  deux  feuilles  de  naci:- 
Liures,  on  les  ficelle  en  croix,  &  Ton  met  fur 


f tfnrcloppe  rcrpècc  de  papier ,  le  nom  du  ni*itre 

iWcant ,  &  fouveni  celui  de  h  province. 

Pour  le  papier  à  la  main ,  le  petit  k  la  main  , 
&  plufieurs  fortes  en  bulle  ,  on  n'emploie  qu'une 
feile^euille  de  macukture  »  &  on  lie  U  rame  à 
ito  fcal  tour  de  ficelle. 

Le  papier  en  rame  ie  met  encore  fous  prefle , 
piiS  11  feroit  à  déûrer  qu'on  Vy  mît  plus  tôt ,  fit 
|B*ily  reflât  plus  long-temps  >  fur-tout  au  fortir  de 

'étendoîr.  La  prefTe  cfl  d*un  grand  fecours  pour 

donner  du  luflre  au  papier  ,  Ôt  adoucir  fon  grain  ; 

ipaîs  c'eA  dans  un  temps  où  il  peut  obéir  à  (on 

tÔion.  Lorfqu'ii  a  pris  une  entière  defficcation , 

'îl  efl  trop  tard* 

Après  toutes  ces  manipulations,  îe  papier  fe  porte 
'jjins  un  magafin  bien  fec  ,  6c  il  peot  y  refter  long- 
Nnjps  fans  perdre  de  fa  qualité.  Il   n'en  devient 

lème  que  meilleur  s'il  efl  bien  fec  ;  car  s*il  étoit 
^lié  humide ,  il  feroit  expofé  à  fe  piquer^ 

Diffcrentes  numtres  d*adoucir  le  grain  du  papier* 

Autrefois  on  liffoit  à  la  maîn ,  comme  nous  Ta- 
oos  dit ,  les  papiers  qui  péfent  moins  de  dix-huit 
Ivres  la  rame  ^  mais  ce  liffâge  étoit  Ci  imparfait , 

Ru'il  ne  donnott  ni  luflre  ni  douceur  au  papier. 
Tell  ce  dont  on  peut  s'affûter  en  examinant  les 
wpicrs  de  quelques  fabriques  d'Auvergne ,  qui  ont 
tonfervé  cette  pratique. 

Il  y  a  d'autres  fabriques  où  on  liffe  le  papier 
avec  un  marteau  à  la  main ,  à  la  façon  des  relieurs , 
mais  cette  opération  détruit  une  partie  de  la  colîe 
&  ternit  le  ton  de  blanc  des  papiers. 

On  hffe  aula  à  la  méthode  des  cartlcrs,  avec 
L  différence  que  la  perche  eft  armée  a  fon  extré- 
mité d*un  rouleau  de  fer  qu'on  promène  des  deux 
xDains  fur  le  papier.  Mais  cette  méthode  produit 
beaucoup  de  caffés. 

Il  parott  que  toutes  ces  fauffes  reffources  pour 
itiîfquer  les  défauts  d*une  fabrication  imparfaite, 
^bmun  peu  tombées  en  difcréditen  France,  depuis 
^r-tout  qu'on  connoît  l'échange  &  fcs  bonv  ef- 
fets, qti*on  fait  qu'au  moyen  des  relevages  8l 
àtî  prcffages  ,  le  papier  ,  encore  imprégné  d'une 
tcftaine humidité,  prend  un  grand  adoucIlTcment 
ïl^cifon  grain,  &  même  ufi  certain  glacé  matte 
^liienrend  Tufage  infiniment  commode  &  agréa* 
We  pour  l*ccrîture  &c  le  deffm. 

Des  pfùpriiiés  &  des  ufaf^ts  des  différens  papiers , 
CQnpéiris  relativement  aux  pâtes  pourries  ou  non 
pifurrics  qui  entrent  dans  leur  comportions 

Tai  Indiqué  dans  plufieurs  articles  de  l'art  de 
papeterie ,  les  propriétés  des  pâtes  pourries  & 
ion-pourries  ,  &  j*ai  penfé  qu'il  pouvoir  être 
îk'Îc  de  montrer  les  réfidrats  de  leur  fabrication, 
qiialitè  êi  les  ufagcs  des  étoffes  confidcrées 
ptè%  ce  point  de  vue  net  &  précis»  Suivant  ce 
jûèiLG  d^  dif^ribuiion  des  produits  de  nos  fa- 


briques i  je  croîs  devoir  divifcr  les  différentes  fortes 
de  papiers  en  deux  claffes  gétiérales, 

La  première  coinprendra  ceux  qui  peuvent 
éprouver  quelque  enort  fans  céder  à  un  certain 
point  i  cette  dcllination  exige,  comme  nous  Tavons 
prouvé  j  qu'ils  foient  fabriqués  avec  une  pâte  non 
pourrie  ou  très*peu  poiu-rie. 

Je  placerai  dans  la  féconde  claffe  les  papiers' 
deftinés  à  recevoir  rimprcfîion  de  quelque  effort 
&i  à  s*y  prêter.  Suivant  les  principes  cxpofés 
ci-defTus  ,  ces  papiers  doivent  être  fabriqués 
avec  des  pâtes  creufes  ,  mollaffes  ,  &  par  confé- 
quent  produites  par  la  trituration  d'un  chiffon 
pourrîp 

Les  papiers  propres  à  l'écriture ,  au  deflîn  ,  le 
papier  à  lucre,  ceux  deftinés  à  plier  les  étoffes  p' 
à  doubler  les  vaiffcaux  ^  les  cartons  d'apprêts 
pour  les  étoffes  de  laine,  font  de  la  première 
claffe. 

Lîs  papiers  propres  à  Vimprcffion ,  aux  cartes 
géographiques ,  aux  eftampes  ,  aux  cartes  à  jouer, 
(ont  les  réfultats  les  plus  précieux  de  la  méthode 
Françoife.  En  parcourant  chacune  de  ces  fortes, 
je  décrirai  avec  plus  de  préciHon  ce  qui  les 
caraétérife  pariiculiéremenE. 

Piipiers  propres  à  r écrit ur^. 

Les  papiers  propres  à  fécriture  doivent  être 
fabriqués  fans  nœuds  ^  fans  pâtons  ,  (uns  plii  ^ 
ùm  rides,  d'une  étoffe  fouple,  dont  la  fupcr- 
fîcic  préfeute  un  grain  uniforme  &  fuivi ,  qui  foit 
adouci  par  l'échange  ,  &  nullement  détruit  par 
la  liffe  :  le  fond  de  ce  papier  fera  blanc,  ou  bien 
offrira  la  nuance  d'un  bleu  très-léger ,  qui  ajoute 
à  Féclat  du  blanc  naturel  11  eft  très-important 
qa'il  fbit  bien  &  cxaâement  collé  ,  pour  que  ré- 
criture foit  nette ,  &  que  les  contours  des  lettres 
ne  foient  ni  indécis,  ni  baveux»  En  indiquant  les 
qualités  qui  font  effentielles  au  papier  d'écriture, 
jai  indiqué  les  qualités  du  papier  de  Hollande: 
on  lui  reproche,  il  eft  vrai, d'être  caffant  &  de 
fe  couper  dans  fes  plis;  mais  on  ne  peut  guère 
éviter  ces  défauts  qu'en  facrifiant  quelques -unes 
de  ces  quahtés  ,  oli  du  moins  l'art  de  la  pape- 
terie n'eÔ  pas  encore  parvenu  jufque-là. 

Ce  papier  doit  être  fabrique  avec  des  pâtes 
non  pourries,  qui  prennent  un  beau  grain,  qui 
s'échangent  avec  fucccs ,  qui  fe  collent  bien  éga- 
lement, enfin  qui  fe  féchem  fans  plis  &  fans  rides 
après  rechange- 

Papiers  propres  au  dejjtn  6^  aux  enluminures* 

Les  papiers  propres  au  deffiti  (ont  de  deux  for- 
tes ;  les  uns  font  formés  d*une  feule  paie  blanche» 
fine  ou  moyenne  ;  les  litres  font  compofés  de 
deux  ou  trois  pâtes  de  diverfe*  cuuleuts  :  les 
Holiandois  font  prcfque  feuls  en  poffcffion  de 
j   fabriquer  ces   papiers*  Ces  ^rçffvS  lénniffant  les 


526 


P  A  P 


me  mes  qualités  que  les  papiers  d'écriture ,  0  £iut 
que  leur  grain  foit  bien  prononcé,  quotqu'adoud 
par  rechange ,  car   fans  ce  grain ,  le  crayon   ne 

λourroit  y  lai  (Ter  les  traces  des  objets  que  le  def- 
inateur  a  voulu  figurer.  Il  convient  que  le  col- 
lage en  foit^fotgné,  pour  aue  les  delllns  à  Fen- 
cre  ou  au  lavis  aient  de  la  netteté ,  &  ne  s'af* 
foibUflent  pas  par  Tiflibibition  de  Tencrc  Si 
des  couleurs  qui  pénétreroient  irrégulièrement 
dans  Tétoffe. 

Depuis  quelques  années ,  nos  papiers  à  deflîncr 
ont  un  grain  moins  gros ,  parce  qu'on  les  a  fou- 
rnis à  réchange  ,  mais  ils  font  toujours  un  peu 
H)ou^  &  d'un  collage  peu  fur.  Il  n'y  a  guère 
que  M-  Henry  à  Angoulème,  &  M,  Cuvelier  à 
Lille,  qui  ayent  approché  du  travail  HoUandois, 
parce  qu'ils  pourriileof  peu  ,  &  qu'lU  ont  adopté 
réchange, 

Papurs    peints. 

Il  feroit  ^  déCrer  que  les   papiers  peints ,  de 

tentures  &  de  décoration  ,  fuffent  fabriqués  avec 
des  pâtes  non  pourries  j  les  couleurs  qu'on  im- 
prime fur  ces  papiers,  auroient  plus  de  folidité 
&  d'éclat  :  d'ailleurs  ,  ils  prendroient  un  Uffage 
plus  vif  ;  d'un  autre  côté,  Tétoffe  faite  de  ces  paies , 
leroît  plus  en  état  de  réfifter  à  toutes  les  opé- 
rations de  la  pdmure.  Il  feroit  même  convena- 
ble que  ces  papiers  AiiTcnt  bien  feutrés  &  adou* 
cis  par  l'échange ,  pour  prendre  plus  exaftement 
les  contours  des  défTins.  Cette  circonftance 
ajoutée  à  coûtes  les  améliorations  qu'a  remues 
cette  indudrie  en  France,  y  mettroit^ce  me  fem- 
ble ,  le  dernier  degré  de  perfection. 

Papier  â  fucre» 

Le  papier  h  fucre  que  les  Hollandois  nous 
apportent ,  a  de  la  fouplefle  &  de  la  folidité  ;  il 
fe  plie  fans  fc  rompre  :  aufli  emploienr-iïs  à  fa 
fabrication  un  cljiffon  groffier  non  pourri,  qu'ils 
triturent  avec  des  cylindres  bien  cou  pans  ;  ils  le 
collent  avec  foin  &  le  foumettent  à  l'échange , 
non  feulement  pour  en  adoucir  la  furface,  mais 
fur-tout  pour  le  feutrer  intimement.  Le  papier 
4  fucre  qu'on  fabrique  en  France,  n*efl  fait  fur 
aucun  priiicipe  ;  c'cft  un  aflfcmblage  de  pâtes 
groHières ,  pournes  à  l'excès  ,  &  qui  n'ont  ni 
confidance ,  ni  liaifon  ^aufTi  s'ouvre  t-il  dans  les 
plis  ,  au  moindre  elTort ,  &  met  à  découvert  les 
pains  de  fucre. 

Canons  pour  les  apprêts  des  étoffes   de  Uine. 

Il  y  a  quelque  temps  quVn  s'occupe  en  France 
de  la  fabrication  des  cartons  propres  aux  apprêts 
des  étoffes  de  laine  :  ks  appréteurs  défirent  que 
ces  cartons  refirent  à  l'eflfort  de  la  prcHc  ,  & 
qu'ils  réagifl'ent  contre  la  furface  des  étoffes  au 


;é3H 
rtcinl 


P  A  P 

milieu  desquelles  on  les  pface  poirr  tes  acattp 
On  feni  aifémcnt,  partout  ce  que  j'ai  dit  ci 
devant  »  qu'un    carton    compofé  de   pâtes  no^ 
pourries   ,  eA  feul  en  érat  de  remplir  toutes  ce^ 
vues  ;  que  dans  notre  fyftême  de  fabrication ,  î|  j 
ne  nous  a  pas  été  pofflblc  de  fatisfairc  aux  défirs 
des  apprêteurs ,  puifque    nous   leur    avons  pré* 
firnté  aes  cartons  compofés  de  pâtes  pourrtei  i 
l'excès  j  ou  même  de  rognures  de  papier  &  de 
maculacures   qu'on  foumct  encore  à  un   fcconitf 
pQUrriffage, 

Les  Hollandois  &  les  Anglots  ont  eu,  aucoo* 
traire,  dans  ce  genre,  les  pTu5  grands  fuccès,  & 
ils  les  doivent  au  principe  général  d^  fabricatioo 
qu'ils  ont  adopté,plutôt  qu'à  des  recherches  pirrici^ 
liéres*  Leurs  cartons  font ,  ou  fabriqués  dans  toaie 
leur  épaiJTeuravec  une  feule  maffe  ue  pâte  aflein- 
blée  fur  la  forme,  ou  bien  ne  font  que  raflemblige 
de  pluûeurs  feuilles  de  papier  collées  enfemblc; 
dans  l'un  &  l'autre  cas  »  ils  font  compofés  arec 
des  matières   groffiéres  non  pourries  ,  &  triffl» 
rées  par  des  cylindres  armés  de  lames  acéréei: 
on  les  échange    &  on   les  lifle  i  par   cet  apprà 
long-temps   continué ,  les   Hollandois  &  les  /  " 
glois  obtiennent  des    étoffas  folides  fit  gUcéi 
qui  ne  s'écrafent  plus  entre  les  plis  du  drap 
qui   n  y    adhérent     point.    Comme   ces  cancini 
doivent  recevoir  un  Uffagt  vif,  on   ne  ménaee 
pas    l'aélîon  des    preifes    lors    de  l'échange,  to 
fuivant  ce  plan  de  fabrication  ,  on  peut  procurer 
i  nos  manufafliires  de  draps  un  carton  auffi  pro* 
pre  à  leurs   apprêts  que   les  carrons   Anglois  & 
Hollandois»  Comme  les  recherches  qu'on  a  faites 
fur  cet  objet   important,    n'ont  été  dirigées  fu"^ 
aucun    principe  ,    il   n'eft    pas  étonnant  qu'elles 
n'aient  pas  eu  un  fuccés  bien  décidé:  tels  font^* 
au  reAe ,  les   principes  qu'il  faut  fuivre  dans  ÏCM 
épreuves  qu'on  entreprenderoit  à  ce  fujet. 

Les  pâtes  non  pourries    ont  encore   un  avari' 
rage  qui  cft  effenticl   pour   ces  cartons ,  c'cft  d^ 
réïifter  très -long- temps  à  Talion   de   la   chaleur 
qu'ils     éprouvent  entre   les  feuillets  des   éiofo 
fans  fc  ternir  ,  fans  s'oblitérer ,  &  par  conféqueof 
d'être    d'un   bon    ufage    &  long-temps   foutenil* 
C'eft  même  à  ce  genre  d'épreuve  qu'on  pourn 
reconnoitre    fi   les    fabricans  qui  entreprendront 
d'imiter    en    France  les    canons  Anglois  ,   ou 
reuHl» 

Payons  maintenant  à  la  féconde  clafle  dei 
papiers  que  nous  avons  difiinguès  ci-deiTus. 

Papier  limpre^on^ 

Je  place  à  la  tête  des  papiers  de  cette  claCet 
le  papier  d'imprefTion  ,  parce  que  c'cfl  le  chef- 
d'œuvre  de  la  méthode  Françoife  :  ce  pa^kr 
doit  être  étoffé ,  bien  uni  ,  fans  plis  ,  fan*  riik$« 
d'un  blanc  naturel  »  fans  aucune  nuance  (fe  Weu, 
collé  moins  fortement  que  le  papier  -•, 

mais  affex  bien  cependant  pour  qu  :  -es 


■lit 


P  A  P 

araâént  dlmprimerie  avec  netteté  ;  ce  qu'il  ne 
ut  fas  faire  s'il  ci>  rooîlaflTc  &  mal  collé  ;d*ail- 
tur^  f  il  nre  fi  fcrmttc  platot  de  fa  colle  ,  que 
nsturc  àç  \x  pdte  dont  il  eft  coruporè,  la- 
ïc doit  itrecrCLfe,  &  furccprible  de  fe  prè* 
f  tn  s*écr;ifant  à  Tintrocluftlon  des  cirafièrcs. 
Ces  qijalitès  dans  la  pâte  dont  cil  coni^jofée  le 
ipicr  «imprcffion,  exigent  que  le  chiffon  ^paffc 
I  pciirniîajc ,  &  qu'il  fuit  trituré  aux  pilons 
tmôt  qu'aux  cylindres  ,  parce  qu'ca  général 
s  pàfcs  pourries  ,  triturées  sux  cylindres,  éprou- 
eru  dans  la  dedkcaiion  une  retraite  plus  confi- 
inblc  qii^  les  mêmes  paies  triturées  aux  mail- 
cs  ;  leurs  nlr^mens  font  donc  moins  rapprochés 
dam  le  dernier  cas  que  dnns  le  premier.  Le  pa- 
pier  r,jbni]iii  avec  ces  précautions  ,  cède  a(Tez  à 


P  A  P 


5^7 


prcffc  de  Timprimcur,  pour  prendre  une  quan- 
Itîté  dVncrc  ffi^Lmte.  Il  ûut  avoir  feulement  foin 

Îjiiç  la  pite  foit  triturée  fans  graiffe  »  8c  qu  elle 
oit  ouvrée  avec  une  certaine  lenteur  pour  qu'elle 
fc  dîilf  ibue  uniformimenr  fur  la  verjure ,  &  qu'elle 

If  prenne  un  grAÎn  net  &  régulier  r  fans  cela  les 
jÉaraCléref  ne  fcroicrt  pas  prononcés  également 
pans  touces  les  parties  de  la  feuille;  d^tillcurs^ 
B  la  pite  étoit  un  peu  graflc,  le  collage  feroit 
mégai  âc  imparfait.  Il  y  a  des  fabricans  qui  ont 
foomis  ce  papier  à  l'échange  >  pour  lui  oter  avec 
la  groifeur  de  foii  grain ,  toutes  les  inégalités  de 
fi  fitffacc  qui  peuvent  nuire  à  la  netteté  de 
I  *i>n,  fit  qui  lont  fait  avec  fuccès.  Je  dois 

vjuc  c'ell  d*aprés  mes  avis,  qu*on  a  rc- 
cvé  ce    même  papier   apiei  l*impremon  ,    pour 
mire  autant  qu*i!  falloit  tes  creux  du  foulage 
le  relief  des  lettres  ;   mais    j'ai  recommandé 
faire  avec  modération ,  &  de  manière  à  ré- 
feulement  le  papier  dans  l'état  où  il  étoit 
iyâm  nmprcffion  ,  fans  détruire  l'étoffe  du  pa- 
pier, fa   conftitutîon    première  par  des   apprêts 


PjpUr  pour  ta  gravure^ 

La  gravure  cxiçe  un  papier  qui  ait  les  mêmes 
tialîtés  que  celui  d'imprcffion  ,  relativement  ^ 
Téiat  de  fa  pâte,  qui  doit  être  pourrie  k  un  ccr- 
llaio  degré  i  car  it  eft  prouvé  par  rexpérîence, 
bue  la  gravure  ne  prcndroît  point  fur  un  papier 
fait  de  patc  non  pourrie.  La  pâte  ,  outre  cela ,  doit 
ftrc  pure,  fans  nœuds,  fans  pitons  ;  le  grain 
fans  rides  :  pour  cela  le 
.    ,  ment  dans  des  endroits  bas, 

aiin  que  k  grain  ne  forte  pas  trop  pendant  la 
É:\fTî  ii.iîicn;  fiTon  emploie  rechange  ,  il  faut  en 
les  effets  avec  foin:  on  doit  outre  cela 
^- ^li  i>  .4vr  égptemcni  l'aftion  des  deux  premiers 
prcA^ages;on  a  vu  que  fans  cette  condition,  îe 
papier  inégalement  impr^^gné  d'humidité,  au  cen- 
tre &  fur  les  bords,  contradoit  des  rides  &  des 
jlis  p:nJjrr  l.i  dcfTiccatton.  Il  doîi  être  aulTi  collé 
^  un  cjrî;..    point.  En  rcmpliiTant  ces  conditions. 


les  traits  des  tailles  «douces  pourront  ^imprimer 
nettement,  &  avec  tous  les  toni  quVxigent  les 
ceintes  6i  les  demi-ceintes* 

Le  papier  mou  6i  creux  de  l'Auvergne  réunît 
aflfez  bien  ces  avantages  :  les  Anglois  ôc  les  Hoî- 
landois  tirent  de  Fr^ince  ce  papier ,  ainfi  que  ce* 
lui  d'imprefTion.  On  fcnt  bkn  maintenant  pour- 
(juoi  les  papiers  de  ces  deux  nations  «  qui  ne 
ttbriquent  que  d:s  pâtes  non  pourries  ,  ne  font 
pas  propres  ï  recevoir  feff^t  de  la  gravure*  Une 
pâte  verte  ,  qui  ne  cède  &  ne  prête  que  très- peu 
Ji  TaÔion  de  la  planche  gravée ,  ne  rend  aucun  trait 
dans  le  ton  qu'il  convient. 

PapUr  Cartier  &  papUr  peins  Uffù 

Ces  fortes  de  papiers  tiennent  en  quelque  fa- 
çon le  milieu  entre  les  papiers  de  la  première 
claffe  &  ceux  de  la  féconde  j  il  faut  que  le  papier 
Cartier  foit  fabriqué  de  façon  à  prendre  le  lillage, 
par  conféquent  il  convient  qu'il  foit  compofé 
cl'ufi#  pâte  un  peu  creufe  ;  mais  le  littage  doit 
être  vit  ,  afin  que  les  cartes  coulent  légeremecc 
É^s  unes  fur  les  autres  lorfqu^oo  les  mêler  le  papier 
Cartier  ne  foutiendrou  p^s  fans  fc  dcchivcr  , 
TcfFort  qui  lui  communique  ce  liffage,  fi  la  pâte 
ne  confervoit  pas  encore  une  certauie  fermeté  ; 
en  un  mot,  il  faut  que  ce  papier  c.nicr  cède 
difficilement  à  la  li^e  ;  car  le  bon  eilef  de  ta  liiTe  eO  , 
jufqu  à  un  certain  point,  en  raifon  de  la  difficulté 
duiiffagc;  aufli  les  cartiers  rebutent-ils  touî  papier 
mou  Ôc  fans  confift^nce.  Une  bonne  colle  eli  au tli 
eiTentielli:  à  ces  papiers  ,  puifqu'elie  tient  lieu  xx*\xn 
vernis  auquel  le  lilTage  donne  un  ton  luifant  &  gla- 
cé ;  enfin  ,  il  efl  de  la  plus  grande  importance  (;ue 
la  pâte  fwit  ^xite  ,  car  lans  cela  beaucoup  de  chines 
remplies  de  caches ,  paiTerolent  au  rebut. 

Pour  remplir  toutes  les  conditions  que  la  dcf- 
rination  du  papier  Cartier  femble  impofer  aux 
fubncans  ,  on  conçoit  qu'ils  doivent  pourur 
très-peu  leur  chilibn  ,  enfuite  le  triturer  dans  des 
moutini  bien  montés,  &  dont  les  pilons  fuient 
armés  de  clous  comme  ceux  de  la  Gueldrc  :  en* 
fin  le  fécher  dans  des  étendoirs  un  peu  aérés ,  pour 
obtenir  un  papier  ferme  &  fonnant  après  la  colle* 

Jufqu'à  préfent  TAngoumois  eftprefquc  la  feule 
province  qui  vende  dans  le  nord  du  papier  car- 
tier ,  du  moins  le  papier  de  cette  province  eA  le 
feul  qui  Çoxi  recherché  par  les  Hollandois;  auflî  les 
chiffon'i  de  TAngoumoisne  lont  point  ftifceptibles 
de  prendre  de  ia  molJeHe  en  pourn0ant ,  &  les 
moulins  de  cette  province  triturent  adez  bien  les 
peilles  un  peu  vertes.  Les  moulins  des  environs 
de  Tulle  ,  réuiSffcnt  aulft  fort  bien  dans  le  même 
genre  de  fabrication,  parce  qu'ils  ont  les  nuimei 
reffoufccs.  Enfin ,  il  en  feroit  de  m^mc  en  l^our- 
gognc ,  il  les  fabricans  de  cette  province  favoicnt 
profiter  de  la  bonne  qualité  de  leurs  chiffons»  qui 
mont  paru  confcrver  beaucoup  de  confiflaucc 
après  un  pourriiTage  ménagé. 


528 


P  A  P 


Les  papiers  deftinés  à  être  peints  &  llfles,  exi- 
gent les  mêmes  qualités  de  pâtes  &  les  mêmes 
apprêts  que  le  papier  cartier.  Pajouterois  cepen- 
dant à  la  préparation  de  ce  dernier  papier ,  les 
apprêts  de  l'échange ,  parce  que  les  papiers  liiTés 
ont  befoin  d'un  grain  adouci;  outre  cela ,  j'en  mé- 
nagerois  la  defliccation  dans  un  étendoir  bas ,  pour 

fiue  les  feuilles  n'en  fuflent  pas  déformées  dans 
eurs  dimenfions  ,  ce  qui  nuit  à  leur  aflemblafi 
lorfqu'on  lès  colle  pour  en  faire  des  rouleaux.  Ces 
papiers  ainfi  fabriqués  prendroient  les  couleurs , 
lans  les  altérer  par  une  imbibition  irrégulière ,  & 
reccvroient  un  beau  Uffage  fans  fe  cafler. 

Il  réfulte  de  tous  ces  détails ,  qu*à  la  lumière 
des  faits  expofês  ci-devant ,  Ton  pourra  fixer  par 
la  fuite  les  opérations  de  la  papeterie ,  dans  des 
limites  affez  précifes  pour  en  diriger  &  en  aÔiirer 
les  réfultats  ;  qu'il  fera  auffi  facile  do  fubftituer  à 
une  routine  aveugle ,  &  qui  ne  réuffli  toujours 
que  par  le  concours  fortuit  de  quelques  circonf- 
tances  heureufes  ,  des  principes  raifonnès  qui 
éclaireront  également  fur  les  caufcs  des  défauts  du 
papier ,  comme  fur  celles  des  qualités  efiimables 
qui  le  rendent  propre  à  tel  ufage. 

I>ES  REGLEMENS  pour  la  fabrication  du  papier^  le  I 
commerce  du  chffon  &  la  police  des  ouvriers. 

€^  que  nous  avons  préfenté  jufqu'à  préfent  fur 
les  reflources  de  l'an  ,  fur  les  différentes  modifica- 
tions qu'il  a  reçues  ,  peut  nous  convaincre  qu'il 
faut  laifler  un  libre  cours  à  l'induftrie ,  &  qu'en 
vain  voudroit-on  en  gêner  les  opérations-  Nous 
avons  cru  cependant  devoir  joindre  ici  les  princi- 
paux réglemcns  qui  ont  été  faits  en  difFérens  temps 
fur  la  fabrication  du  papier  en  France  ,  &  nous 
les  avons  imprimé  ici  dans  leur  entier ,  en  y 
joignant  ccpeadant  quelques  remarques.  Plufieurs 
articles  pourront  paroître  inutiles  ,  mais  nous 
îi'avons  pas  cru  devoir  les  fupprimer  ,  dans  des 
lois  qu'il  faut  toujours  prèfenier  telles  qu'elles 
ont  été  portées,  &  avec  louslcs  caraftéres  d'au- 
thenticité. ^ 

Arrêt  du  CONSEit  d'état  du  roi  ,  portantTré- 
element  pour  les  différentes  fortes  de  papiers  qui  fe 
Fabriquent  dans  le  royaume.  Da  17  janvier  1739. 
Extrait  des  regiflres  du  confeil  d'état. 

Le  roi  s'étant  fait  repréfenter ,  en  fon  confeil , 
les  réglemens  ci-devant  faits  pour  les  différen- 
tes fortes  de  papiers  qui  fe  fabriquent  dans  le 
royaume  ,  autorités  par  arrêt  du  confeil ,  du  21 
Juillet  1671 ,  &  les  autres  réglemens  &  arrêts  ren- 
dus depuis ,  concernant  la  fabrique  defdits  papiers  : 
&  fa  majeflé  étant  informée  que  les  précautions 
prifes  par  ces  réglemens  &  arrêts  ne  font  pas  fuffi- 
fantes  pour  affurer  la  bonne  qualité  des  papiers ,  & 
qu'il  eft  néçeffaire  d'y  ajouter  de  nouvelles  difpo- 
fidons ,  pour  porter  cette  manufafture  à  un  plus 
haut  degré  de  perfeôion;  à  quoi  defirant  pourvoir. 
Oui  le  rapport  du  fieur  Orry,  confeiller  d'état,  & 


P  A  P  , 

ordinaire  au  confeil  royal,  contrôleur  géniral  des 
finances,  le  roi  étant  en  fon  confoil,  a  ordonnée 
ordonne  ce  qui  fuit  : 

Art.  t .  A  Tavenir ,  &  à  commencer  du  jour  de  U 
publication  du  préfent  arrêt,  les  drapeaux,  cUf- 
tbns  ,  peilles  ou  drilles  defiinés  à  la  fabricatioB 
des  différentes  fortes  &  qualités  de  papiers  qui  fe 
font  dans  le  royaume ,  feront  préparés  de  façon 
que  lefdites  matières  foient  parfaitement  déchirées, 
effilochées ,  broyées  &  affinées, en  fe  fervantdes 
pilles  ordinaires ,  ou  en  y  employant  d'autres  nu- 
chines  propres  à  ces  opérations ,  après  néanmoins 
avoir  obtenu  la  permilfion  du  roi,  de  faire  u(àge 
defdites  machines  :  faifant  fa  majefté  défenfes  de  & 
fervir  d'aucune  machine  tranchante  ,  pour  autre 
ufage  que  pour  préparer  les  matières  à  être  effilo- 
chées ,  broyées  oc  affinées  ;  le  tout  à  peine  decon- 
fifcation  defdites  machines ,  &  de  deux  cens  li- 
vres d'amende. 

Art.  1.  Les  pilles  ou  autres  machines  fervanti 
Ici  fabrication  de  toutes  fortes  de  papiers, mène 
des  papiers  gris ,  traffes  &  cartons ,  &  les  pounif- 
foirs  dans  les  moulins  où  l'on  fait  pourrir  les  dra- 
peaux ,  feront  placés  dans  des  lieux  dos  &  coo- 
verts  :  faifant  fa  majefté  très-expreffes  inhibitions 
&  défenfes  de  fabriquer  aucuns  papiers  &  canons 
dans  les  moulins  dont  les  pilles ,  ou  autres  madii- 
nés,  &  les  pourriffoirs  feroient  à  découvert,  & 
expofés  aux  injures  de  l'air  &  à  la  pou{Iière,à 
peine  de  trois  milles  livres  d'amende  contre  les 
propriétaires  des  moulins  qui  les  auroient  donnés 
a  loyer  dans  cet  état,  &  de  mille  livres  d'amende 
contre  les  maîtres  fabricans. 

Art.  3.  Seront  tenus  les  maîtres  fabricans , 
de  faire  purifier  j'eau  dont  ils  fe  ferviront,  tant 
pour  le  lavage  de  la  pâte  dcflinée  à  fabriquer  le 
papier ,  que  pour  détremper  la  colle  ,  en  faiûnt 
paffer  lacite  eau  dans  quatre  différens  vaifTeaux 
ou  réfervoiîs  ,  dont  le  dernier  au  moins  fera  fabli 
pour  la  faire  repofer  dans  les  premiers ,  &  filtrer 
à  travers  le  fable  du  dernier:  à  peine,  en  cas  de 
contravention  ,  de  cinquante  livres  d'amende  con- 
tre lefdits  maîtres  fabricans. 

Art.  4.  L'eau  au  fortir  defdits  vaifleaux  ou  rc- 
f^rvoirs ,  fera  introduite  dans  les  pilles  ou  autres 
machines  fervant  à  broyer  les  drapeaux ,  à  tra- 
vers d'un  linge  appelé  couloir  ,  à  peine  de  trois 
livres  d'amende. 

Art.  5.  Défend  fa  majcftc  de  mêler  avec  les 
drapeaux  ou  chiffons ,  ou  avec  la  pâte  dedinée 
à  la  fabrication  des  différentes  fortes  de  papiers, 
mcmc  des  papiers  gris,  traffes  &  cartons,  au- 
cune forte  de  chaux,  ou  autres  ingrédiens  corro- 
fits  ;  à  peine,  en  cas  de  contravention  ,  de  confif- 
cation  defdits  drapeaux  ou  chiffons  &  pâte  dan*« 
lefqucîs  il  en  auroit  été  mcîé,  8c  même  des  pa- 
piers qui  auroient  été  fabriqués  avec  lefdites  ms- 
tières  >  &  de  trois  cens  livres  d'amende  conne 
lefdits  maîtres  fabricans. 
Art.  6.  Veut  fa  majefté  qu  à  Tavenir  ,  8c  i  com- 
mencer 


P  A  P 

iieactr  du  )oiir  de  la  pubUcatioii  do  préfent 
trrèt ,  les  roaities  fabricans  foient  tenus  de  tiùre 
:ol;er  également  les  papiers  des  diâ^rentes 
OTtes  ik  quaUtés  destinés  pour  rimprimcric,  pour 
e  tirage  djs  cllampes  ,  &  pour  récriture  ,  à 
icioe  de  conâfcation  des  papiers  dcftincs  pour 
rimprimgrie  &  pour  le  tirage  des  cftampcs ,  qui 

Ce  leroicnt  pas  aurtî  parfaitement  collés  que  ceux 
our  récriture,  Ôt  de  cent  livres  d'amende, 

7.  Défend  i)i  majc/ié  auxëits  maures  fabri- 
ans ,  de  fe  fervir  d'aucufïe  gfiiïïc  ou  favon  pour 
L-flTer  les  papiers  ;  à  peine ,  en  cas  de  coiîtraven- 
:ion»  de  confifcation  defdlts  papiers,  &  de  çtnt 

livres  d'amende  contre  lel'Jits  mnitres  fabricans , 
&  de  dix  livres  contre  louvrier  ,  appelé  f Altran^ 
qui  en  suroît  employé* 

8.  Toutes  les  diâfërcntes  fortes  de  papiers  qui 
fc  fabriquent  dans  le  royaume,  feront  à  Tavenir 
^es  largeurs ,  hauteurs  tic  poids  ^%h%  par  le  tarif 

Lttachc  fous  le  contre-iccl  du  préfeot  artôt  ;  à  ref- 
let de  quoi ,  ordonne  fa  mijcilé  que  dans  le  délai 
We  fijt  mcii!^,  à  compter  du  jour  de  la  publication 
■du  prcf^.it  arrêt  ,  toutes  les  formes  deftinées  à  la 
(Éabncation  des  papiers,  feront  réformées,  &  fai- 
tes fur  les  largeurs  de  hauteurs  mentionnées  audit 
^anf ,  à  peine  de  confifcation  >  tant  des  formes» 
(qui,  après  ledit  délai  de  (\x  mois  expiré  ,  feroient 
Irouvécs  ou  trop  grandes  ou  trop  petites,  lef- 
«uelles  feront  brifées ,  que  des  papiers  qui  fe  fa- 
briquemient  dans  kfdites  formes ,  ou  d'un  poids 
di^érexit  de  ceux  fixés  par  ledit  tarif»  &  de  cent 
iivres  d'amende  contre  les  maitres  fabricans  : 
pourront  néanmoins  lefdits  maîtres  fabricans  , 
^\te  des  papiers  de  largeurs  &  Iiauteurs  au  deiTus 
►de  celles  hxées  par  ledit  tarif,  pour  le  papier  ap- 
,pelé  grand-aigU  ;  à  k  charge  que  le  poids  des  rames 
,iefdits  papiers  fera  augmenté  àproportionde  Taug- 
iinentation  de  la  largeur  âc  de  la  hauteur  des  feuilles, 
[  ^*  N'entend  néanmoins  fa  ma  je  Aé  que  les  maî- 
tres fabricans  puilTent  être  pourfuivis  dans  les 
fis  où  les  feuilles  de  leurs  papiers  fe  trouveront 
4e  quelques  lignes  au-deflus  ou  au-de^ous  des 
dimen&ons  portées  par  ledit  tarif ,  lorfqu'il  paroi- 
^ra  que  leidites  augmentations  ou  dimir^urions 
peuvent  provenir   de  la   faifon  dans  laquelle  les 

Bapiers  auront  été  fabriqués  ,  &  non  du  défaut  des 
ormes  &  de  la  mauvaife  qualité  de  la  matière, 
Si  ne  caufent  pas  une  différence  de  poids  de  cha- 
ique  rame  au-delà  d'une  quarantième  partie  de 
celui  fixé  par  le  tarif. 

lO-  Et  afan  que  les  maitres  fabricans  ne  puiflent  fe 
lervir  à  Tavenir  d'aucunes  formes  défcfitueufes ,  ' 
Drdonnc  fa  majedé  »  que  dans  le  délaide  fix  mois 
Ct-deffus  prefcrit ,  elles  feront  toutes  repréfcntèes 
jivec  leurs  cadres  volans  appelés  couvertes  ,  parde- 
mirant  les  juges  des  manufacturer ,  en  préfence  des 

Erdes  des  maitres    fabricans  ;  &  que  lorlqu  elles 
ont  trouvées   conformes  aux  dimen fions  por- 
lées  par  le  t^rif,  lefdites  formes ,  &  leurs  cadres 
^u  couvertes  ^  feront  marquées  ^  feu  ,  &  le  poin- 
Ans  &  Mésurs\  Tome  K  Paru  11* 


'fiA'il? 


Ç29 


çdn  qui  aura  fervi  k  appliquer  ladite  ctliprerme  » 
fera  dèpofé  dans  le  greffe  de  ladite  iurildi^ion - 
faifant  fa  majefté  défènfes  à  toutes  perfonnes  ût 
contrefaire  ladite  marque ,  à  peine  d'être  pourfuè^ 
vies  extraordinaiiv ment  comme  pour  crime  de  faux; 
&  à  tous  maitres  fabricans  de  faire  ufago  d'au- 
cunes formes  qui  ne  foient  ainfi  marquées^  à  peine 
de  conlifcation  des  formes  »  qui  feront  tompucs 
&  brifées  ,  &  de  cent  livres  d  amende  contre  lef- 
dits maitres  fabricans  ,  ik  de  trois  livres  contre 
l'ouvrier  qui  s'en  feroit  fcrvi, 

1 1.  Les  maitres  fabricans  feront  tenus  démettre 
fur  le  milieu  d'un  des  côtés  de  chaque  feuille  des 
différentes  fortes  de  papiers  qu'ils  fabriqueront,  la 
marque  ordinaire  pour  dèfigner  chnque  forte  de 
papier  i  &  fur  le  milieu  de  Tautte  cote  de  ladite 
feuille»  en  caradlére  de  quitre  à  fix  lignes  de 
hauteur  ,  la  première  lettre  du  nom  ,  &  le  furnom 
en  entier  du  martre  fabricant ,  avec  l'un  de  ces 
mots  ,  auffi  en  entier  ,  /in  ,  moyen  ,  hulU  ,  vanant 
ou  ^ros'ban  ,  fuivant  la  qualité  du  papier  «  êi  le 
nom  de  la  province  :  &  à  l'égard  du  papier  ap- 
pelé Cartier  an,  le  luim  de  la  province,  la  pre* 
miére  lettre  du  nom,  6c  le  furnom  en  entier  du 
mâitre  fabricant ,  feront  mis  à  rextrémité  de  cha- 
que feuille  :  le  tout  à  peine,  en  cas  de  contraven- 
tion ,  de  confifcation  des  papiers  ,  &  de  trois  cens 
livres  d'amende  contre  les  maîtres  fabricans:  fai- 
fant  fa  majeflé  très- expreffes  inhibitions  &  défen^ 
fcs  auxdits  maîtres  fabricans ,  de  marquer  aucuns 
papiers  de  qualités  inférieures  ,  du  nom  farvant 
à  dèfigner  une  qualité  fupérieure,  à  peine  de  con- 
fifcation defdits  papiers  ,  dc  de  mille  Uvres  d'a- 
mende ,  &  d'être  déchus  pour  toujours  de  U  fa- 
brication &  du  commerce  des  papiers. 

Il,  Défend  fa  majeflé  a  tous  ma >t; es  fabricans, 
de  mettre  les  nom  âc  furnom  d'un  autre  maître 
fabricant  ,  ou  un  nom  fuppofé  ,  au  lieu  du  leur'j 
fur  les  papiers  qu'ils  fabriqueront  ou  feront  fabri- 
quer ;  comme  auiE  de  faire  fabriquer  du  papier 
marqué  de  leur  nom  dans  d'autres  mouhns  que 
ceux  qui  leur  appaniennent  ,"ou  qu'ils  tiennent  à 
loyer  ;  à  peine  ,  en  cas  de  contravention  ,  de  con- 
fiication  des  papiers ,  de  mille  livres  d*amcnde  , 
&  d'éire  déchus  pour  toujours  de  la  fabricaiian 
&  du  commerce  des  papiers*  1 

13.  Les  veuves  des  maîtres  fabricans  qui  , 
apièî  le  décès  de  leur  mari ,  voudront  continuer 
à  faire  fabriquer  des  papiers,  feront  tenues  de 
mettre  le  mot  veuve  en  entier  ,  avant  la  pre* 
mi ère  lettre  du  nom  âc  le  furnom  en  entier  de 
leur  mari  ;  Ôc  les  fils  de  maitres  fabricans  ,  qui 
auront  le  même  nom  de  baptême  que  leur  père 
aétuelleMent  vivant ,  &  qui ,  aptes  kur  réception 
à  la  maitrtfe ,  fabriqueront  ou  feront  fabriquer 
des  papiers  pour  leur  compte  particulier,  ajoute- 
ront le  mot  fitf  en  entier  ,  apr€s  la  première  let* 
ire  du  nom  &  le  fut  nom  de  leur  père  :  le  tout  k 
peine  ,■  en  cas  de  contravention  ,  de  confifcation 
des  papiers  6c  de  cent  Uvtes  d*amcnde. 

X  xm 


A 


P  A  P 


f»ro€éd«r  »  enin  prèrencedcfdus  juges ,  à  U  ptara- 
Uté  des  vûu,  il  îmtiom  de  quatre  ou  lie 


d^ux  gÀide^ ,  (a 


d  fera  rè^è    par  leidiis 


fi:ur$  tntcn  laOÂ  ùc  tutiustuIiiiLCs  départis ,  à  pro- 
portion du  riombrtî  des  maitri^s  fabricans  qui  fr- 
ronc  établis  dans  T^^ndue  de  chaque  arrondifle- 
ment  ;  tefquels  gardes  prêteront  ferment  parde- 
vant  Icfdu»  l^^p^^  >  de  fe  bien  &  ûdélemetit  ac- 
quitter '  •  ^  :  -^  fonâions  ,  dcles  exercerom  juf- 
qu'au  éccmbre  17*59*  :    -i!      t 

JQ.  Uia  jHiic  ià  m      '         «i  Tavenlr  »  Àcà  com^ 
mçnçer  au  mois  de  -  j   »7?9  »  d  lera  tous 

les  an»,  depuis  le  prcmit^r  jufqu'au  10  dudit  mois, 
procéHç  ,  en  U  for/ne  &  manière  prrfcrite  par  l'art. 
2;  ,  à  U  nomination  de  deux  nouveaux 

g.i'  .  jTiiJes  vdks  Êc  lieux  où  il  en  aura  éiè 
élu  quatre  ,  pour  remplacer  les  deux  anciens  qui 
forïitàïnf  Ar-  rhirge  ,  6l  entrer  en  exercice  au  deux 
|«r  .  avec  les  deux  gardes  de  la  précè* 

dfciHt  ti*.^  luti  ,  c<t  qui  fera  fjbfcrvé  d'année  en 
anncc ,  isnfckne  qu'il  y  iiit  toujours  deux  anciens 
&  dtuxnouve^iux  gardes  en  exercice. 

31,  Veut  fd  mA[eAé  que  le  même  ordre  foSt 
cbicrve  d;«ns  les  vtilcs  &i  lieux  ou  il  n'aura  été  nom- 
ma que  deux  gardes  ,âL  quM  ^o  Toit  élu  un  tous 
les  ans  ,  pour  remplacer  celui  qui  fortira  d'exercice. 
31.  Lcfdits  gardes  feront  au  moins  quatre  vifi- 
tcs  générales  p.ir  chacun  an  «  &  des  vifitei  par- 
ticulières toutes  les  fois  quMs  le  jugeront  A-propo§, 
tani  dans  les  moulins  &  m.gafins  à  papier  établis 
dans  U  cam!>Hgne ,  que  d^ns  les  magaftns  établis' 
dans  îes  villci  qui  ieront  dans  l'étendue  de  leur 
diArîitt  f  lors  dcfquclltâ  vifiies  ,  tous  les  nvaitres 
fabricant  ,  les  marchands  papetiers ,  commifTion- 
naires  ,  ôt  autrcf  chez  lefqucls  il  y  auroit  des  papiers 
dépofés  ,  feront  tenus  de  féiirc  auxdits  gardes 
ouverture  de  leurs  moulins  ,  maifons  &  magafins; 
à  peine  j  en  eus  de  refus  ,  de  cinq  cens  livres  dV 
fncnde:  ik  où  il  fe  irouveroit  des  papiers  qui  ne 
feroiem  pas  conformes  à  ce  oui  eft  prefcnt  par  le 
préfenc  ariêt^Ôf  au  tarif  attaché  fous  le  contrefcel 
d'icciui ,  lefdifs  gardes  les  feront  fatfîr  &  enlever 
par  un  huiiitcr  «  6c  en  pourfuivront  U  confîfcaeton 
avec  les  condamnations  d^amc ndes  portées  par  le 
préfeot  arrêt. 

3V  Ordonne  fa  maîeflè  que  les  rames  dts  pa- 
piers dont  U  contifcation  aura  été  ordonnée  »  fe- 
ront pcicétîs  d*un  poiçondans  le  milieu ,  Ôt  qu'elles 
feront  rcmifes  dans  le  moulin  à  pj^picr ,  pour  y  être 
employées  comme  mitre re;  &  que  du  prix  auquel 
elles  feront  cilimies  comme  matière  ,  il  en  appar- 
tienne iuoitté  anx  gardes  ,  &  l'autre  moitié  à 
l'hù^ntuï  <c  plus  prochain  du  lieu  où  les  fugemens 
auiont  éîé  rendus. 

34.  Nul  ne  pourra  être  admis  à  faire  apprcn- 
tiil,ige  ,  qu'il  n';îit  au  moins  douze  ans  accom- 
I  iTé   brève:  pprentiirige 

\  ,   entre  1  f.^Hncïint  et 

çw  lit  qMi  <  ,  lequel 

bicvtifcr.i         ,  '  _'  -      .   ,  ;    iw-ra  tenu 


à  cet  elTrf  par  les  gardes  en  exercice  de  thmfm 

communauté  ,  en    payant    par    ledit  xppfieoti  U, 
fomme  de  trois  livres  pour  Icdtr  enfeî»tftfciiiCTit. 

35.  Le  tems  de  Tappr  Je  quatre 
années  confécutives ,  pend  ^  l'apprenii 
fera  tenu  de  demeurer  chez  fon  maître  ^  &  de  le 
fervir  fidèlement  ;  &  ceux  defdits  ippfrnn^  a,^l 
quitteront  \c\it  maître  avant  le  tems  dtfd  r 
années  accompli  ,  n'acqu erreront  aucun  u  u  t  pvur 
parvenir  à  lamaitrife^  &  leurs  brevets  fcrt>m  & 
demeureront  nuls  ,  &  rayés  du  regîflie  dim  leqikl 
ils  auront  été   enregirtrés. 

36,  Dans  le  cas  où  le  maître  chex  lequel  l'ap- 
prenti auroic  commencé  fon  apprentiffage ,  ceffie- 
roit  de  tabrtquer  ou  faire  fabriquer  du  papier 
avant  le  terme  de  Tapprentiffage  accompli ,  les 
gardes  en  charge  placeront  ledit  apprenti  chcx  dû 
autre  ntaître  ,  pour  y  finir  le  tems  qui  reilera  à 
expirer  de  fon  apprentiffage  »  ce  qui  fera  pareille* 
ment  obfervé par  Jefdits  gardes,  ft  le  maure  vient 
à  décéder  ,  &  que  fa  veuve  ou  fes  enfans  ne  cocd* 
nuent  pas  à  faire  f  "  1  du  papier. 

37    Les  quatre  !  apprenti rtfage  exptréet  • 

Tap  ra  tenu  de  Icrvif  pî^^ 

anr  les  maîtres  en  quu 

38*  Les  rtis  de  maîtres  qui  auront  demeuré  jtifqu  a 
i'âgede  t6  ans  accomplis  cbczleur  père,  ou  îear 
mère  veuve  fnifant  fabriquer  du  papier  .  ferod 
réputés  avoir  fait  leur  apprentiflage  ;  &  feront  oèan* 
moins  tenus  de  fervir  quatre  années  en  qualité  de 
compagnons ,  chct  leur  père,  ou  leur  méte^etivet 
ou  chez  d'autres  mahres. 

39*  Lafpirant  à  la  nuttrifc,  qui  fc  ptifouifil 
pour  être  reçu  ^  fera  prèahblement  tenu  ée  repfé» 
fenter  aux  gardes  en 
très  qui  ieront  nomn-^ 

maîtres  fabrieans  ,  fon  brcret  r  ï »gc ,  ai 

certificat  en  bonne  forme,  tii  .  qu*il  n 

fait  chez  les  ma  très  en  qualité  de  compagnoaj  3 


^T.r 


'^  C 


fera  enfuiie    admis  à  faire  ,  e^   n 

gardes  &  principaux  maîtres  t 

d*œuvre,  qui  confinera  dans  le>  (^  ^ 

tions  de  la  fabrique  du  papier  ,  &  1 

qualité  des  dirtéreftfes    fortrs  de  ; 

kront  préfcntécs  à  cet  effet  ;  &  fi  ap 

ledit  afpirant  eft  trouvé  capable  par 

charge  ÔL  principaux  maître,  fabfr 

eux  pré  fer  lé  aux   î»Jges  des  man'. 

prêfcr  ferment  pardevant  eux  ,   if^ 

tableau  des  maîtres  fiibricans ,  en  l 

par  Tart.  1^  ci-dcffus  «  en  pay*r 

Qx  livres  pour  les  droits  defdhf  juges  ,  &  pareilte 

fomme  pour  h  communauté. 

40.  Les  6ls  de  maîtres  qui  fe  prè(cntçT«nM  fûÊtt 
être  reçus  à  la  muitrife  ^  ne  n  ^^ 

d  œuvre ,  mai^  feront  feulemei  inéÈÊt» 

ter  les  CiTtilicats  du  ier\  r-ti 

qualité  de  eL7mfrr^;f'on^  ,  '^ 

mère  vcuv  itfô/t 

interrogés 


I 

'ni 
-  '  f 
■'deefi 
nf»r 
,  pctir 
.m  tr 
eCcrlf* 
me  rft 


éÊêêÊ 


P  A  P 

Ha  papier ,  que  fur  la  qualuè  des  différentes  fortes 
de  pApicts  :  &  fi ,  après  cet  examen  »  iU  font  neu- 
ves capables  ,  ils  iVroni  reçus  en  la  forme  prcfcrite 
λar  Tarticle  précédent ,  en  payant  la  lomme  de  ùx 
ivres  pour  les  droits  des  juges  des  manufaflures  , 
&  pareille  fooime  pour  la  communauté. 

41.  Les  femmes  qui  feront  payâtes  ,  Tant  pour 
renre^ilirement  des  brevets  d^apprcmilTage ,  que 
poar  ics  réceptions  à  In  maîtrife  ,  feront  reçues 
par  Tancien  garde  en  charge ,  qui  en  tiendra  registre , 
&ciTiployéts  auxaftiircs  Je  la  communauté  ,  dont 
Ufera  tenu  de  rendre  compte  à  la  fin  de  fon  eiercicc 
en  prêfence  des  autres  gardes  6c  des  anciens  maîtres 
ùbrieiiis ,  qui  feront  nommés  à  cet  e0et  par  la 
communauté  aflembléc  :  &i  fera  tenu  ledit  ancien 

Ede  ,  de  remettre  les  deniers  qui  rcfleront  entre 
oiJàQS,  en  celles  de  Tancien  garde  qui  lui  fuccé- 
4cf»  ,  ce  qui  fera  exécuté  d  année  en  année. 

4%,  l: étend  fa  majeilé  à  tous  gardes  6l  maî- 
tres ^bricans  ,  de  prendre  ,  ni  recevoir  des 
afpîrans  à  la  m^iîtrife  ,  aucuns  préfcns,  ni  autres 
&  plus  grands  droits  que  ceux  fixés  par  le  préfent 
arrît ,  p©ur  quelaue  caufeSi:  fous  quelque  orétexie 
que  ce  puiffe  être,  a  pemc  ae  reilïiuiic«i  CSc  de  cent 
lÎTres  a  amende;  cororre  auiTi  auxdits  afpîrans  »  de 
doaner  aucuns  repas  auidits  gardes  ou  mat:res 
Êlbficaos  ,  k  peine  de  nuliitî  de  réception» 

43.  Les  veuves  des  maîtres  fabricans  joui- 
raof  des  droiis  &  prîvUéges  de  leur  mari  ,  & 
pourront  cominuer  de  faire  fabriquer  du  papier 
tant  qu'elles  relieront  en  viduité,  fans  ncmmoins 
pouvoir  (aire  d'apprentis  ;  &  au  cas  quelles  fe 
momem  avec  quelqu'un  qui  ne  fott  pas  mattre 
nMcint ,  elles  feront  déchues  defdits  droits  & 
prliriléges. 

44.  Ordonne  fa  mafeilé  ,  que  les  maîtres  fabrî* 
caef  de  papiers  ,  leurs  fils  travaillant  dans  les 
obliques,  les  colleurs  ou  faicmns,  les  ouvriers 
qui  mettent  les  matières  fur  les  formes,  ceux  qui 
coucher  t  les  papiers  ,  ceux  qui  les  lèvent  »  $L  ceux 
qui  préparent  les  matières  qui  entrent  dans  la  corn- 
pofitton  du  papier ,  feront  pi  rtonncllement  exempts 
delà  coltcéle  des  tailles  ,  du  logement  de  gens  de 

SUCTTC  ^  de  la  milice  ,  &  qu*ils  feront  coTrfis  d  of- 
ce  i  la  raille^  par  le  fieur  intendant  6i  comniîiTaire 
départi  dans  la  provincecù  ils  feront  établis,  fui  var  t 
les  états  qui  lui  en  feront  remis  tous  les  ans  Vi:iT  tes 
gM4f«s  en  charge  *  fans  que  les  cotes  d*ûi!ice 
ptiiflent  être  augmentées  par  les  coDcélcurs* 

4«î.  Veut  ù  majeftè  que  l'ouvrier  crpployè  à 
CitreÔC  à  réparer  Ic^  '"  '  'nn 

lies  papiers,  aptveK  m 

pfîvi  lé^es  ^  c xc T  M 4  c i* 

4tftis,auxmnK  .* tiers  ^ 

à  Kir^et  de  quoi  ii  fera  compris  dans  les  étais  ordon> 
nés  par  le  màtvç  article. 

An^  46  F^tfa  ma  je  lié  dcfenfcs  at)X  g.udes  ,  de 
i»i5mf-r/.rifîrf.  Hpnt  l,.iM;*t  étais,  aucuivf  maîtres  fa- 
br  ront  pjs  à  b're  fabriquer 


P  A  P 


53Î 


feront  aAuellement  travaillans  dans  les  moulins  ^ 
à  peine  de  trois  cens  livres  d'amende, 

47»  Les  ma  très  fabricans  pourront  employer 
ceux  de  leurs  cotnpagnons  6c  apprentis  qu'ils 
jugeront  à  propos  ,  à  celles  des  fonctions  du  mé- 
tier de  papetier  qu'ils  trouveront  l«ur  erre  plus 
convenables  ,  fans  qu*aucuns  defdits  compagnons 
puiiTent  s  y  oppofcr,  pour  quelque  caufe  6;.  fous 
quelque  prétexte  que  ce  foit  ;  à  peine  de  trois  livres 
d'amende  payable  par  corps  ,  contre  chacun  defdits 
compagnons  qui  auroient  formé  de  pareilles  oppo* 
ftûons  ,  3l  de  plus  grandes  peines  s*il  y  echéoit, 

48,  Fait  fa  majellé  détenfes  aux  compagnons 
&  ouvriers  ,  de  quuter  leurs  maîtres  pour  aller 
chez  d'autres  »  qu'ils  ne  les  ayent  avertis  fix  fe- 
maincs  auparavant  en  préfencc  de  deux  témoins  ^ 
à  pejne  de  cent  livres  d*amende  payable  par 
corps,  contre  les  compagnons  6i  ouvriers,  &  de 
trois  cens  livres  contre  les  maîtres  fabricans  qui 
recevroient  à  leur  fervice  &  engageroîent  aucuns 
compagnons  6c  ouvriers,  qu'ils  ne  leur  aytnt  repré- 
lenié  le  congé  par  écrit  du  dernier  maître  chez 
lequel  lis  auront  travaillé  »  ou  du  juge  des  lieux  «  en 
cas  ue  refus  mal  tonde  de  la  part  du  ma  tre;  letdttes 
amendesapplicables  moitié  au  profit  de  famajeOé^ 
6l  fautre  moitié  au  profit  des  maîtres  que  les  compa- 
gnons &  ouvriers  auroicnt  quitté  fans  congé;  feront 
auffi  tenus  les  maîtres  ,  d'avenir  Icfdits  compagnons 
&  ouvriers  en  prêfence  de  deux  témoins  ,  Itx  fe- 
maines  avant  que  de  les  renvoyer,  à  peine  de  leur 
payer  leurs  gages  &i  nourrirurc  pendant  kfdiics 
fix  femaincs. 

49.  Défend  auffi  fa  majeHé  auxdîis  maîtres  fabri- 
cans, de  débaucher  Us  compagnons  Oc  ouvriers 
les  uns  des  autres  ,  en  leur  promettant  des  gages 
plus  forts  que  ceux  qu*ils  gagnoieni  chez  les  maîtres 
ou  i's  travailloient ,  fous  les  peines  portées  par 
Tarticle  précédent ,  tant  contre  lefdits  maîtres  fa- 
bricans que  contre  lefdits  compagnons  Ôc  ouvriers, 

50  Ordonne  fa  majefté  ,  que  s*d  arrivoit 
qu*un  compagnon  ou  ouvrier  ,  pour  fcrccr  fon 
martre  i  !e  congédier  avant  le  temps  ,  ^dt  ,  par 
mauvAifc  volonté  »  fon  ouvrage  ,  6i  quM  en  fut 
convaincu  ,  tant  par  la  comparai  fon  de  fcs  autres 
ouvrages,  que  par  la  d^ipotrion  des  autres  com- 
pagnens  &  ouvriers  travaillans  d:\ni  le  même 
moulin  ,  ledit  compagnon  ou  Ouvrier  fera  con- 
damné ,  outre  l'  dédt  mm.igemeiït  ,  à  la  même 
peine  que  sM  avoir  qu  t  é  fon  m  ait  c  I'  ::^é. 

5 1.  Veut  fa   maitOé  que  le-ç   c  ,1$  $t 

ouvriers  papetiers  foîcnt  tenus  de  t.iirc  le  trav-il 
de  chnque  loutnéc,  moitié  av^int  pncfi  ,  6t  Tautrc 
'îior  midi,  fans  tiuMs  pu  i  lient  forcer  leur 

tra\  >  quelque  prétexte  que  ce  ftit,  ni  !e 

quitter  pendant  le  cotrrjrt  de  la  journée,  fans  le 
congé  de  leur  mattre  ;  à  peine  ,  tn  r  ,.  ,1-  ^^^nr^, 
vcntion  ,    de  trois    livres  d*an  .f 

corps  ,  contre  ^'rfdir'i  *---*-"  -,  ,,,,^.  ^  »u^»,,t»;*  , 
applicable  au  profit  de  de  l*fîi^p*taî  le  plus 

ptMbtiii  da  iteia  où  les  ji^^cn^cns  feront  rendus. 


P  A  P 


P  A  P 


procéder ,  en  ji^  pi èfence  defdits  juges  ^  à  li  pïnrs-' 
Xïih  (les  voix  y  f^  Ali  numinatiom  de  quatre  ou  de 
d^ux  gardes  ,  fgivaiit  qu  xi  icra  Tè^;lè  par  leldits 
(ii\ir%  incenkns  6c  couWi^ir^Âies  dèpaîtis  «  ^  Pro- 
portion du  nombre  à*;tSt  maîtres  fabricans  qui  le» 
lonc  établis  dans  Tècendue  de  chaque  arrondifle- 
ment  y  lefqueU  gardes  prêteront  iermenr  parde- 
vanc  lefdus  jugç»  ^  de  le  bien  &  fidèlement  ac- 
quitter de  leurs  fondions  ,  ^liis  exerceront  juf- 
qu*au  dernier,  décembre  1739.      '   _    ..f^-    * 

30.  Ordonne  U  m*  jeftè  qu'à  Tavenir  ,  -Scà  co*ï- 
mençer  au  mois  de  décembre  1739,  U  l^ra  tous* 
les  aps ,  depuis  le  premier  jufqu'au  10  dudit  mois, 
procédé^  en  la  forinc  6c  inaniéie  prdcrite  par  l'art, 
a^  cj'deiTus  »  à  la  nomination  de  deux  nouveaux 
gàr(J^s,  ddu^jes  villes  ëc  lieux  oîi  il  en  aura  été 
eiu  quatre  ,  pour  remplacer  les  deux  anciens  qui 
foriif^m  de  charge  ,  fit  entrer  en  exercice  au  deux 
japyi^l^/uiV'Mt^  avec  les  deux  gardes  de  ia  précé- 
dente éle*;i)On  ;  ce  qui  fera  Dbfenré  d'année  en 
année ,  enferte  qu'il  y  ait  toujourv  deux  anciens 
&  d'.uX' nouveaux  gardes  en  exercice. 

31.  Veut  U  maieAé  que  le  même  ordre  f6ic 
obiervé  d*insles  villes  &  lieux  ou  il  n'aura  été  nom- 
mé que  deux  gardes  ,6c  quM  en  fott  élu  un  tous 
les  ans ,  p'-^ur  remplacer  celui  qui  ibrtlra  d'exercice. 

3  a.  Lefdits  gardes  feront  au  moins  quatre  viA- 
tcs  gén«:rales  pir  chacun  an  ^  &  des  vifites  par- 
ticulières toutes  les  fois  qu  ils  le  jugeront  à- propos , 
tant  dans  ks  moulins  &  m.gafins  à  papier  établis 
dans  U  campagne,  ane  dans  les  magafins  établis 
dans  les  vUlei  qui  ieront  dans  Tétendue  de  leur 
diflrict  '^\ot^  dcfqutllts  vifites  ,  tous  les  maîtres 
fabricans  ,  les  marchands  papetiers ,  commifl'ion- 
ïiaires  »  ik  autres  chct  lefquels  il  y  auroit  des  papiers 
dépofés  ,  feront  tenus  de  faire  auxdits  gardes 
ouverture  de  leurs  moulins  ,  maifons  &  magafins; 
à  peine  ,  en  cas  de  refus  ,  de  cinq  cens  livres  d'a- 
mende :  iSc  oîi  il  fe  irouvçroit  des  papiers  qui  ne 
feroicnt  pas  conformes  à  ce  oui  eft  prefcnt  par  le 
prêtent  anèt^Ëif  au  tarif  attaché  fous  le  contrefcel 
d'icelui ,  Icfdits  gardes  les  feront  faidr  âc  enlever 
jxar  un  huitftcr  ,.  6c  en  pourfuivrom  la  conâfcarion 
avec  les  condamnations  d amendes  portées  par  le 
préfeot  arrêt. 

33-  Ordonne  fa  tp^^icrté  que  les  rames  d#s  pa- 
piers dont  la  contifcation  aura  été  ordonnée,  fe- 
ront percées  d*un  poiçondans  le  milieu ,  6c:  qu'elles 
feront  rcmifes  dans  le  moulin  à  papier ,  pour  y  être 
emplovées  comme  muiére;  &  que  du  prix  auquel 
elles  Icront  edimics  comme  matière  ,ti  tn  appar- 
tienne  moitié  anx  garde*;  ,  ^  l'autre  moiriè  i 
rhô^nt^it  !e  plus  {irocliaiii  du  lieu  ou  les  jiigemens 
auiont  été  rendus. 

34.  Nul  ne  pourra  être  admis  â  faire  appren- 
ttfljge  ,  qu'il  n'ait  au  moins  douze  ans  accom- 
pli'^ ,  et  il  fcri  paiTé  brevet  dudit  apprentiirage 
psî'î.ivsrir  notaires  ,  entre  le  miitre  tabricnnt  & 
ù  pféfentera  pour  être  apprenti  ,  lequel 
i  :  j  cn#ef  lArià  dtuii  le  rcgiAre  qui  liera  tenu 


.1 


à  cet  elP*t  par  les  gardes  en  exerciec  de  cbaqœ 
communauté  ,  en    payant   par    leu  nti  b 

fomme  de  trois  livres  pour  ledit  en;  ^nt, 

55.  Le  rems  de  rapprentiiTaee  kra  de  quatre 
années  confécutlves  ,  pendant  lelquelles  l'apprenti 
fera  tenu  de  demeurer  chex  fon  maure,  éi  de  le 
fervir  Adèlement  ;  &  ceux  defdits  apprentis  qui 
quitteront  Iclur  maître  avant  le  tems  defdires  quatre 
années  accompli  ,  n'acqucrrcront  aucun  droit  pour 
parvenir  à  la  maitrife ,  &  leurs  brevets  {eroot  & 
demeureront  nuls  ,  &  rayés  du  regiflre  dans  lequel 
ils  auront  été   enregiftrés. 

56.  Dans  le  cas  oii  le  matrre  chez  lequel  Pip- 
prenti  auroit  commencé  fon  apprentifTage ,  ceffe- 
roît  de  fabriquer  ou  faire  fabriquer  du  papier 
avant  le  terme  de  Tapprentiflage  accompli  ,  les 
gardes  en  charge  placeront  ledit  apprenti  cher  on 
autre  maître  ,  pour  y  finir  le  tems  qui  reftcra  à 
expirer  de  fon  apprentilTage  ,  ce  qui  fera  pareille- 
ment obfervé  par  lefdits  gardes,  fi  le  maure  vicat 
à  décéder  ,  &  que  fa  veuve  ou  fes  cnfans  ne  conti- 
nuent pas  à  faire  fabriquer  du  papier. 

37.  Les  quatre  années  d'à pprentifiagc  expirées  I 
rappreniî  fera  tenu  de  tervir  pendant  quatre  autres 
annètîs  chez  les  maîtres  en  qualité  de  compagnon. 

58*  Les  fils  de  maîtres  qui  auront  demc  \ 

Tâgede  16  ans  accomplis  cbezleur  pérv  f 

mère  veuve  f^ifant  hbriqucr  du  papier  ,  frrofîl 
réputés  avoir  f;itf  leur  apprcnrifTage  i  &  feront  oéarv- 
moins  tenus  de  fervir  quatre  années  en  qualité  de 
compagnons ,  chez  leur  père ,  ou  leur  méie  veuve, 
ou  chez  d'autres  maîtres. 

59*  L'afpirant  à  la  maitrife ,  qui  fe  prèfcnten 
pour  être  reçu  ,  fera  préalnblement  tenu  de  rcpfè* 
feftfer  aux  gardes  en  charge ,  &.  aux  an 
très  qui  (eront  nommés  a  cet  effet  par  L  s 

maîtres  fabricans  ,  fon  brevet  d'à  pore  ntiiï^gc,  U  le 
certificat  en  bonne  forme,  du  fervice  qu^ilautl 
fait  chez  les  matrcs  en  qualité  de  compagnon  :  il 
fera  enfutte  admis  à  faire  ,  en  préfence  defdiff 
gardes  &  principaux  mai  très  fabricans  ,  fon  chc^ 
d*œuvre,  qui  confinera  dans  les  di^érentes  njpér»- 
tons  de  la  fabrique  du  papier  ,  &  interrogé  fur  II 
qualité  des  dittérenres  fortes  de  papiers  qui  loi 
feront  préfcntces  à  cet  effet  j  8t  fi  aj  rès  cet  examen ♦ 
ledit  afpirant  ert  trouvé  capable  par  ledit  garde  en 
charge  &  principaux  majtrei  fabrrc-in*  ,  tl  {tf%  pat 
eux  prèfcrté  aux  j»iges  des  manv  ,  pôitf 

prêter  ferment  pardevaht  eux  ,   tv  f^ns  If 

iable;<u  des  maîtres  fabricans ,  en  !a  Iv  m^  preferifl 
par  Tart.  il  tt-dcffas  ^  en  payant  la  fomoie  et 
fix  livres  pour  les  droits  defdits  juges  ,  &  pAmUt 
fom me  pour  la  ce mmunauté» 

40.  Lïs  fils  de  maîtres  qui  fi?  préfienterfKit  po«f 
être  reçus  ï  la  maitrife  ,  ne  ferr^-^r  '  ^n  çhef- 
d*œuvTe ,  mai*  feront  feulement  f^.  otcÉHv» 

ter  les  cerr  i  fcfv»ce       *  «"O 

qualité  de  '>ns  ,  ch- 

mère  vcuv  '  z  d"autr<. 

interrogés  i  ^  les  opér. 


m 
1^ 


I 


P  A  P 

Ba  pspler ,  que  fur  la  qualité  des  àlSèrtmct  fortes 
et  papiers  ;  £k  fi ,  après  cet  examen  ,  ils  font  trou- 
vés capables  »  îls  feront  reçus  en  la  forme  prefcrice 
par  l'article  précèdent ,  en  payant  la  fomir.e  de  (ix 
îtvrcs  pour  les  droits  des  juges  des  mar.ufaélures  , 
&  pareille  Ibmme  pour  la  communauté. 

4t.  Les  fommes  qui  feront  payées  ,  :ant  pour 
Vcnregîltremenc  des  brevets  d^appreniuTage ,  que 
pour  ics  réceptions  à  !a  maitrife  ,  feront  reçues 
par  Tancien  garde  en  charge ,  qui  en  tiendra  rcgtitre , 
ât  employées  aux  affaires  de  la  communauté  ,  dont 
kl  fera  tenu  de  rendre  compte  ï  la  fin  de  fon  exercice 
en  préfcnce  des  autres  gardes  6c  des  anciens  maîtres 
ÊLbncans  ,  qui  feront  nommés  à  cet  effet  par  ta 
communauté  affcmbléc:  &  fera  tenu  ledit  ancien 

Îpfdc  ,  de  remettre  les  deniers  qui  referont  entre 
es  mains,  en  celles  de  Tancien  garde  qui  lui  iuccé- 
dera  p  ce  qui  fera  exécuté  d'année  en  année. 

4%,  Détend  fa  majefté  à  tous  gardes  6c  maî- 
tres fabricans  ,  de  prendre  ,  ni  recevoir  des 
afpirans  à  la  murrife  ,  aucuns  préfens,  ni  autres 
&  plus  grands  droits  que  ceux  fixés  par  le  préfent 
arrêt  »  pour  quelaue  caufc&  fous  quelque  orèrexte 
que  ce  nuiffe  être,  a  petne  de  reftitution  5t  de  cent 
livres  a  amende;  comme  auffi  auxdits  afpirans  ,  de 
dooner  aucuns  repas  auxdits  gardes  ou  maîires 
fabricans  «  à  peine  de  nullité  de  réception. 

43.  Les  vcuvrs  des  maîtres  fabricans  joui- 
ront des  droits  &  privilèges  de  leur  mari  ,  & 
pourront  continuer  de  faire  fabriquer  du  papier 
untqu^cHes  referont  cnvidiûté,  fans  neanmoms 
pouvoir  (aire  d^apprentis  ;  ÔC  au  cas  quelles  fe 
remarient  avec  quelqu'un  qui  ne  foit  pas  maître 
fabricant ,  elles  feront  déchues  defdit»  droits  6f 
pffivilèges, 

44.  Ordonne  fa  mtjeflé  ,  que  les  maîtres  febri- 
caos  de  papiers  ,  leurs  fils  travaillant  dans  les 
6bit<]Qes,  les  colleurs  ou  falerans,  les  ouvriers 
qui  mettent  les  matières  fur  les  formes ,  ceux  qui 
couchert  les  papiers^  ceux  qui  Les  lèvent, 6^  ceux 
qui  préparent  les  matières  qui  entrent  dans  la  com- 
pofttion du  papier  ,  feront  pirfonncllemenrexcmpri 
de  ta  collc^le  des  tailles ,  du  logement  de  gens  de 
pierre  &  de  la  milice  ,  &  qu'ils  fcroni  cotifés  d*of- 
fice  à  la  taille,  par  le  fieur  intendant  fit  commttTnirc 
départi  dam  la  province  cvi  ils  feront  établis,  fuivart 
les  états  qui  lui  en  feront  remis  tous  les  ans  par  les 
gardes  en  charge  ,  fans  que  les  cotes  d'cffice 
ptttffent  être  augmentées  par  les  collséleurs. 

45.  Veut  fa  majeftè  que  l'ouvrier  employé  à 
Caire  ÔC  à  réparer  les  formes  fervant  à  ^a  fabrication 
àf%  pipk ri,  appelé  f'^m^ttn  ,  jot/ifte  des  mcmî« 
prî  ^i  exempt'  -^'cs  p-*»  r.ir: icle  44 cî- 
di  <  mattrcs  t  v^  \  Icun  ouvriers  , 
j  i'eârt  de  quoi  il  fera  compris  dans  les  étais  ordon- 
«Ci  pr  Se  mûire  article. 

An.  46  Fait  ta  majelie  défenfes  aux  g^irdes  ,  de 
^^^«.r.^.i^j,^  A'.^nc  U{ti(ts  éïats,  aucuns  ma f très  fa- 
is^ ttnucront  pus  a  faire  fabriquer 
é%\  ps^^^^^^gjigj^ouvticrs   qti%MMfeÉlui 


p  A  p 


533 


feront  aftuellement  travaillans  dans  les  moulins , 
à  peine  de  trois  cens  livres  d'amende, 

47.  Les  maîtres  fabricans  pourront  employer 
ceux  de  leurs  compagnons  Ôt  apprentis  qu'ils 
jugeront  à  propos  ,  à  celles  des  fonctions  du  me* 
tier  de  papetier  qu'ils  trouveront  l«ur  être  plus 
convenables  ,  fans  qu'aucuns  defdits  compagnons 
puiffcni  s'y  oppofcr,  pour  quelque  caufc  6c  fous 
quelque  prétexte  que  ce  foit  ;  à  peine  de  trois  livres 
d*ameûde  payable  par  corps  ,  contre  chacun  defdits 
compagnons  qui  auroient  forme  de  pareilles  oppo* 
Tuions  ,  6t  de  plus  jurandes  peines  s'il  y  échéoit. 

48.  Fait  fa  majefté  défenfes  aux  compagnons 
&  ouvriers  ,  de  quiiicr  leurs  maîtres  pour  aller 
chez  d'autres  »  qu'ils  ne  les  aycnt  avertis  fix  fe* 
nuines  auparavant  en  préfencc  de  deux  témoins  , 
à  peine  de  cent  livres  d'amende  payable  par 
corps  ,  contre  les  compagnons  ôt  ouvriers  ,  &  de 
trois  cens  livres  contre  les  maitres  fabricans  qui 
recevroient  à  leur  fervice  &  engageroient  aucuns 
compagnons  ôc  ouvriers,  qu'ils  ne  leur  aytnt  repré- 
knté  le  congé  par  écrit  du  dernier  maître  chez 

,  lequel  ils  auront  travaillé  ,  ou  du  juge  des  (icux  .  en 
cas  ue refus  m^l  tonde  de  la  part  du  ma  tre;  lefdites 
amendesapplicables  moitié  au  profit  de  famaJeOé, 
&  Tautre  moitié  au  profit  des  maîtres  que  les  compa- 
gnons &  ouvriers  auroient  quitté  fans  congé i  feront 
auffi  tenus  les  maitres  ,  d'avertir  Icfdits  compagnons 
il  ouvriers  en  préfence  de  deux  témoins  ,  tix  fe- 
maines  avant  que  de  les  renvoyer,  à  peine  de  leur 
payer  leurs  gages  Si  nourriture  pendant  lefdites 
fix  fcmaines. 

4*^,  Défend  auffi  fa  m^ijené  auxdiis  maitres  fabrî- 
Ciins,  de  débaucher  les  compagnons  &  ouvriers 
les  uns  des  autres  ,  en  leur  promettant  des  gages 
pjus  forts  que  ceux  qu'ils  gagnoient  chez  les  maures 
où  i's  travaiîloient ,  fous  les  peints  portées  par 
rarriclc  précédent ,  tant  contre  lefdits  maitres  fa* 
bricans  que  contre  lefdits  compagnons  &  ouvriers, 

50  Ordonne  fa  majeOé  ,  que  s*il  arrivoit 
qif  un  compagnon  ou  ouvrier  ,  pour  fcrccr  fon 
maître  ^  le  congédier  avant  le  temps  ,  gâtât  ,  par 
mauvaifc  volonté  »  fon  ouvrage  ,  &  quM  en  fut 
convainai ,  tant  par  la  comparai  fon  de  fcs  autres 
ouvrjges,  que  par  la  dipofrion  des  autres  com- 
pagnons &  ouvriers  iravaillans  dans  le  m^m^ 
moulin  ,  ledit  compiignon  ou  ouvrier  ktx  con- 
damné ,  ouTtc  1  dédf  mm-igcmeDi  ,  à  la  même 
pcmc  que  s'il  avoir  qu  t  é  ion  maîr  e  (ans  congé. 

$1.  Veut  fa  majtf^é  qrie  les  compagnons  & 
ouvriers  papetiers  fuient  tenus  de  faire  le  travail 
de  chique  |outnèc,  moitié  4V^nti>Mdi  ,  &  l'autre 
mû  r  midi  ,  fans  qu'ils  puiiTent  forcer  leur 

tra%  >  qt!clquc  prétexte  que  ce  fcii  »  ni  !c 

quitter  pendant  k  coiirjft  de  la  journée,  fans  le 
congé  de  leur  martre  ;  à  pcitie  ,  en  ca^  de  contra- 
vention ,  de  trois  Hvres  d^amendc  p:iyablc  par^ 
corps  ,  cor.trc  **:fdirs  compagnons  4Sc  ouvriers  L 
applicable  au  profit  des  pauvrrs  de  Tfït^p'râî  le  pluf, 
prochaiH^jyilll-^ii  les  îagcittens  feront  rend 


534 


P  A  P 


Art.  52.  Défend  fa  majedé  à  tous  compagnons 
&  ouvriers ,  de  commencer  leur  travail  ,  tant  en 
hiver  ,  qu'en  été  ,  avant  trois  heures  du  matin  , 
&aux  maîtres  fabricans  de  les  y  admettre  avanr 
ladite  heure ,  ni  d'exiger  defdits  compagnons  & 
ouvriers  ,  des  tâches  extraordinaires  appelées 
avantages  ,  à  peine  de  cinquante  livres  d'amende 
contre  lefdits  maitres  fabricans  ,  &  de  trois  livres 
contre  lefdits  compagnons  &  ouvriers  ,  pour 
chaque  contravention ,  lefdites  amendes  applicables 
comme  ci-deffus. 

53.  Pourront  les  mairres  fabricans  prendre  dans 
leurs  moulins  ,  tel  nombre  d'apprentis  qu'ils 
jugeront  à  propos ,  foit  61s  de  compagnons  ou 
autres;  comme  aufiîde  recevoir  dans  leurs  moulins 
les  compagnons  qui  viendroient  leur  demander  du 
travail  ,  en  repréfentant  par  eux  le  congé  du  der-* 
nier  maître  qu'ils  auront  quitté.,  vifé  fans  frais  , 

Ear  le  juge  du  lieu  du  domicile  dudit  dernier  maître, 
î  tout  fans  que  les  autres  compagnons  &  ouvriers 
pulfTcnt  les  inquiéter  ou  maltraiter ,  ni  exiger  d*eux 
aucune  rétribution  ,  pour  quelque  caufe  &  fous 
quelque  prétexte  que  ce  foit,  à  peine,  en  cas  de 
contravention ,  de  vingt  livres  d'amende  payable 
par  corps  contre  chacun  defdits  compagnons  & 
ouvriers ,  &  de  plus  grande  peine ,  s'il  y  échéoit. 

54.  Défend  fa  majefié  à  tous  compagnons ,  ou- 
vriers &  apprentis ,  de  vendre  aucuns  papiers  » 
ni  aucune  matière  ou  colle  fervant  à  la  fabrication 
defdits  papiers  ,  &  à  tous  colporteurs  &  autres 
d'en  acheter,  à  peine  de  cinquante  livres  d'amende 
payable  par  corps ,  même  d*èrre  lefdits  compagnons 
ouvriers ,  apprentis  &  colporteurs  ,  pourfuivis 
extraordinairement ,  fi  le  cas  y  échéoit. 

55.  Fait  pareillement  fa  majeflé  défenfes  à 
tous  aftifans  d'acheter  pour  revendre»  aucuns 
vieux  linges  ,  vieux  drapeaux  ,  peilles  ou  drilles 
fervant  à  la  fabrication  cku  papier  »  &  à  tous 
merciers  &  colporteurs  d'en  acheter  dans  la 
difiance  d'une  deml-lieue  de  chaque  moulin  à 
papier  ,  fous  quelque  prétexte  que  ce  foit ,  à  peine 
de  confifcation  ,  &  de  pareille  amende  de  cin- 
quante livres  contre  les  contrevenans ,  payable  par 
corps ,  même  de  plus  grande  peine ,  s'il  y  échéoit. 

56.  Fait  aufTi  fa  majeilé  défenfes  à  tous  maitres 
fabricans  de  vendre  ,  &  à  toutes  perfonnes 
d'acheter  ,  fous  quelque  prétexte  que  ce  foit  , 
aucune  matière  réduite  en  pâte  propre  à  fabriquer 
du  papier  ,  à  peine  de  confifcatioo ,  &  de  mille 
livres  d'amende ,  tant  contre  le  vendeur  que  con* 
tte  l'acheteur. 

57. 'Permet  fa  majeAé  auxdits  maitres  fabri- 
cans ,  de  fabriquer  ou  faire  fabriquer  dans  leurs 
moulins ,  foit  en  laine  ,  coton ,  poil  ou  autres  ma- 
tières ,  les  étoffes  deflinées  à  coucher  leurs  papiers 
au  fortir  de  la  forme  ,  appelées  fiottes  ou  feuiret , 
fans  néanmoins  qu*ils  puiffent  fabriquer  ou  faire 
fabriquer  aucunes  autfes  fortes  d'étoffes  avec  lef- 
dites matières,  fous  quelque  prétexte  que  ce  puifle 


p  A  P 

être  ,  même  pour  leur  propre  ufage  3  à  pdae  de 
confifcation  o:  de  mille  livres  d'amende. 

58.  Les  procès -verbaux  qui  feront  drefles 
des  contraventions  faites  au  préfeot  arrêt,  feront 
mention  des  articles  de  l'arrêt  auquel  il  aura  été 
contrevenu  ;  &  les  amendes  qui  feront  prononcèei 
pour  raifon  defdites  contraventions  ,  dont  l'appli- 
cation n'efl  pas  ordonnée  ci-deflns,  feront  appU- 
quées  ,  favoir  ,  un  tiers  au  profit  de  U  majâU, 
un  tiers  au  profit  des  gardes  qui  auront  fait  lei 
faifies  ,  &  l'autre  tiers  au  profit  des  pauvres  de 
l'hôpital  le  plus  prochain  des  lieux  pilles  jug^mei» 
auront  été  rendus. 

59.  Veut   fa  majefié   que  les   regtflres   qa 
feront  tenus  par  les  gardes  des  maîtres  fabricans ,    . 
foiênt  en  pjjpier  commun  &  non  timbré,,  cotés 
&  paraphés  fans  frais  par  les  juges  des  lieux  ;  k 

Ïue  les  procès-verbaux.des  nominations  de  Raudes, 
L  les  expéditions  qui  pourront  en  être  nita  $ 
foient  aufli  en  papier  commun  &  non  dmbré ,  fin 
pouvoir  être  afTujettis  au  contrôle ,  ni  à  aucuMi 
fortes  de  droits ,  de  quelque  luiture  qu'ik  poiilêm 
être. 

60.  Veut  pareillement  fa  majefié  que  tooiei 
les  faifies  qui  feront  faites  pour  raifon  des  oomn- 
ventions  qui  feront  commifes  au  préfeih  anct , 
&  les  conteftations  qui  pourront  naître  fur  Pcxtai' 
tion  d'icelui ,  foient  ponées ,  à  Paris ,  pardevimle 
fieur  lieutenant-général  de  police ,  &  dans  b 
provinces ,  pardevant  les  fieurs  intendans  &  cou- 
midaires  départis ,  pour  être  par  eux  jugées ,  du* 
cun  en  droit  foi ,  définitivemem  ,ïanf  l'appel  lu 
confeil ,  leur  en  attribuant  à  cet  effet,  pendant ciaq 
années  confécutives ,  k  compter  du  jour  de  Ups* 
blication  du  préfent  arrêt,  toute  cour,  jurifdi^ 
&  connoiflance ,  que  fa  majefié  interdit  4  toutes 
fes  cours  &  autres  juges. 

61.  Déroge  au  furplus  fa  majefié  ,  à  tous  rè- 
glemens  ,  arrêts  &  fiatuts  particuliers  ,  contrai- 
res au  préfent  arrêt ,  qui  fera  lu ,  publié  &  affiché 
par  tout  où  befoin  fera.  Fait  au  confeil  d*éut  du 
roi ,  fa  majcflé  y  étant ,  tenu  à  Verfailles  le  vinji; 
feptième  jour  de  janvier  mil  fcpt  cent  trente-neot* 

Signé  PmEUPEAUX. 

Autre  arrêt  du  confeil  d'état  du  roi ,  en  inte^ 
prétation  de  l'arrêt  du  confeil  du  27  janvier  17)91 
portant  règlement  pour  les  difttrentes  fortes  de  lit- 
piers  qui  fe  fabriquent  dans  le  royaume.  Du  18  (ep- 
tembre  1741.  Extrait  des  regiftres  du  coofeil  d'état. 

Le  roi  s'étant  fait  repréfenter ,  en  fon  confeil, 
l'arrêt  rendu  en  icelui  le  27  janvier  1739,  portant 
règlement  pouf  les  différentes  fortes  de  papiers  qti 
fe  fabriquent  dans  le  royaume ,  &  le  tarif  du  même 
jour  attaché  fous  le  contre-fcel  dudit  arrêt,  des 
largeur  &  hauteur  des  feuilles ,  &  du  poids  des 
rames  defdits  papiers  ;  &  fa  majefié  étant  infor- 
mée ,  par  les  repréfentations  qui  lui  ont  été  faites 
par  les  fabricans ,  que  non-feulement  il  feroit  né- 
çeffaire  de  changer  les  difpofitions  de  quelquesr 


I 


^ 
I 


P  A  P 

un%  d<îs  aftkVes  dudit  anêt ,  &  dV  en  ajouter  de 
oouvellei ,  mais  même ,  que  pour  procurer  aui- 
dtrs  (abrtcans  plus  de  fadlué  de  donner  aux  rames 
ée  tcurf  papiers  les  poids  fixés  par  le  tairf ,  il  feroit 
k  propoi  de  leur  accorder  un  remède  fuffifani  pour 
le  poids  de  chaque  rame  ,  &  de  régler  les  poids 
deidrtes  rames  par  un  nouveau  tarifa  à  quoi  défi- 
rampourvotr  :  Oui  le  rapport  dufieurOrry ,  con- 
feîUcr  d*état  ,  &  ordinaire  au  confelï  royal ,  con- 
fr&leur*génèn1  des  finance?  ,  le  roi  étant  en  foij 
confeil ,  a  ordonné  Ôt  ordonne  ce  qui  fuit  : 

t.  Tomes  les  différentes  fortes  de  papiers  qui 
fe  fabriquent  dans  le  royaume  ,  feront  k  Tave- 
mr  des  largeur  »  hauteur  &  poids  réglés  par  le 
wirif  attaché  fous  le  contre-fcel  du  préfcnt  arrêt  , 
è  peine  de  confifcatlon  ,  tant  des  papiers  qui  n*au- 
roient  pas  Icfdîtcs  dimenfions ,  que  des  rames  qui 
fe  trouveroient  de  poids  dtfférens  de  ceux  fixés 
par  ledit  tarif.     ' 

î*  N*entcnd  néanmoins  fa  majeflé  que  les  maîtres 
fabric^tns  puiffent  être  poutfuivis  dans  les  cas  où 
les  feuilles  de  leurs  papiers  fe  trouveront  de  quel- 
ques lignes  au-defTusou  au-deffous  des  dimenfions 
portées  par  le  tarif»  lorfqu'il  paroîtra  que  leCdites 
logmen rations  ou  diminutions  peuvent  provenir 
éc  la  faifon  dans  laquelle  les  papiers  auront  été 
Êibriqués  »  &  non  du  défaut  des  formes  &  de  la 
mauvaife  quilité  de  la  matière  ,  &  ne  caufent  pas 
une  différence  dans  lefdites  dimenfions»  au-delà 
d'une  quarantième  partie  de  celles  fixées  par  ledit 
tarif. 

).  Veut  fa  majefté  que  les  maîtres  fabricars, 
outre  les  marques  qui ,  fuivajit  Tarticle  1 1  de 
rmrrèt  du  confeil  du  27  janvier  I7"î9  ,  doivent 
être  jnifes  fur  chaque  feuille  de  papier  t  foient  te- 
ints »  à  commencer  au  premier  janvier  prochain , 
d*y  ajouter  en  chiffres  miîftpt  cent  quarante  dtux  ^ 
à  peine  de  confifcarion ,  tant  (tes  formes  dans  lef- 
quc  Iles  ladite  marque  ne  fe  trouveroit  pas  »  que 
des  papiers  qui  auroient  été  fabriqués  avec  lefdites 
formes ,  fie  de  trois  cens  livres  d'amende  contre 
ledits  maîtres  fa bricans. 

4.  Et  pour  donner  aux  maîtres  fiibricani  en- 
core plus  de  facilité  pour  la  vente  &  le  débit 
des  différentes  fortes  de  papiers  qui  fe  trouveront 
cbuis  leurs  moubns  èi  magafins  au  premier  janvier 
prochain  9  fans  avoir  les  dimenfions  ni  les  poids 
fhMA  ptr  le  tarif  attaché  fous  le  contre*fcel  du 
frifcm  irrèi  *  ordonne  fa  majeAé  que  dés  qu'il 
aura  èiè  con/laté  que  lefdits  maîtres  fabricant  au- 
ram  ajouté  à  leurs  formes  la  marque  mil  ftp  t  cent 
^Êaranu-dtuxl,  ils  puiffent  vendre  &  débiter  libre- 
ment lefdits  papiers  fans  être  obligés  d'en  faire 
aucune  déclaration  :  voulant  fa  majefîé  que  les 
ffuirres  fabticans  qui ,  après  ledit  }our  premier 
fanvier  «  fe  ferviroient  de  formes  qui  n^auroient 
pas  ladite  marque ,  non-feulement  foient  condam- 
nés aux  peines  portées  par  ^article  3  ci-deiTus , 
m^is  méioe  que  tes  papiers  ,  quoique  d'ancienne 
»  »  qui  frrolem  trouvés  chez  eux ,  foient 


p  A  p 


535 


faifis ,  pour  en  être  la  confifcatlon  ordonnée  »  avec 
trois  cens  livres  d'amende  contre  chacun  des  con- 
trevenî«n$. 

5.  Permet  fa  majeflé  aux  marchands  pape- 
tiers ,  de  vendre  &  débiter  tous  les  papiers  qui 
n'auront  pas  la  marque  milftpt  quarante-deux ,  pref 
critc  par  rarticle  5  ci^deffus  ,  quoiqu'ils  n'aient  ni 
les  dimenfions  ni  les  poids  réglés  par  le  tarif  atta* 
dié  fous  le  contre-fcel  du  prêtent  arrêt,  fans  être 
tenus  d'eïi  faire  aucune  déclaration. 

6.  Permet  pareillement  fa  majefté  aux  martres 
fabricans,  de  compofer  des  mains  &  des  rames 
des  feuilles  des  papiers  caffés  ,  troués  ,  ridés  ou 
autrement  défeâueux  ,  même  de  les  envoyer  dans 
les  pays  étrangers  ;  a  la  charge  que  chaque  rame 
defdits  papiers  fera  percée  de  tiers  en  tiers»  dans 
l'étendue  de  la  hauteur  des  feuilles,  de  deux  trous 
faits  avec  un  poinçon  de  (et  de  quatre  lignes  de 
diamètre,  faifant  un  pouce  de  circonférence  ,  & 
qu'il  fera  paffé  dans  chaque  trou  une  Scelle  donr 
les  deux  bouts  feront  noués  enfemble,  à  l'effet  de 
quoi ,  lefdites  rames  feront  emballées  féparémcnt, 
fans  que  ,  fous  quelque  prétexte  que  ce  foit ,  il 
puiffe  être  mêlé  dans  une  même  balle ,  aucunes 
rames  defdits  papiers ,  avec  é^s  rames  de  papier 
fain  &  parfait  :  le  tout  ,  à  peine,  en  cas  de  con- 
travcotion  ,  de  confifcarion  defdits  papiers  ,  &L  de 
cent  livres  d'amende  contre  les  contrevenions, 

7.  Fait  fa  majefié  défenfes  aux  maîtres  fabri* 
cans,  de  fabriquer  ni  faire  fabriquer ,  vendre  ni 
débiter  des  papiers  d*autres  fortes  &  qualités,  ni 
d^autres  largeurs  ,  hauteurs  &  poids ,  que  celles 
fixées  par  le  tarif  attaché  fous  le  contre-fcel  du 
préfent  arrêt,  &  que  lefdits  papiers  ne  foiertcon* 
formes  à  ce  qui  y  çft  prefcrit  j  &  à  tous  marchands , 
d'acheter ,  vendre  ni  débiter  aucunes  des  différen- 
tes fortes  defdits  papiers,  qu'ils  ne  foient  defditcs 
largeurs  ,  hauteurs  &  poids  ,  Si  conformes  ù  ce 
qui  eff  porté  par  ledit  arrêt  :  comme  au^i ,  auxdits 
maîtres  fabricans  &  marchands  ,  de  vendre,  ache- 
ter ni  débiter,  fous  quelque  prétexte  que  ce  foit, 
les  papiers  caffés  &  de  rebut ,  autrement  qu'en  la 
manière  prefcrite  par  l'article  6  ci-deffus  ;  le  totu 
à  peine,  en  cas  de  contravention ,  de  confifcatlon 
dcfditspapiers ,  &  décent  livres  d'amende. 

8.  Tous  les  cartons  feront  faits  des  largeur  , 
hauteur  &  poids  qui  feront  demandés  par  les 
ouvriers  à  l'ufage  defquels  ils  feront  defiinés ,  Sl 
feront  compofcs  ,  foit  de  vieux  papiers ,  ou  de 
rognures  de  cartes  8c  de  celles  des  papiers,  foit 
de  drapeaux  »  chiffons  ,  pcilles  ou  drilles. 

9.  Déroge  fa  majeffé  aux  articles  S»  9,  itf, 
19  ,  10  ,  II  ,  23  &  26  de  Parrét  du  confed 
du  27  janvier  1739,  ^"  ^^  ^^^  y  crt  de  contraire 
au  préfent  arrêt  ;  comme  auiti  au  tarif  attaché  fous 
le  contre-fcel  dudit  arrêt  du  27  janvier  17)9,  qui 
fera  au  furplus  exécuté  félon  fa  forme  &  teneur. 

10.  Enjoint  fa  majeflé  au  fieur  )ieutenant-gè* 
nèrat  de  police  de  la  ville  de  Paris,  àc  aux  ficurs 
intcndans  &  commiffaircs  départis  dansi 


536  P  A  P 

vinccs  &  généralités  du  royaume  ,  de  tenir  la 
ITiain  à  ["exécution  du  préfent  arrêt  »  qui  fera  lu  , 
publié  &  affiché  par-iout  où  befoîn  fora.  Fait  au 
confeil  d'état  du  roi  ,  fa  majeiié  y  étant  ,  tenu  à 
Verfaillès  le  dix-huit. eme  jour  de  fcptembre  mil 
fcpt  cent  quarante- un.  Signé  phelypeaux. 

Louis,  parla  grâce  de  Dieu  »  roi  de  France  &  de 
Navarre  ,  dauphm  de  Viennois  ,  comte  de  Valen- 
tinois  &  Dyois  ,  Provence  ,  Forcalquîer  &  terres 
adjacentes  :  à  notre  amé  &  féal  confeiller  en  nos 
confeils  ,  maître  des  requêtes  ordinaire  de  notre 
hôtel ,  le  fieur  de  Marville,  lieutenant-général  de 
poUce  de  notre  bonne  ville  de  Paris  ,  &  aux  fieurs 
intendans  &  commiiTaires  départis  pour  Texécu- 
tion  de  nos  ordres  dans  les  provinces  6c  généralités 
de  notre  royaume,  lalut.  Nous  vous  mandons  & 
enjoignons  par  ces  préfentes ,  tignées  de  Nous  ,  de 
tenir  »  chacun  en  droit  foi ,  la  main  à  Texécution 
de  Tarrêt  dont  extrait  efl  ci-attaché  fous  le  contre* 
fcel  de  notre  chancellerie  ,  cejourd'hui  rendu  en 
notre  confeil  d'état ,  Nous  y  étant ,  pour  les  caufes 
y  contenues  :  commandons  au  premier  notre  huif- 
lier  ou  fergent  fur  ce  requis  ,  de  fignifief  ledit  ar- 
rêt à  tous  qu'il  appartiendra  ,  à  ce  que  perfonne 
n'en  ignore  ,  &  de  faire  pour  fon  entière  exécu- 
tion ,  tous  aâes  &  exploits  néccfliaires  ,  fans  autre 
permifTion  »  nonobilant  clameur  de  haro  ,  charte 
normande  éi  lettres  à  ce  contraires.  Voulons  qu*aux 
copies  dudic  arrêt  Si  des  préfentes  ,  coUatîonnées 
par  Tun  de  nos  amés  &  féaux  confeillers-fecrétai- 
rcs  »  foi  foit  ajoutée  comme  aux  originaux:  cartel 
eft  notre  plaifir.  Donné  à  Verfaillès ,  le  dix-hui- 
tième jour  de  feptembre.  Tan  de  grâce  mil  fept 
cent  quarante-un  ,  &  de  notre  régne  le  vingt-fep- 
tième.  Signé  LOUIS»  Et  plus  bas ,  par  le  roi  ,  dau- 
pliin  ,  comte  de  Provence,  Signé  Phelypeaux, 
Et  fccUé» 

Tarif  du  poids  que  fa  majefté  veut  que  phent  Ut 
rames  des  différentes  fortes  de  papiers  qui  fe  fahri' 
quent  dans  le  royaume  ^^  fur  le  pied  de  la  livre  pe- 
font  fei^e  onces  poids  de  m^rc  ;  comme  aujjt  des 
largeur  &  hauteur  que  doivent  avoir  les  feuilles  de 
papier  des  différentes  fortes  ci- après  fpécifiées^ 

Le  poids  fixé  pour  les  rames  des  différentes  fortes  de 
papiers  comprifes  dans  le  préfent  tarif  ^  fera  le 
même  pour  les  papiers  des  différentes  qualités  iTune 
même  forte  ,  foit  fin  *  moyen  »  bulle ,  vanant  ou 
gros -bon» 

Le  papier  dénommé  Grand  aigle  ,  aura  trente-» 
fix  pouces  flx  lignes  de  largeur,  fur  vingt-quatre 
pouces  neuf  lignes  de  hauteur  j  la  rame  peiera  cent 
trente-une  livres  &  au-deffus  ,  &  ne  pourra  pcfer 
moins  de  cent  vlngi-fix  livres. 

Le  papier  dénommé  grand  soleil  ,  aura 
trente  fix  pouces  de  largeur,  fur  vingt-quatre  pou- 
ces dix  lignes  de  hauteur  i  la  rame  pefen   cent 


p  A  P 

douze  livres  ,  &  ne  pourra  pefer  plus  de  ceoc 
vingt,  ni  moins  de  cent  cinq  livres. 

Le  papier  dénommé  au  sOLtiL ,  aura  vingt-neuf 
pouces  hx  lignes  de  largeur ,  fur  vingt  pouces  qui- 
tre  lignes  de  hauteur  ;  la  rame  pefera  quatre^vingr* 
ÛK  livres  &  au-deiTus^  Ôc  ne  pourra  pefer  looms 
de  quatre-vingts  livres- 

Le  papier  dénommé  petit- solxil,  aura  vînp* 
cinq  pouces  de  largeur,  fur  dix -fept  pouces  éi 
lignes  de  hauteur  ;  la  rame  pefera  fotxante-dnf 
livres  &  aU'defTus  ,  &  ne  pourra  pe&r  moins  es 
cinquante-fix  livres. 

Le  papier  dénommé  GRAnde-fleur  de  lis, 
aura  trente-un  pouces  de  largeur,  fur  vingt- deui 
pouces  de  hauteur  ;  la  rame  pefera  foîxanre*dii 
livres ,  Ql  ne  pourra  pefer  plus  de  foiJUiitCH|Ut- 
torze,  ni  moins  de  foixante-lix  livres. 

Le  papier  dénommé  grano-COlomsier  ou  m* 
perial  ,  aura  trente-un  pouces  neuf  lignes  delar- 
geur,  fur  vingt-un  pouces  trois  lignes  de  hautetirî 
la  rame  pefera  quatre-vingt  huit  livres  et  au*dcf- 
fus ,  &  ne  pourra  pefer  moins  de  qaatre-vtn|t- 
quatre  livres» 

Le  papier  dénommé  A  L'iLÉPHANT ,  auratrcûfc 
pouces  de  largeur  ,  fur  vingt-quatre  pouces  de 
hauteur  ;  la  rame  pefera  quatre-vingt-cinq  livret 
&  aU'deâfus  »  ^  ne  pourra  pefer  moins  de  quln^ 
vingts  livreSi  ^ 

Le  papier  dénommé  chapelet  ,  aura  trciitt 
pouces  de  largeur,  fur  vingt-un  pouces  ù%  ligtici 
de  hauteur  ;  la  rame  pefera  foixante  fix  livres  &  au* 
deflus ,  Ôc  ne  pourra  pefer  moins  de  foixante  livra. 

Le  papier  dénommé  petit-chapelit  ,  aum 
vingt-neuf  pouces  de  largeur  ,  fur  vingt  pouces 
trois  lignes  fde  hauteur  ;  ta  rame  pefera  foixaate 
livres  Ôc  au-deHus ,  &  ne  pourra  pefer  oioim  de 
cinquante-cinq  livres. 

Le  papier  dénommé  Grand  -  atlas  ,  tm 
vîngt-fcpt  pouces  ftx  lignes  de  largeur ,  fur  vîlip' 

Îruatre  pouces  ftx  lignes  de  hauteur  ;  ta  rame  pc* 
era  foixante-dix  livres  êc  au-deiFus  ,  &  ne  povrn 
pefer  moins  de  foixante*cinq  livres. 

Le  papier  dénommé  petit-atlas,  aura  vingt* 
fix  pouces  quatre  lignes  de  largeur ,  fur  viAgl^dcttt 
pouces  neuf  lignes  de  hauteur  i  la  rame  pefera  lot' 
xante*;inq  livres  &  a.-Jc;Tus  ,  6c  ne  pourra  ptfct 
moins  de  foixante  livres. 

Le  papier  dénommé  grand-îésus  ou  SUPII- 
royal  ,  aura  vingt-fix  pouces  de  largeur ,  fur  dii* 
neuf  pouces  fix  lignes  de  hauteur  ;  la  rame  pefcri 
cinquante-trois  livres  6t  au-JelTus  ,  &  oc  pourra 
pefer  moins  de  quarante-huit  livres. 

Le  papier  dénommé  GRaNO-royal  ETRAK* 
GER  ,  aura  vingt-cinq  pouces  de  largeur  ^  fur  dil* 
huit  pouces  de  hauteur  ;  la  rame  pefera  cinquadte 
livres  &  au-defTus  ,  &  ne  pourra  pcfer  moins  de 
quarantc-fept  livres. 

Le  papier  dénommé PETlTiFLEUR  DE  tiS  *  aura 
vingt-quatre  pouces  de  largeur  ,  fur  dix-neuf  pou- 
ces de  hauteur  ;  la  rame  pefera  tremc-ûx  livre»  & 

au-defltis , 


ÉÉ 


A 


P  A  P 


ftfi«deffus  f  èctit  pourra  pefer  pliif  de  fuaranre 
Uvfses ,  ni  sioias  de  trente-deyi. 

Le  papier  dénommé  grand-lombard  ,  aura 

vtûgt-deux  pouces  hait  lignes  de  largeur  ,  fur  dîi- 
fepc  pouces  dix  lignes  de  hauteur  ;  la  rame  pefera 
trentc-fot  livres  6c  ne  pourra  pefer  plus  de  qua- 
rante  livres  »  ni  moins  de  trcnie-deux. 

Le  papier  dénommé  grand  royal  ,  anra  vingt- 
deux  pouces  huit  lignes  de  largeur,  fur  dix'fepi 
pouces  dh  lignes  de uauteur ;  la  rame  pefera  trente- 
deux  livres  £  au-dcflks  «  &  ne  pourra  pefer  moins 
de  vingt-neuf  livres» 

Le  papier  dénommé  royal  *  aura  vingt-deux 
ponces  de  largeur  fur  feize  pouces  de  hauteur  ;  la 
rame  pefera  trente  livres  &  au-deflus,  &  ne  pourra 
pefer  moins  de  vingt-huit  livres. 

Le  papier  dénommé  petit- royal  ,  aura  vingt 
pouces  de  largeur  ,  fur  feize  pouces  de  hauteur  ; 
la  rame  pefera  vingt-deux  livres  ôc  au-deffus ,  & 
oe  pourra  pefer  moins  de  vingt  livres. 

Le  papier  dénommé  GRahd-raîsin  ,  aura  vingt- 
deux  pouces  huit  lig.  de  largeur ,  fur  dix-fepi  pouces 
de  hauteur  ;  la  rame  pefera  vingt  neuf  livres  6i  au- 
deffus  ,  &  ne  pourra  pefer  moins  de  vingt-cinq 
livres. 

Le  papier  dénommé  lombard  ,  aura  vingt-un 
pouces  quatre  lignes  de  largeur  ,  fur  dix -huit 
pouces  de  hauteur  ,  la  rame  pefera  vingt-quatre 
livres  &  au-dellus  ,  &  ne  pourra  pefer  moin:,  de 
^w-deux  livres. 

tjs  papier  dénommé  lOmbaro  ordinaire  ou 
grand  Carré  ,  aura  vingt  pouces  û%  lignes  de 
largeur ,  fur  feize  pouces  fit  lignes  de  hauteur  ;  h 
rame  pefera  vingt  deux  livres  Hl  au-deffus  ,  &  nv 
|»OHrra  pefer  mois  de  vingt  livres. 

Le  papier  dénomme  CAVALIER  ,  aura  dix- neuf 
pouces  ftx  lignes  de  largeur  ,  (ur  fevze  pouces  deux 
lignes  de  hauteur;  la  rams^  pefera  feize  livres  &  au- 
dâTas  &  ne   pourra  pefer  moins  de  quinze  livres. 

Le  papier  dénommé  petit  cavalier  ,  aura  dix- 
iept  pouces  fix  li&nes  de  largeur  ^  fur  quinze  pouces 
deux  lignes  de  nauttur  ;  la  rame  pefera  quinze 
livres  &  au-deflus  ,  &  ne  pourra  pefer  moins  de 
quatorze  livres. 

Le  papier  dénommé  double^CLOCHE  «  aura 
vingt-un  pouces  ûx  lignes  de  largeur  ,  fur  qua- 
torze pouces  fix  ligues  de  hauteur  ;  la  rame  pefera 
dix-huit  livres  &  au-deffus  ,  &  ne  pourra  pefer 
oioiiis  de  fcize  livres. 

Le  papier  dénommé  grande  licokke  a  la 
CLOCHE ,  aura  dix-  neuf  pouces  de  largeur  ,  fur 
douze  pouces  de  hauteur  ;  b  rame  pefera  douze 
livres  oc  au-deifus  »  &  ne  pourra  pefer  moins  de 
onze  livres. 

Le  papier  dénommé  a  la  cloche  ,  aura 
quatorze  pouces  fix  lignes  de  larj^cyr  ,  fur  dix 
pouces  neuf  lignes  de  hauteur  ;  la  rame  pefer j 
neuf  livres  &  au-  iclTus  ,  &  ne  pourra  pcf^^r  moins 
de  huit  livres. 
Le  papier  jlénommé  CARRÉ  ou  GRAND-COMPTE 
Aru^  MétUrr ,   Tonte  K  Partit  IL 

\ 


537 


.1 


OU  CARRÉ  iU  RAISIN  ,  &  celui  dénommé  au  sa- 
bre ou  SABRE  AU  LYON  ,  aura  vingt  pouces  de 
largeur  ,  fur  quinze  pouces  fix  lignes  de  hauteur^ 
le  rame  pefera  dix-huit  livres  &  au-delfus  ,  6t  ne 
pourra  pefer  moins  de  feize  livres* 

Le  papier  dénommé  carre  trumin.ce  ,  aura  les 
mêmes  largeur  6c  hauteur  que  le  carré  i  6t  la 
rame  ne  pourra  pefer  que  treize  livres  &  au- 
de  flous. 

Le  papier  dénommé  a  l'ecu  ou  moven-compte  » 
ou  COMPTE  ou  Pomponne  ,  aura  dixneuf  pouces 
de  largeur  ,  fur  quatorze  pouces  deux  lignes  de 
hauteur  ;  la  rame  pefcia  vingt  livres  &  au-delfus  » 
&  ne  pourra  pefer  moins  de  quinze  livres* 

Le  papier  dénommé  a  l*écu  très-mince ,  aura  le« 
mêmes  largeur  &  hauteur  que  le  papier  à  Técu;  & 
la  rame  ne  pourra  pefer  que  onze  Uv*  &  au^deflbus. 

Le  papier  dénommé  au  coutelas  ,  aura  dix* 
iieuf  pouces  de  largeur  ,  fur  quatorze  pouces  deux 
lignes  de  hauteur^  la  rame  pefera  dix-fept  livres 
Ôt  au-deflus  ,  &  ne  pourra  pefer  moins  de  feke 
livres, 

Le^ papier  dénommé  GRAND-messel  ^  aura  dix- 
neuf  pouces  de  largeur  ,  fur  quinze  pouces  de 
hauteur  ;  la  rame  pèlera  quinze  livres  &  au  defl*us  , 
&  ne  pourra  peler  moins  de  quatorze  livres* 

Le  papier  dénommé  second  messel  ,  aura  dii- 
fept  pouces  fix  lignes  de  largeur ,  fur  quatorze 
pouces  de  hauteur  \  la  rame  pefera  douze  livres  de 
au-delïusp  &  ne  pourra  peler  moins  dj  onze  livres. 

Le  papier  dénommé  a  l*étoileou  a  l'éperon  » 
ou  LONGUET  ,  aura  dixhutt  pouces  fix  lignts  de 
largeor  ,  fur  treize  pouces  dix  lignes  dj  hauteur  \  la 
rame  pefera  quatorze  livres  &  au-deATus  ,  8c  ne 
pourra  pefer  moins  de  treize  livres* 

Le  papier  dénommé  grand  cornet  ,  aura  dix- 
fept  pouces  neuf  lignes  de  largeur ,  fur  treize  pouces 
fix  lignes  de  hauteur  ;  la  rame  pefera  douze  livres, 
&  ne  pourra  pefer  plus  de  14  »  ni  moins  de  10  liv. 

Le  papier  dénommé  grand-coenet  nh-mince^ 
aura  tes  mêmes  largeur  ôi  hauteur  que  le  grand-^ 
cornet;  &la  rame  ne  pourra  pefer  que  huit  livres 
&  au«dc£ous. 

Le  papier  dénommé  A  la  main  »  aura  vingt  pouces 
trois  lignes  de  largeur  ,  fur  treize  pouces  fix  lignes 
de  hauteur  ;  la  rame  pefera  treize  livres  &  au- 
deflus,  &  ne  pourra  pefer  moins  de  douze  livres. 

Le  papier  dénommé  COURONNE  ou  GRIFFON  , 
aura  dix-fepr  pouces  une  ligne  de  largeur ,  fur  treize 
pouces  de  hauteur;  la  rame  pefera  douze  livres  ^ 
&  au  deflus ,  &  ne  pourra  pefer  moins  de  dix  livres* 

Le  ppier  dénommé  coimoNNS  ou  griffon 
très^mince  ,  aura  les  mêmes  largeur  &  hauteur  que 
la  couronne  ou  griffon  ;  la  rame  ne  pourra  pefer 
qu^  fept livres  &  au-deffous* 

Le  papier  dénommé  champy  ou  bâtard  , 
aura  feize  pouces  onze  lignes  de  lareeur ,  fur  treize 
pouces  deux  lignes  de  hauteur  ;  la  rame  pefera 
doiize  livres  &  au-defTus  y  &  ne  pourra  pefer  moins 
de  onze  livrai* 

Yyy 


558 


P  A  P 


Le  papier  dénommé  tellïère  ,  grand- 
format  ,  aura  dix-fcpt  pouces  quatre  lignes  de 
Margeur ,  fur  treize  pouces  deux  lignes  de  hauteur  i 
U  rame  pefera  douze  livres  &  aU'deflfus  ^  &  ne 
pourra  pefer  moins  de  dix  livres. 

Le  papier  dénommé  cadran  ,  aura  quinze 
pouces  trois  lignes  de  largeur ,  fur  douze  pouces 
huit  lignes  de  hauteur  ;  la  rame  pefera  on^c  livres 
&  aii-defTus,  &  ne  pourra  pefcr  ttioins  de  dix  livres. 

Le  papier  dénommé  la  tellïère  ,  aura  feizc 
pouces  de  largeur  ,  fur  douze  pouces  trois  lignes 
de  hauteur  ;  la  rame  pefera  douze  livres  &  demie 
&  aii-delTus  ,  &  ne  pourra  pefer  moins  de  onze 
livres  &  demie. 

Le  papier  dénommé  pantalon  ,  aiu-a  fcize 
pouces  de  largeur  ,  fur  douze  pouces  fix  lignes  de 
hauteur  ;  h  rame  pefera  onze  livres  6l  au*defliis  , 
&  ne  pourra  pefer  moins  de  «iix  livres. 

Le  p;îpier  dénommé  petit-raisin  ,  ou  baton- 

ROYAL     ♦      ou      PETIT-CORNET     A     LA     GRANDE 

SORTE  ,  aura  feize  pouces  de  largeur  ,  fur  douze 
pouces  de  hauteur  ;  la  rame  pèlera  neuf  livres  ^ 
au*deffus ,  &  ne  pourra  pefer  moins  de  huit  livres. 

Le  papier  dénommé  les  trois  O  ,  ou  trois- 
RONDS  ,  ou  G^NES ,  aura  feize  pouces  de  largetir  , 
fur  onze  pouces  fix  lignes  de  hauteur  ;  la  rame 
pefera  tieuf  livres  &  au-deffus  ,  &  ne  pourra  pefer 
moins  de  huit  livres  &  demie. 

Le  papier  dénommé  petit-nom  de*ïe$us  »  aura 
quinze  pouces  une  ligne  de  largeur ,  fur  onze  pouces 
de  hauteur  ;  la  ramt  pefera  fept  livres  &  demie  & 
aU'deàus  ,  &  oe  pourra  pefer  moins  de  fept  livres. 

Le  papier  dénommé  aux  armes  d'amsterdam  , 
PROPATRIA  ,  ou  LÎBERTAS,  aura  quinze  pouces 
fix  lignes  de  largeur  ,  fur  douze  pouces  une  ligne 
de  hauteur  ;  la  rame  pefera  douze  livres  &  au- 
deffus  ,  &  ne  pourra  peler  moins  de  onze  livres. 

Le  papier  dénommé  cartier-grand  format- 
DAUPHINÉ  ,  aura  feize  pouces  de  largeur,  fur 
treize  pouces  fix  lignes  de  hauteur  ;  la  rame  pe- 
fera quatorze  livres  &  au-deffus  ,  &  ne  pourra  pefer 
moin»  de  douze  livres. 

Le  papier  dénommé  cartier  grand-format  , 
aura  feize  pouces  de  largeur  ,  fur  douze  pouces 
fix  lignes  de  hauteur  ;  la  rame  pefera  treize  livres 
8c  au-deffus ,  &  ne  pourra  pefer  moins  de  douze  llv. 

Le  papier  dénommé  Cartier  ,  aura  quinze 
pouces  une  ligne  de  largeur  ,  fur  onze  pouces  fix 
lignes  de  hauteur  ;  la  rame  pefera  onze  livres  & 
au  deffus  ,  &  ne  pourra  pefer  moins  de  dix  livres. 

Le  papier  dénommé  au  pot  ou  Cartier  crdî- 
nairc  >  aura  quatorze  pouces  lix  lignes  de  largeur  , 
fur  onze  pouces  fix  lignes  de  hauteur  ;  la  rame  pe- 
fera dix  livres  &  audcffus  ,  &  ne  pourra  pefer 
moins  de  neuf  livres. 

Le  papier  dénommé  pigeonne  ou  romaine  , 
aura  qdinze  pouces  deux  lignes  de  largeur  ,  fur 
dix  pouces  quatre  lignes  de  hauteur  i  la  rame  pe- 
fera kîix  livres  &  au-deffus  ,  &  ne  pourra  pefcr 
fiîoins  de  huit  livres  &  demie. 


P  a  P 

Le  papier  dénommé  espagnol  »  aitra  qaatorze 
pouces  ftx  lignes  de  largeur  ,  fur  onze  pcniccs  fn 
lignes  de  hauteur  ;  la  rame  pefera  neuf  livres  & 
au'deffus  ,  &  ne  pourra  pefer  moins  de  huit  livrer. 

Le  papier  dénommé  LE  Lis ,  aura  quatorze  poucet 
une  ligne  de  largeur  ^tfur  onze  pouces  ûx  lignci 
de  hauteur  ;  la  rame  pefera  neuf  livres  &  au  diffus, 
et  ne  pourra  pefcr  moins  de  huit  livres. 

Le  Tïapier  dénommé  petit  a  la  ma'!^  ,  et 
MAIN  FLEURIE  ,  aura  treize  pouces  hait  lignes  de 
largeur  ,  fur  dix  pouces  huit  ligoes  de  hauteur  ; 
la  rame  pefera  huit  livres  ée  au-deffus ,  &  ne  poum 
pefer  moins  de  fept  livres  Se  demie. 

Le  papier  dénommé  petit-jésus  ,  aura  trcin 

fïouces  trois  lignes  de  largeur ,  fur  neuf  pouces  ii 
ignés  de  hauteur  ;  la  rame  pefera  fix  livres  Se  au* 
deffus  ,  &  ne  pourra  pefer  moins  de  cïnsi  ^^'^^  ^ 
demie. 

Toutes  les  différentes  fortes  de  papiers  au-deflbuf 
de  neuf  pouces  fix  lignes  de  hauteur,  feront  de 
lareeur ,  nauteur  &  poids  qui  feront  demandés* 
Le  papier  dénommé  trasse  ,  ou  tresse  ,  oa 

ÉTRE5SE  ,  ou  MAIN-^&I/NE  ,  le  papier  BROUILLAXD 

ou  A  LA  DEMOISEILE  ,  &  les  papiers  GRIS  &  de 
COULEUR  ,  feront  des  largeur  »  hauteur  &  fO\à 
qui  feront  demandés. 

Fait  6l  arrêté  au  confeil  royal  des  finances  >ienû 
à  Verfailles  le  dix-huitiéme  |Our  de  fepcembre  mJ 
fept  cent  quarante-un.  Signé  ORRY. 

Arrêt  du  confcil  d'état  du  roi ,  portant  régleracnî 
pour  la  fabrique  des  papiers  de  la  province  d^Att- 
vcrgne.  Du  yo  Décembre  1717*  Extrait  des  regis- 
tres du  confeil  d'état. 

Le  roi  s*étant  fait  repréfenter  les  réglemeos  fei» 
pour  la  fabrique  des  différent  es  for  tes  de  papier*  de 
la  province  d'Auvergne,  &les  ar  êts  du  confcildes 
21  juillet  167;  ,  &  2t  novembre  16SH  ,  qui  Ici  ont 
confirmés  &  autorifés  :  &  fa  majeftè  cti»ni  infonoèe 
que  pour  faugmentation  &  la  perfe^ion  de  cette 
fabrique,  il  convient  de  lui  donner  des  marqueidet 
proieûîon  ,    &   d*ajouter  quelques  difpoûtions  i 
celles  qui  ont  été  faites  par  lefdits  réglemeos  ,  i 
quoi  défirant  pourvoir  ;  vu  Tavis  du  ficur  de  ^ 
Grandville,  intendant  &  commiffairedèpanidins 
ladite  province  ,  après  avoir  entendu  [c%  fabrioAS 
de  papier  des  villes  d'Ambert  Se  de  Thiers  ,  te 
obiervations  des  Idjraires  6i  imprimeurs  ,  celte 
des  marchands  de  papier  delà  ville  de  Paris  ,  «fi- 
femble  Ta  vis  des  députés  du  commerce.   Oui  le 
rapport  dufieur  le  Pellericr  ,confeiUcr  d'état  oré* 
niiire  81  au  confeil  royal  ,  contrôlcurgér-éral  dts 
finances  «  le  roi  étant  en  fon  confeil  »  a  ordonoé  & 
ordonne  ce  qui  fijit:  ..» 

Art.   I*  Les  fabricans  feront  tenus  de  mettre fiff 
le  milieu  de  chaque  feuille  de  papier  dcsdiffércDMi 
fortes  qu'ils  fabriquent ,   favoir ,  fur  les  UotUâ^^ 
papier  tin ,  la  première  lettre  de  leur  nogii  ^^iê^^l 
iurnom  en  entier;  fur  celles  du  papier  moyeiitl^^ 
premières  lettres  de  leur  nom  6c  furnoin  ;  Siùgr 


^m^ 


I 


p 


t 


I 


» 


P  A  P 

celles  du  papier  appelé  bulle  »  les  premières  lettres 
de  leur  nom  8c  hirnom ,  féparées  par  une  marque 
propre  à  chagtic  tabricant  ;  6t  à  l'égard  du  papier 
fin  ,  appelé  Cartier  fin  ,  fervant  à  faire  les  cartes  à 
jouer,  les  Dremîères  lettres  du  nom  &  furnom  du 
fabricant  leront  mifes  à  rextrémité  de  chaque 
feu  il  (e  ;  le  routa  peine  de  anq  cens  livres  d'amcndei 
Difj^enfons  Icfdits  fabricans  de  mettre  fur  les 
feuilles  de  quelque  forte  de  papier  que  ce  fok  , 
r^nnée  que  le  papier  aura  été  fabriqué  ,  ainfi  qu*it 
cfl  ordonné  p^r  rartide  ii  du  règlement  du  ai 
novembre  t6SS  ,  aiiq«jel  nous  avons  dérogé  & 
dérogeons  ï  cet  égard. 

]  3.  Les  fabricans ,  les  compagnons  8c  les  ouvriers 
trieront  cxaâcm<;nt  les  feuilles  dont  chaque  main 
éc  papier  doit  être  compose  ,  8c  metironi  le  fin 
avec  îe  fin  ,  le  moyen  avec  le  moyen  ,  8c  le  bulle 
arec  le  bulle ,  de  taçon  qu*il  n'y  ait  aucun  mélange 
de  CCS  différentes  qualités  dans  une  même  rame  ; 
leur  défendons  d*y  employer  les  feuilles  qui  feront 
trop  minces  ^  trop  courtes  ou  trop  étroites  ,  & 
celles  qui  feront  calTées  ou  autrement  défc^ucufes  » 
à  peine  de  confifcadon  des  rames  qui  fe  trouveront 
ainft  mêlées  ,  8c  de  pareille  amende  de  cinq  cens 
livres, 

1.  Défcnfes  font  faites  de  rogner  à  Tavenir  fur 
U  largeur  aucune  feuille  de  papier  fervant  à  Hm- 
preiCon  ,  en  obfervant  de  preffer  les  feuilles  dans 
chaque  main  de  papier  ,  de  façon  que  celtes  qui 
feront  dans  le  mileu  ne  fotent  pas  plus  étroites 
que  les  autres. 

4,  Sur  Tenveioppe  de  chaque  ratne  de  papier , 
fera  marqué  le  poids  de  ladite  rame  ,  le  nom  6i 
furnom  du  fabricant ,  6c  la  forte  de  papier  dont  la- 
dite rame  fera  compofée  ,  en  diÛinguant  les  qua- 
lités de  fin  ,  moyen  ou  bulle  ;  le  tout  à  peine  de 
cDn£fcation  &  de  cent  livres  d'amende. 

5,  Les  fabricans  ne  pourront  contrefaire  les 
marques  les  uns  d^ cintres  »  en  fubftiiuer  d'in- 
connues ou  fuppofées  ,  ni  faire  fabriquer  du  papier 
h  leur  marque  dans  d'autres  moulins  qtteceu%  qui 
leur  appartiennt-nt  ou  qu  ils  tiennent  à  loyer  ,  ni 
prêter  leurs  nom»  à  d'autres  fabricans  ,  k  peine  de 
mille  livres  d'amende  pour  chaque  contravention. 

6,  Défenfes  font  faites  à  tous  fabric^s  8c  ou- 
vriers de  changer  ni  de  diminuer  les  formes  8l  les 
largeurs  ordinaires  8t  connues  des  papiers  :  pour- 
ront néanmoins  lefdtts  fabricans  les  augmenter  , 
fion  leur  en  demande  de  plus  grands  ,  auquel  cas 
la  matière  8î  le  poid*.  feront  aut;mentés  en  propor- 
n<nt  de  Tétendue  »  ^fiti  qu'ils  f  >ient  plus  forts  que 
ceuK  des  grandeurs  ordinaires. 

7  II  ne  fera  fabriqué  aucuns  papiers  au -deffous 
des  f^ioïds  réglés  par  le  tarif  attaché  fous  le  contreTccl 
du  préferH  arrêt,  ï  peine  de  confifcation  ,  ÔC  de 
cinq  cens  livres  d^'amende. 

8  Fiit  famajeftê  nrèî-c¥preiïe^ inhibitions  8c  dé- 
Icnfes  I  tous  anifan\  éi  ladite  province  d'Auvergne, 
d'acheter  ponr  revendre  aucuns  vieux  linges ,  vieux 
drapcicii  ,  drilles  ,  pâtes  &  colles  fervant  à  la 


p  A  p 


539 


fabrication  des  papiers ,  à  peine  de  cinquante  li- 
vres d'amende  contre  chaque  contrevenant. 

9.  Défend  auïR  fa  majeÛé  à  tous  merciers  6:  col- 
porteurs d'en  acheter  dans  la  diflance  d'une  demi- 
lieue  de  chaque  moulin  à  papier  ,  fous  quelque 
prétexte  que  ce  foit ,  à  peine  de  confîfcatîon  ,  8t  de 
pareille  amende  de  cinquante  livres  pour  chaque 
contravention. 

10.  Fait  fa  majeflé  aufTi  défenfes  à  tous  ouvriers 
&  compagnons  papetiers  de  commencer  leur 
travail  j  tant  en  hiver  qu  en  été  ,  avant  trois  heures 
du  matin  ,  &  à  tous  maîtres  des  moulins  à  papier 
de  les  admettre  au  travail  avant  ladite  heure  «  i 
peine  de  cinquante  livres  d'amende  contre  chacun 
des  contrcvenans* 

1  f .  Et  attendu  que  jofqu*i  préfent  il  n'y  a  eu 
aucunes  perfonnes  prépofées  pour  faire  des  vifues 
dans  les  moulins  8c  magasins  à  papier  établis  fur 
les  rivières  de  Chadernolles  ,  Valeyre  Se  îa  Forie* 
qui  font  aux  environs  de  la  ville  d'Amben  ,  ot 
donne  fa  majeflé  qu*un  mois  après  la  publicatiott 
du  préfent  arrêt ,  &  les  années  fuivantes  ,  au  jour 

3ui  fera  réglé  par  le  juge  écs  manufaâures  de  la- 
ite ville  ,  les  fabricans  s'aHembleront  pour  procé- 
der à  la  pluralité  des  voix  ,  pardcvant  lui  ,  à  la 
nomination  des  trois  gardes  jurés- vifitcurs  ,  Icf- 
quels  prêteront  ferment  devant  ledit  )uge  de  faire 
au  moins  tous  les  ans  fix  vifites  générales  »  8c  plus 
fouvent  s*il  eft  néceffaire  »  dans  tous  les  moulins  & 
magafins  à  papier  établis  fur  lefdites  rivières  ,  de 
faire  faifir  &  enlever  par  un  huiffief  les  papiers 
qu'ils  trouveront  non- conformes  au  préfent  arrêt, 
&  d'en  pourfuivre  la  confifcation  &  la  condamna- 
tion d'amende  devant  ledit  juge  ,  fuivant  la  nature 
de  la  contravention  ;  à  Teffet  de  quoi  les  maîtres 
fabricans  feront  tenus  de  faire  auxdits  gardes- jurés 
vifiteurs  Touverture  de  leurs  moulins  &  magafins  , 
à  peine  de  cinq  cens  livres  d*amende-  • 

1 1.  Les  amendes  qui  feront  prononcées  pour  les 
contraventions  faites  au  préfent  arrêt,  feront  appli- 
quées ,  fa  voir  ,  moitié  à  fa  majellé  «  un  quart 
aux  g  a  rdesjur  es -vifiteurs  des  fabricans  des  pape- 
teries de  Thiers  ou  d'Ambcrt,  &  l'autre  quart  à 
l'hôpiral  le  plus  prochain* 

13*  Ordonne  fa  maje^fé  que  les  amendes  »  con« 
fifcations  &  autres  peines  portées  par  le  préfent 
arrêt  ,  feront  prononcées  ,  tant  par  les  juges  de 
fabrique  »  que  de  ceux  où  li  contrfvention  fera 
découverte. 

14.  Ordont^e  fa  majeflé  que  les  maîtres  fabricans 
de  papier  de  ladite  province  d'Auvergne  ,  leurs  Bis 
travaillant  dans  lefdites  fabriques  ,  les  colleurs  ou 
falerans,  les  ouvriers  qui  mettent  les  matières  fur 
les  formes  ,  ceux  qui  préparent  les  matières  qui 
entrent  dans  la  compofition  des  papiers  ,  ceux  qui 
couchent  les  papiers  ,  &  ceux  qui  les  lèvent  8c  les 
fontféchcr  ,  feront  perfonnell em en t  exempts  de 
la  colleflc  des  tailles  ,  du  logement  des  gens  de 
guerre  8i  de  la  milice  ,  &  qu'ils  feront  cotifés 
I  d'office  pour  la  taille   par  le  ficur  intendant  âc 

Yyy  ij 


540 


P  A  P 


commiffaire  dêpanî  dans  ladite  province,  fuivam 
les  états  qui  lu»  en  feront  remis  lous  les  ans  par 
kfdits  gardes- jurès-vifiteurs  ,  &  fans  que  Icfducs 
cotes  doffice  pmiÎËnt  être  augmentées  par  les 
collcâeurs. 

1  j.  Veut  Ùl  majedé  que  lefdits  maîtres fabncans 
ne  puiffeîii  point  prendre  d'étrangers  pour  appren- 
tis ,  qu'au  défaut  des  fils  de  compagnons  ;  &  en 
cas  qu  il  manque  des  fils  de  compagnons ,  Icfdits 
maîtres  f«bricans  pourrofit  prendre  pour  apprentis 
des    étrangers, 

16*  Ordonne  en  outre  fa  majeflé  que  le  produit 
des  trente  livres  qui  fe  paient  pour  le  droit  d*ap- 
prentïiTige  de  chaque  particulier  non- fils  de  com- 
pagnon,  en  conféquence  defiàrticlc  5  du  dit  règle- 
ment du  21  novembre  1688  ,  fera  dorénavant 
diftribué  ,  favoir  »  les  deux  tiers  enrre  kfdits 
compagnons  ,  &  l'autre  tiers  fera  employé  aux  frais 
de  la  confrérie  des  fabricans  &  ouvriers  ,  &  le 
furplus  dtidit  tiers  ,  ù  furplus  y  a  ,  diftribué  aux 
compagnons  nécefliteux* 

17.  Ordonne  au  furplus  fa  majefté  que  les 
réglcmens  de  1671  &  1608  ,  faits  pour  les  fabriques 
de  papiers  de  ladite  province  ,  de  les  arrêts  du 
conteil  des  21  juilkt  1671  ,  &  11  novembre  1688 
qai  ks  ont  confirmés  &  autonfés  ,  feront  exécutés 
fclon  leur  forme  &  teneur  en  ce  qui  n'y  efl  pas 
dérogé  par  le  prèfent  arrêt. 

Enjoint  fa  majeflè  au  fieur  intendant  &  commit 
faire  départi  pour  rexécution  de  fes  ordres  dans  la 
province  d'Auvergne,  &  aux^arcîcs  jurés  vifiteurs 
cics  fabrkans  de  papier  de  Tliîers  ik  d'Ambert  j 
de  tenir  »  chacun  en  droit  foi  «  la  main  à  Texécution 
du  préfent  arrêt ,  qui  fera  lu  ,  publié  &  afRché  par- 
tout oii  befoift  fera  ,  &  fur  lequel  feront  toutes 
kttres  flccelïaares  expédiées.  Fait  au  confeil  d'état 
du  roi ,  fa  majefté  y  étant  »  tenu  à  Verfailks  k 
H«ntiéme  joui-  de  décembre  mil  fcpt  cent  vingt  fept. 

Signé  PHELÏPEAUJW 

Tarif  du  poids  ^t  fa  majefli  \^€Ut  que  jpèftnt  Us 
mmts  ât  papUrfervant  à  limpnjfbon ,  6*  ctlUs  de 
papier  Û  écrire  ,  &ce  fur  U  pied  de  U  livre  pef^ini 
fuatorit  onces, 

ChaqiJe  rame  de  papier  appelé  grand-raîfin  fin 
&  moyen  ,  pefcra  trente  a  trente-deux  livres , 
celle  <ie  bulfe  vtngt-huit  à  trente  livres,  &  celk 
des  extraordinaires  trente-deux  à  trente-cinq  livres. 

Cclk  des  grands  raifms  ûtn  doubks  ,  ou 
moyens  doubles  ,  quarante-deux  à  quarante- cinq 
Kvres, 

,  Cclk  des  lombards  i^  vingt-deux  k  vingtirob. 
>i«Ceik  des  cavalkrs  ,  carrés  &  écus  »  fins  & 
luoyens,  dix-huit  à  dix-neuf  livres,  6c  les  bulles 
di:ï-fept  à  dix-huit  livres. 

Ccile    des    carrés   fins  doubks  >    ou  moyens 
doubks  *  viogi-huiià  trente  livres. 
,    Celk  des  écus  fins  &  moyens  ck^bks  ,  vlngt- 
dcax  à  vingt  trois  livres» 


P  A  P 

Celle  des  couronnes  larges,  dix-huU i dlx-neof 
livres. 

Celle  des  couronnes  ordinaires ,  cadrans  &m  « 
moyens  ,  ou  bulles ,  douze  k  treiic  livres. 

Celle  des  couronnes  doubles  ,  telHères  fines 
ou  movennes  ,  quatorze  à  quinze  livres. 

CeUe  du  bâton  royal  ,  ou  petic-raiân  moycQ 
ou  bulk  ,  dix  à  onze  livres* 

Celk  des  romaines  fines  &  moyennes  ^  dii  k 
onze  livres, 

Celle  du  grand-aigk  fin  ^  cent  cinquante  à  cent 
cinquantc-ctnq  ;  &  cclk  du  bulle ,  cent  trente-cinq 
à  cent  quarante  livres. 

Celle  du  colombier  ,   cent  à  cent  cinq  livret 

Celle  du  chapelet  ,  fin  &  moyen  ,  foixaste» 
quinze  à  quatre-vingts  livres  ;  celle  du  bulle ^ 
foixante-douze  à  faixante  quinze  livres. 

Celle  des  grands- jéfus  ,  foixante  à  foixante* 
cinq  livres  ;  celle  du  petite jéfus  moyen  ,  neuf  à 
dix  livres. 

La  grande  rame  du  petit- à-la-maîn  ^  quinte  à 
feize  livres. 

Et  celle  du  cartier  fin  fervant  aux  canes  a 
jouer  »  douze  à  treize  livres. 

Fait  à  Verfailks ,  k  trentième  jour  de  décembfS 
mil  fept  cent  vingt- fept.  Signé  ph£UP£AVX. 

Arrêt  du  confeil  d'état  du  roi  »  portant  règlement 
pour  les  papiers  qui  fe  fabriauent  dans  U  province 
d'Auvergne.  Du  ly  décemore  i7)%«  Extrait  des 
rcgiflres  du  confeil  d*étar. 

Le  roi  s*étant  fait  repréfenter ,  en  fon  confeil ,  IV 
réi  rendu  en  icdui  le  30  décembre  1727  •  portaoi 
règlement  pour  la  fabrique  des  papiers  de  la  pro 
vince  d'Auvergne  ;  Si  fa  ma  jeAé  étant  informée  que 
pour  maintenir  l'ordre  &  la  régie  dans  cette  manti*» 
fafïure  ,  6l  la  porter  à  une  plus  grande  perfeftioo  » 
il   cft  néceiTaire  d*y   ajouter  quelques    nouvelles 
difpofitions  ;    à  quoi  défirvit  pourvoir.  Vu  Vvs4 
du  fieur  Trudaj ne ,  intendant  &  commitTaire  déptrii 
dans  ladite  province  »  après  avoir  en  tendu  les  tabn* 
cans  de  papier  des  villes  d'Ambert  i  de  Tniers^eft* 
fembk  ks  obfervaticns  des  libraires  &  imprimeurs* 
êi  des  marchands  merciers- papetiers  deiivilkd^ 
Paris  ,  &  Tavis  des  dépiités  do  commerce.  Oai  Ve 
raptport  du  fieur  Orry  ,confcitItrd  état  !         "  liu** 
au  tt>i>feil  royal ,  contrAleur -général  d.  .es  -• 

le  roi  étant  en  fon  confeil  »  a  ordonné  ^i>r»i-aod^' 
ce  qui  fuit  : 

Art.  i,Les  fahrica^*^  de  papier  û 
due  de  la  province  ,i* Auvergne  ,  1 
commencer  fix  mois  après  la  publicatic: 
arrêt  ^  tic  mettre  fur  k  milieu  de  i*un  ci^  - 
chaque  feuille  de  papier  des  différentes  fj-rt 
fabriqueront»  favoir,  furies  feuil!-^^ -^^  -- 
la  première  lettre  de  leur  nûtn  & 
entier  ;  fur  celles  du  papier  moy;n  »  ix* 
prcmié.csktîre^dckur  nom  &  de  Iv'ur  furnooif 
&  fur  les  feuilks  de'  papirr  appelé  bnlk  p  U  pre- 
mière lettre  de  kur  notti  &  la  preuurre  tente  # 


P  A  P 

leur  fufnom>  fëparèes  par  une  marque  particulière 
1  chaque  fabricant  »  &  d*y  ajouter   une  F  pour  le 

rpier  fin,  une  M  pour  le  papier  moyen  ,  &  un 
pour  le  papier  buUe  ,  a  un  pouce  de  di fiance  de 
b  dernière  lettre  du  nom  6c  du  furnora  ,  &  fur  la 

gième  ligne  ;  &  à  Tégard  du  papier  appelé  canier 
n  ,  iervant  à  faire  les  cartes  à  jouer  ,  les  deux 
|>re]niéres  lettres  du  nom  &  le  furnom  en  entier 
feront  xnis  à  rextrèmîté  de  chaque  feuille  »  le  tout 
jk  petJie  de  cinq  cens  livres  d'ainend.% 
I,  2.  La  rame  de  toutes  les  fortes  de  papiers  fera 
^OAiporée  de  vingt  mains ,  chaque  main  de  vtngt- 
Cioq  feuilles  ,  non  compris  celks'd'enveloppe  qut 
f^aettent  dtffus  Se  deflTous  :  &  fur  renveloppe  de 
^BttieVame  feront  marqués  en  car^âèrcsliribles  , 
|P^îds  de  ladite  rame  ,  fans  y  comprendre  les 
enveloppes  ,  ic  nom  ik  le  furnon)  du  fabricant , 
%  la  forte  de  papier  dont  ladite  rame  fera  com- 
Wfée  ,  en  difttnguani  les  qualités  de  lin  .  moyen  & 
'mile  ;  le  tout  à  peine  de  conâfcadon  ÔL  de  cent 
«livres  d*amcnde,  '    *  ^ 

'  3-  Toutes  les  différentes  fortes  de  papiers  feront 
i-Jes  largeur ,  hauteur  Si  po^ds  ponés  par  le  tarif 
Vtaché  fous  le  contre- fcel  du  jpréfeïit  arrêt  *,  à 
4'cffet  de  quoi  ordonne  fa  m.jjeftc^  que  d^m  le 
knème  dél&i  de  Cix  mois  »  à  compter  pareillement 
fdu  jour  de.  la  pubtïcaiioii  dudit  arréc  ,  toutes  les 
formes  deOinèes  à  la  fabric<itton  des  papiers  ferom 

iTcformées  »    &  faîtes  fur   les   mêmes  Urgeur  & 
^ï-iutcpr   mentionnées    audit    tarif  ,   a    peine  de 
confifcation  des  formes  qui  Jcront  trouvée^  o«  irbp 
I   grandes  ou  irqp  petites  »  JefqueUes  fcrout  çaïï^es  , 
I   Ût  de  cinquante  livres   d'amende  i  (U  Icspaylers 
î  <lui  auront   été  ^fabriqués   dans    dês'forinçf    trop 
.  ^fiDcIcs  ou  tf op  pe tires  >  ou  d'un  poids  au-deflfous 
:  de  ceux  fixés  par  ledit  tarif,  feront  connîqués  8c  le 
[  fabricant  condamné  en  troî>  cens  livres  d'amende: 
f  ourrom  néanmoins  les  fabricans  augmenter  le  pa* 
?>er  dénommé   le   grand- aigle  ^   tant  en  brgeur 
'^ï^^en  hauteur ,  à  la  charge  d^en  augnjejiter  le  ppids 
||  »  proportion  de  rérenduc.  .  . 

;  j   4^,  Et  afin  que  les  fabc^an^.ne  pulffent  fe  fervir 
•  |*ayenir   d  aucunes  formes  .dèkftu^^f^^  »  ^H^s 
feront  toutes  repréf^ntées  pardevam  îe  juge  des 
Jïïanufadures  ,   en  préfence  des  gardes- jurés  ;  & 
Jorfqu*elles  fçrpnt  trouvées  conformas  aux  dimen- 
%om  portées  dans  ledit  iip( »  ctteS  feront  marquées 
JÉf  étaloonéc5  av^ec  un  poinçon  de  f,  qui 

^emetirera,dêpofé  au  greÔc.dela  j^urv:  ,  fait 

^majèflé  défenfes  à  tous  les  fabricants  çl 3  fç  feptir 
aycuncsfûrmesfluiÂe.fo,ienî  ainfi  marquées  ^    i 
>eiric  de  ciinquame  livres  d'amendé  ,' Se  à  joutes 
^nnes  de  comfeia'ire  ladite  marque  ,  â^peine  , 

nd  ni      V  '  ivfamajcflt'  7      '^    ''  '  rlcans 
trep  ilansJtst  Jide 

'  uv.£ront:d5  c  au-  1 

us  des  dîme:.:  .  par 

^  tpri\ju'il  paroiL'  ..i^^cji- 

OU  di  mi  nu  lions  p;uv       ^  ; .  ^ .  i  j  dal^ùi- 


V  A  P 


54» 


tan! 


fon  dans  laquelle  les  papiers  auront  été  fabriqués  , 
El  non  du  défaut  des  formes  ,  ou  de  la  mauvaife 
qualité  de  la  matière ,  &  ne  caufent  pas  un  excédent 
de  poids  de  chaqu<s  rame  au-delà  d^une  quaran* 
tléme  partie  de  celui  porté  par  le  tarif. 

6.  Ordonne  fa  majefté  qu''il  fera  fait  inceflam- 
incnt  dans  chaque  chef-Ueu  de  manufaâure  ,  & 
tans  frais  ,  un  tableau  qui  contiendra  les  noms  , 
furnoms  6c  marques  de  lous  les  fabricans  ,  foît 
qu'ils  foien^  propriétaires  des  moulins  »  ou  qu'ils 
les  tiennent  à  loyer  ,  lequel  tableau  ferafigné  pai* 
le  juge  Se  le  greffier ,  Si  par  les  garde^ -jurés  en 
charge  ^âf  lorfqu'il  s'établira  ufLnbi^vcju  fabricant  » 
il  fera  tenu  ûy  feire  infcrire  fon  nom  ,  fon  furnem 
Sl  fa  marque  ,  pareillement  fans  aucun  frais  ;  le- 
quel tableau  deir^eurera  dépofé  au  greffe  de  la 
prifdiâion  ,  pour  y  avoir  rccoU;s,  dans  le  casoii 
il  s'agira  de  découvrir  quel  cd  le  fabricaiu  ^u  pa* 
picr  qui  fera  uouvé  défcûueux. 

7*  Les  fabricans  ne  pourront  contrefaire  les 
marques  les  uns  des  autres  ,  ni  fe  fervir  de  celles 
des  tabricansqui  feront  décédés  :  &  les  veuves  fie 
neti^ns  qui  Vf>iidront  continuer  la  fabrique  ^  après 
«le  décès  de  leur jnari  ou  de  leur  père  ,  feront  tenus 
de  différortcier  leur  marque  ^  (avoir  ^  les  veuves 
en  ajoutant  la  lettre  V  aux  noms  de  leur  mm  , 
&  les  onfa'ns'en  quelque  autre  manière  que  bon  leur 
femblera.  Défend  fa  majeAé  aux  fabricans  de  fe 
fervir  de  marques  inconmies  ou  fiippofées^  ou  de 
faire  fabriquer  du  papier  à  leurmarque  dans  d'autres 
moulins  que  ceux^qui  leur  appartiennent  ,  ou  qu'ils 
tiennent  à  loyer  V  ni  de  prêter  leurs  noms  à  d'autres 
^^brkans  4  à  peine  de  mi) ïe  livres  d'amende  pour 
chaque  contravention*        1  '  *  ,1  i. 

8.  Et  néanmoins  ,  pour  faciliter  k  vente  &  ledéhit 
des  différentes  fortes  de  papiers  qui  fe  trouveront 
dans  lés  modlins'^  tnjigafins  def dit  s  fabricans  ,  fix 
m  ois  après  la  publication  du  prêfcnttrrêt,  fans  y  être 
conformes  ,  permej  fa  ina^jeflé  auxdits  fabricans  de 
les  vendre  Ôî  débiter  pendant  une  année  ,  à  compter 
du  jour  derexfirationdu  délai  ci- dcffus  accordé  , 
à  la  charge  par  lefdits  fibrîcars  »  défaire  dans  le 
premier  mois  de  ladite  année  leur  déclaration  de 
la  quantité  de  papiers  des  différenics  fottes  qulls 
auront' en  leur  pGffeiBon  »  pardtTsnt  les  jages  des 
manuta^iires  qui  en  drefferom  procès -verbal  »  le- 
quel fera  par  eux  direflemem  envoyé  au  fieur 
intctïdani  bc  comm^ffalre  départi  dans  la  province: 
d'AuVcrgnc  ;  après  îefqueîs  délais  ,  tous  les  papiers 
iquine  fe  îrouveront  p?.s  conforme^  auprcfent  arrêt 
feront  confifqués  /&  lç$  contre venaos' condamnés 
en  cent  livres  d*amen']e, 

^  Fait  fa  majerte  iéfenfes  aiix  proprîéralres  & 
maîtres  dùS  moulins  à  papier  »  ^^  débaucher  les 
xgmpagnqrv.Sc  ouvriers  les  un^  des  a>iirf4 ,  en  leur 
promettant  ^les  g;tgcs  pUs  f<prts  que. jeux  qu^ils 
gagnoient chez  les  maIite<*Qii  îlstravailloiént  ^  pour 
,s'cn  ferrir  ^u  ipixna  pcure  de  travail  auquel  ils 
^I,çicot  emploj Ci  çj^az  fcijr^t^. tire,  précédent  ,  i 


542 


P  A  P 


pcîne  tle  trdîs  cen?t  livres  d'amende  contre  le  maître 
du  niouUn  ,  &  de  ceni  livres  contre  Touvrier. 

10.  Fait  pareiUement'fa  majuAé  défenfcs  aux  ou- 
vriers de  quitter  leurs  maîtres,  pour  aller  chez  d  au- 
rcs,  qu'ils  ne  les  aient  avernsiîx  femaines  aupara- 
vant ,  en  préfence  de  deux  témoins ,  à  peine  de  cent 
livres  d*amendc  contre  l*ouvricr ,  &  détroit  cens 
livres  d*amcndc  contre  les  propriéiaîres  des  mou- 
lins ,  ou  ceux  qui  les  font  valoir  ,  lot  (qu'ils  auront 
reçii  à  leur  fervice'ou engagé  aucuns  ouvriers  ,  fans 
s'être  préalablement  fait  repréfenter  le  congé  par 
écrit  ,  délivré  par  le  dernier  maître  chez  lequel 
lefdtfs  ouvriers  auront  travaillé  ,  ou  accordé  par 
le  juge  des  lieux  ,  en  cas  de  refiis  mal  fondé  de  la 
pan  du  maitte  ;  lefdrtes  aanendes  applicables ,  moitié 

"au  profit  des  propriétaires  ou  maîtres  des  ihoulilis 
que  les  ouvriers  auront  quittés  fans  congé,  dt 
rautrc  moitié  au  profit  dé  Thopital  le  plus  prochain. 

11.  Défend  aulïï  fa  majeÀè  à  toDs  ouvriers  de 
vendre  aucuns  papiers  fabriqués  dans  les  moulins 
oii  ils  travailletif  ^  ni  aucunes  pâtés  ou  colles  fervant 
à  la  fabrication  defdits  papiers  »  ni  même  aucuos 
vieux  linges  »  vieux  drapeaux  ou  drilles  »  &  à  tom 
colporteurs  d*en  acheter  d*autres  pcrfonnesquedeîs 
fabrican»  ,  à  peine  de  cinqusnie  livres  d^ameode  , 
même  d'être  lefdits  ouvriers  &  colporteurs  pour* 
fuivis  extraordinaire  ment  ,  i\  lècasyéchet. 

1%,  Les  amendes  Sl  conâfcations  qui  feront  pro- 
noncéeé  pour  ratfon  des  contraventions  faites  au 
préfent  arrêt  ,  dont  Tappiication  n'eiVpas  ci-devant 
ordonnée  ,  feront  appliquées  »  favoir  ,  moitié 
aux  gardes- jurés  vifiteurs  qui  auront  fait  les  faifies , 
âc  Taucre  moitié  à  Vhôpiul  le  plus  prochain  de« 
lieux  ou  les  juge  mens  feront  rendus. 

13,  Veut  fa  majefté  que  les  amendes  ,  confif- 
cations  &  autres  peines  ponées  par  le  préfcm  arrêt , 
foient  prononcées  tant  par  les  juges  des  lieux  de 
fabrique  »  que  parceux  desUeuxoùla  contravention 
aura  éfé  découverte  ^  fans  qu'elles  putïTent  être 
remifesni  modérées,  fous  quelque  prétexte  que  ce 
foit  «  à  peine  par  Icfdiif  juges  de  répondre  en  leur 
propre  &  privé  nom  des  amendes  &  couâfcations 
qu'ils  auroient  dû  prononcer, 

14.  Ordonne  au  furplus  fa  roajeAè  ,  que  les 
^glcmens  autorifés  par  les  arrèis  des  21  juîUet 
1671  ,  ai  novembre  1688,  &  30  décembre  1717, 
feront  exécutés  félon  leur  forme  &  teneur  ,  en  ce 
qui  n*y  e(l  pas  dérogé  par  le  préfent  arrêt  :  enjoint 
ù  piajcfté  au  {îeur  intendant  6£  commi^Taîre  départi 
pour  Texécution  de  fcs  ordres  dans  ladite  province 
d^Auvergne  ,  de  tenir  la  main  k  rexécutîon  cju 
préfent  arrêt  ,  qui  fera  tu  »  publié  &  affiché  par- 
tout où  befoin  fera  ,  &  fur  lequel  feront  toutes 
lettres  néceflaircs  expédiées.  Fait  au  confeil  d'état 
du  roi ,  fi  majeflé  y  étant ,  tenu  à  Verfailles  le 
Vingt-troifiéme  jour  de  décembre  mil  fcpt  cent 
trente-deux.  Sîfné  phelypeaux. 

Louis  ,  parla  gricc  de  Dieu  ,  roi  de  France  & 
de  Navarre  :  à  notre  am(  Se  féal  confeiUeren  nos 


p  A  p 

confeits  ,  maître  des  requêtes  ordinaire  de  ootre 
hôtel,  le  fieur  Trudainc,  intendant  &  commtflaire 
départi  pour  Texécution  de  nos  ordres  dans  notre 
province  d'Auvergne ,  falut.  Nous  vous  mandons 
&  enjoîgnors  par  cespréfentes ,  ftgnéei  de  nous, de 
tenir  la  main  à  Texécution  de  rarréc  ci*attâchc  fous 
le  contre- Icel  d^  notre  chancellerie  ,  ceiourdluii 
donné  en  notre  confeil  detat  ,  nous  y  ér^nt,  pour 
les  câufes  y  ccr-  -  commandons  au  premier 

notre  huiffierÔL  ^  iîiV  c:;  requis  ;  de  fignificr 
ledit  arrêt  à  tous  qu'il  appartiendra  «  à  ce  que 
perfonne  n*en  ignore  ,  &  de  faire  pour  fon  entière 
exécution  tous  afles  &  exploits  requis  &  nécef* 
faites  ,  fans  autre  penniffion  ;  car  te!  e^  nr*tyç 
plaifir.  Donné  a  Verfailles ,  tè  vingt-rr  ar 

de  décembre ,  Van  de  grâce  mil  f^'^^  .^  rire- 

deux  ,  &  de  notre  rérne  Je  du  ..  5^ 

Xouts.  El  plus  ^aSmpttït  iou  Sign^  FHELiPtAtnc 

ficfcdlé.  ^"    '^Fr,.;..-    i        ^ 

Tarif  du  poids  i^ut  fa  majeflé  veut  ^uê  pHiMt  la 

rames  des  papiers  fervant  tant  â  Vïmpee^Qn,  |a'i 

icTÏte  ^  ^%  ftrontù  hrïquis  da  ns  la  prevince  dA^ 

vergnc ,  é»  ce ,  juf  k  pied  de  la  Itvrt  pefmt  fes^ 

.  I   on^e  poids  de  marc  ;  c^mme  au£i  des  larfeur  &  àii» 

: .  teur  que  doivent  avoir  Us  JeuUUs  de  papier  des  ^tf^ 

. .  rtnt£s  fanes  ci*  apds  fpécifièe^.     S  K  \jO  ï  R ,      » 

.  Le  papier  nommé  grand- aigle  fin  aura  treoce* 
lept  pouces  dé  large  »  fur  vingt-quatre  potiCd 
neuf  lignes  de  haut  ,  la  rame  pcfera  cens  trcste* 
une  livres. 

Le  grand-aicle  moyen  fera  des  mtme^  fargeir 
8r  hauteur  que  le  fin  ;  la  famé  peferâ  cent  vbit* 
trois  livres- 

Le  grand-aigle  bulle  fera  des  mêmes  largeur  ft 
hauteur  que  le  fin  j  la  ramepefera  cent  quatorze 
livres, 

La  grande*fieur-de-lîs  aura  trente-un  poucs 
Cx  lignes  de  large ,  fur  vingt-deux  pouces  de  haut  ; 
la  rame  pefera  foixantc-dix  livçes.         '  ' 

Le  grand-colombier  «  fiti  &  moyen  ^  lùih, 
trente-un  pouces  neuf  lignes  de  large  ,'uir  vin^t^ce 
pouces  trois  lignes  de  haut;  la  rame  pefera  quatre^ 
vingt-huit  livres. 

'  L^  grand'Chapelet  aura  trente-un  j>otlcei  fix 
lignes  de  large  ,  fur  vingt-deux  pouces  de  haut  ; 
la  rame  pèlera foixante-fix"  livres. 

Le  chapelet ,  fin'&  moyen  ,  aura  trente  po<uc«$ 
de  large  ,  fur  vingt-un  pouces  fix  lignfc  /î-  ï^Mjt^ 
la  rame  pefera  foixante-fix  livres. 

Le  chapelet  bulle  fera  des  méme^  & 

hauteur  que  le  pn  \  la  rame  pefera  f  ac 

itvrts. 

Le  grand'jésuf  *  fin  &  moyen ,  aura  ¥in|i-Ci 
pouces  de  large  ,  fur  dix- neuf  pou  '  '  iTH%é$ 
haut  ;  la  rame  pefera  ctnquante-tri 

La    petite  fieur- de-lîs  aura  vin£j-<|:  rel 

trois  lignes  de  large  fur  dix  neuf  pc^ucc^  :  .  p^ 
de  haut;  la  rame  pcfera  quanmc  Uvr^s^ 

Le  grand-royal  aura  vicgt-rrcws   podcesadT 


^m 


) 


P  A  P 

Egnes  de  large  »  fur  dix- huit  pouces  de  hamt;  k 

mme  pefen  vinet  huit  livres. 

,     Le   grand-raihn  double  fort  ,  un  &  moyen , 

^ura  Tïjigt-dcux  pouces  huii  lignes  de  large  ,  fur 

dîx-feptpQuce&  de  haut  ;  la  rame  pefera  trente-cinq 

*^ivrcs. 

Le  grand- ralfin  double  ,  fin  &  moyen  ,  fera 
des  mêmes  largeur  &  hauiMir  que  le  double  fort  ; 
la  rame  ptfera  trente-une  iîvres.  ♦ 

Le  graud-raifin  fimple,  60  &  moyen  ,  fera  des 
même  largeur  &  hauteur  que  le  double  fort  ;  la 
rame  pefera  vingt-fix  livres. 

Le  grand- raifin  bulle  fera  des  mêmes  largeur  & 
hauteur  que  le  double  fort  ;  la  rame  pefera  vingt- 
qtiatre  livres* 

Le  grand-raîfin  mince  fera  des  mêmes  largeur 
&  hauteur  que  le  double  fort  i  la  rame  pefera  vingt* 
deux  livres. 

Le  lombard  ,  fin  &  moyen ,  aura  vingr  pouces 
trois  lignes  de  large  ,  fur  feizc  pouces  fix  lignes  de 
baut  ;  la  rame  pèlera  vingt  livres» 

Le  grand-carré  »  fin  8c  moyen  ,  lutfa  vingt-un 
pouces  deui  lignes  de  large  *^  fur  quinze  pouces 
qtiatre  lignes  de  haut  ;  la  r^k  pefera  vingt-deux 
livres. 

Le  carr^  double  fort ,  fin  &  moyen ,  aura  vingt 

C«ices  de  large  ,  fur  quinze  pouces  cinq  lignes  de 
ut  ,  la  rame  pefera  vingt-quatre  livres. 
Le  carré  double ,  fin ,  moyen  &  bulle  ,  fera  des 
mlm^s  largeur  &  hauteur  que  le  double  fort ,  la 
rame  pefera  vingt-deux  livres. 

Le  carré  fimple  ,  fin  &  moyen  ,  fera  des  mêmes 
lareeur  61  hauteur  que  le  double  fort  î  la  rame 
pèlera  dix-fcpi  livres. 

Le  carré  fimplc  Sc  bulle  fera  des  mêmes  largeur 
&  hauteur  que  le  double  fort  ;  la  rame  pefera 
quatorze  livres. 

Le  cavalier  ,  fin  8c   moyen  ,    aura  dix  neuf 

pouces  fix  lignes  de  large ,  fur  feize  pouces  deux 

iignes  de  haut  ;  la  rame  pefera  feize  livres. 

»     Le  grand-écu  ,  fin,  moyen  &  bulle,  aura  vingts 

deux  pouces  fix  lignes  de  large ,  fur  quatc  rze  pouces 

huit  lignes  de  haut  ;  la  rame  pefera  dii-fcpî  livres. 

L'écu  double  ,  fin  Si  moyen  ,  aura    dix-neuf 

pouces  de  large  ,  fur  quatorze  pouces  deux  lignes 

oc  haut;  la  rame  pefera dix-neut  livres* 

L'écu  fimplc  ,  fin  &  moyen  ,  fera  des  mêmes 
largeur  &  hauteur  que  le  double  >  la  rame  pefera 
dix-fept  livres. 

L*écu  fimple  bulle  fera  des  mêmes  largeur  & 
humeur  que  te  double  ;  la  rame  pefera  quinze 
livref. 
•  Le  papier  appelé  couronne  large  ,  fine  Si 
moyenne  »  aura  vingt  pouces  neuf  lignes  delari^e» 
for  treize  pouces  neuf  lignes  de  haut  ;  la  rame 
pefera  feize  livret,  . 

Le  papier  rappelé  couronne  double  ,  fine  8c 
moyenne  ,  aura  dix  fcpi  pouces  une  ligne  de  large , 
fur  treize  pouces  de  haut  ^  la  rame  pefera  qua- 
rorte  livres,  . 


p  A  p 


543 


Le  papier  appelé  couronne  fimple  ,  fine* 
moyenne  &  bulle  ,  fera  des  mêmes  largeur  âc  hau- 
teur que  la  double  ;  la  rame  pefera  douze  livres. 

Le  papier  appelé  couronne  trés-mince ,  fine  & 
moyenne  ,  fera  des  mêmes  largeur  &  hauteur 
que  la  double  ;  la  rame  pefera  fept  livres. 

Le  papier  nommé  telliére  ,  fine  &  moyenne  , 
aura  frize  pouces  de  large  ,  fur  douze  pouces  trois 
lignes  de  haut  ;  la  rame  pefera  douze  livres. 

Le  cadran  ,  fin ,  moyen  &  bulle  ,  aura  quinze 
pouces  trots  lignes  de  large  ,  fur  douze  pouces  huit 
lignes  de  haut  y  la  rame  pefera  onze  livres. 

Le  papier  appelé  à  la  main  bulle  ,  aura  vingt 

ftouces  trois  lignes  de  large  ,  fur  treize  pouces  Ux 
ignés  de  haut  i  la  rame  pefera  treize  Livres* 

Le  Cartier  ,  fin  &  moyen  »  aura  quinze  pouces 
une  ligne  de  large  ,  fur  onze  pouces  fix  lignes  de 
haut  ;  la  rame  pefera  onze  livres. 

Le  petit-raifin  ou  bâton-royal  »  fin  ^  moyen  & 
bulle  ,  aura  feize  pouces  de  large,  fur  douze  pouces 
de  haut  i  la  rame  pefera  neuf  livres. 

Le  papier  appelé  romaine  ou  pigeonne  ,  fine  & 
moyenne ,  aura  quinze  pouces  deux  lignes  de  large , 
fur  ,dix  pouces  quatre  lignes  de  haut  ;  la  rame  pe- 
fera neuf  livres. 

Le  papier  appelé  petit-nom-dc-jé  fus  moyen  »  aura 
quinze  pouces  une  ligne  de  large  ,  fur  onze  pouces 
de  haut  ;  la  rame  pefera  huit  livres. 

Les  ferpcmes  >  fines  »  moyennes  &  bulles  «  feront 
des  grandeurs  fit  des  poids  qu  elles  feront  deman* 
dées. 

Fait  &  arrêté  au  confcil  royal  des  finances  ,  tenu 
à  Verfailles  le  feiziéme  jour  du  mois  de  décembre 
mil  fept  cent  trente-deux.  Si^né  LOUIS.  Et  p!iu  bas , 

PHELYPEAUX. 

Arrêt  du  confeil  d'état  du  roi  »  portant  règle- 
ment pour  la  fabrique  des  papiers  de  la  province 
.du  Limoufin  &  de  celle  de  rAngoumois.  Du  la 
*  décembre  1730.   Eitratt  des  regiflres  du  çonfeli 
d*ctat. 

Le  roi  s'étant  fait  reprcfenter  les  régie meDs  faits 
pour  la  fabrique  des  différentes  fortes  de  papiers  » 
&  l'arrêt  du  confeil  du  11  juillet  1671  ,  qui  a  au- 
lorifê  ces  réglemens  :  &  la  majeflé  étant  informée 
que  pour  Taugmentation  fit  la  perftiftion  des  fa- 
briques fituées  dans  Tciendue  cfe  la  généralité  de 
Limoges  ,  il  convient  de  leur  donner  de  nouvelles 
marques  de  fa  proteâion  ,  &  d'ajouter  quelques 
difpoficions  à  celles  qui  ont  été  faites  par  kfdits 
réglemens  6£  arrêts  ;  à  quoi  défirant  pourvoir.  Vu 
Tavis  du  Heur  Doifay ,  intendant  &  coinmiiïaire 
départi  pour  rexécution  de  fes  ordres  dans  ladite 
généralité ,  après  avoir  entendu  les  fabriCâns  de 
papier  des  villes  de  Limoges ,  Angoulême  6c  Tulles, 
Vu  pareillement  les  obfervations  des  marchands 
libraires  &  imprimeurs  ,  &  des  marchand-  s 

de  la  Ville  do  Paris  ,  enïcmblel'avi^  des  d  u 

commerce.  Oui  le  rapport  à\\  ficurOny  ,  confeiUer 
€»rdioaireau  çonfeil  roy^fl  ,  contrôleur  général  des 


'542 


P  A  P 


tpcînctle  tr^lscens  livres  d*amcndc  contre  le  maître 
;^clu  moulin  ^  &  de  ceni  livres  contre  Touvrier. 

lo*  Fait  pareiîkmentfa  maj«;;fté  dèfenfes  aux  où- 
lévriers  de  quitter  leurs  maîtres,  pour  aller  chez  d'au- 
tres, qu'ils  ne  les  aient  avertis  fix  femaines  aupara- 
tymt,  en  préfence  de  dem  rémoins ,  à  peine  de  cent 
Tivres  d'amende  contre  Touvricr ,  6t  de  trois  cens 
livres  d'amende  contre  les  propriétaires  des  mou- 
lins ,  ou  ceux  qui  les  foni  valoir  ,  lorfqu'ils  auront 
cçu  à  Içurfervice'ou engagé  îiucuns  ouvriers  ,  fans 
Vétfc  préalablement  fait  rcpréfenter  le  congé  par 
l'écrit  ,   délivré  par  le   dernier  maître  chez  lequel 
ilefdirs  ouvriers  auront  travaillé  ,  ou  accordé  par 
■^le  juge  des  lieux  ,   en  cas  de  refus  mal  fondé  de  h 
hparr  du  maître;  lefdites amendes  applicables  ^rnottié 
au  profit  des  propriétaires  où  maîtres  des  moulins 
*t|ue  les  ouvriers   auront  quittés  fans  congé,   & 
Tautre  moitié  au  profit  de  riiopital  le  plus  i^rochairi. 
II,  Défend  auflî  fa  majefté  à  wiSl%  ouvriers  de 
rvcndre  aunms  papiers  fabriqués  dans  les  moulins 
;oii  ils  tfavaiUehi ,  ni  aucunes  pâtes  ou  colles  fervant 
Là  la  fabrication  defdits  papiers  ,  ni  même  aucuns 
Inrieux  lioges  ,  vieuie  drapeaux  ou  drilks,  &  à  eous 
colporteurs  d'en  acheter  d'autres  personnes  que  dcîs 
l^abricans  ,  a  peine  de  cinquante  livres  d'amende  , 
ncme  d*ètre  lefdits  ouvriers  &  colponcurs  pour- 
fîfuivisextraordinaircment  ,  fi  Vecasyéchet. 

1 1*  Les  amendes  &  conûCcations  qui  feront  pro- 
noncées pour  ratfon  des  contraventions  faites  au 
bpréfent arrêt  ,  dont lapplicaiion  n efl pas  ci-devant 
^ordonnée  ,  feront   appliquées  >    favoîr  ,   moitié 
[^aux  gardes- jurés  vifiteurs  qui  auront  fait  les  faiftes  , 
J^i&  Tautre  moitié  à  rhôpital  le  plus  prochain  def 
I  lieux  oîi  les  jiigemens  feront  rendus. 

15.  Veut  fa  majeBé  que  les  amendes  »  con/if* 
Lcatîons  &  autres  peines  portées  par  le  préfent  arrêt , 
f  foîenc  prononcées  tant  par  les  juges  des  lieux  de 
Lfabrique  »  que  par  ceux  desHeux  où  la  contravention 
Laura  été  découverte  ,  fanfr  qu'elles  puiflent  être 
y,remifeg  ni  modérées ,  fous  quelque  prétexte  que  ce 
foit,  àpeinepar  kfdirs  juges  de  répondre  en  leur 
Jpropre  &  privé  nom  des  amendes  &  confifcatîons 
MU  ils  aurolent  du  prononcer, 

14.  Ordonne  au   furplus  fa   majeAé  ,  que  les 
églemens  aurorifés  par  les  arrêis  des   21   juillet 
P671  ,  Il  novembre  1688,  &  30  décembre  17^7, 
feront  exé  curé  s  félon  leur  forme  &  teneur  ,  en  ce 
tqui  î\y  e(ï  pas  dérogé  par  le  préfenc  arrêt  :  enjoint 
1^  majtfté  au  fieurjmeridant  &  commiflaire  départi 
rf  our  Texécution  de  fcs  ordres  dans  ladite  province 
ud*Auvergnc  ,   de  tenir  la  main  h  Texécution   du 
fpréfent  arrêt  ,  qui  fera  lu  ,  publié  &  affiché  par- 
tout où  befoin  fera  ,  &  fur  lequel  feront  toutes 
lettres  néceflTaircs  expédiées.   Fait  au  confcil  d'état 
^u  roi ,  fi  majcflé  y  étant  ,  tenu  à  VerfaîHcs  le 
ingt-eroifiéme  jour  de   décembre   mil  fept  cent 
rente-deux.  Siffné  PHELYPEAU^. 

Louis  ,  parla  grâce  de  Dieu  ,  roi  de'France  & 
^4e  Navarre  :  à  D£»tre  amé  &  féal  confeilter  çn  nos 


p  A  p 

confeils  ,  martre  des  requêtes  i^rdinaîre  de  tïotrt  i 
hôtel,  le  fieur  Trudaine,  imendant  61  commiffaire 
départi  pour  Texécution  de  nos  ordres  dans  notre 
province  d*Auvergne,fahit.  Nous  vous  mandons 
&  enjoignors  par  ces  préfentes ,  ftgnées  de  nous, de 
teiûr  la  main  à  rexécutton  de  Tarrét  ci-attachc  fous 
le  contre-fccî  de' notre  chancellerie  ,  ccjOiirdTiui 
donné  en  notre  confcil  d*état  ,  nous  y  érsnt ,  pour 
les  caufes  y  contcnue>  .*  comnlandons  au  premier 
notre  huîflicr  6u  fergent  fur  cj  recjuis  ;  tîe  hgnifi^r 
ledit  arrêt  à  Wus  qu'il  appartiendra  ,  à  ce  que 
perfonne  n'en  ignore  ,  &  cle  faire  pour  fon  cotiàe 
exécution  tous  afles  &  exploits  rcquîs  &  néccf» 
faires  ,  fans  autre  periniflîon  ;  car  tel  efl  notre 
plaifir.  Donné  à  Verfailles ,  le  vinçt-troificmc  jour 
de  décembre,  ran  de  grâce  mil  lept  cent  tre^nre* 
deux  ,  8c  de  notre' rejgné  ^  dix  huitième,  5^* 
1l.ouU:  Et  pîtù  pas ^pii  le  rot.  Sitni  Fntitruirn 
&fcellé.  '^;^'^'^'^^>^^P-''  »      ^'»' 

Tarif  du  poids  qui  fa  majejlé  veut  que  flftnt  ki 

r  rames  des  papiers  fervant  tant  à  VimprtJJiçn  |i{*i 

écrire  ^  fuï  fetvnt  fahrïquis  dans  la  pr^inct  /Ài^ 

vttgne  ,  &ce^  fur  le  p'ud  de  la  livre  ptfanî  fe^e 

.  1  OM^e  poids  de  marc  i  c^mme  àtt£i  des  la^feut  &  Jbà» 

I .  tcut  que  doivent  avoir  les  feuilles  de  papier  dtf  difi" 

, .  rentâs  fortes  ci-après  fpécifièes.    s  A  VO  i  R , 

Le  papier  nommé  grand-aigle  fin  aura  trence- 
lept  pouces  àt  large  ,  fur  vingt-quatre  pcucti 
neuf  lignes  de  haut  ,  la  rame  pefera  cent  tremc* 
une  livre!. 

Le  grand- aigle  moyen  fera  des  mêmes  larjeitr 
&  hauteur  quele  fin  ^  la  rame  pefcracem  Tifl|l* 
trois  livres. 

Le  grand*  aigle  bulle  fera  des  mêmes  largeur  k 
hauteur  que  le  fin;  la  rame  pefera  cent quatonc 
livres, 

La  grande-fleur-de-lls  aura  irente-mi  pouces 
fut  lignes  de  large ,  fur  vingt-deux  pouces  de  haut  i 
la  rame  pefera  foixame-dix  livres. 

Le  grand-colombier  »  fin  6c  m6yen  \  zuh 
trente-un  pouces  neuf  Itgnes  dfe  large  ,Tur  vin^-iifl 
pouces  trois  lignes  de  haut;  la  rame  pefera  quatre- 
vingt-huit  livres* 

L«  grand*chapelét  lùra  trente-uti  pouces  fil 
lignes  de  large  ,  fur  vingt-deux  pouces  de  ham  ; 
la  rame  pèlera  foixante-fix  livres. 

Le  chapelet ,  fin  &  moyen  ,  ^ra  irenré  pouç(l 
de  large  »  fur  vingt-un  pouces  fix  lignes  de  haiiu 
la  rame  pefera  foixartie-fix  livres,  ^  . 

Le  chapelet  bulle  fera  des  mêmes' targetf^K 
hauteur  que  le  fin  ;  la  rame  pefera  fotxantc  uot 
'lîwes.  -  .1 

Le  grand-jésus  ,  fin  8c  moyen,  aura  vtngi»fii 
pouces  de  large  ,  fur  dix- neuf  pouces  ftx  Hgnes  Je 
haut  ;  la  rame  pefera  cinquante-trois  livrer, 

La    petite  fleur-de-lis  aura  vingt-q-  :eï 

trots  lignes  de  large  fur  dix-neuf  pouce ^  ;  .^-a 

de  haut  *  la  rame  pefera  quarante  livras. 

Le  grand-royal  aura  vjrgt-trois   poacts  neuf 


â 


_  ?  AT 

i  pcîne  de  cînquame  livres  d'amende  contre  chacun 
éç%  conireven^n^. 

14,  El  pour  aiîurer  Texècution  du  prèfcni  régie- 
fnent,  ordonne  fa  majtAé  qu'un  mois  après  la  pu- 
blication du  prèCcnc  arrêt  &  les  années  fuivantes, 
du  jour  qui  fera  réglé  par  les  juges  des  manuf^âures 
des  vtltcs  de  Liinoges  ,  Angouléme  &  Tulles  ,  les 
labricans  de  papier  de  chacune  defdiies  villes  &  des 
environs  s'airembleront  pour  procéder  ,  fuivant  la 
pltiraliiè  des  voix  ,  a  la  nomin^ition  de  trois  ^  ou  au 
I      aïoîtis  dedcuxgardei-iurès-vifiteurs  ,  lefquelsprc-  « 
m!  9Btùm(ctmcm  devant  Icfdits  juges  ,  fit  feront  tenus 
W  defifireau  moins  tous  les  ans  tlx  vîntes  générâtes, 
fit  fins  fouvent  s'il  cft  néceffairc,  accompagnés 
d*un  huifTser»  dans  tous  les  moulins  &  magaftns  ^ 
papier  établis  dans  lefdites  villes  &  aux  environs  , 
L   ^*ûa  dreâTcr  procès- verbal  ,    &  de   faire  faifir  (k 
H  enlever»  après  les  avoir  cachetés  ,  tous  les  papiers 
^    qti*i)s  trouveront  nor-conformes  aupréfent  arrêt , 
d  en  pourfuivrc  la  conftfcation  ,  la  condamnation 
&  Tamcnde  devant  lefdits  juges  »  fuivant  la  nature 
de  la  contravention  ,  à  fefTet  de  quoi  les  maîtres 
fabricans  feront  tenus  de  faire  l'ouverture  de  leurs 
I      moulins  &  magafins  auxdits  gardes-jurés-vifiteurs, 
H  à  peine  de  cinq  cens  livres  d'amende. 
P       iç.  Veut  fajmajefléque  les  ma  très  fabtlcans  de 
papier  de  la  généralité  de  Limoges  »  un  de  leurs  fils 
travaillant  dans  lefdites  fabriques ,  &  un  premier 
ouvrier  >  foient  petfonneUement  exempts  de  la  col- 
leâc  des  tailles  ,  du  logement  de  gens  de  guerre, 

I6l  de  la  milice  ,  &  qu'ils  foient  cotilés  d'office  pour 
la  taille  par  le  fieur  ictendant  &  commiflaire  départi 
dan»  bdite  génèraTité  ,  fuivant  les  états  qui  lui  en 
feront  remis  tous  les  ans  par  IcTiits  gardes^jurés- 
vifiteurs  ,  &  fans  que  lefdites  cotes  d'office  puiffent 
être  augmentées  par  les  coUcâeurs. 
i6v  Veut  pareillement  fa  majefté  que  lefdits 
SiaStrei  fabricans  ne  puiiïent  prendre  aucuns  érran- 
gers  p<»uf  apprentis  ,  qu'au  défaut  des  fils  de  com- 
pagnons. 

17*  Fait  fa  majeAé  défenfes  aux  ouvriers  lU 
qutner  leurs  maîtres  pour  aller  cher  d'autres,  qu'ils 
ne  les  aient  avertis  fix  fcmaines  auparavant  en  pré- 
fence  de  deux  témoins  ,  à  peine  de  cent  livres 
d'amende  contre  les  ouvriers  ,  &  de  trois  cens 
livres  contre  les  propriétaires  des  moulins  ou  ceux 
qui  les  font  valoir  ,  qui  recevront  à  leur  fervice  & 
L  engageront  aucuns  ouvriers  qui  ne  leur  aient 
■  rcpréfenté  le  congé  par  écrit  du  dernier  ma  tre  où 
P  CCS  ouvriers  auront  travaillé  ,  ou  du  juge  des 
lieux  t  en  cas  de  refus  du  maître  ;  itfdites 
amendes  applicables»  moitiéau  profit  de  famajeflé, 
ôi  Tautrc  moitié  au  profit  des  propriétaires  ou 
maîtres  des  moulins  que  lefdits  ouvriers  auront 
quittés  fans  congé.  Seront  pareillement  tenus  les 
proprièttircs  ou  maîtres  des  moulins  ,  d'avertir  les 
compagnons  &  ouvriers  en  pré  fence  de  deux  té- 
moins, fix  fcmaines  avant  que  de  les  renvoyer  , 
à  peînc  de  leur  p^ycr  leurs  gages  6t  nourriture 
pendant  lefdites  lix  femaines. 


Am  &  Métiers,  Tome  K  Panic  II. 


P  A  P 


545 


18.  Fait  fa  majeflé  auflî  défenfes  aux  proprié- 
taires &  maîtres  des  moulins  à  papier  de  débau* 
cher  [es  compagnons  &  ouvriers  les  uns  des  autres, 
en  leur  promettant  dt  s  gsgcs  plus  forts  que  ceux 
quMs  gagnoient  chez  les  ma  très  oii  iU  travait- 
loient ,  s'ils  les  emploient  au  même  genre  de  tra» 
vail  auquel  ils  étoient  employés  chez  leur  ma. tre 
prccédent,  &  ce  à  peine  de  p.ireill€  amende  de 
trois  cens  livres  contre  le  maître  du  moulin ,  & 
de  cent  ivres  contre  l'ouvrier, 

19.  Ordonne  fa  majefté  que  ,  s'il  arrivoît  qu'an 
compagnon  ,  pour  forcer  fon  matire  i^  le  congédier 
avant  le  temps  ,  vînt  à  gâter  par  mauvaife  volonté 
fon  ouvrage  ,  &  qu'il  en  fût  convaincu  ,  tant  par 
là  comparaifon  de  fes  autres  ouvrages  ,  que  parla 
dépodtion  des  autres  comp;ignons  iravaillans  dans 
le  même  moulin ,  ledit  compagnon  fera  condamné , 
outre  le  dédommagement,  à  la  même  peine  que 
s'il  avoit  quitté  fon  mai  tre  fans  congé. 

20.  Veut  fa  majefté  que  les  rames  de  papier  dont  la 
confifcation  aura  été  ordonnée ,  foient  percées  dans 
le  milieu  d'un  poinçon  ^  6c  qu'elles  foient  remîfes 
dans  les  moulins  à  papier  comme  matières ,  pour 
y  être  rebanues  fous  le  marteau  ;  &  que  du  piix 
auquel  elles  feront eftimées  comme  matières,  il  en 
appartienne  moitié  aux  jurés-viCieurs  ,  &  l'autre 
moitié  à  Thôpital  le  plus  prochain  des  lieux. 

11,  Et  néanmoins  ,  pour  faciliter  la  vente  8c  le 
débit  des  dift'érentes  fortes  de  papiers  qui  fe  trou- 
veront dans  les  moulins  &  magafins  defdits  fabrî* 
cans  &  marchands  ,  au  jour  de  la  publication  du 
préfent  arrêt  fans  y  ctre  conformes  ,  permet  fa  ma- 
jefté auxdits  marchands  8c  fabricans  de  les  vendre 
8t  débiter  pendant  Tefpace  d'une  année  ,  auffi  à 
con  pier  dudit  jour ,  à  la  charge  néanmoins  par 
lefdits  marchands  &.  fabricans  de  faire  dans  un  mois 
pour  tout  délai ,  leur  déclaration  de  la  quantité  de 
papiers  des  différentes  fortes  qu  ils  auront  en  leur 
poiTefiion  >  patdevant  les  juges  des  manufaâures 
defjites  villes  de  Limoges  »  Angouléme  &  Tulles , 
qui  en  drefferont  procès  verbal  i  après  lequel  délai 
d'un  an  ,  tous  les  papiers  qui  ne  fe  trouveront  pas 
conformes  au  préfent  arrêt  feront  confifqués  ,  & 
les  conirevenans  condamnés  en  cent  livres  d'a- 
mende. 

ai.  Les  amendes  qui  feront  prononcées  pour 
punir  les  contraventions  faites  au  préfent  arrêt  dont 
t  application  n'cft  pas  ci-devant  ordonnée  ,  feront 
appliquées,  favoir  ,  moitié  à  fa  majefté  »  un  quart 
aux  gardes  jurés-vifiteurs  qui  auront  hitlesfaifies, 
&  l'autre  quart  à  Thôpital  le  plus  prochata  du  lieu 
oij  les  jugcmens  feront  rendus. 

a).  Veut  fa  majefté  que  les  amendes  ,  confif- 
cations  &  autres  peines  portées  par  le  préfent  arrêt 
foient  prononcées  ,  tant  par  les  juges  des  lieux 
de  fabrique  ,  que  par  ceux  des  lieux  oîi  la  coiura- 
vcntion aura  été  découverte,  uns  qu'elles  puiifcnt 
être  remîfes  ni  modérées  «  P<^"''  quelque  caufc 
&  fous  quelque  prétexte  que  ce  foit ,  »  peine  p^^r 
lefdits  juges  de  répondre  en  leur  propre  &  pnvc 

Z  zi 


544 


P  A  P 


finances ,  le  roi  étant  en  (on  confcil ,  a  ordonné  & 
ordonne  ce  qui  fuit  : 

Aru  i>  Les  fabricans  de  papiers  établis  dam 
rétendue  de  la  généralité  cîe  Limoges ,  feront  tenus 
de  mettre  fur  le  milieu  de  chaque  femllc  de  papier 
des  différentes  fortes  quTls  fabriqueront,  favoîr  , 
fur  les  feuilles  de  papier  fin,  leur  nom  éi  furnom  en 
entier  ;  fur  celles  de  papier  moyen  ^  les  premières 
lettres  de  leur  nom  &  leur  furnom  en  entier  ;  6c  fur 
celles  de  papier  appelé  bulle,  les  premières  lettres 
de  leurnomôt furnom  »  féparèes  par  une  marque 
propre  à  chaque  fabricant  ,  &  d'y  ajouter  un  ou 
inoyenou  bulle  au  dos  de  U  feuille  à  un  pouce  près 
du  cas ,  fuivani  les  qualités  des  papiers  ;  &  à  légard 
du  papier  appelé  carder  fin  fervant  à  faire  les  cartes 
h.  jouer  ,  les  premières  lettres  du  nom  &  le  furnom 
en  entier  ,  feront  mifes  à  l'extrémité  de  chaque 
feuille.  Les  veuves  qui  font  travailler  feront  tenues 
de  mettre  un  V  au-defl"us  du  nom  de  feu  leur  mari, 
le  tout  à  peine  de  cinq  cens  livres  d'amende. 

î.  La  rame  de  toutes  fortes  de  papiers  fera  com- 
poféede  vingt  mains,  chaque  main  de  vingt-cinq 
feuilles  »  non  compris  les  deuT  feuilles  d*envcloppe 
qui  fe  mettent  deifus  &  deiTous ,  &  feront  îefdites 
feuilles  des  largeur  Se  hauteur  portées  par  le  tarif 
attaché  fous  le  contrc*fcel  du  préfent  arrêt* 

3.  Défend  fa  maje^ïé  de  mettre  aucunes  mains 
cailées  &  retriées  deflus  &  deiTous  les  rames  de 
toutes  les  fortes  de  papiers  qui  feront  vendus  : 
n'enteni  néanmoins  interdire  Tufage  établi  dans  le 
Limoufin,  de  donner  fur  dix  rames  de  carré  fcuïc- 
tnent  fervant  à  riinprefTion  ^iine  rame  de  bon  trié. 

4.  Les  fabricans ,  les  compagnons  &  les  ouvriers 
trieront  cxaél^ment  les  feuilles  dont  chaque  mam 
de  papier  doit  être  ccmpofée  ,  &  mettront  le  fin 
avec  le  fin  ,  le  moyen  avec  le  moyen ,  &  le  bulle 
avec  le  bulle,  de  taçon  quM  n*y  ait  aucun  mélange 
de  ces  différentes  qualités  dans  une  même  rame  ; 
leur  fait  fa  maje^é  défenfes  d'y  employer  des  feuilles 
trop  minces ,  trop  courtes  ,  trop  étroites  ,  &  celles 
qui  feroient  caffécs  ,  ridées  ou  autrement  défec- 
tueufes ,  à  peine  de  confifcation  des  rames  qui  fe 
trouveront  ainfi  mêlées  *  &  de  pareille  amende  de 
cinq  cens  livres. 

5.  Faitai*ffi  défenfes  de  rogner  à  Tavenir  fur  la 
largeur  aucune  feuille  de  papier  fervant  à  Timpref- 
fion  ;  en  obfervant  de  prefTer  les  feuilles  de  chaque 
main  de  papier,  de  façon  que  celles  qui  feront  dans 
le  milieu  ne  foient  pas  plus  étroites  que  les  autres. 

6.  Ordonne  fa  majefté  que  toutes  les  rames  de 
papier  feront  au  moins  du  poids  porté  par  ledit  tarif 
Tant  y  comprendre  ks  enveloppes  ,  &  que  fur 
rcnvcloppe  de  diaque  rame  »  fera  m:irqué  le  poids 
de  ladite  rame,  le  nom  &le  furnom  du  fabricant  , 
&  la  forte  de  papier  dont  ladite  rame  qÛ  compofée , 
en  difiinguant  les  qualités  de  fin  ,  moyen  oti  bulle  , 
le  tout  à  peine  de  confifcation  6c.  de  cent  livres 
d'amende, 

7.  Les  fabricans  ne  pourront   contrefaire   les" 
marques  les  uns  des  axitres ,  eu  fubfiitucr  dincon- 


p  A  p 

nties  OU  fuppofées  ,  ou  faire  fabriquer  du  ptpterâ  J 
leur  marque  dans  d'autres  moulins  que  ceui  qui 
leur  appartiennent  on  quMs  tiennent  à  loyer  ,  ni 
prêter  leur  nom  à  d  autres  fabricans»  à  peine  de 
mîlîe  livres  d*amtnde  pour  chaque  contra venfion. 
8»  Défenfes  font  pareillement  faites  à  tous  fabri. 
cans  &  ouvriers  »  d'augmenter  ai  diminuer  les 
largeur  &  hauteur  des  papiers  des  diffèrcmei 
fortes  ,  d'en  fabriquer  au-deiîbus  du  poids  ré|lè 
par  ledit  tarif  :  pourront  néanmoins  îefdits  fabr - 
cans  augmenter  le  papier  dénommé  legrard*3i||l^ 
fi  on  leur  en  demande  de  plus  grand  »  ai^qud  qi 
la  matière  &  le  poids  feront  augmentés  à  proporriott 
de  fou  étendue  ,  afin  qu'il  foit  plus  fort  cpic  celui 
delà  grandeur  ordinaire  »  à  peine  de  confifciiioi 
&  de  cinq  cens  livres  d^amende* 

9.  Et  attendu  que  leau  des  rulfleaux  ouibnt 
fitués  les  modlinsde  la  ménagère  à  Aixe,  celui  de 
Lauriére  >  celui  de  Chambon  ôl  celui  du  fieurAUo* 
reiliieras  ne  font  pas  propres  à  faire  du  papiertidi 
défend  fa  majefté  à  tous  les  mairtesdcs  mouUiis& 
tous  ceux  qui  pourroient  tenir  des  moulins  i  fait- 
nir  fur  ces  ruilfeaux,^*y  faire  d'autres  papiers  duii 
toutes  les  fortes  ,  que  du  moyen  &  du  bulle. 

10.  Défend  fa  mafc^léà  tous  fabricans  de  ladite 
généralité  ,  à  tous  marchands^papettcrs  &  autres 
particuliers  »  de  faire  aucun  marché  pour  tout  le 
papier  qui  fe  fabrique  dans  un  moulin  ,  ni  pottr 
une  feule  forte  entière  :  pourront  néanmoins  &irc 
des  marchés  pour  une  certaine  quantité ,  poutTu 
qu'elle  n*wxcéde  pas  le  quart  de  ce  qui  fe  fabrique 
dans  chaque  mouUn  ,  à.  peine  de  deux  mille  livra 
d*amende payable ,  moitié  par  le  vendeur,  fit  IVnnt 
moitié  par  l'acheteur  ,  applicable  moitiéàfama|eU 
&  1  autre  moitié  à  Thôpital  le  plus  prochain. 

11.  Fait  fa  majefié  tres-expreffes  inhibitions  & 
défenfes  à  tous  anilans  de  ladite  généralité  à'acbeter 
pour  revendre  aucuns  vieux  linges  ,  vieui  dfi* 
peaux  ,  drilles  »  pâtes  ou  colles  fervant  à  la  fabri- 
cation des  papiers  ,  Ôc  à  tous  m::rciers  &  colpor- 
teurs d'en  acnetcr  dans  la  difiance  d*ane  demi* 
lieue  de  chaque  moulin  à  papier  ,  fous  quclioe 
prétexte  que  ce  foit,  à  pdne  de  confifcation  (k  U 
cinquante  livres  d'amende  coure  chaque  contrcf^ 
nant,  même  uVmprifonnemem  defdin  ouvriers  t 
colporteur? - 

1 2*  Défend  auffî  fa  majeAé  à  tous  ouvriers  de  Teft» 
dre  aucuns  papiers  fabriqués  dans  Ici  m^ulimeà 
ils  travui  lent ,  ni  aucunes  pâtes  ou  colles  rcrvanrl 
la  fabrication  defdits  papiers  ,  &  à  tous  colportnrfS 
d  en  acheter  d*autres  perfonnes  que  des  fabrican* , 
a  peine  de  pareille  amende  de  cinquante  livrc«  * 
même  d'être  lefdirs  ouvriers  &  colporteurs  pourfiP' 
visextraordinairement  ,  file  cas  y  cchct* 

13.  Fait  pareillement  fa  majeAé  déftnfin  itooi 
ouvriers ,  compagnons  papetier* ,  de  commencer 
leur  travail ,  tant  en  h'ver  qu*en  été  ,  avsn»  mi* 
heures  du  matin  ,  &  à  tous  ma  trts  de  w. 
papier  de  les  admettre  au  travail  avant  ladite  à»vu»v , 

i 


ri^^ 


P  A  P 


peme  de  cinquante  livres  d'amende  contre  chacun 
les  contrcvcoans* 
14.  Et  pouraïTurer  Texécution  du  prèfent  règle- 
cm,  ordonne  fa  majcAé  qu*un  mots  après  ia  pu- 
iltcation  du  préicni  arrêt  &  les  années  fuivantes, 
o  jour  qui  fera  réglé  par  les  juges  des  manufadures 
'es  villes  de  Limoges  ,  Angouième  &  Tulles  ,  les 
'bricans  de  papier  de  Lh^cune  defciites  villes  &  des 
virons  s'aifembleront  pour  procéder  y  fuivant  la 
llurairtê  des  voix  ^  k  la  nominiition  de  trois  ^  ou  au 
noios  dedeuxgardeî-jurés-vifueurs  ,  lefquelsprè-  . 
peront  ferment  devant  le(dits  juges  ,  &  feront  tenus 
ieûireau  moins  tous  les  ans  (ix  vifues  générales, 
t  jDus  fouvent  sM  eft  nécefîaire ,  accompagnés 
rtin  huifBer  »  dans  tous  les  moulins  &  magafïns  à 
upier  établis  dans  lefdîtes  villes  &  aux  environs , 
fen  drefler  procès-verbal  ,  &  de  faire  faifir  8c 
enlever,  après  les  avoir  cachetés  ,  lous  les  papiers 
^u*tl s  trouveront  non-conformes  au  préfent  arrêt , 
i  en  pourfuîvre  la  conftfcation  ,  la  condamnation 
Be  l'amende  devant  lefdits  fuges ,  fuivant  la  nature 
de  la  contravention  ,  à  leffet  de  quoi  les  maiïres 
Éibricans  feront  tenus  de  faire  Touverturcdc  leurs 
moulins  &  magafïns  auxditsgardes-jurés-viriteursj 
peine  de  cinq  cens  livres  d'amende. 
I  ç.  Veut  fajmajeflé  que  les  ma  très  fabilcans  de 
pier  de  ta  généralité  de  Limoges  ,  un  de  leurs  fiis 
vaillant  dans  lefdites  fabriques  ,  &  un  premier 
orrîer ,  foient  pet  fonnelle ment  ejïemp[S  de  ta  col- 
câe  des  tailles,  du  logement  de  gens  de  guerre, 
Se  de  la  milice  ,  &  qu*iis  foient  cotises  d*ofïice  pour 
a  taille  par  le  fieur  intendant  &  corn mîflaire  départi 
dans  ladite  généralité  ,  fuivant  les  états  qui  lui  en 
feront  remis  tous  les  ans  par  lefaits  gardes-jurés- 
rifiteurs  ,  &  fans  que  lefdites  cotes  d'office  puiflent 
lire  augmentées  par  les  colkâeurs. 

16.  Veut  pareillement  fa  majefté  que  lefdits 
maîtres  fabricans  ne  puiiTent  prendre  aucuns  étran- 
gers pour  apprentis  j  qu'au  défaut  d^s  HIs  de  corn- 
lagnons. 

17.  Fait  fa  majcrté  défcnfes  aux  ouvriers  de 
quitter  leurs  maîtres  pour  aller  chez  d'autres,  qu*ils 
In^e  les  aient  avertis  fix  feniaines  auparavant  en  pré- 
fence  de  deux  témoins  ,  k  peine  de  cent  livres 
d'amende  contre  les  ouvriers  ,  &  de  trois  cens 
livres  contre  les  propriétaires  des  moulins  ou  ceux 
qui  les  font  valoir  ,  qui  recevront  à  leur  fervîce  & 
engageront  aucuns  ouvriers  qui  ne  îeur  aient 
rcprèfenté  le  congé  par  écrit  du  dernier  ma  tre  oii 
tes  ouvriers  auront  travaille  ,  ou  du  juge  des 
lieux  »  en  cas  de  refus  du  maître  ;  lefdites 
ftmefi des  applicables ,  moitié  au  profit  de  famajeflé, 
&  Tautrc  moitié  au  profit  des  propriétaires  ou 
maîtres  des  moulins   que  lefdits  ouvriers  auront 

giflés  fans  congé.  Seront  pareillement  tenus  les 

ires  ou  maîtres  des  moulins  ,  d'avertir  les 

gnons  &  ouvfiei5  en  préfcnce  de  deux  té- 

\cin% ,  fix  fcmaines  avant  que  de  les  renvoyer  , 

peine  de  leur  p^yer  leurs  gages  &   nourriture 

lant  lefdites  lix  femalne«;. 

Ani  &  Maiers.  Tome  K  Partie  IL 


54S 


18.  Fait  fa  majeAé  auffi  défcnfes  aux  proprié- 
taires &  maîtres  des  moulins  à  papi;^r  de  débau- 
cher les  compagnons  fit  ouvriers  les  uns  des  autres» 
en  leur  promettant  des  gsgcs  plus  forts  que  ceux 
quMs  gagnoient  chez  \^^  ma  très  ou  ih  traviii- 
loient ,  s1ls  les  emploient  au  même  genre  de  tra- 
vail auquel  ils  étoient  employés  chez  leur  ma. tre 
précédent,  ôî  ce  à  peine  de  pareille  amende  de 
trois  cens  livres  contre  le  raa<tre  du  moulin  ,  & 
de  cent  livres  contre  l'ouvrier. 

19.  Ordonne  fa  majefté  que  ,  s'il  arrivoit  qu*un 
compagnon,  pour  forcer  fon  maure  aie  congédier 
avant  le  temps  ,  vînt  i  gâter  par  mauvaife  volonté 
fou  ouvrage  ,  8t  qu  il  en  fût  convaincu ,  tant  par 
la  comparaifon  de  it%  autres  ouvrages  ,  que  parla 
dcpoUtion  des  autres  compagnons  travalllans  dans 
le  même  moulin ,  kdit  compagnon  fera  condamné , 
outre  le  dédommagement,  à  la  même  peine  que 
s'il  avoit  quitté  fon  maître  fans  congé, 

ao.  Veut  fa  majefté  que  les  rames  de  papier  dont  la 
confifcation  aura  été  ordonnée ,  foient  percées  dans 
le  milieu  d'yn  poinçon  ,  &  qu'elles  foient  rcmifes 
dans  les  moulins  à  papier  comme  mariéres,  pour 
y  éire  rebattues  fous  le  marteau  \  &  que  du  prix 
auquel  elles  feront  eflimées  comme  matières ,  il  en 
appartienne  moitié  aux  jurés-vifiiears  ,  &  l'autre 
moitié  à  Thôpital  le  plus  prochain  des  lieux, 

ai*  Et  néanmoins  ,  pour  faciliter  la  vente  &  le 
débit  des  différentes  fortes  de  papiers  qui  l'etrOu* 
vcront  dans  les  moulins  6t  magafïns  defdits  fabri- 
cans &  marchands  ,  au  jour  de  la  publication  du 
préfent  arrêt  fans  y  être  conformes  ,  permet  fa  ma- 
jefté auxdits  marchands  &  fabricans  de  les  vendre 
fit  débiter  pendant  Tefpace  d'une  année  ,  auffi  à 
corrpier  dudit  jour ,  k  la  charge  néanmoins  par 
lefdits  marchands  &  fabricans  de  faire  dans  un  mois 
pour  tout  délai ,  leur  déclaration  de  la  quantité  de 
papiers  des  différentes  fortes  qu'ib  auront  en  leur 
poffeffion  ,  pardevant  les  juges  des  manufdâurcs 
défaites  villes  de  Limoges ,  Angouléme  &  Tulles , 
qui  en  dreïTeront  procès  verbal  ;  après  lequel  délai 
d'un  an  ,  tous  les  papiers  qui  ne  fe  trouveront  pas 
conformes  au  préfent  arrêt  feront  confifqués  ,  fie 
les  contrêvenans  condamnés  en  cent  livres  d'a- 
mende. 

23.  Les  amendes  qui  feront  prononcées  pour 
punir  les  contraventions  faites  au  préfent  arrêt  dont 
rapplicationn*eft  pas  ci-devant  ordonnée  ,  feront 
appliquées,  favoir  ,  moitié  à  fa  majcfté  ,  un  quart 
aux  gardes  jurés-vi  fi  tours  qui  auront  ùxx  les  faifies^ 
&  Tautre  quart  à  Thôpital  le  plus  prochain  du  lieu 
où  les  jugcmens  forrm  rendus, 

aj.  Veut  fa  majefté  que  les  amendes  ,  conAf- 
cations  &  autres  peines  portées  par  le  préfent  arrêt 
foient  prononcées  ,  tant  par  les  juges  des  lieux 
de  fabrique  ,  que  par  ceux  des  lieux  ou  la  contra- 
vention aura  été  découverte,  fans  qu'elles  puiflent 
être  remîfes  ni  modérées  ,  pour  quelque  caufe 
&  fous  quelque  prctcxieque  ce  foit ,  a  peine  p^r 
lefdits  juges  de  répondre  en  leur  propre  &  pnvc 

Z  zx 


546  P  A  P 

nom  des  amendes  &  confifcations  quUIs  auroient  dii 
prononcer. 

24*  Ordonne  au  furplus  fa  majeilé  que  les  ré- 
glemens  autorifés  par  Tarrêt  du  confeil  du  21  juillet 
1671 9  feront  exécutés  félon  leur  forme  S^teneur 
en  ce  qui  n*y  elt  oas  dérogé  par  le  préfent  arrêt. 
Enjoint  fa  majefté  au  fieur  intendant  &  commif- 
faire  départi  pour  l'exécution  de  fes  ordres  dans  la 

Sénéralité  de  Limoges ,  de  tenir  la  main  à  Texécution 
u  préfent  arrêt ,  qui  fera  lu  ,  publié  &  affiché  par- 
tout où  befoin  fera  ,  &  fur  lequel  feront  toutes 
lettres  néceffaires  expédiées.  Fait  au  confeil  d*état 
du  roi ,  fa  majefté  y  étant ,  tenu  à  VerfaiUes  le 
douzième  iour  de  décembre  mil  fept  cent  trente* 
Signé  PHELIPEAUX. 

Tarif  du  poids  ^ue  fa  majefté  veut  que  pjfent  les 
rames  de  papier  fervant  tant  à  timprej/ion  qu^â 


écrire  ,  qui  Je  fabriquent  dans  la  généralité  de  lÀ» 
moges  ,  &  ce  fur  U  pied  delà  livre  pefant  fei;^ 
onces  ,  fans  y  comprendre  Us  enveloppes  ;  comme 
aujji  des  largeurs  &  hauteurs  que  doivent  avoir 
les  feuilles  de  papier  des  différentes  fortes  ci-après 
fpécijiées. 

Toutes  les  rames  de  papier  expliquées  ci-aprés , 
feront  compofées  chacune  de  vingt  mains  ,  & 
chaque  main  de  ringt-cinq  feuilles ,  non  compris 
les  envelojpoes ,  fans  aucunes  feuilles  ca^Tées  ni 
retriées ,  lalles  ou  ridées» 

ÉLECTION    DE    LIMOGES» 

Savoir  : 

Chaque  feuille  de  papier  appelé  grand  foleil  fin 
aura  trent€-fixpouces  de  largf ,  la  feuille  ouverte  , 
fur  vingt-quatre  pouces  dix  lignes  de  haut  ;  la 
rame  jpefera  cent  dix  livres. 

Celle  de  papier  appelé  erande  fleur-de-lis  fine 
aura  trente-un  pouces  de  large  ,  fur  vingt-deux 
pouces  de  haut  ;  la  rame  pefera  foixante-douze 
livres. 

Celle  de  papier  appelé  chapelet  fefaura  vingt- 
huit  pouces  &  demi  de  large  ,  fur  vingt  pouces 
un  qiiart  de  haut  ;  &  la  rame  pefera  cinquante 
cinq  livres. 

Celle  de  papier  appelé  grand-jéûis  fin  aura 
vingt-fix  pouces  de  large  ,  fur  dix-neuf  pouces  deux 
tiers  de  haut  ^  &  la  rame  pefera  quarante-deux 
livres. 

Celle  de  papier  appelé  petite  fleur-de-lîs  fine  aura 
vingt-trois  pouces  trois  quarts  de  large  ,  fur  dix- 
huit  pouces  dix  lignes  de  haut  ;  &  la  ranie  pefera 
trente-deux  livres. 

Celle  de  papier  appelé  lombard  fin  aura  vingt 

Eouces  dix  lignes  de  large  ,  fur  feize  pouces  fept 
gnes  de  haut;  &  larame  pefera  vingt- d«;ux  livres. 
Celle  de  papier  appelé  lombard-bulle  ,  fervant  à 
plier ,  aura  vingt  pouces  de  large ,  fur  feize  pouces 


P  A  P 

cinq  lignes  de  haut  ;  &  la  rame  pefera  vingt  livres.' 

C^elle  de  papier  appelé  cavalier  fin  ou  cornet  aunl 
dix- neuf  pouces  &  demi  de  large»  fur  feize  pouces 
de  haut  ;  &  la  rame  pefera  dix- fept  livres. 

C^Ue  de  pap;er  appelé  carré  fin  double  aura  vingt 
pouces  un  quart  de  large  ,  fur  feize  pouces  de  haut; 
&  la  rame  pefera  vingt- huit  livres. 

Celle  de  papier  appelé  carré  ou  raifin  fin  fimple 
fera  des  mêmes  largeur  &  hauteur  que  le  double; 
&  la  rame  pefera  dix-fept  livres. 

Celle  de  papier  appelé  carré  ou  raifin  moyen  fera 
aufil  des  mêmes  largeur  &  hauteur  que  le  fin  ^  & 
la  rame  pefera  feize  livre??. 

Celle  de  papier  appelé  bulle  ,  pour  impreifioo , 
aura  dix- neuf  pouces  &  demi,  de  large ,  (ur  quioze 
pouces  huit  lignes  de  haut  »  &  la  rame  pefera  qua- 
torze livres.  1 

La  rame  de  papier  violet  ,  pour  plier  •  pefen     | 
vingt  livres. 

Et  celle  de  papier  bleu  pefera  douze  livres. 

Les  feuilles  de  papier  moyen  de  toutes  les  qualités 
ci- defifus feront  des  mêmes  largeur  &  hauteur,  &     ^ 
les  rames  des  mêmes  poids  que  les  fins. 

ÉLECIJIOK    DE    TULLE. 

Chaque  feuille  de  papier  appelé  amfierdam,  &i 
ou  bulle  ,  aura  quinze  pouces  &  demi  de  larje  , 
fur  douze  pouce»  une  ligne  de  haut  ;  &  la  tmc 
pefera  douze  livres  &  demie. 

Celle  de  papier  appelé  lis ,  fin  ou  bulle  ,  aura 
quatorze  pouces  une  ligne'  de  large  ,  fur  ooze 
pouces  &  demi  de  haut  ;  &  la  rame  pefera  oeuf 
livres  di  demie. 

Celle  de  papier  appelé  les  trois  O  ou  trois  ronds 
aura  feize  pouces  de  large  ,  fur  onze  pouces  &  ào^ 
mi  de  haut  ;  &  la  rame  pefera  dix  livres. 

Celle  de  papier  appelé  peiit-jéfus-fin  aura  treiî^ 
pouces  un  quart  de  large  «  fur  neuf  pouces  &  demi 
de  haut  ;  &  la  rame  pèlera  fix  livres  &  demie. 

Celle  de  papier  appelé  la  trace  ou  matn-bna^ 
aura  quinze  pouces  un  quart  de  large  ,  fur  douz^ 
pouces  une  ligne  de  haut  ;  &  la  rame  pefera  di^ 
livres» 

ÉLECTI^ON    D' ANG^OULêME. 

Chaque  feuille  de  papier  appelé  grand-aigle  fil 
aura  trente-fix  pouces  &  demi  de  large  y  la  feuille 
ouverte ,  fur  vingt-quatre  pouces  onze  lignes  de 
haut  ;  &  la  rame  pefera  cent  quarante  livres. 

Celle  de  papier  appelé  erande  fleur- de-lis  aura 
trente-un  pouces  &  demi  de  large ,  fur  vingi-deuz 
pouces  de  haut  ;  &  la  rame  pefera  foixante-douic 
livres. 

Celle  de  papier  appelé  impérial  fin  ou  grand- 
colombier  fin  aura  trente-un  pouces  de  large» ,  fur 
vingt-un  pouces  cinq  lignes  de  haut;  &  la  rame 
pefera  quatre-vingt-quinze  livres. 

Celle  de  papier  appelé  le  chapelet  aura  vingt- 
neuf  pouces  trois  quarts  de  large  ,   fur  vingt-ua 


P  A  P 

iîc«  &  demi  de  haut  ;  8c  U  rame  pefcra  folxante- 
uit  livres. 

Celle  de  papier  appelé  fuper-royal  fin  ou  grand- 
jéfus  6n  aura  vingt-fix  pouces  de  large  ,  fur  dix- 
jpeuf  pouces  &  demt  de  haut  ^  &  la  rame  pefera 
^înmiante*hutt  livres. 

Celle  de  papier  appelé  royal  fin  ou  grand-railln 
gn  double  aura  vingr-dt^ux  pouces  cinq  lignes  de 
larg«  »  ^"ï"  dix-fept  pouces  de  haut  ;  &  la  rame  pefera 
D^ente-huii  livres. 

>  C^ltc  de  papier  appelé  royal  fin  ou  grand-raifin 
fin  G«np'^  »"^^  *^*  mêmes  largeur  &  hauteur;  &  la 
rame  pcfeï^  vingt" huit  livres. 

'    Celle  de  papier  appelé  lombard  fin  aura  vingt 

ruccsdc  large  ,  Tyrleize  pouces  &  demi  de  haut  ; 
ta  ra"ic  pefera  vingt-deux  livres. 
Celle  <*^   papier  appelé  grand-compte  fin   ou 
carré  fin  double  aura  vingt  pouces  de  large  ,  fur 
iquinxe  ponces  &  demi  de  haut  ;  &  la  rame  pefera 
fingt'huit  livres. 

'  Celle  de  papier  appelé  grand-compte  fin  ou  carré 
fin  fimple  fe''*  des  mêmes  largeur  ik  hauteur  que  le 
double  »  &  ^^  ra^n^e  pefera  dix-fept  livres. 

►  Celle  de  papier  appelé  cavalier  6n  ,  pour  Tim- 
preHion  ,  aura  dix-neuf  pouces  de  large  ,  fur  feize 
DOtiçci  de  haut  ;  &  la  rame  pefera  dtxfept  livres. 
^  Celle  de  papi^^'^PP^l'^ '^fi  ni«>y en  compte  ou  écu 
lin  double  aura  dix  huit  puucestroîs  quarts  de  large  » 
fur  quatorze  pou^^*  ""  quart  de  hauc  ;  &  la  rame 
pefera  vingt-une  "V^s* 

Celle  de  papie*"  appelé  fin  moyen-compte  à  la 
fiotnponne  ou  écu  ^^  fimpic  fera  des  mêmes  largeur 
&  hauteur  que  le  double;  &  la  rame  pefera  dix- 
fcuit  livres. 

Celle  de  papier  appelé  grand-cornet  fin  double 
Kura  à  Tordmaire  di>t-fcpt  pouces  trois  quarts  de 
large,  fur  treize  pouce^  ^  demi  de  haut  ;  8c  la 
rame  pefera  quatorze  livres. 

Celle  de  papier  apP^lé  fin  grand-cornet  fimple 

-a  des  mêmes  largeu»"  &  hauteur  que  le  double; 

la  rame  pefera  douze  livres. 

Celle  de  papier  appelé  fine  tellicre  grand  format 

i  couronne  fine  double  aura  dixfept  pouces  un 
tkn  de  large ,  fur  treize  pouces  deux  lignes  de 
haut  ;  fie  la  rame  pefera  quatorze  livres. 

Celle  de  papier  appelé  finetcUière  grand  format 
bu  couronne  fine  fimple  fera  des  mêmes  largeur  S^ 
teur  que  la  double  ;  fit  U  rame  pefera  douze 


P  A  p 


547 


Celle  de  papier  appelé  fine  petite  telllère  aura 
feîre  pouces  de  large  fur  douze  pouces  deux  tiers 
de  haut  ;  &  la  rame  pefera  quatorze  livres. 

Celle  de  papier  appelé  aux  armes  d'Amflerdam 
ira  quinze  pouces  trois  quarts  de  large  i  fur  douze 
iices  quatre  lignes  &  demie  de  haut  ;  &  la  rame 
fera  qu2torze  livres. 

Celle    de   papier  appelé   fin  petit-cornet  k  la 
inde  forte  ou  bàton-royal  aufa  fcizc  pouces  de 
«  fur  douze  pouces  de  haut  ;  Si  la  rame  pefera 
a  livres* 


Ctfîîe  de  papier  appelé  fin  petit-Us  ou  catticr  fin 
aura  quinze  pouces  un  quart  de  large  ,  fur  onze 
pouces  neuf  lignes  de  haut  ;  Se  latame  pefera  douze 
livres. 

Celle  de  papier  appelé  la  romaine  fine  aura 
quinze  pouces  de  large  ,  fur  dix  pouces  im  tiers  de 
haut  ;   &  la  rame  pefera  dix  livres. 

Celle  des  papiers  féconds  fins  ou  iooyens  de 
toutes  les  qualités  &  fortes  de  p;ipiers  ci-delms 
expliquées ,  feront  des  mêmes  largeur  6l  hauteur , 
&c  les  rames  des  mêmes  poids  que  les  fins* 

Celle  des  papiers  traces  &  bulles  de  toutes  les 
qualités âc  fortes  çî*-de{rus  expliquées,  feront  autU 
des  mêmes  largeur  &  hauteur  ,  ôt  les  rames  des 
racme5  poids  que  ks  fins. 

Celle  de  papier  appelé  la  trace-lombard  aura 
vingt-deux  pouces  de  large  ,  fur  dix-fept  pouces 
de  haut  ;  &  la  rame  pefera  trente  livres. 

Fait  au  confeil  d'état  du  Voi ,  fa  majeilé  y  étant, 
tenu  à  VerfaiOes  le  douzième  jour  de  décembre 
mil  fept  cent  trente.        Si^né  pheupeaux. 

Louis  ^  par  la  grâce  de  Dieu  »  roi  de  France  &  de 
Navarre  :  A  notre  amé  6i  féal  cunfeiller  en  nos 
confeils,  maître  des  requêtes  ordinaire  de  notre 
hôtel ,  le  fieur  Dorfay  ,  intendant  &  commifiairc 
départi  pour  l'exécution  de  nos  ordres  dans  lagé* 
néraltté  de  Limoges  ;  Salut.  Nous  vous  mandons 
Se  enjoignons  par  ces  préfentes  fignées  de  Nous  »  de 
tenir  la  main  à  Texécuiiôn  de  Tarrêt  ci-attaché  fous 
le  contre-fcci  de  notre  chancellerie  >  cejourdhui 
donné  en  notre  confeil  d'état,  Nous  y  étant,  pour 
les  caufes  y  contenues.  Commandons  au  premier 
notre  huiiTier  ou  fcrgent  fur  ce  requis ,  de  lignifier 
ledit  arrêt  a  tous  quil  ap  artiendra,  à  ce  que  per- 
fonne  n'en  ignore ,  6i  de  faire  pour  fon  entière  exé- 
cution tous  aéles  4k  exploita  nécefiaires ,  fans  autre 
permiflion  ;  car  tel  efi  notre  plaifir.  Donné  à  Ver- 
failles  ,  le  douzième  jour  de  décembre  ,  Tan  de 
grâce  mil  fcp:  cent  trente ,  ëi  de  notre  régne  le  fei- 
zième«  Si£^n€  LOtJis  ;  &  plus  bai  ,  par  le  roî« 
Signé  PHELYPEaUX. 

Ohf£n*ations  fur  U  tarif  des  dlffirtntts  fortes  de 
papiers ,  prefcrit  par  Us  Arrêts  du  Conjeil  ,  du 
iS  fcptembre  1^41 ,  &  du  12  décembre  17 ^o» 

La  première  année  que  je  fis  Tinfpeâion  des 
moulins  à  papier  de  TAngoumois  ,  je  portai  dans 
cette  vifite  le  défir  de  connoitre  toutes  les  fortes  de 
papiers  qui  s'y  fabriquoicnt ,  &l  d*étudieren  même- 
temps  les  dtfiPérens  procédés  de  Tart.  Mais  je  fus 
trés-furpris  de  ne  pouvoir  me  (atisfaire  fur  le  1'  '« 
article  :  |e  ne  trouvai  que  irés-peu  de  papier  dans  les 
moulins.  Cette  foufir;^êkion  prefque  générale  étolt 
Teffct  de  la  crainte  des  faifics  que  le^  fabricans  re- 
doutoicnt.  Ne  connoifiant  pas  les  principes  que 
j'avois  fur  la  liberté  qu'on  doit  UiiTcrà  rindufiric, 
ils  avoient  cru  quHiétou  deh  prudence  de  meure  à 
récait  tous  les  papiers  qui  a*avoicni  ni  le  poids ,  ni 

Zzz  a 


548 


A  P 


les  dîmenficns  prefcrîtcs  par  le  tarif  de  î74T,  J'cIîs 
la  facilite  de  mtn  convaincre  en  cxamin^nc  les 
formes  >  $l  d'ailleurs  ,   éuri  parvenu  par  la  (nïtQ 
à  raffur^r  les  Lbricans  fur  Tobjttde  leurs  frayeurs ,   I 
&  1  gagfitr  leur  confiance  ,  ils  m'ont  procuré  d  eujt-  ; 
méme^  toutes  les  preuves  que  je  pouvois  dèfirer   | 
de  cette  coniravemion  prcfquc  généra'e.  Je  pus 
voir  à  nio%«aire  que  les  fortes  de  papiers  les  plus 
en  iiiiige  n'fttnent  f  as  conformes  au  tarif  ,  &  que 
les  débiîans  &  les  confommateurs  fpècifioient  exac- 
tement les  dimenfions  prohibées  ou  non-prèvMes 
par  i*drrêt ,  dans  les  demandes  i,u  ils  fa^foicm  auat 
fabricans  de  telle  ou  teîie  fone  de  papier* 

Pour  me  mettre  en  état  de  reconnottre  toutes  !e« 
fortes  qui  s'écartoient  ainfi  du  p  id;»  &  des  dimen- 
lions  fixés  par  le  tarif ,  ils  me  firent  une  collt  Aîon 
d'échantillons  ,  &  y  joignirent  un  parallèle  de  Jeurs 
poids  &  dim^nfioos  avec  celles  prtfcrites  par  le 
tarif, 

£nfin  ces  fabricans  me  repréfentèrent  avec  force 
la  gêne  &  les  entraves  où  ils  fc  trou  voient  depuis 
long-temj.»s  ,  &  ils  m'avouèrent  que  ,  dansTalter- 
native  d  erre  punis  ou  de  ne  pas  fuivre  le  goCit  des 
confommateurs  ,  ils  avoient  préféré  d*étre  plutôt 
en  conra'J lésion  avfc  la  loi  ,  qu'avec  leurs  înté- 
rctA  &  ceux  de  leur  fabrique. 

Un  des  grands  mo  \t\  qui  les  a  votent  déterminés 
às'écarter  de  te  règlement,  quant  aux  dimenfions  , 
aux  poids  ,  6c  même  aux  marques  „  c'efl  que  la  plus 
grande  partie  du  papier  qu'ils  fabriquoicnt  pal^oit 
à  Fétranger  ,  comme  il  y  paffe  encore.  Les  de- 
mandes de  leurs  correfpondans  qui  les  «i  voient  en- 
hardis ,  &  quï  leur  avoient  fait  naître  l*rdcc  d:; 
plutieurs  innovations  beureufes  ,  les  avoîtnt  au/îi 
engagés  à  hafarder  pour  iaconfommatlon  intéri!.ure 
des  (unes  prchibées  qui  fe  débiioi^^nt  avec  faveur 
fous  le  nom  de  j  ap-crs  ttrargers.  IK  y  furent 
d'aillèiifs  en  quelque  fcrte  forcés  par  la  circoiiûânce 
ou  ils  fe  trou,  oient  de  ctjnconrir  avec  les  Hoîl.m- 
dois  dans  la  Fiaridre  fr^nçtife  &  autrichienne  , 
dans  TArtcis  &  le  Ha  nmu  Les  Hollandois  ,  îoti- 
Jours  libres  de  varier  leurs  formats  ,  &  (ut-iOut 
les  poids  quMs  avoient  ti-;èlemeni  proportionnés 
aux  lefcinSjauroientfans  cela  écarté  nosfabrîcans 
d'un  c  mmerce  qul"S  faifoîent  fculs  aucrefois. 

Tel  eil  le  précis  des  rtpréfentaiions  que  je  corn- 
muuiqoii  cans  le  tem^  s  à  M.  Potier  ,  &  la  mcrt 
Tcmpécha  d*y  avo»r  égard.  On  voit  aifénncnt  , 
dans  les  f^iis  qui  précèdent  ,  qu'un  d.  s  grand  s  torts 
du  tarif,  ell  d  ave  ir  prétendu  rendre  fixes  des 
formes  qui  doive n:  naturelkmem  être  aiTujctûfS 
aux  caprices  de  la  mode  &  des  bt foins  qu'elle  fait 
naître.  Par  contêqucnt  il  eft  vifible  cû*on  ne  peut 
fjire  un  crime  à  TinduArie  ,  toujours  attentive  i 
confulterle  g^ût  du  public  dont  tile  dépend,  de 
ce  qu'elle  a  lailTè  loin  derrière  elle  une  loi  gê- 
nante, en  aniicîpant,  pour  atnfi  dire  ,  l'heureux 
moment  de  fa  fupprtfflion. 

On  trouvera  peut  èAt  que  je  v;iis  trop  loin  en 
hafardant  ce  mot  de  fupprcilîon  ,  par  rappoit  à 


ureloi  fi  préclfc  &  fi  folcnnelle.  Je  crois  «rolT 
crt  à  propos  di  revenir  fur  mes  pas  »  &  de  difcu- 
ter  louii  les  pUns  d'adminiftration  diff-'rens  cjuele 
gotivcriiemcor  peut  adojjter  à  ce  fc  j^t;  je  ne  rois  que 
trois  partis  à  prendre ,  le  premier  feroit  celui  de 
la  tolérance  ^  le  fécond  celui  d'une  réforme,  &  le 
troifième  celui  de  la  fupprcilion  d'une  gène  à  la- 
quelle fuccédcroît  Tancienne  liberté. 

1  ",  Puifqiie  rinduftne  a  pris  les  devant!  ,  oo 
croira  peut-C're  avoir  rempli  i'  ute  juf)ice>  en  lui 
permettant  de  futvre  iranquillement ,  ou  j.lutA? 
furtivement  la  marche  »  &  en  tolérant  la  tta 
fion  du  tarif  qu'on  lai iTeroit  fubfiftcr  à  côte 
mais  n'y  aurott  ii  pas  lieu  de  craindre  que  le  Un- 
tome  de  la  loi  ne  fût^  entre  les  mains  d'un  mfpec* 
t:  ur ,  un  épouvantail  qui  alarmeroit  les  fabricanf| 
dr  que  la  timidité  de  ceux-ci  ne  fût  pas  raffurée 
contre  les  faifies  par  une  fimple  tolérance  ?  D'ail- 
leurs cette  loi  peut,  taiat  mi'elîefubfiftera  ,  repren- 
dre une  nouvelle  faveur.  Enfin  ,  toi:s  ks  effais  que 
lindullrie,  biflee  à  elle-même  ,  feroit  en  état  dVn* 
treprendre  pour  perfedionncr  les  procédés  de  la 
papeterie  ,  ne  peuvent  être  encouragés  par  la  tolé- 
rance. Je  fais  ,  de  plus ,  que  certains  tabricanssiLv 
torifent  du  tarif,  pour  ne  pas  fournir  aux  confom- 
mateurs des  papiers  d*un  poids  au-dctTus  de  cdi« 
qull  1  refcrit  ,  quorqu  ils  foient  convaincus  que 
par  cette  augmentation  légère  ces  papiers  acqué- 
reroient  une  qualité  très-dcfirable.  Il  ei%  donc  in- 
difptnfable  que  le  gouvernement  6tc  tout  pè- 
texte  k  la  parefTe  de  ceux-ci ,  &  préfente  en  mêiu« 
temps  2  tous  un  motif  puiff^nt  &  public  d'émuls- 
tion  ;  je  ne  vois  pas  que  la  tolérance  puiffe  cpérCT 
ce  d  ub!e  avantage. 

2«.  La  connoi*ance  de  l'abus  8f  dc§  incon^è- 
mens  du  t.iTif  aâucl ,  pourroit  faire  prêfumer  qu*il 
n'a  pas  été  rédigé  avec  toutes  les  précautions  qu'on 
auroit  dû  apporter  d<ins  une  cpération  auflî  de* 
licate.  D  après  cette  confidératton  ,  Tidée  de  fi' 
forme  s'ollriroit  raturcllement  à  fefprit  ,  &  i'oii 
fcroit  peut-être  tenté  de  faire  mieux  en  rédi^cinl 
un  nouveau  tarif  fur  le  j^lan  que  Ls  fabricans  & 
le»  con'omm.iteurs  traceroienr  eux-mèmet  à  Tjrf' 
miniftraiion  ,  &  où  elle  prefenroit  les  formats  ilei 
papiers  qui  font  en  faveur»  6l  qui  oc  font  pas  pref* 
crits  d^ns  Tancren. 

On  me  pcrrrettra  de  faire  obferver  que  Texéctl* 
tion  de  ce  fécond  projet  fcroit  beaucoup  plus  dé* 
favanfageufe  à  Tinduibie  que  la  toi  rancc  ,  poif- 
qu'elle  rcirerrcroit  les  entraves  que  *a  tolérance  htc 
réellement.  D'ailleurs,  fera-t-on  plus  aifuté  de  fiiff 
aduellement,  dans  une  nouvelle  légjflmcn  ,  lab^ 
Mrrcri^  de  la  mode  &  les  limitc>  des  befoins?5 
Ton  ne  fe  flatte  pas  de  parvenir  à  ce  but  imagi- 
naire, coTjment  ne  redouteroii-on  pas  potif  Tave- 
nir  ,  rembarras  oii  l'on  L  trouve  m^ir  "  El 

fi  on  le  prévoit,  e'pérc»t-on  qu'on  !  un 

afleK  tôt  «.lu  moment  précise^  U  nouveUe  l<»t,de^ 
venue  vieille  en  peu  de  tempi,  cffcra  de  ifin* 
ger  riadudric  &  commencera  à  la  gêner  ^ 


_  P  A  P 

Au  rcfte,  pour  faire  fcmlr  les  inconvéaienf  de 
K  plan  dopéraiions,  il  Tuffit  de  parcourir  les  dé- 
faillis du  tania^uel ,  &  de  moucrer  qu on  n*eft  pas 
M  état  de  faire  mkuY. 

k  Le  urif  aéluel  fut  rédigé  en  1741 ,  dapréi  les 
■faiifiu^s  ordtn lires  ufitèes  dans  te  plui  grand 
pombre   des   papeteries  du  royaume  ;  tt  femblc 

Îu'après  avoir  recueilli  cet  ufiige»  le  lègiflateur  ait 
itrart  tJl  parfait  ;  il  rf y  a  plus  de  recherches  à 
faire  :  de  nouveaux  cfTais  écatteroient  du  point  de 
pcrfcâion  quca  a  atteint;  en  un  mot  «  tous  les 
woTm^ti  les  plus  agréabLs  6c  les  plus  commodes 
'jat  trouvés.  Faons  les  opérations  de  l'induf'rie  ; 
'ïcoosla  dans  des  limites  fi  étroites ,  qu'elles  l'em- 
cbcot  de  déchoir ,  en  même  temps  qu'elles  s'op- 
>feront  à  tout  eflbr  de  fa  p,irt.  Le  légiflateur  fe- 
'c*tl  en  état  de  tenir  ce  langage  fur  Tétat  aûucl 
DOire  papeterie  ?  au  côn.raire  ,  n'avons-nous 
une  infinité  de  procédh  à  trouver,  d'autres  à 
fcâjonner ,  pour  être  au  niveiiU  ,  &  des  Hol- 
adois  Se  des  Anglols  ?  Que  fc;roit-ce  donc  (x  dous 
^ulions  les  furpatter  ? 

Les    belles    idées   d*yn    ardre  imaginaire   qui 
Irotent  féduit  le  Icgifluteur  en    1741 ,  le  déter- 
Itnérent  à  compter   par  lignes  les  longueurs  & 
largeurs  de  routes  les  lortcs  de  papier  ,  fan» 
affuré  fi  Touvrier  pourroit  atteindre  aix  pré- 
^ons  qu^il  prefcrivoit.  Il  e(i  vrai  qu'il  admet  de 
tit*  mécomptes ,  en  tolérant  comme  remcile  ^* 
varUfion  fur  les  dimenfions  prefcrites;  mais  ce 
liraDliéme  peut-il  fLffirc  a  toutes  les  fortes  grar.* 
Cl  petites  ,  ik  à  routes  les  qualités  de  pâtes  de 
némc  forte?  Pour  ramener  tous  les  cas  à  des 
^   telles  que  le  tarif  les  exige  ,  il   auroit 
iîvrer  à  un  grand  nombre  d*cxpériences 
s-dèiicatci  ;  alors  ces  cipériences  mêmes  ,  faites 
rc  le  plus  grand  foin  »  auroient  donne  à^&  réfu!- 
i  fi  dilTjrens  cntrc-eux ,  que  l'on  auroic  été  forcé 
Tabandonner  le  projet  d'une  loi  fi  févére* 
Je   pourrois   citer    ici    un  grand  nombre  d'ob- 
ratîons  f  qui  prouveroient   înconteilablement 
ubien  on  doit  être  circonfpeft ,  p  )ur  tirera  cet 
ard  des  cooclufion^  généri»les-  Je  uis ,  par  €xera- 
,  que  le  papier  colombier^  fahrlLjué  en  été  6t  fc- 
dtns  certains  temps  où  Tévaporation  cfl  con- 
trablc,  perd  un  pouce  fur  fes  dimenfion>.  J'ai 
Jnnu  autfi  que  ceuc  même  forte  »  fabriquée  en 
r,  &  reAant  trèi-long-tcmpsàréten  ^oiravam 
Dç  d'être  cntiéremcni  féchc,  s'y  étend  de  cinq  à 
i  l'gne  ;  or,  le  ^'  de  39  pouces  9  lignes,  lon- 
licitT  filée  pour  le  colombier  dans  le  tarif,  eÙ  cn- 
ron  9  lignes  Se  demie  :  Ainfi  v  ut  papier  co  orn- 
er fait  l'été  ,  qui  ert  le  temps  propre  à  ces  gran- 
s   fortes,  ç(\    conïre  l'arrêt,  puifquil  tfi  plus 
ttl  de   11  lignes  que  les  fo  mes  fur  UfqucUes  il 
l'été  ouvré. 

On  peut  auiTi  conclure  de  ces  faits  «  qued*une 

hlfon  1  l'autre  on  fabriquera  fiir  Tes  mêmes  formes 

colombier  qut  différera  de  Jix  fein  ligne,*  Un 

'    îcur  ,   dont  toitics  les  connoiff^oces   phy- 


P  A  P 


549 


fiques  fe  réduirotent  aux  diipofitions  dy  règlement , 
ne  pourra  jamais  fe  perluader  que  ces  papiers 
aient  été  fabriqués  fur  la  même  furme«  &  cneta 
à  la  contravention  ;  cependant ,  s'il  y  a  quelque 
moyen  de  prévenir  les  inconvéoiens  de  ces  dif- 
formités ,  il  eft  à  fouhaiter  que  les  fabricans 
aient  la  liberté  de  faire  des  recherches  propres  à 
les  découvrir  en  variant  les  formes,  &c.  Or,  Ir 
nouveau  tarif  pourroit-il ou  indiquer  ces  moyens, 
ou  les  fuppofer  connus?  On  feroii  réduit  fur  ces 
faits  i  la  même  incertitude  où  Ton  étoit  en  1741. 

Je  pourrois  citer  »  d'ailours ,  un  grand  nombre 
d'autres  fiiits  auHi  étonnans  ,  qui  prouvent  que 
te  papier  fait  de  di€erentes  pâtes  ne  confcrve  pas 
des  dimenfions  fixes  ,  que  la  loi  ne  pourroit  mai- 
ff ifer,  Pluj  ou  moins  de  pourriffage  dans  le  chiffon, 
des  pâtes  plus  ou  moins  fines  ,  une  triturât  on 
plus  ou  moins  fo  gnée  ,  font  la  fource  d'anomalies 
qui  vont  à  l'infini.  Il  paroît  cependant  convenable 
de  prévoir  toutes  ces  circonftances  avant  que  de 
fe  décider  k  rédiger  un  nouveau  r^nf. 

On  pourroit  ajouter  aux  raifons  qui  «'oppofent 
à  ce  qu'on  fixe  dans  un  tarif  le  poids  des  rames 
des  diftcrenies  fortes  de  papiers,  plufieurs  autres 
motifs  tirés  des  différentes  qualités  des  pâtes  , 
fuivant  qu  elles  font  plus  ou  moins  pourries  ou 
plus  ou  moins  graffes. 

Une  tare  beaucoup  pourrie  tient  trés-peu  l'eau, 
St  gonfle  moins  à  l'eau  qu'une  pâte  qui  a  éprouvé 
un  moindre  pi  urnffige;  en  conféquence  la  même 
forme ,  le  même  c^drc  employés  avec  ces  deux 
(brtes  de  pâtes ,  produiront  une  différence  n<9table 
dans  la  quantité  de  matière  de  chaque  feuille  , 
Se  dans  le  poids  des  rames.  Il  y  a  des  chtffaiig 
qui  donnent  des  pites  creufes,  &  qui  pourrtffenc 
d  fficilement  ;  c::la  tient  k  la  nature  première  des 
chanvres,  6l  aux  lellives  qu'on  donne  au  lirge 
pendant  Tufage  qu'on  en  f<iit.  Les  papiers  qi  i  en 
réfultent  font  fort  légers  ,  mais  ont  beaucoup  de 
main,  6c  une  épailTeur  fuffifante,  avec  ua  poids 
au-dclfous  de  celui  du  tarif,  ou  du  moins  prés 
de  la  limite. 

J*at  vu  une  grande  partie  de  carré  moyen  LU 
moufiri,  qui  ne  pcfoii  que  15  livres  affci  con^ 
lainment  ;  cependant  il  a  été  employé  avec  fuccés 
à  Timprcfiion  dort  j'ai  fuivi  les  détails,  &  il 
douna  des  réfuhais  beaucoup  plus  faiisfatfans  que 
des  carrés  de  Rouen  très- pourris  ,  &  qui  pttOKnt 
feize  livres  &  au  dcffus.  Comment  fe  charger  de 
régler  enfuîte  le  poids  des  rames  de  papier  , 
pendant  que  leur  d  iïerencc  tient  à  des  circon^ 
tances  qui  ne  dépendeni  pas  des  tabrîcatis  i  cat 
une  loi  fu;  pofe  que  tout  le  mom^e  puilTj  Tcxé'* 
enter  avec  une  aircntion  orrtinar^v 

Autre  défjut  du  tarif.  On  y  fixe  les  poids  de 
la  rame  de  chaque  forte  ,  6l  (on  exige  la  même 
quantité  pour  le  fin ,  le  moyen  ^  le  bulle  de 
chaque  forte  J  ccvend^rt  i*  cil  aifé  --îe  fcntir  que 
la  quanuté  de  p^te  fine  o^i  groffière  duit  fui  re 
des  proportion!»  différ<.nt€s  dans  la  même  foae  , 


550 


P  A  P 


que  ces  proportions  devrolent  être  Tobjet  d  une 
recherche  très-utile  ,  afin  de  proportionner  U  force 
du  papier  a  fon  grain  qui  dépend  de  la  pâte.  On 
n'a  donc  pas  encore  aduellemem  toutes  lesconnoif- 
fances  théoriques  nèceiTaires  pour  guider  la  pra- 
tique fur  ce  point  important ,  &  le  peu  de  celles 
déjà  acquifes,  prouve  que  Ton  ne  peut  fe  rendre 
maître  des  variations  que  les  papiers  éprouvent. 

Toutes  les  pcrfonnes  intelligentes  que  j*ai  con- 
fultècs,  tant  bbncans  que  confomtnateurs  ,  les 
imprimeurs,  fur-tout,  qui  ont  à  cœur  les  belles 
éditions,  conviennent  que  pliifieurs  fortes  font 
indiquées  dans  le  tarif  de  1741  ,   avec  une  pro- 

Îiortion  de  pâte  trop  foible  ,  ikqu  outre  cela  les 
abricans ,  Servilement  attachés  à  la  loi  ,  s'appro- 
chent toujours  de  la  lin/ue  qui  avoifine  la  plus 
petite  quantité  de  pâte;  aînfiles  carrés  au  raifin 
font  trop  foibles  pour  rimprellion  avec  le  poids 

trefcrit  ,  fur-tout  les  fortes  de  pâtes  fines*  Les 
[ollandois,plus  IntelUgens  ,  parce  qu'ils  font  plus 
libres,  forcent  la  quantité  de  la  pâte  dans  ces 
fortes»  de  manière  que  leur  papier  étoffé  paff-int  à 
révhmge  >  y  acquiert  un  grain  uniforme ,  adouci , 
6c  un  luftre,  vis-à-vis  defquels  ïe  grain  amaigri 
&  inégal  de  nos  fortes  correfpondantes  avec  la 
proportion  du  tarif,  ne  peut  loutenir  la  compa- 
rai(on. 

D'un  autre  côté  ,  fi  Ton  veut  prefcrire  une 
augmemaiion  de  poids  pour  les  papiers  d'impref- 
fiort  ,  d'après  ces  réflexions  on  pourroit  fe  trom- 
per groflîérement.  J'ai  fouvent  vu  du  carré  moyen 
dans  les  fabriques  de  Saint- Léonard  ,  en  Limouiin  , 
qui  ne  pefoit  que  quinze  livres,  &  qui  étoit  très- 
étoffé  ,  &  plus  étoffé  que  d'autre  qui  avoit  été 
porté  jufquà  fcize  6f  dix-fept  hvres  :  concluons 
donc  qu  il  n'eft  pas  poffible  de  rédiger  un  nou- 
veau tarif. 

5**.  Le  troifièmc  parti  qui  refle  à  prendre  ell 
dotic  la  fuppreffion  du  tarif  de  1741  ;  cette  adion 
courageufe  rétabhra  les  chofes  fur  le  même  pied 
où  elles  ètoient  avant  1730,  époque  d'un  premier 
tarif  particulier  au  Limoufm  fit  à  rAngoumois  , 
ou  ulutôt  elle  remettra  tout  dans  Tétat  où  Tin- 
dufirie  fe  trou  voit  en  1671  ,  première  époque  des 
réglemens  fur  les  papeteries  de  France.  Je  ne  puis 
m'empêcher  de  rappeler  ici  un  fait,  qui  ne  fera 
pas  déplacé*  Dans  cette  année  1671  ,  il  fut  prc- 
fenté  au  confeil  un  projet  d'arrêt  de  règlement , 
qui  contenoit  dix-fept  articles  :  un  de  ces  articles 
nxott  la  grandeur  &  le  poids  des  différentes  fortes 
de  papier  :  toutes  les  difpofitions  du  projet  furent 
adoptées  par  le  confeil  ,  à  Texception  du  tarif  qui 
fut  écarté  comme  inutile  ,  &  même  dangereux. 
Avant  1671  ,  la  fabrication  étoit  très-animée  dans 
tout  le  royaume  ,  ainfi  que  Texportation  du  pa- 
pier à  ^étranger,  fans  lefecours  d'aucune  léei fia- 
lion;  depuis,  ce  commerce  eft  déchu  infenfiblc- 
fucot.  Si  Ton  fi'eA  pas  fondé  à  faire  retomber  cette 


p  A  p 

décadence  &  ce  dépérîffement  fur  les  réglemem, 
puïfqu'il'eft  vîfible  qu'il  a  eu  plufieurs  autres  caufes 
combinées ,  &  entre  autres  la  révocation  de  Tédii 
de  Nantes ,  du  moins  doit-on  avouer  que  ta  ma* 
nutention  exaéte  de  ces  réglemens  n'a  pu  s*op- 
pofer  aux  progrès  de  ce  dépénffement.Cependani, 
en  173O,  1739  &  1741»  temps  où  Tindurtrieufe 
liberté  des  Hollandots  Ôi  leur  concurrence  rui« 
noient  nos  fabriques,  il  femble  qu*on  n'ait  trouvé 
d'autres  moyens  de  remédier  à  un  fi  gmnd  lej 
^u*en  renouvelant  les  réglemens  de  1671  ,  à 
fur-tout  en  jetant  au  milieu  des  fabricans  Thydre 
du  tarif  dont  on  avoit  redouté  les  effets  en  1671: 
auroit-on  en v Liage  ces  entraves  comme  une  ref* 
fource  capable  d'arrêter  le  fuccès  de  nos  voifiofi 
&  la  décaiencede  nos  fabriques? 

L'arrêt  de  1741  ,  affujettit  auiB  les  fabricans  à 
mettre  fur  chaque  forme  leur  nom  ,  Tannée  1744, 

époque  de  rintrodudion  du  tarif,  la  note  de  b 
province  où  le  papier  fe  fabrique  ,  &  la  qualité 
du  papier  comme  fin  ,  moyen ,  huiii;  Je  ne  voii 
aucune  raifon  de  laiffer  fubfifler  l'époque  de  1745, 
6l  favoue  que  je  l'ai  fait  fupprimer  autant  qu'il 
m'a  été  pofïible. 

Les  autres  difpofitions  me  paroiflent  affcz  gê- 
nantes :  l'on  ne  peut  refufer-aux  fabricans  la  per* 
miffion  de  fupprimer  les  marques  qu'ils  jugeroiUE 
à  propos  de  faire  difparoître  pour  imiter  lespapiets 
étrangers  ,  6c  faiisfaire  aux  demandes  de  leurs  cor* 
refpondans  ;  l'on   ne  peut  non  plus  rcfufer  aus 
fabricans  la  liberté  de  travailler  avec  les  formes 
&  les  marques  d'un  autre  fabricant,  pourvu  que 
ce  foit  de  fon  aveu  ou  par  fes  ordres  :  c'eH  une 
liberté  qui  eft  cependant  interdite  par   Tariick  f 
de  Tarrêt  du  confeil  du  12  décembre  ,  &  que  j*ai 
rétablie    d'après   Fautorifation    que   m'en   donna- 
M.  Potier  ,  pour  procurer  de  l'ouvrage   k  quel- 
ques moulins  de  Limoges ,  qui  fcrolent  reftés  dam 
rina£tlon  ,  &  qui  fabriquoient  dupctit-lu^  derÀmf' 
ierdam ,  &  du  petit-nom-de-jéfus  »  avec  les  foriM 
que  les  fabricans  de  TAngoumoîs  leur  doanoient 
eux-mêmes. 

Au  refle,  je  préfume  qu'on  peut  s'en  rapporter 
fur  tous  ces  détails  de  marques ,  à  ce  que  i'intèric 
des  fabricans  &  le  déftr  naturel  qu  ils  ont  de 
répandre  la  réputation  de  leurs  fabriques  ,  kitr 
infpircront.  Après  la  fuppreffion  du  tarif,  il  s'en* 
blira  fur  ces  points,  comme  dans  toutes  Les  opàr»< 
tions  du  commerce  fur  lefquelles  il  n'y  a  rien  dl 
fixé  par  la  loi,  une  uniformité  de  conventions  qui 
doit  difpenfer  le  gouvernement  de  6xcr  aueim 
autre  arrangement.  Les  formats  des  papiers ,  les 
marques  caraÔérifliques  des  fortes  connues  & 
adoptées  par  un  ufage  confiant ,  fe  confervcront 
dans  ta  relation  foutenue  du  confommatcur  arec 
le  fabricant  ;  il  pourra  s*opércr  fur  ces  arricicit 
des  changemens  dont  les  progtés  fercnt  lnfco£« 
bles ,  fuivant  tes  révolutions  des  befotos  réâichiii 
qui  font  toujours  lentes. 


fe  termine  ici  mes  cbfervatîons  furie  tarif  du 
Ipier;  les  autres  réglemens  qui  concernent  la  fa-» 
àcation  du  papier  »  6i  le  commerce  de  cette  mar- 
laiidife  y  rencontrent  chaque  jour  dans  leur  exé- 
ttion  de  grandes  dilHculcés ,  6c  Tufage  les  a  abrogé 
ijnefure  que  rinduilrie  en  a  fenti  les  gènes  6c 
I  ÎDConvéniens.  Parmi  ces  réglemens ,  îl  y  a  plu- 
Surs  difpofitions  qu^on  ne  peut  maintenir  avec 
Op  d^atteiuion  Ô£  de  févérité ,  tandis  que  d'au* 
es  font  vifiblement  contraires  à  b  liberté  delà 
ibrication  Ôc  du  commerce  du  papier.  Le  gou- 
emement  en  eft  convaincu  ,  &  trés-difpofé  à  fup- 
timer  ces  entraves  furannées. 

! 

Arrêt  du  confell  d'état  Tlu  roi ,  qui  défend  de 
dre  fortir  à  l'étranger  des  matières  propres  i  la 
ibrication  du  papier  6c  à  la  formation  de  la  colle , 
l  fne  les  droits  que  lefdiies  matières,  qui  feront 
pportées  de  l'étranger ,  paieront  à  leur  entrée 
ans  le  royaume.  Du  vingt -un  août  1771*  Extrait 
•iS  regiflres  du  confed  d*ctat. 

Le  rot  étant  informé  des  repréfentations  adref- 
Ics,  tant  par  les  fabricans  que  par  les  marchands 
de  papier  ,  imprimeurs  &  libraires  de  la  plupart 
les  principales  vilks  du  royaume  ,  que  nonijbftant 
b  grande  quantité  de  vieux  linges  ,  chiffons  , 
lieux  drapeaux  ,  pâtes  ,  rognures  de  peaux  & 
je  parchemin  ,  &  autres  matières  propres  à  la 
ibrication  du  papier  &  â  la  formation  de  la  colle 

Eie  produit  la  France ,  les  fabriques  de  papier 
^  ut  en  pénurie  de  ces  matières ,  qui  de  jour  en 
ûttr  augmentent  confidérablement  de  prix  ;  que 
cette  pénurie  eA  au  point  que'  plufieur^  moulins 
font  totalement  abandonnés  ,  d*auir,:s  prêts  à  l'être  , 
&  tous  les  autres  en  langueur  ;  que  ce  mal  vient 
i^h  grande  exportation  qui  fe  fait  defdiies  mstiè- 
tfi  à  Pétranger  ,  en  fraude  des  droits  cxcluiifs  im* 
fiofe  à  la  foriie  du  royaume  i  que  cetie  exportation 
jft  facilitée  par  le  iranfport  par  mer  ;  qu'au  litu 

fous  prétexte  de  les  porter  a  une  province  à  une 
hitre  du  royaume  ,  on  les  port»?  à  l'étranger,  6c 
{Uon  fuppofe ,  par  des  déclarations  faites  aux  ami- 
imés ,  avoir  été  forcé  par  des  coups  de  vents  Se  des 
ros  temps  de  les  Jeter  à  la  mer  ;  que  la  difcuiTion  de 
5*  déclarations  devant  les  tribunaux  ordinaires,  & 

longueur  des  procédures,  qui ,  prefque  toujours, 
ini  abandonnées  ,  rendent  la  fraude  impunie  & 

fraudeur  plus  hardi.  Sa  majeflé  s  étant  fait  repré- 
liter  les  arrêts  rendus  en  fon  confell  les  28  mai 
S97  &  4  mars  17^7  ,  par  lefquels  la  fortie 
Kdites  matières  hors  du  royaume  auroit  été  dé- 
ïïiéuc^  fous  peine  de  confifcation  &  de  trois  mille 
rres  d'amende  ;  Tarrct  du  8  mars  1733  »  9"^  ^^- 
lit  converti  la  prohibition  en  un  droit  de  fortie 
K  trente  livres  par  quintal  ;  celui  du  ftx  mai  X738  , 
^r  lequel  il  auroit  été  iîotué  farce  qui  regarde  les 
ms  de  MarfeilJe  de  de  Dunkcrque  ;  celui  4u 
>oélobre  174a  ,  qui  auroit  ordonné  la  perception 
idit  droit  de  trente  livres  fur  lefdites    matières 


5$i 

transportées  du  royaume  à  Bayonne  ;  celui  du  17 
feptembre  1743  ,  qui  auroit  défendu  les  magafmi 
6l  entrepôts  defdites  matières  dans  aucuns  lieux 
des  côtes  maritimes  de  la  BaflTe-Normandie  ,  6c  le 
tranfport  autrement  que  par  terre  dans  Tétendue 
de  ladite  généralité  ;  celui  du  10  feptembre  1746  , 
qui  auroit  permis  la  libre  circulation  dans  le  royau- 
me, en  payajit  les  droits;  celui  du  2î  décembre 
1750  ,  qui  auroit  fixé  à  fix  livres  du  cent  pefant  les 
droits  de  fortie  des  rognures  de  peaux  deftinécs 
pour  rérrtnger  ;  celui  du  18  mars  175^  ,  qui  auroit 
étendu  la  dêfenfc  des  magafms  &  entrepôts  dans 
toutes  les  provinces  du  royaume  à  quatre  lieues 
des  côtes  maritimes  ^frontières  ;  larrêt  du  17 
décembre  1766,  qui  auroit  ordonné  que  le  tranf- 
port defdites  matières  d*un  port  à  Tautre  du  royau- 
me, ne  pourroit  être  fait  que  fur  des  bâtimens  pontés 
&  du  port  au  moins  de  vingt  tonneaux ,  à  peine 
de  payer  le  droit  de  trente  livres  par  quintal  , 
comme  pafTant  à  Tétranger  :  &  fa  majeflé  voulant 
établir  de  nouvelles  précautions  pour  remédier  à 
des  abus  auffi  préjudiciables  aux  manufaftures  de 
papier  ,  défiratit  même  leur  procurer  encore  de 
nouveaux  encourage  mens  propres  à  faire  tien- 
rir  une  branche  de  commerce  aufli  inrérelVanrfr 
pour  l'état  ;  Oui  le  rapport  du  ficur  abbé  Terray  ,• 
confeiller  ordinaire  au  confcil  royal ,  contrôleur- 
général  des  finances.  Le  roi  étant  en  fon  confeil^ 
a  ordonné  &  ordonne  ce  qui  fuit: 

Art,  I,  Les  arrêts  du  confeil  des  iS  mai  1697 
&  quatre  mars  1727  ,  feront  exécutés  fuivant  leur 
forme  &  t«neun  En  conféquence  ,  fait  fa  majcfté 
irèi-expreffes  inhibitions  &déienfes  de  faire  fortir  , 
à  compter  du  jour  de  la  publication  du  préfcat  ar- 
rêt,  tant  par  mer  que  par  terre  ,  hors  du  royaume 
à  Térranger,  aucuns  vieux  linges ,  chiffons  ,  vieux 
drapeaux  ,  pâtes  ,  rognures  de  peaux  ik  de  j.arche- 
min  »  &  aunes  matières  prof-res  àL  fabricatiourfu 
|3>apier  3c  à  la  formation  de  la  colle  ,  à  peine  de  con- 
fifcacion  defdites  marchandifes ,  navires  ,  barques  , 
voitures  »  chevaux ,  6c  de  trois  mille  livres  S'a  mer.  de 
payable  par  corps ,  qui  ne  pourra  être  remife  ni 
modérée  ,  &  dont  le  tier:?  appartiendra  au  dt^non- 
ciateur  ;  dérogeant  à  cet  effet  fa  majeilé  aux  arrêts 
de  (on  confeil  des  8  mars  1733  6l  32  décembre 
1750. 

2*  Fait  fa  majeAé  pareilles  défenfcs  ,  fit  fous 
les  mêmes  peines,  de  faire  fortir  aucunes  defdites 
matières  du  royaume  par  les  villes  de  Maifcille  , 
Baytmne,  Dunktrque  ;  dérogeant  pour  ce  qui 
C4  iKerne  JVLirfeil'e  ,  à  Tarrét  du  6  muï  1738  ,  & 
à  ctilui  du  trente  o^obre  1742  pour  ce  qui  regarde 
Bayonne, 

3,  Il  ne  pourra  être  établi  aucune  fabrique  de 
papier  d^ns  les  quatre  lieues  frontières  «  foit  de 
rétr;ingêr,  foii  dts  villes  mcmionnccs  en  Tariicle 
précèdent  «  tant  par  terre  que  des  côtes  m;iri- 
ttmc'  ;  ^c  toutes  celles  qui  pourrotenty  être  établies 
feront  détruites  ,  pour  être  reportées  plus  avant 
dans  r intérieur  du  royaume  >  fauf  néanmoins  à 


552 

èrrc  fait  tel  droit  qu*il  appartiendra  far  les  repré' 
fcntatlons  qui  pourroiem  être  faites. 

4.  Il  ne  pourra  être  fait ,  fous  les  mêmes  peines , 
jiticun  iranfport  ♦  m^i^afin  ni  entrepôt  defdiies 
matières  dans  ladite  étendue  de^  quatre  heucs, 
Lei  chiffonniers  &  autres  qui  font  métier  de  ra- 
maiTcr  lefdites  matières  ,  feront  tenus  ,  lorfquMs 
en  auront  amaffè  la  quantité  de  cinquante  livres 
pefant  ,  de  les  tranfportcr  hors  de  ladite  étendue 
des  quatre  lieues  ,  d*en  faire  dèdaration  au  bu- 
reau des  fermes  le  plus  prochain  ^  &  d'y  prendre 
acquit  à  caution  pour  en  afïïirer  la  conduite  &  la 
rfeftinationdansrintcrieor.  Cette  difpofition  pour 
les  quatre  lieues  aura  Heu  pour  la  Flandre  &  le 
Hamaiit  ,  comme  pour  les  autres  proTinces  du 
royaume  ,  dérogeant  à  cet  égard  k  Tarrét  du  pre- 
mier mars  1711» 

y  Ordonne  fa  majefté  aux  cavaliers  de  maré- 
chauffée  ,  &  permet  à  tous  autres  qui  trouvcroient 
lefdites  matières  fortant  à  Tétran^çcr  »  ou  iranfpor- 
técs  dans  ladite  étendue  des  quatre  lieues  fron- 
tières ,  au-delà  de  ladite  quantité  de  cinquante 
livres  pefant  ,  ou  avec  cette  quantité  fans  expé- 
dition du  bureau  des  Anances  ,  de  tes  arrêter  & 
conduire  au  bureau  le  plus  prochain  ,  pour  y  être 
*  dreffé  procès-verbal  de  faifie  ,  à  la  requête  de  Tad- 
judicataire  général  des  fermes ,  à  Teffet  de  faire 
condamner  les  contrevenans  aux  peines  portées 
par  Tarticle  premier  \  &  les  deux  tiers  provenons 
dcfdites  condamnations  prononcées  »  feront  diftri- 
bués  à  ceux  qui  auront  fait  Tarrêt  defdites  matières. 

6.  Il  ne  pourra  être  fait  aucun  tranfport  par 
terre  defditcs  matières  ,  d*une  province  à  une 
autre  dn  royaume  ,  en  empruntant  le  paffage 
de  rétrangîr  ,  non  plys  que  celui  des  ports  de 
Bayorne  ,  Marfeille  fit  Dunkerqufi  ,  fous  les 
peines  portées  par  Tarticle  premier. 

7.  Lefdites  matières  qui  feront  envoyées  par 
mer  d'une  province  k  une  autre  du  royaume ,  ne 

fîourronj  être  embarquées  &  débarquées  que  dans 
es  ports  ci-aprés  dénommés  ;  favoir ,  en  Picardie , 
dans  les  ports  de  Boulogne  &  Calais  ;  en  Norman- 
die ,  dans  les  ports  du  Havre  ,  Rouen  8c  Caen  ; 
en  Preiagne  ,  dans  ceux  de  Nantes  &Saint-Malo; 
en  Auni5,  dans  celui  de  la  Rochelle;  en  Guyenne  , 
dans  celui  de  fordcaux  ;  cr  Lingnedoc  ,  dans  ceux 
d'Agde  &  de  Cette  ;  en  Provence  ,  dans  celui 
de  Toulon.  La  défenfe  des  migafins  &  entrepôts , 
portée  par  l'article  4  ,  n'aura  pas  Iteu  pour  les  pons 
d-deJTus  dénommés  ,  où  lefdites  matières  pourront 
être  amidées  &  enm^ïgafinées  en  quelque  quantité 
quViles  puiiTcnt  être  »  en  en  faifant  toutctois  dé- 
claration. 

8.  Ccuf  qui  vcudront  iranff  orter  lefdites  ma- 
tières par  mer  ,  d  une  i-^rovince  à  une  autre  du 
royaume ,  par  les  pcrts  indiques  par  Tarticle  précé- 
dent ,  ne  pourront  en  faire  le  rranfport  qu'autant 

Suc  le  port  du  déchargement  fera  un  de  ceux  in- 
iques parl*articIepTécédeni ,  ôcqiie  la  deflination 
derdites  matières  fera  pour  une  fabrique  à  papier. 


P  A  P^ 

Four  en  juftîfier,  ils  préfenteront  au  bureau  des 
fermes  du  port  de  renlévemenr#  un  certificat  de 
Tentrepreneur  ou  fabricant  de  la  papeterie  du  ta 
de  la  deAination  ,  contenant  la  quamtté  des  m** 
tiéres  qu'il  fait  venir  ,  &  qu^cUes  foru  deHinèH 
pour  fa  papeterie.  Ce  certiticat  fera  légalifè  par 
le  fieur  in  tendant  &  commiiîaire  départi  dam  h 
provii>ce  ,  ou  par  fon  fubdélégué  le  plus  procbait 
du  lieu  de  ladite  f^rrque.  Ils  ceftiAcront  b  virst 
desfignsiuresde  ces  cettiftcats  -,  &  encas  dei'auÀ 
fêté  def  jits  certifkrats  ou  de  fignatures  d  iceuf ,  à 
feront  pourfuivîsôi  condamnés  aux  peines  fonèd 
parles  réglemens. 

Le  tranfport  par  mer  defdites  matières  ne  (m 
permis  que  fur  la  repréffentation  du  certitîcat  pref* 
crit  par  (article  précédent  ,  lequel  certificat  rcftcn 
en  dépôt  avec  la  déclaration  qui  aura  été  faîteau 
bureau  des  fermes  du  port  de  rcnlévenvent.  Ea 
conféquence  »  il  fera  délivré  acquit  à  caution  , 
pour  affurer  le  débarquement  dans  le  port  défi* 
gné  &  Tarrivée  dans  le  lieu  de  U  f^rtquc.  Ccr 
acquit  à  caution  fera  déchargé  dans  le  port  du  tl^ 
barquement ,   vifé  dans  les  diffèrens  bureaux  (fà 

fjourront  fe  trouver  par  terre  fur  la  route  ,  depml 
c  port  du  débarquement  jufqu*au  lieu  de  U  fjbr^ 
où  le  fabricant  de  ladite  papeterie  donnera  au  Jof 
fon  certificat  juf^ificatif  qu'il  a  reçu  lefdites  nu* 
ttères  en  luéme  quantité  ;  à  défaut  dcfquellei  for* 
malités ,  la  caution  fera  pourfuivie  6c  condamnée 
aux  peines  portées  p-T  Tarticle  premier* 

10.  11  fera  fait  '!éclaration  au  bureau  des  fermes 
du  port  del'enîevement  «  des  quantités  que  Ton 
voudra  embarquer.  Si  par  la  vériôcation  il  fc 
trouve  un  eicédent  au-dedus  du  dixième  ,  ce 
excédent  fera  faifi  avec  amende  de  troi^  m]k 
livres.  Si  d^ns  le  port  d*arrivéeoù  la  véniîcatîOO 
fera  parediemcnt  faite  il  fe  trouve  un  Jtfi^iî  ,  1» 
valeirr  de  ce  deficu  lera  faific  &  confifquée  IT* 
pareille  amende  de  trois  mille  livres. 

11.  L'embarquement  defdites  matières  ne  pffsm 
être  fait  que  dans  les  navires  du  port  au  moîmée 
cinquante  tonneaux.  Si  ,  au  lieu  de  rapporter  Icf 
acquits  à  caution  déchargés  ,  il  eA  produit  te 
dècKiration>  faites  à  quelques  amirautés  ,  pcit 
êiablir  que  le  jet  à  la  mer  defdites  matières  a  tti 
forcé  par  des  coups  de  vent  &  gros  temps  ,  il  « 
fera  fait  aucun  état  defdites  déclarations  ^  tt  U 
confifcation  ,  tant  de  la  valeur  defdites  macièrti, 
que  do  navire  ,  agrès  &  apparaux  p  fera  poc^ 
fui  vie  ôc  prononcée  avec  Tamende  de  trois  mi3r 
livres  ,  à  moins  quM  ne  foit  juflifiè  de  la  peut 
réelle  ou  du  débris  du  navire. 

1 2.  Ordonne  fa  majefté ,  qu'à  Tavenir  îeûfe 
matières  ,  qui  feront  tranfportécs  dsins  Ici  ék 
rentes  provinces  du  royaume  »  feront  eveaptei 
à  leur  pailage  &  circulation  de  tous  les  droits^c 
traites  ,  tant  dVmr^ée  &  de  fonie  des  cioqgrtfe 
ftrmes  »  qu'autres  locaux  dans  les 
réputées  étrangères. 

t).  Veut  fa  ma^flê  ,  quà  Ti venir  cdh»] 


iît^  fnatîâres  ,  qui  feront  apporties  de  l'étranger  , 
il  ne  (payent  pour  tous  droits  uniforroémem  k  ren- 
trée du  royaume  que  deux  fols  par  quintal.  Elles 
I  pourront  entrer  par  tous  ports  Qc  bureaux  indif- 
tlaâement*  Celles  qui  entreront  par  les  ports  dé- 
fignés  par  Tarticle  7 ,  pourront  y  refter  ik  y  être 
etnmagafinés.  Celles  qui  entreront  par  d^autres 
ports  que  ceux  dc'fignés,  ne  pourront  y  être  inifes 
en  magafin  »  &  feront  conduites  defdits  ports  hors 
de  rétendue  des  quatre  lieues  des  cotes  maritimes. 
De  même ,  celles  qui  viendront  par  terre  feront 
conduites  hors  de  Téteadue  des  quatre  lieues 
frontières  de  Tétranger  ;  à  Teffet  de  quoi ,  pour 
en  alTurer  le  tranfport  hors  de  ladite  étendue  , 
elles  feront  expédiées  par  acquit  à  caution. 

14.  Ordonne  fa  majefté  que  toutes  les  contra- 
ventions concernant  Icfjttes  matières  p  feront  a 
l'avenir  portées  devant  les  fteurs  intendans  & 
COmmiiTaires  départis  dans  les  différentes  pro- 
vinces ,  que  fa  majeAé  a  commis  6l  commet  pour 
les  juger  en  première  inftance  ,  fauf  l'appel  au 
^nfcîl  j  leur  attribuant  à  cet  effet  toute  cour,  ju- 
fifdiâion  &  connoiiTance  ,  &  icelle  îmerdifant  à 
toutes  fes  cours  &  autres  juges* 
'  !{•  Et  fera  le  prèfent  arrêt  lu  ,  publié,  affiché 
partout  où  befoin  fera.  Fait  au  confeil  d  état  du 
roi ,  fa  majeilé  y  étant ,  tenu  à  Compîégne ,  le 
Vingt-un  août  mil  fept  cent  foixante  onze. 

Si^né^  PhELIPCaux. 

Arrêt  du  confeil  d*éiat  du   roi  ,  qui   ordonne 
Texécution  de  celui  du  17  janvier  17)9,  portant 
règlement  pour  les  papeteries  ,  du  14  juin  1771. 
Sa  majeflé  étant  informée  que  pUifieurs  ouvriers 
employés  aux  papeteries ,  formoient  des  cabales 
fii  quittoient  leurs  maîtres  ,  fans  fe  cofiformer  à 
ce  qui  eft  pr^^fcnt  par  arrêt  du  57  janvier  1759; 
eue  cet  abus  fe  multiplloit  avec  d'autant  plus  de  ' 
:acilité ,  auc  plufieurs  maîtres  admetioicnt  les  com- 
pagnons tans  congé,  ce  qui  favorifoit  la  défenion  , 
Bt  qu'enfin  ces  compagnons  fe  ménageoient  Tim- 
pujîité  en  changeant  de    reiTort  au0i  -  tôt    quMs 
fetoient  pourfuivis  par  leurs  maîtres  pour  les  rap- 
>eicr  à  Tciécution  dudit  arrct  i  &  fa  majefté  vou- 
ant prévenir  les  fuites  d'abus  qui  ne  tendroient 
[u'à  la  ruine  des  manufaâures  :  Oui  le  rapport  du 
ucur  abbé  Terray ,  confeiller  ordinaire  au  confeil 
royal,  contrûlcur-général^des  finances  ,  le  roi  étant 
en  fon  confeil  ^  a  ordonné  &  ordonne  que  l'arrêt 
de  fon  confeil  du  17  janvier  1739  ,  portant  régle- 
flient  pour  les  ptpetcries  ,  fera  exécuté  fuivant  fa 
forme  &  teneur  :  en  conféquence  a  évoqué  ôt 
évoque  fa  majeAé  à  foi  &  à  fon  confeil ,  les  de- 
mandes fi:  contedations  qui  pourroient   fur  venir 
pour  raifon  d^  l'exécution  dudlt  règlement ,    foit 
entre  les  maîtres  vis-à-vis  des  ouvriers ,  foit  des 
ouvriers  vis-à-vis  des  maîtres ,  &  icelles  circonf- 
tances  &  dépendances  ,  les  a  renvoyées  &  renvoie 
pardevantles  fieurs  intendans  &  commiffaircs  dé- 
partis t  chacun  en  droit  foi  dans  leur  généralité»  à 
^is  &  0éturft  Tûmc  K  P*ru  IL 


^^teM 


reflet  de  tenir  la  main  à  fon  exécution  :  leur  attri- 
Kuant  à  cet  effet  fa  majefté  toute  cour,  jurîfdic- 
tion  &  connoiffance ,  icelles  interdifant  à  toutes 
fes  autres  cours  &  juges;  fait  défenfes  aux  parties 
d^Ce  pourvoir  ailleurs  que  pardevani  lefdits  fieurs 
intendans ,  à  peine  de  nullité  ,  caffit'^on  de  procé- 
dure ,  de  de  tous  dépens  »  dommages  &  intérêts. 
Fait  au  confeiljd^état  du%oi ,  fa  msj«îrté  y  étant,  tenu 
à  Verfaiiles ,  le  vingt-quatrième  jour  de  juin  mil 
fept  cent  foixante  -  douze.  Signée  PHiLYPgAUX. 

Arrêt  du  confeil  d'état  du  roî  #  qui  condamne  en 
des  amendes  fentrepreneur  de  la  maouf^éture  de 
papier  établie  à  la  Motte  près  Vcrherie,  aitjfi  que 
quelques-uns  de  fes  ouvriers  ,  ci-devant  employés 
à  celle  de  Courtalin  »  près  Faremobtier  en  Bric  ;  Ct 
ordonne  en  outre  rexécutîon  du  règlement  du  27 
janvier  173  9»  concernant  les  papeteries  du  royaume. 
Du  %6  février  1777*  Eitrait  des  rcgiftres  du  con- 
feil d'état. 

Le  roi  ayant  été  informé  que  les  ouvriers  des 
manufaâures  de  papier  du  royaume,  fe  font  liés 
par  une  affociation  générale  ,  au  moyen  de  laquelle 
ils  arrêtent  ou  favori  lent  à  leur  gré  l'exploitation 
û(is  papeteries,  &  par-là  fe  rendent  maîtres  des 
fuccés  ou  de  la  ruine  des  entrepreneurs  ;  que  les 
défordres  réfultans  de  cette  affociation  ,  viennent 
d'éclater  récemment  dans  la  fabrique  établie  par 
le  fièur  Réveillon,  marchand  de  papier  à  Paris  , 
fîtuèe  au  hameau  de  Courtalin ,  près  Faremoutier 
en  Hrie,  élection  de  Coulommiers  :  Sa  majefté  a 
jpgé  devoir  réprimer  un  abus  fi  contraire  aux  ré- 
glemens  ;  6i  en  conféquence ,  elle  a  donné  les 
ordres  néceff^ires  pour  que  les  taits  imputés  auxdits 
ouvriers,  fuffcnt  confiâtes.  Il  réfulte  d*unc  infor- 
mation fommaire,  faite  fur  les  heux  te  lo  novem- 
bre dernier  ,  6c  de  plufi,;urs  pièces  jfïintes  â'  ladite 
information  ,  que  lefdits  ouvriers  f;  font  fait  en- 
tre eux  des  régtemens,  dont  ils  maintiennent  lob- 
fervation  pardeï  amendes  quMs  prononcent,  tant 
contre  les  m  litres  qui  ont  des  démêlés  avec  leurs 
ouvriers ,  que  contre  les  ouvriers  qui  n'abandon* 
nent  fas  les  fabriques  oij  ces  démêlés  or^t  eu  lieu; 
que  CCS  amendes  font  toujours  payées,  &l  par  les 
maîtres  ,  qui  craignent  une  ceffation  de  travail  qui 
entraineroit  leur  ruine,  &  par  les  ouvriers,  à  qui 
rentrée  dans  les  autres  manufaâures  ell  interdite , 
jufqu*à  ce  quMs  aient  fubi  la  peine  pécuniaire  qui 
leur  a  été  impoféc  :  que  Tcftet  de  cette  police  ft- 
diiicufe  ,  cft  qu'un  feul  ouvrier  mutin  6c  entre- 
prenant, peut  débaucher  tous  les  ouvriers  d'une 
papetL'rie ,  empêcher  que  d'autres  ne  viennent  les 
remplacer,  &  procurer  à  tout  autre  éiablilTement 
qu'il  affcélionne  ,  les  meilleurs  ouvriers  dans  cha- 
que genre  de  travail  Tous  ce^  défordres  fe  font 
réunis  pour  détruire  ta  manufaÛure  de  Courtalin. 
Le  nommé  Pierre  Roffc  y  ayant  travaillé  en  qualité 
de  contre-maître,  fit  fes  fcrvices  ,  ainfi  que  ceux 
de  f  I  fcmriïc  ,  ne  conTcnant  pas  â  Tentreproneur  ^ 
il  fe  retirai  il  fit  enfuite  d'inutiles  efforts  pour  y 

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rentrer  «  &  enfin  s^attacha  à  former  au  lieu  de  îa 
Motte  ,  près  Vcrbcrie  ,  rétabliffcment  d'une  noiT- 
yelle  fabrique  de    papier  ,    appartenant  au  fieur 
Congniaffe-Desjardins  :  delà  îl  écrivit  différentes 
lettres  aux  ouvriers  de  Ccurtnlin  ,    leur  envoya 
des  émiffaircs  ,   notamment  le  jardinier  du   pro- 
priétaire de  la  nianufa(^iurc  de  la   Motte,  &  ne 
négligea  rien  pour  les  attirer  par  fcs  inftanccs  &C 
par  les  avantages  quUl  leur  promeitoir.  Quelques* 
uns  de  ces  ouvriers   demandèrent  en  effet  leur 
congé  ,  &  allèrent  le  rejoindre  ;  ils  furent  fuccef- 
fivcment  fui  vis  de  quelques  autres ,  qui  fe  ren- 
dirent à  la  Mo.te,  8c  furent  admis  à  y  travailler, 
quoiqu'ils  n'euffeni  point  de  billets  de  congé;  en 
forte  que  les  travaux  de  la  manufacture  de  Cour- 
talin  fe  trouvèrent  fufpendus  :  le  petit  nombre  de 
ceux  qui  y  reftèrent  ,  &   notamment  le  nommé 
Cavalier,  fe  portèrent  à  de  tels   excès  contre  la 
veuve  de  la  Garde ,  laquelle  conduit  cette  entre- 
prifc  avec  fes  deux  fils  ,   que  fur  la  plainte  juri- 
dique portée  contre  ledit  Cavalier  ,  &  l'informa- 
tion faite  en  conféquence  ,  il  fut  décrété  de  prife- 
de-corps  ,  arrêté  d^ns  la  manufadure  de  la  Motte  , 
&  conduit  dans  les  prifons  du  bailliage  de  Fare- 
inoutier.  Malgré  cet  exemple  ,  un  autre  ouvrier^ 
nommé  la  Déroute,  fe  porta  auui  à  des  voies  de 
fait  contre  un  des  fils  de  Udite  veuve  de  la  Garde; 
&  après  avoir  été  chaffé  >  ii  ne  tarda  pas  à  trouver 
du  ir;ivail  dans  la  papeterie  de  la  Motte.  La  nou- 
velle de  ce  qui  venoit  de  fe  paffer  ,  avott  été  pottée 
d'avance  par  le  nommé  Roche,  ouvrier  de  Cour- 
lalin  ,  à  ceux  de  la  Motte  ;  ces  derniers  faifirent 
cette  occafion ,  &  en  punition  de  ce  que  les  ou- 
vriers qui  rcftoienti  Courtaltn,  n*avoicnt  pa»  pris  le 
parti  dudit  la  Déroute  ,  ils  les  condamnèrent  k  une 
amende  de  irente*fïx  livres  chacun  ,  &  la  veuve 
de  la  Garde  elle-même ♦  à  une  amende   de  trois 
cents  livres,  te  même  Roche  rapporta  une  lettre 
qui  aononçoit  cette  condamnation ,  èi  la  défcnfe 
de  travailler  jufqti'à  ce  que  les  amendes  euffenr 
été  payées;  en  conféquence,  les  ouvriers  cefTè- 
rent  en  effet  letir  travail  pour  aller  à  la  minufac- 
turc   de  la  Motte  ,   diftante   d'environ  quatorze 
lieues  ,  dans    le  dcffein   de  faire   modérer    leur 
amende,  &  ne  revinrent  à  Courialin  que  plufieurs 
jours  après.  Sa  majefté  étant  inftruite  que  l'exer- 
cice de  cette  prétend^ie  jurididion   fubfifte  d^ns 
toutes  les  papeteries  du  royaume;  que  des  établif- 
femcns  fi  utiles  font  menacés  d'une  fubverfion  to- 
tale ,  par-tout  oii  lesmaiircs  refufent  de  céder  aux 
caprices  des  ouvrier*  qui  y  font  employés  ,  6t  aux 
rapines  qu*ils  fe  ptrmeitent  fous  le  nom  d'amen- 
i^j;  que  les  ouvrcrs  de  certaines  pravinccs  exi- 
gent ,    fous  le    nom  de  hanvcnuc  ,  rfe  ceux  qui 
viennent  d*ailleurs  ,  des  femmes  arbitraires  ^  tou- 
jours cxcctTives;  quMs  empêchent  les  maîtres  des 
papeteries  de  former  des4pprentis  ^  à  moins  qu'ils 
ne  leur  payent  une  fomme  quelconque,  à  iaqueile 
il  leur  plaît  de  les  taxer.  A  quoi  voulant  pourvoir: 
Vu  rinformatian  faite  le  20  novembre  ueraicr ,  à 


p  A  p 

laquelle  étoiem  joints  trois  billets   &   quifisficei 
de  paiement  d'unendes  prononcées  par  des  ou- 
vriers papetiers,  des  17  mai  1767,  15  juin  &  11 
feptembrc   1776  ,  datées  à  Plombiére  ,  à  Cha!lc 
prés  le  Mans  ,  &t  a  Troyes  en  Champagne  ;  une 
lettre  du  nommé  Roiie,  datée  de  k  Motte  le  14 
octobre  1775 ,  adrefféc  à  un  ouvrier  de  G)urtalin, 
pour  lui,  fa  femme  ik   ù%  belles-fœurs  ;   autre 
lettre  du  même  ,  également  datée  de  la  Motte  le 
9  )uin  1776,  aulll  adrcffèe  à  un  ouvrier  de  Cour* 
talin  ,  pour  lui ,  fa  femme  ôt  fon  fils;  autre  lettre 
du  13  novembre  1776,  écrite  par  le  nommé  Jac- 
ques Roufelle,  dit  /? f/î*î//rif ri  ,  ci-devant  ou vner 
à  Courtalîn  ,  &  aâuelicmcnt  à  la  Motte  ,  &  adrcf- 
fée,  au  nom  de  tous  les  ouvriers  de  ladite  pape- 
terie, à  ceux  de  Couttilio ,  pour  confirmer  à  ces 
derniers  que  chacun  d'eux  a  été  condamné  à  une 
amende  àcdouit  écus  ;  la  déclaration  ôf  ccnificat 
du  curé  de  Pommeufe  ,  dans  la  parotffe  duquel 
fc  trouve  le  hameau  de  Courtalin  ,  au  fujet  dei 
dcfordres  qu*il  avurétulter,  depuis  1767  jufqui 
préfent,  de  raffociation  que  les  ouvriers  ont  faiw 
entre  eux ,  &  des  amendes  quMs   font  pratiquer 
arbitrairement  à  ceux  ^ui  travaillent  dans  les  dif- 
férentes   papeteries  ;  enfemble   la  vis  du  fieur  in- 
tendant &  commiffaire  départi  en  la  généralité  de 
Paris  :  Oui  le  rapport  du  fieur  Taboureau ,  coo- 
feiller  detat.  Se  ordinaire  au  confeil  royal,  coo* 
troleur  géncîal  des  finances;  le  roi  étant  en  foQ 
confeil ,  a  condamné  &  condamne,  conformcmeiil 
à  rarricleXLVIII  du  règlement  du  17  janvier  1730, 
ledit  Cougnîafîc-Dcsjardins,  propriétaire  de  la  h- 
brique  de  papier  de  la  Motte  prés   Vcrberie ,  I 
trots  cens  livres  d'amende  payable  par  corps  ,  pour 
avoir  reçu   (k  donné  du  travail  à  divers  ouvriers 
de  la  fabiique  de  Courtalm ,  fans  congé  par  écnt 
de  leur  dernier  maître,  ou  du  juge  des  heux  ;  & 
en  exécution  de  Tarticle  XLIX  du  même  règle- 
ment ,  condamne  les  nommés  Roiîe ,  Dcflauriers 
ik  Roche  ^  ci-devant   ouvriers  à  Courtalin  ,  cp 
Tamcnde  ûe  cent  livres  chacun  ,  p^tyablc    -^-•^ 
ment  par  corps;  favoir  ,  ledit  Roffe ,  pou: 
li ébauché  6i  attiré  lefdits  ouvriers  à  b  — ' 
ture  de  la  Motte  ,    ledit  Dvfiiuncrs  , 
écrit  aux   ouvrit:rs  de  Courtalin  ,  des'  k 
reproche  de  n'avoir  pas  pris  le  paat 
la  Déroute  lorfqu*il  tuf  chaffé,  d 
la    condamnation    d'amende  de 
contre  chacun  deux  ,  avec œci 
n*étoient  pas  pyéus  le  17  no- 
donner  avis   aux  ouvriers  dt 
&  ledit  Roche,  pour  avoir  tnu  • 
fe  patloit  à  Courialin  «  en  avoir  d 
de  la  Motte  ,  &  av(   r   ' 
de  faire  tenir  les  Ici 
de  ^"outtrthn.    Veut  (a  u.ai;^ 
du  17  i-nvier  17 J9,  foi 
dans  tous  \cy  ariicli 
rogé»  fît  no  amr 
cipUne&lapoiài 


P  A  P 

en  outre»  faitdéfenrcs  à  tous  oumers  de  for- 
mer aucune  ailociation ,  d'exercer  aucune  efpèce 
de  police  entre eui  ^  &  à  chacun  dcfdits  ouvriers , 
&  à  tous  en  général  ,  de  s'immiker  diretlement 
ni  indîreflement  dans  les  difcuiTioiis  qui  pourroieni 
furvcnir  entre  les  maîtres  defdites  manufactures 
&  les  ouvriers  qui  y  font  attachés  ;  de  s^aiîcm- 
blcr  à  cet  effet ,  de  détourner  leTdits  ouvriers,  foit 
de  vive  ro'ix,  foit  par  écrit,  du  travail  dont  ils 
it  chargés;  de  ks  condamner  à  des  amendes  : 
tout  fous  peine  d'emprifonnement,  même  fous 
js -grande  peine  ,  s  il  y  échoir.  Ordonne  à  tous 
iJtres  de  manufactures  de  'papier  ,  qui  auront 
anoifTance  d'affociations  entre  leurs  ouvriers  Si 
de  quelque  autre  manufaflure,  de  complots 
rmés  pour  ^îre  caule  commune ,  ou  d'amendes 


p  A  P 


555 


prononcées  par  Icfdlts  ouvriers ,  fous  quelque  pré* 
texte  que  ce  puiffe  être,  d'en  donner  avis  fur  lo 
champ  aux  officiers  de  maréchauiïée  les  plus  prc* 
chains  des  lieux ,  lefquels  s'aiTurcront  des  contre- 
venans  &  les  conduiront  en  prifon  ,  pour  y  de* 
mcurcr  jnfqu*à  ce  qu'il  en  foit  autrement  ordonne  : 
&  enjoint  aux  fieurs  intendans  &  commiffaires 
départis  »  de  tenir  la  main  à  Inexécution  du  préfent 
arrêt  ,  lequel  fera  lu  ,  publié  par-tout  où  befoin 
fera ,  &  afllchc  dans  les  différens  ouvroîrs  de  cha- 
que papeterie  ,  avec  dcfenfes  aux  ouvriers  d'ar- 
racher iefdites  affiches  ,  fous  peine  de  prifon.  Fait 
au  confeil  d^état  du  roi ,  fa  majeftc  y  étant ,  tenu 
à  Verfailles  »  le  vingt  fix  février  mil  fept  cent 
fûixante-dix-fept.  SigrU  Amelot* 


OCABULAIRE     RAISONNJE 

POUR    L'ART    DE    LA    PAPETERIE* 


'ans   ce  vocabulaire  ,  je    me   fuis    appliqué 

&  fixer  bien  prccifément.  le   (^n%  des  termes  de 

■art ,  en  développ.int  toutes  les  circonftances  des 

opérations  qu'ils  indiquent.  J'ai  évité  très-foigncu- 

iemânc    auffi  vie  faire   ufage  des   mêmes  mots  , 

otir  fignificr  des  cliofes  totalement  différentes  , 

rrfuadé  que  cette  équivoque  dars  les  mots  en- 

tine  une  grande  confufion  dans  les  idées.   Ceft 

RÛ  que  je  n'ai  employé  le  rriot  cuve  ,  que  pour 

jîifier  le  vaiiTeau  où  fe  dépofe  h  matière  avec 

^quelle  le  papier  fe  fabrique,  fit  que  je  me  fuis  bien 

ardé  de  l'appliquer  au  vaiffeau  où  le  cylindre  tritu* 

!  le  chiffon  ,  à  qui  \A  donné  le  nom  écpUc  qui  lui 

envient,  &  quant  à  la  forme.  Se  quant  à  Pufage, 

On  \crra  tians    r;irtjcle  pnjfc  ,   toutes  les  cîr- 

CûnAanccs  où  ces  machines  font  employées.  J  ai 

[  que  ces  rapprocHemens  pouvoicni  être  utiles» 

ar  faire   comprendre  la   fuite  ôt  la  corrcfpon- 

ince  des  procédés  femb labiés  :  il  en  eA  de  même 

îrarticlefr.i/?<2fl,ou  Ton  parcourt  tous  les  cas  dans 

'{ueU  on    fait  uf^ge  de  cet  uftenrilo  Ç\  fim|»îe  , 


vtni  a  ia 


,  qtjc  lisr  k^ 


rante,  foit  en  adoptant  le  mouffoir  des  ffali"^g|S 
pag.  496,  L'afflturage  a  été  fu ppri m épirlo^»* 
landois  ,  qui  fc  bornent  à  foigner  la  in«i*M 
de  leur  pâte  dans  les  piîes  à  rafiocr*  /W^ 

Affleurante i  (pile)  cette  pîc  •'^  W^ 
nie   que  de   maillets  nuds  ,   &  le  fin»  **^*^ 
au  nombre   de   trois  ;  il  y  auroif  *^  jj  > 
d'augmenter  le  nombre  des  nuil^ .  *  •^ 
ferrer ,  pag.  496. 

Affleurant  ;  (  cyh'ndrc)  (^< 
travail  &  les  avantages  flio»  f 

pag.  49Ï'     ^  ,.^  ^jy 

Affleurée  quamïfé  dfe  p^  T 
la  pile  affleurante,  &  qa'm^^ 
reçu  fa  prépararioo»  Mf""^ 

L'affleurée  coûticuf  **' ^ 
toujours  proportkwtP^^'^ 
les  porfes  ,  cicepeé  à»^^ 
fortes  j   d«or  fes  f^^ 
affleurées  »  pig.  i^    "" 
fabricafioo ,  fe'*^^* 
dans  1- 

APi 
de  la  pi  e  '- 


tf  c 

ceux  rt 
|iourrîcâ 
moires  q* 
voient  étA 
.1,  &  \\  hvLt 
tures  dépend 
Ctll  s  qui  rc* 
luverte  cft 


i 


A 


t5< 


P  A  P 


Ïoîds  de  ces  mêmes  matières  :  enforte  qu*il  fem- 
leroit  que  le  papier  de  pâtes  oon-pourries  exi- 
Seroit  y  pour  être  Lien  collé ,  plus  d'alun  &  moins 
.  [e  colle,  que  le  papier  de  pâtes  pourries ,  &  que 
ce  dernier  auroit  befoln  d'une  plus  grande  quantité 
de  colle  &  d*une  moindre  quantité  d*alun.  Ce 
au'il  y  a  de  certain ,  c'eft  qu*avcc  les  dofes  d'alun 
oC.de  colle  que  nous  employons,  nous  n'avons 
pas  les  .mêmes  fucçi^s  qu'obtiennent  affez  conf- 
tamment  les  Hollandais  avec  leur  colle  bien  pu- 
rifiée &  bien  fluide,  &  la  dofe  d*alun  indiquée 
ci-deiTus.  L'a(up  rend  le  papier  plus  caillé ,  plus 
ferme  &  plus  pétillant  ;  mais  un  peu  forcé  de 
dofe ,  il  le  rend  dii&cile  à  écrire ,  parce  qu'il  fa- 
tigue la  plume.  On  a  foin  de  n'employer  que 
Talun  de  Rome ,  parce  qu'il  eft  le  plus  pur ,  & 
qu'il  ne  nuit  poict  au  blanc  du  papier  comme 
l'alun  de  roche. 

AmphitheatiLiquc  ,  (  papier  )  fort^  de  pap'cr 
d'Egypte ,  ainfi  nommé ,  à  caufe  du  lieu  ou  il  fe 
préparoit,  pag.  465.. 

A  MSTERDAM  ,  forte  de  papier  âinfi  nommé  « 
parce  qu'il  porte  pour  enfeigne  les  armes  d^y^mf' 
tçrdam  :  on  a  défiguré  ce  mot  dans  les  fabriques 
du  Périgord  .  où  on  Tappelle  le  Stradam  ,  &c. 
Voyez  le  tarit ,  pag.  538. 

Andouilles  ,  fortes  de  pâtons  alongés  &  adké- 
rens  aux  feuilles  de  papier.  Voyczpdions ,  où  l'on 
indique  la  caufe  &  la  formation  des  andouilles. 

Apprenti  de  cuve  :  leveur  de  fiuires ,  vIreurAl 
aide  le  leveur,  en  détachant  les  feutres  de  la 
porfe ,  en  brafTant  la  cuve ,  en  furveiliant  Taffleu- 
rtge..  En  Hollande  ,  il  préfente  la  planchette  au 
leveur  qui  lève  à  fcHfc  plate.  Voyez  pag.  509  , 
&  article  r éleveur. 

'  Ahme^;  (papier  aux  armes  d'Amflerdam  )  on 
rappelle  auffi  iiidiflinâtment  papier  aux  armes  , 
ou  Jmfterdam  ,  petite  forte  qu'on  a  imitée  des 
Hollandois ,  &  qui  fe  fabrique  pour  eux  avec 
leurs  enfeignes.  Voyez  le  tarif  ^  pag.  538. 

Armure  ;  c'eft  l'enveloppe  des  rames  de  pa- 
pier,-qui  fe  fait  ordinairement  avec  des  macula- 
turcs  bleuet  ou  grifes ,  fuivant  la  forte  de  papier 
qu'on  enveloppe  ,  pag.  514. 

Arquet  ,  chaffis  ae  corde,  fur  lequel  on  étend 
un  drap  pour  pafTer  la  colle  ,  avant  que  de  la 
mettre  dans  le  mouilloir,  pag.  517. 

Avantages  ;  travail  extraordinaire  des  ouvriers 
de  U  cuve  ,  &  qui  leur  vaut  une  certaine  augmen- 
tation de  falaire.  Voyez  le  tableau  des  lâches  jour- 
nalières, pag.  511. 

Atlas  >  grande  forte  de  papier  qui  fert  fur-tout 
à^rimpreffion  des  cartes  géographiques  ;  c'eft  delà 
qu'il  a  pris  fon  nom  :  il  y  en  a  de  deux  formats ,  le 
grand  Atlas  &  le  petit  Atlas.  Voyez  U  tarif,  p.  5  36. 

Auguste  ,  nom  qu'on  donnoit  au  papier  d'E- 
gypte, qui  avoit  reçu  certains  apprêts  à  Rome, 
pag.  465. 

Azur,  couleur  que  lesHollandoîs,  enfuîte  les 
fabiicans  Allemands  &  Fran^çois  à  leuf  imitation , 


P  A  P 

ont  mêlé  à  la  pâte  du  papier  ,  pour  faire  difpa- 
roître  la  teinte  jaunâtre  on  même  rougeitre  de 
certains  chifFoas  ;  mais  ils  s'en  faut  bien  que  ces 
imitateurs  fe  foient  maintenus  dans  les  Domes 
dont  les  Hollandois  leur  avoient  donné  l'exemple: 
ils  ont  tellement  forcé  les  dofes  du  bleu  qu'ils 
mêlent  à  leurs  pâtes ,  qu'au  lieu  d'un  blanc  de 
lait  ou  d'un  blanc  légéremment  azuré  &  conftam- 
ment  le  même ,  nos  papiers  ont*préfenté  une  teinte 
d'un  bleu  pâle ,  dont  les  nuances  ont  varié ,  même 
pendant  le  temps  nue  duroit  1»  fabrication  d'une 
porfe;  bien  plus,  le  bleu  porté  à  ce  ton  dans  la 
pâte,  a  offert  fouven(  une  nuance  qui  varioit  d'une 
face  de  la  feuille  à  l'autre ,  enforte  que  la  ficc 
qui  touchoit  à  la^  verjure ,  &  qui  avoit  été  le  plus 
long-temps  expofée  à  l'impreffion  des  matières  co- 
lorantes, étoit  plus  bleue  que  celle  de  la  ftce 
fupérieure  qui  avoit  été  moins  frappée  de  h 
couleur. 

Je  connoîs  peu  de  fabrîcans  qui  aient  eu  un 
certain  fuccês  dans  l'adminiftration  du  bleu ,  & 
qui  aient  mis  un  certain  choix  dans  les  matières 
colorantes  dont  ils  ont  fait  ufage  :  au  lieu  de  bien 
d'émail  ou  d'azur  ,  ils  ont  employé  le  bleu  de 
Pruffe  ,  dont  la  compofuion  étoit  trop  chargée  de 
matières  étrangères ,  pour  produire  une  tante 
claire   &  unie  fur  la  pâte  &  fur  les  papiers. 

Ces  défauts ,  ces  mauvais  fuccés  ont  détermioé 
plufieurs  imprimeurs  à  n'employer  que  des  papiers 
d'un  blanc  naturel ,  pour  n'être  pas  expofés  au 
défaerément  de  réunir  prefque  toutes  les  nuances 
de  bleu  dans  les  mêmes  volumes. 

Les  Hollandois  mêlent  le  bleu  d'émail  à  la  pâte 
dans  la  pile  à  rafEner  ;  nos  fabricatis  mêlent  le 
bleu  de  Prufle  à  la  cuve  feulement. 

Bachat  ,  ancien  mot ,  dont  on  fe  fervoit  autrfr 
fois  pour  indiquer  une  pile.  Voyez  pile. 

Bachasson.,  petite  caiiTe  de  bois  qui  donne 
de  l'eau  aux  piles ,  pag.  489. 

Ballon  ,  quantité  de  papier  qui  renferme  deux 
porfes  ou  bien  une  rame  de  fabrication ,  &  que 
les  falerantes  tranfportent  de  la  chambre  de  colle 
aux  étcndoirs.  Voy^z  porfe. 

Bambou  ,  efpéce  de  rofeau  dont  la  culture  & 
enfuîte  la  préparation  fournirent  abondamment  la 
matière  qui  fert  à  la  fabrication  d'une  forte  de 
papier  de  la  Chine  ,  qui  eft  dans  le  commerce  & 
qui  vient  en  Europe,  pag.  473. 

Cette   plante  donne  une  iubilance   douce  & 

fibreufe  qu'on  a  prife  pour  de  la  foie  en  Europe. 

Les  papiers    qui   en  (ont  fal^riqués  font   encore 

réputés  dans  le  commerce  pour  des    papiers  de 

.  foie  ,  ce  qui  eft  une  erreur. 

Banc  de  presse,  forte  de  plateau  fort  épais, 
fufpendu  à  la  tête  de  la  vis  par  un  boulon  de 
fer ,  &  qui  vient  s'appuyer  fur  les  mifes  dont  la 
porîe- feutre  eft  couverte  ,  pag.  497. 

Barbes  ,  parties  du  bord  des  feuilles ,  où  la 
difpofition  régulière  &  tranfparente  de  la  pâte  a 
été  détruite  ,  &  qui  n'offrent  qu'un  amas  de  ma- 


I 


I 


P  A  P 

ûirc  nnte  &  dèforganifée ,  pour  ainfi  dire.  Ces 
harlus  fe  trouvent  fur  trois  côtés  de  la  feuille  pUée 
en  deux  ,  fit  le  quatrième  côté  ,  qui  ell  rextérieur 
du  pli  des  feuilles  ^  fe  nomme  le  dos.  Ces  barbes 
fe  rognent  avec  de  çros  cifeaux  à  la  falle  ,  fur-tout 
dans  les  moulins ,  ou  ,  par  une  fabncation  négli- 
gée ,  elles  ont  une  certaine  largeur  i  les  Hollan* 
dois  »  qui  foignent  leurs  bordures  ,  fe  gardent  bien 
de  rogner  ainli  leurs  papiers  ,  &  je  vois  que  plu- 
fieurs  bons  fabricans  s'atlachent  à  fuivrc  leur 
exemple.  Voyez  bordures, 

Bas  a  homme  ;  bas  a  femme ,  papiers  demi- 
blancs  colles  ,  de  pâtes  bulles ,  qui  fervent  particu- 
licrement  pour  envelopper  b  bonneterie ,  &  fur- 
tout  les  bas  de  coton ,  de  fil  &  de  laine.  Voyez  ^ 
quant  à  leurs  dimenfions,  Tarticie  {^enveloppe  pa- 
piers demi'blancs  ). 

Bâtard  ,  forte  moyenne  ^n\  eft  particulière- 
ment deilinée  à  Timprcffion.  Elle  diffère  peu  du 
carré  au  raifm.  Voyei  le  tarif,  pag.  Ç37. 

Bâton  royal  »  forte  de  papier  deftiné  parti- 
culièrement à  récriture.  Voytz  le  tarif  quant  à  Îq^ 
dimennons  ,  pag.  $38. 

Batterie  ;  c'cft  Taffemblage  des  rouages  &  des 
tnichines  qui  fervent  à  triturer  les  chiflbiis  pour 
kl  réduire  en  pâte.  Les  roues  ,  les  piles  y  Les  mail- 
lets forment  la  batterie  d'un  moulin.  C'eJl  en  cou- 
féquence  qu  on  dit  d'une  pâte  qui  fort  de  ces  équi- 
pages »  qu^eUe  c  (l  trop  ou  trop  peu  battue  i  i|u*on 
dit  que  la  batterie  eft  arrêtée  ,  quand  on  empêche 
les  mâilltts  de  jouer  dans  les  pile^* 

On  exige  que  toutes  les  pièces  d*une  batterie  fe 
meuvent  avec  une  certaine  viteiTe ,  pour  que  l'ou^ 
vrage  circule  dans  les  piles,  de  manière  â  être  la- 
v^  CSc  trituré  dans  un  temps  donné,  &  pariiculié- 
rcment  que  le  jeu  des  maillets  f:>it  animé  à  un  cer- 
tain point*  Le  gouverneur  du  moulin  &  le  fabri- 
cant fontf^rr  aitertifs  au  bruit  cadencé  qui  en  ré- 
fuhc  »  pour  juger  de  la  bonté  de  leur  travaiL 

On  répare  les  batteries  d'un  moulin  tous  les 
deux  ans.  Cette  réparation  conftfle  à  blanchir  Tin- 
térieur  des  piles  ,  en  enlevant  les  parties  du  bois 
que  l'eau  a  pourries  ;  à  blanchir  de  même  les 
queues  &  les  têtes  des  maillets ,  en  un  mot ,  à 
remettre  en  état  toutes  les  pièces  qui  fervent  au 
travail  de  la  batterie.  Je  ne  parle  pas  ici  des  répa- 
rations journalières  fit  fréquentes  ,  telles  que  cel- 
les des  levées  ,  des  fontaines ,  &  encore  plus  fou- 
vent  des  telleues  qui  s*engorgcnt  ou  qui  crèvent. 

Battre  le  papier.  C'eft  une  préparation  que 
les,  marchands  de  papier  des  villes  lui  donnent 
aflcz(buvent:&fouspréicxied*cn  rendre  la  furf.ice 
unie  &  glacée  ,  ils  en  dctruifcnt  totalement  le 
grain.  Ils  fe  fervent  pour  cel.i  d  un  marteau  â  tète 
large  8c  pefante  &  à  manche  court,  avec  lequel 
ils  frappent  une  petite  quantité  de  papier  qu'ils 
placent  fur  un  Woc  de  pierre  tort  uni-  Cette  opé- 
ration a  encore  Vir.convénicnt  de  ternir  le  ton  de 
blancheur  éa  papier  ,  &  de  détruire  avec  le  grain 
une  ferande  partie  du  collage. 


p  A  p 


557 


Bdttfi  U  papur.  Cette  opération  s'exécute  dans 

certains  moulins  ,  &  fur-tout  dans  ceux  où  Von 
fabrique  de  grandes  fortes  »  comme  le  colombier  , 
le  chapelet,  le  nom  de  jéfus  ,  le  grand-aigle,  3c 
elle  a  pour  but  d'adoucir  la  furface  de  ces  papiers, 
dont  le  grain  efl  très-gros  j  &  parce  qu'ils  font  fa- 
briqués avec  des  pâtes  longues  &  peu  raSinées ,  & 
avec  des  formes  dont  les  intervalles  des  brins  de 
h  verjure  font  peut-être  trop  larges.  On  fe  fert 
pour  cela  d'une  efpéce  de  maillet  a  grofle  tète  de 
bois  B  ,  fort  pefiute.  Se  emmanchée  d'une  longue 
queue  C,  auffi  de  bois,  auquel Tarbre  delà  roue 
qui  fait  jouer  les  ma.llets  ordinaires  dans  les  piles ^ 
donne  le  mouvement.  Voyez  PI.  XUI , y/^.  ^  &  7, 
&  pag.   p3. 

C*c(l  une  pratique  prefque  généralement  adop- 
tée dans  les  moulins  d  Italie,  de  battre  ainfi  toutes 
les  fortes  de  papier  qu'on  y  fabrique  :  auffi  le  pa- 
pier fur  lequel  on  écrit  y  eft  luifant  Si  liflé,  au 
point  qu'il  ne  biffe  à  la  plume  &  à  la  main  qui 
trace  des  caraâères  aucun  point  d'appui  ^  parce  que 
le  grain  des  papiers  eft  détruit  entièrement. 

fi  paroit  qu  on  commence  depuis  quelque  temps 
i  fentir  en  France  les  inconvénitns  d'apprêter  le 
papier  par  le  battage.  On  a  reconnu  que  c'efl  un 
mauvais  fupplément  à  une  mauvaife  lahricaiion, 
fur-tout  depuis  qu'on  a  été  à  portée  de  voir  la  fupé- 
riorité  des  aopréti  de  Véchan^e  adminiftré  avec  in* 
telligcnce  ,  ql  ta  manière  dont  il  adoucit  le  grain  du 
papier,  fans  nuire  à  l'étûffî:  comme  le  marteau. 

Battu  de  feutre  i  nébulofités  uiftribuées  dans 
certaines  parties  des  feuilLcs  de  papier,  lorfque  le 
coucheur ,  en  pofant  les  feutres  qui  les  recou- 
vrent, frappe  la  p«ite  &  dérange  la  difpofition  ré- 
gulière qui  en  fait  la  tranfparence. 

Bourdonne  ;  (  papier  )  c'eft  un  papier  ridé. 

Boire  :  on  dit  que  le  papier  boa  ,  lorfqu'éiani 
mal  collé,  il  fe  laiile  aifément  pénétrer  par  l'eau 
ou  par  Tencre.  Ce  défaut  a  àt%  nuances  fenfibles  j 
quelquefois  Tencre  paflTe  k  travers  le  papier  ,  &les 
lettres  fe  montrent  de  l'autre  côté  \  d'autres  fois , 
1^  caractères  des  lettres  grolfirtent,  &  ne  confer- 
vent  pas  la  netteté  &  les  contours  déliés  qu'elles 
doivent  avoir.  Ce  défaut  fe  remarque  fur^out  par 
ceujt  qui  font  jaloux  de  mettre  de  la  propreté 
dans  ce  qu'ils  écrivent.  Tous  ces  défauts  annon- 
cent un  mauvais  collage»  Certains  papiers  à  dcffi- 
oer  boivent  par  places,  parce  que  la  colie  a  man- 
qué dans  ces  parties  feulement»  où  les  lavis  ne 
cocfcrvent  pas  des  teintes  égales  &  uniformes  ,  ce 
qui  gâte  les  dellms.  J'ai  remarqué  qu'en  général 
les  papiers  fabriqués  avec  des  pâtes  de  chiffon 
pourri  ètoient  plus  fujetres  à  boire  que  ceux  fabri* 
qués  avec  des  pâtes  naturelles  ou  non  pourries. 

Bordures*  J'ai  dit  dans  mes  mémoires  que 
les  bordures  des  feuilles  de  papier  dévoient  être 
coupées  nettes  lors  de  leur  fabrication  ,  &  il  faut 
ajouter  ici  que  le  fuccés  de  ces  bordures  dépenr! 
particulièrement  de  l'état  des  pâtes.  Celles  qui  re- 
tiennent Teau  éprouvent  »  fitôt  que  la  couverte  eft 


55« 


P  A  P 


enlevée  par  l'ouvreur ,  un  éboulement  aflez  con- 
fidérable ,  de  manière  que  le  coucheur  étend  les 
bordures  baveufes  fur  le  feutre.  Si  au  contraire 
Teau  abandonne  la  pâte  aflez  pour  que  les  feuilles 

f prennent  une  certaine  confittance  lur  la  forme  , 
es  bordures  fe  confervent  bien  nettes,  &  le  cou- 
cheur les  pofe  ainfi  fur  le  feutre ,  pour  peu  qu'il  y 
nette  de  foin  &  d'adrefle. 

Le  leveur  peut  nuire  aux  bordures  ,  s'il  n'a 
pas  l'attention  de  les  ménager  lorfqu'ellcs  ne  font 
pas  lèches ,  &  s'il  ne  les  couche  pas  exaôoment 
les  unes  fur  les  autres  ,  de  manière  que,  ne  rece- 
vant pas  Tactîon  de  la  prefle  ,  elles  reOent  mol- 
lafles ,  fe  déforganifentpar  l'impreffion  des  doigts , 
lorfqu'on  tranlport;.  les  papiers  à  Tétendoir  ,  et 
qu'on  les  met  en  pages,  ou  même  loifqu'on  les 
relève  pour  les  échanger. 

La  netteté  des  bordcies  prouve  donc  que  la  fa- 
brication a  été  foignée  par  les  trois  ouvriers  de 
la  cuve  ,  que  la  pâte  n'étoit  pas  trop  graflie  ,  ou 
qne  du  moins  les  ouvriers  ont  fu  la  maitrifer 
comme  il  convenoit  ,  pour  éviter  les  obftacles 
^  qu'elle  pouvoit  oppoier  au  fuccès  d'une  bonne 
fabrication. 

Bouillie  ;  c'eft  ainfi  qu'on  appelle  quelquefois 
dact  les  cartonneries  &  dans  les  papeteries  les  pâtes 
qu'on  retire  des  chiffons  ou  des  anciens  papiers. 
Ce  terme  ,  &  l'idée  qu'il  renferme ,  peuvent  bien 
convenir  au  travail  des  cartonniers  ,  qui  emploient 
d'anciens  papiers  qu'ils  font  pourrir  pour  la  fé- 
conde fois ,  ainfi  qu'à  celui  des  fabricans  de  pa- 
pier qui  triturent  le  chiffon  fans  mefure«  La  pâte 
qui  fert  à  fabriquer  le  papier  ne  peut  pas  être 
confidérée  comme  une  bouillie ,  fans  une  grande 
méprife  ;  car  lorfque  les  matières  qni  entrent 
dans  fa  cempofition  font  triturées  au  point  con- 
venable ,  elles  offrent  encore  de  petits  élémens 
fibreux  qui  ,  fufpendus  dans  l'eau  ,  en  vertu 
d'une  ténuité  plus  ou  moins  grande  ,  confervent 
toujours  une  certaine  longueur.  Cette  même  forme 
fibreufe  convient  aufll  aux  parties  de  la  pâte  que  les 
Chinois  retirent  du  bambou ,  de  même  qu'à  celle  que 
l'arbre  à  papier  donne  aux  Japonnois.  Ceft  en 
vertu  de  cette  forme  que  les  élémens  d'une  feuille 
de  papier  ,  fe  raccrochant  dans  tous  les  fens  , 
produit'ent  une  étoffe  d'une  force  &  d'une  con- 
fittance très-confidérables; 

BouTEiLLER  ,  fe  dit  d'une  feuille  de  papier 
qui  eft  couchée  fur  un  feutre  ,  de  manière  qu'il 
fe  trouve  des  vides  pleins  d'air  entre  quelques 
parties  de  cette  feuille  &  le  feutre.  Comme  ces 
y\\Q%  font  difpofés  de  telle  forte  que  l'air  n'a 
pas  d'iiïue  ,  quand  en  met  un  feiure  fur  la  feuille , 
qu'on  couche  enfuite  une  nouvelle  feuille  fur  le 
feutre,  l'effort  que  fait  le  coucheur  fuffir  pour  pro- 
duire ,  par  la  compreffion  de  la  bulle  d'air  , 
une  dilatation  forcée  dans  la  partie  de  la  feuille  y 
&  lui  donner  la  forme  d*une  bouteille.  Fort  fou- 
vent  même  l'étoffe  de  la  feuille  s'entrouvre.  Ces 
vides   s'alongent  toujours  dans   le  fens   fuivant 


p  A  p 

lequel  le  coucheur  applique  la  feuille  fur  le 
feutre  ,  c'efi- à-dire  ,  dans  le  fens  de  fa  droite  à 
fa  gauche.  Outre  cela  ,  l'arroodiilement  le  plus 
grand  des  bouteilles  eft  vers  l'extrémité  aloogèe 
par  la  compreflion  du  coucheur. 

Ce  font  fur-tout  les  premières  feuilles  d'une 
porfe  qui  bouttilUnt.  Il  parole  certain  qu*on  évi- 
teroit  cet  inconvénient ,  fi  Von  étendoit  deux  ou 
trois  feutres  fur  le  trapan  avant  de  les  coucher. 
11  fe  formeroit  auffi  des  bouteilles ,  (î  le  coucheur 
pofoit  en  deffus  la  furface  des  feutres  garnis  de 
poil  ,  car  ces  poils  occafionneroient  plufieon 
vides  entre  l'étoffe  du  feutre  &  la  feuille  qu'oa 
coucheroit  deffus. 

Toutes  les  bouteilles  montrent  dans  leur  chaop 
les  empreintes  des  brins  de  la.  verinre  ,  quotqoe 
ces  brins  n'y  confervent  pas  toujours  la  difpofi- 
tion  qu'ils  ont  fur  la  forme.  Ceci  femblerok 
contraire  à  ce  que  j'ai  reinarqué  à  Tardcle  des 
gouiies  du  coucheur  ,  qui  n'oi^t  aucune  marque 
de  cette  même  vet jure.  Il  eft  aîfé  cependant  de 
faire  fentir  que  les  circonftances  font  diffitreoics 
par  rapport  aux  gouttes  du  coucheur  ^  &  au 
bouteilles  dont  il  eft  queftton ,  quoique  les  tfoes 
&  les  autres  foient  des  fautes  dues  au  même 
ouvrier.  Dans  les  gouttes  du  coucheur  ,  l'eai 
eft  fi  abondante  ,  qu'elle  délaie  la  pâte  de  noo- 
Yeau ,  &  détruit  les  impreflîons  de  la  verjure  ; 
au  lieu  que  dans  les  bouteilles  »  l'aâion  de  fait 
foulèvela  feuille  d'abord  par-deflbus  iansdètrwie 
fon  tiffu  ,  &  par  confèquent  les  traces  de  la  ver- 
jure. Elles  doivent  donc  fubûfter  toujours  ,  nul* 
gré  l'extenfion forcée  qui furvient  lors  delà  com- 
preflion du  coucheur.  Les  traces  de  la  verjure  ae 
difparoiffent  guère  que  dans  les  endroits  ou  la 
bouteille  a  crevé. 

Il  paroitqne  les  bouteilles  fe  forment  quelqoe* 
fois  ,  parce  que  les  feuilles  n'ont  pas  donné  affes' 
d'eau  au  feutre  pour  le  faire  adhérer.  On  ne 
peut  guère  éviter  Us  bouteilles  occafionoées  par 
ces  circonAances  ,  qu'en  leflîvant  les  feutres. 

On  éprouve  le  même  accident  des  bouteilles  ^ 
lorfque  les  feutres  font  compofés  d'une  étoffe 
trop  foulée ,  &  qui  n'eft  pas  tiffue  de  manière 
à  bofre  l'eau  furabondante  de  la  feuille  qu'oa 
couche  deffus. 

Brasser  la  cuve  ;  c'eft ,  après  qu'elle  eft  four- 
nie ,  remuer  &  agiter  l'ouvrage  ,  de  manière 
qu'il  foit  diftribué  également  &  uniformément 
dans  Teau  qui  lui  fert  de  véhicule  ,  &  pour  qne 
cet  ouvrage  réfide  fur-tout  dans  les  parties  de  la 
furface  de  la  cuve  que  l'ouvreur  peut  atteindre 
avec  la  forme.  C'efl  le  leveur  qui  ,  conjointe- 
ment avec  Tapprenti  ,  braffe  la  cuve ,  l'un  avec 
un  palan  ou  bâton  armé  à  fon  eiirémité  d'ua 
morceau  de  planche  arrondi  &  percé  de  trous  » 
l'autre  avec  un  fimple  bâton. 

Quelquefois  l'apprenti  braffe  la  cuve  à  moirié 
porfe  ,  pour  faire  remonter  Touvrage  à   la  fur- 


P  A  P 


559 


face  de  h  cuve  ,  lorTque  tenant  peu  Veau  «  il 
ne  fe  foutient  pas  dans  ce  véhicule. 

Lorfqn*on  fabrique  de  grandes  forces  ,  comme 

on  eft  obligé  de  fournir  la  cuve  à  plufieurs  repriies  , 
on  la  braue  auflî  à  chaque  fois  qu'on  la  fournit- 
On  a  remarqué  qu'il  falloir  donner  le  temps 
à  TouTrage  de  fe  raffeoir  ,  après  qu'on  avoir 
brafiè  la  cuve.  Sans  cette  attention  ,  le  papier 
qu*oafabrlqueroit  feroit  fort  nébuleux  ;  car ,  comme 
nous  l'avons  dit  ,  ce  n'eft  qu'après  wn  certain 
repos  que  la  pire ,  puîfée  par  Touvrcur  ,  donne 
vil  papier  iranfparenr  &  égaU  On  voit  par-là 
qu*tl  peut  y  avoir  des  in*.onvéniens  à  brafler 
^^  fûDvcnt  la  cuve,  celui  fur-tout  de  gâter  plufieurs 
H  faillies  ,  avant  que  l'ouvrier /air  ce  qu'il  appelle 

^Ê  Après  que  la  cuve  eft  bralTéc  ,  on  peut  voir , 
P  à  U  forme  des  flocons  de  la  pâte  &  des  vides 
qui  fe  trouvent  entre  eux ,  en  quel  état  elt  cette 
pâte.  Si  les  flocons  font  continus  fit  également 
difperfés  dans  f^au  »  qu'ils  ne  forment  pas  des 
piquets  réparés  ,  c'eft  une  marque  que  la  pâte  eft 
tien  battue.  On  peut  s'affurer  auifi  pour  lors 
fi  die  eft  longue  ou  courte  ,  Sic. 

Ekouillard,  (  papier)  forte  de  papier  gris  qui 

n'eft  pa!i  collé*  U  y  en  a  de  pluficurs  fortes.  Les 

un*  d*une  pâte  grofllère  pour  les  plisgcs,  les  au- 

ttesd'upc  pâte  fine  pour  les  paptUottes  ,  &c.  :  c'eft 

pour  cel.i  qu'on  nomme  cette  {qï%^  pamcr  à  la  dc- 

moifeUc.  On  fe  fert  de  la  première  iorte  un  peu 

pcrfcâionnée ,  quant  au  choix  &  à  la  préparation 

de  b  pâte  ,  pour  empêcher  Tcncre  de  gâter ,  dans 

kl  livres    de   compte  ,  récriture  de    la  feuille 

oppofée.    L'inteipolition   d'une  feuille  de  papier 

brouillard  avec    les  feuilles  de  papier   propre  à 

^écritore ,  fait  mieux  que  toutes  les  poudres  polFi- 

i,  Ccft  dans  ces  vues  que  les  Anglais,  fur-tout 

féi  avoir  ptrfeâionné  cette  forte  ,  en  ont  fait 

livres  &  des  cahiers  ,  compofês  alternative- 

t  d'une  feuille  de  ce  papier,  ⣠ d'une  feuille 

apicr  d*écriture. 

n  fabrique  auili  une  forte  de  papier  brouillard 
"uDc  pâte  bulle  pour  filtrer  les  liqueurs.  Les  apo- 
Aicaires  ,  les  chimiftes ,  en  font  un  grand  ufage, 
*infi  que  les  officiers.  On  le  connoît  particulière- 
ttent  (bus  le  nom  de  papier  JofipL  Voyez  les  ar- 
ticles de  ces  différens  papiers. 

Erulê  de  colle.  On  indique  par  ces  mots  un 
çfiei  aflTez  fingulier  de  la  colle  fur  le  papier.  Les 
feuilles  de  papier  atteintes  de  ce  défaut ,  femblent 
pénétrées  d'une  fubflance  qui  en  détruit  la  blan- 
cheur comme  feroit  rhutle  ,  excepté  que  les  taches 
tJe  ifruîé  de  colU  ,  ont  des  limites  fixes  &  ne  s'éten- 
dent pas  indéfiniment.  On  ne  connoit  pas  la  caufe 
de  ces  taches,  qui  gâtent  fouvent  de  grandes  par* 
fies  de  papier  après  le  collage.  Les  mots  dont  on 
fe  fcrt  pour  indiquer  ce  défaut ,  nous  porteroient 

Ià  croire  qu'on  l'attribue  à  l'emploi  d'une  culle  trop 
diaude. 
Bulle;  (chitToii)  c*efl  ordinaireinem  dans  le 


te 


triage  des  chiffons  k  troifième  lot.  Cette  forte  de 
chiftbn  fe  pourrit  plus  facilement  que  celui  des 
lots  du  fin  6c  du  moyen  ,  &  fufc  en  conféquence, 
fi  Ton  ne  modère  pas  les  effets  de  la  fermentation. 

fiULLC  ;  {  papier  )  c'eft  celui  qui  fe  fiibrique 
avec  les  matières  bulles  :  c*eft  la  dernière  qualité 
des  papiers  d'écriture  &  d'impreffion. 

Cadran  ,  moyenne  forte.  Voyez  le  tarif,  p.  5  58. 

Cadre  de  la  forme.  Voyez  couverte*  Un  feul 
fuffit  pour  une  paire  de  formes ,  pag.  499. 

Caillé  ;  (  papier  )  papier  d'une  étoffe  ferme 
&  folide  «  &  qui  a  beaucoup  de  maniement  :  il 
I  peut  avoir  ces  qualités  lorfque  le  chiffon  n'a  pas 
été  trop  pourri ,  que  la  pâte  ,  triturée  fans  beau* 
coup  de  graiffe  »  a  permis  â  l'ouvreur  de  ferrer  & 
fie  donner  de  la  liaifon  à  Touvrage  fur  la  forme  ; 
enfin ,  lorfque  le  papier  a  été  coUé  &  échangé 
avec  foin. 

Caisses  de  dépôt  ;  ces  caiiTes  font  de  deun 
fortes  ;  les  premières  font  deflinées  à  recevoir  la 
matière  effilochée  feulement  :  comme  cette  ma- 
tière perd  toute  l'eau  qui  fert  de  véhicule  pour  la 
transporter  dans  ces  cailles,  elles  font  garnies att 
fond  d'une  efpèce  de  grillage ,  qui  donne  iffue  à 
l'eau. 

Les  autres  deflinées  à  recevoir  la  pâte  raffinée  » 
&  3  la  conferver  avec  fon  véhicule,  font  fcellées 
exactement  par-tout  de  manière  à  contenir  Teau. 

On  a  foîn  tie  couvrir  les  unes  &  les  autres  » 
pour  que  la  matière  ne  foit  pas  expofée  à  rece- 
voir les  faletès  que  pourroicnt  occafionner  les  opé* 
rations  qui  fe  font  dans  râtelier  ûti  font  ces 
caiffes. 

On  peut  les  confiruire  de  difTérerrs  matériaux  ; 
mats  fi  l'on  emploie  le  bois ,  il  faut  éviier  de 
faire  ufagc  du  chêne ,  qui ,  dans  les  premiers  temps 
fur-tout ,  fourniroit  un  extrait  aiïez  abondant  pour 
colorer  la  pâte.  Le  bois  de  fapinvaut  mieux,  quoi- 
qu'il dure  moins  «  parce  qu'il  n'a  pas  les  mêmes 
mconvénienf.  Voyez  pag.  492  ,  la  defcriptioti 
é'^un^  caifTe  de  dépôt  pour  la  pâte  effilochée,  telle 
qu'elle  efl  établie  dans  un  moulin  à  cylindre, 

Camelottier  ;  forte  de  papier  pour  envelop- 
pes. Voyez  enveloppes  ,  pâte  grife. 

Cardinal  (papier).  On  le  fabrique  ordinaire- 
ment fort  mince  ,  parce  quil  eft  particulièrement 
deftiné  â  faire  du  pnpier  â  lettre  pour  ks  négo- 
cians.  Il  eft  fait  de  pâtes  fines. 

Carré  au  raisin  ;  forte  moyenne  »  d'une  fa* 
brication  &  d'un  uf.ge  fort  communs.  On  ne  l'em- 
ploie que  pour  rimprcifion.  Plié  in* 4*.  ,  in-îi**. 
6c  in-ii ,  il  donne  des  formats  d'une  très -belle  pro- 
portion ;  on  en  a  varié  d*ailleurs  le  poids,  fuivant 
les  demandes  des  imprimeurs.  Tarif,  pag.  537. 

Carre  ilakc  fluant  j  il  a  les  mêmes  dimen* 
fiops  que  le  précédent  ;  mais  il  ne  péfe  que  1 3  à 
14  livres-  On  l'emploie  pour  rimprcÂîon  djsalma- 
nachs  &  d^  ta  bibliothèque  bleue. 

CaeR£  gris  ;  il  a  13  pouces  &  demi  fur  j(  & 


56o  P  A  P 

demi,  &  pèfe  de  17  à  x8  livres  la  rame.  II  fert 
auflî  pour  enveloppes. 

Carré  très-mince  ,  du  même  format  que  le 
précédent.  Voyez  le  tarif,  pag.  537. 

Carré  ;  d'un  format  plus  petit  pour  envelop- 
pes. Voyez  enveloppes ,  pâtes  grifes. 

Carré  musc  ;  iorte  de  papier  fabriqué  de  dé- 
bris de  cordages  &  de  filets  de  pêcheurs.  Il  a  31 
pouces  &  demi  fur  22  pouces  &  demi ,  &  péfe 
de  4c  à  42  livres  la  rame  :  il  fert  à  &ire  des  (acs 
&  des  enveloppes. 

Il  n*y  a  que  le  carré  mufc  qui  foit  réellement 
carré ,  &  dont  les  deux  dimenfions  foient  égales. 
Dans  les  autres ,  la  hauteur  diffère  de  la  longueur 
affez  fenfiblement. 

Cartier  ;  papier  qui  fert  à  la  fabrication  des 
cartes  à  jouer  :  il  y  en  a  de  plufieurs  formats  ;  le 
grand  cartier-dauphinc  ;  le  carr'ur  grand  format^  8c 
le  Cartier  ordinaire  d*un  plus  petit  format  :  ces  for- 
tes fervent  à  faire  le  dos  des  cartes.  Voyez  le  ta- 
rif, pag.  S38  ,  &  outre  cela,  ce  que  j'ai  dit  des 
principes  qui  doivent  diriger  le  choix  &  la  prépa- 
ration des  pâtes  qu'il  convient  d'employer  à  fa 
fabrication ,  pae.  527.  Les  fabricans  de  i'Angou- 
mois  ont  perfeftionné  cette  forte. 

On  a  donné  auffi  le  nom  de  cartier  ordinaire  au 
papier  au  pot  qui  fert  k  couvrir  le  dedans  des  cartes. 
Voyez /7o/,  &  le  tarif,  pag.  538. 

Il  y  a  enfin  un  cartier  qui  s*expédie  au  levant 
par  le  port  de  Marfeilie  ,  &  qui  a  des  dimenfions 
différentes  des  précédens. 

Cartons  pour  les  apprêts  des  étoffes  de  draps; 
fur  quels  principes  ils  doivent  être  fabriqués. 
Voyez  pag.  K%6. 

casser  ,  ugnifie  dans  les  papeteries ,  déchirer  ou 
féparer  des  portions  quelconques  des  feuilles  de 
papier.  C'eft  dans  ce  fens  que  Ton  dit  :  on  ne  peut 
le  hafarder  à  laiffer  long-temps  féjourner  les  poi- 
gnées dans  la  colle  ,  fans  courir  le  rifque  d'en  caf- 
fer  une  partie ,  &c. 

Cassés  (  papiers  )  ;  ce  font  ceux  qui  font  dé- 
chirés ,  tant  fur  les  bordures  que  dans  l'intérieur 
des  feuilles.  Ces  papiers  font  le  dernier  lot  de  ceux 
qui  fe  trient  à  la  falle  par  les  déliffeufcs.  Il  renferme 
ceux  à  qui  il  manque  ou  quelques-unes  de  leurs 
parties  ,  ou  qui  font  percés  ou  déchirés  fur  les 
Lords  &  dans  l'intérieur ,  ou  bien  qui  ont  quelques 
défauts  trés-marqués.  Voyez  déliJJ'er,  Comparaifon 
de  la  quantité  des  cajfcs  dans  nos  fabriques  avec 
ceux  des  fabriques  de  Hollande,  pag.  524. 

Cassots  ,  fortes  de  caiffes  en  compartimcns  , 
ou  les  trieufcs  mettent  les  différens  lots  de  chif- 
fon,  pag.  483. 

Cavalier  ;  il  y  en  a  de  deux  formats  :  le  cava- 
lier &  le  petit  cavalier.  Ces  fortes  paroiffent  occu- 
per le  milieu  entre  les  grandes  &  les  moyennes. 
Voyez  le  tarif,  pag.  537. 

CUEILLETTE  DU  CHIFFON;  la  Cueillette  du  chif- 
fon cft  aiïujétie  à  certaines  limités  autour  des  pa- 
peteries qui  font  les  centres  de  confommation  de 


F  A  P 

cette  denrée ,  pa^.  483.  Elle  peut  encore  s^tibCr 
dans  plufieurs  vides  en  France  ;  &  un  moyen 
d'augmenter  nos  papeteries  feroit  une  dîftribu- 
tion  de  ces  établlflemens ,  réglée  fur  les  reflbnrcçi 
des  nouvelles  cueillettes ,  ibid. 

Cueillette  des  pages.  Voyez  ramajfer  les  pages. 
Cueillette  du  papier.  Voyez  recueillir  le  papier. 
Champi  ;  moyenne  forte  donc  on  fait  beaucoop 
d*ufage.  Elle  eft  du  môme  format  que  le  èâtarL 
Voyez  le  tarif,  pag.  537. 

Chantonné  ;  (  papier)  papier  défedueuz,  & 
dont  on  fait  le  troiuéme  lot  dans  certaines  fabri- 
ques. 

Chapelet  ,  grande  forte  dont  on  fait  un  grand 
ufagc  pour  i'imjpreifion  des  canes  géographiqna 
&  même  pour  le  deflin.  On  le  fabrique  de  deux 
tbrmats.  lï  y  z  le  chapelet  &  le  petit  cUpelet. 
Voyez  le  tarif,  pag.  536. 

Chapiteau  ,  boite  arrondie  qui  fert  k  recoo- 
vrir  le  cylindre ,  &  à  contenir  les  chiffons  &  b 
pâte  qu'il  fait  circuler.  Le  chapiteau  renferme  à 
Tune  de  fes  extrémités  deux  chafiis ,  dont  Tun 
porte  une  verjure  en  fils  de  laiton  ,  &  Tautre  une 
toile  de  crin  pour  arrêter  les  matières  que  le  non- 
vement  de  révolution  du  cylindre  lance  contre  ces 
obfiacles ,  mais  qui  donnent  en  même  temps  ifliie 
à  Teau  fale. 

Les  chapiteaux  des  cylindres  raffiaeurs  ,  ob 
n'ont  point  de  chaffis ,  ou  font  garnis  en  méma 
temps  d'une  planche  qui  ferme  toute  iffue  à  Teaa 
dans  laquelle  la  pâte  circule ,  pag,  492  ,  493  fil 
494. 

La  différente  hauteur  de  la  voûte  du  chapiteaOi 
détermine  la  quantité  de  chiffon  qui  retombe  dans 
la  pile  pour  rentrer  dans  le  torrent  de  la  circoli* 
tioB  ,  &  celle  qui  parvient  jufqu^aux  chaffis. 

Châssis,  (papier  à )  Ce  papier  fert  à  garnir 
les  croifées ,  &  â  donner  un  jour  fort  doux  anz 
ouvriers ,  lorfqu'il  a  été  huilé.  On  Temploie  fa^ 
tout  à  Lyon  &  dans  certaines  villes  du  Dauphinéi 
où  il  y  a  des  fabriques ,  &  même  dans  les  villa- 
ges :  il  peut  être  de  différens  formats  ;  mais  on  a 
foin  qu'il  ne  foit  pas  trop  étoffé ,  &  que  la  pitf 
en  foit  blanche  &  pure. 

Châssis  du  chapiteau,  font  de  deux  fortes, 
Tun  garni  d'une  toile  en  fils  de  laiton  ,  &  Tautrc 
d'une  toile  de  crin ,  pag.  492.  Quelques  chapi- 
teaux de  cylindres  à  ramner  n^ont  point  de  cet 
chafHs  ,  parce  qu'ils  ne  donnent  point  d^iiTuc  J 
Teau  au-dehors  :  ceux  qui  ont  de  ces  chaifis  ren- 
ferment auffi  dans  une  double  coulilTe  une  cfpèce 
de  vanne,  qui  en  ferme  l'ouverture  ,  &*pr.r  cooic- 
quent  intercepte  toute  communication  de  la  nu* 
tière  avec  le  dehors  :  j'obferve  que  la  toile  en  û.^ 
de  laiton  '^  doit  être  ferme  &  folide  ,  &  qu'il  fauti 
pour  lui  donner  ces  qualités ,  que  non-feuiement 
les  brins  foient  d'un  moyen  calibre ,  mils  encortf 
écrouis  à  la  filière. 

Châssis  de  la  forme  ;  c*eft  raflTemblagc  ce 
quatre  tringles  de  bois  à  angles  droits,  ionxàtni 

(or 


P  A  P 

t  les  grands  côtés  »   &  deux  autres  les  petits 
:ôtèf.  Ce  châffis  cft  fortirié  par  des  barres  de  fa- 

Î;in,  qui  traverient  d'un  grand  côté  à  l'autre.  CeÛ 
ur  ce  chaHis  qu  on  établit  la  toile  de  lakon  qui 
lert  à  faire  le  papier»  Voyez  pag.  498» 

Chiffonnures  ;   femmes  qui  tom  dans  les 

^mpagnes  la  cuetlletxe  du  chiffon.  Leur  induflrie 

là  ce  fujet,  pag,  462.  On  appelle  au0ï  (hijfonnièrcs 

Pbelles  qui  font  le  triage  du  cbiibn  dans  les  fabn> 

ques» 

Chiffons  ;  ce  font  de  vieux  morceaux  de  toile 
de  chanvre,  de  lin  ou  de  coton  ,  qu'on  ramage 
pour  en  faire  une  pâte,  avec  laquelle  fe  fabrique 
U  papier  d'Europe. 

-_  Cueillette  &  commerce  des  chiffons  ,  pag.  48a  , 
nbnt  plus  abondans  dans  les  campgnes  que  dans 
■es  villes ,  ihU.  Différentes  qualiiés  des  chiffons 
nulvant  les  provinces  d'où  on  les  drc  ,  relative- 
ment au  pourriffnge  »  à  la  nature  des  pâtes  &  aux 
qualités  des  papiers  qui  en  réfultenr  ,  ibid,  Certai- 
Lues   provinces  en  fouroiffem  plus  que  d'autres  » 
■en  conféquence  de  ces  différentes  qualités  ,  ibiJ, 
Blatiérc  précieufe,  &  qui  ne  coûtant  prelque  que 
■b  peine  quoccafionne  la  cueillette,  ne  peut  être 
remplacée  par  les  plantes  brutes  ou  par  les  dé- 
pouilles des  arbres  6l  arbuftes,  483.  Sa  cueillette 
ne  s'étend  que  dans  la  proportion  du  prix  qu'y 
peuvent  mettre  les  fabriques,  ibU,  Son  triage  en 
différens  lotv  ,  Se  les  avantages  de  Texaditude  de 
ce  triage  ,  thid  &  484, 

Chine  ,  (  papier  de  la  )  belle  étoffe  propre  à  dif- 
férens nfages.  Je  parle  ici  du  papier  fait  avec  ta 
matière  précieufe  du  bambou  ,  qu'on  a  prtfe  en 
France  pour  de  la  foie.  Les  Chinois  fabriquent 
auiïî  dans  les  différentes  provinces  de  cet  einpire, 
toutes  les  efpéccs  de  papier  que  nous  connotffons  : 
dans  les  provinces  du  nord  des  papiers  de  chiffon, 
foit  de  chanvre  ,  foit  de  coton  :  ailleurs  iïs  cm- 
|iloiem  l'écorce  intérieure  d'un  marier  &  de  Tar- 
brc  à  coton  ,  pag,  473  Mais  ce  qui  doit  nous  in- 
téreffer  le  plus  ,  ce  font  les  détails  curieux  des 
procédés  que  ce  peuple  tnduflrieux  emploie  pour 
préparer  U  matière  du  bambou  6f  de  récorce  in- 
térieure des  arbres,  pag.  474.  Les  manipolarions 
fimples  de  la  fabrication  du  papier  de  la  Chine , 
ibnt  une  fuite  de  la  qualiLé  des  matières  du  bam- 
bou Bl  du  mûrier ,  pag,  479,  Elles  doivent  nous  fer- 
vif  de  modèle  dans  remploi  qu*on  tenter  oit  de 
£itre  en  Europe  âcs  fubff^nces  femblables  tirées 
écs  Tofeaux  &  de  l'écorce  intérieure  des  arbres  , 
iàiJ.  Apprêts  de  ce  papier ,  pag.  474  &  479* 

Manière  dont  les  Chinois  font  ufage  de  leurs 
papiers,  pag,  475 • 

Circulation  du  chiffon  &  de  b  pire  dans  les 

Elles.  Elle  s'exécute  dans  les  piles  à  maillets  par 
r  mouvement  fucceiVif  des  maillets  ^  par  ta  diOn- 
btition  inégale  de  Teau  dans  les  plies  ;  enfin  parle 
T&hicvie  qui  pénètre  inégalement  la  matière ,  pag. 
490.  Elle  s'opère  dans  les  piles  à  cylindres  par  la 
fèvolution  rapide  du  cylindre  qui  afpirc  louvrage 
jêftê  &  Métiers,  T&me  K  P^nie  IL 


d*u«  cité  poar  le  rejeter  de  Tautre,  Le  lavage  4c 

la  trituration  des  matières  font  en  raifon  de  Tacti' 
vite  Si  de  la  fuite  de  cette  circulation  ^  pag.  49O  , 
493  &  fui  van  tes. 

Claudien  ,  (papier)  la  plus  belle  forte  du 
papier  d'Egypte  ,  oc  la  plus  perfeâionnèe  fous 
Tempereur  Claude  ,  pag.  46^. 

Cloche  ;  (  papier  à  la  )  forte  moyenne  parti- 
culièrement deffinée  à  l'écriture,  11  y  a  auffi  un  pz- 
picr  i  la  douhU  cloche  ,  qui  eft  d'un  format  plus 
grand ,  &  /j  grande  licorne  à  U  cloche.  Voyez  le 
tarif,  pag,  537. 

Enfin  un  papier  i  la  cloche  ,  qui  s'expédie  au 
levant ,  &  dont  tes  dimenfions  différent  des  fortes 
qui  précèdenr. 

Coin  ,  bon  coin  ,  bonne  cornière  ,  bon  earron.  Le 
bon  coin  eft  fur  le  haut  de  U  forme  à  droite  de 
louvreur.  Le  coucheur  le  met  fur  le  haut  de  la 
porfe  aufTi  à  fa  droite.  Après  qu'on  a  preffé  la 
porfe-feurre  ,  le  bon  carron  fe  trouva  à  portée  du 
leveur  qui  le  pince  de  la  droite  ,  le  faiftt  de  la 
gauche  ,  ôc  le  place  k  fa  gauche  dans  I^e  haut  de  la 
telle  qu'on  appelle  les  mains.  Lorfqu  on  relève , 
on  renverfe  la  porfe  ^  pour  que  le  bon  coin  foit 
au  bas  &  à  droite  du  releveur  :  cnforte  que  le  re- 
leveur  qui  fe  place  en  face  de  la  porfe,  peut  faifir 
ce  bon  coin  de  la  droite  &  le  coin  oppofé  de  la 
gauche  pour  foulever  la  feuille  entière.  Lorfqu'on 
porte  à  rétendoir  les  porfes  blanches  après  re- 
change, on  les  étend  en  pages  fatis  les  retourner. 

Quand  on  recueille  les  pages ,  &  qu*on  les  dé- 
plie ,  on  met  le  bon  coin  à  gauche.  Il  faut  donc , 
après  la  colle  ,  retourner  les  rames  pour  mettre  le 
bon  coin  à  droite  au  bas  de  la  feuille,  Qfeft  alors 
que  la  jeteufe ,  après  avoir  pincé  le  bon  coin  de 
la  main  gauche  ,  jette  la  feuille  de  la  droite.  Il 
eft  aifé  de  voir  que  tous  les  changemens  de  ûtua- 
tion  des  porfes  fe  font  pour  que  dans  toutes  les 
circonflances  le  bon  coin  fe  préfente  dans  une  pc- 
fition  favorable  aux  opérations  du  leveur  ,  du  rô- 
leveur  &  de  Fétendeur, 

Collage  j  apprêt  qu'on  donne  au  papier ,  & 
qui  non-feulement  le  rend  propre  à  recevoir  Técri* 
turc  fans  boire  ,  mais  encore  lui  communique  une 
certaine  fermeté  néceffairc  dans  un  grand  no mbrç 
d^aufrcs  ufages  auxquels  on  rapplique. 

Le  collage  des  Hollandois  s'exécute  fur  des  prin- 
cipes affortis  à  la  nature  de  leurs  papiers  faits  de 
pâte  non-pourrie  ,  pag.  519  &  S^o  ,  fuivant  les 
réglemens  le  alliage  doit  être  égal,  pag,  519.  Il 
faut  moins  de  colle  pour  le  collage  des  papiers 
bulles  &  gris ,  que  pour  celui  des  papiers  Ans  & 
moyens. 

Le  cêllage  des  papiers  de  la  Chine  &  du  Japon  fe 
fait  feuille  à  feuille  au  moyen  de  matières  muciïa- 
gîncufes  fournies  par  les  végétaux.  L*étoffe  de  ces 
papiers  comporte  ce  collage  feuille  à  feuille  &  les 
colles  végétales  :  le  collage  du  papier  d'Europe  ne 
peut  fe  faire  feuiUe  à  Quille  fans  rifquer  de  le 

Bbkb 


562 


P  A  P 


<affer  *  8t  les  matières  collantes  fe  tirent  des  fubf- 
tances  animales  ,  pag,  474. 

CoLLi  ;  (  chambre  de  )  c'cft  TatcUer  ôîi  Ton 
fait  cuire  la  colle  ,  &  où  Ton  colle  k  papier*  Il  eil 
meublé  d'une  ou  de  deux  chaudières  de  cuivre 
montées  fur  un  fourneau  ;  de  deux  b^tifincs  de 
cuivre  qu'on  nomme  mouïUoir ,  avec  un  nèpitd  ou 
réchaud  ;  d*yn  couloir  pour  pafler  la  colie  ;  enfin 
d'une  prefle  de  moyenne  force,  J*ajouterois  un 
rcpofoir  op  cuvicr  de  bois  fort  large  &  peu  pro- 
fond ,  pour  y  mettre  en  dépôi  la  colle.  Voyez  pag. 
j  J7  &  fuivantes. 

11  fcroir  à  défirer  que  le  fourneau  fiirteqLiel  font 
montées  les  chaudières  deAinées  à  la  cuiiTon  de 
la  colle  j  fut  conf^ruit  de  manière  à  ménager  en 
même  temps  fe  corabuflible  ,  &  à  procurer  le 
degré  de  chaleur  le  plus  convenable  à  Textrâdion 
des  parties  collantes»  Voyez,  pag.  518,  les  détails 
de  ta  conAruâion  de  h  preàe  ⣠ de  fes  manoeu- 
vres. 

Le  repofoir  ne  fe  trouve  guère  que  dans  les 
tnouUns  HolUadois,  où  il  fert  à  recevoir  le  bouil- 
lon de  la  colle ,  qu'on  y  tranfvafe  encore  chaud* 
^  mefure  que  la  cuifTon  s'opère.  Ce  cuvier  efl 
trés-proprc»  parfa  conflruâion  en  boîs^  à  ménager 
le  refroîdiflement  de  la  colle  ,  &  à  favorifet  par 
ce  moyen  la jpréctpitanon  des  matières  étrangères 
ijui  la  terniffent  lorfqu'on  la  retire  de  la  chau- 
dière y  &  qui  communiqueroient  au  papier  le  plus 
blanc  y  une  teinte  jaunâtre  fi  on  employoit  la  colle 
fans  la  lai  (Ter  purifier  par  le  retroidiO'ement.  On 
fe  fert  aiiiTi  d\me  des  cl^audiéres  de  la  chambre 
de  colle  pour  chiuffer  la  leiTive  des  feutres, 

CoLi^Ufv  ;  (c'eft  le  falèran)  ouvrier  qui  plonge 
dans  la  colie  les  poignées  des  pages,  ⣠ qui  ^  p  r 
des  manœuvres  très-délicates  ,  lei  r  fait  boire  la 
colle  en  évitant  de  ca^er  les  feuilles ,  pag.  51S. 
Les  manoeuvres  des  colleurs  Hollandois  différent 
des  nôtres  «  &  font  appropriées  à  ce  que  peuvent 
comporter  les  étoffes  de  leurs  papiers  fermes  & 
foUd:s,  parce  quelles  font  formées  de  pâtes  na- 
turelles ou  non-pouriies  ^  pag,  510* 

Colombier;  (grand)  forte  de  papier  qui  » 
ap'és  le  grand-aigie ,  eft  le  plus  employé  à  l'im- 
prelllon  des  cartes  géographiques,  des  cilampes  , 
&  2iîx  defïîi  s.  Voyex  le  rari/\p.  536.  On  le  fait  de 
pâtes  fines  tk  moyennes ,  ainfi  que  les  grandes 
fones  qui  ont  les  mêmes  deAinations. 

Compte;  (  papier  grand  )  forte  aflei  étoffée , 
&  qui  fert  particulière  ment  à  former  les  livres  des 
marchands ,  tes  états  des  différens  comptes  :  il  efl 
fabriqué  de  pâtes  fînes  &  moyennes. 

Il  y  a  auffi  un  moyen  compte  ou  fimplcmcnt 
eomp!< ,  d'un  format  plus  petit.  Voyez  écu  6l  le 
tarif,  pag.  537. 

CoMPTEUSES  ^  femmes  de  la  falk  qui  aïïem- 
kleni  les  feiiilles  de  papier  plièes  en  deui ,  pour 
en  former  des  mains ,  pag.  524, 

Cordages  des  étcn doits.  On  fc  fert  communé- 
ment en  France  de  cordages  de  chauvre  poui  en 


p  A  P 

garnir  les  étendotrs  «  &  dans  quelques  fabrîquef 
on  les  garnit  avec  des  cordes  de  Técorce  de  til- 
leul ,  qui  durent  davantage  que  les  premières  ;  mais 
il  faut  avoir  attention  de  les  faire  bouillir  dans  une 
leffive  de  manière  à  enlever  la  partie  coloraote 
qui  pourroit  lacher  le  papier. 

Un  fait  auffi  nfage  de  cordes  de  jonc  &  de 
fpart  ;  mais  il  ell  néceffaire  de  les  cirer  6iignrufe- 
ment  pour  empêcher  que  les  extrémités  des  bnm 
qui  entrent  dans  la  compofitjon  de  ces  cordages» 
6c  qui  ont  beaucoup  de  roideur  »  ne  percent  en 
débordant  les  feuilles  de  papier  qu  on  èteadroit 
deffus.  Au  moyen  de  la  préparation  du  cirage  « 
ces  cordages  ont  été  employés  avec  fuccès,  & 
ont  fait  un  long  fer  vice.  D'ailleurs  on  a  remarqué 
que  le  cirage  a  encore  cet  avantage,  qu'il  empê- 
che la  matière  de  ces  cordes  d'attirer  ITiumiditè 
du  papier ,  &  de  la  rendre ,  comme  font  les  cordes 
de  chanvre  ,  à  mefure  qu'il  fèche ,  ce  qui  occa* 
fionne,  comme  nous  Tavons  obfervè  »  les  froncti 
6i  les  rides. 

Je  crois  que  le  plus  ordinairement  on  emploie 
des  cordages  d*un  trop  petit  calibre  ,  ce  qui  nuit 
au  féchage  égal  des  pages  ,  qui  auroit  lieu,  ft  une 
plys  groffc  corde  ccarioii  davantage  les  deu«  feuil- 
lets des  pages  ©u  même  des  fimples  feuilles  après 
la  colle»  C*eA  en  partie  pour  remédier  à  cet  in* 
convénient,  que  Ton  prend  jufqu'à  trois  cord«l- 
la-fois  pour  étendre  les  grandes  fortes  ;  isais  ccb 
ne  fumt  pas.  • 

La  m:ifière  du  chanvre  a  encore  le  défavanrige 
de  changer  de  dimenfions  ,  de  fe  raccourcir  ou  de 
s'étendre  fuivant  Tétat  de  féchereffe  ou  d^humi- 
dité  de  latmofphére  ;  ce  qui  fait  que  ces  cordes 
font  fujettes  à  fe  courber  &  à  déformer  les  feuilles 
du  papier  qu'on  étend  deiïus. 

Dans  les  papeteries  oii  Ton  fabrique  communé- 
ment de  grandes  fortes,  on  a  fenti  la  nécelTité  de 
remédier  à  cette  courbure  qui  devient  plus  grande 
fous  le  poiJs  des  papiers  torts,  Au  lieu  de  corda- 
ges ,  on  fe  fert  de  perches  de  deux  pouces  envi- 
ron de  largeur^  à  dos  arrondi  par  la  partie  fupé- 
rieure  ,  &  qui  offrent  des  faces  planes  fur  les  deuf 
côtés.  Au  moyen  de  ces  perches  ,  le  grand-aigîe^ 
le  colombier  ,  le  nom-de-jéfus  ,  &c*  s'ttendcm  ÔC 
fe  fèchem  fans  inconvénient  dans  les  belles  fabri* 
ques  de  Thomas  Dupuy  en  Auvergne. 

Coréens  ;(les)  fabriquent  à  Timitation  des  CK- 
nois  des  papiers  plus  forts  &  plus  folides  que  crut 
de  la  Chine  ,  pag,  47c.  Leurs  papiers  fervent  noû* 
feulement  à  récrit ure  &  au  delîin  ,  mais  encore  I 
garnir  les  chaflis  des  fenêtres  ,  à  ^ite  de  groflcf 
enveloppes  &  les  garnitures  intérieures  des  kibits. 

nu. 

Cornet  ,  grand  &  pttit'Comei.  Quoique  ces 
deux  fortes  diffèrent  beaucoup  quant  au  formttt 
elles  conviennent  Tune  &  l'autre  en  ce  qu*ofl  le* 
fabrique  fort  minces  ,  parce  que  leur  principal  «fife 
eft  en  papier  à  lettre.  Voyer  le  tarif,  pag.  5  J7. 

Coton  ;  (  arbre  à  )  il  tournit  la  matière  dii  pt*    ^ 


I 


k 


P  A  P 

pîer  de  la  Chine  le  plus  blanc  ,  le  plus  fin  ,  le  plus 
uni  &  le  moins  fujet  à  fe  cafTer  ,  à  prendre  l  hu- 
iiitdtîé  de  Tair,  &  i  être  rongé  par  les  vers  »  pag, 

473- 

COTON  ;  (papier  de)  époque  de  fon  inven- 
tion ,  pag,  471,  Son  ufage  fait  tomber  le  papier 
d*Egypte ,  ;^i</.  Nous  ne  conDoiïïbns  pas  les  pro- 
cédés de  fa  fabrication  dans  le  Levant ,  pag.  471. 
Se  fabrique  auffi  dans  certaines  provinces  de  la 
Chine ,  pag.  474. 

Coucheur  ;  fécond  ouvrier  de  la  cuve  ,  qui 
reaverfe  la  forme  chargée  d'une  feuikle  de  papier , 
&  l'applique  fur  les  feutres  ,  pag,  502.  Ses  tonc- 
dans  mécaniques  dans  le  trmvail  de  la  cuve ,  ihiJ, 
Principes  d*après  lefquels  le  coucheur  doit  opérer 
fut  van  t  la  qualité  des  pâtes  &  d  autres  circenilan- 
ces  ,  pag,  506  6i  fuivames. 

Couloir  pourpafTer  la  colle.  On  emploie,  dans 
Hotention  de  purifier  la  colle  ,  une  étone  de  drap 
ou  de  ferge  qui  n'cft  propre  qu'à  arr^rer  au  pai^ 
fage  les  plus  grofîes  faktés.  Il  s'en  faut  bien  que 
ce  couloir  ferve  à  éclairclr  le  bouillon  de  la  colle , 
en  la  dépurant  des  matières  étrangères  qui  en  trou- 
blent la  tranfparence  ,  &  qui  font  tel  le  ment  divi- 
fies  dans  la  liqueur ,  qu'elles  paiTeni  ih  travers  Tétoffe 
mêlées  aux  parties  collantes  qu'elles  continuent  de 
ternir  fit  de  gâter. 

Ce  n*eft  que  par  le  moyen  du  repos  &  d'un  rc- 
froidiiTement  lent  ^  que  ces  fèces  peuvent  fe  pré- 
cipiter en  abandonnant  la  colle  ,  &  qu*on  l'obtient 
claire  &  d'une  belle  tranfparence  ;  enforte  que  le 
papier ,  après  avoir  reçu  une  colle  ainfi  purifiée  ,, 
conferve ,  à  très-peu  de  chofe  près  ,  le  ion  de 
hbnc  qu'il  avoit  î  ce  qui  me  paroit  un  trés*grand 
avantage  pour  le  débit  des  papiers. 

Je  crois ,  au  furplus ,  que  ces  matières  étrangères 
mêlées  à  la  colle ,  peuvent  nuire  à  l'introdu^on 
des  parties  collantes  dans  rétoffe  du  papier  «  & 
lur-tout  à  fon  introdu^on  égale  &  uniforme. 

Couronne  ;  cette  forte  fe  fabrique  ou  étoffée  ' 
ou  mince  :  elle  fert  principalement  à  l'écriture  :  on 
imprime  auffi  quelquefois  fur  la  couronne  étoffée. 
Voyez  le  tarif,  pag.  557* 

On  envoie  auÔi  dans  le  Levant  du  papier  cou- 
ronne  ,  qui  diffère ,  quant  ail  format ,  du  précé- 
dent. 

Coutelas  ;  forte  moyenne,  voy.  le  tarif,  p.  537. 

Coutures  »  doivent  être  féparées  des  mor- 
ceaux de  chiffon  dans  le  triage ,  6c  triturées  fépa- 
fément  avec  les  maiOets,  Ces  machines  triturent 
mieux  y  quoique  plus  lentement ,  les  nœuds  des  âls 
à  coudre  que  les  cylindres  ,  qui  ne  peuvent  les  at- 
fénuer  8c  les  détruire ,  mais  leur  donnent  feule- 
ment une  forme  ronde. 

Couverte  ;  affemblage  de  quatre  tringles  de 
bois  jointes  enfemble  à  angles  droit,  fit  ëvidées 
par-deffous  en  feuillures  ,  de  manière  à  s'appli^ 
quer  eiaâement  fur  les  quatre  bords  de  ta  forme. 
Avant  que  de  plonger  fa  forme  dans  la  cuve  ,  Tou- 
vrcur  place  la  couyerie  deffus,  pour  qu'elfe  re- 


p  A  P 


563 


tienne  la  quantité  de  matière  qui  convient  à  la 
forte  de  papier  quM  fabrique  ,  &  pour  que  la  pâte 
ne  tombe  pas  le  long  des  bords  pendant  les  diffé- 
rentes fccouffes  qu'il  donne  à  la  forme  pour  Téga- 
lifer  &  faire  écouler  l'eau  furabondante.  Ce  n*efl 
que  lorfque  la  pâte  cft  affaiffée  fur  la  forme ,  & 
que  l'eau  eft  égouttée ,  qu'il  lève  la  couverte  pour 
la  replacer  fur  une  autre  forme.  Il  eft  effentiel 
que  la  couverte  joigne  bien  ex^éicment ,  fans  cela 
la  pâte  s^infmuerou  entre  les  bords  de  la  forme 
&!es  trîneles  de  la  couverte  ,  &  dans  ce  cas  les  bor- 
dures des  feuilles  feroient  bavcufes  &  mal  tet« 
minées. 

Uouvreur  évite  foigneufement ,  lorfqu'il  lève  la 
couverte  de  dcffus  la  forme»  d'offenfer  les  bor- 
dures, &  de  laiffcr  tomber  fur  ta  feuille  des  gouttes 
d'eau  qui  y  feroient  une  imprcffion  qy*on  ne  peut 
détruire  par  aucun  moyen. 

Croissant  ,  (papier  aux  trois  croiffans  )  façon 
de  Venife,  forte  qu'on  envoie  dans  le  lev.HU.  Elle 
s  17  pouces  fur  12  &  demi,  &  pefant  au  moins^iÔ 
livres. 

Papser  aux  trots  croijfars  ou  trois  lunes ,  a  1 6 
pouces  fur  12,  Scpéfant  au  moins  quatorze  livres 
10  onces. 

Crgisette  ;  forte  qui  sVxpédie  au  levant  comme 
les  précédentes  :  eïle  a  15  pouces  5  lignes  fur  ti 
pouces  &  demi ,  &  péfe  au  moins  fept  livres  fix 
onces. 

Cuve  ;  {  chambre  de  )  c'eft  TateHer  où  le  pa- 
pier fe  fabrique  6l  reçoit  fes  premières  façons. 
Cette  chambre  cft  meublée ,  i**.  de  la  cuve  oii  Ton 
dépofe  l'ouvrage  que  l'on  puife  avec  les  formes  ; 

1".  De  la  preffe  fous  taquetle  on  fait  palTer  d'a- 
bord les  feuilles  de  papier  au  milieu  des  feutres  , 
ce  que  Ton  nomm^  porfes-fetares  ;  enfuite  les  feuil- 
les de  papier  tirées  des  feutres,  dont  les  paquets 
fe  nomment  purfes  blanches  ; 

3°.  D*un  tour  ou  cabeftan  pour  ferrer  !  a  preffe  ; 

4".  Enfin  »  d'une  caiffe  de  dépôt  pour  y  placer  la 
provifton  d'ouvrage  affleuré  qu'on  defline  à  four* 
nir  la  cuve. 

Dans  certaines  fabriques  on  y  place  auffi  le  dé*^ 
rompoir,  ou  cette  table  Earnie  d'une  faulx  avec 
laquelle  on  coupe  le  chiffon  pourri, 

C'eil  dans  cet  atelier  ainfi  meublé  ,  que  tra« 
vaillent  les  trois  ouvriers  qui  fabriquent  le  pa- 
pier ,  Touvreur ,  le  coucheur  &  le  kveur.  L*ou- 
vreur  doit  être  en  face  du  coucheur.  Il  convient 
que  Tun  &  Tautre  ouvrier  foient  éclairés  par  un 
jour  dired  ou  latéral  ;  quant  au  levcur  ,  comme 
il  efï  phcè  au-delà  de  la  preffe  fur  la  même  ligne 
que  l'ouvreur  &  tourné  du  même  côté,  il  profite 
du  même  jour. 

Cuve  ;  vaiffeau  de  bois  dans  lequel  on  dépofe 
la  matière  du  papier  ,  &  ou  rouvreur  la  puife  pour 
le  fabriquer.  En  France  les  cuves  font  rondes  dans 
tout  leur  contour,  ce  qui  eft  une  forme  défavo- 
rable au  travail  de  Touvreur  ,  fur-tout  quand  il 
fait  de  grandes  fortes  ,  ou  bien  qu'il  travaille  à 
^-     Bbbbii 


5<54 


P  A  P 


larmes  doubles  i  car  alors  la  longueur  ijes  formas  i 
fait  que  ,  pour  peu  qu  il  les  approche  du  rebord  de 
la  nageoire,  il  court  rifque  de  frapper  les  deux 
extrémités  de  la  courbure  de  la  cuve.  Pour  remé- 
dier à  cet  inconvénient  ,  il  convient,  à  Timita* 
lion  des  Hollandjïis ,  de  conllruire  la  cuve  plate 
dans  toute  la  partie  qui  correfpond  à  la  nageoire 
de  l'ouvreur.  Je  n'ai  pas  remarqué  que  dans  ces 
fortes  de  cuves  la  matière  tournât  avec  moins  de 
facilité  ,   lorfqu'on  les  brafle  ,  &  quelle  fe  mêlât 
moins  Ijfien  avec  Ton  véhicule- 
En   fuivant  la  méthode  aâuelle  de  fournir  la 
cuve  ,  il  y  a  un  inconvénient  aflfez  grand  qui  fem* 
ble  s'oppofer  à  ce  quefouvreur  fabrique  des  feuil- 
les bien  égales  en  épaiffcur  ;  à  mefure  qu*it  puife 
dans  la  cuve  avec  la  forme  de  (on  cadre  ,  il  en- 
lève une  certaine  quantité  de  pâte  qui  laiffe  retom- 
ber une  certaine  quantité  d*eau  j  par  conféquent  le 
véhicule  de  la  pâte  qui  relie ,  augmente  conti- 
nuellement ,  tandis  que  la  pâte  diminue  ;  fi  donc 
Touvreur  enlève  toujours  avec  fa  forme  un  vo- 
lume égal  d'ouvrage  ,  comme  la  matière  diminue 
&  que  i'cau  augmente»  il  doit  réfuïter  de  ce  tra- 
vail une  fuiîc  de  feuilles  très-inégales  en  épaif- 
feur  ,  à  moins  que  l*ouvrcur  ne  le  comporte  de 
manière  à  remédier  continuellement  à  ce  défavan- 
tage.  On  voit  effeOivement  plufieurs  habiles  pa- 
petiers ,  obtenir  cette  égalité  dans  un  très-grand 
nombre  de  feuilles ,  enfortc  que  les  rames  qu  ils 
fabriquent  ,  ne  di6fèrent  pas  d*un  quart  de  jivrc 
fur  dix-fept.  J'ai  vérifié  fort  fou  vent  ces  réfuUats 
éconnaris  j  Si  dans  certains  moulins  du  Limoufin  , 
ou  Ton  ne  fabrique  prefque  toute  Tannée  que  du 
carré  au  raîlin  pour  Timprelfion  ,  je  n*ai  pas  trouvé 
une  variation  de  plus  d'un  quart  délivre  fur  if. 
Il  cil  vrai  que  cette  fabrication  a  voit  éié  faite  par 
les  mêmes  ouvriers  »  &  qu'un  gouverneur  habile 
préfidoit  au  pourrilïage  Se  k  la  trituration  des  ma- 
tières ;  mais  je  dois  dire  en  même  temps  que  j'ai 
vu  fabriquer  dans  la  même  cuve  8l  avec  la  même 
matière  ùu  carré  de  1 4,  de  16  ,  de  17  &  de  18 
livres  la  rame  ,  &  qu'alors  on  étoit  obligé  de  faire 
trier  ces  différens  réfultats  par  Its  f*  !  crantes  ,  qui 
ayant  Thabitude  d'eflîmer  par  le  mti  TépaiiTeur  des 
feuilles  »  en  font  des  !ots  011  les  feuilles  font  bien 
afibrties  ;  c'e/l  même  la   pratique  ordinaire   des 
meilleures  fabriques ,  particulièrement  à  l'égard  du 
papier  d'imprellion.  Ainfi  Ton  voit,  par  ces  diffé- 
rens fiits  ,  que  la  main  de  l'ouvreur  n'cJl  pas  tou- 
jours fùre ,   &  que  fon  travail  ell  quelquefois  af- 
fuju^i ,  quant  aux  réfultats ,  aux  changemens  con- 
tinuels qui  arrivent  dans  la  fourniture  de  la  cuve. 
Il  fcroit  donc  utile  de  trouver  un  moyen  de  tenir 
ia  cuve  également  chargée  d'un  ouvrage  ot]  la  ma- 
tière &  le  véhicule  fuffent  toujours  en  même  rai- 
fon.  On  apcnfé  qu'en  introdurfant  dans  la  cuve  à 
chaque  initant  de  nouvelle  pâte  ,  au  même  état 
ou  clic  eft  fur  b  forme  ,  lorfqirelle  fe  trouve  débar- 
radie  de  Teau  furabond^ntc,  on  rcmédieroitàtout 
ïfic0nvinies]t  ',  cependant  je  doisobferver  que  cette 


P  A 

nouvelle  pâte  introduite  dans  la  cinre  à  chaque 
inf^ant ,  ne  fe  trouveroitpas  pour  cela  mêlée  au  vé- 
hicule néceffaire  pour  la  délayer  au  même  poiar 
que  l'autre  ,  &  par  conféquent  ne  pourroit  rentrer 
dans  la  tnalle  totale  ÔL  fervir  à  la  fabrication.  Je 
vois  toujours  dans  l'endroit  où  plonge  l'ouvrier  « 
une  furabondance  de  véhicule  qui  tend  à  rendre 
ks  fjuilks  de  papier  de  plus  en  plus  minces. 

D'un  autre  côté ,  fi  Ton  agitoii  la  rsafle  d'ou- 
vrage ,  pour  que  l'eau  qui  retombe  à  chaque  inf- 
tant  délayât  la  nouvelle  pâte  qu*on  y  iniroduirou , 
ces  agitations  irréguUéres  nuiroient  nèccITatremeDt 
au  travail  de  la  fabrication  ,  en  s^oppofant  à  Li 
netteté  6c  à  la  tranfparencedes  feuilles  de  papier  « 
&  à  la  diftnbution  uniforme  de  la  pâte  fur  la  ver» 
jure  ;  car  on  fait  qu'après  chaque  braiTage  l'ou- 
vreur doit  attendre  que  louvrage  foit  raiïîs  avant 
que  de  plonger  la  forme,  &  même  il  efl  rare  que 
les  premières  feuilles  qu'il  fabrique  ne  Cotent  pas 
défeûueufes.  D'après  ces  confidérations.  Ton  voii 
qu'il  y  a  quelques  inconvéniens  à  fournir  fotivoit 
la  cuve  ;  d'ailleurs  d'habiles  ouvriers  précendeot 
qu*il  y  a  autant  de  feuilles  inégales  au  commea- 
cernent  d'une  porfe  que  fur  la  fin  ^  &  qu'au  moyen 
de  plufieurs  coups  de  main  donnés  adroîtctneot 
autour  de  la  nageoire,  ils  parviennent  aifèmemâ 
écarter  leau  furabondante ,  &L  â  faire  affluer  Ï0fi* 
vrage  qui  leur  eft  néceffaire,  Ccft  ainfi  que  IV 
dreife  de  l'expérience  font  parvenues  fou  vent  dans 
les  atSjà  parer  aux  inconvéniens  qui  fom  (am 
remèdes  ^  ou  dont  les  remèdes  feroîent  de  oon- 
veaux  inconvéniens. 

Cuve  ,  fe  prend  auffi  pour  le  travail  qui  fe  feit 
dans  une  cuve;  ainfi  Ion  dit  :  Cette  papeterie  et 
à  une  cuve  ou  à  deux.  On  fait  dans  tel  moulin  cuve 
êi  demie  ,  c'eft-àdire,  que  les  ouvriers  travaUlent 
de  manière  à  fabriquer  non -feulement  la  tâche  or^ 
dinaire,  mais  encore  la  moitié  de  cette  tâche.  11  jr 
a  des  cuves  oii  Ton  fait  lemploi  de  t^  k  y  mil- 
liers de  chiffon  ,  &  d'autres  où  Ton  en  confomme 
de  50  a  foixante.  C'cA  dans  ce  fens  qu'on  difoii 
en  1776,  qu'ily  avoit  900  cuves  dans  le  royaume* 
Il  refulte  delà  que  te  travail  des  papeteries  s'indi* 
que  &s'eflime  par  cuve. 

On  auroit  tort  tk  fe  fervir  de  ce  terme ,  comme 
Font  fait  certains  écrivains ,  pour  indiquer  les  vaif- 
féaux  ou  travaillent  les  cylindres  ,  &  ceux  où  Von 
met  en  dépôt  les  matières,  foit  eA loc bées ^  fait 
raffinées.  Les  premiers  éoivent  avoir  la  dènami- 
nation  de  piUs  qui  lenr  convient ,  8c  quam  k  U 
forme,  &  quant  a  l'ufage,  comme  aux  vaîfleaiix 
où  jouent  les  maillets.  Voyez  piief.  Le*  féconds 
ont  la  dénomination  de  caiffis  Je  dépôt.  VoyeiCCf 
article.  £n  fixant  ainfi  les  mots  ,  oo  prennent  U 
confufion  des  idées* 

Ctlindre  ,  machine  avec  laquelle  on  réduit  le 
chiffon  en  une  pâte  plus  ou  moins  courte,  ElIecA 
compofée  d'un  rouleau  d«f  bois  armé  de  lame 
fer  ou  de  métal ,  fixées  à  la  circonférence  du  1 
leau.    On  creufe  fur  la  face  extérieure  des  I 


PJi  p 

A 

h  ics  cannelures  ,  au  moyen  dâfque|lcs  le  chiMHe 
coup€  &  fe  divifeen  petits  èlémens  Abreux  ,  par  la 
rencontre  de  feinbtsft^Ies  canneiures  creu  fées  à  la 
furfacc  de  la  platine. 

La  conâruâioa  de  cette  machine  me  paroit 
avoir  été  dirigée  non-feulement  dans  Tinten- 
rîon  de  lui  faire  produire  le  plus  grand  effet 
poUible  y  mais  encore  de  pouvoir  ragrêer  les  can- 
nelures a  mefurc  qu*elles  semouirent  par  le 
travail»  d  en  renouveler  les  lames,  &  d*cn  repla- 
cer d'autres  lorfqu'elics  font  ufées.  Je  dois  taire 
remarquer  à  cette  occafton  que  des  maciiintAes  ^ 
qui  avQient  perdu  de  vue  ce  principe,  ont  jeté 
ptuiîeurs  entrepreneurs  de  manufafhires  dans  des 
dèpenfes  confidérables ,  en  conflruifant  des  cylin- 
dres d'une  feule  pièce  »  &  de  fer  fonda  ^  qui,  ufés  à 
certain  peint  au  bout  de  quelques  mois  ^  n  ont  pu 
être  ni  ragréés  ni  réparés  ,  &  font  devenus  des 
pièces  dereboc  totalement  inutiles  qui  fervent  de 
bornes  à  la  porte  des  moulins  ;  j'ajoute  ici  que 
ces  machines ,  même  neuves  &  entières  ,  ne  don- 
Aoicnt  pas  des  pâtes  égales. 

Tel  a  été  le  premier  établi ffement  de  papeterie 
fait  à  EiTontie  ,  auquel  feu  M,  FEcrcviffe  >  habile 
conftruâeur  HoUandois ,  a  ftibfthué  des  cylindres 
&  des  rouages  exécutés  fur  les  meilleurs  princi- 
pes. C*cft  avec  ces  belles  machines  que  M.  Didot 
le  Jeune  s'occupe  utilement  à  pcrfedioncer  les 
diffère n s  papiers  qui  fe  fabriquent  dans  cette  ma- 

Cylindre 'f  fon  emplacemeot  dans  la  pile,  pag. 
492.  Syflème  des  rouages  qui  le  font  mouvoir  ^ 
ihsJ,  Détails  de  fa  conftrudion  ,  pag.  493  Se  494  ; 
moyens  d'en  diriger  les  mouvemens  ik  les  opéra- 
tion* ,  thid.  Son  travail  dans  une  pile  ,  ikid.  Gou- 
veraement  du  cylindre  dans  les  progrès  de  la  tri- 
turation &  du  raflEnage  des  pâtes  ,  pag.  494  ;  ceux 
de  Montargis ,  mconvèniens  de  leur  grande  vi- 
îeffe  &  de  leur  légèreté  :  ceust  de  Sardam  ,  plus 
pefans  ,  ont  moitié  moins  de  viteffe,  îi>id.  Cylin- 
dres effilocheurs  &  ralîîneurs  ^  confiruits  {iir  des 
principes  différens  Scaffortis  à  leurs  opérations  par- 
ticulières, tifid.  Se  gouvernent  au (Ti  dans  leur  tra- 
vail par  des  principes  différens,  pag,  49^.  Avan- 
tages des  cylindres  fur  les  maillets,  ihid, 

Dart  ,  forte  de  papier  de  pâte  grife.  Voyez 
(  enveloppes  ^  pâte  griie  ), 

DÉCHETS.  Ileft  rare  que  les  fabricans  comptent 
afTf^z  avec  eux-mêmes  pour  ètrealTurés,  par  leur 
propre  expérience,  de  h  quaoïiié  précife  de  déchets 
qtills  éprouvent  fur  le  chiffon  qu'ils  emploient 
dans  le  triage,  dans  le  pourriffage  Sl  dansbtrt* 
luration.  Je  ne  connois  guère  qu'un  feul  fabricant 
qui  ait  fuîvi  ce  travail  au  milieu  des  autres  détails 
de  la  papeterie.  11  a  bien  voulu  m'en  faire  part, 
ëc  je  trouve  que  les  déchets  des  triages  varient 
depuis  4  fufqu'à  17  pour  cent;  ce  qui  paroit  dé- 
i^endre  non-ft-ulemefnt  des  chiffons,  mais  encore  de 
rixaâttude  plus  ou  moins  grande  qu'on  mettoit 
lUoi  cette  ûpération. 


p  A  p 


565 


Les  déchets  du  pourriffage  &  de  la  trituration  1 
ont  varié  de  même  depuis  xi  jusqu'à  49;  &  lorf- 
qu*on  a  pu  déterminer  leparément  le  déchet  dta , 
pourriffage  ,  cette  opération    a    occafionné    une  1 
perte  de  16  pour  cent   dans  les  pâtes  moyennes; 
car  les  déchets  des  bulles  font  bien  plus  confidé-  I 
râbles  encore.  En  général,  on  évalue  en  Auvergne 
h  perte  du  chiffon  par  le  triage,  qui  y  t&  très- 
imparfait  , le  pourriuage, qu'on  commence â  régler» 
&  la  trituration  ,  a  40  pour  cent,  ce  qui  me  paroît 
porté  au  plus  basj  car  dans  plu fieurs  moulins  par- 
ticuliers, tant  de  cette  province  que  duLimoufin, 
je  fais  que  les  déchets  montent  affeifouvent  au-delà 
de  50  pour  cent. 

Il  faut  efpérer  que  nous  aurons  par  la  fuite  des 
détails  plus  précis,  lorfquon  laura  bien  apprécier 
toutes  les  circon/lances  cffemïellcs,  &  en  fuivre 
à  part  les  rèfultats,  ^ 

D£LiS5ER,  ^i.//rf,  principal  travail  des  falérantc*^ 
qu'on  nomme  aulîl  pour  certe  rai  fon  ^/t/i^w/^i.  U 
confifte  a  mettre  à  part  te  papier  fuivant  fes  qua- 
lités &fes  défauts.  Ces  femmes  en  font  cinq  lots; 
le  ùon ,  le  bon  retrlé ,  le  gros  renié ,  le  triage  dc 
!e  cap. 

Le  lot  du  hn\  comprend  tout  le  papier  qui  n'a 
pas  de  dé^ut  marqué. 

Le  lot  du  rarié  n'a  que  de  très- légers  défauts» 
comme  de  petites  gouttes  du  coucheur,  de  petites  ! 
dentelures  dans  les  bordures,  &c. 

Le  lot  du  gros  rcirié  peut  avoir  de  petites  bou- 
teilles ,  quelques  gouttes  du  coucheur,  des  nébulo-  ■ 
fîtes  locales ,  un  peu  trop  d'épaiffeur. 

On  met  dans  le  triage  le  papier  oii  fe  trouvent 
les  fronces,  les  rides ,  les  taches  de  rouille  les  moins 
marquées  ,  les  grandes  gouttes  deTouvreur,  &'C. 

Enfin  on  range  dans  le  lot  des  caffes  toutes  les 
feuilles   auxquelles  il  matïque  quelques-unes   de 
leur  partie  par  des  déchirures  quelconques  :  celles 
qui  ont  de  f.randes  rides,  de  grandes   bouteilles, 
même  percées  à  jour  ,  ou  des  taches  de  rouille  coi>- 
fidérabïes  :  celles  qui  font  brûlées  de  colle ,  bat- 
tues de  feutre  ou  noyées  d>au.  En  faifant  ce  triage  j 
les  déliffeufes  enlèvent  tous  les  pâtons  du  papier ^  i 
toutes  les  matières  étrangères, &  les  faletés  qui  ' 
n'adhèrent   pas  au  corps  de  Tétoffe,  &  dont  rent* 
lèvement  n'occafionne  pas  un  trou.  Elles  font  auiH 
difparoirre  les  fronces  &  les  plis  qui  ne  font  pas  ' 
trop  adhércns  aux  feuilles.  Elles  emploient  pour  ' 
cela  un  morceau  de  pierre  poli  ou  de  bois  qu'elles  1 
appellent  leur  pierre:  c'étoit  avec  ces  petits  outils 
qu*on  lijfoit  le  papier  autrefois,  &  c'eA  de-làque' 
la  falle  où  s'exécutent  ces  apprêts ,  s'a^clle  encorr 
lijfûir.  Voyez  ce  mot,  pag,  514, 

Les  déliffeufes  étabhffent  auffi  des  lots  relati- 
vcment  à  Tépaiffeur  des  papiers  j  car  malgré  l'a-- 
drcffe  de  l'ouvreur,  &rbabitude  qu'il  a  de  fabri» 
quer  telle  ou  telle  forte  dun  poids  donné,  il  luî^ 
arrive  fouvent  de  fabriquer  dans  la  mcme  cuve* 
également  chargée  ,  du  carré  de  i4>d^  j<î,  de  17  * 
Sk  de  2  8  livres  laramç*  Ce^  falérauffA-poç  acquis^  | 


566  .         P  A  P 

par  un  long  ufage  ,  la  facilité  de  juger  du  degré 
d'épaiflTeur  des  papiers  par  le  taift  ,  &  Ton  e il  tout 
étonné  que  les  rames  (c  tr<»uvent,  après  la  réu* 
nion  des  mêmes  lots  ,  du  poids  quelles  avoient 
►  cftimé.  Il  eftbîen  elTentieï  de  ne  pas  négliger  ce 
triage ,  fur-tout  pour  le  papier  d'imprelîîon. 

Demoiselle,  (  papier  i  la)  fe  fabrique  ;iiix  en- 
virons de  Rouen ,  avec  les  débris  des  filets  de 
pêcheurs  &  des  cordages  ufés  des  navires.  Il  a 
i>io  pouces  &  demi  fur  15.  On  en  diftingae  de 
deux  fortes  ;  Tune  mince  ,  dont  la  paie  eil  fine 
ijuoiqu encore  alTez  longue:  elle  feri  à  faire  des 
[^apîllottesjraiitre/ûrf<r,  d'une  pâte  plus  longue  & 
plus  rembrunie,  avec  les  mêmes  dimenfions  :  elle 
pèfe  deux  fols  davantage  que  la  précédente*  On 
remploie  fur-tout  à  faire  des  calottes. 

Dentelée,  (  bordure)  Lorique Touvreur  ôte  mal 
la  couverte,  il  enlève  quelques  petites  parties  de 
I4a  bordure  inférieure  ou  de  la  mauvaife  rive  »  & 
rcn  conféquence  elle  fe  trouve  dentelée;  de  mèniQ 
lie  coucheur t  en  tramant  la  forme,  opère  lei^me 
^cffet  ou  complète  ïe  maL  Voyez  pag.  ^ro^t'eft 
1  pour  ces  ralCons  que  la  mauvaife  rive  eft  ordinai- 
f  remcnt  baveufe. 

DiaoMFOm  ;  efpèce  de  table ,  garnie  de  rebords 
de  trois  côtés ,  &  adoiïée  à  un  mur ,  fur  le  de- 
.  vant  de  laquelle  cft  attachée  verticalement  une 
UàuU  pour  couper  le  chiffon  en  petits  morceaux* 
[Voyez  pag.  487. 
[     Derompre  >  c'efl  couper  le  chiffon  pourri  en 

Îctits  morceaux  avant  de  le  porter  dans  les  piles 
efftlocher.  Voyez  la  manière  dont  le  gouverneur 
lu  moulin  exécute  cette  opération  ,  pag.  487.  Cette 
opération  pourroit  être  fupprimée  par  un  triage 
[bien  foigne»  ihid.  EU  impoiTible  ,  quand  on  ne 
ourrît  pas ,  tlfid, 

Desœuvrer,  c'efl  féparer  les  feuilles  de  papier 
.  es  unes  des  autres  ,  &  dans  ce  fens  déjhtuvremene 
fignifie  la  féparation  de  ces  feuilles.  On  a  foin 
que  les  feuilles  des  pages  ne  foient  pas  défauvrits 
avant  la  colle ,  parce  qu'il  eft  à  craindre  que  les 
feuilles,  en  cet  état  de  féparation,  se  fe  cafTent 
lorfqu'on  les  plonge  dans  la  colle*  Les  Hollaodois 
ne  redoutent  pas  autant  que  nous  ce  défœuvumcmi 
parce  qu'ilsfavent  par  expérience  que  Téioffe  de  leurs 
|»apier$  a  aflez  de  confiftance  pour  que  les  feuilles 
difauvréts  ne  fe  calTent  pas  i  la  colle.  Ces  mêmes 
fabricans  étendent  en  pages  après  la  colle,  inftraits 
de  même  quen  fècbant,  ouïes  feuilles  des  pages 
fe  défauvrcrmt  d'elles-mêmes  ,  ou  qu'on  pourraies 
défmuvrtr  fans  effort ,  lorfqu'on  en  fera  la  cueillette 
à  rétendoir.  L'échange  facilite  le  défœuvremmt  des 
feuilles  de  ces  pages  parles  relevages, qui  dètruifent 
la  forte  adhérence  que  les  feuilles  non  relevées 
dans  les  pages  ordinaires  ,  confcf  vent  entre  elles. 
Voyeipag.  511. 

Dessin; (papier  pour  le  )  il  y  a  plufieurs  fortes 
de  papiers  qui  fervent  à  cetufage.  , 

1**.  Le  papUr  a  dcjftntr  teinté.  Ceft  un  papier 
blanc  fur  lequel  on  palTç  une  éponge  ckargée  d'eau  I 


P  A  P 


aie; 


,  cette  teinte  fert  au  deiTioJteur  de  fend 
pour  les  ombrest  Au  moyen  de  ce  fond ,  il  ne 
s*occupe  qu'à  relever  les  objets  avec  du  crayon 
blanc,  fuivani  qu*ils  font  plus  ou  moins  éclairés, 
ou  qu^ils  font  de  demi  ou  de  grand  relief.*  oa 
voit  que  le  fond  du  papier  teinté  abrège  Touvragc 
d*un  defEn  à   deux  ou  trois  crayons. 

1*'.  Papier  bleu  ou  gris  pour  le  dciTin.  Ces 
fortes  font  fabriquées  avec  un  mélange  de  dctii 
pâtes,  Tune  bleue  ou  grife ,  fit  l'autre  blanche. 
On  emploie  pour  la  pâte  bleue  en  Hollande ,  les 
chiffons  que  fournirent  les  chemifes  des  matelots 
teintes  en  bleu  :  on  a  foin  de  raffiner  complète- 
ment chacune  de  ces  pâtes  ,  &  d^adoucir  le  grain 
de  ces  papiers  par  l'échange ,  enfin  de  les  bien  coUer. 
On  a  fabriqué  de  ces  papiers  avec  fuccès  dam 
quelques-uns  de  nos  moulins  ,  &  fur  tout  dus 
ceux  de  Lille  &  d'Annonay. 

Doublage i  (papier  de)  ce  papier  fe  fabrieue 
en  Hollande  avec  des  étoffes  groffières,compoiécf 
d'une  chaîne  de  fils  de  chanvre  &  d^une  trame 
de  laine.  Ces  matiérei  s^affocient  affez  bien  dini 
la  fabrication  de  ce  papier.  Il  fert  à  douhUr  Ita 
navires  devinés  à  des  voyages  de  long  cours,  ù 
papier  n'eft  pas  collé  ,  parce  qu*on  Tenduit  de  brit 
avant  de  remployer.  On  en  fait  wnt  couchet  qu'on 
attache  au  bordage  des  valffeaux  ,  &  on  la  recoufte 
avec  des  planches  de  faoin  légères  :  par  le 
moyen  de  ce  papier ,  on  eft  parvenu  à  préferrer 
les  valffeaux  de  la  piqûre  des  vers  tarets  qui ,  après 
avoir  percé  les  planches  de  fapin ,  fom  arrêtés  fit 
cette  étoffe,  laquelle  ne  convient  pas  à  leur  travail 

Drapeaux  \  on  indique  par  ce  mot  lef  chiffoiif 
dont  on  fait  le  papier. 

DRAPELiàRES.  Voyez  chiffonnières. 

Eau  y  élévation  oc  diitributton  de  IVao  dun 
ies  moulins  (  pag.  48S  )  :  dans  les  piles  par  les 
fontanelles  ,  pag.  4S9.  Sa  circulation  dans  les  piles  » 
pag,  490.  Les  effets  de  cette  circulation  relanve- 
ment  à  la  trituration  du  chiffon  ,  ihid*  Ses  effets 
dans  les  piles  à  cylindres,  pag.  49). 

Eau  ;  grande  eau  ,  petite  eau.  On  dit  qnVii 
travaille  à  grande  eau ,  lorfque  Teau  ,  dans  laqueSli 
la  matière  du  papier  nage  ,  eA  abondante  relative- 
ment à  la  quantité  de  oette  matière  :  c  eA  tout  le 
contraire  lorfqu'on  travaille  â  petite  eau  ,  la  paie 
efl  plus  abondante ,  quant  à  fon  véhicule,  Incoih 
vénient  de  la  féconde  méthode,  &  avantages  de 
la  première,  pag,  501  &  506. 

J'a}'outerai  ici  le  détail  d'une  expérience  bien 
décifive  à  ce  fujet.  J'ai  vu  fabriquer  fucceifite- 
ment  avec  la  même  pâte,  qui  étoit  affea  loD|Me 
&  fibreufe,  i\  du  petit-cornet  &  du  papier  let- 
pente  ;  2^.  du  propatria.  Les  deux  premières  foftci 
furent  travaillées  à  grande  tau ,  &  les  papiers  qu'on 
obtint  par  ce  travail ,  nous  offrirent  des  tiOÊm  biei 
égales  fans  brocs  ni  pitons  «  &  de  la  plus  bdlt 
tranfparence.  Le  provatria  de  14  livres  ,  plu 
étoffé  que  les  deux  (orref  précédentes  ,  &  tri' 
vaille  k  petite  eau  avec  la  même  pâte  «  ao«i  s 


P  A  P 

iru  m  contraire  chargé  de  patons ,  d*un  gram  & 

une  épaiffeur  inégales  :  enobfervant  le  degré  de 

crfeâion  que  le  travail  de   la  cuve  avoit  acqoîs 

r  la  Ample  addition  d*un  véhicule  abondant  , 

us  fumes  bien  convaincus  de  Fimponance  »  6c 

»eut'ètre  de    La    nècefFué   de  travailler  à  grande 

tt ,  fur-tout  les  papiers  d'écriture*    . 

ÊBAR3ER  ;  c'eft  rogner  légèrement  avec  de  gros 

lifeaux  les  bordures  des  feuilles  de  papier ,  lorf- 

'elles  font  pliécs  en  mains  ,    &    avant  que  de 

empaqueter  en  rames.  Cette  opération  désho- 

TC ,  félon  moi ,  le  papier ,  &  annonce  une   fa- 

irication   négligée  dans  les  bordures.  Les  parties 

u'on  eharhe  font  celles  où  la  dïfpofition  réguliire 

tranfparenie  de  la   pâte  a    été  détruite  par  les 

ivriersdc  la  cuve,  &  qui  n'offrent  qu'un  amas 

matière  matte  &  dèforganifée ,  pour  ainfidire. 

I  Hollandois  »  qui  mettent  tant  de  propreté  dans 

pliage  de  leurs  mains  &  dans  Tarrangement  de 

ïiirs  rames,    fabriquent   leur  papier   avec    affez 

foin  6c  de  fuccés ,  pour  qu'ils  foient  difpenfès 

Vébarher^   Voyez  hordurcs. 

ECACHER  ;  fe  dit  de  la  compreffion  des  porfes 
hanches  par  le  leveur.  D'abord  cet  ouvrier  ,  à  mot- 
îéporfe,  couvre  d'un  feu:re  les  fe  illes  qinl  a  pla- 
cées fur  la  planchette  de  la  felle  ,  &  les  comprime 
plus  quil  peut,  afin  qu'elles  fe  touchent  bien 
aâement,  fans  aucune  intcrpofuîon  d'air.  Il  fait 
même  chofe  lorfque  la  porfe  eft  kvée  en 
Sntier  :  enfin ,  il  achève  d'écacher  la  porfe  lorfqu'il 
»  met  en  tas  fur  les  autres.  Cette  opération  eft 
pécetffaire  pour  que  l'effet  de  la  prcfîc  fur  les 
k)rfe$^  blanches  foïi  plus  égal  ^  plus  complet. 
în  Hollande ,  le  leveur  écache  avec  plus  de  foin 
kd  attention  cncorejd'abr  rd  il  comprime  les  tas  des 
filles  avec  une  petite  plincheiie ,  &  k  pliifieurs 
teprifes;  enfuite,  avec  une  planche  plus  large  & 
»lus  forte,  A\i  moyen  de  ces  planches ,  non*feu- 
cment  kl  écache  plus  exaftement  qu'on  ne  peut 
le  faire  avec  un  feutre ,  mais  encore,  par  la  marche 
ble  ùs  comprelTions ,  il  efi  iur  de  dunner  liTue  à 
*air ,  &  de  prévenir  les  défeétuofités  que  fon  in- 
erpofiiion  pourroit  occafionner  ^  telles  que  les 
îiifiius ,  6tc.  Voyez  pag.  Ç09. 

Échange  4  fuite  de  manipulations  qui  ont  pour 
)but  d'adoucir  le  grain  du  papier.  Si  de  procurer 
en  même-temps  au  fond  de  Tétoffe  nn  feutrage 
qui  la  rende  ferme  8c  carton neufi'.  Ces  manipu- 
lations ,  dont  les  Hollandois  ont  enrichi  Tart 
de  la  papeterie  »  &  que  nous  avons'  empruntées 
à*Cùx ,  fe  réduifent  à  deux  principales  opcrations, 
les  rc levages  &  les  preHagcs.  Lorf]ue  le  papier  a 
été  fournis  plufieurs  fois  à  ces  manipulations  ,  il 
eft  non-feulement  adouci  &  lulVé  à  fa  furfice, 
SDais  encore  débarralîé  d'une  partie  de  l'eau  fura- 
iKXndame  dont  il  ètoit  encore  pénétré  en  fortant 
^es  opérations  de  la  cuve,  ce  qiii  le  difpofe  à  une 
tlf^cca^ion  égale  6i  uniforme  dans  Fétendoir.  LV- 
than^c  s'exécute  avec  beaucoup  plus  de  fuccés  & 
^oxas  depette  fur  les  papiers  de  pâtes  naturelles 


P  A  P 


567 


ou  non  pourries ,  que  fur  les  papiers  fabriqués 
avec  des  pâtes  pourries.  Il  fart  auflî  très-bien 
après  la  colle,  parce  qu'il  facilite  rintroduétlon 
de  ta  fubflance  codante  dans  Téroffc  du  papier, 
&  qu'il  contribue  à  la  fixer  à  fa  furface,  fous 
la  forme  d'un  vernis  mat.  Enfin,  je  finirai  par 
obferverque  l'échange  ne  donne  au  papier  un  hou 
apprêt  j  qu'autant  qu'il  vient  à  la  fuite  d'une  fa- 
brication foignéeSc  conduite  avec  intelïigence.Voy. 
p  j  t4  &  5  fç  ,  les  attentions  &  les  manœuvres  qui 
aflurent  le  fuccès  de  l'échange^  Voyez  les  mots 
relevage  &  prejfage. 

Echanger,  c*eft  foumetrre  le  papier  aux  ma- 
nipulations de  réchange  :  papier  échangé ,  cil  un 
papier  qui  a  reçu  Tapprêt  de  ['échange. 

Ecorce;  (papier  d' )  forte  de  papier  à  tiflii 
naturel ,  comme  le  papier  d'Egypte.  Il  étoit  fait 
du  liber  ou  de  Técorce  intérieure  de  certains  ar- 
bres, pag,  47a.  Ses  ufages  anciens  ,  ihîj.  Se  &- 
brique  encore  chez  quelques  peuples ,  ilfid» 

Ecu  ;  moyenne  forte,  d'une  grande  confom- 
maticn.  11  y  en  a  de  mince  &  d'r/ajpr.  Voyez  le 
tarif,  pag.  537, 

Effilocher  ;  c'eft  détruire  la  toîle  ou  le  tiflii 
des  chiffons,  &  les  réduire  aux  élémens  des  fils. 
Cette  opération  fe  fait  d»ns  les  piles  particulièrei , 
qu'an  nomme  piles  à  e^lochtr  ^  piles  à  drapeaux, 
piles  À  drapeUr  ^  piles  à  battre  en  défilé  ^  pag.  489 
&  494  ,  tk  dans  les  piles  où  tournent  les  cylm- 
dres  effilocheurs. 

Effilocheur  ;  (cylindre  )  il  eft  armé  de  lames 
de  fer  qui  n'ont  qu'une  cannelure  &  un  fort  talon 
à  leur  face  extérieure  ,  &  dont  les  intervalles  font 
très-larges.  Toutes  circonftances  afforties  au  tra- 
vail de  Teffilochagc,  pag   494. 

EgouttOIR  y  planche  placée-  debout  fur  une  par- 
tie du  tour  de  la  cuve  ,  &  dans  laquelle  il  y  a 
plufieurs  entailles  où  le  couclieur  appuie  dans  une 
fituation  inclinée  les  formes  de  diverfes  grandeurs  , 
pour  que  Teau  de  la  pâte,  dont  ces  former  font 
chargées  ,  puiffe  légoutter  pendant  qu'il  pofe  les 
feutres   Voyez  pag,  497, 

Egypte  ,(  papier  d' )  papier  formé  des  tiiTus 
naturels  du  papyrus  i  les  procédés  de  fa  prépara- 
tion &  de  fes  apprêti^  confervés  par  Pline,  pag, 
465,  Il  prend  différeos  noms,  fuiv.<nt  fes  différen- 
tes dîmenfions  &  fes  apprêts  ,  Ibid,  &  466.  Ses 
ufages  ,  fon  commerce  &  fa  durcc ,  ihU.  Se  fabri- 
quoit  en  Egypte  ,  &  fe  préparait  enfuite  à  Rome , 
ibld. 

Eléphant  ;  grande  forte.  Voyez  le  tarif,  pag, 

Ensbigni.  C'eft  Taffcmblage  d'un  tîffu  de  fil 
de  laiton  ,  qui  comprend  ordinairement  la  marque 
du  papier  ,  la  qualité  du  papier ,  commc^Vi ,  moyen  , 
bulle  y  le  nom  du  fabricant  &  celui  de  la  province. 
Ce  tiffu  fe  coud  à  la  ver  jure  par  un  fii  forr  fin. 
Plufieiirs  f-ibricans ,  frappés  des  inconvénicns  de$ 
longues  enfcignes  ^  fujettes  ou  à  fe  découdre  ou  à 
s'empàier  d'ouvrage ,  ont  fort  abrège  tous  ces  dé[ails 


?  A  P 

Êênans  ;  fie  FaoiiriiiiHraticn  des  manu fâiîlu tes  y  a 
Pçofilenti.  Elle  a  can(enti  égaleineEit  à  h  (upprcf- 
fion  de  Tannée  1742  ,  époque  du  rarif,  à  laquelle 
plufieurs  fabrîGam  ont  i'ubAituè  Tannée  de  la  fa- 
brication  du  papier. 

Enveloppe,  (papier  d')  On  fabrique  dans  les 
moulins  des  environs  de  Lyon  ,  trois  fort<îs  de 
papiers  d* enveloppe  ,  dont  la  roanufaâure  de  Lyon 
tait  un  grand  uiage  pour  le  pliage  de  Tes  étoffes, 

La  première  forte  eu  de  onze  vin gc  (quatrièmes 
d*aune*        -       r 

La  féconde  de  dnq  douzièmes. 

Latroifième  de  cinq  huitièmes. 

Ces  fortes  de  papiers  font  employés  pour  les 
étoffes  auxquelles  leurs  dimendons  font  alTor des  ; 
mais  les  étoffes  de  trois  huitièmes  &  les  fcpt  dou- 
ziémes  n'ayant  pas  de  papierà  particuliers,  on  e/l 
obligé  de  couper  quelques-unes  des  fortes  ci*def- 
fus  pour  les  réduire  aux  dimenfions.xle  ces  deux 
cfpèces  ;  cependant  leur  confommation  &  leur 
débit  font  afîtz  confidé râbles  pour  déterminer  les 
propiiétaires  des  moulins  à  fabriquer  des  fortes 
affonles  ,  ce  qui  éviteroit  les  pertes  qu  occafton- 
nent  les  rognures. 

Il  refle  maintenant  les  étoffes  trois-^uarts ,  fept 
huittèmes  &  quatre  quarts,  qui  n'ont  point  &  ne 
peuvent  guère  avoir  de  papiers  affortis  ^  vu  leurs 
grandes  largeurs* 

On  y  pourvoit  en  les  enveloppant  par  dou- 
bles feuilles  des  trois  fortes  dont  nous  avons 
parlé  au  commencement  de  cet  article. 

Enveloppe»  (  papier  d'enveloppe  pour  les  do* 
nires  )  On  emploie  auffi  à  Lyon  un  papier  donx , 
mou»  d'un  blanc  mat,  qui»  quoique  fans  colle^ 
reçoit  dans  la  fabrique  un  certain  liffage.  Toutes 
ces  qualités  le  rendent  propre  à  garnir  les  diffé» 
rcns  plis  des  étoffes  en  dorures,  &:  même  les  ta-. 
Ions ,  pour  en  confervcr  Téclnt  ,  &  prévenir  les 
jnconvéniens  du  coniaél  réciproque»  Il  a  auffi 
l'avantage  d'une  pâte  pure  8c  fans  mélange  d'au* 
eu  ne  teinte  de  bleu  ,  laquelle  nuit  effeâivement 
aux  dorures,  en  lesterniffant.  Ce  papier  fe  fabri- 
que dans  les  moulins  dts  environs  de  Nantua. 

Enveloppe,  (papier  d"")  Les  Hollandois  ,  & 
fur-tout  les  Anglois  ,  fabriquent  depuis  quelques 
années  des  papiers  d*enveloppe  de  diffèrtais  for- 
mats ,  avec  la  matière  des  cordages  &  des  voiles 
ÛQS  barques  &  des  vaiffeaux.  La  pâte  de  ces  pa- 
piers eft  feulement  effilochée  par  un  cylindre  dont 
les  lames  ^ont  très*acérées.  Par  ce  moyen  les  fila- 
mcns  étant  plus  longs  »  letoffc  en  tft  plus  forte 
&  plus  folïde.  Outre  cela  elle  n'eft  pas  lavée  pen- 
dant la  trituration  ,  attendu  que  la  matière  peut 
confervcr ,  fans  inconvénient  »  fa  couleur  tannée 
&  fon  odeur  de  goudron. 

Les  Anglois  font  un  grand  iifage  de  ces  papiers ,  ^ 
furtout  pour  envelopper  leurs  quincailleries,  tant 
les  communes  que  les  plus  précieufcs^  Ils  préten- 
dent même  que  le  goudron»  dont  font  pénétrés 
CCS  papiers ,  contribue  à  prèfcrver  de  U  rouille 


[ësroârcnândîftfs  qu'ils  enveloppent ,  ce  qui  m« 
paroit  très  probable  ,  parce  que  dans  cet  étal 
ces  papiers  font  moins  fujets  à  prendra  rbumi* 
dite  de  Tair ,  &  à  la  tranfmettre.  tes  papiers  foni 
collés  plus  ou  moins,  ât  plus  ou  moins  étoffés, 
fuivant  les  différens  ufagcs  auxquels  Us  peuvent 
fetvir.  En  général ,  je  dois  dire  à  cette  occaûon 
que  les  Anglois  ont  varié  la  fabrication  de  leurs 
papiers  avec  une  grande  intelligence ,  &  Tont  aflfor- 
tie  généralement ,  autant  qu  U  eu  poiUbie  ^  à  to||S 
les  befoins  de  leur  commet  ce. 

Enveloppe  ;  (  demi'blanc5  collés  pour  )  la 
FLEUR -DE-Lis,  de  i8  pouccs  fur  14^  &  du  potdf 
de  40  à  42  livres  ;  bas  a  homme  de  i6  &  d^mt 
fur  10  ,  &  du  poids  de  30  à  |8  liv, ,  bas  a  FEMMI 
de  14  pouces  5^^  demi  fur  1 8  &  demi ,  &  du  poids 
de  25  à  26  livres  j  raisin  COLLÉ  de  16  pouc€S& 
demi  fur  18  &  demi,  &  du  poids  de  iç  à  26  Uv. 
la  rame;  longuet  de  15  &  demi  fur  2)  ,  âf  ds 
poids  de  25  à  26;  JOSEPH  de  14  &  demi  fur  iS6c 
demi ,  &  du  poids  de  fiize  à  17  livres. 

Enveloppe  i  (  pâte  grife)  U  FUurd€4U  de  il 
pouces  &  demi ,  fur  24  â^  demi ,  du  poids  de  4% 
à  45  livres  ;  Ralfin  de  16  &  demi  fur  20  &  demi  ^ 
du  poids  de  25  à  26;  Ddn  de  27  pouces  &  demi 
fur  24  y  &  du  poids  de  40  k  42  livres  ;  Cdmelôùer 
de  14  pouces  &  demi  fur  18,  &  du  poids  de 
17  à  *l8  livres  la  rame  ^  Carre'  de  13  pouces  & 
demi  fur  16  &  demi,  &  du  poids  de  17  à  18; 
GargGucke  de  1 6  &  demi  fur  20  &  demi ,  &  dii 
poids  de  II  à  18.  Tous  ces  papiei^  fervent  pour 
enveloppe-  Le  dernier  eft  auffi  employé  à  calfi- 
ter  les  vaiffeaux,  &  fur-tout  à  faire  des  fufécs  & 
autres  artifices  :  on  mêle  aux  pâtes  ,  dont  font 
fabriqués  ces  papiers ,  une  affez  grande  qu»omè 
de  terre. 

Enveloppe  ;  (  papier  gris  de  Maur  )  au  bouc* 
de- Paris -clair-  Les  Holl;fndois  fourniffent  à  U  ma* 
nufaâure  de  Saint  Quentin  âc  à  quelques  autres 
de  la  Flandre ,  de  grandes  parties  de  ce  papier  potir 
fervtr  à  envelopper  leurs  toiles  ;  &  malgré  ra))OEkf 
dance  Bi  la  certitude  du  débit ,  aucun  de  nos  £1- 
brîcanS}  dans  ces  provinces  ,  ne  s'e^ occupé  à  imi^ 
ter  en  cela  les  Holîandois.  Ce  papier  c  d  une  pitç 
Tiffez  fînef,  &  adoucie  par  les  apprêts  de  l*échaoec. 

Je  ne  facile  que  M.  Befuquet  à  Rouen ,  qui  lit 
imité  ,  en  1775  ,  quant  à  la  couleur,  dont  le  pro- 
cédé lui  avoir  été  donné  par  M.  de  ^  Foiie*  llrd^ 
toit  à  ce  fabricant  à  donner  plus  de  douceur  &dc 
foupleffc  k  ion  étoffe  ^  cç  qui  lui  étoît  facile  »  et 
adoptant  l'échange.  Je  ne  fais  ou  en  font  reliés  (ts 
prejuiers  eff^is  ;  mais  c*étoit  un  #bjet  de  fabria* 
tion  qui  mcritoit  les  plus  crands  encouragemcm^ 
car  dans  la  feule  ville  de  Valetidenncs  lit 

de  Hollande  à  cette  époque  ,  pl^s  de  i\  1^? 

TzmQ%é^  ce  papier  gris  de  Maur  lOuSik^^ASt  & 
à  21  livres  la  rame. 

En%  EEGER  ;  opération  par  laquelle  Touvrcarfet 
baUnçani;  (a  forme  de  droite  à  gauçfaç  &  de  fU* 
che  â  droite  ,  détcrmioe  la  «tatière  à  s'étcodi» 


P  A  P 

lâm  le  fem  da  brins  de  la  verjure  ,  &  fur-tout  à 
riûtTodtiire  dans  les  intervalles  de  ces  brins.  Cette 
Opèracton  contribue  à  rendre  les  feuilles  de  papier 
)lus  épaiiTes  &  pîus  chargées  d'ombres  le  long 
l^^  pontufeaux ,  parce  que  la  matière  »  balancée 
tor»tre  le?  tiflus  excedens  des  chaînettes  &  di»  ma- 

icordton  ,  s'accumule  abondamment  le  long  de 
SCS  t.iTus.  Voyez  pac;   505  &  ^06, 

Espagnol;  petite  forte  de  papier.  Voyez  le 
irif,  pag.  55g, 

EssiRNÉ  ;  (  papier)  c'eft  tîn  papier  incomplet, 
tronque  ,  qui  n'a  pas  la  grandeur  de  la  forme 
fcutc  de  matière. 

Etendoirs  y  ce  font  des  g.^ertes  qui  régnent 
ordinairement  fui  Ls  hâiimens  de  la  papeterie  ;  on 
r  f  t^blit  des  piucrs  &  des   perches  ,  qui   fervent 

placer  des  cordages  fur  lefquels  on  étend  les 
«ces  ou  les  feuilles  de  papier  après  ta  colle. 

L'emménagement  d'un  étendoir  doit  être  com- 
ofé  de  pîufieurs  piliers,  p'acés  à  une  certaine 
liilance  les  uns  des  autres ,  &  portant  dans  des 
ïntailles  des  perches  ,  &  d-ns  les  trous  des  per- 
îhcs  des  cordages.  Voyez  perches  &  cordages, 
^intervalle  des  rangées  de  piîiers  doit  être  tel, 
|ue  les  cordes  tendues  fur  les  perches  puiflent 
recevoir  fept  feuilles  de  carn*  Il  eft  bon,  outre 
:cta ,  de  laiiTer  lout-au-tour  de  Tétendotr ,  entre 
et  piliers  &  les  murs  ,  une  diliance  de  trois  pieds , 

ur  que  Tétendeur  puifle  circuler  Ubrtment  avec 

I  porfes  blanches ,  ou  avec  les  rames  des  mouil- 
fccs. 

D'une  perche  à  l'autre ,  on  peut ,  avec  deux 
-4//fi,  garnir  de  papier  toute  la  longueur  des 
M)rdage$  :  on  y  étend  ordinairement  huit  feuilles 
ticu ,  de  griffon  ,  de  rr^  patria  ,  Cf'c,  ce  qui  fait 
[Uarre  feuilles  l^our  chaque  fclle  ;  &  lorfquon 
rend  du  petit-cornet,  comme  on  peut  en  placer 
leuf  feuilles  fur  la  même  longueur  de  cordes ,  une 
elle  en  étend  cinq ,  pendant  que  l'autre  n'en  place 
jue  quatre  ;  de  même  pour  le  carré  ,  comme  la 
nême  longueur  ne  peut  en  contenir  que  fept, 
me  fclle  en  étend  quatre  &  l'autre  trois. 

Les  etendoirs  doivent  être  fermés  ,  le  plus 
txaÔement  qu*il  ed  polTible  ,  par  des  jaloufies 
ui  n'y  laliTent  entrer  que  la  quantité  d'air  ne- 
ctaire pour  le  fécbage  des  pages  &  des  feuilles 
!e  papier. 

Plufieurs  fortes  de  jaloufies  rempliffent  égalè- 
rent bien  l'objet  dont  je  viens  de  parler ,  pourvu 
u'on  ait  foin  de  les  entretenir. 

Les  HoHandois   font  ufage    d'étendoirs   fitués 

i  rcZ'de-chaufTée  ,   comme  les  autres  ateliers  de 

n  moulins  ;  auiTi  le  féchage  de  leurs  papiers  y 
ïfl-il  bien  ménagé.  Ils  font  termes  par  des  jalou- 
ses qui  permettent  la  circulation  d'un  air  frais  , 
iu  moyen  duquel  on  ne  brufque  point  la  deflîc- 

lion  des  papiers;  foit  avant,  foit  après  la  colle. 

La  rédué^ion  du  toit  des  etendoirs  ,   très-étevé , 

Tffnet     d'établir  plufieurs    rangs  de  perches    & 

\  cordages  les  uns  fur  tes  autres  ;  &  on  fait 
Ans  &  Métiers,  Tome  K  Fêrûe  IL 


TA? 


569 


ufage  pour  lors  de  ferlcts.dont  les  manches  font 
fort  longs ,  de  manière  que  Tétendeur  peut  attein- 
dre jufqij'au*  cordages  les  plus  élevés,  en  s'aidant 
encore  d'une  felle  de  quatre  à  cinq  pieds  de  haut  , 
pag*  "ïit. 

Un  certain  nombre  de  perches  chargées  de  cordes 
fe  nomme  bandage.  Voyez  perches ,  cordages.  Voyez 
la  comparaifon  de  nos  étcr.doirs  avec  ceux  des 
moulins  HoHandois,  relativement  aux  effets  delà 
dtrCiccatîon,  pag.  ^  16, 

Etendeurs  ,  Etekdeuses  ;  ce  font  les  ouvriets 
&  les  ouvrières  qui  placent  fur  les  cordes  les  pages 
ou  le  papier  feuille  à  feuille  après  la  colle. 

Etoile  :  forte  de  papier  qui  porte  aufTi  la  déno- 
mination de  lonptety  mais  elle  diÔerc  beaucoup  , 
quant  au  poids  &  au  format,du  longuet  d'enveloppe. 
Voyez  le  tarif,  pag,  ^37  6:  enveloppes. 

Etrhsse;  forte  de  papier  dt  paie  grife  8c  collée: 
elle  fen  à  faire  l'âme  des  cartes  à  jouer.  VoyciTar- 

tîcle  gr'tS'CQÎlés. 

Faux  plis  ,  fronces  &  rides  ;  tel  eft  Tordre  de  ces 
défauts  dans  le  papier. 

Les  faux-ptis  font  ou  fort  longs ,  ou  fort  larges. 
i;  crt  quelquefois  poflible  de  les  faire  difparoîtrc 
fi  Ton  lire  les  feuilles  fur  leur  largeur,  &  qu'on 
dètruife  leur  trace  par  le  moyen  cfe  la  pierre,  & 
enfuiteparlafliondela  preffe;  car  il  eft  rare  oue 
les  faux-plis  tiennent  au  corps  de  l'étoffe.  L'effet 
ordinaire  des  faux-plis,  eft  d'en  frrmcr  d^autres 
fur  les  feuilles  contigiies  ,  qui  cependant  vont  tou- 
jours en  s'affoibliffant  :  d'uivcôté  les  faux-plis  font 
en  relief,  &  de  l'autre  ils  font  en  creux. 

h-^A  fronces  font  de  faux-plis  plus  multipliés  & 
moins  faillans  que  ceux  dont  nous  venons  de 
faire  mention  ,  mais  aufïî  plus  adhércns  au  corps 
de  la  feuille.  Les  fronces  font  formées,  aînfi  que  les 
faux-pliî,dans  les  tranfpons  des  porfes  blanches  de 
la  ch,irabre  de  cuve  à  l'ctendoir,  fans  plateaux  & 
fans  cartons  ;  les  mêmes  accidens  ont  lieu  aufli 
dans  les  tranfports  des  ballons  de  la  chambre  de 
colle  aux  etendoirs ,  lorfqu*on  ne  prend  pas  les 
précautions  de  tranfporter  les  ballons  nouvelle- 
ment collés  fur  des  plateaux* 

Les  fronces  font  auili  ducs  au  leveur ,  qui  donne 
natffance  à  CCS  plis  obliques,  foit  en  plaçant  mal 
les  feuilles  fur  la  fcUe,  foit  en  les  icachantmû^ 
foit  en  ferrant  trop  les  mains. 

Les  rides  font  ordinairement  dlfperfées  îe  long 
de  la  ligne  oij  chacune  des  feuilles  a  touché  aux 
cordes  de  l'étendoir.  Elles  font  vifiblcraent  l'effet 
d'une  deAlccation  inégale  dans  les  feuilles  des  pages 
par  le  contai  des  cordes;  les  feuilles  fupérieutes 
des  pages  fcchant  plus  vite  que  les  feuilles  infé- 
rieures ,  &  éprouvant  une  retraite  affez  fenfible , 
elles  occafionnent  néceffaircment  des  plis  dans  les 
feuilles  qui  n'ont  pas  changé  de  dimenfions.  Lorfque 
les  plis  font  confidérables,  on  les  regarde  comme 
des  fronces»  pag.  516. 

Il  y  a  auffi  des  rides  le  long  des  bordisres  du 
papier  >   lorfque  Ic  Icvcur  étend  mal  les  feuilles 

*Cccc 


570 


P  A  P 


les  unes  fur  les  autres ,  &  qu*il  les  déplace  fans 
les  détacher  entièrement. 

Ferlet  ;  inftrument  en  forme  de  T ,  fur  lequel 
Tétendeufe  reçoit  les  feuilles  que  la  jeteufe  lui 
lance  à,  mefure  qu*elle  les  détache  des  porfes 
collées  ;  il  fert  aufli  à  celui  qui  étend  en  pages. 
Voyez  pag.  çi6.  &  591. 

Cet  inftrument  eft  fort  utile  pour  ces  opérations  ; 
maisL  il  me  femble  qu*en  général  fon  manche  eft 
trop  court  pour  l'étendage  après  la  colle.  J'ai  exa« 
miné  dans  plufieurs  fabriques  les  paquets  de 
feuilles  qu'on  avoit  recueillies  «  &  ]'ai  prefque 
toujours  remarqué  que  les  moitiés  des  feuilles 
qui  retombant  fur  le  ferlet  &  fyr  la  main  de  Té- 
tend;;ufc  qui  le  tient  ,  montroient  les  traces  de 
faux-plis  aflcz  nombreux  &  alTez  fenfibles,  que 
la  forme  de  et  inftrument  &  la  manière  de  le  te- 
nir a  voient  occafionnés.  Ces  faux-plis  difparoiftent» 
il  efl  vrai ,  la  plupart  ^  après  que  le  papier  a  paffé 
fous  la  prefle  de  la  falle  ;  mais  il  eft  prefqu'impos  - 
fible  de  les  détruire  lorfque  Tétoffe  du  papier  a 
été  feutrée ,  &  fa  fu|;face  adoucie  par  rechange. 

Ces  inconvéniens  m*ont  fait  penfer  à  changer 
la  forme  du  ferlet ,  fott  en  le  f  tifant  tout  plein 
fans  le  vider  autour  du  manche,  foit  en  alon- 
geant  fon  manche.  Au  moyen  de  ce  double  chan- 
gement ,  les  moitiés  de  rculUes  retomberont  fur 
une  furface  unie  &  pleine,  &  ne  rencontreront 
plus  ni  la  tige  du  ierlet»  ni  la  main  de  Téten- 
deufe;  par  conféquent  il  n'y  aura  pas  lieu  aux 
faux  plis ,  qu'il  eft  important  d'éviter  dans  une 
fabrication  foignée.  Je  crois  devoir  rendre  attentif 
à  ces  inconvéniens  &  à  leur  réforme ,  parce  que 
plufieurs  fabricans  ,  ou  n^ont  pas  remarqué  ces 
faux-plis  9  ou  n'en  ont  pas  reconnu  la  cauie. 

Feutres.  Je  ne  répéterai  pas  ce  que  j'ai  dit ,  pag. 
500 ,  fur  les  qualités  que  doivent  avoir  les  étoftes 
dont  on  fait  les  feutres.  J'ajouterai  feulement  ici  une 
confidération  qui  fera  fentir  que  ces  étoffes  doivent 
être  également  difpofées,  &  à  boire  l'eau,  &  à 
la  rendre.  Si  la  pâte  eft  graife  ,  &  qu'elle  retienne 
l'eau  abondamment ,  les  feutres  s'en  pénètrent 
tellement  que ,  lors  de  la  légère  comprefTion  du 
coucheur ,  ils  fe  vident  par  la  bordure  qui  eft  à  la 
gauche  de  cet  ouvrier. 

Les  feutres  &  les  feuilles  de  papier  étant  tranf- 
portés  fous  la  prefTe,  à  la  moindre  compreiTion 
de  la  porfe  l'eau  s'écoule  de  tous  côtés  ;  &  par 
le  progrès  de  la  comprefllon ,  les  feutres  conti- 
nuent ,  &  à  prendre  l'eau  des  feuilles ,  &  à  la 
rendre  par  les  bords.  Cène  double  opération  a  lieu 
tant  que  la  prefTe  agit. 

En  même-temps  que  le  pspier  fe  fèche ,  &  prend 
une  confiftance  fuffifante  pour  que  le  leveur 
puifle  le  détacher  des  feutres  ,  &  Ijueer  par-là 
de  leur  difpofition  à  boire  l'eau  de  la  Veuille ,  les 
•feutres  eux  -  mêmes  ,  par  le  reffort  des  parties 
de  l'étoffe,  ont  quitté  à  un  certain  point  l'eau 
qui  les  pénctroit ,  &  s'en  font  débar.aiïés  aflez , 
pour  qu'ils  puiflçnt  fervir  k  la  fabrication  d'une 


p  A  P 

nouvelle  porfe,  &  boire  comme  il  courSentren 
des  feuilles  qu'on  couche  deifus.  Ceft  par  la  foc- 
ceffion  de  ces  deux  états  de  féchereffe  &d'unbî- 
bition  des  feutres ,  que  s'exécutent  des  opérations 
très-délicates.  ^ 

Il  eft  aifé  de  voir  fur  la  feuille  nouV^llcmcm 
couchée ,  le  progrès  &  la  vitefle  plus  ou  moins 
grande  de  l'imbibition. 

Je  dois  faire  remarquer  que  les  feutres,  en 
paiTant  fous  la  prefle ,  retiennent  une  certaine 
quantité  d'eau  qui  les  difpofe  à  en  boire  encoïc 
davantage. 

D'après  ces  détails,  on  volt  qu'il  n*eft  pas  éton- 
nant que  les  feutres  chargés  de  graifte ,  empâtés 
de  matière  fine,  enfin  privés  de  leur  refert, 
refiifent  le  fervice ,  &  dérangent  à  un  certain  point 
le  travail  de  la  cuve.  Voyez,  pag.  501  ,  la  n^ 
thode  qu'on  fuit  pour  les  leffiver ,  lorfqu'Ûs  font 
dans  cet  état  de  graiffe ,  &c. 

L'effort  continuel  que  fait  le  coucheur  en  ap- 
pliquant la  forme  fur  les  feutres ,  leur  donne  une 
extcnfion  confidérable  dans  le  fens  de  leur  \w 
geur ,  fur-tout  quand  la  largeur  de  ces  feutres  efl 
pnfe  d'une  lifière  de  l'étoffe  à  l'autre;  cesétoffi» 
étant  tiiTées  en  trame  de  laine  cardée ,  cèdent  beau- 
coup davantage  en  ce  fens,  que  ne  pourroitâire 
la  chaîne  de  laine  peignée.  Il  réfulte  de  ceœ 
confidération,  que  fi  les  feutres  étoient  toujoun 
coupés  de  manière  que  leur  plus  grande  dimen- 
fion  fût  prife  dans  la  largeur  de  l'étoffe ,  0t 
la  plus  petite  fur  la  longueur ,  ils  s'aloneeroîeoc 
beaucoup  'moins  fur  leur  petite  dimenuon,  & 
feroient  d'un  meilleur  fervice.  On  comprend  ai- 
fément  que  la  chaîne  de  l'étoffe  eft  plus  propre, 
par  le  degré  détord  qu'elle  a  re^,  i,  rêfifter  aux 
efforts  du  coucheur,  fi  elle  fe  trouve  difpofée  fui- 
vant  leur  direôion.  Voyez,  pag.  51  y,  U  règle 
qu'on  doit  fuivre  lorfqu'on  coupe  les  feutres  pour 
les  différentes  fortes  de  papiers,  tant  à  formes 
fimples  qu'à  formes  doubles.    ' 

Fleur-de-lis.    Il  y  en  a  de  deux  formats:  la 

Î  grande  flcur-de-lis  &  la  pctUe  flcur-de-lls.  Voyet 
e  tarif,  pag.  536.  J'ajouterai  un  troifième  format 
qui  fert  dans  les  demi- blancs  collés^  6l  dans  les 
pâtes grifes  pour  enveloppe.  Voyez  enveloppe. 

Floran;  (pile)  pile  oii  l'on  met  la  matière 
pour  être  raffinée:  voyez  pilc&L   raffiner. 

Fluant;  (  papier)  c'eft  celui  qui  n'a  pas  reça 
l'apprêt  de  la  colle ,  ou  qui  la  mal  reçu.  On  peai 
mettre  dans  la  première  claffe  les  hùncs-Jiujns^ 
dont  je  citerai  ici  trois  principales  fortes  :  le^  raijîn , 
de  16  pouces  &  demi  fur  20  pouces  &  demi,  & 
du  poids  de  20  à  22  livres ,  dont  on  fe  ftn  pour 
faire  le  papier  marbré;  le  papier-jofeph ,  de  if 
pouces  fur  19^  &  du  poids  de  14  à  15  livres,  qui 
fert  à  filtrer  les  liqueurs  ;  le  carré  ^  de  13  pouces 
&  demi  fur  16  &  demi  ,  &  du  poids  de 
I  1}  à  14  livres,  avec  lequel  on  imprime  la  bibK*- 


I 


I 


^ 


^< 


P  A  P 

iKèqoç  bleue  &  quelques  almanachs.  Le    papier 
f&f<fh  sVmploie  auH'i  à  ces  marnes  ufages. 
^     FoRMAtiiE  ;   c'cft  l'ouvrier    qui   conlbuit  les 
for.Ties  av^c  lefqiKllcs  on  fabrique  le  papier, 

Format;  cVft  le  réfultat  des  deux  dimenfions 
4'anc  feuille  de  papier  ,  foit  q^i'elle  foit  coiifervée 
dans  fa  grandeur  in*folio  ,  foit  qu'elle  foie  pliée 
in-4^  in  8*p  ou  in  12  ,  &c.  Oo  fcnt  aif^ment  que 
,ces  différens  pliages  iloivent  varier  comme  b  gran- 
deur  première  in-fulio:  ainfi  rin-4*'»  &  l'in-S**.  du 
^rand-rajfifi^  difî^rent  de  1*10*4**.  ^  dcl  in  Ô**.  du 
carré ^  comme  Tin  folio  des  deux  fortes  ;  d^  même 
rin-4^  àl  l'in-S*^.  de  h  couronne  ,  diffécent  de 
II11-4**,  âc  de  Tin- 6®.  du  carré  &c  du  grand- 
RÎfin ,  comme  les  iii-hdi')  des  trois  forres  :  ces  dif- 
lerem  formats  font  tcilemeiu  variés ,  qu'ils  peuvent 
£liisfaife  à  tous  nos  b-foins. 

Formes  ;  ce  font  l^s  moules  avec  lefquels  Tou- 
vrcur  parvient  à  com,  oicr  u'k  feui^lv  d-;  papier  , 
CD  djflâbuant  deffiis  une  mnière  qui  tîotte  dans 
reau.  Les  formes  fonf  composes  d'un/«f,  d'ans 
isiU  de  fih  de  laiton,  quori  ramm^vcrjure ^  & 
à*ûn^îQu\'erte  owc^dr  ,  Wuyti^  pag-ipS,  la  fuite  des 
mmîpuUtions  du  form  tire  ,  raii'»  u  cûnrtru*5èion 
des  formes  y  <k  pag,499,  les  principes  m^^  gMÏdeiu 
dans  le  choix  &  rarrangement  des  Ois  de  uiton  ; 
^enfindans  ta  difpofition  de  ces  fils,  relativement 
aux  grands  ou  aux  psiits  côtés  de  la  forme.  Voyez 
aufîî  %'crjurt.  Les  formes  font  fbjett  s  à  s^empitcr, 
&  eo  conféquence  f»n  eft  obligé  de  les  faire  paAlr 
à  des  k0îves  qui  les  ncttoyent ,  6l  dgbarralTent 
les  fcrtns  de  la  veijure  &  les  filigranes  des  en- 
seignes »  des  matières  qui  les  malquent  allez  fou- 
vent ,  pag.  499. 

N©U5  diîlinguerons  ici  trois  fy  lié  mes  adoptés , 
depuis  quelque  temps  ,  dans  la  conAruâîon  des 
formes  dont  on  faitaâuellsment  uf*ge.  Les  formes 
ordinaires  fimples,  dont  il  vient  d  être  queflion  , 
les  formes  â  papier  fanj  ombres  ^  &  les  formes  ti 
papUr  vdin.  Les  formes  ordinaires  fimples  préfen* 
i€Dt  »  comme  je  Tai  dit  article  pontufcaux ,  un  in- 
convénient de  fabrication  a(Te£  confidérable  dans 
les  deu%  bandes  d*ombresa(Tuietties  aux  deux  côtés 
des  pontufeaux.  Ces  ombres  font  produites  par  Tac- 
cumubtion  de  la  pâte  diOribuée  irrégulièrement 
le  long  des  tiiTus  du  manicordion ,  qui  excédent 
les  parties  de  la  verjure  voi fines  des  pontufeaux. 
Pour  peu  qu  on  ait  été  infïruit  de  ces  défauts  de 
fabrication  ^qu'nccafion ne,  comme  on  voit,  h  conf- 
triiâion  de*  formes  ordinaires  ,  on  a  fait  des  vœux 
pour  qu*on  pûi  trouver  des  moyens  propres  à 
Varier  ces  défauts;  <k  ce  font  ces  moyeas  Amples 
que  nous  offrent  depuis  quelque  temps  tes  forifies 
à  p^spur  fias  ombres^  E^les  nous  donnent  la  plus 
grande  fàolité  de  didribuer  la  pâte  régulièrement 
&  uniformément  fur  toute  la  furface  de  la  forme, 
de  manière  qu*îl  en  réfulte  une  étoSe  régulière , 
&  é'un  grain  b  en  égal  dans  toutes  f^s  parties. 
Cette  forme  eft  compose  d'une  verjure  ordinaire , 

i*oa  établit  fur  uoe  vicdk  toile  ou  fur  une  toile 


PAR 


57» 


claire ,  &  qu'on  fixe  fur  cette  bafe ,  par  le  moyen 

de  petits  liens  de  laiton  difperfés  ég  lemeut  d*ns 
chacjue  partie  de  la  toile,  Ôc  qui  n'y  forment  pas 
des  tiilus  continus  corn  m,*  a  la  forme  ordinaire. 
Ces  liens  par  conféquent  ne  préfentent  aucun  obflacle 
à  la  pâte  que  Touvreur  yoiAribue  par  fesd«6féiens 
mou  vc  mens. 

Les  formes  à  pap'ur  vélin  font  composée  *  d^une 
toile  d\in  tiffu  tiès-ferré,  qu'on  établit  de  mé  ue 
que  dans  la  forme  précédente  ,  ou  fur  de  v*tiile$ 
toiles  ,  ou  fur  des  todes  bien  claires.  D'atlcU  s  les 
châiTis  des  deux  formes  dont  je  ven^  de  p.rler , 
fnnt  conJlruits  com;ne  ceux  de  furm  -  rr  îi  1  ires. 
Au  relte,  je  décnrai  par  la  fuite  la  coiur  ^liua 
de  ces  formes >  que  les  fabricans  doive n  s\in^iQk  cr 
de  connoitre  &  d'adopter,  fur-tout  cciles  tîcs  pt* 
piers  Lns  ombres. 

Formes  Chinoises  ;  moules  avec  Icfquels  lei 
Chinois  fabriquent  leurs  papi;jrs,  pag  473  ;  font 
à  .Joubles  feuilles  pour  les  petits  format* ,  thiJ.  ;  peu- 
vent être  d  unegra'n  leur  eAtrat^rdinaire,  vu  la  légè- 
reté des  matéiiauxavec  lefqtiels elles  fontconltrui- 
ics^tytj.  Leurs  manœuvres  s  exécutent  par  pi ufieurs 
ouvriers  ou  par  des  contre- poids  ^ihtd,  Formu  def 
Jjponoiï  alTez  femblables^  pas,  476. 

Fo/ï  MU  LE,  (papier  de)  ce  font  les  papiers<}iie 
l'Adminiftratiort  ucs  Domaines  fait  fabriquer  pour 
le  papier  timbré.  On  en  diflingui  de  trois  fortes  ; 
le  granJ papier  ^  qm  a  17  pouces  fur  quatorze;  il 
doit  être  dune  pâte  moyenne,  non  azurée  ,&  dti 
poids  de  1^  livras  li  onces  la  rame» 

Le  moyen  papier  2  16  pouces  fur  ix,  format  dn 
bâiQn-royal  ^  du  petit  ratfin;  il  doit  être  de  |pâte 
moyenne»  azurée,  &  pcfer  dix  livres  la  rame* 

Le  j^etit  papier  de  formule  a  1 3  pouces  &i  demi 
fur  9  ;'  Se  en  cela  il  eft  femblable  au  peilt-jèfus  : 
il  doit  écre  de  pâte  bulle  non  azurée,  6i  du  poids 
de  huit  livres  la  rame.  Ces  trois  fortes  font  patticu- 
Uères  à  la  Généralité  de  Paris. 

Les  Généralités  de  Châlons  &  de  SoifTbns,  & 
probablement  les  autres,  ont,  corn  ne  celle  de  Paris 
trois  fortes  de  papiers  à  formule  j  mais  ils  font  fa- 
briqués fur  un  règlement  pariiculier. 

Le  ^rand  papier  a  les  mêmes  ditnenfions  que 
celui  de  la  GL:q|ralité  de  Paris ,  mitis  il  ne  péfe 
que  1}  livres  la  rame»  &  il  neA  que  de  pâte 
buUe. 

Le  moyen  papiers  les  mcmes  hauteur  &  largeur 
que  celui  de  la  Généraîité  de  Pans.  Il  pète  huit 
livres  &  demie  la  rame,  ôt  n'eft  que  de  pâte  bulle. 

Le  petit  papier^  du  même  for.nat  qt^ie  celui  de 
la  GénérxUté  île  Paris,  n^eïl  fabuque  quj  dépare 
bulle  ,  6l  ne  péfe  que  fix  livres  6c  d^mie  La 
rame. 

Fournir  la  Cuve  ;  c'eft ,  après  une  porfe  ou 
la  moitié  d*une  porfe  ,  verfer  dans  la  cuve  une 
quantité  d  ouvrage  équivalente  à  celle  oui  a  été 
employée  à  la  fabrication  de  cette  porte,  di  ne 
fournit  la  cave  qu'une  fois,  lorfqu'on  travaille  ^ux 
petites  âctux  moyennes  fortes  ^  on  la  fouroii 

ccc  if 


57* 


P  A  P 


jttfqu*à  deux  ou  trois  fois  lorfqu*on  travaille  aux 
grandes  fortes ,  qui  confomment  plus  de  matière. 
C*eft  le  leveur  qui  eft  chargé  d'apporter  la  pâte 
affleurée,  de  la  verfer  dans  la  cuve>  oc  de  la  braffer 
conjointement  avec  l'apprenti. 

En  fburniflant  la  cuve ,  on  détermine  la  pro- 
|>onion  de  la  pâte  à  fon  véhicule»  &  on  l'entre- 
dent  fuivant  qu'on  fait  du  papier  mince  ou  épais , 
ou  bien  fuivant  qu'on  travaille  en  général  à  grande 
tau  ou  à  pet'ut  eau. 

On  a  remarqué  que  plus  la  cuve  eft  fournie 
de  pâte  j  moins  les  feuilles  de  papier  font  nettes 
At^  mnfparentes  ,  moins  la  fabrication  peut  être 
foignée  ;  il  y  a  fur-tout  un  point  fur  lequel  l'ou- 
vreur peut  moins  atteindre  à  une  certaine  exaâi- 
Tude ,  c'eft  l'égalité  des  feuilles  ;  plus  l'ouvreur  ren- 
contre de  pâte  dans  le  lieu  oii  il  puife  ,  plus  il  eft 
expofé  à  faire  des  feuilles  inégales ,  quelque  adrefle 
&  quelque  habitude  qu'il  ait. 

Fut  ;  c'eft  le  châfiîs  de  la  forme  armé  de  fes 
pontufeaux. 

Gargouche  ;  forte  de  papier  de  pâte  très; 
commune,  qui  fert  fur-tout  aux  artificiers.  Voyez 
Tarticle  envefgppe  (pâte-grife)  :  on  y  mêle  de  la  terre. 

GÈNES  y  ou  les  trois  O  de  G^/i^^;  forte  qui  fe  fabrl- 
fue  en  grande  quantité  dans  les  moulins  de  la  ri- 
vière du  Ponant  de  l'état  de  Gènes.  Nous  l'imitons 
fort  bien  dans  les  fabriques  des  environs  d'Auch  & 
de  Bayonne.  Elle  s'exporte  abondamment  aux  Indes 
Efpagnoles,  oii  elle  fert  principalement  à  former 
les  cigares ,  c'efl-à-dire ,  à  envelopper  de  petits 
paquets  de  tabac,  avec  lefquels  les  Indiens  fument 
en  mettant  le  feu  au  papier.  VV>y.  le  tarif,  p.  538. 

GODÉE ,  GODAGE  ;  forme  défedoeufe  &  gauche 

Se  prennent  les  papiers,  fur-tout  les  grandes 
rtes ,  lorfqu'on  les  étend  fans  qu'ils  aient  éprouvé 
fous  la  preue  une  defliccation  égale  au  centre  & 
vers  les  bords. 

Les  feuilles  de  papier  étant  preiTées  entre  les 
feutres ,  dont  l'épaifleBr  n'eft  pas  égale  au  centre 
&  fur  les  bords ,  éprouvent  une  compreffion  iné- 
gale ;  elles  font  donc  plus  féches  au  milieu  que  le 
long  des  bords  ,  qui  reftent  moUaïïes  &  fans 
confiftance:  dès  que  la  defticcation  de  ces  feuilles, 
étendues  dans  cet  état ,  commenik  à  s'opérer ,  elles 
fe  retirent  le  long  des  extrémités ,  de  manière  qu'il 
s'y  forme  un  encadrement  qui  reflerre  le  milieu 
&  le  fait  goder. 

Cet  effet  eft  encore  plus  fenfîble  fur  les  papiers 
de  pâtes  pourries  ,  que  fur  ceux  fabriqués  d'une 
pâte  non-pourrie  ;  car  les  premières  fortes  re- 
tiennent les  'dernières  eaux  plus  fortement  que 
les  fécondes  fortes. 

En  conféquence  de  cette  retraite  inégale,  le 
dos  des  pages  préfente  une  élévation  bien  mar- 
quée du  milieu  au-defTus  des  deux  extrémités. 

Lorfqu'on  bat  le  papier  aînfi  féché ,  par  l'apla- 

rifTcment    &    l'extenfion  des   parties  du   centre, 

il  réfulte   que  le  godage  fe  diflribue  dans  tout  le 

•contour  des  bordures ,  ce  qui  gâte  encore  phis 


p  A  P 

les  feuilles.  On  peut  fe  convaincre  par>là  que  te 
mal  eft  fans  remède,  &  que  le  centre  &  les  exp 
trémités  des  feuilles  ont  pris  une  concexture  par* 
ticulière  qui  ne  peut  jamais  fe  raccorder  enfembk. 

Pour  obvier  a  cet  inconvénient,  il  faut  preflcr 
également  les  porfes  au  centre  &  fur  les  oords, 
en  garniftant  les  bords  des  feutres  par  des  bandes 
d'étoffes ,  qui  font  que  la  porfe-fêutre  éprouve  une 
égale  compreflion  ,  &  que  le  papier  perd  égato- 
ment  par- tout  l'eau  furabondante  qui  le  pénétroit 
On  l'évite  encore  mieux  en  adminifbant  les  pref^ 
fages  de  l'échange ,  avant  &  après  la  colle ,  avec 
intelligence  &  mr  les  principes  que  }*ai  expofii 
ailleurs.  (Vo^ez  échange^  On  parvient  par  ces  foioi 
&  ces  attentions ,  à  n'offirir  l  la  defficcation  dci 
étendoirs ,  qu'un  papier  à  qui  il  refte  très-pei 
d'humidité,  &  également  diftribuée  par-touc 

En  voulant  rétablir  un  papier  fin ,  format  in-ia,    , 
après  l'impreflion ,  j'ai  rencontré  les  mêmes  dtft    i 
cultes  du  go  Jage  dont  je  viens  de  parler  ;  elles  n'om    < 
difparu  qu'en  trempant  également  dans  toutes  leni 
parties  les  ftuilles,  &  en  fuivant  les  opérations  de 
l'échange  avec  foin. 

Tai  remarqué  auiH  une  efpèce  de  go.iage  aifii 
fenfîble  dans  les  bandes  des  feuilles  qui  fetrouvem 
correfpondre  aux  intervalles  des  pontufeaiui,  ft 
qui  font  d'un  tifTu  différent  de  la  parue  ombrée 
plus  épaiffe  ,  laquelle  fait,  auant  à  ces  bandeii 
l'effet  d'un  cadre  qui  ne  s'eft  pas  prêté  égalemett 
à  la  defficcation.  Cette  defeâuofité  paroit  tUfÀm 
dans  les  papiers  étoffés. 

Gouverneur  du  moulin  ;  (le)  ouvrier  chaijè 
de  plufieurs  opérations  importantes  :  c'eft  lui  qn 
fait  defcendre  le  chiffon  dans  le  pourriffoir,  qm 
fuit  le  chiiFon  dans  tous  les  progrès  du  pourriflage, 
jufqu  à  ce  qu'il  le  porte  au  dérompoir ,  oii  il  le 
coupe  par  petits  morceaux,  avant  que  d'en  gvnir 
les  piles  à  effilocher  :  c'eft  lui  qui  conduit  le  trafail 
de  ces  piles  ,  qui   veille  à  ce  que  la  matière  y 
circule ,  y  foit  lavée ,  blanchie  &  battue ,  qui  fiiscc 
à  plufieurs  reprifes  les  bords  des  piles ,  les  maillets, 
les  couloirs.  Le  même  ouvrier  eft  auffi  chargé  do 
travail  des  piles  à  raffiner ,  qui  fe  £ût  en  même- 
temps  que  celui  des  piles  à  effilocher  ,  &  d'après 
des  principes  différens.  Voyez  pag.  49  r.  On  feot 
combien  cet  ouvrier  doit  être  occupé,  fur-fout 
lorfqu'on  confidère  que  les  moulins  (ont  en  mou- 
vement la  nuit  comme  le  jour  ;  &  c'eft  pour  cent 
raifon  qu'on  lui  donne  un  aide  dans  1  apprenti, 
fur-tout  lorfqu'il  doit  fournir  la  matière  à  deux 
cuves,  &  gouverner  cinquante  à  quatre- vingts 
maillets.  Le  fuccès  de  la  fabrication  dépend  par- 
ticulièrement de  l'intelligence,  de  la  force  &  de 
l'aâivité  de  cet  ouvrier,  dont  le  repos  eft  fouvett 
interrompu  par  la  néceffité  de  remuer  les  piles  à 
effilocher,  ou   de  remonter  les  piles  à   raffiner. 
Ceft  lui  qui  doit  fournir  aux  ouvriers  de  la  cuve 
une  pâte  qui  fe  prête  à  leurs  manœuvres,  &qui 
ne  foit  pas  fur- tout  trop  chargée  de  eraiflie. 
Les  moulins  à  cilyndre  ont  auffi  leur  goovCP 


P  A  P 

-fieur^  qm  vcUte  ^  h  conduite  du  triviil  de  ces 
machines  ,  fli  qui  doit  y  apporter  d'autant*  plus  de 
foin  6l  d'intelligence ,  que  ics  cylindres  exécutent 
d^  opérations  plus  délicates  &  plus  précifes  que 
les  maillets.  Voyez  pag.  494  &  495.  Voyez /?i/^/, 
^^ittnc  ,  &c* 

'  Gouttes,  On  nomme  ainfi  certaines  marques 
rondes  ,  où  Tétoffe  du  papier  a  été  dérangée  fit 
rendue  plus  mince  &  plus  claire  par  b  chute  d'une 
goutte  d'eau.  Il  y  a  deux  fortes  dcgûuttes:  celles 
que  fait  Vouvreur,  &  celles  que  fait  le  coucheur. 
Les  premières  font  plus  grandes,  plus  claires  ,& 
om  un  rebord  plus  marqué  &  plus  relevé  que  les 
fecondcs  ,  qui ,  ordinairement  fort  petites ,  ont  une 
kordLte  moins  diftmguèe  du  fond  de  la  feuille.  On 
_|otl  fcntir  la  raifon  de  ces  différences  :1a  feuille  de 
ipicr  eft  encore  pleine  d>au  lorfque  Touvreur 
lient  de  la  former  ,  &  qu'il  retire  la  couverte, 
le  laquelle  tombent  ordinairement  tes  gouttes;  ainfi 
"cur  chute  doit  faire  beaucoup  plus  d*imprefnon 
ttL  déranger  plus  profondément  une  matière  mobile 
[&  noyée  d'eau,  que  lorfque  la  feuille,  étant dè- 
uchée  de  la  forme ,  &  rcnverfee  fur  le  feutre  , 
a  dc)a  pris  une  certaine  conftAance  ;  car  elle  a 
perdu  une  partie  de  fon  eau  furahondante  par 
[rîjnbibition  da  feutre. 

On  difttngue  encore  les  gouttes  de  Touvreur ,  en 
t  qu*ellesconfervent  dans  leur  champ  l'empreinte 
Prie  la  verjure  ,  qui  «  foutenant  la  pâte ,  a  pu  y 
iaiiTer  fes  traces  au  milieu  du  défordre  que  la  goutte 
dTeau  y  a  eau  fè  Celles  du  coucheur,  au  contraire, 
<i(Erent  un  champ  net ,  parce  que  la  feuille  qui 
k  Ws  a  reçues  étant  fur  le  feutre,  rien  n'a  pu 
B  conferver  les  proéminences  de  la  pâte  formées  dans 
"  les  intervalles  des  brins  de  la  vcrjure. 

Je  dois  rapporter  aux  gouttes  les  bulles  d'eau 
fui  (fc  forment  quelquefois  lorfque  l'ouvreur  puife 
dans  la  cuve ,  qu^i!  enlève  fur  la  forme  ,  &  qui ,  en 
Crevant, dérangent  l'ouvrage  ,&  laifTeni  Tapparence 
de  gounes  mal  terminées|fur  leurs  bords ,  quoiqu'af- 
fcz  grandes ,  &  confervant  les  traces  de  la  verjurc, 

Graik  du  papier*  (  Pour  faire  connoitre  plus 
particulièrement  ce  que  c'tftquc  U ^ra'm  dufapicr^ 
il  faut  remonter  jufqu'a  fa  formation.  ) 

Ûimprellion  de  la  ver  jure  Ôc  celle  du  manicor' 

dion    s  aperçoivent  fur  une   feuille   de    papier, 

Jorfqu'on  regarde    le  jour  à  travers  cette  feuiUc. 

^L*impreflxon  de  la  ver  jure  y  paroit  comme    une 

B^uIiiTude  de  lignes  chires ,  parallèles  entre  ellesj 

&  dirigées  dans  le  fens  de  la  longueur  de  la  feuille. 

^Lc  tiifu  des  chaîiettes  fit  du  manicordion  (c  fa-t 

iKremarquer  de  diliance  en  diltance  fur  fa  largeur, 

Kpar  une  ligrc  fort  claire  entre  deux  bandes  plus 

opaques  qi  c  le  refte  ;  ces  apparences  font  pro- 

(duiccs  pat  la  moindre  cpaiOeur  de  la  pâte  fur  les 
£ls  de  laiton  de  la  ver[tire,  &  fur  le  tiiïu  du  ma- 
1  ^^n*  Les  lignes  d'ombres  ^  au  contraire,  font 

1  c  la  plus  ^rjnde  cpaiiTtrur  de  la  pâte  datis 

les  iiictfvalles  \ides  des  fi<s  de  laiton ,  oii  cHe 
â\n  infinuéc  abondamment.  Cette  difpufulon  de 


p  A  p 


573 


li  pâte  n*eft  pas  feulement  fenfibte  à  travers  le  pa- 
pier ,  mais  elle  ed  aufH  remarquable  à  la  furface  de 
!a  feuille ,  ou  Ton  voit  une  fuite  d'éminences  & 
de  baguettes  parallèles ,  qui  font  plus  ou  moins 
faillantes  &  plus  ou  moins  émouifées  :  c*ei)  |ce 
que  Ton  appelle  grain  du  papier -^  c^dQ^graïn  que 
réchange  a  principalement  pour  but  d'adoucir  ;  c'eft 
ce  ^aïn  qui  nuit  à  récriture  &  à  rimpreiCon,lorfqu'il 
eft  trop  gros  Ôc  tropinégal;mais  c'eft  ce  graîn  qui  em- 
pêche les  mouvemens  de  la  plume  d*ètre  incer- 
tains ,  par  la  douce  réfiftance  qu'oppofent  les  iné« 
galités  des  baguettes  qui  le  forment ,  lorfqu'elles 
font  adoucies  par  la  preffe.  Toutes  les  opérations 
qui  détruifent  entièrement  le  ^rain  du  papier ,  font 
au^i  mal  conçues  que  mal  conduites.  Telles  font 
le  battage ,  U  lijjdge^  le  cyîindragc  &  le  Jatinagt  ^ 
comme  nous  le  ferons  voir  à  ces  articles. 

Graisse.  Une  pâte  trop  long-temps  rafHnée  prend 
de  la  graijfe  :  il  cniréfulte  qu'elle  eA  moins  propre 
à  faire  du  papier  ,  comme  nous  Tavons  dit ,  pag. 
504.  La  ^raijje  fort  non-feulement  des  piles  par  le 
kas  ,  mais  encore ,  adhérente  à  Touvrage  en  ccr- 
taine  proportion  ,  elle  fe  précipite  fur  les  parois 
de  la  cuve,  pag.  503.  Ceft  la  graijfe^  unie  à  la 
matière iibreufe du  chanvre  fie  du  lin,  qui  modifie 
le  travail  des  ouvriers  de  la  cuve ,  pag,  504  & 
fuivantes.  La  graijfs  fait  que  la  niatière  adhère  plus 
avec  fon  véhicule,  ce  qui  la  rend  utile  dans  Cer- 
taines occafions ,  ibid. 

Griffon  ;  forte  de  même  format  que  la  cou* 
ronne.  Elle  eft  d'un  très-grand  ufage  pour  récriture. 
Voyez  le  tarif,  pag-  537,  &  V^rxïdt couronne. 

Grippe^  ;  pièces  de  bois  placées  debout  aux 
deux  côtés  des  piles  ,  fie  taillées  en  crénaux  ;  les 
unes  portent  les  queues  des  maillets,fif  les  autres  en 
dirigent  les  tètes,  pag.  4S8;  les  premières  portent 
auiîi  des  crochets  pour  tenir  les  maillets  ful'pendus 
lorfqu'on  retire  tes  madères  des  piles  ,  p.  48p.  On 
appelle  les  premières  grippes  de  derrière ,  âc  les 
fécondes  grippes  de  devant  ^  pag.  489. 

Gris  (papier):  voyez  enveloppes, 

Ghis  COLLÉS,  (papiers)  On  connoit  fous  cette 
dénomination  le  raifin  ^  de  16  pouces  fie  demi 
fur^io  fit  demi,  du  poids  de  30  à  1%  hvres,  qui 
fert  pour  enveloppes;  la  main-irune^  de  1 1  ^jouces 
fie  demi  fur  14  6c  demi ,  &  ait  poids  dt  9  à  to  liv. 
lV/r^<f, qui, avec  les  rrjcmes  dinKnfionsque  la  forte 
précédente,  pèfe  de  iS  a  20  livrcf.  Ces  deux  fortes 
fervent  à  faire  le  dedans  des  cadts  à  jouer. 

Grobin  ;  nom  qu'on  donne  en  certaines 
provinces  ,  au<  lots  de  ch;rïon  qui  réfuitent 
du  travail  des  trieufes.  On  en  diftingue  trois, 
Qu'on  appelle  grobin  fin ,  gr^km  ftcond^  grobin  irai' 
filme. 

(.es  exprefTions  ne  font  plus  ^it^  ufitées  dans 
nos  fabriques. 

Hiératique;  forte  de  papier  d^gyptc,  tpii 
rtceviîit  le  moins  d'apprèï!^  ,    pag.   4^1^. 

HoLtAKDE  j  (.  apier  dt  )  c  tft  une  êtofTc  Cibrî- 
quce  avc€  mîe  {«àte  tirée  d'uncl^Ron  non-pourri , 


574 


P  A  P 


&  foum'ife  aux  apprêts  de  rechange.  On  voit , 
par  cette  dénnition  ,  qui  ne  peut  être  bien 
entendue  que  des  fabricar.s  inUruits,  combien 
fontfauires  les  idées  qu*on  a  voulu  donner  de  la 
fabrication  &  des  apprêts. du  papier  de  Hollande, 
dans  des  écrits  qui  dévoient  cependant  être  rédigés 
avec  plus  de  foin  Se  d*<xadlitude.  On  a  dit,  I^  que 
le  papier  de  Hollande  ètoit  fabriqué  avec  des  pâtes 
exccfTivement  broyées  ,  qui  n'avoient  point  de 
ténacité,  &  qu'on  n*avoit  pas  fu£raniaient  lavées, 
parce  que  les  Hollandois  ne  s'attachoient  pas  à 
donner  un  beau  blanc  à  leurs  papiers. 

Je  réponds  qu'un  grand  nombre  de  papiers  de 
Hollande  font  de  pâtes  longues ,  fibreufes  &d'un 
beau  blanc;  car  lesfabricans  Hollandois  peuvent, 
avec  leurs  cylindres ,  donner  aux  pâtes  toutes  les 
qualités  qu'exigent  les  différentes  fortes  de  papiers 
qu'ils  nous  envoient.  Le  jugement  défavantageux 
que  je  viens  de  citer,  eft  fondé  fur  l'examen  de 
quelques  fortes  que  nous  vendent  les  Hollandois, 
telles  que  le  pro  j>atna  ,  le  pctn-comet ,  certaines 
ielliercs  ,  qui  font  faites  de  matières  inférieures , 
mais  qui  ont  reçu  les  apprêts  les  plus  foienés.  Bien 
loin  donc  d'inculper  ainfi  ces  habiles  fabricans  , 
on  auroit  dû  s'attacher  à  les  imiter.  Je  fais  que  , 
dans  U  fabrication  de  ces  papiers ,  les  Hollandois 
emploient  des  chiffons  moyens  &  bulles  blancs , 
qu'ils  les  lavent  le  plus  qu  il  cA  poffible ,  &  qu'ils 
les  raffinent  auflî  pour  obtenir ,  par  le  double 
travail  des  cylindres ,  des  étoffes  d'une  belle  ap- 

(carence,  &  d'un  ufage  commode  &  agréable ,  par 
es  apprêts  qu'ils  leur  donnent.  Us  triturent  d'abord 
du  chiffon  moyen ,  qu'ils  tâchent  de  pouffer  à  un 
degré  de  ténuité  confidérable  ,  pour  le  blanchir 
autant  qu  il  eft  poffible.  Ils  triturent  auflî  forte- 
ment du  chiffon  bulle  ,  &  c'eft  en  mêlant  ces  deux 
qualités  de  pâtes  ,  qu'ils  font  parvenus  à  fabri- 
quer les  petites  fortes  dont  )'ai  parlé,  d'un  ap- 
prêt féduifant  &  d'un  ufage  commode.  Doit-on 
être  étonné,  après  cela ,  que  ces  papiers  foient  d'une 
nédiocre  blancheur ,  &  qu'ils  fe  coupent  auflî  al- 
itement. 

La  cherté  des  chiffons  en  Hollande  ,  a  forcé  les 
fabricans  à  ces  fortes  de  mélanges  de  pâtes ,  que 
je  confidère  comme  une  perfeâion  de  l'art ,  en 
même-temps  qu'un  moyen  d'économifer  les  ma- 
tières. Je  propofe  le  même  travail  à  ceux  qui  ont 
inculpé  les  Hollandois  ;  &  je  les  attends  aux  ré- 
fultats. 

&"•  On  prétend  que  les  papiers  de  Hollande 
font  plus  épais  &  plus  étoffés  que  les  nâtres,  parce 
que  leurs  caidres  (ont  plus  élevés  ;  on  ajoute  même 
ue  cette  épaiffeur  eftnéceffaire,  à  caufe  du  peu 
e  ténacité  qu'ont  les  molécules  de  leurs  pâtes. 
Je  réponds  que  les  pâtes  non-pourries  clés  Hol- 
landois,  contribuent  à  l'épaiffeur  de  leurs  papiers 
qui  ,  avec  moins  de  matière  que  les  fortes  cor- 
refpondantes  fabriquées  en  France ,  font  plus  étof- 
fés. Si  les  cadres  (ont  dIus  élevés  en  Hollande  , 
c*eft  parce  qu'on  travaille  à  grande  eau. 


î 


p  A  p 

3^.  On  prétend  que  l'on  ne  fabrique  dans 
les  cuves  HoUandoifes  que  trois  ou  quatre  rimci  par 
jour. 

J'avoue  que  le  travail  de  la  cuve  en  Hollande 
eft  fort  lent,  mais  par  d'autres  rations  que  celles 
qu'on  allègue  ;  il  ne  s'enfuit  pas  delà  qu'on  n'y 
fabrique  par  jour  qu'une  très-petite  quantité  ib 
papier.  Je  fais  même  irès-cectainement  que  h 
journée  moyenne  d'un  ouvreur  Hollandois  eft  oeas- 
coup  plus  confidérable  que  la  journée  moyenae 
de  nos  ouvriers:  voyez  pag.  512. 

4°.  On  attribue  le  velouté  des  papiers  de  Hot  1 
lande  aux  matières  moins  lavées ,  quoique  broyées 
plus  long-temps. 

7e  réponds  que  les  Hollandois  ont  le  plus  gniid 
foin  d'éviter  la  graiffe,  &  de  laver  en  coni&qaenci 
leurs  pâtesàmefure  qu'ils  leur  donnent  un  plv 
grand  degré  de  ténuité.  Il  eft  vrai  que ,  fur  ]a£a 
du  raffinage  ,  ils  ferment  l'iffue  des  châfEs  du  di^ 
piteau;  mais  alors  la  matièf'e  a  pu  acquérir,  fu 
le  lavage  qui  a  précédé ,  toute  la  blanchenr  éom 
elle  eft  fuiceptible.  Le  velouté  de  leurs  papioi 
eft  d(k  principalement  à  la  qualité  des  pâtes  nai 
pourries  ,  à  l'égalité  parfaite  qu'elles  acquièicQt  ' 
affez  promptcment  au  moyen  de  leurs  cylindid 
raffineurs  ,  &  enfin  aux  apprêts  de  l'échange. 

5<'.  On  dit  que  le  papier  de  Hollande  fe  coupe, 
parce  qu  il  ell  fabriqué  avec  les  eaux  fauaâaci 
de  Saardam ,  &  que  c'eft  le  mélange  du  fiel  qd 
produit  la  facilité  qu'il  a  de  fe  déchirer. 

Il  eft  facile  de  voir  que  tous  ces  raifonncuiev 
ne  font  fondés  ni  fur  les  principes  d'une  bonne 
phyfique  ,  ni  fur  l'expérience.  Les  eaux  de  Sm- 
dam  reçoivent  toutes  les  purifications  pof&Ua 
avant  que  d'être  employées  à  la  fabrication  da 
papier.  On  les  tire  d*une. grande  profondeur,  ea 
les  fait  paffer  à  travers  de  grandes  caiffes  rea* 
plies  de  table  ;  enfin ,  elles  n'ont  ni  falure  ni  aoier* 
tume.  D'ailleurs  ,  quand  même  ces  eaux  (eroiem 
encore  un  peu  faumâtres  ,  la  petite  quantité  M 
fel  qui  s'v  trouveroit  diffoute  ,  ne  pourroic  pas 
produire  l'effet  qu'on  lui  attribue. 

J'afoute  ici  que  les  papiers  fabriqués  dans  les 
moulins  de  Gueldres ,  dont  on  ne  peut  pasfonp- 
çonner  les  eaux  d'être  faumâtres  ,  fe  coupent  ^ufi 
aifément.  Difons  donc  que  les  caufes  qui  rendèm 
le  papier  de  Hollande  caffant,  font  l'état  desmo-  j 
lécules  de  la  pâte  naturelle ,  qui  ne  cèdent  pal  ; 
aux  plis,  leur  feutrage  &  leur  rapprochement pir 
les  apprêts  de  l'échange. 

6^.  On  ajoute  que  le  papier  de  Hollande  (è  di- 
chire  aifément. 

Je  réponds  que  c'eft  â  tort  qu'on  confond  id 
deux  chofes  ,  &  qu'on  conclut  que  le  papier  de 
Hollande  doit  fe  déchirer  aifément,  de  ce  qœ 
quelques-unes  des  petites  &  grandes  fortes  fe  eos- 
peut.  Nous  favons  d'ibord  que  les  papiers  de  pâ- 
tes naturelles ,  comme  font  ceux  des  Hollandois, 
réfiftent  beaucoup  mieux  aux  différens  applétsdc 
la  papeterie  que  les  notrest  Ces  papiers  se  &  dfr 


P  A  P 

llrent  donc  pas  auflî  atfément.  D'ailleurs ,  <|u*on 
l^mparc  ks  papiers  à  fucre  des  Hollandois  »  leurs 
iculamrcs  ôt  les  autres  papiers   d  enveloppe  , 
es  fortes  correipondantes  de  France ,  &.  Ton 
d'un  coté  des  étoffes  folides  &  cartonneu- 
&  de  Tautre  des   s  mas  de   pâtes  mollaiTes 
il  s'entrouvrent  de  tous  côtés.  J'ai  vu  un  grand- 
act  très- mince  ,  fabriqué  en  Hollande ,  qui  fer- 
ait à  copier  des  delTins  &  même  au  lavis  ,  & 
ti  ne  fe  coupoit  pas  dans  les  plis  ,  quoique  peu 
fé,  parce  qu'il  étoit  d'une  pâte  fort  long,ue. 
j"*  On  dit  que  c'eft  avec  une  teinture  clari- 
'  ; ,  filtrée  ,  repofée ,  qu  on  donne  en  Hollande 
i  œil  bleuâtre  au  papier.  On  ignoroit  fai!s  doute 
cVfl  avec  le  bUu  d'émail  que  Ton  azuré  en 
dlande  les  pâtes  des  papiers,    /ajoute  que  la 
%fe  modérée  de  cette  matière  colorante  ,  produit 
tmc  un   bon   eftlt  fur  djs  pâtes  fort  blanches 
leurs.  Voyez  a^ur^ 

8\   On  a  voulu   nous  pcrfuadcr  qu'en  Hol- 
nde  on  liiToit  le  papier ,  en  le  faifant  pafTer  en- 
deux  cylindres  ,  &  que  c'étoiî  par  cette  efpèce 
de  laminage  qu'il  acquéroit  de  la  force,  ou  luf- 
ât  une  égale  cpailTeur. 

Je  réponds  que  le  laminoir  ne  peut  pas  pro- 
duire ces  effets  fur  un  papier  fabriqué  à  l'ordi- 
IJïife,  &  qui  n*acqniert  toutes  ces  belles  qualités, 
Ifue  pendant  qu'il  ti\  en  état  de  fe  prêter  aux  re- 
'  Tagcs  &  aux  preiTages  de  i'cchangc  ,  par  un 
d'humidité  &  (►^  molle fle< 
9".  Enfin  ,  lorfqu'on  avoue  que  le  papier  de 
Hollande  eflplus  doux  ,  plus  fin  ,  plus  uni,  plus 

Ptranfparent  que  les  nôtres,  on  attribue  ces  qua- 
fcfés  aux  chiffons  des  toiles  fines  de  lin. 
Cependant  nous  avons  remarqué  ci-devant,  que 
\e pro  patr  â  n'étoit  pas  fabriqué  avec  des  matières 
bien  fines ,  fit  que  malgré  cela  les  apprêts  que 
ïui  don  noient  les  Hollandois  ,  le  rendoient  fort 
doux  ,  fort  uni ,  &  d'un  ufage  très-agréable ,  parce 
uM  étoit  formé  de  pâtes  raffinées  avec  intelli- 
Cficc ,  ic  que  fon  grain  avoit  été  adouci  conve* 
ablcmem  par  les  manipulations  de  l'échange. 
J'ai  cru  devoir  détruire  dans  cet  article  toutes 
alertions  erronées  fur  le  papier  de  Hollande  , 
^1  qu'on  nous  les  avoit  données  comme  des  prin- 
*$  lumineux  &  inftruftifs  propres  à  guider  les 
icans  François  dans  les  efforts  qu'ils  font  pour 
liter  les  papiers  de  Hollande,  Comment  a-t-on 
que  des  affertions  aufH  vagues ,  qui  ne  font 
ondées  ni  fur  l'obfervation  précife  ,  ni  fur  l'ex- 
icnce  ,  pouvoicnt  être  de  quelque  utilité  pour 
ccélérer  l  introduâion  en  France  d'une  nouvelle 
idoftrie,  qui,  pour  être  connue,  cxigeoit  bien 
Pautres  moyens  ?  Heurcufement  que  des  circonf- 
fîKtt  favorables  font  venues  au  fecours  de  nos 
bîks  fabricans.  Je  me  propofc  de  les  expofer 
»ns  un  onvrpge  qui  ne  tardera  pas  à  paroîrre. 
[HotLAWDÉ  ( papier  )  ;  c'eft  celui  dont  le  grain 
lètè  adouci  par  le  moyen  de  Yàkangi  :    voyez 


P  A  P 


Î75 


Japon;  (  papier  du  )  ce  papier  cft  fait  avec 
Técorcc  intèneure  d'un  u*ùrier.  L'analyfe  fine  & 
adroite  que  les  Japo.nnois  ont  mife  en  ufage  dans 
la  préparation  de  cett;;  matière,  auroit  dû  fcrvir 
de  modèle  à  ceux  qui  ont  prétendu  fubAituer  au 
chiffon  le  liber  ou  fécorce  intérieure  de  certains 
arbres  ,  &  qui  Tout  entrepris  fans  vues ,  fans  intel- 
ligence, comme  fans  fuccès,  pag.  475  &  479  ; 
les  procédés  de  fa  fabrication  décrics  par  Kempfer, 
pag,  47 j  î arbres  qui  fourniffent  des  matériaux  pour 
ce  papier  ,  pag,  477  Ôc  fuivantes  ;  préparation  de 
fa  matière,  pag,  47 S  &  476  i  fa  fabrication  au 
travail  de  la  cuve  ,  ibid ,  fes  apprêts  ;  476  6c  577  , 
cft  une  étoffe  d'une  grande  force  ;  ilU ,  fes  dif- 
férens  ufages  ;  ihid, 

JÉSUS,  (petit  nom  de)  papier  d'écriture  dans 
les  petites  lortes.  Voyez  le  tarif,  pag,  5}8, 

Jésus  ,  (grand)  grande  forte  ;  il  a  autfi  la  déno* 
mtnation  de  fuptr-wy.il  :  on  en  fait  un  affez^  grand 
ufage.  Voyez  le  tant,  pag.  536. 

Jisusj  (petit-Jéfus  )  c'eitune  très-petite  forte, 
qui  fert  à  1  écriture.  Voyez  le  tarif,  pag.  538. 

Jeteuse;  c'eil  celle  des  deux  étendeufcs  dont 
une  fclle  cflcompofée,  qui  détache  ik  icpareles 
feuilles  des  rames  de  colle,  &  qui  Ici.  lance  fur 
le  fcrlet  que  lui  préfente  l'autre  tîendeufc*  il  faut 
beaucoup  d'adrelie  pour  féparer  chaque  iéuille 
en  la  pii)çani  par  le  bon  cum ,  ik  pour  détruire 
fon  adhérence  fans  la  caffer*  La  jeteufc  commence 
par  placer  les  porfes  fur  la  felle ,  &  à  les  tourner 
de  manière  qu  elles  préfentcnt  le  bon  coin  à 
droite  \  elle  pince  de  la  gauche  le  bon  coin  ,  fou- 
léve  une  petite  portion  de  la  feuille  ,  &  après 
avoir  détaché  environ  la  moitié  de  la  feuille , 
elle  la  jette  fur  le  fcrieti  Tautre  éiendeufc  fait  le 
reAe. 

Impression,  (papier  d')  On  indique  ordinaire- 
ment fous  cette  dénomiiîation  le  cane  au  Kiifln  ^ 
dont  on  fait  le  plus  grand  ufage  pour  rimpreifioo 
des  livres  les  plus  communs  :  c  cft  fous  cette  ac- 
ception que  les  proprîétain.s  des  moulins  difent 
fou  vent  qu'ils  fabriquent  de  t^mpnjjion.  Il  y  a  pîu» 
fieurs  moulins  en  Angoumois,  e^i  Auvergne  & 
en  Limoufin,  dont  le  travail  tll  borné  zn  pjplfr 
d^impreffiûrt ,  &  qui  ,  en  conféquerce ,  le  font  cTun 
poids  affez  égal  Hk  de  ironne  qualitf, 

JosEPH-MUSC  ;  forte  de  papier  faite  avec  le  fé- 
cond lot  des  débris  de  filrt^  ^  de  cordjges  ufés 
des  navires,  La  paie  en  eft  ^cu  r-ffin^c.  Il  a  qua- 
tofzc  pouces  &  demi  fur  dixhuit  &  demi,  & 
péfe  de  30  à  ii  livres  la  rame.  U  fert  à  taire  les 
enveloppes  des  toiles  de  Saint  Quentin  fit  de  Beau- 
vais,  parce  que  fa  couleur  rembrunie  fait  reffortir 
davantage  la  blancheur  de  ces  toilef. 

On  le  fabrique  avec  une  pâte  teinte  en  bleue  p 
8t  il  fcrt  aufli  pour  enveloppes. 

Joseph- FLUANT  ,  fe  fabrique  fur  les  mêmes  di- 
menftnns  &t  du  poids  de  14  à  15  livres»  avec  une 
pâte  blanche  &  fans  colle  :  on  l'emploie  ,  comme 
on  fait ,  pour  filtrer  les  liqueurs ,  aiuft  que  pour 


576  P  A  P 

TimprefTion  des  almanachs  de  Ltége ,  du  bon  Labou- 
reur &  de  la  Bibliothèque  bleue  Les  chimifies  qui 
remploient ,  ont  trouvé'avec  raifon ,  que  le  mé- 
lange d*une  fubdance  calcaire  blanche  à  la  pâte 
de  ce  papier  ,  occafionnoit  bien  des  mécomptes 
dans  les  réfultats  de  leurs  expériences. 

La  même  forte  collée,  miis  au  poids  de  i6  à 
17  livres  ,  fe  fabrique  en  demi-blanc  pour  fones 
enveloppes. 

Journée  moyenne  ;  la  quantité  moyenne  de 
matière  employée  par  jour  dans  les  cuves  Hol- 
landoifes,  eft  d'environ  150  livres.  En  France, 
elle  ne  va  guère  qu'à  120  livres ,  pag.  f  12.  Voyez 
Hollande  (  papier  de  ). 

Kas  j  chafiis  garni  de  toile  de  crin ,  &  qui  donne 
îfTue  à  Teau  fa  le  &  à  la  gr^iffe  fournies  par  la 
matière  qui  fe  triture  dans  les  piles  à  efElocher  & 
à  raffiner  ,  pag.  4S9. 

Ko-T£NG ,  plante  qui  fournit  aux  Chinois  une 
fubflance  mucilagineule ,  qu'ils  mêlent  à  la  matière 
fibreufe  retirée  du  bambou  &  des  écorces  intérieu- 
res de  Tarbre  à  coton ,  &  du  kuchu  ,  pag.  475. 

Cette  addition  de  mucilage  facilite  la  réunion 
des  filamens  fibreux  de  la  pâte  fur  la  forme. 

J*en  4évelopperai  quelque  jour  les  effets  ;  de 
manière  à  éclairer  la  théorie  de  la  fabrication  du 
papier  de  la  Chine ,  &  en  générai  de  tous  ce«,  ? 
qui  font  fabriqués  avec  les  matières  de. la  mèm  z 
effjéce. 

KU'CHU  ,  arbre  de  la  Chine ,  dont  la  peau  inté- 
rieure fournit  la  matière  du  papier  qui  eft  le  plus 
commun  dans  cet  empire.  Cette  peau  intérieure  fe 
prépare  de  même  que  la  matière  du  bambeu ,  pag. 

473-  1 

Labouré  ,  défaut  d*un  papier  mal  couché.         i 
Lâché  ,  coulé ,  labouré ,  écrafé  ,  défauts  du  pa- 

{»er  produits  par  le  coucheur  ,  qui ,  n*ayant  pas 
a  main  (ure«  laifle  un  peu  glifler  la  forme  fur  ie 
feutre. 

Lames  dont  eft  armé  le  rouleau  du  cylindre. 
Comment  elles  s*ajuftent  fur  ce  rouleau ,  pag.  493 
&  494.  Leur  face  extérieure  eft  garnie  d'une  ou  de 
deux  cannelures  avec  un  talon  ,  ibid*  Celles  du 
cylindre  effilocheur  font  de  fer  ;  celles  du  cylin- 
dre raffineur  de  métal  compofé  d'^tain  &  de  cui- 
vre rouge,  pag.  494  &  495.  Celles-ci  font  plus 
èpaifTes  que  les  premières ,  ibid. 

Lavage  du  chiffon  ;  prinicpes  qu*on  doit  fui- 
vre  dans  cette  opération  fi  négligée,  pag.  485. 
Lavage  des  pâtes  :  comment  il  s'opère  dans  les  pi- 
les à  maillets ,  pag:  479  &  490  ;  dans  les  piles  à  cy- 
lindres, pag.  493* 

LkvES  ,  cames ,  fervent  à  foulever  les  maillets 
pour  les  laiiTer  retomber  dans  les  piles  fur  le  chif- 
fon. On  diftribue  fur  l'arbre  des  roues ,  les  lèves , 
de  manière  que  l'effort  de  la  roue  foit  toujours  le 
même ,  &  qu'elle  ne  foulève  à  chaque  inftant  que 
le  même  nombre  de  maillets  ,  pae.  490.  On  règle 
auffi  la  longueur  des  lèves  fur  le  degré  de  hau- 
teur auquçl  d  convient  de  faire  panrenir  les  mail: 


P  A  P 

lets.  On  a  coutume ,  par  exemple ,  de  Caire  les  lé* 
ves  plus  longues  pour  les  maillets  qni  font  au  nom- 
bre de  quatre  dans  les  piles  effilocheufes,  que  pour 
les  maillets  qui ,  au  nombre  de  trois ,  garniffent  les 
piles  à  raffiner.  Auffi  dans  le  premier  cas ,  il  n*y  a 
que  cinq  lèves  fur  la  circonférence  de  IVbre  ,  tan- 
dis qu'il  y  en  a  fix  dans  le  fécond  cas.  Telle  efl 
du  moins  la  prarique  de  TAngoumois  dans  la  oonf- 
truftion  des  batteries.  Voyez  batterie. 

Il  faut  avoir  foin  de  remettre  fouvent   à  nenf 
les  lèves ,  parcô  qu'elles  s'ufbiit  fort  prompteme^ 
Cette  réparadon  eft  du  nombrede  celles  <iiii  IÎmk  • 
journalières. 

LEVEtra  ,  troifième  ouvrier  de  la  cuve,  onift- 
pare  les  feuilles  de  papier  des  feutres ,  &  en  tonK 
des  paquets  qu'on  nomme  porfes  bUnchts.  D  eC 
charêé  auffi  du  travail  de  la  pile  affleurante  &  da 
brafiage  de  la  cuve ,  pag.  509. 

Ses  fondions  fuivant  qu'il  lève  à  felle  plate  oi 
à  felle  inclinée  j  ibid. 

Leveur  de  feutres  ;  c^eft ,  dans  certaines  fr* 
briques,  l'apprenti  de  la  cuve ,  pag.  {08.  U  tiest 
auffi  en  Hollande  la  planchette ,  pour  aider  le  le* 
veur  à  felle  plate ,  pag.  $09. 

Licorne  ;  (grande  licorne  à  la  cloche)  papier 
d'écriture  dans  les  moyennes  fortes.  Voyez  leta- 

"f  »  pag-  ÏÎ7- 

Lis  ;  {petit'lis  )  papier  d'écriture  ;  petite fime. 
Vover  le  tarif,  pag.  538. 

Lisse.  On  a  donné  ce  nom  à  différentes  au- 
chines  &  outils  avec  lefqnels  on  a  prétendu  adou- 
cir la  furface  des  papiers  ;  mais  aucune  ii*a  pro- 
duit un  fi  bel  apprêt  que  l'échange.  Voyez  pag. 
51J  &  525.  Voyez  échange. 

Lissé  ;  (  papier  )  le  papier  battu  &  lijféx  pafll 
fous  le  maneau  des  marcnands  papetiers.  Voyes 
battre.  Pour  lui  donner  ce  faux  apprêt ,  on  n'en 
foumet  guère  à  la  liffe  des  carriers  ,  ni  aux  cylin- 
dres laminoirs, 

Lissoir  ;  (chambre  du)  elle  n'eft  plus  guère 
connue  que  fous  le  nom  de  falle  ;  c*eft-là  qu'os 
fait  l'examen  &  le  déliffage  des  papiers  ;  qu'on 
affemble  les  feuilles  qui  doivent  compofer  kf 
mains,  pag.  533.  Comme  on  ne  liffe  plus  guère 
le  papier ,  ce  terme  n'eft  plus  d'ufage.  Ceft  auffi 
pour  cette  raifon  qu'an  mot  de  lijfeujes  on  a  fubi^ 
titué  celui  de  fallerantes.  Voyez  ce  mot  &  celm  de 
falle. 

Lïjjoir.  On  donnoit  ce  nom  à  une  table  cob- 
verte  d'une  peau  de  bafanne ,  &  fur  laquelle  la 
fallerante  placoit  les  feuilles  de  papier  à  meteè 
qu'elle  les  lifloit. 

Li viEN  ;  (  papier  )  forte  de  papier  d'Egypte  1 
d'un  bel  apprêt ,  pag.  46^. 
•  Lombard.  Il  y  a  trois  formats  différens  qaî 

{>ortent-ce  nom ,  d'abord  le  grand  lombard ,  pois 
e  lombard ,  enfin  le  lombard  ordinaire.  On  fiuvi- 
que  dans  les  moulins  du  Ltmoufin ,  &  en  piies 
bulles ,  de  grandes  parties  des  deux  dernières  (br- 
tes.  On  y  emploie  fur-tout  les  chiffons  qui  foot 

coloiis 


I»  A  P 

talonés  par  la  vapeur  des  châtaignes-»  &  qui  ont 
lime  teinte  grife.  Voyez  le  tarif,  pag.  ijj. 
1  Longuet  ;  forte  en  demi* blanc  collé  ;  fou  for- 
fnat  diffère  de  celui  du  longuet  »  réglé  par  le  tarif. 
Voyez  le  tarif,  pag.  537,  &  rarticle  envthppe  ^ 
(demi-blancs  collés), 

Maculature  ;  (papier  de)  cette  forte  cft  faite 
de  pâte* fort  groflîére.  On  la  tient  d'une  certaine 
épailTeur ,  attendu  qu  elle  cû  principalement  def- 
tinée  à  fervir  d  enveloppe  aux  rames  des  papiers 
&Q5  &  moyens. 

Les  maculatures  fe  fabriquent  en  Hollande  avec 
autant  de  foin  que  d'intelligence  ,  parce  qu'on  y 
I     emploie  un  chiflfon  non-pourri ,  qui  doone  une 
^étoffe  folide  ÔL  cartonneuie. 
^LAIaillets  -y  leurs  formes  Se  dimeniîons  ,  pag. 
^■B.  Pièces  qui  contribuent  à  leur  jeu  ,  iBid,  Leur 
^HRnire  varie»  fuivant  leur  fervicc  ,  dans  les  piles 
I  effilocher  ou  à  raffiner  >  p.  48^^.  La  tète  du  ton  a 
Bon-fculemcnt  cinq  ou  fix  Itgnes  de  plus  que  les 
^titres  en  épaiffeur ,  mais  encore  il  efl  levé  plus 
luutpar  une  came  plus  longue  ,  p.  4S9  &  490.  Le 
piaiiUtdu  DCiUieu  ,  en  comprimant  la  matière  con- 
tre le  kas  ,  en  exprime  les  eaux  fales  ôc  la  graille , 
p.  489  ,  le  jeu  fucceiTif  des  mailltts  contribue  au 
9}auvement  de  la  pâte  dans  les  piles ,  p^g*  490. 

Maillets,  Nous  ne  décrirons  ici  ni  la  forme 
générale  ,  ni  le  jeu  des  maillets.  On  peut  voir  ces 
détails ,  pag*  4SS  &  fuivantes.  Nous  nous  conteu'* 
ferons  de  préfenter  quelques  réflexions  fur  diffé- 
rentes circonAances  de  leur  emploi. 

Dans  tes  fabriques  dj  TAngoumois  »  fituées  fur 
des  rivières  dont  Teau  eHpeu  abondante,  &  où  cette 
force  motrice  a  peu  d'avantage  ,  les  maillets  font 
fort  petits  8c  fort  multipliés  pour  le  fer  vice  d'iinc 
cuve*  Âinft,  d'après  un  dépouillement  de  tous  les 
moulins,  Je  trouve  pour  le  fervice  d'une  cuve 
deux  roues,  fix  piles  &  vingt  maiUers  par  roue  , 
par  conféquent  »  douze  piles  &  quarante  maillets 
par  cuve, 

Ccft'à-dire,  une  aflleurante  à***     3  maillets. 

Quatre  effilocheufes  i  quatre  maît- 
lets.. , 16 

Sept  raffineufes  à  trois  maillets* .  /  11 


p  A  P 


577 


[  Total 40 

Par  un  femblable  état  des  moulins  du  Poitou 
&  du  Limoufin  ,  je  trouve  deux  roues»  trois  piles 
par  roue,  &  en  tout  fix  piles  à  quatre  maillées, 
&  vingt-quatre  maillets  par  cuve, 

Dins  le  Mans  ,  il  n'y  a  guère  par  cuve  que 
cinq  piles  &  demie  &  vingt-deux  maillets. 

On  voit  que  plus  ell  grande  la  force  de  Teiu , 
moins  on  a  de  piies  &  de  maillets  pour  le  fervice 
ci*iine  cuve  *  mais  auifi  plus  tes  maillets  font  forts 
Bt  fieiknts.  Outre  cela ,  plus  i!  y  a  de  piles ,  moins 
il  y  a  de  maillets  dans  les  pitcs. 

On  voit  cffedivemcnt  des  piles  à  trois,  à  quatre  » 
fiL  même  à  cinq  maillets*  Le  mouvement  du  chif- 
Aru  &  Màurs ,  Tome  F,  Pan,  IL 


fon  eft  p!us  grand  dans  les  pi'.es  à  cinq  que  dans 
lus  piles  à  quatre;  &.dans  celles-ci ,  k circuîatîoti 
du  chiffon  cil  plus  animée  que  dans  les  piles  à 
trois  ;  mais  le  pktis  grand  nombre  des  piles  cft  k 
trois  &  à  quatre  maillets. 

Les  piles  à  trois  maillets  font  ordinairement  em- 
ployées à  raffiner  ta  matière  effilochée  »  qui  a  plus 
betoin  d'être  triturée  que  lavée  ,  oc  qui  par  con- 
féquent n'exige  pas  une  circulation  bien  animée. 
Au  contraire»  les  piles  à  quatre  maillets  font  em- 
ployées à  leflilochigc  du  chiffon,  qui,  pour  être 
bien  tavé  ,  exige  un  grand  mouvement;  à  quoi 
contribuent  les  quatre  maillets. 

Lôrfqu*on  a  une  certaine  force  4'^au ,  on  fait 
lever  les  maillets  jufqu'à  un  certain  degré  de  hau-  * 
teur  i  pour  augmenter  leur  effet  par  une  chuto  plus 
grande  ,  6c  accélérer  la  trituration  &  le  lavage  de 
la  pâte  ,  par  un  déplacement  plus  long  Se  plus 
confidérable  de  la  téie  des  maillets  ;  mais  on  fent 
qu'il  y  a  des  limites  qu'on  nf  peut  pas  franchir, 
éi  que  la  roue  qui  fait  mouvoir  les  maillets  ayant 
une  certaine  Viteffe,  il  faut  que  les  mailbts  ayent 
le  temps  de  produire  teur  effet,  avant  le  retour 
des  lèves  qui  les  font  mouvoir. 

On  donne  aulFi  de  Tavantage  aux  maillets ,  en 
augmentant  leur  tète  d*un  pouce  fur  chaque  face, 
&  en  alongeant  leur  manche  ou  leur  queue  de 
deux  à  trois  pouces*  Il  paroît  même  que  ces  dif- 
pofittonsfont  adoptées  affez  généralement  par-toat 
ou  elles  ont  pu  rétrc  ;  mais  avant  de  les  entre- 
prendre ,  il  faut  être  bien  affuré  de  Tcffet  de  i*eau 
dont  on  peut  difpofer  toute  Tannée, 

Suivint  le  fyflème  de  conffruâton  de  t'An- 
goumois,  il  y  a  cinq  lèves  par  maillet  dans  les 
piles  à  quatre ,  &i  ftx  dans  les  piles  à  trois.  Il  m'a 
femblé  que  cet  arrangement  nuifoit  à  b  ckcula- 
lion  de  la  matière  dans  les  piles ,  parce  que  les 
maillets  n'a  voient  pas  le  temps  qu'il  leur  falloit 
poyr  produire  tout  leur  eff^et.  On  tireroit  plus 
d'avantage  des  maillets  ,  fi  Ton  donnoit  quatre 
lèves  à  ceux  qui  font  quatre  dans  une  pile ,  &  cinq 
lèves  feulement  à  ceux  qui  fotit  trois.  Alors  cha- 
cun des  maillets  pourroit  être  levé  affez  haut 
pour  laiffer  tomber  la  matière  dans  les  vides  qui 
s'opèrent  par  leur  déplacement ,  &  pour  la  faire 
mouvoir  d'autant. 

On  a  propofc  de  changer  la  difpofiiîon  de  la 
cheville  autour  de  laquelle  jouent  tes  queues  de^ 
maillets.  Dans  l'état  afiuel,  les  queues  des  mail* 
lets  jouent  autour  des  chevilles  qui  font  fixées  Cic 
immobiles  dans  les  grippes  de  devant.  Il  en  eflré- 
fulté  que  les  trous  a  es  queues  des  maillets  s'ufcnt 
&  5*agrandiffent ,  de  manière  que  leur  mouve- 
ment n'a  plus  de  préctfion,  &qu*ik  frottent  con- 
tre les  grippes  ,  faute  d'un  point  d  appui  affiiré. 
C'efl  pour  remédier  à  cet  inconvénient ,  qu'on  efl 
oblige  de  mettre  des  pièces  aux  queues  des  mail- 
lets ,  ou  d'en  fubffitucr  de  nouvelles,  ce  qui  en* 
traîne  une  dépenfe  confidérable;  mais  ne  icroif*i} 
pas  plus  fimiilc  de  faire  oiouvoir  les  maillets  fur 

Dddd 


578 


P  A  P 


les  deux  extrémités  de  la  cheville,  qui  entreroit 
carrément  daas  la  queue  ;  Si  pour  que  chaque 
raailki  eût  un  mouvement  particulier  fur  les  deux 
extrémités  d'une  cheville,  il  feroit  facile  de  faire 
des  entailles  dans  les  dems  des  grippes ,  de  les 
garnir  de  deux  paliers  de  cuivre  rouge  ,  Se  d'af- 
iLijettir  les  deux  dcmi-parters  par  le  moyen  d*un 
morceau  de  bois  ,  avec  deux  boulons  de  (er  arron- 
dis j  au  moyen  dcfquels  on  ferreroit  fuivaot  le 
befoin  les  paliers. 

On  empécheroit,  par  cette  précaution*  que  les 
maillets  ne  changeanent  de  diipolition  refpe^iye , 
&  ne  joualTent  en  frottant  contre  les  grippes  ;  & 
d'ailleurs  il  y  auroit  de  l'économie  à  ne  renou- 
veler que  les  chevilles  ,  quand  leurs  extrémités  fe- 
roïcnt  ufées.  Je  penfe  que  des  chevilles  de  fer 
rendrui^ni  cette  nouvelle  conftru^ion  bien  plus 
durahle  ,  &  le  ftTvice  des  maillets  bien  plus  exaâ. 

Oa  peut  crmhint  r  le  travail  des  maillets  avec 
celiii  de*  cy'indrt:«.  On  le  fait  avec  fuccës  dans  la 
Gueldre  &  en  AKace  :  on  effiloche  aux  cylindres  > 
&  on  n{finc  aux  maillets. 

Nous  avoiïs  parié  des  différens  fyftêmes  de  conf- 
truéiion  des  moulina  »  dans  ïefquels  les  maUlets 
varient ,  foii  qaant  à  Itur  forme,  foit  quant  i  leur 
nombre»  Il  pourroit  être  utile  de  joindre  à  ca  con- 
fidêraiion*  »  celles  des  paies  qui  réfuhçnt  de  conf-- 
trudions  auffi  variées^  On  vcrroîten  même  temps 
quelles  font  les  relTources  de  Tart  dans  certains 
cas,  foit  pour  tirer  parti  de  tel  ou  teliéfuliat  ,fott 
pour  remédier  à  tel  ou  tel  inconvénient ,  foit  enfin 

four  compcnftr  un  dcf^ivaniage  par  un  avantage, 
l  me  femble  que  ces  difcuflîons  Ck  ces  rapproche - 
mens  poLtroicni  fournir  phificurs  vues  utiles  pour 
la  connoiflance  Si  îa  perkftîon  Cq  Tart. 

Main  ;  papier  à  Ij  main ,  moyenne  forte,  p.  537. 

Main-brune  ;  forte  de  papier  f^tbnqué  avec 
une  pâte  grifc  ,  &  qu'on  emploie  pour  faire  Tame 
des  cartes  :i  jouer.  La  paie  en  doit  erre  bien  tritu- 
rée 8t  exempte  de  pâtons ,  afin  qu'ils  ne  nuifent 
pas  au  lin'age  égal  des  caries.  Outre  cela  la  main 
àrune  ,  pour  donner  une  cef  laine  fermeté  aux  car- 
tes ,  doit  être  bien  collée  ;  ce  qui  efl  facile»  parce 
que  ces  fortes  de  pâtes  prennent  aifément  la  colle. 

Main-fleurie  ;  paît  â  h  main  ;  deux  petites 
fortes  propres  à  Técriture.  Voyez  le  tarif,  pag, 
53S. 

Mains  ;  (  les  )  c'eft  le  petit  c6té  d'une  feuille 
qui  tient  au  ifon  ctrron^  &  qui  fe  trouve  effeélive* 
■»*ent  faifi  par  Us  tnatns  du  leveur. 

Maiv  de  PAPi£;t  ;  c*elt ,  comme  tout  le  monde 
fait,  un  p^qUvt  de  vingt- cinq  fsruilles  de   papier 

Sïliécs  en  deux.  Il  faut  vingt  de  ces  mains  p:>ur 
aire  une  rame  L:s  HolUndois  favent  plier  les 
feuilles  de  papter  ,  foiir  en  former  des  mains  ,  de 
manière  qtie  les  dos  foieni  bien  ronds  &  les  bords 
des  ^euiilii  bien  épaUfès  ;  pour  cela  ils  placent  'es 
vingt-cinq  feuilles  les  unts  fur  les  autres,  fie  les 
plient  toutes  à-la-fois  ;  au  lieu  qu'en  France»  on 
plie  d'abord  chacune  des  feuilles  féparémçïit ,  & 


p  A  p 

puis,  en  les  afTcmblant  les  unes  dans  les  autres  » 
on  en  fait  un  paquet  où  les  feuilles  s*ajuilem  mal» 
&  pour  le  dos  &  pour  les  bordures.  Ainfi  ncê 
mains  font ,  comme  on  voit ,  le  réfuttat  de  vingt- 
cinq  pliages  differens  ,  faits  à  la  hâte»  de  chacune 
des  feuilles  qui  entrent  dans  leur  compofition  \  au 
lieu  qu'en  Hollande  »  la  main  de  papier  e^  le  ré* 
fuUat  d*un  feul  pliage  ,  fait  avec  aitemion  ,  de 
toutes  les  feuilles  après  qu'on  en  a  bien  égalifé  les 
bords. 

On  diRingue  dans  une  main  de  papier  ,  U  ios 
&  /j  haihi.  Le  doi  cfl  formé  par  le  plis  des  deux 
pages  de  la  feuille  ;  les  deux  rives  ou  bordures  de 
ces  deux  pages»  font  ce  que  Ton  entend  par  U 
bar  h  tu 

Maroquins  j  riJes  qui  fe  formem  fur  les  feuil- 
les des  pages  qui  touchent  aux  cordes  de  réfti>> 
doir  ,  lorfque  ces  pages  font  trop  épaiffes  ;  ces  ri- 
des proJuifent  a  la  furface  des  feuilles  »  &  fur- 
tout  dans  la  hgne  du  pli ,  un  grain  chagriné  coismc 
les  peaux  de  maroquin.  Voyez  rïdts^ 

Messel  ;  moyenne  forte  :  il  y  en  a  de  deux 
formats  :  U  grand  mtjfcl ,  St  le  fécond  mfjfd  ;  celui* 
ci  efl  d'un  affîsz  grand  ufage  pour  riniprelBoii» 
Voyez  le  tarif,  pag  ^37. 

Mise  ;  forte  de  trapan  fort  épais  ,  dont  on  c^n» 
vre  ia  porfe  feutre  lorfquelle  cfl  fous  la  prcfle, 
&  contre  lequel  vient  s'appuyer  le  banc  de  prcflr* 
Voyez  p>3g.  502*  Il  cfl  bien  eff^nîîel  que  le  nom» 
bre  &L  répaiileur  des  w/fi  foieni  bien  déterminés» 
afin  qu'on  puiife  régler  l'aélion  de  U  prefle,  pif 
la  defcente  du  banc  de  prifc  &  par  les  t'>tïrî  de 
la  vis  ,  St  régi' r  le  degré  de  dellîccaiion  qu*è* 
prouve  la  matjère  des  feuilles  de  papier  au  radittt 
des  feutres  »  par  une  compreflîon  dont  on  coo* 
noilTe  Téten-lue  &  la  mefwre.  Chaque  forte  de  pa- 
pier doit ,  fuivant  ces  princi^^ts,  exiger  des  mtfcs 
différentes ,  6t  une  différente  marche  dans  U  vis 
de  la  prejle.  Sans  cela  le  leveur  ne  pourra  rèpoo* 
dvù  de  fa  riche,  &  le  papier  fera  mal  fabriqué  en 
général.  Voyez  P^tjfe  &  godagL\ 

Mouillée.  Ce  terme  a  deux  acceptions  diffl- 
rentes  :  il  fe  prend  d'abord  pour  la  quanriré  de 
chiffon  trié  qu'on  fait  defcendre  au  pournffoir  à 
certaines  époques,  &  dont  on  forme  des  tas  par- 
ticuliers qu'on  atrofe  de  temps  en  rti^rps.  On  dit: 
nous  avons  def.endu  une  moujlice  de  fui  ,  de 
moyen  »  au  pourrifToir,  On  demande  au  maître  de 
la  tabiiquc ,  quelle  efl  la  mon  !Ut  quM  faut  preo- 
dre  pour  en  commencer  la  inturiition*  Lorfqu*oti 
defcend  au  pourrifToîr  une  nouvelle  EùouUlèc  ,  OU 
l'arrange  deiïous  les  anciennes. 

MouHUc  ,  fe  pr^nd  suffi  pour  ta  q'^utrité  de 
poipils  dont  le  f;*ilerant  chA'ge  ia  p  elTe  de  la 
chamhre  de  colle,  Ccff  fous  ccrte  acccptum  qu*oil 
dit:  ilfatu  prcffer  la  moui1éç:ivcC  un  cenatnilkfr* 
nagement  ;  il  faut  fw'parcr  par  des  ntnrccaiix  de 
feutre  les  rames  dont  U  moalUe  cil  eom|iolîe* 
Cefl  de  cette  mouiUét  que  les  falleraiîes,  qui 
étendent  les  porfcs  collées  fur  les  cordes  ,  ciîixs* 


iMâ^^^l 


^ 


P  A  P 

dent  parler,  lorfqu'ellcs  dîfent  qu*cHcs  ent  fait 
t&Dt  de  porfcs  fur  la  mouillée* 

Moulins  ;  f^randes  michînes  pour  la  tritura- 
tion du  chifton»  Il  y  en  a  de  deux  fortes  :  les  mou- 
lins à  maillets  &  les  moulins  à  cylindres.  Defcrip- 
tion  d'un  moulin  à  maillets ,  pag.  487.  Voyez  pi- 
les ,  mail  Ut  j  8c  grippes. 

Defcripdon  d*un  mouUn  à  cylindres  :  rouages  qui 
font  mouvoir  les  cylindres,  p.  491*  Les  moulins  à 
cylindres  plus  avantageux  que  ceux  à  maillets  , 
pag.  4çy.  Voyez  piUs  a  cylindres  ik  platines.  Ce 
mot  figmfie  au:!v  les  fabriques  i  &  Von  dit  dans 
ce  fens:  il  y  a  trois  moulins  fur  ce  riiilTeau* 

Mule  ;  planche  qu*on  place  entre  les  jumelles 
de  la  prefle  de  cuve»  Si  fur  laquelle  le  leveur  ou 
fon  apprenti  dépofe  ks  feutres  que  le  coucheur  y 
pfCiid  à  mefure  qu*il  en  a  belbin.  Voyez  pag. 
joi. 

Musettes  ;  petites  bouteilles  occafionnccs  par 
IVîr  comprimé  enîre  la  feuille  &  ïe  feutre ,  lorf- 
que  la  feuille  n'adhère  pas  exadcment  au  feutre 
dans  toutes  fes  pariie";.  Voyez  bouteilles.  Il  s'en 
forme  auflî   lorfque   le  leveur  éc4ihe  mal  ,  pag. 

Nageoire  ;  c'eft  une  efpèce  de  caiffe,  dont 
les  parties  font  difpofçes  à  côté  de  la  cuvCj  de 
manière  à  recevoir  Touvreur  ,  &  à  le  mettre  à 
portée  d'exécuter  toutes  fes  manœuvres  ,  comme 
de  plonger  la  forme  dans  ta  cuve  ,  ôic.  Voyez  pag> 

497- 

NduDS  ;  parties  des  fils  à  coudre,  qui  n  ont 
pu  être  triturées  par  les  cylindres  ,  &  auxqueiles 
CCS  machines  donnent  feulement  une  forme  ronde* 
Ils  font  fort  fcnfibles  à  ia  furface  de  certains  pa* 
piers,  qu*ils  percent  quelquefois  entièrement.  Il 
oy  a  qu'un  triage  fèvére  ÔC  exaô  qui  puiiTe  pré* 
ferver  ks  fabricans  de  cette  défeûuofitè  qui  tn- 
(c€te  les  meilleures  pâtes*  On  ne  peut  détruire  ks 
nœuds  qu*en  triturant  les  fils  &  ks  coutyres  aux 
maillets. 

Noyé  d'eau  ;  fortes  de  nébulofités ,  occafion- 
nées  par  une  quantité  d'eau  furabondante  qui 
nùie  la  pare  entre  ks  feutres ,  &  en  produit  le 
dérangement.  * 

O-  (  trois  O  de  Gènes  ).  Voyez  Gènes ,  &  le 
tarif,  pag.  538. 

ORENi  ;  plante  qui  fournît  une  matière  mu- 
cilagineufe  ,  que  ks  Japonois  mêlent  à  ta  pâte 
de  leurs  papiers  »  avec  Te x trait  gélatineux  du 
riz*  Cette  addition  de  mucilage  paroit  néccffaire 

J>our  qu*on  puiiTe  former  des  feuilles  de  papier 
ènncs  &  folide^ ,  avec  la  matière  fibreufe  retirée 
de  récorce  intérieure  des  arbres  ,  furtout  après 
qt]*on  Ta  privée  de  toute  fubflance  analogue  aux 
mucilages  >  par  des  kllives  réitérées.  Je  difcuterai 
quelque  jour  ks  raifons  phyfiques  de  ce  mélange  , 
éc  je  montrerai  ks  effets  qu*iî  produit. 
Ouvrage.  On  f;  fert  en  papeterie  de  ce  terme , 
Lpeur  indiquer  la  pâtcf  réfidente  dans  la  cuve  de 
ïotivreur  ,   &  foumife   à  fes  opérations.  Ainfi 


p  A  p 


579 


Ton  dît  :  fi  Touvreur  sVpcrçoit  que  Yotivrage  Ce 
précipite  au  fond  de  la  cuve  ,  it  la  fait  bra<fer  à 
moitié  porfe  :  Youvragc  ntÙ  bien  écLirci ,  lorf- 
que la  cuve  vient  d'être  bradée  >  qu'après  que 
Touvreur  a  fabriqué  ks  quinze  ou  vingt  premiè* 
rcs  feuilles ,  ou  bien  après  qu'il  a  jeté  autour  de 
la  nageoire  une  baffine  d*eau,  La  cuve  fe  fournit 
d'ouvrage  à  chaque  porfe  ,  en  quantité  éqtiivaknte 
à  celle  que  la  porfe  dêpenfc,  Vouvra^e  retient 
Feau  lorfquil  efl  un  peu  gras.  Lorfque  "la  pite 
eft  fans  aucune  graiffe  fenhble ,  Si  qu'elle  quitte 
i'eau  rapidement  ,  on  dit  que  Vouvrage  eûfurge. 
Il  tiï  mieux  que  Vouvra^e  (oh  travaillé  à  grande 
eau  qu'à  petite  eau  ,  &c. 

Il  eft  aifé  de' voir  dans  toutes  ces  phrafes  ,  qui 
ioni  autant  de  principes  ou  de  faits  utiks  à  rap- 
peler en  papeterie,  quelle  ell  l'acception  du  mot 

Ouvreur  ;  premier  ouvrier  de  la  cuve.  Ses 
fomSiom  à  la  cuve  ,  pag,  502.  Principes  d'après 
lefquels  il  doit  opérer  ,  fuivant  la  qualité  des  pâ- 
tes ,  fit  fuivant  ks  autres  circonflances  ,  pag,  joy. 

Pages  ;  paquets  de  quatre  à  cinq  feuilles,  qui , 
en  féchant  à  Tctendoir ,  fe  collent  enfcmbk  & 
forment ,  dans  cet  état ,  des  efpèces  de  cartons* 
Il  faut  que  ces  pagfs  ne  foicnt  pas  trop  cpai/Tes , 
parce  que  cela  occafionneroit  des  rides  &  Jjs  fron* 
ces  dans  les  feuilles  qui  touchent  aux  cordes ,  & 
qui  ne  peuvent  pis  féçher  en  mêtnc  temps  6c  de 
la  même  manière  que  les  autres. 

Pour  k  fuccès  d  une  dciTiccaeion  égale  dans  ks 
/?j^«,  il  eft  bien  effentiel  auffi  queks  porfes  blan- 
ches d'où  on  les  lire  ,  foient  prefféo  dans  leccn* 
tre  comme  vers  les  bords  ;  à  que  lorfque  Tcau 
rentre  des  bords  vers  k  centre,  elle  rentre  le  plus 
uniformément  qull  efl  poffible.  Si  les  différentes 
parties  des  fcudks  qui  compofent  les  pages ,  font 
inégalement  pénétrées  d'eau,  la  dtfficcation  des 
pages  fe  fait  rrès-irréguîièrement.  Le  centre,  fé- 
chant d'abord  ,  fe  trouve  enveloppé  par  les  bor- 
dures qui  font  ipoins  fèches  &  il  en  réfulre  un  go- 
dage  remarquabk  ,  oui  fubftfte  touours  ,  mal- 
gré une  deiTiccation  plus  complète.  Le  collage  ne 
fait  point  difparoître  ces  défeàuofirés ,  parce  que 
CCS  fortes  de  p^ges  fe  collent  mal  &  inégakmenr. 

Pour  prévenir  ces  inconvéniens ,  on  ne  preffe 
pas  trop  ks  paies  qui  ne  réabforbent  pas  l'eau 
également.  C'eft  donc  Fétat  de  ces  matières  qui 
doit  diriger  les  ouvriers  dans  ks  preffages  ,  foit  à 
la  cuve  ,   foit  aux  rekvagcs  de  Techaniçc, 

J'ai  déjà  dit  qu*il  importoit  beaucoup  que  kf 
feuilles  reflailem  collées  phffîcursenfemMe  en  pa- 
ges y  pour  pouvoir  être  plongées  dans  k  mauil- 
ioir ,  &  fe  pénétrer  de  colle  fans  fe  caffer.  Ceci 
eff  vrai  fur- tout  pour  les  pâtes  produites  p:tr  Ja 
trituration  des  chiffons  pourris  ,  qui  font  en  ^éné* 
rai  plus  molles ,  8c  ont  beaucoup  moins  de  con* 
finance  que  celles  qu'on  obtient  des  chiffon*  non- 
pourris.  C'efl  pour  cela  queks  feuilles  de  papier, 
fabriquées  avec  des  pàte^  n^tn relier  ^  peuvent  être 
Ddddîj 


^Bô 


P'A  P 


défceuvrées  ou  détachées  les  unes  des  autres ,  avant  | 
que  d^ctre  plongées  dans  la  colle  ,  même  y  r^^fter 
un  temps  Tuffifant  pour  être  bien  collées  fans 
fe  caiïer.  Ce  qui  contribue  auifî  à  féparcr  ces  feuil- 
les les  unes  des  autres ,  ce  îbnt  les  relevages  de 
rechange  feuille  à  feuille  ,  qui  détruifent  leur 
adhcrence  enfcmble  ,  à  mefisre  quVUes  éprouvent 
la  deflîccatioïi  fur  les  cordes*  Ainfi,  deux  circonf- 
tances  foot  que  le  papier  a  moins  befoin  de  former 
des  pages  :  la  confifïance  de  la  matière  première 
non-pourrie  ,  en  fécond  lieu  le  feutrage  qu'cile 
acquiert  par  les  relevages  réitères.  C*eit  par  cette 
raifon  que  dans  les  étendoirs  de  Hollande  &  de 
Flandre  ,  on  trouve  la  plus  grande  partie  des  feuil- 
les des  pages  défoeuvrées ,  parce  que  les  pâtes  font 
produites  par  des  chiffons  non-pourris ,  &  qu'où* 
tre  cela  Us  porfe s  blanches  ont  été  relevées  avant 
d'être  portées  à  Fétendoir. 

Ces  fabricans  font  mcme  Ci  affiirés  du  dé- 
fœuvrement  des  feuilles  de  leurs  papiers  ,  qu  ils 
cteçdent  en  pages  après  la  coîle  ,  fans  crain- 
dre que  ces  feuilles  reftenr  adhérentes,  &oppo- 
fent  la  moindre  dif&culté  à  leur  réparation.  Voyez 
pag.  511. 

pANTALOK  ;  ce  papier  eft  fait  ordinairement 
de  pâte  moyenne  en  Angoumois  &  en  Périgord  r 
il  porte  le  plus  fou  vent  pour  enfeignc  les  armes 
de  ta  ville  a  Amllerdam,  étant  deftiné  particuliè- 
rement pour  des  marchands  HoUandois  qui  en  en- 
lèvent de  grandes  partie?.  On  l'appelie  aulfi  Àmjlcr- 
•/jm,ou  funplement  papier  aux  armes ^  pag.  538, 
Papeterîf.  Ce  terme  a  deux  acceptions  ;  il  fc 
prend  pour  les  bàtimcns  mêmes  de  la  f Abri  que, 
pu:s  pour  la  fuite  des  procèdes  &  des  manipula- 
tions qui  concourent  à  ia  fabrication  &  aux  ap- 
prêts du  papier. 

On  dit  ,  fuivant  la  première  acception  :  cette 
papeterie  eft  fuuée,  non-feulement  fur  un  ruïiTeau 
qui  ne  trouble  pas,  &  dent  la  chute  eâ  coniidé- 
rable  ,  mais  encore  dans  utic  belle  plaine  ,  ou  le 
vent  fefait  fcntir convenablement.  Pans  un  autre 
fens,  on  dit  Fart  de  U  Paptttrit  fe  perfetîîlionnc 
tous  tes  jours.  Il  a  été  enrichi  par  les  Holbn- 
dois,  qui  y  ont  introduit  les  manipulations  de  ré- 
change ,  avec  lefquelles  ils  adouciâfent  le  grain  de 
leurs  papiers  fans  le  détruire,  La  p^ipeurie  Françoift 
s*eft  procuré,  depuis  quelques  années,  de  nouveaux 
moyens  de  triturer  les  pâtes  »  en  adoptant  les  cy- 
lindres Holbndois ,  quM  faut  bien  diilingucr  des 
cylindres  François  de  Montargis* 

Papetier;  ce  mot  s'applique  aux  ouvriers  ou 
compagnons  iravaillans  dans  les  moulins;  ainfi  Voa 
dit  les  ouvriers  papetiers  ,  les  compagnons  papetiers 
commencent  leur  [ournée  de  bonne  heure,  &  la 
finiiTent  auiTt  de  trèsbonne  heure  ,  à  moins  qu'ils 
ne  faiTent  journée  &  demie. 

On  rapplique  auflTi  aux  marchands  de  papier  des 
villes  :  aînfi  Ton  peut  dire  que  les  march^tnds  Pa^ 
petit rs  de  Pans  gâtent  te  papier  à  écrire  ,  en  le 
kattant  avec  un  large  m^irteau.  Vuyci  iattre. 


P  A  P 

Papier.  On  peut  cti  diftînguer  de  dcuxefpéces, 
ceux  faits  de  tiffus  naturels ,  &  ceux  formés  de 
la  réunion  de  certains  principes  homogènes,  tiret 
des  végétaux.  Le  papier  d'Egypte,  &  celui  fiit  dt 
liber  U^t  de  la  première  claiTe.  On  pourroit  y 
joindre  d*3Utres  papiers  dont  les  feuilles  decertainf 
arbres  ,  ou  même  les  dépouilles  des  auimaux 
fourniiTent  les  étoffes.  Le  papier  de  la  Chine ,  cditi 
du  Japon,  celui  de  Coton  ,  cnûn  celui  qui  fe  ^- 
brtque  généralement  en  Europe  avec  le  chiffon, 
font  de  la  féconde  claffe.  Voyei  paj.  463  ft 
fuivantes. 

Papier  de  chiffok  ;  époque  de  fon  inveotioo, 
&  de  Tiatroduétion  de  fa  fabrication  en  Europei 
pag.  480* 

Papiers  ;  leur  difUnfïion,  prife  de  la  nutiiéfe 
dent  ils  font  fabriqués ,  confidèrée  comjn#  pourrie 
ou  non-pourrie ,  pag*  515. 

Papiers  de  paies  non-pourries  : 

Pour  récriture. 

Pour  le  dedin. 

Pour  les  enluminures. 

Pour  tentures. 

Pour  enveloppes. 

Cartons  pour  les  étoffes. 


Papier  de  pâtet  pourries  : 


I 


Pour  rimpreflîon* 

Pour  la  gravure. 

Pour  les  cartes  a  jouer. 

Pour  être  peints  &  liffés. 

Papier  fin  ;  papier  fait  de  pare  proauitc  pac 
les  lots  de  chiffon  fin* 

Papier  moyen;  papier  fabriqué  avec  des  pire» 
moyennes  ,  qui  font  le  refultai  de  U  trituratioa 
du  chiffon  de  moyenne  qualité» 

Papier  bulle;  papier  de  U  trolfiéine  ^il!ii« 
de  pâte  produite  par  la  trituration  du  chiffon  Mk 
VoyczbuUe, 

Papier  a  lettres  i  moyenne  &  petite  forte, 
pliée  en  deux  :  ainfi  la  rame  de  papier  à  knres 
n  eff  qu'une  demi-rame. 

Papier  a  poulet  ;  ce  font  ordicrairemeot  les 
caffés  des  petits  papiers  à  lettres ,  dont  on  plk  kl 
bonnes  demi-feuilles,  &  qu*on  rogne  :  on  en  fini 
auffi  avec  la  pigeonne  ou  rotmine  ^  c'cft  inémcreiH^ 
feigne  de  la  pigeonne  qui  a  donné  Beu  à  b  M- 
nomî  nation  de  papier  à  poulet. 

Papyrus  ;  plante  qui  fourntffott  le«  tiffut  nait- 
rels  dont  on  formoit  le  papier  d'Egypte  ;  m» 
466.  Recherches  fur  cette  plante  &  fur  ccUc  oe  II 
même  efpèce;  pag,  467  &  fuivantes. 

Pâte;  c*e(l,  en  papeterie,  le  réfult^tde  li  m* 
turarionduchiffon,quon  réduit, ou  pairl^iiiiilkfS 
ou  par  les  cylindres,  à  un  étM  de  tènuitéplDiP* 
moins  confidérablc ,  fuivant  les  i(ycyc%  d£  p^f*^ 
quon  fe  propc^fedc  fabriquer. 


P  A  P 

On  diAinguc  ordinairement  trois  fortes  de  pâtes, 
fuîvmt  la  ûne(ïe  &  ]a  blancheur  des  chlfFons 
qo'on  a  foumis  à  la  trituration.  Les  pâtes  fnts , 
les  pâtes  moyennes  ,  &  les  pâtis  huiles  ;  &  Ton  dit 
en  conféquence  ,  que  tel  papier  eft  fabriqué  avec 
tine  pâte  fine  »  ou  moyenne  ,  ou  hulU ,  &c,  &  on 
lapprécie  auffi  d'après  les  difTércntes  qualiiês  de 
ces  matières, 

Quant  au  travail  de  !a  cuve,  on  dlilingvie  deui 
fones  de  pâtes  :  les  pâtes  furges ,  6t  les  pâtes  char- 
gées de  graiffe.  Les  preniiéres  quitteai  l'eau  faci- 
lement ,  6l  fe  travaillent  avec  une  certaine  aifance  ; 
les  autres  'retiennent  l'eau  de  manière  à  gêner 
l»ea.u€Oiip  le  trmvail  des  ouvriers  de  la  cuve,  & 
jartkulièrement  ï  ouvreur  &  le  coucheur.  Voyez 
pag,  504  &  fui  van  tes.  Lorfque  le  triage  du  chifïbn 
Jï'a  pas  été  foignè  à  un  certain  point,  &  que  les 
pâtes  font  chargées  de  matières  étrangères  à  la 
nibftance  du  chanvre  ou  du  lin,  on  dit  que  ces 
pJtts  font  impures. 

Xc  diRingue  aufli  les  pâtes  faites  avec  du  chiffon 
qui  a  été  pourri^  des  pâtes  qui  réfultent  de  la  tri- 
turation d  un  chiffon  non-pourri  .'J'appelle  celles-ci 
faits  naturelles ,  &  les  autres  /  *ift-f  pourries  :  ces 
deux  fortes  de  pâtes  fe  coniponenc  bien  diffère  m* 
ment  dafis  les  diverfes  opérations  de  la  papeterie, 
ainij  que  je  Tai  fait  voir  dans  mon  fécond  mé- 
moire ;  &  elles  fournîlTcnt  des  papiers  dont  les 
qualités  différent  beaucoup.  On  appelle  pJie  verte ^ 
celle  que  donne  un  thiffon  qui  n'a  pas  été  fuffi- 
fammene  pourri,  &  qui  ,  par  le  progrès  de  la  tri- 
turation dans  nos  piles,  a  pris  une  acrtaine  quan- 
tité de  graiffe.  Cette  pdte  verte  s'annonce  par  des 
nébulofitès  multipliées  qui  font  vifiblls  lorfqu  on 
cicamine  les  feuilles  de  papier  contre  le  jour*  Ces 
nébulofitès  difperfées  font  la  fuite  de  la  difpefi- 
rion  irrèguhère  de  la  matière,  qui,  retenant  Tcau 
trop  abondamment,  ne  s'affalffe  pas  fur  la  verjure 
comme  il  convient  ,  pour  que  la  feuille  ac- 
quière une  belle  tranfparcnce.  Il  eft  vifible ,  par 
,ce  que  j'ai  dit  fur  les  pâtes  ,  que  les  défeéluofités 
principales  des  papiers ,  viennent  des  dîfférens 
euts  des  pâtes. 

On  peut  mêler  avec  avaniage  les  pâtes  qui  ré- 
fultent des  diffère ns  lots  de  chiffon  ,  pourvu  que 
les  pâtes  des  lots  fuperieurs  ne  dominent  pas  , 
dans  ces  mélanges  ,  lur  celles  des  lois  inférieurs  ; 
pag.  485.  Circon^ances  qui,  dans  les  moulins  à 
maillets,  concourent  à  la  circulation  des  pâtes  dans 
tes  piles;  pap.  490.  Les  pâtes  pnlf^nt  fucceffivement 
dans  trois  fortes  de  piles  à  maillets  ,  avant  que 
dfttre  propres  a  la  fabrication  du  papier  ,  ihtJ, 
mais  il  fuffit  qu'elles  paffent  dans  deux  piles  à 
cylindres  ,  pour  être  préparées  convenablement. 

Patons,  FRETILLONS.  Il  y  a  deuit  fortes  de  pâ* 
ions  ;  les  uns  font  de  petits  paquets  de  pâte  i  dont 
les  filamens  ont  été  roulés  en femble,  de  manière 
ipills  ne  peuvent  plus  fe  iréler  à  le^u  ni  à  la  paie 
—^-''—-    ^  -mih  font  des  corps  à  part» 


P  A  P  581 

Les  autres  font  proprement  des  parties  de  ta 
fubftance  du  chanvre  ou  du  lin ,  qui  ont  reçu 
une  trituration  imparfaite* 

On  muhiplie  beaucoup  les  pâtons  de  la  première 
efpèce,  quand  on  charge  Taffleuranfe  d'une  trop 
grande  quantité  de  pâte  >  relativement  à  fon  véh^ 
cule  ,  6^  quand  le  travail  de  la  cuve  fe  fait  k 
petite  eau. 

L*ouvreur  en  fait  auïïi  beaucoup  avec  fa  forme 
&  (on  cadre,  iorfque  les  pâtes  font  graffes,  6l 
que  Feau  n'entrai  ne  pns  routes  les  molécules,  de 
manière  à  nettoyer  la  forme  ;  car  alors  comme  elles 
fe  rencontrent  fous  les  doigts  de  Touvreur , elles  $*y 
trouvent  écrafées  Ôctroiffées  les  unes  fur  les  autres. 

Les  tranfportsdcs  pâtes  de  Tiiffleurante  à  la  cuve, 
ou  des  piles  aux  caiffes  de  dépots ,  occafionnent 
des  pâtons.  C'eft  pour  les  éviter,  que  les  Hollan- 
dois  conduifent  l'ouvrage ,  par  le  moyen  de  dal* 
Ions ,  de  la  pile  des  cylindres  raffineurs  aux  caiffes 
de  dépôt  voifines  de  la  cuve  ,  &  qu'ils  le  conduifent 
avec  tout  fon  véhicule ,  pour  que  l'ouvrier  le  puife 
dans  ces  caiffes ,  lorfqu'il  fournit  fa  cuve.  C  eft 
-pour  fe  procurer  ces  avantages  ,  que  les  piles  des 
cityndres  raffineurs  font  tou|ours ,  dans  la  diflri- 
bution  d*une  papeterie  Hollandoifc  ,  à  un  ni- 
veau au  deffus  de  celui  des  caiffes  de  dépôt  & 
des  cuves.  Par  ces  pentes  ménagées ,  on  facilite 
la  conduite  de  la  fâte,  aiofi  que  nous  venons  de 
le  dire. 

Une  pâte  triturée  lentement,  &  avec  un  mo- 
teur foible ,  comme  pïufieurs  papeteries  l'éprouvent 
en  été  &  en  automne  ,  eft  fouvent  chargée  des 
pâtons  de  la  féconde  efpèce. 

On  eftexpofé  aux  mêmes  pâtons  ,  l^rfque  dans 
le  dèhffage  des  chiffons ,  on  n*a  pas  foin  de  mettre 
à  part  les  nœuds  des  fils  à  coudre,  les  coutures 
&  même  tes  chiffons  durs  ;  dans  ce  cas ,  les  pâtons 
font  longs ,  lorfque  Ion  triture  ces  matières  avec 
les  maillets  ;  &  ils  font  ronds  lorfqu'oa  emploie 
les  cilyndres.  Voyez  natuds. 

Les  pâtons  annoncent  une  fabrication  négligée  : 
on  les  découvre  aifément  fur  le  papier ,  par  le  ton 
de  blancheur  mate  qui  les  détache  du  fond  de  Té- 
loffe ,  outre  la  faillie  plus  ou  moins  grar.dj  qu'iU 
ont  fur  ce  fond.  Les  pâtons  gâtent  les  plus  belles 
pâtes  8i  le  plus  beau  travail 

Pattes  ;  nom  qu  on  donne  aux  chiffons  dans 
certaines  provinces. 

Pattières  ;  femmes  qui  font  la  cueillettes  des 
chiffons* 

Peîlles  ;  nom  qu'on  donne  aux  chiffons  dans 
rAngoumo  s,  le  Périgord  Si  leLimoufiri  ;p3g*  4^3. 
Ce  mot ,  dans  le  patois  de  ces  provinces  ,  fignilie 
haillons  &  habits  déchirés^  U  peilla, 

Plrchis  des  étendoin  ;  ce  font  des  pièces  de 
bois  de  trois  à  quatre  pouces  de  face ,  8c  percées 
de  plufieurs  trous  ,  dans  lefqueh  on  fait  pafferdes 
cordes  qui  fe  correfpondent  d'une  perche  à  Tautre, 
Lorfqu'on  place  dans  les  enuilles  des  piliers  ctf 
perches  ,  elles  ferment  à  tenir  les  cordes  bandées ^ 


ri 


582 


P  A  P 


et;  m^nUrc  que  ces  cordes  peuvent  foutenlr  les 
teuilles  de  papier  quon  y  étend  »  fans  prendre 
ime  certaine  courbure  ;  car  les  fe  ni  lie  s  ,  en  féchant 
fur  des  cordes  trop  courbées,  fe  déformeroienc» 
On  établit  ordinairement  deux  rangs  de  perches 
dans  la  largeur  d'un  èteadoir ,  &  trois  rangs  fur 
la  hauteur. 

Les  perches  font  éloignées  les  unes  des  autres 
de  [3  à  to  pouces;  &  dans  ce  fyAèms  de  diftri- 
bu; ion  ,  les  cordes  peuvent  fervir  à  Tétendage 
de  toutes  les  fortes ,  jufqu'au  grand  compte  ;  mais 
lorfqu'on  fabrique  de  grandes  fortes  qui  péfeni 
depuis  trente  jufquW  foixante  livres,  on  fupprioie 
le  rang  des  perches  du  milieu  ,  &  on  trouve  aÛez 
d'efpacc  cmre  ies  deux  rangées  de  cordages  qui 
rcftent  pour  étendre  fans  embarras  ces  papiers. 

Pieds  (  les  )  ;  on  indique  par  ce  mot  le  périt  côté 
oppofé  à  cehu  i/ii  le  trouve  le  bon  caron  :  ta  po* 
fition  de  ce  petit  côté  placé  fur  la  felle  inclinée 
proche  les  pieds  du  Icv^ur  ^  Ta  fait  ainfi  nommen 

Pied  de-chèvre;  défaut  des  feuilles  qui  font 
fendues  dans  les  coins  par  la  jeceufe,  ou  mQsnQ 
fimpîement  trouées 

Pigeonne;  papier  de  très-petit  format»  C*eftU 
pigeonne  dont  on  tait  ordinairement  U  papier  à 
pouUt  ^  6c  dont  Tenfeigne,  qui  eft  un  pigeon  fort 
fefftmbUnt  à  un  poulet ,  peut  avoir  donné  lieu  à 
cette  déRomination.  Voye^  le  tarif,  pag.  538. 

Pile.  On  dîftingue  deux  fortes  de  ptles  ,  celles 
ou  jouent  les  maillets ,  &  celles  ou  tournent  les  cy- 
lindre?\ 

Les  premières  piles  font  des  mortiers  creufés 
dans  de  fortes  pièces  de  bois  ,  où  fe  met  le  chiffon 
pu  bien  i^pace  qui  doivent  être  lavés  par  l'eau 
qui  y  circule  ,  &  triturés  par  les  maillets.  Il  y  a 
trois  fortes   de  pites  a  maillets. 

1%  Les  pïUs  à  drapeaux  ou  à  effilocher  ^  où  Ton 
ébauche  la  trituration  du  chiffon  ,  en  àéjiUnt  les 
morceaux  de  toile  ,  Ô£  les  réduifant  â  des  fibmens 
d'une  certaine  longue\jr.  Ceft  au*!i  dans  ces  piles 
qu'on  donne  à  la  matière  duchitTon  la  plus  grande 
partie  du  degré  de  blancheur  dont  elle  efl  fufcep- 
tible, 

a''.  Les  piles  â  raffiner  ,  oii  h  pâte  achève  de 
prendre  le  degré  de  ténuiti  convenable. 

3"*,  Les  troîfièmes  fortes  de  piles  font  les  pîîes 
affleurâtes  ,  les  pïlts  de  foavrUr  ^  qui  fervent  à 
conncr  la  dernière  préparation  à  la  matière  du  pa- 
pier ,  îivant  qu'elle  foit  ponce  à  la  cuve. 

On  dulinguc  aufli  les  piîes  par  le  nombre  de 
maillets  qui  y  jouent»  vu  que  ce  nombre  con- 
tribue plus  ou  moins  au  travail  de  la  trituration 
des  pâtes.  Il  y  a  des  piles  à  trois  ,  à  quatre  &  même 
à  cinq  maillets ,  &  plus  il  y  a  de  maillets,  plus  la 
circulation  de  la  matière  y  eft  animêct 

La  (ormfi  de  ces  piles  eft  très-importante  pour 
le  fuccès  de  la  trituration  des  paies.  On  y  a  pra- 
tiqué des  iffues ,  qu'on  ferme  avec  des  toiles  de 
cnn  qui  retiennent  la  pâte ,  8c  qui  donnent  paf- 
lage  aux  falciés  ,  qu  on  nominte  la  ^r^iffc. 


P  A  P 

Enffn  tl  y  a  des  fontaines  »  par  lerquelleson  ia* 
troduh  Teau  qui  fert  à  laver ,  <k  à  faire  circuler  11 
matière  qu'on  triture  dans  ces  piles. 

Les  piles  où  tournent  les  cylindres  ,  ont  été  dé- 
crites en  détail ,  pag.  491  6l  4^},  Nous  y  ren* 
voyons*  • 

Le  nombre  de  piles  néceffaires  pour  fourcilr  as 
travail  d'une  cuve  ,  varie  d'une  province  à  une 
autre.  Il  dépend  fur-tout  de  la  force  de  Teau,  do 
poids  des  maillets  ai  de  la  longueur  de  leur  irait; 
Dans  certaines  provinces,  cinq  piles  fuArem, 
deux  effilocheufes ,  avec  trois  raffineufes.  Dans 
d'autres,  il  faut  douze  piles,  cinq  à  effilocher  & 
fcpt  à  raffiner ,  &c.  Voyez  maillets. 

Les  piles  à  efElocher  fe  chargent  à  plufieursfoti 
de  la  quantité  de  chiffon  dont  elles  doivent  écre 
garnies  ,  pour  qu'elles  ne  foient  pas  engorgées, Ou- 
tre cela  ,  les  gouverneurs  ont  foin  de  triturer 
dans  ces  piles  t  à  grande  eau,  parce  que  la  oii* 
tiére  doit  être  lavée  à  mefure  qu'elle  le  divîfe. 

Il  n'en  efl  pas  de  même  des  piles  k  raffiner, oti 
Ton  donne  moins  d*eau  à  la  pâte ,  parce  qu'eUe  a 
plus  befoin  d'ctre  atténuée, que  lavée. 

Ce  11  pour  la  même  raifon  qu'on  ne  met  que 
trots  maillets  aux  piles  raffineufes ,  &  une  feule 
conduite  d  eau  ;  parce  qu'avec  ces  moyens  la 
pâte  eft  plus  battue  &  plus  atténuée  que  lavée. 

PlL£s  ;  leurs  dimenfions  &  leurs  formes ,  Tuivant 
qu  elles  ont  trois  ou  quatre  maillets  ;  pag.  4S8« 
Sont  garnies  au  fond  par  une  platine  de  Ccr,  ihid. 
Leurs  coopes  ,  pag.  489  ,  font  percées  par  uoe 
ouverture  qui  donne  iffue  aux  eaux  fales  &  â  U 
graîffe  ,  Ôc  qui  admet  dans  des  couliffes  le  chaffis 
du  kas ,  ihtd. 

Files  des  cylindres  ;  leurs  dimenfions ,  leurs  for- 
mes »  pag.  491.  Sont  partagées  en  deux  parties 
par  une  cloifon,  ibid.  Se  garniffentintérieurcnBent 
de  lames  de  plomb,  de  cuivre,  &c.  Détails  de 
toutes  les  pièces  qui  contribuent  au  travail  d*ooc 
pile  à  cylindre ,  p.  49'^  &  494.  Les  piles  d^s  cylin- 
dres raffîneurs  font  plus  chargées  de  matière  que 
celles  des  cylindres  effilocheurs.  A-peu-près  par 
les  mêmes  raifons  qu'on  charge  plus  les  piles  à 
maillets  qui  raffinent ,  que  celles  qui  ef&lochent  t 
pae.  49^.  ^ 

Filon  ;  voyez  maillet*  Le  travail  aux  pllofn 
comparé  à  celui  des  cylindres  ,  pag.  495. 

Pince  du  kas  ;  efpéce  d'entaille  ou  de  poi- 
gnée, avec  lefquelles  on  faîfit  le  chaffis  du  kas, 
lorfqu'on  veut  Tester  pour  renouveler  ou  nettoyer 
la  telîette.  Voyez  pag.  489. 

Piqué;  (papier)  c'eft  celui  qui,  étant  fer|^ 
trop  tôt  dans  un  magafin  un  peu  humide ,  coq* 
tra^c  quelques  taches  de  moififfure  ,  pag.  ^ij. 

Pistolet  ;  forte  de  chaudron  qui  fait  ToAce 
d'un  fourneau,  pour  chauffer  Tcau  de  la  cuve  à 
ouvrer ,  &  y  entretenir  pendant  tout  le  temps  dtt 
travail  une  certaine  température  douce  *  pag. 
En  Hollande  »  on  en  lupprime  Tufagi 


^ 


P  A  P 

Télé ,  quoique  ptfut  Itrelc  véhicule  des  pâtes Hol- 
landoifes  au  plus  befoin  d'èrre  chauffé  que  cckïi 
des  pitcs  poyrri|i  i  mats  les  Hoilandoi  s  ayant  pris 
le  parti  de  fabriquer  lentement ,  ils  n*ont  pas  tou- 
jours recours  à  une  chaleur  qui  ,  dans  nos  fabrî 
ques,  a  pour  but  d'accélérer  le  travail,  en  don- 
nant à  Teau  une  plus  grande  facilité  d'abandonner 
b  jpâîe.  « 

Plan  incliné  ascendant;  cVft  celui  fur  le- 
quel  le  cylindre  fait  monter  la  matière  par  fon  mou- 
vement de  révolution  ,  pour  être  coupée  &  dé- 
chirée entre  fcs  lames  6l  h  platine  ,  pag.  491. 

Plan  incline  descendant  ;  c'eft  la  rouie  que 
fuit  une  partie  de  la  m.iiiirc  qui  a  été  entraînée 
Bar  lu  cylindre  ,  &  qui  rentre  dans  le  torrent  de 
u  circulruion  »  ibid, 

fLANTES  BRUTES  :  On  a  voulu ,  en  diflférens 
temps ,  its  fubfliruer  au  chiffon  ,  alnfi  que  les  écor- 
ces  d'arbres.  On  Ta  fait  fans  vue  ëi  fans  analyfe , 

Inconvéniens  de  Tufage  des  plantes  brutes  dans 
nos  paptitcries  ;  pag.  482. 

Platine.  J^  dois  rappeler  ici  deux  fortes  de 
platines,  ^ui  icmplilTent  le  même  objet  par  des 
formes  diffèrcnies  ;  i**.  les  platines  propres  aux 
piles  à  mailtets  ;  a^  celles  qui  font  placées  dans 
Tes  plies  à  cylindres.  Les  premières  font  de  gran- 
des plaqueî»  de  fer  fondu,  &L  encore  mieux  de  fer 
forgé  ,  qui  garnirent  îe  fond  des  piles  à  maillets , 
&  qui  y  font  fiàées  par  quatre  gros  clous  qu'on 
nomme  agraffts,  Ceft  entre  ces  platines  &  la  iei- 
Ture  d^  la  tête  des  maillets  ,  que  le  chiffon  fe  tri- 
ture, ou  que  U  pare  fe  raffine.  Voyez  pag.  488. 

Les  fécondes  font  des  pièces  de  métal  compofé 
dVtain  &  de  cuivre  rouge  cannelées  à  leur  furface , 
&  dont  les  Cinnelures  rencontrant  celles  des  lames 
des  cylindres,  font  Teflet  des  cifeai:x  pour  cou- 
per les  ch^tTons ,  que  le  mouvement  du  cylindre 
entraîne  cMre  fts  lamtrs  &  la  pUûnt.  hç%  platines 
ont  ordinairement  deux  fyftêmes  de  cannelures  ^ 
pour  qu'on  puiffe  ks  changer  de  fituation  &  les 
taire  fctvir  dans  les  deux  cas.  Elles  ont  environ 
ét\xx  lignes  de  profondeur  ,  &  fe  terminent  en 
rranchans  couchés  ,  à-peu-pres  comme  les  dents 
d*unccrémaiUiére  ;  la  moitié  des  arrêtes eft  inclinée 
d'un  côfé ,  &  l'autre  moitié  vers  le  côté  oppofé. 
Il  eft  nécefiaire  de  r  a  gréer  fou  vent  &  de  rétablir 
la  vivc-arrèîe  des  cannelures  f*e  la  platine  ,  qui 
contribuent  à  couper  les  chiffori^  ;  &  comme 
elle  diminue  d'èpaifTeur  à  mefure  quun  laragrée, 
on  eft  obligé  Ai  lui  donner  un  fuppori  ou 
coulËnec  plus  épais ,  afin  qu*eUc  fe  confcrve  à 
une  diAance  toujours  la  même  des  lames  du  cy- 
lindre >  &  qu'elle  opère  également  avec  ces 
lames ,  foii  pour  Teffilochage ,  foit  pour  le  raffi- 
nage des  pâtes* 

On  évite  en  Hollande  de  fe  fefvir  de  platînes 
de  fer  ,  même  avec  les  cylindres  cffibc heurs  , 
parce  qu'alors  la  rencontre  de  cette  platine  de 
ikt  avec  les  lames  de  fer  du  cylindre  noirciffeni 


P  A  P 


5S.I 


!c  chiffon  â  mefure  qu*il  fe  coupe  &  quM  fe  bat 
en  défilé. 

On  a  foin  auflî  que  le  métal  qui  fert  ^  compo- 
fer  les  pbtincs  des  cylindres  raffineurs  ,  foit  moins 
dur  que  celui  qui  fert  à  former  leurs  lames;  car, 
comme  il  cfl  de  principe  qu'une  dureté  égale 
dans  les  lames  des  cylindres  &  des  platines  , 
nuit  au  fuccès  de  b  trituration  é\\  chiffon  ,  on  a 
préféré  de  faire  les  kmes  des  cylindres  plus  du- 
res ,  parce  qu*on  ne  peut  pas  les  renouveler  aufii 
facilement  que  les  platines*  Cefl  pour  cette  rai- 
fon  qu*on  tient  les  platines  d'un  métal  plus  doux. 
Quant  au  cylindre  effilochcur*  il  eft  aifé  de  don- 
lier  à  fes  Irimes  ,qui  font  de  fer  ,  une  fupériorité  de 
dureté  A:r  la  platine  qui  eft  de  métal  ccmpofc. 
Voyez  pag.  491  &  fui  vantes. 

Plumer  ;  défaut  de  fabrication  ,  qui  a  lîeulorf- 
quon  enlève  fur  j*cpaiffcur  des  feuilles  encore 
mouillées ,  de  certaines  parties  de  pare  ,  de  ma- 
nière que  ce  qui  refte  foit,  en  conféquence  ,  ou 
appauvri  ou  couvert  de  poils.  On  plume  dans  deux 
Cïrconftances  j  i^  lorfquc  le  coucheur  enlève  avec 
îa  forme  quelques  légères  parties  de  la  feuille  quM 
couche*  Le  papier  trop  mince  eft  fujct  à  être  plumé  ; 
&  en  général ,  le  coucheur  plum^  toutes  les  parties 
des  feuilles  qui  n*ont  pas  été  fournies  de  matière 
comme  le  reile.  Eïvfin  ,  ft  la  feuille  ik  féchc  trop 
vite  ^  &' qu'elle  ne  5'applique  pas  bien  au  feutre, 
parce  qu'elle  ne  lui  fournit  pas  de  Teau  fu£fam* 
ment,  le  coucheur  plume, 

La  féconde  circonflance  du  plumer,  eft  lorfque 
le  gouverneur  du  moulin ,  en  féparant  les  pages 
des  porfes  blanches  ,  rencontre  des  feuilles  trop 
adhérentes  enfemble,  &  qui ,  fe  défœuvrant  avec 
effort  ,  fe  chargent  d'un  duvet  abondant.  Cet  in- 
convénient a  lieu  toutes  les  fois  que  \€.s  porfes 
blanches  ont  été  mal  preftecs  ,  &  n'ont  reçu 
quune  defficcation  incomplète. 

Poignées;  ce  font  les  paquets  ou  les  porfcf 
que  Je  fjilerant  trempe  dans  le  mouilloir  à  cha- 
que fois  qu'il  colle.  Deux  de  ces  poignées  ou  por- 
ksfont  une  rame*  Lefallerant  a  foin  de  les  tenir 
féparées  par  le  moyen  de  bandes  de  feutres,  ou 
d'autres  marques  qu'il  place  dans  la  mouillée  ou 
pile  de  feuilles  collées  ,  à  mefure  qu'il  l'arrange 
fur  la  table  de  la  prcffe. 

Ces  ranges,  que  Us  Crerantesporient  i  rétcîî- 
doit ,  étant  dépendantes  de»  porlcs  ,  rcnfermen 
un  norïibre  de  feuilles  qui  varie  comme  les  fortes 
de  papier  j  &  c'eft  pour  les  diftribucr  fans  mé- 
compte ,  que  le  tallerarj!  les  tient  féparées  fort 
exaél-'Hient;  c?t  la  tâche  éc%  éiendeufcs  fe  compte 
par  ces  ramts  ,  qui  n'ont  rien  de  commun  avec  Icît 
rames  du  commerce. 

Les  grandes  firtes  ne  fe  coilenc  01  par  pjt^ 
gnèes  ^  ni  par  porles. 

Poî^TtsfeAU  ;  harre  de  fapîn  qui»  «"  cet^îm 
nombre  iovt  variable ,  travcrfe  d'un  grand  cM 
du  cha!i;s  de  la  foçme  à  IVutre,  Les  poniufcaux 
ferVesi  Don -feulement  à  confclider  les  pièce» 


'5S4 


P  A  P 


du  chaflis,  mais  encore  à  lier  h  toile  de  laiton, 
&  à  ia  foutenir  lors  des  eflforts  du  coucheur  ,qm 
rappuie  fucccfTivemcnt  contre  les  feutr^-s. 

C  eA  le  lorg  des  pootufcaux  que  l'on  remarque 
deux  traces  d  ombres ,  parce  que  les  iils  de  la  chaî- 
nette êi  du  matiïcordîon  ,  qui  formetit  une  proémi- 
nence fur  la  toile  ,  arrêtent  la  pâte  aux  deux  côtés 
des  pontufeaux,&  font  qu'elle  >  y  accumule, fur-tout 
lorfque  Touvrcur  balance  fa  forme  pour  en  verger.  Il 
rèfuUc  de  cetic  accuoiubtlon  de  la  pâte  ,  des  om- 
bres bien  fenfiblcs.  Outre  ceïa ,  la  difpofition  ir- 
rég^lière  de  la  pâte  ,  en  conféquence  de  cette  ac- 
cumulation portée  à  un  certain  point ,  fait  que  les 
feuilles  de  papier  n*oflFrent  pas  une  étoffe  égale 
dans  toutes  leurs  parties  ,  fur- tout  lorfqu*on  fait 
ufagc  de  certaines  pâtes.  C*eft  pour  cette  raifon 
que  les  parties  des  Veuilles  de  papier  qui  corref- 
poûdent  aux  pontufeaux  »  font  lujettes  à  goder.  Ce 
font  effectivement  des  tiffus  qui  différent ,  &  qu^nt 
à  l'arrangement  des  molécules  de  la  pâte ,  &  quant 
à  leur  épaiffeur,  d^  ceux  qui  occupent  les  bandes 
mitoyennes  entre  tes  portufeaux  ,  &  qui  font 
d*une  belle  tranfparence  ;  parce  qoe  la  matière  y 
ell  difpoféc  régiiliérement  ,  8t  fur  une  moindre 
épaiffcur  que  le  long  des  pontufeaux.  Le  godait 
ert  la  fuite  des  lîlfférens  états  où  fe  trouvent  ces 
deux  tiffus  contîgus.  Voyez  gojage, 

foRSEfponio;  c*ell  une  certaine  quantité  de  feuil- 
les dç^papier ,  ou  couchées  entre  les  feutres ,  ou  for- 
mant aes  paquets  fans  l*tnterpofition  des  feutres.  Dans 
Je  premier  état,  on  les  nomms porfis-fetixrcs ;  dans 
le  fécond ,  porftj^bîjnches,  Porfe  fert  auffi  à  indi- 
quer le  nombre  de  feutres  avec  lefquels  on  fabri- 
que les  porfei  de  telle  ou  telle  forte  de  papier, 
C'efldans  ce  fens  qu'on  dit  qu'il  eff  bon  de  rincer 
les  porfts  après  le  travail  de  la  journée  ;  qu'il  f^ut 
lertiver  les  porfcs  après  quelques  jours  de  travail 
On  continue  à  donner  le  nom  de  porfes  aux  paquets 
de  pages  qu'on  a  ramaffès  &  préparés  pour  la  colle , 
lorlqu'ils  renferment  le  même  nombre  de  feuilles 
que  les  porfes  blanches  de  la  cuv|:  :  deux  de  ces 
porfes  forment  une  rame  à  la  colle.  Q*t(k  fur  le 
compte  de  ces  rames  que  Von  paye  les  fallerantes 
qui  étendent  le  papier  collé*  La  journée  des  ou- 
vriers eft  toujours  de  vingt  porfes;  mais  le  nom- 
bre des  quaits  ou  quarterons  qui  cooftituent  une 
porfe ,  diffère  d'une  forte  de  papier  à  rautrc*  Voyez 
le  tableau  de  ce  que  Tufage  a  réglf  à  ce  fujet  , 
pag,  çii. 

On  voit ,  par  ce  tableau  ,  que  le  nombre  des 
quaits  ou  de  vingt-fix  feuilles  qui  compofent  la 
porfe  des  petites  fortes  «  eft  plus  conftdérable  que 
k  nombre  des  quaits  qui  compofent  la  porfe  des 
moyennes  fortes  ,  6c  celui-ci  beaucoup  plus  con- 
iidërable  encore  que  le  nombre  des  quaits  qui 
entrent  dans  la  comporition  des  porfes  des  grandes 
fortes. 

On  fuit  le  même  tarif  lorfqu'on  coupe  les 
feutres  9  dont  la  réunion  forme  les  porfes  qui  doi- 
vent fcrvir  à  la  fabrication  des  divcrfes  fortes  de 


P  A  P 

papiers  ;  car  ils  font  en  même  nombre  que  les  feuil- 
les de  papier  qu*on  compte  dans  ces  mêmes  porfes. 

J'ai  déjà  remarquai  &  je  le  i^ète  ici,  que  le 
nombre  des  quaits  qui  entrent  dffiiis  ïes  portes  des 
dtverfes  fortes ,  paroi t  avoir  été  réglé  d'après  des 
combioaifons  fort  juiles  Si  bien  raifonnécs. 

Pot.  (papier  au  pot)  Cette  forte  fert  au  Gr- 
tier  pour  l'imprcffion  â^i  figures  8t  des  points  de 
(a  cartes.  li  eft  aâuellement  fourni  en  France 
par  les  régtlTeurs  du  droit  fur  les  cartes  ;  6c  e'cft 
dans  le  bureau  de  la  régie  à  Paris  »  que  lesGr- 
ticrs  portent  leurs  moules  ,  &  envoient  leurs  ou- 
vriers pour  faire  imprimer  les  6gures  &  les  poims 
fur  ce  papier  qu'on  leur  donne  :  il  paroîi  qu'il  ofl 
fabrique  avec  des  pâtes  inférieures  ;  ce  qui  peut 
nuire  au  débit  de  nos  cartes  à  Tétranger.  Xoya 
le  tarif»  pag.  5^, 

PouRRissoia;  c'eft  un  endroit  bas  &  fermé, 
011  Ton  met  le  chiffon  trié  &  lavé,  en  ris  plusoa 
moins  confidérables ,  qu*on  ippcHc mouillées  ^pirct 
qu'on  les  artofe  de  temps  en  temps»  afin  qu'ilj 
s*édiauffent  &pourriffent.  Il  n'eft  pas  étonnant  aue 
les  pratiques  défedueufes  et  peu  raifonnèes  quon 
fuit  dans  le  gouvernement  des  ppf^m^ir^ ,  don- 
nent des  réfultats  fort  variables ,  qui  occaâonneat 
de  femblablc»  variations  dans  les  prodiiiti  d'un; 
fabrication  foignée  d^ailleurs^  pag.  486.  Mimere 
de  conftruire  des  pourriffoirs  ,  où  Ton  pCL^ 
la  fermentation  fuivant  la  qualité  des  chu 
la  faifon ,  pag.  487* 

PoyRRissAGE  du  chîffoTT.  Les  différentes  fm- 
ques  du  poutnjfjge  ne  font  dirigées  par  aucun 
principe  confiant  ,  pag.  4B6  ;  inconvemeos  qui 
réfuhent  de  Femploi  des  parties  de  chiffon  loé- 
gaiement  pourries  ,  ïbtd.  ;  a  été  fupprimé  par  les 
Ho  1  la n dois  ,  ihid.  ;  manière  dont  on  pourroit  en 
modérer  &  en  régler  les  effets,  pag,48^. 

Pousser  îk  avant  ;  c'eft  le  mouvement  par 
lequel  l'ouvreur  balance  fa  forme  »  chargée  de  tna- 
tières  encore  mobiles  ,  dans  le  fens  d^avant  ea 
arriére  ,  &  d'arrière  en  avant.  Voyez  les  effets 
que  produit  ce  balancement  fur  tes  feuilles  ,  pag. 

pRESSAGH  ;  ufage  de  la  prcffe  dans  la  fabrica- 
tion &  dans  les  apprêts  du  papier.  Nous  ne  le  con- 
fidéreronsici  que  comme  la  féconde  manrpulitjoa 
de  l'échange  qui  fuccède  au  relcvage ,  8c  qui  eô 
complète  l'effet.  Le  prejffage  doit  être  ménagé  d'a- 
bord après  le  premier  relevige  ;  mais  enftiite  oi 
l'augmente  par  des  progtès  infenftbles  pour  que 
Tcau  s'écoule  ,  &  que  les  molécules  de  la  plie  (é 
rapprochant  »  elles  forment  une  étoffe  ferme ,  foUe 
&  cartonneufe-  Le^  preffages  ont  d^autant  fim 
d'effet  ^  qu'ils  ont  lieu  fur  des  étoffes  encore  ^H 
les  ,  âz  qui  fe  prêtent  facilement  à  la  moifl^i 
compreiTion  qu'on  leur  fait  fubir. 

Quoique  le  papier  reçoive  par  les  preffiss  (éi 
premières  façons  ^  &  enfuite  fes  apprêts,  cepcm* 
daot  une  aftion  immodérée  de  ces  machîno  «  ^ 
détruifant  fou  grain  ,  détrulroit  en  laiiDC  lonp 


ÉÉ 


P  A  P 

1  bïancheur ,  fa  tranfparencc  ,  &  même  TacSite* 
A\nCi  le  prcjfj^e  dojt  le  f<»irc  £5c  fe  réitérer  dans 
|l'èwhange  avec  le  plu^  grnnd  ménagemenc  ;  car 
^le  blaac  natt<r6l  du  papier  ^c  icrnh  l'en fi blême lu  ^ 
,&  la  belle  tranrpareiicc  des  eioffes  s'obfcurui  à 
^insfure  que  le<»  tracts  de  la  verjme  s'oblitèrent 
par  une  forte  compreifjon.  Je  pourrais  citer  ,  Ciïmme 
^d^ss  preuves  de  ce  travail  inconfidéré  ,  les  |/apiers 
qui  ont  éprouvé  les  manip«Jatiom  de  ce  qu'on 
fppciicfati/itigi^  traTail  où  Ton  a  tout  outré.  J'opp  - 
ler^is  à  C€%  mauvais  effet\  »  les  heureux  futctjs  dt:s 
felcvagës'iic  tics  prcfTige*»  de  M,  Didot  ,  Taîtié  , 
qui  scOtcnu  dans  Uts  limites  qui  lui  ètûicnt  pref- 
Crires  par  les  ptincipes  que  j.-  vtens  de  rappeler, 
en  fe  bornant  a  rêrabiir  les  pkp^crs  imprimés  d^iis 
Veut  fu  ds  ctoient  avant  le  ft.uiag  di.  I  imprcf' 
■on,  CTefl  fur-tOLtdansles/jr.^^j^exde  rechange  fit 
idans  [tilt  bonne  idminiikaiion,  qu'on  ^leut  fe  eon- 
vaincre  quelle  eft  1  Uiflu^^iicc  deraél.on  des  pr-iïes 
furies  a^)picts  du  pa,  icr ,  6t  corn  >ien  il  importe  de 
perfeaionnerces  machines  ,tx  d'en  bien  diriger  le 
travail. 

PressîS.  On  f.iii  ufagc  de  plufieurs  preifes  dans 
les  tiiflf'_rens  atelier v  d'une  papeterie*  Dars  la 
chambre  de  cuve  ^  il  y  en  a  de  fortes  puur  les 

Rorfes- feutres  ,  de  plus  petites  pour  Ls  porres- 
lanches  ;  d'autres  d'une  force  moyenne  pour  U 
chambre  de  réchâng;e ,  atoG  que  pour  h  chambre 
de  coile  ;  enfin  les  pi  us  fortes  fervent  à  la  {*  Ile, 

Les  premières  doivent  pr^fTer  le  papier,  de  ma- 
fiière  à  donner  à  une  pâte  molle  la  Krmeté  6i  la 
confiftance  d'une  étoffe  plus  ou  moins  folide.  Celles 
de  l'échange  donnent  plus  de  corps  à  cette  étoffe, 
€n  adouci1r.int  fon  grain  ,  &  lufirant  fa  furface  ; 
mais  leur  a  ûon  dnt  être  mcn^igée.  Les  prelles 
de  la  cliambre  de  colle  ne  ferv  ent  qu'à  Cumpri- 
©icr  doûccm.vnt  les  mouillées,  pour  faire  pénéircr 
également  la  co'le  dans  la  totalité  des  feuilles  ^tk 
Siire  écouler  cell:!  qui  CÛ  furabondante  ;  enfin  les 
ïîciTes  de  la  fa  lie  fervent  à  compléter  les  apprêts 
lu  papier  y  en  fi.ifint  difp arôme  plufieurs  dcfec- 
tuofités  les  moins  adhérentes  au  corps  de  rètoftV. 
Il  feroit  à  dtfirer  qu^on  pût  inLroduire  dans  la  plu- 
(part  de  nos  fabriques  ,  foir  à  la  cuve  »  (bit  a  la 
lalle ,  des  preffes  à  vis  de  ft^r  &  à  ècrou  de  cuivre  ; 
f^  en  fircroit  de  grands  avantages  ,  qui  didom- 
imageroient  amplement  des  avances  primitives-  D'a- 
)K>rd  ces  preiTes  exigent  moins  de  force  pour  être 
conduites  ,  que  celles  à  vis  de  bois.  En  fécond 
lieu  ,  avec  ces  prcffts  à  vis  de  ter ,  on  n*ell  pas 
fexpofe  à  ceffer  tout  à-coup  le  travail  de  la  cuve , 
leomme  on  y  eA  expofè  avec  les  prc^fTes  dchois  »  qui 
caiTem  fubitement. 

En  troifiême  lieu  »  on  peut  prefler  beaucoup 
|Aus  avec  les  premières  preifes  qu'avec  les  fécon- 
des ;  ce  qui  cil  effentiel ,  fur-tout  lorfqu'on  tra- 
iraille  à  formes  doubles,  ou  à  des  fortes  étoffées  qui 
tiennent  l'eau  plus  fortement  quelcs  minces.  Erjiin , 
Itcs  ne  font  pas  fu Jettes  à  des  réparations  auflî  fié- 
[ucntes  que  les  preffes  en  bois. 

Arts  &  Méûen,  Tome  K  Partît  IL 


p  A 


585 


Il  But  oSferver  que  dans   le  tnvaiî  de  toutes 

les  prelles ,  la  face  des  feuilles  de  papier  qui  eA 
oppûfée  direôement  à  Tadlion  des  bancs  de  preffe, 
eli  plus  unie  ,  plus  adoucie  que  celle  qui  eff  tour- 
née vers  le  foullrait  ou  feuil  de  la  prefle*  D*abord 
dans  le  pr-nijs;r  preffage  ,  les  feuilles  de  pa;,iier 
en  porfes- feutres  oppolent  au  banc  de  preffe  les 
faces  qui  ont  le  pîu^  d'inégalités  ,  puifqac  ce  font 
celles  qu'elles  ont  contraéléesiur  la  forme  ,  &  par- 
ticuiièfemeni  dans  les  intervalles  des  brins  de  la 
vtrjurc.  Le  mèm^  effet  fe  continua  fur  les  feuil - 
Its  en  porfes-blanches  ,  p  irce  qu  elles  oppofent  lef 
mêmes  faces  à  Tsclion  du  banc  de  prefît\ 

J'ai  examine  jes  papiers  reîevés,  Ôc  j'ai  trouvé 
confbmment  que  la  face  fupèrieure  des  feuille* 
qui  compc4bimn  les  porfes ,  6c  contre  lefquellci 
la  preffî:  a  voit  agi  ,  étoit  beaucoup  plus  adoucie 
que  celle  qui  écoit  oppofée  au  feuil  de  la  preffe, 
De  même  à  la  falîe,  on  peut  remarquer  que  la 
iace  des  feuiUes  placée  vers  le  hairt  fous  la  preffe, 
a  un  grain  minns  gros  que  celle  qui  efl  tournée  vers 
le  bas  :  3t  comme  la  première  face  fe  met  dans  l'in- 
térieur des  mains,  lorjqy'on  établit  fous  la  preffe 
des  piles  de  mains ,  c'ell  une  nouvelle  face  que  le 
fallerarit  préfente  *u  banc  de  preffe  ,  &  i\^  s'a- 
doucît à  renérieurdes  maln*i,  mais  trop  foiblemcnt. 

Promenir  j  c'eft  paffcr  de  Taâion  d'en  verger 
i  celle  de  pouifer  en  avant ,  de  telle  forte  qu  en 
variant  doucement  les  mouvement  ^  la  matière  foit 
promenée  &  diUribuée  également  fur  la  forme. 

PrO  PATRIA  ;  forte  ue  papier  étoffé,  de  fabri- 
cation Hollaiidoife  ,  &  qui  correfpond  à  norrercl- 
lière  ou  papier  de  tninillre.  Il  a  pour  enfeigiieles 
armes  de  la  république  ,  le  lion  ,  &  le  bonnet  de 
la  liberté  ,  avec  cette  légende  :  vro  patnJ.  Voyet 
le  tarif,  pag.  538.  Cette  forte  ,  fabriquée  en  Hol- 
lande ,  n'èft  pas  d'un  trèï-beau  blanc  ,  mais  d'un 
apprêt  foi  gué.  Voyez  papkr  de  Holiandt,  Ra^ner^ 

QuAlT  i  nombre  conitant  de  vingt-frx  fj  ni  Iles 
de  papier  ,  de  quelque  forte  que  ce  foit.  Je  le 
crois  ,  paf  cette  rai  fon  ,  c^rrefpoadant  au  mot  quar- 
teron ,  Se  peut-être  dérivé  de  là.  Le  nomîire  des 
quaits  contenus  dans  une  porfe  ,  varie  d'une  forte 
à  l'autre,  comme  le  nombre  des  feuilles  contenues 
dans  ces  mêmes  porfes.  Le  mot  quaic  indique 
donc,  comme  on  voit,  une  main  de  papier  qui  eft 
de  vingt-fix  feuilles  dans  la  fabrication.  C'efl  auffi 
par  quait  que  les  ouvriers  de  la  cuve  comptent 
leur  travail  &  leurs  tâches  journalières.  Nous  avons 
donné,  pag.  511  »  <ians  le  tabieau  de  fabrication 
de  l'Angoumois  ,  le  nombre  de  quaits  contenus 
dans  les  porfes  de  toutes  les  fortes.  Oa  peut  voir 
combien  tous  ces  comptes  varient.  Au  reftc,  quoi- 
que cette  manière  de  compter  n'intéreffe  que  les 
ouvriers  &  les  fabricans ,  elle  eft  fondée  fur  des 
combinaifons  juftes  &  raifonnabtes, 

QuEUi  des  maillets  ;  fes  dimcnfions ,  pae.  488  ; 
eft  armée  ,  à  fes  eitrémités  ,  de  frettcs  de  fer,  qui 
la  prèfcrvent  de  Tufure  des  lèves  d'un  côté ,  & 
de  Tautre  ,  de  fe  fendre  lorfqu'on  fait  ufage  de 

Ë  e  e  c 


58( 


P  A  P 


Vengin,  îhU.i  clic  ne  peut s'alonger  ^uk  un  ccr- 
tam  point.  Voyez  malUtt. 

Raffiner  ;  c'cft  réduire  à  une  plus  grande  té- 
nuité la  matière  du  chiffon  effilochée.  On  raffine 
avec  les  maillets  comme  avec  les  cylindres  ,  mais 
toujours  fur  les  mêmes  principes.  Ain(i  l'on  raf- 
fine à  petite  eau  dans  les  piles  à  maillets  comme 
dans  les  piles  à  cylindres.  Plus  il  y  a  de  matière 
à  proportion  de  Teau  «jui  lui  fcrt  de  véhicule , 
plus  les  maillets  &  les  cylindres  ont  de  prifc,  6t 
plus  le  travail  qui  dépend  du  ces  machines,  s'ex- 
pédie prompiemcnt.  Il  eft  vifible  que  les  maillets 
Ci  les  cylindres  faififTcnt  mieux  la  pâte  ferrée ,  & 
la  coupent  avec  d'autant  plus  de  facilité ,  qu'elle 
cft  abondante  à  un  certain  point.  Outre  cela  , 
comme  les  pâtes  peuvent  circuler  aifément ,  à  me- 
lure  qu*elles  acquièrent  un  plus  grand  degré  de 
ténuité  ,  il  s'enfuit  qu'on  doit  charger  les  piles  au* 
tant  qu'elles  peuvent  en  contenir ,  &  autant  que 
les  maillets  ou  les  cylindres  peuvent  en  faire  cir- 
culer fans  embarras. 

Ceft  en  raffinant  les  pâtes  fur  ces  principes  ,  que 
les  HoUandois  font  parvenus  ,  avec  des  chiffons 
moyens  ou  bulles  bien  bai  rus  ^  à  fabriquer  du  pro 
parnâ  d*un  grand  débit.  Cette  petite  forte  nert 
pas  bien  blanche  »  à  la  vérité  ;  mais  comme  elle  a 
une  certaine  épailTcur,  une  légère  teinte  de  bleu 
d'émail  fuffit  pour  la  monter  au  ton  de  blancheur 
qui  lui  convient.  De  même  ,  les  petits  cornets  fa- 
briqués par  Us  Hollandoi^  font  des  mélanges  de 
chiffons  moyens  8l  bulles  battus  féparément,  & 
ouffés  au  degré  de  ténuité  qu'exige  le  plus  grand 
avage.  CeA  pour  cela  que  ces  papiers  fe  coupent 
très-facilement ,  étant  d'une  pâte  trés-courre. 

Je  finirai  par  faire  remarquer  que  le  ra^na^e  des 
pâtes  doit  être  fait  avec  des  cylindres  bien  ragréés , 
pour  qu*élies  fe  confervent  dans  l'état  fibreux.  En 
fécond  lieu  ,  qu'il  doit  être  porté  à  diffèrens  de- 
grés de  ténuiié  ,  fuivani  les  fortes  de  papier  qu  on 
le  prcpofe  de  fabriquer.  Ceft  fur  cet  article  que 
Tinte! ligence  des  fahricans  parojt  davantage. 

Raffineur*  (cylindre  )  Il  eft  armé  de  lames  de 
métal  compûfê  de  cuivre  rouge  &  d'étain.  Ces 
lames  préfcntect  à  leur  face  cxiérîeurc  deux  can- 
nelures &  un  talon  :  enfin  ,  les  intervalles  centre 
chacune  à^^  lames  foint  moins  larges  à  proportion, 
que  dans  le  cyliAdre  effilocheur  ;  pag.  4^SS^ 

Raffineuses  ;  (  piles  )  ce  font  celles  ou  Ton  ré* 
duit  la  matière  emlochée  à  un  degré  de  ténuité 
plus  ou  moins  grand ,  par  les  maillets  ou  par  les 
cylindres.  Voyez  pag.  489  ,  &  pag.  404  &  495. 

RAGRâER  les  cannelures  des  lames  des  cylin- 
dres &  des  platines  ,  c'eil  les  entretenir ,  autant 
qu*il  eft  poiTiDle»  dans  leur  vive-arrète*  11  eft  trés- 
imponant  de  r^^r^^^r  fou  vent  ces  machines  ,  pour 
qu'elles  foient  toujours  en  état  de  couper^  &non 
de  broyer.  Il  eft  vrai  qu'on  ufe  promptement  les 
lames  &les  platines  en  les  ra^rJjnt  fouveiït;  mais 
il  vaut  mieux  perdre  du  métal  4|ue  de  la  pâte.  Les 
Holiandois  n  obtiennent  leurs  beaux  papiers  qu'en 


la 


P  A  P 

entretenant  aînfi  leurs  machines  ,  &  ils  en  font 
bien  dédommagés  par  la  vente  de  ces  papiers. 
Voici  les  principes  d'après  hfqucls  ils  fe  condui- 
fent.  Ils  favent  par  expérience  que  les  matières 
broyées  par  les  lames  émouffées  &  non  traochan' 
tes  ,  font  emportées  en  grande  partie  par  le  lavage 
des  cylindres  ;  au  lieu  que  les  matières  coupées 
par  les  lames  ragréées  &  tranchantt^s ,  refteni  tou- 
jours fib/eufes ,  réfiftent  au  lavage,  &  oeuvcnt  être 
blanchies  fans  un  déchet  fenfible.  Obiervation  tm» 
portante  ,  non- feulement  quant  à  Véconoinie  des 
matières ,  mais  encore  quant  aux  réfultats  de  leur 
fabrication^ 

Je  dois  obfcrver  auffi  qu'en  ragréant  les  lames 
des  cylindres  ,  on  ménage  les  frotteme«s  de  ces 
machines ,  &  que  Ton  facilite  confidérablemeni  leur 
travail. 

RAtsiN  ;  (grand)  ce  pipicr  eft  d'une  graode 
confortiHiation.  On  remploie  fur -tout  en  pâtes 
moyennes  ôt  bulles  pour  les  papiers  de  temtirt& 
de  décoration  ;  &  Ton  ùït  que  c'eft  un  objet  <k 
commerce  confidérable  ,  fur-tout  depuis  que  MM. 
Arthur  ôt  Réveillon  ont  perfectionné  Tart  des  pi- 
pi ers  peints  &  tontiffes. 

On  remploie  auftl  pour  rimprcflion  &  poutre- 
criture ,  en  pâtes  fine»  &  moyennes.  Voytt  kur 
rif,  pag*  Ç37. 

Raisin-musc;  forte  de  papier  fait  de  coflsj^ 
&  de  filets  :  il  a  16  pouces  &  demi  fur  20  &  demi, 
6i  péfe  de  30  à  31  livres  la  rame  :  Il  fert  3  faite 
des  facs  &  des  enveloppes. 

On  le  fabrique  aufli  au  même  poids  &  aun  ntèfflcs 
ditnenfi^ns,  en  gns-coUé  pour  cnvelo^-pes, 

Rajsin  bUu  ;  cette  forte  a  les  mêmes  dimenftoiH 
que  les  prècédens;  mais  elle  ne  pèfe  que  i$  aï6 
livres  ;  on  l'emploie  pour  enveloppes.  On  en  &• 
brique  auftî  de  fembUbe  avec  des  pites  grifes; 
mais  il  n'eft  pas  collé  :  on  en  fait  ufage  petit  ùx^ 
6l  enveloppes. 

Raisin  ;  (  paît  )  forte  qui  a  lej  mêmes  di* 
m^nfions  que  le  ha  ton -royal  ,  ou  le  pctk-comit  J 
grande  fo  ru.  Vuyez  le  tarif,  pag.  Jjé. 

Ramasser  les  pages  ;  c'eA  tirer  les  pages  ifc 
deiïus  ks  cordes  de  Tétendoir,  &  les  mcitrc  ea 
ras  le  long  des  piliers.  Le  fallcrant  eft  chaigé  de 
cette  opéra  lion.  Comme  les  pages  ,  en  féchaOi  , 
ont  pris  un  pSi  fur  les  cordes ,  on  a  fon  de  les  dref- 
fer  en  Ics' rompant ,  &  de  les  aftbuplir  le  plus  qti*oa 
peut,  pour  les  difpofer ,  par  cette  préparation, 
à  boire  plus  aifément  la  colle*  En  même  temps , 
on  doit  avoir  Tattentlon  de  ne  pas  défœuvrer  les 
fcuilks  des  pages  ,  afin  d'éviter  les  caiTés  dans  le 
collcjge. 

Rame.  On  appelle  ainfi,  dans  les  fabiiqaefde 
papier,  la  réunion  de  deux  porfes  de  b  cure,  1** 
quelle  f^it  ?.ul?i  deux  poignées  a  U  colle.  On  doore 
ces  rames  en  compte  aux  fallerantes  qui  étendemle 
p;)pier  apfès  la  colle.  • 

Ces  rames  diflFérent  beaucoup  des  rames  de  la 
falle  9  qui  renferment  cinq  cens  feuilles ,  de  quelque 


P  A  P 


587 


I» 


forte  de  papier  que  ce  foit  ;  au  lieu  que  celles  -  ci 
renferment  un  Rombre  de  feuilles  ^l'autam  moin- 
dre ,  que  la  forte  de  papier  eft  plus  étoffée.  Voyez 
le  tarif  du  travail  de  la  cuve  ,pag.  çi  i.  Lorfquon 
forme  à  la  falle  les  rames  qui  (ont  connues  dans  le 
commerce»  on  a  foin  de  placer  les  mains  les  unes 
fur  les  autres  ,  en  ctiingeant  de  poûtion  les  dos  & 
les  barbes ,  pour  qtie  le  paquet  foit  également  épais 
des  deux  côtés  ;  enfuite  on  les  couvre  de  macu- 
la tures.  En  Hollande,  les  rames  fom  bien  défendues 
par  leurs  couvertures;  car  les  chiffons  des  macu- 
laturcs  n'étant  pas  pourris  ,  forment  de*  c-rtons 
d*une  grande  réfiftaiice.  Outre  cela ,  les  dos  des 
mains  étant  bien  arrondis ,  &  les  bordures  unies 
&  égalifées ,  leur  affembUge  en  rames  fait  un  pa- 
quet réduit  aux  plus  petites  dimensions  poCiblcs. 
le  ne  connois  guère  que  les  fàbricans  d'Aimonay 
qui ,  fur  ce  point ,  aient  bien  imité  les  HoHandois. 

Recueillir  le  papier;  c*eff  le  prendre  feuille 
i  feuille  dedeffus  les  cordes  de  Tétendoir  ,  où  il  a 
été  étondu  après  la  colle.  Cette  opération  s'exécute 
parles  fallerantes  ,  qui  font  de  gros  tas  des  papiers 
qu^elïes  ïranfporteni  enfuiie  à  la  falle  ,  pag.  ^13. 

Refondre  le  papier  ;  ce  travail  confirte  à  re- 
mettre de  nouveau  au  pilon  les  feuilles  de  papier, 
qui  font  tel  ïe  me  m  caiîées  ,  quelles  ne  peuvent 
être  d'aucun  ufage.  Le  cylindre  raffineur  exécute 
beaucoup  mieux  ce  travail  que  les  pilons.  Voyez 
pag,  524.  Quelques  perfonnes  ,  peu  inllruires  d'ail- 
leurs des  procédés  de  la  papeterie ,  ont  propofé 
de  nfondre  le  papier  imprimé  ;  mais  la  matière 
de  ce  papier  ,  pour  être  débarraffée  de  Tencre  par 
les  leffives  qu'ils  propofoicnt ,  auroît  çfus  coûté 
quelc  plus  beau  chifton  neuf;  en  conséquence, 
on  n'a  pas  accueilli  cette  prétendue  découverte. 
Je  dois  annoncer  ici  ^  a  ceux  qui  croiroient  devoir 
entreprendre  cetre  refonte  des  papiers  imprimés  , 
qu'au  moyen  d'un  cylindre  rafRneur  qui  puiffe 
laver  ,  fit  dont  la  pile  ait  un  chaf5s  ouvert  >  on 
obtiendra  la  pâte  du  papier  dlmpreflion  bien  dé- 
barraffèe  des  grumeaux  d'encre  quife  détachent  par 
le  fiinple  mouvement  du  cylindre  ,  &  que  le  tor- 
rent de  Teau  du  lavage  emporte  au  dehors  de  l;i 
pile. 

RÈGLEMENT  pour  la  fabrication  des  papiers ,  du 
^7  janvier  1739.  Voyez  pag.  528  ,  &  18  feptembre 

iT^ï»  pag.  534-^ 

En  Ufant  ces  régîemens  ,  &  comparant  leurs  dif- 
pofiiions  avec  Tétat  aduelde  b  papeterie  en  Fran- 
ce ,  on  fent  aiféraent  combien  il  eft  dangereux  de 
vouloir  diriger  linduffrie,  en  faifant  une  loi  de 
certains  procédés  ,  de  petites  mantpuîaiiojis  ,  que 
flci  vues  nouvelles  ,  de  nouveaux  befoins  obii 
gent  de  changer  &  de  perfcâionncr  chaque  jour. 
L*art  chemine ,  fait  des  progrès ,  en  adoptant  pour 
moyens  ce  qui  étoît  envifagé  auparavant  comme 
abudf  ou  dangereux  ;  mais  la  loi  rcfte  ;  elle  eene  , 
ou  bien  elle  eft  mife  à  l'écart»  CVft  ce  qui  en  heu- 
rcufemcnt  arrivé  à  la  papeterie  Françoife.  L'art 
qui  fut  rçglè  en  2739  6c  1741  >  n  cû  pas  l'art  que 


nous  avons  dans  plufieurs  fabriques  du  royaume* 
Il  peut  donc  être  utile  de  n^ontrer  fuccintement 

en  quoi  certaines  difpofmons  de  ces  rcglemens  font 
devenues  gênantes  «  â:  pourquoi  elles  o  ont  plus 
dVxécution. 

Dans  Taiticle  premier  du  règlement  de  1739  ,  il 
fembte  qu*on  ait  voulu  borner  le  travail  des  pâtes 
aux  feuls  maillets  ,  &  qu*on  ait  craint  rintroduc- 
tion  des  cylindres  Hollaodois  »  contre  lefquels  il 
y  t  eu  réellement  des  préjugés  que  la  lot  parotc 
avoir  encore  entretenus.  Il  eft  vrai  que  depuis , 
on  a  donné  y  par  une  autre  loi  »  la  liberté  générale 
d'adopter  toutes  fortes  ds  machines  pour  la  pré** 
paration  des  pites  :  liberté  qu  on  avott  déjà  prife  , 
8c  dont  on  a  proâré  urilement  dans  quatre  ou  cinq 
fabriques  ,  dont  les  fticcès  &  la  célébrité  doivent 
fervir  d'encouragement  aux  autre*, 

L'articîe  v  détend  de  mêler  de  la  chaux ,  foit 
au  chiffon  ,  foit  à  la  matîcre  réduite  tn  paie,  J-e 
fais  que  malgré  cette  défente  ,  quelques  fabricans  , 
qui  avoleni  fans  doute  obtenu  ta  peimi.fiOn  de  faire 
ufage  de  la  chaux  ,  s'en  font  fort  bien  rronvés. 
Le  chiffon  leffivé  avec  la  chaux  a  acquis  un  degré 
de  blancheur  6c  de  douceur  »  qu'on  n'auroit 
pu  lui  donner  par  le  pourriffage  6:  les  lavages  or- 
dinaires ijits  machines.  On  na  pas  remarquj  que 
ces  matières  fuffent  énervées  pour  avoir  pafTé  par 
la  chaux.  Je  publierai  quelque  jour  la  fuite  de  ces 
opérations  avec  la  chaux. 

Outre  cela  ,  les  matières  effilochées ,  mêlées  à 
la  chaux  ,  fe  confervent  très-long  temps  fans  fc 
gâter;  ce  qui  cfl  d*u ne  très-grande  reffource  pour 
certaines  fabriques,  qui  font  obligées  de  préparer 
leurs  matières  Thivcr  ,  parce  qu'elles  manquent 
d'eau  ré  té. 

L'article  vj,  qui  ordonne  de  coller  également 
les  différentes  fortes  de  papier  ,  n'a  pas  eu  d'exé- 
cution ,  parce  que  plufieurs  imprimeurs  denian* 
dent  que  tes  papiers  d'imprelHon  ne  foieni  pas  collas 
à  colle  entière  ;  6l  on  a  cru  devoir  fe  conformer 
a  leurs  demandes  :  à  quoi  j'ajoute  ,  que  malgré 
les  artentlons  des  fabricans  ^  ils  ne  peuvent  pas 
fouvent  répondre  *  u  fuccèsde  leurs  collages,  fur- 
tout  pour  les  papiers  de  pâtes  fines.  Sévir  contre 
eux ,  ce  feroit  févir  contre  Timperfeâion  de  Tart. 

L'article  viij  :  fe$  difpofitions  ne  font  plus  exé- 
cutées. Voyez  les  réflexions  fur  le  tarif,  pag.  J47, 

L^articleix  n'a  pas  plus  d'exécution  que  le  pré- 
cédent. Les  fabricans  ont  bieniot  fenti  l'embarras 
des  longues  enfeignes  ,  &  fur-tout  ceux  qui,  ré- 
fidant  dans  des  moulins  éLdîgnés  des  villes ,  n'é- 
toient  pas  à  portée  des  formaires  »  &  par  confé- 
quent  d*einretenjr  en  bon  état  les  enfeignes  6l 
les  marques  prefcrites  par  cet  article,  Les  filigr-ércs 
fe  découfeot  aifément  »  &  fouvent  les  btin^  des 
fils  percent  de  grandes  parues  de  papier  ^  fi  Ton 
n'y  prend  garde.  Outre  cela,  la  pâte  fe  loge  diOS 
ie^  réduits  des  coutures  &  des  additions  faites  a 
la  vcrjure.  D'  près  ces  inconvéniens  ,  Its  plus 
habiles  t^rîcans  ont    réduit    les  enft:g;ie3  a^u 

Eccci; 


588  P  A  P 

formes  les  plus  fimplcs  ,  &  leurs  noms  à  iirte 
feule  lettre  initiale  :  le  gouvernement  a  bien  voulu 
avoir  éga:d  aux  raifons  de  ces  f^bricans. 

L  article  xij.  On  voit  tous  les  jours  plufieurs 
de  no>  fabiicans  emprunter  les  noms  àé^  tabricans 
Hoilandois;&:je  le  leur  pardonne,  toutes  les  fois 
qu'ils  les  imitent  également  dans  U  beauté  de  la 
pâte  &  dans  fes  apprêts.  Outre  cela  ,  je  dois  dire 
que  dans  plufieurs  moulins  du  Limoufm ,  où  Ton 
travaille  pour  les  fabricans  de  TAngoumois  ,  on 
fe  fîirt  communément  de  leurs  formes. 

Les  articles  xvj  du  règlement  de  1739,  &  vj 
du  règlement  de  1741  ,  n'ont  pas  eu  d'exécution. 
Le  commerce  des  cafles  fe  fait  fans  contradiction 
&  fans  les  percer.  Il  eft  même  avoué  du  gou- 
vernement, attendu  que  les  droits  fur  les  papiers 
CaiTès  font  réduits  à  moitié  de  ceux  fur  les  papiers 
des  autres  lots. 

Les  difpofitions  de  Tartide  xvîij ,  ne  s'exécutent 

![ue  dans  certains  moulins ,  &  Teuicment  pour  des 
ortes  de  papiers  fuperfins  qu  on  veut  annoncer. 
Quant  aux  autres  papiers  d'un  commerce  courant , 
on  a  fupprimé  tous  ces  longs  détails  qui  deman- 
dent du  temps  &  des  attentions  fcrupuleufes. 

Les  articles  xxvij ,  xlij  ,  ne  font  plus  exécutés, 
attendu  que  les  maicrifes  n*ont  plus  lieu  daas  l'état 
de  la  papeterie  ;  mais  les  articles  xlvij  ,  xlviij , 
xlix  ,  1  ,  liij  ,  ne  fauroient  être  maintenus  avec 
trop  d'attention  &  d'exaâitude  pour  le  bien  réci- 
proque des  maîtres  &  des  ouvriers. 

Les  articles  Ij ,  li) ,  ne  font  pas  exécutés  dans 
plufieurs  fabriques  ,  depuis  fur- tout  que  les  ou- 
vriers ont  été  admis  à  des  augmentations  de  tâches 
réglées  de  gré  à  gré  entre  les  maîtres  fabricans  & 
les  compagnons  papetiers.  Sur  cet  article ,  le  gou- 
vernement a  donné  la  plus  grande  liberté ,  comme 
fur  beaucoup  d*uutres ,  fur  lelquels  je  me  fuis  per- 
mis de  faire  les  obfervatlons  qui  précédent. 

Relevage  ;  c'eft  la  première  opération  de  ré- 
change. L'ouvrier  qui  exécute  le  rcUvagt^  détache 
les  feuilles  des  portes  blanches ,  en  \cs  levant  une 
à  une ,  &  forme  à  côté  de  nouvelles  porfes ,  où 
les  furfaccs  de  chacune  des  feuilles ,  qui  fe  tou- 
choient  d'abord ,  &  qui  ont  été  preâfées  les  unes 
contre  les  autres  à  la  cuve ,  eorrefpondent  à  d'au- 
tres furfaccs.  Il  efl  aifé  de  fentir  que  les  contaôs 
fucceffifs  doivent  contribuer  à  bien  adoucir  la  fur- 
fiice  du  papier.  En  fécond  lieu ,  que  par  ce  défau- 
vrtment ,  cnacune  des  feuilles  expofées  à  l'air ,  y 
perd  une  petite  partie  de  l'humidité  qui  réfidoit  à 
fa  furfâce.  Cette  opération  eft  celle  de  l'échange , 
qui  demande  le  plus  d'adreife  ;  elle  pourroit  même 
eccafionner  beaucoup  de  perte  en  caiïés ,  fi  Ton 
y  foumettoit  des  pâtes  molles  &  trop  pourries  ;. 
jnais  elle^  s'exécute  très-facilement  &  fans  perte 
fur  des  pâtes  non-pourries.  A  mefure  qu'on  exé- 
cute les  relevages,  on  peut  obferver  les  progrés  de 
l'adouciflement  du  erain  &  de  la  formation  du 
glacé  mat  ^  à  la  furface  de  chacune  des  feuilles 
de  papier  ;  effets  qui  caraâèrifent  le  papier  de  HoU 


PAP 

lande.  Ces  effets  font  encore  plus  vifiblcs  »  lorlipt 

les  relevages  fe  font  après  la  colle. 

Quelques  fabricans  ,  pour  abréger  ropération 
du  releuage ,  relèvent  pUfieurs  feuilles  à  la  fois; 
mais  ils  ont  dû  remarquer  que  Tapprèi  de  l'échange 
n'étoit  bien  complet  que  fur  les  furfaces  des  feuilles 
qui  avoient  été  défœuvrées.  Voyez  pag.  514. 

Remonter  ;  fe  dit  des  pile*  raffineiifes  ,  lort 
qu'après  18  à  20  heures  de  travail ,  le  gouvernew 
du  moulin  enlève  la  pâte  qui  s'y  trouve  réduite  \  on 
degré  de  ténuité  fuffifant ,  pour  y  fubltituer  la  ma- 
tîère  cffi'ochée  qu'il  prend  dans  les  caiffcs  de  dépôt. 
En  conféquence>  on  appelle  remontée  la  quantité 
de  pâte  qu'on  tire  des  piles  raffineufes  »  chaque  fiiil 
qu'on  en  met  de  nouvelle.  C'eft  le  gouverneur  èi 
mouliiiKiui  eft  chaigé  de  cette  opération ,  aîôfi  qip 
de  la  fuivante. 

Remuer  ;  fe  dit  de  la  matière  qui  fe  triture  dan 
les  piles  eftilocheufes ,  quand,  toutes  les  huit  henre^ 
irpeu-près  ,  on  l'en  retire  ,  pour  y  fubftitiier  di 
chiffon  pourri  qu'on  a  coupé  lu  dèrompoir.  Gb 
terme  remuer  paroît  avoir  été  employé  parnculii' 
rement  par  la  raifon  que  le  gouverneur  dn  iiiofr* 
lih  ,  après  avoir  chargé  ces  piles  de  matière  »  vk 
leur  travail  en  la  remuant  ,  pour  lui  donner  11 
mouvement  de  circulaton  convenable. 

Renforcer  le  bon  carron  ;  c*eft  faire  coukr  n 
peu  plys  de  matière  vers  l'angle  qui  doit  fouffirir  II 
plus  aux  étendages.  L'ouvreur  a  cette  atteimoi 
en  formant  fa  feuille.  En  vain  prétendroit-on  qoe 
la  difpofition  de  la  forme ,  appuyée  contre  l'égoBl- 
toir ,  contribueroit  à  renforcer  le  bon  carron. 

Retrié  ;  (  papier  )  c'eft  le  fécond  lot  (te 
papiers  triés  à  la  falle.  On  n'y  admet  que  des 
feuilles  dont  les  défeôuofités  foient  fort  légères  « 
comme  les  petices  gouttes  du  coucheur ,  de  pentes 
dentelures  aux  bordures  ,   quelques  pâtons  ,  &C 

Retrié  ;  (  gros  )  c'eft  le  troifième  lot  du  triage 
de  la  falle.  Le  papier  qu'on  y  met,  peut  avoir  de 
petites  bouteilles ,  quelques  gouttes  du  coucheur, 
des  nébulofités  diCperfées  irrégulièrement ,  comme 
celles  des  battus  4c  feutres  &  des  noyés  d'eau.  D 
m'a  paru  qu'en  eénéral  les  défauts  qu*on  tolère 
dans  le  ^ros  retrié ^  font  à-peu  près  les  mêmes  que 
ceux  du  retrié ,  excepté  qu'ik  peuvent  itre  plus 
nombreux  &  plus  marqués* 

Rêver  CHER  ;  c'eft  un  faux  mouvement  de  l'oih 
vreur ,  qui  fait  reftuer  la  pâte  trop  abondamment 
vers  là  mauvaife  rive. 

Rides  ;  ce  font  des  plis  fort  petits  &  fouvenc 
nombreux  qui  fe  trouvent  ordinairement  fur  le  mi- 
lieu des  feuilles.  Voyttfdux  plu^  iundoirs  ^  pages  ^ 
maroquins.    .. 

Rincer.  Ce  terme  s'applique  également  à  phn 
fieurs  opérations  effentielles  en  papeterie.  Le  gou- 
verneur du  moulin  rince  fréquemment  les  piles, 
les^  maillets  &  les  couloirs ,  en  jetant  deffus  des 
baf&nes  d'eau.  Les  ouvriers  de  lacuveUriiu<»r, 
après  l'avoir  vidée  de  ce  qu'elle  condent  de  pâte 
&  d'eau.  Voyez  pag.  {03.  Oa  risKe  les  feutres 


P  A  P 

es  la  le^Tive ,  en  ks  p-iHant  danis  Veîu  courante. 

nfin  Où  r:nc€  chaque  jour  le^  feutres  qui  t^nr  fcrvi 
rr;iViil  Jç  U  cuve  ,  U  en  les  met  cgouttcr 
ndant  U  nuit.  Voyei^jf.  4^1  ,  501* 
Rjve;  ce  mot  indique  les  ^rirtk  côtés  de  k 
Kiille  6£  'Je  {4  forme  On  clif-in^ac  b  bonne  rive 
U  ©âuvaiic  rive.  La  in.iuvaile  rive  ell  le  bord 
la  feuille  6^  de  la  foruic  qui  tA  du  c^ié  de 
'uvreur;  &  U  bonne  rîv*:*  le  bord  oppoû.  Lou- 
eur fcrtHe  \a  bonne  rive  ,  en  y  faîlant  co  1er 
de  matière  qut:  v^rs  la  mauvailc  rïvc,  Ccfl 
la  bonne  rive  que  le  coucheur  appuie  la  forme 
U  feuille  ,  quand  il  L'applique  fur  ic  feutre. 
ROMMNE  ;  pe:ite  forte  de  p:^pi<;r  à  écrire. 
>y^Z pigeonne  ^  le  tanf,  pa^,  ^38. 
0UILLK  (  tache  cfc)  li  y  .*  deux  furtes  de  taches  de 
illc  :  {es  unes  font  produues  par  le  fer  des  clous 
Il  font  girois  les  mûllcts  ,  &  par  la  platine  qui 
it  le  io..â  des  j  i:  s  i  ks  autres  par  le  métal 
inpofè  des  Ismcs  des  cylindres  fit  de  leurs  pla- 
Celles  produitL'S  far  le  fer  font  très  dangc- 
ïufes  ,  parce  qu'elles  fe  communiquent  d*une 
buille  de  la  porfe  à  Pau  ire  ,  &  quelles  fe  font  jour 
uelqutf 'is  à  travers  quinze  à  iJ»ze  feuilles  qu'elles 
îtcnL^Celies  du  métal  comp  ^fé  ne  s*èier:dcnt  pas 
uiant.  Oa  les  reconnaît  par  une  teinte  Vv^r  lâire  Se 
uelquefois  tirant  fur  le  bleu.  Lrs  taches  de  rouille 
arquées  à  un  certain  point  »  font  rebuter  !e  pa- 
r ,  &  renvoyer  les  feuilles  qui  en  font  atteintes  , 
ins  le  lot  des  cadés. 

Ce  défaut  eft  aiTcz  commun  dans  le  papier  des 
lices  fabriques»  &  fur-tout  de  celles  dont  le  tra- 
"  n'cft  pas  continuel.  La  fétTure  des  maillets  étant 
pofèe  à  fe  rouiller  pendant  rinterrupiion  des 
uvemens  de  la  batterie,  elle  fe  décharge  fur  la 
tte  à  U  rcprifc  du  travail.  Certaines  efpéces  de 
,  fujcttcs  à  s'ég;rainer  ,  g^âtcnt  auifi  la  pâte, 
me  au  mlleu  d*un  travail  foutcuu.  Ceci  nous 
ouvc  quM  faut  choilir  le  fer  de  la  batterie  »  ëi  Cm- 
m  s*attacher  i  et  lui  qui  n*eA  pas  trop  aigre. 
RoTAL.  Il  y  a  plufieufs  fortes  de  papier  de  ce 
lOin  ^  le  grAnd-roy.iî  êtran^tr  »  le  gmnd- royal ,  le 
E^j/»  &le  p€tU-royaL  On  peut  ajouter  à  ces  quatre 
îrtcs  le  superroyul ,  qui  cû  connu  au JS  fous  la  dé- 
^mi^aiion  de  ^a/ii/-j/,«tfi.  Voyez  le  i.irif,  p,  536. 
SaÏ0  ;  (papier  de  )  forte  de  papier  d'Egypte  , 
briqué  dans  cetie  ville  ypag.  4^5. 
SifcLLERAKT  ,  ouvrier  qui  préfide  aux  travaux 
la  falle  ,  éi  en  g;énéral  a  tous  les  apprêts  du 
lier  :  il  veille  à  la  cueillette  du  papier  en  pages  , 
a  cuite  de  la  colle  &  au  cotbge  :  il  conduit  Té- 
pdigc  dit  papier  co^îé  :  il  le  fait  recueillir  &  met- 
fous  b  preffe  de  la  falle  ,  le  diftribueaux  fem- 
!$ ,  pour  qu^elles  en  faiTent  le  délifîage  &  le  pliage 
feuilles  :  tn6n ,  il  le  met  eo  mains ,  &  le  fait 
ppaquetei  par  rames. 

Sall£Rantes  ;  ce  font  des  femmes  qui  concou- 
t^fous  la  direâion  du  fallcrant  ,  à  donner  au 
pi«r  tous  les  apprêts  dont  je  viens  de  faire  men- 
u  Etksétcjidcni  quelquefois  le  papkr  en  pages  ^ 


p  A  P 


589 


elles  le  recueillent  &  le  portent  à  la  chambre  de 
colle.  Elles  retendent  de  nouveau  feuille  à  feuille 
après  le  collage.  Elles  le  ramaiTent  lorfqu'il  cû 
iufiîfammcnt  fec  de  colle  ;  enfin  ,  elles  en  font  le 
triage  par  lots  6l  le  pliage  y  lorfqu  on  Ta  tiré  de 
delîous  U  preffe.  Dans  es  dernières  opérations  , 
elles  examinent  les  fcuillLS  de  papier  les  unes  après 
les  autres  pour  enlever  If, s  pâtons  &  les  autres  fa- 
leiés  peu  adhérentes  ,  en  détruire  les  fronces  61  les 
rides,  qui  peuvent  difparoitre  en  frottant  avec  un 
morceau  de  pierre  po^ie  ou  de  bois  liifc.  Voyez 
déiïjfage ,  dclijfeafci  ;  pour  le'  reftc  des  opérations 
des  falkrames  f  voyez  pag.  533. 

Salle  ,  atelier  où  Ton  donne  au  papier  fci 
derniers  apprêts  ,  Icfquels  confillent  d'abord  à  le 
nvettre  foui  la  preffe ,  puis  à  en  former  diiïérens 
lots  ,  après  lavoir  épluché  ,  lifle  &  plié  feuille  à 
feuille  :  enfin  à  te  compter  ,  à  le  mettre  en  mains  & 
en  rame.  Cet  atelier  doit  être  meublé  de  fortes 
preiies  &  de  tables  ,  autour  defquclies  font  diftri- 
buées  les  fallerantes.  Voyez  pag.  513  t  &  i^*  mots 
ddijfcufei  &  compitufa. 

SÉCHAGE  ;  celui  du  papier  de  la  Chine  fe  fait 
fur  un  mur  échauffé  par  un  feu  d'étuve  ou  parle 
foleil  ;  celui  du  papier  d'Europe  s  exécute  a  Tair 
libre,  dans  les  érendoirs»  pag,  474,  Voyez  éttndoirsm 

Selle.  On  donne  ce  nom  à  trois  équipages 
diftérens.  Il  jr  a  U  fdU  du  Uvcur  ^  la  fâU  dt  U 
pnjp  >  6l  h  Jllic  de  Icundoir, 

b€  ledit  Uvcur-y  il  y  en  a  de  i^cux  fortes  :  \^  fille 
inctin€€ ,  ôi  hfilU  pLu,  La  ftlU  itidmie  ell  un  cqui* 
page  qui  refftmlj  c  au  chevalet  d  uu  peintre^  &  qui 
porte  une  plan(,he  qu^on  incline  plus  ou  moins  » 
par  le  rnuy^n  de  chevilles  ftxées  a  différentes  hau- 
teurs du  chtValet.  CVft  fur  cette  planche  que  ïe 
leveur  pofe  le^  feuilles  qu'il  éve,  pag.  ^03.  lA/cUe 
plau  fe  rJ;duit  a  une  petite  table ,  fur  laquelle  ft 
met  horifonulement  la  planche  ou  le  trapan  ,  oii  le 
leveur  phice  avec  un  aide  ou  même  fans  le  fecours 
de  cet  aide  ,  les  feuilles  qu'il  lève  ,  pag.  509. 

StlU  de  h  pre£e ,  mouton ,  ou  èa/ic  di  preffe.  Voyez 
l^anc  de  prejffc. 

Selle  Dr  l'etendoir  ;  cVft  un  trapan  monté 
fur  trois  pieds  plus  ou  moins  longs  ,  &  qui  fcrt 
principalement  à  étendre  le  papier  avant  ou  après 
la  colle.  .  ^ 

Cet  e  felle  eft  fetviepar  deux  fallerantes,  dont 
Tune  détache  les  feuilles  les  unes  afrés  les 
autres  ,  fit  les  prenant  par  le  bon  coin  »  les  jette 
fur  le  ferlei  i  l'autre  tient  &  préfente  le  fcrlet  d'une 
main  ,  potir  recevoir  la  feuille  qu'on  lui  jette  ,  & 
faififlTant  les  cordes  de  l'autre  ,  place  deffus  la 
feuiîle. 

En  conféquence  ,  on  appelle  auflîy#/&  la  réu- 
nion de  CCS  deux  étcndeufes  ,  &  Ton  dit  qu'on 
mène  trois  a  quatre  filUs  à  Téiendoir ,  lorfqu  on 
a  trois  ou  quatre  afiociations  dt  deux  étcndeufes  ^ 
dont  Tune  déiache  &  jette  le?»  feuilles ,  ^  l'autre 
les  reçoit  &  les  place  fur  les  cordes*  Chacune  de 


590 


P  A  P 


ces  bandes  d'étendeufes  a  auffi  un  trapan  k  trois 
pieds,  ou  une  felie.  Voyez  jeteufe. 

Serpente;  (  papier)  cette  forie  prend  fon  nom 
du  ferpent  qui  lui  feri  d*enfeigne.  Comme  elle 
eft  furtout  deftinéé  pour  les  éventails  ,  on  la  tient 
fort  mince ,  &  on  )a  colle  avec  foin.  Sa  fabrica- 
tion demande  beaucoup  d'adreffe  &  d'intelligence. 
Aoïfi  n'a-  t-elle  lieu  que  dans  certains  moulins 
©h  Ton  eft  inftruit  des  procédés  particuliers  qui 
en  aiïurent  le  fuccès.  Ceft  furtout  en  Auvergne 
que  l'on  réuflit  le  mieux  à  fabriquer  le  papier  Jer- 
pente  ;  mais  les  Hollandoi§  peuvent  être  encore 
nos  maitres  dans  cette  partie.  Ten  ai  vu  de  deux 
efpèces  ,  dont  on  fe  fervoit  avec  beaucoup  de 
fuccès  pour  les  dcffins  lavés-;  celui  qui  avoit  le 
plus  de  corps,  venoit  de  Hollande.  Des  ingénieurs 
militaires  qui  en  faifoient  ufage ,  m'affurèrent  qu'il 
ne  fc  coupoit  point  dans  les  plis.  L'autre  forte , 
plus  mince  encore  ,  fupportoit  le  lavis  aufli-bien 
que  le  premier  ;  elle  éioit  même  tits-commode , 
vu  fa  belle  tranfparence  ,  pour  copier  promptement 
le  trait  d'un  deam  quelconque.  Tous  les  papiers 
vernis  fe  caffent  :  ceux  qui  font  huilés  graiffent 
les  papiers  qu'ils  touchent.  Celui-ci  étoit  exempt 
de  ces  inconvénicns.  Il  feroit  à  défirer  que  nos 
fabricant  s'appliquaffcnt  ^  imiter  ces  fortes  HoU 
landoifes  ;  mais  ce  ne  peut  être  qu'avec  des  chif- 
fons  non  pourris,  &  au  moyen  des  cylindres ,  qui, 
en  raffinant  la  pâte,  la  laiffentdans  l'état  fibreux. 
Voyez  ragréer, 

bERRER  ;  fe  dit  de  l'ouvreur  qui ,  par  de  petits 
coups  &  de  légers  balancemens  ,  achève  de  faire 
écouler  l'eau  furabondante  ,  &  de  rapprocher  en 
même  raifon  les  molécules  de  la  .matière  fur  la 
forme.  On  dit  auflTi  que  la  matière  fe  ferre  fur  la 
forme  par  de  petits  coups. 

Soleil  ;  (  grand  foUil  )  papier  d'un  très-grand 
format.  Il  y  a  anfli  le  p^ipicr  au  foleil  ,  qui  diffère 
par  le  poids  &  la  grandeur.  Voyez  le  tarif, 
pag.  536  &fuiv. 

SOLLES ,  grandes  &  fortes  pièces  de  bois  ,  fur 
lefquelles  font  établies  les  piles  dans  les  moulins 
à  maillets ,  pag.  4^H.     ^      ^    .    ^.  ,      _,. 

Sortes.  Ce  terme  fert  à  indiquer  les  divers 
papiers  ,  relativement  à  leurs  dimenfions  &  au 
poids  des  rames.  Alnfi  le  tarif  que  nous  avons 
publié  contient  un  tableau  des  diverfes /lïrrw.  Les 
pet  tes  frtes  font  celles  dont  les  rames  pèlent  de- 
puis (ix  jufqu'à  douze  &  quatorze  livres  ,  &  font 
dun  très  petit  format.  On  en  fabrique  9  à  10  ra- 
mes piir  joiir.  Les  moyennes  fortes  font  celles  dont 
les  rameb  pèfent  depuis  15  jufqu'à  27  livres,  & 
qui  font  de  moyenne  grandeur  :  on  n'en  fabrique 
guère  que  fix  à  fept  rames  par  jour. 

Erîfin  ,  les  grandes  fortes  pèfent  depuis  trente  juf- 
qu  à  80  ,  &  mcme  cent  livres  la  rame ,  &  varient 
beaucoup  quant  à  leurs  dimenfions  :  on  n'en  fa- 
brique que  depuis  d<;ux  jufqu'à  cinq  rames  & 
demie  par  jour.  .     .        ,    r 

Ce  terme ,  employé  en  papeterie  dans  le  lens 


p  AP 

qu*on  vient  de  faire  connoître  par  les  développe- 
mens  précédens  ,  convient  beaucoup  mieux  que 
le  mot  efvjtcts ,  qui  ne  pourroit  pas  y  être  fubSitoé 
auffi  exaâement. 

On  diAingue  auflî  des  fortes  de  papier  >  relative- 
ment  à  leur  ufage.  Nous  avons  joint  ici,  par  ordre 
alphabétique  ,  les  principales  fortes  confidéries 
fous  ce  point  de  vue. 

Sucre  ;  (  pajpier  à  )  blanc  ou  hku.  Ceft  une  forte 
de  papier  qui  le  fabrique  avec  deux  formes  ,  co» 
me  les  cartons  de  pâtes.  Le  bleu  n*eftpas  ordiiih 
rement  de  bon  teint ,  &  la  pâte  en  eft  fort  grat 
fière  :  c'eft  un  mélange  de  bulle  &  de  trace.  Oi 
devroit  le  coller  avec  foin.  Lorfque  les  matières  fi 
fervent  à  fa  fabrication  n'ont  pas  été  poonicii 
il  eft  ferme  &  carconneux.  Ceft  particulièreaM 
pour  cette  raifon  que  les  papiers  à  fucre ,  qniâM 
viennent  de  Hollande ,  font  ii  forts  &  (i  folidet  ,fc» 
par  ces  qualités ,  obtiennent  la  préférence  for  hl 
papiers  à  fucre  fabriqués  en  France  ,  qni ,  éttK 
faits  de  pâte  pourrie  &  ordinairement  trop  jtfV* 
rie ,  comme  cela  arrive  fréquemment  aux  chft^ 
bulles  &  traces,  font  mollafles  &  fans  lucunefini- 
On  voit  au'il  feroit  facile  de  perfeâkmfier  cMri 
forte  en  France  ,  en  fupprimant  le  poufrifigti 
&  en  fubflituant  à  nos  foibles  maillets  île  hoaicf* 
lindres  effilocheurs  ,  mus  par  un  fort  com  fem 
Les  fabriques  des  çnvirons  d'Orléans  anroiemhl* 
foin  de  cette  réforme  ,  &  d'une  perfonne  ininÉi 

Sii  pût  y  préfider  &  y  introduire  les  piocMl 
ollandois,  comme  ils  ont  été  introduits  dm  II 
fabrique  de  M.  Cuvelicr  à  Lille ,  pour  h  tiri^ 
cation  du  papier  à  fucre.  M.  Cibot ,  fabricant  èl 
Limoufin ,  eft  parvenu  à  perfeftionner  le  mml 
des  papiers  à  fucre,  foit  quant  à  la'  cooleur,  ik 
quant  au  collage  ;  mais  il  lui  manque  un  cylinèe 
effilocheur ,  au  moyen  duquel  il  pourroit  être  £r 
penfé  de  pourrir. 

SuRGE  ;  (  pâte  )  c'eft  une  pâte  qui ,  n'ayaflt  pis 
de  graiffe ,  quitte  l'eau  très-promptement.  Oâd' 
ques  auteurs  Tont  appelée  [l:he  ,  ce  qui  n'cftpi» 
exaâ  dans  tous  les  cas  ;  car  fouvent  cène  paie» 
après  qu'elle  s'eft  affaiifée  fur  la  forme  ,  peut  être 
couchée  fans  inconvénient ,  ce  qui  fuppole  qu'eût 
fournit  aflfez  d'eau  aux  feutres  pour  que  Ic^ 
feuilles  de  papier  que  le  coucheur  y  appli((oe  3 
adhèrent  par^tout  également  :  or,  les  feuilles»^ 
pourroient  pas  s'y  prêter  ,  fi  la  pâte  étoit  /Jck  ^ 
un  certain  point.  La  pâte  furge  demande  aurc^^ 
à  être  couchée  à  plat,  &  très-vite.  Voyez,  p^^ 
504  ,  comme  ces  fortes  de  pâtes  modifient^ 
travail  de  la  cuve  ,  &  comme  l'art  &  l'indutf^ 
ont  paré  à  certains  inconvéniens  que  peuvem  ^^ 
cafionner  ces  matières. 

Tasche  JOURNALIÈRE  des  ouvriers  de  la  ca¥^ 
c'eft  la  quantité  de  papier  que  les  ouvriers  de 
cuve  fabriquent  en  un  jour ,  fuivant  les  différor^ 
fortes.  Voyez  le  tableau  de  ces  tâches  ,  pag.  Jt  ^  * 
Tarif  ;  règlement  qui  prefcrit  le  poids  des  rai^*^ 
&  les  dimenfions  des  di^érentcs  fortes  deppi^^ 


/ 


I 


P  A  P 

Voyez  pa§.  5](S.  Les  Fabricans  &  les  confomnia* 
tcurs  s'écartent  chaque  jour  des  clirpofitions  de 
cette  loi ,  page  547* 

Tellett£S  ;  toiles  de  crin  dont  on  garnit  les 
chafBs  du  kas ,  &  à  travers  krquelles  Peau  fale  s'é- 
coule des  piles ,  pag.  489,  Celles  dont  on  garnit  le 
lus  des  plies  à  raffine?»  font  plus  ûm^s  que  celles 
des  piles  à  efiUocher,  afin  de  perdre  moins  de 
matière  à  jnefure  qu'elle  s'atténue  davantage  , 
pag.  491  ;  font  fujettes  à  s'empâter  par  l'ouvrage 
trop  atténué,  8t  par  la  grai^Te  ,  ihU,  ;  fe  crèvent 
lorique  la  tête  du  maillet  du  milieu  eft  trop  prés 
du  bord  de  la  pile ,  thtJ, 

TcLLETTfS  du  chapiteau  des  cylindres  :  font  liffécs 
de  11  même  manière  ,  &  rcmpliiTent  les  mêmes 
▼nés, 

Tellîere  i  forte  de  papier  dont  on  fait  un  ufage 
Irèquem.ll  y  en  a  de  deux  formats  :  la  tellure  grand 
finmM  ^  éi  la  telle  e  ordinaire  ou  papier  de  minifire. 
Voy.  le  tarif,  p.  537,  Les  fabncansdc  f Angoumois, 
par  reconnoiiiance  ,  ont  mis  à  cette  forte  les  armes 
de  M*  Turgot  pour  enfetgne  ,  &  rappellent  en  con- 
séquence papiiT  TurgoL  Ce  miniilre  s'iniéreiToic 
au  progiè>  de  la  papeterie  dans  la  généralité  de 
limoges ,  &  comme  adminifVateur  ,  &  comme 
cocmotlTeur. 

Tire  des  maillets  ;  fes  dîmenfions  '  varient , 
qttanc  à  fon  épai^Teur  ,  dans  les  différentes  fabri- 
ques ,  ihid.  La  tète  du  fort  a  cinq  ou  ftx  lignes 
en  épaiifeur  de  plus  que  les  autres  ,  pag.  490. 
"Voyci  Maillet, 

TOUR  DE  LA  CUVE  ;  aflcmblage  de  diverfes 
I^Linches  établies  fur  une  partie  du  bord  fupérieur 
dé  U  cuve ,  pour  fervîr  particulièrement  au  tranf- 
pon  des  formes  de  Touvreur  au  coucheur  »  & 
ou  coucheur  au  leveur  ,  ainfi  qu*à  porter  rehaut- 
r.  Voyez  pag.  497. 

TuACEax^  trejft  ;  papier  Jris  qui  fert  à  faire  Tiff» 

fîeur  des  cartes  à  jouer.  Ce  A  une  forte  dont  les 

imcnftons  font  arbitraires.  Voy.  U  tarif,  p.  5  ^8.  11 

jîi  être  f;}briqué  d'une  pâte  bien  égale  âc  fans  gru- 

icauit  «  afin  de  ne  pas  nuire  au  litTage  des  cates*' 

cela  »  il  doit  être  bien  collé ,  pour  donner 

corps  &  du  maniement  aux  cartes* 

"rapans  9  non  drapons  ;  fortes  de  planches  plus 

moins  cpaidiiS  ,  qui  fervent  à  différentes  opé- 

ions  de  la  papcïcrie.   Trapan   figr,i6nu  planche 

ncien  langage ,  &  il  s*cA  confcrvè  dans  nos 

s, 

OiJ  appelle  trapjn   une  planche  du  tour  de  la 

vc  qui  fcrtau  trunfport  de  laiorme  de  Touvrcur 

a     coucheur.    iJcd  fur   un    trapan    ou   pUtcau 

ts    que   le  coucheur  commence   à   placer  les 

tfcs  ,  pour  rctivcrfcr  delTus  les  feuilles  de  pa- 

ptCTt  Ccit  fur  ce  même  trapan    que  ta  porfe  6nie 

eft  irarïl'ptirtée  fous  la  pretlV.  Avant  de  defcendre 

le  banr  de  prefTc  «  on  garnit  la  partie  fupérieure 

de  cette  pofie  de  t râpa  s  qu'on  appelle  mi/es.  Ceû 

«uiTi  fur  un  trapan  que  le  leycur   place  les  feuil- 

Ws  de  papier,  lurfqud  lève  ai  felle  plate ,  ou  qu*il 


p  A  P 


591 


[cpat! 
ifeuri 


met  les  porfes  blanches  lorfqu^il  lève  à  felte  In- 
clinée. 

Enfin  ,  on  met  de  forts  trapms  deffo^s  8c  deiïtis 
les  porfes  blanches  ,  lorfqu  on  les  place  fous  la 
preffe.  lî  faut  que  fur  un  Ctmblabie  trapan  le 
gouverneur  do  m;>utin  porte  à  Téfendoir  les  pt.r- 
i^s  pour  les  mttire  en  psge*.  Lorfqu'on  exécute 
les  opérations  de  réchange  d^ns  une  fabrique»  il 
eft  bien  effentiel  qu'elle  foit  meublée  en  t-apans 
ou  ploiesux  ,  tant  pour  les  relev^^es  que  pour  les 
prefTages  ;  car  on  doit  avoir  pour  principe  de  ne 
manier  aucune  porfe  fans  le  fecours  des  plateaux 
ou  trapans.  En  tranfportmt  les  porfes  à  nu  fur 
la  tète  ,  on  court  rifquc  d*occafionncr  des  fronces 
ou  des  caiTés  ,  ou  cnun  d*cn  écrafer  les  bordures. 

On  doit  pareillement  fe  fervir  de  irtipans  pour 
tranfporter  les  mouillées  à  réteadoir ,  &  pour  les 
placer  fur  la  felle. 

Eifin  »  fi  i^on  veutaiTurerlc  fuccès  des  apprêts  que 
le  papier  doit  recevoir  à  la  fa!!e  ,  il  efl  utile  d'a- 
voir un  grand  nombre  de  trapans  oik  plateaux  plus 
ou  moins  épais,  plus  ou  moins  forts;  Us  fervent  à 
prefferavec  plus  d'effet  les  p^^piiTS ,  qu'rfnprcffc  fou- 
vent  fans  fuccès  ,  parce  qu'on  les  arrange  par  piles 
élevées  fans  Tinte rpofit ion  d*aucun  irapan,  C'eft 
faute  de  cts  traparu ,  dont  les  Hollandois  font  un 
ufage  fi  utile  .  que  nos  prcfles  de  faile  ,  quelque 
fortes  quVJ les  foient,non*feuîement  ne  donnent  pas 
un  bel  apprêt  aux  papiers  ,  mais  même  ne  détrui* 
fent  pas  les  moindres  plis  qui  relient  fur  les  feuilles. 

Il  eft  biçn  elTentiel  que  les  trapans,  qui  font 
Toffice  de plateauit ,  foient  formés  d'une  feule  plan- 
che ,  &  fans  aucun  alT(;:m!jlagc  ;  car  la  ligne  des 
languettes  s'entrouVrant  par  le  fer  vice  ,  occa- 
fioiine  plufieurs  faux  plis  aux  porfes  qu*oii  met 
dcffus. 

Les  plateaux  ou  trapms  légers ,  fjîts  de  bols  de 
rapici ,  foQt  de  bon  ufage  »  maïs  les  plateau i  un  peu 
(ons  doiv<?nt  être  de  bots  de  chêne. 

Triage  du  chjfim  ;  opération  qui  confiile  à 
féparer  le  chitTon  en  différens  lots  »  fuivant  la  fi- 
nelTe  &  la  blancheur  des  toiles  ,  &  particulière 
ment  fuivant  qu'elles  font  plus  ou  moins  ufées, 
6i  d'une  trituration  plus  ou  moins  facile.  On  doit 
mettre  à  part  en  même  temps  tout  fil^  coudre,  & 
«détacher  toutes  les  coutures  :  enfin  ,  on  finit  par 
réduire  tous  les  chiffons  en  morceaux  d'un  petit 
volume.  Le  nombre  des  lots  de  ce  triage  varie 
fuivant  le  travail  des  papeteries  ,  b  quantité  &  La 
quotité  dws  chiffons*  Le  triage  ordinaire  en  fait 
trois  lots  :  celui  des  firis  ,  celui  des  moyens  ,  Si 
celui  di.s  buîls^  D'autres  fois  on  diftingue  Us  fu^ 
ptrjns  ,  Ax  fins  ^  Ls  mifnSy  les  moytfU ,  les  btiUeg 
g  ishUn  s ,  Us^kiàlUs  gris  ,  Us  traies  ^  Us  coutures  ^  Us 
maculaturs  iu  Us  déchets  groiTjer>  ,  pag.  4^4 ,  &c, 
.  Triage;  c^elt  le  quatrième  lot  des  papiers  dé* 
liffés  à  U  ûlle-  Voy  et  déllff^r. 

Trievses  \  femmes  occupées  ^  faire  la  fépara- 
tion  des  chiffons  par  lots  ^  comme  nous  venons 
de  l'indiquer  ci-devam«  au  motir;^^.  Je  crois  qu'il 


592 


P  A  P 


conviendrolt  de  laifler  le  mot  tr'uufes  pour  le  triage 
du  chiffon  ;  &  en  conféquence  confacrcr  cebi 
de  délijfcufes  pour  le  travail  de  la  falle.  On  èvite- 
roit  de  confondre  des  opérations ,  par  Tëquivoque 
des  termes  qui  indiquent  les  ouvrières  occupées 
de  ces  opérations. 

Tripes  ;  réfidu  de  la  cuite  de  la  colle.  On  ne 
tire  pas  ,  à  beaucoup  prés  «  toute  la  fubAance  col- 
lante qu*elles  pourroient  fournir.  On  peut  recon- 
noitre  qu'elles  en  font  totalement  épuifées ,  lorf- 
qu'elles  ne  fe  replient  plus  Cur  elles-mêmes  ,  & 
qu'elles  n'ont  pas  confervé  le  moindre  reflort. 

Trituration  du  chiffon  ;  elle  s'ébauche  dans 
les  piles  à  effilocher ,  pa g.  490  ^^491  ;  fo  conti- 
tinue  dans  les  piles  à  raffiner  ,  ib.d.  Moyens  de 
reconnoitre  fi  elle  elt  égale  &  complette,  ihid. 
Cette  trituration  doit  Te  faire  plutôt  par  des  ma- 
chines tranchantes  qui  coupent^  que  par  des  ma- 
chines émoufTées  qui  broient. 

TuRGOT  ;  (  papier  )  forte  qui  fe  fabrique 
en  Angoumois  ,  &  qui  porte  pour  enfeigne 
les  armes  de  Turgot.  don  format  eft  à-peu*prés 
celui  de  la  Telliére.  CeA  un  monument  de  la  re- 
connoiffance  des  fabricans  de  rAngoumois  pour 
ce  digne  minifire. 

Vanante  ;  (  pâte  )  eft  la  pâte  de  baffe  qualité. 
CeA  celle  qui  réfulte  de  la  trituration  des  chiffons 
qui  font  dans  les  derniers  lots.  Au  refie ,  ce  mot 
n'eft  plus  guère  en  ufage ,  non  plus  que  groskon , 
qui  lui  eft  fynonyme. 

Vanant  ;  (  papier  )  forte  fiibriquée  avec  les 
fixes  vanantes. 

VcRjURE  ;  toile  formée  de  fils  de  laiton  pa- 
ndléles ,  &  qui  fert  à  garnir  les  formes  avec  lef- 


p  a  p 

miellés  on  fabrique  le  papier.  Oa  fuit  plafien 
fyflémes  dans  la  difpofition  des  fils  de  laiton  ,  < 
dans  la  proportion  du  calibre  de  ces  fils  mvec  k 
vides  ou  intervalles  qu'on  réferve   entr^-eux 

Eag.  499.  Influence  de  cette  dii'pofitioo  fur  la  qit: 
ce  des  papiers  ,    relativement  â   l'épaiffeur  de 
feuilles  »  à  la  groiicur  du  grain  ,  &c.  Ihid. 

Les  verjures  (ont  fujettes  à  fe  déranger  &  à  pa 
dre  leur  parai iélifme. 

Pour  lors  deux  brins  de  la  toile  fe  rapprocheotA 
fecollent  enfcmble.Cet  accidenr^iffez  commun  Sm 
les  vieilles  formes  fur-tout  i  produit  d'aÛez  graofa 
irrégularités  d^ins  le  giain  des  papiers  qu'on  fat» 
que  avec  les  formes  dont  les  virjures  font  wÊt 
dérangées.  Les  intervalles  entre  les  brins  dt  k 
toile  9  devenus  plus  grand»  par  leur  rapprocfe 
ment ,  groffiffent  le  grain  dans  ces  parties.  Lb 
deux  fils  de  la  ver  jure  rapprochés  appauvriffent  fèi 
toffe  dans  d'autres  :  ceci   eft  vifible  à  la  fuiflMB 
des  feuilles  dv:  papier  ;  &  lorfqu*on  les  reprfp 
contre  le  jour ,  on  voit  des  ombres  fenfiMes  à  \ 
alongées ,  qui  marquent  la  trace  des  baoeiis 
épaifles  de  la  pâte  qui  s'eft  infinuèe  dans  ks  Hp 
des  élargis,  &  à  côté«  des  jours  aufi  aloii|ii| 
formés  par    les    verjures    rapprochées.   Le  ki 
moyen  d'évitef  ces  dé&uts ,  leroit  de  ne  pas  te 
recuire  les  fils  de  laiton  de  la  verjure,  &dc  ior 
laiffer  la  confiftance  que  peut  leur  donner  Fé* 
crouiffage  de  la  filière.  C'eft  la  pratique  des  Hok 
landois ,  comme  je  l'expliquerai  ailleurs. 

'  ViREUR.  On  appelle  ainfi  en  Angomnois  F» 
prenti  de  la  cuve  qui  lève  les  feutres,  ft  Ml 
le  leyeur;.v/Wr,  fignifiant /^icm^r.  FirtMrétbt 
très ,  eft  celui  oui  retourne  les  feutres  ,  povki 
mettre  fur  la  mule. 


Par  M.  Desmarest  y  Inspecteur-gênéral  des  Manufactures ,  1788, 


QUELQUES 


VA? 


T  A  P 


59T^ 


ÏELQUES  PROCÉDÉS  NOUVEAUX 

CONCERNANT    LE    PAPIER. 


rîv;mt/*J/f/i<  Marhrturde  pdfter-Domlnô* 
tiv  de  ce  Diâionaaire ,  pd^c  584  &  fuiv. 
is  r?ppnrt6  les  p.océdès  pour  faire  k  pa- 
^  ûTgmtè  ,  le  papitr  peint  ,  le  papier  de 
i  ,  le  papier  brilla/a  À  fieun  6*  <t  A  ^^^  t 
tsrbré^  ie papier  tn  mofaîque ,  \tpapi*rtùn* 
me. 

pcore  quelques  autres petîts  procédés  con- 

I  papier,  que  Ton  rrouvc  dans  les  ouvrages 
Et  ilci  f;^r<iis  des  arts  ,  &  que  nous  avons 
r  rap.>roi  her  &  réunir  à  la  fuite  de  la  dcf- 
^e  M,  De^'marets  vient  de  donner  de 
>riquer  le  papier. 

mdéjf^ur  empi^kitr  le  papier  de  hnre, 

II  qu^une  des  préparations  du  papier  efl 

pr  ,  afin  de  tut  donner  la  confiâaoce  né- 
Qur  contenir  Teiïcre  »  faos  que  rbuaiidità 
?• 

i  ^  »e  papier  ma!  collé  eft  fujet  à  boîre  ou 
rhirmîdité  ;  mais  ron  remédie  à  cet  in- 
it  »  qui  nuit  beaucoup  k  L'écriture  »  par  le 
[utvanc 

fondre  un  ntorctaïs  d'alun  de  roclie , 
le  La  grofleur  d'une  noiv ,  dam  un  yçtr^ 
e  ,  Ôc  à  proporricn  ,  fuivant  U  quantité 
qu  on  veut  préparer* 

eôe  le  papier  de  cette  eau  aîunêe  avec 
ige  fine  ,  6t  on  le  laifiTc  fécher.  Ccft  de 
iîère  que  les  pfpeiiers  de  Paris  préparent 

à  deiTiUf  appelés  papcrs  Uvês, 

qui  a  fervi  à  fimpreffion  cil  fujet  \  boîre, 
quM  c(l  moins  collé  qiie  cdui  dcftiné 
kre,  fuit  'Muflî  p^rcc  qu*îl  a  ptrdu  de  la  colle 
-pATit  avant  d'imprimer,  ou  qu'ila  retenu 
*huftiidiié. 

riqu'oo  veut  écrire  fur  ce  papier  d*îm- 
ou  fur  un  autre  papier  qui  eft  trop  frais, 
~[oudre  un  peu  de  gomme  dans  rencre 


PdpUr  verni  pour  Cécrhuri, 

ionner  a  ce  papkr  un  vernis  brillant  qui 
C  à.  I*écriiurc  ,  on  prend,  dw  beau  papier . 
Méêiers.  Tome  m- m.  IL 


-  ordinaire,  bien  net,  bien  uni,  fans  taches  fins  fiUrr- 
dres.On  étend  les  rcinlles  fur  un  ais  l>i«n  nci;  >  après 
avoir  mis  dans  ujîe  terrine  du  vernis  battu  ,  cVfl-à* 
dire  »  du  faodaraque  réduic  en  poudre  ,  oa  en 
frotte  ces  feuilles  avec  une  patte  de  Uévre. 

Enfuite^fi  l'on  veut  préparer  une  rxmede  pa- 
pier ,  on  met  fur  (ix  pintes  d'eau  huit  onces  d  a-^ 
lun  de  roche  &  «ne  once  de  fucr#  candî  bUnc* 

Apres  avoir  donné  un  bouîUon  ,  on-rrtire  cette 
liqueur  de  deiïus  le  feu  ;  ^  torfque  Teau  eA  tiède  ^ 
on  en  lave  les  feuilles  avec  une  éponge  fine,  du 
côté  que  te  papier  a  été  vermiTé ,  &  Ton  pofe  ces 
feuilles  les  unes  fur  )es  autres. 

Quand  toute  La  rame  eft  lavée ,  on  la  met  en 
prefîe  Tefpace  d'un  demi  jour  ;  on  fctend  fur  des 
cordes  ,  feuille  à  feuille»  atinqu*elles  sédicnt  ;  on 
les  met  cnfuite  ^n  prefle  quelques  jours  pour 
pouvoir  les  bien  étendre  ,  &  on  les  donne  à 
battre  au  relieur. 

Ce  papier  n'ell  bon  à  employer  qtse  trois  Ott 
quatre  mois  après  qu'on  Ta  préparée 

Papur  préparé  pour  deffifier. 

Les  Peintres  préparent  du  papier  far  lequel  ii$ 
deifinem  ,  &  lui  donnent  un  tond  4»fnbré  qut  leur 
épargne  beaucoup  de  crayon  dans  les  endroiti 
ou  les  ombres  font  néceffaires. 

Pour  cet  effet  ,  ils  prennent  du  papier  Wanc^ 
fur  lequel  ils  paiîcnt  une  éponge  imbibée  d  eau 
de  fuie,  le  biffent  Pécher,  &  d^ffmcnt  deilits  : 

tils  forment  les  clairs  avec  de  la  chaux  blanclie. 
Ils  prennent  auifi  pour  deffmer  une  efpèce  de 
papier  que  Ton  appelle  pdpier  tJmé^ 

C*ett  du  papier  fur  lequel  on  a  paffé  une  cou- 
leur légère  pour  en  ôter  Tàcrcté  du  blanc  ,à  l'effet 
de  rehaulTerce  deffin  avec  du  blanc  dans  les  par- 
lies  qui, étant  fuppofées  le  plus  en  avant ,  doivent 
recevoir  toute  la  lumière. 

Cette  méthode  (ga  paioitrc  les  abjets  plus  ei 
reUef  &  plus  lumineui* 

Papier  itffofe  p9uf  e^atrulrer  un  -dejfin» 

La  méthode  li  plus  fréquente  &  la  plus  com- 
mode pour  contretirerun  deffin  »  e(l  de  fefcrvtf. 
d*un  papier  huilé. 

Une  perfonue  qui  ne  fait  nulle  rcgîc  de  dét- 
ail t  ou  qui  fc  trouve  preffée  pour  te  moment. 

f  fff 


594 


P  AP 


Tient  à  bout  de  tirer  une  copie  très-précifômcnt 
èctrès-promptement  par  le  procédé  fuivant. 

La  tnaniêre  de  préparer  le  papier  à  cet  effet  * 
confifte  à  prendre  du  papiei  bien  mince  &  bien 
uni ,  connu  fous  le  nom  de  papier  Serpthtt ,  à 
Timbibcf  d'une  cainpaTitioa  faite  de  deux  parties 
d'huile  de  noix  »  fur  une  partie  d'huile  de  téré- 
benthîne  #  qu'on  a  eu  foin  de  bien  mêler  en* 
fembte. 

L'on  étendra  fur  une  table  bien  unie ,  reco«« 
▼erte  d*un  cartoft  deAine  à  cet  ufage ,  une  feuille 
de  papier,  fjr  laquelle  on  mettra  deux  feuilles  de 
celui  qu'on  veut  préparer. 

Sur  toute  Tétendue  d'une  de  ces  feuilles,  on 
pafl'era  une  couche  d'builc  proprement  avec 
une  éponge  6ne  :  comme  cette  huile  pénétre,  elle 
«A  fuffUante  pour  les  deux  feuilles. 

On  peut  concîmier  aiofi ,  &  pofer  enfuite  fur 
letoutun  carton  très-fort ,  que  Ton  aura  foin,  de 
charger  pour  mettre  le  tout  en  preffe  pendant 
quelques  jours. 

On  les  retire  !orfqu*on  juge  que  le  tout  eft  fec , 
ce  qui  arriye  en  peu  de  Jours  ^  parce  que  ces  deux 
huiles  font  fort  tleinccativcs. 

Ce  papier  étant  ainft  préparé  ,  fert  à  contretîrer 
très  prompte  ment  &  irés-correûement  toutes  for- 
tes de  âgures  &  de. plans*  parce  qu'étant  très* 
tranfparent ,  on  aperçoit  tous  les  traits  du  deflin  , 
fie  qu'on  peut  les  copier  (acilemeut  avec  la  plus 
|rand<  exaâitude* 

Papier  IncomhuJlihU* 

On  prépare  une  efpéce  de  papier  qui  ne  prend 
feu  que  trés-difficiiemcnt ,  &  qui  eft  trés-proprc  , 
par  conrèquenr,à  envelopper  des  matières  qui  pren- 
nent feu  à  la  moindre  étincelle;  telle  eA  h  pou* 
dte  à  tirer:  on  peut  encore  fe  fervir  de  ce  pafïîer 
inconîbuAible  ou  difHcile  à  brûler  ,  pour  renfer- 
mer des  effets  précieux  ^  comme  des  contrats,  des 
bUlets  de  caiffe  ÈSt  autres. 

La  manière  dont  oii  apprête  ce  papier  eft  très- 
fimple.  Il  ne  s'agit  que  de  faire  diïïbudre  de  l'alun 
avec  trois  parties  d'eau  ,  de  paffer  du  papier  or- 
dinaire deux  fois  dans  cette  eau  bouillante  char* 
Î[ée  de  ce.  fel ,  &l  de  le  faire  cnfuitc  fécher,  Ce 
elj  qui  n'ell  point  inflammable,  en  recouvrant  toute 
U  furface  du  papier  ;,  k  rend  eB'iquclqtie  forte 
încombuftible.  »it.^»^    ;  .  / 

Il  euLfte  réellement  un  papier  încombuflible  qu'on 
fait  avec  de  l'amiante  >^  cipécçdefubftancétoflîic 
qu'on  trouve  en  divers  pays  ,  dans  Icsr.entrailjes 
4e  la  terre*  Ce  papier  feroit  fins  ilonite  btile  pour 
tous  les  a£les  publics  &  particuliers  ,  d*oii  dépend 
la  fortune  des  citoyens  ;  mais  il  faudroit  au(B 
trouver  i;ne  encre  qui  pûtr  riiîiter  aux  ûanuues 
iam  en^tre  détruitct  ,  av  ,  £**- 


F  A  P 

Pour  faire  le  papier  d'amiante  ou  d*asbeffe  ;  OB 
le  broie  &  on  le  pile  ,  pour  ramener  à  Técat 
d'une  matière  cotonneufe.  Les  parties  qu'il  comieat 
étant  broyées,  paiTent  à  travers  le  tamis  ,  &  il  oe 
re()e  que  Tasbefie  :  enfniie  on  en  fait  une  pâte, 
&  on  le  travaille  cmme  le  papier  ordinaire  ;  nuis 
jufqu'à  préfent  ce  papier  eft  gris  &  caffant  :  on  pour* 
roit  peut-être  parvenir  à  le  perfcâionner. 

Moyen  de  rendre  hlanc  U  papier  împrimL 

M.  Claproth ,  profeffeur  de  droit  en  runlverCtl 
de  Gottîngue  ,  a  trouvé  le  moyen  de  rendre 
blanc  le  papier  imprimé  ,  de  manière  qu  on  peut 
le  faire  réimprimer  plulieurs  fois  ,  fans  qu*U  y  reJle 
aucune  trace  des  impreïTions  précédentes  ;  La  mè* 
thode  qu'il  fuit  eft  très  facile  &  peu  difpendieulê. 

II  fuffit  de  remettre  au  pilon  le  papier  imprimi» 
é\n  féparer  la  couleur  de  l'imprcifion  ,au  n 
de  l'eau  &  de  la  terre  à  foulon  ,  &  de  f. 
nouveau  papier    avec  U    paie  qui  eft  devcaue 
blanche. 

L'inventeur  affure  qu'il  n'a  employé  qtie  U  n* 
leur  de  deux  gros  de  cette  terre  pour  reblanchir 
pîufteurs  r^mes  de  papier  imprimé-  Il  a  feif  rc» 
mettre  à  l'Académie  Royale  des  Stfences  &  bel- 
les-lettres de  Berlin  ,  du  papier  reblanchi  après 
avoir  été  imprimé  ,  &  du  papier  réimprimé  après 
avoir  été  reblanchi  fuivant  la  méthode  qui  viem 
d  être  décrite. 

Moyen  d'enUver  tencre  àe  Jejfus  U  fMfîtfn 

Si  c'eft  îa  faifon  du  verjus ,  ou  <«  frottera  b 
tache  tout  de  fuite,  en  y  mêlant  un  peu  d'eau  » 
tandis  que  l'encre  eft  fraîche  ,  ôt  elle  s'cnlcvcnw 
Au  défaut  de  verjus  ,  on  peut  fe  fervir  plus  fore- 
Tifent  du  fel  de  verjus  diiTout  dans  de  Teau*  Oo 
emploie  auftî  lofeilie  ,  mais  elle  o'eft  pas  aii& 
bonne.  ' 


Ou  prenez  de  Teaii  claire*,  ^aos  iaquellc 
aurez  fait  dinbudrc  du  fel  decuifiaeenégalequa»? 
ti:é  à  Icau  ,  &  fronei-en  la  lache, 

Eniin ,  fi  la  ta^he  eft^èchc  ,  &  que  >es  acUbf 
nommés  ct-deiTusi  ne  puillent  pas  Tcnlever»  ferves* 
vous  d'eau-forte^  que  vous  aurez  afibiblle  avec  d» 
l'eau  commune  \  vous  retendrez  avec  U  barbe 
d'une  plume  ou  un  pinceau  fur  ^  lachc^  qiufi^ 
délayera  &  difparotua  aulU-tot* 

■   ■    '  '  '  '• 

♦  Mi>y^  d:çur  ks  uches  d'kmli  de  ieffus  U  pâfifii 

Vous  brûlerez  des  os  de  brebis  »  &  iro<u«  to 

pulvenferez  ;*  vous  firôtteiea  de  cette  poudre  U 

tache  des  deux  côtésdu  papier  :  enfuiir  -  ^' 

I  trex  l'eftampe^  ou  papier  tacfié  entre  i\ 

d^- papier  blaiiç^ca  preffe  ^  YOU^  les  Ualc£<^^^« 


jâce  dVne  ouït  ;  &  la  uche  $*en  îm  ;  fi  elle  pi^  ^ 
roiffoît    encore  un  peu ,  on  rccommcnceroit  les 
JiaêiDes  .procédés. 

êiatdirc  de  faïn  pnndre  ta  couleur  fur  U  papier 


r 


On  prend  un  peu  de  fiel  de  carpe  ou  de  bro* 
<tiet ,  on  le  mêle  avec  la  couleur  ;  &  comme  ces 
liibftances  font  de  nature  favoaneufe,  elles  dif- 
folvcnt  les  matières  graffcs  dû  papier  j  &  don* 
nent  Heu  à  la  couleur  «le  s^étendre  &  de  s'ap- 
pliquer* 


Papier  à  dkouUUr» 


^^Hllii  a  imaginé  de  préparer  du  papier  qui  eft 

^T«-commode  pour  dérouiller  te  fer  ;  il  fe  fait  en 

imprégnant  d'une  eau  gommée  eu  de  quelque  au-- 

trc   fubiiance  tenace  du   gros  papier  ,   que  l'on 

Mupoudre  enfuite  avec  de  1  cmeril  an  &  du  grjs 

Ipulvarifé. 
Ce  papier  détache  ,  par  le  frottenrent  «  les  parti- 
cales  Fouillées   ou  privées  de  phlogîftique ,  dé^ 
polies  fur  le  fer  ,  qui ,  dans  ces  circonftaaces  ,  D*eft 
altéré  &  décompofé  qu  a  (a  furface. 

Papier  prépare  p<mr  imprimer  aujp.  via  fu*m  km. 
Méthode  de  M^frmklin, 


M.  V Abbé  Rochon  dit  dans  fes  Mémoires:  Sans 
M*  Franklin,  je  ne  me  ferois  peut- être  jamais  occupé 
ée  Tart  de  b  gravure  j  mais  cet  homme  célèbre 
piqua  ma  curiouté  en  me  montrant  des  eifaîs  qu'il 
aiToit  faits  en  Amérique»  pour  imprimer aujp vite ^ue 
ton  écrit. 

Le  moyen  qu*il  paroît  avoir  employé,  confifle 
à  écrire  fur  du  papier  avec  de  l'encre  gommée. 

n  faupoudre  fon  écriture  avec  du  fablon  ou  de 
1&  pouiiiire  de  fer  fondu  ,  tamifée  8c  pulvérifée, 
qui!  enferme  entre  deux  planches. 

L'une  de  ces  planches  ,  deftinée  à  recevoir  la 
gravure  «  doit  être  de  bois  ou  de  métal  tendre  ,  tel 
que  rétatn  ou  le  cuivre  ;  l'autre  plaque  peut  être 
de  pierre  dure  ou  de  fer  :  toutes  deux  >  foumifes 
h  raÔion  d'une  prefle ,  forceront  l'écriture  de  s'in- 
crufïer  dans  ce  métal  tendre. 

L'on  aura  donc  la  contre-épreuve  de  fon  écri* 
fure  fur  la  planche  de  bois  ou  de  métal  »  &  cette 
planche  fervira  ,  en  employant  la  méthode  ufitée 
par  les  graveurs ,  à  donner  autant  d'exemplaires 
que  la  profondeur  de  la  gravure  le  permettra  ;  car 
on  fait  qu'elle  s'ufe  au  tirage  ,  &  qu'elle  ne  peut 
jamais  être  bien  profonde. 

Si  ceue  séihodc  remplit  Tobjet  principal  qu'on 


A  P 

fe  pf  opofe  ;  c*eft-à-dire  «  la  célérité  dans  TevécuJ 
tion..  Ton  eft  forcé  de  ÇQnvcnir,gu*elJ<^piéfç;j^ 
des  copies^  bien  défagréablet^  à  k  vue.  J-'at  eu  re 
cours  à  un  moyen  qui  n'a  pas  le  même  inconvé- 
nient. 

Méthode  de  M*  TAIfbé  Rackon* 

récris  ,  dit  M,  l'abbé  Rochon  ,  fur  une  planche 
de  cuivre  rouge  verniffée  félon  la  méthode  des 
graveurs  :  ce  vei^is ,  à  laide  d'une  pointe  d acier  » 
s'enlève  très-facilement ,  &  Ton  peut  écrire  avec 
une  pointe  fur  une  planche  verniffée ,  aufE  vite 
qu*on  écrit  fur  le  papier  avec  de  Tcncrc  &  une 
plume. 

On  couvre  enfuite  la  planche  d'eau*forte  un  peu 
affoiblie  ;  on  laiffe  l'eau* forte  mordre  le  temps 
néccffalre  pour  incrufter  les  lettres  aufli  profondé- 
ment qu'on  en  a  befoin  ;  cette  planche  eft  alors 
gravée  ,  &  on  tire  ,  par  le  moyen  de  la  preffe  à 
rouleau»  autant  de  copies  ou  d'épreuves  qu'on  en 
peut  fouhaiter. 

Toutes  ces  copies  ou  épreuves  font  furie  papier 
à  contre-fens  ,  de  manière  qu'elles  deviennent  par- 
là  inutiles  ;  mais  rien  n'eft  plus  facile  que  de  les 
avoir  dans  le  fens  qu'on  déftrc  :  par  exemple,  je 
lire  dbuse  copies  ,  &  tandis  que  lencre  eft  encore 
fraîche ,  Je  mets  deffus  autant  de  feuilles  de  papier 
blanc,  mouillées  &  préparées,  que  je  difpofe  en  tas» 
de  forte  que  chaque  feuille  de  papier  blanc  fépare 
alternativement  les  copies  ;  alors  d'un  feul  coup 
de  preffe  j'obtiens  doute  contre-épreuves  ,  qui 
font  très-propres  Se  très-lifibles,  quand  même  la 
planche  n'auroit  pas  été  bien  effuyée  ,  pourvu 
toutefois  que  la  gravure  fott  affez  profonde  pour 
fournir  à  la  copie  un  tel  degré  de  noir  qu'elle 
donne  de  bonnes  contre-épreuves. 

Cette  métfaede  n'éciuîvaudra  jamais  fans  doute 
à  la  gravure  ,  mais  elle  peut  être  d'une  grande 
milité  dans  les  armées  de  terre  &  de  mer  ,  &  dans 
tous  les  cas  oii  il  s'agit  de  multiplier  promptemeot 
les  copies. 

Lerédaâeur  de  la  Bibliothêque-phyfico-économi- 
que  obferve  qu'on  lircroit  également  des  copies  de 
pîufieurs  manières  ;  d'abordjcn  fefervant  des  preffe» 
de  relieur  ou  autres  ,  enforte  que  les  copies  fraî- 
ches &  le  papier  bîanc  moite  entremêlés ,  fe  trou- 
vant entre  deux  marbres  ou  deux  als  de  bois  dur  8c 
bien  uni ,  puiffent  éprouver  une  grande  preffion. 

En  fécond  lieu^  au  défaut  de  preffes,  en  char- 
geant d'un  très*  grand  poids  le  papier  qui  feroif 
également  entre  deux  ais  ;  ou  enfin  en  déchaf* 
géant  deffus  un  ou  plufieurs  coups  fubits  d'ua 
lourd  maneau  ou  d'un  corps  pefant*  Mais  #  à  U 
vérité ,  dans  tous  ces  oti  «  les  copies  feroteac 
foibles* 


Ffffs 


PAPILLONS. 

(  Art   concernant  les  ) 


XjCS  ?ÀPtUûKS ,  par  Vèctat  &  la  dlverfuè  de 
leurs  couleurs  ,  cschcnt  Fattentîon  &  radmîraiîon 
des  curieux  ,  &  des  amateurs  de  rKiftoire  natu- 
relle. On  dèfire  dans  cette  vue  de  fixer  ces  êtres 
Il  volages  f  &  ro;i  aime  à  faire  des  lableaux  de 
leurs  ailes  brillantes  »  ou  du*  moins  dé  les  pofer 
pour  modèfts  ,  pour  en  tirer  des  peintures  &  des 
devins  fidèles. 

Tels  font  les  rapports  fous  lefqiiels  nous  alloos 
ef({iii0er  Tart  conceroant  les  papitk  ns, 

Chaffe  aux  papiihns. 

Il  eft  difficile  de  faifir  le  papillon  dans  fon  vol 
ÎRcertatn  ,  &  la  main  qui  rîfquerott  de  le  prendre» 
e&ceroit  ea  mènre-temps  cette  ponlTiére  colorée 
^ut  fait  la  richeffe  de  fes  ailes,  il  faut  donc  trou- 
ver un  moyen  de  T-irréter  fans  l'endommager. 

liôs  Aileraand^«  qui  fe  font  particulièrement  ap- 
pliqués à  la  defcrîption  &  à  la  reprèftnration 
des  papH Ions,  ont  imaginé  de  faire  (crvir  à  leur 
ch'jffj  de  pandes  raquettes  circulaires,  avec  un 
fil  de  fer  d\ine  certaine  groffeur  ^  &  couvertes 
d'une  toile  aiTez  mince. 

Le  manche,  formé  par  la  continu- té  du  fil  de  fer, 
peut  avoir  deux  pieds  de  bng.  Le  ch.iiÎLrur  qui  eft 
ordinairement  un  enfant ,  tient  de  chaque  main 
une  de  ces  longues  raquettes  ,  &  prend  au  vol 
le  pa^  llloB  qu'i'  poiirfuit. 

Au  lien  de  raquettes»  on  parvient  auflî  à  prendre 
le  p^pîlW  au  vol  ,  en  fe  lerv.mt  d\in  filet  duo 

Eetu  léfeau  de  foii^  ou  g^z^   de   huit  pouces  de 
irgc  ,  moniéfur  un  fil  dWchal  cmmaoché  d'un 
bâton  léger» 

On  prend  légèremest  Tinftfle  »  et  ontuîcom- 

fiTHBie  du  bout  des  doigts  le  corfcler  ;  ^nfu^ie  on 
e  pcTCC  d'une  épingle  ,  &  on  le  lalSe  mourir  & 
ëefféc^ïcr  en  le  fix.iut  fur  un  carton  ;  ou  Ct  on  yeui 
le  confcr^cr  en  vie  »on  le  place  fur  utre  plan^.hc  , 
dans  laiiuclte  on  a  pratiqué  une  cavité  ca  >able 
de  recevoir  fon  corps  ,  St  Ton  étend  fes  ailes  du 
fhiem  quM  «A  pofljble. 

Comme  il  eft  nécenfaîre  qu'elles  reftent  bien  dé- 
veloppèes  i    «n  applique  deflus  un  fil  d'arcbalj 


3 lie  Ton  retient  par  les  deux  bouts  avec  tut  pe» 
e  cire. 

l'infeâe  ainft  arrêté,  ne  peut  pins  s*agvfer,  k 
laî(Te  au  naturalise  ou  à  Tarrifte  le  temps  d«  k 
peindre  avec  toute  )a  variété  de  fes  coideurs. 

Les  ailes  du  papillon ,  qui  font  loufours  au  noa* 
bre  de  quatre  ,  lui  conflitueni  un  genre  particu- 
lier parmi  les  înfedes  ailés  «  en  ce  qu'elles  ne  faut 
point  couvertes  d'étuis  ,  mais  feuieisent  d*t<np 
pouOiére  farineufe  »  opaque» qui  s'attache  facil^ 
ment  aux  doigts  imprude^u  qui  les  touchent. 

Cette  prétendue  pouffiérei  confidétéc  au  mic^ofr 
cope,  eft  un  affembîage  trèî^réguUer  &  ofpslft 
de  petites  écailles  colorées  ,  taillées  fuf  dt&ftoi 
modèles  ,  couchées  &  implantées  fur  un  t  ' 
gaze  ,  folide ,  transparente  8c  à  rainure ,  çuo 
trémement  fine&  légère*  C'efi  la  duietéSt  lepou 
de  ces  petites  écailles  qui  les  rendent  fi  brilr 
jantes. 

Le  de(Tus  &  le  deflbus  des  ailes  en  font  égale* 
ment  garnis. 

Il  y  a  une  efpéce  de  papillons  qui  porte  in 
ailes  vitTies  ,  ainfi  nommées ,  parce  que  n'étant  pif 
entièrement  couvertes  d'écaillés  »  les  p;inies  qui 
en  font  dégarnies  feinblent  autant  devkrcs* 

Une  autre  efpéce  de  petit  papillon  »  provenant 
d'une  ttiene  qui  vit  dans  Tépiiifftur  des  fetiilîa 
d'orme  &  de  pommier  ,  porte  des  ailes  qui  pit* 
fentent  au  microfcope  tout  ce  qu'on  peut  im  gi* 
ner  de  plus  riche  en  or ,  en  argent ,  en  aturîccû 
nacre. 

Ferais  pour  Tthaujpr  les  couleurs  du  ailiS^du  ^ 

papillons^ 

On  trouve  dans  un  ouvrage  ItsKcn  îc  nrf^cèii 
pour  la  compofition  de  ce  vernît. 

Prenez  une  certaine  quantité  ne  vcniis  ortii- 
naire  à  refprit*de-vin, 

Ajoiit^z-y  une  double  dofc  du  même  efpTit,ll 
plus  rcAifié  qu'il  foît  pofTible  ,  ^fin  de  le  rt^^^ 
plu<;  fiuide,  èi  qu'il  ne  sèche  pas  auflt  faci' 

Fates-le  chauffer  prefque  ]ufqu*i  ébuiuuvi., 
pour  en  augmenter  la  nuidicé. 


P  AP 

ke  trempcz-y  les  foies  de  la  ver gctte  ;  tio- 
U  cfl  encore  chaud,  8cafpcrgez-en  les  pa- 
de  U  manière  prefcritc  par  M»  Loriot  ; 
Taveas  rapportée  à  Tarticle  Paftet  )« 
nd  la  première  afperfion  fera  fèchc,  ajou- 
fucceflivement  une  féconde ,  puis  une  troi- 

ic  jufqu'à  ce  que  la  turface  des  ailes  des 
^  foit  brilUnte  &  entièrement  filée, 
rant  cette  méthode  ,  dit  fauteur  Italien  , 
parvenu  à  donner  aux  ailes  des  papillons 
Il  vernis  qyi  les  rend  plus  folides ,  &  j'ofe 
plus  mcmbrancufes  ^  fans  que  leur  coulctir 
iltèrèe  en  un  fcul  point. 
remis  ,  pourvu  qu'il  foir  blanc  8t  bien 
ï^  ne  peut  que  leur  donner  plus  de  vivacité 

I 

tde  fixer  fur  UpJpier  Us  ailts  dts  papillons  , 
&  dt  Us  upnjtruer  au  uaturtL 

iRioanaire  de  Hnduilrle  rapporte  qu'un  curé 
tfovince  de  Brefle  ,  apercevant  un  papillon 
iir  on  baromètre  réc^-mment  verni*,  Tat* 
L  rinftaniavec  une  épingle  au  baromètre  , 
lifla  ainfi  pu^ndant  la  ouir. 
pndemaiq,  lorfqu  il  voulut  ô ter  Finfcéle  ,  il 
les  pctiies  plumes  qui  recouvrent  ta  furface 
:5  s*écoient  liaces  dans  le  vefuis ,  &  con- 
m  leur  arrange; ment  4Sc  leurs  couleurs.  L't- 
t  vint  de  Axer  ^linfi  les  ailes  du  papillon  , 
I  former  fur  des  feuilles  de  papier  des  col-* 
;  d*hifloire  nacurelle.  ^ 

ïbofe  lut  rèuiTit  ;  mais  il  reconnut  bientôt 
vernis  altéroît  un  peu  les  couleurs  du  pa- 
les jatïOïffolt ,  fit  ne  pouvoir  fixer  cciles 
\%  phalènes  ,  tels  que  !e  grand  paoa 
unateur  chercha  donc  une  liqueur  plus  coi- 
ï ,  &  en  compofa  une  donc  voici  la  re« 


P  A  P 


^9r 


i 


un  verre  d'eau  bien  claire  ;  farurez-la 
e  gomme  arabique  \  aJoutez-y  enfuite  de 
Mn  pur  ,  de  la  groffeur  d'une  ftvt  j  mettez 
j  fel  ordinaire  ,  mais  bîanc  6l  bien  mirifiè  , 

^que  ^  ous  vous  aperceviez  que  fa  gom 
is  de   brillant  quand  vous  rappliquez 
papier  ;    vlJez  ce  mélange  dans  une  petite 
u  la  pouifière  ne    puiflTe   pénèner  i  ayez 
rtout  que  cette  eau  foit  bien  tranfpareflte , 
tk  ne  dèpofe  pas. 
■liant  voici  la  manière  d'opérer* 
enezunï^pctite  ftuéltede  papier  de  Hollande, 
y  &£  paiTez  fortement  le  doîgt  fur  le  pli  ^ 
i;i  feuille  ^  &  pofcz-U  fur  une  maîa  de  pa* 
nmuu. 

Ms  aurez  foin  de  ne  p^s  altérer  les  ailes  » 
Kt  vos  papillons  avec  f  épÎQgle  dont  vous 
terea  au  travers  du  corfelet. 


Lorfque  vous  voudrez  opérer,  pt^nez  le  papillcfn 
avec  Tépingle  ;  coupez  avec  des  cifcauxfins  les  ailei 
très-près  du  corps  ;  pofez-les  fur  un  papier  prctpie» 
Si  le  corps  du  papillon  eQ  peu  volumineux  f  es 
foin  devient  inutile. 

3®,  Prenez  de  la  liqueur  dont  on  vient  de  parler 
avec  un  pinceau  de  cheveux  à  poils  courts  :  hu» 
meâtz  légèrement  les  deux  faces  oppofées  de  U 
feuille  du  papier  de  Hollande  que  vous  avez  pliée 
fit  dépliée.  Elle  doit  être  imbue  de  la  liqueur  de 
chaque  côté  oppofé  »  à  égale  diAance  du  pli  & 
4e  1  étendue  des  ailes  ouvertes  des  papillons. 

4».  Prenez  enfuite  une  des  ailes  fans  la  tou- 
cher avec  les  doigts  ,  mais  feulement  avec  un  pin- 
ceau légèrement  trempé  dans  la  même  liqueur  ^ 
&  avec  lequel  vous  faifitez  la  partie  de  l'aile  qui 
adhéroic  au  corps. 

Placez  de  cette  manière  une  des  grandes  aîles 
fur  rendroit  que  vous  venez  d'humeéler  ;  arrangez 
de  même  la  féconde  ,  avec  Tattention  de  laiuer 
entre  elles  ta  diftance  proportion  ne  tle  du  corps* 

Vous  placerez  de  b  même  façon  les  deux  petites 
dans  leur  pofuion  refpe^ive* 

j^.  Repliez  enfuite  b  feuille  fur  le  plî  que  vous 
avez  formé  ,  puis  appuyez  légèrement  la  paume 
de  la  main  iur  la  feuille  i  fans  cependant  la 
frapper, 

6'.  Après  avoir  mis  du  papier  ordinaire  fur  U 
feuille  de  papier  de  Hollande  pour  empêcher 
qu'elle  ne  glifle,  placez  le  tout  fur  une  main  de  pa* 
pier  ;  prefiez  alors  en  tout  fens  Tefpace  d'une  mi- 
nute *,  fcrvez' vouS|  fi  cela  vous  eA  plus  commode  » 
d  un  rouleau  de  bois  :  vous  ne  frapperez  jamais* 

j'*.  Ouvrez  la  feuille  ,  &  enlevez  avec  un  canif 
les  parties  membraneufes  des  ailes.  Si  vous  avez 
opéré  jtifte,  vous  trouverez  le  deiTus  &  le  deiTous 
du  papillon  repréfemés  dans  toute  leur  vérité 
&  au  naturel. 

8^  Il  faudra  enfuite  peindre  le  corps  ,  les  an- 
rennes  ,  la  bouche  &  les  jambes,  ce  qui  cft  très- 
facile  ,  puifqu'on  a  le  modèle  fous  les  yeux. 

Pour  cotte  dernière  opération ,  vous  vous  fer- 
virez  d*un  pinceau  de  cheveux  très  fins ,  &  vous 
aurez  une  petite  palette  d*ivoire,  pour  faire  Ïem6« 
Unge  des  coule^^rs. 

Voici  rênumération  de  celles  qui  doivent  y 
entrer:  t"^.  Terre  d  ombre  i  a'',  la  mcme  calcinée; 
3°.  ochre  ;  4  .ochrc  calciné;  5",  maificot;  6 '.bleu 
de  Prufle  ;  7*.  Il  que  fine  ;  8*.  vermillon  ;  j"".  encre 
l!c'  la  Chine  ;  lO*,  blanc  de  cérufe. 

Cts  couleurs,  employées  feules  ou  mélangées 
entre-elles  ,  donnent  toutes  les  teintes  néceffaires 
pour  exprimer  les  parties  du  corps  de  TanimaU 

U  eft  très- difficile  de  détaclier  les  plumes  dts 
^Ues  des  papillons  defféchés ,  &  encore  pHts  rare 
d  réuCir  parfaitemcm  1  s'ils  font  morts  depuîi 
long  temps» 


f9» 


PA^ 


On  objeAefa  peut-être  qa*ea  fiiifunt  cette  iiit« 
idère  de  procèder|  on  ne  voit  que  k^parde  inté- 
iiepre  de  la  pfanie ,  c'eA-l-dire,  le  cAté  <[ui  recou- 
re U  partie  membi^neufe  de  Taile.  Ueipérience 
fnivante  démontre  que  les  plumes  ont  les  mêmes 
couleurs»  la  même  vivacité,  les  mêmes  teintes» 
jtant  en  deflus  qu'en  deflbus. 

Paflèz  du  vernis  fur  une  feuille  de  papier  ;  ap- 
pliquez^y  une  des  ailes  préparées  fuivant  le  pro- 
cède décrit  ci-deflus ,  fit  qu'elle  foit  bien  (èche  ; 
pijîs  appu^e^  fortement  &  laiffez  fécher  le  tout» 


PAP 

Lorfqae  le  vêmis  fera,  iêc ,  monlftes  le 
,  immé^reaudélaverala  gomme  fit  le  papier, 
un  fie  Tautre  fe  détacheront  du  vemb  q 
tiendm^  les  plumes ,  parce  que  Teau  n'a  a 
aâion  fur  les  réfines  qui  le  compofent  ;  cl 
font  folubles  que  dans  les  efprits  arden». 

On  pourra  alors  juger  û  en  effet  la  coul 
la  plume  n'eft  pas  à  l'extérieur  la  même  q 
côté  de  la  membrane.  On  le  répète  »  le  verni 
me  le  plus  blanc»  altère  la  couleur  dca  plun 


5ÔL  eft  un  petit  meuble  portatif  ^  de- 
irand  ufagc  pour  fc  garantir  de  1  ar- 
iletl. 

ferture  ronde  eft  une  cfpèce  de  petit 
lève  au-deffus  d'un  bâton  que  Von  tient 

i  faire  des  parafais  en  papier ,  en  paille  > 
I  &  autres  matières  légères  i  mais  pour 
kiis  ,  qui  peuvent  fcrvir  auiTi  de  pa- 
ftcmploLC  le  cuir  ,  la  lolîe  cirée,  le  taf- 
Itres  toiles  compares  &  gommées,  fuf- 
Têtre  bien  tendues- 

»n  qui  fupponc  le  parapluie  ou  le  para- 
ne  feule  pièce  ;  cependant  il  peut  être 
k  fe  plier  au  moyen  d'une  charnière  ; 
cette  couverture  portative  par  le  moyen 
les  bfins  de  baleine,  ou  denls  de  cuivre 
qui  la  foutiennent. 

:ur  de  parafols  con»^*nce  par  préparer 
î,  qu*il  conftnjittou^^ d'une  pièce  ,  ou 
cde  trois,  lorfqu'il  veut  le  faire  pliant, 
cr  bâton  ,  qu'on  pciu  dreflcr  &  plier  à 
fc  divifc  en  trois  pièces  ,  qui  font  la  pot- 
nitieu  &  le  mât. 

née  I  ainfi  que  le  dèfignc  fon  nom  ,  eft 
jb  tient  ordinairement  à  la  main  lorf- 
^rt  du  parafoL 

tu  eft  la  partie  qui  fe  trouve  entre  la  pol- 
I  mât* 

^ft  la  pièce  d'en- haut ,  où  Ton  met  une 
livre  pour  attacher  les  baleines.  Il  eS  cou- 
me  plaque  de  cuivre  qui  fe  viffe-^,  &  au 
aquelle  il  y  a  un  anneau* 
c  par  une  économie  mal  t nrendue  ,  pnif- 
rcafionne  le  peu  de  durée  d'un  parafol , 
ne  met  point  la  noix  au  haut  do  mât  où 
:nt  les  baleines'-,  mais  qu*à  la  place  il  y 
ux  petite  anneaui  de  fer  diamétralement 
»  U  arrive  fouvent  que  ces  anneaux  , 
la  fonction  de  U  noix  ,  &  qui  n'en  ont 
iiditè  »  font  fujets  à  faire  caffcr  fréqucm- 
l  do  ter  qui  paflTe  dans  les  trous  des  ba- 
:  qui  tes  tient  aiTujetties  ait  haut  dtt  0am 
IjUii  du  parafol« 


Il  y  a  des  ouvriers  qui,  à  la  place  de  la  aoîi 
de  cuivre  ou  des  anneaux  de  fer,  (c  fervent  de  noir 
de  bois  ;  mab  comme  on  a  obfervé  quVlles  n'é* 
toient  pas  d'un  bon  ufage  ,  on  y  a  fubftituékf 
noix  de  cuivre  ,  dont  les  crd/ts  ou  fépararions  font 
faits  pour  que  les  baleines  foient  également  dif- 
lantes  les  unes  des  autres. 

Dans  les  bâtons  ou  manches  qui  font  tout  d'une 
pièce  t  on  ne  met  point  de  coulant ,  mats  feule« 
ment  une  petite  lame  d'acier  ou  de  fil  de  fer  pour 
tenir  les  baleines  étendues. 

Dans  le  bâton  qui  fe  plie  en  trois  •  il  y  a  deux 
coutans ,  ou  deux  grandes  viroles  de  cuivre  oui 
faifilTent  les  extrémités ,  favoir ,  la  première ,  celtes 
de  la  poignée  fupérieure  avec  Tinférieure  du  milieu  ^ 
âc  la  féconde  lextrémité  fupérieure  du  milieu  avec 
l*inférieure  du  mât, 

Pour  que  ces  viroles  foient  fixes  ,  &  quVIIei 
tiennent  le  bâton  droit  autant  qu'on  le  juge  à-pro- 
pos  »  elles  font  furmontées  par  un  reftbrt  de  fil 
de  fer  qui  les  arrête ,  &  les  empêche  de  couler  le 
long  du  bâton  ,  d'où  leur  eft  venu  le  nom  de 
coulant. 

Dans  les  parafols  dont  la  couverture  fe  plie  en 
deux  ,  il  y  a  deui  reflbrts  de  cuivre ,  dont  le  pre- 
mier, qui  senchâfte  dans  la  noix^fe  nomme  ^^rnî 
fOur  Ugaturt* 

Le  fécond  ,  qui  fait  que  la  couverture  fe  plie 
précifément  en  deux  ,  fe  nomme  garni  diffouê 
l'arc-hputarJ, 

Les  premiers la-^/ïii, qui  font  ordinairement  plus 
courts  que  les  leconds ,  font  arrêtés  autour  de  la 
noix ,  au  moyen  d'un  fil  de  fer  ou  de  laiton  »  At 
les  féconds  font  faits  en  forme  de  charnière. 

Entre  les  deux  garnis ,  &  prefque  dans  Vin* 
tervalle  qui  les  fépare  par  le  milieu  ,  on  attache 
des  baleines  «  des  fils  de  laiton  un  peu  gros ,  ou 
de  légères  plaques  longues ,  du  même  métal,  quVa 
appelle  au-hutans. 

Ceux  qui  font  de  métal  fe  diftinguent,  parrap' 
port  à  leur  fort.ie  ou  à  leur  tîgure,  en  arc^kcutsMé 
ronds  9  6c  en  arc  boutant  à  feurchtttts» 

Les  premiers  font  compofés  de  deux  fTls  de 
laiton  féprés  «qui  embranent  une  baleine  par  uo 
bout  )  £c  vom  fe  joindre  par  Tautre  bout  à  une  fe^ 


à 


609 


P  A  R 


condc  noix  de  cuivre  mobile ,  &  inférieure  k  ecUe 
qui  eil  à  la  tèie  du  mâtf 

Les  féconds  iom  placés  comme  les  premiers, 
mais  ils  ont  leurs  extrémités  fendues  ca  forme  de 
fourchette' 

hc  taffetas  ou  Tétoffe  dont  on  fc  fert  pour  cou* 
vrir  les  parjifois  doit  être  taillé  en  giron,  c'cft-à- 
dire  à  anf^les  droits  ,  afin  que  les  pointes  fe  réu- 
ntifent  dans  le  centre* 

L'ouverture  de  chaque  angle  fuffi.t  pour  faire 
U  circonférence  du  parafol 

Ces  pièces  ainft  gironnëcs  font  coufues  les  fines 
«ux  autres  ;  &  après  qu'on  a  paffé  leur  Centre  dans 
le  haut  du  mât ,  on  les  arrête  en  fes  coufart  à 
trois  endroits  fur  chaque  baleine,  dont  rcxtrémitc 
efl garnie  ,  vers  la  circonférence,  d'un  petit  mon- 
ceau de  cuivre  qu'on  nomme  un  haut  ^  afin  que 
le  parafol  portant  par  terre  p  le  taffetas  ou  1  etofiê 
se  s'ufe  point,  . 

Quoique  les  faifeur»  de  parafols  foicnt  en  dr^it 
de  tondre  ou  de  fabriquer  tout  ce  qui  concerna 
ce  meuble  »iU  achettent  cependant  des  fondeurs  en 
cuivre»  ou  des  autres  marchands ,  les  dlverfcs  piéccx 
dontils  ont  befoin ,  &oe  fe  mêlent  guère  que  de  Ici 
ajufter  enfemble  pour  faire  un  tout  compicr. 

Comme  rindultrie  fe  perfeâionne  toHi  les  jours, 
on  a  imaginé ,  pour  la  plus  grande  commodité  d^;s 
voyageurs^  des  parafols  qui  ont  conteniîsdanb  une 
canne  ;  de  manière  qu'en  pou  fiant  un  rcfïort  qui 
rt  adhérent  à  la  canne  qui  fer i  d'étut  au  parafol  , 
on  fait  rentrer  ou  fortir  celui  ci  fuivant  qu  on  le 
iwge  à- propos  ou  qu*on  en  a  befoin;  ainC  Tinf- 
trument  qui , auparavant, fcrvoir  de  point-d'appui 
pour  fûiihger  la  marche  du  voyageur  ,  eft  changé 
tout  à-coup  en  un  autre  pour  le  mettre  à  cou- 
vert  de  Tardeur  du  foleil ,  OM  de  rincommodité 
^e  la  pluie* 


PAR 

On  a  autti  trouvé  le  moyeo  de  faire  des  pan^ 
fols  &des  parapluies  entanVtas  »  dont  le  itiai»cli.% 
toux  de  fer  »  rentre  dans  la  tige  creufe  qui  fupponf 
la  couverture»  laquelle  s'ouvre  &  s'€tend  d  elle- 
même  ,  étant  en  Iièerti  ,  p^r  le  moyeu  de  rciïons 
ik  de  détente»  y  dicter  a|r  liés  en  defToui  en  forme 
de  pacte  doie  ren^crfè^  ;  mécanique    ingénicufe 
ik  fimple,  dont  tci.t  Tartifice,  confifi;:  à  être  en  Um 
contraire  de  fon  aâion  ;  enforre  qu^étint  ^cn^ti  d  si 
fon  repos  ,  cll^  fe  développe  quaf^d  elle  cft  libre 

On  ramènvj  cette  convirrure  par  une  boucle 
qui  réunit  quatre  brins  de  cordon ,  attachés  pirJ< 
ieiemcnt  vers  le  quart  d*<n*baut«  de  deui  ea 
deux  branches  <1  acier  qui  fouticniient  &  icuécflt 
la  couvert  lire. 

On  peut  replier  aufTi  le  tafTettis  dï  ces  non* 
veau  p  ira  lois  par  le  moyen  des  ciurfiièrei  pb- 
cé^s  dans  le  milieu  des  brins  di  fil  de  fer  ou  k 
bîton  qui  ferveur  à  foutenir  le  pavillon. 

Ces  peurs  meubles ,  réduits  au  plus  mince  vo- 
lume fjollîble  ,  quoique  d'ailleurs  très-foUdeSt  8c 
fufiitamment  erands  ^  fe  logent  aifémem  dans  ufl 
Ui  ,  ou  dans  les  ailes  d*UQ  chapeau  ,  ou  dans  b 
poche  »  ou  dans  le  creux  d'un  b&ton  ou  d'une 
canne  IIi  deviennent  ainû  pour  les  voyageurs,  des 
contp^guons  qui  ne  font  ni  apparens  ni  incom* 
modes  ,  maïs  toujours  prêts  à  leur  porter  un  prompt 
recours  contre  lardeur  du  folcti  ,  Ik  contre  les 
furprifcs  d\m  temps  pluvieux  6c  nébuleux. 

Par  redit  du  II  août  177<S,  les  Gantiers  -  Bom* 
fiers  &  Ceinturîers  font  réunis  en  corps  de  coa- 
munjuté,  &  ceft  à  eux  qu'appartient  le  dmii 
de  faire  âc  de  ven ira  ces  meubles  «  connus  fous  le 
nom  de  pamfûU  &  ike  pardpluier  cfl  uffetas  ,  loilc 
p^  autrement. 


r   O    C    A    B    U   L    A    I    R    E. 


X\rc*boutan$  ;  ce  font  les  baleînes  ou  les  fiîi 
de  Uiton  un  peu  gros  ,  ou  de  légères  plaques 
longues  de  même  métal»  qui  foutiennent  oc  éten- 
dent la  couverture  d*un  parafol  ou  d'un  para- 
pluie, 

Arc-boutans  rofids'^  ce  font  les  arc-botitans  com- 
pofés  de  deux  fils  de  laiton  féparés  ,  qui  embraf- 
fent  une  baleine  par  un  botit  ,  %L  vont  fe  joindre 
par  Tautre  bout  à  une  noix  de  cuivre  mobile  ,  & 
inférieure  à  celle  qui  eft  à  la  tête  du  mâf- 

AKC'jiOVthlisàfjurchnus  ;  ils  fontauflî  com* 
pofés  de  deux  fils  de  laiton  fèparés  ,  avec  la  dif- 
fi^rence  q«*ils  ont  leurs  extrémités  fendues  en  for- 
me de  fourchette^ 

Bout  ;  petit  morceau   de   cuivre  qui  couvre 
de  garantit  Textrèmité  de  chaque  baleine  ,  fervant 
d'arcboufam   &   d*appui  4   \^   couverture  d'us 
pirafoL 


Coulants  ;  on  nomme  ainfi  les  vîrolcs  demi- 
vrc  qui  faififfent  les  extrémités  ,favo;r,  de  U  t'Ot- 
gnée  fupérieure  du  manche  avec  rtutétienre  tia 
milieu  «  &  rextrémitè  fupérieure  du  milieu  ivcC 
l'inférieure  du  ïrât. 

Garni  pour  Ugamn  :  on  défigne  par  ceimocSi 
dans  les  parafols  dont  la  couveriurc  fc  pUe  efl 
deux  ,  le  rcflTort  qui  s  enchâife  dans  la  noîx. 

Garni  dijfous  Varc  houunt  ;Qn  défigne  alnfi  le 
report  de  cuivre  qui  fait  que  la  couverture  df^ 
parapluie  fe  plie  précif^ment  en  deux. 

Giron  ;  (taffetas  taflléen)  c\ft-à-difeiingkf 
droits ,  afin  que  les  pointes  ^  léunîdem  daiw  k 
centre, 

Manche  d'un  parapluie  ou  d*un  uarafol;c*eft 
le  bâton  qui  foutient  la  couvertur«.  On  le  £Ïic  o« 
d'une  feule  pièce  ,  ou  de  plufieurs ,  quand  on  voir 
te  rendre  plianu 


rita^k 


PAR 

Mast  ;  c'cft  la  pièce  d'cn-hairt  d'an  parafol  où 
pou  met  un  mât  de  cuivre  pour  attichef  les  balei- 

s.  n  eft  couvert  par  une  plaque  de  cuivre  qui 

vîiTe  avec  un  anneau  en  de0'us. 

Milieu  ;  c'eft,  dans  le  manche  d'un  parapluie,  la 
panie  qui  fe  trouve  entre  la  poignée  &  le  mJî, 

Noix  ife  cutvrt  ;  c  eft  un  rond  de  cuivre  qu'on 
place  au-deiTus  du  mât  d'un  parapluie.  Ce  rond  a 
des  crans  ou  réparations  pour  y  maintenir  les  ba- 
*  eincs  de  la  couverture  à  une  égale  diflance  les 

es  des  autres, 

Parapluïe  ;  c'eft  une  couverture  de  toïle  ou  de 

feus»  étendue  en  rond ,  qu'on  tient,  par  le  moyen 


PAR 


6ot 


d'un  manche ,  aii-delTus  de  li  tite ,  pour  fe  garantir 
de  la  pluie* 

Parasol;  petît  meuble  portatif  pour  fe  garan- 
tir de  Tardeur  du  foleil ,  en  le  tenant  ait  deius  de 
la  tète. 

PoiGNiE  ;  c'eft  la  partie  du  manche  d*un  para- 
fol  ou  d'un  parapluie  qu'on  item  à  la  main  quand 
on  veut  s'en  fervir. 

Ressort  de  fil  ât  fer  ^  on  pradque  dans  le  boîi 
qui  fait  le  manche  d'un  parapluie ,  «n  ou  plufieurs 
re£hns  de  filée  ftr  ^  pour  rendre  les  viroles  fue£  » 
&  les  empêcher  de  couler  le  long  du  biloo» 


Ans  &  Miilm.  Tome  IL   Part.  Ih 


Gggg 


6oa 


PAR 


PAR 


PARATONNERRK  (Art  du) 


Aj  a  matière  éleârique  eft  renfermée  dans  le  fein 
(te  là  terre  :  elle  nage  dans  ratmofphére.  Si  elle 
confcrvoît  un  équilibre  parfait  entre  ces  deux  ré- 

Îjîans,  les  commotions  terreftres    &  le   tonnerre 
eroient  des  }jhéno mènes  inconnus. 

Mais  pendant  l*été  ,  dans  les  climats  chauds,  le 
foleii  élève  des  fleuves  d'^au  de  la  furface  du 
globe  ;  condenfée  dans  les  régions  froides  »  cette 
eau  forme  les  nuée*. 

Les  conduéleurs  les  plus  puifTans  de  la  matière 
éledtrîqne  font  Teau  réduite  en  %aieiir  ,  Teau 
dans  Yètn  d'agrégation  «  enfin  ks  fubftances  mé- 
talliques. 

Cecijpofâ,  on  conçoit  que  le  fluide  çkârîque 
doit  p^iTer  conTinuctlementdufein  de  la  terre  dans 
ratmofphére ,  à  U  faveur  de  Teau  fans  ceffe  va- 
pcTÎfée  par  le  foleii  i  que  les  nuées  deviennent 
le  réfervoir  de  cette  matière  éleÛrique  ,  en  même 
temps  qu'elles  en  font  te  condudeur. 

Or,  deujc  nuages  éleélrifés  dans  des  propor- 
tions différentes ,  venant  à  fe  heurter  ,  à  fc  com- 
muniquer ,  engendrent  les  échirs  ,  la  foudre  & 
tous  Us  autres  météores  ;  car  ,  comme  t'a  démontré 
M.  Quinquei  ,  la  pluie  ,  la  ntige  ,  la  grèle  ,  &c. , 
ne  font  que  Teffet  de  l*éleâncité  de  ratmofphére. 
Au  moyen  d'une  machine  éle%ique  &  d*un  degré 
de  froid  donné  ,  M.  Quinqtict  imite ,  dit-il  >  ces 
phénomènes  de  h  narure. 

Si  la  nuée  eft  bafTe,  fi  la  matière  éleârîquc 
qu'elle  porte  en  abondance  dans  fon  fein,  &  qui 
n'attend  ,  pour  faire  explofit  n  »  que  la  plus  I j- 
«ère  communication,  vient  à  rencontrer  à  la  fur* 
face  du  globe  un  corps  é le Jtri  fable  ,  ce  corps  €Û 
foudroyé,  à  moins  que  ce  corps  ,  perméable  i 
la  matière  du  tonnerre  ,  n'en  fiivorife  la  hbrc  cir- 
cula tior. 

Or  s  les  CondLSl.ws  armls  de  fotntes  méulVques  , 
•nr  cette  propriété  de  foutirer  continuellement , 
fans  explofion ,  &  même  à  une  très  -  grande  dif- 
tance  ,  la  matière  du  tonnerre  ;  de  ne  lui  oppo- 
fer  aucune  réfiflance  ^  de  la  recevoir  comme  un 
canal  ,  comme  un  tuyiu  reçoit  Teau  ;  d'en  dirî- 
Çer  ,  d'en  prefcrire  la  marche  ,  &  par-lâ  de  ren- 
are  abfoiunem  nuls  les  effets  redoutables  de  la 
foudre. 

Les  accidtrns  ft  communs  du  tonnerre ,,  prou- 
vent la  première  de  ces  propofitions  ,  qu'un  corps 
éleârifable  eA  foudroyé  quand  il  eff  en  commu- 
nication avec  la  nuée  qui  porte  la  foudre  :  en 
effet,  un  arbre  au  milieu  d'un  champ,  contre  le- 
quel s'abrite  un  voyageur  furpris  par  Toraje ,  un 
vaiilêaii  {\xx  mer  ^  un  bâtiii),eni  ifolé  9  ^^  moaii- 


ment  élevé  ,  &  principalement  une  ègllfe,  font 
des  afyles  dangereux  contre  la  foudre;  fur-tout  fi 
on  a  l'imprudence  de  fonner  ,  la  corde  deviem  le 
conducteur  de  la  matière  éleé^rique  ,  que  Télé  va*  1 
tion  du  clocher  &  l'état  métallique  des  cloches  atti' 
reni  puiffamment ,  &  le  fonneurcft  tué. 

L'expérience  prouve  également  en  faveur  deli 
féconde  propofitîon  ;  fa  voir,  que  des  conduâeun 
atmésde  pointes  métalliques,  mettent  à  Tabridei 
accidens  du  tonnerre  tout  ce  qui  en  cil  armé.  U 
fonneur  ne  feroit  pas  tué,  s'il  régnoit  un  fil  de  fer 
autour  de  la  corde.  Un  homme  expofè  au  danetr 
du  tonnerre,  peut  s^en  prèferver  au  moyen  dan 
parafol  armé. 

Maintenant  établiffons  le  paraionnem  :  une  bifc 
de  fer  terminée  en  pointe  de  1  j  à  10  peids  de 
hauteur  y  d'un  pouce  d'épaiffcur ,  fera  élevée  fur 
le  faite  de  la  maifoo.  M  sis  comme  le  fer  fe  roiuillc 
aifèment,  &  qu'alors  il  perd  de  fa  vertu  conduc- 
trice; coinme  d'ailleurs  la  matière  du  tonnerre  le 
fait  aifément  entrer  eu  fufion  ,  il  eft  prudent  de 
fouder  à  rexirémité  de  cette  barre  une  pointe  de 
cuivre  de  j  à  6  pouces.  Pour  plus  de  précaution 
on  U  dorera, 

La  pointe  folidement  établie  ,  on  y  ajoute  le 
cùnduà':uT  ,  c'eft-à-dire  ,  une  chaîne  de  fer, 
mieux  encore  une  treffe  de  fil  de  laiton  ,  ou  enfin 
des  barrei  de  fer  viffées  l'une  dans  rautre,dont 
Textrémité  inférieure  aboutiffe  à  de  l'eau  ,  c'eft- 
à-dire  à  une  rivière  ,  un  ruificaii ,  un  étang,  une 
marre  ,  un  foffé ,  un  puits ,  enfin  à  une  profoiH 
<^eur  telle  que  la  terre  y  foit  conflamment  htt» 
mi  de. 

On  conçoit  que  k  communication  ne  doit  pas 
être  interrompue  ,  &  qu'il  faut  une  continuité  de 
métal  depuis  la  pointe  Jufqu'â  l'extrémité  du  con- 
dufteur. 

On  préfervc  de  la  rouille  la  partie  du  con  lue* 
teur  enfouie  en  terre  ,  en  Tenfermini  dans  un 
tuyau  de  plomb,  ou  en  reatourantdepouiGërede 
charbon. 

La  pointe  dans  cet  appareil  foutîre  la  matière 
du  tonnerre ,  la  fait  écouler  ,  &  la  cranfmet,  par  le 
moyen  an  trondudieur,  du  fein  de  la  nue  ou  etlt 
efl  accumulét,  dans  le  fein  de  la  terre. 

Si  toute  «ne  ville  èioit  armée  de  paratOAnerrcs  1 
on  n'y  enteadroit  jamais  le  tonnerre  ,  parce  que 
la  matière  éleéïrique  feroit,  par  cette  mâhiplicicé 
de  pointes^  fans  ceJTe reportée  de  TatAiofphére  i 
la  terre. 

Tel  eft  Tart  par  lequel  le  céltbrc  Franklin  a  fa 
enlever  U  foudrt  à  la  Due(  trlpuit  cah  fidmin  ) 


j 


PA  R 

&  «Tcii  préfcrver  les  bidmcns  les  plus  élevisJ 
Ecouton^-le  lui-même.  Si  on  place  ,  die  ce  grand 
phyficien  ,  une  verge  de  fer  à  rextrèfuit;  d'un  bâ- 
timent ,  fans  interruption  depuis  fon  fommet  juf- 
quk  la  terre  humide,  dans  une  direflion  droite  ou 
courbe ,  en  s'accommodant  à  h  forme  du  toic  ou 

Ides  autres  parties  du  bâtiment  ,  elle  recevra  h 
foudre  à  fon  extrémité  fupérieure  ,  en  ratiirant  de 
manière  à  Pempccher  de  frapper  aucun  autre  en- 
droit :  &  en  lui  fourniilant  un  bon  conduit  jufque 
dans  la  terre  ,  elle  Tem  péchera  d*endoiiimager  une 

Igrand-^  partie  du  bâtiment, 
La  verge  ,   ajoute-t-il  ,  doit   erre  attachée  k 
la   muraille   ,    à   k  cheminée  »    &c,  avec   des 
Crampons  de  fer,   La  foudre  n'abandonnera    pas 
la  verge ,  qui  eft  un  bon  conduéteur  ,  pour  paner 
ail  travers  des  crampons  ,dans  le  mur, qui  ell  un 
•lauvais  conducteur,  SU  y  avoit  de  ce  fluide  dans 
la  muraille  «  il  pafTeroit  plutôt  de- là  dans  la  verge , 
pour   arriver   plus  facilemeiit  par  le  conduâeur 
I       dans  la  terre. 

tSi  le  bâtimeot  cft  fort  grand  &  fort  étendu , 
on  peut  y  placer  deux  ou  plufieurs  verges  en  dif- 
fère ns  endroits  ,  pour  plus  grande  fureté. 
Enfin  ,  la  partie  inférieure  de  la  verge  doit  péné- 
trer affez  avant  dans  îa  terre,  pour  arriver  à  un 
endroit  humide  ,  peut-être  à  deux  ou  trois  pieds 
de  profondeur;  &  fi  on  la  courbe,  lorfquVlIe 
cft  parvenue  au-deflou*  de  la  fuperficie,  pour 
l'étendre  en  ligne  horiionfale  à  fix  ou  huit  pieds 
de  diftance  du  mur ,  elle  garantira  de  tout  dom- 
mage  toutes  les  pierres  de  fondation, 
I  L'expéfience  a  confacré  l'uillîté  des  condufteurs 

"  de  la  foudre*  Leur  ufage  eft  adopté  prefque  gé- 
néralement dans  les  colonies angloifes  de  TAmé- 
rique  feptentrionale  ,  oii  l'éleélrictté  de  Tair  & 
la  fréquence  des  orages,  beaucoup  plus  confidé- 
râbles  que  dans  nos  climats^  rendent  cette  pré- 
caution plus  nécefiTaire,  8c  fourniflent  en  même 
^tcm«  plus  d'occafions  d*en  prouver  l'utilité. 
Ce  même  ufage  s'eA  introduit  en  Angleterre; 
indépendamment  de  la  cathédrale  de  Saint -Paul 
de  Londres ,  qui  eft ,  comme  on  le  fait  ^  le  morceau 
iTarchitefture  le  plus  vafte  et  k  plus  beau  qui 
foit  dans  toute  la  Grande  Bretagne,  Féglife  de 
Saint  Jacques  ,  le  palais  de  la  reine ,  le  château  de 
Bieânheim  ,  beaucoup  de  maîfons  de  gentilshom- 
mes i  la  campagne  &  aux  environs  de  la  ville  , 
font  armés  de  conduéleurs  ou  préfervatifs  de  la 
foudre.  Les  vaiffeaux  deftinés  pour  les  Indes  orîen- 

(taies  &  occidentales  ,  pour  la  côte  de  Guinée ,  &c. 
fe  muniffent  de  chaînes  deûinées  au  même  effet , 
furtottt  depuis  le  retour  de  MM,  Banks  &  Solander, 
<{m  ont  cru  avec  raifon  que  leur  vaifTeau  avoit  éic 
préfervé  par  une  de  ces  chaînes,  dun  malheur 
lemblable  à  celui  du  vaiffeau  le  Dutch  ,  mouillé 
près  delà  rade  de  Batavia  «&  qui  fut  prefque  dé- 
truit par  la  foudre.  Effeétivement ,  il  fe  trouvoit 
en  même  tems  dans  cette  radj  deux  vatlTeaux  fort 
à  portée  Vun  de  Tautrc  ;  Tun  appartenoît  à  la  cgjn- 


VA  R 


6^03 


» 


L 


pîgnie  ttoHandoife  ,  Fautre  étoir  cettii  in  Capitaine 
Cook ,  qui  avoit  fait  le  tour  du  monde,  La  foudre 
tomba  fur  tous  deux  ^  celui  de  la  compagnie  hol- 
landoife  fut  fort  endommagé»  celui  du  ca;jitaine 
Cook ,  qui  avoit  déployé  fa  chaîne  ,  fut  préfervé. 
Ce  même  capitaine  raconte  le  fjit  dans  fon  voyagç. 
Le  grand-duc  de  Tofcane  ayant  reconnu  ruiilité 
des  condufleurs  de  la  matière  du  tonnerre»  en  ai 
fait  placer  fur  tous  les  magaAns  à  poudre  de  fes 
états;  ils  font  fixés  à  des  perches  féparées  des  ma- 
gsfnîs. 

L*exemple  de  ce  fouverain  a  été  fuivi  de  la  plu* 
part  de  ceux  de  TEurope,  Sa  majesté  Louis  XVI  a 
tait  élever  de  f;:mblables  condviàciirs ,  non-feule» 
ment  fur  quelquesuHS  de  fes  mag^ifins  à  poudre, 
mais  au0i  far  plufteurs  palais  ou  châteaux^  parmi 
lefquels  nous  diilinguerons  Fanciennc  demeure  de 
nos  rois,  à  Paris  ,  1e  Louvre  ,  dont  la  belle  archi- 
tcélure  &  la  vaÂe  étendue  font  TadmlratioA  de 
tous  les  étrangers.  Enfin  ,  beaucoup  de  particuliers 
dans  cette  capitale,  dansfjs  environs  ik  dans  dif* 
férens  pays  >  ont  adopié  Tufage  de  c^s  appareils. 

Si  de  fimples  fils  de  ùt  de  fon  net  ces  ont  pu  ,  com^^ 
me  on  Tafi  fouvent  obfcrvé,  conduire  La  foudre 
à  travers  tout  uti  bâtiment ,  Ôt  rcmpcchet  de  faire 
aucun  dégât  dans  tous  les  endroits  qu'elle  traver- 
foit,  que  ne  doit-on  pas  attendre  dune  barre  de 
fer  pointue  plantée  fur  le  fommet  d'un  bâtiment ,  fit 
à  laquelle  cil  attaché  un  gros  fil  de  métal ,  conduit 
fans  interruption  jufque  dans  Teau  ou  la  terre  hu- 
mide? Apurement  elle  doit  lui  offrir  un  paffage  li- 
bre &  fCiTt  fitTempècher  de  fe  porter  fur  aucun 
autre  corps. 

Un  conduâeur ,  dont  la  pdnte  s*élevtit  au-def' 
fus  du  toit  de  M,  ff^cjl  ^  en  Penftlvanic  ,  &  dont 
rextrémké  inférieure  s*enfonçoit  de  quatre  à  cinq 
pieds  fur  le  pavé  de  la  rue  «  fut  frappé  d'un  coup 
de  foudre  des  plus  terribles ,  &  qui  ne  produiCt 
d*autre  effet  que  d'en  fondre  la  pointe. 

Cependant  M.  Barbkrctoxi  quM  nous  manque  en- 
core bien  des  obfervaiions  pour  fixer  exaftdient 
les  dimenftons  d*un  conduâetir,  tel  qu'il  ne  puiffa 
jamais  être  détruit  par  la  foudre  ;  mais  il  penfc 
qu'on  peut ,  d'après  celles  qu'on  a  recueillies  juf- 
qulci,  donner  un  à*peu*prés  fuffifant  pour  ta  pra- 
tique^ 

Dans  le  petit  nombre  de  relations  connues  de 
coups  de  foudre  tombés  fur  des  maifons  armées 
de  conduéleurs ,  on  rapporte  que  des  fils  métallt* 
qu es  minces  qui  en  faifoient  partie  »  ont  été  fonduf 
ou  diffipés. 

Dans  d'autres  exemples  de  ce  genre  «  ajoute  M« 
Sarb'ur^  on  a  vu  des  coups  de  foudre  ,  qui  paroif- 
foient  de  la  plus  grande  violence,  travetler  des 
conuuéteuTS  du  diamètre  d'une  tringle  ordinaire , 
&  de  celui  d'un  dtmi-pouce,  fans  tes  endomma- 
ger; &  Tôt]  n'a  pas  connoiff^nce  que  des  conduc* 
tenrs  de  ce  vokme  aient  jamais  fouffert  de  la 
foudre.  On  peut  donc  raiforinablemint  croire  que 
cette  dernière  dimeaGan  peut  fulBre;  néarmoini^ 


6o4  PAR 

pour  plus  d  e  fureté  ,  on  donnera  à  un  tel  conduc- 
teur jufqu'ih  un  ponce  de  diamètre. 

Pour  qu'on  condudeur  puiffc  tranfmetfrc  en 
en  ier  une  explofion  quelconque  de  b  foudre  , 
&  prcrer.cr  complcftement  un  bâtiment  >  il  faut, 
du  M»  Barb'ur  ^  que  rien  n*y  arrête  le  paifage 
du  fluide  éleétrique,  &  que  celui  ci ,  dès  qu'iï 
eA  ^ïixh  dans  le  condufkeur  ,  puifie  le  rraverfcr 
lîbemenc  &  fe  répanMre  à  Finflant  dans  toute  la 
malTe  du  elobc. 

On  s'cH  imaginé  que  rintcrieur  de  la  terre,  à 
tine  ceriaine  profondeur,  étant  toujours  humide, 
il  fuffifoit  que  ;C  conduéleurpût  communiquer  avec 
cette  humidité,  pour  être  en  état  de  rtraplir  fa 
fonftion.  En  efer,  cela  peut  arriver  fouvent, 

M.iis ,  comme  robferve  M,  Barbier ,  une  explo- 
fion  ék brique,  en  traverfant  une  couche  d'eau  irés- 
mince  ,  la  diflipe  en  vapeurs  :  il  peut  donc  arriver 
«ju'une  féconde  explofion  de  la  foudre  »  ne  trouvant 
plus  Vhumidité  qui  a  voit  fervi  à  conduire  la  pre- 
mière ,  déploie  fon  énergie  contre  le  bâtiment 
ÇH^on  vouloit  préferver. 

Cette  humidité  d'ailleurs»  outre  quelk  efl  va- 
riable, offre  toujours  à  la  foudre  yn  p.i^age  moins 
libre  qu'un  grand  volume  d'eau.  LorCqu'il  s'agira 
doiK  de  préferver  un  bâtiment  d*une  certaine  im- 
portance, je  confelUerai  toujours  ,  dit  M.  Barbur^ 
d  obferver  fcrupuleufcment  la  communication  du 
conducteur  avec  Teau. 

On  voit  dans  les  expériences  éleÔriques ,  lorf- 
qu'on  fait  vafler  une  explofion  par  un  con- 
duf^eur  dont  tes  parties  ne  font  que  foiblement 
conriguës  ,  tel  qu'une  chaîne  ,  des  tiges  de 
métal  fimplement  accrochées  ,  &c.  qu'à  cha- 
que point  de  contact  il  éclate  ujie  petite  étin- 
celle ,  qui  indique  un  obÛacle  ,  6c  par  confj- 
Î[uent  un  retardement  dans  le  mouvement  de  lé* 
eÔricité. 

Far  la  même  rai  fon  »  ta  foudre  éprouvera  plus 
de  difficuîté  à  fe  mouvoir  dans  un  couduâeur 
dont  ks  différentes  pièces  n'auront  qu'un  conraéï 
imparfait,  ôt  pourra  par  conféquent  Tendommager , 
f\il  s*y  trouve  quelque  partie  foibte. 

Toutes  les  fois  donc»  dit  M.  Barbier^  qu'on 
voudra  fe  procurer  le  plus  grand  degré  de  fureté 
poffible  ,  je  confeîUe  d'établir  la  continuité  la 
plus  exacte  entre  les  différentes  parties  du  con« 
duAeiu-  :  cela  ie  fait  trcs-aifcment  ,  en  coupant 
en  bec  de  flûte  les  extrémités  de  chacui  e  des  bar- 
res jqui  le  compofent  ,  en  les  applinuant  fune 
contre  Tautre ,  Ôi  en  les  ferrant  avec  des  vis, 

On  peut  même,  pour  plus  de  précautiao,  in- 
terpofer  entre  les  joims  des  lames  de  plomb  qui 
ic-'Hront  le  contact  plus  parfait. 

Quelques  phyficiens  regardent  comme  une 
condition  indifpenfable  d'unir  &  dt  lier  tou- 
tes les  portions  de  snétal  qui  font  partie  d'un 
bâtiment  ,  avec  le  conduôeur  qui  doit  le  pré- 
ferver des  ravages  de  la  foudre.  Suivant  eux  , 
fi  b  foudre  vient  attaquer  ki  unes  ou  les  autres 


PAR 

de  ces  parties  métalliques ,  d!c  fe  diff pcra  ti* 
citement  &  fans  caufet  aucun  dommage  ,  ott 
le  conduâeur  auquel  elles  feront  liées»  ^^rs 
cette  précaution  n*e/î  rigou  eufemcm  néceffaite 
que  pour  les  parties  métalliqyes  que  la  foudre  peut 
rencontrer  dans  fon  chemin  en  fe  portant  au  coa- 
duÔ  ur  Si  avant  d'y  être  parvenue* 

Quant  iï  celles  qui  ont  toute  autre  fituation  ,  01 
peut  fe  difpenferde  les  faire  communiquer  avec 
<e  conduâeur;  car  ileft  certain  que»  même  à  dit 
tance  égale,  la  foudre  fe  jettera  de  préférence  fur 
ceiui-ci  »  à  caufe  de  fa  coniinuiié ,  &  de  Tiffuc  bbtc 
61  aifée  qu  il  lui  procurera. 

Le  feul  motif  qui  pût  porter  à  ifoîer  te  condiie* 
teur ,  ce  feroit  la  crainte  de  l'effet  latéral  de  Tci* 
plofion  qui  le  traverfe. 

En  effet  ,  fi  le  conduileur,  defliné  à  préferver 
un  édifice ,  pèche  par  un  trop  petit  volume  ,  pir 
un  défaut  de  continuité  ou  pour  n'être  pas  co* 
foncé  juf^u'à  Teau  ,  il  eft  poffibtc  qu'une  explo- 
fion violente  de  la  foudre  produife  un  effet  laié» 
rai ,  qui  aille  même  jufqu'à  endommager  Tàdi' 
fice. 

On  en  a  vu  Texemple  plus  d^une  fois  ;  mais, 
comme  lobCerve  trés-bîen  M,  Barbier ,  un  con- 
duâcur  conUruit  avec  toutes  les  précautions  dont 
nous  avons  parlé ,  fera  en  état  de  tranfmcttrc 
librement  6l  inftantanément  tout  le  feu  répanio 
par  une  eiplofion  de  la  foudre,  &  celui-ci  nk- 
prouvant  aucun  obftacle  dans  (on  mouvememi 
ne  fera  aucun  effort  1  itérai ,  &  ne  caufera  aucune 
a'tératîon  aux  corps  qui  environnent  le  côûdu> 
teur  &  qui  lui  feront  contigus» 

Ainh  la  précaution  d'jfoLr  un  condufteur  biea 
fait,  ou  de  Téloigner  du  corps  du  bàtimi^ni ,  e& 
abfolumem  inutile»  fit  Ton  peut .  fans  courir  aucun 
rifque  ,  le  faire  defcendre  en-dehors  ou  cn-dciaai 
du  bâtiment ,  fuivant  la  commodiré. 

Dans  I  application  des  conduAeurs  »u«  édifi» 
ces,  on  peut,  dit  AL  Ba-bier  ^  fe  propofcr  dcui 
objets  :  Tun  ♦  d:;  préferver  uniquement  un  bàfc* 
ment  de  la  foudre  »  en  offrant  à  une  explofioo 
quelconque  qui  viendra  le  frapper  ,  un  chcmiii 
qui  la  conduife  en  entier  dans  Tmiérieur  de  i» 
terre  ^  fans  danger  pour  le  bâtiment  »  Tautre  » 
de  diminuer  Télcéb-icité  que  contient  le  nuage 
«rageux  ,  &  par  eonfequcni  le  danger^  de  fou 
explofion  ,  même  pour  les  édifices  qui  cmon- 
rent  jufqu  a  une  certaine  diAance  celvi  ^i  eft 
armé. 

Il  eft  certain  ^  ajoute  le  même  Savant,  que  pour 
rismplir  compiettement  le  premier  objet  ,  Tuligt 
des  pointes  n*eft  pasnécêffairc. 

Lorfqu'un  édihce  fera  garni  d'un  condtxAeiir 
métallique  d'une  capacité  fuffifame,  bien  conti» 
nu  ,  en  contad  parfait  avec  le*  eaux  de  Tintéiteur 
du  globe ,  àc  qui  fe  préfeiitera  de  tous  cotés  à  11 
foudre  ,  de  préférence  à  toute  autre  partie  du  bâtii* 
ment  ,  quelle  que  fort  la  violence  du  coup  (|tii 
pourra  raffidlir  ,   &  quelle  que  foii   U   ior^ 


PAR 

éa  condufteur^  pointue  ou  obtufc  ,  ce  coup  pourri 
bien  Uiffcr  qucl4Uts  traces  de  (on  entrée  dans  le 
con^uâeur,  ^  qutliiue  marque  de  fufioo  ;  mais 
une  fois  en  ré  ,  i  Me  traverlera  fans  eâFet  fenfibie, 
&  fam  danger  pour  le  bâtiment» 

Pourquoi  cependant  s'en  tenir  à  ce  premier  effet, 
fi  ,  Cns  augmenter  les  rifqucs ,  on  peut  fe  pro- 
mettre  de  lempiir  jufqu'à  un  certain  point  le  fe- 
cond  ,  dont  ruiilité  ne  peut  être  contcflée  ?  Or, 
il  n'y  a  que  les  pointes  qai  foicnt  en  état  de  lef- 
£eâuer. 

Un  conduâcur  qui  eiî  cft  dépourvu,  n'a  aucune 
aâion  fur  la  nuée,  qui  ne  fe  trouve  pas  afïez  à  fa 
portée  pour  lui  donner  une  ex  plofion  ;  les  pointes, 
sa  contraire  ,  apffent  à  une  grande  diftance  fur 
rèkébicité  des  nuages  ,  en  la  loueirant.  M.  Sarkut 
en  fournit  la  preuve  dans  un  condufteur  quM  a 
lait  élever  au-de^us  de  fa  maifon  y  qui  excède 
de  douze  pieds  le  toit,  &  qui  fe  termine  par  cinq 
pointes  émargent  de  la  longueur  de  fix  pouces.  Ses 
iroiûos ,  nous  dit-il ,  ont  vu  une  flamme  au  fom- 
met  de  chacune  de  ces  pointes  ,  dans  un  mo- 
ment où  un  nuage  orageux  ,  qui  d  ailleurs  ne  fit 
aucun  dégât ,  paJfoit  au-deiTus. 

Quant  à  ce  qui  concerne  rélèvation  du  con- 
duâcur  au-deffus  du  bâtiment ,  M,  Barbïtr  croit, 
&  avec  raifon ,  que  lurfqu  il  fe  lerminera  en  pointe, 
co  fer*  bien  de  Télé  ver  autant  qu'il  fera  poiTible: 
plus  il  fera  élevé,  plits  il  pourra  déployer  fon  pou- 
voir préiervatif. 

Lorfqu'au  contraire  on  fera  fon  extrémité  ob- 
tufe  ,  on  ne  Télevcra  qu'autai  t  qu  it  etl  nécefTaire 
'  pour  qu'il  fe  préfenee  à  h  toudre  ,  de  préférence 
à  toute  autre  partie  du  bâtiment ,  Tobjet  alors  n  e- 
I  taiit  pas  d'aller  au  devant  de  l'explofion  ,  maisck' 
I  lui    préfenter  feulement  une  ilîue  qui   put^Te  la 
tranimettre  à  la  terre  direôemcnt  &  fans  danger- 
Un  condljâeur  obtus  prélerve  le  bâtiment  au- 
quel il  cft  adapté  ,  fans  augmenter  le  danger  de 
j_  ceux  qui  Tenvironnent  i  un  conduâeur  pointu  le 
^  diminue* 

11  neft  guère  polible    de  fixer  la  diftance  à 
laquelle  un  conduAeur   pointu  peut  étendre  fon 
I  pouvoir  préfervatif  ;   elle  dépend  d'irne  inHniré 
[de  circonftances  variables  ,   de  la  grandeur  des 
I  nuages  f    de   leur  éloignement  ,   de  la   quantité 
I  d*élcârictté  qu*ils  conûennent  ,    de   leur   direc- 
tion ,   de  leur  mouvement ,  de  la   manière  dont 
ils   fe  présentent  aux  pointes  ;  car  il  eft  certain 
aue  Talion  de  ceiles-ci  fe   trouve  extrêmement 
oiminuée  lorfqu'elles  ne  fe  préfentem   point   per* 
pendiculatrement  au  nuage  orageux  ,  &  c*ell  ta 
ratfon  pour  laquelle  M*  Éarkier  a  terminé  le  con- 
duâeur  de  fa  maifon  par  des  pointes  inclinées  en 
différens  fens* 

Elles  font  au  nombre  de  cinq ,  comme  nous  Ta- 
von*  obfervé.  Or  ,  Tune  cft  venicale  ,  &  le»  quatre 
autres  font  difpcfèesen  croix,  faifant  avec  la  pre- 
mire  un  angle  de  foixante  degrés  ,  pour  fc  pré* 


PAR 


605 


fenter  avantageufement  aux  différentes  direé^ons 
par  lefquelles  les  nuages  peuvent  sVn  approcher. 

On  kra  bien  ,  en  général  ,  lorfqti'on  voudra 
acquérir  le  plus  grajid  degré  de  lûreté  pofllble 
pour  un  bâtiment  tort  long»  d*y  élever  une  barre 
pointi;e  à  chaque  extréniitè  ,  6i  d'établir  entre  ces 
barres  une  communication  métallique* 

Pour  un  bâtiment  ordinaire  ,  on  fe  contente ,  dit 
M*  Barh'ur ,  de  donner  à  la  foudre  qui  pourroit  le 
frapper  ,  un  conduit  &  une  iiïue  qui  puiiTent  la 
transmettre  jufque  dans  l'intérieur  de  la  terre* 

On  ne  craint  pas  que  ce  conduit  folt  contigu 
au  bâtiment  ou  paflTe  dans  fon  intérieur  ;  on  ne 
craint  pas  même  d'y  pratiquer  quelque  légère  in- 
terruption ,  pour  obierver  la  marche  &  le  pbéno* 
mène  de  réicélricité   de  Taimofphére. 

Mais  il  n'en  e(l  pas  de  même  des  magafins  à 
poudre  ;  la  plus  petite  étincelle  éleârique  qui  écla- 
tcrott  dans  leur  intérieur  ,  pourroit  être  la  caufe 
d'un  accident  terrible  ,  &  Ton  doit  y  pouffer  les 
précautions  julqu'au  fcrupule. 

Lorfqu'un  condufleur  eft  d'une  capacité  fuffifan- 
te,  bien  continu,  &  qu'il  plonge  exaâemenc  dans 
Tcau^on  ne  conçoit  pas  qu'il  puiffe  $*en  échapper  la 
moir.dre  étincelle  de  feu  ékttîtrique.  Comme  ce- 
pendant cela  pourroit  arriver  par  quelque  caufe 
înconnue  ^  M.  Barbier  penfe  qu'il  fera  préférable 
de  placer  le  condu61eur  extérieurement ,  &  d*en 
établir  deux  ,  un  à  chaque  extrémité  du  bâtiment, 
conAruits  avec  toutes  les  précautions  qui  ont  été 
recommandées. 

11  croit  encore  qu'ils  peuvent  fans  danger  erre 
contigus  au  bâtiment ,  &  qu'il  oVft  pas  néceffaire 
de  les  établir ,  comme  on  Ta  propofé,  fur  de^  mâts 
Axés  â  une  certaine  diflance. 

Il  fcroit  a  défixer  que  les  magafinf  â  poudre 
n^euffent,  dans  leur  conflrutttion  ,  aucune  par- 
tie métallique  extérieure  faillante  ,  &  expo- 
fée  par  canféquent  â  être  frappée  immédiate* 
ment  par  la  foudre.  S'il  s'en  trouvoit  cependant  , 
il  faudroit  avoir  foin  de  les  réunir  au  conduéleur 
p:ir  un  lien  métallique  ,  dont  on  rendroir  la  con- 
tinuité parfaitement  établie  avec  Tune  6c  Tautre. 
M.  Barber  penfe  qu'au  moyen  de  ces  précau* 
tions  ,  L*s  magaiins  feront  garantis  des  dangers 
de  la  toudre. 

Cet  amat'izurdiAîngué  nous  fournit  encore  deux 
obfervat  ons  relatives  ï  la  conÛruâion  des  conduc*- 
teurs  de  la  foudre, 

La  première  cft  que  les  gouttières  &  les  tuyaux 
de  décharge  ,  dont  bien  des  édifices  font  garnis  , 
forment  d'excellens  coniuÔeurs  qu'il  ne  s'agit  plus 
que  de  rendre  continus  ,  dVmer  d'une  pointe 
dans  le  haut,  &  de  faire  communiquer  avec  feaii 
dans  le  bfts  ,  pour  les  rendre  bien  parfaits, 

Atnfi,  en  conftruifant  un  édifice,  on  fera  bien, 
dit  M.  B^rbliT^  de  difpofer  tout  de  fuite  ces  gout- 
tières &  ces  tuyaux  de  manière  â  pouvoir  rem* 
plir  également  U  double  fon£fcioa  de  conduire  tça 


6o6 


PAR 


eaux  &  de  décharger  îa  foudre  ;  cela  évitera  les 
frais  d'une  conflruAîon  parttcnlière  pour  ce  dernier 
objet. 

Le  bâtiment  le  plus  coniplettement  armé,  fcroît 
eeîui  fur  le  fommct  du  toit  duquel  régneroit  tout 
du  long  une  bande  de  p!onib  fervant  de  faîtière  , 
corn  my  ni  quant  à  de  femblables  bandes  qui  en 
rccouvriresLent  les  arrêtes  ,  &  vlendroient  aboutir 
à  des  gouttières  régnant  tout  autour  «  ayant 
aux  angtes  des  chaîneaux  ou  tuyaux  de  décharge 
qui  viendroient  jufqii*à  terre  ;  de  rexirémité  de 
ceux* ci  on  pratiqueroit  une  communication  mé- 
tallique jufqu'à  Tenu  ,  &i  au  fommet  de  chaque 
extrémité  du  bâtiment  on  éleveroît  une  liarre  de 
fer  haute  ,  &  tertninée  par  plufieurs  poijues  d*un 
métal  qui  ne  pût  pas  fe  détruire  ou  le  rouiller  à 
Tair. 

La  féconde  obfervatton  de  M.  BarhUr  ,  cft  que 
lorfqu*on  ^voudra  pratiquer  un  condiafteur  à  un 
édifice  ,  fuï-toyt  lorfqu'on  l^établira  pendant  Tété , 
&  que  fa  conftruftion  devra  durer  quelque  temps , 
on  fera  bien  de  commenter  par  fa  partie  inférieure 
en  prenant  depuis  Peau  &  en  remontant.  En  com- 
mençant parle  haut,  on  ponrroit  craindre  qu*il  ne 
furvint  dans  rintervalle  quelque  coup  de  foudre 
qui  frappât  la  partie  fupérieure  encore  ifoléc  ,  & 
n  endommageât  Tédifice. 

Nous  ajouterons  à  ces  obfcrvaiions  ,  que  s*il 
n'ell  pas  toujours  poflible  de  faire  commimiquer 
un  conduAeur  avec  une  mafle  d'eau  telle  que 
celle  que  préfente  un  puits  ,  une  citerne  ou  uiî 
fofîé  régnant  autour  d'un  château  qu'on  voudroit 
garantir  des  effets  de  la  l\;udre  ,  on  pourra  à  ce 
Séfaut  fe  contenter  de  faire  communiquer  ce  con- 
du6teur  avec  la  terre  humide ,  par  le  moyen  d*une 
barre  de  fer  qu'on  y  enfoncera  profondément. 
Quoique  cette  communication  ne  toit  point  auffi 
exade  que  fa  première  ,  eUe  mériic  néanmoins 
quelque  confiance. 

Mais  on  ne  peut  tr^p  recommander  d'éloigner 
cetie  barre  de  fer  des  fondations  de  1  édifice. 
Celles-ci  font  fouvent  baignées  d*eau  ,  &  il  feroit 
k  craindre  que  la  foudre  ayant  fuivi  la  barre  de 
fer  en  terre  ,  ne  fe  portât  par  préférence  vers  ces 
fondations  »  fit  qu  elles  ne  s'en  reffentiflenr. 

On  fera  en  fureté  à  leur  égard ,  fi  la  barre  en  eft 
éloignée  de  fept  à  huit'piedSi 

Enfin  ,  les  conduâcurs  propofés  auront  le  pou* 
voir  de  diilipcr  en  filence,  non-feulement  la  fou- 
dre qui  vient  des  nuages  ,  mais  aulTi  celle  quîs^'é- 
îéve  de  terre. 

Que  le  feu  du  tonnerre  ait  fa  direftion  de  la 
nuée  à  la  terre,  ou  bien  qu'il  Tait  de  la  terre  à  la 
nuéCj  il  eft  évident  que  Feffêtdes  moyens  pré- 
fervatifs  doit  être  à-peu-près  le  même  Ext.  dt  la 
BibL  PyyUcQ'EcQnomïbue* 

Quelques  nouvelles  obfervations  que  nous  ne 
devons  pas  omeure  ,  vieedront  à  Tappui  de  cet 
an  imj^ortaot. 


PAR 

Nouvelles  ohftTVâtlênll 

On  a  vu  le  tonnerre  tomber  avec  ua  hvA 
épouvantable  fur  ur^e  maifon  armée  d'un  para* 
lonittrre ,  fond-#e  la  pointe  du  coniiufteur  de  b 
longueur  de  fix  pouces  ,  &  fuivrc  après  cela  îei 
barres  de  métal  >  fans  caufer  aucun  dom- 
maj£;e. 

M,  W.  Maine  ayant  armé  fa  maîfoft  d'uûi 
pointe  métallique ,  &  n'ayant  porté  les  barres  cpa» 
du£triccs  quà  tiois  pieds  fous  le  terrain  ,  le  ton- 
nerre fe  jeta  de  préférence  fur  la  verge  élcâriqiie< 
il  fui  vil  Tapp^reil  préfervateur  ;  inais  la  matiàe 
fulminante  accumulée  à  l'extrémité  inférieure  fc 
explofïon  ;  un<  partie  laboura  la  fuperficiedelt 
terre  en  manière  de  fillon  6iy  fit  des  trous  i  aûe 

f)artie  s'infmua  entre  les  briques  des  fondations^ 
es  fit  fauter, 

Cela  nous  apprend  ,  dit  M.  Franklin  ,  â  qwt 
on  avoit  manque  principalement  en  établiÂlut 
cette  verge  ,  la  pièce  inférieure  n*ét3nî  pas  aflit 
longue  pour  parvenir  jufqu'à  Teau  ,  ou  jufqu'à  uoc 
grande  èteniue  dj  terrain  affez  humide  pour  ^^ 
ccvoir  la  quantité  de  fluide  éleâriq«e  qu'elle  con- 
duifoit. 

M.  de  Mo:  veau,  célèbre  académicien  de  Dijon, 
a  obfcrvé  ,  ;ii  177'îi  que  le  tonnerre  étant  tombé 
Air  îe  fdîte  d'u»:-  maîlbn  à  Dijon  ,  avoîrmartjaè 
fa  route   fur  un  des  côtés  du  toit  en  brifant  & 
difperfant  les  luiLs  ;  qu'il  avoit  fuivi  après  ccii 
les  chameaux  de  fer  blanc  dans  toute  leur  loo- 
gaeur,  fans  laiffer  aucune  trace  ;  qu'il  étoit  def* 
cendu  de  même  paifiblement  le  long  du  corps  du 
tuyau  de  fer  blanc  ;  de  forte  que  s'il  eût  été  porté 
julqu'à    la   terre  humide  ,   la  matière  èleânqufi 
i>  fcroil  infailliblement  difperfée  fans  bruit  \  mais 
ce    tuyau  fe    terminoit  à    huit   pieds    au-dcffiif 
du  niveau  de  la  terre  ;  la  matière  amoncelée  à  fou 
extrémité  fit  cxplofion  ,  fillonoa  profondémeni  le 
mur  ,  fe  porta  fur  la  crampon  de  la  poulie  d'm 
puits  voilin,  &  fuivitaprès  cela  la  chaîne  de  mé- 
tal jufqu'au  fond  de  l'eau  fans  faire  le  moindre 
défiât. 

La  matière  métallique  eft  donc  capable  d'attirer 
&  de  conduire  le  fiuide  éleÛrique  qui  lut  eft  ap* 
porté  par  le  toanene  ,  lors-même  qu'elle  n*ç< 
pas  en  pointe  ;  à  plus  forte  rai fon  détermincn* 
t-clle  fa  direâion  »  lorfqu'on  lui  aura  donné  cctii 
forme  dont  nous  avons  conftaté  la  puiftance  :  il 
n'en  faut  pas  davantage  pour  démontrer  à  tovi 
homme  raifonnable  »  la  fureté  &  l'utilité  da 
condufteurs  métalliques  ou  paratonnerres. 

On  établit  deux  efpéces  de  conduûeurs  ,  door  li 
conftruLtion  eft  différente  fuivant  leur  objet  :  le 
premier  ne  fert  abfolument  qu'à  garantir  de  li 
foudre ,  c'eft  le  véritable  pararormirrc* 

Le  fécond  fert  à  faire  des  obfervations  fur  Tè- 
leâricité  atmofphériquc  :  c'eft  le  ion^u(kur  ifdL 

Pour  conftruire  le  conduâeur  pardi^nnerre  ^  il 
fufttt»    codme  on  l'a  dit  û-delfus»   d*ékver  ùt 


PAR 

VédiBcc  qu'on  veut  préfervcr»  une  barre  de  niéi-1 
terminée  en  pointe  ;  il  nexige  orcî'inairemeni 
qu'une  élévation  de  f^  à  20  pieds  au  deffus  du 
laite,  à  moifls  que  la  maifon  qu'on  veut  armer 
ne  foit  dominée  ;  &  dans  ce  ca«  on  pofeh  barre 
métallique  fur  un  mât  ou  perche  de  fapm  atta- 
cbée  à  une  des  aiguilles  de  la  char  pence. 

La  pointe  dott  être  fine  ;  &  comme  la  rouille 
pourrok  la  détruire  en  peu  de  temps  ,  îl  eft  plus 
avantageux  de  faire  fouder  à  fon  extrémité  un 
morceau  de  cuivre  jaune  ,  de  la  longueur 
d'environ  cinq  ou  fix  pouces.  On  peut  #  pour  plus 
grande  précaution,  la  faire  dorer,  ou  même  y 
a'tufter  un  gratn  d'argent  pur  qui  la  termineroit. 
Les  expériences  de  M.  HenUy  annoncent  que  c*eft 
celui  de  tous  les  métaux  qui  jouit  de  la  plus 
irande  force  conduÔrice  ,  &  qui  réftfte  plus  à  la 
fii£on  éleâriqué. 

A  l'extrémîté  inférieure  de  la  barre  de  fer  qui 
fc  termine  en  poiste ,  on  réferve  une  bouîe  pour 
attacher  la  chaîne  ou  trèfle  qui  doit  communiquer 
au  barreau  cooduOeur. 

On  a  obfervè  que  les  trèfles  de  fil  de  métal 
étoient  préférables  ,  parce  que  le  fluide  s'y  écoule 
avec  plus  de  rapidité  ;  au  lieu  que  s'il  fe  trouvoit 
très-abondant ,  il  pourroit  faire  éclater  quelques- 
tins  des  anneauxcufautaniderunà  autre»  de  forte 
^'U  faudroît  leur  donner  plus  de  grofleur  pour 
prévenir  cet  accident. 

M.  d€  Saujfur€  penfe  que  les  treffes  de  fil  de 
laiton  font  moins  expofées  ï  être  fondues  ëi  ca^ 
ci  nées,  qu'une  treffe  de  fil  de  fer  ,  même  beaucoup 
plus  groiTe  ;  elle  a  de  plus  Favantage  d'être  moins 
fujette  à  la  rouille. 

Cette  treiTe  s'écarte  du  mât  qui  porte  k  pointe, 
6t  vfent  s'attacher  fur  unebarre  de  fercarrée^d'un 
pouce  d'épaifl"eur^  qyi  eft  furmontèe  d'un  chapeau 
de  fer  blanc  pour  empêcher  la  fihration  de  la 
pluie,   &  qui  fe  prolonge  continuellement  jufque 

Ioans  la  terre. 
Les  barres.de  fer  conduftrices  doivent  être  por- 
Ices  jufque  dans  l'eau  ,  ou  à  une  profondeur  oîi 
la  terre  foit  conflamment  humide^ 
On  ne  doit  pas  Cfaindre  que  le  fluide    éleâri- 
^e  communique  à  Teau  aucune  qualité  nuirible. 
Les  phyficiens  faveot  qu'elle  ne  fait  que  le  franf- 
nettre^  &  qu'elle  n*en  retient  que  ce  qoi  lui  eft 
K  fiéceiTairc  pour  femctire  en  équilibre  avec  les  corps 
KcommuniquanSa 

H  SM  eft  à  prapos  de  fouder  la  barre  ton* 
^duôrice  pour  la  faire  paCTer  fous  terre  jofqu'à 
Tendrok  oîj  elle  doit  trouver  Tcau ^  il  eft  bon, 
coflorae  ou  Ta  déjà  obfervé  ,  de  la  préferver  de 
la  rouille  ^  fok  en  la  mettant  dans  un  tuyau  de 
plomb ,  foit  en  l'environnant  fjmplemcnt  de  toutes 
pans  de  pouûlére  de  charbon,  qui  eE  très-propre 

i^ar  lui-même  à  défendre  le  métal  ,    6£  même  à 
on  défaut,  ce  charbon  fervlrok  de  condndsur- 
CeE  fur  ces  principes   que    Ton  a    établi    en 
Bourgogne  beaucoup  ae  conduâeurs  pour  pi^fer* 


PAR 


607 


ver  les  édifices  ,  &  Ton  ne  pouvoit  mieux  faire 
que  de  prendre  pour  modèle  celuiqui  a  été  pofé 
fur  l'hôtel  de  facad initie  de  Di|on  ,  aux  frais  de 
M*Dupbx  dcBacqu^ncourt ,  intendant   d%  cette 

province. 

Paratûnnc  rei  pour  Us  clocbirs  dts  i^llfu. 

Comme  les  clachersdcs  égîiresfoot  le  plus  cx- 
pofés  ,  foii  par  leur  élévation  ,  foit  par  rapport  au 
bruit  des  cloches  que  Ton  eft  dans  rufage  de  fon- 
ner  pendant  les  Orage»,  &  qui  paroiiTent  décider 
la  chute  de  la  foudre  ,  il  ne  fera  pas  inutile  d'indi- 
quer la  méthode  la  plus  fimple  ,  la  plus  commode 
&  la  plus  fure  d*armet  ces  fortes  d'édifices.  Il 
fuffit  pour  cela  de  décrire  le  paratonnerre  fur  le 
clocher  de  Teglife  paroiflialc  de  St.  Philibert  de 
Dijon  I  qui  ne  fait  pas  moins  honneur  au  citoyen 
éclairé  (  M.  dt  Sdïsy  )  qui  s'eil  chargé  de  la  dé- 
penfe,  quaux  adminiflratcurs  de  cette  églife,  qui 
fe  font  élevés  au-deflus  des  préjugés  populaires  ; 
&  en  acceptant  ce  bienfait ,  iU  ont  donné  le  premier 
exemple  en  France  ,  de  mettre  fous  la  fauve-garde 
de  cette  belle  invention  les  temples  ,  ceux  qui  les 
fréquentent  ,  &  ceux  qui  babitent  les  maifons 
voifines. 

La  pointe  métallique  efl  exaôement  eti  forme 
de  bayonnettc ,  c'eit-à-dire,  terminée  au  bas  par 
une  efpèce  de  canon  que  Ton  enfile  au-deflbus  du 
coq,  5c  fuffifarament  coudé  pour  lui  laifl!er  fou 
jeu.  Cette  pointe  eft  de  fer  ;  on  y  a  feulenacnt 
foudé  au  petit  bout  un  morceau  de  cuivre  jaune 
de  fil  pouces  de  longueur*  Elle  excède  le  coq 
d*environ  quatre  pieds^ 

Au-deffous  du  canon  eft  un  crochet  qui  fufpend 
une  trèfle  décent- cinquante  pieds.  Cette  treff* 
eft  à  tous  égards  préférable  aux  chaîner ,  aux  trin- 
gles ,  &c  ,  comme  formant  un  çondufleur  plus 
fur ,  plus  continu  ,  plus  folide  ,  &  cliargeant  beati- 
coup  moins  la  pointe.  Cette  treffe  eit  \int  vraie 
corde  de  £1  de  fer  aniftcment  fabriquée  à  trente- 
fix  brins-  Elle  vient  s'attacher  à  une  barre  de  kr 
de  dix  lignes  de  groffeur,  placée  perpendiculai- 
rement fur  la  face  extérieure  de  \\\n  des  grands 
pignons  de  Teglife  ,  &  qui  eft  prolongée  jufqu'i 
douze  pieds  fous  terre. 

Pardtenfttrre  pou^r  Us  mi^ajlns  â  pettdrt. 

M*  de  Saiziïure  a  communiqué  à  M  de  Mor- 
veau  le  mémoire  d*après  lequel  00  a  armé  les 
magafins  à  poudre  de  la  vtUe  de  Genève  :  ce 
favant ,  bien  convaincu  de  Fuiilité  8c  de  l'efficacité 
des  comïuHeurs  ordinaires  ou  fimples  pa^atonner" 
rei  ,  infifte  cependant  fur  des  précautions  mèmt 
furabondantes  ,lorfqu*»l s'agit  d^armjr  ces  édiAces. 

Il  veut  qu'on  porte  les  mâts  à  quelque  diflance 
des  biktiraens  ,  comm?  à  deux  ou  trois  pieds  ,  Se 
qu'on  n  épargne  rien  pour  les  rendre  inébranla- 
bles par  les  plus  violens  orages.  U  défire  que  U 
pointe  métallique  fott  fixée  au  haut  du  mit  par 
des  asoeaux  de  fer  »  &L  non  par  des  £bus  gui 


8o6 


PAR 


pourroîeot  condwîre  h  matière  élefttîqae  dans  rin- 
térleur  do  bois  &  le  faire  éclater. 

Il  propofe  d*ent*r  les  différentes  barres  qui  doi- 
vent conduire,  en  les  entaillant  en  bifeaii  ,  8f  les 
TcimiiTant  psr  le  moyen  d'une  vis  j  après  avoir 
interpofé  une  lame  de  plomb  pour  rendre  le  cou- 
lant plus  parfait  ;  ce  qui  efl  préférable  à  ce  qu*on 
a  pratiqué  dans  les  magafins  à  poudre  de  Par- 
fleet  en  Angleterre,  où  les  ]>arres  entrent  à  vis 
les  unes  dans  les  autres  ^  de  manière  qu*on  ne 
peut  en  enlever  une  fans  les  déranger  toutes. 

Ces  barres  ainfi  aflemblées  doivent  »  fyivant 
M,  deSiiujfurc  ,  être  fimplement  appliquées  contre 
le  mât ,  ^  fixées  fans  clous  m  crampons  ,  par  le 
moyen  de  plufieurs  colliers  de  fer. 

Il  place  également  dans  un  tuy:ïu  de  plomb 
le  condu*âeur  qui  doit  pafler  fous  terre  pour  aller 
chercher  le  puits  ou  autre  rèfcrvoîr  d'eau. 

Dans  ie  cas  où  Ton  feroii  forcé  de  chercher 
la  terre  humide  ,  il  recommande  de  dîvifer  Tcx- 
frémi  té  inférieure  du  tuyau  de  plomb  en  cinq  ou 
{\T  rameiux  de  deux  ou  trois  pieds  ,  que  Ton  auroit 
foin  de  faire  diverger. 

Il  place  un  femblable  appareil  de  l'autre  côté 
du  m3g.iftn  ,  à  la  même  diftance  des  murs  dont 
le  conduOcur  peutfc  réunir  fous  terre  au  premier. 

Enfin  »  fans  rien  chanj;er  au  faîte  ou  couronne- 
ment du  toit  du  migafin  ^  M,,  dt  Sauffure  i^în  zm- 
chcr  foUdement  au  pied  des  girouettes  quatre 
fi!s  de  cuivre  de  la  groffcur  du  peut  doigt,  qui 
defcendent  de  quatre  cotés  diffèrens  te  long  du 
tOfi  6t  des  murs  ,  fans  aucune  inierruption  }uf- 
ifu'au  pied  du  bâiimcnti  où  ils  se  plongent  en  terre 
pour  aller  r^oindre  le  conducicur  de  plomb. 

Il  n'y  a  perfonne  qui  ne  fente  combien  cette 
armure  cd  en  effet  avaniageufe ,  8c  qui  ne  penfe 
comme  M,  dt  Saufarc^  que  Ton  neldoit  abfotu- 
ment  rîen  négHger  pour  prévenir  un  accident  auffi 
fuïieflc  que  fexpbfion  d'un  magaftn  à  poudre, 

pes  CQ/iduSeun  ifoUs* 

Oa  appelle  çondufl'UrifoL\ct\u\qm  ne  touche  que 
des  matières  nonéleftrifabîes  par  communication  , 
qui  conferve  par  conféquent  prefquc  toute  la  ma- 
tière élcélrique  qu  il  reçoit ,  qui  peut  être  furchargé 
de  ce  fluide  «  d'autant  plus  aifèment  que  la  pointe 
conferve  fon  effet  fur  les  nuages  ,  0£  qui,  étant 
linfi  difpofé  à  fe  décharger  fpontanément  avec 
explofion  fur  les  métaux  &  fur  les  animaux  qui 
fe  trouvent  à  fa  proximité  ,  peut  être  dans  de  cer-  ^ 
tains  inftans  très-dangereux. 

Un  phyftcien  »  M.  Richmman  ,  a  été  foudroyé 
par  un  de  ces  appareils.  Plufieurs  autres  phyfi- 
ciens  ont  éprouvé  des  fecoufles  violentes  pour 
s'être  un  peu  trop  approchés  dî  pareiOes  barres 
fulminantes. 

La  pîuJencc  femble  exiger  que  l'cj!  mette  à 
câté  de  la  barre  ifoljc  une  autre  barre  m'"tallir,ue 
capable  de  receioir  la  matière  de  Texplofion ,  & 


PAR. 

de  la  tranfmettre  enfuite  fani  Intermptlofi  jiifr 
que  dans  Teau  ou  dans  la  terre  humide. 

Ceft  fm  ce  plan  que  M.  de  Morvcau  a  bk 
établir  Cm  fa  maifon  un  conduâecir  ifolé  qui  cl 
en  même-temps  paratonnerrt, 

La  defcription  qu  on  va  en  donner  ,  fufilra  pour 
guidâr  ceux  qui  voudroienc  en  faire  conftniire  de 
femblable*. 

L*appareil  d'un  fimplc  paratonnerre  tel  qu'êt 
vient  de  le  rapporter^con vient  pareillement  aucoa* 
àttÛQur  ifûlé  ;  alnft  paffons  à  fes  particularités  dV 
prés  Texplication  de  M.  de  Morveaii. 

La  pointe  de  mon  condufljur  ^  dit  ce  favantao» 
dcmicieu  ,  eft  faite  d'un  morceau  de  biton  de  fct 
pouces  de  longueur  ,  de  quatre  lignes  de  diamè- 
tre j  rapporté  au  bout  de  la  verge  de  fer  ptr  m 
tenon  Se  une  goupille  ,  &  enfuite  foudè  à  ïèai» 
pour  prévenir  la  rouille. 

Cette  pointe  eft  élevée  à  la  hauteur  de  qlIao^ 
vîngt-fix  pieds  au-dcflus  du  pavé;Ô£  j*obferve^tic 
les  effets  fenfibles  que  Ton  dédre  dépendent  bcjïH 
coup  de  Félévation ,  parce  que  les  matériaux  des 
édinces  attirent  eux-mêmes  &  di0lpem  par  con* 
féquent  la  plus  grande  portion  du  fluide  él«C* 
trique  qui  s*en  approche  à  un  certain  point* 

Pour  fixer  la  verge  de  fer  fur  un  mât  de  ma- 
nière à  la  tejiir  ifolée  ,  j'ai  pris  (  aioute  Ni.  ds 
Morveau  )  fuivant  le  confeil  de  M.  de  Sauffure, 
un  morceau  de  bois  d'alifier ,  de  dix-huit  poucti 
de  longueur  «  &  de  trois  pouces  de  diamètre  ; 
après  l'avoir  fait  fucceffivement  tremper  dans  Teaii 
oc  fécher  au  four  à  plufieurs  repriies  ,  je  lui  ai 
fait  prendre  jufqu  à  une  livre  &  demie  d*tiuile  de 
térébenthine  en  farrofanc ,  tandis  qu'il  ètoii!expo& 
k  la  chaleur  d*un  bon  feu*  Je  l'ai  couvert  d'ua 
large  ruban  de  foie  ,  &  i*ai  pofé  fur  le  tout  plu- 
fieurs couches  de  gomme  -  laque. 

Le  petit  bout  de  cylindre  avott  été  creuie  ea 
fon  milieu  de  la  profondeur  de  quatre  pouces  pour 
recevoir  la  verge  de  fer  ;  mais  avant  que  de  Vf 
introduire ,  je  crus  devoir  doubler  cette  cavité  d'an 
canon  de  verre,  &  garnir  auiïi  de  lames  de  %'erre 
le  bout  du  cylindre  lur  lequel  dcvoit  repofcr  l'cin- 
bafe  de  la  verge  de  fer. 

Au-deffus  de  cette  embafe  on  avoir  foudé  tifl 
chapeau  de  fer  blanc  de  quatorze  pouces  de  dia- 
mètre «  de/liné  à  garantir  de  ta  pluie  le  cylindre 
ifobnc ,  &  au-defftis  du  chapeau  »  ta  verge  de  fer 
port  oit  un  manche  de  huit  pouces  p9ur  reccvw 
la  treffe  de  fil  de  laiton. 

La  réunion  du  cylindre  d'alifier  au  mit  de  fapifli' 
s*eft  faite  par  le  moyen  d'un  goujon  de  fer  & 
d*une  virole  à  griffes,  portant  deux  bratiches  ^ 
ont  été  clouées  fur  le  mât* 

Le  gou jon  &  la  virote  ne  prenant  ainfi  q\ic  deux 
pouces  fur  cette  extrémité  du  cylindre  ,  il  efl  rcflé 
en  effet  une  interruption  de  toute  matière  cotn- 
muniquante  de  la  longueur  de  quatorze  pouces 
jufqu  à  la  virole  fupéricure. 

Pour  empêcher  qu'un  coup  de  vent  Aefojlevat 


 


SiJ 


R 


p  Ar 


cfispeau  »  la  verge ^ft  fer  a  éié  pofcc  k  bain 
maûic  chaud.  J'en  ai  cûaiè  danii  le  dciius  du 
fbBpeiu  f  jufqii'â  la  hauteur  l'e  li  virole  ,    Si  il 
ctè  encore  forcé  par  deux  forrs  rubans  de  foie, 
liTès  dà[\:»  des  boiiteilles     foudèes    h  la  furface 
férieure  du  fer  bîatit:    . 

La  barre  de  fer  ^  laquelle   efl  artaclvé  l'autre 
out  de  la  trelTe  ,  &  qui  trjvcrfc  le  toit  6c  le  plan- 
her  de  l  appartement  oii  fe  trouva  Pappareii  des 
imbres  ,  eA  de  douze  à  treize  lignes  dfe  groiTeiir. 
ilte  porte  de  même  un  chapeau  de  fer  blanc,  feu-  ^ 
[fiiene  plus  rapproché  du  toîc,  pour  qu'il  puîfTe 
lettre  plus  fure ment  à  Tabride  la  pluie  cette  partie 
le^U  barre  âc  rifotoir  ,  qui  s'éloigne  de  toute  ma- 
"  c  communicîlnte* 
Cet  ifoloir   elt  une    boîte  carrée    de  dix- huit, 
luccs   de  haut  ,  de  fix  pouces  de  îa^-ge ,  de  fix 
luces  de  toute  ficc  ,  au   milieu  de    laquelle  fai 
ce  des  f uy-iux  de  verre  par  du  maflic  fait  de  fciure, 
ï  réfifie  ik  de  verre  pulverifé. 

Le    carton    fupé rieur   ell    armé    d'un    collet 

oar  recevoir  la  clavette  qui  traverfe   la  barre  , 

:  la  fufpend  en  entier»  puifqu*elle  ne  doit  avoir 

cootaâ  d*auci:ne  autre  matière. 

Une  boile  pareille  fert  à  ifolcr  la  même  barre 

la  hauteur  du  plancher ,  &  toutes  les  deux  ont 


609 


été  pofées  avec  le  moins  de  ferrures  ,  &  le  plus 
éloignées  qu'ii  a  été  poilible. 

On  n'a  pas  befoin  d^averttr  que  ces  trois  Ifo» 
loirs  doivent  être  éprouvée  par  la  machine  élec- 
trique avant  d'être  placés. 

La  conrtrudion  de  la  barre  Inférieure  cft  ab- 
folument  la  même  que  celle  d*un  pdra*mncrre  non 
ifolé  ;  elle  cft  terminée  à  la  partie  fupérieu^e 
par  un  timbre  correfpondant  à  celui  qui  termiûe 
la  barre  ifolée. 

On  fufpeni  entre  les  deux  une  boule  de  métal, 
ou  cfpèce  de  battant  accompa  né  d  un  morceaa 
de  fil  de  fer  tordu  autour  de  la  barre  ifolée,  & 
recouvert  d'un  canon  de  verre  auquel  la  foie 
cft  attachée.  Il  cfl  bon  d'y  placer  encore  deux 
petites  boules  de  moële  de  fureau  ,  également  fuf- 
pendues  par  des  fils  parallèles  dont  le  jeu  eft  plus 
fcnfible. 

Enfin,  on  pratique  une  brifurc  depuis  %  pouces 
environ  au-defTus  du  timbre  de  U  baf^  non  ifo* 
lée,  qui  s'arrête  par  une  vis  de  preffion  à  la  dif* 
tance  que  l*on  dèftrc  i  qui  lailfe  par  confcquent 
la  facilité  de  la  rapprocher  à  volonté  de  l'autre 
timbre  ,  même  fufdu*au  contaifl  immédiat ,  &  de 
faire  aiiifi  ce^Ter  rifoiement  &  tous  les  phén^oi^ 
nés  qui  en  dépendent* 


rOCABVLAIRE. 


>utir 


/ONDUCTEUR  ;  chaîne  de  fer  ou  de  laiton  ,  pour 

Tirer  la  matière  du  tonnerre  , Si  !a  conduire  fans 

,^lofion^  dans  un  enjroit  humide  ou  elle  fe  perd. 

Conducteur  isolé  ;  c  eft  une  chaîne  de  métal 

lui  ne  touche  que  des  matléref  non  éleârifables 

Dar  commun icatioo. 


pARATO^'NEllRE  ;  c'cfl  urtc  barre  de  fer  termî* 

née  en  nointe,  qu'on  élève au-defTus  des  édifices, 
6c  à  laquelle  on  joint  un  conduBeurcyn  une  chaîne 
de  fer  pour  attirer  fans  explofion  ,  dans  des  temps 
dorage,  la  matière  du  tonnerre,  fit  en  préferver 
lesbiiimcns. 


Ans  &  Mhlcrs ,  Tjm:  K  Par:.  M 


Hhhh 


élO 


PAR 


►T  A  R 


PARCAGE.     (Art  du) 


X  L  faut  entendre  par  le  mot  Parcage  ,  Tart  de 
tenfcrmcr  ks  bête^.  à  laine  dans  une  enceinte  de 
claies  ,  à  l'air  lilre  ,  fur  la  portion  de  terrain  qu'on 
veut  fertilifer. 

Pour  le  développement  de  cet  art  ,  nous  ne 
pouvons  mieux  faire  que  de  rapprocher  ici  plufi-urs 
petits  traies  très  inrtruftifs ,  qui  donneront  une 
connoiffance  fuffifante  fur  les  avantages  &  les  ïn- 
convèniens  du  parcage^ 

InJltuHion  fur  h  Parcage  des  téus  â  lame  >  publiée 
par  ordre  du  roi ,  en  tj^j* 

Si  Tufage  de  faire  parquer  les  bêtes  à  laine  fur 
les  terres  diûinées  à  la  culture  du  froment ,  & 
même  de  beaucoup  d'autres  pîantes  ,  cft  avanta- 
geux dans  les  années  ordinaires ,  il  devient  indif- 
pen fable  pour  fupplèer  à  la  dilette  des  pailles  , 
&  pour  empêcher  que  les  défaflres  de  la  féche- 
rené  n'influent  fur  les  récoltes  Xuivantes. 

CeA  dans  la  vue  de  répandre  de  plus  en  plus 
cette  pratique  importante,  de  l'introduire  dans  les 
Provinces  où  elle  n*a  pas  lieu  ,  d*cngager  dans  les 
autres,  les  cultivateurs  à  mettre  plus  de  bètes  à 
laine  au  parc  ;  enftn  ,pour  leur  donner  des  princi- 
es  certains  qui  puilTent  leur  lervir  de  régie ,  que 
ia  préfenie  iniVu^on  a  été  rédigée. 


E 


De  l'étendue  du  parc ,  &  de  la  manière  de  lefirmer. 

Faire  parquer  les  moutons  ,  c'eft  ïcs  renfermer 
dnns  une  enceinte  de  claies,  fur  k  portion  de 
terrain  qu^on  veut  fertilifer. 

Une  béte  i  laine  peut  fumer  dans  un  parc  en- 
viron dix  pieds  carrés  de  furfece  ;  un  troupeau 
de  trois  cems  bêtes  féconde  roi  r  par  conféquent 
trois  mille  pieds  carrés  en  un  feul  parc  ;  6i  fi  on 
le  changée  de  place  trois  fpis  dans  le>  vingt-4ua- 
tre-heures,  il  ne  faudra  guère  plus  de  cinq  jour^ 
pour  fumer  un  arpent ,  mefure  de  roi  ^  c'eft-à*dite^ 
\Mi  efpace  de  cent  perches  carrées  >  de  yifigt- 
deux.  pieds  chacune  :  on  fumera  donc  avec  troi* 
cents  bctcs  ,  environ  fu  arpens  par  mois ,  &  com- 
me  le  parc  peut  durer  trois  à  quatre  mois  ,  un 
fermier  qui  a  trois  cents  hères  à  laine  fumera  fa- 
cilement vingt  arpens. 

Les  claies  qui  forment  le  parc  ,. doivent  réunir 
ieux  qualités  ;  »l  faut  qu'elles  foicnt  afîez  hautes 
pour  que  les  loups  ne  puliTent  pasTautcr  par-def- 
i\ii^  &  ea  même-tciEigs  qu'elles  foleni  aâez  légè* 


res  pour  que  le  berger  puiiTe  les  tranfportcr  hà^ 

lement  ;  la  prop(.  rtion  la  plus  ordinaire  tfi  et 
uu^itre  pieds  &  demi  à  cinq  pieds  de  hatireur«& 
de  fcpt  ,  huit  ou  reuf  de  longueur  i  ob  les  cop^ 
truii  de  bajguettes  de  coudrier ,  ou  de  tout  autn 
bois  léger  oc  flexible  ^  entrelacées  tut$c  des  ao»* 
tans  un  peu  plus  gr.s  que  les  baguettes.  On  ci 
fait  aunH  avec  des  voliges  ailemblées  ou  clorioi 
fur  des  monta ns. 

On  laifle  aux  claiei  faites  avec  le  coudrier  M» 
ouvertures  placées  à  la  hauteur  de  quatre  ptcJi; 
Tune  au  milieu  ,  de  fix  pouces  de  large  fur  un  pied 
de  longiieur  ;  les  dctist  autres  aux  deux  bouts  :oei 
deux  dernières,  de  trois  pouces  feulement  de  li^ 
gorir  fur  un  pied  de  longueur  ,  fervent  à  pafler  k 
bout  dws  croiTes  deilinées  àfoutenîr  les  claies* 

On   donne  le  nom  de  crojfts  à  des  bâtoni  de* 
fcpt  5  huit  à  neuf  pieds  de  longueur  ,  ayant  aa 
gros  bout  une  courbure  qui  forme  patte,  quieft 
percée  d*un  trou  ,  ^  qu'ion  Axe  en  terre  avec  us 
piquet  ;  Ife  bout  Te  plus  menu,  defliné  à  paOerdans 
les  ouvertures  des  claies,  efl  percé  de  deuxtroiis 
ou  Ton  place  des  chevilles  de  neuf  à  dix  pouccsèc 
long'  :  ces  chevilles  font  efpacées  &  difpofécs  de 
manière  qu'en  faifant  anticiper  deux  cbies  Tuoe 
fur  l'autre,  au  point  que  Touverture  de  la  droite 
de  Tune  réponde  à  celle  de  la  gauche  de  l'autre, 
*  les  deiix  claies  fe  trouvent  ferrées  Puoe  fur  Tautre 
par  les  deux  chevilles  lorfquc  le  gros  bout  de  h 
croiïe  touche  à  terre, 

Lorfqu'un  berger  veut  former  un  parc  ,  il  Ir 
commence  communément  au  coin  du  champs  U 
y  difpofe  fcs  claies  c;irrémcnt ,  en  auacham  ccl- 
ies  de  l'angle  avec  des  ficelles  ;  il  fouttent  loiitei 
les  autres  par  le  moyen  des  crofles. 

La  cro/îe  entre  aifémcnt  toute  armée  de  fes- 
chevilles  dans  les  ouvertures  corref pondantes  des 
deux  claies,  en  préfentant  les  cheviller  fcloa  U 
longueur  ;  on  ne  fait  pafTer  que  la  première  cke- 
ville  ,  &  retournant  la  croiTe  ^  Téquerre  »  on  tii 
les  deux  claies  prifes  entre  les  deux  cKeviUes  qui 
débordant  de  trois  à  quatre  pouces  de  chaque  coié 
les  deux  monuns  *  l'ouverture  étant  moîm  largt 
que  longue  :  Tune  de  ces  dtevilles  fe  trouve  ain£ 
derrière  le  montant ,  &  l'autre  devant  ;  eniaiie 
on  abaiffe  contre  terre  le  gros  bout  de  U  croAe  , 
&  Ton  enfonce  avec  un  maillet  la  clé  ou  le  pi- 
quet qui ,  traverfant  la  paite  de  U  crofle  «  affiirt 
tout  l'édifice. 

Pour  tranfporter  chaque  claîê  »  Je  berpr  p&Ge 


J 


PAR 

Tïout  de  fa  houlcrte ,  ou  foiu^ent  même  le  bout 
ne  croffe  ,  lorfqu  elle*  font  :*ffei  fortes  ,  dans 
iJTerturc  qui  eft  au  milrcu  de  la  claie  ;  il  ap- 
îc  (on  dos  contre  cetre  claie  ,  il  la  fouiève  &  la 
rte  en  fatfant  paifer  ta  houlette  fur  fon  épaule , 
Se.  en  11  tenant  ferm^  avec  les  deux  mains  ;  ['on 
?^ur  auffi  tranfponer  les  claies  en  paffant  Je  bras 
à^Tok  à  travers  la  voie  du  milieu. 

Lorfque  le  parc  a  été  une  fois  commencé  au 

^oin  du  champ ,  on  le  continue  de  proche  eti  pro- 

'  che  dan5  toute  fon  étendue,  en  ne  relevant  jamais 

i  chaque  changement  que  trois    côtés  des  claies  , 

h  quatrième  ferr  pour  le  nouveau  parc. 

Le    berger  doit   toujours    avoir  foin  de  tracer 

parc  pendant  le  jour  ,  &  d*en  marqtter  les  ex- 

Imités  avec  des  piquets  garnis  de  chiffons  bîancs, 

o   qu'il  les  puifle   apercevoir  pendant    la  nuit 

11   changera  le  parc.  Se  quils  lui  fervent 

fide. 

On  peut  éviter  cette  difficulté  ,  &  ménager  la 

ine  du  berger,  en  faifant  le  jour  un  parc  divifé 

m  deux  parries  par  une  cloifon  de  cLies  ;  h  ber- 

er  n'a  qu'à  faire  paffcr  les  moutons  de  lu  ne  dans 

_   autre  jpour  les  changer  de  parc  :  cette  pratique 

'«Il  iDdilpenfable  dans  quelques  provinces  ,    peur 

éviter  que  les  bêtes  ii  l^n^  ne  foient  expofées  à 

devenir  la  proie  des  lou|is'  pendant  qu'on  change 

le  parc  :  elle  a  un  autre  avantage  ,  c*eil  de  fumer 

lavec  plus  d'égalité* 

I  On  a  obfcrvè  que  les  bêtes  à  laine  fument  beau- 
Icoup  plus  abondamment  dans  la  première  moitié 
r  de  la  nuit  que  dans  la  féconde  ;  on  dtfpofe  donc 
la  rangée  intérieure  des  claies  qui  féparc  le  parc 
du  foir  de  celui  du  matin  ,  de  façon  que  la  fur- 
lace  de  celui-ci  foit  à  celle  du  premier  dans  la  pro- 
portion de  deuxi  trois ,  alors  hfumurt  fc  trouve 
très-égale. 

Ceft  la  méthode  d^Angleterre  &  celle  du  pays 
de  Caux  ;  eïle  exige  un  plus  grand  nombre  de 
claies  ,  mais  la  répanition  plus  égrJe  de  Fengrais, 
la  fureté  des  moutons  dans  les  pays  expofés  aux 
loups  ,  &  en  tout  pays  ta  diminution  de  la  peiiie 
du  berger,  qui  n*a  quune  claie  intérieure  à  lever 
pour  clianger  fes  moutons  du  parc,  &  q^ii  ,  par 
'conféquent ,  fait  fon  devoir  avec  plus  d'exaôiiu- 
tde  ,  doit  faire  pr^érer  généralement  cette  mé- 
ffaode, 

La  grandeur  du  parc  doit  être  proportionnée 
3i  la  quantité  de  bêtes  à  laine  que  fon  veut  faire 

E arquer  ,  6c  à  la  quantité  de  terre  que  chaque 
êtc  fertilife  ;  on  a  vu  plus  haut  que  chaque  bête 
h  lajnc  pouvoit  ferttlifer  une  étendue  de  dix  pieds 
^c&rr«s  ;  ce  calcul  eft  relatif  au  parc  du  foir. 

Ueftaifé,  d'après  cela,  de  proportionner  le  nom* 
bre  des  claies  à  la  force  du  trdupeau  :  par  exem- 
ple ,  il  fam  pour  un  parc  de  cinquante  bétes  , 
douze  claies  de  fept  à  huit  pieds  de  long  ,  ou  de 
neuf  à  dix  pieds  ;  oc  pour  un  parc  de  quaire-vingt- 
dix  bêtes,  douze  claies  de  dix  pieds  ;  il  en  faut 
dci^i  de  plus  &  tes  claies  n'ont  que  neuf  pieds ,  & 


PAR 


6iï 


quatre  îe  plus  it  cLw  n'^''  ont  que  hm t.  Il  eft 
™;fé  de  calculer  de  même  ce  qu'a  léZl  .  claiei 
pour  un  parc  double  ,  quand  on  veut  éviter  au 
berger  ta  peine  de  le  changer  pendant  la  nuit. 

Ces  calculs  font  encore  fufceptibles  de  quelques 
variations  ,  félon  la  taille  &  la  force  des  bétes  à 
laine;  il  faut  un  plus  grand  efpacc  pour  la  haute 
&  longue  efpèce  angloife  &  6amande  ;  Il  en  faut 
un  moindre  pour  la  petite  efpéce  berrichone  ou 
efpagnole, 

L'imelligence  du  propriétaire  doit  fuppléer  à 
ce  qu'on  ne  peut  lui  dire  avec  précifion ,  faute 
de  connoîtrc  de  quelle  race  font  fes  moutons. 

Le  parc  le  p!us  petit  que  Ton  puifîe  faire  eft  de 
cinquante  bêfcs  ;  autrement  la  dépenfe  néceflaire 
pour  l'entretien  du  berger  cxcéJeroit  le  bénéfice  i 
mais  plufteurs  cultivateurs  peuvent  réunir  leurs 
troupeaux  pour  les  faire  parquer  enfemble  fous  la 
conduite  d'un  même  berger  ;  de  même  un  culti- 
vateur induilrieux  peut  louer  des  moutons  pour 
le  temps  du  parc  feulement ,  &  réunir  plufteurs 
petits  troupeaux  pour  former  un  parc  plus  coafb. 
dérable. 

De  la  mâniin  dt  gouverner  un  parc* 

La  mamére  de  gouverner  le  parc  n*eft  pas  ta 
même  dans  toutes  les  faifons  :  dans  les  longs  jours 
on  y  fait  entrer  le  troupeau  une  heure  après  le 
Soleil  couché  ,  c'eft-à-dire  ,  vers  neuf  heures  ; 
alors  ,  comme  les  herbes  ont  beaucoup  de  fuc  , 
comme  la  fiente  &  les  urines  font  très-abondan- 
tes I  un  parc  de  quatre  heures  fuffit  pour  amender 
la  terre  ,  &  on  le  change  trois  fois  depuis  le  foir  }uf* 
^a^n  matin  ;  la  première  à  une  heure  du  matin  » 
la  féconde  à  cinq  heures  ,  &  la  iroifième  à  neuf 
heures  du  matin. 

Le  dernier  parc  fe  fait  de  jour,  &  on  peut 
même  fedifpenfer  de  Tenfermer  de  claies  «  parce 
qu'on  n'a  point  également  \  craindre  d'être  fur- 
pris  par  le  loup  :  il  {uSt  de  placer  les  chiens  de 
manière  qu'ils  contiejment  les  mohtons  dans  l'ef- 
pace  deflinè  au  parc  »  c'efl  ce  qu  on  nomme  /?jr- 
qutr  en  blanc  :  on  peut  au  furoluf  avancer  ou  recu- 
ler ie  changement  du  parc  lorfqu'on  le  juge  à- 
propos  ^  mais  il  (^v^i  alors  les  faire  de  grandeurs 
inégales,  8c  leur  donner  d'autant  plus  d'éten- 
due que  les  bétes  doivent  y  féjourner  plus  long- 
temps. 

Lorfque  le  mois  de  Septembre  arrive ,  les  niilts 
font  plus  longues  ,  les  bêtes  à  laine  ont  moins 
de  temps  pour  pâturer ,  les  herbes  ont  moins  de 
fuc  ,  les  urines  &  ta  iiente  font  moitis  abondantes; 
il  faut  alors  ne  faire  que  deux  parcs  par  nuit,  6c 
î%  Ton  continuoit  ï  parquer  pendant  î hiver,  on 
n'en  feroit  qu'un  par  vingt -quatre  heures. 

La  cabane  du  berger  doit  toujours  ixttïçoit 
du  parc  ,  afin  qu'en  ouvrant  Tune  des  deux  portC-s 
il  puifle  voir  le  troupeau  ;  elle  doit  être  très-légère, 
&  pofée  fur  des  roues  povr  être  d'un  tranfporc 

Hhhli  {^ 


facile  :  on  la  conftruit  en  bois ,  &  il  fuffit  fl-'éîii 

ait  fit  pieds  de  long  ,  ,rol«  *;  i^^;  j^  53^^^"    gj 

au  elle  fou  £<>^*"  11  L    j        ^' 

^    «  ^  w**  __^^gyte  en  paille  ou  en  bardeau  t  eue 

doit  comenÎT  un  matelas  ^  des  draps  »  une  cou- 
verture.  &  une  tablette  pour  placer  quelques  bar- 
des &  des  provlfions  de  bouche  :  les  portes  en  doi- 
vent fermer  k  clef. 

Les  bergers^  font  dans  Tufage  de  faire  coucher 
[«§  chîer*i  à  Talr  dans  le  parc  y  ou  en  dehors  près 
de  leur  cabane  :  ces  anîmaux  ,  que  la  nature  n*a 
point  prémunis  ,  comme  les  moutons  ,  contre  les 
intempéries  des  faifons  ,  en  font  quelquefois  in- 
commodés ,  6l  cet  inconvénient  deviendroit  d'au- 
tant pïus  grand  ,  qu'on  prolongerolt  !e  pjrc  pbs 
avant  dans  Thiver  :  il  feroit  polfible  d*avoir  une 
petite  loge  extrêmement  légère  ,  qu'on  placeroit  à 
Taoglc  oppofé  à  c  Jui  ou  feroit  b  cabane  du  ber- 
ger ,  di"  l'autre  côté  du  parc. 

On  fait  forfir  les  mourons  du  parc  le  matin 
pour  les  mener  au  pâturrige  lorfque  la  rofée  eA 
patTée  «  &  on  les  gouvcrnt;  au  furplus  de  la  même 
manière  que  s*ils  vivoicnt  dans  les  étabies*  On 
doit  avoir  foin  en  été  ,  de  les  meure  à  l'ombre 
dans  k  m  lit:u  du  jour  ,  pour  les  préferver  de  la 
chaleur  du  foleiL 

Di  la  f  réparation  des  terres  avant  St  après  U 
partage, 

C^mrae  les  terres  que  Ton  fe  propofe  de  par- 
quer font  en  général  deiVinées  à  recevoir  du  bïé , 
ii  faut  commencer, avant  d*y mettre  le  parc  ,  par 
leur  donner  ^u  moins  deux  bons  Ubours  à  plat  , 
afin  que  Turine  pénètre  plus  facilement  la  terre. 

Il  eu  important  de  labourer  promptçment  le 
champ  après  que  te  parc  y  a  pafTè  ,  atin  ce  mêler 
la  fiente  6c  l'urine  avec  la  terre  avant  qu'il  y  ait 
cvaporatîon  ;  d'ailleurs ,  pour  peu  que  le  terrain 
foit  en  pente,  s'il  vient  des  averfes  avant  que  le 
champ  ait  été  labouré  ,  une  partie  du  crottin  efl 
emporté. 

Des  agriculteurs ,  dont  Tautorité  efl  d\in  grand 
poids  ,  affurert  qu'on  peut  parquer  !es  terres  à 
blé  ,  même  aprèi  que  la  plante  a  pou  (Té  ,  &  juf- 
qu*à  ce  qu'elle  ait  atteint  un  pouce  de  hauteur  , 
pourvu  que  ce  foit  par  un  temps  fec  ;  on  Ta  effayé 
en  Argleterre  :  U^  moutons  brcutcnt  l'herbe  »  mais 
on  allure  qu'ils  font  bien  à  la  racine  en  fouhnt 
les  terres  ,  6l  qu'ils  écartant  les  vers  par  leur 
odeur. 

Ce  n*eft  qu'avec  beaucoup  de  rèfervc,  &  dV 
bord  fur  de  pérîtes  portions  de  terrrin  ,  qu'on 
doit  tenter  cette  méthode  ;  il  en  rcfulfcroîc  de  fi 
grands  avantages, qu M  fcrf^it  a  fcuhait.r  que  Tc^- 
pérîcnce  en  confirmât  b  bon'é  ^  &  que*  quelques 
perfonnes  riches  en  vcuîuiTent  faire  î'efiai  fur  de 
petites  parties  :  fi  elle  r^ufTiiroit  ,  la  facilité  de 
continuer  à  faire  parquer  les  bêtes  ;•  laine  fur  les 
tcrri:s  à  blé  pendar,t  prcfquc  tout  rhWtj  ,  offriroit 
DD  profit  de  h  plus  grande  importance. 


PAR 

Il  eft  bien  procvi  stijourd^hui  que  cet  Atiii 
fupportept  fsni  încoRvénient  les  rigueurs  «lu 
&  rintempèrie  des  faifons. 

Du  parcage  des  prairies  naturtlles  &  artifiàeUes* 

Le  parcage  dans  les  prés  hauts  e(t  trés-avanct- 
geux ,  fur-tout  pour  leur  rendre  de  la  vigtteur  lors- 
qu'ils font  épuifés  ;  mais  il  faut  que  la  durie  da 
parc  foit  beaucoup  plus  longue  fur  tes  prc»  que 
fur  les  terres  labourables. 

Dans  les  temps  fecs»  on  peut  laiffcr  le  trwii 
peau  dans  le  même  parc  pendant  deux  ou  trM 
nuits  ;  mais  dans  les  temps  humides  il  &ut  ks 
changer  tous  les  jours  »  parce  que  les  excrèaieii 
de  la  veille  faliroient  les  moutons  :  cette  inecbode 
fertilife  admirablement  les  prairies  ,  &  on  pciK 
l'appliquer  avec  fuccés  aux  luzernes ,  au  raygras, 
aux  trcfiei,  au  fomentai  i  toutes  ces  plantes  coik 
fervent  leur  verdure  Thiver,  brfqu'clles  ont  éiè 
parquées  :  il  n'en  efl  pas  de  même  pour  le  fainfoia, 
les  moutons  font  les  enuemis  de  cette  plante  ,  êc 
le  parcage  la  ôétruit  au  lieu  de  ramcUorer*  Oa 
doit  éviter  d'ctablir  le  parcage  dans  les  prés  bas, 
leur  humidité  feroit  nuifiblc  aux  bctes  à  laine 

Des  avantages  du  parcage  dans  l'exploitation  i^wm 


erme» 


L'avantage  du  parcage  eft  de  fumer  les  terrei 
fans  confommcr  de  paille  ,  &  cet  avantage  c5 
inappréciable  ,  parce  que  c'eft  la  paille  qui  m»n- 
que  prefque  loujours  dans  l'exploitation  d*uû€ 
ferme. 

En  fuppofant  qu'un  cultivateur  fafle  valoir  une 
ferme  de  deux  charmes ,  ou  de  cinquante  arpeos 
par  foie ,  mefure  de  roi  i  qu'il  ait  un  troupeaa 
de  trois  cents  bètesàlaiae  êl  dix  à  douze  vacnes, 
il  peut  efpérer  ,  dans  une  année  ordinaire  ,  6c 
dans  des  terres  d^;  fcrtiUté  commune  ,  d'obtenir 
deux  cents  voitures  de  fumier ,  chacune  de  qua- 
rante à  cinquante  pieds  cubes;  cette  quantité,  ré- 
pandue fur  les  cinquante  arpens  dei^incs  à  ètrecn- 
femencés  en  blé  ,  ne  donnera  pour  chacun  que 
quatre  voiturts  de  fumier»  &  avec  aufîi  peu  d'en- 
grais il  ne  peut  efjjérer  que  de  trés-médiocrci 
récoltes  ;  mais  fi  ce  cultivateur  envoie  fon  trou- 
peau au  parc  pendant  quatre  mois  de  i'anoéCt 
d'après  les  calculs  qui  ont  été  préfemés  ci-de^tti» 
il  filmera  environ  vingt  arpens  ;il  ne  lui  en  reftcrt 
plus  par  conféquent  que  trente  à  fumer  ,  fur  cha- 
cun dtfquelsii  pourra  répandre  fix  à  fept  voiturei 
de  fumier  ;  cnfortc  que  fon  indufîrie  aura  produit^, 
fans  augnicntation  de  dépenfe  *  le  me  nie  cffict 
que  fi  fes  pailles  culte nt  été  augmentées  de  p^ 
d'un  tiers. 

Indépendamment  de  ces  si  va  nf  âge*,  leparc^ 
a  cc*i#i  de  donner  aux  terres  i^ne  fumure  pliii 
di!>-.b!e  ,  &  l^s  avoines  Oi^'on  sème  la  feconte 
année  s'en  rcffcncenc  encore  fenfiblement*  U  fcroii 


foMhaitcr  qu^on  pût  parquer  de  noii^ea^  les 
XDêraes  terres  au  bout  de  trois  ans  «  &  on  prétend 
qu'elles  fer  oient  améliorées  pour  longtemps  ;  mais 
lai  plupart  des  cultivatenrs  n'onr  pas  arïe^  de  bef- 
tiaux  pour  parquer  ainfi  toutes  leurs  terres,  & 
fUr-toui  pour  les  parquer  deux  f^Is  de  fuite, 

|/>tf  parcagt  de  qudquts  au&ts  animaux  domifllquts. 

Les  betes  à  laine  ne  font  pas  les  feuls  amin;iux 
a*on  puifTe  mettre  au  parc;  on  pratique  en  An- 

rterre  la  même  méthode  pour  les  vaches  8f  pour 
cochons  ;  le  terrain  où  ils  ont  féjourné  fe  trou- 
bien  amendé  &  produit   de    riches  récoltes. 

Dinme  le  parcage  de  ces  animaux  n'exige  aucune 
:aution  particulière  y  on  n'entrera  dans  aucun 
il  à  ce  fujet. 

foffiydité  &  avantages  de  tenir  les  moutons  à  l'air 
toute  l'année  ,  &  du  parc  domtfi  qie.  Extrait  des 
Mimoirts  de  M  DaumeNTON  &  de/on  inpuHion 
faur  les  Bergers, 

En  faifant  parquer  les  troupeaux  toute  Tannée , 
n  augmente  le  produit  de»  pâturages  &  des 
terres  ,  &  on  rend  les  bêtes  plus  robufles  ;  leur 
laioe  doit  être  plus  abondante  ,  de  meilleure  qua- 
lité ,  ^  leur  chair  de  meilleur  gour« 

On  épargne  les  irais  de  cunttruélion  &  d'entre- 
tien des  étabks  »  Ôt  on  préferve  les  bêtes  des  maïa- 
téies  caufées  par  le  mauvais  air  des  bergeries  où 
priles  font  en  très-grand  nombre ,  Ôl  fur  des  fu- 
miers ou  liiiércs  trop  'confommées.'  Il  faut  fubf- 
lituer  aux  etables  durant  le  printemps  ,  l'été  & 
Fautomnc ,  le  parc  ordinaire  fur  les  champs  à  amen* 
der  ;  &  pour  Thiver  un  parc  domelliquc ,  c'eft- 
à-dire^un  enclos  fermé  de  murs  ^  ou  le  troupeau 
foit  jour  Ôc  nuit  À  IVir  ,  mais  garanti  du  loup.  On 
peut  le  faire  dans  un  clos  tenant  à  la  ferme  ou 
dans  une  partie  de  la  cour  d  une  ferme  ^  s'il  e^ 
dans  une  encoignure  ,  il  y  aura  un  mur  de  deux 
côtés  «  6c  les  dvux  autres  côtés  feront  fermés  par 
des  claies. 

L     On  attachera  des  râteliers  aux  murs  ,  ou  même 
faux  claies.  Le  terrain  fera  en  p4.^nte  pour  Tecou- 
lement  des  eaux   de  pluie  :  iL  tû  à-propos  de  le 
battre  &dc  lefabkr. 

Si  l'on  n'a  ps  de  quoi  faire  de  litière  auflli  fou- 
▼ent  que  le  t^;mps  ou  les  pluies  le  rendent  nécef- 
faire  ,  il  fera  balayé  tous  les  jours  pour  enlever 
le  crottin. 

On  a  tenu  alnfi  toute  rannéc  ,  en  plein  air , 
jour  &  nuit  ,  près  Muntbird  ,  ville  de  Bourgo- 
g|ie  t  ^*"s  aucun  couvert  ,  6c  pendant  qua- 
torze ans»  depuis  1767  jufquVn  1781  ,  un  trou- 
peau d'environ  trois  cents  bétes  ;  il  n*a  eu  d'autrtî 
logement  qu'une  baflc-cour  fermée  de  murs ,  où 
il  eA  encore  à  préfent  Les  râteliers  y  font  air.'- 
aux  murs  fans  aucun  couvert  :  les  brebis  y  om 
bas  :  les  agneaux  y  font  toujours  reliés ,  6l 


toiil55  ^es  bètes  s*y  font  maintenues  en  meilleur 
état  qu'elles  n'â^r?^*^*  ^'^it  dans  des  ètables  icT- 
mécs  ,  quoiqu'elles  aycnt  éprouvC  v<îî»  iaûccs 
tfès-pluvietifes  &  des  hivers  trés-ftoids  >  fur-tout 
celui  de  1776. 

La  laine  les  défend  affez  des  injures  de  Tair  par 
fon  épaiffeur  »  fa  lonaueur  ,  ài  par  la  graiïïe  ou  le 
fuint  ;  de  forte  que  les  flocons  ne  font  ni  froids  , 
ni  morcelles  prés  de  la  peau  ,  tandrs  que  k  refte 
efl  charge  d'eau  ou  de  glace  ,  ou  couvert  dt  givrc 
ou  de  neige  :  les  moutons  font  tomber  i'cau  61  la 
neige  de  leur  das  en  fe  fecouant  ;  mais  quand  la 
neige  tombe  fi  abondamment  qu'elle  les  couvre  * 
ils  en  reftent  couverts  pendant  du  temps  fans 
périr. 

Le  grand  froid  pourroit  faire  du  mal  aux  parties 
du  corps  privées  dt^  laine  »  aux  jimbc;»»  pieds, 
mufeau  »  oreilles  ;  mais  étant  couches  fur  la  Uiiére, 
ils  raflemblent  leurs  jambes  fous  leur  corps,  en 
fe  ferrant  les  uns  contre  les  autres  i  ils  mtttent 
leur  tête  &  leurs  oreilles  à  Tabri  du  froid  d  4ns  les 
iniervalles  qui  relient  entre  eux  ,  enfonçant  le  bout 
de  leur  mufeau  dans  la  laine. 

L*étendue  du  parc  domeftîque  doit  être 
réglée  fur  le  nombre  des  bétes ,  U  en  partie  fur  la 
quantité  de  litière  qu'on  peut  leur  fournir  j  lorf- 
que  la  litière  n'eit  pas  abondante  ,  on  efl  obligé 
de  reflerrer  le  parc  ,  mais  il  faut  au  moins  fix 
pieds  carrés  pour  ch^ique  mouron  de  moyenne 
race  :  ft  l'on  peut  fournir  plus  de  litière  ,  on  agran* 
dira  le  parc  Jufqu'à  donner  huit,  dix  ou  douze 
pieds  carrés  par  mooron  :  les  bctes  peuvent  fe 
mouvoir  aifément  ôt  changer  de  place  ,  elles  falif.* 
fent  &£  ufent  moins  leur  laine  ;  les  brebis  pltines 
ik  les  agneaux  font  moins  fufets  à  être  blel?é$« 

Les  meilîeures  expofuions  pour  le  parc  domef- 
tique  font  le  midi,  le  fud  oueA  &  le  fudefl,  où 
les  murs  du  parc  garantirent  le  troupeau  des  vents 
de  bife  &  de  galerne,. 

Tant  qu'il  y  a  du  fumier  dans  le  parc ,  il  faut  y 
renouveler  la  litière  pour  empêcher  que  les  mou- 
tons ne  foient  fur  la  boue  &  le  crottin  ;  mais  quand 
la  litiér*  manque,  il  faut  mettre  le  fumier  hors  du 
parc  ,  enfuite  le  balayer  tous  les  matins. 

Si  le  terrain  du  parc  n^ed  pas  folide  par  ù  na- 
ture t  ou  s'il  n'a  pa^  été  bartu  comme  un  acre  à 
battr<^  le  blé,  à  jmttr  à  la  boule  »  il  faut  le  fabier 
ournellement  de  fable  kc^ 

Le  fumiet  qui  fe  fût  en  plein  air  n'cft  pas  fujet  » 
comme  celui  des  ètables  tJc  bergeries  ,  à  fe  trt  p 
éch  iijlïer  ,  à  perdre  fa  qnaliic  ;  les  pluies ,  la  neige 
on  fo!U  un  meilleur  engrais. 

Qusnt  aux  tâteli-^rs*,  aux  auges,  qui  doivent 
cîrc  c^ie/Toiis  ,  on  doit  les  faire  à  rordînaire  ,  en 
quartïté  fît  grandeur  proportionnéL s  au  troupeau* 

Qunnd  il  y  a  des  brebis  qui  agnèlent  dans  le 
temps  le  plus  froid  ,  le  berger  veillera  pour  bs 
retirer,  ou  il  mettra  les  brebis  prêtes  à  ag'içkr 
dans  un  bàtîment  ou  fk>us  un  appentis  ft'piré  dit 
troupeau  par  des  claies  ;  s^il  y  a  ût&  bctcs  ma* 


6i4 


PAR 


lades ,  il  les  metffa  également  à  l'abri  de  k  plute 
âe  des  vents  froide.  • 

Faits  ^iii  confirmtnt  la  pojfthiîhé  6»  les  avantages  de 
unir  Us  troupiaux  de  moutons  jour&  nuit  su  grand 
air  tn  toute  faifan  ,  for  M  Qi/ATREM£R£ 
vlSlOHVAl, 

Les  expériences  de  M.  Daiibemon  ont  éci 
fautes  à  Monibard^  La  plupart  des  bêtes  i  lainage  « 
réunies  dans  Ta  bergerie ,  ètoient  de  belles  &  de 
bonnes  raceji ,  toutes  de  dlverfcs  Provinces  de  la 
France  le  des  Royauni'js  étrangers  >  où  ces  ani> 
maux  feint  vigoureux  &  de  haute  taille:  on  pré- 
cendoic  ne  pouvaîr  rien  en  conclure  pour  ta  bèce  à 
laine  de  petite  tatUe  &  foible. 

Pour  prouver  combien  une  pareille  objeftion  étoit 
peu  fondée  ,  M.  d'Isjonval  a  choîfi  le  Berry 
comme  la  Pjovtnce  oii  Tefpèce  cil  la  plus 
chéttve  fous  tous  les  rapports  ;  en  conféquen  ce 
U  a  fait  fonir ,  \^  premier  Décembre  1782  ,  d'une 
bergerie  chaude  &  étouffée  »  comme  elles  le  font 
touies  dans  cette  Province  ,  cent  deui  bétes  à 
laine.  Ce  troupeau  a  été  établi  dans  un  clos  que 
M,  dl>jonval  pofséde  près  Paris  ,  c*efl  à-dire  à 
foixnote- quatorze  lieues  plus  nord  que  leur  pays 
natii.  A  dater  du  9  Décembre  qu*elles  font 
arrivées  dans  ce  clos ,  elles  ont  été  expofées  à  tou- 
tes les  injures  de  Tair  ;  &  cet  hiver,  remarqua- 
ble par  une  humidité  froide  ,  par  la  cominuicé 
du  vent  de  nord-oueft,  le  feul  défagréable  au 
'  mouton  ,  étoit  par  cela  même  le  moins  favorable  à 
Texpérience.  Cependant  au  premier  avril  un  fcul 
de  ces  moutons  étoit  mort. 

M.Daubeotonconfem  qu*on  abrite  le  troupeau  , 
pour  quelquesjours  ,  dans  les  mauvais  temps ^  ^pi'és 
iatont^.  M.  dlsjonvâl  n*a  pas  cru  devoir  fe  permet- 
tre cette  condefcendance  pour  le  fien  j  d'ailleurs  elle 
lui  étoit  interdite  par  le  fait  :  à  Tcxception  d'un 
très-petit  logement  pour  le  berger  ,  il  n'y  a 
pas  d'abri  d;^ns  le  clos  dont  il  s'agit  ;  en  confé- 
fêqueiKc  M»  dlsjonval  a  fait  tondre  ce  troupeau 
le  premier  avril  ,  par  un  froid  très-vif  &  très-pé- 
nétrant :  il  eA  tombé  la  nuit  fuirante  de  la  neige 
fondue ,  &  te  tout  fans  inconvénient. 

Ce  troupeau  ^  qui ,  pendant  tout  Thivcr ,  exci- 
toît  U  pitié  du  voifinage  ,  en  di  radmiration  à 
Tautomnc  fuivant ,  que  M.  dlsjonval  s'en  défit» 

Li  paroi iTe  de  Viîledieu  cA  connue  pour  pof- 
fcder  rcfpéce  de  mouton  la  plus  délicate  OL  la 
plus  chctive  du  Berry  ;  c'cfllà  que  M,  dlsjonval 
a  été  chercher  le  troupeau  quHl  vouloît  mettre 
en  expérience  pour  Tannée  iulvante  :  il  étoit  de 
cent  foixante-dlx  bêtes  ,  &  prefquVntièrement 
compofé  de  brebis.  Ce  troupeau,  arrivé  dans  les 
premiers  leurs  de  décembre  ,  na  pas  tardé  à  rece- 
voir les  frimats  &  la  neige  ,  qui  ont  été  le  pré- 
lude de  cet  hiver  ,  dont  la  rigueur  fera  fi  long- 
temps mémorable.  L'cfpccedont  il  s'agit  n'a  guère 
que  quinze  pouces  de  haut  ,  lanlmal  étant  fur 


PAR     • 

fes  ]ambes ,  &  fept  ou  huit  quand  il  eft  couché; 
Or  ,  comme  il  tomba  ,  pendant  la  nuit  du  31  dé- 
cembre 6t  ceUe  du  31  janvier  fuivam ,  neuf  pou- 
ces de  neige  ,  il  tn  ch  réfulté  que  le  lendemaia 
matin  le  troupcâu  étoir  invifibte  ,  mais  il  ne 
donnoit  aucun  fÎEne  de  déptaifance  ou  de  dou* 
leur. 

Dans  le  nombre  de  ces  bétes»  M.  dlsjonval  m 
avoit  exprés  choifi  vingt  qui  paroiffoicnt  nacnacécf 
de  la  pourriture  ou  pu Imo nie  ;  les  trots  quarts  ocr 
guéri,  cinq  brebis  feulement  ont  fuccombé. 

Une  troifiéme  expérience  ,  celle  que  M.  dlsjo 
val  a  faite  Thiver  dernier  ,  porte  jufqu'à  la 
monftratîon  ,  que  ni  Tâge^  ni  Tétat  le  plus  Ibil 
dans  le  mouton  ,  ni  la  privation  même  totale  de  ( 
laine  ne  le  mettent  en  danger  de  périr  ,  quoîqu*cx* 
pofé  à  toutes  les  rigueurs  de  Is  pluie  ou  d« 
froid. 

M-  rArchevôqae  de  Bourges ,  gui  ne  croit  pif 
Textenfion  des  connolAances  phyiiques  étrangère 
au  devoir  d'un  prélat,  dans  une  grande  province, 
tait  fuivre  oepuîs  trois  ans  »  avec  autant  de  focs 
que  de  fuccés  ,  prés  de  Bourges  ,  les  expérieneei 
de  M.  Daubenton.  M.  dlsjonval  a  pris ,  dans  ce 
troupeau  nombreux,  ceni  foixantc-cînq  béces^ 
routes  fortement  atteintes  de  la  gale  la  plus  opl* 
niàtre  ,  inconvénient  qui  provenoit  de  rachat  f^ 
foigné  de  quelques  béliers. 

Quoique  la  plupart  fulTentdes  2gneaux  de  htari 
neuf  mois,  ils  ont  été  tranfportés  prés  Paris  :  Il 
moitié  du  troupeau  étoit  nu  en  janvier  fit  fcrncr; 
la  gale  dont  ils  étoient  couverts  ayant  fait  tosbcr 
leur  hine,  ils  ont  reçu  dans  cet  état  les  plûief 
&  les  neiges  de  1  hiver  ;  &  ils  font  dans  le  nO* 
ment  aéiuel  bien  portans  ât  vigoureux* 

M.  dlvjonval  ù  propofe  de  confcrrcr  ce  troa* 
peau  pendant  tout  le  printemps  &  une  partie  île 
Tété ,  pour  que  la  capitale  ait  fous  les  yeux  cette 
preuve ,  que  le  régime  à  Tair ,  par  totices  les  lu" 
fons»  ei^  le  feul  moyen  d'amélioration^  tajsi  pour 
ranimai  que  pour  le  lainage. 

On  ne  pourra  s*empéchcr  d'être  Airprîs  que  \m 
étables  ,  c'efl-à-dire  le  parti  le  plus  «iifpeiMlteitl 
pour  la  conflruâion  ,  le  plus  rifquable  du  cAté  des 
incendies  ,  aient  prévalu  &  prévalent  dans  tout 
le  Royaume. 

On  peut  aflfurer  que  dans  cent  ans  U  nVxîflert 
pas  une  bergerie  en  France  ;  mais  pourquoi  ne 
pas  jouir  dès-à-prefcni  de  cet  avantage  ?  le  voM 
de  la  nature  n'efl-il  pas  fuâifamment  cxprieé  i 
En  couvrant  le  mouton  d'une  épai^Te  foumifti 
en  abreuvant  cette  fourrure  d^un  luint  «  d'utie  In- 
meur  oné^ueufe  qui  la  rend  impénétrable  à  Peut  « 
n'indique- t-elle  pas  fuffifammem  rèducation  qui 
lui  convient  ? 

Enfin  l'expérience  de  TEfpagne  ,  deFADglctinç 

dont  la   température   c(l  différente ,  ne  prxwt^ 

t'elle  pas  que  cette  éducation  convient  à  lotts  In 

climats  } 

Tout  propriétaire  ou  cultivateur  %ywm  no  ^ 


I 


I 

I 


PAR 

térSt  perfonnel  ï  fume  ces  expériences  ,  &  à  con* 
lïoîrpe  les  déraiîs  de  cette  éducation  ,  peut  fe  trans- 
porter au  clos  de  M  d  hjonval  ,  fnué  à  une  petite 
lieue  de  Vins  ,  au-deiTus  du  moulin  JanfèmAc  » 
eotre  Vanvres  &  CUmard*  Les  habitons  de  Van- 
TTCS  partîcuUérem«nt ,  rindîqueront  au  jufle. 

Sulit  it  Ccxpofé  dt  M.  d*ïsjonvMl  fur  [on  troupeau 
.  tn  €xpincn:c^ 

'  Les  horn&s  que  je  m'étots  prefcrtte^  dans  le 
Mémouc  que  [Vi  lu  à  la  dernière  féance  publi- 
que de  Tacadimie  des  Sciences  ,  ne  m'ont  pas 
permis  d'y  inférer  im  fait  fur  lequel ,  d'ailleurs  j 
f^ms  bien  moins  avancé  qu^aujourd'hui.  Les 
agneaux  que  jVi  expofcs  pendant  tout  Thiver  , 
lins  aitcua  abri ,  ont  enci  rc  mbî  le  plus  grand  froid, 
ce  qiit  fera ,  fclon  quelques  pcrfonnts ,  une  rigueur 
de  plus  que  toutes  celle»  dont  )"ai  expofé  le  détail 
Tant  que  la  force  des  celées    n'a  pas  été  telle 

Jue  le  berger  n*ali  pu  enfoncer  dans  la  terre  les 
ches  qui  aflTurenr  les  claies  é\\  parc,  Si  notam- 
fiient  éans  toutes  les  nuits  de  pluie  ou  de  dégels, 
!e  troupeau  a  conflamment  parqué  fur  une  por- 
tion de  pré  qiie  j*avois  deftinée  i  m'cclaircir  fur 
une  autre  opinion,  Cen  eA  iiae  générakment  ac- 
créditée parmi  les  propriétaires  ou  culrivateurs , 
que  û  on  fait  parquer  des  moutons  fur  un  pré 
ou  une  portion  de  prairie  »  par  une  fatalité  bien 
éigne  d^cflTrayer  fi  elle  étoit  réelle,  les  moutons 
&  la  portion  d'herbage  parquée  périflent  égale- 
DieDt.  l'ai  dévoué  un  arpent  du  clos  dont  j'ai  parlé 
précédemment ,  à  être  parqué  pendant  deux  nuits 
île  fuite  par  chaque  place  :  fît  chnû  la  portion  la 
plus  haute  du  clos  ,  ainfi  qu'il  cft  déterminé  par 
la  pente  d'un  rulfTeau  ,  afin  que  cène  partie 
0ÛC  route  efpèce  de  défaveur  ,  par  comparaifon 
Wù  refle  du  pré  plus  h^s  ,  &  par  conféquenr  plus 
propre  à  ta  fertilité  des  herbages.  Mais  quelle  eA 
jna  fattsfiâion ,  en  ce  moment  d*une  calamité 
générale  paur  les  pâturages  &  les  befliaux  ,  de 
pouvoir  annoncer  que  la  p.irtte  parquée  offre  au 
moins  trois  fols  plus  de  fourrage  que  la  por- 
tion qui  lui  cil  immédiatement  contiguè  î  la  vue 
^u  carré  parqué  &  celle  du  terrain  voifîn  ,  pré- 
lentent  Kimage  de  deux  provinces  ou  fols  »  dont 
Tun  n*auroit  abfolument  rien  de  commun  avec 
raaire;  la  couleur  des  herbes,  leur  touffu,  font 
.atiffi  diffèreos  que  G  ce  n'étoiem  pas  les  mêmes 
plantes. 

Oh/rrvaiiù/is  fter  le  choix  des  ktUers ,  Us  avantages 
ie  ini.9nvénunM  de  unir  Us  troupeaux  èCabrï^ 
durant  Us  froids  vtolens  ^  Us  grandes  pluies, 

M.  Datibenton  avoit  fcnti  là  néccffiré  ,  pmtr 
pcff^oâionnerrcfpfce  d.s  bétei  à  Wmc  en  France, 
de  fe-  procurer  des  béliers  de  Maroc  ,  d'Efpa- 
gne  ,  d'Angleterre.  Enhirdr  par  fes  premiers 
loâccésy  par  L  beauté  des  bctes  provenues  de  a 


PAR 


615 


accouplement ,  par  la  qualité  de  leurs  laines  » 
M.  Daubenton  a  cru  pouvoir  n>us  affranchir  de 
cette  fcrvitude  ,  en  nVxigcant  plus  d'autres  bé- 
liers que  ceux  de  la  Fbndie  &  du  RouiHUon  pour 
relever  ,  dans  les  provinces  de  France  ,  les  efpéces 
communes  des  troupeaux» 

Plus  févére  fur  cet  objet ,  M.  de  Lormoy  veut 
qu'on  ait  des  béliers  de  ces  belles  races  étran- 
eères  i  que  tous  les  mâles  qui  en  proviennent 
foient  toupés  ,  Si  que  le  même  bélier  confnue 
de  couvrir  les  femelles  qui  proviennent  de  fa 
race ,  tk  cela  pendant  plufieurs  générations  :  ce 
n'eft  pas  qu'une  brebis  du  pays  ,  couverte  par 
un  bélier  de  pure  race  ,  ne  donne  accidentelle- 
ment de  très-beaux  mâles ,  mais  refpèce  n«5  tard» 
pas  à  retomber  d^ns  la  médiocrité. 

Si  M.  de  Lormoy  eA  plus  rigide  que  M,  Dau- 
benton  fur  le  choix  des  races  de  bélitr  ,  il  TcA 
moins  que  lui  fur  Téducaiion  des  troupeaux.  M* 
Daubenton  leur  interdit  tout  abri  dans  les  faifons 
les  plus  froides»  dans  les  temps  les  plus  pluvieux. 
M.  de  Lormov  ,  tout  en  condamnant ,  avec  M. 
Daubenton  ,  les  bergeries,  accorde  aux  troupeaux 
un  hangar  où  ils  puiffent  s'abriter  ,  au  m^ins 
quand  ils  le  veulent,  les  abandonnant  à  cet  égard 
à  leur  inflinét*  M.  de  Lormoy  obferve  que  les 
plus  belles  bines  proviennent  des  pays  les  plus 
chauds  ;  que  la  chaleur  du  climat  contribue  à 
porter  le  luint  depuis  la  naiffance  de  la  laine  juf- 
qu'à  fon  extrémité  ;  que  c*eft  ce  fuint  qui  donne 
aux  laines  la  fineffe ,  la  foupleffe  ,  rélafticiié  & 
la  foUdité  qui  en  font  le  prix  ;  que  les  laines  du 
nord  ,  celles  de  Suéde  ,  du  Danemarck  font  dures 
&  féches  ,  61  que  les  laines  d'Angleterre  ,  ou 
les  troupeaux  n  ont  point  d*abrî  ^  tiennent  de  ces 
défauts-là. 

M,  de  Lormoy  ajoute  qu*îl  n*a  jamais  vud^ours 
fortîr  de  fa  tanière ,  lorfquc  le  froid  eft  à  trente- 
deux  degrés  j  8c  que  û  un  animal  auffi  robufte, 
auAi  fauvage ,  qui  paroit  deAiné  à  f^pporter  les 
froids  du  nord  ,  fe  met  à  Tabri  de  fes  rig'jeurs ,  à 
combien  plus  forte  raifon  le  mouton  drni-il  en 
chercher  un  ,  lui  dont  ta  conAttution  eA  itiHoi- 
ment  plus  délicate. 

Cependant  M.  de  Lormoy  regarde  le  froid 
comme  bien  moins  préjudiciable  aux  troujeiux 
que  les  pluies  ;  il  obferve  que  fi  les  ro(èei  àc  lei 
pluies  douces  CQntribuent  à  la  bonté  de  la  laine  » 
il  n*cn  eA  pas  de  même  des  neiges,  des  frimats, 
des  brouillards  ,  &  fur* tout  de  Ta  continuité  des 
pluifs  ;  que  les  Angîois perdent,  &  que  lu*  même 
a  perdu,  dans  les  années  phivieuies  ,  beaucoup 
de  bêtes,  lyaiHeurs  M.  é^  Lorm<^y  remarouc  qu'a 
la  fuite  des  hivers  pluvieux  ,  la  laine  ell  infini- 
ment moins  belle. 

M.  de  Lormoy  a  pour  fuiune  expéfîef^re  de 
ti-ente  années  ,  depuis  lefqiielles  il  fe  1' 
docation  d:$  troupeaux  ,  &  la  cOmparm  d*y 

a  été  à  portée  de  faire  d^nS  les  divans  pays  dt^ 

t 


CtS 


Par 


obrcfviicur  ècUîre  ;  enforte   que  fes  réflcKÎoni 
à  cet  égard  deviennent  Uiâniment  précieufes. 

Lettre  fur  VExf^éncnct  Je  M.  d'Isjo^val  ,  &  U 
m f port  qud  en  a  fait  ;  pdf  M*  1>B  Lormot, 

'  On  ne  peut  domier  trop  d'éloges  au  ièîe 
pauiotLque  de  M.  Quatremire  iPïsjonyal  ,  6:  aux 
vccs  utiles  qui  ont  ^uidè  Tes  expcriences  fur  les 
tètes  à  lame  &  fur  l^amèlioration  des  prairies  ; 
avec  d:  Uls  fenLmens  ,  je  me  perfuaJe  qiiil  verra, 
fdfit  peine  qutîqies  réfiextans  fur  Us  d<itx  Mémoires 
quil  a  féi^i  tm primer» 

Ld  psem.hre  qutfe  prèfente  #  efi  que  fs  txpérkn:es 
n'ont  pas  encore  eu  la  datée  neLtJfdire  pour  co/tjta- 
ter  Us  faits  qu*U  mit  ea  avant  ,  &  qti*Ù  crait  avoir 
etabl'u. 

Le  hm  de  M,  Quatremere  i'Jijonvai  irnnt  d'éclairer 
fts  concitoyens  ^  il  ûuroit  été  à  difirer  qu'il  neiu  r/c/i 
manqué  a  fes  épreuves  ;  &  je  ne  puis  di£imuLr  qu'el- 
les ne  font  pas  ajfe^  compieties  pour  pouvoir  ftaïuer 
fur  Uttfs  réfu^tats, 

LiS  expériences  de  ce  genre  exigent  d* autre  s  pré- 
cautions  ,  &  U;ie  fuite  beaucoup  plus  longue, 

M.  Quatrenoère  d'hjonval  a  fait  vcflîr  »  en  dé- 
cembre 178a  ,  des  moutons  du  Berry ,  quiavolent 
eu  une  m^iuvaife  ngurruure  ^  &  en  petite  quannU,  Ce 
iroupeau  a  été  établi  dans  un  clos  prés  Paris  «  où 
il  a  6tc  nourri  abondamment  avec  du  foin  &  de 
la  pÀiiie  ^  couché  |àla  vérité,  fans  toit  ,mais  ren- 
ferme dans  un  petit  cfpace  le  long  d'un  mur  ,  à 
Tabri  des  vents  de  nord  &  nord-oueft ,  &  entouré 
de  palifTides. 

En  1783  ^  en  17^49  M.  dlsjonvala  répétéla 
inéme  expérience ,  qui ,  à  bien  l'apprécier  ,  ne 
confiflé  qu*à  acheter  des  moutons  maigres  pour 
les  engraiiïer ,  &  les  vendre  enfuit e  au  marché  de 
Sceaux,  Ce  procédé  nefl  pas  nouveau  ;  la  plupart  des 
fermiers  qui  n\nt  pat  un  local  propre  à  faire  des  élèves  » 
ue  pratiquent  également.  Jl  neft  pas  nouveau  non  plus  de 
fairt  coucher  les  betes  a  laine  â  l'air  toute  l^année  ; 
tout  le  monde  fa  t  que  les  Anglois  f>nt  coucher  la  plu  - 
part  de  leurs  troupeaux  dehors  ;  &  il  y  a  trente  an- 
nées  que  y  en  ai  auffi  fait  Vejfai* 

U  aurott  fallu  ,  pour  donner  à  reipèrîence  de 
M*  dlsjonvat  tout  s  rutiUté  défirable  ,  prendre  un 
troupeau  de  jeunes  moutons  »  le  garder  au  moins 
quatre  années  ,  fans  trop  U  poujfer  de  nourriture  , 
QU  bien  fe  procurer  un  troupeau  de  brebis  avec  des  bé* 
tiers  enfuj^fante  quantité^  le gardtrfix  à  fept  ans, ne  tirer 
face  que  de  beau  en  beau  «  fuivre  les  produétions.  yoiU 
Us  vrais  moyens  d'améliorer  l'efpèce  &  les  latnes  ,  ou 
de  connohre  les  lêifons  qui  s'y  oppofent  ;  parce  que 
dans  cetefpace  de  temps  ^  s'il  furvtent  des  révolutions^ 
0ti  efl  à  portée  d'en  ttulter  les  caufcs  6r  Us  cffit4^ 

V expérience  m'a  appris  que  Us  laines  des  trou* 
peaux  expofés  au  froid  ^  eux  intempérus  de  l'air , 
font  dures  &  sèches  ,  parce  que  Us  pluies  continues 
&lesfrhn4ts  emfi.hoientU  fuint  de  monter  ;  &  dans 
le/ait,  Cfite  du  troupeau  que  fat  vu  dans  leschs  de 


'PAR 

Af,  Quatnmère  d*îs}onval ,  quil  qualifie  dt  fmpiffmt 
dans  fon  mémoire  lu  à  l'Académie  des  fcàtntes  ^  Utâ 
avril  dernier  ^  n'tft  rien  moins  que  telle  qu'il  f annon- 
ce ,  pwfq:/elie  ejl  dure  &  sèche  ,  &  fans  aucune  ap- 
parence defuint, 

Ce(l  ^JJi  diaprés  mon  expirUnce  que  j'ai  fouinm^ 
dans  ma  lettre  fur  les  bêtes  à  Uine  ^  &  dans  mai$ 
mémoire  fur  l'apiculture  ,  imprimé  en  1774  ^&réim* 
primé  en  1779  •  f"^  ^^  moyen  S'obtenir  dts  laines  f^ 
per fines  ejl  de  laijfer  les  iroupîau^  à  l'air  ,  uiau  ts 
liberté  ,  avec  des  abris  de  dt fiance  en  diflaïKe ,  oè 
ces  animaux  peuvent  aller  fe  réfugier  quand  il  leai 
plait ,  en  obfervant  de  nettoyer  cous  les  (aors  co 
abris  1  la  propreté  étant  eueatleUe  à  U  ùmk  it 
toute  efpècc  d'animaux» 

Je  fut  s  néanmoins  forcé  de  convenir  que  ^  '  jr 

n;  peut  être  mife  en  pratrque  auc  par  des    -  ^. 

riches  ,  &  qUi  le  dfaut  d^afmce  empêchera  i4H^*^n 
Us  fermiers  (  cette  ciiffe  d'hommes  fi  uiiU  )  de  lajm* 
vrt.  En  tffet ,  qui  donnera  à  ces  cultivateuri  itmfem 
Us  moyens  eU  former  de  vajla  enceintes  fhouf  y  tmf* 
fer  leurs  troupeaux  en  liberti  pendant  la  nu'^^  emk 
faire  de  grande  établijfemeris  d^nâ  Ufqutlê  mtfm 
coucher  des  bergers  &  des  ehiena  «^  d'm  êUh^ 
ter  les  loups  ? 

Mais  a  l'égard  de  cette  claffe  de  eitoyests  mSgmt^ 
qui  n'a  pas  Us  facultés  néceffaires  pomr  f^mr»  et 
grands  établffemens ,  fat  indiqué  dans  m^n  mdtÊtke 
un  autre  moyen  plus  à  Uuf  portée  ;  c\ft  de  ciMi^qél 
des  bergeries  plus  vafles  que  celles  d^ufmge  ûrdiSÊmt^ 
^  percées  de  beaucoup  d'ouvertures  ,  afim  qm  ter 
ptt\ffey  entrer  ,  6*  circuler  de  manière  que  te  tmmpemt  m 
éprouve  Us  avantages  fans  être  expop  amx  («nw 
dites  refait  ante  s  des  inie  m  pertes  qui  lui  firmeai  am» 
fibUs,  Tobferve  néanmoins  que  ces  auveMares  daevem 
éire  à  une  hauteur  qui  Us  rende  inaccejiàéei  mM 
loups  ^ 

Il  parois  que  Af.  d*lsjonval  a  oublié  ce  cèMMjt 
important  ;  aujfï  plufiiU'S  perfonius  ofU  bt  etmtem 
plus  grande  fur p  ri  fe  Vajfeftïon  contenue  dana  U  ménitt 
de  M,  d'Is/onval  ^  que,  d'aprcs  fes  expéremtM^m 
fentiro!t  l'intitUité  des  bergeries  ,  4r  fue  dasu  ce%t  Af 
il  n'y  en  aw^oit  plus  en  France  m  H  faUait  d^ve  qâ'i 
donnât  les  moyens  de  détruire  totale rnem  Us  iatspâ  \  It 
d\mpécher  pjur  jamais  ceux  des  pays  étrsngere  H 
entrer. 

Quant  à  la  gale  opiniâtre  dont  M.  Qnilfcmfcl 
dlsjoDval  annonce  que  fon  troupeau  étott  at 
il  a  vraifemblablement  été  induit  en  erreur. 
indique  que  ce  n  étoit  qu'une  maladie  de  pciQ 
fée  par  U  mifère,  puifquelle  a  été  gtiètte  par  èt$ 
friâions  avec  de  Thoîle  &  du  tartre  i  au  lictt  tpn 
n  c'eût  été  une  gale  farcîneufe ,  oti  nrmrestfa 
dun  vice  dans  le  (ang,  non -feulement  ce  m»* 
fement  ne  Tauroit  pas  guérie  ,  mais  lei  frMi  & 
les  intempéries  ,  en  interceptant  b  Tr:inrntritM  4ê 
ces  animaux,  les  aurotent  tous  t  OMji^ 

met  cette  objervatlon  a  MM*  U^  ^'  ^-ij* 

La  découveru  de  M*  Quatre  /ociW  jfir/V 

méUoration  des  prairies  ^  m*s  en^wrt  rien  d*  aerne^ 

ù 


M 


PAR 

Ct  pfûciiie  ejl  annoncé  dans  mon  mémotn  fur  Vap'kuî- 
iure  ,  C'  pratique  depuis  long'  temps  par  Us  meilleurs 
€tUiivateurs* 

On  iatt  géoéralenient  qu'il  n'y  a  point  d'en- 
grais plus  parfait  que  celui  des  bètes  à  laine  , 
f&ème  fur  les  hauteurs ,  quand  le  fol  n*cn  eft  pas 
tro^  fec. 

Il  faut  feulement  obferver  de  ne  jamais  faire 
pirqucr  les  prairies  &  les  pâtures  dans  le  pria* 
temps,  parce  que  \c  goût  que  rhcrbe  auroit  con- 
fexvé,  empê.hcroit  les  autres  bertiaux  &  les  che- 
naux ,  6c  même  les  brebis  de  la  manger.  Il  ne 
faut  faire  parquer  qu*en  automne  ,  parce  que  les 
pluies  ,  les  neiges  de  la  longueur  de  l^hiver  en 
emportent  rod.;ur,  &que  bailleurs  ta  force  du  foie  II 
émfnntempM  &  de  l'été  en  évapore  les  fets  que  les  neiges 
&  tes  pluies  de  l'hiver  font  pénétrer  en  terre, 

Jelpére  que  ces  réHexions  ne  déplairont  point 
à  M-  d'hjonval  ,  qui  rcconnoîira  ,  fans  doute  , 
^'animèdu  même  efprit  qui  a  didé  fes  mémoires, 
je  ne  cherche  qu  a  donner  plus  d'étendue  &  d'u- 
dliie  à  Çc%  expériences  ,  en  y  ajoutant  le  fruit  des 
miennes,  &  des  connotiTances  quej*ai  acquifes  par 
trente  années  de  travail, 

P,  S,  Je  viens  de  lire  dans  le  Journal  de  Paris  » 
du  jeudi  7  de  ce  mois ,  une  réponfe  de  M,  Qua- 
trcmère  ti'hjonval ,  dans  laquelle  il  propofe  de 
«ire  décider  par  Ç\x  manufafluners  occupés  dans 
\c%  différentes  parties  du  royaume  à  fabriquer  des 
laines  félon  b  méthode  de  M.  Daubcnton  »  fi  elles 
£b  trouveront  manquer  de  finejfe ,  de  foupleffe  ,  dU- 
Ufi^citè  6*  de  fd'diiéf  comme  |e  fai  avance  en  pro> 
près  termes. 

Je  fuis   bien  éloigné  de  récufer  le  témoignage 

it  ces  ùx  manufacturiers  ;  mais  je  crois  être  en 

droii  de  demander  à  mon  tour  qu'un  plus  grand 

I  nombre  encore,  pour  ne  pas  dire  même  le  corps 

I  eotier  des  manufacturiers  »  prononce  fur  cette  quef- 

lioo  qui  mérite  Vcxsmtn  le  plus  attentif;  car  il  n'en 

«ft  guère  qui  foit  plus  intéreilanic  pour  la  lîchclTe 

^Â  la  orofpériié  de  TEtat, 

Il  (eroit  encore  également  important  d*avoir  la 

oècifiondesmanufaéuriers  Angîois  ,  qui  emploient 

lieulement^  pour  leurs  draps  fupeifins,  ainfi  que 

Mes  Hoilandois  ^   des  laines  d'Efpagne  ,   fufccpti- 

Ues  de  prendre  tous  les   apprêts  ,    qnolqu'avec 

^aiicoup  de  fuint.  Enfin  ,  on   devroit  avoir    le 

Ifenfimeôt  des  teinturiers,  lequel  ne  doit  pas  être 

lîjiditfêrent  9  puifque  les  belles  teintures  ,  comme 

kelles  des  Gobelios  >  ne  fefont  qu'avec  des  laines 

I  tf  ETpagne*^ 

^hfervations  fur  U  gouvernement  des  motaoni. 

Daubenton  s'cft  propofé  de  chercher  & 
d'employer  les  moyens  d*améliorer  la  race  des 
momons  de  France ,  ou  de  leur  en  fuhflituer  une 
meilleure,  8c  d'améliorer  les  tainî^s  que  fournif 
fcm  les  troupeaux  àt  ce  pays*  Durant  quatorze 
2m  qu  il  a  donné  une  grande  attt^nrion  à  tout  ce  j 
Ans  &  Himrs.  Tvme  K  Péirtte  IL 


PAR 


617 


qui  eft  relatif  k  cet  objetsUmportans  »  il  a  pu  écu* 
dier  &  jitger  une  partie  des  bonnes  Se  mauvaifes 
pratiques  dans  le  gouvernement  des  moutonss  ; 
du  moins  autant  que  le  peut  faire  une  perfonne 
qui ,  n'étant  ni  berger  ,  ni  nourricier  ,  ne  voyant 
ni  tous  les  jours,  ni  à  toute  heure  fon  troupeau  ^ 
cil  obligé  de  s*en  rapporter  à  dts  gens  qui  font  en 
général  peu  attentifs  »  &  q«i  fe  font  un  devoir  de 
tromper  ce  qu'ils  appellent  le  Bourgeois^ 

Il  ne  fcroît  pas  étonnant  que,  malgré  toute  fa 
vigilance,  fes  foins  ,  fon  attention  à  voir  &  à  in- 
terroger ,  il  fe  fut  trompé ,  ou  eût  été  trompé. 

Une  perfonne  «  qui  paroit  avoir  des  connoifTan- 
ces  pratiques  fur  le  gouvernement  des  troupeaux  , 
a  publié  les  réflexions  ou  obfervarions  d'un  vieux 
berger  fur  l'ouvrage  de  M*  Daubcnton.  Voici  les 
principaux  objets  fur  lefquels  le  vieux  berger 
penfe  difTôremment  du  naturalîfle  :  peut-être  auffi 
le  berger  coud  a  mnc-t- il  par  préjugé,  par  routine» 
les  idées  &  les  pratiques  qui  ne  tom  pas  les 
fie  n  nés. 

Les  étrangers ,  fpédatement  les  Anglois  ,  ont 
fait  fur  la  même  inltruâion  pour  les  bergers,  des 
remarques  importantes  qui  fe  trouveront  dans  !*£• 
canomie  rurale  &  civile  ^  k  V^rtich  da  goMvemement 
des  têtes  a  laine, 

L*ouvrage  fraflçou  dont  nous  allons  préfenter 
quelques  article5,a  pour  titre  :  remarques  fur  t  infime* 
lion  de  Af.  Daubenton  pour  Us  bergers  6*  les  propriétai' 
rcs  de  troupeaux  ;  par  AI,  Carlier  ^  inS^.  î7M* 

//  faut  ,  filon  /instruction  ,  apprendre  Us 
chiens  a  faijir  Us  moutons  â  i'oreilU  ,  ou  aux  jambes 
de  devant. 

Ohfervat;on  du  BergeR.  Le  chien ,  d*un  pre- 
mitr  coup  de  dents ,  croqucroit  ou  emportcroit 
Toreille,  C  eft-là  qu'eft  imprimée  la  principale  mar- 
c^uc  de  propriété.  Le  chien  ,  habitué  à  laifir  aux 
j;imbes  de  devant ,  doit  être  promptement  réformé. 
La  moindre  plaie  devient  dangercufe.  Le  mouton 
blcBTé  fe  baiiïc  avec  peine  pour  pâturer  ;  tout  le 
poids  du  corps  incliné  fe  porte  fur  ces  deux  mem- 
bres. L'animal  ,  lorfqu*il  fe  couche  pour  prendre 
fon  repos  ,  plie  ordinairement  les  deux  jambes  de 
devant  :  ble^Tées  ou  enflées  ,  Il  ne  peut  plus  les 
plier  qu*avec  peine  &  douleur. 

Le  mouton  mordu  par  devant ,  fuît  en  irriire  , 
ce  qui  ciufe  du  défordre  &  de  la  confufion  :  pincé 
par  derrière  ,  il  fuit  en  avant  fur  la  direction  &  U 
marche  do  troupeau.  Les  morfures  faites  aux  jarrets 
ou  aux  jambes  de  derrière  ,  féchent  8c  fe  guérif- 
riient  en  peu  de  temps. 

u  On  peut,  félon  TiNSTRUCTlON  ,  nourrir  les 
■  chiens  par  économie  ^  en  leur  donnant  de  la  chair dt 
n  cheval^  ou  de  ^e  qui  r^e  après  la  fonte  des  fui f s  n. 

Il  faut  bien  s'en  garder  ,  dit  le  Berger.  Il  eft 
d^eipérience  que  les  cliietis  nourris  de  chair  ,  mê- 
me de  crétons,  boyaux  ,  ou  iOTues  d'animaux  , 
font  des  plaies  profondes  ,  &  emportent  fou  vent 
la  pièce.  Ils  deviennent  puans»  dégoûrans ,  fujets 
au  rouvietxx  ou  rogne»  &aux  autres  maladies  de  ce 

Itu 


«i8 


PAR 


Senre.  Oa  ne  doit  lel^imenter  que  de  pain  & 
e  foupe» 

m  H  vaudroîi  mieux  ,  filon  Tinstruction  ,  lalf- 
m  fit  Injn^utans  pcrpituifkment  ixfops  au  grand 
»   air  1», 

Oifervsfwn  du  BlRGER*  Cela  ne  fe  peut  pas  en 
France  ;  tous  les  grands  troupeaux  appartiennent 
à  des  laboureurs  ,  fermiers  ou  cultivateurs.  La 
Uine  n'cft ,  pour  eux  ,  qu'un  troifième  objer  de 
profit.  Le  fumier  ,  foit  du  parc ,  foit  de  la  bergerie, 
cft  le  premier.  Le  fécond  eft  celui  de  la  vente  des 
bêles  engraîlTées  ,  ou  de  réforme* 

Lapréfcrenctdccordi'c  aux  hangars  fur  les  hr^  tries  , 
ne  paroit  pas  fondée.  Il  n'eft  ici  queftion  que  des 
bergeries  où  régne  un  courant  d'air  perpétuel,  où 
la  propreté  elt  entretenue  par  un  renouvel le- 
jDcm  de  litière ,  telle  que  le  pays  le  comporte  : 
il  eft  indubitable  que  les  bergeries  de  cette  forte 
remportent  en  utilité  fur  les  Kangars.Cela  eil  facile 
à  prouver. 

1^  Le  principal  tnconvénîcnt  des  hangars  à  jour 
de  toutes  parts ,  eft  que  la  pluie ,  fur-tout  lorfqu'clle 
eft  accompagnée  de  vent  ,  mouille  les  fourrages 
tk  les  mangcailleSp  Le  bétail  n'en  ufe  plus  avec  le 
»êmc  appétit  ;  la  qualité  en  eft  altérée  ;  les  dé- 
fourrures humides  ,  hécsen  bottes»  fe  chauflfou- 
rent ,  fe  noircifTent  ,  &  ne  peuvent  plus  fervir 
même  pour  la  litière  :  elles  rendent  une  odeur  de 
corruption,  un  goût  de  relan  plus  dangereux  que 
la  vapeur  du  rumier.  Le  fourrage  mouillé  eft  un 
germe  de  pourriture  6i  de  confomption. 

1**.  Les  bergeries  font  plus  sûres  que  les  hangars* 
Une  frayeur  fubite  agitant  les  moutons  ,  les  por- 
tera à  forcer  les  clôtures  des  hangars*  Les  murs  de 
la  bergerie  raturent  le  propriétaire  contre  les  vols 
Tiodurnes  &  les  diverfes  pertes  sLCcidentelles  de 
ce  genre, 

5^  Les  forts  laboureurs  favent  tîrer  parti  de 
leurs  bergeries  ;  ils  y  ferrent  toutes  fortes  ne  récol- 
tes pendant  le  parc,  depuis  la  faint- Jean  Jufqu'au 
retour  du  troupeau.  On  y  bat  le  bled  &  les  grains 
pour  les  remailles  ;  opération  qui  rend  le  logement 
libre  pour  ïc  quartier  d*hîver  :  on  y  met  auffi  à 
f abri  des  injures  de  Taîr  beaucoup  de  meubles  & 
d'uftenfiles  dVgriculture.  Les  bergeries  peuvent 
également  fervir  de  fouleries  pour  les  vendanges. 
Ces  propriétés  manquent  aux  hangars. 

Une  raifon  économique  décide  un  grand  nom- 
bre  de  laboureurs  à  préférer  les  bergeries  aux  han-^ 
gars  à  jour  >  aux  parcs  domeftiques  &  aux  parçr 
en  plein  champ,  en  fuppofant  qu'ils  puîffcnt  a^ir 
lieu  pendant  rhïver.  L'air  libre  &  vif  double" l'ap- 
pétit des  moutons  ,&  la  confervaticD  dos'fourra- 
ges  par  conféquent.  Les  parcs  d'hiver  ne  fument 
pas  les  terres  également.  Les  bètes  s'amaflentpar 
pelotons  le  long  du  côté  où  les  claies  Us  garan- 
tirent du  vent  &  des  frimats- 

II  y  a  des  tUfles  de  bêtes  à  faîne  qui  prennent 
graifté  plus  prompiement  aux  bergeries  qiv'au  parc 
&  aux  hangais.  Inférons  de-là  qu*il  ne  faut  point 


PAR 

troubler  chaque  province,  chaque  cimoii  dam  ta 
pratique  des  ufages  ralfonnablts  ,  ni  établir  des 
règles  générales  iur  des  connoiiïances  locales  & 
fur  des  expériences  particulières. 

En  France,  les  hivers  font  excraordînalremm 
rigoureux  ,  fur-tout  dans  fa  partie  feptcntïionale, 
qui  eil  la  plus  étendue  ;  on  y  nounii  au  Ibc  cet 
animaux  ;  le  parcage  d^^hiver  coûteroir  imi 
ment  ;  il  eft  impraticable  dans  b  plupart  des 
tons  !  il  n'y  auroit  pas  de  sûreté  à  TétabUr  peih 
dant  les  longues  nuits  d'hiver  ;  c*eft  pourquoi  Toit 
eft  &  Ton  fera  toujours  nécefttté  à  renferincr  les 
troupeaux  dans  les  bergeries ,  lauf  à  tes  rendre  ploi 
faines  &  plus  aérées,  en  renouvetanc  fouvcfii  b 
litière ,  éc  en  y  perçant  des  jours  iiul  ne  nasifeiK 
pas  à  la  fureté. 

Ce  raifonnement  fuflit  pour  démontrer  qulldt 
diiHcilc  d'améliorer  les  laines  de  foutes  nosprovi** 
ces ,  au  degré  fuperân. 

Ce  n'eft  pas  qu'on  veuille  révoquer  en  docte 
la  vérité  de  tout  ce  qui  eft  raconté  du  troupe» 
de  Monibard*  Le  territoire  quM  occupe  eft ,  éit-OOt 
montueux  ,  élevé  ,  le  fol  fec  &  maigre  ;  Tair  y  ci 
falubre  ,  les  herbes  fines  &  de  boone  qualité:» 
y  fupplée  aux  pâturages,  plus  er  -juis  qu*abondai», 
par  des  fourrages  choiiîs  ,  qui  doivent  coûter  fen 
cher.  Un  pareil  local  eft  rare  en  France.  Le  rég^ 
me  &  la  méthode  iont  trop  difpendicux  pour 
être  par-  tout  adoptés ,  &  pour  faire  iUi  pcoii4 
rétar. 

Voici  en  outre  ce  qtic  rexpérknce  ippccnl, 
touchant  les  parcs  d'hiver  ,  lorique  cette  fatfoii  Uh 
licipe  de  quelques  quinzaines  fur  le  temps  dcfs- 
mener  le  troupeau  à  It  bergerie* 

Le  mouton  ne  peut  foutenir  la  rigueur  do  ftoid, 
qu'en  lui  donnant  double  ration  d^ une  nourrioK 
choific,  &  en  prenant  pour  fa  conferrst]<»ii 
foins  &  des  peines  qui  abforberont  donxe  (nib 
valeur  de  û  laine. 

Ce  fyftéme  eft  pour  la  laine  ,  comme  fcopvi 
des  moutons  de  fieauvais  en  fait  de  pâture 
grars  à  Tétable. 

Cet  engrais  peut  fe  pratiquer  par-totjt  au  oojq 
des  provendes  abondantes  ;  mais   la    viai 
moutons  ainft  engraîftes  revient  k   %o   tk 
la  livre   au  lieu  de    4    &    ^   fais  qii# 
automne  la  meiileurc  chair  de  moutMs  gn» 
bages ,  conduits  dans  les  pittiraees  ordinaires^ 

Ne  vaut- il  pas  mieux  acheter  de  rètranger  de ï 
laine  fuperfrne  au  prix  dun  éctt  U  livre,  qiirit 
h  payer  10&  i^  francs,  pour  H  &tia&â»oe  M 
la  faire  crohre  chci  foi  ? 

Il  eft  beauccnp  plus  sCtr  8t  phn  prîidem  de  i'<t 
tenir  à  la  pratique  ufuclle  de  reiiouveler  &  dV 
mélïorer  par  des  béKers  formés  fur  les  lîeiîx  »  m 
cxtrshs  du  voifin:ige.  11  f;iut  corrv^incre  kioettr' 
ricicrs  &  les  laboureurs  de  b  viérifè  fie  df  i  tfolîte 
de  ce  principe  ,  Ù  les  déterminer  à  n'ifitrf^ 
aucun  foin.  Pou?  peu  tjuM  y  ait  de  coikot  ff" 
tre  eux  *  les  facilités  qoi  fe  prèCencem  dciki^^ 


luraejq 
nnàm 


A^ 


PAR 

«  fc  perpétueront  fans  intcrruptioii.   On  ùh- 
idrx  à  boo  compte  des  béliers  acclî  mités  & 
rtîs  aux  pâturages  :  la  bonne  noumture  per- 
iâionnera  ou  fou  tiendra  la  nature. 
ilfsiu^ftlon  fmsTRUCTiON  ,  mettre  tes  moutaru 
r ombre  durant  la  plus  grande  ardeur  du  folc'sL 
Obfervanon  du    ÉekGER.    L'ombre  elî   fiinefte 
ttoupeaui  de  nourriture  >  même  en  plein  midi  : 
repas  peut  caufer  aux  moutons  les  dangereu- 
oiaUdies  de  goëtre  ,  dliydropifie  &  de  pout- 
re ;  il  rend  le  bétail  mou  &  foible. 
Il  ne  s'agît  ici  m  des  troupeaux  d*engraîs  ,  ni 
plaines  brûlantes  du  midi ,  ni  des  étés  extraor- 
iref  qui  defléchent  les  herbes  des  pbtnes.  L'a  ri- 
les  coteaux  de  Montbard  ne  doit  pas  faire  foi 
le  refle  du  royaume.    Qr  qui  eit   boa    aux 
îpeaux  des  bouchers ,  eA  peroicieux  pour  ceux 
!$  laboureurs. 

Les  nourricière  du  midi  abandonnent  les  plaines 
sndant   Tété    :  leurs  troupeaux   féjournent   aux 
ontagnes  durant   quatre  k  cinq   mois.  Dans  le 
ifte   de   la  France ,  les  chaleurs  vives  des  étés 
irent  au  plus  trois  ou  quatre  jours  ;  elles  font 
dinairemear   modérées   par  des   courans  d*3in 
A  chaleur  eft  moins  vive  ,  mai^  plus  écoutante 
:  abris  des  haies ,  des  bofquets  ou  des  arbres. 
mouton  n'y  eft  pas  plus  fenfiblc  que  les  che- 
,  les  vaches  &  les  bêtes  aftnes  ,  qui  paîflent 
i  toutes  faifons  &  à  toute  heure  du  jour  dans 
(paris  communs  des  paroifTes. 
Il  eu  de  Tintérêt  du  cultivateur  que  le   trou- 
U  prenne  le  repos  du  midi  en  pleio  air,  fur 
terres  façonnées  ,  parce  que   ce  repos  opère 
fumure  ;  elle  feroit  en  pure  perte  à  côté  des 
ici ,  fur  des  friches  ou  places  incultes. 
Les  lieux  ombragés  font  jprcfquc  toujours  în- 
de  mouches  &  d'infeacs  qui  tourmentent 
moutons ,  les  piquent  jufqu'au  fang ,  caufcnt 
ampoules  &  de   petites  plaies ,  dont  la  dou- 
larleifatt  bondir;  ils  viennent  alors  d'être  tondus. 
ts  infc<^es  fuient  Tardeur  du  foleil. 
Qu*on   ne  dife  pas  que  fes  rayons  caufent  le 
Urny  :  cette  maladie  cfl  une  efpéce  de  pourri- 
tre  qui  ,  dans  les  jeunes  bêccs  ,  attaque  le  cer- 
Uu  ,  au  lieu  du  foie  dans  les  bêtes  faites,         ^^ 
Sehn   VîHSTRUCTION  ,«    h  paille  d'avamt  efî 
U  meilleure  ^  parcequelk  efl  plus  ttndn  ;  la  palile 
dt  fâgle  vaut  mieux  que  celle  Uj  froment  ,  pa^ce 
^*elle  nUfi  pas  fi  dure  ^  (f  qu'il  refle  dans  Us  épis 
quelques  crains ,  que  ton  appelle  des  éperons  ;  la 
palU   d*orge  peut  être  nuifivlt  à  caufe  des  barbes 
qU4  peuvent  tomber  fur  la  laine  ♦«. 
Il  fc  peut  faire,  dit  le  Berger  ,  que  les  envi- 
>RS  de  Montbard  produifent  des  bleds  inférieurs 
ceux  de  ta  Bauce»  &du  refle  d«i  royaume.  Ce 
m  efl  pas  moins  une  vérité  généralement  recon- 
e,  que  le  bled  efl  la  tête  <ies  grains  »  la  nour- 
tire  la  plus  fubAantielle  ,  &  que  la  paille  pjirti- 
pe  de  la  force   6c  de  ta  qualité  des  grains,  La 
iUe  de  bled  a  toujoun  paiïé  pour  être  ta  plus 


PAR  619 

«ourrîffante.  Celle  de  feigle  vient  cnfuite  ,  parce 
que  le  grain  nVfl  autre  chofe  qu'un  bled  maigre. 

n  eu  également  certain  ,  6c  de  fait  ,  que  la 
paille  d'avoine  étant  plus  molle  que  les  précé- 
dentes »  nourrit  moins  «  lâche  te  ventre  des 
animaux  ,  ce  qui  les  aflFoiblit,  La  paille  d'orge  eft 
rarement  admini^rée  par  la  même  raifon ,  &  fur* 
tout  parce  que  les  barbes  des  épis  battus  peuvent 
s'arrêter  dans  le  gofter  des  moutons. 

La  meilleure  paille  pour  les  moutons  eft  tou- 
jours celle  qui  en  eft  garnie.  Les  animaux  s'en 
nourrirent  &  mangent  peu  de  paille. 

La  préférence  des  piturages  verds  aux  pâtura* 
ges  fecs  eft  aufll  décidée  par  Tétat  des  années  6c 
oes  territoires.  Lorfque  les  pluies  font  continues  , 
le  fec  eft  préférable  au  verd.  Une  laine  molle  & 
très -douce  dénote  un  tempérament  foi ble  ;  le  cul- 
livateur  propriétaire  n'jr  trouve  pas  fo«  compte  , 
parce  que  cela  arrive  (ou vent  au  préjudice  de  U 
fan  té  des  animaux. 

Leur  chair  eft  plus  flafque ,  la  graifte  plus  molle  , 
&  le  fumier  plus  liquide  ,  &  moins  fubftantieL 

Dans  TlNSTRUCTlON,  le  foin  efl  propofé  comme  la 
bafe  de  la  nourri tute  du  mouton, 

Ohfervatiûn  du  Bercer.  Il  faut  FaJmîiiiflrer  le 
plus  rarement  poftîble.  Il  donne  à  la  longue  trop 
de  ven^e ,  caufe  la  toux  8c  une  foif  immodérée. 
Les  Nourriciers  8c  les  Laboureurs  ont  un  inté- 
rêt  fenfible  à  en  agir  autrement.  Ils  réfervent  le 
foin  pour  les  chevaux ,  qui  n'en  perdent  aucune 
panie.  Les  bétes  blanches  »  au  contraire  ,  en  jon* 
chent  ^  en  perdent  plus  qu'elles  n*en  mangent. 

Mal -à*  propos  relègue -t-on  l'eau  de  pluie  8c  de 
mare  dans  la  dernière  claft'e  des  boiiïons.  Ce  font 
indubitablement  les  meilleures  »  lorfqu Viles  ont 
toutes  les  qualités  des  bonnes  eaux  de  citerne. 
Moins  crues  »  elles  ne  provoquent  pas  tant  à  boire 
que  Tean  de  rivière, 

DufeL  La  principale  remarque  eft  que  les  mou- 
tons peuvent  trcs*bien  sVn  paffer.  Son  premier 
effet  efl  d'aiguifcr  Tappétit ,  ce  qui  occafionne  \xnt 
grande  confommation  de  fourrage  ;  il  allume  la 
toïf  ;  il  rend  plus^aîguès  ^  plus  dangcrcufes  les 
maladies  de  feu  ou  de  chaleur  externe  &  interne» 
comme  Téry fipéle  ,  la  gale ,  8cc*  »  le  mal  de  rate , 
les  coups  8c  fîux  de  fang ,  tiz. 
Il  eft  donc  inutile  de  donner  des  moyens  pour 
réparer  différentes  fortes  de  fcls  artificieU  ,  quand 
e  fel  marin  manque.  L'urine  humaine  feroit  la 
meilleure  falaîfon.  L'ufige  des  leftives  de  cendre 
eft  à  réprouver ,  fans  en  excepter  celles  de  far» 
ment.  On  l'emploie  contre  la  pourriture  ;  fes  bons 
eftets  font  rares.  L'eau  de  chaux  ,  même  féconde , 
eft  très-dangereufe  i  peu  de  gens  la  favcnt  faire. 

L'instruction  propofe  d'exciter  à  taccoupU- 
ment ,  tes  béliers  &  Us  brebis  lents  oufoibUè  ,  par  des 
fourrages  ou  aHmerrs  échauffons* 

Obfervation  du  Berger.  Il  faut  bien  s'en  garder. 
La  brebis  ainfi  provoquée  ne  conçoit  pas  ,  ou  portç 
un  mauvais  fruit. 

liiî  & 


r. 


3 


^20 


PAR 


LVifage  du  biberon  ,  confeîllé  dans  TiNSTRUC- 
f  ION  pour  faire  avaler  àtx  lait  aux  agneaux  qui 
re furent  de  eétcr  »  ne  doit  pas  être  admis. 

11  exige  plus  d'adrefTe  &  de  patience  qu'on  rfen 
peut  efpèrcr  des  domcftiques  tîe  fcrmr-  11  faut 
le  contenter  d'introduire  dans  la  bouche  de  Ta* 
gneau  un  doigt  mouillé  de  hit,  &  de  lui  prèfen* 
ter  enfuite  un  vafe  rempli  de  tait  tiède. 

Le  BerGfr  ne  croit  pas  bonne  la  première  ma- 
nière ,  que  donne  l  instbuction  ,  de  châtrer  les 
agneaux  mâles  »  parce  qu'il  reAe  fou  vent  aflVz 
des  organes  de  la  génération  pour  qu*ils  confer- 
vent  la  même  ardeur  que  le  bélier  ;  ils  tourmen- 
tent ks  brebis  Van^  utilité  ,  fe  battent  avec  les  bé- 
liers «  &  s'excèdent  de  fatigues. 

Sehn  l'iNSTHVCrWN  ,  cha^Ui  bitc  ptm  fumer 
dlxfïtdi  carres  :  le  Bekoer  réduit  cette  étendue  à 

trois  pieds. 

Examen  des  Confeds  ^u*on  a  publiés  ^  de  tenir  Us 
moutans  au  pire  tûute  Vannée  ou  dans  des  cours  avec 
hangars  ouverts  ,  &  maniire  ufitèe  de  les  gouverner 
chc{  de  bons  propf  lit  aires  ou  fermiers  de  troupeaux  i  par 
^L  de  LameivdUm 

ExfJtJiT  de  fes  êhftTvaùofà  fur  Us  hites  à  lalnt 
dans  le  Berry^ 

Ceux  qui  ont  avancé  que  la  laine  s^affineà  Tair , 
fe  lonr,  je  crois  «  trompés  pour  Us  climats  froids 
èi  orageux  y  pour  ks  nôtres*  Il  m'a  paru  qu  elle 
ttoit  pius  propre  h&bituLl!cnicnt  ât  plus  fine  dans 
les  bergeries  Uincs.  Je  nt  fuis  pas  le  Teul  Agricul- 
teur qui  penfe  ainfi.  Le  Guide  du  Fermier  dit.  page 
lai  i  -  lis  ont ,  dans  la  province  de  Gîocefter ,  la 
bonne  méthode  de  faire  rentrer  les  moutons  dans 
la  bergerie  pour  palîer  la  nuit  ^  &  de  leur  faire 
chaque  folr  un«  bonne  litière.  On  a  beau  dire 
que  la  laine  s'afïine  à  Tair  ,  elle  y  prend  au  con- 
traire de  la  rudellt.  Elle  s*adou cil  dans  la  bergerie 
£c  devient  plus  fine.  •» 

Il  n*en  eil  pas  des  bêtes  à  laine  comme  du 
lapin,  de  la  belette»  du  chevreuil* &  de  tous  les 
animaux  fauvages  à  poil  ras.  La  brebis  n*a  ni  l'inf- 
tinét^  ni  les  mufcies  flexibles  de  ces  qu^drUf^édes 
pour  fe  foigner  comme  eux.  Se  couche- t-elle  après 
ia  pluie  fur  une  terre  légère  ?  elle  o(Tre  rimage 
d'un  animal  quia  éré  traîné  dans  la  boue. 

La  hine  fe  charge  de  terre  ^  de  pouiTiére  &  de 
foutes  les  orrfvites  que  les  vents  diCperfenr ,  &  que 
les  pluies  délaient  ;  &  plus  la  laine  eft  grciTière  ,  âc 
plus  elle  s'en  charge. 

Quand  les  brebis  feroient  nuit  &  jour  fans 
abri  »  8t,  qu'ex pofèes  à  toute  Talion  de  Vair  ,  elles 
f  roicnt  plus  robuiles  ,  cela  ne  prouveroit  point 
que  ccrte  coutume  fût  par-tout  fans  inconvénient  ; 
cela  ne  pronveroit  point  que  leur  toifon  y  foit 
plus  propre,  meilleure  &  plus  fine  aue  l' rfqn'cl- 
les  i^  repofent  à  Tabri ,  au  moins  la  nuil»  fous 
4e$  iwngars  fermés  &  garnis  de  VUiète. 


PAR 

Ce  fut  &  c*eft  encore  Tufage  de  beaucoup  de 

propriétaires  chez  les  Anglois  ,  long-tempi  no% 
martres ,  mais  non  pas  inbillibtes  en  agriculture. 
Si  Ton  n'eA  pas  tout-à-fait  d'accord  fur  la  maaîért 
dont  ils  conduifent  leurs  béces  i  laine,  c'eft  parce 
qu'on  n'a  pas  aiTez  diflinguéqu'U  y  ena  iruis  races 
en  Angleterre  :  les  brebis  de  race  Efpagoolc  ,  les 
grandes  brebis  indigènes,  &  les  méiifTes  de  ces  dcus 
races* 

Or  ,  les  Angloîs  traitent  beaucoup  moins  ligoo* 
reufement  leurs  étrangères  &  leurs  métiiTes ,  qoe 
les  indigènes  :  les  unes  ont  des  hangars  ,  &ici 
autres  n'ont,  en  beaucoup  d^endroits,  qu*un  parc 
pour  retraite  ,  &  la  voûte  des  cieux  pour  toit. 

S'ils  refufoient  un  abri  aux  bètes  à  latot  qaî 
viennent  de  quitter  un  pays  plus  chaud  que  Vha* 
I  gleterre ,  je  les-  plaindrois  :  ils  trahlroiexit  leim 
I  intérêts.  Ils  les  ferviroient ,  félon  moi  ,  en  les 
mettant  toutes  à  couvert  ,  à  moins  qu*tls  n'aien 
pour  but  de  fortifier  toujours  le  tempérament  et 
quelques  indiviflus ,  au  tifquc  d'eji  pertire  beau* 
coup«  pour  entretenir  leur  race  la  plus  préaeafe 
d;^ns  toute  la  vigueur  naturelle  ,  par  le  croifeincsi 
des  animaux  qui  rèfiltent  aux  outrages  ée^  hi- 
vers. 

Je  vois  que  la  namre  a  hsbillé  les  bcres  à  latae 
d*un  tilTu  capable  de  les  garantir  du  froid  ;  ipîs 
je  vois  aurïî  que  le  même  vêtement  eft  une  époiiee 
prompte  à  s'imbiber  de  rhumidité  «  de  b  pli^S 
des  brouillards  pernicieux.  La  graiife  de  cent 
éponge  ncmpêcheroit  pas  les  pluies  froidci  4 6i- 
quentes  des  hivers  de  pénétrer  jufqo'à  la  pcm 
des  bètes  à  laine ,  de  tremper  leurs  jambes  flc  lev 
tète ,  âc  de  les  difpof::r  à  des  maladies  pcttrîdes. 

Cette  graïAe  ou  le  fuînt  qu*ofi  dit  être  tref 
abondant  dans  tes  bergeries  ,  me  paroi i  utile  à  û 
bonté  &  à  la  foupleiïe  des  ouvrages  auxquels  b 
laine  eft  employée*  C*cft  la  perfection  de  Vanifc 
manufaâurier  de  l'en  dégager  fans  la  rendre  atiit 
La  difficulté  n'eA  vaincue  que  lorfque  la  préparaéoc 
de  l'art  a  eu  lieu ,  &  n*a  point  altère  U  maiiàt 
première. 

L'ufage  apprend  qu'un  drmp  moèUeux  cfi  Hm 
fupèrieuràundrap  fec  ,  quoique  bien  tetnt.  CiS 
à  la  main  &  non  à  lœd  à  juger  de  u  boote-  Ch 
diftingue  towt  de  fuite  ,  au  toucher  ,  le»  drap»  A 
Ségovie  de  ceux  d'Angleterre  même.  La  doir 
ceur  Scia  fouptclTc  de  la  latue  d'Efp4lgiiefb0t# 
qui  la  fait  tant  rechercher. 

Il  efl  connu  que  les  plus  beaux  béliers  éc  \àM 
fupcrfine  &  les  plus  belles  brebis  des  mêmes  race, 
nous  viennent  de  Indes  orientales»  de  BarbtfiCt 
dTfpagne  »  &  de  tout  pays  où  b  lâioe  a  pljJi  A 
fuint  que  dans  les  bergeries  iaisef^ 

La  laine  fèche  fcroit  ptu^  facile  \  reinéfr  ,  V 

parc  feroit  ainfi  plus  avantageux  aux  artiftci  war 

nufnâurters  ;  mais  la  fueur  efl  in&pirmble  ér  h 

Uine  Âne  C^  vivante.   Ainû  Ta  votait!  k  OMiift  * 


p 


^ 


I 


PAR 

en  pbçant  cet  mîmd  dans  des  climats  chauds  ^  &    ' 
lui  donnaiit  un  habit  très-ëpais. 

Au  rcfte,  le  bélier  à  laine  fine  n'eftipais  le  feul 
antioal  de  qui  la  robe  foît  en  contradîâîon  avec 
la  température  du  climat  qu*il  habite.  La  nature 
forme  les  efpèces  j  les  événemens  en  tranfplantent 
quelques  individus ,  &  il  fe  forme  de  nouvelles 
races. 

De  plus  ,  les  climats  changent  peut  -être  ,  &  ce 

S  11  nous  piroii  une  erreur  de  la  nature  ,  n*eft 
ors  qu  un  effet  néceff^aire  de  rimmutabilité  des 
principes  phyfiques  qui  conflituent  les  êtres  divers, 
&  iiac  fuite  des  révolutions  lentes  &  continuel- 
les que  notre  globe  éprouve ,  en  viciUiiTant ,  par 
les  mouvemens  de  fon  axe.  Formés  d'abord  pour 
ttn  tel  climat ,  les  animaux  peuvent  ainfi  fe  trou- 
Tcr  dans  un  autre.  Us  doivent,  en  ces  révolu- 
fiuns  infenfibleî,  &  perdre  &  gagner  des  avan- 
tages. 

On  obferve  en  effet  que  la  taille  de  ces  ani- 
naux  augmente  fouvent  ,  &  que  leur  laine  s'a- 
looge  en  allant  du  midi  au  nord  dans  de  meil* 
leurs  pâturages  ,  mais  que  leur  laine  perd  toujours 
un  peu  de  fa  fine  (Te  ;  ce  qui  fembkroit  annoncer 
que  ,  itialgrè  qu'ils  foienc  répandus  aujourd'hui  fur 
toute  ta  terre  par  les  foins  àc  les  befotns  de  Thom- 
fne ,  ils  ont  été  formés  pour  tes  climats  froids  , 
nais  avec  une  laine  groffière  j  s*il  efl  vrai  que  Ten- 
droit  du  globe  où  la  taille  d*une  efpéce  d'ani* 
X&aux  acquiert  un  plus  grand  développement, 
loit  le  lieu  de  fon  origne. 

Quoi  qu*il  en  foit ,  que  tes  bêtes  à  laine  aient 
ou  niaient  pas  originairement  habité  des  pays 
firoids  ,  quolqu  elles  foient  du  nombre  des  ani- 
siaux  qui  peuvent  vivre  fous  toutes  les  zones  , 
avec  quelques  différences  dans  leur  taille  &  dans 
leur  robe  ,  j'ai  lieu  de  penfer  qu'un  climat  tem- 
|>èfé  efl  celui  qui  maimenant  leur  convient  le 
Mieux  9  éc  fi  je  ne  nie  point  que  le  froid  fortifie 
leurs  corps  (  ce  que  je  crois  avec  des  reftriâions  ) , 
oo  ne  peut  pas  conteffer  que  la  chaleur  adoucit 
leur  laine* 

Vous  pouvetUre  dans  le  Diaionnaire  d*hifloire 
naturelle  de  M*  de  Baumare  ,   que  •  plus  les  cli- 

oiats  font  froids   &  peu  herbeux  «  &  plus  les 

moutons  font  couverts  d'une  laine  roide,  peu 
m  blanche ,  courte  &  mauvaîfe  ;  mais  que  plus  tes 
••  cUm;.ts  font  doux  &  les  pâuirages  abondans,  6c 
m  plus  la  laine  des  moutons  &  le  poil  des  chèvres 
•  font  fins  9  tendres*  longs  &  de  belle.qualité  * 
Ce  qui  prouve  que  les  climats  tempérés  &  les 
ibb  à  herbe  délicate  font  les  plus  propices  à  la 
beauté  de  leur  laine, 

Tout  ainfi  me  porte  ï  croire ,  je  le  répète  , 
que  leur  cf|.èce ,  fuiguéc  des  diff^ércnces  c|u*cllc  a 
épTOuvées  dans  les  diverfes  températures  ou  elle  a 
pa{ré,ptcfére  aujourd'hui  cette  qui,  fans  doute, con- 
vient le  plus  ^  beaucoup  d*étfcs  ,  la  température 
qui  eu  à  une  égale  dlAunce  des  extrêmes ,  ou  le 


PAR 


62-1 


régne  du  printemps.  Enfin  il  m'a  femblé  qu'il  fal- 
loit  opter  entre  une  laine  fuperfine ,  &  une  race 
de  la  plus  grande  tiille,  parmi  ces  animaux  bien 
gouvernés  ou  totalement  abandonnés  a  la  na- 
ture. 

Ainfi  ,  dans  rimpoflîbilitè  de  faire  jouir  les  bêtes 
à  laine  de  tous  les  avantages  que  les  diHérent 
climats  pourroient  leur  procurer  ,  )e  me  fuis  décidé 
pour  la  manière  de  les  gouverner  qui  préfcntc 
moins  de  rifques  ,  &  qui ,  fans  altérer  leur  conf- 
titution  ,  permet  à  leur  laine  d'acquérir  à-peu-prèi 
toute  la  hneffe  dont  elle  eft  fufceptible,  qualité 
très-précieufe  pour  les  riches  dans  toute  fociétè 
ou  les  arts  &  le  luxe  ont  pénétré. 

Mais  >  pourroit*on  m*objcfter  ,  n'ayons  du 
moins  f  à  l'exemple  des  Anglois»  que  des  appen* 
tis  ,  ou  des  hangiirs  »  ou  des  parcs  portatifs  Si  cou* 
verts.  Je  dirois  alors  que  ce  qui  eff  ufité  en  An- 
gleterre >  tile  d'où  la  race  des  loups  a  été  extirpée, 
n*eft  pas  facile  à  exécuter  en  Bcrry ,  où  ils  fonr 
très-communs  ,  &  que  cette  raifon  fuffiroit  feule 
pour  déterminer  en  faveur  de  la  bergerie  tout 
propriétaire  animé  d'une  fage  inquiétude, 

J'ajouterois  que  tous  les  appentis  femblables  aux 
chenils  ordinaires  ,  avec  une  cour  entourée  de 
murs  ,  feroient  auffi  coûteux  que  la  bergerie  »  & 
que  les  brebis  n'auroicnt  pas  I  infime  de  s*y  met- 
tre à  couvert.  Je  monircroîs  que  les  appentis  moins 
fimples  ,  foutenus  de  trois  reurs  ,  &  fermés  par 
une  large  barrière  obéilfTante  ,  en  place  du  qua- 
trième mur  ,  ne  feroient  ni  plus  aérés ,  ni  plus  fains 
que  mes  bergeries. 

Tobferverois  que  les  parcs  couverts  8c  porta» 
tifs  font  embarraflans  »  fujets  à  beaucoup  de  pe- 
tites réparations  ^  &  peu  défenfifs  par  eux-mêmes. 
Je  conviendrons  que  le  hangar  vaAe  ,  placé  au  mi- 
lieu d'une  cour  murée ,  fouienu  par  de  forts  po- 
teaux ,  &  entouré  de  barreaux  très-hauts  &  de 
réfiflance  ,  tic  que  dèpaderoit  de  beaucoup  un 
toit  de  chaume  fort  épais,  me  paroîtroit  le  feul 
abri  préférable  à  tout  autre,  s*il  n^entrainoit  plus 
de  premières  dèpenfes  #  plus  de  réparations  de 
la  part  des  propriétaires  en  général  peu  riches  ,  & 
s'il  ne  demandoit  plus  de  foins  conAans  ,  dont 
les  Colons  du  Berry  font  peu  capables  ,  &  que 
par- tout  peut'étre  on  exigeroît  eu  valo  des  gens 
de  la  campagne. 

J'expoferois  qu'un  changement  fi  extrême  ,  fut*il 
praticable,  ne  pourroit  s'opérer  tout  de  fuite, 
Bl  que  t  dans  tous  les  cas  ,  il  feroit  falutaire  pour 
les  brebis  ,  que  les  propriétaires  comrr.ençaffent 
par  leur  faire  habiter  des  bergeries  faines. 

Les  Icâeurs  qui  auront  tes  Géorgiquesj)réfentef 
à  rcfprit ,  ne  feront  point  furpris  de  me  voir  atra* 
ché  aux  bergeries.  Virgiic  ,  véritablement  agri- 
culteur dans  fon  poème  recommande,  en  beaux 
vers  détenir  ,  durant  Thiver  ,  Ic^  brebis  dans  des 


la 


PAR 


bcrgcrîcs  (i).  Il  rapporte  bien  que  les  paAeurs  de 
Ta  ride  &  brûlante  Libic  gardent  leurs  troupeaux 
dans  des  déferts  fans  aucune  retratce  pendant  des 
mois  entiers  ;  mais  il  ajoute  que  les  bergers  de 
h  Scythie  &  tous  les  peuples  feptentrionaux  ont 
la  bonne  coutume  de  tenir  leurs  troupeaux  ren- 
tçj mes  dans  des  éiables.  Vanière  donne  fur  cet 
objet  les  mêmes  préceptes  que  Virgile. 

La  bergerie  faine  a  pour  but  de  prèferver  les 
bcic&  à  laine  de  Tattaque  de  leurs  ennemis  ,  de 
leur  aifurcr  une  retraite  où  le  doux  printemps  les 
vivifie  fans  interruption  ,  &  de  Amplifier  les  foins 
<[\ion  prend  d'elles.  Elle  doit  donc,  fi  tout  ce  aue 
i'ai  explique  cl  delTus  efl  vrai ,  paroître  préférable 
au  parc  en  cette  province  ,  raffiner  la  laine  fans 
occafionner  des  maladies,  effet  très-commun  des 
bergeries  mal  faines ,  &  entrer  dans  les  vues  d*é* 
conomie  &  de  commodité  de  tout  bon  agricul- 
teur, 

Je  ne  quitte  point  la  qucftion.  D'une  part , 
ta  commodité  que  le  parcage  des  bêtes  à  laine 
procure  au  colon  n'eft  que  partiï^lle  ;  d'autre 
part ,  le  gain  qu'il  croit  en  retirer  cA  plus  fpé- 
cieux  que  réel.  La  litière  mêlée  avec  les  excré- 
mens ,  augmente  fùrcmcnt  la  quantiié  des  engrais. 
Se  probablement  leur  qualité, 

Seroic  il  bien  vrai  que  Tengrals  naturel  fut  auffi 
propice  aux  terres  ,  dépofè  par  Tanimal  fur  les 
jachères ,  que  lorfqu'il  a  rcrmentè  convenablement 
étant  raftemblé  en  un  tas  confidèrabk  ?  Son  huile 
&  (çs  fels ,  enveloppés  dans  la  litière  ,  ue  fe 
marient-ils  pas  avantagcufement  cnfemble? 

Se  n'ai  point  dît  qu'il  n'y  ait  pas  quelques 
terres  froides  &  humides»  auxquolles  le  fumier 
un  peu  chaud  oc  convienne  ;  cependant ,  pour  ces 
terres  mêmes  ^  je  crois  le  fumier  brûlant  moins 
bon  que  l'engrais  refroidi  jufqu'à  un  certain  point. 
Ce  dernier  ,  de  plus  ,  a  l'avantage  de  pourrir  avec 
le  temps  les  mauvaifes  graines  tombées  du  râte- 
lier, 6t.  de  n'en  point  infefter  les  terres. 

Le  tems  que  vous  perdez  à  iranfporter  le  fumier 
cfl  une  des  obje fiions  prépondérantes  contre  la 
bergerie  ;  mais  il  faut  charrier  les  claies  continuel- 
lement du  parc  ,  à  moins  que  le  berger  ne  patque 
de  proche  en  proche ,  ce  qui  ne  fe  peut  pas 
toujours  ;  vous  ne  pouvez  fumer  les  terres  baifes 
d*un  domaine  en  y  faifam  parquer  votre  trou- 
peau ,  fans  IVxpofer  aux  maladies  les  plus  dan- 
gereufes  ;  la  laine  feroit  endommagée  furies  terres 


(0  Inclphns  fiûkulh  eifeo  trt  mattUnt  hgr^âm 
Catptrt  otcf ,  dum  mnx/randù/a  rtiuihtif  ajlat  ; 
Et  ntuf^r  iuramflipuïâ  ffilUumqtie  m^niplît 
S:ernt*  t  fttbtf  humum  ^  gfaeifs  ntfrîgiiia  Ijtiiai 
êiiflk  ;^c#*nf  4  fi ûlfHmqut  ferai  ,  turpfffutpndagfOÉ» 

V  m  G  I  L  i. 


PAR 

glaîfcufes  &  argîleufes^tTès-cofflmtmes  rmom  oc 
pourriez  faire  parquer  votre  troupeau  *  en  toute 
faifon  ,  fur  les  terres  labourées  à  raies  profoodes; 
&  combien  de  terres  qu'on  laboure  toujours  de 
cette  manière  en  Berry  ,  en  Rourbonnois  f 

Comment  mettre  ^  Tété ,  à  l'abri  du  foleil  toi 
bêtes  à  laine  parquées  ,  dans  une  provtace  dè< 
nuée  de  haies  &  de  bocages  ,  comme  l'cft  le  Berry 
en  bien  des  cantons  ?  Quel  embarras  me  prcfco- 
teroit  point  la  divifioa  des  agneaux ,  des  agaellet , 
des  béliers  &  des  brebis  dans  un  parc  ^  ou  corn* 
bien  de  parcs  dîfîérens  ne  faudroit-il  pas  l  Cûflbè 
bien  de  bcreers  l  quelle  dépenfc  1 

La  féconde  objcâioa  conftdérable  contre  TuCaje 
des  bergeries,  tient  à  la  conilruâion  &  à  b  répa- 
ration des  bâtimcns  à  charge  aux  propriétaires» 
On  ne  peut  nier  qu'il  ne  fat  trèf -avantageux  de 
fupprimer  ces  dépcnfes  ;  toutefois  elles  font  moin- 
dres qu'on  ne  croiroit-  Quelques  greniers  font  oé* 
ceffaires  pour  mettre  du  moins  une  partie  du  four- 
rage k  couvert  ^  &  le  rcz-de-chaufféc  fous  ces  erc* 
niers  devient  une  bergerie  à  peu  de  frais,  Ccr- 
lainement  ce  ne  font  ni  les  premières  dépenfes, 
ni  les  dèpeufes  annuelles  des  réparations  desber- 

Jeries  qui  ont  ruiné  les  anciens  propriètiires  m 
ïerry. 

Il  fuît  de  cetexpofô  ^  que  la  coutume  de  pirqncr 
peut  convenir  à  cenatnes  bêtes  à  laine ,  en  certait s 
climats  ,  dans  certaines  faifons  ,  pour  le  temps  àc 
l'engrais ,  fur  certains  fols  ,  &  qu'elle  peut  être 
très-hafardée  fur  d'autres  fols,  en  d'autres  climats 
Se  dans  des  hivers  rigoureux. 

Je  regrette  d'être  en  ceci  d'un  avis  contnirc  i 
M.  Daubenton  ;  il  efl  affligeant  pour  moi  »  qui  fuis 
Cl  glorieux  de  m'être  rencontré  avec  lui  dans  toos 
les  grands  principes  ,  de  ne  pouvoir  ,  fans  traJût 
mon  fenciment,  placer  fon  parc  domefliquc  & 
fon  parc  des  champs  ,  autant  an^deflfus  de  met 
bergeries  faines  ,  que  je  mets  fes  connoiitancesaii- 
deflus  des  miennes*  Je  dèfsre  que  les  ob|eâion 
que  j  ai  rhonneur  de  lui  faire  foient  dignes  it 
mériter  fon  attention. 

A  tout  ce  que  je  viens  d'expofcr  en  &vc«f 
bergeries  faines ,  j'aiouterai  que  le  parc  ,  folf 
champs  ,  foit  domeOique  ,  n'eft  point  entléreneot 
exempt  de  ces  exhaîaifons  fubtiles  »  acres  &  pé* 
nétrantcs  ,  qui  s'élèvent  des  lieux  oii  les  bêtei  I 
laine  demeurent  renfermées  t  ni  des  maladies  cof 
tagleufes* 


de 

1 


D'jdbord  que  tes  brebîi  ,  I  courert  fbui  leurt  to\n , 
fufqtt'ju  priatcmi  nouv^cau  fe  nourriflenc  d*heibi^  ; 
Qy*ync  molle  fougère  Se  qu*un  cptîsfcuilb^ 
Sous  kurt  corps  déUcacs  ^  étendus  par  u  itutn, 
Eendeat  leur  lie  moitts  dur  ,  tcur  àff\c  pltis  6ùi, 
Traiuaian  de  M.  tAhH  ÙM  LSttt* 


PAR 

On  I  vu  régner  en  Normandie ,  dam  un  pire 
es  chimps  »  une  maladie  épidèmlque  fi  deftnic- 
LVt,  qu^elte  cmportoit  d\m  feul  troupeau  une 
ouzaine  de  moutons  par  femaine.  On  en  attri- 
bua la  caufe  à  la  mauvaife  aiHète  du  parc  fur  d#s 

rres  trop  humides ,  &  à  Ton  trop  long  féjour  fur 
es  près  bas»  11  eft  partout  de  mauvais  bergers, 

le  parc  il0  champs  a  le  défaut  de  ne  pouvoir 
tre  aufli-bien  furveillé  qu*une  bergerie  qui  eft 
ans  Tenceinte  de  la  ferme. 

Dans  mes  bergeries  ,  les  vapeurs  ne  font  guère 
lus  abondantes  &  plus  adives  que  dans  le  parc 
lomeftique ,  où  les  murs  de  la  cour  àc  le  toit 
abri  les  concentrent  du  moins  un  peu ,  puif^ue 
i  parc  des  champs  en  plein  air  &  entouré  defim* 
tes  claies,  fe  fait  fen  tir  d'affez  loin. 

J*ai  lu  quelque  p:irt ,  que  ,  pour  bien  juger  de 

fenfation  du  froid  £c  du  chaud ,  il  ne  fumt  pas 
:  confidèrer  la  température  de  L'atmofphère ,  mais 
a*it  faut  encore  avoir  égard  à  fa  pureté  &  à  fon 
iouvement.  Or  ,  dans  mes  bergeries  aérées  par 
taatrc  grandes  fenêtres ,  qui  font  des  e^éces  de 
^uffiets  fans  ccfle  en  aâion  ,  fi  Fair  eft  un  peu 
EOins  pur  &  un  peu  plus  chaud  que  dans  le  parc  , 

eâ  auiîi  plus  agité  ,  &  la  fenfation  que  îes  bétes 
laine  éprouvent  dans  ces  divers  lieux  ^  doit  être  à 
cu-près  la  même* 

Il  me  femble  au  furplus  qu'il  ne  faut  pas  fe  per- 
îiadcr  que  les  bêtes  à  laine  foient  incommodées 
le  Todeur  de  leurs  excrémens  &  de  leurs  excré- 
tons ,  aufli  fortement  qu'elle  nous  incommode.  Si 
tur  fenfibiiité  à  cet  égard  égaloit  la  nôtre,il  y  auroir 
ïng-temsque  leur  tfpécc  n  exifteroit  plus  cnBerry. 

La  vralfemblance  ne  dit-elle  pas  que ,  pourvu 
«e  l*air  fe  renouvelle  librement  &  continuelle- 
îent  dans  la  bergerie  tenue  avec  propreté  ,  les 
►êtes  à  laine  n'y  font  point  malheureufes  ?  Je  ne 
>er<ls'  pas  plus  de  la  vingtième  partie  de  mes 
l^neaux  pendant  leur  nourriture  »  6c  je  ne  vois 
lOint  que  les  propriétaires  des  parcs  en  puiffent 
ire  autant. 

Une  autre  raifon  eft  favorable  aux  bergeries.* 
>n  croit  qu'on  ne  peut  faire  parquer  utilement 
ioins  de  cinquante  bêces  à  bine  ,  6c  je  penfe- 
Ois  qu*ii  faudroic  en  reunir  au  moins  cent  cin- 
Dante  en  Berry  pour  fe  dédommager  amplement 
c  la  dépenfe  du  berger.  Combien  de  manoeuvres 
m  n'ont  que  vingt-cinq  brebis  t  ils  feroient  obli- 
i%  de  fe  réunir  fix  pour  former  le  parc.  Cette 
inion  &  cette  confiance  entière  de  fix  pauvres 
©lonsdans  le  même  berger  ,  font  ce  qu'on  ne  peut 
Etendre  généralement  :  mais  tous  peuvent  avoir 
ne  bergerie  faine  ,  proportionnée  au  nombre  de 
rur  troupeau. 

Le  parc  ne  regarde  donc  que  les  grands  pro- 
riécaireSf  tandis  que  les  bergeries  faines  peu- 
ent  appartenir  au  plus  pauvre  comme  au  plus 
Iche,  Ne  feroit-il  point  à  défirer  que  tous  les 
rojets  d'agriculture  fatisfilTent  à  peu-près  le  pau- 
Te  aiufi  que  te  riche  i  Sans  cela  le  pauvre  ic 


f  A  R 


625 


rebmt  ,  il  s*obftine  ,  il  nefait,  m  ne  tente  jamais 
rien  pour  les  progrès  de  fa  fortune  &  de  fon  bon- 
heur. 

Ce  qui  ,  fans  réplique  ,  devroit  décider  pour 
les  parcs  tK^ns  propriétaires  ,  feroit  le  pouvoir  que 
plufieurs  pcifonnes  aflurent  qu'ils  ont  de  raffiner 
la  laine.  Four  moi  ^  je  perfifte  à  croire  que  Tha- 
bîtudâ  de  tenir  jour  &  nuit  les  bêtes  à  laine  cx- 
pofées  en  plein  air,  peut  bien  fortitîer  leur  laine, 
mais  non  pas  la  raffiner.  Tout  peut  fe  comparer. 

Jugeons  de  la  qucHlon  par  les  obfervations  que 
Tefpèce  humaine  nous  préfente.  Voyons  A  Tépi- 
derme  &  les  cheveux  de  nos  Citadins  cafaniers 
ne  font  pas  plus  doux ,  même  fans  apprêt  ,  que 
ceux  de  nos  ruftiques  laboureurs.  Voyons  fi  le 
poil  du  cheval  fauvage  eft  aulTi  fin  que  le  poil  dm 
cheval  que  panfe  un  bon  palefrenier. 

La  litière  renouvelée  à-propos  «  &  les  foins 
affidus  qu'on  a  des  bergeries,  font  rétrille  ^  le  pei- 
gne  &  rèp onge  pour  les  bêtes  à  laine ,  &  la  doute 
température  de  leur  afyle  entretient  fur  leur  épir 
derme  une  moiteur  continuelle  &  abondante  ,  qui 
contribue  à  la  douceur  &  à  la  âne{re  de  leur  laine , 
puifque  cette  fueur  douce  eft  une  huile  naturelle 
de  laquelle  elle  eft  humcftée  fans  ceOè. 

En  fuppofant  même  »  pour  un  moment  ,  qut 
la  laine  s'affinât  à  Tair  ,  il  ne  devroit  alors  y  avoir 
que  de  la  laine  fine  dans  les  pays  froids  «  Ou  les 
bêtes  k  laine  reftent  jour  Bi  nuit  en  plein  air  de* 
puis  des  fiècles  ;  ce  qui  eft  bien  élcigné  des  faits. 
Si  Ton  rctorquoit  Targument  contre  les  bergeries» 
je  tépondrois  que  l'effet  des  bergeries  faines  ne 
peut  encore  être  aflez  conftatc.  Elles  ne  font  éta- 
blies qu'en  peu  d'endroits. 

L'argument  ne  peut  attaquer  que  les  bergenos 
mal  tenues  ,  &  les  extrêmes  produifcnt  }c$  mt- 
mes  eflêts  :  la  chaleur  fuffoquanie  eft  aufTi  k  re* 
douter  que  le  froid  exceffif  ;  elle  defséche  le  fàng 

fïeu -à-peu  ,  tk  l'effet  de  la  circulation  trop  accé- 
érèe  >  eft  de  rendre  Tépiderme  ^ride.  Ce  o*cft 
point  feulement  Taôion  de  h  chalrur  qui  coh- 
îribue  à  la  fineflc  de  la  laine  de  certaines  racçs 
dans  les  beaux  climats ,  c'eft  cette  chaleur  modi- 
fiée par  les  vents  tempàrés ,  par  les  douces  rofées  , 
par  la  fraîcheur  reflaurante  des  nuits  ,  par  des 
ombrages  épais  ;  c'eft  ,  en  irn  mot ,  l'influence  Ah. 
ciel  entièrement  favorable ,  (ou$  le<quel  ceî  races 
de  bêtes  à  laine  vivent  depuis  une  grande  conti- 
'niiité  de  fiècles. 

D'ailleurs ,  ne  nous  le  diflijhulons  point  dafi* 
h  diverfité  de  nos  opinions  ;  il  eft  indubitable 
que  les  divers  climats  ayant  ,  depuis  un  temps 
immémoriiàl ,  modifié  cette  efpêce  y  il  y  aura  tou- 
jours des  races  &i  des  individus  de  différente  laine 
que  la  température  de  leur  afyle  »  les  fi)ins ,  la 
nourriture  pourront  bien  améliorer  ,  mais  que  le 
crrtifemcnt  renouvelé  de  races  a  feul  le  pouvoir 
dechans;er  tout*à-f:iir*     *'       ' 

Ce  n*cft  point  par  tiprîtlfe  parti  que  faî  adojrt*» 
le  fyftime   des  bergeries  faines.  Demain  tourti 


624 


PAR 


rai 


mes  bètcs  à  Ulne  parqueroîent ,  û  ]e  cmyoU  cette 
caurume  h  meilleiire  #  fi  je  ne  voyois  qu'elle  n'eft 
même  pas  d^m  U  nature*  Tous  les  êtres  animés 
craignent  le  froid  extrême  ÔC  Textrcme  chaleur, 
A  Pétersbourg,  neuf  mois  delannce^  des  poêles 
trés-ardens  réchauffent  les  maifons  ;  1  Alexandrie  ^ 
une  chambre  aërée  ,  fans  feu  ,  e(l  toujours  Tha- 
bltation  des  hommes.  Les  chevaux  ^  les  bœufs 
livrés  à  cux-oicmes  ,  cherchent  les  ombrages  en 
juillet  ,  &  les  rayons  du  foleil  en  janvier.  Ce 
n'efl  pas  tour ,  les  bèies  à  laine  craignent  princi- 
palement rhumidiic. 

On  lit  dans  un  mémoire  fur  la  Rumination  , 
robfervacion  fui  vante  :  t*  Pài  écarté  les  flocons 
"  de  la  loifon  des  bêtes  à  laine  pour  toucher  leur 
•  peiu,  jamais  je  ne  Tai  fentie  mouillée  »  la  laine 
»  ctoit  toujours  chaude  &  fèche  autant  qu^elle  peut 
«  l'être  y  fur  la  longueur  de  prés  d'un  pouce  au- 
m  deiTus  de  fa  racine  »•  Une  même  obfervation 
eut-elle  avoir  Lieu  pour  nos  bêtes  à  lame  brionnes, 
qui  n*ont  à  peine  à  iji  tome  qu'un  pouce  de  hauteur 
de  laine  f 

L'humidité  de  la  terre  &  de  Tatr^  dans  une 
province  couverte  d'une  immenfe  quantité  d'é- 
tangs &  de  marais  »  &  Therbe  de  leur  pâturage 
imprégnée  trop  fouvent  de  cette  humidité,  ne 
produîrolcm-elles  point  ,dans  lesbètesà  laine,  ces 
vtficules  d'eau  ,  caufes  Ti  fréquentes  de  leur  vie 
languiiTance  &  de  leur  mort  fubite  î 

On  veut  les  rendre  à  la  nature ,  mais  ce  R*eft 
Us  livrer  qu'à  fes  excès  :  mais  la  nature  conferve- 
t*elle  dans  tous  les  climats  également  tout  ce  qu'elle 
produit  ?  A  Mon  treuil ,  fur  ce  beau  pécher  efpalé , 
je  vois  édore  mille  charmantes  fleurs»  dont  au- 
cune ne  fe  nouera ,  s'il  n  eft  revêtu  d'un  (ur  abri. 
Cet  arbre ,  en  plein  vent  dans  la  Perfe  ,  auroit 
autant  de  fruits  que  de  fleurs. 

Le  climat  heureux  &  les  belles  plaines  de  TAfie 
font  fans  doute  trés-propices  à  la  multipUcarton 
&  à  la  fanté  des  bêtes  à  laine  ,  Bc  là  le  parc  eft  la 
feule  bergerie  néceflaire.  Les  plaines  du  Berry  & 
fon  climar  om-ils  les  mêmes  avantages  i  Ceft  à 
quoi  fe  réduit  la  que Aion. 

l£  complément  de  mon  opinion  efl,  que  non- 
feulement  par  rapport  à  la  âneffe  de  la  laine  , 
mais  encore  pour  la  confervation  des  animaux 
qui  la  portent  »  le  degré  de  froid  auquel  on  les 
expofe  rhiver ,  doit  être  proportionné  à  la  bonté 
de  la  nourriture  qu'on  leur  donne. 

Il  fe  pourroit  qu  en  élevât  des  agneaux  fur  la 

Î^lace  avec  fuccés  »  en  les  nourrifTant ,  alnfi  que 
eurs  mères ,  de  luzerne  &  d'avoine  non  battue  ; 
mais  un  payfan  ,  qm  à  peine  peut  fcire  fubfifler 
fes  brebis  dans  les  hivers  rigoureux  ,  rifqueroit 
trop  de  les  ezpofer  à  toutes  les  injures  de  l  air. 

Ce  font  les  alimensfeuls  qui  empêchent  le  mou- 
Tement  du  fang  de  cclTer  ;  &  nous  ne  voyons 

Ïue  trop  fouvent  parmi  nous  un  homme  indigent 
t  foible  vaincu  par  le  degré  de  froid  auquel  l'hom- 
me qui  ne  manque  de  rien ,  fait  rcûilcr. 


PAR 

Enfin  »  Je  crois  cp]*on  fe  trompera  prefqtre  tou- 
jours en  jugeant,  par  la  robe  d'un  animal  «  de  Ci 
fenfibilité  plus  ou  moins  grande  »ux  divcrfcs  trm* 
pératures.  Je  penfe  qu'on  pourroit,  en  beaMCOM 
de  cif  confiances  ,  interpréter,  tout  autrement  qu'on 
ne  f^ît ,  Tintention  de  la  nature  à  cet  égard.  Si 
un  homme  eft  plus  vêtu  que  le  climat  ne  le  coi»- 
porte  ,  ne  dues- vous  pas  qu  il  eft  Sicux  ,  c*eiU* 
dire,  que  fon  épiderme  eA  foible  ? 

La  bête  à  laine  relTemble  ï  cet  homme  trop  ràll 
à  vos  yeux  i  fous  la  laine  longue  ^  elle  a  réelle* 
ment  la  peau  mtnce  :  un  daim  6t  un  cerf,  au  con- 
traire ,  ne  vous  donnent-ils  point,  fous  un  poil  nx, 
une  peau  trés-épaifle  fie  très-forte  ?  Ceft  doDC  k 
peau ,  bien  plutôt  que  la  robe  ,  qui  prouve  fi  H 
animal  ell  armé  ou  non  contre  le  froid. 

Si  je  me  demande  maintenant  comment  les  hom* 
mes  font  parvenus  en  agnculture  à  dev  excès  co&> 
traires  ,  je  crois  m'e xp tiquer  ai nfi  cette  contradk- 
don.  Les  animaux»  dans  i^etat  de  nature  «  oefo» 
point  fans  abri« 

Le<  peuples  chaHeurs  en  pourrotent  rendie  tt* 
moignage*  Les  peuples  paRcurs  ,  n'ayant  pooi 
abri  que  des  toits  trés<ff  agiles  &  très- bornés  dan 
leurs  courfes  vagabondes  »  furent  les  (.«remiers  I 
s*écarter  de  Tordre  naturel,  à  gêner  la  liberté  des 
animaux ,  &  à  les  obliger  d'affronter  ,  coocbéi 
au-dehors  de  leurs  teittes  »  toutes  les  ngtteur^  du 
climats  ou  ils  erroient. 

L  homme,  devenu  agriculteur,  fe  créa  un  qp- 
micile  permanent ,  &  ,  par  fiif  été ,  par  tmérèi ,  k 
partagea ,  avec  fes  troupeaux.  Sa  mlfèrc  fit  fa  né* 
gligence  firent  bientôt  un  cloaque  infeâc  dcsétt* 
blés  ;  &  des  hommes  éclairés  ,  révoltés  de  ce 
afpefl  dégoûtant  ,  ne  virent  plm  de  remcde  I 
ce  mal  «  que  dans  une  extrémité  toute   Offott$» 

OhfirViitlons  fur  dts  bnhis  tenuis  i^mt  toMmih  m 
plein  air  ,  dans  des  htrgerUs  à  clairts^v^its  ,■  fà^ 
M*  DE  Heil, 

Au  mots  de  novembre  tj66  ,  Je  fenaat  m 
petit  parc  de  10  à  11  toifes  carrées  «  entotiri  k 
paliffades»  dans  lequel  je  mis,  te  11  dtt  mèm 
mois,  Il  brebis  ordinaires  du  pays  ,  dont  ! 
efl  petite.  Elles  n'en  fortoient  que  pour  ai 
pâture  avec  le  troupeau  «  &  paffoient  loytci  la 
nuits  fous  le  ciel  dans  ce  parc. 

Elles  mirent  bas  vers  Noël  :  tous  lears  petài 
moururent  Pen  fis  part  ï  M,  Daubenton  :  il  m'ct» 
horta  «  dans  fa  réponfe  ,  à  continuer  mon  erpè^ 
rience.  L^exemple  de  plufieurs  tfpdces  de  pJtm 
vêtu  beaucoup  moins  chaudement  que  les  hrebis* 
&  le  dèfir  ardent  de  favoir  fi  je  ne  fcrok  pal  f^ 
heureux  avec  les  agneaux ,  après  que  tes  Mrci 
auroient  pafle  toute  Tannée  fous  le  ciel  «  me  fifOi 
réA(ler  aux  lamentations  du  berger  «  de  toute  m 
famille  6c  de  tous  les  habitans  du  tîeti.  La  t| 
brebis  re{\ércnt   eii  plein  air  ^  &  Tcrs  Voà  éf 


mm 


I 


PAR 

fannie  fuîvante,  j'ctfi  la  fansfaûiondcvoîr  naître 
&  de  confervcr  Ici  agneaux  dans  la  neige. 

Ce  fuccès  m'engagea  d*agrandlr  le  parc,  Scde 
le  placer  à  côte  de  la  principale  rue  du  village 
d^'Hufingen ,  ou  je  demeuroîs  alors*  Je  ne  le  fer- 
mai qu^avec  des  lattes  dn  côté  de  la  rue  »  quoi- 
qu  elle  fût  au  nord  ,  pour  le  mettre  fous  les  yeux 
de  tous  les  palans.  Depuis  cette  époque  ,  je  aai 
plus  eu  d*autre  bercail  y  &  toutes  mes  bétes  à  laine 
Qm  reftè  expofécs  à  la  pluie  &  à  la  neige  durant 
faute  Tannée.  Il  n'y  a  voit  dans  tout  le  parc  rien 
de  couvert  que  le  râtelier  oy  la  crèche  *  qui  Tétoit 
tvcc  des  planches  ,  dans  la  largeur  d'environ  2 
pieds. 

Pendant  i  J  ou  14  ans  que  cette  expérience  a 
duré ,  je  n'ai  pas  perdu  une  feule  bètc  ,  ni  eu  de 
malade.  Je  ne  crois  pas  avoir  obtenu  plus  de  pe- 
tits qu*à  lordinaire;  mais  on  trouvoit  les  agneaux 
&  les  moutons  beaucoup  meilleurs  que  ceux  ren- 
fermés dans  les  établei* 

J'ai  fait  faire  ,  en  ma  préfence  ,  l'anatom'e  d'un 
MODton  de  trois  ans  par  le  ileur  Simon  »  Mi3e* 
CiJi  vétérinaire  ,  &  qui  a  reconnu  Tanimal  très- 
ikin  ,  ïte  lui  a  trouvé  dans  la  véficule  du  fiel 
ijuc  «rois  vers  plats  ,  dont  le  nombre  ,  fuivant 
Louis  Beglin  ,  boucher ,  qui  avoit  tué  ce  mouton, 
▼a  quelquefois  à  plus  de  60  dans  une  bètc  du 
n^me  âge. 

Quant  à  ta  laine  ,  je  l'aï  fait  eiaminer  par  des 
Fabrîcans  de  drip  de  B*fle  &  de  Mulhiufen  , 
<|ut  OUI  unanimement  reconnu  qu'elle  étoit  de 
licaucoup  fupèrièMre  à  celle  des  bétes  élevées  de 
la  mamére  ordinaire  du  pays. 

•  Par  la  comparaifon  que  )*en  ai  faîte  mol  même, 
î^î  trouvé  que  les  foies  de  mes  loifons  ètoient 
fort  liffcs;  fi  j'en  tiroîs  une  entre  les  doigts  ,  elle 
gttflbit  légèrement  &  rencîoit  un  petit  fon  c':air  ; 
nu  lieu  qu  une  fore  des  moutons  élevés  dans  les 
étables ,  rendoit  un  petit  fon  plus  obfcur  &  cra* 
quctoit  fous  les  doigts. 

La  caufe  de  cette  différence  s'aperccvoii  à  la 
vue  fimple,  auJÎi  bien  qu*au  taA  :  on  remarquoit 
facilement  que  les  foies  des  bétes  étevées  dans 
les  étables,  étoient  plus  épaiilesque  les  miennes  j 
qu'elles  étoient  rabotcufcs. 

La  différence  étoit  frappante  à  la  loupe  :  les 
tniennes  rciTcmbîcnt  à  ce  verre  capillaire  dont  on 
ImU  les  aigrettes  ,  tant  elles  étoient  nettes  &  dia- 
Iphmes  :  les  autres  étoient  ternes  &  couvertes  de 
corps  étrangers  ,  que  j'ai  regardés  comme  une  cf- 
pèce  de  tartre  ;  même  après  les  avoir  fortement 
lavées  »  on  apcrcevoit  des  taches  qui  m'ont  paru 
être  les  places  ou  ce  tartre  étoit  attaché. 

Je  n'ai  pas  eu  l'attention  de  faire  évaporer  Teau 
dtns  laqudUe  |'ai  lavé  ces  laines. 

Quant  à  U  force ,  j*aî  remarqué  que  ma  laine 

Ireroportoit  de  beaucoup  fur  Tautre.  Voici  comment 
fC  m'y  fuis  pris  :  j'ai  arrêté  des  foies  par  un  bout 
AfU  &  Métiers^  Tmc  K  Paru  Ih 
, 


I 


PAR  62s 

avec  de  la  cire  d'Efpagne  à  une  règle  fixce  ho- 
rifontalement  ;  j'ai  attaché  à  l'autre  cxtrémiié  un 
61  par  tes  deux  bDUts  >  &  formé  un  anneau  auquel 
j'ai  fufpendu  des  clous  âc  des  épingles  recourbés 
du  coté  de  la  pointe ,  &  j'en  ai  ajouté  jufqu  à  ce 
que  les  foies  fe  foient  caflTées.  Je  ne  me  rappelle 
|>as  la  dlR'^rence  de  poids  qui  a  caufé  la  caflure  ; 
je  fais  irès-bien  qu'il  en  a  fallu  au  moins  un  quart 
de  plus  pour  caUer  les  miennes  ,  que  pour  caifer 
les  autres.  Il  m'a  encore  paru  que  les  premières  s'a- 
longeotent  plus  que  les  fécondes  avant  leur  caf« 
furc  ;  ce  qui  efl  un  avantage  particulier  ,  en  ce 
qu^cIles  font  ébftiques  ,  &  conlequemment  plus 
propres  à  faire  de  bonne  marcha ndife. 

Il  y  a  cinq  ans  que  ces  cffais  ,  &  beaucoup 
d'autres  fur  l'économie  rurale  dont  j'éiois  occupé, 
ont  été  initnompus,  A  mon  retour  en  Alface  , 
je  n'ai  vu  d*autre  changement  dans  le  traitement 
des  bé!**s  à  laine ^  que  ceux  arrivés  avant  mon  de- 
part.  M.  le  Comte  de  Mmtjoye  •  Seigneur  d'H;r- 
fingcn  ,  au  lieu  de  tenir  durant  la  ntJit  fon  trou* 
peau  dans  des  étabîes  prefque  hermètique;nint  » 
ainG  qu'on  le  pratique  ordinairement  en  Aluce  , 
a  fait  faire  une  bi^rgerie  fermée  avec  des  httes 
des  quatre  côtés  »  &  couverte  d'un  toit  »  de  ma- 
nière que  tous  les  vents  la  traverfcnt ,  &.  qu'clîe 
n*eft  à  Fabri  que  de  la  pluie  &  en  partie  de  Ja 
neige. 

Je  fais  que  depu'ts  ce  temps*Ià  ,  il  n'a  p!us  eu  de 
maladie  dans  fa  bergerie.  Quant  ï  la  laine ,  je  n  ai 
pas  été  à  portée  de  l'examiner. 

D'un  autre  côté ,  M.  î'Evèquc  de  Bafle  a  fait 
faire  dans  fes  bergeries  à  Becrol  »  prés  de  Porcn- 
trui ,  des  cheminées  ,  crt^y^nt  que  l'air  méphui- 
que  que  refptrent  les  animaux  qui  font  renfermés 
«  laifles  pendant  cinq  à  fix  mois  fur  leur  fumier, 
s'évaporeroît  par  les  tuy  kux.  Je  doute  que  cette 
précaution  ait  amélioré  les  laines  âc  U  fanté  de  fcs 
moutons* 

Lettre  fur  une  façon  pankulihre  i élever  Us  hrthU  & 
Us  apieaux  ;  pur  M.  REGSAUD'LÀC^nDLTTZ  ^ 
à  Cédueur  de  U  BibL  PkyJicO'êcorwmiqtie* 

Le  choix  du  bon  rend  votre  ouvrage  précieux 
aux  artiftcs  ,  au  phyficien  ,  au  médecin  fit  à  l'A- 
griculteur ;  c  cft  en  cette  dernière  qualité  que  i*aî 
rhonneur  de  vous  communiquer  •  pour  la  rendre 
publi^ife ,  une  manière  d'clcver  les  brebis  &  les 
agneaux  ,  qui ,  lom  d'être  oppofée  à  celle  de  M. 
dlsjonval  ,  peut  parer  à  divers  inconvémens  qui 
pourroient  réfulter  de  cette  édacation  Je  ne  doute 
point  que  la  méthode  d  élever  les  bétes  à  Lûr^e  e« 
plein  air  ,  n'ait  les  avantages  donr  parle  ce  phitofo* 
phe  agriculteur,  6c  qu'à  ta  longue  elle  ne  fott  adop- 
tée dans  toute  les  provinces  de  France*  Je  dis  i  la 
longue ,  car  la  marche  lente  de  HnoculaLion  ,  par 
exemple  ,  annonce  combien  ditlicilement  le  peuple 
quitte  fes  anciennes  crreuiy. 

Kkkk 


626 


PAR 


ht  Dauphifté  produit  p«a  de  foint  ,  &  il  eft 
reconnu  que  leur  chené  r^nd  réducatîon  ordinaire 
des  brebis  plus  a  cha-^g*  quà  profit  ;  on  répare 
les  troupeaux  par  des  agneaux  de  Provence.  Q^ant 
à  moi ,  les  brebis  us  me  caïuent  pas  ptus  à  nourrir 
que  les  moutons  ;  elles  ont  aiïea  de  latt,  &  élè- 
vent de  très-bcîux  agneaui  qui  réfiftent  fac  le- 
ment  à  l*hiver  qui  fuit  leur  naifTance  :  YOici  ma  mé- 
thode. 

récarte  le  bé'îer  de  mon  troupeau  jurqu'au 
comment?ment  de  novembre  ,  temps  auruel  je  le 
mcle  p.tmi  mes  *^rebis  Pendant  1  hiver  ,  peu  épui- 
fées  par  leur  fé  Ui ,  qui  eft  epxore  d*un  fort  pciit 
vol  lime  ,  ell  s  ne  fonc  nourries  ,  ainfi  q' e  es  mou- 
tonij  quavec  de  la  paille  &i  des  fetiilles  de  cbâne 
en  fagots. 

Elles  ont  leurs  agneaux  dans  le  mois  davril  ; 
cVft  e^.vi  oa  huit  jours  avant  6c  hiût  j  luts  après 
leur  naiiTance  »  que  Ton  donne  d^*  U  méLe  a..x 
mère.  ;  elle>  font  enf.  i  e  gardics  avec  leurs  Ag  ^aut 
djns  les  champ'^  de  ré  ervc  ;  1  herbe  ,  q  i  alors 
comm:nce  à  fuilîie  à  ces  beÂiaiuc ,  eft  auiE  leur 
unique  nourriture* 

C'eft  iu  mois  de  m/i  qu'il  faut  voir  Le  jet  éton- 
nant de  ce,  jjunes  animaux,  qui  commencent  à 
paître  'herbe  cendre  ,  &  épuifcnt  plufieyrs  fois 
dans  te  pur  des  mimilles  remplies  d^  bit  ;  on 
Ïés  fépare  de  leurs  mères  au  mois  de  juin  ,  en  ob- 
iervant  de  ne  pas  entièrement  faire  traire  les 
farebs. 

La  portion  de  lait  qui  refte  aux  agneaux  ,  fo 

Srolorge  plus  long-tsmpi  ,  &  fait  le  plus  grand 
îen  aux  jcjnes  nojrrilions  ;  ils  font  en  ièrcmcnt 
fevrés  dans  le  mois  d*août ,  6l  Ion  fait  traire  les 
brebis  lout  le  mois  d;:  fepttmbre. 

On  diflingue  au  coup  d  œil  Tagncau  mâle  de 
Tagneau  femelle  (  au  moins  pour  fefpèce  qui  eft 
en  Daupliiné  )  ^  en  ce  que  le  mâle  a  ordinaire- 
ment la  \êtc  armée  de  co  nés  :  il  paiTe  pour  cer* 
tain  en  ces  pays  »  quil  p'rit  beaucoup  plus  d*a- 
gneaux  mâles  que  dt  femi^les  dans  lliivcr  qui  &it 
leur  naiflTance. 

On  en  d4>nne  cette  raifon  :  les  cornes  des 
agneaux  croiffent  jufqu'à  ce  qu  ils  foient  coupés  ; 
elles  font  extrêmement  tendres  dans  la  partie 
croiiTiDte  »    cVft-àdire    »     près    de    la  téie    | 


PAR 

leurs    bouries     oirent    encore     au     firoid     ooe 

Êattie  très- délicate  ,  de  force  que  Ton  penfe,  en 
buphiné  ,  qu*on  ne  doit  pas  expofer  les  agneaux 
miles  aux  frima rs  ,  qu*on  doit  au  contraire  les 
tenir  dans  des  réduits  chauds. 

Je  pare  à  cet  inconvénient ,  en  faifant  couper 
les  miens  avant  Thiver  ;  au  moyen  de  quoi  ils  oe 
s'èchauffect  p^s  auprès  de  leurs  femelles  ,  ne  fe 
j'oguent  point  ^  ne  maigriffent  pas  ,  &  réfiflcnt 
fiCilemenc  aux  grands  troîds  ;  ils  ne  pértflcm  ni 
pjr  leurs  cornes  ^qui  dés-lors  fe  duiciflcnf  ,  ni  par 
leurs  bourfes  qui  font  vides. 

Selon  la  manière  ufités  en  Dauphinè  &  dans 
les  provinces  voifînes  »  d'élever  les  brebis  «  clks 
mettent  bas  dans  les  mois  de  décembre  &  de  jan- 
vier f  de  quelle  quantité  de  foins  ne  doivent  pas 
être  pourvus  les  âgricukeurs  qui  veulent  élever 
un  cerrain  nomJ>re  de  brebis  qui  confervent  leur 
iaine  &  leur  lait  ?  Quelle  confommartoo  ne  font* 
elles  pAS»  &  les  agneaux  eux-mêmes  i  II  n  y  a 
pas  à  balancer;  il  eA  beaucoup  plus  avantageux 
de  fe  procurer  des  agneaux  par  U  voie  de  Ta- 
chât, 

£n  fuîvant  la  méthode  que  f*tndlqiie  »  il  n*dl 
guère  plus  coûteux  d'hiverner  des  brebis  que  dtî 
moutons  :  elles  font  hors  de  Thiver  avant  falii- 
ttment  i  ik  ce  n'eft  qu'alors  ,  cell-àdirc,  dass 
le  temps  qu'elles  alait-'nt  ,  qu^cîlcs  maigriiTcnt» 
perdent  leur  laine  ,  lorfqu  elUs  ne  font  ^.as  aboo» 
darnment  nourrits.  Les  miennes  arrivent  au  moif 
d^  mai  avant  aucun  épuifement;  &  à  cette  épo- 
que elles  trouvent  au-dehnrs  de  quoi  fuffire  à 
lem-  propre  nourrituie  Sl  à  ralaiiement. 

Cette  manière  d*èlever  les  brebis  a  donc  b 
nombreux  avantages  détre  moins  dilpcndicufc 
pour  leur  nouiriture  ,  &  celle  des  agneaux ^ ccui* 
ci  ne  faifant  aucune  dépenfe  la  première  année  i 
d'en  poirvoir  conCéquemment  élever  une  plus 
grande  quantité,  de  procurer  plus  de  tait  ,  pIn 
de  laine  ,  de  fouiïraire  les  agneaux  naiâans  lui 
rigueurs  de  î  hiver  ,  &  de  leur  faire  fupponcf 
fins  crainte  celles  de  Thiver  fuivaut.  Les  borna 
d'une  lettre  ne  me  permettent  pas  de  m'éfend/f 
longuement  fur  ces  divers  faits  ;  ils  feront  fedli- 
m:;nt  compris  par  les  agriculteurs,  D^^llcun , 
cctie  méthode  peut  très-bien  s^accordex  avcccek 
de  M.  d'isjonval- 


VOCABULAIRE. 


DERGinrE  ;  endroit  fermé  pour  retirer  les  mou- 
tons à  Tabri  des  iN)UFes  de  Pair  ,  &  les  garantir 
des  snim-îux  carnaciers, 

CABANE  Di;  BimGE£L  i  elle  doit  erre  légère  »  & 
poféc  fwr  des  roues  ,  pour  être  d  un  iranfport 
facile. 

Claies  ;  ce  fotit  des  baguettes  de  coudrier  ou 
4c  tout  ï\iue  boid    léger  &   ûeiibîe  ^  de  4  à  } 


pieds  de  haut ,  entrelacées  entre  ét^  montani  • 
peu  plus  élevés ,  powr  clore  un  parc  ,  ou  uitf  <^ 
Ceinte  qui  doit  renfermer  un  rroupeati^ 

Crossxs  j  on  ai- pelle  ainft  des  bâtons  de  Wl 
à  neuf  pieds  de  longueur ,  don^  oa  fe  (en  f^ 
foute nir  les  ckies  du  parc* 

FuMUAE  ;  c'eft  l'engrais  produit  pfwr  la  Wi* 
k  laine  /cafeiiD^cs  dans  tm  parc» 


fAR 

HAHGAm;  c*eft  un  efpace  de  terratallbre  ,  feule- 
iVKtit  abrité  psr  un  toit,  où  les  troupeaux  peuvent 
&  retirer  pour  fe  garantir  de  la  pluie ,  de  la  neige , 
ém  Tent ,  &  oiéme  du  froid. 

*    Paac;   c'eil  un  tfeace  dr  terrain  ,  datis  un 
champ  clrconfcrit  par  clés  claies. 

Parc  domestique  ;  enclos  fermé  de  murs  , 
cik  te  troupeau  peut  être  jour  &  nuit  à  Fair ,  mais 
ganuui  du  loup* 


1^  A  R 


617 


Parc  dOVRLe  ;  c'eft  un  parc  ou  un  ofpace 
de  champ  fermé  par  des  claus ,  à  c6té  d'une 
autre  pareille  enceinte. 

Parcage  ;  c'eft  Tau  de  faice  parquer  les  mou« 
tons  à  Tair  libre  «  dans  une  enceinte  de  claies. 

Parquer  en  blanc  ;  c^eft  placer  les  chiens  ; 
gardiens  d'un  trcmpeau ,  de  manière  qu'ils  con- 
tiennent les  moutons  dans  fefpace  defllné  mi 
parç« 


Kkkkîl 


PARFAISEUR 


DE  PEIGNES  DE  CANNE,    D' ACIER  ETAUTR 


POUR  LES  ETOFFES. 


Art    du   P 


N. 


_  1  o  u  s  allons  réunir  dans  cet  article  les  procé- 
dés  de  l'art  da  F^igntr  ^  autrement  du  partaifeur 
de  peigne»  ,  tant  de  canne  ,  que  d*acier  6c  autres  , 
pour  le  fcrvicc  des  fabriques  d*étofFes.  Il  en  a 
été  donné  une  defcriprion  fom maire  ,  avec  des 
obfervations,  dans  le  tome  L  du  traité  des  Ma- 
nufaftures  ,  par  M.  Reland  de  la  Platiére  i  mais 
ce  favant  académicien  n'a  pas  cru  devoir  entrer 
dans  tous  les  détails  mécaniques  de  la  fabrica- 
tion de  ces  peignes  ,  s'attachant  de  préférence  à 
faire  connoitreîeur  ufage  &  leur  em^ploî. 

Cependant,  comme  c'eft  un  objet  important 
que  M,  Paulet ,  deirmateur&  fabricant  en  étoffes 
de  foie  de  la  ville  deNismes^  a  publié  &  décrit 
d'après  foo  expérience  ,  avec  autant  de  connoif- 
fance  que  de  recherches  &  de  foins  ,  nous  avons 
cru  néceffaire  de  profiter  de  Tes  lumières  &  de 
fon  travail  déjà  confignè  dans  le  recueil  de  Neu- 
châtel,pour  en  enrichir  notre  dictionnaire,  où  cet 
art  du  relouer    doit  auflî  prendre  fon  rang. 

L'uiienfiîe  dont  il  eft  queftlon  ,  eft  connu 
dans  les  différentes  manufaâures  où  il  eft  en 
ufage ,  fous  différentes  dénominations-  Les  dra- 
piers rappellent  communémeot  rot ,  pluGeurs  étof- 
iîers  le  nomment  r^itiîet  ;  mais  le  plus  grand  nom- 
bre ,  comme  fabricans  en  étoffes  de  foie  ,  tiffe- 
rans,  rubaniers  ,  gaiiers  ,  galoniiîerSj  &c.  lui  ont 
confkrvé  le  nom  de  peigne.  On  avra  aitemlonde 
ne  fe  fervir  ,  dans  le  cours  de  cet  art  ,  que  du 
terme  de  pàgn€  »  fous  lequel  les  leâcurs  doivent 
comprendre  les  deux  autres  dont  on  vient  de  par- 
ler, comme  étant  trois  fynonymes  qui  préfcntent 
la  même  idée. 

Ctfl  au  moyen  de  cet  uflenfilej  qu^on  con- 
ftrve  Tordre  que  doivent  garder  entre  eux  ks  fils 
de  li  chaîne  ,  &  qu*on  vient  à  bout  de  placer  cha- 
que duite  de  la  trame  dans  La  pofitlon  oîi  elle 
doit  être  :  ce  font  les  Hffes  qui  confervent  la  lar- 
geur qu'occupe  la  chaîne  fuivant  celle  de  Tétoffe  ; 
mais  le  peigne  »  en  méme^ temps  qu'il  lie  la  trame 
avec  la  chaîne  ,   détermine   irrévQcabknaieiit  la 


eignen 


largeur  de  Tétoffe  ;  en  un  mot ,  c*eft  lui  qui ,  pi». 
prement  parlant ,  fabrique  1  étoffe;  &  tous  les  au- 
tres font  des  acceffoires  Lndifpenfables  ,  à  la  vérité; 
mats  c'eft  en  quelque  forte  de  la  perfeâion  du 
peigne  que  dépend  ablblument  celle  de  Tétoffe, 

On  peut  affurer  que  de  tous  les  uftenfilcs  (pu 
font  en  ufage  dans  la  fabrique  des  étoffes  en  |é» 
néral ,  le  peigne  çÛ  fans  contredit  celui  qui  exige 
te  plus  de  ft&ins  pour  être  confirutt  comme  il 
faut. 

La  forme  qu*on  donne  aux  peignes  ,  pour  gucl- 
que  genre  de  tiffu  qu*dn  les  de  Ai  ne  ,  eft  touj^ran 
la  même  ;  mais  ils  varie/it  dans  leur  grandeur  » 
dans  leur  conflruâi on  &daos  le  nombre  dedenti» 

Cette  variété  n*a  pas  feulement  lieu  dans  lei 
différentes  étoffes  auxquelles  on  les  emploie , 
mais  dans  une  feule  ^  les  largeurs  èraot  très-dif* 
férentes  les  unes  des  autres  ;  enforte  que  tclll 
étoffe  dont  le  peigne,  fur  une  largeur  de  dix-buii 
pouces,  contient  huit  cents  denrs  ,  pourrotr,  sur 


une  même  largeur,  être  fabriquée  par  un  qui  c* 
contint  jufqu  à    neuf  cents   ou   mille,  " 

On  doit  compter  parmi  les  ans  auxquels  ces 
gf^s  foni  utiles,  i**,  les  tifferands  :  on  comprend f< 
ce  nom  les  fabricant  di'  toiles  de  îin  &  de  cotoi 
de  mouffeliues  ,  linons ,  batiiles  ,  &c.  %*,  Les 
bricansde  draps  ,  qui  comprennent  toutes  les  éi ., 
fes  de  laine,  les  pannes,  &Lc.  y.  Les  rubanîcrtL. 
qui  ne  font  qu  un  feul  &  même  corps  avec  Id 
pafTem  entiers  6l  les  galon  mers  ,  &  autres  parties 
du  tîffage,  4^.  Les  gaxiers  ,  qui  fabriquent  b 
gazes ,  uiarlis  ,  crêpes  ,  toiles  de  crin  pour  les 
tamis,  toiles  d'or,  d'argent ,  &c.  Et  enfin  k  fa- 
bricant d*étoffes  de  foie  ,  qui  lui  feui  fabrique  plm 
de  deux  cents  genres. 

Il  efl  aifé  de  juger  ,  par  ce  détail ,  de  la  variéti 
que  le  peigner  eft  obligé  de  mettre  dans  la  fibti' 

3ue  du  même  uftenAle  ,  puifqu'on  remploie  à  tut 
*ufages. 
Il  n'cA  pas  poffible  de  détailler  touicf  IcsUr* 


P»  A  R 

geufs  que  chacun  des  genres  exige  pour  le  peigne  ;  \ 

aiûfi  que  tous  les  comptes  des  dents  dont  on  le 

compofc.    On  choifira  trois  ou  quatre  eKemples 

des  plus  difficiles  ,  pour  cclaircir  ce  qvi  en  fera  dit 

lar  la  faite  :  Ql  quoique  ces  etemples  Soient  pris 

ur  les  peignes  des  étoffes  de  foie  ,  ils  n'en  feront 

)»  moins  applicables  a  toutes  ks  au.res  ;  puifque 

a  régularité  U  la  perfeâioa  qu'ils  exigent ,  n^ pcu- 

Vitnt  que  contribuer  à  en  faire  fcntir  les  difficultés. 

Malgré  TénumératioB  qu*on  vient  de  faire  de 
Tufagc  auquel  on  emploie  les  peignes  ,  il  efl  à- 
propos  de  favoir  qu'il  n  y  en  a  ,  à  proprement 
parier  »  que  de  fix  efpèces  ,  qu'on  diAtngue  tant 
par  la  matière  dont  on  les  compofc  ,  que  par  la 
Siamére  dont  on  les  conflruit. 

Un  peigne  efi  une  cfpéce  de  râteau  pareil  à 
ceux  dont  le  plieur  de  cnaines  pour  les  étoffes  de 
(ùit  (c  Ctn, 

Son  ufagc  eft  de  ferrer  les  duites  de  la  trame 
les  unes  contre  les  autres  à^mefure  qu*oQ  les  phce 
dans  les  croifemens  que  le  mouvement  qu'on 
donne  à  la  chaîne  ?u  moyen  des  lifles  ,  préfente 
fans  ceiTc.  Ceil  en  appuyant  plus  ou  moins  fort 
ce  peigne  contrs  Tétofle ,  qu'elle  acquiert  plus  ou 
moins  de  force  &  de  roideur  ;  mais  ce  n'eA  pas 
ici  le  lieu  d'entrer  dans  ces  détails.  Il  y  a  (ix  fones 
die  peignes,  qui  font ,  i\  les  peienes  de  canne  ; 
a*,  ceujc  de  rofeau  ;  3**.  ceux  d'ivoire  ou  d*os  ; 
4*,  ceux  de  cuivre  ;  y.  ceux  d'acier  liés  *,  &  enfin 
ceux  d'acier  fondu* 

Les  peignes  de  canne  font  ceux  dont  les  dents 
font  faites  :ivec  de  la  canne  ;  de  même  que  ceux 
«Ti voire  ,  d'os ,  de  cuivre  ,  d'acier ,  font  ceux  dont 
les  dents  font  faites  avec  de  Tivoire  ,  de  Fos  ,  du 
CQÎvre  ou  de  Tacier. 

Les  peignes  qu'on  nomme  £achr  fondu  ^  font 
ceux  donc  les  dents  font  d'acier  comme  aux  pré- 
cèdens  »  mais  ou  ce^  dents  font  retenues  dans 
lieux  tringles  de  métal  qui  fe  jettent  en  moule» 
Ces  deux  tringles  fe  nomment  en  terme  de  ma- 
jïutaâure  coromlUs  on  jumcIUs, 

Tous  les  ouvriers  qui  fe  fervent  de  peignes  , 
cuvent  fe  fervir  de  Cv*s  fix  cfpice^  în<]ii'é!*cm- 
mcDf  ;  mais  comme  chaque  talent  a  0:%  uia<;es , 
&  chaque  profcÛion  fes  outils  particuliers  ,  il  eft 
mStz  ordinaire  de  voir  les  galonniers  ou  ruba- 
1ers employer  des  peignes  d'ivoVre  &  de  cuivre, 

ru  certaines  fwrtiesde  leur  fabrique  feulement, 
ceux  d'acier  ou  de  canne  pour  tous  les  autres 
ouvrages  «  ainfi  que  les  autres  ouvriers  en  tiifus. 

La  canne  eft  li  matière  dont  on  a  le  plus  an* 
ciennemeni  f^it  des  peignes  ;  on  n'imagina  de  les 
lâîre  en  ackt  ,  que  parce  que  les  dents  des  lifié^^ 
rcs  «  quoique  pic;  fortes  ,  mais  toujours  de  caune, 
pilotent  vhii  facikyaeot  que  celles  du  coqis  du 
petgtkc.  O^  avoit  dés-lor«  pris  le  foiti ,  i^ni  fub- 
ûAc  eucore  ,  de  le^  fairg  «.u  fer  ;  &  ccmmï  on 
#VA  apen^a  que  ce  mctal  réutTufoit  très*blca  , 
les  iabrîcans  ne  tardèrent  pas  à  fubftitucrks  oefits 

fer  à  celles  de  caujie. 


PAR 


629 


Il  ny  a  pas  long-temps  qu^on  a  Imaginé   en 
Angleterre  de  faire  les  corondks  des  peignes  avec  < 
une    matière  femblable  à  celle   dont  on  fait  les  I 
caraélércs    d'imprimerie.    Cette   invention     ingé^l 
nieiïfe  eft  remplie  de  difficultés  pour  rcuffir  commç 
il  faut ,   attendu  qu'on   a  befoin  pour  cela  d*ua  ^ 
moule  dans  lequel  on  arrange  les  dents  d^acierdan^ 
un  ordre  bien  précis  ,  après  quoi  oh  les  fixe  en  y 
coulant  la  matière  qui  en  forme  la  monture  ;  mais  ^ 
dans  le  refle  de  l'Europe  on  monte   ka   peignes  I 
d*ac!er  comme  ceux  de  rofeau  ,  de  canne  >dV 
voire ,  &c* 

Des  fitgnis  en  genérah 

Le  peigne  eft  une  cfpèce  de  râteau  ,  au  tra«  j 
vers  des  dents  duquel  paHent  tous  les  fils  d*uneJ 
chaîne  ,  &  qui  conferve  leur  pofition  refpeâivc  m 
c'eft  lui  qui    fixe  la  largeur  de  Tétoffe,  I 

Les  dents  qui  le  compofent   font  placées  lc#| 
unes  à  côté  des  autres  fur  une  même  ligne  ,  entrçj 
quatre  tringles  qu*on  nomm^  jumtiUs  ou  c^roneU 
les  ,  &  retenues  dans  un  écartement  parfaitement 
égal  fit  déterminé  #  au  moyen  d'un  fil  de  Un  enfl 
duit  de  poit ,  qu'on  nomme  llgneul^  pareil  à  celui 
dont  fe  fervent  les  cordonniers. 

Ce  n*eft  pas  aiTez  pour  la  folidité  d*un  peigne 
d^avoir  arrêté  toutes  fes  dents  Tune  après  Tautre 
haut  &  bas  entre  les  jumelles  ,  il  faut  encore 
garantir  les  extrémités  contre  la  pointe  de  fer 
dont  eft  armée  une  navette  «  qui  endommageroit 
conltdérablement  les  premières  dents  ,  lorfque 
Touvricr  lance  cette  navette  de  droite  à  gauUie 
fit  de  gauche  à  droite. 

On  a  pour  cet  effet  imaginé  deux  montons 
qu'on  nomme ^dfirj  ,  qui , en  mhmc  temps  qu'elles 
préfervent  les  dent* ,  contribuent  enccwe  à  la  fo- 
iiâité  du  peigne  ;  la  hauteur  de  ces  gardes  détermi- 
ne celle  du  peigne ,  en  même  temps  qu'elles  fer- 
vent à  fa  confervstion. 

Ces  gardes  font  faites  de  canne',  de  ho\9  ^  d'os  y 
d'ivoire  ,  fie  quelquefois  de  laiton  ou  de  bronze. 

Il  eft  arfé  de  fentir  que  la  matière  h  plus  dure 
eft  toujours  la  mcUleurc  »  quoiqu'elle  n'influe  en 
rien  fur  la  bonté  intrlnféque  du  pei£ne;  il  fuffit 
que  les  gardes  foieni  bien  faites  ,  égales  entre 
elles,  fi:  fur-iout  qu'elles  foîent  placées  bien  d'é* 
querrc  avec  k  jumelle ,  Se  folldement  arrêtées  ço 
leur  place. 

Comme  il  eft  à -propos  d'ivitcr  que  !a  navette 
ne  frappe  contre  ï^%  deux  bouts  du  peigne  ,  on  a 
t5ché  de  donner  a  ces  gardes  une  forme  extérieure 
qui  ^\xi  rcmèéttr  i  cet  in':«  t.   C'cft  p-  ur- 

c|UȔ  on   leur  donne  i'arrc'  i;t   d*un  grand 

cercle,  ^ 

Quelques  ouvriers  donnent  aux  deux  gaides 

mifes  en  rrlacc ,  la  fo^me  o^ogone  .  dont  les  dtux 

fjices  prînti pales  fLiiit  plusbrges  qi:c  les  fix  au- 

tft\     Mau    lette    f^irme   eft  abfjlu^ient   défcc* 

4  luciift  \}\%Mftt  cÙQQtt  leur  donnent  uut  fori 


630 


PAR 


elliptique  ;  mats   la    première  e&  fans  contre- 
dit préférable. 

Il  eft  vrai  qu'il  y  a  plus  à  craindre  que  le  bout  de 
la  naveiie  ,  quoiqu'il  lott  d'acier ,  ne  s^émoufle  con- 
tre les  gardes  du  peigne  ,  que  quand  elles  font 
ë'une  matière  fort  dure,  comme  de  cuivre  ,  d*a- 
cier  ou  de  bronze  ;  mais  i\  l'on  préfère  de  les 
faire  de  canne»  d*05  ou  d'ivoire,  elles  feront  elles- 
mêmes  endommagées  par  la  pointe  de  la  navette  » 
&  en  peu  de  temps  les  premières  dents  de  chaque 
côté  du  peigne  ne  manqueront  pas  d*etre  atta- 
quées :  aulii  femble-t-ii  que  le  nom  de  gardes  , 
qu  on  a  donné  à  ces  deux  picces  ,  leur  vient 
de  remploi  qu'elles  ont  de  garder  ou  préferver 
les  dents. 

Lorfqii*on  veut  abfolument  faire  tes  gardes  avec 
de  la  canne  ,iî  eft  certain  que  les  faces  extérieu- 
res arrondies  fe  trouvent  tout  naturellement  far 
cette  canne  ;  &  alor^ ,  pour  L  avoir  plus  dure  ^ 
on  doit  prendre  les  tuyaux  du  bas  ,  parce  qu^ils 
ont  plus  de  corps  ;  mais  on  ne  fauroit  dans  ce 
cas  leur  donner  une  forme  plus  avantageufe  que 
celle  où  la  partie  ronde  de  la  canne  fe  trouve 
en-dehors  pour  rejeter  la  navette  lorfque  Tou- 
Vrier  la    lance  mal- adroitement. 

Plufieurs  peigners  ont  rhabitude  de  faire  les 
jumelles  avec  de  la  canne  ,  comme  les  dents  mê- 
mes; &  pour  cela  ils  ont  foin  de  la  refendre,  de 
runir,8£  de  tenir  ces  jumeUes  d'une  égale  épaif- 
feur  dans  toute  leur  longueur.  Quelque  fom  qu'on 
y  appone ,  les  nœuds  dont  la  canne  efl  remplie 
ie  diftance  en  diftance,  ne  permettent  pas  qu  on 
les  dreffe  comme  il  convient. 

Le  bots  eft  préférable  à  plufieurs  égards  ;  il 
eft  fiifceptible  de  fe  drefler  parfaitement  ;  Ql  avec 
de  Tattention  on  peut  lui  donner  une  égalité  d'é- 
paifleur  à  laquelle  on  ne  parvient  prefque  jamais 
avec  de  11  canne:  d'ailleurs,  k  tigneul  fe  trouve 
bien  plus  fixe  lorfque  ces  ju nielles  font  bien 
dreffées* 

La  largeur  des  dents  dont  un  peigne  e(l  com- 
pofé  »  doit  être  parfaitement  égale  j  mais  la  grande 
difficulté  conftfte  à  leur  donner  une  égale  épaif- 
fcur  :  chacune  de  ces  lames  eft  fi  mince,  que  le 
moindre  coup  les  réduit  à  rien ,  fi  Vom  n*y  porte 
la  plus  grande  attention  ,  fur-tout  lorfqu*on  les 
fait  de  c^nne. 

Quant  à  leur  longueur ,  on  n'oft  pas  obligé  de 
fuivre  précifémeni  celle  qu'elles  doivent  avoir 
foivant  le  peigne  :  on  les  tient  toujours  un  peu 
plus  longues  ;  &  quand  le  peigne  eft  fini ,  on  les 
rogne  à  une  égale  hauteur. 

Pour  applaair  les  difficultés  &  faciliter  lesopè* 
niions,  on  a  imaginé  plufieurs  outils ^  tant  pour 
ks  jumelles  &  les  gardes ,  que  pour  les  d^nts. 

On  fe  fcrt  aufli  d'un  métier  pour  monter  le 
peigne  »  lorfque  toutes  fcs    parties    font    pré- 

I^ar^es,  &  pour   les  arrêter  commodément  avec 
^ligneuU 


PAR 

Manlèif  de  fulrt  Us  jumJliit 

L^rfqu'on  fait  les  Jumelles  avec  du  bois  9  o«ift 
fert  ordinairement  de  bois  de  hérre  ,  parce  quH 
eft  très- liant  ,  que  fes  fi  >res  (om  courtes  &  fe$ 
porres  ferrés  ,  ce  qui  lui  donne  de  lé'.aftkité 
en  mèm^-temps  qi$e  de  la  conHilince.  Il  faji 
croife  qMe  Texpéri^nce  a  dhcrmitté  les  ouvrkn 
à  fe  fervir  de  ce  bois  par  prèfcrcoce  ,  aprèi  ei 
avoir  effayê  plufieurs  autres. 

Les  jumt^lks  des  peignes  pour  les  étoffes  ée 
foie  n'ont  guère  plus  de  deux  lignes  &  demie  «l'è* 
paiiïeur,  fur  trois  ou  trois  &  démit  de  Urgeitf. 

Quant  à  leur  longueur  ,  c'eft  celle  cpi*oci  veuf 
donner  au  peigne  ,  comme  trois  ou  quatre  piedf . 
&  quelquefois  davantage  ;  mais  cette  longueir 
n'eft  pas  celle  dont  il  faut  les  f^lre  d'abord  '  on  1 
coutume ,  pour  la  facilité  du  travail  »  de  W 
donner  environ  un  pied  de  plus  qu'il  ne  faut* 

Le  c5té  des  jumelles  qui  doit  appuyer  furb 
rangée  à^s  dents  ,  doit  être  aplati  &  bien  drdB  « 
&  le  côté  extérieur  eft  arrondi* 

n  y  a  quelques  peigners  qui  îont  eux-mêmes  Isi 
jumelles  ,  mais  la  plupart  les  font  faire  par  à» 
menuifierl.  Auftl  font-elles  fouvent  mieux  taiteSp 
parce  que  ces  ouvriers  ont  plus  d'habitude  detrir 
vailler  le  bois  ,  &  font  plus  en  état  de  iuger  é( 
celui  qui  ell  le  plus  convenable  à  cet  ufage. 

Voici  comment  on  doit  5*y  prendre.  On  dfe& 

?|uatre  règles  de  bois  >  chacune  fur  leurs  posent 
aces  ,  puis  les  pofant  à  plat  fur  un  ètmbti  ,  M 
abat  les  angles  fur  une  face  ;  &  enfin  on  arroo^ 
cette  face  avec  un  rabot  dont  le  fer  foit  d'«t« 
courbure  convenable  «6c  qu*on  nonune  ,  en  tertae 
de   menuferie   m:tucheiu* 

Lorfque  les  peigners  font  les  jumellef  avccJt 
la  canne  ,  iU  n  ont  pas  recoun  au  travail  du  A^ 
nuifier  ,  parce  que  cette  manerc  m  par-«l4:bcn  I 
peu*prés  la  forme  rcquifc.  Elle  prèf^nte  une  fv 
face  unie  ,  interrompue  par  des  nceuds  ^  ÔL  id 
à  les  aplanir  que  le  peigner  doit  s  occuper  ifi^ 
tout. 

Il  faut  bien  fe  donner  de  garde  d'entamer 
furface  qui  eft  très-dure  ;  &  lorfqu*on  apUnti 
nœuds  ,  qui  ne  font  autre  chofc  que  les  aitTellcs 
feuiiies  de  cette  plante  ,  on  doit  ne  toucher 
nœud  ,  &  même  quelques  ouvrivvs  négbj 
ter  ces  inégalités  ,  mais  cela  ne  porte 
aucun  préjudice  fenfible. 

Luf;ige    des  peignes  ,  dont  toutei  Xef 
font  faites  de  canne  ,  eft  plus  univerfeUemeoît 
dans  le  Languedoc  ,  la  Provence  »  le  eoniAlVi 
nntifin ,  &  dans  les  provinces    méridiooilfii  t 
ks  cannes  naiiï^ent  en  abondance. 

On  a  dans  ces  endroits  la  facilité  de  ebotfir 
cannes  les  plus  droites  ,  aînû  que  Ic^  |ihu 
fes  ,  &  celles  oii  les  nœuds  (ont   te  plt»  ' 
les  uns  des  autres  ,  pour   en  faire  les  fum 
celles  enfin  qui»  par  leur  pasfaitc  vi4cantà»0iil 


PAR 

p1tt<  gntnde  confiftance ,  qui  les  rend  propret 
à  être  acnlncie^  pour  tarincr  les  dents. 

Pour  (d\tc  CCS  fumeilc^  4e  canne  ,  rouvrter 
Cottpe  une  tige  à  peu  *  prés  à  U  longueur  convc- 
ni-ble  ;  pu^s  fuyant  refendue  en  quatre  pirtics 
è^les  ,  il  les  y  trouve  toutes  quatre  ;  par  ce 
moyen  tes  noeuds  fe  rencontrant  au  màcne  endroit  à 
diaque  couple  ,  on  lA  a0uréque  le  ligneul  embraf 
^<ra  parCuum.nt  chaque  dent  ,  (k  les  tiendra  plus 
éfplcm:;itx  ferrées  ^uc  fi  les  nœuds  de  dilFérenies 
tiges  fe  trouvoicnt  dans  divers  endroits  de  leur 
longueur. 

La  précaution  recommandée  ici  neft  pas  auffi 
indiffèreniL'  à  la  bonne  conAru^ion  qu'on  pourroit 
\t  penfer  ,  il  pourroits*tnfuivre  une  inégalité  dans 
VècartciTicnt  des  dcnis  ,  &  de- là  une  très-grande 
dckâu^fné  dans  réïoflfe  :  car,  pour  te  dire  en 
fêSêHî.  f  de  quelle  sutre  fource  procèdent  ces  dé* 
nais  qu  m  volt  zfC^  z  fou  vent  fur  la  longueur  d'une 
étoffe  t  finon  de  la  mai-façon  du  peigne  qui  règle 
la  iKitition  refpe  five  de  tous  tes  fils  de  la  chaîne  ? 
Lorfqu^on  a  fvnia  en  quatre  parties  égales  une 
ûg'  de  cabine  ,  on  les  aife  Tune  après  l'autre 
tlaas  une  cfpèce  de  filière  ,  pour  les  mettre  d  e- 
gale  largeur  ;  après  quoi  on  le^  rend  le  plus  unies 
quM  cït  pQlfible  ,  fur  la  face  intérieure  de  la  canne  , 
les  palfant  dans  une  autre  iîliè  e  ,  afin  qu'elles 
f  par-tout  d'une  éga^e  èpaiifeur. 
>ici  co/nm  nt  (ont  or  Im^îrement  faites  ces 
ièrcs.  Dans  une  pièce  de  bois  eft  folidt;mcnt 
;ie  la  Um^  d*un  ratoir ,  viw  vis  d'un  morceau 
fer  ^  dont  Técartement  avec  la  ianne  détermine 
aîHeur  de  la  jumelle  ,  en  le  rapprochant  à 
ïomh  par  le  moyen  d*iine  vh* 
^Ix>rfqu*un  dégro  bi  les  fa^nelle^  |  on  a  Coin  de 
jr  fur  l'un  3c  l'autre  feo^pUis  écaitées  ces  deuît 
ces  t  &  lorf  ^uM  ne  *>*agit  plus  que  de  les  linir  , 
arrête  la  vis  au  point  le  plus  convenable. 
Si  la  différence  de  la  largeur  qu'il  convient  de 
rfiner  aiu  Jumelles  efl  trop  grande  par  rapport 
^cur  épaitTcitr  pour  qu*une  feule  filière  puiiTe 
r  1  un  Si  Wiïtrc  effet ,  on  peut  en  avoir  deux , 
Tune  fervin  pour  la  largeur ,  &  Tautre  pour 
iffeur  ;  mais  comme  Tune  (k  Taut-^e  de  ces 
nfion^i  peuvent  varier  conTidérablement ,  il  eft 
à  propos  de  pUcer  à  chienne  de  ces  filières 
iiM'rccau  de  fer  qui  ,  avançant  Sl  reculant  i 
méau  moyen  d'une  vis  aiTure  invariablement 
rgeurou  rèp;*UTcur. 
Comme  le  tirage  de  U  canne  à  la  filière  ne  fau- 
(ç  faire  fans  quc^ucs  ifForts ,  on  réferve  au 
d«  U  pièce  de  bois  dont  on  la  forme  «  un  fort 
non  carré,  au  moyen  duquel  on  la  place  dans 
le  des  monaifcs  pratiquées  fur  la  table  ,  dont 
allons  nows  entretenir, 
eft  aifè  dcfentir  que  le  moyen  le  plus  fimple 
ir  ei»  jèclîcrquc  cette  table  &  ta  filière  ne  vacîl« 
aoi  eff^ufs  mufiiphésqu*on  leur  fait  éprouver  , 
U  faire  fort  lourde  &  fort  fotidc  :  auliî  a*t-on 
Bede  prendre  pour  cela  un  jnotceau  de  boit 


R  631 

carri  en  furface ,  jk  dont  Tépaiffcur  lui  doone  de 
raiTicrtc. 

On  le  monte  fur  quatre  pieds  entres  à  force  dans 
des  trous  pratiqués  vers  les  quatrc^^les»  &  fur 
cette  table  on  perce  différentes  tnortaifes  pour  re- 
cevoir le  tenon  de  la  filière  qui  doit  y  entrer  j»iile: 
par  ce  moyen  l'ouvrier  peut  ,  pour  plus  grande 
commodité,  la  changer  de  place  ,  &  même  avec 
une  féconde  filière  ,ua  autre  ouvrier  peut  travailler 
à  la  même  table* 

La  grandeur  qu^on  doit  donner  à  cette  tabk  peut 
varier  fuivant  l'idée  des  ouvriers  ;  mais  ordinaire- 
menr elles  ont  deux  pieds  &  demi  de  long  ,  fur, 
dix-huit  à  vingt  pouces  de  large  ;  &  étant  niontée 
(m  fes  quatre  pieds  ,  elle  doit  avoir  par*deffus 
deux  pieds  deux  pouces:  ce  qui  ,  avec  environ 
dix  pouces  qu'on  donne  aux  filières  »  fait  une 
élévation   totale  de  trois  pieds. 

Cette  hauteur  eft  fuffifante  pour  qu*un  ouvrier 
puîiTe  pa^Tcr  ,  les  jumelles  iunt  debout ,  pour  plus 
de  coxnjnodité. 

Manière  Ji/airt  Us  gardes, 

Lorfqu*on  les  fait  de  boîs ,  il  eft  à  propos  de  Tes 
faire  toutes  deux  à  un  même  morcevu  ,  pour 
qu'elles  foient  plus  parfaitement  femblables  ,  & 
pour  pouvoir  les  couper  fans  crainte  «on  les  tient 
un  peu  plus  longues  ;  de  manière  que  lorfqu'oQ 
a  marqué  fur  cène  pièce  la  longueur  exafte  des 
4eux  girdes  ,  on  les  coupe ,  &  on  fait  tes 
i^iatrc  tenons  un  peu  plus  longs  qu'il  ne  faur- 

II  faut  avoir  grande  attention  de  donner  aux 
tenons  lépaifiTeur  fuffifante  pour  que  les  jumelies 
putlTem  contenir  les  dents  fans  ballotter  ;  ainfi 
cette  épaiffeur  doit  être  égale  à  U  largeur  d^ 
dents,    ,  .  •:..,      1    .  ,  •  .     .  . 

H  &ùe  anflî  que  le  corps  des  gafies  contena 
entre  les  deux  tenons  foît  parfahèmént  ég,il  ,  & 
art  la  hauteur  qu'on  veut  donner  de  foule  au  pei- 
gne ,  car  ce  font  ces  ganles  qui  la  déterminent  ; 
&  lorfque  le  peigne  eft  achevé  ,  les  dents  excè- 
dent d'environ  une  ligne  au-delfus  des  jumelles 
pour  retenir  chaque  tour  de  ligneuL 

Les  gardes  quon  fait  avec  de  la  canne  doîvem 
être  faites  à  peu  -  près  comme  celles  de  bois ,  fi  ce 
n*cft  qu'on  ne  touche  pointa  la  partie  polie  de  la 
canne  ,  &  qu'on  a  foin  de  les  choifir  entre  deux 
nceuds  ;  6u  refte  il  eft  ï  propos  de  les  prendre 
auflî  toutes  deux  au  même  morceau  ,  refendu 
en  plufieurs  parties  égales. 

On  y  forme  les  tenons  comme  on  vient  de  le 
voir  ,  mais  ils  ne  font  pas  auffi  faciles  à  faire 
qu'aux  gardes  en  bois. 

Il  faut  choifir  des  morceaux  de  canne  gros  Se 
épais  ,  entamer  la  y^ruc  polie  qu'on  met  en-dchoïs 
du  peigne  ,  Ôr  y  pratiquer  un  tenon ,  tant  (ur  la 
partie  convexe  que  fur  la  partie  concave  ,  hn% 
quoi  on  ne  pourroir  fixer  folidcment  les  dcu* 
iumelles  à  un  écactemeot  convenable. 


6xz 


PAR 


Les  gardes  <ros[ôu  d'ivoire  font  faites  de  la  même  f 
manière  que  les  précédentes  ;  on  fe  fert ,  pour  les 
travailler  ,  dç  râpes  à  bois  ou  de  limes  ,  dotn  les 
dents  foient^ild  peu  fortes  :  fi  Içs  os  font  aftez 
longs  pour  ^on  puiffc  trouver  les  deux  gardes 
Tune  au  bout  de  Tautre  ,  il  c(\  k  propos  de  les  faire 
ainil  y  elles   en  font  toujours  mieux  traitées* 

Les  pcrfonnes  qui  ont  quelque  ufagc  du  travail 
des  mains,  favent  par  eupèrience  qu'une  pièce  «n 
peu  longue  fe  façonne  plus  aifcm^nt  qu'une  courte , 
&  qu'il  n'eft  prefque  pas  poflîble  de  (aire  féparè- 
ment  deux  pièces  parfaitement  femblables. 

LorfquVllcs  font  finies ,  on  les  coupe ,  &  on 
fait  les  tenons. 

Les  gardes  de  htton  ou  de  bronze  fe  J4;cent  en 
moule  dans  du  fable  «  comme  toutes  les  pièces 
de  fonte  ;  mais  il  cft  peu  d*ouvrters  qui  puifTcnt 
faire  eux-mêmes  ce  travail  ;  alnfi  Ton  fait  faire  un 
modèle  en  bois  comme  on  veut  qu'elles  foient  , 
ayant  foin  de  le  tenir  un  peu  plus  fort,  parce  q^e 
la  croûte  que  forme  le  fable  ,  &  qu'il  faut  ôter  à 
la  lime,  duntnuerolt  trop  ces  pièces ,  fi  Ton  n'y 
av;ttt  pourvu  d*avance. 

On  le  donne  au  fondeur  ,  ijui  fouvent  même 
étant  pourvu  des  uftenfiles  n^îceilaires  pour  travailler 
le  métal  ,  tels  qu'un  étau  Si  des  limes  de  toute 
éfpéce  ,  peut  mieux  que  le  peigner  la  finir  comme 
tt  convi-jnt  ;  mais  dans  ce  cas  on  lui  donne  un 
(ccond  modèle  de  bois,  dont  les  dîmenfions  foient 
jiiftrs,  &  il  n'a  qu'à  fc  régler  dedus. 
•  H  faut  que  ces  gardes  fuient  polies  fur  le  devant , 
pour  diminuer  les  frottement  qu'y  éprouveroit  fans 
cela  b  pointe  de  la  navette. 

MdfiUn   de  cou  fer  Us  cannes  a  la  îongumr  que  Us 
dents  doivent  iit^oir  pour  monter  Us  peignes* 

Dans  les  villes  voifmes  des  endroits  où  Ton  cul* 
tîve  les  cannes  ,  on  les  vend  aux'  peîgners  cou- 
vertes de  leurs  feuilles;  elles  fe  confervcnt  mieux 
dans  cet  état  que  fi  elles  en  étoient  dépouillées. 

Quand  on  veut  choifir  les  tuyaux  propres  à  faire 
des  dents ,  on  a  foin  de  les  effeuiller  d'aibord  &  de 
les  bien  racler  &  p^Iir ,  pour  les  jnetxre  en  état 
de  fervir. 

Mais  quelque  befoîn  cju'on  ait  de  eannes  ,  on 
ne  les  dépouille  jamais  de  leurs  feuilles  qu'un  an 
après  avoir  été  coupées  fur  pied  ;  6c  quoiqu'on 
les  cueille  fuffifammcnt  mûres  ,  il  leur  faut  cet 
intervalle  ponr  les  bien  fecher ,  &  leur  procurer  la 
conftftance  &  la  dureté  qu'on  leur  voir. 

Pendant  qu'elles  font  en  magafin  ,  il  faut  les 
préfervcr  de  toute  humidité  ;  car  fi  Técorce  avoic 
fouffert  la  moindre  atteinte  de  moififfure  »  elles  ne 
pourroient  plus  fervir  à  faire  des  dents  de  pei- 
gne. 

Pour  àter  les  feuilles  de  deffus  les  cannes ,  on 
commence  par  les  arracher  avec  les  mains  le  plus 
quM  cfl  poffiblc  ,  ce  qui  eft  affcz  facile  ;  puis  avec 
luî  couteau  l'on  coupe  tou:  ce  qui  tient  davantage 


PAR 

aux  nœuds  qui  féparenc  ks  tuyaux  dont  la  ciiiae 
femble  être  compofée  comme  d*auranc  de  bouts* 

£niin ,  on  coupe  chaque  canne  en  deux  fur  û 
longueur,  faifant  attention  de  feparer  le  coté  k 
plus  mince  du  plus  gros  ;  car  la  moifii  %^crs  le 
pied  e/l  d'une  bonne  groffeur,  8c  l'autre  cft  oré- 
nalrement  trop  menue;  pour  cela  on  prend  prric 
fi  les  tuyaux  dont  on  veut  fe  fervir ,  peuvent  ibur*' 
nir  aux  dents  une  écorce  ftit&famment  longue  . 
l^rge  &  épaiûfe  ;  car  ce  n'eft  que  de  Técorce  ^udi 
fe  fert  pour  faire  les  dents  d'un    pdf;ne. 

Lorfqve  les  cannes  font  coupées  par  moitié  « 
on  coupe  toutes  celles  qu'on  deflinc  à  faire  ila 
dents  »  en  autant  de  bouts  qu'on  y  rencontre  di 
nœuds  fur  la  longueur;  &  fi  quelques-uns  de  ta 
bouts  font^ffez  locgs  pour  donner  deux  \onfpvm% 
de  dents  »  on  les  caupe  le  plus  prés  d^  coevè 
qu'il  cA  pofTîble  ,  pour  leur  donner  plos  éi  k#* 
gueur  ,  ce  qui  en  facilite  le  travail ,  itu.'^  cepm* 
dant  fans  anticiper  fur  la  partie  non  v«rnk^ii 
feuille  a  découverte. 

S'il  n'eft  pas  poffible  A'cn  trouver  decx  lon- 
gueurs «  on  les  coupe  le  plus  loin  l'cs  nfxudf  fK 
h  longueur  des  dents  peut  le  ptrtccttre. 

Pour  couper  les  cannes  comme  il  f:i«if  ,  on  fc 
fert  d'un  couteau  en  f:)rme  de  f  pareil  I 

celui  dont  on  fe  fert  pour  ractct  .  is* 

On  tient  ce  couteau  de  la  m -/m  droite,  esfase 
que  le  tranchant  foit  en  delTus;  puis  prenitK  «k 
canne  de  la  main  gauche  «  on  appuie  le  posée 
droit  fur  la  canne  qui«  pn*  ce  moyen,  fetroofe 
preiTée  fortement  contre  le  tranchant  <do  coins»* 
En  même  tems  on  fait  tourner  la  canne  fur  de* 
même  avec  la  main  gauche,  ce  qui  îtnprinKfiff 
Técorce  une  entaille  circulaire  ;  après  quoi  «a 
fépare  les  deux  morceaux  au  moin  ire  effort  ^  a 
les  tenant  des  deux  murts  prés  é^  rcntailk,  peor 
prévenir  les  éclats  qui  pourroient  fe  faire  finieait 
précaution  • 

Chaque  fols  que  Touvrier  coupe  les  caoeespiv 
en  féparer  les  tuyaux ,  il  a  foin  de  fèparcr  b 
nœuds  qu'U  îecte  à  terre  :  eomoe  ils  ne  fontpr^ 
près  qu'à  être  brûlés,  on  ne  prend  aucun  (ouêé^ 
les  ranger»  &  on  \c^  ramaff^  en  balayant. 

Aux  pieds  de  l'ouvrier  e(l  une  corbeille»  Ant' 
laquelle  il  jette  les  bouts  à  mefure  qu'il  les  co«pc» 
pour ,  après  cela  ,  en  faire  un  chatx* 

Quelques  ouvriers  commencecr  par  fèptrer  or 
deux  les  cann3  fur  leur  hauteur  «  &  myamoÀi 
part  la  partie  d'cn*bas  qui  peut  fervir  ,  ils  la  cxmpoB 
enfuite  par  longueurs  ;  mais  d'autres  ne  pieonqi 
pas  cette  précaution  ,  &  coupent  \e%  canpet  fit 
bouts,  jufqu'à  ce  qu'ils  voienr  nue  ce  qat  tefc  i 
g;auche  eft  trop  menu  pour  ruLage  aui|yel  ik  le 
deAinent  :  alors  ils  iettent  cet  cxoèdeiit  en  us  \ 
devant  eux, 

L'xpériencc  a  appris  qu'une  mèfise  cuiot  nVi^St 

pas  Técorce  également  dure  dan%  toute ikloagMori 

&  en  fui  vint  la  nature  dan>  fa  rairche,  tl  eft  àft 

,  de   s'apercevoir  que  le  bas  dait  toujoun  tes  i^ 


ma 


PAR 

fort.  En  effet,  placé  plus  près  de  la  racine ,  il  eft 
plus  abreuvé  de  iucs  nourriciers  qui  lui  donnent 
cm  peii  de  tems  une  perfedton  que  le  fommet  de 
la  plJince  n'acquiert  jaifiats  ,  n'étant  nourh  que  des 
Aies  les  plus  fubiiU  qui  ont  ta  force  d'y  attein- 
dre« 

D*apré<  ctite  obfervatlonjes  tuyaux  qu  an  coupe 
par  bouts  ,  auront  Iciar  écorcc  d*aut;int  plus  dure 

»  qu'ils  appnochcront  plus  près  de  U  racine  ;  &  c  eft 
cet  adToifiinent  qu  il  eft  à  propos  de  faire ,  en  choi- 
fiflant    6i    métrant   cnfemb'î   ceux    d'une   même 
i^Uâlké;  maison  ne faurait  mr ccb  établir  de  règle 
Ag^ticrale  ,  6c  conclure  q^i'à  un?  même  huuieur  les 
^Hoyaux  feront  également  forti  ;car  dans  une  nième 
tSîiffe  de  cannes  ,  il  y  en   a  toujours  de  mieui 
wnirries  que  les  autres,  6f  c'eft  â  l'ouvrier  intel- 
lîljem  à  déterminer  celtes  qu'il  doit  mettre  enfcmble. 
Pour  bien  connoitre  Tégalité  des  tuyaux  qu*on 
diaifit  pour  un  genre  de  peigne  ,  on  regarde  Técorce 
pir  le  bout  coupé  ,  &  l'on  compare  ceuic  où  elle 
^  d*UDe  même  èpallfeur  ,  doni  le  brillant  &  la  cou- 
leur font  les  mêmes  »  la  fine<fe  ou  b  groflièreté  des 
fiUjnens  fembUbles  ,  &  dont  enfin  1  écorce  feniblc 
également  làcbe  ou  comp^^u^ 

Parce  moyen  on  par\*ient  à  appareiller  les  qu  a- 
Ittéf  autant  qu'il  eft  poiTîble  ;  ëi  dans  ua  nombre 
snâni  de  tuyaux  ,  il  n*eft  pas  difficile  d'en  trouver 
de  cinq  ou  fix  efpéces  «  plus  ou  moins  ,  félon  la 
«jnantité  de  tuyaux  ou  la  nature  des  canneç. 

Ces  différentes  efpéces  font  bonnes  chacune 
pour  différentes  fortes  de  peignes  ;  Si  pour  donner 
iJ-deffus  des  idées  générales  ,  on  convient  que 
ceux  dont  l'écorce  eft  plus  6 ne  &  plus  mince  , 

Id'jîvcnt  être  employés  à  des  peigies  où  ,  dans  une 
longueur  donnée,  on  doit  faire  entrer  une  plus  grande 
<|itantiié  de  dents  :  ainfi  ,  par  exemple  ,  u  cans 
virgt  pouces  on  doit  faire  entrer  miile  dents  ,  il 
cfi  évident  qu'elles  doivent  être  plus  minces  que  fi  , 
iiir  une  mime  longueur ,  on  r/cn  mettoit  que  huit 
cents. 

Par  cet  exemple  on  comprendra  que  les  cîenrs 
qa*on  tire  des  tuyaux  dont  lecorce  eft  la  plus  épaîffe 
fie  u  plus  grotliére  ,  (  &  elle  peut  être  Tune  fans 

I l'autre  )  doivent  entrer  dans  les^ peignes  qui ,  en 
cn^m^  atAiion  d.-s  mimes  longueurs  ,  exigent  un 
inoindre  nombre  de  dcnts. 
Lorfque  Us  qualités  font  bien  afTorties,  il  faut 
encore»  auunt  qu^on  le  peut  «  affonirles  ntyaux 
fOmr  U  groffeur  ;  ce  choix  eft  fort  difficile  a  faire  , 
A  Aoiiis  qu'on  ne  s*y  prenne  comme  on  va  l'ex- 
pitqiser. 

Quand  on  fait  le  choix  des  qualités  ,  on   n  a 

•  aucun  égard  à  la  groiTjur  des  tjyaux  ,  parce  que 
fouvent  Têcorce  des  deux  tuyaux  eft  d'une  mime 
épitffeur ,  dVne  même  finefte  ,  &c,  âc  cependant 
étant  pris  fur  des  cannes  d*  diffàrens  diamètres  ou 
i  des  hautenrs  différentes  ,  ils  ne  font  pas  d'une 
vième  groffeur  :  alors  tl  faut  faire  le  fécond  choix 
entre  les  qualités  déjà  choifies  ;  &  fi ,  f^rexcm* 
pic  ,  ^n  ^  f^psré  cinq  qualités  différentes ,  il  peut 
Artâ  &  Mcth€U  ,  lQm€  l\  Pan.  //. 


PAR 


53} 


y  a^olr  dans  chacune  des  tuyaux  de  trois  ou 
quatre  groffcurs  ,  dont  chacune  doit  être  employée 
a  différens  peignes* 

Celte  précaution  eft  d'autant  plut  importante 
que  ,  quoiqu*on  devise  un  gros  tuyau  en  plus  de 
parties  qu*un  petit ,  les  dents  qui  proviennent  d'un 
peur  font  plus  épaiffes  que  celles  d'un  plus  gros  , 
parce  que  la  circonférence  du  gros  donne  une  fur- 
fjce  moins  convexe  que  Tautre* 

Pour  rendre  ceite  remarque  plus  fcnfible ,  tra- 
cez deux  cercles  ,  dont  Tun  ait ,  par  exemple  ,  deux 
pouces  de  diamètre ,  &  l'autre  trois  ;  un  même 
cf|.»ace  de  deux  lignes  ,  pris  fur  la  circonférence  du 
petit,  fera  beaucoup  plus  convexe  que  furie  grand  ; 
ik  fi  l'on  veut  donner  une  éga'e  épaiffeur  à  ces 
deux  parties  ,  il  faut  que  la  première  devienne 
nécedairement  plus  étroite  ,  ou  que  la  féconde 
refte  plus  épaiffe  t  voila  la  raifon  pour  laquelle  les 
peigners  prennent  un  auffi  grand  foin  pour  affortir 
tes  groffeurs    des    tuyaux  deftinés  à   un  oicme 

Indépendamment  éxi  triage  dont  on  vient  de 
parler  ,  il  y  a  encore  dei  déteduofitès  particulières 
qui  empêchent  un  tuyau  de  pouvoir  fervir*  C^ux 
qui  font  tarés  ,  c'cft-à-dire  ,  percés  de  vers ,  dont 
l*écorce  eft  raboteufe,  car  on  a  vu  plus  haut  qu'on 
ne  fe  permet  pas  d'y  toucher ,  même  pour  la 
polir  ;  ceux  dont  le  61  n*cft  pss  droit ,  ce  qu'on 
reconnoît  lorfque  quelque  nœud  ou  œil,  autre 
que  ceux  que  laiftent  les  feuilles,  fe  trouve  fur 
Il  partie  vernie,  ou  enfin  qui  ont  d'autres  défauts  , 
doivent  être  entièrement  rejerés* 

Il  y  a  encore  ûqs  tuyaux  dont  Técorce  eft  trop 
tendre  j  &  qui  fe  réduit  en  pouffiére  en  la  frot- 
tant ou  la  grattant  avec  l'ongle  ;  il  faut  abfolu- 
ment  les  mettre  de  côté  ,  parce  que  les  dents  n*au- 
roient  pas  affez  de  confiftance  pour  foutenir  le 
ffottement  continuel  de  la  chaine  d  une  étoffe  ; 
on  ne  doit  pas  même  hafarder  d'employer  un  tuyau 
dont  Técorcc  paroît  poudreufe  ,  parce  qu'ordinai- 
rement cet  effet  eft  produit  par  quelque  humidité 
q*ii  a  féjourné  entre  la  feuille  &  le  tuyau, &  que 
ceft  Tindication  d'un  commencement  de  pourri^ 
lure. 

Quand  même  ce  défaut  ne  fe  rcficontreroii  qiîe 
dans  une  partie  du  tuyau  ,  il  eft  plus  prudent  dé 
n'employer  ancunc  des  parties  ,  même  celles  qui 
ne  parotffént  aucunement  affeâées  ,  de  oeur  qu'el- 
les ne  participent  du  défaut  qui  leur  cil  (i  voifin. 

On  ne  fiuroit  prendre  trop  de  précautions  pour 
donner  aux  Dcigncs  toutes  les  qualités  néccffaircs  , 
puifque  c'eft  de  tous  les  uftenfiles  qui  fervent  à 
la  fabrication  des  étoffes  ,  celui  qui  contribtîc  le 
plus  à  fa  pcrfedion  ;  c'eft  pourquoi  on  a  dû  pré- 
venir tous  les  inconvéntens  qui  peuvent  réfuUer 
du  choix  des  matières  qu'on  y  emploie. 

Il  rcftc  à  obfcrver  qu'il  faut  avoir  grande  trtcr- 
tion  que  les  endroits  011  Ton  tient  ta  canne  cou- 
pée ,  ne  foient  humides  ;  l'humidité  attaque  d'a- 
bord la  partie  intérieure  du  tuyau ,  qui  eft  fort 

Lia 


634 


PAR 


fpongîeufejpuis  ternît  &  altère  en  peu  de  temps 

récorce  Se  la  mzt  hors  d'état  d;;  (ctvïr* 

On  coanoitra   fi  la  canne  ei\  dans  un  endroit 
trop  humide ,  par  Vϕ\  terne  qu'elle  prend  fur  fa 
furface  ;  &  même  en  y  paiTant  le  doigt  ,   on  s'a 
percevra  d'une  fleur  alTez  femblable  à   la  vapeur 
qui»  rhiver ,  couvre  les  vitres  d'un  appanement. 

On  doit  avoir  la  m^^me  précautioi  pour  les 
cannes,  &  lesconferver  dans  des endroUs  aérés  , 
comme  drs  greniers  ou  chambres  hautes,  loin  de 
rb  imîJifé  ;  6i  mcm-  il  c(k  à  propos  de  les  tenir 
plutôt  debout  cooire  le  mur,  que  couchées  fur  le 
plancher» 

Il  y  a  des  peàgners  qui  coi;pent  d*abord  les 
cannes  à  Tendroii  où  leur  groiTcur  permet  de  les 
emph  ycr  aux  dents  de  pe'gne  ,  fans  les  dépouiller 
de  Ici.rs  feuilles  ;  puis ,  les  ayant  liées  par  boites 
de  fept  ou  huit,  i:s  mettent  en  tas  debout  con- 
tre un  mur  ,  de  haut  en  bas  *  c*eft-à-dtre  >  le 
côté  de  la  racine  en  haut  «  &  Taucre  contre 
terre. 

Quelques  autres  ,  avec  les  mêmes  précautions  , 
au  lieu  de  les  drelTer  par  bottes  contre  un  mur , 
les  fufpendenr  par  paquets  au  plancher  avec  toutes 
leurs  Veuilles  t  &  prétendent  qu'il  eft  également 
nuifiblc  de  les  drelTer  contre  le  mur  dans  le  feni 
où  elles  croîiTent ,  pirce  qo'iï  y  a  toujours  dans 
raiflelle  de  chaque  ftuiUe  un  peu  d'humidité  qui 
ne  peut  que  comnbuer  à  la  longue  au  dépériUe- 
ment  des  cannes  ,  &  d;:  les  effeuiller  entièremenr, 
parcQ  que  le  graad  air  altère  en  peu  de  temps 
récorce. 

Cette  obfcrvation  eîl  due  au  hafard  qui, ayant 
découvert  quelques  cannes  de  leurs  feuilles ,  tan- 
dis qued*autre5  en  font  refléLS  couvertes  ,  cellesci 
ont  confervé  toute  leur  beauté  Si  tout  leur  lui- 
fanr ,  au  lieu  que  les  autres  ont  dépéri  &  noirci 
confidérablcmcnt  :  ù  eft  donc  à-propos  de  les  met- 
tre de  bas  en  haut  >  &  même  encore  plus  fitr  de 
^    ie$  fufpendre  au  plancher  fans  ôter  les  feuilles. 

On  a  dit  plus  haut  que  l'ouvrier  qui  coupe  les 
cannes  par  bouts  ,  Les  jette  à  mefure  dans  un 
pa^^ier, 

Lorfque  ce  panier  eft  plein  ^  on  renverfe  à  terre 
tous  ces  tuyaux  ;  un  autre  ouvrier  ayant  autour 
de  lui  autant  de  corbeilles  qu  il  veut  faire  d^  parts 
différentes»  fe  met  à  genoujc  ,  &  choillll4nt  tous 
les  tuyaux  les  uns  après  les  autres  «  il  les  met 
dans  k's  paniers*  Lorfque  le  triage  eft  fini  j  on 
met  des  étiq^tîcttes  fur  les  corbeilles  pour  recon- 
noitre  les  différentes  qualités  des  tuyaux  qu'elles 
contiennent. 

Ceux  qui  font  commerce  de  cannes  pour  Us  f  are 
paffer  dans  les  parties  feprentrionales  d^  la  France  , 
où  il  n'en  croit  pas  ,  1rs  coupent  piir  tuyaux  , 
comme  les  peigners  le  font  eux-mêmes  i  mai> 
comme  tls  n*oiit  p;is  une  coiinoiffmce  bien  parti- 
cuhère  des  parties  qu'on  peut  employer,  ils  ne 
prennent  pis  la  peine  d'en  'aire  le  choix  ;  8i  après 
le$  avoir  fait  débiter  far  bouts  ^  ils  les  embaUent 


PAR 

dans  de  grands  facs  &  les  envoient  à  leur  deflî* 

nation  ,  oit  on  les  achète  à  h  livre. 

G  eft  pour  épargner  les  frais  de  voiture  ,  aînti 
que  les  droits  ,  qu'on  a  trouvé  cotivenable  de 
n  envoyer  que  ce  qui  peut  fervir  à  pûo~pré>;  f-ni 
quai  ce  qui  feroit  inutile  augmenter  oit  d'autani  II 
prix  de  la  partie  utile. 

Quelques  commerçans  ont  la  précaufton  d( 
faite  fdire  des  paquets  de  ces  tuyaux  ,  ou  par 
com  te ,  ou  par  poids ,  &  les  emballent  par  ce 
moyen  plus  facilement. 

A  Paris  ,  ces  tuyaux  fe  vendent  depuis  hiiil 
juf^u'à  douze  fols  la  livrc\ 

Cette  différence  de  prix  vient  du  plus  ou  moim 
d^abondance  de  cette  produâion  ^  plutôt  que  ée 
la  qualité  ^  quoiqu'on  prétende  que  les  cannes  qiâ 
viennent  d'Efpagne,  font  meilleures  que  celles  dil 
Languedoc  &  de   la  Provence. 

Il  eff  vrai  que  du  côté  de  Perpignan  an  en  cul- 
tive beaucoup  ,  &  qu^on  en  f^it  de  grands  envois 
dans  toutes  les  parties  de  l'Europe  ,  qui  ne  peu- 
vent s*en  procurer    que  par  la  voie  du  comnierce; 

Les  cannes  fe  vendent  à  la  livre  :  auffi  les  mar- 
chands qui  zn  tiennent  de  grandes  provifions.oDt-îff 
intérêt  dt  les  tenir  dans  un  endroit  plutôt  frais qoff 
fec  'y  mats  pour  ne  pas  nuire  à  la  qualité ,  ils  doivent 
en  même  temps  les  préferverderhumidlcèquileur 
porteroit  un  domtnage  renfible. 

Il  eft  bon  d*éire  averti  ,  parce  qu'un  cuvtier 
qui  achète  un  cent  pefaru  de  marcha ndife,  feroct 
tort  furpris  de  ne  plus  trouver  fon  compte  »u 
bout  de  quelque  temps  ;  &  le  b-is  prix  auquel  pr» 
a  acheté,  n*elL  pis  capable  de  dédommager  de  U 
perrc  réelle  qu'on  éprouve  enfuite. 

En  général  ,  les  marchands  ne  TauroieTit  tenir 
les  cannes  dans  un  état  d*humidiié  habituelle  ;caf 
à  inoins  que  d*en  avoir  un  très- prompt  débit ,  ello 
dépénroient  pour  leur  compte  ,  8c  ils  ocpûiï^ 
roicnt  bientôt  plus  les  vendre. 

Les  commerçans  en  cannes  8t  les  petgnersofli 
un  intérêt  particulier  de  tenir  leurs  cannes  iuâ 
des  endroits  fecs  ;  c*eft  pourquoi  ces  derniers  ,f|d 
font  obligés  de  les  acheter  coupées  par  tuyaux  « 
ont  foin  de  les  placer  fur  des  planches  fixées  au 
haut  des  ateliers  en  forme  de  rayons  ,  ahn  qti: 
ccî  tuyaux  ne  reçoivent  aucune  ai  teinte  de  rhumi- 
dite  ;  âc  comme  ils  favene  faire  le  choix  des  qua* 
lités  &  des  groffcurs  ,  \U  diftribucnt  ces  pbndKI 
par  cafés,  enforte  que  chacune  contient  une  difi- 
rcnte  grotTeur  de  tuyau  :  fit  pour  reconnoiirelei 
qiKiUtés  p  rticuliéres  qu'on  y  a  placées  ^  cha<|ai 
cafc  e(!  nutnèrotée  de  telle  façon  que  le  pdfgver 
fait  tour  de  tinte  dms  quelle  café  de  fes  rayooi 
il  doit  prendre  les  tuyaux  de  canne  qu*tl  raat 
em^jloyerpour  faire  les  dents  du  compte  de  pcr 
gnc  quM  veut  exécuter. 

Mamèrt  dt  nfinân  ta  cûnnë^ 

Lorfque  tous  les  tuyaux  font  coupjs  pir  fcw^ 
gueurs  d^  d^ats^^Miki  |iiQt  tous  eo  pièces  à  pei 

.V,  »•  \.H  # .;  , . 


rita 


PAR 

ffi%  de  la  largeur  qu'on  veut  donner  aux  d^nts^ 

pour  les  paffer  en  fui  ce  à  ta  filière  ,  &   leur  donner 

vne  parfaite  égalité  de  largeur  &  d'épaiCTeur  ;  il  faut 

lonc  refendre  ces  tuyaux  fur  leur  circonférence 

en  autant  de  parties  que  cette  circonférence  peut 

en  produire. 

Mais  pour  faire  cette  divifion  avec  quelque  exac- 

_hîtiide,  il  a  fallu  employer  des  outils  toujours  plus 

lîirs  que  la  vue  Cmple  ;  encore  n*obtient-on  que 

des  à  peu*près  que  h  filière  corrige  enfuîtc. 

"^    Voici  comment  on  s'y  prend.  Si  les  dents  du  pei- 

qu*on  veut  monter  doivent  avoir  deux  lignes 

largeur  quand  elles  feront  finies ,  il  ell  à  pro- 

I  de  leur  donner  d'ahord  deux  lignes  &  demie 

ind  on  les  refend  ,  de  peur  qu'en  les  refendant 

premier  coup  au  point  Jufte  ou  il  les  faut,  le 

ne  fe  trouvant  pas  parfaitement  droit ,  la  fente 

fe  jette  k  droite  ou  à  gauche  ,  ce  qui  augmen- 

oit  la  brgeur  écs  unes  aux  dépens  des  autres  : 

ii£  avec  une  demi-ligne  de  plus  quil  ne  leur 

: ,  quand  Ja  canne  elt  bien  choiûe  ^  on  ne  craint 

i  cet  inconvénient ,  &  on  les  amène  aifément  à 

favoir  que  deux   lignes  jufte  en  les  paffant  par 

lufîeurs  filières  s*il  eft  néceflairç. 

Voyons  maintenant  quels  font  les  moyens  &  les 
iftrumcns  qu'on  emploie  pour  les  fendre  à  une 
le  largeur. 

}a  fc  fcrvoît  anciennement ,  pour  refendre  les 
aux  des  cannes  ,  d*une  méthode  à  laquelle  quel- 
ouvriers  tiennent  encore.  Elle  confifte  à  pren- 
\  un  couteau  de  la  main  droite  ,  &  tenant  debout 
tuyau  appuyé  fur  le  billot  ou  table  devant  la- 
selle  l'ouvrier  eft  affis ,  ou  ,  pour  mieux  dire ,  qu'il 
lace  efiire  fes  Jambes  ^  puis  appuyant  le  couceau 
ir  le  tuyau  ,  toute  fon  attention  confifte  â  le  divi- 
tr  en  deux  parties  bien  égales  fans  les  féparer. 
Lorfquc  la  fente  eil  defcendue  à  trois  ou  quatre 
n  du  bas ,  ce  qui  ne  demande  pas  que  le  cou- 
dcfcende  auffi  bas  ,  ï  caufe  de  fon  épaifTeur 
fait  l'ofHce  d\in  coin  ,  il  retire  le  couteau  de  h 
lec ,  &  le  p!ace  fur  le  même  bout  fupcrîeur  de 
canne  «  à  environ  deux  lignes  &  demie  de  la 
ftme  fente. 

Il  ne  faut  pas  placer  le  couteau  du  même  côté , 

décrire  fur  cette  circonférence  ce  que  les  géo- 

ètrcs  nomment  une  cordt  ;  mais  le  couteau  doit 

,  en  paiïanc  par  le  centre,  donner  un  dia- 

-^ouvrier  continue  fur  toute  ta  circonférence  à 
fendre  la  canne  à  des  di fiances  de  deux  lignes  & 
f ,  en  faifant  toujour*s  dcfcendre  la  fente  au 
!  degré  quVn  a  dit  de  la  première,  jufqu*à  ce 
a'cnfin  il  ait  divifé  toute  cette  clirconérenc^^  en 
latorre   punies  ègiles  de  trois  lignes  moins  un 
«art  ou  environ  chacune  ;  car  il  n  eft  pas  poHible 
cette    méthode  de  rencontrer    parfaifemeni 

Lorfque  la  canne  cA  ainfi  diviféc  ,  on  finir  dsla 

-parer  avec  tes  doigs,  ou  hifn  c^t\  fait  entrer  le 

ncht  du  couteau  j  qtti  dans  ce  cas  cJt  un  peu 


PAR 


63  f 


conique  ,  &  pour  peu  qu^on  force  un  peu  »  toutes 
les  parties  fe  fôparent  aifément. 

Si  ,  comme  il  ne  matiquc  pas  d* arriver  >  toutes 
les  parties  ne  fe  féparent  pas  ,  on  les  achève'avec 
les  doigts.  Mais  comme  en  fe  fervant  du  manche  da 
couteau  pour  écarter  toutes  les  oartics ,  on  pour- 
roit  fe  couper  avec  la  lame,  il  en  à  propos  d  avoir 
nnrtpoujfoir  tourné  ,  avec  lequel  on  ne  court  aucun 
rifquc  de  fe  blefTer  ,  fie  Ton  produit  un  écartemenf 
de  toutes  les  parties. 

A  mefure  qu'on  refend  aînG  des  tuyaux  ,  on 
met  les  morceaux  fur  une  table  ;  enfuîte  on  en 
forme  des  paquets  pour  s'en  fervir  au  befoln  ; 
après  quoi ,  pour  les  préferver  de  rhumiditc  ,  il  eft 
bon  de  ks  ferrer  dans  des  boîtes  ou  tiroirs  ,  qu'il 
vaut  cependant  mieux  tenir  découvertes  ,  pour 
donner  àt  l'air  aux  csnnes. 

La  boîte  qu'on  emploie  a  Atnt  parties  ,  dont 
Tune  efl  remplie  de  morceaux  de  canne,  &  l'autre 
eft  vide.  Comoie  il  efl  effentiel  de  ne  pas  mêler 
hs  qualités  des  tuyaux  au'on  a  triés  avec  foin  , 
il  feroît  impofHble  de  s  y  reconnottre  fi  on  les 
mêloit  après  les  avoir  refendus  :  c*cft  pour  éviter 
cette  confufion  qu'on  a  coutume  d'avoir  des  boîtes 
à  double  compartiment ,  parce  que  quand  on  pade 
ces  pièces  à  lanUète  »  on  les  remet  finies  dans  l'autre 
tôte  du  tiroir  »  &  Ton  efl  afTuré  de  fc  reconnottre 
pour  l'emploi  qu^on  en  veut  faire. 

Comme  les  fibres  de  la  canne  font  placées  fut* 
vant  la  longueur  des  tuyaux  ,  &  que  fi  Ton  n'y  pre- 
noit  garde  Jcs  parties  fe  féparcf oient  fort  aifcmcnt, 
pour  peu  qu*on  fît  entrer  le  couteau  ,  il  faut  éviter 
cet  inconvénient,  qui  cmpccheroit  qu'on  ne  pût 
continuer  la  divifion  fur  la  circonférence. 

H  eft  vrai  queje  mal  qui  réfulteroit  n'eft  pas  de 
grande  conféqucnce  ;  mais  on  divife  beaucoup 
mieux  &  beaucoup  plus  vite  toutes  les  punies  en- 
fembie  que  quand  elles  font  fépsréc^. 

Ainfi  »  dès  que  le  couteau  eft  placé  à  Tendroît 
nécefîaire,  on  élève  les  deux  main**i  favoir,  celle 
qui  tient  le  couteau  ,  &l  la  gauthc  qui  tient  le  inyau 
fortement  par  en-bas  .  ôc  on  fr  jppc  qucL{ues  couf.H 
fur  le  billot  :  en  peu  de  tems  le  couteau  entre  ,  & 
!a  main  gauche  empêche  la  fente  d'alicr  loiu  àw 
long  du  tuyau  ;  ce  qui  ne  msnaueroit  pis  d'arriver , 
malgré  cela  ,  fi  on  n  cnfon^joii  le  couteau  qu'autant 
quil  eft  nécefTairc  pour  conduire  U  fcnic  k  quel- 
que diftancc  du  bout;  car  le  cjar  t  nèccf* 
fai renient  plus  épais  vers  le  d#k.-  le  tran- 
chant ,  il  fait  Tomce  d*un  cor-  cfl  défi 
fort  ouverte  dans  la  partie*  t  ique  le 
cnufeau  ne  foit  pas  encore  Tr*  qu'à 
peine  y  at  il  la  plus  petite  i  5, 

Maigre  les  foins  de  cn;x  qui  emplinent  cette  me* 
thode  ,  leur  prompiit.id'^r  â  refendre  les  cannes ,  & 
leurcx^f^itudc  i  le,  bl«:n  dlv'fcr  ,  j.4miis  on  oc  Y^nxxt 
avancer  autan: ,  ni  divifcr  aulTi  également ,  qu*i»vec 
rinftrumcnt  qu'on  nomme  roja^i  »  donc  on  va  voir 
l'ufagc. 

Lin  ij 


€^6        ^  PAR 

J^efcripthn  dts  rofeiies* 


Quoîqu  on  ait  dit  que  le  couteau  à  refendre 
•fl  courbe  ,  néanmoins  ce  n^eft  pas  une  néceflité  ; 
et  le  premier  couteau  ,  pourvu  qu'il  foie  un  peu 
mince ,  peux  très  -  bien  opérer  le  jnèrae  effet ,  mais 
)amai5  il  ne  peut  rendre  le  même  (èrvice  que  les 
rofettes. 

Les  rofettes  font  de  petits  cylindres  de  fer ,  au*^ 
tour  defquels  font  diilrîboès  à  égale  diftance  des 
rayons  tranchans  par  un  côté  j  &  pris  au  même 
morceau. 

Une  rofetteeA  compofé  de  feîze  rayons  écartés 
cntre-eux  d^environ  deux  lignes  &  demie  vers  leur 
fommet;  car  tous  rayons  divergens  doivent  être 
plus  rapprochés  vers  leur  bafe. 

On  conçoit  que  ,  fi  ces  rayons  d'acier  font  bien 
tranchans  ,  &  qu'on  les  pofe  fur  le  bout  d*un  tuyau 
de  même  diamètre  à  peu-près  »  Ils  le  diviferont  en 
feîze  parties  égales  d*un  feu!  6c  mèine  coup. 

Au  centre  de  cette  rofette ,  eft  un  trou  carré 
çii  reçoit  le  tenon  du  manche  de  fer  abattu  à  huit 
pans  inégaux,  pour  que  les  vives-arêtes  ne  bleffent 
pas  les  mains  dans  Tufage* 

La  queue  de  ce  fer  terminée  en  pointe,  fert  à 
le  planter  dans  un  billot  pour  s'en  lervir* 

Le  tenon  carré  du  manche  de  fer  entre  jufte  dans 
b  trou  de  la  rofette  qui  repofé  fur  l'épaulement  ; 
fie  pour  pouvoir  changer  cette  rofette  au  befoin^ 
on  lient  ce  tenon  un  peu  plus  long  que  la  rofette  n*eil 
èpaifle  ,  &  on  le  termine  en  pointe  k  quatre  pans 
un  peu  arrondis. 

Comme  le  diamètre  des  tuyaux  varie  confidéra- 
blement ,  il  efl  néceffa ire  d'avoir  pluficurs  rofettes 
de  différentes  grandeurs ,  ik  les  plus  grandes  ont 
p'us  de  rayons  ou  pointes  que  ïet  autres ,  parce 
qu'il  efl  clair  qti*UR  grand  cercle  fe  divife  eiiiplus 
de  panies  données  qu'un  petit* 
»  On  a  erdinairement  des  rofettes  depuis  dix  ]i£;nes 

de  diamètre  jufqu'à  dix*huit  &  vingt  ^  &  depuis  dix 
rayons  jufqu  a  vingt ,  &  ce  diamètre  fe  prend  fans 
compter  les  rayons  ,  qui  doivent  être  tous  égilc- 
ment  éloignés  le?  uns  des  autres  ,  pour  divifer  les 
tuyaun  en  parties  bien  égales  entre  t\lcs. 

Quoique  le  nombre  des  rayons  varie  faivant  la 
grandeur  des  rofeiies,  il  ne  faut  pas  pour  cela  que 
i  ecartemtnt  do  ces  rayons  loit  le  même  à  toutes 
les  rofettes  ^  car  comme  on  a  befoin  de  différentes 
largeurs  de  d«?ttesî«*vant  les  peignes  qu'on  veut 
ùire  ,  ii  y  aorniV  trop  de  perte,  fi  toutes  les  par- 
tics  refendues  avoient  la  même  largeur* 

Satis  entrer  ici  dans  des  calcuU  de  mathéma' 
tiques  qui  feroicnt  déplacés  ,  on  fait  que  le  rap* 
port  du  dîamétrc  à  h  circonfcfrcnce  cftà-peuprés 
comme  113  à  335*  Mais  pour  la  pratique  il  fuffit 
aux  ouvriers  de  fa  voir  que  le  diamètre  eil  un  peu 
plus,  do  tiers  de  la  circonférence. 

Cela,  établi ,.  fappofci.  qu'une  rofette  ait  dix- 
iHaïflig.ncs  de  diamètre  ,.  elle  en  aura  cinqjianic- 


PA  R 

Cinq  ou  environ  de  circonfôrence  J  ce  cpii  &k 
quatre  pouces  &  demi  &  quelque  cfaofe. 

Si  donc  on  veut  que  récartement  des  rayons 
foit  de  deux  lignes  &  demie  y  on  en  tumren 
vingt- deux  fur  la  circonférence  ^  &  les  tuyiox 
qu'on  refendra  avec  cette  rofette  ,  feront  parta- 
gés en  vîngt^deitx  panies  égales  ;  nuis  ù  Ton 
veut  leur  donner  trois  lignes  d'écarcemenc  ,  oti 
n'en  trouvera  que  dix-huit  ,  qui  diviferonr  tes 
tuyaux  en  dix-huit  parties. 

Si  elle  n'a  qu'un  pouce  de  diamètre  ,  ceqm 
donne  trois  pouces  ou  trente-fix  lignes  potif  Ir 
circonférence,  &  qu'on  veuille  encore  doiuier 
aux  rayons  deux  lignes  &  demie  d*écarreinem,  on 
n*en  trouvera  que  quatorze ,  un  peu  à  Taife  ,  ii- 
tendu  la  fraélion  qui  relie.  Si  on  leur  donne  troti 
lignes  d'écariement ,  on  n'en  aura  que  douze,  & 
ainH  pour  les  autres  grofleurs* 

Il  faut  donc  fe  pourvoir  de  rofettes  de  tons  les 
dhmétres  pour  toutes  fortes  de  tuyaux  ;  c^  fi  Ton 
veut  en  refendre  un  gt^nd  avec  une  petite  ro- 
fette» îe  nombre  des  parties  fera  trop  petit  »  est 
parties  Itop  grandes  ».  &  on  auri  bea^icoup  de 
perte. 

Mais  pour  ne  pis  multiplier  à  HnSni  la  dépeoCe^ 
on  a  imaginé  de  faire  des  roft^ittes  qui  peiiras 
fe  placer  toutes  fur  un  même  manthe. 

IJ  y  a  des  peigners  qui ,  avec  les  mêmes  rofcttn  ^ 
obtiennent  de<s  parties  plus  ou  moins  larges  duif 
les  tuyaux  qu  ils  refendent  ,  parce  qu^  les  Uaies 
des  rofettes  font  plus  étendues  qu'à  rordinairt; 
il  eft  facile  de  concevoir  qu'alors  fur  une  mtm/i 
rofette  on  refend  des  tuyaux  de  plufteurs  dix* 
métrés  ,  &  que  ceux  dont  les  diamètre  fom  plai 
grands ,  n^étant  dlvifés  qu'en  un  nombre  de  paf*^ 
ries  égales  à  ceux  dont  le  diamérreeft  plus  peu  ^ 
les  parties  doivent  être  plus  larges  ;  mais  ccwe 
méthode  tfl  fujetce  à  un  grand  inconvéniem,  m 
ce  qu'on  rifque  de  ne  point  avoir  toutes  tes  par* 
tes  d'une  é^«le  largeur  ,  a  moins  d'apporter  à 
cette  opération  une  attention  particulière. 
En  effet ,  fi  Ton  place  le  tuyau  en  le  refendamim 
peu  plus  d  un  côté  de  la  rofette  que  de  i  autre ,  le 
ccié  de  la  circonférence  qui  fera  le  plus  êloienè  da 
centre  produira  des  parties  fenfiblemcnr  plus  hf^ 
gcs  que  celui  qui  en  fera  plus  rapproché  ,  ce  q 
peut  devenir  conféquent  pour  la  fuite  de  rmrrraft;. 
c'efl-à-dirc  ,  qu'il  peut  occafiorner  un  dégât  i  h 
canne,  &  une  difficulté  à  tinsr  les  dents  de  lit* 
geur  &  d'épaiffeur  »  parce  que  f»  le  nryiu  s'i 
pas  été  pofitivecnent  placé  fur  la  rofette  dj«i 
un  écartement  égal  du  centre^  aucunes  despof- 
ties  refendues  ne  feront  égaies  entre  elles  en  bf 
geur,  à  caufequ^cUes  auront  été  r^C^nduci  da-- 
cune  au  point  de  ces  lamc^  plus  ou  aoîii$.ébi*» 
gné  du  centre. 

Ear  cette  r:?ifon  elle»  aruront   acquis    d»p|fie 
plus  ou.  moins  de  largeur  ,  puîfquc  rttCxrtci 
dc^  Acux,  cannes  cntreL  lêfquelles  cUac:iine.dc 


PAR 

*f^n^c$  z  été  forcée  de  paffer ,  eft  pim  large  en 
-  s'éloignam  de  la  bafe  qui  !es  contient ,  qucn$*cn 
rapprochant ,  &  que  cette  différence  de  largeur 
cil  Tcffet  de  tous  les  rayoni  diverge ns» 

Comme  il  eft  affez  difficile  de  rencontrer  juûe 

la  rofettc  qui   convient  à  chaque   tuyau  ,    on  a 

imaginé  un  moyen  tf  es- ingénieux  ,  qui  en  mcme- 

tcmps  qiril  prévient  toute  mcprife  à  ce  fujet,  rend 

I     encore  plus  folide  la    pofitlon  de  la  rofette  fur 

Bfon  manche  ,  dont  le  tenon  ,  à  force  de  chan^et 

^m  rofcttes  ,  diminue  infenfibleme nt,  &  les  rofei- 

HB||]]'y  tiennent  plus« 

^^HOn  fait  le  tenon  de  ces  manches  un  peu  plus 
Wng  qu  il  ne  faut  ,  on   en  taraude   le  bout  i    & 
fsand  la  rofec^e  efl  a  fa  place  ,  on  1  y  arrête  avec 
ito  ècTOu  qui  fc  termine  par- dehors  un  peu  en  cône. 
Le  cirré  adjptè  au  manche  ,    entre   dans    la 
Drette,  &  eft  un  peu  moins  haut  qu'elle  n'eft 
paiffe  ,  pour  donner  lieu  à  Técrou  de  la  ferrer. 
Une  partie  cÙ  taraudée  jufqu'au  bout  pour  recc- 
roir    Técrou  qui  étant  terminé   en  cône  ,  fert  h 
régler  la  rofettc  qui  convient  à  tel  ou  tel  tuyau ,  puif- 
[çu*ii  ne  lui  permet  pas  de  fendre  un  tuyau  dans  le 
Icreiix  duquel  elle  ne  fauroic  entrer  ;  &  de  plus  elle  fert 
jffi  à  centrer  comme  ïl  faut   cette  rofette ,  qtîe 
l'ians  cela  on  pourrolc  placer  d*un   coté  ou  duri 
ftutre. 
Il  cil  vrai  cpic  ,  pour  mettre  ce  moyen  en  ufage  , 
>n  doit  avoir  autant  d'écrous  dîfférens  qu'on    a 
i  rofeties  »  &  qu'étant  fur  le  même  pa^s-Je  vis  » 
iront  tous   fur  le  même  manche  :  fans  cela  il 
ludroit  autant   derofettcs»  de  manches  &   d'é- 
3US  ,  qu'on  auroic  de   tuyaux  différens  à  rc- 
endre. 
Il  faut  encore  avoir  foin  que  ctt  écrou  ,  qu'il 
leroit  à-propos  de  faire  au  tour ,  ne  prenne  point 
liif  les  rayons,  &  ne  couvre  abfolumenr  que  la 
trtie  pleine  de  la  rofette  ;  fans  cela  il  gêneroft 
hoilice  lies  rayons  coupanf. 

Cet  écrou  conique  mis  en   place ,  ne  faurott 

rn'rer  dans  un  tuyau  ,  pour  permettre  aux  rayons 

le  le  |endre,  quM  n'ait  îe  diamètre  requis:  par 

moyen  la   rofttte  h   de^c^nd   bien  perpcn- 

[sUinm^n   dans  le  tuy^u  ,  &  forme  des  parties 

lien  égales  en  tout  fens- 

Quelques  peigners  fc  fervent  encore  d'un  écrou 

rjtiercment  conique  tk  termine  en  pointe  ;  mais 

o*eft   pas  taraudé   en-dsdans    plus  avant    que 

_^  eux  dont  on  vient  de  parler  plus  haut  ;  il  na 

"tien  qui  dosvc  lui  donner  la  préférence  fur  l'autre  « 

&  le  chuix  un  parcit  fort  arbitraire. 

H  Le»  cmailies  faites  à  Técrou  »  ftrvenr  à  recevoir 
Hpn  £911' e  vis  ,  dont  le  manche  eft  fcniblable  à  celui 
^Uyne  vrille,  au  milieaduquel  efl emmanchée  bien 
^^^tti  .:    fivcc  pir-defTii^    une  tig*j  carrée  , 

^l^r  aux.  courts  qu  on  eft  oM>gé  défaire 


PAR  63; 

PremurelmanUu  éi  ufindrt  Us  tuyaux  it  canne 
MVu  Us  rofttus. 

Après  avoir  donné  la  d-fcript:on  des  rofctres  & 
de  leur  emploi,  il  eft  à  propos  de  détailler  la  ma- 
nière de  $*en  fervir  ;  &  comme  les  ouvriers  mtmc 
qui  en  ont  de  paretlles  sVn  fervent  différemment  , 
on  va  les  patTcr  en  revue. 

On  doit  ic  rappeler  que  le  manche  de  la  rofcne 
a  par  le  bas  une  partie  terminée  en  pointe  ;  c'efl 
par  là  qu  on  la  plante  debout  dans  une  table. 

Ce  tenon  carré  entre  dans  l'un  des  trous  de  cette 
table  ;  la  rofette  repofe  fur  Tépaulement  formé  par 
la  forte  partie  du  manche  »  &  par  ce  moyen  refine 
aux  coups  multipliés  de  la  canne  qn'on  appuie  fur 
la  rofette  ;  fans  quoi  elle  auroit  bienti^t  agrandi 
fon  trou ,  &t  pafte  au  travers  de  la  table. 

Lorfqij'à  la  fuite  du  tems  les  trous  s'agrand*(^ 
fent ,  les  rofettes  ne  tiennent  plus  foîidemcni  ; 
on  y  remédie  en  les  affujertiitant  par  de  peiiri 
coins  f^lts  avec  de  petits  morceaux  de  canne  oti 
de  bois  ,  ou  bien  on  enveloppe  le  teron  avec  une 
bande  de  papier ,  de  façon  qu'il  entre  bien  jufîe. 

Il  y  a  des  ouvriers  qui ,  au  lieu  d  j  pointes  car- 
rées f  font  terminer  en  vis  le  bas  du  manche  ;  h 
VIS  tiem  lieu  du  tenon  ,  &  le  corps  du  manche  fert 
d*ép3ulcmcnt  pour  appuyer  fur  la  table. 

Mais  on  conçoit  que  ces  vis  ,  à  force  de  ferrer  p 
auroient  en  peu  de  tems  mangé  les  pas  de  leur' 
écrou  ,  fi  la  table  feule  leur  en  tenoii  lieu. 

Pour  obvier  à  cet  inconvénient ,  on  fait  faire  des 
écrous  dont  la  tige  eft  carrée  ,  &  tient  à  une  p'r.- 
que  auflt  carrée  «  &  on  la  fixe  au  moyen  de  quatre 
petits  clous  aux  quatre  coin»  j  le  dedans  eft  ta*- 
raudé  au  pas  de  la  vis.^ 

Comme  la  tige  entre  juRe  &  même  ttn  peu  1^ 
force  dans  un  trou  carré  de  même  grofTcur  qu'on* 
pratique  dans  répaiiTeur  de  la  table ,  il  n'eft  pas 
poftîble  que  la  rofette  fe  dérange  ,  lorfqu'avcc  ime 
clef,  dont  Varier  emhraffc  le  corps  du  manche  ,. 
l^buvrier  la  ferre  ferrement  fur  la  tabie. 

On  fait  encore  des  rofcttes  domlef  manches  fort 
difflèrens  dans  leur  partie  fupèrieurc,  en  ce  qn*aii* 
lieu  que  le  bout  qui  excède  la  rofetre  foit  tôraudi 
en  vis,  il  Teft  en  écrou  ,  pour  recevoir  le  cha- 
peau ,  ta  vis  qulTaccomp^gne,  la  rondelle  qtii  appuicî 
fur  la  rofttte  ,  le  carré  qui  fert  à  le  ferrer  au  nroyen 
du  tourne-vis  »  enfin  le  bout  coT^îque  qui  îe  let^ 
mine,  le  tout  fait  d'un  fcul  morc??u  de  ùr, 

Antè^  avoir  recommande  qtie  lt;s  écrcus  a\*ec 
Icfqucls  on  fixe  les  rofettes,  nVxécdcnt  point  le 
plein  ,  &  ne  couvrent  peint  les  rayons  ,  il  eft 
prcrqu'inuti*c  d  avertir  que  la  rondelle  ne  do:r  par 
couvrir  les  mime  rayoni.. 

Dj  refte,  ces  rof:*ftcs  fe  placent  fur  la  nWe  ^ 

comme  on  vient  de  le  r'irc  ,  &  même  1  ouvrier 

en  a  de  trois  ou  quâiregrf-ftrcursdlffércfîrc*  ,,con' 

féqucmccnf  de  différent  nombres  de  nv)  on*^  pitr 

,  i*cn  fervir  à  mefure  que  W  tiiyauif  qui  repréfui-* 


L 


638        *  PAR 

œnt  font  plus  ou  moins  gros,  8c  ne  pas  changer 
de  place  fouvcnt ,  ou  n'êire  pas  obligé  de  ne 
fendre  que  ceux  qui  feroicnt  de  grolTeur  conve- 
nable à  la  rofeite  quM  auroit  aftuellement  fous  la 
main  ;  ce  qui  prend roit  beaucoup  de  texs. 

La  hauteur  la  plus  ordinaire  de  ces  manches  eft 
telle  ,  qu'étant  en  place,  les  rofettss  fe  trouvent 
élevées  à  environ  quatre  pouces  de  la  table. 

Voyons  mainrenant  ropératton. 

L'ouvrier  eft  affis  devante  table,  où  font  plan- 
tées trots  ou  quatre  rofctres;à  fa  gauche  eft  une 
corbeille  remplie  de  tuyaux  ;  &  pour  qu*cl!e  foit 
plus  à  fa  portée  ,  il  Li  place  fur  un  tabouret. 

A  mefure  qu'il  en  a  tendu  une  ceruiiie  quan- 
tité «  il  jette  toutes  ces  parties  dans  une  autre  cor- 
beille qu'il  a  à  fa  droite. 

Pour  les  fendre  il  en  prend  un  de  la  main  gau- 
che, le  place  fur  la  rofette  qui  lui  convient  ,  & 
frapp*;  quelques  coups  de  la  palette  qu*il  tient  de 
U  main  droite  ,  fur  le  bout  oppof  •  de  ce  tuyau  , 
qui  bientôt  efl  fépnré  en  autant  de  parties  quM 
y  a  de  rayons    à  la  rofette. 

L'ouvrier  ne  fe  donne  pas  la  peine  de  ratnaffer 
les  parties  à  mefure  qu'il  leî  refjnd  ,  pour  ménager 
le  tems ,  mais  iî  les  laiile  tomber  ,iu  ha  fard  fur  la 
table  ;  &  quand  il  y  en  a  une  grande  quantité  qui 

Îtourroit  lui  nuire  ,  il  tes  jeEte  par  poignées  dans 
a  corbeille  placée  à  terre  à  fa  droite. 

La  palette  eft  faite  de  bois  ,  &  d'une  forme  con- 
venable. On  auroit  fans  doute  pu  fe  fcrvir  d'un  inf- 
trument  d^  fer ,  mais  en  bois  il  ménage  mieux  le 
bout  dcî  tuyaux  ,  on  cft  plus  maitre  tîe  diminuer 
la  force  du  coup  ;  &  fi  par  inadvertance  on  frap- 
poit  plus  fort  qu'il  ne  faut  ,  &  que  la  canne  fe 
tendît  promptement,  on  rifquetoi^  de  donner  fur 
la  rofette  un  coup  qui  Tendommageroit  ;  au  lieu 
qu'étant  dQ  bois  ,  la  palette  feule  reçoit  le  dom- 
mage, ce  qui  nVft  pas  de  grande  conféquence. 

Quelques-uns  lui  donnent  la  forme  d'une  petite 
celle ,  d'autres  fe  fer^'cnt  d'un  maillet  j,  mais  il 
femble  que  la  palette  frappe  plus  également. 

Comme  les  morceaux  refendus  reftent  fur  la 
table  ,  8c  qu'on  eft  obligé  de  tems  en  teros  de  les 
ramarter  ,  ce  qui  perd  du  tems ,  il  y  a  des  peigners 
qui  ont  une  table  dont  la  furfice  forme  deux  plans 
inclinés  ,  &L  au  fommet  defquels  font  plantées  les 
rofettcs  :  par  ce  moyen,  à  mefure  que  les  tuyaux 
font  fendus  ,  les  parties  tombent  à  terre  par  leur 
propre  poids  ,  8t  l'Ouvrier  n'eft  obligé  de  les  ra- 
matfer  qu'i  l'heure  des  repas  ou  au  bout  de  la  jour- 
iiéc  ;  quelques-uns  économifert  le  tetnps  jufqu'à 
étendre  une  toile  par  terre  pour  ramafler  tous  ces 
morceaux  dans  un  inftanc  ,  ik  les  mettre  dans  la 
corbeille  tout  à  la  fois. 

^utrc  manUn  de  manier  Us  ro fétus  &  de  s'en  fervïn 

Les  peigners  de  certaines  provinces  fe  fervent 
d'une  autre  forte  de  rûf:.Mtc,  dont  la  différence  avec 
les  précédentes  ne  confillc  que  d.ins  la  manière 
dont  eilps  font  montées,  L:  nunche  efl  fat:  de  ma* 


PAR 

nière  qu'on  place  k  chaque  bout  une  rofette  d'usé 
grandeur  &  d'un  nombre  de  rayotîs  dUTcTcns. 

Chacune  de  ces  rofettes  tient  Heu  de  deux  da 
autres  ;  mais  en  revanche  il  faut  être  bien  adroit  k 
bien  attentif:  la  moindre  négligence  peut  blefa 
l'ouvrier  ;  cependant  leur  commodité  les  a  hm 
adopter  dans  beaucoup  d'endroits  ,  &  mèoie  la 
des  principaux  peigners  de  Paris  s'éa  feir  {or 
préférence. 

Les  manches  de  ces  rofettcs  ont  orétaweiDCK 
dti  pouces  de  longueur  ;  ou  environ  ,  &  pcHtr  être 
tenus  plus  commodément  p  on  obferve  au  ntiâc» 
un  renflement  qui  va  en  mourant  vers  chaque 
jufqu'aux rofettcs;  ce  renflement ,  qu'on  m 
poignée  de  Vouvi  ^  fcrt  à  deux  ufages  ,  on  les 
plus  facilement ,  6c  ceui  groiîeur  contrîbiîe  à  U^n 
éclater  les  tuyaux  quand  la  rofette  eft  entrée 
qu'à  un  certain  point. 

Comme  ces  rofettcs  font  doubles ,  il  cft 
qu'on  ne  fauroit  atlei  les  garantir  contre  l'ap] 
de  tout  corps  dur,  ou  de  tomber  à  terre, 
brifcroit  les  lames  en  très-peu  de  tems  : 
eft'il  dangereux  de  les  gaidcr  dans  àc%  botret  tet 
unes  contre  les  autres  ;  les  ouvriers  ont  grand  foâ 
de  les  fufpenjre  à  ^t^  râteliers,  dont  chaque cil^ 
ville  eA  une  pièce  de  bois  de  cinq  à  fiv  poocesée 
long  ,  fans  le  tenon  ,  &  de  quatre  de  largeur  00 
environ  ,  fur  un  pouce  ou  quinie  lignes  d'épaifTeis^. 

Au  milieu  eft  percé  un  trou  rond  ,  plus  pttt 
que  le  renflement  du  manche  des  ro{ettes,  & 
auquel  communique  une  entaille  plus  petitr  .  pom 
qu'une  fois  mifes  en  place  ,  ces  rofette^  ne  pttificsi 
pas  en  forrir. 

Cette  cheville  eft  aflemblée  dans  une  monatfe 
qu'on  pratique  fur  une  pièce  de  bois  ,  fixée  cdoin 
un  mur  au  moyeu  d^  pattes  coudées  >  6c  elle  y 
eft  chevillée  pour   plus  d:  fureté. 

Quelquefois  on  accroche  les  rofetres  aux  di^ 
villes  ,  de  manière  qu'elles  repofent  fur  les  roAno 
même.  Mais  cette  méthode  eft  moins  bonne  i|at 
la  première,  parce  que  les  rayons  de  ces  ro£eM 
doivent  être  très^mînces  ,  &  par  confèquent  fut 
ceptibles  de  fe  gâter  au  moindre  choc  ,  qu'on  m 
pourroit  guère  éviter  en  les  ôtam  &  remettaa 
fouvent  à  leur  place. 

D'autres  enfin  lient  ces  rofettcs  pUiftcurs  ttr 
femble  »  &  les  fufpendent  hors  de  toute  attcimt* 

Lorfqu'on  veut  fe  fervir  de  ces  dernières  n>- 
foftes ,  on  en  prend  fur  une  table  près  éc  ^-  •** 
aftez  grand  nombre,  pour  n'être  pas  oL 
fe  déranger  à  chique  inftant  ;  puis  ayant  U  tajoç 
à  fa  droite  ,  l'ouvrier  place  entre  fe»  jambe»  M 
billot  monté  fur  trois  pieds  ,  &  appuyat)t  de  la 
main  gauche  les  tuyjux  deft^us  ,  il  préfente  pour 
les  fendre  la  rofette  qui  leur  convient  »  &  èkWsi 
un  peu  le  tuyau  &  la  rofette  cnfemhie,  û  fnffÊ 
quelques  coups  fur  le  billoit ,  au  tnayen  de  fM 
la  rofette  entre  dans  cette  canne. 

Abrs  il  U  lîche  de  la  m/m  gauche  ,  8c  €08$»* 
nue  de  frapper  lîe  la  droite  ,  )afcju*à  ce  ^wt  kl 


640 


PAR 


&  Wunc  Lci  reçoit  à  mefure  qu'il  les  met  d'é* 
pailTear. 

Li  pofuion  dci  filières  devant  l'ouvrier  doit 
être  relie  que  le  bout  de  fer  fc  trouve  â  droite , 
Wla  lame  du  rafoir  à  gauche  ,  le  dos  vers  l'ou- 
vrier ,  qui  procède  comme  on  va  le  voir, 

lî  prend  dans  la  boue  une  poignée  des  dents 
qui  ne  font  que  refendues ,  &  Jcs  met  fur  la  table  ; 
il  les  p'.ffe  à  la  filière  Tune  après  Tautre  ,  ayant 
foin  q^:e  l'êcorce  touche  le  bout  du  fer  ,  &  non  pas 
Ja  lame  du  rafoir  ,  parce  que  c'eft  cette  «^corce 
qui  9  par  fa  dureté ,  donne  de  laconG^ance  aux 
dents  ;  &  quelquefois  mêms  lorfqu'elles  doi- 
vent être  fort  minces ,  cette  écorce  refte  prefque 
feule* 

Il  n'eft  pas  poffible  de  tirer  la  dent  d'èpai Teur 
d*tin  bout  à  Taurre  du  premier  coup ,  car  li  faut 
toujours  la  place  des  Hoigt»  qui  la  tiennent  ;  & 
Hième  à  caufe  de  i^eSbu  qu*on  a  à  faire,  cette 
place  peut  avoir  un  pouce  ou  un  pouce  &  demi 
de  long* 

On  ne  fait  donc  guère  paffer  dans  la  filière 
ds  la  première  fois  qu'environ  ics  deux  tiers  de 
la  longueur  ,  cnfuite  on  h  retourne  bout  pour 
bout  ,  l'ccorce  toujours  du  côté  du  fer  ,  & 
on  enlève  répatiTcur  qui  étoit  reftèc  entre  les 
doigts. 

Cctre  fjçon  n'eft  pas  fulBfantc  pour  donner 
aux  dent!  répaifîcur  qu'elles  doivent  ivojr;&,  quel- 
que foin  qu'on  y  apporte  ,  on  ne  fauroit  du  pre- 
mier coup  les  rendre  parûitsment  égales  d'un 
bout  à  i'autrc  :  il  faut  de  toute  nkeffué  les  paf- 
fer  dans  d'autres  âlières  qui  ne  margcnt  que 
fort  peu  ,  6t  par  ce  iTiOyen  on  eft  aflTiiré  d'une 
égalité  d'èpaiifcur  qu*une  opération  trop  préci- 
pitée ne  ponrroit  jamais  leur  procurer* 

Quoique  h  <ilière  femblc  fuflfif^nte  pour  don- 
ner aux  dents  la  largeur  &  TépaifTeur  qui  lear 
font  néceffaircs  »  il  ell  certain  que  radrefle  de 
l'ouvrier  y  contribue  beaucoup  ;  ainfi,  fans  une 
grande  attention  6c  même  beaucoup  d'habicudi; 
de  ce  travail ,  il  eft  affez  difficile  de  tirer  les  dents 
û\me  largeur  &  d'une  épaifTcur  bien  égales  : 
fouvrier  termine  d*abord  toutes  les  dents  îur  leur 
largeur  f  puis  fur  leur  èpai^eur  ,  &  les  met  dans 
une  boîte  pf>ur  confcrver  raiToriiment  qu'il  en  a  voit 
fait  d*aborden  les  refendaiit  à  la  rofette  ou  atitre- 
menf. 

Pouropèrerjouvrlert'entde  la  main  gauche  une 
poignée  de  dents  qutl  va  y  pafler,  pour  n'être  pas 
obligé  de  Içs  prendre  une  ï  une.  Comme  ce  travail  eft 
«fte£fatig;int  pour  les  mains  ,  il  c fi  à  propos  d'avoir 
un  doigticr  de  t^eau  au  pouce  &  à  Tindex  #  pour  n'ê- 
tre pav  coupé  par  les  vives-arètes  des  dents  qui 
gîiiîent  tant  loit  peu  entre  les  doigts» 

On  a  vu  qu*il  falloit  q«c  le  fer  des  filières  fût 
plus  élevé  que  U  lame  du  rafoir  d'environ  deux 
ponces  ;  il  eft  à  propos  d'en  ufer  ainfi  à  toutes» 
Vc  même  au  moyeu  d*un  petit  coin  de  bois  pla* 


PAR 

cé  entre  ces  deux  pièces  «  on  lesr  procttre  un  peu 
plus  d'écartement  par  le  haut  que  par  le  bas  , 
afin  qu*en  paffant  une  dent ,  on  ne  foit  pas  oUi^ 
de  la  réduire  du  premier  coupa  rèpailltur  qu'eW 
le  doit  avoir  ;  &  comme  il  ci\  à  propos  ,  poar 
la  perfeâion  du  travail ,  d*y  parvenir  pciil  à  p^ 
tit ,  on  en  vient  à  bout  en  defcendant  ta^^nâ- 
blement  la  dent  dans  la  partie  plus  étroite ,  ce 
qui  mange  peu-à-peu  rcacédcoi  de  ce  qiiék 
doit  avoir  do  groffeur. 

Pour  être  fur  de  defcendre  toujours  à  uftmtes 
point ,  on  a  foin  de  tenir  ce  morceau  ou  coio 
de  bois  un  peu  en  pente  du  côté  de  TcHivricr: 
par  ce  moyen  il  ny  a  que  ta  panie  élevée  qté 
arrête  la  dent  à  une  même  éleva ûon  ;  ce  qui  œ 
feroît  pas  suffi  eiaâ ,  û  Too  s*y  prcfioit  ëe  tooic 
anrre   manière. 

Ce  moyen  fournit  un  expèdîen!  p  ompt  &  (ut  pour 
donner  aux  dents  un  peu  plus  ou  an  ^cu  aïoinsd'è* 
paiiTeur;  car  en  mettant  un  morceau  de  Ikks  ^uês 
épailTeur  convenable  fur  le  coin  qui  y  cfi  dè{a,li 
dent  defcendra  plus  ou  motos  épaiflfe,  fç^sob 
befoin» 

On  fera  donc  maifre  alors  de  déterminer  à  oi 
degré  bien  exaâ  Tépaiffeur  des  dents  ;  iiui%  tl  ùm 
faire  attention  de  ne  pas  faifc  décrire  par  la  laoK 
de  rafoir  6c  la  pièce  de  fer  un  angle  bteo  Ottfcni 
caries  dents  fur  leur  épaiiTeur^au  Iteu  d^étrrib^ 
nés  »  fe  trouveroient  avoir  une  furface  iodiMi  I 
l'autre  »  ce  qui  fcroit  dêfeâueux. 

Quand  même  on  cherchtroit  i  y  mnédier^i 
fair;int  paHer  au  fond  de  I.1  iîlière  le  câté<|iii  MWi 
été  au  premier  coup  en-deflus  ,  on  n'oboendfM 
pas  un«  ftirfjce  plane,  mais  on  verroit  afnitkfKt 
un  ang<<.  formé  par  la  rencontre  de  driuc  plans  t»* 
clînés,cequi  devient  înfenftble  lorfque  l'ècafie- 
ment   des  pièces  de  la  filière  efl  peu  confidéraMb 

On  peut  encore  ,  par  un  autre  moyen  ,  donntr 
plus  ou  tnoins  d  epaiiTcur  aux  dents  ,  lors  màa 
quon  n'a  pas  de  filières  de  tous  les  écmrfciiit:! 
poflifales  i  Se  c'eft  ainfi  <!ue  les  ouvriers  en  «oa 
genre  viennent  à  bout  de  fuppléer  ,  par  un  pei 
d'induftrie  ,au  nombre  d'outils  dont  ils  oc  M 
pas  fuififamment  pourvus. 

Ce  moyen  confifte  à  tirer  la  dent  ôbli 
à  la  filière  du  côté   du  fer  ;  ce    plus  oa 
d^obliquitè  fait  mordre  la  lame  de  rafoir  plus  m 
moins  ,  d'cii  fuit  une  épaiiïeur  telle  qu*ott  la  ddbc» 

Il  ne  faut  cependant  pas  ufer  de  cet  rjipèdial 
habituellemem  ;  car  comme  on  ne  fauroie  ri^ 
parfaitement  Tubliquité  qu'on  prend  ,  0*1  aMivit 
éct  dents  plus  minces,  àc  d'autres  plus  èpaulot 
ce  qui  t(\.  dune  très-grande  confôqueoce , ctunflB 
nous  le  dirons  lorfque  nous  en  ferons  au  jwrfy 
des   peignes. 

Comme  cette  première  opération  ne  Cert  qa\ 
ébducher  les  dents  «  on  nV  apporte  pas  tous  )m 
foins  pofHbles  ^  c*c:ft  à  les  nrtr  qu  on  doôsc  taOÊ 
Tattentioû  qui  leur  efl  oécciTaire* 


is  oeM 
7U  mB 


M 


PAR 

Manière  Je  pajftr  les  dents  en  Urgcur, 

Apres  avoir  tiré  !cs  dents  d*épaifleur ,  comme 
en  vient  de  le  voir  ,  on  tes  paH^e  en  largeur  ; 
&  pour  cet  effet  on  fe  fcrt  d'une  filière. 

Elle  cfl  ordinairement  compofée  de  deux  tames 
de  rafoir  ^  Ôt  toute  la  différance  ne  confifle  qw 
«lanf  récartem»nt  de  ces  deux  pièces  «  plus  cor- 
fidèriible  fuiv^nt  h  largeur  qu  il  eft  à  propos  de 
danncr  aux  dents» 

Les  tranchans  de  ces  lames  doivent  être  pofts 
obliquement  Tun  à  Tautre ,  comme  les  deux  jam- 
bages d*un  V  ,  qui  ne  feroient  pas  réunis  par  en 

^tes,  mais  qui  tendroîent  ieutemenc  i  Te  réunir  9 

^■c  cVA  r^fpace  qui  xk^c  entre  ces  deux  lames  , 

^■pi  détermine  ta  largeur  des  dents* 

V^  Voyens  la  manière  depafTcr  les  dents  p^r  cette 

nfljèrc. 

On  place  la  filière  par  fon  tenon  fur  ia  table  ; 
rouvricT  s'aflfied  en  fïce  de  la  table  ;  &  prenant 
les  dents  l'une  après  Tautre  dans  une  boite,  de 
U  main  droite  ,  il  les  fait  pa^er  dans  la  riliére 
en  tirant  à  lui  ;  &  pour  être  plus  fur  de  ne  pas 
varier  dans  ce  travail  ,  il  tient  de  la  main  gau- 
ciic  un  petit  bâton  qu^îl  appuie  fur  la  dent  , 
ce  qui  la  force  d*ctrc  bien  à  plat  fur  un  petit  mor- 
ceau de  bois  ,  qui  ,  comme  à  la  filière  dont 
nous   nous  entretenions    fur   la   fin   de    Tarticle 

I précèdent  ,  détermine  fécartement ,  en  forçant  les 
amcs  d*étre  un  peu  plus  écartées  du  h^ut  pour 
faciliter  l'entrée  de  la  dent  ;  &  par  ce  procédé  il 
c<l  (\\f  de  donner  une  largeur  parfaitement  égale 
à  toutes  celles  qu*il  paflfe  dans  cette  filière, 
!        11  ne  faut  pas  que  le  petit  bâton  avance  avec 
Hi  denr,  à  mefure    que  (a  main   droite  la  tire  ; 
^■iiii  îl  doit  toujours  être  appuyé  ferme  fur  le  coin 
Hc  bois  entre  les  deux  lames  »  pour  empèdicr  la 
Kuine  de  s'élever  à  droite  ou  à  gauche  »  &  fixer 
Hliu  lurement  ropération, 

^  Lorfquc  la  dent  efl  mife  de  largeur  par  un  bout , 
on  la  piHTe  par  Tautre  avec  les  mêmes  précau- 
Hions  ,  &  ce  procédé  «  qu'il  efl  aiTez  long  de  bien 
l^b^re  I  e(l  fort  court  par  lui-même. 
^^Bfaui  avoir  atteniif>n  en  finifTant»  que  Técor- 
Ww  la  dent  fe  trouve  en-deflbus  ;  &  pot;;  ne 
rico  laifler  à  défirer  fur  cette  opération  ,  il  eft 
propos  de  favoir  qu'on  doit  paflcr  chaque  dent 
If  ia  largeur  ,  quatre  fois  à  la  filière  au  moins  , 
'oir,dcux  fois  par  un  bout,  récnrcc  en-def- 
j  puis  en  deflbuSf  &  deux  fois  de  la  même 
lîiffqu'on  Ta  chmgèe  bout  pour  bout, 
fcmble  qu'il  devroit  fuffire  de  ne  les  pafler 
deux  fois  en  tout  dans  ia  filière  ;  mais  (i 
£tlt  attention  que  les  lames  font  plus  écar- 
par  le  haut  que  par  le  bas  ,  on  fenttra  la  né- 
ffitè  de  corriger  par  un  fécond  paiTage  Tanglc 
que  le  premier  a  laiiïé. 

le  n  at  infifté  fur   lei  détails  de  cette  opéra- 
tion »  que  parce   que    beaucoup  de  peigners  ne 
portent  pas  jufque  *  là  leur  attention  ;  le  bifeau 
Aru  fr  Midm*  Tome  K  Paru  ÎL 


PAR 


641 


ou  talut  qui  refle  aux  dents  »  les  rend  plus  foî*| 
blés  à  cet  endroit  ;  8c  quand  on  vient  à  monter  ] 
les  peignes  ,  la  force  dont  on  ferre  le  fil  pour 
arrêter  les  dents  entre  les  jumelles,  fait  écailler ( 
cette  partie  qui  fe  trouve  trop  foible  \  les  jumelles  j 
fe  rapprochent ,  le  ligneul  qui  les  entoure  fe  re*  j 
lâche  ,  les  dents  vacillent  &  fe  couchent  enfin  ^ 
d'un  côté  ou  de  l'autre. 

Cefl  ainfi  qu'en  rapportant  tes  u fa ges^  je  tâche  ^ 
toujours  de  corriger   les  erreurs,  \ 

Quel  remède   efl  -  il  polTihle  d'apporter  ï  cet  > 
inconvénient ,  s'il  arrive   pendant   la    fabricatioti 
d'une  pièce  d'étoffe  ,  de  toile?  Comment  dèpaflcr 
la  chaîner  Et  quand  cela  feroit  facile,  le  change-  ' 
ment  de  peigne  n'opéreroit-il  pas  toujours  quel*  , 
que  défaut  à  Tétoffe  ?  Que  de  raifons  pour  don*  i 
ner  aux  peignes  toute  l'attention  dont  ils  font  fuf* 
ceptïblea  ! 

n  faut  donc  faire  avec  foin  toutes  les  opéra*  ' 
tions  qu'on  fait  fubir  aux  dents ,  &  prendre  garde  , 
de  ne  pas  trop  en  emporter  fur  la  largeur  ni  fur 
TépaiiTeur. 

Si  elles  font  trop  étroites,  elles  n^appuieront  pas 
fur  les  jumelles,  5c  ballottant  fans  ceffe,  elles 
périront  prompte  ment  ;  fi  elles  font  trop  min» 
ces,  une  même  longueur  de  peigne  n'en  contien- 
dra pas  une  même  quantité  :  enfin  le  moindre  dé* 
faut  dans  les  parties  ,  entraîne  la  défeâuofitè 
totale  du  peigne. 

Voyons  maintenant  la  dernière  façon  qu'il  con- 
vient de  donner  aux  dents  avaat  de  monter  le 
peigne. 

Manière  de  faffcr  Us  dents  Â  la  filière  ,  pour  leur 
donner  rêpafjfeur  convenable  à  tel  ou  tel  compte 
de  pet  pie  aufUel  on  les  defime*  ' 

Les  filières  dans  lefqtielles  on  paflTe  les  dents  » 
ne  fervent  qu'à  les  préparer ,  du  moins  pour  leur 
épaiiTeur. 

La  première  fois  qu*on  les  pafle ,  s^appetle 
ébaucher  ou  dégrs^JJtr  les  dents  ;  la  féconde  fert  à 
les  lirer  de  largeur,  &  latroifiémc  fert  à  les  finir 
ou  affiner. 

C'eft  de  cette  dernière  opération  quM  faut  met- 
tre le  détail  fous  les  yeux  du  Icéleur, 

La  filière  qu'on  emploie  à  cet  ufage  »  diffère  de 
celles  qu'on  a  vues  plus  haut  ,  eu  ce  que  le 
bout  de  fer  efl  mobile ,  &  peut  s'avancer  ou  fe 
reculer  par  le  fecours  d'une  vis  ;  la  lame  de  rafoir 
cft  immobile  comme  aux  autres. 

Par  ce  moyen  on  eft  affuré  de  donner  à  toutes 
les  dents  une  parfaite  égalité  d'épaiiTcur  qu'aucun 
autre  moyen  ne  pourroit  leur  procurer. 

La  pièce  dans  laquelle  paffe  la  vis  pour  faire 
mouvoir  l'autre  pièce ,  étant  très-forte  ,  ne  per- 
met aucun  écart emcnt  forcé  ,  d'où  fuivroit  de  la 
variété  dans  l'épaiffeur  des  dents.  Du  relie ,  Ofl 
paffe  les  dents  comme  aux  autres  filières. 

Il  faut ,  dan!  toutes  les  opérations  qu^on  fait 
M  mm  m 


L 


642 


PAR 


fubir  aux  dents  pour  les  tirer  d'épaîiTeur  ,  avoir 
foin  que  Técorce  foit  toujours  du  côté  du  fer  , 
&  qu'elle  ne  touche  jamais  à  la  lame  de  rafoir. 

On  fe  fert  d*une  efpèce  de  filière  ,  dont 
la  vis  paflfe  dans  un  morceau  de  fer  qui  eft  tarau- 
dé 9  &  poufle  une  pièce  dans  laquelle  entre  un 
collet  qu*on  pratique  au  bout  de  la  vis  y  &  qui 
étant  rivé  par-deiTus  ,  fans  cependant  avoir  perdu 
la  liberté  de  tourner ,  rappelle  cette  pièce  q aand 
on  dhor.rne  la  vis  pour  donner  plus  d*écartement 
à  la  filière. 

La  méthode  que  je  rapporte  ici  efl  fans  con- 
tredit la  meilleure  pour  s'aifurcr  de  Tépaifleur  des 
dents  ;  mais  par  un  malheur  attaché  à  tous  les 
Jbons  procédés ,  elle  n'eft  prefque  pas  en  ufage  : 
les  peigners  fe  fervent  ordinairement  des  filières  à 
jèbaucher  ,  avec  lefquellcs  ils  terminent  les  dents  , 
en  s*afiiirant  du  mieux  qu'il  leur  eft  poffible  de 
récartement  dont  ils  ont  befoia. 

Puifque  nous  en  fommes  au  point  cffentiel  de 
la  fabrique  des  peignes,  je  veux  dire  TépaiiTeur 
qu^il  convient  de  donner  aux  dents ,  félon  le  nom- 
bre qu*on  doit  en  faire  entrer  dans  une  longueur 
donnée  du  peigne  ,  il  eft  à  propos  de  remarquer 
que  c'eft  à  ce  travail  qu'on  diftingue  Thabile 
nomme  de  Tignorant,  Tcuvrier  que  gui  Je  le  gé- 
nie ,  de  celui  qui  ne  fuit  qu*une  aveugle  routine. 

La  détermination  de  Tépainfeur  convenable  aux 
différentes  dents  n'eft  pas  une  chofe  aifée  à  faire  : 
il  femble  naturel  que  celles  dont  on  fera  tenir 
une  plus  grande  quantité  dans  un  pouce  de  pei- 

!jne ,  par  exemple ,  doivent  être  plus  minces  que 
1  dans  le  même  efpace  on  en  faifoit  entrer  beau- 
coup moins;  ce  nVft  cependant  pas  toujours  cette 
règle  qu'il  faut  fuivre  :  il  ne  s*agit  pas  ici  de  Té- 
paiiieur  d«:s  parties  que  le  peigne  doit  contenir , 
mais  de  Itur  nature. 

Il  faut  d  ne  difttnguer  fi  le  peigne  qu*on  fe  pro- 
pofc  de  fair£  doit ftr viraux  étoffes  de  foie ,  à  celles 
de  laine  ,  aux  toiles  dw*  fii ,  ou  à  celles  de  coton  ; 
&  pour  donner  là-deflus  quelques  notions  géné- 
rales y  on  fait  que  le^  brins  de  foie  font  tout  d'une 
longueur  ,  &  qu'étant  dépourvus  de  leur  gom- 
me par  le  décruage  de  la  teinture  ,  ils  font  réu- 
nis par  un  double  tors  qu'on  leur  donne. 

Aiffi  desfeizâ  &  quelquefois  vingt  brins  dont 
on  compofe  chaque  âivifion  d'une  chaîne ,  & 
qui  paffent  entre  dam  dents  ,  on  n'en  forme  pas 
un  leul  &  même  brin,  &  ils  ont  la  libeitè  de 
iè  porter  fuiv^nt  la  hauteur  d^s  dents  :  on  n*eit 
donc  point  gêné  pour  Técarrement  ,  &  l'on 
peut  en  faire  entrer  jufqu'à  cinquante  dans  un 
pouce  de  long.  Les  ouvriers  fe  fervent  dans  ce 
cas ,  de  cette  exprcffion  :  la  matière  de  la  chaîne 
a' emplit  pas. 

Le  fil  de  lin  ou  de  chanvre ,  dont  on  fait  des 
toiles,  quoique  dans  la  filature  chaque  brin  ne 
foit  pas  couché  de  toute  fa  longueur ,  mnis  pris 
par  Ion  milieu  &  couché  double ,  eft  cependant 
plus  dur  &  plus  ferré. 


PAR 

Il  n*eA  perfonne  qui  n'ait  vu  travailler  an  cor- 
dier  ;  voici  comme  il  s'y  prend  :  il  entoure  fon 
corps  d'une  certaine  quantité  de  fils  de  lin  ,  on 
de  chanvre  ,  qui  ont  été  paffés  au  finin ,  &  feot 
par  conféquent  entre  eux  à  peu-prés  parallèles  ;  il 
noue  les  bouts  des  plus  longs  aerriére  fon  dos, 
&  arrête  ainfi  le  tout  à  la  hauteur  de  fa  cein- 
ture ;  il  prend  ion  fil  au  milieu  de  tous  les  brins 
qu'il  a  devant  lui ,  &  qui  par  ce  moyen  fe  nroii- 
vent  fans  ceffe  doubles. 

Une  femme  à  la  quenouille  s'y  prend  de  la 
même  façon  ,  elle  ne  tire  jamais  fon  fil  des  bouts 
de  la  fiiafle ,  mais  du  milieu  ;  raifon  pour  laquelle 
un  voit  au  fil  moins  ti'élaiticité  &  plus  de  roideur 
qu'à  toute  autre  matière. 

Ceft  pourquoi  les  dents  du  peigne  pour  les 
toiles  doivent  avoir  plus  de  confiftance  &  d'é- 
paiffeur  que  pour  les  toiles  de  coton  ou  les  étof- 
fes de  laine ,  dont  la  matière  eft  par  elle-même 
très-èlaftique  ;  les  parties  qui  en  compofem  les 
brins ,  font  toujours  fêparées  les  unes  des  autres , 
&  Von  ne  parvient  à  les  unir  qu'à  force  de 
les  tordre  ;  encore  s'aperçoit  on  que  «  pour  pea 
qu'elles  ceiTent  d'être  tendues,  le  brin  groffit 
à   vue    d*œil. 

Auffi  dans  lafabricatton  a-t-on  fouvent  befoia  de 
les  coller  ou  de  les  huiler ,  pour  qu'elles  fe  prê- 
tent plus  aifément  à  l'emploi  qu'on  en  veut  fane. 

De  toutes  ces  obfervations  il  fuit  que  les  dents 
pour  une  étoffe  de  foie  ne  doivent  pa^  être  aufli 
minces  à  proportion  que  pour  une  étoffe  de  laine 
ou  de  coton  ;  &  en  uip'>ofant  qu'on  voufiit  &ire 
un  peiene  pour  une  étoffe  de  foie  qui  ex!g<.àt 
vingt  dents  par  pouce ,  il  ne  faudroic  pas  Liffer 
un  aufiî  grand  efpace  entre  chaque  dent,  que  fi 
pour  une  même  étoffe  on  devoit  y  faire  entrer 
cinquante  dents  :  il  faudroit  que  les  premières 
fuffent  une  fois  &  demie  plus  épaiffes  que  les 
autres. 

Mais  fi  avec  le  premier  peigne  on  vouloit  fa- 
briquer une  étoffe  de  laine,  on  n*en  pourroitpas 
venir  à  bout»  à  caufe  de  l'ép Jffeur  do  ces  dents, 
ou  plutôt  parce  qu'elles  n'auroient  pas  affez  d'6 
cartement  entre  elles. 

11  faut  donc  que  le  peigner  fâche  ce  qu'il  con* 
vient  de  déterminer  pour  le  genre  auquel  ondet 
tine  le  peigne  qu'il  entreprend  ,  &  qu'il  tire  ks 
dents  d  une  épaiffeur  convenable  à  chacun ,  k 
d'une  largeur  proportionnée  ;  car  c'eft  un  principe 
reçu ,  que  ce  qu'elles  perdent  en  épaiffeur ,  on 
le  leur  donne  en  kirgeur  :  par  ce  moyen  la  fortt 
en  eft  un  peu  auginentée. 

Telle  eft  la  méthode  que  l'expérience,  de  cofr 
cert  avec  la  théorie  la  mieux  enten.lue  ,  a  fût 
adopter  par  n  ^s  plus  h^' biles  peigncrs  ,  &  ils  ont 
fur  cela  établi  des  règles  dont  ils  ne  s'éc^neot 
que  dans  cueiques  occafions. 

Pour  fuivre  la  méthode  dont  je  viens  de  par- 
1er  ,  on  fe  fert  d'une  )auge  »  dans  l'entaille  de  la- 
quelle on  place  un  nombre  déterminé  de  dcno  : 


t  AK 

Buîs  ûa  jk  eu  foin  auparavant  Je  s'aiïurer  que 
pour  tel  compte  de  peigne  cetie  eniatlle  ,  qui 
o*a  ordmaircinent   qu'un    puuc«  dj   large  ^  doit 

^   conccnir  un  nombre  connu  de  dcni^. 

m  Si  elle  en  contient  moins  que  k  nombre  connu, 
ccft  un  figne  afluré  quelles  font  un  peu  trop 
épaiflcs  pour  le  p-gne  qu'on  veut  Lire;  fi  au 
contraire  cllci  tiennent  trop  au  large,  on  en  con- 
clut avec  raifon  qu'elles  font  trop  milices  i  il  faut 
donc   reilcrrer  ou    relâcher  la   nliere  JufLju  a  ce 

^  que  la  J4;.ge  fe  trouve  ètre.b  melure  exaâc  de 

H  ce  nombre  de  dt.nr«. 

"  Il  ert  certain  que  par  un  femblaWe  prccîdé  Ton 
OC  rifque  pas  d:  faire   rouvr.)§e  au  haf^rd/ 

On  n'emploie  que  les  ilents  qui  ont  été  jaugées  : 
exiles  qui  kî  font  trouvées  trop  épailTjs  , peuvent 
Itre  repaiTées  à  la  fiiicre  i  mais  celles  qui  luni  tro|> 
mmces  ooivent  être  abfolument  rcjctècs  &  mifts 
en  referve  pour  un  autre  peigne  ,  auquel  elles 
pourront  ccft^inement  convenir. 

Il  arrive  fou  vent  que  Teniai^le  ou  jauge  doit 
conte.iif  un  plus  petit  nombre  di  dents  par  rap- 
port à  certains  peignes  ,  que  par  rapport  à  un 
autre  :  je  m\xplique, 

G>mme  nous  venons  de  voir  que  Tépa'lTjur  dcs 
dents  ne  dépcndoir  pas  toujours  du  nombre  qu*i* 
doit  en  cntrtr  dans  un  cfpace  déterminé  du  peigne , 
nuï%  de  remploi  qu'on  doit  leur  donner,  6c  que 
te  efp.ces  qui  doivent  les  fèparer  les  unes  des 
atitres  fiint  l'objet  auquel  on  doit  faire  attention  , 
tOLies  th:)fcs  égiiles  d'^illeyrs  ,  6l  Us  combinai- 
foos  étant  une  lois  faites  de  Tépaiffeur  des  dents 
&  de  rècartemeit qu'on  doit  obferver entre  elles  , 
il  cft  toujours  à  pio^jos  âc  vider  un  peigne  autant 

3u'il  t(l  pt.lfiblc  ,  pourvu  que  ce  n:  foit  pas  aux 
épens  di.  l.i  folidite;  car  il  cil  conilant  que  plus 
les  dents  font  larges  &  épaiffes  ,  p'us  le  peigne 
a  de  foiiditè. 

D'ailleurs  >  en   chercham    à    vider   aînft   les 

I peignes  ,  on  peut  donner  aux  dents  une  courbure 
^Ui  leur  foit  préjudiciable  ,  8c  les  fils  de  la  chaîne 
Jie  feront  pas  mus  auHi  librement  que  fi  Tcfpace 
è  piTco^tu  àtoit  libre  ^  il  fuit  de  ce  défaut  une 
raie  fur  route  la  longueur  de  l  étoffe  ;  &  fi  !^  miime 
défaut  fc  répète  plufieurs  fois  dans  un  même  p^ngne, 
ce  font  autant  de  défeAuofirés,  telles  qu'on  en  voit 
Ibuveni  dans  les  petite^  étoffes  qui  en  font  plus  fuf 
ceprihlcs  »  même  les  taffetas  des  Indes  ,  &c. 

Ce  que  je  dis  eft  fi  vrai  ,  que  j'ai  connu  plu- 
iteur»  pcigncrs  qui  n'ont  jamais  pu  réuflïr  à  f^ire 
paffer  un  peigne  paffabic  dans  les  comptes  fi  m  ,  & 
l'ai  eu  occafion  de  m'a^jercevoir  que  ce  défaut 
provenotr  de  l'inégalité  dans  répaiffeur  des  d:nts  , 
ainfi  que  dans  leur  largeur. 

La  connoîffance  cflentiellc  pour  les  peignera  , 
cd  donc  répaiffeur  relative  à  donner  aui  diffé- 

Ifcoies  dents  fuivjnt  les  différent  petgnes  ;  fans 
cette  connoiffance  ,  ils  ne  parviendront  jamais 
à  travailler  que  par  routine. 

Lotfqu'oQ  a  tiré  une  certaine  quantité  de  dents 


PAR  ^4) 

à  répaiffeur  qu'on  croit  convenable  dans  ta  der* 
mère  filièr«,on  en  met  un  nombre  connu  dans 
la  jauge;  8c  fj  elle  en  contient  plus  qu'il  ne  faut  » 
luuvrier  écarte  un  tant  foit  peu  k  lame  de  la  filière  » 
&  Us  rend  par  ce  moyen  un  peu  plus  épaiffes; 
il  la  refferreau  contraire  ,  fi  elles  fc  font  trouvées 
trop  épaiffes  ;  mais  il  eft  certain  que  les  dents 
irop  minces  ne  fiuroient  qu'être  miles  à  part  pour 
un   autre  peigne. 

Quant  à  celles  qui  font  trop  épaiffes  «  on  peut 
ou  les  réferver  pour  un  autre  peigne^  ou  les  rc* 
paffer  ila  filière. 

La  variété  d'épaiffeur  d*s  dents  ne  provient 
pas  toii;oursde  l'ecarrcment  de  la  filière:  la  mân 
de  Touvrier  y  cof)^'îbue  beaucoup  ;  car  fi  »  comme 
nous  Tavons  déji  dit  ,  il  ne  tire  pas  bjcn  droit 
à  lui  les  dents  qu'il  f<iit  pafftr  k  la  filière,  il  leur 
c'onne  plus  ou  moins  d'èp^iiffcur  fclon  qu'il  s'eft 
plus  ou  moins  écarté  de  cette  ligne  dtreéte. 

Mais  p€ur  n  être  pas  obligé  de  recommencer 
la  b^fogne  f»iie  ^  quand  on  en  a  beaucoup  «  on 
le^  î^uge  »  &  ce  qui  eA  bon  eft  mis  à  part  pour 
le  peigne  a:;uel^  ôt  toutes  les  jaugées  où  il  s*cn 
trouve  plus  ou  moins  font  ferrées  dans  des  boîtei 
av^c  des  numéros  pour  fervir  au  befoin,  ôc  c'eft 
de   la  befogne  d'avance* 

On  a  pour  cela  des  boîtes  à  double  comparti* 
ment ,  qu'on  place  fur  des  rayons  contre  le  mur  , 
C<  dont  on  peut  former  un  corps  de  tiroirs. 

Si  Ton  fuppofe  que  les  dents  font  parfaitement 
tirées  à  Tépaiffeur  convenable  ,  on  n'a  pas  encore 
pour  cela  atteint  le  butquon  fe  propole  par  rap* 
port  à  la  précîfion  que  ce  travail  exige. 
Si  les  dents  font  d'une  telle  èpaiffeur  qu'elles  rem-* 
pliffent  le  compte  quele  peigne  exige  ttl  faut  encore 
avoir  attention  à  la  groifeur  du  ni  ou  ligncul  qui 
doit  les  entourer ,  &  qui  doit  lui  -  même  être 
alTujeiii  à  des  groffeurs  différentes  »  félon  les 
différens  comptes  ;  fans  cette  précaution  , 
vingt  dents ,  par  exemple  ,  qui  doivent  oc- 
cuper une  demi  pouce,  en  occuperont  un  tout 
entier ,  fi  le  fil  dont  on  les  entoure  cft  trop  gros. 

Mais  ce  ligneul  varie  lui  même  de  groffcur  félon 
qu*il  doit  entrer  un  plus  ou  moins  grand  nombre 
de  dents  dans  un  efp.ice  détermine  ,  6c  lelon  l'ef- 
pacc  qu  il  coLVient  de  réferver  entre  les  dcntf. 

Nous  venons  de  voir  que  le  m  >yen  qu*on  met 
en  lifage  pour  s'affurer  de  Tèpaificur  des  dcnis  « 
eft  de  les  p^ffer  à  la  jauge  :  c*eft  auffi  une  [auge 
dont  on  le  fert  pour  mcfurcr  la  gfoiTcur  da 
li^ncul  ;  mais  elle  eft  d'une  conftruâion  toute 
différente. 

Voici  Topération,  On  couvre  en  partie  de  ligneul 
le  cylindre  de  la  jaug:  ;  on  le  ferre  comme  t( 
doit  être  fur  le  peigne;  on  compte  le  nombre  de 
tour^  quM  contient;  &  après  s'être  affuré  du  ra|H 
port  de  cet  inftrument  avec  Us  jumelles,  on  f^îf 
que  telle  groffeur  conviendra  ou  ne  conviendra 
pas  au  peigne  dont  il  f*agit. 

M  m  m  m  ij 


^44 


P  Aft 


Il  me  rcfte  à  parler  de  la  dernière  préparation 
qu*on  donne  aux  dents  avant  de  monter  le  peigne. 

Birniire  façon  à  donner  aux  dents  ayant  de   les 
employer. 

Lorfqu*OR  deftine  les  peignes  à  des  étoffes  grof- 
fières  ,  on  emploie  les   dents  dans  Tétat  oii  la 
dernière  préparation  dont  je  viens  de  parler  les  | 
a  mifes  ;  il  n*y  a  que  les  étoffes  de  foie  qui  exi«  | 
gent  une  plus  eranHe  délicateffe  :  auffi  ,  lorfque   , 
c^eft  à   ces  étoffes  qu*on  deftine  un  peigne  ,  les 
ouvriers  ont  -  ils  foin  ,  après  leur   avoir  donné 
répaiffeur  &  la  largeur  que  les   opérations  que 
BOUS  avons  décrites  leur  ont  procurées  ,  de  leur 
donner  une  douceur  &  une  fou^^leffe  capables  de 
ménager  une  matière  auffi  délicate. 

Cette  dernière  façon  n*eA  pas  la  même  chez  tous 
les  ouvriers ,  chacun  fait  myflère  de  la  fienne  :  à 
Tentendre ,  c'eft  un  fecret  que  fon  voifm  ne  pof- 
iiède  pas  au  même  degré  que  luL 

Quoi  qu'il  en  foit  de  ces  prétendus  fecrets  que 
chacun  cache  avec  grand  foin  ,  j'en  ai  décou- 
vert (quelques-uns;  £  pour  ne  pas  me  rendre 
complice  de  charlatanerie  »  je  vais  les  publier 
tels  que  je  les  ai  appris. 

Quelques  peigners  font  fondre  du  favon  gras 
dans  \xmt  certaine  quantité  d*eau  bouillante  ,  & 
dès  qu'il  eft  fondu  ,  ils  jettent  dans  cette  chau- 
dière ou  marmue  une  poignée  ou  plus  de  dents 
oui  aient  reçu  toutes  les  préparations  ordinaiies, 
oc  la  font  bouillir  deux  (  u  trois  heures  environ  ; 
ils  rerirent  la  chaudière  du  feu  ,  laiffcnt  refroidir 
le  tout  ,  &  retirent  les  dents  pour  les  mettre 
.  fèchcr  ï  l'ardeur  du  foleil ,  fi  cela  efl  poflible  ,  ou 
devant  un  feu  modéré  (i  le  foleil  ne  donne  pas  , 
ou  enfin  au  moyen  d'un  poèlc  ;  quand  elles  font 
bien  fèches ,  on  les  ferre  dans  des  boîtes  ou  tiroirs , 
comme  nous  l'avons  déjà  dit ,  en  les  préfervant 
foigneufcment  de  Thumiditè. 

Il  cft  certain  que  cette  préparation  donne  aux 
dents  une  foupleffe  &  une  éîafticité  très-avanta- 

Seufes  à  la  foie,  &  qui  contribuent  beaucoup  à  la 
urée  des  peienes  ;  fans  cette  précaution  ,  la  vive- 
arête  que  con?erve  chaque  dent,  &  la  rudeffe  de 
la  canne  ,  font  très  -  préjudiciables  à  la  chamc  , 
jufqu'à  ce  qu*un  peu  de  travail  les  ait  èmoufTècs 
&  adoucies  :  c'cft  pour  cela  que  quelques  ouvriers 
frottant  les  peignes  neufs  avec  du  bois  bUnc  , 
comme  du  faule  ou  de  Tofier ,  quand  ils  n'y  fa  vent 
^s  donner  d'autre  façon. 

On  peut  encore  préparer  les  dents  avec  une 
ieflive  compofée  d'urine  &  d*eau  ,  dans  laquelle 
•n  metfondte  du  favon  &  du  fuif  de  chandelle  ; 
on  y  ajoute  une  quantité  affcx  confidèrable  de 
ftfiçv  &  lorfque  le  favon  &  le  fuif  font  fon;!us  , 
tH  y  jette  les  dents  ,  &  on  les  y  laifle  jufqu'à 
ce  qu'elles  aient  acquis  une  couleur  brunt  ;  alors 


ï>  A  R 

ôft  les  retire^  &  on  les  met  fécher  cooimc  on  Fa 
vu  ci-deffus. 

Comme  on  en  prépare  ordinairement  beaucoup  4 
la  fois  y  on  a  foin  de  les  tenir  en  garde  contre 
rhumidiië. 

Des  deux  procédés  que  je  viens  de  rapporter; 
il  eft  certain  que  le  fécond  eA  prèiibable  au 
premier ,  l'expérience  m'en  a  fait  pcMter  ce  ju- 
gement. 

Il  y  a  une  troifiéme  préparation  qui  approche 
affez  de  la  dernière ,  &  qui  rend  les  dents  à-peu 
près  aiiffi  douces  :  toute  la  différence  confifle  à 
mettre  dans  la  compofition  un  peu  de  fel  dans 
l'eau  y  au  lieu  d'urine  ;  mais  on  y  met  U  mtee 
dofe  de  fuie ,  de  favon  &  de  fuif. 

Ceux  qui  préfèrent  cette  dernière  recette ,  n*oiic 
pas  le  défâgrément  de  fentir  l'odeur  infupporta» 
ble  de  l'urine  ,  qui  ell  très-fcrte  quand  elle  ei 
chaude. 

Tels  font  les  procédés  que  f  ai  recudlUs  de 
divers  peigners. 

Quelques-uns  m'ont  affuré  qu'à  ces  ingrédiens 
on  pouvoir  ajouter  de  l'alun  de  Rome  ;  d'autres 
m'ont  dit  que  fa  nature  caufiique  nuifoic  plutôt 
qu'elle  n'étoit  favorable  ;  mais  ceux  qui  l'en* 
ploient,  alTurent  que  Talun  n'attaque  aucunemeot 
l'écorccde  la  canne  «&  qu'elle  ne  s'attache  qu'à 
la  partie  intérieure  ;  que  comme  il  eft  effemid 
de  ne   laiiTer  aux  dents  que  l'écorce ,  on  s'affnre 

fiar  ce  moyen  de  la  durée  des  dents  ,  dans  les 
rottemens  multipliés  que  leur  emploi  leur  bà 
effuyer. 

Cfette  remarque  n'eft  pas  dépourvue  de  fbo* 
dément  ;  car  en  examinant  un  vieux  peigne  ,  oa 
s'aperçoit  qu'il  n'y  a  que  la  partie  inférieure  de 
la  canne  qui  foit  endommagée  ,  &  que  l'ccorce 
n'eft  prefque  pas  attaquée. 

Quoi  qu'il  en  foit ,  il  eft  certain  que  les  dents 
ainfi  préparées  rendent  un  peigne  bien  meilleur, 
plus  toupie  il  plus  doux. 

J'ai  cependant  connu  des  peigners  qui  igno- 
roient  qu*on  pût  donner  aux  doms  d'autres  pré- 
parations que  de  les  p^ifter  à  la  filière  &  A*en  Lire 
un  choix  convenable. 

Je  n'ai  jamais  eu  occcafion  de  favoir  £i ,  poer 
les  étoffes  de  laine  ,  pour  les  toiles ,  &c,  on  prfr 
paroit  les  dents  des  peignes  comme  je  viens  de 
le  rapporter;  mais  je  pcnfeque  cette  méthode  oc 
fauroit  être  qu'avantageufe  à  tous  les  peignes  , 
puifque  ce  n'eft  pas  Tétoffe  feule  qui  en  reçoit 
de  l'avantage  ,  mais  que  le  peigne  lui-même  ei 
acquiert  plus  de  folidité  &  dure  davantage. 

Je  dois  cependant  avertir  que  les  recenesqne 
je  viens  de  rapporter  ,  m'ont  été  données  par 
des  ouvriers  dont  j'admirois  les  peignes  ,  mab 
je  ne  les  ai  jamais  pratiquées  moi-même. 

En  comparant  leurs  ouvrages  avec  ceux  des 
autres ,  ;e  n'ai  pu  me  défendre  de  leur  accorder 
une  très- grande  fupériorité. 


PAR 

l&yifts  four  affembUr  Us  fils  du  ItgneuU, 

[Le  ligncul  cft  ,  comme  on  Ta  dcjà  dit  ,  le  fil 
pi  fixe  Its  dents  haut  &  bas  entre  tes  quatre 
ftmellcs,  6c  qui  fert  en  roémc  temps  à  îcs  cfpacer 
comme  iJ  faut.  Cela  pofé  ,  on  doit  fentir  que  la 
groBeur  de  ce  Itgncul  varie  félon  IVcartement 
qu'en  vert  obfervcr  entre  les  dents  :  il  faut  donc 
l«i  donner  cette  groOcur  par  des  procédés  que 
je  vais  dttaillcr. 

Ce  que  je  vais  dire  du  lîgneul  propre  aux  diffé- 
ttns  peignes  ,  ne  doit  s'entendre  que  du  corps 
peigne  ;  car  qu;5nt  aux  dents  des  lifières ,  on 
coutume  de  les  arrêter  avec  le  ligneul  au  moins 
bic  en  grolTeur  ,  tant  pour  la  tbrce  que  pour 
ineinent  :  auiTi  a-t-on  coutume  de  faire  deux 
urs  à  chaque  dent  peut  les  tenir  plus  écartées, 
.fil  dont  on  fait   le  ligncul  teut  être  indif- 

^Ément  de  chanvre  ou  de  lin  ,  filé  au  rouet 

•O  i  la  quenouille,  peu  importe;  maïs  on  ne  lui 
doone  aucun  -apprêt  :  il  doit  être  d  une  certaine 
fincfle  ,  pour  quen  ajoutant  au  brin  qu*on  veut 
compofer  un  ou  pluficurs  fils  ,  on  fuive  une  gra- 
dation plus  infcnliblc  .  8t  par  ce  moyen  faifir  plus 
précifément  la  groflVur  dont  on  a   befoin* 

CcA  pourquoi  ,    Ci  k  fx  brins  le  ligncul  étoit 
trop  fin  ^  6c  que  le  feptiéme  qu'on  ajouteroit  fût 
•n  peu  gros  ,  il  arriveroit  qu'à  fix  il  feroit  trop 
^0  t  &  trop  gros  à  fept. 

P  Pour  faire  rafTcmbUgc  des  brins ,  îl  faut  que 
te  fil  fuit  dcvidé  fur  des  tochets.  On  met  une 
quantité  convenable  de  ces  rochets  fur  une  petite 
camre»&  alTemblant  les  bouts  du  nombre  de  ces 
rechcts  qu*on  a  déterminé  ,  on  tord  tous  ces  brins 
Van  (ur  l'autre  avec  un  rouet  à  filer  ,  &  on  les 
^ychc  ainfi ,  ne  faifant  plus  qu'un  brin  fur  le 
ïchct,  qts'on  place  fur  la  broche* 
On  ne  donne  a  ce  ligneul  qu'autant  de  tcrs 
ail  lui  en  faut  pour  aflembler  ces  brins  ,  &  n*eD 
kire  qu*un  ;  mais  il  cft  ciTcnticl  que  dans  toute  fa 
pisgucuril  foit  également  tordu  :  ce  qu*il  eA  aifè 
rêglet  en  comptant  le  nombre  de  tours  dî 
»ue  qu'on  donne  pour  tordre  la  longueur  qui 
eft  entre  labroihe  fit  la  main  de  rouvriere. 
Qu^nd  cette  longueur  a  reçu  fou  tors,  on  le 
Miclic  fur  le  rochet,  on  en  prend  une  nous'clle, 
Jnî  eft  réglée  par  Téeendue  du  bras  ;  mais  il  faut 
^oîr  grand  loin  de  ne  pas  dciTcrrer  les  dnif-s 
ans  cc^^  opémfion  ,  fans  quoi  le  tors  '  ! 
-delà  de  la  maia  fur  ta  partie  cornp 
main  &  la  caairc:  par  ce  moyen  ,  on  safîurc 
Téglité  de  tors,  éc  le  fil  eft  très  uni  cjans 
»tite  U  longucTir. 

On  obfcrvc  de  ne  pas  trop  tordre  le  ligneul , 
pjfccqu*tl  dc\ieni  trop  dur,  çc  quîflc  rend  difllî- 
^Uc  à  employer. 

■F  11  tac  faut  pas  tordre   également  le  lignetiî  de 
Roiitcs  les   groflTciirs  ;  car  le  plus  fin  ftroit   trdp 
inoit ,  fit  le  plus  ^ros  trop  tlur  :  on  a  chez  îcs   . 
pctgners  des  à  pcu-préi  qui  font  toujours  fuffi-  J 


PAR 


945 


fans  »  &  dont  les  femmes  ,  à  qui  ce  travail  efl  or- 
dinairement abandonné  ,  ne  s'écartent  guère. 

Sans  cette  attention  ,  Touvricr  en  montant  fon 
peigne  ne  feroit  pas  maître  d*aplatir  ce  fil  pour 
le  forcer  à  ne  pas  tenir  plus  de  place  qu'il  ne 
faut  entre  les  dents.  Il  n*eil  pas  poHible  d'établir 
des  régies  précifes  pour  la  groffeur  de  ce  fil  ;  car 
les  peignes  varient  fi  fort  dans  le  compte  des  dents 
qu'ils  contiennent  *  &  dans  récartemenr  qu^on 
obferve  entre  elles  ,  que  Tcxpérience  feule  peut 
infiruire  un  ouvrier  qui  chctcheroit  ici  «i  s'ca 
rendre  par&itemcnt  au  fait* 

Manière  de  dévider  U  filwfdii^ 

Le  tors  qu'il  eA  à-propos  de  donner  au  fil 
pour  en  former  le  ligneul  ,  lui  donne  beaucoup 
de  roideur  fii  de  dureté  \  c'eA  la  raîfon  f*.ns  doute 
pour  laquelle  les  peigners  n'ont  pas  adopté  les  dë< 
vidoirs  dont  Tufage  cfi  fi  ordinaire  par-iout  ;  ils 
en  conftruifent  de  très  -forts  fit  très  -  fôlidcs  j  tel 
que  celui-  ci. 

Sur  ta  circonférence  d'un  œoveti ,  font  pratiqués 
quatre  trous  à  angles  droits ,  oeux  par  acux ,  fur 
deux  lignes  ,  pour  qu'ils  ne  fc  rencontrent  pas 
au  travers  do  moyeu  :  ces  trous  doivent  erre 
carrés  \  ils  reçoivent  à  fiotiemcnt  un  peu  jufte 
les  quatres  ailes  qui  forment  In  cr^ix  »  6l  au  bout 
dcfquelles  font  affembiés  à  tenons  6£  mortaifes 
quatre  croiiTanSj  placés  fuivant  la  longueur  du 
moveu. 

Cette  tournette  peut  changer  de  dumètre  à 
volonté ,  &  fe  prêter  à  la  grandeur  des  éche-* 
veaux  ^  qui  varient  fuivant  les  guinires  ou  ils  ont 
été  fiits;  il  ne  s'agit  pour  cela  que  de  poufi!er  ou 
de  tirer  à  foi  chacune  de  ces  aitef* 

Il  cil  encore  néccfTairc  de  pouffer  une  des  û* 
les  ,  quand  on  ireut  mettre  un  écheveau  fur  ce 
dévidoir  ou  l'en  retirer  ;  fit  qyand  il  y  cA  placé  , 
on  doit  U  retirer  au  point  convenable. 

Ce  dévidoir  tourne  verticalement  fur  un  axe 
qui  paiTe  p;ir  le  centre  du  moyeu  \  &  pour  qu*il 
n'approche  pas  trop  du  montant  ,  on  réfcrvc  i 
cet  arbre  ua  renflement  qui  pofe  contre  le  mon 
tant,  fie  à  Tautre  bout  eft  un  tenon  carré  par  oti 
il  entre  ('.ans  ce  montant» gui  lui-même  eft planté 
dins  un  billot  ou  dans  une  pierre  affe;  lourde 
pour   dofincr  de  la  foliditè  à   toute  la  machine* 

On  arrête  la  tournette  fur  fon  axe  au  moyen 
d*une  cheville  de  bois  qu'on  met  dans  le  trou  qui 
eA  au  bout  de  Taxe. 

Pour  fe  fcrvir  de  cette  machine ,  H  en  faut 
une  autre  ,  dont  voici  la  defcription.Sur  une  plan- 
che', font  plantés  deux  momans  à  huit  ou  dix 
pouces  de  dtAancc  Tun  de  Taurre  ;  au  haut  de 
chicun  eft  une  entaille  ,  ;»roprc  à  recevoir  les 
Cûlkts  de  l'arbre  où  il  cft  retenu  par  les  chc- 
viltes* 

Ettfuir^  du  collet  eft  rèfervée  une  partie  car* 
réc,   fur  laquelle  on  place  la  roue  ,  dontl'of^ 


64.S  PAR 

récartemenr  efl  à-peu  près  ègJ  au  diamètre  fu- 

Î>érieiir  de  la  marmite  ,  pour  qu'en  tirant  le  fil 
a  planche  ne  puifle  pas  fe  déranger.  Au  milieu  de 
cette  planche  (ont  pratiqués  pluiieurs  trous  de  dif. 
férens  diamètres  pour  toutes  les  grofTcurs  de  ligneuU 

Au  moyen  de  celte  planche  ,  on  a  les  mains  libres 
pour  diriger  îe  Itgneul  fur  un  afple  ,  comme  à  la  pré- 
cédente manière ,  ou  fur  un  rouet,  qui  n'a  pas  le 
même  inconvénient. 

Un  autre  avantage  que  procure  Tufagé  de  la 
planche  qui  fert  de  filière  ,  eft  d'y  attacher  la 
fourchette  entre  les  pointes  de  laquelle  paffe  le 
iil  au  fond  de  la  marmite. 

On  eft  difpenfé  par-là  d'arrêter  la  fourcherte. 
Aînfi  ,  quand  on  vctit  palTer  le  fil  fous  la  four- 
chette j  on  enlève  la  planche  6c  Ja  fourchette  à 
la  fois. 

Un  autre  avantage  efl,  que  cette  planche  fer- 
vant  de  couvercle  à  la  marmite  ,  s'échauffe  ,  &  le 
trou  par  oii  parte  le  ligneul  n'eft  jamais  bouché 
par  la  poix  qui  retombe  à  mefurc  dans  la  mar- 
mite. 

Il  faut  avoir  foîn  de  placer  le  rouet  bien  en 
face  de  la  marmite»  afin  que  le  ligneul  ne  lombe 
pas  à  droite  ou  à  gauche  i  &  même  pour  le  phcer 
plus  également,  on  fe  fert  d'une  baguette  fur  la- 
quelle il  glifle  &  qui  le  dirige  à  volonté, 

La  conltruSion  de  ce  rouet  efl  on  ne  peut  pas 

Elus  fimple  ;  ce  neft  autre  chofe  qu'un  bâtis  de 
ois  ,  compofé  de  d^ux  pièces  aiTembièes  par  les 
traverfesà  tenons  &  mortaifcs  ,  fur  lequel  s'élè- 
vent quatre  montans  aflTcmblés  par  le  haut  au 
moyen  de  àtux  traverfes  ,  au  milieu  defqoelles 
crt  une  entaille  où  fe  place  Taxe  du  rouet  ;  cet 
axe  eft  retenu  par  un  lalfeau  qu'on  fixe  avec  deux 
chevilles. 

Quant  à  la  roue  ,  c'eft  à-peurprès  celle  d'un 
rouet  ordinaire,  compofée  d*un  moyeu ,  au  centre 
duquel  paiTe  Tarbre  ,  &  fur  fa  circonférence 
font  aflemblés  fix  rayons  ,  au  bout  riefquels  efl 
retenue  la  cercc  ou  cercle  de  bois  mince  avec 
quelques  clous  d^cpingte  ;  les  deux  bouts  de  ce 
cercle  font  amincis  pour  être  Tun  fur  lautre ,  fans 
en  augmenter  répailTcun 

La  manivelle  eft  formée  d*un  morceau  de  bois 
de  fix  à  fcpt  pouces  de  long  ,  à  Tun  des  bouts 
duauel  ell  un  trou  carré  qui  reçoit  le  bout  de 
TarDrc  ,  &  l'autre  reçoit  une  longue  cheville  à 
tcte  ^  qui  paffe  au  travers  du  manche ,  &  lui  per- 
met de  tourner  qu^nd  on   la  tient  dans  la  main. 

Il  efl  cert^iin  que  l'ufage  de  ce  rou«t  eft  pré- 
férable à  celui  de  Tafple  ,  parce  que  lafurface  fur 
laq^ielle  fe  couche  le  fil  ,  étant  continue  ,  force 
la  poix  de  fe  ^xtr  à  Tendrolt  où  la  filière  Ta  placé  i 
au  lieu  que  les  vides  qui  fe  trouvent  à  Tafpîe  , 
lui  permettent  de  couler  vers  les  aîlej,  La  ma- 
nière de  relever  le  fil  de  deffus  ce  rouet  eft  la 
même  dont  on  a  parlé  précédemment. 

On  vient  de  veir  trois  manières  d'enduire  le 
ligneul  La  première  confifle  à  Tétaler  par  terr^  à 


P  A"R 

mefure  qu'on  le  retire  de  la  marmite  ,  b  fecof\ic 
en  le  dévidant  fur  un  afple  «  U  tielfièfiic  enfifl 
en   le  recevant  fur  un  rouet. 

Ces  trois  opéra  irions  exigent  que  ce  travail  fe 
faffe  dans  une  chambre,  où  le  fcul  remède cofifte 
Todeur  forte  que  cette  compofitton  exhale  ^  1  été 
de  placer  la  marmite  dans  une  chemîi^èc  ,  pat oa 
le  courant  de  Talr  en  emporte  la  plus  gr.inde  pat» 
tic  i  mais  cette  odeur  fe  fait  encore  bien  fcntif 
à  tout  le  voifinage«  inilgré  cette  précaution  ;c*dl 
pour  cela  que  pluficurs  pcigners  ont  coutume  de 
faire  ce  travail  dans  une  cour  ou  jardin  ,  oà  le 
grand  air  didlpe  promptement  cette  odeur  :  or 
pourroit  même  conftrutre  un  hangar  propre  I 
cela ,  qui  ne  demanderoit  pas  beaucoup  de  pltct* 

Manllu  dt  pù'ffcr  U  fi  dam  une   iour  Q»  j^fJ^ 

Lorfqu'on  poîffe  le  ligneul  en  plein  ajr^  Wbë 
fubflituer  un  fourneau  à  la  cheminée  ^  non  pza 
cependant  que  cela  foit  indifpcnfable  ,  puifquûf 
pourroit  en  conftruire  une  fous  un  liangir  ;  ttaà 
pour  plus  de  commodité  on  fe  fert  de  rourneaut. 

Chaque  pays  a  encore  fes  uftenfiles  pinîce- 
lîcrs  ;  ici  on  fe  fert  de  fourneaux  de  tôle,  h  et 
terre,  &  autre  part  de  ceux  qu'on  voir  commo* 
nément  jans  lescuifincs  ,  conflrults  en  pUtie,it 
montés  fur  quatre  pîeds  pour  être  pltJs  portatift» 

Ceux  de  tôle  ne  font  autre  chofe  qu'un  cylhi* 
dre  de  fer  battu  qu*on  nomme  toU,  Le  fond  A 
monté  fur  trois  pieds ,  &  emboîte  à  ^ccO€lfr^ 
ment  le  corps  du  cylindre  »  qui  y  eft  attache  tfCC 
des  rivures. 

On  a  auffî  coutume,  pour  plus  de  foltiI:é,dc 
mettre  fur  la  hauteur  deux  cercles  de  fer  ,  1^ 
au  bord  f^pirieur ,  &  l'antre  en  bas. 

h  peu- près  au  tiers  de  fa  hauteur  eft  nmAi 
en-dedans  un  cercle  de  fer  ,  ou  au  mokof  éa 
portions  de  cercle  »  pour  foutenir  It  grille  i|n 
n'eft  elle-même  qu*un  cercle  de  fer  afllcz  fqn^ 
fur  lequel  eft  foifdèe  à  la  forge  ou  rivée  im 
quantité  plus  ou  moins  grande  àc  tnr«l<^  rS 
de  ÎCT  ,  qu'il  eft  à  propos  de  placer  - 
ment ,  &  non  à  plat ,  ahn  que  la  cenL 
deux  plans  inclinés  ,  tombe  &  ne  bouche  p«  kl 
intervalles  ,  ce  qui  ralentit  Taifdvîté  du  ïc%t 

Sur  le  devant  du  fourneau,  c'cftàdÎT. 
côté  oppofé  à  la  jointure  des  deux  boui>  ùi.  * 
tôle»  eft  pratiquée  une  ouverture  plus  kauteqse 
large  «  qu  on  ferme  au  befoin  svec  une  pcmc  c^ 
trée  ;  &  même  à  cette  porte  qui  fert  à  mct?rt  le 
bois  ou  le  charbon  dans  le  fourneau  »  on  en  pn* 
tique  une  plus  petite ,  comme  à  un  pocîc  ofé^ 
natre. 

Cette  dernière  fert  à  donner  de  Talr  lu  fêii ,  (^ 
fans  cela  s'èteindrort ,  ou  du  moins  fc  r. 

beaucoup.  La  manière  dont  00   ferme  ..*>  - 

portes  avec  de  petits  loques  ,  eft  conaoc  de  te» 
le  monde. 

Pour  poiivmt  tranfporter  ce  foume^ti  pltii  co* 
modément  «  ony  attiene  à  dcuxpoiois  app«fti  drÀ 

cbcoafiiûait 


F* 


PAR 

cf^confôrcnce ,  des  aofes  de  fer ,  ^u^on  faîjlt  avec 
des  poignées  de  bais  ou  quelques  chîfFons  »  pour 
ne  pas  ie  brûler. 

Il  y  a  des  ouvriers  qm ,  quand  ils  placent  la  mar- 
fiiire  fur  ce  fourneau  ,  avant  d'allumer  le  feu  ,  lut- 
tent les  bords  avec  Je  la  terre  à  four,  ou  autre, 
pour  concentrer  mieux  la  cluleur. 

Cet  expédient  ert  fort  bon  en  luî-mènie  ;  maïs 
fi  Ton  n^avort  point  attention  ,  ou  de  lalfTer  une 
^it  deux  ouvertures  oppofées  fur  la  circonférence  , 
mi  de  pratiquer  quelques  trous  au  haut  du  four- 
neau «  on  verroit  infcnfiblement  le  feu  s*éteindre  > 
ou  pour  mieux  dire  >  on  ne  fauroit  venir  à  bout 
é€  l'allumer  ,  car  tout  le  monde  fait  qu*il  lui  faut 
«n  courant  d'air, 

La  marmite  étant  fur  le  fourneau  ,  îl  eA  indif- 
|Ci]fable  d*avoir  un  point  d'appui  pour  placer  le 
fûchct  fur  lequel  ed  Je  f\\  ;  c'eft  à  quoi  Ton  a 
pourvu  ,  en  imaginant  de  fe  fervir  d'une  efpèce 
éc  petite  camre;  ôf  quand  on  veut  travailler ,  on 
place  au-deiîus  de  la  marmite  la  même  planche 
dont  nous  avons  déjà  parlé ,  &  qui  y  efl  rete- 
nue au  moyen  de  deux  taiTeaux  qui  y  font  attachés. 

Le  rouet  fur  lequel  on  enveloppe  le  ligneul  , 
mû  entièrement  fcmbiable  à  celui  d«nt  nous  avons 
déjà  donné  la  defcription  ;  mais  comme  ie  four- 
neau fur  lequel  on  place  h  marmite  eA  beaucoup 
litus  hautque  le  trépied  fur  lequel  on  la  mettoit,Sc 
^u*it  efl  néceffdire  que  cette  marmite  foit  beaucoup 
plui  baffe  que  le  rouet,  il  a  fallu  ohaufTerce  rouet  au 
nioycn  des  quatre  pieds  qu'on  a  plantés  fous  fa  bafe* 

Je  dis  qu  il  faut  que  le  rouet  foir  plus  haut  que 
b  planche  ou  51iére  qui  c(\  fur  la  marmite  :  en 
effet ,  la  dircéVion  fuivant  laquelle  il  faut  que  le 
6\  en  forte  pour  que  le  ligneul  fviit  rond ,  efl  la 
ligne  perpendiculaire»  fans  quoi  ni  la  rondeur  ni 
lagroncur  des  trous  qu'on  auroït  déterminés  n  m- 
ilacrcicQt  fur  celles  du  ligneul ,  qui  fe  frouveroîi 
fd*aytant  plus  aplati  &  menu,  que  cette  dirc«fiioii 
Tctôît  plus  oblique. 

Auili  le  khon  que  tient  l'ouvrier  1  fa  matn 
gauchie  ,  fcrt  autant  à  relever  le  fil  enfortant  4^ 
la  fî^:\:ic  ,  qu'à  le  diAfibuer  également  fur  îe  rouet. 

L'ouvrier  en  opération  met  à  côté  de  lui  une 
Corbeille  remplie  de  rochets  pleins  de  fil ,  &  plus 

in  un  autre  panier  rempli  de  charbons  pouren- 
enir  un  feu  égal  fous  la  marmite. 

Lorfgu'on  ne  veut  pas   f;iire  la  dépenfe  d'un , 

lirai  tourneau  >  on  peut  fç  fervir  d'uji   réchaud 
terre  de  oreufet,  dont  Tufagc  cft  fi  commufT  ;^ 
d'autres  fe  fervent  de  celui  quon  voit  dans  pref-i 

3UC  toutes  les  ctiifîncs  ;  mai«   on   y  ajoute  une. 
ouble  porte  pour  régler  plus  fûreinctjt  la  force! 
àii  feu* 

On  peut  avec  ces  fortes  de  fourneaux  tirer  le 
Itj^neui  des  trois  manières  dont  i\ii  p^r^é  ci-dcvanr. 
fe  place  où  Ton  veut  ;  l'odeur  s'évapore  pïuv 
meni  ,  le  jour   c(k  plus  beau  »  Ôt  It   poix  eft, 
fcien  plus  tôt  refroidie  :  ainû  tout  engage  à  prc-, 
Ctrer  cette  méthode. 

Aiu  &  Hmêrs ,  Tfmt  K  Pan,  Ik 


PAR 


649 


Les  peîgners  1  à  qui  il  importe  fi  fort  que  ie 

ligneul  foit  d'égale  groiTcurdans  toute  fa  longueur, 
prcférent  celui  qui  a  été  fait  dans  im  tems  froid  ^ 
à  celui  qu'on  a  fait  dans  Tété  ou  dans  une  cham- 
bre échauffée. 

Il  eft  cerraiti  que  quand  il  fait  froid  ^  la  poix 
cft  fur-lc-champ  figée  ,  &  que  le  ligneul  eft  à  la 
grofleur  où  b  élière  Ta  mis.  Cette  obfcrvatîon  m'a 
fait  penfer  que  dans  Tune  &  Tautre  faifon  ,  (\  l'on 
avoit  foin  de  faire  paffcr  le  ligneul  Aans  de  Teau  en 
fortant  de  la  filière  ,  on  lui  procurcroit  cette 
égalité  fi  recherchée ,  &  qu'on  obtient  fi  diflici- 
leraenr.  Je  vais  propofer  au  leâeur  mes  idées  à 
ce  fujet, 

ALyens  Je  rmJrt  îe  Upteul  toujours  égdU 

Le  premier  moyen  propre  à  refVoidir  prompte- 
m^nt  le  ligneul ,  eft  de  monter  Tafple  ou  îe  rouet 
fur  une  auge  de  bois  remplie  d'eau  :  pour  cela  il 
fuffit  de  pratiquer  au  milieu  de  TépaifiTeur  des 
deux  grands  côtés  une  moruife  arfez  profonde 
pour  recevoir  les  tenons  arrafés  à^%  montans  , 
dans  lefquels  eft  une  entaille  où  repofe  Taxe. 

On  voit  que  le  fil  ne  fcroir  pas  plutôt  fur 
l'afple ,  qu'étant  porté  dans  Teau  ,  il  feroît  promp- 
tement  refroidi  ,  &  que  la  poix  acquerroit  de  la 
confiilance.  D'ailleurs  ,  même  avant  d^arrivcr  à 
Teau  ,  le  fil  placé  à  côté  d*autre  déjà  très-froid 
&  mouillé,  (eroit  lui-même  refroidi,  6t  ne  pour- 
roit  s'attacher  au  fil  voifm. 

Ce  moyen  eft  fujet  à  un  inconvénient ,  c'eft 
que  la  rotation  élève  Tcau  &  en  répand  au  loin 
de  tous  côtés:  par  rapport  à  l*afple  ^  il  ny  a  de 
remède  qu*à  tenir  la  manivelle  un  peu  longue  , 
&  s'éloigner  de  l'auge  pour  n'être  pis   mouillé. 

Quant  au  rouet ,  on  peut  fe  fervir  du  même 
remède,  6c  de  plus,  placer  à  quelque  diftancc 
de  ta  roue  fur  le  bord  de  l*aiîg2  une  planch'?  ou 
autre  chofe  qui  rabatte  la  plus  grande  partie  de 
l'eau  ;  ce  que  les  couteliers  ^  dont  la  meule  trempe 
fans  ccffe  dans  l'eau ,  appeUent  rj^*j/-f«iii* 

Lt  fécond  moyen  cft  un  peu  plus  compliqué  , 
mais  il  n'cft  pas  fujet  aux  inconvéniens  du  pre» 
mier.  D^^ibord  on  place  le  rochet  fur  une  broche 
de  f^r ,  au  haut  d'une  cantre  ,  de  li  le  fil  va  an 
fond  de  la  marmite  s*abreuver  de  poîx^ôc  paffe 
par  la  filière  dont  j'ai  déjà  parlé, 

A  cité  du  fourneau  eft  placée  une  auge  de  bois 
fur  fon  pied,  &  fur  lebout,prè>  dt  tamarmice, 
s'élève  un  montant  affeniblé  à  tenons  S:  m  ^-^  , 
au  haut  duquel  eft  un  cnfoufcbemi-nt  ^  : 

une  poulie  de  ^twx  ou  trois  pouces  de  long. 

Cette  poulie  a  la  liberrè  de  tourner  fur  une 
brochî  de  fer  qui  paffe  dans  répaiffeur  du  mon- 
tant :  au  fond  de  Tcugc  eft  ;«trachè  un  bâtis  de 
bois  ,  qui  porte  une  poulie  foUs  laquelle  piff:  le 
lîgntuî  au  fond  de  l'eau  ;  enfin  ce  ligieul  va  fe 
dévîier  fur  l'afple  que  Touviier  f.»it  tourner  avec 
la  mitn  droite  tu  moyen  d'une  manivelle ,  tandis 


650 


PAR 


qu*2vec  une  baguette  il  dirige  le  ligneul  de  la 
main  gauche. 

Le  bâtis  du  fond  de  Tauge  e(l  compofé  d'une 

pièce  de  bois ,  fur  laquelle  s'élèvent  deux  moti- 
tans  percés  par  le  haut ,  pour  recevoir  Taxe  qui 
porte  h  poulie  i  ainfi  récaricment  de  ces  montans 
doit  être  à  peu-prés  égal  à  la  longueur  de  cette 
poulie. 

Il  eft  abfolument  nécelTaire  de  faire  paffer  le 
fil  fur  une  poulie  avant  d'entrer  dans  Teau  ;  car 
comme  alors  la  poix  ed  encore  liquide  ,  û  on  k 
faîfoit  gUffer  fur  le  bord  de  Tauge  ou  autre  part , 
il  perdroit  toute  la  poix  qui  a  pafTé  par  la 
filière  ,  &  s'aplatiroit  du  côté  du  frottement. 

Manitre  d<  monta  Us  peignes. 

•Le  métier  à  naonter  les  peignes  eil  une  table 
peu  élevée  ,  montée  fur  quatre  pieds  aiTemblès  par 
le  bas  au  moyen  de  iraverfes  ,  &  par  le  haut  a 
tenons  &L  mortaifes  dans   une  forte  planche. 

Cette  table  efl  uni«  au  rabot,  &  entourée  d*un 
rebord  dont  h  largeur,  outre  celle  de  la  planche  , 
cft  environ  d  un  pouce  ou  d'un  pouce  &  demi  , 
pour  qu'aucun  des  outils  ne  puilTe  tombera  terre. 

Au  milieu  de  la  largeur  &  fur  la  longueur 
font  pratiqués  quatre  trous  carrés  propres  à  re* 
cevoîr  les  tenons  des  monta  ns  ou  poupées  ,  qu'on 
y  arrête  au  moyen  de  clefî  ou  coins  qui  en- 
trent dans  leurs  entailles  ,  en  defTous  de  la  table  , 
comme  les   poupées    d'un    tour. 

Au  haut  de  ces  poupées  &  fuivant  la  lon- 
gueur de  la  table  »  eft  pratiqué  un  trou  d'un  dia- 
mètre ûiffifant  pour  recevoir  le  canon  de  fer ,  à 
l'un  des  bouts  duquel  eft  foudêe  une  pièce  car- 
rée, qui  entre  de  toute  {on  èpaifTeur  dans  une 
des  faces  de  la  poupée  ,  &  y  eft  retenue  par 
quatre  vis  à  tète  noyée  .  au  moyen  de  quatre 
trous  qu'on  y  voit,  Li  longueur  totale  de  ce  ca- 
non ,  y  compris  fa  tète  ,  cil  égale  à  L'épaiUeur  de 
la  poupée  qui  le  reçoit, 

C'eli  dans  ce  canon  que  palTe  le  boulon  de 
fer,  dont  une  partie  cft  ronde  &  unie,  &  le 
rcfte  cft  taraudé  dans  toute  fa  longueur  ;  à  la  par- 
tie pleine ,  eft  une  mortaife  carrée ,  un  peu  alon- 
^ée  ,  dans  laquelle  paiïe  la  clavette  dont  on  con- 
voi tra  bientôt  l'ufage. 

On  conçoit  que  le  diamètre  de  ce  boulon  , 
tant  delà  partie  pleine  que  delà  partie  taraudée, 
doit  être  tel  qu'il  puiiTe  couler  aifément  datis  le  ca- 
non à  mcfure  que  l'écrou  k  creille  rappelle. 

Les  clavettes  fervent  à  conicnir  les  jumelles  du 
peigne  ,  &  te  boulon  étant  attiré  par  l'écrou  , 
leur  donne  autant  de  tenfion  qu'on  en  a  hcfoin 
pour  monter  le  peigne* 

La  longueur  des  boulons  doit  être  telle  qu'on 
puiiTe  s'en  fervir  pour  toutes  les  longueurs  du 
pt;igne ,  en  ch:ingeant  les  poupées  de  place. 

Je  m'c)!p!ique  :  il  faut  qu'on  puîlTe  tenir  avec 
les  claverrcs  un  peigne  qui  fer  os  t  plus  court  que 
depuis  la  première  entaille  de  la  table  d*un  côté  , 


PAR 

jufqu'à  la  féconde  de  l'autre  côtéf  &  plus  lor!| 
cependant  que  l'intervalle  compris  entre  te  deui 
du  milieu  :  par  ce  moyen  il  n'eil  pas  de  longueur 
qu'on  ne  puîlTe  faifir. 

Ce  te  manière  de  monter  les  poupées  du  miém 
eft  fans  contredit  la  meilleure  ;  mais  ces  boulofli 
courent  un  peu  cher;  &  ^our  épargner  la  t)è- 
penfe,  beaucoup  de  pelgtiers  fc  comencem  Jua 
comme  ceux  dont  nous  venons  de  parler  j  6c  rautre 
eft  un  br>ulon  i  tête  :  cette  tète  repofe  contre  la 
poupce,  âi  r>utiem  l'efTec  que  fait  îe  tirage  de 
l'autre  qui  cil  à  Vis* 

On  ne  fauroit  abfolument  b!âmer  cette  méthode ^ 
qui  remplace  f:>rt  bien  l'autre,  âc  même  onpcitf^ 
roit  y  trouver  de  Téconomie  de  temps  ,  p«tf- 
qu'on  m  touche  qu'au  montant  à  droite^  V^am 
reibni  immobile. 

La  table  ou  le  métier  dont  je  viens  de  doniMT 
la  defcripiion  ,  n'eft  pas  d'une  gandeur  luffifaoït 
pour  y  fabriquer  des  peignes  de  toutes  les  loo- 
gueurs;aunri  plufieurs  ouvriers  ont-ils,  chaam 
félon  fon  génie  ,  cherché  à  fe  procurer  les  com- 
modités néce^aires  à  ce  travail. 

Les  boulons  à  vis  que  nous  venons  de  ym^ 
font  on  ne  peut  pas  plus  commodes  ;  on  donne 
par  leur  moyen  autant  &  aulfi  peu  de  teniifMl 
qu'on  en  a  bcfoin. 

Ceae  tenfion ,  qu'on  crolroit  avoir  détermloil 
d'une  minière  fû.e  au  miyen  des  vis,  augmesti 
à  mefure  qu'on  place  des  d^nts  dans  le  peigne  ^ 
ainft  qu'un  le  verra  en  fon  lieu  ;  Il  fiUt  donc  que 
l'ouvrier  lâche  la  visTnfenfiblemtnt ,  fa n^  quoi  kl 
coronelles  ou  jumelles  ne  pouvant  plus  fup 
porter  un  pareil  effort ,  cafferoient  blent&t. 

D*;r  plus  ,  pour  faire  un  peigne  ,  on  a  befoî«& 
paflbr  enrre  ces  jumelles  un  imlrumentqu*on  noin* 
me  fjule  ,  &  qui  leur  donne  ricanement  convr- 
n<ibe:  cet  uflenfite  ^  en  les  écartant,  les  riccovP 
cit  encore  &  augmente  la  tenfion. 

On  fe  fert  d'un  autre  métier  qui  réti nh  î'ant' 
tage  de  pouvoir  tendre  &  détendre  înfcfifiblcoieQ 
le*  jumelles  au  moyen  du  boulon  à  vis  h 
mintiiic  ,  &  de  le  prêter  plus  facilemoi 
à  toutes  les  longueurs  de  peignes*  Voici  coo- 
ment. 

Chaque  montant  etl  fixé  foUdemcm  au  ni#fcf 
de  tenons  à  enfourchement ,  fur  une  paiecf 
qui  le  déborde  de  trois  côtés ,  favotr  ,  dt  dctf 
côtés  parallèles  aux  boulons,  d*cnviroa  dcuxpP^ 
ces ,  éi  fur  la  face  intérieure  de  quatre  po«CO 
au   moins. 

Sur  les  deux  petjts  côtés  cft  praiîquic  01 
feuillure  qui  gUfte  fous  une  autre  pratiquée  ea  tbi 
contraire  10 us, les  tringles» au  moyen  de  quoios 
poupées  peuvent  s'avancer  d'une  au liî  petite  qoii^ 
tité  qu'on  le  juge  à  propos  le  long  de  ces  wm 
glcs ,  qui  doivent  être  clouées  fur  li  cable  bia 
parallèlement  entre  elles. 

Lorfqu'on  veut  les  6jtcr ,  on  ferre  eonoe  il 
table  une  y\à  à  tête  carrée  ^  qui  t^tïXx^  dans  un  écM 


I 


PAR 

plâcè  folidement  pir  defTous  la  ptancke  ou  bafe 
de  la  poupée  de  foute  (on  épaiflieur  ,  qui  doit 
ttre  cependant  moindre  que  cette  planche. 

Oo  le  fcn  d  une  clef  pour  ferrer  cette  vis  ;  & 
pour  ne  pas  ufer  le  bois  à  force  de  vliTer  &  dé- 
Tiffer  ,  on  met  fous  la  tête  de  cette  vis  une 
rondelle  de  cuivre  qui  en  fupporte  tout  le  froi- 
tcinciit. 

En  parcourant  les  diffèrens  atelters,  j^avois 
regardé  le  métier  que  Je  viens  de  décrire,  comme 
le  plus  parfait  &  le  plus  commode  ;  mais  je 
Tais  en  décrire  un  autre  que  ta  plus  grande  partîe 
des  ouvriers  etliment  davantage ,  à  ciuCç  de  fa 
grande  fimplicité. 

La  table  de  ce  mèiîcr  refTemble  parfaitement 
iu  banc  d*un  tour.  On  pratique  au  milieu  une 
fainure  de  dix-huit  lignes  de  large  ou  environ  , 
ât  prcfque  auflî  longue  que  la  table  mèmt;  les 
■lontans  dont  on  (c  Un ,  ne  font  autre  chofe  que  les 
poupées  d'un  tour.  Sa  clef  ef!  faite  un  peu  en  coin 
»Our  ferrer  la  poupée  fur  la  table  ?n  entrant  dins 
reotatUc  ;  du  rtde  «  les  boulons  paiTent  dans  les 
poupées  ,  comme  aux   autres  métiers.  Il  y  a  cc- 

Eendant  quelques  ouvriers  qui ,  pour  diminuer 
i  dcpenfe  ,  font  faire  ces  boulons  en  boîs. 
Ccft  un  coÀtt  percé  dune  mortalfc  où  entre 
la  clivette  fur  bcjuelle  on  met  les  jumeHes;  cn- 
luire  eft  une  partie  cylindrique  delà  grofleurdu 
rrou  de  la  poupée  ,  &  enfin  le  reiie  eft  taraudé 
à  la  filière  en  bois;  Ôc  on  fe  fert ,  pour  ten  ire 
les  jumelles  »  d'un  écrou  de  bois.  Le  métier 
atnii  monté ,  n'cft   certainement  pas  aulTi  folide 

au'en  fer  ;  mais  aufli  la  dépcnfe    eft  bien  moin- 
rc  :  c*eft  ce  qui  engage  beaucoup  d*ouvriers  à 
le  préférer. 

Les  métiers  dont  j*ai  parlé  jufqu^lci ,  font  com- 
munément conftruits  dans  la  proportion  de  quatre 
pieds  ou  quatre  pieds  &  d:mi  ;  mais  cette  lon- 
gueur neil  pas  lufEfante  pour  beaucoup  de  pei- 
gnes ^  qui  ont  fouvent  jufqu*à  trois  aunes  &  de- 
jnîe  de  long. 

II  faut  des  métiers  capables  de  les  contenir  ; 
suis  comme  lis  tiendroient  trop  déplace,  on  les 
£aj|  ordinairement  de  plufieurs  pièces ,  qu'on  afTem- 
ble  Ôc  qu'on  démonte  à  volonté ,  fuivant  le  befoin. 
Un  méfier  eft  compofé  de  trois  parties  ,  dont  les 
1      deux  citrémiiés  s'aiîembknt  au  moyen  détenons 
H^ui  entient  dans  dcsmortaifes  pratiquées  fur  Té- 
^ntiffeur  de  la  partie  du  milieu. 
^r   Aux  parties  de  droite  &  de  gauche  eft  pratî* 
■  i|oè  un  certain  nombre  d*entaiUes,  pour  recevoir 
le  montans  »  &  le  boulon  à  vis  fupplée  à   leur 
iBobiljié. 

La  longueur  totale  de  ces  trois  parties  doit  être 
de  quatorze  pieds  trois  pouces,  pour  y  fabriquer 
il  rali'e  un  peigne  de  trois  aunes  &  demie  de 
long,  qui  ne  font  que  douze  pieds  fut  pouces  ; 
il  rcfte  donc  dix-fcpt  pouces ,  tant  pour  Icslmon* 
fans,  que  pour  la  diflance  des  preoiiéres  entailles 
^muM  tttriisités. 


VA  R 


65. 


^ 


Quelque -iiriseonftruifent  ce  baftcde  manière  que  la 
partie  du  milieu  eA  affemblée  avec  des  charnières 
à  Tune  des  deux  autres  ,  &  fe  replie  par-delTus. 

Quand  on  veut  s'en  fervir  ,  on  ahaifTe  ce 
milieu  qui  vient  fe  joindre  à  l'autre ,  au  moyen 
des  tenons  &  mortaifes  :  on  peut  encore  fépa- 
rer  la  partie  du  miliea  en  deux  ,  &  en  faire  te- 
nir une  à  un  bout ,  &  Paucre  à  Tautre. 

On  fe  fert  encore  d'une  autre  efpéce  de  métier , 
avec  lequel  on  peut  faire  des  peignes  de  toutes 
les  longueurs  ;  ce  n'eft  autre  chofe  que  deux  mon- 
tans plantés  folidement  chacun  dans  tme  planche 
un  peu  large,  pour  pouvoir  les  retenir  à  Técar- 
tementdont  on  a  beloin  ,  au  moyen  d'une  gro^Te 
pierre  dont  on  les  charge  ;  ou  ,  en  place  de 
pierre  ,  le  montant  à  droite  efl  fine  au  moyen 
d  un  crochet  de  fer  enfoncé  dans  le  plancher  , 
&  Tautre  eft  chargé  d'une  pierre 

Comme  f  ouvrier,  en  travaillant ,  a  befoin  de 
plufieurs  uflenfiles  ,  ainfi  que  d'une  certaine  quan- 
tité de  d^nts  qui  doivent  compofcr  le  peigne  ^ 
on  a  imaginé  de  conflruire  une  table  fort  petite  » 
qu'on  promène  de  tous  côrés ,  &  qui  eft  beau* 
coup  plus  baffe  que  les  boulons  des  montans. 

ljorfqu*on  fait  de  ces  peignes  de  longueur  extra* 
ordinaire  ,  il  eft  ncceffaire  de  tenir  les  jumelles 
un  peu  plus  larges  &  plus  épailTes  ,  &  même 
on  leur  donne  un  peu  plus  de  foule  (  qui  eft 
la  hauteur  du  peigne  )  \  leur  longue  portée  les 
fait  plier;  &  fi  Tonner  apportoit remède,  le  pei» 
gne, après  être  fait,(eroit  un  peu  courbe  :  c*eft 

fjour  prévenir  cet  inconvénient,  qu'on  place  fous 
es  jumelles  un  fupport  auquel  on  eft  maître 
de  donner  telle  élévation  qu'on  déftre,  par  les 
moyens  qu'on  va  voir. 

Un  prend  une  planche  à  peu-près  carrée  »  aurni* 
lieu  de  laquelle  onfaitunemortiife  qyi  reçoit  le  te- 
non du  montant ,  &  au  haut  de  ce  montant  eft  une 
entaille  en  cnfourchement,  propre  à  recevoir  une 
planche  fur  fon  épaifteur  :  cette  planche  eft  retenu  au 
moyen  de  la  cheville  qui  paffe  dedans  &  dans  le  mon- 
tant ;  mais  pour  atteindre  plus  exaâement  la  hauteur 
des  jumelles  ,  au  lieu  d'un  trou  rond  dans  la 
planche  ,  on  y  fait  une  rainure ,  &  on  la  fait 
monter  ou  defcendre  à  volonté  au  moyen  de 
coins  de  bois  ou  de  canne  plus  ou  moins  épais  ^ 
dont  on  la  calle  par-deffou$. 

On  foutient  encore  ces  jumelles  avec  un  C0uf 
fin^  qui  n'eft  autre  qu'un  morceau  de  bois  de  la 
forme  d'un  paralléUpipède  ,  qu'on  met  fur  la 
table  à  mefure  que  le  peigne  avance  ,  tandis 
qu'avec  le  fupport  on  foutient  la  partie  faite ,  & 
fouvent  même  on  en  met  un  fécond  entre  la 
table  &  l'autre  montant ,  lorfque  les  peignes  font 
forts  long%  ;  mais  tl  faut  avoir  grand  foin  decon- 
ferver  au  peigne  une  poGtioo  bien  horifontale 
&  bien  droite. 

j^près  avoir  décrit  toutes  les  opérations  &  uf- 
tenfiles  néceftalros  à  la  fabrication  des  peignes  « 
je  paffe  à  la  manière  de  les  monter* 
N  n  n  n  i} 


►  52 


PAR 


Pour  cet  effet,  dans  h  mortalfe  du  bout  de 
chaque  boulon,  on  place  un  tenon  éc  fer  plus 
long  que  la  plus  grands  hauteur  des  peignes  »  & 
dont  Tépiiffeur  doit  être  égale  a  la  moindre  lar- 
geur des  dents  de  canne  ;  au  lieu  que, s'ils  étoîeni 
trop  épais  »  on  ne  pourroit  pas  $*en  fervir  pour 
des  dents  plus  étroites.  * 

Il  faut  d'abord  avoir  foin  que  les  jumelles  foient 
placées  bien  horift^ntalcment ,  ce  qui  dépend  en 
grande  partie  de  la  hauteur  des  poupées  le  de 
la  pofttion  des  tenons.  Il  taut  auiH  que  les  ju* 
nclles,  dont  Técorce  eft  en  dehors,  loient  bien 
parallèles  ,  &  fanent  un  angle  droit  avec  les  te* 
nons  ,  car  de  là  dépend  la  perfeâion  du  pei- 
gne. 

On  attache  les  femelles  deax  à  deux  par  leurs 
bouts  avec  de  la  ficelle;  &  pour  que  la  tenfion 
des  boulons  ne  la  puiffe  pa^»  taire  gliffer,  oo  fait 
une  encoche  au  bout  de  ces  jumelles  ,  où  fe  loge 
la  ficelle  qui  ne  peut  plus  en  fortir.  Dans  cet  état 
il  ]i*eit  plus  qucilion  que  de  mettre  les  dents 
en  place. 

Pour  s*afri]rer  d'un  icarrement  égal  entre  cha- 
que couple  de  jumelles ,  oo  fe  fert  d'un  inftru- 
ment  qu'on  nomme  faufe  ,  qui  n'eft  autre  chofe 
qu'un  morceau  de  bois  entaillé  àcffus  âc  defTous 
de  rainures  qui  reçoivent  les  jumelles:  ces  rai* 
nures  doivent  è:rc  bien  parallèles  entre  elles  6l 
avec  celleit  de  l'autre  fece  ;  c'eft  leur  écartement 
qui  régie  la  hiureur  du  peigne  ,  &  Ton  déter* 
mine  par  une  ligne  ^  ce  qu'on  appelle  en  terme 
de  fabrique  Lt  hauteur  de  la  foule. 

On  ne  court  aucun  rifqu5  de  faire  ces  entailles 
un  peu  plus  larges  que  les  juraelles  qu'on  y 
place  y  car  comme  elles  appuient  vers  les  faces 
intérieures,  c\A  toujours  U  ligne  qui  règle  Té- 
carte  ment. 

Les  pîigners  ont  ordinairement  pluficurs  fouhs 
fulvanc  les  différentes  hauteurs  qu'ils  veulent  don- 
ner aux  peignes.  Ces  hauteurs  foiat  quelquefois^ 
données  par  les  fiibricans  eux-mêmes  i  raaiscom* 
mu  n  entent  c^es  varient  fui  vaut  le  genre  d'étoffj 
auquel  on  doit  employer  le  peigne  ,  ou  fcloi. 
réjjaiffîur  qu'on  doit  ffonner  aux   de  its. 

Voici  comment  cela  doit  s  entendre.  Si  le  pei- 
ne doit  conieuir  les  dents  tris- fines,  &  pur  con- 
équeî'-r  plus  Ijrges  u*à  rorjtn^irc,  ou  qu'on  ait 
befoin  àj  plus  le  hiUt-ur,  c'eft  la  foule  qv«i  la 
règle;  G  au  contra-rr  les dcn^s  doivent  itrc  minces 
&  étroites  ,  il  faut  que  fc  peigne  f^it  moins 
h.^ut ,  pour  qu'il  p;ij.7c  tkûA^f  aux  coups  multi 
plies  qu'il  éprouve  contre  la  tram^;  ik  fi  Ton  n^* 
fuivoit  pas  de  règles  certainci  là  deiTus ,  un  pei- 
gne dèpérîroit  bij^ntût» 

On  ne  peut  s'en  écarter  qu'en  donnant  plm 
de  largeur  aux  dents  quand  «rtles  font  minces,  ^ 
ce  qu'on  perd  d'un  côté  fe  retrouve  de  Tautre. 

Il  eA  vr^ii  que  ks  fîU  de  la  chaîne  e^Tuient  p^us 
de  frûttcmeat  entre  des  deois  larges ,  que  quand 


fi 


elles  font  plus  étroites  j  mais  la  folîdîti  do  p^* 
gne  eft  une  loi  dont  on  ne  fauroit  s'icartcr.  U 
règle  générale  eft  que,  toutes  les  dimenfioDs  ob^ 
fcrvécs,  il  ell  bon  de  donner  plutôt  plus  de  hav* 
teur  que  moins. 

Une  autre  difficulté  que  tous  les  peigners  m 
font  pas  en  état  de  furmonter  ,  c'cft  le  rapport  de 
la  hauteur  qu'on  doit  donner  aux  peignes  avec 
leur  longueur;  car  fi  Ton  veut  donner  deux  poveoi 
&  demi  de  foule  k  un  peigne  qui  doit  avoir  vii^ 
pouces  de  long  ,  &  qu'avec  de  pareilles  demi  oc 
veuille  en  faiie  un  de  trente  pouces  de  lanèas 
foule  ,  il  eft  certain  que  le  pcigtie  ne  fera  p^ 
aflei  folide  ,  pulfqu'avec  les  mêmes  disseoGomS 
eft  d'un  tiers  plus  long. 

Il  faut  donc  dans  ce  cas  tenir  les  jim elles  li 
peu  plus  larges  ,  èi  donner  un  peu  iii<  ms  de  lb«ikL 
Ce  que  je  dis  ici  de  ces  deux  peignes  »  doit  sW 
tendre  en  cas  qu'ils  foient  aufti  en  proponki 
par  rapport  aux  dents  ,  &  que  celui  de  vingt  p9i* 
ces  «n  ait  huit  cents  ,  &  l'autre  douze  cents* 

Tous  ces  foins  font  du  refTort  du  faliricant  | 
puifquM  y  a  fi  peu  de  peiguers  en  état  de  ce»* 
duire  des  peignes  fuivant  ces  régies. 

If  faut  encore  éviter  un  défaut  dans  lequel  «fl 
tombe,  pour  vouloir  donner  de  la  folidltèàna 
peigne,  c'eft  de  laiiîcr  trop  de  canne  :  on  doit 
l'évider  autant  qu'il  eft  poifible  ;  car  fi  la  foicct 
houchonmiife  ,  ou  qu'elle  n'ait  pas  tour  Tappcèt 
convenable  ,  fi  les  dents  font  trop  larges  outrof 
épaiffes  ,  eUes  ne  permettent  pas  aux  h^uc^m  et 
piHTer  ,  &  même  elles  écorcheni  la  fote  dont  k 
peu  de  tors  ne  lui  permet  pas  de  réfiilet. 

Ce  que  je  dis  ici  eft  applicable  à  toutes  fortes 
de  peignes ,  tant  pour  les  étoffes  de  foie  que  pont 
TOUS  les  autres  tiUu» ,  parce  qu'il  n'eft  point  4e 
matière  ou  il  ne  fe  rencontre  des  inégalités  ;  lixfi 
on   ne   fauroit  y  donner   trop  d'atientioii. 
J'en  reviens  au  montage  des  peignes. 
Nous   venons  de  voir  que   le  pr^ncipal  f:h0> 
de  la   foule   eft  de  déterminer  la  nautear  tin  •>*•- 
gne  i  un  autre  avantage  «on  moîni  confi 
cil    de    procurer  affez    d*écarîemcni   ch! 
que  couple   de  jumelles    pour  y    paiTer  la  bas» 
svec  laquelle  on  letre  les  dents  lei   uni»  tmm 
les  autres. 

Cette  batte  n'eft  autre  chofe  qu'il  rie  Ume  de  fe 
à  peu-près  de  l'épaifteur  des  dents  qu'on  ca  iWie* 
iVL  d'/iit  la  largeur  d'environ  deux  poi  '     \àt 

d'un  bout  à  l'iuire;  fa  longueur  cA  c\  m 

.ouces.  On  y  réferve  une  foie  pour  rcgtmàaJet 
comme  un  couteau, 
I  Lorf^ue  tout  cil  dtfpofé  comme  on  vîctttëik 
jiie  ,  on  pLce  la  première  |arde  ,  &  on  en  an€8t 
}es  tenon*^  entre  les  quatre  lumctlcs  au  m  yeudi 
trois  ou  quatre  tours  de  tigticul  qui  fe  Cïciîlfift 
les  uns  Us  autres ,  &  qu'on  ferre  avec  fmc^ 

Il  cil  ciTentlel  que  Ici  tenons  de  ce»  g4fdc«  Ci' 
cèdent  la  largeur  des  jumcUcs  ^  taiu  pcMir  an&ff 


n 


JAR 


B^AîR 


^n 


le  llgnepl ,  çue  foxxr  fcrvir  de  mcfiire  à  la  hau- 
teur des  dems  dans  toute  la  longueur  du  peigne  ; 
le  îc  corps  de  ces  gardes  doit  être  parfaitement 
é«l  à  ta  hauteur  de  la  foute  «  puifqu'une  fois 
pbcies  par  un  bout  ,  elles  ea  icrvçnt  elles- 
mtmtcf. 

Quand  II  preoilère  garde  eft  atnC  zuèiic ,  on 

fait  encore  deux  ou  trois  tours  de  ligaeul ,  tant 

peur  Itri  donner  plus  de  folldité  ,  que  pour  meurt 

une   diftance  entre  elle  5c  la  première  dent  ;   on 

fsrtc  ce  tigneul ,  6t  prenant  la  baue  de  la  main 

d/otte»  on  la  fait  pafîer  entre  les  quatre   jumel 

^^  ,  êî.  Von  frappe  fur  le  lîgneul   pour  appro* 

H^bcr  les  tours  ïti  uns  des  autres  :  on  fe  fcrt  de 

^lancs  de  différentes  épaiffeurs  félon  la  larg^-ur  des 

dents ,  pour  que  le  coup  porte  par-tout  également. 

ÉLa  première  dent ,  qu'on  nomme  dent  de  force  ^ 
Itft  pas  une  de  celles  qui    compoferont  le  pei- 
ic ,  &  cft  beaucoup  plus  êpaine  fur  ta  même 
rgeur  ;  on  Tarrêtc  par  deux   tturs  de  ligneul  , 
en  ff-pDant  k  chacun  ;  puis  on  met  huit  ou  dia 
dents  tie   lifière  ,   entre  chacune    d:fquelies    on 
pimce  un  tour  de  ligneul  en  frappant  toujours  avec 
^Ja   balte  :  cet  d;nts  de  lifière  doivent  avoir    en- 
Bifiron  le  double  d*épaifleur  de  celles    du  corps 
rên  peigne. 

La^  méthode  de  ceux  qui  font  ces  dents  avec 
ién  fi\  d*archal  aplati  ,  ett  préférable  à  ceDe  de 
ne  mettre  que  de  la  canne,  parce  qwe  ces  dents 
hppontni  la  plus  grande  fatigue  ;  il  feroit  même 
^lus  à  propos  de  les  f^ire  .ivec  du  fil  d'acier 
iptari  ,  qui  eft  toujours  plui  uni  que  le  fer. 

Il   faut  ,    après    avoir    mis  les    dents   à    des 

Ilifières  en  place  ,  examiner  fi  elles  occupent  Tef- 

mace  qu'elles  doivent  y  occuper  fur  chaque  couple 

ïdc  jumelles  ;  &  Q   elles  font  plus  écartées  furies 

innés  que  fur  les  autres  ,   on    les  force    avec   la 

l^ne  à  s'arranger  comme  il  convient, 

I      Quand  cette   opération   eft    faite  »  on    marque 

I  un  Doint  fur  chaque  jumelle  endefTus  >  tout  contre 

pJa  dernière   dent  qu*on  vient  de  placer ,  &  c'efl 

deli  qu'on   fiie   la  longueur  qtic  le  peigne  doit 

•T<itr  ,  en  pofant  fur  ce  point  le  bout  de  hmc 

\  fore  qui  doit  lui  fervir  de  règle  ;  6l  rextrémitc 

I  de  cette  mefurc  qu'on  m.irqne  par  un  point ,  efl 

IVfidruit  où  on  doit  placer  la   dernière  dent  du 

perco*. 

K       tnfmte,  avec  un  compas ,  on  prend  la  diflance 

B  qu  a:ciioe'*t  les  dents  des    iifiéres   qu'on  a  déjà 

~  pliî  on    II   porte  à    Tautre   bout,  pour 

oe  que  de  très.  •  fymàtrique  &c  dé^J, 

a  faut  aprèv   cela   divifcr   tout  cet   ctpace  en 

poticts ,  demipoyces    &    quarts    de  pouces  ,  & 

marquer  toutes  ces  divîfioos  par  desHgnes  diffc- 

•  wcn$  ,  pour  ne  les  pas  confondre. 
On  peut  ,  par  exempte,  marquer  toutes  les 
dîflanccs  d'un  pouce  par  quelque  ligne.  Cette 
insn,êrede  m-ir^uer  les  divifions  fur  les  jumelles 
vane  ^  Tùifini ,  futvant  Tidce  de  chaque  ou- 
Trier»  ki   uns  font  toutes  les  dlflanccs  &  ne 


Ici  marquent  pas  par  des  points  :  d'autres  font 
trois  points  en  largeur  aux  pouces  ,  deux  aiix  deiiû* 
pouces  ,  Se  un  atix  quarts  de  pouce*  D  autres  di* 
vifent  leurs  peignes  par  portées  &  par  denû'( 
portées. 

Ces  portées  ne  font  autre  chofe  qu'un  nom- 
bre déterminé  &  connu  de  dents ,  comme  pa^ 
vingt  ou  par  quarante  :  il  y'  a  des  province* 
où  la  portée  eft  de  quarante  dents  ^  dans  d'au* 
très  elle  efl  de  vingt ,  &  dans  d  autres  elle  eft 
de  dix. 

Ainfi  ceux  qui  divifent  la  portée  en  quarante  • 
dents  ,  ayant    à   fabriquer   un   peigne   de    mille 
dents ,  par  exemple  ,   rappelleront  de  ving-cinci 
ponécs;  ceux  qui  h  divifent  en  vingt,  rappel- 
leront de  cinquaiitc  portées  ;  &  enhn  ,  fi  la  port  ( 
tée  en  contient  dix  ,  ce  même  peigne   fc  fiotnT. 
mera  cent  portées  :  }*ai  dû  prévenir  de  touti^s  cesl 
différences,  pour  rendre  compte  des   ufages  dçJ 
tous  les  pays*  1 

Cetre  détermination  des  portées  eft  fufccptiblè  I 
de  repréfenter  diuérens  nombres,  même  parmâJ 
les  ouvriers  d'une  m6me  province  ,  fuivî»nt  ledè-l 
nominatcur  des  frjfiions  qu*elles  repréfenient  |J 
ainft  la  portée  que  nous  venons  de  voir  être  IçJ 
vingt-clnquicme  d*un  peigne  de  mille  dents,  8cj 
en  contenir  quarante  ;  fi  le  peigne  eft  à  huit  cents  ml 
la  portée  de  quarante  denrs  fera  ijn  vingtième  ^  I 
celle  de  vingt  ,  un  quarantième ,  6cc,  enf<jrteT 
que  es  rapport  fuit  celui  de  la  fr.âion  à  la  porfl 
lée. 

On  a  au  m  coutume  de  fe  fervir  dans  les  fat 
briques  ,  d'exprclTions  qui  indiquent  le   ncmbr 
de  denti  donc  un  peigne  eft  compofé,  la  poriéfj 
étant,  comme  on  dit,  un  vingt  de  peigne,  ug|1 
quarante,  &c.  fans  les  Iifiéres,  ou  avec  les  li^J 
fïères  ,  parce  qu'elles  paflTcnt  ordinairement  pot 
une ,  pour  deux  ou  pour  quatre  portées* 

Ceux  qui  comptent  les  portées  d  un  peigne  [ 
quarante  dents  ,  t egardent  les  deux  Itfières  comm^ 
une  portée  ;  ceux  qui  les  comptent  par  vingt ,  " 
comptent  par  deux  portées  ,  ficc 

On  a  jugé  à  propos  de  divifer  ainfi  les  dent 
des  peignes  par  portées  ,  par  rapport  au  nombre 
des  n!s  des  chaînes  auxquelles  ils  doivent  fervir  j 
on    trouvera   que    dans  certaines  provinces  le 
portées  font  de  quarante    fils  ,  &  dans  d'autre 
elles  font  de  quatre-vinets,  tandis  que  beaucou^^i 
de  fabricans  d'étoft^es  de  laine   &  de   ttfterandi] 
les  fixent  touits  â  vingt. 

n  eft  peu  de  genres  d'étoffes,  de  la  chaîne 
laquelle  on  |»uifte  placer  moins  de  deux  fils  dac 
chaque    dcm  ùu  peigne  ;   il  fuît  de  là   t^e  c 
font    les  comptes   des   portées  des    chaînes  qu 
ont    déterminé    ceux  des    dents  ^  &   pour  s'e 
convaincre,  il  ne  faut  que  faire  attention  qu*un 
portée  de  quatre-vingts  fJs  occupe  quarante  £ 
ààn%  le  peigne ,  une  de  quarante  en  occupe  vingt , 
&  ainfi   des  autres  :  du  U  vient    que    ceux  ont 
^  compofent  la  portée  d' uoc  iliainç  de  quarante  fils. 


654 


PAR 


par  exemple  ,  appellent  un  peigne  de  mille  detits 
du  nom  de  cinquanie  porrées  ;  &  Ci  ces  portées 
de  la  chaîne  font  compofées  de  vingt  fils ,  le 
même  peigne  fe  nommera  de  cent  portéci. 

Cette  variété  caufe  un  embarras  afTez  grand  à 
ceux  qui  parcourent  les  différentes  provinces  : 
il  feroit  à  fouhaiter  que  les  dénominations  &  les 
idées  qu'on  y  attache  fuffent  uniformes. 

Les  fabricans  de  Paris  ont  remédié  à  cet  incon- 
vénient ;  ils  défignent  leurs  peignes  par  le  nom- 
bre de  dents  dont  ils  font  compofès  :  ainfi  Ton 
dit  un  mille,  un  neuf-cents,  &c< 
La  feule  diiHculté  e(k  ^  que  quelques-uns  compren- 
nent dans  ce  nombre  les  Ulières  ,  &  les  autres  ne 
les  y  comprennent  pas  ;  mais  plus  ordinairement , 
quel  que  foit  le  nombre  par  lequel  on  défigne 
un  peigne  ,  on  n*y  comprend  pas  les  lifières;  & 
Ton  regarde  comme  étrangère  à  Tétoife  ,  cette 
partie  qui  ne  fert  qu'a  en  faciliter  la  fabrication  , 
puifqu^on  la  caupe  ou  remploie  toujours. 

Les  peigners  qui  divifent  la  longueur  des  ju- 
melles par  portées  ,  doivent  fur-tout  connottre 
combien  il  en  faut  placer  en:re  les  lifîéres  ;  alors 
ils  divifent  cette  diflance  en  autant  de  parties 
égales  qu^elle  doit  contenir  de  portées. 

Par  exemple  ,  û  Ton  veut  faire  un  mill^  de  pei- 
gne (  expreffion  adoptée  qui  fignifie  un  peigne  à 
mille  dents  ,  &  non  pas  un  millier  de  peignes  » 
comme  il  feroit  plus  exaft  ) ,  on  divife  fon  éten- 
due en  vingt-cinq  parties  égales;  pour  un  huit  cents 
onledivifeenvingt;;jourunneyfccntsenvin^tdeux 
&  demi ,  dont  chacune  contiendra  qiiaranic  dents. 

Mais  comme  il  feroit  difficile  de  les  y  placer 
toutes  >  parce  qu'on  ne  fauroit  ]uger  dans  un 
aufTi  grand  efpace  fi  on  le^  ferre  comme  le  nom- 
bre Tciige  »  il  eil  plus  fur  de  fubdivifer  chaque 
divifion  en  deux  parties  ^  dont  chacune  doit  cou* 
tenir  vingt   dents. 

Il  y  a  même  des  peigners  qui ,  pour  plus  d  exac- 
titude ,  fubdivifent  en  quatre  lie  même  en  huit  par- 
ties :  ils  font  plus  fùrs  d'obferver  récartement 
convenable  entre  chaque  dent  ^  au  li^u  que  les 
dtvifions  étant  grandes  ,  on  n3  s'aperçoit  qu  a 
la  fin  A  le  nombre  requis  de  dents  pourra  ou 
ne  pourra  pas  y  entrer;  8t  s\\  ne  peut  y  en- 
trer, on  force  av4c  la  h?ne  les  dernières  à  fe 
rapprocher  plus  qu*il  ne  f-ut ,  tandii  que  les 
yrem  ères   lom  trop  efpacées. 

Cette  régularité  f>cuc  cependant  devenir  mlnu- 
ticufe,  fur-tout  lorfque  les  comptes  des  peignes 
f>nt  fort  Jtrif  ;  car  fi  pour  un  mille  ,  fur  vingt 
pouces  de  Urgcur ,  on  fait  une  divifion  pour  cha- 
que cinq  ds:nis,  chaque  divifion  aura  à  peu  près 
une  ligne  de  large  ,  puifque  chaque  pouce  doit 
contenir  cinquanie  dents  ,  ce  qui  fait  quatre 
dents  &  un  fixiéme  dans  chaque  ligne  ;  &  il 
faudrott  dans  TcTpace  de  vingt  pouces  deux  cents 
diilances^  dont  chacune  contint  un  peu  plus  de 
quatre  dents, 

11  femble  qu'il  fcroît  plus  à  propos  de  dîvîfcr  l 


PAR 

la  longueur  des  jumelles  en  pouces ,  demi-p^BCCS 
&  ou  arts  de  pouces  ^  parce  qu'on  peut  ^voirnoe 
meiure  d'une  aune  toute  divifée  ,  qu*tl  fuAt  àt 
préfenter  aux  jumelles  pour  y  tracer  les  dirifiom 
qui  font  toutes  faites  ;  &  moyennant  cette  ûpè 
ration  ,  il  fuffit  au  peigner  de  Civoir  coizibiea  te 
peigne  qu'il  va  faire  »  doit  contenir  de  detiis  ptr 
pouce;  &  comme  on  a  vu  que  les  d€m%  &  le 
lîgneul  ont  dû  être  jaugés  fui  vaut  U  pUce  qnik 
doivent  occuper  furie  peigne,  U  lui  eft  facile  <le 
s'y  accorder, 

Suppofons  qull  ait  à  faire  un  douze  ceots  ta 
trente  pouces  ,  il  entrera  quarante  dents  par  potioei 
fi  c'eft  un  neuf  cents  fur  vingt  pouces,  u  y  a 
entrera  quarante-cinq.  £t  pour  tous  les  c^  tl  fo^ 
fit  de  favoîr  le  total  des  dents  &  le  nombre  dei 
pouces  ;  on  en  conclura  atfément  pour  les  deait 
6l  les  quarts  de  pouce. 

Il  ed  à  propos  de  divifer  les  [um elles  en  de- 
mis &  en  quarts  de  pouces  ,  pour  être  plus  fit 
de  la  luflefte  des  opérations;  néanmoins  ,  conuoe 
ces  foufdivifions  donnent  fouvent  des  fraâiofis, 
je  vais  prendre  pour  exemple  deux  cas  ou  tl  sa 
rencontre. 

Nous  venons  de  voir  iiu*un  neuf  cents ,  for 
vingt  pouces  de  largeur,  dmt  contenir  qul^utt^ 
cinq  dents  par  pouce,  ce  fera  vingt -deux  le 
demi  par  demi  pouce  ,  &  onze  un  quart  par  qtcirt 
de  pouce;  il  faut  avoir  attention  k  chaque  qtnn 
de  pouce ,  û  Ton  remplit  à  infiniment  peu  préf 
t'efpace  déterminé ,  de  même  aux  demi-pôacef , 
&  enfin  on  vient  à  bout  de  tomber  jufle  aux 
pouces. 

Le  fécond  exemple  que  je  vais  propofer  efl  td, 
que  les  fraiflions  qui  viennent  à  chaque  ponce  , 
s'accordent  avec  quelques-uns  &  ne  s'accordefll 
pas  à  d'aytres  :  je  m'explique.  Ces  fradtons  fbo 
telles  ,  que  de  pouce  en  pouce  elles  ne  tombcit 
pas  jufle ,  &  ne  compofent  pas  un  nombre  en* 
tier  de  dents;  mais  dans  un  retour  ég^l  d'à 
certain  nombre  de  pouces ,  les  fraâions  s*iti* 
noui^Tenr. 

Soit  un  huit  cent?  dents  de  peigne  fur  dêls 
huit  pouces  de  longueur  ,  chaque  pouce  coi  ^ 
dra  quarante-quatre  dents  J  ,  &  ces  f 
ne  formeront  de  nombre  complet  qu*à  l 
du  peigne  ,  parce  que  de  tous  les  nombrai 
lefquels  on  peut  divifer  dix-huît  pouces  «  il  ■% 
en  a  que  neuf  qui  donnent  un  nombre  entier,  â 
que  les  autres  font  tous  fra£tionnaires« 

On  ne  fauroit  éviter  ces  frayions  ni  &  iSk 
penfer  de  cette  exaélltude ,  lorfqu^on  monte  ms 
peigne  ;  car  comme  les  largeurs  des  itoles  fod 
ordinairement  limitées  ,  on  ne  s^en  écarte  ne 
trèsrarement  :  d*ailleurs  les  peigners  oefempi 
maîtres  d'ajouter  des  dents  ,  ni  d*ea  retranchai 
pour  rendre  leurs  nombres  ronds  ,  parce  que  k 
nombre  de  dents  doit  s*accorder  avec  celui  éa 
fiU  qu*on  met  à  la  chaîne  &  avec  U  larKv^t 
rétoffe.  • 


I 


I 


II  cft  vrai  cependant  que  ,  fyritnc  quantité  de 
dents  fon  minces,  on  peut  en  ajourer  une  ou 
deux  ;  mais  fi  dans  le  dernier  exemple  on  né- 
gltgeoit  ta  h-aâion  |  par  pouce  ,  il  manqueroit 
fur  U  totalî  é  du  peigne  huit  dents  ^  &  ij  on 
voulait  les  ajouter  au  bout  du  peif;ne  ,  on  le 
rendroit  trop  \on%  d'environ  deux  lignes  &  de- 
mie :  ainfi  Ton  totubefolt  toujours  dans  le  même 
ÎDConvénienr. 

Plus  le  nombre  de  dents  eft  confidérable  dans 
Il  tot^îifc  du  peigne  ,  moins  les  traéïtons  devien- 
nent fcnfiblei  fi  on  le*  néglige  ;  &  quand  ce 
nombre  tï\  petit  ,  il  faut  en  tcmr  compte  foi- 
goeufement. 

On  vient  de  voîr  que  fur  un  peigne  de  huit 
IDCfits  dents  »  les  fraélions  négligées  tiifoient  une 
différence  de  plus  de  deux  lignes  ;  H  ce  peigne 
a'avoit  que  cinq  dents  fur  la  nie  me  largeur  ,  il 
comîendro.t  vin^t-fept  dents  }  par  pouce  i  cette 
fiadion ,  négligée  à  thique  dent  ,  donncroit  un 
délîcft  de  quatorze  deiits  ;  &  fi  on  vouloir  les 
m|Outer  enfuite»  le  peigne  auroit  prè<  d'un  dcmî- 
pouce  de  plus  qu1l  ne  doit  avoir. 

On  peut  éviter  les  fraélions  dans  beaucoup  de 
cas  ,  en  remplilTant  néanmoins  la  longueur  du  pei- 
gne du  noinore  de  dents  qu'il  doit  avoir  :  voici 
comme  il  faut  s*y  prendre. 

Je  fuppofe  que*le  nombre  de  dents  donne  une 
'  fraction  par  pouce,  qui  rende  le  rfa\ail  diUîcilc  ; 
:  on  peut  alors  abandonner  la  divifion  par  pauces, 
^     &  le  fervir  de  ceïle  par  portées  ^  demi-portées, 

I quarts  ,  &c.  ou  tel  autre  nombre. 
Les  fubdiv  fions  que  je  recommande  font  très- 
utiles  p  lur  corriger  les  erreurs  que  rinêgalitc  des 
coups  de  batte  occafionne  fouvent;  &  lorfqua 
chaque  fubdivifion  on  s^aperçott  qu^on  ne  fe 
rencontre  pas  juf!c  fur  chaque  paire  de  jumel- 
les ,  on  frappe  un  peu  plus  fur  le  côté  qui  avance 
frop. 
Il  peut  arriver  auffi  #  quoique  très  -  rarement  , 
t)u*on  ait  trop   frappé   avec  la  batte  ,  &  qu'alors 

t)es  dents  occupent  moins  d*efpace  que  la  fubdivi- 
fion ne  marquait.  Lorfqu*on  s'en  aperçoit ,  c'eft 
une  preuve  ,  non  pas  qu'on  a  trop  ferré  ,  car  on 
ne  fauroit  trop  le  faire ,  mais  que  te  ligneul  cù 
trop  menu ,  &  alors  il  faut  en  prendre  de  plus 
gros. 
Lorfqu'un  ouvrier  a  une  fois  adopté  une  ma-^ 
nîére  de  divifer  la  longueur  de  fon  peigne  ,  il 
doit  continuer  de  s'en  lervir  «  fans  quoi  il  rifque 
de  confondre  Tune  avec  Tautre ,  6c  de  fe  tromper 
dans  le  nombre  de   dents. 

Il  cft  certain  que  (a  divifion  par  pouces  ,  demi- 
|K>uces ,  &c.  efl  plus  fûre  que  celle  par  portées  , 
parce  que  celle-ci  ne  contient  pas  un  efp^ce  égal 
dans  toutes  fortes  de  comptes  de  peignes  ,  & 
mi  elle  virie  dans  prefque  tous.  Je  vais  rendre  cela 
icnfible  par  des  exemples. 

Ayant  à  confiruire  deux  peignes ,  dont  Tun  ait 
mille  dencs  fur  vingt  pouces  i  &  l'autre  .quinze 


cents  fur  trente,  les  portée?  de  l'un  fe  rappor- 
teront avec  celles  de  Tau  ire  ;  mais  fi  Ton  veut 
faire  un  neuf  cents  fur  vingt  pouces,  ou  un  mille 
fur  dix  -  neuf  ou  fur  vingt-deux  pouces,  ou  un 
neuf  cents  fur  dix-huit  pouces,  il  n'eA  pas  poA 
fiblc  de  trouver  de  rapport  entre  les  portées  des 
uns  &  des  autres  :  il  faudra  donc  autant  de  dif- 
férentes mefures  pour  dtvifer  chacun  par  portées  ; 
ou  pluiôt  ,  il  fa  ut  à  chaque  changement  de  pet* 
gne  ,  combiner  les  moyens  de  divifer  les  ju- 
melles en  autant  de  parties  qu'elles  doivent  con- 
tenir de  quarantaines^  de  vingtaines,  de  dtxaines 
de  dents,  &c. 

Cette  difficulté  n*ciiftoit  pas  autrefois,  parce 
que  ks  ccmptcs  des  peignes  étoient  f  rcfque  fixés 
pour  toutes  fortes  d'éttffes  >  \ts  largeurs  &  le 
nombre  des  brins  dent  une  chntne  dcvoit  être 
compofée  ,  étoîer  t  même  filés  par  des  artéts  6c 
édits,  ainfi  qu*on(  peut  le  voir  par  les  ftatuts  Si 
réglemens  de  toutes  les  cr mmunauiés  des  fi^bti- 
cans   d'étoffes  qui   font  en  jurande. 

Les  pcigncrs  avoicni  desdivifions  faites  pourcha- 
que  compte  de  peignes  en  particulier  ,  nuis  à  pré* 
icm  que  les  f^tbrîcans  ont  la  liberté  de  donner  aux 
ètolTes  la  largeur  qu'ils  jugent  à  propos  ,  &  d'em- 
ployer ^  des  chaînes,  à  tel  nombte  dv:  brins  quHls 
Veulent ,  en  trouve  une  variété  infinie  dans  la 
longueur  des  peignes  ,  parce  que  tel  fabricant  eft 
libre  de  mettre  foixante  portées  pour  un  taffetas 
en  demt-aune  de  largeur  ,  pour  lequel  fon  con- 
hère  n'en  met  cjuc  cinquante  •  cinq.  Il  faut  donc 
que  le  peigner  qui  travaille  pour  tous  deux,  faiî'e 
deux  peignes  dift'érens  pour  un  même  uf^^ge. 

Un  fabricnnt  fera  fon  taffetas  de  la  même  lar- 
geur qu*un  autre  i  mais  pour  trouver  moyen  de 
lâcher  quelque  chofc  du  prix  courant  fans  y  per- 
dre, il  affamera  la  chaire  du  nombre  de  brins  qu'elle 
devroit  avoir,  ce  qui  rend  Pétoffe  moins  bonns; 
iSc  ^acheteur  croit  avoir  bon  marché  d'une  étoffe 
dont  la  largeur  le  féduiiÔt  la  modicité  du  prix  le 
détermine  ,  ne  pouvant  apprécier  i  la  main  la 
différence  des  deux.  Cette  libené  a  fes  inconvé- 
niens  ,  fans  doute  ,  mais  c'efl  à  Tacheteur  à  fe 
tenir  fur  fes  gardes:  du  rcftc,  elle  a  influé  beau» 
coup  fur  la  perfedion  des  manufactures  ,  en  ré* 
pandant  une  variété  infinie  fur  les  trffus  de  tout 
^j^Qnrc  *  ^.  le  génie  n'a  plus  connu  de  bornes  à  fci 
produdions* 

Les  ouvriers  fe  fervent  ordinairement  d'un  com- 
pas pour  divifer  la  longueur  de  leurs  jumelles. 
ilçi  inftiument  tû  trop  connu  pourqu*on  s*arréte 
i  le  décrire  r  il  faut  avoir  grande  attention  dam 
cette  opération  ,  que  le  compas  ne  varie  pas  »  & 
que  la  main  foit  bien  fûre  ;  la  plus  petite  erreur 
devient  de  la  plus  grande  conféquence  ,  parce 
que  dVrreur^  en  erreurs  les  différences  devien- 
nent trés-fenfibles« 

Indépendamment  de  Végalité  que  doivent  avoir 
les  divifions  &  fubJivifions  entre  elles  &  fur  les 
jumelles  I  il  faut  eucore  que  chacune  réponde  à 


*v 

fa  correfpondame  fur  l'autre  jumelle ,  k  angles 
droits  ;  fans  quoi  le  peigne  feroit  plus  long  par 
un  bout  que  par  Tautre ,  &  les  dents  ne  feroient 
pas  bien  perpendxutaîres  aux  jumelles. 

Occupé  (un  ceffe  de  mon  art  ,  j'ai  fait  diffé- 
rentes recherches.  Qu'il  me  foit  permis  de  pro- 
pofer  urt  indrument  de  mon  invention  ,  à  Taide 
duquel  il  n*cfl  pas  poflîble  de  faire  mal  ces  divi* 
fions  fur  les  jumelks. 

Cet  inflrumeat  eft  fort  fimple;  c'efl  une  règle 
de  bois  ,  divifée  fur  b  longueur  irès-exadement 
co  pouces  ,  dçmi- pouces  &  quarts  de  pouces»  en 
cette  manière  éprenez  une  règle  de  bois,  fur 
lepaiffcur  de  laquelle  oiî  fait  une  rangée  de  trous 
à  trois  lignes  d'écutcment  les  uns  des  autres  ; 
puis  à  toutes  les  difiances  d'un  pouce,  on  y  fiche 
une  lame  tranchante  de  deux  lignes  de  largeur 
environ  :  à  tous  ks  demî-pouces ,  on  en  met  une 
pareille  pour  ic  tranchant  ,  mais  un  peu  moins 
large  ;  enfin  aux  quarts  de  pouces  font  de  petits 
poinçons  qui ,  quand  on  les  appuie  j  ne  marquent 
qu'un  point. 

L'eflentiel  ,  dans  la  conAruôion  de  cet  uften- 
file ,  eft  d'obfcrver  un  ècartement  égal  entre  toutes 
les  parties,  &  de  tenir  toutes  ks  iames  à  une 
égale  hauteur  ,  pour  être  bien  fût  qu*en  appu- 
yant un  tant  foit  peu  cette  règle  fur  les  jumelles, 
toutes  puiffeni   faire    une  empreinte* 

Il  e(l  à  propos  de  faire  cetre  régie  en  couteau  du 
côté  des  lames,  pour  pouvoir  »  quand  on  rappli- 
que fur  les  jumelles,  voir  aifément  où  on  place 
les  tranchans  :  trop  d'épaiiTeur  les  cacherpit.  Il 
faut  avoir  foin  de  placer  la  première  lame  préci- 
fément  à  l'endroit  oii  ,  après  les  dents  des  lifiè- 
,Te5  j  doit  être  la  prtmèrc  du  corps  du  peigne* 

On  peut  conflruire  de  ces  règles  de  plufiîurs 
longueurs  ,  pour  ne  pas  s'embarrjjlTer  d'une 
grande ,  quand  on  a  un  petit  pt^igne  à  faire  ,  6c 
parce  qu'une  petite  ne  conviendront  pas  pour  un 
grand  peigne- 

On  pourra  peut-être  trouver  un  peu  de  difficulté 
à  appuyer  cette  règle  far  les  jumelles  qui  plient  au 
moindre  effort  i  mais  en  mettant  deflbus  le  fup- 
port  ou  le  couftin  dont  nous  avons  parlé  plus  haut , 
on, en  viendra  fcicilcmtnt  a  bout.  On  peut  même, 
pour  plus  d'exaâitudc  ,  fâiic  ces  marques  fur  les 
|umclles  ,  avant  de  les  mettre  fi;r  le  métier;  il  ne 
3*agira  plus  que  de  les  bien  placer  vis-à-vis  Us  unes 
des  autres ,  ce  qui  fera  afTez  facile  en  réglant  l'en- 
coche  par  où  elles  font  retenues  fur  le  tenon  ,  à  i 
une  diftance  é-^ale  dw'S  dernières  marquer  à  cluque' 
bout  i  du  rtfle ,  chacun  s*y  prc/.dra  comme  ion 
génie  îui  fuggèrera. 

La  longueur  qu'il  cfl  plus  à  propos  de  donner  à 
ce  divîfcur  ,  efl  de  trente  pouces;  car  il  eA  inutile 
de  penfcr  à  en  faire  de  trois  aunes  &  demie  qu'on 
donne  4iJic'p)us  grands  peignes;  &  après  avoir 
mirqiié  une  longueur  de  régie  ,  on  placera  la  pre- 
^«uèrc  lame  fur  la  dernière  marque  ^  &  tinCi  de 


fuite  :  par  ce  moyen  on  viendra  à  bouc  de  dirlfa 
toutes  fortes  de  peignes. 

Quant  aux  peignes  qui  auront  moins  de  treot: 
pouces,  la  règle  peur  encore  fervîr^  car  il  firfin 
de  compter  vingt  efpaces  d'un  pouce»  &  dcc^o- 
tremarquer  le  relte,  pour  n*y  avoir  aucun  èg;ard: 
ainfi  cet  uftenfilc  me  paroit  devoir  ècrç  fon 
utile. 

Il  feroit  bien  pofTible  d'ôter  8t  de  remcffrc  la 
lames  à  volonté,  pour  n'en  laifTer  que  le  nomkf 
dont  on  auroit  befoin  r  mais  de  deux  chofcs  Tnm; 
ou  les  trous  qui  les  reçalvent  feroient  agr»ll£l, 
&  par  conféquent  les  ccartemens  peu  juRt^  ;  ce 
bien  ce  qu'il  en  coùteroit  pour  le  faire  co 
en  cuivre  ou  en  aci^r ,  ou  chaque  dent  ft  ,  , 
tetiuc  à  vis  ,  ne  cctnpenfercir  pas  Tavaniage  qii^of 
en  retireroit ,  &  le  temps  qu  on  perdroit  a  le  m» 
ter  Se  démonter. 

Si  la  conftruftion  de  ce  divifcur  ,  tout  fimpfe 
qu'il  eft  ,  paroit  trop  difpendicufe  »  je  vais  en  prc- 
pofer  un  fécond  moins  embarrafiant  ^  Biaif  ^é 
va  moins  vite. 

C'eft  une  palette  d'environ  qui  me  on  ^a 

de  long  ,  fur  l'épai^cur  de  laquelle   i  jci 

cinq  lames,  fsvoir,  les  deux  des  exti  i> 

ges  &  écartées  d  un  pouce  ;  celle  dti  xîi  .....  m 
large,  pour  marquer  le  dcmi-jiouce  ,  &  en:]  :s 
deujt  points  qui  marqaent  les  qitarti  de  pouct* 

Cette  palette  eft  faiie  en  couteau  ,  «  o*d! , 
à  proprement  parler  ,  qu'une  partie  de  la  règle  ^ 
je  viens  de  propofer.  Sur  le  cote  épais  8c  au  mUteo 
de  fa  lorigueur,  eft  un  trou  propre  à  recevoir  le 
tenon  de  manche. 

Pour  divifer  un  peigne  avec  cetînftrument ,  îlfaai 
Tappuyer  ftir^  la  longueur  des  jumclltî  autaatdt 
fois  quelles  ont  de  pouces  ,  en  mettant  tonpon 
lapremière  lame  fur  la  dernière  marque.  II  ncm^àfr 
panient  pas  dj  taire  Téloge  de  cet  tnRmmtnt  ; 
mais  à  le  comparei  avecTufage  du  compas»  qo'ï 
faitt  porter  qii;nre  fois  dans  rcfpace  ^fun  pouce* 
&  que  le  moindre  choc  peut  déranger  .  je  pcflil 
qtilî  ne  peut  manquer  tî'étrc  adopté. 

Il  étoit  nécelfaire  de  faire' connaître  touîcsld 
divifions  qu'on  peut  faire  fur  la  longueur  d*wr 
peigne  :  achevons  maintenant  dVn  décrire  b  coflf 
truction. 

Lorfqu^on  a  placé  la  dert^ière  dent  de  lifiétti 
on  fait  deux  tours  de  ligneul  fur  les  iumena  , 
pour  la  retenir  en  place  &  la  féparcr  de  la  fft* 
miére  de  celles  du  corps  de  peigne  ;  enfuirc  et 
place  une  dent  qu'on  arrête  pf.r  an  trf>tir  de  6* 
gneul ,  puis  une  fecotide  ,  ;  '  .^1 

Stnfi  des  autres  jufqu' à  !a  fin  ,  jci 

enfemble  les  deux  bouts  des    dcnrn  ,  qui 
ceb\  occafionncioient  une  cotifufioo   Enfiote  , 
Ton  fc  contcntoît  de  lîtr  le  premier  bout  d*abord| 
6c  qu'on  voulût  cnfiiitc  eh  venir  nv   f*      ntf. 

A  chaque  deux  dcnu  on  frappe  . 
*  des  coups  égauï  ,  pour  que  les  unes  ne  luit; 
•plui  fenées  ou  plus- lâches  que  4es  autres , 


PAR 

qoe  la  booré  d*un  peigne  dépend  en  grande  par* 
lie  de  l'égalité  qui  règne  entre  les  dents. 

Une  difficulté  que  rencontrent  affcz  fou  vent 
beaucoup  d'ouvriers  dans  Tufage  de  la  batte ,  eft 
de  frapper  égalemeni  à  chaque  bout  des  dents  ; 
il  faut  de  Miabitudc  pour  régler  le  coup  &  ne 
pai  ferrer  plus  en  baut  qu^en  bas ,  encore  cfl  il  à 
propos  d'examiner  fans  ccffe  û  Ton  fe  rapportera 
aux  marques  ;  &  iorfqu'on  y  eft  arrivé  »  raiten' 
tion  qu'on  a  eue  doit  diminuer  les  erreurs,  fit  la 
dernière  dent  dcch,ique  portée  doit  être  vis-à  vis 
des  m.rqncs  fur  chaque  couple  de  Jumelles, 

Si  clic  avance  plus  par  un  bout  que  par  Tau- 
tre  ,  on  frappe  un  peu  plus  de  ce  c6ié  ;  &  û  Ton 
lie  pouvoir  venir  à  bout  de  la  faire  rentrer ,  il  n'y 
a  de  remcdc^  qti*eu  defaifant  quelques  dents  ,  & 
COrtigeani  rcrreitr  de  plus  loin  :  û  ce  défaut  vient 
de  Ttivégalité  de  grciïeur  du  ligr.eul ,  on  coupe  la 
priie  trr.p  groCTc  ,  &  on  ne  fe  fert  que  de  ce  qui 
convier  t, 

A  mtfure  que  le  peigne  avance  ,  les  jumellt;* 
foni  d*un  côté  couvertes  de  ligneul  ;  ainfj  dès 
qu'on  efl  arrive  à  une  marque  quelconque  ,  on 
ne  peut  plus  juger  de  fon  écartement  avec  la  fui* 
vante  ,  puifqu'on  ne  la  voit  plus  ;  &  alors  on  ne 
peut  pas  ,  à  la  vérité  ,  fe  tromper  pour  faire  bien 
rapporter  le»  dents  ;  mais  faute  de  favoir  où  eft  la 
dernière  marque  ,  on  ne  fàuroit  s'iffurer  du  nom- 
l>ie  de  dents  ;  A  a  donc  fallu  fe  procurer  des 
moyens  de  s'y  reconnoître. 

Quelques  ouvriers  mettent  entre  les  deux  der* 
niéres  dents  de  la  dernière  divifion  une  dent  de 
bout  y  qui  forme  une  tête  par-dcflTus  ;  &  comme 
ils  font  aiTurés  de  ta  marque  qui  fuit  »  ils  comptent 
les  dents  depuis  cette  marque.  D'autres  attachent 
un  fil  à  ta  garde  du  bout  du  peigne  par  oii  ils 
le  commenccrnty  &  cbaque  fols  qu'ils  arrivent  à 
une  divifion  ,  ils  placent  ce  fil  fur  la  dernière 
fient ,  au  moyen  de  quoi  ils  ne  peuvent  fe 
tromper. 

Il  faut  avoir  foin  de  bien  ferrer  le  lîgneul  fur 
les  dents  quand  on  les  entoure  ;  mats  ^1  faut  en- 
core le  tenir  tendu  quand  on  entoure  les  autres 
îuioelles  Ôc  quand  on  fe  fert  de  li  batte  ;  fans 
quoi  ce  ïil  venant  à  fc  lâcher  ,  rcndroit  te  peigne 
abfolument  défectueux. 

Pour  être  le  maître  de  diriger  le  fil  comme  on 
le  dèfire  ,  comme  les  bouts  font  affez  longs  ,  îl 
ne  faut  pas  le  latlfer  pendre ,  ce  qui  le  dépoifr 
feroit  à  force  dt  frotter  fur  les  dents,  &  on  ne 
manqueront  pas  de  mêler  les  deux  bouts  cnfem- 
ble. 

Il  eft  ionc  à  propos  d'en  faire  de  petits  pa- 
quets qu'on  tient  tacitement  dans  la  main  ,  & 
qu'on  fait  pafier  8c  rcpafter  plus  commodément 
à  mefure  qu'on  l'emploie  ;  ces  petits  paquets 
font  plus  commodes  à  tenir  de  la  main  quand  on  fe 
H      fO't  d-:  la  batie. 

H  Comme  en  coupant  la  canne  pour  refendre  les 

H     dents» ou  a  foin  de  les  tenir  plus  longues  qu'il  ne 

L 


PAR  657 

faut ,  on  n'eft  pas  obligé  »  en  montant  te  peigne , 
à  les  placer  bien  également  les  unes  aux  autres 
par  leur  bout  entre  i.s  jumelles;  elles  ne  pour* 
roientferapponerqued'i-n  côfé,  puifqu'on  nes'âf» 
trcint  pas  à  leur  donner  une  égAc  longueur  :  tl 
efl  donc  fort  initile  de  chercher  à  aligner  les 
bouts  ;&  lorfque  le  peigne  eft  athw-vé  de  mon- 
ter r  on  les  rogne  lous  ,  comme  nous  le  verrotis 
bientôt. 

On  peut  même  profiter  de  ce  trop  de  longueur 
pour  placer  d'un  côté  ou  d*un  autre  une  dent,  à 
lun  dci  bouts  de  laquelle  on  apercevroit  quel- 
que léger  défaut  ;  car ,  comaie  je  l'ai  déjà  die  , 
s\[  eft  un  peu  confidèrable  ,  il  ;:ft  toujours  plus 
prudent  de  la  rejcrer ,  pour  que  le  peigne  n'en 
foit  pas  endommagé. 

Il  faut  avo:r  foin  que  récorce  des  dents  foit 
lournée  d'un  mcme  côté  ,  îufqu'à  la  moitié  du 
peigne  ;  &  les  peigners  ont  coutume  de  la  tourner 
du  coté  du  bout  par  où  ils  commencent. 

Lorfqu'on  eft  parvenu  à  îa  moitié  de  la  lon- 
gueur du  peigne  ,  on  les  change  de  dtreaîon  » 
de  façon  que  l'écorce  de  la  moitié  des  ixnt^ 
regarde  un  des  bouts  du  peigne  ,  &  celle  de 
Kautrc  moitié  regarde  l'autre  bout  ;  aînfi  les 
deux  dents  du  milieu  font  à  plat  vis  à-vîs  Tune 
de  l'autre  ,  &  le  dedans  de  la  canne  fe  regarde 
à  chacune  :  en  voici  la  raifon. 

Lorfque  le  peigne  efl  en  travail  ,  ce  font  les 
deux  extrémués  qui  fatiguent  le  plus  ,  enfortc 
que  le  milieu  n'éprouve  cette  fatigue  que  pargra» 
dation*  Or ,  comme  le  frottement  vient  des  extré- 
mités vers  le  çilieu  ,  il  a  f^llu  lui  oppofer  une 
plus  grande  réfiftance  ,  je  veux  dire  l'écorce  de  la 
canne,  que  j*ai  dit  ailleurs  être  peu  fufccptibic  de 
s*endommager* 

Ce  que  je  dis  ici  eft  ft  connu  de  tous  les  ou- 
vriers en  tout  genre  de  riHus  ,  qu'il  n'en  eft  pas  , 
depuis  les  plus  délicats  jufqu'aux  plus  groftiers  , 
aux  peignes  defqucis  les  dents  des  lifières  ne 
foient  plus  du  double  plus  fortes ,  comme  de- 
vant fupporter  îei  plus  grands  efforts;  &  par  U 
même  raifon  les  fabricaos  de  toute  efpècc  ont 
foin  de  faire  les|fils  de  hfières  trois  ou  quatre  fois 
plus  forts  que  ceux  de  Tétoffe, 

Ceft  pour  cela  que  non-feulement  elles  font 
plus  groftiéres  dans  tous  les  tiffus ,  mais  aiiflî  qu'on 
les  fait  d'une  couleur  oppoféc  i  rétoffe. 

J'ai  recommandé  de  l'aire  les  dents  dc5  lifières 
plus  fortes  à  tous  ks  peignes  :  ce  foin  rtga- de 
les  ouvriers.  Les  fabricans  favcnt  qu'il  faut  que 
les  brins  des  lifières  foient  aufti  plus  forts  ;  les 
premiers  peuvent  en  ignorer  la  raifon  »  fans  con- 
fèqucnce  pour  leur  ouvrage  :  l'expérience  Ta  ap- 
prife  aux  autres;  mais  il  eft  à  propos  d'inflruTre 
le  commun  des  leâeurs  de  U  raifon  phyfique  de 
cette  pratique* 

Toutes  les  étofl",s  récréciffcnt  h  mefure  qu'on 
les  fabrique:  la  première  caufe  qui  produit  cet 
eÔct ,  fft  ta  tenfion  qu'on  donne  à  la  trame  :  maié 

Oooa 


658 


PAR 


ce  qui  y  contribue  le  plus  >  c*eft  la  preffion  que  1 

les  fiU  de  la  chaîne  font  fur  cette  traBie  ;  preffion  II 
qui  ,  jointe  à  celle  (\uy  fait  le  coup  de  baitant  , 
lorfque  pour  en  joindre  les  duiics  on  frappe  le 
peîgne  contre  avec  afTez  de  force  ,  la  raccourcit 
néceflairement ,  parce  que  cette  trame  fe  replie 
un  tant  folt  peu  entre  chaque  brin  de  la  chaîne  j 
&  iTiême  chaque  dent  du  peigne  produit  aulTi 
autant  de  repliemcn'^. 

Tous  ces  repliciTiens  ,  multipliés  n  Finfini,  ne 
peuvent  fe  faire  qu'aux  dépens  de  la  longueur  de 
la  trame.  D*un  autre  côté  ,  il  n*cft  pas  poflible 
d'ajouter  à  chaque  coup  de  navette  de  qui  i  fup- 
pléer  a  ce  raccou^cifTement ,  parce  que  cet  efftt  cÛ 
opéré  fi  rapidement  qu*on  a  peine  à  l'ipercevotr  : 
d'ailleurs  le  batt-jnt  frappe  à-la-foîs  fur  tcuie  ia 
largeur  de  Té-offe  ;  &  quelque  foin  qu*on  y  ap- 
porte,  on  ne  fauroit  éviter  tous  ces  replis, 

11  y  a  cependant  des  éroffev  qui  fe  réiréofTent 
fi  fort,  qu'il  a  fallu  imaginer  des  moyens  pour  en 
prévenir  une  partie  :  mais  ,  comme  je  le  dis ,  ori 
ne  le  prévient  qu*en  partie. 

Les  étoffes  qiki  fe  réirécitTent  le  plus ,  font  celles 

3ui  (tînt  ie  moins  fournies  en  chamt  ;  ce  qui  prouve 
'une  manière  fenfible  le  repliement  de  la  trame  : 
car  pour  prendre  des  exemples  parmi  des  étoffes 
de  foie  ,  les  gros-dc*î^aples ,  ni  les  gros-de  Tours , 
dont  h  chï^ine  t  A  îrèi-foumie ,  ne  fe  rétréclffent 
qu'à  proportion  de  la  irame  qu'on  y  emploie  ;  & 
pour  le  dire  en  paffant,  plus  on  trame  gros  une 
chaîne  ,  &  plus  Tétoffe  conferve  la  largeur  que 
le  peigne  lui  a  donnée  ;  &  fi  i  cette  groffe  trame 
en  joint  une  chaîne  fournie  ,  le  rètréciffement  efl 
de  peu  de  conféquence  i  mais  fi  IVn  fait  un  taffe- 
tas à  deux  fils  par  dent,  &  qu'on  ne  trame  qu'a 
deux  bouts  de  Joie  fine  ,  on  eft  forcé  de  travailler 
de  la  manière  qu'en  terme  de  fabrique  on  nomme 
à  pied  ouvert  :  fans  cette  précaution  les  lifiéres  , 
quoique  très-fournies  en  corn  parai fon  du  refle  de 
rètoffe ,  fe  caffent  ÔC  l  étoffe  fe  déchire. 

On  appelle  travailler  a  pied  ouvert  lorfque  la 
chaîne  d'une  étoffe  eft  peu  lournle  ,  &  la  trame 
très-fine  ,  Tattention  qu*a  Touvricr  qui  fabrique 
l'étoffe  »  de  donner  le  coup  de  battant  fur  la 
trame  ,  fans  joindre  les  deux  parties  de  b  chaîne 
qui  Toni  reçue  ,  qu'après  que  le  coup  efl  donné  » 
je  mVxpUque  :  on  fait  que  ,  pour  incorporer  h 
trame  dans  une  étoffe,  il  faut  féparer  la  chaîne 
çn  deux  parties  égales ,  ou  autrement  »  fuivant 
Fétoffe  ,  par  le  moyen  des  liffes  ,  &  qu  on  lance 
dans  cette  féparaiion  la  navette  qui  y  porte  cette 
trame. 

Il  efl  certain  que ,  û  on  hiifTe  rejoindre  ces 
deux  parties  de  la  chaîne  avant  que  de  ferrer 
U  trame  avec  le  battant  ,  cette  trame  fera  rete- 
nue par  la  chaîne,  &  le  coup  du  battant  ne 
pourra  la  faire  joindre  aux  duites  déjà  paffêes, 
fans  fobliger  à  ie  raccourcir ,  à  caufe  des  replis 
que  nous  avons  déjà  vu  que  le  peigne  lui  fait 
^tre  ',  suais  fi  au  contraire  on  donne  le  coup  de 


PAR 

battint  avant  que  d*avolr  fait  rejoindre  les  deta 
parties  de  la  chaîne  ,  on  eft  iffuré  que  les  repSi 
qu*occafmnne  le  peigne  à  la  trame  ,  feront  prlï 
en  grande  partie  fur  la  longueur  noti  encore 
fixée  de  cette  tram^,  qui  n'ert  retenue  que  dy 
côté  d*ou  vient  la  navette  ,  &  aucunement  de 
celui  où  elle  fe  trouve  ;c'efl  pourquoi  elle  four- 
nit de  la  longue>ir  au  repliement  qv'occafionne 
le  peigne. 

Ceux  qui  ont  fabriqué  ou  vu  fabriquer  ^  fareni 
la  facilité  qu'éprouve  l'ouvrier  qui  travaille  i 
piti  ouvert ,  ÔC  au  contraire  la  peine  qu'il  éprouve 
L|iiand  il  travaille  à  pied  clos  ,  qui  efl  le  coor 
traire. 

Il  faut  donc  travailler  à  pied  ouvert  toutes  le* 
étoffes  qui  ne  font  pas  beaucoup  fowrrirs  en 
chjme,  ou  celles  qui  Tétant  convenaHeroent , 
ne  font  pas  tramées  en  proportioa  de  leui 
cîïjîne. 

Par  ce  moyen  ,  ron-feulement  on  trouve  plui 
d  j  facilité  dans  le  travail  ,  mais  encore  rètoffe 
en  a  beauco  >p  plus  d'éclat;  &  fi  Ton  adopK 
fouvcnt  l'autre  manière  de  travailler,  ce  oe( 
que  pour  faire  paroitre  fétoffe  plus  fonc  qu'elle 
n'efl  en  effet. 

Pour  fc  convaincre  de  la  vérité  de  ce  que  jV 
vance,  il  fuffit  d'effiler  une  certaine  quaniicé  de 
fîk  de  trame  :  on  verra  que  chaque  fil  de  li 
chame  y  efl  marqué  par  autant  de  finuofitèt:n 
n'elï  perfonne  qui  n'ait  effilé  de  la  toile  ,  &  qol 
n'ait  remarqué  cet  effet- 

M;ilgré  les  précautions  que  je  recommande  , 
rètoffe  tend  toujours  à  fe  rétrécir  ;  auffi  les  ou- 
vriers en  comiennent4ls  la  largeur  au  moyea 
d'unuftenfile  qu'on  nomme  temom,  qu'ils  avan- 
cent tout  contre  le  bord  à  meuire  qu'ils  en  oot 
fait  un  pouce  ou  deux  tour  au  plus. 

Voilà  pourquoi  les  dents  des  lifiëres  doivent 
être  plus  fortes  que  celles  du  corps  de  l'étoffe  ; 
voilà  pourquoi  on  tourne  Técorce  vers  le  bOBt 
du  peigne  :  encore,  malgré  ces  précautions,  s's* 
fent-elïes  beaucoup  plos  &  pluspromptecnentauy 
extrémités  :  St  lorfqu'un  peigne  efl  hors  d'ètit 
de  fervir ,  on  fe  contente  de  changer  les  denti 
d'un  pouce  ou  deux  de  long  à  chaque  bout»  ce 
qui  le  rend  prefqne  neuf  :  on  appelle  cette  Oftè* 
ration  enter  un  peigne. 

SU  eff  quelquefois  néceffalre  d'enter  un  pei- 
gne parce  que  lêi  dents  des  extrémités  font  ufèes» 
fouvent  auffl  ne  le  fait-on  que  porce  qu'eîles  Oflt 
contraâé  un  peu  de  courbure,  ou  qu'elles  font 
devenues  trop  fou  pies  &  trop  foiblc^  ;  fouvem 
même  cette  réparation,  quand  elle  eA  bien  faite» 
rend  un  peigne  meilleur  qu'un  neuf ,  &  elle  eft 
très-économirjuc. 

Quatid  on  a  rempli  le  peigne  du  nombre  de 
dents  ^\\l\  doit  contenir  ,  on  Te  fiîâi  tiar  un  000- 
bre  de  dents  de  lifièrcs  égal  aa  pr  micr  ,  sSt  dt 
la  même  groffeur  ,  puis  on  en  mer  une  trcs-grotîe 
comme  la  première   de   l'autre  bout  \  en&i 


PAR 

met  h  garde  de  la  même  manière  qu'on  a  prati- 
qué en  commençant  le  peigne  qyi  k  trouve  ainfî 
terminé,  du  moins  quant  au  montage;  car  il  a 
encore ,  dans  l'état  où  nous  le  fuppofons  à  pré* 
fcnt ,  bien  des  façons  à  recevoir* 

On  commence  par  le  démonter  de  deffiis  le 
inèrier,  ce  qui  fe  tait  d'abord  en  fciant  les  ju- 
melles du  côté  où  Von  vient  de  finir  j  car  j'ai  ou- 
blié ,  en  parlant  des  jumciles ,  d'avertir  qu'on 
doit  les  tenir  beaucoup  plus  longues  que  le  pei- 
gne ne  doit  être  ,  tant  pour  pouvoir  les  arrêter 
lur  les  montans  du  métier  par  des  points  qu^on 
ne  met  pas  à  profit,  que  pour  donner  du  jeu  à 
la  bîttc  dont  on  fe  fert  jiifquà  la  dernière  dent, 
&  de  la  place  à  ta  foule  qui  y  refle  jufqu  à  la 
fin. 

L'ouvrier  fcie  donc  les  jumelles  à  environ  trois 
quarts  de  pouce  des   gardes  par  chaque  bout  du 

(ceigne  >  en  le  tenant  toujours  tendu  ;  d^aucres 
âchent  les  vis  ;  mais  de  l*une  &  de  l'autre  ma- 
aière  il  faut  ttriir  le  couteau- fte  de  la  miin  droite  , 
&  fouienir  ferme  le  peigne  avec  la  gauche  , 
fans  quoi  on  rifqueroic  de  le  calTer. 

Voilà  quels  font  les  procédés  qu*on  emploie 
ordinairement  pour  monter  un  peigne  ;  il  y  en  a 
auelques-uns  paniculÎLrs  ,  dont  |  aurai  occafion 
de  parler  dans  la  féconde  panic  de  ce  traire  , 
auquel  je  me  réfère  pour  éviter  les  répéti- 
tions. Voyons  mitintenant  comment  on  rogne  ks 
tlent'i. 

On  a  vu  dans  la  fuite  des  opérations  <juc  je 
viens  de  décrire  »  que  les  d^nts  n'étoicnt  pmais 
coupées  à  la  longueur  qu*cFei  doivent  avoir  ,  parce 
que  quand  on  coupe  les  cannes  »  on  ne  fait  pas 
à  quel  peigne  elies  font  deftînées  ,  &  que  cette 
hauteur  varie  \  de  plus,  on  ne  prend  aucune  at- 
tention à  couper  ces  cannes  d*une  égale  longeur  : 
ainfi  il  eft  ordinaire  ,  lorfqu^un  peigne  cfl  fait  , 
de  voir  déborder  ks  dents  fur  les  jumelles  plus 
ou  moins. 

On  fe  fert ,  pour  rogner  cet  excédant  des  dents  , 

d'un  couteau  courbe,  &  on  ne  laiflTe  au  -  dciTus 

des  jumelks  qu'une  ligne  ou  une  ligne  St  étmïe. 

On  ne  coupe  pas  ces  extrémités  à  angles  droits , 

flsais  à  pans,  ou  bien  en  poînie* 

Par  ce  moyen  k  peigne  qu'on  place  debout 
dans  la  rainure  du  battant ,  cffuie  moins  de  frot- 
tement à  caufc  de  ion  peu  de  fjrface  à  cetie 
partie  ,  &  fe  prête  plus  lîfément  à  tous  les  mou- 
vement qu'on  lui  (kn  efîuyer. 

Si  ks  dents  étoient  coupées  carrément^  il  y 
atiroit  à  craindre  qu'eUe*  ne  s'acçrochaflent  en 
quelque  endroit  de  la  rainure  du  battant ,  où  le 
peigne  ne  tient  que  par  fon  propre  poids. 

Pour  rogner  un  peigne,  l'ouvrier  s'aflied  devant 
une  table»  8c  appuyant  un  des  bouts  du  peigne 
contre  fon  eftomac  ,  il  abat  tous  les  boucs  du 
c6të  droit  à  angle  aigu  ,  avec  le  couteau  qu'il 
tient  de  la  main  droite  en  le  tirant  vers  lui ,  tan- 
dis qu  avec  ta  gauche  il  fomknt  le  peigne. 


PAR 


^59 


Ce  côté  étant  coupé,  il  retourne  le  peigne^ 
bout  pour  bout  ,  &  coupe  l'autre  côté  de  U'i 
même  fjçon  ;  apri^  quoi  les  dents  font  formées  J 
en  pointe* 

Ceux  qui  veulent  que  les  dents  fotept  polniuef^'l 
n'ajoutent  rien  à  cette  opération  ;  ils  fe  conten-  r 
tet^t  d^en  faire  autant  de  l*autre  c5(é  ^  mais  ceui^ 
qui  veulent  que  les  dents  foient  arrondies  ^1 
abattent  la  pointe  que  les  deux  piemters  coupi] 
de  couîêau  avoient  biffée.  \\ 

Pour  bien    faire   cette  opération  ,  il  faut  tenlf 
îe  peigne  bîjn  horifontakment  fur  fa  longueur  ^ 
8t  verticalement  fur  fa    hauteur  ,  fans   quoi  on  j 
rognerott  plus  par  un  bout  que  par  l'autre. 

Il  y  a  des  ouvriers  qui  rognent  leurs  peignci 
en  les  tenant  perpendiculairement  fur  une  taDle*,; 
fur  un  banc  ou  autre  uflenfik  femblable,  ô£  ils' 
fe  fervent  pour  cela  d'une  lame  de  rafoir  plantée  I 
folidement  dans  un  manche»  en  commençancf 
par  k  haut  du  peigne. 

Celte  manière  parou  plus  commode  taue  la  1 
précédente,  parce  que  k  point  dVppui  cft  ptut  j 
ferme  ;  mais  chacun  fuit  à  cet  égard  l*habttud«f 
qu'il   a  conrraâée. 

En  faifant  ropèratlon  qu'on  vknt  de  voir,  itj 
n'eft  prefque  pas  polfible  de  ne  pas  laiffer  quel^ 
ques  rebarbes , quelque  net  que  c«?upe  l'outil  dont] 
on  fe  fert  ;  on  les  ô te  pour  approprier  le  peigne  |^| 
avec  un  canif  un  peu  courbé. 

Il  efl  une  troifiéme  méthode  dont  quelques] 
peîgners  fe  fervent  pour  rogner  ks  peignes,  S^j 
qui  me  femble  la  plus  fûre  »  elfe  confiile  à  con^l 
tenir  k  peigne  entre  deux  tringles  dans  rcniaillM 
de  deux  montans. 

La  con(lru6tion  de  cette  efpéce  de   mèrier  eft] 
trés-fimpk  ;  k  peigne  aînii  arrêté  ne  fauroit  va«] 
ciller,  0£  Ton    eil   affuré   de  couper  toutes    les] 
dents  irés'égakment  &  fans  fatiguer  le  peigne  ^1 
mais  pour  cette  opération  ,  on  ne  fe  fert  pas  des 
inflrumons  qu^on    vient    de  voir  ,    mais    d*une 
efpèce  de  pbne,  qui   n*t:ft  autre  chofe    qu'une 
lam;  tranchante,  aux  deux  bouts  de  laqueik  eft 
une  foie  qui  reçoit  ks   manches. 

La  longueur  des  tringles  doit  être  pareille  \ 
celle  du  hanc ,  pour  que  fouvrier  puiffe  être  en 
force  en  ks  appuyant  conire  fon  ventre  ,  Sc 
mjme  pour  pouvoir  fervir  à  différentes  longueurs 
du  peigne.  Leur  largeur  doit  être  moindre  de  peu 
de  chofe  que  la  hauteur  de  la  fouîe  »  pour  que 
k  peigne  étant  faifi  contre  les  dents»  repofe  fur 
les  jumelles  ;  au  moyen  de  quoi  Ten taille  des 
montans  qui  reçoivem  k  tout,  doit  être  à  peu 
près  de  cette  largeur  ;  6c  fi  les  tringlts  n*y  font 
pa»  contenues  un  peu  jude,  on  les  force  avec 
un  coin  de  bots  ou  de  canne  par  cbaque 
bout. 

Il  ne  fiU!  pas  que  k«   tringks  preffent  ks  ju- 
melles,   parce   quVlks  déra'»g:roitnt   le  ligncul 
&  par  confequent    les  dcntî. 
Le  peigne  étaut  auid  arréré  fur  le  métier  ^  Tua* 
Oooo  y 


669 


PAR 


vner  coupe  toutes  les  d^nts  en  bîfeau  avec  la 
plane  ,  en  commençant  par  le  bom  du  peigne 
qui  lui  td  oppofé;  Ôc  quand  ce  côté  eA  fait ,  il 
coup«  Tautre  auiTi  en  bifeau  >  foît  en  re fiant  à 
fa  place  ,  foit,  comme  quelques  ouvriers  le  font, 
en  allant  à  Tautrc  bout  du  gnètîer* 

En6n  ,  quaid  ces  deux  cotés  font  rognés  »  il 
cbarbc  la  pointe  qui  eft  rertée ,  par  un  coup  de 
plane  donné  à  pîat,  &  termine  îes  inégalités  qui 
peuvent  fe  rencontrer  avec  le  canif, 

Qtiand  ce  côié  du  peigne  cil  rogne ,  il  retire 
les  \nngles  des  entailles  fans  déranger  le  peigne  , 
8l  le  remet  Ans-deiTos  deffouSj  les  afTnicttit  de 
même  ,    &  y  fait  la   même  opération. 

Il  eft  bon  d  arrondir  le  bord  extérieur  des  trin- 
gles ,  pour  qu'en  penchant  la  plane  à  droite 
ik  k  gauche  on  n'en  rencontre  pas  la  qiiarre. 
Le  métier  dont  il  cÛ  queilion  ,  ne  fer t  que 
pour  des  peignes  de  vingt-fept  k  vingt- huit  pou- 
ces ,  qui  font  la  longueur  ordinairet 

Lorfqiron  en  a  de  fort  long*; ,  il  n'eft  pas  nécef- 
faire  d*avoir  de  métiers  fait*,  exprés,  on  fe  fert 
amplement  de  ceîin  fin  lequel  on  a  monté  le  pei- 
gne ,  en  Abftituant  d'autres  raontans  à  ceux  qui 
portent  les  boulons  a  vis  ,  &  les  y  fixant  de  la 
même  manière,  c*e  Ai- dire,  avec  des  clefs  ;  mais 
dans  ce  cas  ,  la  longueur  du  peigoe  ne  lui  per- 
met pas  de  fe  mettre  au  bout  du  métier  5  mais 
il  fe  met  au  milieu  d'un  côté  ;  il  fe  penche  de 
manière  que  fes  deux  bras  fe  trouvent  à  peu-prés 
dans  la  même  pofiiton  que  s^il  ctott  au  bout  , 
&  s'y  prend  à  plufieurs  fois  en  reculant  à 
chaque. 

Cette  manière  eA  fans  contredit  la  meilleure 
qu'on  puîiïe  mettre  en  ufage  »  &  la  plus  expé- 
ditive. 

En  parlartt  des  différentes  méthodes  ufîtées 
pour  rogner  les  peignes  ,  je  n'ai  rien  dit  des 
gardes. 

Il  efl  à  propos  de  les  couper  d'abord  à  part  , 
à  la  hauttur  qu'on  juge  à  propos  de  leur  don- 
ner :  cette  hauteur  eft  ordinairement  celle  des 
dents  même  ,  ainfi  que  leur  forme  ;  mais  je 
penfe  qu*il  feroit  plus  avantageux  de  les  tenir 
d'une  bonne  demi-ligne  plus  longues ,  pour  que 
le  peigne  étant  placé  dans  la  rainure  eu  battant , 
elles  en  effuyailent  tout  le  poids  ,  ainfi  que  les 
chocs  multipliés  qu'il  y  épreuve  ;  fes  dents  fe- 
roicnt  psr-là  ménagées  ,  d.  on  ne  les  verroit 
pas  ,  au  bout  de  fort  peu  c  temps,  percer  le 
papier  dont  nous  verroos  biemôt  qu'on  entouie 
es  jumelles  &t  le  bout  des  dems,  &  loucher  , 
comme  on  dit  en  terna*:s  d'ouvriers  :  ce  qui  ar- 
rive quand  elles  rongent  1^  papier  en  touchant 
au  fond  de  la  rainure. 

Qii^tt  à  la  longueur  des  jumelles,  on  leur 
donne  '  rdinairtmeni  un  demi-pouc;  ;iprès  Ils 
garde*  ,  &  on  aura  occafion  ik  voir  par  la  fuite  , 
qu'il  cft  de  qu   que  conflquencc  que  cette  Ion- 


k 


gueur  foit  la  même  aux  deux  de  chacfue  bout , 
pour  placer  le  peigne  bien  au  milieu  du  bat- 
tant. 

Manun  dt  plii/:er  les  peignes, 

Lorfqu'un  peigne  cA  monté»  il  n'a  pi«  pour 
cela  atteint  la  pt^rfeÔion  dont  il  cil  fulcopttble; 
&  quelque  foin  qu'on  ait  pris  pour  tirer  les  dcflig 
de  largeur  à  la  fiuère,  &  pour  les  pUccr  comiie 
il  faut  dans  ks  jumt;llts  ,  on  ne  fau^otr  du  pr^ 
micr  coup  leur  procurer  cet  alignement  refpcâif 
qui  fait  que  chaque  duite  dw  la  tfa;ne  ,  frappée 
par  le  piigne  ,  va  fe  placer  ea  ligne  droite  <oa« 
tre  la  précédente. 

Sans  Topération  dont  nous  allons  nous  occo* 
per,  cette  duite  feroit  remplie  de  finuofités  <iui 
rendrolent  l'étoffe  défeélueufe.  Il  a  donc  fallu 
planer  les  peignes  pour  les  égaîifer»  &  mime 
pour  diminuer  un  peu  de  la  largeur  que  U  filière 
a  donnée  aux  dcnîf. 

Cette  opération  demantfe  beaucoup  de  foins  , 
&  ex'ge  des  outils  bien  trancha ns  pour  couper 
vif  bi  fans  rebarbes  les  bords  des  dents. 

Prcfque  tous  les  jpcigners  ont  chacun  une  mé- 
thode particulière,  &  des  outils  différens  :  il  fe- 
roit fans  doute  trop  long  de  paffer  le  tout  en  f^ 
vue  ;  &  parmi  les  différentes  méthodes,  f en 
rapporterai  quatre  qui  m'ont  paru  les  mû* 
leurcs» 

Première  muhodfm 

Le  couteau  dont  on  fe  fert  pour  planer,  ref* 
femble  affez  au  tranchct  des  cordonniers  ;  il  n'y 
a  que  la  partie  courbe  qui  foit  tranchante  ,  & 
le  bifeau  n'eft  que  d  un  côté ,  fur  la  partie  çoa- 
cave  ;  car  indépendamment  de  la  courbure  fut 
l'élévation  ^  il  y  en   a  une   autre  en  plan. 

La  longueur  totale  de  cet  outil  ,  fans  (en 
manche,  cft  d'environ  dix  pouces. 

Pour  fe  fervir  de  ce  couteau  ,  rouvricr  k  tient 
par  le  milieu  de  la  lame ,  la  courbure  totiroéc 
vers  lui,  te  la  convexité  pofte  fur  le  peigne» 
au  moyen  de  quoi  il  le  tire  à  lui  ;  le  bifeau  fk 
trouve  en-dehors ,  &  le  vif  de  Toutil  pofe  (m 
Touvrage. 

L'ouvrier  tient  le  peigne  de  la  main  gauditi 
ayant  le  coude  appuyé  fur  la  table,  tandis  qu'a- 
vec la  droite  il  eil  occupe  à, planer.  I  fout  cw 
per  la  canne  fuivant  la  longueur  des  dents  ;  ctff 
fi  on  fuivoit  cellt  du  peigne  ,  on  rifqueroit  if 
les  écorcher. 

On  ne  coitpe  pas  ces  dents  de  toute  leur  toa* 
Ë^ueur  d'un  même  coup ,  mais  en  cummcnçim 
a  quelques  lignes  prés  des  jumelles  extérteurei  | 
on  ramène  le  couteau  contre  celles  qui  toucfaeot 
à  la  poitrine  ;  &  quand  ce  côté  cft  fini ,  on  re- 
tourne le  peigne  bout  pour  bout»  &  oq  ttùkft 


PAR 

ce  que  la  première  opération  a  voit  laîiïé  ;  mais 
en  amenant  ainfi  les  copeaux  près  des  iumelles , 
iJ  faut  avoir  foin  de  les  dégager  par  un  coup 
de  la  pointe  de  Toutil  donné  fur  toute  la  Ion- 
guenr  du  peigne  contre  les  jumelks  ;  &  pour 
ne  pas  endommager  les  dents  par  une  coupure 
trop  profonde  y  il  vaut  miteux  y  revenir  à  plu- 
fieurs  fois  /  jufqu'à  ce  que  tous  c:s  copeaux 
tembent  d'eux-mêmes. 

Il  faut  aulTi ,  dans  cette  opération  ,  prendre  bien 
garde  d'endommager  le  ligneul  qm  retient  toutes 
les  dents  :  îa  perîe^ion  de  cette  opération  con- 
fia*; à  ne  îaiflTer  fur  h  longueur  du  peigne  aucune 
inégalité  provenant  de  ce  qu'on  en  auroît  ôté 
plus  dans  certains  endroits  que  dans  d'autres  ; 
eriAn  ,  après  avoir  plané  une  des  faces  du  peigne  » 
on  en  fart  autant  à  Tantre, 

Cette  méthode  cfl  fujette  à  plufieurs  inconvc- 
niens  :  premièrement  le  peigne  n*eft  pas  aflez 
ibiîdement  retenu  dans  les  mains  de   l'ouvrier  , 

1>aur  qu'il  n'en  fouffrc  pas  quelque  atteinte  ;  enfin 
e  coup  de  couteau  n\fl  pas  fur,  &  ronrifqur: 
de  couper  le  ligneul  ,  au  grand  dommage  du 
peigne, 

La  méthode  qu'on  va  voir,  me  paroh  infini- 
lem  préférable. 


PAR 


66 1 


Seconde  méthode^ 


r 

■  Poitr  fe  fcrvir  plus  fûrement  du  couteau  dont 
^  riens  de  parler,  quelques  ouvriers  fixent  le 
peigne  fur  une  table  ,  fous  une  coulifTe  dont  un 
cdte  cfi  immobile,  &  Tautre  fe  meut  au  moyen 
de  vis  ,  qui  glilîcnt  dans  les  entailles  pour  fe  prê- 
ter au  différentes  largeurs  des  peignes  :  en-def- 
fous  de  la  table  font  quatre  écrous  &  autant 
de  vis  I  dout  le  chapeau  repofe  fur  la  tringle 
mobile ,  vont  s*y  loger  ;  &  comme  leur  tête  eft 
carrée  ,  on  les  ferre  &  deflerre  â  volonté  par  le 
moyen  de  la  clef  ;  &  pour  que  les  écrous  ne 
puKTent  pas  tourner  avec  la  vis,  on  y  pratique 
de  chaque  côté  un  épaulement  qui  les  rend  ca- 
pables de  couler  dans  les  entailles. 

L'ouvrier  ,  pendant  cette  opération  ,  a  îa  faculté 
de  travailler  ams  ,  &  n*a  d'autre  foin  qâie  de  bien 
conduire  fon  couteau ,  pour  n'enlever  fur  les  dents 
que  ce  qui  convient. 

Lorfqu'un  coté  du  peîgne  eÛ  fini  fur  une  mé- 
c  face ,  on  l'ôce  de  fa  place ,  8t  on  le  retourne 
>ut  pour  bout  pour  achever  cotte  face. 
Il  paroi t  qu*il  feroit  plus  fimple  ou  de  porter 
ù  chaîfe  de  l'autre  côté  de  la  table,  ou  de  re- 
tourner cette  table  qui  n*t(k  pas  fort  lourde  ;  mais 
les  têtes  des  vis  gcneroient  la  main  de  rouvrier, 
&  même  on  a  foin  de  terminer  en  bifeau  la  trin- 
gle immobile  fur  fa  longueur,  pour  que  le  cou- 
teau puitTe  approcher  de  plus  près  des  jumelles 
fans  gêner  rouvrlcr.  La  longueur  de  cette  table 
cil  proportionnée  à  celle  des  peignes  qu'on  fa- 
brique le  plus  communément. 


Quelques  ouvriers  fe  fervent  du  métier  fur 
lequel  ils  fabriquent  leurs  peignes  ,  comme  de 
cette  table  ;  mais  Us  fe  contentent  tl'appuyer  les 
jumelles  contre  la  tringle  de  devant  ,  6t  tien» 
nent  le  peigne  à  plat  avec  la  main  gauche  ,  tan- 
dis qu'avec  la  droite  ils  fe  fervent  du  couteau 
pour  le  planer. 

Trùifdme  méthode, 

La  mcîhode  que  je  vais  rapporter  ne  diffère 
prefque  des  précédentes  que  par  les  inftrumcn» 
qu'on  y  emploie  ;  car  les  métiers  fur  lefquels 
on  arrête  les  peignes,  font  à  peu^-prés  les  mê- 
mes :  au  lieu  du  couteau  en  forme  de  trancher  > 
dont  nous  avons  parlé  ,  quelques  ouvriers  fe  fer- 
vent d  un  couteau  qui  reffemble  aiïez  à  un  outil  fort 
commun  qu*on  nomme  pLine  ;  il  n'a  qu'un  bifeau 
&  deux  tenons  pris  fur  la  même  pièce. 

A  Fun  c(ï  un  trou  qui  reçoit  la  goupille,  par 
ou  il  eft  arrêté  d'un  bout  fur  les  deux  pièces  de 
bois  ou  de  corne,  au  moyen  d'une  goupille  qui 
eft  rivée  de  chaque  coté  ,  de  façon  cependant 
que»  comme  h  lame  d'un  rafoîr,  il  ait  la  faculté 
de  tourner  à  frottement  dur  ;  l'autre  tenon  va 
repofer  fur  l'une  des  deux  autres  goupilles  qu'on 
voit  à  Tautre  bout. 

Pour  tenir  cette  c/i//^  dans  un  écarte  ment  con- 
venable ,  en  même  temps  qii*on  met  les  goupilles  , 
on  y  enfile  une  languette  de  fer»  au  moyen  des 
trous  qui  corrtfpondcnt  à  ceux  du  manche,  8c 
on  les  rive  ainfi  qu'on  Ta  fait  à  l'autre  bout  : 
répatffeur  de  cette  languette  doit  cire  égale  à 
celle  de  la  hme,  pour  que  çuand  on  travaille  , 
elîe  ne  balotte  pas;  &  pour  plus  de  fureté  ,  otî 
enfile  dans  chaque  bout  du  manche  un  cercle  de 
forte  peau  ou  de  cuir- 
La  manière  de  fe  fervir  de  ce  couteau  n'eft 
pas  la  même  pai-mi  tous  les  ouvriers  .-quelques- 
uns  le  tiennent  d'une  feule  main  ,  d'autres  le  tien- 
nent à  deux  mains. 

^  L'habitude  feule  peut  déterminer  en  faveur  de 
Tune  &  de  1  autre  méthode  ;  mais  dans  tous  les 
cas,  le  tranchant  doit  être  contre  les  dents,  & 
le  bifeau  en-defu^. 

On  emploie  encore  au  même  ufagc  un  autre 
couteau,  peu  différent  du  couteau  précédent. 

La  lame  eft  à  peu -prés  la  même,  mais  le 
manche  fe  fépare  en  deux  fur  la  goupille  de  la 
tête  ,  comme  une  lancette,  &  nVS  point  arrête 
par  le  bas  ,  au  moyen  de  quoi  on  pett  donner 
à  la  lame  tel  degré  d'obliquité  par  rapport  au 
manche,  qu'on  juge  à  propos,  &  on  en  retient 
les  deux  parnes  avec  un  anneau  de  cuîr  comme 
au  précédent  :  la  longueur  du  manche  de  chaque 
couteau  eft  de  neuf  pouces  .  favoir,  trms  à  chaque 
bout,  &  trois  pour  la  lame  :  ce  qui  fuffit,  foit 
qu'on  le  tienne  à  une  ou  à  deux  main«. 

Lorfqu'on  a  uni  les  dents  autanr  qu'on  le  peut 
avec  le  couteau  ,  on  y  donne  le  dernier  coup 


PAR 

Rtvec  un  canif,  &  on  enlève  tons  lei  copeau  if 
i«n  pafTant  ce  canif  le  long  des  jumelles  ,  pre- 
|nant  bien  garde   d'endommager  le  ligneul* 

Quatrième   mttkoJe, 


Elle  confiAe  entièrement  dans  Tufage  d*un  outil 
ft  particulier  à  quelques  ouvriers.  Cet  iiften- 
qu'iis    nomment    plan^  ,  cft    un    paralléb- 


Igui  eft  particulier  à  quelques  ouvriers.  Cet  iiften- 

fnltf  ,  qu'ils    nomment    p}an^  ,  cft    un    paralléb- 

Irampie  tranchant  par  lïm  d^  fes  grands  côtés  , 


à  Tautre  font  deux  manches  recourbés  qui 
[entrent  dans  les  poignées  qu*oa  tient  des  deux 
Vmatn5. 

Avant  âz  pafler  aux  opérations  qull  efl  nécef* 
liaire  de  faire  »uît  peignes  pour  leur  procurer  une 
icntiére  perfedion,  je  crois  quil  eft  à  propos  de 
[donner  la  manière  de  planer  les  peignes  d'une 
[  longueur 'exraordinaîre, 

11  n'ell  pis  poiFible  aux  ouvriers  de  fe  pourvoir 
|jde  tous  L$  uflenfiles  donc  ils  peuvent  avoir  fce- 
[foin  dans  d^s  cas  extraordinaires  ;  il  leur  faffit 
^d'avoir  îes  plus  courans : ajiTi ,  lorsqu'il  fe  préfente 
fian  peigne  plus  long  que  de  coutume  à  faire  , 
Ibous  avons  vu  â:  queîle  minière  on  fubflitue 
[aux  poupées  oa  montons  à  boulons  qui  fe  pla- 
icent  fur  U  table  ,  d'autres  montons  qu'on  fixe  à 
I  tel  écartement  qu'on  îe  défire  ,  au  moyen  de  pier- 
I  res  dont  on  les  charge  ,  ou  de  crampons  plantés 
I  dans  le  plancher. 

Les  efforts  du  planage  font  plus  confidérables 

J[ue  ceux  du  montage,  auffi  eft-il  néceffaire  de 
outenir  ces  efforts  au  moyen  d'une  efpèce  de 
\  fable. 

Cette  table  eft  formée  par  Taffemblage  de  deux 
'  potences ,  plantées  fur  une  planche  ,  &  qui  portent 
une  autre  planche  qui  fe  trouve  parfaitement  k 
la  hauteur  du  deffous  du  peigne  ;  Si  comme  les 
efforts  de  roucil  portent  auffi  contre  les  jumelles 
qui  font  du  côté  de  fouvrier ,  on  y  remédie  en 
attachant  fur  la  petite  table  une  tringle  qui  retient 
les  jumelles. 

Lorfqu'on  a  plané  d'un  côté  ,  il  faut  de  toute 
nèceffiié  que  l'ouvrier  paffe  de  Tautre  ,  &  change 
fa  table  de  pofition  ,  à  caufe  de  la  tringle  qui  doit 
toujours  fe  trouver  de  fon  côté  i  &  quand  toute 
une  face  du  peigne  eft  finie  ,  on  le  retourne  fens- 
deffuS' deffous  de  la  manière  fui  vante. 

L'ouvrier  lâche  la  vis  du  bouîon  ;  &  comme  , 
en  faiûnt  tourner  le  peigne  fur  lui-même,  on  rif- 
querolt  de  le  caffer ,  ou  au  moins  de  le  gauchir , 
un  fécond  ouvrier  fe  met  à  un  bout  &  Taurrc  à 
l'autre  ,  &  tous   deux  enfemble  fom  tourner    le 

f»eigne 'i<vec  beaucoup  d'attention  ;  puis  on  relTcrre 
a  vis  pour  tendre  le  peigne:  on  remet  la  table  ^ 
&  on  achève  de  le  planer, 

JVt  oublié  ,  en  fuivant  Tordre  des  opérations  , 
de  dire  qu'avant  de  pîaner  le  peigne  »  il  eft  à 
ptopos  de  rogner  les  diints  ,  ce  qu*on  ne  fauroit 
taire  qii  en  tourn^"t  le  peigne  fur  fon  champ  ou 
(nv  la  hauteur  »  &  fuivant  la  manière  qu'oit   a 


PAR 

enfeignèe  plus  haut  ;  &  pour  cela  il  faut  auffi  I^ 
cher  la  vis  &  erre  deux. 

Ce  n*eft  pas  qu*on  ne  pût  le  rogoer  aptes  qg% 
cR  phné  ^  mais  comme  nous  venons  de  roit  <\uoê 
le  rerient  contre  la  tringle  de  la  petite  table  «une 
ligne  droite  s*adapie  mieux  fur  une  pareille  Ûgi 
droite ,  &  on  évite  les  tremblemens. 

Lorfque  le  peigne  cft  parfaitemenr  plané  ,  Po* 
pération  fui  va  me  conftfte  à  Texcarner- 

Il  f^mble  bizarre  de  tirer  lesdeqis  avec  tant  de 
foin  à  une  certaine  largeur  ,  pour  les  rédutrt 
enfui  te  k  la  moitié  de  cette  largeur  ,  car  ce  qu'oa 
en  me  fur  chaq«e  face  du  peigne ,  va  à  peu-prèt 
au  quart  ;  mais  on  peut  rendre  pludeurs  raifom 
de  ce   procédé. 

La  prt^miére  ,  eft  que  ces  tenons  qui  ttÛeat 
larges  entre  les  jumelles  les  y  retiennent  ptui  fo- 
lidement  ,  parce  que  plus  un  levier  a  de  lon- 
gueur, &  plus  il  a  de  rorce  ;  l'expérience  a  docc 
appris  que  cette  largeur  meitoit  les  dents  plus  i 
portée  de  réfilter  aux  chocs  muitipUés  qu*clfei 
éprouvent  d«  la  part  des  tou:hons ,  des  nauds  i 
des  tenues  &  autres  accldens  ;  6c  que  fani  uxtt 
précaution  un  peigrre  ne  rendroît  pas  U  moi- 
tié du  fervice  qu'on   eft  en  droit  à^^n  atfcodrc. 

\}n^  autre  raifon  cft ,  qu*étant  obligé  de  pro- 
curer aux  peignes  une  égalité  parfaite  dans  touK 
leur  longueur  »  &.  n'étant  pas  poffible  de  tirer  Ici 
dents  d'une  largeur  parfaitement  égate  «  il  a  âlhi 
fnppléer  à  ce  dcfiut  par  une  opération  partictt* 
liére  ;  de  plus,  ft  les  dents  étoient  trop  Urpi| 
elles faiigucroient  trop  la  chaîne,  &  on  a  micni 
aimé  leur  cri  donner  d'abord  un  peu  plus,  pour 
les  réduire  enfuke  à  celle  qui  leur  convient. 

Les  outils  dont  on  fe  fert  pour  planer  bt  pei- 
gnes ,  doivent  être  d'une  bonne  trempe  fit  bifn 
aftîlés ,  tant  parce  que  la  matière  qu'on  a  à  Ou* 
per  eft  fort  dure*  que  pour  que  les  dems  foicit 
coupées  vif  &  fans  rebarbes  ;  auffi  les  DrvT.;rf 
ont-ils  coutume  d  avoir  devant  eux  une  pienc 
qu'on  nomme  affiloir ,  avec  lequel  ils  avlven 
de  tempi  en  temps  le  tranchant  de   ces  outui. 

Quelque  foin  qu'on  prenne   à  bien  planer  çj 
peigne , il  n  eft  pas  poffible  de  n'y  pas  lalffer de| 
t^s  arêtes  qui  nuiroient  à  la  chaîne  ;  il  a  donc 
excarner  les  dents ,  aVnfi  qu  on  va  le  voir. 

Le  terme  û\x:arn€r ,  aux  yeux  des  perfc 
inftruites  ,  indique   fa  fignification  ;  il    i 
ridée    d*une   opération    p.ir    laquelle    or 
chair  ou  te  bois  des  dents  ,  pour  ne  Utffer  ^ 
récorce. 

Le  foin  qu'on  apporte  à  amincir  les  i&à 
quand  on  les  tire  à  la  filière,  ne  les  fa  ur  oit  ré* 
duirc  à  n'avoir  que  Técnrce ,  dont  on  a  umaufr 
ment  befoki  ;  la  largeur  à  laquelle  on  cft  obVue 
de  les  tenir  »  ne  les  réduit  pas  au  degré  d  cpii** 
feur  oh  Ton  doit  les  porter  ;  je  vais  ^ffayer  et 
me  faire  entendre. 

L*ècorce  des  dents  préfento  une  p^^nion  ée 
cercle  :  nous  avons  vu  qu'en  les  paiLot  a  it  6- 


PAR 

1  ne  les  entanie  pas  de  ce  côté  ;  le  de^ 
t  la  canne  feiil  efl  mangé  par  Vomï\  , 
corce  eft  un    arc  dont   le  dedans  eft   la 

il  fuit  de  là  ,  que  ks  exuéinhès  de  la 
de  CCS  dïînts  offrent  un  arg'e  très -aigu. 

dans  cet  état  qti*on  les  pbce  fur  le  f,ej- 
lais  û  une  opération  poAérkure  au  mon- 
:lle  que  le  .planage  ,  vient  à  entamer  ces 
iir  leur  angle  ,  elles  prendront  la  forme 
rallélogramme  mîitiligne.  On  pourroit  tt- 
lignt:  parallèle  à  îa  droite  des  deux  bouts 
:  ;  c'crt  cette  ligne  droite  qu'il  s^agtt  de 
\n  quelque  fone  ,  en  ôiant  le  fupertîu  j 
n  nomme  excdmtr  Us  dint^, 
fe  fert  pour  ce  travail  d*une  efpèce  de 
mmanché  ;  il  faut   avoir    grand    foin    de 

ôter  plus  de  matière  dsn?î  une  enJroit 
ns  un  autre  ,  pour  que  chaque  coiè  des 
)it  bien  parallèle  à  Tautre  ;  mais  il  faut 
endre   garde   à  ne   pas    endommager  le 

l'ècorce  auquel  le  canif  ne  d»)it  nulle- 
>ucher. 

Première  mdnière. 

n  fe  repréfente  un  ouvrier  aflls  à  côté 
:ib]c  j  &  tenant  de  la  main  gauche  un 
ïrefque  droit ,  &  appuyé  fur  fes  genoux  , 
que  de  la  droite  il  conduit  le  canif  entre 
es  dents  Tune  apris  l'autre  i  ôc  pour  n'en 

aucune,  on  commence  par  un  des  bouts 
ne  jufqu  à  la  moitié  ,  ou  on  doit  fe  fou- 
ju'eîlcs  font  tournées  en  fcns  contraire  : 
1  retourne  le  peigne  bout  pour  bout ,  & 
l'autre  côté  :  on  tient  le  canif  entre  les 
rmiers  doigts  à  peu-prés  comme  une  plume 
>n  écrit, 

bon  de  finir  d*abord  le  peigne  fur  une 
lis  on  le  retourne  pour  voir  s*il  n'y  a 
légaliiés  à  Tautre  lurfacc  ;  &  fi  ion  en 
t  quelqu'une,  on  l'ôte  avec  le  canif  ;  il 
îmc  des  ouvriers  qui  fe  piquent  de  tra- 
avec  déhcateffe ,  qui  le  nniffent  entière - 
îT  une  face ,  6l  le  repailent  entièrement 
rre ,  fans  cependant  affamer  pour  cela  les 

je  ne  faurois  recommanJer  trop  d'atteo- 
mr  n'en  pas  ôter  plus  à  quelques  denrs 
otres  ;  car  de  là  viennent  fouvcnt  ces  raies 

[)erçottfur  toute  la  longueur  d'une  étoffe  , 
a  rendent  déftftneufe  :  il  n'y  a  de  re- 
ce  malheur  que  de  rejeter  le  peigne. 

Seconde  manière^ 

sxécute  cette  féconde  manière  en  pofant 
ne  horifontalement  fur  une  i.ible  ,  6i  l  y 
t  au  moyen  d*un  poids  ou  d\]n  plomb  ; 
I  fe  fert  d'un  canif,  comme  nous  Tavons 
ats  cette  méthode  cft  très-défcâueufe  ,  en 


PAR  66$ 

ce  que  le  peigne  pofant  immédiatement  fur  la 
table  j  ne  permet  pas  à  finflrument  tout  le  jeu 
qui  lui  efl  néceffaire  ;  pour  peu  que  fouvrier 
renfonce  un  peu  plus  qu  il  ne  faut ,  il  rencontre 
la  table  ,  ce  qui  dérange  Topération, 

Quelques  peigners  plus  intelligens  ont  imagt* 
né  d'élever  le  peigne  pour  qu'il  fût  libre  par* 
deffous. 

Pour  cet  effet  on  pofe  le  peigne  dans  une  fituation 
horifomale  ,  fur  deux  p^rallétipipcdes  de  bois  de 
trois  pouces  à  peu- prés  de  grolTtur ,  fur  huit  à 
neuf  de  long.  Chacun  u'cux  cft  percé  aux  deux 
eitrémités  d'un  trou  c^rré  pour  recevoir  des 
boulons  ,  dont  la  tète  les  reti.vnt  en  place. 

Ces  boulons  font  taraudés  de  toute  la  longueur 
qui  fort  du  bois  ,  pour  ,  au  moyen  d'écrous  à 
oreilles ,  ferrer  autant  qu'on  le  veut  une  petite 
traverfc ,  &  par  conféquent  retenir  folidement 
le  peigne  entr'elle   $l  la  pièce  de  bois. 

Le  tout  efl  poTè  fur  une  table  ;  Touvrier  n*eft 
aucunement  gêné  pour  cxcarner  ;  &  lorfqu'il  a 
fait  les  psiriies  qui  ne  touchent  point  aux  fup- 
ports  j  il  lâche  les  vis  &  change  le  peigne  de 
place. 

Il  fembleroir  plus  naturel  de  retenir  le  pjpignc 
dans  cette  efpèce  de  preffe  par  fes  extrémités  ; 
mais  la  pefanteur  des  mains  »  quelque  foin  qu'on 
y  apporte  ^  ne  fauroit  manquer  de  le  fatiguer  , 
&  de  lui  faire  prendre  utîe  tournure  défedueufe  ; 
au  lieu  que  Tefpace  contenu  entre  ces  appuis 
étant  plus  court ,  il  ne  rifque  pas  de  fe  caiïer. 
Il  y  a  cependant  des  ouvriers  qui  placent  le  pei- 
gne fur  les  deux  extrémités  ;  &  pour  ne  pas  le 
fatiguer  du  poids  des  mains  ,  ils  fc  fervent  de 
Teipédient  que  voici. 

Sur  la  longueur  d'une  table  ,  &  de  la  m  oit  le 
de  fon  épaiffeur  ,  font  praiiquèes  deux  rainures  , 
dans  lefqueUes  entre  le  côré  étroit  de  deux  cou- 
liffes  ,  &  féparément  on  pratique  en-deffous  de 
ces  coulifles  une  feuillure  propre  à  recevoir  les 
tenons  d'une  pièce  de  bois  ,  qui  gtiffe  fur  la 
table. 

La  largeur  des  entailles  eA  égale  à  Tépaiffeur 
de  la  partie  large  des  couflffes  qu'elles  reçoi- 
vent ,  au  moyen  de  quoi  cette  pièce  de  bois  ne 
ghffe  qu'avec  un  peu  de  frottement. 

L'auire  pièce  de  bois  li'eft  qu*un  parallèlipl- 
pédc  fiiiè  fur  la  table  au  moyen  des  têtes  catrées 
des  deux  boulons  à  vis  qui  entrent  dans  l*épaif- 
feur  en-deffous  de  cette  table  ,  &  paffent  au  tra^ 
vers  dans  des  trous  pratiqués  exprès  ;  les  trin- 
gles font  apptiyécs  par  leur  bout  contre  cette 
pièce  immobile ,  &  les  rainiitcs  ne  commencent 
que  de  là. 

Dans  les  boulons  de  chaque  pièce  de  hois  , 
l'une  mobile  ,  &  l'autre  immobile  ,  entrent  deux 
tringl-s  de  bois  ,  dont  l'office  cù  de  retenir  le 
peigne  au  moyen  des  écrcus  à  oreilles. 

Les  preffes  peuvent  fc  prêter  à  toutes  les  lon- 
gueurs pofftbles  du  peigne ,  au  moyen  de  la  fa* 


^ 


664 


PAR 


culte  qu  a  la  pièce  fupérleure  de  gUffer  entre  les 
tringles  parallèles.  Pour  que  la  longueur  du  pei- 
gne &  la  pefanteur  des  malni  n'y  Éaftcnc  aucun 
tort,  rouvrier  met  un,  deux  &  même  trois  couf- 
fins  de  boîs  ,  fur  lefquels  porte  le  peigne,  & 
qui!  a  la  liberté  de  cKanger  de  place  à  volonté: 
il  peut  même  fans  crainte  appuyer  le  coude  gau- 
che fur  fon  ouvrage ,  en  pîaçint  un  couffin  à 
ce^t  endroit. 

Il  eil  aifé  de  fentir  que  les  vis  de  la  pièce  mobile 
se  doivent  avoir  aucune  communication  avec 
la  table  ,  non  plus  qu  avec  les  tringles  ;  mais  les 
tètes  fom  encaftrées  de  toute  leur  épaiffeur  dans 
le  de  (Tous  de  la  pièce  de  bois  ,  au  moyen  de 
quoi  elles  n'apportent  aucun  obAacle  à  ce  que 
cette  pièce  puifle  glitTer. 

Comme  ce  métier  eft  fort  étroit,  il  eft  peu 
cmbarr^^fTint ,  &  Ton  peut  l'approcher  d*une  fenêtre 
pour  fe  procurer  un  beau  jour  »  dont  on  a  grand 
befoln  pour  cette  opéraiion;  &  quand  on  a  fini  une 
moitié  de  la  longueur  du  peigne ,  on  retourne  le  mé- 
tier pour  faire  Tautre.  Il  y  a  même  des  ouvriers  qui , 
fans  rien  déranger  ,  finirent  un  peigne  fur  toute 
fa  longueur.  Comme  nous  avons  vu  que  la  moi- 
tié des  dents  efl  tournée  vers  un  bout  &  Ta  ti- 
tre vers  Tautre ,  il  faut  pour  cela  s*accoutumer  à 
tenir  Toutil  également  bien  des  deux  fens ,  ce 
que  beaucoup  d'ouvriers  ne  peuvent  faire. 

On  excarne  chaque  dent  en  commençant  par 
un  bout  ;  puis  reprenant  Tautre  bout,  on  retourne 
le  canif  pour  les  dents  dont  Técorce  eft  à  droite, 
&  du  fens  oppofé  pour  les  autres.  On  en  ufe 
zinfi  pour  qu'elles  le  trouvent  parfaiiemet  évi- 
dées  dans  toute  leur  longueur  ;  car  comme  il 
n*eft  pas  polïïble  de  commencer  tout  contre  les 
jumelles,  H  on  n*y  repaffoit  le  canif,  cet  endroit 
fe  trouvcroii  plus  épais ,  &  cette  inégalité  endom- 
mageroit  la  chaîne,  fur-tout  dans  une  étoffe  de 
foie  i  maïs  dans  tous  les  cas  ,  il  faut,  quand  une 
face  du  peigne  ed  finie  ^  Tôter  de  fa  place  pour 
le  retourner  d;  l'autre  côté. 

On  ne  faurott  apporter  trop  d'atreiuion  à  bien 
finir  un  peigne  ;  les  difficultés  augmentent  en 
proportion  du  nombre  de  dents  dont  ils  font 
campofés;&  plus  les  dents  font  multipliées  & 
Hnes ,  plus  elles  doivent  être  finies,  à  caufe  du 
peu  de  paffagc  qu'elles  laiffcnt  aux  fils  de  la 
tfcaîrje- 

Trotfèmt  manîlrc* 

La  troifième  manière  d*excarner  les  peignes  eft  , 
pour  le  fond  dcTopération  »  la  même  que  celle  que 
nous  venons  de  voir ,  puifqu'tl  s'agit  toujours 
d'évidor  les  dents  Tune  après  l'autre;  mais  celle-ci 
cônïifte  à  placer  la  main  en-tleffous  du  peigne  , 
de  m.aniére  que  la  Lrae  du  canif  étant  pafféc  en- 
tre chaque  dent,  on  la  faffe  mouvoir  de  bas  en 
haut,  au  lieu  qu'elle avoit une uireaion contraire  ; 
poïM*  cela  il  eu  nêceffaîrc  que  ces  peignes  foient 


PAR 

à  une  certaine  èlévâtton  du  métier  «pour  dons» 

un  paffage  libre  à  la  main. 

Le  métier  dont  on  fe  fert  pour  ceî«  n'a  rîea 
de  particulier ,  ce  n'eft  tutrc  chofc  que  celiïî  fur 
lequel  on  a  monté  le  peigne.  On  y  voit  mèms  U$ 
poupées  qui  ne  gênent  aucunement  pour  ce  tra- 
vail ;  il  eft  feulement  à  propos  de  faire  connoirrc 
la  conftruélion  &  la  pofiiion  des  montans  qm 
portent  le  peigne. 

Chacun  de  ces  montans  eft  un  morceau  de  bois 
à  peu-près  carré  »  dont  la  longueur  nVft  pas  dé- 
terminée ;  elle  dépend  de  la  nauteur  du  métier 
fur  lequel  on  les  placer  mais  en  général  elle  «iosr 
être  telle  qu'un  ouvrier  a(Hs  puiffe  y  travilllrr 
commodément. 

Au  bas  de  ce  montant  eft  un  tenon  par  oj  ti 
entre  jufte  dans  une  des  mortaifes  qui  font  fur 
le  métier  i  ils  n'ont  pas  befoin  de  plus  de  faiidité, 
car  ils  ne  font  aucun  effort. 

Au  haut  de  ces  mêmes  montans  eft  ane  mot- 
taife  carrée  ,  propre  à  recevoir  jufte  le  tcnoo 
du  fupport  qui  repofe  contre  le  monnnt  , 
au  moyen  d  un  fort  épaulement ,  &  va  en  di* 
minuant  vers  lautre  bout ,  par-deftbus,  pourqwe 
l'ouvrier ,  en  promenant  fes  mains ,  ae  rcocootrc 
rien  qui  le  bleffe. 

Il  faut  avoir  attention  que  te  dcffus  de  ce  fup- 
port foit  bien  à  angle  droit  avec  le  montam  où 
ïî  eft  affemblé. 

On  en  place  fur  le  devant  du  métier  quatre  1 
fix  ou  huit  ,  fuivam  la  longueur  du  peigne ,  U 
pour  cela  on  pratique  fur  la  longueur  une  raQ|^ 
de  trous  carrés  dans  une  même  ligne. 

Comme  il  faut  que  le  peigne  repofe  for  ces 
fupports  ,  on  a  foin  quiis  loient  tous  à  ègak 
hauteur. 

Quelques  ouvriers  y  arrêtent  le  peigne  an 
moyen  d'un  poids  de  fer  ou  de  plomb  ;  (Tai^ 
très  fe  contentent  de  retenir  le  peigne  avec  la 
main  gauche  ,  tandis  que  la  droite   travaille. 

Il  y  a  encore  une  autre  manière  de  placer  le  pd' 
gne  dans  cette  pofition  horifontale  ;  elle  nediâïfe 
prefque  pas  de  celle  que  nous  venons  de  voir  ;  inaîi 
la  manière  de  placer  les  montans  eft  plus  rcchtr- 
cbée  ,  &  peut-être  plus  commode. 

Aux  deux  extrémités  d'une  table  »  font  pi 
des  montans  ,  dont  le  premier  a  la  forme  1 
croix  dont  te  grand  croiullon  s  élève  au^dcfli 
métier  ,  à  peu-près  de  h  hauteur  des  moj 
dont  nous  parlions  il  n*y  a  qu'un  inftant  «  & 
le  fupport ,  fait  à  peu* près  comme  celui 
a  vu  ^  mais  il  eft  un  peu  plus  large. 

Le    croifiilon   oppofé  entre   dans   U   m^Titaift 
faîte  au  bout  de  la  table  ,  &  ce  montant 
fur  les  deux  autres  croifillons. 

A  l'autre  bout  eft  tine  croix   fcmbUble     

première  ,  &  qu*on  pUce  de   même  ;    mais  ft 
croifiilon  fupé rieur  eft  fort  coun. 


I 


I 


I 


PAR 

Sur  les  dcox  èpaiilem*ns  qui  forment  ces 
croifîllons  .  repofent  dîrux  trinjjles  carrées  qui 
y  font  chevillées  par  les  bruts. 

Dans  rentre -deux  de  ces  tringles  gltile  Je 
Diontam  ;  Ôe  pour  pouvoir  Tarrèter  oii  l'on  veut  , 
fui  vaut  U  longueur  Je  peigne  y  on  pratique  au 
croiiîllon  inférictir  »  St  fur  fort  cpailTt:ur,  «ne  mor- 
laifc  oii  paffe  la  clef  qui  le  ferre  contre  les  trin- 
gles. 

Au  haut  eft  une  monaife  pareille  à  celle  qu'on 
a  vue  au  précédent  »  pour  recevoir  un  fopport  ; 
ati  miiïeu  de  la  largeur  de  ce  fupport ,  6c  aflfez  près 
du  montant  ^  eft  un  trou  oii  p.ilTe  ie  bouîon  à  tête , 
taraudé  de  plus  de  la  moitié  de  fa  longueur  ;  ce 
Boulon  étant  en  place,  la  tôtc  cn-dtfT^us  ,  reçoit 
sruili  l'autre  pièce  de  bois,  qui  étant  preflTée  par 
Fécrou  â  oreilles  ,  retient  ïe  peigne  p^r  les  deux 
extrémités  fur  le  montant ,  à  rècai tcmeot  qui  déter- 
mine fa  longueur. 

Pour  ne  pas  fatiguer  le  peigne  en  appuyant  les 
mains  deiTus quand  on  travaille ,  on  fait  paiter  entre 
les  tringles  pluûeurs  fupports  a(ïez  longs  pour  que 
Je  peigne  pofe  deffus  fans  le  forcer;  fit  comme 
rien  ue  les  retient  ,  on  a  la  liberté  de  ks  f&ire 
couler  à  mefure  qu  on  en  a  befoln. 

Le  métier  à  excarner ,  que  je  viens  de  décrire  , 
n'étant  monté  que  fur  une  planche  qui  lui  ferr  de 
bafe*  on  a  la  liberté  de  le  placer  fur  un  métier 
à  monter  les  peignes  ,  ou  fur  des  tréteaux  ,  comme 
on  le  trouve  plus  commode. 

Qu*il  me  foit  permis,  en  finî/Tant  cet  article  , 
de  h^ifarcler  mon  femiment*  Li  mulripliciié  dis 
vilenfiies  dans  tous  les  arts  me  fcmblc  une  char- 
laraneriedoni  il  feroit  à  fouhaiter  qu'on  fe  défit  : 
pourquoi  ,  par  exemple ,  tant  de  métiers  pour 
eicarner  les  peignes  ? 

Un  peigner  un  peu  occupé  ,.  qui  (c  pîqueroît 
de  raffembler  tous  les  ufteufilcs  de  fa  profefljon  , 
trouveroit  à  peine  de  b  place  pour  les  loger  ; 
fie  feroit  -  il  pas  p!us  fimple  de  ûire  Topération 
dont  la  defcripîion  vient  de  nous  occuper ,  for 
le  m;bricr  même  fur  lequci  on  a  monté  le  pei- 
gne ?  Le  dernier  des  méiiers  que  nous  venons  de 
âéctire  ,  reffcmble  fi  fort  à  celui  à  poupées  »^qu'iï 
femble  qu'on  n'ait  eu  en  vue  que  de  multiplier  les 
embarras.  Je  vais  offrir  au  leéleur  quelques  ré- 
'exions  fur  les  trots  manières  d'excarticr  que  je 
Viens  de  rapporter. 

Comme  cctre  opération  CJiige  que  le  peigne  ^ 
ait  wnt  pofition  afTurce  ,  &  que  le  moindre  mou- 
vemeut  produit  des  inégalités  fur  la  longueur  des 
dents ,  il  eft  certainque  la  méthode  de  ceux  qui  tien- 
nent le  peigne  fur  leur  genoa ,  cil  dcfctîlueufe  ;  auOi 
ai-jc  connu  un  habile  peigner  ^  qui  »  faute  de  con- 
notre  les  moyens  de  hxer  le  peigne,  vouloit 
qu^ju  moins  on  fa^puyât  foli dément  contre  un 
œnr,  une  tnbîc  ,  un  banc  ,  àc. 

La  feonde  manière  e(l  fans  confredit  préférable 
à  la  première ,  parce  que  le  peigne  étant  6xé  dans   \ 

Arié  ^  Miikrs  ,    Jùmt  K  i  dft.  Il, 


PAR 


665 


une  pofition  hotifontale  ,  on  eft  p!u5  afluré  d*o- 
pérer  également  fur  toutes  les  dents  ;  mais  d'un 
autre  côté  on  ne  peut  pas  juger  parFatîcm:nt  de  la 
quantité  de  iTiJtiére  qu*on  emporte  avec  le  canif, 
puifquebnjiin  ca;Iiv  lendroit  oii  foc  travaille; 
au  lieu  que  pjr  la  troîfiémc  on  voit  à  découvert 
tout  le  peigne  ,  6c  Ton  ^ut  voir  par  degrés  les 
dents  acquérir  la  foyme  qu'on  a  dcHUn  de  leur 
donner. 

Il  eft  fi  important  de  ne  pas  faire  de  dents  plus 
épaiiïes  ou  plus  minces  dans  la  totalité  de  ce  S  les 
qui  compofent  un  peigne ,  que  pour  peu  qu'il  en 
échappe  quelques  -  unes  ,  on  s'en  aperçoit  aufll- 
tôt  fur  Tétoife  ;  une  dent  trop  mince  étant  preffée 
par  la  chaîne  ,  la  rapproche  de  fa  voifine ,  Ôc  de 
là  viennent  ces  nuances  qu'on  aperçoit  dans  les 
érofles  qui  ne  fe  mettent  point  à  la  foule  ;  ces 
nuances  ne  font  produites  par  aucun  changement 
de  couleur  résî  »  foit  dans  b  chaîne  ,  foit  dani 
h  trame  ;  mais  comme  il  ne  fauroit  arriver  ou  une 
dent  foit  trop  proche  de  fa  voifine  d'un  côté  , 
qu'elle  ne  foit  en  même  temps  trop  éloignée  de 
fa  voifine  de  Taurre  côté,  de -là  deux  enets  qui 
produifent  un  changement  de  nuances  qui  n'cd 
qu'apparent; 

La  raie  fombre  eft  produite  par  les  fils  qui  font 
trop  ferrés  entre  les  djnts ,  Si  la  raie  plus  claire 
qui  b  fuit,  provient  du  trop  d'écartemeni  qu*ORC 
entre  eux  les  ûls  ciui  paient  dans  b  dent  écartée. 

La  raifon  en  eft  ,  que  les  couleurs  de  b  trame 
rrcs-ferrcc  entre  les  fils  de  la  ch;iine  ,  qui  eft  tres- 
fcrrce  elle-mlmc  ,  n'ont  pas  autant  de  Jeu  que 
lorfqa'elîe  eft  pîus  lâche  ;  alnfi  ces  effets  devien- 
nent d'amant  pîus  fcnfibks  k  la  vue>  que  l'étoffe 
câ  fabriquée  avec  phis  de  rg  ubrité. 

L'inégalité  d*écartemt:nt  d'une  ou  de  quelques 
dents  dans  b  totilué  d'ttn  peigne,  ne  îe  met  ce- 
pendant par  h'ïrs  défit  de  fcrvir-  On  peut  en 
fubllituer  une  autre  à  l^.  pbce  de  celle  qu'on  a 
trop  amincie  en  cxcarnant.  J'cnfeignerai  ti- après  , 
b  manière  de  remettre  des  dentsfans  démonter 
le  peigne. 

Lof  iqu'une  dent  efl  trop  ipaîffe ,  il  eft  fort  facile 
de  IVmincir  ;  lorfqu'elle  cfl  trop  écartée  »  on  ne  fau- 
roit rapprocher  les  autres  fans  ébranler  tout  le 
peigne.  Mais  quand  il  y  en  a  cptelqucs-unes  de 
trop  rapprochées  des  autres  ,  on  peut  y  remédier 
en  les  rendant  un  peu  plus  minces  ;  par  ce  moyen 
on  obtient  un  écartement  à-peu-pr^s  égal ,  6c  Hr^ 
régularité  devient  moins  fcnfible  :  malgré  tous  ces 
foins  ^  on  ne  peut  que  rendre  un  pareil  peigne 
paflabic  .  il  ne  lera  jamais  parfait. 

Manîèn  de  couvrir  U$  jumelles  avtT  iUs  handts  de 
papier  ^^  de  rtàrtffer  L  t  dents. 

Rien  n'eH  auHi  aifé  que  de  coller  lîes  bandri 
de  papier  fur  les  jumelles  d'un  peigne  ;  il  fuflit 
d'apporter  à  ce  travail  quelque  attcrUion  ,  pour 

P  PPP 


666 


PAR 


que  ce  papier  ,  en  entourant  les  jumelles,  vienne 
tout  contre  les  dents  fans  pofer  deiîus. 

Pour  cela  on  prend  avec  un  peu  de  papier  ou 
autrement ,  la  circonférence  de  ces  jumelles  d'une 
face  du  peigne  à  l'autre ,  ce  qui  détermine  la  lar- 
geur des  bandes  de  p*ipier. 

On  en  coupe  une  certaine  quantité  ,  que  l'ouvrier 
qui  les  colie,  6xe  fur  la  tab'e  avec  un  morceau 
de  piomb  ou  autre  cliofe  de  pefant  ;  pui«  ks 
cnduifant  de  colle  d'un  côté  ,  il  les  laifie  fur  la 
table  ,&  pofe  le  peigne  au  milieu  de  chaque  b;  nde 
fur  la  hauteur  ;  apre^  quoi  il  le  couche  de  fou  côté 
fans  perdre  le  milieu  de  b  bande,  &  en  appuyant 
fur  ta  longueur  des  jumelles  »  il  les  force  à  iaifir 
le  papier  ;  enfin  il  retourne  le  peigne  de  Tauire 
côté ,  ce  qui  achève  de  coucher  le  papier  tout  au- 
tour des  jumelles. 

Il  eft  difficile  de  coller  ces  bandes  dâ  papier 
fans  qu'il  s'y  forme  quelques  plis  ;  aullii,  pour  les 
faire  difparoitre ,  &  pour  forcer  le  papier  à  pren- 
dre la  formd  des  jumelles,  on  prend  une  autre  bande 
de  papier  plus  larg^'  ,  qu'oii  pofe  fur  ctlle  qui  ell 
collée  ,  &  on  frotte  en  tous  fens  pour  bien  f  un^r 
fans  crainte  de  rien  déchirer  ;  mai*  il  faut  pour 
cela  que  ceilc  de  deffus  foit  bien  feche  :  quand 
cette  première  bande  eA  collée  ,  on  en  place  une 
autre  au  bout  ,  6i  ainfi  de  fuite  aux  autres  ju- 
melles. 

Comme  nous  avons  vu  que  les  grofTeurs  du 
ligneul  varient  fuivant  le  ^tms  de  peignes  qu'on 
fabriquées:  p.ir  d'autres  raifcms  qu  on  doit  fe  r  ap- 
peler ,  il  cft  évident  que  la  circonférence  des  ju- 
melies  doit  fuivre  cette  variation  :  aufli  les  bandes 
de  papier ,  poi:r  entourer  cette  circonférence ,  doi- 
vent-elles être  plus  ou  muins  larges. 

Mais  on  ne  fauruic  leur  procurer  cette  égalité 
de  largeur  en  les  coupant  avec  des  clfcaui  , 
ou  avec  un  couteau  en  pliant  le  papier  par  ban- 
des ;  les  peigners  ont  imaginé  1  uftenfde  que  je 
vais  décrire  ,  tart  pour  aller  plus  vite  ,  que  pour 
mieux  régler  ces  largeurs. 

Aiix  deux  extrémités  d*une  table  ,  font  deux 
trous  carrés  »  propres  à  recevoir  les  têtes  carrées 
de  deux  vis  qui  paflent  dans  les  trous  correfpon- 
dans  d'une  inî^gle. 

On  place  une  certaine  quatîtiié  de  feuilles  de  pa- 
pier Tune  fur  lautre  ,  &  on  n'en  laitTc  déborder 
que  ce  qu'on  veut  donner  de  laigeur  à  chaque 
bout  au  moyen  d'un  compas  ,  pui»  on  ferre  leit 
ècrot^s  à  oreille  ,  qui,  en  prtfTant  fur  la  tringle, 
empêchent  le  papier  de  charger  de  pofition  ,àvec 
un  outil  dont  la  lame  redémble  afltzà  celle  d'un 
grattoir,  mais  dont  h  foi£  efl  très  -  forte  &  enne 
dars  le  manche  garni  ^  e  viroles  :il  en  fépare  d'un 
feul  coup  une  aflez^ grande  quantité. 

Cette  lame  a  deui  tranchans ,  parce  que  rîen 
n'émouiTe  autant  les  outils  que  de  couper  du  papier 
ou  du  carton  ;  auffi  eA-il  fort  fou  vent  obligé  de  les 
paffer  fur  un  affiloir.Lorfque toutes  les  feuilles  de 
papier  font  coupées ,  on  deiferre  les  vis  ^  on  reprend 


PAR 

une  autre  largeur  de  bandes  qu'on  coupe  de  mètnc! 
&  ainfi  de  fuite  jufqu'à  la  fin ,  ayant  eu  foin  « 
avant  l'opération  ,  de  marquer  fur  la  prontért 
feuiîle  avec  le  même  écariement  du  compas^  tou- 
tes les  largeurs  des  bandes  qu'on  peut  y  trouver. 
On  ferre  à  part  toutes  les  bandes  de  chaque  lar- 
geur ,  &  oùéme  on  a  foin  de  s'en  pourvoir  abon- 
damment de  toutes,  depuis  un  pouce  jufqtrà  drux, 
de  demi'ligne  en  demi-ligne  ,  qu*on  oumé  oce 
depuis  un  fiïfqu'à  vingt-quatre  ,  pour  les  recon- 
noiire  au  befo^ni 

La  méthode  que  je  viens  de  rapporter  cft  ce 
ufage  dans  beaucoup  de  provinces  ,  ou  ,  fjuic 
de  reflTources ,  les  ouvriers  font  oblrgés  de  faire 
tout  eux-mêmes  ;  mais  dans  les  grandes  viUcs  ib 
font  couper  ce  papier  par  bandes  par  des  papctieti 
ou  par  des  relieurs  «  dont  la  prene  &  le  couteau  à 
rogner  font  bien  plus  furs  &  plus  expêditifs* 

On  eft  afTuré  par  ce  moyen  de  faire  ces  bandci 
bîeu  égales  de  largeur  >  Ô£  on  en  peut  couper  t(i)c 
bien  plus  grande  quantité  d'un  coup*  puift^n'ofi 
rogne unetiim^  de  papier i-la-fois  II f^ut pèferiref 
ces  bandes  ainii  coupées ,  de  Thumidité  ;  le  mleuiei 
de  les  mettre  fuivant  leurs  numéros  dans  les  cafo 
numérotées  d'une  grande  boîte. 

Quelques  ouvriers  ,  plus  recherchés  dans  leur  m- 
vail ,  fe  fervent  d'une  autre  mérhode  pour  couvrir 
de  papier  les  j'm.lles  dj  leurs  peignes*  Au  bord 
d'une  table,  on  plante  deux  morceaux  de  bois 
dont  rtnfourchemenr  faifit  jufte  Tépaiffeur  de 
cette  table  ,  Se  s'il  devient  un  peu  lâche  ,  on  peut 
y  gliifer  une  ou  deux  cartes  à  jouer  ;  puis  avec 
deux  chevilles  de  bois  on  y  fixe  un  chaûis  an 
moyen  de  deux  trous. 

Les  deux  monta ns  font  aifemhlés  aiTex  (ample- 
ment par  une  traverfe  ;  mais  au  haut  de  ces  moft- 
rans  efl  une  entaille  ,  où  l  on  place  le  peigne  fur  b 
hauteur. 

Dans  cette  pofition  l'ouvrier  couvre  fcs  juindlci 
de  papier,  6c  i  la  hb^-rté  de  faire  tourner  le  p«K 
gne  avec  le  chaiTis ,  &  de  régler  fon  papier  en- 
delTus  &  en  deftous  k  (a  volonté.  Cette  méthode  «ft 
fort  bonne  ;  mais  avec  de  Tactention,  toutes  dcus 
peuvent  très-bien  remplir  le  même  objet. 

Quelques  peigners  s*y  prent^ent  diffjrcmineiit; 
les  uns  tiennent  le  p;;igne  entre  leurs  genoux  , 
d'autres  le  font  tenir  par  quelqu'un ,  tandis  qu'il! 
collent  le  papier  ;  enfin  ,  pourvu  que  la  pcrfeâiM 
s'y  trouve ,  peu  importe  comment  on  vy  preaoe: 
leffeniiel  eA  quM  n*y  ait  point  de  pli^  furlalo^ 
gueur  des  bandes  ,  car  elles  nuiroient  au  p^tfOt 
quand  on  fabrique  l'étoffe. 

Manière  ât  rcdrtjftr  Us  dcms. 

L'opération  du  planage  «  ainft  que  celle  d*e 
ner  les  dents  ,  quelque  loin  qu'on  y  apporte ,  £it»*] 
guc  nécetTairement  les  dents  :  auffi ,  loriqQ*cia  pei-  j 
gne  efl  fini,  on  y  voit  beaucoup  de  dcno  qià\ 
ont  pris  un  certain  degré  de  courbure  qui  fajiy 


PAR 

fort  nuîfible  à  la  fabrique  ,  fi  l'on  n'y  avoit  pourvu 
par  la  dernière  des  opérations  qu'il  eil  à  propos 
de  faire  1  un  peij»ne  »  celle  d'en  redretTcrles  dc^n*. 

Entre  les  différentes  méthodes  qu'on  a  adop- 
tées fiour  cela  ,  je  n'en  ai  remarqué  que  deux 
qui  inv*ntent  d'éire  r.ipportèes  :  les  voici* 
Pour  la  première,  un  ouvrier  rient  de  la  main  gauche 
un  peigne  par  le  milieu  ,  dont  un  bout  eft  appuyé 
contre  fon  cflomac ,  tandis  que  de  la  main  droite 
il  pafTe  un  drr£oir  efltre  1î;s  dénis  qui  fe  font  cour- 
We$* 

Ce  dreflbir  n  efl  autre  chofe  qu'une  pièce  de  fei 
fcice  comme  une  piiette  ou  comme  unt  fpatule 
fore  mince  par  le  bouc ,  pour  pouvoir  entrer  entre 
les  dents  les  plus  ferrées  ,  &  qui  va  en  épaîf- 
fiflTatu  infenfiblement^jjfquàrendroit  ouTon  voit 
fa  largeur  diminuer  par  deax  plans  inclinés  »  qui 
cft  beaucoup  plus  épais. 

La  lige ,  qui  par  l'autre  bout  entre  dans  Iq 
manche  ,  eil  carrée  ,  &  terminée  en  pointe 
pour  qu*on  puifle  Tentrer  à  force  dans  fon  manche. 
Ces  fortes  d'outils  s'emploient  chauds  ;  & 
comme  ils  font  fort  minces ,  ils  fe  refroidi flem 
promptement  r  c'eil,  pourquoi  il  eft  à  propos 
d'en  avoir  au  moi:is  quatre  qui  chauffent  alter- 
nativement pendant  qu'on  fe  fert  de  Fun  ;  & 
f>our  plus  de  commcdltc,  Touvriêr  a  k  côté  de 
ui  un  réchaud  de  feu  oii  on  les  met. 

Il  faut  bien  prendre  garde  de  fe  fervîr  de  ces 
fers  trop  chauds  j  on  biuleroit  les  dents  ;  il  ne 
faut  que  les  échauffer  j^our  faire  tant'  foit  peu 
fondre  la  poix -du  lîgnéul,  &  par  ce  moyen  fa- 
ciliter la*  dent  à  fe  reircffer  par  fa  qualité  cUf- 
tique. 

On  à  auffi  des  dreffoirs  terminés  à  peu  -  prés 
en  poime  ,  pour  qu'on  pui{re  plus  aifément  Tin- 
(înuer  entre  le?    dents. 

LafeconJe  mairère  eft  abfoUiment  f:;mblable  a 
la  première;  le  drefToir  feul  en  fait  la  différence» 
aînfi  que  la  pofuion  du  peigne. 

Le  peigne  cA  d^ns  une  pofition  horîfontalc  , 
fit  cft  retenu  à  l'aifc  dans  des  entatUes,  avec  nu 
tenon  qui  s'AJuHe  à  des  trous  pratiqués  fur 
la  table. 

On  conçoit  que  dans  cette  opération  on  a  b> 
foin  que  les  dreiToirs  f:)ient  courhés  ,  pour  que 
ta  palette  fe  pic  mène  entre  les  dents  parjiiélc- 
ment  à  ellus  mêmes» 

Ce  drefToir ,  dans  fa  conftruflîon  ,  ne  diffère 
du    précédent    que    par      la     courhur?    :   il    cfl 

finmanché  de  même  ;  oC  commj  la  chaleur  fait 
éjeter  le    bois,  il  ne  ticndroit  bientôt  nlu5  dans 
fon  manche ,  (I  Ton  n'avoir  U  précaution  de  le 

r^ar  par  le  bout  de  ce  mAncbe. 
Tels    font    ks   prccêdêi    quon   met  en  ufage 
pour  porter  les  pi.;lgnc§  à  la  pcrfeflion  qui  kur 
câ  néceffaire. 

Il  me  rcfte,  en  fîniffant ,  à  rendre  compte  d'uoe 
dcrmèrc  précaution  que  quelques  ouvriers,  p!^s 
cuiîeux  de  ia  perfcâion  que  les  kutres^  preonenc 


PAR 


667 


pour  que  leurs  peignes  ne  fouffrent  aucun  dom- 
mage dans  la  rainure  du  banant»  ou  il  éprouve 
des  faccades  confidèrables  &  muUipIiées. 

Le  papier  dont  nous  avons  dit  qu*on  couvre 
les  jumelles  #  fert  autant  à  la  foUdité  du  peigne, 
qu'à  empêcher  la  poix  de  couler  lorfqu'on  redref- 
le  les  dents  ;  mais  fans  une  grande  attention  pour 
tien  coller  ce  papier  ,  la  poix  durcie  s'écailleroit 
à  force  de  recevoir  mille  contre-coups  :  c*eft  pour 
cela  que  quelques  ouvriers  collent  une  féconde 
bande  de  papier  pardeffits  les  premières  ;  mais 
ils  ont  aacnâon  que  le  premier  foit  plus  foibîe, 
fans  quoi  le  fécond  ne  tîendroît  pas ,  6c  même 
ils  fe  décoUeroie.it  tous  deux. 

Des  peignes  d'acier* 

Les  peignes  de  canne  ,  dont  on  a  détaillé 
la  conOrdàion  plus  haut  ,  font  ceux  dont 
on  s*cil  fervi  le  plus  anciennement ,  &  même 
untverfellement.  Ils  font  t;ès-bo:;s  pour  fabri- 
quer toutes  fortef  d*éioffes  ,  3c  font  encore  en 
u'age  d*ins  pref^ue  toutes  les  manufaâures  de 
rEuropc.  On  p.'i!t  même  d^e  que,  pour  cer- 
tiins  genres  ,  ils  font  préférables  à  ceux  d'acier; 
mais  fur  la  fin  du  fiècle  dernier,  on  vit  éclore 
pkifieiirs  genres  d*étoffes,  dont  il  paroit  que  nos 
anciens  n*ont  jamais  eu  connoiffance  ;  la  méca- 
nique, portée  au  plus  haut  degré  de  perfedion  , 
a  fans  doute  aplani  les  difficultés  qu'ils  n*a- 
voicnt  peut-être  pas  pu  vaincre  jufquà  ce  mo^ 
menu 

La  néceffité  d'exécuter  les  étoffes  qu*on  venoît 
d*irîventer  *  a  rendu  infoilîfans  ,  à  beaucoup  d'é- 
gards ,  les  peignes  de  canne  »  dont  on  ne  peut 
cependant  fe  paffer  pour  toutes  les  auires  ;  6c 
TobUgation  de  reffcrrerdans  un  cfpacc  fort  étroit 
une  quantité  ir^'^^nfe  de  dents,  qu'on  ne  pou- 
voit  plus  faire  ea  canne  fans  leur  otjr  leur  prin* 
cipale  qualité,  la  force,  a  dû  naajrellement  l^ur 
fctii-e  fubftituer  Tacier,  que  rindullrie  des  hommes 
gouverne  à  fon  gré,  Si  dont  on  eft  venu  à  bout 
de  former  du  fil  suffi  fin  que  des  ch€v;nx* 

Malgré  les  foins  que  j^ai  pris  pour  fixnr  l'épo- 
que iie  rinvcntîon  des  peignes  d*acicr  ,  &  en 
faire  connoître  Tauteur,  je  n'ai  pu  venir  à  bout 
d'en  fuivre  h  trace  :  les  uns  affurcnt  que  la  ■ 
Franc:  en  a  le  mérite  ;  d*autrcs  prétendejit  que 
nous  la  devons  à  V Angleterre  ;  d'auîres  enfin 
fouticnnent  que  les  Italiens  les  ont  le»  premiers 
mis  en  ufage,  (-i  donnant  pour  preuve  de  cette 
afferiion  ,  que  Us  Fr?^:^Çlis  n'ont  connu  les  peU 
gnes  d'acicr  quo  par  les  Lucquois ,  dont  ils  oni 
appris  i  fabriquer  le  velours    ^i  le  damas. 

Il  eft  vrai  qu^  cette  ville  a  fourni  à  TEnropc 
entière  dt  granJes  connollîances  fur  h  fabrique 
di'i  éioffîs  de  foie  r  les  Génois  ont  auffl  contri- 
bué à  Tavan cernent  de  nos  manufaâures  ;  &c  il 
parort  aflez  vrâiferablable  que  ces  deux  villes,  en 
communiquant  leurs  procédés ,  auront  auffi  fait 
part  des  inrtrumens  qaiUy  emploient, 

PPPP  'I 


668 


PAR 


Ce  que  ]*3vance  kl ,  auroît  faas  doute  befoîn  j 
i  :  l'appui  de  q  idquc  auteur  digne  de  foi ,.  ou  de  ] 

Sjuelque  monument  hiîlonquc,  qui  en  conftata^  ' 
ent  rauthentiché  ;  mais  la  iranfmîgratioo  dtrs 
manufactures  cÙ  ù  moderne,  eR  fi  connue,  que 
j'ai  moi-même  parlé  à  des  ouvriers  qui  avoietii 
vu  quelques-uns  de  ces  Lucquois  qui  étoiem 
pafTés  en  France  pour  y  c6ininunîquer  leurs  opê- 
rjtions. 

Quant  aux  Génois  ,  jVi  eu  occafion  de  cor- 
noîîre  une  partie  de  ceux  qui  nous  ont  donné 
les  connoiîTances  les  plus  étendues  fur  les  ve- 
lours pten  &  à  jdrdin^  dont  nous  avons  tiré  les 
velours  mlgrtature. 

Parmi  ces  Génois ,  quelques-uns  font  encore 
cxiÛans  à  Lyon  :  ils  étoient  alors  d^ux  frères , 
qTi  ont  fabriqué  les  premiers  les  velours  pUia 
ù  â  jardin ,  &  leur  père  ctoit  employé  à  rjfir  le 
velours  plein.  Ils  avoieni  d*abord  paOéàTours; 
mais  attirés  par  la  renommée  de  Ja  ville  de  Lyon  » 
ils  y  vinrent ,  &  furent  accueillis  comme  on  y 
reçoit  ordinairement  les  talens  fupérieurs.  Ces 
détapls.que  j'ajoute  ici,  n'oct  pour  but  que  de 
rappeler  à  ceux  qui  les  conrtoiflkm ,  une  époque 
qu*ils  ne  peuvent  avoir  oubliée  entièremetit  » 
&  de  déterminer  par  des  faits  connas  ce  que  je 
oVi  pas  craint  d'avancer. 

Quant  au  paflae,e  des  Lucquois  en  France ,  1! 
parort  qu*on  peut  le  fixer  à  la  fin  du  fiècle  der- 
nier. Ils  vinrent  à  Avignon  ;  mais  ayant  trouvé 
cette  Ville  d^jà  habile  d?ns  le  tilent  qu'ils  vou» 
loient  y  exercer ,  ils  n'y  furent  par  cette  raifon 
reçus  avec  aucune  a:.tre  difïinàîon  que  celle 
dliabiles  ouvriï^rs, 

il  n'cfl  pas  vraifemblabîe  ,  comme  îc  préten- 
dent les  Avignonn;îis  ,  que  les  rrsmlers  peignes 
d*acier  aitnt  été  fabriqués  dû!  f  cette  ville  ;  on 
n'y  en  a  trouvé  aucune  marque  ni  aucun  uften- 
flic  :  niiis  il  peut  être  vrai  qu'ils  î'en  foicnt  fer- 
vis  les  prem:cri  en  France  ,  Ô:  qu'ils  les  aient 
tirés  de  ritalie  ,  avec  laquelle  ils  ont  tou  ojrs 
eu  une  très  -  gr«:nie  liaifon,  comme  étant  fous 
une  mime  doi"nination. 

Quelques  Piémontois  ont  prétendu  que  la 
connoiiTancc  des  peignes  d*acicr  en  Europe 
étoit  auffi  ancicrrne  que  celle  de  In  fabrique  des 
étoffes  de  foie  ;  ils  îîiTurent  que  le»  Véniitens 
&  ies  Cakbrois  ont  les  premiers  fabriqué  en 
E'iTope  de  ces  èioft'es  ,  &  quMs  cnr  eu  en 
m^m-  temps  connoilîancc  des  peignes  d'acier  , 
parce  que,  dlfent  ils,  les  indiens,  les  Chinois 
&  les  Perfes  s>n  fervoient  alors. 

Il  cft  fans  doute  poifiblc  que  ces  trois  peu- 
ples ,  chez  qui  Tar:  de  fabriquer  les  étoffes  de 
foie  cli  beaucoup  plus  ancien  qu'en  Eufope  , 
puif  iuc  c'cft  À'u^  que  les  Européens  en  ont  eu  les 
pr^th.ires  conri.ikTniîces ,  aient  employé  les  p:-i- 
tars  d'acier  dans  leurs  mauufaâurcs  ;  mrâs  du 
nioi'is  ri':n  ,  à  mon  avis/ne  prouve  que  l'ufsge 
lie  Cil  uiki:fils  i'^n  ,^ifB  ^Jincn  ci:  France  que 


PAR 

nos  fabriques,  en  adoptant  même  Pidée  des  fa- 
bricans  qui  prétendent  que  rinveni'^on  nous  eâ 
appanitn:. 

lis  préiL nient  que  le  dipériiïement  très-prompt 
des  denti  des  l-ùeres  ,  uni  qu'on  les  a  faites  en 
canne  ,  a  engtgé  à  aplatir  au  marteau  du  Aide 
ftr ,  pour  Iv-s  fairt;  avec  ce  métal  ;  qu'cnfuitc  k 
laminage  de  l'or  &  de  l'arcent  a  fait  raitic  ridc< 
de  taminer  du  fiî  de  ft.r  S  de  remployer  j>oiif 
ies  dents  des  peignes*  Il  cft  vrai  q:c  le  lafr^iniji 
de  l'or  &  de  l'argent  a  un  rapport  immé  ^iat 
avec  celui  des  dents  de  peignes  ;  mais  on  n'en 
peut  ri:^n  conclure  pour  le  icmps  &  le  iicu  de 
cette  invention. 

Quoi  qu'il  en  foit  de  l'invention  des  peignci 
d'acier,  il  eft  certain  qu'elle  a  procuré  aux  mi- 
nufa^ures  d'étoffes  de  foie  un  avantage  d'auîuît 
plus  considérable  ,  que  ces  fortes  de  peignes  rtv.- 
àtnt  unç,  très-grande  quantité  d'étones,  â  li  fi 
brîcation  defqucllcs  on  les  emploie  pjr  prcf<;' 
rence,  plus  parfaites  que  ceux  qu'on  fait  Ofdi* 
nairement  en  canne  :  mais  cette  utilité  à  fes  bor* 
nés  ;  &  telle  étoffe  réuflît  très -bien  avec  ua 
peigne  de  canne  ,  qui  T*cn  sdmettroit  point  dV 
cier  j  c'cfl  à  l'ouvrier  intelligent  à  faite  ce  à^ 
cernemenr. 

Les  peignes  d'acier  ne  font  à  ma  connoitTanct 
que  dans  les   fabriques  d'étoffes  de  foie.  Je  ne 
crois  pas  iiiéme  qu*on  puiffc  les  employer  pciir 
les  étoffes  de  coton,  de  bine  ou  de  fil  ;  ou  s'il 
y  en  a  quelques  -  unes ,  le  nombre  en  cfl  fort 
petit  ;  car  ces  inafiéres   fent  peu  capables  d'ef- 
fuyer  le  choc  d*un  peigne ,  qui  ne   faut  oit  avoii 
autant  d'èîailkité  que  ceux  de  canne  ^  les  £r«> 
lemens  même  déchireroient  Ui  brins  de  lackaiftti 
fie  Jes  msitroiem  ho  s  d  état  dcfervir. 

D'ailleurs,  ces  étoffes  ne  font  pis  fufcepttblei 
d'un  maniment  camux^  comme  b  font  celles 
foie  :  il  ne  s*agit  dans   leur  fabvicarion  que  de 
XzuT  donner  une    certaine  épaifltur ,  &   de  féite 
joindre  également  les  dunes  de  la    iramv 
toute  il  longueur  de  l'étoffe ,  pour   leur 
toute  la  perfedion  dont  elles   font  fufccptiblct  : 
au  furplus ,  les  fih  de  la  chaîne  de  ces  fortes  d'c- 
toffîs  ne  font  ordinairement  paffés  entre  les  dcn» 
que   deuk    par   deux  ,   &  n  y  cffuicnt   pas  des 
frotte  mens   confidérables    ;    c'cft    pourquoi    kl 
peigne»  dont  les  dents  font  de  canne  ,  8t  p 
qi'ent  ikxibles  ,  leur  coivviennent  b.nu^ 
pourvu  que   leurs  hauteur  ,  largeur  wii 
foient  déterminées  dans  de  Juites  prcp 

On  pourroit  ,  fans  contredit  »  employer  Is* 
peie;ne5  d*acier  à  la  fal"r.quc  de  toutes  lbr:cs  £tr 
loffes  de  foie  ,  même  é^n%  les  coiitpres  l.s 
plus  fin<î ,  fans  que  leur  qjalité  ei  i\t  aucvi^i* 
ment  altérée  ;  &  même  celles  qui  oat  été  2\t£: 
fabriquées ,  ont  un  maniment  p'uscatteux,  L  t*i 
éclat  aii'deilus  de  celle»  auxquelles  oq  a  cmf  bji 
des  peignes  de  canne. 
Cet  ^^^rantRge  eA  ailurément  cai^&bli: 


PAR 


I  miner  Ict  febrican*.  à  se  fc  fervir  que  de  pçîgnes 
d* acier  ;  ma^s  toirc^  'e^  ibrtes  lîe  foie  ne  (bot 
pis  Mû  élit  de  (ujjporier  le  ironemcnt  de  leurs 
<lent$.  Je  lî-  j^afi-  pas  ntcmc  du  nombre  de 
brios  qu'on  jnitrroi:  entre  cbaciuîc  ;  car  deux 
fis  d'u:ve  CL^rUîne  qualité  de  ioie  pourrciem  ne 

^p\%  palTer  entre  dciin  dtnti*  tjndls  qu'on  y  en 
feroit  mouvoir  h  ut  ou  é\x  d\ï.ie  sutrc  qua^ié , 
6c  même  dont  les  brias  îerc/i.::t  ^lus  gros,  fans 
recevoir  b  moindre  ancintc. 

Il  faut ,  dans  la  fabrkadon  d*s  étoffes  ,  em- 
ployer les  foies  de  toutes  les  qualités  ,  fuivanc 
qu'on  bs  a  préparées  pour  les  chaînes  des  dif- 
ftrentcs  étoffes  :  elles  difTérent  entre  des  en 
grolîeur,  en  nerf,  en  apprêt  j  &  ces  diff«^renccs 
1      exigent    plus   ou    moins   de    mèn-igcment    dans 

■  remploi  qu'on  en  fait  :  îl  faut  combiner  les  (rot- 
"  lemens  que  peuvent  effuyer  telle  ou  telle  efpèce 

de  foie,  Ql  que  les  uûenfiles  qu'on  y  emploie 
feient  proportionnés  à  l^ur  force.  Si  ,  par  exem- 
ple «  on  vouloit  faire  une  étoffe  avec  une  foie 
fine  &  qui  eût  reçu  peu  d*apprêt ,  (k  qu'on  vou- 
lût y  employer  un  lemîfTc  de  gros  Bi  &  un  pei- 
gne À  forces  dents  ,  il  efl  certain  qu;:  les  diffi- 
cultés feroi^nt  fans  nombre  ,  6c  Tétoffe  dèfec- 
^tueufe  &  fans  éclat. 
Lorfque  la  foie  eA  iîne  ,  quVlïe  a  reçu  peu 
dapprêt ,  &  quVUe  a  été  ourdie  fimple  «  on  doit 

»ie  ÙTvvr  de  peignes  de  cannsî  par  préférence  à 
ceux  d'acier  :  il  y  a  encore  une  rai  fou  détermi- 
mnie  pour  les  fabricans ,  qui  leur  fait  préférer 
Jes  premiers  aux  autres,  cefl  que  ceux  d*acicr 
font  les  plus  coûteux  ;  mais  il   me    femble   que 
cette  différence  ne  dcvroit  faire   imprefTion  que 
fur  les  ouvriers ,  qui  font  quelquefois  obligés  de 
fe   fournir   de  peignes  ;  car  les  fabricans  retrou- 
vent aifément  fur  la  fupériorité  de  leurs  étoffes  ,  ce 
I      qu'un  peigne   d'acier    leur  coûte  de  plui  :  zufTi 
m   beaucoup  de  fabricans  ont-ils  pris  te  p4.rti  de  les 
p   fojrnir  eux-  mêmes  à  leurs  ouvri-rs,  à  qui  la 
modicité  du  gain  ne  permet  fou  vent  pas  de  faire 
L    cette  dépenfe, 

■  Les  peignes  d'acier  conviennent   parfaitement 
P   à  la  fabrication  des   gros-de- Tours  ,  des  gros- 

de  -  Florence  ,  des  gros-de-Naples  ,  des  moërcs  , 
éet  gros  faiins  ,  auxquels  on  ne  doore  aucun  ap- 
prêt après  ks  avoir  fabriqués  j  des  velours  de 
tout  ^ÇQïQ ,  fur  -  tout  quand  on  veut  les  rendre 
(aruux  :  car  fi  on  veut  les  rendre  modUux  ^  le 
Peigne  d'acier  leur  devient  contraire. 

On  peut  établir  pour  régie  générale,  que  tou- 
tes les  étoffes  qu'on  fabrique  à  la  tire ,  <?:  qui 
font  fufccptiblcs  d'avoir  un  corp^  carteux  ,  doi- 
vciit  être  faites  avec  des  p^ignei  d'acier  ;  m.iis 
celles  qui  après  la  fabrication  dm  vent  t^ccvoir 
un  apprôt  ,  feront  faites  avec  ks  |jcigncs  de 
canne. 

Le  peigne  d'acier,  employé  dans  ta  fabtica 
tion  des  cfoffcs  de  foie  qui  ne  fjnt  p^s  Tuf*- 
Ce^tlbîes  d*;^pprêt ,  n'a  lu?  csux  d^  canue  aucm 


L 


PAR 


66^ 


autre  avantage  que  de  donner  à  l'étoffe  iin^  ^ 
force  plus  coufidérable  ,  6t  de  tenir  la  quantité 
des  fils  qui  patient  entre  chaque  dei.t  ,  écar- 
tés les  uns  des  autres  :  cnforic/|uc  ,  fi  on  a  mis, 
par  exemple  ,  huit  fiîs  entre  chaque  dent  ,  ces 
huit  fils  ne  forment  f  oiot  un  cordon  ;  mais  ils 
font  diftinfts  &  féparés  les  uns  des  autres  ;  & 
même  on  en  rcconuoîtra  la  pofîtion  fur  Tétaffe  4 
l'aide  d*un  microfcope  :  par  conféquent  la  tra- 
me eft  mieux  6c  plus  fortement  contenue  par  det 
fils  qui  s'étcRdent  en  furface ,  que  par  d'autres 
qui  ne  forment ,  pour  ainfi  dire  ,  qu*un  fcui  brin  j 
Ût  tous  les  intervalbs  qui  régnent  entre  chaqL© 
fil  de  cet  aiTemblage,  forment  une  régularité  fur 
Tctoffe,  qui  en  sugmenie  encore  la  beauté* 

Les  peignes  de  canne  ne  fauroient  produirtf 
le  mctne  effet ,  parce  que  la  flexibilité  des  dents 
ne  permet  pas  aujc  fils  de  la  trame  de  Çc  joindre 
aufîl  intimement ,  &  même  les  fils  qui  fe  meur 
vent  entre  chaque  dent ,  couvrent  la  trame  eiï 
entier,  parce  que  les  dents  fléchiffani  fous  le 
coup  de  battant ,  les  brins  de  fuie  fc  trouvent 
à  crt  tiiAanc  moins  refferrés  ^  s'écartent  à  droite 
&  a  gauche  »  &  ne  gardent  aucun  ordre  eutra 
eux. 

LorfquVn  aperçoit  fur  T étoffe  quelque  trace 
produite  par  l  cpaiffcur  des  dents ,  on  juge  que 
le  peigne  de  canne  qui  la  fabrique  cû  turc  de 
dents  ,  ce  qui  provient  de  ce  que  la  foie  trop' 
gênée  entre  elles  n'y  coule  pas  avec  la  facilité 
qui  lui  cft  néceffaire  ;  ôc  fi  ces  traces  fijnt  iné- 
gales,  c'efl  une  preuve  que  hs  deàits  n*ont  pa» 
été  tirées  parfit lem sut  d'é^j^iiffeur- 

J'ai  dit  qu'on  ti'employoit  pas  de  peignes  d'a- 
cier à  la  fabrication  des  étoffes  qui  font  defli* 
nées  à  -recevoir  de  l'apprêt  ;  en  voici  la  r.i*f«»n« 
Ces  étoffes  font  ordinairement  les  plus  légères  ^ 
auiqueHeS  l'apprct  répare  ce  qui  manque  dis 
coté  de  la  matière;  cet  apprêt  dérarge  Toidrer 
que  le  peigne  a  voit  établi  entre  Its  tU  de  \% 
chaîne  daas  toute  la  longueur  de  rétcffc  ^  & 
rexpérience  a  appris  que  »  lorfquune  pareille 
étoffe  eff  fabriquée  avec  un  peigne  de  c^nne  ^ 
Ijs  fils  de  la  chaîne  fe  rangent ,  poor  ainfi  dire  ^ 
d'eux-mêmes  fur  la  trame,  &  ne  font  preique 
plus  fufccptiijles  de  fe  déranger  ;  âc  comme  i]j& 
fe  trouvent  moins  intimement  liés ,  ils  fc  pénè- 
trent plus  attemeot  d:s  drogues  qui  entrent  dans 
la  compofition  de  cet  apptétr 

Toutes  les  étuff^s  dont  le  fond  eiî  fatin  ,  fe- 
ront mieux  fabriquées  avec  à^  peignes  de  canine  p 
parce  que  la  beauté  du  fatin  dépend  de  Téga-^ 
il  té  dans  la  difperfton  de  la  chu;  ne  ,  ce  qirt  tait 
qu'on  n'y  voit  aucunement  la  trame  i  aufîî  plus 
la  chame  couvre  la  trame,  pics  le  fattn  eA  v#' 

Ceai   qui  fabriquent  des  Ltir.s  avec  des  pei*- 
gnes   d'acier»  ont  intentioîi  de  leur   donner  dr 
b  force  ,  que    ceux    de  canne    ce  Teur  danneos  ' 
jainals  ;  mats  &b  n'acqulèreat  cette:  force  i^aaios  ^ 


670 

«Jépens  de  la  beauté  &  de  Ti^dat  qui  caraScrî* 
fent  fi  agréablement  le  fatin. 

Il  efl  i\  vrai  que  c'ell  la  cliaîne  qui  conAitue 
VciÏQnct  du  ùî\n  ,  qu'on,  en  fait  paroirre  à  peu- 
près  les  Ccpt  huitièmes  fur  un  huiiiéme  de  trame 
du  côr^i  de  ^endroit  ;  mais  on  y  emploie  les 
peignes  les  plus  fins ,  Gns  crainte  des  irrégula- 
rités qui  (û  rencontrent  dans  le  nombre  des  fils 
qu*ort  pa(Te  dans  cbaquj  deni  :  les  unes  en  con- 
tiennent fix,  d'autr*;s  cinq,  &  d'autres  enfin  en 
coniiennent  fepti  quelquefois  ces  nombres  fe  re- 
pèrent fuWant  une  ahernaiîve  réglée  ;  quelque- 
fois aulîi  cette  alternative  n*a  pas  heu  dans  toute 
la  largeur  de  rétoffe,â  caufe  tlvi  peu  d'accord 
qni  fc  trouve  entre  U  qu.iniîtè  des  d^nts  des 
pt^^ignes  ,  &  le  nombre  de  iîîs  dont  la  chaîne  c[\ 
ccmpofée  i  &  voici  comment  on  en  fait  la  ré- 
partition. 

Supposons  qu'on  ait  6400  fiU  à  pafier  dans  un 
pdgne  de  800  dents  ^  en  mettant  huit  fils  par 
dent ,  on  trouvera  Temploi  jude  de  tous  les  fils» 
puilque  800  fois  8  donnent  6400  ;  mais  (1  la 
chaîne  n  cfl  que  de  6000  fils  ,  ôc  que  îe  peigne 
foit  le  mème^  il  faut  en  mettre  alternativement 
fjpt  dans  une  &  huit  d^ns  l'autre  dans  lout^  la 
iongutur  du  pti^ne  :  ainfi  on  aura  quatre  cents 
dents  a  fept  h!s  &  quatre  cents  à  huit  ;  les  qua- 
tre cents  dents  à  fept  en  emploieront  deux  mille 
huit  cents,  &  les  quatre  cems  à  huit  fils  en  con- 
tiendront trois  mille  deui  cents  :  ainfi  ces  deux 
fommes  faifant  cdle  de  fix  mille ,  conviendront 
au  Tiombre  total  de  la  chaîne* 

Si  Ton  a  voit  fix  mille  quatre  cents  fils  à  dif- 
trîbu'^r  d.ins  un  peigne  de  neuf  cents  dents»  il 
faudinîr  nictire  lept  fils  cans  huit  cents  dent? , 
&  huit  dans  les  cent  autres  :  on  met  le  moîn* 
dre  nombre  vers  les  extrémités ,  alternativem'snt 
avec  les  pins  forts  \  d'^iutres  mettent  les  divi- 
fions  de  fept  fils  au  milieu  ;  mais  dans  tous  les 
CT^  on  a  loin  de  garder  rattcrnative  de  fept  & 
de  huit. 

Je  ne  ferois  p:;s  entré  dans  ces  détails,  qui 
convie ndroîent  mîeux  à  l'endroit  où  il  s'agira  , 
dans.la  fabrique  des  étoffes  de  foie ,  de  monter 
un  m-i^tier  pour  du  fatin  ;  mitîs  j'ai  eu  deiïcin  de 
rendre  fenfible  Tinutiliré  des  peignes  d'acier  pour 
le  Tarin  ,  fi  ce  n'cft,  comme  je  Tai  déjà  dit  , 
dans  les  petits  fatins  ,  dont  Tapprct  fait  toute  la 
conftf^ance. 

Il  eft  cependant  vrai  ^\\n  fatin  tramé  à  un 
fcul  brrn  peut  l'aire  coucher  bs  dents  d*mî  pei- 
gne de  tanne  plus  vite  que  celles  d'un  peigne 
d^acîer  ;  mais  il  faut  opter  entre  U  crainte  d'ufer 
le  peigne  un  peu  plus  vite,  &  celle» de  faire  le 
fatin  moins  beau,  &  je  ne  crois  pas  qu'il  y 
ait  à  balancer  entre  U  dèpenfe  d*an  peigne  & 
h  vente  d'une  étoffe* 

D'ailleurs  ,  cette  économie  eft  fort  mal  enten- 
due,  puifque  (i  un  peigne  d'acier  dure  deux 
fois   autant  [qu'un   de    canne  ,   en  revanche  il 


coûte  le  double  ;  d*un  autre  côté  une  trame  foi- 
ble  ne  fauroic  réfiiler  aux  efforts  d'un  peigne 
d'acier  comme  à  ceux  d'un  de  canne. 

Comme  Tan  du  peigner  que  je  traire  n'cft 
pas  un  art  ifolé ,  &  qu'il  tient  de  très-près  à  b 
fabrique  des  étoffes  de  foie,  fi  d*un  côié  ic  ne  né- 
glige rien  pour  décrire  tous  les  procédé,  qui  k 
conÛiruent ,  je  crois  que  Ton  ne  peut  me  favoir 
mauvais  gré  de  tourner  principalefuent  mes  vues 
du  côté  de  fart  le  plus  précieux  parmi  ceui 
auxquels  il  a  rapport. 

Tout  ce  que  les  fabricans  d^étc^ffes  de  moiet- 
dre  conféquence  pourront  me  rcpiochcr  ,  c'efl 
d'avoir  exigé  ,trop  de  foins  [jour  les  peignes 
qu'ils  mettent  en  œuvre  :  mais  ils    p  U 

raffurer;  les  ouvriers  en  rabattront  touj  ^1 

la  perfeâion  n*eff  jamais  un  défaut*  La  pcricc- 
tion  des  étoffes  de  foie  dépend  de  tant  de  foîrn» 
qu'aucun  ne  faurmt  être  négligé  fans  cooff* 
quence. 

Ceft  mal- à-propos  qu*on  nomme  ^  g'its  ^*^ 
cUr    ceux    donc     la    dcrfcription   va  nous  occii- 

f>er  ;  car  on  fe  fèrt  fort  peu  d'acier  pour  fcirt 
es  dcnrs  :  elles  font  prtfque  toutes  de  fer^fok 
qu*il  fott  moins  cher ,  ou  que  le  fil  d'acier  foii 
plus  aifé  à  caffcr. 

Quoi  qu'il  en  foit,  les  peignes  d^^cier  ,  ar 
c'el\  ainfi  qu'on  les  nomme  dans  toute  »  les  nu* 
nufacture* ,  fe  monter t  a  peu-prés  comme  ceux 
de  canne  :  6c  cependant  les  peigners  qui  font 
les  uns  ,  ne  font  ordiraTCment  pas  Ici  ainres* 

Cerx  qui  ennt prennent  ces  deux  cfpèccs  n'y 
rèuffiffcnt  pas  également,  6t  fouvenf  même  ils 
ne  réuffifient  à  aucune,  la  préparation  des  dentf 
&  la  manière  de  les  monter  étant  abfolument 
différentes. 

Li  préparation  des  gardes ,  des  loraelles  &  dw 
litmcul  eft  abfolument  la  même  qu'aux  petgres 
de  canne  ;  les  dents  font  pbcées  bc  retenuci  de 
la  même  manière  :  amfi  je  ne  répéterai  ici  rico 
de  ce  que  j'ai  dît  dans  la  partie  précédente ,  % 
laquelle  je  me  réfère  à  cet  égard. 

Les  métiers  dont  j*ai  donné  la  defcriptioif  , 
peuvent  fervir  aux  peignes  d*acier  ;  mais  com»e 
i!  y  a  des  ufagcs  particuliers  quî  je  fuis  obligé 
de  rap^iOTter  ,  je  mettrai  fous  le*  yeix  du  leâeur 
trois  manières  qui  font  généralement  adcpiéei 
parmi  les  ouvriers  de  ce  genre. 

Les  dents  font,  comme  je  l'ai  déjà  dit^  for- 
mées avec  du  fil  -  d'aï  chai  a^îlati ,  &  mis  d* 
largeur  &  d'épaîffeur  convenables  :  ce  font  c« 
deux  opérations  que  je  vais  décrire. 

Du   choix  du    fil  -  éarchal  propre  à  féin  lu 
dcrts* 

Le  fil  d'archal  dont  on  fç  fcrt  poor  les  dcfl» 
des  peignes ,  doit  erre  d'un  fer  doux  ,  point  paiî* 
leux ,  &  le  plus  égal  qu'on  peut  rencontrer. 

U  ne  faut  pourtant  pas  qu'il  foit  trop  doux  > 


PAR 

*^parcc  oue  !e  moindre  effort  feroit  pUer  les  den« , 
qui ,  n  ayant  prtique  pâs  d'cbiViché  ,  reflet  oient 
courbces  ;  &  pour  en  f^ire  VçiX^i  «  on  prend  im 
bout  de  fil  de  fer  de  trois  pouces  de  long  ou  en- 
viron i  on  le  courbe  un  tant  foit  pwU  ,  en  le 
tenant  par  les  deux  bouts  ;  pui»  1 13/3111  lâché,  il 
doit  (t  redrcfîer  parfaittmjat  comine  il  étoit  au- 
paravant. 

L 'attention  que  je  recommande  de  ne  fe  fervir 
que  de  fil  de  fer  bien  éUilîque  ,  cil  de  la  plus 
l^nde  conféquence  ;  fans  cela  les  d(.nts  une  fois 
courbées ,  ne  fc  redreflent  plus  ,  &  les  fils  de 
la  chitne,trop  ferrés  entre  les  un^s  ,  écartés  en- 
tre les  autres  ,  produifent  fur  toute  b  longueur 
es   Tétofie   des    raies    qu^if  eA   impoûible    d*ê- 

rUcr. 
Ce  n*eft  pas  feulement  fur  la  Targeur  que  les 
dents  peuveiit  fe  courber  ;  lorfque  le  fîl-d*archal 
eft   trop   mou ,   elles  fe  courbent  aulTj  fur  leur 
èpaîiTcur* 

Le  défaut  que  cela  produit  fur  récoffe  eft  d*une 
autre  efjièce;  la  trame  qui  doit  à  chaque  duice 
être  incorporée  avec  la  chaîne  Suivant  une  ligne 
droite  I  déterminée  par  Talignemcac  des  dents  du 
peigne,  forme  à  Tcndroit  3e  la  courbure  une  fi- 
nuoitté  qui  ,  fe  répétant  à  chaque  datte  »  produit 
fur  la  longueur  de  rétoffe  une  raie  auffî  défec* 
fueufe  que  celles  dotit  j'ai  déjà  parlé, 

La  courbure  dont  je  parle  ne  fauroit  guère  ar- 
river aux  dents  d'un  peigne  que  pir  quelque  acci- 
dent étranger  à  la  fabrication ,  car  comme  toutes 
les  dents  d'un  peigne  portent  à  la-fois  contre  la 
irime,  il  c(l  pref^iue  impoltible  qu'elles  fe  fauf- 
fcm  dans  ce  iens  en  travaillant* 

U  faut  donc  n'employer  que  de  très-bon  fil» 

td^irchal ,  &  même  ce!ui  d'acier  feroit  infiniment 
meilleur  à  beaucoup  d  égards.  Premièrement  il  a 
les  porcs  pîus  ferrés ,  fît  par  con(^quent  eft  fuf- 
ceptible  dune  plus  grande  clani.îté;  il  prend  un 
t>lus  beau  poli ,  6l  par  conféquent  il  ufc  moins 
es  fils  de  la  chaîna  ;  enfin  il  eft  moins  fujct  aux 
pailles  «aux  rugofités*  &,  étant  mis  à  uoe  très- 
fuibîc  é|^;iitTeurj  eft  plus  fufcv^ptible  de  toîdeur 
&  de  force  :  n;iais  le  préjugé  s  oppofc  encore  en 
cert^  paitie  k  Tavancemcnt  de  nos  manufaâures  ^ 
pciit  être  qu'un  jour  on  reconnoitra  cette  erreur. 

Un  autre  inconvénient ,  auquel  ics  peignes  d^ 
fer  font  trèi-fujets  »  c*efl  ta  rouille  ^   p -ur  peu 

?ju'uii  piigne  ccfle  de  travailler,  quoiquM  reftc 
ur  le  initier ,  &  que  la  chaîne  fou  pMXèç  dedans  « 
fi  Tendroît  nVft  pis  parf»itcmçm  ùc,  il  ell  auf- 
fit6t  faiû  de  la  rouille. 

Ceujt  d^acijr  n*y  font  pas  auflî  fuiets  ,  &  mcme 
avec  un  peu  de  foin  on  poarroÎE  les  en  garaïuîr 
fort  aifém^nf. 

Il  eft  un  moyen  de  dérouiller  les  peignes ,  oui 
n'eft  pas  facile  à  pratiquer,  à  cau(é  de  la  hnetîe  o.s 
dents;  mats  pour  ne  rien  laifTer  à  déGrer  fiir  cet 
art ,  je  do:inerai  à  la  an  de  ce  traité  les  moyens 
qu*on  met  en  afage  pour  cela* 


FAR 


6ji 


Après  avoir  choîfi  la  qualité  du  fer  dort  on 
forme  les  dents ,  il  faut  déterminer  les  grolTcurs 
qui  leur  conviennent  ;  ces  grolTeurs  varicrt  fui- 
vaut  1  épaiffeur  qu'elles  drivent  avoir.  Le  peignier 
doit  conc  fa  voir  quti  numéro  d^  Al  de  ter  con- 
vient a  telle épaifTcur  d^  dents,  fuivant  le  compte 
du  peigne. 

Les  tféfileurs  ou  lîreurs  de  fil  le  dlvifent  en 
vingt-neuf  groffeurs  différentes  ,  &  îU  afflgnent  à 
chacune  un  numéro  ,  depuis  1  qui  eft  le  plus  fin  ♦ 
jufqu'à  19  qui  eft  le  plus  gros  :  c*eft  dans  ces  dif- 
férentes groficurs  que  le  peigner  doic  ccnnoitre 
celle  qui  convient  k  telle  pu  telle  épiiiTcur  de 
dents  ,  f..ivantle  compte  du  peigne  quil  doit  fa- 
fa  rimler. 

Tous  les  ouvriers  n'emploient  pas  à  un  même 
compte  de  dents  du  fil  de  fer  d*unc  égale  grof- 
f^ur  ,  ou  ,  pour  mieux  dire  ,  d'un  même  numéro  : 
les  un^  prétendent  qu*il  faut  remployer  plus  hn  , 
d*autrcs  plus  gros  ;  &  cependant  tous  deux  rem- 
pliiTtiiE  le  même  objer. 

Qu^^  me  foit  permis  d'établir  ici  une  règle  gé- 
néra e  y  que  je  n*at  puifée  ch?z  aucun  fabricant  , 
que  je  mVttends  à  voir  contredire  par  le  plus 
grand  nombre  d'entre  eux  ;  mais  j'en  appelle  au 
public  éclairé  «  que  je  vais  faire  juge  de  mon  feri- 
timent. 

Je  fuppofe  qu'il  s'agiffe  de  fabriquer  un  peigne 
de  huit  cents  d.nis  fur  vingr  pouces  de  longueur^ 
iic  qu'il  réufliiîc  très-bieu  avec  du  fil  de  fer  du 
ri*V  3*  11  el\  aftez  ordinaire  de  rencontrer  des  ou- 
vriers qui  le  ferort  avec  un  âl  du  n*^.  4  ;  maiv  p^ijr 
Diu  qu*on  y  réfléchifle,  les  dénis  de  a  dernier 
feront  plus  épaiffcs  eu  plus  larges,  pulfquj  d;in^ 
une  même  long  tcur  donnée  il  y  a  plus  de  ma- 
tière :  fi  elles  font  plus  épaifTes,  la  chaîne  n'ai^ra 
pas  la  même  liberté  entre  les  dents;  Si  ù  e^îe^  font 
plus  larges^  elle  y  cffulera  p'us  d;:  frottement  :  il 
viut  Cependant  mieux  tomber  dans  le  défaut  de 
plus  de  larg:ur  que  de  trop  d'épalfTcur;  on  eg  eft 
quitte  pour  tenir  la  foule  u:i  peu  plus  haute  »  ce 
qui  y  remédie  en  partie» 

On  tombii-olt  dans  un  défaut  oppofé  »  fi  au 
lieu  d'i'n  fil  numéro  3  ,  que  je  fuppofe  ctrc  celui 
qui  convient,  on  vouloit  en  employer  un  du  n^. 
2  ;  les  dents  fcroient  trop  folble* ,  les  étoffes  ne 
prendioicnt  pas  fuRfifamment  âcquatué^  les  dents  j 
au  moindre  effort  »  fetortueroient&deviendroient 
courbes,  &  le  peigne  entier  fe  cwwfAcroi/  dans 
toute  fa  longueur»  Il  faut  donc  éviter  avec  foîn  ce 
double  inco::vcn  cnt  qui  peut  faire  un  tort  égal  à 
un  pcii^ne;  fit  comme  i)  n*cft  pas  de  mal-façon  à 
hq^elle  on  ne  puiiTe  apporter  que  qu^  retnéde  , 
nous  avons  va  que  auand  les  dents  font  trop 
larges  j  il  f  *ut  tenir  la  foule  un  ptu  plus  hiute. 

un  emp!o>ra  l'expédient  comrairc ,  fi  elles 
font  d'un  ni  un  peu  trop  foi ble  ;  &  p^r  ce  moyen 
on  leur  rend  un  p;:u  de  la  coofUiaoce  que  trop  d$ 
hauteur  leur  auroit  utée. 

De   quelque    compte  de  dents  que  foit  ua 


,672  PAR 

p2ign5  ,  il  ne  km  leur  donner  guère  plus  d'une 
dînTÏ-ligno  de  large;  mais  par  rapport  à  la  fincHe  , 
il  n'eit  p-is  poilible  de  la  déterminer  cxaélc- 
ment  :  c'cfl  d*apr^s  le  nombre  de  dents  &  la 
l(»ngMeur  du  peigne  qit*on  doit  régler,  êi  c'eft 
alors  qu*on  varie  avec  intelligence  b  groffeur  du 
fil  de  fer. 

Il  eft  certaîa,  par  exemple,  qu'un  peigne  de 
faille  dents  lur' vingt  pouces,  ne  doit  pas  être 
fklt  avec  le  n\èiîic  numéro  que  celui  de  huit 
centî  fur  »a  mcme  longueur  ;  &  pour  opérer 
avec  certitude,  les  peigners  ont  une  jauge  ,  dont 
remaille  doit  contenir  un  nombre  connu  de 
dents  ;  &  fi  elle  cfi  contient  foixante  &  douze 
pour  un  mille  dents  fur  vingt  pouces ,  elle 
n'en  contiendra  que  cinquante-dmx  d'un  800 
l'ur  b  même  longueur ,  &  toutes  k  h  même 
largeur. 

La  différence  ne  doit  donc  na'tre  que  de  Té- 
patlTeur,  &  par  conféquenr  des  diâférens  numé* 
rôs  du  fil  t^e  ter  ;  &  l'ouvrier  doit  favoir  à  quelles 
largeur  &  épaiffeor  fera  réduit  tel  ou  tel  numéro 
de  fil  au  fortlr  du  laminoir  »  que  ,  pour  me  con- 
former aux  termes  reçus  dans  les  manufaftures, 
j'aprcllcrni   dorénavant  moulin. 
'     Toute  Tatteniion  du  fabricant  de  peignes  d'a- 
cier ,  €Û  dé-nfempbyer  que  des  dems  dtint   la 
grofTeur  Toit  proportionnée  à   leur  nombre  j   Se 
quf  iqu  il  foît  pofllble   de   faire  un   peigne  d'un  ' 
moindre  nombre  de   dents  avec  des   dents  plus 
fines,  puifqu il  fuffit  alors   d'employer   de   plus 
gros  ligneuï  »  Si  de  tenir  la  foule  un  peu    plus 
baffe  ,  il  vaut  toujours  mieux  amortir  les  grolTeurs 
"aux   comptes    de    peigne  ,  i^i   ne  donner   de    la 
foule  que  convenablement  à  leur  fioeffe. 
"    Si  Ton  veut  donner  la  même  foule  à  un  800 
qu'à  un  mille  ,  ïe  premier  fera  trop  foibie  ;  Tun 
oppolera  trop  de  réfiHance  aiix  fils  de  la  chaîne  , 
ôc  Tautre  fléchira    trop  aifément  :  de  là  vient  ^ 
pour  le  dire  en  paffant ,  que  certains  fabricans 
font  fyrpris  que  tel  qui  pafle  pour  bon  ouvrier , 
tfe   fabri:^uc   pîîs  chez  eux  d'auflî   belles  étoffes 
qu'il  en  f^briquoit  ailleurs  :  on  s'en  prend   à  la 
qualité  des  foies  ,  à  l'ouvrier  ;  mais  c'eft  au  p;;i- 
gne  qu'il  faut  imputer  les  défauts  dont  on  fe  plaint. 
Comme  dans  la   defcription  d'un  art,  ce  qu*il 
y  au  roi  t  de  plus  avantageux  feroit  d'établir  des 
régies  générales  fur  tous  les  procédés  ,  &   que 
cela  n\il  pas  fou  vent  pofTible ,  je  ne  manquerai 
Jamais  de  faire  connoitre  celles  qu'on  peut  ad- 
mettre. 

On  peut  donc  dire  en  général  quVn  peigne 
d'acier  de  mille  dents,  fur  vingt  pouces  de  hau- 
teur ,  doit  avoir  de  dix- huit  à  dix -neuf  ligne» 
de  foule  ;  &  que  ceux  à  huit  cents  dents  doi- 
vent en  avcir  depuis  vingt  jufqu'à  vingc-deiut  : 
cela  futïira  ,  je  penfe  ,  pour  fervir  de  régie 
à  tous  !es  autres  j  &  plus  les  comptes  font  fins, 
moins  on  doit  donner  de  f>ule  ,  pour  compenfcr 
par  la  hauteur  ce  qu'on  ajoute  eu  force. 


'PAR 


De  la  maaiirt  d\tpUtir  le  fil-d'arckil  pânr  IrJ 
dents  des  pcij^fus^ 

Les  peigners  en  canne  ont  coutume  «  comm 
on  l'a  vu,  de  faire  en  acier  les  dents  des  lîfièrei 
mais  comme  le  r ombre  de  ces  dents  cil  fort  pet' 
relativement  à  celui  des  dents  du  peigne  ,  iîi  i 
contentent  d'splatir  le  fil  de  fer  avec  on  nstf 
teau  à  tcre  plate  .  fiir  une  bigorne  ,  monrécfurw 
billot  à  la  haureur  convenable  i  un  ouvrier  q« 
travaille  alTF, 

Cette  lEanière  d*aplatir  les  dents  cft  trés-tia* 
parfaite  ;  ma;S  elle  fuffit  pour  celles  des  lificrei 
quand  les  peignes  font  de  canne  :  d'aiîtciirs  Ja 
dépenfe  A* un  Umirtotr  ou  moulin  ,  tels  que  ce^ 
dont  on  va  voir  la  defc-iption,  ert  trop  fjfit 
pour  un  ufage  auiîi  borné.  Les  moindres  rcric»* 
nent  à  400  liv,  ou  environ  ;  8c  îarfqu'tls  {^» 
bien  traites  ,  ils  vont  iufqu'à  6co  liv. 

Cette  différence  de  prix  vient  auiû  de  H  M* 
férence  de  leur  c^nftrutlton  ;  car  la  variérè   «jas 
nous  avons  déjà  vue  p  irmi  les  uflenfiles  dont  on 
a  donné  h    defcription    rè^ne    encore  dans  l« 
moulins  que    nous  allons  païfcr  en  revue  :  rou> 
fuïHfent  à   la  rigueur  ;  mais  ceux    qui  foai  plm 
parfaits,  contribuent  bien  plus  fûremcnti  Ufjgj 
fe^ion  des  p;i^ncs,  a  nfi  qu'on  k  verra  lot  ftp 
déiaiilant  les  différences,  je  ferai  remarquer 
inconvéniens  &  les  défauts. 


DcfcripÙBi,    ^un   moîdln  propre   â    apî^£f  k 

de  fer. 


1 


Sur  une  forte  planche  ,  affemViée  par  f;;s  dcn 
extrémités  dans  les  pièces  de  bois  qui  débord cni 
fa  largeur  pour  donner  pîns  d'amètc  à  la  ma- 
chine ,  font  plantés  deux  torts  montans  au{&  de 
bois  ,  retenus  par-deTous  la  bafe  au  moyen  de 
clavettes  qui  entrent  dans  les  teriOns  de  chactifi: 
toute  cette  cage  eft  portée  par  quatre  pom- 
melles. 

Au  haut  de  ces  montans  eft  une  entatHe  qtâ 
dçfcend  prefquc  jufqu'au  renflement  qu'on  y  mé* 
nage  fur  leur  largeur.  Cette  forme  a  été  jugéî 
convenable  pour  donner  plus  de   force  à  !'€«• 

fïatremenc  dans  la  bafe  ;  mais  comme  trop  de 
argeur  par  le  hiur  auroit  entièremctu  caché  lo 
meules  ,  on  a  diminué  cette  largeur  comme  es 
le  voit  :  c'eft  d^n^  cette  entaille  q  je  font  pbceet 
les  deux  m:ules,  dont  il  faut  faire  connoior 
h  forme  avant  de  parler  du  chatTis  qui  les  pocts. 
Chacune  de  ces  m  :ules  eft  d*acier  très  *  fin  , 
d'environ  C\%  pouces  de  diamètre  fur  deitt 
à  trois  pouces  d  epaîffeur  ;  elles  doive-r*  * — - 
faites  au  tour  ,  &  parfaitement  cy^ind--. 
après  qu'on  lis  a  forgées  fie  drcffées  A  ^  * 

la  lime  ^  on  perce  au  centre  un   trotî  .^ 

viron  un  pouce  de  grandeur;  on  y  fait  eiU;  . 
ce  la  partie  carrée  d'un  arbre  ,  qu'on  a  t 


?  AI  R 


Rimé  8c  tourné  à  part  ;  je  d(is  tourné  ,  car  les  deux 
colkts  doi veut  être  parfaitement  ronds  <Sk  d  un  égal 
dîjmétrc. 

Vers  un  dis  bouts  d'un  des  arbres ,  on  a  réfervé 
un  pcti  de  lonçucur,  où  Ton  pratique  un  tenon 
iom  le  carré  eit  infcrit  au  cercle  du  collet ,  &  qui 

-  f ne  en  vis  pour  retenir  la  manivelle  en  fa 

mme  on  le  dètaiHera.  plus  bas.  Il  faut ,  en 
ini  libre  t  co  nier  ver  le$  deux  points  décen- 

te U  on  l'a  mis  au  tour  ;  car  c  eft  fur  les 

cmcs  <[uii  faut  tourner  la  mçulc.  On  a  ^rand 
tùin  de  tourner  Tarbre  avant  de  tourner  la  meu- 
le »  fans  cela  on  ne  rendrolt  pas  les  collets  auflî  ^ 
^onds. 

Ou  termine  donc  ces  meules  fur  le  tour  ,  Se  on 

£olii  fur  leur  circonférence  ,  autant  qu'il  e(l  pof- 
;  après  quoi  on  les  trempa  ,^  c'e A  à  qtioi  il 
apporter  la  plus  grande  attention  pour  qù'et- 
e  gauchirent  que  le  moins  tjuM  efl  poihbîc  : 
on  ne  leur  donne  point  de  rccuu  ,  6c  on  les 
ikC  tôiAtc  leur  force  ;  après  quoi  On  les  remet 
lo  loUT  p^'^^  corriger  ce  cjuM  pourroît  y  avoir 
degiuche  ,  ce  cjui  ^fltiés  -  diffKÎlc',  attendu  kur  du* 
reii  (Se  la  diiEculté  de  les  entamer.  ' 

Je  Tuppcfe  qu'elles   n'ont  pris  aucun, gauche  ; 

Il  pourroit  changer' 
I   celui  qui  convient 
aux  meules  ,  en  le  jetuit  un  t^int  foît  pju  de  côté 
ou  «d'autre:  dans  ce  cas ,  ilfauirpit  retourner  les  col- 
lets    qui  ,  étant  de  fer,  n'auroîent  pas  pris  dej 
rrcmpe,  •     ■  '  î  ^ 

Quelques  pelgncrs  ont  cflTayé  de  faire  forger  les 
meules  6l  kur  arbre  d*un^  feule  pièce  ,&  de 
les  faire  tourner  dans  cci  état.  On  ne  fauroit  dif- 
convcnir  qu'elles  ne  foient  par  ce  moyen  beau- 
coup plus  fnildes:  maislo^fqu'à  la  longue  la  meule 
s'ufc  Se  qu'il  faut  en  fiicilituer  une  autre  ,  on  perd 
rarhre  &  la  roue  ;  au  lieu  qu'en  les  faifant  de 
deux  pièces ,  on  en  cil  quitte  pour  changer  de 
meule  ,  &  Tarbrc  fert  toujours. 

Les  meules  lont  placées  Tune  au-deffusde  Pau- 
tre  ,  dans  un  chaflis  qui  lut*niêrne  fe  place  dans 
les  entailles  des  deux  montant.  Pour  hiirc  mieux 
icatir  h  conftmâion  de  cette  machine, )d  v«s  la 
prendre  pjtr  détàik  <    t     -         bj|T  m    î/ 

Au  huut  Je  chacun  des  ijeux  monifinSy  cft  une 
entaille  iur  répaifTvruf  do  laquelle  eA  une  rainure 
à  droite  (k  à  gauche ,  qui  reçoit  les  languettes  de 
la  pièce  de  fer ,  qui  y  entrant  ]ui\^  ,  tant  pour  la 
hauteur  &  largeur  que  pour  r,  , 

Cette    pl^ce   de    fer    eft    <  àj  cmaillée 

comme  le  montant,  &c  a  en-dedans  de  l*eniaille  ^ 
fur  fon  éiauTv-ur,  des  r;«inur.  s ,  comme  c<:lt:5  du 
pjomanirceft  dans  ces  :, 

&  fans  balotter,  unépie^-  ^.:.  «  .»  .«^^.,w  u^  fe 
bauiTcr  &  bailTer.  ,     ,;    ,       ,'  •  /  ,  i 

,      Toutes  ces  piiâces  itant  mîfes  en  pbce  clans  l'en* 
imillc  des  m>nti]ns  «  il  ne  9  igit  plus  que  de  cou- 
ronner te  tout  par  une  pièce  de  bois  carrée,  aux 
quatre  coins  de  laquelle,  fuivant  fa  longueur* eft 
Ans  &  Mésim.  Tome  F.  Part.  IL 


ikA 


I 


une  monoire  qui  reçoliks  tenons  au  haut  des 
montans  ,  &  pour  que  l'effort  du  travail  tic  puifffii 
pas  faire  fortir  cette  pièce  de  fa  place»  ou  la 
cheville  \  enttn  Ton  aji^Ae  au  centre  de  cette 
plancher  un  forr  écrbu  de  fer  «  dans  lequel  en* 
irc  une  vis  a  litc.  Cet  écrou  a  de  hauteur  toute 
répai^Teur  dç  ,  la  pUnche  dans  laquelle  il  doit 
être  encaflrc  :  les  tebcrds  entrent  de  loutc  leur 
épaiffeut  <Jans  çcîle  ^c  la  ^^  —  *— ,  «'  y  fpm 
retenus  par  quatie  vis  aux  ;  âe  fa- 

çon que,  '      t  écrou  eit  ça  ^:3lc  *     apç 

atHeure  t-  i   planche* 

Au  haut  ûcU  vi<.eft  un  anneau  ,  dar.s  lequel  on 
païTc  un  levier  pour  ta  faire  tourner  ;  &  à  l'au- 
tre bout  eft  un  collet  qui  entre  dans  le  trou 
de  la  traverfe ,  6c  repofe  fur  fon  épaulcment  ; 
enfiiifc  eft  une  patrie  de  moindre  diamètre,  qui 
r-çoir  la  rondel!e  qu'on  ti^vc  en  fa  place,  au 
mnyen  d^me  chvette  qift  c^ne  au  bout  de 
cette  vis ,  par-defTous  h  rondelle, 

La  machine  étant  ainfi  montée,  fi  l'on  tourne 
lin  tant  frrt  peu  la  vis ,  elle  monte  ou  defcend 
dans  ftifi  écrou  qui  efl  immoSiîe  ;  mais  comme 
cette  vis  crt  retenue  dans  la  traverfe  ,  il  faut  de 
toute  ncceiïîté  quVUc  remmène  <1ans  foo  mou- 
vcmenr^  &    aVt-c   elle   le  ^      *^<    la    mculc- 

"P-ir  Ce  TTT^en' ,'lorff]nV7n   ^.  ncr^  pli:^  en 

moi  n 

la   m.-.:   ■   ' 
•!ît*.-   •'-    'V— •      :^    ■       i^    -  '^   ■ 

On  ne  Hiurott  conrtruirc  ces  fortes  de  ...,.^,..., 
avec  Trop  de  prècifiofi  j  6c  Vil  étoit  fujet  à  fe 
lâcher ,  on  ne  pourroit  jamais  compter  fur  Té- 
paiiïeur  des  dents  qui  varient  à  chaque  inflant, 
6t  le  peigne  feroit  par  conféquent  rempli  d'îrré- 
gularkès.  Tetl»  <ft  la  coni^rucMon  du  premier 
moulin  à  tirer  les  denrs  d'cpaiffeur*  Je  vais  co- 
faire  cormtfirrr  rcrf'.^mt^îc* 

l'o- 

.  1'    /      '    '        .    _  ■     '  ■-'■.'.■      ''«ît 

,di;ttinè,i    on     leptira  que  |    lorsqu'une     meule 

penche  plus  tîVn  c*  ^  m  ^^  A^  Tautrc,  le   fil  de 

kï  '  ne  fauroi  leur ,  quand  il  cil 

aplati,  8c   qv*  .t   ^.  ,i,    Mv.vv..,.ifcmcm   prendre  li 

fcimc   4'ur>e  ViStit  de  couteau  ;  miis  pour  Icpr 

,  procurer  c^it        ;  '    ':  îtfpeâlve  de  leur  circon- 

i<?rcncc  ^  il   i  nà  s'aiTurer   que  la    prc* 

miiire    meule   tu  pot^c    bien    horixonialement  ; 

ce  qui  dans  tous  moulins  n'efl  pas  fort  dît?! ni?? , 

puiiquon   peut    caler    à    droite  ou  à  g 

chaffis  qui  la  porte,  jufqu'i  ce  qu'on  a,  t 

le  véritable  point, 

Il  n'en  eO  pas  de  même  de  la  meule  fupé* 
fleure  ;  car  à  moins  qu  on  ne  fafTe  puffcr  le  fil 
de  fer  abfolum«;m  au  inillw  de  la  furface  que 
prèfente  leur  circorfcrcnce ,  il  eft  ctttam  qu'elle 
ne  peut  manqMcr  dç  pencher  du  c^ié  oppose  » 
&  c  efl  à  quoi  cd  fujct  le  inoultn  qu'on  vient 
de  voir  ;  ce  qL>i  nVm pèche  pas  le  plus  grand 
nombre  des  ttiivricrs  de,  i'eo  icrvîr. 

Qqqq 


1 


fn^ 


PAR 


^fi  développant  le  fil  «  le  prèfeme  du  fens  où  il 
doit  être. 

«  Un  gnindro  y  pour  sVn  fenrir  commodèmeÀc  , 
doit  èïrc  rrès*fort  t  autrement  il  pUeroit ,  &  fc  cûf- 
Icroit  irés*  prompte  ment, 

Vfayt  dts  mouiins  à  hafcuU, 

Djin»  le  moulina  b3fcuIc,l*ouvriet4i^eâ<tcaipô 
qu'à  lourncr  les  meules  ,  entre  Icfqudles  il  a  eu 
ioin  ,  en  commençant  »  de  placer  le  bout  du  61 
de  fer,  après  IWeir  ^iplati  au  murreau. 
,  Le  cyliodn^^Tur  lequel  à  été  déride  le  fil  de 
fjcr»  e)\  porté  par  deux  montais,  dont  la  h.iu- 
teur  efl  lelle  qu'il  f^  trouve  à  celle  du  guide* 

Ce    fil  ,  apptîc  fans   ceiTe  par  la   rotation  des 

r  ^  '        le  tuyau  que 

^  droite  pour 

I  en  lame  ;  &  par  un  ufapcjtrès- 
L>iai'ubktmt<i>Ufi)Verr<£llement  a^Joptè^  on  Tahan' 
doiuie  à  (bit  pmpre  poids  au  fortir  du  moalio  ^ 
de  forte  qu'il  traîne  à  terre  pcndam  Topèration  ^ 
après  U'juellâ  on  le  recueille  ca  rouleaux  pour 
s'en  fcrvîr  au  befoin. 

Je  dis  qu'on  a  lort  d  abandonner  le  fil  laminé 
à  fon  propre  poids:  il  vaudroit  mieux  qa'un  cn*^ 
fant  ,  une  femme,  ou  quelqu'un  dont  l'induftrie 
ne  fut  x}i  cbére  ni  précieufe  ^  le  tint  par  le  bout  » 
&  reculani  à  mcfure  qu'il  fort  du  laminoir  y  rèten* 
dit  pat  terre  par  longueurs. 

Après  avoir  coupé  les  dents  de  longueur  ,  il 
faut  s'occuper  à  les  redrefTer  parfaitement  :  cette 
Opération  ne  iaoroitêtre  nifi  longue ,  ni  fi  difficile»  fi 
Von  avoic  prî^  la  précaution  dont  je  viens  de  par- 
ler- C'cfl  ordinairement  le'  maftre  ,  ou  du  moins 
un  ouvrier  habile  &  de  confiance^  à  qui  on  aban* 
donne  Topération  de  red rester  les  dents  ,  tint  elle 
eft  ciïenriellc  à  la  perf.âinn  du  pcii^nc  ;  mais 
enfin  c'cft  amfi  qu'on  en  ufe  ,  tk  jt:  ne  puis  aue 
faire  connoitre  ce  qu'il  y  a  de  vicieux  dans  cha- 
que uGge, 

Pour  fuivre  Tidéc  que  Je  propofe ,  fi  Ton  trouve 
que  le  temps  du  fécond  ouvrier  eft  aiTez  inutile- 
rocnt  employé  à  cet  ouvrage  ,  on  peut  fubftiruer 
à  ce  moyen  une  infinité  d*antrcs  moyens  qui  dé- 
pendront du  local  de  râtelier  &  de  1  indu  Une  des 
Ouvriers.  Of\  peut ,  par  exemple  »  pofer ,  à  une  dif* 
tance  convenable  du  moulin  ,  une  efpéce  de  cen- 
tre ,  au  haut  de  Uqueilf  efl  une  poulie  oit  paiTe 
une  ficelle  qui  d'un  bout  tient  à  une,  piè^e  6c  de 
Tauire  à  un  contre  •  poids  t[ui  >  ^  mcfure  que  le  fij 
De  lamine  t  l*3tcîre  à  lui. 

La  cintre  dont  il  eft  ici  quefllon  ,.nVA  autre 
chofe  que  rafTcmblage  de  deux  montans  plantés 
folidement  dans  une  planche  longue  ,  large  ôt 
épaUTe  CuffifAmmciU  pour  donnrr  à  cet  uftcnfile 
a(îez  de  foliditè  :  cts  montans  font  percés  par  le 
haut  pour  recevoir  une  broche  de  kt  »  qui  fert 
4*axe  à  une  poulie. auHi  longue  que  les  montans 


IP  AK 

ont  d'ècartcment ,  &  fur  laquelle  glifle  b  ficelle 

au  bout  de  laquelle  eA  le  coi;  is. 

Si  CCI  atelier  où   on  lamttc  t>e*i  tonp  ^ 

on  peut  écarter  la  cantTc  à  quil:^ 
moulin  ;  &£    comme  le  contre  •  p^ 
itSi  arrivé  en-bas,  on  pvut  lui  taire  parcoanr  d« 
plus    grands    efpa  et  s  ^   ou,  dans    une   mo^ndr? 
courfe  faire  déplfiy^*r  bcaui:oiip  de  corde. 

On  pourroit ,  fi  l'atelier  eft  «u  haut  d'âne  mii- 
Top  ,  fair^e  d^fcendre  ic  poids  par  la  fenêtre:  nuH 
ce  qui  rèuiîira  le  mieux  ,  c'cft  d* attacher  une 
pouLc  au  pUndier  ^  6^  au  lieu  que  )e  poids  fik 
asuchè  au  bout  de  la  corde  »  ce  poids  pcincroic 
une  goulie  ,  &  le  bout  de  la  corde  feroii  feè 
^u  plancher  :  par  ce  moyen  le  poids  .  en  par- 
courant un  atTcz  court  efpace  ,  dèvelopperoii 
beaucoup  de  corde.  On  pourroit  auiTt  nouAr 
toutes  ces  poulies  ;  inaisi  je  reviens  à  ropéTati0iu 

La  pièce  avec  laquelle  on  faifu  le  éil  de  fcr, 
fait  re (Tort  par  le  boutinfé/icuf ,  &  tend  à  ^e6erol^ 
verte. Le  coulant  ou  boucle -gliffe  fiir  (a  IcHiguenr^ 
6^  }a,iorcc  derefter  fermée,  quand  on  y  a  pmk 
la  lame  dans  l'ouverture  ;  à  Tautre  bout  eft  w 
crochet  que  faifit  un  rtoeud  qu'on  pratique  a  tsa 
bouc  de  la  corde  ;  à  chaque  longueur  on  co«pc 
la  lame  8c  on  la  couche  par  terre  ea  un  tas, 
enfutre  on  en  fait  un  paquet  lié  de  pluGeurs  fieai^ 

Quelques  pctgners  placent  en  -  devant  du  fsoO' 
lin  un'  fécond  guindre  horizonta!  ,  fur  lequel  2i 
enveloppent  le  fil  ï  mefure  qu'il  fort  du  mo» 
\\n  :  lorfquon  fe  fert  du  moulin  fans  bafcole , 
on  monte  ces  guindrcs  fur  des  pieds  »  dont  b 
hauteur  égale  celle  des  meules  ;  mais  quand  on 
fe  -iert  du  moulin  à  ba feule  ,  on  peut  fur  let 
deux  montans  de  devantplaccr  un  cylindre , 
on  voit  celui  de  derrière  ;  &  pour  les  foire 
voir  tous  deux  ,  voici  comme  on  s^y  prend. 

A  Ton   des  bouts  des  deux  cylindres  efl  iisii 
poulie  pbcêe  fur  Tave  du  cylindre  »  &    *  frf. 

mètre  efl  plus  petit  à  celui  qut  n^ÇAit  la  ,  /J 

celui  qui  contient  le  fil  de  fer  ;  Si  ccU  jiân  qa^il 
aille  un  p<u  plus  vite  :  en  volet  !i  r.itri^n 

Le  fil  en  paffant  par  le  îair  -ija 

aux  dépens  de  fon  diamètre  r; 

il  faut  donc  que  le  cylindre  c 
aille  un  tant  foie  peu  plu!t  -  ,  »-  - 

qu'en  Aippofant'  qu'il   y  eut 
de  fer  ,  on  peut  trouver  qiu 
rante-buît  tour*  de  lame. 

Ces  deux  cylindfcs  fo-^  -r 
d'une  corde  fans  fin  ,  (! 
lies  ;  &  la  lame  qui  a  t 
mém^  anir«ie  par  fautit 

Il  n'eft  pas  aifé  tî» 
port  du  diamètre  d\ 
povilic;mîiis  il  n'y  a  piis  ui 
à  craindre.  Il  vaut  micu«  qu 
dre  qui  reçoit  la  lame  ,  loir  * 
grande  :  car  fi  étant  un  peu  , 
minée  à  tourner  plus  vite  ifue  U  lame  ne  lui  pc^' 


s  deA 


vce 


Î4Î  t.r.  cl!  eue* 


PAR 

met  ,  en  tenant  la  corde  fans  fin  un  ptu  lâche  , 
elle  gUiïera  fur  fa  poulie  ,  &  n'ira  pas  plus  vite 
qu'il  ne  faur. 

On  a  cou  m  me  de  fe  précautionner  d*un  cer- 
tain nombre  de  poulies  qu'on   changea  volonté  , 
Blîblon  que  l'un  des  deux  cylindres  va  trop  vite  ou 
^^rop  doucement  ;  Se  pour  cela  chaque  poulie  a  à 
fan   centre  un  trou  carré ,  jufte  à  la  groffeur  du 
—  carré  pratiqué  fur  l*iin  des  bouts  de  Taxe  des  cy- 

■  On  fijte  ces  poulies  en  place  »  au  moyen  d'une 
cheville  qui  paiT^  au  travers  de  Taxe  ,  en  dehors 
de  la  poulie  qui ,  par  ce  moyen,  fe  trouve  retenu 
folidement» 

Tai  dit  plus  haut  que  Ton  fe  fervott  d'une 
1,  )auge  pour  apprécier  TépailTeur  des  dents  qu'on 
■bvoU  à  employer  pour  tel  ou  tel  compte  de  pci- 

Cet  ufage  eft  adopté  géoéralement  par  tous 
Iti  peîgners  en  acier  :  mais  il  faut  ob  fer  ver  que 
Rpctte  jauge  n'efl  pas  fufHfante  pour  cette  appré- 
Htiatton ,  parce  qu'elle  ne  peut  décider  que  d'une 
B^rande  quantité  enfemhle  ;  c'eA-à-dire  qu'il  faut 
■que  fon  entaille  foit  remplie  de  dents ,  pour  fa- 
■^oir  le  nombre  qu^elle  en  contient. 

Ce  moyen  n*efl  pas  propre  à  décider  de  Té- 
paiffcur  qu'il  faut  leur  donner,  parce  qu'il  fau- 
droii  laminer  tout  de  fuite  une  longueur  de  fit 
aflfi  grande  pour  la  couper  &  en  hhc  des 
dents  ,  &  les  jauger  enfuiîe  toutes  à   la  fois. 

Cette  opération  exige  trop  de  temps  ,  &    je 
doute  même  qu'elle  foit  auïfi  précife  qu'une  mé- 
thode que  j'ai  vue  pratiquer  ch^z  un   des  meîN 
leurs  pcjgners  en  acier  qui  ait  encore  paru,  & 
que  la  fabrique    de  Lyon  a  eu   le  malheur  de 
perdre  prefqu*à  la    fleur  de   fon    âge  :  je   veux 
parler  du  fieur  Mnngeot  père.  Je  reviens  à  ta  mé- 
thode du  ficur  Mangeot  pour  régler  (an   mou- 
^lîo*  &  pour  le  procurer  lesépaiifeurs  des  dents  , 
Hcoovenables  aux  comptes  des  peignes  qu'il  vou* 
^k>ît    exécuter.  Outre    les   connoifïances  particu- 
lières fur  les  moulins  à  vis  &  fur  ceux  à  bafcule  ^ 
dont  il  pofTédoic    parfaitement  les  propriétés ,   il 
r     avoir    des  procédés  particuliers  ,  de  entre  autres 
Kvne  jauge     qui  nVA  autre  chofe   qu\m   gros    fil 
Kde  fer  formant  une  efpèce   d'S  ,  dont  une    des 
ouvertures      détermine  TépaiiTeur  des  dents  ;  il 

Ïavoic  plufieurs  de  ces  jauges  dont  chaque 
bout  numéroté  indiquait  les  différentes  épaif- 
feurs  qui  pouvoient  y  entrer. 
On  peut  avoir  une  jauge  qui  comprenne  de 
fuite  tous  les  numéros  polTibles,  connue  fous 
le  nom  de  calshe  ,  où  tous  les  écartemens 
de  chaque  tour  vont  en  diminuani  infenfiblc- 
ment, 

11  cft  bon,  avant  de  finir  Tarticle  du  lami- 
nage I  d'obferver  que  quand  par  malheur  on 
s^aperçoit  que  le  fil  o*a  pas  été  réduit  en  la- 
mes de  lepailTèur  réquife^  on  peut  le  palTer  une 
féconde  (on  au  moulin  ;  mais  il  faut  à  cette  fe* 


PAR 


677 


conde  fois  apporter  beaucoup  d*attention  1  &  ne 
pas  abandonner  la  bafcule  au  même  poids  ,  fani 
quoi  il  deviendroit  tout  de  fuite  trop  mince  :  il 
faut  donc  eifayer  à  quel  point  le  contre -poids 
doit  être  place  pour  donner  TépaiiTeur  convena- 
ble ;  &  fi  c'e^  au  moulin  à  vis  qu*on  laminel» 
on  court  moins  de  rifque  â  la  vérité  ;  mais  il 
faut  encore  tâtonner,  en  ferrant  p*u  à  peu  , 
jufqu*à    ce   qu'on   ait  acquis  le  degré    jufte. 

L'inconvénient  le  plus  ordinaire,  quand  on 
repaie  le  fil  une  féconde  fois  au  moulin^  ell 
de  lui  occafionner  des  finuofités  fur  le  tranchant 
de  la  lame,  qtii  le  rendent  entièrement  défec- 
tueux, &  le  mettent  hors  d'état  de  fervii  :  mais 
enfin  ,  quand  le  mal  ell  fait,  il  faut  y  chercher 
un  remède  ;  &qua.id,  par  oubli,  ou  par  négli- 
gence» on  a  manqué  fon  épaiffeur  du  premier 
coup  ,  il  faut  s*y  reprendre ,  6c  tout  ce  qu'on 
peut  employer  ell  autant  de  moins  de  perdu. 

Le  laminige  dt;s  bijoutiers  &  des  orfèvres 
ell  tout  difiérentdu  nôtre  :  ici,  il  faut  obtenir  du 
premier  coup  l  epaiiïcur  de  la  lame  qui  n*a  fou- 
vent  qu'une  dcmie-hgne  de  large  ;  au  lieu  que 
le  clinquant,  ou  autre  partie  d'or  ou  d'argent 
qu\jn  paiïe  au  laminoir,  a  fouvent  6 ,  7  ,  fit 
même  8  pouces  de  large  ,  fie  on  ne  la  réduit 
aolB  mince  qu  on  la  voit ,  que  par  degrés  ,  &C  en 
changeant  fans  ceHe  la  preiBon. 

Di  la    manier*    de    couper    les    deais     de  hn- 
futur* 

Quelle  que  fou  la  manière  dont  on  reçoit  la 
lame  au  fortlr  du  moulin  ,  ^opération  confifte 
A  la  couper  par  longueurs  pour  en  former  les 
dems  \  cette  longueur,  comme  on  Ta  déjà  dit , 
varie  fuivnit  la  hauteur  de  la  foule  ;  c'eA-â- 
dire  qje  cett;:  foule  elle-même  chang:  fuivant 
la  fineiTe  des  dents  :  mais  enfin  cette  hauteur 
de  foule  une  fois  déterminée  ,  il  faut  faire  le 
calcul  fui  van  r.  f 

Ju*  fuppofe  que  cette  hauteur  doive  être  de 
19  lignes  ;  chaque  jumelle  peut  avoir  environ 
3  lignes  ik  demie  ou  3  lignes  3  quarts  de  lar* 
geur,.ce  qui  fait  7  lignes  fit  demie  pour  les 
deux  :  le  li)2;neul  peut  occuper  une  demi-ligne, 
&  enfin  les  d^ots  doivent  déborder  d'une  ligue 
haut  èi  bas  ;  ce  qui  «  cumpté  tout  enfemble  p 
fait  39  lignes. 

Ce  calcul  ert  nécelfaîre  chaque  fois  qu  on  fait 
un  peigne  d'une  hauteur  de  foule  différente  , 
fit  les  peigners  un  peu  occupés  ont  toujours  dett 
dents  coupées  à  toutes  ces  longueurs,  fuivant 
leur  degré  de  finefle. 

Il  n'en  eÛ  pas  des  dents  de  fil  de  fer  comme 
de  celles  de  canne ,  que  nous  avons  vu  qu*on 
n"e<i  pas  obligé  de  couper  aufll  exactement  de 
longueur  ,  puifque  ,  quand  le  peigne  ert  fini,  on 
rogne  Texcédant  des  de  tics  par  chaque  bout  : 
ki»  cela  n*cA  point  praticable ^  ou  du  moins oo 


.6yS 


PAR 


I  ne  le  fait    pas  ;  auffi  faut  -  il  apporter    la    plus 
>  grande    attention  à   les   couper  parfaitement  de 
longueur  :    voici  comment    il    faut    s'y    pren- 
dre. 
Je  fuppofe  d*âbord  qu'on  a  reçu  le  fil  par  lon- 

•  gueurs  ,  au  fort ir  du  laminoir  rrouvrier'qui  eft  afiis  > 
fient  de    la    main   gauche   un  petit  morceau  de 

'.bois  ,  dont  la  longueur  eft  connue  ,  &  déter- 
mine celle  qu'on  doit  donner  aux  dents  ;  il  ap- 
plique dclTus  h  lame  ,  ayant  foin  qu*elle  affleure 
eiadement  par  le  bout  celui  de  la  mefurt  ;  & 
avec  des  ciiailtes ,  qu'il  tient  de  la  main  droite, 
il  coupe  toutes  les  longueurs ,  ayant  foin  de  ne 
pas  laliïer  échapper  le  bout  qu'il  feroit  obligé 
de  ramaiïer  à  terre  à  chaque  dent.  A  mefure  que 
Touvrier  coupe  les  dents  ,  il  les  jette  dans  une 
boîte  qu1la  à  côté  de  lui ,  pour  empêcher  qu'el- 
les ne  fe  gâtent  en  trainant  par  terre. 

Je  ne  laurois  trop  recommander  de  couper 
toutes  les  dents  fur  la  mefure  qu'on  s*eft  faite, 
6c  non  pas  fur  des  dents  qu'on  coupe  à  mefure, 
comme  le  font  beaucoup  d'ouvriers. 

Il  n'eft  pas  poffible  que  l'épaiflcur  de  la  ci- 
faille  permette  d'approcher  tout  contre  le  bout 
de  la  mefure ,  d*oÎJ  s'enfuit  un  peu  plus  de 
longueur  ;  &  comme  on  a  compté  ou  dû  compter 
fur  cet  excédant ,  les  dents  ne  fe  trouvent  qu'à 
la  longueur  néceffaire  :  au  lieu  que  fi  Ton  fe 
fert  pour  mefure  Indifféremment  des  dents  der- 
nières coupées  ,  chaque  excédant ,  ajouté  à  la 
fomme  des  précédents»  fait  qu'au  bout  d'une  cer- 
taine quantité  ,  on  trouve  les  dents  d*une  & 
quelquefois  deux  lignes  plus  longues  que  les 
premières  ;  ce  qu'il  eit  toujours  aifé  d'éviter  quand 

•  on  ne  change  pas  la  mefure, 

•  Je  n'ai  vu   employer  ,  dans    les  ateliers  que 
^l^ai  parcourus  ,  que  la  méthode  que  je  viens  de 

rapporter  :  mais  un  habile  fabricant  m'a  donné 
la  defcrtptlon  d'une  méthode  qu'il  a  vu  prati- 
quer ,  &  que  je  ne  faurois  UiïTer  ignorer  au 
lefleur.  Cette  méthode  eft  préférable  à  la  pré- 
cédente,  &  pour  la  jufteïïe  qu'elle  procure  aux 
dents ,  Ô£  pour  la  cclériié  ;  puifqu'un  ouvrier , 
même  ordinaire ,  peut  y  couper  quatre  fois  plus 
de  dents  ,  dans  un  temps  donné,  que  le  plus  ha- 
bile n'en  fauroit  faire  dans  le  même  temps  ; 
encore  ne  lui  eft-il  pa^  polTible  ^  fans  une  mal- 
adreflc  extrême  ,  ou  une  inattenilon  impardon* 
nable  t  de  les  couper  plus  ou  moins  longues  qu'il 
ne  fiut. 

Siconàt   manière    de    couper    Us    dents    des    pei- 
gnes. 

Pour  couper  les  dents  fuivam  la  féconde  mé- 
thode »  on  le  fsrt  d*infirument  nommé  coupoir , 
faute  de  favoir  le  nom  que  fon  auteur  lui  a 
donné. 

Ce  font  deux  lames  jointes  enfemble  en  un 
point  I  comme  des  cifeaux ,  au  moyen  d'une  vis 


PAR 

affez  forte  pour  réftfter  aux  efforts  fiitilri^btf| 
qu'on  leur  fait  éprouver.  La  première  lame  di  ter- 
minée ,par  un  de  fes  bouts  ,  par  une  qQCue,à 
Textrémité  de  laquelle  eft  un  trou  dont  on  fera 
connoitre  autre  part  Tufage  ;  l'autre  botit  , 
qui,  quand  on  l'a  forgé ,  a  été  réfervé  fembUble 
au  premier,  eft  relevé  &  arrondi  dans  certaiiis 
endroits  ,  &  va  fe  terminer  en  une  pointe  aifc* 
fine  pour  entrer  dans  toute  la  longueur  dti 
manche  ,  garni  d'une  virole  par  un  bout ,  &  par 
l'autre  d'une  contre-rivure,  fur  laquelle  ell  nH 
le  bout  de  la  queue  ou  foie. 

L'épaiffeur  de  cette  lame  peut  être  de  eîo^ 
4  fix  lignes  »  &  fa  partie  intérieure  fe  termine 
en  blfeau  très -obtus  ,  pour  que   le  tranchant  ne 

s'émouffe  pas  aifé  ment. 

L'autre  lame  eft  un  parallélogramme  de  mi* 
me  épaiâeur  que  la  première  lame ,  &  beau* 
coup  plus  long.  Â-peu-prés  au  milieu  de  fa  lar* 
geur  ,  eft  un  bifeau  aufTi  long  qu'à  l'autre  laMi 
&  fait  de  même  :  on  y  a  fait  un  trou  tarasiié, 
dans  lequel  entre  une  vis  ;  enfin  >  aujc  qiaoe 
angles  eft  un  trou  par  où  on  fixe  ce  coupoir 
fur    les    mon  tans    deftinés    à    le   porter. 

Pour  que  la  lame  première  ne  defcendc  p^s  trof 
bai ,  quand  on  l'abandonne  à  fon  propre  poîdi,  oo 
réferve  un  épautement  à  la  naiiTance  du  mu- 
che,  par  où  elle  rcpofe  fur  l'autre  lame.  II  oc 
s'agit  plus  que  de  faire  fentîr  de  quelle  manière 
ce  coupoir  doit  être  monté. 

Sur  une  bafe  forte  &  pefante ,  eft  aflembli  à 
tenons  &  mortoîfes  un  très  -  fort  montant,  a» 
haut  duquel  font  fixées  toutes  les  pièces  qoi 
compofent  ce  coupoir.  Les  angles  de  devant  da 
deux  joues  de  l'entaille  qu  on  y  a  pratiquée  , 
font  armés  de  fortes  équcrres  de  fer. 

Ces  équerres  font  fixées  en  place  par-de(Tui, 
au  moyen  d'une  vis  qui  entre  dans  un  troy  « 
'  &  qui  fe  vilTe  dans  le  bois  ;  &  pardcvant  ^  an 
moyen  d'une  broche  de  fer  ^  qui ,  paiTant  dans  Té* 
paillcur  de  chacune  des  joues  du  montant ,  tm* 
file  un  trou  correfpondant ,  pratiqué  Car  le  cdiè 
de  réquerre. 

Quant  aux  deux  trous  pratiqués  fur  le  deram 
de  réquerre  ,  ils  font  taraudés  ,  &  au  même  ec*^ 
tenient  que  ceux  qui  font  au  bout  de  U  lamet 
pour  fervir  à  la  tenir  en  place, 

Refte  a  décrire  un  autre  moyen  auffi  finqpk 
qu'ingénieux ,  qui  fert  à  déterminer  la  longuecr 
qu'il  convient  de  donner  aux  dents  félon  le  be* 
foin. 

Quelle  que  foit  la  méthode  dont  on  s'efl  fenri 
pour  laminer  le  fil  de  fer ,  il  faut  avoir  graôA 
foin  de  le  préfenter  au  coupoir  ,  de  façon  qne 
la  courbure  foit  commune  s'il  fortoit  de  deCus  ni 
cylindre  :  le  rebord  qu'on  a  pratiqué  an  bai  de 
la  plaque  ^  eft  une  précaution  nà:eflatre  ;  ûm 
cela  y  le  fil  montant  plus  ou  moins  haiit ,  on 


»! 


PAR 

lomberoît  dans  linconvénkm  que   l'on  a  un  Ci 
grjind  iaièrèt  d'éviter* 

Se  ne  pcnfe  pas  que  U  première  méthode 
puilTc  rupporier  la  comparaifon  avec  celle -et  : 
Tune  eft  lente^  ennuyeiife,  &  fatigue  extrême- 
ment la  main  droite  qui  tient  la  cifaille  ;  au 
lieu  que  Tautre  méthode  n'ayant  pas  befoin 
de    mcfure  ,  eft  p!us  aifèe  $l   p1u$    expédirive. 

On  pourroît  même ,  en  tirant  le  ûi  par  lon- 
gueurs ,  paflTcr  dans  le  coupoir  trois  ou  quatre 
lames  à  la  fois ,  &  alors  il  ftiffifoit  de  s'aiTurer 
qu'elles  appuient  exa6tcm*-nt  toutes  contre  la 
plaque,  pour  leur  procurer  une  égale  longueur. 
Enfin ,  foit  prévention  ou  autre  feutiment  mieux 

Oiîé,  je  ne  penfe  pss  qu'on  puilTe  imaginer  de 
méthode  plus  fimple  &  plus  expédltive.  Il  me  refte 
k  décrire  ropération  qu'on  fait  aux  dents  après 
qu'ion  les  a  coupées  de  longueur. 


PAR 


679 


^mj}is  façons  à  donner  aux  dents  quand  elirs  font 
^Ê  coupées  de  longueur, 

Paur   peu   que  Touvrier  aille  un  peu  vite  en 

coupant  les    dents    de    longueur  ,  il   faut    qu'il 

Yide   fon   tiroir    alTez  fou  vent  ,    fnns   quoi    ellcîs 

monteroicnt  jufqucs  aupre'i  du  tranchant  du  cou- 

^poir ,  &  lui  nuiroicnt  infailliblement. 

H  11  a  donc  foin  de  temps  en  temps  de  les  mtt- 
^trc  djns  quelque  grande  boite  ;  &  quand  cette 

première  opération  cft  finie  ,  il  les  choifit  une 
Ka  une,  le*  redrefle  ,  fi  elles  ont  coniraflè  un  peu 
Hde  courbure,  &  les  examine  attentivement  pour 
Hrolr  fi  ellei  n'ont  point  de  pailles  ,  de  fentes  ou  de 
Fgerçures  :    auquel    cas   il    faut    abfolument    les 

meirre  au  rebut, 

^      Parmi  les  dents  oit  Ton  apperçott  des  gerçu- 

Hr<?5  ,  il  y  en  a  en  qui  ce  ne  font  que  des  pail- 

Hles  fort  légères  :   on  ne    met  point  celles  là    au 

■  rebut  ;  mais  les   ayant  toutes  mifes  fur  une  ta- 

V  hle  bien   unie ,  on  y  jette   un    tant  foit  peu  de 

pierre   ponce  en   poudre ,   &   avec    un   morceau 

de  liège  de  la    forme   d'un    bouchon,   mais    un 

peu  plus  gros,  on  les  frotte  fur  leurs  deux  faces; 

&  comme  cette  opération  feroit  trop  longue  ,  fi 

on  les  poliiToit  i'une  après  Tautre ,  on  en  prend 

plufieurs  à  la  fois  ,  &  on  ïes  retourne  fens  def- 

^fiis  de^Tous ,  &  bout  pour   bout.  Quand  on  les  a 

^Bsnfi   toutes  frottées ,  on  les   examine    de   nou- 

^Veaw    ,    on   met  à  part  celles  en  qui  cette    opé* 

ration  a  f,iit  dirparoltre  les  pailles,  &  on  rejette 

abfolument  les  autres   ;   on   les  effuie,   on   ote 

cette  ponce,  &    on  les   nettoie  avec   un  autre 

houcbon  qu'on  frotte  fur  une  plaque  de  plomb  : 

d*autres  les  frottent  avec  un  morceau  de  plomb 

même  ,  en    les  tenant  toujours   bien  à  plat  fur 

la  table  ,   pour  ne   leur  faire    contrafter    aucune 

courbure.  Enfin  on  les  e^uie  parfaitement  &  on 

Ict  met  parmi  les  autres  dont  elles  ont,  par  ces 

prèparaiiont ,  acquis  la  perfc^ion. 


Je  n*ai  jamais    pu   concevoir    qu'elle    pouvoîc 

être  la  raifon  de  Vufage  du  plomb  pour  polir  les 
dents  :  la  pierre  ponce  ctt  très- incifive  ,  &  a  la 
propriété  d'ufer  en  fort  peu  de  temps  la  furface 
à  laquelle  on  l'applique  ,  avec  le  moindre  frotte- 
ment ;  mais  fi  cette  poudre  raie  les  dents  , 
a-t-on  prétendu  remplir  ces  raies  ou  ces  inégalités 
avec  le  plomb  }  Je  ncn  crois  rien:  d'ailleurs ,  en 
prenant  ainfi  le  plomb  à  fimple  frottement,  on 
n'en  enlève  que  des  parties  fi  déliées  ,  qu'on 
n'en  a  guère  que  la  teinture  i  &  le  moindre 
attouchement  qu'effuieront  ks  dents  ,  la  leur 
fera  perdre.  Je  crois  pouvoir  ranger  cette  recette 
parmi  ces  vieux  procédés  que  l'ignorance  a  in- 
troduits, que  l'ufage  perpétue,  &  dont  on  ne 
fauroir  donner  aucune  raifon, 

L'ufagc  de  certains  ouvriers  de  mêler  en fcmble 
les  dents  qui  du  premier  inftant  fe  font  trouvées 
bonnes  ,  avec  celles  à  qui  il  a  fallu  donner  l'ap- 
prêt dont  nous  venons  de  parler  pour  qu'on  pût  s'en 
fervir  ,  eft  très-dcfedueux  ;  quelque  peu  que  ce 
poli  diminue  fur  chaque  furface  ,  il  diminue  enfin  ; 
&  fur  la  quantité  de  ces  dents  ,  on  ne  fauroit  man- 
quer de  s'en  apercevoir  :  le  mieux  eft  donc 
de  les  mettre  k  part  ^  pour  fervir  à  Tépailléur 
où  elles  fe  trouvent  réduites. 

Quoique  i*ufage  de  la  jauge  en  fott  fort  bon  ,  il 
eft  toujours  plus  fur  ,  après  que  les  dcnrs  ont 
été  coupées  de  longueur,  de  les  jauger  encore 
dans  rentaille  ;  après  cela  on  les  range  dans  des 
botes  ou  tiroirs  ni^mérorcs  fuivant  les  numéros 
des  dents  elles-mêmes  ,  fie  dans  lefquels  on  doit 
ies  ptéf^rver  avec  grand  foin  contre  la  moindre 
humidité. 

Lés  ouvriers  ont  la  précaution  ,  pour  empêcher 
la  rouille  ,  d*entcrrer  les  dents  dans  du  fon 
où  elles  fe  confervent  très  -  bien  ;  le  parti  le 
plus  fur  efl  de  ne  pas  tirer  beaucoup  plus  de 
dents  d'épailleur  qu'on   n'en  a  befoin. 

J'infifte  un  peu  là-deffus  ,  parce  que  j'ai  vu 
beaucoup  de  peigners  ,  dont  Tufage  cfl  de  faire 
de  très  -  grandes  provifions  de  toutes  longueurs 
6c  épaiïTeurs  :  il  eft  vrai  qu'on  peut  les  enve- 
lopper librement  dans  un  papier  gris  ,  un  peu 
imbibé  d*huile  d'olive,  6t  même  il  cft  bon  d'en 
répandre  quelques  gouttes  fur  les  dents  »  &  de 
les  remuer  enfuite  pour  répandre  également  cette 
hutle  ;  &  quand  on  veut  monter  un  peigne  ,  il 
faut  les  fécher  avec  grand  foin  ,  fans  quoi  la  poix  du 
ligneul  ne  prendrott  pas  ,  6c  elles  feroicnt  fu)et- 
les  àgliiïer,!ors  même  qu'elles  feroicnt  entre  ks 
jumelles. 

C  eft  donc  une  attention  qu'on  «c  fauroîr  avoir 
trop  grande  pour  préferver  les  dents  de  la  rouille  ; 
&  fi ,  maigre  toutes  les  précautions ,  elles  en  font 
pnfes,  il  faut  faite  un  choix  de  celles  où  il  n'y  a 
que  la  fuperficie  d'entamée  ,  d*avec  celles  où 
ayant  pénétré  un  peu  avant  dans  Tépaifteur ,  11 
faudroit  fe  fervir  de  limes  aux  dépens  de  cette 
même  épaifleur ,  ce  qui  les  mettroit  hors  dctai 


68o 


PAR 


de  fervlr  ;  &  fi  la  fineflc  à  laquelle  elles  fe  trou- 
vcroicnt  réduites ,  ne  Icsrendoit  pas  entièrement 
défeôueufts  ,  le  temps  qu'on  cmpioieroit  k  les 
limer  &  polir,  re  feroit  pas  coinpenfé  par  leur 
valeur  intrinf^que. 

Quant  à  celles  qui  ne  font  que  légèrement  atta- 
quées de  la  !  ouille  ,  voici  la  manière  d*ôter  cette 
rouille  :  on  enduit  ces  dents  d'huile  d*olive  ;  enfuice 
on  les  met  dans  une  boite,  dar.s  d-'  la  farine,  ^ 
on  les  expolc  deux  -fOur^i  de  fuite  à  l'ardeur  du 
Iblcil ,  ou  à  un  grand  feu  pendant  Th.ver  ;  & 
quand  on  voit  que  la  farine  qui  s*é(oit  attachée 
autour  de  chaque  dent ,  cft  un  peu  lachéi  par  la 
rouille  ,  on  les  retire  ;  &  en  les  eîTuyant ,  on  a 
la  fatisfaôion  de  voir  difparoitre  prefque  toute 
cette  rouille.  Si  cette  opération  ne  réuflit.pas 
dès  la  première  fois,  on  la  répète  une  féconde, 
&  on  peut  être  afTuré  d'une  parfaite  réuifite. 

Si  quelqu'une  réfifte  à  ces  opérations  ,  il  faut 
voir  fi  c'cft  que  la  rouille  ell  trop  enracinée  , 
ou  (i  le  frottement  de  la  pierre  ponce  en  poudre, 
é^  comme  nous  Tavons  vu  plus  haut ,  ne  la  feroit 
pas  entièrem::nt  difparo  trc  :  mais  quoique  dans 
tous  les  arts  on  poliffe  l'acier  6c  le  cuivre  avec 
la  ponce  &  l'huile  ,  les  peigners  ont  l'habitude 
de  l'employer  à  fec  ;  ils  prétendent  que  la  ponce , 
s'imbibant  d'huile ,  fait  une  pâte  qui  èmoufle  le 
tranchant  de  cette  poudre  ,  &  l'empêche  de 
mordre  auffi  bien.  Ils  ont  bien  raifon  à  cet  égard; 
mais  c'eft  par  -  là  qu'on  empêche  que  l'ouvrage 
ne  foit  rayé  ,  ce  qui  à  fcc  ne  peut  manquer  d'ar- 
river ;  c'efi  auflî  par  la  même  raifon  que  quand 
on  polit  à  la  lime  douce ,  on  l'induit  de  quel- 
ques gouttes  d'huile  pour  polir,  plus  fin  :  Tufage 
eft  contraire  ,  je  dois  fans  doute  le  rapporter  ; 
mais  je  ne  me  crois  pas  obligé  d;;  l'approuver. 

De  la  manière  de  mor.ur  les  peignes  d'acier. 

Les  peignes  dont  les  dents  font  d'acier  ,  fe 
montent  fur  leurs  jumolîcs  avec  du  ligneul  tel 
que  celui  dont  on  a  parlé  pour  les  peignes  de 
canni .  11  feroit  fans  doute  très-déplacé  d'entre- 
tenir ici  le  leéhiîr  de  tous  les  procédés  qui  font 
communs  aux  uns  &  ai:x  autres  ;  le  plus  fimple 
eft  d*y  renvoyer. 

Li  manière  de  monter  les  peignes  eft  à-peu-prè$ 
femblable  à  h  première  :  je  ne  ferai  donc  ici  que 
rapporter  en  peu  de  mots  les  particularités  adop- 
tées par  les  peigners  en  acier  ,  particularités  qui 
confiflcnt  en  q^ielques  machines  &  quelques 
procédés  qu'ils  fs  font  ren  lus  propres  à  eux  fetls. 

A  la  rigueur ,  on  peut  monter  les  peignes  d'acier 
fur  les  mêmes  métiers  oîi  on  monte  ceux  de  canne  : 
mais  on  va  voir  que  les  moyens  dont  on  fc  fert 
pour  frapper  les  dents  ,  ainfi  que  les  autres  opéra- 
tions ,  font  difTérens. 

Le  métier  à  monter  les  peigne?  d'scier  eft  com- 
me celui  employé  pour  le<  peignes  de  canne. 

On  a  foin  de  tenir  la  tnHe  de  ce  métier  un 


PAR 

peu  large  >  |iour  y  placer  les  deux  coulifles  for- 
mées par  les  rainures  des  deux  tringles. 

C'eft  fous  ces  coulKTes  que  gUlTe  une  planche 
qu'il  eft  à  propos  d'examiner  k  part  »  pour  en 
fentir  mieux  la  conftru^ion. 

Aux  deux  bouts  de  cette  planche  eft  une  feuil- 
lure dont  l'épaillcur  de  la  languette  coule  aifè- 
ment  dans  la  rainure  cies  deux  tringles  :  au  miiin 
de  cette  bafe  eft  piantèc  une  équerre  de  fer , 
qui  porte  la  bartc  dont  nous  allor.s  parler  ;  mais 
comme  cette  pièce  eft  f&ns  celfe  en  mouvement, 
&  qu'elle  fr«ppe  fans  celle  des  coups  redoubles 
contre  les  dents  du  peigne  ,  elle  a  befoin  d*ètre 
très-folidement  fixée  dans  fa  bafe  :  pour  cet  efe, 
le  bout  inférieur  de  cette  équerre  eft  uraudlf 
&  ajufté  au  trou  de  la  «  pièce  de  f^r  carrée , 
fans  cependant  ^'y  viiïer. 

Le  carré  de  cette  pièce  entre  jufte  dans  une  en- 
taille de  pareilles  dimenfions ,  pratiquée  fur  l'épaii^ 
feur  de  cette  plaque  d'cjiviron  trois  lignes , 
&  par  -  detlous  eft  arrêtée  au  moyen  d*un  ccim 
carré. 

Enfuitc  eft  une  autre  plaque  de  fer  ds  dein 
ou  trois  lignes  d'épailTeur ,  entrée  en  -  dcffinii 
de  la  bafe  de  toute  fon  cpailFjur  dans  le  bois, 
6c  arrctcc  par  les  quatre  coins. 

Cette  plaque  reçoit,  diins  le  trr  u;du  centre , 
le  boLt  de  Téquerre  ;  au  moyen  de  quoi  la  biite 
ne  faiiroit  s'incliner  en-devant  ou  en-arrière. 

La  plaque  de  fer  eft  auflî  noyée  de  loate 
fon  épaiiïeur  endc^Tus  de  la  bafe ,  pour  plus  (k 
propreté  :  à  l'autre  boiit  de  l'équerre  eft  un  tenon 
qui  reçoit  une  pièce  de  fer  ,  aux  deux  bouts  de 
laquelle  on  a  refervé  une  mafiTe  de  fer  pour  Im 
don  lier  de  la  péfanteur. 

La  mortoife  qui  reçoit  le  tenon  .!oît  être  bien 
jufte  i  &  au  milieu  de  la  lorigueur  de  la  pièce  ; 
de  là  dépend  l'égalité  des  dents ,  par  rappon  à 
leur  épaiftcur  ,  comme  nous  le  verrons  dans 
l'opération. 

Cette  pièce  eft  fixée  en  place ,  au  moyen  dure 
cheville  de  fer. 

Quand  on  veut  mettre  la  batte  en  place  »  on 
l'entre  par  le  bout  des  tringles  qui  ne  vont 
pas  contre  la  poupée  à  gauche  ;  miis  elles  y 
vont  tout-àfait  par  l'autre  bout  pour  donner  fto 
de  courfe  à  la  batte. 

La  pièce  de  fer  gUfte  entre  les  jumelles ,  poor 
aller  frapper  contre  les  dents  dont  elle  doit  avoir 
tout  au  plus  répaiftcur  ;  mais  pour  gagner  de  la 
folidité  9  on  la'  tient  fort  largo  ,  fans  qnoi  dk 
plieroit  au  moindre  choc  ,  &  ne  rempliroit  ptf 
fon  objet. 

Le  plan  de  la  table  de  ce  métier  ,  &  celui  de 
defTous  la  bafe  ,  ne  fauroient  être  trop  unis  poer 
diminuer  les  frottemcns  ;  &  même  il  eft  à  pm- 

f>os  de  frotter  de  favon  tant  ces  deux  plans  qas 
es  deux  coulifles  :  la  hauteur  clc  cette  batte  doit 
être  telle  que  la  lame  puiiTe  glifler  paralièlemes 
aux  deux  jumelles  ;  &  pour  fe  régler ,  on  pot 

precdr: 


PAR 

prendre  la  hauteur  des  tcnorts  des  deux  poupées. 
Il  faut  encore  avoir  grand  foin  que  rèqfcerre 
foit  montée  fur  fa  bafe  ^  parfaitement  à  angles  droits 
avec  les  poupées  ,  pour  qu'en  frappant  fur  les 
dems ,  on  f-^i*  fur  de  leur  procurer  une  pofiiion  per- 
pendiculaire «vec  les  jumelies. 

D€  U  màfiuTt  il  monter  Us  peignes  m  ft  fendant 
de  la  batte* 

Les  préparnïifs  néceflaires  avant  de  monter  les 
peignes  d^acicr  ,  font  abfolument  les  mêmes  que 

Eouf  les  peignes  de  canne  :  le  métier  efi  le  même, 
1%  montans  font  garnis  de  vis  Se  de  tenons  » 
fiir  Jefquelson  fiitchs  jumelles,  en  les  attachant 
Tufie  ï  faurreavcc  une  ficelle  dans  des  encoches , 
ainil  qu'on  Ta  vu  plus  haut  :  îes  gardes  fe  pofent 
de  la  même  minière  ,  &  on  les  lixe  ,  ainii  que 
les  dents  des  Ufières  ^  comme  aux  peignes  de 
caone. 

Il  fiut  au^Ti,  avanttoutes  ces  opérations ,  marquer 

furies  jumelles  de  delTus ,  lesdivifions  par  pouces  , 

demi- pouces ,  &c,  ou  par  portées,  demi  portées, 

avec  les  in  II  ru  mens  qu*on  a  rapportés  à  ce  fujet.  Les 

dents  fe  placent  enfuies  de  la  même  manière,  en 

les  entourant  chacune  d'un  tour  de  ligneul ,  Ô£  frap- 

ipant  avec  la  batte  ,  pendant  qu'on  tient  les  deux 

petits  paquets  de  ligneul  de  la  main  gauche  un 

Ipeu  tendus  ;  mais  comme  cette  opération  ne  dif- 

Ixére  des  précédentes  que  par  lufage  &  la  forme 

Tf!c  la  batte  (  car  Ici  dents,  quoique  d'une  autre 

|inatiére  ,  fe  placent  de  même)  ,  c'eft  à  cela  (gu\ 

lie  nous  nous  arrêterons. 

L'ouvrier  prend  la  batte  au  milieu  de  fa  hau- 

ttcur ,  &  la  faifant  glilTer  fur  fa  hafe  ,  il  appuie  & 

frappe,  le  plus  également  qu'il  lui  ert  pofflible,  con- 

Itre  les  dfnts;  &  pour  cela  il  aplufieurs  précautions 
à  prendre» 
Premièrement  ,  comme  le  frottement  qu'eduie 
la  bafe  de  la  batte  dans  fa  coultiTe^  diminue  la  force 
qu*on  lui  imprime  ,  il  faut  s'habituer  à  bien  régler 
fon  coup  ,  îi  pour  cela  prendre  fon  élan  k  une 
égale  diiiancc  :  fccondement ,  avoir  attention  de 
prendre  la  tige  au  milieu  de  fa  hauteur  ;  car  fi  , 
pour  avoir  plus  de  force  ,  on  vouloît  la  prendre 
l'un  peu  plus  haut  ,  la  bafe  ne  fuivant  plus  un  mou- 
vement paraUéle  ,  s'engagcroit  entre  îes  tringles  , 
&  Topération  feruît  retardée. 
Si  au  contraire  on  la  prend  trop  bas  ,  le  levier 
de  Va  réfillance  étant   plus  long  que  celui  de  la 
puin^ncs  ,  on  ne  frappera  plus  ,  même  avec  d'affez 
grands  efforts,  que  de  foibîes  coups  ,  &  Ton  ne 
^     pourra  ferrer  les  dents  autant  qu*il  efl  néccfTaire. 
Il  y  a  des  ouvriers  qui  ,  pour  ne  pas  prendre 
les  dents  Tune  après  l'autre  fur  le  métier ,  ou  daxis 
une  boite  qu'ils  ont  h  côté  d'eux ,  en  prennent  une 
petite  poignée  de  la  main  gauche  ,  quoiquMs  tien- 
jseat  de  cecte  main  les  deux  petits  paquets  de 
p     ligncul. 
■  Ans  &  Métiers  ,  TQ/ne  V^  Part»  IL 


PAR 


68i 


Cette  pratique  cft  fort  cxpédltlvc  quand  on 
peut  en  prendre  Thabitude  :  mais  la  main  droite 
doit  être  libre  pour  empoigr*er  la  tige  de  la  batte* 

îlya  pourtantun  inconvénient,  dans  cet  ufage  , 
pour  certaines  perfonnes  qui  fucnt  des  mains  , 
&  donnent  par-là  lieu  à  la  rouille  :  d.ins  ce  cas  , 
il  vaut  mieux  plactrr  les  dents  fur  une  tringle  de 
bois  fur  le  métier,  pour  qu  ayint  un  bout  en  Tair , 
on  puiïTe  les  prendre  fans  peine. 

Chacun  en  ufe  fulvant  rh^bitudc  qu'il  a  con- 
iradèe  :  mais  je  penfe  qu'en  effet  cet  inconvénient 
mérite  confidérarîon  ;  car  les  dents  une  fois  pla- 
cées ne  peuvent  plus  être  efluyées  ;  &  avec  beau- 
coup de  foins  depuis  que  te  peigne  eft  fait,  0« 
cft  fort  furpris  de  le  voir  rouiller* 

Les  attentions  que  je  recommande  fi  fort,  pa- 
roitront  fans  doute  minuticufcs  à  bien  des  per- 
fonnes ;  mai»  elles  font  effcmt elles  pour  l'ouvrier , 
qui  ne  peut  trouver  fon  bénéâce  que  dans  la  cé- 
lérité. S'il  s'agifluit  de  me  déterminer  fur  It  pré- 
férence qu*on  doit  accordera  l'une  des  battes  dont 
nous  avons  indiqué  Tufage  ,  tant  pour  les  pei- 
gnes de  canne  que  pour  ceux  d*acicr ,  il  me  ferru 
ble  que  la  dernière  eft  préférable  à  beaucoup  d  e* 
gards  ;  mais  d'un  autre  côté  l'habitude  peut  rendre 
l'ouvrier  aulirhabile  avec  Tune  qu'avec  Tautre.  Un 
avantage  réel  avec  la  dernière,  c*eft  que  fi elle  eft  bien 
faite  Se  pofée  bien  d*équerre  en  tout  fcns ,  elle  dif- 
penfe  du  foin  particulier  de  placer  les  dents  à  angles 
droits  avec  les  jumelles  ,  puifquc  cela  ne  peut 
manquer  d'arriver.  L'ouvrier  na  d'autre  attention 
que  de  bien  ferrer  fon  ligneul ,  &  de  faire  tomber 
jufte  fur  chaque  divifion  marquée,  le  nombre  de 
dents  qui  leur  convient.  Quelle  attention  ne  faut  il 
pas  pour  frapper  également  fur  chaque  extrémité 
des  dents  ,  lorfque  le  bras  qui  conduit  la  batte  , 
décrit  un  arc  de  cercle  ?  Il  efi  fort  difficile  de  cor- 
riger cette  courbure  ,  8c  le  moindre  défaut  cft 
confidérablc. 

Enfin  ,  pendant  que  l'ouvrier  place  &  entoure 
îes  dents  de  ligneul  »  la  batte  repofe  entre  le«i  ju- 
melles ;  &  ce  poids  ,  quoi<£ue  peu  confidérable  , 
imprime  infenfihlemenr  pu  peigne  une  courbure 
que  tout  peigner,  qui  démonte  le  métier,  a  foin 
au  premier  inftant  de  redrclfcr,  fans  même  s*in- 
quiéter  de  cette  caufe.  Mais  cet  înconvénîerit,  qui 
paroit  de  û  peu  de  confiqucnce  ,  devient  confi- 
dérable i  &  n  arrive-t  il  pas  pir  là  que  chaque  dent 
change  de  pofiiion  rcfpeâivc  avec  les  dents  voi- 
fines  ,  &  que  le  ligneul  f^  îâchc  ,  &  ne  les  fâifii 
plus  avec  autant  de  force  ^  fur-tout  au  milieu  du 
peigne  où  la  courbure  éto't  plus  grande  îc  le  dé* 
placement  plus  confidérable* 

*  Ce  n*eft  pas  quand  le  peigne  fort  des  mains 
de  Touvricr  qu'on  peut  juger  de  ce  dérangement; 
mais  il  dt^vicnt  plus  fea&ble  quand  il  a  travaillé 
quelque  temps, 

Rrrr 


d 


682  PAR 

Autre  mctitr  À  monter  les  peignes. 

Le  métier  que  ja  vais  décrire  me  fcmblc  le 
plus  ingénieux  de  tous  ceux  que  j'ai  vus  ;  & 
cependant  je  dois  avouer  que  dans  nos  grandes 
villes  de  manufââures ,  il  n*efl  aucunement  mis 
en  ufage  ,  &  peut  •  être  mènfie  n*y  efl  pas  connu. 
Il  n'y  a  pas  dix  ans  qu*un  peigner  d*Anvers 
Tin  venta ,  &  en  fit  conftruire  un  :  Ton  exemple 
fut  aufTuôr  fuivi  par  tous  fcs  conftères  de  la  même 
ville.  La  b-fs  de  ce  métier  ert  une  efpècc 
de  tréteau  compofé  de  deux  pièces  de  bois  , 
montées  fur  quatre  pieds. 

Au  milieu  des  pièces  de  bois  ^  eft  une  en- 
taille en  queue  d'aronde ,  de  quatre  à  cinq  pou- 
ces de  large  à  fa  partie  fupérieure ,  qui  eit  plus 
étroite  ,  &  de  deux  pouces  plus  large  au  fond. 

Tout  contre  les  deux  joues  de  cette  entaille  , 
font  aiïemblées  deux  longues  traverfes  :  les  faces 
intérieures  de  ces  traveries  font  inclinées  comme 
celles  de  l'entaille  ,  &  c*eft  là  aue  gliffe  une 
autre  pièce  de  bois  dont  nous  parlerons  bientôt. 

Sur  rèpaiflcur  de  chacune  des  traverfes ,  & 
en  -  dehors  ,  eft  une  rainure  à  deux  pouces  de 
fa  face  fupérieure  ,  dans  laquelle  s'aflemble  à 
languette ,  ainfi  que  Tépaiffeur  des  pièces ,  une 
p-anche  fur  le  bord  de  laquelle  on  attache  avec 
des  clous  une  tringle ,  q  li  alfleure  le  deffus  & 
le  bout  des  pièces  de  bois  ,  ^  forme  une  efpèce 
de  tiroir,  dans  lequel  on  entrepofe  les  dents  & 
autres  outils. 

Dans  la  coulifle  que'  forment  les  deux  tra- 
verfes, eft- une  longue  pièce  de  bois  à  queue 
dVonde,  qui  y  glilTo  ni  trop  jufle  ni  trop  ai- 
fément  ;  à  chacun  de  fes  bouts  efl  planté  un 
montant ,  ou  poupée  ;  à  chacune  efl  un  boulon 
à  vis  avec  un  tenon  ;  &  quand  le  peigne  efl 
folidement  retenu  entre  les  deux  poupées ,  il  a 
la  liberté  d'avancer  &  de  reculer  ,  au  moyen  d'une 
crémaillère  fixé  par  les  deux  extrémités  fur  une 
pièce  mobile ,  à  qui  un  réglet  de  fer  ne  permet 

f>;is  de  changer  de  place  fans  la  volonté  de 
'ouvrier. 

Tout  contre  l'entaille  de  la  pièce  de  bois ,  à 
droite,  font  plantés  deux  montans  ,  au  haut 
defquels  eft  un  enfourchcment  qui  reçoit  une 
des  poulies ,  fur  lefquelles  paffe  une  corde. 

Cette  corde  paffe  au  travers  d'un  trou  prati- 
qué fur  Tépaiffeur  de  la  batte ,  &  eft  arrêtée 
de  l'autre  côté  au  moyen  d'un  nœud  ;  l'autre  bout 
de  ces  cordes  ,  après  avoir  pafTé  dans  un  anneau  , 
de  peur  qu'elles  ne  fe  dérangent ,  va  pafter  au 
travers  de  la  marche ,  en  -  deftbus  de  laquelle 
elles  font  auQi  arrêtées  par  un  nœud. 

La  marche  ne  doit  pas  être  plus  Ipnguc  que 
les  deux  tiers  du  métier  ou  environ ,  parce  que 
fi  elle  étoit  de  toute  fa  longbeur,  le  pied  au- 
foit  trop  de  chemin  à  parcourir  pour  lui  faire 


PAR 

décrire  un  arc  égal  à  celui  qu'elle  décric ,  à  la 
longueur  que  je  recommande. 

On  la  fixe  en  un  point ,  au  moyen  d'une  bro- 
che de  f;:r  qui  pafte  au  travers  de  fon  épaifleur, 
^  roule  dans  les  pitons  qui  font  enfonce  dans 
le  plancher. 

La  batte  eft  une  planche  large  &  mince  t  as 
milieu  de  laquelle  eft  rèfervée  une  épaîflcnr 
dans  laquelle  6n  pratique  un  trou  »  dans  ieqoel 
paftent  les  deux  cordés  auxquelles  font  fufpen* 
dus  des  contre -poids  retenus  par  un  nœud. 

A-peu-près  au  tiers  de  la  longueur  des  deux 
traverfes ,  eft  plantée  une  pièce  de  bois ,  en-de- 
hors de  laquelle ,  &  près  de  fes  ailles  ,  fonc 
deux  poulies  ;  au  -  dcflus  font  deux  autres 
poulies  placées  horizontalement ,  fur  lefquelles 
paftent  les  cordes. 

Les  traverfes  fonc  percées  perpendiculaire^ 
ment  aux  poulies,  pour  laifler  paflcr  les  cordes 
auxquelles  ,  quand  elles  y  font ,  l'on  attache  les 
conire-poids.  Pour  achever  de  décrire  cette  ma- 
chine, je  vais  la  fuppofer  en   mouvement. 

Suppofons  donc  qu'entre  les  deux  poupées^ 
on  a  placé  les  jumelles  d'un  peigne  aux  denx 
tenons  :  on  tend  ces  jumelles ,  au  ^oyen  de  l'è- 
crou  qui  eft  au  boulon  à  vis  de  la  poupée  ï 
gauche  ;  l'ouvrier  attache  les  gardes  de  ce  côté, 
&  appuyant  le  pied  fur  la  marche  ,  il  place  les 
dents  des  lifières ,  pi>is  celle  du  peigne  même  | 
&  chaque  fois  qu'il  en  a  placé  une ,  il  levé  le 
pied  de  dcfius  la  marche  qui  eft  auftît6t  atti- 
rée par  le  contre  -  poids  ;  &  comme  le  peigne 
peut  avancer  &  reculer  à  volonté  avec  la  pièce 
de  bois  qui  porte  les  jumelles,  on  le  met  au 
degré  convenable  ,  par  le  moyen  de  la  crémail- 
lère qu'on  fixe  par  le  règlet  qui  ,  pris  lui-mê- 
me entre  les  deux  entailles  ,  ne  fauroit  êprou* 
ver ,  ni  permettre  aucun  balottemtnr. 

La  batte  eft  placée  entre  les  jumelles ,  &  n'a 
pas  plus  d'épaiileur  que  les  dents  ;  &  étant  ap- 
pelée fortement  contre  les  dents  ,  elle  rie  ûiu- 
roit  s'écarter  du  parallélifme ,  &  frappe  aufll 
fort  qu'on  le  défire  :  après  quoi ,  l'ouvrier  rcmft 
le  pied  fur  la  marche,  &  attire  la  batte  vers 
lautre  bout  du  métier,  ce  qui  lui  dcmne  delà 
place  pour  opérer  commodément ,  &  placer  uoe 
nouvelle  dent  qu'il  frappe  de  même ,  &  ainfi  des 
autres  ;  mais  comme  le  peigne  fe  garnit  infeo- 
fiblcmcnt  de  dents  ,  la  batte  n*a  bientôt  plu$a(^ 
fez  de  courfe  :  l'ouvrier  foulève  le  réglet ,  & 
fait  gliffer  d'un  cran  la  pièce  de  bois  ,  &  par  con- 
féquent  avancer  le  peigne  ;  ce  qui  donne  tou- 
jours  la  même  force  pour  frapper  les  dents. 

11  faut  cependant  prendre  garde  de  ne  pas 
trop  tirer  le  peigne  vert  la  droite;  car  la  mar* 
cbe  pourroit  toucher  à  terre ,  fans  appuyer  fur- 
fifamment  ,  ou  même  aucunement  ,  contre  les 
dents  :  un  peu  d'expérience  met  bientôt  aa 
fait. 

Il  eft  nêceflaire  9  dans  la  confiruâion  de  cnic 


I 


PAR 

machine ,  d'en  dîfpofer  les  pièces  de  mamère  j 
q»je  la  batte  fe  meuve  bien  parallèlement  au 
banc  du  métier,  ou,  pour  mieux  m'expnoier  , 
dans  la  même  ligne  des  boulons  à  vis  qui  tien- 
nent le  peigne  ;  &  pour  cela  *  il  faut  avoir  égard 
zux  épâiiïeurs  des  bots  ^  des  cordes ,  &  à  la  po- 
(ilton  des  poulies  ;  aind  ,  qi^oique  la  pofition  des 
monrans  foit  à  la  hauteur  des  boulons  à  vis  , 
il  faut  encore  que  les  entailles  qu  on  y  voit ,  foient 
telles  que  les  poulies  débordent  un  peu  ieur 
bout,  pour  que  Taxe  de  la  corde  réponde  bien 
parallèlement  attie  deux  tenons  ;  fans  quoi  la 
batte  frottera  contre  les  jumelles  de  deifus  ou 
de  dciTous. 

Il  faut  auflTi  prendre  fes  dimenfions  pour  pla- 
cer les  poulies  ;  car  comme  les  cordes  ,  qui  paf- 
fcnt  delFus ,  prennent  leur  origine  au-delTus  de 
rèpaiiTcur  de  la  batte,  on  doit  tenir  compte  de 
cette  épai fleur ,  &  «{ue  les  rainures  des  poulies, 
répondent  au  trou  où  paient  ces  cordes*  Ce  n'efl 
pas  tout;  il  faut  pofer  une  règle  fur  chaque 
bout  des  tenons  de  chaque  boulon  des  poupées, 
aptes  s'être  aiTuré  de  leur  parallélifmc  ,  Sl  voir 
A  la  batte  fuit  bien  également  le  bord  de  cette 
régie  ;  avec  toutes  ces  précautions  on  peut  être 
aiïuré  de  Texaélttude  de  la  maclûne  ^  &  des  pei- 
gnes qui  feront  fabriqués. 

IPour  un  ariifte  intelligent  41  n'y  a  rîen  à  né- 
gliger ;  une  fomme  d'erreurs  iofenfibles  eft  une 
erreur  confidèrable  qu*on  appcrçoit  bien  ,  &  dont 
on  ne  peut  fouvent  pas  deviner  la  caufc.  Il  eft 
à  propos  ,  en  fini  (Tant ,  d  avertir  que  louvrier  doit 
être  ,  en  travaillant  ,  a  (fis  plutôt  plus  haut  que 
trop  bas,  fans  quoi  le  mouvement  du  pied  fera 
gêné  ;  au  lieu  que  plus  la  pmbe  &  la  cuiiTe 
approcheront  d'être  en  ligne  droite,  moins  les 
mufcles  emploieront  d'ctforts  pour  obtenir  de 
grands  cfTers. 

Il  paroi  tra  peut-être  furprenant  qu'on  métier  auffi 
bien  entendti  &  auOi  commode  foit  à  peine 
^onnu  dans  les  principales  villes  de  manufac- 
tures ,  Si  qu'il  n'y  foit  pas  mis  en  ufage  ;  mais 
iroici  la  raifon  que  j'en  fcmpçonne  :  le  nombre 
des  ouvriers  en  peignes  ncû  pis  fort  confidé- 
rable  ;&  comme  chrîcun  d^eux  efl  à- peu -près 
fixé  dans  la  province  oij  le  fort  ou  bien  fa 
fiaiiT^nce  Ta  placé  ,  attaché  aux  méthodes  qu'il 
a  adoptées ,  il  les  préfère  à  celtes  dont  il  n'a 
d*autre  occafion  pour  lesconnoitre ,  que  d'en  en- 
tendre parler*  Un  ouvrier  un  peu  habile  peut 
faire  un  peu  plus  d'un  peigne  par  jour  :  ainfi 
le  nombre  des  maîtres  ,  dans  cet  art,  qui  fuivent 
les  villes  de  fabrique,  cil  toujours furafant  pour 
les  entretenir  de  cet  uflenfi'e* 

J'ai  dit  que  le  dernier  métier  étoit  préférable 
aux  autres.  En  effet ,  Touvrier  ayant  à  placer  des 
dents  auxquelles  on  eft  forcé  de  donner,  du  pre- 
mier coup,  Talignement  qu'elles  doivent  avoir,  a 
bien  plus  de  facilit-é  à  les  aligner  lorfqu'il  a  les 
deux  mains  libres ,  que  quand  îl  e^A  obligé  de 


PAR 


683 


quitter  &  de  reprendre  fans  ceffe  U  batte;  il 
peut,  s'il  le  veut,  avoir    devant   lui   une   règle 

qui  s'appuie  fur  les  dents  déjà  placées  ,  di  dé- 
termine la  pofition  de  celles  qwil  va  mettre.  A 
la  monture  des  peignes  de  canne  ,  ce  foin  n'eft 
aucunement  nécefifaire  :  on  a  la  facilité  de  les 
rogner ,  quand  le  peigne  eft  fini  ;  mais  les  dents 
d*acier  une  fois  miles  en  place  ,  ne  peuvent  plus 
recevoir  de  façon  j  &  fi  ce  peigne  eft  mal ,  c'cû 
un  peigne  gâté  ,  ou  qu'il  faut  démonter. 

De  la  manicre  de  polir  les  peigna  d'acier» 

Quana  un  peigne  eft  monté  »  l'opération  fui- 
vantc  confifte  à  le  polir  avec  de  la  pierre  pon- 
ce. Quelques  pcigners  incelligens  couvrent  au- 
paravant les  jumellei  avec  des  band.s  de  papier, 
comme  nous  Tavons  enfeigné  en  parlant  des  pei« 
gnes  de  canne  ;  d'autres  aiment  mieux  ne  les 
couvrir  qu'après  les  avoir  polts.  S'il  m'eft  per- 
mis de  dire  ce  que  j'en  penfe ,  ces  derniers  ont 
tort  ,  parce  que  la  ponce  ,  mife  en  poudre  , 
s'attache  au  ligneul  ,  &  ronge  infenfiblement,  à 
caufedes  frotteraens  réitérés  que  le  peigne^prouvc 
dans  la  rainure  du  battant.  Je  ne  répéterai  ici  ^ 
rien  de  ce  qui  a  été  dit  des  moyens  ufiiés  pour 
couper  les  bandes  de  papier  &  pour  en  couvrir 
les  iumelles, 

Lorfque  J'ai  détaillé  la  manicre  d'aplatir  les 
dents  au  laminoir  ou  moulin,  j'ai  dit  que  leur 
épaiflTeur  ne  recevoit  aucune  forte  d'appièt  :  or- 
dinairement elles  font  fur  cette  dimenfion  très- 
minces  ;  &  à  les  regarder  chacune  en  particu- 
lier ,  après  que  le  triage  en  eft  fait  ,  on  n'y 
aperçoit  rien  :  cependant ,  quand  le  peigne  elt 
montêon  \roit  qu'elles  ont  befoîn  d'une  légère  façon 
pour  préfenter  enfemble  une  furface  unie.  Cette 
opération  rient  lieu  du  planage  qu'on  fait  aux  dents 
de  canne.  Voici  comment  on  by  prend. 

Quelques  ouvriers  fe  contentent  de  pofer  le 
peigne  à  plat  fur  une  table  ,  &.  le  tenant  de  la 
main  gauche  ,  ils  frottent  les  dents  avec  la  pierre 
ponce.  Cette  méthode  eft  vicicufe  ,  en  ce  que 
quelqae  force  qu'on  y  emploie,  on  ne  fauroit 
enii^échcr  le  peigne  de  remuer  fur  un  plan  où 
rien  ne  lui  fert  de  point  d'appui  :  la  ponce  fe 
met  en  poudre  »  qui  en  peu  de  temps  ronj^e  le 
papier  ,  &  même  le  lîgneul  qui  entoure  les  ju- 
melles. 

D*autres  fixent  le  peigne  fur  la  table  ,  par 
les  mêmes  moyens  qtic  ceux  qu'on  a  vu  em- 
çtoycr  pour  placer  les  peignes  de  canne  fous  la 
feuillure  d'une  tringle  nxe  &  d'une  mobile  qu'on 
arrête  avec  des  vis  :  avec  cette  attention  l'on 
ne  craint  pas  que  les  jumelles  reçoivent  aucune 
atteinte. 

Il  reftc  à  dire  comment  onfc  fert  de  la  ponce: 

on  choiftt   les    pierres  les  plus  légères  ^  6i  qui 
foient  fans  veines  ;  on  les  dreiTc  fur  une   face 

Rrrr  îf 


684 


P  A  K, 


avec  une  groffe  lime  plate ,  &  on  frotte  les  dents 
ïuivant  leur  longueur ,  &  non  pas  fuivant  celle 
du  peigne. 

Il  faut  avoir  grande  attention  de  ne  pas  aller 
frapper  contre  les  jumelles  ;  car  l'angle  aigu , 
qui  forme  le  plan  inférieur  de  la  pierre  avec 
fes  côtés  ,  auroit  bientôt  coupé  le  ligneul  y 
c'eA  pourquoi  il  eft  à  propos  d'y  mettre  une 
bande  de  papier  qu'on  peut  renouveler  ou  re- 
couvrir. Cl  eiie  fe  trouve  un  tant  foi  peu  eridoni- 
magce. 

Il  ne  faut  pas  promener  la  pierre  fuivant  la 
longueur  du  peigne  ,  parce  que  les  dents  con-' 
tractcroient  une  couburc  qu'il  ne  feroit  plus  pof- 
fible  ds  redreffer  :  d'ailleuri ,  eu  ufant  un  tant 
foit  peu  de  répaiflcur  ,  ce  mouvement  jeteroit 
entre  les  dents  une  rebarbe  qui  déchireroit  la 
foie  qu'on  y  enfile  ;  ainfi  tout  engage  à  pren- 
dre les  plus  grandes  précautions  dans  ce  tra- 
vail. 

Lorfquc  le  peigne  eft  poft  fur  une  face  ,  on 
Tôte  de  fa  pUce ,  6l  on  retire ,  a/ec  un  balai  de 
plume ,  la  ponce  que  ce  travail  a  mife  en  pou- 
dre ,  &  en  y  donne  la  môme  façon  ;  après  quoi 
on  le  retire  encore  pour  nettoyer  la  place ,  & 
ramafTer  la  pouOTiére  qu'on  pafTe  au  tamis  de 
foie  ,  pour  qu'elle  foit  plus  fine. 

Pour  nei;oyer  le  ptigne  pariaiteraent ,  on  fc 
fert  d'une  forte  vergetie  ou  brofle  à  poil.de  fan- 
glier,  qui  pénétre  entre  les  dents,  &  ôte  toute 
la  ponce  qui  pouroit  y  dtre  reftée  :  alors  on 
remet  encore  le  peigne  fous  les  tringles  ;  puis 
aminciffant ,  en  forme  de  bifcau  9  un  morceau  de 
bois  blanc,  tel  que  di  faule  qui  eA  fore  bon 
pour  cela,  d'un  pouce  ou  un  pouce  &  demi 
de  large ,  &  enterrant ,  pour  ainfi  dire ,  le  pei- 
gne dans  cette  poufiière  fort  fine  ,  on  frotte 
les  dents  avec  ce  bâton ,  jufqu'à  ce  que  les 
dents  entrent  dans  le  bois ,  &  qu'on  foit  fur 
de  leur  avoir  procuré  une  forme  arrondie  fur 
leur  épaiffciir. 

On  paffe  enfuite  à  d'autres  ,  mais  fans 
abandonner  celles  qui  font  finies,  dont  on  prend 
encore  quelques-unes  pour  que  le  peigne  ne 
foit  pas  onde  fur  fa  longueur ,  &  l'on  continue 
jufqn*au  bout,  en  prodiguant  la  poulfiére  qui 
qui  n'eft  pas  perdue ,  &  qu'on  ramafle  pour  une 
autre  fois. 

A  mefure  que  le  bâton  s'ufe ,  &  que  le  bi- 
feau  quon  y  avoir  formé,  eft  fendu  par  les 
dents ,  on  le  refait  avec  un  couteau  pour  s'en 
fervir  jufqu'au  bout. 

On  fait  la  même  opération  fur  les  deux  faces 
du  peigne,  après  quoi  on  le  brofle  bien  ;  de  ma- 
nière que  les  poils  de  la  broffe  s'infinuent  entre 
les  dcots  &  contre  les  jumelles,  ce  mû  n'eft 
pas  diifici'e  ,  s'ils  font  longs  &  roides  ;  &  quand 
çn  eft  afluré  qu'il  ne  refte  plus  de  ponce  ,  on 
refait  le  bifeau  du  bâton  de  faule,  &  on  le 
pafle  à  fec  fur  les  dents ,  fuivant  leur  longueur , 


PAR 

comme  on  l'a  toujours  dû  pratiquer  ;  enfin 
l'ayant  refait  une  autre  fois,  on  y  mec  nm  UDt 
foit  peu  d'huile ,  &  on  le  repafle  encore  fur  les 

dents. 

On  prétend  que  cette  dernière  façon  préferre 
les  dents  de  la  rouille  :  cela  eft  aûfé  à  conçe* 
voir  ;  mais  il  f?ut  mettre  bien  peu  d'huile  , 
autrement  la  chaîne  de  l'éroâe  en  feroii  ti- 
chée. 

Il  y  a  des  ouvriers  qui ,  au  lieu  d*huile«pour 
dernière  façon  à  donner  aux  dents  ,  prèpareu 
un  morceau  de  plomb  de  la  forme  du  bâton  de 
iàule,  &  les  frottent  aflVz  rbtt.  J'ai  déjà,  dans 
un  endroit  de  cette  partie ,  dit  ce  que  je  penfe 
de  cette  recette  infuffifante  ;  mais  une  autre  qui 
n'eft  pas  dépourvue  de  bon  fens ,  c*eft  de  pren- 
dre un  bouchon  de  liège,  de  le  faire  un  pea 
brûler  à  la  chandelle ,  &  d'en  frotter  les  dents  ; 
&  quand  la  partie  charbonneufe  eft  ufëe ,  on  le 
brûle  de  nouveau  pour  répéter  la  même  opéra* 
tion.  Ici ,  le  liège  brûlé  eft  une  poudre  impalpa* 
ble ,  qui ,  à  l'aide  du  liège  qui  n  a  pas  été  brolé, 
peut  produire  un  peu  de  luilic  ;  au  furplus  je 
rapporte  un  procédé  reçu. 

Quand  toutes  ces  opérations  font  finies,  oa 
prend  une  vergette  à  longs  poils,  &  on  Tinfi- 
nue  de  tous  fens  dans  l'intervalle  des  dents  , 
&  fur -tout  entre,  les  jumelles,  peur  en  faire 
fortir  la  ponce  ou  le  liège  qui  pourroient  s'y 
être   introduis. 

Il  eft  à  propos,  en  finififant  cet  anicle,  de 
faire  remarquer  que  pendant  qu*on  polit  les 
dents  fur  une  face  du  peigne ,  l'autre  face  fe 
trouve  portée  à  faux  ,  puifque  les  jumella 
font  une  épaifleur.  Il  feroit  bon  de  faire  une 
cacnelure  de  chaque  côté,  fur  la  longueur  d'une 
planche  ,  pour  que  les  dénis  pailant  deifus ,  oe 
pu/Tent  recevoir  aucun  dommage. 

Dans  l'état  où  nous  venons  de  quitter  le  pei- 
gne, il  n'eft  pas  encore  fini  :  la  nature  du  mé- 
tal dont  font  faites  les  dents  ,  ne  lui  perma 
pas  d*être  aufli  docile  aux  volontés  de  l'ouvrier, 
qu'on  le  défireroit  ;  on  a  beau  dreft'er  parfaite* 
ment  les  dents  ,  Us  monteur  avec  beaucoup  de 
foin  ,  Ton  eft  tout  furpris  ,  après  tout  cela  ,  de  les 
voir  fe  porter  à  drbite  ou  à  gauche  ,  & ,  en 
touchant  leur  voifme  ,  empêcher  la  chaîne  de 
,  fe    mouvoir  comme  il  eft  nércffaire.  j 

Nous  avons  vu  qu'on  redrclTe  celles  de  canne    I 
avec   un    fer   chaud  :   nous    allons  erifeigner  la 
même  opération  pour  celles  de  fe?  ;  mais  il  y  a 
c|ue!ques    manipulations    particulières    qu'il    ne 
taut  pas  omettre. 

Le  luâeur  doit  fe  fouvcnir  de  la  manière 
dont  j'ai  fait  voir  qu'on  rcdrefte  les  dents  des 
peignes  de  canne  :  alors  la  courbure  venoit  de 
la  nature  élaftique  tk  fibr^ufe  de  la  canoë  ', 
mais  au  peigne  d'acier.  Ton  ne  fauroit  venir  à 
bout  de  rcdreffcr  qui:  les  dents  qui ,  ayant  cié 
un  peu  forcées  par  le  ferrement  du  lign(;uI,ou 


conrrAfic  une  Icjsère  courbure  :  il  faut  donc  ap* 
porter  une  très-grande  attention  pour  ne  les  forcer 
contre  aucun  corps  dur  ;  ou  autrement,  les  dents 
qui ,  ayant  été  d*abord  bien  drelTées ,  ne  fe  font 
courbées  que  par  la  gêne  où  les  tient  Le  ligneul  ^ 
doivent  néceflairement  par  leur  claAicité  tendre 
à  fc  redrciTtr  »  pour  peu  qu'où  leur  en  facilite 
les  moyen*  j  c'cft  ce  qu'on  fc  procure  au  tnoycn 
d*un  fer  chaud  qui ,  faifant  fondre  le  ligneul,  per; 
met  aujc  dents  de  s*ètendre* 

On  le  feft  donc  de  fers  à  drcffer  ,  femblables 

à  ceux  qu^on  u  déjà  vus  :  on  les  fait  chauler  plus 

tibrt  que  pour  la  canne  ,  mais  cependant  pas  affci 

>tir  donner   du  rccuti  aux  dents  ;  ce  qui  leur 

tnt  perdre  de  îtur  cîaf^iciié  ,  6i  les  empcchetoit 

fc  rcdrefTtr ,  quand  les  chocs  quelles  éprou- 

PQt  en  travaiiUnc  »  les  courbent   un  tatit  foit 


eu* 


A  moins  d'avoir  Tufagc  de  travailler  les  méiaui, 
on  fera  peut-être  en  ptir,e  des  moyens  de  s'aper- 
cevoir quand  une  dent  s'échauffe  trop  :  voici  à  q^uoi 
on  peut  ^en  tenir*  Le  fer  ou  Tacier ,  quand  ils  iont 
lloHs,  prennent  au  feu  différentes  couleurs ,  fuivanr 
^Kciegré  de  chaleur  qu'on  leur  donne:  quand  on  y 
lait  attention ,  on  les  voit  devenir  petit  jaune  , 
efiftïite  couleur  de  paille ,  puis  couleur  d'or,  puis 
gorge  de  pigeon ,  cnfuite  violet ,  après  cela  bleu  , 
iSc  entin  gris. 

CeH  d'après  ces  différentes  couleurs  que  les 
Oilvhers  en  métaux  s'affurent  de  la  dureté  qu  il 
convient  de  donner  à  leurs  outils  tranchans ,  ou 
nitrcit  On  peut  fc  convaincre  aifément  du  tort 

e  fait  le  recuit  aux  Urnes  de  fci*  dont  on  fait 
dents  :  il  fuffit  pour  cela  de  prendre  une  dent 
mon  chauffée  par  un  bout ,  entre  les  doigts  ,  & 
avec  l'autre  main  de  la  tirer  un  peu  en -devant; 
Û  elle  eli  de  Don  fer  ou  d'acier  ,  elle  doit  retour- 
ner à  fa  place  ,  c'cft-à-dirc,  en  ligne  droite^ 
^rès  une  ccrt-ini  quantité  de  vibrations  ;  mais 
fi  la  chaleur  Ta  plus  ou  moins  détrempée,  elle 
fera  très -peu  de  vibrations  ,  &  refiera  plus  ou 
nains  courbe,  fe!on qu'elle  aura  été  plus  ou  moins 
wcuite. 

Il  y  a  des  pet^ners  qui  «  pour  redrefler  les 
dent»,  au  iicu  de  les  chautTer  avec  un  fer,  comme 
ie  viens  de  le  dire ,  font  chauffer  les  jumelles  d*un 
bout  à  l'autre  ;  &  quand  ils  jugent  que  la  poix 
peut  erre  trci-amoUie  ,  ils  tordent  le  peigne  en 
différens  fens  «  ûc  prétendent  par  là  rendre  aox 
denti  la  facilité  de  (e  redrclTcr.  lis  ont  raifon  à 
cet  égard  :  mais  ft  le  ligneul  conftitue  l'écarté- 
ment  des  dents ,  la  [oix  y  entre  affurément  pour 
quelque  chofe  ;  &  quand  elle  cA  fondue  ,  eUe 
strilnue  par-  tout  indifféremment,  6l  Ton  ne 
peut  être  affuré  que  le  peij^ne  étant  réfroidi  , 
foit  auffi  fondement  monté  qu'il  Tétoii  aupar 
vaut* 

J'ai  rapporté  cette  méthode  ♦  toute  vicieufe 
i^tiVtle  eii,  pour  Toppofcr  à  celle  dont  j'ai  pré- 
càdemniem  rendu  compte.  Le  poli  que  je  viens  de 


PAR     ^^^~     685 

faire  voir  quM  convient  de  donner  aux  dents  , 
cft  la  dernière  opération  qu  on  y  fait.  Quel- 
ques ouvriers  terminent  letir  ouvrage  par  coller 
de  fécondes  bandes  de  papier  fur  les  jumelles  ; 
cette  précaution  efl  fort  bonne  &  les  conferve 
très- bien*  Il  ne  refte  plus  qu'a  ferrer  ces  peignes 
dans  des  builes  bien  clofes  ,  6c  à  Tabri  de  toute 
humidité,  dans  du  fon  ,  pour  prévenir  la  rouiîle. 
/e  pa/Tc  à  d'autres  fortes  de  pirigncs  qui  fervent 
pour  les  pafTementiers ,  les  rubatiiers  &  pour  les 
gâlunnicrs. 

De  Idfthnqut  dts  pn^ms  propres  aux  pjjjimintlcrs , 
aux  ruhmnitfs ,  aux  galonrturu 

Le  rubanier  eft  celui  qui  fabrique  tous  les 
rubans  tant  eu  foie  qu'en  fil ,  unis  &  rayés,  ainfi 
que  les  chenilles  de  foie  6i  de  laine.  Le  paife- 
memicr  fabrique  les  rubans  à  fleurs  brochées,  on 
autrement ,  &  le  galonniâr  fatt  les  galons ,  tes 
fyfîêmzs  &  les  livrées.  Chacun  de  ces  fabricans 
emploie  des  pdgnes  différcns  ,tant  pour  les  dents 
que  pour  la  mor-jre  ,  qui  fe  font  par  les  mê- 
mes ouvriers.  Les  uns  fe  fervent  de  peigne  d'os^ 
d'autres  de    cuivre ,  ât  d'autres  enfin  d  acien 

La  fa<;on  de  ces  derniers  ne  reffemble  guère 
à  ceux  dont  on  vient  de  yoir  la  defcripiion. 
Les  dents  fe  préparent  d'une  toute  autre  manière  j 
&  même  »  depuis  quelque  temps ,  on  a  adopté  une 
nouvelle  manière  de  les  monter:  c'eft  ce  que  je 
vais  décrire  affez  brièvement.  Je  commence  par 
les  peignes  des  rubaniers  &  des  paiTcmentiers  ; 
car  ceux  de  cuivre,  d'acier  &  d'os ,  appartiennent 
aux  galonr.îtr<« 

Des  pet  pi  t  s  pour  Us  rubans^ 

On  peut  dire  en  général  que  les  peigne»  pro- 
pres à  fabriquer  les  rubans,  font,  à  la  longueur 
prés ,  femblables  en  tout  à  ceux  des  étoffes  de 
foie  \  les  dents  en  font  ordinairement  de  canne 
les  jumelles  de  bois  ;  on  les  monte  avec  le  li- 
gneul ,  &  la  fineffe  des  dents  dépend  de  la  fi^ 
neffe  des  rubans  qu'on  veut  fabriquer. 

Les  rubans  fe  diftingucnt  par  numéros,  &  les 
plus  larges  ont  le  plus  fort  nombre  :  il  c/l  en- 
core généralement  vrai  que  les  numéros  des  ru- 
bans,  fit  par  confé(^ucnt  leur  largeur,  ne  chan- 
gent rien  à  leur  hneffe  ;  6c  le  grain  en  étant 
une  fois  déterminé  ,  un  ruban  large  reffemble 
parfaitement  à  un  plus  éuoif. 

On  diilingue ,  dans  la  rubancrie  »  les  rubans  unis 
5c  brodés  t  \t%  non  pareilles  ^  les  faveurs,  &c.  les 
rubans  à  gros  grain  ,  les  rubans  à  cordon  bleu  , 
ceux  pour  les  bourfes  à  cheveux  ,  &c.  &c.  Après 
eux  viennent  les  rubans  farinés  ,  cannelés  9i 
ceux  à  grain  d'orge  ;  les  rubans  façonnés  par 
une  doubb  chanc,  ceux  brochés  en  foie,  les 
brochés  en  or  &  en  argent.  Toutes  ces  efpéc^s 
de  rubans  exigenr  autant  de  fortes   de  peignes 


685 


PAR 


parcîculîâres ,  tant  dans  le  compte  des  dents  que 
dans  les  largeurs  ;  c'eft  au  peigner  intelligent  à 
lesconnoitre  toutes  ^  pour  n'être  point  embarrafTé 
dans  leur  fabrication. 

Il  y  a  cependant  des  rubaniers  qui  ont  des 
comptes  de  peignes  particuliers  :  dans  ce  cas ,  il 
eft  de  toute  nécefTité  d'en  donner  l'explication 
aux  peigners  >  qui  ne  les  font  que. quand  ils 
leur  font  commandés  ;  au  lieu  qu'on  trouve  des 
peignes  tout  faits  pour  les  efpéces  courantes  de 
nibanerie,  fur-tout  dans  le  pays  ou  ce  genre  de 
commerce  eft  en  pleine  vigueur  ,  comme  à  Pa- 
ris ,  à  Lyon  ,  à  Tours ,  à  Saint-Etienne  en  Forez  , 
à  Saint  -  Chaumont ,  &c. 

Comme  le  nombre  des  dents  dont  un  peigne 
à  rubans  eft  compofé ,  eft  peu  confidërable  ,  il  ne 
feroit  pas  poflîble ,  ou  du  moins  il  feroit  trop  vé- 
tilleux de  monter  fans  cefle  ces  peignes  'l'un  après 
l'autre  ;  c'eft  pour  cela  que  quand  les  jumelles  font 
une  fois  montées  fur  les  poupées  >  on  fait  tout 
de  fuite  huit  ,  dix  ,  douze  ,  plus  ou  moins  de 
peignes  ,  &  quand  ils  font  tous  finis  ,  on  les 
lépare  les  uns  des  autres  arec  une  fcie  ,  comme 
on  le  dira  en  fon  lieu. 

On  n'eft  pas  adreint  à  faire  tous  ces  peignes 
du  même  compte  ,  ni  d'une  même  largeur  :  comme 
ils  n'ont  rien  de  commun  entre  eux  que  les  jumelles» 
en  eft  abfolument  maître  d'efpacer  les  dents  à 
volonté.  Lors  donc  qu'un  peigner  fe  propofe  de 
monter  un  certain  nombre  de  peignes  ,  il  met 
fes  poupées  au  plus  grand  écartement  poftible  , 
&  il  y  proportionne  les  jumelles ,  pour  y  trou- 
ver un  plus  grand  nombre  de  peignes.  Il  divife 
les  jumelles  en  autant  de  parties  qu'elles  peuvent 
contenir  de  peignes  ,  y  c^ftipris  un  demi-pouçe 
ou  environ  de  diftance  qu'il  doit  y  avoir  entre 
chacun  ;  puis  il  marque  U  place  des  gardes  , 
&  enfin  celle  des  deux  ou  trois  dents  de  lifiè- 
res  ;  &  pour  être  plus  fur  d'efpacer,  comme  il 
faut ,  le  petit  nombre  de  dents  qu'un  aufli  petit 
peigne  contient  ,  il  divife  l'efpace  deftiné  aux 
dents  en  parties  égales  ,  dans  chacune  defquel- 
les  il  puiiTe  placer  un  nombre  connu  de  dents  ; 
ou  ft  le  nombre  étoit  impair ,  ou  ne  pouvoit  pas 
fe  divifer  en  parties  égales  ,  il  fera  des  diviftons 
égales  9  &  mettra  le  refte  dans  un  efpace  qui  y 
ait  rapport. 

Il  n'eft  ,  je  crois  ,  pas  néceflairc  de  dire  qu'il 
faut  commencer  par  le  peigne  du  bout  à  gauche  ; 
ce  qu'on  a  déjà  vu  de  la  manière  de  monter 
ceux  dont  nous  avons  parlé,  fuffit  pour  faire 
comprendre  qu'on  ne  peut  s'y  prendre  autrement  : 
lorfqu  ils  font  tous  finis ,  on  les  fépare  avec  une 
fcie  les  uns  des  autres.  Les  peignes  étant  ainû 
féparés ,  on  les  rogne ,  enfuitc  on  les  plane  & 
on  les  excarne  ,  enfin  on  les  couvre  de  ban- 
des de  papier,  comme  ceux  des  étoffes  qu'on 
a  vus. 

Si  pour  ces  fortes  de  peignes  pour  la  rubane- 
rie  ou  la  paflementerie ,  on  emploie  des  dents 


PAR 

d*acier ,  on  peut  fe  fervir  de  celles  des  peignes 
d'étoffes ,  pourvu  que  le  compte  fe  rappone.  Ce 
que  j'ai  dit  qu'il  falloit  montée  tout  de  fuite  le 
nombre  de  peignes  que  peuvent  contenir  les  jn- 
melles ,  ne  doit  pas  fe  prendre  à  la  lettre  :  on 
pourroit  les  monter  les  uns  après  les  autres,  ft 
les  féparer  à  mefure  ;  mais  on  perdroit  trop 
de  temps  à  remettre  les  jumelles  fur'  les  tenons, 
&  à  les  bien  dreifer  ;  d'ailleurs  on  perdroit  anffi 
de  la  longueur  des  jumeHes  :  ainu  ce  que  fai 
recommandé ,  n'a  pour  but  que  l'économie  da 
tems  &  de  la  matière. 

Des  peignes  pour  faire  les  chenilles» 

Les  peignes  pour  la  chenille  font  formés  pv 
quatre  dents  placées  comme  à  l'ordinaire  ,  &  ci 
laifTe  entre  elles  &  les  quatre  fuivantes  uo  ef- 
pace de  deux  dents  :  mais  pour  parler  d'une 
manière  plus  générale ,  on  réterve  entre  chaqw 
couple  ae  dents  un  efpace  égal  à  elles  ft 
à  la  diftance  qu'elles  tiendroient  avec  lem 
voiftnes. 

La  foule  ou  hauteur  de  ces  peignes  eft  pbi 
forte  qu'à  tous  autres ,  ce  qui  donne  plus  a»* 
fance  à  les  fabriquer  ;  mais  en  revanche  les  dents 
font  beaucoup  plus  groftes ,  &  le  peigne  a  trèf- 
peu  d'étendue  :  quant  au  nombre  de  paires  de 
dents  ,  il  varie  fuivant  l'idée  des  fabricaDs,& 
félon  les  grofTeurs  des  chenilles  qu'on  veut  fa- 
briquer ;  cette  groffeur  provient  plutôt  de  la 
longueur  qu'on  laitTe  au  poil  qui  velouté,  qu'à 
la  groffeur  du  fil  qui  le  contient. 

Plus  les  paires  de  dents  font  écartées  les  unes 
des  autres,  plus  la  chenille  eft  groffe  »  parce  que 
ces  intervalles  étant  plus  confidérables  ,  laiffent 
plus  d'étendue  à  la  trame ,  &  que  c'eft  la  trame 
qui  forme  le  velouté  de  la  chenille  :  ainfî  on 
met  ordinairement  depuis  fîx  jufqu'à  douze  & 
quatorze  paires  de  dents  ;  &  de  là  réfulte  une 
chenille  très-groffe  ou  très- petite. 

Manière  de  monter  les  pagnes  pour  la  chenille. 

La  manière  de  monter  les  peignes  pour  h 
chenille  eft  abfolument  la  même  que  pour  le  m» 
ban  ;  mais  comme  les  epfaces  qu'il  convient 
d'obferver  ,  en  con/lituent  toute  la  différence ,  je 
vais  en  peu  de  mots  pafTer  en  revue  l'opéra* 
tion.  On  a  coutume,  comme  aux  prècédens^de 
faire,  fur  une  longueur  de  jumelles,  à  la  fuite  les 
uns  des  autres ,  autant  de  peignes  qu  elles  en 
peuvent  contenir  :  on  place  d'abord  une  garde 
au  bout  à  gauche  ;  &  comme  on  a  dû  marquer 
fur  les  jumelles  les  efpaces  qu'il  faut  obferver, 
on  entoure  les  jumelles  de  ligneul ,  l'efpace  de 
huit  à  neuf  à  lignes ,  &  à  chacug  on  le  frappe 
avec  la  batte ,  comme  fi  Ton  plaçoit  des  dents; 
on  met  ,  enfuite  deux  ou  qu.trc  dents  ,  félon 
l'idée  du  fabricant  pour  qui  le  peigne  eft  def* 


tiné;  &  à  chaque  deux  ou  quatre  dents, on  fak 
iiJi  cfpace  réglé  par  trois,  quatre,  plus  ou  moins 
de  tours  de  Ifgncuh 

Quand    le    nombre   de    <^nt5    nécciïaîres   eft 
reippli  »  on  6nit   par  autant  de  tours  de  ligneul 

fï'on  en  a  mis  en  commençant  ;  enfuite  de 
loi  vient  la  féconde  garde,  qu'on  attache  auliî 
lidemenr  que  la  première  ;  puis  on  laifle  un 
efjjace  devfK  à  huit  lignes  ,  après  quoi  on  met 
«ne  nouvelle  girJe  pour  un  fécond  peigne,  & 
ainfi  de  fuî^e  jufqu'à  la  fin. 

Quand  les  pegnes  font  montés ,  on  les  fé- 
pare  ,  on  les  rogne  ,  excarne  &  plane  comme 
les  autres,  &  enfin  on  y  colle  des  bandes  de 
apier, 

I  Certains  fahrlcans  prétendent  que   les  peignes 
quatre  dents  font    plus  parfaits  que    ceux    à 
n%  :  on  ne  laide  entre    chaque   quatre   dents 
kie  Tefpace  d*une  dent,  La  raifon  de  fupériorité 
lll$  en  apportent  e/t ,  que  les  trois  hls  de  foie 
ri    licûi   la   chenille,  c'ert-à-dire  ,  la  trame   qui 
forme  étant  plus  rcirerrèe  au  milieu  de  ces  qua- 
B  dents  ,  par  le  mouvement  des  deux  fils  de  lin 
li  font  padés  dans  les  deux  voifmcs  ,  font  plus 
llidcment  retenus  en  leur  place  ,  &  conféquem- 
lent  le  velouté  de  [a    chenille   cfl   plus    fin  & 
lus    beau  :  d'ailleurs  ,  difent  -  ils  ,  le  fil    de  lin 
[Il  paflc  dans  la  dillancc  obfervée  entre  chaque 
Temblage  de  dents,  tient  le  tiflfu  plus  large  en 
n  endroit  ,  &   facilite  davantage  le  paflTage  des 
ifcaux  ou  forces   dont  on  fe   fert  pour  décou- 
"per  les  cordons  qui  forment  autant  de  brins  de  che- 
nille ,  ce  qui  n'arriveroir  pas  ,  ù  ces  deux  fiîs  fe  mou- 
▼oient  entre  deux  dents  efpacécs  comme  à  Tordi- 
_iiairc, 

l«  peignes  en    acier  ^  &  di  C€UX   tn    culvrt   ou 
laiwn. 

Les  dents  de  laiton  &  celles  d'acier,  dont  on 

lit  les  peignes  pour  h^  galon  nie  rs  »  ne  fe   pré* 

arent   pas    comme    celles    pour    les  étoffes   de 

>ie.  Ici ,  ce  ne  font  phis  des  brins  de  fil  d'ar- 

bhal  qu'on   paffe    au  laminoir    &    qu'on    monte 

fcnfuiie  :  voici   comment  on  s'y  prend.  Je   com- 

fDence  par  les  dents  de  cuivre. 

Les    peigncrs  ne    fe    chargent    pas   de    régler 
répaiffeur  dçs  dents  ,  ou    du    moins    des   pièces 
de  cuivre  dans  lefquelles  on  les  prend  ;  ils  aché* 
:nt  du  cuivre  en  plaque,  battu  &  forgé  à  une 
bertaine  épaiiTctir  qu'ils  ordonnent  ;  Si  quand  ces 
■laques  font    fuiîitamment  écrouics ,  ils  les  dif- 
rîbuent  par  lamss  de  trois  lignes  de  largeur  ou 
environ  .  pir  lu  fecouts  de  fortes  cifaillcs  ,  fcm* 
Mables  à  celles   avec    lefquelles    les    cliaudcron- 
îers  coupent  ou   rognent  leurs  pièces. 

Les  ouvriers  qui  fc  chargent  de  préparer  le 
cuivre  pour  les  dents  ,  ont  coutume  de  prendre 
me  pUque  de  quinze  à  vingt  pouces  de  lon- 
Eucur ,  fur  un  pied  ou  même  moins  de  largeur, 
Js  forgent  cette  plaque  fur  un  tas  bien  drelle  ^ 


&  avec  un  marteau  convenable  ,  jufqu  à  ce 
quMs  fentent  que  la  maiière,  ne  cédant  pins  ^ 
répercute  les  coups  qu'on  lui  donne  :  Tufage 
apprend  à  ne  s'y  pas  tromper. 

On  fent  bien  que  cette  opération,  qui  dimi- 
nue répaiiîeur  ,  doit  néceiTairement  at^gmenter 
les  deux  autres  dimenfions,  longueur  &  largeur; 
auffi  la  plaque  ,  après  cela  ,  a-t-ellc  acquis  vingt- 
quatre  ou  vingt -fix  pouces,  fui  quinze  ou  feizc 
Ue  large. 

Enfuite  on  polit  cette  plaque»  tant  pourdreffcr 
parfaitement  fcs  deux  plans  ,  que  pour  les  unir 
parfaitement  ;  après  quoi  ,  on  la  coupe  par  lon- 
gueurs de  quatre  pouces  fur  la  largeur,  6t  de 
toute  la  longueur  de  la  plaque  ;  c\i\  d^ns  cet 
état  que  le  peigner  achète  le  cuivre,  &  cVft  à 
lui  à  couper  les  dents  à  même  cette  plaque,  à 
la  mcfure  qu'il  juge  convenable. 

La  largeur  à  laquelle  on  coupe  ces  dents  à 
même  les  plaques,  ncft  pas  celte  qui  convient 
de  donner  aux  dents  :  on  aime  mieux  les  te- 
nir trop  larges  pour  les  dreiîèr  Ôi  les  polir  fur 
leur  épaiffeur  ;  car  la  ci  faille  ne  fauroit  couper 
aflez  net,  6l  Von  n*eft  Jamais  affuré  de  les  couper 
aïTcz  droit,  pour  qu'on  ne  foit  pas  obligé  de 
leur  donner  une  façon  avant  de  les  employer. 

Manière    de   mettre    Us    lames   de   eulvft   à   igaUs 
longueur  6» ,  Largeur ,  pjur    en  former  les  dents. 

Pour  donner  aux  demi  de  cuivre  la  largeur 
qu'elles  doivent  avoir ,  on  en  prend  une  certaine 
quantité  entre  deux  tringles  de  fer.  A  chaque 
bout  de  ces  tringles ,  eft  un  renflement  circulaire, 
au  centre  duquel  efl  un  trou  uni  à  Tune  des 
tringles,  &  taraudé  à  IVnre*  Il  faut  que  ces 
quatre  trous  fc  correfpondcnt  parfaitement  dsux 
à  deux,  pour  recevoir  les  vis,  à  Taide  dcfquel* 
les  on  fatfit  les  dents,  entre  les  tringles.  Les  fur- 
faces  fupérieures  &  infiricures  de  ces  deux  rè- 
gles doivent  être  bien  dreflees  ,  car  de  là  dépend 
la  perfe^ion  des  dents. 

Pour  fe  fcrvir  de  cet  outil  ,  on  defTerre  les 
deux  vis  ;  on  pîace  entre  les  tringles  quatre  ou 
fix  dents  ,  plus  ou  moins,  de  manière  quelles  dé- 
bordent toijtes  autant  en-defTns  qu'en-dcffous  : 
on  les  ferre  en  place  ;  puis  mettant  le  tout  en- 
tre les  mâchoires  d'un  crau,  on  îîmc  Te/cédant 
avec  une  lime  dont  le  grain  ne  foit  ni  trop  fort 
ni  trpp  fin ,  jufqu*à  ce  qu'on  îtffleure  îa  fupcrfi- 
cie   des   dents  ,   fans   cependant   Tentamer  ;   & 

?[tund  on  a  limé  un  coté  ,  on  retourne  l'outil 
cns  deilus  dcflbus  ,  ^  on  en  fa.t  autant  de 
l'antre  coté- 

Il  y  a  des  peigners  qui ,  au  lien  de  vis  pour 
retenir  les  dents  entre  ces  trîngVs  ,  rre  fe  fer%*ent 
que  de  goupilles,  &  les  affuj^ttiffent  dans  l'étau 
d'une  m^iniére  invuriahle  :  d'durres  ne  fe  fervent 
point  d'étiu,  ëc  fe  contentent  du  ferrement  pro* 
duit  par  U  vis  î  mais  comcoe  ils  ne  peuvent  U- 


6$8 


PAR 


mer  qu'avec  une  main ,  l'autre  étant  occupée  à 
tenir  l'ouvrage  ,  ils  ne  font  jamais  adurès  de 
dreffer  parfaitement  les  dents. 

Après  avoir  rapporté  la  méthode  &  Tuften- 
file  ,  je  vais  en  faire  fentîr  la  défeâuofité.  Il  n'eft 
perfonne  qui  ne  fente  que  quelque  attention  qu'on 
y  apporte,  il  n'eft  pas  pofflble  de  ne  point  en- 
dommager infenfiblement  les  régies  :  au  bout 
de  foit  peu  de  temps  elles  devienent  ondées^  & 
les  dents  contractent  la  même  inégalité. 

Pour  remédier  à  cet  inconvénient,  je  voudroîs 
que  ces  règles  fuffent  d'acier  trempé  :  alors  , 
quand  on  auroit  ufé  tout  le  cuivre  excédant  , 
on  ne  pourroit  entamer  leur  furface ,  &  toujours 
les  dents  feroient  parfaitement  droites. 

Je  fais  bien  auffi  qu'il  n*eft  pas  poffible  d'af- 
fleurer  les  dents  aux  deux  régies ,  fans  que  la  li- 
me ne  les  touche  un  tant  foit  peu  ,  &  que  cette 
lime ,  touchant  un  corps  très -dur,  perd  de  fon 
âpreté ,  &  ne  mord  bientôt  plus  ;  mais ,  à  cela  deux 
réponfes  ;  i°.  on  peut  acquérir  affez  d'habitude 
pour  que  l'attouchement  de  la  lime^e  réduife 
prefque  à  zàro  ;  fecondement ,  une  lime  n'eft  pas 
un  objet  fort  cher ,  &  les  ouvriers  qui  en  con- 
fomment  beaucoup  ,  trouvent  encore  à  les  ven- 
dre y  quand  elles  ne  peuvent  plus  leur  fer- 
vir. 

Il  eft  rare  que  les  dents  n'aient  pas  contraâé 
une  certaine  courbure  lorfqu'on  les  coupe  à  la 
cifailte  :  aufii  eft  -  il  à  propos  de  les  redreflcr 
avant  de  les  mettre  à  la  largeur  ;  &  le  ferre- 
ment qu'on  leur  fait  éprouver  dans  l'étau ,  eft 
fuffifant  pour  achever  de  les  rendre  droites. 

On  les  drefle  fur  une  enclume  ou  tas  ,  garni  d'a- 
cier trempé  de  tout  fon  dur  &  poli,  avec  un 
marteau  uni ,  qui  ne  gâte  aucunement  le  poli 
qu'on  a  d'abord  donné  à  U  plaque. 

Quant  à  la  manière  de  couper  les  dents  à  la 
longueur  qu'elles  doivent  avoir  ,  les  peigners  ont 
preîquc  tous  des  méiliodes  différentes  :  les  uns 
îe  fervent  de  cifailles ,  avec  la  mefure  dont  on 
a  parlé  à  l'article  des  dents  d'acier  ;  d'autres  , 
jnais  c'eft  le  plus  petit  nombre,  ont  un  inftrt.- 
ment  qu'ils  nomment  appareilUur  ,  &  qiii  me 
femble  le  plus  fur  de  tous.  Cet  inftrument  n'eft 
autre  chofe  qu'un  fragment  des  règles  ,  entre 
lefquelles  nous  venoni  de  voir  qu'on  égale  les 
dents  de  largeur. 

Les  deux  tringles  tournent  fur  un  clou  qui 
entre  jufte  dans  leur  tête  ,  '&  font  l'effet  d'une 
charnière. 

On  voit  aifément  que  les  dents  qu'on  peut  , 
pour  plus  de  diligence ,  y  placer  par  quatre  ou 
fix  à  la  fois  9  pount  contre^e  clou  ,  ne  fauroient 
être  rognées  à  une  plus  ou  moins  grande  lon- 
gueur que  le   bout  des  régies  ne  le  permet. 

Quand  les  dents  font  faifies  entre  ces  règles , 
on  met  le  tout  debout  dans  un  étau  ,  pour 
empêcher   le  tremblement ,  &   avec  une  lime 


PAR 

moyenne ,  on  ufe  le  bout  jufqu*à  ce  qu'il  affleure 
les  règles. 

Les  têtes  de  ces  deux  règles  ne  font  pas  éga- 
lement percées  :  l'une  a  un  trou  quarré  dsns  le- 
quel entre  jufte  la  pièce  princlpato  ,  &  Tan- 
tre  règle  eft  taraudée ,  &  reçoit  la  vis  de  U 
même  pièce  ;  mais  en  fabricant  cet  înftrumem, 
il  faut  avoir  attention  que ,  quand  la  yîs  repofc 
fur  fon  épaulement ,  la  face  la  plus  large  du  te- 
non réponde  à  angles  droits  aux  faces  intérieu- 
res des  deux  réeles ,  pour  que  les  dents  repofent 
fur  cette  face  d  une  manière  fixe. 

Il  eft  aifé  de  faifir  entre  ces  deux  règles  noe 
quantité  plus  ou  moins  grande  de  dents,  pov- 
vu  qu'on  ait  eu  foin  de  dreffer  d'abord  le  bov 
qui  repofe  fur  la  tringle  ;  &  en  rognant  l'ex- 
cédant ,  on  ne  craint  pas  d'en  trouver  de  phi 
courtes  les  unes  que  les  autres. 

Lorfqu'à  force  de  fervir,  la  vis  vient  à  s*nfi»', 
&  que  la  face  de  la  tringle  n'eft  plus  d^équerre 
avec  la  longueur  des  deux  règles ,  on  y  remé- 
die aifément ,  en  enfilant ,  entre  la  tête  &  répao- 
lement  de  la  vis»  une  rondelle  de  carte  ou  depi- 
pier ,  plus  ou  moins ,  &  mieux  encore  de  eni- 
vre mince  ,  au  centre  de  laquelle  on  fait  ni 
trou. 

Quelques  ouvriers,  pour  s'affurer  davantap 
que  les  bouts  des  dents  font  limés  bien  d'équene 
par  rapport  à  leur  longueur ,  après  avoir  rogné 
les  dents  par  un  bout,  les  retirent  d'entre  te 
tringles  >  &  les  y  remettent  bout  pour  bout  ;  & 
comme  elles  n'excéderoient  pas  l'extrémité  des 
règles ,  fi  l'on  fuppofe  qu'elles  y  ont  déjà  été 
affleurées ,  ils  mettent  entre  le  clou  ou  tige ,  & 
le  bout  déjà  dreffé  des  dents ,  une  ca!le  plus  on 
moins  épaiffe ,  félon  la  longueur  que  les  dents 
doivent  avoir  :  l'autre  bout  des  dents  excède 
d'autant  «  &   offre  de  la  matière  à  rogner. 

Il  eft  certain  qu'au  fortir  de  cette  opération, 
les  extrémités  des  dents  font  très  -  vives  ;  auffi 
a-t-on  foin  de  les  paffer  une  à  une  fur  luie  Urne 
bien  douce ,  pour  émouffer  les  angles  &  les  vi- 
ves-arrètes  :  on  en  ufe  de  même  fur  la  longueur 
des  dents.  Je  paffe  à  la  préparation  des  deots 
d'acier. 

Manière   de  préparer   les    dents    d'acier   pour  Us 
gahnniers. 


Les  dents  d'acier  dont  on  fait  les  peignes  poor 
les  galon  nicrs  ,  font  prifes  en  grande  partie 
dans  des    bouts  de  refforts  de  pendules. 

Quelques  taillandiers  qui  fabriquent  des  li- 
mes de  fcies,  font  asffi  des  plaques  d'acier  on 
de  fer,  à  l'épaiffeur  qu'on  leur  commande;  fie 
enfuite  c'elt  l'affaire  du  peigner  de  les  déUter 
par  loiieueurs  &  largeurs ,  félon  les  dents  :  mais 
foit  dimculté  ou  manque  d'ufage ,  on  ne  tronn 
guère  .de  ces  plaques  plus  larges  que  de  deux 
pouces  &  demi ,  &  par  conféquent ,  au  lien  de 
•  prendre 


PAR 

prendre  la  longueur  des  dents  en  travrers  de  ces 
plaques  y  comme  nous  avons  vu  qu'on  le  prati- 
que aux  plaques  de  cuivre  ;  on  coupe  les  pla- 
ques d'acier  par  longueurs,  fuivant  celles  des 
dents  ,  &  on  les  refeni  fur  leur  largeur  pour  y 
trouver  plus  ou  moins  de  dents. 

Comme  la  matière  efl  fort  dure ,  on  apporte 
la  plus  grande  attention  à  les  couper  à  fort  peu- 
pres  de  la  largeur  convenable  ,  à  quoi  Ton  ne 
prenoît  pas  garde  de  fi  près  aux  dents  de  cui- 
vre, tant  parce  que  la  matière  n'cft  -pas  fort 
dure ,  que  parce  que  la  cifaiUe  les  force  un 
peu   fur  leur  longueur. 

Quand  on  a  coupé  un  certain  nombre  de 
dents  ,  on  les  lime  à  la  largeur  convenable  dans 
un  outil  fembbble  à  celui  dont  on  fe  fert  pour 
ccBci  de  cuivre  ;  &,  pour  le  dire  en  un  mot, 
ao  y  fait  les  mêmes  préparations. 

Les  vives  -  arrêtes  qui  fe  trouvent  néceffaire- 
m€nt  fur  Tépaiffeur  des  dents ,  ne  s'abattent  pas 
à  la  lime,  mais  avec  la  ponce  en  pierre,  quand 
le  peigne eft  monté,  comme  nous  Tavons  vu  aux 
peignes  d'acier. 

Après  ce  que  j'ai  dit  de  la  manière  de  mon- 
ter toutes  fortes  de  peignes,  je  n'ai  rien  à  ajou- 
ter de  particulier  pour  ceux-  ci;  je  me  rèferve 
feulement  de  rapporter  une  invention  ingénieufc, 
qui  m'a  été  communiquée  par  l'auteur  même  , 
kibile  peigner  à  P^iris  ;  mais  il  faut  auparavant 
parler  des  dents  d  os  6c  d'ivoire» 

Dts  dents  d'as  &  d'ivotre, 

Uufage  des  dents  d'os  &  d'ivoire  n'eft  pas  fort 
commun  dans  les  fabriques  ;  mais  enfin  il  y  a 
des  fabricans  qui  tiennent  à  cent  méthode  ,  & 
je  dois  en  dire  quel  a  ne  chofe. 

Il  ncÛ  pas  du  rcÎTort  du  peigner  de  refendre 
Vos  ou  Tivoire  en  lames  propres  aux  dents  ;  il 
fcroit  difficile  qu'ils  s'en 'acqLîitaiïcnt  aulTi  bien 
&  à  ft  bon  marché  que  les  marchands  de  qui  on 
les  tire:  ce  font  les  table  tiers,  ou  du  moins 
quelques-uns  d*entre  eux,  qui  débitent ,  en  h~ 
tacs  de  toutes  lorgacurs  8t  tpaiffeurs ,  de  fort 
gros  morceaux  d'ivoire  ,  &  les  vendent  à  û 
bon  marché  9  que  ce  ftroit  duperie  de  s'en  occu- 
per. 

Ces  lames  fervent  pour  des  jetons,  des  évan- 
tails  &  beaucoup  dVi titres  objets  qu'il  eft 
inutile  de  rapporter  :  on  peut  comprendre  parla 
comment  un  ouvrier,  qui  travaille  à  un  même 
objet  toute  fa  vie,  y  acquiert  une  perfedion 
que  Kart  imiteroii  avec  peine. 

Ces  ouvriers  font  tellement  habitués  à  mener 
leur  fcie,  que  les  lames  qui  en  fortent  ont  l'air 
d^ivoir  été  polies  ;  et  ce  qu'il  y  a  de  plus  furpre- 
HPnt  (;ncore,  c'ei  la  parfaite  égalité  d'épâilVeur 
il  laquelle  elles  font  refendues. 

J'en  ai  \ni  qui  n'avoient  pas  mime  un  tiers 
de  ligne  ;  &  fans  un  paiallélifme  partait  dr^ns  le 
Aru  6»  Métiers ,  Tvmc  V.  Fart.  IL 


PAR  CSy 

mouvement  de  la  fcic,  elles  vicndroîent  à  rien 
fur  le  bord:  c*eïl  de  ces  ouvriers  que  les  peigneri 
fe  fourniffent  de  lames  dont  on  fait  les  dents. 

On  les  commande  à  Tépaifleur  qu'on  veut  ; 
Ô£  pour  être  phyliqucment  fur  de  cette  épaif- 
feur  f  il  fufiît  de  les  jauger  »  &  de  racler  un 
tant  foit  peu  celles  qui  en  ont  befoin. 

Quant.au  montage  des  peignes  d'ivoire,  il  cH 
le  même  qu'aux  autres  ;  quelques  peigner*  ce- 
pendant fe  fervent  de  ligneul  moitié  plus  fin 
qu'il  ne  fau droit  ,  pour  faire  deux  tours  à  cha- 
que :  jls  en  ufent  de  même  pour  les  peignes  de 
cuivre,  &  quelauefois  pour  ceux  d'acier  ;  ils 
prétendent  par  -  la  remédier  à  l'effort  de  la  batte 
qui  frappant  quelquefois  la  dent  à  faux  ,  en 
cafTe  quelque -unes. 

Les  galonniers  qui  fe  fervent  de  peignes  d'a- 
cier ,  de  cuivre  ou  d'ivoire ,  n'abandonnent  pas 
pour  cela  ceux  de  canne  ;  il  y  a  même  certains 
galons  qui  ne  peuvent  (e  fabriquer  qu'avec  de 
pareils  peignes  :  ils  reffembLent  à  ceux  deilinés 
aux  étoffes  ,  mais  on  les  tient  plus  larges  & 
plus  épais. 

Nouvelle  méthode  pour  monter  les  peines  propres 
jiux  galonniers  »  inventée  par  h  Jtcur  Gourdet  , 
peigner  à  Parts ^ 

Li  manière  de  monter  les  peignes  propres  aux 
galonniers,  inventés  par  le  fieur  Gonrdet,  e(l 
fi  inpénicufe  que,  dans  h  province  même,  elle 
eft  très  -  connue  j  quoique  lous  le  nom  de  mon- 
ture Je  Paris,  Les  matériaux  qu'on  emploie 
pour  ces  peignes  ,  fort  les  mêmes  que  pour  les 
autres  ;  ce  n'ert  que  la  minière  de  les  monter 
qui  la  fait  rechercher*  Voici  en  quoi  cor. fille 
la  monture  de  cet  uflenfilc. 

Deux  pièces  de  bo^s  fervent  de  jumelks ,  Se 
au  hout  de  chacune  cft  me  mortoifc  dans  la- 
quelle entrent  les  tenons  pratiqués  ï  chaque  ex- 
trémité des  deux  garcîc^^.  La  feuillure  de  cha- 
que pièce  fervant  de  jumelles,  cft  affcz  pro- 
fonde pour  recevoir  la  traverfe  dcmeîée,  dort 
l'épaiffeur  eft  telle  qu^eHe  rfïîcure  lès  épaule- 
mens  :  elles  font  retenues  en  place  pu  le  moyen 
de  deux  petites  ningies  qui  s'appliquent  fur  celle 
qui  entre  dans  la  feuillure. 

On  conçoit  aifément  que  quand  ces  trineles 
font  en  place,  elles  appuient  contre  Tépaifîcur 
des  denïs  qui  par  confé^uent  ne  peuvent  plus 
fortir  de  place  ;  mais  ces  tringles  font  eller- 
mémcs  retenues  par  trois  vis  ,  tant  en  haut 
au  en  bas ,  qui  tournent  dans  autant  de  trous 
formés  fur  les  tringles ,  &  don:  les  pas  pren- 
nent dans  les  jumelles. 

Il  faut  aflcmbïer  les  gardes  de  façon  qu'cllei 
affleurent  rintérieur,  des  fcuilhires,  pour  que  la 
tringle  ne  foit  pas  écartée  ,  &  même  pour  plus 
de  foUditè ,  les  deux  vis  des  extr^^mités  entrent 

Sïf 


690 


PAR 


en  mêtne  tems  dans  les  tenons  des  gardes  ,  aux- 
({jjetles  elles  fervent  de  chevilles. 

O  a  imaginé  de  ne  placer  ces  dents  que  d'une 
manière  ailée  à  démonter ,  pour  les  changer  de 
place  à  volonté,  ainû  que  nous  le  verrons  in- 
ceiTamment  :  il  faut,  avant  de  ôirer  tes  tringles 
dentelées  dans  leurs  feuillures,  s'affurer  que  les 
cmalUes  fupérieures  correfpondent  bien  parfatie- 
nient  avec  celles  d'en-bas,  pour  que  les  dents 
foient  placées  bleu  à  angles  droits  avec  les  ju- 
melles i  auffi,  pour  plus  d exsélitude  »  fait -on 
ces  entailles  aux  deux  tringles  d'un  même  coup  , 
ca  les  pinçant  dans  un  étau ,  après  quoi  on 
les  âxe  en  plice  avec  de  la  colle  forte ,  ou 
bien  avec  des  clous  d'épingles. 

Il  fuffit  d'avertir  que  toutes  ces  pièces  doivent  être 
conftruites  dans  U  plus  grande  perfedion  ;  qu'elles 
ibient  toutes  bien  drerîées  pour  qu'elles  s'ap- 
pliquent parfaitement  les  unes  fur  les  aurres  » 
6c  par  -  là  éviter  le  balottage  ;  Hc  quand  ce  pci* 
gne  QÛ  tout  monté,  les  pièces  de  bois  fervant 
de  jumelles,  doivent  être  arrondies  extérieure- 
menr. 

De  toute  cette  machine  ,  c*cft  aax  tringles  dentées 
c^u'on  doit  apporter  le  plus  grand  foin.  L*aitcn* 
tion  de  rouviier  doit  rouler  prefque  toute  fur 
la  divifion  ,  la  largeur  àL  la  profondeur  des 
dents. 

Comme  fai  recommandé  de  faire  les  pièces , 
qui  tiennent  lieu  de  jumelles,  rondes  par  *  de- 
hors feulement ,  elles  n'eifiâent  prefque  pas  ds 
frotte  mens  dans  la  rainure  du  battant,  quand  on 
fabrique  Tétoffe. 

L'yflenftle  que  je  \iem  de  décrire  a  fur  tous 
les  autres  peignes  beaucoup  de  fupèrioriré  :  lors- 
que U  monture  en  elt  bien  faite,  elle  peut  ufcr 
2uatrc  garnitures  de  dents  ,  ^ifent-elks  d*acier. 
a  faculté  quon  a  de  changer  les  dents,  d'en 
ôter  &  d*en  ajouter,  foii  par  ufure,  foit  fuivant 
l'ouvrage  ,  lui  affurent  l'avantage  fiu-  tous  les  au- 
nes* Ua  peut  avec  un  tel  peigne  fabriquer 
tourei  fcrtes  de  galons,  dont  le  compte  de  fils 
fc  rapporte  avec  celui  des.  dents  ;  mais  fi  ïe 
nombre  vient  à  changer ,  on  peut  aifément  aux 
tringles  en  fubllituer  d'autres  dont  la  divifion  foit 
conforme  au  nombre  defirc  ,  quoique  fur  les 
mêmes  dtmenfions  extérieures  :  du  re^e ,  quand 
on  veut  faire  un  galon  étroit ,  on  ne  peut  met- 
tre au  peigne  que  le  nombre  de  dents  nécef- 
faire  ,  &  Taugmenrer  bu  diminuer  à  volonté. 

Ces  peignes  font  ordinat renient  faits  pour  les 
plus  forts  nombres  de  dents  qu'on  puiife  em- 
ployer au  galon  ;  ainfi ,  dans  tous  les  cas,  on 
n'en   jamais  embarraiïé. 

De  U  marùère  dt  monur  les  ca^a  paur  ht  galon* 
nUrs» 

Les  galonniers  appellent  cajpti  ce  que  les  au- 
tres fabricans  en  tiffus  nonunem  ptignes.  Li  né- 


PAR 

ceffiléouils  font,  pour  ce  genre  de  tmriU,  d'é- 
largir &  de  rétrécir  fans  ceiTc  leurs  gâtons,  & 
par  conftquent  les  peignes ,  a  fait  itnaginer  cette 
machine  :  voici  en  quoi  elle  con£Ae. 

C^efl  une  efpèce  do  râtelier  formé  de  TalTeai- 
blage  de  deux  planches:  vers  les  deux  extrémités, 
c(L  une  entaille  carrée,  propre  à  lecevoir  Icii  t^ 
nons  des  gardes.  Chacune  de  ces  planches  cAeo^ 
taillée  dun  nombre  déterminé  de  traits  de  fût 
dans  lefquels  on  place  les  dcnis  :  ces  pbnclxs 
font  retenues  en  place  fur  Tépaulemcm  é€%  te- 
nons des  gardes, &  fixées  par  le  me yui  de  dctn 
tours  de  ligneul  croifés  :  il  faut  fur-tout  avofrfob 
que  les  deux  planches  à  emaillcs  aifieurent  par- 
faitement les  gardes  ;  &  pour  que  le  ligneol  m 
nuife  pas  à  cet  effet  par  U  groflTeur,  on  entaiit 
un  tant  foit  peu  la  place  qu'il  doit  tmbnSkt 
haut  &  bas. 

Les  chofes  étant  en  cet  état,  on  recooTrtla 
dents  d  une  petit?  tringle  qui  les  empêche  de 
tomber  en 'devant,  fans  leur  ôrer  la  factiJcé  de 
s  enlever  par  en  -  haut ,  fuivaiit  les  cas. 

Comme  on  n'a  pas  befoin,  pour  dèpticcrles 
dents,  d'ôter  les  tringles,  on  les  fixe  très-fiMK- 
raent  avec  un  ou  deux  tours  de  ligneitU 

Voyons  maimenam  comment  on  place  &^ 
place  les  dents. 

Les  dints  dont  on  garnit  cette  caiTe  font  d'adcriir* 
diiîairtment,  comme  celles  des  autres  pdg«ci; 
miiis  elles  font  plus  longues  &  plus  larges:  elles 
ne  font  que  paiTer  dans  les  entailles  des  den 
rareiux,  haut  6c  bas,  &  ny  font  retenues  que 
par  --  devant^  au  moyen  des  deux  mnelet  éi 
fer. 

Dans  cet  état ,  il  ne  feroit  prefque  pas  pofi* 
ble  de  changer  ce  peigne  de  place  ,  uns  cratoa 
que  les  dents  ne  gliiïaifent  de  leurs  Cfitaillet  oè 
elles  font  ordinairement  peu  ferrées  ;  auiï  a*i-*«o 
coutume  de  coller,  en-deffous  des  tenons  tofi- 
rieurs  des  deu\  gardes  ,  une  bsnde  de  fort  pa- 
pier, qui  en  même  temps  qu'elle  leur  fcrt  d^ 
puî ,  ré^échit  un  peu  de  lumière  dans  la  ntnw 
du  battant ,  pour  faire  apperçevoir  les  cncaîto 
quand  on  déplace  quelqu'une  des  dents. 

Il  eA  aifé  de  voir  que  cette  manière  de  (bp* 
porter  les  dents  cft  vtcieufe.  Comme  eUei  m 
font  pas  retenues  fortement  dans  leurs  entailki, 
&  qu'elles  éprouvent  k  chaque  coup  de  battue 
des  fecouâfes  conftdérabtes  •  le  papier  cft  biei^ 
tr^c  percé  ,  &  c'eft  toujours  à  recomoieficer.  fea 
ai  conféré  avec  le  fieur  Lemaire ,  habile  peip^ 
à  Paris  ,  de  qui  je  tiens  tous  les  détaîli  &  mm 
les  procédés  que  je  rapporte  fur  les  peigwi  des 
galonniers  ,  &  de  concert  nous  avoai  imfiflé 
les  corrections  qu*on  va  voir ,  8c  <{u*il  a  loi-aèiK 
exécutées* 

Les  deux  râteaux  ,  qui  contiennent  le«  desis, 
ont ,  par  leurs  extrémités ,  des  tenons  à  enlbsfckr* 
ment ,  qui  entrent  dans  des  mort oifet  Ai  utm 
pratiquées  à  chaque  bout  des  gardes,  A  roindt 


I 


PAR 

giTdes  ,  font  deux  tnortoîfes  qu5  travtrfent  d*ou- 
cre  en  outr^ ,  &  qui  reçoivent  le  tenon  du  miliey 
des  bouts  de  chaque  râteau  ;  on  y  a  pratiqué  des 
enf ailles  dêilinées  au  même  ufage  :  quand  ces 
pièces  font  en  place  ,  on  les  y  reiienr  au  moyen 
de  dcft  ,  en-dehors  des  g:ifdcîr, 

Au-defTous  de  ces  raieaux  eft  une  triverfequt 
s'aflemble  aiiiHà  tenons  Si  monoifes ,  à  fîx  lignes 
plus  bas  qu'eux  dins  les  g?.rdes  ,  ôt  qui  fert  à 
lupporter  les  dents  ;  &  pour  ne  pas  perdre  Fa  van* 
tage  du  papier  blanc  qui  réfléchit  les  rayons  du 
joor ,  pour  (aire  appercevoT  les  entailles  j  on  peut 
la  couvrir  également  dune  bande  de  même 
papier  ,  qui  tera  le  même  ^Œt^t  :  mais  comme 
fkn  n'eft  auffi  gênant  que  de  faire  le  nœud  de 
la  ficelle  qui  retient  les  tringles  de  fer,  en-devant, 
nous  fommcs  convenus  de  faire  repofer  ces  trin- 
gles fur  deuit  crochets  de  fer  chacune ,  qui  en 
même- temps  les  tint  ferrées  ik  contre  les  gardes 
&  contre  les  dents  ;  ëc  comme  ces  tringles 
poiif  roient  gUffcr  à  droite  ou  à  gauche  ,  on  réferve 
à  chaque  râteau  un  épaulement  aux  deux  bouts, 
jnfte  à  !a  longueur  de  ces  rringîes  :  par  ce  moyen 
le  peigne  fera  rendu  trés-foîide. 

Quanta  la  matière  dont  font  fjîts  les  râteaux^ 
c^eft  ordinairement  de  corne  ;  la  préparation  qu'on 
leur  donne  n'cll  pas  du  rellort  du  peigner  :  Us 
aichétent  ces  morceaux  de  corne  chez  les  table* 
tiers  qui  font  les  peignes  à  cheveux  ;  mais  cette 
matière  n'cÛ  pas  fort  bonne  &  fe  dèjette  ei^eu 
de  temps  à  Thumidité  ou  à  la  chaleur  :  aufTi 
le  fieur  Lemarre  m*a-i-ll-fait  part  de  la  monture 
qu*il  fubflituc  à  celle  de  corne. 

Je  crois  devoir  aux  perfonnes  qu'un  long  ufage 
détermine  à  fç  fervir  de  ces  dernières,  le  dé- 
tail des  moyens  qn'on  em  loie  pour  les  redref- 
fer  lorfqu'ils  fe  font  courbés  :  on  chauffe  un 
peu  fort  ces  pièces  de  cornes  fur  un  réchaud ,  & 
an  les  met  refroidir  entre  deux  planches  dans 
uae  pre^e  .  Ci  Ton  en  a  la  C0mmoditè  ;  il  vau- 
droit  mieux  encore  les  preffer  entre  deux  pla- 
«fties  de  fer  ou  de  cuivre  un  peu  épatiles ,  qu'on 
auroit  fait  chauffer* 

Neuville  manière  de  m^nur  ies  cajfis^ 

Comme  la  manière  de  monter  la  nouvelle 
cafle  pourroît  embarralTer  quelques  ouvriers ,  je 
▼aif  en  peu  de  mots  leur  en  indiquer  les 
moyens.  On  kit  couper,  à  même  une  planche  de 
cuivre  dune  ligne  &  demie  d'épaifleur,  deux 
régies  de  longueur  &  largeur  fuffifantes  (  on 
trouve  de  c«tte  efpéce  de  cuivre  dans  toutes  les  gran- 
des villes)  ;  on  le  bat  fortement  avec  un  marteau 
uni  fur  un  tas  ou  fnclLime,  auffi  très-uni  ;  ce 
«ju^on  appelle  forcer  une  pièce  ou  l'écrouir, 

Lorfqu'aprés  avoir  paffé  le  marteau  fur  tous 
les  points  de  la  fuperficie  ,  on  fent  que  la  ma- 
tière réfirte,  le  morceau  eft  ruffifammcnt  dur.  A 
cette  opération  ,  Ton  doit  s^attendre 


PAR 


69  f 


de  voir  augmenter  en  longueur  &  en  largeur 
chaque  pièce  ;  ce  qui  fe  fait  aux  dépens  de  Tè- 
pailTeur  qui  eA  confidérablement   diminuée. 

On  fait,  avec  un  furet  d*acier  trempé  ,  à  chaque 
bout, un  trou  qui  correfpond  aux  deux  plaques, 
ou  ,  pour  mieux  dire  ^  on  les  pince  dans  un  étau  , 
&  on  les  perce  par  chaque  bout  toutes  deux  à 
U  fois  dans  un  endroit  où  par  la  fuite  on  n'aie 
ni  dent  ni  entaille  à  pratiquer,  mais  dans  une 
partie  qui  doive  refter  pleine  :  avec  un  clou  de 
cuivre  ou  de  fer  on  rive  ces  deux  régies  Tune 
fur  Tauîre  ,  pour  être  plus  affuré  de  les  faire 
égales  entre  elles* 

On  fait  d'abord  tes  deux  ép aulemens  ,  puis 
ayant  marqué  tres-exaâement ,  avec  un  compas  , 
les  divifions  des  dents ,  on  refend  les  entailles 
avec  une  fcic  tremp^^e,  dont  U  denture  foit  un 
peu  fine  ;  tii  fuite  ,avec  la  mémefde,  on  refend 
les  entaillas  a  chaque  bout  à  une  ég-ile  prgfon* 
deur. 

Ce  n'efl  pas  aflcz  :  il  faut  que  tes  entatlles 
foient  également  profondes  ,  &  pour  s*en  affu- 
rer  mieux,  on  enchaflc  entre  deux  règles  de  cui- 
vre un  bout  de  lame  d  acier  dentée  très-ûne ,  de 
manière  qu'elle  déborde  de  ta  quantité  dont  on 
veut  enfoncer  ces  entailles  \  6c  comme  1;  bord 
de  devant  a  dû  erre  bien  dreffé.  Ton  fait  entrer 
cette  fcie ,  qu'en  terme  d'ateliers  de  mécanique 
on  nomifie  lime  à  dQJptr^  jufqu'à  ce  que  les  rè- 
gles appuient  fur  le  bord  de  la  pièce  :  on  dreïFe 
l'autre  bord  des  plaques  ,  on  recaîe  les  tenons 
pour  quïls  foient  bien  droits  ,  enfin  on  fait  , 
avec  yo  foret  »  deux  trous  aux  deux  bouts  ; 
mats  comme  ces  trous  font  ronds ,  &  qu'il  les 
faut  quarrés  ,  voici  la  manière  de  les  équar- 
rir* 

On  lime  un  petit  morceau  d'acier  de  la  forme 
qu'on  veut  donner  à  la  clavette  ,  plus  gros  que 
le  trou  qu'on  a  fait  :  on  le  met  au  feu  de  char- 
bon  ;  &  quand  il  eft  d'un  rouge  couleur  de  c^ 
rife  ,  on  te  jette  précipitamment  dans  de  Feau 
froide  ^  nette  ,  puis  on  polît  un  tant  foi  peu 
ce  mandrin ,  non  pas  avec  des  times  qui  n'y 
mordrolent  pas,  mais  avec  un  peu  de  pierre 
ponce  ou  de  grès  ;  &  quand  il  cil  blanchi  fur 
fes  quatre  faces  ,  on  le  tient  au-dctTus  d'un  feu 
de  charbon  fur  un  morceau  de  tûle  ,  le  remuant 
fans  cefTe  pour  qu  il  chauffe  également-  Dan* 
cette  dernière  opération  ,  il  ne  faut  pas  perdre  la 
pièce  de  vue  un  feul  moment  ;  car  on  la  voit 
d*abord  devenir  petit  jaune ,  cnfuite  plus  foncé  , 
que  les  ouvriers  appellent  couleur  d*Qr ,  bientôt 
pourpre  ,  &  enfin  bleu,  ce  qui  fc  fait  prefqu'en 
un  ciin  d'œtl  :  dès  qu'elle  commence  à  bleuir ,  on 
la  jeire  dans  de  la  graine  ou  de  Thuile ,  &  Ton 
peut  être  adurè  de  la  trempe,  fl  l'acier  tù. 
bon* 

Comme  on  a  du,  lorfqu'on  a  formé  ce  man- 
1^  drin  i    la   hme  ,  le   faire   plus   menu  d'un  bout 
que   dun    autre,  on  le  fait    entrer   carréir*" 

Sfff  ij 


6^3 


FAR 


c'eft-à-dîre  ,  fuivant  le  carre  de  la  plaque ,  dans 
Je  trou  qu'on  rend  carré  à  coups  de  marteau  , 
ce  qu'on  nrimnie  tîa^p:(  un  trou  ;  on  lime  en- 
fuite  ce^  pièces  fur  toutes  les  parties  qui  leur 
font  communes,  ik  enfin  on  lime  les  rivures  ,  & 
on  fépare  ie^  deux  râteaux  :  on  les  lime  fur  le 
pht  defliis  &  tïelTov:s  avec  une  lime  bâtarde ,  puis 
avec  ime  ilme  d^uce  on  abnt  touies  les  vires- 
arêtes  ;  &  dans  cet  ctat,  il  ne  s'agit  plus  que  de 
faire  les  gardes  en  bols  ;  mais  il  fei'oit  bien  plus 
propre  à:  plus  fulide  de  Its  faîte  en  cuivre  : 
dan^  ce  cas ,  on  en  fait  une  en  bois  ,  &  on  la 
éo^x\c  pour  modèle  au  fondeur  qui  en  coule 
deux  toutes  pareilles  ,  que  Ton  réparc  &  ajufte 
aifément  enfui  te. 

Quant  aux  tringles  qui  retiennent  les  dents , 
elles  feront  mieux  en  acier ,  dont  on  trouve 
chez  les  marchandj  de  petites  tringles  d'un  pied 
de  long  &  de  toutes  groffcurf- 

Enfin  ,  la  régie  fur  laquelle  repofent  les 
dents,  peut-être  de  cuivre  \  mais,  je  le  répète, 
il  fiut  être  un  peu  habitué  à  travailler  les  mé- 
taux, ou  bien  adroit,  pour  monter  comme  il 
fïiflt  une  pareille  czÇ^c  ,  dotît  tout  le  mérite  eft 
la  f-^^  liditè ,  qui  dépend  de  rajuflage  des  pièces 
qui  la  compofent.  Je  penfe  que  cet  uflenfile  étant 
fait  foïgnexilemcnt ,  ne  UiifTcra  rien  à  déflrer  aux 
ourricis  qui  le  mettent  en  œuvre, 

DtfcTÏptton  d*un  peigne  partlculur  à  certains  tijfus. 

T-C  peigne  dont  je  v:iîs  ditaîUer  la  conflruftîon, 
fen  pour  quelques  étoffes,  &  pour  des  ^aies  à 
bardes.  Dans  !?<  étoffes,  il  fert  à  fuppléer  aux 
inégalités  des  bandes  qui  font  quelqirefois  plus  & 
quelquefois  moins  fournies  que  le  fond.  Il  a  donc 
fallu  mettre  plus  de  brins  à  la  chaîne  dans  certains 
endroits  que  dan<.d'jiut'''*s  ;  quant  aux  gazes  ou 
Ton  ne  mjt  g«iére  qu'un  ou  t\eux  fils  par  dent  , 
il  a  f  il!u  fournir  les  bandes  un  peu  plus  ,  ou  queU 
quefois  le  ff>nd  p'»>s  qnt  les  bandes. 

Q»iniq';e  d.ins  b  tabriq'îe  des  étoffes  on  ait 
coutMme  ,  quand  le  befoin  l'exige  ^  de  faire  paffcr 
plus  de  fils  dans  certains  endroits  d'un  peigne  que 
dans  dVîUtres ,  il  c(l  cenarn  qu'on  ne  réuiTu  jamais 
aufTi  bien  que  quand  ïe  peigne  efl  fait  exprès  ; 
fiiai'i  la  dépenfe  devi^fîdroït  immenfi ,  {%  1  on  vot*- 
loit  faire  faire  un  peigne  chaque  fois  que  telle 
ou  telle  r-^yurc  IVx  ge. 

Ce  n'elt  pîs  ici  le  lieu  d'exnliquer  ce  méca- 
nifme  ;  i!  fu4it ,  pour  faire  efitend  e  le  peigne  qui 
Y  fert  ,  d'en  donner  une  légi^re  notion. 

On  dcir  donc  favoir  qu'il  y  a  des  étoffes  où  , 
pour  varier  agréablement  ,  on  fait  une  bande  de 
laffeta? ,  une  de  fat  in  »  une  de  ferge  ou  de  can- 
nelé, Ôt  quM  feroitâ  defirer  que  ,  dans  un  même 
peigne  cliaque  partie  de  la  chaîne  (m  fabriquée 
par  une  partie  de  peigne  propre  à  chaque  genre  : 
d'autres  fois  ^  c'eft  lorlqu'on  fabrique  des  étoffes  à 
kandes  en  or  ou  argent,  6i  il  ell  certain  que  la 


PAR 

hme  tient  plus  de  place  que  de  fimplei  fils  ée 
foie. 

QuVn  fe  repréfente  un  peigne  defTiDé  dans  li 

;)ropor  ion  de  quatre  pouces  par  pied  ,  Quies  destf 
font  divcrfement  efpacé^'S  ,  Ic^  dents  des  pifiîei 
qui  doivent  former  lesbaridjs  ,  font  plus  frcéci 
que  Celles  qui   font  del  i  tées  à  former  le  fond. 

On  peut  aifément  concevoir  un  peigne  cm 
les  dents  fuffent  dans  une  difpoCtion  inveric 
de  celuî-ci  ;  telle  efl  la  différence  qui  fc  trotafe 
entre  ces  fortes  de  peignes  ^  qui  d^aillcurs  fc  fa- 
briquent de  11  manière  qu*on  a  vue ,  &  ceux  dont 
nous  avuns  traité  jufqa'ici  :  il  lauc  cependant 
avouer  que  ce  peigne  ,  qui  fer  voit  beaucoup  aottt- 
fois  ,  commence  à  être  profcrit  de  la  fabrique  dei 
étoffes  de  foie,  &  qu'il  eft  prefque  eniièrcmeiit 
abandonné  aux  gaziers  ,  qui  même  ,  à  caufe  de  11 
variété  qui  s'eA  introdu'^te  dans  ce  geare  de  uflUv 
ne  s'en  fervent  pas  très- fou  vent. 

Oj  monre  ces  fortes  d^  peignes  abfoîumrot 
comme  t^us  les  autres  r  on  y  obfcrve  feuï^moft 
de  teoir  les  dents  un  peu  plus  fortes  dans  If  s  eih 
droits  oii  elles  font  plus  efpacces  ;  Se  pour  trouver 
plus  d'écattement  entre  îd  unjs  qu'entre  les  au- 
tres ,  on  fïi  fert  d'autant  de  fartes  de  ligneali 
qu'on  a  d'écartemens  différées  â  produire, 

Suppofons  ,  p^r  exemple ,  un  peigne  ou  la 
parrie  des  bandes  foit  en  proportion  ^^e  huit 
cents  derts  ,  fur  vingt  pouces  ;  les  dents  «^oi 
y  entreront  feront  celles  qui  auroient  compofe 
un  ^'gne  p^ii^  du  même  c^^mpte  ,  air  fi  que  te 
ligneul  dont  en  %y  feroit  fervi  :  Ci  le  fond  ré- 
pond à  un  douze  cent  fur  la  mt>me  largeur,  Id 
dents  &  le  ligneul  feront  dans  la  même  propor* 
tlon. 

îl  fuffir  donc,  d^ns  ce  cas  ,  au  peigner  de  bien 
fuire  fes  divifions  ^  pour  qye  lesb»ndci  &  le 
fond  occupent  les  places  qui  leur  fonrdcrtinées,  8t 
qu'il  n'y  entre  pas  plus  ou  moins  de  dents  qull 
n'y  en  doir  avoir. 

C'cff  ordinairement  le  fabricant  lui  -  méiv 
qui  donne  au  peigner  les  proporîint»s  du  pei- 
gne qu'il  vent  faire  cenAruire  ;ce5  divîfions  fe  mf* 
qiient  fur  une  bande  de  papier  c»u  fur  Mnz^if^A 
de  bo"s  ,  &  à  chaque  divifion  Ton  écrit  k  lîOii- 
bre  de  dents  qui  doit  y  entrer, 

Ap^és  avoir  parcouru  toittes  les  fabrications def 
pe'.gncs  dans  tous  les  genres  ,  il  ne  reAe  p^atqci 
parler,  en  finiffant ,  delà  manière  d'entretenir  le» 
peignes  ,&  de  les  raccotnmoder  lorfquM  leur  iiriiw 
quelque  accident* 

De  L'entretien  &  du  raccommodage  des  ftïgnu^ 

Les  dents  des  bords  d*un  peigne  s'ufcm  bcai»- 
coup  plus  vite  que  celles  du  milieu  ;  il  fsiot.dio» 
ce  cas  p  leur  en  fubftituer  d'autres  :  c'cft  de  qvoi 
nous  allons  doms  occuper  en  peu  de  Biôtf* 
En  réfléchiffant  fur  les  effets  de  rîncot^ 
de  la  trame  dans  ta  chaîne  ,on  voit  que  cette 
J  tend  fans  ceffe  à  faire  rétrécir  l'ètaffc  ,  & 


p 


I 


PAR 

rétrètiffement  fc  fait  particultèrcment  rcflcmlr  fur 
les  bords  :  de  là  viennent  ces  défauts  »  fouveni 
légers  ^  qu'on  apperçoit  aux  étofFirs  prés  des  deux 
likères;  ce  même  rûtrécifleincni  entraîne  avec  lui 
les  dents  ,  &  kur  fait  courra^wr  une  cotitîiure  qui 
auit  au  mouvemeut  des  brins  de  la  chaîne,  fur- 
tout  dans  ïc<  étoffes  de  foie. 

Les  dents  de  canne  s'ufent  en  fort  peu  de  temps  ; 
celles  d'acier  mèinu  à  la  longue  n'y  fauroîent  ré- 
ûûer  ,  6c  font  fu jettes  à  fc  coucher  fur  les  bords. 

C'efl  improprement  qu'on  a  donné  à  ce  défaut 
du  peigne  le  nom  de  cathure,  La  véritable  couchure 
cil  cell«  qui  provient  de  la  fuEbletle  du  montage 
ii'un  peigne  dont  le  ligneul  venant  à  fe  relâcher , 
6it  perdre  aux  dents  la  direéiion  d'équerre  qu'elle 
forme  avec  les  jume'les  ;  &  dans  ce  cas  une  ju- 
luelle  5*avance  par  un  bout ,  &  Tautre  par  Tauire. 

Lors  donc  que  quelque  dent  du  corps  du  pei> 

Îjne  (  car  celles  des  lifiéres  étant  beaucoup  plus 
ones  ,  ne  font  point  fu;et?es  à  ce  défaut  )  vient 
à  fc  courber  ,  faufFcr  ,  ou  contracter  quel  lue  autre 
défeftuofité  ,  il  faut  la  changer  ;  &  fi  l'on  croit 
oblig<^  d'aller  chercher  un  peiener  pourccrie  opé- 
ration ,  Ton  n'auroît  jam^iis  fîni. 

Il  eR  à  propos  qu'un  fabricant  lui-même  fach 
rcmetiro  les  dents ,  p:ircc  qu'aucun  ouvrier  nVft 
en  état  comme  lui  de  ménager  b  chamede  i'éoffe  , 
cet  ouvrage  devant  fe  faire  fur  le  métier  même. 
Ce  n'eft  pas  un  fecret  ,  quoi  qu*en  difent  quel- 
ques ou-vriers  ;  ou  ,  s*ils  en  font  un  ,  voici  en 
quoi  il  conftAe. 

On  commence  par  retirer  ie  peigne  de  îa  rai- 
nure du  battant  pour  travailler  plus  à  fon  atfe  ; 
fit  ayant  choifi  quelque  bonne  dent  d'un  vîcuîï 
peigne,  en  même  compte  de  dents  &  de  la  même 
foule  ,  on  les  fiibftitueaui  mauvaifts  :  pour  cela , 
on  coupe  au  miTieu  la  dent  qu'on  veut  ôrer  ,  & 
Ton  en  fait  fonir  les  deux  parties  ,  l'une  par  en- 
haut  ,  Tautre  par  eo-bas  ;  ce  qui  n*eil  pas  difficile  , 
fi  Ton  fe  rappelle  que  les  dents  de  canne  forment  psr 
leurs  deux  bouts  une  efpece  de  pe»le  ^  mais  il  fatjr 
auparavant  avoir  déchiré  le  papier  qui  couvre  le 
ligneul ,  à  cet  endroit  feulement.  Il  n'eft  pas  pof 
£ble  de  mettre  la  nouvelle  dent  darrs  la  pUce  de 
l'ancienne  ;  il  faut  agrandir  cette  place  :  on  ft- 
fert  pour  cela  d'un  poinçon  aplati ,  que  Ton  en* 
fonce  entre  les  jumelles  en  -  haut  &  en -bas  ;  ^ 
quand  on  juge  que  la  place  eft  fuffifante  ^on  laii 
entrer  la  djut  ;  &  dès  qu'elle  paiTe  en  dt;dans  de 
la  foule  du  peigne  ,  on  la  faifit  avec  d.s  pinces 
fort  plates  &  fort  minces  ,  on  l'amène  vers  Ls  au- 
tres jumelles  ^  &  on  la  fait  entrer  dans  le  fécond 
trou. 

On  peut  faciliter  In  dtfcetî'c  d«  la  dent  par  quel- 
ques petits  coups  i  m-*!*'  comm?  cela  fatigue  le  pei* 
gne ,  il  vaut  mieux  s'en  abfttnir.  On  change  airfi 
de  fyice  toutes  les  dents  qu'on  a  à  fubflituer  ;  & 
comme  le  poinçon  leur  forme  une  ouverture  dans 
laquelle  elles  ballotent ,  on  fe  fctt  d'un  autre  poin- 
çon arec  lequel  on  écarte  un  peu  les  dents  voi- 


PAR 


695 


fines ,  pour  rendre  aux  dernières  récartemcnt  uni- 
forme à  toutes  celles  du  peigne. 

Avec  un  peu  d'attention  dans  ce  travail  ,  on 
n'cfl  pas  obligé  de  c-iïer  le^  brins  de  la  chaîne; 
&  il  l'on  a  eu  (o-.n  à^  conf^rver  la  féparation  de 
chaq^ie  dent  qu'on  dc[4a-e ,  on  en  rcmvt  une  nou- 
velle dins  le  môme  cndruit,  &  Tétoffe  n'en  eft 
aucun :m,înt  endommagée. 

Il  n'eft  guère  pofllble  au  fabricant  de  raccom- 
moder ainfi  plus  de  trois  ou  quatre  dcnî»  de 
fuite»  attendu  la  difficulté  de  rencontrer  les  mè» , 
mes  ècaftcmens  ;  mjis  comme  il  arrive  quel- 
quefois à  des  ouvriers  de  cnvir  des  peignes  , 
c'eft  -  à  -  dire,  de  caiTtr  on  f^uller  des  dents  Tef- 
pace  d'un  pouce  ou  même  plus  •  on  peut  le  rac- 
commoder fur  le  méiier  même,  ce  q  i  eft  très- 
dilHcllc  à  bien«faire  ;  ou  enfin  on  coupe  ta  chaîne 
pour  remonter  le  peigne  plus  à  fon  aifc* 

Cette  opération  eft  du  rcilort  du  peigner  ,  & 
il  eft  a'Tez  rare  qu*un  ouv  ier  ordinaire  fuit  af- 
f.z  cntônda  pour  la  bien  exécuter^  Dans  ce  ca^ , 
on  ne  prend  point  de  dents  à  un  vieux  peigne; 
on  en  fait  d,^  neuves  que  l'on  ég^difc  d'cpaif- 
fcur  &  de  largeur ,  autant  qu'il  elt  polfible  »  & 
on  les  rogne,  p!anc»  &  (imt  d'excarner  quand 
elles  fnr.t  en  place  ,  même  Gns  fonir  du  mé- 
tier Mais  ,  je  le  répète  ,  cette  opération  eft  très- 
dîiEcile ,  &  demande  la  ni^nn  la  plus  légère  & 
l'ouvrier  le  plus  intelligent. 

Ce  que  je  viens  de  dire,  de  fubftîtucr  dcf 
dents  neuves  à  celles  q  li  fmt  cafTécs ,  doit  s'en- 
tvndie  du  milieu  dn  peigne  ;  car  quand  ce  font 
ceîies  des  bords  qui  Omt  ufccs ,  on  entt  ou  ufit 
les  deux  bouts.  Ces  deux  expreifions,  qui  font 
fynonymes  ,  ne  foit  ccpandant  pas  adoptées 
dans  toutes  les  fabriques  de  peignes  :  je  les  rap- 
potté  pour  les  faire  entendra* 

Cette  opération  fe  îAt  de  plufieurs  manières  » 
mais  ie  n^en  rapporterai  que  deux  :  Turie  eft 
fui  vie  par  tous  les  ouvriers  ,  quoi|ue  m  nns 
bonne  ;  la  féconde  m'a  été  enf  igiéc  pir  le 
fieur  Lemairc;  peigner  de  Pari*,  dort  j'ai  déjà 
parlé ,  &  qui  a  eu  la  complMif  uic^  de  la  faire 
exécuter  à  loifir  f^us  mes  yeux.  Ce  font  ces 
deux  méihôdes  qnj  vont  faire  h  matière  des 
deux  articles  fuivans. 

Prtmlèrt  manicre  de  ufier  ou  enter  Ls  pnpîiSm 

Pour  enter  un  pcigrte  ,  on  commence  par  bttf 
la  g:trde  d'un  i\c\  bouis  par  tù  Ton  veut  com» 
mjhCCT  ;  en'^uife  on  reftrc  les  dents  des  lifières, 
que  Ton  gird'-  .fi  elles  font  d'acier ,  fans  quoi  on 
les  néglige  ;  enfin  on  coupe  avec  un  fort  canif 
les  dents  de  c-nne  juf^u'i  î*endrott  ou  le  peigne  a 
befoin  d'être  r^tcomm  Je  :  maïs,  avan''  toutes  ces 
opérations  .  il  vft  rjéceftivire  é^  s's^u-^r  diicnmp*c 
de  dejits  que  contient  le  pe  gnc;  âc  pour  ne  crm- 
mettre  aucune  erreur,  on  compte  bien  ejt.âe* 


694 


PAR 


ïnent  les  dents  qu'on  retire  ,  pour  n'en  lemartre 

rà  plus  ni  moins. 

On  coupe  les  dents  haut  &  bas  ,  presque  tout 
contre  le  ligneul  qui  ,  ne  trouvant  plus  d'obfta- 
ct«  .  fe  déroule  aifément  ,  pour  peu  qu'on  le  tire 
fuivant  b  longueur  des  jumelles  ;  ao  moyen  de 
quoi,  les  eT^rrémltés  des  dents  quîètoient  renées 
entre  lei  jumelles  ,  tombent  à  terre* 

Quand  on  a  fait  cette  opération  haut  &  bas  , 
«n  coupe  k  ligneul  qui  ne  peut  fcrvir  ,  tout  con- 
tre la  première  des  dents  qui  reûent  ,  &  on  le 
joint  au  nouveau  ,  dont -on  va  fe  fervir ,  par  le 
iRoyen  d'un  nœud  très-foUdc  ,  comme  de  tifle- 
rand  ,  de  charretier ,  &c»  En  plaçant  les  dents 
qu  il  doit  avoir  apprêtées  du  même  compte  ,  ou 
prendre  dans  un  vieux  peigne  cvi  elîes  foient  en- 
core  bonnes  ,  l'ouvrier  doit  fe  guider  fur  ks  an- 
ciennes marques  qu'il  doit  retrouver  fur  fes  ju- 
melle!! ,  &  qui  ont  réglé  ie  premier  montage  :  dés 
qu'il  i*€ft  affurè  du  nombre  que  chaque  divifion 
doit  contenir  de  dents  ,  il  proctde  à  remettre  des 
dents  ;  mais  fi  les  marques  étoieni  totalement  eflfa- 
cées ,  il  doit ,  fuivant  la  méthode  qu  il  pratique 
ordinairement  >  les  remarquer  ,  pour  ne  pas  tra- 
Yailler  au  ha  fard. 

Tout  étant  alnfi  difpofé ,  il  s'afïied  devant  une 
tabSe  ,  fur  1 2 quelle  eft  lout  ce  dont  11  peut  avoîr 
befoin  ,  comme  de  dents ,  d'un  canif,  de  la  garde 

Îfu'il  a  retirée ,  ^  ainft  éa  refte  ;  puis  prenant  fous 
on  bras  le  peigne  »  il  tient  contre  fa  main  gau* 
che  le  bout  ou  il  va  opérer  ,  6i  en  même  temps 
tient  dans  cette  main  les  deux  bouts  de  Ugneul  ; 
puis  il  ibce  une  dent,  Tcntoure  de  ligneul  haut 
$(  bas  ,  &  frappe  avec  la  fourchette  qui  tîeni  ici 
M  place  de  la  batte. 

L ouvrier  prend  cette  fourchette  parle  manclse  , 
lait  palier  la  lame  entre  les  jumelles,  &  frappe 
tu  tant  de  coups  qu'il  eil  oècelTaire  pour  donner 
lux  dents  récartcmcnt  qui  leur  convient,  préci- 
fément  comme  on  a  fait  avec  la  batte» 

On  répète  cette  opèr^uon  à  chaque  dent  ;  & 
quand  elles  font  toutes  en  pîacc  ,  on  remet  les 
dcms  de  lifiércs ,  fi  on  ks  a  confervées ,  fmon  des 
neuves  ;  &  pour  les  efpacer  ce  m  me  il  faut ,  on 
les  entoure  de  deux  tours  de  ligneul  :  af  rès  quoi , 
on  met  la  garde  que  ïon  arrête  trcs-folidement , 
&  enfin  on  rogne  les  dents  ^  on  les  plane  &  ei- 
carne,  coiume  on  Ta  dit  plus  haut  »  &  l'on  en  fait 
autant  à  fautr*  bout  du  peigne  ;  car  il  efl  rare  qu'il 
n*en  ait  befoin  que  par  un  bout  :  néanmoins  il  y 
a  des  ouvriers  qui  ne  Ttifent  que  d*un  côté. 

Seconde  manièrt  de  tejler  les  peignes. 

Celte  manière  de  tefterou  enter  les  peignes  nedif- 
fére  de  la  précédente  que  par  la  pofuion  du  pei- 
gne pendant  ropèration. 

Il  faut  commencer  par  défaire  les  vieilles  dents  , 
après  quoi  on  place  le  peigne  kir  une  pièce  de 


PAR 

bois    qu'on  met  fur  le  banc  du  métier  à  momer 

les  peignes. 

On  fixe  la  pièce  de  bois  par  fon  tenon  ,  dam 
une  mortoîfe  pratiquée  exprés  fur  la  longueur  du 
banc,  où  on  Taffuietiit  au  moyen  de  fa  clavette* 
Le  peigne  eft  faifi  entre  la  pièce  de  bois  &  celle 
de  fer  ,  comme  dans  une  preffe  ,  puifque  les  écroui 
la  ferrent  à  volonté,  au  moyen  des  vis  dont  la 
têie  eft  placée  dans  les  entailles  de  la  pièce  de 
bois  ,  &  recouverte  par  un  morceau  de  bois  qui  y 
entre  à  force. 

On  place  le  peigne  dans  un  alignement  cootî* 
nabk  ,  comme  elks  Tont  entre  les  deux  poupéw 
des  autres  métiers.  Une  pièce  de  bois  n'cf^  pUcée 
là  qtie  pour  y  pofer  la  batte ,  quand  la  main  eft 
occupée  à  placer  une  dent.  On  met  la  batte  à  cctit 
hauteur ,  pour  imiter  mieux  la  pofuion  qu'elle  tient 
entre  les  Jumelles  quarid  on  fait  un  peigne  neu , 
&  parce  que  Touvrier  eft  habitué  à  cette  hautcuf 
à  chaque  dent  qu'il  place  ,  il  gUflc  la  batte  entre 
les  Jumelles  &  frappe  convenablement  à  Técart^- 
menc  qu'il  faut  donner  aux  dents  ;  il  les  entoure 
toutes  d'un  tour  de  ligneul  qu*il  tient  tendu dt  la 
main  gauche  pendant  qu'il  frappe^  3c  enfin  il  aiet 
les  dents  des  lifières  6f  les  gardes,  comme  onl'a 
déjà  dit;  &  quand  le  peigne  eft  ainfi  raccommodé 
par  les  deux  bouts  ,  il  recouvre  les  jumelles  afec 
une  ou  deux  bandes  de  papier- 
Cette  méthode  «ft  infiniment  préférable  à  b 
première  ,  en  ce  qu'elle  eft  plus  cxpèditivc  Si  oc 
fatigue  cas  tant  les  peignes.  Je  fuis  perfuadè  qu'elk 
n*a  hcfoin ,  pour  erre  univerfellcment  adoptée  f 
que  d^êtrc  connue  de  tous  les  ouf  riers. 

Troifiime  manièrt* 

Quoique  je  n'aie  promis  de  rapporter  que  dcei 
manières  d'enter  les  peignes ,  )e  ne  faurois  làCiÙa 
h  l'envie  d'en  rapporter  une  troifième  ,  que  je  ns 
tiens  que  par  le  récit  qu'on  m'en  a  fAt  :  U  voici. 
Apré^i  avoir  défait  les  deats  par  un  bout  auifi  avsot 
qu'il  ellnéceiTaire,  on  monte  l'autre  bout ,  qui  rdie 
encore  entier ,  fur  le  tenon  du  boulon  à  vti  des 
poupées  fur  lefquelles  <>n  monte  ordinairement  aa 
peigne  f  &  profitant  d^  renraille  qui  ,  au  bout  de 
chaque  jumelle  ,  fert  à  retenir  k  lien  des  gardes  « 
on  y  attache  quatre  bouts  de  jumelles  «^  fix  à 
huit  pouces  de  long  ,  auxquels  on  fak  auffi  det 
entailles  pour  qu'ils  ne  s'échappent  pas. 

Les  chofcs  étant  en  cet  état,  on  moote  ce  pei- 
gne fur  les  poupées ,  comme  ù  on  en  aJloU  tnon* 
ter  un  neuf:  on  le  tend,  rut^nt  qu*il  cfl  nèccff.  rc, 
8î  on  a  U  facilité  de  raccommoder  le  peigne  comai; 
fi  on  le  finiffûlt  neuf;  mais  comms  la  ba*^  OC 
pourroît  pas  glliTer  aifément  entre  les  juitutks  , 
on  fait  les  quatre  bouts  qu'on  y  ajoute^  du  de uW 
plus  épais  que  les  jumelles  mém^^s^  8e  ayant  m* 
tiqué  une  entaille  au  bout  qui  tient  ces  juinelkSv 


I 


p 

I 


PAR 

leurs  becs  Intérieures  s'affleurent ,  &  ne  préfeii* 
tert  atrcun  obflacle  à  \a  bicte  quand  on  la  fait 
glitler. 

•  Quand  un  bout  dn  peigne  eft  fini ,  on  le  re- 
tourne bout  pour  b#ut ,  &.  on  en  fait  iutant  k  fau- 
tre  ,  ie  rcrvaiît  des  premières  fauflcs  jumelles  , 
ainil  que  des  fécondes  »  pour  le  fixer  fur  les  pou- 
pées ;  &  lorfquc  le  peigne  eft  achevé, on  le  dé- 
monte entièrement  pour  y  mettre  les  gardes  :  ce 
que  le  peu  oc  longueur  qui  reftc,  ne  permet  pas 
de  faire  fur  le  métier  mCme, 

Quoique  les  dems  d'acier  fcient  bien  plus  d; 
réIiJiancc  que  ceUes  de  canne  ,  on  pourroit  très- 
bien  enter  les  pcignci  d*acier  comme  ceux  de 
canne  ;  mais  il  cil  rare  qu*on  les  raccommode  par 
lef  bouts  feulement  r  un  préfère  de  les  f-ire  re- 
monter entièrement,  en  ncconfervantquc  les  dents 
&  les  gardes.  J'en  dirai  un  mot  dans  la  fuite  ,  api  es 
avoir  rapporté  les  moyens  mis  en  ufage  pour  dé* 
rauiîjcr  les  peignes  qu  on  n  a  pu  défendre  contre 
cet  accident. 

MoAtère  de  déromlUr  Us  peignes  £d:Ur^ 

Lîs  peignes  d'acier  exigent  le  plus  grand  foin 
pour  n'erre  pas  en  peu  de  temps  attaqués  de  la 
rouille.  J'ai  recommandé  de  ïes  tenir  dans  des  lieux 
fecs.  Cette  précaution  eft  bonne  quand  ils  ne  ira- 
vaillent  pas  j  mais  qmnd  ils  font  placés  ftir  le  mé- 
tier ,  pour  peu  que  Tendroît  foh  humide  ,  ou  qu*on 
foit  quelque  temps  fans  s'en  fervir /ils  deviennent 
tout  rouilles,  &  pourroient  même  déchirer  Us  Hls 
de  la  chaîne,  fi  l'on  n'y  remédioit. 

On  ôïc  ic  peigne  de  fa  place,  &  avec  atten- 
tion iVn  frotte  les  dents  dliuile  d'olîve  ,  de  ma* 
niére  qu'il  n*en  vienne  pas  jufqu*aux  jumelles  » 
car  la  poix  feroit  en  peu  de  temps  rendue  liquide,  &: 
le  peigne  fe  lâcheroit.  On  couvre  les  dents  de 
ce  côte  avec  de  la  farine  ;  on  en  fait  autant  dt 
Fautre  coté,  &  on  laiâle  ce  peigne  au  folell  ou 
à  la  chaleur  d'un  poêle  ou  é*nn  feu  modéré  , 
pendant  deux  ou  trois  fois  vingt- quartes  heu- 
res ,  iufqu'â  ce  qu*on  voie  que  la  farine  devien* 
fOu/Tâtre ,  &  tombe  par  petits  grumeaux  :  alors 
#n  met  le  peigne  à  plat ,  avec  les  précautions 
que  1*41  dé;a  rapportées,  &  on  le  frotte  avec 
un  bAton  de  faulc  ,  coupé  en  bifeau  de  chaque 
coté. 

Si  Ton  s*apperçott  que  Topiniâtreté  de  la  rouille 
ne  lui  permette  pas  de  céder  d^  premier  coup  , 
on  réitère  Topératton  ;  enfin  on  fe  fert  de  la 
pierre  ponce,  fi  ces  elTais  font  infructueux. 

Quand  les  peignes  font  revenus  4  leur  ancien 
poli  »  on  recouvre  les  îumellcs  avec  de  nouvel- 
les bander  de  papier  ,  atendu  que  les  anciennes  »  im- 
bibées d'huile ,  ne  peuvent  plus  fervir ,  &  gâtc- 
roient   la  fiiie. 

Comme  les  dents  des  peignes  peuvent ,  par 
une  interruption  de  travail ,  fe  rouiller  fur  le 
miiicr  p  lors  même  que  la  cbaine  y  eft  paAce  » 


PAR 


695 


fi  cette  rouille  eft  confidérable ,  il  faut  couper  la 
chitne  pour  y  faire  lopération  qu'on  vient  de 
voir  ;  nuis  h  ce  ne  font  que  quelques  parties  , 
on  peut  employer  les  moyens  indiqués  fur  le 
métier  même  ,  en  prenant  beaucoup  de  précau- 
tions pour  ne  faire   aucun  tort  à  h  chaîne. 

Lorfque  les  dents  d'acitr  des  lifiéres  ,  aux 
peignes  de  canne,  font  trés-rouillées ,  on  ne  fe 
donne  ^?%  la  peine  de  leur  Câre  cette  opération  ; 
on  démonte  le  peigne  par  les  deux  bouts,  6c 
Ton  y  met  d'autres  dents ,  fuivant  les  méthodes 
qu'on  vient  de  rapporter. 

Manure  de  remonter  les  peîgn:s  d'acien 

Pour  peu  qu'on  réfléchi/Te  fur  la  manière  dont 
la  chaîne  eft  placée  par  rapport  au  peigne,  fur- 
lout  da«s  rinftjnt  fans  ce(fe  répété  du  coup  de 
battant,  on  verra  quil  doit  s'ufer  îieaucoup  plus 
vite  par  les  deux  bouts  qu'au  milieu  :  il  y  a  de 
cet  effet  pluficurs  raifons  k  donner  ;  mais  ces  dé- 
tails feront  beaucoup  mieux  placés,  lorfque  je  trai- 
terai de  la  fabrique  des  étoffes.  Il  me  fuffii  de 
dire  pour  Tinflant ,  que  l'ufure  produite  psr  la 
chàine  ne  rend  pas  les  dent,  tellement  dèfe^ueu- 
fes,  qi/cUes  re  puifftnt  plus  fervir  r  nu  con- 
traire même  ,  Ôr  il  y  a  des  fibricans  qui ,  quand 
ils  font  faire  un  peigne  neuf,  recommandent  au 
peigner  de  fe  pourvoir  de  vieux  peignes  ,  dont 
ils  prennent  les  dents  pour  en  faire  un  nouveau; 
alors  il  fuflit  de  mettre  les  dents  des  extrémités 
au  milieu»  &  celles-ci  à  la  place  des  premiè- 
res; on  eft  affuré  que  le  po*i  que  leur  a  pro- 
curé la  chainc  ,  fans  ccffc  en  mouvement  ,  les  a 
rendues  infiniment  préférables  à  toutes  celles  qu  oa 
pourroit  avoir  poh  par  d'autres  moyens. 

J'ai  dit  en  queiqu'endroit  de  ce  traité  ,  que  le  fer- 
rement du  pas  de  la  chaîne  faifoii  tendre  les 
dents  de  chaque  bout  vers  le  milieu  du  peigne, 
à  peu -prés  comme  une  infinité  de  triangles  , 
dont  les  fils  de  la  chaîne  font  les  cotés ,  le  le 
peigne  eft  la  bafe  :  mais ,  par  une  fuie  d:  cette 
obfervation.  Ton  trouvera  que  les  dents  feront 
d'autant  plus  ufées ,  qu'elles  approcheront  plus 
des  bouts  du  peigne ,  &  qu'elles  feront  ufées  , 
non  pas  parillétement  à  leur  largeur  ,  mais  du 
côté  qui  regarde  l'étoffe.  Auffi,  quand  un  pei- 
gner intelligent  démonte  un  vieux  peigne  ,  ne 
mêle-t-il  pas  les  dents  &  ne  les  replacent  il  pas 
indiftinélement?  Indépendamment  deTufure  qu'on 
y  appcrçoit ,  elles  ont  contrafté  une  certaine  cour- 
bure que  leur  élafttcité  ne  fauroit  leur  faire  per- 
dre, à  qui  tes  dirige  toutes  vers  le  centre. 

Par  une  raifon  inverfe ,  il  faut  remonter  le  pet' 
gne  dans  un  ordre  oppofé  ,  fit  par  ce  moyen  on 
difpofcra  toutes  les  courbures  en  fens  contraire 
vers  chaque  bout  ,  &  le  cuté  nfé  vers  la  face 
de  derrière  du  peigne.  Ainfi  l'on  profite  de  la 
perfeâioQ  qu'a  procurée  aux  dents  un  long  tra- 
vail ,  &  on  réduit  à  zéro  les  défauts  qu'il  leur 


696 

avôit  occafîonnés  :  telles  font  les  reffources  ic 
VintcUigence.  Je  n'ai  infifté  fur  ces  détails  ,  que 
parce  que  fort  peu  d  ouvriers  les  conooiffent  Sl 
les  mettent  en  praiique  ,  &  que  je  tie  ctfTerai 
d*avoir  devant  les  yeux  ravanremetie  de  mon 
art. 

Quelques  fabricans  ont  imagmè  de  faire  mon- 
ter les  dents  des  vieux  peignes  qu'ils  font  défaire , 
à  d'autres  d'un  compte  plus  hn  ,  puifque  ,  difcnt- 
ils,  Tufage  a  aminci  les  dents.  Ils  ont  raifon  à 
quelques  égards  ;  mais  les  têtes  de  c«?5  dents  , 
enfermées  entre  les  jumelles  ,  n'ont  affu- 
rément  pas  diangé  :  ainfj ,  fi  Ton  n'a  la  précau- 
tion de  fciîre  remonter  les  peignes  avec  du  li- 
gneul  plus  fin  qu^il  ne  faudroit  pour  !c  compte 
qu'on  demande  ,  les  dents  fe  trouveront  trop 
écartées, 

Ceft  une  raifon  d'économie  qui  engnge  les 
fabricans  k  fiftre  remonter  leurs  vieux  pesgncs  : 
il  ne  leur  en  coûte  que  la  façon  ;  &  c'eit  tou- 
jours unt;  ép/rgne  des  deux  tiers  de  la  valeur 
d'un  neuf  II  elt  vrai  que  quand  ils  font  cla  iger 
le  compte  des  dcnc\  de  leurs  peignes ,  pour  les 
remettre  dins  de  plus  fins,  Us  doivent  fournir 
hs  dents  qui  y  entrerom  de  plus ,  &  qu'il  eft 
toufours  vicieux  de  mêler  des  dents  neuves  avec 
des  vieilles ,  qiï  Jqjie  bien  calibrées  qu'elles  foient  : 
alors  on  fait  fcrvvr  deux  ou  trois  peignes  ;  par 
exemple ,  de  trois  huit  cents ,  on  tera  deux  pei- 
gnes d*un  mille  .  &  les  dents  de  furplus  com- 
pinfent  celles  qui  fe  trouvent  toujours  fauffées, 
M  fée  s  ,  ou  autrement  hors  d'état  de  fervir. 

Puur  monitr  à  neuf  un  vieux  peigne,  l'ouvrier 
déchire  le  papier  qui  couvre  ks  jumelles  ,  & 
avec  la  lame  d'un  canif  il  coupe  le  ligneuî  d'un 
bout  à  r;mtre  haut  &i  bas  ;  au  moyen  de  quoi 
les  dents  ne  tenant  plus  à  rien  ,  il  peut  en  faire 
le  choix  convenable  :  mais  s'il  veut  garder  Tor- 
dre que  je  viens  d'indiquer ,  il  met  ce  peigne 
aiiifi  t^émonté  devant  lui  fur  le  métier  ,  &  pour 
pouvoir  placer  celles  des  bouts  au  milieu  ,  & 
celles  du  n  ilieu  aux  bouts  ,  il  coupe  ce  peigne 
exadlcmcnt  par  la  mciné,  6c  prend  par-  ia  Ils 
dents  qu'il  mût  au  bout  à  g.uche,  après  celles 
des  lifièref,  Quand  il  a  fini  cette  première  m^n- 
iré ,  comme  il  fe  trouve  au  milieu  du  nouveau 
peigne ,  il  doit  continuer  par  le  bout  d«  la  fc- 
conde,  qui  fe  trouvera  ainC  placé  au  milieu  , 
&  ainft  de  fuite  jufqu'â  la  B  \  On  n«  rejetie 
que  les  dents  hors  d'état  de  fervir  ;  du  refte  le 
Dtigne  fe  finit,  comme  on  l'a  dit,  en  enfeignant 
a  les  monter. 

Mdmère  de  remonter  les  fds,n£s  de  canne  ou  d'acier 
fur  le  métier  même. 

Il  n'efV  point  de  talens,  point  d'arts,  ou  des 
accidens  inopinés  ne  vie.Tnstit  quelquefois  dé- 
ranger k&  prfcauions  les  plus  f;igcs,  rtnverfer 
les    mécaniimcs  les  mieux  cjUcudus.  Quand  la 


ch^ne  d'une  étoffe  e(l  une  fois  paffée  dam  ïït 
peigne  ,  que  par  un  bout  il  y  en  a  une  certaiae 
quantité  de  fabriqué  ,  &  de  l'autre  le  rcfte  de 
la  chaîne  roulé  fur  TenfuDle  »  quel  réméde  appo-f- 
ter  à  un  peigne  auquel  uibitcment  il  arrive  qocl- 
qu  acciJent  ?  On  n'en  a  long- temps  connu  d*io- 
tre  que  de  couper  la  cha  re  pour  fubAifuçr  iia 
autre  peigne.  Enfin  ,  après  m'èrre  occupé,  dèf 
mon  enfance,  de  ce  que  la  fabrique  a  de  plut 
curieux  ôc  de  plus  intéreiTant,  ['avoue  qu*d  a'y 
a  pas  plus  d'un  an  que  j'ai  apprjs  qu'on  poovotr 
fubltîiutr  un  autre  peigne  fans  couper  la  cha>ae. 
Je  tiens  cette  utile  découverte  d'un  habile  hbô- 
cant  d'étoffes  de  Fans  ,  qui  l'a  vu  mettre  en  «s* 
vrc  par  le  (leur  Bordier,  ancien  peigner  à  Tours, 
fur  un  métier  de  â?.mi%  troché. 

Voici  le  cas  où  cet  expédient  cft  néceffaire* 
Un  ouvrier,  négligent  dans  la  conduite  de  foo 
étoffe  ,  laiffe  perdre  la  carrure  de  fon  n 
ce  qui  p-ovient  de  ce  qne  les  êtaies  qui  ...«.«. 
tiflent  carrément  le  métier  en  tous  Cens,  fe  rcl^ 
chent  fur  quelqu'un  des  angles  :  alors  le  baïuni 
qui  ne  frappe  jutte  fur  la  largeur  de  Tètoff'e ,  qu aa* 
tant  que  le  métier  eff  carrément  pofé^  s*i1  vîc«t 
à  prendre  une  pofition  hors  d'équerre  ,  le  pcs|irc 
frappant  plus  d'un  côté  que  de  l'autre,  Pétofc 
n'avance  que  de  ce  coté  ,  tandis  que  Paotrc  cli 
fort  lâLhe  :  bientôt  le  peigne  fatigué  des  conpi 
redoublés  que  lui  donne  l'ouvrier,  pour  regagna 
cette  inégalité ,  fe  couche  entièrement  vers  110 
bout ,  &  ne  peut  plus  fervir. 

Cet  accident  peut  arriver  dans  la  longoew 
d'une  demi-aune  d'étoffe  :  j'ai  vu ,  dans  une  h* 
brique  qui  m^appartenoit ,  un  peigne  de  caiu>e 
fe  calTer  au  militu  des  dents  ,  d'une  longueur  <tc 
trois  ou  quatre  pouces ,  en  fabriquant  du  damas. 
J'ai  vu  une  autre  fois  les  jumtlles  fe  cafTer.  Pavouc 
que  je  n'ai  fu  trouver  d'autre  moyen  pour  placer 
un  au  ire  peigne  ,  que  de  couper  U  chaîne* 

Dès  qu'on  s'apperçoit  de  Tentièrc  couchure  d*» 
peigne,  qui  le  met  hors  d'état  de  fervir  ,  tl  Ixat 
difcontinuerrouvrage,  &  avertir  promptemcTii  li 
peigner*  Celui-ci  fabriqvie  un  peigne  dt  la  mtmt 
largeur  ,  de  la  même  foule ,  &  du  nréfue  o^a* 
bre  de  dents  ;  6c  prenant  »  devant  le  métier  où  et 
le  peigne  caïTé,  la  place  de  Vauvrier  ,  îî  eoapck 
vieux  peigne  par  le  milieu  ,  pour  le  fcpsrcr  s^ 
detîx  parties  fur  fa  longueur,  fans  cnJammxgef 
la  chaîne  ,  après  en  avoir  ôté  les  gardes  &  kl 
dents  des  lifiérel ,  ft  elle;  font  d'acier;  cnfitite  îl 
coupe  le  ligncul  tout  du  long  des  jumelle»  f^pè» 
rieures  du  nouveau  peigne,  retire  cc%  juaielkl  » 
ôc  le  met  dans  l'état  de  celui  dont  \c^  d;.ati  hé 
font  plus  retenues  que  dans  lei  jumeUes  d'co^bas: 
i.  remet  ce  peigne  a  l'ouvrier  qui  fabrique  rètnffft 
à  qui  .appartient  le  foin  de  d.tlribucr  Cz  iih^hit 
dans  îes  dents  du  nouve.iu  peigne. 

Il  fiirpend  fon  peigne  eudcffouf  de  lachJtnr, 
1  les  dents  en*hauE  ,  taire  la  partie  qui  cft  iM* 


PAR 

qnic  &le  reniiiîe  qui  ùh  inotn-oîrla  chaîne  ^  de 

nantèreque  \t%  dents  putifent  carrer  comme  délies* 

»èmcs  entre  les  fils  de  b  chaîne  qui  > pcndini  cette 

opération,  doit  être  un  peu  lâche  ,  atïn  de  pouvoir 

la  dîvifer  en  pctitespartic* ,  fans  craindre  de  rien 

caiTer  ;  6i  pour  plus  de  taciliic  ,  il  ne  donne  pns 

â  fou  peigne  ttne  pofirion  horizontale  ,  irt^is  un 

i.pcu  penchée  de  droite  à  gauche  :  au  moyen  de 

[quoi  U  moine  du  peigne  à-peu- prés  paile  au  trs^ 

^ers  de  U  chaîne  ^  tandis  q\ic  l'autre  aïoiiiéi  eA 

I  par-debout. 

I  L*ouvrier  prend  une  cinquantaine  de  fils ,  &  l€& 
place  dins  une  dent  près  des  lifièr^i ,  puis  une 
«uue  cinquantaine  quM  place  dans  une  autre  »  & 
làiofi  de  fuite  »  jufquau  dernier  fil  ,  fans  obferver 
[dans  cette  divifion  aucune  régie  ,  finon  que  cha- 
[que  cordon  foit  placé  à-peu-prês  en  ligne  droite  « 
[ot  non  pas  d\in  ou  d'autre  côté  ,  ce  qui  tiraille- 
[roit  la  chaîne.  A  mtfure  quon  diftribue  ainfi  tou* 
iict  ces  parties,  on  relève  le  peigne,  jufqu'à  ce 
Mfi^èiant  arrivé  a  U  fin  ,  il  fe  trouve  dans  uiie  po- 
fatico  à-pcu-pré%  horizontale. 

Quand  toute  cette  première  dlvifion  efl  faite  , 
Fauvrier  place  crure  chaque  dent  tous  les  nls  à 
la  place  quM^  occupoient  dans  le  vieux  pcis^ne  , 
&  pour  cela  il  doit  favoir  cxaltemcnt  combien 
chacune  doit  contenir  de  fib  ,  tant  de  la  chaîne 
que  du  poil ,  s'il  y  en  a  un  ,  pour  n'en  pas  dèran> 

Ser  un  feul  ,  en  commençant  par  un  de»  bouts 
u  peigne. 

La  manière  la  plus  folide  6c  la  plus  commndc 

àt  faire  tenir  le  peigne  pendant  cette  o^éat^on, 

,eA   de  rattacher   à   deux  montans  fembiables  à 

jts  pieds  à    pcrruQue,  parce  qu'on   e(l   fâr  de 

Fréca  it6  &  de  la  habilité. 

Il  cft  aifé  de  fentir  que  les  dents  n*ètant  rc- 

tf  eiïucs  que  par  un  bout  ^  ne  préfcntent  pas  un 
écsrtcmcnt  bien  uniforme,  &  que  par  cônfécjuent 
rien  n'cft  autTi  difficile  que  de  f^irc  entrer  ces 
£U  entre  let  dents  :  voici  comnietit  on  y  remé- 
die. L'ouvrier  lient  de  h  main  eauche  le  fil  quHl 
r;wi  p'acer  ,  ouvre  les  dems  ou  il  veut  le  mèt- 
re ,  avec  U  pointe  d'un  poinçon  ,  &  continue 
PuinC  jufqu*à  ce  que  toute  li  chaîne  fojt  remifc 
en  p'acc  ;  mail  pendant  tout  ce  travail  il  faut 
1  que  lii  chaîne  foit  un  tant  foit  peu  tendi*ei  pour 
Hque  lev  Ait  fe  tiennent  à  la  plaf:e  oii  on  tes  place  : 
^Hilorf  le  peigner  recomnaeLce  ropêr^tion  qui  eft 
^kte  fon  reiTatt,  c'eA-à-dir^,  de  finir  de  moater 


le  Pîigne. 
Il  pi 


prend  la  place  de  Tcavrier  fahric^m  «  qdi  eft 
fi  plus  comn^de  ;  il  fiie  les  deux  jumelles  qu'il 
avoii  ut^es  ,  far  les  gardes  par  chaque  bout ,  & 
ache  te  peigne  très- folide  me  m  fur  dcuE  mon» 
>m  <»  pour  qu^aucun  effort  ne  le  puiHe  faite 
[VOir  en  devant  ou  eo  arrière  :  enfuiie  il 
entre  les  jumelles  un  petit  morceau  de 
is  d'un  pouce  de  grofi'eur  ^  ou  environ,  pour 
les  tenir  écartées ,  &  avoir  plus  de  liberté  â  fat- 
firafecla  pointe  du  poinçon  fe  bout  de  chacuoe» 
Ans  &  mùitrs  ,  Tomt  K  Pan,  II, 


PAR  6^ 

k  meAire  que  vient  fou  tour  d'écre  entourée  avec 
le  ligncul  qu'on  ferre  foîtemenr* 

A  chaque  dent ,  L  ouvrier  appuie  ATec  un  des 
bouts  de  b  même  fourchette  dont  j'ai  déjà  psi r lé 
en  traitant  la  manière  dVmcr  ou  ttiler  Ict  pei- 
gnes j  mais  il  doit  fur-tout  prendre  bien  garde 
à  fe  rencontrer  jufle  avec  le»  marques  qu*il  a 
faites  fur  les  jumelles,  ^  qu'il  doit  avoir  de\'3nt 
lui  y  âc  fur*  tout  il  doit  prendr  égard:;  que  les  dents 
tbîcntbien  àangks  droits  arec  ics  fomelies*     •   •  % 

Quand  le  peigner  cft  à- peu- près  au  milieu  àe 
la  lotîgueur  du  î«e'gne  ,  il  détache  les  jumelles 
dt  d^iïm  h  garde  de  ce  côté  «  pour  que  récar* 
tetflcnt  produit  par  le  petit  coin  dr  i>ois  ne  force 
pas  trop  les  iumclles  ;  ëc  quand  ou  eft  à  deux 
ou  trois  pouces  de  U  fin,  on  ôte  e*itiércment 
la  g-irde,  pour  avoir  plus  d'aifance  ^  opérer,  fie 
c^n  ne  U  reme:  que  quand  toutes  les  dents  ipnt 
en  place  r  après  quoi^oj  couvre  cc<  jumelles  de 
bandes  de  papier  ♦  celles  qui  ont  reftè  ayant  dû 
en  être  cou  vert ;;s  auparavant. 

Qi;etque  attention  qu'on  apporte  I  cette  opé* 
ration  ,  le  peigne  n'efl  jamais  aufli  fc^Iide  que 
que  quand  il  cil  monté  fur  le  métier  ;  j'ai  ce- 
pendar^t  entendu  dire  qu'on  avnit  fabriqué  beaL- 
coup  d*ctoff.^s  avec  un  pareil  peigne.  Quoi  qu'il 
en  fait  ^  c*eft  beaucoup  que  d'être  vcuu  à  bout 
dç  rèp^rrr  un  pareil  «icctd^n  ;  6l  le  peigne  ne  fi- 
oit-i!  que  ti  pièce  commencée  ,  c*cft  htaaroup 
fî^g'icr*  Cate  THV.n  ton  tft  une  des  plus  heu- 
ït'ufcs    de    toute   la   fabriqHe    des  étoÂTes. 

ObftrvAtlom  générales  fur  fdrt  du  peigner^ 

Les  pelgners  qui  veulent  traiter  leurs  peignes 
avec  toute  U  régalante  poiTibie ,  au  lieu  de 
f.ire  le  hgncul  avec  du  fil  de  Uù  »  comme  nous 
i'a/ons  vu  ,  chmfiflfent  la  foie  h  plus  égale 
dans  les  foies  fines  «  Ôc  eti  afiemblent  pluficurs 
brins  ,  jufquà  ce  qu'ils  aient  atteint  la  grofleur 
nécefiaire  :  ils  tordent  tous  ces  brins  »  pour 
n'en  former  qu'un  ieul  quîis  poiffuni  enfuttc  d^ 
la  manière  qu'on  a  vue. 

On  fe  f;rt  de  ces  fortes  de  lîgreuls  panr  les 
peignes  dciîjocs  à  fai-c  des  chenitlcs  très -fines, 
qji  defliandent  la  plus  grande  régularité  de  la 
pan  du   peigner, 

Qoant  a  remploi  du  ligrfeul ,  ce  que  j'en  ai 
rapporté  ne  coodcnt  que  les  règles  générales  ; 
Oîi  s'en  écarte  quelquefois.  Dans  lliivcr,  p:ir 
exemple,  la  poîx  fe  brife  Se  s'en  va  en  pouf-» 
ftère,  en  toutnant  en  tous  fwns  le  fil  :  audî  les 
iHivncrs  curieux  de  leur  ouvrage,  ou  ne  font 
point  de  peignes  dans  les  geléev,  ou  mettent 
fur  le  métier  des  réchauds  rcmp^ii  de  fcu«  qui 
ctUfcticnueQt  autour  du  peigne  une  tem- 
pérature movérée,  Léié  ,  au  contraire ,  k  li- 
^neul  eft  i\  mm ,  q^t'on  ne  faurolt  y  loudxr 
\]k}%  chanjcr  i  ir  que  la  fiiîére  avoit  ré- 

glée :  auui   tr^  ks    pa^'juett  de   lignetil 

dans  de  Icau  fraidie  ;  &   louvtîcr,  qua4,d  il 

Tttt 


698 


PAR 


fem  que  les  doits  s'échauffent ,  les  y  trempe  auffi 
de  temps  en  temps. 

Le  fieur  Lemaire  y  dpnt  î*ai  parlé  »  a  coutume 
de  mettre  d*auunt  plus  de  réfine  dans  la  poix  , 
que  le  froid  eft  plus  grand ,  &  il  en  diminue  la 
dofe  ,  jufqu'à  Tanéantir  même ,  ^uand  .  il  fait 
chaud.  On  pourroit ,  Thiver ,  travailler  dans  un 
endroit  où  la  chaleur  modérée 'd'un  poêle  ren- 
dit la  température  convenable  ;  on  peut  fe  régler 
au  moyen  d'un  thermomètre. 

Les  peigners  ont  coutume  de  marquer  fur 
les  gardes  le  nombre  de  dents  que  contient  le' 
peigne  ;  les  uns  marquent  le  nombre  de  ponées  , 
&  d'autres  celui  des  dents.  Cette  méthode  eft 
fon  bonne  ;  mais  on  pourroit  marquer  fur  la 
longueur  du  peigne  chaqae  centaine  par  une 
dent  teinte  dans  de  la  fuie ,  ou  bien  mettre  une 
dent  d'acier  auï  peignes  de  canne,  ou  une  de 
canne  à  ceux  d'acie^  :  p«r  ce  moyen  on  np 
confondroit  jamais  les  peignes.  Cette  précau- 
tion feroit  avantageufe  aux  fabricans  d'étoffes 
de  foie,  qui  fournirent  leurs  ouvriers  de  pei« 
gnes  ,  dont  les  comptes  varient  prodigieufe- 
ment. 


l'A  R 

Il  arrive  fouvent  que  quelques  ouTriers  nféot 
les  gardes ,  d  autres  en  font  mettre  d*antres ,  & 
dans  tous  ces  cas ,  le  numéro  marqué  Ile  serd  : 
on  n'a  plus  de  reflburce  qu'4  compter  l«s  aeo:s, 
ce  qui  eft  fort  difficile ,  fur  -  tout  lorfque  les  fa- 
bricans ,  à  qui  Ton  rend  ces  peignes  >  les  mêlent 
tous  enfemble.  D'autres  écrivent  fur  les  jumel- 
les ;  mais  cette  précaution  eft  bientôt  anéantie, 
lorfque  les  ouvriers,  voyant  le  papier  s'uier  1 
en  recollent  afliz  fouvent  de  nouveau. 
^  L'expédient  que  je  fuppofe  n'cfl  pas  de  mon  in- 
vention ,  je  l'ai  vu  mettre  en  ufage*  trè^-arams- 
geufement  ,  &  rien  n'eA  auffi  rebutant  que  de 
compter  fix  ou  huit  peignes  de  fuite  pour  trouver 
celui  qu'on  cherche.  Lotfque  les  gardes  foci  de 
cuivre  ou  de  bronze  ,  on  n'a  pas  il  craindre  cène 
inconvénient ,  fur-tout  fi  l'on  met  ce  numéro  au- 
defTous  de  la  portée  du  coup  de  navette  :  au  fur* 

Î^lus  ,  on  peut  les  marquer  devant  &   derrière. 
Men  des  peigners  ont  coutume  de  mettre  leurs    j 
noms  fur  leurs  peignes  ;  cet  ufage  eft  fort  utile  »  & 
met  les  fabricans  dans  le  cas  oe  juger  lequel  de 
pluficurs  peigners  travaille  le  mieux.' 


V    O    C    A    B     U    L    A    I    R    E. 


Acier  (  peigne  d"  )  ;  c'efl  un  peigne  dont  les 
dents  d'acier  font  retenus  dans  deux  tringles  de 
métal. 

AppAREiiXEUR  ;  on  nomme  alnA  un  inflru- 
ment  qui  n'cft  autre  chofe  qu'un  fragment  des 
règles  entre  lesquelles  :  on  égale  les  dents  de 
la  largeu-  du  peigne  d'acier. 

AsPLE  ;  c'eft  une  forte  de  rouet  à  dévider. 

Cantre  (  /ii  )  ;  on  nomme  ainfi  i'afTemblage 
de  deux  montans ,  plantés  dans  une  forte  plan- 
che. 

Casses  ;  les  galonniers  appellent  cajfes  ,  ce 
que  les  autres  fabricans  en  tifTus  nomment  pei- 

CoRONFLLES  ;  nom  qu'on  donne  aux  trin- 
gks  de  métal  »  qui  retiennent  les  dents  du  peigne 
d'acier. 

CouCHURE  ;  défaut  des  dents  des  peignes 
d'acier  qui  fe  renvcrfent  ou  fe  courbent. 

Couteau -scie;  outil  du  peigner  :  c'efl  une 
lame  de  couteau  auquel  on  a  fait  des  dents  de 
fcie. 

Crever  un  peigne  ;  c'cft  en  c::fler  ou  faufler  les 
dent«. 

Dent  de  force  ;  c'efl  la  première  dent  du 
pt'i^nc. 

Dents  ;  ce  font  les  parties  parallèles  d'un 
peigne  ,  en  plus  ou  moins  erand  nombre»  entre 
Lfq"  elles  on  fait  pafler  les  fils  de  la  cha  ne  d'une 
éiotîc  qu'on  fahri.;ue. 

Dressoir  \  c'cft  une  piice  de  fer  «  comme 


une  fpatule  fort  mince  par  le  bout  »  que  l'on  fait 
pafTer  entre  les  dents  trop  ferrées  d'un  peigne. 

Ebaucher  ou  dégrojjir  les  dents  du  peigne  ; 
c'eft  paffer  pour  la  première  fois  les  dents  à  U 
filière  ,  afin  de  leur  donner  TépaiiTeur  con?i- 
nable. 

Enter  un  peigne  ;  c'eH  changer  les  dents  da 
peigne  de  rofeau  ,  d'i-n  pouce  ou  decx  de  long 
à  chaque  bout  ;  ce  qui  le  rend  prefque  neuf. 

Excarner  ;  en  terme  de  peigner  c'efl  ôter  !e 
bois  des  dents  du  peigne  de  rofeau  pour  ne  laKTâr 
que  Fécorce. 

Filière  ;  pour  les  peignes  d?  canne  ,  c'eft  une 
pièce  de  bois  dans  laquelle  efl  fîxce  la  lame  d'un 
rafoir  ,  vis-à-vis  d'on  niorceau  de  £cr  qu'on  peut 
écarter ,  eu  avancer  par  le  moyen  d'une  vis. 

Foule  ;  on  donne  ce  nom  à  un  morceau  de 
bois  entaillé  deffus  et  defibus  des  rainures  qui 
reçoivent  les  jumelles  d'un  métier  à  monter  les 
peignes. 

Gardes  ;  on  nomme  ainfi  les  deux  montans 
qui  prèfervent  les  dents  du  peigne  ,  Si  contri- 
buent à  le  rendre  plus  fo!ide. 

Jumelles  ;  nom  de  d«?ux  tringles  de  métal  , 
dans  lefquelles  font  enchâiTécs  les  dents  du  pei- 
gne d'acier. 

LiGNEUL ,  fil  de  lin  enduit  de  poix. 

Mille  de  peigne  ;  exprelHon  ^uî  défigne  on 
peigne  à  mille  dents. 

Peigve;  efpéce  de  râteau  plus  ou  moins  lorg« 


PAR 

éùût  les  dents  confenrent  Tordre  mie  doivent 
^rder  entre  eux  les  fib  de  la  chaîne  d'une  étoffe. 
•  taGmsR  ;  ou  Cûfeur  de  peignes  »  tant  de  canne 
^e  d'acier  ,  pour  la  fabrique  des  étoffes. 

Plane  ;  outil  du  faifeur  de  peignes  dé  canne  : 
c'eflun  parallélograniflie  tranchant  par  Tun  de  fes 
grands  cotés  ;  Se  à  Tautre  font  deux  manches  re- 
courbés qui  entrent  dans  les  poignées  que  Fou- 
▼rier  tient  des  deux  mains. 

POIGN^DE  L*OUTIL  DE  LA  ROSETTE;  C*eft  le 

renflement  qui  eft  am  miUeu  du  manche  de  la 
ffolètte. 


PAR 


699 


Ratelet;  nom  donné  par  plufieurs  manu&c- 
turicrs  au  peigne  de  .canne. 

Rosette  ;  on  nomme  ainfi  de  petits  cylin- 
dres de  fer  »  autour  defquels  font  diftribués ,  à  égale 
diftance  y  fcize  rayons  tranchans  par  un  côté  & 
pris  au  même  morceau. 

Rot  ;  nom  qu'on  donne  »  dans  certaines  manu«- 
£iâures  ,  au  peigne  de  canne. 

Te^er  un  peigne  :  c*eft  le  réubUr  1  en  lui  fiibf- 
tituant  d*autre  dents. 


Ttttii 


700 


PL  A 


PL  A 


B&QI 


P  L  A  T  I  N  E.   (  Art  de  là  ) 


X/EAUCOUP  d*arts  utiles  à  la  fociëti  .éfant  fon* 
dés  fur  différentes  propriétés  reconnues  des  m^ 
taux  ,  nous  nous  fommes  attachés  ,  dans  le  cours 
de  cet  ouvrage  ,  à  les  examiner  fuccefTivement 
dans  leurs  rapports  avec  les  objets  que  nous 
avio::s  à  traiter. 

Il  ne  paroîtra  donc  point  étranger  au  plan  de 
ce  diûior.naire  des  arts ,  d'y  développer  les  con- 
noiflances  nouvellement  acqulfes  d*un  métal  ré- 
ccccment  découveit ,  dont  l'expciience  8c  la  pra- 
tique pourront  tirer  des  avantages  fenûbles ,  &  faire 
des  applications  heureufes. 

Pour  remplir  ce  devoir  intércflant ,  dans  toute 
fon  éter.dac ,  à  Tégard  de  la  Platine  ,  nous  n'avons 
d'autre  parti  à  prendre  que  de  réclamer  le  traité 
favant  tk  bien  dctiillc  de  M.  Lewis  ,  célèbre  chy- 
mifte  &  phyficicn  anglois  »  en  y  ajoutant  quel- 
ques expériences  faites  depuis  fon  travail  inter- 
prété en  françois  par  M.  de  Puifieux;  ■-      ,/     ' 

Cemémoire  fe  trouve  dans  un  excellent  recueil 
d'expériences  cbymiques  &  phyfiqucs ,  publié  par 
Dedaint ,  libraire  ,  en  1768. 

CcA  M.  Lewis  qui  va  enfeîgqer  lui  -  même 
fur  ce  mhal  précieux  (jl  dcâriiie-TuAiii^eufe. 

La  Pldtlnc. 

An  commencement  de  l'arntc  1749  ,  ou  ap- 
pma  c!c  la  Jam..iqL-,e  en  Anglctcni:  une  qu;:n- 
litc  d'une  fubiUuce  métallique  blanche  en  grains , 
qui  étoit  à  peine  connue  jufqu'a'ors  en  Europj , 
éc  quVm  nous  dit  étic  une  production  des  Indes 
^ccioent'dlts  efpagnolcs  ,  oii  elle  cil  appeiîe  f'/.ï- 
tind  ,  P'jund  ùc  P'into  ,  ou  Jujn  bî^nco. 

Le  nom  dci  FUtina  paro.i  être  un  diminutif  de 
PLitJ  ,  qui  figrifie  argent,  &  confequ::mment  cx- 
prln-er  rapparcnce  la  plus  fcnùble  de  ce  corrs  , 
de  ce  métal  en  pttiis  grains  6c  de  couleur  ci'ir- 
gent. 

Le  nom  de  Pi:i:o  qu'o;:  y  joint ,  peut  faire  fup- 
p(  1er  que  c'cli  ainfi  qu'on  appelle  quelque  canton 
ou  diftrid  p:.rticilicr  cii  on  le  trouve.  Je  n'ai 
porriant  rcnf  entre  ce  ncm  dans  aucune  dos  def- 
cripticiis  OU'»  j'ji  lue^  de  l'Amérique  cfpagnole  ; 
mais  M.  Crcnftedt  ,  dans  un  eFai  pour  i.n  nou- 
veau fyftèmv;  minerai  public  depuis  peu  en  Suède , 
en  parlant  de  la  platine  dans  le  cours  de  fon  fyf- 
téme  9  appelle  le  lieu  d'où  on  l'appoite  Rio  Ji 
Pin:o, 


'■  S071  'auti'e  nom  de  'Juan  planco,  vient  f>eut*éire 
dfe  quelques  fraudés  qu'on  a' pratiquées  avec  cette 
matière  ,  à  caufe  de  la  difficulté  donr  il  eft  de 
féparer  Tor  qui  s'y  trouve  mêlé  ,  ou  parce  qu  elle 
eft  réfrafl.\ire  entre  les  mains  des  ouvriers  :  car 
de  même  que  chez  nous  on  appelle  taut  com- 
munément Black'Jdch  ,  une  terre  de  couleur 
brune ^  c'eft  à-dire^  un  minéral  qui  a  l'apparence 
d'une  mine  métallique  »  mais  qui  foutient  toutes 
les  fortes  d'elT^is  fans  donner  aucun  métal  ,  les 
Efpagnol s  peuvent  bien  de  la  même  manière  avoir 
donné  le  nom  de  Juan  blanco ,  Jean  blanc  ,  ou 
efpèce  de  métal  blanc  ,  à  ce  corps  métallique 
fingulier  qui  »  quoique  avec  l'apparence  &  la 
pefanteur  vraiment  métallique  ,  &  en  quelque 
forte  malléable  ,  a  pourtant  réfiÂé  à  tous  leseffais 
pour  le  fonJre  ou  le  mettre  en  fuHon. 

CnarlcG  Wood ,  grand  eflayeur  à  la  Jamaïque , 
a  va  datisi  cette  ifle  un  peu  de  Platine  ,  huit  on 
neuf  ans  avant  qu'on  en  ait  apporté  en  Angle- 
terre. Il  di^  qu'elle  avoit  été  apportée  de  Cardia- 
gène  ;  que  les  £fpagnois  avoient  une  méthode 
de  la  fondre  &  4*en  jeter  en  moule  différentes 
(brtes  de:bl]oux  ;  que  ces  bijoux  font  fort  com- 
mues dan»  le«|lrides  occidenralesefprgnoIcs;que 
l'on  avoit  Vp porté  à  Carthagène  quelques  livrts 
de  ce  métal  p6ur  moins  que*  le  même  poids  d'ar- 
gent, &  qu'on  le  vendoit  précédemment  a  besu- 
coiip  plus  bar.  prix  :  il  en  donna  quelques  éclu:- 
tillons  au  doàUur  Brownrigg ,  qui  en  fit  préfent,  ea 
1750,  à  la  Société  Royale. 

Le  peu  de  rapport  qu'il  y  a  entre  ce  dét..il  & 
le  préîie'J^nt  ,  par  rapport  à  la  fufibllité  de  li 
platine  y  fc  Cvnciiie  atiement  en  examinant  les 
échantillons  de  M.  Wood.  Quelques-uns  d'eux 
étoicnt  de  la  vériuble  platine  en  grains,  appelée 
Platine  native  ou  minérale  «  que  nous  avons  tOLt 
ii'jii  de  croire  que  les  Efpagnols  n'ont  jaosa'S  c:î 
en  état  de  fondre.  Mais  il  y  en  avoii  un  d'us 
mjtal  a^uiel  coulé  y  qui  étoit  un  morceau  dj 
pommcLu  d'une  épée.  On  m'en  envoya  une  por- 
tion pour  en  faire  l'eiTai  ,  &  par  Ja  fuite  je  fus 
gratifié  d'un  grand  morceau  d'un  lingot  de  à 
même  efpèce  ce  métal ,  par  milord  comte  it 
Macclesfield  ,  ci-devant  préfident  de  la  Sociûc 
Royale.  Je  tronvai  que  ce  métal  fondo.t  aTtc 
beaucoup  de  facilité  ;(k,  félon  les  apparences , c£ 
n'ctoit  pas  de  la  véritable  platine  ,  mais  une  com- 
pofidon  de  pl?.tine  avec  quelques  autres  corps  a:- 
ulliques. 


P  L  A 

Comme  on  a  iouvent  confondu  le  métal  com- 
pofè  avec  la  plituie  même  ,  &  qu^on  lui  a  donne 
*  ic  même  nom  ,  U  en  cft  rtifalté  quelques  mépn- 
ic$  coofidéraMcs  par  rapport  aux  propriétés  delà 
platlnt  ,  dont  je  ferai  dj  tem^s  en  temps  la  re- 
marque dmi  le  couis  de  nos  expériences,  lî  me 
fu^r  ici  d'avoir  obfcrvè  que  le'mètal  coulé  diffère 
niwrieUement  de  la  véritable  platine  qui  fait 
l'objet  de  ce  mémoire. 

La  platine  ne  carda  point  à  attirer  rariention 
écs  pbilofophcs  6:  des  mètallurgiftes  ,  parce  qu  on 
lui  trouva  du  rapport  avec  Tor,  dans  plufieurs 
panicuUrirès  remarcujblcs. 

Cette  convenance  qu'elle  a  avec  Tor ,  Ta  fait  ap- 
peler par  quelques-uns  or  hlun:. 

Bi^;^llCGup  de  gens  aulB  ont  été  cng;igcs  par  là 
à  pcnfcr  qu*cn  tffsjt  la  pbtine  n'ctoit  iiutre  chofe 

Iquc  de  l'or  déguifé  par  une  enveloppe  de  qucî- 
«uc  matière  éiiiingèrc  ;  Ôt  on  a  cfpérc  pouvoir 
llécouvnr  des  moyens  de  la  dépouilkr  de  cette 
eftvcloppe ,  6i  4e  mettre  a  déccuvert  l*or  qu'un 
luppotoit  y  être  Cî.chè. 
Mais  pius  en  Tei^mme,  p!us  cette  notion  a 
paru  ridicule  &  peu  probable,  &  plus  on  a  trouvé 
•deraifons  pour  croire  que  la  platine  efï  un  meta] 
dune  cfpéce  pariculièrc^  diftinguà  d'avec  l'or 
par  ia  nature  ,  auffi  bien   que  d'av«.c   les   autres 

I  métaux  ,  quoique  revêfu  des  proprictcs  qu*on   a 
C/a  fufqu  a  prêtent  conititucr  le*  véritabltç  carac- 
tères-de  Tor ,  ou  n*ètre  pofîcdées  qi>e  pir  Vor  feu!  ; 
^lie  forte    qu'on  rapporte  que  qi^clquc^ois  on   a 
(«mêlé  fraudulcufemcnt  de  ce  nouveau  métal  ivcc 
l'or  dans  une  quantité  fort  coofidcrable  ,  fans  quM 
fiu.  podible  de  Tcn  féparer ,  ni  de  le  diflïneucr 
•p^r  aucune  ét%  méthodes   quon    emploie  ordî- 
nairement  pour  clT4yèr  IW  ou  pour  le  rafiner. 
Lcxamcn  complet  d'un  pareil  cox^i  a  paru  de 
I U  dcrnitrc  importance  ,  parce  quM  regarde  non- 
feulement  la  découverte  des  diverfcs  propriétés 
de  la  platine  ,  objet  déjà  afTcz  întéreiTant  par  lui* 
mà.iic,  maisoarciJlcmenr,  ce  qui  Tefl  encore  pluji, 
le  moyen  dVmpécherles  abus  auxquels  elle  pour- 
rait donner  lieu  ,  &  de  s'aiïurcr  de  la  finefic  &' 
1       et  de  la  valeur  du  précieux  métal  j  en  forte  que 
H  il  on  ne  parvient  pas  à  bire  de  la   plaiÎGe  une 
IK^narchandife  utile  ,  du  moins  elle  ne  puiiTe  pas 
.  davantage  en  être  une  dangereufe.  , 

Pl*ai  coirimer:cé  cet  examen  en  1749,.  mais  Je 
fl^ai  pas  eu  31  lors  la  commodité  de  me  procurer 
affe^  de    platine ,  pour  pouffer  mes  cipéricoct:s 
aittilî  loin  que  je  me  propofois  ;  car  uo  métal  fi  ex» 
cmtnt  nouveau,   du   moins 
!  TTiOf»'^e  ,  dont  on   ne  con- 
'lérales ,  6i  en- 
,  méritoit  d*éfte 
<à  toutes  ^    d opérations  que  Ion 

lie  fur  jcs  nu'iaui  ,  £ç   à   tous  Jes 

p^cns  dcuc  on  trouve  que  les  autres  métauit  font 
afisftéfi  . 

hfx  cânnnenccfaent  de  Tannée  1754»  (on  ex* 


P  L  A 


701 


crllcnce  le  général  Wall ,  pour  \on  ambaiTadeur 
d'Efpapnc  me  mt  en  état  de  pcmrfuivrc  mes  ex- 
périences ,  en  mVn  envoyant  environ  cent  onces  , 
6c  dans  la  fuite  J'en  rc^us  encore  des  quantîtés 
plus  confidérables  par  le  moyen  de  quelques  autres 
perfonnes. 

Les  chymi/ics  les  plus  habiles  &  les  plus  ex- 
perts de  rEuropc,  fuivirent  mon  exemple  ,  dés 
qu'ils  purent  fe  procurer  de  ce  nouveau  métal , 
èi  plufieurs  d'entre  eux  ont  déjà  de  temps  en  temps 
publié  le  iruit  de  leurs  recherches* 

La  première  chofe  que  j'ai  vu  imprimée  for 
cette  matière»  cftîe  mémoire  de  M»  Wood  ,  dans 
le  44/  volume  d«s  Tranfttftions  philo Jophïquti^ 
pour  les  années  1749  ^  '75^*  ^^^^  teiuarqucv 
hîftoriques  dont  je  viens  de  donner  Tvxtrait  , 
M*  Wood  ajoute  quelques  expériences  faites  en 
partie  ,  comme  on  peut  le  piclumer  par  leur  évé- 
nement  ,  fur  la  véritable  platine  en  gr*;inï  ,  6c 
en  partie  fur  le  métal  coulé.  Une  de  cts  expé- 
riences ,  favoir^  le  traitement  du  métal  coulé  avec 
du  plomb  â  la  coupelle  ^  a  été  rvpécéc  depuis 
avec  pl'is  de  circonfpeÂion  { ar  le  doâcur 
Brownrigg, 

On  a  tnféré  ,  daos  la  féconde  partie  du  quaram^ 
huitième  volums  des  Trdn fanions  pour  Tannée 
17^4  ,  le  détiil  des  principales  cxpcficnces  que 
j  a\oîs  faitL's  ulors   fur  la  platine.   F  -   di- 

vifécs  en  quatre  mcmcî^^î^,  qui  ont  -  .de 

deux  autres»  qui  fuiit  Imprimés  dans  m  voiiMBc 
fmv^nr. 

Après  avoir  publié  les  quatre  premiers  »  je  fus 
infoimé  que  M*  SchclTer  avott  auiVi  donné  un 
eXTimen  de  ce  métal  dans  ït  HandlinCétr  ^  de  Taca- 
dcmie  des  fciences  en  Suéde  pour  l'année  1753. 

Ccs  livres  n'étant  pas  faciles  a  fe  procurer  dans 
ce  pays*ci ,  6c  d*aïUcufS  étant  écrits  dans  une 
langue  que  je  n'entends  pas  ,  il  s  cil  pa(Te  quel- 
que temps  avant  r  iTe  tirer  aucun  avan- 
tage tU  frç  rccbet  .  \ài  irouvécb  curieufés 
&t  irr  s  ,  fie  pouces ,  quoique  moins  que 
je  n*.  .  haité,  beaucoup  plus  loin  pourtant 
que  je  ne  m'y  attendois  ,  d*autant  plus  que  pour 
i*«ire  fes  principaics  expériences,  il  n'avoit  que 
cent  grains  de  métal  crud  .  dont  il  ne  put  tirer 
que  quarante  |;ratns  de  platine  fur  quoi  triàvailier  « 
bt  ^ue  d'abord  il  r'avoit  aucune  notion  qu'elle 
pôdédat  aucunes  propriétés  lemarquables  ,  mais 
la  rcgardoii  d'abord  comme  un  minerai  qui  oon- 
tenoit  du  fer.  Il  e(l  vrai  que  dans  la  fuite  ii  en 
obtint  un  peu  plus  ,  mai»  ce  ne  fut  encore  qu'une 
autre  peiîie  qu;!ntité* 

Ces  cxpi^riences  furent  hittê  à  h  rtetititmanth- 
tion  de  M.  TaiTciTcur  P  *fi- 

fbmié  dépars  peu  »  dan^  Im  » 

qnti  apporta  la  platmc  de  5   > 

environ  auaTfc  anv  avant  *\'  -  çn 

un  éL%  vobmt^s  fut  va  ni   du 

A.,. ^,  ,    :.,v^uis  ,    il  y   ^  i^n  stutr^  mémoifc 

du  même  faraat|  contenant  des  oblervations  fur 


703 


P  L  A 


quelques  panles  de  la  mine ,  concernant  les  gn- 
viiéi  fpécifiques  des  mélanges  de  platine  avec 
d^autres  corps  métalliques. 

On  a  publié  à  ParU,en  1758,  une  traduftîon 
françoife  de  tous  les  mémoires  ci-defTus  ,  e^cccptè 
du  dernier  de  M,  Schetfer,&  de  mes  deux  dcf- 
niers  qui  n'étoicni  pas  venus  à  la  connoiffance 
du  traduéleur  ,  le  tout  fous  le  tiire  de  la  pLi- 
fine  ,  or  blanc  ou  huitième  métah  On  a  ajouté  à 
ce  traité  Teitrait  d'une  lettre  de  Veniie  ,  con- 
tenant ce  qu'on  peut  appeler  Thil^oire  alchy- 
mïque  delà  platine» qui  ne  renferme  aucuns  faits 
nouveaux  ,  mats  feulement  quelques  réflexions 
lirces  de  ceux  que  î*âi  rapporté*. 

Le  profeileur  Marggraf ,  de  racadémîc  des  fclcn- 
ces  de  Eerlin  ,  ayant  obtenu  de  Londres  une 
certaine  quanfiiè  de  pîatine,  HtdelTus  une  grande 
fuite  d'eïpérienccs  ,  en  répétant;  ou  plutôt,  fui- 
vant  qvielque'-unes  des  miennes  ,  il  en  ajoura 
beaucoup  de  nouvelles.  Elles  parurent  d'abord 
dans  une  traduéllon  françoife  parmi  les  mémoires 
de  racadèmie  di  Berlin  ,  pour  Tannée  1757,  im- 
primés en  1759.  Depuis  elles  ont  été  publiées 
plus  correflement  ,en  leur  langue  originaire  alle- 
niard:^d.ms  le  premier  y&lume  d*une  colle^ion 
de  fcs  ouvrages  chymiques,  dont  on  attend  avec 
empreflement  la  continuation. 

Il  y  a,  dans  les  mémoiies  de  Tacadèmie  des 
fciences  de  Paris  ponr  1758  ,  imprimas  en  ij6y  y  ' 
un  mémoire  fur  ce  métal  par  MAL  Macqucr  & 
Daumé  ^  conjointement,  qui  outre  qu'ils  ont  ré- 
pète ^  varié  plufieurs  de  mes  expériences,  donc 
ils  ont  tiré  quelques  nouvelles  conféqucrnccs  »  ont 
expofé  la  platine  à  un  agent  que  les  autres 
n'ont  pas  eu  la  commocité  d*c(?ayer,  je  veux 
dire  ,  i  un  grand  miroir  ardent  concave,  Tls  avoient 
reçu  leur  platmc  de  Madrid  ,  dou  on  leur  en 
avoit  envoyé  une  livre. 

Voilà  à  ma  connoiOaiice  les  feuls  écrivains  qui 
Aient  traité  de  la  platiitt  exprcdcmcnt  ^  fit  en 
aienr  fait  des  expériences.  Quelques  aurres  cr  ont 
parlé  par  i>cc«fion  feulement  ,  particulièrement 
M»  Cronftedt  &  M,  Vogel ,  dans  leurs  nouveaux 
(yrtémes  minéraux.  Le  premier  en  a  donné  en 
général  un  dctail  fort  exa^  ;  mais  le  dernier  me 
*  paroit  s*être  mépris  en  plufietirs  points  ^  dont  je 
ferai  mention  en  leur  lieu. 

Dcf^uis  la  publication  de  mes  expériences  dans 
les  Tran/afiions  philoft?fhiqufs  ^  j'en  ai  à  diffé* 
rentes  fovs  ^^outé  d'autres,  6t  j'ai  tâché  d'afler- 
tiord"  quelques  propriétés  de  la  platine  qu'on  n'avoit 
encore  touchées  que  Tuperficiellement.  Maintenant 
•  il  ne  manque  plus  rien  ^  par  ra^poii  à  ce  métal  ex- 
fraordinaite  ,  qu'une  hiilairc  régulière  de  ce  qu'on 
a  tait  jurqu'ici  ,  ou  un  coup  d'oeil  fuivi  des  expé- 
riences qu'on  a  effayces  fur  cette  matière.  V<Dilà 
rob]Ct  que  je  me  propofe  ici  i  je  citerai  par- 
tout les  auteurs  des  faits  qui  ne  font  pas  lires 
de  mon  propre  journal  ;  &t  quand  je  rencontre- 
lal  quelques  doutes  en  comparant  les  différens 


p  L  A 

détails  ,  je  ferai  de  nouveaux   eflaU  par 
même* 

Defcriptwn  de  U  Platine» 

La  platine  en  grains ,  telle  qu'on  f apporte  en 
Angleterre  »  eft  d'une  couleur  blancliàiTC  bril- 
lante ,  un  peu  approchante  de  celle  de  Tardent, 
mais  moîns  blanche  ;  c'eft  probablement  de  cette 
relTembiance ,  qui  devient  beaucoup  plus  gtande 
quand  ia  platine  a  paiïc  par  certaines  opcratiom, 
Qu'elle  a  probablement  tiré  fon  nom  ^  comme  ûd 
la  déjî  remarqué.  M.  Macquer,  compare  fa  cou* 
leur  à  ctllc  de  la  grolTe  limaille  de  fer  non  tooîl* 
lée  i  mais  tout  ce  que  j'en  ai  vu  ètoit  de  beau- 
coup plus  blanc  qu'aucune  limaille  de  fer*  Ccttt 
diftérencc  d'avec  le  fer  a  été  aulTi  reoiarqttèt 
evprciïèment  par  M,  Scheffer  ;  car  dam  le  teapi 
même  qu'il  ne  (oupçonnoit  pas  encore  la  pbbne 
d'érre  un  nouveau  métal  diAingué  des  aurres  , 
il  difoit  Tavoir  prife  pour  du  ivr  qui  avoir  été 
bbnchi  extérieurement  par  quelque  accideoc 
M«  Marggraf  ditcuc  la  couleur  en  e(l  d'un  bbiç 
qui  tire  un  peu  fur  celui  du  plomb. 

Autant  que  j*at  pu  le  remarquer.  Pair,  Vhù' 
midiié  ,  ni  aucunes  des  exhalaifons  qui  fomrépaih 
dues  communément  dans  rathmofphere  ,  ne  a^ 
nitrcTvt  ni  naltètent  la  couleur  de  la  pianos.  Êlk 
réiifîe  aux  vapeurs  qui  décolorent  TargeiiT ,  à 
par  oit  auffi  permanente  oue  celle  de  Vot  pur. 

Les  grains  font  de  aiffé rentes  grofTeurs.  D  j 
en  a  d^auïTi  gros  que  de  la  graine  de  Un  ,  mÎA 
U  plupart  font  beaucoup  plus  petits.  Leur  figure 
aulTi  eA  variée  &  irrèguliére  ;  les  uns  approcheiK 
de  la  forme  triangulaire  ,  &  d'autres  plutôt  de 
la  circulaire.  La  plupart  font  plats  ^  jartiais  do- 
butatrcs  >  6t  bien  peu  ont  une  convexité  remarqua* 
ble.  La  furface  en  e{l  unie  ^  &  les  bords  &  ks 
angles  en  font  généralement  arrondis.  En  les  a> 
minant  au  microfcope  ,  la  furface  parott  en  qtic^ 
ques  endroits  raboteufc  ;  les  préémîneiices  en 
ont  Tair  brilhnt  &  poli  ;  les  cavités  font  nte 
&  d'une  couleur  fombre ,  comme  ft  oq  eût  ^ 
ché  une  matière  poudreufepar-de{Fus.  J*at  m  00 
petit  nombre  de  grains  qui  ont  été  attirés,  quoi* 
que  ttès  -  foiblcment,  par  uoe  barre  de  fer  ér 
mante. 

Suhjlanccs  miUtt  avu  U  platiné  luthu 

Il  fe  trouve  plufieurs  matières  hètéro^éfieiefllf^ 
mêlées  avec  les  grains  de  platine.  Quc&qite»-vMi 
font  cfi  petites  particules  ou  poufTière  ,  qu^ot  ci 
peut  f^ parer  avec  un  tamis  fin  :  d'autres  (rat 
plus  ^rande^  6c  peuvent  fe  distinguer  à  ta  Vtti 
ëi  même  en  é^re  triées.  Ces  fubilances  «  da  «min 
dans  les  différentes  parties  de  platine  que  )'& 
vues«  étoient  les  fulvantes  : 

t^.  Une  quantité  confidérabte  de  pouflîète  M»- 
tàire  I  qui  paroiffoit  compofée  do  deitt  fi»Ub*» 


P  L  A 

ccf  fIiiïembUbt€$  ,  une  partie  ayant  été  attirée 
vi^oureufement  par  une  b^rre  magnétique ,  &  le 
rcrfîe  ne  rayant  point  éié  du  tout,  La  partie  attirée  eA 

'  d'une  couleur  noire  brillante  &  toncàe  qui  rsf- 
ft^mble  beaucoup  au  fable  noir  de  la  Virginie  :  le 
rcrte  a  un;  nuance  brunâtre  ,  avec  plufieurs  par- 
licules    huilantes    cotre  -  mêlées  ,  qui    paroiuenr 

I  être  des   fragmens  des  grains  de  la  platine  elle* 

I  même. 

U  cA  probable  que  la  rude(û:  Sl  U  couleur  nbf- 

»ciife  des  cavicés  des  grains  de  platine ,  &  h  qua- 
lité   magiéiique   de  quelques-uns  de  cesgraius^ 
pro^icnrent  di  quelque  portion  de  ces  poudres 
étrangères  »  qui  y  font  adhérenreSt 
i*^.  Ou  a  oiiftrvé  parrrt  les  plus  gros  gr.iîns  de 
platine  ^  répares  par  le  moyen  d'un  tamis  clair  , 
■     '    *       s  particules  Li^une  couleur  obfcurc  »  irré- 
I  ,  quelques-unes   noirârrcs ,  d'autres  avec 

KLjit.  a  ;4nce  de  rouge  brunâtre  ,  reffemblant  en  ap- 
B|iarcfjce  à  des  fr^igmens  d'cmcril  ou  d*  pierre  de 
fouche.  Quelque::  uns  de  cwuxci  éroieni  atiirés 
par  raimant  fort  faibUm^nt ,  6c  les  autres  point 
idu  tout,  Li  pouiïiére  non  magnétique  du  para- 
igraphe  précédent  paroit  n'être  que  des  fragmens 
Ipîus  petits  de  cette  dernière  efpèce  de  m^rîèrc. 
I  3*.  Il  y  avoit  quelques  psrricules  j-^jnes  tk  ru- 
lil^s  ,  fort  maUé^Kcs  f  qui  paroi  (Toit  être  de  Tor^ 
lniils  non  far.s  un  mélange  de  platine.  On  don- 
Incra  ci  après  un  plus  gratid  cx*,iuen  de  c-s  par- 
[ûcules  d'or.  Leur  qi^antltc  diffère  dans  différenies 
[parties  du  minéral.  Douze  onces  du  plus  riche  qui 
une  fait  patTc  par  «es  ma  ns  ?yant  été  triées  avec 
t£o\n  avwc  r^idc  d'une  loupe  «  les  grains  jaunes  , 
Icnti^rcment  nu  en  pittic ,  n*ont  monté  qu*â  en- 
ivlron  la  pcfantcur  di  diux  deniers  ,  ou  une  par- 
|tk   fur  Cent  vingt  du  mucte. 

4*,  Peu  de  globules  de  vif-argent  contenant  de 
For  f  »vec  qnclqucs  particbles  de  platine  entre- 
isaèliîes  &  très-fortement  adhérentes.  Mitg^raf 
[a  obfcrvé  pareillement  un  peu  de  vif-argent  parmi 
le  la  pLtine  quM  a  examinée  «  zyant  été  indi.tt 
Ejk  U  regarder  avec  aaeiiticn  ,  en  tr  uv^nt  q^ue 
Icuand  i!  eut  pouifé  une  or.cc  de  pl.-:ine  k  un  tcu 


PL  A 


705 


pouïl 


eu 

fvîolcnc  ,  dans  une  retarte  de  verre  ,  il  paiT.;  dans 

le  rccîjicm  un   peu  de   véritable    mercure  coi^- 

1mm.  Vogcl  a  rangé    ^u   nombre  d^s  proîiiéiés 

ncHivcltcs  de  la  platine  ,  ctccouvcrtes  par  Mr.rg- 

Etaf,  qu'elle  dunne  du  vif-af^cnt ,  &  qu'elle  con- 

[tient  quelques  parties  ma^nctiqucs  ,  quoique   la 

Lprcmtere  de  ces  dirux  choies  foii  apportée  parti- 

iciilîerement  dans  le  premier  de  me<  milmoires  ,  im- 

f>rîïTièv  d  a  ni  les  Tr^fffjÛItïns  p  f^'cfs^fhiques  ^  &que 
_  a  f ►  conde  foît  non  feulement    en   cet    endroit , 
i4is  cfiCjre  qû*elîe  ait  été  reconnue  par  fou5  ceux 
|tat  ont  donné  Je  détail  de  leurs  expériences  fur 
'  ce  rrMuraL 

^*.  Quelques  belles  parrîçuks  tr^nfparentcs  & 

rf^ns  couleur  ,  qui  fe  taff-  '  nent  fous 

le    uianeau  ,  &    fur  lefqrv  te  n'^gif- 

{oïi  pas  fcAlibtemeot.  Ce  iuat  prôi^ai^tciDenf  des 


fragmens  de  Tefpcce  dure  de  pierre ,  qui  enve- 
loppe fréquemment  le  métal  dans  les  mines  »  & 
dans  lefquels  on  trouve  le  plus  fouvent  logé  Tor 
natif  que  les  allemands  appellent  quart^ ,  mais 
à  qui  op  n*a  point  encore  *  que  je  fâche  ^  donné 
en  anglois  aucun  nom  diAinàtf. 

6  ,  Fort  peu  de  particules  irréguliéres  d'une 
couleur  noire  d'*  jayet,  Cdles-ci  fe  calToicnt  bien 
sifémcDt,  &  reiïemblolent  à  des  efpéces  fines  de 
chirbon  de  terre.  Mifes  fur  un  fer  rouge  ,  i^lie* 
ietérent  une  fumée  jaunâtre  ,  6c  t  jpndiftnt  une 
odeur  comme  du  charbon  brûlant. 

Les  obfervations  précédentes  do  nnenr  quelques 
raifcns  de  foupçonn-rr  que  ce  minéral  n\ft  pas 
Venu  jufqu'à  nous  d.ms  fa  forme  naturelle  \  qu'il 
a  été  probihlemeni  broyé  dans  les  moulins  ,  6c 
travaillé  avec  le  mercure  ,  pour  en  ot  aire  les 
particules  d*or  qui  y  étôîent  mêlées.  Mais  nous 
confidérerofTS  plus  parriculiércment  fon  hiAoîre 
minérale,  quanu  nousaurons  fini  rhifioire  des  expé- 
riences ;  car  jufquc-lâ  certains  points  ne  peu- 
vent pas  être  fuflrifainment  entendus.  Il  faut  feu- 
lement faire  attention  ici  que  toutes  ces  matiè- 
res font  abfolument  aivcntices  à  la  platine  ;  que 
leurs  quantités  varient  beaucoup ,  &  que  d^ns  cer- 
taines parc  J!es  il  femble  en  manquer  une  ou  plu- 
ficurs  enfemble  :  h  matière  magnérlque  ou  ler- 
rugin'ufe  cfl  toujours  la  plus  confidérabîc  ,  & 
peut-être  le  feul  mélange  conAant  Je  ce  métal. 

Grav'ué  fptjklque  de  U  flatme. 

Le  minéral  appelé  pLtlnt  étant ,  comme  on  là 
dc]i  vu  ,  Mn  mélange  de  miuercs  fort  diFcmbla- 
h'es  ,  qui  ne  font  pas  umf  »rmément  fondues  en- 
fem!;*e ,  j'en  ai  pefé  hydrùAiiiiqucoient  plufii^urs 
parccîUs  diScrenics  ,  prenant  tantôt  quatre  ou 
cinq  onces  pour  une  expérience  »  &  dans  une 
autre  douze  onces.  DAns  la  plupart  des  effats 
la  gravité  *>ft  trouvée  à  celle  de  Teau  ,  à  peu- 
près  comme  17  à  \  ;  cilc  n'j  jamais  été  mjmdre 
que  16,  soo  ♦  ni  plus  g^^aHc  qu-  17,  2.0a.  La  gra- 
vité de  U  platine  a  étc*ciïr*minée  aufîi  par  Je 
do^^cu^  Pcmberton  &  M.  Elliçott  •  qui  tou«  les 
dc^ux  <^ni  rapporté  qnVlir  éîoit  cftviron  17.  Feu 
M.  Sparkcs  m'a  \v\tormk  qu'un  échaniiUon  dont  il 
a  h%t  TcfTai  »  n  avoit  rendu  que  16  ;  âc  le  do^Slrur 
Davîes  dit  qu*il  eu  a  pcfé  une  parcelle  dant  la 
gravité  fe  trouva  é*re  17,13^. 

Pouf.ipprocher, autant  qu'il  cA  poAîble^de  U 
pefantcur  fpéc ifique  de  la  platine  pure  ,  j'ai  fl*prré 
itn^  quantité  des  p!us  gros  grains  avec  un  lAmis 
groAîer ,  &  j'ai  tâché  de  Irv  ncftoyer  de  la  pouV 
ficrc  qui  pouvolt  y  i;trc  .idhcrcote,  en  les  faifsnt 
b::)uvJλ''  ^^^^  l'cï»"  f<^nc  »  &  les  mêlant  avec  du 
fcl  ammoniac  ,  6t  fofçint  le  ftl  d*cn  f-ntr  par  le 
(c\A  M  &  cnfuite  Us  bv,  nt  cî.^ns  oc  TeatiJ*  i  m  uvé  , 
après  bien  des  cCai* ,  que  la  griviré  de  c^iii*ci 
étoit  de  plus  de  t8  ,  quoique  avî:c  le  m  crfccpc 
on  découvrit  encore  une  portion  de  matière  aot* 


704 


P  L  A 


râtre  dans  leurs  cavités.  Le  thermomètre  de  Fah- 
renheit étant  à  40  degrés ,  une  quantité  de  ces 
grains ,  qui  dans  Tair  p^foit  642  ,  pefa  dans  l'eau 
diftillée  606  \  ,  ce  qui  fait  revenir  la  gravité  fpé- 
cifiquc  «1  iS  ,  213.  Ce  fut  fans  doute  les  plus  gros 
&  les  plu?  pu. s  que  M.  Mar(|;graf  examina,  quand 
il  ('xa  la  gravité  de  la  platine  à  celle  de  Ter ,  comme 
18  \  cit  à  19. 

La  pefanteur  remarqu  ble  de  la  pUtine  parolt 
avoir  été  principalement  ce  qui  a  fait  croire  qu'elle 
où  riche  e.i  or  ;  &  beaucoup  de  gens  infiAcnt  en- 
core fur  ce  point ,  comme  une  preuve  qu'elle  l'eft 
en  effet  ,  conformément  à  Taxiome  général  dort 
on  a  déji  fiit  mention  dans  l'hiitoire  de  Tor  ,  qui 
a  été  unlverfellemcnt  adopté  depuis  fi  long-temps  , 
qu'on  ne  peut  pas  f;:  perfuader  aifément  qu'il  foit 
faux  ;  favoir ,  que  comme  le  mercure  eft  de  tous 
les  corps  connus  jufqu'ici  ,  cdui  dont  la  pefan- 
teur approche  le  plus  de  l'or ,  tout  corps  qui  eft 
plus  pefant  quî  le  mercuredont  la  gravité  eft  en- 
viron 14  ,  doit  «léceîTairCment  contenir  de  l'or.  En 
confcqucnc2  on  a  a'Turé  que  la  platine  contient 
un  vingtième  ,  un  dixième  ;  d  autres  ont  même 
été  jufqu'à  prétendre  qu'elle  contencit  un  quart 
d'or  pur  ,  le*  refte  n'étant  qu'une  matière  ferru- 
gincufe  qui  enveloppa  l'cr. 

Mais  n  0/1  fuppofe  que  la  platine  contient 
même  cette  dernière  quantité  d  or  ,  je  conçois 
que  la  même  difHcultc  fubfillera  encore  ;  &  que 
l'axiome  fera  auffi  efficacement  détruit  que  fi  elle 
n'en  contenoit  point  du  tout.  Si  la  mntiérc,  mêlée 
avec  l'or  dans  la  platine^  eit  ferrugineufj ,  on  ne 
peut  pas  admettre  que  fa  gravité  fpéciâque  foit 
plus  que  8  ;  car  le  fer  pur  feul  re  monte  pas  à 
cette  pefanteur.  Or  fi  huit  parties  de  cette  matière 
perdent  x  dans  Teau  ,  30,000  parties  perdront 
5750 ,  &  10,000  parties  d'or  (  la  gravité  de  ce 
métal  étant  19,300  )  perdront,  0518  ;  de  forte 
que  40,000  parties  du  compofé  perdront  4268  : 
ainfi^en  divifant 40,000  par  4268  ,  rous  avons 
9,372  pour  la  gravité  du  compofé.  La  gi^avité 
lie  la  platine  ne  devroit  pas  être  plus  forte  que 
cela ,  fi  fa  compofuion  étoit  telle  qu'on  la  fup- 
pofe ;  de  forte  qu'une  partie  d'or  enveloppée 
dans  trois  de  matière  ferrugineufe  eft  bien  éloi- 
gnée d'expliquer  la  pefanteur  du  minéral.  Pour 
taire  que  fa  gravité  (oit  17  ,  il  faudroit  que  la 
quantité  dor  fût  de  dix  parties  dans  11  de  la 
ma  (Te. 

Si  on  fuppofe  que  la  matûère  mêlée  avec  l'or , 
n'fft  point  du  fwr  ,  mais  quelque  chofe  d'une 
nature  plus  pefante  ,  examinons  quelle  doit  être 
fa  pefanteur.  Si  l'or  eft  mêlé  avec  trois  fois  fa 
pcunteur  d'un  autre  matière,  &  que  la  gravité 
du  mixte  foit  17  ,  alors  4  parties  ^  d'or ,  &  xa  Jde 
l'autre  matière,  perdront  enfemble  1  dans  de  l'eau. 
Lis  4  i  ou  4  ,  25  d'or  perdent  22  dans  l'eau  ; 
de  forte  que  12,75  de  l'autre  m:itiére  doivent  per- 
dre 78 ,  d'où  la  gravité  de  cette  dernière  revient 
à  plus  de  j6:  par  conféquent  fi  on  fuppofe  que 


P  L  A 

la  platine  contient  de  l'or ,  parce  qu'elle  appro* 
che  de  l'or,  pour  fa  pefanteur  (nècinquey  il  faut 
encore  admettre  qu'il  y  a  une  lubftance  qui  fait 
le  même  effet ,  quoiqu'elle  ne  coiuîeifce  point  d'or. 

On  a  objeâé  contre  cette  inaniére  de  raifon- 
ner  l'or  dégradi  de  M.  Boyle  )  qui  cependant  ne 
me  paroit  point  du  tout  aff~âer  l'argument;  cv 
dans  le  procéda  deBoyle,la  gravité  de  l'or, par 
le  mélange  d'une  quantité  peu  conCdcrable  de 
matière  étrangère  ,  éprouva  une  diminution  d'en- 
tre la  cinquième  &  la  fixième  partie  ,  probabl^ 
nentpar  les  cavités  accidentelles  qui  ètoientdai» 
la  maiTe  :  au  lieu  qu'ici  »  fuivant  la  fuppofition 
dont  nous  avons  parlé,  la  gravité  du  compofé, 
loin  d'être  diminuée  9  eft  augmentée  prefque  as 
double  de  ce  qu'elle  devroit  être. 

Il  peut  y  avoir  à  la  vérité  quelque  ▼ariation  de 
gravité  par  le  mélange  de  deux  corps  l'un  avec 
Tautre  ;  mais  je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  auau 
exemple  d'un  accroiffement  tel  que  celui-là.  La 
grande  pefanteur  de  la  platine  ,  au  lieu  d'être  uik 
preuve  qu'elle  contienne  de  l'or  ,  fournit  plurôc 
une  préfomption  que  c'eft  un  corps  pefanc  ,  dit 
tinâ  de  lor. 

Malléabilité  de  la  Platine. 

Quelques-uns  des  grains  plus  purs  de  platine, 
en  les  battant  k  coups  modérés  avec  un  marteau 
plat  fur  une  enclume  unie  ,  fupporcent  d'être 
étendus  en  plaques  minces  ,  uns  le  brifer  ni  k 
fendre  fur  les  bords  :  quelques-uns  fe  font  ger- 
fés  avant  que  d'être  beaucoup  aplatis ,  &  ont  dé- 
couvert intérieurement  un  timi  ferré  &  greno  ; 
d'autres  fe  font  trouvés  Ç\  caftans  ,  qu'ils  ont  été 
réduits  en  pouJre  fans  beaucoup  de  difficul». 
Lts  plus  lizns  même  fe  font  brifês  par  de  rudes 
coups  dans  un  mortier  de  fer  ;  &  ils  ont  p:ru 
tous  être  plus  caftiin^  quand  ils  étoient  rouges. 
qu'À  froid. 

M.  Schiffer,  avec  fa  petite  quartiié  de  p^atir.e  . 
n'a  pas  remarqué  que  les  grains  fuffent  plusl'anslrf 
uns  que  les  autres.  Les  particules  qu  il  a  e^Tayjes 
s'étant  trouvées  de  l'efpèce  la  plus  malléable ,  i!  : 
dit  en  général  que  la  platine  eft  un  métal  z\:\.\ 
malléib'e  que  ic  meilleur  fer.  M.  Macquer  f:ir- 
ble  auffi  n'avoir  fait  l'effai  que  d'un  feul  graî.^ 
Il  dit  qu'il  a  pris  un  grain  des  plus  gros,  &  quî 
l'ayant  battu  à  coups  modérés  fur  une  erclun»; 
d'acier ,  il  a  trouvé  qu'il  fe  laiftbic  aplatir  m 
une  lame  affcz  mince  ,  qui  cependant  s*étoitge^ 
fée  en  continuant  de  \\  battre.  Mais  M.  Marg- 
graf  en  a  tximiné  plufieurs  grains,  &  a  remar- 
qué la  même  différence  que  moi  dans  leur  mal- 
léabilité :  les  uns  fe  font  étendus  confidérabie- 
mcnt  ;  d'autres  fort  peu  ,  &.  ont  été  brifês  aprè? 
quelques  c^ups  ,  tandis  que  d^'autres  ont  fupp^in. 
d'être  étendus  en  lames  fort  minces  :  il  remarçj: 
que  CCS  derniers  ,  pour  la  plupart  ,  cioiect  le» 
grains  convexes. 


■s^ 


r  LA 

Ad  rtttc  ,  comine  beaucoup  de  cet  gftini  fooc 
CD  aip4rc;nce  é'une  malléabilité  conCidzrMc ,  6l 

Sue  U  qualité  c^^Tante  des  «ut^s  provient ,  Taiis 
ouic ,  de  quelque  caufc  accidentelle  ,  nous  ne 
pouvons  en  jit>cime  manière  refurer  à  la  pLitloe 
le  ivt^  de  métal  malléable,  quoiqu'il  ne  pi^ifle 
pis  rè^uUer  de  cette  propriété  un  grand  avan- 
tage, à  moms  qii*on  ne  trouve  des  moyeos  d'unir 
Ici  grains  cnfemblc  pour  en  former  de  plus  gran- 
H^i  ma  Ses. 

I  ta  pldwjt  ixpope  au  feu  dans  des  valffcaux. 

l\  Une  once  de  platînî  »  contenant  fon  mè- 
lanjge  ordinaire  de  pouiFière  mignétique,  fut  ex- 
posée pendant  quclqae  temps  fur  un  feu  rouge  m^- 
<lèrèdansunecui!lcr  de  fer  L^s  grains  blancs  derîn- 
tcnt  d'une  couleur  obfcure,  &  perdirent  prcfque 
ItfUT  éclat  métaJlique;  6t  TaLmant  ne  fembluitplui 
attirer  aucune  paiite  du  mixte  :  à  d'autres  égards 
on  ï\y  remarqua  point  de  changement. 

a*.  On  poutfa  jufqu'à  une  forte  chaleur  it>uge  » 

Ïlufieurs  onces  de  la  plarine  purgée  de  la  pouf- 
ère  noire  ,  &  dans  laquelle  on  ne  voyoit  point 
de  particules  jaunes  ;  enfuite  on  ks  éteignit 
iMiM  de  Furine.  La  platine  perdit  fon  brillant 
comoie  auparavant  :  beaucoup  de  fcs  grains  pa- 
ir«isi  I30tritres ,  d'autres  d'un  brun  reuillé  ou 
tougcitre ,  ÔC  quelques-uns  d'une  forte  couleur 
"  ne;  ces  derniers  (c  trouvèrent  plus  malléables 
î|uc  la  platine  «  &  fcmblérenc  àue  co  grande  par- 
fie  à'or. 

Surpris  de  cet  événement,  &  imaginant  d*abord , 
ïonf^ormément  k  l'opinion  commune  ,  que  la  pla- 
tine ivoit  fouffert  une  décompofition ,  ou  s*étoit 
Jépouillccde  fon  enveloppe» je  répétai  Tignition 
&  rcxtinâ:on  plus  de  trente  fois  »  ètanchant  la 
matière  lajirdt  dans  riirine  ,  tantôt  dans  une  fol u- 
fion  de  fcl  ammoniac  &  d*autres  liqueurs  falinci  : 
Il  platine  lefta  toujours  de  la  couleur  obfcure 
qiiVIe  avoit  cor.traâée  d*dbofd  ,  &  on  n*y  put 
apercevoir  davaniage  aucuns  gr^iins  d  or. 

En  cEaminant  ic  rc fiant  du  paquet  de  cette  pla- 
tine ,  Vor  que  la  première  iguition  avoit  donné  , 
fui  irés-facr^e  à  expliquer.  Les  particules  d'or  mê- 
lées naturellcmcut  dins  h  platine  ,  étaient  cou- 
ver rci  de  miTiure  qui  faos  doute  ,  avoit  été 
•jouié  d^n^  le  d^^lfein  de  Pcx  traire  ;  &  le  m^r* 
cure  s'éva^orant  ai  fcu  ,  avoit  laiffc  Ï'qt  fous  Taf- 
pcâ  qui  lui  e/l  propre* 

Il  cfl  poffiblc  que  d'autres  pviiïent  avoir  été 
trompés  pir  de  femblables  apparence!  ,  &  aient 
peufé  qu  ds  avoicnt  produit  de  l'or  de  la  fubOance 
de  U  p'a  ine  méJiCi  au  lieu  qu'ils  s'avoicnt  fait 
que  rjilTcnblcr  dci  graine  d'or,  qui  doivent  être 
iC^atdjs  corn  m  ^  ent  ercmeit  adventices  à  la  pUtine. 

3*,  Li  platine  ayant  perdu  fa  couleur  par  lej 
dcui  eipéfiences  pr^cédcrrtcs  ,  fut  mife  dans  un 
creuftt  qui  ècott  couvert ,  &  tenue  pendant  une 
demi  bcure  à  un  feu  affci  vif  ,  ïui^i'itn  pour 
iDCttre  en  fi^ftofi  du  fer  coulé.  La  ptaùnc  perdit 

/iru  6t  Métit/i ,  TQ^t  K  Paru  IL 


P  L  A 


705 


■  tin 

h 


U  mauvalfe  couleur  qu'elle  avoir  contr^Aée  à  une 
cluleur  plus  foible  ,  Oc  devint  plus  biiîlante  & 
plu^  blanche  quVlle  r/avoic  été  d'abord.  Les  grains 
îb  loignireni  cnfcmble,  de  façon  à  forrir  du  crcu-» 
fct  en  une  mafTe  j  mais  ils  fe  féparèrentde  nou- 
veau fort  aifcmcnt,  d'un  feul  petit  coup  »  £k  ne 
p;injreiU  pas  avoir  été  du  tout  fondus  ,  ni  avoir 
cliangd  de   ^gurc. 

4*.  Un  peu  de  cette  platine  brillime  ,  tenue 
pciuiant  une  heure  fur  un  fieu  rouge  modéré  , 
contraûa  une  mauv^fc  couleur  comme  aupara<» 
vaut  ;  enfuite  ayant  été  pouïïce  vivement  à  un 
feu  violent»  elle  eQ  redevenue  brillante  prefque 
comme  de  l'argent.  J'ai  effaye  la  mallêabiliré  de 
pluCcurs  des  grains  ,  tant  dans  leur  état  décoloré 
que  dans  leur  état  brillant  ;  j'ai  trouvé  que  dans 
i  un  &  dans  l'autre  «  comme  dans  le  minéral  crud  , 
quelques-uns  ont  fouffert  d'être  étendus  coofidé- 
rablcment,  tandis  que  d'autres  fe  font  getf^s,  ou 
ont  été  brifôs  par  un  ou  deux  coups  de  marteau. 

5".  J'ai  poursuivi  àcffayer  l'effet  des  degrés  de 
chaleur  plus  violens  ,  ayant  approprié  pour  cet 
effet  un  fourneau  ou  forge  avec  dem  paires  de 
grands  foufflets.  J'ai  pouue  dans  ce  fonmcau  avec 
un  feu  de  charbon  de  terre  ,  pendant  plus  d'une 
heure ,  une  once  de  plattae  dans  un  crcofet  de 
plomb  noir. 

La  chaleur  étoit  fi  vleîentc ,  que  le  crcufet 
fe  vitrifia  en  partie  \  &  le  morceau  de  brique 
de  Windfor  »  dont  il  étoit  couvert  ,  quoique  rc* 
vêtu  d'une  couche  mince  d'argile  de  Sturbridgc , 
de  même  que  les  parties  intérieures  du  fourneau 
vts-à-vis  des  fouflieis  ,  le  fondirent  8c  coulèrent. 
Les  grains  de  platine  demeurèrent  fans  être  fon- 
dus ,  n'étant  que  fuperficiellement  unis  en  une 
maffe  de  la  forme  du  fond  du  creufct,  leur  cou- 
leur étant  de  beaucoup  plus  brillante  &  plus  ar- 
gentine qu'elle  n  étoit  d'abord  ;  fie  ils  parurent 
unis  plus  fermement  que  ceux  de  rarticle  }  ci- 
deffus  f  qui  avoient  (outenu  une  chaleur  plus 
'  foible. 

6***  L'expérience  précédente  fut  répétée  pltj* 
fieurs  fois  dans  différentes  fortes  de  crcufcts  , 
tant  d'Allemagne  que  d'Angleterre  ,  avec  des 
feux  de  charbon  de  bois ,  &  de  charbon  de  xcne 
de  toutes  fortes.  Dans  tous  les  feux  les  plus  vio* 
lens  que  j'ai  pu  pouffer,  tels  que  ni  les  meil- 
leurs creufets  ,  ni  le  fourneau  ne  pouvoicnt  les 
fupporter  long- temps  ,  la  platine  oc  parut  ni  fe 
fondre  »  ni  s'amollir ,  ni  changer  de  figure,  A  la 
vérité  j'ai  obtenu  quelquefois  un  jtiit  nombre 
de  gouttes  globulaires  de  U  grofleur  du  petit 
plomb  ,  d'une  furfacc  unie  ,  qui  fe  caffoient  aifé- 
inent  fur  Icaclumc,  &  étoient  en-dedans  d'une 
couleur  grife  :  ces  gouttes  avoient  été  évidcm* 
laent  fondues  ;  mais  il  cft  probable  que  ce  n'éroît 
pas  de  la  platine  pure  ^  6c  que  la  tijfion  étoit 
duc  à  un  mélange  de  la  partie  ferri^gincufe  du 
mméral  ou  des  grains  d'or  ;  car  uuand  on  em- 
ploya ks  grains  de  pUtlnc  uiié*  &  les  plus  pues  » 

Vvvv 


jo6 


P  L  A 


jamais  on  ne  vit  aucune  apparence  de  particules 
f<>ndues  j  &  ces  parcelles  de  minéral  qui  avoient 
donné  une  fois  quelques  gouttes  fondues  »  ne 
pouToieut  plus  jamais  en  fournir  davantage  « 
quoique  pouiïèes  avec  des  feux  au  moins  aufG 
violens  que  la  première  fois, 

La  cohéfion  des  grains  de  platine  parut  com- 
mencer à  une  chaleur  rouge  paffablemcnt  forte , 
&  devenir  de  plus  en  plus  ferme  ,  à  nfcfure  que 
le  feu  étoit  pouflTé  plus  violemment  ,  quoique 
Jamais  je  ne  les  ai  trouvés  affez  cohére ns  pour 
réfifler  à  un  petit  coup  de  marteau.  La  couleur  ^ 
après  le  feu  violent  ,  en  étoit  toujours  blanche 
&  brillante  «  excepté  à  la  furface  de  la  maiTe  qui 
étoit  fou  vent  changée  en  un  brunâtre  obftur  , 
avec  quelquefois  une  foible  nuance  de  jaunâtre. 
Dans  une  expérience  fur-tout ,  le  métal  ^  après 
avoir  été  chauffé  vivement ,  ayant  été  éteint  dans 
Teau  froide  «  les  grains  qui  compofoient  la  par- 
tie inrérieure  de  la  maile  ,  acquirent  une  couleur 
violette-  ou   pourpre. 

7*'.  J'ai  lire  des  particules  les  plus  grande*^  & 
les  plu%  brillantes  de  plaiine  ,  jL.fqu'à  la  pefan- 
teur  d'environ  cinquante  grains ,  &  je  les  ai  éta- 
lés fur  le  fond  d'un  crc ufet  uni.  Le  vai  eau 
étant  couvcrf  »  5c  tenu  à  un  feu  véhément ,  comme 
dans  les  eipCTicnces  ci-dêlTu«i  ,  pendant  environ 
une  heure  ,  la'  platine  ne  (e  lia  que  très-légére- 
ment  ;  Ôt  ayant  été  r^mife  d^ns  la  balance  ,  elle 
l'emporta  en  quelque  forte  fur  fon  propre  poids 
qu'on  avoit  lailTé  dans  le  plateau  de  h  balance. 
D'aprèi  cette  expérience  qui  fut  répétée  deux 
ou  trob  fois  avec  le  même  fuccès  ,  j*ai  conclu  , 
d^ns  mon  premier  mémoire  pubHé  dans  les 
Ttdiifddhns  pk.lofjfh  .juts  ,  que  h  plitine  ne 
perd  pas  de  fon  poids  dan>  L*  feu.  MM,  M-irg- 
jraf  à  *Micijuer  ont  trouvé  depuis  qtç  non- 
culement  elle  ne  perd  pas  ,  mais  au  contraire 
qu'elle  acquiert  té  Uemeni  de  la  pefanteur ,  & 
que  quând  le  feu  cû  comi nuè  un  peu  long  temps  , 
le  g«iin  quelle  fait  eil  fort  conftdérable* 

S*».  M.  Me.rggraf  a  mi't  deui  onces  de  pla- 
tine crue  dans  une  alTi^ite  à  fcorificr  fous  une 
innutfle  ,  fît  a  pouiTé  un  feu  violent  pendant  d.ux 
heutés  »  remuant  de  temps  en  temps  la  platine 
avec  une  b.  guette  de  fer.  Il  a  remarqué  qu'il 
iï*en  fortoir  aucune  fumée  ;  que  quand  elle  fut 
refroidie,  la  platine  avoit  T^ir  de  hachures  de 
plomb  réunies  enfembte  ,  mais  plus  noires  & 
fans  leur  lullre  méialhque  ;  &  que  fon  poid*  » 
loin  d'être  diminué  ,  èioit  augmenté  ;  car  elle 
pefoii  1  onces  lo  grains  >  ou  uu  ^  plus  qu'aupa- 
ravant. 

9Û.  îl  répéta  reypcrience  avec  une  once  de 
latine  d  ns  un  creufet  couvert  ,  placé  fur  un 
uj  port  convenah'c  ,  djn%  un  û'urneau  de  fu^on  , 
qui,  au  moyen  d*un  long  luyau  fous  le  cendrier 
pour  y  j  ortcr  l'iir  ,  &  d'une  chs-minéc  longue 
&  étroite  au  fommwt ,  do  a  ne  un  feu  f  lus  violent 


f; 


tu 


PL  A 

que  tous  les  autres  fourneaux   de   (on  UhonSi 
loire* 

Ayant  entretenu  le  feu  dans  fa  plus  grmde 
violence  ,  entre  trois  &  quatre  heures  ,  l^  pU* 
tine  fe  trouva  attachée  enfemble  ,  mais  fao%  êtr« 
fondue  ,  &  pefoit  cinq  ou  près  de  ùx  grains  dt 
plu§  que  d'abord  »  ce  qui  fait  p(us  d'ujic  Wt 
partie. 

Il  remarque  que  les  grains  furent  affei  facile^ 
ment  féparès  d'un  feul  coup  de  marteau  ;  q«t 
ceux  qui  éi oient  dans  Tiniéneur  de  la  maflTe  étoknt 
plus  blancs  qu'ils  n'ttoicni  d'abord  ,  mais  qiillf 
avoient  lotijours  conicr%'é  kur  première  forme  | 
6l  que  quelquci  uns  d'eu^  (oufFrireni  d'éat 
aplatis  fous  le  marteau* 

lo^  M.  Macquer  a  mis  une  once  de  plattm 
dans  un  creufet  d  Allemagne ,  ik  f^  espufée  I 
un  feu  violent  pendant  einquante  hcurc%  ,  dam 
un  fourneau  dont  la  chaleur  ,  quand  elle  fut  eofi* 
tinuée  pend.nt  un  tel  ti^mps,  étoit  capable  de 
fondre  les  mélanges  que  M,  Pott  dit  ,  dan»  U 
LiihQgeognaJta  ,  lui  avoir  donné  les  verre»  Id 
plus  durs  et  les  moins  fuitbks.  En  examinani  h 
platine  après  cet  eifai  »  tl  trouva  qu'elle  n'ètoit 
pas  fondue  »  &  que  Les  grains  n'èîorent  que  coLltt 
enfemble»  de  manière  a  ne  formt^r  qu'une  feule 
mafTe  qui  avoit  eiaftement  la  6gurc  du  hat 
du  creufet  »  &  qui  s*étott  retirée  au  point  de  fonir 
librement  du  vafe  ;  que  toute  la  Turfiace  de  cette 
maïTe  étoit  fa^ie  &  noircie,  &  s'étoit  ihangéx  ett 
une  couleur  d  ardoife,  avec  dimirution  de  rêctx 
métal lique  ;  que  la  partie  intérieure  du  creufcf 
où  la  platine  l  avoit  touché  «  étoit  teinte  ci^miiii 
f»  on  y  eût  cakiné  de  la  limaille  d^  fer  ;  U  qii't» 
pefant  la  plafiffef  après  L'opération  «  on  Tavoig 
trouver  augmentée  de  quatorze  grains  ,  c*e&-è» 
dire  ,  d'environ  un  41*  de  Von  poids. 

La  mêm-  platine»  foumifc  k  une  autre  opéré' 
tion  fcmblablc  à  la  précédente ,  a  reçu  une  auf 
meniation  de  2  grains  ^\ds  forte»  TaugiAtoutipa 
totale  étant  de  16  grains  ou  d'un  36  «  Il  ne  peut 
pas  y  avoir  de  fuu^çon  ,  dit- il ,  qu*it  y  Toit  nfliM 
ni  charbons  ni  cendres  ,  parce  que  le  cr<:'iirct  ètett 
dans  une  patrie  du  fourneau  oii  ces  maiiere^  ot 
pouvoîent  poi  r  avoir  d'accès  ,  6i  parce  qi*! 
éroit  atfTi  couvert  ifés-ci  âemetir ,  qtJt»i  |iieDift 
lutté.  Comme  raccroilTcment  n*a  pas  è  è  totith 
dérjble  dai.s  la  féconde  opération  ,  il  juge  mH 
y  en  aur<iît  eu  bien  peu  ou  point  du  tout  d«tt 
une  troHième  Tépèrition, 

On  p  ut  ajourer  que,  puifque  après  einqistfi» 
heures  de  feu  violent ,  une  plus  grjnde  c«H)iti«ui* 
t»OM  de  chaleur  a  encore  occafionné  ut  e  jugmeiK 
tatton  fort  fcnfible  de  pefanreur  ,  U  diifertocK 
entre  Le  réfulrat  de  cette  expérieuee  5e  de  celle 
de  M.  M.irggriif  ,  par  rapport  i  la  quânttfè  4ê 
raijgmentation  ,  peut  aifémcnt  sVxpliquerpar  kl 
différentes  longueurs  de  temps  que  le  fe#j  àé 
coQciiiué* 


I 


P  L  A 

!!•.  les  chymlftcs  connolfleni  très-bien  que 
les  métaux  appelés  imparfiits  ,  ou  ceux  qm  fe  cal- 
cinent au  feu  ,  gigneni  de  la  pefanteur  dans  la 
calcinarion  ,  phénomène  qui  nVfl.  pas  peu  furpre- 
lunc,  8c  don^  ils  n*ont  pas  été  capables  de  nous 
aifigner  aucune  caui'e  probable ,  i  moins  que  ce 
ae  fuit  rabiorprîon  de  l'air. 

Comme  la  platine  paroir  clairement  ,  par  beau- 
coup  de  fes  propriétés ,  n*èire  pas  un  des  métaux 
impartaits  ,  M.  Xlacquer  fupçonne  avec  jufte  rai- 
ion  que  Faugmentation  de  pefanteur  ,  dans  les 
expériences  ci*dei!^us ,  étoit  due  à  la  calci nation 
de  quelques  fubliances  hétérogènes  ,  mêlées  avec 
la  platine»  L*enduit  tcrrugiiicux  qu  elle  laifla  dans 
le  creufet ,  &  robrcurciitcment  de  la  couleur  , 
•ot  paru  confirmer  cette  conjcduie  ;  il  remarque 
de  plus  qu'après  la  féconde  calcination  il  fe  trouva 
aueJques  grains  de  matière  friable  ,  femblable  à  des 
ccailles  de  fer  ,  &  que  le  fable  magnétique  ceflTa 
d'être  noir  &  brillant ,  mais  devint  de  la  même 
couleur  grife  d'ardoife  que  la  platine.  On  peut 
obferver  ici  que  s'il  n'y  a  point  eu  d*erreur  dans 
les  poids  de  M.  Macquer^  la  quantité  de  cette 
njattère  cakinable  hétérogène  dévoie  erre  fort 
confidérablc. 

De  toutes  les  expériences  que  je  puis  me  rap- 
peler fur  la  caicination  des  corps  ,  il  o*y  en  a 
pas  une  feule  dans  laquelle  raugmemation  ait 
été  Cl  grande  que  celle  que  M.  Scheffer  accorde 
au  fcr^  favoir»un  tiers  de  fa  pefanteur,  comme 
Bout  le  verrons  ci-après. 

En  admettant  même  cette  augmentation 
à  la  matière  calcinable  dans  la  platine  » 
l^  quantité  de  cette  matière ,  pour  produire  une 
augmentation  de  i6  grains  fur  i  once,  doit  écre 
de  48  grains  ou  une   ii*"   partie  de  la  platine. 

la**.  Les  explications  qui  font  raponées  ci- 
deïïus ,  expliquent  ta  différence  entre  mes 
expériences  de  l  article  7  ,  &  celles  de  MM.  Marg- 

fjraf  ^  Macquer  ,  dans  les  articles  8  ,  9  &  10  , 
es  miennes  ayant  été  faites  avec  des  grains  plus 
rafinés,&lef  leurs,  avec  le  minéral  entier,  con- 
tenant ion  mélange  ordinaire  de  parties  calcinâ- 
mes. 

Pour  plus  grande  fatisfa^ion  fur  ce  poïnt  ,  j*al 

C'f  360  grains  des  particules  les  plus  groifes  & 
plus  brillances  ,  triées  de  la  platine,  &  la 
même  quantité  de  pouiïière  noirâtre  qui  en  avoit 
été  féparèe  par  le  moyen  d  un  tamis  ;  les  deux 
^parcelles,  mifes  fous  deux  vafes  i  fcorifier  unis  » 
furent  entretenues  fous  une  mouffle  à  une  cha- 
leur très-forte  pendant  cinq  heures  i  &  afin  que 
toutes  les  deux  punTcnc  recevoir  une  chaleur  aulTi 
égale  qu'il  ètoit  poiîible ,  on  changea  de  place 
les  deux  vaiiTcaux  pendant  le  temps  «  &  vers  le 
«lilieu  de  Topéraiion.  Quand  ils  furent  réfi-oidis , 
ta  platine  triée  ,  péfée  avec  beaucoup  d  exaâitude  , 
fut  trouvée  avoir  gagné  %  grains  ,  ou  la  180* 
ûe  de  foa  poids  ;  uadis  que  U  poui&ère  ctoU 


p  L  A 


707 


augmentée  de  près  de  9  grains  ^  ou   d*une  49* 
partie. 

On  remarque  que  la  platine  triée  étoit  deve* 
nue  d*une  couleur  plus  chargée  qu'elle  ne  Tétoit 
d*abord  ,  &  la  pouiiière  de  beaucoup  plus  pâle  , 
&  que  la  platine  triée  fe  colloit  fort  légèrement  ; 
au  lieu  que  la  pouffière  s'étoii  collée  fit  mafliquée 
en  un  gâteau  ferme  qui  n'étoit  pas  feciVp  à  broyer 
entre  les  doigts.  Il  faut  obferver  que  ce  qu'oa 
appelle  ici  poujjtère  ,  contient  une  portion  con* 
fïdérable  de  vraie  platine  ,  divifée  en  particules 
zuiTi  Bncs  que  celles  de  la  matière  impure  »  & 
conféquemment  que  la  quantité  de  matière  im- 
pure qui  cA  d^ni  la  platine  triée  ,  ne  peut  pas 
être  déterminée  par  les  augmentations  propor- 
tionnelles que  les  deux  parcelles  ont  reçues  da.ns 
le  feu. 

Mais  nous  allons  ceffer  une  recherche  qui  ne 
parott  pas  adex  Importante  pour  mériter  qu'on 
prenne  la  peine  de  la  pouuer  plus  loin  ,  d'au* 
tant  plus  que  nous  trouverons  par  la  fuite  les 
moyens  d'attaquer  ces  parties  cakinables  plut 
efficacement  que  par  la  (impie  chaleur. 

ij**.  Les  expériences  que  fai  faites  dans  les 
n*'  5  &  6  de  cet  article  ,  femblcnt  prouver  qu'il 
n*e{\  pas  poflible  d*amener  la  platine  à  l'état  de 
fufion  »  dans  les  creufets  ordinaires  ,  par  aucun  de- 
gré de  chaleur  que  les  vaiffcaux  eux-mêmes  puif- 
lent  fupporter.  M,  Scheffer  conclud  aufîi ,  d'après 
fes  propres  effais  ,  qu'il  eft  impoflîble  de  la  fon- 
dre dans  un  creufet,  puifqu'clle  rcfifte  même  à 
un  feu  plus  fort  que  celui  qui  vitrifie  les  meil- 
leurs creufets  faits  déterre  dî  Waldcnbourg  & 
de  quartz ,  que  l'on  doit  fuppofer  ,  ^i*aptès  la  ma- 
nière donc  il  en  parle  ,  être  d'une  très  bonne 
efpëce. 

Néanmoins ,  comme  la  fufion  de  la  platine  «  (i 
elle  pouvolt  fe  faire ,  feroit  une  acquifitioit  ttês- 
importante,  par  rappon  à  fon  hiiloire  chymique 
&  aux  ufages  méchaniqucs ,  M.  Macquer  a  taie 
encore  quelques  autres  tentatives  dans  cette  in- 
tention^ Il  a  expofé  la  platine  à  un  feu  de  ver* 
rerie  ,  pendant  cinq  jours  6c  cinq  nuits ,  fans  aper* 
cevoîr  aucunes  altérations  autres  que  celles  dont 
on  a  déjà  fait  mention  ;  &  en  effet  on  ne  pou* 
voit  pas  s'attendre  que  le  feu  de  verrerie  pût 
vaincre  ce  métal  réfraâairc ,  qui  avoit  déjà  ré  h  Aé 
à  des  feux  beaucoup  pitts  forts  que  le  tourneaii 
de  verrerie  n'en  peut  produire  «  &  plus  grandi 
que  fes  ma  érîaux  ou  fes  vai^Tcaux  ne  peuvent 
les  fupporter. 

14*,  Pour  dernier  effort  ,  M.  Macquer  a  eu  re- 
cours à  une  forge ,  en  augmentant  Tadivité  du  feu; 
il  panagea  le  vent  des  fuufllets  en  deux  tuyaux  qtû 
entroient  dans  le  fourneau  par  deux  côtés  oppofés  ; 
&  il  difpofa  deux  autres  grands  foufflcts  de  telle  ma- 
nière que  leurs  courans  de  vent  entroieot  encore 
par  deux  c<^>tés  opposes  aux  deux  autres.  Ayant 
j>lacé  au  milieu  du  fourneau  quatre  onces  de  plâj 

Vyv?  H 


;o8 


P  L  A 


fine  dans  un  creufet  de  Heiïe ,  il  excita  le  feu  i 
au  moyen  des  foufflets ,  jufqu'à  un  tel  degré  , 
qn*en  moins  d'une  heure  &  un  quart  ,  tonte  la 
partie  intérieure  du  fourneau  tondit  &  coula 
vers  le  fond  ,  formant,  k  la  partie  la  plusbafle> 
des  mafles  de  yerre  qui  bouchant  les  orifices 
des  tuyaux  à  vent  ,  le  contraignirent  de  difcoa- 
tinuer  l'expérience. 
Le  creufet  qui  étoit  tout  vitrifié,  ayant  été  ôté  quel* 

re  temps  après ,  parut  encore  d'une  blancheur 
éblouiflame,  que  l'œil  ne  pou  voit  en  fourenir 
l'éclat  :  cependant  malgré  ce  feu  extrême  que  h 
platine  avoit  efluyé  »  eUe  n'étoit  pas  plus  fondue 
que  dans  les  expériences  précédentes  ,  excepté 
que  dans  les  vitrifications  qui  environnoient  le 
creufet  ,  on  trouva  quelques  grains  d'une  blan- 
cheur argentine  ,  parfaitement  ronds  ,  qui  paru- 
rent avoir  eu  une  fufion  parfaitement  bonne  , 
mais  qui  d'un  feul  petit  coup  de  marteau  fur  une 
enclume  d'acier  tombèrent  en  pouffière.  Il  fem- 
ble  donc  que  dans  ce  dernier  effort  M.  Macquer 
n'a  pas  pu  produire  d'autres  effets  que  ceux  que 
i'avois  obtenus  ;  &  fcs  effais  concourent  avec  les 
autres  à  prouver  que  les  meilleurs  fourneaux  or- 
dinaires, &  les  plus  exceUens  vaiffeaux  à  fondre, 
fe  fondront  eux-mêmes  plutôt  que  la  platine  qui 
y  eft  contenue. 

La  platine  cxpofie  au  feu  en  contaSi  avec  les  ma- 
iiè/es  combuftibles. 

Comme  le  contaâ  immédiat  des  matières  com- 
buftibles  qui  nourriffent  le  feu  ,  &  Timpuifion 
de  l'air  fur  les  corps  tant  métalliques  que  ter- 
reftres  ,  augmentent  confidérablement  la  puiffance 
du  feu ,  on  a  expofé  la  platine  à  fon  aâioa  dans 
ces  circonflances.  M.  Schtffer  femble  regretter  de 
n'avoir  pas  eu  quelques  livres  du  métal ,  pour  en 
faire  un  effai  de  cette  nature  ,  mais  on  peut  con- 
duire le  procédé,  de  manière  qu'une  fort  petite 
quantité  (bit   fuffifante. 

J'ai  placé  fur  le  côté  ,  parmi  les  matières  com- 
buftibles  qui  fervoient  d^alimcnt  au  feu  ,  un  creu- 
fet dans  lequel  j'avois  mis  d'abord  un  lit  de  char- 
bon de  bois  ,  dans  un  bon  fourneau ,  avec  fon 
entrée  tournée  vers  le  nez  des  foufflets  ,  & 
j'ai  étalé  fur  le  charbon  quatre  onces  de  platine. 
J'ai  pouffé  le  feu  avec  violence  pendant  plus  d'une 
heure  ,  durant  lequel  temps  une  chalenr  blanche 
très-vive  paffoit  à  travers  le  creufet ,  &  fur-tout 
par  une  ouverture  pratiquée  exprès  à  fon  cxfré- 
mité.  Une  grande  partie  du  creufet  fut  vitrifiée  ; 
mais  les  grsins  de  platine  ne  furent  que  fuperfi- 
cicllement  collés  enlemble,  &  devinrent  plus  bril- 
L.ns  ,  fans  qu'ils  paruffent  du  tout  s'être  amollis 
ni  avoir  changé  de  figure. 

L'expérience  fut  répétée  plufieurs  fois  &  va- 
riée :  je  jetai  fur  les  charbons ,  devant  l'embou- 
chure du  vafe  ,  du  fel  commun  ,  dont  on  fait 
^ue  les  fumées  faciitent  la  vitrification  des  creu-^ 


PL  A 

fets  mêmes  ;  j'en  pouffai  fortement  les  famées 
fur  la  platine  :  des  morceaux  de  platine  qui  mvoîent 
déjà  effuyé  les  précédentes  opérations  ,  furent  je- 
tés devant  le  nex  des  foufflets  ,  dans  des  fesx 
de  charbon  de  4>ois  Se  de  terre  violefliment  ex- 
cités ,  &  il  forts  ,  quils  fondirent  prefque  à  Tiof- 
tant  un  morceau  du  bout  de  la  baguette  de  fer 
forgé  ,  dont  je  me  fervob  de  temps  en  teopi 
pour  attifer  les  charbons. 

La  platine  refta  toujours  (ànt  fe  fondre  &  (ans 
changer  de  figure  ,   excepté  que  j'y  vis  queUpe 
fois  un  petit  nombre  de  gouttes  globulaires  fnsh 
blablesà  celles  dont  on  a  fait  mention  dansfaiti*. 
cle  précédent. 

La  platine  expo/ee  au  verre  ardent. 

Après  toutes  ces  tenudves  infruâueufes  pour 
parvenir  à  mettre  la  platine  en  fufion  ,  U  ne  refit 

{ilus  d'autre  reffource  ,  pour  décider  de  (à  fiifibî- 
ité  eu  non  fufibilité ,  que  Taâion  des  grands 
verres  ardens  ou  des  miroirs  concaves  :  c^eft  ni 
effai  que  j'ai  fouvent  regretté  de  ne  pouvoir  p»« 
dans  ce  pays ,  trouver  la  commodité  de  lui  faire 
effuyer.  Mais  ce  que  défirent  {\  ardemm^^nt  vtm 
ceux  que  1  appât  du  gain ,  la  curiofité  ou  l'amoar 
de  la  fcience  intereflent  dans  ces  fortes  de  re> 
cherches ,  M.  Macquer  &  M.  Baume  ont  tidii 
de  le  fuppléer. 

Us  fe  font  fervi  d'une  plaque  de  verre  cofr 
cave  bien  argenté ,  de  vingt- deux  pouces  de  dia* 
mètre  &  de  vingt-huit  .|]touces  de  foyer.  Avaat 
que  de  procéder  à  en  effayer  les  etfeis  fur  la 
platine ,  ils  ont  expofé  ^  fon  aâion  plufieurs  an- 
tres corps  ,  afin  d;  pouvoir  porter  quelque  ju- 
gement fur  fa  force. 

Du  Côillou  noir ,  réduit  en  poudre  pour  l'en- 
pêcher  de  fe  brifer  &  de  fauter  à  la  ronde  , 
&  bien  affuré  dans  un  gros  morceau  de  charbon 
de  bois ,  a  formé  des  bulles  ,  &  coulé  en  ua 
verre  tranfparent  dans  moins  d'une  demi-minute. 
Les  crcufets  de  Heffe  &  les  pots  d;:  verrerie  fc 
font  vitrifiés  complètement  en  trois  o*!  quatre 
fccondes.  Ou  fer  forgé,  a  fumé  fondu^  bouiili,  ^  ^*cft 
changé  en  fcorie  femblable  à  du  verre  y  aufiîiut 
qu'il  a  été  eitpofé  au  foyer. 

1«  gypf«i  de  Montmartre,  quand  oo-préfenra 
au  miroir  les  côtés  plats  des  feuillets  dont  il  A 
compofc  ,  n'a  pas  fait  voir  la  moinrlre  difnoâ- 
tion  à  fe  fondre  ;  mais  en  en  préfentant  la  coupe 
tranverfale  ou  les  bords  des  feuillets,  il  a  fonda 
dans  Tinflant ,  avec  une  forte  de  fifflement ,  en  uoe 
matière  d'un  jaune  brunâtre. 

Les  pierres  calcaires  ne  fe  font  pas  fondues 
complètement,  mAs  il  s'en  eft  détaché  un  cer- 
cle plus  compaâ  que  te  refte  de  la  maffe,  & 
de  la  grandeur  du  foyer  ,  dont  la  féparar'on 
fembloit  être  occafionnée  par  le  retîrement  de  la 
matière  qui  avoit  commencé  à  entrer  en  fik- 
fion. 


P  L  A 

La  chaux  i^lancîie  d'arnîmainc,  appelée  com- 
Ktunèment  antimoine  diaphoritiqtu  ,  fe  fondit 
jnicux  que  les  pierres  calcaires  ,  &  fe  changea 
en  une  fubdance  opaqtie  affez  luilaiite  &  fcmbla- 
ble  à  de  l'émail  blanc. 

11$  obfervent  que  la  blancheur  de«  pierres  ca!- 
^CatreSt  fc  de  la  chaux  d'aoïlmoîne  efl  fort  dé- 
^Eivortbie  à  leur  fufion ,  en  rétlcchiiTant  une  par- 
tie des  rayons  du  foleil ,  de  forte  que  le  iyjct 
oe  peut  pat  éprouver  toute  Taiftivité  de  la  cha- 
leur que  le  miroir  ardent  jette  fur  lui  ;  que  la 
même  chofe  arrive  aux  corps  métalliques,  qui 
(e  fondent  avec  d'autant  plus  de  dîmcultè  au 
foyer,  qu'ils  font  plus  bhncs  8c  plus  poHs;  que 
'este  différence  efl  fi  remarquable,  que  dans  ie 
lb|^er  du  miroir  concave  donc  nous  avons  rap- 
Wié  les  effets,  un  métal  auffi  fufible  que  Tar- 
ne  s*cfl  point  du  tout  fondu  quand  fa  fur- 
étoit  polie  ,  &  que  la  blancheur  de  la  pla- 
tine auroit  fans  doute  de  la  même  manière  af- 
foibli  confidérabîement  l'aéiion  du  miroir  fur  elle. 
C*ell  pourquoi  MM,  Micquer  &  Baume  ont 
pris  de  la  platine  qu'ils avoient  tenu  auparavant^ 
|>cad3nt  cinq  )Ours  »  dans  un  fourneau  de  ver* 
iTèrie ,  &  qui ,  tandis  qu'elle  s*étoic  ramalTèe  en 
Boc  maflc  aflfez  groffe  pour  pouvoir  éirc  tenue 
lu  foyer ,  éiôit  en  même  temps  devenue  f^le  & 
brune  k  la  furface  ,  de  manière  à  être  dans  le- 
at  le  plus  favorable  pour  leur  expérten.ce.  Voici 
détail  qu'ils  ont  donné  de  leur  opération  ^  & 
réfult^t. 

"  Quand  b  platine  commença  à  fcntîr  Tafli- 

^  vite    du    foyvr  ,    elle    parut    d*une    blancheur 

_•   ébtotiilf.inte  j  de  temps    à  a  itre  il  en    forto.t 

B»  des  étincelles  de  feu  .  &  il  s*en  éleva  une  fu* 

Ki  mée  fort  fenfible  ,  &  même  i.ffez  confidirable  : 

••  en ^11  elle  entra  dans  une  bonne  &  pleine  fu- 

y»  fion ,  m;iis  ce  ne  fut  qu'au  boi  t  d'une  minute 

^L  &  demie  que  cette   fi  fim   eut   lieu.  Nous  en 

\m  fondîmes  de  ctt  e   manière  en  cinq  ou  dx  en- 

p.  droits  ;  cependant  aucune  des  parties  fondues 

m  ne   coula   jufqu'à   terre,    Tokites' demeurèrent 

I  fixées  au  morceau  de  platine  ;  probablement 
parce  qu*elles  fe  po Soient  &  durci flbient  auih- 
lôt  qu'elles  néinient  p'us  expofées  au  centre 
du  foyer  On  (liAingooit  ces  parties  fondues 
d'avec  les  autres»  pjt  un  brillant  d'argent  & 
une  furface  arrondie  »  luifante  &  polie*  Nous 
frappâmes  la  plus  grofle  de  ces  malTes  fondues 
•*  ftir  ure  er.cîume  d'iècier ,  pour  en  examiner  la 
t,  dualité.  Elle  s*aptatit  ^i^'ément,  &  firt  réduite 
••  en  une  plaque  fort  mince,  fans  fe  caflTer  ni  fe 
t*  gcrfcr  le  moins  du  monde  ,  de  forte  que  ce 
*•  métal  nous  parut  infiniment  plus  malléa- 
M  ble  que  ne  le  font  les  grains  de  platine  dans 
•  leur  érat  naturel  ;  &  nous  crûmes  qu'on  pour- 
M  ro.t  retendre  en  pUques  auflî  minces  qtte  l'or 
*•  St  ra*g:nr.  Cette  platine  devint  duré  &  roide 
M  fous  les  coups  du  marteau,  comme  foufTor^ 
*•   Targcnt  8l  les  autres  métaux.   Cette   roldcur 


p  L^ 


70^ 


t>  fut  aifément  détruite  par  la  méthode  qtie  Ton 
-  pratique  pour  Tor  &  l'argent  ,  c'ell-à-dire,  ert 
"  M  chauffant  jusqu'à  une  chaleur  blanche ,  & 
»*  la  biffant  réfroiclir.  ••  M. Baume,  dans  fon  Ma* 
nue!  de  Chymie  ,  imprimé  en  1763  ,  parle  d'une 
autre  propriété  de  la  platine  ainû  fondue  ;  fa- 
voir  ,  qu'on  trouve  qu'elle  efl  d'une  pefanteur 
fpéciBque ,  approchante  ou  jtmhlabU  à  celle  de 
For  ;  on  ne  fauroit  pourtant  faire  un  grand  foorl 
fur  ce  rapport  ,  puifqu'il  a  dt  auparavant,  ert 
parlant  des  grains  cruds  de  platine  ,  que  leur 
pefanteur  fpécifique  eft  égale  à  celle  de  Tor, 

L'expérience  cidcffus  ,  toute  curicufc  &  inté- 
rcffante  qu'elle  eft  ,  «'eft  pourtant  pas  entière- 
ment fatisfaifante,  11  feroii  à  fouhaiicr  que  Ton 
fit  encore  quelques  autres  effàis  avec  des  mi- 
roirs ardens  d'une  plus  grande  torce  ,  pour  aïïurer 
avec  plus  <Je  précîfion  la  fufion  réelle  de  la  pla- 
tine, &  pour  obtenir  quelque  quantité  du  Mé- 
tal fondu ,  aiîn  de  pouvoir  examiner  d'une  ma- 
nière plus  fatisfaifant.'î  fa  dudilité  ,  fa  gravité  , 
(à  dureté  à  f.s  autres  propriétés.  Ainli  il  me 
femble  fort  cla'r  ,  par  cette  expérience  ,  que  Ii 
pUtine  eft  plus  difficile  de  beaucoup  à  metrrc  en  B:-« 
fion  que  te  caillou ,  &  le  caillou  beaucoup  plus  qre 
le  gypfe  ;  6t  comme  on  n'a  point  encore  trouvé 
les  moyens  de  pouffer  le  feu  commun  à  un  de- 
gré alkz  fort  pour  produire,  foit  dant  le  caillou, 
toit  dans  le  gypfe  ,  la  moindre  apparence  de  fu* 
fion  ,  fans  le  concours  dtf  parties  falines  ou  ter- 
rcfhes  de  lalîm^iît  du  feu  ,  qui  fervent  coirm^ 
de  fl-x  à  ces  corps,  quoique  non  à  la  platiné  ; 
il  n'y  a  pas  lieu  vraifcmblablement  d'efpérer  , 
comme  TAutcuT  femble  le  faire  fur  la  in  de 
fon  Mémoire  ,aue  t'on  foit  ji^maîs  en  érat  d^ifon- 
drc  la  plaîine  dans  de  grandi  fourneaux* 

îl  i'enfttit  encore  que  les  gouttes  f€»ndues  que 
M.  Macquer  <k  moi  avons  obtenues  dans  noi 
tourneaujt,  ne  ]  oiivoieni  pas  étie  de  la  piétine 
puie  ;  c^r  ,  quoiqu  on  ne  puîffe  pa^  penfcr  que 
noi  feux  tulîent  d'une  mtenfitè  égale  à  ce  fie  a 
laquelle  a  été  exporée  ici  ta  platine  ,  nos  gout- 
tes ont  fouffert  une  fufion  plus  parfaite  que  ne 
|>aroiffent  avoir  fait  ces  parties  qui  ont  été  fotl' 
dues  au  foyer  du  vtrrc  ardent. 

Pareil Icmertr  les  gouttes  n'avoi^t  rîen  de  la 
malléabilité  ^^ue  l*  pUtine  tondue  par  le  miroir 
ardent  pofTé<^e ,  à  ce  quon  prétend,  dans  un 
degré  fi  remarquable  ;  au  contraire  ,  tiies  font 
tombées  en  pouffiére  fous  le  m.:irteau.  Si  la  fu- 
fion dans  un  cvs  tue  procurée  par  le  mélange 
de  quelque  matière  méc^llique  étrangère  avec 
la  platme  ,  nous  ne  pouvons  pa*  éfic  fûrs  que  la 
même  cauf^  ne  puiffe  pas  avoir acffi  concouru  dans 
Fautre  ,  quoique  d^n*»  un  mau^tre  degré  ;  âc  par 
conféqueii  il  eft  poiU!  le  que  la  platine  pure  de- 
mande une  chaleur  encore  plus  violente  pour 
être  m-U   en  fuAon. 

D'après  les  expériences  rapportées  dans  cet» 
feAion  I  je    penfe   qu'on  peur  conclure  que  la 


7IO 


L  A 


pUnnc  cft  un  métal  de  la  couleur  de  l'argent , 
d'une  duâilitè  confidérable  qui  nefi  point  fu* 
fible  aux  feux  les  plus  viole ns  qui  puîlTent  être 
excités  dans  les  fourneaux,  ou  foutcnus  par  les 
vai/Teaux  chymifles  ou  des  ouvriers  -,  qu  elle  ap- 
proche de  l'or  par  un  de  ces  caractères  qu*on  a 
toujours  regardé  comme  le  plus  diftinâif,  Sa- 
voir la  pefanreur  fpécifique  ;  &  qu'elle  a  de 
commun  avec  Tor  &  Fargcnt  ^  d*étre  fixe  6t 
point  calcinablc  par  le  feu, 

La  piatînc  avec  l'acide  vîtrioi'ique. 

On  a  expofé  plufieurs  parcelles  de  grains  de 
platine  bs  plus  purs  ^  pendant  quelques  heures,  a 
une  chileur  douce  ,  avec  l'efprit  concentré  ap- 
pelé huile  de  vitriol  ,  &  avec  le  même  efprit 
délayé  dans  différentes  quantités  d*eau.  lï  nen 
cft  point  réfuUé  de  folution  ,  ni  aucune  aïté- 
ration  ,  foit  ûitns  les  liqueurs  ,  foit  dans  k 
Giétal. 

a."^.  On  a  fait  bouillir  ,  pendant  quelques  heu- 
res ,  trois  onces  de  forte  huile  de  virrtol  avec 
une  once  de  platine  dans  un  vaideau  de  verre  à 
col  long  8c  étroîr,  La  liqueur  ell  reflée  à-peu* 
près  d^iis  la  même  quantité  qu'auparavant  ;  Ôk 
on  n'a  pas  pu  y  apercevoir  aucun  changement 
non  plus  que  dans  la  platine. 

y^.  Ayant  coupé  le  verre  un  peu  au-deflTus 
de  la  furface  de  la  liqueur,  on  a  augmenté  le 
feu  par  degrés ,  jufqu'à  ce   que  la   liqueur ,  qui 

Îîour  lors  commença  à  s'évaporer  librement  , 
e  fut  entièrement  exhalée  en  cinq  ou  ûx  heu- 
res de  temps  »  &  eut  Uidè  la  platine  fèche  & 
rouge. 

1^  métal  ,  quand  il  fut  refroidi  y  a)^ant  été 
lavé  avec  de  Teau ,  &  cnfuhe  féché  ,  on  trouva 
fon  poids  le  même  qu'il  étoit  d'abord  ,  &  la 
furface  des  grains  ne  fit  voir  aucune  marque  de 
cofrofion. 

La  feule  altération  qu*on  y  remarqua  ,  fut  » 
que  plufieurs  des  grains  devinrent  brunâtres  & 
d'une  coiiîeur  fale  ,  effet  que  la  fimple  chaleur 
produit,  comme  on  Ta  déjà  vu,  &  qui  par  con- 
léquent  ne  doit  pas  être  imputé  à  Talion  du 
corps  ajouté  ,  quand  on  a  employé  en  même 
temps  un  degré  de  chaleur  fufhfant  pour  le 
produire. 

Il  parfiit  donc  que  la  platine  rêfîlle  à  Tacide 
pur  du  vitriol  qui  ,  par  lune  ou  Tantre  des  pia- 
niêres  ci-deffus  de  l'appliquer,  diffout  ou  ronge 
tous  les  autres  corps  métalliques  connus ,  excepté 
Tar. 

ta  platine  ^vec  P acide  marin ^ 

Les  cfprits  de  fel  foibles  ou  fojt^. ,  étant  di- 
rigés féparémcnt  avec  un  tiers  de  leur  pefan- 
teur  de  platine  ,  à  une  chaleur  douce  ,  pen- 
dant quelques  heures  de  fuite  »  les  liqueurs  font 


p  L  A 

reftées  fans  couleur  «  Se  ta  platine  n'a  point  rtfi 
d'akératîon.  On  a  cnfuitc  augmenté  la  chaleur, 
&  tenu  les  liqueurs  dans  une  forte  ébullitiao  , 
j y fqu'à  ce  qu'elles  ont  été  entièfcment  exhalées^ 
fins  qu  ils  fe  foit  fait  aucun  changement  fc«- 
fible  dans  la  platine. 

Quand  le  fel  commun  efl  chauffé  fortemeot 
en  mélange  avec  certaines  fubilanccs  vîirtol*- 
qiies ,  fon  acide  >  forcé  de  fortir  par  Pacide  Tiiri^ 
lîque ,  de  réfolu  en  fumées  par  la  chaleur  ^ 
corrode  certains  corps  métalliques  fur  Sefqitdl 
il  n'avoit  point  d'aéion  dans  fon  état  liquide 
Oa  a  donc  mêlé  deux  parties  de  fel  mann  dé* 
crépité  ou  defféché  avec  trois  parties  de  ritrwl 
vert ,  calciné  jufqu*à  rougeur  .'  on  a  prcfle  uni- 
ment trois  onces  du  mélange  dans  un  pot  à  cé- 
mentation \  on  a  étendu  uniment  y  à  la  furCKie» 
une  once  de  Platine  qu*on  a  recouvcnc  aw 
encore    un    peu    du  mélange. 

On  a  couvert  &  lutté  hermétiquement  le  valfleao, 
&  on  Ta  entretenu  pendant  douze  heures  à  une  d» 
leur  rauge  modérée»  En  l'examinant , quand  il  fut  tfc 
troidi  ,  on  trouva  que  le  mélange  falin  %*itm 
fondu  ,  de  formoit  une  maiTc  uniforme  unie  ;  I» 
patine  qui  étoit  tombée  au  fond,  étant  fépir^ 
aVvec  le  mélange  par  la  lotion  ,  parut  n'avotf 
éprouvé  aucun  changement,  quoique  fa  pcûs- 
teur  eût  un  peu  diminué. 

On  répéta  l'expérience  avec  un  mélange  moiits 
fufible  »  appelé  le  ciment  ré^al  ,  coinpofé  d*ttne 
partie  de  fel  commun  ,  une  partie  de  cokothar , 
ou  Vitriol  fortement  calciné  ,  &  quatre  de  bn- 
ques  rouges  en  poudre.  Une  once  de  Platine  cjy 
veloppèe  ,  comme  cl-delTus  ,  de  fîx  onces  de 
cette  compofition  ,  &  cémentée  dans  un  Tatffeia 
fermé  ,  à  une  chaleur  rouge  pendant  vîrjgt  heurts  , 
n*a  fouffert  aucun  changement  efleatîel  ,  quoi- 
qu'il y  eût  »  comme  auparavant  ,  quelque  diminih 
non  dans  fa  pefanteur. 

Beaucoup  des  grains  avoîent  perdu  leur  cou* 
leur  ;  au  lieu  que  dans  l'expérience  précédente 
ils  ètoient  tous  re^és  à'peu-près  auOî  briltii»  & 
aufTi  blancs  que  d'abord ,  peut-être  à  caufc  que 
le  mélange  ,  en  fondant ,  en  avoit  lavé  fit  settoj^ 
les  furfaces. 

De  tous  les  corps  métalliques ,  Tôt  eft  le  feulqil 
réfiAe  à  l'acide  marin  dans  cette  façon  de  Tappliqucr* 
Comme  la  platine  n'a  donné  aucunes  oiarquef 
de  dinfolution  dans  ces  expériences  ,  on  a  prf 
fumé  que  ce  métal  lui  avoit  pareilletnent  fkWt , 
&  que  le  défaut  qu'on  avoit  trouvé  dans  la  p 
fauteur,  venoit  de  ce  que  quelques- uns  des  plus  p^ 
tits  grains  avoicnt  été  emportés  par  la  aiatlcrc  «^ 
talhque  pefante  du  vitrioU  On  a  eo  conftquen» 
varièrexpérience ,  en  fubûituant  aux  mélanges  prf 
cédens  le  mercure  fublimé,  qui  eil  une  co<nèî- 
naifon  de  Tacide  marin  concentré  avec  le  ri* 
argent.  Quand  on  mêle  cette  compoficioa  atfC 
quelques-uns  des  métaux  communs,  excepté  l'or, 
oc  qu  on  expofe  k  m^ange  à  une  chaiiur  co** 


P  L  A 

venaMc  ,  le  mercure  fe  ftparc  &  s'exhaîc*  tin- 
di»  que  Tacidè  s*;ir.ît  avec   te  méul. 

On  a  étendu  une  once  de  phiinc  ,  fur  trois 
•ncesde  fublimé  en  poudre  ,  é^ns  un  vaiïïcau  de 
▼erre,  &  Tayant  placé  fur  un  feu  éi  fable  mo- 
déré ,  le  fubllmc  vcihala  totalement  ,  lai  (Tant  ia 
ptatine  dans  fa  première  pefanteur,  &C  fans  être 
rongée,  quoiqu'un  peu  décolorée» 

Comme  laôton  du  fublimé  fur  les  corps  dé- 
fieod  non- feulement  de  ce  que  Tacide  eA  capa- 
ble de  tes  ronger ,  mais  encore  de  ce  qu'it  a 
une  affinité  plus  forte  avec  eux,  qu'il  n*en  avoit 
m\tQ  le  mercure,  cVft*à-dire,  une  difpofuion  a 
s*unir  avfîc  eux  préférablement  au  mercure ,  >l 
eA  f^oifible  qu*»!  le  trouve  des  corps  récliement 
capables  d'être  rfvnges  |:ar  Tacide  ,  mais  qui 
syant  moins  d\iifi  nié  avec  lui  que  n  en  a  le 
ffieicure  ,  rèftile^ont  par  contéquenr  à  fanion  du 
fub4m*j.  On  eut  donc  recours  au  ciment  régat  ; 
HàiilAi\  a6n  qu'aucun  des  grains  de  plitine  ne  cou 
^rût  nfque  de^re  perdu  ,  on  fondit  avec  eux 
deux  fois  leur  pe^^nteur  d*or ,  èi  on  battit  ibi- 

»gneufement  le  mèLnge  fous  le  mjrt:.-au ,  pour 
en  former  une  plaque  mince.  Un  m>rceau  de 
cene  phque  pf^nt  cinquante  grains  »  fui  envi- 
ffonné  de  cément  régil  ;  on  couvrit  Ôc  lutta  le 
creufet  «  et  on  le  tint  à  une  chaleur  rouge  pen- 
dant vingt  heures. 

En  examinant  le  métal ,  on  trouva  qii*îl  con 
fcrvoit  ta  blancheur  Ht  la  qualité  caltanre  qu. 
Por  r  Çi>it  conftamm  nt  i*une  i\  grande  quantité 
de  tlatinc ,  6c  qu'ti  avoit  perdu  environ  un 
dcmr  grain  de  fon  poids ,  ou  une  centième  par- 
tie* C.^te  perte  vcno  t  p-'ut-étre  de  l'ai'  âge  em- 
ployé dans  Por  qui  étoit  au  deiTus  du  titre  » 
mais  piis  p-art  i  m  nt  iïn ,  ou  peut-ère  de  U 
ditTolution  de  quelq  ie!»-unes  dtrs  p.àriies  hétérogènes 
de  la  p'atine,  m^is  point  du  tout  de  la  purine 
cUe^méme  ;  car  h  mcmc  pUque  ,  cémentée  en- 
core avec  un  n^u^esu  méUngL'  pendant  le 
même  cfpace  de  temp*  ,  n'éprouva  pius  de  i- 
Biinution.  Si  I*acir1e  marin  étoit  çapabie  de  ron 

fer  U  platine,  la  corrofion  auroi*  conttnu^  ^ians 
s  fécond    procédé  ;  &   au  lieu  d*une   centième 
par  ie  ,  prés  d*un  tiers  auroit  éiè   rongé. 

Ccîf--  c^oéric  et  détermine  donc  avec  certi- 
nidc  la  éufl4nce  de  la  pfaiîne  aux  tumêes  du 
<el  marin  ;  tk  que  le  cément  régal,  amft  nom- 
mé parce  qu'on  fuppofe  qu'il  pur  lie  Vm  de 
tous  les  corps  m-taliiqucf  hétérogènes,  cft  inca- 
pable dVn  ièparer   la  platine. 

Il  y  a  des  circon  fiances  dans  Icfquelles  Tor  lui- 
même  c(l  diHous  par  TadJe  marin  pur  ^  p^r 
exempte  «  qu^nd  il  a  été  fondu  avec  de  létiiin  & 
le  m^latigt:  reduir  en  poudre  ik  cAcii  è  »  ou 
«|ttand  ii  a  été  réduir  fous  la  forme  d*une  chdux , 
p»f  précipiiaTinn  d'avec  les  autres  m.nftrue»*.  La 
ptitine  calcinée  avec  r»c  Tétain,  &  un  peu  dvs 
pf  Acif  tiAsdc  la  platine  dont  cous  reodroju  compte 


p  L  A 


711 


dam  la  feflton  prochaine ,  furent  mis  en  digef* 
lion  dans  Tefpiic  de  fel,  à  une  chaleur  modérée , 
pendant  plufieurs  heures.  La  couleur  j^une  rou* 
geâtre  que  'a  mi:nflrue  acquit  ,  fit  voir  qu^une 
partie  de  la  plaiine  s'étoit  diffoute  ,  quoiqu'elle 
parût  fe  difluudre  un  peu  plus  difficilement ,  & 
en  moindre  quantité  que  l'or  qui  feroit  traité  de 
la  même   manière. 

La  pîaùni  avec  raciJt  nhrtux* 

i^.  On  a  mis  de  Tefprit  de  nitrc  délayé  avec 
de  i*eau  ,  de  l'eau  -  forte  à  l'épreuve ,  6i  de  fort 
ef^jTjt  nitreux  fumant ,  digérer  féparémcnt  avec 
le  tiers  de  leur  pefanteur  de  platine,  aune  cha- 
leur douce  pendant  plufieurs  heures.  On  remar- 
qua, durant  la  digcftion ,  quelques  petites  bouteilles 
fe  former  à  la  furface,  comme  fi  la  dinbluiion 
commençoit  à  fe  faire ,  mais  te<  liqueurs  ne  fe 
colorèrent  point  ;  6t  le  feu  ayant  été  pouÛTé  de 
hqon  à  les  tenir  bouillantes  ,  jufqw  a  ce  q^i'elles 
fuiient  coïiè  ement  évaporées,  la  platine  r^fta 
fans  altération,  excepté  feulement  que  pluAeun 
des  grains    avoienc  perdu  leur  couleur. 

2^.  On  traita  de  même  la  pla  ine  avec  les  ce* 
mens  nitreux  >  par  des  procédés  femblablcs 
à  ceux  djns  h^fquels  elie  avoit  été  eypoféc  aux 
v.i peurs  du  fcl  mai  in.  On  broya  enf.mble  une 
onire  de  nitre  pur ,  8c  une  onc-  &  demi;  de 
vitriol  vert,  calciné  juf^u^a  rougeur.  On  af^pli* 
qua  uniment  •  un^î  partie  du  méange  dans  un 
creufct ,  %L  on  étendit  par  dcllus  xmt  once  de 
pUtine  qui  fur  recouverte  par  le  reile  du  mé- 
lange. On  couvrit  le  creufct.Ôt  on  le  turti  ;  puis 
on  pouffa  le  feu  par  degrés  ,  de  façon  à  U\tc 
rougir  entièrement  le  vaitîeau  ,  puis  on  le  con* 
tinua  dans  cet  état  pendant  fept  ou  huit  heures* 
U  fortoir  et  s  fumées  nitre  ufes  rouges  abondam- 
ment par  qu;:lqu  s  petites  ftlures  quelles  s'é- 
toient  pratiquées  dans  le  lut. 

Le  creufet  étant  refroidi ,  on  trouva  le  mi* 
lange  qui  n*éioit  ni  fondu,  ni  rafTemblé,  mais 
en  poudre  ât  épirs  La  platine  avait  le  même 
poids  &  la  même  apparence  qu*au;>aras'ant ,  ex* 
ceptè  q^ic  plufieurs  des  gt^-ain-»  éioient  d  venus 
d^une  couleur  fale  ou  brunâire,  comme  dam  les 
expériences  précédentes* 

Autns    txpintnc€ê  faiits    avec   Its   acides  préçé* 
dent^ 

M  Marggraf  a  doûné  fur  cette  marière  quelques 
expériences  qui  ont  été  conduites  d  une  manière 
un  peu  différente  des  mi  nnes  ;  autfj  a  t  il  re* 
marqué  quelques  pMénomènes  qui  n<(<Uni  pas  prè» 
lentes  à  ma  vue  :  loi  te^  O' t  «rté  faite  d^ins  de 
peines  cornues  de  verre  ,  Ai  x  ;t  e>  e>  il  a /oit  adapté 
Us  récipieau  j  6c  It  tcu  avoïc  cte  pouifé  graduel- 


7i2 


P  L  A 


lement ,  jafqu'i  faire  rougir  CDtièrcmeat  les  cor- 
nues* 

De  cette  manière  îl  traita  la  platine  avec 
huit  fois  ù  peCantcur  d^  cha^cun  des  trois  acides 
précédens,  avec  deux  fois  fon  poid*  de  mercyre 
îublimè  ,  avec  deux  fois  (on  poids  de  fel  am- 
moniac ,  8c  avec  t  oi^  fois  fa  pefanieur  du  mé- 
lange appelé  ftl  aUmhro:  ^  qui  eA  compofé  d'une 
partie  de  mcrcurt;  iuhlimè  6c  deux  de  fel  am- 
moniac. Dms  chaque  expérience,  la  quantité  de 
pUtine  éïoit  de  foixante  g:aîns. 

Avec  les  acldt^s  nicrLUx  &  marins  ,  il  eut  dans 
le  col  de  la  cornue  un  fublimè  cryAallin  bîanc, 
qui»  vu  dans  un  mycrofcope,  reÛembloir à  Tar- 
fenic  cryflaUin ,  mais  dont  la  quantité  étoît  trop 
pet  te  pour  pouvoir  la  foumettre  à  aucun  exa- 
men  ultèii^'Uf.  Quand  ii  fe  fervit  de  l'acide  ma- 
tin y  il  y  eut  aufE  un  autre  fublimè  d'une  cou- 
leur rougeâtrc  ;  &  dans  t  jus  lis  cas ,  la  platine 
Cjui  reAoit ,  fut  changée  en  partie  en  une  cou* 
l^ur  brune  rou|eâtre.  Le  mercure  fublimè  $*éleva 
ians  couleur  ,  &.  laLlTa  la  platîne  d'une  couleur 
gfifàtre  foncée  ,  &  rougcâtre  ça  &  là.  L^  fel 
alembrot  s  éleva  aufB  parfaitem.:nt  blanc  ,  mais 
il  fut  fuivi  d'un  peu  de  matière  jaunâtre  ;  la  pla- 
^ine  reAante  étott  d'une  blancheur  éclatante  , 
prcfque  comme  de  l'argent.  Avec  le  fel  ammo- 
niac it  y  eut  un  beau  fublimè  jaune  (  appelé 
par  erreur  bleu  ,  dans  les  M: moires  de  Berlin  )» 
îembUble  à  celui  qui  s'élève  d'un  mèlajige  de 
ce  fel  avec  le  fer  ;  la  platine  reftante  étoit  plu- 
tôt plus  blanche  qu'auparavant ,  &  au  bout  de 
quelque  temps    elle    devint  un  peu    humide    à 

M.  Marggraf  fait  une  mention  expreAe  que 
dans  ces  expériences  II  employa  le  métal  crud 
&  fans  éire  épluché  ;  au  lieu  que  dans  les 
miennes  je  n'a  vois  employé  que  les  grains  blancs 
les  plus  gros ,  d'entre  lefqnels  j'avois  6té  avec 
foin  toutes  les  parties  hétérogènes  &  les  grains 
de  mauvaife  couleur  ,  que  j'avoîs  pu  diftinguer 
avec  ïe  fecours  d  un  verre  à  groiïir  Us  ob}ets. 
Il  eft  très-certain  que  les  fublimés  ne  provc- 
noîcnt  pjs  de  la  platine  elle-même ,  mais  de  fes 
mélanges  ;  le  blanc  peut-être  des  globules  mer- 
curiels  qui  fe  irouvoient  unis  avec  les  acides  ; 
&  le  jaune, des  parties  ferrugineufes.  L'auteur 
conclud  lui-même  »  d*après  ces  expériences,  que 
les  acides  n'ont  point  d'aûion  fur  la  véritable 
platine  ,  mais  attaquent  en  quelque  forte  fes  par* 
tîes  ferrugineufes  ;  8l  que  l'acide  marin  femble 

Îiroduire  cet  effet  dans  un  plus  grand  degré  que 
es  deux  autres. 

La  pîmlnt  avec  VEau  régale* 

L'eau  régale  ,  qui  cft  la  propre  menftrue  de 
For,  étant  verfée  fur  la  platine  ,  commença  à 
agir  fur  elle  à  froid  légèrement ,  &  par  Taffif- 
uoce  de  la  chaleur ,  elle  la  diffout  kmemeot  & 


P  L  A 

avec  difficuhé,  acquérant  d'abord  une 
jaune  qui  devint  foncée  pcu-à-peu,  à  mi 
que  la  mcnArue  devenoit  plus  chargée,  &  es- 
ha  finit  par  être  d'un  rougt:  bruaitre  obûur  k 
prefque  opaque. 

%\  L'expérience  fut  répétée  pluCrctrs  hr% 
avec  difTérenies  fortes  d'eau  rég<ile  ,  firret  ti 
difToîvant  du  lel  marin  6t  du  fc! 

parement,  dajis  quatrefois  leur   peU-.i-^. 

torte  ,  &  en  extrayant  Tcf^rit  de  mtfe  «bit 
une  retOrre  de  la  même  proporrion  de  cliannr 
des  fds>  Toutes  ces  menftrues  ont  dtifovs  U 
platine  ,  &  il  ne  m'a  pas  paru  que  Tun  le  bi 
plus  aifèment  ni  en  plus  grande  mianmé  ^ 
Tautre.  M.  Macqujr  a  eHâyè  aum  p)oli<iin 
eaux  régales,  cumpoféei  de  dtfferi^ntei  pome» 
des  acides  nitreux  6c  mirins  ;  ÔC  J  a  trOttfè 
qu'un  mélange  de  deux  parries  égales  des  deia 
cfprits  étoit  un  de  ceux  qui  lui  om  rtefH 
mieux. 

3*^,  Pour  déternTÎncr  la  quantité  de  menflnw 
néceiTaîre  pour  fa  dilTofution,  j'ai  préparé  uitc 
eau  régale,  en  délayant  diz  onces  &  demie  d*d* 
prit  fumant  &  fort  de  nitre  avec  huit 
d'eau ,  &  extrayant  le  mélange  de  Cx  onces  4e 
fel  commun  :  cinq  onces  de  cette  eau  ligak, 
qu'on  peut  eflimer  contenir  trois  onces  d*ef|pm 
acide  très- fort ,  ont  été  verfées  ftir  une  oiKe 
de  platine  dans  une  cornue  k  iaifuelle  étm 
adapté  un  récipient.  Y  ayant  un  feu  modéré , 
la  menftrue  agit  affez  vivement ,  &  il  s'en  életa 
des  fumées  rouges  en  abondance,  Quijid  Ici 
deux  tiers  ou  environ  de  la  liqueur  furent  itfcs» 
fon  aâion  étoit  à  peine  ou  point  du  tout  feo- 
ûble  ,  quoique  le  feu  fût  con&dérableiDCtt 
pouffé. 

La  liqueur  diftillée  ,  qui  paroiiToit  d^one  couIcqt 
rougeâtre  claire ,  étant  encore  reverfée  dans  U 
retorte  ,  la  dilTolution  recommença  d^  nouveau; 
la  vapeur  qui  s'éleva  pour  lors ,  étoit  beau- 
coup plus  pâle  que  d'abord.  Ayant  répété  lico- 
hobation  quatre  fois  ^  la  liqueur  diftillée  devtiu 
toujours  de  plus  en  plus  pâle  à  chaque  fois  ; 
à  la  fin  >  les  himées  &  l'aéion  ceffèrent  ^  quoi- 
que le  feu  fjt  augmenté ,  &  une  partie  de  il 
platine  re^a  fans  être  diffbute.  On  ver(â  donc 
la  difTolution  hors  du  vafe ,  &  on  ajosta  ui 
peu  plus  de  la  mendrue  :  on  recommeikça  b 
diAillation  Se  la  cohobation  ;  &  ces  procédéi  fi^ 
rent  répétés  jufqu'à  ce  que  toute  la  pUtioe  pt* 
rut  être  enlevée  ,  a  l'exception  d'un  peu  de  aa- 
rière  blanchâtre  qui  fembloit  être  fes  iififâ- 
retés.  Les  dernières  portions  de  menftrue  U 
paroiiTant  pas  être  fuffifamment  foulées  ,  oa  J 
ajoura  encore  un  peu  de  platine  ;  &  apm 
que  Tacide  eût  cefTé  d'agir ,  on  fit  fêch»  &  ot  < 
pefa  le  relie  de  la  platine,  pour  voir  combîca 
ii  y  en  avoit  eu  de  diffoute- 

On  trouva   que    par  cette  méthode  d*applici* 
cion  I  une  once  de  platine  avoii  été  daibiiic  ptf 


__  P  LA      - 

liuît  onces  &  un  quart  de  menflrue.;  laqueHe 
quantité  de  menflrue  ,  comme  il  paroît  par  la 
manière  de    fa  préparatloB  ,  étoit   compofée    de 

2uatre  onces  &  demie  d^cfprit  acide  vigoureux , 
élayé  avec  trois  ouces  trois  quarts  d'tMU  ;  au 
lieu  que  quand  la  dige^ion  étoit  f^ite  dans  des 
▼aiflcâux  découverte ,  &  qu*on  UiiToir  échspper 
les  fumées,  il  talloit,  pour  difloudre  une  onc<5: 
de  piacinc,  environ  quatorze  onces  de  ta  menf- 
true  Cï-cleiïus  ,  cnntenarTt  prés  de  hifit  onces  dVf- 
prit  acide  fort.  Il  paroit  que  la  plarine  en  ♦  de- 
mande une  bien  plus  grand;  quantité  qae  Vor  , 
&  qu*elle  fe  dilTour  avec  beaucoup  plus  de  dif- 
ficulté. 

4^,  M.  Marggraf  s'efl  ft-rvi  d*une  eau  régale 
compofée  d'une  partie  de  M  ammoniac  ôt  feize 
parties  d'eau-forte  ;  il  a  trouvé  quM  falloit  vin^t- 
qtiaire  oncts  de  ccTte  mcnilrue  pour  diiloudre 
une   once  de  plarine. 

On  ptrwt  foupçonner  qu'ici  la  dofe  de  fel  am- 
moniac n'étoit  pas  ftjffifante  pour  mettre  loutc 
rcau-foite  en  état  d  agSr  fur  b  platine  ,  de 
forte  que  le  métal  ne    fut   diiîous   que    par  une 

!>ortion  cîe  la  menflrue ,  le  relie  étant  une  eau- 
ôrte  fuperflue» 

L'auteur  obferve  qu  à  froid  la  difTolution  Jeta 
de  petits  cryilaux  rou^eâtrcs  :  cependant  il  en 
diflilia  la  moitié  dans  une  cornue ,  &  ne  retnar- 
qua  pas  qu'il  foit  arrivé  dans  !e  réfidu  concen- 
tré aucune  cryflalhfation  ^  d*oii  il  paroït  s  enfui- 
Vre  que  la  moitié  de  la  liqueur  n^étoit  point 
eiTentielle  à  la  diflbiutîon. 

Ç^.  M,  Micquer  a  fait  une  eïpénencc  de  la 
même  efpécc ,  qui  fe  rapporte  mieux  avec  la 
mienne  :  ftrize  onces  de  ion  eau  régale  ,  com- 
pofée de  parties  égales  des  acides  nitrcux  6c 
marin  ont  diiTous  par  digeftion  une  once  de 
piatîne;  8c  dans  mes  eflats ,  j'ai  trouvé  qu*il  n'en 
ulloit  pas  plus  de  quatorze  onces. 

Les  efprits  acides  différent  fl  fort  par  leur 
force  ,  &  la  circonflance  que  les  vapeurs  foient 
plus  ou  moins  rentermeci  pendant  le  procédé  , 
influe  fi  confidirabiement  fur  la  diflblutton  , 
comme  11  paroit  par  iexpérience  rapportée  ci< 
deflus  t  qu*on  ne  doit  pas  efpérer  d'avoir  une 
rcffemblance  exa^e  (ur  et  point. 
^  6^.  Dans  toutes  les  diffoîutions  de  plattne  , 
Teft  reflé  au  fond  une  portion  de  m.inére  noi- 
jatre  ,  foit  que  la  pLirne  ait  été  fcparée  ou  non 
de  fa  poudre  noire.  Dans  quelques  expériences, 
où  j'avots  choifi  les  grams  les  plus  purs  dit  mé- 
tal ,  la  quantité  de  cette  matière  i ndi il jlubîe  a  monté 
àenvironfix  grains  fur  une  once,  ou  une  quatre- 
vinet  fciziémc  partit. 

Quand  je  me  fuis  fervi  du  minéral  entier»  fans 
en  féparer  ks  mriiiéres  hèiérogénes ,  le  réfidu  a 
été  dans  un  effai  de  plus  d'une  quarantième  , 
fie  dans  une  autre  ^  d'eriviron  u  e  trentième 
partie»  On  ne  peut  pas  en  dét.rminer  Ij  pro  H>r 
tion  avecbcaucoupd  exa^irude  ,  p  rce  que  U  fubf- 
Ans  &  Mitun.  Tumc  F,  Pêrtk  //, 


P  L  A 


7^5 


tance  indiffoluWe  défend  contre  Taftion  de  Ta- 
cide  quelques  petites  particules  du  métal 
même. 

7^.  Une  grande  panic  de  ce  réfidu  ,  comme 
robferve  M»  Mirg^raf  .cfl  attirée  par  l'aimant, 
fon  principe  ferrugineux  ctint  probablement 
logé  par  couches  dans  la  matière  fahloneirfe ,  de 
forte  que  Tacide  ne  peut  pas  y  atteindre.  Conme 
les  grains  les  plus  fins  du  métal  laifTent  tn-ipiurs 
plus  ou  moins  d*une  fubflance  indiiTolublc  ,  il 
s'enfuit  que  la  d.fTalution  rend  la  plaiinc  un  peu 
pli!s  pure. 

Toutes  les  expériences  rapportées  dans  cette 
f^6tion  concourent  à  établir  un  rapport  irés- 
fort  entre  b  pbtine  &  Tor.  Il  y  a  quelques  au- 
tres mét^iUf  qui  ,  à  U  vérité ,  le  diffolvent  dans 
Tenu  régale,  Ôc  avec  beaucoup  plus  de  facilité: 
mais  réfillcr  foit  à  Tacide  viirioîiquc  pur  ,  ^u  à 
i'ac»  e  marin,  ou  à  l^acidc  nitrcux  ,  dans  les  cir- 
confia,  ces  où  for  &  la  platine  leur  réflfîent , 
ce  font  des  propriétés  qui  font  particulières  à 
ces    d^ux    mitaux. 

Expériences  fur  la  foijtion  dt  plaùne* 

Les  folutions  de  platine  dans  Tciu  régale  ^ 
quand  elle  efl  chargée  dit  mitai  jufqu*^  fatura- 
tion  ,  font  d  une  couleur  rouge  brune  ,  prcfque 
opaque  6c  obfcure  ;  quand  elles  ne  font  que 
légétetnent  imprégnées ,  elles  font  d'un  jriune  à- 
peu'près  femblablc  à  celui  de  l'or.  Quelques  gout- 
tes de  ia  liqueur  faturée  teignent  une  grande  quan- 
tité d'eau  d'une  belle  couleur  d'or.  Je  ne  cor- 
noîs  point  d*aiirre  corps  métaVàquc  dont  les  fo- 
lutions dans  les  acides  foicm  fi  riches  fit  fi  éten* 
dues  en  couleur ,  ou  teignent  une  û  grande  quan-* 
tiré  des  fluides  aqueux. 

Malgré  cette  faculté  de  s*étendrc  qu*a  la  cou- 
leur  de  la  liqueur  même  ,  &  fa  rcffemblance ^ 
quand  elle  eft  délayée,  aux  folutions 'd'or  ,  elle 
n*efl  pas  propre  à  communiquer  aucune  couleur 
aux  antres  coi^ps  ;  Ôt  à  cet  égard  la  pbtine  dif* 
fcre  confidérablement  de  Tor,  Elle  corrode  la 
peau  y  la  rend  rude  &  dure  ;  mais  je  n*ai  pas 
remarqué  qu*elle  lui  donne  aucune  teinture ,  pas 
même  la  faune  ,  que  la  menflrue  feule  communique 
à  h  peau.  Ui  voire  ,  des  plumes  ,  de  la  foie,  du  bois  » 
ài  Id  toile^ont  été  trempés diins  la  liqueur  délayée, 
&  cxpofés  au  foie  il  ;  on  a  répété  la  même  opé- 
ration trois  ou  quatre  fois  :  tous  ces  corps  font 
devenus  bruns,  î  caufe  que  la  matière  colorante 
de  la  folutîon  s'étoit  féchàe  k  b  furface  ;  mai» 
i'eau  a  fait  difpar'^itre  promptcment  cette  teinte, 
&  laifTé  c-s  corps  fans  couleur  comme  aupara- 
vant ,  excepté  que  la  foie,  après  avoir  été  la- 
vée .  a  retenu  une  ccnatne  teinture  tirant  fur  le 
brun 

Li  folutîon  verC-e  fur  du  marbre  chauffé,  J'a 
rongé  fur-le  clump,  mais  fans  lui  donner  au- 
cune couleur.  V criée  goutte?  à  goutte  d^ns  des 


7M 


P  L  A 


infufions  de  camomille,  bien  loin  d'en  relever 
la  couleur  rouge  ou  pourpre,  elle  la  détruifit 
&  la  changea  en  brun  ou  noirâtre.  Quelques- 
uns  des  mélanges ,  couchés  fur  le  papier  avec 
un  pinceau,  parurent  à- peu-près  de  la  même  cou- 
leur que  les  nuances  les  plus  pâles  d*encre  de 
la  Chine. 

CryflallifàtiQn  de  la  platine. 

Les  folutions  de  platine  fe  cryftallifent  beau- 
coup plus  aifémeat  que  celles  d*or.  Comme  il 
faut  une  chaleur  confidérable  pour  faire  que 
Teau  régale  fe  foule  du  métal ,  la  folution  chargée 
dépofe  généralement,  dans  le  temps  qu'elle  fe 
refroidit ,  un  fé  iiment  rouge  brunâtre ,  oui  n'eft 
autre  chofe  qu'un  nombre  de  cryflaux  fort  me- 
nus. 

Une  quantité  de  la  folution  ayant  été  mife 
repofer ,  par  un  temps  chaud ,  dans  un  vaifTeau 
de  verre  découvert  ,  Thumidité  fuperdue  s'ex- 
halant  par  degrés,  laiffa  des  cryflaux  paffablc- 
ment  grands  ,  d'une  couleur  rouge  ,  obfcurs  , 
prefque  opaques ,  &  de  figures  irréguliéres ,  di- 
verfement  joints  enfemble ,  la  plupart  en  forme 
de  feuilles ,  comme  les  fleurs  de  benjoin ,  mais 
plus  épais.  Leur  goût  étoit  un  peu  âpre  &  mau- 
vais ,  mais  pas  de  beaucoup  fi  corrofif  qu'on 
l'auroit  pu  penfer  d'après  la  grande  quantité  d'aci- 
desnitreuxoc  marin  combinés  avec  le  métal.  Lavés 
avec  de  Tefprlt  de-vin  d'épreuve,  ils  devinrent  un 
peu  pâles ,  mais  demeurèrent  toujours  d'une  haute 
couleur ,  refieihbîant  à  celle  des  filets  foncés  du 
fafran.  A  une  chaleur  modérée  ils  parurent  fe 
fondre  ,  quoique  feulement  d'une  manière  im- 
parfaite ,  &  letérent  des  fumées  blanches  qui 
fentoient  refprit  de  fel.  A  la  longue ,  ils  tombè- 
rent en  une  chaux  de  couleur  grifâtre  obfcure  , 
qui  teignit  la  pipe  de  tabac  ,  dans  laquelle  il  fu- 
rent expofés  au  feu,  d'une  couleur  rougeâtre  , 
«latte  &  pâle. 

yolatUifition  d^  la  platine. 

Ce  métal ,  auffi  fixe  au  feu  par  lui-même  que 
Tor  ,  paroit  êire  également  volari  ifé  par  rabf- 
traftion  brufaue  de  l'eau  régale  faite  avec  le  fel 
ammoniac.  M.  Marggraf  a  mis  ,  dans  une  retorte 
de  verre,  fix  onces  d'une  folution  de  platine  , 
faite  dans  un  mélange  de  feize  parues  d*eau- 
fcne  &  une  partie  de  fel  ammoniac.  Ayant  mis 
la  retorte  dijns  le  fable,  &  y  ayant  adapté  un 
réci;  ient,  il  en  tira  le  liquide  par  un  feu  gradué 
qui  à  la  fin  fut  augmenté  de  façon  à  faire  rou- 
gir tout-à  fait  la  retorte,  &  la  rendre  prête  à  fe 
fondre.  Il  y  demeura  au  fond  une  poudre  brune 
rougeâtre  qui  ,  étant  encore  plus  calcinée 
fo'js  une  mouiHe ,  devint  de  plus  en  plus  d'une 
couleur  noirâtre  brillante. 


p  L  A 

On  trouva  dans  le  col  de  la  retorte  im  fe* 
blimé  d'un  rouge  brun  ,  qui  ayant  été  cxpoft  à 
l'air  quelques  jours  ,  coula  en  une  liqueur  ron- 
ge ,  reiïembl  inte  à  la  folution  de  platine.  Il  verû 
un  peu  de  cette  liqueur  fur  une  plaque  de  cuivre 
polie,  &  trouva  qu'au  .bout  de  quelque  tempf 
la  platine  fe  précipita  fur  le  cuivre  ,  comme  il 
arrive  de  fes  folutions  communes  ,  couvrant 
le  cuivre  d'une  poudre  noiiâtre  brillante. 

Solution  de  platine  avec  f  acide  du  vkriol. 

Sur  une  folution  de  platine  délayée  dans  de 
l'eau»  j'ai  ajotté  un  peu  d'cfprit  fort  ,  appelé 
huile  de  vitriol  ;  il  ne  s*eft  enfiîvi  ni  précipita- 
tation ,  ni  chai;g'^ment  de  couleur,  quoiqu'on  j 
eût  fait  couler  de  temps  en  temps  une  granér 
quantité  d'acide ,  &  qu'on  Uiflfât  le  mélange  r» 
pofer  pendant  plufieurs  jours  ^  maïs  en  sjouraoc 
le  même  efprit  viiriolique  fort  avec  une  folu- 
tion non  délayée  de  platine,  la  liqueur  auflîtdc 
devint  trouble,  &  il  s'en  précipita,  peu  après, 
une  matière  de  couleur  fale  &  obfcure.  On  ne 
fit  pas  rediiToudre  le  précipité  en  y  verfant  de 
l'eau  ;  on  n'empêcha  pas  non  plus  la  précipita- 
tion, en  ajoutant  l'eau  immédiatement  après  que 
l'eau  y  fût  verfée. 

Solution  de  platine  avec  Falkafi  vpUtîL 

Les  efprîts  de  fel  ammoniac ,  préparés  par  la 
chaux  vive  &  par  les  fels  alkalis  fixes  ,  étant 
ajoutés ,  à  des  folutions  de  platine  délayées  avec 
de  l'eau ,  ont  précipité  une  poudre  brillante  d'ut 
rouge  obfcur  ;  mais  en  quelque  quantité  qv'oa 
y  employât  les  efprits,  la  précipitation  n*a  pas 
été  totale  ;  il  eft  toujours  relié  une  quantité 
confidérable  de  platine  en  di/Tolurion  ,  (k  aflex 
pour  communiquer  à  la  liqueur  une  fone  coulew 
jaune. 

Le  précipité  rouge  ,  féché  &  expofé  au  feu 
dans  une  cuiller  de  fer,  devint  noirâtre  ,  ùm 
rien  manifeAer  de  cette  puiiïance  fulminante 
que  les  précipités  d'or  préparés  de  la  même  ma- 
nière ,  ont  dars  un  degré  remarquable. 

En  lavant  un  peu  du  précipiré  rui*  un  filne , 
&  y  ajoutant  de  l'ean  à  plufieurs  reprif;;$  ,  la  plas 
grande  partie  $*eft  diflToute  ;  &  il  n'eft  refté  fer 
le  papier  qu*une  petite  quantité  de  matière  noi- 
râtre, &  la  liqueur  qui  paiïoit  à  travers  fiitd'orc 
couleur  d'or  brillante  &  foncée.  Une  petite  quae- 
tiré  de  cette  couleur  a  fuffi  pour  en  teindre  nœ 
fort  grande  d'eau. 

Solution  de  platine  avec  le  fel  aîkali  végéta!. 

Le  fel  de  tartre,  le  fel  d'abfymhe,  le  ninc 
f  xe  &  le  lixi  ium  fapcnarium  de  la  pharma- 
copée de  Londres,  ont  produit  fur  la  folution  de 
la  platine  le  même  effet  que  lea  efprùs  volatili     , 


I 

I 


L  A 

Eramcle  précèdent,  excepté  que  les  précipités 
a  votent  une  couleur  rougeâtre  bien  plus  fombre 
Gl  moins  brillante,  La  prècipitaiion  fut  égale- 
ment imparfaite»  la  liqueur  continua  toujours  à 
être  d*une  forte  couleur  jjiine,  &  la  plus  grande 
pante  diJ  précipité  fut  rcdifToLite  en  y  aioatam 
de  Tcau* 

Dans  les  cxpétiences  précédentes,  les  précîpi- 
tés  de  plafine  parles  alkalis  volatik  étoient  d*une 
couleur  rouge  obfcure  &  exircmement  brillante  j 
au  lieu  que  par  les  alka'is  lîxes ,  ils  étoient  d*un 
roiigeâtre  fombre  ,  plus  pâle,  ave:  peu  de  brillans, 
D^ns  les  détails  q^ue  d'autres  ort  donnés  de  ces 
précipitations,  on  n'a  point  fuit  menton  de  ces 
dilténn  es  ^  qui  par  elLs-mémei  ne  font  pas  fort 
Vmpo;tai.tes»  Scheffer  appelle  les  précipités  par 
les  deux  alkalis , /m/>/r m tr«/  rouges  i  &  Marggraf, 
les  app  lie  toi  s  Ijs  d-tix  jaunes  orangés  ^  terme 
<ï^'î  ett  aflez  appUquable  aux  précipitas  que  j'ai 
obtenus  [  ar  l'.s  alk;$)i^  fixes  ,  mais  non  à  ceux 
qii*ont  donnés  les  aikalis  voL^tih. 

Il  fcmb'eroit  qu^l  y  a  voit  eu  quelques  diffé- 
fCnces  réelles  dans  les  apparences  de  nos  pro- 
duits 'efpedifs  i  &L  j*ai  ima^icé  çu-  ces  ditle- 
rcnces  étoient  prcvenues  des  différences  dan^ 
les  fohitions  de  piatinc  dont  nous  nous  fommts 
fcrvis»  Queltjues  clFais  porérieurs  ont  paru 
favorifer  ce  fouj  ç>n  \  car  tandis  que  les  folo- 
fions  ordina  tes  de  plaii^ie  doiinocr^t  des  préci- 
pités de  ïefpéce  rouge ,  u^ie  fokuion  de^  ^«y*- 
taux  de  pla/ine,  faite  diins  Teau ,  nen  a  donné 
que  des  jaunes, 

M    Macquer  explique  cette  différence  de  cou- 

tieur  d  une  autre  manière  :  il  dit  que  le  préc  - 
pité  ne  fc  trouve  rou^e  ,  quequand  ralk;*li  fixe  n*eft 
que  jullement  fuffifant  pour  raiïafier  l'acide  ;  & 
qu'à  mefure  que  Ton  ajoute  de  la  liqueur  alka- 
hnt  au-Jeli  de  ce  point,  alors  le  précipité  de- 
vient de  moins  en  moins  rouge.  Conformétncnt 
à  cela,  M*r>aiimé,fon  coadjuteur  ,  dit  enfuite 
plus  décifivement ,  dans  fon  manuel  Je  càymie  , 
qu*avec  une  julle  quantité  d'alkali  fixe,  le  pré- 
K  cipité  efl  d*un  jaune  orangé  ;  &  que  quand  il  y 
^  en  a  trop ,  ii  ell  d'un  jaune  pâle.  M,  Macquer 
Jugeant  de  là  que  la  rougeur  éîoit  due  à  une 
grande  quantité  de  Tacide  retenue  par  la  pïatine  , 
m  mis  en  digeftion  un  peu  du  précipité  rouge 
dans  une  folution  de  fel  alkali  fixe  :  la  liqueur 
alkaline  abforbant  Vacide,  a  détruit  La  couleur 
rauge  de  la  poudre ,  8c  Ta  rendue  blanche.  On 
a  connu,  depuis  long-temps,  que  les  précipités 
emportent  avec  eux  une  poriion  du  diffolvant 
&  du  cQrps  par  lequel  ils  font  précipités* 

B  L'auteur  obferve  que  cet  effet  paroit  plus  fen- 
fible  d^ns  notre  précipité  de  plûtine ,  du  moins 
par  rapport  au  diirolvant  ,  que  dans  la  plu- 
part des  autres  ;  &  que  cette  ôbfcrvaian  dé- 
couvre la  caufe  de  beaucoup  de  phénomènes  fin- 
^  jtuliers  que  faW  remarqués  dans  la  précipitation 
Wmt  la  platine ,  &  dont  Je  n  ai  pas  donné  la  thé- 


P  L  A 


715 


» 


orle  !  par  exemple,  de  ce  que  le  précipité  rGuge 
eu  foluble  dans  l'eau  ,  &  qu'une  partie  de  la 
platine  demeure  fufpendue  ,  quelque  quanriré 
d  alkali  qu'on  y  ajoute  à  froid.  Il  r^Vrve  pour 
un  autre  mémoire  le  détail  &  Tv^plicatinn  de 
ce  phénomène  ,  di  d'autrts  de  la  m5me  natcr  . 
J'ai  fait  quelques  expériences  qui  ne  cadrenr 
paï  bien  avec  cène  théorie  ;  mais  je  remets  a  f^ire 
m^s  autres  obfer valions  jjfqu^à  ce  que  le  mé- 
moire de  cet  auteur  parotiïe. 

Soluïion  de  Platme  avec  Halk^li  fixé  mïneraf* 

Comiue  les  deux  cf^  èct^s  précédentes  du  fel 
alkah  ne  précipitent  la  platioe  qu'en  partie  ,  il 
y  en  a  un  troîfiéme  qui  n'a  pas  même  cet 
c^eu  Lakali  minéral  ou  la  bafc  du  fcl  marin  > 
dont  nous  décrirons  la  manière  de  le  préparer 
dars  la  fuite  de  cette  hiftoire ,  ne  produit  point 
de  précipitation  du  tout.  Cette  estpcrience  ref 
marquifile  que  nous  devons  à  M,  Marg^raf ,  fera 
ci-après  la  matière  de  notre  examen. 

Solution  de  la  p!a*tnt  avec  Palkali  pmffterr, 

M.  Maiggraf  obferve  Que  quand  la  foluiiori 
de  plarine  eit  mè'éz  &  rafiûfiée  d'uni  lefiTive  d*a- 
kalt  fixe  qui  a  été  calciné  avec  du  fang  ,  elle 
donne  un  beau  précipité  bleu  qui  *  dans  cer* 
taines  circonûances ,  fe  trouve  aufii  beau  que  le 
meilleur  bleu  de  Prufle  ,  quoiqull  y  tombe  en 
méitie  temps  un  peu  de  matière  de  couleur 
orangée. 

£n  répétant  cette  expérience ,  les  liqueurs  , 
quand  elles  furent  mêlées ,  o'abord  parurent  d*ua 
bieua(Tcz  foncé, mais  quand  le  précipité  eut  dé- 
pofé,  la  plus  grande  pattie  avoit  un  œil  jaune , 
fans  doute  par  h  railon  que  la  platine  dont  je 
m*érois  fervi  contenoit  moins  de  matière  ferrugi* 
neufe,  ou  que  la  leffive  alkaline  étoit  moins  fou- 
lée  de  la  fubiïance  qui  teint  en  bleu  le  fer  dtf- 
fous  ,  que  celle  que  M»  Marggraf  avoit  em- 
ployée. 

Pour  obtenir  une  folution  foulée  de  cette  fubf- 
tance  colorante  (  ce  qu'on  ne  peut  pas  s'atten- 
dre d'obtenir  en  calcinant  de^  fels  alkalis  avec 
du  fang  ou  autres  matières  fomblables  ),  j'ai  mis 
digérer  un  peu  de  bleu  de  Prufle  ordinaire  dans 
une  foXiîion  de  fel  alk^lî  fixe ,  âc  dans  de  Tef- 
prit  volatifd^  fel  ammoniac  préparé  avec  la  chaux 
vive. 

Les  deux  menflrues  devinrent  auffitôt  jaunes, 
8c  la  bafe  de  fer  du  bleu  de  PruflTc ,  ainfi  déga- 
Eçée  de  fa  matière  colorante  ,dcmejra  fous  une 
forme  de  rouille.  J'ai  ajouté  fur  ces  deux  tein- 
tures un  pet]  plus  de  bleu  de  Pr.  {Te ,  jufqu'à  ce 
quVlles  ccff^rent  d*âgir  fur  lui.  L  alkali  ûx^  ^  en 
même  temps  que  la  matière  teipnante  ^  parut  avoir 
pris  un  peu  du  fer  ,  car  tl  donna  une  couleur 
bleue  «  avec  de  bonne  eau-forte,  avec  l'acide  du 
foufre ,  8c  avec  le  vinaigre  diAillé  ,  dans  lefqueli 

Xixx  îj 


7i6  PL  A 

il  tCy  avoit  pas  lieu  de  foupçonner  qn'il  y  eût 
^      aucun  fer  contenu  2uparavant. 

La  teinture  volaile  parut  exempte  de  fer  ,  car 
elle  ne  produifît  aucun  changement  dans  l.'s  me- 
ules efprits  acides ,  auoiqu  à  l  inflant  elle  les  chan- 
geât en  bleu ,  dés  qu  on  y  eût  fait  diiroudre  d*abord 
un  peu  de  fer. 

Cette  folution  foulée  de  la  fubftance  teignante 
fut  .verfée  par  d«:erés  fur  la  folution  de  pla- 
tine :  la  liqueur  le  changea  d'abord  en  un  bleu 
foncée  ;  mais  en  y  ajoutant  davantage  ,  elle 
devint  d*un  jaune  verdâtre.  Le  précipité  fut  de 
deux  fortes  ,  jaunâtre  au  fond  ,  Se  bleu  par  le 
haut. 

Le  tout  ayant  été  fecoué  enfemble  &  laiffé 
repofcr  jufqu*au  lendemain ,  il  parut  au  fond  une 
matière  blanche  ,  au-dcfTus  une  jaune  ,  &  au 
fommet  une  grife ,  tirant  fur  le  brun  ,  plus  abon- 
dante. La  liqueur  fe  trouva  d'me  couleur  d'or 
foncée. 

Solution  de  platine  avec  des  fels  co'^ops. 

M.  Marggraf  a  trouvé  que  des  folutiohs  d'a- 
lun ,  de  fel  admirable,  de  tartre  vitriolé ,  du  fel 
fufible  d^  rine ,  faites  fèparément  dan>  de  l'eau  , 
&  une  folution  de  craie  dans  Teau- forte  ,  ne 
produifent  point  de  précipitation ,  ni  de  change- 
ment apparent  ,  dans  une  folution  déUyée  de 
platine. 

Le  fel  ammoniac ,  Tun  des  ingrédiens  auxquels 
la  menftrue  devoit  fa  venu  de  di^oudre  la  pla- 
tine d'abord ,  en  a  précipité  une  grai  dj  partie 
fous  la  forme  d'une  poudre  roi.>geà;re,  ou  jau- 
nâtre ,  à -peu  prés  femblable  à  celle  que  dé^  efent 
les  alkalis. 

Il  efl  à  remarquer  que  quoique  ni  le  fel  am- 
moniac, ni  les  fels  alkalis  féparément ,  n'occafion- 
nérent  pas  une  précipitation  ce mpléee,  la  liqueur 
refiant  encore  d'une  couleur  forte  ;  c  pendant  , 
quand  on  ajouta  l'une  fur  la  folution  reAante 
après  Taâion  de  l'autre  ,  il  tomba  un  nouveau 
précipité  qui  laifTa  la  liqueur  abfolumcnt  fans 
coueur. 

Solution  de  platine  arec  les  efprîts  vineux. 

Comme  on  revivifie  i*or  de  fus  folutiohs  par  le 
«loyen  des  efprits  vineux,  &  qu'on  le  fait  mon- 
ter à  la  furface  en  p<?llicules  jaunes  ,  j'ai  mêlé 
une  folution  de  platine  avec  une  grande  propor- 
tion d'efprit-de-vin  fortement  reflifié  ,  &  j'ai  ex- 
pofé  le  mélange  au  foleil ,  pendant  pluficurs  jours , 
dans  un  vafe  de  verre  à  large  embouchure,  lé- 
gèrement couvert  de  papier  pour  en  écarter  la 
pouilière.  Il  n'y  a  point  eu  d'apparence  d'aucune 
pellicule  jaune ,  &  je  n'y  ai  pas  remarqué  d'au- 
tre changement ,  fi  ce  n'ed  que  la  platine  com- 
»cnçoit  à  crtftallifer  par  Tévaporation  du  fluide. 


p  LA 

Supçonnant  que  quoique  la  liqueur  contint  réd», 
lement  de  l'or  ,  la  platine  pouvoit  fonemem  rete* 
nircctor,  &  l'empêcher  d'être  féparé  par  rcfprit, 
)'ai  mêlé  trois  ou  quatre  gouttes  de  (olution  d'or 
avec  deux  cents  gouttes  de  folution  de  platine; 
&  après  les  avoir  bien  fecouées  enfemble  ,  j'y 
.'i  ajouté  un  peu  d'efprit  de  vin  reâifié  ;  le  tout 
ayant  été  expofé  au  foleil  comme  ci-deflus  ,  je 
remai'quai  au  bout  de  quelques  jours  une  pclU- 
cule  d'or  à  la  furface. 

Solution   de  la  platine  avec  les  huiles   effiniicUes* 

Ayant  verfé  de  l'huile  eflemielle  de  romarin 
fans  couleur  fur  environ  moitié  de  fa  quantité  de 
folution  de  platine  ,  après  avoir  bien  (ccoué  le 
mélange  &  l'avoir  laiflï  repofcr,  l'huile  s'eft  élevée 
^  romptement  à  la  furface ,  f^ns  contraâer  ancane 
cou  eur  ,  &  l'acide  au  deflbus  eft  demeuré  co- 
loré comme  il  étoit  d'abord. 

Une  compofition  de  platine  &  d'or  qui  avœent 
été  fondus  enfemble  étant  diflbute  dans  l'eau  ré- 
gale ,  3l  la  folution  ayant  été  traitée  de  la  même 
manière  ,  l'or  fut  imbibé  par  ThMile»  &  la  platiœ 
demeura  en  diflblution  dans  l'acide.  L'huile  char> 
gée  dor  parut  d'une  belle  couleur  jaune  >&  .prés 
avoir  re(lé  pendant  quelques  heures  en  repos  , 
jeta  une  grande  panie  de  l'or  fur  les  côtés  da 
verre  ,  en  filandres  iaunes  brillantes  ,  qui  ne  pa« 
rurent  avoir  aucun  mélange  de  platine.  On  a  eflayè 
pareillement  quelques  autres  hurles  diftiUèes»  & 
on  a  obtenu  le  même  réfultat. 

Solution  de  la  platine  avec  Véthcr» 

On  verfa  de  Téther  viiriolique,  ou  efprît  éthéré 
d:r  vin  ,  dont  on  a  décrit  la  prépartion  à  la  fin 
de  la  huiiième  fedion  de  l'hiftoire  de  l'or  ,  fur 
une  folution  de  platine ,  &  fur  une  folution  d'une 
compofition  de  platine  &  d'or.  On  boucha  fur-le- 
champ  'es  deux  phiolos ,  pour  empêcher  les  par- 
ties volatiles  de  s'évaporer  ,  &  on  les  fecoua  lé- 
gèrement. L'éiher  ne  reçut  aucune  couleur  de  la 
folution  de  platine  ,  mais  celle  de  platine  &  d'or 
lui  donna  en  un  inflant  une  couleur  jaune. 

Solution  de  la  platine  avec   Fétaïn, 

Une  légère  portion  d'or  contenue  dans  les  foln- 
tions  acides  fe  faifant  connci:re  ,  en  ce  qu'avec 
l'étain  elle  leur  donne  une  couleur  pourpre  « 
on  jette  quelques  lames  luifantes  d'étain  por 
dans  une  folution  de  platine  délayée  avec  de 
l'eau.  En  fort  peu  de  temps  ces  lames  devinrent 
d'une  couleur  olive  foncée  ,  &  bientôt  après  fii- 
rent  toutes  couvertes  d'une  matière  d'un  bnui 
tirant  fur  le  rouge.  La  liqueur  devint  d'abord 
d'une  couleur  plus  foncée ,  &  enfuite ,  à  mefitre 
que  le  dépôt  (e  faifoit ,  elle  fe  trouva  par  de- 
grés   prefque   fans  couleur  »  &  (ans  donner  la  ' 


P  L  A 

moindre  apparence  d*uue  couleur  rougeatre  ni 
pourpre. 

On  mît  un  peu  ilc  plaiine  en  digeftion  dans 
une  quantité  deau  régale  fyffifinte  ,  pf>ur  en  dif- 
Ibiidre  à-peu-prés  la  moitié  »  &  le  rcfte  fut  dit* 
fous  dans  une  ncAïVclle  portion  de  la  mtnflrue. 
Le*  deux  foluiinns  ,  ira  tées  de  la  manière  ci-dclTus  , 
offrirent  des  phénomènes  un  peu  diffère  ns  ;  mais 
on  ne  put  apercevoir  dans  Tune  ni  dam  l'autre 
aucune  tend-ince  à  une  nuarce  pourpre, 

La  dernière  folution ,  qui  avoic  un  œil  jaune, 
parc^  qu'elle  n'étoit  pas  entièrement  ('oiil;e  de 
pLtine  ,  devint  prefi^ue  fans  couleur  quand  elle 
fur  délayée  avec  de  l'eau  :  cependant  en  y  aiou- 

|tani  récain,  elle  redevint  jaune  de  nouveau  ,  ^ui^ 

Tiio  rouge  fombre  ,  &  enfin  d'un  rouge  brunârrt 

'»fcur,  beaucoup  plus  foncé  que  l'autre  fcdution 

jilus  raturée.  A  r  es  avoir  repofé  quelque  temps, 

EcUc  devint  parfatTcmert  claire  >  dépofant  un  pré- 

Iciptfé  jiunâixc  plus  pâle. 

Pour  déterminer  fi  la  platine  étoît  capable 
d'cmpècher  une  petite  portion  d'or  de  fe  décou- 
inir  dans  cette  furie  d'ctTHi  ,  on  laiHa  tomber 
«ne  goutte  Je  foluiion  d*or  dans  quelques  onces 
d*une  folution  délayée  de  pLitinc.  E^  y  ajoutant 
I  quelques  plaques  d'éirân  ,  la  liqueur  devint  promp- 
fcment  pourpre. 

Les  expériences  précédentes  furent  faites  avec 
pne  foluiion  Jî  gratns  choifis  de  pïaiine.  /'aï  fou- 
rnis aulTi  aux  quatre  derniers  ciïais  ,  avec  rètain, 

I  Féther ,  les  huiles  eâentîcllcs   &   les   efprtts   vr 
neux  ,  une  folution  qui  avoit  été  faite  en  mct- 

|fant  digérer  dans  l'eau  régale  te   minéral- entier 
avec  fon  mélange  de  particules  j^tunes. 

Dans  tous  ces  ciTais,  la  folution  a  donné  exaâc 
ment  lei  mêmes  apparences  que  fit  Tatitre  folu- 
tion ,  après  qu'ellt:  eût  été  d'abord  mêlée  avec 
une  fort  petite  quanrité  de  folut.on  d  or  ,  don- 
nant une  couleur  pourpre  avec  t'étiin  ,  com- 
muniquant une  teinture  laune  à  Véthwr  Se  aun 
huiles  ctTentleltes  «  8c  produifant  une  pellicule 
|aune  avec  l'efprtt-dc-vin  rcôifié* 

Priciphè  de  phttnt  ex  pop  au  foyer  Sun  miroir 
con  cave» 


Meilleurs  Micquer&  Bcaumè  ,  pour  examiner 
Taâion  d^ijn  m  voir  ardeur  concave   fur  la  pla- 
tin--  eue  ^  C(  mme  vn  !*a  déj*  dît  ci    devant 
cxpofèfcnt    le    précipita    ronge    de  platane,  fuit 
àircc  tes ,  a^luUs  «  au  foyer  du  même  miroir  con- 
cave.   •  Elle  cummcnç»     ur-c-champ  à  boutl 
m  ïir  ,    èc    dimmua    coi.fiiéraoiemenc   de    volu 
m  me  :  il  $*y  élevi   en  méme-tem^'S  une  vapeur 
ft   cpaifie  &   fort  abondante  ,  fcntant  fort^^m^fnt 
19  VtAU  régale  ,  6l  qui  parut  (t  kmtneulc  6t  fi 
19  blaiiche  dans  le  voiûnagc  du  foyer  »  que  nous 


717 

11  ne  pouvions  décider  fi  ce  n*érc!?  pas  une 
V  vraie  flamme.  Le  précipité  perdit  en  même 
n  temps  fa  couleur  rouge  ,  pour  reprendre  celle 
»  qui  cft  naturelle  à  la  pUtine  ,  6t  il  avoit  alors 
n  Tapparence  d'un  ruban  métallique.  Après  avoir 
1»  reité  au  foyer  ,  la  fumée  bLnche  fcntant 
»  IVau  régale  fit  place  à  une  autre  fumée  ou 
n  flamme  moins  abondante  Se  d'une  couleur 
If  tir^ntfurle  violet.  P-ru  de  temps  a  près,  il  fe  forma, 
«  à  la  partie  la  plus  ch^ud-*  du  fjyer  .  un 
n  bouton  de  matière  unie  Ôt  biilîante  ,  parfaite- 
n  mt;nt  fo.idu  ,  fit  alors  les  vapeurs  cefierent, 
i>  En  examinant  ce  bouton  ,  quand  il  fut  refroidi, 
••  nous   trouvâmes  que  c*étoit  une  matière  opa- 

•  que  vtirifimnte  ,  de  couleur  d'hyacinthe  à  la 
»  furfacc ,  noirâtre  &  affez  compare  en-dedan<. 
n  Nous  n'ofons  pas  aflTurer  que  ce  fut  une  vé- 
»  riïab!«^    vitrification    de    la    platine  ,   faite  en 

•  vertu  de  la  matière  fallne  qui  y  éto  t  lointe 
»  dans   le  précipité.  Il  efl  à   propos  de  re péter 

•  rexpériencc  avec  de  la  platire  pure  1  &  avec 
1»  un  verre  ou  miroir  ardent  concave  |>lus  fort 
n  que  celui  dont  nous  nous  fervîmes. 

En  effet ,  comme  la  pLitine  reprit  fon  appn* 
rence  métallique,  clic  fembVroit  avoir  été  déga- 
gée des  fels  avant  le  tem;M  que  la  vitrificutiort 
comm  nça*  Peui  être  ed-il  allez  facile  d'cxpîi* 
qucr  un  bouton  de  matière  vitreufc  noirâtre  , 
formé  dans  le  milieu  du  foyer  par  la  chaux  fer- 
rugineufe ,  dont  on  ne  peut  gi^ere  fuppofer  que 
le  précipité  ait  été  cniièrement  exempt. 

La  matière  fur  laquelle  le  précipité  en  poudre 
fut  expof.:  au  foyer  du  miroir  concave  ,  peut 
bien  au{ïï  avoir  contribué  à  la  vitrification  :  Tau* 
teur  ne  nous  dit  pas  quelle    étoit  cette  matière* 

Les  expériences  de  cette  ft£iion  indiquent 
quelques  différences  frappai ntws  entre  la  platine  & 
l'or  ^  non*feulement  dans  la  qualité  de  pouvoir 
produire  »  en  diffc  lution ,  une  couleur  pourpre  avec 
rétam  ,  &  de  communiquer  une  fembUbletcim.  re 
à  différentcfs  font  v  de  fuitts  non  oloréi  ,  pou- 
voir ,  qtii  cft  remarquable  dans  Tor  ,  3£  que  la 
platine  n'a  pomt  ;  mais  encore  dans  de«  pro^^né- 
lés  p  us  importa*  tes  &  plLS  Ciravlcrifliq^ies  , 
puifquV'llcs  lourniiTcnt  des  moyens  de  dt(iinguer 
&  dv  féparcr  le  d,'U«  méi-iux  ,  quand  ih  fc  trou- 
vent combi-és  t.nfem^*e,  Elles  nou>  ont  fait  voir 
ta  pirfttiie  iépar«'c  en  pa  tte  de  fes  foluiiuns  par 
une  fubftance  qui  ne  iepare  point  du  t  >at  l'or; 
favolr,  1c  ft:l  a«timuniaC|  At  tW  fépa  é  compté- 
tentent  par  des  fubila^  ces  qui  ne  (ép.^ren.  pojni 
du  tout  1.1  platine:  favotr,  Talk.*»!  muié^al  ,  ks 
ef  ris  vineux  »  les  hudcs  eiTcnuelle»  »  &  Va* 
ih^r. 

Il  p*roît   femhlaHement   par    ces  cxpériencci 

qu^outre    a    poufliérc  «loire   qui  refie  en  arriére 

ans  la  dilToiuti^n  de  la  platine  ,  la  partie  dîf- 

foute  n'eft  ^m>  de  la  pîatmc  pure  ;  car   L  cou-* 

leur  bleue  que  Talkali  prulficn  y  prodyit,  èqui- 


7i8 


P  L  A 


vaut  à  une  preuve  que  la   folution  contient  du 
fer. 

£d  platine  expo  fée  aux  feux  vlolens  ,  avec  des  corps 
fjlks  ,  infiammMes  ,  fulphureux  »  vitreux  & 
Urreuxn 

Après  avoîr  vu  les  effets  des  acîdés  plus  purs 
fur  la  platine,  &  les  piopriétès  générales  de  fes 
folutions  ,  nous  coiitinuefons  par  y  appli- 
quer ce  qu'on  appelé  communément  flux  & 
meriftrucs  sèches  ,  cVH^à-dire^  les  Fubûancôs  qui 
{provoquent  fimplcment  la  tufion  des  métaux 
lan^  les  ronger,  ou  qui  les  rongent,  &  s*uuî(Tent 
1  euK  quand  ils  font  convenablement  chauffés  , 
à-peu-pres  fur  le  même  principe  queles  jnenflrues 
humides  les  didolvent. 

La  platine  avec  le  hrax. 

On  jeta  une  demi-once  de  platine  dans  une 
once  de  borax  fondu  »  que  Ton  poufla  à  un  feu 
violent  pendant  une  heure,  La  platine  ne  parut 
avoir  fouflTcrt  aucune  altération  ;  maïs  le  borax 
fut  changé  en  une  couleur  bnine  noirâtre,  fans 
doute  parce  qiul  avoir  diiTous  ik  vitrifié  un  peu 
de  la  pouiïièrc  ferrugtncufe. 

Le  tout  fut  remis  au  feu  que  Ton  entretint 
très-vîolent  pendant  encore  un  lemps  confidéra- 
ble ,  juf^u'à  ce  que  le  borax  eut  coule  à  travers 
le  creufet  :  il  hi^a  les  grains  de  platine  d'une 
couleur  blanche  luifante  ,  légèrement  adhérens 
énfemble  ,  mais  fans  que  leur  forme  fut  ahé- 
rée. 

La  platine  anec  Patkalu 

J*ai  traité  la  platine  de  la  même  manière  avec 
les  fels  alkalis  fixes  ordinaires  bien  purifiés  ,  & 
auiTi  avec  Talkali  cauflique  préparé  par  k  leOive 
évaporante  des  fabricant  de  favon  ;  mais  je  n'ai 
point  aperçu  que  ni  Vun^  ni  Tiutre  méthode 
produisît  aucun  autre  câfetquc  de  contribuer  à  en 
écbircir  la  couleur. 

M.  Marggraf  a  mêlé  une  dragme  de  platine 
avec  une  demi  once  de  fel  à^  tartre ,  &  leur  a 
donné  un  feu  violent  pendant  deux  heures  dans 
un  creufet  exa^emewi  lutè.  Quand  il  fut  refroidi, 
il  trotiva  un  mîxie  dur ,  d'une  couleur  verte  jau- 
nâtre ,  dans  lequel  la  plarine  croit  difperfée. 

Le  tout  ayant  été  fép.iré  ,  autant  qii*il  étoii  pof- 
fihle  ,  d'avec  les  morct-aux  du  cruuftt ,  en  les  grat- 
tant &  les  lavant ,  l'eau  qui  étoit  au-deffus  de  la 
matière, fut  trouvée  le  lendemain  comme  de  la 
gelée  :  la  platine  étoit  phis  blanche  qu'à  Tordi- 
naire,  prefquc  de  la  blancheur  de  Targent,  mais 
de  la  figure  accoutumée. 

La  confiiUnce  de  gelée  que  Teau  acquit  dans 
cette  expèrkoce  »  &  dans  quelques-unes  des  fui- 


p  L  A 

vantes ,  ne  vient  fans  doute  pot  m  de  b  pUtloc  j 
m;iis  d'une    portion  de  la   terre   du   cretj£ec*<| 
la  matière  faltne  avoii  difToute. 

La  platini  avec  le  niire. 

Le   nitre  qui  réduit   en  chaux    tous  les 
métalliques  connus  ,  excepté    l'or  ^  rargeot  & 
mercure,  fut  mêlé  avec  une  pcfanteur  égale  d 
platine  «  Se  le  mélange  fut   jeté  dans  un  crciilt 
chaud  jiifqu'à  rougeur  ;.puis  on    enrreiint   k  fc«j 
au    même    degré    pendant  un    qiî art- d'heure  oij 
envirOii,  Il  ne  fc  fit  point  de  dctlagration  i  6t 
pîaiiiîe  ^  délivrée  du  ftl  par  des  louons   rétls  ' 
dans    de    l'eau  ,    pann   n  avoir    fouri'ert   d'il 
changement ,  fi  ce  n'efl  que  fa  couleur  fut 
cte  ;   effet  que  la   fimple  chaleur  y   auroii 
duit.  Le  nitre  fut  néanmoins  alkalifc  en  gr^ 
partie* 

On  mit  dans  un  creufet  quatre  onces  de 
tine  ,  Ôc  huit  onces  du  nitre  U  plus  pur.  Qa' 
couvrit  le  creulct  d*un  autre  qu*on  rcnToiê 
par-dclTus  ,  &  on  *e  tint  en  fonecémencatroa. 
dans  un  fourneau  à  vent  ,  pendant  trnî.  joun 
octrois  nuits,  fans  dircontinuation.  Enfuîre  ayiui 
fait  bouillir  la  matière  da,  j  de  Teau ,  p«^ur  es 
fèparer  le  fel  ,  la  platine  parut  d^uoe  cotiicaf 
de  rouille  ,  &  avoit  perdu  près  de  la  moitié  ik 
fon  poids  :  la  liqueur  falinc  ayant  été  61trée , 
biifa  une  poudre  brunâtre  un  peu  plus  qu^éqn»* 
valente  à  cette  diminution  ;  &  enfutte  ayaoi  èà 
évaporée  jufqu'à  ficcité ,  elle  donna  une  fetm 
quantité  d'un  alkati  cauftique  verdâtre. 

La  même  platine  fut  cimentée  trois  aizim 
fois  avec  de  femblables  quantités  de  noaveaa 
nitre,  &c  on  continua  le  feu  ,  à  chaque  trois  fois, 
trois  jours  &  trois  nuits  de  fuite.  Dans  tes  deas 
premières  répétitions ,  il  fe  fépara  une  plus  pe* 
tîte  quantité  d'une  poudre  plus  pâle  ,  &  le  lâé- 
tal  reliant  perdit  en  grande  partie  la  couloir  ée 
rouille  qn'il  avoit  contrariée  auparavant. 

Après  le  dernière  cémentation ^  la  petite  ^itâft- 
tité  de  métal  qui  reftoit,  avoit  prefquc  U  mèoie 
apparence  que  la  platine  l'avoi:  d'abord  :  en  k 
lavant ,  il  ne  fe  fit  prcfque  plus  ancurve  autrç 
féparation  de  matière  poudteufe  ,  mats  le  nître  fat 
encore  alkalifé,  On  mêla  enfuite  la  pUtire  avK 
le  fel  ammoniac  &  le  fel  fublimé  dans  uti  flicoa 
de  Florence  ;  le  fel  s'éleva  fans  couleur  »  & 
laiflTa  le  métal  blanc  &  brillant. 

Les  poudres  féparées  dans  la  cémctiraitofi  fr 
rent  traitées  de  la  même  manière  «  &  la  fubfr 
mation  répétée  trente  fois  avec  de  oouvdei 
quantités  de   feL 

Dans  les  premières  fublimationa  ,  Il  s'élrva  4ei 
fleurs  faunes  ferrugineufeî  ;  m;àts  à  la  An  le  fd 
ne  reçut  plus  de  teinture  *  ëi  la  poudre  idb 
d'une  couleur   de  gypfe* 

M*  Marggraf  donne  te  détail  d^itoe  expé  ie*oi 
de  la    mtme  efpèce^  dans  laquelle  il  rejaart{iBt 


L  A 

quelque*  phcnoménes  i;ni  ne  (c  fo-'-t  pa.^  ren* 
COfUiès  clans  les  njicnrîts ,  pu  auxJjiielltA  Jlj  nul 
pas  fait  <l*4ttântion.  Il  jcna  dans  un  crcilfet  rouge 
quitre  onces  de  nitre  &  une  once  de  platine  : 
I  il  ne  fe  fit  point  de  détonation  ^  tnais  il  s*éieva 
junc  vapeur  confidèrable» 

Le  feu  ayant  été  continué  avec  prcc^uian 
[pour  enij^ècheT  c[u*il  n'y  tombât  aucun  morce-y 
I  de  charbon ,  la  matière ,  au  bout  de  quelque  temps  , 
[comm^rtçs  à  tenâer  \  &  une  portion  qu'on  en  rira 
^  parut  vcrditre  :  enfuîte  elle  fc  cb;(ne;ea  en  vert 
d'olive  foncé,  6t  devint  confidcrablement  ép:^i  it, 

h^  dure:  après  quelques  heures  d'un  feu  violent, 
^eUe  fe  trouva  aulTi  épaiiïe  que  de  h  bouillie. 
On  prit  nvec  une  fpatule  de  ceile  tnaiière 
^patfTe  f  land  s  qi^elle  étoit  cha^udc  ;  elle  fe  trouva 
d*on  vert  d'olive  foncé.  On  rôinafla  ,  autant  que 
Von  put  y  de  ce  qui  étoit  adhérent  au  creuff  t ,  & 

Ioo  le  mit  digirer  avec  Tauire  dans  de  Ttiau  di^li!- 
lée.  Le  lendemain  le  tout  étoit  aiifTi  épais  que  de  la 
gfflée.  Eîant  enfuit^  déiiyée  avec  plus  d'ea  i ,  bien 
remuée,  &  enfuiie  lailTée  repofer,  la  ïiqueur  fui 
tranfvafce  ;  6c  on  lépéta  la  même  opér-iion  juf- 
qu'à  ce  que  toutes  les  parties  légères  fniTent  em- 
portées. Cette  matière  légère  ,  féparèe  de  la  li- 
^- 4jucur  faline  p.ir  ta  filtration  ,  bien  lavée  fur  le 
Bmtre  avec  de  1  eau  chaude,  6t  ïechée  enfuite,  pefa 
^t  3115  grains*  Elle  ctoiî  d'une  couleur  grife  foncée  ;  8c 
z.  pdf  une  c^lci  nation  forte  fous  la  moufle ,  elle  dïîvint 
--      auffi  noire  que  de  ta  poix. 

i         Or  broya  les  parties  les  plus  pefanres  dans  un 
-      ftionier  dj  verre»  au  mo^en  de  quoi  quelques- 
:      unes  encore  devinrent  aïî^z  fines  pour  être  em- 
portées au  lavage. Cette  porâon  fut  d'une  couleur 
brune  claire,  &  monta  à  trente  grains* 

h^  plarlne  pefcit  310  grains ,  Ôt  confcquemment 
lavait  pvrdu  plus  d'un  tiers  j  elîe  rcfftimbloit  tou- 
"foor^  a  1,1  pUiine  crue,  &  con  fer  voit  fan  luflre* 
L*cnvelop;ie  rouiîlée  noirâtre  ,  dont  la  mienne  pa- 
rut  couverte  après  les  premières  cémentations  , 
ayant  été  probablement  emportée  ici  par  fe  broie- 

iment ,  le  nitre  fui  totalement  décompofé  ^  6i  avoir 
acquis  tous  les  cara^éres  d'alka licite. 
Le  creufct  &  fon  fupport  ètoienr  tciois  prefque 
]iart0UT  d^une  couleur  d'améthiJie  ,  comme  il 
arrive  d'ordinaire  dans  la  calcination  de  la  man- 
pnèfe  avtc  le  nltre. 
On  traita  de  la  même  façon  la  platine  avec  trois 
OfKcs  de  nouveau  niire.  Le  creufet  Hi  (on  fupport 
furent  encore  teints  d'une  couleur  d'améthi fie  fort 
belle  ;  tç  nirre  fur  totnlcmenr  alk.ilifé  »  Si  touie^i 
les  autres  circonftances  arrivèrent  de  même  que, 
dans  la  première  opération,  excepté  que  les  par- 
ties plus  Icgérc^  ,  qui  furent  cm  jorrées  dVbord  , 
ne  pcférent  que6o  grains.  Elles  devinrent,  par  la 
calcination  ,  d'une  noirceur  de  poix  comme  au-i 
paravanc;  la  matière  poudrcufe  reftante  étoit  d*on 

Erii  clair,  6l  pefoit  4^  grains,  La  platine  encore 
rilbnte   fe  trouva  pcfer  115  grains  ,   ou  moins 
que  ia  moitié  de  fa  première  pefameur. 


7ï9 

L*6péra!ion  fuf  répété.-  a^ec  troî^  mn^es  onces 
de  nitre,  bj  crcullt  61  {on  fupjxort  furent  ^\rii% 
teints  moins  fortement.  Les  premières  lotions  don- 
nèrent 2  grains  ci*une  poudre  légère  ,  dont  Tap* 
parence  refferabloit  beaucoup  k  la  terre  bleue 
d*Ecktrtiberg;  8t  en  frottant  le  rcfle  de  la  platine 
dans  l'eau  ,  on  y  obtint  40  grains  d'une  poudre  lé- 
gère ,  de  couleur  gris  brun. 

La  platine  ne  perdit  dans  cette  opération  que 
cinq  grain?.  Une  diminution  fi  peu  confidèrablc  ne 
favfanr  guère  efpérer  aucun  autre  effet  par  une 
rép6tîrion  du  procédé  ,  on  ne  pouffa  pas  plus  loin 
iVxpérîence. 

On  a  afTuré  que  la  platine  eïl  un  compofé  d'or  & 
de  quelque  autre  matière  fi  intimement  combinés 
enfemble  ,  qu'ils  ne  peuvent  être  féparés  »  k  moins 
qu'on  ne  trouve  d'autres  méthodes  de  procéder  que 
celle  qu'on  connoit ,  &  qu  on  pratique  commune* 
ment. 

Un  adepte  dans  le  prétendu  art  de  cette  anaîyfe 
métalhirgique  plus  relevée  s'ef^  vanté  d'avoir  dé- 
truit la  matière  hétérogène  »  au  point  de  lailTer  Tor 
pur  par  des  cémentations  réitérées  ,  &  long-tcmjii 
coiti nuées  avec  le  nitre* 

Pour  écarter  tous  les  fcrupuîes  fur  ce  chef,  je 
lui  ai  permis  de  faire  rcipèrience  dnnr  je  vient 
de  donner  un  détail  abrégé»  &  dont  j'ai  rîfqué 
d'inférer  fimplement  les  partrcularités  qui  lotît 
venues  à  mes    propres  ohfwfvarions» 

L*expérience  avec  laquelle  celle  de  Marg2;faf , 
dans  toute  fon  étendue  ,  correfpond  fuffiîamment, 
a  éiê  dècifive.  Elle  nous  a  montré  la  plus  grande 
parâc  de  fa  platine  changée  en  poudre  ,  &  U  pla* 
fine  rcftante ,  auifi  éloignée  de  h  nature  de  for 
qu^cîle  rétoii  d'abord.  J;;  l'ai  cfTayèc  tant  avec 
les  acides  ,  que  par  la  coupelle  avec  le  rlomb 
(  ie  donnerai  ci-après  le  détail  de  ce  procédé  )  ; 
i  j*ai  trouvé  qu*ellc  confcrvoitfes  propres  carr.c- 
lères  diflinaifs  ,  fiins  donner  aucune  marque  d'or 
quoiqu'elle  parût  étreplu^  pure  que  la  platine  ncfeft 
dans  fon  état  ordinaire.  J'aîclTaycauffi  par  les  mêmes 
méthodes,  les  poudres  qui  ont  été  féparées  d^ins 
les  cémentations  ,  après  en  avoir,  à  plufieurs  re- 
prifes  ,  foblimé  le  fel  ammoniac  que  j  y  avoit 
mê^é;&  fai  trouvé  quelles  n'étoieni  rien  aiirro 
chofe  que  de  la  platine  non  réduite  en  chaux  , 
mais   fim^-lement    dVvifée. 

On  peut  préfumer  que  l'aflion  da  nitre  ne  s'eil 
pas  faite  fur  la  platine  fif$me  ,  mais  fur  la  matière 
ferrugineufe  adhérente  a  la  furface  des  gra'ms  , 
ou  p\}s  intimement  mclée  d^ns  leur  fubftance  ; 
lefqueîles  particules  de  fer  èrani  changées  en 
châtix  ,  la  platine  qui  s'y  trouve  mêlée  devient 
divifée  avec  elle  en  forme  de  pnuflièrc, 

Cette  fuppofirion  explique  dune  manière  fatis- 
faifante  les  principaux  phénomènes  du  procédé  : 
pir  exemple  ,  que  la  fipanrion  de  la  poudre  eft 
abon^lantc  dans  h  première  cémentation  ,  &  qu'elle 
le  devient  de  moins  en  moins  danb  les  fuivjntes; 
que  la  prejniére  poudre  cft  d'une  couleur  foncée 


72Ô] 


P  L  A 


&  les  autres  pîuV pâles,  comme  fi  le  fer  domî- 
noit  dans  U  première  ,  &  la  plaiine  dans  les 
autre  ;  que  les  poudres  donnent  des  fleurs  jaunes 
ferrugineufes  avec  le  fél  ammoniac  ,  tandis  que 
la  platine  qui  ell  reflée  entière ,  ne  donne  point 
de  couleur  au  fcL 

Par  rapport  aux  prétentions  d'obtenir  de  For 
par  ce  procédé,  il  neft  peut-être  pas  hors  de  rai- 
fon  de  TuppoCer  que  la  léparation  remarquable  de 
la  matière  poudrcLife  dans  la  cémentation  ,&  l'appa- 
rence de  quelqi?es  grains  d'or  qui  fe  font  trOL»vés 
mêlés  tout  naturellement  parmi  ceux  de  la  pla- 
fine,  ont  porté  des  gens  d*une  imagination  chaude 
à  aniicip£;r  les  autres  effets  du  procédé  ,.  &  à 
pofer  une  afferiion  que  les  expériences  ci-Jeffus 
rapportées  renvcrlcnt  abfolumsnt. 

Im  platine  ave:  le  fil  commun* 

Une  once  de  fd  commun  defféché  a  été  tenue 
en  fisfion  avec  une  dragme  de  platme,  dans  un 
Cfcufet  bouché,  pcindane  une  heure  &  d^^mie. 
Le  Tel  a  paru  jaunâtre  ;  &  »  en  caiTant  la  maiïe, 
on  y  a  trouvé  dans  le  milieu  quelques  grains 
rouges  cryftallins. 

La  pbiine  éioit  toute  dans  le  fond  du  creifet  , 
&  confcrvoit  fa  figure ,  n*ayant  fouft'ert  d'autre 
changement ,  fi  ce  n'eft  d*èire  devenue  fort  blan- 
che. L'eipérience  a  été  répété^ avec  ce  quon 
appelle  le  feî  commun  régénéré  ,  Ôl  les  phéno- 
mènes ont  été  exaélement  les  mêmes.  Ces  deux 
expériences  font  d^  M,  Mirggraf. 

La  platine  avec  les  feU  vUrloîîqties* 

M.  Marggraf  a  mêlé  une  dragme  de  platine 
avec  un  peu  de  fel  admirable  de  Glauber  pur  « 
&  a  tenu  le  mélange  ï  un  feu  Vient  pendant 
deux  heures.  Le  fel  s'eft  iï^finué  à  travers  le  creu- 
fet  ,  &  a  laîiTé  la  platine  d'une  couleur  grife 
obfcure.  En  lavant  la  platine  avec  de  leau  ,  & 
la  broyant  dans  un  mortier  de  verre  ,  il  s*en  eft  fé- 
paréun  peu  de  matière  légère  d* une  couleur  noirâcre 
luifante  f  &  ce  qui  en  reAolt ,  étoit  la  pUtine  fans 
altération. 

Une  dragme  de  plaûne  &  une  once  de  tartre 
vitriolé  furent  rraitées  de  îa  même  manière  :  le 
fel  fondit  fit  devint  rougcâtre  j  la  platine  n'é- 
prouva point  d'autre  changement ,  fi  ce  o'efl 
qu  elle  parut  un  peu  plus  gofe. 

La  plaûne  avec  les  huiles  ejftntïelles  burine. 

L'urine  putrifiée  &  épajlBe  jufqu'à  la  confif- 
tance  de  firop  donne  ,  par  la  cryftallifatton ,  un 
concret  fa  lin  fingulier  ,  appelé  /-/  fufibU  ou 
effentid  d'urine  ,  ou  fel  mïcrocQJmiqtie  ,  qui 
contient  l'acide  du  phofphore  ,  uni  avec  un  al- 
Itali  volatil.  Ce  fel  cxpole  au  feu  fe  fépare  de 
(pfl  al)tali  ,  fit  preni  um  apparence    vitreufe  : 


p  L  A 

on  prétend  que  dans  cet  état  il  ronge  tous  les 
métaux  ordinaires  en  fuûoQ  ,  fans  en  cftccptcr 
For. 

On  mêla  î8o  grains  de  ce  fel  avec  }0  grmi 
de  platine  ,  &  on  preffa  b  tout  à  un  feu  violcw, 
pendant  deux  heures  ,  djns  un  creufef-  On  troiwi 
la  platine  au  fond  fans  aucun  changement  ,  coo- 
verte  du  fel  qui  ne  parut  auffi  que  fort  peu  at 
îérè.  Soixante  grains  de  ce  fel  avec  aitUBt  ée 
borax  calciné  ,  &  30  grains  de  platine  ,  foitst 
traités  de  la  même  manière  ;  il  y  eut  tine  fisont 
vitreufe  un  peu  opaque  &  d'une  couleur  "ntfm 
jaunâtre  :  les  fels  8c  les  parties  plus  légère*  ei 
étant  féparées  par  la  lotion  ,  la  platine  (hààt 
parut  fous  fa  forme  rjaturelle  ,  mais  p'us  Um- 
che   qu'auparavant. 

Après  la  cryftallifation  du  fel  précédent  «TsTfie 
l'urine  ,  il  s'en  cryftaUife  un  autre  qui  ne  ce> 
tient  pas  Tacide  phofphorique  ,  &  dont  la  c*»- 
pofuion  eft  encore  inconnue.  Ayant  poulTé  as 
fcu  vïol.nt  trois  dr^igmes  de  ce  fel  ,  &  une  d^ 
mi-dragme  de  platine  dans  un  creufet  fermé  , 
le  fel  coula  tout  entier  à  travers  le  creufet  \  k 
la  platine ,  après  avoir  été  broyée  dans  «m  mec- 
tier  ,  &  lavée  avec  de  leau  ,  parut  dans  fi  ht- 
me  première  ,  feulement  elle  étolt  un  peu  pliii 
blanche  quauparavant. 

Une  dragme.  du  fel  »  une  de  borax  calciné , 
&  une  de  platine  ,  traitées  de  la  môme  minière 
donnèrent  une  maffe  vitreufe  d'un  Tcn  jaunâtre 
de  cbrîfolite  fombre  ,  fous  laquelle  étoit  b  pla- 
tine, fans  autïe  altération,  fi  ce  neft  que,  cou- 
me  dans  les  cas  précédens  ,  elle  étoit  p!us  blan* 
che  qu  auparavant.  Toutes  ces  expériences  6»^ 
d'après  Marggrat 

La  platine  avec  t acide  pha/phorifue. 

Quand  on  met  fur  le  fer  du  phofphore  d'il» 
rine    fous  une  cloche  de   verre  ,  à- peu- pf es 
a  même    manière   que  Ton  a    coutume  de  h 
1er  le  foufrc ,  pour  en  obtenir  fon  acl  Je  ,  il  doi 
des  fleurs  fpongieufes    qui  à  Texte  rieur       ' 
blent   à  celles  du    zinc.  Ces    Heurt  ,  &  ce  «i 
refte  de  matière  fur  le  plateau    de    verre,  l* 
lequel  on  a  placé  le  phofphore  ,  fe  chargent 
rhumidité  qui  vient  de  IVir  ,  &  coulent  eiï 
liqueur  acide  épaiife  qui,  cxpofée  au   feu, 
une  matière  fèche  ,  laquelle  fe  fond  fous  la 
me  de  verre- 

M,  Marggraf  a  mêlé  60  pains  de  pîattoc  iffC 
deux  fois  autant  de  cette  liqueur  acide  ,  &  Ici 
a  mis  dans  une  retorie  ,  dant  la  jonâîon  r 
le  récipient  n'étoit   bouchée   qu'avec  du   papct* 
L'humidité  aqueufe   en  étant  attirée  au   flaoye* 
d'im   feu    gradué  ,   la   retorte    toute  rouge   Ml 
mife  fur  des  charbons  ardens  ,  jufqu'à  ce  qu^dk  1 
commençât  i  fondre  :  après  quoi  ,  étant  tiiie  A    I 
feu  ,    il  fe   fit  un  écUt  de  lumière  comme  i* 
éclair  ,  qui    remplit    à-la- fois     la    rctortt  &  It 


À 


» 


P  L  A 

récipient  ,   &  une  cxplofion   violente   lui   fuc- 
cécEa. 

L  auteur ,  fort  ingénieufement  &  avec  beau- 
coup de  probabilité  »  attribue  cet  e^ei  à  un  phof- 
f)hore  régénéré  ,  dans  lequel  le  fer,  mêlé  avec 
a  platine,  a  fourni  le  principe  inflammable  ;  ik 
il  prétend  que  l  aétion  de  ce  phofphore  u*a  pu 
avoir  lieu  que  quand  la  diminution  de  la  cha- 
leur a  laiiïe  introduire  Tair  par  la  jonâion  mal 
bouchée* 

Après  avoir  ramage  les  morceaux  de  verre  , 
le  fond  de  la  retorte  a  paru  couvert  d'une  ma- 
tière faline  blanche  »  &  quand  on  Teût  grattée , 
on  trouva  par-^e0bus  la  platine  qui  n^avoit  point 
fouffert  d'altération*  Il  tû  évident  que  la  platine 
dk-méme  n'a  contribué  en  aucune  façon  à  pro- 
duire la  fulmînation  (  Tauceur  même  n'a  pas 
fuppofé  que  cela  fût  )  ,  quoique  Vogel  fait  de  cetrc 
fulminatîon  une  des  nouvtlks  prêpriétis  de  la  plaûnc 
découverte  par  Marggraf. 

La  piatint  avec  lefiux  noir  ,  6'tf# 

On  a  tenu  en  fufion ,  pendant  plus  d'une  heure , 
|liJie  certaine  quantité  de  platine  dans  un  crcufci 
I  fci^é  ,  avec  quatre  fois  fa  pefanteur  du  flux 
noir  que  les  chymiRes  emploient  communément 
pour  la  fufion  cfes  minéraux  (k  des  chaux  métal- 
liques ,  &  qui  ell  compofé  d*une  partie  de  nitre 
&  de  deux  de  tartre  »  mêlées  enfemble  &  réduites 
%u  feu  dans  un  creufcc  couvcn  en  charbon  al* 
kalîn. 

On  a  pris  auffi  des  compofitions  de  fuie  de 

^  bois  »  de   poudre  de  charbon   de  bois,  de    fel 

commun    &  de    cendres   de:  bois  »  que   M.  de 

Réaumur  a   recommandées   pour  changer  le  fer 

Ibrgé  en  acier  ;  on  les  a  mêlées  avec  de  la  pla- 

Itine,  &  fait  cimenter  pendant  ptufieurs  heures 

rdans   des  creiifets  couverts  »   tant   à   des  degrés 

hmodérés    de  chaleur  ,   qu'avec   des  feux  excités 

r violemment.   Dans  tous  ces  ciTais  je  n'ii  pas  pu 

I remarquer  que  le  métal  ait  foulferi  d  autre  chan- 

tgement  ,  H  ce  n*eft  que  fa  couleur  en  fut  obf- 

I  curcie. 

La  pUunt  avic  du  foufrt* 

On  étendit  une  once  de  platine  fur  deux 
Ponces  de  foufre  ,  parmi  lequel  on  avoit  mêle 
d*avance  un  peu  de  pouiliére  de  charbon  de 
bois  .  pour  rempécher  de  fe  ïiquéHer  au  feu  , 
ail  point  de  biffer  tomber  La  platine  au  fond. 
Le  creufet ,  recouvert  à  fon  entrée  par  un  autre 
creufet  renverfé  avec  un  trou  à  fon  fond  ,  fut 
tenu  pendant  quelques  heures  dans  un  fourneau 
de  cémentation.  Puis  l'ayant  retiré  du  feu  >  on 
trouva  que  le  foufre  s'étott  entièrement  évaporé  » 
&  que  la  plattne  féparéc  de  }a  poudre  ùe  char- 
bon par  la  loiion  ,  avott  la  même  pefanteur 
&  ta  même  apparence  qu'auparavant  ,  excepi 
Ani  &  Miikrs ,  Tomt  K  Fan*  IL 


P  L  A 


721 


que  fa  couleur  ètoit  devenue  noirâtre.  En  la 
broyant  dans  unmi>rtier  de  verre,  avec  un  peu  de 
fel  aikali  &  d'eau,  fa  noirceur  fut  détruite,  & 
elle  reprit  fon  brillant  originel.  J'ai  varié  Tex- 
périence,  en  chauffant  fortement  la  platine  dans 
un  creufet  toute  feule  ,  &  en  jetant  par-deflTus  » 
à  plufieurs  reprifes,  dâi  morceaux  de  foufre  »  elle 
eft  toujours  reftée  faas  altération  ,  &  il  a  paru  que 
le  foufre  n'avolt  pas  plus  d'aéèion  fur  elle  que  fur 
Tor. 

La  phtînt  avec  Valkali  foufrL 

Comme  les  fels  alkalis  fixes  mettent  le  foufre 
en  état  de  difïoudre  Tor  en  fufion  ,  j'ai  expofè 
la  platine  au  feu  avec  un  mélange  de  parties  éga- 
les de  foufre  fie  d' aikali  fixe  ,  appelé  hepar  fui' 
phurïs ,  ou  foie  de  foufre.  Apres  avoir  entrete- 
nu quelque  temps  une  chaleur  confidérable  ,  & 
remué  de  temps  à  autre  la  matière  avec  un  tuyau 
de  pipe  net  ,  *fai  ôté  le  creufet  du  feu  fie  mis 
digérer  le  mélange  dans  Teau.  Parmi  la  jnaliére 
qui  relia  fans  être  diiïbute  ,  je  ne  pus  dillinguer 
qu*un  petit  nombre  de  particules  de  platine  ;  fie 
n'avant  pas  porté  plus  loin  mon  examen  ,  quand 
jecionnai  mes  mémoires  à  la  Société  Royale,  en 
1754  ,  on  }ugea  que  la  platine  avoit  été  diiïoute 
par  lalkali  foufre ,  de  même  que  la  plupart  des 
autres  métaux  le  font.  Cependant  Texpérience 
ne  m'ayant  pas  paru  fatisfaifante  à  une  féconde 
revue  ,  j*allois  la  répéter  avec  plus  d'attenuon  , 
ruand  on  me  procura  la  levure  du  mémoire  de 
M.  Marggraf,  ou  j*at  trouvé  qu'il  Tavoit  répétée 
aunî. 

M.  Marggraf  a  mêlé  d'abord  deux  onces  de 
fel  de  urtre  pur  »  une  once  de  foufre  »  fie  une 
demi-once  de  pbtine  ,  fit  a  mis  le  creufet  à  un 
feu  de  forge  avec  un  autre  creufet  renverfé  & 
lutté  fur  fon  embouchure. 

Après  avoir  pouiïé  le  feu  avec  véhémence 
pendant  trois  heures,  le  creufet  qui  étoit  de  HefTe  , 
fit  fon  fupport ,  avec  une  partie  des  briques  de  la  for- 
ge, furent  trouvés  fondus  enfemble, Ston  vit,  fur 
quelques  fragmens  ,  la  plaiîne  en  forme  de  peti- 
tes feuilles  d'argent  ,  mais  pas  bien  cohérentes. 
Le  trop  de  chaleur  ayant  rendu  cette  opération 
inutile  ,   il   fallut  en  faire  un  autre  e^ai. 

On  prcffi,  peîidant  deux  heures,  fur  un  feu 
violent ,  une  demi^once  de  platine ,  une  demi* 
once  de  fleurs  de  foufre  ,  fit  une  once  de  fel 
de  tartre  pur  ,  dans  un  creufet  lutté  avec  foin 
comme  aupar»v.int.  En  ouviant  le  creufet  ,  la 
matière  parut  s'être  fondue  ;  elle  paroilToit  jau- 
nâtre en  dehors  ,  fit  quand  on  Teut  ca^Tée ,  elle 
montra  çi  fit  là  quelques  cryftaux  rougtârres.  Elle 
étoit  foliée  comme  le  minéral  que  les  allemands 
appellent  elfnfahm* 

On  verfa  de^us  un  peu  deau  ch^tude  ,  fie  oa 
continua  d'en  ajouter  aufTi  long-temps  que  U  li- 
queur  eut    quelque  teinture,   La  leffivc    filtrée 

Yyyy 


722 


P  L  A 


étoit  d'une  couleur  verte  jaunâtre ,  comme  la 
îulution  commune  du  foie  de  ibufre.  En  lavant 
.es  parties  les  plus  légères  de  la  matière  rertée 
non  difToute  ,  le  refte  parut  eifaéljment  comme 
le  e'ifcnruhm  ,  fous  la  forme  de  larges  flocons  , 
6i  douce  au  toucher*  Elle  étoît  aulfi  plus  légère 
C[uc  h  platine ,  &  ne  lui  nr^embloit  pas  le  moins 
du  monde. 

Il  mêla  quarante  grains  de  cette  matière  avec 
une  once  do  nirre  ,  &  jeta  peu-s-peu  ce  mé- 
lange d«ns  un  creufet  chaud  juCqu'à  rougiîur  ; 
il  ne  fe  fir  presque  point  de  détonation.  Y  iiyrttii 
entretenu  le  f-^u  pcn(knr  une  heure  ,  avec  des 
préraiJiions  pour  empêcher  qu'il  n'y  tombât 
deviens  aucuns  morceaux  de  chc<rbon  ,  on  obrn: 
enfin  une  maile  grifc  t  rant  fur  le  verdfirre  ;  t( 
l'ayant  rcîfe  en  digefîion  dans  de  l'eau,  diftilîéî  / 
le  fluide  devint  aulfitôi  comme  de  la  g^lée.  Et\ 
délyant  ^  lavant  la  matière  ,  il  recouvra 
fans  altération  la  platine  qu'il  avoit  cru  dé- 
truite. 

Cette  expérience  ne  paroiflant  pas  encore  déct- 
five  ,  j'ai  fait  quelques  autres  eflfais  :•  j'ai  mêlé 
quatre  onces  de  fleur  de  foufre  avec  la  même 
qu;inrité  de  fel  alkali  fixe  pur  ,  &  j'ai  verfé  le 
mélange  peu-à-peu  dans  un  creufet  rouge  chaud, 
couvrant  à  chaque  fois  le  creufet.  Le  mélange 
itoit  en  ftifian  parfaite ,  j'y  ai  ajouté  une  once 
de  platine  qui  avoit  été  d^ava.nce  expofée  à 
un  feu  violent  ,  j«i(i{u'ii  ce  que  les  grains  fuf- 
fent  joints  eri  uhe'tnaïAe,  &  enfuite  j'entretins 
un  degré  modéré  de  chaleur  pendant  t-ois  ou 
quatre  heures.  La  maife  de  platine  fut  fiivifée 
prcmptcment. 

Quoique  le  met;:!  ne  rcflât  pas  fufpendu  dans 
le  liîélapge  fulphureux  ,  mais  qu'il  fe  prcci^^itât , 
du  moins  pour  la  plus  grande  partie,  au  fond, 
doii  on  le  rcmuoit  &  on  l'enlcvoit  de  temps  à 
zuX'C  avec  la  tête  d'une  pipe  de  terre,  à  la  fin 
le  creufet  fe  geiça  &  fut  en  partie  rongé. 

Après  avoir  fait  bouillir  la  matière  dans  envi- 
ron une  pinte  d'eau  diOilîée  ,  la  liqueer  fi'trce 
fe  trouva  d'un^;  couleur  rougcâtrc  foncée  :  le 
rcile,  bouilli  d«ns  de  nouvc'les  quantités  d'eau  , 
donna  une  teiiturc  verte  olivâtre. 

.  Ayant  réitéré  l'ébujluion  ,  (k  broyé  la  matière  ^ 
dans  un  mortier  ,  jui^['j*à  ce  qu'elle  ne  Kit,n  r 
plus  Tcau  ,  la  partie  :/.ii  refta  à  la  fin  fans  cire 
difToure,  fut  une  poiid.e  d'ui^e  couleur  obicure  . 
qi.i  n'avoit  rien  de  i';  p[  arencc  de  platine  ,  m«i^ 
q.ii  fe  trouva  ii'ètr«î  autre  chofe  que  la  p.'aeiue 
divifée. 

Cette  platine  fut  traitée  de  la  même  manière 
trois  ou  quatre  foii,avec  de  nouveau  foie.  Le. 
C'^uftts  manque!  en  t  toirours  ,  &:  furent  beau- 
coup ro/:f,cs  ;  la  |.h:ii.?e  fut  réduite  en  une 
poudre  fi  fub  ile  ,  qu'on  ne  pou  voit  la  féparer 
par  la  lotion  d'avec  les  parties  du  creufet  ({ul 
étoient  pilécs  avec  elle. 


p  L  A 

J'aî  eflayé  pareillement  un  Me  fait  \  la  mij 
thode  de  Stahl  ,  en  faifant  fondre  du  tartre  vî« 
irloîé  avec  de  la  poudre  de  charbon  de  bois.  Ce 
mélange  fe  fondi:  fort  aifément ,  fans  aucune  ad- 
dition de  fel  ;>lkali  ni  de  fcl  commun  que  l'oa 
regarde  communément  couime  nécctTaire  pcar 
faciliter  la  fufion  ;  car  quoique  le  tartre  vitriolé 
féparément  fo:i  i  è'»  difficile  à  fe  fondre  ,  cepen- 
dant ici  fon  acide  vitnoii  jue  s'uniflai:t  en  fou- 
tre avec  la.p»rtie  iidim  lable  du  charbon  de 
bcis ,  la  matièic  devient  un  com^iofé  de  foufre 
6t  dVikali  ,  Cî  fe  fond  au  ii  aifément  que  le 
foie  ,  qui  efl  fait  dire»i:Kmcnt  avec  ces  injré- 
diens. 

La  platîne  tr?itée  avec  ce  fcîe  foulïnt  le 
même  changement  que  de  l'autre  minière.  Les 
creiife's  furent  cg  lement  a'térés  ;  ^c\  folunons 
aqueufvS  de  la  m.  (Te  furent  en  partie  rougtâtres, 
&  en  partie  d'une  couleur  vtrte  oiivàtre.  Les 
grains  de  platine  qui  auparoV.*nt  étoient  c^  liés 
en  une  maffe  par  un  feu  violent  ,  furent  ('i$- 
ioints  ,  &  la  plus  grande  partie  fut  divifce  fous 
une  forme  poudreufc. 

11  paroît  donc  que  la  platine  eft  divifé*?  par 
le  foie  en  fufion  ,  à  -  peu  -  piès  de  la  même 
imanière  que  par  une  longue  cémentation  a.vcc 
le  nitre. 

Il  refle  à  examiner  fi  quelqu'une  de  fes  par- 
ties eft  véritablement  diffoutc  ,  de  façon  à  être 
enlevée  par  Teau ,  &  emportée  avec  le  méUnge 
alkalin  falphureux.  I*ai  filtré  les  liqueurs  deux 
fois  à  travers  des  papiers  doubles  ,  &  enftiitc 
j'y  ai  ajouté ,  par  degrés ,  de  l'eip-it-de-fel  , 
pour  neutralifer  Talkali  :  d'abor J  il  eA  tombé  un 
préc-iité  brunâtre,  &  enfuite  un  blanc  femMa- 
ble  au  (oufre  préciiiié  ordin:iire.  J'ai  faît  chaufier 
ult  peu  du  précipité  brun  dans  un  petit  vailTeas 
à  icotifler,  &  j'ai  sjoi  tè  .un  peu  de  nître  pour 
brûler  pins  efficacement  le  foufr  -  :  il  refla  fur 
le  plat  plufieiîrs  particules  bril'ar.tes ,  fembl  • 
blés  à  de  la  platine  ^  difpeifécs  fur  toute  il 
furface. 

Le  refle  du  précipité  ayant  été  brûlé  de  la 
a\Qm'z  fiçon  ,  j'ai  ajouté  un  peu  de  plomb  pur, 
pour  ral';.mbler  les  particules  difperfécs  de  la 
plaine  ,  6c  enfi  ite  j'ai  fiiit  partir  le  plomb  à  II 
coL*pelle.  Il  a  Uiilé  un  grain  raboteux  &  caffast , 
comnie  ceux  qu'on  cbiicnt  en  coup<:iUnt  la  pla- 
tire  crue  ar-c  du  plomb  ,  &  dont  on  donnera 
ci-api  es  l«  détail  dans  la  feptîéme  feft  on.  U 
paroît  fuivre  de  ces  expérience»  que  le  foie 
de  foufre  difibut  réellement  la  platine  ,  quoi- 
qu'avec  bien  de  la  difficuhé  &  en  fort  ptcitc 
quantité. 

La  platine   avec  des  ccrps- terreux. 

On  a  trouvé  que  cenains  corps  terreux  faci- 
litent   la    fufion     non  -  feulement    de  quelques 


P  L  A 

inlnèraux  métalliques ,  maïs  même  ,  dans  certai- 
nes ctrconAances  ,  de  métaux  plus  purs.  Ainli 
le  fer  forgé  qu'on  ne  pourroit  pas  faire  fondre 
dans  un  creufct  fans  addition  y  a  été  amené  en 
fuiîon  ,  en  l'environnant  de  gypfe  ou  plâtre  de 
Paris  ;  c'eft  un  fait  dont  en  doit  la  découverte 
à  M.  deRéaumur. 

Pour  voir  fi  la  platioe  feroit  affeftée  de  quel- 
le manière  par  des  fubflances  de  ce  genre  , 
î*en  ai  mêlé  une  once  avec  du  gypfe  9  ^  je 
Tai  pouflee  à  un  feu  vif  >  pendant  deux  heures  , 
dans  UB  fourneau  à  vapeurs. 

Le  creufet  qui  ét':)it  de  ceux  de  He(Te ,  a  été  rongé 
CB  plufîeurs  endroits  ,  &  reiidu  auiTi  mince  que  du 
Bapier  ,  &  çà  &  U  il  étoit  percé  entièrement , 
la  matière  du  creufet  &  le  gypfe  s'étant  en  quel- 
<;ue  forte  vitrifiés  enfemble ,  mais  la  platine  refta 
fans  altération  &  fans  fe  fondre.  * 

La  chaux  vive  &  le  caillou  calciné  furent 
cffayés  aufTi  de  la  même  manière  ;  mais  ils 
ne  nrent  ni  l'un  ni  l'autre  aucun  changement  fur 
|g  platine. 

La  platine  avec  les  corps  vitreux, 

i**.  On  broya  dans  un  mortier  de  fer  une 
demi-once  d'un  précipité ,  provenant  d'une  folu- 
tien  de  platine  par  l'étain  ,  avec  huit  fois  fa 
pefanteur  de  verre  de  caillou  ordinaire.  On  mit 
ce  mélange  dans  un  creufet  ,  qui  fut  couvert 
&  lutté  ,  &  que  l'on  plaça  dans  un  fourneau 
à  vent.  Le  feu  fut  poufl'é  graduellement,  & 
entretenu  extrêmement  fort  pendant  environ  dix 
heures  :  enfuite  ayant  retiré  du  feu  &  caiTé  le 
creufet  »  la  matière  fut  trouvée  d*une  couleur 
noirâtre  foncée  ,  fans  tranfparence  ,  friable ,  par- 
femée  d'une  fubftance  blaachâtre  >  brillante ,  & 
yifiblement  métallique. 

Il  eft  probable  que  cette  mitlère  métallique 
étoit  la  platine  ,  &  que  le  verre  de  voit  ion 
opacité  &  fa  couleur  obfcure  non  pas  à  ce 
métal ,  mais  à  l'étain  qui  étoit  dans  le  précipité  , 
ou  à  quelques  particules  de  fer  détachées  du 
naortier  ,  ou  à  quelques  autres  caufes  acciden- 
telles. 

a<>.  Tai  broyé ,  dans  un  mortier  de  ytrrç  ,  un 

Smart  d'once  d'un  précipité  de  platine,  fait  parle 
el  alkali,  avec  douze  f.is  fa  pefanteur  de  verre 
de  caillou  en  poudre  ,  &  ]*ai  fournis  ce  mélange 
«u  même  feu  que  le  précédent. 

Le  réfultat  a  éié  un  ve^rc  nuageux  &  comr 
paft,  aflTcz  transparent  d*ns  les  morceaux  min- 
ces ,  couvert  en  pArtie  d'une  enveloppe  blanchâtre 
mince.  Vers  la  partie  fupcri.inre  ,  &  tout  autour 
des  côtés  ,  on  remarqua  plufîeurs  particules  de 
4iét«l  y  qui  paroinoient  à  Toeil  comme  de  la  pla- 
tine brillante  ,  &  fe  trouvèrent  dures  fous  la 
pointe  d'Hn  couteau» 


p  L  A 


m 


Dans  cette  expérience  ,  comme  dans  la  pré- 
cédente, le  verre  ne  paroiffoit  pas  avoir  rien  reçu 
de  la  platine  ,  &  le  changement  n'éioit  aune 
que  celui  qui  eft  caufé  »  dans  le  verre  de  caillou  , 
par  une  légère  introduâion  de  matière  inflam- 
mable. 

3®,  M.  Marggraf  donne  une  explication  des  trois 
expériences  du  mélange  de  la  platine  avec  des 
corps  vitreux.  Cinq  dragraes  de  fel  pur  de  tartre  , 
douze  de  fable  net  cslciné  &  bien  lavé,  une  drag- 
rae  de  borax  calciné  ,  *deux  de  nitrc  ,  &.  deux  de 
platine  crue,  pat  été  mêlé.s  enfemble,  &  entre- 
tenues jplufieurs  heures  à  un  feu  violent  dans 
un  creufet  couvert. 

Il  en  a  réfulté  une  mafTe  vîtreufe  ,  un  peu  ref- 
femblante  à  une  opale  ,  &  d'une  couleur  tirant 
fur  le  vert  de  mer.  La  platine,  qui  n'éprouva  pas 
d'autre  changement,  fi  ce  n'eft  qu'elle  en  devint 
plus  blanche ,  étoit  difperfée  ,  partie;  à  la  furface 
du  verre ,  &  partie  fur  les  c6té< ,  6c  environnée 
d'une  matière  vîtreufe  diftinde  de  couleur  d'hya- 
cinthe foncée. 

4".  Il  efTaya  auffi  la  poudre  féparée  de  la  pla- 
tine par  cémentation  avec  le  nitre,tjlle  qu'on  Ta 
décrite  ci-devait.  Six  grains  de  cette  poudre 
furent  mêlis  avec  cent  quatre- vingt  grains  de 
fable  blanc  ,  &  quatre  -  vingt  -  dix  de  (el  de  tar- 
tre. Le  mélange  fondu  à  un  feu  violent,  dans  un 
vaifTeau  fermé ,  fe  changea  en  un  verre  poreux , 
grifâtre  ,  &  non  tranfparent. 

5^  11  prépara  un  précipité  de  platine  &  d'é- 
tain  enfemble,  &  cfTaya  de  vît-ifîer  ce  mélange. 
Ayant  mis  digérer  une  plaq:.e  d'éi«in  poli  da-ns 
une  folution  de  platine,  une  ja.tie  de  la  pla- 
tine  fe  précipita  iur  l'étain  en  forme  de  poudre 
d'un  rouge  noirâtre ,  &  l'étain  au  bout  de  quel- 
ques jours  fut  tout-à-fait  rongé. 

La  liqueur  d'une  couleur  de  café  foncé  ti- 
rant fur  le  noir,  étant  verfée  dans  un  filtre,  piffa 
toute  noirâtre.  Cette  folution  compofée  de  platine 
&  d'étain  fut  p-ccipitée  avec  du  fel  de  tartre; 
alors  la  liqueur  .afi'a  par  le  filtre  fans  couleur; 
&  la  matière  qui  refta  fur  le  papier  ,  étant  bien 
Javée  avec  de  l'eau  chaude ,  6c  féchée ,  fut  une 
fubftance  noire, refTemblant  prefque ,  dans  fa  frac- 
ture ,  à  de  la  poix  Cciff^c  ou  à  à^%  morceaux  de 
charbon  de  terre  fin. 

On  mêlabien  cifemblc  40î:riîns  de  cette  fub- 
ftance, 60  de  !)0';.x  cal';ip.c,  120  de  nitrepurihé  , 
240  de  fel  de  tartre  pur  ,  &  4S0  de  poudre  d^ 
caillou  ;  puis  on  fondit  ie  tout  à  un  feu  vio- 
lent. 

Il  en  réfuira  un  verre  grifâtre  ,  dans  lequel  on 
ne  pouvoii  trouver  aucuns  grains  métalliques  : 
un  morceau  mince  dc^ce  verre,  pofé  fur  l'ongle 
&  expofé  au  foleil  ,  préfentoit  une  couleur  d^s- 
méthiilc. 

Il  ne  paroit  pas ,  c'après  ces  expériences  ^  qu'au- 
Yyyy  ij 


724 


P  L  A 


cune  portion  de  la  platine  fut  véritablement 
vitrifiée  ;  on  peut  plutôt  conclure  que  fi  la  pla- 
tine a  difparu  dans  les  dcfux  dernières  expériences  , 
cela  vient  de  ce  qu'elle  étoit  difperfée  par  toute 
la  maiTe,  dans  Tétat  d'une  poudre  trop  déliée 
pour  être   diftinguée  :   la  couleur  du   verre  ne 

Peut  pas  être  attribuée  à  la  platine  ,  puirque 
expérience  du  n^  3  a  fourni  des  couleurs  plus 
confidérables  ,  quoique  les  grains  de  platine 
fojent  reftés  fans  aucune  altération. 

Dans  mes  expériences ,  n°*  i  Si  2,  8c  fur-tout 
dans  U  dernière ,  la  platine  ,  quoiqu'elle  eût  été 
atténuée  parlafolution  &  la  précipitation  avant  fon 
mélange  avec  les  ingrédiens  vîtt  Sans,  ie  fépara  du 
verre  dans  la  fufion  ,  &  fut  raiTemblée  en  particules 
fenfiblcs  ,  dont  quelques-unes  même  étotent 
du  ne  grandeur  coniidèrable.  Cet  effet  fut  encore 
marque  plus  fortement  dans  une  expérience  de 

Le  précipité  rouge  de  platine  fait  par  les  alka- 
lis  ,  fut  mêlé  fur  une  pierre  de  porphire ,  avec 
un  Rux  compofé  d'une  dragme  de  borax  calciné  « 
une  dragme  de  crème  de  tartre  ,  &  deux  dra- 
gmesde  verre  blanc  qu'il avoit  préparé  lui-même, 
avec  fix  parties  de  fable  blanc  6l  huit  parties  de 
borax.  Il  ne  fpécifie  pas  la  proporiiun  du  préci- 
pité de  platine  quM  ajouta  à  ce  flux,  L^  mé- 
lange fut  pou  (Té  à  un  feu  de  forge  ,  animé  par 
plufieurs  foufflets  pendant  35  minutes  ;  Ôc  la 
matière  étant  alors  tranquille  6i  en  bonne  fufion, 
il  la  laîfTa  refroidir,  La  parrit;  fupèrieure  de  la 
mafTe  fut  un  verre  noirâtre.  Il  trouva  au  fond 
du  crt^ufet  un  bouton  de  platine  bien  rajn^if- 
fée  >  aiTez  brtUame  &  unie  à  la  furface  ,  pefant 
96  grains 

Ce  bouton  a  voit  toute  Tapparence  d*un  mé- 
tal qui  a  reçu  une  trèr^-^ionne  fufion.  Cependant» 
en  eflay  lUt  de  Tétendre  fous  le  marteau  ,  il  fe 
rompit  en  deux  morceaux  »  &  fit  voir  une  cham- 
bre  ou  cavité  ovale  dans  fon  milieu  :  la  ca0ure 
reflembloit  à  ceVIe  d'un  fer  calTant  à  gros  grains. 
Elleapprochoit  fort  du  fer  coulé,  pour  la  dureté, 
car  elle  rayoit  profondément  Tor ,  largent , Je  cui- 
vre ,  &  le  fer  même. 

Le  tiflu  f  la  qualité  caffante  &  la  cavité  de  ce 
bouton  faifant  voir  que  la  platine  ,  quoiqu'elle 
eut  approclié  beaucoup  de  la  fufion  ,  n  avoir 
pourtant  pas  éié  parfaitement  fondue  y  Fauteur 
fe  propofe  de  répéter  ropé  ration  avec  un  degré 
de  chakur  encore  plus  tort. 

Il  faut  remarquer  dans  cette  expérience,  que 
dans  le  précipité  dont  on  fe  fervit ,  on  ne  peyt 
pas  fupuofer  que  la  platine  ait  été  bien  pure  de 
tous  autres  métaux.  Les  folutio ns  de  platine  con- 
tiennent vifiblement  du  fer ,  comme  il  paroît  , 
tn  ce  qu'elles  donnent  le  bleu  avec  TaSkali  de 
P  uîTe  :  les  alk^lis,  fait  6ie5  ou  volatils  préct- 
pitent  ce  fer  en  même  temps  que  ta  pbtinc  ;  & 
cumme  une  partie  de  la  platine  demeure  dilToute^ 


PL  A 

le  précipité  peut  contenir  une  plus  grande  p^ro^ 
portion   de  fer  que   n'en  contenoîent  les  grali» 

de  platine  même. 

Quoique  le  fer  foit  dans  un  état  de  chaui , 
foluble  par  le  verre ,  &  incapable  de  fc  mêler 
avec  les  corps  mètalliquef  dans  leur  état  parC^it, 
une  légère  întroduCiion  de  matière  înflamuLable 
fufEt  pour  le  faire  revivre,  les  chaux  de  fer 
paroiiïant  plus  faciles  à  ranimer  que  celles  de 
tout  autre  métal.  La  couleur  noire  du  verre 
étoit  dure  fans  doute  au  fer  ;  &  il  ne  faudrois 
pas  être  fy rpris  fi ,  dans  d'autres  eflais  ,  par  It  (utU 
on  trouvoit  que  des  préparations  de  platine  tct* 
gnoient  le  verre  de  toutes  les  couleurs  que  le 
ter  peut  communiquer. 

Si  la  piatîne  a  été  réellement  fondue  ,  on  pcot 
attribuer  fa  fufion  a  un  mélange  du  même  fflé* 
tal  ;  mais  il  eli  très-probable  c^ue  Tapparencc 
de  fufion  n'éroit  autre  chofe  qu'une  conglutun* 
tion  des  atomes  impalpables  dans  IcfqueU  b 
platine  avoir  été  divifée  ,  femblable  à  ce  qii( 
Ton  voit  arriver^  quand  on  pouOe  le  mtoàtà 
crud  fur  un   feu  violent* 

Il  paroit ,  par  les  expériences  rapponées  di» 
cette  feftion»  que  la  platine  non-seulement  cl 
par  eik-même  réfraÔaire  dans  le  feu  ;  mais  <û- 
corc  qu  el!e  réfilie  aux  additions ,  &  aux  maoi» 
publions  par  lefquelles  tout  autre  corps  métal- 
lique connu  eft  rongé  ,  diiTous  ,  ou  changé  en 
un  état  vitreux.  Si ,  comme  rcnfcigoem  Ici 
Alcliymiftes,  les  métaux  font  d'autant  plus  Bar- 
faits,  qu'ils  font  plus  permanens  6l  moins  fisKep* 
tibles  de  changemens ,  on  peut  afTurer  que  b 
piacme  eu  le  plus  parfait  Je  tous  les  mèusJL 
connus. 

Du  mélange  de  U  plaûne  avtc  Us  métaux  m 

La  permanence  de  ce  nouveau  métal ,  ia  bbfl* 
chcur  qui  ne  fe  ternit  pas ,  &  fa  réfidancc  aux 
liqueurs  qui  rongent  ou  diilolvent  la  plu  pan  da 
autres  métaux,  fout  fans  doute  de  grands  avan- 
tages ;  mais  ces  avantages  font  à-peu* près  f>Cf* 
dus ,  ou  du  moins  rendus  inutiles,  par  le  dct'«izi 
de  fufibilité  qui  puifîe  mettre  les  ouvriers  en  tui 
d*en  former  des   vailTeaux  ou  uftenfiles. 

Nous  n^avons  guère  heu  d*attendre  auotfll 
ufages  de  cette  efpéce  d'un  corps  û  rèfradairtf 
à  moins  qu'il  ne  foit  combiné  avec  d*4Utrci  tné- 
taux  ,  dont  les  propres  qualités  pourrom  êrtï 
amértorées  par  le  mélange  de  cenaîncs  propor- 
tions de  celui-ci,  ou  qui  pourront  fcrvtr  «'m* 
tennèdes  pour  lier  les  parties  de  la  platine,  Éwi 
faire  beaucoup  de  tort  aux  propriétés  daos  1<(* 
quelles  coniiite  fon  excellence. 

Ces  cfpéranccs  ont  contribué  à  mVncoiirager, 
&  mont  fait  eiTiyer  une  fuite  pénible  d'eipé* 
riences,  q^i  nicnc,  fans  ces  conftdératiom ,  otf 
peuvent  manquer   de  fournir    des    pbcâotfioef 


PL  A 

îmèreflans.  Je  regrette  fort  de  n*avoif ,  dtnf  toute 
Mpene  leâlon ,  guère  autre  chofe  k  rapporter  que 
^■les  propres  expériences.  MM,  Marggraf  &  Mac- 
^buer  ne  ie  font  pis  livrés  à  cette  recherche  ,  & 
BScheffer  na  p^s  pu  b  pouiTer  bien  loin,  faute 
Hi 'avoir  de  la  platine  pour  y  travailler.  Les  trz- 
BraiiJi  réunis  de  ces  MeiTieurs  nous  auroîent  fans 

doute  donné  des   découvertes  bien   plus  impor- 
_santes. 
H    Comme  tl  eft  queflion  de  diiïoudre  la  platine 

par  les  métaux  fondus,  nous  lui  appliquerons  les 

différens  corps  métalliques ,  à-peu-prés  dans  lor- 
~Ve  de  [a  facilité  quils  ont  à  devenir  ftuides  au 
A,  commençant  par  un  fingulier  qui  fe  trouve 
lurellement  dans  Tétat  de  tufioii. 

ta  platine  avec  U  mercun* 

l*ai    fait    broyer    enfemble  dans    un    mortier 

fer  une  once  de  platme  &  fix  onces  de  mer- 

Are  fin,  avec  un  peu  âe  fel  commun  &  d*eau , 

quelques   gouttes    d'efpric   de   kl.    Quand  le 

roicment  eût  été  continué  environ  ftx  heures  , 

grains  de  pbtme  parurent  enveloppés  de  mer* 

ire»  de  manière    qulls  s'unirent    enfemble  en 

ic  efpéce  d'amalgame  imparfair.  Après  en  avoir 

crfé  le  mercure  fluide  ,  j'en  ai  fait  évaporer  une 

iriie  dans  une  cuiller   de  ter  ;  il  laifla  aprév  lui 

le  quantité  conûdérable  d*une  poudre  dt  cou 

zr  obfcure»  entremêlée  de    particules  brillan 

Une  partie  du  mercure  fut  palTée  à  travers  un 

3gc  »  o£  une  partie  fut  filtrée  à  travers  un   cuir 

lin  ce*  Toutes  le:»  deux  laiJlérent  aufli ,  après  Té- 

■poration ,  une   poudre   femb  abie  :    la    portion 

lî    a  voit    paifé    par    un    linge ,    en   donna  une 

lantitè  a(7ez  confidérable  ;  mais  celle  qui  avoit 

rc  k  travers  le  cuir,  en  donna  fort  peu, 

M,  Schelîer  a  effayé  auffi  d'amalgamer  le  mer- 

rc  avec  la  ptaiine ,  &  rapporte  que   fon  ope- 

Ition   n*a  pas  réu^i ,  quoique  le  broltment    ait 

contint  é   avec   une  légère  addition  d'eau  ré 

lie  ,  au  mt  ins  deux  tbis  auffi  long-temps  qu'il 

(aw  pour  Tamil^^liiation  des  limailles  d'acier 

fcc  le  mercure  ,  quand  on   y  ajoute  une  folu- 

in  de   vitriol  vert. 

U  parott  par  l'eipérience  cî-deiTus  qu'une  gran- 

pa  tie   de    la  platine  ,  mCmi?  après  avoir  été 

Tong-ttmps    broyée  ,  demeure  encore  en  grains 

entiers  non  di(loi»s  ,   &   combinés  avec  le  mer- 

irc  en  une  maile  q*je  l'on  <ip  elie  amulgamf  ;  mais 

fadbeiion  du  merctre  à  la  furface   faïf^  voir  une 

imté  entre  eux  deux»  ou  unedifpofiiion  a  s'u- 

ir  ;  6c  la    poudre  Ijinoc  après  révaporation  €\u 

jrif-afgcnc  paiïé   par  le  cuir ,  cil  une  preuve  qu^il 

a  eu  quelque  portioo  de   la  platine  véritabk- 

mcnt  dit  oute. 

Tar  lépétè  Texpénence  à  pluficurs  rcprlfcs,  & 
ymï  toujours  trouvé  qu'une  partie  delà  platiLe  étoit 


P  L  A 


725 


diiïoute  par  le  mercure  ,  &  que    les  grains  non 
diiïbus  en  étoient  enveloppés. 

La  platini  avec  k  htfmiuL 

Ud  mélange  de  flux  noir  &  de  fel  commun 
ay^nt  été  mis  en  fufion  dans  un  creufet ,  on  y 
jeta  des  parties  égales  de  ptattnc  âc  de  bifmuih  , 
&.  on  poufla  Topéraiion  à  un  feu  vif ,  fortement 
excité  par  des  foufflets.  Les  deux  métaux  paru- 
rent s'être  fondus  enfemble  au  bout  de  quelques 
minutes  ;  alors  ayant  retiré  du  feu  fie  bilTé  re- 
froidir le  creufet,  la  maflc  métallique  qui  étoit 
au  fond,  dégagée  du  ilux,  fc  trouva  pcfer  à-peu- 
près  autant  que  les  ingrcdiens  pefoient  d'abord , 
&  la  perte  ne  monta  pas  à  plus  d'une  cent-vit:g- 
tjéme  partie.  En  la  brifant ,  on  ne  put  aperce- 
voir aucun  grain  de  platine  ;  ce  métal  parc  if- 
fou  tout'à-fait  diiïous  &  confondu  avec  le  bîf* 
muth. 

L'expérience  fut  répétée  dans  un  fourneau  à 
vent  ;  mais  à  cette  chaleur  graduée  les  deux  mé- 
taux ne  s'unirent  pas  bien  :  i^union  ne  fut  par- 
taite  ici,  que  quand  (in  eut  augmenté  la  dofe  du 
bifmuih  jufqu'i  environ  trois  fois  la  pefanteur 
de  la  platme.  Avec  de  plus  grandes  quantités 
la  platine  fut  fort  aifément  di (Toute  dans  un  four- 
neau à  vent ,  au^i  bien  que  dans  le  fourneau  à 
foufflets  ;  mais  dans  tous  les  cas  «  il  s'en  préci pi- 
toit  une  partie ,  quand  on  laiïToic  refroidir  lente* 
ment  le  mélange* 

Pai  fondu  de  la  platine  avec  dlverfes  propor* 
tiens  de  bifmuth,  par  exemple,  jufqu'à  24  par- 
ties du  dernier  pour  une  de  platine.  Tou  es  cc^ 
compofuions  fe  trouvèrent  très-caïTantes  ,  û*  rr  ê- 
me  que  le  bifmuih  feul  :  elles  ne  l'étoicm  pas  {tn- 
fiblement  ni  plus  ni  moins  l'une  que  Tautre.  El- 
les n'étoient  guère  plus  dures  fous  la  lime ,  que 
le  bifmuih  pur.  En  les  brifant,  la  furface  de  la 
iVafture  paroiApit  le  plus  fou  vent  compose  de 
bandes  &  de  lames  étroites,  placées  tranfverfa- 
iemt:nt. 

Avec  de  plus  fortes  proportions  de  bifmuth  « 
les  bandes  6i  les  lames  étoient  grotriéres  fit  irré* 
gulièrcs  ;  avec  de  plus  petites,  elles  étoient  plus 
déliées  ;  &  quand  les  deux  métaux  étoient  en 
qu  il  nettes  ég.les,  on  ne  pouvoit  prefque  pas  les 
diéltfjguer  du  tout. 

Quand  les  maiTes  étoient  nouvellement  cafTeSt 
elles  paroiâbienr  brillantes  &  etincelances  ,  ex- 
cepté les  compofuions  ou  il  y  avoir  une  grande 
pro^jortion  de  piatine  ,  qui  éf^  it  d'une  couleur 
grifàire ,  matie  &  fans  aucun  brillant.  Toutes  k 
ternitloient  à  l'air  d*une  iaçon  renrurquable  ,  fe 
ch^ngc#Qt  en  une  couleur  jaunâire  ,  pourpre  , 
bleuâtre ,  fit  a  la  longue  en  un  noir  pourpre. 
Chacune  d'elles  a  éprouvé  ces  changemcns,  quoi- 
que plus  lentement  1^  unes  que  les  autres* 


726  P  L  A 


La  platine  avec  tétain. 

1^.  On  a  jeté  dos  parties  égales  de  platine 
&  d'étain  pur  dans  un  mélango  de  flux  noir  6l 
de  fel  commun  .mis  en  forte  fufion  ,  &  on  a 
pouffé  le  tout  à  un  feu  vif  dans  un  bon  four- 
neau à  foulllcis.  .  ' 
^  Après  quelques  minutes  ,  les  deux  métaux  pa- 
rurent parfaitement  fondus  ;  &  ayant  été  auffi- 
tôt  verfés  dehors  ,  ils  coulèrent  librement  le  long 
d'un  moulç  éiroit ,  formant  un  lingot  uni,  à- 
peu-prés  du  mcm^  pcids  que  la  platine  &  Té- 
tain  qu'on  y  avoit  em-jloyés. 

Le  compofé  fo  trouva  exadement  caffant ,  & 
fe  brifoit  aifément  en  tombant.  Quand  il  étoit 
caffé ,  la  fradure  avoit  une  furface  ferrée  & 
douce  «  quoiqu'mégale ,  &  d'une  couleur  obfcure. 
A  la  lime  ou  avec  un  couteau  ,  il  s'écorchoit 
aifémwît  en  une  pouflière  noirâtre. 

2®.  On  fondoit  dans  un  fourneau  à  vent  une 
partie  de  platine  &  deux  d'étain  ,  couvertes  de 
flux  noir,  de  borax  &  de  fel  commun.  La  pla- 
tine parut  parfaitement  enlevée  par  lé  ain  ,  auf- 
fuôt  après  que  le  feu  eût  été  poufTé  jufqu'à  une 
chaleur  blanche  claire.  On  trouva  que  le  lingQt 
pefoit  environ  un  quacrc-vingt-dixième  de  moins.  I 
rcffembloit  beaucoup  au  précédent  ;  feulement  ii 
ètoit  un  peu  moins  Cc.ffant ,  &  d'une  couleur  un 
peu  plus  claire. 

3^.  U.ie  once  de  platine  &  quatre  d'étaîn  ,• 
couvertes  de  flux  noii  &  de  fel  commun ,  & 
relTées  à  un  fer  très-vif,  fe  fondirent  enfem- 
le  fans  éprouver  à  peine  aucune  perte  de  leur 
poids.  Ce  compofé  s'étendit  uh  peu  fous  des 
coups  foibles  d'un  marteau  plat  ;  cependant  il 
nétoit  pas  liant  :  un  coup  rude  le  cafla  en  mor- 
ceaux, &  au  couteau  il  fe  grattoit  aifément  en 
pouffière,  La  furface  cafféc  étoit  raboteufe  &  d'un 
tiffu  grenu. 

4*^.  Une  once  de  platine  &  huit  d'étain .  Je- 
tées dans  un  mélange  fluid;;  de  flux  noir  &  do 
fel  commun ,  s'unirent ,  fans  aucune  perte ,  en 
un  compofé  aTcz  liant  ,  qui  ïupporta  d'être 
aplati  confidcrib'icment  fous  le  marteau  fans  fe 
cafi*er  ,  q'.îc  i  on  coupa  uniment  avec  un  cifeau 
mince  ,  &  que  Ton  put  grr^tter  avec  un  couteau. 
Quand  il  fj  caff;! ,  la  frf.ciure  parut  d'un  tiffu  à 
gros  grain ,  étincclant ,  &  d'une  couleur  un  peu 
obfcure. 

5^.  Une  partie  de  platine  &  douze  d'étain  , 
traitées  de  la  même  man-ère ,  formèrent  un  mé- 
lange paffabîemcnt  duiflile  ;  mais  toujours  d'une 
couleur  matte  5c  obfcure  ,  &  d'un  çrain  rude  & 
grofiler,  quoique  moins  que  le  précé.lenr. 

6^'  Un  mélange  d'une  partie  de  plnine  & 
vingt^quatre  d'éuin    s'étendit  fous  le    marteau 


i. 


PL  A 

prefqu'auffi  aifément  que  Tétain  tout  feul,  maïs 
fe  caffoii  bien  plus  aifément  en  le  ployant.  Sa 
couleur  étoit  plus  blanche  &  le  grain  plus  fia 
ôd  p^us  uni  que  ceux  des  précéientcs  compofi- 
tions  ,  quoiqu'à  ces  deux  égards ,  il  n^approchoit 
pas,  à  beaucoup  près,  de  l'étain  p^r. 

7^.  Plufieurs  de  ces  compoCtions  ,  couvert» 
de  flux  noir,  qui  d'avance  avoit  été  fondu  fi- 
paréo^ent  jufqu'à  ce  quM  eût  ccffé  de  bouillir  , 
furent  cxpofées  dans  des  creufets  exaâement  lut- 
tes à  un  feu  violent  dans  un  fourneau  à  vew 
qu'on  avoit  déjà  mis  en  état  pendant  huit  heo* 
res.  En  forçant  delà  on  trouva  que  toutes  avoient 
fouffert  quelque  diminution  de  pefanteur,  qui 
montoit  à  environ  une  quarantièoie  partie  de 
l'étain.  Mais  pour  l'apparence  &  la  qualité,  on 
n'y  aperçut  pas  d'autre  altération  ,  fi  ce  n'câ 
que  le  grain  étoit  un'  peu  plus  fin,  &  le  difii 
de  quelque  chofe  plus  uniforme. 

Les  mélanges  précédens  femblent  renferoier,  : 
dans  la  proportion  des  deux  métaux  ,  une  éten- 
due fufHfance  pour  pouvoir  découvrir  les  eâca  ! 
généraux  qu'ils  font  l'un  fur  l'autre.  On  peut  j 
en  conclure  que ,  dans  cett^  latitude ,  la  platioe  1 
diminue  la  malléabilité  de  l'éeain ,  qu'elle  en  rend 
la  contextui-e  plus  groffière  ,  &  altère  plus  eu 
moins  fa  couleur  ,  fclon  la  proportion  plus  (m 
moins  forte  de  la  platine  :  6l  que  quand  on 
porte  la'dofe  de  platine  jufqu'à  un  tiers  de  Té* 
tain  ou  au-delà^  la  malléabdité  que  les  deoi 
métaux  avoient  féparémem ,  eft  détruite  parlesr 
corabinaifon  réciproque, 

La  différence  dans  les  couleurs  de  ces  corn- 
pofitions  n'étoit  pas  fî  fenfiMe  fur  la  pierre  de 
touche,  qu'en  confidérant  la  fraAure  des  lingots; 
quoiqu'en  y  regardant  de  bien  prés  ,  les  marques 
lai^fccs  fur  la  pierre  paroiffoient  auffl  toutes  d  une 
couleur  plus  fombre  que  celles  de  i'étain  pur  , 
&  qu'elles  l'étoient  d'autant  plus  ,  que  la  platiie 
dominoit  davantage  dans  le  mixte.  Conferri» 
dans  une  chambre  (i.rmèQ ,  ou  dans  des  boëtes, 
tous  les  lingots  fe  terniffoient  à  la  fraâure ,  & 
prenoient  une  coul'jur  jaunâtre  ;  mais  les  mor- 
ceaux qu'on  avoit  frottés  &  polis  ,  ont  fouffcn 
pendant  dix  ans  fort  peu  de  changement,  à  Ta- 
ception  du  foui  mélange  de  parties  égales  de 
platine  &  d'étain ,  lequel  eff  devenu  extrémemcin 
fale  &  jaune. 

Il  eft  à  remarquer  que  quoique  l'étain  foit 
un  métal  que  le  teu  détruit  aifément ,  il  nes'dl 
trouvé  prefque  aucune  perte  de  fa  pefantcïf 
dafns  la  plupart  des  fi^fions  précédentes.  On  peut 
attribuer  cet  eff.t  en  partie  à  ce  que  le  mélan- 
ge de  platine  empêche  la  fcorifx  tion  de  Fétain, 
!5c  en  partre  au  flux  dont  on  fit  ufage  ,  &  à  11 
promptitude  ou  au  peu  de  cor.t  nuation  de  il 
chaleur.  Les  n**  2  &  7  oii  la  chaleur  fut  noii- 
fée  lentement  &  coniidiuce  long-tems  ,  turcoi 


P  L  A 

les  fcils  où  la  porte  s'eft  trouvée  un  peu  confi- 

La  fl.j'.nc  avec  le  plomba 

I*.  Ayant  ;e:é    des   parues   égales  de    platine 

6c    de   plcmi)  dans  un   mél mge  de  flux   noir  & 

de   fel   commLn    tu'oii    avoit    fendus    enfcmble 

par    avance  ,  on    cxciia    vivement   le  feu   avec 

des  fouffl-t»;.  li  fallut  un  degré  de  chaleur  b.'au- 

coup  plus  fort  que  pour  la  ftifion  de  la  platine 

.  avec  une  quantité   égale   d*étain ,  &   h  perte  fur 

^■.^bien     p'u>    grande  ,     car     elle    monta    à     une 

,.;(bixante- quatrième    parâe    du    mjlange  métalli- 

-   que.  I 

!»■»    L2  métal  céd.nt   dliîicilement   à  la   lime  ,  fc 

.^.Brîfa  par  un  coup  modéré,  &  à  la  frrtflure  parut 

j.  d'un  tiiTu  f.rré  ,  d'une  furface  inégale  ,  ôi  avec 

des  bord»  baveux  6c    oenttîés.  Sa  couleur  étoit 

fort  obfcure  avec  une    naance  foible  de  pour- 

a'".  Une  partie  de  pl?tine  &  deux  de  plomb  , 
couvertes  de  flux  noir  ài  de  borax,  &L  expo- 
fées  à  un  teu  gtaduêdan<i  nn  fournc.tu  à  vent  ne 
font  venues  à  une  bonne  rufi  jn  que  quand  le  feu  a 
.été  poulie  à  une  forte  ch .  eur  blanche.  La  lon- 
gue continuation  du  feu  d.ns  cette  expérience 
Se  que  la  perte  fut  coi^fidéiabl*?».  ik  monta  prel 
que  à  une  vingi-quatr  ème  p  »nie  du  mélange. 
Le  lingot  fe  trouva  dur  o:  CiMant  oe  même  quj 
le  précèdent  ;  mais  la  coi.t.xture  éioit  à  ban- 
^des,  &  les  flrics  étoient  dil'pofécs  tranverfaic- 
ment. 

3*.  Une  once  de  platine  &  trois  de  plomb  , 
traitées  de  la  même  manière,  demanr.è-Lnt  auflî 
uce   chaleur  t. es  forte   pour    opérer    leur  fufion 

tarfaire,  &  perdl^rent  environ   un  vingt  fi^ieme. . 
e   métal  fe  enfla   avec  moins    de  facilité  que 
.  dans    aucuns  des  prccédens  eflais  ,   &    s^étendit 
en    quelque  forte  fous   le  marteau.    Sa   couU.ur 
ècoit  un  peu  obfcure  &  plus  tirant  fur  le  pour 
pre- 

4*>.  Une  pirtie  de  p'atine  &  quatre  de  plomb  , 
.  ayant  été  couvertes  d-:  flux  noir  6t  de  tel  com- 
mun ,  &  expofèes  au  feu  dans  un  fourneau  à 
vent ,  la  platine,  ne  parut  parfaitement  bien  fai- 
■  fie  que  quand  le  (eu  eût  été  poufle  à  une  cha- 
leur b-anchc  extrêmement  forte  ;  &  la  perte 
fut  d'une  quarantième  partie  ou  environ. 

Les  mémc^  proportions  des  deux  moraux  jetés 
•dans  un  mélange  fl.iide  du  flux  &  de  f.l ,  pol^1c 
d*avance  jjfqii'au  degré  d*j   chaî-.ur  qu'on  vient 
•de  dire,  fe  tondirent  prompt. ment  ,    ne   perdi- 
rent q  ï'unc   pirtie  fur  cent  foixante.    Le   lingot 
ie  trouva  bien  [.lus   liant  que   le    précèdent,  fe 
"lima   f<>rt  bien ,  &  fe  coupa  aflfjz  uniment  av<  c 
un  cife<4n.  En  'c  caiTant ,  la  partie  fupérieure  {.a» 
fUt  compoféc  de  plaques  brillantes^  &  la  plus 


P  L  A  y2-/ 

haTc  de    grains   obfcurs  Cl    tlrciit   fur  ic  pour- 
pre. 

5**.  Vï\2  partie  de  plr.tine  ti  h\m  de  plcmb  fe 
TCii;-.irjin  ailimj:::  à  un  f.ii  vlF,  6^  ne  perdi- 
rent lien  ou  fort  peu  g-j  cîiofc.  Le  métal  fc 
travailla,  &  paroifioit  comme  un  plomb  fort 
maiivai<>.  En  le  cafla'nt,  le  tiflii  '  parut  compofé 
en  partie  de  fibres  tranfverfales  ,  &  en  partie 
de  grains  ;  fa  couleur  étoit  fombre  &  tirant  fur 
le  jourpre. 

6^  Une  partie  de  platine  &  douze  de  plomb 
s'unirent ,  fans    aucune   p.rte  ,   en    un    compofé 
fort   peu    d  iférent   du  prccédcpt.    Son  tilTn   étoit 
plus  fln  ,  &  comp'if'c  f-ir-rciit  de  fibres  tranfverfa-      4 
IcSj  avec  fort  peu  de  grains. 

■7^.  Un  mélange  cPune  partie  de  platine  & 
vingt-quatre  de  pjomb  ne  fe  trouva  }is  bcTau- 
coup  ;  lus  dur  que  du  ploinb  d'une  m  lycnnc 
qualité-  Li  couleur  en  étcit  to.. jours  un  ,. cm  ti- 
runt  fur  le  pourpre,  &  ion  ti.:u  fibreux  ;  m<;is 
les  fibres  en  étoient  fenfibicment  p!ui  fiirjs  que 
quand  la  platine  étoit  en  des  proportions  piUS 
grandes. 

8".  Les  qnatrc  premières  des  compofitions  pré- 
cédentes étant  nouvellement  polie»  ,  parurent 
d'une  couleur  de  fer  fombre  ,  ik  bientôt  fc  ter- 
nirent en  un  jaune  brunâtre ,  en  un  pourpre 
foncé  ,  &  enfin  elles  prirent  une  couleur  noi- 
râtre. 

Les  trois  dern'ércs ,  taillées  avec  un  cifeau  , 
parurent  d''^ne  couleur  de^  p'omb  qui  ne  fe  ter- 
nit que  fort  peu  ;  cep'jndan:  Ls  cafi'urc^  &  les 
fiirfnccs  extérienres  de  toutes  les  fept  ont 
changé  à-peu-prés  en  un  noir  tirant  fur  le  pour* 
pre. 

9".  E.i  remettant  une  fcccndc  fois  ces  com- 
pofifions  au  feu  ,  on  a  conllamm^nt  obfervé  , 
quand  elles  font  arrivées  à  la  fufion  parfaite  , 
que  fi  la  cîîi^l.ur  fc  rillcntiiToir  un  peu,  une 
grande  parric  de  la'pU-îtine  fe  dépofoit  au  fond; 
que  néanmoins  le  p!oir.!i  dv'cnnté  ,  môme  à  une 
chaleur  rtU-deifoi.s  de  l  ij^nijio."  ,  reten<'it  tint  de 
platine  ,  qn*ellc  le  r-.ndoit  d'un  tilVu  fin  &  fibreux  , 
&  d'ime  couleur  de  po.;r;:re. 

10".  Les  dive  s  ml*langes  couverts  de  fîux 
noir,  &  tenus  en  fmte  f  tion  dans  des  creuCts 
exH'kem^iit  luttes,  p.ndaut  huit  heures,  f  uffîi- 
rent  dans  Ivur  po  ..s  une  diminution  qui ,  dans 
la  plupart,  monta  à  environ  une  trentième  par- 
tie du  plomb. 

En  les  brifint  ,  ceux  qui  avoient  «ne  grande 
pro jortion  de  platine ,  p.ir;irci:t  .'un  tiifu  feuil- 
leté, 6i  Its  a-itrcs,  d'un  iiiTv  fin  &:  fibreux  ;  ce 
qui  paro  t  eu  «gérerai  être  des  carzftèrts  de  l'u- 
nion parfait.,  de  la  pLiiine  Si  du  p-oxb.  Tons 
.voient  un  air  plus  blmc  &.  plus  hrn'.int  qu'au- 
.aravant  ;  mais  ils  fe  ternirent  plus  vite  à 
l'air. 


728 


P  L  A 


Un  mélange  fuitout  de  quatre  onces  de  pla- 
tiné ëc  ûouLZ  de  ptomb  fe  cafta  en  grandes  piè- 
ces blanche:^,  brillaïuts ,  rembLbIes  k  du  catc  , 
qui  étant  dtpofccs  à  Tair  ,  changèrent  en  fort 
peu  de  temps  :  par  exemple ,  en  moins  d'une 
neure ,  en  rougeàtre ,  pourpre  &  bleu  foncé  ;  âc 
à  la  longue,  mais  lentement,  prirent  une  cou* 
leur  noirc ,  obfcure  6l   ûrant  lur  le  pourpre. 

Il  paroit  donc  que  les  rapports  de  la  platine 
avec  rètain  fit  avec  le  pbmb  font  fort  diffe- 
rens.  Quoiqu'une  petite  proportion  en  foit  fdifie 
&  tenue  fufpendue  par  le  plomb  à  une  chaleur 
fort  douce,  une  grande  proponion  n'en  cft  pas, 
à  beaucoup  près,  fi  aifèment  di^oute  que  par 
rètain  ;  &  quand  ils  font  unis  par  une  chaleur 
forte»  elle  (e  précipite  en  grande  partie  lorfque 
la  chaleur  fc  rallentii. 

Une  petite  quantité  roîdit  8t  durcit  le  plomb 
plus  qu^elle  ne  fait  Tetain  ;  mais  une  erande  ne 
diutnue  pas  tant  ,  k  beaucoup  prés,  la  malléa* 
biUté  :  un  mélange  de  parties  égales  de  plat t ne 
&  de  plomb ,  quoiqu'il  n'ait  rien  de  la  clu6ltlité 
que  chacun  des  métaux  avoit  féparémeot  ,  crt 
beaucoup  moins  fragile  que  le  mélange  de  par- 
ties égales  de  pbtine  &  d'étain  ;  mais  les  ptté^ 
noménes  les  plus r jmarqu.bles  dans  les  mélanges 
avec  le  plomb  !^  font  le  tilTu  feuilleté  ou  fibrcitx , 
&  une  couleur  pourpratre  ou  bleuâtre  ,  ou  la 
difpofitîon  à  acquérir  promptement  ces  couïeurs 
à  l'air,  fie  le  noir  auquel  ds  fe  changent  en- 
fin. 

Le  bifmuth  ,  commo  on  a  déjà  vu  ,  donne 
avec  la  platine ,  à-peu- prés  les  mêmes  apparen- 
ces,  quoique  dans  un  degré  un  peu  inférieur  : 
&  comme  aucun  des  autres  corps  métalliques 
que  j^ai  mis  a  Te^ai,  ne  s'eA  trouvé  30'«.^;fr  la 
platine  p  ni  en  être  aifeôé  de  cette  manière ,  on 
pourra  ajouter  ces  expériences  à  celles  de  M* 
G&o0Voi ,  inférées  dans  un  des  derniers  volu- 
mes des  Mémoires  de  l'académie  des  fciences , 
aHn  d'établir  une  analogie  entre  le  biùnuth  &  le 
plomb. 

la  pUiîne  mvtc  Varfcmc* 

L^arfenlc  blanc  eft  une  chaux  métallique  vola- 
tile, qu'on  peut  réduire  à  fa  forme  métallique  ^ 
en  1  expofant  à  une  chaleur  modérée  avec  des 
«ddîkiDns  inflammables.  Un  mélange  d'arfenic 
blanc  )  &  de  fel  alkali  fixe  ,  de  chacun  un  once , 
avec  deux  onces  de  poudre  de  charbon  de  bois  j 
étant  preffé  uniment  dans  un  acufet ,  on  éten- 
dit une  once  de  platine  par*deiTus.  Alors  le  creu- 
fet  fut  couvert  &  lutté  cxaflemeni ,  &  entre- 
tenu douze  heures  à  une  chaleur  de  cémenta- 
tion modérée,  qui  vers  la  fin  de  l'opération  fur 
Augmentée  à  un  degré  confidérable. 

En  (ièparant  la  platine  d'avec  le  mélange  par 
des  lotions  «  beaucoup  de    fes  grains  parui eut 


p  L  A 

dmCés ,  &L  fon  poids  fut  augmenté  de 
chofe.  Etant  enluite  expofée  brufquemcnt 
feu  trés-rort ,  elle  ne  le  fondir  pas  «  mais  yen 
des  vapeurs  arfenîcales  ;  ôc  aprè^  qu*cUc^  eurent 
ce0é ,  on  trouva  que  la  platine  pefoit  une  once  |uiU 
comme  auparavant. 

Cette  expérience  paroiHant  montrer  qae  U  plt- 
tint  âtl'arfenic  Ofit  quelque  difpofuton  à  ^*ttn*f, 
je  me  difpofois  à  la  pourfuivre,  pour  vo.r  fi  uat 
plus  forte  quantité  d'arfenic  ne  pourroit  pu  U 
com  riner  avec  la  pbtine  ,  de  (zK^on  à  la  mitât 
en  fufion ,  lorfau'il  mVft  tombé  entre  le»  mtm 
un  mémoire  de  AI.  Scheffer^  dans  lequel  jcffoinre 
fur  certe  matière  une  eitpéneiice  rcm^irqu^bk.  J 
M.  Marggraf  a  pareillement  «:ffayé  depuis  Ij 
pUiine  avec  Tarfenic ,  d'une  façon  qui  ncd  pu 
fort  différente  de  celle  que  j'ai  rappariée  ci-/ 

M.  Marggraf  a  jnclé  une  dragme  de  p?i 
avec  deux  dragmes  d'arfenic  blanc  ,  âc  expoA  b 
mélange  au  feu  dans  une  retorte  de  ve^rc.  L'«^ 
fenic  s'eil  fublimé  fans  aucune  couleur  ,  6l  a  UitH 
la  platine  blanche  »  &  fans  diminution  de  fa  pe- 
fanreur.  Le  procédé  a  été  répété  avec  U  WJtmR 
quantité  de  nouvel  arfenic  ^  ôc  le  feti  iUf* 
mente  à  un  degré  aulC  fort  que  Ta  pu  foppof^ 
ter  la  retorte  garnie  ;  l'arfenic  1  toujours  momk 
blanc  ,  mais  les  grains  de  platine  étotcut  alors  ét> 
venus  noirs  ,  quoiqu'ils  coniinuaffent  encofç  à 
être  malléables ,  &  qu'ils  peiaâem  atitaitt  ^vtmh 
paravant« 

Une  dragme  de  platine  ,  deux  d  arfemc  &  fine 
de  ioufre  ,  étant  bien  mêlées  enfcmble  ât  rraitéei 
de  ta  même   manière  ,  Tarfenic    ôc    le    foitfre  fe 
Tl  Mimant  enfcmble  .formèrent  un  compafe  rouget 
comme   ils    font  d'ordinaire    lorfqu*tU  fom  iittl 
dans  ces  proportions  ;  pour  la  platine  ^  elle  ie> 
vint  noirâtre  ,  &   fe  trouva  piilcr    enviroo 
trentième  partie  plus  qu'elle  ne  faifoit  dTal 
11  femble  clone  que  par  cette  manière  de  omdi 
le  pLOcédé,  l'arienic  a  moin'*  d'effet     fur  la  pl^ 
tine  que  dans  mon  expérience  rapportée  Ci-dc^ 
fus. 

M.  Scheffer  a  procédé  d'une  manière  dti 
il  tit  d'abord  chauffer  fortement  la  platiAc  t< 
feule  dans  un  creutet  ;  enfuite  ayant  )eté  un  ^ 
d'arfenic  par-deffus,  ils  fe  fondirem  fur^le-cha^ 
11  remarque  que  la  platine  fe  fond  avec  Tiffesc 
aulTi   aifément  que    le  font    le   cuivre   &  le  fer 
lorfqu'ils  font  mêlés   avec    l'arfenic  ,   qu'il  n' 
pas  befotn  pour  cela  d*aucun  flux  \  qu'utie  p 
tie  d'arfenic  blanc  cft  fuffifame  pour  ving^iuiii 
parties  de  platine  ;  6i  que  la  platine  amu  fo#* 
due  avec  l'arfenic  eft  tout-à*fait   friable  «  &  fii 
une  caffure  grife ,  comme  i^angent  imprégaé  d*<^ 
fenic. 

ïl  a  paru  ,  en  répétant  cette  expérîeiice  «  V^  % 
quoiqu'un  ne  puiffe  pas  reprocher  à  cet  att- 
teur  judicieux  aucune  méprifc  ,  cependant  lepes 
de  plaûne  qu*il  avoit  pour  faire  cet   eflii  »  Ti 


?  L  A 

ftiîs  dans  rtinpoffîhllité   cïe  découvrir  les  Umtt?-  ' 
tions  ,  avec  kfîjucllcs  il  faut  ettrendre  cctic  ac- 
tion forte   de  Tarfcnic    fur  la  |jlatine* 

Quand  on  n*enipîoîc  que  quelques  grains  de 

ÏUtine  »  on  a  toutes  les  app^rcncts  d'une  vraie 
ifion  ;  mais  en  prenant  une  groffc  quintité  , 
on  trouve  fréquemment  que  la  fufion  n'cû  que 
fuperfîciclle  &  imparfaite. 

Une   once  de   piatîne  fut   chauffée  fortement 
Ldans  uncreufet,  ot  on  Jeta  par-dcfTus.i  diver- 
ififs  reprifes,  des  morceaux  d'arfcnic  blanc,  »uf- 
Iqu'à  ce   que    T^rfenic    monia    à  peu- prés  à   la 
même  pefanteur  que  celle  de  la  platiné  :  quel- 
Vues -uns  des  fjiL\T}%  fe  fondirent  en  goutter  ron- 
ies  ;  la    plus    grande    panîe  fe   joignit  en  une 
aiffc  cohérente  ,   différente  de  cel'es  dans  lef- 
lellcs  U  pîatine  feule  fc  forme  au  feu  ,  en  ce 
îiic  fa  furtice    étoit  unie   &    uniforme  i  Ôi   le% 
jrains  plus  fermement   adhérem.  J'ii  traité  une 
iatre  once  de  pbtine  de  la  même  manière  »  6i 
r«vec  le  même  fuccés. 

La  maffc  étoit  d'une  furfacc  unie  »  comme  G 

elle  eût  été   parfaitement  fondue  ;  mais  fa  par* 

Ltic  intérieure  étoit  totnpofée  de  grains  an   f la- 

nîfce  dans  leur  forme  ordinaire*  J'ai  mis  les  diux 

iffes  dans  un  crcufet  avec  de  nouvel  arfcnic 

Imèté   de   poudre  de   charbon  de  bois  «   &    }*aî 

l^uffé  le    tout  à   un  feu   violent  pendant    une 

I demi-heure  :  ils  ont  coulé  en  un  culot  ,  de  la 

figure  du  fond  du  creufet  ,    uni  à  Texte  ieur  , 

\6l  d*une  couleur  blanche  brillante  comme  cetle 

la   Tif-argcnt  ,    fort  caffant  ,   gris   en  dedans  , 

[d'un  tiffu  fpongîeux  »  avec  un  petit  nombre  de 

I grains  de  platine  refiès  entiers  dans  te   milieu  : 

Ile  creufet  étoit  tapiffé  i)*un  verre  noir,  qui  étoit 

l^irobablement  une   vitrification  de  la  partie  fer- 

Irugîncufe  de  la   p'a:ine  ,    &   plufieurs    globules 

I  métalliques  briUans  «  *dhéren$  k  )a  matière   vi- 

I  trcufe. 

Le  culot  fut  mis  enfuite  dans  un  creufet  for* 

[tcmcnt  chauffé  ,  avec  i!e   nouvel   a^fenic  6l  du 

charbon  de  bol*  puîvérifé  ;  &  on  excita  le  Un 

lavcc    des  foufflcts  pendant  encore    une    demi- 

"Seore.  * 

Il  fe  fondit  ,  comme  auparavant  «  comme  une 
limffe  ncmplie  de  petits  vuides  ^  d^n\  laquelle 
l<»n  ne  pou ^ oit  plus  voir  aucuns  grains  de  pla- 

le» 

El'e    fut  encore  traitée  de  It  même  manière 
la^ec  i:  Tarfcnic   nouveau  ,  &  on   effaya  de  ta 
[Terfer  du    crenCet    :  mai^  quoiqu*on  eut  d*  nné 
^•Wc  trè,  fone  intenfité  au  feu  ,  le  métal  ne  vou- 
lut  pis    couler    hors    du    creufet  ;    étant    donc 
7      pautl.*-  k  ua  feu   vif  fans   aucune    addition  ,   la 

■  ^it  ère  vVj-a«,T  en  un  eu  et  de  ta  même  ap- 
parence que  celui  d'auparavant.  Mais  un  n  or- 
cca  1  de  cette  maffe  qu'on  mie  de  i  cuvcju  c';ns 

t  creufet    fortement    chauffé  ,    r»c    p!»nit    j  ai 


PLA 


729 


s^amoUîr,  ni  foufeir  luctifi  changement  dans  ft 

figure. 

Le  refte  du  culot  fut  enfermé  entre  deuif  |h.*. 
morceaux  de  charbon ,  à  chacun  defquels  on 
a  voit  pratiqué  une  cavité  pour  le  recevoir  ;  le 
i^h.rbon  fut  enfuite  girni  partout  de  lut  ;  & 
quand  il  fut  (ce  entièrement  ,  on  le  ^eia  parmi 
ies  autres  matières  combuftrbles  devant  le  nei 
du  foufflet  :  le  métal  ne  changea  point  de  figu- 
re ,  ni  ne  diminua  de  pefanteur.  Je  pris  une 
dcmi-ODce  du  métal  &  je  Tarfeniquai  encore  de 
même  qu*auparavant  »  en  y  ajoutant,  à  diffé- 
rentes foi^,  de  plus  en  plus  d*arfenic  :  il  coula 
en  cu'of  comme  auparavant  ,  roa*s  on  cuî  beau 
■lugmenter  le  feu  ^  ou  y  ajouter  de  l'arCnic  , 
il  ne  fut  pas  poilible  de  rendre  la  matière  af- 
{cz  claire  pour  couler  hors  du  creufet*  Je  pris 
L*ncore  une  demi  once  de  phtine  ,  fit  ayant 
combiné  avec  elle  autant  darfenic  que  je  le 
pus  par  des  injeâions  réitérées  ,  je  rédjifu 
la  maffe  en  une  poudre  grofli^re  ;  je  ta  irôlai 
avec  du  6ux  noir  &  un  \tM  de  nouvel  arfenîc  ^ 
&  pourrai  le  tout  4  an  feu  crés-vif  dans  un  crcu- 
fctfernSi, 

Le  métt»!  cotila  en  une  m'ffe  fpongfcufe ,  qui 
re;enoit  cà  &  là  des  ptrricdes  du  flux  da  ^<  les 
cavités  ,  preuve  qu^elle  n'avoit  pas  coûté  claire 
&   en  liqueur. 

U  féfulte  de  tout  ceci  que  la  platine  fc  f^nd 
bien  avec  Tarfemc  ,  nui»  moins  parfaitement 
qu*avec  d  autres  métaux  ,  ÔC  qu'il  feroit  fiart 
difficile*,  pour  ne  pa  due  iinpoâlble,  de  l'amener, 
fur  ce  fondement ,  à  une  tufion  fLfIirante  pour 
la  pouvoir  verfer  dans  un  moule.  Tous  les  raor- 
ceaux  imprégnés  d^arfcNic  font  caffans  ,  d'une 
cotiteur  grifâtre  en  dedans  ,  &  d'an  tlffu  lâche 
&  grenu. 

I)  e^  k  remarquer  que  quoique  Tari  n*c  fe 
change  bientcVt  dans  l'air  en  une  coiikur  noî* 
râtre  ,  &  qu'étant  mêlée  avec  d'autres  métaux  , 
cite  difpofc  la  plupart  à  fe  changer  de  la  même 
fiiçon  ,  la  platine  chargée  d'arfenic  ,  ap^è^  -.voir 
fcjmirné  pendant  fept  ou  huit  ans  dans  une 
ch^imbrc  lèche  ,  conferve  rncore  i  •  peu  -  *irèf 
la    même     apparence    qu'elle     a  voit  d'abord. 


La  pUtim&  avec  U  ^inc» 


Pour  unir  le  zinc  avec  la  plannc  ,  j'ai  rff^yé 
d'al>ord  la  mcihotic  qu'on  obfcrvc  com^u  ém  nt 
porr  incor  orcr  le  xinc  ^vcc  le  ciii%re  ,  6i  en 
tnèmc  temps  pn4*r  punficr  îc  x*nt  d»-  ce*  aurret 
.or  s  métalliques,  qm  fe  trouvent  (jufent  tiélcs 
av^t  lui  ;  c*cO-à*dirc  ,  %» >nftr  a  yïè^tnt  aut 
vapeurs  qu'on  dcgîige  ^v  m  'yen  du  tu  Si  d 'ad- 
dition! iniimjitmablts  »  d*avci  I      cal^m.ne  »   qui 

Ztzz 


730 


P  L  A 


E 


z&  une  des  mines  les  plus  pures  du  zinc»  M^Is 
pour  que  ces  vapeurs  pulVcnt  agir  plus  efficace- 
ment fur  la  platine  ,  j*ai  fait  quelque  chanee- 
m^At  dzns  la  façon  ordinaire  de  difpofcr  les 
matériaux. 

J*ai  mêlé  quatre  onces  de  calamine  réduite 
en  poudre  fine  avec  deux  onces  de  charbon 
de  bois  pulvérifé.  Ayant  fouvent  remarqué 
qu'avec  cette  proportion  de  charbon  de  bois  , 
la  calamine  acquiert  une  efpèce  de  fluidité  au 
feu ,  de  forte,  que  la  platine  ferolt  fujette  à  fe 
précipiter  à  travers  julqu'au  fond  ;  j'ai  fait  une 
maffc  de  cette  poudre  avec  de  l'argile  détrem- 
7ée  un  peu  claire  ,  &  je  l'ai  comprimée  dans 
le  fond  du  creufet  :  au-deflus  de  cette  mafle , 
j'ai  garni  touf  le  tour  du  creufet  d'une  épaif* 
ieur  confldérable  de  lut ,  de  manière  à  ne  bif- 
fer qu'un  petit  pafTage  dans  le  milieu  ,  afin  que 
les  vapeurs  do  zinc  puffcnt  en  fortir;  &  quand 
le  lut  fut  féché  entièrement  »  j'ai  mis  dans  ce 
paflage  une  once  de  pUrine« 

Le  creufet  fut  couvert  &  placé  dans  un  four- 
seau  à  vent  ;  &  on  y  entretint  un  feu  afTez 
fort  pendant  fix  heures.  Muis  cnrf^|^i*ayant 
tiré  dehors  ,  j*ai  trouvé  un  peu  ddlRpurs  du 
zinc  attachées  au  couvercle  :  la  phaà  grande 
partie  de  la  platine  étoit  fondue  en  petits  elo- 
oulcs  briltans  ;  &  les  grains  qui  retinrent  leur 
figure  ,  parurent  bourfouiflés  avec  de  petites 
protubérances  globulaires  ,  comme  s'ils  ne  fai- 
le  ion  t  que  commencer  à  fe  fondre.  Sa  pefan- 
tcur  étoit  augmentée  de  plus  d'un  tiers ,  de 
fcnc  qu'elle  avoit  imbibé  environ  autant  du 
zinc  ,  que  le  cuivre  en  prend  dans  le  procédé 
ordinaire  pour  faire  l'airain. 

Trouvant  que  les  vapeurs  du  zinc  agifToient 
fi  puiffammént  fur  la  platine  ,  j'cffnyai  enfuite 
le  zinc  Tous  la  forme  métallique  ordinaire.  Je 
pris  une  once  de  platine  ,  &  l'ayant  couverte 
de  borax,  8l  chauffée  d?.ns  un  fourneau  à  fouf- 
f'ets  ,  jufqu'à  une  forte  chaleur  blanche  ,  j'y 
jctii  une  égale  quantité  de  zinc.  Il  fc  fit  une 
dttlagration  violente  ,  &  la  platine  parut  diffoute 
prcf-{ue  en  un  înflaxit. 

Le  métal  ayant  été  v«rfé  fur-le-champ  ,  coula 
aifémcHt  dans  le  moule,  &  fe  trouva  avoir  per- 
du près  d'une  demi-once  de  fon  poids  ;  de  foîte 
que  la  quantité  de  zinc  qui  avoit  fuifi  pour  tenir 
la  plitine  en  bonne  fufiou  ,  étoit  un  peu  moin- 
dre que  la  moitié  de   la  platine. 

J'ai  fait  pluficurs  autres  efLis  de  la  même  ef- 
pèce avec  différentes  proportions  des  deux  mé- 
taux ,  (bit  à  un  feu  vif  dans  un  fourneau  à  fouf- 
flets  ,  ou  à  un  feu  plus  gradué  dans  un  fourneau 
à  vent  ;  le  zinc  s'efl  toujours  trouvé  une  forte 
menfirue  pour  la  platine  ;  quoiqu'il  y  ait  eu 
beaucoup  de  zinc  qui  s'cft  diiîi.vé  par  la  chaleur 
rcquife  pour  rendre  le  mélange  fulfifamment 
fluide. 


P  L  A 

Uiie  once  de  platine  &  quatre  onces  it  zinc 
étant  fondues  enfemble  dans  le  fourneau  1  fovf- 
flets  «  comme  dans  Texpérience  cî-defios^,  la 
perte  fut  d'une  on(e  &  demi;  de  forte  qu'il  oe 
refla  avec  la  platine  qu'emnron  deux  onces 
de  zinc.  Ce  compofé  fut  coulé  fur  une  aatre  once 
de  platine  fortement  chauffée  comme  ci-devant 
avec  du  borax  :  le  métal  verft  dehors ,  conla 
clair  hors  du  creufet,  &  pefa  judemem  de» 
oncçs  &  demie  ;  de  forte  qu'ici  la  platine  fbt 
tenue  en  fufion  par  un  quart  de  fa  quandti  de 
zinc. 

Ce  mélange  fut  mis  dans  le  même  creufet  avec 
le  même  borax  ;  il  s'enflamma  encore ,  fe  fiofl- 
dit ,  &  étant  verfé  dans  une  lingotiére  de  (ier« 
qui  avoit  été  nouvellement  paffée  fous  la  flam- 
me d'un  flambeau,  mais  fans  avoir  été  chauSte, 
le  métal  fluide  fut  difperfé  tout  autour  avec  vio- 
lence en  petites  gouttes  :  cet  acddom  fàt  cavft 
probablement  «  non  par  aucune  qualité  particn* 
iière  du  métal ,  mais  par  quelque  humidité  reflk 
dans  le  moule. 

Les  compofitions  de  platine  avec  dlfférenid 
proportions  de  zinc  ne  difKroient  guère  tû  ap- 
parence d'avec  le  zinc  feul ,  excepté  que  qiuiid 
la  quantité  de  la  platine  étoit  grande  >  dld 
et  oient  d'un  tiflii  plus  {èrré&d*une  couleur  pta 
mane  ,  avec  un  peu  davantage  de  nuance  bteiâ- 
tre.  Tenues  dix  ans  dans  un  endroit  fec  »  dits 
n'ont  pas  paru  s'être  ternies  td  avoir  changé  de 
couleur.  Elles  étoient  beaucoup  plus  dures  à  !a 
lime  que  Je  zioc  féparémentt  &  elles  font  tom- 
bées en  pièces  fous  le  marieaa  ;  fans  s'étendre 
du  tout,  quoique  le  zinc  pur  lefaffe  à  un  degré 
coi^fldérable. 

Un  vingtième  de  platine  a  détruit  la  mallé?- 
bilité  du  zinc  ,  &  un  quart  de  zioc  a' détruit  ^a 
malléabilité  de  la  platine.  Dans  cet  efpace  nous 
n'svons  à  attendre  aucun  degré  de  duôilité  du 
mélange  de  ces  deux  matièr«5. 

La  platine  avec  le  régule  d*antimoine. 


Des  parties  égales  de  platine  &  de  régule  d*;in* 
titr.oii^e  ont  été  jetées  dans  un  mélange  fluide 
de  flux  noir  &  de  fel  commun  ;&  on  a  excite  k 
feu  vivement  avec  des  foufflets.  lis  fe  font  fon- 
dus parfaitement  enfemble,  &  ont  coulé  libre- 
ment  dans  le  moule.  Le  compofé  avoit  une  cou- 
leur plus  terne  que  le  régule  ne  l'avoir  eu  d'a- 
bord ;  &  quand  il  fut  caflé ,  il  fit  voir  une  fur- 
face  ferrée  ii  uniforme  ,  quoiqu'inégale.  Il  fe 
trouva  J>eaucoup  plus  dur  fous  la  lim^  ;  mai*  oa 
ne  remarqua  pas  qu'il  fût  beaucoup  plus  ni  moins 
fragile  fous  le  marteau. 

Une  partie  de  platine  &  vingt  de  régule  d'an- 
timoine ayant  été  traitées  de  la  même  maoière» 


P  L  A 

le  cotispoft  parut  p^us  hnilint  ,  &  d*iin  tiH'a 
feuîUeiè  ,  peu  dînèrent  de  celui  du  régule 
pur-  "" 

Les  deux  métaux  furent  foodus  enfcmble  dini 
pUiiieurs  des  proportions  irtterinédiaircs ,  mils  on 
n'y  remarqua  point  d'autres  difl'èrences  qae  cel- 
les ci-defTus  ripporiées.  Les  mélanges  avec  une 
grande  proportion  de  pîa  ine  étant  d*tu":e  cou- 
pleur terre  &  d'un  tiiïu  ferré ,  &  ceux  qui  en 
•voient  peu,  étant  brillans  &  feuilletés.  Tous  fc 
confervèrent  fans  fe  ternir. 

Quoique  b  pUitUÈ;  &  le  régale  paroiffcnt  $*in- 
rporcr  fort  bitrn  cofemble,  cependant  quand  on 
!cs  laiflc  refroidir  lentement,  une  partie  de  lapla- 
^tsae  ell  fy jette  à  tomber  iu  fond. 

Six  onces  de  pUtine  &  vingt-quatre  de  régule 
'*aïltiniome  ayant  éic  fondues  enkmbie  avec  un 
in  vif  ^  &  vcrfccs  dans  un  moule ,  le  cooipofé 
amt  uniforme  partout.  Ertnt  refondu  de  nou- 
veau,  &  tenu  dans  une  fufu>n  f^imc  pendant 
cinq  ou  fix  heures,  et  enfuite  ayant  refroidi  gra- 
clueiicmcnt  dans  le  fourneau  ,  la  partie  fup^^rîeure 
de  la  malTe  fe  trouva  brillante  .  &  d'un  tiiTugrund 

P&  feuilleté,  re{renil)lant  fort  à  celui  du  régule  d'a- 
bord :  le  bas  éioît  bcaucoiîp  plus  terne  ti  d  un 
tîflu  jilus  ferré  ,  &  conte noit  en  toute  appa- 
rence .une  proportion  de  platine  beaucoup  plus 
,ra  nde. 

La  platine  avec  targenn 

I  1*4  Vingt  grains  de  platine  &  la  même  quan- 
tité d'irgiïu  pur  que  j  jvoîs  revivifié  de  la  lune 

|cornue ,  furent  couverts  de  borax  &    pouffes  à 

feu  violent  dans  un  fourneau  à  foufHets.  Ils  Çc 

fondirent  difficilement   enfcmble  ,  Si  ne   fe  rrou- 

iférent  pas   affcz    tluides   pour  couler   librem'.nt 

Pdans  un  moule*  Le  métal  pefoittreme-neut  grains, 
6c  on  vit ,  fur  les  côtés  du  creufet ,  pliîftjurs  pe- 

Ilitcs  particules,  qui ,  autant  qu'on  en  pouvoir  juger  ^ 
momoient  bien  à  encore  un  gran,  do  forte  quM 
pie  paut  pas  y  avoir  aucune  perte  de  pet^n- 
leur. 
Le  compofé  étoit  dur  fous  la  lime ,  &  fe  caflfa 
ftu  moyen  d*un  coiip  de  marteau  rude»  quoiquV 
Vec  des  coups  plus  doux  il  s'croic  laillé  confidé- 
rablement  a^jlatir.  Il  parut  cn-dcdans  d'une  cou- 
leur bcaiic©yp  plus  terne  &  plus  fombre  que  l'ar- 
gent &  d'un  timi  grenu  plus  grofUer. 

a«».   Deux  parties  d'iirgent  6c  une  de  phftne  , 

couvertes  de  nitre  6c  d^   fcl   commun ,  ne  cou- 

Pcrent  bien   clair  que  quand  le  feu  fut   pouiTé    à 

lae  forte  chaleur  blanche  ;  &    quund   on   vcrfi 

|e  m^hal ,  il  laill^  beaucoup  de  petites  particules 

imchéL^  te  lon^  des  coré^   du  creufet.  Le  métal 

fe  rrouvi  moin%  frsgile  que  le  précédent,  8c  pas 

û  dur  fous  la  lime  r  fon   tiiTu   étoit  grenu,  plus 

.Un  ,  jk  f a  couleur  plus  blanche. 


p  I>  A 


75  î 


3*,  Une  partie  de  platîne  Se  troî^  dargcnt .  de* 
mandèrent  aufli  un  feu  bien  plus  fort  pour  en 
venir  à  une  fuGon  parfaite  ^  &  beaucoup  de 
pinicu'cs  de  métil  furent  jeié::s  prcf^m  jufqu'au 
fommet  du  creufet,  comme  fi  T^i.tion  de  l'argent 
f.  r  la  platine  eût  été  accompagnée  d*ime  cfpoce 
débd  lui  on  ou  d'eipbfion.  Le  compofe  étoit  dur 
&  caffant,  quotqjfen  moindre  degré  q  e  le  nrc- 
cèdent  ;  en  le  cnaufTan  à  diiTcrentc^  reprises,  il 
efl  venu  au  point  d  être  forgé  ,  ou  applnti  entre 
des  rouleaux  d*acier  en  plaques  minces. 

4**.  Une  partie  de  platine  &  fept  d\nrgent  fe 
fondirert  enfcmble  aflcz  aifément  j  mais  panie 
du  métal  fut  jeiéc  autour  dj  creufet»  crmîne  iu- 
p^ravant.  Le  corapoft  fe  travailla  paf^ahlcmcnt 
bien  fous  le  marteau ,  fe  trouva  beaucoup  plus 
dur  que  largcut ,  mais  p^s  fi  blanc  ni  d'un  grain 
fi  fin. 

Ç,  Dans  les  expériences  précédi:nies ,  la  qtîan- 
tité  de  platine  nVtoIt  que  de  dix  à  vingt  grains. 
J'elfayai  dans  celle-ci  foixantc  grains  de  platine  , 
avec  quatre  fols  ,  huit  fois  >  douze  fois  ,  vingt 
fois  &  trente  fois  autant  d'argent  ûn^ 

Un  de  ces  mélanges  fijt  traité  f?ns  aucun  flux; 
un  autre  (mî  convert  de  borax  ;  un  autre  jîté 
dans  du  borax  d^;a  mis  en  fufion  d^avance  ;  un 
autre  dans  du  (lut.  noir  fondu  j  8c  le  dernier 
dans  du  fcl  commun  fondu.  Le  feu  fut  for- 
tement excité  avec  des  fouâlers  ;  ôc  tous  les  me- 
ta tiges  furent  lalfli^s  refroidir  dans  les  creu- 
fets. 

Avec  ces  quantités  plus  fortes  des  deux  méraux , 
le  phénomène  que  j'ai  rapporté  ci-dwffus  »  fut 
plus  fcmnwju.iblc  ,  il  pantt  totijonrf  un  grand 
nombre  de  globules  méiail-ques  autour  d:  Tia- 
té  rieur  des  creufcrs  ,  6i  be  lucoup  auffi  fur  îci 
couvercles.  Les  dififérenc^s  p.ir  rapport  aux  lîux, 
&  d<in?i  ks  proportions  des  deux  métaux,  ne  pa- 
rurent faire  aucuns  diiférence  effenticlle  à  cet 
égard. 

Quelques-uns  des  mélanges  furent  refondus  de 
nouveau,  k  plufieurs  reprif-'s  ,  dans  de  nouveaux 
creufds.  Le  nié:al  fe  di^p^rfa  de  même  à  chaque 
fois  en  verfjnt  le  comj_ofé  d.ms  des  moules  ,  à 
moins  que  h  chaleur  ne  im  bien  violente,,  il  en 
rcftoît  toujours  en  arriére  une  partie  confiHéra- 
ble ,  l'argent  paroiOant  quitter  la  platine  quand 
la  chJeur  fe  rallcntilfoit.  Q.jand  b  chaleur  fe 
irouvoit  fi  forte ,  que  le  tout  coutoit  librement 
dans  le  moule,  une  portion  confidérable  de  la 
platine  fe  îé^arou  &  tombo»t  au  fond  en  rcfroi- 
diiTant#  excepré  quand  le  motlc  etoir  fort  large, 
de  forte  que  le  compofé  tommctiç  lir  i  faire  pnfe 
prefque  fiir-le-ch.mp  fans  dtjnner  i  la  platine  le 
temps  de  fe  précipiter. 

6*.  J'ai  fondu  parcillcmfnt  de  l'argent  avec  di- 
vcrfcs  proportions  d'un  ^iéi:ip»té  de  phvntt  que 
javois  obtiîDU  en  ajoutant  du  mcrcuie  à  uncfo- 

ZZZL  1/ 


7ia 


PL  A 


lation  de  platine  dans  de  Teau  régale.  L'événe- 
ment fut  encore  le  même  ici.  Le  métal  fe  divifa 
en  grains ,  extrêmement  menus  qui  femblèrent  en 
quelque  façon  pénétrer  le  creufet. 

7*.  Il  réfulte  de  tout  ceci  qu'il  y  a  une  répu- 
gnance trés-forte  entre  la  platine  &  l'argent.  MM. 
SchefFer  a  remarqué  pareillement  la  dimculté  d'in- 
corporer ces  deux  métaux,  quoique  la  difperfion 
du  métal ,  laquelle  n'a  pas  été  confidérable  dans 
mes  expériences  quand  les  quantités  étoient  ^- 
tites ,  ne  femble  pas  avoir  été  du  tout  aperçue 
dans  les  Tiennes.  Il  obferve  que  la  platine  le  fond 
plus  difllcilcment  avec  l'argent  qu  avec  le  plomb 
ou  le  cuivre  ;  qu'il  faut  trois  parties  d*argent 
pour  faire  -fondre  une  partie  de  platine  avec  un 
chalumeau  ;  &  que  le  mixte  conferve  la  blan- 
cheur qu'a  voient  auparavant  les  deux  métaux  y 
mais  fe  trouve  dur  &  caffant. 

Dans  tous  mes  mélanges  avec  de  grandes  pro- 
portions de  platine,  la. couleur  a  été  inférieure  de 
Dcaucoup  à  celle  de  l'argent  ;  d'ailleurs ,  érant  fort 
ternes ,  les  mixtes  tenoient  un  peu  d'une  nuance 
jaunâtre  ;  &  cette  couleur  jaune  demeura  fenfi- 
bîe,  même  lorfque  l'argent  montoit  ju (qu'à  vingt 
fois  I9  pe fauteur  de  la  platine  ;  mais  une  pai- 
lle de  platine  avec  trente  d'argent  fit  un  mé- 
lange auffi  hlanc  que  l'argent  mêm^.  Aucun  d'eux 
ne  paroit  s'ècre  terni  ou  avoir  changé  de  couleur , 
pour  avoir  été  gardé. 


La  platine  avec  tor* 

Le  rapport  prochain  &  remarquable  dt  l'or 
avec  la  platine,  dans  beaucoup  de piopriétés  qu'on 
a  rup:'ofé  jufqu'ici  appât  tenir  à  l'or  fç'ul ,  leur  con- 
trariété aulFi  maniflilc  dans  d  autres  ,  &  les  pré- 
jug^îs  que  dw*  Tor  a  été  altéré  par  le  mélange  de 
quantité  confidérable  de  platine ,  m'ont  engagé 
à  examiner  dans  un  plus  grand  détail  les  effets 
de  ces  deux  métaux  combii.és  avec  différentes 
proportions  de  l'un  avec  l'autre. 

Les  pro[^ortions  ont  été  a ju  fiées  fur  les  poids 
de  carat ,  comme  il  eA  exf^liqué  dais  la  feptiè- 
rae  feâion  de  Thiftoire  de  l'or ,  la  Hneffe  de  l'or 
ét'HDi  exprimée  ordinairement  par  le  nombre  des 
carats  &  leurs  fubdiviflo^^.  Le  poids  abfolu  de 
ce  qui  eft  appelé  un  carat  dans  ces  expériences^ 
étoit  de  quatre  grains. 

1^.  Douze  carats  d'or  fin  &  la  même  pefan- 
teur  des  grains  les  plus  fins  de  platine  ,  mis 
dans  un  fourueau  à  foufflets  ,  furent  poufféi  pen- 
dant près  d'ne  heure  avec  un  feu  fi  violent  , 
que  le  morceau  de  brique  de  Windfor ,  dont  le 
crewfet  étoit  couvert ,  commençoit  à  fe  fondre  , 
quoiqu'il  eut  été  trempé  dans  de  Tatgle  de 
iiiirbridge  ,  délayée  bien  claire  :  en  brifant  le 
vaiileau ,  le  métal  fe  trouva  en  un  culot  ou  paia 


P  L  A 

uni  ,  qui  ayant  été  recuit  à  la  chaleur  (Tone 
lampe  ^  &  bouilli  dans  de  l'eau  d'alun  (  liqueur 
que  les  ouvriers  emploient  communément  pour 
nettoyer  ou  éclaircir  les  mafles  d'or  ou  d*iigeni) 
parut ,  foit  dans  |a  mafle  ou  fur  la  pierre  de  tou- 
che, d'une  couleur  de  métal  de  cloche  pâle,  (au 
aucune  rèffemblance  à  Tor.  U  ftipporta  plufienn 
corps  &  s'étendit  confiddrablement  fous  le  mar- 
teau ,  avant  de  commencer  à  fe  fendre  fur  kl 
bordures. 

En  ex;iminant  la  caflure  avec  un  verre  à  grof- 
fir  les  objets ,  l'or  &  la  platine  parurent  inégale* 
ment  fondus,  &  on  vir  diffinâeinent  olutHms 
petites  particules  de  la  dernière  ;  le  mèiange  oè 
devint  pas  entièrement  uniforme ,  après  avoir  été 
remis  au  feu  plufieufs  fois,  &  avoir  (boitft 
plufieurs  heures  d'une  forte  fufion. 

2^  Dix-huit  carats  d*or  &  fiz  de  platine  Aireac 
fondus  enfemble  >  comme  les  précèdens  »  à  nne 
chaleur  inrenfe  continuée  près  d'une  heure.  Le 
bouton  recuit  &  bouilli  fe  trouva  d*une  couleur 
moins  pâle  que  le  piécèdent,  mais  il  n*avoit  rîai 
de  la  couleur  d'or.  Il  fe  forgea  paffablement  biea, 
comme  de  l'or  groffier. 

A  l'ail  nud  il  paroiffoit  uniforme  ;  mais  aTCC 
une  bonne  leiitille,  on  découvroit ,  dans  celui-ci  « 
aulli  bien  que  dans  l'autre,  quelqu'inégalité  dfi 
mélange  ,  quoique  la  fiifion  ait  été  répétée  deux 
ou  trois  fois  avec  un  degré  de  chaleur  aoffi  fort 
qu'on  le  puiffe  exciter  aifémeot  avec  des  fouf- 
flets. 

3°  Vingt  carats  d*or  &  quatre  de  platine  fil- 
rent  tenus  perd  nt  une  heure  fc  demie  en  fortt 
fufion.  Ces  métaux  s'incorporèrent  en  une  ma€e 
égale ,  dans  laquelle  on  ne  pouvoit  diftineuer 
jucun  petit  gr:<in  de  platine»  ni  aucune  difletii- 
blance  de  partie^;.  La  couleur  étoit  encore  fi  terne 
ôc  Ç\  pâle ,  que  l'on  ne  pouvoit  prefque  pas  i 
l'œil  juger  qu'il  contint  de  l'or. 

Il  fc  forgea  affez  bien  en  une  plaque  fort  mince, 
mais  on  ne  put  pas  en  tirer  un  ni  d'aucune  fi* 
netle  confidérable, 

4^.  On  fondit  vingt-deux  carats  d*or  de. la 
même  façon  avec  deux  carats  de  pUtine  ,  qui  eft 
la  même  proportion  que  l'or  au  titre  uoit  conte» 
nir  d'alliage.  Le  mélange  fut  uniforme  ,  &  avoil 
un  couleur  d'or  affâz  bonne ,  mais  cependant  ua 
certain  air  fombre ,  par  oii  Toeil  pouvoit  en  mê- 
me temps  le  diflinguer  ,  non  feulement  de  Tor 
fin  ,  mais  encore  de  toutes  les  efpècès  d'or  allié» 
Il  fe  travailloit  fort  bien ,  fe  forgea  en  une  pla- 
que mince  fans  fe  gerfer ,  &  fe  tira  en  fil  padà- 
blement  fin. 

5<'.  Vingt-deux  carats  &  demi  d*or  &  un  demi 
de  plitine,  ou  quinze  parties  du  premier  poiv 
une  de  la  dernière  ,  fe  fondirent  en  une  maft 
uniforme,  qui,  après  avoir  été  recuite  &  avoir 
bouilli  à  Tordinaire  ^  fe  trouva  ub  peu  plus  UattC 


F  L  A 

que   U   précédente  »    &   d'une   meilleure    cou* 
leur. 

<5**,  Vingr  trois  carats  d'or  furent  fondes  avec 
Dfi  de   pUiinc  ,  qui  ell  à-peu-prés   moitié    de  ta 

troporrion  que  for  au  litre  doit  contenir  d*aliiagc, 
r  compofé  ù  iravai  la   ttèi-bien  ;  ma. s  on    le 
ditlinguoir  d*avcc  l'or  fin  ou  au  cure  ,  par  quel- 
que degré  de  la  mauvaife  couleur  des  deux  pré- 
biiedens  ,  ou  il  confcrva  encore   après  des  chauf- 
|fes  »  des  tiiûons  &l  des  lotiios   réitérées. 

7*»,  Vir.gt-troi5  caats  6c  ua  quart  dor  &  trois 
quarts  de  carat  de  paiîae^  ou  trente  &  une  par<^ 
If  tes  du  premier  pour  une  de  la  dernière  ,  formé' 
Iren:  un  mélange  égal ,  bicrn  malléable ,  du^ilc  , 
comme  les  t  ois  précédens,  à  chaud  auili  bien 
|u^à  fruid  ,  mais  pas  tour-à-faii  exempts  de  leur 
Riauvailc  couleur  partictiU^  c/ 

i".    Un  milange  de  vii.g  -trois  carats  8t  demi 

d'or  avtc  un  demi  carat,  oa  un  quarante-feptie- 

Imc  de  f  n  poids  de  plaiinc  ,  fe  trouva  fort  doux 

*&   flexible,   d'une   bonne  corleur ,  fans  aucune 

i;>parence    de    la    nuaace  dcfagréable  qai    faifoit 

Idtrknguer  ai fcm m:  à  Tœii  tous  les  précédens 
dtvec  toutes  lei  fortes  à'm  allié  que  j'aie  ja- 
mais vu. 
9',  Un  mélange  de  vingt-trois  carats  ^  trois 
quarts  d*or  avec  un  quart  de  carat ,  ou  un  quatre- 
'   


P  L  A 


733 


[vingt quiiuiéme  di  la   pefanteur  de  platine,   ne 


marteau , 


put  pas  fe  diAinguer  à  fœil,  ni  fous 
iTa^cc  Tor  fin  féparément, 

10*.  Dans  tous  les  procédés  ci*de0us ,  même 

quand   la  quantité   de   platine   étoit  fort   petite  , 

Ja  fufion  ftit  faite  à  un  feu  violent ,  aân  que  la 

platine  pût  lïtre  parfaliement  ditToute  »  Si  égale* 

ment    dilpcfte    parmi  lor.  Cette    précaution    a 

>afU   fort   né^efla  rj.    Ayant   ure    fois   fondu  de 

i*or   avec    un    quart   de   fon  poids   de   platine  y 

Je  bouton  ne  parut   pa^  beaucoup  plus  pâle  que 

Tor  au   titre  allié   darg:nt  ;   mais  à  une  féconde 

fiifion,  il  perdit  fa  couleur  jaune,  8i  reffembloit 

i'pcU'pfès   à  du  méul   de  cloches*   La   cuu'eur 

iTor  ^  arut  n'avoir  été  qui:  fuperâcielle,  &  être  venue 

ce   que  le   métanee  èioit   imparfait  ;  ia  plus 

tde  partie  de  la  plaine  ayant  été  cachée  dans 

fanie  intérieure  de  la  ma^e,  &  c()uvcne  en 

quelque  forte  d'une  enveloppe  d'or. 

1 1^.  Dans  certaines  circonftaaces  j^ai  vu  l*of  , 
après  avoir  éré entièrement  mêlé  avec  ta  platine» 
la  rejeter  encore  en  partie  à  la  furface*  Le  mé- 
lange précèdent  de  couleur  de  métal  de  cloches  » 
mpre«  des  fniîons  réitérées  avec  &  fans  additions  , 
&  à  des  degrés  diâTcrens  de  chaleur»  eft  devenu 
tsne  toï%  jaune  i  la  furfacc.  En  paiT^ni  des  mé- 
tangcrs  de  platine  &  <i'or  à  U  coupelle  avec  du 
plomb  y  j'ai  trouvé  plus  d*une  fois  le  bouton 
Vc  fiant  couvert  d*une  peau  d'or  ,  &  tout  le  dedans 
,        d'une  couleur  grife. 

h  12*,  En  fondant  cnfcmblc  ta  platine  &  l'or, 
m*éto'LS  toujours  fervi  d*an  peu  de  borax  pour 
. ) ^ 


flux ,  avec  une  addition  de  nître  quî  relève  un 
peu  la  couleur  de  Tor ,  ou  du  moins  empèt^he 
le  borax  de  le  rendrj  pâle.  Tai  refondu  qucl:îues 
morceaux  de  ces  mélanges  avec  da  borax  f^ul , 
avec  du  nître  feul  ,  avec  du  fcl  commun  ,  avec 
du  fel  alkili  fixe ,  &  avec  de  la  poufftère  de 
charbon  de  bois  :  ceux  fon c" us  avec  le  borax 
parurent  les  plus  pâles ,  &  ceux  avec  la  poulfTére 
de  charbon  furent  les  mieux  colorés  «  quoi* 
que  les  différences  ne  ftirtnt  pas  bien  confidé- 
râbles. 

I  3°,  Comme  une  petite  portion  de  cuivre  relève 
un  peu  la  couleur  de  Tor  jâlc ,  t*^i  fondu  de  la 
platine  aveQ  huit  fois  fa  pefanteur  d'or  au  litr^  , 
allié  avec  du  cuivre-;  c'ell-â-dire  ,  trois  parties 
de  platine  avec  vingt-deux  d'or  fin  ,  &  deux  de 
cuivre.  La  fufion  tut  faite  ,  comme  dans  Us 
expériences  précédentes,  à  un  feu  violent,  dans 
un  crcufet  fermé  ,  mais  Gns  aucun  flux  ,  6l  conti- 
ruée  environ  une  heure.  Le  méul  parut  couvert 
d'une  croûte  noire  .  &  avoir  perdu  environ  une 
deux*centième  partie  de  fon  poids.  Il  étoir  d  une 
couleur  braucoup  plus  terne  ,  plus  dur  fous  le 
marteau ,  &  fe  gerça  plutôt  fur  les  bords  ,  que 
n^avoicnt  fait  les  mélanges  d'or  fin  avec  des 
quantifés  beaucoup  plus  conftdérables  de  platine* 
Au  moyen  d'une  tufi on  réitérée,  &à  force  d'être 
fouvent  recuit  au  feu  ,  il  devient  un  peu  plus  fou» 
pie  &  plus  liant,  au  point  de  pouvoir  être  tiré 
en  fil  aifcz  fin  ;  mais  la  couleur  en  etott  encore 
extrêmement  terne,  plus  reffcmblantc  à  celle  du 
cuivre  fort  mauvais,  qu'à  celle  de  ior. 

II  réfultc  de  ces  expériences  ,  que  la  pla- 
tine diminue  beaucoup  moins  la  maltésbilité 
dt:  l'or,  que  celle  des  autres  métaux  malléa- 
bles t  fit  infiniment  moins  que  le  plomb  ,  Té- 
tain  ,  le  fer ,  &  les  métaux  fragiles  ne  font  celle 
de  Tor  :  que  dans  des  proportions  confidérables 
elle  gâte  &  déprime  la  couleur  de  Tor  beaucoup 
plus  que  Talliagc:  ordinaire,  lui  communiquant 
un  nuuvaife  couleur  remarquable ,  6l  qui  lui  eft 

f  particulière  ;  &  qu'elle  durcit  &  dégrade  la  cou* 
eur  de  Tor  au  liitc  ,  allié  de  cuivre  ,  beaucoup 
plus  que  for  fin  :  que  dajis  de  petites  pcr« 
tions  fl  comme  un  quarante- fcptiènie  &  au-delTous  , 
elle  ne  tait  pas  un  préjulice  fenfible  ,  ni  à  la 
coubur ,  ni  il  U  malie^àbi^ué  de  l'ur  ^  &  par  con* 
ilqueut ,  que  de  grandes  portions  de  platines 
mjlées  uvec  de  l'or  ,  fe  peuvent  découvrir  à  roeil; 
mus  que  ^  de  petites  portions  ,  fi  elles  font 
parfiiiement  uries  avec  l'or ,  ne  fe  font  connoj- 
II  e  d'elles-mêmes  ,  ni  a  la  vue  »  ni  fous  les  mains 
des  ouvriers. 

La  phii/te  avec  h  cuhre, 

1^.  Des  parties  égales  de  pbtlne  &  de  cuivfi 
expiifé^s  ,  fans   addition  ,   à    un  feu   vif  excité 


734 


P  L  A 


brufquement  par  des  foufflels  ,  devinrent  bientôt 
fluides ,  mais  fans  être  coulantes  ,  &  perdirent 
envirbn  une  foixante-quatricme  partie.  Le  métal 
fe  trouva  extrêmement  dur  fous  la  lime  ,  fe  brifa 
difficilement  fur  Fendume  ,  fe  difperfa  de  côté 
&  d'autre ,  en  voulant  le  couper  avec  un  clfeau  , 
&  parut  en-dedans  d'un  tiffu  grenu  &  grOiTier , 
&  d'une  couleur  blanche. 

2».  Une  once  de  platine  &  deux  de  cuivre  , 
pouffées  à  un  feu  vif  dans  un  fourneau  à  fouf- 
tîets  fans  addition  ,  devinrent  affez  coulantes  ,  & 
ne  fouffrircnt  prefque  point  de  perte.  Le  métal 
écoit  toujours  fort  dur ,  &  ne  s'étendit  que  peu 
ious  le  marteau.  II  paroiffoit  d'une  couleur  plus 
obfcure  que  le  précédent ,  avec  une  légère  teinte 
rougeâtre. 

3*.  Une  once  de  platine  Se  quatre  de  cuîvre , 
traitées  de  la  mcme  manière,  s'unirent  fans  au- 
cune perte  en  un  compofé  aflcz  liant  qui  fe  laif- 
Ya  applatir  confidérablemeni ,  couper  au  cifeau  , 
&  courber  prefque  en  deux  avant  que  de  fe 
gercer.  En-dedans  il  parut  d'un  tiffu  fin ,  &  avoit 
une  couleur  de  cuivre  fort  pâle. 

4^  Un  mélange  d'une  once  de  platine  &  cinq 
de  .cuivre  s'étendit  un  peu  plus  aiiément  fous  le 
marteau ,.  gue  le  précédent  »  oc  parut  d'une  couleur 
,plu$  rouge. 

•5^  Eh  augmentant  la  quantité  du  cuivre  j'uf- 
qu'à  huit  fois  celle  de  la  platine  ,  le  compolé  fe 
trouva  pallablement  liant ,  fe  caiTa  difficilement, 
^  fe  travailla  fort  bien  fous  le  marteau.  Il  étoit 
bes^ucoup  plus  dur  que  le  cuivre»  &  d'une  couleur 
plus  pâle. 

6"*.  Un  mélange  d'une  partie  de  platine  & 
.douze  de  cuîvre  s'étendit  un  peu  plus  aifément 
fous  le  marteau  que  le  précédent,  &  fc  trouva 

i>lus  tendre  à  la  lime.  Il  s'attachoit  un  peu  dans 
es  dents  de  la  lime ,  ce  qui  n'^rlve  pas  aux 
compofitions  où  il  y  a  une  plus  grande  portion  de 
platine. 

7^.  Un  mélange  d'une  partie  de  platine  & 
vingt-cinq  de  cuivre  fut  encore  d'une  couleur 
un  peu  plus  pâle  que  le  cuivre  pur ,  &  beaucoup 
plus  dur  &  plus  roide  ,  quoique  fort  malléable. 
En  augmentant  le  cuivre  un  peu  davantage  ,  le 
mélange  a  continué  d'être  lui  peu  plus  dur  que 
le  cuivre  feul,&  a  paru  d'une  belle  couleur  de 
rofette. 

8*.  Dans  les  £iifions  précédentes  ,  quoiqu'en 
général  je  ne  me  fois  point  fervi  de  flux ,  il  n'y 
a  prefque  point  eu  de  perte  de  poids ,  excepté 
an  n^.  I  y  où  à  caufe  de  la  grande  proportion 
de  platine ,  il  a  fallu  pouiTer  le  feu  à  un  degré 
violent.  Cela  paroit  du,  en  grande  partie,  à  ce 
que  la  platine  empêche  la  fcorification  du  cuivre; 
car,  en  fondant  du  cuivre  pur  un  grand  nombre 
de  fois ,  foie  avec  ou  fafls  flux  ,  j'ai  toujours 
trouvé  un  peu  de  perte. 


p  L  A 

9^.  Les  mélanees  avec  de  grandes  ponSoos 
de  platine  s'étendent  difficilement  (bus  le  mar* 
teau  à  froid  ;  &  quand  ils  font  rouges  chauds  , 
ils  s'éclatent  par  morceaux.  Ils  fupponent  n 
bon  poli  ,  &  ne  paroiflent  point  du  tout  fe 
ternir  pour  être  gardés  dix  ans  :  la  partie  po- 
lie du  mélange  de  quantités  égales  fur- tout ,  con- 
tinue d'être  tort  brillante.  Le  n*^.  7  s'eft  un  pM 
tïîrni ,  mais  pas  tant  en  apparence  qu^auroit  fat 
Je  cuivre  feul. 

Il  paroît  donc  ,  d'après  ces  expériences ,  qnt 
la  platine  durcit  le  cuivre  ,  afToibHt  (a  couleur, 
&  diminue  fa  difpofitton  à  fe  ternir  ;  que  m^ 
lée  en  petites  proportions  elle  augmente  fa  dureté 
fans  faire  tort  ,  ni  à  fa  couleur  ,  jii  à  fa  malléa- 
bilité ;  &  qu'en  proportions  plus  grandes  eDe 
fait  moins  de  préjudice  à  fa  malléabilité  qu'à  cdk 
d'aucun  des  autres  métaux  duâiles  ,  excepté  l'a 
&  peut-être  l'areent.  La  platine  &  le  cuivre  pa^ 
roiflent  former  des  compofitions  eOimables  doOT 
je  ne  doute  pas  que  les  artiftes  ne  puiffent  ûrcr 
bon  parti. 

Une  perfonne  de  Londres  m*a  communîqné  h 
traduâion  d'une  lettre  qu'elle  a  reçue  d'£f,.'sgiie, 
dans  laquelle  eft  le  détail  d'un»  expérience  fiv 
la  platine  &  le .  cuivre  ,  qui ,  quelque  imparCd- 
tement  rapportée ,  peut  ffiérlter  qu'on  en  £a£e 
mention  ici. 

L'auteur  a  eflayé  d'abord  la  platine  avec  ni 
poids  égal  d'argent,  &  a  trouvé  qu'ils  iê  fixi- 
doient  enfemble  •  •  • .  Enfuite  il  l'a  fondue  avec 
du  cuivre,  qui  s'y  incorpora  parfaitement  bien; 
mais  eA'ce  la  platine  feule ,  ou  fon  mélange  avec 
l'argent ,  qui  tut  fondu  avec  le  cuivre  ;  c'eft  ce 
qui  ne  paroit  pas  clairement  par  les  termes  de 
la  lettre  ,  quoiqu'en  apparence  ce  doit  être  le 
premier  cas. 

Le  mélange  avec  le  cuivre  ^  dit  la  lettre  »  en 
effayant  de  le  travailler  fous  le  marteau  ,  s^eft 
éclatée  comme  du  verre  ;  mais  l'ayant  refofidn 
de  nouveau  avec  un  feu  plus  fort  pendant  quel- 
que  temps ,  &  y  ayant  jeté  un  peu  de  falpétre, 
du  mercure  fublimé ,  &  d*autes  corrofifs ,  il  eft 
devenu  malléable,  &  alors  on  en  a  'fait  des  ba- 
gues qui  ont  été  portées  long-temps,  fans  falir  les 
doigts,  &  qui  GonferVent  toujours  le  mène 
brillant  que  celles  qu'on  aupelte ,  en  Efpaçnol  , 
tombagos ,  qui  font  compoftes  de  deyx  parties  de 
cuivre  &  une  d'or. 

Un  mélange  de  parties  égales  *de  platine  &de 
cuivre  (  n^.  i  des  expériences  ci-deffus  )  a  été 
effiiyé  par  M.  Scheffer ,  qui  rapporte  qu'ils  fe 
font  fondus  auffi  aifément  que  du  cuivre  tout 
feul,  &'que  le  mélange  s'eft  uouvé  pafTablemetit 
malléable  ,  comme  des  mélanges  d'or  avec  une 
égale  quantité  de  cuivre  :  dans  ces  deux  cas,  h 
petite  quantité  qu'il  avoit  pour  fon  effai  ,  pour* 


PL  A 

rott    bien    lui    avoir    occafionné    qiielque    mi- 

|kre. 

^U)  afcme  que  q.:î:ind  on  pouiTc  ce  compof^ 
K  MU  vent  fort  »  imprimé  fur  U  furface  ,  comme 
Bns  la  purihcation  du  cuivre  devant  les  fouf- 
flcts,  il  étincelle  comme  le  (ct  quand  on  le  chaiif 
fe  ;  &  qu'ûQ  trouve  ces  éciucclje»  en  forme  de 
grains  ronds  qui  participent  dos  deux  mluux  : 
pfénonifercs  que  l  or  n'oire  pcinr  quand  on  le  tond 
^ec  du  cuivre. 

^prés  ccire  opération  ,  il  a  trouvé  le  mélange 

l>ins  malléable  quaupsravmt,  comme  du  cuivre 

pp  rafîné. 


pDes  pirttes  égales  de  platine  &  d'iirain  , 
Te^  de  bomi ,  &  eipoTétTS  à  un  feu  vif 
Ins  un  fourneau  à  foufflets  ,  fe  font  fondues 
Srfaiîerreni  enfcûible  ,^'ofu  perdu  fort  peu  de 
ar  poids. 

MLe  mîxfe  étrit  couvert  d'une  coulear  bUnche 
lifîrre ,  croie  dur  fous  la  lime  comme  le  métal 
\%  clodïcs  ,  fe  brifa  d'un  coup  de  mirteau  fin» 
tendre  ni  recevoir  aucune  impreif^on  »  &  fe  mii 
pièces  quand  on  eiT-ya  de  le  couper  avec  un 
icaa. 

En  dedans  îl  paroiffoit  d'un  grain  dn  &  uni- 
Irmc  »  d'un  ti^u  ferré  ,  fie  d'une  coulftr  plus 
^knbre  que  par  dehors.  11  fupporta  un  beau  poli , 
\i^  en  dix  atis  de  temps ,  ne  paroîi  point  du  tout 
î«rni, 

a*.  Une  partie  de  platine  &  deux  d'airain  , 
^ndues  enfembe  à  un  feu  lent ,  ont  perdu  ai^x 
avirons  d*un  irenre- Cxléaie.  Le  lingot  étcU 
ITune  couTeur  plus  terne  i\}iià  le  précèdent,  avec 
[te  foible  nuance  de  jaunâtre.  Il  étoit  plus  tai- 
re à  la  lime  ,  &  fe  ca^u  moins  vite  fous  le 
jfean  ;  jTiaîï  vl  fe'  gerça  St  tomba  en  pièces  fous 
maritatt.  11  reçut  \xîi  bon  poH  &  s'eft  confcrvé 
Ins  fe  ternir. 

3^  Une  partie  de  platine  &  quatre  d'airain  , 
luvertesde  borax  comme  auparavant  *  ^  tixpo^ 
^es  à  un  fvU  vif,  fe  font  fondues  enfembJc  ^zn% 
otcunc  perte.  Ce  compofé  fc  trouva  plus  Jiiuns 
cjnc  l^  yi\k.:Mni  ,  6i  plus  rctidr<  à  la  lime.  U  fe 
laî.û  r.;î[i.i  ;mqu'i  uDcccruJoe  profondeur  ivec 
i  cîfeaa  »  avmt  de  cafTer,  &  reçut  quelque  imprt  f- 
jcn  fous  le  marteau  ,  s'éundunt  un  peu  » 
liais  bientôt    fe    gerçant    dam    diverfcs  direc- 

j  En  augmentant  la  quantité  de  Tarrain  ]uf- 
fix  fois  le  poîds  de  \t  platiné  ,  le  compofé! 
jwr^it  plus  jaune,  quoique  tot;jatif«  fgr^  pâle.  \i 
£c  trouva  pîus  tendrt:  à  la  lim*:;s'ètenJit  davai- 
I  j^c   fous  le  marteau ,  8l  reçut  une  împrctrLon 


P'L  A 


735 


plus  profonde   da   cîfcau  |  avaqt  que    de  roin. 
pre. 

5^  Un  mèlajîgc  d*unc  partie  de  platine  & 
douze  dVirain  fiit  confidér*bkm^ïvt  p!uï  pale  , 
&  bcûiicoup  pîui  dur  que  raira^n  ;  d  fe  t^lli 
fous  le  cifeau  ,  ^  fe  gerça  fous  \t  martc«u  avant 
de  s*étre  étendu  beaucoup.  Cette  cômpofition  »  & 
ks  deux  prècédenrcs  ,  uippotércnt  un  poli  p4r- 
fablement  bon  *  &  ne  fe  font  pas  laiu  terni  que 
Tairain  feul  u'auroit  fe.lt  ,  quoi^u'à  ces  deux 
égards  elles  n'approcha: rem  pas  des  ri"*  t  &  2, 

Ls  plâtmt  ai^ic  U  cuhrt  6t  Citam^ 

1*. 'Onquantc  parties  de  platine,  dix-fcpt  de 
cuivre ,  &  fix  d'ctatn  ,  ayant  été  couvertes  de 
borax  ,  font  devenues  fluides  l  un  feu  violent , 
6c  ont  éprouvé  fort  peu  de  perte.  Le  lingot  s*c(i 
trouvé  extrêmement  dur  ,  de  façon  à  pçuvoir 
à  peine  être  affeâé  par  U  lime  ,  &  iort  carfant ,  fe 
brifant  au  moindre  coup  modéré,  d'une  furface 
rude  >  &  de  b  couleur  terne  du  métal  de  cloches, 
II  fupporta  un  boa  poli ,  8c  dure  encore  fans  être 
terni. 

2",  Une  oiice  de  platine ,  autant  de  cuivre ,  & 
quatre  onces  d'éiain  ,  fe  fondirent  parfaitemcut 
cnfemble  ,  avec  peu  ou  point  de  perte.  Ce  coir- 
pofé  fe  lima  aifément  8c  librement^  &  fe  laiflTa 
coijper  avec  xxn  couteau  ;  mais  ilcaflbit  promp- 
tement  fur  Tenclume  :  la  caffure  avoit  une  fur- 
face  irrégiilière ,  &  d'une  couleur  terne  6f  blan- 
châtre. Etant  poli,  il  avoit  Toeilde  fer  poU  ;  la' 
fraélure  fc  ternit  bientôt  &  prit  une  couleur  tauni- 
tre  ;  la  partie  polie  devint  terne ,  mais  confcrva 
fa  couleur. 

3*,  Un  mélange  de  platine  &  d^  cuivre,  de. 
cTiacùrt  une' partie,  &  huit  d'éta'n  ,  fe  trouva 
phis  tendre  quî  le  précédent  ,  &  l'apl^tit  un 
peu  fous  le  marteau,  Caffé  i  il  fit  voir  uncffar- 
Bec  fort  irrégulért ,  compofce  d'tm  ^rand  rom-' 
bredc  plaques  blanches  brillantes.  Il  ne  piii  pus 
bien  lé  poli» 

La  fraé^ure  ne  tarda  pss  à  fe  ternir ,  &  la  par^ 
tic  polie  conferva  fa  couleur.  t'   '4 


La.  pUiwt  avec  U  fci 


i"  Une  demi-once  de  platine  8c  uoe  once  de 

fil  de  fer  furent  placées  fur  un  lie  de  gypfe  dint 
«m  creufiât  de  HeiTe  ,  puis  couv^iies  c^:  encore 
environnées  dé  gxpf.% 

Après  avoir  été  paumées  dans  un  fourneau  % 
foufflct^^  pendant  environ  nne  hci^te,  avec.diui  . 
paires  de  ibuiBecs  ,  U  ctcufet  ie  trouva  vitrthè 
en    grande    partie  ,    &    il    fe  fit    uu    tr'^u    {^r 


73^  r  L  A 

le  côté  ,  par  ou  prefque   tout  le   métal  avok  ^ 

coulé. 

L'expérience  fut  répéfée  quatre  ou  cinq  fois  ; 
maison  ne  pur  jamais  obtenir  une  imlon  parfaite 
de  la  plaîîpe  éi  iUi  fer  :  le  creufet  fc  trouva 
toujours  rongé  ^  vitrifié  par  le  gypie,  avant 
que  le  fer  ait  coulé  aHez  liquide  pour  diflbudre 
la  platine. 

Ofj  remarqua  que  le  fer  ainfi  fondu  étoît  fort 
fnalléable,  quoiqu**  quelques-uns  ont  penfè  que 
le  fer  ^rgé ,  mis  en  fufion ,  e  A  de  la.  même  nature 
que  le  ftr  coulé  ordinaire. 

1°.  Du  fer  coulé  &  de  la  platme  ,  dans  la 
quantité  de  trois  onces  de  chaque  »  étant  ex- 
pofés  fans  aucune  addition  à  un  feu  violent  , 
s'incorporèrent  en  un  fliude  épais  ,  qui  »  en  y 
ajoutant  une  once  de  fer  de  plus  »  coula  affez 
clair. 

Le  creufet  de  plomb  notr  ètott  devenu  trop 
mol  par  la  grande  chaleur  pour  permettre  d'être 
foulevé  avec  des  tenailles  ,  on  y  laiiTa  refroidir 
le  méral. 

En  le  cad^nt  ,  on  trouva  le  métal  réduit  en 
un  culot  d*une  furface  ,  non  pas  convexe ,  mils  » 
au  contraire  ft>rt  concave.  Son  poids  étoit  d*en- 
vtron  un  feiztème  moindre  que  celui  de  la  pktine 
Se  du  fer  qu^on  y  avoic  employés. 

Il  fe  trouva  fi  exceiTivement  dur  ,  que  la  lime 
ne  pût  pas  y  mordre  ,  &  cependant  fi  liant  » 
qu'il  ne  put  être  brifè  par  les  coups  répétés  d'un 
fort  marteau  d*enclume,  dont  il  reçut  quelque  im- 
preifîon. 

Chauffé  jufqu*à  rougeur,  il  fe  caiîa  aifément, 
&  pa  ut  en  dedans  d'un  tt^u  uniforme  ^  non 
compofé  de  plaques  luifames  »  comme  fétoit 
d*ab(vrd  le  fer ,  mais  de  grains  d'une  couleur 
fort  obfcure  »  qui  n*avoient  point  d*éclat  métalli- 
que. 

)\  Une  once  de  platine  ayant  été  jetée  fur 
quatre  onces  de  fer  coule,  qui  commençoit  à  fon- 
dre ,  &  le  feu  étant  entretenu  très-violent ,  le 
tout  entra  promptement  en  fufion. 

Le  compofé  ,  de  même  que  le  précédent  » 
ét**it  exceffivement  dur  ,  êi  parut  s'étendre 
un  peu  tous  le  marteau  â' end  urne  fans  fe  caf* 
fer. 

Son  liffu  écoît  grenu  comme  auparavant  , 
man  la   couleur  en  étoit  moins  obfcure. 

4*  Une  partie  de  platine  &  d-juze  de  fer  ,  fe 
fondirent  fans  difficuhé  ^  {k  avec  peu  ou  point  du 
tout  dj  perte* 

Ce  Biélange  fut  auflt  beiucoup  plus  dur  que 
le  fer  ne  Tétoit  d'abord,  6c  re^  ut  quelque  imprcf- 
ûon  du  marteau. 

De  même  que  les  précédent,  on  ne  put  pas 
k  cailer  à  froid  faos  une  violence  extrême ,  mais 


PL  A 

il  fe  trouva  très  fragile  quand  il   fiit  chiuii  fit&l 
qu  à  rougeur,  f 

5^  Toutes  les  compofiùons  prècédeaies  reçu* 
rcnt  un  bon  poli. 

^  La  première  après  avoir  été  gardée  dix  ans, 
n'avoir  point  fi>uffcrt  de  changement  fenûble  ; 
h  feconie  avoir  q  lelque^  pecires  taches  de  ùld- 
fure  ,  ât  b  troificme  étoit  un  peu  |  lus  ternie  t 
mais  pas  tant  qu'un  morceau  du  (ér  mème« 

6*.  Enviroa  une  once  d'une  compoflcion  d*aiie  ] 
partie  de  platine  &  quatre  de  fer  fui  environnée] 
fiu  méUrîge  à  f^ire  Tacier  ,  de  M,  de  Réauffliif, 
compofé  de  huit  pariieg  de  fuie  de  bois  ,  quatre 
parties  de  cendres  de  boiv  «  quatre  de  pou0iére 
de  charbon  de  bois  ,  &  tiois  de  Ici  coo* 
mun. 

Le  tout  étant  aînfi  placé  dans  un  creufet  ,  kj 
creufet  fut  couvert,  exaélement  lutte  »  Ôt  tentl 
à  une   force  chaleur    rouge  pendant  douze  ben-j 

res. 

Le  métal  y  gagna  une  augmentation  dVnvîf 
une  trente-neuvième  partie  de  fon  poids,  céd»l 
à  la  lime  pîus  facilement  qu'auparavant,  parut 
ne  point  recevoir  d'augmentation  de  dureté  , 
quoique  mis  en  feu  &  éteint  dans  l'eau  »  fit  ne 
parut  avoir  acquis  aucune  des  qualités  par  ou  où. 
dirtingue  l'acier  d*avec  le  fer. 

7".  Un  morceau  caffé  du  mcme  lingot  »  peiant 
aux  environs  de  trois  quarts  d*oace  ,  fut  traîlè 
de  la  même  manière  avec  la  poudre  ,  pour  actes* 
drir  le  fer  coulé  ^  c'eft-à-dirc,  de  la  cendre  l'os 
avec  un  petit  mélange  de  pouÛîère  de 
bon» 

Le  métal  fe  trouva  augmenté  tl'envîron  an 
trente- quatrième  partie  de  fon  poids.  Il  fut 
dur   i    la   lime  qu  auparavant ,  mats    plus   du 
que   la    partie  qui    avolt  été   cimentée   avoc 
mélange  k  faire  l'acier. 

Il  eft  à-propos  d'obferver  que  le  fer  coulé" 
n'eft  pas  du  tout  un  corps  métallique  pur  e« 
^mple  y  comme  ceuic  dont  on  a  examiné,  datt 
les  articles  précédens^  les  rapports  avec  U  ph* 
t:ne. 

Il  femble  en  général  contenir  un  Confire  aûn^ 
rat ,  auquel ,  peut  àtrç  ,  eft  dij  princtpaleoem  la 
fragilité  ,  &  que  l'on  en  fépare  par  le  procédé 
qui  rend  le  fer  malléable. 

Comme  li  platine  paroir  incapable  de  contrac- 
ter aucune  union  avec  kfoufrepur,  f^t  f<wf^ 
qonnh  que  tandis  que  la  platme  6l  le  ter  couH 
s*uni/fent  enfemblc  ,  un  peti  de  la  matière  ùé 
phurcufc  eu  jetée  dehors  &  confumèe  ^  &  otf 
le  degré  de  liant  qu  on  remarque  dans  fes  coi*- 
pofés  ,  peut  provenir  en  partie  de  cette  caufc  ; 
mats  les  expériences  n'ont  pas  encore  été  poe^ 
lées  aTez  loin  pour  nous  mettre  en  èiai  dTc»- 
trer  dans  des  recherches  de  cette  nature  | 
manière  qui  foit  fatisfaifante. 


» 


P  L  A 

Si  cependant  le  fer  coulé  étoît  auflî  eflRca cé- 
ment purifié  par  la  platine  ,  qu'il  Teft  me  me  k 
la  Tafinerie,  dans  les  grandes  forges  ,  h  qualité 
liante  des  mélanges  ne  laiiTeroit  pas  d'être  locfours 
fort  remarquable,  en  coniiJerant  combien  la  ph- 
Itre ,  quand  elle  eft  cmpîoys^e  en  grande  propor 
lion ,  cft  fujette  à  diminuer  cette  quarné  dans 
tous  les  autres  métaux  :  peut-écre  que  pour  cer- 
tains ufagcs  la  platine  pou  volt  fe  trouver  nnt 
addition  avanta^eufe  à  ce  métal  le  plus  utile  de 
lous  ,  métal  au^^uel  les  ouvriers  ne  peuvent 
communiquer  la  dareté  dont  on  a  fouvent  befoin  , 
fans  le  rendre  en  mcmc  temps  cafTant  &  inirai- 
tabje. 


P  L  A^ 


737 


La  platine  avec  Us  verres  méialltijuer» 


IM.  Marggraf ,  après  N'être  bien  convaincu  que 
la  phiine  réfif^c  parfiisement  au%  flux  ordinaires 
non  métalliques  d^  refpéce  viireufe  &  faline  , 
aplTé  à  i'efTii  fi  le  verre  de  plomb,  pîus  aflif, 
jpourroit    lui    fervîr  de  Ûi\x* 

Un  verre  de  plomb  ,  préparé  avec  quatre  parties 

ie  minium  le  plus  un  ^  ù.  une  partie  de  caillou 

piir,  t'uî -réduit  en  p>udre  Si  paiFé  par  un  timis 

in ,  pour  en  iéparer  tt>us  les  grains  métalliques 

(qui  pouvaient  y  rcfter. 

]|  mêla  huit  onces  de  cette  poudre  avec  une 
Miçe  &  demie  ou  fcp!  cent  vingt  griins  en  p!a- 
îne  ;  &  il  pouflTa  le  mélange  à  un  feu  vialr!ni, 
pendant  deux  heures ,  dans  un  crcufet  bien  lut- 
Il  en  obtint  nn  régule  cafTant  blanc  ou  grî- 
Ire  ,  couvert  d'une  Iconc  jaunâtre. 

Le  régule  fut  refondu  de  nouveau  avec  un 
ru  plus  du  mèm*  verre  de  plomb ,  ^  tenu 
encore  deux  heun^s  en  fufion  ;  il  eut  la  même 
ipparence  qu'auparavant  ,  jeta  une  pareilie  fco* 
^le  jaunâtre  ♦  &  fe  trouva  pcfer  fut  cent  fix 
grains  ,  ou  environ  une  fixiéme  partit;  moins  que 
platine  quM  a  voit  employée*  Tenu  en  fufion 
Jeux  heures  dans  nia  creufet  fermé  ,  il  perdit 
fut     grains   ,    ou    environ    une    centième    par- 

Alors  on  le  battit  par  morceaux  'dans  un  mor- 

iser  de  fer  ,  &   on   le  mêla  avec  une  once   de 

1  verre  vert  ordinaire  ,  réduit  en  pondre  fine  ;  le 

mélange  ayant  été  tenu  en  fufion  pendant  trois 

k  heures  dans  un  creufet  fermé  ,  la  fcorie  fe  trouva 
trouble  ,  tirant  fur  le  verdâtre ,  ÔC  en  quelques 
endroits  fur  le  bleu  ,  te  métîl  avcit  perdu  trente 
grains  ,  ou  environ  un  vingtième;  il  fc  lima  fort 
bien  ,  paroiffoit  fort  blanc  dms  les  îinpreiTions 
delà  lime,  étoit  aCez  liant,  &  ne  fe  caiï^Oit  pas 
facilement  fous  le  marteau* 

Il  fut  encore  cxpofè  à  un  feu  violent  pendant 
deux  heures,  dans  un  creufet  fermé,  avec   une 
Arts  &  Mctlcrs,  Tome  V.  Pan.  IL 


deml-oncô  de  borax  calciné  :  le  borax  coula  à 
travers  le  creufet,  mais  le  métal  ne  fe  fondit  pas 
parf»*rcm:înt ,  &  ne  fit  que  fe  recuire  en  une 
mafle  d'une  furfâce  rude,  Ô£  inégale,  porcufe  , 
facile  à  fc  calTcr,  parfcmèe  de  couleur  gnfe  6c 
blanche  dans  la  cafTure ,  pefant  540  f;ra:ns  ;  de 
forte  quM  avolt  perdu  encore  plus  d*un  vmg-  . 
tiéme  de  fon  poids.  Il  fut  traité  encore  avec  une 
demi  once  de  borax  calciné  ,  la  même  quantité 
de  cailloux  blancs  pulvétifés  ,  &  une  once  de 
fel  de  tartre. 

Le  mélange  ayant  été  pouffé  deux  heures   à 

un  feu  violent ,  dans  un  creuftt  fermé  ,  les  fco- 
ries  furent  d'une  couleur  de  topaze  tirant  un  peu 
(i\r  celle  de  la  chryTollth;  :  le  mîtal  fe  trouva 
d'une  belle  couleur  blanche  ,  fpongicufc,  d*une 
furface  inégale  ,  &  pefant  450  grains,  de  forte 
qu'il  avoit  perdu  dans  cettJ  fuft'jn  une  fjiitme 
partie  ,  &  pefoit  maintenant  trois  huitiémei  dé 
moins  que  la  platine  employée  d'abord. 

On  peur  préfumer  que  le  mïîA  obtenu  dans 
cette  expérience,  n'étoii  autre  chofe  qu*un  mélan- 
ge de  partie  d^  la  platine  avec  un  p,u  de  plomb 
revivifia  du  verre.  Quoique  l'auteur  air  pris  foin^ 
en  couvrarfc  &  luttant  le  creufet  ,  d'cmpcchcr 
qu*il  n'y  tombât  quelque  matière  inflammable 
qui  put  faire  revivre  le  plomb  ,  il  fe  peut  bien  faire 
qu'une  i.*llc  mstière  y  ait  été  introduite  en  pi- 
lant ie  verre  ou  en  le  tamifant  ;  &  indcpsndsm- 
ment  de  tout  accident  de  cette  efoéce,  il  y  avoit 
peut-être,  d^ns  la  pKiineeîle  même,  une  puiC* 
fance  fuiïifanïe  pour  produire  cet  cfftît. 

La  platine  commune,  telle  que  Marggraf  Ta 
employée  ,  contient  vifiblemenc  du  fer  j  6c  en 
remuant  finipkmcnt  le  verre  de  plomb  en  fufion 
avec  une  baguette  de  fer,  il  n'en  faut  pas  dav:in- 
tagc  pour  revivifier  une  partie  de  plomb.  J*ai 
mc'c  quelques-uns  des  grains  plus  purs  d-  pla- 
tine ,  tant  avec  du  verr^  de  plomb  qu'.^vcc  du 
verre  d'aniimoine  ,  &  j'ai  cxporè  les  deux  mé- 
langes à  un  feu  audi  fort  que  j*ai  pu  l'exci- 
ter, 

La  platine  n'a  point  montré  de  difpofition  k 
fe  fondre ,  &  les  grains  ont  garié  leur  apparence 
ordinaire.  Vogel  femble  donc  avoir  mal  entendu 
les  expériences  de  Ma^-ggraf ,  quand  il  m  conclut 
que  la  platine  donne  un  régule  blanc'  avec  le 
verre  de  plomb. 

M.  Marggraf  donne  aufll  une  autre  expérience 
de  la  fufion  de  la  platine  avec  un  verre  de 
pîomb  arfeniqué.  Il  a  préparé  utJ  vcrr^,  en  fon- 
dant enfcmble  huit  onces  de  m'tntum  ,  deux  de 
cailloux  ,  âi  une  d^arf^nic   blanc. 

Six  onces  de  ce  verre  réduites  en  poudre 
ont  été  mêlées  a^ec  une  once  de  pîarine ,  6l  le 
mélange  fondu  dans  un  crLufet,  fermé  pendant 
deux  heures. 

On  olïtini  un  régule  bifant ,  gtiCatre  à  U  fra^ 

A  aa  aa 


738 


PL  A 


'î 


turc,  maïs  aflfcz  blanc  quand  il  fut  limè,  pefar.t 
28  grains  ,  ou  environ  un  dix-feptèine  de  plus 
que  la  plaiinc.  JL^s  fcories  ètoient  d'une  coukur 
hrutic  obfcure.  * 

Ici  l'augmentation  àe  pefantcur  eft  une  preuve 
entière  que  la  fiSion  de  la  platine  venoit  d^  ce 
qu'elle  avolt  tiré  du  verre  du  plomb  ou  de  Tar- 
li-nic.  Pour  le  brillant  de  fa  furface  &  la  couleur 
grife  de  fi  panie  intérieure  ,  le  métr.l  de  M. 
Marggîaf  reftembloit  à  nos  maffes  de  plaiine 
at  l'en  14  uôw  qu'on  a  d  ja  décrites;  &  probablement 
rufjge  que  l'on  fait  de  Tarfenic,  dans  un  état  de 
vitrification ,  avec  des  fubftances  qui  fervent  à  le 
retenir  dans  le  feu  ,  doit  être  le  moyen  le  pins  effi- 
cace pour  combiner  avec  la  platine  ce  corps  métal- 
lique volatil. 


Ohfrvatîons  générales  fur  Us  mélanges  de  platine 
avec  d'autres  métaux» 


1®.  Il  parolt,  d'après  les  expériences  précéden- 
tes ,  que  la'  platine  «  qui  feule  n'eA  pas  fufible 
aux  feux  les  plus  violens  de  nos  fourcenux ,  & 
qui  réfifte  aux  feux  non  métalliques  les  plus  ac- 
tifs, fe  fond  ou  eft  diifoute  dans  chacun  des 
corps  métalliques  ordinaires  ;  que  les  différens 
métaux  1&  diffolvent  avec  divers  dégrés  de  force , 

aui  même  ne  font  pas  en  proportion  du  degré 
e  leur  propre  fufibilité  ;  qu*il  y  a  des  différences 
trè<:-remarquables  dans  fa  relation  avec  différens 
méraux  ,  par  rapport  au  changement  qu'elle 
produit  d.ms  la  qualité  du  métal  \  qu'elle  durcit 
&  diminue  la  mailéabilité  de  tous  les  métaux 
mallé-4Î:lc«  ,  mais  paroit  communiquer  quelque 
de^ré  de  fouplciTe  &  de  liant  à  un  qui  par  lui- 
mcme  n'en  a  point  du  tout,  c'efl-à-dire ,  au  fer 
couié  ;  qu'elle  diminue  la  malléabilité  de  Tétain 
plus  ,  &  celle  de  Tor  moins  ,  que  celle  des  au- 
tres métaux  ;  que  ,  dans  de  certaines  quantités  , 
elle  dcgtidc  la  coukur  de  tous  les  métaux  , 
conimiiiiiquant  aux  uns  ,  comme  au  cuivre  ,  fa 
p'0^>re  blancheur  ,  &  produiîant  une  couleur 
nouv'Mle  avec  d'autres,  comme  avec  le  bifmuih  , 
le  plo'nb  &  lor  ;  qu'eilc  em;jéchc  le  fer  ik  ie 
cuivre  d.»  fe  ternir  ou  de  fe  rouiller  à  l'air  , 
mais  (jr/elle  fiit  ternir  le  plv>mb  Ôi  le  bifmuth 
d'une  fdçon  très-remarquable. 

a«».  Quoique  la  platine  ,  pourvu  que  la  dofe 
ne  foit  pas  bien  forte  ,  devienne  fluide  avec  ta 
p'up«rc  des  méia;ix  à  un  f^u  modéré  ,  il  fem- 
ble  qu'un  feu  violent  foit  toujours  néceiiaire 
pour  lui  donner  une  folution  parfaite  &  to- 
tale. 

Des  cnmpofit'ons  de  cuivre  ,  d'argent  &  de 
plomb  avec  uiv  tiers  de  leur  poids  de  platine  , 
qui  aveient  coulé  aflez  clair  pour  s'étei|dre  libre- 


PL  A 

ment  dans  le  mou!e,  &  qui*  pôroiflToîent  à  Pcetl 
pa:f..ltcment  mêlées,  lorfqu'cn  les  eût  mis  digé- 
rer dans  l'e.'U- forte  ,  jof^u'à  ce  que  la  ment 
true  cefTât  d'agir  fur  eux  ,  ont  laifTé  plufiems 
petits  grains  de  plaiicc  dans  leur  état  naturel  fit 
originaire. 

En  les  confidérant  dans  un  microicope  ,  les 
uns  ont  paru  n'avoir  fonffert  aucune  altératîoo  ; 
tandis  que  d'autres  oni  fait  voir  une  multitiide 
de  petites  protubérances  g-obuhiires  &  brillantes, 
comme  fi  elles  n'avoient  fait  que  commencera 
fondre 

s"*.  Des  mélanges  de  cuivre  ,  d'argent  &  de 
plomb  ,  avec  de  pli  s  petites  proportions  de  Di»* 
tine  ,  qui  avoicnt  été  maintenu^  dans  une  rorie 
fufion  pendant  quelques  heures  ,  afin  que  la  pfa- 
tine  put  s'y  être  bien  incorporée ,  ont  été  mis  a  j 
digeliion ,  &  bouîll  s  dans  de  nouvelles  dofes  d'eai^ 
forte ,  jufqu'à  ce  que  la  platine  fut  reliée  toute  fer* 
le  en  poudre  jaune  ,  dégagée  de  tout  ce  que  l'aih 
forte  pouvoit  en  extraire. 

Ces  poudres  ont  été  expofées  à  des  feux  ofe- 
violens  «  fans  addition  ,  avec  une  addition  ife 
borax  ,  avec  les  Tels  alkalis ,  &  avec  du  ferre 
de  caillou.  Elles  fe  font  trouvées  auflî  pea  iaSf 
blés  que  la  platine  l'étoît  d'abord  ,  ne  lom  fis 
fondues ,  &  n'ont  point  communiqué  de  coulèff 
aux  fels  ni  au  verre. 

Il  paroit  donc  que  la  platine  nVA  que  finpk- 
ment  difToute  par  les  métaux  en  fufion  ,  &  qn'elle 
ne  devient  pas  elle  -  même  véritablement  nifibk 
par  leur  moyen. 

4*.  Comme  la  platine  s'unît  avec  dîA- 
rens  métaux  en  des  compofés  qui  ont  de  oou- 

velles  qualités  que  les  ingrédiens  re  pofli- 
dent  pas  féparémcnt ,  &  qu'on  ne  fçaiiroit  conce 
voir  ,  d'après  aucuns  principes  méchaniques  co«- 
nus  ,  que  leur  (Impie  jonâion  puifTe  les  pro* 
duirc ,  5c  comme  ces  nouvelles  propriétés  ne  fciB- 
blent  pas  être  plus  vifibles  dans  aucun  mélaDj^ 
métallique,  que  dans  ceux  que  la  plarinc  fournit; 
il  s'enfuit  que  la  difTolution  de  la  platine  par 
les  métaux  n'eft  poinv  du  tout  un  mélange  fupe^ 
fici:  1  ,  mais  une  cca  iiion  aufîi  intime  &  aufE 
parfaite ,  que  nous  ayons  lieu  de  croire  qaofl 
méial  quelconque  puifTe  en  avoir  avec  lucofl 
autre. 


Des  gravités  fpécifiques  des  mélanges  de  pLuine  a^ 
différens  métaux. 

Parmi  les  expériences  qui  ont  été  commDO- 
quévS  à  la  Socié  é  royale  par  M.  Wood  ,  il  y  en 
a  une  remarquable  fur  la  gravité  fp^ctfique  d*OB 
mélange  de  parties  égales  de  plarine  &  d'or.  La 
gravité  de  la  platine  la  plus  pefante  qu'il  a  ea- 


I 


I*  L  A 

mînfe,  étolt  h  cclls  de  Teau  comme  15  à  i  ;  &  i 
la  gravité  cîe  lor  ,  comme  nous  Tavons  vu  dans 
ITiiftoire  de  pe  métal ^  eft  environ  19  7^,  S  i)  c 

firties  de  platme  perdent  1,0  otarie  plon^é^s  dr.n 
eau,  &  que  19,3  parties  d'or  perdant  t  ;  dor.c 
Il  Icrs  deux  métaux  étoicnc  mciés  en  quantités  ègv 
les  34,3  d  3  compofé  perJroicnt  1  ;  ainfi  divif,int 
54,3  par  a,  nous  avons  17,150  pour  la  gravité 
au  compofé. 

Tclledoitêtrelagravifé,filesdeux  métaux  ércieni 
unis  ftiperficicllemcnti  &  que  chacun  d'eux  cor- 
iervât  fon  propre  volume  ;  maïs  quand  ils  ont  éié 
fondus  cnfemble ,  on  dit  que  la  pcfa^teur  fpéci- 
fique  de  la  mafTc  s'eft  trouvée  confiJcrablcrnsn: 
plus  grande  »  &  qu'elle  n*a  pus  monté  à  n)oii  s 
de  19.  Si  le  fait  cft  cxu^,  19  parties  de  h  maf- 
""  fondue  ne  doivent  pas  occuper  plus  d'efpace 
^^  ^7  rh  faifoient  auparavant  la  fufion  ;  de 
brte  qu'il  y  a  près  d'un  (]uart  d*un  métal  reçu 
bus  les  pores  de  l'autre,  fans  augmenter  le  volu- 
sne  de  la   mafie. 

On  peut  foupçonner  que  la  fubllance  que  M, 
^K^ood  a  pefée  rèparcmenr,  fous   le  nom  de  pla- 
inc  ,    éioit  le   métal  coulé   plus    léger  >  dont   il 
été  fait   meniion  au  commencement  de   cette 
ifloire  ,    ^   que  celle   qu'il  a  fondue   avec  de 
*or    étoit  de    véritable  pbûne  :  auquel    cas^  la 
•-avitê  de   la  platine    étoit    17  ,   raugmentaiion 
e   gravité  fur  le  mélange  revient  à  pi  es  dune 
Vingtième  partie  \  de  forte  que  la  platine   a  per- 
du environ  la  dixième  partie  de  fon  volume  dans 
la  ma^e. 

Pour  me  convaincre  moi-même  fur  ce  point  , 
j*ai  pefc  liydroftatiquement  le  iTjé.argt:  fbfdit  de 
parties  égales  de  platme  &  d*or.  La  gravité  fpé- 
cjôque  de  Tor  étott  19,285  ;  la  platine  étoit  des 

rlus  gros  grains  donr  la  gravité  cîoiti  cotrime  ou 
a  vu  dans  ta  premère  Icélion  ,  au  moins  17,  Le 
[compofé  pe foie  à   Tair  13  605  »   &   perdoit  dans 
rreau  750;  par  confét|uciit  fa  gravité  étoit  18  140: 
{la  gravité  par  le  calcul  revient  à  18,071  ;  de  forte 
que,  quoique  la  gravité  de  la  platine  n'eut  pas  été 

f>lus  de  17  ,  r?.ugmeniation  de  gravité  par  le  mé- 
ange  n'était  pas  fort  confidérablc.   Comme  il  y 
»ftvoit  eu  un   peu  de  perte  d^ns  la  fufion  de  ce 
mélange  ,  &  qu'on  ne  connoiiïoit  pas  certaine- 
ment  la   pefanteur  fpécîfique   de  b  plafine  em- 
I  ployée  ,  j'ai  fait  deux   nouveaux   niHanges  avec 
'  des  morceaux  coupes  de  la  mLmc  maiTe  d'or,  ik 
quelques  grains  des  plus  gras  de  platine,  dont  la 
gravité  alloit  à  piè^  de  1 8. 

Un  de  ces  mélinges  pefant  5  «19  perdit  dar.s 
l'eau  176  ;  &  l*<iutre  pefant  6415  ,  perdit  345  : 
ainfi  la  gravité  fpécirique  du  premier  revcnoii  ^ 
18,583  ,  <if  celle  du  deruîer  à  <  8,594  ;  ce  qui  -p- 
proche  aoffi  près  l'un  de  î'autrc  ,  qu^il  eft  poiTihle 
de  l'attendre  dans  des  expériences  de  ceite  efpèce. 
La  gravité  par  le  calcul  efl  18^622  ;  de  forte  que 
les  deux  mélanges  étoieut  fpéeiiic^ucm^uc  un  peu 


PL  A 


759 


plus  légers,  OU  étendus  en  un  p!us  gran  1  volu- 
me, qiie  fi  les  métaux  euiTent  été  pefcs  féparé- 
ment  ou  joints  enfetnble  par  fimplc  appr;fition 
des  parties. 

Comme  ces  expériences  ont  éîé  faites  avec  beau* 
coup  de  foin  ,  on  peut  préfuirtcr  que  dans  celles 
où  il  a  paru  y  avoir  une  grandv;  augmentation 
de  gravité,  ou  contradiûion  d::  volume,  cela 
eft  \tn\i  de  quelque  erreur  en  pefant ,  ou  de  ce 
que  l'or  n'avoit  pas  fatfi  toute  la  platine  dans  la 
fufion* 

Jaî  au01  p:fé  hydroflatiquement  les  autres  noé- 
langeî  de  patine  ik  d'or,  6c  difl'érens  méangci 
de  platane  avec  divcrfes  portions  des  autres 
mctiux. 

Les  mafTes  qui  ont  pu  fupporter  le  martca-i ,  ont 
éré  battues  tout  doucement ,  6f  on  a  pris  garde  à 
ne  pas  les  faire  gercer  ;  car  les  métaux  purs  eux- 
mêmes  après  la  fufion  ,  fe  trouvcrent  rare  ne  nt 
airivLT  à  leur  véritable  pefanteur  fpécifique,  juf- 
qu'à  ce  quMs  aient  acquis  una  plus  grande  ( Xï' 
dite  fous  le  mritcau. 

On  en  a  lime  uniment  la  furface  où  îl  fe  trou- 
voit  quelques  cavité i  ou  irrégularités  qui  pouvoicnt 
peut-être  retenir  de  l'air;  &  la  plupart  ont  été  te- 
nus plongés  dans  Teau  pendant  une  heure  ou 
plus  »  afin  d'en  pouvoir  dégager  l'air  plus  effica- 
cement, 6c  que  l'eau  y  fût  appliquée  plus  intime- 
ment* 

L'effet  de  cette  précaution  fut  manifefté  dans 
quelques  eiïais  fairs  exprès,  quand  le  métalTuf* 
pendu  dans  Peau  du  bout  du  fliau  a  éic  bien  pu^gè 
de  toutes  les  bulles  d'air  vifibles ,  &  mis  exaâe* 
ment  en  équilibre  :  en  repofant  une  h^ure  ou 
deux,  il  s'eft  trouvé  prépondérer  fenfiblcm^nt,  & 
quelquefois  a^Tci  confidérablement. 

L'eau  ,  dans  quelques  uns  des  efîaîs ,  étoit  de 
la  neige  fondue;  &  d:ïns  d'autres,  de  Tcaa  dif- 
tilléc,  qui  toutes  les  deux  fe  trouvoient  avoir  la 
même  pefanteur  fpécifique*  La  température  de 
lair  étoit  depuis  50  jufqu  a  60  degrés  du  ther- 
momètre' de  Fahrenheit. 

La  balance  dont  on  fit  ufage  dans  ces  expé- 
riences ,  étoit  d'une  grande  fenfibilité  »  mais  les 
deux  bras  n'en  étoient  pas  exatEtement  é^aux*  Il 
peut  être  ï  propos  d  obfervcr  ici  que-,  quoique 
les  auteurs  qui  oniécrit  fur  les  balances,  cxigt-nt 
&  foient  même  fort  fcrupuleux  pour  obtenir  une 
é^ilité  parfa'tc  dans  les  bras";  cependant»  comme 
cette  égiUté  eft  cxccffivcment  dillieilc ,  pour  ne 
p,is  dire  impoiïible  ,  à  obtenir,  cite  ne  me  paroit 
aucunement  nécefTaire  pour  Texaâuude  de  TinAru- 
ment. 

Si  diï  petits  poids  cçaux,mfs  dans  un  des  pla- 
taux  ,  font  mis  en  équilibre  par  un  feul  poi^s  placé 
dans  l'autre,  &  fi  nlor^  on  ôte  les  dix  poids ,  ⣠
que  Ton  fubftiiue  à  leur  place  un  morceau  d'ar- 
gent ou  d  airaui  i  il   eft   é/ident  que  quand  ce 

A  a  a  a  a  ij 


740 


P  L  A 


morcenu  de  métal  fera  devenu  en  équilibre  avec 
)e  poids  de  Tautre  plateau,  il  fera  exaâement 
égal  en  pefanteur  avec  les  dix ,  quelque  inégaux 
que  puident  être  les  bras  de  la  balance  &  con- 
féquemment  que  toute  balance  à  bras  inégaux 
peut ,  fur  ce  principe  ,  avoir  une  fuite  de  poids 
qui  y  foient  ajullcs ,  &  qui  étant  employés  tou- 
jours dans  un  plateau  ,  f<.ront  que  rinitrumcnt 
fera  do  la  incfne  cxa^itude  que  Ci  les  bras  en 
éioient  parfaitement  égaux.  La  meilleure  façon 
(le  fe  procurer  de  petits  poids  égaux,  eft  de 
couper  des  longueurs  femblables  d'un  fil  d'argent 
très-fin. 

Le  fil  d'argent ,  tenu  également  tendu  par  un 
-corps  pefant  placé  à  fon  extrémité  ,  peut  fe  rou- 
ler fort  ferré  autour  d*un  bout  de  fil  de  laiton 
plus  gros,  &  on  peut  couper  tous  les  tours  à-la- 
tois  avec  un  inftrument  tranchant  appliqué  en 
/ongueur.  On  tire  le  fil  d'argent  d'une  telle 
fineffe  ,  &  d'une  épaiffeur  fi  uniforme  ,  que 
les  poids  faits  ainfi  par  la  mefure ,  font  d'une 
exaàitude  plus  grande  qu'on  ne  pourroit  y  at- 
teindre en  les  ajufiant  dans  une  balance.        ^ 

Un  morceau  de  fil  de  trait,  d'une  longueur 
fort  fenfiblc ,  &  capable  d'être  encore  divifée 
davantage,  n'aura  pas  afiez  de  pefanteur  pour 
donner  aucun  mouvement  vifible  à  la  balance 
la  plus  mobile.  Ces  petit»  morceaux ,  ou  ceux  qui 
ne  font  que  juAement  ébranler  la  balance  quand 
elle  eft  vide  ,  &  qui  conféquci?iment  ne  la  fe- 
ront pas  mouvoir  du  tout  quand  elle  eft  chargée , 
font ,  comme  je  l'ai  éprouvé  ,  un  fupplément 
utile  à  une  fuite  de  poids  ajuftés. 

Quoiqu'une  balance  femble  exaôement  en  équi- 
libre ,  un  côté  peut  cependant  être  réellement  plus 
pefant  de  toute  quantité  de  force  moindre  que 
celle  qu'il  faudroit  pour  vaincre  le  frottement  qui 
fe  fait  au  centre  ;  comme  moins  de  force  ajoutée 
pourra  faire  baiffer  ce  coté  plus  que  l'autre ,  un  des 
petits  poids,  effayé  dans  l'un  &  cnfuitedans  l'au- 
tre plateau  ,  nous  mettra  en  état  de  juger  fi  l'é- 
quilibre eft  exdft,  ou  de  quel  côté  eii  la  prépon- 
dérance. 

Les  réfuUats  de  ces  expériences  ont  été  publiés 
dans  les  TranfaElions  phdofopliiqucs ,  en  même 
*  temps  que  les  gravités  des  diftér;;ns  m6la'  gcs  , 
déduites  par  le  calcul;  d'oîi  il  a  p*'iru  que  !es  g-a- 
vités  ex|jérimentales  étoicnt  p:e'que  toujfnirs 
moindres  q  le  celles*  du  cilcu!.  Mais  il  y  a  eu 
ians  ces  calculs  une  erreur  qui  a  rendu  les  gra 
vités  calc'lées  ,  trop  grandes  en  général  ;  car 
quoique  dins  chaque  mélange  les  irg'-édcns  aient 
été  proportionnés  les  uns  arx  a.ures  par  leur 
poids,  on  a  fait,  par  inadvertai'.ce ,  ies  calculs, 
comme  s'ils  cufTcnt  été  pris  p.»r  Vz  vrlume.  La  dé- 
couverte de  cette  méprife  ell  dut  a  M.  S-hefTcr, 
qui  a  donné  fur  ce  fujet  un  Mémoire  en  1757  , 
dans  les  Tranfaâlions  Sucdo':fes. 


p  L  A 

Les  gravités  calculées  étant  reftifiécs  .  il  pa- 
roît  fe  trouver  dans  plufieurs  des  mélarges ,  à* 
peu  près  ce  que  les  expériences  ci-ct^lTus  mon- 
trent ne  point  arriver  dars  ceux  où  il  y  a  use 
égale  quantité  d'or  ;  les  compofés  étant  d'urc  plus 
grande  gravité,  ou  plus  reflerrés  en  volume  que 
ne  le  font  les  deux,  métaux  confidérés  féparé- 
menr. 

Cet  excès  des  gravités  expérimentales  fur  les 
gravités  calculées  eft  attribué  ,  par  M.  ScheâFer , 
à  ce  que  la  graviié  de  la  platine  eft  plus  grande 
que  celle  que  je  lui  ai  afifignée.  Il  imagine  que  les 
particules  d'air  adhérentes  dans  les  cavités  des 
grains  raboteux:  leur  ont  fait  occuper  ,  quand  on 
les  a  péfées  dans  l'eau ,  un  plus  grand  espace  que 
celui  de  leur  propre  volume  ;  6c  que  quand  la 
platine  a  été  fondue  en  une  mafife  avec  d'autces 
métaux,  elle  a  alors  fait  connoitre  fa  véritable 
gravité.  Sur  ce  fondement  il  tâche  de  déduire  des 
pefanteurs  fpécifiques  des  mélanges  »  celle  de  la 
platine  en  elle-même,  qui  eft  un  des  points,  à 
fon  avis  ,  ks^pîus  importans  dans  fon  Hiiloi't 
philo foph'qie ,  &  que  j'avois  lailTé  encore  non 
découvert.  Quoique  j'aie  manqué  ,  à  caufe  de 
l'inadvertance  ci-de{rus  ,  à  atteindre  fa  véritable 
pefanteur  ,  mes  expériences ,  à  ce  qu'il  penfe  , 
ne  laident  p  s  q  le  d'y  conduire  ^  &  il  conclut, 
d'après  ces  exjcriences»  qu'elle  ell  certainemeat 
plus  pefante  que  l'or  pur. 

Ce  point  femble  demander  encore  quelque  exa- 
men :  car  une  telle  conféquence  ne  peut  pas  être 
admife  fans  être  appuyée  des  preuves  les  plus 
fortes  Y  &L  fi  le  principe  de  l'mduâion  neft  pas 
parfaitcmeiit  jufte ,  il  peut  donner  lieu  à  des  er- 
reurs bien  plus  importantes  qu'une  mèprlfe  y  daos 
la  gravité  dé  la   platine. 

J'ai  donc  calculé  do  nouveau  les  gravité?,  fc 
en  même-temps  la  gravué  que  chaque  mélange 
donne  pour  la  platine.  La  première  col-  n ne  dans 
chaque  des  tables  fuivratcs  ccn rient  les  pro- 
portions des  deux  miraiu  dans  les  divers  mé- 
langes, déduftion  faite  de  la  perte  tfTuyée  ,daiis 
la  tufion  ,  quand  il  y  en  a  eu  ;  comme  la  platine 
feule  ne  fouftre  aucune  dira  ni;  ioii  d.tns  le  feu, 
c'eft  fur  la  quantité  du  nwtni  dciuiié^.ble  mêlé 
avec  elle  ,  que  cette  Géd..é^i' n  cil  f-iite.  La 
féconde  colonne  contient  Lsj^ravités  fpécin- 
ques  des  méJangcs,  telles  qi;o  Ksrîonne  Tcx- 
yérience;&  la  tioifiîme,  ku:*»  g^avi-té»  trou- 
vées,  par  le  calcul ,  en  fuppofin  la  graviîc  de  la 
jjUtine  à  17  :  on  fait  voir  ,  dans  Va  qu  thème, 
la    différence  ertre  les  gravités  ex  é    incrt;.!csât 

calcu  ées  ,ivec  les  marques  -}-  &. lelo-^  que  la 

,  remière  efl  plus  grandi  ou  mohi -c  que  la  <.!er- 
nièie.  La  cio.nière  colonne  djnne  l.i  s^'avl:^  { :  !i 
platine  déduite,  fur  le  principe  de  M.  Schedfer, 
de  chacun  des  mélanges. 


I 


PLA 


OR 

1.      Or.  2. 

»•  3 

U  ï 

K  II 


I 


1} 


I. 
I. 

u        31. 

t*  47< 

I.      95, 


G/fJi;ft!   jpcCifiqUi 


183  F. 
18,613 
18,811 
18,83  c 
i8,9î8. 
19,089. 
19,118. 
19,162. 
19  173' 


P.7r     /c 
catctti 

18658. 
i8,y£Î2 
^  9,071 
19,114, 

19,177' 
19,104. 
19,231 
19  ivB 


Dijfttcnce, 


Gravité  dt 

ia  platiné 

16  7Î9. 
14088. 

1^.481. 
M. 273 
18,711. 
18,114 


Comme  les  expériences  avec  l'or  n'érolent  pas 
j  parvenues  enrre  les  mains  de  M,  Schelîer  ,  quand 
[il  a  écrit  Ton  Mémoire,  il  étoit  dans  refpérance 
[que  quand  on  feroit  ces  ex[^ériences ,  elles  don- 
jneroient  avec  ceniiiîde  U  gravité  de  In  platine, 
For  érant  exempt  de  quelques-unes  des  caufcs 
1  dVrreur  qui  fe  rtnconircm  dans  les  antres  mé- 
taux. 

Il  paroîi,  quoiqu'il  en  foit ,  par  le  détail  pré- 
cédeoi  »  que  de  douz^  mélanges  de  phftne  & 
d*or,  il  n'y  en  a  pas  eu  un  feul  aiiffi  pefant 
que  l'or  febl  ;  au  lieu  que  fuivant  le  principe  de 
M.  Schcffer ,  ils  auraient  du  tous  être  plus  pe- 
fans.  Il  ci^  donc  clair,  ou  que  Ij  platiue  n'cA 
pas  fi  pcfante  que  l'or ,  ou  que  h  principe  de 
'î'inducîion  na  pas  lieu  dans  les  mélanges  d'or  8l 
éç  la   platine. 

Suivant  les  deux  derniers  mélang€i ,  la  gravite 
de  la  platine  revient  entre  18  6r  19  ;  mais  on  ne 
peut  pas  bien  faire  fond  là^deffus^  parce  que  la 
cUfférence  entre  la  gravi lé  expénmcnîale  Se  ta 
calculéeeA  fi  peu  contit!érable  ,  qu*on  la  peutattil- 
huer  «ux  impcrfcdions  inévitables  â<,i  inftrumens 
dent  on  s'eit  fervt  pour  pefer  :  car  une  erreur 
de  moins  qu'une  3o,coo*  psnic  4ki  poids  fait  Lne 
différence  de  ,012  dans  la  gr;,viiè  fpécifique  du 
mélange  j  &  de  1,000  dans  celle  de  la  {.latine  qui 
en  cft  dé.^uite.  li  en  arrive  tout  de  mcme  dans 

,  les  itélangcs  avec  les  autres  méiaux  ,  ou  la  pla- 

[fine  eft  en  petite  proportion. 

Les  autres  cc>mpofiiions  donnent  îa  gravité  de 
'la  platine  moinîre  que  17;  &  comme  on  trouve 
qtie  U  pLitne  feule  ell  à  17  ou  pUis  ,  il  parot 
s'srnfuivrç  f,u  il  doit  jiéctfîùircmejn  y  avoir  une 
diminuti*'n  de  gravité  ,  (roduire  par  l*UàVion  des 
deux  m  taux  Tun  avec  l*auire.  Ceci  fcîTible  con- 
firmé par  un  phénomênu  oHcrvô  dans  la  fu- 
£on. 

PreQi'e  tou\  leç  cr>rpç  métal li,iic.s  d^  ^    - 

des  s^u  i:o  ^  te  retireitt  A  picr.ï.ent  i 
coocavc  en  rcdevenajit  rohè<^s  :  Tor  p. 


741 

peut-être  encore  plus  qu'aucun  des  antres  ;  mats 
les  mélanges  d'or  &  de  platine,  quand  la  platînt 
y  e/i  en  proportion  confidér^We  ,  ont  été  re- 
marque» fe  tirer  irés'peu  :  quelques-uns  même  fe 
font  Étendus ,  6l  font  devenus  convexes. 

Il  s'enfuit  nécefTairemenr  de  cette  cxpenfion  ou 
dilatiofl  de  volume ,  un  décroifTcment  de  gravité 

rpécifique. 

Comme  les  grains  de  platine  crue ,  les  plus 
purs  ,  font  mé'és  d'un  peu  de  maiiére  hétérogène  , 
il  elt  V'OlTible  que  cette  matière  empêche  Tunion 
intime  de  la  ,platine  &  de  Tor  ,  &  ainfi  occa- 
fionne  que  les  deux  méiaux  fondus  enfemblc 
occupent  un  plus  grand  volume  qu  il  ne  leur  ap- 
partient naturellement.  J'ai  donc  fondu  de  lof 
avec  de  la  plaine  qui  avoir  déjà  effu)  é  quelques- 
unes  des  opé;ations  ci-après  décrites  ,&  qu'on 
pouvoir  préfumer  avoir  été  par-lâ  purifié  de  prcf- 
quc  toutes  fes  parties  hétérogènes. 

Un  des  boutons  de  îa  platine  les  plus  nets  ; 
pafTé  à  la  coupelle  avec  le  plomb  (  n^.  5  ,  de 
la  Seélion  fui  vante  ) ,  a  été  fondu  avec  une  pe- 
fanteur  égale  d'or  k  un  ftu  vif,  &  confervéune 
bonne  heure  en  fufion.  La  mafle  éîoit  fpongieufe 
&  fort  légère.  Je  lai  refondue  àplufieurs  repri- 
fes  avec  les  feux  les  plus  violens  qu'il  m'a  été 
polTible  ;  &  ,  pq^r  en  féparer  autant  que  faire  fc 
pouvoît  du  plomb ,  auquel  fembloic  être  due  fa 
qua'ité  fpongieufe,  je  lai  broyée  par  morceaux  , 
je  Tai  fait  boutlbr  dans  de  rcaufurte,  &  jy  ai 
jeté  pluficurs  fois  du  fublimé^corrofif  pendant 
la  fufion.  Malgré  cela  la  mafte  c(l  toujours  rcflée 
pleine  de  pttires  cellules,  calTants  &  fpècifique- 
ment  plus  léj^ére  que  l'or  ou  même  le  bouton 
de  platine ,  ne  Tavoient  été  d'abord. 

Jai  précipité,  par  le  moyen  du  mercure^  de  la 
plaïine  dirfbute  dans  Teau  -  régale  ,  fit  j'ai  fait 
bouillir  le  précipité  dans  de  Tcau-forie  ,  ik  cnfuite 
je  l'ai  bien  lavé  avec  de  Teau  chaude.  J'^i  fon-^ 
du  vingt' fix  grains  de  ceîie  préparaiion,  »\eç 
quatre  fois  autant  d*or.  La  pUtme  ne  paroiflant 
mêlés  qu*  mparfr^ircment  ,  fai  réitéré  la  fufion 
trois  ou  quatre  fois  ,  6f  j'ai  augmenté  h  quan- 
tité de  Tor  jufqn  à  environ  huit  fois  celle  de  la 
platine. 

Ce  mélange  s*eft  trouvé  auffi  pcfant  que  Tor 

mène  ,  ÔÉ    même  plus.  Il  pcfot  à  lair  16,802  , 

&  dins  Ttaj  S5«9J4  :  ainfi  H  jjraviré  rcvenottà 

c    jutfcs    pcTibnnc*  en  firent  , 

rîicn  ;  Ôc  tov%  convinrent  qy*il 

pefafu.  L;.  Codeur  Pcml-^trton , 

fort  exkâe ,  tr«>uva  que  fon 

-.uît  di  if  ;  Cs  îlans 

{   «   d'.  ;  nombres  fa 

^14 Vite  f|«^^ wi44i2e  revis iu  a  iVi}J7* 


comme  ri 

éioiTfi    ■ 


74* 


P  L  A 


P  L  A 


Gratuité  fpécifique. 

Gravité 

pari'ex' 

Pjr    U 

Différence. 

de  la  pla- 
tine ref- 
tante. 

périeuce. 

calcul. 

PLOMB 

11.386. 

I.  P/.0,97. 

140:9 

l3-.<^79 

.350  + 

18,105. 

I.     1,91. 

12925 

12,838 

,087  + 

'7.4S9- 

I.     3î97. 

12,404 

12J96 

,308  + 

19,24a- 

I.          8. 

11947 

11,819 

.128  + 

19.73a. 

I.         12. 

Ilv74 

11,682. 

,092 -h 

19.9*3. 

I.-        24, 

if,S75- 

11,538. 

,037  + 

19.238. 

Il  paroit  par  cette  table  que  la  platine  cnie  af- 
feâe  la  grar ité  du  plomb  d'une  manière  différente 
de  celle  de  for  ;  les  mé'angcs  avec  Tor  étant 
tels  y  comme  fi  les  grains  cruds  a  voient  une 
gravité  au-deiTous  de  1 7  ,  &  ceux  avec  le  plomb  ^ 
comme  s'ils  en  avoient  une  plus  grande  ;  de  forte 
que  dans  Tun  ou  dans  l'autre  cas  ,  ou  même 
dans  tous  les  d^ux,  Talion  des  deux  méraux 
Tun  fur  l'autre ,  doit  nécefTalrement  produire  une 
altération  dans  le  volume. 


ARGENT... 
1.  Ar.  1. 
I.  2, 

I.  3. 

I.  7. 


Gravité 

par  ^expé- 
rience, 
10,980. 

13.53$. 
12,452. 

11,790. 

10,867. 


pur  U  cal' 
cul, 


13,342. 
1 2,449. 
12^046. 
11,488, 


Différence. 


.Ï93-  + 

,003.  + 

,356-  — 

,611.  — 


Nous  voyons  ici  les  effets  de  rébuUition  & 
de  la  difperfion  de  Targent  dont  il  a  été  fait  la 
remarque  dans  Thiftoire  de  la  fufion  de  la  platine 
avec  ce  métal.  Le  dernier  mcLmge  cû  plus  léger 
même  que  l'argent  tout  feul ,  preuve  que  le 
métal  cft  raréfié  ou  rendu  fpongieux  par  l'aftion 
de  la  platine.  La  gravité  plus  grande  des  deux 
premiers  mélanges  venoit    probablement  de  ce 

Ju'une  partie  de  l'argent  avoit  été  jetée  dehors 
ans  la  fufion  ,  &  que  le  rcfte  n'avoit  pas  dif- 
fous  la  platine  parfaitement.  J'ai  pris  toutes  les 
précautions  poffibles  pour  préparer  une  fuite  de 
niélanges  de  ces  deux  métaux  ,  exprès  pour  faire 
cet  examen  ;  mais  ils  ont  toujours  jeté  tant  de 
matière  hors  du  creufet  ,  qu'on  ne  pouvoir  pas 
faire  un  fonds  certain  fur  les  proportions  des  deux 
qui  reftoient  dans  U  maffe* 


CUÏVBE. 

1.0,0,669 
I,  2 

I.  4 

;:    i 

1. 
1» 


t^ 

^5 


p4jF  l'ex^  Far  le 
jé'ioice,    cakaL 

8,830 
1 1,400 
iOj4io. 

9,693 
9.300 

8,970, 


Gravité   ré 

fultanu    di 

lapUttue. 


10,514 
9768, 
9.598 
9,318X028  — 

.168.  ,083  4" 

^9*56  ,oi6  — 


^69  — 

,104  — 
140  + 

095  + 


19  364- 
»i,€o7. 


M.  Scheffer  remarque  que  le  cuivre  feul  ne 
peut  jamais  être  coulé  bien  ferié  ;  que  quand 
on  le  fond  à  un  feu  modéré  ,  il  fe  trouve  fi 
peu  compaâ,  qu'il  ne  peut  pas  foutlVir  le  mar* 
teau  :  &  que  quand  c'eft  ï  un  feu  vif,  avec 
l'addition  d*une  matière  inflammable  pour  le  ren- 
dre malléable  ,  il  fe  trouve  caverneux  en  de* 
hors. 

L'irrégularité  qu'on  remarque  dans  cette  fuite 
d'expériences  ,  femble  montrer  qu'il  arrive  quel- 
que chofe  d'àpeu-prés  femblable  dans  les  méUn- 
^es  de  cuivre  &  de  platine  ,  puifque  dans  les 
ept  mélanges ,  quatre  étoient  plus  légers  qolls 
n*aiîroient  du  l'être  ;  fc  cela ,  non  par.  aucune 
aâion  uniforme  des  deux  métaux  l'un  fur  l'antre , 
mais  en  apparence  par  une  porrofité  accidentelle. 
Tai  fondu  quelques-uns  des  mélanges  une  fécon- 
de fois  ,  &  j'ai  trouvé  leurs  gravités  confidéra- 
blement  altérées  ;  celle  de  11,400  fut  augmen- 
tée jufqu'à  11,693  ,  &  celle  de  9*^51  fut  dimi- 
nuée à  8,985.  ^Ôn  ne  peut  donc  pas  faire  au- 
cun fonds  raifonnable  d'après  ces  mélanges ,  ni 
fur  la  gravité  de  la  platine ,  ni  fur  fon  enet ,  en 
variant  la  gravité  du  cuivre. 


?; 


Cray  né  Spécifique.  1 

forVex' 

car  le  caj' 

Différence, 

Gravité  ra- 

firUnet. 

cul. 

tante  de  U 

FER 

\,  F.     «295. 

7,100. 

9^»7. 

9,511. 

,406  + 

platine. 

'.3>333- 

8,700. 

8,20a. 

.498  + 

20,403. 

1.5,150 

8,202 

7.«4»- 

.360  + 

34.9^3 

1.      10. 

7,862. 

7.496. 

,366+  1      40951.    1 

I.       12 

7800. 

7,43*-      368+  1                   1 

Les  compoCtions  avec  l'argent  orit  fourni  une 

[preuve  de  la  diminution  de  gravité  par  le  mè- 
ange  ,  ou  de  la  dilatation  de  la  mafîie ,  par  Fac- 
tion des  ingrédiens  Tun  fur  Tautre  ,  en  un 
plus  grand  volume  qu'ils  n'occupoient  féparè- 
ment. 

Les  comportions   ci-deffus  avec  le  fer,  ft0« 
blent  être  dp$  exemples  au(&  frappants  d*ua  efii 


P  L  A 

contraire  :  la  gravité  des  deux  derniers  eA  telle  \ 
qu'aucune  fubftincc,  pour  peCnte  qu  cUc  foii  , 
oe  peut  pmais  en  produire  d;;  pareille  par  la  fim- 
ple  ;)ppoGtion  de  (es  propres  parties  fur  celle  du 
fer  :  car  il  paroi l  dans  le  calcul  que  la  piadne 
&  le  fer  cofejnbk  occupent  moins  de  volu- 
me que  ncn  teuoic  auparavant  le  fer  tout 
feuL 

M.  Scheffer   explique  fort  ingénicufement  ce 

(ihénoménc  rcm-^rqiiable  par  une  propriété  fingu- 
iérc  du   fer.  Quand  les  méT^LH   ont  éé    privé» 
de  leur  phiog?rTiqi?e,ou  principe  inflammable,  pat 
la  caîcination  ,  !eur  pcf^nteur  ;  biblue  eft  augmen- 
^^éc  ;  le  Ter ,  après  une  calcination    complette  , 
H^ott    une    augineniatioa    d^un    tiers    de    fan 
^poids. 

Le  fer  fondu  a  ceci  de  particulier ,  qu*i1  peut 
fup/oncr    une    diflipation    confidèrc*bie    d^    Ton 

?>hl»^gifiique  fans  fe  calciner  ,  ni  fans  perdre  fa 
brmc  mèt'iilique  ;  6c  fa  pefantcur  abfoUie  aug- 
»  mente  en  proportion  de  cette  dilîipation  :  or 
comme  les  mèl.4ng:s  pefants  ci-Jeffus  étoieni  fon* 
dus  fans  aucune  ;id Jîflon  inflammable  ,  il  pcnfe 
qti*unc  piriie  du  phlogiîli jue  du  fer  doit  ne- 
ccffiirement  avoir  été  brûlé  dans  la  ftifion  ,  & 
qu^iinil  le  métal  a  acquis  un  fuppUm:^nt  de 
pefintcur  ;  mais  que  comme  on  n\ivoif  remar- 
qué aucun  accroiiTement  tn  le  pcfant  ,  une  par- 
ttie  du  fer  ,  égale  à  la  pefanicur  acquife  doit  avoir  ^ 
iic  fcorifiée  &  perdue  ;  &  qu'ainfi  le  volume 
du  mjtal  a  été  diminué  ,  de  fone  quM  cft  reflé 
avec  h  platine  une  pefanteur  de  fer  aulfi  grande 
q-^ed*abord,  fou*  un  volume  bien  moindre. 

Pour  me  convaincre  Ci  raccroifl*ement  de  gra- 
vita fpécifiquei  ou  ia  diminution  de  volume  étoît 
duo  eniiéremcrjt  k  cette  caufe  »  j'ai  fait  un  autre 
mihngs  :  mais  vtmime  le.  fer  coulé  efi  un  mèt^l 
fort  impur  ,  ']  àï  pris  un  bout  de  barre  de  fer 
îc  mieux  forgé  ,  &  yi  Tai  cimenté  avec  un  mé- 
lange de  fuie  de  bois  &  de  charbon  en  poudre, 
îuf'fu'à  ce  qu'il  ^it  im''ibé  «aitant  de  la  matière 
inBfimmaWc  qini  lui  eu  falloit  pour  devenir  de 
Taci^r  ;  rèf  et jnt  la  Lémenration  avec  un  nouveau 
mcUnge ,  jufqu'à  c^  que  Fader  fe  fondit. 

Dins  cet  état  le  métal  étott  fort  enflant  ;  Je 
forte  que  fans  beaucoup  de  peine  on  pouvoir  te 
rcdiïire  en  poudre.  Je  mêlai  une  partie  de  cette 
poudre  avec  de  la  poudre  de  charbon  ,  6t  je 
la  retondis  de  nouveau.  Je  méWt  pareincmeni 
7D00   graips    de   la    poudre    d'acier  ,    &    looo 

Srains  de  platine  avec  de  ta  poudre  de  charbon^ 
c  je  les  tondis  dans  un  creulet  fermé.  La  gra- 
vité fpccifique  du  fet  forgé  éioit  7,79c  ,  qui  , 
par  Tintroduâion  dj  ph'oçiRique  dans  la  prtr- 
miérc  cémenraiion^fiït  diminuée  fufqu'à  7,618. 
La  c6m  ntationrèpét!e  Se  la  ttdioj)  dimmuérej  t 
la  gravité  lufqy'a  un  peu  plus  de  7*  La  gravité 
de  la  poudre  d^acier  fondue  avec  la  poudre  de 


Ifa 


PL  A 


743 


cliarbon  étoif  7,032  ,  à-peu-prés  la  même  qu'a- 
vant ccîte  dernière  fufton. 

A  regard  de  la  poudre  d*acier  et  de  la  plattne 
fondues  avec  de  la  poudre  de  charbon  ,  la  gra- 
vité fut  7,760  t  qui  remporte  encore  fur  lagr.ivité 
calculée»  quoique  dans  un  degré  moins  conhdé- 
rable  que  celle  des  mélanges  avec  d'aufTi  gran- 
des proportions  de  fer  coulé.  Le  mélange  fondu 
pefa  30  grains  moins  que  ne  faifoicnt  les  deux 
ingfédiens  avant  la  fufion  ,  par  ta  laifon ,  peut- 
être  ,  que  quelques  petits  grains  du  métal  de- 
meurèrent difpetfcs  dans  ta  poudre  de  char- 
bon. 

Quoiqu'on  fuppofe  cette  perte  faire  par  Tacier 
feulement ,  cependant,  comme  il  y  rcftera  697 
parties  de  Tacier  avec  loo  de  platine  ,  &  que  776 
parties  du  mixte  perdent  t  dans  Teau  ,  la  gra- 
vité de  la  platine  ne  revient  pas  moini  par  le 
calcul  qu'à  27,813. 

Il  paroit  donc  que  le  fer  varie  beaucoup  dans 
fi  pef;inteur  fpécmaue  »  félon  les  difTérentet 
circonfhnces  ou  il  ell  fondu  ou  forge  >  et  i  m  pré* 
gué  plus  ou  moins  de  phlogiftjque  ;  mais  que 
probablement  il  y  a  encore  quclqu'autre  caufe 
qui  concourt  pour  varier  la  gravité  des  mélanges 
qu'on  en  fait  avec  la  platine. 

Peut-être  trouvcroit- on  cette  caufe  dans  ime  pro- 
priété remarquable  du  ùr.  Le  fer  fondu,  à  Tinflant 
qu'il  paffcarétat  de  fo'iidïté.feddatccnunphis  grand 
volume  ^  &  utie  des  marques  de  cette  dilacatioa 
cE  la  convexité  de  fa  furf^ce  da!js  des  circun- 
Jiances  ou  celle  des  autres  métaux  eft  dépnm:e» 
La  platine  femble  détruire  cette  qualité  dans  le 
fer-  Dins  le  premier  mébnge  que  j'ai  fait  de  fer 
coulé  &  de  pUtinc  ,  la  furface  fe  trouva  aufïi 
affairée  que  cclU  d*aucune  maffe  métallique 
que  jj  me  rap^nlle  d*avoîr  jamais  vue  ;  ce 
phénomène  n'a  pas  été  omis  dans  le  détail 
des  expériences  imprimées  dans  les  tranfaâions 
philofopbique^.  Si  donc  le  fer  flaidt  s'étend  en 
fe  fixant  ,  et  que  le  mélange  de  platine  îc  faf- 
fe  reffcrrer  »  ou  s'étendre  moins ,  il  ne  faut  pas 
être  furpris  de  i*au£mentatioa  de  gravité  dans  les 
expériences  hydro  fia  tiques. 


QrêVitt  Jpéctjiquf* 

Us  crp. 

a/ft 
Ucaktii 

Diffirtnu 

Grav'uéJe 

ta   plmtnc 
qui  tn  ré- 

7»t8o. 

ftiîn. 

ETAIS 

1.  M,   0,^ 

to,8ar. 

10  119. 

.698  + 

Il  649* 

l     1,966. 

«•97*- 

8.9ao. 

,051  + 

17  619, 

I.          4 

7.794^ 

8  it7. 

*ÎM- 

I.         8. 

7705- 

7,672. 

033  -f 

18     13. 

I.        la 

7/>n 

^S'V 

,ÎOO  -f 

56745. 

1.        i4 

»4  ■* 

734% 

.laa  +  1   -.7.368.  1 

744 


P  L  A 


Le  premier  de  ces  mélanges  avec  Tétain  ,  eft 
celui  dont  M.  Schcffer  tâche  d'obtenir  la  vérita- 
ble gravité  de  la  platine  ;  &  il  trouve  quelle 
y  revient  à  21,649.  Il  remarque  que  Tctain  n'eft 
point  variable  comme  le  fer  ,  par  rapport  à  fa 
gravité  ou  quantité  de  phlogiftique  ,  tant  qui! 
conferve  fa  forme  métallique  ;  &  il  en  conclut 
que  quand  la  platine  &  Técain  font  fondus  enfem- 
ble  ,  Texcès  dî  la  pefanteur  fpécifique  du  mé- 
lange audeffus  de  celle  de  Tétain,  doit  donner 
la  véritable  pefanreur  fpécifique  de  la  pla- 
tine. 

Comme  Texpérience  fur  des  parties  égales 
d'éiain  &  de  platine  ,  fi.it  monter  lur  ce  principe 
la  gravité  de  la  platine  ,  au-defTus  de  21  ,  il 
femble  penfer  que  tou-;  les  mélanges  dont  la 
gravité  étoit  trouvée  te  h  qu'elle  rendoit  la  gra- 
vité de  la  platine  moindre  que  cela,  doivent 
avoir  é  é  poreux  ,  &  qu'ainlî  il  ne  faut  point  y 
avoir  d*égard  dans  l'examen  aÔuel. 

Il  remarque  au  refle ,  que  quoiqu'on  puiffe 
déterminer  adez  exaâement  les  pefanteurs  fpècifi- 
ques  des  fluides  par  les  expériences  hydroft.i ti- 
ques ,  on  ne  peut  pas  fi  bien  s'afTurer  de  celle 
des  folides  ,  à  caufe  des  cavités ,  de  la  difTéie^.ce 
de  compacité  ,  &  des  bulles  d'air  qui  y  font 
adhérentes  :  que  les  expériences  fur  les  mélanges 

Î>récédens  en  fourniffent  une  preuve ,  puifqus 
es  miélanges  de  platine  avec  un  feul  &  même 
métal  y  font  tantôt  plus  pefants  &  tantôt  plus 
légers  qu'ils  ne  doivent  être  fuivant  le  calcul  , 
&  que  la  même  chofe  arrive  auHl  dms  les  mé- 
taux purs  &  fans  mélange  ,  félon  qu'ils  ont 
été  coulés  à  une  chaleur  plus  foible  ou  plus 
forte. 

Les  gravités  des  métaux  font  fans  doute  affec* 
tées  affcz  puiffamment  par  des  circonHances  de 
cette  nature  :  &  on  doit  ajouter  que  ,  dans  les 
mélanges  avec  la  platine ,  il  y  a  une  autre  caufe 
de  variation  à  laquelle  on  n'a  pas  encore  fait 
d'attention. 

Quand  on  fond  de  la  platine  avec- d'autres 
métaux  dans  une  proportion  conHdérable  ,  une 
partie  de  la  platine  ,  fi  le  mélange  refroidit  bruf- 
qucment  ,  eft  fujette  à  fe  détacher  avant  que 
le  fluide  ait  fait  fa  prife  ;  de  forte  qu'à  moins 
de  pefcr  toute  la  maffe  dans  la  balance  hydrof- 
tatique ,  ce  que  l'on  n'a  pas  fait  dans  quelques- 
unes  des  expériences  précédentes  ,  on  ne  peut 
pas  être  fur  que  la  partie  qu*on  a  pefée  n'avoit 
pas  plus  ou  moins  que  fa  jufte  portion  de  pla- 
tine. 

Dans  les  mélanges  avec  certains  métaux ,  com- 
me le  plomb  ,  c<tte  dîRribution  inégale ,  ou  cette 
fépararion  de  la  platine  eft  fort  vifible,  &  on 
peut  préfumer  qu'elle  arrive  en  degré  plus  ou 
moins  confidérable,  dans  les  mélanges  avec  tous 
les  métaux ,  quoiqu'on  ne  puifTe  pas  toujours  s'en 
uppercevoir  à  rosit 


p  L  A 

On  a  verfé  dans  les  moules  cylindriques  étroits , 
des  compofitiôns  de  pladne  9  avec  le  zinc  »  l'é- 
tain  &  le  cuivre,  dans  tous  lefquels  cas  lapliiioe 
paroît  être  aflfez  uniformément  diffoute  :  en  caiTant 
les  cylindres  en  deux ,  on  a  trouvé  la  partie  in- 
férieure de  chacun  douée  d'une  gravité  beaucoup 
plus  grande  que  la  partie  fupérieure. 

Cependant  les  expériences  démontrent  bîea 
que ,  dans  certains  cas  ,  dans  les  mélanges  arec 
l'argent  au  moins /il  y  a  une  vraie  diminution 
de  gravité  »  eau  fée  par  l'aâion  des  Lngrédî;fOS  les 
uns  fur  les  autres  ;  &  fi  elles  ne  démontrent  pas  » 
du  moins  elles  rendent  extrêmement  probable  que» 
«dans  certains  cas ,  &  fur-tout  dans  les  mélanges 
avec  le  fer  /il  y  a  une  véritable  augmentation  de 
gravité. 

S*il  arrive  un  accroiflement  ou  une  dimînutioo 
dans  les  mélanges  avec  un  métal ,  on  ne  peut 
pas  être  certain  qu'il  n'en  arrive  point  auffi  dans  . 
ceux  avec  un  autre  ;  &  par  conféquent  on  ne 
peut  avec  certitude,  ni  même  avec  probabilité, 
inlïrer  la  gravité  fpécitique  de  la  platine  ,  d'après 
celle  d'aucun  mélange  qui  s'en  faffe  avec  auccB 
métal. 

Il  y  a  aufTi  dans  les  autres  métaux  »  quelques 
exemples  remarquables  d*une -varia tionf  de  gra- 
vité produite  par  le  mélange.  Du  cuivre  dont  la 
gravité  fpcc  fique  étoit  8,830,  fut  fondu  avec  moi- 
lié  de  fa  pefanteur  li'éiain ,  dont  la  gravité  étoit 
7,180  :  il  y  eut  peu  de  perte  dans  la  fufion;DOos 
^*avons  pas  befoin  ici  d*y  faire  attention ,  car  le 
mélange  fe  trouva  fpécifiquement  plus  pefant  que 
le  plus  pefant  des  deux  métaux  ne  Tétoit  feul,  fa 
gravité  montant  à  8,898  :  quelqi:es  autres  per- 
tonnes  exam.inerent  le  mélange  8c  un  morccan 
du  cuivre  ;  tous  rapportèrent  que  le  méhngc 
étoit  le  plus  pefant ,  quoique  ,  comme  il  arrirc 
ordinairement  dans  les  effais  de  ce  genre  ,  il  y 
eût  quelques  différences  dans  les  nombres. 

Si  nous  allions  ,  en  partant  de  la  gravité  de 
mélange ,  calculer  celle  de  l'ctain  qui  y  fut  em- 
ployé ,  nous  la  déterminerions  de  plus  d'un  quart 
plus  confidérable  qu'elle  n'eft  réellemen». 

M.  Hooke  a  fait  une  expérience  du  même 
genre  devant  la  fociété  royale  ,  fur  un  mélaiigc 
d'étain  &  d'argent.  La  gravité  de  Tétain  étroit  aux 
environs  de  7 ,  &  celle  de  l'argent  10,666  :  la 
gravité  de  parties  égales  des  deux  métaux  fondus 
enfemble,  fe  trouva  10,812.  En  appliquant  à  a 
r  mélange  le  principe  de  M.  Schcffer  ,  fi  l'argitt 
étoit  un  métal  dont  la  gravité  fût  inconnue,  cous 
conclurions  que  fa  gravité  doit  être  de  pîns 
de  23. 

Le  doâeurBirch  nous  a  donné,  dans  rhifloirt 
de  la  fociété  royale ,  plufieurs  autres  expériences 
fur  les  gravités  des  mélanges  métalliques  ;  iBais 
le  leôeur  doit  obfervcr  qu'on  ne  doit  compter 
nulle  part  fur  les  gravités  déduites  par  le  calcul, 

H» 


u 


I 


P  L  A 

M.  Hoolcç  :»yjm  fiic  la  même  méprife,  par  rap- 
^>rta»ix  calculs,  que  i'.ii  faite  dans  les  tabies  pu- 
^IicCi  dans  les  tninfjr£tioni''phLlofophit^acs* 

Le  doéteur  Brantit ,  d^ns  les  aéles  de  Sué  le 
pour  Tannée  1^44,  où  nous  trouvons  pareille- 
aient  une  erreur  du  même  genre ,  dans  la  méthode 
du  calcul ,  donne  trois  expériences  fur  les  mé- 
langes de  plomb  &  tfctain  ;  il  Ce  trouve  dans 
deux  une  augmentation  de  gravité  fi  conriHér;.- 
We,  qu'elle  feroit  monter  la  pefanteur  ipécifîque 
du  plomb  à  plus  de  r3  :  ôc  dans  la  troifiènie  il  y 
y  en  a  une  encore  plus  remarquable;  531  graine 
d'ctain  tin  perdirenï  dans  Teau  y^{ ,  de  (otte  que 
100  parties  perdirent  14,218:  531  grains  d*iin  mé- 
lange de  87  parties  d  étain  fin  &  y  parties  de 
plomb  ,  perdirent  dans  l'eau  77^  ,  de  (orte  que  00 
parties  de  ce  mélange  perdirent  13, 6^*  la  quan- 
tité d'étdin  qui  y  êioit  doit  avoir  perdu  davan 
fage,  ou  avoir  occupé  un  plus  grand  efpace  dars 
Teau,  que  ne  faifoit  tout  le  mixte  entier  ;  de  forte 
que  le  plomb  &  Tétaîn  s'êtoteni  retirés  dans  le 
mdange  en  un  volume  moindre  que  n*étoit  ce- 
lui de  rétain  tout  feuL 

11  paroit  donc  qu'on  ne  peut  jamais  déduire 
'  la  gravité  d'un  métal  avec  aucune  certitude ,  par 
celle  de  foa  mélange  avec  un  autre  métal ,  parce 
qu'il  peut  réCulter  une  dilatation  ou  une  con- 
tradion  de  volume  de  kur  aftion  Tun  fur  l'au- 
tre. 

n  $*enfuit  auflî  que  quand  on  fond  enfemble 
deux  métaux  dont  b  gravité  eft  connue,  on  ne 
peut  pas  trouver  leur  proportion  par  la  gravité 
du  compofé  .  fans  en  avoir  examiné  préabble- 
blement,  hydroJlatiquementjdes  mélanges  connus 
en  différentes  proportions  ;  que  conféquemmcnt 
la  fameufe  propofition  d'archiméde  eft  d'un  ufage 
plus  limité  quon  ne  la  fupporé  communément  j 
éc  qwe  la  table  que  M.  Scheffer  s'eft  donne  la 
peine  de  calculer  dans  les  a£les  de  Suède  pour 
1755,  à  Tcff^i  de  déterminer  les  quantités  de 
plomb  &  d'étain  qu*il  y  a  dans  tous  mélanges 
donnés  de  ces  deux  métaux ,  par  un  examen  hy- 
l  droilii tique  de  ces  mélanges»  \  n  les  comparer 
avec  dc!i  mcbrges  qui  fervent  de  règle  ,  font  des 
tables  fur  lelqueiles  d  ny  a  pas  beaucoup  à  com- 
pter. 

Comme  les  variations  de  gravité  réfultante  du 
mélange  des  métaux  ont  été  attribuées  à  des  cau- 
fes  qui  n'ont  pas  lieu  qua^d  il  s'agit  de  0iitdes , 
il  peut  être  utile  dobferver  que  la  même  chofc 
arrive  fouwnt  dans  les  Ûuïdes  cux-^nCpTies  ;  ^ 
qu*îci  TeftVt  efV  peut- être  encore  plus  fenfible  & 

Lplus  fortement  marqué. 

\  Une  m  furc  d'eau  Ôc  une  mefure  d'efprît  de- 
vin rv-fl.flé,  mêlées  enftmb!e  ,  ti.'nnent  vifible- 
inent  m  »in&  de  ^c\\%  mtfurcs  ;  preuve  qu^  leur 
Tolumecll  diminué^  ou  que  leur  pcfa.ireur ,  fou 
un  ceal  volume  %(i  augme  itèe  par  le  mél  nige. 
HL  Hu*  ke  a  tiouvé  qi-e  ai  m  f-res  d*epU  &   3 


4ns  ù  MctUru  T*m€  F.  Partit  //. 


p  L  A 


745 


mefures  d*hmïe  de  viiriol  ,  mêlées  cnfembîe  , 
n  ont  plus  fait  que  13  mefures  ;  de  forte  qu'une 
24*"  partie  du  volume  s^cft  perdac. 

Calcinatlûn  dt  tétain  avtc  la  pîdiîne* 

Comme  Vot  &  l'étain  fondus  enfemble  8c 
tenus  à  une  chaleur  fuffifame  pour  calciner  Té- 
tain  ,  s'affedcnt  Tun  Tautre  d'une  manière  a(rci 
remarquable  »  comme  le  dit  le  doéleur  Brandt 
dans  les  Tranfaâions  Suédoifes  ;  que  Tor  devient 
alors  foUible  dans  Tacide  marin  pur,  auquel  for 
féparément  réfiile ,  &  que  Tétain  devient  aifé- 
menr  vitrifiible,  quoique  autrement  on  ne  puiflc 
pas  le  vitrifier  du  tout  ;  j*ai  traité  la  platine  8t 
rétain  d^:  la  mcme  manière. 

Deux  parties  de  grains  choifiî  de  platine  ,  & 
trois  parties  d'étain» ont  été  fondues  enfemble  j  le^ 
mélange  a  été  réduit  en  pouJre  dans  un  mortier 
de  fer  bien  net  ;  &  yài  mis  160  grains  de  la  pou- 
dre dans  une  coupelle,  fous  une  mouffle ,  à  un 
degré  de  chaleur  tel  qu*Ciî  l'emploie  pour  cou- 
pelier  l'argent. 

La  coupelle  étant  tirée  du  feu»  la  matière  pa- 
rut d'une  couleur  pourpre  obfcure  ,  &  une  par- 
tie setoit  collée  enfemble  en  maffe. 

Alors  je  la  mis  dans  un  vaiiïeau  de  porce- 
lai»e  non  verni,  &  la  replaçai  fou^  une  mouffle  , 
en  la  remuant  de  temps  à  autre  pendant  deux 
heures» 

On  vit  çà  &  là  quelques  grains  briller  comme 
des  morceaux  de  charbon  ardent  ,  phénomène 
que  l'étatn  fournit  dordmatre  dans  fa  calcina^ 
tion. 

Quand  la  poudre  fut  refroidie  ,  elle  parut  d'une 
couleur  mêlée  de  rougeâtre  &  de  grifatre ,  où  le 
rouge  domiftoic  :  elle  pefoit  1 3  grains  plus  que 
d'abord  ;  de  forte  qu*clle  avoit  ga^aé  un  accroif- 
fcment  de  près  d'un  douzième ,  îans  compter  Ii 

f proportion  qui  s'étoit  attachée  à  la  coupelle  «  fc  à 
a  furfacc  inégale  du  vai(reau  non  verni. 

Une  partie  de  k  chaux ,  mife  dans  un  creufet 
fermé  ,  fut  pouflTée  à  un  feu  violent ,  pendant  plus 
<J  une  heure»  dans  un  fourneau  à  foumer^.  Elle  ne 
fe  fondit  point  du  tout  ^  &  ne  fut  recuite  que 
très- légèrement  :  fa  couleur  s'obfcutcit  &  devint 
prefque  noire. 

Les  chaux  rouge  &  noire  ,  étant  digérées  dans 
de  l'eforit  de  feï ,  donnèrent  des  teintures  jaunes 
Afftz  foncées ,  comme  des  folutians  lavées  de 
platine  dans  Tcau  régale  ;  au  lieu  que  ni  les  grains 
de  platine  ,  ni  Téiain  calciné  féparéjneot ,  ae  don?^ 
nèrent  aucune  couleur  à  ractde, 

Séparathn  du  m<rcur€  davtc  ta  pUîtnu 

Un  peu  de  vif-argent  qui ,  par  une  longue  tri4 
luratif^n  avec  h  platine  «  avoit  diiTou^uAt;  u&rtie^ 

Bbbbb 


74^ 

du  méial ,  fut  inis  dans  une  cuiller  de  fer,  &  ex* 
pcfé  à  un  f;u  modéré.  Le  mercure  s'évaiora  ai- 
iement,  &  laiiTa  aptes  lui  ta  platine  fous  La  forme 
d*une  poudre  de  couleur  obfcure ,  entremêlée  de 
peiîces  particules  claires  &  briilaotes. 

On  peut  préfumer  que  ,  par  cette  diffolutlon 
dans  le  vif-areent  ;  b  platine  eA  puaiiée  d'une 
grande  partie  ae  fou  fer,  qui  cft  un  métal  avec 
lequel  le  vlf-argenc  a  peu  de  difporidon  à  s'u* 
nir. 

Siparathfi  de  ta^'fcnU  (Tavi:  la  platîm* 

DesraorceaiîJidcjplatinequi  avoient  été  fondus 
avec  de  Tarfenic  furent  pou  (Te*  à  un  feu  afTez 
violeni  dans  un  creufct  fermé.  Il  s*éleva  en 
abondance  ,  pendant  vju::que  leinps  ,  des  vapeurs 
arfenicale^  ,  qui  fe  f  ai  fuient  diUir?guer  par  leur 
odeur  d'ail.  A  la  ^n  les  vapeurs  cctlêrent  abfalu* 
«icni ,  6l  ïa  pUcine  rcfta  en  une  miife  fponj^ieiifc. 
J'in;eàaî  fur  ceftd  matïe  une  nouvclb  quantité 
d'arfenic ,  de  manière  à  la  mettre  en  fufion  »  bi 
ayant  a'ors  wxciré  prumptciuent  le  feu  inl^ua  ce 
que  Ici  vapeurs  ccffaiTent ,  )e  trouv.à  la  matière 
encore  fpongieufe ,  &  à-peu*prés  de  même  pe- 
fanteur  qu'afjrés  la  première  opération,  LVk^c 
rieiice  fut  repérée  trois  ou  quittrc  fois  >  6^  tou 
jours  avec  le  même  fuccés. 

Il  ne  paroti  pas  que  T-rfenic  ait  emporté  avec 
lui  aucune  partie  de  platine^  comme  il  fait  de 
tous  les  autres  métaux,  f*ïis  exrepier  l'or  même  ; 
mais  il  paroir  que  la  platine  retient  une  portion 
de  rarfenic,  même  à  des  feux  violens. 

Quoique  la  maf'e  fût  afTez  compacte  ,  quand 
elle  fut  fat  urée  d'arfenic  au  poiiît  d  e.re  en  quel- 
que furte  fufible  »  elle  eA  toujours  devenue  fpon- 
gieufe,  quand  il  y  a  eu  aflez  d'arfenic  d'évaporé 
pour  laiuer  la  platine  non  fufible.  Toutes  ces 
mades  éioient  Ipécifiquemetit  plus  légères  que 
la  platine  ne  Tétoit  d'abord,  la  gravité  de  la 
plus  pefante  de  toutes  n'allant  qu'a  peu-près  à 
i6>8oo. 

Séparation   du    u^uU   J* antimoine    d'avec  la  pla- 
tine. 

Un  mélange  de  platine  &  de  régule  d'anti- 
moine fut  fondu  à  un  feu  vif ,  dans  un  creufet 
bas  &  large  :  &  le  bout  du  fouflîet  fut  dirigé 
obhqucmt'.nt  fur  la  furface  du  fluide.  La  matière 
continua  à  couler  &  à  jeter  des  vapeur*  ibon* 
dantcs  pendant  quelques  heures,  A  la  fin  elle 
devint  confitlame  à  une  violente  chaleur  blan* 
che  ,  &.  ne  jeta  prefque  plus  de  vapeurs ,  quoi- 
qu'on foufflâi  derfus  fortement. 

La  mafl'e  étant  refroidie  ,  fe  cafla  aifcment  , 
pafut  tori  poreufe  ,  bourfoufflée,  d'une  couleur 


P  L 

grifc    terne  #  &   pefa    beaucoup   pluç    que   h^ 
quantité  de  platine  qu'on  y  avoît  ctnployèt:.  Sa 
gravite  fpècihque  n'étoit  qu'environ   iç. 

Cette  eîtpèricnce  fut  répétée  pl^^eur»  fois,  & 
le  réfultat  tut  toujours  le  même  :  la  pUtinc  flOQ* 
feulement  rétifta  ,  comme  frit  Tor ,  à  b  paiiTj  ^ 
volatilifantc  t\u  régule  d'antimoine  ,  mais  c 
elle  en  défendit  une  partie  contre  raé^ion  du 
&  de  l'air  ,  &  rtfufa  de  fe  fondre  après  qu  itoe 
certaine  quantité  cilt  été  évaporée* 

J'ai  traité  pareillement  la  platine  avec  X^m- 
moine  crud  i  quatre  onces  d  antimoine  &  deoi 
oncts  de  platine  ayant  été  tenues  quelque:  rcmpi 
à  im  feu  aflez  fortement  excité  f.ar  des  fouffletf , 
ne  parurent  fondues  qu'en  par  ic-  J'y  ajoucii 
encore  quatre  onces  d'antimoine ,  &:  rent>«fd- 
lant  le  feu  ,  je   trouvai  une  matière  « 

partie  au  fond  &  fur  les  côtés  du  cr  :v  ^ 

partie  mêlée  parmi  les  fcories  noires  ^  fp<»fTp€ii- 
les.  Le  tout  hit  remis  au  feu  avec  un  6ux  nûir& 
du  fel  commun  :  il  fondit  a'or*  paîTablcmait 
clair,  bt  le  régule  fut  fèparé  par 'a' t,  ment. 

Ce  régule  ne  différoit  point,  en  apparence  « 
d'avec  les  mélanges  de  ré;«!e  d'antimivnc  &  is 
plaiine  fondus  enfemble,  &  off.ïi  les  ^1êtI^es  phé- 
nomènes en  ciTayant  d  en  fouffler  dehors  la  pifiii 
antimoniale. 

M.  Scheffer  a  efTayc  pareillement  \z  pbiîae 
avec  Tan  t^  moi  ne ,  &  il  a  eu  les  mêmes  réfuKall 
que  moi  de  ies  expériences*  IT  remarque  que 
comme   la  platine  réfille    au    fouïr-  ^-M 

avec  l'or,  elle  ne  peut   pi"»  éi^c  fc«  .r  li 

partie   fulphureufe   de    Ta^rim- ine ,    ût    qu\ 
elle  demeure  dans  le  régule,  de  même  que' 
mais  qu'on  ne  peut  ^ as   en  fcire   lorilr  crp€rf- 
ment  le  régule,  comme  on  le  fait  d'avec  ïtx^ 
parce  que  la  platiae  ne  cominue  pas  à  dcrotcrer 
fluide. 

Séparation  du  ^jiç  d'avec  ta  pîann^ 

Un  mélange  de  plstlnc  &  de  tînc  ,  rxpn^*T# 
quement  à  un  feu  violent  ,  a  fait  «^ 
paru  dans  une  forte  agitation.  Cela  d'à  ^ 
long-temps  ;  la  matière  eA  bicotot  d^VL-nue  Icftiétl 
I  il  na  plus  été  poffible  de  la  fa^ire  flucr ,  m  Ai* 
flammir  le  zinc,  dont  il  y  reftoit  uoc  ponton  eus* 
fidérable.  La  inafTe  fc  trouva  tré»-caâame ,  d'iMÉ 
CDultur  terne,  fpongicufe ,  Si,  comtiie  Ics.ilcii 
précédentes,  fpèciâquement  pltis  légère  qtsf  b 
[/latine  crue. 

CcupdUfion  de  la  pUtlnt  ii\ . ,  ^  pcm^^ 

ê 

i''.  On  a   coupelle ,  fous  une  mouAetUti 
lange  de  platine  Si  de  plomb  éAn%  un  foar»»Of 
uciL'u  Le  procédé  alia  fort  bien  quelque  tcofi  ; 


P  L  A 

le  plomb  fumant  modérément ,  &  fe  changeant 
e«  fcones»qul  furent  jetées  fur  les  eûtes  fit  ab- 
forbècs  par  U  coupelle. 

A  proporrîon  que  le  ptomb  fe  difTipoit ,  la  ma- 
tière Touîoit  un  feu  plus  fort  »  pour  la  teoir  dans 
l'état  de  fluidité;  ëi  a  la  un  fe  raiTemblant  d^eîle- 
HJéme  en  une  inaiTe  pUte  &  terne,  il  ne  fut  plus 
pofFible  de  la  faire  flucr,  malgré  le  plus  granJ 
degré  de  chaleur  que  le' fourneau  étoit  capable 
de  donner*  Le  bouton  fc  cafîa  aîfèmeni  fous  le 
«narceau  ^  &  parue ,  tant  en  dedans  qu'en  de- 
hors  ,  d'urc  couleur grife  marte,  6c  d'un  tiiTu  po- 
reux* 11  pefoit  pihi  d'un  cinquième  de  plus  que 
la  quantité  de  platine  employée. 

1^,  Cette  exj^éience  fut  répétée  &  variée  plu- 
Ceurs  fois.  J'ai  tâché  de  fcorilitr  le  plomb  dans  des 
creufets  d'cfiai^  par  des  feux  violensdans  un  four- 
neau à  foufflets,  de  le  faire  ditfiper  fur  de  la  cen- 
dre d'os  ,  prdfée  dans  le  (onû^  des  creufets,  & 
de  la  foufflcr  dehors  fur  des  tefts ,  devant  le  nez 
.des  fouiHets. 

Le  fuccès  a  toujours   é:é  le  même  :   non-feu- 
lemcnt  la  pUtine  a  rhCidh  k  [a  puiilance  du  plomb  , 
^qul ,  dan^  ces  occafions  ,  détruit  ou  fcorifie  tout  au- 
itfc  corp;  métilhcjue  connu  ,  excepté  Tor  &  lar- 
dent ;  mais  ayffi    elle  a  retenu  Si   empêché  une 
[partie  du  plomb  même  de  fe  fcorifier, 

3".  On  a  remarqué  dans  THiftoire  de  la  fufion 

le  la  platine    avec  le  p^rmb,  que  le  plomb  dé- 

Ipofe    k   une    chaleur   douce,  une    grande  partie 

|de    la    platine  ,  qui   s'étoit   unie  à   une   chaleur 

forte. 

Comme  on  pourroit  foupçonner  que  la  partie 
itpû  refte  fufpenduc  dans  le  plomb  diffère  d'avec 
I celle  qui  tombe  au  bas ,  une  quantité  de  plomb 
m  été  décantée  de  (klTu?;  de  nouvelles  perdons 
We  platine  aune  chaleur  au-dcflbtis  de  llf/iition  ; 
|&  on   a  fournis  féparément   à   Topération    tU    la 

coupelle ,  Ir  métal  décanté  ,  ainft  que  les  réfidus. 

Le  fuccès  a  toujours  été  le  même  d^ns  tous  les 
.  cas  ;  le  métal  a  pris  de  la  confiilance  après  que 
lie  plomb  en  a  été  patti ,  }ufqu*a  un  certain  point, 
I&  a  rctufé  de  fc  fcorifter  davantage. 

4".  D^s  mélangei  de  platine  &  de  plomb  qu'on 
fa  voit  fait  psflrr  à  la  coupcUc  dans  un  fourneau 
'  d*eiTai  f  tant  qu*on  a  pu  les  entretenir  fluides  , 
ont  été  cxpofés  à  des  feux  plus  forts  dans  un 
fourneau  à  foufQets ,  tout  feuls  ,  avec  de  la  pou- 
dre de  ch,irbon,  avec  du  flux  noir,  avec  du  bo- 
ra^^avec  le  nîtrc ,  5t  avec  le  fcl  commun.  Au- 
cuns n^ont  parfaitement  fondu,  ni  fouffcrt  aucune 
altération  conftdérable  ;  feulement  ils  font  deve- 
nus un  peu  plus  poreux,  probablement  par  Fexfu- 
dation  d'un  peu  du  plomb  ,  Si  par  une  tîquefac- 
ïïlon  partielle  ,  ou  amoîifferaent  de  la  maûTe. 

Le  conraéi  immédiat  de  Falîment  a 'dent ,  aglié 

par  des  foufflcts  ,  a  fait  couler  quelau  :î-uns  de  ts 

^^^k^es  »  après  qu*ils  avoidnt  refuf:  de  fe  fon* 


p  L  A 


747 


ôi-e  y  dans  des  creufets  fur  def^  feux  rrêfi-vifs  : 

les  grains ,  par  ce  moyen  ♦  devinrent  un  peu  plus 
nets  &  plus  compafts^  mais  il  s'en  cil  féparc  fort 
peu  de  plomb. 

Ç.  Les  boutons  paflTés  à  la  coupelle  étoicnt  , 
ea  général ,  cafTans  &  fe  brifoient  aifémeut  fous 
le  marteau,  fans  s'étendre  d'aucun  degré  confi- 
dérable.  Ils  étoient  d'une  couleur  griJatre ,  tant 
à  la  fcrface  qtrà  la  fraOure ,  mais  fort  brillans 
&  blancs  à  U  furface  inférieure  ;  &  quand  on 
les  broyoit  ou  limoir ,  ils  n'avoicnt  rien.de  cette 
nuance  pourpre  ,  qu'on  remarquoit  fi  dîflinc- 
tement  dans  les  mélanges  de  platine  &  de 
plomb  ;  leur  couleur  ne  paroit  en  rien  changée 
pour  avoir  été  gardîs  dix  ans  dans  les  mêmes 
cîrconflances  où  ces  mélanges  ï^nt  été.  En  les 
pefant  hydroïlatiquement,  les  plus  fpongicux  ont 
été  trouvés  i-peu*prés  aufïi  pefans  que  la  pîatine 
crue.  Parmi  les  plus  compares  ,  la  gravité  de 
Tun  a  été  î^.oS}  ;  celle  d'un  autre,  19,136,  & 
celle  d'un  troiftéme ,  1(7,140. 

Il  cK  probable  que  ces  gravités  remarquables 
venoienr  en  partie  de  ce  que  U  platine  avoit  été 
purgée ,  dans  le  procédé  ,  de  fes  mélanges  hétéro- 
gènes plus  légeîs,  8c  en  partie  dune  augmen- 
tation de  gravité  occafiotinéc  par  U  coalition  de 
la  platine  .ivec  le  plomb. 

Le  dernier  de  ces  mélanges,  dont  la  gravtté 
é:oit  19,240,  eft  celui  qui  fut  fondu  avec  une 
quantité  dor  égaîe  à  fi  pefanteur,  comme  il  eft 
expliqua  ci-devant. 

6\  Un  mélange  d'une  panie  de  platine  & 
trois  d'or,  fut  coupelle  avec  du  plomb  dans  un 
fourneau  d'efTaL  La  matière  alla  fort  bien  pea- 
dant  un  temps  confidèrable  ;  à  la  fin  elle  fe  for- 
ma d'elle-même  en  un  monceau  hèmlfphérique 
brillant  ,  qui  peu-à-pcu  devint  plus  plat  ,  terne 
&  raboteux.  Le  boi;ton  ayant  éié  pefé  ,  fe 
trouva  contenir  à*pcu-pièi  une  douzième  partie 
de  plomb. 

7",  L'expérience  étant  répétée  avec  un  mé- 
lange d'une  partie  de  platine  &  fix  dor  ,  il  parut 
que  le  bouton  avoit  encore  retenu  quelques  por- 
ttons  de  ploînb.  Il  fe  trouva  plus  rond  ài  plus 
brillant  que  le  précédent ,  &  d*unc  bonne  cou- 
leur d'or  en  dehors  ;  mais  il  fe  brifa  aifément 
fous  le  marteau  ,  J&c  parut  grifâtre  en  dedans  ; 
quelquê<-uns  d<s  fragment  teneicnt  enfcmble  par 
1  enveloppe  d*or  exrérieure. 

8*».  Des  mélanges  de  platine  &  d'argent ,  fou» 
mis  an  procédé  ordinaire  de  U  coupelle  ,  retin- 
rent aufTi  un  peu  du  picmb*  En  prenant  de  la 
folidiié  ils  ont  tormé  ,  non  des  boutons  hémîf- 
phériques  ,  mais  des  maflfes  phttes  ,  fort  raboteu- 
fes  &  cafTifues  ,  &  d'une  couleur  grife  terne ,  tant 
en  dehors  qu'en  dcdms. 

9".  La  coupellation  de  la  platine  avec  le  plomîi 
étoit  une  des  «périeuccs  que  fit  M.  Wood  ,  6c 

Bbbbb  if 


748 


P  L  A 


P  L  A 


^ 


qu'il  commumqua  i  la  fociétè  royale  en  1750  ; 
mais  la  pfattnc  étant  alors  fort  irtiparfakemeni 
connue  ^  il  le  gltili  quelque  errtyr  fur  ce 
poinr. 

M.  Wood  rapporte  que  la  platine  ayant  été 
fondue  dai\s  un  fourneau  d'ciTai,fur  un  r«r/? ,  avec 
du  piomb ,  &  expofèe  en  cet  état  à  un  grand 
ftn  pendant  trois  heures ,  îufi|u'à  ce  que  lout 
le  pI<Mfib  fût  parti  ,  la  platine  fut  enfuit^  trou- 
vée refter  au  fond  du  lejl  fans  avoir  foulTeri 
llans  cette  opéfation ,  nt  altération  ,  ni  diminu- 
tion. 

Le  doreur  Brownrigg  fur  pris  de  cctie  réfif- 
t^nce  que  la  platine  taifoit  au  plomb  ^  répéta 
cette  expér;cnce,  l\  fondit  vingt  fix  grains  de 
platine  (ur  une  coupelle  ,  avec  feize  fois  ù 
pefanteur  de  plomb  pur,  qu'il  avoit  lui  mèTic 
révivi*'ïé  de  la  litb^rge  :  le  plomb  étant  fcorifié , 
il  y  reda  dans  la  coupdk  ,  un  bouton  de  platine 
pefant  %i  graias  ;  de  tarte  que  la  platine  perdit 
dans  cette  opération  près  d'une  cinquiénae  partie 
lie  fon  poid*. 

Il  conjcélura  de  cette  expérience  »  &  non  fans 
probabilité  ,  vu  le  peu  que  l'on  conncilluit  alors 
des  propriétés  de  ce  nouveau  met  il  ,  qj'une 
pbriie  de  h  platine  s'étoit  fcorititc  avec  le  promb: 
que  le  roti*  auroit  pu  être  fcarltié  ,  ^r  îles  répéti- 
lions   du    procédé,    &   que   cofîféqyemm,n£    on 

Fourre i  pyrificr  de  la  platine  Tor  ëi  Targi^nt,  par 
opération  delà  couptUc ,  avtc  de  plus  gtaodes 
quantités  de  plootb  quon  n*en  emploie  commu- 
nénijnr, 

L*auieur   n'a  voit   pronoD  ceci   mode  élément  , 

que  Cf'mme  liHJ  con;tôure  fujnt^aètre  réfuté . 
ou  cootimév  par  d'autrts  e  J^î*  ;  mai^  quclqaes- 
"uns  Toni  pnfe  pour  une  cer  iinde  ;  bieniôt  après, 
dans  une  lettre  qui  fut  préfcniée  à  la  Société 
Royale  ,  il  efl  parlé  de  ce  procédé  tomme  d*un& 
mahode  découverte  par  le  dofteur  Brownrigg 
pour  féparer  la  platine  d'avec  for  &  Targent. 

Il  efl  clair  que  cène  expérience  dij;t  avoir  été 
faire  ,  &  Tauseur  m'a  appris  depuis  peu  qu'en 
eflPet  e^le  Ta  é;é  ,  avec  le  métal  coulé  dont  on  a 
parlé  au  commer.c-'ment  de  cette  HiHoirc  ,  que 
Von  fuppofa  alors  être  la  vraie  pîatme  ,  ii  qui 
pcri  de  fa  pefanteur  dans  te  procédé  ordinaire. 
de  la  coupelle. 

10*».  M.  Schcffer  a   eifayé  de  coupeîler    des 

Î crains  de  plarine  avec  du  plomb  ;  8c  il  a  eu  abfo* 
ument  le  même  réfukat  que  dans  mes  evpérien- 
cey.  Le  houron  étoit  d'une  couleur  fombre  ,  & 
raboteux  au  foui  met ,  blanc  au-deflbus ,  &  rcte- 
noit  une  portion  de  plomh  montant  à  deux  ou 
trois  panie*  fur  cent»  Il  obferve  qu'avec  un  feu 
ordinaire  ,  on  ne  peut  pas  faire  qui.ter  ce  métal 
au  p*omb ,  c  >mrae  on  le  fait  pour  Tor  &  i'ar- 
gent,paic  q  c  la  platïne  ne  conkrve  pas  fa  flui- 
dité ,  après  que  le  plomb  en  a  été  fép*ré  jufqtrâ 


lîfi  certain  point  ;  &  W  juge  qu'aune  chaleur  fuffi» 
faute  p#tir  fèparer  complètement  ces  deux  mé- 
taux ,  ne  peut  p;is  ère  obtenue  par  aucuns  autres 
moyens  que  par  de  g  ands  verres  ardeQf* 

iT'.  J'ai  dtja  obfcrvé  ci-d.vant  que  ta  pUtine 
dlvifée  par  cémentation  avec  le  nître  »  &  enfuit^ 
purifiée  par  des  fublimations  réitérée*  de  fcl  tm» 
moniac ,  n'a  point  paru  du  tout  différente,  à  It 
coupelle,  d'avec  les  grains  ordinaires.  M*  Ma;^- 
grat  a  clfayé  la  platine  atténuée  par  folytion  U 
par  précipitation. 

Le  précipité  de  cotileur  orangée ,  que  TalkiS 
fixe  ïdii  tomber  de  la  folution  de  platine  d»«i 
Peau  regale,  ét^nt  bien  lavé  avec  de  Teaii  chiuétt 
&  amené  à  l'eut  d'ignition  fous  une  moutîle,  A 
devenu  bfnnâtre* 

Neuf  parties  de  cette  matière  oot  èiè  foodoei 
avec  une  once  de  plomb,  en  grenaide  pur,  & 
le  mél^tc^e  a  été  exposé  au  feu  dafi%  un  vafc  I 
Icoritier,  îufqu'à  ce  qu*une  panic  coiindérabtc^ 
plomb  a  été  réiutte  en  fcories.  Le  re.tc,  traité  i 
la  coupelle  ,  a  laîffé  un  louttn  raboteux  ,  doue 
coH'i»ir  grife  blanchâtre  ,  fort  f  aifanf ,  &  partâ- 
t*  ment  lemblahle  à  celui  qu'on  avoit  obtenu  eo 
COI  petlant  la  platine  crue  :  fon  poids  étoit  d*iUi 
^rain, 

LVypérîercc  fut  répétée  avec  un  précîpîré  6k 
.ivec  Talk^i  volatil»  ai  ie  fuccés  fut  le  même, 
l  e(T:iya  ai  fTi  la  poudre  qui  reAoïi  en  diflilUot 
une  foîptîun  de  pLtine  jufqu'à  ficcit>  ;  ccit.  poih 
dre  ,  calcinée  fou^  une  moi^fflc  ,  acquit  une  coi- 
*ehr  noiâire  brilla  re  ;  dans  Cv*t  état  on  en  mèb 
t'cntt  gra«ns  avev  viitgr  fois  autant  de  plomb  en 
^ren^ille  ,  6i  le  mélange  fut  traité  CAinmccî  d:f* 
(us,  d'abord  fur  un  va  te  à  rcori6<.r  ,  Ik  enfaite 
dans  une  coupelle  :  les  fcoricS  furent  d*une  cou- 
leur brune  rtoiriitrc  ;  le  l  outon  coupelle  fe  iroura 
Ciiflant*&  d'une  oulcur  grife  blanche  ,  comme  les 
a  très,  6i  pcfoit  quarante  dcui  grains,  ou  deux 
cin|u<èinc^  de  plus  que  la  A  t  ne  qui  avcit  àà 
m^Soyée.  Celui-  i  fut  traité  de  la  même  on* 
niére  avec  la  même  quaDtué  de  plomb  cou» 
ve^ii. 

Les  fcories  fure/it  de  la  même  conteur  »  &  le 
bouton  ptfa  encore  tout  juftc  quaramc-dciS 
g-aips, 

12*.  Le  même  autevrr  donne  Je  détail  d'uni 
autre  opération  da**s  laquelle  la  platine  8c  fil- 
ger  t  étoient  combinés  enfembic  ;  le  méUage  61 
m  du  avec  da  plomb ,  le  plomb  fut  (canût ,  fat- 
gent  fép^^ré  par  le  moyen  de  Tcau  forte,  &  b 
platine  reflifte  encore  coupellée.  Il  prit  ncntt 
gr^iîni  de  pbtine  crue,  6a  troi  fois  autaof  de  b 
combinaifon  d'argeat  avec  Taclde  nurla  ^  appelé 
iune  corné/:* 

Le  mélange  étant  t%po{é  à  la  p1u«  forte  clO' 
leur  que  puuvoit  fupportcr  une  retorte  devent« 
il  ne  paiTa  aucune  liqueur  dans  le  lécipiciif  j  99i> 


I 

I 


) 


P  L  A 

cri  peu  lit  matière  blanche  fe  fublîmi  dans  fa 
partie  la  plus  ba^e  du  col  de  la  rerorcc  ,  comms 
il  arrive  d'ordinaire  quand  la  lune  cornée  ell  ex- 
pofée  k  une  telle  chaleur  feule.  Le  mélange  çoyh 
clair  lour  entier  en  und  maffe  de  couleur  d*hya- 
cinthc  jaune  obfcur  ,  &  paroiiTon  bien  uni.  Le 
Verre  éîoit  teint  d'un  Jaune  obfcur* 

Le  mélange  ftit  pilé  avec  des  morceaux  de 
▼erre,  qu'on  p'en  pouvoir  pas  féparer  aifément , 
dans  un  mortier  éc  fer  bien  net  :  la  poudre  fut 
inèlée  avec  dt-ux  onces  Si  demie  de  plomb  en 
grenaille  ,  &  f>ndi-e  dan**  un  crcufet  à  uti  feù 
violent.  Les  fcories  fur  m  verdâtres* 

Le  métal ,  traité  dans  une  coupelle  ,  fe  foutint 
comme  dans   les  eiFais   or^inaïr  s  d'argent,  juf 

Sue  vers  la  ^n  du  |.rocédè,  aiquel  tem;s  il  fe 
éfonît,  dev  nt  plat  &  inégal  ^  fie  (lmb.'ab!e  à 
de  l'areent  qui  a  fan  ré  fur  la  coupelle  pour  avoir 
été  refroidi  trop  hrufi]uement  ;  mais  fins  avoir 
le  moindre  briU.>nf  métallique  a  b  furiace.  Il  étoic 
fort  cafTant  fous  le  marteau  ,  mai^  fupporiolt  la 
lime.  Se  Ia  marque  de  h  lim?  parot^roit  blanche  ; 
Il  pcfoir  lOo  giaiit»*»  Il  fut  cuupellé  avec  tnro^c 
UT^e  once  de  plomb  ,  6l  le  produit  tut  le  même 
qu  a>if>aia'^air  ,  avcc  p^rte  de  fept  gains  de  fa 
pefanreur. 

Ce  dernier  b^i^ton  fur  ba^ru  en  morcf'aur  , 
mé  ê  avec  fix  dra  mes  de  nitre  pur  ,  6c  fondu  a 
tJi*  feu  violent.  Le  méia*  avoir  ^a  h'ancbeur  de 
l*a^£cnt ,  &  petoir  70  g  aiii^.  L<.s  fcaries  et  oient 
ca  '/iirjues  ,  le  foie  Ci>toré  ;  &  qu^nd  il  fut  liquidé 
à  '  a  r,  il  parut  verHâfe. 

Le  régule  fut  f^.  nd^»  de  nouveau  avec  une  de- 
mi-once de  ritr-;  U  plus  pi  r,  &  une  dia^me  de 
ioraiu  L**s  fories  fc  iro:  verc-nt  m  ageules ,  d- 
ratat  fur  U»  ja  narre  en-de0bus  &  fur  îe  verda- 
tre  en  dciïu  ,  Lp  f^^gule  fc  trL>uva  d  un  b  au 
bïarc  ,  8f  pefoit  tncorc  70  ^'a"ns.  Il  avoir  quel- 
que chi'ife  de  ta  nc^lier  dap^  (on  ippa-ence,  à 
la  r  rt  ice  6i  (ht  bs  corés ,  qui  rettenjbîok  au 
Cot-ait  r,irrié.  1  !>Vtefidit  a'TLZ  bien  fous  le  mar 
tt*au  ,  &  fe  'a  sTa  a-t^laiir  en  une  ulique  mince, 
m  ih  t  éfoit  un  peu  plus  ihit  que  1  argent  fin.  On 
mit  une  p^Tfie  de  c^-tte  plaque  digérer  canv  de 
TcÂU'fnru.  Lamenftrue  devint  d'abord  d'un  verd 
de  pré  foncé  ;  etfuitc  à  une  chaîc  ur  bouillante  , 
la  couleur  devrnr  n'^ire ,  fk  1  folution  bro'^âTrr, 
A  la  longue  ^  Targent  ttant  daSb  s  »  il  y  reita  an 
fond  une  matière  noire,  peïaiiie,ftmbiible  à  de  la 
cbaiv  d'or. 

Le  conipoie  fut  entièrement  *avé  avec  de  l'eau 
di^i'lé^ ,  cbaude  ,  &  ensuite  féché  ,  ma^s  il  ne  prit 
poirt  une  coukur  d'or.  On  le  mtla  avec  du 
plomb  réduit  en  grena  'e  ;  8t  le  mdan»i.e  tra- 
vai  b  bien  d*iborcï  fur  un  vafe  à  fcorifier ,  & 
enfuite  fur  une  coupelle  ;  il  y  rrfa  un  bouton 
convexe  fans  éclat  métaSbqu?,  cu'  rej^i  lit  fous  le 
marteau  »  ài  reflfcmb^a  au&  autrts  ^K jurons  que  l'on 
obil  nt  en  travaillajit  la  platine  à  la  coupelle  »  avec 
le  pioiob* 


P  L  A 


749 


t}\  Il  réfulte  de  tout  ceci  que  les  eflais  de 
Marggraf*  pour  dégager  entièrement  ta  platine 
de  tout  le  plomb,  n'ont  pas  mieux  rèuAî  que 
ceux  de  ScheflFcr  &  les  miens  »  y  ayant  roujours 
autant  de  plomb  retenu  qu'il  en  faut  pour  rendre 
le  métal  (on  cafTant ,  au  Ucu  que  la  platine  toute 
feule,  foît  dans  fon  état  crud  en  grains  >  foit 
quand  elle  tû  fondue  à  la  cb.aleur  du  verre  ar« 
dent,  a  une  malléabilité  confidérable- 

MM.  Macquer  &  Baume  ont  fait  une  autre  ten- 
tative :  ils  a  voient  envie  de  voir  fi  une  chaleur  con* 
tiniiée  beaucoup  plus  long-temps,  ne  produîroit 
pas  ce  qu'un  coup  de  feu  ,  peut-être  plus  fort , 
mais  d^une  durée  plus  courte ,  o^avoic  pas  'été 
capable   de  produire. 

Ils  mirent  fur  une  coupelle  d'une  grandeur 
convenable  ,  une  once  de  platine  &  deux  onces 
de  plomb  y  Se  ayant  placé  la  coupelle  daos  un 
fourneau  ,  femblahle  à  celui  de  M,  Poti  pour 
Ea  vérification  des  corps  terreux  ,  ils  pouffèrent 
le  feu  par  degrés  ,  &  rcntretinrcnt  fans  rclâcbe 
pendant  cinquante  heures  ,  de  telle  forte  qu'il 
conrinua  datïs  fa  plus  ^tandc  violence  les  vingt- 
qiia'rc  dernières  heures. 

Enfuite  ^yaiit  retiré  la  coupelle  du  feu  «  ili 
trouvèrent  que  la  pîaiîne  ,  au  Itru  d'être  en  un 
bouton  rond  &  brilbnt  ,  comme  font  Tor  &' 
Targeiit  a  .rès  avoir  paflTè  à  b  coupelle  ,  s*ctoit 
étendue  ôt  applatie  fur  la  coup  J  le.  Sa  fur  face 
fupérieure  étoit  fa  lie  ,  d*unc  couleur  obfcure  j 
&  ridée  ;  d'où  on  jugea  d'abord  que  fopéra- 
tlon  n  avoit  pas  mieux  reuffi  que  celles  dont  nous 
avons  parlé  :  la  pUtine  fj  fépira  airtm?nt  de  !a 
coupelle,  qtn  étnit  devenue  fo't  dure  ,  d'une  cou- 
leur blanche  jaunâtre  ,  demi  tranfparente  ^  fit  fai- 
foir  du  feu  comme  l'acier. 

Mais  en  pe'ant  exactement  la  pîattne,  ils  trou- 
vèrent ,  qu'au  lieu  de  recevoir  une  augmenta  ion 
de  pefinieur  par  un  peu  de  plomb  qtii  étoit  reOé 
fans  être  dètrnî-  ^  elte  avoit  perdu  •  :»u  con- 
traVe,  un  feticm^  de  fon  poids  ;  fa  furface  en- 
deffous  ivAt  Manche  &t  argenté. ^ 

Enfin'elle  n'êtoir  pas  plus  aigr*  ,  maîs.fupportoit 
aiTcz  bit-n  d'être  étendue  fous  le  mart.au.  Ils  fi- 
rent difloudre  une  partie  de  cette  platine  cou- 
pellèe  dans  de  l'eau  régale  ;  &  cette  dilToluiioii 
ne  fit  pis  voir  le  mmnlre  v^-flîge  de  plomb. 

Comme  M.  Macquer  par^'iit  avoir  employé, 
dans  cette  expérience,  la  plarine  ,  telle  qu'il  l'a  re- 
çue ,  contcn^ni  un  g'^and  mélange  d  ftr  &  au- 
tres matières  étrangères  qui ,  fans  contredis ,  fe  dé- 
truifent  dans  le  procédé  ,  il  cft  fenfih'e  qu  elle 
pouvoir  avoir  ret?nu  une  portion  (on  cMifidéra- 
ble  du  plamb,  malgré  fa  diminution  d??  pcf-ntcur  : 
&  Von  ne  peu'  p;.s  regard jr  Tcau  régale  comme 
une  preuve  infi  lible  qu'elle  ait  èiè  bien  pur^ 
gée  ^^c  plcmi  ;  c2t  il  y  a  des  circorïOanccs 
t.11  cette  menfKup  di^Toudra  le  plomb  aniTi  hicri 
qi»e  b  ptatine.  Mais  quoi  qu'il  en  puîlTe  cm'  , 
I  réTêncmem  de  cette   expén;.ace  ,  par  rapport 


75< 


P  LA 


à  h  malléabilité  de  la  tnaiTe  conpellée  y  a  para  trop 
intéreffan^c  pour  être  négligée  dans  cette  hif- 
toire  9  &  ne  pas  la  vérifier  par  des  effais  ulté- 
rieurs. 

14^.  Ayant  ï  ma  bienféance  un  fourneau  à 
vent  fait  a'un  mélange  de  glaife  de  Sturbridge  , 
&  de  pocs  de  verrerie  réduits  en  poudre ,  amiré 
en  dehors  par  des  cercles  de  fer  ,  d*cnviton  deux 
pieds  de  haut.ur  depuis  la  griilc  jufqu^au  haut 
du  dôme,  de  quatorze  pouces  de  largeur  dans 
le  milieu  &dix  pouces  à  la  griilc  ,  avec  une  che- 
minée de  prés  du  demi  diamètre  de  la  gtille  & 
quatorze  pouces  de  hauteur  ;  }'ai  fait  reffai  de 
fourneau  d'abord  ,  &  j*en  ai  trouvé  TefFet  tel  que 
je  n'eus  pas  befoin  de  recourir  à  aucun  autre.  J'y 
adaptai  une  mouffle  de  la  manière  décrite  par 
Tingcnieux  aureur ,  dans  un  ménaoire  Air  la  vi- 
trification de  l'argile  avec  la  craie ,  fotmèe  de  la 
même  compofuion  que  le  fourneau,  de  deux 
pouces  de  haut ,  trois  de  large ,  &  d'une  longueur 
à  pouvoir  atteindre  à  travers  du  fourneau,  fou- 
tenue^  à  h  hauteur  de  cinq  pouces  au-deflus  de 
la  rrillc,  par  une  brique  d'argile  recuite  taillée  de 
bi.ii>  en  enbas ,  afin  de  couvrir  le  moins  de  la  grille 
qu'il  étoit  poffiblc, 

15".  Ays^nt  fait  rougir  une  gande  coupelle  dans 
la  moufHe  pendant  près  d'une  heure  ;  fy  mis 
deux  onces  de  plomb ,  une  once  des  grains'trîéj 
de  pla'ine  «  femés  dans  le  plomb  fon  !u.  Pi  i^  ayant 
pouffé  le  feu  à  fon  plus  haut  point  avec  dé  bon 
charbon  do  terre ,  toute  la  partie  iniéricure  de 
la  mouffle  parut  d'un  éclat  cblouiffant,  &  on  ne 
pouvoit  plus  diftinguer  la  coupelle,  jufqu'à  ce 
que  j'y  laifTîi  pafler l'air  froid,  en  tenant  quelque 
temps  la  port«  ouverte,  ce  qui  fut  fait  Icuvcnt 
pour  faciliter  la  fcorincation  ou  la  difllpation  du 
plomb. 

la  chaleur  fut  foutenue  dans  cet  état,  jufqu'à 
ce  qu'au  bout  de  cinq  ou  fix  heures  ,  la  mouffle  , 
pénétrée  par  la  braife  vitrifiable  du  charbon ,  com- 
mença à  fc  démembrer  ;  toute  fa  partie  de  der- 
rière &  un  peu  de  la  partie  intérixrure  du  four^ 
ncau  fe  fondirent ,  formant  en  partie  des  ma  fies 
vitieufes  irréguliéres ,  &  coulant  en  partie  à  tra- 
vers de  la  grille  en  groffes  gouttes  d'un  verre  noir 
dur.  La  coupere  fe  trouva  dure,  d'un  blanc  jau- 
n  "îtrc  &  demi  ttanfparente ,  comme  celle  de  M. 
Alacqucr. 

La  platine  c'oit  réduite  en  un  pain  plat,  cn- 
vircnné  d:;  la  matière  demi  vitrifiée  de  la  cou- 
pelle, &  des  gouttes  vitreufes  de  la  mouffle,  de 
for:e  que  l'on  ne  pouvoit  rien  ji  ger  de  fon  poids  : 
elle  fo  catTa  aFcz  facilement  fous  le  marteau  ,  & 
ne  paroi  iToitdifîércr  aucunement  de  celle  des  au- 
tres 'Ou;  cllatiors. 

1^)".  Je  tâchai,  par  une  répétition  du  feu,  de 
suppléer  à  ce  qui  manquoit  ici  dans  fa  continua- 
tion. Ayant  bien  broiyé  &  lavé  la  platine  y  je  la 


PL  a: 

mis  fous  une  «ouvelle  mouffle  ,  fur  ua  rafe  à 
fcorifier ,  &  j'entretins  le-  feu  dans  toute  fi  vio* 
lence ,  principalement  avec  do  boit  &  du  char- 
bon «Le  bois ,  pendant  quatorze  heuref. 

La  plus  grande  partie  de  la  platine  s'ittacba 
fi  fortement  au  vaifleau ,  à^  caufe  de  la  partie  du 
plomb  qui  avoit  traiîfpirè  Se  s^étoit  vitrifiée ,  qu'oa 
ne  put  pas  la  déucher.  fans  pulvérifer  le  vafe. 
Lorique  la  platine  qui  ècott  fur  le  p-at  étoit  frap- 
pée avec  un  marteall  ou  Frottée  aveè  un  brunif- 
ibir  Q*àcier ,  elle  s'étendoit  &  prefîoit  une  furface 
continue ,  comme  une  feuille  d'argent  ou  o'é- 
tain.    • 

Quand  la  poudre  eut  été  paflée  par  un  tamis 
fin ,  &  lavée,  en  la  battant  de  nouveau  on  y  ap- 
perçut  quelques  erains  pl^s  Si  larges  •  qui  s'étco- 
diiCût  aii^knent  tous  le  marteau,  ât  étant  cour- 
bés avec  des  pinces ,  f^  plièrent  prefque  en  don* 
b!e,  l'un  d'eux  fe  la  ffa  même  rouvrir  &  cour- 
ber de  nouveau  fans  craquer. 

Cette  poudre ,  dont  les  particules  paroifToIcct  fi 
duâiles  &  fi  flexibles ,  j'efTayai-  dm  la  réunir  ea 
une  mafTe ,  en  la  pouftaot  à  un  feu  violent  dans 
un  crenfet  fermé,  peridavt  quatre  heures  :  elle  for- 
ma un  bouton  de  la  figure  du  fond  du  crenfet, 
qui  ne  s'attacha  point  eu  tout  au  vaifTcau  ,  âc  ne 
perdit  point  fa  couleur;  le  bouton  fe  caffa,! 
la  vérité,  d'un  ou  deux  coups  de  marteau,  mais 
pas  bien  aifément  :  il  fe  lima  aiTez  uniment ,  & 
reçut  le  bn.nl  comme  de  l'argent  fin. 

17^.  J'expofii  à  la  coupelle  quatre  parcelles  de 
platine  avec  trois  fois  leur  quantité  de  ptomb , 
dans  un  fourntrau  d'etfai  ,  jufqu'ii  ce  qu^clles  cef- 
fércnt  de  d.mjurer  fluices  ;  &  je  répétai  la  cou- 
}>;;;iLtion  fur  d<.s  coupelles  avec  la  même  auan- 
lirc  de  plomb  ,  une  féconde  &  une  troiftéme 
fois. 

Les  premières  coipelUs  furent  teintes  d*ua 
conleur  de  rouile  foncée,  fans-doute  à  caufe  de 
la  matière  ferrugineafe  qui  étoit  dans  la  platioe; 
les  autres  devinrent  feulrmct  jaunâtres ,  comme 
s'il  n'y  eût  eu  que  du  plomb  fetl.  Les  p'aques 
de  métal ,  après  la  première  coupcllation,  ctoicnt 
d'une  couleur  terne  6c  attachées  aux  coupelles  ; 
après  les  opérations  elles  furent  plus  brillantes 
&i  point  attachées^. 

Les  quatre  plaques,  pcfant  303 r  grains,  étant 
tenues  douze  heures  fur  un  vaiheau  à  fcoritîer,à 
un  feu  auflî  fort  quM  fût  poiTible  de  l'exciter  dans 
un  fourneau  d'efiai  ,  devinrent  plus  blanches  & 
perdirent  ^218  grains  ;  le  plat ,  qui  étoit  blanc ,  fut 
couvert  par  tout  d'un  vernis  jaune. 

Les  plaques ,  qui  n'avoient  pas  foufTcrt  l'appa- 
rence de  fufion  ,  &  qui  fe  trouvèrent  encore  fort 
caffantes,  quoique  beaucoup  moins  qu'elles  nel'é- 
toient  auparavant,  furent  rompues  en  pièces  plus 
petites  ,  &  mifes  fur  quatre  coupelles  fous  uoe 
mouffle  I  dans  le  fourneau  à  vent  décrit  ci-deP 


P  L  A 

fuf  :  pendant  hait  heures  d'un  feu  violent  ,   les 

^de^  %  coupoles   qui  ècotcnt  fur   le  devant  du  la 

BjDOudlc  ;  lequel  ctoit  moins  chaud  que  la  partie 

^ éc    derrière,  jetèreordti  furnéo   conlîdcrdbles  ^ 

€001 11^  on  le  remarqua,  au{E  Touv^ni  qu',»n  s'a- 

Vifa  de  UiflTer  la   porie  ourcne  ^^oJquj  t  m;**^  i 

mati  ri.u*  .  a  r  qui   pouvoit  ^aiTerdais  la  mouffli 

ne  d^jinua  pas  aïï  z  ia  cha  tur  ébloui  fa  ne  pour 

q«*on  pût  «lifUngucr  auwiincs  valeurs  dans  la  ^.a:- 

Klic  d.  dtniérc» 

^      La  voûte    &   rextrémité  la  plus  éloignée    de 

la  tticufflj  furent  trouvées  vernies  ^a  r  ut  ,  ar  lei 

^yapctirs,  les  ccupelL-s  étoîent  friables  ^  ikii  lein- 

^t€^  ;  le  mé  al  d'un  b.aac  d  a  gL-nt  &  aimi^u^  de 

105  urams. 

Les  morctauï  des  coupelles  du  devant  ètoîent 
tncore  cafTans  ;  c^ux  des  coupelles  plus  reculées 
le  laiirércnt  app!a  ir  confidérablement  fous  le 
jnart.aii  ,    &    parurent  prefque  auifi    ibuplcs    & 

Ïlianu  que  de  l'argent  aUié* 
t8*.  J'ai  fait  beaucoup  d^autres  coupellau^ns  du 
même  genre  ;  dont  il  n'ell  pas  nécetfairc   que  je 
donne  ici  un  détail  particulier ,  parce  qu'il  ne  s'y 
eft  pas  rencontré  d'autres  phénomènes  remarqua- 

^iics  que  Ceux    dont  j  aï  dé,a  parlé. 

H  Ces  effats  concourent  à  établir  un  fait  impor- 
tant ;  favojr ,  quL%  quoique  dans  le  procédé  or- 
cîinairc  de  la  cou  el  aîion  ,  même  quand  on  !a 
fan  avec  des  fcun  plus  forts  que  ne  peut  en  pro- 
duire le  fourneau  de  coupelle,  &  coniinués  quel- 
ques heures  au-delà  du  ttm>s  où  !d  fixanon  du 
métal  trmble  m'intrcr  que  le  fsru  a  produit  lour 
ion  ciïtt  ,  on  a  toujours  trou/ê  qui  ja  platine  re- 
tient afFtz  de  phniD  pour  rompre  foui  le  mai 
«au  ;  cependant ,  en  continuant  ces  feux  violens 
pendant  vingt  htu  e>  ou  plus  ^  il  fe  (ép^re  de  ce 
pïornb  retenu,  auau  qu'rl  en  faut  ,  pour  ïaifft-r 
la  platine  mahca'jL-.  B  aucoup  du  plomb  a  été 
forcé  de  fonir  a>rè*  qu.-  le  mrta'  fut  devenu  Ic- 
lide ,  comme  il  paroit  dans  l'expérience  n^  17  . 
ou  la  qua.nité  cupaUée  des  p'aqu:s  coupeîlécs, 
fans     qu'elles     fe    foient    amolies   ,    ni    qu'rl  c. 

(aient  chaigc  de  figure,  s'cil  monté  à  pus  d  u  t 
dixième  de  leur  pcta  ttur.  P  u^  les  p'aques  m^- 
•a'I  ques  étoîcni  min  es»p'uôt  &  plu<  cffi«.ace 
meot  elles  furent  [>u  o^es  du  plomb  6c  rendues 
•ma  •  aSles. 
Danç  une  coui>el^aMon  ^  une  partie  du  mé  a' 
ayan  coulé  f'^us  a  fornc  'u;i  fii ,  après  fi«  heu 
res  décida  ur  t  rc  ''el>  fr^uvé  aTcz  fl'tibk*  peU' 
pou\r),r  être  courre  en  avant  61  en  a  riért:  p\i- 
ficu  s  fois  'art  fe  raîcr.  au  Utu  qu'un  morctai 
é(-as  de  a  mwm«^  iimi''^.  ,  a  rcs  a^uir  re(tè  dix- 
but  heu^e'»  pvL  l*>-'g*tceu,i'  au'cu,  éîoit  encore 
Ca'^ant  :  q  ai  (  un    ^t;t\t<i,  i|ua  t  té  de  patine  na 

Pl^Hie-  t^an    U'^t  c>upc  le  d'u  c  t^ra^^dcur  pro^jr^r 
tKMlé.'   a     A\i    m 'Veti   d'    îtf  fi^urr   ^^U    -a^fT  au  , 
forme  une    malTe  a  "cï  *è^'at    J,  ce    qu    cfî  arvc 
àsdu  la  plupart  de^  cou^^iiauvm  picmièics,  (d«;* 


P  L  A 


75-1 


puis  le  n*.  i  }ijf^ii  au  S\  de  cet  aticlc ,  )  u.j  f»,ii^ 

violent,  cofiiM  u^  bcauc  u^3  fin    long -temps  f,uir< 
cciui^  de  Tcxpéticnce  de   M.  Macqul-r ,  a  été  iu- 
iulïLa it    pour    rendie   la  maL  nu'.l  aj*e  ;  traîs  * 
qua  d   clic  a  été  rcdu  te    en  p^  udrc  ^  jonchée 
Ij^eicm^nt,   ui   f  u   qui    néîoit   pa»   cxaS;ni.:m 
violcni,  conc^' u>  pwndait  dist  ou  u^ou^c  b.urc^, 
arc  du  Iji    |>A  ticu'es  de  ^a    pr  uJrc  fi  rlulk  lt>  , 
qu'elles  s'éte.idircnt   fous  le  pdo*j  en  pa.nu-s   h- 
rics  ,  cOiTvm^   des  f  a  m.ns  de   fcuil'es  dVgcnt;: 
la  poudre  a  nfi  a  plariL*  éioit   fort  dojce  ^k  cnr- 
tu.uf-  au  toucher,  crmarc  du  ta'c  ;  ^  éarn  fro.- 
tce  fur  le  papier ,  clic  s'y  colloit  au  point  de  nt 
pouvoir   pas   en  être  d;l'ia:hèc  aifé.nent,  ce  cuf 
la  uttoîc  paroitre   fembbbic  à  ce  qu*on  appelle 
du  papier  argenté. 

Ce  fut  donc  une  circonflaicc  heureufe  dans 
l'expérience  d.*  M.  Ma;qu;iî  ,  6c  en  cff*.c  ciîcn- 
tielle  à  fon  fuccès  »  qu'il  'ait  employé  un^  quan- 
tité confidérablc  de  pîatlne  ,  de  Lç  n  à  fonucr 
une  pîaque  mince  (ur  Ij  foni  d*une  gra  ide  cou- 
pelle*  Il  ^*éc]ia;^p£  d'abord  bcauioup  du  plomb 
{bu\  une  forme  vitreuic,  qui  tcirt  &  vernit  [c 
vafe  ou  la  coupelle  fur  laquelle  on  a  cxpofé  !a 
pîaqu^î  au  feu  ;  mais  vers  la  fin  il  paruît  être 
ibrcé  iie  fortir  f.u!fjment  en  va  îcurs ,  fan^  laiucr 
aucune  marque  vifible  fur  le  ^alift^aii.  Il  y  a  eu 
une  expérience  où  le  métal  a  perdu  environ  la 
vingt  cinquième  partie  de  fon  poids  ,  aprè^  qu'il 
eût  cefTè  de   donner  aucune  teioiur^;  au  safe.  ^ 

19^.  Il  ne  fera  paî  mal-à*propos  dobferver  ici, 
que  dans  la  plupart  d:;$  coupeltations  de  In  plnii-ie 
avec  le  plomb  ,  fur-tout  quand  la  quantité  du 
mixte  é<oit  coiifidéribic,  5c  qu'on  a  poufîé  lo- 
pération  à  un  feu  aiTcz  fort ,  les  pîaqnes  cou- 
pcllées  ont  paru  dVme  figure  fingulicr^-  &  irré- 
gulière à  la  furface,  tell^  qu'aucun  a*jtrc  méuî , 
ni  mélange  métallique  ne  la  prend  point  en  d 
âxa  t. 

Il  y  avoit  dans  le  milieu  une  déprefTion  ur^e 
&  a  ^plitie  ,  avec  une  borJurc  nu  mir^i:  autour, 
corn  ne  une  airiéfo  de  •  -  ;  &  îa  bor* 

d  ;r.  étoit  ra'fcmée,  c.  ;  ,  de  rangées 

rnnfverfalei  régulières  i^e  pciits  pmnrs  rornn«ï, 
L.'v  parties  unies  ctoient  en  gcncr^l  douces  & 
glilTantcs  au  toucher. 

Coupeïlaùon   de  fa  piiàne  avec  le  hlfntufh. 


Les  mébnges  de  plat'tnc  avec  du  bîfmuih 
furent  lo^mis  aux  rjpèf,itions  o  din.  ires  du  la 
cou  ttl'v'  fous  un;  m'HîHlc  ,  à  cellcv  àc  la  fcori- 
fica  ion  dans  do  crai  'ts  d  elLî  ,  ik  au  trjî 
devant  le  icz  d'un  f  ^nlfl-îi,  L-  r  'fuli,4t  en  g:iié- 
r^l  fut  à-pcii-p  é>  te  m^iTie  que  q  and  un  a 
irait^  de  mi.m     U  p'-mn:   ,it  te  p  om  * 

Les  snéUngcs  qui  a'abord  coulèreat  iacilcment  ^ 


'5* 


P  L  A 


devinrent  de  moins  en  moins  fuûbles ,  h.  mefure 

?[ue  le  fotimuth  en  fut  chalTè  ;  &  à  la  fin  il  ne 
ut  plus  polTiblc  de  les  tenir  fluides  à  un  feu 
violent  ,  qiioiqu*cn  !es  perant  ils  paruiTjnt  refe- 
nir  encore  une  quantité  de  bifmutb  confidéra- 
ble. 

On  ne  peut  nettoyer  tout-àfait  du  biTmotb  , 
non  plus  que  du  plomb  ,  par  le  procéda  ordinaire 
de  h  coupelle  »  les  mélanges  de  platine  avec  fix 
fois  fa  pefanteur   d'or  ou   d*argenr. 

Quand  on  a  coupelle  une  parcelle  de  platine 
avec  trois  ou  quatre  nouvelles  quantités  de  bif- 
imutb,  les  premières  coupelles  étoient  toujours 
teiistes  d*unc  coul  ur  de  rouille  noirâtre  ;  les 
fuivances  étoient  pUis^  pales  ,  &  les  tioXttimes 
n'avoient  pour  la  plupart  que  la  couleur  jaune 
orangée  >  que  le  birniutli  piir  lui-même  commu- 
nique ,  èc  qui  e(\  considérablement  plus  foncée 
x{ue  la  nuance  occadunnée  par  le  plomb. 

Dans  la  plupart  des  coupellations  ^  on  a  trouvé 
la  furface  du  métal  couverte  d'une  fubflance 
feuilletée,  comme  de  la  Ikliarge ,  d'une  couleur 
foncée  ;  5c  quelquefois  ïl  y  avoit  fous  la  pla- 
que coupellée  une  grolTe  quantité  de  matière 
veidàtre  ,  fpon^ieute  6i  rode  ,  adhérence  forte- 
ment à  la  platine  en  plufieurs  endroits  ,  coulant 
daiis  les  cavités  qui  étoii^nt  au  fond,  &  dms 
d'autres  ,  couchée  en  quelque  forte  entre  les  plaques 
ou  les  flocons  du  m,l:taK 

•  11  a  paru  que  le  bifmutb  »  en  le  coupeîlant 
avec  la  platine  ,  ne  fe  répandoît  ou  épancboit 
pas  f\  clair ,  ou  ne  pénètroit  pas  fi  avant  que 
fait  le  plomb  dans  la  coupelle  ;  mais  il  embralTe 
tellement  les  parties  c^u  il  touche ,  que  cela  Vem- 
pèche  de  s*étendre  plu»  loin,  &qu*iU*y  ramaiïe 
clans  fon  ét^^t  à  demi  vitrine ,  reliant  quelquefois 
fur  la  coupelle  en  grande  quantité^  quoiqu'une 
partie  coniîdérable  de  la  coupelle  au  tond  n'en 
foie  pas  teinte  :  c'eft  ce  qui  ne  femble  pas  arri- 
ver quand  t^n  en  f^it  partir  le  bifmuih  feul;  Se, 
par  conféquent  ,  cela  vient  de  ce  que  le  métal 
«ft  une  menflrue  moins  puiflante  que  le  plomb 
pour  les  parties  ferrugineufes  &  autres  matières 
étrangères  mêlées  avec  la  platine. 

Bien  des  coupellations  cepsndant  ont  reuiTi  à 
fouhait,  fans  aucunes  apparences  de  cette  ef- 
pèce  ,  &  ont  donoé  des  plaques  cafîantes  ,  tan- 
tôt d'une  couleur  terne  &  tantôt  brdlames  » 
félon  qu'on  avoit  fait  pariir  plus  ou  moins  du 
bifrauth^de  furfaces  laboteufes,  avec  de  grofTes 
protubérances  difpofêci  avec  &  quelquefois  fans 
régiilarité. 

Quelques-uns  des  détails  de  ces  expériences 
ayant  été  perdus  ,  je  ne  puis  pas  me  rappel  1er 
û  c'eil  avec  é^  gt aides  ou  de  petites  pro- 
portions de  bifmutb  que  le  procédé  a  réulu  le 
mieux, 

D*aprçs  l'effet  d'uafeu  violent  long-temps  cou- 


P  L  A 

tînué  fur  des  mélanges  de  platine  &  de  plûfiA 
dans  le  précédent  aaiclc  ,  je  me  fuis  déctrmlnè 
à  foumettre  aa  même  traitcm  m  des  méUngn 
de  platine  &  de  bifmuih,  métal  qui  prooi  ttoir 
d'être  fèparc  plus  facilement  que  le  plc^niS  ,  coonine 
éiant  par  lui-même  ban  plus  difpofé  à  i'é» 
vaporer  au  feu, 

J  ai  tenu  pendant  iîx  heures  quelques-unes  des 
plaques  coupeîlées  des  opérations  precédentel  » 
fur  quatre  coupelles  pUcées  fous  une  mouffle  » 
à  une  chaleur  auffi  forte  quil  fût  poflib^e  d'ea 
produire  dans  un  bon  fourneau   d'eff^i. 

\Jn^  poriion  d'une  des  plaques  avoit  fendu 
&  s*eîoit  étendu  en  belles  feuilles  comme  d'argenî 
fur  le  bord  de  U  coupelle  j  les  bords  minces  de 
toutes  pouvoient  atîVz  bitn  foutenir  le  coup  de 
rtlarreau  ,  &  ployèrent  confidérablemcnt  ava« 
que  de  craquer  :  les  coupelles  étoivQi  teinco 
d'un  jaune  orangé  pâle. 

Les  plaques  étant  encore  pouffécs  pendant  Ci 
heures  fur  de  nouvelles  coupcl'es  dans  le  fo\»« 
neau  à  vent ,  dont  on  a  f,ât  mention  ci-devanr, 
elles  fe  trouvèrent  routes»cl*une  couleur  d'argtfit 
brillante,  6c  fupportéreit  bien  le  marteau  dans 
leurs  partes  les  plus  mincts»  ma*s  rcflèrtnt  encore 
caflTantei  dans  les  pa'-ties  plus  épaillcs  :  les 
coapelles  ne  furent  teintes  que  très  -  foibk* 
ment. 

Il  p^roit ,  d'aptes  les  expériences  rapponéfis 
dans  cette  feôion ,  que  la  platine  réfifte  parfiite- 
ment  à  la  puiiTance  deftruôtve  du  plomb  &  du 
bifmutk  ,  qui ,  avec  Taébon  concurrente  du  feu  8c 
de  Tair ,  réduit  tous  les  autres  corps  méraluqiict 
connus  ,  excepté  Tor  &  l'argent ,  en  chaux  (m 
fcories  :  qu*elle  réfide  à  Tanti moine  qui  fconâe 
Targent  aufll  bien  que  les  métaux  imparfaits  t  k 
qu'on  a  toujours  regardé  comme  le  moyen  d'eia^ 
mcn  le  plus  lévere  de  lor  :  qu*ellc  n'ell  oas  vo- 
latilifée  fenfiblement  par  Tarfenic ,  qui  ,  ajnsles 
feux  viole ns fit brufques,  emporte  même  une  po^ 
tion  de  l'or  :  que  dans  les  degrés  de  ch^lciir  coih 
fidérablement  plus  forts  &  plus  long-temps  cono* 
nues ,  qu'on  a  employés  jufqu'ici  pour  ces  tone» 
d'opérations  ,  la  platine  confervc  mcfOe  «jk 
partie  de  ces  corps  métalliques  deflruâibles  «  es 
retenant  autant  qu'il  en  faut  pour  U  rendre  caf* 
fante  »  mais  que  par  une  continuation  encore  plm 
longue  d'un  feu  violent  f  ces  corps  «  du  moins  k 
plomb  &  le  bifmuth ,  peuvent  être  dt^pis  eth 
tiérement  «  ou  prefque  cniiércracnt  ,  de  maniéfe 
à  lailTer  la  plaûne  en  une  maiTe  auSî  malléa^ 
que  les  grains  les  plus  fins  rèioicm  auparavaMi 
oe  peut-être  plus  encore,  parce  qu'elle  a  èiè  pe* 
rifiée  dans  lopération ,  de  la  maciére  (cnup^ 
neufe,  Bc  autres  matières  étrangères»  cooisieror 
&  Fargem  le  font ,  par  le  même  moyen  ^  de  vam 
les  métaux  Imparfaits. 

Jufqu'oii  cette  dilTipation  du  plomb  oa  dit  tf 
mutb  peut-elle  fe  pratiquer  en  grand  ,  ou  for  de* 


^^^^ 


Établi 


I 
I 


I 


PL  A 

m  ffcs    «Tune    épai fleur   confidirable ,    c  efl   ce 

qu'on  ne  peut  pas  détemimer  abfolymenc  d*apiès 
les  cipèrknccs  qui  ont  été  faites  jufqu'icî  ;  d'au- 
tanr  que^  du  moins  pour  ce  qui  me  concerne, 
le  procédé  n'a  réufli  que  fur  des  pièces  minces 
du  m^^c^L 

M*  Macqucr  femble  ne  faire  aucun  doute  que, 
fur  ce  tondement^  la  platine  ne  puiffe  être  rendue 
itlinîalile  par  les  ouvriers  en  grand  ,  au  point  de 
nous  fournir  dc<î  miroirs  concaves  »  des  fpécules 
pour  tes  tckfcopcs  ,  une  Infinité  de  vaifleaux  & 
u/lenfiles  pour  Tufage  de  la  chyoïic  6c  de  la 
cuifine,  &  prefque  toutes  les  efpèces  d'ouvrages 
de  ferrurerie. 

II  ohfcrve  que  îa  pLitinc  fcroît  une  matière  ex- 
cellente pour  ces  fortes  d'ufages ,  parce  que  fon 
poli  vif  &  brillant  n'eft  jamais  altéré  par  au- 
cune efpëce  de  rouille  ,  &  qu'elle  réfifte ,  non- 
feulement  à  l'avion  de  Tair  ,  de  Teau  ,  du  feu  , 
des  acides  6l  des  métaux  les  plus  voraces,  auiTi 
bien  que  te  fait  lor  le  plus  pur  ;  mais  elle  joint 
à  toutes  ces  qualités  admirables ,  une  propriété 
encore  plus  prccieufe  que  n'a  point  Ver  ;  favoir  : 
la  force  &  la  dureté  du  fer.  Dans  mes  expérien- 
ces »  les  plaques  coupellées ,  foit  avec  le  plonsb  , 
foit  avec  le  bifmuth ,  éioient  confidcrablement  plus 
dures  que  Tor  ou  l'argent  fin ,  mais  plus  tendres 
que  h  fer. 

Dfs  affimtcs  de  U  pUtint, 

On  fe  propofc,  dans  cette  Se£Hon  ,  da  rendre 
compte  des  expériences  qui  ont  été  faites  relati- 
vement aux  amnitès  comparatives  de  la  platine 
&  des  autres  métaux  ,  les  uns  aux  autres  ,  & 
avec  les  difTolvans  félins,  ïi  fépatation  de  la  pla- 
tine d*avec  un  mctaU  par  Tinter vention  d'un  au- 
tre ,  ou  d'un  métal  d'avec  un  autre,  par  Tinter- 
vcntion  de  la  platine  ;  de  ta  fépaiation  de  la 
platine  par  les  autres  métaux,  ou  des  autres  mé- 
taux par  la  platine»  d'avec  leurs  folutions  dans  les 
acides. 

Pour  plus  grande  diflinftîon  »  on  a  exprimé 
dans  les  titres  rcfpeâifs ,  les  réfultatsdes  diverfes 
expériences*  Le  corps  placé  le  premier  doit  tou- 
jours être  conçu  comme  ayant  plus  d'affinité 
avec  celui  qui  cû  immédiatement  au-de0bus  de 
lui ,  qu'avec  le  troifièrae  ,  ou  celui  qui  efl  placé 
le  plus  bas  ;  de  manière  que  fi  on  combine  cn- 
femble  le  premier  6c  le  troiftème  ,  celui  du  mi- 
lieu ,  appliqué  convenablement  ,  comme  il  efl 
dit  dans  fexpérience ,  brifera  leur  union ,  & 
écartmtîe  troiftéme  corps,  fe  joindra  de  ï  ut-même 
au  premier  «  quoique  cette  féparation  n'efl  pas 
toujours  complctte. 

Quand  iï  iie  paroàt  pas  dans  rexpérience  une 
telle  affinité  ou  fépararion ,  alors  les  dlfférens  corps 
fç  trouvent  placés  dans  ure  ligne  continuée. 
Aru  it  Méturs.  Tarn  K  Part,  Ih 


PLA 


75} 


I.  Mercure , 

PUtint  i 
Plomb, 


Une   partie   de  platine  &   environ  ^atre  de 

plomb  »  ont  été  fondues  parfaitement  enfemble  ; 
&  après  que  la  chaleur  mt  un  peu  ralemie,  on 
verfa  le  fluide  doucement  en  un  petit  courant, 
dans  trois  fois  fa  quantité  de  vif-  argent  cbauffé 
au  point  de  jeter  des  vapeurs.  En  les  remuant 
avec  une  baguette  de  fer,  il  s'éleva  aufTi^tôt  à 
Lafurface  ,  une  poudre  noirâtre, qui  parut  être  ptin- 
cipalement  de  fa  platine. 

En  les  broyant  enfemble  dans  un  mortier  de 
fer^  il  s'en  fépara  peu-à-peu  une  nouvelle  poin- 
dre, qui  ayant  été  de  temps  en  temps  emportée 
par  k  lotion,  refTembloit  beaucoup  en  apparence 
à  la  précédente  ;  mais  <jfui»  en  faifant  des  effais 
convenables ,  fe  trouva  tenir  beaucoup  plus  abon- 
damment du  mercure  &  du  plomb,  que  cfe  la  platine. 
L'amalgame  éîoit  d'une  couleur  fort  terne,  &  en 
Texpofant  au  feu  dans  une  cmller  de  f»r,  il  ren- 
fla â(  fautilla  à  la  ronde ,  quoique  la  chaleur  fût 
Il  peine  fuffifante  pour  faire  évaporer  la  moin- 
dre partie  du  vif- argent.  Cefi  pourquoi  je  as  con* 
tînuer  de  le  broyer  dans  une  efpéce  de  moulin  , 
campofé  d'une  plaque  de  fer  mince  ,  taillée  en 
forme  de  croix,  &  qu'on  fait  tourner  dans  un 
mortier  de  fer. 

La  plaque  étoie  courbée  à- peu-prés  dans  Ta 
fjrme  du  fond  du  mortier,  ot  entre  deux  de 
fes  bouts  ctoit  axée  une  pièce  de  bois  ;  les  deux 
autres  étoient  en  liberté ,  &  s'ajuftoient  au  mor- 
tier au  moyen  de  leur  élaflicité.  La  pièce  de 
bois  reccvoit  le  bout  d'ui  noyau  droit,  lequel 
étant  aâ[uré  par  des  pièces  de  traverfe,  pour  le 
tenir  dans  le  militu  du  mortier  «  &  par  un  périt 
poids  tantôt  plus  grand ,  tantôt  plus  petit ,  placé 
au  fommct ,  une  roue  &  une  poulie  !ui  procu* 
roient  \xn  mouvement  rapide  fans  beaucoup  de 
travail. 

Après  une  agitation  confiante  dans  cette  machine, 
&  avoir  renouvelé  Teau  de  temps  en  temps  pendant 
fept  ou  huit  jours ,  l'amalgame  parut  brillant  flc  uni- 
forme ,  8c  laiffa  exhaler  librement  le  mercure.  Le 
mercure  étant  tout  évaporé,  il  rcfla  une  pou^ 
dre  d'un  gris  obfcur ,  qui ,  i  Texameo ,  fe  trouva 
être  de  la  platine  avec  «n  peu  de  plomb  :  car 
une  partie  de  la  poudre  étaot  digérée  dans  l'eau- 
forte  ,  il  y  e»  eut  une  petite  portion  de  difîomc, 
&  la  Solution  ne  parut  être  autre  chofe  qu'une 
folution  de  plomb  ;  la  partie  non  dîfToutc ,  dcve* 
nue  alors  d'une  couleur  pourpre  obfcure  »  fut  en- 
levée prefque  toute  entière  par  Teau  régale ,  à  qui 
elle  communiqua  «  non  pas  à  U  \hx\xk    la  cou- 

C  c  c  c  c 


7J4 


P  L  A 


leur  ordinaire  des  foluiîons  de  pladne,  mais  une 
efpece  de  couleuf  olivâtre  terne. 

Cependant  des  plaques  d'étain  découvrirent  bien-^ 
toc  que  la  mttttère  dsiToute  éton  de  la  p1at:iie ,  en 
occaftonnant  un  précîpîiè  de  la  triême  apparence 

3ue  celui  que  Téiain  fait  tomber  des  folutions  or 
inaîres  de  p'atine.  Le  reile  de  la  poudre  fut  fou- 
rnis à  la  coupelle  avec  du  plomb.  IL  JaliTa  une 
lïialîe  brillante  appîaiie  Ôc  rude  qui  ne  voulut 
plus  fe  fondre  ,  5c  qui  refTembloit  exaéèement  à 
celles  qu^on  obtient  en  <oupell3nt  la  pladne  crue 
avec  le  "plomb. 

On  fuppofe  qye  le  mercure  a  une  plus  grande 
affinité  avec  le  plomb  qu  avec  tout  autre  corps 
métallique,  eicepté  l'or  Ôc  i'argem. 

Dans  cette  expérience  ,  il  fit  voir  une  plus  grande 
affinité  avec  ta  platine  qu*avec  le  plomb  ,  puifqu  iï 
retînt  beaucoup  de  platine  Après  qur  le  plomb  , 
qui  d^abord  y  etoit  en  beaucoup  plus  grande  pro- 
portion ,  eût  été  prefque   entièrement  emporté. 

1 L  AUrcuu  : 
Or: 

Un  mélange  d*unc  partie  de  platine  &  deux 
d'or,  qui  fe  trouvoit  fort  blanc  &  caflant,  tut 
bien  recuit ,  &  applati  avec  foin  en  plaques  min- 
ces, qui  furent  jetées  rouges  chaudes  c^ans»  du 
mercure  bouillant.  £n  broyant  &  lavant  le  tout 
avec  de  Tcau  ,  il  s^cn  fépa  a  une  poudre»  d'abord 
en  abondance ,  &  enfuiie  en  plus  petite  quan- 
tité. 

Quand  le  procédé  eut  été  continué  environ  Vingt- 
quatre  heutes  ,  il  ne  fe  fit  plus  de  féparation  ,  fi 
ce  nVft  d^un  peu  de  matière  noirâtre  ,  dans  la- 
quelle fe  change  toujours  une  partie  du  mercuie 
même  ,  t!ani  ces  fortes  d'opérations.  L'ama'game> 
qui  avoit  IVir  brillant,  fut  mis  dans  un  crfofet, 
QL  le  vif  argent  ayant  été  évaporé  à  une  thalcur 
modérée ,  û  y  rcfta  une  mafte  fpongieufe ,  d*une 
haute  couleur,  qui,  étant  fondue  &  ieiée  en  lingot, 
fe  trouva  fott  douce  &  maléable ,  de  forte  que 
Fœil  ne  la  pouvuit  |  as  diftinguer  d*avec  Tor  pur 
dont  on    s^étoit  f<:rvi. 

Nous  confidérerons  ci -après .  jufqu'à  quel  point  ce 
procédé eft  appliquable  à  la  fcparation  de  'a  pla- 
tine d'avec  Tor  dans  les  opéiations  des  Artines. 
Il  nous  fuffit  ici  d'avoir  établi  l'affinité  plus  grande 
du  mercure  avec  l*or  qu'avec  la  platine,  &  avec 
1»  platine  qu'avec  le  plomb. 

IIL  Plaûnt  : 

Fhmh  : 

Ftr, 

Vn^  once  d*un  mélange  de  fer  &  de  platine  , 
et  deiut  onces  de  plomb ,  furent  couverts  de  0ux 


P  L  A 

noir,  &  pouffes  à  un  feu  affer  fort  ,  mais 
n*étoit  pourtani^  pas  fiiffifant  pour  la  Ajfion  de 
la  platine  &  du  fer  ;  le  plomb  ayant  été  vcrTé 
dans  un  moule  cylindrique  ,  la  partie  inférieure 
du  cylindre  parut  d'une  couleur  plus  terne 
que  n'é  oit  le  pîontb  d^bord»  &  fe  trouva  fpé* 
ci^quement  plu5  pefant ,  dam  la  potiiQji  de  11,59! 
à  111386. 

Les  maffes  de  fer  &  de  platine  furent  mêléec 
une  féconde  f o  s  avec  do  plomb,  8c  exp^f^esà 
un  feu  vigoureux,  jufqu'à  ce  que  le  tout  (ùt 
arrivé  à  une  fufion   p^rLite, 

En  faifant  refroidir  ir(  p  brufquement  le  crc»> 
fet  dans  de  reau  ,  la  matière  6uide  tît  cxplofion» 
6l  fit  fauter  le  couvercle  ;  &  on  trouva  a!of»  le 
plomb  réduit  en  peti  s  6lamcns  qui  rcmpliiToieiit 
le  creufet,  lequt:!  auparavant  n'étoit  p^s  rem^ 
au  quart. 

Le  régule  de  fer  au  fond  ,  éfolt  uo  morceav 
rond,  uni  6i  fort  dur,  6c  fembloit  retvnir  une 
portion  confidér^ible  de  la  pUtine.  Le  plomb  fon^fo 
eu  une  m  a  Je  avt:c  un  peu  de  réfine  ,  parui  a  (k 
gravité  fpécifique,  &  encore  plus  fcnftbUmi.ni  à 
la  coupelle ,  «àVoit  plus  imbibé  d:;  la  plaune,  que 
le  fer  n'en  retcnoit. 

Du  fer  coulé  ayant  été  jeié  dans  un  méknge 

de  platine  Ik  de  plomb  »  couvert  de  flux  noir , 
6l  le  ftu  ayant  iîté  tenu  fort  vif  jufqu'à  ce  qtie 
le  fer  fût  fondu,  pnfque  ïoute  la  platine  parut 
avoir  été  rttenue  par  le  plomb  ,  de  forte  que  le 
fer  n'en  prît  point  du  tout  ,  ou  du  moins  fort 
peu. 

On  jugea  d'abord  que  cet  effet  n'étoit  pas  ar- 
rivé ,  parce  que  la  platine  a  voit  moins  d  affirité 
avec  le  fer  qu'avec  le  plomb,  mais  parce  qu'elle 
n'ctoit  pas  venue  fuffifamment  en  cont^â  avec 
le  fer  :  car  nous  avons  vu  ailleurs  une  grande 
partie  de  la  platine  tomber  au  fond  *  même  du 
plomb  ,  &  le  fer  flotter  à  la  furface  du  plomb* 

Un  méhinge  de  platine  &  de  fer  fm  fonda 
avec  trois  fois  fa  pefanteur  de  plomb  ,  fur  une 
coupelle  ;  &  on  y  cmreiînt  un  feu  violeur  » 
fufquà  ce  que  le  plomb  fût  entièrement  dif- 
fipé. 

La  maffe  refiante  étott  rabotetife  &  pleine  de 
cavités  ;  dans  fes  cavités  &  dans  le  fond  étoit» 
une  quantité  fort  conGdérable  d'une  poudre  noiri* 
tre  obfcure,  qui  avoit  une  teiote  légère  de  pour» 
pre ,  &  qui  fut  attirée  ,  quoiquWtex  fort  légè- 
rement ,  par  une   barre  aimantée* 

Cette  expérience  par  oh  prouver  décifivemem 

que  la  pbtiiie  a  plus  d'affinité  avec  le  plodïb  quV 

vec  le  fer  ;  putfqu'elle   montre   que  le  fcf ,  cnii 

auparavant  avoit  été  bien  combiné   avec  h  pi»- 

\  line ,  cÛ  rejeté  de  nouveau  dans  fa  forœe  mè- 

'   tal:iquef  par  le  plomb. 

On  peut  donc  prèfumer  que  fi,  dans  la  première 
expérience  ,1e  plomb  a  ahlotbé  la  platine  qui  te* 


P  L  A 

noît  le  kr  »  cela  eft  venu  de  cette  affinité  fupè- 
rieyrc  de  la  platine  avec  le  plomb^  St  non  pas, 
comme  on  ravoit  fciiip<;onné  d'abord  ,  de  ce 
quelle  avoit  une  affinité  égale  avec  lous  les 
deux. 


IV»  UEau  regaU  : 

Le  Zinc  : 

La  Platine, 


■a  platine,  digérée  dans  une  folutîoo  faturée 
de  zinc  ,  faite  dans  Feau  régale  ,  n'a  pas  paru 
rongée  le  moins  du  monde  ;  mais  le  zinc  ,  mis 
dans  une  folution  faturée  de  platine  »  commença 
auni-tôt  à  (g  diÛbudre  fit  à  précipiter  h  pla- 
tine* 

Le  précipité  fut  d'une  couleur  noire  brxmâtre  ; 
la  liqueur ,  après  avoir  ccfTé  d'agir  fur  le  ztnc , 
continua  à  être  jaune»  marque  <|uc  la  précipita- 
tion par  le  zinc  n'étoit  pa*i  totale,  pas  plus  que 
dans  les  précipitans  non  métalliques  de  la  fec- 
tîon  troifiémCiP  Marggraf  a  trouvé  que^  quand  h 
folution  de  zinc  dans  reau-forte  fut  mêlée  avec 
une  folution  de  platine  »  il  iomb;i  au  fond  un  pré- 
cipité de  couleur  de  brique  ou  d'un  rouge  orangé  » 
la  liqueur  continuant  à  être  jaune  comme  dans 
4*autre  cas. 


P  L  A 


755 


b* 


y.  L*Eau  régale  : 

tt  Fer  : 

La  Platintm 


Une  folution  faturée  de  fer  dans  Tcau  ré- 
gale «  n'a  point  agi  fenfiblement  fur  h  platine  ; 
une  foluiion  faturée  de  platine  a  rongé  prompte- 
aent  le  fer,  la  platine  fe  précipitant. 

Une  bonne  quantité  d  ocre  jaune  s'eft  dépo- 
fée  au  fond  »  &  la  partie  non  dilToute  du  fer  a 
paru  încruAée  d'une  matière  de  conleur  obfcure. 
On  ne  pouvoir  pas  juger  par  la  couleur,  ft  la  pré- 
cipitation étoit  complette,  parce  que  la  fûlutiofi 
de  plaune  &  celle  de  fer  ont  une  grande  reffem- 
blance  enfembk  pour  la  couleur. 


VI.  La    lattnc  : 

L'Eau  régale  , 

&  la  folution  de  vimûi  dt  fer  , 

l'Or. 


La  folution  de  fer  dans  l'acide  vitriolique  ,  ou 
faluiionde  viirîol  de  fer  verd  commun  faite  dans 
Teau ,  qui  précipite  totalement  Tor  dedans  Tcrau 
régak,  n'a  point  fait  de  changement  fur  U  folu* 
lioa  de  platine. 


Un  mélange  de  platine  &  d*or;  qui  ivoit 
été  fondu  cnfemble  &  tenu  en  fufion  quelques 
heures  ,  étant  difTous  dans  l'eau  régale ,  St  la 
folution  vitnolique  y  étant  ajoutée  ,  l'or  fut  pré- 
cipiré  ,  &  la  platine  demeura  diiïbute.  Les  folu- 
tions  de  fer  dans  les  acides  ni*reux  &  marins  j 
ne  précipitent  ni  la  platine  ni  l'or. 

Vil.  VEau  régale  ; 
Le  Cuivre  : 
La  Platint. 


La  platine,  mife  dant  une  folution  de  cuivre 

dans  l'eau  régale ,  ne  fut  pas  fenfiblement  atta- 
quée :  des  plaques  de  cuivre  mi  Tes  dans  une  fo- 
lution de  platine  j  commencèrent  promptement  à 
fe  diffoudre  ,  &  à  précipiter  la  platine.  Le  pré- 
cipité fut  d'une  couleur  grifâtre  obfcure ,  &  »  à 
Teâfai ,  fut  trouvé  contenir  une  quantité  conftdé* 
rable  du  cuivre  qui  étoit  combiné  avec  lui  ;  la 
liqueur  étoit  d'un  verd  plus  brun  que  les  folu* 
tions  de  cuivre  pur»  probablement  parce  qu^elle 
retenoit  un  peu  de  ta  platine. 

Les  folutions  de  cuivre  dans  les  acides  végé«« 
taux»  nitreux,  marins  ôc  vitrioliques  ,  mêlées  fépa- 
rément  avec  une  folution  de  platine,  n'ont  pro* 
duit  ni  précipitation  ,  ni  troublé  la  liqueur. 

A  la  vérité  ,  M.  Marggraf  a  trouvé  ,  qu'avec  U 
folution  dans  T acide  mtreux ,  il  s*eii  dépofé  à 
la  longue  une  poudre  de  couleur  orangée  roii* 
geâtre  :  mais  il  eJl  probable  que  la  folution  de 
cuivre  n*a  contribué  en  rien  dans  cette  précipi- 
tation ;  car  la  folution  de  platine  ,  comme  il  lob- 
ferve,  donne  toute  feule  »  avec  le  temps  «  fem« 
blabie  précipité. 

VIU.  L'Eau  régale  ; 
L'Etain  : 
«    La  Platine, 


Nous  avons  vu  dans  la  troîfiéme  SeAîon ,  que 

des  plaques  d'étain  pur  précipitent  la  platine  , 
6i  qu  elles  ne  produit ent  point  avec  elle  la  cou- 
leur rougi  ou  pourpre ,  comme  elles  font  avec 
les  folutions  d  or ,  mais  une  couleur  oLive  ou 
brunâire  obfcure.  Il  f jut  ajouter  ici ,  pour  établir 
plus  pleinement  Tal^niié,  que  quand  la  platine 
cfl  digérée  dans  une  folution  d'éiain  faite  dam 
l'eau  régale,  il  ne  bVnfuit  ni  précipitation  de  Tétain^ 
ni  corrofton  de  la  platine.  La  précipiution  par 
l'étain  neft  pas  totale,  p^s  plus  que  par  les  mé- 
taox  mentionnés  jufqu*ici  ;  mais  on  pourroii  dou- 
ter û  la  madère  qui  demeure  en  dilTolutton  ,  & 
qui  donne  de  la  couleur  à  la  liqueur  »  eft  la  vraie 
platine ,  ou  la  fubdance  ferrugineufe  qui  y  étoit 
mêlée  I  puifque»  dans  une  expérience  précéiente^ 
Ccccc  îj 


75<$ 


PL  A 


après  que  les  parties  les  plus  folubles  du  miné- 
ral eurent  été  extraites  par  Teau  régale  ^  le  ref- 
tant  y  dlflbus  dans  de  nouvelle  eau  régale  >  a 
paru  complètement  précipité  par  Tétain  ,  la  li- 
queur fe  trouvant  parfaitement  fans  couleur. 

La  folution  d'étain  mêlée  avec  de  la  folution 
commune  de  platine  ^  a  paru  produire  à-peu-près 
le  même  effet  que  Tétain  en  fubftance  ;  c'eft-à- 
dire ,  qu'il  fe  précipita  d'une  poudre  obfcure  d'un 
orangé  rougeatre  >  parce  qu  une  portion  de  la 
platine ,  ou  fon  fer  ,  demeura  diflous  de  façon  à 
donner  une  haute  couleur  à  la  menArue* 


IX.  Eau  régate: 

Mercure  : 
Platine  z 


Le  mercure  y  qui ,  à  ce  qu'on  prétend ,  ne  pré- 
cipite de  l'eau  régale  aucun  des  corps  métalliques 
communs ,  excepté  l'or  »  étant  mis  dans  une  folu- 
tion délayée  de  platine ,  a  paru  être  rongé  en 
peu  de  temps,  &  ne  plus  couler  facilement* 

Bientôt  après  il  parut  couvert  d'une  madère 

Emdreufe  gûiàtre,  qui  fut  prife  d'abord  pour 
re  un  précipité  de  la  platliio  ;  mais  bientôt 
après  on  trouva  que  ce  n'étoit  qu'une  portion 
du  mercure ,  corrodée  :  en  y  appliquant  une  cha- 
Isur  modérée  ,  tout  le  vif  *  argent ,  dont  la  quan- 
tité étoit  fort  confidérable  ,  fu^  diffous  »  fans  qu'il 
eût  aucune  précipitation  de  la  platine. 
Cette  folution  des  deux  métaux  étant  évapo- 
rée un  peu  ,  de  façon  à  la  difpofcr  à  brancher , 
donna  des  çryftaux  qui  n*étoient  point  du  tout 
femblaklcs  à  ceux  de  la  platine  »  mais  en  forme 
d'aiguilles  ,  d'une  couleur  jaunâtre  à  l'extérieur; 
les  cryftaux ,  légèrement  lavés  avec  de  l'cfprit  de 
vin  de  preuve ,  devinrent  fans  couleur  :  expofés 
QU  feu,  ils  jcnèrent  des  vapeuri  blanches  trè$- 
copieufes,  avec  un  fifflement  ou  craquement  , 
&  laiflcrent  une  quantité  fort  petite  d'une  pou- 
dre rougeatre,  donnant  une  teinture  rouge  matte 
à  de  la  terre  à  pipe  qui  fervoit  pour  le  vaif- 
ieau* 


Les  cryftaux  pofés  fur  le  marbre ,  &  chauffSs 
à  une  chaleur  rouge  ou  prefque  rouge ,  hiî  don- 
nèrent à  peine  aucune  teinture  &  n'altérèrent 
point  fon  poU. 

11  paroît,  par  cette  expérience ,  que  l'eau  régale 
fcturée  de  platine  efl  capable  de  diffoudre  une 
quantité  confidérable  de  mercure ,  &  que  ,  dans 
la  cryflallifaticn ,  une  grande  partie  du  mercure 
poufTe  Tes  cryftaux  avant  la  platine. 

J'ai  ajouté  à  une  autre  quantité  de  foîuticn  de 
platine,  plus  de  vif- argent  cw'elle  n'étoit  capa- 
ble d'en  faiTir.  ^ 


^L  A 

La  platine  alors  tomba  peu-à-pea  JpvBu  k 
mercure  no^  diflbus  ,  fous  la  forme  draoe  ma- 
tière brunâtre  foncée ,  laj^t  la  liqueur  fort  pci 
colorée. 

Donc  la  platine  s'accorde  avec  l'or,  en  ce  qa*èUe 
a  moins  d'affinité  avec  l'eau  régale  que  le  mer- 
cure n'en  a  ,  quoiqu'elle  diffère  dans  fon  affinité 
avec  le  mercure,  l'or,  dans  cette  précipiutîon , 
s'unifTant  avec  le  mercure  pour  former  un  amal- 
game y  au  lieu  que  ki  platine  demeure  en  une  pou- 
dre bien  difllnâe. 

Cette  obfervation  explique  un  phénomène  y 
que  Marggraf  a  remarqué  dans  rexpèrience  fuî- 

vante. 

Une  demi-once  de  vif-  argent  &  une  once  de 
folution  de  platine  étant  agités  enfemble  «  le  mer» 
cure  a  coulé  lentement ,  6l  bientôt  après  11  s'eS 
dépofé  au  fond  une  ceruine  quantité  de  poudre 
bhtnche  tirant  fur  le  jaune.  Ayant  mis  digérer  la 
folution  ,  elle  a  paru  un  peu  verdâtre  le  lende* 
main. 

La  dteeAion  fut  continuée  un  jour  de  plus  » 
&  le  mélange  délayé  avec  de  Xfi^u  ;  la  Uquev 
claire  ayant  été  décantée  ,  la  matière  qui  éioit 
au  fond  fut  entièrement  édulcorée  ^  &  la  pondit 
blanche  jaunâtre  fut  emportée  hors  du  mercure  p 
&  mlfe  fécher. 

Le  mercure ,  qui  n^avoit  pas  été  corrodé  ,  n*i^ 
toit  point  de  la  nature  d  un  amalgame  ,  mais 
coula  affez.  Hbrement  :  étant  diftillé  dans  une 
retorte ,  il  bifTa  après  lui  un  grain  métallique  fi 
petit ,  que  fon  apparence  ne  pouvoir  pas  être 
bien  difiinguée  fans  le  fiscoucs  d'un  microfcope  > 
qui  le  fit  voir  jaune. 

La  poudre  blanche  étant  mife  fublîmcr  dans 
une  autre  petite  retorte ,  donna  un  fublimé  d'une 
couleur  jaune  rougeatre  dans  la  partie  la  pins  ^ 
bafle ,  &  plus  blanc  au-defTus.  Il  reita  un  peu  de 
matière  grife ,  qui,  étant  preffée  »  rcflembloit  à  im 
amalgame.  11  e/l  à  remarquer  que  le  mercure 
avolt  fupporté  ici  un  feu  très-fort,  qui  avoit  fait 
fondre  tout  le  ventre  de  la  retorte ,  fans  cepeo* 
dant  y  faire  aucun  trou. 

Il  efl  probable  que  U  petit  grain  jaune  fut 
étoit  reflé  après  la  dlAlllation  du  mercure  non 
corrodé  ,  étoit  une  particule  d'or  ,  qui  s'étoit 
trouvée  dans  la  platine  ;  &  conformèoBont  à  la 
remarque  piécédente,  la  platine  &  l'or  ,  difTons 
enfemble  dans  l'eau  régale ,  peuvent  en  être  fé- 
parés  fur  ce  principe,  l'or  étant  imbibé  par  le 
mercure ,  tandis  que  la  platine  eft  précipitée  en 
poudre  ,  que  l'on  peut  féparer  d'avec  Tama^gaffle 
par  la  lotion. 

Une  folution  de  mercure  dans  l'eau  forte  a 
rendu  trouble  ,  à  Tinflant ,  la  folution  do  platine  » 
&  a  précipité  une  poudre  brune  grifârre.  La  fo- 
lution de  mercure  (ublimé  dans  de  Te^iu  ,  verfce 
fur  une  folution  de  platine  ,  a    préc  ptté   une 


\ 


PL  A 

Aatlëre  rouge  avec  nombre  de  ptnîcules  bril- 
lantes &  éïincelantes  ,  la  liqueur  continuant  tou- 
jours d'être  jaune  :  le  précipité  a  réfiflé  à 
la  lotion  avec  de  Tcau  ,  fans  perdre  Ûl  couleur 


?  L  A 


757 


rouge. 


X,  VEau  rigaU  : 
Le  Nickel  t 
La  Planne^ 


Marggraf  rap|ione  qu'un  morceau  de  régule 
pur  dsî  cobalt ,  ou  lobaiJ'fperfi  ,  tiré  des  Manu* 
K  faâures  d*azur  à  Schnéeberg  en  Saxe ,  après  avoir 
^ été  fondu  piulleurs  fois  avec  du  verre,  jufqua 
ce  qu'on  en  eût  extrait  toute  fa  matière  colo- 
ranre  en  bleu  ,  fut  ^rompiement  attaqué  par 
la  {ûlurion  de  platine  ;  le  régula  perdtt  fon  bril- 
lant &  d<;vim  noir  :  il  fe  prtcipjia  une  poudre 
faunàtre»  6c  la  liqueur  [arut  V4:rdatie. 

La  fubflance  qui  fit  précipiter  ki  la  platine  , 
&  qui  communiqua  une  coylcur  verte  à  la  li-* 
queur ,  avoit  été  ,  à  ce  que  j'ai  appris ,  un  corps 
met îllique,  appelle  nickJ ^  découvert  &  décrit 
par  M.  Cronitedt  dans  ks  Tranfaftlons  Sucdo}fts 
pour  les  années  175  r  &  i754t  dont  un  des  ca- 
raflères  eft  de  fc  diAToudre  en  \ert  dans  l'eau 
régale  ^  au  lieu  que  le  régule  de  cobalt ,  ainfi 
nommé  ilriâemcnt»  donne  une  folution  rougeà- 
Irc, 

M,  Crorftedt  remarque  que  le  cobalt  contient 
en  général,  outre  (on  propre  régule,  ou  le  mè* 
tal  qui  donne  un  verre  bleu  ,  une  quantité  de 
nickel  &    de    bifmuth  ;  que   le  fpeïfe  ou    métal 

Î|ut  fe  fépare  au  fond  du  pot  à  tondre  ,  en  fai- 
ant  le  verre  bleu ,  efl  compofé  en  général  de 
tous  les  trois  métaux  ;  le  régule  de  cobalt  &  le 
bifmuth,  qui  par  eux-mêmes  fontoppofés  à  toute 
iinton  de  Tun  avec  l'autr^.^  étant  rendus  capa- 
bles de  fe  mêler  ,  par  rimervention  du  nkkei  : 
que  quand  on  refond  encore  ce  mélange  avec 
du  verre,  le  régule  de  cobalt  fe  vitrifie  le  pre* 
laicr  ;  le  nkkd  ,  qui  cfl  plus  difficile  à  calciner  ou  à 
vitrîâer  »  confervant  fa  forme  métallique  )ufqu  à 
la  fin.  ,- 

On  peut  donc  préfumer  que  les  opérations  ou 
a  padé  le  métal  de  Marggraf,  ont  Téparé  le  vrai 
régule  de  cobalt»  &  n'ont  laiifé  que  le   nukcL 


k 


XL  La  Pîmïnii 

UOr, 
é»  tEau  régale* 

ïarggraf  a  mis  une  plaque  d'or  fin  dans 

une  foîiition  ûturéc  de  pbtine ,  faite   ààn%  Teau 

régale,  5t  a   faît  d^gircr   le  tout   p^-ndart  qucî- 

ocf  jours  a  unt  cii^leur  modérée.  \Jo%  ne  ûit 


point  du  tout  attaqué,  &  il  ne  fe  fit  aucune 
précipitation  de  la  platine  ,  fi  ce  n'eil  qu'il  tomba 
au  fond  un  peu  de  poudre  GryflaUine  de  couleur 
orangée  obfcure  ,  que  la  folution  de  platine  au- 
roit  dépofé  toute  feule. 

Des  grains  plus  purs  de  platine  furent  traités 
de  la  même  manière  «  avec  une  folutîoa  faturée 
d'or  ;  révéncment  fiit  le  même  ;  Tacide  ne  fit 
voir  aucune  difpofition  à  quitter  Tun  ni  l'autre 
de  ces  métaux  pour  attaquer  l'autre  ;  de  forte 
que  fon  affinité  avec  tous  les  deux  femble  être 
égale. 

JVi  fondu  les  deux  métaux  enfemble  ^  &  mît 
digérer  le  compofé  dans  de  Tcau  régale  ;  la  menf- 
true  les  a  difTous  tous  les  deux  ,  mais  lor  bien 
plus  volontiers  ;  car  b  première  portion  de  la  îi- 
qucur  n'ayant  pas  été  fufBfante  pour  diffoudre 
toute  la  maffe  ,  &  le  rcfle  étant  mis  en  digef- 
tioo  dans  de  nouvelle  eau  régale  ,  la  première 
folution  fe  trouva  avoir  la  plus  grande  propor* 
tion  d'or  j  la  féconde  Teut  de  platine. 

Quand  la  quantité  d'or  fut  a/Tcz  forte  pour 
donner  au  mélange  un  peu  de  la  couleur  d'or  « 
l'acide  rendit  bieuiot  les  pUques  blanches  ,  en 
rongeant  For  le  premier.  Jai  mêlé  pareillement 
enfemble  des  fol u dons  des  deux  métaux  ^  d*  je 
n'ai  pas  remarqué  qii^d  s'enfuivit  aucun  épaiflj/Tc- 
mcnt  ni  précipitation  ,  quoique  M,  Marggraf  a 
trouvé,  en  répétant  l'expérience  ,  un  précipité  de 
couleur  orangée,  tirant  fur  le  rouge  :  à  cet  égard 
il  peut  arriver  des  variations ,  par  la  nature  de 
Feau  régale  dont  on  fe  fcrt  ,  comme  par  une 
furdofe  de  fcl  ammoniac  dans  l'eau  régale  d^ns 
laquelle  on  dilTout  l'or  ;  car  le  fel  ammoni  c  ,^ 
comme  on-  l'a  vu  ci-devant ,  cft  fuffifant  tout 
fcul  pour  précipiter  une  partie  de  la  platine. 

Quoique  je  n'aie  pu  appercevolr  aucune  fé- 
paration  en  mêlant  les  deux  fokuions ,  cepen- 
dant ,  en  délayant  le  mélange  avec  de  l'eau ,  fie 
le  biffant  repofer  quelques  jours,  il  fe  forma  à 
fa  furface  une  pellicule  brillante  de  couleur  d'or: 
je  n'aiTurerai  pourtant  pas  que  cette  pellicule  foit 
due  à  l'adion  de  la  platine  ;  car  j'ai  vij  une  fé- 
paration  des  folutions  délayées  d'or  feuL 

Tai  fait  évaporer  un  peu  nî\  autre  mélange 
de  folutions  d'or  &  de  platine,  de  façon  à  les 
difpofcr  à  pouffer  :  d'abord  il  a  doni^é  de  beaux 
cryflaux  rouges ,  qui  paroiffoient  contenir  fur- 
tout  de  l'or  avec  bien  peu  de  platine  ;  &  cnfuiie 
des  cryfiiux  de  couleur  de  fafrao  foncé,  dan» 
kfquels  la  platine  dominoit  vifiblcment. 

XIL  La  Platine:  tArgint,  &  Us  acides. 

La  phfîiîe,  digérée  dans  une  folution  d'argent 
faite  datis  l'eau  forte,  n'en  reçut  aucune  altéra- 
tiou  du  tout  j  &  on  devoit  bien  s'y  attendre  , 


758 


P  L  A 


puifque  lï  pUttnc  n'eft  pas  foluble  dtns  Tacidc 
îeul  par  ce  traitement. 

Une  plaque  cl  argent ,  digérée  dans  une  foltition 
de  platine,  tn  fut  fortement  attaquée.  Il  fe  fixa 
fur  Tareent  une  chaux  blanche  qui  i'incrufta  par- 
tout ;  oc  la  plaque  fut  rongée  de  minière  à  de- 
venir friable  entre  les  doigts,  quoique  b  liqueur 
continuât  toujours  à  être  d'une  belle  couleur 
dor. 

Cette  expérience  eft  de  M,  Mirggraf  :  elle  fem- 
ble  montrer  que  rargent  abforbe  Tacide  marin  de 
la  foluuon  de  platine»  &  que  la  platine  demeure 
diffout'e  dans  Tacide  nitrenx  ;  car  fi  quelque  por- 
tion de  la  platine  s'é^oit  précipitée  ,  on  peut  prè- 
fumer  que  la  chaux  n'auroit  pas  été  bUnche* 

Il  trouva  cependant  que  quand  l'argent  fut  dîf 
fous  par  av.mce,  dans  des  acides»  foït  nitrjux , 
foit  vitrio'iques ,  il  occafionna  pour  lors  une  pré- 
cipitation de  la  platine  ;  car  en  mêlant  ces  fo- 
lutions  avec  une  lolution  de  platine  ,  il  tomba 
un  précipité  rouge. 

XIIL  Platine,  Plomb  ^  &  Us  acides^ 

Des  plaques  minces  de  plomb ,  mifes  dans  une 
folation  de  plarine  »  font  bientôt  rongés  ,  Ôc  iï  fe 
forme  au  fond  des  cry^aux  blancs  entremêlés 
d'une  matière  noirâtre  ,  la  liqueur  demeurant 
jaune. 

Lef  cryftaux  fe  diffolvent  dans  Teau  ,  laiOant 

la  poudre  noirâtre  qui  paroit  être  de  la  platine. 
Marggraf  »  de  qui  cette  expérience  efl  tirée  ,  a 
c^ayé  auiïl  des  folutions  de  plomb ,  faîtes  dans 
1  eau* forte  &  dans  du  vinaigre  de  vin  diâUlé  ; 
&.  il  rapporte  qu'en  mêlant  ces  folutions  avec 
de  la  folution  de  platine,  il  n'en  eft  point  ré- 
futté  de  précipitation  ^  phénomène  qui  n'efl  pas 
peu  remarquable,  parce  que  ici  folutions  du  plomb , 
lattes  dans  lune  ou  rautre  des  msnftrues  ci- 
deifus ,  font  en  général  précipitées  par  Tcau  ré- 
gale, ou  par  les  liqueurs  qui  contiennent  de  la- 
dde  marin. 

S'il  n'y  a  point  eu  d'erreur  ni  de  tromperie 
dans  ces  expériences ,  on  en  doit  conclure  qtte 
Tadde  marin  a  plus  d'atHnité  avec  la  platine  j 
qull  n'en  a  avec  le  plomb  ;  mais  che^  moi  le 
fuccés  a  été  différent. 

Une  folution  de  plomb  dans  Teau-forte,  & 
une  folution  dans  Feau  di^ilée  de  fucre  de  fa- 
turne  cryftallifé ,  que  j'avois  préparé  moi-mcme  » 
ayant  été  verfées  fur  des  portions  i^parées  de 
{olution  de  platine  ,  les  premières  gouttes  ne  pro- 
duiiircnt  point  de  changement  apparent  ;  mais  en 
coniiouant  d'ajouter  davantage  des  folutions  de 
pltjmb  »  les  deux  mélanges  devinrent  troubles  Se 
lai  eux,  &  expoférent  ptomptement  des  précipi- 
tés blancs  fort  abondais ,  les  liqueurs  raflant  tou- 


P  L  A 

jours  jaunes  «  comme   des  folutions  dé1iyé«i  & 
platine.  Je    répétai    trois     ou    quatre    fois    Ttt- 
érience  avec  différentes  folutions  de  plaiinc  «  & 
es  appétences  furent  toujours  les  mêmes. 


c 


XIV.  Is  PUîiru^  U  régule   d'Antlmomt  &  f£« 

régale. 


M.  Marggraf  a  trouvé  qu'un  morceau  de  fé- 
cule pur  d'antimoine,  digéré  dans  une  foluôoii 
de  platine»  fui  attaqué  par  Tacide.  Il  fe  prèopta 
au  fond  beaucoup  de  poudre  blanche ,  qui  ùm 
doute  étoit  ,  pour  la  plus  grande  partie ,  un 
de  régule  rongé. 

Le  refle  |iu  régule  fut  réduit  en  petites  p; 
brîllanies  ,  8c   parut  être  mêlé  de    platine 
pitée«  La  liqueur  continua  à  être  jaune* 


I 


XV.  La  Platine  i  le  Sifmutk^  &  Us  a^idu* 

L'Auteur  qu'on  vient  de  citer  rapporte ,  qiilM 
digérant  du  bifmuth  dans  une  folution  de  pla- 
tiné, l'effet  fut  à-peu-prés  le  même  qu'avec  te 
régule  d*antimoine  ;  que  le  bîfmuht  parut  rongé, 
qu'il  tomba  au  fond  une  poudre  blanche,  &qoe 
ta  liqueur  continua  à  être  jaune:  il  dit  autlj  qu*iuic 
folution  de  bifmuth  dans  Teau-^orte  »  étant  mêlée 
avec  une  folution  de  platine  ^  il  ne  fe  fit  p^ 
de  précipitation. 

De  la  manurt  de  dljlinguer  6^  de  purlferfOrf  fënU 
il  fe  trouve  mile  de  Platint. 

Nous  avons  enfin  terminé  reramcn  des  pro- 
priétés de  ce  nouveau  mèul ,  &  de  fes  rappocis 
avec  le5  aunes  corps.^ 

Un  des  avantages  les  plus  imponans  qu'ot 
s'attendoit  voir  réîulter  de  ces  recherches ,  coo- 
fidéré  du  côté  du  commerce  ,  étoit  de  coû&f* 
ver  la  fineffe  &  la  valeur  de  Tor ,  ou  d'eœpê* 
cher  qu'on  ne  Taliérât  frauduleafemem ,  en  y 
mêlant  un  corps  qui  pofTéde  tant  des  caraôerei 
qui  ont  été  regardés  univerfelîement  comtne  40 
carafèéres  particuliers  &  tnimitables  de  ce 
précieux. 

On  a  obtenu  cet  avantage  de  la  manière  h 
plus  complette  qu'on  pouvoit  k  fouhaiter  ;  poifr 
qurtes  expériences  ont  indiqué  différens  moycal 
p^r  lefqueîs  on  peut  aifément  diflinguer  de  pc* 
tites  proportions  de  platine  mêlées  avec  Toi  «os 
de  petites  proportions  d*or  mêlées  avec  la  ptitine; 
&  par  iefquds  on  peut  facilement  fêparer  tes 
deux  métaux  lun  de  l'autre ,  quelque  bien  «è- 
lés  qu'ils  foient ,  foit  pour  rclTai  ,  feuli 
ou  même  en  grand  au  hefoin* 


P  L  A 

11  fera  utile  de  raffcmblcr  Ici  les  principaux  de 

CCS  moyens ,  ^   de  les  confidêrer   plus  partitu- 

lîérement»  par  rapport  à  leur  ufagc  Ôt  à  leur  ap- 

.plication  dans  la  pratL(|ue* 


p  L  A 


759 


Amalgamation  avec  le  mircurt. 


&  rèdu 


r 

■  Dans  une  expérience  qui  a  été  rapportée  dans 
^la  dernière   Seftion  »  ci-devant,  un  mélarge  de 

platine  &  d*or  étant  uni  avec  du  mercure,  & 
KjVinalgame  étant  broyé  avec  de  Teau  pendant  un 
Ktemps    confidèrablc  ,  la  platine  fut  rejetée  par  le 

irif-arg^nt ,  cnais  il  retînt  Tor. 

ICe  procédé  fimple  &  convenable  dans  Texécti- 
tîon.  ^Raccompagné  de  quelques  incertitudes  par 
tapport  à  Ton  eATei ,  qui  le  rend  d'un  ufage  moins 
fierai  ,  qu'il  ne  pouvoit  d'abord  promettre  d^é* 
irc*  Des  répétitions  He  cette  cipérience  ,  ont  fait 
"Voit  que  ,  quoique  la  féparation  f^;  faflTc  dans  cer- 
tain cas  ,  elle  ne  fe  fait  pas  parfaitement  dins 
fous  ;  que  s'il  y  a  quelque  particule  de  platine 
qui  ne  foit  pas  pleinement  diffoute  par  for ,  ce 
qui  arrivera  communément ,  i  moins  que  la  quan- 
tité d'or  ne  foit  trots  ou  quatre  fois  plus  grande 
Pque  celle  de  la  platine  >  Si  que  le  tisétange  ne 
ioit  fondu  avec  un  feu  violcit ,  cette  partie  de- 
meurera  dans  Tamalgame ,  non  diiîoute  par  le 
fnercuse ,  ni  broyée  par  le  pîlon  ,  Sl  trop  pefante 
pour  être  entraînée  fous  fa  forme  groflicre* 

Divers  mélanges  de  platire  &  d'or  ont  été  trai- 
tés de  la  manière  ci-deitus  décrite,  8c  For  recoa- 
"wrà  deramalgamc,  fut  foumis  à  d'autres  examtns 
tikérieurs. 

Quand  la  proportion  de  platine  éto'f  gî'ande 
d^abord  ,  le  microfcope  dècouvroîi  picfque  lou 
îours  qu'après  Tévaporation  du  mercure  ,  il  en 
refloit  quelques  grains  avec  la  maiTe  fpongieuft 
flW  ;  &  même,  quand  Tor  avoit  été  fondu  &l 
rendu  afftz  fluide  pour  être  verfè  dans  un  moule, 
fai  qitelquefots  vu  des  grains  dtUlnéls  de  platine 
À  la  fra^flrtre  du  lingot  :  quand  la  proportii»n  de 
platine  avoir  été  petite  ,  Tor  recouvré  fe  trouvoit 
fréquimmcnt  pur,  mais  pas  toujours. 

Il  paroît  donc  que,  quoique  le  mercure  ait  une 
plus  grande  affirjlté  avec  Tor  qu'avec  la  platine  , 
et  que  la  plaîine  ,  d'après  ce  ptincrpe  ,  foit  ca- 
pable d'être  féparée  d'avec  Tor  ,  le  procédé  eft 
cependant  trop  vague  Sl  trop  incertain  pour  être 
applicable  par  manière  d'eiTai  ;  d^aurant  que  nous 
ne  pouvons  pas  avoir  de  point  fixe  poi:r  le  dif- 
continuer,  &  que  nous  ne  pouvons  jamais  être 
fûrs ,  fans  faire  un  autre  eff'ai ,  fi  toute  ia  platine 
aéré  féparée  ou  non* 

Cependant ,  lorfque  les  quantités  rie  platine  & 
d'or  i  féparer  font  grandes,  ce  moyen  peut  erre 
utile  ,  comme  opération  préparatoire  ;  puifquc 
FoD  peut  par-làdétacber,  lans  beaucoup  d'embar* 


rast  U  plus  forte  partie  de  la  p^aùne  ^  ô£  réduire 
for  dans  un  plus  petit  efpacc»  de  façon  qu  il  puiffe 
commodément  être  fournis  à  urie  purification  ul- 
térieure ,  par  la  méthode  que  nous  indiquerons  ci- 
après. 

On  peut  confidérer  ce  procédé  »  comme  répon- 
dant au  même  but ,  par  rapport  aux  mélanges  d*or 
Sl  de  platine ,  que  le  broiement  &  le  lavage  de 
la  mine  métallique,  qui  ne  peut  pas  être  réduite 
en  mèul  pur  avantagcufement  dans  le  fourntau  , 
que  Ton  n*en  ait  préablement  féparè  une  grande 
partie  de  îa  matière  tcrreflre  ou  pierreufe  \  au 
moyen  de  Teau. 

Pour  apurer  le  fuccès  ,  on  doit  rédujre  le 
mistte  ,  Vil  efl  affez  friable  pour  être  pulvênfé  , 
en  une  poudre  irès<iine  ,  dans  des  moulins  à 
broyer  ,  ou  dans  un  mortier  de  fer  ;  on  ptut  en- 
core faciliter  la  pulvérifation  ,  par  le  moyen  de  la 
chaleur  «  parce  que  les  grains  de  platine  feuls ,  & 
leur  mélange  avec  d'autrtis  métaux  ,  font  infini- 
ment plus  fragiles  quand  ils  font  chauds  ,  que 
quind  ÎU  font  tVoids  ;  ou  bien ,  ce  qui  efî  en- 
core mieux  Se  plus  facile  ,  on  peut  fondre  le 
miïte  avec  une  quantité  convenable  de  plomb 
Si  foumettre  ce  compofé  à  la  trituration  avec  le 
mercure  Si  ce  qu*on  dît  c/l  vrai ,  qu'on  a  négligé 
certaines  mines  d'or  comme  iniraiiabics ,  à  caufe 
de  la  platine  qu'elles  contenaient ,  ce  dernier  pro* 
cédé  pouiroit  devenir  d'une  pratique  très-impor- 
tante 6l  crès-a^antageufe. 

Précipitation,  par  Us  alkdts  fixes  végétaux* 

Comme  les  fels  alkalîs  fixjs  font  précipiter  l'or 
en  totatiié  ,  6t  la  pUtine  feulement  en  partie  ,  fie 
qu'une  petite  ponîon  de  plaijne  redante  en  dif- 
folution  ,  fuffit  pour  donner  une  couleur  jaune  à 
une  quantité  très  conftdérable  dujiuide ,  on  pré- 
fumoit  qu'une  petite  dofe  de  platine  ,  mêlée  avec 
l'c  r  ,  pouvoit  ailement  fe  découvrir  par  ce 
moyen. 

On  a  donc  mêlé  quelques  gouttes  d*ane  diffo- 
lution  de  p  atine ,  avec  plus  de  cent  fois  autant 
d'une  folutlon  dW  ,  ôc  on  y  a  ajouté  par  degrés  un 
fet  alkali  pur  ,  auilt  long- temps  qu'il  y  a  caufé 
quelque  cflfcrvefccnce  ou  préci^juati on,  La  liqueur 
reilame  étoit  encore  fi  juine  ,  que  Ton  jugea 
que  la  platine  fe  feroir  décelée  elle-même,  quand 
même  fa  proportion  auroit  été  moindre  qu'une 
mil  ièms  partie  de  celle  de  Tor* 

On  peut  obferver  que ,  quoiqu*il  foit  ordinaire 
de  délayer  les  folutions  métalliques  aflTcz  abon- 
damment avec  de  Teau  ,  pour  les  iprécipiter  ;  ce^- 
pendanr  ,  comme  nous  n'avons  ici  bcfoin  que  de 
voir  (i  la  liqueur  confervc  encore  de  l.i  couleur 
après  que  le  précipité  cft  entièrement  dépofé  ^ 
moins  k  liqueur  eii   dHayce,  pins  oo  fera  eu 


P  L  A 

ètn  de  diftinguer  une  plus  petite  quantité  de  ma* 
ticre  colorante. 

On  a  objefté  contre  rexpériencc  ci-deflus  , 
que  ,  quoiqu'on  pulfTe  découvrir  la  platine  quand 
elle  cft  ainfi  mclée  fuperficieUement  avec  l'or , 
elle  pourroit  cependant  éluder  cette  forte  d'effai  , 
quand  clic  y  eil  combinée  plus  intimement  par 
la  fufton. 

On  a  donc  prU  des  mélanges  d*or  avec  de  pe- 
tites proportions  de  platine  ;  on  les  a  tenus  en 
fufion  pendant  plufieurs  heures.  Se  enfuite  on 
les  a  dilTous  dans  Teau  régale. 

Les  folutions  furent  délayées  confidérablement 
avec  de  l'eau ,  &  on  y  ajouta  peu-à-peu  d*une 
{blutian  de  fcl  alkali  nxe  pur«  tant  qu'on  y  a 
appcfçu  de  rcffjrvefcence  ou  de  répaiiliffe- 
ment* 

Les  liqueurs  fc  font  trouvées  plus  pâles  ,  que 
quand  on  avoit  dilîous  les  deux  métaux  féparé* 
ment  ,  miis  elles  conferv^iem  aflez  de  couleur 
pour  annoncer  la  platine. 

Comme  le  degré  de  couleur  o'étoît  pas  fi  grand 
ici,  qu'on  auroit  pu  Fattcndre  de  la  quantité  de 
platine  ,  qu'on  ayoit  raifon  de  croire  que  le  mé- 
lange contcnoit  ,  j'ai  effayé  d'y  découvrir  la 
platine  par  quelque  caraâére  plus  viûble. 

J'aî  mîi  quelques  plaques  d'étain  pur  dans  tes 
liqueurs  filtrées  i  l'étaîn  prit  auiîi  tôt  une  couleur 
d'olive  ,  6l  dépofa  une  quantité  abondante  de 
précipité  brunâtre  #  comme  il  a  coutume  de 
taire  des  folutions  communes  de  platine  :  il  étoit 
remarquable  que  fouvent  les  plaques  recevoient 
une  altération  fenfible  »  même  quiod  la  liqueur 
étoit  fur  chargée  de  fcl  alkal'* 

On  a  fuggérè  de  plus ,  que  puifque  les  fels  al- 
kalis  iixes  précipitent  une  portion  de  platine  auffi 
bien  que  l'or,  s'il  ny  a  que  cette  partie  mêlée 
avec  Tor,  ellj  réfiflera  à  cet  elTai ,  &  fera  encore 
rcjetîée  en  enbas  par  les  alkalis^  en  même-temps 
que  l'or  ,  d*avec  la  folution  du  compofé. 

Pour  déterminer  ce  point,  j'ai  fondu  avec  de 
Tor  un  précipité  de  platine  fait  par  ralkali  fixe  , 
&  je  les  ai  tenus  dans  une  forte  fufion  pendant 
une  heure  6c  demie,  lis  ont  paru  s'unir  plus  ai- 
fé aient  que  ne  fait  Tor  avec  la  platine  crue  ,  8c 
ont  formé  un  bouton  net  &  uni ,  qui  a  fouffert 
aiTt-T  bien  les  coups  de  marteau ,  s'eil  étendu  en 
une  plaque  mince  avant  que  de  fe  gercer  »  &  a 
paru  égal  8c  uniforme  en  dedans. 

Ce  compofé  ét^nt  diffous  dam  de  Teau  ré- 
gale f  fa  folution  délayée  dans  un  peu  d'eau,  8c 
une  folution  de  fel  alkati  6xe  y  étant  ajoutée 
j»ar  degrés ,  jufqu'à  ce  que  l'acide  en  fut  plus 
que  faturée,  la  liqueur  e(l  devenue,  non  pas  à  la 
la  vérité  fans  couleur ,  mais  fi  pâle,  qu'on  pouvoit 
à  peine  juger  qu'elle  contint  de  la  platine  :  ce- 
pendant, en  y  plongeant  quelques  bmes  d'étain  , 


p  L  A 

eltes  Arent  bientôt  connoitre  «  comme  dans  ta 
précédente  expérience  ,  qu'elle  coaienoii  une 
quantité  de  platine  fort  coofidérablc. 

Il  paroît  donc  que ,  dans  toutes  ces  cxpcriencci , 
la  platine  demeure  en  partie  di (Toute  dans  la  ti* 
queur  neutralifée  ;  &  que ,  d'après  ce  fondemeiif 
ou  en  peut  découvrir  de  petites  portions  mèto 
avec  For ,  foit  par  la  couleur  de  la  liqueur  après 
la  précipitation  avec  Talkali  ,  foie  d'une  manière 
encore  plus  fenfible  »  par  une  autre  préclpttatiofi 
de  plus  avec  Tétaiiu 

Dans  toutes  les  fxpériences  ci-deflfus  «  les  fo- 
lutions écoient  délayées  avec  de  l'eau  ;  ce  n*eS 
pas  qu'on  recommande'  cette  clrconflance  quaiit  , 
il  s'agit  d'examiner  Tor  aind ,  mais  cVlt  atiiiJ|H 
pouvoir  établir ,  aTec  plus  grande  certitude ,  I1b^^ 
lité  de  cette  forte  d*euai. 

Les  fels,  ou  les  efpi^ts  alkalis  Tolatils,  produi* 
fent  le«  mêmes  effets  que  les  alkalis  fixes  Cut  lei 
folutions  de  platine  ;  mais  leurs  e^ets ,  fur  les  Pv 
luttons  d'or ,  font  diflércnis  en  quelques  ciccouf* 
tances. 

Apres  que  Tacide  a  été  faturé  «  Se  que  toct 
Tor  eil  précipité»  fi  on  ajoute  encore  un  peu  d*it* 
kali  volatil  au-c^elà  de  ce  point*  U  redtflcNlt 
quelque  partie  de  Tor,  de  manière  que  la  liqueur 
redevient  encore  jaune  »  quoiqu'elle  ne  contienne 
plus  du  tout  de  platine,  Ceft  pourquoi ,  pour  faire 
eiTai  ,  il  ne  faut  fe  fervir  que  des  alkalis  fiies 
purs  ;  car  à  l'égard  de  ceux-ci ,  en  quelque  quio* 
tité  que  ce  foit  qu'on  en  ajoute  ,  on  n'a  jamais 
trouvé  qu'ils  ûfTent  diiToudre  de  nouveau  aa* 
cune  portion  de  l'or, 

Prédphaûon  par  ralkali  fixi  minéraL 

Les  alkalis  fixes  végétaux  ne  -fervent  que  poot 
diftinguer  s'il  y  a  de  l'or  mêlé  avec  la  pbtinç  ou 
non.  Ils  font  infuffifans  pour  la  purification  du 
métal  précieux  ,  parce  qu'ils  précipitent  toujours 
une  partie  de  la  platine  avec  l'or.  Il  o*en  tft  p»f 
de  même  de  l*alkali  minéral  ou  de  la  bafe  alki* 
fine  du  fel  marin. 

Quoique  cet  alkali  >  commme  il  paroi t  d'après 
les  expériences  de  Marggraf ,  précipite  auffi  bieil 
que  l'alkali  végétal  ,  tous  tes  corps  métalliques 
communs  ,  l'or ,  Targeni ,  le  cuivre  ,  le  fer ,  Té- 
tain  ,  le  plomb ,  le  linc ,  le  bifmuth  ^  le  régule 
d'antimoine  ^  le  cobalt ,  âcc.  cependant  il  ne  pro* 
duit,fur  la  folution  de  platine,  ni  précîpiratioo  i 
ni  épaifTiflement  ;  de  forte  que  quand  on  nik 
cet  alkali  avec  une  folution  d'or  qui  condeot  de 
la  platine.  For  fe  précipite,  &  loitte  U 
refte  dilToute, 

On  trouvera  dans  un  mutre  lieu  ,  la    mil 
d*extraire  cet  alkali  de  l'acide  avec  lequel 
uni  dans  le  fcl  mâtin ,  parce  que  cela  ioti 


I 


I 


P  L  A 

proit  trop  notre  Hiftolre  en  cet  endroit. 
*  On  trouve  Talkali  minéral  natif  eo  beaucoup 
d'endroits,  &  fur-t^ut  dans  les  pays  orientaux  » 
foit  dans  un  état  a  iTeï  pur,  Çok  mêlé  principalement 
avec  des  fubÛances  terreÔrcs  ,  d'oii  il  eft  aifé  de 
le  réparer  par  une  folution  dans  Teau.  M.  He* 
berdeiï  m*a  fait  le  plaifir  de  me  donner  une 
quantité  de  ce  fcl  natif  qui  lui  a  voit  été  envoyé 
de  Tenerîffe  ;  &  je  troove  qu'il  répond  à  Tin- 
teniion  ,  auïïi  efficacement  que  Talkali  extrait  du. 
fel  marin* 

La  foltitioiî  de  pîitine  a  fait  eflfervefcence 
avec  lui  :  dans  quelque  proportion  que  j*aye 
mêlé  cnfemble  la  folution  de  Pâîkali  &  de  la 
platine  ,  je  n*ai  jamais  pu  remarquer  la  moindre 
précipitation  ,  ni  le  moindre  nuage. 

On  obiicnt  un  fel  de  la  même  nature  ,  quoi- 
qu*en  général  mêlé  de  quelques  matières  faiines 
étrangères  ,  dts  cendres  de  certaines  plantes  , 
appelées  kali  ^  qui  ,  croiflant  fur-toHi  dans  les 
marais  falés  ou  lur  le  rivage  de  la  mer ,  s*y 
imbibent ,  à  ce  qu'on  fuppofc  ,  de  fel  marin  , 
&  font  décompofécs  ou  iont  féparées  de  leur 
acide  ,  en  panie  par  le  pouvoir  de  la  végéta- 
tion dans  la  plante  clle-mêm^  »  &  en  partie  en 
les  brûbnr, 

La  m  jilleure  cfpéce  de  ces  cendres  j  fe  pré- 
pare ,  dit-on  ,  à  Alicante  en  Efpagne  ,  avec  une 
pLnte  annuctle  tombante  ^  dont  ks  feuilles  font 
courtes  comme  la  joubarbe.  Les  cendres ,  qui 
font  une  des  cfpéces  communes  de  poraiTc  en 
France  »  &  qu  o:i  y  apptllc  (ôuIq  (/^i-j)  t  nous 
font  apportées  en  An^lett;rre  fous  ie  nom  de 
cendres  £Fff^u^ne  on  Ba  i^lia  ^  en  malTcs  dures 
&  fpongitfulcs  ,  en  parue  bla.ichiues  ou  grifes  , 
&C  en  partie  noirâtres. 

On  extrait  de  ces  ma(r;:s  la  partie  faline  pure 
en  les  pul^érifant  &  les  digérant  ciaus  de 
Fcau. 

Quoiqu'on  puîfTc  foupçonner  que  ce  fcl  ,  en 
vertu  de  ce  qu'il  contient  non  fcukment  la  kali 
minéral ,   mais  encore  une  partie  de  Talkalî   vé- 

fétal  ,  précTpiieroit  une  partie  de  la  platine  auïTi 
ien  que  Tor  ,  je  n*ai  pas  pu  trouver  que  U 
folution  de  plaiine  en  fouffrit  la  moindre  alté- 
ration f  pai  plus  que  des  alkalis  natifs  ou 
marins. 

Je  n*ai  pas  encore  eu  urte  expérience  directe 
jaifqu*OLi  ces  fels  peuvent  fnllire  pour  la  Dpar^- 
fion  parfaite  de  lor  &C  de  la  p1;iiine  ,  qui  ont 
été  intimement  incorpoîés  enfcmble  par  la  fu- 
fion  ;  mais  il  peut  être  à  pmnos  d  obrcrver  que, 
ouoiqu'cn  général  on  fuppote  que  Talkali  natif 
&  le  bariglia  conritnneni  un  peu  de  ft^l  marin 
dans  toute  leur  fuMlantc,  ce  qui  les  rend  peu 
propres  à  ccrt-Vms  uO^;',*  ,  ce  f^^l  ne  paroîi  ce- 
pendant ici  être  d'aucun,  défavant^^gc  ;  car  le 
fcl  marin  pur  n'a  point  occafionné  de  précipita* 
Mru  &  Métiers,   T«me  K  Paru  IL 


P  L  A 


761 


tîon  ou  d'épaiflilTement  dans  une    folution    de 
platine  ,  pas  plus  que  dans  une  folution  d'or* 

La  platine  qui  fut  employée  dans  ces  expé- 
riences ,  étoit  de  celle  qui  avoit  été  coupellée 
avec  du  plomb ,  &  cnfuite  pouiTée  à  des  feu« 
vifs  8c  réitérés. 


IV.  Prcclphéitlon  par  le  fet  ammoniac. 

Dans  les  deux  articles  précèdent  les  fcls  alka* 
Us  précipitent  Tor  &  laine  ni  la  platine  en  tota« 
licé  I  ou  du  moins  en  partie»  difî'outc  dans  la 
liqueur. 

Le  fel  ammoniac  produit  un  effet  contraire  , 

précipitant  une  grande  partie  de  la  platine  &  laif* 
fant  tout  Tor  diffout  ;  &  d*aprèi  ce  principe  on 
peut  découvrir  la  platine  dans  Tor  auÔî  fôrement 
6c  auffi  aifémcnt  que  par  Tautre, 

Le  métal  étant  diiTout  dans  Teau  régale,  ajou- 
tCE-y  un  peu  de  folution  de  fel  ammoniac  faite 
dans  de  l'eau.  Si  l'or  contient  de  la  platine  ,  la 
liqueur  dans  Tmf^ant  deviendra  trouble  ;  &  il  fe 
précipitera  bien  vtte  au  fond  un  beau  précipité 
jaune  ou  rougeâtre.  Si  for  eft  pur,  il  ne  fe  fera 
ni  précipitation  t  ni  aucun  changement  de  cranf- 
parcQce* 

V,  Séparation  par  4^s  Vqueurs  mfiammdlrhs. 

Les  efprîts  inflammables  qui  font  revivre  Tor 
de  fa  folution  fous  la  forme  d^  pellicules  jaa- 
nes ,  ne  produifent  aucune  aflion  fur  la  folution 
de  platine. 

Cette  expérience  produit  une  marque  certaine 
pour  d»<>ingucr  fi  Tor  a  été  faUihé  pir  la  pia- 
tine,  ou  fi  U  pUiine  contient  de  Tor  ;  c*eft  pa- 
reille ment  une  mcthode  inf^iilliblc  pour  recou- 
vrer l'or  dans  un  degré  de  pureté  parfaite. 

Si  on  dilTout  le  compof^  dans  »ie  l'eau  régale, 
U  folution  nulée  a*ec  deux  fois  la  qua/itîtcou 
mhmc  plus  d^tfprir  de-vin  reflific  ,  &  k  mélange 
éiant  I^tlfé  en  repos  quelques  jours  dans  ntx 
vaU  de  verre  légèrement  couvert  ^  IW  s'élève 
à  la  furfa^e  ,  6l  lal^e  la  platine  en  di^olu- 
tion,  * 

On  peut  ramarerjt's  pellicules  d'or,  en  vcr- 
fant  ic  tout  dans  un  nlrrr;  a(ïez  ^rand  ttjut  jurtc 
pour  le  confenir.  La  p'atine  diffbute  p.affcra  ;« 
t^rrs  ,  lanTant  l'or  lur  le  papier  ,  qu'il  faudra 
îaver  avec  de  nouvelles  portions  d*cau  chiucfc 
jufqu'à  ce  que  la  liqueur  c^wie  au  travers,  par, 
faltemcnt  fans  couleur,    • 

Alors  on  prefTera  enfemMe  tcs\Tt  le  pr^p  icr.  Se 
on  le  fera  brùicr  danf  un  ocufj:t  ,  qu*c  n  aura 
auparavant  bien  froué  cn-d^:dans  avec  de  la 
craje  ,  pour  empêcher  les  plu«  r>«jtîfes  panîculci 

Ddddd 


762 


P  L  A 


de  Tor  de  fc  loger  dins  les  e;iYités  ^  quand 
lonte  la  matière  aura  tout  àf^it  tombé  au 
fond  ^  on  y  ajoutera  un  peu  de  nitre  ,  & 
9n    augmenttra    le   feu    a^n   de   merrre   Tor  en 

Ce  procédé  cft  fuîvî  d'un  inconvénient  , 
cVft  la  lenteur  de  h  féparation  de  Tor  davec 
la  folution. 

On  peut ,  en  queltfue  forte,  accélérer  Topera- 
don  ^  en  y  employant  un  efprit  qui  ah  cfé  di{- 
tîllé  àt  fels  yégéraun  qui  donnent  une  huUe  ef- 
fenticlie. 

On  obtient  plus  prnmptcmsnt  le  même  réful- 

tat  avec  des  huiles  erïTentieUeft  pureSi  Le  métal 
qu*on  veut  examiner  étart  difTout  dans  ï*eau  ré- 

Î[ale  ,  ajoutez  k  fa  foktnon  environ  la  moitié  de 
a  quantiié  de  Quelque  huile  eiTenrielle  fans  cou- 
leur ;  sçitci  le  tout  enf^mble  ,  Scenfuiit;  laiS'ez- 
Je  repoler- 

L*hullc  morte  auflitot  à  la  furface  ,  emportant 
Tor  avec  elle  ,  âc  biffant  au-rclîous  la  platine 
dif^oute  dar.s  l'acide,  L*huile  chargée  d*or  par  oit 
dune  belle  couleur  jaune,  &  en  repofant  quel- 
qties  heur  s  ,  elle  feete  une  grande  partie  de  Ton 
métal  en  filaedr^s  brillantes  fur  les  côtés  du 
Vafc. 

On  peut ,  avant  que  cette  féparaîlon  ft  fa  Te  , 
féparcr  1  huile  d'avec  Tacide  ;  (ecoutx  bien  avec 
de  Teau  pour  entraîner  les  parties  de  la  platine 
qui  peuvent  y  être  adhérentes,  &  enfuite  remet- 
tez fur  le  feu  dans  un  creufer* 

Quand  le  tout  fira  bien  brûlé ,  vous  fonderez 
le  réfidv  avec  du  nirre  »  comme  dans  Tcxpè- 
rience  précédente.  Aprè^  la  féparation  de  T huile 
qu'on  a  voit  employé  d*abord  ,  il  fera  à-propoî* , 
pour  plus  de  fûretè,  d'en  ajouter  encore  un  peu  : 
elle  tmporteta  fans  y  man  [uer  ,  ï'or  ,  fuppofe 
qu*il  en  fût  reAé  quelque  portion  dans  1  a- 
cide. 

L'or  peut  s'enlever  encore  plus  promptement  , 
êi  peut  être  plus  parfaitement ,  par  le  Huide  fub- 
til  appelé  éïher  ou  efpritde-vin  éihéré  »  dont  on 
a  déjà  décrit  la  préparation  dans  rHiitoire  de 
Ter. 

Quoique  ce  fluide  foît  trop  coûteux  pour  être 
employé  à  la  purification  de  for  dans  la  vue  du 
commerce  ,  on  peut  s'en  fc^ir  pour  cflayer  l'or 
qu'on  foupçonne  d  être  altéré  avec  de  la  pla- 
tine. ^ 

En  effet ,  les  purifications  avec  les  efprits  vi- 
neux ordinaires  6l  avec  les  huiles  eiTentielks  , 
ne  doivent  pas  fe  recommander  au  rafineur  :  il 
fe  trouvera  beaucoup  mieux  pour  fon  protit  de 
la  méthode  qu'on  va  lui  Indiquer  dans  rarcicle 
fuivant. 


P  L  A 


V  I.  Priàpltûtlûn  pâ9  U  i^Urlot  vtn^ 

La  méthode  la  plut  efficace  8c  la  plus  avanta- 
ceufe  pour  purifier  Tor  des  corps  méulliques  qui 
fe  trouvent  con.munément  mêles  avec  lui ,  patot 
être  de  le  di^oudrc  d^ns  de  i'cau  rè^le ,  tk  de 
le  précipiter  avtx  une  grande  proporiiou  d'une 
foiutton  filtrée  de  vitriol  vcrr,  Heufcufemeni  le 
même  procédé  le  purifie  de  U  pta^irc,  la  f>!o- 
lion  virrioliquc  pécipitant  Tor  <Sl  laiiTant  U  pla- 
tine diflbuie. 

Apres  lien  des  répétitions  de  cette  expérienct 
avtc  des  mélanges  de  difiércmes  pi  oporti  laî  dft 
deui  métaux,  je  n'ai  j  mais  pu  trouver  qu'aa* 
aine  panie  de  platine  .  tt  été  précipitée  aVw*c  T'ir  , 
rï  qu*aucune  partie  de  Tor  foit  rtflée  diHou'e 
ivcc  la  p!a  ine, 

M.  Sib^ifer  ei!  le  premier  qui  ?it  découvert 
ctttc  propriéré  de  la  platine  ,  dz  n'ciiC  pas  préci- 
pitée par  le  virriol  vert,  &  h  corféquci' *,e  im* 
portante  de  ce  fait  ne  lui  a  ^  o^ot  é<.hapv^.  fl  pa- 
ru t  cependrint  penfer  que  U  précipitât  on  de  ror 
par  le  vitriol  ,  6i  le  lavage  parfait  du  p^écipifè 
dàn*i  de  l'eau  ,  ne  fuffil'ent  pas  pour  purtii.r  Côfli- 
ptétemcnt  Tor  de  la  p'^  i^c  ;  &.  confciUe  cocore 
une  autre  opérattOTi  ,  qui  eft  d'amalgamer  avec 
du  mercure  le  prévipiié  lavé  ;  procédé  qi  î  oe  0e 
paroit  point  à  moi  «  être  du  tout  néce^aire. 


Expémncis  fur  les  pjrilcuUs  jaunes  miUts  évu  là 

platine. 


Les  particules  jaunes  erUfemêlécs  d*?ns  la  pb* 
tine  »  telle  quVIle  nous  parvic  i ,  ont  été  ^nfci 
pour  de  Tor  ,  non-feulement  par  moi ,  mars  par 

tous  ceux  que  |e  fiche  qui  ort  examiné  ce  mé- 
tal t  excepté  firuUment  M.  Marggr^f,  qui  dit 
qL*eltes  reiïemblent  k  de  l'or  je  plus  an  ;  mais  il 
n'infiuuc  nulle  part  qu'elles  foient  de  Tor  ;  6t 
même  il  rapporic  quelqi.^s  expériences  qui  (cm- 
bient  prouver  qu'elles  n*êtoicnt  pas  ce  qu*elks 
paroiflbicnt  être. 

Il  a  verfé  ,  dans  un  vafe  à  départ,  de  Peati 
régale  îur  quelques-uns  de  ces  grains  jaunes  ,  flt 
les  a  mis  digérer  enfemb'e.  Mais  ciuotqu'U  ait  fait 
bouiDir  l*eau  régale  ,  les  grains  en  furent  peu  i^ 
fc^éî ,  la  U^uctir  recevant  à  peine  une  teinture 
JRune  ,  ôi  une  folution  d'étaîn  n'en  faifaut  ri 
précipiter. 

Ayant  trié  les  graîns  latines  d'un  peu  de  pUt^ 
qui  avoir  ét^  traitée  avec  larictic  ,    le  fd  iUm- 
brot ,  C  c.  Il  les  mêla  ,   leur  q  fantft^  ènw  (ort 
petite,  av:;      rf  dem -dragme  T^r  flftglh,  &  les 
coupeila  avtfp  le  plomb. 


I 


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P  L  A 

Le  procédé  fini,  le  bouton  renam  fc  trouva 
d*UJi  noir  grifâtre  ,  applaii ,  &  gerfé  fur  les  bords  , 
coinrQj&  ceux  qu*on  obtient  en  coupellant  la  pla- 
tine crue,  &  pefa  environ  un  demi-gralm  , 

Ce  petit  bouton  fyt  mis  fiw  une  nouvelle  cou- 
pelle  avec  un  grain  d*ûr  ijui  avait  été  féparé  de 
I*argent  ,  fit  vingt  grains  de  plomb  en  gre- 
naille. 

Après  Topération  il  eut  un  beau  bouton  d*or , 
cependant  encore  un  peu  plat ,  roulé  ,  Si  avec 
«ne  efpéce  de  réfeau  fur  la  fur  face ,  d'une  cou- 
leur comme  celle  de  Tor ,  m^is  plus  pâle  ,  pe* 
fant  exa&ment  deux  grains ,  dur  en  effet,  mais 
Cupportant  afTez  bien  d'être  réduit  en  une  pîa- 
que* 

Il  y  ajouta  quatre  grains  de  lame  d'argent  le 
plus  fin  iSc  vingt  grains  de  plomb  en  grenaille  ; 
6i  en  répétant  la  coupellaiiou ,  il  obtint  un  bou- 
ton qui  n éioic  pas  encore  loui-afait  rond  ,  6l  pe- 
fa nt  cinq  gmins^ 

Il  rapplaiif,  car  il  étoit  fort  malléable;  &  ef- 
£aya  de  le  dé  artir  avec  de  Tcau  forie  purifiée  , 
après  l'avoit  fait  rougir.  Miis  rcau- forte  ,   quoi- 

Î|ue   chauffée  jufqu*à    bouillir ,    n  agit    pas  fuffî- 
amtncnt  diffus  ;  cefl  pourquoi  il  en  vtrfa  Teau- 
tbrte»  6l  trouva  la  plaque  fort  peu  attaquée. 

Après  ravoir  lavé  pluficurs  fois  avec  de  iVau 
dldîUéc»  6t  l'ayant  tiit  chauffer  jufau'a  mugir  , 
il  pefoit  quatre  grains  ,  tk  fut  trouvé  c:^ffant  ;  a 
peine  avoit-il  un  œil  jaurâtre.  Il  y  ajouta  encore 
£x  grain>  d'argent  fin  avec  vingt  grain*  de  pïomb 
eo  grcnaiUe,  ik  le  repaffa  à  la  coupelle:  le  bou* 
ton  pefa  treize  forains  Si  conféquetnment  a  voit 
gagne  un  accroiCLment  de  troi>  grains, 

h  étoit  fort  malléable  ,  &  ay^int  été  applati  , 
mh  au  feu  ^ufqu'â  rougir  ,  &  digéré  dans  de  feau- 
forte  puiifiée  ;  Teau* forte  Tattjqua  vivement  , 
laiilant  quelques  paques  noires  »  ce  qui  étant  Livé 
â^  mis  chauffer  fous  une  moufEe  ,  parut  d'une 
belle  couleur  d'or  ,  &  pefa  un  grain, 

Djns  cette  dernière  expérience  ,  il  cft  proba- 
ble que  la  pctitetle  de  la  quatïtitc  de  matière  a 
occauonné  quelque  inéprik. 

Si  on  en  conclut  que  les  particules  jaunes 
n^étoient  pas  d'or ,  parce  qu'ion  a  retiré  for 
qui  a  été  mêlé  avec  elles  fans  aucun  accroiffc- 
ment  ;  il  faut  conclure  par  la  tnè  me  rai  Ton,  ou  que 
ce  n*étoit  pas  de  la  platine ,  ou  que  la  platine 
a  été  détruite  dans  la  coupellation  ou  diffoute  par 


p  L  A 


763 


K  IVau*  forte  pure. 


L'expérience  avec  Teau  régale  femblc  fu jette  à 
la  métne  difficulté  ;  car  fi  les  grains  faunes  n'é- 
taient pas  de  l'or  ,  pircc  qu'iU  ne  fc  font  pas  dif- 
Tous  danr  de  Feau  régale  ,  par  la  môme  taifon 
ce  n*étoit  pas  non  plus  de  la  pUtJte  »  ou  bien  la 
platine  ne  fe  diffout  pas  dans  Teau  régale. 

J'ai  dcja  fait  mention  d'^s  faits  qui  m'ont  fait 
croiie  précédemment  que  lc&  pirticul.s  jaunes  , 


mêlées  avec  la  platine^  étoîcm  réelletnent  de 
lor.  Fai  répété  depuis  ces  expériences  avec  le 
même  foccés  ;  &  j'en  ai  fait  une  autre ,  qui  peui^ 
être  fera  jugée  plus  décifive. 

J'ai  placé  fous  une  inouffle ,  dans  trois  vaif- 
feaux  à  fcorifier,  12  onces  ou  576e  grains  de 
platine  riche  en  particules  jaunes  \  je  les  ai  tenu 
à  une  chaleur  forte  &  rouge  pendant  deux  ou 
trois  heures  ,  afin  de  diffiper  tout  b  mercure  6l 
autre  matière  étrangère  dont  pou  voient  être  en- 
veloppés quelques-uns  de  ces  grains  jaunes. 

£n{uite  ayant  trié  toutes  les  particules  jaunes 
qu'on  pouvoit  dîAinguer  avec  une  abonne  loupe  , 
ce  qui  occupa  deux  perfonnes  pendant  fept  eu 
huit  heures  ,  leur  poids  fe  trouva  monter  a  47 
grains  :  il  y  en  avoit  de  jaunes  par- tout  ;  d'au- 
tres ne  fctoient  qu'en  partie  ,  &  du  rcfie  fcm- 
b  aMes  aux  grains  de  platine. 

J'ai  fournis  ces  particules  triées  à  la  coupella* 
ti^n  ,  avec  un  peu  plus  de  troi>  fois  leur  pefao* 
teur ,  c'eft-à'dire  »  avec  150  grains  de  plomb  , 
qui ,  en  ùx  cfTais  différens ,  a  voient  donné  une  por- 
tion d'argent  montant  à  une  95 ^î^  ou  une  9517* 
partie  de  fon  poids. 

La  ma  (Te  coupellée  fut  de  la  forme  d'un  harri- 
cor,  grife  ,  rabotcufe  »  caffante,  avec  une  cavité 
dans  la  p^triie  intérieure,  corrcrpondante  i  la 
forme  de  l'extérieur,  La  maffc  ayant  été  brifée 
ea  pièces ,  fut  mifc  fur  une  coupelle  nouvelle  , 
&  pouffée  à  un  feu  très-violent  pendant  cinq  ou 
fix  heures.  E  le  fe  trouva  moins  caffante  qu'au- 
paravant f  fe  lima  uniment ,  8c  parut  d'une  cou- 
leur jaunâtre  pâle. 

Enfuîte  ayant  mis  le  métal  digérer  ù.  bouillir 
avec  de  Tcau  régale  dans  un  Ûicon  de  Florence  , 
la  plus  grande  partie  fut  d  fT^ute,  Si  il  refluai 
fond  du  vai^eau  una  pettfe  quantité  de  poudre 
blanchâtre  >  qui  étoit  prubalkment  de  l'ar- 
gent. 

La  fûlution  de  couleur  d*or  étant  verfée  dans 
une  folution  de  viiiiol  vert ,  il  tcml  a  bientôt  ati 
fond  un  piccipité  f<^mblable  à  celui  de  Tor, 

Après  avoir  laiffé  ainfi  le  tout  jul'quVu  lendd* 
main  ^  afin  que  le  précipité  |,ût  fc  dépofcT  entiè- 
rement ,  on  décanta  la  plus  granule  partie  de  la 
liqueur,  &  le  rcile ,  avec  le  ptccipité  ,  fut  vcrfè 
fur  un  filtre. 

Quand  la  liqueur  eut  coulé  à  travers,  on  laTi 
la  poudre  qui  éioit   reliée  fur  le  filtre  >  avec  de 

nouvelles  portions  d'eau* 

QuanJ  le  tout  fut  fcc,  on  mit  le  filtre  avec  le 
précipité  dans  un  crcyf  t  d'eiïai  ^  3c  on  /cnrietînt 
à  une  chaieur  rouge ,  juTqu'à  ce  qu'un  ne  vit  plus 
de  lil««mmc  ni  de  ium^e. 

Alors  on  y  jeta  du  nitre  peu  à  peu  ;  d'jbord 
il  fe  lit  une  fulmirauon  ^é^ète  ;  à  !a  lorgac  le 
tout  latut  dâfis  une  iufion  tranquille  «    jC  étant 

DdJdd  il 


764 


P  L  A 


verfé  dans  un  moule  »  j'en  obtins  une  maffi  d'or 
pur,  haute  en  couleur,  malléable,  pefa^it  entre 
18  ou  19  grains. 

De  l'HiJtolre  minérale  de  la  platine. 

On  ne  fait  encore  rîen  de  certain  iar  Thiftoire 
minérale  de  ce  métal.  Quoiqu'il  foii  nouveau 
pour  rEurope ,  THiftoire  même  de  fa  découverte 
eft  auffi  obfcure  que  celle  des  métaux  de  lufage 
\i  plus  ancien  :  on  peut  préfumer  que  le  peu  da- 
vantage qui  promettoit  en  devoir,  réfulter  ^  canfe 
de  (on  difdut  de  fufibilité ,  Ta  fait  négliger  d'a- 
bopd  ;  &  que  les  intentions  frauduleufes  aux']ucl-  ' 
les  on  a  trouvé  enfuite  qu'il  fe  pouvoit  appli- 
quer ,  furent  caufe  qu*on  chercha  à  en  dérober  la 
connoiiTa  ice. 

Qu-lques-uns  prétendent  quî  la  platine  eft  une 
produflion  des  Indes  Orientales  auflfi  bien  que  de^ 
Indes  Occidentales  ;  &  que  fon  analogie  avec  For 
a  été  connue  audîd.-puis  un  temps  conddérabh  , 
dars  les  premières  j  au{Ii  bien  qu;?  dansjes  der- 
nières. 

Ce  qui  a  donné  lieu  à  ce  fo'ipçon  ,  t*eft  qu  • 
feu  M.  S'gravefende  ,  profciTtu.  ,  a  •oit  en  fa  pof- 
felTion  un  cor  js  métallique  fort  lourd ,  qu'on  ef- 
timoit  même  pli.s  pefant  que  Tor  ;  &  qu'on  f.ip- 
pofoit  être  un  mélange  d'or  &  d-  pliiine,  quj 
l'on  difoit  avoir  é.é  apporté  de  la  Chine  p.^r  les 
vâiffcaux  HolUndois  dcr  la  compagnie  ds  In  its 
Orientales  ,  &  y  avoir  été  venJu  à  un  prix  très- 
coiilidirab'e. 

Le  dt)if^eur  Brownrîeg  ra'app-end  cep^nda'  t  , 
qu'.iyant  fait  depuis  pju  des  recherches  en  H  ^1- 
h'-'^e  (\\r  cetti  fubft.mce ,  il  avoit  ppis  d.i  pro 
fflVeur  A'icmand  ,  que  c'cfl  à  ia  venté  un  mé- 
lange de  pl.itine  &  d*or  ;  miis  (jU'il  y  avoir  de 
rerreur  par  rapport  au  pay  d*où  il  étoif'  venu 
q:ii  l 'étnit  piî  les  Indes  Orientales,  mais  Ls  In- 
des Occidcniaies. 

Il  paroit  hors  de  doute  que  la  p'htine  qui  a 
été  apportée  en  Ano^ieterre  ell  du  produit  dc.^ 
Infle>  Occi<lcn:ales  E'p  ^ro'.es  ;  mais  li  s'en  faut 
bien  qu'on  cont.oiiTe  cl.iirjment  cans  qut.K  lieux 
paiiciliers  elle  vient,  ni  ft.us  qu'e.le  forme  on 
l'y  trouVv*. 

Q  .w^cju  suns  prétendent  qu'on  en  troi:ve  en 
grande  abon  lance  con-me  le  '*able  dans  ccrraines 
Tiv.è''<-S  de  11  province  de  Qujtr.  Une  perfonne 
qui  a  voy.igé  far  IvS  lieiix  m'a  app.is  qu'elle  ve- 
noit  de»  montagnes  près  de  Qviit© ,  ou  entre 
Quito  &  là  mer  du  Sud  ;  qu'une  grande  partie 
delà  terre  qui  «ft  au  pied  de  Cffs  montagnes  en  eii 
couverte  ,  p:irce  q^e  les  rorrens  qui  viernti.t 
avec  de  grolfes  pluits,  entraînent  le  miaéral  avcc 
eux. 

Une  autre  perfonne  qui  efl  intéreffée  aufTi  dans 


PL  A 

fon  exportation ,  a  afTuré  qu'on  la  trcovott  Jaot 
le  Pérou ,  dans,  une  mine  d*pr  qui  avoîc  été  pré- 
cédemment détruite  par  une  innondation  ,  &  def- 
féchée  depuis-  peu  ;  &  qu'on  ne  favoic  pas  fi 
originairement  elle  étoit  contenue  dans  la  mioey 
ou  fi  elle  y  fut  apportée  par  l'innondatioD. 

On  a  rapporté,  &  fans  aucune  conrradiâion, 
toujours  depuis  le  temps  que  la  platine  a  été  con- 
nue ici,  que  pour  empêcher  les  fraudes  qu'en 
pouvoit  pratiquer  avec  une  fubilarce  douée  de 
ces  qualités  y  le  Roi  d  Efragne  avoit  ord(  nné  de 
combler  les  mines  qui  -a  tourniiïenv  ;  (î  on  prend 
ce  rapport  à  la  lettre,  il  femble  (ignifi  r  que  la 
platine  ne  fe  trouve  pas  abondamment  fur  U  fer- 
face  de  la  terre. 

Quoi  qu'il  en  puiflTe  ê?re,  foît  q*ie  la  défenfe 
ait  été  faite  d'exploiter  les  mines  de  platine, oa 
d'expoiter  la  platine  qMÎ  étoit  en  évidence  ,  oa 
.  tous  les  deî.x  enfemb  e  ;  on  peut  ohfervcr  q.iCD 
répendant  même  la  re'ite  quantixé  qui  a  été  rendue 
ptib  ique  jufqu'ici  loin  de  iToduire  aucune  mao- 
vaifes  fu  tjs  ,  Ça  été  un  moyen  d'empêch-r  autfi 
efficacement  les  abus  auvqueU  la  pl?tiiic  nauroit 
pa^  manqué  de  do-mer  occafion.  Ta*  dis  qu'elle 
ptoit  coiifiiée  l'a  is  une  partie  fcu'e  du  monJe  , 
&.  qu'en  généra!  on  "g  loroir  p  r-iout  ailleurs  Texif- 
icnce  d  une  te  L  fub'lanc  . 

Din<  les  mémoires  qui  ont  été  préfentés  1  la 
Si^ciété  R  ya  e  aulTi-tôi  apré-i  que  la  platine  fut 
arrivée  a  Lo  dru  s  ,  il  <ft  r..p:>orté  qu-  l't  n  avoit 
':risen  pai.  menr  f'equelques  E*pignols,derorqui, 
et  nt  inéé  d^  platine,  étoit  fi  callant,que  Tonne 
pouvoir  en  rien  fa.re  ;  &  que  n'^ya^r  pu  être 
affin:  à  Loiidres,  il  y  ttOit  rerté  inutile. 

J'ai  éé  mfjim*  que  les  affi  leurs  Hv^liandois 
à  Dort  ù  font  p  ai^t  depuis  lo  ig  temps  dj  ren- 
contrer de  l'or  fa'ûfié  î'Vec  une  fubOance  qu'ils 
ne  vouvoient  pis  tn  fèp.rer,à  q.ji  ils  avj-.ent 
donné  le  nom  de  di  bj!us  méu.lorum  ,  (  dubledes 
met  X ,  )  6l  v^i.'  >  j  «ient  ailaelem^nt  n'jvoir 
pas  et  t  au  e  chofj  ^ue  la  platine  ;  6i  que  ros 
Jouai  lies,  depuis  bien  des  années,  ont  évi:é 
de  fw  fervir  de  l'or  des  Ef  j.ignoU  pour  aucuns  o^- 
vr?.ges  curieux  ,  parce  .u'il  étoit  fiéquem'nent 
n^.ê  é  avec  u:ie  (ubilance  q  li  le  rend  introït  bc, 
ik  qui  eli  fouvenr  vifihL'  a  I  œil  par  de  pt  :$ 
grains  diftind-»  fembl  b  es  à  ceux  d?  pi  -i'  ; 
comme  fi  I  or  eût  éé  foidu  à  un  degré  de  c*u- 
leur  trop  fo  blc  pou»  d  {foudre  parrai.wnuii  «1 
platine  ,  qui  étant  diiVoufe  ,  auroit  donné  à  la  m-lTe 
une   mauvî^i  c    couleur. 

Plus  la  plaine  eft  devenue  connue  ,  moins  il  y 
avoit  à  craindre  aucunes  fraudes  de  cette  efpéce; 
&   nous  n'avons  à    prefent  rien  à   redciitc  . 

Les  ex  ^ériencts  déjà  faites  nous  ont  découvert 
des  moyens  acHes  po;ir  diftin^uer  avec  certi- 
tude ,  l'or  falfitié  avec  la  platire  ,  &  pour  dè^ur- 
tir  complettement  les  deux  métaux ,  de  qu;:lqce 


L 


P  L  A 

minière  qu'ils  aient  pu  être  mêles  enfemblc  ^  pir 

hafiird   ou  à  deucla. 

Uî»ffina^e   de   Tor    d'avec  la  platine   neÙ.  pas 

plus  difficile  maintcninr ,  que  de    le   purifier  de 

fout  autre  méral. 

L*opînion  gi^nèralceft  que  la  piattne  fe  trouve 

fous   la  mèdic  forme  qu'elle  nous  eft  apportée. 
L^S  obrcrv*iio;is  fur  Tapparence   dts  grain>  & 
fies  maiié'C'i  qui  y  ("*r\\  miléos  ,  d-mi  j'ai  fait 
rnrion  uu  commerc  mmt    de  cet  eiT.i  ,  mont 

porté  à  crnire^  au  prem.er  ex^m^n  ,  qnVUc  îivot 

éîé    bradée  au  m  >uUn  ^vec  du   m  rcure.  M»rg- 

Ig-af  dont  ^a  parnc  venoit  de  Lo  d  cj,  ik  pr*»- 
b^blcment  de  !«  iriumc  provifion  que  celle  «lans 
liqucL'  j*avoî*^  reinaf(:iu;  C^s  goutcv  de  vif  ar- 
Ecr ,  ptr-»Ji  ^ivoir  coi  ç  <  un  foii_ç  jn  de  l.i  mcmc 
ferf(iè.e  ;  car  il  doute  li  la  plitiae  cjI  un  mincrdl 
flittf ,  ou  un  fée  ément  ïTiéM«liqu;r  dont  les  E^'pa- 
gnoU   o/!t  extrait  le  métal    parfait  qu'il   cont.- 

J^i  été  »nf<?rmé  depuis  que  le  vjf-argent  qire 
nous  y  ^vîorj>r<im  r  fuî,  ^  qm  Dr-s  dnj  ea^'nir 
|fr»ip^»é  XLrtigrat -ai  tfi  bu  n  que  moi,  n'ctoit  point 
fveou   des    Indes  ocù  tcni.*!-»   mé  é   avec  la  pla- 
riifie ,  mas  y  ^v  mi  et^  ajoat^i  p  r  le  Dro;^iètaifc, 
[daas  le  dc^ein  d*en  lirer  les  particules  d'or. 
T    y  a  ccpend:»nt  des  rei.itioo^  qui  fcmblert 
i'jpiiyer  l,i   conjcfl  irc    cî-ictTus  ;  r*v*-»îr ,  que  la 
jïlarine  fe  trouve  «n  grolTes  itudes,  &  qu'on  l'a 
Se  *uit  en  gr  ins  unis  à  force  du*  la  biittre  &L  de 

Ila  broy  r  ^u  nir^u'in* 
Dom  Antoine  de  U'ioa  appelle  la  pïitîne  une 
pierre  ;  or  il  p;iroït  afuîz  ditH  ilc  d;:  dorrnsr  ce 
ïïiom  à  une  ftjhflince  en  peut*  grains,  itlie  qu^un 
nous  ajtpor:e  la  pla'ine. 
U.loa  eft  le  premier  auteur  que  j*aïe  encore 
rcncofurè  qui  aii  farîé  de  la  platine  tous  fou 
ne  m» 

Dins  nn  vovaii^e  q'i*il  fit  dins  TAmérique  mè- 
rîdio-iale  en  17^5   Si  Us  années  fui  vantes,  îl  n-p 
f>rti',  en  partat-t  des  mines  d'or  Se   d'.irgcat  de 
Juno  ,  quM  y  a  dans  le  te  ritoire    de  Cht>co  , 
flics  min  ^\  oii  '^orf.:  t'Ouv*£fi  enVkfioppé  dans  d'uu- 
^tres  ftjl  fti  lte^m;n*r^le^.,  ti^s  bitumes  &  des  pi?r* 
1res,  qu  on   vfl   oVMgî  d*  mploywr  le  vif  .irgcnr 
p  Mir    l'en  ftpnrer  ;  que    quelquefois   on   trouve 
é'-  r  brtanccs  manér-iks  qu'on  aime  mieux  «ib.*n- 
donn^r,  parce  qu'elles  font  mîlèej  avec  h  f  h- 
'tînc  i  q  e  cctt-  planne   tft  une  jiierre  (  pkdra  ) 
é'uns  iclL   rcfirta^ce,  qu'un  co  .p  du  mate^it,  a 
de    la   pe  ne  à   U   c^/Ter  fur    W  nclume   ;  qu'clic 
n'cft  p*^'*  t  fjfcej.*tibl-  d    c.Juinat  on  ;  6t  qu'il  t  (l 
fart    dffi:i'c   à\^    txun^c  le  métal  qu'  lie   cor- 
fient,  m.m^  avec  beaucoup  de  travail  &  de  dè- 
pcnfe. 

Quelques-uni  ont  (ow  qoTini  que  Is  ffd  s 
de!  in^a  ou  //i:j  ,  dccries  pif  le  iTicme  Ameiir 
comme  non   [raniparcme^ ,  £k  d'une  couleur  liC 


P  L  A  765 

plomb,  8t  dont  les  anciens  Indiens  fe  fcrvoient 
pour  f*É ire  des  miroirs,  cfcîent  compofées.dc  pla- 
tine mêlée  avec  un^  matière  pierrcufe. 

Ce  minéral  ne  peut  pas  être  le  même  à  qin 
il  donne  le  nom  de  pLitme  dans  le  paragttphe 
fuî^Mnt  ;  car  il  fait  mention  expreiTémcnt  que  la 
pierre  dcl  in^;a  eft  tendre  ,  6t  qu'il  ne  faut  qu'un 
coup  lég-r  pour  la  caiïer, 

La  pierre  w:a  q(\  a^uell^ment  fort  commune, 
&  ,  comms  obferve  le  TraduiSleur  Frat.çois 
des  Mémoires  fur  1*  p'arine,  ne  paroit  pas  au- 
tre cho'e  qu'un  mi^è^al  ferrug-f^euif ,  de  reTpccc 
des  pyrit':^s,  ou  plutôt  du  mundick. 

Alonzo  Bjfba  i^àt  mention  d'une  fubft:%nce 
fou^  le  nom  de  ihumpi ,  qiû  p  roir  avoir  plui 
de  rMr.mb'a'ice  av^^c  la  pbtine  de  Ullua.  Il  dé- 
crit \  chifrpî  comme  une  p^e  te  dure  de  la*  nr- 
ture  de  1  èmerti  ,  qui  tient  de  celle  di  f .  r  , 
.l'i-nt  couîîur  gîife  &  un  peu  brillante  ,  fort  dtire 
a  iraviilFer,  p.rce  qu'elle  réfdlc  beaucoup  au  feu  , 
qui  îi  trouve  au  P  vXi,  à  Chfyaca  ,  ôc  dans 
d'.iuirs. lieux  ,  avec  d^s  mi  le*  noirâtrcà  &  rou- 
gcitrjs  qui  tiennent  de  l'or. 

Sj  U  pbtitic  fe  trouve  rcc^lem^ni  tn  groffes 
maiTc*,  foit  communCm^nr,  ou  même  de  f^jis  à 
autre  j  on  peut,  avec  raifon  ,  coTnpier  que  ces 
maiïLS  font   telles  qu'on  les  décrit  ici. 

Ce!l  peut-être  aufl^rn  tninéral  de  la  même  cf- 
péce  d'int  pltificur^Kîiteurs  ont  parlé  fous  le 
nrm  d'émeril  Eftagnol  ,  fm  u  liifpani  j,  qui  » 
d'iprés  le  compte  q  t'un  en  rend  ,  x  mlXîiot 
n'èire  autre  chofj  que  la  p*atitie  ou  fa  ma- 
trice. 

0(i  dit  que  le  /mt  is  fe  trouve  dm*  les  ml- 
nés  d'or,  &  que  l'exportation  en  cil  |.rohibLC  : 
qfuVlle  contient  de^  filandres  ou  veines  d'or  na- 
tif; qu'elle  e/i  fort  recherchée  chez  les  Alchy- 
mifles  ;  que  fouvcni  on  s*cn  eft  fe  vi  poiir  fal- 
frfier  l'or  ;  qu'elle  fuppnrfCj  .Ttr.fi  que  le  noble 
mhal ,  la  couuclbti*  n  ,  Lt  qvartstiOT» ,  rantimoinc 
fc  le  ciment  royal  ;  quVïle  en  eft  fép3i;<)iV'  par 
l  .imalgimaiion  avec  le  m^rcLre,  qui  rv]  tte  le  fni* 
rj  6c  retient  l'or  j  pro  rièiés  qui  Omr  Ic^  c^tac- 
tères  condans  de  la  pbiine  ,  &  qiii  n*j  parircn- 
nent  à  aucune  autre  fdhftaace  connut\  Becker  a 
fait  mention  de  cette  falNficuti  m  rie  Tor  p  r  r,v- 
/ r  i flu  n/m irid  s  fi  fp j m:i  ^di*AhC*ïJ  Mmera  .t  rcn aria 
i^  il    l'a  indiquée  bien  d.s  ivU  dinj  fa  Py/^cj 

A  la  vèriïé  ,  WfcVer  &  St  M  appellent  laus 
deux  la  fuHftancc  que  l'or  r\ -i:  A:  **êm'-»i(  , 
une  terre,  au  lieu  que  la  plittin  tft  incont'Jla- 
hlem<:nr  un  métal  ;  ma  s  cela  n'«*fl'ojb^t  poi>  t  t«a 
tjuf  nore  fupjHfiiiou  ;  car  ils  dniTient  auiTi  le 
nom  d.  terre  a  U  f  bilance  qae  le  cuivre  reçoit 
d-  la  cataminc  qs-nd  tui  *c ir.n%formt- en  «ifai»t , 
laq  elle  eft  aâavlUtncm  cunnue  po^ir  être  métaU 
lique. 


766 


P  L  A 


Cet  ohfervatîOfïs  m'onr  condnît  à  foupçonocr  ' 
que  les  émeriis  d**iuro|  e  pouvoîç.'nt  bien  aulB 
peut-être  tenir  une  portion  de  platine.  Si  cela 
étott  certain  ,  cela  expliqueroii  d*uiic  manière  fà- 
tisfaifanie  Tuûge  qu  on  prétend  que  quelques 
AlchimiAes  ont  fait  d  émeril  6l  autres  mines  fer- 
ru^incufes. 

Nous  n'aurions  plus  aucun  lit:u  de  douter  ni 
d'tt  e  furprfs»  qu  en  traitant  Vot  avec  ces  efpè- 
ccs  de  minéraux  ,  ils  obtenoient  une  augmenta- 
tion permanente  ;  que  ct;tre  atigmtntation  ,  quoi- 
qu'elle rcfifsât  au  plomb,  à  Tai-timoine,  à  Tcau- 
forte  ,  &  atî  ciment  royal ,  étoit  féparable,  comme 
ravoue  Decker,  par  le  moyen  du  vif  argent,  6i 
que  quand  elle  excédmt  certaine»  bornes ,  elle 
rendoif  Tor  pâle  &  c-ffant. 

Si  rénieril  contient  de  la  platine,  j'ai  imaginé 
qu'on  ie  pourroit  découvrir  en  faifaut  bouillir  le 
mirerai  en  poudre  dans  du  p'omb  fi^ndu  ^  &  en» 
fuite  faifant  partir  le  plomb  fur  le  ttil  ou  dans 
une  coupelle. 

L*ex|.érience  a  été  faite  avec  huit  onces  de  la 
poi.dre  b  pins  fine  d*émerl  ordinaire  ,  Sl  la  même 
quantité  de  plomb  ^  que  l'on  couvrit  de  û  u  noir 
pour  em^.ècher  la  Icorification  du  plomb,  ôi 
qu'on  pou  H  a  à  un  feu  violent  pexiJant  deux  ou 
irojs   heures. 

Le  plomb  devint  dur,  joi^*e,  d'une  couleur 
obfcure ,  d'un  tiffu  ^renu^commc  &M  eût  reçu 
réellement  d;;  rémcril  lin  j^u  de  platine  ;  ;  miis 
à  la  coupelle  il  s'év^ipora  prefque  emièrement  , 
ne  lailTatu  qu  un  era^n  d'environ  la  grciï^îur  d'une 
tcre  d*épingle  ,  lequel  n'éroit  autre  chote  ^  fans 
doute,  que  l'argent  con  etiu  dans  le  plonrk 

J*aî  répéti  l'expéritn.e  avec  quelque  vati.itian  , 
compiant  obtenir  une  téfolutïon  plus  parfaite  de 
rémtiilen  le  vitrifiant  avec  le  piomb.  J'ai  bien 
mc'é  enfemble  deux  onces  d'émerd  rin  ,  êi  fix 
onces  de  minium  ,  &  je  les  pouffai  fur  un  feu 
violent  à  vaiffeau  fermé  pendant  une  heure  :  ils 
fc  fondirent  Si  formèrent  un  verre  uniforme 
d'une  couleur  brunâtre  obfcure. 

Ayant  pulvétifé  ce  verre,  j'y  méhî  quatre  on- 
ces de  ftL  aïk.tli  fixe  &  un  peu  de  charbon  en 
poudre ,  ÔC  rendis  le  tout  dans  un  nouveau  creu- 
fer  y  avec  un  peu  de  fel  commun  a  la  fur- 
face. 

Le  feu  fut  fortement  excité,  mais  la  fufion  ne 
fe  trouva  pas  fi  parfaite  que  j'aurois  voulu  ;  il 
ny    co    eut   qu'environ    deuH^onces   de   revivi- 

fiét 

Ce   p^omb  a  voit   fouffert  à-peu -prés  le  même 
changement    que    celui   de    la    précédente   expé 
rience  ;  &  de   même   q^e  lui  »  il  ne  donna    au- 
cune   appirence  de   platine  ,  après  avotr  paOe  à 
ta   coupelle. 

D  parort  rùfulter  de  ces  expériences,  que  fé- 
meril  qu'on  y  ^voit  eaiployc  ué  coutcuoit  point 


P  L  A 

de  platine ,  mais  »  comme  on    ne  doit  pas    (mp- 

pofer  que  tous  les  émcrils  foienc  de  la  mène 
compomion  .  les  autres  fortes  peuvent  inèntcr 
d'étie  foumifes  aux  mêmes  e0ais. 

Comme  l'or  eft  contenu  dans  certaine  parcel- 
les des  minéraux  communs,  ÔC  qu'on  o'cn  trouve 
pas  abfolument  dans  cous  les  individus  de  toute 
une  eipéce ,  on  ptui  bien  de  la  même  maniért 
trouver  de  la  platine  dans  certaines  mines  En* 
ropéennes  ,  quoiqu'on  n'en  ap^ier^oive  ^is  b 
moindre  trace  dans  d'autres  parcelle»  de  La  nênK 
efpece  de  mines. 

Ohfervathm  f,énéraifj, 

L'Hiftoire  précédente  nous  a  fait  connoicre 
une  futtbnce  minérale  dont  l'afpeâ  métallique» 
la  grande  ptifanteur^  la  malléabiiiiè  &  la  mifci* 
biliié  parfaite  avec  tous  les  corps  mélairiquci 
ordinaire*^  ,  funt  des  caraâéres  fuAfans  pOMf 
prouver  que  c'ell  un  véritable  métal  ;  qui  de- 
meure lixe  ^  fans  fe  caicmer  dans  les  feux  lei 
plus  violens  ;  que  le  nitre  p  le  plf3mb  ,  m  ie 
bifiniith  ne  peuvent  jamais  cilcîncr  ,  ni  les  C0ffn 
vitreux  le  diifoudre,  6i  qui  ^  par  conrequcm  ^ 
eâ  un  métal  parfait  de  la  môoie  chflc  que  t'or 
Ql  l'argent  ,  Sc  peut  être  pîus  partait  ik  moifU 
altérable  qu'eux  ;  qui  ,  avec  la  couleur  de  Tir* 
gent  »  poftéde  la  pcfanteor  fpécitique  ,  &  pUt* 
fleurs  autres  des  propriétés  qu'on  regarde  cnmmc 
les  plus  ditlin£^ives  de  l'or  ;  qui  réfiîU  aiiiS  btea 
que  for  ,  à  beaucoup  d'agents  qui  décolorent  t 
corrodent  ,  dilTolvent  ou  fcorifieni  l'argent  fic 
les  métaux  intérieurs  ,  comme  Talr  St  les  exha- 
laifons  fulfureufes ,  les  acides  du  nitre  ,  du  fcl 
marinât  du  vitriol  »  foit  dans  leur  état  liquide, 
ou  quand  le  feu  les  réfotit  en  vapeurs ,  &  le  fou- 
fre  iât  Tantimoine  en   fufion  ,  àc. 

Avec  des  propriétés  tftimables  de  l'or»  dca 
ajoute  qi]elque$'Unes  à  Tor  mêine  en  le  retidatit 
moins  tendre  6i  mAm  fuftbk  ,  ce  qu'aucito  ai* 
ire  aUiage  ne  peut  faire. 

Ainfi  on  fe  trouveroit  très- bien  d'en  ajoufet 
ure  jvût  proportion  pour  écarter  Us  inccnrt» 
niens  dont  les  é mai  leurs  fe  plaignent ,  qiuoi 
ils  travaillent  fur  des  plaques  ,  foit  d*or  éa  im 
d'or  allié* 

2*.  Quoique  b  platine  appartienne  »  fans 

a-i  même  genre    de  corps   que    i'or   &  l'ar^    

duquel  genre  on  n'a  pas  encore  )ufqu'ici  dèCSW* 
vert  pîu^  que  ces  trois  efpèce>  \  6f  quLiiqodBt 
fe  rap;  orte  avec  l'or  djini  beaucoup  des  proprié- 
tés qui  ont  été  univcrfelkmw'nt  regardées  €03fliâ 
des  taraitères  du^inélJt>  des  cfpèce»  »  *^  t\ 
^  pourtant  datitrcs  c^iaéle^cs  datl%  l^fiucb  CW 
ditierc  v'sfîhkrr^ent  d*;tvcc  l'or,  ' 

Si  coEileur  blanche  ;  fon  défaut  de  fufiHîiié  ; 
Ic6  changemenj^   Cnguliers   qu^elie    proiuit  dMi 


P  L  A 

qtieTque&  uns  des   autres  métaux  ,   &  «lans  Tor 
même, 

Lt  foi«  de  loufrc  qm  diffoût  abondamment  Vor  , 
a^it  'iiificilement  &  très-ptiu  fiirb  phtine  ;  fa  fotu- 
tio  !  difïs  Tcau  régale  dc  donne  aucune  leîrimrc  au% 
fiïbltaoces  que  les  folurions  d'or  teignent  en  rouge 
ou  en  pout-prc  ;  clïc  eft  en  pjrtie  précipitée  de 
i^  foluTion  pjr  le  fel  aminoni^c ,  qui  ni;  précipite 
pi.  ïnt  du  tour  Vor. 

Elle  n'eA  précipitée  qu'en  partie  parles  alki- 
lis  âicts  vèg^étaux  ,  ël  p^r  les  alkall^  volatile  »  & 
point  du  tour  par  Valkali  minéral  »  ni  par  la  fulu* 
fion  dc  viï  ini  vert,  qui  tous  précipitent  entiè- 
rement for  :  Tcts  p,  icipités  pir  les  aïkalis  n*ont 
tien  de  la  puilLncc  fulminante,  au.  lieu   que   les 

èctpTtés  d  or  U  piiTédent  dans  un  deg,é  pais 
étntnent  que  toure  au;re  cfpéce  connue  de  ma- 
tière :  ie$  fo Ultime  dans  Teau  régale  ne  font  au- 
cunement déjompofées  pir  le^  huiles  efïertrieles 
fii  pir  réiher  ,  duni  l'or  fc  cliarge  dans  Tacide  , 
ni  par  les  tfp-irs  infl  mmîb'es  qui  font  revivre 
Vor   &  le   rejettent  fous  fa  propre  forme. 

Qjand  elle  eft  diiToute  dans  le  vif-argent  ^  1? 
tniuration  h  fait  rejeter  ,  au  lieu  que  Tor  tÛ 
toujours  retenu ,  &  continue  à  reficr  en  dilTo lu- 
dion. 

Elle  eft  f(fpirable  de  For  en  vertu  de  ces  dî- 
"^erfiîés  d*  mniéi  fant  augmeniation  oi  diminu- 
tion d.'  l\in  ni  de  l'autre  métal ,  aulTi  aifément 
&  au  ni  parfaitement  que  tout  métal  quelconque 
eft  réparai>le  de  tout  autre  :  voilà  des  caraétcrcs 
bcaucotkp  p'us  que  fu^/ans  pour  établir  une  dif- 
férence tpécîfique  entre  Tor  &   b  platine. 

5^  L'Aut.ur  de  'a  lettre  de  Vcnife  ,  dont  il 
a  éti  fnit  menrion  ci  devant ,  entre  dans  quel- 
ques fpécuUtions  alchymiques  fur  ce  fujet. 

U  imagine  que  comme  la  plaiine  tfl  une  ef- 
péce  du  même  genre  que  Tor ,  fcs  djflféfences 
«i*avec  l'or  ne  font  qu'accidentelles  &  provien- 
nent ,  ou  de  quelque  corps  héiérogéne  radicale- 
ment uni  avec  elle  ^  ou  du  défaut  d'un  foufrc 
clutineut  &  colorant,  11  ne  détermine  point  à 
laquelle  de  ces  caufes  cR  due  fon  imperfec- 
tion. 

Sa  pefanteur ,  qui  eft  moindre  que  celle  dc 
Tor  ,  Icrs  points  noir5  qy*on'  découvre  fur  fes 
grains  à  T^îde  du  microfc^pe  ,  &  de  ce  que  les 
alkâlrs  la  précipitent  en  partie  avec  de  Teau  ré- 
giiic  ,  tandis  qiT€  le  t€(\l  demeure  en  diiïoîuiion  ; 
voilà  des  argumi;ns  quM  rapijorre  comme  favori- 
fint  la  première  canfe  :  fon  défaut  dc  fufibilité  ; 
fa  foin! ion  qui  manque  du  pouvoir  <^e  teindre 
les  fubAances  arimaU'^ydk  de  produire  une  cou- 
leur pourpre  avec  Tè'iin  j  fon  défaut  de  fépa ra- 
tion d'avec  fa  fol uf ion  par  les  liquturs  inflamma- 
ble* qui  ont  de  Taffinité  avec  les  fonfres  ,  font 
des  preuves  fjvor^ibles  à    la    dernière    c;>ufe. 

r "" 


P  L  A 


767 


* 


de  ù  matière  héférogène  ;  &  dans  l'autre  ,  en  y 
introdùfant  le  foufre  colorant,  il  penfe  que  la 
platine  devi endroit  dc  Tor. 

Le  dernier,  â  fon  avis,  eft  aiTez  facile  à  faire  , 
parce  qw  les  eorps  ont  une  difpofuion  &  une 
pente  naturelle  à  recevoir  le  principe  dent  ils 
manquent  pour  leur  perfeAion. 

Mais  dans  le  premier  cas  il  n'y  a  point  d*ef- 
poir  de  réuiîir  ;  car  il  convient  qu'aucun  agent 
dans  la  nature  ,  autre  que  la  pierre  des  Pliilofo- 
phes  cl'e  même  n  a  le  pouvoïr  dc  déraciner  une 
matière  impure,  avec  laquelle  un  métal  eft  ra- 
dicalement    combiné     d<ins     fa    formation    pre- 

Il  nom  fuffira  d'obfcrver  fur  ces  notions  ,  qu'el- 
l  -S  font  fondées  fur  une  fuppofition  qui  ne  peut 
point  être  admifc ,  juiqu^â  ce  qu'on  ait  produit 
quel  ^ues  faiis  pour  la  rendre  probable ,  un  point 
HÏcmM  ,  ûvoir,  que  tous  les  métaux  înféneurs 
ne  font  autre  ch-^i'c  que  de  For  vuié  par  quelque 
fiifa'^ance  impure» 

4**,  Vogeî  a  a  ^opté  une  opinion ,  que  la  pla- 
fîrii  n*eli  point  un  vrii  mèï^l ,  ni  un  demi*mé- 
lal  d'une  efpéce  particu'iérc  ,  m  is  un  minéral 
mélangé  ,  le  rebut  ,ies  artclicrs  d'amalgamation  ,  où 
on  féparc  Tor  de  la  mine  mélangés  par  le  moyen 
du  vif-argcnr. 

Il  attribne  cette  opinion  à  Marggraf,  &  on  a 
dit  dans  une  brochure  périorJique»  publiée  à  Lon 
dres  ,  que  M^rggraf  fuppofe  que  la  platine  elt  , 
non-feulement  Teffet  dune  amilgamation  rèiiè* 
rée ,  mais  que  c'cft  une  partie  même  du  mercure 
lîxè  par  quelque  matière  da^s  la  mne  ,  ou  le  mé* 
tal  avec  qui  elle  étoit  a  nalg:iméc. 

Tout  ce  que  je  puis  trouvtY  dans  M^rggraf  de 
relatif  à  ce  point,  efl   le  palTage  fuivant. 

-   Nous  ne  pouvons  pr.s   dire   avec  certitude 

-  fi  la  pl.Ttinc  eft  une  mine  aduelle  ,  ou  fi  c'cft 
**  une  portion  de  minéral  qui  a  été  arrachée  des 
•  veines  entières  »  &.  entriînée  p^r  les  eaui  , 
»  ou  A  en  trotfième  heu  ce  ne  f^sroit  pas  un  pur 
"  recrément  métalit:|uc  ,  âo^t  lesEfpagnols  ,  coin- 
»  me  pro prié t air e«i  de  ces  travaux  ,  out  déjà  peut* 
n  être  extrait  le  métal  parfait.  »> 

Je  ne  comprends  pas  que  la  dernière  parti-:  de 
cette  ph  afe  puiÉîe  admettre  rexpUcation  impro- 
bible  qu'on  lut   a  d   nnée« 

L'A  ïteur  me  ftm  le  n'avoir  pas  voulu  dire  au- 
tre chofe  fi  ce  n^cft  que  la  platine  p^^uvoit  bien 
ne  pAî.  être  parvenue  jiifqj'a  nou!*  d»ns  fa  forme 
naturelle,  m^is  que  peut*ctre  elle^ivuit  tté  brcJyéc 
avec  du  vif-argent  pour  en  enrratner  l  or  qui  y 
étoit  mêlé  ;  or  c\û  an  foupçon  qui  m*eft  venu 
aufTi ,  ^  qu  •  l'ai  même  -^xprtmé  é^m  lîîon  prc- 
mit-r  Mémoire  infé  é  dans  1»  s  Tarfffffonj  Phih* 
f^phliftc:  ,  foupçon  que  \cs  gîobule^  de  mercure 
iriiuvé  parmi  la  platine  ne  pou  votent  manquer 
de  faire  tiattte. 


768  P  L  A 


Supplément  à  rHiflolre  de  la  platine. 


En.  parlant  de  la  précipitation  de  la  platine 
par  le  moyen  du  fcl  aikali  fixe  minéral  ,  j'ai  ren* 
voyé  au  (iip(ilémv:nt  la  manière  d|obtenir  cet  ai- 
kali de  Tacide  auquel  il  eii  uni  dans  le  Tel 
marin.  C'cft  ici  le  lieu  de  donner  cette  mé- 
thodi:.  ^ 


L  PurificMion  du  fd  marin. 


Le  fel  marin  pur  efl  une  combinaîfon  du  Tel  al- 
kili  minéral  avec  Tacide  marin.  Mais  toutes  les 
Ibrces  ordinaires  de  ce  fel  ordinaire  contiennent 
un.  mélange  d'une  ou  plufieurs  mitières  falines 
d*une  compofition  différente,  leur  bafe étant  une 
terre  au  lieu  d'un  fel  aik^li  ;  laquelle  terre  eft 
ordinairemeiit  la  môme  que  celle  appellée  ma- 
gnéfie,  quoiquelle  foit  quelquefois  de  Tefpéce 
calcaire. 

1^.  On  découvre  ces  fcls  qui  ont  une  bafe 
terreûre,  en. fondant  du  fel  marin  dansreau,& 
y  verfant  d'une  folution  de  quelque  fel  ai- 
kali. 

La  terre  fe  précipite  ,  de  quelque  nature 
qu'elle  foit  :  1  acide  qui  la  tcnoit  diifoute 
la  quitte  pour  s'unir  avec  l'alkali  furve- 
nant  ;  de  forte  qu'en  continuant  d'y  verfer  en- 
core de  la  folution  alkaline ,  jufqu'à  ce  qu'elle 
celle  d'occafionntr  ni  précipitation,  ni  nusge , 
o!i  produit  dms  la  liqueur,  au  lieu  du  fel  avec 
u.ie  bafe  terreflre ,  un  vrai  fcl  neutre  avec  une 
bafe  aikali nj. 

2'\  dans  certaines  fortes  de  f.l  marin  ,  l'acidi 
uni  avec  la  terre  eft  celui  du  vitriol.  On  peut 
le  connoitre  en  verfant  fur  une  folution  d^  fcl  , 
une  folution  de  craie  ,  ou  autre  terre  calcaire  , 
f»iite  dans  les  acides  niireux ,  marin  ou  végé- 
tal. 

L'acide  vitriolique  quitte  la  terre  avec  laquelle 
il  cioii  auparavant  combiné  ,  &  s'unit  à  la  terre 
calcaire,  formant  avec  elle  un  concret  félèniti- 
quc,  qui  nci\  point  fulubîe ,  on  ne  l'cfl  que  bien 
ptu  ,  6c  qui  confoqccnmient  fe  dépofe  au  fond 
en  forme  de  poudre  ;  de  forte  qu'en  continuant 
d'y  verfer  une  juile  quantité  de.  la  folution  cal- 
caire ;  tout  Tacidc  vitriolique  peut  être  féparéavec 
la  terre  calcilre  ,  îandis  que  la  magnéfie,  alors 
comblnte  avec  i'acidc ,  d..ns  lt:q«jel  la  terre  cal- 
caire c:oit  dldoute  auparavant  ,  rcfte  dans  la  li- 
quei  r  avec    le  fel  maiin. 

3^.  Il  y  a  une  autre  méthode  pour  pouvoir  fé- 
parcr  facide  vitiioiique  ,  ë:  cela  fans  commmu- 


P  L  A 

niqucr  ï  la  liqueur  aucune  imprégnation  étran- 
gère. Ajoutez  à  la  folution  du  fèl  marin  an  pco 
de  force  eau  de  chaux. 

L'acide  vitriolique  s*unit  &  fe  pricifnfe  avec 
la  chaux;  &  la  magnéfie ,  aiofi  privée  de  fon  dif- 
folvant  acide,  fe  précipite  auffi.    ' 

Quoique  ce  procédé  fimple  purifie  efficace- 
ment le  fel  des  combinaifons  vitrioliqaes  &  de 
magnéfte ,  communément  appelées  fel  amer,  il 
ne  remplit  pas  fi  bien  l'objet ,  quaod  il  s*igit  de 
diftinguer  purement  cet  acide,  que  la  méthode 
précédente  ;  parce  que  l'eau  de  chaux  produit  la 
précipitation  &  l'épaiffiflement  dans  beaucoup  de 
liqueurs  qui  ne  contiennent  point  d*acîde  vitrio- 
lique. • 

4^  11  y  a  beaucoup  de  fortes  de  fel  marin , 
où  la  terre  hétérogène  eft  unie  avec  le  véritable 
acic^e  marin  ;  on  peut  toujours  juger  que  ce  cas 
arrive  quand  le  moyen  d'eflai  du  n^.  i  découvre 
que  le  fel  contient  une  |erre ,  &  quand  la  folo- 
tion  calcaire  ^  n9.  %^  en  ne  produifanc  point  de 
npage,  fait  voir  que  l'acide  n'eft  pas  celui  do 
vitriol. 

La  combinaifon  ,  foit  de  magnéfie  ,  foit  de  terre 
calcaire  avec  l'acide  marin,  ou  avec  Tacide  ni- 
treux  ,  fi  un  pareil  acide  peut  jamais  exifier  daos 
le  fel  marin  ,  ne  peut  être  féparée ,  à  mon  avis , 
par  aucun  autre  moyen  ,  qu'en  la  décompofaot 
par  les  alkalis ,  comme  dans  le  n"".  i  ,  ou  en  la 
cryfiallifant  avec  foin. 

Pai  trouvé  que  la  combinaîfon  de  terre  avec 
l'acide  marin  eit  bien  le  mélange  1^  plus  fréqasct 
&  le  plus  confidérable  dans  les  fels  marins  dont 
on  fe  fert  communément  chez  nous  pour  la  ta- 
ble. 

Ce  compofé  fe  liquéfie  aifément  à  l'air  ;  on 
fait  que  c'cA  une  imperfeâion  dans  les  fones 
ordinaires  de  fels  marins  ,  &  c*eft  cette  difpoCrion 
à  fe  liquéfier  qui  fait  en  grande  partie  qu'on  peut 
le  fêparer  par  la  cryfiallifation. 

Les  fels  de  baie ,  cryflallifés  par  l'évaporation 
lente  ,  produite  par  la  chilcur  du  foltil  ,  on 
beauco.ip  moins  de  ce  fel  fujct.à  djfaillancc,& 
par- là  font  beaucoup  moins  injets  à  devenir  hu- 
mides à  Tair ,  que  ceux  qui  font  prc;;arés  en  (ii- 
fant  bouillir  brufquement  la  faumure  ;  quoiqiiVs 
général  ils  aient  un  alTcz  grand  mélange  du  ftl 
amer  ,  qui  fe  cryftallife  aufli  parfaitement ,  quoi- 
que p:îs  fi  vite  que  le  fel  marin   lui-même. 

C'eft  de  ce  fel  amer  probablement  que  dépend 
une  propriété  des  fels  marins  ordinaires ,  qui  a 
donné  lieu  à  quelques  méprifes  par  rappon  à 
leur  compofuîon. 

Quanl  le  fel  commun  a  été  fondu  au  fcu.il 
fe  liquéfie  cnfuite  fort  promptement  à  l'air, qui  - 
nirsuparavant  il  f 1 1  d'une  efpèce  à  être  'tu  i'l- 
jet  à  devenir  humide. 

Gia 


h 


I 


I 


P  L  A 

Cela  ne  paroît  pai  venir  de  ce  que  le  fcl  ait 
été  rendu  alkaïin  ,  ni  qu'il  ait  rien  perdu  de  ion 
«cide  »  mais  d'une  tranfpofition  de  (es  acides  , 
telle  qu'on  en  voit  arriver  quand  des  mélanges 
artificiels  des  mèjnesingrèdiens  font  traités  ds  la 
flième  manière  ;  Ta  ci  de  vltriotique  di  fcl  amer  , 
débara^é  de  fa  terre  par  la  chaleur  ,  s'unit 
avec  autant  qinl  en  peut  prendre  de  l'atk^lî  du 
Tel  marin  ;  &  Facide  marin  dégagé  par  l'autre  de 
cette  parue  de  TRlkali ,  s'unit  avec  la  magfléiîe 
gue  Tacidc  vitrlolique  a  abandonnée  ,  formant 
par-là,  au  lieiî  du  fel  amercryi^alUfable,  le  com- 
pofé  fort  lîquifîable  dont  on  vient  de  parler. 

On  a  trouvé,  en  effet»  que  le  fel  commun 
donne  une  portion  d'acide  mixm  >  quand  on 
fait  bouillir  prompitment  fes  foiutions  ,  ou  qii'  n 
cipofc  le  fel  fec  à  un  feu  violent  j  mais  le  corn- 
pofé  de  terre  &  d'acide  marin  fe  défait  d'un  peu 
de  fon  acide  dans  les  mêmes  circonftancci  ;  & 
M*  Baume  a  fait  voir,  dans  fon  ManuctdeChy 
mie  ,  qye  le  fcl  marin  purifié  de  ce  compofé  n'en 
lait  pas  de  mém?, 

La  piirificatîon  du  fui  marîn  d'avec  fa  terre  , 
par  raddition  des  felsalkalis,  quclqu'utile  quelle 
puifle  être  dans  les  falincs ,  cfl  un  moyen  au- 
quel il  ne  faut  jamais  avoir  recours  pour  Timt^ntion 
aéludle,  a  moins  qu'on  n'ait  unalkali  exa^ement 
le  même  que  l'alkali  cxaétement  le  même  que 
l'alkalî  marin  lui-môme  ;  car  de  quelque  façon 
quon  puiffe  défunir  l'alkali  marin  d'avec  fon 
acide  ,  on  féparera  en  mcmc-temps  cet  alkali 
étranger  ;  5c  en  effet ,  on  n'a  aucun  befoin  ici 
de  cette  purification  ;  car  en  léparani  Ta  ci  de  de  TaK 
kali  ^  on  le  fepare  auiB  de  la  terre  ;  &  enfuite 
on  purifie  l'alkîtli  de  cette  terre  en  mèmc-temps 
que  de  l'autre  matière  terreftre  qu'il  a  contrac- 
tée dans  Topération  j  en  le  diffolvant  dans  de 
Tcau. 

Pour  les  deux  procédés  de  l'article  fuivant,  îl 
fuffit  que  le  fel  fit  bien  purifié  de  l'acide  vitrio* 
lîque;4k  pour  !e  troifiéme,  cette  purification  n'eft 
même  pas   néceifaire. 


p  ^  A 


769 


IK  Préàp'îtamn  eu  nhre  cuhtque^ 


On  ne  peut,  atttant  que  je  fâche  ,  ni  ejrpnîfer 
Uacide  du  fel  commun  de  fan  alkali  par  le  feu  , 
ai  le  tranfporter  à  aucun  autre  corpsr. 

Mais  quoiqu'on  ne  puiffe  pas  transférer  Tacide 
jnarin  de  falkalt  ,  on  peut  transférer  Tatkali  de 
l'acide  marin  à  l'acide  nitreux»  &  de  ce  dernier 
acide  on  peut  féparer  lalkili  pur. 

La  combinaifon  de  cet  alkili  avec  Vacide  ni- 
treux  t&  appjlèe  nitre  cubique,  de  la  figure 
i)u*îl  prend  dans  la  cryAallifatîon* 

Ans  &  fUiUn.  rùm<  l\  Pan*  IL 


I».  On  peut  préparer  le  nitre  cubique  en  met- 
tant dans  une  cornue  de  verre  un  peu  de  fcl  com- 
mun, dégagé  d'acide  vitrioKque ,  entièrement  fé- 
ciié  fur  le  ïéu  fit  réduit  en  poudre  ;  mtttant  la 
cornue  fur  autant  de  fable  qu'il  en  faut  pour  la 
tenir  droite  ,  dans  un  pot  de  fer  placé  dans  un 
fourneau  convenable  ;  en  y  verfant  trois  fois  la 
pefanteur  du  ftl  ,  d'un  bon  efprit  fumait  de 
nitre  ,  &  prenant  garde  d'en  éviter  les  va- 
peurs ;  luttant  immédiatement  fur  un  grand  ri- 
cipîcnt  ,  dans  lequel  il  y  aura  un  peu  d*eau  piur 
exciter  la  conderifation  des  vapeurs  ,  &  procé- 
dant enfuite  à  h  diflilbiion  avec  un  feu  fort 
gradué  ,  qu'on  augmente  à  la  fin  ,  jylqu'à  faire 
rougir  le  fond  de  4a  cornue. 

L'acide  marin  ,  avec  une  partie  du  nîtreux , 
p^iiTe  dans  l  /écipient  ;  l'alkali  marin  avec  le 
relie  de  Tacide  nitreux  ,  demeure  dans  la  rc- 
torte. 

11  faut  diffoudre  la  maffe  de  fcl  »  Ôt  la  tirer  de 

U  retorte  avec  de  Teau  diflill-je  ou  de  rc*u  de 
pluie  pure  ;  enfuire  on  filtre  h  folution  ,  on  la 
uit  évaporera  une  chaleur  modérée  ,  jufqu'à  ce 
qu*il  commence  à  paroiire  une  pellicule  à  la  fur- 
face  5  après  quoi  on  la  met  refrordir* 

Le  fcl  p^uiTe  des  cryftaux  cubiques  ,  ou  plu- 
lôc  rhomboïdes  ,  qui  communément  font  entrclaf- 
iés  enfemble. 

M,  Marggraf  ,  dans  une  differtatîon  fur  la 
meilleure  méihode  de  féparer  h  fubJlance  alka- 
li ne  du  fel  commun  «  a  trouvé  que  deux  parties 
d'cfprit  fumant  de  nitre  ,  d'une  force  capable 
d'enflammer  à  Vinftant  Thuite  pure  de  girofle  , 
fuffifoient  pour  une  par»ie  de  Tel  commun  pu- 
rifié ;  mais  à  l'égard  de  rcfprit  nlrrtux  plus  foî- 
ble  appelle  eau  forte  ,  il  en  prefcrît  huit  fois  la 
pefanteur  du  fel. 

Il  prétend  que  les  cryflaux  qu'on  obtient  avec 
Tefprit  fumant  ,  (car  i}  paroiiToit  alors  n'avoir 
pas  effayé  Tefprit  plus  fotble  )  cfl  le  nitre  cubi-  ^ 
que  pur,  qui  fe  bru^c  fur  un  charbon  ardent  fans 
pétiller  ,  &  qui  n'a  pas  le  moindre  mélange  de 
ielrommun, 

yuelques-uns  om  rapporté  que  »  quoi  qu'on 
eût  employé  un  efprit  de  nitre  affcz  fort  danï 
une  quantué  plus  que  double  de  la  pefanteur 
du  fcl  ,  le  réfidu  ,  après  la  didillation  ,  confiflott 
principalement  en  fcï  marin  fan«  altération ,  mêlé 
feulement  avec  une  petite  proportion  de  nîrre 
cubique. 

De  quelle  caufe  procédoit  le  défaut  >  le  pea 
d'expériences  que  j'ai  faites  fur  ce  fujet  ne  me 
mettent  pas  à  portée  de  le  décider  ;  peut-être 
quHl  feroit  néceiïjirc  que  Tclprit  nitreux  fut  très- 
fort  ;  cir  un  acide  concentre  peut  produire  des 
dccompofirions  auffi  bien  que  des  cliiTolutions  , 
que  le  même  acide  délayé  n'eu  plus  capable  de 
produire. 

Eeeec 


770 


P  L  A 


3*,  On  f  eut  auffi  obtenir  le  nîtrc  cubique  dans 
le  procédé  de  changer  Targent  en  lune  cornée  , 
qui  efl  le  moyen  le  plus  efEcace  de  puiîtier 
Targeot. 

Une  folution  de  fel  conimiin  faîte  dans  Tcau  , 
étant  verfte  (ut  une  folition  d*argcnt  faîte  dans 
Teau-forte  i  auffi  long-ieins  que  la  liqueur  en 
e(l  troublée ,  l'acide  mirin  fe  précipite  avec  l'ar- 
gent ,  comme  le  vitriolîque  faifoit  avec  la  craie  , 
aun".  2,  du  précédent  article  ;  &  te  refle  de  la 
liqueur  eft  une  folution  de  nitre  cubique  mêlée 
avec  le  cuivre  que  Targem  conte nolt»  Je  n*ai  pas 
examiné  à  fond  jufqu'à  quel  point  ce  cuivre  ;  our- 
roic  nuire  au  but  pour  lequel  pn  a  befoin  ici  d'a- 
voir le  nitre  cubique- 

3*,  La  forte  affinité  de  Tacîde  vitrioUqiie  avec 
U  terre  cakâire  fournit  une  méchode  d'obtenir 
le  nttre  cubique  ,  plus  favorable  qu  aucune  des 
précédentes. 

L'offrit  de  fel  fe  prépare  communément  par 
la  diftilîatîon  avec  Ta  ci  de  vitriolîque  ;  &  dans 
ce  cas ,  ce  qui  rofte  dans  la  reione  eu  une 
combinatfon  de  cet  acide  avec  Talkali  du  fel 
marin. 

Ce  compofé  fe  trouve  dans  les  boutiques  fous 
le  nom  de  fel  de  glauhcr  ou  fd  admîralu. 

Si  on  fait  une  folution  f;irurée  de  fi^l  admira- 
ble  c^ans  Teau  ,  &  ou  on  y  ajoute  peu-i-peu- 
une  fol  ut  ton  de  craie  dans  Teau  -  forte  ,  fi  long- 
terni  qu*eUe  occafionnera  de  Vépainitrcment  dans 
la  liqueur;  Tacide  vitrîolique  6t  h  craie  fe  pré- 
cipiteront enfemble,  &  i'alkali  acide  &  minéral 
nitreux  demeurera  dans  la  liqueur, qui  conféquem- 
ment,  à  la  diftillaiioa,  donnera  un  véritable  nitre 
cubique» 

Les  folutîons  doivent  être  bien  faturées ,  afin 
que  l'apparence  laiteufe  qui  devient  de  plus  en 
plus  foibïe  ,  à  mefute  qu^oo  continue  d*y  ajouter 
davantage  delà  folution  calcaire  »  pui/Te  être  mieux 
diflinguée  »  &  après  que  l'épainîiTijment  paroti  être 
entièrement  celte ,  on  p^yt  y  verfer  encore 
un  peu  de  cette  dernière  folutfon  ;  car  un  tiktit 
excès  dans  fa  quantité  ne  fera  point  d'inconvé- 
nient,  au  lieu  qu'un  peu  de  moins  ,  en  laiffanr 
une  partie  du  fel  admiraHe  non  dccompofé ,  feroii 
qu:;  Talkali  minéral,  pour  leq^iel  ce  procé  À  n'tfl 
que  préparatoire  »  feroit  impur ,  comme  on  le 
verra  dans  Topération  fuivantc. 


in.  Séparmton  it  Faîkali  mînird  d*aveç  U  nitre 
cuh'tqut. 


Ayant  travaillé  dans  les  méthodes  ci-delTus  à 
comnmer    l*a.kali   marin    avec  Tacide  aitrcux ,  il 


P  L  A 

eA    queAion  d'en  fé parer   Tacide    ptr  la  delà- 
grat'on  avec  des  fubftances   tnflamoiâbles. 

Mêlez  le  nitre  cubique  avec  un  cinquième 
ou  un  fixiéme  de  fon  poiJs  de  poudre  de  char- 
bon ,  les   broyant  parfaitement  enfcmble. 

Le  charbon  éi%  fubflanccs  animâtes  eft  pré- 
férable à  celui  des  végétaux  ,  parce  que  le  der- 
nier ,  après  avoir  brûlé ,  laiife  une  periic  pot- 
lion  d*un  (A  alkali  d'une  nature  différente  ded 
qu'il  faut  ici. 

Jettez  de  ce  mélange  ,  tiéf-peu  à  U  foif ,  dans 
un  grand  creufet  ,  que  Ion  a  fait  fevlemcntroo- 
gir ,  &  couvrant  Iç  creufet ,  ati{ïï  vite  6c  moA 
exactement  que  faire  fe  pourra  après  chaque  In- 
jt-dion  ^  pour  empêcher  la  matière  de  fe  diniper 
par  h  déflagration  violente  qui  arrive  ;  quand 
le  mélange  a  été  entièrement  jette  dedans  , 
&  que  la  détonation  a  ceifé  ,  on  peut  aug- 
menter le  feu  &  entretenir  une  forte  dit- 
leur  rouge  pendant  une  demi-heure  ou  niêffii 
plus  »  taillant  le  creufet  découvert  durant  et 
tenips^ 

Uacide  nïtreux  étant  aînfi  brûlé  ,  il  relie 
uans  le  creufet  une  ma(Te  alkali ue  d'im  vert 
hieuàtre  ,  qu'il  faut  puiifier  par  une  folutioa 
dans    de   leau    diftillée. 

Elle  fe  diJTout  plus  diffiotement  que  les 
alkalis  végétaux,  &  ,  en  évap^^rant ,  coflRiv 
tl  faut  la  folution  ,  elle  pouiTc  de  beaox 
criilaux  blancs  ^  qui  ne  fe  lîquificnt  pas  à 
lair. 

Cette  dernière  propriété  de  Talkali  marin  teid 
à  confirmer  robfervarion»  dont  on  a  déjaparlét 
que  la  dé^iîllance  du  fel  marin ,  après  la  iîiiioa  • 
ne  vient  pas  de  ce  qu*une  partie  de  Talkaii  vx 
été  privé  de  fon  acide* 

Si  le  ftl  marin  ,  employé  pour  la  prêparaiiai 
du  nitre  cubique  par  le  premier  &  le  fecorJ 
procédés  ,  contenoit  <.iu  fel  avec  une  bafe  tertef- 
cre  ,  ou  fi  la  luUition  de  craie  dans  la  troiûénie 
méthode  ût  préparation  était  cm*  loyée  en  trop 
grande  quantiié  ,  la  cryflalUfarion  du  nitre  cuhf 
qtie  jépareroic  en  grande  partie  ces  compoftt 
fi jets  à  défaillance  i  &  en  effet  ,  fans  cryuaUi- 
fafion,  à  mt^ifure  que  l'acide  nitreux  fera  diApè 
ou  détruit  daiis  le  feu  ,  il  laifTeia  ufiiquefliieiil 
avec  Ta.kali  'a  terre  qui  fera  féparèe  ,  au^  biefl 
que  lescendre«  du  charbon  par  la  dtâToluiion 
l'eau. 

Si  le  nitre  cubique  contient  un  peu  de  f^l 
rtn  ou  vitriolique  »  le  fel  marin  ,  après  U  d 
gr^iîion  ,  demeurera  fans  ahèration  ,  ôc  le  iel  vi- 
triolîque produira  avec  la  matière  inflamoubti, 
U')  compofé  f.tlfureux. 

Nous  ajourerons,  pour» compléter  les  pitiKipa* 
les  expériences  f:iit.^s  fur  la  ptatinc  «  celtes  qot 
Macqucr  rapporte  dans  fon  Diâionoalre, 
la  publication  du  traité  de  M*  Lewîs^ 


b 


P  L  A 


Fujlon  dt  la  plattnt  par  VArftmc* 

M.  Lewis»  ne  fait  aucune  mention  des  alïia- 
ces  de  la  pbtine,  avec  rarfemc;  mais  M.  Schef- 
fer  f  allure  <(ue  fi  on  fait  bien  rougir  ce  mécàl , 
dans  un  creufet ,  &  qu'on  y  ajoute  de  Tarienic  ; 
quand  ce  ne  feroit  que  la  vingi*quatrième  partie 
de  fon  poils»  il  entre  anflîtdt  en  fufion  parfaite  , 
fit  qu'il  en  réfulie  une  matière  aigre  &  grife, 

Cttte  eipérience  très-remarquable ,  paroît  néan- 
moins avoir  bcfoîn  de  confirmation  ;  car  M.  Marg- 
Eraf,  ayant  traité  aufTi ,  ces  deux  matières  en- 
?mble ,  on  ne  voit  peint  qu'il  ait  remarqué  une 
pareille  a^ion  de  Tarfinic  fur  la  platine. 

Il  réfiilte  f«:ulemcnt  d'une  de  fes  expériences  , 
qu^ayaot  expofé  au  gr^nd  f^u  »  pendant  deux  heu- 
tes,  un  méUnge  d'une  once  de  platine  ave;  un 
verre  tor.djint  ^  compofè  de  huit  onccs  de  mi- 
nium ,  de  deux  onces  de  cailloux  «  &  d*une 
once  d'arfeiiic  blanc,  i!  a  obtenu  un  cu^ot  ou  ré- 
gule de  pliiine  ,  ifiez  bien  réuni  &  fondu  ,  qui 
peroic  une  once  trente-deux  grains,  dont  la  fur- 
face  étoit  unie  ,  blanche  &  brillante  y  &  Tinté- 
rieur  g«'is,  mais  paroliTant  néanmoins  afifez  blanc 
quand  on  le  dccouvioit  avec  la  lime. 


P  L  A 


771 


CoufdlûÛQn  dt  la  plaûnt  par  le  plomb. 


La  coupellation  de  la  platine  par  le  plomb  , 
ètoit  une  des  plus  importantes  expériences  >  qu'il 
y  eût  à  faire  fur  ce  métal ,  parce  que  fi  cette 
opér?.iion  réuirifToii  parfaitement ,  on  obiiendroit 

Car  fon   moyen    des    maffes  de  platine  pures  , 
ien  compaàes  &  malléables  ,    dans    le   même 
eut  qu'un  métal  qui  a  été  bien  fondu  ,   &  dont 
on  pourroii  faire  toutes  fortes  d'urenfilcs  ,  iînon 
en  la  fondant  «  du  moins  en  la  battant  éi  en  la 
forgeant  t  aufTi  tous  les  chymides ,  qui  ont  tra- 
vraillé  (urce  métal»  &  M*   Levis,  fur- tour,  ont- 
ils   fait  Its    plus   grands  efforts   pour  parvenir  a 
le  bien  coupeller  ;   mais  quoiqu  ih  ayent  eu  re- 
cours ^  tous  les  expédiens  q*ie    \a    chymie  peut 
fournir  pour  appliquer  la  chaleur  la  plus  forte  , 
ils  n'ont  pîï  rèuflîr  parfaitement.  La  feorification 
fe  faifoit  très-bien  dans  le  commencement  de  l'o- 
pération ,  &  prefque  comme  fi  Ton  eût  coupelle 
de  Tor  ou  d^  i*arçent ,  mais  à  mefure  que  cette  cou- 
pellation avan<joit,  elle  devcnoit  de  plus  en  pins 
difficile  ^  parce  que  la  quantité  du  plomh diminuant 
la    matière  •  devcnoit ,  d'une  part ,  de  moins  en 
moins  fufible  ,  6t  enfin  ce(foit  d'être  entièrement 
fondue  ,  malgré  T^dion  du  feu  le  plus  vio'ent  ; 
&  que»  d'une  autre  part,  lorfque  la  quantité  de 
la  platme   étoit   devenue  fupérieure  à  celle    du 
plomb  ,  elle  le  défendoit ,  fie  rempèchoit  de  fe 
réduire  en  litharge. 

Il   réfultoit  de  là  qu'on  n'obtenoit  jamais  qu'un 


bouton  de  platme  terne,  ridé,  adhérent  à  la  cou- 
pelle, aigre  6c  toujours  plus  pefant  que  la  quan- 
tité de  pbtine  qu'on  avoit  employée  ,  à  caufe 
du  plomb  qui  lui  reçoit  uni. 

Nous  avons  ^continue  M.  Macquer,  M.  Bau- 
me &  moi,  pouffé  cette  expérience  pus  loin 
que  les  autres  :  nous  nous  fommes  fervis  pour 
cela  du  deffous  de  la  voûte  du  grand  four  à  por- 
celaine de  Sève,  oii  le  ftu  eft  d'une  i  ès-grrnje 
(qxcq  pendant  environ  cinquante  heures*  La  pla- 
tine fe  trouva  après  cette  longue  coupeibtion  p 
encore  rerne  Se  ridée  à  fa  (ijrface  ;  elle  étoit 
néanmoins  blanche  6c  brillante  j^ar-deffous,  fe 
détachott  de  la  coupelle  ,  &  étoit  un  peu  dimi- 
nuée de  poids,  preuve  certaine  qu*il  n'y  étoit 
plus  reilé  de  plomb*  Cette  platme  d'aiîîeurs 
étoit  duôile,  p^uvoit  i'é tendre  fo  js  le  marteau  & 
fe  travailler,  CTcfl  là  par  conféquent  un  moyen 
affuré  de  pouvoir  mettre  la  platine  en  ufage  ,  6c 
d'en  former  toutes  fortes  d'inff rumens  6c  d'ul- 
tcufïlei, 
/ 

NotivelUs  n^Aenhes  fur  la  pefanuur  fpiclfiqui  di 
la  pUlifit» 

Depuis ,  M,  de  Buffon  a  rendu  compte  des 
expériences  au*ii  a  faites  ,  tant  en  fon  particu- 
lier qu'avec  M.  Tillet  de  T Académie  d«s  Scien- 
ces ,  pour  déterminer  la  pcfanteur  fpéciftque  de 
Il  platine;  elles  ont  confiflé  k  la  comparer  avec 
Tor  pur ,  en  pefant  un  égil  volume  d^  chacune 
de  ces  matières  en  particulier,  où  grains  à-peu- 
près  de  même  forme  ,  fie  de  même  groffcur  ;  & 
dont  le  volume  étoli  déterminé  par  Tcfpace  qu'el- 
les occupoient  dans  un  tuyau  de  plume.  U 
s'eft  trouvé  des  différences  affei  coiifidêr^ibles 
dans  les  réfultats  des  différentes  pefêcs  ;  mais 
en  prenant  un  milieu ,  M-  de  Buffon  cilime  , 
d'après  un  eipérience ,  que  la  pef^nteur  fpé- 
cirque  de  la  pbtine  eff  moindre  d'environ  un 
douzième ,  que  celle  de  Ton 

La  pUilne  efi^^lh  un  compofi  ior  &  de  fer. 

Ayant  foigneufement   examiné    le    magnéttf- 

me  ,  tant  du  fable  ferrugineux,  naturellement 
mêlé  avec  la  platine  »  que  des  grains  de  la  pb- 
tmc  elle-même  ,   &  après  avoir  trouvé  que  pref- 

?[ue  toutes  ces  matières  étoient  plus  où  moins 
enfiblcs  à  Tadion  de  Taimant ,  M.  de  Buffon  , 
conclut  d^une  obfcrvation,  &  de  pluficurs  cx;)é* 
riences  de  M*  le  comte  de  Villy  ,  fit  de  M,  de 
Morveau  ,  que  cette  matière  métallique  ,  n  cft 
point  un  métal  paniculier  comme  l'or ,  Targent  6c 
les  autres  ;  mais  un  a  liage  f^it  par  la  nature  d'or 
fit  de  fer  »  dans  un  état  particul  er ,  éi  dans  une 
I   combinaifon  beaucoup  plus  intime  que  celle  de 

£eece  ij 


772 


P  L  A 


tous  les  alliages  métalliques  «  que  Tart  à  pu  pro* 
duire  jufqu'à  préfent. 

Au  refte ,  toutes  les  expériences  paroiflent  dé- 
montrer y  fulvant  Teirpérience  de  M.  Macquer , 
que  s'il  n'eft  pas  pomble  de  féparer  jufqu'aux 
derniers  atomes  du  îtt  allié  à  la  platine',  on  peut 
au  moins  porter  cette  féparation  jufqu'au  point 
qu*il  n*en  refte  plus  qu'une  quantité  infiniment' 
petite  &  inappréciable. 

Mais  une  remarque  qu-il  eft  bon  de  faire ,  c'eft 
que  fi  la  platine  étoit  en  effet  un  alliage  d*or  & 
de  fer  ,  elle  devroit  reprendre  les  propriétés  de 
Tor  à  proportion  qu'on  détruiroit ,  &  qu'on  lui 
.  enleveroit  une  plus  grande  quantité  de  fon  fer  ; 
il  arrive  précifément  tout  le  contraire. 

Loin  d'acquérir  la  couleur  jaune ,  la  fufibilité 
&  les  autres  propriétés  de  for ,  à  mefure  qu'on 
luienlévçfonfcr,  la  platine  n'en  devient  que  plus 
blanche  ,  &  les  propriétés  par  lefquelles  elle  dif- 
fère de  l'or  ^  n'en  font  que  plus  marquées. 

Emploi  &  utilité  de  la  platine. 

L'ufage  de  ce  nouveau  métal,* qui  réunira  la 
fixité  &  à  rindefiructibilité  de  l'or  une  dureté»  & 
une  folidité,  prefque  égales  à  celle  du  fer,  qui 
ne  reçoit  aucune  altération  par  l'aâion  de  l'air 
&  de  l'eau,  qui  n'efi  fufceptible  d'aucune  rouille , 
.  qui  réfiftr  auffi  bien  que  des  vaiffeaux  de  çrab, 
ou  de  verre  ,  à  tous  les  fels ,  même  à  l'eau-forte , 
&  aux  autres  acides  fimples  ;  ne  pourroit  man- 
auer  de  procurer  des  avantages  infinis  aux 
(ciences ,  au  commerce  &  aux  arts* 

Moyen  de  reconnaître  la  platine  alliée  d'or  £*  de  Ven 
féparerm 

Depuis  que  les  meilleurs  chymiftes  de  l'Eu- 
rope ,  ont  exaoainé  la  platine  ;  ils  ont  trouvé  & 


PL  A 

publié  des  moyens  certains  &  faciles  de  rccofli 
noitre  la  plus^petite  quantité  de  platine ,  mêlée 
avec  l'or,  &  même  de  féparer  exaâemem  ces 
deux  métaux  l'un  d'avec  1  autre,  dans  quelque 
proportion  qn  ils  foient  unis. 

Nous  rapporterons  feulement  un  de  cesHioyens; 
des  plus  commodes  &  des  moins  emharraflans. 
Il  eff  fondé  f«r  la  propriété  qu'a  l'or  diflbut ,  dans 
l'eau  régale,  d'être  précipité  par  le  vitriol  mar- 
tial ,  tandis  que  la  platine  ne  Teft  point  ;  8c  for 
•celle  qu'à  la  platine  diflbutc  auffi  dans  l'tau  ré- 
gale ,  d'être  précipitée  par  le  fcl  ammoniac  ;  tan- 
dis que  l'or  ne  Teft  point  par  ce  fel. 

Cela  pofé ,  lorfqu'on  veut  reconnoitre  fi  ror 
eft  allié  de  platine  ;  il  n*y  a  qu'à  le  faire  diObu- 
dre  dans  l'eau  régale.  Si  cet  or  eft  en  effet  allié 
de  piaiiiic ,  elle  Te  diffoudra  avec  lui  dans  ce 
menftrue,  &  il  ne  fe  formera  aucun  précipité: 
Mais  en .  y  ajoutant  du  fel  ammoniac  ,  diflout 
dans  l'eau  ,  on  verra  bientôt  la  platine  fc  précipi- 
ter fous  la  forme  d'un  fédiment  couleur  de  bri- 
ques. 

Si  au  contraire  ,  on  a  de  la  platine  qui  con- 
tienne de  l'or,  &  qu'on  veuille  léparer  cet  or ,  il 
ne  s'agit  de  même  que  de  faire  diiToudre  cetct 
platîac  dans  l'eau  régale ,  l'or  qu'elle  pourra  coih 
tenir,  fe  diffoudi^  avec  elle  ;  mais  en  mêlant  dans 
cette  diflfolurion  du  vitriol  martial ,  rèfoui  dins 
l'eau  ,  la  liqueur  fe  troublera  bientôt  après ,  & 
on  verra  l'or  former  un  précipité^  qu'on  fépa- 
rera  facilement  par  la  décanution  &  U  filtra- 
don. 

On  peut  donc  affurer ,   que  les  «lotifi;  qin  ok 

déterminé  le  miniftére  d'Eipagne  ,  à  interdire 
lufage  de  la  platine,  ne  fubfiftent  plus  ;  &  il  y 
a  lieu  d'efpércr,  que  quand  il  en  fera  affuréja 
focièté  ne  fera  point  privée  d'une  matière  qui 
peut  lui  être  fi  avantageufe  ,  &  procurer  en  ^a^  . 
nculier ,  de  nouvelles  fources  de  richefles  \  la 
couronne  d'Efpagne ,  feule  propriétaire  d'un  tré- 
lor  fi  précieux. 


[addition    a    L'ART     DU     MONNOYAGE 

Imprime  page  i3o  et  suivantes  de  ce  roi  urne. 


b 
p 


I 


E  rédafteurde  l'an  du  monnoyage  ^  a  voit  ren- 
fermé en  73  psges  dans  la  premièrt:  piitiedece  vo 
lume»  les  procétlès,  &  bs  principes  ,  quil  avoii 

^Jueé  ui'tle  de  Uire  connohre. 
Il  avoit  eu  rattemion  de  confuker  à  cet  égard , 
&  de  cher  les  ouvrages  des  monécaircs  »  les  plus 
accrédités  y  les  plus  inilniits,  les  plus  intègres. 
Il  avoit  terminé  6l  fanâiunnc,  en  quelque  forte» 
fa  do6lrtac  6t  Tes  recherches  ,  p;ir  un  écrit  pro- 
fond 6l  lumineux,  aue  M.  des  Rotours ,  premier 
commis  .e  radminiftraiion  générale  des  finances  , 
au  département  d^s  monTiuies ,  venoit  de  publier 
en  novembre  1787  ,  St  que  le  rédaÔeur  ,  a  cm 
ployé  ti  fait  imprimer  à  fon  iuf<jLî,  Enfin  ,1e  ré- 
dateur  n*avoit  acciifé,  ni  inculpé  perfonne  dan* 
foû  triité  du  monnoy^ge  ,  ne  s'att^ichant,  comme 
il  s*en  eft  toujours  h'vt  une  loi,  qu'aux  intétêis  de 
Tart  &  de  la  vérité.  Ce  endant ,  cet  article  à  tel- 
lement irrité  un  critique,  quM  na  pu  fe  faitstaire 
quVn  épanchant  Ton  fîel  dans  un  volume  in-^*.  , 
de  i^ù  pagi*  annoncé  avec  beaucoup  d'emphafe, 
&  dédié  aux  Etats-géuéraux  de  France. 

Quid  dignum  tanta  ftui  hic  promijfar  hlatu  } 

Il  faut  Tavouer ,  Pauteur  de  cette  longue  dia- 
tribe ne  redrcfTe  aucun  tort  eiïentiel ,  St  nh- 
tablit  aucune  vérité.  Mais  ,  trompé  fans  doute, 
par  des  circonflances  puiTa gères  »  il  a  cru  trouver 
le  prétexte  de  démûre ,  ou  d'altérer  la  faine  d<^c- 
tT\nz  qui  le  tourmente  ,  confjgnée  dans  le  Mé- 
moire de  M.  des  Rotours*  En  effet ,  c'cfl  princi- 
palement contre  ce  monétaire  aufîî  favant  que 
t>on  patriote  ,  que  le  critique  dirige  fes  traits  6l 
fes  efforts  impuiffans<  Il  eft  donc  jufte  ,  il  t(ï 
nëceflaire  même  pour  ne  laiflTcr  aucun  doute  ,  (ur 
les  principes  d'un  art  qui  intéreiTe  eflertîellc- 
jncniradnilniflration  &  génèralemeni  la  fociété  , 
que  M.  des  Rotours  combatte  lui  me  me  ,  avec 
les  armes  de  la  tai'^on  &  de  b  fclt  nce ,  lei  er- 
reurs dangereufciS  ,  les  ftiphifmes  révoUans  ,  & 
le  ton  iccufateur  de  fon  adv  rfaire. 

Quant  à  quelcues  négîig  rces  ,  ou  fautes  ty- 
pographiques, que  le  critique  a  eu  grand  foin 
de  faire  remarquer,  elles  ftront  reparées  à  la  ^n 
de  ce  volume^  dais  un  tnata  moins  éteuda  que 
celui  de  fon  ouvrage. 


RÉPONSE  DU  SIEUR  ÔE  ROTOURS^ 

Premur  commis'  dt  T^dmini^raion  général-  du 
jlnançts  »  ait  déparument  des.  morinoits  ,  mtmlrç 
de  CdCddémU  des  fclincer^  kelUs-Uttres  &  arts  de 
Rouen  ,  à  Couvra^^t  du  jUur  BcytrU ,  doBeur  ta 
dr&its  cùTîfeilUr  au  parUmem  de  Nancy ,  intimUf 
t»  Effai  préliminaire  ,  ou  obfervaiions  hlfto- 
n  tiques,  politiques,  théoriques,  Sc  critiques, 
fur  les  monnoies ,  pour  ftrvir  de  fupplément  à 
1}  la  première  partie  du  tome  V  de  TEncy* 
3»  clopédie  méthodique  ,  dédié  aux  Etats  gé- 
w  né  taux,  n 

VcTiUÛ  irafci  ntfas  tfi,  Plato ,  de  Rcp.  Dial.  V. 

La  lumière  8e  rinAruflion  natffent,  dtt*on ,  du 
cUoc  des  opinions  ;  ce  n*eft  qu*cn  difcutam  une 
qu^Aion  que  Ton  parvient  ï  réclaircir  (  ;)  ,  lorîque 
cette  difci*ffion  fe  f^it  avec  les  égards  &:  Thon- 
netèîé  que  Ton  fe  doit  réciproquement  ,  elle 
înfpire  un  certain  intérêt  qui  compenfe  la  fatigue 
du  travail  Se  des  rtcherchcs  quVilu  eiige  ;  mr^is 
s  il  arrive  que  Tcf^rii  de  parti  porte  l'un  des  athlè- 
tes à  manquer  à  ces  égards  ,  en  injuriant  fon  ad* 
verfaire,  la  crainte  <le  partager  le  mépri;»  ^^*<-^'' 
citent  toujours  d'auHi  vils  moyens  de  défcnfc ,  dé- 
termine bientôt  celui-ci  à  quitter  faréne ,  parce 
qu*il  roiigîroit  de  %y  montrer  avec  de  paretlirs 
armes.  Tel  a  été  le  véritable  motif  qui  m'a  em- 
pêché de  îép  jndre  aux   écrits  fabriques ,   de  M» 

B, Quoiqu'il  Itii  pbife  de  triompher 'de  mon 

ftlcnce ,  en  le  préfentant  comme  reffei  du  re- 
mords St  l'aveu  de  ma  défaite  ,  {h)  ;'iifTrts  con- 
tinué de  le  garder,  ce  filcnce  ,  fi  que 
les  auteurs    de    TEncyclop^dle  p^^          ^   .  ont 


{a)  Pige  1 1  des  r^ileiîaris  préUinîr%iiir«s. 

f^)  Multo  major  tjl  ootni/a  turj^^uj ,  ^^jo  Ji  ncn  fut£té' 
imfuUû  (OiOiod.  «piA.  \tb>  IV.) 


(774) 


fait  au  mémoire  que  j*aî  publié  en  1787,  fotis  le 
titre  d'obfervjilons  fur  la  dédaratïan  du  '^O  oSîo- 
bn  1785,  &  fur  l'iiugmenUihn  pro^r^J/ivc  du  prix 
d€s  matiircs  d'or  &  d* argent ,  depuis  le  premitr  jan- 
vier 1726  ;  en  {'inférant,  à  mon  infçti  ,Nlans  leur 
ouvrage ,  n'impofûu  pas  a  ma  reconnoifTance  fo* 
bligation  de  prouver  que  leur  opinion  (ut  mon 
travalt  efl  abfolum«m  conforme  au  fiigement 
qu'en  ont  porté  prefque  toutes  les  chambres  du 
commerce* 

M,  B* . .  s'étant  permis  ,  d'ailleurs  ,  de  dédier 
aux  Etats-eénérauic ,  Ton  indéc-.  me  6£  calomiiieufc 
critique  ,  je  me  crois  obligé  de  mettre  fous  les 
yeu3t  de  cctie  augufie  afTeniblée  ,  les  avis  réunis 
des  repréfentans  du  plus  grand  nr>mhre  des  négo- 
cians  du  royaume,  dont  Timj  aitialité  Tera  beau- 
coup plus  propre  à  6xer  fun  attention  ,  6l  celle 
du  public,  que  les  rifonnemens  caprieux  &  pref* 
que  toii|ours  inconrèquens  de  M.  B.  .»|e  ne  me 
livrerai  à  Tcxamen  de  tes  obferv étions  ,  &  de  la 
réfutation  des  fieurs  M, . .  qui  fe  trouve  k  leur 
fuite  ,  que  pour  en  relever  les  principales  erreurs  , 
les  contradidions  les  plus  iaillanies ,  les  alertions 
&  les  imputations  les  plus  fau^Tes ,  ce  fera  Tobjct 
de  la  première  partie  de  ma  réponfc  :  la  féconde 
fera  compofée  des  ktrres  des  chambres  du  corn 
merce,  èc  de  quelques  ob/crvation»,  dont  elles 
m'ont  paru  fufceptible^.  Comme  il  pourroît  arti- 
ver  que  mon  adverfaire  f;;  permit  de  dire  que 
les  éloges  que  ces  lettres  coniiinnent  ont  été 
mendiés,  ainft  quil  Ta  déjà  vouhi  faire  entendre 
dans  celui  de  fes  écrits  ,  fur  la  couverture  duquel 
il  a  confn;né  le  défi  quM  rappelle  dans  fes  ob- 
fcrvations  (*i)  ,  j*ai  cru  devoir  faire  précéder  les 
copies  de  ces  lettres  par  celle  de  la  lettre  à*tn 
voi  de  Tciivrage  auquel  elles  répondent.  Elle 
prouvera  qu'au  Ueu  de  folliciter  des  complimens  > 


je  demandois  des  réflexions  *  tant  pour  mon  iivi- 
tru5lton  jartîcu^ière  ,  que  pour  celle  du  public. 
On  y  verra  d'ailleurs  qua  la  pub  ■ici té  de  mon  Hè- 
moire  ,  contre  laquelle  le  fieur  B. .  -  dècl  ifi»c  tf ce 
tant  de  force  »  &  qu'il  qualité  d'aftcntdt  à  i'm^- 
rfté  f  a  été  autorifée  par  line  permiîhoit  du  priii* 
cipal  miniftrc',  ce  que  je  fuis  en  étal  d<  iadaâtf 
pat  fa  lettre  du  30  octobre  1787.  ^^ 

PREMIERE    PARTIE 


Epitre   dédicatoirk. 

On  fc  fcroit  attendu  à  ne  trouver  dans  m.,  . 
épitr;  de  cette  nature»  adreiïée  à  Taugaflc  allé»- j 
blée  des  repréfentans  de  la  nation  ,  que  des  pro-r 
teflaiion'i  de  dévr^ucment,  de  xèle ,  &  de  rcfpw; 
mais  le  fieur  B.  * ,  toi.r.-ncnté  du  dcfir  de  ic  pti' 
fmta  d*if7S  /.i  Itce^  5t  de  s'y  r^i^inguer  pat  tH 
amour  de  la  vlrïté  {b)  ,  qui  le  cafaâcrife  ,  i  cm 
devoir  T  bTrtuer  à  ces  hommages  ,  des  déc^asf 
fions  &  des  dénonciation^  ^otirre  les  abtis  U 
la  liberté  de  la  pre/T* ,  les  cenfcurs,  let^tircon 
de  VEncyclopédic  mérhodique»  Ta  1  mini  il  ration. 
&c.  &c.  Les  détails  dans  tefqueh  je  vai»  «itftr» 
fur  le  f4it  dont  la  dén^.nciatiort  termine  cette 
finguliére  épitre  ,  ne  donneront  pas  une  haute 
opinion  de  fa  véracité. 

Les  ciconllances  embarralTantes  daits  tefqad- 

les  le  gouvernement  fe  irouvoit  à  la  fin  de  rit- 

née  dernière  ,  portèrent  radminiflratîofi  à  ibfr 

donner  »  pour  qudqaes  mQis  ftulement  ,  î  tl  cai& 

.  dVfcompte  ,  le  bénéfice  du  fcîgneuriage  fur  les  cf 


ia)  Cell  ^  je  le  proteAe  ,  avec  U  plus  gr^tnde  répugnance 

3ue  fe  répons  à  cette  nouvelle  attaque.  Entretenir  la  nûtîon 
un  défi  du  fieur  B»  .!♦,....  La  néccflité  de  me  juJlifîer 
Tcxige»  elle  me  fervira  d'excufe  ;  voici  le  fait.  Le  fteur  B. , . 
avoit  cité  dans  wnc  de  fes  produ^ioni  en  Tivcur  de  la  re- 
fonte,  une  lettre  <jiie  fon  père  m'avott  écrite  le  6  décem- 
bre 178^  ,  l'extrait  qu'il  en  avoit  donné  contenoit  (îx  mots 
&  une  phrafe  entière,  ijut  ne  fe  trouvoient  pas  dans  la 
lettre  originale  dont  Tétoii  porteur  i  je  relevai  cette  înexac 
tirude  »  Se  je  d^poUi  la  lettre  chei  un  notaire ,  afin  que 
Ton  pût  conftater  que  ce  reproche  éioît  fondé.  Il  plut  au 
ficur  B,  ,  .  de  faire  imprimer  fur  la  couverture  d'une  dia- 
tribe intitulée  réfutation  d'an  écrit  calomnieux ,  un  dé5  conçu 
lîiuis  ces  termes,  v*  11  y  a  1200  liv.  dépoféet  chez  M.  Ra- 
M  meau  notaîfc  place  des  vîé^oires  .  pour  être  diftribuées  a«x 
»  pauvres ,  dans  le  cas  «  i**,  que  te  ueur  des  Rotours  ^  proU' 
»  veroit  que  daos  la  citation  de  la  i>ace  Ji  ,  de  ma  lettre  à 
T»  M^deCalonne,  tl  fe  nouve  une  fy  liane  (fui  ne  foi t  pas  dam 
«*  roriginal  écrit  par  mon  père  &  joint  â  la  procédure  criminelle 
»»  înjiruite  contre  Ripait  {')  «  2^.   ifuc  ledit  fieur  des  Ro- 


%rrtiaîrc  ,  a  vtt  CQtiâ^van^  .    cd    ii  mille   lh*rcï  Hi  r  inti- 

ftix,  AUX  dipttni  t  c(  *uji  Itiii  d'imprcuioii  ei  J'.'ii  lC 


w  tours,  montreroît  une  lettre  deUnwtii  de  mon  fière,  < 

M  quelle  on  lirolt  qu'il  avoît      *  '    *     rr^tifie*  < 

»  quatre  trente-deuxièmes  récntca 

H  fieur   dç>    Roroars.  i*  Q.  e  Ittti* 

n'efl-ce  pjts  la  lettre  t'ont  ic  i  I  ftîvl» 

e(i  adrcffée.  La  lettre  que  i  .   ^  '»^  *^^ 

de  dcpofer  ^hct  un  notaire,  ét«tt  donc  le  véri 
feul  original,  elle  tie  contenoit  ni  le»   nrofrt ,  r 
cité»  par    \c  fieur   B. . .  mon  afiertmii    étoit  ,    ccpfc^^fs 
tnent,   vraie,  ie  n'av«is  rien  de  plut  4  prouver  ;    i  é«K 
abfurde  6t  ridicule  de  me  défier  de  proavct  ^e  tel*  mmi 
fe  trou  voient  cbns  une   pièce  indiquée  comme  mngtuk  . 
qui  ne  reçoit ,  ni  ne  pouvoit  rètt«> 

Je  fi*.iVois  lamais  <lit  ^  m  écrit ,  ouc  j«  tuSCt  pùnwat  ^m» 
It^t^re  du  ficur  B, .  .  père  qui  contint  l«s  mots  citéf  et* 
h  féconde  partie  du  défi  de  Ton  fi  if ,  ce  déli  était  étne  ^ 
IcmMU  ridicule  fous  cet  autre  rapport. 

(J>}  Troifièmc  épigraphe  du  ficur  B.  . . 


[775. 


'  pèces  d*or  &  d'argent  qui  feroicnt  fabriquées 
avec  Us  matières  (juclie  feroît  vcrfer  aux  hô- 
tels des  monnoies ,  afin  de  l'engager  à  en  expor- 
ter à  Tétranger  une  pîui  grande  quantité  ,  & 
rendre  9  par  ces  opér-itJiJni,  le  numéraire  plus 
abondanr,  La  jouÉuance  de  ce  béoéBcc,  devoit 
ceiTcr  à  la  6n  de  juin  ,  (cmps  oii  il  y  a  voit  lieu 
<ie  prcfumer  que  Us  Etars  généraux  auroient  pris 
des  m^ïCures  capab  es  de  faire  ceiTer  t'emharras  qui 
exigeotc  un  parc.l  facrifict:  ;  il  n'a  défi  plus  lieu 
depuis  le  premier  jtiiUet,  8^  cependant ,  ccà  dans 
un  ouvrage  publié  un  mois  ,  au  moins  ^  après 
€crte  époque,  que  Ton  fe  permei  dcluppoier  que 

ICC  facniice  fubilfte  encore  ,  d'en  dilfimuler  les 
motifs ,  de  ieur  en  fubftiiuer  d'autres ,  qui  font 
AOtoiremem  calomnieux  ,  6l  de  le  dénoncer  à 
raffemblée  nationale ,  comme  une  opération  dé- 
saftreufe  1  En  vain  le  fieur  B, . .  cherche roit  à  s'ex- 
cufer  ,  en  difant  que  fou  épitre  étoit  écrite  dés 
le  8  mars  ,  perfanne  n^  croira  que  la  rédaction 
d'une  épure  dédica  olre  aux.  états-généraux  ,  qui 
n'écoieni  pas  affembléi  ,  ait  été  le  premier  objet 
de  fon  travail  ;  en  lifant  d'ailleurs  les  deux  let- 
tres qui  la  précédent,  on  ap;jcrçoit  tacilement 
qu'eiit  doit  être  antidatée* 

La  malignité,  ne  cua^éafe  pas  feule  cette 
dénonciation  ^  elle  c(k  également  marquée  au  coin 
de  la  fauflcLé  ;  le  fieur  B...  y  fvippofe  en  eff^^t  , 
que  l'on  a  fatt  un  tiifa'jdii/i  total  d^j  feigneuriage  à 
la  cai^Te  d'efcûmpte ,  tandis  qu'il  eft  notoire ,  & 
qu'il  n'ignore  pas  ,  qu^  cet  abandon  n*a  eu  pour 
objet  que  le  bénéfice  produit  par  la  converfion 
en  er^éce^ïdes  matières  fournies  par  cette  caille» 
&  non  celui  provenint  de  la  fabrication  des  ma- 
tiers  verfées  par  le  public  aux  changes  &  aux 
f  bôrels  des  monnoie<i  :  il  donne#nfin  à  entendre 
que  cet  abandon  efl  une  efpèce  de  ferme  à  long 
terme  ,  tandis  qu'il  fait  que  ce  n'e^  qu'un  fa- 
crîiîce  momencané,  provoqué  par  des  circonftan- 
ces  împérieufes  :  font- ce  là  les  grandes  vertus  , 
dont  H  imporu  à  la  nation  de  prendre  connoijfari' 
ce  ?  {a). 

Cet  cxorde  a  moins  d'analogie  avec  le  frontif- 
pifce  d'un  monument  corfuzri  â  /a  venté  Qi) ,  qu'a- 
I  vec  celui  du  temple  qu.-  tes  Athéniens  dédièrent 
à  Timpudence  &  aux  injures  (c). 

RÉFLEXIONS    PRÉLIMINAIRES 


\ 


DU      CRITIQUE. 

Ces  réflexions  ne  coniiennent  que  des  apolo- 
gies de  la  conduite  du  fieur  B. ..  Ôc  de  fes  amis  ; 


M,  7    ■  iiiiMm   mil 

le  détail  des  prétendus  motifs  qui  le  partent  \ 
me  déchirer,  moi  ik  les  auteurs  de  l'Encyclopé- 
die ;  réloge  de  fon  défintercflTement,  de  fon  cou- 
rage ,  de  fa  fermeté  ,  *iSt  fur-tout  celui  de  fa  vé- 
racité ;  je  viens  d'en  citer  un  trait  remarquable  ; 
la  ncte  de  la  page  lo  ,  m'en  fournit  un  autre 
qui  ne  Tell  pas  moins.  Il  y  dit  que  le  iréforier 
générnl  des  monnotes,  chargé  de  ri*flembier  Jes- 
tfj^têccs  qui  dévoient  fervir  aux  expériences  or- 
données par  l'arrêt  du  coufetl  du  premier  mars 
17Ç8  ,  pour  conflatcr  le  *t  trc  des  anciens  louis  , 
faifoît  chercher  ceux  qu'il  fivok  être  de  bonnes 
fabrications  ,  quM  les  f/ift  ît  enr^ite  porter  au 
cl.jnge  par  en  tiers  ,  &  quin^ruit  du  moment 
où  ce  tiers  y  arrivoir ,  il  fe  préfentoit  à  l  inflant 
même  pour  fe  les  faire  remettre  pnr  le  commis 
r?ui  en  fat  h*  recette  ;  il  eft  notoire,  au  con- 
traire ,  que  les  ;jriciens  louis  emptoyés  à  cas  rx- 
périencts,  n'ont  été  fi  urnis  à  l*ï>fficter  refpcfta- 
ble  dont  on  fc  peimet  àt  calomnier  ainfi  L  mé- 
moire ,  que  pluficurs  jours  après  la  demande 
qu'il  en  avoir  faite;  il  eft  de  pîus  prouvé,  par  le 
procès- verbal  de  ces  expériences,  que  les  four- 
ni fleurs  de  ces  efpéces  a  voient  une  fi  grande  con- 
fiance dans  le  choix  qulls  en  avoient  fait,  que 
la  crainte  qu'on  n'en  eût  fait  un  triage  qui  décon- 
certât leurs  mefures  ,  porta  M.  le  procureur-gé- 
néral, de  la  cour  des  monnoieSf  à  demander  que 
la  totalité  de  ces  louis  fût  foumife  aux  effais  \  ce 
qui  a  eu  lieu. 

OBSERVATIONS 
PREMIERE    PARTIE. 

Les  huit  premières  feâions  de  cette  paitie  ne 
font  qu'un  étalage  d'érudition  qui  ne  me  paroi t 
pas  fufceptible  de  difcudîon  \  chacun  a  fon  opi- 
nion fur  Vorigine  des  monnoies  ;  fur  ks  matié» 
res  avec  lefquelles  on  a  fabriqué  les  premières  ef- 
péces qui  aient  eu  cours  dans  le  commerce  ;  fur 
la  manière  de  les  fabriquer  ;  fur  leucs  emprein- 
tes ,  ikc.  &c.  Ce  que  les  auteurs  de  l'Encyclo- 
pédie ont  dit  à  cet  égard  eA  fondé  fur  des  au* 
lorités, 

Perfonne ,  excepté  le  fieur  B. . .  n*appercevra 
dans  le  texte  de  La  neuvième  SeAion  ^  les  abo- 
minabUs  confêquinces  »  ni  les  traits  de  i'audau  /V- 
refpeBuâufe  qu'il  dénonce  à  la  nation  ;  il  Lit  très- 
biLii  ce  que  les, auteurs  de  cet  article  ont  voulu 
dire,  mais  le  befoin  de  ks  injurier,  pour  fe  ven- 
ger de  l'accueil  qu'ils  ont  fait  à  mon  Mémoire  , 


(à)  DeLijtième  épigraphe  du  fieur  B. .  * 
(i)  Premier*  épigraphe  du  fi««ir  B.  »• 
f  (sj)  VojfW  Di£iiofU|âire  de  rEoç^tlûj>^<ÎJc ,  Tom;  8  l'ii.éj** 


C77<5) 


# 


rtut  fsTt*tîrer  des  çonfqueccî  vérîtablcment  dhomU 
naShs  ,  de  cette  propofuion:  que  la  monnaU  ne  rt- 
çoit  point  fa  \alcjr  Je  tautoriié  publiijue  ;    dont 

•  révïdcnce  faifu  raiTcmion  des  perionncs  les 
moins  inflruircs  ,  et  eft  parfaiiemcnt  démontrée  à 
l'article  monnoie ,  tome  ,  X.  p*  644 ,  de  la  prc- 
mière  édition  du  Diiflionnairc  Encyclopédique. 

Il  critique  ave:  la  même   bonnt-foi ,  le   texte 
qui  fait  Tubjet  dt  la  oni  eme  Scâioa  i  il  fuppofe 
que  les  autjiir»  de  rEncyclo^édie  ont  volIu  dire  » 
(ce  qui  ftrolt  une  abrurdîté)  quM  y  a  deux  mon- 
noie^ ,   rucie  réelle  ,    &  T-uti  e  numhdïrt  ,    tandis 
quMs  ont  feulen.eat  d.i  que  la  monnoie  a  deux  va- 
J^leurs*  Tane   jc.lU  ^  &  i%u;re  nuncralre  ;  ou  ,  ce 
\  qui   cft   fynonimc  ,  Tune    Inirinf  que  ,    &   l'autre 
extrlnfique  ;    ÔC    comme  ils   ont  cxplqué  dans  la 
I  phraje  lui  vante  cette  diAintVion    de   valeur ,  il  a 
'divifé  le  tcKte  en  deux  parties  pour  donner  une 
l^è.e  apparence  de  fondement  a  fa  critique  \  il 
eif,  je  crois,  le  premier  écrivain  qui  fe  foit  avif^ 
de  nommer  monnoU  numer.i:rt ,  la  monnoie  idiale 
ou  de  compte.  En  rapprocbaot ,  au  furplus ,   tous 
les  raifonnemens  du   fieur  B,,,  on   s'a^tp^rcoit  , 
qu'au  fond  ,  il  penfe  comme  les  auteurs  qu'il  cri- 
tique ,  &  quM  a  fjut  de  vains  efforts»  pour  facri- 
fier  fon  opinit  n  au  defir  de  préfenter  h  leur  fous 
un  jour  défavorable» 

L'article  extrait  de  mon  Aîmanach  ;  eftle  princi- 
pal objet  fur  lequel  porte  la  crit  que  de  la  trciième 
Seé^ion,  Le  fieur  B*  .  «  me  reproche  d;;  n'être  pas 
entté  dans  les  dsuiU  de  U  fabrication  ,  de  n*avoîr 
pas  n  émt  expliqué  ce  que  c*eft  qu'une  hrhe  ^  une 
peuïl'e  t  &c,  G.S  exp'icationi  fc  trouvent  néanmoins 

•  dans  toutes  ks  éditions  de  i*Almana:h  dtîs  mon- 
Hoie$  ,   immédiatement  avant  la  taBle  ,    excepté 

dans  celui  de  1789  ,  qui  renvoyé,  à  cet  égard  » 
hk  \%  p3gî  500  de  rédirion  de  178$,  On  conçoit 
[^mtémert  que  jVi  du  mettre  fous  les  yeux  du  pu- 
Lblic  toutes  les  formalités  6c  les  précautions  qui 
[..peuvent  le  porter  |à  pr^indre  confiance  dans  le  li- 
^ire  &  le  poids  das  efpèces ,  &L  non  les  détails  de 

•  leur  fabrication. 
U  ny  a  furement  m  erreurs^  ni  ritianccs  ^  ni 

'' impruJintiS  cofifcautncesy  dans  le  texte  de  la  quin- 
b^icme  Seélîon,  (p^ge  la  )  mais  ces  inculpations 
fe  trouvîinr  coiifi^;.ée$  dans  le  titre  de  Touvrage 
tiu  fuur.B; ,  il  fûlloit  les  prouver,  bien,  ou  mal  \ 
le  choix  de  l'anîck  auqiacl  il  a  voulu  les^pplîqncr, 
ji*e(t  pxs  heureux  ;  jî  va\s   le  d;tnontrer  :  il  dit, 

(page  25  )  Gu'un  marc  d'or  fin  eft  payé  avec  54 
ouis  ,  deux  ccu* (  à^  S  li  v  ) ,  &  une  pièce  de  douze 
fols;  cela  eft  t%\&  :  :l  préiend  enfuite  qu^î  ces  ef- 
pèces équivalent  à  un  marc  d  or  fin  ;  cela  efl  vrai 
quant  à  leur  valeur  niimér.iire,  ou  extrinféque  , 
niais  non,  quant  à  leur  valeur  rèelîe,  ou  intftn— 
ieque  ;  &  c'ell  précifément  ce  que  les  auteurs 
critiqué*^  ont  voulu  dire  ;  kur  texte  ne  prcfcnte  , 
à  cet  égard  ,  aucune  équivoque. 

Un  marc  d*or  âa  contient  4608  grains  de  ma- 


tière pure.  Ijc  (îcur  B-  ♦ .  fondent  daps  ASfcrd» ] 
endroits  de  fcs  obfervaîions ,  qu^un  marc  de 
ne  comieiit  que  41)8  7  grains  d  or  tin  ;  34  loua 
&demi«  6c  ii  ft>us  rcprcfentent ,  d'après  ce  cal* 
cul^  4464  grains  6c  une  fraftion  dor  fin  ;  fi  Ton 
fouOrait  ctnc  quantité  de  celle  de  4^08  ,  le  fé»  ! 
fultâc  donntri    1^4  grains  ;    il  y  a   do-nc  f éelk- . 
ment,  ^  incontcHabitment ,  144  et  ai  ns  de 
dans   rechange   d'un  lingot   d'ur   lin  ,    pefafl 
marc  ,  contre  les  cfpcci^s  d'or  avec 
en  paye   ce  pnx.  Cette  p-rte  cxcèd.  po 

cent ,  aitift  révaluAtion  critiquée  eft  juiU  ,  6l  Id  | 
errei  n  ^  Us  réticences  ,  &  les  cûpjt^ertcts  Impmdm' 
ris  r^'exifteat  que  dans  les  îaifafin-m^ns  6t  lo  *f* 
ferJorls  du  critique. 

Lés  cli.imbrei  du  commerce  s'étant  explîqtïétt  1 
fur  la    querfion   du    furacliat  ,    de  mirJèrci  ^Rtl 
Iai(îer  aucun  doute  fur  Ç^s  inconvénicns  ,  je  mVl 
ter  dis  tout<"S  réflexions  fur  les   obfcivatîont   ^\ 
terminent  U  première  partie  de  l'ouvrage  du  fient  j 
B...;  puifquM   reconnoir  ^K  de  Fontonnjii[ 
fon  maître  ,  je  p^^uirois  produire  une  Icttic  aoeci] 
m,igirtrat  me  fit  fhonneur  ^lt  m'écrire  le  Ç  dic*^  , 
bre  1787,  par  laquelle,   après  m'avoir  afliiré , 
qu'il  rna  lu  avec  U  plus  ^rand  tmitit ,    il  a  joist?  , 
qu*il  r/?  d'accord  avec  moi  fur  toas  Us  pahits  ;  wâ* 
cette  produélton   feroii    inutile  ,    parce  Cjue  toc* 
ceux  qui  ont  lu  fes  fa  vantes  6c  utiles  rechcrdjo, 
&  qui  prendront  la  peint  de  lire  mes  obfervatkMii 
feront  bientôt  convaincus ,  que  notti  ne  diffin» 
pas  d'opinion, 

SECONDE     PARTIE. 

de  rmvrage  du  fitur  Jl, . . . 

Le  compte  que  le  fuur  Beyerlé  rend  à  la  |»fe 

33  des  expériences  faites,  en  exécution  de  V 
rètdu  premier  mars  1780,  nVft  rien  moin^  qu^-i 
épifodc  ;  il  eft  placé  là  pour  fcrvir  de  baïe  il  toei 
les  raifonnemcns  ,  ^  aux  aCTettîons  «|ui  le  ûi* 
vent,  &  fur-tout  pour  peTfuader  que  j*ai  ce  ton 
de  fuppofer  dans  mes  calculs,  que  les  ancietnloc» 
étoicnt  fabriqués  au  liue  de  ai    k*jr-.t^  ||. 

J  obferverai  d  abord  que  cette  fuppofition  km 
fondée  fur  ,!«§  jugemcns  de  pluficurs  fmk* 
mens  ,  chambres  des  cjmptes  8t  coun  éa 
*iiionncies  fur  la  notorièié  publique  ,  &  le 
Texemp'e  des  aureur*  qiïi  avoterr  traité  ciit 
matière  avant  moi  :  M  M*tct de  Ri  /-  *  i^.uA 

fon  cffai  fur  le  rapport   <^e%   monn.  'è- 

!^s  avec  les  rronnoîes  de^  France  ,    cv^îuc  k  e- 
tre  des  louis  à  11  kar;ts  ^,  c\Ôt^zézTT,  i  ï: 
31  de  plus  qiv^  m'^î.'PïulVurç  cîrc 
pèthoient  d  .iil'ci  rs  de  prendre  i 
fiance  dnns  ksréfultats  d«  cupj 
novembre  1781 ,  €i  malgré  les   ,... 
lef^uclles  on^t  procédé  l  celles  de   . 


(777) 


) 


I 
I 


I 


ei!côre  k  croire  que  !es  anciens  louis  pns  en  inaf- 
ff  ,  ibient  d  ion  au-deïïbus  du  titre  léi^al ,  quand 
je  vois  fur-tout  le  comTîierœ ,  &  les  fermiers  des 
affinages  offrir  de   les  prendre  fur  le  pied  de  j^. 

Le  fieur  B. ..  voudroit  que  dans  mes  calculs 
l'etiiTe  regardé  conîxne  tm|)ioyés  les  remèdes  tant 
de  poids  que  de  loi,  quoiqu'il  fâche  très  bien  que 
cet  emploi  n'a  jamais  Vuu  cû  totalité;  j*;ii  dîi  pren- 
dre, 6l  jai  pris,  un  terme  moy<.n  tonde  fur  les 
rcfultais  des  comptes  de  fabrication.  A/.  M.cé  de 
Ricn^Bow-g  fuppoie  que  les  direéteurs  emploient 
les  i  du  remède  dans  la  fabrication  des  efpecas 
dor  ;  fàl  adopté  cette  fuppofuion.  Miif  fai  criî 
devoir  m'écarcer  de  celle  par  laquelle  il  réduit 
ail  quart,  le  remèd:;  de  poids  employé  dans  b 
fibâcstion  des  écus  ,  6l  porter  b  quotité  de  cet 
emploi  à  la  moitié  du  remède,  parce  que  mes  re* 
cherches  m'ont  convaincu  que  cette  proportion 
fc  rapprochoit  plus  de  la  vérité  ;  vo.là  les  mofife 
d*apré^  lerqucls  j'ai  établi  les  bafes  de  mes  cal- 
culs ;  ces  motifs  paroitront  iurement  juftts  &  rai- 
fonnables  à  tous  ceux  qui  ne  font  pas  comme  le 
fieur  B, .  prciïes  par  le  bcfoîn  de  les  critiquer.  Ce: te 
CxplicatioD  répond  à  une  infinité  d'articles  ou  ces 
bafes  lui  fervent  de  prétexte  pour  arguer  de  faux 
incs  calculs,  leurs  réfultals,  &  les  conféqucnccs 
que  j'en  ai  tirées.  Il  fe  garde  bien  de  dire  que 
les  eipéritnces  dont  il  préfente  le  tableau  (ont 
podérieures  à  la  publication  de  mon  Mémoire  , 
il  place  au  contraire  ce  tableau  avant  la  difcuf- 
ûon  de  mes  obfcrvations  ,  atin  d'induire  à  croire 
qu'elles  lui  font  antérieures  ^  &  que  fai  commî» 
fciemment  îes  prétendues  erreurs  qu'il  me  repro- 
che. 

Les  parallèles  qu'il  fait  pages,  44 &  45,  delà 
con  'uite  que  le  gouvernem.m  a  tenue  depuis  le 
premier  janvier,  jufques  au  18  juin  1726*  & 
de  celle  qu'il  a  tenue  en  1785  ;  fvourroient  four- 
nir matière  à  beaucoup  de  réflexions  ;  mars  je  n*en 
ferai  qu'une  d<ns  ce  moment-ci  ,  c'etlque  les  opé- 
rations de  1726  ,  croient  les  dernières  convulfjons  , 
le*  dernier»  accè*  c'ync  a^aladîe  très-grave  ,  dont  le 
gouvernement  étoîc  attaqué  depuis  long- temps  , 
au  lieu  que  celles  de  1785  avoient  été  précédées 
par  plus  de  60  ans  de  £)abiliié.  On  peut  com- 
parer ces  dernières  aux  remèdes  que  fait  prendre 
à  un  homme  robufte,  &  jouiilant  dune  bonne 
fanté ,  un  médecin  ignorant  ,  guidé  par  un  apo- 
tîquaire  iniérciTè,  La  circulation  de  nos  louis  éoit 
parfaitement  libre ,  la  prétendue  altération  de  leur 
titre  n'emuêchoit  point  qu'ils  ne  fulTent  admi'»  en 
paiement  pour  leur  valeur  numéraire ,  tant  dans 
te  royaume  que  cher  Tetranper  ;  rien  ne  néctni- 
lOitconféqucmment  le  thangement  opéré.  Bain* 
ghem  ne  dit  point ,  ainfi  que  TatteAe  le  fieur  B, ,. 
(  page  46)  ,  que  ce  fut  fur  les  falliàtaâons  du  com- 
merce ,  que  la  remife  des  quatre  deniers  pour 
livre  ,  fut  accordée  en  1720  ;  mais  bien  fur  fes 
nffifcntdtions  ^  ce  qui   préienie  un   fens  abfolu- 

Am  &  Miturs  ,  Tome  V.  Pari^  //• 


ment  différent  :  fdlklter  auroh  fuppofé  un  befoin  /] 
nprJftntir  annonçoit  une  léfion ,   elle  exiftoit  en, 
effet  puisque  les  changeurs  qiu  ne  faifoient  aucuns, 
frais  pour  recevoir  les  matières  ,    jouiffoient  cx- 
clufivcment  d'une  temife  à  laquelle  il  parut  jufte 
de  faite  participer  les   négocians ,   qui    payoient 
feuU  la  tîépenCe  de  Timportation  de  c*;s  matières  ; 
mais  le  mot  follUiter  convenant  mieux  au  fyf- 
têmc  du  fieur  B. . ,  il  n'a  pa<i  héfué  de  le  fubf- 
lituer  à  celui  qui  fe  trouve  dan>   le  texte.  Cette 
infijélité,  &  qutlques  autres  que  jaurols  pu  rele- 
ver, mettent  un  peu  en  défaut  Tcxa^kitude  des  vé* 
rificaâons  du  ceafeur* 

L'édît  (.roSotre  1758  (  p»  47)  n'a  fans  doute 
aucun  rapport  avec  la  refonte  de  1785,  mais  m'é- 
tant  propofé  de  rendre  compte  de  toiiS  ce  qui 
sefl  fait  depuis  1726,  je  n'ai  pas  dû  négliger  de 
faire  mention  d'une  loi ,  en  vertu  de  laquelle  on 
a  fabriqué  la  très- grande  partie  du  billon  qui 
extAe  dans  la  circulation. 

Ceft  vraiment  «ne  chofe  remarquable ,  que  les 
contradictions  auxquelles  la  manie  de  la  critique 
expofe  fouvent  le  fieur  Beyerlé.  Compares  ce 
qu'il  dit  à  la  pjge  a6  ,  contre  les  particuliers 
qui  projUint  d*un  peu  d'i^norûfiit  de  ia  part  des 
mlnipfis  ,  pour  obtenir  des  conceffions  de  fur- 
acliapt  ,  avec  les  prétendues  calomnies  ,  dont  il 
m'accufe  d^ns  fes  réflexions  fur  la  huitième  Sec- 
tion (page  49  &  fuivantes),  vous  verrez  que 
j*ai  parlé  avec  la  plus  grande  modération  de  ces 
conceffionnaires  ,  tandi§  qu'au  contraire  il  les 
traite  d'avides  folîïciteurs  qiâ  ne  votent  pas  feule* 
mifit  le  [orner aïn  ,  ma//  tn.ore  Us  fujas  de  Veut  , 
&c.  &c.  Par  fon  épure  dédicatoire  ,  il  dénonce 
contme  déf^dreufe  une  temife  inflantanée  du 
droit  de  fcigneuriage ,  que  les  circonflances  ont 
rendue  indifpcnf^bte  ;  on  le  voit  ailleurs  faire 
les  plus  grands  efforts  pour  ludifier  une  conccf- 
fion  de  furadupt ,  provoquée  pendant  pluHeurs 
années  »  nonobilant  les  réclamations  du  com- 
merce f  (  voyez  la  lettre  de  Lille,  ) 

Les  lettres  des  chambres  du  commerce  répondront 
fiiffifamment  aux  affcnions,  aux  allégations»  & 
aux  ditTertations  qui  font  l'objet  des  obfervatîons 
du  fieur  B fur  les  cinq  Scftions  fuivan- 
tes ,  dans  le  (quelles  le  Mémoire  de  M.  VÀbhê 
Terrai ,  fe  trouve  inféré  ,  quoiqu'il  n'ait  aucun 
rapport  avec  mes  obfervations.  Les  faits  firr  lef- 
quels  elles  font  fondées ,  les  révolutions  du  prix 
des  matières  qui  y  font  énoncées  font  Cîcaâes  ; 
j'en  offre  la  preuve  à  ceux  qui  pourroicnt  en  dou- 
ter :  quant  aux  inditélions  que  j'en  ai  tirées  ^  & 
qu  il  plaît  au  fieur  B, , .  d'imputer  à  une  mi.harf 
ceté  noire  ^  à  l'ignorance  ^  à  la  Uîjtrete  ^  X  l*ineûn» 
fîquence  ,  j'ofe  cfpércr  que  ic  jugement  qu'il  ca 
porte  ne  fera  conHrmé  que  par  fes  cliens  &  fan 
ccnfeur* 

Les  réflexions  fur  b  Sefllon  quatoriiéme,  con- 
tiennent ujie  inculpation  dont  V  oïdacc  cft  virt* 

Fffff 


(778) 


tablement  indéfinlflabl".  Le  fieur  B, ..  me  fait  un 
crime  d'avoir  paru  douter  que  les  nouveaux  louis 
foient  fabriqués  au  titre  de  ii  katats  ji  ,  lui  qui  » 
tn  parlant  du  titre  de  ces  mêmes  efpéccs ,  nous 
dit  (page  45  )  qu*elles  font  au  moins  à  21  ka* 
rats  II  ;  lui  qui  a  fous  les  yeux  le  procès-verbal 
des  ex^ériepces  faites  en  1788 ,  lequel  prouve 
évidemment  que  mes  doutes  étoient  fondés.  Les 
nouvelles  lois  ont  ordonné  que  Ton  ajoutât  -^  de 
fin  au  titre  des  anciens  louis ,  pour  porter  le  ti- 
tre des  nouveaux  à  ar  karatsf^,  le  roi  paye 
en  conféquence  ces  -^ ,  &  cependant  le  fieur  B .  • . 
veut  peruiader  à  fis  ic fleurs  que  des  louis  fabri- 

Sués  au  titre  de  ai  karats  H  ibnt  à  un  degré  de 
n  conforme  à  refprit  de  ces  lois  ,  &   au  vœu 
du  fouverain  l  in  rébus  Jubiis  plurimi  eJiauJa.ia  {a). 

La  dè||tnfe  des  expériences  de  1788 ,  qull  lui 
plaît  d'évaluer  à  cent  mille  livres,  ne  coûtera  pas 
le  quart  de  cette  forome ,  &  elle  ne  fera  fûrement 
pas  perdue  pour  le  gouvernement. 

Les  réflexions  qui  fuivent  la  quinzième  Seâion, 
(  P^g^  71  )  contiennent  des  aveux  intéreflans.  \jt 
fieur  fi...  a  rsifon  de  penfcr  que  le  principal  ob» 
jet  de  mon  travail ,  a  été  de  prouver  que  les  fur~ 
achapts  font  odieux  6»  préjudiciables  ,  &  quils  ont 
provoqué  Faugmintation  du  pr'x  des  métaux. 

Il  prétend  enfui  e,  1^.  que  les  furachapts  ne  font 
peint  odieux  :  cela  eft  vrai ,  s*ils  ne  font  qu'mlian- 
tanés  &  provoqués  par  des  clrconfiances  impé- 
rieufes  ;  mais  non  s'ils  font  permanens,  inutiles  , 
&  exclufifs  ^  parce  qu'alors  i's  deviennent  abufifs, 

a».  Que  Us  fiirachats  ne  caufent  qu'une  élévation 
momentanée'  du  prijç  des  métaux  ,  &  qu'a  la  cejfa^ 
tion  du  furjchapt ,  le  métal  retombe  injenfiblement  à 
fa  jufle  valeur.  Cela  cft  très-Vïai ,  je  Tai  démontré 
par  des  faâs  inconteOables ,  &  j'en  ai  conclu  , 
avec  raifon  ,  que  puifquc  les  furachapts  avoient 
fait  élever  le  prix  de  Tor  ,  en '1784  &  1785  , 
leur  furpreflfîon  étoit  le  moyen  le  plus  fimple 
de  le  faire  baifferrmais  ajouter  une  nouvelle  augmen- 
tation à  celle  qu  ils  avoient  produite  ,  &  la  ren- 
dre permanente  par  la  déclaration  du  30  oâobre 
1785  ,  c'eft  avoir  fait  une  opération  tout  à-la-fois 
contraire  aux  intérêts  de  Tétat  &  du  commerce  , 
&  aux»  principes  avoués  par  le  fieur  B. . .  ;  c'eft 
avoir  rendu  le  mal  incurable  ,  au  lieu  de  concou- 
rir à  fa  guérifon. 

On  publia  quatre  tarifs  dans  l'intervalle  du  pre- 
mif  r  lanvier  au  1 8  juin  1726  :  quoique  celui  de 
1771  ,  Cït  le  feul  qui  ait  paru  depuis  cette  der- 
nière é^^oque,  il  n'en  efl  pas  moins  vrai  que  le 
tarif  di  juin  1726,  a  éprouvé  deux  changcmens 
importons  par  ks  difpofitio  s  des  arrêts  des  mois 
de  fepiembre  1729,  &  acût  1755,  m^is  il  eft 
ab'^oîument  f^ux  que  le  tarif  annexé  à  la  déclara- 
tion du  30  odobre  1785  ,  ait  été  calculé  6c  ap- 


(tf)  Publ.  Syri.  Scm. 


prouvé  par  le  commerce  ;  les  lettres  que  je  produit 
prouvent  au  contraire  que  le  commerce  le  dêf«p- 
prouve,  &  que  conféi^uemment  il  o'éioit  pas  né^ef 
faire» 

Ceft  véritablement  abufer  de  la  patience  des 
leâeurs  que  d'employer  quatre  grandes  pges 
(73  ^  77)^  effaycr  de  les  convaincre  par  les  plus 
pitoyables  ralfonnemens ,  que  Tor  &  Targem  oe 
font  pas  des  matières  premières ,  pour  un  nom- 
bre aflez  confidérable  d*ouvriers  &  de  manufacr 
tures ,  &  qu'il  ne  leur  importe  pas  d'obtenir  ces 
matières  au  plus  bas  prix  pofficie  ;  il  n'y  a  aue 
le  fieur  B:  •  •  qui  puifle  fe  permettre  de  prêcher 
une  pareille  doûrine  à  une  nation  aulfi  éclairée 
que  la  nôtre. 

J  ai  démontré  par  des  faits  irrécufables ,  que 
l'augmentation  du  prix  des  matières  depuis  1726, 
étoit  l'effet  des  opérations  du  Gouvernement.  Les 
faux  raifonnemens  du  fieur  B. ..  (  page  77  &  78  ) 
ne  me  feront  pas  changer  d'opinion  ,  encore  inoias 
me  rérraâer. 

11  eft  iurement  le  feul  qui  puifle  douter  qne 
l'on  ne  portât  par  préférence  fes  matières  aui 
hôtels  des  mon  noies  >  fi  le  commerce  ne  les  payoit 
pas  à  un  prix  fiipérieur  à  celui  du  tarif  9  Çc  qu'il 
n'y  kit  pas  une  concurrence  établie  entre  les  dir 
reâeurs  das  monnoies*8t  les  artiftes  ,  qui  force 
ces  derniers  à  augmenter  le  prix  des  marières  , 
en  raifon  de  l'accroiflcment  de  celui  auquel  on 
les  paye  aux  hôtels  des  monnoies. 

La  page  88 ,  offre  un  trait  bien  remarquable 
de  noirceur  &  de  faufTeté.  Le  fieur  B...  m'ac- 
cufe  d'avoir  eu  l'intentioi  d'attribuer  à  la  cupUià 
du  Gouvernement  les  achats  ce  piaftres  ,  il  fait 
imprimer  ces  mots  en  lettres  italiques,  afu  de 
perfuader  que  ce  font  mes  propres  expreffions, 
&  il  cite ,  en  note  ,  une  lettre  de  moi ,  pour 
infpirer  encore  plus  c'e  confiarxe.  Voici  la  co- 
pie exaâe  de  la  phrafe  de  la  lettre  imprimée , 
que  je  lui  adreffai  le  20  mai  1788  .  (  6£  non  le 
20  mai  1787  ,  )  tKe  fe  trOw.ve  à  la  pagj  16. 
«  Je  commencerai  par  vous  obiérvcr  qi!c  c'eâ 
"manquer  (.(fjntiellement  à  raJmiin.  ra  irn, 
**  que  de  préconifer  avec  autaiK  d'kfftâ«ti(*n  «jue 
•  vous  le  faites,  (pages  93»  94  &  95t)  u« 
»  aiïertioo  qui  ^  fi  elle  pouvoir  être  fondée, 
».  déi.honorer<)it  le  Gouvernemef*t ,  puilqu  elle  as- 
>*  trihue  à  fa  cupidité  1  altération  prétendue  du  ti- 
»  tre  de  nos  efpèces  d'or.  «•  Ainfi  pour  parve- 
nir à  me  faire  croire  coupable  d'avoir  calomnié 
Tadminiflrrition,  le  fieur  B. . .  ofe  extraire  d'une 
phrafe  abrolumi:nt  étrangère  à  Toi  jet  de  fa  criti- 
que ,  des  exprcfTions  que  j'ai  employées  ,  à  déten- 
dre cette  même  admini  fi  ration ,  a' une  imputatbu 
calomnie ufe  dont  il  s' eft  déclaré  le  traJuHeur  ùCf 
diteur  :  une  atrocité  aufli  réflé'  hi«  ,  ell  vérimble- 
ment  une  de  ces  monftruofités  y  fur  l  fqudles  le  ficur 
B...  convient  que  la  naiure  au  céjcfpoir  v^rje  du 
larmes  de  fang.  (  page  11.  ) 

J'ai  loué  Af.  Colbert,  de  ce  que  voulant  pro- 


(779 


voquer  h  rentrée  des  erpèces  Narionalei ,  que  la 
guerre  avoit  fait  paiTer  chez  Tétranger,  fit  aiig- 
menter  le  travail  des  m  on  noies  ,  il  préféra  de 
mettre  un  impôt  fur  les  ouvrages  d'or  &  d'ar- 
gent ,  &  d*accordcr  la  remife  du  droit  de  feigfieu- 
riage,  plutôt  que  de  refotiare  les  efpéces  6c  d'ayg- 
mcnt^^r  le  prix  des  matières  ;  le  ficur  B...  ne  la- 
chant  comment  foumettre  ces  faits  à  fa  critique, 
jt  cru  pouvoir  fe  permettre  de  fuppofer  que  j'a- 
vois  dit,  que  le  pùx  de  ces  miitiêres  n'avoit  éprou- 
vé aucune  augmentation  »  pendant  le  miniflêre  de 
Af-  Colhet^  Ôc  afin  dVmpecher  qu'on  apperçoive 

Ila  fauiTetê  de  cette  fuppofition  ,  il  a  fupnmé  la 
partie  du  texte  de  mes  obfervations  oîi  jc  ûxc 
répoque«  depuis  laquelle  fm  entendu  dire  que 
ce  prix  n  avoir  fubi  aucun  changement.  J'aurois 
pu  ajouter,  au  furplus  ^  que  pendant  tout  te  cours 
de  l'a^iminiitration  de  ce  grand  Minière,  il  n*y 
i  eut  ni  refonie  d*efpèces  ^  ni  publication  d'aucuns 
tarifs  émanés  du  conle^l ,  portant  augmentation 
du  prix  des  matières*  Les  tables  de  Veliai  fur  les 
monnoies  par  M*  Duprc-de-SMnt  M^ur  ,  prouvent 
(  page  ai6  )  que  les  valeurs  du  mate  d'. raient 
furent  toujours  les  mêmes  dtjpuis  1655  ,  jjfques 
en  1689.  Lacgmentation   marqtiée  fur  les  tables 

IdeU  Bianc  ,  6c  de  Bû^highcm  ,  que  f^i  répétée  dans 
Talm^nach  des  monnoies  a  v^aîlembUblement 
eu  pour  bafe  le  cours  du  commerc;. 
Les  efforts  que  le  fieur  B..,  fuit  depuis  la  page 
89,  jufques  à  la  iS'.  lei5tion ,  (  page  io3  )  pour 
embrouiller  la  queÛion  des  furachapts ,  font  fou- 
verainement  radicules  ;  les   ciiarions ,  les  rappro- 

kchemens,  le  méhnge  des   extraits  du    texte  des 
ouvrages  de  M.  N.  avec  quelques  phrafes  ou  par- 
ties de  phrafes  «   prifes   dans   mes  obfervations  , 
tout  y  cil  marqué  au  coin  de  la  mauvaife  foi. 
Il  me  femble  qu'il  a  mil  pris  fon  temps ,  pour 
pcrfuader  que  la  fonie  dc\   ef  éces    ne  doit    pas 
è«re  libre  ,  comme  celle  de  tous  Us  autres  objets 
d'échange. 
K        Je   crains    peu   W^tt   de   la  dénonct.itton   qui 
H    termine  fes  réflexions  fur  la  2^\   fedron.  On   ne 
H   trouvctra,  fTirement ,  d.ins  les   décrets  que  nous 
^    attendons  de  la  fagelT^  de  raffemblée  nationale  j 
aucun  article  qui  inflige  des  pein:s  aux  citoyens» 
qui   révèlent  des    erreurs  dont  tes  confé;4uence§ 
peuvent  compromettre  les  îrrtéréts  de  la  fociété  i 

■    mais  il  ell  vraifemblabîe  quVlle  s'orcupera  de  la 
punition  de  ces  diffamateurs  ftipendiatres ,  qui ,  de 
^        tous  let  ptrtuhdtiurs  du  repos  public ,  (j)  font  véri- 
tablement les  plus  dangereux. 

L'erreur  que  Ton  me  reproche  à  la  page  1 1 1 , 


{a)  Qualification    dont  le  sieur  B..,  me  gratifie,   (  page 

Cirfummt...,Vis  ,  atqut  Injufia  quemque 
Atfut  unie  tJtorta  tjl ,  «i  tum  ^Itrumqm  Hvmiu 

{  Lucrct*  lib.  5*  ) 


n'exifte  point.  Les  valeurs  intrinféques  &  cirrin- 
feques  des  efpéces  n'ont  éprouvé  aucune  varia» 
finn  deoui^i  le  a/  mai  1716,  juîquesau  30  oâobre 
1785.  Ù.i  a  employé ,  ou  du  employer,  la  mê- 
me quatitité  de  madère  à  faire  un  louis  ât  un  écu. 
Le  lotus  a  eu  cours  [our  24  livres  ,  &  Técu  pour 
6  livres  ^  voilà  ce  que  )'ai  voulu  dire ,  votli  ce 
que  mon  texte  exprime ,  il  faut  avoir  befoin  de 
le  critiquer  pour.  Tcxpliquer  autrement. 

On  m'accufe  dans  une  note  ,  (  page  113)  d'a- 
voir blâmé  la  proportion  adoptée  par  Louii  XI f^, 
&  confequemment  U  Blanc ^qm  l'd vantée;  cette 
accijfation  ell  une  calomnie  ;  car  je  n'ai  pas  dit 
un  mot  de  cette  proportion  ;  je  r»?nds  hommage 
aux  connoiffances  &  aux  favantes  recherches  de 
U  Blanc  ;  mais  mon  admiration  n'efl  point 
fervile,  &  je  n'Iitftterois  pas  à  combattre  celle  de 
fes  affertions  qui  ne  me  paronroit  pas  fondée. 

Les  railbnnemens  que  Ton  emploie  pour  crirî* 
qucr  le  texte  de  mes  obftrrvaiions ,  qui  compofe 
les  feftion*  31  ,  &  31.  font  fi  peu  concluanTs  , 
q  ;e  je  crois  pouvoir  me  difpcnfer  d*y  répondre. 

Les  réflexions  fur  U  33*.  fe^^ion  ont  principa- 
lement pour  objet  de  verger  Tamour  propre  du 
faifeur  de  projets»  6t  du  mtniflre  qu  il  a  trompé. 
On  commence  par  m'accufer  d'avoir  péché  con- 
tre la  chronologie  ,  en  difam  que  le  Grand-Henri^ 
qui  étoit  mort  en  1610,  avoit  confuhé  en  1^41  « 
fes  principiles  villes  fur  le  choix  d\n^  propor- 
tion, Perfonnc ,  en  me  lifant ,  ne  me  jugera  cou- 
pable d\in  pareil  anacrontfme.  J'ai  dît  qu'en  160  2*, 
on  confuha  ,  je  me  fuis  fondé  fur  le  paffage  de 
U  Bianc ^  rapporte  pages  122  ^113  ,  j'ai  dltquon 
confuha  en  1641  ^  àl  j'en  trouve  la  preuve  dam 
ce  même  auteur,  (  page  393  )  voici  comme  il 
s'explique,  w  Lorfi|ii'en  1641  ,  Louis  XlU  ^  vou- 
»  lut  faire  convertir  îes  monnoîes  étrangères  qui 
i>  avoient  C'iurs  en  France,  en  d*autres  efpéces 
M  qui  portaffcnt  fon  image,  il  fit  îffembler  ce 
11  qu'il  y  a  voie  de  plus  habiles  gens  à  Paris  , 
»>  en  fait  de  monnoies ,  pour  avoir  leur  avis  fur 
«  la  proportion  qu'on  devoir  cbferver  entre  for 
n  8t  l'argent ,  on  fit  faire  des  effais  de  toutes  îes 
ïi  monnoies  de  nos  voifms,  en  pr^fence  des  prin- 
'»•  ctpaux  M. niftres  d'Etat ,  pour  connoiirc  quelle 
If  étoit  leur  proportion,  «c 

Cette  affertion  eft  répétée  par  BAyn^hcfn ,  (  pages 
108  &  Ç56,  du  fécond  volume  de  (on  traité  des 
monnoies,  )  le  fieur  B.,.  ne  Tignorc  pas,  in.iis 
il  a  contraéèé  Thonncte  habitude  de  tronquer ,  Se 
les  paflages  qu'il  critique  ,  &  les  autorités  qu'il 
,ci£e  ,  toutes  les  fois  que  le  befoin  de  déckirtr 
Texige, 

JVi  dit ,  &  je  perfiAe  à  dire  que  l'on  n'a  con- 
fuite,  en  r785  ,  que  l'auteur  du  projet  de  la  re- 
fonte, &  le*  perfonnes  qui,  appelées  à  en  parta- 
ger aveclui  les  profits,  ètoient ,  comme  lui ,  inté- 
reffécs  à  ce  que  ce  projet  fut  adopté.  Les  lettres 

Fffffij 


(780) 


deî  Chambres  du  commerce  prouveront  fi  j'ai  eu 
lort  ou  raifon  d'annoncer  que  Tancienne  pro- 
portion étojc  conforme  à  leur  vœu. 

Je  ne  rappellerai  point  ici  ce  que  'fài  déjà 
dit  de  mon  opinion ,  fur  le  titre  des  anciens  louis , 
mais  je  dois  obferver  fur  les  raifonnemens  aux- 
quels fe  livre  le  fieur  B. . .  à  la  page  1 29 ,  que  les 
réfultats  des  expériences,  faites  au  mois  de  no- 
vembre 1-85  ,  H*ont  pas  pu  influer  fur  la  déter- 
mination de  refondre  les  eipéces  d*or,  puifque  ces 
expériences  font  poftérieures  à  la  déclaration 
qui  a  ordonné  la  refonte  de  ces  efpèces  :  j*a joute- 
rai que  comme  on  ne  fe  plaignoit  pas  du  titre 
de  ces  efpèces  ,  foit  dans  le  Royaume ,  foit  dans 
l'étranger ,  l'infériorité  de  ce  titre  ne  doit  pas  être 
admife  au  nombre  des  motifs  qui  ont  provoqué 
la  rc  fente. 

Cvfl  une  chofe  vraiment  platfante  que  de  voir 
lefieur  B...  nous  aflurer  (  page  132  )  que,  fi 
l'Efpagne  &  le  Portugal  vouloient  élever  le  prix 
des  métaux ,  les  autres  puiifances  auroient  le  droit 
de  les  en  emêcher,  comme  fi  une  puiffance  quel- 
conque pouvoit  fixer  le  prix  de  nos  denrées  ,  & 
nous  forcer  de  les  lui  donner  à  ce  prix  ?  fi  j'a- 
vois  befoinde  prouver  l'inutilité  de  la  refonte  de 
1785,  j'en  trouverois  l'aveu  dans  cette  phrafe 
de  la  page  136.  »  Je  dois  aujji  obferver 
«  quiT  nous  cft  indifférent  d'attirer  Us  piapres 
n  d*Efpagne ,  par  préférence  à  Vor  Efpa.noi  , 
»  ou  Portugais  ,  parce  que  Por  quifoldera  la  balance 
n  de  notre  commerce ^cr a  échangé ,  quand  qn  le  vou- 
»  DRA  ,  contre  Usplaflres  d'un  p  lys  qui  ,  ayant  plus 
m  d'argent  que  étor^  a  intérêt  d attirer  ce  dern'w 
n  métal  g  pour  maintenir  une  propO'tum  ra:fonab'.een' 
n  tre  les  métaux,  a  Puifqu'il  dépendoit  de  nous  d'é- 
changer notre  argent  contre  l'or  des  £fpagnols , 
ou  des  Portugais  ,  il  étoit  donc  inutile  de  refon- 
dre nos  efpèces  pour  aitirer  cet  or,  &  puifque 
nous  avions  Tinte'  tion  de  Tartirer ,  il  étoit  in- 
conféquent  &  abfurde  d'attacher  à  fa  valeur  un 
plus  haut  prix  ;  rintérèt  de  celui  qui  propofe 
ou  projette  un  échange  n'étant  pas  d'élever  le 
prix  des  propriétés  étrangères  dont  il  dcfire  ob- 
tenir la  poffeffion. 

Tous  les  raîfonnements  que  le  fieur  B, . .  em- 
ployé depuis  la  page  139,  j  ^fques  à  celle  14?; 
pour  peruiader  que  nou-»  n'avons  pas  été  lézes 
dans  l'échange  des  anciens  louis  ,  contre  les  nou- 
veaux ,  &  que  la  refonte  n'a  pas  provoqué  d'une 
manière  défaftr»:ufe  ,  l'exportanon  de  nos  efpèces 
d'argent ,  font  fi  abfurdes  ,  fi  contraires  à  la  noto- 
riété jjublique ,  que  je  me  crois  difpcnfé  de  me 
livrer  ï  leur  difcuffion.  ^ 

Les  papiers  ptb.ics  d'Angleterre,  ont  tous  an- 
noncé que  vers  la  fin  de  l'année  17S6  ,  il  y  étoit 
paffé  une  Ci  g»ande  quantité  de  nos  écus  ,  qu'ils 
y  étcioDt  plus  abondants  qu'à  Paris,  &  comme 
ces  mêmes  journaîiftes  avoicnt  annoncé  en  ^785  , 
antérieurement  à  notre  refonte ,  que  l'or  étoit  de- 
venu fi  abondant  à  Londres ,  que  la  banque  avoir 


cru  devoir  en  baifler  le  prix  («) ,  il  efl  évident  (rac 
c'eA  une  portion  confidérable  de  cet  or,  que  loa 
eft  venu  échanger  en  France  contre  des  ècus , 
parce  que  cet  échange  ofiVoit  un  bénéfice ,  capa- 
ble de  tenter  les  fpécuiatetirs  ;  il  ne  me  ferott 
m^e  pas  difficile  d»  prouver  qu^indépendam^ 
ment  des  anciens  louis,  que  cette  fpécalattMi 
ruineufe  pour  notre  numéraire,  a  fait  rentrer  en 
France  ,  elle  y  a  fait  apporter  pour  20  millions 
de  gui  nées.  Cîomment  le  fieur  B. .  •  peut -il  oié- 
connoîire  les  funeûes  effets  de  ces  échanges  après 
êtrft  convenu(  p2ge  44  )  que  l'élévation  du  prix 
des  matières  en  France  tourne  toujours  au  pro- 
fit de  l'étranger. 

La  lettre  delà  Chambre  du  commerce  de  Ulle, 
prouve  que  le  haut  prix  que  nous  avons  atta- 
ché à  l'or ,  a  fait  pafler  une  quantité  trés-coafi- 
dérable  de  notre  numéraire  d'argent  »  dans  les 
Pays-Bas  Autrichiens  ;  celle  de  M.  le  Comte 
de  Vergennes  ,  que  je  vais  tranfcrire  ,  prouvera 
que  la  refonte  a  produit  le  même  effet  en  AI- 
face. 

n  J'ai  chargé  M.  ,  comme  vous  l'avez  defiré, 
n  M.  de  la  Gclaiiière  de  faire  conftater  ,  s'il  éfoit 

19  vrai  que  le  fi>^ur fe  fat  permis  ,  comine 

»  on  l'aaffijré,  de  faire  porter  d'anciens  louis  d'or 
n  en  Suific— cj  Ma^ifirat  me  marque  qu'il  ré* 
»  fuite  (!.s  éclaircidemens  qu'il  a  pris  à  ce  fu- 
»  jet  qu'il  efi  non-foulement  invraifembiaUe  , 
n  mais  même  impoffible ,  que  cette  imputation  foit 
Il  fondée  ;  voici  U  raifon  qu'il  en  dunne.— ^Les 
Il  Négocians  de  Bafl<  «  ne  donncûent  guères  que 
Il  6  ou  7  fols  de  bénéfice  fur  les  louis  dont  il  s'a- 
n  git.  En  les  portant  à  laiaennoiede  Stra(bourg, 
1»  on  en  recevoir  un  bénéfice  plus  confidérable, 
)•  &  celui  qu'offroicntles  juifs  qui  parcouroicnt 
»  l'Alface,  alloit  jufqu'à  9    &   lO  fols  ;  il  n'eft 

»  donc  pas  croyable  que  le  fieur ait  pris 

Il  la  peine  de  faire  porter  des  efpéce.*  ferablabies 
Il  en  SuifTe,  pour  faire  rn  gain  moindre  que  c^ 
»•  lui  qu'il  pouvoit  fe  procurer  fans  fortir  de  cher 

Il  lui. Je    fuis   perluadé  M.    que  cette  raifon 

»  vous  paroitra  fans  réplique.  Au  reAe  ^  )  ne 
Il  crois  pas  devoir  vous  laifier  ignorer  que  fi  M  deU 
H  Galai^ière  penft  que ,  d'spres  ces  faits  ,  le  tranf- 
»  port  des  efpèces  ci 'or  à  l'étranger  ,  ne  paroit 
i>  pas  à  craindre  «  parce  qu'il  ne  prèfente  aucua 
Il  appât,  il  n'tn  efi  pas  de  même  de  celui   des 

efpèces  d'ar^  nt. ^Voici  ce  qu'il  me  marque 

Il  à  ce  fujet.  Comme  les  nouv'  aux  louis  d't>r  œ 
•  font  > dit-il ,  reçus  dans  les  Etats  étrangers  vtK- 
V  fins  du  Rhin ,  que  pour  23  livres,  5  ou  fix  folSf 
»  on  eft  (Tir  en  y  faifant  pafier  14  livres ,  en  ef* 
n  pèces  d'argent,  d'y  recevoir  un  louis  en  or. 
Il  &  un  bénéfice  d'environ  13  fols.  Cet  amJt  ê 
Il  engagé  plnfeurs  particuliers ,  à  fiire  pajer  m 
w  AlUmjone  ,  d:s  fommes  confîJK-rab'es  en  argau 
n  Cette   exportation  ,  en  rendant  l'or  trés-c-  n- 

(a)  Voyez  kcexifeur  unirerfel,  du  ao  juillet  1785  «  aV.iS* 


(78>) 


mun  en  A* face  y  4  h:am:éup  dmnué  la  ma£e 
^  des  efpucs  d*arg€ni ,  bc  les  nègocians  fe  plai- 
»  gfiem  de  ce  que  la  rareté  de  ces  dernières  met 
»  de  l'embarras  dans  le  commerce ,  ik  rend  fur- 
n  tout  difficiles  les  paie  mens  des  fommes  modi- 
n  ques.  M,  de  L  GaLiiière  ajoute  quï\  fait  tout 
j>  ce  qui  dépend  de  lui  pour  empêcher  ce  dèfor- 
»  dre  ;  mais  que  l'appât  e{\  û  léduifant ,  &  les 
n  moyens  de  frauder  fi  multipliés  en  Alfacc  , 
s»  que  fes  foins  &  la  furveîllance  des  prèpofés  de 
V  la  ferme  E^énéraîe  ,  font  prefque  toujours  inu- 

«•tilcs Ccft  à   vous  M,  à  juger  qu'elle  aiten- 

»  tion    peut    mériter    cette    dénonciation. J'ai 

n  l'honneur  d'être ,  &c,  figné  Je  Fcr^cnr.es, 

Cette  lettre  n'a  pas  befoin  de  commentaire  » 
elle  confirme  fous  tous  ks  rapports  ,  la  vérité  de 
mes  alTcriioràS ,  en  même  temps  qu'elle  démon- 
tre la  fauir.t^  de  celles  du  ûeur  B,  ..6t  de  fcs 
raifonnemens. 

Il  feroit  difficile  tic  coticilier  le  troifième  mo- 
tif de  la  dcclaratioq  (  page  14^  )  ,  6c  les  rcEexions 
du  fieur  B. . .  (  page  110)  avec  fcs  aflertions  pré- 
cédentes ,  &  celles  de  tous  les  détraOeurs  du  ti- 
tre de  nos  anciens  louis.  Eft-il  queflion  de  prou* 
Ver  la  taéccifitô  de  la  refonte  ?  le  fieur  B. .,  d'ac- 
cord avec  le  préambule  de  la  déclaration,  pré- 
leod  qu'un  des  moiils  .qui  Ta  provoquée  ,  c'efl  que 
nos  cfpèces  avoleni  une  valeur  intrinfque ,  fupé' 
ricure  à  Lur  vaUur  U^alc  ^  &  qu'il  itou  conf'qu:m~ 
ment  mJiJpenfihle  di  Us  refondre  ,  afin  d^ empêcher 
nos  voifins  de  profiter  de  none  ignorance^  6*  de  no^ 
trt  inJohncc^  S*agit-il  de  juftifier  la  remife  des 
quatre  ircnte-deuxièmes  ?  ces  mêmes  perfonnes 
foutîennent ,  qu^un  des  motifs  de  la  refonte  a  été 
de  rétablir  le  titre  de  nos  efpèces  d*or  ,  qui  avoît 
été  confidcrablem^ni  altéré  depuis  1726, 

J*ai  dit ,  (voyez  le  texte  page  147  feâion  45  )  que 
nous  avons  eu  lort  de  renoncer,  tn  refondant 
nos  efpèces  d'or,  6c  en  altérant  leur  poids  ^  au 
fyAéme  de  Habilité  dont  oo  avoic  ïi  autbeniique- 
ment  recornu  Us  avaniaçes  en  1771*  Pour  par- 
venir à  critiquer  cette  aflertion ,  qui  eft  confor- 
me aui  principes  avoués  par  les  plui  grands  ad- 
miniilrateurs^  Ôz  les  monétaires  les  f;lus  inflrults  , 
notamment  p»r  G r»:i/m. ti/j ,  dont  le  fieur  ^,,,pri* 
tend  avoir  traduit  les  ouvrages,  &  dont  il  a  fait 
le  plus  pompeux  é  oge  »  i)  donne  à  entendre  que 
î^ai  voulu  parler  de  la  fiabilité  du  prix  des  mé- 
taux ^  âc  il  en  conclut  que  mon  fy^éme  ch  auûi 
ridicule,  que  le  feroit  cctui  de  la  fi.^bt!ité  du  (rix 
du  foin.  Ce  A  un  fiin,'rtL  t-Jeni  que  celui  de  la  cri- 
tique ,  quand  on  Texerce  avec  autant  de  dé- 
loyauté. 

Tout  le  monde  fait  que  le  rot  a  pris  fur  fes  bé- 
néfices ,  rintwiêt  des  re*ard%  que  le  public  a  éprou- 
vés pendant  queiqi!  ■  temps  dans  la  rentrée  du 
produit  de   (^s  loiii»  ;  mais    cert^   ^épcnfe  n^au- 

Iroit  iras    eu    ieu  fi,  f«'  s  auxun  autre  m^itif  que 
celui  d'accélérer  la  fabrication,  afin  de  jouir  plu-  ^^ 
^ 


I 
I 


tôt  des  gratifications  promifes  ,  &c, ,  «n  n'eût 
pas  furpris  la  religion  du  mUiiilre ,  en  le  portant 
à  fixer  à  un  lerme,  dont  la  brièveté  étoit  vériia* 
bleracr.t  riditule,  U  jouifTance  du  prix  de  750  liv,  « 
que  Ton  a  enfuitc  fuccciîvcm^nt  prorogé  jufques 
au  ^premier  janvier  de  la  (.réfente  année,  &  à 
concentrer,  d'abord,  dan^  c.nq  monnoies ,  fcuïd- 
m.nt,  tout  le  travail  de  la  r^ tonte. 

On  me  reproche  à  la  pag.  148  ,  de  ne  pas  dire 
qu*on  avoit  élevé  en  17x6,  k  feigneuriage  à  iiç 
livres  1  foli  3  deniers,  &:  ccpeniiant  b  note  ^laquelle 
on  renvoyé  eA  extraite  de  mc^  obfervations  ;  c'eft 
au  furplu^  une  fing'jjière  excufe  ,  que  celle  de  dire 
qu'on  a  eu  raifon  de  faire  une  mauvaile  opération  , 
parce  qu'on  en  a  f;;ii  une  plu>  mauvai(e  encore 
dans  une  autre  circonftance. 

La  fin  de  cet  article,  offre  une  nouvelle  preuve 
de  la  facilité  avec  laquelle  le  fieur  B».,  le  cor- 
tredit,  quand  cela  peut  convenir  à  fcs  vues  ;  il 
a  dit  page  132  ,  que  îi  les  puiflances  propriétaires 
des  métaux  vouloient  en  poncr  \z  vakur  à  un 
trop  haut  prix,  on  pourroit  les  en  empêcher  ;  & 
il  dit  ici ,  que  nous  foir.mes  forcés  de  (ubir  la  loi 
que  ces  proprihaires  nous  impofent ,  lorfque  nous 
avons  befom  des  produits  de  leur  minc5. 

Les  réflexions  qui  fuivent,  (  page  149  )  1247*, 
&  dernière  fcélion  font  véritablcmcru  du  galima- 
tias dottbte.  Quani  au  farcafme  qui  les  termine, 
le  trait  part  de  trop  b-s  pour  atteindre  a  la  hau- 
teur du  grand  minifire  ,  contre  lequel  il  eA 
lancé. 

TROISIÈME     PARTIE. 


dis  ohfervations  critiques. 

Craignant  fans  doute  »  que  fa  critique  ne  pro- 
duifit  pas  tout  Teffet  quM  en  atteodoit ,  s*il  con- 
tinwoit  de  copier  mon  texte,  le  fieur  B,..  a  cru 
devoir  s'en  tenir  à  donner  fes  décifions  fur  les 
réflexions  générales  .  concernant  radminiftration 
des  monnoics ,  qui  tettninent  mes  obfervations  ; 
maïs  j*efpérc  qu'on  re  me  jugera  pas  fur  fa  parole , 
fur-tout  d*aprés  les  preuves  multipliées  de  foo  eX' 
trrme  véracité  ^  qi  e  je  viens  de  rapporter. 

La  troifième  partie  de  fa  critique  contient  des 
obfervations,  par  Icfque'les  il  annonce  un  ou- 
vrage irnportam  qui  cocr prendra  tout  ce  que  Ton 
peut  rarfcmblcr  ût  dire  de  plus  iniéreffant  ,  fur 
l'hifloire,  la  fabrication  ,  &  la  léfi^iflaiion  des  mon- 
noic's.  L'Af^emblée  n-tioral^  regretter* ,  fans  doute  , 
qu'il  ne  foit  pas  dés-i-préfenr  en  état  de  lui  com- 
muniquer un  travail  aiiiTi  digne  de  fon  attention  ; 
Tefiai  que  l'Auteur  vient  de  Ibi  dédier  ,  nVfi-il 
pa^  propre  à  en  faite  cor  cevoir  une  haute  opi- 
nion. 

il  y  a-t-il  pas  cependant  de  la  nuil-adrcffe  à 
conunuer  de  fi  montrer  inconféquent  à  rinflant 


(782) 


même  oîi  Ton  cherche  à  infplrer  de  la  confiance  ? 
Comment  le  fieur  B. .  •  ne  s'eft-il  pas  apperçu 
que  la  déraonfttation  qu'il  s  cru  devoir  faire  , 
(  P^l^^  154  )  ^^^  avantages  de  Tadmiflion  d'une 
monnoie  invariable ,  contraitoit  fingulièrement  y 
Hvec  Tindécente  déclamation  qu'il  s  t(l  permife  9 
(  page  147  )  contre  le  fyftôme  de  ftabiiité  dont 
j'ai  Uit  reloge  ?  (a). 

Ceft  afficher,  fans  doute,  une  grande  difcié- 
tion  ,  que  de  s'abftenir  de  publier  un  piocés-ver- 
bal ,  quand  on  s'eit  permis  d*en  faire  imprimer 
les*  réfultats  ;  les  pcrlonnes  qui  Tout  lu  ne  jpren- 
dront  iïrement  pas  le  change  fur  les  motifs  de 
cette  hypocrite  circonfpedion. 

La  déclaration,  par  laquelle  le  fieur  B..*  ter- 
mine cette  dernière  partie  de  fon  ouvrage,  eft 
vraiment  un  perfifflage  du  genre  le  plus  odieux. 
On  a  pu  fe  convaincre  que  ce  n'eft  pas  i'amcur 
de  la  vérité^  qui  le  porte  à  me  ^ecA/Ver;  il  aflfure 
dans  plufieurs  endroits  >  que  ce  n*eA  pas  U  haine  ; 

feroit-ce  l'intérêt! quoiqu'il  en  foit ,  s'il 

me  falloit  opter  de  partager  fes  louinges  avec  Us 
vertueux  amis ,  auxquels  il  les  proftitue ,  ou  de 
continuer  d'être  lep'adron  de  fa  critique ,  je  pré- 
férerois ,  fans  héfiter ,  ce  dcri:ier  parti. 


Réfutation  ^une  diJfcrtdt:on ,  &c. 


Ce  Mémoire  ,  qui  eft  à  U  fuite  des  obfervations 
critiques  du  fieur  B.  •  . ,  en  a  vraifemblable- 
ment  été  le  canevas  ;  c'eft  l'ouvrage  du  fieur  M. 
Auteur  du  projet  de  la  refonte.  Si  elle  n'y  eft  pas 
défendue  avec  plus  de  méthode  &  de  bonne-foi  , 
elle  Teft  au  moins  avec  phis  de  décence.  Ces 
deux  produâions  étant  rédigées  fur  un  même  plan , 
d'après  les  mêmes  principes ,  &  dans  les  raêmesvues, 
je  craindrois  de  me  répéter  ft  j'entreprenois  (ie  difcu- 
tcr ,  article  par  article  ,  celle  du  fieur  M.  Je  vais  feu- 
lement relever  les  inconféquences ,  les  contra- 
didions,  les  faufles  afferticns ,  &  les  principes 
erronés  qui  lui  font  propres  ;  les  lettres  des  cham- 
bres du  commerce  ,  répondront  pour  moi  au  fur- 
plus  de  fa  réfutation. 

On  trouve  d*abord  page  159,  l'aveu  d'une  vérité 


{a)  Les  avantages  de  ce  fyftême,  éroient  avoués  &  recon- 
nus dès  le  douzième  fiècle»  (  voyez  Ze  Blanc  ,  page  93.  ) 

MelancUm  ,  &  plufieurs  autres  Auteurs ,  cités  par  Jean 
Kitielius  dans  fon  traité  de  jure  monetarum  y  imprimée  ^ar- 
pourg  en  1632,  aflurent  que  les  changemens  de  monnoies  , 
font  des  préfages  de  fubites  révolutions  dans  les  états. 


qui  ne  pouvoir  être  corteftée  que  par  ie  fieor 
B. . .  (  page  73  )  ,  c*elt  que  l'or  6c  l^rgent ,  ftmt 
les  mat.  en  s  premières  de  plu/leurs  ohjeis  d'inJufirU,' 
Le  fieur  M.  aflure  (  voyez  les  pages  161  & 
162  )  que  l'Ângletetre  ayant  perdu  pendant  la 
guerre  beaucoup  de  guinées ,  &  voulant  réparer 
cette  perte  par  de  fortes  fabrications  9  exporta  beau- 
coup de  nos  louis  en  1784 ,  &  les  paya  jufques  à  14 
livres  12  fols.  J'ai  u^  état  irésexaâ  du  prix  des 
matières  à  Londres ,  pris  au  dernier  jour  de  cha- 
cun des  trimeftres  des  38  années  qui  fe  (ont 
écoulées  depuis  le  premier  janvier  1751  ;  cet  état 
prouve  que  dans  Tintervallc  du  premier  janvier 
au  30  juin  1784 ,  le  'prix  de  l'or  baîffa  d'un  de- 
nier &  demi  fterling  par  once,  que  cette  dimi- 
nution fe  foutint  jufques  au  mois  de  juillet  178) , 
011  elle  fe  trouva  portée  à  6  deniers  ^  &  que  , 
depuis  cette  époque ,  l'or  eft  refté  au  même  prix. 
Ces  faits ,  dont  la  vérité  eft  confignée  dans  tous 
les  papiers  publics,  prouvent  que  les  Anglob  , 
beaucoup  plus  fagês  ,  &  plus  confèauens  que 
nous ,  ont  réparé  la  perte  que  la  maue  de  leur 
numéraire  d  or  avoir  éprouvée  pendant  la  guerre, 
fans  augmenter  le  prix  de  certe  matière ,  tandis 
que  pour  parvenir  au  même  but,  notis  avons ^s 
une  ropte  toute  oppofée ,  puifque  nous  avons  élevé 
de  784  livres  11  lois  11  deniers  à  828  livres  11 
fols ,  le  prix  de  ce  même  métai. 

Cette  différence  de  conduite ,  provient  de  ce 
qu'en  Angleterre,  perfonne  ne  fpécule  fur  la  fa- 
brication des  efpéces  ;  la  banque  n'en  fait  frap- 
per qu'en  raifon  des  befoins  de  la  circulation  ; 
n'ayant  point  de  mines  d'or  &  d'argent  ;  elle  fut 
que  l'augmentation  du  prix  des  matières  tourne 
toujours  au  profit  de  l'étranger  prof>riétaire  de 
ces  mines  ,  &  elle  prend  ,  en  conféquence  ,  tou- 
tes les  mefures  néceffaires  pour  s'y  oppofer.  D 
eft  fouvent  arrivé  que  lorfque  des  négociai» 
cherchoient  à  faire  hauffer  ce  prix  pour  tirer  un 
meilleur  parti  de  l'or ,  qu'ils  avoient  reçu  de  Té- 
trangcr  en  payement ,  la  banque  en  faifoit  vec- 
dre  auftîtôt  une  certaine  quantité  à  un  prix  plus 
bas  ,  pour  contrarier  ces  fpéculattons  ,  &  en  en- 
pêcher  l'effet  ;  en  France ,  au  contraire ,  l'inté- 
rêt des  fournifteurs  de  matières  ,  &  celui  des  of- 
ficiers qui  les  convertiffent  en  efpéces,  portent  fans 
ceile  les  uns  &  les  autres  à  en  augmenter  on 
foutenir  le  prix.  Ces  vérités  ne  peuvent  être  coo- 
te/lées  que  par  ceux  qui  n'ont  aucune  teinture  de 
notre  adminiftration  monétaire,  &  de  celle  dei 
Anglois. 

Puifque  dans  un  temps ,  où  il  eft  prouvé  qne 
le  prix  de  l'or  baiftbit  progreftivement  en  Ar^e- 
terre ,  au  lieu  d'auementer ,  ainfî  que  le  prétend 
fauffement  le  fieur  M.  «,  les  Anglois  pay  oient  nos 
louis  24  livres  12  fols»  eft-il  bien  vrai  que  led- 
tre  4c  ces  efpéces  fût  altéré.  ?  . .  •  •  Mais  «  en  fop- 
pofant  que  cette  altération  prétendue  exiftât  rèd- 


(  783  ) 


lement,  dè«  qu'elle  n'empècholt  pas  que  ces  ef- 
péccîk  n'euir<;nt  cours  en  France  pour  24  livres, 
&  pour  une  valeur  rupéiîeure  chex  L'érringer , 
ètoit-ii    donc  néceiTaire  de  ks  refondre  ? 

Le  fieur  M.  aTiire  (  pag  s    161  81  162  )  que 
Tor    éroit    rj^e  61  cher  en  France  en  ijSi ,  que 
le  prix  de  ce    métal»  tombé  en  17^5  ,   fe  releva 
en    1784  ;  puîfque  ces  révolutions  étoient  Teffet 
des  r^^éculations ,  ou  des   befolns  du  commerce , 
ne  d- voit- on  pas  s'attendre  que  raugmentâtion  de 
î  8ç  ,  ne  feroit  que  momenrarjée    comme  celles 
qui  l*a voient  précéder  ,  &  s*jbllenir  de  toute  opé- 
ration tendante  à  la  foutenîr  ;  cette  conduire  ètoit 
indiquée  par  la  politique  et  rexpérience  ,  il  n'y  a 
que    rmtérêt    pcrfonnel    qui   ait  pu    porter  à  en 
^^ tracer  une  autre  ;  i*homme  qui  cft  forcé  de  con- 
^■V^iiîr ,  (  rragc  174  )  qL€  comme  rien  n:  pcu*^  empé- 
^BcAfr  de  p^yer  en  efpè^et  Vexcélant  de  la  huhnceJu 
^Ê€  fmme  ce  ^  cete   néceifiré  o:cafi:nn£  des  variations 
J^  ^t^eiau:/ûii  t'ès'ConfiJé  dhics  ^  das  le  prix  d:  lor  6* 
J  l  ^^er:t  fo't  i  Lond  es ,  foh  à  Paris  ,  mais  ^uauf' 
'^lût  ffve  fcs  ctrconftjnCiS  qui  ont  vc:jfionné  ces  vj- 
yriaî  uns    ctjfent ,  la   valeur   des    m: taux  rent  t  dans 
la  p'oportiOn  natirelL-, 

^m      Lî   changement  de   cette  proportion  eft  Tartî- 

Bde  fur  lequel  le   fiJur  M*  fv-  contredit  &  dé  ai- 

"  fonne  le  ilus  complètement  ;  après   être  convenu 

(  page  1 64  )  ^{uc  lorfqiic  1  Efp^gne ,  prend  une  f-rp- 

protîonq  II  n'cll  pasrehtiv-  s  celle  dcs  autres  états , 

clïe  finit  par  être  obligée  de  l\-bindonntT,  &  de 

rcpr^nire  ce' le  qu'elle  a  qui  ée,  il  nous  dit  \  la 

pagrj  174,  ^/f  VEfp^gie  &  h  FotLf^al^  pojfèdam 

\  feules  les  fjuTCcs  de  l  or  ^  le  prix  quel  es  ont  msà 

[  i*Qr  devient  un  prix  de  nécejjité  po  ir  i  ut  s  la  piuf" 

ftnei  qtit   /iV/ïf  point  de  mims  ;  il  faut  l'aJoptff 

^i>ii  s\n  pajfir.    La  première  de  ces  afTcriions  étant 

f  vraie,  comme  l'a  prouve  le  retour  d^'  TEf^iagne  , 

I  à  Tancienne  proportion ,  qu'elle  avoit  quittée  ,  il 

tn  refaite  que  nous  ne  dtvions  pai  rimiî:r  lorf- 

i  qu*cîle  a  fait  ce  changement.  La  leconde  aff;rtion 

eft  contra didoire  avec  b  première,  &  fa  tautîtté 

cfl  démontrée  par  la  conduue  de  la  Hollande  & 

dj  rAug'ercrre,  qui  n'ont  ni  changé  leurs  propcr- 

^|ions,  ni  élevé  le  prix  de  for. 

La  conduite  que  le  roi  de  Sardatgne&rEmpereur 
ont  tenue  s'explique  par  la  crainte  qu'ils  ont  eu 
de  voir  palTer  tojt  leur  numéraire  d*or  en  Fran- 
ce ,  ce  qui  eft  prouvé,  relativement  à  TEmpe- 
reur ,  par  b  lettre  de  la  chambre  du  commerce 
de  Lilk-  ;  i'ii;ouïcrai  d'ailleurs  que  ce  fouverain 
'  ayant  des  mitres  d'or  en  Hongrie ,  il  lui  importe 
d^éiever  le  prix  de   ce  ptécieux   métal. 

Le  fieur  M.   nous  dit  à  la  page  i6ç ,  qu'il  ell 
dç  rinîérét  de  b  France,  de  mettre  à  Vor  une  vj~ 

Ihuf  trèifappo^hèi  dt  l'argent  ,  âc  ii  vvut  noui 
perîua^Ier  que  la  ptûpurti<*n  nouvelle ,  qui  éloi- 
gne CCS  valeurs  Turc  d^  Tautre ,  elt  co.iforu;e 
aux  intérêts  de  la  France!  il  y  a  peu  d'exem* 


pies  d'une  telle  înconféquence  ;  en  voici  cepen- 
dant yn  autre  trait ,  non  moins  remarquable. 

Le  fieur  M  blâme  ,  (  pag*:  167  )  b  précauiioit 
que  rou  prit  en  1771  >  de  confulter  les  cham- 
bres du  commerce  ,  p.jr:e  ^ail  m  s'agtJfo:t^  dit^ 
il,  que  d'un  Uger  changement  qui  n*  et  oit  provoqué 
par  aucune  caufe  étrangère  ;  il  ajoute  que  c*etoit  don-^ 
ner  de  V importance  à  un  petit  otjct»  Et  il  prétend 
que  cette  confultatioti  n^étoit  pas  néceuaire  en 
1785,  pour  un  changement  qui  iniereffoit,  non- 
feulement  le  commerce ,  mais  tous  les  individus  du 
Roy  aune  ;  révènemeni  a  prouvé  ,  qu*en  pre- 
nant le  parti  de  s'en  rapporter  à  fon  opinion  ,  oa 
a  facrifié  rtntait  général ^  à  désintérêts  particu» 
liers, 

Preiïé  d;  répondre  aux  reproches  que  j  at  faits 
aux  Auteurs  du  projet  de  b  refonte  de  n*avotr 
obfcrvé  ,  fou%  aucuns  rapports ,  b' proportion  nou- 
velle quHls  venoieuf  d'établir^  il  préttïid  fejuftifier 
en  d  fantp  (  p:igo  170  &  171  )  que  dans  les  cal- 
culs qui  ont  iervi  de  bafe  i  la  fixation  de  cette 
proportion  ,  on  a  tou  ours  fuppolé  que  les  an* 
ciens&  les  nouveaux  louis  étoient  fabriqLés  au  titre 
de  21  karats  I7.  Cet  aveu,  infiniment  précieux  , 
eA  tièa-propre  à  ionner  une  jude  iJée,  de  b  vé- 
racité àw  critique,  &  de  fes  afToclés*  Le  fisur 
P.,.  me  fait  un  crime  depuis  le  commencement 
de  fcs  obfervations  jufjues  à  U  rin,d*iivoir  fup- 
pofé  dans  mes  calculs  ,  que  les  anciens  fouis  fuf- 
ftnt  fabriqués  à  21  karats  yj,  &  il  prétend  ,  ainii 
que  le  fieur  M. ,  que  c*eft  le  bas  titre  de  ces  ef- 
pèces  qui  a  déierminé  à  ks  refondre  -^  fi  le  titre 
de  21  karats  |^,  a  réellement  fervi  de  bafe  aux 
calculs  &  à  la  fixation  de  la  proportion  nouveUe  , 
il  ne  peut  pas  être  vrai  que  le  bas  titre  des  louis, 
ait  été  un  des  motifs  de  la  refonte  ;  il  y  a  tié- 
CLfliiremcnt  une  des  deux  adertions,  qui  pèche 
contre  la  vérité  ;  peut -on  fe  permettre  ,  d'ar- 
guer de  taux  mes  bàfes  »  lotfqn'elles  portent  fur 
un  titre  inférieur  k  celui  que  le  fteur  M.  prétend 
avoir  aiopté  ? 

Les  fleurs  B,..  &  M.  ne  font  pas  plus  d'accord 
furie  titre  de% nouveaux  louis.  L'un  les  (appoÇ^ 
à  11  kjrats  fj,  au  moins ^  &  laune  à  ~^.  Si  le 
premier  a  ration  ,  Ôi  fi  les  anciens  louis  n'étoieni 
qu'à  21  kirats  7;*  on  n*a  donc  pas  fait  l'addi- 
tion des  Yi  »  payés  par  le  Roi.  Si  c'eft  le  fteur 
M.  qui  elt  le  ^lus  véridique  ,  il  s'cnfuivroit  que 
les  a;ïcicns  louis,  feroient  à  11  karars  yj  ,  puif- 
qu'une  addition  de  3^,  les  auroit  portés  à  n  ka- 
rats f|. 

Ce  dernier  nous  fait  à  la  page  16S  un  aveu 
plus  intéreïTant  ;  il  y  convient  à* un  fait  qui  prouve 
P'us  que  tous  les  raifonnemens  df»ni  je  pourrois 
faire  uf  ge ,  rmutillté  de  notre  ch  ngement  de 
prorortion.  Ce  bit,  qui  cft  notoire,  eil  que  TEf- 
l^3gne,  ayant  fans  dourc ,  éç%  motifs  de  sctoi- 
gner  de  la  proportion  ^  à  mefure  qtic  nous  nous 


(784) 


en  rapprochons ,  vient  de  baifler  le  titre  de  fes 
cfpèccs  dor,  ce  qui  élève  par  le  fait ,  celle  qu'elle 
a  reprife  en  1779.  Faut-il  qu'en  fuîvant  fon  ex- 
emple nous  baifllons  le  titre  de  nos  louis ,  ou  que 
nous  les  refondions  encore,  pour  prendre  une 
nouvelle  proportion  ;  non  \  on  fs  jcrvira ,  dît  le 
fieur  M.  d'un  moyen  qui  a  été  en  réferve  pour  ce 
cas^  dans  Us  opérations  de  la  refonte ,  &  que  le  cenfeur 
[^tsioi)  na  pas  éventée  On  croit  en  lifant  cette 
annonce  emphatique  ,  que  le  fieur  M.  a  dépofé 
dans  le  fein  de  TadminiOration,  une  de  ces  dé- 
couvertes précicufes ,  qui  honorent  également  & 
leurs  Auteurs ,  &  le  liècle  qui  les  a  vu  na  tre  ? 
on  fe  fent  tourmenté  du  defir  de  connoître  une 
ftufli  merveilleufe  invention,  mais  fon  zèle  pa- 
triotique ne  lui  permettant  pas  de  laiiTer  long- 
temps fes  leâcurs  dans  Tincertitude  à  cet  égard  , 
il  a  bientôt  la  bonté  de  les  mettre  dans  fa  confi- 
dence. Une  nouvelle  gratification  de  cent  mille 
écus ,  feroit  fans  doute  audeffous  l'uu  pareil  bien- 
fait. Ce  grand  moyen  que  perfonne  n*a  éventé  , 
qui  pafle  les  bornes  de  Tefprit  humain ,  confiAe 
à  prendre  fur  les  bénéfices  du  feigneuriage ,  com- 
me on  Ta  fait  depuis  1726,  ju^ues  en  1773  « 
Taugmentation  du  prix  de  l'or ,  O  altitudo  ! 

Le  fieur  M.  voulant  enfuite  rendre  raifon  de 
l'augmentation  ,  du  feigneuriage  nous  dit ,  (  page 
176.  )  «*  Un  fécond  motif  de  cet  accroiffement  du 
m  feigneuriage  f  cejl  de  prévenir  toute  augmentation 
n  de  l'or  ene:^  L'étranger ,  fans  être  obligé  de  rtcou^ 
n  rir  À  une  nouvelle  opération  en  France  ,  au  moyen 
n  de  la  diminution  des  bénéfices  'du  roi ,  quon  pourra 
n  faire  en  augmentant  le  tarif  »  Et  l'homme  qui 
deraifonne  à  ce  point,  eft  celui  dont  le  fieur  B... 
vante  les  talens ,  les  grands  principes  »  les  con- 
noifTinces.  &c.  &c.  ! 

Quelques  réflexions ,  fur  l'utilité  de  la  refonte 
terminent  cette  merveilleufe  réfutation.  Le  fieur 
M.  a  le  courage  de  répéter  encore  qu'elle  a  pro« 
-curé  12  millions  de  bénéfice  ,  aux  propriétaires 
des  anciens  louis,  &  xo  millions  au  roi ,  6c qu'elle 
a  augmenté  de  36  millions,  la  mafTe  des  richef- 
fcs  du  royaume.  J'ai  fi  clairement  démontré  dans 
mes  obicrvations ,  l'abfurdiié  de  la  première  & 
de  la  dernière  de  ces  afTertions ,  que  je  me  crois 
difpenfé  d'entrer  dans  de  nouveaux  détails  à  cet 
éeaid  ;  je  demanderai  feulement  au  fieur  M.  s'il 
efi  poflible  que  tout  le  monde  gagne  dans  un 
échange  de  cette  nature  ;  Ç\  le  roi  a  pu  gagner , 
fans  que  fes  lujets  perdirent  ;  il  n'y  a  que  des 
enfans  ,  à  qui  on  puifie  perfuadcr  que  la  nchefie 
du  royaume  ,  fe  trouveroit  doublée  s'il  plaifoit  au 
fouverain,  de  doubler  la  valeur  ^numéraire  de 
toutes  les  efpèces  courantes^  fans  rien  ajouter 
à  leur  titre ,  ni  à  leur  poids.  Dans  l'état  aâuel , 
un  louis  ancien ,  fuppofé  droit  de  poids ,  &  au 
titre  de  21  karats  {7  6c  demi,  pour  lequel  il  efl 
admis  au  change  ,  vaut  intrinfèqucment ,  au  prix 
du  tarif  24  livres  13  fols  1 1  deniers  :  le  louis  nou- 
veau >^  en  le  fuppofant  également  droit  de  poids  j 


&  en  admettant  >  qu^il  Toit  fiibriquéy  au  titre  de 
21  karats  f^,  ne  vaut  intrînfëqaement ,  tu  prix 
de  ce  même  tarif,  qiie  23  livres  7  fols  3  de- 
niers ;  il  n'efl  donc  pas  vrai  que  le  propriétaire 
d'un  louis  nouveau ,  foit  réellement  auffi  riche . 
que  le  propriétaire  d*un  louis  ancien ,  même  ea 
fuppofant  que  ce  dernier  foit  à  plus  bas  titre  qne 
le  premier.  La  refonte  a  augmenté  d*un  feiztéme 
la  mafle  numéraire  de  nos  efpèces  d*or ,  niais  la 
mafle  de  la  matière  avec  laquelle  elles  font  fa- 
briquées étant  refiée  la  même ,  parce  quVUes  ont 
perdu  en  poids ,  ce  qu'elles  ont  gagné  en  ueoi- 
bre ,  il  n'eft  pas  vrai  que  notre  richefle  foit  aug- 
mentée :  Non  enim  hetc  numéro  fcd  pondère  jmÏh 
cantur  (a).  La  façon  d'une  pièce  d'orfèvrerie  U 
donne  une  valeur  idéale  qui  excède  fa  valew 
réelle  ;  mais  celle-ci  confifie  unîquemeuc  dans  k 
titre  8c  le  pcids  de  la-fliatière. 

QUATRIÈME      PARTIE. 

Copie  de  ma  lettre  aux  chambres  du  commerce^ 
de  Tôuloufcy  MarfeiUe^  Nanus,  Bordeaux^  IMe^ 
Dunkerque  ^  Lyon ,  lorient ,  Bayonne  ,  U  Havre  ^  S. 
Malo ,  Amiens ,  S.  Quentin  &  Rouen  ,  en  date  dk 
27  oElobre  1787.  À  laquelle  étaient  joints  des  exem- 
plaires de  mes  obfervations. 

ce  M.  M..«.»  Monfeîgneur  T Archevêque  de 
n  Touloufe ,  m'ayant  autorift  k  vous  coamùni* 
n  quer  mes  obfcrvations ,  fur  la  déclaration  di 
n  30  oftobre  1785 ,  oui  a  ordonné  la  refonte 
n  des  efpéces  dor.  Se  fur  Taugmentatioa  pro- 
n  greffive  du  prix  des  matières  d'or  &  d'argent; 
Il  l'ai  l'honneur  de  vous  en  envoyer  deux  cx- 
9»  emplaires  ;  je  vous  prie  de  vouloir  biea  les 
w  lire,  &  les  examiner  avec  toute  i'attentioo 
ti  qu'exigent  des  oueAions  auffi  intèrefiantes  poor 
»  le  commerce,  oc  de  me  faire  part  enfutie  des 
n  réflexions  dont  elles  vous  auront  paru  fufccp- 
n  tibles.  n 

Tai  t honneur  d*êtr€  ,  &c. 

Lettre  &  obfcrvations  ,    de  la  chambre  du  commerce 
de  BaYOSNE. 

N.  B,  Les  réponfes  des  chambres  du  commerce  du  Ha- 
vre ,  d'Amiens  ,  de  S,  Quentin  ,  S.  Malo  &  Rouen  , 
ne  me  font  pas  parvenues  ;  la  chambre  du  comment 
de  Rouen  y  par  oit  néanmoins  avoir  là  mon  ouvra^^ 
pufqu'elle  le  c.'te  avec  éloee  dans  une  note  qui  fe 
trouve  au  bas  de  la  page  8  ,  de  fes  cbfervations  ptr 
la  lettre  de  la  chambre  du  commerce  de  Normande, 
publiées,  en  1788. 

M.  la  chambre  vous  a  &it  attendre  longtemps 
fa  réponfe ,  à  la  lettre  que  vous  lui  fites  lïiofl- 
neur  de  lui  écrire  le  27  octobre  dernier ,  parce 
qu'elle  fe  propofoit  d'y  joindre  fes  obfervatioai 


{a)  Cicero  deofficiis^  lib.  9» 


ftf 


(785) 


fur  le  Mimoîre  qui  raccompagnoît.  Li  rédac- 
tion de  celles-ci  a  éié  retardée  oai  pluficurs  eau 
fes.  Il  falloic  que  !a  partie  des  calculs  fut  raumîfe 
à  des  vérifications  rèirérées  ,  pour  en  affurer  Texac* 
titude»  &  former  la  bafe  des  confcquences  que 
Y10US  en  avoos  déduites  ^  à  quoi  nous  avons  donné 
toute  notre  attention. 

Vous  retrouverez,  Monlîeur ,  dans  ces  obferva- 
tions»  dont  nous  vous  remettoi  s  ci  joint  une  co- 
pie «  les  mêmes  principes  que  vous  avez  adoptés 
dans  votre  Mcmoire  ,  fur  les  încooveniens  de  la 
refonte  de  Tor ,  &  fur  les  conséquences  iacbeufes 
qui  en  ont  refaite.  Nous  nous  femmes  permis  feu- 
lement de  ne  pas  admettre ,  au  nfvmbr^  de  ces 
conféquenccs ,  la  haufTe  du  change  d'Efpagne  ,  qui 
nous  a  paru  tenir  à  d*auues  caufes.  La  connoif- 
fance  immédiate  des  révolutions  qu^éprouv^  le 
commerce  d'Efpîgne  ,  de  leur  influence  fur  fes 
changes  »  dérive  de  notre  GtLauon  ^  &  des  rela- 
tions confiantes  ^ue  nous  avons  avec  lei  diver- 
fe»  places  de  ce  Royaume.  Nous  aurions  pu»  pir 
cette  raifcn  ,  ajouter  i  vos  réfltxions,  le  dé  a!l 
des  faits  qui  fe  font  paffés  fcm  nos  yeui  ^  depuis 
la  refonte.  Et  en  effet ,  nous  avons  %'u  »  immédia* 
tement  après  Tarrêt  du  30  of^obre  ,  le  prijt  de 
Tor  d'Eif  agne  fuivre  !a  progreffion  du  nouveau 
tarif,  les  quadiuples  neuves  ayant  iié  portées  de 
80  Ijvies  ^  fous  ,  à  81  livres  ti  fous*  &  Us 
rîeilies  de  81  à  8)  livres  ^  fout.  Ce:ta  bauiTe  a 
été  accrue  depuis  par  les  prîmes  qui  fe  font  éu- 
bîies  sur  les  matières  d'or.  Elles  ont  été  portées 
fucccHivement  de  j  pour  ^  à  | ,  laux  auqu(.l  etîes 
fe  foutienncm  aujourd'hui.  Pour  cakukr  :our  le 
défivantage  de  ce  furhauncmeot  ,  il  fa«;drdrt 
ajouter  au  bénéfice  accoidé  ï  r£*J*ajËne  ,  cehsi 
qtie  fau  l'étranger  »  au  détTÎment  de  u  France^  en 
retirant  de  cçllc-ci ,  en  argent  »  la  folde  de  fes 
exportations  »  qu'il  y  a  fait  verfcr  en  or  par  lEf- 
paçne. 

Le  moyen  que  vous  propofez,  pour  réparer 
le  mal,  en  abandonnant  au  commerce  ie  droit 
de  fcigneur  a^^e  du  Roi ,   tant  fur  Tor  que    fur 
l'argent,  k  Tinflar  de  ce  qui  fe  pratique  en  Angle- 
terre ,   nous  a  paru  avoir  quelques  inconvéntens 
JK>ur  Targcyt^  Le  premier  effet  d*unc  pareille  in- 
novation dans  le  Royaume,  fcroit  de  faire  haufler 
le  prix  de  ce  métal,  &  dy  attirer  une  quantité  de 
numéraire  dont  la  difproportion ,  avec  !a  balance 
de  notre  commerce ,  ftroit  baiffer  les  changes  de 
la  France,  avec  toute*  les  nations  (^ut  fourni^rent , 
conjointement  avec  elle,  en  Efpagne,  le  produit 
de   leur   fol   6c  de  leur  induAric,  Cet  inconvé- 
lient,  neft  pas  le  feul ,  comme  vous  le  vcrrta 
d^Af  nos  observations.;  mais  en  adoptant  votre 
'  ftéme»  pour  Tor,  nous  Ta  vons.  pour  ^infi  dire,  dé* 
elop^è  ^  en  demandant  que  la  fixation  du  prix 
t  £ù  métal   foit    déformas  attribuée  au  com- 
crce,âc    CD  éiabUILnt  que    c\A  le  véritable 
oycn  de  re^'ouver  .ta  proportion  rcla  ive,  dant 
ù  sVft  éloigné  dans  le  uoiiVcau  tarif. 


Nous  avons  cm  devoir  profiter  de  Toccafioii 
que  faifoît  naître  la  difcuffion  de  ces  objets ,  pour 
attirer  ratcention  du  gouvernement  fur  les  fit- 
ncftes  effets  produits  par  les  furachapts  »  dont 
jouirent  les  particuliers ,  8c  par  les  fervices  corn* 
mis  dans  les  provinces  ,  pour  les  anticipations  de 
fonds  au  tréfor-royal.  Témoins  ,  depuis  long- 
temps  »  des  p!aies  profondes  que  font  au  com- 
merce les  opérations  qui  en  font  la  fuite ,  le  de- 
voir de  nos  places  nous  prefcrit  d'indiquer  U 
fource  du  mal ,  &  d^cmployer  tous  nos  cffotts 
pour  y  apporter  le  remède ,  qui  ii*eft  autre  que 
[abandon  d*un  pareil  syftéme. 

Nous  ofons  nous  flatter ,  Monfieur ,  que  005 
obfervations  mériteront  de  votre  part  quelque 
indulgence ,  par  le  zèle  qui  nous  les  a  dlAées.  Si 
vous  deviez  en  fa're  ufage  auprès  du  Gouverne- 
ment ,  pour  Texécution  de  quelques  nouvelles 
vues,  nous  vous  prions  d*appuycr  nos  réclama- 
tiens  relatives  aux  furachaptsàc  aux  fervices  ,  dont 
vous  agpcrcevrez  aifément  la  juftice  &  la  liaifon 
intime  avec  Tintérét  du  commerce. 

Nous  avons  Thonneur  d*ètre  ,  -avec  une  parfaite 
confîdéf  ation  »  &c» 

OBSERVATIONS 


Di  la  chdmhrt  du  commerce  de  Baronne ,  fur  um 
Mémoire  imprimé  ^  ayant  peur  chjet  r examen  d^ 
Li  dé  Urdfwn  du  jo  oélohre  1785  ,  qui  a  ordonné 
Li  refonte  des  efpèets  d'or^&  Jts  caufs  de  taug* 
mtnt^tlon  prQg'eJfive  du  prix  des  mdtikres  d'or  O 
dWgent ,  depuis  ie  premier  jarrfler  1^16* 

Quelque  Tobjct  principal  du  Mémoire  que  la 
chambre  a  eu  l'honneur  de  recevoir  d'envoi  de 
M.  des  Rotours ,  premier  commis  des  finances  , 
au  département  des  mon  noies ,  foit  de  difcuter 
les  inconvémcn»  de  la  refonte  des  cfpéccs  d'or  ^ 
eSc^iïéé  en  vertu  de  la  déclarailon  du  50  ofto- 
bre  17C5,  il  a  paru  que  le  dévcloppemenr  de 
cette  queAion  en  avoit  lait  naître  quelques  autres 
non  motn%  iaiére(Tarites  pour  le  bien  de  l'état  Se 
pour  Tavanzage  du  commerce,  Ceft  ce  qui  a  dé» 
terminé  la  chambre»  à  produire  les  obfervaiions 
fuivantcs. 

En  premier  lieu,  (ur  les  eaufcs  de  l'augmen- 
tation fucceffive  du  prix  des  tnadéres  cTor  & 
d  argent ,  depuis  Tannàe  1716, 

En  fécond  lieu  »  fur  les  réfultats  du  change- 
ment de  proportion  établi  par  îa  rdbme  du  30 
octobre  1785  ,  entre  le  prix  des  matières  d'or  âc 
des  mauércs  d'argent. 

En  troificme  Ucu ,  fur  les  vériobîcs  8f  prirct* 
pales  eaufcs  de  Talcération  du  change  de  [a  France  « 


(786) 


avec    la  Ho^ande  ,    rAnglcterre   &  rEfpagne  , 
pendant  tes  anaées  1784,  1785  &  1786. 

En  quaYriéme  Heu ,  fur  le»  effets  de»  divers 
furacliipn  accordés  par  le  gouvernement  à  quel- 
ques particuliers ,  6c  des  opéfadons  faites  dans  (ei 
provinces,  pour  k  compte  des  banqu îcn  ou  finan- 
ciers chargés  de  fervices  ou  aniicipadons  de  fonds 
au  trèfor-royal. 

En  cinquième  lieu,  fur  les  avantages  ou  les 
inconvéîiiens  que  produiroit  moralement.  Téta- 
bliiTemeiK  d*un  nouveau  fyflêmc  ,  pour  les  ma- 
tières d*or,  &  l'abandon  des  droits  de  fcigneu- 
riage  ,  fur  les  efpécei  d'or  &  d*argent* 


Des  dîverfes  caufes  qui  ont  ^  depuis  Fannéc 
1726  ,  opéré  les  augmentations  fucceiTives  du 
prix  des  matières  d'or  &  d^argent ,  celle  qu'j  y 
a  influe  d  une  manière  plus  dîrcde  »  a  été  la  ré- 
ëuâion  a'uiie  partie  des  droits  d^  feigneuriage  du 
Roî,  Ces  droits  en  effet  ,  à  Tepoque  du  18  juin 
de  la  même  année,  étant  de  51  livres  4  fous  par 
marc  d'or,  &  de  a  livres  17  fout  4  deniers  par 
marc  d'argent ,  furent  réduits  par  le  dernier  tarif 
du  1  ç  mai  ï  775  à  1 1  livres  7  fous  1 1  deniers  fur 
For,  &  à  15  fous  4  denier»  fur  Targent.  Et  cette 
léduftfon  fut  cnvîfagée ,  de  la  pan  du  fouverain  , 
comme  un  véritable  encouragement  accordé  au 
commerce ,  &  tout  à  la-fois  j  comme  un  moyen 
dffuré  d'attirer  dans  k  royaume,  une  plus  forte 
quantité  de  numéraire.  Au  premier  coup-d'œil  , 
îL  paroitroit  que  ce  bènédpe  eft  en  faveur  de  Té- 
t ranger  qui  apporte  fcs  matières  d'or  6l  d'ar- 
gent. Mais  outre  que  les  faits  éiibliffcnt  avec 
évidence  ,  que  depuis  1716 ,  îa  balance  du  com- 
merce de  îa  France  avec  les  nations  voifines , 
Se  rEfpagne  en  particulier  ,  bien  loin  de  dimi- 
nuer,  s* eu  accrue  cenfidéiablcmcnt ,  il  n*eft  pas 
moins  vrai  que  tous  les  objets  repréCcntés  par 
Tor  &  Vargent  ont  participé  à  la  même  progref- 
fton  de  valeur  ,  en  forte  qu'il  n*y  a  eu  ,  dans  le 
fait ,  de  changé  ,  que  les  dénominations. 

Une  féconde  ciufe  du  renchériflement  des  ma- 
tières d'ùf  &  d'argent  dans  le  coDimcrce ,  e{l  li 
confommaion  qui  en  a  été  faite  pour  tes  cliofes 
de  lu3te  ,  ou  autres  produâ-ons  de  l'induiïrie  ;  cha- 
que année  les  befolns  imaginaires  s'étant  mul- 
tipliés,  le  commerce  a  dû,  pour  s'afTurer  uae 
préférence  ^  excéder  k  prix  auquel  les  efpèces 
étoient  admifes  aux  hâtels  dei  monnoîes. 

L^accroiilement  du  commerce  des  compagnies 
des  Indes  ,  ayant  donné  lieu  à  une  exporTa:it>n 
beaucoup  p!us  confidérable  de  piadres,  aura  cou* 
tribué  encore  à  en  haulTcr  le  pria  ;  &  qua^t  aux 
niaiière?  d  or,  le  prix  qu  elles  va'oicnt  en  Angleterre 
depuis  1751  ,  cité  par  Tauteur  du  Mémoire,  in- 
vhoit  néceirairement  le  commerce  à  fe  tappro* 


cher  du  même  niveau  ,  &  en  f e  confo,-« 
Texemple  dis  autres  cations  ,  à  prcfirnter  è  l_„__ 
Qui   po^édent  les  mines ,  les    mém^s   avantage» 
dans  leurs  échanges. 

Mais  bien  loin  cru*il  ait  réTultè  uo  préjudice  1 
cet  accroiffcment  de  valeur,  la  France  y  a  bcaa^ 
coup  gagné  ,   en  ce  que  fEfpagnol ,    feduii  parj 
l'apparence  d'un  bénéfice  fur  fes   e Xpert ati^ :;» , 
les  a  accumulées,  fans  s*appcrcevc  ir  que  leatMr- 
chandifes   qu'il  aciietoit  en   retour  ,  étoient  «rê- 
vées d'un  renchérifFîmcct  au  sioins  égal.  Cette 
vérité   foufire    néanmoins  quelques    exceptioes, 
dans  les  cas   où  ,  par  de»  opérations  forcées,   h 
France  ft  charge  d'une  quantité  de  madères  tôt 
ic  d'argent  excédant  la  balance  de  f«^fi  cosisnerce 
avec  Téiranger  :  de  quoi  il  fera  parlé  ci-apia. 

§.  n. 

L'Efpagne  étant  débitrice  de  la  France ,  efl  icntte 
de  fe  libérer  avec  fcs  madères  d'or  et  d^argent  : 
il  feroit  affex  lodifTcrent  qu'elle  donnât  ia  préft- 
rence  à  l'un  ou  à  Tautre  de  ces  métaux  ,  fi  le» 
rapports  établis  en  France  entre  leur  valeur  ref* 

fiedive  ,  fe  trou  voient  égaux  à  ceux  qu*ont  adopté 
es  nadons  auxquclks  la  France  doit  une  (ol4e 
annuelle  pour  fes  importations  :  alors  des  con- 
venances purement  arbiti aires  décermineroiea 
feules  le  choix  de»  métaux  employés  à  ces  paye* 
mens.  Néanmoins  le  tranfport  de  l'or  étant  iki 
aifé  &  moins  coûteux,  ce  dernier  fer«tt  reciier- 
ché  dans  quelques  circonftances  &  it  y  aitroit 
des  inconvéniens  k  en  être  abfolument  privé* 

Si  toutefois  rEfp;ïgne  &  le  Portugal  cnchè- 
riffoîent  leur  or,  au  point  d'en  empêcher  rcx* 
portation,  il  ne  faudroit  pas  s'en  alUrmcr ,  parce 
*qLi*indépendamment  de  la  perte  que  leur  ciufe- 
roit  une  difproportion  trop  fonc  entre  ïe  pm 
de  l'or  &  de  l'argent ,  qui  les  feroii  bientôt  re* 
venir  de  leur  erreur ,  ces  deut  nattans  ,  fc  no.- 
veroient  ,  avant  long-temps ,  tellemeni  furch^» 
gées  d'or  ,  di  appauvries  d'argent ,  qu^elles  ne 
pourroient  fe  dtfpenfer  de  rétablir  ui^  oouvàit 
proportion. 

C'eft   donc  à  confervtr   la  proportion  étabSl 
chez  \ts  tiations,  auxquelles  la  France  eft  n 
vablt  d'une  folde  annuelle,  que  Ton  doit  s*a 
cher;  car  une  valeur  plus  forte  attribuée  à  î'of| 
ou  à  l'argent ,  feroit ,  ainfi  qu'on  la  déjà  dît  pmt 
l'Effagnc   &  le  Portugal  ,    dirparottre   le  méîJj 
dont  le   prix  feroit  moindre  ;  &  fi    c'étoct  Ti 
gent ,  il  en  naiiroit  nombre  d'inconvènicni,  (^ 
parce   que  l'agent  eft  d'un  u'age  plus  cpuraât 
ëi  d'une  circulation  plus  ra:ile,    foit  parce  qui 
les   valeurs   quM   repréfcnte   étant    moindrci,  il 
ne  contribue  pas  î^vec  la  même  ra;>idicé  que  Tor, 
au  renchéritîcment  &  dc%  denrées  &  de  wma 
ks  cliofes  ufu^^Ues  ;  foit  parce  que  rargem  a'à 


(787) 


•lot  pis  altn  facile  à  girdcr  cpiî  Pot,  favoiife  |  l 
moins  la  pafTion  clés  avares  dVnfoulr  Iturs  ca- 
pitaux fit  de  le§  fouftraire  à  la  circulation  ;  foit 
enfin  parce  que  remploi  des  matières  d'argent 
aux  objets  de  luxe  ,  eft  beaucoup  plus  étendu ,  St 
provoque  davantage  rinduAîîe  nationale. 

L'Angleterre  fie  la  Hollande  onï  principalement 
fixe  laitcntion  des  auteurs  ;  la  prctu'ére  à  caufe 
de  la  balance  qu'elle  retire  directement  de  la 
France  ;  Si  la  lecande  conimc  fervant  d'agent 
intermédiaire  au  nord  ,  pour  reprendre  fur  la 
France  celle  qui  lui  rcvieoL 

A  partir  de  l'état  des  chofes  avant^  la  déclara- 
tion du  30  oâobre  1785  ,  6^^  en  fe  iixant ,  pour 
Tor,  au  titre  de  21  karats  \{  5c  pour  Targctit  à 
10  tJ  ,  comme  le  fait  l'auteur  du  Mcnioire ,  nous 
trouvons  quî  les  rapi^orts  de  ces  trois  états ,  êioient 
^ammt  fuit. 


troiivoit  nît  avtn- 


En  France^ 


Le  marc  d'or  à  ce  titre  contenoit  4158  grain» 
d€  mat  ère  Dure ,  dont  fouïlrait  9  grains  de  re- 
mife  de  poids,  rcfie  4149  grains^  qui  valent  30 
iou5s  de  34  li^frcs  montant  ci.  • 710  livres. 

Pour  ces  739  livres ,  on  avoir  1 10  écus  de  6 
livres  pièce ,  le  marc  étoît  à  la  taille  de  8  écuî  ^ 
&  contenoit  4176  grains  de  matière  pure ,  dout 
fouiïrait  18  grains  de  remède  de  poids  ,  fcfte  41  ç8 
grains ,  &  d'après  cette  proportion  120  écus  don- 
ooient  601 1^  grains  |y  fous. 

Ainfi,  4149  grains  d'or»  étoîent  à  601  tj  ||  grains 
iTargem  ,  comme  un  ,  à  14  j||^. 

En  Anghttnt* 

Selon  le  caîail  fait  par  M.  Macé  de  Riche- 
bourg,  dans  foi)  eflai  fur  la  qualité  des  monnoies  » 
un  marc  d'or ,  vaut  en  matière  pure  1 5  marcs  ^f|^ 
argent. 

En  HoUdndt^ 


Suivant  le  même  aureuft  un  marc  d'or  vaut 

14  marcs  » ,  &  ainfi  on 

avott  \  Londres  jf^l'^--  marc  d'argent  pour  un 
marc  d'or  ,  de  plus  qu  c:n  France;  ce  qui  faifoit 
cinq  pour  cent  frêr^- 

£n  Hollande  au  contraire  on  avoit  de  moins 
qu'en  France  ^^^^'Ij  de  marc  d'argent ,  pour  un 
marc  d*or ,  ce  qui  taifoit  v^Jm?'?'  pour  cent. 

D'après  ces  rapports,  il  convenoit  mitux  à  l'An- 
gleterre de  retirer  de  la  France   la  balance  qui 


revenoît  en  Of ,  pwifqS^ 
•i^c  de  plus  de  cinq  pour  cent  au-deCTus  de  Tar- 
ge^nt.    • 

Quant  à  la  Hollande  ,  il  lui  étoit  à peuprés 
égal,  de  prendre  Vun  ou  Taurrc,  puffquil  ny 
avoit  de  dî/férence  que  d'un  \  ouenviron  pour  cent. 

Il  paroirîoit  donc  que  ta  France  ^  auroit  dû 
prendre  un  moyen  entre  ce*  deux  nations ,  $C 
porter  le  rapport  de  Vor  à  Targenr,  comme  d'un 

Si  au  lieu  de  faire  une  refonte ,  Ton  avott  feu- 
lement porté  les  louis  de  14  livres  a  iç  livres, le 
marc  d'or  auroît  valu  15  ttï/îI  ^^^^  d'argent. 

Ou  ,  fi ,  en  faifant  une  refonte  ,  on  n'avoir 
porté  les  louis  de  14  livres  «  qu'il  la  iniUe  de  31 
au  marc,  le  marc  d  or  n'auroit  que  14  f|VH  ^^^^ 
d*argent. 

Ce  qui  feroit  beaucoup  rapproché  dans  l'un 
&  dans  l'autre  cas  du  prix  moyen  ;  au  îitu  auVa 
portant  ce  rapport  à  157,  comme  oa  Ta  tait  , 
on  a  depaffé  le  bitv  de  ^)j  Je  mire  d'argent  ^ 
ce  qui  revient  à  )  jlfj}  pour  cent. 

Examinons  quel  défavantagc  il  en  téfulte  «  OU 
peut  en  réfulter  pour  la  France  :  Ôc:  à  cet  effet, 
pofons  d';.bord  tous  les  rapports  afVuels ,  reljti- 
vemcnt  à  la  France  ^  rAngletcrrc»  &  la  Hol* 
lande. 


De  Ut  France  à  VAngUttrrt. 


Nous  avons  vu ,  d'après  M,  Macé  *  qu*un  marc 
d'argent  ne  vaut  en  Angleterre,  que  15  ^—^  marc 
d*argint  en  matière  pure.  En  France  par  la  der- 
nière augmentation  de  6  y  pK)ur  cent»  il  vaut  ac* 
tuclkment  15  tîm  »  ^^  ^<>*'tc  qu'il  y  a  une  diffc- 
rence  ^^rrrràrrrî  ^^  ^^^^  d'argent ,  de  l'un  rap- 
port à  l'autre  ce  qui  fait  un  jriinffrvil  »  ^  en  nom- 
bre rond  un  j, 

La  guinée  d'or  d'Angleterre  valant  15  a  de- 
niers fterlingi ,  contient ,  félon  le  même  auteur , 
"43  fl^  grains  de  poids  François,  en  miiiére 
pur^!,  oc  te  marc  dor  de  52  lout5  «  en  contient 
4149  grains ,  portant  chaque  louis  129  grains  j^  ; 
(J'a^  rés  ce  rapport,  t  louis  valant  un  ccu  de  60 
foit'i  revient  à  18  m^\  den.  Ûerlîngs  ci. ,  28  ^J||, 

Le  fchcling  d'atgent  Angloit  de  la  dcriTs 
fternngs  »  comiont  en  matière  pu^e  »  fuîvant  le 
même  auteur  J04  ^IH  grJn'»  poids  François  :  un 
marc  de  8  écus  7*-  de  6  liircs  ,  contient  4178 
grains  du  poids  ïrranço  , ,  6t  iuivanc  ces  rap- 
ports >  Tecu  de  )  livras  revient^  18  AW^- 

Méme  diffàrencc  de   un  -,V'^';,7;;.\7, 

Voyooi  d'après  toutes  ces  données  ,  la  diti'é-^ 
rence  qui  réfulteroli  ac^tuellemenr  de  remifes  fai- 
tes en  Angleterre  ,  en  or  ^u  argent. 

La  fabrication  des  efpéces  fe  faifant  en  Angle- 
Ggggg  i/ 


(788) 


lerrc ,  aux  frais  da  goureroefflent  »  on  y  donne 
aux  moonoies  la  même  quantité  d*or  oib  d*ar- 
geot  qu'on  y  porte. 

Ainfî ,  un  marc  de  France  de  32  louis  d'or  , 
renfermant  4149  grains  de  poids  François,  en 
matière  pure^  &  la  guinée   en  contenant   143 
^fH  félon  les  eflais  faits  à  Parts,. de  celles  con- 
tenues dans  le  médaille  monétaire  du  Roi,  rap- 
portées par  M.  Macé  de  Rtchebourg ,   on  auroit 
en  échange  à  la  monnoie  de  Londres,  28  gûinèes 
17  fcbetings  4  ^^^  ftcrlings ,  faifant  30  livres  5 
fous  4  deniers  \^j  tterlings  :  cnforte  que  Tonce , 
poids  de  marc,  du  titre  de  21  karats  f^  vaudroit 
3  livres  ijfousSd.  ~^fterHng8,&  comme  Tor  poids 
de  marc,  ne  contient  que   576  erains,  &  que 
l'once ,  poids  de  Troyes ,  en  renferme  $85  ~  , 
que  cette  dernière  péze  par  conféquent  f^lus  que 
la  première  un  rrh  P^"*^  ^^"^  >  l'once  de  Troyes 
reviendroit  à  3Uvres  16  fous  iocI.f||f|Y|flerling$, 
au  lieu  que  l'auteur  du  Mémoire  fe  kxe  à  3  li- 
vres 16  fous  3  deniers  quelle  valoit ,  à  ce  qu'il 
dit ,  à  Londres ,  en  îanvier  1787  ;  ce  qui  fait  7  de- 

cela  opère 

t  ceUe  de 

notre  ré- 

iultat  à  celui  de  l'auteur ,  page  '49^  Et  on  pour- 
rolt  croire  que  cela  tenoit  à  quelque  circonftance 
particulière,  à  moins  que  les   eflais,  rapportés 
par  M.  Macé ,  ne  fuffent  pas  exaâs  :  fixons-nous 
y  néanmoins  &  nous  aurons  ci ,  .••.........• 

30  livres  5  fous  4  deniers  f^  fterlings. 

Le  marc  d'argent  au  titre  de 
io~Atàlataille  dc8écus^,con- 
tient ,  comme  nous  l'avons  vu , 
4158  grains  en  matière  pare  : 
ainfi,  les  128  écus  en  renfer- 
mcient  64123  ff  grains  &  le 
fcheling  de  1 2  deniers  fterlings , 
en  contenant,  104  —U  fuivant 
les  effais  rapponés  par  M.  Macé  , 
en  donneroit  à  la  monnoie  de 
Londres  en  échange ,  604  fche- 
lings  5  deniers  fterlings,  f.iifant 
30  livres  14  fous  4  deniers 
■KtVJi  >  ^^^^^  l'once  poids  de 
marc,  du  titre  de  10 ~  revien- 
droit  à  59  deniers  ^  fterlings  , 
&  fi  on  y  ajoute  un  pour  cent 
ce  feroit  60  ff  pour  l'once  de 
Troyes ,  au  lieu  de  60  {  de- 
niers ,  auquel  le  porte  l  au- 
teur ,  ce  qui  fait  la  différence 
de  près  de  2  pour  cent ,  ttt  opère 
celle  de  5  fous  7  deniers  qui  fe 
trouve  de  fon  calcul  au  notre  , 


1,     f.   d. 
.30  14  4 


JL1?.3JjL 

I 347407 


8 


aij4J7i889 


Ainfi ,  Pargent  tttïAtoxt  environ  9  fchèliiis  de 
plus  que  l'or  :  ce  qui  correfpond  exaâemem  à 
un J^  pour  cent  de  différence,  que  nous  avons 
déjà  trouvé. 

L'auteur  du  Métnoire  que  nous  examinons ,  pofe 
une  livre  un  foy  flerling  ;  ce  oui  feroit  3  \  pour 
cent  ;  nous  venons  d'établir  d'où  provient  la  diffi- 
rence. 

Quoiqu*il  en  foit ,  le  prix  du  change  pour  Far- 

Sent  étant  entre  la  France  &  l'Anglv^rerre  i  18 
^"i«^s  îT«H  fterlings  pour  un  écu  de  3  livres , 
ceux  qui  ont  des  remifes  à  faire  dans  ce  dernisr 
royaume ,  ne  préfèrent  l'argent  aux  lettres  de 
chj^nge,  qu'autant  qu'il  eft  au  moins  far  ce  pied 
U.  S'il  eft  plus  haut ,  le  papier  leur  convie» 
mieux.  Or ,  le  change  étoit  à  29  1  Je  4  oâotm 
1785 ,  il  a  été  depuis  à  29  ^  ,  29  |,  ôi  *1  eft  pré- 
fcnten-eat  à  29  ^ ,  cela  indique  donc  qu'il  n'dl 
point  paffé  de  l'argent  en  Angleterre  par  î'cffctds 
la  refonte ,  &  indique  aufli  que  la  différence  fe 
réduit  à  l'objet  modique  de  unj  pour  cent,  qui 
réfulte  de  nos  combinaifons. 

Rapports  de  ta  France  à  la  Hollande. 

• 

Nous  avons  déji  vu  qu'en  Hollande  un  marc 
d'pr  ne  vaut  que  14  if  marc  d'argent ,  &  qu'en 
France ,  par  la  nouvelle  refonte  ,  il  a  été  à 
«  5  lisrir-  il  y  a  donc  une  différence  de  an  -riîfHîf 
de  marc  d'argent ,  ce  qui  fiiit  6  ^ÎH^  pour 
cent  &  en  nombre  rond  7  pour  cent. 

Selon  M.  Macé  de  Richebourg ,  le  ducat  de 
Hollande  valant  5  florins  5  fous ,  argent  cou* 
rant ,  contient  63  ^^  grains  de  poids  François 
en  matière  pure  ,  d  après  les  cffûs  faits  de  ceux 
ciu  médaille  monétaire  du  Roi  ;  le  mire  ci'or  va- 
lant 32  louis,  en  contient  ai 49  &  par  conféquent 
chaque  louis  129  grains  —  ,  amii,  d'après  ce  rap- 
port ,  le  ^  de  louis  oii  l-écu  de  3  livres  revieiit 
^  53  jHï  deniers  de  gros  par  écu,  &  en  fuppo- 
fant  l'agio  à  J  pour  cent  en  argent  de  banque  , 

••••;•••  \ 50  nH  deniers  gros. 

suivant  le  même  aateiir,  un 
florin  de  20  fous  oouraiu  ou 
40  deniers  de  gros  courant 
contient  175  -^  grains  poids 
François  ,  en  mat.ère  pure,  & 
le  marc  de  8  W.  ^  de  6  lî- 
vres,  en  contient  4158,  ainfi 
Técu  de  trois  livres  ou  60  fous 
revient  à  57  ^Milh  argent 


de  gros. 


-       1'       I3196S6  40     —©— •- 

courant ,  oc  en  banque  fous  le 

même  agio  ,  ci 54-|«««|^'»    ^^^.^^ 

Même  différence  de  6  ^^^\  p^ur  cent  & 
en  nombre  rond  7  pour  cent. 

D'après  ces  données  voici  quel  eft  !e  réfiîlrat 
des  remifes  en  or  &  en  argent  de  France  en  HuN 
lande. 


(789)  ' 


I 


Le  marc  d'or  3ç  if  ^  Icarats  contenant  4149 

Îjrains  en  ii»;iiiérc  pure  ,  &  à  la  t^iille  tic  31 
ouis»6£  le  ducat  en  rcnfcrmanr  6j  ^/^  dv-niers  ,  f«n 
doit  recevoir  65  ducats  19  (ous  13  pour  cent,  qut  , 
à  5  livres  5  fous  |tT  f^"^  *  •..•  342  4  i3  ^77  ar- 
gent courant. 

Les  128  écus  de  6  livres  va-* 
leur  de  30  louis  en  argent  con- 
tiennent 641 13  1^  grains  d'aigent 
en  matière  pure  ,  &  le  tl>rin  « 
afj;ent  courant ,  contenant  175 
-^ ,  on  recevroit  366  1  9  -^^ 
couraoi  ci ,   % 566  a  9  rsim- 

Différence 23  17  î^  ItvH^U- 


Ce  qui  fait  encore  la  différence  d'environ  7 
pour  cent ,  qt'-e  l'argent  rendroît  plus  que  Ton 

Il  y  a  quelques  trais  de  monnoyage  en  Hol- 
lande »  dont  on  ignore  la  quotité ,  mais  cela  efl 
peu  di  chrïfe ,  6t  cela  ne  peut  pas  altérer  de  beau- 
coup ce  réfultat. 

Cette  forte  différence  doit  nèceff  iremcnt  por- 
ter fur  la  fortie  de  l'argent^  lorfque  la  France  doit 
une  haUncc  au  Nord  j  ce  qui  ie  rencontre  fur- 
tout  en  temps  de  guerre ,  à  caufe  des  forts  ap- 
provifionnemens  qu'elte  en  tire  pour  la  Marine. 
On  a  déjà  vu  ,  que  le  baromètre  de  cet  e  cx- 
traftion  eil  le  pair  du  change.  Il  cÙ  à  environ 
54  I  deniers  pour  Amflcrdam  par  rapport  i  l'ar- 
gent ;  à  ce  prix  ,  il  convient  autant  cle  rcmeiire 
trnicus  ,  attendu  que  les  lettres  de  change  ,  ayant 
trois  mois  à  courir  font  fufreptibles  d'un  ef* 
compte. 

D'après  cette  règle  ,  il  paroîtroît  que  la  nou- 
velle refonte  d*oâobre  17H5  ,  n'auroit  pas  fait 
paffer  une  forte  qi/antiié  d'argent  en  Holbnde  , 
puifque  le  charrgc  fur  Acnfterdam  j  antérieure- 
ment à  celte  époque  étoit  de  54  j  â  54  i  >  tan- 
dis que  dans  le  courant  du  dit  mois  d'^ofiobre  ,  il 
fût  entre  54  |  8c  54  J  deniers  ,  8t  qu'aujourd'hui 
il  roule  fur  54  }  i  S4  i-  Cependant  Ton  n*a  poini 
vu  que  cela  ait  produit  Teffet  naturel  de  Textrac- 
fion  di  l'argent»  ce  qui  doit  avoir  tenu  à  des 
caufes  extraordinaires,  telles  par  exemple,  que 
celle  d'une  forte  babnce  que  la  Frnnce  anra  eu 
à  recevoir  de  fes  extradions  pour  le  Nord* 

Pour  remettre  le*  chofes  dan'>  imt*  proporticnr 
convenable  ,  il  fcmbîe  que  le  prix  de  Tor  oevroït 
erre  diminué,  de  32  livres  par  marc,  ce  qui 
produiroit  20  fous  de  diminution  fur  la  Vjleur 
numérciire  de  chaque  louis  d'or  >  &  correfpon droit 
à  4  pour  cent;eM  forte  que  la  France  fe  trouve- 
roit  ainû  en  rapport. 

Savoir; 

Avec  FAn^Teterre  ^  de  a  ^  pour  cent  que  For 
y  vuudroit  moins  que  l'argent  ,  &  ycc  la  HoU 


I.nde  d*;  3  pour  cent  îJcm.  Ûe  quVf^roit  de» 
proportiofu  à-p;«-nrés  ép;ale5  en:re  la  Ffaacc  ât 
:es  de-îx  nations  commerçantes  j  m\^  rmconTè- 
nicnt  d;  toucher  d-  roaveiiu  à  rimmutîbiîiuLde 
la  monnoij,  de  diminuer  une  livre  par  louis  d'*;;r , 
.u  préjudice  des  porfefleurs  de  Ter ,  pourroit  ar* 
i  èter. 

Peut  être  y  auroit-il  un  moyen  de  remcdicr  a 
.cet  inconvénient  ,  en  adoptant  le  procédé  de 
TAngleterre  &  de  ia  Hollandt-* ,  au  fujct  de  l'or. 
L*oa  trouve  dans  les  recherclies  &  corLÛdéraiionf 
fur  les  finances  de  h  France  ,  tome  VI  pnges  aSj 
&  240,  qu'en  Angleterre  »  For  fabriqué  n'eit  pas 
monr.oie  :  que  la  guinée  n'y  vaioii  originairement 
que  ao  fous  fterlings ,  &  que  le  commerce  la- 
voit  pourtant  élevée  graduel!em::rt  à  ai  fous  f 
en  proportion  de  ce  que  les  1:  pports  a  voient 
changé  entre  l'or  ék  l'argent  ;  è  préfent  ,  cUe  y 
cil  fixée  à  11  fcheling  »  Ôt  déUvfée  fur  ce  cours 
d^ns  les  hôtels  des  monnoicsu 

En  Hollande,  le  ducas  cft  cer.fé  marchandîfet 
&  ton  peut  en  arbitrer  le  pru  à  volonté»  fui* 
vanc  le  plus  ou  moms  de  de»!  inde*  Cepcnd;int 
il  cft  couramment  einpioyè  pour  5  fiorms  5 
fous, 

N  en  feroir-il  pis  de  même  tn  France  ^  û  Ton 
fe  bornoit  à  rendre  Targent  en  mmnoie  courante  , 
laiifjnt  le  prix  de  l*or  à  la  fixation  qu*cn  feroit 
le  public  ?  c'cH-à-rfirc  que  le  mire  dor  de  ai 
karats  |4  ♦  ^^^  tou;ours  à  la  taille  de  3 a  louis; 
mais  que  le  public  y  mit  la  valeur  tiumérairc 
qu'il  jugeroic  convenable,  &  qui  fe  fixeroit  né- 
ceffai rement  d'après  fon  rapport  réel  avec  l'ar- 
gent, ôt  d'après  fon  utilité.  Il  eft  apparenr ,  qu'on 
verriDÎt  le  loui^  réduit  à  ai  hvre^,  ce  qui  cor- 
rtfpondroit  à  636  livres  par  mnrc.  V>  prix  ,  ou 
tout  autre,  relatif  au  cours  des  louis  dars  la 
circulation ,  feroit  celui  auquel  l'or  feroît  admis 
dans  les  hôtels  des  monnoies-  Pir  ce  moyeu  ^ 
le^  rapports  ex^ù^  s'opércroi^nt  d'eux  même*  ^ 
par  un  a5ent  commun  6f  libre  ,  (on%  i*tr»terven- 
tlon  du  Gouvernement ,  qui  cft  prcfquc  toujours 
dangereufe  par  le  contre-coup  qu'elle  peur  por- 
ter a  ropinioii ,  ou  même  â  la  confancc  publi- 
que. 

§•  ni. 

Quelque  darigcr  i^uc  ptifcme  Faccaparement 
fait  par  la  Fiance^  pe^«.ant  les  anriées  1784  , 
1785  «Se  1786,  de  I2  toîaiiie  des  tfpeces  ducs 
par  l'Ef^agne  tant  à  rAngleuerre  qu'aux  autres 
nations  cornac  contes  du  Nord,  pour  h  balance 
de  fes  importations ,  n«»us  ne  f-^^trtans  adopter  en 
entier  Topinion  de  i  a^itisur  du  Mémoire  ,  qyt  at- 
tribue a  ce: te  opération  feule  la  baufTe  du  cl)ange 
de  rEfpagncaVec  la  France ,  6t  U  baiffc  du  chapgt 


r79o) 


de  la  France  avec  l'Anglefterre  &  h  Hollande, 
Nous  nous  permettons  3  obfervcr  ,  que  les  ba- 
fes  fur  lefqûclles  ont  été  calculées  les  différen- 
ces 8c  les  pertes  qui  en  ont  réfulté  ,  font  fau- 
tives ,  en  ce  qu'elles  ne  font  pas  fondées  fur  les 
parités  intrinfèques  de  la  valeur  des  monnoics 
de  ces  différents  pays  ,  fetil  moyen  de  trouver 
la  proportion  véritible  des  ch.mges. 

0:i  a  déji  vu  que  cette  parité  étoit  pour  l'An- 
gleterre ,  liî  l  fterling*  :  ou  environ  >  pour  un  écu' 
comprnnt,  à  quoi  ajourant  |  pour  cent  pour  Pef- 
compte  au  terme  de  60  jours,  auquel  font  paya- 
bles les  rembourfemens,  on  peut  rétablir  k  2^ 
deniers. 

Et  pour  la  Hollande ,  moyennant  Taddltion 
d'un  ^,  pour  cent,  pour  refcompte  de  J  mois  , 
la  parité  reiTortiroit  154^  deniers. 

Quant  à  rEfpagne  »  voîci  comment  on  peut 
trouver  la  parité» 

Paur  tar, 

La  piftolc  d'or  au  baïancier,  ayant  cours  pour 
1  J,  piftole  de  change,  contient  réellement  115 
m  grains  de  matière  pure  ;  ainfi ,  on  peut  éva- 
luer que  chaque  j  îAolc  de  change  qui  eft  une 
monnoie  imaginaire  équivaut  à  92  -^^-^  grains  de 
matière  pure,  &  vaut  ,  dans  la  proportion  de 
710 livres,  le  marc  de  nos  louis ,  contenant  4149 
grains  d  or  fin  ou  de  matière 

u    r.        d. 
pw^c ..*-.....,. •t6   s       Ht 

L>m  pifïole  d*or  du  Pérou', 
idem  it)  }f;  idem  91  ^ 
idem .15   i<S  4  iff 

La  piftolc  d'or  de  la  fabri- 
cation commencée  en  17716  , 
ayant  cour?i  pour  une  pillole 
7  reaux  ~  de  pUttc  idem  t  r4 
;^.idcn,9i|îi| ,,    ,8  6 


4t  t^ 


47    '^    4  TTiTSTT? 


La  pirité  commune  ell  de  • .  1 5    18  5  jy^rfH 


Lt  plaftre  effigiée»  de  mê- 
me valeur,  contient  451  ^ 
grains  en  matière  pure ,  fit 
dans  la  même  propL>rtîon  la 
pillole  de  change  contient 
i)6a  rr^  6"^*^"^  ^"  matière 
pure,  d£  vaut   idani. . ,  * , .  t6 


44      T-»    Sî     "tti  »l 

3^   17  »  ioïtm 


de 


La  parité  moyenne  ,  eft 


16      »    10   xîTîîI 


Et  par  conféquent  1^  parité   du  change  cmit 
ta  Fraace  6c  rEfpagne  eft  de  deux  foncs. 

Sur  les    matiires    d*or  , 

de ....'ï  .8  î    *i^^^. 

Sur  les  matières  d'argent  » 
de  , , * , *  • .  1 6     8  10  ^^tiM 


La  pîaflre  aux  deux  globes  vaiif  numéraîrement 
lO  I  rcaux  de  plattc  vieille,  &i  contient  45^  ,  7^ 
(grains  de  poids  d'argent  fin-,  en  matière  pure. 
Ainfi,  on  peut  évaluer  que  h  pKlole  de  change, 
qui  eft  une  monnoie  imaginaire ,  contient  1 385  ~j 
grains  de  poids  matière  pure  p  ôi  vaut  dans  la 
proportion  de  49  livres  16  fols  le  marc  de  nos 
écus  contenint  4158  grains 
d*argent  hn  ,  ou  dt:  mitiére  * 

P"re t6«'«  4^Hî' 


î*     7   3 


5     7      £•  tS«71ti9S«« 


1 


La  parité  moyenne,  eft 
de .,,..16 

Ces  deux  parités  font  entre  cficâi  corame  lO)  ^ 
ou  à-peu-prés,  eft  à  loo  ;  &  cette  dîffèiencc  pro- 
vient de  celle  qui  exifte  dans  les  deux  royaumes» 
dans  la  proportion  de  l'or  avec  Targcnt. 

Prenons  donc  cette  parité  moycnae  pont  terme 
de     compar^ifon ,    &     l*on 

l  f.  é, 
aura , ï6  3     7 

M:iis  les  frais  d'cxtra^ion 
&  de  tranfpori|ufqu*àPatis , 
évalués  i  ^  l  pour  cent  équi- 
valent à  ,,.»..,, |g  7 

Refte. ,  ^^   ç  ,    qui  feroit 

la  parité  du  change  de  Paris,  avec  Madrid  «à 
vue  ;  mais  comme  Toti  tire  la  majeure  partie  à 
60  jours  de  date  &  que  Tcfcomptc  de  ce  teriae 
à  5  pour  cent,  équivaut  à  ^^  pour  cent  ou  1  foBi 
3  deniers  par  plftole  par  mots ,  à  3  C  6  deniers  pour 
les  60  )QUTS  ;  h  véritable  psritj  du  change  dt 
Paris  avec  Madrid  ,  à  60  jours  de  da^e  c£l  de  i{ 
livres  a  fous  6  deniers, 

C'ctoit  par  conféquent  dc&  caufes  extraordi* 
naires  ,  qui  auroient  occafionné  la  baîfTe  du  chafi^e 
fort  au  deflbus  de  cette  parité.  Dans  le  m»fiibre, 
peut  être  placée  raugtnentation  de  la  valeur  nu* 
mèraire  de  Tor  en  Efpagne ,  du  mois  de  imllct 
1779  i  il  s'établit  dès-lors  une  nouvelle  propor- 
tion dans  le  prix  des  matières  dVr  &  des  mè* 
tières  d'argent,  il  en  réfulta  une  différence  4$ 
!  ]  deux  trois  deniers  ,  par  plk.  de  diaM 
dans  la  parité  moyenne  ;  ce  qui  auroit  ferri  m 
bafe  pour  la  fixaiion  du  change  ,  s'il  y  a  voit  eu  « 
uitlitê  ég^lc  à  eitraîrc  Tor  :  mais  comcne 
nouvelle  opération  devoir  empêcher  la  fortie  1 


790 


I 


Por,  romoie  d^ailleurs  k  plu^granîa  inaffe  de 
nuraérairc  cfl  Fargent ,  (6c  <]ue  le»  frais  font  rj- 
Jaiifi  à  ce  métal ,  on  peut  dire  que  la  révolution 
du  change  duc  être  légère  &  unique  me  nf  TeiTct 
de  fo  pi  ni  on, 

A  k  fuite  de  cette  nonvea'jté ,  furvînt  Téta- 

bliffcmenrdu  papier  monnoie  ou  des  billets  royaux , 
opération  ,  cjuï ,  quoit|ue  avancageufe  à  TEipi- 
g  ne,  par  le  mouvement  quelle  imprîmoit  à  h 
circjUtion  des  tfpèces,  dans  un  pays  où  î*m- 
duftrte  ne  fauroii  fuffiri  à  Temploî  d^s  capitaux  j 
porta  une  attemte  rédle  à  fon  cré  iii  dans  ic- 
i ranger,  La  nation  ,  méconnoiffant  danj  k  prin- 
cipe rutilîté  d'une  pareille?  re^ourcc  j  contribua 
elle-même  à  augmemer  Je  difcrédit,  en  établiiîant 
des  primes  de  5  ,  6  ,  7 ,  &  même  jufqu*ii  10  pour 
cent,  pour  la  converfiop  des  billets  en  efpéces. 
Si  Ton  afouic  à  c^s  deux  premières  caufcs ,  la 
prtvarton  qu'efl'aya  TEfpagne  des  revenus  de  ies 
Colonies,  pendant  la  diSée  de  la  guerre,  les 
empruots  auxquels  elle  fut  obligée  de  recourir  en 
Holîande,  6l  ù'auucs  circonftancjs  non  moins  fa- 
cheufes,  on  ne  fcta  plus  èto.iné  dj  la  révolu 
tîon  qu*avoit  éprouvé  le  cbjnge,  qui  eft  le  ih?r- 
moifietie,  non  -  feulement  dsî  (a  profi^érité  ha  i- 
tuelle  ,  mais  encore  de  h  fituaiion  momentané.' 
dei  Empires. 

Les  chofes  ayant  changé  par  b  paix  de  1783, 
la  coûfiance  due  aux  billets  royaux  vVranf  a- 
fcrmie  ,  &  les  Colonies  ayant  mis  l'Efpagac  en 
état  d'acquitter  la  dette  de  fon  commerce  ,  il  d«- 
voit  lïéceiTai rement  s*opèrer  une  féconde  révo- 
lution, pour  rétablir  le  change  d'Efpagne,  au  ni- 
veau qui  lui  étoit  afiigné  par  la  nature  des  chofes. 
Peut-être  cette  tévolutîon  nauroit-t-elle  pas  été 
aiiiïj  prompte  quV-lle  le  fut  en  1784.  fi  la  Fiance 
s'étoit  bornée  à  recevoir  fa  créance ,  mais  elle 
devoit  fe  réîiUler  dans  un  intervalle  plus  ou 
moins  long.  Nous  croyons  donc ,  que  la  hauffe 
du  change  d*Efpagne ,  ne  doit  pas  entrer  dans  le 
calcul  de  la  perte  qu*a  coûté  l'accapare  m  eut  des 
piaftres  en  France ,  attendu  que  même  dans  ce 
moment  I  ou  rEfpagne  doit  beaucoup  moins  aux 
autres  nations  j  par  U  i^agnatioD  defon  commerwe 
avec  r Amérique,  fes  charges  fc  trouvent  encore 
au-defTous  de  h  parité  établie,  n'étant  qu'à  14 
livres  18  fous  ,  fur  Madrid,  ï  60  jours,  ce  qui 
■    revient  à  15  livres  6  deniers  à  vue. 

P  Mais  en  fc  tournant  vers  rAnglcterrc  &  la 
Hollande  ,  on  ne  peut  que  gémir  avec  T/luteur, 
fur  les  fu nettes  effets  de  l'a:caparcment .  6c  voir 
comme  lui ,  dan^le  réfultat  de  cette  opération  » 
une  perte  évidente  pour  la  France ,  de  plufteurs 
millions,  perte  qui  doit  s'agraver  de  jour  en 
jour,  par  les  intérêts  dont  h  France  fe  conftitue 
redevable  envers  les  nations  étrangères,  pour  fes 
emprunts  annut^ts  qui  ^thforbent ,  en  p.^rtte  ,  les 
bénéfices  de  fon  coinm^rce  avec  ces  nations. 

L Avant  de  terminer  cet  article ,  nous  nous  per 
fc_ : 


I 


mettons  défaire  une  obfervaiion  relative  aux  ic- 
caparemens,  Cefl  que  les  fabrications  extraordinai- 
res d'cfpèc^s,  qui  ont  été  faites  pendant  les  années 
1784,  178^  &  1786,  ont  du  produire  un  bénc- 
iice  de  y  pour  cent  ou  environ  ,  par'ks  droits  de 
feigiteurta^e  ,  frais  de  tranfport  &  de  c^mlfliOi] , 
dont  elles  ont  été  fufcepiioles. 


Mais  ces  foibles  dédommagemens  ne  font  rîen 
auprès  des  incon venions  qu^iraine  le  fyUéme 
de  Taccaparemem  d'une  nulfe  de  numéraire  trop 
confidérable*;  aulli  crcyons-nous  devoir  adopter 
en  entier  le  vœu  de  l'juieur  du  Mémoire,  qui 
tend  à  le  profcnre.  Nous  ajouterons  que  pour  y 
parvenir  plus  furemeni ,  cette  reforme  doit-ctre 
précédée  d'une,  beaucoup  plus  effemielle  ,  6l  qui 
a  été  jiifqu*à  préfenc  la  piiricipalt  caufe  des  ac- 
caftrcmens.  Ce  font  les  furaclupts  accordés  ex- 
clufivement  k  quelques  particuîicfs  ,  au  préjudice 
du  commerce ,  furachapts  dont  le  premier  abus 
eft  de  faire  jouir  un  particulitr  d'un  droit  qui 
n'appartient  qu'au  Roi  ^  dont  k  produit  efl  ap- 
pl.cibe  aux  befoins  de  letat^  Se  qui  doit  lui  te- 
nir Uju  d*une  autre  conaibuiîon  de  la  part  du 
commerce.  Ajoutez  à  ct:\3 ,  que  le  plus  fou  vent 
îc  furacheteur ,  pour  jouir  d't  «e  partie  du  béné- 
fice  qui  lui  a  été  concédé,  efl  obligé  d'en  facri- 
fier  Tautrc  portion  au  b^foin  de  s'alTurer  d'une 
forte  quantité  de  matière<i  ,  d'où  ré'uhe  Taug- 
mentation  du  prix  de  celle-ci  «  qui  forme  une 
perte  réelle  pour  la  nation*  CeA  ce  que  nous 
avon^  vu  s^flFc^luer  Tannée  derrière  ,  par  le  mar- 
ché onéreux  conclu  avec  la  banque  de  Madtîd, 
dans  lequel  le  prix  des  pialires  a  été  élevé  d'un 
6l  demi  pour  cent ,  au*dcâus  des  antiées  précé- 
dentes. Ce  neÛ  pas  tout  encore ,  &  uns  parler 
de  iHnjuiïice  du  privilège  cxclufif ,  dnns  le  com- 
merce qui  réclame  fans  ccfle  égalité  d'encourage- 
ment tk  de  protet*^on ,  on  peut  dire  encore  ♦  que 
Teffct  ordinaire  du  furacha^  t ,  étant  de  concen- 
trer dans  un  petit  nombre  de  mains  tout  le  nu- 
méraire ,  il  s*enfiiit  que  le  négociant  ed  à  la 
merci  du  luracli^rteur  ,  pour  toures  tes  opèf9t\on$ 
dans  lefquclJcs  ce  moyen  d^tdungc  efl  indtf- 
pen fable  ;  que  c\ft  celui-ci  ,  qui  raréfie  ou  f^it 
abonder  à  fon  gré  Vpr  &  rargtrnt,  qui  rench'rit 
ou  fait  biilT^r  le  crédit ,  fuivant  que  cela  con- 
vient à  fe&  combinaifons  fifca  es.  Notre  Place  a 
fourni  tout  récemment  un  c^emp^e  de  cette  vérité  , 
tat^di*  que  la  banque  d*Efpagnc  y  faifolt  verfcr 
des  fommes  confidérablcs,  le  numéraire  prove- 
nant d:s  fabrications ,  difparoîflroiî  tmmédiatcmenr , 
pour  (laHcr  à  la  Capitale ,  fans  que  ja  plu!i  pe- 
tite partie  pût  en  être  détournée  pour  les  befoins 
du  commette. 

Il  a  réfulié  de  ces  opérations  un  renchérifTe- 


(792) 


ment  foutenu  du  piit  des  matières  d'or  &  d'ar- 
gent, qui,  joint  à  Wiïu  de  celles  fi^iî&s  dan^.  les 
provinces  pour  lis  «micipatlons  de  fonds  au 
iréfor-royal  ,  ont  è'evé  le  taux  de  l'irucrèt  à 
un  \  pour  c^nt  pour  5  mois  »  ou  7  ^  pour  cent 
^>our  Tari.  CVft  ici  le  lieu  de  réclamer  avec  force  , 
contre  de  iemblabUs  oj^étatioaSt  qui ,  indépen- 
d**mmcnr  du  préjudice  qu'elles  cauftînt  à  Téiat  , 
par  la  clicrtc  dts  Iccours  qire!ks  lui  procurent, 
prodmfent  d'autres  effets  non  moins  allarmans  : 
elles  étouffent  l'induftrie  ,  en  interdifant  à  Tin- 
diviju,  qut  n*a  que  fes  bras  ou  fon  talent.  Tu- 
fagx!  du  créait  i  8l  en  le  pavant  du  bénéfice 
que  remploi  de  dflkioyen  lui  prccure  »  elles  dé- 
truifent  le  cumiiierce,  en  lui  dcrobaut,  par  Tap- 
pât  d*un  iiuércc  exccfiîf»  &  plus  allié  à  réAlifer  , 
tes  capitaux  qui  Talimentent  :  eniia  elles  nuifent 
au  crédit  public ,  en  introduîûnt  une  défiance 
continuelle  fur  le  mérire  à^s  en;^agcm;^ns  con- 
tr^iflés  par   les  pr^pons   aux  fervicts. 

En  effet  le  crédit  étant  ordiraîrcment  propor- 
tionné, eu  à  la  fortune,  de  celui  qui  4*a  fait 
tifage ,  ou  à  la  valeur  incrtnféqtie  des  objets  aux- 
quels il  cil  appliqué  ,  lorf^ue  cette  application  eft 
connue  >  il  s'enfuit  que  dés  qu'un  homme  con- 
trit j  dtsengagemtirts  i-ifinimcnt  fupérieursâ  fesf^i- 
cuitès  ,  dès  que  Tem^loi  d^s  fonds  qu*on  lui  conii:?, 
bien  loin  d'avoir  une  app'icarion  connue»  elKubor- 
donné  à  la  bonne  foi  d\in  tiers  »  aux  révolu- 
tions du  temps  &  des  évènemens,  fon  crédit  di- 
minue ,  la  détiinc»  s'imrodtiir  ,  &  le  plus  fou- 
v^nt  fcs  progrès  font  fi  ècenlus  ,  que  des  parti- 
culiers ,  elle  reflue  jufi^ucs  ver»  la  nation.  Nous 
croyons  donc  qu'un  pareil  difcrédi,  eft  une  é^s 
caufes  des  révolutions  extraordinaires^q n'a  éprouvé^ 
le  change  fur  France  dansfécranger.  Nous  avons  vu 
dans  le  mois  de  janvier  ,  de  Tannée  dernière ,  que  le 
papier  fur  Paris ,  à  courte  échcance  ,  valoit  à 
Amrttrdam  53  -^^  il  ne  fe  négocioit  à  deux  mo.s 
q<ic  pour  52  I  ,  ct^ic  dtlïerence  équivalant  à  un 
efcomptedc  i  ^pour  cent ,  iî  s'enfuit  que  h  ¥f,incc 
payoit  dans  l'étrarger  ,  irdépend^imiiicnt  des  frais 
de  commiflton  ,  iit  atatrcs  ,  un  iniérét  cj^celfif  qui 
de  voit  accTOjtrc  fa  dnte  Cette  vérité  ,  qui  eft 
d'une  démfnftrition  ri ptnrciufe  ,  nous  paroit  fuf- 
ceptïble  de  grindes  léflexions,  |jar  l'mfluence 
quV-Ue  peut  avoir  fur  la  tichefle  6l  la  profpérité 
de  la  nation. 

g.  V.- 

De  tous  les  moyens  prcpres  à  ramener  l'ordre 
&  à  rétablir  un  pjirfait  équilibre,  il  en  efl  peu  , 
fans  doute  »  qui  rénniiTent  aérant  d'avantages  fie 
qui  préfenienF  les  mêmes  faciUtés  dans  rcxécit- 
tion  ,  que  cchii  que  propc-fe  l'auteur ,  qui  e/ll'a- 
b.ndon  au  commerce  de  droits  de  feigneuriiige  du 
roi ,  dans  leur  lotauié ,  fans  retenue  des  frais 
4e  fabriiaûun*  Mais  ce  moyen  (.ourioit  entraîner 


des  iDCdnvèmens  confidérables ,  tçîs  qu'un  rtn- 
chériiLment  fubitdea  {  pour  cent  fu.  les  mane» 
res  dor  &  d'argent ,  qm  ,  attendu  Viuduriric  ré- 
pandue dans  les  autres  éiats  de  rEuropcy  en  ce- 
ntrai ,  poricroit  n é ce iTa? renient  un  p  éjudice  fco- 
iîble  à  nos  manu  apures ,  dans  lei.  r  concurrence  avec 
Celles  de  l'étranger,  de  même  qu'i  nos  ciportê» 
tîons  dd  p:aflre>  dans  Tliid:;.  Uiï  fécond  incon- 
vé nient ,  ferait  une  augmentation  égale  (ut  les 
changes  de  l'Effagnc  ,  à  Tavantags  de  ce  royau- 
me, qui  frap;;eroit  ^'abord  infaillTbVinent  le  co mp 
murce  dhcR  entre  k  France  &  l'Çfpagne ,  &  fuo 
ccfTivement  cnfuite  les  a«tres  pays  étrangers. 

Un  troifiéme  inconvénient ,  c'eft  que  le  rem- 
placement de  ces  2  7  pour  cent  ,  qui  «  ccMAme 
îobfcrve  M.  Necker,  dans  fon  ouvrage  fur  lad* 
mmiAracion  des  Hnances  ,  tome  |  pages  18  &  191 
n'opèie  que  la  légère  impofitton  d'un  ctjiqaiéme 
pour  cent ,  fur  tes  exportations  du  royaume ,  d^* 
vroit  être  sî&k  fur  des  objets  beaucoup  pli:s 
onéreux  à  la  nation.  Il  femble  donc  que  ce 
feroit  ici  le  cas  d'appliquer  la  maxime  du  mime 
auteur  ,  page  1 1  ,  qu'en  aduÉintAratlon  ,  il  ne 
faut  jamais  favori  fer  une  branche  par  une  dif* 
pofuion  qui  nuit  à  d'autres  intéicts. 

£n  réunUTaût  fous  un  mtmc  point  de  vire 
les  obfervations   détaillées  ci-djeHiis  ^  on  verra  : 

Que  la  progreflîon  du  prix  de  l'or  &  de  Tar» 
gent  en  France  dérive  principalement  de  la  ré- 
du^ion  du  bénéfice  du  Roi ,  &  que  toutes  les 
chofes  repréfentées  par  le  numéraire  ,  ayant  fubi 
un  renchéri (fc ment  au  moins  égal  ^  tl  ca  a  ré* 
fuUé  aucune  perte  pour  la  Fiaace  : 

Que  la  refonte  du  3»  oôobre  1785  .a  été  très- 
prcjudiciabte^  eu  ce  que,  elle  a^  n#n-fetilefliefl^ 
élevé  tiop  haut  la  proportion  relative  du  prix 
de  for,  mais  encore,  parce  qu'elle  a  récllcroeot 
appauvri  la  nation  de  toute  la  partie  de  l'^ug* 
mentatîon  ,  dont  l'étranger  a  profité  9  en  lâibiit 
refouler  For  en  France. 

Que  les  acc»paremens  de  piaftre^,  faits  peu» 
é2.m  les  années  1784,  178^  &  1786  ;  quoique 
n'ayant  influé  que  légèrement  fur  la  hajifTe  da 
change  d'Efpagnc,  ont  été  néanmoins  funefies 
par  l'effet  qu'ils  ont  produit  fur  le  change  de  la 
France  avec  rAngiCtetre  &  la  Hollande. 

Que  pour  y  remédier ,  il  cfl  iixdtfpen fable  dt 
fupprimcr  les  furachapts ,  qui  font  auiTi  injuflei 
qu'onéreux  pour  la  naiîon  engénéral^  &  le  com* 
merce  en  particulier. 

Que  L'accroifltment  du  taux  de  l*lmérèt ,  de» 
venu  effrayant  pour  le  commère  «  a  été  ptodiiii 
par  les  opérations  faites  d^ns  les  Provinces ,  aôtfi 
que  dans  rètrangcr ,  pour  le  compte  des  ûma* 
ciers  chargés  de  fervices  au  tréfor-royal  »  qtt*3 
réfulie  de  cet  accroiiTcment  un  ïott  des  plus  jr; 
ves  peur  l'induibicy  &  Loe  pcne  pcmr  l 
tion» 


f793) 


Enfin  rabandofi  dei  droits  de  feigneiinage  du 
roi ,  fur  les  miiiére*  d'argent  ,  étant  ûi'ccptible 
de  quelques  incoiîvénîens  ,  ne  faurait  èirë  adopté  , 
mais  que  le  feul  moyen  de  répa  er  le  mal  qu'à 
produit  b  refonte  du  30  1  ftjbrc  1765  ,  efl  de 
ne  point  fixer  îc  prix  de  >'ot  ,  6t  d'en  faire  un 
effet  comm^rç^hle,  en  Te  conformant  à  cet  égkrd 
à  ce  qui  le  pratique   en  /  n^;  Cicrre. 

Délibéré  a  B^yonne,  dans  la  chambre  du  com- 
merce ,  le  vingt-aeuf  mars  mil  fept-cem-quatre- 
iridgt-huk. 

rNûUs  avo/H  rhonnmr  d'être ,  &ç* 
Z^Urt    £•  réjltxwns   des  juges  ^    confias  de 
LoRtÉNT, 
Nous  aTons  Fhonneur  de  voui  rer«ettrc  ,  en  ré- 
ponfe   à  la    lettre  que   vous  nous   avez  fait  ce 
lui  de  nous  écrire ,  le  27  oâobrc  dernier,  les  ré- 
âeitions  du  commerce  de  cette  place,  fur  lesob- 
fervatîons    qui   y    éi oient    jointes  t  loucbant    la 
refonte  des  efpèces  d'or. 

Cette  pièce  eft  précifément  adreiïée  à  Monfei- 
gneur  TaTchevêque  de  TouSoufe  ,  &  nous  vous 
prions  ,  Monfieur,  de  vouloir  bien  la  lui  faire  par- 
venir. 

Nous  femmes  avec  une  rcfpcftiieufe  confidé- 
ration  ,    &c* 

RéflexiQns  fur  les  ^hftrvathns   fur  U  déclaration 
du  jo  QÛoi^re  1785. 

Monfeîgneor ,  nous  avons  examiné  avec  h 
plus  grande  attention  ,  les  ob  fer  valions  fur  la 
déclaration  du  10  oftobre  1785  »  fur  Icfquellei 
y  ou  s  paroi  flez  cicfircr  Tavis  du  commerce. 

Nous  ne  pouvons  pis  nous  difpenfer  de  con- 
venir que  fauteur,  quel  qu'il  foit,  annonce  de 
ÎjrandcsconnoiiTanccsfur  cette  matière.  [1  l'a  traitée 
don  fes  vrais  ptincipes  ,  &  fi  les  faits  qull  avance 
font  exa«^s  ,  les  conféquences  qu  il  en  tire  ne  peu- 
vent quéïre  évidentes. 

i\près  avoir  rendu  à  cet  écrivain  la  juillce  quM 
Ciérite,  nous  croyons,  Monfeigneur,  devoir  vous 
faire  part  di*  nos  monfs  d'approbation  avec  le  même 
détaîl  que  fi  nous  voulions  le  combattre  ;  n«us 
confidérons  le  même  objet ,  nous  en  portons  à* 
peu-près  le  rrcmd  (ugement  ;  maii  l'obfervant 
d'un  autre  point  de  vue  ,  nos  preuves  peuvent 
avoir  l'avantage  de  fortifier  une  doftrine  malheu- 
rcufc ment  trop  peu  connue  ,  parce  qu'on  la  juge 
peut-être  très- lifficile ,  quoiqu'elle  fuit,  par  k$ 
Ans  6t  Métiers^  lom  K  Part*.  IL 


I 


démonflrations  dont  elle  eft  fiïfceptîbic ,  auffi  évi- 
dente que  les  ventés  de  la  géométne* 

Mais  avant  que  d'entrer  en  matière,  nous  ne 
pouvons  pas  nous  difpenfer  de  faire  une  obfer- 
vation  générale  fijr  la  fourcc  de  prefque  toutes 
les  difputes  qu'on  élève  fur  Tobjet  des  monnoies; 
elle  confifte  en  ce  que  ,  lorfqu'oa  les  confidére 
d'une  manière  abftraite  j  on  veut  qu'elles  ayenc 
une  valeur  fixe,  indépeRdanre  &  abiblue,  com- 
me elles  Tont  dans  chaque  opération  paniculiére 
du  Commerce  ;  or  c'eii  une  erreur,  parce  que 
les  métaux  qui  font  la  bafe  des  monnoyes,  font 
variables  dans  leur  valeur  comme  les  autres  den- 
rées, 6t  qu'il  faut  les  rajjporier  à  une  autre  mc- 
fure  qui  fott  comnnune  à  cette  marcbandife,  corn-* 
me:  à  touets  les  autres* 

De  même  qu'une  mefurc  d^unc  toife  efl  confidé* 
rée  d  une  manière  abfiraitc  ,  quelle  que  foit  la  ma- 
rié: e  de  la  mufure  phyfi^ue  qu'on  ^mploye^de  même 
faut- il  faire  abflraôion  et  la  Aiatière  des  mon- 
noies ,  pour  ne  pas  fe  faire  des  illufions  fur  leurs 
vériiablcs  tiFet^.  Si  d'un  côté  on  met  pour  100 
livres  de  bled,  &  de  l'autre  pour  ico  livres  d'ar- 
gvni ,  on  dira  que  ces  objets  ont  une  même  va- 
leur ,  comme  on  diroit  que  joo  -unes  de  toile, 
6t  100  aunes  de  fatin  ont  la  même  longueur. 

Il  s'enfuit  qu'il  ne  doit  y  avoir  que  la  mon* 
noie  de  compte  qui  foit  fixe  &  invariable,  c'ell  le 
nome ,  ou  la  régie  a  laquelle  nous  devons  appliquer 
tous  les  objets  de  commerce  ;  elle  eft  d'ailleurs  né- 
cefTairemcnt  abltraiie  ,  parce  qu'elle  elt  la  fuite 
a  un  rapport ,  hi  non  pas  une  fubftancc  réetlemenc 
exiflante  ;  c'eft  cette  mefure  à  laquelle  il  ne  fal^ 
loit  pas  plus  toucher  qu'a  tou  es  les  autres  ;  car 
fi  Ton  coupe  plus  de  livres  dans  un  marc  qu'il 
n'y  en  avoit  ci-devant ,  ce  n'ert  auirc  chofe  que 
rogner  l'aune  avec  iaquclïc  on  mefure  une  étoffe, 
toutes  les  antres  gagneront  autant  de  longueur, 
&  leur  rapport  ne  changera  point  \  panant  l'o- 
pération fera  tout  au  moins  inuttle  fous  ce  point 
de  vue  ,  &  fi  elle  ell  utile  à  celui  qui  rorûoiuie  , 
elle  ceffe  d'être  légitime, 

Voilà  donc  en  général  à  quoi  abouii0ent  tou- 
tes les  opérations  fur  les  monno^ts  ^  elles  don- 
nent une  valeur  fi^ive  plus  élevée  aux  denrées , 
mais  elles  ne  cbangcnt  pas  leurs  rapports,  & 
n'en  ai^gmentem  pas  la  quantité. 

Ce  n'eft  donc  que  par  habitude  &  par  commo* 
dite  que  l'on  s'efl  accoutumé  à  regarder  les  mé- 
taux monnoyes  comme  la  mefure  des  autres 
denrées*  Ils  ne  font  repliements  que  des  Litres 
de  change  au  porteur  ^  que  chacun  recherche  pircc 
qu'ils  font  indeflruÂibks  ,  6l  qu'en  échangeant 
contre  eux  le  fuperfiu  d  autres  denrées  périffa- 
bles  I  on  peut  ttanlporttr ,  âc  concentrer  ,  pour 
ainfi  dire,  à  une  époque  quelconque»  Kures  les 
jouiffanccs  qu'on  aurott  été  obligé  de  uiffèminer 
à  fur  &  mefure  de  la  venue  àc%  denréts  qui 
Icules  font  la  matière  de  nos  jouiffauces. 

Hhhhh 


(794) 


Le  haut  pitx  que  prefqué  tous  les  hommes  met- 
tent aux  métaux  n'eft  pas  fondé  iur  leur  utilité 
réelle ,  mais  fur  leur  rareté ,  &  fur  une  conven- 
tion prefque  audi  ancienne  que  le  monde;  & 
d'après  cette  convention  ils  deviennent  réellement 
précieux ,  puifque  par  eux  on  obtient,  à- peu-près 
par-tout ,  ce  qu'on  peut  defirer. 

Un  état  doit  donc  tâcher  de  s*en  procurer  , 
non  pas  pour  avoir  des  monnoies ,  mai^  pour  les 
avoir  comme  métaux ,  objets  d*une  recherche  gé- 
nérale ;  le  coin  dont  on  les  marque  n*eft  que  la 
caution  du  >poids  &  du  titre  ;  &  n'augmente  pas 
fenfiblement  leur  valeur. 

Comment  fe  procure-t-on  ces  métaux  ?  c'efi  en 
donnant  des  denrées  ou  du  travail.  Ayez  donc 
beaucoup  de  denrées  &  beaucoup  de  gens  qui 
travaillent  «  &  alors  on  vous  en  donnera  une  re^ 
préfentation  €n  efpèces ,  avec  laquelle  vous  pour- 
rez avoir  tout^à- la-fois  les  denrées  que  vous  au- 
rez cédées ,  &  le  travail  que  vous  aurez  fait  en 
un  long  laps  de  temps. 

En  voici  un  exemple  très- Ample  ,  qui  fer  vira 
de  preuve  ;  fuppofons  qu*un  homme  ait  à  faire 
un  ouvrage  qui  exige  le  concours  de  trois  indi- 
vidus. Il  y  travailleroit  inutilement  trois  jours  y 
mais  s'il  travaille  le  même  temps  chez  autrui  , 
il  aura  le  dro'u  de  réunir  les  trois  hommes  dont 
il  aura  befoin ,  &  fon  titre  n'e(^  autre  chofe  que 
le  falaire  qu'il,  a  reçu  &  qu'il  tranfmet  ;  l'on  voit 
aifément  que  le  prix  des  métaux  efi  étranger  à 
cette  négociation ,  c'eft  une  valeur  en  compte  ;  fi 
les  trois  hommes  rendent  eux-mêmes  le  travail 
qu'on  a  fait  pour  eux ,  c'eft  .un  revirement  ou  un 
mandat ,  fi  ce  font  des  étrangers. 

L'argent ,  ni  l'or ,  ne  contiennent  donc  pas  la  ri- 
chede  d'un  état; ils  en  font  le  fiene  >  comme  de 
belles  couleurs  font  le  diagnoAic  de  la  fanté  ;  v(  u- 
loir  attirer  le  figne  indépendamment  xljs  circonf- 
tances  qui  doivent  feules  le  déterminer .  ce  n'eft 
autre  chofe  que  de  procurer  à  un  moribond  une 
yvrefle  paffagère  qui  lui  fait  foulever  la  paupière  , 
ou  lui  peindre  la  face  avec  des  couleurs  corro- 
fives  qui  achèvent  de  détruire  le  peu  de  vie  qui 
lui  refte. 

F^fons  trois  parts  des  biens  de  la  France ,  la 
première,  qu'elle  confomme  en  nature;  la  deuxième, 
qu'elle  échange  contre  les  denrées  qui  lui  man- 
quent &  dont  elle  veut  jouir  ;  la  troifième  ,  qui 
t&  excédent  des  deux  autres  &  quVile  échange 
contre  des  métaux  pour  les  conferver. 

Il  eft  évident  que  fi  la  maffe  des  produâîons 
eft  confiante,  en  diminuant  la  première  partie  par 
réconcmie,  ûc  la  féconde  par  la  modération  qui 
fait  quor  fe  contente  des  jouiflances  de  fon  pro- 
pre loi ,  il  eft  évident ,  dis-j^; ,  que  la  troifième 
f.ra  augii  entée  de  tout  ce  qu'on  gaj;nera  fur  le* 
deux  autres  9  fie  alors  l'argent,  figue  certain  du 


travail,  de  l'abondance  ,  de  réconomie  &  de  la 
modération,  entrera  de  lui-même.  (i). 

Donc  toute  opération  violente  pour  faire  en- 
trer dans  un  état  plus  de  méuiix  qu'il  ne  doit 
réellement  y  en  avoir ,  eft  abfurde  ;  ils  reflbrti- 
ront  en  nature ,  pour  acquitter  la  dette  contraâée , 
&  toujours  avec  défavantage  pour  Teniprunteur , 
à  moins  qu'on  n'en  donne  la  valeur  en  denréest 

Or,  nous  avons  vu  qu'une  feule  partie  de  ces 
denrées  eft  fufceptible  d'être  échangée  contre 
des  métaux  ;  fon  exiftence  ou  quotité  ne  d^>end 
pas  dû  gouvernement  :  de  quelque  façon  qu  û  s'y 
prenne ,  l'état  perdra  donc  toujours  rintérêt  du 
temps  qu'il  a  joui  de  ces  métaux ,  la  façon  qu'il 
y  aura  mife,  &  les  frais  de  tranfport  qui  l'ont 
conftitué  tour-à-tour  débiteur  &  créditeur»  ce 
qui  repréfente  à- peu-près  le  change. 

Nous  n'avons  encore  confidéré  qu*un  métal, 
ou  plutôt  nous  les  avons  tous  confondus  en  un; 
venons  aâuellement  au  rapport  qui  doit  exifier 
entre  les  deux  qui  font  regardés  'comme  les  plus 
précieux ,  l'or  «  Pargent. 

Ces  deux  métaux ,  confidérés  comme  marchan- 
difes ,  Ôc  rapportas  à  une  mefure  commune ,  doi- 
vent varier  de  rapports  comme  toutes  les  autres 
denrées  ;  ainfi ,  toutes  les  fois  qu'on  voudra  rega^ 
der  un  des  deux  métaux  comme  ayant  une  va- 
leur fixe  &  déterminée  ,  il  faut  absolument  que 
l'autre  foit  variable  :  ainfi  nous  commençons  par 
pofer  que  toute  fixation  relative  fur  ces  deux  mé- 
taux ,  eft  aufli  impofiible  à  maintenir  ,  que  celle 
qu'on  établiroit  fur  deux  autres  denrées  quelcon- 
ques ,  par  exemple ,  fi  l'on  vouloir  que  dix  mou- 
tons valufient  toujours  un  bœuf. 

Il  eft  vrai  que  la  variation  eft  moins  fenfible  fur 
les  métaux ,  &  cela  par  une  raifon  toute  fimple  ; 
c'eft  qu'étant  indeftrudibles  de  leur  nature ,  étaix 
apportés  annuellement  en  Europe  en  quantités 
proportionelles ,  à  peu  de  chofe  près  ,  ils  ne  font 
pas  fujets  aux  révolutions  des  autres  denrées,  & 
d'ailleurs  il  y  a  peu  de  concurrence  ;  expliquons- 
nous. 

Dans  chaque  état ,  nous  pouvons  réduire  à  deui 
le  nombre  des  concurrens,  pour  l'or  &  l'argent  4 
le  gouvernement  qui  fixe  fon  prix ,  &  tous  les 
ouvriers  en  métaux  qu'on  peut  confidérer  comme 
une  feule  &  unique  perlonne ,  puifque  le  prix 
de  tous  ces  individus  ,  eft-à-peu-près  .le  même; 
de  forte,  que  dans  dix  Royaumes,  nous  ne  pou- 


Ci)  On  peut  tiret  dcHi ,  la  vraie  définition  du  luxe  ;  car 
fi  un  fiomroc  trouve  le  moyen  de  coAfbmmer  ^  lui  fcul  au* 
tant  que  dix,  s*il  fait  ou  fait  faire  un  travail  oifeux  ,  çét 
comme  s'il  znéantiiloit  le  f)^.nc  de  valeur ,  ou  commr  >'.! 
payoit  des  gcnt  pour  ne  rien  faire  ,  dans  ce  fcni  k  luxe  ul 
la  raine  des  Fnipircs. 


(795) 


I 

I 
I 
I 

I 


vons  trouver  que  lO  acheteurs ,  dont  lo  le  font 
uns  befoin  urgent ,  &  toujours  à  prix  fixe. 
"  Il  s'enfuit  de  là  deux-confidérations  également 
importantes. 

Le  gouvernement  recevant  toujours  des  mé- 
taux aux  hôtels  des  monnoies ,  &  n'en  ayant  ja- 
mais hefoin ,  il  peut  donc ,  jufqu*à  un  certain  point , 
faîre  la  loi  au  vendeur,  &  ne  jamais  la  recevoir. 

Les  ouvriers  paieront  toujours  les  métaux 
plus  chers  que  le  gouvernement ,  parce  qu'ils  en 
ont  befoin  »  &  celui-ci  n*aura ,  par  la  même  rai- 
fon  ,  que  ce  que  les  ouvriers  ne  pourront  pas  em- 
ployer. 

Mais  ce  partage  entre  les  acheteurs ,  fuppofe 
rcxiftence  de  Tobjet  à  marchander,  &  nous  avons 
vu  ci-defTus  comment  on  fe  procuroit  les  métaux 
en  général. 

Ils  entrent  pour  folder  les  comptes  refpeôifs 
des  nations ,  comme  nous  Tavons  fait  voir.  La 
valeur  refpeÔ^ivc  que  l'on  doit  donc  mettre  en- 
tre eux  ,  dépend  des  relations  qu*on  a  avec  les 
différents  états  avec  lefquels  on  eft  en  com- 
merce* Et  cela  feul  doit  rendre  très  •  circonfped 
fur  tous  les  change  mens  qu'on  pourroit  faire  ibus 
ce  rapport. 

Prenons  un  exemple  un  peu  exagéré ,  &  fuppo- 
fons  que  le  Roi  déclare  tour-à-tour  qu'il  don* 
nera  20  marcs  d'argent  pour  un  marc  d*or  ,  & 
en  une  autre  occafion  ,  leulement  10  marcs  d'ar- 
gent pour  un  marc  d*or, 

1**.  Cette  évaluation  ne  change  rien  au  com- 
merce  général  des  autres  denrées ,  ainfi  en  fup- 
pofant  qu'il  y  ait  aduellement  dans  l'état  cinq 
marcs  en  or  6c  1 00  en  argent ,  il  eil  bien  évident 
que  les  étrangers  porteront  encore  5  marcs  en  or 
&  enlèveront  les  100  marcs  d*argent ,  il  y  aura 
alors    tû   marcs  d'or  ,  &  point  du  tout  d  argent. 

2**»  Dans  le  cas  où  le  gouvernement  donnera 
feulement  dix  marcs  d'argent  pour  un  dW»  alors 
on  lui  achètera  les  cinq  marcs  d  or  pour  50  marcs 
d'argent ,,  &  Tor  aura  difparu. 

Quelque  moyen  qu'on  prenne  donc  fur  la  va- 
leur refpeâîve  des  métaux  ,  il  efl;  évident  que  l'on 
ne  peut  favorifer  fun  qu'aux  dépens  de  l'autre , 
&  que  confédérés  colleàivement ,  ils  n'entrent  ni 
plus  ni  moins  abondamment ,  quelque  parti  que 
pui^e  prendre  le  gouvernement. 

L'Auteur  des  obfervations  a  prouvé ,  par  le  fait , 
que  les  ouvriers  ont  payé  les  métaux,  toujours 
plus  chers  que  te  gouvernement  ;  nous  avons 
prouvé  que  la  chofe  étoit  néceffaire  &  ne  pou- 
voit  être  autrement;  nous  pouvons  donc  con- 
clure avec  lut  que  la  taxe  de  fa  mon  noie  ,  éta* 
blit  toujours  le  prix  de  l'or  &  de  l'argent. 

Confidérés  comme  matière  première,  on  doit 
toujours  tacher  de  fe  procurer  ces  métaux  au 
fseiUeur  marché  poflîble ,  donc  le  gouvernement 


doit  tendre  i  en  abaîffer  le  prix  ;  mais  ce  n'cfl 
à  coup  filf  qu'en  en  augmentant  la  quantité, 
favorifant  par  conféqueni  toutes  ks  branches  ex. 
lérieures  du  commerce,  qu'il  remplira  fon  objet  ^ 
Si  non  par  des  taxations  arbitraires  &  non  fon. 
dées. 

Mais,  fous  ce  point  de  vue  ,  la  faveur  que  Ton 
donnera  à  un  métal  fur  l'autre  nous  paroît  abfo* 
lum^nt  indiflerente  ,  pourvu  qu'elle  ne  paffe  pas 
certaines  bornes  très-étroiics  ,  circonfcrites  par 
des  cire  on  il  an  ces  extérieures,  dans  l'efpéce  gêné- 
raie  ;  nous  ne  ferions  donc  pas  tout  à  fait  de 
l'avis  de  Fauteur  des  obfervations,  mais  en  re- 
vanche nous  approuvons  l'application  qu'il  en 
fait  au  cas  particulier  &  nous  reconnoiflbns  avec 
lui  : 

l^  Que  û  les  différents  états  avec  lefquels  la 
France  avoit  des  relations,  n'avoient  pas  touché 
depuis  longtemps  aux  rapports  des  métaux,  il 
étoit  absolument  inutile  de  changer  celui  qui  exif* 
toit  chez  nous. 

N'étoit-il  pas  évident  que  ,  puifquc^ous  avons 
tout  à  la  fois  de  Tor  &  de  l'argent  ,  leur  rapport  étoit 
néceflairement  tel  qu'il  falloit  qu'il  fût  pour  que  ces 
deux  métaux  entraient  en  France  dans  un  rap- 
port quelconque ,  &  fi  Ion  a  cru  s'appercev<Sîr 
que  l'or  prenoit  un  peu  plus  de  faveur ,  il  fallolt 
l'attribuer  à  une  caufe  particulière  6i  palTjigére  > 
puifqu'il  étoit  abfolument  impofTible  de  Tatt-ibuer 
aux  caufes  extérieures  qui  n'avoient  pas  changé, 

2***  Que  cette  caufe  paffagère  ,  n'étoit  autre 
qtie  la  fauiTe  fpéculation  du  gouvernement ,  qui 
nous  a  rendu  le  change  défavantageux  ,  par  une 
introduction  forcée  des  métaux  qui  ne  nous  étoienc 
pas  dûs,  &  qui  nous  a  conAitués  débittursdes 
autres  nations ,  au  lieu  d'être  créanciers  ,  comme 
nous  devons  l'être  habituellement. 

Il  fe  préfente  à  ce  fujet  une  queflion  impor* 
tante  à  traiter. 

Suppofons  que  Ton  reconnoiffe  que  l'opération 
de  la  refonte  des  louis  a  été  un  peu  précipiiéc  , 
&  même  qu'elle  cû  défavantagcufe  ,  convient-il 
aujourd'hui  de  fanéantir  &  de  remettre  les  cho* 
(^  fur  l'ancien  pied  ? 

Nous  croyons  devoir  foutenir  la  négative  :  les 
métaux  doivent  toujours  entrer  en  France  ^  peu- 
près  pour  une  même  valeur  ;  il  enrroit  ci  devant 
une  certaine  quantité  de  marc  d'or  6l  d'argent , 
il  rentrera  un  peu  moins  d*argcnt  aujourd'hui  6l 
plus  d'or:  ce  qui  n*eft  pas  très-important,  ;.u  liai  que 
tout  changement  quelconque  dans  les  monnoies  , 
eft  une  crife  violente  qui  devient  un  mal  réel 
par  les  effets  qui  Paccomp  gnent.  On  peut  donc 
laiffer  les  choCes  comme  elles  font ,  puifqu  on  n'a 
pas  voulu  les  laiffer  comme  elles  étoient» 

Mais  y  a-t-iî  un  moyen  de  diminuer  dans  Téiat 
aâucl ,  rinconvénicnt  qui  réful  c  pour  les  fabr; 

Hhhblîii 


(79«) 


ques  qui  employent  Tor^  du  furhauflement  des 
matières  premières  ? 

Nous  croyons  que  Ton  peut,  fans  inconvénient, 
diminuer  de  quelque  chofe  le  prix  que  le  change 
accorde  à  ceux  qui  portent  aux  monnoies  des 
matières  d*or  &  d'argent ,  &  fur-tout  pour  celles 
d'or ,  dans  les  circonftances  prèfentes. 

Nous  avons  vu  que  les  ouvriers  achètent  tou- 
jours plus  cher ,  afin  d'avoir  la  préférence.  SI  le 
roi ,  donc ,  baiiTe  de  6  livres ,  par  exemple ,  le  prix 
du  marc  d'or ,  les  ouvriers  achèteront  6  livres 
meilleur  marché ,  la  partie  d'or  dont  ils  ont  un 
befoin  indifpenfable ,  &  le  roi  laifTant  aux  louis 
le  même  poids ,  le  même  titre ,  il  gagnera  évidem- 
ment 6  livres  de  plus  fur  fon  droit  de  feigneu- 
nage. 

Il  n*eft  pas  clair  ,  confme  on  pourroit  peut-être 
le  croire ,  que  le  roi  feroit  privé  pour  cela  de  ces 
métaux ,  nous  avons  vu  qu'une  pente  les  entraî- 
ne en  France  ;  il  faut  une  opération  violente 
pour  Tes  en  faire  forcir,  &  aufTi-tôt  que  les  ou- 
vriers font  approvifionnés ,  le  refte  doit ,  de  toute 
nécelfité ,  être  porté  aux  monnoies  pour  recevoir 
la  forme  qui  aide  à  leur  circulation. 

Nous  ne  croyons  pas  que  les  droits  que  le  roi 
retient  fous  le  nom  de  feigneuriage ,  foieat  d'un 
très-grand  inconvénient ,  &  nous  croyons  même 
qu'il  eft  )ufte  toutes  les  fois  qu'il  n'efi  pas  exa- 
géré ;  car  enfin  l'empreinte  de  l'écu  eft  le  garant 
de  fon  titre  &  de  fon  poids ,  comme  nous  l'a- 
vons déjà  remarqué  ;  la  très-grande  commodité 
2ui  en  réfulre  pour  la  rapidité  des  comptes  &  la 
Lcilité  des  échanges  doit  fe  payer  ,  puifqu'elle 
évite  la  longueur  &  les  frais  aejfa'rs  qui  feroient 
abfolument  indifpenfables ,  fi ,  comme'  en  Chine  , 
par  exemple ,  on  prenoit  l'or  &  Targent  au  poids 
&  au  titre  reconnu  d'après  Texpérience. 

Il  faut  donc  confidérer  cette  augmentation  de 
droit  de  feigneuriage  comme  un  léger  impôt  dont 
l'or  fera  erevé  ,  &  qui  redonnera  à  l'argent  la  fa- 
veur qu'il  avoit  ci-devant ,  &  qu'il  mérite  par  les 
raifoas  fuivantes. 

i^  L'argent,  comme  métal ,  mérite  la  préférence, 
parce  qu'il  eft  plus  fréquemment  employé  dans 
les  arts. 

2^.  Comme  monnoyage ,  il  circule  plus  rapi- 
dsment,  parce  qu'il  elt  d'une  garde  difiîcile  & 
incommode  ;  il  efl  d'ailleurs  convenablement 
coupé  pour  les  petits  échanges ,  &  par  la ,  à  la 
portée  du  plus  grand  nombre. 

3**.  L'or ,  au  contraire ,  fe  garde  facilement  & 
n'elt  employé  ou  gardé  que  par  les  riches ,  qui  le 
recherchent ,  foit  pour  les  voyages  ,  foit  pour  le 
jeu ,  foit  enfin  pour  leurs  dépenfes ,  qui  fe  font 
en  plus  grofies  mafTes. 

4°.  Le  vrai  moyen  d'empêcher  la  fonte  des 
efpèces ,  c'eft  évidemment  de  les  charger  d'une 
façoP  ^ui  feroit  perdue  >  ce  n'elt  pas  que  nous 


regardions  cette  opération  comme  un  crime  :  loiT- 
qu'un  ouvrier  fc  le  permet ,  c'eft  fans  doute  qu*il 


res 


Çon ,  Il  y  ,  _     . 

puifqu'il  a  travaillé   &   que   quelqu'un    payera 

fon  ouvrage. 

On  doit  defirer  feulement  que  ce  cas  là  n'ar* 
rive  pasfouvent ,  par  la  laifon  qu'il  y  a  alors  une 
feçon  perdue ,  celle  donnée  aux  écus  ;  les  fondre 
pour  une  autre  deAlnation ,  c'eft  abattre  une  mai- 
fon  pour  avoir  les  matériaux  ,  ce  qui  n'eft  pas 
toujours  un  profit  clair ,  ni  pour  celui  qui  l'en- 
trepend ,  ni  pour  le  pays  oîi  on  le  fait. 

Nous  nous  écartons  donc  encore,  fur  l'article 
du  feigneuriago,  de  la  façon  de  penfer  de  l'Au- 
teur des  obicrvations ,  mais  bien  légèrement  , 
comme  on  voit  ;  il  defireroit  que  les  frais  de  fa- 
brication ,  fuffent  nuls  pour  le  public  ;  l'incon- 
vénient ne  feroit  pas  confidérable  pour  le  fifc  , 
&  le  public  y  feroit  un  gain  confidérable ,  en 
ceci  feulement  ;  c'eft  que  le  gouvernement  per- 
droit  totalement  l'idée  de  faire  des  changcmeos 
fur  un  objet  qu'il  eft  fi  important  de  laiffer  dans 
l'état  oîi  il  eft,  quelque  foit  d'ailleurs  cet  état- 

Nous  avons  démontré  que  les  métaux  font  le 
figne  de  l'abondance  &  de  l'nduftrie,  (pour les 
pays  qui  ne  les  retirent  pas  de  leur  propre  fol  ; 
pour  les  autres  il  en  eft  tout  autrement  ).  En  fa- 
vorifant  Tagricnhure,  les  manufaftures  &  le  com- 
merce, ces  métaux  viendront  d'eux-mêmes,  & 
l'excédent  de  ce  qui  ne  fera  oas  ouvré  fera  de 
toute  néceflité  porté  aux  hôtels  des  monnoies  ; 
toute  opération  violente  pour  en  avoir  plus  qu'il 
n'en  vient  naturellement ,  n'eft  qu*un  véritable 
emprunt ,  &  quiconque  emprunte  eft  plus  pau- 
vre trois  mois  après  ,  qu'il  n'éioit  auparavant. 

Nous  convenons  avec  l'Auteur  des  obfcrvï- 
tions ,  que  l'appas  du  gain  eft  le  vrai  motif  des 
projets  préfentés  fi  fouvent  au  miniftére  ,  bien 
plus  encore  que  du  gouvernement ,  puifque  ce- 
lui-ci a  quelquefois  abandonné  fon  droit  de  fei- 
gneuriage k  ceux  qui  promettoient  de  faire  por- 
ter plus  de  métaux  aux  hôtels  des  monnoies  que 
par  le  paflfé  ;  l'opération  dans  ce  cas  là  eft  fi  fim- 
ple ,  que  le  mérite  de  1  invention  ne  vaut  pas  le 
prix  qu'on  y  mer. 

Suppofons  que  le  Roi  prenne  trois  livres  par 
marc  d'argent  monnoyé  ,  &  que  les  frais  rétls  de 
la  fabrication  fcmontent  à  i©  fous  ,  il  y  a  a  livres 
lo  fous  de  bénéfice  :  fi  on  les  abandonne  k  une 
compagnie,  ceux-ci  n'ont  qu'à  payer  aç  fous 
par  marc  de  plus  ,  &  ils  auront  une  préférence 
momentanée ,  qui  leur  fera  enlevée  quelque  temps 
après  par  les  ouvriers  ;  alors  ils  psûeront  fuc- 
ceffivement  30,  35  ,  40*0^*  de  plus,  &  perdront 
enfuite  cet  avantage  ;  &  lorfqu'ils  feront  très-près 
des  limites  du  gain  abfolu  fur  le  feigneuriage  . 
foit  par-l'augmemaiion  du  prix  accordé  parles 


(797) 


I 

I 
I 


mantifafturkrs ,  foît  par  le  change  qui  devient 
dêravantageux  par  des  achats  forces,  ils  rcndjonc 
leurs  comptes  bi  quitteront  la  partie.  Voilà  à-peu- 
prés  en  quoi  confifle  le  Tecret  de  ces  empiriques 
politiques. 

Puifque  ce  font  les  fujets  de  Tétai  qui  attirent 
les  métaux  dans  le  Royaume  par  leur  induftrie  , 
il  paro^t  adcz  fimple  de  laifTer  au  commerce  le 
foin  de  mettre  le  prix  qui  convient  k  chaque  ef- 
pèce  ,  comme  il  le  iVit  pour  tout  le  refle  des 
denrées,  foit  quil  les  exporte,  foît  quM  les  in- 
troduire en  France  ;  on  pourroit  ,  d'après  cette 
confidération ,  établir  une  fois  pour  toutes ,  que 
les  manères  portées  aux  monnoy^^ges  ,  réduires 
au  titre  desefpèces  en  ufag;  ,  perdroicntuti^  deux  , 
trois  pour  cent ,  pour    frais   &c.   de   fabrication 

?ueiconque  »  ce  feroit  comme  un  impôt  de  ptus 
que  chacun  regagneroit  par  h  commodité  qu'on 
éprouve  dans  lutage  des  méraux  tn  on  noyés ,  ) 
dans  un  pays  où  il  y  en  a  déjà  beaucoup,  &l  celui 
là,  en  piniculier,  nous  ne  croyons  pas  que  de 
le  fixer  d'une  oianiére  invariable  puilfe  être  un 
mal  nouveau, 

Voihi,  Monfeîgneur,  une  partie  des  réflexions 
que  nous  a  occafionnêes  la  Iséiure  des  obfervations 
fur  la  déclaration  du  ^oûâobte  178 y.  Vous  verrez 
par  là  que  la  dij.'tnnede  l'Auteur  excelle  de  tous  les 
gens  du  métier  ,  car  il  ei\  impoflible  que  les  au- 
tres chambres  du  commerce  ,  ayent  donné  un 
autre  avis.  C'cfl  celle  dont  le  maiutien  inaltéra- 
ble importe  au  public  ,  &  par  conféquent  au  gou- 
vernement, qui  ne  peut  être  riche  que  de  la  for- 
tune de  fes  erfani  »  puifqu*il  ne  peut  prendre 
qu'une  partie  de  Tex cèdent  de  leurs  bîens*  Les 
inaximes  contraires ,  mifes  en  vogue  par  d  obfcu- 
rcs  în;tngi:ans  ,  ne  peuvent  prendre  faveur  qu' .au- 
près de  fignorance  ou  de  Hnattention.  Que  tout 
aJminiflrateur  qui  ne  voudra  pas  fe  donner  la 
peine  de  réfléchir  fur  ces  matières  ,  en  livre  h  dif- 
cuiTion  au  public  ,  &  il  verra  fuir  à  jamais  ces 
proneurs  d'arcanes  prétendus  nouveaux  qui ,  dans 
ce  genre  d'cmpirifme  comme  dans  tous  les  au- 
tres, n'oïît  d'utilité  réelle  que  pour  celui  qui  les 
▼tnd. 

Mais  pour  mettre  les  futurs  adminiflraîeurs  a 
jamais  à  l'abri  des  atteintes  de  la  cupidité  fur  ces 
objets  ,  il  feroit  bien  convenable  de  régler  tous 
les  poids  &  toutes  les  mefures  d*«ne  manière 
générale ,  &c  indépendante  des  tnctatix  même. 
Leur  prodigicufe  variété  ne  peut  fervir  qu'à  fur- 
precdre  la  bonne-foi  peu  éclairée  ou  matientive  ; 
i!)L  nVA'il  pas  bien  extraordinaire  que  le  but  de 
la  police  des  empares  étant  de  mettre  le  foible  à 
Fabri  du  fort,  on  ne  veuille  pas  ta  pcifeélionner 
au  point  de  mettre  auffi ,  autant  quM  feroit  pof- 
fible  «  rij2;norant  à  Tabri  des  •  fupercheries  de 
rhomme  inftruir. 

Les  lois,  qui  n'ont  fongé  qu'à  remédiera  Tiné- 
galité  des  forces  phyfiques ,  n'ont  récllemeot  opéré 


qu'un  changement  d'ordre  ,  &  falfant  tout  en  fa- 
veur de  b  furce  morale ,  elles  ont  remplacé  un 
incon^ténicnr  par  un  autre.  Si  ont  lailîé  TinL^ga- 
lité  poliiique  fubfiikr  dans  toute  fon  étendue. 

Nous  avons  Thonncur  d*étrc  avec  une  parfaite 
confidération ,  6iç, 

Lettre  &  réflexions  de  la  chambre  du  ccmmerce  dé 
LroN^ 

Noiis  avons  reçu  ,  Monfieur,  avec  la  lettre  que 
vous  nous  aver  fait  Thonneur  de  nous  écrire  le 
^7  oÔobte  dernier,  ks  dcuît  exemplaires  qui  y 
cïoîent  joints  du  mémoire  d  obfctvaiioiis  que 
vous  ave£  rédigé  fur  la  déclaration  du  30  oào« 
bie  1785,  concernant  ks  munnoies. 

Nous  avons  ïu  ce  mémoire  avec  toute  Taiten» 
tîon  quV\ige  un  ouvrage  auiriin:é( enfant,  6l  nous 
foigt^otîs  ici  les  feuLs  réâexions  dont  nous  le 
croyons  fufc«^ptlble  : 

Nous  les  foumettons,  Monfieur ,  k  vos  lumiè- 
res ,  61  nous  u'cn  foramcs  pas  moins  convaincus  du 
mérite  &  de  U  juiUiTe  d^   vos  obfervations  : 

Nous  avons  Thonneur  d'être  avec  une  i^fpec- 

tueufe  ccnfidèration  ,  &c. 

Reflexions  de  la  chambre  du  commerce  de  la  ville 
de  ZrOiV,  fur  le  mémoire  intitulé  otfavJtivns 
fur  U  déclaration  iu  30  oBohre  178 j. 

L'Auteur  du  mémoire  démontre,  d'une  manière 
aulli  foliJe  que  lumîncufe,  le  piéjudice  énorme 
qu'ont  caufé  au  commerce  &  a  Tétar,  les  fur- 
achapti  ou  remifes  que  le  gouvernement  a  ac- 
cordé trop  fouvent  &  trop  légèrement  à  quel- 
ques particuliers. 

Le  numéraire  n'efl  fufceptîbîe  d'un  accroiflement 
réei  &  rtabîe  que  de  la  quotité  du  bénéfice  ré- 
fultant  de  la  balance  du  commerce ,  déduction 
faite  de  la  partie  des  métaux  emp'oyée  à  d'au- 
tres ufsges;  toute  opération  tendante  à  furpsfier 
cette  mçfurc,  n'aboutit  qu'a  diminuer  la  crcancc 
proportioDclîement  à  la  variation  des  charges  , 
qu'une  parcîile  opération  produit  à  fon  préjudice. 

Le  mémoire  contient  aufTi  d'excellentes  ratfcns 
pour  détruire  le  faux  préjugé  du  prétendu  pré- 
judice que  peut  caufer  à  h  nation ,  l'exporta- 
tion  &  la  fonte  des  efpéces  ;  il  eA  prouve  au 
contraire  que  Tun  &  Tautre ,  d.U'î  certaines  cir- 
conilances,  bien  loin  de  lui  être  nuidbies  ,  ne  peu- 
vent tourner  qu'à  fon  avantage- 

Quant  â  la  valeur  comparative  des  métaux  > 
il  fcmble  qu'il  cft  naturel  &  même  utile  de  fc 
rapprocher  à  un  certain  degré,  de  la  meftue  pro- 
portionnelle établie  dans  les  lieux  de  leur  origine. 


(798) 


car  on  n'échangcroit  pas  à  Cadix,  16  marc  d'ar- 
gent, contre  un  marc  de  piftolles,  pour  venir  en - 
fuite  réchanger  en  France ,  contre  14  marc,  &  i 
d'argent,  fui  vaut  l'ancien  tarif;  il  s'enfuivroit  de 
là  que  les  tireurs  d*or  &  les  orfèvres,  qui  au- 
roient  toujours  fous  la  main  des  louis  dans  cette 
dernière  proportion,  ks  fondroient,  &  que  la 
mafle  numéraire  de  l'or  s'épuiferoit  fenfible- 
meor. 

Il  paroit  qu'à  Londres ,  la  valeur  de  l'or  n'eft 
pas  lout-à-fait  élevée  au  même  degré  qu'en  France; 
l'once  à  3  livres  18  fous  fterlings ,  poids  de  troy, 
le  change  à  30  deniers,  réputé  le  pair  corref- 
pond  à- peu-près  à  737  livres  15  fous  le  marc 
poids  &  monnoie  de  France ,  &  par  conféquent 
10  livres  au-deffous  du  tarif,  ce  qui  fiût  une 
différence  d'environ  i  &  ^  pour  cent.  Mais  le 
prix eft  fufceptible de  variation,  puifque,  fulvant 
l'expofé ,  il  avoit  été  porté  ci-devant  à  Londres  , 
jufqu'à  4  livres  2  fous  fterlings ,  ce  qui  fait  une 
augmentation  de  5  pour  cent ,  &  de  3  &  ^  pour 
cent  au-defTus  de  notre  tarif  ;  quoiqu'il  en  loit  y 
il  n'en  réfulteroit  pas  moins  que  la  yaleur  com- 
parative des  deux  métaux  n'étoit  pas ,  en  France, 
dans  l'équilibre  convenable ,  &  qu'il  étoit  nécef- 
faire  d'y  remédier. 

'On  ne  conçoit  pas  trop  comment  la  fuppref- 
HoTi  du  droit  de  feigneuriage  &  des  frais  de  fa- 
brication ,  pourroit  opérer  un  avalitage  en  faveur 
des  artiftes  qui  employent  cette  matière  première  ; 
il  paroit  au  contraire  que ,  bien  loin  de  contri- 
buer à  en  diminuer  le  prix ,  elle  devroit  pro- 
duire un  effet  tout  oppofé ,  puifqu'en  rendant 
poids  pour  poids  ,  &  titre  pour  titre  ,  le  prix  de 
for,  au  lieu  de  747  livres  fixé  par  le  tarif,  s'é- 
leveroit  à  768  livres  prix  du  marc  des  louis ,  & 
peut-être  au-deffus  dans  le  commerce.  D'ailleurs 
ce  droit  prefque  infenfible ,  quand  il  eft  modéré  , 
tient  lieu  d'un  impôt  qui  feroit  plus  onéreux  au 
peuple* 

L'ouvrage  de  M.  Neckcr,  fur  l'admîniftratîon 
des  finances ,  contient  d'excellentes  réfiexions  à 
ce  fujet. 

Telles  font  les  réflexions  que  la  chambre  fou- 
mct  aux  lumières  du  rcdaâeur. 

Délibéré  à  Lyon  ,  en  la  chambre  du  commerce 
de  ladite  ville. 

Nous  avons  Thonneur  d'être,  avec  une  parfaite 
confidération ,  &c. 


L^t:re  &  oljcrvat'tons  ^  de  la  chambre  du  commerce 

de    DUNKERQUE. 

Monfienr,  nous  avons  reçu  avec  la  lettre  que 
vous  nous  avez  fait  Thonneur  de  nousécôrele  27  du  I 


viois  dernier,  les  deux  exemplaires  de  vos  obrer- 
vations  fur  la  déclaration  du  30  oâobre  1785. 
Nous  nous  fommes  occupés  de  l'examen  de  ce 
travail  avec  toute  l'attention  pôflible ,  &  nous 
avons  cru  même  devoir  en  vérifier  les  princi- 
paux calculs.  Nous  nous  empreffons,  Monfieur, 
de  vous  adrefler  les  réflexions  que  nous  venons 
de  mettre  par  écrit  ;  nous  rendons  grâce  à  Mon- 
feigneur  l'archevêque  de  Touloufe ,  de  la  mar- 
que de  confiance  qu'il  a  daigné  nous  donner ,  en 
vous  autorifant  à  nous  communiquer  Yocre  ou- 
vrage. 

Nous  avons  l'honneur  d'être ,  avec  une  parfaite 
confidération,  &c. 

Examen  des  obfervatîons  fur  la  déclaration  du  30 
oâobre  1785. 

On  penfe  que  c'eft  Paris  c  1  î 
pagne  &  à  l'Angleterre ,  puifque  c'cft  d'après  les 
changes  de  Paris ,  fur  Cadix  &  Londres ,  que  nos 
calculs  ont  été  faits  ;  mais  29  deniers  -r«  &  31 
deniers  •^,  de  même  que  13  livre  10  fous,  (Je 
14  livres  8  fous,  ne  font  que  des  termes  extrê- 
mes, &  il  femble  qu'il  auroit  été  plus  conve- 
nable d'employer  des  termes  moyens  ,  comme 
30  deniers  -j^  &  14  livres  5  fous  6  deniers  , 
afin  d*approcher  davantage  du  vrai  réfulcat  de 
l'opération  des  piaflres* 

Si  Cadix  &  Madrid ,  au  lieu  de  recevoir  des 
remifes  de  Paris ,  avoient  tiré  fur  Paris  ,  dans 
le  courant  de  l'année  1784 ,  à  90  jours  de  date, 
&  à  différents  changes ,  la  moitié  des  6  millions 
de  piftolles  en  tout  ou  en  partie ,  cela  occafion- 
neroit  une  différence ,  &  il  faudroît  auflli  cher- 
cher un  terme  moyen.  Londres  pourroit  fort  bien 
auffi  avoir  tiré  fur  Paris.  Il  refte  une  dernière  re- 
marque à  faire,  c'eft  que  l'Angleterre,  qui  fc 
rembourfe  ordinairement  des  envois  qu^elle  (kit 
à  TEfpagne  à  fur  &  à  mefure  qu'ils  ont  lieu  , 
n'auroit  pas  tiré  à  la  fois  les  3  millions  de  pif- 
tolles au  feul  change  de  34  deniers  \. 

Trente  des  anciens  louis  contenoieot(  à  138-^ 
grains  chacun  )  4149  grains  de  fin,  &  31  ^ 
nouveaux  louis  (à  129  |^  grains  chacun  )  con- 
tiennent pareillement  4149  grains  de  fin ,  mais 
attendu  que  le  marc  des  anciens  louis  n'a  été 
payé  au  change  que  750  livres,  &  que  les  31 
nouveaux  louis  ont  été  reçus  par  le  public  poiff 
768  livres  ,  il  eft  certain  que  tel  qui  a  porté  à  la 
monnoie  un  marc  d'anciens  louis ,  a  dû  rendre 
18  livres  en  recevant  de  la  monnoie  un  maïc 
de  nouveaux  louis. 

Il  feroit  bien  à  defirer  qu'en  France ,  les  eipe- 
ces  fuffent  fabriquées ,  l'or  au  titre  de  ft2karats, 
6c  l'argent  à  celui  de  1 1   deniers  »  (ans  aocna 


Ci 99\ 


remède  de  loî^m  de  poids,  &  que,  comme  chez 
les  anciens  Romains  &  chez  les  Anglais  ,  les 
frais  de  fabrication  fuiïent  aux  dépens  de  Tétat. 
L*©n  eft  bien  éloigné  néanmoins  d*iiîcliner  pour 
aucune  refonte* 


LcttH  dt  U  chambre  du  commerce  de  Marseîile, 

Monfieor  »  nous  avonç  examiné  dans  noire 
chambre,  les  obfcrvations  que  Monfcigncur  l'ar 
chevêque  de  Touloufe  vous  a  autorité  à  nous 
communiquer»  fur  I9  déclaration  du  30  oftobre 
1785  j  6t  raugmentation  du  prix  des  matières 
d'or  &  d'argent ,  depuis  le  premier  janvier  1716 

Il  y  paroit  prouvé ,  Monfieur  ,  qu'on  doit  at- 
tribuer aux  divers  tarifs  ,  &  aux  changemens  fur- 
venus  dans  les  monnoies  do  royaume  depuis  cette 
cpoquet  raugmentation  progreiTivc  du  prix  des  ma- 
tières d'or  &  d*argent^  Le  détail  que  renferment  à  ce 
fujet  les  obfervations  dont  il  s*agit ,  ne  laiiTe  rien 
à  defirer.  Cette  matière  abfîraite  y  a  été  traitée 
avec  la  plus  grande  clarté,  &  Ton  vous  doit  des 
éloges ,  Moniieur ,  d'avoir  développé  de  la  ma- 
nièrc  la  plus  évidente  les  caufcs  de  cette  aug- 
mbnt^ition  ,  les  connoinances  que  vous  avez  don* 
Décs  ne  peuvent  que  devenir  utiles.  Nous  vous 
prions  particyUèrement  ,  Monfieur  »  de  recevoir 
nos  rem trci  mens  du  travail  ioiérelîant  que  vous 
avez  fait  à  ce  fujet. 

Nous  éviterons,  Monfieur #  d'entrer  dans  la 
difculTion  des  motifs  de  la  déclaration  du  30  oc- 
tobre 1785  ,  qui  ordonne  la  refonte  des  anciens 
1cm is ,  pour  nous  renfcimiîr  uniquement  \  la  ré- 
flexion que  vous  faites  ,  qu'il  pourroit  con- 
venir aâucllement  à  l  artiiîe  en  France  ,  de  fon- 
dre les  écus  de  préférence  aux  piâAres. 

En  effet  cet  inconvénient  auioit  lieu,  fi,  com 
inc  vous  fexpofez^  8  écus  -j^  au  tiire  de  lî  de- 
niers ^  fdifoient  le  marc ,  car  alors  pour  que  les 
piaftrc»  ne  fuflent  pas  plus  chères  ,  jJ  ne  faudroit 
les  payer  que  49  livres  8  deniers  le  marc,  ou  j 
livres  7  fous  10  deniers  Tune  »  parce  qu'il  en  faut 
9  77  pour  faire  le  marc,  6i  qu  elles  font  au  ti- 
tre de  10  deniers  ^  ,  or  il  eft  confiant  qu'elles  font 
plus  chères  à  Marieillefà  Lyon  &  à  Paris.  £llet 
valent  depuis  deux  ans  à  Marfeille ,  de  5  liv»  8 
fous  ,  à  ^  liv.  8  Tous  6  den.  Tune;  mais  nos  écus  , 
foit  que  les  directeurs  des  monnoies  employent  plus 
^de  la  moitié  du  remède,  foit  qu'ils  foient  ufés 
par  le  frottement,  ne  font  pas  du  poids  de  87^ 
au  mafC.  Nous  Tommes  perfuidés qu'on  ncn  trou- 
vera que  peu  ou  point  de  ce  poids,  fit  que  l'ar- 
lide  trouvera  encore  plus  d'avantages  à  fondre 
ks  piaftres  que  les  écus.  Il  e(l  cependant  bien 
vrai  que  le  gouvernement  devroit  s'occuper  des 
moyens  qui ,  fins  gêner  ie  commerce  ,  pufTent 
tenir  les  piartres  à  un  prix  plus  modéré*  11  pour- 
rait d'abord  ne  fc  départir  d'aucun  de  les  droits 


envers  les  dîrefleiirs  des  monnoks,  car  en  leur 
donnant  des  facilitée, on  les  cngageroit  à  acbet- 
ter  les  piaftres  au  pnx  a^uel  du  commerce  ,  8t 
le  commerce  ,  pour  avoir  la  préférence ,  ne  man- 
que roi  t  pas  de  les  meure  à  tin  taux  plus  hatir. 

L'on  pourroit  encore  s'occuper  de  diminuer  Us 
frais  de  tranfport ,  ils  font  devenus  aujoLrd'hui 
prefque  infupportablcs  par  le  privilège  qu'ont  ob- 
tenu les  fermiers  des  mefTagerics*  Il  n'en  cou- 
toii  autrefois  au  commerce  que  7  à  8  livres  le 
quintal  »  poids  de  table ,  pour  les  pia0rcs  qui 
ctoient  voiturées  de  Marfeille  à  Lyon  ;  la  meffa- 
gcrie  en  exige  30  ïivrss  poids  de  marc,  ce  qui 
fait  plus  du  double.  Ces  10  livres  joints  à  ty  pour 
cent  qu'elle  fait  payer  de  Lyon  à  Strafbourg  font 
environ  y^  pour  cent  ,  fit  cVfl  encore  plus  lorf- 
qu'cllcs  viennent  de  Bayonne  ou  de  Bordeaux , 
il  en  coûte  jufqu'à  Lyon  ou  Paris  »  prés  de  {  pour 
cent,  &  I  de  Lyon  ,  ou  Paris  ,  jufqu  à  Siralbourg. 
Ceii  I  pour  cent ,  cVft*à-dire  près  d'un  fous  par 
piaflre  ,  ou  plus  de  8  fous  par  marc*  On  fent 
aifcmcnt,  Monfieur ,  que  la  rcfponfabiliié  de  la 
meffagerie  des  fi:»mmes  qu*onhii  confie,  ne  fau- 
roit  balancer  la  charge  que  fupporte  le  commerce 
par  le  tranfport  qu'elle  fait  de  fes  piaAres  ,  & 
que  ce  n'eil  pas  une  latfon  pour  lui  avoir  ac- 
cordé un  privilège  qui  devient  fi  onéreux.  On 
doit  s'en  rapporter  aux  mefures  que  peuvent  prcn* 
dre  les  nègocjans,  pour  aiTurer  autant  qu'il  eft 
po Cible  ,  dans  le  iranfporc,  lespiaftres  3i  monnoies 
qu'ils  font  chargés  d'exp*^dier  dans  les  villcs  du 
royaume  &  à  l'étranger,  on  doit  leur  laiiTer  la 
liberté  de  choifirà  cet  effet  des  rouliers,  comme 
ils  Tavoient  autrefois,  ou  de  fe  fervir  de  la  mzÇ- 
f^gerîe  toutes  les  fois  que,  par  un  prix  modéré, 
cette  voiture  pourra  leur  convenir,  &  c'cfi  ici 
le  cas  de  nous  élever ,  Monfieur ,  contre  un  pri- 
vilège abufif  dont  aucune  raifon  ne  peut  jufti- 
fierTétablîffcment ,  &  d'en  demander  la  fuppref- 
fion  en  laiffant  la  mefiagerie  en  concurrence  avec 
les  rouliers.  L'intérêt  évi  commerce  Fe^fige,  mai$ 
celui  du  gouvernement,  plus  prépondérant  encore, 
femble  devoir  le  déterminer  i  ufer  dts  moyens' 
qui  font  à  fa  difpofition,  pour  que  le  prix  des 
pialircs  foit  diminué  auiatit  qu'il  cfi  poffiDÎe  ,  afin 
de  fe  confcrver  de  préfé:ence  un  aliment  fi  né- 
ccfTaire  pour  la  fabrication  des  monnoies  de 
France. 

En  nous  bornant  à  vous  faire  part  de  nos  ré- 
flexions à  ce  fujet ,  nous  ajouterons  feulement , 
Monfieur,  en  général,  que  rien  n'efl  Ç\  intéref- 
fant  ,  fi  dcftrable  que  la  ftabilité  dans  le  prix 
des  monnoies.  £lles  ont  une  valeur  repréfenta- 
tive  de  tous  les  biens  réeh  ,  elle*  deviennent  une 
propriété  des  citoyens  ;  leur  poitb ,  leur  titre  & 
leur  valeur  dcvToient  être  ablolument  invariables, 
&  lexpériencc  na  que  trop  démontré  que  tou- 
tes les  fois  qu'on  y  touche  »  foit  par  des  fjihauC 
femens,  foit  par  des  aUéfattons,  il  en  réfuite  des 
préjudices  innnis  pour  beaucoup  de  citoyens  qui 


(8oo) 

deviennent  les  triftes  viâimes  de  pareilles  déter- 
minations. 

Nous  avons  Thonncur  d'être ,  avec  une  parfaite 
confidération ,  &c. 


Lettre  de  la  chambre  du  commerce  de  Toulouse, 


Nous  avons  reçu  le  mémoire  que  vous  novs 
avez  fau  Thonneur  de  nous  adrefler  y  contenant 
vos  obfervacions  fur  la  déclaration  du  roi ,  qui 
ordonne  la  refonte  des  efpèces  d'or ,  nous  n'a- 
vons eu  que  peu  de  tem;^s  pour  le  parcourir  , 
nais  nous  y  avons  reconnu  le  réfultat  des  gran- 
des recherches  &  d'une  profonde  connoiiiance 
de  la  matière ,  nous  allons  nous  occuper  de  ré- 
diger les  obfervations  que  votre  ouvrage  nous 
înlpirera ,  Sl  nous  vous  les  ferons  pafler  le  plu- 
tôt poffible. 

Nous  avons  l'honneur  d'être,  avec  une  parfaite 
conûdération ,  &c. 


Lettre  de  la  chambre  du  commerce  de  Bordeaux. 


Monfieur ,  nous  avons  reçu  ,  avec  la  lettre  que 
vous  nous  avez  fait  Thonneur  de  nous  éwrire  le  27 
du  mois  d'oftobre  dernier  ,  vos  obfervations  fur  la 
déclaration  du  30  oâobre  1785  ;  &  vous  avez 
porté  jufqu'à  l'évidence  l'inutilité  &  le  danger 
de  la  refonte  de  l'or. 

Quand  on  eft  verfé ,  Monfieur ,  dans  la  fcience 
monétaire  9  on  peut  fuivre,  ainfi  que  vous  l'a- 
vez f  iit ,  tous  les  inconvéniens  d'une  révolution 
occafionnée  dans  les  monnoies.  Vous  les  avez  par- 
faitement bien  développés  ;  &  il  nous  a  femblé 
que  vous  n'avtz  laiffé  rien  à  dire.  Vous  êtes  en- 
tré dans  des  détails  qui  portent  avec  eux  la  con- 
viâion  ,  &  qui  bous  ont  ramené  à  ces  idées  fim- 
plcs  d'économie  politique  qui  font  toujours  le  ré- 
fultat des  grandes  vérités  y  quand  on  trouve  quel- 
qu'un aum  capable  que  vous  de  les  déveloper. 

Nous  avons  Thonneur  d'être  avec  une  parfaite 
confidération  y  &c. 


Lettre  de  la  chambre  du  commerce  de  Lille. 


Monfieur ,  nous  avons  lu  avec  Tattcntion  qu'il 
m£ri:oit  »  le  mémoire  que  vous  nous  avez  remis 
par  votre  lettre  du  17  oftobre  dernier  ,  conte- 
nant vos  obfervations  fur  la  déclaration  du  30 
oâobre  1785 ,  &  Taugmentarion  progrcfiîve  du 
prix  des  matières  d'or  &  d'argent ,  depuis  le 
premier  de  janvier  1716. 

Nous  ne  pouvons ,  Monfieur ,  qu*applaudir  à 


ces  obfervitîons  :  elles  fo«t  fondée  fur  une  coii- 
noiflance  profonde  des  opèraiiors  du  commerce  » 
fur  les  principes  qui  en  règlent  la  marche ,  6c 
fur  les  réfuKats  néceffaires  des  échanges. 

Les  négociants  éclairés  ont  été  pcrfuadés  , 
comme  vous  l'êtes ,  Monfieur ,  que  le  fcul  m«;ycn 
d'augmenter  le  numéraire  dans  un  état  ,  étott 
d'obtenir ,  par  les  échanges ,  la  balance  en  fa  fa- 
veur ;  &  que  tout  autre  moyen  ne  produifoit 
!|u'un  effet  contraire  à  celui  que  l'on  fis  proDO- 
oit  ;  &  notamment  les  iurachapts ,  qui  ne  lom 
utiles  qu'aux  fpéculateurs  qui  les  obtiecnent ,  & 
qui  font  ruiueux  pour  l'état  &  pour  le  €Ofli« 
merce. 

Les  mémoires  que  cette  chambre  a  fait  pafler 
au  miniflère  ,  le  14  avril  1767,  étoient  fondé>fur 
les  même%  principes,  &  l'opération  de  1/849  cA 
une  preuve  frappante  de  leur  }uAcfle. 

En  effet ,  il  réfulte ,  alnfi  que  vous  Pobfervcx , 
Monfieur,  des  furachapts  accordés  trop  légère* 
ment  à  cette  époque ,  une  perte  énorme  fur  lei 
chanps  avec  1  étranger ,  l'exportation  des  matié* 
res  (Tor  néccfiitée  par  le  change ,  &  l'augmenu* 
tion  du  prix  de  l'or,  qui  étoit  la  fuite  inevin* 
ble  de  Texponation. 

Lj  (eul  effet  de  ces  furachapts,  a  été  d'anc- 
menter  en  apparence  le  numéraire  en  argent ,  de 
84  millions  en  pijiftres  ;  l'on  dit  en  apparence, 
parce  que  tout  ce  qui  a  excédé  la  balance  da 
commcice  de  la  France  avec  l'Efpagne  ,  a  dû  être 
priyé  d'une  manière  ou  dune  autre  à  TEipa- 
gne  même  ,  pu  aux  nations  auxquelles  l'Efpa- 
gne é  oii  débitrice  :  de  là  la  hauffe  à  des  changes'i 
Fexportation  de  l'or ,  &c. 

Nous  avons  toujours  été  également  perfuadés 
que  l'exportation  de  l'or  &  de  l'argent  étoit  ri- 
ceffaire  &  inévitable  ,  lorlque ,  par  la  baliince  da 
commerce,  la  France  reftoit  débitrice  envers  quel- 
que autre  nation  :  il  efl  évident  en  effet ,  que  lorf- 
que  l'on  doit .  il  faut  payer  y  &  que  ce  paemect 
ne  peut  s'effcâuer  qu'en  argent  ,  dès  que  l'on  ne 
peut  le  faire  en  éwhanges.  Il  réfulte  que  la  pro- 
hibition de  l'exportation  ne  tend  qa*a  f«ire  per^ 
dre  à  l'état  qui  eft  débiteur,  les  trais  &  rifquis 
de  la  fraude ,  qui  font  toujours  à  la  charge  de 
celui  qui  doit  payer. 

Le  projet  annoncé  à  la  fin  de  vos  obfervatîom» 
nous  paroit  fagement  combiné ,  pour  le  bien  gé- 
néral du  royaume  ;  en  accordant  au  commerce 
la  liberté  abfolue  d'importation  ,  d'exportatioo, 
8c  d'emuloi  des  matières  d'or  &  d'argent ,  il  ne 
peut  y  (elon  nous ,  en  réfulter  que  les  grands 
avantages  que  vous  détailLz. 

Si  ce  projet  utile  s'cxècutoit ,  Ton  doit  s'aren- 
dre  à  des  réclamations,  de  la  part  des  direâeurs 
des  monnoies ,  dont  le  bénéfice  eft  proportionné 
au  travail  ;  mais  il  efl  impoffible  ,  que  l'intérêt 
général  ne  nuife  à  l'intérêt  de  quelques  panicu- 
lien. 

Noos 


(8oi) 


Nous  croyons  devoir  vous  faire  connoître  les 
effets  que  la  refonte  des  ïouis  a  produit  ici  :  ils 
dérivent  nattirellement  des  principes  que  vous 
avez  établis  dans  vos  obfervadons. 

Les  Flamands- Aytrlchiens  vinrent  en  foule 
échangera  la  monnoie  leurs  louis  vieux,  &  pen- 
dant quelque  temps ,  ils  s^obûinérent  â  n*empor- 
ter  en  retour  que  des  écus  y  de  forte  que  par-là , 
le  numéraire  en  argent  pafla  en  Flandre,  avec  le 
bénéfice  rétuîtant  de  la  refonte  ;  Tor  devint  ici 
trés-cotîimun ,  &  rargent  plus  rare  :  le  change  , 
qui  êtoit  ordipairement  à  |  pour  cent  de  perte  , 
augmenta  |ufqu'à  donner  j  pour  cent  de  béné- 
fice. 

L'équilibre  ne  fut  rétabli ,.  que  lorfque  le  gou- 
vernement de  Biuxelles,  qui  avoir  fixé  d'abord 
les  louis  neufs  à  21  livres  10  fols  ,  augmenta ,  par 
erdonnance  du  S  mars  1786  ,  la  valeur  numéraire 
de  fa  monnoie  d*or,  en  élevant  à  livres  15  9—6 
de  change  ,  (  faifant  livres  34 — 4 — 7 — |  )  la 
double  foiîverainc  ,  qui  ne  valoit  auparavant  que 
florins  15 — 6  de  change  ,  (  livres  31 — 15—8 —  f  ) 
ce  qui  la  proportionnoit  à  la  valeur  réelle  de  nos 
louis  neufs  »  qui  depuis  tors  font  reçus  en  Flandre 
pour  14  livres. 

Nous  avons  Tkonneur  d'être  avec  une  parfaite 
confidéraifon  y  &c, 

Ltttr^  de  la  Chambre  du  cammerce  de  NANTES* 

Nous  avons  lu  votre  favant  mémoire  fur  les 
monnoies  »  que  vous  nous  avez  fiir  Thonncur  de 
nous  adreffcr  le  17  o^obre  dernier  j  nous  au* 
rions  dcfirévous  en  accufer  la  réception  plus  tôt , 
mais  nous  l'avions  prêcé  à  plufieurs  négocîans 
de  cette  place ,  qui  ont  tardé  à  nous  le  remet- 
tre. 

On  ne  peut,  Monfieur,  traiter  avec  plus  de 
méihode  &  répandre  plus  de  lumières  fur  une 
matière  fi  m  pie  en  elle- même  ,  mais  que  les  fyf- 
têmes  de  Téconomie  polnique,  rignoranGe  Ô£  les 
erreurs  des  divers  gouvcrnemens ,  ont  rendue 
abftraite^  obfcuro ,  difficile  6c  compliquée. 

Nous  n^eiTayerons  pas  de  vous  fuîvre  dans  la 
progrcffion  de  vos  calculs  i  vous  avez  épuifé  vo- 
tre fuiet^  ël  donné  un  guide  aSuré  dans  un  la- 
byrinthe inextricable. 

Nousn*cnvîfagerons  votre  mémoire  «  que  fous 
les  rapports  généraux  des  monnoies  avec  lt*s  den- 
rées. Ceft  la  feule  partie  que  nos  connoillanccs 
cous  permettent  de  faifir. 

Les  monnoies  n*ont  éré  imaginées  par  les  bom- 
mes  léunis  en  foci^tè  ,  que  parce  qu'elles  font , 
coinparativement  auit  autres  objets  d'échange  » 
plus  inaltérables  61  d'un  moindre  volume  ;  elles 
n'ont  point  de  faU-ur  fpéciiiquc.  Il  n'y  a  aucune 
raifon  pour  que  le  marc  d^argent  vaille  10  livres , 
Ans  &  MiiUrs»  Twne  F.  Partie  II, 


ço  livres  ou  too  Vivres.  Ces  mots  même  de  marc 
èc  de  livre  numéraire  ,  n^expriment  jamais  que  des 
idées  relatives ,  lorfqu'ils  frappent  nos  oreilles  ; 
ils  ne  fc  préfentent  à  TeTprit  que  comme  fignes 
uolverfels  de  tous  les  bcfoins  de  la  nature  ,  ou 
de  toutes  les  commodités  du  luxe, 

La  nation  qui  poiïéde  le  plus  de  ce  qu'il  faut 
pour  fatisfaire  les  befoins  de  la  nature  ,  ou  les 
bizarres  caprices  du  luxe,  dott  néccnairemcnt  at- 
tirer à  foi  le  fignc  univerfel  de  fes  voifins,  qui, 
avec  les  mêmes  partions  ,  n'auront  pas  les  mê- 
mes retour  ces   de  territoire  ou  d'induftrie. 

Car  ces  nations  n'ayant  pas  fufTifammerit  de 
produélions  a  échanger  ,  feront  obligées  de  payer 
avec  des  me  aux. 

C'eft  aînfi  que  TEfpagne  &  le  Portugal,  qui 
poff^dent  les  mines  &  qui  ont  négligé  leurs 
manufaflurcs  ,  ne  commercent  qu'avec  des  mé- 
taux. Ces  deux  puiffances  font  devenues  tributai- 
res des  peuples  agricoles  &  commerçans  :  elles 
font  en  outre  dans  un  état  de  foibleflfe  &  de  dé- 
population confidérable  ;  parce  que  les  mines  ap- 
partiennent k  un  très-petit  nombre  d'individus, 
6c  que  le  tranfport  Si  la  fabrication  des  métaux 
n*exige  paS  un  grand  concours  d'hommes  &  de 
machines  :  ce  concours,  qui  fait  toute  la  force 
dts  peuples  commerçans  ôc  cultivateurs ,  feroit 
une  nouvelle  caufe  de  deftruétion  peur  les  na- 
ttons qui  poiïèdent  les  mines ,  parce  que  dépcnfant 
davantage  pour  leur  exploitation  ,  les  métaux 
leur  reviendroient  à  plus  haut  prix,  &  comme 
leur  valeur  feioit  réglée  par  les  fournitures  étran- 
gères,  ell.s  feroient  obligées  de  donner  plus  pour 
obtenir  moins- 

II  eft  donc  vrai  que  Tagncutture  St  le  commerce 
font  les  feules  fources  de  la  richelTe,  de  la  popu- 
lation &  de  La  force  d*un  état. 

On  pourroit  encore  fimpUfier  ce  principe ,  & 
dire  que  le  commerce  qû  Ta  me  de  ce  grand  corps  y 
&  le  moteur  unique  de  tous  fes  mou ve mens. 

En  effet,  ramenant  ce  mot  de  commerce  t 
fon  acception  rigoureufe,  qui  eft  celle  de  Térh-in^e , 
on  verra  que  chaque  fois  qu'il  n'y  a  p^ncn  d'é- 
change,  c'eil-à-dire,  de  commerce,  il  ny  a  au- 
cun motif  pour  le  cultivateur  de  cultiver  au- delà 
de  fes  befoins. 

Or,  fon  travail  fe  modifiant  par  fes  befoi'^i  , 
les  fruits  feront  modiques  ,  parce  qje  fes  beîViir 
feront  extrêmement  bornés  ;  &  n'étant  échiuflfé 
par  aucun  efpoir  d'échanger  fon  fuperflu ,  il  ne 
fe  tourmentera  pas  pour  l'obtenir  : 

Si  nous  faifioos  un  livre,  nous  développcr'oni 
ce  principe  ;  les  raifoncemens  fe  préfgnrcr oient 
en  foule  pour  Fécbircir,  ôt  les  exemoles  ne  man-  ^ 
queroieni  pas  pour  appuyer  les  raiionnemcns  & 
leur  donner  toute  la  force  de  la  vérité. 

Une  adminiftration  éclairée  &  fage  doit  donc 
encourager  »  par  tous  les  moyens  poiTiblei ,  fon 

Itii  ij 


(802) 


commerce.  C'efl  k  la  pratique  conftamc  de  cette 
fimple  &  graode  maxime  »  que  les  nmQUS  ancien- 
nés  ont  dû  leur  fpkndeur  ,  que  TAnglcterre  & 
la  Hollande  doivent  toute  leur  puifTance. 

Lorfqu'un  gouvernement ,  par  une  réunion  fu- 
nèfle  d'erreurs  &  de  cïrconftances ,  marche  vers 
le  déclin  de  fa  puiffance ,  &  qu'au  lieu  de  s'at- 
tacher à  la  relever  par  des  moyens  tirés  de  b 
nature  des^  chofes  ,  il  veut  adopter  la  reflource  in- 
fenféc  &  ruineufe  de  raliération  des  monnoies  , 
on  peut  dire  qu*il  a  bouché  un  trou  avec  un  fer 
rouge.  Dani  le  moment  de  l'application ,  ce  trou 
difparoit,  mais  prefque  au  même  inAani  le  feu 
brûle  les  parties  voifines  6c  aggrandit  le  vide  qu'on 
vouloit  fermer. 

Efi  effet  y  )e  furhaufTemeni  de  la  valeur,  ou 
rahération  du  titre  des  monnoies,  ne  peut  obli- 
ger les  nations  étrangères*  Il  n'y  a  aucun  prince 
qui  puilTe,  p;ir  la  force  de  fcs  arrêts  ,  contraindre 
les  étrangers,  (  les  Angîoii  par  exemple,  )  à 
prendre  pour  24  livres ,  nos  louis  qui  auront  été 
réduits  à  21  livres.  Ils  recevront  alors  le  marc 
d'or  ou  d'argent  ,  fur  le  prix  qulls  y  attachent 
eux-mêmes ,  ôc  fi  nous  tirons  d  eux  plus  de  den- 
rées que  nous  ne  leur  en  fourni  flous  >  il  faudra 
foldcr  en  louis  de  ^4  livres ,  qu  ils  ne  prendront 
que  pour  21  ;  cette  perte  fera  fupportée  par  notïs , 
parce  que  c'eii  Texcédent  de  la  fourniture  des  den- 
rées d'une  nation  à  une  autre  qui  ûxe  la  valeur 
du  numéraire*  Vous  avez  ,  Monfieur,  fournis  au 
calcul  cette  vérité  importante,  &  nous  ne  faifons 
que  raifonner  d'après  vos  principes.  Ce  font  auifi 
ceux  de  M.  Necker ,  dans  fon  admirable  ouvrage 
fur  radminiftratton  des  finances  de  la  France,  Et , 
pour  nous  fervir  d'une  de  fes  maximes  »  nous  di- 
rons que  tous  Tart  du  banquier  le  plus  intelligent , 
ne  peut  ajouter  au  numéraire,  &l  le  manufadu- 
lier  qui ,  par  fon  induHrie  ,  a  augmenté  lexporta- 
tîon  d'une  balle  de  drap»  a  plus  fait  que  lui 
pour  îa  richeffe  nationale. 

Le  miniilre,  par  les  ordres  &  fous  les  aufpices 
duquel  vous  avez  travaillé,  Monfieur ,  votre 
utile  mémoire  ,  eft  doué  d'un  cfprit  éclairé  & 
d'une  a  me  forte  ;  fes  idées  font  faines  ^  ëi  fcs 
intentions  pures  ;  mais  il  eft  arrivé  au  gouver- 
nement de  rétat ,  dans  un  moment  oîi  tous  les 
reports  de  cette  immenfe  machine  crient  à  la 
fois  ;  oii  les  erreurs  ont  été  confacrées  par  des 
arrêts  &  des  traités  ;  01.1  la  chaîne  des  événe- 
mens  politiques  >  les  embarras  intérieurs,  exigent 
peut-être  une  prudence  confommée. 

Quoique  chefs  du  commerce  d'une  grande  ville 
Maritime,  comnicrçans  nous  mêmes ,  6l  que  foi  s 
ce  double  rspfort  nous  feulions  vivement  les 
plaies  rombrculcsj  profondes  &  prefqu'incura- 
bles  qu'on  a  faites  à  la  Nation  ,  en  livrant  fon 
commerce  à  l'étranger ,  aux  monopoles  &  a  la 
filcaliié  ,  nous  attendons  néanmoins  ivec  une  rcf 
pcâueufe  confiance  que  le  temps  &  des  circonf- 


tances  plus  favorables  i  permettent  le  retour  a^ 
vrais  principes.  Dans  notre  extrême  miférc ,  notre 
unique  voeu  eft  que  le  principal  miniflre  ,  qve 
nous  confidérons  comme  notre  libérateur,  puîffe 
avoir  le  temps  d'entreprendre  &  de  confom* 
mer  l'ouvrage  de  la  reftauration  de  la  France.  Ce 
fublime  projet  eft  digne  de  fon  génie  &  de  fet 
vertus*  Cet  efpoir  eft  le  fetii  foutten  qui  nooi 
refte  contre  les  malheurs  dont  on  nous  a  acca* 
blés. 

Nous  avons  Thonneur  d'être,  avec  une  parfaite 
confidération ,  6tc- 


Ohfirvations  fur  ks  Unns  dts  chamhrts  du  am- 

Quoîqu'en  général  toutes  les  chambres  du  com- 
merce qui  ont  écrit  ces  lettres  ,  foicnt  du  même 
avis  que  moi  ,  quant  à  rinutilîté  de  la  refonte 
de  170  ç  ,  &  aux  inconvéniens ,  tant  des  furachapcs, 
que  de  la  nouvelle  proportion;  celles  de  Lyon, 
Bayonne,  Lille  &  Lorient  paroiffent  différer  de 
mon  opinion  fur  quelques  articles  ;  les  deux  pre- 
mières penfent  qu'il  étoit  néceffaire  de  rapprocher 
notre  proportion  de  celle  des  étrangers  ;  Tune 
(  celle  de  Bayonne)  ,  indique  la  proportion  Qu'elle 
croit  convenir  atix  intérêts  de  la  France ,  hi  elle 
démontre  que  celle  qui  a  été  adoptée  eicéde  de 
plus  de  3  pour  cent  «  le  terme  auquel  on  tu* 
roit  dû  la  fixer  :  l'autre  (  celle  de  Lyon  )»  s  cil 
contentée  d'exprimer  fon  voeu  ,  fans  entrer  dans 
aucun    détail. 

Je  n'ai  point  traité  à  fond  cette  queftion ,  j*ai 
feulement  dit  (  èi  cela  ne  peut  pas  être  révo- 
qué en  doute  ]  1  que  la  proportion  que  nous  venions 
de  quitter  avoir  été  déterminée  d'après  l'avis  do 
commerce  ,  &  qu  elle  étoit  conféquemmem  con- 
forme à  fon  vœu;  on  voit,  par  les  letrres  des 
chambres  du  commerce  de  Bayonne  &  de  Lyon, 
que  fi  elles  avoieni  éié  confultées ,  U  nouvelle 
proportion  ne  fe  feroit  pas  fi  fort  éloignée  de 
Fanciennc, 

On  trouvera ,  au  furplus,  à  la  fuite  de  ces  ob- 
fervations  ,  un  tableau  des  proportions  qui  étoieul 
obfervées  par  le  plus  grand  nombre  des  nanons 
commerçantes  de  l'Europe  ,  à  Tépoque  de  la  re- 
fonte ;  il  prouve  que  la  proportion  à  laquelle 
on  nous  a  fait  renoncer ,  étoit ,  à-peu*prèi  »  k 
terme  moyen  de  toutes  les  autres*  ainfi  qtte  je 
l'ai  eipofé,  &  que  ce  terme  fe  rapprochoiibeii^ 
coup  de  la  fixation  propofée  par  le  cammetoc  de 
Bayonne. 

Cttte   chambre,  ainfi  que  celles   de 
Lorient ,  ne  font  point  d'avis  que  Von  ahai^e 
le  icîgncunage  »  les  dcuf  première*  pcnf^ni 
cet  abandon  provoqueroit  une   augtneitntktn 
prix  des  matières ,  df  toutes  les  trois  conijéércct 


(8o3) 


I 


r 


le  fcîgneurîage  comme  une  portion  des  revenus 
du  roi  ,  que  Ton  ne  pourroit  fupprimcr  fans  le 
remplacer  par  un  impôt. 

Ces  obfervations  font  très-jufîes ,  8c  je  me  les 
fuis  faites  avant  de  propofer  Tabandon  qui  en 
eft  l'objet,  mais  fi  j'ètoîs  entré  dans  c^uelques  dé- 
tails fur  rexécution  du  plan  dont  je  n*ai  donné 
qu'un  apperçu,  on  auroit  vu  i^.  »  que  j'enten- 
dois  qui!  ne  pourroît-ètre  queflion  de  cet  aban* 
don  total,  qu'à  la  première  refonte  générale,  i** , 
qu'en  établiffant  de  nouvelles  bafes,  pour  le  ti- 
tre &  Je  poids  des  efpèces,  il  feroit  aifé  de  faire 
tourner  cet  abandon  au  profit  de  Tun  ou  de  Tau- 
tre,  fans  qu'il  en  réfultât  aucune  augmentation 
du  prix  des  matières* 

Quant  à  Tautre  objeflion ,  qui  nait  de  la  fup- 

f^reilion  d'une  ponion  des  revenus  du  roi ,  &  de 
a  néceHîté  de  la  remplacer  par  un  impat  ;  ce 
ne  feroit  pas  la  première  fols  que  Ton  auroit 
poné  le  Souverain  à  facrîEer  à  rintèrét  général 
du  commerce  &  de  la  faciété  ,  le  produit  d'un 
droit  auiïï  modique  que  le  feroit  celui  du  fei- 
gneuriage,ft  la  fabricatiou  étoit  réduite  à  Tei- 
cédent  de  la  balance  du  commerce ,  &  des  be- 
foîns  des  manufaélures. 

La  chambre  du  commerce  de  Bayomie,  pro- 
pofe  de  ne  plus  ,  à  l'avenir ,  alTigner  un  prix 
aujc  efpèces  d'or,  6c  d'en  faire  un  effet  com- 
merçable  l  II  faudroir ,  en  ce  cas  ,  commencer 
par  établir ,  comme  en  Angletterrc  ,  une  propor- 
tion invariable  entre  les  efpèces  d'or  &  d'ar- 
gent ,  confidérées  comme  matières^ 

Quoique  cette  màniG  chambre  femble  différer 
d'opinion  avec  moi ,  fur  les  caufes  de  la  progref- 
fion  du  prix  des  matières  depuis  1716,  nous  fom- 
inei  cependant  d'accord  ;  j'ai  voulu  prouver  en 
effet»  &  je  crois  avoir  démontré  »  que  chaque 
opération  du  gouvernement ,  tendante  à  aug- 
fiienter  la  fabrication  des  efpèces ,  en  fe  procu- 
rant une  plus  grande  quantité  de  matières ,  avoît 
provoqué  laugmentation  du  prix  de  ces  matières  ; 
les  furacheter  ^  ou  abandonner  au  proât  des 
fourniffeurs  une  portion  du  feîgneuriage ,  ceil 
abfolument  la  même  chofe  ,  &  l'effet  de  ces 
snefures  étant  auffi  le  même ,  il  s'enfuit  que  ce- 
lui qui  fomient  que  raugmentarion  du  prix  des 
matières  provient  de  la  remife  du  feigneuriagc  , 
cft  d'accord  avec  celui  qui  attribue  cette  aug- 
iBêniadonau  furachapt*  La  retnife  du  feigneuriige  , 
étant  un  véritable  furacliapt  ,  puirqu'eTle  a  pour 
objet  d'indemnifer  celui  qui  l'obtient  de  ce  qu'il 
paye  au-de0us  du  prix  du  tarif. 

Je  ne  peux  pas  être  de  l'avis  de  la  chambre  du 
commerce  de  Dunkerque,  qui  croit  que  j'auiois 
dû  prendre  pour  bafe  de  mes  calculs ,  le  terme 
moyen  du  cours  des  changes  ,  depuis  le  premier 
fanvier  1784  jufques  au  31  décembre  de  la 
même  année.  Voulant  prouver  qu*ii  exiftoit  en- 
tre les  effets  produits  par  le  cours  du  premier 


janvier  1784 ,  &  ceux  provenant  du  cours  du 
change  au  31  décembre,  une  différence  très-con- 
fidérablej  je  n*aurois  pas  rempli  mon  objet,  fi 
j'euffe  pris  le  terme  moyen  de  tous  les  cours  de 
rannée  ;  j'obferverai  au  furplus  que  la  hauffe  du 
cours  de  rEfpagne  a  commencé  dès  le  mois  de 
février  ;  que  ,  dès  le  mo's  d'avril ,  elle  étoit  ait 
même  période  qu'à  la  fm  de  décembre  ;  fit  qu'elle 
s'eft  fou  tenue  pendant  Tannée  1785. 

Les  progrès   de  la  baiffe  du  change  de  Lon- 
dres ,  ont  été  plus  gradués. 

Je  ferai  enfin  une  dernière  obfervation ,  relatt- 
'  vcmânt  k  la  perte  .que  le  commerce  a  éprouvée 
par  la  révolution  du  cours  des  changes ,  depuis 
le  premier  janvier  1784  ;  c'eft  que  révaluation 
de  cette  perte,  doit-étre  le  réfuhat  de  la  compa- 
raifon  du  cours  du  premier  janvier  1784»  avec 
celui  du  31  décembre  de  la  même  année,  & 
non  le  réfultât  de  la  comparaifon  de  ce  dernier 
cours  avec  k  pair  du  change  :  ce  dernier  cours  ne 
préfenteroit  aucune  perte,  puifque  fuivant  les  cal- 
culs de  la  chambre  du  commerce  de  Bayonnc  , 
le  change  fur  Londres  étoit  encore  à  cette  épo- 
que au-deffus  du  pair ,  &  celui  fur  Cadix  au-clef- 
fous.  Le  premier  réfultât,  au  contraire»  préfente 
une  perte  confidérable ,  puifqu'à  Tépoque  du  51 
décembre»  le  change  fur  Londres  étoit  baîffé 
depuis  le  premier  janvier  ,  de  1  deniers  J-  flcrlings 
par  écu,  &  celui  fur  Cadix,  t'étoit  élevé  de  it 
fols  par  piftole. 


TabU  du  prffporthns  qut  exïftoïcnt  entre  Us  mon' 
noies  d*Qr  &  émargent  du.  plus  grand  nombre 
des  états  de  V Europe  ,  avant  le  premier  oHobrt 
i78ï. 


Portugal , I .  .à . .  16,  ,' 

Efpagne  , ,,  • ,  ,i..à,  ,16, . 

Dannemarck i.-i.  .ij-  ^-^l 

Angleterre i.  .à,  .15.  -t^, 

Venifc 1 .  .à. .  14-  .1^- 

HoUandc  ,.. i . .  à . .  1 4 .  •  ^. 

Saxe i..à.,ï4..i^. 

Genève i.  .à.  .14.  ,;2Ll, 

France.; x.  .à.  .14.  .7^, 

Etats  du  Pape i,  .à.  *i4.  .■^, 

Savoyc  &  Piémont. .  -  * i ,  .à. .  14.  .t^m 

"Bruxelles,  5c Pays-Bas- Autrichiens,!  .  .à.  .14*  ^Hz* 

Tofcane...., i.. à..  14-1^. 

Augfbourg  ,  Nurembergp ,., .  -..i.  .à,,i4,,T;^# 

liîiî  î) 


C8o4) 


lOO* 


AUemagne,  pied  de  convention,  .i.  .à.  .14.  .1^. 

Tricftc... i..ï..i4..ih 

Naples  &  Sicile. i •  .à.  .14.  .7^ 

Bavière. i .  «à. .  13 

Roffie I .  .à. .  13 

9erlin i..à..i3 

Cologne. ; I.  .à. .  13 .  .^. 

La  proportion  commune  de  ces  vingt-un  états 
efi  d'une  livre  à  14    rh* 

Si  Ton  Aipprime  le  Portugal  &  TEfpagne  ;  on 
trouve  que  la  proportion  commune  des  dix-neuf 
smtres  états ,  eft  d  une  livre  à  14  ^.  {a). 

Voici  quelle  étoit  Topinion  de  Lockt  fur  la 
proportion.  Ce  profond  médiutif.  Auquel 
l'Angleterre  doit  le  bienfait  d'avoir 
conseillé  au  parlement  de  faire  refondre 
la  monnoie  aux  dépens  du  public»  sans 
£N  HAUSSER  lE  PRIX  (^)  ,  »  peufoit  quc 
»  quand  on  iaifle  la  proportion  dans  fon  cours 
9  naturel ,  fans  impofer  de  loi  au  commerce ,  les 
s»  métaux  ne  fe  perdent  jamais ,  parce  que  s'il  ar- 
9  rive  qu'une  efpéce  devienne  rare ,  le  coul- 
is mercc  qui  eft ,  pour  ainfi  dire  »  un  thermomé- 
s»  tre  journalier ,  &  infiniment  fenfible ,  réforme 
«  de  lui-même  »  &  fans  qu'il  foit  befoin  d'aucune 
m  loi  f  la  propornon  ,  &  la  réduit ,  ou  plutôt  la 
s»  maintient  dans  fon  jufie  équilibre  ;  au  lieu  que 
«  fi  pour  rappeler  dans  un  état  Teijpèce  d'or  ou 
m  celle  d'argent ,  on  hauflc  ou  on  baifle  la  pro- 
'»  portion  aauellement  courante  fur  la  place,  il 
■  ■  t    .  ' 

(a)  Lot  proportions  énoncées  dint  cette  t^le  ibnc  ex- 
traites de  h  Métrologie ,  ou  Traité  des  meTurcs  poids  ft 
monnoies ,  par  M»  Pauâon ,  publié  en  1780* 

(5)  Voyez  le  nouveau  Diôionnaire  Hifiorique  Tome  V  , 
page  279 1  édition  de  1785, 


1»  ^  vni  que  FeTpéce  hvorifte  pif  «m  ték 
«  détermination  reparohra  bientôt  m  abondance^ 

•  mais  ce  ne  fera  qu'avec  une  perte  èvideme 
»  pour  létat  ;  car  dans  ce  cas ,  Fcut  ne  fait  pas 
n  un  fimple  échange  d'un  métal  contre  no  aun 
n  méul ,  maU  il  fouffre  rteUement noe  pene^fc 

"  r.x  ^y  j  *"  "*"'  '"*  *^"  ^  «•»"  lui .  &  à 

m  légard  de  celui  qui  y  rentre;  ce  qui  doit roi- 
n  ncr  les  particuliers  qui  le  compofent ,  &  ce 
»  qui  n'arriveroit  pas  fans  la  loi  :  fi ,  au  ceo- 

*  ï**""^'  **  proportion  eft  maintenue  dans  foo 
9  état  naturel ,   &  d'une  manière  conforme  i  la 
i>  venté ,  il  fc  fait  entre  les  peuples  des  échanges 
s»  dun  ffléùl  centre  un  autre»  mus  ;  dans  ces 
«  échanges,  on  ne  court  aucun  rifqne,  parce 
n  qu  9lon  le  méul  qui  fort  ne  fe  donne  pas  pour 
»  "•n;  &,  en  fa  place,  il  revient  du  dehors 
»  de  létat  entre  les  mains  du  changenrnn  jnik 
»,  équivalent,  dont  il  peut  fe  fervir  dans  la  fuite 
»  pour  &ire  d'autres  échanges  avec  les  étraneen. 
n  fans  fouffrir  la  perte  b  plus  légère  ...... 

»  Ceft  une  erreur ,  que  de  prétendre  que  b  bi 
»  puiffe  feîre  revivre  dans  un  pays  les  efpéces 
n  qui  femblent  s'y  perdre ,  fi  on  s'écarte  de  la 
»  proportion  qui  s'eft  cffcôi vement  obfervée  fur  U 
»  place  ;  81  cejl  c<  qu'on  ne  fauro'u  jamais  faire 
»  qu'au  préjudice  de  létat  (c).  « 


Il  me  ieroic  fsdle  d«  citer  un  grand  nombre  d'Auceurf 
<iuî  cous  ont  pen6  ^^e  les  monnoies  dévoient  être  fabriquées 
aux  ^dépens  du  tré(br-pid>lic  On  lit  dans  une  Ordonnance 
publiée  dans  l'Empire,  en  l'année  1559,  cette  dirpolkion  re  • 
marqyable  ;  lia  à  principibus  ,  &  quibusiibet  fmperioriha 
montta  eudenda  eft,  ut  ab  omni  quattu  &  commodo petidiaii 
Jtnt  Miieni. 

(r)  Lettre  fur  Tintérét  du  denier  ^  Sec  part. 


FIN  DU   TOME   CINQUIÈME. 


(8o5) 


TABLE     DES     ARTICLES 


CONTENUS  DANS  CE  VOLUME. 


M, 


.  £  R  C  u  R  E  (  fon  emploi  dans  les  arts  )  , 

page  I 

MÉTAL  blanc  (  art  du  )  »  J 

Meulier  (  art  du  ) ,  6 

Meunier  (  art  du  )  ,  8 

Miel  (  art  de  la  récolte  &  de  la  confeâlon  du  )  , 

io8 

HiRorriMt  (  art  du  ) ,  1 1 1 

MYroirs  de  métal  (  art  de  conftruire  les)  ,  124 

Monnoyage  (  art  du  ),  ou  de  la  fabrication  des 

monnoiesy  130 

Médailles  (  des  ) ,  203 

Mordants  (  art  des  )  ,  231 

Mortellier  (  art  du  ) ,  234 

Morue  ,  Merluches  ,  Congres  (  art  de  pêcher 

&  de  préparer  ces  poiflbns  ) ,  235 

Mosaïque  (  art  de  la  ) ,  241 

Moulage  (  art  du  )  ,  248 

Muets  et  sourds, et  les  aveugles,  (art  d*inP 
■    truire  les  )  ,  275 

Muscade  ,     Girofle  ,    Canelle  ,   Poivre  , 

Gingembre  ,  Vanille  ,  (  art  de  récolter  &  de 

préparer  ces  épices  ) ,  331 

Nacre  et  perles  fines,  341 

Nattier  et  Sparterie  (  art  du  ) ,  344 

Navette  et  colsa  (  art  qui  concerne  ces  plan- 
.   tes),  348 

Noir  (  art  &  fabrique  du  )  ,  351 

Noix  de  Ben  (,art  concernant  les  ),  356 


Noix  de  Galle  (  art  concernant  les  ) ,  357 

Nourriture  économique  (  art  d*unc),  359 
Noyer  et  noix  (  art  concernant  les  ) ,  360 
Noyés  (  art  nouveau  de  fecourir  les  ) ,  363 

Œufs  (  art  de  conferver  &  de  faire  éclore  les  )  , 

369 

Oiseleur  (artdeT),  375 

Olivier  ,  et  l'huile  qu^on  en  tire  (  art  con- 
cernant r  )  39  j 
Orfèvre  ,  Bijoutier  ,  Planeur  ,  (  art  de  T  )  » 

359 
Orseille  et  orcanette(  art  d*en  faire  «fage  )  , 

4SI 
Ortie  (  art  de  cultiver  &  d'employer  cette  plante  )  ^ 

454 
Pain  d'ÉPiciER  (  art  du  )  ,  457 

Papier  (  art  de  fabriquer  le  )  ,'  463 

Papier  (quelques  procédés  nouveaux   concer- 
nant le  ) ,  593 
Papillons  (  art  concernant  les  ) ,  596 
Parasols  et  parapluies  (  art  de  faire  des  )  , 

599 
Paratonnerre  (  art  du  )  ,  60a 

Parcage  (  art  du  )  ,  610 

Parfaiseur  de  peignes  de  canni^  ,  d'acier  et 

autres  pour  les  étoffes  ,  (  art  du  peigner  )  , 

6i8 

Platine  (  art  de  la  ) ,  700 

Addition  a  l'art  du  monn  otage.  773 


FIN    DE    LA    TABLE. 


(8o6} 


•^^■»— •■•»■ 


«■ 


ERRATA. 


P 


AGE  If 5  »  ligne  aj  ,  par  Teflayeur  général 

Erépofé  de  la  cour ,  lijei  P^^  l'eflayeur  particu- 
er. 

Page  198  9  ligne  30  &  fuivantes.  Il  y  a  deux  cours 
des  monnoies  ,  &c.  Ufe^ ,  il  n^y  a  préfentement 
qu*une  feule  cour  des  monnoies  féante  à  Paris  , 
qui  connoit  de  tous  les  ahus ,  &c. 

Page  207 ,  à  ta  fin  du  mot  ajujleur^  ajoute;^  , 
redit  de  novembre    1785 ,  pone  le  droit   des 


aiufleurs  à  trois  fout  par  marcd*or,  &  à  deux  fous 
ux  deniers  >  par  marc  d'argent. 

Page  idem ,  ligne  11 ,  les  frais  ne  diminuent , 
lifei^  t  le  f^y  ne  diminue* 

Page  313,  ajoute^  au  haut  de  la  première  co- 
lonne y  cette  ligne  enlevée  en  imprimant. 

Heinick  ;  foit  à  des  univerfités  &  compagnies 
Page  idem-^  après  favantes^  metui;  au  lieu  d« 
point  9  un  point  &  vue  virgule  (;)• 


^Mâ 


*  *"-  •  .  '*i*<y   ■■.■V' 


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